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Full text of "Traité des entozoaires et des maladies vermineuses de l'homme et des animaux domestiques"

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TRAITÉ 


DES 


ENTOZOAIRES 

ET   DES 

MALADIES  VERMINEUSES 
DE  L'HOMME  ET  DES  ANIMAUX  DOMESTIQUES 


MÉMOIRES  DE  L'AUTEUR 

CHEZ  LES  MEMES  LIBRAIRES. 


De    la    paralyale    générale    ou   partielle    dos    doux   nerls    do    la 

«cptiéme  pairo,  1852. 
[Mémoire  courouné  par  l'Institut  (Académie  des  sciences). 
Itooliorohes  sur  la  génération  «les  huîtres,  1  854. 

Mémoire  couronné  par  l'Institut  (Académie  des  sciences).  Prix  de  physiologie 
expérimentale. 
Becherchea  sur  l'angutUalfi  du  Mo  niellé  considérée  au  point  de  vue 
de  l'histoire  naturelle  et  do  l'agriculture,  1857. 

Mémoire  couronné  par  l'Institut  (Académie  des  sciences),  prix  de  physiologie 
expérimentale  pour  la  partie  anatomique  et  physiologique,  et  couronné  par  la 
Société  impériale  et  centrale  d'agriculture.  Médaille  d'or. 


Comptes  rendus   dos   séances  et  mémoires  de   la  Société 
de  Biologie. 

Première  série.    —   Années    1 849   a    1853.   Paris,    1850-1854, 
5  vol.  in-8  avec  planches. 

Le  tome  Ier, année  1849.  Paris,  1850.  In-8  de  20G  — 170  pages,  avec  4  planches 

lithographiées,  est  épuisé. 
Tome  II,  année  1850.   Paris,  1851.  In-8  de  203 — 258  pages,  avec  3  planches 

lithographiées.  Épuisé. 
Tome  III,  année  1851.  Paris,  1852.  In-8  de  166> — 284  pages,  avec  5  planches 

lithographiées. 
Tome  IV,  année  1852.  Paris,  1853.  In-8  de  192 — 514  pages,  avec  7  planches 

lithographiées. 
TomeV,  année  1853.  Paris,  1854.  In-8  de  173—347  pages,  avec  8  planches 

lithographiées. 

Deuxième  série.  —  Années  1  854-1  858. 
.Tome  1er,  année  1854.  Paris,  1855.  In-8  de  175—366  pages,  avec  9  figures 

intercalées  dans  le  texte,  et  6  planches  lithographiées. 
Tome  H,  année  1855.  Paris,  1856.  In-8  de  160—393  pages,  avec  3  planches 

lithographiées. 
Tome  111,  année  1856.  Paris,^  1857.  In-8  de  253—495  pages,  avec  9  planches 

lithographiées  et  figures  intercalées  dans  le  texte. 
Tome  IV,  année  1857.  Paris,  1858.  In-8  de  189—334  pages,  avec  2  planches 

lithographiées  et  figures  intercalées  dans  le  texte. 
TomeV,  année  1858.  Paris,  1859.  In-8   de  194—325  pages,  avec  9  planches 

lithographiées. 

Prix  de  chaque  volmuc  :  9   fr. 


Paris.  —  Imprimerie  de  L.  MARTINET,  rue  Mignon,  2, 


TRAITÉ 

DES 

ENTOZOAIRES 

ET     DES 

MALADIES  VERMINEUSES 

DE  L'HOMME  ET  DES  ANIMAUX  DOMESTIQUES 

PAR 

€.  «AVAIWE 

Membre  de   la   Société  de  biologie, 
correspondant  de  la  Société  impériale  des  sciences  de  Lille,  *■ 

lauréat  de  l'Institut  (Académie  des  sciences),  et  de  la  Sociélé  impériale  et  centrale  d'agriculture, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  de  l'ordre  d'Isabelle  la  Catholiquo,  etc. 


Accompagné  de  88  Ggures  intercalées  dans  le  texte 


n«m»  ck>»<— i ■ 


PARIS 

J.-B.  BAILLIÈRE  et  FILS 

LIBRAIRES    DE    L'ACADÉMIE    IMPÉRIALE     DE    MÉDECINE 

Rue  Hautefeuille,  19 
LONDRES  j  NEW-YORK 

HIppolyte  Baillière,  219,  Régent  street  |  H.  et  Cli.  liaillière  brotliers,  W,  Broadway 

MADRID,    C.    BAILLY-BAILLIÈRE,    CALLE   DEL    PRINCIPE,    11. 

1860 

Droits  de  traduction  et  de  reproduction  réservés. 


Monsieur  RAYER 


MÉDECIN     ORDINAIRE    DE     S.    M.     L'EMPEREUR, 

MEMBRE    DE    L'INSTITUT,    DE    L'ACADÉMIE    IMPÉRIALE    DE    MÉDECINE, 

COMMANDEUR  DE  LA  LÉGION  D'HONNEUR, 

PRÉSIDENT     DU     COMI1É     CONSULTATIF    D'HYGIÈNE    PUBLIQUE    DE    FRANCE. 

PRÉSIDENT     DE     LA     SOCIÉTÉ     DE     BIOLOGIE  ,    ETC. 


Hommage  de  profond  respect,  de  rco  nnais?ance  et  d'affection, 


DAVAINE. 


PREFACE, 


Les  ouvrages  publiés  en  France  sur  la  pathologie  vermineuse  sont 
déjà  anciens  :  ceux  de  Brera  et  de  Bremser  datent  du  commence- 
ment du  siècle,  celui  de  Chabert  est  plus  ancien  encore;  néanmoins 
les  articles  sur  cette  matière  publiés  dans  nos  traités  modernes  de 
pathologie  ne  sont  généralement  que  des  chapitres  empruntés  à  ces 
ouvrages  ;  il  faut  en  excepter  toutefois  l'article  acèphalocystes  du 
Dictionnaire  de  médecine  et  de  chirurgie  pratiques ,  excellent  travail 
ex  professe-  de  M.  Cruveilhier,  mais  ce  travail  même  est  déjà  d'une 
date  assez  éloignée. 

A  l'époque  où  j'ai  entrepris  ce  livre,  la  pathologie  vermineuse 
n'était  donc  guère  plus  avancée  qu'il  y  a  quarante  ans.  Tout  récem- 
ment, MM.  Gervais  et  Van  Beneden  d'un  côté,  M.  Moquin-Tandon 
de  l'autre  ont  publié  une  Zoologie  médicale,  et  M.  Kùchenmeister 
un  traité  des  parasites  du  corps  humain.  L'histoire  naturelle  des 
entozoaires  de  l'homme  a  reçu  une  grande  place  dans  ces  savants 
ouvrages;  mais  par  leur  nature,  les  deux  premiers  ne  pouvaient 
admettre  la  pathologie  que  d'une  manière  accessoire  ;  quant  au  der- 
nier, l'auteur,  entraîné  par  des  spéculations  zoologiques,  a  souvent 
accordé  une  large  part  au  parasite  et  a  réduit  celle  de  l'hôte  à  des 
emprunts  faits  au  livre  de  Bremser. 

La  plupart  des  articles  et  des  traités  écrits  à  diverses  époques,  sur 
les  affections  vermineuses  de  l'homme  et  des  animaux  consistent 
dans  la  reproduction  plus  ou  moins  littérale  des  descriptions,  des 
opinions  et  des  faits  contenus  dans  les  œuvres  de  leurs  devanciers, 
descriptions  qui  n'ont  point  toujours  été  puisées  dans  l'observation 
des  faits,  opinions  souvent  conçues  et  acceptées  sans  critique,  faits 
quelquefois  incomplets  ou  dénaturés  par  des  citations  successives 
et  jamais  vérifiées  aux  sources.  Il  importait  de  revoir  ces  faits,  de 
rechercher  les  nouveaux  et  nombreux  documents  qui,  disséminés 


viij  PRÉFACE. 

dans  les  recueils  périodiques  ,  ont  été  complètement  négligés,  ainsi 
que  des  travaux  savants  ou  estimables  qui  sont  restés  ignorés.  Cette 
entreprise  était  considérable  et  devait  demander  beaucoup  de  temps 
et  de  recherches  pour  être  menée  à  bien,  mais  j'ai  trouvé  de  pré- 
cieux secours  tant  dans  la  vaste  bibliothèque  de  mon  illustre  maître 
M.  Rayer,  et  dans  les  documents  rassemblés  pendant  sa  longue  car- 
rière scientifique,  que  dans  les  bibliothèques  publiques  de  Paris  dont 
l'accès  m'a  été  rendu  facile. 

La  pathologie  vermineuse  considérée  chez  l'homme  et  chez  les 
animaux  offre  un  vaste  champ  qui  comprend  les  phénomènes  les  plus 
divers,  les  lésions  les  plus  variées;  considérée  dans  une  espèce 
unique,  le  champ  se  rétrécit  considérablement  et  n'offre  plus  aux 
méditations  du  pathologiste  que  des  faits  isolés  ou  incomplets  et 
sans  rapport  entre  eux.  Quant  à  l'homme  certaines  affections  vi  rmi- 
neuses  ne  l'atteignent  pas,  d'autres  ne  l'atteignent  que  rarement  et 
comme  par  exception  ;  de  là  la  nécessité  pour  les  auteurs  qui  se  sont 
occupés  de  ces  affections  de  chercher  des  lumières  dans  les  maladies 
analogues  chez  les  animaux  et  réciproquement  pour  les  auteurs  de 
médecine  vétérinaire  de  demander  des  éclaircissements  à  la  patho- 
logie de  l'homme.  Aussi  l'on  a  lieu  de  s'étonner  que  le  rapproche- 
ment dans  un  même  ouvrage  des  maladies  vermineuses  qui  attei- 
gnent l'homme  et  les  animaux  n'ait  jamais  été  tenté.  L'intérêt  d'un 
semblable  rapprochement,  les  lumières  qu'il  devait  apporter  dans 
notre  sujet  m'ont  déterminé  à  l'entreprendre  malgré  la  difficulté  de 
coordonner  des  faits  nombreux  et  variés,  de  les  exposer  d'une  ma- 
nière méthodique  et  lucide. 

L'étude  des  affections  vermineuses  ne  pouvant  être  indépendante 
de  celle  des  êtres  qui  les  occasionnent,  j'ai  cherché  une  division  qui 
n'amenât  pas  l'interruption  fréquente  de  la  pathologie  par  la  zoologie 
et  de  la  zoologie  par  la  pathologie.  De  leur  séparation  est  résulté 
l'avantage  de  pouvoir  exposer  les  caractères  des  entozoaires  sui- 
vant la  méthode  naturelle.  Pour  les  affections  que  la  présence  de  ces 
parasites  détermine,  j'ai  dû  chercher  une  division  qui  présentât  les 
faits  semblables  ou  analogues  par  groupes  homogènes,  et,  s'il  était 
possible,  peu  nombreux.  Celle  que  j'ai  adoptée  n'est  pas  irrépro- 
chable sans  doute  au  point  de  vue  d'une  classification  nosologique, 


PRÉFACE.  ix 

mais  elle  m'a  paru  répondre  mieux  qu'aucune  autre  au  but  que  je 
m'étais  proposé.  Relativement  à  la  prééminence  à  donner  soit  à 
l'homme,  soit  à  tel  ou  tel  animal  dans  la  formation  des  groupes  pa- 
thologiques, je  ne  l'ai  point  accordée  au  rang  que  chaque  espèce 
occupe  dans  l'échelle  animale,  mais  généralement  je  l'ai  donnée  à 
l'espèce  qui  présente  de  la  manière  la  plus  évidente,  et  le  plus  fré- 
quemment l'affection  dont  il  était  question  ;  ainsi  les  lésions  que 
détermine  le  cysticerque  ladrique  ont  été  étudiées  d'abord  chez  le 
porc,  celles  que  détermine  le  distome  hépatique  l'ont  été  d'abord 
chez  le  mouton,  animaux  qui  sont  atteints  de  ces  lésions  et  plus 
fréquemment  et  plus  gravement. 

J'ai  joint  à  cet  ouvrage  un  assez  grand  nombre  de  figures  utiles  à 
l'intelligence  du  texte.  Ces  figures,  pour  la  plupart,  ont  été  dessinées 
par  moi-même  d'après  nature,  ou  sous  mes  yeux  par  Lackerbauer 
dont  l'exactitude  et  le  talent  sont  généralement  connus.  Celles  qui 
ne  m'appartiennent  point  sont  accompagnées  du  nom  des  auteurs 
auxquels  je  les  ai  empruntées. 

Pendant  l'exécution  de  ce  livre,  j'ai  souvent  eu  recours  à  l'obli- 
geance d'un  savant  illustre,  mon  ami,  M.  Claude  Bernard,  qui  a  bien 
voulu  mettre  à  ma  disposition  son  temps  et  ses  lumières;  j'ai  trouvé 
dans  plusieurs  de  mes  collègues  de  la  Société  de  biologie,  qui  se  sont 
aussi  fait  un  nom  dans  la  science,  un  concours  utile,  un  empresse- 
ment dont  j'ai  été  vivement  touché;  je  prie  donc  MM.  Brown- 
Séquard  ,  Charcot,  Giraldès,]  Gubler,  Laboulbène,  Ch.  Robin  et 
Vulpian  d'en  recevoir  ici  mes  remercîments. 

Paris,  le  30  septembre  1859. 


TABLE    METHODIQUE 

DES  MATIÈRES. 


Préface vij 

Table  des  figures  contenues  dans  l'ouvrage xvij 

SYNOPSIS. 

Page». 

Type  I.      —  PROTOZOAIRES I 

Type  II.    —  CESTOIDIÎS VIII 

Type  III.  —  TRÉMATODES XLIV 

Type  IV.  —  ACANTHOCÉPHALES LV 

Type  V.    —  NÉMATOIDES LVI 

Type  VI.  —  ACANTHOTHÈQUES LXXXVI 

PSEUDHELMINTHES LXXXIX 

PATHOLOGIE. 

CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES 4 

(Importance  attribuée  anciennement  aux  vers.  —  Répartition  des  enlozoaires  dans  les 
organes.  —  Conditions  de  l'existence  et  de  la  fréquence  des  vers  :  contrées,  cli- 
mats, saisons,  etc.  —  Vers  chez  le  fœtus,  l'œuf  et  l'embryon,  chez  les  enfants  à  la 
mamelle, les  animaux  en  lactation,  dans  l'enfance  et  la  vieillesse  ; — sexe,  race,  natio- 
nalité, hérédité,  contagion,  épidémies,  état  de  santé,  constitution,  helminllùase.  — 
Phénomènes  déterminés  par  les  enlozoaires). 

DIVISION  DE  L'OUVRAGE -18 

LIVRE  PREMIER. 

"VERS  A  L'ÉTAT  DE   LIBERTÉ  DANS  LES  CAVITÉS   QUI  COMMUNIQUENT 
AVEC  L'EXTÉRIEUR. 

PREMIÈRE    PARTIE.   —  Affections  vermineuses  des   voies 

respiratoires 20 

PREMIÈRE  DIVISION.  —  Chez  l'homme 20 

DEUXIÈME  DIVISION.  —  CHEZ  LES  ANIMAUX 22 

PREMIÈRE  SECTION.   —  Vers  dans  les  fosses  nasales 23 

DEUXIÈME  SECTION.  —  Vers  dans  la  trachée  et  les  bronches.  26 
Chap.  Ier.  —  Chez  le  bœuf,  le  veau,  le  cheval,  l'âne  (bron- 
chite vermincuse) 28 

Chap.   II.  — Chez  le  mouton 34 

Chap.  III.  —  Chez  le  cochon 35 

Chap.  IV.  —  Chez  les  oiseaux  de  basse-cour 36 


TABLE   MÉTHODIQUE.  XJ 

Pages. 
DEUXIÈME  PARTIE.    —   Affections  vei-usiiieuses  des   voies 

digestives 38 

PREMIÈRE  DIVISION.  —  CHEZ  L'HOMME 39 

(Généralités  :  historique.  —  Opinions  sur  l'origine  des  vers  intestinaux.  —  Connais- 
sance de  leur  organisation.  —  Utilité  des  vers.  —  Influence  de  la  lune.  - — -Associa- 
tion de  diverses  espèces  de  vers.  —  Conditions  de  leur  fréquence.  —  Phénomènes 
qu'ils  déterminent.  —  Explication  de  ces  phénomènes.  — Symptômes.  —  Diagnostic. 
Tableau  synoptique  des  ovules  pour  servir  au  diagnostic.  —  Nature  et  marche  des 
affections  vermineuses.  —  Indication  des  cas  d'affections  sympathiques  causées  par 
les  vers.  —  Craintes  exagérées  à  leur  sujet.  —  Conséquences  fâcheuses  de  cette 
crainte.  —  Tableau  synoptique  des  entozoaires  intestinaux.) 

PREMIÈRE  SECTION.  —  Protozoaires  intestinaux 63 

DEUXIÈME  SECTION.  —  Cestoïdes  intestinaux 69 

Chap.  Ier.  —  Historique 69 

Chap.  II. — Distribution  géographique  du  ténia  et  du  bothrio- 

céphale.  —  Antagonisme 78 

Chap.  III.  —  Conditions  de  la  propagation  des  cestoïdes 

de  l'homme 87 

Chap.  IV.  —  Le  ténia  solium 93 

Chap.  V. —  Le  bothriocéphale  large 111 

Chap.  VI. — Cestoïdes  erratiques 114 

TROISIÈME    SECTION.    —  L'anchylostome    duodénal   (  chlorose 

d'Egypte) 118 

QUATRIÈME  SECTION.  —  Vascaride  lombricoïde 120 

Sous-section  I. 

Chap.  Ier.  —  Séjour,  nombre,  conditions  de  fréquence.   .    .  121 

Chap.   II.  —  Distribution  géographique 124 

Chap.  III.  —  Épidémies  et  endémie 126 

Chap.  IV.  —  Conditions  de  propagation 1  28 

Sous-seclion  II. 

Chap.  Ier.  —  Symptômes,  signes,  accidents  sympathiques.  129 

Chap.  II.  —  Lésions  anatomiques,  accidents  physiques.  .  134 
Sous-seclion  III. 

Chap.   Ier.  —  Lombrics  erratiques  dans   l'estomac,  l'œso- 
phage, le  nez,  l'œil,  l'oreille 142 

Chap.  II. — Dans  le  larynx  et  la  trachée J45 

Chap.   III. —  Dans  les  voies  pancréatiques 155 

Chap.  IV.  —  Dans  les  voies  biliaires 156 

Chap.  V.  —  Dans  des  voies  accidentelles  (question  des  per- 
forations)  ;'  .  175 

Chap.  VI.  —  Tumeurs  et  fistules  vermineuses 192 

Chap.  VII.  —  Lombrics  erratiques  dans  diverses  condi- 
tions  ; 204 


xij  TABLE  MÉTHODIQUE. 

P.gs». 

CINQUIÈME  section.  —  Le  trichocéphale  dispar 205 

SIXIÈME  SECTION.  —  L'oxyure  vermiculaire 209 

Septième  section.  —  Traitement 210 

DEUXIÈME    DIVISION.    —   CHEZ   LES   ANIMAUX    DOMESTIQUES.  223 
(Historique.  —  Généralités.) 

Première  SECTION.  —  Vers  chez  les  solipèdes 227 

DEUXIÈME  SECTION.  — Vers  chez  le  porc  (échinorhynque géant).  229 

TROISIÈME  SECTION.  —  Vers  chez  le  chien  el  le  chai 231 

QUATRIÈME  SECTION.  —  Vers  chez  les  ruminants 232 

Cinquième  section.  —  Traitement 234 

TROISIÈME   PARTIE.   —   Affections   vermincuscs  des  voies 

biliaires 235 

(Historique.  —  Généralités). 

PREMIÈRE  DIVISION.  — DISTOMES 238 

PREMIÈRE  SECTION.  —  Distomes  chez  les  ruminants '  238 

Chap.  Ier.  —  Lésions  anatomiques 239 

Chap.   II.  — Cachexie  aqueuse 24  I 

Chap.   III. —  Épizooties  de  cachexie  aqueuse 241 

Chap.   IV.  —  Rapports  de  la  cachexie  aqueuse  avec  l'existence 

des  dislomes 24C 

Chap.  V.  —  Traitement .  249 

DEUXIÈME  SECTION.  —  Dislomes  chez  V homme 250 

Chap.   Ier.  —  Dans  les  voies  biliaires .   .  251 

Chap.  II.  — ■  Erratiques  dans  l'intestin 253 

Chap.  III.  —  Incertains  ou  fictifs 255 

DEUXIÈME  DIVISION.  — CORPS  OVIFORMES 257 

PREMIÈRE  SECTION.  —  Chez  le  lapin 257 

DEUXIÈME  SECTION.  —  Chez  l'homme 263 

QUATRIÈME  PARTIE.  —  Affections  vermineuses  des  voies 

nrinaîres , 26  G 

PREMIÈRE   DIVISION. — VERS  SPÉCIAUX  AUX  VOIES  URINAIRES 

{slrongle  géant) 267 

(Historique.  —  Considérations  générales.  —  Distribution  géographique.  —  Organes 
envahis.  —  Désordres  occasionnés.  —  Phénomènes  et  symptômes.  — -  Diagnostic.) 

PREMIÈRE  SECTION.  — Lestrongle  géant  chez  l'homme 276 

Chap.  Ier.  —  Cas  probables 276 

Chap.  II.  —  Cas  très  incertains 280 


TAREE  MÉTHODIQUE.  XÎij 

Pages. 
DEUXIÈME  SECTION.  —  Le slrongle  géant  chez  les  animaux.   .   .  286 
DEUXIÈME  DIVISION.  —  Vers  rares,  indéterminés,  erra- 
tiques ou  fictifs 288 

PREMIÈRE  SECTION.  —  Vers  microscopiques  (protozoaires)   .    .   .  288 

DEUXIÈME  SECTION.  — ■  Vers  visibles  à  l'œil  nu 289 

Chap.  Ier.  —  Vers  évacués  avec  l'urine  (spiroptère,  dacty- 

lius,  tétraslome) 292 

Chap.   II.  —  Vers  trouvés  dans  les  reins  (penlastome,  néma- 

loïdes  indéterminés) 293 

TROISIÈME  SECTION.  —  Vers  erratiques  ...    : 295 

QUATRIÈME  SECTION.  —  Pseudhelminthes 300 

LIVRE  DEUXIÈME. 

VERS  DANS  LES  CAVITÉS   CLOSES  NATURELLES  OU   ACCIDENTELLES. 

PREMIÈRE  PARTIE.  —  Affections  vermineuscs  du  système 
sanguin  (hématozoaires). .-.     309 

(Considérations  générales.) 

Première  SECTION.   -  Hématozoaires  de  l'homme.    ......  311 

Chap.   Ier. —  Hématozoaires  vrais  (dislome  hœmalobie).   ...  312 

Chap.  II.  —  Hématozoaires  accidentels  (dislome  hépatique).   .  315 

Chap.   III.  —  Hématozoaires  fictifs ,   .   .  325 

DEUXIÈME  SECTION.  —  Hématozoaires  des  solipèdes.   .....  328 

Chap.   Ier.  — Vers  des  artères  (anévrysme  vermineux)   ....  329 

Chap.  II.  —  Vers  des  veines 336 

TROISIÈME  SECTION.  —  Hématozoaires  du  chien 336 

Chap.   Ier.  —  Vers  ayant  un  séjour  déterminé 337 

Chap.  II. — Vers  circulant  dans  tout  le  système  ......  341 

DEUXIÈME   PARTIE.  —  Affections  vermineuses  des  cavités 

séreuses  naturelles  ou  adventives  (vers  vêsiculaires).    .   .    .      343 
(Séjour.  —  Historique.  —  Confusion  avec  les  kystes.  —  Découverte  de  l'animalité  des 
cysticerques,  des  hydatides.  —  Écliinocoques  chez  les  animaux  ,  chez  l'homme.  — 
Acéphalocystes.  —  Relation  de  l'hydatide  avec  les  écliinocoques.  —  Corps  inanimés 
pris  pour  des  vers  vêsiculaires.  —  Dénominations.) 

PREMIÈRE  DIVISION.  —  HYDATIDES 359 

SUBDIVISION  I.  —  Hydatides  chez  l'homme. 
(Caractères  des  hydatides  de  l'homme.  —  Vitalité.  —  Mort.) 

PREMIÈRE  SECTION.  —  Considérations  pathologiques 362 

Chap.  Ier.  —  Tumeurs  hydatiques,  constitution,  transforma- 
tions (athérome) 362 

Chap.  II.  —  Constitution  chimique,  produits  accidentels  (W- 
muloïdine).  ,    , 371 


xjv  TABLE  MÉTHODIQUE 

Page». 
Chap.    III.  —   Organes    enviihis;    altérations   consécu- 

livos 375 

Cn.\p.  IV.  —  Conditions  diverses;  étiologie,  distribu- 
tion géographique 879 

Chap.  V.  —  Marche,  durée,  terminaison,  symptômes, 
signes  (frémissement  hydalique,  ponction  exploratrice), 
pronostic 383 

DEUXIÈME  SECTION.  — Hydatides  du  système  sanguin.    .   .   .      393 

Chap.  Ier.  —  Cœur  et  vaisseaux 396 

Chap.  II.  —  Péricarde 406 

TROISIÈME  SECTION.  — Hydatides  des  organes  respiratoires .     409 
Chap.  Ier.  —  Hydatides  développées  dans  la  cavité  tho- 
racique 409 

Chap.  II.  —  Hydatides  développées  dans  l'abdomen  et 
envahissant  le  thorax 435 

QUATRIÈME  SECTION. — Hydatides  de  ï 'abdomen 454 

Sous-section  I. 

Chap.  Ier.  —  Foie.  Action  sur  cet  organe 455 

Chap.  II.  —  Foie.  Action  sur  les  conduits  et  la  vésicule 
biliaires •  462 

Chap.  III.  —  Foie.  Action  sur  les  vaisseaux  sanguins.   .     480 
Chap.  IV.  —  Organes  abdominaux  autres  que  le  foie.   .     486 

Sous-section  H. 

Chap.  Ier.  —  Tumeur  ouverte  dans  une  cavité  séreuse.  493 

Chap.  II. — Tumeur  ouverte  dans  une  cavité  muqueuse.  495 

Chap.  III. — Tumeur  ouverte  au  dehors 507 

CINQUIÈME  SECTION.  —  Hydatides  du  petit  bassin 510 

SIXIÈME  SECTION.  — Hydatides  de  l'appareil  urinaire.    .    .    .  524 

Chap.  Ier.  —  Hydatides  développées  dans  les  reins. 
Mort 527 

Chap.  II.  —  Hydatides  développées  dans  les  reins.  Gué- 
rison 529 

SEPTIÈME  SECTION.  —  Hydatides  dans  les  organes  superficiels 

(orbite,  face,  cou,  corps  thyroïde,  parois  du  tronc,  membres).  536 

HUITIÈME  SECTION. — Hydatides  du  système  osseux 548 

NEUVIÈME  SECTION.  —  Traitement 562 

Chap.  Ier.  —  Traitement  médical. 562 

(Prophylaxie.  —  Agents  tliérapeuliquos.  —  Agents  physiques.) 

Chap.   II. — Traitement  chirurgical 565 


TABLE  MÉTHODIQUE.  XV 

Pages. 

(Ponction  simple.  —  Ponction  avec  séjour  de  la  canule.  —  Ponctions  successives.  — 
Incision  simple.  —  Incision  à  deux  temps.  —  Caustique.  —  éjections  iodées.  — 
Injections  alcooliques.  — Injections  de  bile.  —  Extirpation. —  Traitement  consécu- 
tif. —  Appréciation  et  indications.) 

Subdivision  II.  —  Hydatides  chez  les  animaux 617 

DEUXIÈME  DIVISION.  —  CYSTICEKQUES 620 

PREMIÈRE  SECTION.  —  Cysticerques  chez  le  porc  (ladrerie).    .  .  622 

DEUXIÈME  SECTION.   —  Cyslicerque  chez  l'homme 627 

(Historique.  —  Parois  du  cœur,  poumons,  autres  organes.  — Géographie.) 

LIVRE  TROISIÈME. 

VERS  DANS  LES  ORGANES  PARENCHYMATEUX. 

PREMIÈRE  PARTIE.  —  Affections  vermineuses  du  système 

nerveux  central 633 

PREMIÈRE    DIVISION.  —  PORTION    CÉPHALIQUE    DE    L'ENCÉ- 
PHALE       636 

Première  SECTION.  —  Vers  chez  les  animaux. 

Chap.  Ier.  —  Cœnure  chez  les  ruminants  (tournis) 636 

Chap.  II.  —  Cysticerques  chez  le  porc  et  le  chien 643 

DEUXIÈME  SECTION.  —  Vers  vésiculaires  chez  l'homme 644 

Chap.  Ier.  —  Hydatides 646 

Chap.  II.  —  Cysticerques 656 

TROISIÈME  SECTION.  —  Du  tournis  dans  ses  rapports  avec  les 
vers  vésiculaires 663 

DEUXIÈME  DIVISION.  —  Portion  rachidienne  de  l'encé- 
phale (cœnure,  hydatides] 666 

.DEUXIÈME  PARTIE.  —  Affections  verminenses  du  système 

musculaire  (trichina  spiralis) 672 

TROISIÈME    PARTIE.  —  Affections  verminenses  des  glan- 

dules  ou  ganglions  ( Tubercules  vermineux).  ........  683 

PREMIÈRE  SECTION.  —Chez  le  chien 684 

DEUXIÈME  SECTION.  --  Chez  le  cheval 691 

TROISIÈME  SECTION.  —  Chez  l'homme 692 

QUATRIÈME  SECTION.  —  Chez  divers  animaux 695 

QUATRIÈME   PARTIE.   —  Affections  vermineuses   du    tissu 

cellulaire  interorganique  ( la  fllaire  (le  l' homme) 696 

Chap.  Ier.  —  Historique 697 

Chap.   II.  —  Distribution  géographique 700 

Chap.  III. — Causes  et  conditions  de  propagation 705 


XVJ  TABLE   MÉTHODIQUE. 

P;igcJ. 

Chap.   IV.  —  Fréquence,  nombre,  siège,  durée 715 

Cuap.  V.  —  Phénomènes  pathologiques  (observations  particu- 
lières)   718 

Chap.  VI.  —  Traitement 729 

LIVRE  QUATRIÈME. 

VERS   DANS    DES    ORGANES   COMPLEXES  OU   APPAREILS. 

k'Ct  ■:>■  Il  Kl:  PARTIE.  —  Affections  verminenses  de  l'appareil 

de  la  -vision 732 

PREMIÈRE  DIVISION.  —  GLOBE  OCULAIRE 732 

PREMIÈRE  SECTION. — Globe  oculaire  chez  r homme 733 

DEUXIEME  SECTION.  —  Globe  oculaire  chez  les  animaux.   .   .   .  743 

Chap.  Ier. — Chez  le  porc 743 

Cuap.  II. —  Chez  les  solipèdes 745 

Chap.  III.  —  Chez  le  bœuf 749 

DEUXIÈME  DIVISION. —ANNEXES  DE  L'OEIL 750 

DEUXIÈME  PARTIE.  —  Affections  vermine  uses  de  l'appareil 

générateur 753 

PREMIÈRE  DIVISION. -APPAREIL  MALE.    . 754 

DEUXIÈME  DIVISION. —APPAREIL   FEMELLE 756 

PREMIER  APPENDICE. 

Maladies  faussement  attribuées  aux  vers.  .  .  . 763 

(Art.  I.  Affections  vermineuses  universelles,  fièvres  vermineuses.  —  Art.  II.  Affec- 
tions épidémiques  ou  contagieuses  déterminées  par  des  vers  invisibles.  ■ —  Art.  III. 
Affections  attribuées  à  des  vers  réels  ou  fictifs  autres  que  ceux  de  l'intestin.  — 
Art.  IV.  Affections  imaginaires  attribuées  à  des  vers  imaginaires.) 

DEUXIÈME  APPENDICE. 

MÉDICAMENTS  VERMIFUGES  ET  LEUR  MODE  D'ADMINISTRATION.  ,  775 
(Art.  I.  Acide  cyanhydrique,  antimohiaux,  eau  froide,  étain,  fer,  mereuriaux,  pétrole, 
sel  marin,  soufre,  zinc.  —  ART.  II.  Ail,  aloès,  asa  fœtida,  camphre,  cévadille, 
charbon  végétal,  citrouille,  cousso,  étber,  figuier  de  Cayenne,  geoffrée,  fougère  mâle, 
grenadier,  huile  grasse,  kamala,  mousse  de  Corse,  mûrier,  musenna,  nitrate  d'ar- 
gent, noix  vomique,  papayer,  panna,  quinquina,  santonine,  saoria,  semen-conlra, 
spigélie,  tanaisie,  tatzé,  térébenthine. —  Art.  III.  Remède  de  Chabert,  de  Clossius, 
de  Darbon,  de  Garbillon,  de  Richard  de  Hautesierck,  de  Meyer,  de  Ratier,  de  Storck, 
de  Swaim,  de  Weigel.) 

Index  bibliographique  par  noms  d'auteur  (*) 816 

Table  alphabétique  des  matières 823 

(*)  IV.  B,  —  Cet  index  a  pour  but  de  faire  arriver  facilement  le  lecteur  au  livre  ou  au  mémoire 
çilé  lorsqu'à,  est  indiqué,  par  un  \ocq  citatO. 


SYNOPSIS 

DES    ENTOZOAIRES    DE    L'HOMME 

ET   DES   ANIMAUX   DOMESTIQUES. 


Les  entozoaires  sont  des  animaux  qui  vivent  dans  les  organes  des 
autres  animaux,  et  qui  n'ont  point  d'organes  respiratoires  distincts 
ou  déterminés,  ni  d'appendices  articulés  propres  à  la  locomo- 
tion (1). 

Les  entozoaires  sont  organisés  d'après  six  types  distincts  ;  ce  sont  : 

les    PROTOZOAIRES,  les    CESTOÏDES,  les    TRÉMATODES,  les    ACANTHOCE - 
PHALES,  les  NÉMATOÏDES,   les  ACANTHOTHEQUES. 

TYPE  I.  —  PROTOZOAIRES. 

Animaux  microscopiques,  de  forme  ordinairement  irrégulière,  dont 
les  divers  systèmes  d'organes  ne  sont  pas,  en  général,  nettement 
séparés;  chez  les  uns,  l'organisation  très  simple  est  réductible  au 
type  de  la  cellule;  chez  les  autres,  plus  complexes,  les  fonctions 
s'accomplissent  néanmoins  par  des  organes  simples  et  non  par 
des  appareils  (2). 

Les  téguments  des  protozoaires  sont  tantôt  mous,  contractiles, 

(1)  La  définition  de  Rudolphi  n'est  plus  admissible  aujourd'hui,  car  on  sait 
qu'un  certain  nombre  de  vrais  entozoaires  passent  une  partie  de  leur  vie  hors  de 
l'organisme  de  leur  hôte;  celle  que  nous  proposons  ne  change  rien  à  l'ensemble 
du  groupe;  toutefois,  contrairement  à  Rudolphi,  nous  rapportons  aux  entozoaires 
les  infusoires  parasites  qui  en  avaient  été  rejetés  sans  raison  suffisante. 

La  classe  des  entozoaires  est  artificielle,  mais  la  plupart  des  groupes  secondaires 
qui  la  constituent,  parfaitement  définis  par  leurs  caractères  zoologiques,  compren- 
nent exclusivement,  ou  à  peu  près  exclusivement,  des  parasites  internes  ;  en  sorte 
que  les  entozoaires  forment  en  réalité  un  groupe  assez  homogène. 

(2)  La  définition  des  protozoaires  donnée  par  M.  de  Siebold  (animaux  réduc- 
tibles au  type  de  la  cellule)  ne  convient  qu'à  un  petit  nombre  de  ces  animaux;  la 
caractéristique  de  MM.Gervaiset  Van  Beneden  (animaux  sarcodaircs)  comprendrait 
aussi  des  animaux  plus  élevés,  tels  que  certains  trématodes,  des  larves  d'in- 
secte, etc.  Nous  croyons  notre  définition  plus  précise,  sans  oser  espérer  qu'elle  soit 
irréprochable. 

DAVA1NE,    -  a 


Il  SYNOPSIS. 

non  distincts  du  parenchyme  du  corps,  susceptibles  de  s'agglutiner 
et  de  s'étirer;  tantôt  plus  distincts  et  réticulés  ;  tantôt  solides  et  non 
contractiles,  ou  durs  et  cornés,  et  persistants  après  la  destruction  de 
l'animal.  Ils  sont  ordinairement  pourvus  d'appendices  variés  qui  ser- 
vent à  la  préhension  des  aliments,  à  la  locomotion,  à  la  respira- 
tion î\  telles  sont  des  expansions  contractiles,  protéennes,  tantôt 
courtes  et  larges,  tantôt  longues  et  filiformes,  simples  ou  ramifiées 
que  certains  protozoaires  (amibes,  acinètes)  émettent  ou  retirent  dans 
leur  propre  substance,  et  qu'ils  varient  incessamment  ;  tels  sont,  chez 
d'autres,  les  cils  vibratiles  toujours  agités,  les  cirrhes  qui  paraissent 
suivre  l'impulsion  de  la  volonté  ;  enfin  des  expansions  roides  et  résis- 
tantes, comme  les  soies,  les  styles,  les  crochets? '. 

Le  parenchyme  du  corps  est  une  substance  molle,  transparente, 
diffluente,  contractile  [sarcode).  Une  ou  plusieurs  vésicules  rougeâtres, 
qui  apparaissent  et  disparaissent  suivant  un  rhythme  non  régulier, 
représentent  un  système  circulatoire  rudimentaire.  Le  tube  digestif 
est  nul,  incomplet  ou  complet.  La  génération  s'accomplit  par  fissi- 
parité,  par  gemmiparité  ou  par  des  organes  sexuels.  Ceux-ci,  tou- 
jours très  simples,  sont  constitués  par  des  vésicules  (ovaire  ou  noyau, 
testicule  ou  nucléole)  distinctes,  dans  lesquelles  se  développent  les 
spermatozoïdes  ou  les  ovules.  La  fécondation  a  lieu  par  accouple- 
ment, et  l'embryon,  quelquefois  différent  des  parents,  subit  alors  des 
métamorphoses  et  devient  adulte  par  une  véritable  génération  alter- 
nante (1). 

(l)  L'appréciation  exacte  des  phénomènes  qui  ont  donné  lieu  à  la  théorie  de  la 
Génération  alternante  étant  assez  récente  et,  peut-être,  peu  familière  encore  aux 
médecins  praticiens,  il  importe  de  donner  ici  quelques  éclaircissements  à  cet  égard, 
d'autant  plus  que  des  exemples  de  ce  mode  de  génération  se  présenteront  fréquem- 
ment dans  cet  ouvrage. 

Outre  la  reproduction  par  des  drganes  génitaux,  certains  animaux  se  reproduisent 
encore  par  des  gemmes  ;  dans  l'un  et  l'autre  cas,  il  peut  arriver  que  l'individu  pro- 
duit ne  ressemble  pas  à  l'individu  producteur.  —  On  sait  que  chez  les  batraciens, 
chez  les  insectes,  la  larve  qui  sort  del'teuf  ne  ressemble  pas  au  parent,  mais  qu'elle 
acquiert  tôt  ou  tard  la  forme  et  l'organisation  du  parent  par  une  métamorphose.  De 
l'embryon  à  l'adulte  l'individualité  est  toujours  la  même,  quoiqu'elle  revête  des 
formes  différentes.  — Chez  d'autrcS  animaux,  l'individu  qui  sort  de  l'œuf,  différant 
aussi  par  la  forme  et  par  l'brganisatibn  de  l'individu  qui  a  produit  l'œuf,  ne  se  mé- 
tamorphose point  cependant  tôt  ou  tard  en  un  individu  semblable  à  son  parent,  il 
périt  sans  arriver  jamais  à  l'état  adulte;  ce  sont  d'autres  individus  auxquels  il 
donne  naissance  par  des  bourgeons  ou  des  gemmes  qui  acquièrent  la  forme  du  pre- 
mier parent  et  qui  reproduisent  des  œufs  à  leur  tour.  L'individu  issu  de  l'œuf,  qui 
be  ressemble  ni  pour  la  forme,  ni  pour  l'organisation  à  celui  qui  a  produit  l'œuf, 


SYNOPSIS.  m 

Le  groupe  des  protozoaires  n'a  point  encore  de  limites  bien  déter- 
minées, soit  parce  qu'il  est  facile  d'y  comprendre  des  larves  d'ani- 
maux plus  élevés,  soit  parce  qu'il  est  difficile  d'en  distinguer  des 
végétaux  doués  de  mouvement,  ou  même  des  parcelles  séparées 
récemment  d'un  organisme  vivant  et  participant  encore  de  sa  vie, 
comme  il  arrive  aux  fibres  musculaires,  aux  cils  vibratiles,  aux  sper- 
matozoïdes, aux  zoospôres.  C'est  cette  interprétation  que  nous  don- 
nons des  mouvements  que  nous  avons  découverts  dans  les  globules 

ne  ressemble  point  non  plus  à  sa  progéniture;  celle-ci  possède  la  forme  du  pré*- 
mier  parent  ou  elle  l'acquiert  par  une  métamorphose.  II  y  a  donc  là  deux  phases  dé 
génération  bien  distinctes  ;  mais  quelquefois  celte  seconde  génération  n'arrive  point 
non  plus  à  l'état  adulte,  elle  en  reproduit  une  troisième  ,  différente  d'elle-même 
et  de  la  précédente,  et  c'est  cette  troisième  génération  qui  seule  reprend  le  type 
du  parent  primitif.  j 

On  entend  par  génération  alternante  ou  digénèse  la  succession  des  générations 
dissemblables,  sexuelle  et  asexuelles,  après  lesquelles  reparaît  le  type  primitif. 

Il  arrive  fréquemment  que  l'individu  appartenant  à  l'une  de  ces  phases  de  gêné" 
ration  (ordinairement  celle  qui  n'acquiert  point  d'organes  génitaux)  produise  de 
nouveaux  individus  semblables  à  lui-même,  et  ceux-ci,  à  leur  tour,  donnent  nais- 
sance à  d'autres  individus  semblables  à  eux-mêmes  avant  que  chacun  d'eux  ne  pro- 
duise des  individus  dissemblables.  Ces  individus  semblables,  nés  d'une  souche 
commune  et  successivement  les  uns  des  autres,  ces  rejetons  ne  peuvent  être  consi- 
dérés comme  constituant  de  nouvelles  phases  de  génération,  car  ils  ne  forment 
point  un  degré  plus  avancé  dans  l'évolution  de  l'animal  qu'ils  représentent,  ils  ne 
font  que  multiplier  l'individu-souche;  les  individus  dissemblables,  au  contraire, 
forment  toujours  un  acheminement  vers  l'état  adulte,  uue  phase  nouvelle,  un 
degré  de  plus  dans  l'évolution  de  l'animal  auquel  ils  appartiennent  :  le  puceron, 
qui  produit  une  succession  de  dix  et  douze  individus,  plus  ou  moins,  nés  les  uns 
des  autres  par  gemmation  et  semblables  les  uns  aux  autres,  n'a  pas  en  défini- 
tive dix  et  douze  phases  de  génération  successives,  mais  deux  seulement,  l'une 
sexuelle  et  l'autre  asexuelle;  les  hydalides  produites  successivement  les  unes  par 
les  autres  ne  représentent  point  chacune  une  nouvelle  phase  de  génération,  mais 
c'est  l'échinocoque  qui  représente  cette  nouvelle  phase;  et,  dans  les  plantes,  la  suc- 
cession des  bourgeons  ne  représente  jamais  qu'une  même  phase  de  génération* 

M.  Steenstrup,  l'auteur  de  la  théorie  de  la  génération  alternante,  a  appelé 
nourrice  l'individu  non  sexué  qui  donne  naissance  à  l'individu  sexué  ;  et  grand'- 
nourrice,  l'individu  non  sexué  qui,  lorsqu'il  y  a  deux  phases  asexuelles  de  généra- 
tion, donne  naissance  à  la  nourrice.  On  sait  que  M.  Van  Beneden  appelle  la  nour- 
rice scoleœ  et  la  grand'nourrice  proscolex. 

Parmi  les  entozoaires  dont  nous  allons  nous  occuper,  les  cestoïdes  et  les  trémà-« 
todes  se  propagent  généralement  par  la  génération  alternante  ;  mais  les  différentes 
phases  de  cette  génération  s'accomplissent  dans  des  terrains  différents.  L'animal 
ne  peut  parcourir  ses  périodes  de  larve  dans  l'organe  où  il  devient  adulte,  de  là  une 
migration  nécessaire  dans  de  nouveaux  organes  et  chez  de  nouveaux  animaux,  irii= 
gration  correspondante  à  chaque  nouvelle  phase  de  son  évolution. 


|\  SYNOPSIS. 

blancs  du  sang  de  l'homme  et  des  animaux  (1),  malgré  l'opinion  d'un 
observateur  plus  récent,  M.  Lieberkûhn,  qui  regarde  ces  corpuscules 
comme  de  véritables  protozoaires  (2) . 

Les  protozoaires  sont  les  plus  répandus  de  tous  les  animaux:  ils 
existent  dans  les  eaux  courantes  ou  stagnantes,  douces  ou  salées, 
dans  l'humus,  parmi  les  mousses,  les  conferve's,  etc.  Ils  apparaissent 
rapidement  dans  les  matières  végétales  ou  animales  en  décomposi- 
tion; ils  se  trouvent  sur  les  téguments  des  animaux  qui  vivent  dans 
l'eau,  dans  divers  organes  des  animaux  à  sang  froid  et  même  chez 
les  animaux  à  sang  chaud. 

Les  protozoaires  qui  vivent  dans  les  organes  des  animaux  sont 
de  véritables  intestinaux  ou  entozoaires,  car  ils  périssent  prompte- 
ment  lorsqu'on  les  retire  de  ces  organes;  et,  d'autre  part,  les  proto- 
zoaires libres  périssent  lorsqu'on  les  introduit  dans  un  organisme 
animal  (3). 

Les  protozoaires  des  animaux  domestiques  ont  à  peine  été  recher- 
chés; nous  n'indiquerons  ici  que  ceux  de  l'homme.  Ils  appartiennent 
à  plusieurs  genres  distincts. 

(1)  C.  Davaine,  Recherches  sur  les  globules  blancs  du  sang  (Mém.  Soc.  biologie, 
1850,  t.  II,  p.  103). 

(2)  Lieberkûhn,  Ueber  psorospcrmien  {Muller's  Arch.  fur  anal,  undphys.  1854, 
p.  11,  pi.  i). 

(3)  Nous  rapporteroos  datii  le  courant  de  cet  ouvrage  des  faits  qui  prouvent  que 
les  protozoaires  de  l'homme  ne  peuvent  vivre  hors  des  organes  qui  leur  servent 
Aliabilal  (voy.  ce  que  nous  avons  dit,  Palhol.,  p.  63,  67,  68).  Ici  nous  nous  borne- 
rons à  citer  les  suivants  :  M.  Chaussât,  ayant  exposé  dans  un  tube  une  certaine 
quantité  de  sang  de  grenouille  qui  contenait  des  protozoaires  parasites  [paramecium 
costatum  et  amœba  rolaria),  constata  que  ces  hématozoaires  avaient  cessé  générale- 
ment de  vivre  au  bout  de  quarante-huit  heures,  tandis  qu'au  bout  de  vingt-quatre 
il  s'y  était  déjà  développé  des  vibrions  (Chaussât,  thèse).  —  M.  Vogel,  ayant  tiré  à 
un  chat  adulte  30  grammes  environ  de  sang,  les  remplaça  par  60  grammes  d'une 
infusion  qui  contenait  des  milliers  d'iufusoires  (espèce  de  monas  ou  jeune  Age  du 
cyclidium  glaucoma  ?);  au  bout  de  viogt-trois  heures,  30  grammes  de  sang  tirés  à 
ce  chat  n'offrirent  pas  la  moindre  trace  de  ces  infusoircs.  Deux  jours  après,  le 
chat  fut  tué  et  son  sang,  ayant  été  examiné  avec  soin,  ne  contenait  pas  d'infu- 
soire6;  ceux-ci  avaient  disparu  sans  laisser  aucun  vestige,  quoiqu'il  en  eût  été 
injecté  des  millions  (J.  Vogel    Traité  d'anal,  palh.  gén.,  1847,  p.  396,  note). 

Il  y  a  donc  pour  les  protozoaires  qui  vivent  en  parasites  des  conditions  physiolo- 
giques particulières  qui  les  distinguent  des  autres  infusoires  et  les  rapprochent 
des  entozoaires. 


SYNOPSIS.  V 

FAMILLE  DES  VIBRIONIENS  (Dujakdin). 

Protozoaires  filiformes,  extrêmement  minces,  sans  organisation  ap- 
préciable, sans  organes  locomoteurs  visibles,  se  multipliant  par 
division  transversale,  et  se  mouvant  par  l'effet  de  leur  contracti- 
lité  générale. 

Les  vibrioniens  sont  les  protozaires  qui  apparaissent  les  premiers 
dans  toutes  les  infusions,  et  qui,  en  raison  de  leur  petitesse  extrême 
et  de  l'imperfection  de  nos  moyens  d'observation,  doivent  être  con- 
sidérés comme  les  plus  simples.  Il  est  probable  que  beaucoup  d'êtres 
rapportés  aux  vibrioniens  appartiennent  au  règne  végétal. 

1  GENKE  BACTERIUM. 

Corps  filiforme,  roide  ;  mouvementvacillant,non  ondulatoire;  longueur,  0mm,002 
à  0'mm,005  ;  épaisseur,  0m,n,0004  à  0n,m,0017. 

Des  protozoaires  appartenant  à  ce  genre  se  trouvent  dans  divers  liquides 
animaux  en  décomposition,  dans  la  matière  blanche  qui  s'amasse  autour  des 
dents,  etc. 

2  GENRE  VIBRION. 

Corps  filiforme,  susceptible  d'un  mouvement  ondulatoire  comme  un  serpent  ; 
longueur,  0mm,003  à  0mm,01  ;  épaisseur,  0mm,0008  à  0n1m,0(M. 

On  trouve  de  ces  êtres  dans  les  matières  intestinales  chez  les  malades  at- 
teints du  choléra  et  de  diarrhée,  dans  l'urine  altérée,  dans  le  pus  de  la 
balanite,  de  la  leucorrhée,  etc.  (voy.  Path.,  p.  65,  66,  289). 


FAMILLE  DES  MONADIENS  (Dujardin). 

Protozoaires  ayant  une  forme  déterminée,  ronde  ou  ovoïde  \  varia  - 
blés  parleur  mollesse,  mais  non  d'une  manière  protéenne; corps 
en  apparence  homogène,  sans  tégument  distinct,  susceptible  de 
s'agglutiner  aux  objets  environnants  et  de  s'étirer  plus  ou  moins  ; 
point  d'intestin  ni  de  bouche  visibles  ;  un  ou  plusieurs  filaments 
fiagelliformes  servant  d'organes  locomoteurs. 


Vf  SYNOPSIS. 

3  GENRE  MONAS. 

Corps  nu,  de  forme  arrondie  ou  oblongue,  sans  expansions  variables  ;  un  seul 

filament  flatjelli forme  ;  mouvement  un  peu  vacillant. 

Une  espèce  observée  chez  l'homme,  dans  l'urine  des  cholériques  (voy. 
PWft.,p.  289). 

GENRE  CERCOMONAS. 

Corps  nu,  de  forme  arrondie,  discoïde  ou  ovoïde  ;  un  filament  flagelliforme 
antérieur  ;  un  prolongement  postérieur  en  forme  de  queue,  plus  ou  moins 
long,  plus  ou  moins  filiforme  et  variable  qui  s'agglutine  quelquefois  aWD 
corps  environnants  et  fixe  momentanément  l'animal. 


Fig.  1.  —  Cercomonas  de  l'homme  grossis  350  fois.  —  i,  variété  A;    2,  variété  B. 

/4  CERCOMONAS  DE  L'HOMME  {Cercom,  hominis,  Davaine). 

Variété  ou  espèce  A. 

Corps  pyriforme,  variable,  long  de  0min,01  à  0mm,012  ;  extrémité  amincie  se  ter- 
minant par  un  filament  caudal  épais  aussi  long  que  le  corps;  filament  flagelli- 
forme antérieur  situé  à  l'extrémité  obtuse,  opposé  au  précédent,  très  long  (deux 
fois  aussi  long  que  le  corps?  )  et  mince,  toujours  agité,  très  difficile  à  voir;  trait 
longitudinal  vers  l'extrémité  antérieure,  donnant  l'apparence  d'un  orifice  buc- 
cal?; point  de  nucléus  bien  appréciable.  Locomotion  assez  rapide,  quelquefois 
suspendue  par  ragglutiualion  du  filament  caudal  aux  corps  environnants; 
l'animal  oscille  alors,  comme  un  pendule,  autour  du  filament. 

Ces  prolozoaires  existent  en  nombre  quelquefois  considérable  dans  les 
garderobes  récentes  des  malades  atteints  du  choléra. 

Variété  ou  espèce  B. 

Plus  petite  que  la  précédente  ;  corps  moins  pyriforme,  à  contours  moins  arrondis, 
long  de  0mm,008;  deux  filaments,  l'un  antérieur,  l'autre  caudal,  situés  un  peu 
latéralement;  longueur  des  filaments  non  déterminée;  locomotion  très  rapide. 
Cette  variété  se  rapproche  des  amphimonas. 

Protozoaires  observés  en  grand  nombre  dans  les  déjections  d'un  individu 
atteint  de  fièvre  typhoïde. 

Ces  protozoaires  périssent  et   disparaissent  dès  que  les  garderobes  se 


SYNOPSIS.  ¥11 

refroidissent.  Leur  petitesse,  la  continuité  et  la  rapidité  de  leurs  mouvements 
rendent  une  observation  exacte  très  difficile,  observation  qui  ne  peut  être 
complétée  après  la  mort  de  l'animalcule,  car  il  devient  impossible  alors  de  le 
distinguer  des  corpuscules  de  diverse  nature,  des  cellules  épithéliales  plus  ou 
moins  altérées  parmi  lesquels  il  se  trouve  (voy.  Palh,,  p.  64,  67). 

GENRE  TRICHOMONAS. 

Corps  ovoïde  ou  globuleux,  susceptible  de  s'étirer  en  s  agglutinant  au  porte 
objet,  et  présentant  quelquefois  ainsi  un  prolongement  caudal;  filament  fla- 
gelliforme  antérieur,  accompagné  d'un  groupe  de  cils  vibratiles. 

5  TRICHOMONAS  VAGINAL  [Trich.  vagmalis,  Donné). 

Corps  glutineux,  noduleux,  inégal,  creusé  de  vacuoles?,  s'agglutinant  souvent  à 
d'autres  corps,  long  de  Omm,0i  ;  filament  caudal  non  constant,  variable;  fila- 
ment autérieur  flagelliforme,  flexueux,  trois  fois  plus  long  que  le  corps; 
long,  de  0m,a,028  0mm,033  ;  sept  à  huit  cils  vibratiles  situés  à  sa  base.  Mauve* 
ment  vacillant. 

Observé  dans  le  mucus  vaginal  chez  la  femme.  Les  trichomonas  sont  sou- 
vent réunis  par  groupes  de  cinq  ou  six  individus,  plus  ou  moins,  dans  les- 
quels on  ne  distingue  que  quelques  appendices  flagelliformes  en  mouvement. 
Lorsque  le  mucus  vaginal  est  refroidi,  ces  protozoaires  ne  lardent  pas  à 
disparaître  (voy.  Palh.,  p.  756). 


FAMILLE  DES  PARAMÉCIENS  (Dujardin). 

Protozoaires  à  corps  mou,  flexible,  de  forme  variable,  ordinairement 
oblong,  plus  ou  moins  déprimé,  pourvu  d'un  tégument  réticulé, 
lâche  et  couvert  de  cils  vibratiles  nombreux  en  séries  régulières  ; 
ayant  une  bouche  distincte. 

6  PARAMÉCIE  DE  L'HOMME  [Paramecium  coli,  Màlmsten). 

Corps  ovoïde,  aminci  en  avant,  long  de  0mm,l  environ,  un  peu  variable  ;  tégument 
couvert  de  cils  serrés,  disposés  en  séries  obliques;  bouche  anléro-latérale,  munie 
de  cils  plus  longs  ;  œsophage  légèrement  élargi  et  recourbé  ;  anus  situé  en 
arrière,  à  la  face  abdominale ,  plus  ou  moins  saillant  et  distinct  par  sa  consti- 
tution ;  un  noyau  oblong,  elliptique;  deux  vésicules  contractiles,  l'une  plus 
petite,  sub-centrale ,  l'autre  située  près  de  l'anus,  très  variables  ;  —  mouve- 
ments plus  ou  moins  rapides,  quelquefois  tournoyants. 

Observée  dans  le  côlon  et  dans  les  garderobes  chez  l'homme  (voy.  Palh., 
p.  67). 


VIII 


SYN0PSI5 


TYPE  II.  —  CEST01DES  (Rudolpiii). 

Animaux  composés,  à  corps  mou,  ordinairement  aplati,  à  tégument 
confondu;  point  de  cavité  générale;  corpuscules  calcaires  ordi- 
nairement très  nombreux,  disséminés  dans  le  parenchyme;  point 
de  bouche,  d'anus  ni  d'intestin;  ayant  ordinairement  une  tête 
(nourrice,  scolex)  munie  de  deux  ou  quatre  ventouses  ou  fossettes 
musculeuses  très  contractiles  (oscules,  suçoirs,  bothries),  et  sou- 


Fig.  2.  —  Cysticcrque  ladrjque 
provenant  d'un  kyslc  situé  dans 
la  paroi  abdominale ,  chez 
l'homme.  —  1 ,  scolex  ou  têle, 
col  et  portion  du  corps,  grossis 
40  fois  et  très  légèrement 
comprimés.  Le  rostre  est  en- 
core invaginé  ainsi  qu'une 
partie  de  la  couronne  de  cro- 
chets; trois  des  quatre  ven- 
touses sont  visibles;  on  voit 
aussi  les  corpuscules  calcaires 
disséminés  dans  le  col  et  le 
corps  ;  ces  parties  sont  mar- 
quées de  plis  transversaux  qui 
simulent  des  anneaux. — 2, cro- 
chets appartenant  à  la  première 
et  à  la  seconde  rangées,  grossis 
200  fois.  On  leur  distingue 
trois  parties:  la  griffe  ou  lame, 
la  garde  ou  talon,  le  manche. 
—  3,  corpuscules  calcaires 
grossis  350  fois. 


vent  en  outre  armée  de  crochets  disposés  soit  en  couronne  ter- 
minale autour  d'une  sorte  de  petite  trompe  (rostre,  rostellum),  soit 
par  paires  en  avant  de  chaque  fossette  ou  très  nombreux  sur 
quatre  trompes  rétractiles;  corps  plus  ou  moins  long  (strobila), 
formé  d'articles  ou  d'anneaux  plus  ou  moins  nombreux;  articles 
restant  longtemps  réunis  entre  eux  et  à  la  tête,  ou  se  détachant 
bientôt  et  vivant  quelque  temps  libres  (cucurbitins,  proglottis); 
quatre  canaux  longitudinaux  plus  ou  moins  ramifiés,  contractiles, 
occupant  la  tête  et  les  anneaux  ,  s' ouvrant  en  arrière  axi  dehors? 
et  formant  un  appareil  excrétevr?. —  Organes  génitaux  des  deux 
sexes  réunis  dans  un  seul  article;  organe  mâle  disparaissant 
ordinairement  ?  lorsque  sa  fonction  est  accomplie,  l'organe  femelle 
persistant.  —  Spermatozoïdes  filiformes  ;  oeufs  pourvus  d'une 
enveloppe  simple,  double  ou  triple,  avec  ou  sans  opercule.  Em- 


bTXOPSIS.  IX 

Lrvon  ordinairement  ovoïde  et  muni  de  sLx  :.  :  : .  -  -         \   - 


Fie.  %.  —  (loi  im  téfûm  wfcw  *n 
«,  grossi  7*  foi? ;  »,  340  fois  ;  c, 

.-    ;  -.--:.  i.i       z      ■--■-.    --■■■:  - 


:-     :.--•■.-   :-     7:  ."_    :r> 


quelquefois  sans  crochets?  Larve  Bat  sauf  les  ::ansformations, 
se  multipliant  quelquefois  sous  la  même  forme  par  gemmation. 

Les  cestoïdes  sont  les  plus  oommtms  de  tous  les  entoaoaires 
forment  un  très  grand  nombre 
d'espèces  qui,  dans  leurs  divers 
états,  vivent  dans  tous  les  or- 
ganes chez  les  animaux  ver- 
tébrés. 

Les  cestoïdes  de  l'homme  et 
des  animaux  domestiques  appar- 
tiennent à  deux  familles  ou  tribus 
rfetmetea 

TRIBU  DES  TEMADES. 


CSesfcndes  ayant  une  tê:e  s::. ex 
munie  de  quatre  ventouses  et 
souvent  d'une  trompe  année 
de  crochète  ou  inenne;  un 
corps  strobilai  en  forme  de 
bandelette,  composé  d'articles 
plus  ou  moins  nombreux  ;  les 
articles  (cucurbitins,  proglot- 
tk  agrégés  ou  libres,  pour- 
vus, lorsqu'ils  sont  adultes, 
d'organes  génitaux  mâle  et 
femelle;  orifice  des  organes  génita-x  âtués  à  la  marge. 

Etat  embryonnaire  ;  vésicule  ovoïde,  hexacar.i'-r. 

Etat  de  larce  :  forme  hydatique  ou  acéphalocvste  ;  hne  :;  -  îqae 


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X  SYNOPSIS. 

(éehinocoque,  oœnure,  cystioerque)  ;  forme  inconnue  pour  le  plus 
grand  nombre  ;  —  scolex. 

Etat  parfait  :  cucurbitin  ou  proglottis. 

A  l'état  de  larve,  les  téniadés  se  trouvent  dans  les  parenchymes 
ou  dans  les  cavités  séreuses  exclusivement;  à  l'état  parfait,  ils 
n'existent  que  dans  la  cavité  de  l'intestin  des  animaux  vertébrés. 
Communs  che2  les  mammifères  et  les  oiseaux,  ils  sont  très  rares  chez 
les  reptiles  et  les  poissons. 

Les  cestoïdes  de  la  tribu  des  téniadés  se  propagent  par  une  génération  al- 


Fig.  5.  —  Ténia  progloltinien  (voy.  Syn.,  n°  28).  —  1,  individu  grossi  40  fois  ;  pourvu  de  la  têle 
et  de  quatre  anneaux  ;  aux  troisième  et  quatrième  en  a,  orifice  des  organes  génitaux.  —  2,  tête 
ou  scolex  et  premier  anneau,  grossis  200  fois,  un  peu  déformés  par  compression  (des  mouve- 
ments 1res  vifs  ne  permettent  de  les  observer  que  comprimés).  Infundibulum  et  ventouses  armés  de 
crochets,  corpuscules  calcaires  et  deux  des  quatre  canaux  longitudinaux  apparents;  premier 
anneau  nettement  séparé  de  la  tête  et  de  l'anneau  suivant,  n'offrant  point  encore  d'organes  géni- 
taux. —  3,  crochets  de  l'infundibulum,  disposés  en  deux  rangées,  grossis  540  fois.  —  4,  deux 
anneaux  ou  proglottis  séparés  de  la  tète  et  encore  adhérents  entre  eux,  grossis  20  fois  ;  organes 
génitaux  alternes  visibles  à  l'angle  antérieur.  —  5,  partie  antérieure  d'un  proglottis  vivant  libre, 
grossi  40  fois  (même  grossissement  que  le  n*  1);  a,  pénis;  b,  canal  déférent  ou  spermiJucte  ; 
c,  vagin  ;  d,  d,  canaux  longitudinaux.  —  G,  œuf  grossi  350  fois  renfermant  un  embryon  dont  on 
aperçoit  les  crochets.  —  7,  embryon  mxir,  sorti  de  l'oeuf,  grossi  350  fois.  11  est  vu  dans  la  situa- 
tion où  il  se  Irouve  à  la  fin  d'un  effort  perfnnitif. 


SYNOPSIS.  XI 

lernante  (voy.  ci-dessus,  p.  »,  note)  ;  en  effet,  si  l'on  compare  entre  eux 
l'embryon,  la  tête  et  les  anneaux  d'un  ténia,  il  est  facile  de  voir  qu'ils  constH 
tuent  trois  individualités  distinctes  dont  l'une,  au  moins,  dérive  de  l'autre  par 
gemmation. 

La  tête  ou  le  scolex  possède  manifestement  une  individualité  propre;  elle 
se  distingue  de  chacun  des  anneaux  par  sa  forme,  par  ses  ventouses,  sou- 
vent par  la  présence  de  crochets,  par  l'absence  constante  d'organes  sexuels 
et,  si,  dans  un  certain  nombre  d'espèces,  elle  semble  appartenir  à  la  série  des 
anneaux  parce  qu'elle  n'en  est  pas  nettement  séparée,  dans  d'autres,  la  sé- 
paration est  bien  tranchée,  comme  chez  le  ténia  proglotlinien  du  coq  domes- 
tique (fig.  5);  d'ailleurs  la  tête  de  certains  cestoïdes  a  été  vue  isolée,  et 
même  elle  a  été  décrite  comme  un  animal  distinct  sous  le  nom  de  scolex. 

Les  anneaux  ou  progloltis  possèdent  aussi  une  individualité  propre  qu'ils 
manifestent  clairement  dans  un  assez  grand  nombre  d'espèces,  car  après  être 
restés  plus  ou  moins  longtemps  adhérents  entre  eux  et  à  la  tête  ou  scolex,  ils 
se  séparent  par  scission  et  vivent  un  certain  temps  indépendants.  Chez  plu- 
sieurs cestoïdes  connus,  la  séparation  d'avec  le  scolex  se  fait  pendant  que 
l'anneau  est  encore  loin  de  sa  maturité  ;  cet  anneau  vit,  se  meut,  se  nourrit, 
s'accroît  en  liberté  et  ses  organes  génitaux  achèvent  de  se  développer  dans 
cet  état.  Cet  anneau  libre,  qui  possède  tous  les  attributs  de  l'animalité,  est  le 
cestoïde  adulte  qui  reproduit  son  espèce  par  des  œufs. 

Avant  que  l'œuf  n'ait  été  expulsé  des  organes  sexuels,  il  s'y  est  développé 
un  embryon  qui  ne  ressemble  nullement  au  proglottis  dont  il  provient,  ni  au 
scolex  qui  a  produit  le  proglottis.  Il  est,  en  effet,  dépourvu  de  ventouses  et 
muni  de  six  crochets  qui,  différant  de  ceux  du  scolex  par  le  nombre,  en  diffè- 
rent encore  par  la  forme. 

Voilà  donc  trois  individualités  successives  et  distinctes  dont  l'une  forme 
l'animal  parfait.  Comment  se  complète  le  cercle  interrompu  entre  l'embryon 
et  le  scolex?  le  second  provient-il  du  premier  par  métamorphose  ou  par  gem- 
mation? avant  d'aller  plus  loin,  constatons  dans  ces  individus  successifs  les 
phases  d'une  génération  alternante  :  un  anneau  né  de  la  tête  par  gemmation  ; 
un  embryon  hexacanthe  provenu  de  l'anneau  par  sexualité.  La  tête  est  donc 
une  nourrice  suivant  la  dénomination  de  Steenstrup,  un  scolex  suivant  celle 
de  Van  Beneden  ;  l'anneau  ou  proglottis  est  l'individu  adulte. 

Aucun  observateur  n'a  suivi  d'une  manière  positive  l'embryon  dans  sa 
transformation  en  scolex  ;  on  ignore  donc  s'il  reproduit  celui-ci  en  se  méta- 
morphosant ou  bien  par  gemmation,  où  s'il  n'y  a  pas  plusieurs  générations 
entre  la  vésicule  hexacanthe  et  le  scolex.  D'après  quelques  observations  en- 
core fort  incomplètes,  on  est  porté  à  admettre  que  l'embryon,  parvenu  dans 
son  habitat,  perd  ses  crochets  et  se  développe  en  une  vésicule  qui  produit  le 
scolex  par  gemmation;  dans  ce  cas  l'embryon  serait  une  grand' nourrice 
(Steenstrup),  un  proscolex  (Van  Beneden).  Mais  si  l'on  compare  l'échinocoque 
au  cœnure,  on  comprendra  qu'il  n'y  a  probablement  point  sous  ce  rapport 
uniformité  de  développement  chez  tous  les  téniadés  ;  il  en  est  d'ailleurs  un 


XII  SYNOPSIS. 

grand  nombre  qui  probablement  ne  passent  point  par  la  forme  vésiculaire. 
Les  différentes  phases  du  développement  d'un  léniadé  s'accomplissent  dans 
des  milieux  différents,  comme  nous  l'avons  dit.  L'individu  adulte,  le  pro- 
glollis  se  développe  et  vit  exclusivement  dans  l'intestin  ;  l'œuf  est  toujours 
expulsé  au  dehors ,  l'embryon  qu'il  renferme,  avant  d'être  apte  à  vivre  dans 
l'intestin,  doit  toujours  sans  doute  acquérir  un  nouveau  développement  qui 
l'amène  à  l'état  de  scolex  et  qui  s'accomplit  dans  un  autre  milieu.  Les  crochets 
dont  l'embryon  est  armé,  disposés  pour  avancer  dans  un  milieu  résistant  et 
non  dans  un  milieu  fluide (voy.  Sgn  ,  n"  28),  doivent  faire  préjuger  que  ce  mi- 
lieu est  un  tissu  ou  un  parenchyme,  présomption  qui  trouve  en  quelque  sorte 
sa  confirmation  dans  le  fait  de  l'absence  constante  de  larves  de  cestoïde 
dans  les  eaux  douces  ou  salées  et  de  la  présence  d'un  certain  nombre  de  ces- 
toïdes  imparfaits  dans  les  organes  parenchymateux  ou  dans  les  cavités  closes 
des  animaux;  en  outre,  aucun  observateur  n'a  suivi  le  développement  complet 
d'un  cestoïde  dans  un  organe  déterminé. 

Section  A.  —  Téniadcs  à  l'état  de  larve. 

(Forme  vésiculaire.  —  Vers  vésictdaires  ou  cystiques)  (i). 

7  GENRE?  HYDÂTIDE  (ÉCHINOCOQUE,  ensemble), 

Première  phase  de  développement,  hydatide  (acéphalocyste,  Laennec). 

Vésicule  généralement  sphérique  ou  ovoïde,  d'un  volume  très  variable  [entre 
une  télé  d  épingle  et  une  léte  de  fœtus  à  terme};  renfermant  un  liquide  lim- 
pide; à  parois  plus  ou  moins  minces,  égales,  non  contractiles,  constituées  par 
une  substance  homogène,  élastique,  fragile,  transparente,  blanchâtre,  opa- 
line ou  twi'dûtre,  semblable,  pour  la  consistance,  à  du  blanc  d'œuf  coagulé, 
sans  granulations  élémentaires,  sans  fibres  ni  fibrilles,  sans  cellules,  et  dis- 
posée par  lames  stratifiées,  toutes  semblables  entre  elles,  ayant  à  peine 
0mm,002  à  0™",003  d'épaisseur  ;' produisant  par  gemmation,  à  sa  surface 
externe  ou  interne,  ou  dans  son  épaisseur,  des  rejetons  ou  vésicules  sembla- 
bles, qui  acquièrent  plus  ou  moins  de  volume  et  se  reproduisent  à  leur  tour 
de  la  même  manière;  l' hydatide  souche  et  fins  tard  les  rejetons  subissant  des 
altérations  plus  ou  moins  profondes,  perdant  leur  liquide  et  se  réduisant  à 
une  membrane  aplatie  et  plus  ou  moins  altérée  (voy.  Palh.,  p.  359,  366, 
617). 

(1)  Malgré  les  travaux  nombreux  entrepris  dans  ces  derniers  temps  pour  arriver 
à  la  détermination  des  espèces  de  ténias  auxquels  appartiennent  les  vers  vésicu- 
laires  de  l'homme  et  des  animaux  domestiques,  il  en  reste  encore  plusieurs  de  tout 
a  fait  indéterminés;  en  outre,  sur  la  plupart  des  autres,  sinon  sur  tous,  il  reste  en- 
core bien  des  incertitudes;  c'est  ce  qui  justifie  cette  section  provisoire.  Quant  à  la 
distribution  des  vers  vésiculaires  en  genres,  d'après  des  caractères  tirés  de  la  vési- 
cule, elle  n'est  probablement  aussi  que  provisoire  ;  toutefois,  il  est  possible  que  les 


SYJNOPjB.  XIII 

La  vésicule  hydalique,  en  se  développa  ni,  donne  naissance,  par  sa  face  interne, 
à  une  membrane  qui  la  revêt  intérieurement  (membrane  gcrminale),  et  qui  est 


FlG.  6.  —  Hydatide  de  l'homme.  —  1 ,  fragment  de  grandeur  naturelle  ;  la  tranche  montre  les 
feuillets  dont  le  tissu  se  compose;  à  la  surface  externe  existent  des  bourgeons  hydatiques,  à  divers 
degrés  de  développement  (acéphalocystc  exogène  de  Kiihn.)  —  2,  un  des  bourgeons  comprimé  et 
grossi  40  fois  ;  il  est  formé,  comme  l'hydalide  souche,  de  feuillets  stratifiés  ;  la  membrane  germi- 
nale  ne  s'est  point  encore  développée  dans  la  cavité  centrale.  Il  n'y  a  pas  de  trace  d'échinocofiuo. 

formée  d'un  stralum  fibrillaire,  infiltré  de  granulations  élémentaires,  sans  cou- 
ches distinctes  et  bien  différent  du  tissu  hydalique.  La  membrane  germinale 
est  plus  ou  moins  apparente  en  certaines  régions  de  la  vésicule  hydalique  ;  elle 
adhère  faiblement  à  la  paroi  de  celle-ci,  s'en  détache  facilement,  s'altère  et 
disparaît  longtemps  avant  l'hydalide.  Toutes  les  hydalides  ne  sont  pas  revê- 
tues d'une  membrane  germinale. 

Seconde  phase  de  développement,  iïchinocoquf.  (échinococcus,  Rudolpui). 

Corps  oblong  ou  irrégulièrement  ovoïde,  à  peine  visible  à  l'œil  nu,  long  de  0"1U1,2  , 
large  de  0mm,11  environ,  séparé  en  deux  parties  par  un  étranglement 
circulaire  plus  ou  moins  prononcé  ;  la  partie  antérieure  formant  une  tête 
ou  scolex  pourvue  d'un  rostre,  munie  d'une  double  couronne  de  crochets  et 
de  quatre  ventouses  musculaires  contractiles  ;  les  crochets  au  nombre  de  qua- 
rante-quatre ou  plus  ;  ceux  de  la  rangée  antérieure?  plus  longs  (longueur, 
0mm,02  à  0mm,022);  partie  postérieure  ou  caudale  vésiculaire,  plus 
large  que  l'antérieure,  déprimée  en  arrière  où  s'insère  un  funicule  caduc. 
Quatre  canaux?  excréteurs?  Corpuscules  calcaires  plus  ou  moins  nom- 
breux. 

Dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  la  tête  se  voit  invaginée  dans  la  vési- 
cule caudale,  l'échinocoque  est  alors  régulièrement  ovoïde:  le  rostre, comme 


différences  si  grandes  que  l'ou  observe  chez  les  larves,  eorrespoudeut  chez  les 
adultes,  à  des  différences  assez  importantes  pour  maintenir  ceux-ci  dans  des  genres 
distincts. 


Xiv  SYNOPSIS. 

un  doigt  de  ganl  retourné,  est  invaginc  aussi  entre  les  ventouses,  de  telle 
sorte  (lue  les  crochets  se  trouvent  en  arrière  de  celles-ci  ;  ils  ont  le  plus  sou- 
vent leur  griffe  dirigée  en  arrière. 

Les  échinocoques  se  développent  dans  l'épaisseur  de  la  membrane  germi- 


KlG.  7.  —  Échinocoques  de  l'homme.  —  1,  groupe  d'échinocoques  encore  adhérents  à  la  memhraiiu 
germinale  par  tin  funicule,  grossi  40  fois.  —2,  échinocoque  grossi  M)7  fois  ;  la  lête  est  invaginée 
à  l'inlérienr  de  la  vésicule  caudale  ;  il  existe  un  funicule,  —  3,  le  même  comprimé  ;  la  tête  rétrac- 
tée, les  ventouses,  les  crochets  cl  les  corpuscules  calcaires  sont  apparents  à  l'intérieur.  — 
i,  échinocoque  grossi  107  fois  ;  la  tête  est  sortie  de  la  vésicule  caudale.  —  5,  couronne  de  cro- 
chets grossie  350  fois. 

nale,  ou  plutôt  dans  des  expansions  de  celle-ci  ;  ils  naissent  plusieurs  ehseh> 
ble  dans  ces  expansions  auxquelles  ils  sOht  unis  par  un  funicule  inséré  dans 
la  dépression  de  la  vésicule  caudale  ;  lorsqu'ils  ont  acquis  tout  leur  dévelop- 
pement, le  funicule  se  rompt  ou  se  détache,  et  les  échinocoques  restent  libres 
dans  la  cavité  de  l'hydatide.  Après  un  certain  temps,  la  membrane  germinale 
se  détruit  et  plus  tard  à  leur  tour  les  échinocoques  ;  il  ne  reste  plus  alors  dans 
la  cavité  de  l'hydatide  que  les  crochets  de  ces  vermicules.  Les  hydatides 
chez  lesquelles  la  membrane  germinale  ne  s'est  pas  développée,  n'ont  pas  non 
plus  d'échinocoques. 

L'existence  dans  l'échinocOque  d'un  rostre  et  d'une  double  couronne  de 
crochets,  de  quatre  ventouses,  de  quatre  canaux  excréteurs? ,  des  corpuscules 
calcaires,  placent  avec  certitude  cet  animal  dans  l'ordre  des  cestoïdes  et  dans 
la  tribu  des  téniadés.  Considéré  eh  lui-même,  c'est-à-dire  abstraction  faite 
de  l'hydatide,  il  représente  un  ver  cystique.  Un  cysticerquedont  le  corps  ne 
serait  point  développé  (cysticerque  réduit  à  la  tête  et  à  la  vésicule  caudale). 

Phases  de  développement  primitives  et  cltëriëures  de  l'hydàtide- 
ëcbihocogue , 

L'hydatide  et  l'échlnocoque  étant  deux  phases  successives  et  transitoires 


SYNOPSIS.  XV 

du  développement  d'un  ver  ténioïde (1  ) ,  l'embryon  hexacanthe  du  ténia  a  dû 
précéder  l'hydalide  ;  mais  celle-ci  provient-elle  de  cet  embryon  par  métamor- 
phose ou  par  gemmation  ?  C'est  ce  que  l'on  ignore. 

La  phase  scolex  étant  toujours  l'avant-dernière,  la  pénultième  dans  la  vie 
d'un  cestoïde,  l'échinocoque  qui  est  une  tête  ou  scolex  ne  peut  plus  pro- 
duire qu'un  proglottis,  c'est-à-dire  le  cestoïde  adulte,  période  ultime.  Les 
diverses  phases  du  développement  du  ver  lénioïde  qu'on  pourrait  appeler 
renia  hrjdatigène,  sont  donc  au  moins  au  nombre  de  quatre,  savoir  : 

1°  Embryon  hexacanthe...;  2°  Hydatide;  3°  Échinocoque  ;  4°  Proglottis. 

Ou  bien,  suivant  les  dénominations  de  M.  Steenslrup,  l'hydalide  serait 
appelée  grand'  nourrice,  et  l'échinocoque  nourrice  ;  proscolex  et  scolex,  sui- 
vant les  dénominations  de  M.  Van  Beneden. 

Des  expériences  faites  par  M.  de  Siebold,  et  répétées  par  M.  Van  Beneden, 
expériences  qui  ont  consisté  à  faire  avaler  à  des  chiens  un  grand  nombre 
d'échinocoques,  ont  porté  ces  savants  à  conclure  que  l'échinocoque  se  déve- 
loppe en  ténia  parfait  dans  le  canal  intestinal  du  chien  (voy.  ci-après, 
Synops,  n°  24). 

Les  hydatides  ne  se  développent  point  dans  une  cavité  revêtue  par  une 
membrane  muqueuse,  mais  dans  des  cavités  séreuses  ou  dans  les  tissus  des 
organes;  dans  ce  dernier  cas,  elles  sont  toujours  renfermées  dans  un  kyste 
adventif  (voy.  Palh.,  p.  343,  617,  646,669,  739,  755,  757). 

(1)  Les  rapports  des  échinocoques  avec  l'hydalide  nous  paraissent  avoir  été  jus- 
qu'à aujourd'hui  méconnus  (voy.  les  opinions  à  ce  sujet,  Pathol.,  p.  355).  Dans  un 
mémoire  publié  en  1856,  nous  avons  cherché  à  éclairer  cette  question  par  la  compa- 
raison des  gemmes  hydatiques  et  des  gemmes  échinocoques  avec  les  gemmes  de  deux 
sortes  que  produisent  certains  polypes,  les  unes  donnant  naissance  à  des  polypes, 
les  aulres  à  des  méduses.  Chez  les  hydatides  comme  chez  les  polypes,  ces  gemmes 
de  deux  sortes  ne  sont  pas  produites  par  le  même  tissu,  on  pourrait  dire  par  le 
même  organe,  l'hydatide  étant  reproduite  par  la  membrane  hydatique,  l'échino- 
coque par  la  membrane  germinale.  Nous  avons  eu  plusieurs  fois  l'occasion  d'ob- 
server un  fait  qui  prouve  l'indépendance  de  l'hydatide  par  rapport  à  l'échinocoque  : 
on  sait  que  la  membrane  germinale  se  détruit  après  un  certain  temps,  que  l'hyda- 
lide devient  désormais  incapable  de  reproduire  des  échinocoques.  qu'elle  perd  son 
liquide,  s'affaisse  et  que  les  échinocoques  qu'elle  renferme  se  détruisent»  Or  nous 
avons  vu  ces  membranes  hydatiques  affaissées  et  désormais  incapables  de  repro 
duire  des  échinocoques,  recouvertes  de  bourgeons  hydatiques  ou  renfermant  entre 
leurs  lames  des  hydatides  à  divers  degrés  de  développement  ;  ces  gemmes  ou  ces 
jeunes  hydatides  étaient  pourvues  ou  non;,  suivant  leur  degré  de  développement, 
d'une  membrane  germinale  et  même  d'échinocoques  en  nombre  corrélatir.  Ce  fait 
nous  parait  prouver  l'individualité  de  l'hydatide,  qui  n'est  point  une  simple  enve^ 
loppe  protectrice  des  échinocoques,  ni  un  échinocoque  anormalement  développé;  Il 
montre  en  outre  que  l'hydatide  survit  à  la  membrane  germinale  qu'elle  a  produite 
et  aux  échinocoques. 


Wl  SYNOPSIS. 

Les  liydatides  ont  ûté  ubservées  chez  I  homme,  le  singe,  lo  I  œuf,  le  mou- 
ton, I  antilope,  le  chamois,  le  chevreuil,  la  girafe,  le  cheval,  le  chameau,  le 
dromadaire,  ie  porc,  le  kanguroo;  animaux  qui  se  nourrissent  généralement 
do  végétaux.  On  n'en  a  point  observé  chez  les  carnassiers  ?,  et  les  rongeurs, 
niche/,  les  oiseaux? (1),  les  reptiles  et  les  poissons. 

Los  hydatides- échinocoques  forment  probablement  plusieurs  espèces,  mais 
les  différences  qui  ont  été  signalées,  soit  dans  les  hydatides  de  l'homme  et  des 
animaux,  soit  dans  leurs  échinocoques,  ne  sont  point  assez  grandes  ou  assez 
précises  pour  constituer  des  caractères  spécifiques  distinclifs  (2). 

La  présence  ou  l'absence  d'échinocoques  dans  une  hydatide  n'indique  point 
une  différence  dans  la  nature  ou  dans  l'espèce  de  celte  vésicule,  car  il  n'est 
pas  rare  de  rencontrer  chez  l'homme  dans  un  même  kyste,  des  hydatides  en- 
tièrement semblables,  dont  les  unes  contiennent  des  échinocoques,  et  dont 
les  autres  n'en  contiennent  pas  (3). 

(1)  M.  Reynaud,  dans  l'art.  Hydatide  du  Dict.  de  méd.,  dit  avoir  trouvé  un 
grand  nombre  d'acéphalocystes  dans  la  plèvre  et  le  péricarde  d'un  rat  de  Pharaon 
(ou  mangouste  d'Egypte),  animal  carnassier.  Les  caractères  de  ces  acéphalocystes 
n'ont  point  clé  donnés. — M.  Dicsing  donne,  dans  les  species  inquirendœ,  l'ËCBiNO» 
cocccs  gallo-pavonis  (de  Siebold). 

(2)  Kùhn  a  cru  trouver  un  caractère  distinctif  entre  les  hydatides  de  l'homme  et 
celles  des  animaux  en  ce  que  les  premières  se  reproduisent  par  des  bourgeons  qui 
naissent  à  la  surface  interne,  les  secondes  par  des  bourgeous  qui  naissent  à  la  sur- 
face exterue  de  la  vésicule  ou  acéphalocyste;  il  appelait  les  premières  endogènes  et 
les  secoudes  exogènes  ;  il  n'est  point  question  d'échinocoques.  —  Les  hydatides 
endogènes  acquièrent  souvent  un  volume  beaucoup  plus  considérable  que  les  exo- 
gènes et  les  bourgeons,  chez  ces  dernières,  resteut  ordinairement  fart  petits,  de 
telle  sorte  que  la  vésicule  primitive  paraît  souvent  solitaire;  celles-ci  subissent 
aussi  plus  souvent  et  plus  promptement  la  transformation  athéromaleuse.  Les  hy- 
datides exogènes  se  rencontrent  chez  les  ruminants;  les  endogènes  chez  l'homme, 
le  singe,  le  porc,  le  cheval,  etc.;  cependant,  soit  qu'il  n'y  ait  point  une  différence 
spécifique  entre  les  deux  sortes  d'bydatides,  soit  que  chaque  espèce  ne  soit  point  la 
propriété  exclusive  de  certains  animaux,  on  rencontre  quelquefois,  mais  rarement 
il  est  vrai,  des  hydatides  endogènes  chez  les  ruminants  et  des  hydatides  exogènes  ou 
du  moins  à  vésicule  solitaire  chez  l'homme  (voy.  sur  ce  sujet  Path.,  p.  617  et 
suiv.). 

(3)  L'établissement  du  genre  acéphalocyste  est  dû  à  une  erreur  d'observation; 
ou  sait  aujourd'hui  que  les  hydatides  de  l'homme  contiennent  des  échinocoques 
comme  celles  des  animaux  ;  lorsque  (ce  qui  est  rare)  les  hydatides  n'ont  pas  d'échi- 
nocoques, elles  ne  diffèrent  cependant  point,  quant  à  leur  constitutiou,  de  celles 
qui  eu  contiennent.  L'absence  des. échinocoques  ne  doit  être  considérée  que  comme 
un  simple  avortement,  car  dans  des  tumeurs  qui  renferment  un  grand  nombre 
d'hydatides,  on  trouve  ensemble  des  vésicules  à  échinocoques  et  des  vésicules  sans 
échinocoques,  quoique  sous  tous  les  autres  rapports  ces  vésicules  ne  diffèrent  nul- 
lement. J'ai  observé  ce  fait  plusieurs  fois  et  Bremser  en  a  rapporté  un  exemple 
très  explicite  (voy.  Path.,  p.   353).  Les  médecins  ont  dit  que  les  hydatides  des 


SÏ'lNOPSIS.  XVil 

Rudolphi  a  distingué  trois  espèces  d' Echinocoques  {echinoc,  komiuis,  — 
echinoc.  simiœ, — echinoc.  veterinorum),  mais  celte  distinction  a  été  établie  sur 
l'habitai  plutôt  que  sur  des  caractères  zoologiques.  M.  Dujardin  ne  décrit 
cjilè  Yeéhihàc.  veterinorum;  M.  Diesing  confond  lous  les  échinocoques  dans 
une  seule  espèce,  Ycchinoc.  polymorphus.  M.  Kiichenmeister  en  distingue 
deux  espèces  :  Veehihoc.  veterinorum  qu'il  appelle  echinoc.  scolicipariens,  et 
Ycchinoc.  hominis  qu'il  appelle  echinoc.  allricipariens;  cette  distinction  nous 
paraît  fondée  plutôt  sur  des  vues  théoriques  que  sur  des  caractères  précis. 
MM.  Van  Beneden  et  Gervais  n'ont  point  d'opinion  bien  arrêtée  sur  cette 
question. 

8  GENRE?  CŒNURE. 

Vésicule  à  forme  globuleuse,  atteignant  jusqu'à  la  grosseur  d'un  œuf  de  poulef 
contenant  un  liquide  limpide,  rosé  ;  à  parois  très  minces,  constituées  par 
un  seul  feuillet;  offrant  à  sa  surface  des  groupes  de  corps  longs  de  4  à 
5  millimètres,  rètracliles  à  l'intérieur  de  la  vésicule  commune  et  terminés  par 
une  tête;  celle-ci  est  pourvue  d'une  double  couronne  de  crochets  au  nombre 
de  28  à  32  et  de  quatre  ventouses;  longueur  des  grands  crochets,  0mm,15  à 
0nl"Vl7  ;  des  petits  0n,n,,10  à  0m"\<l3. 

La  vésicule  du  cœnure  est  une  membrane  très  mince,  simple,  très  con- 
tractile, au  moins  dans  son  premier  âge,  constituée  par  un  stratum  dans  le- 
quel on  reconnaît  des  fibrilles  ayant  l'apparence  de  celles  de  la  fibrine  coa- 
gulée et  non  de  véritables  fibres  ;  parmi  les  fibrilles  sont  répandues  un  grand 
nombre  de  granulations  élémentaires,  d'un  volume  variable,  semblables,  pour 
l'apparence,  aux  globules  du  lait.  L'acide  acétique  est  sans  action  sur  les 
fibrilles  et  les  granulations. 

Lès  cous  et  les  têtes  du  cœnure  qui  naissent  de  cette  membrane  sont  con- 
stitués par  un  tissu  semblable,  il  s'y  ajoute  seulement  des  corpuscules  cal- 
caires, des  crochets  et  cinq  masses  musculaires  distinctes  formant  les  ven- 
touses et  le  rostre.  Les  têtes  se  produisent  sur  la  vésicule  par  bourgeonne- 
ment ;  on  les  trouve  ordinairement  à  des  degrés  divers  de  développement  ; 
elles  ne  deviennent  jamais  libres  comme  les  échinocoques. 

membres,  des  parois  du  tronc  et  des  os,  ne  contiennent  pas  d'échinocoques,  ce  fait 
n'est  pas  aussi  général  qu'on  le  croit,  car  les  hydatides  de  Bremser  provenaient  de 
la  région  sous-claviculaire;  des  hydatides  observées  par  Werner  à  la  région  ingui- 
nale contenaient  aussi  manifestement  des  échinocoques  (voy.  Palh.,  p.  546J.  II 
est  possible  néanmoins  que  dans,  certaines  conditions,  les  échinocoques  avortent 
plus  facilement.  J'ai  observé  avec  M.  Charcot  un  cas  dans  lequel  de  nombreuses 
tumeurs  hydatiques  étaient  disséminées  dans  plusieurs  organes;  un  grand  nombre 
de  kystes,  flottant  dans  la  cavité  abdominale,  n'étaient  rattachés  aux  parties  que 
par  un  mince  pédicule  (voy.  Palh.,  p.  364  et  491).  Les  hydatides  de  toutes  les 
tumeurs  contenaient  des  éch'nocoques,  à  l'exception  de  celles  qui  étaient  renfermées 
dans  les  kystes  pédicures. 

UAVAINE.  £, 


wiil  SYNOPSIS. 

Lo  cœnure  ne  reproduit  jamais  par  gemmation  une  autre  vésicule  semblable 
a  celle  qu'il  constitue. 

La  vésicule  du  cœnure  n'a  aucun  rapport  de  structure  avec  la  vésicule  hy- 

datique,  mais  elle  a,  avec 
la  membrane  germinalede 
l'hydalide,  une  analogie 
complète  autant  sous  le 
rapport  de  sa  structure  que 
sur  le  fait  qu'elle  ne  se 
reproduit  point  d'elle- 
même  et  qu'elle  produit 
des  têtes  de  cestoïde  ;  ce- 
pendant les  têtes  du  cœ- 
nure atteignent  un  déve- 
loppement moins  complet 
que  les  tètes  de  la  mem- 
brane germinale,  c'est-à- 
dire  que  les  échinocoques  ; 
en  effet,  les  tissus  des  pre- 
mières participent  plus 
que  ceux  des  secondes  de 
la  nature  du  tissu  origi- 
naire;   les    échinocoques 

Fig.   S.  -  Cœnure  du  moulon.  -  1,  vésicule   portant    des  W1  ont  accIuis   leur   matU- 

groupes  de  lêtes  ou   scolex,  grandeur   naturelle.  —  2,  deux  rite     SOnt    Constitués    par 

groupes  de  têtes  grossis  4  fois.  —  3,  une  des  tètes  avec  sa  ,         .           nnnvpanx    o,,™; 

forme  naturelle  (non  comprimée)  et  fortement  grossie.  aes  ussus  nouveaux,  dUSSl 

se  séparent-ils  de  la  vési- 
cule qui  les  a  produits,  ce  qui  n'arrive  point  aux  têtes  du  cœnure. 


Le  cœnure  existe  exclusivement  dans  le  système  nerveux  central,  soit 
libre  dans  les  ventricules,  soit  renfermé  dans  une  poche  creusée  à  la  surface 
de  l'encéphale  ou  dans  son  épaisseur.  Celte  poche  est  constituée  par  une  mem- 
brane mince,  incomplète  en  plusieurs  points  et  fournie  par  la  pie-mère,  ou 
bien  par  la  matière  cérébrale  même,  qui  s'est  condensée  dans  le  voisinage  du 
ver  (voy.  Palh.,  p.  636,  663,  667). 

Le  cœnure  appartient  exclusivement  aux  herbivores  ;  il  a  été  observé  chez 
le  bœuf,  le  mouton,  le  mouflon,  l'antilope,  le  chevreuil,  le  renne,  le  droma- 
daire, le  cheval  et  le  lapin  sauvage? 

On  ignore  s'il  y  a  plusieurs  espèces  de  cœnures  (1  ). 

(1)  Polycéphale  nu  lapin.  —  Jusqu'à  aujourd'hui  Ici  lers  vêsiculaires  semblables 
au  cœnure  avaient  été  rencontrés  dans  le  système  nerveux  central  exclusivement  ; 
un  ver  très  analogue  a  été  trouvé  dernièrement  chez  un  lapin,  formant  au  cou, 
sur  la  parotide  et  le  bas  de  l'oreille,  une  tumeur  considérable.  L'examen  eu  a 


SY1N0PS1S.  XIX 


PHASES    PRIMITIVES    ET    ULTÉRIEURES    DU    DÉVELOPPEMENT    DU    CŒNURE. 

D'après  l'opinion  théorique  qui  consiste  à  regarder  la  tête  ou  le  scolex  d'un 
ver  vésiculaire  comme  la  tête  ou  le  scolex  d'un  ténia,  lequel  n'acquiert  son 


Kig.  9.  —  D'après  Gervais  et  Van  Beneden.  —  Cerveau  de  mouton  qui  a  avalé  des  œufs  du  ténia, 
cœnure  depuis  trois  semaines  et  qui  a  été  abattu  après  avoir  donné  les  symptômes  du  tournis  ;  la 
surface  offre  des  galeries  parcourues  par  les  jeunes  vésicules  du  cœnure. 

développement  complet  qu'après  être  arrivé  dans  l'intestin  d'un  animal,  des 
expériences  déjà  nombreuses  ont  été  tentées  avec  le  cœnure.  MM.  Kiïchen- 
meister,  Haubner,  Eschricht,  Van  Beneden,  etc.  ont  administré,  soit  à  des 
chiens,  des  cœnures  qui  se  sont  développés  en  ténia,  soit  à  des  moutons,  des 
anneaux  ou  des  œufs  de  ces  ténias,  à  la  suite  de  quoi  les  moutons  ont  eu  le 
tournis  et  ont  offert  des  cœnures  dans  le  cerveau. 

D'après  ces  observateurs,  le  cœnure  consiste,  dans  les  premiers  jours,  en 
une  simple  vésicule,  demi-transparente,  qui  chemine  et  se  creuse  une  galerie 
à  la  surface  du  cerveau  ;  vers  le  seizième  ou  le  dix-huitième  jour,  la  vésicule 
a  la  grosseur  d'une  tète  d'épingle  (Haubner),  3  à  4  millimètres  de  diamètre 
(Van  Beneden),  et  ne  présente  pas  encore  de  bourgeon  à  sa  surface  ;  vers  le 
vingt-septième  jour,  elle  offre  les  premières  traces  du  bourgeonnement  qui 
doit  produire  les  scolex  ;  à  six  semaines,  il  existe  des  têtes  munies  de  ventou- 
ses et  de  crochets  (voy.  sur  ces  expériences,  Synopsis,  n°  22). 

été  fait  par  M.  Baillet  ;  la  vésicule  a  le  volume  d'un  œuf  de  poule  et  contient  un 
liquide  limpide;  elle  est  surmontée  d'un  grand  nombre  de  scolex  du  volume  d'un 
grain  de  blé  (2  ou  3  fois  le  volume  de  celui  du  cœnure).  La  tête  a  une  largeur  de 
lmm,50;  elle  est  munie  de  4  ventouses,  d'une  trompe  et  de  30  crochets  disposés 
sur  deux  rangs.  Les  grands  crochets  ont  0mm,14  àOmm,16;  les  petits  0mm, 09  à 
0mm,12. 

Ce  polycéphale  a  été  administré  à  deux  chiens  qui  ont  été  tués  quatre  mois 
après;  on  trouva  chez  l'un  70  ténias,  chez  l'autre  7.  Les  crochets,  pour  le  nombre 
et  les  dimensions,  étaient  en  rapport  avec  ceux  du  polycéphale.  Ces  ténias  ressem- 
blaient parfaitement  à  ceux  que  M.  Baillet  obtint  avec  le  cœnure  du  mouton,  c'est- 
à-dire  au  tœnia  serraja,  que  l'on  rencontre  très  fréquemment  chez  le  chien  ;  nous 
ne  pouvons  donc  admettre  toutes  les  conséquences  que  M.  Baillet  lire  de  ce  fait 
(voy.  Ann,  des  se.  nat.,  4e  série,  t.  X,  p.  227). 


\x 


SYlNOl'illS. 


GENRE?  CVSTICERQUE  [Cuslicerais,  Rudolpih). 

Ccsloide  solitaire,  muni  d'une  vésicule  caudale  plus  ou  moins  volumineuse, 
d'une  tête  pourvue  d'une  double  couronne  de  crochets  et  de  quatre  ventouses, 
d'un  col,  d'un  corps  plus  ou  moins  développé,  subcylindrique  ou  aplati, 
ridé  transversalement. 

Le  corps  du  cyslicerque  offre  des  rides  profondes,  mais  non  des  segments 
neltement  séparés  comme  ceux  du  ténia  ;  il  renferme  un  grand  nombre  de 

corpuscules  calcai- 
res ;  la  vésicule  cau- 
dale n'en  renferme 
généralement,  pas  ; 
celle-ci  est  douée 
.d'une  conlraclililé 
très  évidente,  qu'elle 
perd  probablement 
en  vieillissant.  Chez 
la  plupart  des  cysti- 
cerques  la  tête  et  le 
corps  rentrent  par 
invagination  dans  la 
vésicule,  qui  est  alors 
généralement  dé- 
pourvue de  tout  ap- 
pendice extérieur,  et 
qui  offre  en  un  point 


)t7Pfyy^K^ù 


ig.  10.  —  Disposition  et  mode  d'invagination  d'un  Cysticerque, 
{C.  Iddrique),  d'après  les  dessins  de  M.  Cli.  Robin.  —  1,  kyste 
adventif  (grandeur  naturelle),  un  lambeau  enlevé  laisse  voirie  cys- 
ticerquc (perluis  de  la  vésicule  un  peu  trop  marqué).  —  2,  corps  du 


cyslicerque  (grossi)  sorti  de  sa  vésicule  par  pression,  le  perluis  a  été      de  Sa  SUfface  Un  per- 


tin  peu  décliiré  par  le  passage  du  corps;  dans  celle  situation  la 
vésicule  constitue  un  appendice  caudal  ;  ce  qui,  selon  M.  Robin, 
n'est  pas  un  étal  naturel.  —  3,  cyslicerque  imaginé  dans  sa  vési- 
cule. Celle-ci  n'est  représentée  que  par  un  segment  correspondant 
au  pertuis  ;  du  pourtour  du  perluis  naît  une  vésicule,  qui  est  con- 
tenue dans  la  précédente;  du  fond  de  cette  seconde  vésicule,  à  l'op- 
posé du  perluis,  naît  le  corps  du  cyslicerque.  Deux  segments  ont  élé 
enlevés  du  corps  pour  montrer  l'invagination  de  la  tête,  du  col  et  du 
corps  en  lui-même.  —  4,  vésicule  extérieure  ouverte  pour  montrer 
la  vésicule  intérieure  pisiforme  renfermant  le  corps  du  cyslicerque. 
—  5,  même  disposition  ;  par  une  incision  praliquée  à  la  vésicule 
intérieure  le  corps  du  cyslicerque  n  élé  renversé  en  dehors  ;  la  tèle  qui  acquiert  de  la 
est  invagince.  -  G  figure  grossie  même  disposition  que  la  prece-  consis(ance .  |es  crQ. 
""  différence  que  la  letc  n  est  pas  invagince  drn< 


tuis  peu  apparent. 

L'âge  fait  subir  au 
cysticerque  des  mo- 
difications profondes  : 
un  pigment  noir  en- 
vahit les  ventouse?, 
et  surlout  le  rostre 


le  corps. 


chels  tombent  ou  sont 


détruits;  le  pertuis 
de  la  vésicule  se  rétrécit  ou  se  ferme  tout  à  fait,  et  ne  laisse  plus  sortir  la 
tête;  la  vésicule,  en  outre,  se  déforme  plus  ou  moins,  acquiert  un  volume 
anormal  ou  se  segmente  et  même  se  dédouble,  mais  il  ne  se  produit  point  de 
nouvelles  têtes  de  cysticerque. 


SYN0PS1F,  XXT 

Lescysticerques  existent  dans  les  cavités  séreuses  et  dans  les  parenchymes; 
dans  ce  dernier  cas,  ils  sont  toujours  renfermés  dans  un  kyste.  Ces  vers  sont 
propres  aux  mammifères;  cependant  MM,  de  Siebold  et  Chaussai  ont  trouvé 
un  ver  vésiculaire  plus  ou  moins  analogue  dans  un  mollusque  gasléropode,  et 
M.  Stein  dans  la  larve  du  ténébrion  de  !a  farine  (voy.  PaUi  ,  p.  347,  620). 

9  CYSTICERQUS  LADRIQUE  (cysl.  cellulosœ,  Rudolphi). 

Vésicule  elliptique,  à  laquelle  on  ne  voit  ordinairement  aucun  appendice  extérieur, 
pourvue  d'un  pertuis  fort  petit  et  peu  visible  ; 
tôle  presque  tétragone  ;  double  couronne  de 
crochets,  au  nombre  de  32  (dans  le  cyst.  de 
l'homme);  cou  très  court,  grossissant  en  avant; 
corps  cylindrique,  plus  long  que  la  vésicule  ; 
grand  diamètre  de  la  vésicule,  10  milli- 
mètres; diamètre  moyen,  6  millimètres; 
petit  diamètre,  4  millimètres  [chez  le  cysl. 
du  porc);  —  longueur  des  grands  cro-  ^-  **•  -  Cysticerque bdrique  (du 
'        '  .  voi'c),  grandeur   naturelle.  —  a,  une, 

chets  0rara,17;   des  petits  0nm,ll  (chez   le       'col  et  corps  sortis  de  la  vésicule;  — 
cysl.   de  l'homme).  Canaux    longitudinaux        b,  c,  vésicule  vue  «eus  deux  aspects,  la 
très  apparents   dans  la  tète  ;  corpuscules        '6te  e*  le  ""P  éla«l  '"vfiSinés- 
calcaires  très  nombreux. 

Espèces  ou  variétés  admises  'par  plusieurs  auteurs, 

Variété  A.  —  Cyst.  Fischerianus  (Laennec). 

Vessie  caudale  pyriforme,  corps  fixé  à  la  grosse  extrémité  de  la  vésicule;  corps  et 
vessie  plus  petits  que  chez  le  cyst.  ladrique,  etc. 

Dans  les  plexus  choroïdes  chez  l'homme  (voy,  Palhn  p.  663;, 

Variété  B.  — -Taenia  albo-punctata  (Treutler). 

Vésicule  recouverte  en  quelques   points  d'une  substance  blanche,  un  suçoir,  six 
crochets  (vus  à  la  loupe),  etc. 

Dans  les  plexus  choroïdes  chez  l'homme  (voy.  Paih  ,  p.  662), 


Variété  C.  —  Cyst.  dicystus  (Laennec). 

Deux  vésicules  dissemblables,  un  seul  corps  long  de  près  d'un  pouce,  tête  volumi- 
neuse; les  suçoirs  forment  quatre  points  très  noirs,  visibles  à  l'œil  nu;  crochets 
enveloppés  dans  une  masse  noire,  etc. 

A  l'intérieur  du  crâne  d'un  homme  (voy.  Path.,  p,  ft?>9,  obs.  H)-. 


SXII 


SYNOPSIS. 


Variété  &.  — Trachelocampylus  (Fiiédault). 

Cysticerquc  altéré,  décrit  dans  soi)  état  de  rélraftiori  à  l'iplérjeur  de  la  vésicule 
caudale. 

Dans  le  cerveau  chez  l'homme  (voy.  Path.,  p.  661). 

Le  cysticerqueladrique  subit  avec  le  temps  comme  les  autres  cysticerques, 
les  altérations  que  nous  avons  mentionnées  ci-de-sus.  Des  cysticerques  trouvés 


Fie.  12.  —  Cysticerques  ladriqucs 
altérés  par  la  vieillesse  prove- 
nant des  muscles  et  du  cerveau 
de  l'homme. —  \  ,  individu  (d'un 
muscle)  dont  la  vésicule  exlé- 
rieure  est  devenue  muriforme, 
le  perluis  est  presque  oblitéré  ; 
1a,  le  même;  la  vésicule  exté- 
rieure incisée  est  renversée  ;  la 
vésicule  interne,  par  le  côté  op- 
posé au  pertnis,  s'est  couverte 
de   renflements   vésiculeux.  — 

2,  individu  (du  cerveau)  ;  vési- 
cule externe  déformée,  pertnis 
encore  perméable  ;  2a,  rostre  et 
couronne  de  crochets  de  ce  cys- 
ticerque,  ensevelis  dans  un  pig- 
ment noir;  grossis  407  fois. — ■ 

3,  individu  (du  cerveau)  portant 
deux  vésicules  ;  le  corps  et  la 
tête  étaient  situés  dans  le  pro- 
longement qui  unit  les  vési- 
cules ;  3a,  tête  de  ce  cysticer- 
que  grossie  42  fois  et  avec  sa 
forme  ;  elle  avait  acquis  une  con- 
sistance anormale ,  ses  crochets 
étaient  tombés  (deux  ont  été  re- 
trouvés libres  dans  le  kyste  ; 
36,  même  tête,  au  même  gros- 
sissement ,  mais  comprimée  ; 
l'une  des  ventouses  et  le  rustre 
sont  envahis  par  du  pigment, 


chez  l'homme  dans  les  muscles  et  dans  le  cerveau,  nous  ont  offert  des  défor- 
mations et  des  altérations  variées  :  chez  les  uns,  la  vésicule  était  augmentée 
de  volume  et  son  perluis  était  oblitéré;  chez  plusieurs,  elle  portait  des  ex- 
pansions vésiculaires  ;  chez  l'un,  elle  était  double  (dicyste).  Chez  aucun,  la  tête 
n'était  exsertile;  chez  tous,  les  ventouses  étaient  noircies  par  le  pigment,  et 
les  crochets  détruits  ou  tombés,  ou  ensevelis  dans  ce  pigment.  Il  est  évi- 
dent que  tous  ces  vers  cystiques  se  trouvant  chez  un  même  individu,  ap- 
partenaient à  la  même  espèce;  or,  plusieurs  des  cysticerques  décrits  ci- 
dessus  et  dont  les  observateurs  ont  fait  des  espèces  distinctes,  offraient  entre 
eux  des  différences  semblables  aux  altérations  et  aux  déformations  de  nos 
cysticerques  ;  d'où  l'on  doit  conclure  que  ces  vers  n'appartenaient  point  à  des 


synopsis.  xxnr 

espèces,  ni  môme  à  des  variétés  distinctes,  mais  qu'ils  étaient  simplement 
déformés  ou  altérés. 

Plusieurs  helminthologisles  admettent  que  le  cyslicerque  ladrique  forme  le 
scolex  du  ténia  solium  (voy.  Synops.,  n°  4  4). 

Le  cysticerque  ladrique  existe  le  plus  généralement  dans  les  muscles,  le 
cerveau,  l'œil,  etc.  (voy.  Path.,  p.  620  etsuiv.,  656,  736,  740).  On  l'a 
trouvé  chez  l'homme,  le  singe  (simia  inuus,rubra,  cephus),  le  chien,  l'ours,  le 
rat,  le  porc  et  le  chevreuil. 

10  CYSTICERQUE  DES  RUMINANTS  (cystic.  tenuicollis,  Rudolphi). 

Vésicule  très  volumineuse,  large  de  15  à  50  millimètres  et  plus;  tête  télragone  ; 
pourvue  d'une  double  couronne  de  crochets  ;  —  nombre  des  crochets  30  à  48  ;  les 
grands,  longs  de  0mm,19  à  0mm,21  ;  les  petits,  longs  de  0mm,12  à  0mm,15 
(Baillet)  ;  —  cou  court,  filiforme;  corps  cylindrique,  long  de  14  à  30  milli- 
mètres. 

Existant  dans  des  kystes  de  la  plèvre,  du  péritoine,  du  mésentère  et  du 
foie  chez  les  herbivores  et  principalement  chez  les  ruminants,  chez  le  porc, 
l'écureuil  et  chez  les  singes  qui  meurent  tuberculeux  en  Europe,  plus  rare- 
ment chez  ceux  qui  vivent  en  liberté  dans  leur  patrie.  Bremser  l'a  trouvé  deux 
fois  dans  les  parois  du  cœur,  chez  le  bœuf  (1)  (voy,  Synops.,  n°  22). 

41  CYSTICERQUE  DU  LIÈVRE  (cystic.  pisiformis,  Zeder). 

Corps  long  de  4  à  9  millimètres,  cylindrique,  aminci  en  avant;  vésicule  globuleuse 
de  même  longueur  ;  cou  mince  ;  tête  globuleuse,  armée  d'une  double  couronne  de 
crochets  au  nombre  de  34  à  46;  —longueur  des  grands  crochets,  Omm,  22  à 
0mny25;  des  petits  crochets,  0min,13  à  0mm,16  (Baillet). 

Plusieurs  helminthologistes  admettent  qu'il  forme  le  scolex  du  ténia  serrata 
(voy.  Synops,  n°  22). 

Commun  dans  les  viscères  de  l'abdomen  du  lièvre  et  du  lapin  ;  il  y  est  ren- 
fermé dans  un  kyste  ;  on  en  trouve  assez  fréquemment  plusieurs  dans  un 
même  kyste. 

12  CYSTICERQUE  ALLONGÉ  [cystic.  elongatus,  Leuckart). 

Cou  nul;  corps  allongé,  déprimé;  vésicule  caudale  mince,  allongée,  acuminée  en 
arrière,  presque  de  la  longueur  du  corps  ;  longueur  11  a  19  millimètres  ;  lar- 
geur 2  à  4  millimètres. 

Dans  des  kystes  du  péritoine  chez  le  lapin. 

13  CYSTICERQUE  DU  CHEVAL  [cystic.  fistularis,  Rudolphi). 

Cou  nul;  corps  très  court,  subcylindrique ;  vésicule  très  longue,  longueur  100  à 
130  millimètres;  largeur  6  à  9  millimètres. 

Dans  le  péritoine  du  cheval,  rare. 

(I)   Bremser.  op.  in  fret  cit.,  p.  19. 


\MV 


SYNOPSIS. 


Section  il.  —  Ténladés  à  l*ë<ut  parfait. 

[Foniie  rubanvc  ou  progloUis  libre.) 

Les  téniadés  à  l'état  parfait  se  présentent  dans  deux  conditions: 
I"  Dans  l'une,  le  proglottis,   formé  depuis  peu  de  temps,  abandonne  le 
scolex  ou  le  slrobila  avant  d'être  complètement  adulte  ;  il  vit  libre  dans  l'in- 
testin, se  meut,  se  nourrit,  s'accroît  et  atteint 
son  développement  parfait  aussi  bien  que  celui 
qui  reste  indéfiniment  adhérent. 

2°  Dans  une  autre  condition  plus  commune 
peut-être,  les  Proglottis,  adhérents  les  uns  aux 
autres  et  au  Scolex,  forment  une  chaîne  plus 
ou  moins  longue  ou  slrobila.  Les  Proglottis 
acquièrent,  dans  celte  situation,  leur  dévelop- 
pement complet;  les  plus  rapprochés  du  scolex 
n'offrent  encore  aucune  trace  des  organes  gé- 
nitaux, que  déjà  les  derniers,  loutà  fait  adultes, 
Fjg.  13.— Figure  au  irait  d'un  pro-  0ffrent  des  ovules  complètement  développés; 
glotiis  du  tœnia  proglottina,  gros- 


si 15  fois,  pour  faire  voir  son  mode 
de  progression.  —  a,  individu  dans 
sa  plus  grande  proliaction ;  6,  le 
même  se  renflant  progressivement 
d'avant  en  arrière  et  amenant  ainsi 
l'extrémité  postérieure,  à  la  ma- 
nière du  ver  de  terre. 


l'organe  mâle  disparaît  d'abord  (1  )  et  plus  tard 
l'organe  femelle  même ,  par  la  rupture  des 
parois  de  l'ovaire,  et  cependant  quelquefois,  le 
proglottis,  dont  l'existence  est  terminée,  adhère 
encore  à  la  chaîne  commune. 

Les  ovules  mûrs  renferment  toujours  un 
embryon  hexacanthe,  Ils  existent  en  nombre  prodigieux  :  M,  Dujardin  a  cal- 
culé que  chez  un  ténia  serrata,  cesloïde  qui  n'atteint  pas  une  très  grande  lon- 

(1)  D'après  mes  recherches,  j'ai  lieu  de  croire  qu'il  se  passe  généralement  dans 
l'anneau  du  ténia  un  phénomène  analogue  à  celui  que  j'ai  signalé  chez  l'huître  : 
l'organe  mâle  peut  être  reconnu  d'abord,  et  l'anneau  paraît  maie;  plus  tard, 
apparaissent  les  ovules,  l'auneau  est  alors  hermaphrodite;  après  la  fécondation  des 
ovules,  l'organe  mule  disparaît  et  l'anneau  semble  exclusivement  femelle.  M  Du- 
jardin a  déjà  signalé  un  fait  semblable  pour  le  ténia  pistillum  :  «  les  sept  à  qua- 
torze premiers  articles  sont  neutres,  les  cinq  à  six  articles  suivants  sont  maies,  an 
ou  deux  articles  qui  viennent  ensuite  sont  souvent  hermaphrodites,  les  cinq  derniers 
articles  sont  femelles  ou  ovigères  »  (mém.  cit.,  p.  3i-i.);  et  il  a  vu  que  les  organes 
mules  n'existaient  pas  dans  les  derniers  amicaux  du  ténia  perfolié.  Chez  plusieurs 
cestoïdes  M.  Van  Beneden  a  signalé  des  faits  qui  rentrent  dans  ceux-ci;  chez  le 
coryophylleus  mutabilis  l'appareil  mâle  est  complété  avant  qu'il  n'y  ait  un  œuf  à 
découvrir;  chez  le  tœnia  dispar  les  premières  traces  de  l'organe  sexuel  appartien- 
nent à  l'organe  mâle  (mém.  cité).  Lorsqu'on  examine  des  anneaux  enchaînés  les  uns 
aux  autres,  on  peut  reconnaître  facilement  cette  évolution  en  les  prenant  à  diverses 
hauteurs,  mais  chez  des  proglottis  libres,  on  pourrait  être  amené  à  conclure  à  l'in- 
différence des  sexes,  comme  on  a  pu  le  faire  chez  des  mollusques. 


SYNOPSIS.  xxv 

gueur,  il  y  avait  25  000  000  d'œufs.  Les  ovules  ont  u'r.ë  grande  ténacité 
de  vie,  et  peuvent  rester  un  temps  très  long  (encore  indéterminé)  sans  périr  ; 
il  n'en  est  pas  de  même  des  larves  vésiculaires  qui  meurent  très  vite  et  sou* 
vent  tombent  en  deliquium  au  bout  de  peu  de  jours. 

L'embryon  ayant  une  forme  bien  différente  de  celle  du 
ténia,  ne  peut  régénérer  ce  ver  que  par  une  métamor- 
phose ou  par  une  nouvelle  génération  non  sexuelle.  On 
ne  peut  douter  aujourd'hui  que  le  ténia  ne  se  reproduise, 
en  effet,  par  génération  alternante;  il  est  certain  même 
que  la  vie  d'un  ténia  comprend  plus  de  deux  phases  de 
génération.  Ces  phases  sont  sans  doute  plus  nombreuses 
dans  certaines  espèces  que  dans  d'autres  :  le  ténia  hyda- 
tigène,  ou  tœnia  echinococcus,  en  offre  probablement  une 
de  plus  que  celui  qui  provient  d'un  cysticerque. 

L'état  vésiculaire  doit  être  regardé  comme  l'une  des 
phases  de  larve  par  lesquelles  passe  un  ténia  avant  d'ar- 
river à  l'état  parfait;  mais  chaque  ténia  adulte  a-t-il  été 
d'abord  un  ver  vésiculaire?  On  peut  répondre  avec  certi- 
tude, non;  en  effet,  on  ne  connaît  pas  moins  de  deux 
cents  espèces  de  vers  téniadés  parfaits,  et  l'on  ne  connaît 
guère  plus  de  vingt  espèces  de  vers  cystiques.  D'ailleurs 
les  ténias  des  animaux  herbivores  ne  peuvent  avoir  été 
ingérés  dans  l'estomac  sous  la  forme  vésiculaire.  Les 
phases  primitives  du  développement  de  la  plupart  des 
téniadés  sont  donc  encore  tout  à  fait  inconnues.  Quant 
aux  ténias  adultes  dont  on  croit  avoir  déterminé  la  forme 
vésiculaire,  ils  sont  encore  peu  nombreux. 

On  s'est  basé,  pour  arriver  à  cette  détermination,  d'une 
part,  sur  la  similitude  de  la  tête  de  tel  ver  vésiculaire 
avec  celle  de  tel  ténia:  par  exemple,  celle  du  cysticerque  FlG  di  _  Ténia  M. 
fasciolaire  du  rat  avec  celle  du  ténia  crassicollis  du  chat  ; 
celle  du  cysticerque  ladrique  avec  celle  du  ténia  so- 
lium,  etc.,  et  d'une  autre  part,  sur  des  expériences  qui 
ont  consisté  à  faire  avaler  à  des  animaux  les  vers  vési- 
culaires que,  pour  une  raison  ou  pour  une  autre,  l'on 
supposait  être  les  larves  de  ces  ténias.  Ces  expériences, 
qui  sont  d'un  haut  intérêt,  offrent  néanmoins,  générale- 
ment ,  une  grande  cause  d'erreur  dans  l'existence  très 
ordinaire  de  vers  cesloïdes  chez  les  animaux  mis  en 
expérimentation.  L'expérience  inverse  qui  consiste  à  faire 
avaler  à  des  animaux  des  œufs  de  ténia  d'un  autre  ani- 
mal, dans  le  but  de  leur  donner  des  vers  vésiculaires,  a  été  faite  également, 
et  peut  en  quelque  sorte  servir  de  contre-épreuve  à  la  première;  mais  ici, 


lium  armé  (grandeur 
naturelle)  ;  fragments 
pris  de  distance  en 
dislance  depuis  la  tête 
jusqu'aux  derniers  an- 
neaux, faisant  voir  la 
forme  successive  de 
ces  anneaux  ;  l'ordre 
des  lettres  indique  leur 
disposition  d'avant  en 
arrière. Aux  fragments 
e,  f,  g,  les  pores  gé- 
nitaux sont  apparents. 
(L'œuf  de  ce  ténia  a 
été  représenté  fig.  3.) 


\\VI  SYNOPSIS. 

comme  dans  lo  cas  précédent,  il  n'est  guère  possible  de  reconnaître  rigou- 
reusement si  los  animaux  no  possèdent  point  déjà  des  vers  semblables  ù 
ceux  qu'on  cherche  à  leur  communiquer. 

|/l  TÉNIA  DE  L'HOMME  (ttenia  solium,  Linné). 

Variété  ou  espèce  A.  —  Ténia  armé. 

Slrobila  long  de  6'  ù  8  mètres  (pouvant  acquérir  jusqu'à  40  mètres  de  longueur? 
Dujardin),  composé  d'articles  ou  anneaux  (cucurbitins,  proglottis)  caducs;  les 
articles  postérieurs  quadrangulaircs-oblongs,  d'autant  plus 
allongés  qu'ils  sont  plus  éloignés  de  la  tète,  contenant  uu 
utérus  dcndritiquc  (de  6  à  13  branches  subdivisées,  Kiichen- 
meisler)  et  un  testicule  claviforme,  qui  aboutissent  ensemble 
vers  le  milieu  d'un  des  bords;  pores  génitaux  irrégulière- 
ment alternes;  scolex  large  de  0""",56  à  0"'"',75;  avec  une? 
(Dujardin)  ou  deux  couronnes  de  crochets.  Longueur  des 
grands  crochets  0IU'",167;  des  petits  Omn,,ll  (Leuckart); 
0""Y18  et0""",12  (Ktlchenmeister)  —  diamètre  des  ovules, 
0mm,033.. 

Les  anneaux  (proglottis,  cucurbitins)  se  séparent  fréquem- 
ment et  vivent  un  certain  temps  libres. 

Fio.   15.   —  Tcle    du 
U'nia    de    l'homme, 

armé,  grossie  i 2  fois        II  existe  dans  1  intestin  de  1  homme,  le  plus  souvent 
et  vue  sous  doux  as-    solitaire  (voy.  Palh.,  p.  69,  78,  87,  93,  1  14,  21 9). 

Variété  A'.  —  Fragile. 

Nous  avons  vu  quelquefois  le  ténia  solium  armé  expulsé  en  fragments  très 
petits  et  avec  un  nombre  considérable  de  cucurbitins,  à  divers  degrés  de  dé- 
veloppement. L'individu  que  nous  représentons  ici  (fig.  16),  a  été  rendu  à  la 
suite  de  l'administration  de  l'huile  de  ricin;  les  fragments,  en  quantité  consi- 
dérable, étaient  tous  très  courts  ;  les  articles,  très  faiblement  adhérents  entre 
eux  par  leurs  extrémités  marginales,  se  séparaient  à  la  moindre  traction. 
Beaucoup  de  ces  fragments  avaient  leurs  extrémités  contournées  en  croissant, 
ce  qui  faisait  juger  qu'ils  s'étaient  séparés  du  reste  du  ténia  avant  leur  sortie 
de  l'intestin.  Quoique  nous  n'ayons  pas  eu  la  tête,  la  constitution  des  anneaux, 
la  forme  et  la  dimension  des  ovules  suffisaient  à  la  détermination  de  l'espèce, 
elle  appartenait  au  ténia  armé.  D'où  vient  la  fragilité  de  ces  individus?  dé- 
pend-elle de  l'âge  du  ver?  c'est  ce  que  nous  ignorons.  La  femme  qui  a  rendu 
celui-ci  faisait  remonter  les  premiers  symptômes  à  sept  ans.  Dans  les  cas  ob- 
servés par  nous,  la  tête  n'a  pu  être  chassée,  probablement  parce  qu'elle  se 
séparait  très  facilement  des  anneaux  et  que,  comme  nous  l'avons  dit  (Palh., 
p.  220,  note  3;  221,  note  1),  l'expulsion  de  la  tète  s'opère  à  l'aide  de  la 
traction  exercée  sur  elle  par  le  slrobila  lorsque  les  contractions  intestinales 
le  chassent  vers  le  bas;  d'où  vient  la  nécessité  d'attendre,  pour  administrer 
les  anthelminthiques,  que  ce  slrobila  ait  acquis  une  certaine  longueur. 


SYNOPSIS.  XXV  II 

La  plupart  des  helminthologistes  admettent  d'après  l'analogie  de  la  forme 

et  de  la  constitution  de  la  tête  du  ténia  solium  avec  celle  du  cysticerque  la- 

drique,  d'après  des  expériences  deKuchenmeister,  Van  Beneden,  Leuckarl  et 

Humbert(sur  lui-même),  que  le  cysticerque  ladrique  est 

le  premier  âge,  l'état  de  larve  du  ténia  solium. 

Ces   expériences  ont  été  faites  d'une  part  avec  des 

cysticerques  ladriques  ingérés  dans  l'estomac  de  l'homme 

pour  les  transformer  en  ténia  solium,  d'une  autre  part 

avec  des  œufs  de  ce  ténia  ingérés  chez  le  cochon  pour 

développer  en  lui  le  cysticerque  ladrique. 

PREMlÈaE  SÉRIE  d'expériences.  Cysticerques  tr ans  formés 
en  ténias. 

Première  expérience  (kuchenmeister). 

Une  femme,  condamnée  à  mort,  a  pris  dans  du  boudin 
et  du  potage,  à  son  insu,  successivement  12,  18,  4  5, 4  2> 
4  8  cysticerques  ladriques,  à  des  époques  correspondantes 
à  72,  60,  36,  24, 4  2  heures  avant  l'exécution.  Ces  cysti- 
cerques provenaient  d'un  cochon  tué  quatre-vingt-quatre 
heures  avant  l'administration  des  4  2  premiers  vers;  les 
suivants  étaient  donc  conservés  depuis  plus  longtemps. 
L'autopsie  fut  faite  quarante-huit  heures  après  l'exécution  : 
on  trouva  dans  le  duodénum,  quatre  jeunes  ténias  qui  tous 
avaient  encore  sur  la  tête  une  ou  deux  paires  de  crochets  ; 
l'un  de  ces  vers  avait  encore  la  couronne  de  crochets  presque 
complète.  On  trouva  en  outre  dans  la  lavure  des  intes- 
tins six  autres  ténias  qui  manquaient  de  crochets  (4). 

M.  Kiichenmeister  n'hésite  pas  à  regarder  cette  expérience  comme  tout  à 
fait  concluante;  cependant  elle  peut  soulever  bien  des  doutes:  comment  n'a- 
t-on  trouvé  que  10  ténias  sur  75  cysticerques  ingérés?  pourquoi  des  crochets 
à  quatre  de  ces  ténias  seulement?  La  similitude  des  crochets  du  ténia  solium 
avec  ceux  du  cysticerque  ,ladrique  n'est-elle  pas  un  des  principaux  argu- 
ments qui  vous  font  juger  que  l'un  de  ces  vers  est  le  scolex  de  l'autre?  Si  les 
cysticerques  étaient  devenus  des  ténias,  ils  devaient  donc  avoir  conservé 
leurs  crochets;  or,  sur  les  dix  ténias  retrouvés,  un  seul  avait  conservé  sa 


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Fig.  -16  (*). 


(*)  Ténia  de  l'homme,  armé  (grandeur  naturelle).  Variété  fragile.  —  De  «  en  a,  fragments 
isolés  les  uns  des  autres  et  ayant  séjourné  un  certain  temps  dans  l'intestin  avant  d'avoir  élé  expulsés, 
ce  que  l'on  reconnaît  à  la  forme  en  croissant  que  présentent  les  derniers  anneaux  de  quelques-uns  de 
ces  fragments  ;  la  plupart  des  anneaux  sont  faiblement  adliérents  entre  eux  et  seulement  par  deux 
points  opposés.  —  De  b  en  6,  cucurbitins  ou  proglottis  libres  de  ce  ténia,  de  plus  en  plus  développés 
(en  allant  de  bas  en  baut).  La  forme  primitive  de  l'anneau  se  modifie  surtout  par  le  rétrécissement  des 
deux  extrémités. 

(1)  Ann.  des  se.  nat.,  1853,  t.  III*  p.  377. 


\\\  ill  SYNOPSIS 

couronne  do  crochets  presque  complote.  Que  conclure  de  là,  si  ce  n'est  que 
les  premiers  cysticerques  ingérés  avaient  disparu  ;  que  six  dos  derniers  étaient 
déjà  assez  altérés  pour  avoir  perdu  tous  leurs  crochets  et  que  les  quatre  autres 
commençaient  à  en  fairo  autant?  D'ailleurs  a-t-on  examiné  si  les  vers  cysti- 
ques,  provenant  d'un  porc  mort  depuis  plus  de  trois  jours  au  moment  de 
l'ingestion,  étaient  encoro  vivants?  Pour  nous,  d'après  les  connaissances  que 
nous  avons  acquises  sur  la  vitalité  du  cysticerqtie  ladrique,  nous  pensons 
qu'il  ne  survit  pas  si  longtemps  à  la  mort  de  son  hôte. 

Deuxième  expérience  (Leuckart). 

Un  homme  âgé  do  quarante-cinq  ans,  affecté  d'une  maladie  de  Bright, 
prend  environ  douze  cysticerques  provenant  d'un  porc  ladre;  les  selles  sont 
attentivement  examinées  pendant  longtemps  ;  des  purgatifs  sont  administrés, 
mais  cet  homme  ne  rend  jamais  aucun  proglottis.  L'expérimentateur  conclut 
lui-même  à  l'absence  de  ténia. 

Troisième  expérience  (Leuckart). 

Douze  cysticerques  environ,  provenant  d'un  porc  ladre,  sont  administrés  à 
un  phthisique  ;  il  meurt  deux  mois  après.  A  l'autopsie  on  ne  trouve  pas  trace 
de  ténia. 

Quatrième  expérience  (Leuckart). 

Un  jeune  homme  prend  quatre  cysticerques  ;  deux  mois  et  demi  après,  il 
rend  des  proglottis  ;  un  mois  plus  tard  une  dose  de  cousso  expulse  deux  vers 
cestoïdes,  dont  l'un  sans  la  tête.  —  L'auteur  ne  détermine  pas  l'espèce  à 
laquelle  le  ver  cestoïde  appartient. 

Cinquième  expérience  (Humbert). 

L'expérimentateur  avale,  le  16  décembre  1854,  quatorze  cysticerques  pro- 
venant d'un  porc  ladre.  «  Dans  les  premiers  jours  du  mois  de  mars  1855 
(trois  mois  après),  j'ai  senti,  dit  l'auteur  de  l'expérience,  la  présence  désa- 
gréable des  ténias  et  en  même  temps  j'ai  commencé  à  en  trouver  des  frag- 
ments assez  considérables  ;  le  professeur  Vogt,  à  qui  je  les  ai  montrés  a  con- 
staté qu'ils  appartenaient  bien  au  ténia  solium.  Si  mon  expérience  n'a 
pas  été  faite  avec  tout  le  soin  et  toute  l'exactitude  que  l'on  aurait  pu  exiger,  c'est 
qu'après  l'avoir  commencée,  j'ai  vu  dans  les  comptes  rendus  de  l'Académie 
des  sciences  que  M.  le  docteur  Kùchenmeister  en  avait  entrepris  de  sem- 
blables (expérience  première,  rapportée  ci-dessus)  ;  mes  convictions  sur  les 
métamorphoses  des  cysticerques  en  ténias  étaient  d'ailleurs  trop  arrêtées 
pour  que  j'eusse  besoin  d'une  preuve  de  plus  à  l'appui  delà  théorie  soutenue 
en  Allemagne.  » 

«  Je  dois  ajouter,  dit  M.  Bertolus  qui  rapporte  ce  fait,  qu'après  avoir 
tenté  de  se  débarrasser  de  ces  parasites  au  moyen  d'un  purgatif,  notre  obser- 
vateur 7*esla  longtemps  sans  en  être  inquiété,   lorsqu'au  mois  d'août  dernier 


SYAOPSIS.  WIX 

(1836),  il  inédit  ressentir  de  nouveau  quelques  symptômes  caractéristiques 
de  leur  présence  (1  ).  » 

A  quels  caractères  M.  Vogt  a-t-il  reconnu  ce  ténia  solium'?  Le  savant  pro- 
fesseur a-t-il  jugé  le  fait  sur  le  simple  vu  des  fragments  dans  un  flacon,  ou. 
bien  les  a-t-il  examinés  de  près  et  par  le  microscope?  Certes  l'expérience  mé- 
ritait bien  qu'on  le  dît,  C3r  on  a  vu  trop  souvent  du  mucus  ou  des  débris 
d'aliments  pris,  sur  un  examen  superficiel,  pour  des  fragments  de  ténia;  nous 
avons  plusieurs  fois  été  témoin  de  faits  semblables.  Comment,  en  effet,  ne 
pas  concevoir  de  doutes,  lorsque  l'on  voit  l'émission  des  fragments  se  sus- 
pendre spontanément  pendant  quinze  mois,  après  lesquels  on  ne  dit  pas  qu'ils 
aient  reparu  ? 

Deuxième  série  d'expériences.   —  OEufs  de  lènia  produisant  des 
cysticerques . 

Première  expérience  (Van  Beneden). 

«  Nous  avons  donné  à  un  cochon  des  œufs  de  ténia  solium  à  avaler  et,  quand 
il  a  été  abattu,  il  était  ladre;  un  grand  nombre  de  cysticerques  celluleux 
étaient  logés  dans  ses  muscles. 

»  Un  autre  cochon  nourri  et  élevé  dans  les  mêmes  conditions  que  le  précé- 
dent, né  en  même  temps  de  la  même  mère  et  qui  n'avait  pas  pris  des  œufs  de 
ténia  solium,  n'en  contenait  pas  (2).  » 

Deuxième  a  sixième  expérience  (Kucuenmeister  et  Haubner). 

1° — Le  30  mars  et  le  5  avril,  des  anneaux  d'un  ténia  rendu  la  veille  sont 
administrés  à  un  cochon  ;  à  l'autopsie  faite  le  4  5  mai  suivant ,  on  ne  décou- 
vrit aucun  cysticerque. 

2°  —  Expérience  semblable  à  la  même  époque;  autopsie  le  20  mai,  même 
résultat. 

3°,  4°,  5°  —  Trois  cochons  de  lait  prennent  des  anneaux  de  ténia  solium 
les  7,  24,  26  juin,  les  2  et  1 3  juillet.  L'un,  lue  le  26  juillet,  avait  de  petits 
cysticerques,  dont  la  têteétait  incomplètement  développée.  —  Chez  le  second, 
tué  le  9  août,  on  trouva  un  millier  de  cysticerques  disséminés  dans  divers 
organes.  —  Le  troisième,  tué  le  23  août,  possédait  un  grand  nombre  de 
cysticerques.  ■ —  Un  quatrième  cochon  de  lait,  n'ayant  pas  pris  d'œufs  de 
ténia,  n'avait  aucun  cysticerque  (3). 

D'après  ces  expériences  les  helminthologii-tes  considèrent  comme  jugée  la 
question  des  rapports  du  cysticerque  ladrique  avec  le  ténia  solium  ;  exami- 

(1)  Gabriel  Bcrtolus,  Diss.  sur  les  métamorphoses  des  cesloides  {Thèse  de 
Montpellier,  n°  106,  décembre  1856). 

(2)  P.  J.  van  Beneden,  Mém.  sur  les  vers  intestinaux,  couronne  par  l'Institut 
en  1853.  Paris,  1833,  p.  146. 

(3)  Kiichcnmeistcr,  op.  infra  cil  ,  p.  120. 


\\\  SYNOPSIS. 

nons  les  f;iils  :  dans  la  première  série,  deux  expériences  (première  et  cin- 
quième) peuvent  être  considérées  comme  nulles  ;  deux  ont  donné  un  résultat 
négatif;  une  seule  parait  irréprochable  et  cependant  il  y  manque  la  déter- 
mination du  ténia  expulsé.  Dans  la  seconde  série,  il  n'y  a  que  deux  résultats 
négatifs  sur  six.  Certes  ces  derniers  faits  ont  beaucoup  plus  de  valeur  que  les 
premiers  cl  seraient  tout  à  fait  convaincants,  si  les  auteurs  avaient  établi 
que  la  ladrerie  est  rare  dans  la  contrée  où  ils  ont  expérimenté. 

On  a  cherché  d'autres  arguments  en  faveur  de  l'identité  du  scolex  du  cys- 
ticerque  ladrique  et  du  ténia  solium,  dans  la  fréquence  de  ce  ténia  en  Abys- 
sinie,  où  l'on  mange  de  la  viande  crue  et  à  Saint-Pétersbourg  chez  les  petits 
enfants  que  l'on  nourrit  de  chair  de  bœuf  cru.  Mais  nous  avons  montré  (voy. 
Palh.,  p.  90)  qu'en  Abyssinie,  ainsi  qu'à  Saint-Pétersbourg,  la  chair  que 

l'on  mange  crue  est  celle  du  bœuf  et 
non  celle  du  porc  ;  or  le  bœuf  ne  con- 
tient point  de  cysticerque  ladrique  ; 
ce  fait  prouverait  donc,  au  contraire, 
que  le  ténia  solium  ne  provient  point 
du  cysticerque  ladrique.  Nous  avons 
montré  aussi  que  l'argument  tiré  de 
l'absence  du  ténia  chez  les  juifs  est 
puisé  dans  une  assertion  fausse. 

Du  rapprochement  de  tous  ces  faits, 
il  résulte  pour  nous  que  la  question 
de  l'identité  du  scolex  du  cysticerque 
ladrique  et  du  ténia  solium  armé,  n'est 
point  encore  résolue. 

Variété  ou  espèce  B.  —  Ténia 
inerme. 

Taenia    mediocanellala 
(Kùcheinmeister). 

Ténia  très  long,  très  large  et  très  épais 

(beaucoup  plus   large   que  le  ténia 

armé)  ;  tète  inerme,  grande,  large  de 

2  millimètres,  noirâtre,  normalement 

inclinée  sur  l'une  des  faces  du  col; 

rostre  nul,  ventouses   très  grandes; 

cou  très  court,  mais  plus  distinct  que 

celui  du  T.  solium  armé;  système  de 

canaux  plus  simple  dans  la  tète  que  chez  le  ténia  armé;  corpuscules  calcaires 

plus  grands  et  p'us  nombreux  que  chez  ce  dernier;  articles  postérieurs  très 

larges,  ayant  jusqu'à   17  millimètres,  et  de  0  à  14  millimètres  en  longueur; 


Fie.  17. —  Ténia  de  l'hçmmt,  incme  (gran- 
deur naturelle).  l'Mgrnunls  pris  de  distance  en 
distance,  l'ordre  des  lettres  indique  leur  suc- 
cession d'avant  en  arrière; —  de  c  en  g,  les 
pores  latéraux  sont  visibles. 


SYNOPSIS.  XXXI 

pores  génitaux  irrégulièrement  alternes;  proglotlis  1res  grands,  très  vivaces, 
sortant  souvent  d'eux-mêmes  de  l'anus  dans  l'intervalle  des  garderobes  et  très 
incommodes,  ayant  dans  leur  plus  grande  extension  25  à  30  millimètres  de 
longueur  et  jusqu'à  7  millimètres  de  largeur;  utérus  ayant  un  grand  nombre 
de  divisions ,  jusqu'à  trente  de  chaque  côté  ,  claviformes  vers  le  bord  libre, 
bifurquées  vers  le  sommet  et  parallèles  entre  elles  ;  ovules  plus  ovales,  plus 
lisses  et  plus  clairs  que  ceux  du  T.  solium,  laissant  mieux  voir  leur  embryon, 
longs  de  0mm,Q3Q  et  larges  de  0,um,028  à  0mm,033  ;  coque  épaisse  ;  embryons  longs 
de  0U"U,028  à  0iam,032  larges  de  Omm,023  à  0""n)026. 

Ce  ténia  forme  probablement  une  espèce  distincte  et  non  une  variété  du 
ténia  solium  ;  il  a  été  figuré  par  plu- 
sieurs auteurs  et  confondu  avec  ce 
dernier  ver  ;  M.  Kùchenmeister  l'en  a 
distingué.  Le  savant  médecin  de  Zittau 
l'a  observé  plusieurs  fois  ;  M.  Van  Be- 
neden  dit  qu'un  charcutier  de  Louvain 
et  une  jeune  fille  de  Liège  en  ont  rendu 
de  semblables.  Sur  trois  ténias  qui  ont 
été  rendus  en  1856  et  1857,  dans  le 
service  de  M.  Rayer,  à  la  Charité,  et    FlG_  187_iiftitêle  du  ténia  ae  VhonnUi 

que  nOUS    avons    en    noire    possession,  inenne  vue  sous  deux  aspecls  ;  grossie  5  fois 

....  .      q -n  (voy.  celle  du  ténia  armé,  fis.  15), — A;,  œuf 

deux  appartiennent  a  cette  espèce?  Deux       ^J  du  même  t(jnia<  gros'si  |40  4   (Voycz 

ténias  qui  nOUS    Ont   été    envoyés    der-  par  comparaison  avec  l'œuf  du  ténia  armé  la 

nièrement  de  Beyrouth  par  M.  le  doc-         gurc   "' 
teur  Suquet,  sont  aussi  des  ténias  inermes. 

Variété   ou   espèce   C. 

Ténia  du  cap  de  Bonne-Espérance  (Kùchenmeister). 

'tcolex  inconnu  ;  partie  postérieure  du  strobila  seule  observée.  Articles  épais  et 
longs,  pourvus  sur  toute  la  longueur  du  corps  d'une  crête  longitudinale;  pores 
génitaux  marginaux,  alternes  ;  utérus  et  ovules  semblables  à  ceux  du  ténia 
rnediocaneUata. 

Variété  ou  espèce  D.  —  Ténia  des  tropiques? 

Bothriocephalus  tropicus  (Schmidtmuller). 

Cestoïde  indéterminé,  observé  par  Schmidtmuller  sur  la  moitié  des  nè- 
gres qui  arrivent  aux  Indes,  et  sur  quelques  Européens  qui  avaient  visité  la 
côte  de  Guinée  (1). 

(1)  Schmidtmuller,  in  Hamrop,  Annalen,  7ter  jahrgang,  heft  5  und  6  (Gervais 
et  Van  Beneden). 


XXVil  SÏNuPalS. 

]-,  TÉNIA  NAIN  (Twnia  nana,  Biui.uiz,  vois  SIEDOLd). 

Corps  filiforme,  déprimé;  tête  obtuse  en  avant,  atténuée  graduellement  vers  le 
cou  ;  ventouses  Mibglobuleuses;  rostre  pyriforme,  armé  d'une  couronne  de  cro- 
ilicis  bilides;  articles  plus  largos  que  longs  ;  cirrhes  unilatéraux;  ovules  globu- 
leux, ayant  (>""", 02  de  diamètre,  pourvus  d'une  coque  lisse,  épaisse,  simple?; 
longueur  totale  du  ténia  13  à  21  millimètres. 

Trouvé  une  fois,  en  Egypte  (mai  18Î31),  par  M.  Bilharz,  dans  l'intestin 
grêle  d'un  jeune  homme  mort  de  méningite  ;  en  nombre  considérable. 

10  TÉNIA  DU  MOUTON  (L  expansa,  Rudolphi). 

Long  de  30  millimètres  à  30  mètres,  large  de  5  à  27  millimètres;  tête  très  petite, 
arrondie,  inerme ?;  ventouses  dirigées  en  avant,  presque  conliguës;  cou  très  court 
ou  nul  ;  bord  postérieur  de  chaque  article  crénelé  ou  ondulé,  recouvrant  en 
partie  l'article  suivant  ;  deux  porcs  génitaux  opposés  à  chaque  anneau;  pénis 
en  forme  de  papille  très  petite. 

Très  commun  en  Allemagne,  dans  l'intestin  grêle  du  mouton  ;  se  trouve 
aussi  chez  le  bœuf,  la  gazelle,  le  chamois  et  le  chevreuil  (voy.  Pulh.,  p.  232). 

17  TÉNIA  DU  BOEUF  {t.  denliculala,  Rudolphi). 

Long  de  40  centimètres  environ;  tête  petite,  létragone;  point  de  crochets  ni  de 
rostre;  ventouses  dirigées  en  avant,  presque  contiguës;  articles  très  courts, 
douze  à  vingt  fois  aussi  larges  que  longs,  à  bord  postérieur  ondulé,  recouvrant 
en  partie  le  suivant;  deux  porcs  génitaux  opposés  sur  chaque  article;  pénis  eu 
forme  de  dent  aiguë,  dure,  saillante. 

Trouvé  dans  l'intestin  du  bœuf,  en  France  et  en  Allemagne. 

18  TÉNIA  DU  LIÈVRE  (t.  peclinala,  Goeze). 

Long  de  20  centimètres,  ovale-lancéolé  ;  tête  inerme,  nettement  séparée  des  arti- 
cles par  un  renflement  annulaire;  articles  larges  et  très  courts;  pores  génitaux 
unilatéraux?,  papilliformes;  ceuf  arrondi,  pourvu  de  plusieurs  enveloppes,  l'in- 
terne pyriforme  et  terminée  par  un  double  prolongement  simulant  deux  crochets. 

19  TÉNIA  PLISSÉ  ((.  plicala,  Rudolphi). 

Long  de  1G  à  80  centimètres  ;  tète  inerme,  plus  large  que  chez  aucun  autre  ténia 
(3  à  0  millimètres1,  discoïde,  télragone,  cou  court,  plissé  transversalement; 
articles  six  à  dix  fois  aussi  larges  que  longs,  se  recouvrant  en  partie  par  leur  bord 
postérieur;  porcs  génitaux  unilatéraux. 

Dans  l'intestin    grêle  et  même  dans  l'estomac  du  cheval  (voy.   Palh., 
p.  227). 


SYNOPSIS.  XXXJÏI 

20  TÉNIA  MAMILUN  (T.  mamillana,  Mehljs), 

Tète  obtuse,  tétragone,  ventouses  hémisphériques  à  ouverture  allongée  :  roi  nul- 
articles  cunéiformes;  pénis  marginal  entouré  d'une  grosse  papille.  Longueur 
totale  10  à  12  millimètres,  largeur  4  millimètres. 

Dans  le  gros  intestin  du  cheval  (voy.  Palh.,  p.  227). 

21  TÉNIA  PERF0L1É  (7'.  perfoliala,  Goeze). 

Long  de  18  millimètres  à  8  centimètres,  large  de  3  à  9  millimètres;  formé  de 
44  articles?;  tête  assez  petite,  tétragone,  prolongée  en  arrière  par  des  lobes  laté- 
raux; ventouses  larges,  traversées  par  un  sillon  dirigé  en  avant;  cou  nul  ;  pre- 
miers articles  courts  et  très  larges  ,*  pénis  finement  hérissés,  entourés  d"une 
gaine  saillante,  uuilatéraux,  existant  jusqu'au  22e  article  seulement,  les  articles 
suivants  ne  possédant  que  l'organe  femelle;  œuf  à  trois  enveloppes. 

Dans  le  ccecum  et  le  côlon,  quelquefois  l'intestin  grêle,  chez  le  cheval 
(voy.  Palh.,  p.  227). 

22  TÉNIA  EN  SCIE  (T.  serrala,  Goeze). 

Long  de  50  à  130  centimètres,  large  de  3  à  6  millimètres;  tête  arrondie,  rostre 
très  court  et  très  épais  ;  48  crochets,  longs  de  0°"",13  sur  deux  rangs  ;  articles 
moyens  ayant  les  angles  postérieurs  saillants  en  dents  de  scie;  pores  génitaux 
irrégulièrement  alternes,  saillants  au  milieu  des  bords;  pénis  lisse;  œuf  pres- 
que globuleux,  long  de  0'n,I1,04,  à  coque  dure,  granuleuse. 

Les  jeunes,  dit  M.  Dujardin,  n'ontqu'un  seul  rang  de  douze  à  quatorze  crochets, 
longs  seulement  de  0n,m,08  à  0m,n,09. 

Très  commun  dans  l'intestin  grêle  du  chien  (voy.  Path.,  p.  231). 

De  nombreuses  expériences  ont  été  faites  pour  arriver  à  la  détermination 
du  ver  vésiculaire  qui,  ingéré  dans  le  tube  digestif  du  chien,  produit  le  tœnia 
serrala.  Les  plus  importantes  de  ces  expériences  sont  celles  qui  ont  conduite 
déterminer  les  rapports  du  cœnure  cérébral  avec  un  ténia  du  chien  très  voisin 
du  tœnia  serrala  suivant  M.  Kiichenmeister,  avec  le  tœnia  serrala  même  sui- 
vant plusieurs  autres  expérimentateurs.  Il  paraît  certain  que,  quant  au  tœnia 
serrât  a  qui  se  rencontre  le  plus  communément  dans  l'intestin  du  chien,  ses  œufs 
administrés  au  mouton  ne  produisent  point  chez  ce  ruminant  le  cœnure  céré- 
bral. M.  Kiichenmeister  donne  le  nom  de  tœnia  cœnurus  au  ver  cestoïde  dn 
chien  qui  se  développe,  à  l'état  de  ver  vésiculaire,  dans  le  cerveau  des  herbi- 
vores. Une  expérience  remarquable  provoquée  par  le  médecin  de  Zittau,  lais- 
serait difficilement  des  doutes  sur  le  développement  en  cœnure  des  embryons 
de  cette  espèce  de  ténia,  si  semblable  au  tœnia  serrata;  en  effet,  des  œufs 
d'un  ténia,  provenant  d'un  chien  auquel  on  avait  fait  prendre,  un  certain  temps 
auparavant,  des  têtes  de  cœnure  cérébral,  furent  envoyés  à  MM.  Van  Beneden 
à  Louvain,  Leuckart  à  Giessen,  Gurlt  à  Berlin,  et  Eschricht  à  Copenhague 
(mai  1834).  Les  œufs  furent  administrés  par  ces  divers  observateurs  à  des 

D  A  VAINE.,  C 


XXXIV  SYNOPSIS. 

moutons,  qui  présentèrent  à  la  suite  les  symptômes  du  tournis  (4).  Dans  le 
cerveau  do  ces  moutons,  on  trouva  des  vésicules  qui  furent  rapportées  avec 
toute  apparence  de  raison  au  cu-nure  cérébral  (voy.  Synops.,  n"  8). 

Si  l'on  considère  l'ensemble  des  faits  (concernant  le  larda  serrata)  rap- 
portés par  les  expérimentateurs,  on  voit  que  les  résultats  obtenus  n'ont  pas 
toujours  été  concordants,  que  les  résultats  négatifs  ont  été  peut-être  trop  sou- 
vent négligés,  que  l'existence  fréquente  du  tmnia  serrata  chez  le  chien  et  des 
vers  vésiculaires  chez  les  herbivores  n'a  pas  toujours  été  prise  en  considéra- 
tion. Les  divergences  d'opinion  des  expérimentateurs  prouvent  que  la  question 
attend  encore  une  saine  critique  et  de  nouvelles  recherches  ;  en  etfet,  le  tœnia 
serrata  serait  produit  par  : 

|°  —  Le  cysticercus  pisifonnis,  suivant  Kuehenmeister  (2),  Van  Be- 
neden  (3),  de  Siebold  (4),  Baillet  (5). 

2"  —  Le  cysticercus  tenuicollis,  suivant  de  Siebold  (6). 

3°  —  Le  cysticercus  cellulosœ  suivant  de  Siebold  (7). 

4°  —  Le  cœnurus  cerebralis,  suivant  Haubner?  (8),  de  Siebold  (9),  Van 
Beneden  (4  0),  Eschricht?  (11),  Leuckart?  (4  2). 

(1)  Friedrich  Kùcheurncister,  Die  in  und  an  dem  Korper  des  Lebenden  Menschen 
vorkomendenparasiten.  Leipzig,  1853,  p.  24.  (Voy.  aussi  Comptes  rendus  Acad.  des 
se,  juillet,   1854,  p.  46.) 

(2)  Kuehenmeister,  Ueber  die  umwandlung  der  Finnen  in  tœnien  (Prager 
vierteljahrsschrifl  1852).  — Ueber  den  cestoclen  im  Allgemeinen,  etc.  Zittau,  1853. 
—  Mém.  présenté  à  l'Acad.  des  sciences,  1853. 

(3)  Vau  Beneden,  mém.  cit.,  p.  152.  —  Comptes  rendus  Acad.  des  se,  avril 
1855,  p.  997. 

Valenciennes,  Remarques  au  sujet  de  la  précédente  communication  (Comptes 
rendus  Acad.  des  se,  avril  1855,  p.  1000). 

(4)  De  Siebold,  Zeitschrift  fur  wissenschaftliche  zoologie,  1854.  —  Mém.  sur  les 
vers  rubanés  de  l'homme  et  des  animaux,  etc.,  dans  Ann.  des  se.  mal.,  1855,  t.  IV, 
p.  184.  — Lewald,  De  cyslicercorum  in  lœnias  metamorphosi  pascendi  experimenlis 
in  inst.  physiol.  Vratislaviensi  administrai  illustrala  (Thèse  inaug.  Berlin,  1832). 

(5)  C.  Baillet,  professeur  à  l'École  impériale  vétérinaire  de  Toulouse,  Compte 
rendu  des  recherches  et  des  expériences  faites  sur  l'organisation  et  la  reproduction 
des  cestoïdes  du  genre  ténia  (Joum.  des  vétérin.  du  midi,  1858,  p.  604,  reproduit 
par  extrait  dans  Ann.  des  se.  nat.,  1858). 

(6)  De  Siebold,  mém.  cit.,  p.  188. 

(7)  De  Siebold.  mém.  cit..  p.  192. 

(8)  Haubner,  Joum.  agronomique  de  Hamm,  1854,  n°  10,  p.  157,  cité  par  de 
Siebold,  mém.  cit.,  p.  202. 

(9)  De  Siebold,  mém.  cit.,  p.  195. 

(10)  Van  Beneden,  mém.  cit.,  p.  148.  —  Comptes  rendus  Acad.  des  se.,  communi- 
cation de  M.  de  Quatrefages,  juillet,  1854,  p.  46.  —  Bull.  Acad.  roy.  de  Belgique , 
t.  XXI,  n  3  5  et  7. 

(1 1)  Eschricht,  communication  de  M.  de  Quatrefages,  Comptes  rendus  Acad.  des 
se,  juillet,  1854,  p.  47.  —  Voy.  aussi  Kuehenmeister,  cite. 

(12)  Communication  de  M.  de  Quatrefages  cltSe. 


SYNOPSIS.  XXXV 

Pour  M.  Kùchenmeister  aucun  de  ces  trois  derniers  vers  cysliques  ne  pro- 
duit le  tœnia  serrala  ;  l'erreur  des  expérimentateurs  provient  en  partie  de  ce 
que  trois  espèces  distinctes  de  ténias  sont  confondues  ensemble  et  sous  la 
même  dénomination  de  tœnia  serrata  :  l'une  est,  à  l'état  de  larve,  le  cysti- 
cercus pisiformis;  une  autre  le  cysticercus  tenuicollis,  la  troisième  1&  cœnurus 
eerebralis  (4).  Dans  de  nombreuses  expériences  M.  Baillet  pense  être  arrivé 
aux  mêmes  résultats  que  le  savant  médecin  allemand  (2).  11  conclut  aux  trois 
espèces  de  tœnia  serrala  :  «  Ces  trois  espèces,  bien  que  distinctes,  dit-il,  sont 
cependant  assez  rapprochées  pour  avoir,  indépendamment  des  caractères  gé- 
nériques, de  nombreux  caractères  communs.  »  M.  Baillet  donne  les  diffé- 
rences de  ces  trois  espèces  ;  mais  les  caractères  des  cestoïdes  sont  souvent 
tellement  variables  dans  les  individus  d'une  même  espèce  et  si  peu  précis, 
qu'il  serait  difficile  de  reconnaître  les  uns  des  autres  d'après  la  caractéris- 
tique donnée  par  ce  savant  vétérinaire,  les  individus  des  trois  espèces  de 
tœnia  serrata.  L'expérimentation  est,  sans  doute,  le  meilleur  moyen  de  ré- 
soudre la  question. 

23  TÉNIA  CUCUMERIN  (T.  cucumerina,  Bloch). 

Long  de  10  ù  35  centimètres  et  jusqu'à  3  mètres,  large  de  2  à  3  millimètres  ;  tète 
presque  rhomboïdale  ;  trompe  armée  de  48  crochets,  très  petits,  à  talon  large  et 
de  forme  ovale,  sur  trois  rangs,  très  caducs  ;  segments  carrés ,  puis  eu  forme  de 
semences  de  melons  ;  deux  pores  génitaux  à  chaque  article,  au  milieu  de  la 
marge,  opposés  ;  œufs  peu  nombreux  daus  chaque  article. 

Dans  l'intestin  grêle  du  chien  domestique,  commun  et  souvent  en  grand 
nombre  (voy.  Palh.,  p.  231). 

2Z|  T^NIA  ECHINOCOCCUS  (De  Siebold). 

Espèce  presque  microscopique  quoique  adulte  ;  strobila  composé  d'un  petit  nombre 
de  segments;  le  quatrième  offrant  déjà  des  œufs;  le  proglottis  libre  devenaut 
aussi  volumineux  que  le  strobila  tout  entier. 

Nous  avons  dit  (Synopsis  h°  7)  comment  l'hydatide  se  multiplie  par  des 
gemmes  semblables  et  comment  cette  hydatide,  et  ses  rejetons  se  développent 
par  la  production  de  gemmes  dissemblables,  les  échinocoques.  Ceux-ci  possè- 

(1)  Kùchenmeister,  in  Gurlt's,  Magasin  fur  thierheilkunde,  1854,  1855,  et 
op.  cit.,  trad.  angl.,  p,  28  et  p.  70,  note. 

(2)  Baillet,  menu  cit.,  p.  454.  —  Expériences  sur  le  tœnia  cœnurus  et  le 
cœnurus  cérebralis,  p.  492.  —  Expériences  sur  le  tœnia  e  cysticerco  (énuicdlli  et 
le  cysticercus  tenuicollis,  p.  553.  —  Expériences  sur  le  tœnia  serrata  et  le  cysti- 
cercus pisiformis,  p.  604.  —  Voyez  encore  un  premier  mémoire  abec  M.  Lafosse, 
même  journal,  1856,  2B  série,  t.  IX,  p.  97. 


WWl  synopsis. 

dent  les  attributs  des  vers  Léniadés  dans  leur  pénultième  pliase  de  dévelop- 
pement, c'est-à-dire  à  l'état  de  nourrice  ou  de  scolex.  MM.  de  Siebold  et  Van 
Beneden  ont  clierché  par  des  expériences  à  déter- 
miner les  caractères  de  la  phase  ultime  ou  de  pro- 
gloltis. 

Le  premier  de  ces  savants  donna,  à  douze  jeunes 
cliions  et  à  un  jeune  renard,  des  échinocoques  pris 
dans  des  liydatides  du  foie  et  des  poumons  du  bœuf 
et  du  mouton.  Après  un  certain  temps,  il  trouva  dans 
l'intestin  grêle  de  ces  chiens  un  grand  nombre  de  pe- 
tits ténias.  Du  quinzième  au  vingtième  jour,  le 
scolex  était  pourvu  de  deux  articulations;  quelques 
jours  plus  tard,  de  trois.  Au  vingt-sixième  jour,  les 
œufs  étaient  formés  et  au  vingt-septième,  l'embryon 
était  visible  dans  l'œuf.  Vers  cette  époque,  le  scolex 
avait  perdu,  chez  quelques-uns,  sa  couronne  de  cro- 
chets. Chez  ce  ténia,  le  nombre  des  articles  reste 
borné  à  trois,  et  la  longueur  totale  du  ver  ne  dépasse 
pas  2  millimètres.  Le  scolex  possède  une  couronne  de 
crochets  semblable  à  celle  du  scolex  de  V ëchinococcus 
vetcrinorum  (<l). 

M.  de  Siebold  rapporte  au  lœnia  ëchinococcus  de 
petits  ténioïdes  du  chien  que  Rudolphi  crut  trouver 
en  voie  de  formation  aux  dépens  des  papilles  in- 
testinales ,  et  des  ténias  à  trois  anneaux  observés 
aussi  chez  le  chien  par  M.  Roll  et  que  cet  observa- 
teur crut  être  de  jeunes  individus  du  lœnia  ser- 
ra ta  (2). 

En  4  852,  M.  Van  Beneden  trouva,  dans  toute  la 
longueur  de  l'intestin  grêle  d'un  chien,  un  très  grand 
nombre  de  petits  ténias  dont  les  plus  grands  avaient 
à  peine    la  dimension  d'un  grain  de  millet.  Il  leur 
donna  le  nom  de  lœnia  nana.  et  attribua  leur  exis- 
tence  à  des  hydatides  que   le   chien    aurait    man- 
gées (3).   En  1887,  le  savant  zoologiste  de  Louvain  administra  des  échi- 
nocoques du  porc  à  deux  chiens  âgés  de  dix  jours,  et  obtint  des  résul- 
tats concordants  avec  ceux  de  M.  de  Siebold;  il  vit  que  le  dernier  segment 


m 


•v 


<&Ù 


Fie.  19  (d'après  M.  Van 
Beneden  ).  — ■  Tœnia 
ëchinococcus  on  tœnia 
nana  ?  grossi  22  fois. 
Sli'obila  complet  mon- 
Iranl  un  proglollis  adulte, 
rempli  d'œufs  et  prêt  à 
se  détacher /Le  pénis  fait 
saillie  sur  le  côté. 


(1)  De  Siebold,  Zeilschrift  fiir  Wissens.  Zool.,  1853,  t.  IV,  p.  409,  pi.  XVI, 
fig.  1-9.  —  Même  recueil,  1855,  t.  IV,  p.  i23.  —  Ann.  des  se.  nal.,  mém.  cit., 
p.  198. 

(2)  Rudolphi,  Enloz.  hist.  infra  cit.,  vol.  I,  p.  411.  — Roll,  Transacl.  de  la 
Soc.  physico-médicale  de  Wurtzbourg,  1855,  t.  III,  p.  55. 

(3)  Van  Beneden,  mém.  cit.,  p.  158,  pi.  XXI,  fig.  15  à  20. 


SYNOPSIS.  XXXVJI 

devient  aussi  volumineux  que  le  slrobila  tout  entier  (1).  Los  crochets  du 
tcenia  na.no,  se  font  remarquer  par  un  énorme  talon,  dit  M.  Van  Beneden,  et 
c'est  un  des  caractères  qui  le  rapprochent  des  échinocoques.  Les  crochets  des 
échinocoques  ne  nous  ont  jamais  paru  aussi  considérables  que  ne  le  dit  M.  Van 
Beneden  et  surtout  aussi  pyriformes  et  aussi  proéminents  que  ceux  du  kenia 
mnu.  (Comparez  notre  fig,  7  avec  la  fig.  17, 1 8,  pi.  XXI,  de  Van  Ben.  Mém,) 

Quelques  médecins  ont  eu  la  pensée  que  les  échinocoques  introduits  dans 
l'intestin  de  l'homme  peuvent  se  développer  en  ténia;  M.  Kûchenmeister  a 
partagé  cette  manière  de  voir,  et  il  s'est  demandé  si  le  tœnia  nana  observé 
parBilharz  n'avait  pas  une  semblable  origine  (2).  Les  faits  rassemblés  dans 
cet  ouvrage  répondent  à  cette  assertion.  Nous  avons  rapporté  trente-six  cas 
de  tumeurs  hydatiques  évacuées  par  le  tube  digestif  et  dans  aucun  l'on  n'a 
noté  l'invasion  de  ténias;  six  fois  l'autopsie  a  été  faite,  et  l'on  n'a  trouvé  dans 
l'intestin  de  ver  cesloïde  d'aucune,  espèce.  On  pourrait  ajouter  à  ces  faits  ceux 
qui  concernent  des  tumeurs  hydatiques  en  communication  avec  les  bronches, 
car  dans  ces  cas,  l'évacuation  des  échinocoques  par  la  bouche  ayant  lieu 
souvent  pendant  dés  mois  entiers,  il  est  impossible  que  le  malade  n'en  avale 
pas  un  grand  nombre  avec  la  salive  ou  les  aliments.  Or,  sur  trente-deux  cas 
rapportés  dans  cet  ouvrage,  aucun  malade  n'a  offert  de  ténias  et  cependant 
l'examen  cadavérique  a  été  fait  douze  fois.  Si  l'échinocoque  de  l'homme  pou- 
vait acquérir  son  développement  complet  dans  l'intestin  de  l'homme,  il  est 
probable  que  le  ténia  qui  lui  correspond  et  qui,  dans  les  soixante-huit  cas 
cités,  aurait  dû  exister,  souvent  en  nombre  prodigieux,  n'aurait  point  con- 
stamment échappé  à  l'œil  des  observateurs. 

!>5  TÉNIA  A  COL  ÉPAIS  {T.  crassicollis,  1U>dou>hi). 

Long  de  15  à  60  centimètres  ;  tète  hémisphérique,  trompe  très  courte,  48  à  52  cro- 
chets; cou  très  épais  ;  premiers  articles  très  courts,  articles  postérieurs  plus  longs 
que  larges;  pores  génitaux  irrégulièrement?  alternes. 

Assez  commun  dans  l'intestin  du  chat  domestique  et  de  plusieurs  animaux 
du  genre  chai  (voy.  Palh.,  p.  231). 

La  têle  de  ce  ténia  est  semblable  à  celle  du  cysticerque  fasciolaire  qui  se 
trouve  dans  le  foie  des  rats  et  des  souris.  Cetle  ressemblance,  indiquée  par 
Pillas  et  confirmée  par  M.  de  Siebold,  a  porté  ce  dernier  observateur  à  re- 
garder le  cysticerque  fasciolaire  comme  un  germe  égaré  du  ténia  du  chat,  et 
dans  un  état  anormal  ;  on  le  considère  aujourd'hui  généralement  comme  un 
premier  état,  l'état  de  larve  de  ce  ténia. 

Quelques  savants  ont  cherché  par  l'expérimentation  à  confirmer  cetle  ma- 
nière de  voir:  M.  Leuckart  a  trouvé  des  cysticerquesfasciolairesdans  le  foie 

(1)  Van  Beneden,  Bull.  Âcad.  roy.  des  se.  de  Belgique,  1857,  t.  XXIV.  n°  4  et 
1857,  2e  série,  t.  II,  p.  340.  —  ZooL  méd.  cit.,  t.  II,  p.  275. 

(2)  Kùcheumeister,  ouvr.  cit.,  trad.,t.  II,  p.  205. 


XXX  VI  II  SYNOPSIS. 

de  souri?  auxquelles  il  avait  fuit  manger  des  articles  mûrs  du  ténia  crassicol  du 
eliat(l).  M.  Baille!,  a  répété  celte  expérience  sur  plusieurs  individus  et  il  en 
a  lire  des  conclusions  favorables  à  la  génération  du  cysticerque  de  la  souris 
par  le  lénîa  du  chat:  mais  l'examen  des  expériences  de  ce  savant  mènerait, 
suivant  nous,  à  une  conclusion  contraire  (2).  D'ailleurs  il  faut  tenir  compte 
de  l'existence  possible  et  même  fréquente  de  cyslicerques  ou  de  vers  cesloïdes 
chez  des  animaux  qui  paraissent  avoir  été  mis  complètement  à  l'abri  de  l'inva- 
sion de  ces  enlozoaires  ;  ainsi  M.  Vulpian  a  montré  à  la  Société  de  biologie, 
à  plusieurs  reprises,  des  foies  de  rat  blanc  contenant  des  cysticerques  faseio- 
laires  et  cependant  les  rais,  nés  au  muséum  d'histoire  naturelle,  et  constam- 
ment maintenus  en  cage,  avaient  été  exclusivement  nourris  de  pain  et  de 
carotte,  n'avaient  pas  bu  d'eau  et  n'avaient  jamais  eu  le  voisinage  des  chats. 
Ce  n'est  pas  que  nous  voulions  nier  les  rapports  que  l'analogie  des  formes 
établit  entre  le  cysticerque  fasciolaire  et  le  ténia  crassicol,  mais  nous  ne  pou- 
vons accepter  sans  réserve  des  expériences  souvent  fort  incomplètes  ou  incer- 
taines et  qui  tendraient  a  introduire  dans  la  science  comme  suflisamment 
prouvés  des  faits  contestables. 

(1)  Cité  par  de  Sicbold,  mém.  cil.,  p.  203. 

(2)  M.  Bailleta  donné  des  anneaux  mûrs  du  lœnia  crassicollis  à  deux  rats  et  six 
souris.  Deux  des  animaux  ayant  été  sacrifiés  le  jour  môme,  ne  pouvaient  fournir 
aucun  résultat  quant  à  la  question.  Trois  ont  été  examinés  huit,  douze,  vingt- 
quatre  jours  après  l'ingestion  des  œufs  du  ténia;  ou  trouva  dans  leur  foie  des  vési- 
cules plus  ou  moins  nombreuses;  aucune  de  ces  vésicules  n'avait  de  corps  ni  de  lêie 
de  cysticerque,  point  de  ventouses,  point  de  crochets.  Sur  les  trois  autres,  examinés 
trois  mois  après,  l'un  avait  un  seul  cysticerque  fasciolaire,  deux  n'en  avaient  point 
(mém.  cité).  On  conclura  sans  doute  de  cette  expérience  que  les  trois  premiers 
animaux  donnent  un  résultat  nul;  car  rien  ne  prouve  que  les  vésicules  observées 
fussent  des  cysticerques  fasciolaires  ;  on  conclura  que  les  trois  derniers  infirment  la 
transmission  du  cysticerque  fasciolaire  par  les  œufs  du  ténia  du  chat;  car  deux 
étaient  exempts  de  cysticerques,  et  l'unique  individu  qui  se  trouvait  chez  le  troi- 
sième, pouvait  venir  d'autre  part;  on  sait,  en  effet,  que  le  cysticerque  fasciolaire 
est  très  commun  chez  la  souris,  et  ce  n'est  pas  une  proportion  trop  forte  que  d'en 
trouver  une  fois  sur  six;  d'ailleurs  serait-il  probable  que,  parmi  les  centaines  d'oeufs 
qui  ont  dû  être  ingérés,  un  seul  fût  arrivé  à  bien?  Donc,  sur  les  six  expériences,  on 
peut  compter  que  trois  sont  nulles,  et  que  trois  prouvent  la  non-transmission  du 
cysticerque  fasciolaire  par  l'ingestion  des  œufs  du  tœnia  crassicollis.  Ce  ne  sont 
pas  là  cependant  les  conclusions  de  l'expérimentateur;  il  ne  tient  nul  compte  des 
résultats  négatifs,  ni  de  la  possibilité,  pour  l'unique  cysticerque  observé,  de  sa 
provenance  d'autre  part.  A  ce  sujet,  on  pourrait  se  demander  pourquoi  les  expé- 
rimentateurs ne  tiennent  généralement  pas  de  compte  des  résultats  négatifs,  et 
s'il  suffit  de  dire,  pour  avoir  le  droit  de  les  négliger,  que  le  sujet  était  malade  ou 
qu'il  avait  la  diarrhée  et  moins  encore,  car  il  a  suffi  qu'on  l'eût  prévu.  «  Et  comme 
je  l'avais  prévu,  dit  M.  Baillet  à  propos  de  ses  souris  réfractaires,  elles  avaient 
échappé  à  l'intoxication  vermineuse.  »  Est-ce  mettre  dans  l'examen  d'une  question 
scientifique  toute  la  rigueur  que  la  science  exige,  et  doit-on  accepter  sans  contrôle, 
comme  le  font  trop  les  auteurs  de  nos  livres  classiques,  des  faits  autour  desquels 
sont  accumulées  des  causes  d'erreur? 


SYNOPSIS.  XXXIX 

2G  TÉNIA  ELLIPTIQUE  [T.  ellipiicct,  Batkch). 

Long  de  10  à  30  centimètres;  tèle  obtuse,  trompe  en  massue,  armée  de  petits 
crochets  disposés  en  plusieurs  rangées,  larges  au  talon  et  assez  semblables  aux 
boucles  de  la  peau  des  raies;  premiers  articles  très  courts,  les  suivants  presque 
carrés,  puis  arrondis,  puis  elliptiques;  les  derniers  deux  à  trois  fois  aussi  longs 
que  larges;  deux  pores  génitaux  opposés  à  chaque  article  ;  œufs  globuleux,  à 
double  enveloppe. 

Suivant  M.  Van  Beneden,  ce  ténia  serait  le  même  que  le  ténia  cucumerin 
du  chien. 

Dans  l'intestin  grêle  du  chat  domestique  (voy.  Path.,  p.  231).. 

27  TÉNIA  INFUKDIBULIFORME  (/.  infundibuliformis,  Goeze). 

Long  de  2  à  13  centimètres  ;  tèle  sphéroïde,  ventouses  petites,  crochets  au  nombre 
de  208  sur  deux  rangs  ;  cou  susceptible  de  se  gonfler  autant  que  la  tête;  pores 
génitaux  irrégulièrement  alternes  ;  pénis  court,  tronqué  et  hérissé. 

Dans  l'intestin  du  coq  domestique,  de  l'outarde,  du  canard  et  de  l'oie. 

28  ,  TÉNIA  PROGLOTTIN1EN  (T.  proglottina,  DavAINe). 

Long  de  0""",9;  tête  ovalaire  (diamètre  transversal ,  0mm,18;  longitudinal  0mm,10) 
rostre  remplacé  par  un  infundibulum?  (ou  ventouse?)  très  large  (0mm,08),  armé 
de  plus  de  80  crochets  ayant  la  forme  d'épingles,  longs  de  0mm,005,  sur  deux 
rangs;  quatre  ventouses  n'ayant  que  le  tiers  du  diamètre  de  Yinfundibulum, 
armées  de  crochets  semblables,  mais  plus  petits.  Si  robila  ayant  presque  toujours 
moins  de  quatre  articles;  le  premier  nettement  séparé  de  la  tète,  beaucoup  plus 
petit  que  celle-ci,  second  article  plus  grand  que  la  tête,  troisième  et  quatrième 
successivement  beaucoup  plus  grands;  pore  génital  à  l'angle  antérieur  du  troi- 
sième article  d'un  côté  et  à  l'angle  antérieur  du  quatrième  du  côté  opposé  ;  canal 
déférent  très  long,  flexueux  ;  pénis  dans  une  gaîne  armée  d'épines,  rétractile  ; 
zoospermes  filiformes,  très  longs,  en  écheveau  ;  œufs  relativement  très  grands 
(0mm,05),  pourvus  d'un  embryon  très  vivace  (voy.  la  fig.  5). 

Les  articles  se  séparent  presque  aussitôt  après  qu'ils  sont  formés;  ils  vi- 
vent et  se  développent  libres,  ils  acquièrent  alors  jusqu'au  double  de  la  lon- 
gueur totale  du  ténia  (la  tête  et  quatre  articles)  ;  dans  leur  plus  grande  pro  - 
traction  ils  ont  'lmm,8  et  la  moitié  de  cette  longueur  dans  la  rétraction;  ces 
proglottis  ont  une  grande  vivacité,  ils  marchent,  à  la  manière  des  sangsues 
(voy.  fig.  13),  le  côté  antérieur  en  avant  (il  se  reconnaît  à  la  situation  du 
pore  génital).  Quelquefois  deux  articles  séparés  restent  adhérents  et  marchent 
ensemble  (voy.  fig.  5). 

Les  embryons  nous  ont  offert  le  curieux  spectacle  du  travail  de  leurs 
crochets  pour  avancer  dans  les  tissus,  fait  déjà  vu  dans  une  autre  espèce  par 


xr  SYNOPSIS. 

M.  Van  Beneden  ;  mais  la  manière  dont  lo  petit  animal  se  servait  de  ses  cro- 
chets était  un  peu  différente  de  celte  qu'a  décrite  ce  savant  zoologiste.  L'em- 
bryon du  proglottis  de  la  poule,  enfermé  dans  un  magma  placé  sous  le  mi- 
croscopo,  s'efforçait  d'en  sortir:  rassemblant  ses  six  crochets  en  un  faisceau 
unique  et  dirigé  en  avant,  il  se  précipitait  sur  l'obstacle  placé  devant  lui, 
puis,  les  deux  crochets  moyens  formant  la  proue,  les  deux  crochets  latéraux 
de  chaque  côté  étaient  ramenés  en  arrière  comme  l'auraient  fait  des  rames 
(?oy.  fig.  5,  n°  7)  ;  à  peine  ce  mouvement  était-il  terminé  que  l'embryon  re- 
culait, rassemblait  de  nouveau  ses  crochets  et  se  précipitait  encore  en  avant. 
Nous  avons  pu  observer  ce  travail  singulier  pendant  plus  d'un  quart  d'heure, 
sans  que  des  efforts  précipités  et  incessamment  renouvelés  ralentissent  l'ar- 
deur du  petit  ôtre. 

Nous  avons  trouvé  ces  proglottis,  en  nombre  considérable,  dans  le  duo- 
dénum de  toutes  les  poules  que  nous  avons  examinées,  en  octobre  IS^a,  à 
Saint-Amand  (Nord).  Nous  avons  obtenu  les  têtes,  en  fort  petit  nombre  tou- 
tefois, en  raclant  la  membrane  muqueuse  du  duodénum. 

Les  proglottis  libres  ont  été  vus  et  ligures,  mais  non  décrits,  par  M.  Du- 
jardin,  qui  n'a  pas  observé  le  ténia  auquel  ils  appartenaient  (4). 

La  disposition  de  Yinfandibulum,  la  forme  des  crochets,  leur  existence  au- 
tour de  chaque  ventouse,  doivent  faire  ranger  ce 
ténia  dans  un   genre  distinct. 

29.  Plusieurs  autres  ténias,  encore  indéterminés, 
ont  été  observés  chez  le  coq  domestique.  —  Chez  le 
pigeon,  existe  le  T.enia  crassula;  chez  l'oie  et  le  coq 
domestiques,  le  Taenia  malleus;  chez  plusieurs  pal- 
mipèdes domestiques  et  chez  les  espèces  sauvages 
correspondantes,    le   Taenia    lanceolata,    le    T.*:su 

SKTIGERA,   le    T.ENIA   SINUOSA,     le  T.ENIA    FASCIATA. 


TRIBU  DES  BOTHRIOCEPHALES. 

Cestoïdes  ayant  une  tête  ou  scolex  et  des  an- 
neaux pourvus  d'organes  sexuels  mâle  et 
femelle  ;  orifices  des  organes  sexuels  ouverts 
sur  la  ligne  médiane  de  l'une  des  faces  des 
anneaux. 

Etal  embryonnaire? 
État  de  larve  :  inconnu. 


Fig.  20.—  i,  7i,  Iclc  du  bo- 
thriocéphale  de  Ylwmme 
grossie  G  fois  et  vue  sous 
doux  aspects.  —  fc,  tête  du 
liolhrioccphale  du  turbot 
grossie  12  fois;  coupe  en 
travers  faisant  voir  la 
disposition  des  ventouses 
latérales. 


(I)  Dujardin,  Ann    des  se.  nat.,  1843,  t.  XX,  2e  série,  p.  342. 


SYNOPSIS. 


xu 


GENRE  BOTHRIOCÉPHALE  (Dibolhrius,  Rodolphi). 

Corps  mou,  déprimé,  fort  allongé,  composé  d'un  très  grand  nombre  d'articles; 
léte  oblongue,  pourvue  de  deux  fossettes  latérales,  allongées  longitudinale- 
ment,  point  de  crochets  ;  proglottis  restant  réunis. 

Le  genre  bothriocéphale  comprend  un  grand  nombre  d'espèces,  qui  vivent 
presque  toutes  chez  les  poissons  ;  celles,  en  très  petit  nombre,  qui  ont  été 
trouvées  chez  des  mammifères  et  des  oiseaux  sont  encore  très  peu  connues, 
excepté  toutefois  l'espèce  qui  vit  chez  l'homme. 

Les  bothriocéphales  existent  dans  le  tube  digestif, 

30         BOTHRIOCÉPHALE  DE  L'HOMME  (Bolhriocephalus  latus,  Bremser). 

Long  de  6  à  20  mètres,  filiforme  en  avant,  large  jusqu'à  2"  millimètres  en 
arrière,  ordinairement  de  couleur  foncée,  d'un 
gris  roussàtre  (nous  en  possédons  un  parfaite- 
ment blanc)  ;  tête  oblongue,  avec  deux  ventouses 
latérales  allongées;  cou  presque  nul  ;  premiers 
articles  en  forme  de  rides,  les  suivants  courts, 
subcarrés,  ensuite  plus  larges  transversalement, 
les  derniers  toujours  plus  larges  que  longs,  offrant 
un  épaississement  plus  foncé  au  milieu,  quelque- 
fois perforés;  orifice  màlc  situé  sur  la  ligne  mé- 
diane, près  du  bord  antérieur  de  l'anneau  ;  pénis 
court,  lisse,  faisant  saillie  par  cet  orifice;  porc 
génital  femelle  situé  un  peu  en  arrière.  Œufs 
ovoïdes,  longs  de  0ml",068,  larges  de  0,nln,044, 
pourvus  d'un  opercule;  embryon  inerme? 

Le  bothriocéphale  de  l'homme  est  probable- 
ment de  tous  les  cestoïdes  celui  qui  atteint,  la 
plus  grande  longueur  ;  ses  anneaux  ne  se  sépa- 
rent point  en  cucurbitins  comme  ceux  du  ténia 
solium  ,  en  sorte  qu'on  trouve  souvent  après 
la  ponte  les  derniers  segments  encore  adhérents 
au  strobila  ;  la  sortie  des  œufs  s'effectue  ordi- 
nairement par  la  rupture  des  parois  de  la  ma- 
trice, il  en  résulte  que  les  anneaux  sont  fréquem- 
ment perforés  (voy.  Palh.,  fig.  3),  quelquefois 
ils  sont  divisés  longitudinalement  et  constituent 
deux  cordons  latéraux  en  forme  de  queues,  sou- 
vent ils  font  simplement,  ratatinés.  Le  bothrio- 
céphale, ne  donnant   point  de  cucurbitins,  se 

(*)  Bolliriocépliale  de  l'homme,  grandeur  naturelle;  fragmentspris.de  dislance  en  dislance  : 
l'ordre  des  lettres  indique  leur  situation  relative,  de  la  tète  à  l'extrémité  postérieure;  ei 
c,  d,  e,  f,  le  pore  génital  mâle  est  "visible  ;  g,  derniers  anneaux  ratatinés  après  la  ponte. 


Ftr.  21  (*). 


XLII  SYNOPSIS. 

brise  en  fragments  presque  toujours  considérables  et  qui  ne  sortent  qu'à  des 

intervalles  éloignés. 

La  tête  du  bothriocéphalo  vivant  prend  des  formes  variées  par  la  grande 
conlractilité  dont  elle  est  douée  ;  elle  est  toujours  très  distincte  de  celle  du 
ténia.  Les  anneaux  séparés  de  la  télé  sont  aussi  très  faciles  à  distinguer  de 
ceux  du  ver  solitaire,  par  l'absence  d'un  pore  génital  à  la  marge,  en  outre 
par  un  épaisissement  central  souvent  plus  coloré  qui  a  fait  comparer  la  chaîne 
des  anneaux  du  bothriocéphale  à  un  raclas,  d'où  la  dénomination  donnée  à  ce 
ver  par  Andry  (ténia  à  épine),  enfin  par  les  autres  caractères  donnés  ci- 
dessus. 

La  fécondité  du  bothriocéphale,  comme  celle  des  cestoïdes  en  général,  est 
prodigieuse  ;  M.  Eschricht  a  compté  sur  un  seul  individu  dix  mille  anneaux, 

or,  attribuant  mille  œufs  à 
iîtt-i.'--- -•'•■■  -•■■■?:'•■•;•'•%•?  chaque  anneau,  ce  qui  est  au- 
dessous  de  la  réalité,  on  porte 
à  dix  millions  le  nombre 
d'œufs  fournis  par  ce  bo- 
thriocéphale (<l  )  ;  il  faudrait 
ajouter  encore  ceux  que  four- 
niraient les  anneaux  à  venir. 
Chaquesegment  est  pourvu 
d'organes  génitaux  mâle  et 
femelle.  L'orifice,  par  lequel 
fait  saillie  le  pénis,  existe  au 
sommet  d'un  mamelon  peu 
apparent,  situé  sur  la  ligne 
moyenne  de  l'une  des  faces. 
Le  pénis,  d'après  M.  Es- 
chricht, est  munid'unegaîne, 
et  est  en  rapport  avec  un  ca- 
nal déférent  long,  ramassé  et 
terminé  par  une  vésicule  sé- 
minale sacciforme.  Le  testi- 
cule, formé  de  granulations 
blanchâtres ,  communique 
avec  la  vésicule  par  plu- 
sieurs conduits.  L'orifice  de 
la  vulve  situé  en  arrière  de 
l'orifice  mâle  n'est  point  proéminent;  l'appareil  femelle  est  composé  d'un 
oviducle  long  et  souvent  replié,  d'une  matrice  constituée  par  deux  poches 
divergentes,   de  plusieurs  ovaires  volumineux. 

(i)  Eschricht,  Ânatomiseh  physiologische  untersuchungen  ueber  die  bothrioce- 
phalen  (Act.  Acad.  nat.  cur.}  1840,  vol.  IX,  suppl,  u). 


FlG.  22  (d'après  Gervais  et  Van  Beneden).  —  Trois  anneaux 
du  bolhriocéphale  de  l'homme  grossis.  —  En  a  se  voient 
le  mamelon  et  l'orifice  génitaux  mâles  ;  au-dessous,  l'ori- 
fice femelle.  Au  troisième  anneau  le  pénis  est  saillant;  il 
est  rentré  dans  les  premiers. 


SYNOPSIS.  XLIII 

L'orilice  femelle  n'est  pas  toujours  apparent  ;  il  en  est  de  môme  du  pénis, 
ce  qui  a  fait  supposer  que  l'hermaphrodisme  pour  chaque  anneau  n'est  pas 
constant;  mais  peut-être  ces  variations  dépendent-elles  de  l'époque  à  laquelle 
se  fait  l'examen  ;  l'organe  femelle  pouvant  devenir  apparent  plus  tard  que 
l'organe  mâle  et  celui-ci  pouvant  disparaître  après  l'accomplissement  de  sa 
fonction,  comme  chez  les  ténias  dont  nous  avons  parlé. 

L'œuf  du  bothriocéphale  de  l'homme  est  grand  et  muni  d'un  opercule  ; 
nous  n'avons  jamais  pu  y  décou- 
vrir d'embryon  ni  l'indice  d'un 
fractionnement.  D'après  un  dessin 
laissé  par  Schubart,  d'Utrecht, 
l'embryon  serait  cilié  et  en  outre 
muni  de  six  crochets  (1). 

Mayor  a  distingué  dans  le  bo- 
thriocéphale de  l'homme  deux  va- 
riétés ou  espèces,  d'après  les  di- 
mensions relatives  des  anneaux  ; 
mais  on  sait  que  c'est  là  un  carac- 
tère fort  incertain.  Personne  jus- 
qu'aujourd'hui n'a  vérifié  la  distinction  qu'a  voulu  établir  le  médecin  de 
Genève. 

Le  bothriocéphale  existe  chez  l'homme  dans  l'intestin  grêle  (voy.  Palh., 
p.  70,  76,  78,  87,  111). 


Fie.  23.  —  Œuf  du  bothriocéphale  de  l'iiomme.  — 
a,  grossi  70  fois;  b.  grossi  340  fois;  c,  traité 
par  l'acide  sulfurique  concentre  qui  fait  voir 
l'opercule. 


31 


BOTHRIOCÉPHALE  DU  CHAT  (Dibothrium  decipiens,  Diesing). 


Tète  ovale,  oblongue;  ventouses  latérales,  béantes  en  arrière,  et  fermées  dans  la 
plus  grande  partie  de  leur  longueur  par  suite  du  rapprochement  des  lèvres; 
cou  long,  mince;  articles  antérieurs  parallélipipèdes,  les  moyens  très  longs,  les 
postérieurs  presque  carrés,  le  dernier  arrondi;  longueur  de  la  tête  3  millimètres, 
largeur  1  millimètre;  longueur  des  anneaux  moyens  9  millimètres,  des  posté- 
rieurs i  millimètres;  longueur  totale  1  mètre  60. 

L'adulte  ressemble  beaucoup  pour  la  forme  et  la  couleur  au  bothriocéphale  large. 

Trouvé  par  Créplin,  à  Greifswald,  dans  l'intestin  grêle  d'un  chat  ;  par  Nat- 
terer,  au  Brésil,  dans  le  raton  et  dans  d'autres  animaux  du  genre  chat  ;  par 
Diesing,  à  Vienne,  dans  l'once;  à  Gœttingue,  par  Leuckart,  dans  le  léopard. 


'AU 


BOTHRIOCÉPHALE  DU  CHIEN  (Dibolh.  serralum,  Diesing). 


Tête  linéaire,  arrondie  au  sommet;  ventouses  latérales  allongées;  cou  court,  fili- 
forme; articles  antérieurs  très  courts,  les  suivants  trois  fois  plus  larges  que  longs, 

(1)  Dans  un  allas  sur  les  vers  intestinaux  fait  par  Schubart,  et  qui  est  devenu, 
après  la  mort  de  l'auteur,  la  propriété  du  docteur  Verloren,  on  voit  un  œuf  du 
bothriocéphale  de  l'homme  contenant  un  embryon  cilié  et  dans  celui-ci  un  appareil 
hexacanthe  (Gervais  et  Van  Beneden). 


\I.1V  SYNOPSIS. 

ayant  les  angles  postérieurs  proéminents,  le  dernier  arrondi.  Longueur  totale 
50  centimètres;  articles  longs  de  2  millimètres,  larges  de  G  millimètres;  tète 
longue  do  -  millimètres,  large  de  0""","j. 

Fragments  rendus  par  un  chien  en  l'oméranie,  examinés  par  de  Siebold. 
Vivant,  au  Brésil,  dans  l'intestin  grêle  du  renard  du  Brésil  ou  aguaracliai 
(Canis  azarœ,  —  Natierer). 

TYPE  III.  —  TRÉMATODES  (RuDomu). 

Animaux  solitaires,  inarticulés,  plus  ou  moins  allongés  et  déprimés; 
pourvus  d'un  ou  plusieurs  organes  d'adhérence  ou  de  ventouses, 
d'un  tégument  mou,  non  revêtu  de  cils  vibratiles,  d'une  bouche, 
d'un  intestin  ordinairement  bifurqué,  quelquefois  simple,  quelque- 
fois ramifié,  toujours  terminé  en  csecum  et  sans  anus  ;  possédant 
un  système  nerveux  représenté  par  une  masse  centrale  et  deux 
cordons  latéraux,  un  système  de  canaux  excréteurs  (urinaires?); 
dépourvus  d'appareil  circulatoire;  généralement  hermaphrodites, 
et  très  rarement  à  sexes  séparés  sur  deux  individus;  orifices  géni- 
taux distincts  ou  réunis;  testicules  multiples  ;  pénis  plus  ou  moins 
long,  rétractile  ;  ovaires  complexes  ;  oviducte  ou  utérus  ordinai- 
rement tubuleux ,  très  long;  œufs  elliptiques,  ordinairement 
pourvus  d'un  opercule. 

Les  trémadodes  offrent  deux  types  secondaires  bien  tranchés  par 
leur  organisation,  leur  mode  de  développement  et  leur  genre  de  vie. 

1°  Le  type  ou  sous-ordre  des  Polystomides,  ou  trèmatocles  mo- 
nogênèses  de  Van  Beneden,  comprend  des  trématodes  pourvus  de 
plus  de  deux  organes  d'adhérence  ou  ventouses.  Ils  ont  un  dévelop- 
pement direct;  l'embryon,  nu  et  sans  cils  au  moment  de  l'éclosion, 
possède  déjà  la  forme  de  l'adulte.  Tous  vivent  en  parasites  ex~ 
ternes,  sur  la  peau  ou  les  branchies  des  animaux  aquatiques,  drs  pois- 
sons principalement  ;  ils  ne  sont  jamais  renfermés  dans  un  kyste. 

Aucune  des  espèces  de  cette  grande  division  des  trématodes  ne 
doit  nous  occuper. 

2°  Le  type  ou  sous  ordre  des  Distomides,  ou  trématodes  dùjè- 
nèses  de  Van  Beneden,  comprend  les  trématodes  qui  n'ont  pas  plus 
de  deux  organes  d'adhérence  ou  ventouses.  Us  ont  un  développe- 
ment indirect,  l'embryon  ne  ressemblant  nullement  à  l'individu  qui 
l'a  produit.  Tous,  à  la  période  adulte,  vivent  en  parasites  internes 
des  animaux  vertébrés. 


SYNOPSIS.  XLV 

Les  Distomides  n'atteignent  jamais  une  grande  taille;  leur  forme  la  plus 
ordinaire  est  aplatie,  foliacée  ;  ils  sont  revêtus  d'une  couche  épidermique  lisse 
ou  recouverte  de  spinules  dirigées  en  arrière;  ils  n'ont  point  de  cavité  géné- 
rale; le  tissu  de  leur  corps  paraît  formé  d'une  substance  homogène  dans  cer- 
taines espèces  ou  de  fibres  qui  se  croisent  en  divers  sens  ou  de  cellules  con- 
tractiles? possédant  un  noyau  bien  distinct.  Le  tube  digestif  ou  ses  ramifica- 
tions jouissent  d'une  contractililé  grande  au  point  d'effacer  souvent  com- 
plètement leur  cavité  dans  une  partie  de  leur  étendue  (voy.  fig.  26);  il  en 
est  de  même  des  canaux  excréteurs  qui  paraissent  souvent  interrompus  ça 
et  là. 

La  locomotion  de  ces  trématodes  est  assez  bornée  ;  elle  se  fait  principale- 
ment, au  moyen  des  organes  d'adhérence,  à  la  manière  de  celle  des  sang- 
sues ;  ces  organes  d'adhérence  sont  des  excavations  plus  ou  moins  profondes 
revêtues  d'une  couche  musculaire  épaisse  (ventouses).  Le  plus  souvent  l'une 
des  ventouses,  située  à  l'extrémité  antérieure,  constitue  en  même  temps  la 
bouche;  l'autre  est  imperforée  et  sert  uniquement  à  fixer  l'animal  ;  elle  est 
placée  à  la  face  ventrale,  plus  ou  moins  rapprochée  de  la  première,  ou  bien  à 
l'extrémité  caudale;  elle  n'existe  pas  dans  toutes  les  espèces. 

A  l'exception  de  deux  espèces,  tous  les  distomides  sont  hermaphrodites. 
Les  appareils  générateurs  mâle  et  femelle  sont  construit  sur  un  type  uni- 
forme; leur  disposition  la  plus  générale  est  la  suivante  : 

V appareil  mâle  se  compose  de  deux  (rarement  moins,  quelquefois  plus)  or- 
ganes formateurs  du  sperme  ou  testicules,  qui  sont  situés  en  arrière  ou  au- 
tour de  la  ventouse  ventrale  ;  d'une  vésicule  séminale  externe,  communiquant 
avec  chaque  testicule  par  un  canal  déférent  distinct  ou  rarement  réuni  en 
un  seul  tronc  avec  son  congénère;  d'un  organe  allongé,  creux,  nommé  poche 
du  cirrhe  qui  est  en  rapport  avec  la  vésicule  séminale  d'un  côté  et  qui  se 
prolonge  de  l'autre  en  un  tube  long,  flexueux,  terminé  par  un  cirrheou  pénis 
lubuleux,  lisse  ou  hérissé,  saillante  l'extérieur,  ou  rétraclile  dans  la  poche  du 
l  cirrhe  ;  l'orifice  externe  de  celte  poche  est  commun  aux  appareils  mâle  et 
femelle.  Les  spermatozoïdes  sont  très  petits,  filiformes  et  très  vifs. 

L'appareil  femelle  se  compose  d'un  réservoir  creux  (ovuligène,  ovaire)  dans 
i  lequel  naissent  les  vésicules  germinatives,  d'un  organe  formé  par  une  réunion 
de  caecums  dans  lesquels  se  forme  le  vitellus  (vitellogène.)  ;  un  conduit  de  l'ovu- 
ligène  et  un  autre  conduit  commun  aux  ceecums  du  vitellogène,  s'abouchent  et 
constituent  un  canal  plus  considérable  qui  est  l'oviducle;  celui-ci  est  un  tube 
simple,  formant  un  très  grand  nombre  de  circonvolutions,  qui  remplissent 
plus  ou  moins  toute  la  partie  postérieure  du  corps  ;  il  conserve  un  calibre  assez 
uniforme  dans  tout  son  trajet  et  aboutit  à  l'orifice  génital  externe.  L'oviducte 
reçoit  d'une  part  les  vésicules  germinatives,  de  l'autre  le  vitellus,  qu'il  revêt 
de  leur  coque. 

Il  existe  un  autre  organe,  la  vésicule  séminale  interne,  dont  nous  n'avons 
pas  parlé,  qui  relie  les  deux  appareils;  c'est  une  poche  ou  réservoir  appar- 
tenant par  sa  fonction  à  l'appareil  mâle,  par  sa  situation  à  l'appareil  femelle 


XLVi  SYNOPSIS* 

et  qui  s'ouvre  dans  l'oviducte  avec  les  conduits  de  l'ovuligène  et  du  viiello- 
gène;  cetlo  poche  communique  d'un  autre  côté  directement  avec  l'un  des 
testicules  par  un  conduit  spécial  qui  y  verse  la  semence.  Il 
résulte  do  cette  disposition  que  les  parties  constitutives  de 
l'ovule,  le  vitellus  et  la  vésicule  germinalive,  se  forment  dans 
des  organes  distincts  et  qu'avant  d'être  revêtues  par  la  coque, 
elles  sont  en  rapport  avec  les  spermatozoïdes  qui  arrivent  de 
la  vésicule  séminale  interne.  L'œuf  peut  donc  être  fécondé 
avant  d'être  complètement  constitué. 

Le  développement  de  l'œuf  se  fait  quelquefois  complètement 
dans  l'oviducte.  L'embryon  qu'il  renferme  est  ordinairement 
revêtu  de  cils  vibratiles;  il  est  quelquefois  armé  de  crochets 
(voy.  Pathn  p.  261 ,  note  2)  ;  il  diffère  toujours  beaucoup  par 
sa  forme,  et  par  son  organisation  de  l'individu  qui  lui  a  donné 
naissance. 

C'est  par  une  génération  alternante  que  reparaît  le  type  de 
l'individu  qui  a  produit  l'embryon;  celui-ci,  semblable  à  un 
infusoire,  n'a  point  d'organes  internes  distincts;  il  est  géné- 
ralement recouvert  de  cils  vibratiles  au  moyen  desquels  il 
nage  dans  le  liquide  ambiant  ;  il  ne  subit  point  ordinairement 
de  métamorphoses,  mais  il  périt  après  avoir  produit  une  ou 
plusieurs  P  gemmes  qui  se  sont  développées  dans  son  intérieur. 
Ces  gemmes  jouissent  d'une  vie  propre  et  continuent  à  se  dé- 
velopper ;  leur  organisation  diffère  de  celle  de  l'embryon  qui 
les  a  produites;  elle  n'est  point  non  plus  celle  d'un  distomide  parfait.  Ces 
gemmes  deviennent  souvent  un  simple  sac  ovoïde  ou  cylindrique ,  pourvu 
d'une  ventouse  rudimentaire,  ou  des  tubes  ramifiés  plus  ou  moins  longs  sans 
organes  internes  appréciables;  d'autres  fois  elles  acquièrent  des  organes,  un 
tube  digestif,  une  ventouse  buccale. 

Ces  organismes  qui  procèdent  de  l'embryon  forment  une  seconde  phase  de 
génération.  L'embryon,  après  l'éclosion,  vivait  à  l'état  de  liberté,  l'individu 
qui  lui  succède  vit  toujours  en  parasite  à  l'intérieur  d'animaux  mollusques. 
On  a  désigné  par  le  nom  de  sporocystes  les  individus  de  cette  seconde  géné- 
ration dont  l'organisation  est  la  plus  simple  et  par  le  nom  de  rédies  ceux  dont 
l'organisation  est  plus  complexe.  Les  sporocystes  se  multiplient  quelquefois 
sous  la  même  forme,  comme  les  hydatides,  soit  par  scission,  soit  par  gemma- 
tion externe  ou  interne  (1  ).  Les  sporocystes  ou  les  rédies  ne  sont  point  des- 

(*)  (D'après  Van  Beneden)  sporocyslc  grossie  do  cercaria  echinata,  contenant  des  gemmes  et  des 
cercaires  plus  ou  inoins  développées  ;  à  l'extrémité  antérieure  existe  une  ventouse,  à  l'extrémité  posté- 
rieure une  sorte  d'appendice  caudal  ;  vers  celle  extrémité  une  cercaire  s'est  prématurément  enve- 
loppée d'un  kyste. 

(l)  Ces  gemmes  semblables  ne  doivent  pas  être  considérées  comme  constituant 
uue  nouvelle  phase  de  génération ,  ainsi  qu'on  l'a  fait,  à  tort  croyons-nous 
(voy.  Synops,  p.  ni,  note). 


Fie.  24  (*).. 


/  7, 


SYNOPSIS.  XLVII 

tinées  à  devenir  des  distomides  parfaits  ;  elles  sont  douées,  dans  les  premiers 
temps,  de  vie  et  de  mouvements  très  actifs,  puis  il  se  forme  dans  leur  intérieur 
des  gemmes  qui  s'accroissent  rapidement;  ces  gemmes  distendent  par  leur 
accumulation  le  corps  de  leur  mère  qui,  perdant  graduellement  sa  vitalité  et 
ses  mouvements,  se  trouve  enfin  réduite  à  l'état  d'un  sac  membraneux  et 
complètement  inerte. 

Les  gemmes  développées  dans  la  sporocyste  constituent  une  troisième 
phase  de  génération  qui  ramènera  le  dislomide  parfait;  elles  forment  d'abord 
des  individus  auxquelles  on  a  donné  le  nom  de  cercaires  et  qui  ne  sont  point 
semblables  aux  individus  adultes  :  leur  corps  est  ovoïde,  très  contractile,  or- 
dinairement pourvu  d'organes  transitoires,  tels  qu'une  queue  plus  ou 
moins  longue  qui  sert  à  la  locomotion,  un  ou  plusieurs  crochets  qui 
servent  à  pénétrer  dans  les  tissus,  et  d'organes  définitifs  comme  des 
ventouses,  un  tube  digestif,  un  appareil  excréteur.  Après  que  les 
cercaires  ont  eu  acquis  un  certain  développement  dans  leur  mère  ou 
sporocyste,  celle-ci  se  déchire  et  laisse  sa  progéniture  en  liberté.  La 
cercaire  devenue  libre  nage  à  la  recherche  d'un  nouvel  hôte  ;  elle  pé- 
nètre, au  moyen  de  son  armature  buccale,  à  travers  les  téguments  d'un 
animal  aquatique,  larve  d'insecte  ou  mollusque  principalement,  perd 
sa  queue  dans  le  passage,  et  s'enveloppe  aussitôt  d'un  kyste;  là, 
elle  revêt  la  forme  du  distomide  parfait,  mais  elle  n'acquiert  point 
d'organes  génitaux;  ce  n'est  que  lorsque  l'hôte  devient  la  proie  d'un 
vertébré,  que  le  jeune  distôme,  parvenu  dans  l'organe  et  chez  l'animal 
qui  lui  convient,  acquiert  définitivement  les  attributs  de  l'adulte  de  son 
espèce. 

Ainsi,  les  diverses  phases  du  développement  d'un  dislomide  sont  au  nombre 
de  trois  :  l'embryon  est  une  grand1  nourrice,  la  sporocyste  une  nourrice,  la 
cercaire  une  larve  qui  ramène  l'état  adulte  par  métamorphose.  Toutefois,  le  dé- 
veloppement des  distomides  offre  suivant  les  espèces  des  variations  que  les 
étroites  limites  d'un  synopsis  ne  permettent  pas  d'indiquer. 

Les  distomides  adultes  ne  vivent  jamais  libres  ;  extraits  des  organes  qu'ils 
habitent  et  placés  dans  l'eau,  ils  se  décomposent  et  périssent  très  vite.  lisse 
trouvent  principalement  dans  le  tube  digestif,  dans  les  cavités  respiratoires, 
dans  les  canaux  biliaires,  chez  les  animaux  vertébrés.  Ils  sont  plus  répandus 
chez  les  animaux  aquatiques  ou  chez  ceux  qui  vivent  dans  le  voisinage  de 
l'eau  que  chez  les  animaux  qui  vivent  dans  les  lieux  secs  ;  comme  on  le  re- 
marque parmi  les  reptiles  chez  les  amphibiens,  parmi  les  oiseaux  chez  les 
échassierset  les  palmipèdes,  parmi  les  vertébrés  chez  les  poissons. 

Les  espèces  des  distomides  ne  paraissent  point  limitées  à  certaines  parties 
du  globe,  elles  sont  aussi  moins  exclusivement  que  d'autres  entozoaires,  pro- 

(*)  (D'après  Van  Beneden)  cercaire  du  disloma  retusum,  très  grossie;  elle  est  pourvue  de  deux 
ventouses,  d'un  tube  digestif  rudimentaire,  d'une  queue.  Dans  l'épaisseur  de  la  ventouse  buccale  exiS|e 
iln  crochet  unique  ou  stylet,  dont  elle  se  sert  pour  pénétrer  à  travers  les  téguments. 


\,.\HI  SYNOPSIS. 

près  à  un  animal  déterminé  ;  elles  se  trouvent,  on  effet,  souvent  sur  deux  ou 
dois  et  même  Bur  un  beaucoup  plus  grand  nombre  d'espèces  différentes  d'a- 
nimaux. 

Les  distoinidi's  offrent  quatre  formes  qui  se  distinguent  par  le 
nombre  et  par  la  position  des  ventouses  et  qui  constituent  quatre 
genres.  Deux  sont  caractérisés  par  l'existence  d'une  seule  ventouse, 
ce  sont  les  genres  monostome  et  amphistome  de  Rudolphi.  Chez  les 
monotonies  la  ventouse  est  située  à  l'extrémité  antérieure,  chez  les 
amphistomes  à  l'extrémité  postérieure.  Les  deux  autres  genres,  dis- 
tome etholostome,  ont  une  ventouse  antérieure  buccale  et  une  ven- 
touse abdominale. 

Les  genres  tétrastome  et  hexathyridium,  qui  font  aussi  partie  de 
l'ordre  des  trématodes,  concernent  des  animaux  fictifs  ou  devant 
rentrer  dans  d'autres  genres  d'entozoaires. 

GENRE  MONOSTOME  (Rudolphi). 

«  Corps  plus  ou  moins  allongé  et  aplati;  bouche  située  à  l'extrémité  anté- 
rieure et  entourée  d'une  masse  musculaire  urcéolée,  formant  une  ventouse; 
deux  orifices  génitaux  distincts,  et  quelquefois  un  orifice  postérieur  respira- 
toire ou  excrétoire,  mais  sans  ventouse  ventrale.  »  (Dujardin.) 

Le  genre  monostome  comprend  plusieurs  espèces  qui  se  trouvent  principa- 
lement chez  les  oiseaux,  les  reptiles  et  les  poissons,  dans  l'intestin  ou  dans 
d'autres  organes. 

33  MONOSTOME  DE  L'HOMME  (Monostoma  lenlis,  NORDMANN). 

Corps  déprimé,  long  de  0m,n,21 . 

Trouvé  dans  un  cristallin  atteint  de  cataracte,  chez  l'homme  (voy.  Puth., 
p.  735). 

?>U  Plusieurs  espèces  de  monostomes  ont  été  observées  chez  les  animaux 
domestiques;  une  exceptée,  elles  appartiennent  aux  oiseaux. 

Chez  le  lapin,  existe  le  monostomom  leporis;  chez  l'oie,  les  monostomum  muta- 
bile,   M.   YARIAB1LE,   M.   TRISERIALE  ;  chez  le  Canard,   les  MONOSTOMUM  ATTENUATUM, 

m.  caryophillinum  :  chez  le  canari,  le  monostomum  faba. 

Le  monostome  du  lapin  n'a  encore  été  rencontré  qu'une  fois,  par  Kuhn  ;  il 
est  long  de  7  millimètres  et  large  de  2,  ovale,  déprimé;  il  habite  le  péritoine. 

Le  monostome  changeant  (M.  mulabile)  habite  les  cavités  sous-orbitaires  de- 
l'oie  et  d'autres  oiseaux  aquatiques.  Il  produit  des  œufs  dont  l'embryon  se  dé- 
veloppe avant  la  ponte;  dans  cet  embryon,  apparaît  un  corps  vivant,  un 
animal  qui,  lors  de  sa  découverte,  excita  au  plus  haut  point  la  surprise  des 


SYNOPSIS.  XLI» 

naturalistes,  car  il  fut  pris  pour  un  parasite  de  l'embryon  et,  comme  il  existe 
constamment,  il  fut  regardé  comme  un  parasite  nécessaire;  mais  ce  parasite 
est  une  gemme  qui  se  développera  en  sporocyste.  La  fonction  de  ce  parasite 
nécessaire,  comprise  enfin  par  Steenstrup,  éclaira  d'une  lumière  soudaine  les 
phases  successives  et  jusqu'alors  inconnues  du  développement  des  dis- 
tomides. 

Le  monostome  fève  est  un  autre  parasite  non  moins  intéressant;  il  a  la 
forme  que  désigne  son  nom;  il  existe  chez  plusieurs  oiseaux  renfermé  dans  un 
kysle  des  téguments;  mais  chaque  kyste  contient  toujours  deux  individus 
appliqués  l'un  contre  l'autre  par  leur  face  ventrale. 


GENRE  DISTOME(Retzius). 

Corps  déprimé  ou  cylindrique,  armé  ou  inerme,  muni  de  deux  ventouses  dis- 
tinctes et  isolées,  l'une  antérieure  contenant  la  bouche,  l'autre  imperforée  et 
située  à  la  face  ventrale  entre  le  milieu  et  le  premier  sixième  de  la  longueur; 
intestin  divisé  en  deux  branches  simples  [rameuses  chez  le  distome  hépatique); 
ouvertures  génitales  rapprochées  ou  réunies 
et  confondues  en  un  cloaque,  situées  en  avant, 
très  rarement  en  arrière  de  la  ventouse  ven- 
trale ;  un  orifice  postérieur  contractile,  don- 
nant entrée  dans  une  cavité  intérieure,  quel- 
quefois ramifiée  et  se  distribuant  dans  toutes 
les  parties  du  corps. 

Le  genre  distome  forme  un  groupe  considé- 
rable et  très  naturel  d'animaux  dont  les  nom- 
breuses espèces  vivent  toutes  en  parasites,  soit 
dans  des  cavités  communiquant  plus  ou  moins  y 
directement  avec  l'extérieur,  soit,  dans  des  ca- 
vités closes,  soit  dans  des  kystes.  A  l'état  de 
larve,  elles  existent  chez  des  crustacées,  des 
mollusques,  et  libres  dans  l'eau  ;  à  l'état  par- 
fait, elles  se  rencontrent  chez  les  animaux  ap- 
partenant aux  quatre  classes  des  vertébrés. 


35  DISTOMË  HÉPATIQUE  (Distomum  hepaticum 
Abildgaard). 


Fie.  26.  —  Distome  hépatique  (non 
encore  adulte)  grossi  8  fois.  Il  pro- 
vient d'un  abcès,  chez  un  homme. 
—  a,  ventouse  buccale  ;  b,  ventouse 
abdominale;  c,  œsophage;  d,  d,  d, 
d,  ramifications  de  l'intestin  ;  elles 
ne  sont  pas  apparentes  partout  à 
cause  de  leur  contraction. 


Corps  blanchâtre,  long  de  18  à  31  millimètres  et 
large  de  4  à  13mm,5  chez  l'adulte,  n'ayant  en- 
viron que  la  moitié  de  ces  dimensions  chez  les 
jeunes;  ovale-oblong  ou  lancéolé,  obtus;  plus  large  et  arrondi  en  avant  où  il  se 
rétrécit  tout  à  coup  et  forme  une  sorte  de  cou  conique  ;  rétréci  en  arrière  et  aplati 

DAVA1NE.  d 


T.  SYNOPSIS. 

ci)  forme  de  Feuille;  tégument  couvert  d'épines  plus  ou  moins  aplaties,  longues 

de  0 , 08  ;  ventouse   antérieure   terminale,  arrondie;  ventouse  postérieure  à 

orifice  triangulaire,  située  très  près  de  la  première;  intestin  ramifié  distribué 
dans  loul  le  corps,  plus  ou  moins  apparent  suivant  l'état  de  contraction  de  ses 
divisions;  orifices  génitaux  contigus,  situés  au  milieu  de  l'intervalle  des  deux 
ventouses;  pénis  cylindrique,  saillant,  contourné  en  spirale;  ovaires  blaucs,  en 
grappe;  oviducte  formant  des  circonvolutions  nombreuses,  contenant  des  œufs 
plus  ou  moins  colorés  en  jaune,  ovoïdes,  pourvus  d'un  opercule,  longs  de  0""",13 
à  0""", II,  larges   de   <iu"",07  à  O""",(>0;  —  embryon  inconnu. 


FîG.  27.—  Ovule  du  ili.-lunic  hépatique,  grossi    107  fui»  et  traité  par 
la  potasse  caustique  pour  séparer  l'opercule. 


Le  dislome  hépatique  appartient  aux  ruminants,  car  c'est  généralement 
chez  ces  animaux  qu'on  le  rencontre,  mais  ce  ver  est  du  nombre  assez  res- 
treint de  ceux  qui  peuvent  vivre  dans  des  animaux  très  différents  :  il  a  été 
trouvé  chez  l'homme,  chez  le  bœuf,  le  mouton,  la  chèvre,  le  cheval,  l'âne,  le 
chameau,  le  porc,  l'éléphant,  le  lapin  ;  et,  parmi  les  animaux  sauvages,  dans 
le  daim,  le  chevreuil,  le  cerf,  l'antilope,  l'écureuil,  le  lièvre,  le  kanguroo 
(voy.  Path.,  p.  235,  238,  246,  250). 

Le  distome  hépatique  vit  généralement  dans  les  conduits  et  dans  la  vési- 
cule biliaires,  mais  il  ne  fait  pas  son  séjour  exclusif  de  ces  organes;  on  le 
trouve  assez  fréquemment  dans  l'intestin  ;  on  l'a  vu  dans  les  vaisseaux  san- 
guins chez  l'homme,  et  môme  dans  des  tumeurs  inflammatoires  situées  sous 
la  peau  ;  peut-être  dans  ces  dernières  conditions  n'atteint-il  jamais  l'état 
adulte  (voy.  Palh.,  p.  315). 

06  blSTOME  LANCÉOLÉ  (Dis!,  lanceolatum,  Mehlis). 

Corps  demi-transparent,  plus  ou  moins  taché  de  brun  par  les  œufs,  long  de  4  à 
9  millimètres,  large  de  2""", 2,  lancéolé,  obtus  en  arrière,  aminci  en  avant,  et 
termine  par  la  ventouse  buccale;  tégument  lisse  ;  ventouse  ventrale  orbiculaire, 


Fie.  28.  —  Ovule  du  distome  lancéolé.  — 
a,  grossi  107  fois  (même  grossissement 
que  la  fig.  27}  ;  b.  grossi  340  fois;  c,  le 
même  traite  par  la  potasse  caustique  pour 
en  séparer  l'opercule. 


plus  grande  que  la  buccale;  intestin  divisé  en  deux  branches  longitudinales, 
droites,  simples;  orifices  géuitaux  contigus,  situés  entre  lesdeuxventouses;  pénis 
long,  généralement  droit;  trois  testicules dout  ttu  plus  petit;  ovaires  blanchâtres, 
ramifiés  ;  oviducte  très  long,  replié  un  grand  nombre  de  fois  en  arrière  des  tes- 


SYNOPSIS.  Ll 

licules  et  coloré  eu  jaune,  en  brun  et  en  noir  d'arrière  en  avant,  par  lc>  œufs; 
œuf  mûr  noirâtre,  long  deOmm,037  à  0UUU,04,  pourvu  d'un  opercule  très  grand 
(le  développement  commence  dans  l'oviducte  et,  lorsque  l'œuf  est  expulsé  dans 
l'intestin,  l'embryon  est  déjà  formé)  (I);  orifice  caudal  distinct,  communiquant 
avec  des  canaux  excréteurs. 

Variété  de  l'homme. 

Plusieurs  des  distomes  observés  chez  l'homme  appartiennent  au  dist.  lan- 
céolé; tels  étaient,  d'après  la  détermination  de  Rudolphi,  les  distomes  trouvés 
par  Buchholz  et  ceux  de  Chabert. 

Les  distomes  rencontrés  par  M.  Busk,  non  dans  les  canaux  biliaires  où  il 
n'en  existait  aucun,  mais  dans  le  duodénum,  doivent  être  rapportés  au  dis- 
tome lancéolé.  Ils  possédaient  la  constitution  de  ce  dernier,  le  double  conduit 
alimentaire  non  ramifié,  et  tout  l'intervalle  compris  entre  ses  deux  branches 
était  rempli  par  les  circonvolutions  de  l'oviducte  ;  mais  ces  individus  étaient 
beaucoup  plus  considérables  que  le  distôme  lancéolé,  ils  avaient  depuis  un 
pouce  et  demi  (Ûm, 038)  jusqu'à  presque  trois  pouces  de  longueur  (0™, 075)  et 
ressemblaient  au  distome  hépatique  pour  la  forme. 

L'individu  chez  qui  existaient  ces  distomes,  était  un  Lascar  (matelot  origi- 
naire de  l'Inde)  (voy.  Palh  ,  p.  254). 

Le  distome  lancéolé  se  trouve  généralement  avec  le  distome  hépatique  dans 
les  conduits  biliaires  des  ruminants;  il  a  été  trouvé  aussi  chez  le  lièvre,  le 
lapin,  le  cochon  et  le  chat  domestique  (voy.  Path.,  p.  238). 

87  DISTOME  HÉTÉROPHYE  (Dist.  heterophyes,  de  SiEbold). 

Corps  ovale,  oblong,  déprimé,  plane  en  dessous,  légèrement  convexe  en  dessus  ; 
tégument  couvert  d'épines  petites,  dirigées  en  arrière;  ventouse  buccale  presque 
terminale,  infundibuliforme,  petite  ;  ventouse  ventrale  située  un  peu  en  avant 
du  milieu  du  corps,  grande  (douze  fois  la  ventouse  buccale)  ;  pharynx  museuleux, 
globuleux;  tube  digestif  se  divisant  en  avant  de  la  ventouse  ventrale,  en  deux 
branches  terminées  en  csecum  ;  gaine  du  pénis  située  en  arrière  de  Cette  ventouse 
et  réunie  avec  sa  partie  gauche,  globuleuse,  en  forme  de  cupule,  couronnée  par 
un  cercle  incomplet  de  72  soies  très  petites  et  pourvues  de  5  barbes;  deux 
testicules  avec  une  vésicule  séminale  interne  globuleuse;  œufs  à  coque  rouge; 
organe  excréteur  s'ouvrànt  sur  la  ligne  moyenne  de  la  face  ventrale.  Longueur 
1  millimètre  à  lmm,5,  —  largeur  0,mn,5. 

Trouvé  deux  fois,  en  Egypte,  par  flilharz  (1  851),  dans  l'intestiri  grêle  d'un 
enfant,  où  il  en  existait  un  très  grand  nombre.  On  ignore  s'il  occasionne  quel- 
que phénomène  pathologique. 

(1)  Voyez  ce  développement  dans  un  excellent  mémoire  de  M.  .T. -.T.  Moulinié: 
De  la  reproduction  chez  les  trémalodes  endoparasites  (extrait  du  tonie  III  des  Ment. 
de  l'Institut  genevois;  Genève  1856). 


LU 


SYNUl'SlS. 


06 


DISTOME  HjEMATOBIE  (Dis*,  lunnohibium,  BlLHABz). 


Distome  à  sexe  distinct. 

Miilc.  —  Corps  mou,  blanchâtre,  (ilifornic;  partit-  antérieure  (tronc)  distincte,  for- 
mant le  huitième  ou  le  neuvième  de  la  longueur  totale  du  corps,  déprimée,  lan- 
céolée, plane  ou  concave  en  dessous,  légèrement  convexe  en  dessus, lisse;  partie 
postérieure  (queue)  cylindrique,  six  à  sept  fois  plus  longue  que  l'antérieure;  en 
arrière  de  la  ventouse  ventrale,  la  marge  infléchie  de  chaque  côté  sur  la  face  ven- 
trale, forme  de  cette  manière  un  canal  longitu- 
dinal (canalis  gynœcophorus);  extrémité  posté- 
rieure amincie  ;  surface  externe  couverte  de 
papilles  pili fèves;  surface  intérieure  (du  canal) 
lisse  sur  la  partie  moyenne  et  couverte  d'é- 
pines très  petites  sur  les  côtés  ;  ventouse  buc- 
cale située  à  la  face  inférieure,  terminale,  trian- 
gulaire; ventouse  ventrale  située  près  de  la 
limite  des  deux  parties  distinctes  du  corps  (tronc 
et  queue),  orbiculaire,  de  la  même  dimension 
que  la  buccale;  surface  de  chaque  ventouse  cou- 
verte de  granules  serrés  et  très  petits;  tube 
digestif  dépourvu  d'un  pharynx  musculcux,  di- 
visé, en  avant  de  la  ventouse  ventrale,  en  deux 
parties  qui  sont  réunies  de  nouveau  en  arrière 
en  un  canal  unique  et  terminé  en  cœcum;  porc 
géuital  situé  entre  la  ventouse  ventrale  et  l'ori- 
gine du  canal  longitudinal  (gyneecophore);  lon- 
gueur totale  7  à  9  millimètres. 


FlG.  29.  —  D'après  Billiarz.  —  Dis- 
tome liœmatobie  ;  mâle  et  femelle 
fortement  grossis  ;  a,  b,  la  femelle 
en  partie  contenue  dans  le  canal 
ijjjnœcophore  ;  a,  l'extrémité  an- 
térieure ;  c,  l'extrémité  posté- 
rieure ;  rf,  le  corps  vu  par  trans- 
parence ilans  le  canal.  —  e,  f,  g, 
h,  i,  le  mâle  ;  e,  f,  canal  gynx- 
cophore  enlr'ouvert  en  avant  et  en 
arrière  de  la  femelle,  qui  a  été 
en  partie  extraite  de  ce  canal 
pour  en  bien  faire  voir  la  disposi- 
tion ;  3,  h,  limite  vers  le  dos  de 
la  dépression  de  la  face  ventrale 
constituant  le  canal  ;  j,  ventouse 
buccale;  h,  ventouse  ventrale; 
entre  i  et  II,  le  tronc  ;  en  arrière 
de  h,  la  tpjcuc. 


Femelle.  —  Différant  du  mâle  par  la  forme,  très 
mince  et  grêle;  corps  rubané,  lisse,  transparent, 
très  aminci  en  avant,  dépourvu  d'un  canal  lon- 
gitudinal; ventouses  et  tube  digestif  comme 
chez  le  mâle;  pore  génital  réuni  avec  la  marge 
postérieure  de  la  ventouse  ventrale  ;  œufs  ovales, 
prolongés  en  pointe  d'un  côté. 


Le  maie,  surpassant  de  beaucoup  la  femelle  en 
grosseur,  porte  celle-ci  placée  longitudinalement 
dans  le  canal  gynœcophore ,  réalisant  ainsi,  en 
quelque  sorte,  l'hermaphrodisme  du  genre  distome 
auquel  ce  ver  déroge  exceptionnellement. 

L'embryon  encore  contenu  dans  l'œuf  est  cou- 
vert de  cils  vibratiles;  devenu  libre,  sa  forme  est 
celle  d'un  cylindre  allongé,  plus  large  en  avant  et  terminé  en  arrière  obliquement 
en  coin  ;  il  est  pourvu  en  avant  d'une  émineuce  en  rostre  qui  porte  une  em- 
preinte de  ventouse?;  à  l'intérieur  du  corps,  existent  deux  corpuscules  pyri- 
formes  (gemmes  de  sporocyste?),  réunis,  situés  en  avant.  L'embryon  nage  au  moyeu 


SYNOPSIS.  LUI 

de  ses  cils  vibraliles.  Dans  l'eau  ordinaire,  il  perd  au  bout  d'une  heure  son'pouvoir 
de  locomotion  et  se  dissout  bientôt. 

Le  distome  hœmatobie  n'a  encore  été  trouvé  qu'en  Égyple  ;  il  vit  chez 
l'homme,  dans  la  veine  porte  et  ses  ramifications,  et  dans  les  parois  de  la 
vessie  urinaire.  Dans  les  veines  mésaraïques,  les  mâles  ont  leur  femelle  en- 
fermée dans  le  canal  gynœcopliore  ;  dans  les  veines  des  parois  de  l'intestin ,  du 
foie  et  de  la  rate,  ils  en  sont  toujours  séparés  (voy.  Palh.,  p.  31 2). 

39  DISÏOME  OPHTHALMOBIE  (Dist.   ophthalmobium,  Diesing). 

Corps  ovale-lancéolé,  déprimé,  variable;  cou  court,  subcylindrique;  bouche  ter- 
minale, orbiculaire;  ventouse  ventrale  presque  centrale,  circulaire,  d'un  tiers 
plus  grande  que  la  buccale;  longueur  0mm,5  à  1  millimètre;  largeur  0mm,t4  à 
0mm,3. 

Trouvé  dans  l'œil  d'un  enfant  affecté  d'une  cataracte  congéniale  (voy, 
Palh.,  p.  735). 

I\0      DISTOME  DE  LA  BOURSE  DE  FABRICIUS  (Dht.  ovatum,  Rubolphi). 

Corps  ovale,  plane;  ventouse  buccale  terminale,  orbiculaire  ;  ventouse  ventrale 
deux  fois  plus  large,  circulaire  ;  pénis  assez  long,  peu  flexueux,  situé  derrière  la 
ventouse  antérieure;  œufs  elliptiques,  très  petits,  longs  de  0mm,02. 

Dans  la  bourse  de  Fabricius  d'oiseaux  de  différents  genres,  rapaces,  pas- 
sereaux, gallinacés,  palmipèdes.  Il  remonte  quelquefois  dans  l'oviducte,  et 
s'introduit  sous  la  membrane  coquillière  de  l'œuf  (voy.  Palh. ,  p.  9). 

41     Parmi  les  animaux  domestiques,  on  a  rencontré  encore: 

Le  Distome  linéaire  (dist.  lineare  Zeder)  ;  le  Distome  élargi  (dist.  dilala- 
tum  Miram),  dans  le  gros  intestin,  chez  le  coq  domestique. 

Le  Distome  du  canard  (dist.  ecbinatum  Zeder)  ;  le  Distome  oxycépiialf.  (dist. 
oxycephalum  Rudolphi),  dans  les  intestins  du  canard  et  de  l'oie. 

GENRE  HOLOSTOME  {Holoslomum,  Nitzch). 

Deux  ventouses  petites,  peu  accusées,  l'une  buccale,  l'autre  abdominale. — Corps 
divisé  en  deux  parties  dont  l'antérieure  est  séparée  par  un  étranglement  ou 
considérablement  élargie  et  comme  membraneuse,  faisant  tout  entière  les 
fonctions  de  ventouse;  la  postérieure  est  plus  épaisse  et  presque  cylindrique. 

Toutes  les  espèces  appartenant  à  ce  genre,  à  l'exception  d'une  seule,  se 
trouvent,  dans  l'intestin  chez  des  oiseaux. 

42     L'Holostomum  alatum  a  été  trouvé  dans  l'intestin  du  chien. 


|i\  SYH0PS1S. 

GENRE  AMlM1ISTOME(/<n»p/i»8fo»ia,  Rbdolphi). 

/  /m  seule  ventouse,  située  à  l'extrémité  postérieure. —  Corps  musculeux,  assez 
épais,  étroit  en  avant,  plus  large  et  obliquement  tronqué  en  arrière  où  il  se 
termine  par  la  ventouse,  toujours  très  large  ;  bouche  orbiculaire,  suivie  d'un 
sac  œsophagien  ovoïde  ;  intestin  bifurqué  ;  système  nerveux  distinct;  système 
de  canaux  excréteurs  très  développé;  orifice  génital  situé  au-dessous  de 
l'œsophage;  œufs  elliptiques,  assez  volumineux  •  embryon  cilié. 

Les  espèces  du  genre  amphistome  se  trouvent  surtout  chez  les  mammifères. 

43  AMPHISTOMUM  CONICUM  (Rudolphi). 

St  trouve  chez  le  bœuf,  le  mouton,  le  cerf,  le  chevreuil,  le  daim  ;  dans  la 
panse  et  le  feuillet. 

hl\  AMPHISTOMUM  CRUMEMFERUM  (Creplin). 

Se  trouve  chez  le  bœuf. 

ho  AMPHISTOMUM  EXPLANATUM  (Creplin). 

Se  trouve  chez  le  bœuf;  dans  les  conduits  et  la  vésicule  biliaires. 

46  AMPHISTOMUM  TRUNCATUM  (Rudolphi). 

Se  trouve  chez  le  chat  domestique. 

GENRE  TETRASTOME  [Tetrastoma  Delle   Chiaje). 

Corps  oblong,  déprimé;  bouche  antérieure;  quatre  ventouses  situées  à  l'extré- 
mité postérieure  ;  ouverture  génitale  rapprochée  de  la  bouche. 

Genre  qui  n'est  pas  suffisamment  établi. 

hl  TETRASTOME  DU  REIN  (Delle  Chiaje). 

Corps  ovale,  oblong,  déprimé,  légèrement  convexe  en  dessus,  long  de  5  millimètres, 
large  de  2  millimètres. 

Trouvé  à  Naples,  dans  les  urines  d'une  femme  (voy\  Palh.,  p.  292). 

GENRE  HEXATHYRIDIUM  (Treutler). 

Corps  oblong  ou  lancéolé;  bouche  sublerminale,  antérieure;  six  ventouses  ran- 
gées en  arc  de  cercle;  ouvertures  génitales  rapprochées,  ventrales. 

Genre  qui  n'est  pas  suffisamment  établi. 


SYNOPSIS.  I.V 

48  HEXATHYRIDIUM  PINGUICOLA  (Treutler). 

«  Corps  jaunâtre,  long  de  18  millimètres,  large  de  6""", 7  environ,  oblong,  déprimé, 
rétréci  ou  acuminé  en  avant,  tronqué  en  arrière,  où  se  trou-     ^^^^^^ 
vent  les  six  ventouses  orbiculaires  rangées  en  arc  de  cercle  » 
(Dujardin),  «.. 

Treutler  seul  a  trouvé  cet  helminthe  que  personne  n'a  vu 
depuis.  Le  ver  se  trouvait  dans  un  tubercule  du  tissu  grais- 
seux qui  entourait  l'ovaire  d'une  femme  de  vingt-six  ans, 
morte  à  la  suite  d'un  accouchement  laborieux.  Son  existence 
est  donc  très  problématique. 

49  HEXATHYRIDIUM  VENARUM  (Treutler). 

Corps  obtus,  lancéolé;  ventouses  disposées  en  deux  séries  lon- 
gitudinales; longueur,  6  millimètres. 

Fig.  30  (*). 
Trouvé  par  Treutler,  dans  une  plaie  de  la  veine  tibiale 

antérieure;  c'est  probablement  un  dislome  hépatique  jeune  ou  bien  un  disloma 
lancéolé  (voy.  Path.,  p.  324). 

TYPE  IV.  —  ACÀNTHOCÉPHALES  (Rudolphi). 

«  Animaux  ovoïdes-oblongs  ou  cylindriques,  plus  ou  moins  al- 
longés, revêtus  d'un  tégument  élastique,  résistant,  et  pourvus 
d'une  trompe  rétractile,  armée  d'aiguillons  ,  mais  sans  bouche  et 
sans  tube  digestif;  se  nourrissant  par  absorption;  à  sexes  séparés; 
ovipares  »  (Dujardin). 

GENRE  (unique)  ÉCHINORHYNQUE  (Echinorhynchus,  Muller). 

ce  Helminthes  à  corps  sacciforme,  plus  ou  moins  allongé,  ordinairement  (lasque 
pendant  la  vie,  gonflé  par  absorption  après  la  mort,  quelquefois  hérissé  en 
partie  d'aiguillons  ;  trompe  rétractile,  plus  ou  moins  allongée,  cylindri- 
que, clavi forme  ou  presque  globuleuse,  armée  d'aiguillons  quelquefois  ca- 
ducs, formant  une  à  soixante  rangées  transverses;  cou  ordinairement  court, 
quelquefois  allongé  ou  filiforme,  et  plus  rarement  renflé  à  ï 'extrémité . 

»  —  Mâle  ayant  à  l'intérieur  un,  deux  ou  trois  testicules,  avec  des  vésicules 
séminales  complexes;  souvent  terminé  par  un  appendice  copulatoire,  en 
forme  de  vésicule  membraneuse,  quelquefois  rétracté   en  partie,  et  figurant 

(*)  Heœatlujridium  venarum  ;  d'après  la  figure  donnée  par  Treutler.  —  a,  grandeur  nalurclle  ; 
6,  grossi  six  fois. 


I.VI  SYNOPSIS. 

alors  soit  une  capsule,  finit  une  cloche  ou  un  tube  court,  épais;  pénis 
simple,  entoure  d'une  gaine  membraneuse. 
„  —  Fomello  ayant  à  l'intérieur  un  oviducle  lubuleux  et  musculeux  élargi  en 
avant,  aboutissant  à  l'extrémité  postérieure  et  soutenu  dans  l'axe  du  corps 
par  tin  faisceau  membraneux  ou  ligament  qui  part  du  fond  du  réceptacle 
de  la  trompe.  Ovaires  libres,  isolés,  naissant  à  la  paroi  interne  de  la 
cavité  viscérale  ou  de  la  couche  musculaire  ;  œufs  elliptiques  ou  fusifor- 
mes,  flottant  librement  dans  l'intérieur  du  corps  jusqu'à  ce  qu'ils  soient 
saisis  par  les  contractions  alternatives  de  l'extrémité  dilatée  de  Voviducle  » 
(Dujardin). 

Le  genre  échinorhynque  comprend  un  grand  nombre  d'espèces  qui  vivent 
chez  les  animaux  vertébrés,  principalement  chez  les  oiseaux  et  les  poissons  ; 
une  seule  espèce  existe  chez  les  invertébrés.  Les  échinorhynques  habitent 
généralement  dans  l'intestin,  et  quelquefois,  mais  rarement,  dans  des  kystes 
du  mésentère. 

51  ÉCHINORYNQTJE  DU  COCHON  (Echin.  gigas,  Goeze). 

«  Corps  blanc  ou  un  peu  bleuâtre,  lisse  ou  ridé  transversalement,  très  allongé, 
cylindrique,  un  peu  aminci  en  arrière;  trompe  petite,  presque  globuleuse, 
armée  de  cinq  à  six  rangées  transverses  de  crochets  en  quinconce,  assez  forts  ; 
cou  très  court,  imaginé. =i)M/e  long  de  60  à  86  millimètres,  large  de  3  à  4mm,5  ; 
terminé  par  un  appendice  membraneux  en  forme  de  cloche  ou  de  cupule  servant 
à  la  copulation.  =  Femelle  longue  de  80  à  320  millimètres,  large  de  4  à  7  mil- 
limètres; œufs  oblongs,  presque  cylindriques  »  (Dujardin). 

Ce  ver  se  trouve  fréquemment  chez  le  porc  et  le  sanglier  en  France  et  en 
Allemagne.  Il  vit  dans  les  intestins  aux  parois  desquels  il  se  fixe  solidement 
par  sa  trompe  (voy.  Path.,  p.  230). 

TYPE  V.  —  NÉMATOIDES  (Rudolphi). 

»  Animaux  à  corps  filiforme  ou  fusiforme  très  allongé,  revêtu  d'un 
tégument  résistant,  avec  une  bouche  terminale  ou  presque  ter- 
minale et  un  anus  presque  terminal  ou  précédant  une  queue 
très  amincie;  intestin  droit;  sexes  séparés. 

»  —  Appareil  génital  mâle  formé  d'un  long  tube  filiforme  replié  à 
l'intérieur  et  aboutissant  à  l'anus  ou  très  près  de  l'anus,  avec  une 
ou  plusieurs  pièces  copulatoires  souvent  dures,  cornées  et  souvent 
aussi  accompagnées  à  l'extérieur  par  des  expansionsmembraneuses 
latérales  en  forme  d'ailes,  ou  par  une  gaine  ou  par  des  papilles  ou 
des  ventouses. 

>.  —  Appareil  génital  femelle  formé  d'un  ou  plusieurs  ovaires  fili- 


SYNOPSIS.  i/vn 

formes,  très  longs,  repliés  à  l'intérieur  et  venant 
aboutir  à  la  vulve  située  en  avant  de  l'anus,  plus 
ou  moins  rapprochée  de  la  tête. 
■•  —  Œufs  ronds  ou  elliptiques,  éclosant  quelque- 
fois dans  le  corps  de  la  mère  «  (Dujardin). 

Les  nématoïdes  sont  toujours  pourvus  d'un  tégument 
distinct,  constitué  par  un  tissu  cellulaire  dont  les  fibres 
très  égales,  parallèles,  disposées  sur  plusieurs  plans,  se 
croisent  d'une  manière  régulière.  Sous  les  téguments  existe 
une  couche  musculaire,  qui  forme  une  enveloppe  générale 
aux  viscères.  Les  fibres  les  plus  apparentes  sont  longitu- 
dinales et  disposées  dans  toute  la  longueur  de  l'animal  en 
deux,  quatre  ou  huit  bandes  ;  ces  fibres  sont  lisses,  quel- 
quefois plissées  transversalement,  quelquefois  striées  ?  (4)  ; 
elles  sont  quelquefois  pourvues,  de  distance  en  distance, 
d'un  noyau  très  apparent,  et  même  le  noyau  peut  cor- 
respondre à  une  division  de  fibres  en  cellules  distinctes. 

Nous  n'avons  jamais  pu  voir  le  système  nerveux  décrit 
par  les  auteurs,  même  chez  le  slrongle  géant  (voy.  Sy- 
nops.,  n°  99)  ;  mais,  chez  quelques  nématoïdes,  nous  avons 
aperçu  des  amas  de  cellules  qui,  par  leur  situation,  nous 
paraissaient  appartenir  à  ce  système.  Ces  cellules,  assez 
apparentes  chez  les  trichocéphales,  sont  surtout  très  visi- 
bles chez  le  trichosome  de  la  poule,  au  centre  de  chacun 
des  articles  en  lesquels  l'intestin  paraît  divisé. 

Le  système  circulatoire ,  chez  les  nématoïdes  qui  en 
possèdent  manifestement  un,  est  toujours  rudimentaire.  Le 
trichosome  de  la  poule  est  pourvu  d'un  canal  longitudinal 
rougeâtre  qui  nous  a  offert,  dans  sa  partie  antérieure,  des 
contractions  rhythmiques  pendant  lesquelles  cette  partie 
disparaît  complètement.  Quelques  autres  vers  de  cet  ordre, 
tels  que  la  filariapiscium,  Tanguillule  delà  nielle,  etc.,  pos- 
sèdent un  système  circulatoire  analogue. 

L'appareil  respiratoire  n'a  pu  être  déterminé  chez  aucun 
de  ces  animaux. 

Un  ou  deux  canaux  longitudinaux,  plus  ou  moins  longs  , 

(*)  Ascaride  lombricouie  mâle,  grandeur  naturelle,  ouvert  clans  une  partie  fie  sa  longueur.  — 
fl,  tête;  6,  extrémité  caudale;  e,  c',  l'intestin  enlevé  entre  ces  deux  points  pour  montrer  les  replis 
multipliés  du  tube  génital  flottant  dans  la  cavité  abdominale  ;  testicule  et  conduit  déférent  continus 
s'insérant,  en  d,  sur  une  vésicule  séminale  très  allongée  et  graduellement  atténuée  en  arrière; 
b,  extrémité  caudale  grossie  montrant  le  double  pénis. 

«(1)  Nous  avons  vu  des  stries  manifestes  dans  des  filtres  musculaire-;  de  l'ascaride 
mégalocéphale,  et  autant  qu'on  en  peut  juger  vu  leur  politesse,  dans  cdlcs  de  l'an- 
guillule  de  la  nielle. 


LVJIJ  SYNOPSIS. 

el  qui  s'(ui\ rciit  non  loin  de  la  boucha,  a  la  face  ventrale,  représentent  sans 
(Joule  un  appareil  excréteur.  Il  est  très  apparent  chez  quelques  strongyles, 

chez  quelques  ascarides  el  chez  l'anchyloslome  duo- 

dénal. 

L'appareil  digestif  est  toujours  trèssimple.  Laboucho 
diffère  quant  à  sa  conformation  suivant  les  genres  de 
némaloïdes  ;  elle  est  souvent  armée  de  pièces  cornées  ou 
de  véritables  crochets  ;  l'œsophage  ou  le  ventricule  est 
souvent  aussi  renflé  et  musculeux,  ou  muni  de  pièces 
cornées;  le  reste  de  l'intestin  est  généralement  droit  et 
n'offre  rien  de  particulier,  excepté  chez  les  tricho- 
somiens  et  dans  les  genres  voisins  où  il  est  régulière- 
ment annelé  ou  moniliforme  ;  chez  quelques  espèces, 
sinon  chez  toutes,  il  est  revêtu  intérieurement  d'un 
épilhélium  cylindrique  ;  l'anus  est  quelquefois  imper- 
foré et  la  partie  postérieure  de  l'intestin  atrophiée.  Le 
tube  digestif,  dans  certaines  espèces,  est  entouré  d'un 
amas  de  substance  grenue,  contenant  des  noyaux  de 
cellule,  subslance  qui  représente  peut-être  un  tissu 
hépatique. 

Les  organes  génitaux  offrent  constamment  un  déve- 
loppement considérable  ;  dans  les  deux  sexes,  ils  sont 
constitués  sur  un  type  uniforme.  Ils  consistent  en  un 
tube  allongé,  simple,  ou  double  sur  une  portion  de 
son  trajet,  et  terminé  en  caecum.  On  distingue  géné- 
ralement chez  le  mâle,  le  testicule,  le  canal  déférent, 
la  vésicule  séminale,  le  conduit  éjaculateur,  le  pénis  ; 
chez  la  femelle,  l'ovaire,  la  trompe,  l'utérus,  le  vagin 
et  la  vulve.  Les  différentes  parties  qui  constituent  le 
tube  génital  ne  sont  point  toujours  distinctes  les  unes 
des  autres.  Le  tube  génital  est  constamment  simple 
chez  le  mâle  et  constamment  il  aboutit  à  l'extrémité 
postérieure  ;  chez  la  femelle,  il  s'ouvre  en  des  points 
très  différents  de  la  ligne  médiane  ventrale  ,  quel- 
quefois la  vulve  est  tout  auprès  de  la  bouche.  L'ap- 


(*)  Ascaride  lombrieoïde  femelle,  grandeur  naturelle,  ouvert  dans 
toute  sa  longueur.  —  n,  tête  avec  les  trois  valves  à  la  naissance  de 
l'œsophage,  on  voit  un  faisceau  fibreux  transversal  qui  a  été  regardé, 
par  quelques  auteurs,  comme  un  filet  nerveux  ;  b,  extrémité  caudale  ;  de  a 
en  b,  intestin  droit  fixé  aux  parois  par  des  fibres  transversales  dans  la 
portion  antérieure  et  postérieure  où  n'existe  pas  le  tube  génital  ;  d,  d, 
ileux  lignes  latérales  indiquant  la  division  des  fibres  musculaires  en 
bandes  longiludales;  c,  orifice  vaginal  très  peu  apparent;  e,  e,  ovaire 
et  trompe  continus  formant  deux  tubes  repliés  un  grand  nombre  defois 

autour  de  l'intestin  et  s'ubouchant  en  un  tube  commun  ou  matrice,  qui  ne  se  distingue  point,  chez 

celte  espèce,  par  une  forme  nu  par  un  rendement  particuliers. 


FlG.   32   {*). 


SYNOPSIS.  LIX. 

pareil  copulàteur  chez  le  mâle  offre  des  différences  considérables  dans  diffé- 
rentes espèces.  Le  pénis  est  simple  ou  double,  parfois  d'une  extrême  lon- 
gueur, revêtu  par  unegaîne  à  forme  très  variée;  ou  bien  il  est  pourvu  d'une 
bourse,  ou  d'ailes  latérales,  ou  de  papilles,  etc.,  qui  servent  à  assurer  l'union 
des  individus  dans  la  copulation  ;  il  arrive  à  certaines  espèces  que  cette  union 
devient  permanente, 


Fig,  33.  — Développement  de  l'œuf  de  Vasiaride  lombricoïde.  —  Œufs  grossis  200  fois.  L'ordre 
des  lettres  indique  la  succession  du  développement.  —  En  a,  l'œuf  n'est  point  encore  fractionné  ; 
en  m,  n,  o,  il  contient  un  embryon  ;  p,  embryon  ayant  atteint  lotit  le  développement  dont  il  est 
susceptible  dans  l'œuf,  grossi  200  fois. 

Le  tube  génital  chez  le  mâle  et  la  femelle  est  constitué  par  une  enveloppe 
externe  très  mince,  sans  structure  appréciable,  par  une  enveloppe  muscu- 
laire très  apparente  en  certains  points  et  chez  certains  nématoïdes;  cette  der- 
nière enveloppe  est  formée  par  des  cellules  pourvues  d'un  ou  de  plusieurs 
noyaux  que  l'acide  acétique  rend  apparents.  Enfin  à  l'intérieur  existe  une  nou- 
velle couche  épaisse  de  cellules  dont  la  fonction  est  sans  doute  de  sécréter 
soit  le  vitellus,  soit  la  coque  de  l'œuf.  Le  pénis  est  de  nature  chitineuse  et 
possède  des  muscles  distincts. 

Le  mode  de  formation  des  ovules  n'est  pas  uniforme  chez  tous  les  néma- 
toïdes; sous  ce  rapport  ces  vers  peuvent  être  rangés  en  deux  catégories:  chez 
l'une  les  ovules  sont  groupés,  dans  la  partie  ovarienne,  autour  d'un  rachis 
central  ;  chez  l'autre,  il  n'y  a  pas  de  rachis.  L'ovule  se  forme  dans  le  cul-de- 


IA  SYNOPSIS. 

gac  du  Lube  génital;  il  n'est  constitue  d'abord  que  par  la  vésicule  germina- 
tivo  (l)qui  s'entouro  de  vitellus  en  cheminant;  la  coque  de  l'œuf  est  sécrétée 
dans  la  matrice  et  le  vagin. 

La  formation  des  spermatozoïdes  procède,  comme  celle  de  l'embryon,  d'un 
ovule;  cet  ovule  naît  dans  le  cul-de-sac  du  tube  génital  mâle;  parvenu  a  un 
certain  point  d'évolution,  il  se  résout  en  corpuscules  séminaux,  tandis  que 
l'ovule  femelle,  arrivé  au  point  correspondant  do  formation,  continue  son 
évolution  et  parcourt  de  nouvelles  phases  de  développement. 

Les  spermatozoïdes,  d'après  les  travaux  récenls  de  plusieurs  savants,  ont 
une  constitution  toute  particulière  :  ce  sont  des  corpuscules  qui  projettent  des 
expansions  comme  les  amibes  ;  et  les  œufs  offriraient  un  micropyle  par  lequel 
s'introduiraient  les  spermatozoïdes;  mais  cette  dernière  opinion  est  infirmée 
par  le  résultat  des  nombreuses  et  importantes  recherches  de  M.  Ed.  Clapa- 
rède  (2). 

Les  œufs  des  nématoïdes  se  développent  généralement  par  segmentation,  à 
la  manière  ordinaire  ;  mais  dans  quelques  espèces,  il  se  forme  à  l'intérieur  du 
vitellus  des  cellules  embryonales  qui  se  multiplient  par  division  et  absorbent 
peu  à  peu  toute  la  substance  vitellaire,  sans  qu'elle  se  soit  fractionnée. 

L'embryon  mûr  est  réduit  au  tube  digestif  et  à  l'enveloppe  générale  du 
corps  ;  la  bouche  n'est  point  encore  munie  d'un  appareil  plus  ou  moins  com- 
plexe comme  chez  l'adulte;  l'anus  est  rarement  visible;  il  n'y  a  aucune 
trace  d'organes  génitaux  externes  ou  internes  ;  les  embryons  mâle  et  femelle 
ne  sont  distincts  l'un  de  l'autre  par  aucun  caractère. 

L'embryon  possède  la  forme  générale  de  l'adulte  et  il  atteint  tout  son  dé- 
veloppement sans  subir  de  métamorphose.  Les  changements  qui  s'opèrent 
pendant  la  seconde  évolution  ont  été  peu  étudiés  ;  mais  il  paraît  que  quel- 
ques-uns au  moins  des  vers  nématoïdes  éprouvent,  avant  d'être  complète- 
ment adultes,  de  véritables  mues  et  que  leur  appareil  buccal,  par  exemple, 
est  remplacé  successivement  plusieurs  fois,  par  un  appareil  de  plus  en  plus 
complet;  c'est  ce  que  l'on  voit  dans  le  sclérostome  du  cheval. 

La  femelle,  chez  les  nématoïdes,  atteint  généralement  des  dimensions  beau- 
coup plus  grandes  que  le  mâle  ;  elle  existe  en  nombre  plus  considérable. 

Les  nématoïdes  forment  un  très  grand  nombre  d'espèces  qui,  pour 
la  plupart,  vivent  en  parasites  soit  dans  les  organes  creux,  soit  dans 
les  tissus  des  animaux  vertébrés  et  invertébrés;  il  en  est  qui  vivent 
à  l'état  libre,  dans  les  eaux  douces  ou  salées,  la  terre,  les  mousses, 
le  blé,  la  colle  de  farine,  le  vinaigre,  etc. 

Le  mode  de  transmission  et  de  propagation  de  ces  vers  n'est 

(1)  Il  nous  a  paru,  chez  l'anguille  du  blé  niellé,  que  la  membrane  vitelline  se 
forme  avant  le  vitellus.  (Voy.  mem.  infra  cit.,  p.  28.) 

(2)  Edouard  Claparède,  De  la  formation  et  de  la  fécondation  des  œufs  chez  les 
versnématoides,  in-4.  Genève,  1859. 


SYNOPSIS.  t.Xl 

connu  que  pour  un  petit  nombre  :  chez  les  uns,  les  embryons  se  dé- 
veloppent à  côté  de  leurs  parents  dans  l'organe  où  ceux-ci  dépo- 
sent leurs  œufs;  chez  les  autres,  ils  se  développent  au  dehors  et  doi- 
vent, pour  atteindre  l'état  parfait,  rentrer  dans  leur  séjour  naturel 
à  l'état  d'embryon  renfermé  dans  l'œuf  ou  de  larve  libre;  dans  ce 
dernier  cas,  la  larve  jouit  quelquefois  de  propriétés  vitales  distinctes 
de  celles  de  l'adulte;  elle  résiste  à  l'action  d'agents  qui  font  rapide- 
ment périr  celui-ci. 

Les  nématoïdes  sont  conformés  d'après  un  certain  nombre  de  types 
secondaires  distincts  :  la  forme  générale  du  corps,  la  constitution 
de  la  bouche,  celles  des  organes  génitaux  externes  ou  internes  et 
même  celle  de  l'œuf  ont  de  grands  rapports  chez  un  certain  nombre 
de  genres  dont  le  rapprochement  pourra  constituer  des  familles  très 
naturelles  :  ainsi  les  oxyuriJes,  les  trichpsomiens,  les  ascaridiens, . 
les  strongyliens,  etc.,  sont  formés  d'après  des  types  particuliers 
bien  distincts,  communs  à  un  grand  nombre  d'espèces  ou  à  plusieurs 
genres  ;  mais  les  connaissances  acquises  sur  l'organisation  des  di- 
verses espèces  de  vers  nématoïdes  ne  sont  pas  encore  assez  précises 
pour  qu'on  puisse  grouper  en  familles  avec  quelque  certitude  les 
genres  qui  doivent  les  constituer. 

.Section  A.  —  Ncniatoïilcs  à  l'état  de  larve. 


5'ô 


NÉMATOIDE  TRACHÉAL  (...?  Rainey  cl  Bristowe). 


Corps  long  de  0m,n, 50,  large  de  01,im, 016,  oblus  en  avant,  graduellement  aminci 
en  arrière;  œsophage?  occupant  plus 
d'un  tiers  de  la  longueur  du  corps;  in- 
testin droit  ;  apparence  d'anus  un  peu 
en  avant  de  l'extrémité  postérieure  ; 
point  d'organes  génitaux  externes  ou 
internes.  Vers  souvent  enroulés  après 
leur  mort. 


Trouvés  une  fois,  libres  dans  la  tra-  Fig.34t.  —  Mhatuïdetrachédigrossïiiofoh, 
çhée  artère  et  le  larynx  d'un  homme  d'après  l,n  dessin  tle  M" Brislowe-  ~  a< lête  ; 
(voy.  Path. ,  p.  21). 


b,  extrémité  caudale. 


5/4 


NÉMATOIDE  DU  HEIN  DU  CHIEN  (VulpiAn). 


Corps  long  de  0u,m, 3  environ,  cylindrique  dans  la  première  moitié,  régulièrement 
atténué  d'avant  en  arrière  dans  la  seconde;   tète  tronquée  ^transversalement  ; 


IAII  SYNOPSIS, 

bouche  large,  très  apparente;  œsophage  indiqué;  intestin  entouré  d'une  sub- 
stance grenue?;  anus?;  queue  brusquement  amincie;  point 
d'organes  génitaux  externes  ou  internes. 

Trouvé  une  fois  dans  un  kyste  du  rein  chez  le  chien 
voy.  Path.,  p.  29  4). 

D'autres  vers  nématoïdes  à  l'état  de  larve  qui 
peuvent  être  rapportés  par  quelque  caractère  à 
un  genre  déterminé,  comme  la  trichine,  ou  qui 
ont  été  rapportés  arbitrairement  à  quelque  genre 
par  les  auteurs,  trouveront  leur  place  lorsqu'il 
sera  question  des  vers  dont  ils  peuvent  être  ou 
dont  ils  ont  été  rapprochés. 


Kig.  35.  —  Ver  du  rein 
observe  par  M.  Vulpian 
grossi  environ  1  50  fois 


Section  B.  —  Nématoïdes  à  l'état  parfait. 

GENRE  OXYUIΠ (Oxyuris,  Rudolphi). 

Corps  cylindrique  ou  presque  fus* forme,  subulé  en  arrière  chez  les  femelles;  télé 

inerme  ;  bouche  ronde  dans  l'état  de 
contraction,  triangulaire  quand  elle 
est  saillante,  trilabiëe  ;  œsophage 
musculeux,  traversé  par  un  canal 
triquèlre;  ventricule  globuleux  ou 
turbiné,  présentant  une  cavité  trian- 
gulaire; anus  situé  à  l'origine  de 
la  queue  chez  la  femelle ,  dans 
le  centre  de  cet  appendice  chez  le 
mâle. 

—  Mâle  très  petit,  plus  ou  moins 
contourné  en  spirale;  spicule  sim- 
ple. 

—  Femelle  à  queue  aiguë  ;  vagin  situé 
à  la  partie  antérieure  du  ver,  utérus 
biloculaire,    deux   ovaires. 


Fjg.  30.  —  Oxyure  vermic'ulaire  femelle.  —  \ , 
individu  de  grandeur  naturelle;  —  2,  extrémité 


Les  oxyures  se  trouvent  dans  la 
dernière  partie  de  l'intestin  de  quel- 
éphaiique  grossie;  l'œsophage  et  l'estomac     ques   mammifères   et    de    quelques 

sont  apparents; — 3,  extrémité  caudale  grossie:  .,         .  ..  ,     ,      . 

-  4  tête  fortement  grossie.-n,  bouche  munie     reptiles  ;  les  mâles  sont  généralement 

de  trois  lèvres;  b,  6,  renflements   latéraux   du      très  rares, 
derme  ou  ai!cs  latérales. 


SYNOPSIS. 


LMI1 


55 


OXYURE  DE  L'HOMME.  —  (Oxyuris  vcrmiciïaris,  Bremser). 


Blanc;  tète  ailée,  c'est  à-dire  montrant  deux  rcnflcmcuis  latéraux  vésiculeux  du 
tégument;  oesophage  en  massue; 
cavité  de  l'estomac  revêtue  d'une 
armure  pliée  angulairement.  = 
Mâle  long  de  2"un,5  à  3""",3;  à 
queue  enroulée  eu  spirale  ;  extré- 
mité de  la  queue  pouvant  former 
une  cupule  ou  ventouse;  pénis 
simple,  recourbé  vers  le  sommet 
eu  hameçon.  =  Femelle  longue  de 

9  à  10  millimètres,  large  de  0mm,4  à  0mm,5;  corps  très  aminci  postérieurement 
en  forme  de  queue;  œufs  lisses,  oblongs,  non  symétriques;  longs  de  0""",053, 
larges  deOuim,028. 

Se  trouve  dans  le  gros  intestin,  surtout  dans  le  rectum,   chez  l'homme 
(voy.  Path.,  p.  209). 


t'm.  37.  —  Œuf  de  l'oxyure  verniiculairc 
a,  orossi  70  fois:  b,  3  40  fois. 


56 


OXYURE  DU  CHEVAL.  —  (Oxyuris  curvula,  RudolpHi). 


Tète  un  peu  amincie,  trouquée,  sans  ailes  latérales;  corps  blanc,  atténué  aiu  deux 
extrémités,  coudé  ou  infléchi  en  avant;  =  Longueur  du  mâle,  9  millimètres  à 
16min,6  ;  extrémité  caudale  subulée  droite  et  presque  de  la  longueur  du  corps. 
=  Longueur  de  la  femelle,  29  millimètres  (et  jusqu'à  S0  millimètres?,  Rud  ); 
extrémité  caudale  presque  subulée,  droite  et  presque  de  la  longueur  du  corps. 

Se  trouve  dans  le  caecum  et  le  côlon  du  cheval  eL  de  l'âne  (voy.  Path.^ 
p.  228). 


GENRE  ASCARIDE  (Ascaris,  Linné). 


d'au- 


Vers  ordinairement  blancs  ou  jaunâtres,  cylindriques,  amincis  de  pari 
ire,  ayant  quatre  lignes  longitudinales  opaques,  diamé- 
tralement opposées ,  correspondant  aux  divisions  de  la 
masse  musculaire;  tégument  strié  transversalement  ;  tête 
munie  de  trois  valves  distinctes,  presque  semblables,  con- 
vexes ou  semi-globuleuses,  dont  une  supérieure  et  deux  la- 
térales inférieures,  fendues  intérieurement,  et  pourvues 
de  dentelures  microscopiques;  bouche  située  entre  les  valves; 
œsophage  musculeux,  cylindrique  ou  en  massue,  ou  en  forme 
de  pilon,  pourvu  d'un  canal  triquètre;  ventricule  peu 
apparent,  quelquefois  non  distinct  de  l'œsophage;  intestin 
muni  quelquefois  d'un  cœcum  ou  appendice  pylorique. 

—  Mâle  plus  petit  que  la  femelle;  queue  recourbée  ou  enroulée,  nue  ou  pourvue 


Fig.  'Si.  Extrémité 
céplialique  de  l'as- 
caride lombricoïde 
fortement  grossie. 


|.\|\  SYNOPSIS. 

do  deux  ailes  latérales  membraneuses,  ou  de  deux  séries  de  papilles,  plus 
rarement  d'une  ventouse;  deux  spicules  plus  ou  moins  arqués. 
—  femelle  à  queue  plus  droite  et  plus  longue;  vulve  située  en  acunl  du  milieu 
ou  même  du  premier  tiers;  vagin  simple,  utérus  simple,  puis  divisé  en  deux 
ou  plus  de  deux  branches  longues,  filiformes,  enroulées  uulour  de  l'intestin,  el 
formant  l'oviducle  et  l'ovaire;  œufs  elliptiques  ou  globuleux ,  éclosant  quel- 
quefois dans  le  corps  de  la  mère. 


l'u,.  :j',i. Dentelures  îles  valves  de  l'ascaride mégaloccpliale,  grossies  3i0  fois.—  a,  vues  de  profil; 

b,  \iies  de  face. 

Le  genre  ascaride  est  très  nombreux  en  espèces,  qui  se  trouvent  presque 
toujours  dans  l'intestin  chez  les  vertébrés  des  différentes  classes. 


57 


Tclc 


ASCARIDE  LOMBRICOÏDE  (Ascaris  lumbricoides,  Limné). 

nue,  bouche  petite,  pourvue  de  trois  valves  finement  denliculécs  eu  dedans; 
corps  atténué  vers  les  deux  extrémités,  strié  transversalement. 
=  Mâle,  long  de  15  à  17  centimètres;  extrémité  caudale  co- 
nique, infléchie;  deux  spicules  courts,  aigus,  légèrement  arqués. 
=  Femelle  longue  de  20  à  cj5  centimètres;  vulve  située  en 
avant  du  milieu  du  corps;  deux  ovaires  filiformes;  œufs  longs 
de  0mm,075,  larges  de  0,nm,05S  ;  à  coque  mince,  lisse,  recou- 
verte d'une  enveloppe  transparente,  muriforme,  blanche;  demi- 
opaque  et  brunâtre  après  la  ponte. 


l-iu.  40.  —  Dou- 
che de  l'asca- 
ride lombricoïde 

grossie,  vue    de 
face. 


(Voy.  asc.  lombric,  mâle  et  femelle,  et  tête  vue  de  profil,  fig.  31 , 
32,  38.  L'œuf  et  l'embryon,  fig.  33,  a,  p.) 


L'œuf  de  l'ascaride  lombricoïde  ne  se  développe  pas  dans  l'intestin  ;  il  est 
toujours  expulsé  avec  les  garderobes  avant  qu'il  ne  se  manifeste  en  lui  aucun 
phénomène  de  segmentation  (voy.  fig.  33,  a).  Celle-ci  se  fait  à  la  manière 
ordinaire,  c'est-à-dire  que  le  vitellus  tout  entier  prend  part  au  fractionne- 
ment :  les  sphères  de  segmentation  se  subdivisent  de  plus  en  plus,  successi- 
vement comme  nous  l'avons  figuré  (de  b  en  k)  ;  le  vitellus,  ayant  acquis  un 
aspect  muriforme,  se  déprime  sur  un  côté  et  devient  réniforme;  on  aperçoit 
ensuite  les  linéaments  de  l'embryon  qui  bientôt  se  meut  lentement  dans  la 
coque  de  l'œuf. 

L'embryon  (p)  est  cylindrique;  sa  longeurestde  0m,n,2ë  ;  l'extrémité  anté- 
rieure est  obtuse  ;  les  valves  de  la  bouche  ne  sont  pas  apparentes;  l'extrémité 
caudale  est  brusquement  amincie  et  terminée  en  pointe. 


Le  développement  de  l'œuf  de  l'ascaride  lombricoïde  demande  toujours  un 


SYNOPSIS.  LXV 

long  espace  de  temps  ;  cet  œuf  traverse  l'automne  et  l'hiver  avant  que  la  seg- 
mentation ne  commence;  il  peut  même  rester  un  an  dans  son  état  d'inertie. 
En  été,  le  développement  commence  plus  tôt,  quoiqu'il  soit  toujours  très  lent. 
L'embryon  reste  renfermé  dans  la  coque  dont  il  ne  sort  jamais  spontanément; 
il  y  vit  plus-d'un  an,  en  sorte  que  dans  les  cas  où  l'œuf  s'est  développé  tar- 
divement, il  peut  s'écouler  plus  de  deux  ans  entre  la  ponte  et  le  terme  de  la 
vie  embryonnaire. 

D'après  nos  observations  et  des  expériences  faites  sur  le  chien,  nous  croyons 
pouvoir  établir  que  l'embryon  reste  renfermé  dans  la  coque  jusqu'à  ce  que 
l'œuf  soit  rapporté  dans  l'intestin,  et  que  là,  l'action  des  sucs  intestinaux  ra- 
mollissant cette  coque,  l'embryon  la  perce  et  se  trouve  dans  l'organe  qu'il  ne 
doit  plus  quitter  pour  atteindre  l'étal  adulte  (1)  (voy.  Pa/h.,  p.  128). 

L'ascaride  lombricoïde  vit  dans  l'intestin  grêle  de  l'homme,  et  probable- 
ment aussi  chez  le  bœuf  (voy.  Path.,  p.  120,  233) 

G  S  ASCARIDE  DU  COCHON  (Asc.  Suilla,  DujARDm). 

Très  semblable  à  celui  de  l'homme;  différences  :  stries  plus  étroites;  œufs  plus 
petits;  deux  utérus  quatorze  fois  plus  longs  que  dans  l'ascaride  lombricoïde; 
ovaires  autrement  disposés  ;  spicules  du  mâle  moins  aigus. 

59  ASCARIDE  DU  CHEVAL  (Ascaris  megalocephala,  Cloquet). 

Tête  pourvue  de  trois  valves  arrondies,  saillantes,  très  fortes  ;=mâle  long  de  24  cen- 
timètres ;  queue  pourvue  de  deux  ailes  latérales  ;  =  femelle  longue  de  20  à  32  cen- 
mètres  ;  queue  conoïde,  mucronée;  vulve  située  au  quart  antérieur;  œufs  rouds, 
diamètre  Omm,09  à  Omm,10. 

Très  commun  dans  l'intestin  grêle  du  cheval  ;  il  existe  aussi  chez  l'âne,  le 
mulet,  le  zèbre  (voy.  Path.,  p.  228). 

60  ASCARIDE  AILÉ  (Ascaris  alala,  Bellingham). 

\ 
Femelle  longue  de  88  millimètres;  l'extrémité  antérieure  infléchie,  munie  de  deux 

ailes  membraneuses  demi-transparentes,  longues  de  3mm,lG,  plus  larges   en 

arrière  ;  extrémité  caudale  conique,  marquée  d'une  tache  noire. 

Deux  femelles  ont  été  trouvées  une  seule  fois  dans  l'intestin  de  l'homme,  par  Bel- 
lingham, en  Irlande.  Cet  auteur  croit  que  la  même  espèce  avait  déjà  été  observée 
une  fois  auparavant  par  le  docteur  J.-V.  Thompson. 

Ces  vers  ressemblent  à  l'ascaride  du  chat  (Duj.). 

(1)  C.  Davaine,  Recherches  sur  le  développement  et  la  propagation  du  trichocé- 
phale  de  l'homme  el  de  l'ascaride  lombricoïde.  (Comptes  rendus  des  séances  de  V Aca- 
démie des  sciences,  t.  XLVI,  séance  du  21  juin  1858.;  —  Id.,  avec  un  complé- 
ment (Journal  de  la  physiol.  de  l'homme  et  des  animaux,  par  lSiowu-Séquard,  t.  11, 
p.  295,  1859). 

Davaine.  e 


Lxvi 


SYNOPSIS. 


61 


ASCARIDE  DU  MOUTON  (Ascaris  ovis,  RUDOMHl). 


Ascaride  indéterminé,  trouvé  une  seule  fois,  à  Vienne,  dans  l'intestin  du 
mouton. 
G'2  ASCARIDE  DU  CHAT  (Ascaris  myslax,  Zeder). 

Tête  infléchie,  pourvue  de  deux  ailes  membraneuses  semi-ovales  ;  valves  de  la 
bouche  arrondies,  petites.  =  Mâle,  long  de  3  à 
6  centimètres  ;  partie  postérieure  pourvue  de  deux 
ailes  peu  saillautes  et  de  deux  rangées  de  treize  à 
quinze  papilles  ;  spicules  recourbés  ;  =  femelle  longue 
de  5  à  10  centimètres;  vulve  située  vers  le  quart 
antérieur  ;  deux  oviducles  et  ovaires  ;  œufs  presque 
globuleux,  revêtus  d'un  épaississemenl  réticulé  ou 
alvéolé. 

Ce  ver  existe  dans  l'intestin  grêle  du  chat  do- 
mestique et  sauvage,  du  lynx,  du  guépard,  du  tigre? 
Variété  chez  le  lion  (voy.  Palh.,  p.  231). 


63  ASCARIDE  DU  CHIEN  (Ascaris  marginala,  Linné). 

Tête  à  lobes  convexes,  portant  chacun  une  papille  sail- 
lante au  milieu  de  leur  convexité  et  une  mince 
bordure  denticulée  sur  leur  contour;  deux  ailes  la- 
térales semi-elliptiques;  =  Longueur  du  mâle, 
5  à  9  centimètres;  extrémité  caudale  portant  deux 
ailes  étroites  avec  quinze  papilles  de  chaque  côté  ; 
=  Iongueurde  la  femelle,  9  à  12  centimètres;  vulve 
située  en  avant  du  quart  antérieur;  œufs  presque 
globuleux,  réticulés  à  la  surface. 

Ce  ver  existe  communément  dans  l'intestin  grêle 
du  chien  et  du  loup  (voy.  p.  231). 


Fie.  41  (d'après  Gémis  et 
Van  Beneden).  —  Asca- 
ris mystax  (du  guépard). 
—  a,  le  mâle  ;  b,  la  fe- 
melle; c,  d,  expansions 
aliformes  de  l'extrémité 
antérieure,  \ucs  de  face  el 
de  profil. 


(SU  On  trouve  encore  parmi  les  animaux  domes- 
tiques: 1' Ascaris  vesicularis  chez  le  coq  domestique 
et  le  dindon  ;  I'Ascaris  dispar  chez  l'oie  domestique; 
I'Ascaris  inflexa  chez  le  coq  domestique;  I'Ascaris  maculosa  chez  le  pigeon; 
I'Ascaris  perspigillum  chez  le  dindon  ;  I'Ascaris  gibbosa?  chez  le  coq  domes- 
tique. 

GENRE  SPIROPTÈRE  {Spiroplera,  Rbdolphi). 

«  Vers  blanchâtres  ou  rougeatres,  à  corps  cylindrique,   aminci  en  avant  ou  de 
pari  et  d'autre;    télé  nue  ou  munie   de  quelques  papilles;   bouche  ronde, 


SYNOPSIS.  LXVll 

quelquefois  suivie  d'un  pharynx;  œsophage  simple,  long,  charnu,  cylindri- 
que ou  en  massue,  quelquefois  suivi  d'un  petit  ventricule  globuleux  à  côté 
duquel  l'intestin  envoie  en  avant,  un  appendice  en  cœcum  plus  ou  moins 
long  ;  tégument  à  stries  transverses  ;  anus  en  avant  de  l'extrémité  caudale. 

«  —  Mâle  à  queue  ordinairement  enroulée  en  spirale,  munie  d'expansions  mem- 
braneuses ou  vésiculeuses ,  avec  deux  spicules  inégaux. 

»  —  Femelle  à  queue  conique,  droite  ;  ovaire  simple  ou  double.  » 

Les  spiroplères  vivent  chez  les  animaux  vertébrés,  principalement  chez  les 
mammifères  et  les  oiseaux  ;  ils  habitent  souvent  entre  les  tuniques  de  l'esto- 
mac ou  dans  des  tubercules  de  cet  organe  et  de  l'œsophage  ;  rarement  dans 
d'autres  régions  ;  un  très  petit  nombre  est  libre  clans  la  cavité  de  l'intestin. 


65 


SPIROPTÈRE  DE  L'HOMME  {Spir.  hominis,  Rudolpm). 


Corps  blanchâtre,  mince,  très  élastique,  aminci  aux  deux  extrémités  et  roulé  eu 
spirale;  tête  tronquée,  paraissant  munie  d'une  ou  deux  papilles;  queue  de  la 
femelle  plus  épaisse,  terminée  puivuue  pointe  très  courte,  obtuse,  mince  et  dia- 
phane; celle  du  mâle  terminée  par  une  pointe  plus  mince,  plus  longue,  à  la  base 
de  laquelle  se  voit  une  aile  mince  et  très  courte  et  un  petit  tube  médian,  cylin  • 
drique,  qui  est  peut-être  la  gaîne  du  pénis.  =  Mâle  long  de  18  millimètres. 
=  Femelle  longue  de  22mm,5. 


Trouvé  une  seule  fois  à  Londres,  dans  les  urines,  chez  une  femme  qui  en 
expulsa  longtemps  et  en  grand  nombre. 
Espèce  probablement  fictive  (voy.  Path. , 
p.  289). 

66     SPIROPTÈRE  MÉGASTOME  {Spir' 
megasloma,  Rudolphi). 

Corps  inerme,  droit,  atténué  également  aux 
deux  extrémités;  tète  séparée  par  uiv 
étranglement,  munie  de  quatre  lobes  élar- 
gis, opposés  par  paires  ;  bouche  grande. 
=  Mâle  long  de  7",m,5  ;  partie  postérieure 
fortement  enroulée  une  ou  deux  fois  ;  queue 
obtuse,  munie  d'ailes  membraneuses;  deux 
spicules  arqués  inégaux.  =  Femelle  longue 
de  11  millimètres;  vulve  située  vers  le 
tiers  de  la  longueur;  œuf  oblong,  presque 
linéaire,  sans  enveloppe  visible,  devenant 
un  embryon  replié  en  deux. 

Vivant  dans  des  tubercules  de^OjLoma^ 
du  cheval  (voy.  Path  ,  p.  691)- 


Fio.  H  (d'après  Bayer).  —  I,  tubercule  ver- 
mineux  de  l'çesqphage  du  chien,  demi- 
nature;  —  2,  spirôp'lère  ensanglante 
demi-nature.  — a,  femelle;  b,  mâle. 


tfcViII  SYNOPSIS. 

07  SPIROPTÊRE  ENSANGLANTÉ  („S'/jiV.  sanguinolente) ,  Rudolmii). 

Corps  inerme,  rougeâtre  ;  tète  nue,  plus  étroite  que  le  corps;  bouche  grande,  entourée 

de  papilles  ou  ù  bord  ondulé.  =Mdle,  long  de  iû  à  54  millimètres,  à  queue  con- 
tournée une  ou  deux  fois  et  munie  de  deux  ailes  vésiculeuses  striées  et  de  deux 
rangées  de  papilles  rétractiles  ;  deux  spicules  inégaux  et  dissemblables. 

Vivant  dans  des  tubercules  de  l'œsophage  et  de  l'esLomic  du  chien  el  du 
loup  (voy.  Path.,  p.  684). 

08  SPIROPTÊRE  STltONGLE  (Spir.  strongylina,  lU'uoU'lii). 

Corps  inerme;  tète  non  ailée;  bouche  nue.  =  Mâle  long  de  11"1"1, 3  à  l3min,S. 
Spicule  très  long.  =  Femelle  longue  de  la""", 8  à  20""", 3. 

Dans  l'estomac  du  cochon  et  du  sanglier,  en  Allemagne  (voy.  Path., 
p.  229). 

69  On  connaît'  encore  parmi  les  animaux  domestiques  :  chez  le  coq  le 
Spiuoptera  hamulosa  qui  se  trouve  dans  des  tubercules  à  la  surface  du 
ventricule,  et  chez  l'oie  le  Spiuoptera  uncinata,  dans  des  tubercules  de 
l'œsophage. 

GENRE  TRICHINE  (Trîchina,  Owen). 

Genre  créé  par  M.  Owen,  pour  un  petit  ver  nématoïde  troiné  dans  les 
muscles  de  l'homme;  mais  ce  ver,  imcomplélement  développé,  appartient  au 
genre  trichosome  ou  trichocéphale. 

70  TRICHINA  SHRALIS  (Owen). 

Corps  enroulé  en  spirale,  formant  ordinairement  deux  tours,  aminci  régulièrement 
d'arrière  en  avaut;  extrémité  antérieure  plus  amincie,  extrémité  postérieure 
obtuse,  arroudie;  tube  intestinal  toruleux  dans  sa  première  partie;  ventricule 
petit,  pyriforme,  accompagné  de  deux  appendices  indéterminés  ;  anus  terminal. 
Tube?  situé  dans  la  seconde  moitié  du  corps,  parallèle  à  l'intestin,  borgne  aux 
deux  extrémités  (organe  génital  interne  rudimentaire?).  Longueur  du  ver  0,nin,8 
à  l,m",ll  ;  largeur  de  l'extrémité  antérieure  0,nm,008,  de  l'extrémité  posté- 
rieure 0mm,02.  (Voy.  la  trichine  dans  son  kyste,  Path.,  fig.  24,  23,  26.) 

La  trichine  existe  chez  l'homme  dans  les  muscles  à  fibres  striées,  ren- 
fermée dans  un  kyste  (voy.  Path  ,  p.  672). 

Suivant  M.  Kuchenmeister.  ce  ver  serait  un  trichocéphale  dispar  incom- 
plètement développé  (■!).  Son  organisation  le  rapproche,  en  effet,  destrichxé- 

(1)  Il  serait  plus  rationnel  de  supposer  que  la  trichine  est  la  larve  d'un  tricho- 
céphale ou  d'un  trichosome,  qui  devient  adulte  chez  un  autre  animal  et  qui,  ne 
trouvant  pas  dans  le  canal  intestinal  de  l'homme  des  conditions  d'existence,  le 
quitte  en  s'engageanlà  travers  les  parois  intestinales;  mais  il  est  bien  plus  probable 
que  la  trichine  est  la  larve  d'un  trichosomien  qui  acquiert  un  développement  corn- 


SÏ'NOPSIS.  l.XIX 

phales  ou  des  trichosomes  auxquels,  à  l'étal  adulte,  il  devrait  être  rapporté; 
mais  il  y  a  toute  raison  de  croire  qu'il  n'est  pas  la  larve  du  Irichocéphale  dis- 

par:  les  œufs  de  ce  dernier  ver  se  développent  hors  du | 

canal  intestinal  de  l'homme,  longtemps  après  leur  expul- 
sion; lorsque  l'embryon,  développé  et  encore  enfermé 
dans  l'œuf,  revient  dans  le  tube  digestif  de  l'homme,  il 
se  trouve  dans  son  séjour  normal,  et  ne  doit  point  être 
sollicité  à  énigrer  de  l'organe  où  il  deviendra  adulte. 

Plusieurs  espèces  de  Trichines?  trouvées  dans  des 
kystes  chez  quelques  animaux,  n'ont  été  rapprochées  de 
celle  de  l'homme  que  par  le  fait  de  leur  existence  dans 
un  kyste,  de  leur  enroulement,  de  l'absence  d'organes 
génitaux,  et  de  leur  petitesse;  pour  que  le  rapproche- 
ment fût  justifié,  il  eût  fallu  qu'on  eût  reconnu  dans  ces 
vers  les  caractères  organiques  propres  aux  trichosomes 
ou  aux  trichocéphales. 

71  GENRE  TRICHOSOME. 

Vers  filiformes,  très  minces,  très  allongés,  composés  de  deux 
parties:  l'antérieure  plus  courte,  très  amincie  en  avant, 
contenant  l'œsophage  ou  l'intestin  toruleux;  la  posté- 
rieure égale,  contenant  l 'intestin  plus  ou  moins  bosselé, 
et  les  organes  génitaux  ;  extrémité  postérieure  obluse, 
anus  terminal. 

—  Mâle  pourvu  d'un  long  spicule  simple,  renfermé  dans 
une  gaine  membraneuse  extensible. 

—  Femelle,  vulve  située  à  la  jonction  de  la  partie  antérieure  et  postérieure, 
munie  quelquefois  d'un  appendice  saillant  en  forme  d'entonnoir;  ovaire  et 
oviducle  simples  ;  œufs  oblongs,  prolongés  aux  extrémités  et  terminés  par  un 
boulon  translucide,  comme  chez  les  trichocéphales. 

Les  trichosomes  sont  ordinairement  d'une  extrême  ténuité,  et  relativement 
1res  longs;  ils  vivent  généralement  dans  le  tube  digestif  des  animaux  verté- 
brés ;  quelques  espèces  habitent  la  vessie  urinaire,  la  trachée-artère  et  même 
les  parois  du  tube  intestinal . 

(*)  Trkhina  spiralis,  fortement  grossie. — a,  légumcnls;  b,  couche  musculaire;  c,  extrémité  cé- 
plia^iquo  ;  d,  extrémité  caudale  cl  anus;  e,  oesophage;  /',  /',  lulie  intestinal;  i,  h,  luhc  génital  rudi- 
mcnlaire;  en  i,  dépôt  indéterminé,  à  l'intérieur  de  ce  luhc  (d'après  Brislowc  et  Rainoy). 

plet  dans  les  tissus  chez  d'autres  animaux  et  qui  chez  l'homme  est  égaré  et  ne  peut 
devenir  adulte.  On  connaît  plusieurs  espèces  de  trichosomes  qui  vivent  dans  les 
tissus  et  qui  y  sont  adultes  ;  tels  sont  :  le  trichosome  {calodium)  de  la  musaraigne, 
dans  la  rate  ;  les  trichosoma  obtusiusculum,  dispar,  contorlum,  qui  vivent  dans  les 
tuniques  de  l'œsophage  et  de  l'estomac  chez  plusieurs  oiseaux.  D'autres  vivent  dans 
la  trachée-artère,  les  bronches,  la  vessie. 


LXX  SYNOPSIS. 

Parmi  les  animaux  domestiques,  on  trouve:  chez  le  chien,  le  Tmch.plica 
dans  la  veBsie  urinaire  ;  chez  l'oie,  le  Tmcn.  biievicolle  dans  le  cfscum  ;  chez 
es  gallinacés,  le  Tmch.  longicoue  dans  lo  gros  intestin. 


GENRE  TRICHOGÉPHÀLE  {Trtchocephulus,  Goeèb). 

«  Corps  trèsallongé,  formé  dedeux  parties,  V antérieure  plus  longue,  filiforme  t  très 

amincie  en  avant  et  contenant 
seulement  l'œsophage  ou  une 
première  portion  tondeuse  de 
l'intestin;  l'autre  partie  ou  la 
postérieure,  subitement  renfilée, 
contient  le  reste  de  l'intestin  et 
les  organes  génitaux.  L'ànùs 
est  à  Vexlrèmité  qui  finit  en 
pointe  obtuse. 

—  Mâle,  avec  un  spicule  simple, 
tubuleux ,  contenu  dans  une 
gaine  renflée  ou  vésiculeuse,  de 
forme  variable,  et  sortant  à 
l'extrémité  postérieure. 

—  Femelle,  à  ovaire  simple,  re- 
plié dans  la  partie  postérieure, 
terminé  en  avant  par   un  ovi- 


Fic.  44.  —  Tricliocépliulc  de  l'honinio.  —  1,  mâle, 
grandeur  naturelle  ;  —  2,  femelle,  grandeur  natu- 
relle ; — 3,  extrémité  céphalique  grossie  ;  —  4,  extré- 
mité caudale  du  mâle  grossie.  —  a,  anus  ;  b,  b  spi- 
cule ;  c,  c,  gaine  du  spicule. 


ducte  charnu  qui  s'ouvre  au  point  de  jonction  des  deux  parties  du  corps  ; 
œuf  oblong,  revêtu  d'une  coque  résistante,  prolongée  en  un  goulot  court, 
arrondi,  translucide  aux  deux  extrémités  »  (Dujardin). 

L'organisation  des  Irichocéphales  ressemble  beaucoup  à  celle  des  tricho- 
somes;  les  premiers  diffèrent  des  seconds  principalement  par  le  renflement 
brusque  et  la  plus  grande  épaisseur  de  la  partie  postérieure  du  corps  ;  le  tube 
digestif,  l'organe  copulateur  du  mâle  et  l'œuf  sont  conformés  sur  un  même 
type  dans  les  deux  genres  qui  constituent  une  famille  très  naturelle. 

Les  Irichocéphales  vivent,  pour  la  plupart,  dans  le  cœcum  ou  dans  le  gros 
intestin  de  l'homme  et  des  mammifères;  ils  sont  inconnus  dans  les  autres 
classes  des  vertébrés. 


1-2 


TRICHOCÉPHALE  DE  L'HOMME  (Trich.  dispar,  Rudolphi). 


Tégument  strié  transversalement  à  l'exception  d'une  bande  longitudinale  hérissée 
de  petites  papilles;  cou  très  long,  capillaire.  =  Mâle,  long  de  37  millimètres; 
partie  postérieure  enroulée  ;  spicule  long,  contenu  dans  une  gaine  cylindrique 
renflée  et  vésiculeuse  à  l'extrémité,  hérissée  de  pointes  ;  —  femelle,   longue  de 


SYNOPSIS.  LXX1 

34  à  50  millimètres;  partie  amincie  formant  les  deux  tiers  delà  longueur  totale, 
partie    postérieure ,    ou   renflée, 
droite  ou  arquée  ;  queue  en  pointe 
mousse;  œuf  long  de  0mœ,053, 
large  de  Qlum,024. 


Les  œufs  du  trichocéphale,  pon- 
dus dans  l'intestin,  sont  évacués  avec 

les  fèces;  ils  ne  se  développent  que      „      ,  _        ~  ,  ,    ...     ,  ,  ,     , '  ,„ 

rr         H  Fig.  45.  —  Œuf  du  trichocepnala  do  llionime.  — 

plusieurs    mois    après.    L'embryon         fl,  grossi  70  fois;  6,  340  fois. 
reste   longtemps    enfermé   dans    la 

coque  et  vivant;  il  n'est  mis  en  liberté  que  lorsque  l'œuf  rentre  dans  le  tube 
intestinal  de  l'homme,  apporté  par  les  aliments  ou  les  boissons.  Le  développement 
du  trichocéphale  et  les  conditions  de  sa  propagation,  sont  en  tout  semblable  à  ceux 
de  l'ascaride  lombricoïde  (voy.  ci-dessus,  p.  lxiv). 

Le  trichocéphale  dispar  existe  dans  le  caecum  chez  l'homme;  plus  rarement 
dans  l'intestin  grêle  ou  le  côlon. 

73  TRICHOCÉPHALE  VOISIN  (Trich.  afflnis,  Rudolphi). 

Tète  avec  deux  renflements  latéraux  vésiculeux,  en  forme  d'ailes;  papilles  de  la 
bande  longitudinale  plus  fortes  sur  les  bords.  =  Mâle  long  de  80  millimètres; 
spicule  pointu  ,  très  long;  gaîne  tubuleuse,  cylindrique,  très  longue.  =  Femelle 
longue  de  60  à  70  millimètres,  à  queue  obtuse;  œuf  long  de  0rara,07. 

Vivant  dans  le  caecum  chez  les  ruminants  des  genres  cervus,  anlilope,  ovis 
et  bos.  Le  trichocéphale  du  chameau  et  du  dromadaire  est  probablement  delà 
même  espèce.  Le  trichocéphale  voisin  aurait  encore  été  trouvé  dans  l'amygdale 
chez  l'homme,  d'après  une  observation  probablement  erronée  (voyez  Path., 
p.  206). 
lk  TRICHOCÉPHALE  DÉPRIMÉ  {Trich.  depressiusculus,  Rudolphi). 

Dans  le  caecum  chez  le  chien  et  le  renard. 

75  TRICHOCÉPHALE  CRÉNELÉ  (Trich.  crenatus,  Rudolphi). 

Dans  le  gros  intestin  du  cochon  et  du  sanglier.  Il  ne  diffère  pas  assez  du 
Trich,  dispar  pour  qu'on  puisse  le  regarder  sûrement  comme  une  espèce  dis- 
tincte. • 

GENRE  FILAIRE  (Filaria,  Muller). 

«  Versblancs,  jaunâtres  ou  rouges,  élastiques,  cylindriques,  filiformes,  très  longs, 
de  quatre-vingts  à  cinq  cents  fois  plus  longs  que  larges,  quelquefois  un  peu 
amincis  vers  une  des  deux  extrémités;  tête  continue  avec  le  corps,  nue  ou 
munie  de  papilles  saillantes,  ou  de  pièces  cornées  constituant  une  sorte  d'ar- 
mure externe  ou  interne;  bouche  ronde  ou  triangulaire  ;  œsophage  court, 


i.Wll  SYNOPSIS. 

tubuleux,  plus  étroit  que   l'intestin;  anus  terminal  ou   suivi  d'une  queue; 
tégument  lisse  ou  finement  strié  en  travers. 

»  —  Mfilo,  à  queue  souvent  obtuse  et  quelquefois  munie  d'une  dite  membraneuse 
entourant  l'extrémité  ;  spicule  principal  très  long, 
plus  ou  moins  tordu;  spicule  accessoire  ordinaire- 
ment tordu  et  obliquement  strié. 
»  —  Femelle,  à  vulve  située  très  près  de  l'extrémité 
antérieure;  œufs  elliptiques  ou  presque  globuleux, 
ordinairement  lisses,  longs  de  0""",02  à  0""",06; 
éclosant  quelquefois  dans  le  corps  de  la  mère  » 
(Dujardin). 

Les  filaires  se  trouvent  chez  les  animaux  verté- 
brés, principalement  chez  les  mammifères  et  les 
oiseaux,  plus  rarement  chez  les  reptiles.  Elles  exis- 
tent dans  des  organes  très  différent;:,  à  l'exception 
du  canal  digestif. 

Les  filaires  des  poissons  appartiennent  probable- 
ment à  d'autres  genres. 


76 


FILAir.E?  DE  L'OEIL  HUMAIN. 


Variété  ou  espèce  A, 
(Diesing). 


Film 


1  enfin 


FlG.  4G.  —  Embryons  de  la 
Blaire  de  l'homme.  —  1 ,  vus 
au  grossissement  de  G5  dia- 
mètres ; — 2,  tète  vue  au  gros- 
sissement de  350  diamètres  ;    Corps    filiforme,    égal,    blanc    ou    rougeâtre ,   bouche 

inerme  ;  anus  distinct,  terminal;  vulve  située  à  l'ex- 
trémité caudale;  mâle?  beaucoup  plus  petit  que  la 
femelle. 


—  3,  fragment  présentant  la 
naissance  de  la  queue,  même 
grossissement  ;  en  a,  l'anus. 


Trois  fois  des  vers  nématoïdes  ont  élé  trouvés  dans  le  cristallin  chez 
l'homme  ;  leur  description  laisse  beaucoup  à  désirer,  mais  il  est  probable  que 
tous  ces  vers  appar  enaient  à  la  même  espèce:  —  1°  deux  individus  examinés 
parNordmann  (Graefe)  étaient  longs  de  1n,m,63;  la  bouche,  le  canal  intes- 
tinal, l'anus,  l'utérus  ?  ont  été  reconnus  ;  —  V  un  individu  examiné  par  Nord- 
mann  (Jiïngken)  avait  1 3  millimètres  de  longueur  ;  non  décrit  ;  —  3°  trois  indi- 
vidus examinés  par  Gescheidt  avaient  :  l'un  1imn,G3  ;  les  deux  autres  4n,m,30 
environ.  Le  premier,  considéré  comme  le  mâle,  vu  sa  petitesse,  était  d'un  blanc 
rougeâtre,  et  contourné  en  spirale.  Les  deux  autres  étaient  des  femelles  ; 
elles  étaient  blanches,  assez  droites,  avec  la  queue  un  peu  recourbée  en 
dedans.  Chez  ces  nématoïdes,  le  corps  est  égal,  la  bouche  petite,  ronde,  sans 
papilles;  le  canal  intestinal  égal,  droit;  l'anus  terminal  ;  les  ovaires  distincts, 
cylindriques,  contournés  en  spirale  ;  la  vulve  formant  un  cloaque  avec  l'anus, 
l'extrémité  caudale  renflée  et  garnie  d'une  pointe  fine,  courte  et  crochue. 


SYNOPSIS.  LXXTM 

Trouvée  dans  l'humeur  de  Morgagni  chez  des  individus  affectés  de  cala- 
racle  (voy.  Palh.,  p.  734). 

Variété  ou  espèce  B.  —  Filaire  de  la  chambre  antérieure. 

Ver  nématoïde  observé  chez  un  homme  dans  l'humeur  aqueuse  de  la 
chambre  antérieure  de  l'œil,  par  le  docteur  Quadri  ;  non  décrit  (voy.  Palh., 
p.  738). 

Variété  ou  espèce  C.  — Filaire  de  l'orbite  [Loa,  Guyot). 

Vers  cylindrique,  très  blanc,  plus  dur,  et  moins  long  proportionnellement  que  la 
filaire  de  l'homme;  longueur,  32  millimètres;  grosseur  un  peu  moindre  que 
celle  d'une  chanterelle  de  violon  ;  organes  génitaux?;  mouvements  très  vifs 
(Guyot). 

Espèce  de  filaire  appointie  à  l'une  de  ses  extrémités,  obtuse  à  l'autre  et  longue  de 
30  millimètres;  sa  bouche  est  inerme  (Lestrille). 

Vers  observés  sous  la  conjonctive  des  nègres  au  Congo  et  au  Gabon  (voy. 
Palh  ,  p.  750). 


77 


FILAIRE  DE  L'HOMME  (Filaria  Medinensis,  Gmélin). 


M  aie  inconnu. 

Femelle,  longue  de  50  centimètres  à  4  mètres,  large  de  1  millimètre  à  lmm,1S, 
filiforme,  un  peu  amincie  en  arrière,  blancbc  avec  deux  lignes  longitudinales  oppo- 
sées, larges,  correspondant  à  l'intervalle  de  deux  masses  musculaires  longitudi- 
nales; bouche  orbiculaire,  pourvue  de  quatre  poils  opposés  en  croix?;  queue 
subaiguë,  recourbée  en  crochet;  œuf  éclosant  a  l'intérieur  du  corps  de  la  mère. 
=  2?m'j)'2/onlongde0,mi\75,  épais  de  Omn,,OI  ;  cylindrique,  à  tégument  finement 
strié  en  travers;  extrémité  antérieure  un  peu  atténuée;  extrémité  postérieure 
terminée  en  une  queue  très  longue  et  très  effilée  ;  anus  visible  à  la  naissance  de 
la  queue  (voy.  fig.  46). 

La  filaire  de  l'homme  a  été  rencontrée  aus<i  chez  le  chien.  Elle  n'existe 


FlG.  47.  —  Coupe  en  travers  du  corps  de  la  filaire 
de  l'homme,  grossi  20  fois.  —  a,  a,  la  peau  ; 
6,  6,  masses  musculaires  longitudinales  formées 
de  fibres  aplaties,  longitudinales,  insérées  à  la 
peau  comme  des  feuillets  au  dos  d'un  livre; 
c,  c,  deux  lames  musculaires  minces,  offrant  une 
disposition  de  cellules  à  noyau,  revêtant  les  té- 
guments dans  l'intervalle  des  masses  muscu- 
laires longitudinales.  La  portion  des  téguments 
revêtue  par  cette  lame,  apparaît  extérieurement 
comme  deux  lignes  larges,  longitudinales,  plus 
foncées. 


que  dans  les  contrées  intertropicales  ou  chez  des  individus  qui  ont  récem- 
ment visité  ces  contrées,  en  sorte  que  les  vers  nématoïdes  trouvés  dans  l'œil 
ou  dans  les  bronches?  chez  des  habitants  de  nos  contrées  ne  peuvent  être  rap- 


1AX1V  SYNOPSIS. 

portés  à  celle  filairc.  Elle  vit  dans  les  tissus  qui  forment  les  parois  de  la  tête 

du  tronc  et  les  membres  (voy.  Path.,  p.  G96). 

78  FILAIRE  HÉMATIQUE  (F.  immitis,  Leioy). 

Corps  cylindrique,  arrondi-obtus  aux  extrémités;  bouche  pelite,  ronde,  inerme. 
=  Longueur  du  mule,  12  centimètres;  épaisseur,  0""", 50;  extrémité  caudale  en 
spirale,  avec  un  rang  de  cinq  papilles  et  une  aile  étroite  de  chaque  côté;  pénis 
saillant  à  une  petite  distance  de  l'anus.  =  Longueur  de  la  femelle,  25  centi- 
mètres; épaisseur,  1  millimètre. 

Trouvée  dans  le  cœur  chez  le  chien  (voy.  Palh.,  p.  338). 

Des  vers  nématoïdes  microscopiques  qui  circulent  dans  tous  les  vaisseaux 
chez  certains  chiens,  sont  probablement  les  larves  de  cette  filaire  (voy.  Palh., 
p.  344). 

78  bis.         FILAIRE  A  TROIS  ÉPINES  (F.  trispinulosa,  Gescheidt). 

Corps  blanc,  égal,  plus  fort  relativement  à  la  filaire  de  l'œil  humain,  sensiblement 
aminci  en  arrière;  bouche  arrondie,  avec  trois  petites  papilles  rondes;  pharynx 
assez  large;  canal  intestinal  étroit;  anus  terminal.  =  Femelle,  longue  de 
7  millimètres. 

Trouvée  par  Gescheidt  dans  le  corps  vitré  sous  la  membrane  hyaloïde,  chez 
le  chien  (<l). 

79  FILAIRE  DES  BRONCHES.  —  (Hamularia  hjmphalica,  Treutler). 

Ver  filiforme,  cylindrique,  long  de  27  millimètres  plus  ou  moins,  un  peu  aminci  en 
avant,  un  peu  comprimé  latéralement,  brunâtre,  varié  de  blanc  et  presque  trans- 
parent en  arrière,  avec  la  tète  et  la  queue  obtuses;  deux  crochets  saillants  à  la 
face  inférieure  derrière  la  tète  (spicules  de  l'extrémité  caudale  du  maie,  suivant 
Rudolphi). 

Trouvée  une  seule  fois,  par  Treutler,  dans  les  ganglions  bronchiques  chez 
l'homme  (voy.  Path.,  p.  692). 

80  FILAIRE  LACRYMALE  (Filaria  lacrymalis,  Gurlt). 

Bouche  orbiculaire,  inerme;  corps  filiforme,  atténué  aux  deux  extrémités.  =Mdle 
long  de  15  h  16  millimètres;  queue  formant  un  demi-spirale.  =  Femelle  longue 
de  20  à  22  millimètres  ;  vivipare. 

Trouvée  par  Boneti,  Gurlt,  Gescheidt,  Gerber,  Creplin,  Van  Beneden, 
dans  les  conduits  lacrymaux  ou  entre  les  paupières  du  cheval  et  du  bœuf 
(voy.  Path.,  p.  753). 

(1)  Ammon's  zeitschrift  fur  ophthalmologie,  t.  III,  p.  37,  —  Froriep's  nolizen, 
t.  XXXIX,  p.  55.  —  Rayer,  mém.  cit.,  p.  130. 


SYNOPSIS.  LXXV 

81  FILAIRE  DU  CHEVAL  (Filaria  papillota,  Rudolphi). 

Ver  long  de  5  à  18  centimètres  ;  tète  obtuse  avec  huit  papilles  opposées  et  par  paires 
à  diverses  distances  de  la  bouche  qui  est  très  petite,  terminale.  ==  Mâlek  queue 
recourbée  et  munie  de  deux  ailes  membraneuses  étroites  entre  lesquelles  sort  le 
spicule;  —Femelle,  vulve  située  très  près  de  la  tête.  Vivipare. 

Vivant  dans  la  cavité  abdominale  du  cheval  et  de  l'âne  (et  chez  le  bœuf,  sui- 
vant Gurlt);  on  dit  l'avoir  trouvée  dans  la  cavité  thoracique,  dans  l'œil,  entre 
les  enveloppes  du  cerveau,  et  une  fois  dans  l'intestin,  d'après  Rudolphi. 

81  bis.  FILAIRE?  DE  L'OEIL  DU  CHEVAL  (Sanp,  Kennedy;. 

Ver  ressemblant  à  un  bout  de  fil  de  soie  blanche,  long  de  22  millimètres  plus  ou 
moins,  d'un  blanc  grisâtre,  demi-transparent,  un  peu  plat;  offrant  cinq  places 
lumineuses  (au  microscope)  disposées  en  cercle  près  d'une  des  extrémités  qui  est 
arrondie,  plus  volumineuse  que  l'autre  (probablement  la  tête)  ;  au-dessous  cercle 
lumineux  irrégulier  presque  du  diamètre  du  ver,  d'où  partent  deux  lignes  d'une 
apparence  semblable  qui  s'étendent  dans  toute  la  longueur  du  corps  ;  extrémité 
caudale?  aplatie  (ïwining).  Nageant  par  un  mouvement  analogue  à  celui  de  la 
sangsue. 

Ce  ver  se  trouve  fréquemment  dans  l'œil  du  cheval  aux  Indes;  il  est 
probable  qu'il  diffère  de  ceux  qu'on  a  quelquefois  observés  en  Europe  et  en 
Amérique,  et  qu'il  ne  doit  pas  être  rapporté  à  la  filaria  papillosa  (voy.  Palli. , 
p.  745). 

GENRE  DOC  H  MIE  (Dochmius,  Dujardin). 

«  Vers  à  corps  blanc,  cylindrique,  mince;  lële  obliquement  tronquée  en  dessus, 
contenant  une  large  cavité  pharyngienne  anguleuse;  bouche  latérale;  œso- 
phage musculeux,  renflé  en   arrière;  tégument  finement  strié  en  travers. 

»  —  Mâle,  extrémité  postérieure  tronquée,  terminée  par  une  large  expansion 
membraneuse  rapprochée  en  forme  de  bourse  ou  bien  ouverte  etcampanulée, 
formée  de  deux  lobes  latéraux  soutenus  par  des  côtes  rayonnantes  et  réunies 
en  arrière  par  la  pointe  caudale,  qui  est  élargie  elle-même  en  un  lobe  aigu, 
recourbé  en  dedans;  deux  spicules  longs  et  grêles. 

»  —  Femelle  à  queue  amincie,  droite,  conique,  obtuse  ou  mucronée;  vulve  située 
en  arrière  du  milieu,  aux  deux  tiers  environ  de  la  longueur  »  (Dujardin). 

Les  espèces  du  genre  dochmie  vivent  dans  l'intestin  de  quelques  mammi- 
fères carnivores,  et,  d'après  Diesing,  d-e  quelques  ruminants. 

82  DOCHMIE   HYPOSTOME  (Doch.  hypostomus,  Diesing). 
Mâle  long  de  15  millimètres.  =  Femelle  de  20  millimètres. 

Vivant  dans  l'intestin  du  mouton,  de  la  chèvre  et  de  quelques  autres  rumi- 
nants. 


I..WVI  SYNOPSIS. 

83  DOOHMIE  DES  CHATS  (Dochmius tubœformis,  Dujarmn). 

Boucha  ouverte  en  dessous  et  en  travers  comme  celle  d'un  serpent,  garnie  de  chaque 
côté  d'une  forte  dent  à  trois  pointes.  =  Mâle  long  de  7  millimètres.  =  Femelle 
longue  de  10  millimètres. 

Trouvée  dans  le  duodénum  du  chat  domestique  el  de  quelques  autres 
chats,  en  Europe  et  en  Amérique. 

8'i  DOCHMIE  TRIGONOCÉPHALE  (Doch.  Irigonocephalus ,  Dujardin). 

Variété  ou  espèce  A  (du  tube  digestif). 

Tète  obliquement  tronquée,  irrégulière;  bouche  latérale,  vaste,  enveloppée  par 
deux  larges  lobes  ;  œsophage  claviforme,  musculeux.  =  Mâle,  long  de  C  à  7  milli- 
mètres, ayant  le  corps  terminé  par  deux  lobes  latéraux  assez  larges,  formant  une 
bourse  ou  une  cloche.  =  Femelle,  longue  de  13  à  14  millimètres,  à  queue  amincie, 
mucrouée  ;  œufs  longs  de  0"un,07;  larges  de  0""",04. 

Vivant  dans  l'estomac  et  l'intestin,  chez  le  chien,  le  loup,  le  renard. 

Variété  ou  espèce  B  (des  cavités  droites  du  cœur). 

«  Vers  cylindriques,  filiformes,  un  peu  atténués  à  chacune  des  extrémités,  longs 
de  14  à  17  millimètres,  larges  de  28  à  30  centièmes  de  millimètre  ;  corps  blan- 
châtre ou  rosé,  marqué  chez  quelques-uns  d'une  sorte  de  spirale  rougeatre  sou- 
vent interrompue  et  qui  dessine  le  tube  digestif  à  travers  les  téguments.  Tète 
pourvue  de  deux  lobes  peu  saillants;  ouverture  de  la  bouche  circulaire,  un  peu 
latérale,  béante;  œsophage  à  peu  près  cylindrique  dans  la  plus  grande  partie  de 
son  étendue,  se  renflant  un  peu  avant  son  insertion  à  l'intestin  :  celui-ci  environ 
trois  ou  quatre  fois  plus  large  que  l'œsophage,  décrivant  un  trajet  sinueux  ;  anus 
pas  tout  à  fait  terminal.  =  Mâle,  deux  spicules  assez  longs,  très  grêles,  presque 
égaux  ;  une  bourse  caudale,  à  deux  lobes,  soutenue  par  des  côtes.  (Il  ne  m'a  pas 
été  possible  de  bien  voir  le  testicule,  qui  cependant  m'a  paru  formé  par  un  seul 
tube  s'étendant  jusque  vers  les  deux  tiers  antérieurs  du  corps.  Ces  vers  étaient 
conservés  depuis  plusieurs  mois  dans  l'alcool  lorsque  j'ai  pu  les  étudier.)  = 
Femelle,  queue  amincie  terminée  par  une  pointe,  grêle;  œufs  ovuïdes.  (Je  n'ai 
pas  pu  bien  voir  les  ovaires  ni  l'oviducte  qui,  à  travers  les  téguments,  apparais- 
sent sous  formes  de  tubes  repliés.)  « 

»  Ces  vers  sont  indiqués  comme  existant  dans  l'estomac  et  l'intestin  du 
chien,  où  je  ne  les  ai  point  encore  rencontrés,  malgré  des  recherches  assez 
nombreuses  (l  ).  » 

Trouvés  dans  l'oreillette  et  le  ventricule  droits  du  cœur  et  l'artère  pulmo- 
naire d'un  chien,  par  M.  Serres,  à  Toulouse  (voy.  Path.,  p.  339);  examinés 
par  M.  Baillet. 

(1)  Baillet,  Journ.  desvctérin.du  Midi,  2e  série,  t.  Vil,  p.  72,  Toulouse,  1854. 


SYNOPSIS. 


LXXVIJ 


GENRE  SCLÉROSTOME  (Sclerostoma,  Dojardin) 


Versa  corps  blanc  ou  brunâtre,  cylindrique,  assez  épais  et  assez  roide ; 
tête  globuleuse,  tronquée,  soutenue  à  l'intérieur  par  une  bulbe  ou  capsule 
cornée,  dont  l'ouverture  terminale,  tenant 
lieu  de  bouche,  est  large,  orbiculaire,  di- 
rigée en  avant  et  en  dessous,  limbe  garni 
quelquefois  de  dentelures  ;  œsophage  épais, 
musculeux,  renflé  postérieurement  ;  intes- 
tin large;  tégument  strié  en  travers . 

—  Mâle  muni  d'une  bourse  caudale  large, 
membraneuse,  formée  de  deux  lobes  laté- 
raux, soutenus  par  des  côtes  et  réunis  en 
arrière  par  un  lobe  plus  ou  moins  pro- 
noncé,  représentant  la  pointe  caudale; 
deux  spicules  longs  et  grêles. 

—  Femelle  ayant  l'extrémité  caudale  amin- 
cie, conique;  vulve  située  vers  les  deux 
tiers  de  la  longueur  en  arrière  ;  œufs  ellipti  - 
ques  ou  presque  globuleux. 


Ces  vers  ne  sont  connus  que  chez  quel- 
ques mammifères,  solipèdes,  ruminants,  et 
chez  divers  reptiles  exotiques.  Ils  habitent 
dans  l'intestin ,  aux  parois  duquel  ils  se 
fixent  par  leur  appareil  buccal.  Quelques- 
uns  vivent  dans  les  tissus  et  les  vaisseaux 
sanguins  ;  une  espèce,  qui  devra  sans  doute  être  rapportée  à  un  autre  genre 
(le  S.  syngamus),  vit  dans  la  trachée  de  quelques  oiseaux. 


Kig.  48  (d'après  Rayer).  —  Scléroslome 
armé  anévrysmatiqnc.  —  1 ,  mâle, 
grandeur  naturelle  ;  —  2,  femelle, 
grandeur  naturelle  ; — 3,  extrémité  an- 
térieure fortement  grossie.  — a,  cap- 
sule buccale  complète  ;  6,  œsophage  ; 
c,  l'intestin  entouré  d'une  substance 
grenue,  foie?  —  4,  extrémité  cau- 
dale du  mâle  ;  a,  spiculo  et  pièce 
accessoire?  b,  bourse. 


85 


SCLÉROSTOME  DU  CHEVAL  (Sclerost.  armalum,  Dl'JaîidiN). 


Variété  ou  espèce  A  (intestinal). 


Corps  gris-rougeàtre  ou  brunâtre,  strié  en  travers  et  longituditialement;  tête  glo- 
buleuse, plus  grosse  que  le  corps,  tronquée  en  avant  ;  bouche  largement  ouverte 
et  bordée  par  un  ou  plusieurs  anneaux  garnis  de  dentelure  fines  ou  de  franges 
convergentes;  intestin  entouré  d'une  substance  brunâtre  (foie?).  =  Mâle,  long 
de  27  à  30  millimètres;  bourse  caudale  assez  étalée,  longue  de  0lnm,7.  =  Fe- 
melle, longue  de  35  à  55  millimètres  ;  queue  droite  et  émoussée,  anus  non  ter- 
minal ;  utérus  bicorne  ;  ovaires  longs  enroulés  autour  de  l'intestin  ;  œufs  longs  de 
0m,",09. 


LXXVlll  SYNOPSIS. 


/  arié/ê  ou  espèce  B  (anévrysmatique). 

Corps  blanc  ou  grisâtre  avec  les  extrémités  quelquefois  d'un  muge  vif;  tégument  se 
séparant  facilement  de  la  tunique  musculaire  sous-jacciitc  ;  tête  sphéroïdale, 
tronquée  en  avant;  ouverture  de  la  bouche  petite,  circulaire,  bordée  de  dente- 
lures en  forme  de  cils  ou  d'aiguillons  ;  intestin  rempli  d'une  matière  rougeâtre 
ou  brunâtre.  =  Mâle,  long  de  li  à  16  millimètres;  organes  génitaux  formés  de 
deux?  longs  tubes  disposés  en  spirale;  pénis  long  terminé  en  forme  de  stylet; 
toujours  double  ?.  =  Femelle,  longue  de  18  à  20  millimètres;  vulve  à  la  réunion 
des  trois  quarts  antérieurs  avec  le  quart  postérieur  ;  utérus  bicorne,  transversal 
au  vagin;  œufs  très  petits;  peut-être  rudimenlaires ? . 

Ces  sclérostomes  subissent,  à  mesure  qu'ils  grandissent,  de  véritables 
mues,  par  suite  de  chacune  desquelles  une  armure  buccale  plus  simple  est 
remplacée  par  une  armure  plus  complexe,  jusqu'à  ce  que  l'animal  ait  atteint 
tout  son  développement.  Chez  les  plus  jeunes,  l'armure  ne  se  compose  que 
d'un  simple  anneau  écailleux  ;  plus  tard,  il  se  développe  en  arrière  une  cap- 
sule très  petite  d'abord  et  successivement  plus  grande  à  chaque  mue  (Du- 
jardin). 

Les  sclérostomes  de  l'intestin  et  des  artères  existent  chez  les  solipèdes  :  les 
premiers  principalement  dans  le  caecum  et  le  colon  (voy.  Path.,  p.  228)  ;  les 
seconds  principalement  dans  l'artère  mésentérique  et  ses  divisions  (voy. 
Path.,  p.  329). 

86  SCLEROSTOME  QUADRIBENTÉ  (Sclerost.  telrachantum,  Diesing). 

Corps  plus  petit  que  chez  le  précédent;  bouche  ayant  quatre  papilles  ou  dents  di- 
rigées en  avant,  opposées;  ==  bourse  du  mâle  très  grande.  =  Femelle,  ayant  à 
la  queue  une  substance  amorphe,  noirâtre.  Fréquemment  accouplés. 

Dans  le  caecum  et  le  colon  chez  les  solipèdes. 

87  SCLEROSTOME  DENTÉ  (Sclerost.  denlalum,  Rudolphi). 
Ver  long  de  10  à  15  millimètres. 

Vivant  chez  le  porc  et  le  sanglier  dans  le  caecum  et  le  côlon. 

88  SCLEROSTOME  SYNGAME  (Sclerost.  syngamus,  Diesing). 

Ver  ordinairement  accouplé  d'une  manière  permanente  ou  par  soudure  des  tégu- 
ments; corps  droit,  cylindrique,  coloré  en  rouge  vif  par  un  liquide  interposé 
entre  les  viscères.  =  Mâle  beaucoup  plus  petit  que  la  femelle,  à  queue  tronquée, 
qui  se  soude  autour  de  la  vulve  de  celle-ci  et  qui  n'eu  peut  être  détachée  sans 
déchirure.  =  Longueur  du  mâle  4  millimètres  à  4:'"",5,  épaisseur  0m"',i.  = 
Longueur  de  la  femelle  13  millimètres,  épaisseur  0mm, 85  à  1  millimètre. 


SYNOPSIS.  LXXIX 

Ce  ver  a  élé  trouvé  dans  la  trachée  ou  les  bronches  chez  le  coq  domestique, 
le  dindon,  la  pie,  le  martinet,  l'étourneau,  le  pic- vert,  la  perdrix  et  la  cigogne 


FlG.  40.  —  Sclérostome  syngamc.  —  4,  deux  individus  accouplés,  grandeur  naturelle; 
—  2,  parlie  antérieure  grossie;  a,  le  mâle;  b,  tête  de  la  femelle  ;  c,  ventouse  du  mâle 
appliquée  ù  la  vulve  de  la  femelle  ;  d,  tête  du  mâle;  e,  l'intestin.  —  3,  extrémité  cau- 
dale de  la  femelle  montrant  les  circonvolutions  du  tube  génital  ;  —  4,  a,  b,  fragment 
du  mâle;  e,  f,  de  la  femelle;  a,  bourse  ;  6,  b,  téguments;  c,  intestin  ;  d,  tube  génital; 
e,  e,   portion   antérieure  du  corps  de  la  femelle;  f,  l'intestin. 

noire.  M.    Leidy  l'indique  comme  très  commun  chez  les  poules  en  Amé- 
rique (voy.  Palh.,  p.  36). 

GENRE  STRONGYLE  (1)  (Strongylus,  Muller). 

Vers  souvent  rouges,  à  corps  filiforme,  ordinairement  très  mince,  atténué  en 
avant  ou  de  part  et  d'autre;  télé  petite,  nue  ou  munie  de  deux  expansions 
latérales,  membraneuses  ou  vésiculeuses ;  bouche  petite,  nue  ou  entourée  de 
plusieurs  papilles,  orbiculaire  ou  triangulaire,  non  cornée  ;  œsophage  muscu- 
leux,  renflé  en  massue;  tégument  finement  strié  en  travers. 

—  Mâle  muni  d'une  bourse  caudale,  terminale  ou  obliquement  tronquée,  et 
soutenue  par  le  prolongement  de  la  pointe  caudale,  entière  ou  formée  de 
plusieurs  lobes,  multiradiée ;  pénis  filiforme  ,  dans  une  gaine  formée  de 
deux  pièces. 


(l)  M.  Diesing  a  séparé  du  genre  Strongylus,  pour  en  former  un  nouveau  genre, 
plusieurs  nématoïdes  qui  ont  des  caractères  particuliers;  il  a  désigné  sous  le  nom 
d'Euslrongylus,  ce  genre  nouveau,  daus  lequel  est  compris  le  Slrongle  géant.  Ap- 
peler en  français  ce  ver  du  nom  d'Eustrongle,  c'est  lui  donner  une  consonuance 
qui  prête  à  la  confusion  ;  d'un  autre  côté,  il  n'est  pas  sans  inconvénient  de  changer 
la  dénomination  d'un  ver  aussi  important  et  aussi  généralement  connu;  nous 
avons  donc  préféré,  en  adoptant  la  division  très  rationnelle  de  M.  Diesing,  faire 
porter  le  changement  de  dénomination  sur  le  genre  qui  ne  comprend  pis  le 
Slrongle  géant,  genre  auquel  nous  conserverons  son  nom  actuel,  mais  avec  la  dési- 
nence latine  :  Strongyle. 


l.WX  SÏNOPMS. 

—  Femelle,  ayant  l'extrémité  caudale  amincie,  conique;  vulve  située  en  avant 
du  milieu  delà  longueur,  plus  rarement  en  arrière.  Ovipare  ou  vivipare. 

[.es  strongles  se  trouvent  plus  particulièrement  chez  les  mammifères,  quel- 
quefois chez  les  oiseaux  ou  chez  les  reptiles;  dans  l'in- 
testin, ou  dans  des  kystes  annexés  au  tube  digestif,  dans 
la  trachée-artère  et  les  bronches. 

89  STRONGYLE  RADIÉ  (Slrong.  radiatus,  Kudolphi). 

Tète  non  ailée  ;  bouche  nue.  =  Mâle  long  de  12  millimètres; 
bourse  bilobée,  lobes  multiradiés.  =  Femelle,  longue  de 
14  à  20  millimètres;  vulve  près  de  la  queue. 

Vivant  dans  l'intestin  grêle  et  dans  le  côlon  du  bœuf 
et  de  plusieurs  autres  ruminants. 

90  STRONGYLE  VEINEUX  {Slrong.  venulosus,  Rudolphi). 

Tète  non  ailée,  limbe  de  la  bouche  uu.  =  bourse  du  mâle  bilo- 
bée, multiradiée.  —  Femelle  longue  de  27  millimètres. 

Vivant  dans  l'intestin  de  la  chèvre. 

91  STRONGYLE  FILAIRE  (Slrong.  filaria,  Dcdolphi). 

Fie.  50  (').  Corps  filiforme,  très  long  ,  un   peu  aminci  aux  extrémités, 

blauc.  Tête  obtuse  non  ailée  ;  limbe  de  la  bouche  pourvu 

de  trois  papilles  petites.  =  Longueur  du  mâle  65  millimètres;  bourse  entière, 

avec  dix  rayons  bifides  ou  trifides.  =  Longueur  de  la  femelle  90  millimètres; 

vulve  située  aux  trois  cinquièmes  de  la  longueur;  vivipare. 

Vivantdans  la  trachée  et  les  bronches  chez  le  mouton,  le  mouflon,  la  chèvre, 
l'antilope,  le  chameau  et  le  dromadaire  (voy.  Palh.,  p.  34). 


92  STRONGYLE  MICRURE  (Slrong.  micrurus,  Mehlis). 

Corps  filiforme  ;  tête  arrondie,  uon  ailée;  limbe  de  la  bouche  pourvu  de  trois  pa- 
pilles petites.  =  Longueur  du  mâle,  40  millimètres;  bourse  entière,  avec  cinq 
rayons  fendus  profondément.  =  Longueur  de  la  femelle,  80  millimètres  plus  ou 
moins;  extrémité  caudale  pointue,  vulve  située  en  avant  du  milieu  du  corps. 
Vivipare. 

Vivant  dans  la  trachée  et  les  bronches  chez  le  bœuf,  le  cheval,  l'âne  et  le 
daim  (voy.  Palh.,  p.  21). 

(*)  Strongvle  paradoxal. —  1,  le  mâle,  grandeur  naturelle;  —  2,  la  femelle,  grandeur  natu- 
relle; —  3,  extrémité  antérieure  de  la  femelle  grossie;  a,  l'œsophage,  b,  l'intestin;  e,  tube 
génital. —  4,  extrémité  caudale  de  la  femelle;  a,  le  vagin  se  terminant  par  une  vulve  saillante  ; 
b,  l'intestin  aboutissant  à  un  anus  papilliforme  ;  —  5,  extrémité  caudale  du  mâle;  a,  b,  les  deux 
lobes  de  la  bourse  ;  c,  spicules, 


SYNOPSIS. 


LXXXI 


93  STRONGYLE  A  LONG  FOURREAU  (Strong.  longevaginatus,  Diesing). 

Tête  tronquée,  conique,  non  ailée  ;  limbe  de  la  bouche  pourvu  de  quatre  à  six  pa- 
pilles ;  corps  égal,  droit,  d'un  blanc  jaunâtre.  =  Mâle  un  peu  aminci  en  avant  ; 
extrémité  caudale  infléchie;  bourse  subcampanulée,  bilobée,  chaque  lobe  tri-- 
radié  ;  gaine  du  pénis  formée  de  deux  parties  (cruribus)  très  longues  et 
linéaires,  ayant  presque  la  moitié  de  la  longueur  du  corps,  de 
couleur  orangée,  striée  transversalement  et  très  finement;  lon- 
gueur du  corps  13  à  15  millimètres,  épaisseur  0™m,54.  =  Femelle 
amincie  de  part  et  d'autre;  extrémité  mucronée  ;  vulve  située 
au-dessus  de  l'extrémité  caudale  ;  vivipare.  Longueur  26  milli- 
mètres, épaisseur  0"lin,"2. 

Trouvé  une  fois  dans  le  parenchyme  du  poumon  d'un  enfant 
(voy.  Palh.,  p.  21). 

94  STRONGYLE  PARADOXAL  [Strong.  paradoxus,  Mehi/.s). 

Tète  non  ailée;  corps  blanc  ou  brunâtre,  filiforme;  limbe  de  la 
bouche  pourvu  de  trois  papilles;  œsophage  musculeux,  régulière- 
ment renflé  en  massue;  anus  un  peu  en  avant  du  sommet  de  la 
queue,  formant  une  papille  saillante.  =  Longueur  du  mâle, 
15  millimètres;  bourse  bilobée,  chaque  lobe  avec  cinq  rayons, 
les  latéraux  divisés,  le  médian  simple.  ==  Longueur  de  la  femelle, 
32  à  35  millimètres;  vulve  près  de  l'anus,  saillante  ;  vivipare. 

Vivant  dans  la  trachée  el  les  bronches  du  porc  et  du  sanglier 
(voy.  Path.,  p.  35). 


95      STRONGYLE  CONTOURNÉ  (Strong.  conlortus,  Rudolphi). 

Corps  filiforme,  effilé  aux  deux  extrémités,  plus  aminci  antérieure- 
ment; tête  pourvue  de  deux  ailes  semi-elliptiques;  limbe  de  la 
bouche  pourvu  de  trois  papilles  petites.  =  Longueur  du  mâle, 
18  à  20  millimètres;  bourse  bilobée,  chaque  lobe  avec  huit? 
rayons  divergents  ;  gaine  du  pénis  très  longue.  =  Longueur  de 
la  femelle,  jusqu'à  1 0  centimètres. 

Vivant  dans  l'intestin  grêle  du  mouton. 


Fie.   51  (*) 


9G  STRONGYLE  F1LIC0L  {Strong.  fiUcôîlts,  Rudolphi). 

Corps  capillaire,  le  plus  souvent  blanc,  rarement  rougeâlre;  tête  pourvue  de  deux 

(*)  Anchylostomemdle;—l,  grandeur  naturelle  ; —2,  fortement  grossi  ;  a,  spicnle  rentré  ■  h  la 
bourse  caudale  ;  c,  ouverture  de  l'organe  excréteur  située  près  dé  l'œsophage  ;  d,  organe  excréteur 
avec  un  noyau  de  cellule  apparent  (cette  lettre  est  mal  placée)  ;  e,  circonvolutions  du  tube  génital 
(d'après  Bilharz). 


r.xwn  SYNOPSIS. 

ailes  très  petites  ;  limbe  de  la  bouche  pourvu  de  trois  papilles;  bourse  du  mâle 
bilobée,  six  rayons  à  chaque  lobe;  longueur  9  ù  21  millimètres. 

Vivant  dans  les  intestins  grêles  du  mouton. 


97 


STRONCYLE  NODULAIRE  (Slrong.  nodularis,  Rudolphi). 


Vivant  dans  le  tube  digestif  ou  dans  l'épaisseur  du  gésier,  chez  l'oie  et  le 
canard. 

GENRE  ANCHYLOSTOME  [Anchyloslomum,  Dubini). 

l'ers  cendrés,  à  corps  cylindrique  ;  tète  un  peu  amincie;  bouche  en  forme  de 
ventouse,  subcornée,  dont  l'ouverture  est  ample, 
circulaire,  tournée  vers  la  face  dorsale;  dents 
situées  dans  la  bouche,  en  dedans  de  la  marge  infé- 
rieure, au  nombre  de  quatre;  pharynx  infundi- 
buli formes,  à  parois  résistantes;  œsophage  mus- 
culeux  s  élargissant  en  arrière;  tégument  strié 
en  travers ,  deux  éminences  coniques  ou  papilles 
opposées  situées  à  la  limite  du  premier  sixième 
de  la  longueur  totale  du  corps;  anus  latéral, 
un  peu  en  avant  de  l'extrémité  de  la  queue. 

—  Mâle,  pourvu  d'une  bourse  caudale  terminale, 
entière,  excisée  en  dessous,  mulliradiée,  exappen- 
diculée;  pénis  double  et  très  long. 

—  Femelle  à  queue  obtuse  ;  vulve  située  en  arrière. 
Vivipare. 

Vers  existant  dans  l'intestin  chez  l'homme. 

98         ANCHYLOSTOME  DUODÉNAL  {AnchyL 
duodenale,  Dubini). 

Tète  arrondie  au  sommet  ;  limbe  de  la  bottche  muni  de 
papilles  coniques  inégales,  deux  plus  petites,  cro- 
chets terminant   les  papilles  convergeant  par  leur 
sommet;  corps  droit  ou  légèrement  courbé,  trans- 
parent en  avant;  ventricule  globuleux  noirâtre  vi- 
sible   par    transparence;  partie   postérieure  jaune- 
rougeàtre.  =  Mâle  aminci  en  avant  ;  long  de  6  à 
8  millimètres;  extrémité  caudale  infléchie,  bourse  cyathiforme,  formant  deux 
lobes  à  cinq  rayous,  disposés  par  quatre  de  chaque  côté  et  trois  au  milieu  ;■  tous 
les  rayons  simples,  excepté  le  médian  qui  est  bifurqué  au  sommet.  =  Femelle 

(*)  Anchyloslome  femelle.  —  1,  grandeur  naturelle.  —  2,  fortement  grossie;  —  a,  cavité  buc- 
cale; b,  anus;  c.  ouverture  commune  aux  organes  d'excrétion;  d,  vulve.  Les  circonvolutions  dli 
tube  génital  sont  visibles  à  l'intérieur  du  corps. 


Fie.  52  (d'après  lii.lurz)  (*). 


SYNOPSIS.  LXXXIII 

longueur  8  à  10  millimètres  ;  épaisseur  0""n,27  ;  extrémité  postérieure  terminée 
en  pointe  conique  ;  vulve  située  vers  le  quart  postérieur. 
Le  mâle  et  la  femelle  se  trouvent  dans  la  proportion  de  I  à  3. 

Vivant  dans  le  duodénum  et  le  jéjunum  chez  l'homme,  à  Milan  et  en  Égyple 
(voy.  Path.,  p.  117). 

GENRE  STRONGLE  (Euslrongylus,  Diesing). 

Corps  subeyiindriquc,  aminci  de  part  et  d'autre  régulièrement  ;  léle  continue 
avec  le  corps;  bouche  terminale,  orbiculaire,  munie  de  papilles  ;  système 
nerveux  très  distinct? 

—  Mâle:  bourse  caudale  terminale,  entière,  sans  rayons  ni  appendices;  spiculc 
filiforme,  long,  sans  gaine. 

—  Femelle  :  vulve  siluèe  en  avant  ou  en  arrière  ;  ovipare  ou  vivipare. 

Parasite  chez  les  mammifères  et  les  oiseaux,  dans  divers  organes,  excepté  le 
tube  digestif. 


FlG.  53.  —  Strongle  géant  mâle,  provenant  d'un  cliien,  demi-nature.  —  a,  têle;  a, a,  œsophage  ; 
a,  b,  inteslin  ;  d,  d,  d,  tube  génital  commençant  près  de  l'anus  où  il  est  fixé  ;  e,  e,  téguments  ; 
f,  bourse  caudale  ;  g,  pénis. 

99  STRONGLE  GÉANT  {Eustrong.  gigas,  Diesing). 

Corps  généralement  rouge,  cylindrique,  très  long,  un  peu  aminci  départ  et  d'autre, 
présentant  des  stries  rapprochées,  transverses,  interrompues  par  des  stries  lon- 
gitudinales profondes  et  huit  faisceaux  de  fibres  musculaires  longitudinales  ;  tète 
obtuse ,  bouche  petite,  orbiculaire,  entourée  de  six  nodules  ou  papilles  planes, 
rapprochées;  œsophage  grêle,  plus  étroit  que  l'intestin,  tourné  en  s  chez  la  fe- 
melle. =  Mâle  long  de  14  à  40  centimètres,  large  de  4  à  6  millimètres; 
queue  obtuse,  terminée  par  une  bourse  patelliforme ,  membraneuse,  entière, 
large  de  3  millimètres,  tronquée,  d'où  sort  un  spicule  simple,  très  grêle.  =  Fe- 
melle longue  de  2  décimètres  à  1  mètre,  large  de  4""", 5  à  12  millimètres  ;  queue 
plus  droite  et  obtuse;  anus  triangulaire  oblong,  situé  sous  l'extrémité  caudale  ; 
ovaire  et  oviducte  simples,  repliés  longitudinalement;  matrice  oblongue-,  vulve 
très  rapprochée  de  la  bouche  ;  œuf  ovoïde,  brunâtre,  long  de  0mm,07  à  0ram,08; 
large  de  0ram,04.  Ovipare?, 

Le  strongle  géant  est  le  plus  grand  des  vers  nématoïdes  ;  il  est  ordinaire* 


l.x.Ulv  ôVNOt»stâ. 

*  menl  rouge,  coloration  qui  dépend  sans}  doute  du  liquide  dans  lequel  il  est 

plongé  et  dont  il  se  nourrit,  car  Chabert  a  trouvé  un  strongle  blanchâtre  dans 

une  collection  de  liquide  purulent.  Le  strongle,  placé  dans  l'euu  ordinaire, 

absorbe  après  sa  mort,,  par  endosmose,  une  grande  quantité,  à  Ici  point 


Fie  54.  --  Strongle  géant  femelle,  provenant  d'un  chien.  —  d,  individu  demi-nature;  le  tube 
génital  a  été  étalé  en  dehors  pour  faire  voir  sa  disposition  et  celle  du  tube  digestif. — a,  bouche  ; 
b,  anus  ;  a,  c,  œsophage  recourbé  en  s;  c,  b,  intestin  fixé  aux  parois  par  des  brides  transversales  ; 
f,  f,  ovaire  et  oviducte  formant  un  tube  continu,  naissant  près  de  l'anus,  suivant  le  bord  de  l'in- 
testin, et  fixé  par  les  brides  transversales  ;  g,  g,  oviducte  avec  quelques  dilatations  h,  h;  i,  i,  ma- 
trice; i,  /i,  vagin;  k,  vulve.  —  2,  extrémité  antérieure,  grandeur  naturelle,  montrant  les  huit 
stries  longitudinales  de  la  peau  (les  papilles  labiales  ont  été  omises). 

que  les  téguments  éclatent  et  projettent  au  loin  le  liquide  qui  les  distendait. 
La  peau  chez  la  femelle,  est  épaisse,  fibreuse  et  doublée  intérieurement  par 
une  couche  de  papilles  arrondies,  très  serrées.  L'intestin  est  large,  noirâtre,  à 
parois  très  minces  et  fixé  de  chaque  côté  aux  téguments  par  des  brides  cellu- 
laires ou  musculaires.  L'extrémité  libre  de  l'ovaire  ou  du  testicule  est  fixée  près 
de  l'anus.  L'ovaire  et  l'oviducte  qui  lui  est  continu  ou  le  testicule  et  le  conduit 
déférent  formant  un  tube  simple,  se  dirigent  de  là  en  avant  jusqu'à  une  cer- 
taine distance  de  la  tête,  et  se  trouvent  fixés,  dans  tout  leur  trajet,  par  les 
brides  qui  se  portent  des  téguments  à  l'intestin.  Le  tube  génital  se  dégage 
ensuite  et  forme  librement  dans  la  cavité  générale  un  grand  nombre  de  cir- 
convolutions, mais  sans  s'enrouler  autour  du  tube  digestif  qui  est  fixé  aux 
parois  dans  toute  son  étendue.  Le  vagin  très  étroit  s'engage  aussi  sous  les 
brides  de  l'intestin  en  continuant  le  trajet  suivi  par  l'oviducte  et  s'ouvre  à  la 
face  ventrale,  auprès  de  la  bouche.  Noue  avons  vainement  cherché  un  sys- 
tème nerveux.  Le  cordon  nerveux  vu  par  Otto  était  très  probablement  la 
portion  du  tube  génital  fixée  par  les  brides  intestinales,  et  ces  brides  mêmes 


SYNOPSIS.  LXXXV 

constituaient,  sans  doute,  les  Blets  secondaires;  mais  le  plus  simple  examen 

suffit  à  montrer  l'indépendance  de  ces  fibres  et  du  cordon  qu'elles  fixent 

aux  parois.   L'accouplement   se 

fait  probablement  d'une  manière 

assez  prolongée,  car  Drelincourt 

a  trouvé  chez  le  chien  deux  stron- 

gles  accouplés.  Le strongle  géant 

est-il    ovipare?    l'œuf    expulsé 

contient-il  un  embryon?  Wedel 

dit  avoir  vu  un  de  ces  animaux 

rempli   de  vermiculeê   vivants  . 
> 

mais  il  ne  donne  sur  les  dimen- 
sions des  vermioules  aucun  dé- 
tail ;  il  ne  dit  même  pas  s'il  les 
a  vus  avec  un  instrument  gros» 
pissant. 


Fie,  55.  —  Ovule  du  strongle  géanl  (du  chien).  — 
0,  grossi  340  fois.  >—  b,  le  même  au  même  Gros- 
sissement, traité  par  l'acide  sulfuriqite  concentré  qui 
rond  le  vieillis  apparent. 


Le  strongle  géant  existe  chez  l'homme?  le  cheval,  le  bœuf,  le  chien,  le 
loup,  le  vison,  la  marte,  le  putois,  etc.  Il  se  trouve  ordinairement  dans  le 
rein,  rarement  dans  la  vessie,  dans  le  tissu  cellulaire  sous-péritonéal,  etc.  On 
n'en  rencontre  ordinairement  que  deux  ou  trois  (voy.  Path.,  p.  267,  286). 
On  dit  l'avoir  trouvé  dans  le  cœur  (Paih.,  p.  340). 

GENRE  DACTYLIUS  (Curling). 

Corps  cylindrique,  élastique,  aanelé,  atténué  de  part  et  d'autre;  tête  obtuse  ; 
bouche  orbiculaire  ;  anus  trilobié. 

Genre  d'entozoaire  très  probablement  fictif. 


100  DACTYLIUS  ACULEATUS  (Curling). 

Tête  obtuse  ;   corps  armé  dans  toute  sa  longueur  de  plusieurs  séries  d'épines  ; 
queue  obtuse,  annelée. 

Dans  la  vessie  urinaire  chez  l'homme. 

Ce  ver,  rencontré  une  seule  fois,  appartient  très  probablement  à  la  famille 
des  lombricidés  et  se  sera  trouvé,  accidentellement,  dans  l'eau  avec  laquelle 
on  avait  nettoyé  le  vase  de  nuit  (voy.  Path.,  p.  291). 

101  D'autres  vers  nématoïdes?  de  genres  indéterminés  ont  encore  été  ren- 
contrés chez  l'homme  et  chez  les  animaux  domestiques,  ce  sont  : 

I  °  Chez  l'homme  : 

a.  —  Un  ver  filiforme  rendu  par  le  vomissement,  observé  par  Degland. 

II  s'agit  d'un  ver  rendu  par  un  enfant  de  huit  ans,  à  la  suite  de  l'adminis- 


LXXXV1  SYNOPSIS. 

Iration  d'un  vomitif.  Ce  ver  avait  le  corps  cylindrique,  nu,  lisse,  résistant  au 
toucher,  égal  et  noirâtre  dans  presque  toute  son  étendue,  long  de  15  à 
16  centimètres,  sur  un  millimètre  et  demi  de  diamètre,  L'extrémité  antérieure? 

un  peu  amincie  était  arrondio  et  terminée  par  un  point  noir  ;  l'autre  extrémité, 
un  peu  plus  grosse,  présentait  une  bifurcation  distincte  au  microscope.  La  peau 
était  parsemée  de  petits  points  sphériques,  saillants,  disposés  en  cercle.  A 
l'intérieur,  ce  ver  n'offrit  qu'un  canal  cylindroïde  qui  s'étendait  d'une  extré- 
mité à  l'autre. 

Ce  ver  vécut  dans  l'eau  ordinaire  pendant  un  mois  (1). 

Par  tous  les  caractères  décrits  ci-dessus,  ce  nématoïde  appartiendrait  au 
gordius aqualicus,  comme  l'auteur  de  l'observation  l'a  reconnu;  mais  un  tel 
ver  vivrait-il  dans  l'estomac?  Il  est  probable  qu'il  s'est  trouvé  accidentelle- 
ment dans  le  vase  où  l'enfant  a  vomi. 

b.  —■  Des  vers  trouvés  par  Pruner,  à  la  surface  du  foie  ou  de  l'intestin,  et 
renfermés  dans  des  kystes;  probablement  des  pentastomes  (voy.  n°  102). 

2°  Chez  le  cheval  : 

c.  —  Des  vers  semblables  à  la  trichine  existant  dans  les  parois  du  gros 
intestin  (Diesing). 

CL.  —  Un  nématoïde  trouvé,  à  Dresde,  dans  les  parois  de  la  veine  saphène 
(Diesing), 

3°  Chez  le  mouton  : 

e.  —  Un  ver  nématoïde  long  de  1b  centimètres,  roulé  en  spirale,  atténué 
aux  extrémités  et  dont  l'habitat  n'est  pas  indiqué  (Diesing). 

f.  —  Un  ver  cylindrique,  graduellement  aminci  en  arrière  et  qui  existait 
dans  un  kyste  du  poumon  (Diesing). 

4°  Chez  le  chien  : 

g.  —  Des  vers  très  minces,  cylindriques,  longs  de  5  à  7  centimètres, 
trouvés  par  Warren  à  Malle,  dans  l'œsophage  de  chiens  morts  de  la  rage. 
Probablement  des  spiroptères  ensanglantés  (Rudolphi). 

TYPE  VI.  ~  ACANTHOTHÈQUES  (Diesing). 

Animaux  solitaires,  ayant  un  tube  digestif  complet;  bouche  située 
en  avant,  à  la  face  inférieure,  et  accompagnée  par  deux  paires 
de  crochets  rétractiles;  anus  terminal  ;  système  nerveux  distinct  j 
sexes  séparés. 

(1)  C.  D.  Degland,  Description  d*  un  ver  filiforme  rendu  par  le  vomissement  (Re- 
cueil des  travaux  de  la  Société  d'amateurs  des  sciences,  de  l'agriculture  et  des  arts  de 
Lille,  1819-1822.  Lille,  1823,  p.  166). 


TABLE  DES  FIGURES 

INTERCALÉES  DANS  LE  TEXTE. 


SYNOPSIS. 

Fig.  Pag. 

1.  Cercomonas  de  l'homme vr 

2.  Scolex  du  cysticerque  ladrique vin 

3.  OEuf  du  ténia  solium  armé ix 

4.  Proglottis  du  ténia  solium  armé ix 

5.  Ténia  proglottinien  de  la  poule x 

6.  Hydalide  de  l'homme xiu 

7.  Échinocoque  de  l'homme xiv 

8.  Cœnure xvui 

9.  Cerveau  de  mouton  avec  des  traces  de  cœnure xix 

10.  Disposition  des  parties  d'un  cysticerque xx 

1  1 .  Cysticerque  ladrique xxi 

1 2.  Cygticerques  altérés xxn 

13.  Mode  de  progression  d'un  proglottis xxiv 

14.  Ténia  solium  armé xxv 

15.  Tête  du  ténia  solium  armé xxvi 

16.  Ténia  solium  fragile , , , ,  xxvii 

17.  Ténia  solium  inerme xxx 

18.  Télé  et  œuf  du  ténia  inerme xxxi 

19.  Tœnia  echinococcus , xxxvi 

20.  Tête  de  bothriocéphale xt, 

21 .  Bothriocéphale  de  l'homme xli 

21.  Articles  grossis  du  bothriocéphale xlii 

23.  OEuf  du  bothriocéphale  de  l'homme xuu 

24 .  Sporocyste  de  la  cercaria  echinata xtvi 

25.  Cercaire  du  distoma  retusum xlvii 

26.  Distome  hépatique , , , xlix 

27.  OEuf  de  distome  hépatique L 

28.  OEuf  de  distome  lancéolé i, 

29 .  Distome  haematobie j,u 

30.  Hexathyridium  venarum LV 

31 .  Ascaride  lombricoïde  mâle , LVn 

32.  Ascaride  lombricoïde  femelle lvih 

33.  Développement  de  l'ascaride  lombricoïde ux 

34.  Nématoïde  trachéal LX[ 

35.  Nématoïde  du  rein LX\i 

36.  Oxyure  vermiculaire lxii 

davaike,  b 


xviij  TABLE   DlîS   FIGURES. 

Fie  PA«- 

37.  OKnf  de  l'oxyure  vcrmiculaire lxhi 

38.  Tête  de  l'ascaride  lombricoïde lxiii 

39.  Vulves  de  l'ascaride  mégalocépbale i.xiv 

40.  Bouche  de  l'ascaride  lombricoïde i.xiv 

41.  Ascaride  du  chat lxvi 

42.  Spiroptère  ensanglanté i.xvii 

43.  Trichina  spiralis lxix 

44.  Trichocéphale  de  l'homme lxx 

45.  OEuf  du  trichocéphale  de  l'homme lxxi 

40.  Embryon  de  la  filaire  de  l'homme lxxii 

47.  La  filalro  de  l'homme  adulte,  coupe ,  lxxiii 

48.  Sclérostome  armé  anévrysmatique lxxvu 

49.  Sclérostome  syngame lxxix 

50.  Strongyle  paradoxal lxxx 

51.  Anchylostome  mule. lxxxi 

52.  Anchylostome  femelle lxxxii 

53.  Strongle  géant  mâle lxxxiii 

54.  Strongle  géant  femelle lxxxiv 

55.  OEuf  du  strongle  géant lxxxv 

56.  Pentastome  ténioïde lxxxvi 

57.  Pentastome  dentteulé lxxxvh 

PATHOLOGIE  (1). 

1 .  Nématoïde  de  la  trachée *  22 

2.  Tableau  des  œufs  des  vers  de  l'intestin  et  des  voies  biliaires 51 

3.  Bothriocéphale  perforé 76 

4.  Trichocéphale  de  l'homme *  206 

5.  Ovule  du  trichocéphale *  209 

6.  Oxyure  vermiculaire *  210 

7.  Ovules  du  distome  hépatique  et  lancéolé *  243 

8.  Corps  oviformes  du  foie  du  lapin 259 

9.  Strongle  géant  femelle *  269 

10.  Strongle  géant  mâle *      271 

11 ,  OEuf  du  strongle  géant *       275 

\  2.  Nématoïde  du  rein  du  chien , *       294 

13.  Distome  hœmatobie *  313 

14.  Distome  hépatique *  322 

15.  Hexalhyridium  venarum *  324 

16.  Anévrysme  vermineux 331 

17.  Échinocoque  de  l'homme *  359 

.18.  Hydatide  de  l'homme *  360 

19.  Kystes  hydatiques  pédicules 364 

20.  Fragment  de  membrane  hydatique;  crochets  d'échinocoque 392 

21.  Cysticerque  ladrique  du  porc *      621 

(1)  Los  figures  marquées  d'un  *  sont  déjà  dans  le  Synopsis. 


TABLE   DES  FIGURES.  Xl'x 

FlG.  l'AG. 

22.  Cœnurc  du  mouton *  627 

23.  Tête  de  mouton  dont  le  cerveau  contient  un  cœnure 639 

24.  Muscle  contenant  des  kystes  de  trichina  spiralis 672 

25.  Kyste  et  trichine  ayant  subi  un  commencement  d'altération 676 

26.  Kyste  et  trichine  plus  altérés 678 

27.  Kyste  de  trichine  envahi  par  la  graisse 679 

28.  Kyste  de  trichine  presque  complètement  détruit 679 

29.  Tubercule  vermineux  de  l'œsophage  du  chien G87 

30.  Embryon  de  la  filaire  de  l'homme *  707 

31.  Cyslicerquc  du  corps  vitré  q*e  l'œil  humain. ,...,.,,,.,,,,.,,.,.,  "41 


FIN   DE   LA    TABLE  DES  GRAVURES, 


ERRATA. 


Page   xxxvn,  ligne  4,  après  paru,  ajoutes  avoir  leur  lalon. 

24,  lignes  16  et  40,  au  lieu  de  Leuckaert,  Usez  Leuckart 

50,  li,  ûlez  le  mot  tous. 

"fi,  G,  ûlez  le  second  mot  été. 

121,  12,  aulieu  de  rondo,  Usez  toudo. 

175,  H,  au  lieu  de  fait,  lises  fort. 

187,  13,  aulieu  de  perforation,  lisez  péritonite. 

199,'  1,  au  lieu  de  Boire,  lisez  Boirel. 

201 ,  1 1 ,  au  lieu  de  D'Olaus,  lisez  Olaus. 

204,  24,  au  lieu  de  Peyre,  lisez  Lapeyre. 

237,  33,  au  Heu  de  sangsues,  lises  sangsues  ordinaires. 

251,  30,  au  lieu  de  infectis,  lisez  infestis. 

256,  6,  ôtez  les  » 

261,  26,  au  lieu  de  0mm,55,  lisez  0"'"1,055. 

299,  9,  ajoutez  » 

328,  27,  au  lieu  de  strongle,  lises  sclérostome. 
341,  au  titre  de  la  page,  au  lieude  dans  le  sang,  lises  chez  le  chien. 
429,  ligne      3,  au  lieu  de  xxxv,  lises  xxxvi. 

524,  30,  au  lieu  de  1856,  lisez  1656. 
622,  3,  au  lieude  n"  6,  lisez  n°  9. 

679,  27,  au  lieu  de  27,  lises  28. 

681.  29,  note  (1)  se  trouve  au  verso  de  la  page. 

698,  17,  au  lieu  de  medena;,  lisez  niedeme. 

707,  24,  au  lieu  de  65,  Usez  350. 

■729,  4,  au  lieu  de  soient,  lises  sont. 

"~i2,  32,  aulieu  de  principia,  lisez  principes. 


SYNOPSIS,  Ï,XXXV1{ 

Les  acanthothèques  offrent  des  rapports  avec  les  crustacés;  leurs 
embryons  ont  une  analogie  évidente  avec  ceux  des  lerné'jdes,  crus- 
tacés qui  vivent  en  parasites  chez  les  poissons. 

GENRE  PENTASTOME, 

Le  corps  est  oblong,  cylindrique  ou  comprimé,  plissé  transversalement  ou  presque 
annelé,  atteignant  le  plus  souvent  la  grosseur  d'une  plume  d'oie  el  jusqu'à  6  à 
8  centimètres  de  longueur;  la  [été  est  obtuse  el  l'extrémité  postérieure  allé- 
nuée;  les  deux  paires  de  crochets,  simples  ou  doubles,  situées 
près  de  la  bouche,   sont  rétractiles  dans  autant   de  cavités 
distinctes;  le  système  nerveux  est  constitué  par  un  ganglion 
sous-œsophagien  volumineux,  el  deux  filets  principaux  qui  se 
dirigent  le  long  du  corps;  les  muscles  ont  leurs  fibres  striées; 
il  existe  un  vaisseau  dorsal  plus  ou  moins  manifeste  ;  l'intestin 
simple  se  dirige  en  droite  ligne  de  la  bouche  à  l'anus. 

—  Chez  le  mâle,  l'appareil  génital  se  compose  d'un  long  testicule 
cylindrique,  étendu  depuis  la  queue  jusqu'au  milieu  du  corps 
où  il  se  continue  par  deux  canaux  déférents  qui  embrassent 
l'intestin;  le  pénis  simple,  papilliforme,  est  situé  en  avant, 
derrière  la  bouche. 

—  Chez  la  femelle,  l'appareil  génital  se  compose  d'un  long 
ovaire  cylindrique,  divisé  en  deux  branches,  entourant  l'in- 
testin, recevant  le  produit  de  deux  glandes  accessoires,  el  se 
réunissant,  en  un  oviducle  unique,  très  long  et  formant  de 
nombreuses  circonvolutions  autour  de  l'intestin j  vulve  située 
auprès  et  en  avant  de  l'anus.  Ovipare. 

Les  penlastomes  vivent  dans  les  sinus  frontaux,  dans  le 
larynx,  la  trachée,  dans  les  poumons,  ou  dans  des  kystes  à  la 
surface  des  organes.  Ils  se  trouvent  chez  l'homme,  chez  les 
mammifères,  mais  surtout  chez  les  reptiles;  on  en  connaît 
aussi  chez  les  poissons.  Ces  parasites  paraissent  plus  communs  fig.  56.(*) 
au  Brésil  que  dans  les  autres  pays. 

Section  A.  —  Pentastoines  à  l'état  «le  larve, 

102        PENTASTOME  ÉTREINT  (Pentastomum  conslricium,  de  Siebo^d). 

Corps  allongé,  cylindrique,  annelé  en  apparence  par  des  constrictions  transversales, 
arrondi  antérieurement,  terminé  postérieurement  en  cône  obtus  ;  dos  convexe 


(*)  Pentastome  ténioïde,  provenant   d'un    chien,  grandeur   naturelle.   A   l'intérieur  du   corps 
apparaissent  les  circonvolutions  de  l'oviducte. 


I.XX.VVIH  SYNOPSIS. 

ventre  aplati;  tégument  sans  épines  ;  long  de  13  millimètres,  large  de  2  mil li - 
mètres. 

Trouvé  en  Egypte,  par  Prunar,  chez  deux  nègres  et  chez  la  girafe. 

Des  deux  nègres  l'un  était  mort  d'une  péritonite,  l'autre  d'une  colite  :  chez 
l'un  les  vers  étaient  vivants,  chez  l'autre  ils  étaient  morts.  Ils  étaient  situés 
dans  des  kystes,  de  la  dimension  d'un  kreulzer,  plus  elliptiques  que  ronds, 
d'un  tissu  en  apparence  cartilagineux,  qui  faisaient  saillie  à  la  surface  du  foie, 
chez  l'un  des  individus;  chez  l'autre,  le  parasite  avait  quitta  son  fojsl':  et  so 
trouvait  dans  le  duodénum,  a  Quand  nous  avons  visité,  en  1833,  dit  Pruner, 
le  musée  d'anatomie  pathologique  de  hologne,  nous  avons  trouvé  deux  échan- 
tillons de  ce  môme  animal ,  sans  kyste,  conservés  entro  deux  verres  do 
montre,  avec  cette  inscription;  «  insectes  trouvés  dans  le  foie  d.'un, 
homme  (1).  » 

Bilharz  a  de  nouveau  trouvé  ces  parasites  en  Egypte,  à  la  surface  du  foie 
chez  des  nègres,  . 


103 


PENTASTOME  DENTICULÉ  (P.  dentlculatum,  RUDOLPHl). 


Corps  plane,  oyale-allougé,  déprimé,  à  dos  un  peu  convexe,  à  ventre  aplati,  atténué- 
en  arrière,  plus  ou  moins  échancré  aux  deux  extrémités, 
annelé  ou  présentant  des  franges  transverses  très  nom- 
breuses  (70  à  80,  Kùcbenm.,  près  de  200,  Duj.),  formés 
de  lames  lancéolées  à  pointe  multiple.  Lamelles  ou  épines 
des  franges  longues  de  0",m,025,  implantées  dans  le  tégu- 
ment au  moyen  d'un  pédoncule  tubuleux.  Longueur  4 
àginm,  iargeur  en  avant  1  millimètre  à  lmi»,35  (Duj.). 
Longueur  jusqu'à  3  millimètres;  largeur  en  avant,  0mm,4, 
en  arrière  0mni,16  (Kûchenm.).  Point  d'organes  génitaux., 

Larve  du  pentaslome  ténwïde  ?  (voy.  Path.,  p.  24), 


Trouvé  dans  des  kystes  des  organes  parenchymateux, 
surtout  à  la  surface  du  foie,  chez  la  chèvre,  le  bœuf,  le 
cochon  d'Inde,  le  lapin,  le  porc-épic,  le  chat. 

Dans  ces  dernières  années,  il  a  été  trouvé  assez  fré 
quemment  chez  l'homme.  M.  Zenker,  prosecteur  à  l'hô- 
pital civil  de  Dresde,  est  le  premier  observateur  qui  ait 
signalé  l'existence  de  cet  entozoaire  chez  l'homme;  il  l'a 
rencontré  dix  fois  (huit  hommes  et  deux  femmes;  âge, 
vingt  et  un  à  soixante-quatorze  ans);  on  l'a  trouvé  en- 
suite à  Leipsick  et  à  Vienne:  à  Dresde,  dans  la  propor- 
tion d'un  sur  dix-huit  autopsies;  à  Leipsick  dans  celle 
d'un  sur  dix,  et  d'un  sur  quatre  à  Vienne. 

(*)  Pentastome  denticult  fortement  grossi.  —  Un  Irait  placé  à  côté  marque  la  grandeur  natu- 
relle (d'après  Zenker). 

(I)  Pruner,  op.  infrà  cit.,  p.  249,  250, 


Fie.  57  ( 


PSEUDHELMINTHÈS.  LXXXIX 

Dans  tous  les  cas  (sauf  un),  c'est  à  la  surface  du  foie  que  les  penlastomes 
denticulés  ont  été  rencontrés  chez  l'homme;  ils  étaient  renfermés  dans  un 
petit  kyste  fibreux  ;  un  seul  existait  à  la  surface  du  rein  (voy .  Path.,  p.  293) . 

Cet  entozoaire  paraît  ne  causer  aucun  trouble  dans  les  fonctions  de  l'or- 
gane qui  le  recèle  ;  aucun  phénomène  ne  fait  soupçonner  son  existence  pen- 
dant la  vie  ;  sa  petitesse  constante  le  rend  tout  à  fait  inoffensif  pour  son  hôte. 

Section  B,  —  Pcntastomes  à  l'état  adulte. 

lO/i  PENÎASTOME  TÉNlOlDE  {Peut.  Tàniaides,  P.udolphi). 

Corps  déprime,  lancéolé,  très  allongé  et  rétréci  en  arrière,  plissé  transversalement, 
crénelé  au  bord;  bouche  presque  orbiculairc;  crochets  rangés  en  demi-cercle.  = 
Mâle  blanc,  long  de  18  millimètres,  large  en  avant  de  2:nul,5,  et  en  arrière 
de  0,n,n,i5.  =  Femelle  gris-blanchàtre ,  rendu  plus  ou  moins  brun-iougcàtrc 
par  l'oviducte  plein  d'oeufs  dans  la  partie  moyenne  où  le  tégument  est  mince 
et  demi-transparent  ;  longueur  50  à  100  millimètres  ;  largeur  en  avant,  4,n"V>, 
en  arrière  lmin,12  (voy.  fig.  56). 

Vivant  dans  le  larynx,  les  fosses  nasales,  les  sinus  elhmoïdaux  et  frontaux, 
chez  le  chien,  le  loup,  le  cheval,  le  mulet  et  le  mouton  (voy.  Palh.,  p.  23). 


PSEUDHELMINTHES. 

§  I.  —  Les  entozoaires  décrits  dans  le  synopsis  sont  loin  de  comprendre 
tous  les  parasites  internes  qui  ont  été  attribués  à  l'homme  et  aux  animaux 
domestiques.  Des  cas  de  vers  dont,  souvent,  le  plus  simple  examen  démontre 
la  fausseté,  se  sont  succédé  dans  les  recueils  scientifiques  depuis  les  temps  les 
plus  reculés  jusqu'à  nos  jours. 

Les  helminthologistes  ont  dû  accorder  quelque  attention  à  ces  entozoaires 
fictifs  :  Brera  en  a  parlé  sous  le  nom  de  vermi  metastatici,  Rudolphi  sous  celui 
de  entozoa  ficla;  Bremser  les  a  appelés  des  pseudohelminthes  ;  M.  Moquin- 
Tandon  en  a  parlé  dans  un  chapitre  spécial  de  son  excellent  traité  de  zoologie 
médicale,  sous  la  désignation  de  faux  helminthes  (4). 

Les  cas  d'entozoaires  fictifs  se  trouvent  le  plus  souvent  rapportés  dans  les 
auteurs  avec  la  simple  désignation  de  vers  ;  d'autres  fois  on  a  établi  sur  leurs 
caractères  organiques  un  genre  ou  une  espèce  auxquels  on  a  donné  une  déno- 
mination particulière.  Les  corps  qui  ont  fourni  matière  à  ces  interprétations 
erronées  sont  très  nombreux  ;  ce  sont  quelquefois  de  véritables  animaux,  quel- 
quefois des  végétaux;  enfin  de  simples  fragments  de  corps  organisés. 

(1)  A.  Moquin-Tandon,  Eléments  de  zoologie  médicale.  Paris,  1860,  p.  386. 


\c  PSEUDHËLMiHTHIiS. 

$  il.  —  Les  cas  de  pseudhelminthes  sans  indication  générique  ou  spéci- 
fique sont  les  plus  nombreux  : 

I"  Lis  larves  de  mouche  en  ont  fourni  beaucoup,  soit  que,  introduites  dans 
une  cavité  naturelle  comme  le  nez,  l'œil,  l'oreille,  elles  aient  apporté  leur 
tribut  aux  vers  rhinaires,  ophtliulmi<iues,  auriculaires,  soitquc,  nées  à  la  sur- 
face de  plaies,  d'ulcères,  à  l'ombilic  chez  les  pelils  enfants,  elles  aient  été  re- 
gardées comme  des  vers  elcophagrs,  cutanés,  ombilicaux,  etc.  Les  observa- 
tions do  larves  de  mouche  dans  les  pustules  de  la  petite  vérole  sont  1res  com- 
munes; un  fait  qui  leur  appartient  manifestement  se  trouve  rapporté  sous  le 
litre  de  sueurs  de  vers  (I).  Les  larves  de  mouche  arrivées  accidentellement 
dans  les  urines  ou  dans  les  garderobes  ont  fourni  de  nombreux  cas  aux  vers 
fictifs.  Enfin  des  larves  semblables  développées  dans  des  cadavres  ont  encore 
été  considérées  comme  de  vrais  enlozoaires;  tels  sont  les  vers  dans  le  fœtus 
humain  observés  par  Kerckring  et  dont  nous  avons  parlé  (voy.  Palh.,  p.  8, 
note).  Tels  sont  ces  autres  vers  déterminant  la  rage  et  trouvés  en  grand  nom- 
bre par  P.  Desault  dans  le  cerveau  d'un  chien  (2). 

2"  Des  œstres  des  cavités  nasales  ont  été  regardés  comme  des  vers  du 
cerveau:  Dianchi  rapporte  une  observation  détaillée  et  incontestable  de  deux 
vers  trouvés,  à  Yaulopsie  d'un  rnoulon  malade,  dans  la  substance  cérébrale.  La 
description  les  rapporte  exactement  aux  œstres  (3).  Il  est  évident  que  la  scie 
qui  a  ouvert  le  crâne,  avait  arraché  ces  œstres  aux  sinus  éthmoïdaux  et  les 
avait  portés  dans  la  substance  cérébrale  adjacente.  Un  autre  fait  du  même 
genre  a  donné  lieu  à  un  mémoire  intitulé  :  Chenille  trouvée  dans  le  cerveau 
d'un  mouton  (4).  Une  semblable  erreur  s'explique  chez  les  animaux  dont  les 
fosses  nasales  sont  très  développées  et  prolongées  à  la  base  du  crâne;  celle 
de  Desault  a  été  due  manifestement  à  cette  cause,  comme  celle  dont  nous 
avons  parlé  à  propos  du  pentastome  ténioïde  (voy.  Path. ,  p.  24). 

3"  Des  animaux,  des  insectes  surtout  trouvés  accidentellement  dans  les 
organes,  dans  les__déjections  des  malades,  ou  dans  les  linges  qui  leur  ont 
servi,  des  chenilles,  des  scolopendres,  des  cloportes,  des  scarabés  même  ont 
été  souvent  considérés  comme  de  véritables  parasites;  on  trouve  encore  des 
histoires  de  ce  genre  qui  concernent  des  crapauds,  des  couleuvres,  etc.  (5). 

4°  Des  entozoaires  sortis  des  organes  qu'ils  habitent  normalement  ont  été 
pris  pour  des  vers  propres  à  d'autres  organes,  tels  sont  des  ascarides  lom- 

(1)  Collect.  élrang.,  t.  IU,  p.  251. 

(2)  «  Nous  ouvrîmes  le  crâne  de  cet  animal,  dit  Desault,  et  nous  fûmes  surpris 
d'admiration  d'en  voir  sortir  une  infinité  de  petits  vers  dont  les  uns  étaient  en- 
tassés en  pelotons,  et  les  autres  fourmillaient  visiblement.  »  (P.  Desault,  ouvr. 
cit.).  Ces  vers  qui  fourmillaient  ne  provenaient-ils  pas  d'œufs  de  mouche  déposés 
daus  les  fosses  nasales,  et  qui  se  trouvaient,  non  dans  la  cavité  du  crâne,  mais 
dans  celle  de  l'ethmoïde?  —  Voy.  un  autre  cas  semblable,  Palh.,  p.  216. 

(3)  Bianchi,  op.  cit.,  p.  348. 

(i)  Journ.  de  méd.  chir.  pharm.  de  Corvisart,  etc.,  1811,  t.  XXII,  p.  370. 
(5)  Voy.  Path.,  p.  255,  304,  328,  752,  762. 


PSEUDHELM1NTHES.  agi 

bricoïdes  trouvés  dans  les  conduits  biliaires  ou  sorlis  par  le  nez,  par  le  canal 
nasal  ;  des  oxyures  trouvés  dans  les  urines  ou  dans  le  vagin,  qui  ont  été  pris 
pour  des  vers  du  foie,  des  narines,  de  l'œil,  de  la  vessie  ou  de  la  matrice  (1). 

5°  Des  concrétions  fibrineuses  plus  ou  moins  anciennes  trouvées  dans  le 
cœur  ou  les  gros  vaisseaux  ou  sorties  par  la  saignée  ont  été  rapportées  aux 
vers  ;  des  caillots  sanguins  qui  avaient  passé  à  la  Dliaire  de  l'urèthre  ont  été 
considérés  comme  des  strongles  ;  des  concrétions  de  mucus  rendues  avec  les 
garderobes,  ou  même  des  portions  de  la  muqueuse  intestinale,  ont  été  regar- 
dées comme  des  vers  ténioïdes  ou  autres,  des  fragments  d'aliments  non  di- 
gérés comme  des  cucurbitins  (2). 

6°  Des  produits  pathologiques,  tels  que  les  vésicules  choriales,  les  corps 
riziformes,  les  comédons,  etc.  (3),  ont  été  rapprochés  des  vers  intestinaux 
par  suite  d'une  ressemblance  de  forme,  ou  par  des  appréciations  erronées  de 
leurs  propriétés  vitales. 

7°  Des  parties  de  végétaux  qui  avaient  résisté  à  la  digestion,  des  graines 
de  mûrier,  de  fraisier,  des  semences  de  jusquiame,  des  ulricules  vides 
d'orange,  etc.,  ont  aussi  été  regardés  comme  des  vers. 

8"  De  véritables  vers  ou  des  corps  quelconques  présentés  par  la  fourberie 
comme  provenant  d'un  organe  auquel  ils  n'appartenaient  pas,  ont  trompé 
la  bonne  foi  de  quelques  observateurs. 

§  III.  —  De  nouveaux  genres  et  de  nouvelles  espèces  d'entozoaires  ont 
été  formés  sur  des  corps  analogues  à  ceux  dont  nous  venons  de  parler  ;  nous 
nous  bornerons  à  énumérer  les  principaux  : 

Acephalocystis  racemosa,  H.  Cloquet,  vésicules  choriales. 

Ascaris  conosoma,  Lenz  et  Jbrdens,  larve  de  la  mouche  domestique. 

Ascaris  stephanostoma,       Lenz  et  Jbrdens,  larve  de  la  mouche  carnassière. 

Cercosoma,  Canali  et  Brera,  larve  de  l'erystalis  pendulus. 

Diacanthos  polycephalus,  Stiebel,  rafle  d'une  grappe  de  raisin. 

DiTRAciiYCERos  rudis,  Sultzer,  graine  de  mûrier. 

Filaria  zébra,  Mongrand,  concrétion  fibrineuse. 

Ophyosîoma  Pontieri,         H.  Cloquet,  gordius  aquaticus? 

Physis  intestinale,  Scopoli,  trachée  d'oiseau. 

Sagittula,  Ea&liani,  appareil  hyo*Iaryngien  d'oiseau. 

Stomachide,  Pereboom,  ascaride  lombricoïde  altéré. 

Striatule,  ?  nervure  de  salade. 

Thélazie,  Rhodes  et  Bosc,    larve  d'insecte  sous  la  paupière 

d'un  bœuf. 

(1)  Voy.  Path.,  p.  165,  206,  295,  302,  760. 

(2)  Voy.  Palh.,  p.  75,  301,  325,  327. —  Fragments  de  la  membrane  muqueuse 
intestinale,  p.  62.  —  Voyez  encore  une  observation  rapportée  par  M.  Cruveilhier, 
et  qui  concerne  une  longue  portion  de  l'intestin  expulsée  par  une  femme  après  des 
symptômes  d'étranglement  interne  {Bull.  Acad.deméd.,  1851- 1852,  t. XVII,  p.  786). 

(3)  Voy.  Path.,  p.  357. 


XCII  l'SEUDHELMtNTIIliS. 

D'aulres  genres  ou  espèces  dont  il  a  été  question  dans  le  synopsis  appar- 
tiennent vraisemblablement  encore  aux  pseudhelminthes;  ce  sont  :  le  dacty- 
lius  aculeatus,  le  spiroptera  hominis,  le  letrastoma  rénale,  le  polystoma  san- 
guicola.  Yhexalhyridium  pinguicola,  etc. 

§  IV.  —  Les  pseudhelminthes  ont  été  rapportés  aux  cntozoaires  d'après  la 
considération  de  leur  provenance,  de  leur  forme  ou  de  leurs  mouvements.  Ce 
dernier  caractère  est  souvent  aussi  illusoire  que  les  deux  premiers  ;  il  ne  suffit 
pas  en  effet  qu'un  corps  ait  des  mouvements  spontanés  pour  qu'il  appartienne 
aux  animaux  ;  d'un  autre  côté,  il  faut  souvent  une  attention  soutenue,  pour 
distinguer  des  mouvements  communiqués  d'avec  des  mouvements  spontanés. 
D'après  une  observation  de  Percy  qui  a  vu  des  hydalides  se  mouvoir  sur  sa 
main,  on  a  généralement  admis  que  ces  corps  sont  des  animaux,  et  les  hyda- 
lides de  Percy  étaient  des  vésicules  choriales!  Dupuylren  penche  à  regarder 
les  corps  riziformes  des  synoviales  comme  des  animaux,  parce  qu'il  croit  leur 
avoir  vu  des  mouvements.  Les  corps  desséchés  qu'on  humecte ,  ceux  qu'on 
place  dans  un  liquide  nouveau  et  d'une  densité  différente  sont  d'abord  agités 
de  mouvements  hygroscopiques  plus  ou  moins  vifs  qui  en  ont  imposé  à  plu- 
sieurs observateurs. 

La  connaissance  de  l'organisation  des  entozoaires,  l'examen  attentif  des 
caractères  extérieurs,  la  recherche  histologique  des  tissus  constitutifs  met- 
tront presque  toujours  à  l'abri  de  l'erreur.  L'existence  de  trachées  et  de  cel- 
lules végétales,  la  coloration  bleue  obtenue  par  l'acide  sulfurique  et  l'iode 
montreront  que  le  corps  observé  appartient  aux  végétaux  ;  la  présence  de 
vaisseaux  contenant  des  corpuscules  sanguins,  ou  ces  corpuscules  isolés, 
celle  d'un  tissu  adipeux,  d'un  tissu  cellulaire  à  fibres  inégales,  celle  de  tra- 
chées aériennes  ne  conviennent  point  aux  entozoaires.  Les  téguments  consti- 
tués par  des  fibres  semblables  et  régulièrement  croisées  chez  les  nématoïdes  , 
les  corpuscules  calcaires  chez  les  cestoïdes,  les  ovules  chez  presque  tous  offri- 
ront des  caractères  très  précis  sur  la  nature  de  l'individu  observé  et  même 
sur  la  classe  et  sur  l'ordre  auxquels  il  appartient. 

Tous  les  entozoaires  connus  et  qui  ont  été  recherchés  dans  un  nombre  im- 
mense d'animaux  vertébrés  sont  organisés  suivant  les  six  types  distincts  que 
nous  avons  décrits  ;  ainsi  l'on  peut  conclure  que  les  vers  intestinaux  qui  se- 
ront découverts  à  l'avenir  chez  l'homme  ou  chez  les  animaux  domestiques  ne 
nous  présenteront  point  de  type  nouveau  ;  si  donc  on  rencontre  chez  ces 
animaux  ou  chez  l'homme  quelque  corps  qui  ne  rentre  point  par  son  orga- 
nisation dans  l'un  des  types  connus,  on  pourra  sans  crainte  le  rejeter  du 
groupe  des  entozoaires. 


(9? 

JAN  1  8  1917 


TRAITÉ 

DES   ENTOZOAIRES 


ET    DES 


MALADIES  VERMINEUSES 


CONSIDERATIONS  GENERALES. 

Importance  attribuée  anciennement  aux  vers  intestinaux.  —  Répartition  des 
entozoaires  dans  les  organes.  —  Conditions  de  l'existence  et  de  la  fréqueuce  des 
vers  :  contrées,  climats,  saisons,  humidité,  genre  de  vie,  régime,  âge.  Vers 
chez  le  fœtus,  l'œuf  et  l'embryon,  chez  les  enfants  à  la  mamelle  et  les  animaux 
en  lactation,  dans  l'eufanceet  la  vieillesse.  —  Sexe,  race,  nationalité,  hérédité; 
contagion,  épidémie  ;  état  de  santé,  constitution  (helminthiase).  —  Phénomènes 
et  accidents  occasionnés  par  les  vers. 

Les  vers  intestinaux  ont  joué  longtemps  un  rôle  considérable  dans 
la  pathologie  de  l'homme.  Aux  siècles  derniers,  un  diagnostic  incer- 
tain, une  ignorance  presque  générale  de  l'anatomie  pathologique, 
laissaient  souvent  couverte  d'un  voile  impénétrable  l'origine  ou  la 
cause  des  symptômes  observés.  Alors  les  médecins,  disposés  à  cher- 
cher des  relations  entre  un  état  morbide  mal  déterminé  et  quelque 
phénomène  apparent,  attribuaient  aux  vers  les  maladies  dans  les- 
quelles l'existence  de  ces  parasites  avait  été  constatée.  Les  faits  mal 
interprétés,  accumulés  par  la  suite  des  temps,  leur  fournirent  de 
nombreux  exemples  des  maladies  les  plus  diverses  dont  Ja  nature 
vermineuse  n'était  point  contestée.  Les  nosologistes  antérieurs  à 
notre  époque  font  à  peine  mention  des  désordres  occasionnés  par  les 
entozoaires  des  organes  parenchymateux,  mais  ils  admettent  une 
apoplexie,  une  pleurésie,  une  goutte  vermineuses,  des  fièvres  vermi- 
neuses,  etc.,  donnant  à  ces  affections  pour  point  de  départ  l'intestin, 


"1  CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES. 

et  pour  cause  l'ascaride  lombricoïde.  Depuis  le  commencement  de 
notre  siècle,  des  observateurs  plus  judicieux  soumirent  les  faits  à 
une  critique  éclairée,  et  portèrent,  dans  ces  questions  obscures  de  la 
pathologie  de  l'homme  les  lumières  de  la  pathologie  comparée. 
Aujourd'hui  les  progrès  de  nos  connaissances  en  helmintbologie  et 
dans  le  diagnostic  des  maladies,  les  investigations  anatomiques  fré- 
quentes, ont  fait  disparaître  de  nos  traités  de  pathologie  les  affec- 
tions vermineuses  qu'on  appelait  universelles.  Il  n'en  est  pas  de 
même  des  affections  vermineuses  locales;  les  travaux  des  médecins 
modernes  ont  montré  qu'elles  ne  sont  que  trop  réelles  et  trop  fré- 
quentes. 

Chez  les  animaux  vertébrés,  aucune  partie  du  corps  n'est  à  l'abri 
de  l'invasion  des  entozoaires;  à  ne  considérer  que  l'homme  et  les 
animaux  domestiques,  on  en  a  rencontré  dans  presque  tous  leurs 
organes.  Les  parties  les  plus  inaccessibles,  comme  l'intérieur  de 
l'oeil,  le  cerveau,  le  canal  rachidien,  aussi  bien  que  les  cavités  qui 
communiquent  avec  le  dehors,  en  sont  quelquefois  le  siège;  la  cavité 
médullaire  des  os  même  en  a  offert  des  exemples. 

En  général,  des  organes  différents  ne  donnent  point  asile  à  des 
entozoaires  de  même  espèce  :  l'intestin  grêle  de  l'homme  est  le  sé- 
jour de  l'ascaride  lombricoïde,  du  ténia  solium,  du  bothriocéphale 
large,  etc.,  mais  aucun  de  ces  vers  ne  vit  normalement  dans  l'esto- 
mac ou  dans  le  gros  intestin.  Les  principaux  organes  ou  les  princi- 
paux appareils  ont  leurs  vers  spéciaux  :  le  cœcum  est  habile  par  le 
trichocéphale,  le  rectum  par  l'oxyure,  les  voies  biliaires  ont  le  dis- 
tome hépatique,  les  voies  urinaires  le  strongle  géant,  etc.  Comme 
les  organes,  les  systèmes  ont  des  vers  qui  leur  sont  propres  :  dans 
les  muscles  de  la  vie  animale  se  trouve  le  trichina  spiralis,  dans  le 
système  nerveux  central  le  coenure,  dans  des  cavités  séreuses  natu- 
relles ou  adventives  le  cysticerque  et  l'échinocoque. 

Un  très  petit  nombre  d'entozoaires  n'ont  point  de  séjour  fixe; 
généralement,  chez  les  parasites  intestinaux,  l'espèce  est  subor- 
donnée à  tel  organe  ou  à  tel  système,  dont  elle  ne  change  qu'en 
changeant  d'état.  Cette  subordination  s'observe  chez  les  vers  des 
animaux  vertébrés  avec  une  constance  telle  qu'elle  peut  être  regar- 
dée comme  une  loi  générale;  aussi  les  cas,  en  apparence  contradic- 
toires, observés  chez  l'homme,  et  rapportés  parles  médecins,  eussent 
été  pour  la  plupart  rectifiés  par  un  examen  plus  attentif  ou  plus 
judicieux;  une  critique  éclairée  eût  montré,  tantôt  une  erreur  dans 


CONSIDÉRATIONS   GÉNÉRALES.  3 

la  détermination  de  l'espèce,  tantôt  une  migration  accidentelle  de 
l'entozoaire  observé,  tantôt  une  erreur  plus  grave  encore  sur  la 
nature  d'un  prétendu  ver.  Soit  par  défaut  de  notions  en  helmintho- 
logie,  soit  par  défaut  de  critique,  on  a  confondu  l'ascaride  lombri- 
coïde  avec  le  strongle  des  reins,  les  vésicules  choriales  avec  les 
hydatides,  des  concrétions  fibrineuses  avec  des  vers,  etc.,  et  l'on  a 
accumulé  dans  les  livres  de  médecine  une  foule  de  faits  erronés. 

Le  développement  dans  les  organes  et  la  multiplication  des  ento- 
zoaires  sont  favorisés  par  des  conditions  diverses,  qui  sont  tantôt 
extérieures,  comme  des  influences  de  contrées,  de  climats,  de  sai- 
sons, et  tantôt  propres  à  l'animal  affecté,  comme  l'âge,  le  sexe,  etc. 
Ces  conditions  sont  permanentes  ou  transitoires,  et  dans  ce  dernier 
cas  les  entozoaires  peuvent  apparaître  par  épidémies  :  rien  n'est 
mieux  établi  que  la  subordination  des  entozoaires  à  certaines  cir- 
constances extérieures  ou  propres  à  l'individu  affecté  ;  cependant 
rien  n'est  plus  obscur  encore  que  le  mode  d'action  de  la  plupart  de 
ces  circonstances.  Nous  nous  bornerons  ici  à  signaler  les  faits  sans 
chercher  à  les  interpréter. 

De  toutes  les  influences  sur  la  production  des  entozoaires,  celle 
des  contrées  est  la  plus,  manifeste.  Les  anciens  avaient  déjà  remar- 
qué, au  rapport  de  Pline,  que  les  vers  n'étaient  pas  aussi  fréquents 
dans  certains  pays  que  dans  d'autres  (1).  D'après  Théophraste,  les 
habitants  de  la  Thrace  et  de  la  Phrygie,  et  même  ceux  de  l'Attique, 
étaient  tout  à  fait  exempts  de  vers  (2).  Il  nous  est  impossible  de 
contrôler  cette  assertion  par  quelque  fait  analogue  et  contemporain  ; 
mais  on  peut  établir  aujourd'hui,  pour  certaines  contrées,  la  vérité 
de  la  proposition  inverse  ;  en  Abyssinie,  par  exemple,  tous  les  habi- 
tants sont  attaqués  du  ténia. 

La  question  de  l'existence  des  entozoaires  dans  les  divers  pays 
peut  être  considérée  à  deux  points  de  vue  : 

1.  Il  existe  dans  certaines  contrées  des  vers  qui  ne  se  trouvent 
point  ailleurs  : 

2.  Le  nombre  des  individus  affectés  de  vers  est  plus  considérable 
dans  certains  pays  que  dans  d'autres. 

1°  La  filaire  de  l'homme  se  développe  dans  les  contrées  tropi- 

(1)  C.  Pline,  Hist.  nat.,  lib.  XXVII,  §  120. 

(2)  Théophraste,  De  hisloria  plànlar.,  lib;  IX,  cap.  xxu. 


/l  CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES. 

cales  exclusivement;  l'anchylostome  duodénal  n'a  encore  été  observé 
qu'en  Italie  (Milan)  et  en  Egypte;  le  Tœnia  nana  et  le  Distomum 
hœmaiobivm  ne  l'ont  été  que  dans  ce  dernier  pays;  l'existence  du 
bothriocéphale  n'a  été  constatée  avec  certitude  qu'en  Europe  ;  il  en 
est  de  même  pour  quelques  entozoaires  des  animaux  domestiques  et 
sauvages.  Nous  nous  bornerons  à  rappeler  le  fait  remarquable  d'un 
ver  nématoïde  vivant  dans  l'œil  des  chevaux,  fait  très  commun  dans 
l'Inde,  et  si  rare  en  Europe  et  en  Amérique. 

Beaucoup  de  vers  sont,  au  contraire,  cosmopoli/es,  si  l'on  peut 
s'exprimer  ainsi  :  le  ténia,  l'oxyure,  l'ascaride  lombricoïde,  ont  été 
signalés  chez  tous  les  peuples. 

2°  Quant  à  la  fréquence  des  vers  suivant  les  contrées,  on  connaît 
généralement  celle  du  ténia  dans  certains  pays,  en  Egypte,  en 
Abyssinie,  etc.;  celle  du  bothriocéphale  dans  plusieurs  parties  de  la 
Suède,  de  la  Russie  et  de  la  Suisse;  celle  de  l'ascaride  lombricoïde 
chez  les  nègres  de  nos  colonies;  enfin,  celle  des  hydatides  chez  les 
Islandais. 

L'influence  des  contrées  sur  la  production  des  entozoaires  tient  à 
des  conditions  dont  la  détermination  est  généralement  très  incertaine  ; 
toutefois  le  climat  paraît  la  condition  principale  de  l'existence  de  la 
filaire  de  l'homme,  peut-être  est-il  aussi  une  condition  d'existence 
pour  l'anchylostome  duodénal  et  le  distome  hématobie. 

Une  influence  moins  permanente,  mais  qui  tient  à  quelques  égards 
de  celle  du  climat,  est  l'influence  des  saisons.  Les  saisons  apportent 
avec  elles  des  variations  de  température,  d'humidité,  de  nourriture 
qui  doivent  favoriser  la  transmission  et  le  développement  de  telle  ou 
telle  espèce  de  ver,  et  rendre,  par  conséquent,  ces  espèces  plus  ou 
moins  communes,  suivant  les  diverses  époques  de  l'année.  C'est,  en 
effet,  ce  que  l'on  observe  pour  les  entozoaires  d'un  grand  nombre 
d'animaux.  Par  exemple,  suivant  Bloch,  on  trouve  la  ligule  chez  les 
poissons,  en  automne  et  en  hiver,  rarement  au  printemps  et  en 
été  (1).  On  ne  trouve  point  de  tricuspidaires  dans  les  brochets  en 
automne,  au  rapport  deBremser,  tandis  que  ces  poissons  en  sont 
remplis  au  printemps  (2) .   •<  Dans  le  Cotto  scorpio  que  j'ai  examiné 

(1)  Dloch ,  Traité  de  la  génération  des  vers  des  intestins,  trad.  Strasbourg, 
1788,  p.  4. 

(2)  Bremser,  Traité  soologique  et  physiologique  sur  les  vers  intestinaux  de 
l'homme,  trad.  par  Grundler,  p.  196.  In-8,  Paris,  1824. 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES.  5 

'•  très  souvent,  dit  Rudolphi,  je  n'ai  trouvé  de  ténias  qu'au  prin- 
»  temps  et  jamais  en  automne  (1).  »  —  «  Toutes  les  taupes  que  j'ai 
»  disséquées  à  Rennes  en  février  et  mars,  au  nombre  de  soixante- 
»  huit,  dit  M.  Dujardin,  contenaient  abondamment  des  Spiroptera 
»  strumosa...  Dans  d'autres  saisons,  à  Rennes,  j'avais  cherché 
»  vainement  les  spiroptères  dans  les  taupes  (2).  » 

Le  développement  des  vers  dans  l'œil  des  chevaux,  aux  Indes, 
est  propre  aux  mois  froids.  M.  Gibb  n'a  jamais  vu  de  cas  de  vers 
dans  l'œil  avant  le  commencement  d'octobre  ou  après  le  commence* 
ment  de  mars  (3).  L'apparition  des  vers  des  bronches  chez  les  bêtes 
bovines  a  lieu  généralement  en  été  et  en  automne. 

Quant  à  la  fréquence  des  vers,  suivant  la  saison,  chez  l'homme,  les 
médecins  anciens  déjà  en  avaient  parlé  :  la  plupart  ont  dit  que  les 
lombrics  sont  plus  fréquents  en  automne,  assertion  que  vient  confir- 
mer le  développement  de  la  larve  au  printemps  et  en  été ,  au  moins 
dans  nos  climats.  La  filaire  de  Médine  apparaît  le  plus  communé- 
ment à  l'époque  des  grandes  chaleurs.  A  l'égard  du  ténia,  ou  plutôt 
du  bothriocéphale,  Rosen  rapporte  que  dans  Biœrneborg,  dont  un 
quart  des  habitants  est  attaqué  du  ténia,  ce  ver  se  manifeste  prin- 
cipalement en  septembre  et  en  octobre;  or,  ajoute-t-il,  c'est  le  temps 
où  finit  la  pêche  (4).  Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  remarque,  c'est  le 
seul  fait  que  nous  connaissions  touchant  l'apparition  des  vers 
cestoïdes  chez  l'homme  à  une  époque  déterminée  de  l'année. 

Parmi  les  conditions  favorables  au  développement  des  entozoaires 
qui  dépendent  du  climat  ou  de  la  saison,  l'humidité  est  une  des  plus 
manifestes.  Nous  verrons  que  les  pluies  prolongées  dans  les  climats 
tropicaux  peuvent  donner  lieu  à  de  véritables  épidémies  du  dragon- 
neau,  et  que,  dans  l'Inde,  les  vers  de  l'œil  dont  nous  venons  de  faire 
mention  deviennent  beaucoup  plus  communs  chez  les  chevaux, 
lorsque,  dans  la  saison  froide,  il  y  a  des  pluies  abondantes.  On  con- 
naît l'influence  de  l'humidité  des  pâturages  sur  la  fréquence  du 
distome  hépatique  chez  le  mouton  ;  de  sorte  que  l'état  atmosphé- 

(1)  Entosoorum  sive  vermium  intestin alium  historia  naluralis,  autore  Carolo 
Asmundo  Rudolphi,  1. 1,  p.  422.  In -8,  Amsterdam,  1808. 

(2)  Félix  Dujardin,  Histoire  naturelle  des  helminthes  ou  vers  intestinaux,  p.  87. 
In-8,  Paris,  1845. 

(3)  P.  Rayer,  Archives  de  médecine  comparée,  p.  139.  In-4,  Paris,  1843. 

(4)  Nils  Rosen  de  Rosenstein,  Traité  des  maladies  des  enfants,  trad.  Paris,  1778, 
p.  376,  note. 


6  CONSIDÉRATIONS   GÉNÉRALES. 

rique  normal  ou  anormal  de  la  saison,  la  différence  dos  années,  ont 
une  action  très  prochaine  et  très  grande  sur  l'apparition,  la  fréquence 
ou  la  disparition  de  certains  entozoaires. 

On  a  accordé  au  genre  de  vie  une  grande  importance  dans  la  pro- 
duction des  vers;  on  trouve,  en  effet,  quelquefois  chez  des  animaux 
d'espèce  différente,  mais  vivant  dans  des  conditions  semblables,  des 
entozoaires  de  même  espèce  :  c'est  ainsi  que  le  distome  hépatique, 
qui  appartient  plus  particulièrement  aux  ruminants,  se  trouve  quel- 
quefois aussi  chez  les  autres  herbivores,  et  s'est  rencontré  chez 
l'homme  et  même  chez  le  chat  domestique,  quoique  ce  ver  soit  tout 
à  fait  inconnu  chez  les  carnivores  sauvages. 

Le  strongle  géant  que  l'on  a  rencontré  aussi  dans  des  animaux 
d'espèces  et  même  de  genres  différents,  se  transmet  probablement 
des  uns  aux  autres,  ainsi  qu'à  l'homme,  par  des  circonstances  de 
vie  commune;  car  ce  ver,  généralement  rare,  semble  apparaître 
plus  fréquemment  à  certaines  époques  et  dans  certaines  localités. 

Les  marins  paraissent  être  très  rarement  affectés  d'hydatides  (1). 
Les  peuplades  qui  mènent  une  vie  errante  sont,  d'après  Pallas, 
fort  peu  exposées  aux  vers  intestinaux  :  «  Dans  les  contrées  désertes 
»  de  l'empire  russe,  dit  le  célèbre  observateur,  et  en  Sibérie  où  la 
..  population  est  nouvelle  et  clair-semée,  ainsi  que  chez  les  peuples 
»  pasteurs  qui  changent  souvent  de  résidence,  toutes  les  espèces  de 
»  vers  qui  habitent  l'intestin  sont  rares.  Chez  les  animaux  sauvages 
»  de  ces  contrées,  c'est  à  peine  si  ces  vers  se  rencontrent  une  fois 
»  sur  cent,  comparativement  à  ceux  d'Europe  (2) .  » 

D'après  une  opinion  généralement  reçue,  c'est  le  régime  de  vie 
qui  rend  les  oxyures  et  les  lombrics  plus  communs  chez  les  enfants 
que  chez  les  adultes  ;  opinion  qui  semble  confirmée  par  ce  fait  que 
les  enfants  à  Paris  sont  plus  rarement  qu'à  la  campagne  attaqués  de 
ces  derniers  vers.  D'après  mes  propres  informations,  la  fréquence 
comparativement  plus  grande  des  vers  à  la  campagne  est  certaine, 
mais  on  verra  que  ce  n'est  ni  aux  fruits,  ni  aux  légumes  verts,  ni 
aux  aliments  farineux  qu'il  est  rationnel  d'attribuer  ce  fait,  c'est  à 
la  qualité  de  l'eau  qui  sert  aux  boissons. 

La  fréquence  du  bothriocéphale  aux  bords  de  certains  lacs  ou  de 


(1)  George  Budd,  On  Diseases  of  the  liver,  p.  440.  Id-8,  London,  1852. 

(2)  P.  S.  Pallas,  Neue  nordische  Beilr'dge,  etc.,  erst.  Band,  S.  43.  Petersburg, 
1781. 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES.  7 

certains  fleuves  a  été  généralement  attribuée  au  poisson  dont  les 
habitants  font  usage,  et  toutefois  Reinlein  rapporte  que,  médecin 
des  Chartreux  pendant  dix  ans,  lesquels  faisaient  leur  nourriture 
presque  exclusive  de  poisson,  il  n'a  jamais  observé  chez  eux  le 
bothriocéphale  (1). 

Pour  le  ténia,  le  bon  ou  le  mauvais  régime  ne  paraît  avoir  aucune 
'  influence  sur  sa  fréquence  :  il  existe  aussi  bien,  dit  Werner,  dans 
les  palais  que  dans  les  chaumières  (2).  Tous  les  malades  dont 
M.  Louis  rapporte  l'histoire  dans  son  mémoire  sur. le  ténia  faisaient 
habituellement  usage  d'une  bonne  nourriture  (3).  Ce  n'est  donc  ni  à 
l'usage  du  poisson,  ni  au  bon  ou  au  mauvais  régime  qu'on  doit  rap- 
porter la  présence  des  vers  cestoïdes  chez  l'homme;  mais  nous  ver- 
rons qu'une  circonstance  accessoire  au  régime,  l'usage  de  viande 
crue,  paraît  avoir  une  action  réelle  sur  la  production  du  ténia. 

L'âge  est  une  des  conditions  les  plus'  évidentes  de  la  fréquence 
ou  de  la  rareté  des  entozoaires.  Chez  l'homme  aux  différentes  pé- 
riodes de  la  vie,  les  diverses  espèces  devers  sont  inégalement  com- 
munes ;  dans  la  première  enfance  et  clans  l'extrême  vieillesse  les 
vers  sont  rares. 

Vers  chez  le  foetus  humain. 

Par  une  vue  théorique,  on  a  longtemps  admis  que  les  vers  sont 
innés,  et  l'on  a  cru  trouver  la  confirmation  de  cette  opinion  dans  des 
observations  de  vers  chez  le  fœtus  ;  mais,  outre  que  ces  observations 
se  réduisent  à  quelques-unes,  le  plus  simple  examen  les  montre  fort 
incertaines.  Le  premier  fait  remonte,  dit-on,  à  Hippocrate  ;  or,  voici 
comment  s'exprime  à  ce  sujet  le  père  de  la  médecine  :  »  Aussitôt 
»  après  la  naissance  des  enfants,  les  femmes  leur  font  prendre  les 
»  mêmes  médicaments,  afin  que  les  excréments  sortent  des  intestins, 
»  ne  s'y  calcinent  pas,  et  en  même  temps  afin  que  l'intestin  soit 
»  élargi.  Après  cette  administration,  beaucoup  d'enfants  ont  rendu 
»  des  vers  ronds  et  plats  avec  les  premiers  excréments  ;  s'ils  ne  vont 
»  pas  à  la  selle,  les  vers  se  développent  dans  le  ventre  (4).  >»  Il  est 

(1)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  346. 

(2)  P.  Ch.  Frid.  Werner,  Vermium  intest,  prœsert.  tceniœ  humanœ  brcvis  expo- 
sitio,  p.  106.  Lipsiœ,  1782. 

(3)  P.  Ch.  A.  Louis.  Du  ténia  et  de  son  traitement,  dans  ses  Mémoires  sur  diverses 
maladies,  p.  54-8.  Paris,  1826. 

(4)  Hippocrate,  Des  maladies,   liv.  IV,   trad.   par   Ë.   Liltré,  t.  VII,   p.   597. 
Paris,  1851. 


S  CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES. 

évident  que  l'auteur  du  quatrième  livre  des  maladies  n'émet  qu'une 
simple  assertion,  une  opinion,  mais  non  un  fait,  car  il  ne  l'eût  pas 
dit  aussi  commun. 

Trois  cas  seulement  de  vers  chez  le  fœtus  humain  ont  été  rapportés 
par  divers  observateurs  : 

'1°  Cas  de  Kerckring.  —  «  Alterum  (I)  etiain  occurrit  in  foetu  sex  men- 
»  sium  et  medii,  qui  ventriculum  habebat  triplo  majorent  quam  soient  alii, 
»  qui  tanlo  tempore  lucem  vitalem,  in  uleri  malerni  vitali  carcere  expectave- 
»  runt,  in  hac  auterh  lanti  ventriculi  capacitate  membrana,  et  in  il  Ici  vernies 
»  erant,  iis  quibus  pueri  s»pe  laborant  similes  (2).  » 

2°  Cas  de  Dolée.  —  «  Nec  ipse  fœtus  in  utero  ab  iis  (vermibus)  liber  est, 
»  quemadmodum  mihi  videre  licuit  in  fœtu  mortuo,  statim  a  parlu  expirante, 
»  et  a  me  exenterato,  in  quo  glomum  vermium  inveni  (3).  » 

3°  Cas  de  Brendel.  —  «  Divus  Brendelius  auditoribus  narrare  solebat  se 
»  in  fœtus  immature  partu  editi  intestinis  tenuibus  lumbricellorum  glomerem 
»  reperisse,  quem  etiam  in  preparato  asservabat,  Hœc  summi  viri  recentis- 
»  sima  observatio  magnum  prioribus  addit  pondus  (4).  » 

Le  nombre  des  cas  de  vers  chez  le  fœtus  humain  passe  pour  être 
plus  considérable;  il  se  réduit  à  trois,  et  dans  ces  trois  cas  on  a 
omis  de  mentionner,  non-seulement  les  caractères,  mais  même  l'es- 
pèce des  vers  observés.  Si  l'on  tient  compte  de  cette  omission,  de 
l'époque  à  laquelle  remontent  ces  observations ,  des  nombreuses 
erreurs  commises,  même  de  nos  jours,  relativement  à  des  caillots 
fibrineux,  à  des  concrétions  de  mucus  pris  pour  des  vers,  on  aura 
lieu  de  croire  que  ces  faits  sont  le  résultat  de  quelque  erreur  du 

(1)  Un  autre  fait  observe  par  Kerckring,  et  moins  généralement  connu,  est  rap- 
porté par  cet  auteur  en  ces  termes  : 

«  Imô  fœtus  eujusdam  humani  intestina  semel  inveni  vermibus  exiguis  qui  vix 
»  acûs  aciem  magnitudine  excedebant,  ita  scatentia,  ut  nihil  in  illis  prœter  hos 
»  conspiceretur,  manifesta  lamen  dabant  in  tanla  parvilate  vitaî  indicia,  quales 
»  sœpe  apparent  in  caseo,  durn  ille  ex  siccitate  verminat.  » 

Kerckring  ne  parle  point  de  l'âge  de  ce  foetus.  D'ailleurs  la  description  des  vers 
ne  se  rapporte  à  aucun  des  entozoaires  du  corps  humain:  les  oxyures  sont  plus 
grands  que  des  pointes  d'aiguille;  en  outre,  on  ne  les  eût  point  trouvés  vivants 
lors  de  l'autopsie.  Il  est  à  croire  qu'il  s'agit  ici  de  larves  de  mouche  récemment 
écloses  dans  un  cadavre  exposé  à  l'air  depuis  quelques  jours. 

(2)  Th.  Kerckringii  Spicilegium  anal.,  obs.  "79,  p.  154.  Amsterdam,  1670. 

(3)  J.  Dolœus,  Encyclop.  medicinœ,  lib.  IV,  cap.  x.  -  De  infantum  et  puerovum 
morbis.  Francofurti,  1684-1691,  in-4. 

(4)  P.  S.  Pallas,  Dissert.  med.  inaug.  de  infeslis  viventibus  inlra  viventia,  p.  59. 
Lugduni  Batav.,  1760. 


CONSIDÉRATIONS   GÉlNÉRALES.  9 

même  genre  (1).  A  ces  raisons,  qui  nous  portent  à  ne  point  admettre 
comme  vrais  les  cas  cités  ci-dessus,  nous  ajouterons  que  les  vers 
dont  il  s'agit  ont  été  rapportés  à  des  nématoïdes  ;  or,  le  mode  de 
transmission,  aujourd'hui  connu,  de  ces  entozoaires  ne  permet  pas 
d'admettre  qu'ils  arrivent  dans  l'intestin  autrement  que  par  l'eau 
des  boissons.  S'il  s'agissait  des  entozoaires  que  l'on  trouve  dans  les 
tissus  chez  l'adulte,  comme  la  trichine,  la  filaire,  les  hydatides,  etc., 
ou  des  vers  dont  la  larve  est  probablement  armée,  comme  le  distome 
hépatique ,  on  n'aurait  point  les  mêmes  raisons  d'en  repousser 
l'existence  chez  le  fœtus  humain  :  de  tels  vers  peuvent  sans  doute 
arriver  dans  l'œuf  à  travers  les  organes  de  la  mère,  comme  ils  arri- 
vent chez  celle-ci  dans  les  muscles  ou  dans  le  foie. 

Vers  dans  l'oeuf,  l'embryon  ou  le  foetus  des  animaux. 
Chez  les  animaux,  on  a  signalé  aussi  des  vers,  soit  dans  l'œuf,  soit 
dans  l'embryon  ou  le  fœtus 5  mais  ces  cas,  bien  que  peu  nombreux, 
sont  plus  certains  que  les  précédents. 

"Vers  dans  l'oeuf.  —  Le  distome  de  la  bourse  de  Fabricius  (Dislomum 
ovatum,  voy.  Synopsis,  n°  40)  a  été  trouvé  dans  l'œuf  de  la  poule  par  Ha- 
now,  Purkinje,  Eschholz,  Schilling  (2). 

Le  séjour  de  ce  ver  dans  'a  bourse  de  Fabricius,  d'où  il  peut  faci- 
lement remonter  dans  l'oviducte  ,  explique  son  introduction  dans 
l'œuf. 

Vers  chez  l'embryon.  —  Cas  de  Fromsiann.  —  Lors  d'une  épizootie  meur- 
trière, qui  régna  principalement  sur  les  moutons  en  1663,  Frommann  ob- 
serva dans  le  foie  des  bêtes  qui  succombaient  un  grand  nombre  de  dis- 
tomes {pislorna  hepaticum),  et,  ajoute-t-il,  le  foie  de  leurs  petits  encore  dans 
la  matrice  en  contenait  de  même  (3). 

(1)  C'est  encore  à  une  erreur  semblable  qu'il  faut  rapporter  les  cas  cités  par 
Vander-Wiel  d'une  sage-femme  de  sa  connaissance,  qui  avait  vu  un  ver  d'un  quart 
d'aune  de  longueur  enveloppé  le  long  du  cordon  ombilical  d'un  enfant,  et  dans  une 
autre  occasion  un  ver  plus  petit  dans  le  placenta  môme.  [Observ.  rares  de  méde- 
cine, etc.,  t.  II,  p.  302,  obs.  xxix.  Paris,  1758.) 

(2)  Car.  Maur.  Diesing ,  Sxjslema  helminthum.  Vindobona;,  1850,  vol.  I, 
p.  335-336. 

Je  mentionnerai  ici  simplement  le  cas  observé  par  Aldrovande  (Hist.  monslr., 
p.  339)  d'un  œuf  de  poule  dont  le  blanc  contenait  un  serpent  ou  une  espèce  de 
ver,  et  celui  de  Fabrice  ab  Acquapendente,  d'un  grand  ver  trouvé  par  lui  dans  un 
œuf  qu'il  mangeait.  (Cités  par  Vander-Wiel,  ouvr.  cit.,  t.  II,  p.  4G7.) 

(3)  Ephém.  de  l'Académie  des  curieux  de  la  nature,  dec.  I,  ann.  6  et  7,  obs.  188, 
1675  et  1676,  et  Collecl.  acad.,  part,  étrang.,  t.  III,  p.  292. 


10  CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES; 

('as  dr  Vu.entin.  —  Après  avoir  parlé  des  œufs  de  distome  que  l'on  trouve 
dans  la  vésicule  du  fiel  des  ruminants,  et  avoir  donné  leurs  caractères,  l'au- 
teur rapporte  le  fait  suivant  :  «  Après  avoir  fait  des  recherches  sur  la  btruc- 
lure  de  la  vésicule  du  fiel,  j'avais  appris  à  connaître  exactement  les  œufs  de 
distome,  lorsque,  dans  le  courant  de  cet  hiver  (1  8  40),  j'en  rencontrai  de 
nouveau:  c'était  en  faisant  des  recherches  microscopiques  sur  la  moelle  épi  - 
nière  encore  entourée  de  son  liquide  chez  un  embryon  de  mouton  long  de 
six  pouces.  Ils  étaient  d'un  brun  jaune,  munis  d'un  opercule  et  renfermaient 
une  masse  granuleuse  semblable  à  celle  des  œufs  que  j'avais  vus  dans  la 
vésicule.  Leur  nombre,  à  la  vérité,  n'était  pas  aussi  considérable  que  dans  la 
bile  des  ruminants,  mais  cependant  il  était  assez  grand.  Leur  siège  était 
limité  à  la  région  du  canal  vertébral,  dans  laquelle  la  moelle  allongée  devient 
la  moelle  épinière('l).  » 

Ce  sont  là  les  seules  observations  de  vers  dans  l'œuf  ou  l'embryon 
des  animaux  qui  nous  soient  connues  (2).  Les  premières  s'expliquent 
facilement  par  le  séjour  même  des  entozoaires;  les  secondes  appar- 
tiennent à  des  vers  que  l'on  a  rencontrés  quelquefois,  soit  dans  les 
vaisseaux,  soit  dans  les  tissus  (voy .  Vers  du  système  sanguin),  et  don.t 
on  peut  concevoir  par  ce  fait  la  pénétration  jusqu'à  l'embryon.  Si 
beaucoup  d'auteurs  ont  dit,  et  si  Rudolphi  lui-même,  ordinairement 
fort  exact,  a  dit  que  «  dans  le  fœtus  nouveau-né  des  vers  sont  sou- 
vent observés  »  (3),  c'est  manifestement  une  assertion  irréfléchie. 

L'absence  des  vers  chez  le  fœtus  humain  a  été  constatée  par 
Rœderer  et  Wagler  dans  l'épidémie  de  fièvre  muqueuse  qu'ils  ont 


(1)  G.  Valeutin,  OEufs  de  distome  dans  la  cavité  du  canal  vertébral  d'un  fœtus 
[Archives  de  Millier,  1840,  p.  317). 

(2)  Bloch,  Werner,  Brera,  parlent  d'un  cas  de  distomes  observés  chez  le  fœtus 
du  mouton  par  Hartmann;  mais,  d'après  l'indication  bibliographique,  il  est  évi- 
dent que  ces  auteurs  ont  fait  une  confusion  avec  le  cas  de  Frommann.  Bloch 
ajoute  :  «  et  Rousseus  a  trouvé  des  ascarides  chez  des  animaux  qui  n'étaient  pas 
encore  nés.  »  Il  s'agit  évidemment  deRonsseus,  car  il  n'a  point  existé  de  Rousseus. 
L'assertion  de  Bloch  est  inexacte;  nous  avons  inutilement  cherché  le  fait  dans  les 
œuvres  de  Ronsseus.  Cet  auteur  dit  bien,  dans  son  livre  intitulé  Venatio  medica, 
p.  78,  que  les  vers  vienneut  aux  enfants  encore  renfermés  dans  le  sein  maternel , 
mais  il  ne  cite  aucun  fait.  Dans  le  livre  De  morbis  mulieribus,  p.  221,  il  dit  qu'il 
a  rapporté,  d'après  Hippocrale,  que  les  vers  sont  communs  chez  les  enfants  nais- 
sants (Balduini  Ronssei  Opuscula  medica,  Lugduni  Batavorum,  1618).  L'ouvrage 
de  Bloch  renferme  un  grand  nombre  de  fautes  typographiques  et  des  faits  déna- 
turés, qui  ont  passé  successivement  dans  les  traités  ou  les  articles  d'helmintho- 
logie  jusqu'à  nos  jours. 

(3)  Rudolphi,  Entos.,  hist.  nat.,  t.  I,  p.  407. 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES.  11 

décrite,  épidémie  dans  laquelle  on  sait  que  les  vers  étaient  extrê- 
mement communs  :  »  Nous  avons  vu,  disent  ces  observateurs,  plu- 
»  sieurs  femmes  enceintes  périr  de  la  fièvre  muqueuse  compliquée 
»  de  la  présence  des  vers,  tandis  que  leurs  fœtus  présentaient  seule- 
»  ment  des  traces  de  l'affection  muqueuse  dans  son  état  de  simpli- 
»  cité,  sans  complication  de  vers  (1).  » 

Rudolphi  rapporte  qu'il  a  vainement  cherché  des  entozoaires  dans 
les  embryons  de  divers  animaux,  tels  que  le  hérisson,  la  taupe,  le 
rat,  le  cheval,  le  bœuf  et  la  poule  (2). 

M.  Chaussât,  ayant  examiné  le  sang  d'une  femelle  du  rat  noir  en 
état  de  gestation,  trouva  dans  ce  sang  un  grand  nombre  d'hémato- 
zoaires filiformes,  mais  il  ne  put  rencontrer  aucun  de  ces  vers  dans 
celui  des  cinq  fœtus  qu'elle  portait  (3), 

D'après  ces  faits,  on  doit  admettre  que  l'existence  de  vers  chez 
le  fœtus  humain  est  fort  incertaine,  et  qu'elle  est  extrêmement  rare 
dans  l'embryon  des  animaux. 

Vers  chez  l'enfant  a  la  mamelle,  l'animal  en  lactation,  l'oisead  ad  nid. 

Chez  les  enfants  à  la  mamelle  et  chez  les  animaux  en  lactation, 
les  vers  ont  été  plus  fréquemment  observés.  On  a  vu  des  nématoïdes, 
des  trématodes  et  plus  souvent  des  cestoïdes,  qui  déjà  avaient  acquis 
une  grande  longueur  chez  des  enfants  ou  chez  des  animaux  âgés  de 
quelques  mois  seulement.  Ces  faits  pouvaient  avoir  un  grand  intérêt 
lorsqu'on  y  cherchait  un  argument  en  faveur  de  la  théorie  de  la  géné- 
ration spontanée  ou  de  l'opinion  qui  voulait  que  les  vers  fussent 
transmis  des  parents  aux  enfants  ;  ils  ne  peuvent  en  avoir  pour  nous 
d'autre  que  de  donner,  en  quelque  sorte,  la  mesure  de  la  rapidité  de 
la  croissance  de  certains  entozoaires. 

4°  Nématoïdes, 

Chez  l'enfant.  —  De  Lille  rapporte  que  sa  fille,  âgée  de  onze  semaines  et 
qui  n'avait  encore  pris  que  le  lait  de  sa  mère,  rendit  des  vers  (inlegros  ver- 
mium  nidos).  Il  ne  dit  pas  que  cet  enfant  n'eût  jamais  bu  d'eau  (4). 

Chez  le  chat.  —  Wepfer  rapporte  avoir  vu  l'intestin  iléon  d'un  petit  chat 
plein  de  vers  lombricoïdes  (5). 

(1)  Rœderer  et  Wagler,  Tractalus  de  morbo  mucoso,  sect.  I,  §  ix,  p.  294,  trad. 
Paris,  1855. 

(2)  Rudolphi,  Entoz.,  hist.  nat.,  1. 1,  p.  387. 

(3)  J.-B.  Chaussât,  Des  hématozoaires,  thèse,  p.  26.  Paris,  1850. 

(4)  Christ.  Everh.  De  Lille,  De  palpitalione  cordis,  p.  133,  iu-8.  Zwollœ,  1755. 
Ce  cas  est  rapporté  par  Bloch  sous  le  nom  de  Linné. 

(5)  De  cicuta  aquatica,  p.  383.  Basileœ,  1679,  cité  par  Brera. 


12  CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES. 

Chez  le  veau.   —  Vallisneri   observa  un  cas  semblable  chez   un  jeune 

veau  (I  ). 

2°  Cestoïdes. 

Chez  l'enfant.  — Gaspard  Wolpliius  rapporte  qu'un  enfant  à  la  mamcllo 
rendit  un  ver  plat  (bolhriocéphale)  de  trois  aunes  de  longueur  (2). 

«  M.  Heim  nie  certifia,  dit  Bloch,  qu'il  connaissait  le  cas  où  l'on  avait  trouvé 
)■>  un  ténia  dans  un  enfant  nouvellement  né  (3).  » 

«  Ifufeland  fait  mention  d'un  enfant  de  six  mois  qui  avait  rendu  peu  à  peu 
»  trente  aunes  de  ténia,  sans  éprouver  la  moindre  altération  dans  la  santé  (4),» 

Chez  le  chien.  —  «  Le  professeur  Blumenbach  a  vu  le  canal  intestinal  d'un 
jeune  chien  rempli,  aussitôt  après  sa  naissance,  d'une  quantité  innombrable 
de  ténias  (5).  » 

Darelius,  d'après  Rosen,  a  observé  un  ténia  dans  un  chien  nouvellement 
né  (6). 

Chez  l'agneau.  —  «  Il  n'y  a  que  peu  de  jours  qu'on  m'apporta,  dit  Raulin, 
»  un  morceau  de  ténia  qui  avait  vingt  six  pieds  de  long.  On  l'avait  trouvé 
»  dans  le  ventre  d'un  agneau  qui  n'avait  pas  encore  trois  mois  (7).  » 

«  Mon  respectable  ami,  M.  Goeze,  à  Quedlinbourg,  me  marqua  qu'il  avait 
»  retiré  un  ténia  fort  long  d'un  agneau  à  la  mamelle  (8).  » 

Rudolphi  dit  avoir  trouvé  plusieurs  fois  des  ténias  dans  des  agneaux  à  la 
mamelle  (9). 

3°  Trématodes. 

Chez  l'agneau.  —  Bloch  dit  avoir  trouvé  des  douves  du  foie  chez  un  agneau 
à  la  mamelle,  qui  n'avait  pas  encore  bu  d'eau  et  qui  n'était  pas  encore  sorti 
de  l'étable  (-10). 

Chez  les  oiseaux.  —  Rudolphi  rapporte  avoir  vu  plusieurs  fois  des  distomes 
chez  des  oiseaux  qui  étaient  encore  presque  sans  plumes  (11). 

Chez  l'homme,  c'est  vers  l'âge  de  deux  ans  que  les  entozoaires 
deviennent  communs.  L'enfance  et  la  jeunesse  y  sont  plus  sujettes 

(1)  Opère  fisico-mediche,  t.  I,  p.  271,  cité  par  Brera. 

(2)  De  observ.  propriis,  cité  par  Schenck. 

(3)  Bloch,  ouvr.  cit.,  p.  84. 

(4)  Journal,  M.  XVIII,  St.  1,  p.  3,  cité  par  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  181. 

(5)  Handbuch  der  Naturg.,  ou  Manuel  de  i'hist.  naturelle,  p.  21,  cité  par  Blocli, 
p.  86. 

(6)  Rosen,  ouvr.  cit.,  386. 

(7)  Joseph  Raulin,  Lett.  conlen.  des  observ.  sur  le  ténia,  1751,  à  la  suite  de  : 
Des  maladies  occasionn.  par  les  promptes  variât,  de  l'air,  p.  4  i-i.  Paris,  1752. 

(8)  Bloch,  p.  85. 

(9)  Rudolphi,  Enloz.hist.nat.,  t.  I,  p.  387. 

(10)  Ouvr.  cil.,,  p.  86. 

(11)  Rudolphi,  Entoz.  hist.  nat.,  t.  I,  p.  387. 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES.  13 

que  l'âge  mûr  et  que  la  vieillesse;  mais  cette  proposition,  prise  clans 
sa  généralité,  n'est  vraie  que  par  la  rareté  des  vers  cestoïdes  dans 
nos  contrées  ;  elle  cesse  de  l'être  dans  les  pays  où  ces  vers  sont  très 
communs.  Chez  les  animaux  domestiques,  chez  le  chat  et  le  chien 
surtout,  si  les  entozoaires  sont  plus  fréquents  à  l'âge  adulte,  c'est 
parce  que  ces  animaux  sont  rarement  exempts  de  ténias.  La  ques- 
tion de  la  fréquence  des  vers  suivant  les  âges  ne  doit  point  être  envi- 
sagée d'une  manière  générale.  Chez  l'homme  et  chez  les  animaux, 
certains  vers  sont  plus  fréquents  à  telle  période  de  la  vie,  et  d'autres 
se  rencontrent  également  dans  toutes.  L'oxyure  et  l'ascaride  lom- 
bricoïde  sont  plus  communs  dans  l'enfance;  le  ccenure  envahit  sur- 
tout les  agneaux  ;  le  strongle  des  bronches  n'atteint  guère  que  les 
veaux  âgés  de  moins  d'un  an;  le  sclérostome  anévrysmatique,  très 
rare  chez  le  poulain,  est  très  commun  chez  les  vieux  chevaux.  D'un 
autre  côté,  le  ténia  en  Abyssinie,  le  bothriocéphale  dans  plusieurs 
localités,  le  trichocéphale  et  la  filaire  de  l'homme  se  rencontrent  à 
tous  les  âges. 

Le  sexe  a  une  influence  remarquable  sur  la  fréquence  du  ténia;  ce 
fait  singulier  a  été  constaté  par  plusieurs  observateurs.  Les  recher- 
ches de  Pallas  et  de  Wawruch  ne  laissent  point  de  doute  à  cet  égard. 
D'après  les  relevés  de  ces  deux  observateurs,  les  cas  de  ténia  chez 
la  femme  sont  proportionnellement  aux  cas  de  ténia  chez  l'homme 
comme  3  est  à  2.  Plusieurs  auteurs,  qui  ont  écrit  sur  les  maladies 
des  nègres,  ont  fait  une  remarque  semblable  quant  à  la  fréquence 
des  lombrics  plus  grande  chez  les  négresses. 

Si  l'âge  et  le  sexe  ont  une  influence  sur  la  fréquence  de  plusieurs 
vers,  la  race  et  la  nationalité  ne  peuvent- elles  avoir  une  influence 
analogue?  Cette  question  a  dû  être  résolue  affirmativement,  lorsque 
l'on  voyait  dans  un  ver  le  produit  d'une  génération  spontanée,  et 
que,  d'un  autre  côté,  on  remarquait  chez  certains  peuples  des  vers 
particuliers.  C'est  sous  l'inspiration  de  cette  théorie  touchant  l'ori- 
gine des  vers  que  Bremser  a  dit  :  Celui  qui  est  né  d'une  mère  suisse 
n'a  peut-être  jamais  été  incommodé  par  un  ténia;  et  qu'il  s'est 
demandé  si  l'existence  du  ténia  chez  les  Suédois  et  celle  du  bothrio- 
céphale chez  les  Russes  ne  tiendraient  pas  à  la  différence  d'origine 
des  deux  peuples  (1).  La  même  question  a  été  faite  pour  la  filaire  de 

(1)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  345. 


là  CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES. 

Médine  ;  niais  depuis  longtemps  déjà  on  sait  que  toutes  les  races 
d'hommes  sont  également  sujettes  aux  atteintes  de  ce  dernier  ver. 
Quant  au  bothriocéphale,  on  sait  de  même  aujourd'hui  que  son 
existence  tient  à  des  circonstances  locales,  et  que,  dans  les  contrées 
où  il  est  endémique,  les  étrangers  en  sont  atteints  comme  les  gens 
du  pays;  d'ailleurs  on  a  vu  le  ténia  et  le  bothriocéphale  ensemble 
chez  le  même  individu. 

Le  développement  des  vers  par  hérédité  a  été  indiqué  par  quel- 
ques médecins  ;  nous  verrons,  à  propos  du  ténia  et  du  bothriocéphale, 
sur  quelles  raisons  cette  opinion  s'appuie.  Le  seul  fait  bien  avéré  de 
l'hérédité  d'un  entozoaire  a  été  signalé  chez  le  chien  :  ceux  de  ces 
animaux,  en  effet,  qui  ont  des  hématozoaires  proviennent  ordinaire- 
ment, d'après  MM.  Gruby  et  Delafond,  d'un  père  ou  d'une  mère 
qui  en  étaient  atteints. 

La  transmission  par  contagion  nous  paraît  établie  pour  la  filaire 
de  l'homme;  elle  existe  vraisemblablement  aussi  pour  le  strongle 
des  bronches  qui,  chez  les  moutons  et  les  bœufs,  occasionne  des 
épizooties  meurtrières. 

L'apparition  des  vers  par  épidémie  ou  par  épizootie  est  un  fait  des 
mieux  avérés. 

La  constitution  ou  l'état  actuel  de  santé  passe  pour  être  une 
cause  de  l'existence  ou  de  la  fréquence  des  vers  :  de  ce  fait  que 
certains  épizoaires  envahissent  les  téguments  des  animaux  mal 
nourris,  malades  et  misérables,  on  peut  inférer  qu'il  se  passe  quel- 
que chose  d'analogue  pour  les  entozoaires.  On  voit,  en  effet,  dans 
la  cachexie  aqueuse,  les  moutons  envahis  par  un  grand  nombre  de 
distomes  hépatiques  ;  mais  on  voit  aussi  chez  des  animaux  qui 
offrent  toutes  les  apparences  de  la  meilleure  santé  ,  un  nombre 
immense  de  parasites  internes  (1)  ;  et  quant  à  la  présence  des  di- 
stomes chez  les  moutons  cachectiques,  on  ne  sait  encore  précisément 
si  elle  est  l'effet  ou  la  cause  de  la  maladie,  ou  si  l'existence  des  vers 


(  I  )  Plusieurs  auteurs  rapportent  des  cas  d'accumulation  extraordinaire  de  vers  chez 
des  animaux  bien  portants.  On  peut  voir  un  cas  de  ce  genre  observé  par  Rudolphi 
[Op.  cit.,  t.  I,  p.  457);  une  autre  observation  par  Nathusius  (Wiegmann's  Archiv, 
1837)  ;  enfin  le  suivant,  rapporté  dans  ces  mêmes  Archives  (t.  II,  p.  196,  1840) 
par  Krause  de  Belgrade:  Un  cheval  de  deux  ans  et  demi  contenait  519  Ascaris  me- 
galocephala,  190  Oxyurus  curvula,  214  Strongylus  armalus,  plusieurs  milliers  de 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES.  15 

et  celle  de  la  cachexie  ne  sont  pa«,  indépendamment  l'une  de  l'autre, 
le  résultat  des  conditions  dans  lesquelles  a  vécu  l'animal  affecté.  On 
ne  doit  point  oublier  que  les  mêmes  conditions  qui  sont  favorables  à 
la  propagation  des  helminthes  peuvent  agir  en  dehors  de  ces  para- 
sites sur  la  constitution  des  animaux  :  on  sait,  par  exemple,  que 
les  chevaux  mis  au  vert  dans  des  pâturages  humides  sont  bientôt 
envahis  par  un  grand  nombre  de  lombrics  et  de  ténias,  et  que,  lors- 
qu'ils sont  ramenés  à  l'écurie  et  soumis  à  un  régime  sec,  ces 
entozoaires  sortent  avec  les  fèces  et  disparaissent  peu  à  peu  d'eux- 
mêmes.  Si  les  chevaux,  dans  ces  prairies,  sont  mous,  amaigris,  s'ils 
sont  sujets  à  la  diarrhée,  n'est-ce  pas  à  la  nourriture  aqueuse  et 
débilitante  qu'ils  le  doivent,  plutôt  qu'aux  entozoaires  qui,  de  leur 
côté,  trouvent  dans  l'humidité  des  conditions  favorables  à  leur 
transmission  ou  à  leur  propagation  \ 

Pour  ce  qui  concerne  les  vers  de  l'homme,  on  a  dit  qu'ils  sont  plus 
fréquents  chez  les  individus  délicats  et  débiles,  chez  les  malades 
atteints  d'affections  asthèniques,  chez  les  scrofuleux,  etc.,  que  les 
ivers  cystiques  sont  plus  fréquents  chez  les  hydropiques  ;  mais  aucune 
Ide  ces  assertions  n'a  été  établie  sur  des  faits  bien  observés.  Il  fau- 
drait voir  si  la  détérioration  de  l'économie  n'a  pas  été  consécutive 
à  l'invasion  des  entozoaires  dans  les  cas  de  ténia,  par  exemple;  si 
l'hydropisie  n'a  pas  été  la  conséquence  plutôt  que  la  cause  d'une 
hydatide  du  foie  ;  si  le  malade  n'est  pas  atteint  de  vers,  parce  qu'il 
vit  dans  une  condition  qui  les  rend  communs  autour  de  lui,  comme 
on  le  voit  dans  certaines  localités  pour  l'ascaride  lombricoïde.  Je  ne 
sache  pas,  d'ailleurs,  que  dans  un  établissement  hospitalier  où  les 
conditions  de  vie  sont  les  mêmes  pour  tous,  je  ne  sache  pas,  dis-je, 
que  dans  un  tel  établissement  on  ait  jamais  fait  un  relevé  comparatif 
des  cas  de  vers  chez  des  scrofuleux  et  chez  des  individus  d'une 
constitution  ordinaire. 

Plusieurs  auteurs,|surtout  parmi  les  plus  récents,  ont  donné  le  nom 
(['helminthiase  à  l'état  de  l'économie  qui  favoriserait  ou  qui  déter- 
minerait la  formation  des  vers,  ainsi  qu'à  l'état  pathologique  que  la 
présence  de  ces  parasites  entretient.  Suivant  les  différentes  espèces 

Sirpngylus  telracanlhus,  69  Tœniaperfoliata,  287  Filaria  papillosaet  6  Cysticercus 
fëslularis.  «  D'après  cela,  ou  peut  se  demander,  dit  M.  Dujardin  qui  rapporte  ce  fait, 
si  les  helminthes  sont  véritablement  nuisibles  aux  animaux  dans  lesquels  ils  habi- 
tent? Je  suis  pour  la  négative,  tant  j'ai  vu  d'exemples  d'animaux  bien  portants 
,qui  contenaient  plus  d'helminthes  que  d'autres  individus  de  chétive  apparence.  » 
(Ouvr.  cit.,  p.  13.) 


16  CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES. 

d'entozoaires  dont  on  est  atteint,  ces  auteurs  ont  décrit  un  état 
d' 'helminthiase  particulier  :  on  possède  Y  helminthiase  cystoïde, 
tèniacèe,  lombricoïdienne,  irichocéphalée,  etc.,  lorsque  l'on  aie  cys- 
ticerque,  le  ténia,  l'ascaride  lombricoïde,  le  trichocéphale  ;  et  l'on 
pourra  se  trouver  dans  un  état  d' helminthiase  compliquée,  lorsque 
l'on  aura  plusieurs  vers  différents. 

L 'helminthiase  a  trouvé  sa  raison  dans  la  croyance  à  la  généra- 
tion spontanée  des  entozoaires.  Suivant  cette  hypothèse,  le  ver  est 
le  produit  et  l'expression,  en  quelque  sorte,  d'un  état  particulier  de 
l'économie ,  état  qui  méritait  donc  une  désignation  distincte  (1)  ; 
mais  loin  qu'il  en  soit  ainsi,  la  présence  des  vers  est,  dans  la  plu- 
part des  cas,  accidentelle  comme  celle  des  parasites  de  nos  tégu- 
ments. Nos  entozoaires  viennent  tous  primitivement  du  dehors  ; 
bien  plus,  ils  sont,  pour  la  plupart,  incapables  de  se  propager  en 
nous-mêmes,  et  chacun  des  individus  qui  nous  atteint  nous  est  véri- 
tablement étranger.  On  a  des  vers  lorsqu'on  est  exposé  à  leur 
invasion  par  des  boissons,  par  des  aliments  qui  nous  apportent  leurs 

•  (1)  L'expression  d'helminthiase,  helminthiasie,  helminthiasis,  n'est  pas  nouvelle, 
mais  elle  n'avait  pas  été  généralement  reçue  dans  nos  traités  de  pathologie,  lorsque 
Requin  s'en  empara,  en  quelque  sorte,  et  la  vulgarisa.  Je  la  rejette,  parce  qu'elle 
est  presque  dans  tous  les  cas  fausse  ou  sans  précision.  Requin  croyait  à  la  généra- 
tion spontanée  des  vers:  «  Je  ne  dissimulerai  pas,  dit-il,  que,  pour  mon  compte, 
»  je  suis,  avec  Rudolphi,  Bremser,  Richard,  etc.,  un  partisan  déterminé  de  l'hypo- 

»  thèse  de  la  génération  spontanée  des  helminthes c'est  là  ma  croyance,  ma 

»  ferme  croyance Au  lieu  de  maladie  vermineuse,  terme  complexe,  pourquoi 

»  n'adopterions-nous  pas  celui  d1 'helminthiasis... .'?  »  (Éléments  de  pathologie  médi- 
cale, t.  III,  p.  193.  Paris,  1852  )  Mais  Requin  ne  reste  point  fidèle  à  sa  définition 
de  V helminthiase;  ce  n'est  pas  seulement  une  maladie  qu'il  désigne  par  ce  nom, 
c'est  le  fait  simple  de  la  présence  dès  vers.  Cela  résulte  de  la  lecture  de  tout  son 
chapitre  des  maladies  vermineuses,  et  se  résume  dans  cette  phrase  :  «  h 'helminthiase 
»  Irichocéphalée  ne  paraît  guère  être  de  nature  à  jamais  constituer  une  maladie  pro- 
«prement  dite.  »  (Ouvr.  cit.,  p.  218.)  Voilà  donc  une  maladie  qui  ne  peut  jamais 
constituer  une  maladie  ;  mais  ceci  s'explique,  et  n'est  que  la  conséquence  de  l'hy- 
pothèse relative  à  la  génération  des  vers  adoptée  par  l'auteur.  Un  ver,  naissant 
spontanément  dans  le  corps  humain,  doit  être,  suivant  la  théorie  de  Requin,  le  pro- 
duit d'un  état  particulier,  anormal  de  l'économie;  sa  présence  devient  le  symptôme 
de  la  disposition  à  laquelle  son  existence  est  liée.  L'homme  atteint  de  vers  est  donc 
daDs  un  état  anormal,  pathologique  ou  d'helminthiase  prouvé  par  le  produit,  par 
l'entozoaire  observé.  Avoir  un  ver  ou  avoir  une  maladie  vermineuse,  c'est  au  fond 
la  même  chose.  Cependant  il  y  a  une  helminthiase  sans  accidents,  et  une  helmin- 
thiase avec  accidents,  et  c'est  sans  doute  dans  ce  dernier  cas  que  V helminthiase 
devient  une  maladie  proprement  dite. 

Il  est  évident  que  le  mot  helminthiase,  introduit  dans  la  pathologie  des  vers, 
n'est  d'aucuu  avantage.  Si  l'on  parle  de  l'existence  de  tel  ou  tel  ver,  du  ténia  ou  des 


CONSIDÉRATIONS   GÉNÉRALES.  17 

larves,  par  des  conditions  extérieures  qui  permettent  l'introduction 
de  ces  larves  à  travers  nos  téguments,  fait  aujourd'hui  reconnu  pour 
le  ténia,  l'ascaride  lombricoïde,  le  trichocéphale,  la  filaire  de 
l'homme.  L'oxyure  seul,  une  fois  introduit  en  nous,  se  propage  dans 
nos  intestins,  et  reconnaît  peut-être,  clans  sa  ténacité  et  dans  sa 
persistance  chez  certains  individus,  une  influence  individuelle  à 
laquelle  on  peut  donner  sans  doute  une  désignation  particulière  ; 
mais  c'est  le  seul  cas  où  l'expression  à' helminthiase  puisse  être 
appliquée  avec  quelque  apparence  de  raison  ou  avec  justesse. 

Chez  l'homme  et  chez  les  divers  animaux,  la  présence  de  vers 
dans  les  organes  est  compatible  avec  l'intégrité  de  ces  organes  : 
souvent  aucun  phénomène  ne  vient  déceler  l'existence  des  entozoaires 
soit  dans  les  cavités,  soit  dans  les  parenchymes,  quoiqu'ils  puissent 
en  renfermer  un  nombre  considérable.  La  structure  ou  les  fonctions 
des  parties  qui  donnent  asile  à  ces  parasites  ne  reçoivent  générale- 
ment de  leur  présence  aucune  atteinte,  et  la  santé  de  l'individu  qui 
les  porte  n'est  nullement  troublée.   L'innocuité  des  entozoaires  est 

lombrics,  est-ce  rendre  le  langage  moins  lourd,  moins  embarrassé,  de  dire  :  J'ai  une 
helminthiase  léniacée  ou  lombricoïdienne,  plutôt  que  :  J'ai  le  ténia  ou  des  lombrics  ? 
Si  l'on  parle  des  accidents  que  les  vers  déterminent,  dira-t-on  plus  convenable- 
ment ceux  qui  résultent  de  la  présence  d'un  lombric  dans  le  larynx,  dans  les  voies 
biliaires,  dans  le  péritoine,  etc.?  Comment  exprimer  avec  le  mot  helminthiase  les 
accidents  sympathiques  que  les  entozoaires  occasionnent?  Je  ne  vois  pas  ce  que  le 
langage  médical  gagne  en  clarté,  et  surtout  en  concision,  par  l'introduction  de  cette 
expression  qui,  d'un  autre  côté,  manque  de  justesse.  La  présence  des  vers  est 
généralement  accidentelle,  et  l'état  de  l'économie  n'est  le  plus  souvent  pour  rien 
dans  l'existence  de  ces  parasites  :  le  ténia,  une  fois  chassé,  ne  se  reproduit  plus; 
les  lombrics  ne  viennent  point  chez  l'individu  qui  n'introduit  point  leurs  larves 
dans  ses  intestins;  pourquoi  se  servir  d'une  expression  qui  implique  une  relation 
de  cause  à  effet  entre  l'hôte  et  le  parasite?  Les  conditions  et  les  circonstances  de  la 
propagation  des  vers  sont  pour  presque  tous  ces  parasites  extérieures  à  l'homme; 
V helminthiase  se  trouverait  dans  la  viande  ou  dans  l'eau  dont  il  fait  usage;  et 
quelle  complication  d'helminthiases  !  On  trouve  très  communément  ensemble  le  tri- 
chocéphale et  l'ascaride  lombricoïde  ou  l'oxyure  ;  il  est  assez  commun  de  voir  à  la 
fois  trois  vers  intestinaux  différents;  on  en  voit  quelquefois  quatre  chez  le  même 
individu,  qui  serait  alors  affecté  de  trois  ou  de  quatre  espèces  d'helminlhiases.  Dans 
certains  pays  tous  les  habitants  seraient  malades  de  Y  helminthiase  téniacée  ou  lombri- 
coïdienne ;  à  Paris,  le  plus  grand  nombre  des  habitants  souffriraient  de  Vhelmin- 
thiase  trichocéplialée  ;  enfin,  la  plupart  des  animaux  vertébrés  sont  toujours  dans 
un  état  d'helminthiase  fort  compliqué.  11  faut  donc  laisser  une  expression  sans 
précision,  et  qui  portera  presque  toujours  avec  elle  une  idée  fausse,  en  tant  qu'elle 
exprimera  une  relation  entre  l'existence  d'un  ver  et  une  disposition  de  l'économie. 
C'est  à  tort  qu'elle  est  adoptée  aujourd'hui  par  un  grand  nombre  de  pathologistes. 
davaine,  2 


18  division  de  l'ouvkagl:. 

presque  constante  chez  les  poissons  et  les  reptiles  ;  les  nombreux 
parasites  de  ces  animaux  semblent  quelquefois  s'identifier  avec  leurs 
organes  et  vivre  avec  leur  hôte  en  communauté  d'existence.  Chez  les 
oiseaux  et  les  mammifères,  les  entozoaires  amènent  plus  fréquem- 
ment des  altérations  pathologiques;  les  phénomènes  qu'ils  produi- 
sent sont  surtout  locaux,  et  c'est  principalement  en  déterminant  le 
développement  de  tumeurs  plus  ou  moins  volumineuses  ou  nom- 
breuses, c'est  en  mettant  obstacle  aux  fonctions  des  organes,  qu'ils 
leur  deviennent  nuisibles.  Chez  l'homme,  sans  doute  à  cause  de  la 
sensibilité  plus  grande  dont  il  est  doué ,  à  cause  de  sympathies 
organiques  plus  développées,  les  entozoaires  donnent  lieu  fréquem- 
ment à  des  phénomènes  que  l'on  n'observe  point  ou  que  l'on  observe 
très  rarement  chez  les  animaux. 

DIVISION  DE  L'OUVRAGE. 

Dans  l'étude  des  affections  vermineuses,  nous  considérerons  les 
helminthes  à  leurs  différentes  phases  de  développement  comme  des 
helminthes  différents,  ainsi  qu'on  l'a  fait  jusqu'à  nos  jours.  On  ap- 
porterait une  confusion  inévitable  dans  cette  étude,  si  l'on  s'occu- 
pait successivement  des  phénomènes  morbides  qui  peuvent  être 
occasionnés  par  certains  entozoaires  dans  leurs  différentes  périodes 
de  développement  et  dans  leurs  différents  séjours  ;  on  ne  possède, 
d'ailleurs,  sur  les  états  successifs  des  entozoaires  de  l'homme  que 
des  présomptions  ou  des  notions  trop  incomplètes  pour  que  l'on  puisse 
rapporter  avec  quelque  certitude  tel  ou  tel  ver  imparfait  au  ver  adulte. 
Au  reste,  que  le  cysticerque,  par  exemple,  soit  un  premier  état  de 
ténia,  cela  importe  peu  au  pathologiste  qui  rencontre  l'un  dans  les 
muscles,  l'autre  dans  la  cavité  de  l'intestin,  et  qui  observe  des  phé- 
nomènes pathologiques  d'un  ordre  tout  différent  pour  chacun  d'eux. 

Nous  étudierons  les  affections  vermineuses  dans  l'ordre  suivant  : 

I.  Un  premier  livre  comprendra  celles  que  déterminent  les  vers 
existant  à  l'état  de  liberté  dans  des  cavités  ou  des  conduits  qui  com- 
muniquent immédiatement  ou  médiatement  avec  l'extérieur,  savoir  : 

1°  Les  voies  respiratoires  ; 
2°  Les  voies  digestives  ; 
3°  Les  voies  biliaires  ; 
4°  Les  voies  urinaifes. 


DIVISION  de  l'ouvragi;.  19 

II.  Un  second  livre  comprendra  les  affections  déterminées  par 
les  vers  contenus  dans  les  cavités  closes  naturelles  ou  accidentelles, 
savoir  : 

1°  Les  vaisseaux  sanguins  ; 

2°  Les  cavités  séreuses  naturelles  ou  accidentelles. 

III.  Dans  un  troisième  livre  nous  étudierons  les  lésions  causées 
par  des  vers  qui  appartiennent  spécialement  à  un  système  orga- 
nique, savoir  : 

1°  Le  système  nerveux  ; 
2°  Les  muscles  de  la  vie  animale  ; 

3°  Les  ganglions  lymphatiques  ou  les  glandules  (tubercules  ver- 
mineux)  ; 

4°  Le  tissu  cellulaire  inter organique. 

IV.  Un  quatrième  livre  comprendra  les  affections  vermineuses  de 
certains  organes  complexes  ou  appareils,  tels  que  : 

1°  L'œil; 

2°  Les  organes  génitaux. 

V.  Nous  donnerons  en  appendice  : 

1°  Un  aperçu  sur  les  maladies  vermineuses  fictives  qui  ont  été 
appelées  vermineuses  universelles,  sur  celles  qui  ont  été  attribuées  à 
des  vers  invisibles  ou  microscopiques  ;  enfin,  sur  d'autres  maladies 
qui  n'ont  probablement  jamais  existé  que  dans  l'imagination  des 
hommes. 

2°  Un  complément  au  traitement  des  entozoaires  intestinaux  où 
seront  rappelés  les  principaux  médicaments  et  les  principales  mé- 
thodes de  traitement  proposés  à  diverses  époques  pour  l'expulsion 
des  vers. 


LIVRE  PREMIER. 


VERS  A    L'ETAT  DE  LIBERTÉ   DAMS    LES  CAVITES 
QUI  COMMUNIQUENT  AVEC   1/ EXTÉRIEUR. 


PREMIERE  PARTIE. 

AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES  VOIES  RESPIRATOIRES. 

Les  voies  respiratoires,  chez  beaucoup  d'animaux,  donnent  asile  à 
des  vers  particuliers  :  les  mammifères,  les  oiseaux  et  les  reptiles  en 
offrent  de  nombreux  exemples.  Généralement,  et  chez  les  reptiles 
surtout,  ces  vers  ne  déterminent  dans  les  parties  qu'ils  occupent  au- 
cune lésion  appréciable  et  dans  les  fonctions  aucun  trouble  apparent  ; 
ils  ne  deviennent  nuisibles  que  par  leur  multiplication  excessive. 


PREMIERE  DIVISION. 

VEI\S-1>ES  VOIES  RESPIRATOIRES   CHEZ    L'HOMME. 

Nos  connaissances  sur  les  entozoaires  des  voies  respiratoires  chez 
l'homme  sont  encore  à  peu  près  nulles. 

a.  Un  ver  décrit  par  Treutler,  et  désigné  dans  les  traités  les  plus 
modernes  d'helminthologie  (Rudolphi,  Dujardin,  Diesing)  sous  le 
nom  defilaria  hominis  bronchiaïis,  ne  rentre  point  dans  la  caté- 
gorie de  ceux  dont  nous  nous  occupons  ici,  car  cet  entozoaire  a  été 
trouvé  dans  les  ganglions  bronchiques  (1)  ;  son  existence  d'ailleurs 
est  très  contestable. 

b.  Un  autre  ver,  observé  par  Diesing,  ne  paraît  pas  non  plus  ap- 
partenir aux  entozoaires  libres  dans  la  cavité  des  bronches.  Voici 

(1)  Voyez  Vers  des  glandes  (tubercules  vermiaeux),  et  le  Synopsis,  u°  79. 


VERS   DES  VOIES   RESPIRATOIRES   CHEZ  I.'HOMME.  21 

dans  quels  termes  le  fait  est  rapporté  par  le  savant  helminthologiste 
de  Vienne  : 

Strongylus  longevaginalus.  (Voyez  pour  la  description,  Synopsis,  n"  93.) 

Hamtaculum  :  Homo,  in  pulmonum  parenchymate. 

Nota. — Cl.  JorLsits,  medicuscastrensis,  anno  1845,  Claudiopoli  in  Transyl- 
vania,  in  pueri  sex  annorum,  nescio  quo  morbo  confecti,  substantia  pulmonali 
vermiculos  legit  bene  multos,  quorum  alios  liberos  (1  ),  alios  pulmonis  frustulis 
adhuc  inhserentes  benevolentissimè  mihi  communicavit  cel.  Rokitansky  (2). 

Le  nombre  de  ces  entozoaires  et  l'examen  qni  en  a  été  fait  par 
M.  Diesing  ne  laissent  point  de  doutes  sur  leur  nature,  mais  on 
doit  regretter  l'absence  de  détails  sur  les  rapports  de  ces  vers  avec 
les  parties  dans  lesquelles  ils  étaient  contenus  et  sur  l'état  du  paren- 
chyme pulmonaire  environnant;  peut-être  étaient  ils  renfermés,  non 
dans  le  tissu  pulmonaire  même,  mais  dans  les  petites  ramifications 
des  bronches:  les  vers,  en  effet,  qui  appartiennent  au  même  genre 
et  que  l'on  observe  dans  l'appareil  respiratoire  chez  les  animaux  su- 
périeurs, ont  pour  siège  la  trachée  ou  les  bronches. 

c.  Dernièrement  des  vers  nématoïdes  à  l'état  de  larves  et  dont 
l'espèce,  par  conséquent,  ne  peut  être  déterminée,  ont  été  trouvés 
libres  dans  le  larynx  et  la  trachée  d'un  homme.  Ces  vers  étaient  en- 
core vivants  et  en  nombre  suffisant  pour  qu'on  puisse  croire  qu'il  n'y 
a  pas  eu  là  simplement  une  migration  accidentelle.  Voici  le  fait  : 

M.  Rainey  écrit  :  «  En  examinant  des  membranes  muqueuses,  à 
la  requête  du  Board  of  health,  je  rencontrai  un  individu  qui  était 
mort  à  la  suite  d'une  affection  des  extrémités  inférieures.  Le  larynx 
et  la  trachée  de  cet  individu  contenaient  un  certain  nombre  de  petits 
entozoaires  vermiformes,  différents  de  tous  ceux  que  j'avais  encore 
vus.  Comme  j'aimerais  à  avoir  l'opinion  des  membres  de  la  Société 
pathologique  sur  ces  animaux  et  à  savoir  si  quelqu'un  des  mem- 
bres en  a  rencontré  de  cette  espèce  soit  dans  la  trachée,  soit  dans 
un  autre  organe,  j'ai  prié  le  docteur  Bristowe  de  les  présenter  à  la 
société. 

»  Au  moment  où  ils  sont  recueillis  avec  l'épithélium  de  la  mem- 
brane muqueuse  et  placés  sous  le  microscope  entre  deux  lames  de 

(1)  Alios  liberos  se  rapporte- t-il  à  des  vers  qui  étaient  primitivement  en  dehors 
du  parenchyme  pulmonaire,  c'est-à-dire  dans  les  bronches,  ou  bien  à  des  vers 
qui  avaient  été  précédemment  extraits  de  ce  parenchyme? 

(2)  Diesing,  Syslema  helminthum,  cit.,  t.  II,  p.  317. 


22  VEUS  DIS    VOIES   RESPHUTOIKES   CHEZ   L'HOMME. 

verre,  ces  animaux  ont  des  mouvements  très  forts.  L'extrémité  la 
plus  grosse  du  ver  commence  toujours  ses  mouvements  avant  la  plus 
petite,  en  sorte  qu'on  ne  peut  conserver  aucun  doute  sur  celle  de  ces 
extrémités  qui  est  l'antérieure  et  celle  qui  est  la  rostérieure.  Après 
quelque  temps,  les  mouvements  deviennent 
plus  lents,  s'affaiblissent,  et  enfin  ils  cessent 
tout  à  fait.  Alors  quelques-uns  de  ces  vers 
restent  enroulés  et  ressemblent  beaucoup  à  la 
trichine  renfermée  dans  son  kyste;  d'autres 
sont  beaucoup  moins  enroulés  ou  presque 
droits.  Le  dessin  (ci -joint)  de  M.  Bristowe 
est  une  bonne  représentation  d'un  de  ces  ani- 
maux tel  qu'on  le  voit  avec  une  lentille  d'un 
huitième  de  pouce  de  foyer.  Ils  ont  un  cin- 
quantième de  pouce  de  longueur  (0mm,5)  et 
un  quinze- centième  d'épaisseur  (0mm,016).  » 
Fig.  i.  — ver  (lu  larynx  de    (Suit  la  description  des  vers  que  nous  avons 

l'homme,  d'après  le  dessin  de  , 

M.Bristowe,  grossi  110  fois,    rapportée  byncpsis,  n°  5o)  (1). 

-Mête;  &,  extrémité  eau-  d  D-autres  entozoaires  que  l'on  a  trouvés 
quelquefois  dans  le  larynx,  la  trachée  ou  les 
bronches  chez  l'homme,  ne  s'étaient  point  développés  dans  ces 
parties,  mais  ils  s'y  étaient  introduits  du  dehors,  soit  par  l'ouverture 
supérieure  du  larynx,  soit  par  une  perforation  de  quelque  rameau 
bronchique.  Ce  sont,  dans  le  premier  cas,  des  ascarides  lombricoïdes 
venus  de  l'intestin  ;  dans  le  second  ,  des  hydatides  développées 
primitivement  dans  l'un  des  organes  du  thorax  ou  de  l'abdomen. 
Nous  nous  occuperons  ailleurs  de  ces  entozoaires  erratiques. 


DEUXIEME   DIVISION. 

VERS    DES    VOIES  RESPIRATOIRES   CHEZ    LES    ANIMAUX. 

Chez  la  plupart  des  animaux  domestiques,  on  observe  des  en- 
tozoaires qui  se  développent  dans  les  voies  aériennes,  et  qui,  quel- 
quefois, se  multiplient  beaucoup  ;  ils  apportent  alors  un  obstacle 

(l,  Docteur  Rainey,  Entozoon  found  in  the  larynx,  iu  Transact.  of  the  palho- 
logicat  Society  of  London,  vol.  Vf,  p.  370,  pi,  xvit,  fig.  1.  Loudou,  1855. 


VERS  DES  VOIES   RESPIRATOIRES   CHEZ    LES  ANIMAUX.  23 

plus  ou  moins  complet  à  l'acte  de  la  respiration  et  déterminent  des 
désordres  graves,  souvent  mortels.  Ces  vers  se  montrent  fréquem- 
ment par  épizooties. 

On  a  constaté  l'existence  d'entozoaires  dans  les  voies  respira- 
toires chez  le  chien,  le  porc,  le  cheval,  l'âne,  le  chameau,  le  dro- 
madaire, la  chèvre,  le  mouton,  le  bœuf,  le  coq  ordinaire,  le  dindon. 

Ces  entozoaires  sont  : 

Le  Pentastomum  tœnioldes,  chez  le  chien,  le  cheval,  le  mouton; 

Le  Strongylus  par adoxus,  chez  le  cochon; 

Le  Strongylus  filaria,  chez  le  mouton,  la  chèvre,  le  chameau,  le 
dromadaire; 

Le  Strongylus  micrurus,  chez  le  bœuf  et  le  veau,  le  cheval, 
l'âne  ; 

Le  Sclerostomum  syngamus,  chez  le  coq,  le  dindon. 

Le  pentastome  teenioïde  habite  principalement  les  parties  des 
voies  respiratoires  antérieures  au  larynx;  les  autres  vers  se  trouvent 
dans  la  trachée  et  les  bronches  :  il  résulte  de  cette  différence  dans 
l'habitat  des  différences  importantes  dans  l'expression  symptoma- 
tique  de  l'affection  que  ces  parasites  déterminent. 


PREMIERE  SECTION. 

VERS    DANS    LES    FOSSES    NASALES. 
(Pentastome  ténioïde  chez  le  chien  et  le  cheval,  Synops.,  n°  104.) 

Chabert  découvrit  à  Paris,  en  1787,  le  pentastome  ténioïde  dans 
les  sinus  frontaux  du  cheval  et  du  chien  (1)  ;  il  confondit  cet  ento- 
zoaire  avec  les  ténias,  et  le  nomma  ténia  lancéolé.  D'autres  observa- 
teurs l'ont  rencontré  ensuite  chez  le  mulet,  le  loup  et  le  mouton. 

Le  pentastome  ténioïde  a  été  observé  dans  diverses  contrées  de 
l'Europe,  mais  partout  un  très  petit  nombre  de  fois.  «  Cet  animal, 
..  au  moins  clans  notre  pays,  est  d'une  extrême  rareté,  dit  M.  Blan- 
»  chard,  je  l'ai  cherché  en  vain  dans  un  nombre  considérable  de 
»  chiens la  collection  helminthologique  du  Jardin  des  plantes 

(1)  Chabert,  Traité  des  maladies  vermineuses  dans  les  animaux,  2e  éclît. ,  p.  39. 
Paris,  1787.  (Dans  l'édition  de  1782,  Chabert  ne  fait  point  mention  de  ce  ver.) 


2k  VICIîS    DANS  LUS   FOSSliS   NASALES. 

"  n'en  possède  que  deux  individus  (1).  »  Le  pentastome  a  été  trouvé 
par  Grève  chez  un  mulet,  à  Oldenbourg  (2)  ;  par  Rudolphi  chez  un 
chien,  à  Berlin  (3);  par  Bremser  chez  le  loup,  à  Vienne  (4)  ;  par  Colin 
chez  un  chien  et  chez  un  loup,  à  Auxerre  (5);  par  Miram  chez  ces 
deux  animaux,  à  Wilna  (6)  ;  par  Dujardin  chez  le  chien,  à  Paris  (7)  ; 
parRhind  chez  le  mouton,  en  Ecosse?  (8). 

M.  Rayer  m'a  rapporté  un  cas  peut-être  unique  par  les  circon- 
stances du  fait.  Pendant  son  internat  dans  les  hôpitaux,  M.  Du- 
méril,  son  chef  de  service,  lui  montra  un  pentastome  qui  avait  été 
expulsé,  en  sa  présence,  par  un  chien,  dans  un  éternument.  Der- 
nièrement, j'ai  eu  l'occasion  de  voir  un  pentastome  ténioïde,  qui 
avait  été  envoyé  à  M.  Rayer  et  qu'on  disait  avoir  été  extrait  du 
cerveau  d'un  chien  ;  mais  nous  pûmes  nous  convaincre  qu'une  per- 
sonne étrangère  aux  études  anatomiques  l'avait  retiré  des  fosses 
nasales,  en  arrachant  l'ethmoïde. 

Tout  récemment  M.  Leuckaert  a  observé  le  pentastome  ténioïde 
chez  des  chiens,  dans  les  narines  desquels  il  avait  introduit  le  pen- 
tastome denticulé  du  lapin  [Synops.,  n°  103).  D'après  les  expé- 
riences de  cet  observateur,  le  pentastome  denticulé,  qui  vit  enkysté 
dans  les  viscères  de  plusieurs  espèces  d'animaux,  serait  une  larve 
qui,  à  sa  période  adulte,  devient  le  pentastome  ténioïde  (9). 

Le  pentastome  ténioïde  habite  ordinairement  les  cavités  nasales, 
où  il  est  fixé  par  ses  crochets;  on  l'a  trouvé  aussi  dans  le  larynx; 
mais  il  siège  principalement  dans  les  sinus  frontaux  et  les  cellules 

(1)  Em.  Blanchard,  Recherches  sur  l'organisation  des  vers,  dans  Annales  des  se. 
nat.,  3e  série,  t.  XII,  1S49. 

(2)  B.  A.  Grève,  Exp.  et  obs.  sur  les  maladies  des  animaux  domestiques  comp. 
aux  maladies  de  l'homme,  t.  1,  chap.  xvn.  Oldenbourg,  1818.  (C'est  probablement 
par  une  faute  de  typographie  que  M.  Dujardin  attribue  cette  observation  à  Gceze.) 

(3)  Rudolphi,  Enloz.  hist.  nat.,  t.  II,  part.  1,  p.  444. 

(4)  Bremser,  Icônes  helminthum,  tab.  X,  fig.  14-16.  Viennœ,  1824. 

(5)  Colin,  Observ.  sur  des  vers  trouvés  dans  le  larynx  et  les  cavités  nasales  d'un 
chien  et  d'un  loup,  dans  Rec.  de  méd.  vétérin.,  t.  I,  p.  399.  Paris,  1824. 

(6)  C.  Ed.  Miram,  Recherch.  sur  V 'anatomie  du  pentastome  ténioïde,  dans  Mém. 
cur.  nat.  de  Bonn,  t.  XVII,  et  Ann.  se.  nat.,  2e  série,  t.  VI,  p.  135.  Paris,  1836. 

(7)  Dujardin,  ouvr.  cit.,  p.  304. 

(8)  Rhind,  in  Edinb.  Journ.  of  nat.  and  geogr.  se.,  t.  I,  p.  29.  Cité  par 
Diesing. 

(9)  Démonstration  par  voie  expérimentale  de  l'identité  spécifique  du  Pentasto- 
mum  denticulatum  et  du  Penlastomum  taenioides,  par  Rud.  Leuckaert,  dans  Bull. 
de  l'Acad.  roy.  des  sciences,  etc.,  de  Belgique,  2e  série,  t.  II,  p.  30;  t.  III,  p.  4, 
163,  352.  Bruxelles,  1857. 


VERS  DANS  LES  FOSSES  NASALES.     .  25 

de  l'os  ethmoïde;  sa  tête  est  toujours  dirigée  du  côté  de  la  partie 
postérieure  de  cet  os.  Il  est  rarement  solitaire,  surtout  chez  le  chien; 
Chabert  en  a  vu  jusqu'à  six  dans  les  cellules  de  l'ethmoïde,  répon- 
dant à  l'un  des  côtés  des  naseaux.  Il  est  très  rare  qu'on  en  trouve 
dans  les  deux  fosses  nasales  à  la  fois. 

Chabert  attribue  à  la  présence  du  pentastome  dans  les  cellules 
ethmoïdales  la  production  de  phénomènes  violents  et  des  plus  graves 
chez  le  cheval  et  le  chien;  Rudolphi,  toutefois,  fait  remarquer  que 
le  chien  chez  lequel  il  a  trouvé  un  de  ces  vers  se  portait  parfaitement 
bien  ;  Grève,  Colin,  Miram,  M.  Dujardin,  ne  font  aucune  mention 
de  phénomènes  particuliers  chez  les  animaux  qu'ils  ont  observés.  La 
description  que  donnent  nos  auteurs  contemporains  des  symptômes 
déterminés  par  le  parasite  des  fosses  nasales  paraît  n'être  qu'une 
simple  paraphrase  de  celle  de  Chabert,  en  sorte  qu'il  est  permis  de 
concevoir  quelques  doutes  sur  la  gravité  de  la  présence  du  penta- 
stome et  sur  l'exactitude  de  l'opinion  du  célèbre  vétérinaire  français. 

«  Le  cheval  affecté  du  pentastome  mange  avec  voracité,  et  plus  il 
mange,  plus  il  semble  dépérir,  dit  Chabert.  Cet  appétit  vorace 
est  souvent  interrompu  par  un  état  d'anxiété;  l'animal  gratte  le 
sol,  le  frappe  avec  un  des  pieds  de  devant;  il  regarde  son  flanc; 
l'inquiétude  augmente,  il  se  couche  et  se  relève  subitement;  le  flanc 
s'agite,  les  naseaux  s'ouvrent  de  plus  en  plus,  les  yeux  deviennent 
hagards..  »  Ces  symptômes  sont  communs  à  plusieurs  maladies, 
mais  «  l'irritation  augmentant  à  mesure  que  les  vers  acquièrent  plus 
de  force,  les  signes  qui  annoncent  leur  présence  cessent  d'être 
équivoques.  Ils  consistent  dans  des  ébrouements  fréquents,  des 
secousses  convulsives  de  la  tête,  des  actions  effrénées  qui  portent 
l'animal  à  heurter  avec  la  plus  grande  violence  le  crâne  contre  tous 
les  corps  durs  qui  sont  à  sa  portée.  Quelle  que  soit  la  force  de  ces 
heurts,  l'ébrouement  s'effectue  toujours,  il  s'opère  même  avec  une 
sorte  de  fureur  de  la  part  de  l'animal  5  souvent  il  s'abat,  plie  son  en- 
colure et  porte  la  tête  sur  les  côtés,  la  rejette  sur  le  sol  avec  colère, 
la  renverse  en  arrière,  la  ramène  en  avant,  et  plonge  le  nez  dans  le 
poitrail  (1).  »  Ces  paroxysmes  sont  suivis  d'abattement  et  d'une  soif 
ardente.  Après  un  certain  nombre  d'accès  qui  se  rapprochent  de  plus 
en  plus,  si  l'animal  ne  se  tue  pas  violemment,  il  dépérit  rapidement, 
tombe  dans  le  marasme  et  succombe. 

(1)  Chabert,  ouvr.  cit.,  p.  77. 


26  VERS  DANS  LA  TUAGftÉE  BT  LliS  BRONCHES 

Le  chien  est  également  sujet  à  des  paroxysmes  pendant  lesquels 
il  s  agite,  court,  se  heurte  la  tête,  se  roule,  se  frotte  le  nez  sur  le 
sol,  éprouve  des  secousses  convulsives  dans  les  mâchoires  ;  il  dévore 
tout  ce  qui  se  trouve  à  sa  portée  :  la  terre,  la  paille,  le  bois,  le  linge,  etc.; 
il  laisse  échapper  une  grande  quantité  de  salive,  urine  involontaire- 
ment, éternue  sans  cesse;  il  court  sans  intention  et  succombe  dans 
les  convulsions. 

Dans  les  parties  envahies  par  le  pentastome,  la  membrane  mu- 
queuse est  rouge,  noirâtre,  épaissie,  ecchymosée,.  couverte  d'ulcéra- 
tions ;  les  sinus  sont  plus  ou  moins  remplis  de  pus;  l'ethmoïde  est  quel- 
quefois en  partie  carié. 

Chabert  conseille,  pour  détruire  le  ténia  lancéolé ,  de  pratiquer  dans 
les  fosses  nasales  des  injections  d'huile  ernpyreumatique  étendue  (huile 
ernpyreumatique,  30 grammes  ;  infusion  de  sarriette,  300  grammes)  ; 
ou  bien  de  faire  l'extraction  des  vers  par  la  trépanation  de  l'os 
frontal;  mais  il  est  très  rare,  ajoute-t-il,  que  cette  opération  soit 
nécessaire,  surtout  si  les  injections  sont  lancées  et  dirigées  avec 
art  (1).  L'extraction  par  le  trépan  offrirait  probablement  de  grandes 
difficultés  chez  le  cheval,  à  cause  de  la  situation  profonde  des  cellules 
ethmoïdales,  et  chez  le  chien,  à  cause  de  l'étroitesse  des  parties  ; 
d'ailleurs,  l'incertitude  dans  le  diagnostic  d'une  affection  obscure  et 
fort  rare  ne  permettra  pas,  sans  doute,  d'entreprendre  une  opération 
difficile  et  d'un  succès  douteux. 


DEUXIÈME    SECTION. 

VERS  DANS  LA  TRACHÉE  ET  LES  BRONCHES. 

Dans  son  Thésaurus  anatomicus ,  Ruysch  donne  une  indication  de 
vers  qui  étaient  probablement  des  strongles  des  bronches  du  veau  (2). 
Le  premier  observateur  qui  ait  parlé,  d'une  maladie  occasionnée  par 
ces  entozoaires  est  Frank  Nicholls.  Ce  médecin  observa  en  Angle- 

(1)  Chabert,  ouvr.  cit.,  p.  182. 

(2)  «  Vermes  in  bronchiis  pulmonum  reperti,  qui  admodum  tenues.  »  (Fred. 
Ruysch,  Thés,  anat.,  t.  Vllt,  n°  95,  p.  24.  Arast.,  1744.)  (Dans  le  n°  94,  il  est 
question  d'une  pièce  anatomique  provenant  d'un  veau,  ce  qui  fait  présumer  à 
Rudolphi  que  les  vers  du  n°  95  proviennent  du  même  animal.) 


CHEZ   LES   ANIMAUX   DOMESTIQUES.  27 

terre,  en  1755,  dans  le  comté  de  Lincoln,  une  affection  qui  faisait 
périr  les  jeunes  bœufs,  et  principalement  les  veaux  âgés  de  moins 
d'un  an.  A  l'ouverture  des  cadavres,  il  trouva  la  trachée-artère  et  les 
bronches  pleines  de  petits  vers  d'environ  deux  pouces  de  lon- 
gueur (J).  Daubenton,  en  Bourgogne,  fut  témoin  d'une  épizootie  ana- 
logue qui  régna  sur  les  moutons  en  1668.  P.  Camper,  en  1778,  vit 
en  Hollande  une  maladie  semblable  à  celle  qu'avait  observée  Frank 
Nicholls  ;  elle  attaquait  les  veaux  et  respectait  les  vaches,  les  che- 
vaux et  les  moutons  qui  paissaient  dans  les  mêmes  prairies  ;  toutes 
les  bêtes  attaquées  périssaient  :  on  perdit  au  delà  de  mille  têtes  de 
bétail,  dit  Camper.  Les  vers  existaient  principalement  dans  la 
trachée-artère  ;  on  les  y  voyait  par  milliers  ;  il  n'en  existait  pas 
dans  les  vésicules  pulmonaires.  Cette  maladie  cessa  au  commence- 
ment de  l'hiver,  et  ne  reparut  pas  dans  les  mêmes  prairies  l'année 
suivante.  D'après  des  informations  ultérieures,  l'illustre  anatomiste 
apprit  que  cette  affection  vermineuse  apparaissait  épizootiquement 
tantôt  dans  un  canton,  tantôt  dans  un  autre  (2). 

La  présence  de  vers  dans  les  bronches  chez  les  bêtes  bovines  a  été 
assez  fréquemment  observée  depuis  Camper,  soit  épizootiquement, 
soit  sporadiquement. 

Adolph.  Modeer,  en  1791,  signala  l'existence  de  vers  du  même 
genre  [Sirongy  lus  paradoxus)  dans  les  bronches  chez  le  porc  ;  obser- 
vation qui,  depuis  lors,  a  été  renouvelée  plusieurs  fois.  Chez  le 
cochon,  les  entozoaires  des  bronches  n'ont  été  observés  qu'à  Y  état 
sporadique ;  dans  ces  dernières  années,  le  Strongylus  paradoxus 
apparut  épizootiquement  sur  les  sangliers  de  la  chasse  royale  de 
Grunewald  près  de  Berlin  (3). 

On  a  signalé  encore  chez  des  oiseaux  de  basse-cour  des  épizooties 
occasionnées  par  des  vers  dans  la  trachée  ;  mais  c'est  chez  le  bœuf  et 
chez  le  mouton  que  l'on  observe  le  plus  communément  les  vers  delà 
trachée-artère  ou  des  bronches,  et  c'est  chez  ces  animaux  qu'ils  pro- 
duisent les  effets  les  plus  désastreux. 

(1)  Frank  Nicholls,  An  account  ofworms  in  animal  bodies,  in  Philos.  Transact., 
vol.  XLIX,  part.  I,  for  the  year  of  1755,  n°  39,  p.  246.  London,  1756. 

(2)  Pierre  Camper,  Des  vers  pulmonaires,  dans  OEuvres  d'hisl.  nat.,  etc.,  t.  III, 
p.  190.  Paris,  1803. 

(3)  Spinola,  Rec.  de  méd.  vétérin.,  t.  XXVII,  p.  938,  Paris,  1850. 


28  AFFECTION  VERMINEUSE   DES  BRONCHES 


CHAPITRE  PREMIEH. 

affection  vermineuse  des  bronches  chez  le  boeuf,  le  veau,  le  cheval, 

l'ane(I). 

(Slrongylus  micrurus,  Synops.,  n°  92.) 

Le  ver  qui  envahit  les  voies  respiratoires  chez  les  bêtes  bovines 
est  le  Strongylus  micrurus  ;  il  existeaussi  chez  le  cheval,  l'âne  et  le 
daim.  Ce  ver  détermine  une  irritation  vive  de  la  trachée  et  des 
bronches,  le  dépérissement  des  animaux,  et  la  mort  par  épuisement 
ou  par  asphyxie. 

L'affection  vermineuse  des  bronches  apparaît  le  plus  ordinaire- 
ment par  épizootie  ;  elle  s'est  montrée  dans  diverses  contrées  de 
l'Europe.  Nous  avons  parlé  de  celles  qui  ont  été  observées  en  Angle- 
terre par  Frank  Nicholls  et  en  Hollande  par  Camper. 

Aux  environs  de  Sion,  en  1803,  les  veaux  périrent  de  cette  ma- 
ladie, qui  régna  aussi  plusieurs  fois  dans  les  cantons  de  Berne  et  de 
Fribourg.  En  1795,  une  épizootie  semblable  enleva  cinquante-cinq 
veaux  sur  la  montagne  du  Soladier  (Ain);  elle  apparut  de  nouveau 
en  1811,  dans  les  mêmes  parages  (2).  Morier  parle  d'une  épizootie 
de  vers  des  bronches  qui  régna  en  1812  à  Aigle  (Suisse)  (3) .  Vigney 
en  observa  plusieurs  dans  le  Calvados  (4);  M.  Reynal  en  vit  une  dans 
la  vallée  de  la  Meuse,  en  1845  (5). 

Ce  n'est  pas  seulement  dans  les  pâturages  que  l'affection  vermi- 
neuse des  bronches  fait  son  apparition  ;  elle  envahit  aussi  bien  les 

(1)  Dénominations  diverses  :  maladie  vermineuse  pulmonaire  (Morier);  pneu- 
monie vermineuse  ;  bronchite  vermineuse  ;  hâtis  ou  refray,  en  Normandie  (Vigney); 
the  husk,  en  Angleterre  (F.  Nicholls)  ;  la  toux,  en  Hollande  (Camper). 

(2)  Despallens,  dans  Compte  rendu  de  l'École  vétérinaire  de  Lyon,  prononcé  le 
22  mai  1812  par  Rainard,  et  dans  J.-B.  Gohier,  Mém.  et  obs.  sur  la  chir.  et  la 
méd.vétérin.,  t.  II,  p.  432.  Lyon,  1816. 

(3)  Morier,  Malad.  verm.  pulm.  obs.  sur  des  chevaux  et  des  veaux,  dans 
Gohier,  ouvr.  cit.,  t.  II,  p.  423. 

(4)  Vigney,  Obs.  sur  le  développ.  de  vers  fllaires  dans  les  bronches,  etc.,  dans 
Mém.  de  la  Société  vétérinaire  du  Calvados,  ann.  1,  p.  99.  Paris,  1830. 

(5)  Reynal,  Nouv.  Diclionn.  de  méd.chir.,  etc.,  vétérinaires,  art.  Bronchite  ver- 
mineuse. Paris,  1856:  t.  II,  p.  627. 


CHEZ  LE  BOEUF,   LE   VEAU,    LE   CHEVAL,   L'ANE.  29 

étables,  comme  l'a  constaté  M.  Delafond,  en  1844,  aux  environs 
de  Gournay  et  de  Forges -les-Eaux  (1),  et  M.  .Tanné,  en  1855,  à 
Ruremonde  (Belgique)  (2). 

On  a  généralement  remarqué  que  les  vers  des  bronches  n'atta- 
quent que  les  jeunes  sujets,  et  que  les  vaches  et  les  boeufs  qui  paissent 
avec  ceux-ci  sont  épargnés;  toutefois  M.  Michels  vit  périr  de  cette 
maladie  une  vache  de  six  ans  (3),  et  M.  Fischer  une  autre  âgée  de 
dix  ans  (4). 

On  a  attribué  à  l'humidité  des  pâturages  le  développement  de  ces 
affections  vermineuses  :  Vigney  n'a  trouvé  leur  cause  ni  dans  le  ré- 
gime, ni  dans  la  sécheresse  ou  l'humidité,  ni  dans  le  froid  ou  la  cha- 
leur. Si  certaines  épizooties  ont  envahi  les  pâturages  des  vallées 
humides,  d'autres  se  sont  montrées  dans  les  montagnes. 

La  constitution,  le  bon  ou  le  mauvais  état  des  bêtes  ne  paraît  pas 
non  plus  avoir  une  grande  influence  sur  l'invasion  de  la  maladie,  car 
ordinairement  tous  les  veaux  d'un  troupeau  ou  d'une  étable  la  con- 
tractent presque  simultanément. 

L'apparition  des  vers  des  bronches  a  lieu  généralement  en  été  et 
en  automne.  Camper  parle  de  faits  observés  au  mois  d'août  et  de 
septembre,  Despallens  à  la  fin  de  juillet  et  août.  Morier  dit  que  les 
épizooties,  dans  sa  contrée,  commencent  au  milieu  ou  à  la  fin  des 
étés  très  chauds.  Ce  qu'il  y  a  de  particulier  dans  cette  affection,  dit 
Vigney,  qui  en  a  vu  plusieurs  épizooties,  c'est  qu'elle  se  développe 
constamment  depuis  le  mois  de  juillet  jusqu'au  commencement  d'oc- 
tobre (5).  M.  Janné  l'observa  au  mois  d'octobre. 

Le  jeune  âge  et  la  saison  sont  donc  jusqu'ici  les  deux  seules  con- 
ditions appréciables  du  développement  de  la  maladie  vermineuse  des 
bronches;  mais  il  en  est  une  troisième  qu'on  ne  peut  aujourd'hui 
révoquer  en  doute:  c'est  la  cohabitation  des  animaux  malades  avec 
les  animaux  sains.  Une  fois  développée  sur  un  veau,  la  maladie  ne 
tarde  pas  à  atteindre  tous  les  autres  veaux  de  l'étable  ou  du  trou- 
peau auquel  il   appartient.  Vigney  a  le  premier  signalé  ce  fait. 

(1)  0.  Delafond,  Recherches  sur  l'élève  et  V engraissement  des  veaux  dans  le 
Gdtinais  (Rec.  de  méd.  vétérinaire,  t.  XXI,  p.  252,  Paris,  1844). 

(2)  A.  J.  Janné,  Bronchite  vermineuse  observée  sur  des  veaux  d'élève,  dans  Ann. 
deméd.vélérin.,  publiées  à  Bruxelles,  ann.  4,  p.  653  (1855). 

(3)  Michels,  Journ.  vétérin.  et  agricol  de  Belgique,  ann.  IV,  p.  406.  Bruxelles, 
1845. 

(4)  Eug.  Fischer,  même  journal,  ann.  5,  p.  486  (1846). 

(5)  Vigney,  Mém.  cit.,  p.  104. 


30  AFFECTION    VERM1JNEUSE   DES   IJRONCHES 

«  Lorsqu'il  y  a  un  individu  attaque  dans  le  troupeau,  dit  ce  vétéri- 
naire, il  est  rare  que  tous  ne  soient  pas  attaqués  en  même  temps;  et 
si  l'on  en  introduit  d'autres  parmi  eux,  ils  ne  tardent  pas  à  être 
infectés,  même  avec  plus  de  véhémence  que  les  premiers,  sans  dis- 
tinction de  sexe(l) Le  même  propriétaire  peut  avoir,  dit-il  encore, 

deux  troupeaux,  l'un  sain  et  l'autre  malade,  pourvu  qu'ils  ne  com- 
muniquent pas  ensemble  (2).  .» 

Déjà  Despallens  avait  observé  que  tous  les  jeunes  animaux  d'un 
troupeau  sont  pris  à  la  fois  (3).  M,  Delafonddit  avoir  constaté  dans 
le  Gâtinais  le  fait  de  la  contagion  indiqué  par  "Vigney,  sans  toutefois 
qu'il  ait  pu  se  l'expliquer  (4).  Ce  fait  trouve  une  nouvelle  confirma- 
tion dans  une  observation  de  M.  Janné:  cinq  veaux  d'élève  compo- 
sant une  étable  furent  attaqués  de  l'affection  vermineuse  des  bron- 
ches: «  La  toux,  premier  symptôme  qu'on  avait  observé,  dit  le  vété- 
rinaire belge,  s'était  d'abord  déclarée  sur  un  veau  acheté  dans  une 
ferme  voisine,  et,  peu  de  temps  après,  les  autres  furent  également 
atteints  (5).  » 

Les  animaux  infectés  rendent  une  bave  abondante  qui  se  répand 
sur  l'herbe  des  prairies  ou  sur  les  ustensiles  qui  servent  à  abreuver 
les  bêtes  dans  les  étables.  La  bave  contient  avec  des  débris  de  stron- 
gles  de  nombreuses  larves;  car  ces  vers  vivipares  se  reproduisent 
par  myriades.  Les  larves  du  Strongylus  micrurus  peuvent  vivre  en 
dehors  de  l'animal  qui  recelait  leurs  parents  adultes,  pendant  plu- 
sieurs jours|encore  après  que  ceux-ci  ont  été  expulsés  et  ont  péri  (6)  ; 
propriété  particulière  à  certaines  larves  dont  nous  avons  signalé 
déjà  l'importance  au  point  de  vue  de  la  propagation  des  vers  néma- 
toïdes  parasites  (7) . 

Ainsi  s'explique  la  transmission  facile  et  prompte  de  la  maladie 
des  animaux  infectés  aux  animaux  sains. 

(1)  Mém.  cit.,  p.  100. 

(2)  Mém.  cit.,  p.  104. 

(3)  Dans  Gohier,  Mém.  et  obs.  cit.^  p.  432. 

(4)  Delafond,  Mém.  cit. 

(5)  Janné,  Mém.  cit.,  p»  653. 

(6)  J'ai  trouvé  l'indication  de  ce  fait  dans  la  remarque  suivante  de  Camper  : 
«  Je  tâchai  de  conserver  ces  vers  de  différentes  manières,  mais  ils  moururent  tous 
le  troisième  jour;  cependant  leur  corps  fourmillait  de  petits  vers  qui  vécurent 
quelque  temps  dans  le  corps  de  leur  mère  morte  depuis  plus  de  quatre  jours,  et  à 
laquelle  ils  ressemblaient  parfaitement.  «  (P.  Camper,  ouvr.  cit.,  t.  III,  p.  192.) 

(7)  Davaine,  Recherches  sur  l'anguillule  du  blé  niellé,  p.  61,  Paris,  1857,  e 
Mém.  Soc.  biologie,  ann.  1856,  p.  254. 


CHEZ   LE   BOEUF,    LE    VEAU,    LE   CHEVAL,    L'ANE.  31 

La  bronchite  vermineuse  chez  le  veau  offre  dans  sa  marche  et 
dans  ses  symptômes  des  différences  qui  sont  en  rapport  avec  le 
nombre  des  strongles  renfermés  dans  les  voies  respiratoires. 

Lorsque  les  vers  sont  en  grand  nombre,  ils  occasionnent  une 
toux  forte,  sonore,  et  plus  tard  déchirée  et  avortée  ;  elle  est  très  fré- 
quente, accompagnée  d'accès  de  dyspnée  et  de  suffocation.  Pendant 
les  paroxysmes,  l'animal  a  la  respiration  précipitée,  les  flancs  agités, 
le  pouls  accéléré,  la  conjonctive  rouge  et  injectée  ;  il  allonge  fré- 
quemment la  tête  sur  l'encolure,  ouvre  la  bouche,  sort  la  langue,  et 
la  salive  s'écoule  par  les  commissures  des  lèvres.  Dans  les  crises  les 
plus  fortes,  il  tombe  sur  le  flanc;  les  yeux  saillants  et  hagards,  la 
bouche  béante,  la  langue  pendante,  il  se  débat  dans  les  angoisses  île 
l'asphyxie.  Ces  paroxysmes  se  renouvellent  quatre,  cinq  et  même 
dix  fois  par  jour.  Quelques  animaux  succombent  dans  l'une  de  ces 
crises. 

Lorsque  les  strongles  sont  moins  nombreux,  les  symptômes  n'ont 
point  cette  acuité  :  la  toux  est  plus  rare  et  moins  quinteuse  ;  elle 
est  petite  et  grasse,  avortée,  accompagnée  de  la  sortie  par  la  bou- 
che d'une  bave  épaisse,  écumeuse  et  de  glaires  par  les  naseaux.  Le 
veau  s'affaiblit  et  maigrit  ;  les  yeux  s'enfoncent  dans  leur  orbite;  la 
conjonctive  et  les  lèvres  pâlissent;  les  poils  tombent  par  places;  des 
parasites  envahissent  les  téguments  ;  l'appétit,  conservé  d'abord,  se 
perd;  la  diarrhée  survient,  quelquefois  l'hémoptysie;  les  forces 
s'épuisent  ;  enfin  l'animal  succombe  dans  le  marasme. 

Les  mucosités  expulsées  pendant  les  quintes  de  toux,  par  la 
bouche  ou  par  les  narines,  sont  quelquefois  striées  de  sang;  elles 
contiennent  fréquemment  des  vers  isolés  ou  réunis  en  pelotons  qu'on 
peut  facilement  distinguer  à  leurs  mouvements,  surtout  lorsqu'on  les 
place  dans  de  l'eau  tiède. 

La  bronchite  vermineuse  est,  dans  la  plupart  des  cas,  une  maladie 
lente,  mais  sa  marche  et  sa  durée  peuvent  différer  beaucoup  chez 
les  individus  d'un  même  troupeau  :  lorsqu'une  pneumonie,  ou  une 
hémorrhagie  pulmonaire  n'en  abrège  point  le  cours,  lorsqu'une  accu- 
mulation excessive  de  strongles  ne  vient  point  déterminer  l'asphyxie, 
elle  peut  durer  de  deux  à  trois  mois.  Morier  a  vu  quelques  sujets 
vivre  un  an. 

La  violence  et  la  fréquence  des  accès  de  toux,  la  durée  de  la  ma- 
ladie, l'amaigrissement  progressif,  peuvent  faire  présumer  l'existence 
de  la  bronchite  vermineuse  que  la  présence  de  vers  dans  les  matières 
expectorées  rendra  tout  à  fait  certaine. 


32  AFFECTION    VERMINEUSE    DES   BRONCHES 

L'affection  vermineuse  des  bronches  chez  le  veau  est  généralement 
grave;  elle  enlève  toutes  les  bêtes  qui  en  sont  atteintes,  lorsqu'elles 
ne  sont  pas  soumises  à  un  traitement  convenable. 

A  l'autopsie,  on  trouve  des  strongles  dans  la  trachée  et  dans  les 
principales  divisions  des  bronches;  ils  y  sont  souvent  enroulés  en 
pelotons  plus  ou  moins  volumineux.  Camper  ne  les  a  jamais  trouvés 
dans  le  tissu  pulmonaire  même  ;  Vigney  en  a  vu  jusque  dans  les 
dernières  ramifications  des  bronches  ;  dans  un  cas  observé  par  lui, 
les  plus  petites  bronches  en  étaient  comme  bourrées,  tandis  que  la 
trachée  n'en  contenait  pas.  Morier  rapporte  que,  chez  un  cheval, 
«  le  lobe  droit  du  poumon  avait  à  sa  superficie,  entre  la  plèvre  pul- 
»  monaire  et  le  tissu  même  de  cet  organe,  quantité  de  pelotons  de 
»  ces  vers  cheveux  qui  étaient,  pour  ainsi  dire,  aux  derniers  ramus- 
»  cules  des  bronches  ;  il  n'en  existait  point  dans  les  grosses  divisions 
»  ni  dans  le  tissu  même  des  poumons  (1).  •< 

La  membrane  muqueuse  des  bronches  envahies  par  les  strongles 
est  le  siège  d'une  inflammation  vive  ;  sa  surface  est  çà  et  là  poin- 
tillée,  rouge,  ecchymosée;  son  tissu  est  épaissi  dans  certains  points, 
aminci,  ulcéré  ou  détruit  dans  d'autres  points.  ■•  Il  existe  aussi  sur 
»  la  muqueuse  des  grosses  divisions  bronchiques,  des  élevures,  des 
»  boursouflures  formées  par  des  nids  de  strongles  semblables,  à  part 
»  leur  volume,  à  ceux  qu'on  observe  sur  la  muqueuse  de  l'intestin 
»  grêle  du  cheval  (2).  »  Enfin  des  portions  plus  ou  moins  considé- 
rables du  parenchyme  pulmonaire  sont  hépatisées  et  le  poumon  en 
totalité  est  emphysémateux. 

La  transmission  par  contagion  des  strongles  des  bronches  doit, 
avant  tout,  faire  retirer  les  animaux  sains  d'avec  ceux  qui  sont  déjà 
malades,  et  les  éloigner  pour  quelque  temps  des  prairies  qui  ont  été 
pâturées  par  des  bêtes  infectées;  dans  les  étables  il  y  aura  à  prendre 
des  précautions  particulières  que  chacun  comprendra. 

Le  traitement  de  cette  maladie  est  simple  et  généralement  effi- 
cace :  il  consiste  principalement  dans  l'administration  de  substances 
volatiles  qui  peuvent  être  portées  dans  les  voies  respiratoires  avec 
l'air  inspiré,  ou  dans  l'emploi  de  médicaments  qui  contiennent  quelque 
principe  analogue,  lequel  est  exhalé  à  la  surface  des  bronches.  Les 
émanations    d'éther    employées    par  Despallens,    les   fumigations 

(1)  Morier,  Mém.  cit.,  p.  426. 

(2)  Reynal,  omit,  cit.,  p.  622. 


CHEZ   LE  BOEUF,   LE  VEAU,   LE  CHEVAL,   L'ANE.  33 

d'asa  fœtida  par  Morier,  d'huile  empyreumatique  par  Vigney, 
d'essence  de  térébenthine  et  d'éther  par  M.  Delafond,  de  goudron 
et  de  tabac  par  M.  Read  (1),  ont  été  généralement  suivies  de  bons 
effets.  Ces  fumigations  peuvent  être  pratiquées  plusieurs  fois  par 
jour  au  grand  air;  mais  il  est  préférable  qu'elles  soient  faites  dans 
un  local  clos,  comme  l'ont  pratiqué  Vigney  et  Read,  avec  la  précau- 
tion toutefois  d'opérer  le  dégagement  des  vapeurs  au  moyen  de 
cendres  chaudes  ou  d'un  fer  rougi,  et  non  sur  des  charbons  qui  pour- 
raient déterminer  l'asphyxie.  Ce  traitement  externe  peut  être  secondé 
par  l'administration  des  mêmes  substances  à  l'intérieur. 

Une  médication  interne  seule  suffit  même  pour  amener  la  guérison 
de  la.  maladie.  M.  Janné,  après  la  mort  de  l'un  des  cinq  veaux  dont 
nous  avons  parlé,  éclairé  par  l'autopsie  sur  la  nature  de  l'affection 
dont  ils  étaient  atteints,  obtint  la  guérison  des  quatre  autres  par  le 
traitement  de  Reynders  (d'Utrecht),  qui  consiste  dans  l'administra- 
tion de  la  mixture  suivante  : 

Asa  fœtida 30  grammes. 

Huile  empyreumatique  de  Chabert.  .....       60       — 

Décoction  mucilagineuse.    .........     500       — 

Une  cuillerée  par  jour  dans  un  verre  de  lait. 

Chez  un  propriétaire  d'Utrecht,  qui  avait  déjà  perdu  quatorze 
veaux,  Numann  prescrivit  cette  médication  à  neuf  autres  qui  res- 
taient et  qui  guérirent  tous.  Le  traitement  fut  continué  pendant  qua- 
rante jours  (2). 

L'administration  d'ail,  d'asa  fœtida,  d'essence  de  térébenthine, 
d'huile  empyreumatique,  etc.,  s'est  montrée  généralement  utile; 
celle  des  eaux  sulfureuses  le  serait  sans  doute  aussi.  L'action  de 
ces  substances  s'explique  par  l'exhalation  de  quelqu'un  de  leurs 
principes  volatils  qui  se  fait  à  la  surface  des  bronches;  on  comprend 
moins  l'action  des  anthelminthiques  fixes,  tels  que  la  fougère,  le 
calomel,  le  kermès,  qui  ont  été  administrés  intérieurement  avec 
succès  :  il  est  vrai  qu'on  a  fait  usage  en  même  temps  de  fumigations 
i  empyreunmtiques,  et  que  les  bons  effets  qu'on  a  obtenus  peuvent 
i  être  attribués  à  ces  fumigations. 

(1)  Read,  in  The  Velerinarian,\o\.  XXII,  p.  3?.  London,  jan.  1849. 

(2)  Numann,  Vee  Arlsenykundig  Magasyn^  1848,  cité  dans  Remeil  de  méd. 
Vêlcrin.,  ann.  xxm,  p.  951.  Paris,  1846. 

Davaine.  3 


34  AFFECTION  VERMINEUSE   DES  BRONCHES 

CHAPITRE   II. 

AFFECTION  VERMINEUSE   DES   BRONCHES  CHEZ  LE   MOUTON. 
(Srongylus  /llaria,  Synops.,  n°  91.) 

Le  mouton  est  fort  sujet  à  l'affection  vermineuse  des  bronches  ; 
elle  est  causée  chez  cet  animal  par  le  strongle  filaire  qui  attaque 
aussi  la  chèvre,  le  chameau  et  le  dromadaire. 

Daubenton  en  a  observé  une  épizootie  meurtrière  en  1768  :  «  Il 
»>  mourait,  dit  le  célèbre  naturaliste,  un  très  grand  nombre  de  bêtes 
»  à  laine  dans  le  canton  de  Bourgogne  où  ma  bergerie  est  située. 
»  Ces  bêtes  avaient  dans  la  trachée-artère  et  dans  le  poumon  une 
»  multitude  de  vers  qui  n'étaient  pas  plus  gros  que  des  fils,  mais 
»  qui  avaient  jusqu'à  trois  ou  quatre  pouces  de  longueur.  Je  les  ai 
«  vus  dans  l'animal  dont  je  viens  de  faire  mention  (le  seul  qu'il  ait 
»  perdu  pendant  l'hiver),  qui  était  mort  de  cette  maladie,  et  dans  un 
»  grand  nombre  d'autres  bêtes  à  laine  mortes  de  la  même  maladie 
»  dans  la  ville  de  Montbard  et  dans  les  villages  circonvoisins.  Il  a 
»  péri  plus  de  la  moitié  d'un  troupeau  de  cinq  cents  bêtes  dans  le 
»  village  de  "Villiers,  qui  n'est  distant  de  ma  bergerie  que  d'un  tiers 
»  de  lieue  ;  cependant,  au  milieu  de  cette  mortalité  parmi  les  bêtes 
»  à  laine  de  l'Auxois,  celles  de  la  même  race  qui  étaient  parquées 
»  jour  et  nuit  en  plein  air  dans  ma  bergerie  se  sont  toutes  main- 
»  tenues  en  très  bon  état  ;  un  troupeau  arrivé  du  Roussillon  s'est 
»  conservé  pendant  tout  l'hiver  (1).  » 

Les  bêtes  à  laine  sur  lesquelles  sévissait  l 'épizootie  observée  par 
Daubenton  étaient  renfermées  la  nuit  dans  des  bergeries;  celles  qui 
appartenaient  à  ce  savant,  et  qui  furent  épargnées,  passaient  les 
nuits  et  les  jours  dans  des  parcs,  exposées  à  toutes  les  intempéries. 
Daubenton  attribue  à  cette  circonstance  la  préservation  de  ses  mou- 
tons; mais  il  est  probable  qu'elle  tenait  à  une  autre  cause,  et  peut- 
être  à  l'isolement  où  vivait  son  troupeau. 

Outre  leur  apparition  par  épizooties,  les  vers  des  bronches  se 
montrent  encore  très  communément  à  l'état  sporadique  chez  les 
bêtes  atteintes  de  la  cachexie  aqueuse. 

Rudolphi  rapporte,  sans  donner  de  plus  amples  renseignements, 
qu'il  a  reçu  de  Sick,  célèbre  vétérinaire,  des  strongles  trouvés  dans 
la  trachée-artère  du  mouton,  et  du  professeur  Florman  des  vers  sem- 

(1)  Daubenton,  Instruction  pour  les  bergers,  3%  édit.  Paris,  an  X,  p.  269. 


CHEZ  LE  COCHON.  35 

blables  trouvés  dans  les  bronches  (1).  Waldinger,  d'après  le  même 
auteur,  a  traité  savamment  de  ces  vers  (2).  J.  Peterka  a  vu  et  décrit 
la  pneumonie  vermineuse  èpizootique  du  mouton  (3). 


CHAPITRE   III. 

AFFECTION  VERMINEUSE   DES   BRONCHES   CHEZ   LE   COCHON. 

(Strongylus  paradoxus,  Synops.,  n°  94.) 

La  présence  de  strongles  dans  les  bronches  du  porc  a  été  signalée 
pour  la  première  fois  par  Modeer,  qui  observa  ces  vers  en  Suède  (4). 
M.  Rayer  en  a  rencontré  plusieurs  fois  à  Paris  (5),  et  Bellingham  en 
Irlande  (6). 

D'après  les  recherches  de  M.  Chaussât,  il  paraîtrait  qu'il  est  très 
commun  de  rencontrer  des  strongles  dans  les  bronches  des  porcs  que 
l'on  amène  à  Paris,  au  moins  dans  certaines  saisons  de  l'année.  Si 
l'on  en  juge  par  le  silence  des  vétérinaires  et  des  agriculteurs,  les 
accidents  que  ces  entozoaires  déterminent  sont  moins  fréquents  et 
moins  graves  que  ceux  qui  sont  occasionnés  chez  le  veau  et  le  mou- 
ton par  d'autres  espèces  du  même  genre  d'entozoaires.  Les  poumons 
et  les  bronches  des  porcs  examinés  par  M.  Chaussât  n'offraient 
point  de  lésions  pathologiques  notables  (7). 

M.  Vulpian  trouva  aussi,  à  Paris,  un  grand  nombre  de  strongles 
[Strongylus  paradoxus)  dans  les  petites  bronches  d'un  cochon  âgé  de 
sept  mois,  qui  fut  sacrifié  pour  des  études  physiologiques,  et  dans 
le  poumon  duquel  il  y  avait  en  outre  de  nombreuses  tumeurs  épithé- 
liales  [èpithèliomas)  (8). 

(1)  Rudolphi,  Enloz.,  hist.  nat.,  t.  II,  part.  1,  p.  219. 

(2)  Hieronymus  Waldinger,  Abhandlung  ùber  die  Wiirmer  in  den  Lungen  und 
der  Leber  und  das  Klauenweh  der  Schaafe.  Wien,  1818,  125  pages  in-12,  cité  par 
Rudolpbi,  Synopsis,  p.  616. 

(3)  J.  Peterka,  Versuch  einer  syslematischen  Darslellung  der  Dreh-hom  und 
Lungenwurm  Krankheit  der  Schaafe,  etc.  In-8,  Prague,  1826. 

(4)  Adolph.  Modeer,  Aty  journ.  cité.  Hushâlln,  1791,  p.  75-83,  cité  par  Rudolphi, 
Bibl.,  n°435. 

(5)  Dujardin,  ouvr.  cit.,  p.  127. 

(6)  Bellingham,  Ann.  of  nat.  History,  1844,  p.  104,  cité  par  Dujardin,  même 
ouvr.,  p.  128. 

(7)  Chaussât,  Sur  le  strongle  des  bronches  du  porc,  dans  Comptes  rendus  des 
séances  et  Mémoires  de  la  Société  de  biologie,  1. 1,  p.  85,  ann.  1849.  Paris,  1850. 

(8)  Vulpian,  Compt.  rend.  Soc.  biol,, 2e série,  t.  III, p.  48,anu.  1856,  Paris,  1857. 


36  AFFECTION  VERMINEUSK  DES   BRONCHES 

La  présence  des  vers  dans  les  bronches  n'est  pas  toujours  inoffen- 
sive pour  le  porc;  Deguillème,  vétérinaire  à  Saint-Denis-de-Pille 
(Gironde),  en  vit  un,  âgé  de  trois  mois,  qui  périt  asphyxié  par  ces 
entozoaires  (1). 

M.  Perrin  observa  dans  les  bronches,  principalement  dans  celles 
du  poumon  gauche,  chez  un  porc  âgé  d'un  an,  des  strongles  dont  il 
évalua  le  nombre  à  plus  d'un  millier.  Ces  vers,  réunis  en  faisceaux 
par  cinq,  dix,  vingt,  trente  individus  et  plus,  remplissaient  complè- 
tement les  tuyaux  dans  lesquels  ils  étaient  renfermés.  Les  moyennes 
et  les  plus  petites  bronches  étaient  seules  envahies. 

Les  deux  poumons  ayant  été  insufflés,  le  droit  se  dilata  à  peu  près 
complètement;  le  gauche,  au  contraire,  resta  en  grande  partie 
affaissé  sur  lui-même  ;  quelques  lobules  disséminés  se  laissèrent  seuls 
pénétrer  par  l'air.  —  Les  portions  du  poumon  imperméables  à  l'air 
correspondaient  aux  bronches  obstruées  par  les  vers  ;  —  ces  portions 
de  parenchyme,  comme  splénijièes ,  n'étaient  le  siège  que  d'une 
simple  congestion  sanguine  ;  des  fragments  jetés  dans  l'eau  restèrent 
à  la  surface  du  liquide.  —  La  membrane  muqueuse  des  bronches 
dans  toute  son  étendue,  et  dans  les  points  mêmes  où  existaient  les 
strongles,  n'offrait  aucune  trace  de  rougeur  ou  de  quelque  autre  alté- 
ration morbide. 

Le  porc  qui  fait  le  sujet  de  cette  observation  n'avait  fourni, 
malgré  des  soins  convenables,  qu'un  produit  médiocre  et  réfractaire 
à  l'engraissement;  suivant  un  terme  consacré,  il  avait  toujours  été 
dur  d'amendement;  cependant  il  n'était  point  malade,  et  il  fut  tué 
pour  être  mis  au  saloir  (2). 


CHAPITRE   IV. 

AFFECTION  VERMINEUSE  DES  BRONCHES  CHEZ  LES  OISEAUX  DE  BASSE-COUR. 

(Scleroslomum  syngamus,  Synops.,  n°  88.) 

On  a  observé  chez  les  gallinacés  des  épizooties  meurtrières  occa- 
sionnées par  des  vers  développés  dans  les  voies  respiratoires.  Ces 
entozoaires,  qui  ont  été  longtemps  rapportés  aux  distomes,  appar- 
tiennent probablement  au  Sclerostomum  syngamus,  ver  nématoïde 

(1)  Observ.  sur  des  vers  trouvés  dans  le  poumon  d'une  truie  (181 3),  dans  Gohier, 
Mém.  et  obs.  cit.,  t.  II,  p.  434. 

(2)  Perrin,  Comptes  rendus  Soc.  biologie,  1850,  t.  II,  p.  158, 


CHEZ   LES  OISEAUX   DE  BASSE-COUR.  37 

auquel  la  soudure  permanente  du  mâle  avec  la  femelle  donne  une 
physionomie  particulière  qui  a  pu  tromper  les  premiers  observateurs. 

Le  docteur  Wiesen thaï  fit  le  premier  mention,  en  1799,  de  cette 
maladie  qu'il  ob-erva  à  Baltimore  (Amérique)  sur  les  poules  et  sur 
les  dindons  (1).  George  Montagu,  en  1S06,  1807  et  1808,  vit  des 
épizooties  semblables  sur  des  poulets  en  Angleterre  (2).  Il  paraît  que 
cette  maladie,  mais  non  le  ver  qui  la  cause,  était  connue  depuis 
longtemps  dans  le  pays,  où.  elle  porte,  comme  en  Amérique,  le  nom 
de  gape  (bâiller).  Ce  nom  vient  du  symptôme  principal,  qui  est  un 
bâillement  fréquent,  suivi  d'une  extension  du  cou,  comme  dans  la 
suffocation. 

Cette  affection  vermineuse  attaque  les  poulets  âgés  d'un  mois  ou 
six  semaines  ;  elle  s'étend  fréquemment  à  toute  une  couvée.  Suivant 
Montagu,  la  poule  seule  parmi  les  oiseaux  de  basse- cour  y  serait 
sujette  :  en  effet ,  les  dindons  et  les  canards  qui  vivaient  avec  les 
poulets  infectés  en  ont  été  exempts.  Mais  Wiesenthal  a  vu  cette 
maladie  chez  le  dindon  (3)  ;  elle  a  été  observée  encore  d'une  manière 
épizootique  par  Montagu  lui-même  chez  les  jeunes  faisans,  à  l'épo- 
que où  ils  revêtent  la  livrée  qui  distingue  le  sexe,  et  chez  la  perdrix. 

Cette  maladie  vermineuse  a  régné  aussi  bien  dans  les  localités 
élevées  que  dans  celles  qui  sont  basses  et  humides. 

Les  vers,  dit  Montagu,  occupent  la  trachée  et  s'étendent  quel- 
quefois au  pharynx,  mais  ils  ne  vont  jamais  jusqu'aux  poumons.  On 
en  trouve  jusqu'à  vingt  qui  sont  fixés  à  la  membrane  muqueuse; 
celle-ci  est  enflammée,  ainsi  que  le  poumon  même.  Ces  entozoaires 
finissent  par  apporter  un  obstacle  absolu  au  passage  de  l'air  et  déter~ 
minent  la  mort  par  asphyxie. 

G.  Montagu  administra,  dans  plusieurs  occasions,  un  remède 
vulgaire  dans  le  pays,  mais  auquel  il  n'avait  d'abord,  nulle  foi;  à 
son  grand  étonnement,  tous  ses  poulets  malades  guérirent  prompte- 
ment.  Ce  remède  consiste  à  délayer  le  grain  dont  on  nourrit  les  pou- 
lets avec  de  l'urine  au  lieu  d'eau,  et  à  renouveler  cette  pâtée  trois  ou 
quatre  fois  par  jour.  En  Amérique,  d'après  Wiesenthal,  on  introduit 
dans  la  trachée  une  plume  qu'on  y  retourne  pour  la  dégager  des  vers. 

(1)  Wiesenthal,  in  Médical  and physicalJournal,  1799,  t.  II,  p.  204. 

(2)  George  Montagu,  Account  ofa  species  of  fasciola  whichinfests  the  tracheaof 
the  poullry ,  with  a  mode  of  cure  {Transact.  ofthe  Wernerian  nat.  Hist.  Society, 
t.  I,  n°  xii,  p.  194,  ann.  1811). 

(3)  Rudolphi  (Synopsis,  p.  415),  et  les  auteurs  qui  l'ont  suivi,  disent  par  erreur 
que  Wiesenthal  a  vu  cette  maladie  chez  le  canard  :  c'est  chez  le  dindon. 


38  AFFECTIONS  VEKMINEUSES   DES   VOIES   DIGESTIVES 

DEUXIÈME  PARTIE. 

AFFECTIONS  VERMINELSES  DES    VOIES  DIGESTIVES. 

Les  entozoaires  des  voies  digestives  [lumbrici  alvi)  sont  les  pre- 
miers qui  aient  été  observés,  et,  si  l'on  excepte  \&filaire  de  l'homme, 
ils  ont  été  presque  les  seuls  connus  jusqu'au  xvne  siècle,  époque  à 
laquelle  on  commença  d'attribuer  aux  vers  une  grande  importance 
pathologique,  époque  à  laquelle  aussi  les  parasites  renfermés  dans 
divers  organes  chez  les  animaux  attirèrent  l'attention  de  plusieurs 
médecins  naturalistes.  Dès  lors  les  entozoaires  des  voies  digestives 
furent  désignés  par  un  nom  particulier  :  on  les  appela  vers  intesti- 
naux ou  entêraux.  Quant  à  ceux  qui  existent  ou  que  l'on  supposait 
exister  dans  les  autres  organes,  ils  furent  désignés  de  même  par  le  nom 
de  leur  séjour  :  on  disait  les  encéphales,  les  cardiaires ,  les  hépatiques, 
les  vésiculaires ,  etc.,  en  parlant  des  vers  du  cerveau,  du  cœur,  du 
foie,  de  la  vessie  ;  ou  collectivement  on  les  appelait  les  exentéraux. 

Lorsque  les  entozoaires  de  l'homme  et  des  animaux,  plus  fréquem- 
ment observés  et  mieux  connus,  commencèrent  à  être  classés  d'après 
leurs  caractères  zoologiques,  on  cessa  de  les  désigner  par  le  nom  de 
leur  habitat,  mais  alors  l'expression  de  vers  intestinaux  reçut  une 
plus  grande  extension  et  fut  donnée  à  tous  les  entozoaires,  quel  que 
fût  leur  séjour. 

Les  Grecs,  qui  n'avaient  observé  que  les  vers  intestinaux  propre- 
ment dits,  les  désignaient  par  le  mot  s>./*(vGeç,  et  les  Romains  par 
celui  de  lumbrici  (1) . 

(1)  Le  mot  ftyuv;  ou  èXp-if?  ne  s'appliquait  qu'aux  vers  intestinaux,  é'Xjj.iv?  oTpoypXïi 
(l'ascaride  lombricoïde  ),  EXfuv'ç  wXaTsTà  (le  ténia). 

Les  Latins  et  les  auteurs  qui  écrivirent  en  latin  rendirent  le  mot  sXu.iv;  par  celui 
de  lumbricus.  Ils  désignèrent  par  cette  expression  tous  les  vers  intestinaux  indis- 
tinctement, et  de  plus  le  ver  de  terre,  qui  était  pour  eux  un  animal  du  même  genre. 
Le  mot  lumbricus  était  donc  un  terme  générique  qu'ils  appliquaient  avec  une  épi- 
thète  pour  désigner  les  espèces*:  lumbricus  teres,  lumbricus  latus,  lumbricus  ierrenus. 

Le  mot  grec  <7x<6Xvi£  et  le  mot  latin  vermis  ont  la  même  signification  que  le  mot 
français  ver;  on  désignait  par  ces  mots,  d'une  manière  générale,  les  animaux 
libres  ou  parasites  que  nous  appelons  vulgairement  des  vers. 

Les  médecins  grecs  désignaient  encore  le  ténia  (  é'Xjjuvç  jrXaTÊta)  par  le  mot  raivta, 
et  l'oxyure  par  le  mot  àa*a.pî;  ;  ils  ont  aussi  quelquefois  employé  le  mot  ô/ipî&v  comme 
synonyme  de  é'Xy-w;.  Enfin,  Pline  et  les  médecins  qui  ont  écrit  en  latin  ont  quel- 
quefois pris  dans  une  autre  acception  que  ténia  le  mot  tinea,  par  lequel  ils  dési- 
gnaient aussi  les  vers  ronds  ;  tineœ  rotundœ. 


CHEZ  L'HOMME.    —  GÉNÉRALITÉS.  39 

PREMIÈRE    DIVISION. 

VOIES     DIGESTIVES     CHEZ     L'HOMME. 

Généralités:  connaissance  des  anciens,  des  Arabes,  de  leurs  successeurs.  — 
Opinions  sur  l'origine  des  vers  intestinaux.  —  Examen  de  leur  organisation.  — 
Leur  utilité.  —  Influence  de  la  lune.  —  Association  de  diverses  espèces  de  vers. 
—  Conditions  de  leur  fréquence.  —  Phénomènes  qu'ils  déterminent.  —  Expli- 
cation de  ces  phénomènes.  —  Symptômes.  —  Diagnostic.  —  Nature  et  marche 
des  affections  vermineuses.  —  Craintes  exagérées  qu'elles  inspirent.  —  Consé- 
quences fâcheuses  de  cette  crainte.  —  Tableau  synoptique  des  entozoaires 
intestinaux. 

Les  anciens  ont  connu  trois  des  espèces  qui  vivent  dans  les 
intestins  de  l'homme  :  l'ascaride  lombricoïde  (l^tvç  urpoyyukn,  lum- 
bricus  teres)  ;  l'oxyure  vermiculaire  (àoeapeçi  ascaris),  et  le  ténia 
solium  ( sXpvç  irXarsTa,  raivia,  lumbricus  lalus,  tœnia). 

Dans  l'un  de  ses  aphorismes,  Hippocrate  fait  mention  des  deux 
premiers  de  ces  vers,  et  l'on  trouve  des  notions  sur  ces  mêmes  vers 
et  sur  le  ténia  dans  quelques-uns  des  traités  qui  lui  ont  été  attri- 
bués. Aristote  fait  également  mention  de  ces  trois  espèces 
d'entozoaires.  Celse  se  borne  à  indiquer  l'existence  de  vers  plats 
[lalî]  et  de  vers  ronds  [teretes).  Pline  ne  mentionne  aussi  que  ces 
deux  sortes  de  vers.  Galien  distingue  avec  précision  les  trois  espèces 
mentionnées  ci-dessus,  et  indique  quelle  portion  de  l'intestin  chacune 
d'elles  occupe.  Les  autres  auteurs  grecs  ou  latins  sont  restés  à  peu 
près  dans  ces  mêmes  termes  sur  les  vers  intestinaux. 

Hippocrate  (OEuvres  par  Foës,  Genève,  1657).  —  Génération  des  vers, 
ténia,  asc.  lombricoïde,  sect.  v,  De  morbis,  lib.  IV,  p.  511.  —  Asc.  lombri- 
coïdes  et  oxyures  communs  chez  les  enfants,  sect.  vu,  Aphor.,  lib.  III,  aph. 
26,  p.  1248.  —  Vers  en  automne,  oxyures  incommodes  le  soir,  sect.  vin, 
De  morb.  vulg.,  lib.  II,  p.  996.  — Oxyures  chez  les  femmes,  traitement, 
sect.  v,  De  morb.  mul.,  lib.  II,  p.  666.  — Pronostics  tirés  des  vers,  sect.  n, 
Prœnot.  liber,  p.  40  ;  De  judicat.  liber,  p.  52. — Fistule  vermineuse,  sect.  vu, 
Demorb.  vulg.,  lib.  VII,  §  129,  p.  1239. 

Aristote.  ■ —  Histor.  de  animal,  (édil.  Scaliger,  Tolosee,  1619),  lib.  V, 
cap.  ccxin,  p.  597  . 

Théophraste. — De  historia  plantarum,  lib.  IX,  cap.  xxu  (édit.  Med.  art. 
princ,  1567,  p.  128). 

A..-C.  Celse.  —  De  re  medica  libr.  oct.,  lib.  IV,  cap.  xvu,  De  lumbricis 
alvum  occupanlibus  (édit.  Med.  arl.  princ,  1567,  p.  78). 


ZlO  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES   VOIES   D1GESTIVES 

t'.  Pline.  —  Histoire  naturelle  (irad.  Littré,  Paris,  1850),  ténia  de  trente 
pieds,  lib.  XI.  §  558  (33). —Vers  suivant  les  nations,  lib.  XXVII,  §  120.— 
Médicam.,  lib.  XX,  §  1 9,  lib.  XXIII  §§  60  ei  70,  lib  XXVI,  §  28,  lib. XXVII, 
§  5b,  lib.  XXVIII,  §  59,  lib.  XXXI,  §  45. 

Scribonius  Largus.  —  De  compos.  med.  liber.,  cap.  xxxvi,  §  140,  ad 
tineas  et  lumbricus  necandos  (édit.  Med.  art.  princ,  1567,  p.  2I7). 

Eu/roprffta  Pcd.  Dioscoridis  Anarzabei  ad  Andromachum  :  hoc  est  de 
curationibus  morborum  fer  medicamenla  paratu  facilia  libri  duo,  in-8,  Argen- 
torati,  1565.  —  Remèdes  contre  le  ver  plat  (mûrier,  fougère,  grenadier), 
lib.  II,  cap.  lxxi,  p.  707.  —  Remèdes  contre  les  lombrics,  les  oxyures,  les 
vers  des  enfants,  lib.  II,  cap.  lxxii,  p.  710,  711. —  Topique  contre  les 
oxyures,  lib.  II,  cap.  lxxiii,  p.  714. 

Galien  (OEuvres  complètes,  Bâle,  4562).  —  Tomus  I,  Isagogici  libri,  in- 
troductio  $eu  médiats,  p.  114.  Énumération,  caractère,  séjour,  dénomination 
des  vers.  ■ —  Tomus  III,  In  Aphorism.  Hippocr.  commentarius  III,  aph.  26, 
p.  49.  Génération. — TomusII,  De  differ.  morb.,  cap.  vin,  p.  8. — Tomus III, 
lib.  XIV,  cap.  xix.  Traitement.  —  Tomus  III,  De  simpl.  medicam.  ;  De  filice, 
p.  84;  De  moro,  p.  87  verso. 

Ctelius  Aurelianus.  —  De  morbis  acut.  et  chron.,  lib.  IV,  cap.  vin  :  De 
lumbricis.  Amstel.,  1722,  p.  533. 

Orlbasii  Sardiani  ad  Eunapium,  tomus  tertius.  Basilese,  1557.  — De 
virt.  simpl.,  lib.  II  :  racine  de  mûrier,  p.  84;  fougère,  p.  89  ;  autres  médi- 
caments, p.  66,  67,  70,  76,  83,  93.—  De  loc.  affect.  curât.,  lib.  IV,  cap.  xc, 
Ad  lumbricos. 

IHarcellus  Empiricus.  —  De  medicamenlis  liber,  cap.  xxvm,  Lum- 
bricis et  tineis,  etc.,  remédia  (édit.  Med.  art.  princ,  1567,  p.  372  et  suiv., 
et  p.  387). 

Aetius. —  Medic.  letrabiblos  (édit.  Med.  art.  princ,  1567).  —  Tetr.  III, 
Serm.  I,  cap.  xxxix,  De  lumbricis  ex  Herodoto,  p.  490.  —  Cap.  xl,  De  lato 
lumbrico,  p.  492- —  Cap.  xli,  De  ascaridibus,  p.  492.  —  Médicam.  contre 
les  lombrics  et  oxyures,  tetr.  I,  serm.  I,  p.  20,  26,  27,  30,  35,  41 ,  43,  52  ; 
serm.  II,  p.  65,  68,  92:  serm.  IN,  p.  147.  Tetr.  IV,  serm.  I,  cap.  xevi, 
p.  652,  cap.  xcvn,  p.  654.  —  Médicam.  contre  le  ténia,  tetr.  I,  serm.  I, 
p.  7,  35,  44,  49,  58;  serm.  H,  p.  92;  serm.  III,  p.  147.  Tetr.  IV, 
serm.  I,  cap.  xevi,  p.  652,  cap.  xcvn,  p.  654. 

Alexandre  de  Tralles.  —  De  lumbricis  epistola,  nunc  primum  grœcè  et 
latine  édita,  Venetiis,  4  570,  et  Hier.  Mercurialis  tract,  varii,  lib.  III,  p.  178, 
Lugd.,  1623. 

Paul  d'Égine.  — De  re  medica,  lib.  IV,  cap.  lvii,  De  lumbricis,  p.  531. 
Lumb.  rotund.,  lumb.  latus.  —  Cap.  lviii,  De  ascaridibus,  p.  533  (édit.  Med. 
art.  princ,  1567). 

Nieol.  flUyrepsns. — De  compos.  medic  opus  (édit.  Med.  art.  princ, 
4  567).  —  Le  déclin  de  la  lune  favorable  au  remède,  sect.  I,  De  ant., 
cap.  ccxcvm,  p.  421, —  Médicam.,  sect.  III,  De  ung.,  cap.  lvii,  lviii,  lix, 


CHEZ   L'HOMME.  —  GÉNÉRALITÉS.  hi 

lx,  p.  482.  —  Sect.  VIII,  De  drosat.,  cap.  xlviii,  p.  521.  —  Sect.  XIV, 
Deiis  qnœ  lumb.  exprll.,  etinterim  mèdic.,  p.  595,  596.  —  Sect.  XXXVIII, 
Ad  lumbricos,  cap   cxlii,  Ad  lumbr.  lalos  et  oscar.,  cap.  cxnn,  p.  770. 

Actuarius.  —  Opéra  (édit.  Med.  art.  princ,  1567).  —  Medic.  sive  de 
melh.  medendi,  lib.  I,  cap.  xxi,  p.  164,  165. 

La  plupart  des  auteurs  arabes  ne  parlent  que  de  trois  espèces  de 
vers  ;  mais  ils  ne  s'accordaient  point  précisément  avec  les  anciens, 
car  ils  ne  considéraient  point  le  ténia  comme  un  ver  :  les  anneaux 
libres  du  ténia,  regardés  par  eux  comme  une  espèce  distincte  et 
appelés  cucurbitins ,  formaient  leur  troisième  espèce  de  vers  intes- 
tinaux. Toutefois  Avicenne  parle  de  quatre  espèces,  dont  rémuné- 
ration peut  être  ainsi  interprétée  :  1°  le  ténia ,  2°  l'ascaride  lombri- 
coïde,  3°  le  cucurbitin,  4°  l'oxyure. 

J.  Sérapion,  auteur  arabe  du  vme  ou  du  ixe  siècle,  parle  de  trois  es- 
pèces devers  :  «  Species  vermium  sunt  très;  quidam  enim  eorum  sunt  longi 
»  et  rotundi,  et  quidam  lati  parvi,  et  quidam  parvi  graciles,  qui  grœcè  nomi- 
»  nantur  ascarides  (1).  »  Il  est  clair  qu'il  est  question  ici  des  lombrics,  des 
cucurbitins  et  des  oxyures,  les  cucurbitins  étant  regardés  comme  une  espèce 
distincte.  Quant  au  ténia,  l'auteur  arabe  le  regarde  comme  une  membrane 
formée  par  l'intestin,  membrane  qui  renferme  les  cucurbitins  :  «  Et  fit  hoc 
»  corpus  ex  panniculo  mucoso  qui  est  in  parte  interiori  intestinorum,  quando 
»  dimittitur  naturœ  suse  et  pulrefit  ;  tune  enim  efficitur  iste  panniculus  circum- 
«  volvens  et  continens  istos  vermes  (cucurbitinos).  »  Nous  reviendrons  ailleurs 
sur  cette  manière  de  voir  relativement  au  ténia  qui  fut  partagée  par  plusieurs 
autres  médecins. 

Le  texte  que  nous  venons  de  rapporter  ne  laisserait  aucun  doute  sur  l'opi- 
nion de  Sérapion  quant  à  la  distinction  des  trois  vers  de  l'intestin,  si,  dans  la 
suite  de  ce  passage  même,  on  ne  trouvait  une  confusion  qui  le  rend  tout  à 
fait  inintelligible.  En  effet,  les  parvi  graciles  ayant  élé  dits  être  les  ascarides 
des  Grecs,  les  ascarides  sont  ensuite  confondus  avec  les  cucurbilins  :  «  Asca- 
»  rides  seu  cucurbitini  et  graciles  non  possunt  occullari  neque  permanere,  etc.» 
Toutefois  cette  confusion  ne  doit  point  être  imputée  à  Sérapion,  mais  à  son 
traducteur,  comme  nous  le  montrerons,  ci-après. 

Avicenne  parle  de  quatre  espèces  de  vers  intestinaux  (2);  il  est  difficile 
d'interpréter  exactement  l'énumération  qu'il  en  fait.  Voici  sa  phrase  d'après  le 
texte  latin  :  «  Species  vermium  sunt  quatuor  :  longi  et  lati  et  rotundi;  et  lati; 
»et  sunt  ascarides  et  parvi  (3).  »  Les  savants  commentateurs  Manard,  Gabu- 
cinus,  Mercurialis,  etc.,  ont  cherché  à  éclaircir  le  sens  de  cette  phrase  ,  mais 
leurs  interprétations  ne  sont  nullement  satisfaisantes. 

(1)  Tract.  III  de  œgritud.  slomachi  et  intestinorum,  cap.  xxx. 

(2)  Avicennœ  libriin  remedica  omnes Veucliis,  1574,  p.  839-840. 

(3)  Lib.  III,  fen.  16,  tractât.  S,  cap.  î  et  h. 


£|2  AFFECTIONS   VERM1NEPSES  DES   VOlliS  DIGESTIVES 

D.  Leclerc,  ayant  eu  recours  au  texte  arabe,  en  réforma  la  traduction  de  la 
manière  suivante:  «  Species  vermium  sunt  quatuor:  longi  magni  et  rotundi; 
»  et  lati  atque  hi  grana  cucurbitaî;  et  parvi  (1).  »  Le  sens  dans  cette  dernière 
traduction  ne  nous  paraît  pas  douteux,  malgré  l'opinion  contraire  de  Leclerc: 
ce  savant  écrivain  n'y  trouve  que  l'indication  de  trois  espèces  de  vers,  et  il 
pense  avec  Gabucinus  que  le  mot  quatuor  a  été  mis  par  erreur  pour  le  mot 
très.  Nous  ne  saurions  être  de  cet  avis.  En  effet,  il  ne  peut  y  avoir  de  doute 
sur  la  signification  du  mot  lati ,  laquelle  se  trouve  fixée  par  hi  grana  cucur- 
bitœ.  Avicenne  parlait  évidemment  du  cucurbitin  qu'il  regardait  comme  une 
espèce  de  ver  distincte;  par  cela  même,  le  sens  du  mot  parvi  se  trouve  déter- 
miné: il  ne  peut  s'appliquer  qu'aux  oxyures.  Restent  les  expressions  longi 
magni  et  rotundi,  qui,  suivant  Leclerc,  désignent  un  seul  ver.  Mais,  si  l'on 
considère  qu'il  y  a  ici  une  redondance  de  mois;  qu'Avicenne,  dans  les  autres 
passages  où  il  parle  des  entozoaires,  n'emploie  ordinairement  qu'un  mot  pour 
les  désigner,  et  que  les  auteurs  antérieurs  ou  contemporains  n'en  ont  jamais 
employé  aussi  qu'un  ou  deux  pour  caractériser  un  ver,  comme  longi,  graciles, 
lati,  ou  bien  longi  et  rotundi,  parvi  et  lati,  etc.,  on  sera  disposé  à  croire  qu'il 
s'agit  ici  de  deux  vers  différents,  il  suffit,  en  effet,  de  l'interposition  d'une 
virgule  entre  les  mots  longi  et  magni  pour  leur  donner  deux  désignations 
distinctes,  et  pour  donner  en  même  temps  aux  expressions  longi,  magni  et 
rotundi  un  sens  clair,  précis  et  parfaitement  en  rapport  avec  le  sens  général 
de  la  phrase  ;  car,  en  désignant  deux  espèces  de  vers  différentes,  elles  com- 
plètent l'énumération  des  quatre  espèces  qu'annonce  Avicenne.  Nous  dirons 
donc  :  «  Il  y  a  quatre  espèces  de  vers  :  les  longs,  les  grands  et  ronds  et  les  plats, 
semblables  aux  graines  de  courge,  et  les  petits,  »  Ou  autrement  :  a.  Il  y  a  quatre 
espèces  de  vers  :  les  ténias,  les  ascarides  lombricoïdes,  les  cucurbitins  et  les 
oxyures.  »  Cette  interprétation  nous  paraît  d'autant  plus  juste,  que  si  l'on 
admettait  avec  Leclerc  que  les  mots  longi  magni  et  rotundi  désignent  un  seul 
ver,  Avicenne  n'eût  fait  aucune  mention  du  ténia. 

La  principale  difficulté  de  la  première  leçon  du  texte  latin  d'Avicenne  pro- 
vient de  l'introduction  du  mot  ascarides  pour  hi  grana  cucurbitœ.  Or,  à  l'époque 
où  les  œuvres  des  Arabes  furent  traduites,  le  premier  de  ces  mots  ne  désignait 
point  les  vers  du  rectum,  que  les  Grecs  nommaient  à^axapiStç,  et  que  nous  ap- 
pelons oxyures  ;  ceux-ci  étaient  appelés  alors  parvi  et  graciles  ou  parvi  et  ro- 
tundi, ou  simplement  parvi,  et  les  expressions  cucurbilini  et  ascarides  étaient 
synonymes.  La  synonymie  de  ces  deux  derniers  noms  se  retrouve,  en  effet, 
fréquemment  dans  les  ouvrages  de  l'époque  où  vivaient  les  traducteurs  et  les 
commentateurs  des  écrits  arabes.  Pierre  de  Abano  (le  conciliateur)  dit  :  «  El  lati 
»  cucurbitae  seminibus  similes,  undè  et  cucurbilini  dicuntur,  primo  etiam  in- 
»  testinorum  instar  seminum  cucurbitae  filo  uniusin  alterum  conjunctorum,  qui 
»  ascaridesei  buffones  secundùm  quosdam  dicuntur  (2).»  Dans  les  commentaires 

(1)  Danielis  Clerici  hist.  nat.  et  med.  latorum  lumbricorum,  etc.,  p.  14.  Genevœ, 
1715. 

(2)  Differentia,  101. 


CHEZ  L'HOMME.   —  GÉNÉRALITÉS.  43 

du  neuvième  livre  de  Rhazès  à  Almanzor  par  Sillanus,on  lit  cette  phrase  :  «  Sci- 
»  licet  in  intestinis  mediis  generantur  vermes  curli  et  lati  et  vocantur  ascarides 
»  vel  cucurbitini,  quod  idem  est  (1  ).  »  Or,  l'auteur,  en  confondant  les  noms,  ne 
confondait  point  les  choses  ;  il  connaissait  les  oxyures  qu'il  venait  de  désigner 
clairement  dans  cetie  phrase  :  a  ...  Recto  generantur  quidam  (vermes)  parvi 
»  et  rotundi,  sicut  sunt  vermes  qui  reperiuntur  in  caseo.  »  Bernard  Gordon,  au 
commencement  du  xrve  siècle,  désignant  les  oxyures  sous  le  nom  de  curli 
graciles,  et  les  cucurbitins  sous  celui  de  curli  lati,  dit  :  «  Curli  lati,  alias  cw- 
curbitini  vel  ascarides  (2).  »  Pour  citer  encore  un  exemple  pris  parmi  beaucoup 
d'autres,  on  trouve  la  confirmation  de  cette  synonymie  dans  un  passage  qu'il 
n'est  pas  hors  de  propos  de  rapporter  ici.  Après  avoir  cherché  à  retrouver 
dans  la  phrase  d'Avicenne,  citée  ci-dessus,  les  trois  vers  connus  des  anciens, 
Manard,  le  plus  savant  commentateur  de  son  temps,  s'exprime  ainsi  :  «  Unus 
»  adhuc  superest  scrupus  circa  lumbricorum  species,  qui  me  ssepenumero  non 
»  mediocriter  perturbavit,  nam  qui  cucurbiiini  vocantur  ad  nullam  trium  die- 
»  tarum  specierum  videntur  pertinere,  et  propterea  quartam  per  se  speciem 
»  putari  possunt  constituere.  Quod  ex  recentioribus  nonnulli  prodiderunt,  latos 
»  in  duas  species  distinguentes,  longos  videlicet  et  brèves  :  illos  ascarides,  hos 
»  cucurbitinos  nominantes  (3).  » 

C'est  donc  d'après  les  errements  de  son  époque  que  le  traducteur  d'Avicenne 
a  remplacé  les  mots  M  granacucurbitœ  par  celui  de  ascarides,  principale  cause 
de  l'obscurité  et  de  la  confusion  de  l'ancien  texte  latin  d'Avicenne  qui,  avec 
ces  données,  peut  être  traduit  de  la  manière  suivante  :  «  Il  y  a  quatre  espèces 
de  vers  :  les  longs  et  plats,  et  les  ronds,  et  les  plats  qui  sont  les  curcubitins 
(ascarides),  et  les  petits;  c'est-à-dire  les  ténias,  les  lombrics,  les  cucurbitins  et 
les  oxyures.  » 

Au  reste,  Avicenne,  dans  plusieurs  passages,  énumère  de  nouveau  quatre 
espèces  de  vers.  En  parlant  des  parties  qu'ils  habitent,  il  les  désigne  par  les 
mots  longi,  rotundi,  lati,  parvi  (4).  En  parlant  des  signes  des  vers,  il  dit  î 
«  Deindè  longos  significant  commotio  oris  stomachi  et  mordicatio  ipsius.... 

»  cum  lalis  autem  et  rotundis  appetilus  secundum  plurimum  multiplicatur 

»  parvos  autem  significat  pruritus  ani (5).  » 

Il  est  important,  pour  l'intelligence  de  plusieurs  passages  d'Avicenne  et  des 
auteurs  delà  même  époque,  de  connaître  exactement  la  valeur  des  expressions 
par  lesquelles  les  traducteurs  ont  désigné  les  vers.  Nous  avons  déjà  signalé 
dans  Sérapion  une  contradiction  qui  s'expliquera  facilement  maintenant.  Cet 
auteur  n'a  pu  dire  ascarides  seu  cucurbitini  et  graciles  dans  le  sens  que  nous 
attachons  aujourd'hui  aux  deux  premiers  de  ces  mots.  Ascarides  est  certaine- 

(1)  Almanzoris  Mb.  nonus  cum  exposit.  Sillani,  1490,  cap.  De  verm.,  etc. 

(2)  Leclerc,  op.  cit.,  cap.  h,  p.  17. 

(3)  Joannis  Manardi  FerrarieDsis  epist.  medicin,  Ubri,  lib.  IV,  epist.  î,  p.  43. 
Lugduni,  1549. 

(4)  Op.  cit.,  cap.  ii,  p.  840,  1.  28. 

(5)  Op.  cit.,  cap.  in,  p.  841, 1.  40. 


hh  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES  VOIES  DIGEST1VES 

ment  un  mot   mal  rendu  ou  surajouté  par  lo  traducteur,  qui,  comme  celui 

d'Avicenne,  prenait  pour  synonymes  les  expressions  cucurbitini  et  ascarides. 

On  voit,  en  résumé  :  1°  que  les  auteurs  arabes  ont  regardé  le  cucurbitin 
comme  une  espèce  de  ver  particulière;  2"  que  ceux  qui  admettaient  trois 
espèces  de  vers  ne  s'accordaient  qu'imparfaitement  avec  les  anciens,  qui  ne 
regardaient  pas  le  cucurbitin  comme  une  espèce  distincte  ;  3"  que  d'autres 
auteurs  arabes  ont  admis  les  trois  espèces  des  anciens,  et  qu'ils  y  ont  ajouté 
une  quatrième  espèce  fictive,  le  cucurbitin. 

Parmi  les  médecins  des  siècles  suivants,  les  uns  ne  parlèrent  que 
des  trois  vers  connus  des  anciens;  les  autres,  ainsi  qu'Avicenne, 
regardèrent  les  cucurbitins  comme  une  quatrième  espèce.  Ce  n'est 
qu'à  dater  de  Plater  que  l'on  acquit  des  notions  exactes  sur  l'exis- 
tence d'un  quatrième  ver  de  l'intestin.  Félix  Plater  (1602)  reconnut 
qu'il  y  a  deux  espèces  de  vers  plats,  fait  que  les  recherches  d'Andry 
et  de  Bonnet  confirmèrent  dans  la  suite.  La  connaissance  du  tricho- 
céphale  est  du  siècle  dernier,  et  celle  de  l'anchylostome  duodénal,  du 
ténia  nana  et  des  protozoaires  intestinaux  est  toute  récente. 

Les  médecins  se  sont  beaucoup  occupés  de  l'origine  des  vers  de 
l'intestin  ;  à  cet  égard,  les  naturalistes  ont  partagé  longtemps  leurs 
opinions  et  leurs  erreurs.  La  plupart  des  nombreuses  hypothèses  qui 
ont  été  imaginées  en  vue  d'expliquer  l'origine  des  animaux  dont  la 
génération  sexuelle  n'était  pas  évidente,  ont  pris  leur  source  ou  puisé 
des  arguments  dans  la  considération  des  vers  intestinaux.  Quelques- 
unes  de  ces  hypothèses,  malgré  leur  singularité  ou  leur  absurdité 
même,  ont  eu  des  adhérents  jusqu'à  nos  jours  :  beaucoup  d'auteurs, 
avec  Hippocrate,  ont  pensé  que  les  vers  se  forment  dans  le  fœtus  et 
préexistent  à  la  naissance  ;  d'autres  ont  imaginé  que  leurs  germes 
sont  transmis  des  parents  aux  enfants,  et  se  sont  préoccupés  d'en 
faire  remonter  l'origine  primitive  au  premier  homme  ;  un  plus  grand 
nombre  ont  supposé  que  les  vers  proviennent  des  matières  contenues 
dans  le  tube  digestif,  et  que  la  force  qui  leur  donne  la  vie,  c'est  la 
putréfaction,  la  coction  ou  la  chaleur.  Pour  Aristote,  la  matière  qui 
devient  ver  est  celle  des  excréments  ;  pour  Galien,  ce  sont  les  ali- 
ments; ce  sont,  pour  Oribase,  toutes  les  humeurs  :  d'une  humeur 
noire  naissent  les  oxyures  ;  d'une  humeur  bilieuse  les  lombrics  ;  d'une 
humeur  pituiteuse  le  ténia.  Pour  Spigel,  le  mélange  de  la  pituite  et 
d'une  matière  terreuse  et  stercoraire  produit,  avec  l'aide  d'une  cha- 
leur convenable,  les  oxyures  ;  celui  de  la  pituite  et  de  la  bile  forme 


CHEZ  L'HOMME.  —  GÉNÊUALirÉS.  t\5 

les  lombrics;  d'une  pituite  épaisse  et  visqueuse  naît  le  ténia  (1)., 
Pour  d'autres  auteurs,  la  différence  dans  la  chaleur  de  l'organe  fait  la 
différence  dans  l'espèce  de  l'entozoaire  :  Gabucinus  explique  la  for- 
mation du  tér.ia  par  le  refroidissement  de  l'intestin  (2)  ;  suivant  Mon~ 
tano,  les  oxyures  ont  besoin  pour  se  former  de  plus  de  chaleur  que 
les  autres  vers  ;  Mercurialis  pense  prouver  qu'au  contraire,  les  grands 
vers  réclament  plus  de  chaleur  que  les  oxyures  (3). 

Pendant  des  siècles,  l'étude  des  entozoaires  de  l'homme  consiste 
dans  l'interprétation  des  opinions  de  maîtres.  On  consulte  l'autorité 
et  non  la  nature.  Il  s'agit  de  mettre  d'accord  Hippocrate  avec 
Galien,  Galien  avec  Avicenne,  Paul  d'Égine  et  Alexandre  de  Tralles 
avec  eux-mêmes.  Si  ces  derniers  auteurs  ont  dit,  d'une  part,  que  les 
vers  viennent  d'une  humeur  crue,  et,  d'une  autre  part,  qu'ils  vien- 
nent des  aliments  corrompus,  c'est  qu'il  y  a  deux  matières  forma- 
trices des  vers  :  l'une  immédiate  (l'humeur  crue),  l'autre  médiate 
(les  aliments)  ;  celle-ci,  parla  coction  ou  par  la  corruption,  produit  la 
première.  D'après  ces  doctrines,  on  discute  et  l'on  explique  l'in- 
fluence de  tel  ou  tel  genre  d'alimentation,  celle  de  l'âge,  du  repos, 
de  la  fièvre,  etc.,  sur  la  production  des  vers  intestinaux. 

Ces  opinions,  plus  ou  moins  modifiées,  arrivèrent  jusqu'à  nous. 
Les  helminthologistes  les  plus  éminents  de  notre  temps,  tels  que  Ru- 
dolphi,  Bremser,  etc.,  regardaient  encore  les  vers  intestinaux  comme 
le  produit  d'une  génération  spontanée  5  toutefois,  depuis  longtemps 
déjà,  plusieurs  savants,  Hartzoeker  (4),  Wolff  (5),  Van  Doeveren  (6), 
Rosen  (7),  Pallas  (8),  etc.,  avaient  cherché  à  prouver  que  les  ento- 
zoaires s'engendrent  et  se  propagent  comme  les  autres  animaux  : 
mais  cette  opinion,  contre  laquelle  s'élevaient  de  sérieuses  objections, 
n'a  pu  s'établir  que  par  la  connaissance  récemment  acquise  de  quel- 
ques-unes des  conditions  de  la  transmission  des  entozoaires. 

(1)  Adriani  Spigelii  de  lumbrico  lato  liber,  p.  25.  Patavii,  1618. 

(2)  Hieronymus  Gabuciuus,  De  lumbricis  alvum  occupanltbus  commenlarius. 
cap.  m,  p.  6,  vcr.-o.  Venetiis,  1547. 

(3)  Hieron.  Mercurialis,  De  inlernis  puerorum  rnorbis,  lib.  Ht,  cap.  vit,  p.  164 
dans  Tractatus  varii,  Lugduui,  1623. 

(4)  Nicolas  Harizoekcr,  Lettre  à  Andry,  1699,  dans  N.  Andry,  De  la  généra 
lion  des  vers  dans  le  corps  de  l'homme,  1"  cdit.  Paris,  1700,  p.  340. 

(5)  Ido.  Wolfii  observ.  chirurg.  medic.  libri  duo,  lib.  II,  p.  184,  in  Scholiis 
Quedlimburgi,  1704. 

(6)  Van  Doeveren,  Observations  phyf.-médic.  sur  les  vers.  Paris,  176  i,  p.  110 

(7)  Nils  Rosen  de  Roscnstein,  ouvr.  cit.,  p.  374.  Paris,  1778. 

(8)  Pallas,  N,  Nord-,  etc.,  cité.  Petersburg,  1781. 


46  AFFECTIONS  VERM1NEUSËS  DES  VOIES  DIGESTIVES 

Les  médecins  anciens  se  sont  bornés  à  l'examen  extérieur  des  vers 
intestinaux  ;  ils  ne  soupçonnaient  pas  l'organisation  complexe  de  ces 
êtres,  qui  étaient  pour  eux  une  pituite,  une  humeur,  une  abrasion  de 
l'intestin  douée  de  la  vie  :  «  Lumbricus  nihil  aliud  est  nisi  animal 
»  seu  substantia  animalis  formam  referens,  »  dit  Mercurialis  (1).  Ce 
n'est  que  vers  la  fin  du  xvn'  siècle  que  l'on  reconnut  dans  ces  ani- 
maux une  organisation  véritable.  Les  recherches  de  Redi  (1684), 
médecin  du  grand-duc  de  Toscane  Cosme  III,  celles  de  Tyson  et  de 
Vallisneri,  firent  connaître  les  organes  de  la  génération  et  de  la 
digestion  de  l'ascaride  lombricoïde.  Vers  la  même  époque,  la  consti- 
tution du  ténia  attira  l'attention  de  Tyson,  de  Malpighi,  de  Nicolas 
Andrv,  etc.  :  les  crochets  regardés  comme  des  dents,  les  ventouses 
comme  des  yeux  ou  des  narines,  les  pores  latéraux  comme  autant  de 
bouches,  et  les  canaux  longitudinaux,  furent  dès  lors  observés.  Les 
interprétations  erronées  des  premiers  observateurs  ne  tardèrent  pas 
à  être  rectifiées  parles  recherches  des  naturalistes  du  siècle  suivant; 
alors  les  entozoaires,  mieux  étudiés  et  mieux  connus,  sortirent,  pour 
ainsi  dire,  du  domaine  de  la  médecine,  et  formèrent  une  branche  im- 
portante de  l'histoire  naturelle. 

Quelle  est  l'utilité  des  vers  intestinaux'?  Cette  question  s'est  pré- 
sentée fréquemment  à  l'époque  où  l'on  s'occupait  de  la  cause  finale 
des  choses  :  suivant  Avicenne,  ils  ont  pour  but  de  débarrasser  l'in- 
testin des  matières  putrides  dont  ils  se  forment  et  qu'ils  continuent 
de  détruire  en  s'en  nourrissant.  Il  est  surprenant  de  voir  de  sem- 
blables opinions  partagées,  jusqu'à  un  certain  point,  par  des  savants 
éminents  et  presque  nos  contemporains.  Rœderer  et  Wagler,  Goeze, 
Abildgaard,  etc.,  regardèrent  les  vers  de  l'intestin  non-seulement 
comme  inofiensifs,  mais  même  comme  salutaires.  Suivant  ces  au- 
teurs, les  vers  se  nourrissent  du  résidu  des  substances  alimentaires, 
débarrassent  l'économie  de  ces  matières  et  des  mucosités  surabon- 
dantes, stimulent  le  tube  digestif  par  leurs  mouvements,  et  favorisent 
l'exercice  de  ses  fonctions. 

Enfin,  il  n'est  pas  jusqu'à  la  croyance  à  l'influence  des  astres  qui 
n'ait  trouvé  crédit  auprès  de  quelques  bons  esprits  et  qui  ne  soit 
arrivée  jusqu'à  nous  :  »  Le  ténia  se  fait  sentir  surtout  au  déclin  de 
la  lune  et  à  son  renouvellement,  dit  Rosen.  Ce  n'est  pas  que  je  rap- 
porte ce  phénomène  à  l'influence  directe  de  la  lune;   mais  je  parle 

(1)  Mercurialis,  op.  cit.,  lib.  III,  cap.  i,  p.  154. 


CHEZ  L'HOMME.  —  GÉNÉRALITÉS.  47 

d'après  mon  expérience  constante,  quelle  que  soit  la  cause  de  ces 
événements.  Nombre  d'enfants  me  les  ont  montrés  avec  un  ordre  si 
réglé,  que  sans  almanach,  je  savais,  à  ces  révolutions,  la  date  du 
mois,  et  l'on  doit  me  croire  (]).  » 

«  Les  morceaux  de  ténia,  dit  M.  Wawruch,  professeur  de  cli- 
nique à  Vienne,  partent  à  une  époque  indéterminée,  ou,  ce  qui  arrive 
le  plus  souvent,  à  une  époque  déterminée,  et  ordinairement  pendant 
la  lune  décroissante  ou  pendant  la  nouvelle  lune,  et  alors  il  y  a  aussi 
une  exacerbation  des  autres  symptômes  indiqués  (2).  »  Ces  auteurs  et 
beaucoup  d'autres  recommandent,  en  conséquence,  d'entreprendre  la 
cure  des  vers  intestinaux  à  l'époque  de  la  lune  décroissante  (3). 

Les  diverses  espèces  de  vers  de  l'intestin  ne  s'excluent  pas  mu- 
tuellement: chez  beaucoup  d'animaux,  on  trouve  souvent  à  la  fois 
dans  le  tube  digestif  plusieurs  vers  différents;  cette  association  est 
peut-être  moins  commune  chez  l'homme.  Rosen  rapporte  le  cas  d'un 
enfant  âgé  de  quatre  ans,  qui  rendit  à  la  fois  dix  ascarides  lombri- 
coïdes,   une  quantité  innombrable  d'oxyures  et  quatre  aunes   de 

(1)  Rosen  deRosenstein,  ouvr.  cité,  p.  400. 

(2)  Wawruch,  Réflexions  tirées  de  deux  cent  six  observations  de  ténias  {Gaz.  méd. 
de  Paris,  1841 ,  t.  IX,  p.  633,  extrait  de  Medizin.  Jahrb.  des  OEsterr.  Staates). 

(3)  Nicolas  Myrepsus,  médecin  grec  du  xme  siècle,  est  le  premier  auteur  qui,  à 
ma  connaissance,  ait  parlé  de  l'influence  de  la  lune  sur  les  vers;  il  conseille  d'ad- 
ministrer les  anthelminthiques  au  déclin  de  cet  astre  (De  anlid.,  sect.  i,  cap.  298). 
—  Beaucoup  d'auteurs  ont  partagé  ce  sentiment,  et  même  ont  rapporté  des  obser- 
vations à  l'appui.  Tels  sont  :  Frédéric  Hoffmann,  qui  prescrit  les  anthelminthiques 
aux  époques  de  changement  de  phase  de  la  lune  (Opéra  omniaphys.  medic,  t.  III, 
part.  IV,  cap,  vu,  obs,  3,  p.  250,  Genève,  1748)  ;  Zimmermann,  qui  rapporte  une 
observation  curieuse  relative  au  ténia  (l'railé  de  l'expérience,  chap.  m,  p.  380, 
édit.  Paris,  1855).— Baumes  croit  à  l'influence  de  la  lune,  et  rapporte  une  obser- 
vation à  l'appui  (Ane.  jourri.  de  méd.,  t.  LVI,  p.  432,  Paris,  1781).  Prestat  dit 
que  l'ascaride  lombricoïde  paraît  au  déclin  de  la  lune^ï'/ièses  de  Paris,  n°  35,  p.  13, 
1821).  Rosen  cite  Bisset  (Constit.  méd.  de  l'Angleterre,  p.  332),  et  van  Phelsum 
(p.  150)  comme  partageant  cette  opinion.  Tout  récemment,  M.  Kuchenmeister, 
attaqué  d'oxyures,  a  recherché  les  époques  de  leur  expulsion  spontanée  compara- 
tivement aux  phases  de  la  lune.  Dans  l'espace  de  329  jours,  93  oxyures  sont  sortis 
pendant  le  déclin  de  cet  astre,  et  57  pendant  son  accroissement;  les  premiers  sont 
sortis  en  49  fois,  ou  jours,  et  les  seconds  en  36  fois.  Il  y  aurait ,  suivant 
M.  Kuchenmeister,  des  phases  plus  favorables  à  l'expulsion  des  oxyures,  mais  il  n'y 
a  pas  lieu  d'en  tenir  compte  pour  le  traitement,  non  plus  que  des  éclipses  du  soleil 
ou  de  la  lune  (ouvr.  cit.,  2e  édit.,  art.  Oxyuris  vermicularis).  Dans  un  temps  moins 
éclairé  que  le  nôtre,  Nie.  Pechlin  avait  dit  que,  dans  l'administration  des  médica- 
ments anthelminthiques,  il  n'y  a  pas  plus  à  s'occuper  des  phases  de  la  lune  que  de 
celles  du  soleil  et  des  autres  astres  (op.  infra  cit.,  lib,  I,  obs,  64). 


Zt8  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES   VOIES   DIGESTlVES 

ténia  (1).  Des  faits  semblables  sont  assez  rares;  mais  la  présence 
dans  l'intestin  de  deux  espèces  de  vers  différentes  est  très  commune. 

Les  enfants  sont  proportionnellement  plus  sujets  aux  vers  néma- 
toïdes,  les  adultes  aux  cestoïdes,  du  moins  dans  nos  pays.  Les 
femmes  sont  plus  fréquemment  atteintes  de  vers  intestinaux  que  les 
hommes.  En  général,  on  ne  souffre  de  ces  parasites  que  pendant  un 
temps  limité;  néanmoins  on  voit  des  personnes  qui  ne  peuvent 
jamais  s'en  débarrasser  complètement. 

La  présence  des  vers  dans  l'intestin  ne  donne  pas  toujours  lieu  à 
des  phénomènes  appréciables  :  elle  est  compatible  avec  la  santé  la 
plus  parfaite;  mais  dans  des  cas  assez  fréquents,  elle  se  manifeste 
par  des  phénomènes  très  variables  qui  sont  locaux  et  plus  souvent 
peut-être  sympathiques. 

1°  Les  phénomènes  locaux  consistent  dans  le  dérangement  des 
fonctions  intestinales,  dans  les  douleurs  abdominales,  clans  le  prurit 
à  l'anus;  bien  rarement  on  observe  des  lésions  anatomiques  de 
quelque  importance. 

2°  Tous  les  organes,  pour  ainsi  dire,  peuvent  ressentir  l'influence 
sympathique  des  vers  du  canal  intestinal  :  la  fausse  perception  des 
odeurs,  la  dilatation  de  la  pupille,  l'amaurose  permanente  ou  pas- 
sagère, l'exaltation  de  l'ouïe,  la  perversion  du  goût,  le  prurit  et  les 
fourmillements  à  la  peau  témoignent  de  l'action  sympathique  des 
vers  sur  les  sens;  d'un  autre  côté,  la  somnolence  ou  les  vertiges, 
les  rêves  fâcheux,  les  spasmes,  les  douleurs  vagues,  la  toux,  la  dys- 
pnée, les  palpitations,  les  intermittences  du  pouls,  la  faim  insatiable 
ou  l'anorexie,  la  salivation,  la  qualité  des  urines,  l'amaigrissement, 
témoignent  également  de  leur  action  sur  le  système  nerveux,  sur  les 
organes  de  la  respiration,  de  la  circulation,  de  la  digestion,  sur  les 
sécrétions,  enfin  sur  la  nutrition. 

La  croyance  exagérée  aux  effets  pernicieux  des  vers  intestinaux 
fut  suivie,  à  Paris  au  moins,  d'une  reaction  qui  amena  presque  à 
nier  l'influence  de  ces  parasites  sur  la  plupart  des  fonctions  dont  la 
relation  avec  le  tube  digestif  n'est  pas  évidente.  Cependant  l'in- 
fluence sympathique  des  vers  du  tube  digestif  sur  des  organes  éloi- 
gnés n'est  pas  aussi  étrangère  aux  phénomènes  ordinaires  de  la  vie 
qu'on  serait  porté  à  le  croire  au  premier  abord  :  en  effet,  le  rire, 
les  pleurs,  l'éternument,  le  vomissement,  ne  sont-ils  pas  déterminés 

(1)  Bosen,  ouvr,  cit.,  p.  389. 


'CHEZ   L'HOMME.  —  GÉNÉRALITÉS.  Z|9 

par  certaines  excitations  physiques  appliquées  loin  du  siège  de  ces 
phénomènes?  ne  voit-on  pas  une  blessure  de  l'iris,  un  calcul  rénal, 
une  irritation  de  l'utérus  provoquer  des  vomissements  ? 

Les  effets  sympathiques  de  la  présence  des  vers  sont  évidemment 
des  phénomènes  réflexes,  dont  la  variété  et  la  complexité  échappe- 
ront à  toute  explication  tant  que  les  actions  réflexes  du  système 
nerveux  de  la  vie  organique  ne  seront  pas  mieux  connues.  Une  expé- 
rience récente  de  notre  savant  et  illustre  ami,  M.  Claude  Bernard, 
expérience  qui  démontre  qu'une  irritation  physique  portée  dans  l'es- 
tomac excite  la  sécrétion  salivaire  par  l'intermédiaire  du  nerf  grand 
sympathique,  explique  l'un  des  phénomènes  les  plus  fréquents  occa- 
sionnés par  la  présence  des  vers  dans  le  tube  digestif,  à  savoir  :  la 
formation  surabondante  de  salive  qui  a  été  remarquée  par  tous  les 
médecins  (1).  Nous  nous  garderons  donc  de  repousser  absolument 
des  faits  maintes  fois  observés,  par  cela  seul  que  nous  n'en  voyons 
pas  la  relation  avec  leur  cause  présumée. 

Si  l'on  ne  peut  nier  l'influence  sympathique  des  vers  de  l'intestin 
sur  des  organes  plus  ou  moins  éloignés,  et  les  désordres  fonctionnels 
qu'ils  occasionnent,  on  doit  néanmoins  faire  la  part  de  l'ignorance 
et  des  préjugés  d'une  autre  époque,  et  ne  point  accepter  sans  exa- 
men toutes  les  histoires  qui  nous  ont  été  transmises,  même  par  des 
hommes  considérables.  On  ne  peut  admettre  aujourd'hui  l'exis- 
tence d'une  pneumonie  ou  d'une  pleurésie  en  relation  avec  la  pré- 
sence des  vers  dans  le  tube  digestif,  et  quoique  les  accidents  les 
plus  graves  puissent  incontestablement  être  déterminés  par  la  pré- 
sence des  entozoaires  intestinaux,  le  doute  et  la  réserve  devront  sus- 
pendre notre  jugement  dans  bien  des  cas  où  l'existence  des  vers  et 
la  maladie  peuvent  n'être  qu'une  simple  coïncidence. 

Remarquons  toutefois  que  la  rareté  des  vers  à  Paris  nous  porte  au 
scepticisme  à  l'égard  des  accidents  qu'ils  occasionnent;  mais,  sans 
tenir  compte  d'observations  plus  ou  moins  imbues  des  préjugés  d'un 
autre  temps,  si  nous  acceptons  ce  que  des  médecins  éclairés  de  nos 
jours  observent  dans  d'autres  pays,  nous  pourrons  sur  ce  point  rec- 
tifier nos  impressions  et  nos  jugements  :  car,  dans  des  contrées  où 
les  vers  attaquent,  pour  ainsi  dire,  toute  la  population,  les  accidents 
les  plus  variés  sont  attribués  à  la  présence  de  ces  parasites  dans 
l'intestin  ;  ils  sont  traités  et  guéris  par  les  vermifuges. 

L'absence  ou  l'apparition  des  troubles  fonctionnels,  leur  fréquence 
ou  leur  intensité  variables  ne  s'expliquent  point  par  la  différence  de 
(I)  Claude  Bernard,  Expérience  faite  devanl  la  Société  de  biologie,  1858. 

DAVAINE.  * 


50  AFFECTIONS  VERU1NEUSES  DES   VOIES   D1GESTIVES 

nature  des  vers  de  l'intestin  :  le  ténia,  le  bothriocéphale,  l'ascaride 
lombricoïde  ou  l'oxyure  peuvent  tous  donner  lieu  à  des  phénomènes 
semblables.  Le  nombre  ou  la  grandeur  de  ces  entozoaires  n'est  pas 
sans  influence,  sans  doute,  sur  le  développement  des  phénomènes 
pathologiques;  leur  présence  paraît  aussi  moins  bien  supportée  dans 
l'estomac  que  dans  l'intestin  ;  mais,  dans  certains  cas,  ni  l'espèce  de 
ces  vers,  ni  leur  nombre  ou  leur  volume,  ni  la  partie  de  l'intestin 
qu'ils  occupent  ne  rendent  compte  des  variations  ou  de  l'intensité  des 
symptômes;  souvent  elles  dépendent  d'une  disposition  actuelle  par- 
ticulière et  de  l'impression nabilité  plus  ou  moins  grande  de  l'indi- 
vidu affecté  :  en  effet,  les  femmes  éprouvent  ordinairement  dans  leur 
santé  des  troubles  plus  nombreux,  plus  variés  et  plus  graves,  et  les 
individus  affaiblis  et  nerveux  sont  aussi  plus  éprouvés  que  ceux  qui  se 
trouvent  tous  dans  des  conditions  meilleures. ^ 

On  se  ferait  une  idée  erronée  des  affections  vermineuses  si  l'on 
jugeait  ces  affections  d'après  le  tableau  des  symptômes  que  les 
auteurs  se  sont  transmis.  La  plupart  des  phénomènes  dont  ils  ont 
parlé  ne  surviennent  que  dans  des  cas  rares,  et  jamais  on  ne  les 
trouve  tous  réunis.  En  voici  le  sommaire  : 

«  Couleur  du  visage  altérée,  tantôt  rouge,  tantôt  pâle,  tantôt 
plombée  5  demi-cercle  azuré  sous  les  yeux,  ceux-ci  moins  vifs  et  fixes  ; 
paupières  inférieures  gonflées,  pupilles  très  dilatées,  paupières  et 
conjonctives  quelquefois  jaunâtres;  prurit  insupportable  vers  les 
narines;  hémorrhagie  nasale,  céphalalgie  très  fréquente  et  très  in- 
tense; bouche  remplie  de  salive,  haleine  fétide;  grincements  de 
dents;  sommeil  inquiet  et  agité,  soif  considérable  ;  somnambulisme, 
défaillances,  vertiges,  tintement  des  oreilles;  toux  sèche,  convulsive, 
quelquefois  stertoreuse  et  même  suffocante;  respiration  difficile, 
hoquets,  paroles  entrecoupées  et  dans  quelques  cas  entièrement  in- 
terceptées; bouche  écumeuse  ;  palpitation  de  cœur,  pouls  dur,  fré- 
quent; intermittent;  abdomen  tuméfié,  borborygmes,  rots,  nausées; 
appétit  tantôt  nul,  et  tantôt  très  augmenté;  coliques;  sentiment  de 
piqûre  et  de  déchirement  qui  n'est  point  fixe,  mais  vague  dans  toute 
la  cavité  de  l'abdomen,  qui  augmente  par  l'état  de  vacuité  de  l'es- 
tomac et  diminue  quand  on  a  pris  des  aliments;  cardialgie  ;  diar- 
rhée ou  constipation,  urine  limpide  et  rarement  fétide  ;  amaigrisse- 
ment ;  démangeaison  violente  à  l'anus  ou  ténesme  ;  ennui,  anxiété,  i 
négligence^es^P^ftgaftC^dans  les  actions  (]).  »  }j 

I 

l.  III,  p.  573,  5cédit.  Paris,  1813.  g 


CHEZ   L'HOMMK.    —   GÉNÉRALITÉS. 

Fie.  2.—  Tableau  des  ovules  qui  peuvent  se  rencontrer  dans  les  garderobes,  pour 
diagnostic  de  la  présence  des  vers  dans  l'intestin  ou  dans  les  voies  biliaires. 

Tous  les  ovules  de  la  première  colonne  sont 
au  grossissement  de  70  à  107  diamètecs; 
ceux  de  la  seconde  et  do  la  troisième  colonno 
sont  au  grossissement  de  340  diamètres. 

i  •  Ascaride  lombricoïde.  —  a,  ovule  grossi 
■107  fois;  6,  340  fois.  —  Ces  ovules  expulses 
avec  les  fèces  sont  d'un  jaune  brunâlre,  mûri- 
formes  ;  souvent  leur  coque  n'est  plus  visible  à 
travers  l'enveloppe  extérieure  albumineuset 
(enveloppe  transparente  chez  l'œuf  pris  dans 
l'oviducle)  qui  s'est  imbibée  des  liquides  intes- 
tinaux après  la  ponte,  et  qui  est  ainsi  devenue 
plus  ou  moins  opaque. — Longueur,  0°"",075; 
largeur,  0""",058. 

Ces  ovules  sont  expulsés  avec  les  garderobes 
chez  les  individus  atteints  d'ascarides  lombri- 
coïdes  adultes.  On  les  trouve  facilement. 

2.  Trichocéphale  dispar.  —  a,  ovule  grossi 
70  fois;  b,  340  fois.— Longueur,  0""",053; 
largeur,  0""",024. — On  les  trouve  très  facile- 
ment et  très  communément  dans  les  selles. 

3.  Oxyure  vermiculaire.  —a,  ovule  grossi 
70  fois;  b,  340  fois. — Longueur,  0""",053; 
largeur,  0"'",028. —  Je  l'ai  cherché  vainement 
dans  les  selles  chez  des  individus  atteints 
d'oxyures. 

4.  Ténia  solium  armé.  —  a,  ovule  grossi 
70  fois  ;  b,  340  fois  ;  c,  même  grossissement, 
traité  par  la  solution  de  potasse  caustique  con- 
centrée.— Diamètre,  0mm,033. — J'ignore  en- 
core si  les  oeufs  de  ténia  se  présentent  dans 
les  selles  lorsque  ce  ver  est  intact  ;  il  doit  en 
être  ainsi  dans  les  cas  de  Tœnia  fenestrata;i'en 
ai  trouvé  chez  un  individu  qui  rendit  des  frag- 
ments déchirés.  De  nouvelles  observations  sont 
nécessaires  pour  qu'on  sache  ce  que  la  recher- 
che des  ovules  peut  donner  d'éclaircissements 
au  diagnostic. 

5.  Bothriocéphale  large.  —  a, ovule  grossi| 
70  fois  ;  b,  340  fois  ;  c,  traité  par  l'acide  sul- 
furique  concentré  qui  fait  apparaître  l'opercule. 
—  Longueur,  0n"°,068;    largeur,   0°™,044. 
Mêmes  remarques  que  pour  le  ténia  solium. 

6.  Distome  lancéolé.  —  a,  ovule  grossi 
107  fois;  b,  340  fois  ;  c,  traité  par  la  potasse 
caustique  qui  rend  la  séparation  de  l'opercule 
plus  facile.  — Couleur  brun  noirâtre;  lon- 
gueur, 0""",04  ;  largeur,  0n"",02. — Ces  ovules 
se  rencontrent  chez  le  mouton  dansles  matières 
fécales  ;  ils  indiquent  avec  certitude  la  présence 
du  distome  lancéolé  dans  les  canaux  biliaires 
ou  dans  l'intestin.  S'ils  se  rencontraient  dans 
les  garderobes  chez  l'homme ,  ils  seraient 
également  un  signe  certain  de  la  présence  du 
distomo  lancéolé  dans  les  voies  biliaires  ou 
digestives. 

7.  Distome  hépatique.  —  a,  ovule  grossi 
107,  fois  et  traité  par  la  potasse  caustique  pour 
en  séparer  l'opercule.  — Longueur,  0"™|13  ; 
largeur,  0""",09. — Mêmes  remarques  que  pour 
le  distome  lancéolé. 


51 


52  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DliS   VOIES  DIGESTIVES 

Aucun  de  ces  symptômes  n'est  pathognomonique,  et  leur  associa- 
tion même  ne  peut  faire  reconnaître  d'une  manière  certaine  la  pré- 
sence des  entozoaires  dans  l'intestin. 

L'évacuation  de  quelques  oxyures  ou  de  quelque  portion  de  ténia 
peut  être  regardée  comme  un  signe  pathognomonique  de  l'existence 
de  vers  de  cette  espèce  dans  le  tube  digestif  ;  la  sortie  spontanée  de 
quelque  ascaride  lombricoïde  ne  peut  donner  que  des  présomptions 
sur  l'existence  d'un  certain  nombre  d'autres  dans  l'intestin  ;  mais 
l'examen  microscopique  des  matières  évacuées  par  le  malade  pourra 
donner  une  certitude  à  cet  égard.  Quant  au  trichocéphale,  cet  examen 
est  le  seul  moyen  d'en  reconnaître  la  présence  :  pendant  l'épidémie 
du  choléra,  en  1853,  nous  avons  trouvé  plusieurs  fois,  dans  les  garde- 
robes  des  individus  atteints  de  cette  maladie,  les  ovules  des  tricho- 
céphales  qui  décelaient  la  présence  de  ces  entozoaires  dans  l'intestin. 
Nous  avons  observé  depuis  lors,  dans  les  matières  évacuées  par  des 
individus  affectés  de  lombrics,  les  ovules  de  ces  vers,  en  quantité  telle 
que  chaque  parcelle  de  matière  grosse  comme  une  tête  d'épingle  en 
renfermait  plusieurs  (1). 

La  recherche  des  œufs  des  entozoaires  intestinaux  dans  les  ma- 
tières fécales  est  donc  un  moyen  précieux  de  diagnostic,  au  moins 
pour  un  certain  nombre  d'entre  eux. 

L'apaisement  ou  la  cessation  des  phénomènes  observés  qui  suit 
l'expulsion  des  entozoaires  est  un  indice  généralement  assuré  de  la 
subordination  de  ces  phénomènes  à  la  présence  des  vers. 

Les  maladies  vermineuses  ne  sont  autres  que  les  phénomènes  énu- 
mérés  ci-dessus  qui  ont  acquis  de  l'intensité  et  de  la  durée;  les  plus 
communes  sont  des  attaques  convulsives  qui  reviennent  par  accès 
plus  ou  moins  fréquents  et  qui  se  rapprochent  par  leurs  caractères 
de  l'épilepsie,  de  la  catalepsie,  du  tétanos,  de  l'hystérie,  de  l'hydro- 
phobie  même.  On  a  vu  se  produire  sous  l'influence  des  vers,  et  dispa- 
raître avec  eux,  le  strabisme,  l'amaurose,  l'aphonie,  la  toux,  la 
paralysie,  l'anesthésie,  l'hyperesthésie,  le  coma,  la  folie.  Dans 
quelque's  cas,  les  désordres  fonctionnels  ont  acquis  assez  d'intensité 
pour  amener  une  mort  rapide. 

(1)  C.  Davaine,  Sur  le  diagnostic  de  la  présence  des  vers  dans  l'intestin  par  l'in- 
spection microscopique  des  matières  expulsées  (Comptes  rendus  Soc.  biologie,  2''  série, 
1857,  t.  IV,  p.  188). 


CHEZ   L'HOMME.    —  GÉNÉRALITÉS.  53 

Cas  d'affections  sympathiques  causées  par  les  vers  de  l'intestin. 

LÉSIONS    DE    L'INTELLIGENCE. 

Ténia. — Wepfer.  Cas  d'une  fille  de  sept  ans,  cataleptique,  puis  épileptique 
et  imbécile  pendant  plusieurs  années,  guérie  par  l'expulsion  d'un  ténia.  (Cité 
par  Baumes,  ouvr.  cité,  p.  268.)  —  Girardin.  Cas  de  manie,  guérie  par  l'ex- 
pulsion du  ténia.  [Acad.  de  méd.,  séance  du  23  septembre  1834.)  —  Ferrus. 
Homme  atteint  de  folie  et  mis  à  Bicêtre;  expulsion  d'un  ténia,  guérison  de  la 
folie.  —  Fourreau  de  Beaur égard.  Penchant  au  crime  guéri  par  l'expulsion 
d'un  ténia.  —  Esquirol.  Manie  aiguë  guérie  par  l'expulsion  d'un  ténia;  un 
an  après,  récidive  de  la  manie,  guérison  définitive  après  une  nouvelle  expul- 
sion de  ténia.  Autre  cas  :  Femme  aliénée  et  hystérique;  expulsion  d'un  ténia, 
cessation  du  délire;  expulsion  d'un  second  ténia,  guérison  de  l'hystérie. 
[Acad.  de  méd.,  même  séance.  Ârch.  gén.  de  méd.,  p.  278,  2e  série,  t.  VI.) 

—  J.-B.  David.  Aberration  mentale,  ténia.  (Gaz.  méd.,  1843,  t.  XI,  p.  39. J 

—  Docteur  Wood.  Cas  de  folie  guérie  par  l'expulsion  d'un  lénia.  [The  Lancet, 
1851,  et  Bull,  thérap.,  t.  LX,  p.  282.) 

Lombrics. —  Prost  a  cru  pouvoir  déduire  de  ses  autopsies  que  les  affections 
mentales  dépendent  souvent  de  la  présence  des  vers  dans  l'estomac  ou  l'in- 
testin. —  Enfant  de  onze  ans,  slupide  dès  son  bas  âge,  convulsions  fréquentes  ; 
expulsion  d'un  grand  nombre  de  vers  par  suite  d'un  empoisonnement,  gué- 
rison des  convulsions  et  retour  de  l'intelligence.  [Gaz.  salut.,  année  1761, 
cité  par  Baumes.)  —  Esquirol.  Aliénation  mentale  avec  fureur  par  des  lom- 
brics et  des  oxyures.  [Journ.  de  Sédillot,  t.  XIX,  p.  133;  et  Huvelier,  Thèse, 
1820,  p.  17.)  —  Docteur  Michel.  Fille  de  dix  ans,  épilepsie  depuis  cinq  ans, 
symptômes  graves,  idiotisme;  expulsion  pendant  plusieurs  jours  d'ascarides 
lombricoïdes,  retourà  la  santé  et  à  la  raison.  [Bull,  thérap.,  t.  XXII,  p.  375.) 

—  Rolland.  Manie  furieuse  guérie  après  l'expulsion  de  vers  lombrics  par  le 
vomissement.  [Journ.  de  méd.  de  Toulouse,  mars  1845,  et  Bull,  thérap., 
t.  XXVIII,  p.  468.)  — P.  Frank.  Terreurs  sans  cause,  délire  violent;  ver- 
mifuge :  expulsion  de  quatre-vingts  lombrics,  guérison.  [Ouvr.  cit.,  t.  V, 
p.  379.)  —  Exaltation  des  facultés  intellectuelles.  Zimmermann  cite  l'obser- 
vation de  Pechlin,  d'un  enfant  affecté  de  vers  et  d'une  faim  insatiable  :  «  Il 
eut  pendant  toute  sa  maladie  une  mémoire  extraordinaire  et  un  génie  plus 
que  médiocre;  mais  il  perdit  l'un  et  l'autre  dès  qu'il  fut  rétabli.  »  [Traité  de 
l'expérience,  chap.  xv.) 

Oxyures.  —  Giraudy.  Mélancolie;  jeune  homme  de  seize  ans,  guéri  après 
plusieurs  évacuations  d'ascarides  vermiculaires.  [Observ.  sur  les  mal.  vermin. 
dans  Journ.  Sédillot,  1806,  t.  XXI,  p.  150.) 

HYDROPHOBIE. 

Serres.  Enfant  de  treize  ans  mordu  par  un  chien  jugé  enragé;  six  mois 
après,  agitation,  horreur  des  liquides;  mort.  Prodigieuse  quantité  de  lom- 


5&  AFFECTIONS   VERMINliUSES   DES   VOIES   DIGEST1VES 

bries  dans  l'intestin  grêle.  (Joum.  Boyer,  Corvisart,  ete.,  t.  XXV,  p.  258.) 
t—  Garçon  de  neuf  ans  (Gênes,  1 787),  atteint  de  convulsions,  de  fièvre,  d'hy- 
drophobie  très  caractérisée,  quoiqu'il  n'eût  pas  été  mordu  par  un  chien  ou  par 
quelque  autre  animal;  mort.  Sortie  par  les  narines  de  vers  lombrics;  tout  le 
tube  digestif  est  plein  de  ces  vers.  (Dicl.  des  se.  mecJ.,  art.  Cas  rares,  p.  242.) 

HYSTÉRIE. 

Ténia.  —  Delius.  Cas  d'hystérie  vermineuse.  (Amœnitates  acad,,  p.  341 .) 
(Mondière.) 

Lombrics.  —  Dufau.  Cas  d'hystérie  grave  chez  une  jeune  fille  de  neuf  ans, 
ayant  persisté  plus  d'un  an;  guérison  par  l'évacuation  d'un  immense  nombre 
d'ascarides  lombricoïdes  et  d'oxyures.  (Joum.  de  méd.,  t.  XXIX,  p.  120, 
1768.)  — Un  autre  cas,  même  journal.  (T.  XXXVI,  p.  38.) 

CATALEPSIE,  TÉTANOS,  COMA. 

Van  Sivieten.  (Op.  infrà  cit.,  t.  III,  p.  316.)  —  Bourgeois.  Enfant  cata- 
leptique; expulsion  de  douze  lombrics,  guérison.  (Rev.  méd.,  t.  II,  p.  451.) 
—  Lupieri,  cité  par  Baumes.  (Ouvr.  cité,  p.  258.)  —  Plusieurs  cas  de  convul- 
sions tétaniques  d'après  divers  auteurs  :  Baumes,  ouvr.  cité,  p.  256. — De  Sau- 
vages, Nosol.  méth.  morb.,  classis  IV,  ord.  n,  vu,  §  8.  — Crommelinck. 
Fille  de  sept  ans,  attaques  calaleptiformes;  expulsion  de  cent  lombrics,  gué- 
rison. (Gaz.  méd.  Paris,  1843,  t.  XI,  p.  432.)  — Darwin.  Coma,  ténia; 
expulsion,  guérison.  (Joum.  universel,  t.  VII,  p.  114.)  (Mondière.) 

CONVULSIONS    GÉNÉRALES. — ATTAQUES  ÉPILEPTIFORMES. 

Ténia.  —  Wepfer.  Fille  de  trois  ans,  épileptique  pendant  plusieurs  mois, 
guérie  après  avoir  rendu  trois  aunes  de  ténia.  (Baumes,  p.  268. J  —  De  Melle. 
(Diss.  de  vi  vilali,  §  1  07.)  (Baumes.)  —  Consolin.  Attaques  épileptiformes  de- 
puis deux  ans;  expulsion  d'un  ténia  cucurbitin;  guérison.  (Ancien  Joum.  de 
méd.,  1764,  t.  XX,  p.  4  45.)  —  Siblot.  Fille  âgée  de  neuf  ans;  agitation  ' 
convulsive  des  bras  et  des  jambes  qui,  depuis  huit  jours,  ne  cessait  pas,  même 
la  nuit;  difficulté  à  prononcer  les  mots,  contorsions  du  visage,  gêne  de  la 
respiration;  guérison  par  la  sortie  d'un  ténia.  (Joum.  de  méd.,  1783,  t.  LX, 
p.  22.) — Bremser.  Garçon  de  neuf  ans,  épilepsie  depuis  deux  ans;  expulsion 
d'un  ténia,  guérison.  (Ouvr.  cilé,  p.  374.)  —  J.-B.  David.  Attaques  épilepti- 
formes, ténia.  (Gaz.  méd.,  1843,  t.  XI,  p.  39.) 

Lombrics.  —  Wahlbom.  Convulsions  violentes  sans  perte  de  connaissance; 
vermifuges,  expulsion  de  lombrics  et  d'oxyures,  guérison.  Deux  cas.  (Rouen, 
p.  394.) —  Mangon.  Enfant  de  trois  ans,  convulsions  générales,  tétaniques, 
avec  perle  de  connaissance;  ânthelminthiques ,  expulsion  de  trente-quatre 
lombrics,  guérison.  (Mém.  infrà  cit.,  p.  72.)  —  Gaultier  de  Claubry  père. 
Enfant  de  trois  ans,  convulsions  répétées;  huile  de  ricin,  expulsion  d'un 
grand  nombre  de  lombrics  ,  guérison.  (Mém.  infrà  cit.,  p.  301 .)  —  Le  même 
auteur  rapporte  plusieurs  observations  semblables,   (Joum.  Sédillot,  t.  XI, 


CHEZ   L'HOMME.   —  GÉNÉRALITÉS.  55 

p.  286.)  —  Ménard,  Convulsions;  expulsion  de  trente  à  quarante  lombrics, 
guérison.  (Berne  médicale,  1  829,  t.  I,  p.  226.) 

Oxyures.  —  Th.  Bartholin.  Épilepsie  entretenue  par  des  oxyures.  (Baumes, 
p.  265.)  —  Slahl.  Épilepsie  chez  un  enfant  de  six  ans.  (Baumes,  p.  265.) 
(Pour  Bartholin,  voyez  op.  infrà  cit.,  cent.  IV,  obs.  vu.  —  Cent.  VI,  obs.  xx, 
—  Pour  Sthal,  voyez  Theoria  medica  vera,  p,  4  04  8.) 

DÉSORDRE  DES  MOUVEMENTS,  CHORÉE,  TREMBLEMENTS. 

Gaub,  Krammer,  Présynger.  (Cités  par  Baumes,  p.  257.) 

Ténia. — Mondière.  Fille  de  quatorze  ans  ;  chorée  très  intense,  même  la 
nuit  ;  inutilité  de  tous  les  traitements  ;  racine  de  grenadier,  expulsion  d'un  ténia 
et  de  trente-deux  lombrics,  guérison.  (Mém.  cit.,  Gaz.  hop.,  4  843,  p.  24  0.) 

Lombrics.  —  Fille  de  douze  ans,  grimaces,  rires  involontaires;  expulsion 
de  lombrics,  guérison.  (Journ.  de  mèd.  et  de  chir.  pratiques,  4  833,  p.  332.) 
(Moudière.)  —  Autre  cas  :  Expulsion  de  huit  lombrics;  guérison.  (Même  jour- 
nal, 4  834,  p.  269.)  (Mondière.)  —  Autre  cas  par  Hufeland.  (Biblioih.  mèd., 
t.  LXV1I,  p.  4  49.)  —  Chorée  vermineuse,  fille  de  six  ans;  évacuation  de 
lombrics,  guérison.  (Journ.  mèd.  chir.  pharm.  Corvisart,  4  84  0,  t.  XIX, 
p.  77.)  —  Tremblements  universels  chez  un  enfant  de  quatre  ans.  (Wechers 
dans  Schenck,  cité  par  Baumes,  p.  257.) 

Oxyures. — Léveillé.  Convulsions  de  la  face  chez  un  enfant  ;  oxyures  expul- 
sés, guérison.  (Journ.  Séd..,  4  804,  t.  XIX,  p.  368.)  ■ — Baumes.  Mouvements 
spasmodiques  très  forts  de  tous  les  membres,  dans  le  cours  d'une  fièvre  pu- 
tride bilieuse;  expulsion  d'un  grand  nombre  d'oxyures,  guérison  des  mouve- 
ments spasmodiques,  continuation  de  la  fièvre.  (Ouvr.  cit.,  p.  266. J 

PHÉNOMÈNES  SINGULIERS",  PERVERSION  DES  SENS. 
Hufeland  parle  d'un  homme  atteint  de  vers,  et  qui  voyait,  étant  à  jeun, 
pendant  même  un  quart  d'heure,  tous  les  objets  teints  en  jaune,  quoi- 
qu'il ne  fût  nullement  affecté  d'ictère  et  que  les  humeurs  de  ses  yeux  conser- 
vassent leur  couleur  naturelle.  Cette  illusion  d'optique  disparut  par  l'expulsion 
des  vers.  (Journ.,  Band  IV,  p.  252,  cité  par  Bremser  et  P.  Frank.)  —  Un 
cas  de  rire  extraordinaire  chez  un  soldat,  observé  par  Van  Doeveren,  guéri 
par  l'évacuation  de  vers  lombrics.  (D'après  Rosen,  p.  390.)  —  Krause.  Cas 
semblable  (probablement  le  même)  chez  un  homme  âgé  do  trente  et  un  ans. 
(Bremser,  ouvr,  cit.,  p.  368.)  —  Le  docteur  I)  agler  raconte  qu'un  jeune 
homme  incommodé  par  un  ténia  cucurbitin  devenait  inquiet  et  impatient  lors- 
qu'il entendait  de  la  musique ,  et  qu'il  était  obligé  de  se  retirer  (cité  par 
Brera,  p.  4  74).  (Goeze,  Versucheiner  Naturgeschichte  der  Eingeiveideivitr- 
mer,  etc.,  p.  278.)  Dans  le  même  ouvrage,  Goeze  parle  de  plusieurs  per- 
sonnes attaquées  de  ténia,  chez  lesquelles  la  musique  produisait  des  sensations 
désagréables.  —  Delisle,  observation  semblable.  (Cité  par  Bremser,  p.  370.) 
Odeur  insupportable  ressentie  par  le  malade  seul.  (P.  Frank,  ouvr.  cit.,  t.  V, 
p.  383.) 


56  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES  VOIES   D1GESTIVES 

PARALYSIE. 

Ténia. —  Moll  (de  Vienne).  Femme  de  trente-six  ans,  paralysie  des  exlré- 
milés  supérieures;  durée,  trois  mois;  expulsion  d'un  ténia  long  de  trente 
pieds,  cessation  immédiate  de  la  paralysie.  [OEsterr.  med.  Jahrb.,  Bd.XIX, 
St.  2.  etExpér.,  4  840,  t.  VI,  p.  47.) 

Lombrics.  —  Haïmes.  Fille  de  onze  ans,  impossibilité  de  parler  et  de  mar- 
cher; expulsion  de  vers  intestinaux,  guérison.  (Bremser,  p.  370.)  —  Man- 
gon.  Garçon  âgé  de  neuf  ans,  perte  de  connaissance,  syncope,  vomissements, 
convulsions;  retour  de  la  connaissance,  paralysie  du  côté  droit;  anthelmin- 
thiques  :  deuxième  jour,  deux  lombrics  vomis  ;  troisième  jour,  quinze  lom- 
brics par  les  selles;  quatrième,  cinquième,  sixième  jour,  plus  de  soixante  et 
dix  lombrics  sont  expulsés;  amélioration  progressive,  guérison  de  la  paraly- 
sie le  douzième  jour.  (Mém.  infrà  cit.,  p.  76.)  —  Mœnnich.  Enfant  de  trois 
ans,  paralysie  des  extrémités  inférieures  et  strabisme  ;  dix-huit  lombrics  ex- 
pulsés, guérison.  [Biblioth.  méd.,  t.  LXI,  p.  269.)  (Mondière.) 

DOULEURS  VIOLENTES    ET    GÉNÉRALES. 

Daquin.  Enfant  de  douze  ans  pris  de  fièvre  et  de  douleurs  vives  dans 
toutes  les  articulations,  dans  les  os  des  hanches,  les  vertèbres  du  cou  et  du 
dos  ;  impossibilité  de  supporter  le  poids  de  ses  couvertures,  ou  de  faire  aucun 
mouvement;  évacuation  de  quarante  ascarides  lombricoïdes,  suivie  bientôt 
d'une  nouvelle  évacuation  de  ces  vers  qui  remplit  tout  un  pot  de  chambre; 
disparition  rapide  de  tous  les  symptômes.  [Ancien  journ.,  1770,  t.  XXXIV, 
p.  157.)— Douleur  semblable  à  la  sciatique.  Cas  rapporté  par  Darelius.(Rosen, 
p.  398.)  —  Mareschal  de  Rougère.  Enfant  de  six  ans,  douleurs  violentes  au 
moindre  mouvement,  immobilité  forcée;  expulsion  d'un  grand  nombre  de 
vers,  guérison.  [Ancien  journ.,  1759,  t.  XXX,  p.  46.) — De  Sauvages.  Fille, 
engourdissement  douloureux  de  tous  les  membres,  assoupissement  profond; 
expulsion  de  quarante-quatre  lombrics,  guérison.  [Nosolog.méd.,  t.  II,  p.  32. 
Amsterdam,  1768,  in-4.)  —  Mondière.  Fille  de  douze  ans,  douleurs  géné- 
rales, exaltation  de  la  sensibilité;  expulsion  de  douze  lombrics;  guérison. 
(Gaz.  hôp.,  10  févr.  1844.) 

APHONIE,  BÉGAYEMENT,   SURDI-MUTITÉ. 

Schenck.  Mulisme  par  des  vers.  (Lib.  III,  p.  358.)  —  D.  Caroli  Schrœ- 
teri.  De  puero  per  quatuordecim  dies  ob  vermium  copiam  muto,  postea  vocali. 
Guérison  après  l'expulsion  devers  lombrics?  (Decuriœ annorum  quartœ  miscell. 
med.  phys.,  1697,  dec.  III,  ann.  4,  obs.  67,  p.  4  25.)  —  De  Borne.  Mili- 
taire muet;  expulsion  d'un  grand  nombre  de  vers,  guérison.  (R.  de  Hauter- 
sieck,  hec.  d'obs.,  t.  II,  p.  475). —  Lindelslope.  Mutisme  momentané;  ver  in- 
déterminé. (Rapporté  par  Rosen,  p.  397.)  —  Bégayement.  [Mém.  de  l'Acad. 
de  Suède,  1747,  p.  141,  cité  par  Rosen,  p.  394.)  —  Hannœus.  Fille  de 
quatre  ans,  perte  de  la  parole  et  de  la  vue;  vermifuges,  guérison.  (Bremser, 
p.  370.) —  Fréd.   Hoffmann.   Enfant  de  onze  ans,  pris  tout  à  coup  d'une 


CHEZ  L'HOMME.   —   GÉNÉRALITÉS.  57 

aphonie  ;  après  plusieurs  semaines  de  durée,  expulsion  de  lombrics  ;  remèdes 
anthelminthiques,  guérison.  (Tom.  III,  part.  IV,  cap.  vu,  obs.  3,  Genève, 
1748,  p.  "250.)  —  Heister.  Aphonie  chez  une  femme  de  trente  ans,  suivie  de 
convulsions  et  mort.  (Wahrnchmungen,  n°  372,  p.  614.)  —  Mondière.  Jeune 
fille,  aphonie  de  quinze  jours;  traitements  divers  sans  succès;  vermifuges, 
expulsion  de  soixante  lombrics,  guérison  immédiate.  [Mém.  cit.,  p.  208.)  — 
Docteur  Schleifer.  Surdi-mutité,  enfant  de  neuf  ans  ;  expulsion  de  quatre- 
vingt-sept  lombrics  et  d'un  grand  nombre  d'oxyures ,  guérison.  (OEsler- 
reichische,  etc.,  et  Gaz,  méd.,  Paris,  1843,  t.  XI,  p.  682.) 

SURDITÉ. 

Ténia.  —  Laborde.  Surdité  et  autres  symptômes  chez  une  fille  qui  rendait 
depuis  longtemps  des  cucurbidns;'  guérison  avec  l'expulsion  d'un  ténia. 
(Journ.  de  médecine  de  Roux,  1769,  t.  XXX,  p.  436.) 

Lombrics.—  Itard.  Enfant,  six  ans  ;  surdité,  durée  trois  jours,  disparaît  et  re- 
vient; expulsion  de  onze  lombrics,  guérison  soutenue.  Autre  cas: Enfant,  onze 
ans;  surdité  incomplète;  traitements  sans  succès;  purgatifs,  expulsion  de 
douze  lombrics,  guérison.  (Traité  des  mal.  de  l'oreille.  Paris,  1821,  t.  II, 
p.  338  et  340.)  —  Houzelot.  Accidenls  fréquemment  répétés  et  de  longue 
durée,  consistant  en  perte  de  la  vue,  de  l'ouïe  et  de  la  parole  ;  convulsions 
tétaniques  et  épileptiformes,  etc.  ;  expulsion  d'environ  deux  cents  lombrics, 
guérison.  (Journ.  Sédillot,  1804,  t.  XIX,  p.  353.)  —  Giraudy.  Cécité, 
surdité,  mutisme  successifs;  délire,  folie;  jeune  fille  de  douze  ans  guérie  par 
l'évacuation  d'oxyures  et  de  lombrics.  (Journ.  Sédillot,  1 806,  t.  XXI,  p.  1 51 .) 

CÉCITÉ,  AMAUROSE,  TROUBLES  DE  LA  VUE. 
Ténia.  ■ —  Watoruch.  Un  cas  de  cécité  périodique  par  le  ténia.  (Mém.  cité.) 
Lombrics.  —  Fille  de  quinze  ans.  atteinte  de  cécité  pendant  quatre  jours. 
(Baumes,  ouvr.  cit.,  p.  258.) —  Docteur  Fallot.  Enfant  de  sept  ans,  cécité 
subite  et  presque  complète  pendant  un  mois;  traitements  divers  sans  succès; 
vermifuges,  expulsion  de  vingt-huit  lombrics,  guérison.  (Rev.  thérap,  du  Midi, 
et  Bull,  de  thérap.,  1853,  t.  XLV,  p.  520.)  —  Pétrequin.  Amaurose  chez 
une  jeune  fille  de  quatorze  ans  ;  expulsion  de  soixante  lombrics,  guérison  im- 
médiate. (Gaz.  médic,  1838,  p.  4,  feuilleton.)  — Revolet.  Canonnier,  amau- 
rose; expulsion  de  lombrics,  guérison.  [Bibliolh.  méd.,  t.  VII,  p.  118.)  — 
Laprade.  Enfant,  cécité  complète;  expulsion  de  lombrics,  guérison.  (Soc.  de 
méd.  de  Lyon,  1841,  p.  38.)  —  Remer.  Deux  cas  de  guérison  d'amaurose 
par  l'expulsion  d'ascarides.  (Bremser,  p.  371.) 

PALPITATIONS,  SYNCOPES. 
Ténia.  —  P.Frank.  Salivation  abondante,  lipothymies,  palpitations  ;  expul- 
sion d'un  ténia,  guérison.  (Ouvr.  cit.,  t.  V,  p.  385,  obs.  1 .)  —  Andral.  Jeune 
dame  espagnole,  palpitations  violentes  entendues  à  plusieurs  pieds  du  lit  de 
la  malade  ;  expulsion  spontanée  d'un  grand  nombre  de  lombrics,  guérison 
très  prompte.  (Bull,  thérap.,  1838,  t.  XV,  p.  17.)  —  Autres  cas:  Hufeland, 


58  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES  VOIES  DIGESTIVES 

Biblioth.  méd.,  t.  LXVII,  p.  149;  Revest  Thèse,  1831,  Montpellier, 
n"  72;  Kùhnbollz,  Éph.  méd.  Montpellier,  1827,  t.  VI,  p.  121.  (Mon- 
dière.)  —  Robert,  médecin  à  Langres.  Fille  de  vingt-quatre  ans,  syncopes 
répétées,  délire,  hystérie,  chorée;  expulsion  d'un  grand  nombre  d'oxyures, 
guérison.  [Journ.  méd.  Corvisart,  t.  V,  j.  232,) 

TOUX,  ASTHME. 

Ténia.  —  Toux.  Cas  de  Bremser  (voy.  Ténia).  —  Docteur  Giscaro.  Asthme 
datant  de  quinze  ans;  ténia  solium  reconnu  par  des  cucurbitins  rendus  de- 
puis environ  trente  ans;  expulsion  du  ténia,  guérison  de  l'asthme.  [Gaz.  hôp., 
1855,  p.  482.) 

Lombrics. — Delarroque.  Toux  vermineuse,  lombrics.  [Arch.  gén.  de  méd., 
t.  II,  2e  série,  p.  592.)  ■ —  Mondière.  Fille  de  dix-neuf  ans,  quintes  de  toux 
fatigantes;  rien  à  l'auscultation;  palpitations,  essoufflement;  traitements  inu- 
tiles; expulsion  de  soixante  lombrics  et  d'un  grand  nombre  d'oxyures  ,  gué- 
rison. [Mém.  sur  les  accidents  que  peut  produire  chez  l'homme  la  présence  des 
vers  intestinaux,  dans  Gaz.  des  hôp.,  1844,  t.  VI,  p.  66.) 

FAIM  INSATIABLE,  EXTRAORDINAIRE. 

Ténia.  — Voyez  un  cas  rapporté  au  chapitre  Ténia.  —  Eugenius  Horatius. 
Homme  de  vingt-six  ans,  appétit  violent;  même  en  sortant  du  repas,  il  n'est 
pas  rassasié;  deux  heures  après,  il  tombe  en  faiblesse  s'il  ne  mange  pas  ;  ex- 
pulsion d'un  ténia  cucurbitin  long  de  vingt  coudées,  guérison.  (Debry,  Sur  le 
ténia  humain.  Paris,  1817,  thèse  n°  75,  obs.  3,  p.  9.)  —  Leroux.  Faim 
vorace,  homme  de  dix-neuf  ans,  né  à  Genève  ,  ver  cesloïde  (bothriocéphale?) 
expulsé,  guérison.  [Ouvr.  cit.,  t.  IV,  p.  323.)  —  Lagasqwie.  Homme,  faim 
vorace,  vols  pour  la  satisfaire;  ténia;  instruction  judiciaire.  [Gaz.  des  hôp., 
1844,  p.  216.) 

Lombrics,  — Marcellus  Donatus.  De  canina  famé  ex  lumbricis  alimentum 
assumptum  depascentibus  ;  guérison  par  un  vermifuge.  (Bonet,  t.  II,  p.  13.) 
—  Jeune  homme  tourmenté  d'une  faim  insatiable,  produite  par  des  vers  lom- 
brics? [Curieux  de  la  «ai.,  déc.  II,  an  6,  obs.  33,  p.  88.) 

VOMISSEMENTS,  COLIQUES,  DYSENTERIE. 

Delacroix.  Vomissement  presque  continuel  accompagné  de  hoquets  et  de 
convulsions,  guéri  après  l'expulsion  de  sept  lombrics  par  la  bouche.  (Cité  par 
Bremser,  p.  374).  — Drelincourt.  Coliques  violentes  suivies  de  mort;  homme 
de  quarante  ans;  grand  nombre  de  vers  dans  le  côlon.  [Biblioth.  méd.,  t.  XXVI, 
p.  315.)  —  Bricheteau.  Fille,  vingt  ans,  coliques,  sangsues;  mort  par  hé- 
morrhagie  causée  par  les  sangsues  ;  grand  nombre  de  lombrics  dans  les  intes- 
tins. (Arch.  de  méd.,  1832,  t.  XXX,  p.  327.)  —  Baumes.  Dysenterie  rebelle; 
expulsion  d'une  énorme  quantité  de  lombrics,  guérison  rapide.  [Ancien  Journal, 
1786,  t.  LXIX,  p.  257).  —  Dysenterie  mortelle  causée  par  des  vers, 
en  1608,  chez  l'enfant  de  du  Périer.  (Bonet,  Sepulcr,,  t.  II,  p.  174.) 


CHEZ   L'HOMME.    —  GÉNÉRALITÉS,  59 

HÉMORRHAGIES. 

Docteur  Putello.  Épistaxis  chez  un  enfant  ;  lombrics.  (Mem.  délia  med.  con- 
lemp.,  1839,  t,  I,  p.  272.)  (Mondière.)  —  Daulioulle.  Femme,  vingt-sept 
ans  ;  hémoptysie  revenant  à  plusieurs  reprises  ;  expulsion  de  douze  lombrics, 
guérison.  [Journ. universel,  t.  XLV,  p.  374.)  (Mondière). — Ehrard.  Entéro- 
hémorrhagie  guérie  par  l'expulsion  de  vingt  et  un  lombrics.  (Medicin.  chirurg. 
Zeitung,  184  8,  t.  I,  p.  S83.)  — Schmidlmann.  Femme  trente-neuf  ans, 
violentes  coliques  depuis  plusieurs  semaines,  deux  entéro-hémorrhagi'es  très 
graves;  trois  mois  après,  nouvelle  entéro-hémorrhagie  ;  expulsion  d'un  frag- 
ment de  ténia;  vermifuge,  expulsion  de  trois  lombrics  et  de  deux  ténias  pour- 
vus de  ïeurtête  ;  guérison  complète.  (Summa,  06s.  méd.,  vol.  III,  p.  43,  §  x, 
rapporté  par  Gendrin,  Traité  de  méd.  prat.,  t.  I,  p.  230.)  —  Gaube. 
Homme  de  trente-cinq  ans  ,  hématurie  depuis  trois  semaines  ;  convalescence 
après  l'expulsion  d'un  ténia.  [Revue  méd.,  1826,  t.  III,  p.  91). 

SUEURS,  SALIVATION,  INCONTINENCE  D'URINE. 
Manget.  Biblioth.  méd.,  liv.  XVI  ,  t.  IV,  p.  597,  eiid.,  liv.  IV,  p.  880. 
—  Salivation  :  cas  observé  par  Mondière.  (Mém.  cité,  p.  90.)  —  Docteur 
Suender.  Incontinence  d'urine  chez  un  enfant,  traitée  avec  succès  par  les  ver-_ 
mifuges,  oxyures.  (El  porvenir  medico,  et  Bull,  thérap.,  t.  XLV,  p.  276.)  — 
Mondière.  Incontinence  d'urine  par  des  oxyures  chez  un  enfant.  [Presse  mé- 
dicale, 1837,  t.  T,  p.  U5.) 

ACTION  SYMPATHIQUE  SUR  LES   ORGANES  GÉNITAUX. 

1°  Chez  l'homme,  (voyez  le  chap.  des  Oxyures).  2°  Chez  la  femme. 
P.  Frank.  Deux  cas  de  fureur  utérine  guérie  par  l'expulsion  du  ténia.  [Ouvr. 
cité,  t.  V,  p.  395.)  —  Rosen  dit  que  les  vers  causent  aux  femmes  la  réten- 
tion de  leurs  règles.  (Ouvr.  cité,  p.  394.) —  Wuivruch  signale  plusieurs  cas 
de  dérangements  de  la  menstruation  et  l'aménorrhée  causés  par  le  ténia. 
(Mém.  cité.)  —  Olombel.  Fille  de  dix-huit  ans,  suspension  des  menstrues; 
expulsion  de  fragments  de  ténia,  guérison.  [Remarques  sur  la  maladie  vermi- 
neuse,  p.  124.  Paris,  1816.)  —  Aménorrhée  due  à  la  présence  des  vers  dans 
les  intestins.  (Bull,  thérap.,  t.  XXXVII,  p.  86.) —  Ténias  excitant  l'avorte- 
ment  à  trois  ou  quatre  mois.  (Leclerc,  p.  78.)  —  Rosen  dit  en  parlant  des 
vers:  «  Ils  font  couler  trop  tôt  le  lait  des  nourrices.  »  [Ouvr.  cité,  p.  394.) — 
Andry.  Cessation  de  la  sécrétion  du  lait  :  06s.  /.  Nourrice  guérie  delà  perte 
de  son  lait  par  l'expulsion  de  vingt-trois  vers. — 06s.  //.  Nourrice  guérie  par 
l'expulsion  dé  vers  pendant  plusieurs  jours.  (Ouvr.  cité,  1reédit.,p.  123 
et  p.  124.) 

AFFECTIONS  OU  ACCIDENTS  INTERMITTENTS. 
Perrault.  Violente  convulsion  chaque  jour  à  la  même  heure,  expulsion  de 
vers.  [Journ.  des  savants,  1675,  t.  IV,  p.  154.) — Louyer-Villermay .  Enfant, 
manie  intermittente  disparue  après  l'expulsion  d'un  paquet  delombrics. (Acacl. 


60  AFFECTIONS   VERMINEUSES  DES  VOIES   DIGESTLVES 

de  méd.,  séancedu  23  septembre  1834,  cl  Arch.  de  méd.  1834,1.  VI,  p.  279.) 
—  Mondière.  Deux  cas  de  fièvre  intermittente  guérie  par  l'expulsion  de  lom- 
brics. [Gaz.  hop.,  1843,  Mém.  cité,  p.  303.)  —  Crommelinck.  Fièvre  inter- 
mittente, enfant  de  buit  ans;  expulsion  de  plus  de  soixante  lombrics,  guéri- 
son,  [Gas,  méd.  de  Paris,  t.  XI,  p.  433.) 

MOUT  SUBITE  OU  RAPIDE. 

Bajon.  Négresse,  coma,  mort.  (Ancien  Journal, Mêm.  elle,  p.  69.)  —  Obser- 
vations sur  les  vers  lombrics  par  Courbon-Pérusel.  (Journ.méd.  chir.  pharm. 
de  Corvisarl,t.  XII,  p.  3,  et  t.  XIII,  p.  315.  Paris,  1806  et  1807.)  —  Eber- 
maier.  Enfant,  mort  inopinée  avec  les  convulsions;  autopsie  judiciaire,  tous 
les  organes  sains,  un  grand  nombre  de  lombrics  dans  l'intestin.  (Gaz-,  méd., 
1834,  p.  615).  —  Docteur  Slerz.  Fille  de  huit  ans:  convulsions  pendant 
sept  heures,  mort;  instruction  judiciaire,  Ireize  lombrics  dans  l'estomac,  plu- 
sieurs centaines  dans  l'intestin  grêle.  (Med.Jahrb.des  OEslerr.  Slaats,  1  837, 
Bd.  XXII,  p.  547,  et  Arch.  de  méd.,  3e  série,  t.  I,  p.  480.) 

Les  affections  vermineuses  n'ont  point,  en  général,  une  marche 
régulière.  Souvent  l'apparition  des  accidents  est  subite,  et  suivie  de 
rémissions  plus  ou  moins  longues,  plus  ou  moins  complètes.  Souvent 
aussi  il  existe  quelque  phénomène  prédominant  qui  survient  et  dis- 
paraît sans  cause  appréciable  et  sans  périodicité  régulière.  Parfois  les 
accidents  ont  quelque  chose  d'insolite,  de  bizarre  même,  et  s'ils  sem- 
blent liés  à  la  lésion  de  quelque  organe,  ils  ne  sont  pas  accompagnés 
des  symptômes  ordinairesd'une  affection  de  cet  organe.  Fréquemment 
les  phénomènes  n'ont  entre  eux  aucun  rapport,  aucun  lien  5  leur 
réunion  ne  constitue  point  une]  maladie  déterminée  :  ainsi,  on  ob- 
serve à  la  fois  le  prurit  des  narines,  la  salivation,  les  palpitations, 
des  coliques  ;  ou  bien  il  existe  un  désaccord  marqué  entre  les  trou- 
bles locaux  et  les  phénomènes  généraux  ;  ou  bien  l'individu  languit  et 
maigrit  sans  maladie  apparente. 

Quant  aux  affections  qui  consisteraient  dans  quelque  lésion  ana- 
tomique  d'un  organe  éloigné  du  siège  des  vers,  nos  connaissances 
plus  approfondies  des  lésions  pathologiques  et  des  symptômes  corré- 
latifs ne  permettent  plus  aujourd'hui  de  les  attribuer  à  ces  ento- 
zoaires  ;  et,  quant  aux  fièvres  continues  dans  lesquelles  la  présence 
des  ascarides  lombricoïdes  et  des  trichocéphales  a  souvent  été  signalée, 
elles  en  sont  sans  doute  toujours  indépendantes  :  cependant  la  coïn- 
cidence fréquente  de  ces  -  fièvres  avec  les  vers  mériterait  peut-être 
plus  d'attention  qu'on  ne  lui  en  accorde  généralement  aujourd'hui. 

Lorsque  les  vers  quittent  les  intestins  et  se  portent  dans  d'autres 
organes  par  des  voies  naturelles  ou  accidentelles,  ils  provoquent 


CHEZ   L'HOMMIi.   —  GÉNÉRALITÉS.  61 

souvent  des  symptômes  ou  des  accidents  nouveaux.  Eu  général,  c'est 
la  migration  de  l'ascaride  lombricoïde  qui  seule  détermine  des  acci- 
dents sérieux. 

La  crainte  des  vers  intestinaux,  et  celle  du  ténia  surtout,  préoc- 
cupe beaucoup  certains  esprits.  Elle  peut  aller  jusqu'à  l'obsession  ; 
elle  porte  les  malades  à  faire  abus  des  anthelmintbiques  et  de  médi- 
caments intempestifs  qui  détériorent  leur  santé.  Bremser  rapporte  le 
cas  suivant,  parmi  plusieurs  autres  aussi  peu  raisonnables  : 

Un  prêtre  pour  lequel  il  fut  consulté  avait  rendu  un  ténia  trois 
ans  auparavant  ;  depuis  lors  cet  homme  avait  essayé  tous  les  remèdes 
connus  pour  se  débarrasser  du  ver  qu'il  croyait  avoir  encore.  Aucun 
de  ces  remèdes  administrés  soit  par  des  médecins,  soit  par  des  charla- 
tans, n'avait  fait  rendre  un  seul  morceau  de  ténia.  Cet  homme, 
jadis  robuste,  avait  tellement  maigri,  qu'il  ressemblait  à  un  squelette 
couvert  de  sa  peau,  et  sa  faiblesse  était  telle  qu'il  pouvait  à  peine  se 
tenir  sur  ses  jambes  (1) . 

Chez  quelques-uns  de  ces  malheureux  la  crainte  des  vers  est  une 
forme  de  la  monomanie. 

Les  médecins,  quant  aux  questions  de  pathologie  vermineuses,  ne 
sont  pas  non  plus  toujours  très  éclairés,  ni  exempts  de  préjugés; 
des  faits  trop  nombreux  prouvent  cette  assertion.  Je  citerai  les  deux 
suivants,  qui  montreront  tout  le  mal  que  de  semblables  préjugés  peu- 
vent causer: 

«  M.  Noël. . .  était  affecté  de  phthisie  pulmonaire  au  dernier  degré, 
et  il  éprouvait  depuis  plus  de  six  mois  des  douleurs  très  vives  dans 
l'abdomen,  toutes  les  fois  qu'il  prenait  une  substance  solide  ou 
liquide.  Il  ne  voulut  pas  suivre  les  sages  conseils  donnés  par  le  pro- 
fesseur Pinel,  et  il  appela  le  docteur  Genens,  qui  lui  assura  qu'il 
avait  le  ver  solitaire.  Il  lui  administra  d'abord  desanthelminthiques 
tirés  du  règne  végétal,  et  ensuite  plusieurs  préparations  mercurielles, 
et  le  bol  de  la  veuve  Nouffer.  Ces  médicaments  furent  sans  effet 
pendant  plus  de  trois  mois  et  lui  occasionnèrent  les  angoisses  les  plus 
cruelles;  il  mourut  au  bout  de  ce  temps  dans  le  plus  grand  épuise- 
ment, avec  des  douleurs  affreuses.  » 

L'autopsie,  faite  par  le  professeur  Thillaye,  montra  qu'il  n'y  avait 
pas  île  vers  dans  l'intestin  (2). 

(1)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  379. 

(2)  J.-B.-E.  Sorbier,  Dissert,  sur  les  vers  des  inles'ins  (Thèse,  n1  109,  p.  12, 
Paris,  1813). 


62  AFFECTIONS   VLKMINLLSLS  ))LS   \OlES   DIGLSTIYliS 

L'an  passé,  un  médecin  vint  consulter  M.  Rayer  pour  son  fils, 
âgé  de  vingt-trois  ans,  et  sujet  depuis  plusieurs  années  à  des  atta- 
ques épileptiformes  qui  se  renouvelaient  très  fréquemment.  Le  ma- 
lade avait  consulté  à  Londres,  au  mois  de  septembre  1854,  un  mé- 
decin qui  le  jugea  atteint  du  ténia  solium.  Dès  lors  le  malheureux 
subit  tous  les  traitements  imaginables;  il  rendit  enfin  avec  les  selles 
des  lambeaux  que  je  reconnus,  à  la  simple  vue  et  par  l'examen  mi- 
croscopique, pour  des  débris  de  la  membrane  muqueuse  de  l'in- 
testin. Ces  lambeaux  réunis  bout  à  bout  avaient  une  longueur  de 
quinze  pieds  ;  on  les  avait  pris  pour  des  fragments  de  ténia,  et  comme 
les  attaques  épileptiques  continuaient  toujours,  comme  la  tête  du 
ver  n'était  pas  rendue,  on  avait  continué  les  remèdes  jusqu'au  jour 
où  le  malade  se  présenta  à  M.  Rayer  (octobre  1857),  c'est-à-dire 
après  plus  de  trois  années  de  traitements  successifs  et  non  inter- 
rompus (1). 

TABLEAU  SYNOPTIQUE  DES  ENTOZOAIRES  DE  l' INTESTIN. 

Les  entozoaires  de  l'intestin  observés  chez  l'homme  appartiennent 
aux  protozoaires,  aux  cestoïdes,  aux  trématodes  et  aux  nématoïdes. 
Plusieurs  de  ces  entozoaires  n'ont  été  observés  qu'une  seule  fois  ou 
un  petit  nombre  de  fois,  et  l'on  ne  sait  s'ils  occasionnent  des  phéno- 

(1)  Voici  uu  aperçu  des  divers  traitements  :  —  1854,  septembre.  Cinq  doses  de 
4  gros  de  kousso;  deux  doses  de  6  gros;  deux  doses  de  3  gros  de  fougère  mâle. 
Octobre,  le  :1er  et  le  3,  une  once  essence  de  térébenthine  avec  huile  de  ricin  ;  les  G, 
8,  11,  13,  une  once  et  demie  essence  de  térébenthine  chaque  fois,  avec  huile  de 
ricin;  les  14, 16,  26,  29,  deux  onces  de  térébenthine  avec  huile  de  ricin;  lavement 
d'une  once  et  demie  d'essence  de  térébenthine  chaque  fois.  Décembre,  vermifuge 
de  Raspail  pendant  plusieurs  jours  ;  le  20,  une  dose  de  décoction  de  racine  de  gre- 
nadier.—  1855,  janvier.  Plusieurs  doses  de  térébenthine;  calomel  et  jalap.  Fé- 
vrier, du  4  au  19,  une  dose  de  décoction  de  racine  de  grenadier  chaque  jour.  Le 
2  avril,  une  iufusion  de  fougère  mâle  avec  10  grammes  de  poudre  de  fougère, 
10  grammes  de  racine  de  grenadier,  20  de  semeu-contra  et  10  de  valériane;  une 
heure  après,  50  centigrammes  de  calomel  et  50  de  scammonée.  Les  16,  17,  20, 
26  mai,  nouvelles  doses  de  grenadier,  fougère,  etc.  En  juin,  un  remède  prussien  ; 
en  juillet,  uu  vermifuge  nouveau  ;  en  septembre,  Kousso.  Le  17  octobre,  vermifuge 
et  quatre  gouttes  d'huile  de  croton;  le  18  et  le  19,  même  remède  et  huit  gouttes 
de  croton;  le  23,  kousso.  —  Pendant  l'année  1856,  on  essaye  de  nouveau  du  gre- 
nadier de  diverses  provenances,  la  fougère,  le  kousso,  des  pilules  de  Gardiner  (de 
Londres).  —  Pendant  l'année  1857,  on  administre  des  pilules  avec  l'huile  éthéréc 
de  fougère  mâle,  des  pilules  de  Martinet,  le  grand  remède  de  Martinet,  de  nouveau 
la  racine  de  grenadier,  le  kousso  de  Boggio,  enCu,  le  19  et  le  20  septembre,  4  gros 
d'huile  éthéréede  fougère  mâle. 


CHEZ   L'HOMME.    —   PROTOZOAIRES.  63 

mènes  pathologiques  :  nous  ne  ferons  que  les  mentionner  ici  ;  leur 
description  se  trouvera  dans  le  Synopsis. 

Aux  Protozoaires  appartiennent  :  1°  le  vibrion  du  choléra  et  de  la  diarrhée; 
2"  la  cercomonade de  l'homme;  3°  le  paramecium  coli. 

Aux  Cestoïdes  :  1°  le  ténia  solium  ;  2°  le  bolhriocéphale  large;  3°  le  ténia 
nana  (en  Egypte)  (voy.  Synopsis,  n°  15). 

Aux  Trématodes  :  le  distomum  heterophyes  (Egypte)  (voy.  Synopsis, 
n°  37). 

Aux  Nématoïdes  :  1°  l'anchyloslome  duodénal;  2°  l'ascaride  lombricoïde; 
3°  l'ascaris  alata  (voy.  Synopsis,  n°  60);  4°  le  trichocéphale  dispar; 
5°  l'oxyure  vermiculaire. 

Dans  l'intestin  grêle  vivent  :  le  vibrion  du  choléra,  la  cercomonade  de 
l'homme,  le  ténia  solium,  le  bothriocéphale  large,  le  ténia  nana,  le  distome 
heterophyes,  l'anchylostome duodénal,  l'ascaride  lombricoïde,  l'ascaris  alata. 

Dans  le  cecum  vit  le  trichocéphale  dispar. 

Dans  le  gros  intestin  se  trouvent  le  paramecium  coli  et  l'oxyure  vermicu- 
laire. 

Il  n'y  a  pas  de  vers,  si  ce  n'est  accidentellement,  dans  la  partie 
du  tube  digestif  qui  s'étend  de  la  bouche  au  pylore. 

On  a  rencontré  dans  les  intestins,  mais  erratiquement,  des  hyda- 
tides,  le  distome  hépatique,  le  Peniastomum  constrictum  ? 


. ',, _,,.  PREMIÈRE"  SECTIOJN. 

•~"  t       113        PROTOZOAIRES  INTESTINAUX. 

Il  se  développe,  dans  les  substances  végétales  et  animales  qui 
entrent  en  putréfaction  à  l'air  libre,  des  protozoaires  ou  infusoires  de 
diverses  espèces.  On  pourrait  croire  que  ceux  qui  vivent  dans  les 
matières  encore  renfermées  dans  l'intestin  s'y  sont  développés  par 
suite  de  la  putréfaction;  car,  dans  ces  matières  mêmes  évacuées 
depuis  quelque  temps ,  on  voit  apparaître  des  bacterium ,  des 
vibrions,  des  monadiens,  etc. ,  comme  dans  les  substances  qui  se 
décomposent  à  l'air  libre  :  mais  il  existe  une  différence  importante 
entre  ces  protozoaires  développés  à  l'état  libre  et  ceux  qui  doivent 
être  appelés  intestinaux.  Les  protozoaires  qui  existent  dans  les 
matières  fécales  au  moment  de  l' évacuation  périssent  dès  que  ces 
évacuations  se  sont  refroidies  ;  on  ne  peut  donc  regarder  ces  derniers 
I animalcules  comme  des  infusoires  qui  se  produisent  dans  une  sub- 


M  AFFECTIONS   VEKMINEUSES   DES   VOIES  DIGESTIVKS 

stance  quelconque  en  décomposition  ou  en  putréfaction  :  ce  sont  de 
véritables  parasites  qui  trouvent  dans  les  intestins  des  conditions 
indispensables  à  leur  existence.  Ce  fait  que  nous  avons  établi  pour 
des  cercomonades  observées  par  nous,  en  1853,  dans  les  selles  des 
cholériques  (1),  nous  l'avons  vérifié  de  nouveau  pour  des  vibrions 
des  selles  d'un  phthisique,  et  dernièrement  il  a  été  signalé  par 
M.  Malmsten  pour  une  autre  espèce  de  protozoaire. 

La  disparition  des  injusoires  intestinaux  avec  le  refroidissement 
des  matières  qui  les  contiennent  mérite  d'être  connue  des  obser- 
vateurs, car  on  chercherait  vainement  ces  animalcules  dans  les 
matières  intestinales  au  moment  de  l'autopsie  (2),  ou  bien  plusieurs 
heures  après  leur  évacuation. 

Il  n'existe  point  ordinairement  de  protozoaires  intestinaux  dans 
les  évacuations  des  individus  sains.  Ces  parasites  ont  été  rencontrés 
dans  les  garderobes  des  malades  atteints  de  flux  de  ventre,  comme 
dans  le  choléra,  la  diarrhée  des  phthisiques,  la  lienterie. 

L'existence  de  ces  animaux  est-elle  la  cause  ou  l'effet  des  maladies 
dans  lesquelles  ils  s'observent  \  Les  faits  sont  trop  peu  nombreux 
encore  pour  qu'on  puisse  juger  cette  question,  et  nous  croyons  pré- 
maturées les  conclusions  que  M.  Malmsten  a  tirées  de  deux  obser- 
vations qui  lui  sont  propres. 

Les  premiers  protozoaires  intestinaux  dont  il  soit  fait  mention 
ont  été  observés  par  Leeuwenhoek  dans  ses  propres  déjections  : 
atteint  depuis  quelques  jours  d'une  diarrhée  qui  se  manifestait  sur- 
tout trois  ou  quatre  heures  après  le  repas,  il  rencontra  dans  les 
matières  évacuées  des  infusoires  de  plusieurs  espèces,  infusoires  qu'il 
ne  retrouva  plus,  lorsque  ces  matières  eurent  repris  leur  consistance 
normale  (3).  M.Pouchet,  de  Rouen,  signala  ensuite  (18A9)  l'existence 
de  vibrions  en  nombre  considérable  dans  les  garderobes  des  malades 
atteints  du  choléra.  En  1853,  j'ai  observé  dans  ces  mêmes  garde- 

(1)  C.  Davaine,  Sur  des  animalcules  infusoires  trouvés  dans  les  selles  de  malades 
atteints  du  choléra  et  d'autres  maladies  (Comptes  rendus  Société  de  biologie,  2e  série, 
1854,  t.  I,  p.  129). 

(2)  Ceci  doit  s'entendre  de  notre  pays  où  l'autopsie  ne  peut  être  pratiquée  que 
vingt-quatre  heures  au  moins  après  le  décès;  il  n'en  serait  pas  de  même  si  elle 
était  pratiquée  quelques  heures  après  la  mort  et  avant  le  refroidissement  du 
cadavre.  C'est  ce  que  l'on  remarque  dans  une  observation  de  M.  Malmsten,  que 
nous  rapportons  ci  après. 

(3)  Antonii  a  Leeuwenhoek  opéra  omnia,  t.  I,  Analomia  et  conlempbUiones, 
p.  37.  Lugduni  Batavorum,  1722. 


cfeEZ  l'homme.  —  protozoaires.  65 

robes  des  infusoires  appartenant  à  un  autre  genre;  et,  l'année  sui- 
vante, MM.  Rainey  et  Hassall,  à  Londres,  signalèrent -de  nouveau 
l'existence  d'un  nombre  considérable  de  vibrions  dans  les  garde- 
robes  des  cholériques.  Enfin,  M.  Malmsten  vient  de  publier  deux 
observations  concernant  d'autres  prolozoaires  qui  vivent  également 
dans  les  matières  intestinales  (1). 

Les  infusoires  intestinaux  signalés  jusqu'aujourd'hui,  en  excep- 
tant quelques-uns  de  ceux  dont  parle  LeeuAvenhoeck,  qui  ne  peuvent 
être  déterminés,  appartiennent  à  trois  genres  distincts  : 

§  I.  —  Yibrioniens  [Vibrio  rugulaî).  Voy.  Synops.,  n°2. 

A.  Choléra.  - — Aux  vibrions  appartiennent  les  infusoires  observés 
par  M.  Pouchet,  Rainey  et  Hassall  chez  des  cholériques.  Ces  pro- 
tozoaires existaient  en  immense  quantité  dans  les  déjections  de 
quatre  cholériques  observés  par  Je  premier  de  ces  savants  qui  les 
rapporta  au  vibrio  rugula  de  Muller  :  «  M.  Pouchet  n'a  trouve  ces 
animalcules  que  dans  les  selles  caractéristiques  ayant  l'apparence 
d'eau  de  riz  ou  de  petit-lait  et  lorsqu'elles  étaient  examinées  très 
peu  de  temps  après  avoir  été  rendues.  Il  n'en  a  point  encore  ren- 
contré dans  les  vomissements  (2).  » 

La  découverte  de  vibrions  dans  les  garde-robes  ayant  l'apparence 
d'eau  de  riz,  parut  d'abord  à  M.  Rainey  une  circonstance  digne  de 
fixer  l'attention.  Ce  médecin  trouva  des  vibrions  dans  les  matières 
aussitôt  après  leur  évacuation  ou  dans  celles  des  diverses  parties  de 
l'intestin  jusqu'au  duodénum,  peu  de  temps  après  la  mort  et  lorsqu'il 
n'y  avait  encore  aucun  signe  de  putréfaction.  Désireux  de  connaître 
si  ces  animalcules  ne  se  rencontraient  que  chez  des  individus  morts 
du  choléra,  il  examina  les  matières  de  l'intestin  chez  des  individus 
qui  avaient  succombé  à  d'autres  maladies,  et  il  y  trouva  également 
des  vibrions  ;  d'où  il  conclut  que  ces  êtres  n'étaient  point  en  relation 
avec  le  choléra  (3). 

Le  docteur  Hassall  trouva  aussi  des  vibrions  dans  les  selles  des 
cholériques  et  même  dans  les  matières  intestinales  douze  heures 
après  la  mort.  Il  conclut  de  ses  recherches  que  les  vibrions  existent 

(1)  P.  H.  Malmsten,  lnfusorien  als  intestinal  canal  thiere  beim  menschen.  (Arch. 
fur  palh.  anat.,  etc.,  von  Virchow,  p.  302,  1857). 

(2)  Pouchet,  Comptes  rendus  de  VAcad.  des  sciences,  23  avril  1849. 

(3)  General  Boardof  health,  Appendix  lo  rep.  of  Ihe  committee  forscient.  inquif* 
in  relat.  to  the  choiera  épidémie  of  1855-,  p.  137.  Lomlon,  1855. 

Davmne.  fi 


66  AFFECTIONS   VEUMINEUSES   DES   VOIES   DIGtSTIVES 

constamment  dans  les  matières  ayant  l'apparence  d'eau  de  riz  et 
qu'ils  s'y  développent  pendant  la  vie  des  malades.  Il  croit  possible 
que  ces  animaux  s'introduisent  dans  l'estomac  et  les  intestins  par  le 
véhicule  de  l'atmosphère  ou  par  l'eau  des  boissons  (1),  et  que,  trou- 
vant des  conditions  favorables,  ils  se  développent  et  se  propagent 
avec  une  inconcevable  rapidité. 

Dans  les  garderobes  des  individus  bien  portants,  le  docteurHassall 
a  trouvé  des  vibrions  également,  mais  en  nombre  comparativement 
fort  petit.  La  considération  que  les  vibrions  sont  extrêmement  ré- 
pandus dans  la  nature,  qu'ils  se  développent  dans  toutes  les  infusions 
végétales  et  animales,  dans  toutes  les  saisons,  suffit,  suivant  cet 
auteur,  pour  établir  qu'il  n'y  a  point  de  connexion  essentielle  entre 
l'existence  de  ces  infusoires  et  celle  du  choléra;  cependant  la  pré- 
sence invariable  de  ces  animalcules  en  nombre  considérable  dans  les 
selles  ayant  l'apparence  d'eau  de  riz  lui  paraît  un  fait  très  intéres- 
sant, et  si  ces  animaux  ne  sont  point  la  cause  du  choléra,  on  peut 
au  moins  croire  qu'ils  ne  sont  pas  sans  influence  sur  l'apparition  et 
l'aggravation  des  symptômes.  Suivant  le  même  auteur,  les  vibrions 
ne  se  répandent  point  dans  l'atmosphère  avec  les  vapeurs  qui  s'élè- 
vent des  déjections  des  cholériques,  fait  qu'il  a  constaté  expéri- 
mentalement par  la  distillation  de  ces  matières.  Leur  existence 
dans  l'atmosphère  pourrait  néanmoins  être  due  à  quelque  autre 
procédé  (2). 

Les  observations  des  trois  savants  cités  ci-dessus,  prouvent  que  des 
vibrions  se  développent  dans  les  matières  qui  ont  l'apparence  d'eau 
de  riz,  et  pendant  qu'elles  sont  encore  renfermées  dans  l'intestin, 
c'est-à-dire  qu'ils  se  développent  pendant  la  vie  du  malade.  Il  est  à 
regretter  qu'on  n'ait  pas  déterminé  la  durée  de  l'existence  de  ces  ani- 
malcules; car  s'ils  périssent  après  le  refroidissement  du  milieu  qui 
les  renferme,  on  eût  déterminé,  de  la  sorte,  sinon  leur  relation  avec 
le  choléra,  au  moins  la  subordination  de  leur  existence  à  la  vie  de 
leur  hôte,  et  l'on  eût  prouvé,  en  même  temps,  que  ces  vibrions 
n'étaient  pas  des  particules  quelconques  agitées  du  mouvement 
brownien. 

B.  Diarrhée.  —  Il  faut  encore  rapporter  aux  vibrioniens  l'une 


(1)  General  Board,,  cit.    p.  119,  Report  on  the  examinalion  of  certain  atmo- 
sphères during  ihe  épidémie  of  choiera,  by  Dr  R.  D.  Thomson. 

(2)  Dr  Arthur  Hill   Hassall,   môme  recueil,   p.   289  et  suiv.,  Report  on  the 
microscopical  examinalion  of  the  bloocl  and  excrétion  of  choiera  patients. 


CHEZ  L'HOMME.    —   PROTOZOAIRES.  67 

des  espèces  observées  par  Leeuwenhoek  dans  ses  excréments,  lors- 
qu'il était  atteint  de  diarrhée. 

J'ai  vu  aussi  clans  les  garderobes  diarrhéiques  d'un  phthisique  un 
nombre  immense  de  vibrions,  et  cela  pendant  plusieurs  semaines  de 
suite.  Ils  disparaissaient  avec  le  refroidissement  des  matières. 

§  IL — Cercomonadiens [Cercomonas  /wmviis). Yoy.  Si/nops.,  n°4. 

Pendant  l'épidémie  du  choléra  de  1853-1854,  j'ai  vu  souvent  chez 
les  malades  des  salles  de  M.  Rayer,  à  la  Charité,  des  cereomonades 
qui  ont  été  l'objet  des  observations  dont  j'ai  parlé  ci-dessus.  Dans 
quelques  cas,  ces  animalcules  étaient  en  quantité  assez  considérable 
pour  que  chaque  goutte  de  liquide  en  contînt  plusieurs.  Ces  pro- 
tozoaires disparaissaient  avec  le  refroidissement  des  matières.  Je 
n'ai  pu  déterminer  s'il  y  avait  une  relation  entre  la  présence  de  ces 
infusoires  et  l'existence  du  choléra. 

J'ai  vu,  en  outre,  chez  un  malade  atteint  de  fièvre  typhoïde,  des 
monadiens  très  analogues  à  la  cercomonade  des  cholériques;  cepen- 
dant ils  ne  lui  étaient  point  identiques  (1). 

§  III.  —  Paraméciens  (  Par amecium  coli).  Voy.  Synops.,  n°  6. 

C'est  aux  paraméciens  que  M.  Malmsten  rapporte  les  protozoaires 
qu'il  a  rencontrés  dans  deux  cas.  Peut-être  l'un  des  infusoires 
observés  par  Leeuwenhoek  dans  ses  propres  déjections,  appar- 
tient-il au  même  genre. 

Cas  observés  par  M.  Malmsten. 

1°  Il  s'agit  d'an  marin  âgé  de  l  ente-huit  ans,  entré  à  l'hôpital  de  Stock- 
holm le  22  mars  1856.  Atteint  du  choléra  deux  ans  auparavant,  cet  homme 
avait  conservé  depuis  lors,  des  désordres  des  fonctions  digestives  tels  que 
sensations  désagréables  à  l'épigastre,  ballonnement  du  ventre,  diarrhée  et 
constipation  alternantes,  coliques,  selles  composées  en  partie  d'aliments  non 
digérés.  Lors  de  son  entrée  à  l'hôpital,  il  est  amaigri,  sans  fièvre  ;  il  a  de  la 
diarrhée,  de  la  soif;  on  constate  à  la  partie  inférieure  du  rectum  une  petite  ul- 
cération fournissant  un  pus  sanguinolent  dans  lequel  l'examen  microscopique 
montre  une  masse  d'infusoires  (Paramecium  coli).  Par  des  cautérisations  au 
nitrate  d'argent  et  quelques  médicamens,  l'ulcère  fut  cicatrisé  en  mai;  cepen- 
dant l'état  du  ventre  ne  fut  pas  amélioré.  L'examen  microscopique  des  selles 
fit  découvrir  alors  une  énorme  quantité  d'infusoires  semblables  aux  précédents 
qui,  pendant  deux  mois  consécutifs,  furent  observés  dans  les  matières  pwï- 
sécs  dans  le  rectum  même.  Tous  les  remèdes  administrés  jusqu'alorsn'avaient 

(I)  M  cm.  cil. 


0,8  AFFECTIONS   VERMINËUSÊS   DUS  VOIES   DIGKSTJVES 

produit  aucune  amélioration;  des  lavements  avec  addition  d'acide  nitrique 
ayant  été  enfin  prescrits,  l'état  du  malade  s'améliora  de  jour  en  jour ,  les  forces 
et  l'embonpoint  revinrent;  il  n'y  avait  plus  que  deux  selles  dans  vingt-quatre 
heures  lorsque  le  malade  quitta  l'hôpital,  le  28  août.  On  eut  ensuite  plusieurs 
fois  encore  l'occasion  d'observer  chez  ce  malade,  dans  les  garderobes  qui 
avaient  repris  le  caractère  de  la  diarrhée,  la  présence  des  mêmes  infusoires. 

Il  a  été  constaté  que,  hors  du  tube  intestinal,  les  paramecium  vivaient 
quelques  heures  à  peine  ;  néanmoins,  on  avait  pu  les  garder  en  vie  pendant, 
vingt-quatre  heures  en  maintenant  les  garderobes  à  la  température  du  corps 
humain  par  le  bain-marie. 

2°  Une  femme  âgée  de  trente-cinq  ans,  ayant  joui  d'une  bonne  santé  jus- 
qu'en septembre  1854,  fut  prise  d'une  douleur  au  côté  gauche,  de  coliques, 
d'une  diarrhée  séreuse  dans  laquelle  des  aliments  non  digérés  pouvaient  être 
facilement  reconnus.  Après  une  guérison  apparente  et  plusieurs  récidives  du 
même  mal,  elle  entre  le  2  mai  de  l'année  1856,  dans  un  hôpital  de  Stock- 
holm. Elle  offre  alors  un  amaigrissement  et. une  prostration  considérables,  le 
pouls  régulier,  petit  et  faible,  à  92  ;  inappétence,  soif  ardente,  nausées,  vo- 
missements rares,  hoquet  continuel,  ventre  contracté,  gargouillements  à  la 
pression,  borborygmes,  selles  fréquentes,  aqueuses,  jaunâtres,  excessivement 
fétides.  L'examen  microscopique  y  constate  la  présence  de  pus  et  d'infusoires 
[Paramecium  coli)  très  vifs  et  très  nombreux.  Les  jours  suivants,  la  diarrhée 
continue,  on  y  retrouve  toujours  les  mêmes  protozoaires.  Les  forces  s'épuisent 
et  la  malade  succombe  le  1 3  mai  à  dix  heures  du  malin. 

L'autopsie  est  pratiquée  le  même  jour  à  cinq  heures  après  midi  (sept  heures 
après  la  mort).  L'estomac  et  l'intestin  grêle  offrent  quelques  lésions  peu  im- 
portantes ;  le  côlon  présente  çà  et  là  des  ulcères  grangréneux  de  la  dimension 
du  petit  doigt.  On.  trouve  aussidans  l'intestin  un  pus  ichoreux  et  fétide. 

On  constate,  par  l'examen  microscopique,  l'absence  d'infusoires  dans  l'es- 
tomacet  l'intestin  grêle,  et  leur  existence  dans  le  caecum  elle  côlon.  Ces  ani- 
malcules étaient  surtout  nombreux  dans  le  mucus  qu'on  enlevait  en  grattant 
la  membrane  muqueuse  avec  un  scalpel.  Le  mucus  pris  sur  les  parties  les 
plus  saines,  contenaitde  ces  infusoires  par  milliers;  ils  étaient  moins  nombreux 
sur  les  parties  les  plus  malades. 

Des  matières  renfermant  les  protozoaires  ayant  été  recueillies  pour  être 
montrées  à  l'Académie  des  sciences  de  Stockholm,  aucun  de  ces  animalcules, 
pleins  de  vie  au  moment  de  l'autopsie,  ne  put  être  retrouvé  vivant  à  sept 
heures  et  demie,  c'est-à-dire  deux  heures  et  demie  plus  tard 

En  présence  de  ces  deux  faits,  M.  Malmsten  se  demande  quel 
rôle  jouent  ces  infusoires  et  quelle  influence  ils  exercent  sur  l'orga- 
nisme. Suivant  lui,  ces  animalcules,  vivant  dans  la  muqueuse 
même  entre  les  villositès^  doues  d'une  motilitè  et  d'une  vivacité 


CHEZ   L'HOMME.    —   CESTOÏDES.  69 

grandes,  assez  nombreux  pour  qu'on  en  trouve  vingt  à  vingt-cinq 
dans  une  gouttelette  de  mucus,  doivent  augmenter  la  sécrétion 
intestinale  et  le  mouvement  pèristaltique ;  ce  qui  explique,  jusqu'à 
un  certain  point,  la  diarrhée  avec  le  caractère  de  lienterie  dont  étaient 
atteints  les  deux  malades. 

Les  lavements,  acidulés  avec  l'acide  nitrique,  lui  paraissent  les 
seuls  moyens  de  détruire  les  Paramecium  coli  et  de  guérir  la 
diarrhée  qu'ils  occasionnent. 


DEUXIÈME    SECTION. 

VERS    CESTOÏDES    DE    L'iNTESTIN    DE    L'HOMME. 

CHAPITRE    PREMIER. 

HISTORIQUE. 

Trois  vers  cestoïdes  existent  dans  l'intestin  de  l'homme  :  le 
ténia  solium,  le  bothriocèphale  large,  le  ténia  nana.  Ce  dernier 
n'a  encore  été  observé  qu'en  Egypte  (voy.  Synops.,  n°  15).  Nous  ne 
nous  occuperons  ici  que  des  deux  premiers. 

Le  ténia  a  été  connu  dès  les  temps  les  plus  reculés  ;  nul  animal  n'a 
donné  lieu  à  plus  d'hypothèses,  de  discussions  et  d'erreurs.  «  Ce 
ver,  dit  avec  raison  Bloch,  fournirait  assez  de  matière  à  l'esprit  phi- 
losophique qui  voudrait  observer  judicieusement  la  marche  des  erreurs 
humaines.  »  Nous  n'entreprendrons  pas  cette  longue  et  difficile  his- 
toire ;  il  suffira,  pour  en  faire  apprécier  toute  l'étendue,  d'exposer  en 
peu  de  mots  les  diverses  questions  qu'à  soulevées  parmi  les  méde- 
cins, l'observation  du  ténia  et  du  botriocéphale  chez  l'homme  :  quelle 
est  l'origine  du  ténia1?  Est-ce  une  production  ou  une  excroissance  de 
l'intestin?  Est-ce  un  animal?  Si  c'est  un  animal,  est-il  simple  ou 
agrégé?  a-t-il  une  tête  ou  vit-il  sans  tête?  quelle  est  l'extrémité  qui 
est  la  tête  ou  qui  supporte  la  tête?  Comment  est  organisée  cette  tête? 
a-t-elle  une  bouche  ?  chacun  des  anneaux  est-il  pourvu  d'une  bouche  ? 
Le  ténia  est-il  un  animal  primitivement  agrégé  dont  les  anneaux 
deviennent  libres  ?  Les  anneaux  sont-ils  primitivement  libres  et  for- 
ment-ils le  ténia  par  leur  agrégation  ?  y  a-t-il  plusieurs  espèces  de 
ténias?  Le  cucurbitin  est-il  un   ver  distinct  du  ténia?  Comment  le 


70  AFFECTIONS    VEUMINLUSES   DES   VOIES  DI6ESTIVES 

ténia  csl-il  organisé!  Comment  se  nourrit-il  1  Se  régénère-t-il  après 
avoir  été  rompu?  Combien  de  temps  vit-il?  est-il  toujours  solitaire? 
quelle  partie  de  l'intestin  occupe-t-il  ?  pourquoi  est-il  si  difficile  à 
expulser,  etc.? 

Telles  sont  les  questions  que  les  médecins  ont  cherché  à  résoudre 
par  la  simple  observation  de  ces  entozoaires  chez  l'homme;  aussi 
chacune  d'elles  a-t-elle  donné  matière  à  des  hypothèses  et  à  des  dis- 
cussions sans  nombre.  La  plupart  de  ces  questions  seraient  restées 
sans  réponse,  si  l'on  n'en  avait  enfin  cherché  la  solution  dans  l'ob- 
servation des  cestoïdes  des  animaux. 

C'est  vers  la  fin  du  xvne  siècle  que  le  jour  commença  de  se 
faire  sur  ces  diverses  questions;  mais  ce  n'est  que  vers  la  fin  du 
xvme  siècle  que  l'on  acquit  des  connaissances  précises  sur  l'orga- 
nisation des  cestoïdes.  En  donnant  ici  un  aperçu  de  l'histoire  de 
ces  vers,  nous  ne  traiterons  que  de  ce  qui  intéresse  plus  particu- 
lièrement la  littérature  médicale. 

Nous  avons  dit  que  Félix  Plater  (1602)  a  reconnu  l'existence  de 
deux  vers  plats  chez  l'homme;  quoique  la  description  qu'il  adonnée 
de  ces  vers  soit  fort  incomplète  et  en  quelques  points  erronée,  elle 
suffît  cependant  à  faire  reconnaître  que,  dans  le  ténia  dont  il  a  parlé 
d'abord  {tœnia prima),  Plater  avait  en  vue  le  botriocéphale,  et  que, 
dans  le  second  {teenia  secundo),  dont  les  anneaux  se  séparent  facile- 
ment et  forment  les  cucurbitins,  il  avait  en  vue  le  ténia  solium. 
Quelques  années  plus  tard,  Spigel  reconnut  aussi  l'existence  de  deux 
ténias  distincts  chez  l'homme  et,  comme  Plater,  il  en  donna  une 
description  fort  incomplète  et  des  interprétations  erronées.  Un  siècle 
après,  Nicolas  Andry  indiqua  quelques-uns  des  caractères  généri- 
ques de  ces  deux  vers,  et  mit  leur  existence  hors  de  toute  contestation. 

La  distinction  des  deux  espèces  de  vers  cestoïdes  qui  affectent  l'homme 
dans  nos  pays,  ne  se  fit  que  tardivement  et  la  vérité  se  trouva  longtemps 
mêlée  de  beaucoup  d'erreurs.  Plater,  exerçant  la  médecine  à  Bàle  où  le 
ténia  solium  existe  (Herrenschwands  n'a  observé  que  ce  ver  à  Bâle,  au  rap- 
port de  Ch.  Bonnet  et  de  Yan  Dœveren),  tandis  que  généralement  en  Suisse 
se  trouve  le  bothriocéphale,  Plater  a  pu  facilement  voir  les  deux  espèces  de 
cestoïdes  ;  aussi  paraît-il  en  avoir  établi  la  distinction  d'après  ses  propres  ob- 
servations. 

A  l'époque  ou  vivait  ce  médecin  ,  l'animalité  du  ténia  était  en  question,  et 
même  elle  ne  fut  mise  hors  de  doute  que  dans  le  siècle  suivant  :  Hippocrate, 
Aristote,  Galien,  etc.,  regardaient  le  ver  plat  comme  un  animal,  mais  quel- 


CHEZ   L'HOMME.   —  CESTOÏDES.  71 

ques  auteurs  grecs  furent  déjà  d'une  opinion  différente.  îElius  dit  :  «  Est  autem 
<>  latus  lumbricus,  si  ita  dicere  liceat.  permutalio  pelliculse  intrinsecus  intes- 
»  tina  ambianlis,  in  corpus  quoddam  vivum,  etc.  (1).  »  Paul  d'Egine  dit  aussi  : 
«  Lumbricus  latus  transmulalio,  utitadicam,  est  membranœ  inlestinis  intrin- 

»  secus agnalœ  in  corpus quoddam  animatum (2).»  Le  ver  plat  n'était  donc 

point  pour  ces  auteurs  un  véritable  animal.  Cette  opinion  fut  reprise  et  mênie 
exagérée  par  quelques-uns  de  leurs  successeurs:  J.  Sérapion,  médecin  arabe 
que  nous  avons  déjà  cité  (p.  41),  parle  en  termes  assez  obscurs  de  la  gé- 
nération des  cucurbitins  dans  une  sorte  de  membrane  (pamiiculo  mucoso) 
qui  se  forme  dans  l'intestin.  Avicenne  et  Arnauld  de  Villeneuve,  dont  nous 
parlerons  ci-après,  disent  quelque  chose  de  semblable.  H.  Gabucinus  (I  547), 
quelques  années  avant  Plater,  écrivait  :  «  Ego  verô  nil  aliud  latum  lumbri- 
»  cum  esse  existimo,  quam,  ut  inquit  Hippocrates,  abrasionem  veluti  intesti- 
»  norum  albam  tota  complectentem  intestina  :  intra  quam  cucurbitse  semini 

»  similes  animantes  procreantur  :  et  quidem  vitam  sensilem  viventes quo 

»  factum  est  ut  latum  lumbricum  nihil  aliud  esse  existimem  quam  mucos  intra 
»  intestina  congenitos,  vel  mucosam  pituitam  intestinorum  frigiditate  adden- 
»  satam  (3).  » 

Beaucoup  d'autres  auteurs,  dont  i!  est  inutile  de  faire  ici  mention,  ont  par- 
tagé cette  manière  de  voir.  Ainsi,  pour  beaucoup  de  médecins  devanciers  ou 
contemporains  de  Plater,  la  question  n'était  point  de  savoir  s'il  y  a  plusieurs 
espèces  de  ténias,  mais  si  le  ténia  est  réellement  un  animal. 

L'opinion  relative  à  la  pluralité  des  espèces  de  ténias  paraît  avoir  été  émise 
d'abord  par  les  Arabes,  mais  alors  elle  reposait  sur  une  erreur.  Nous  avons 
dit  qu' Avicenne  a  probablement  regardé  comme  formant  deux  espèces  dis- 
tinctes de  vers  plats,  ceux  qu'il  appelle  les  longs  et  ceux  qu'il  appelle  les 
plats,  c'est-à-dire  le  ténia  et  les  cucurbitins.  Quant  à  la  mention  de  plu- 
sieurs sortes  de  ténias  (tineœ) ,  que  l'on  trouve  encore  dans  quelques  anciens 
ouvrages,  leurs  auteurs  n'ont  point  voulu  désigner  plusieurs  espèces  de  vers 
plats,  mais  ils  ont  employé  l'expression  de  tinea  comme  synonyme  de  tXfuvj; 
ou  lumbricus. 

Arnauld  de  Villeneuve,  qui  vivait  vers  l'an  1300,  est  le  premier  auteur  qui 
ait  parlé  d'une  manière  bien  nette  de  plusieurs  espèces  de  vers  plats  :  «  Ex 
»  phlegmatedulci,  dit  Arnauld  de  Villeneuve,  fiuntlongi  et  lati;  ex  phlegmate 
«  naturali  fiunt  brèves  et  lati  et  isti  dicuntur  cucurbitini  et  quidam  dicunt  quod 
»  isti  cucurbitini  generantur  in  ventre  cujusdam  maximi  lumbrici  qui  aliquando 
»  emittitur  longior  uno  vel  duobus  brachiis  qui  solium  sive  cingulum  dicitur  (4).  » 
La  distinction  de  ces  trois  espèces  de  ténias  est  tout  à  fait  erronée  ;  cepen- 
dant, à  part  ce  ver  appelé  solium,  qui  est  purement  fictif,  le  ver  plat  et  long 

(1)  Op.  cit.,  tetrab.  III,  sermo  I. 

(2)  Op.  cit.,  lib.  IV,  cap.  lvii. 

(3)  Ilieron.  Gabucinus,  Op.  cit.,  p.  6  et  7. 

(4)  Breviar,  lib.  II,  cap.  xxi. 


72  AFFECTIONS  VERMINEUSES   DES  VOIES  DIGESTIVES 

et  lover  plat  et  court,  c'est-à-dire  le  ténia  et  le  cucurbilin,  sont  deux  étreâ 
réels,  quoique  non  spécifiquement  distincts.  La  manière  de  voir  d'Arnauld  de 
Villeneuve  relativement  à  ces  deux  espèces  de  vers  plats,  qui  para'it  avoir  été 
aussi  celle  d'Àvicenne,  eut  par  la  suite  beaucoup  d'adhérents. 

Si  l'on  ajoute  à  ces  opinions  relatives  à  la  nature  ou  a  la  distinction  des  vers 
plats,  celle  qui  consistait  à  faire  du  ténia  une  chaîne  formée  par  la  réunion  de 
vers  cucurbitins  momordicùs  inhœrenles,  on  comprendra  qu'à  l'époque  où 
vivait  Plater,  la  plus  grande  obscurité  régnait  sur  la  nature  et  la  constitution 
du  ver  plat,  et  que  la  distinction  qui  avait  été  faite  avant,  lui  de  plusieurs 
espèces  de  ténias  n'était  que  le  résultat  d'erreurs  grossières. 

Voici  comment  s'exprime  F.  Plater  au  sujet  des  ténias  de  l'homme  :  «  Per 
»  podicem  talia  corpora  etiam,  sed  raro,  rejiciuntur  diversorum  generum  : 

»  1°  E  quibus  unum  fasciam  quamdam  refert,  membraneam,  intestinorum 
»  tenuium  substantise  similem,  eorum  longitudinem  adaequantem,  minime 
»  lamen,  uti  illa,  cavam,  sed  digitum  transversum  latam,  quam  latum  lumbri- 
»  cum  appellant,  rectiùs  tœniam  intestinorum,  siquidem  cum  lumbrico  nullam 
»  habeat  similitudinem,  nec,  uti  lumbricus,  vivat,  aut  loco  moveatur;  sed 
»  tamdiù,  donec,  nunc  integrum,  magno  impetu  aut  terrore  patientis  existi- 
»  mantis  intestina  omnia  sic  procidere,  vel  abruptum,  elabatur.  In  qua  fascia 
»  plerumque  lineee  nigrse  transversœ,  spatio  digiti,  ab  invicem  distantes,  per 
»  totum  ipsius  longitudinem  et  ad  formam  vertebrarum,  inintervallis  illis  ex- 
»  tuberantes,  apparent. 

»  2°  Aliàs  verô  aliter  formata  ejusmodi  taenia  longissima,  veluti  ex  portio- 
»  nibus  multis  coheerentibus  et  quœ  ab  invicem  abscedere  possunt,  constare 
»  videtur,  quas  portiones,  cum  cucurbitae  semina  quadrata  nonnihil  référant, 
■»  cucurbitinum  vermem  vocant,  qualis  rarius  integer,  sed  plerumque  in  plura 
»  frusta  divisus,  rejicitur;  quee  singula  privatos  vermes  esse,  cucurbitinos 
»  dictos,  crediderunt  licet  tantum  fascise  illius  abruptae  sint  particulae  (1).  » 

Cette  description  indique  suffisamment  le  bothriocéphale  et  le  ténia  de 
l'homme.  Une  seule  erreur  notable  s'y  rencontre,  c'est  celle  qui  attribue  au 
premier  de  ces  vers  l'absence  de  vie  et  de  mouvements. 

Plater  n'a  point  donné  de  nom  à  ces  deux  espèces  de  ténias,  c'est  pourquoi 
les  médecins  qui  en  ont  parlé  après  lui, 'les  ont  appelées  tœnia  prima  ou  secunda 
Plaleri, 

Le  tœnia  prima  (bothriocéphale)  n'est  pas  resté  tout  à  fait  inconnu  jusqu'aux 
écrits  de  Plater  :  Thaddœus  Dunus(2)  parle  d'un  ver  de  plus  de  vingt-cinq  aunes 
qu'il  observa  en  Suisse,  en  4  571,  et  dont  la  description  se  rapporte  au  bo- 
thriocéphale. Gaspard  Wolphius  (3)  à  Zurich, vers  la  même  époque,  en  fit  rendre 
par  un  enfanta  la  mamelle  deux  longs  fragments  qui  appartenaient  évidem- 
ment au  bothriocéphale;  mais  ces  auteurs  n'ont  point  pensé  que  le  ver  qu'ils 
observaient  fût  différent  du  ténia  solium. 

(1)  Praxeos  medicœ  opus,  t.  II.  Deanim.  excrel.,  1602. 

(2)  Miscel.  dere  medica,  cap.  xv,  4592. 

(3)  Observ.  cit. 


CHEZ  L'HOMME.    —   CESTOÏDES.  73 

Adrien  van  der  Spiegel,  ou  Spigel  (1618),  après  Plater,  mais  probable- 
ment sans  connaître  ses  écrits,  reconnut  l'existence  de  deux  espèces  de  ces- 
toïdes  chez  l'homme.  Spigel  parle  d'abord  en  ces  termes  d'un  ver  qu'il  avait 
vu  rendre  par  une  femme  :  ce  Nostram  vidimus  prorsùs  candidam,  lineis  seu 
»  incisuris,  more  insectorum,  quibusdam  eequaliter  a  se  invicem  distantibus, 
»  per  transversum  praedilam,  in  quarum  spatio  intermedio  habebat  qutedam 

»  velutiinternodia,  lenticulse  figura (1).i>  Dans  les  diverses  circonstances 

du  fait,  dans  la  description  et  la  figure  du  ver,  on  ne  peut  méconnaître 
un  bolhriocéphale  que  Spigel,  à  tort,  prit  pour  le  ténia  des  Grecs.  Dans  le 
chapitre  suivant,  à  propos  du  ténia  solium  qu'il  reconnaît  être  un  ver  diffé- 
rent, il  s'exprime  ainsi  :  « Neque  ex  multis  vermibus,  ut  somniant  auc- 

»  tores,  sibi  invicem  adhgerentibus  catenatim,  conflatam  ;  sed  ex  multis  nodis, 
»  veluti  articulis,  semen  cucumeris  referentibus,  unum  vermem  esse  compo- 
»  situm,  qui,  quôd  non  habeat  fascise  aliquam  similitudinem,  non  débet  pro 
»  veterum  lato  lumbrico  sumi,  et  si  longitudine  par  ei  aliquando  esse  videatur, 
»  sed  pro  suse  speciei  lumbrico,  quem  Arabes  fortassîs  cucurbitinum  vermem 

»a  figura  ejus  articulorum  appellare  voluerunt ego  nihilominus  fasciam 

»  potius  seu  lœniam  degenerem  nominabo,  de  hac  apud  antiquos  Graecos  fateor 
»  ingénue  me  nullam  reperiisse  factam  mentionem (2).  » 

Spigel,  ayant  cru  reconnaître  le  ténia  des  Grecs  dans  celui  dont  il  a  parlé 
en  premier  lieu,  ne  pouvait  le  retrouver  dans  son  tœnia  degener.  La  première 
erreur  causa  la  seconde  ;  toutefois  ces  erreurs  ne  touchent  point  le  fonds  de  la 
question,  et  l'on  reconnaît,  par  le  texte  et  par  les  figures  qu'il  a  jointes  à  son 
ouvrage,  que  l'auteur  avait  distingué  deux  vers  ces  toïdes^  chez  l'homme  :  le 
bolhriocéphale  dont  il  parle,  et  dont  il  donne  la  figure  d'après  ses  propres 
observations,  et  le  ténia  solium  [degener),  qu'il  représente  d'après  Cornélius 
Gemma. 

La  question  de  la  pluralité  des  vers  cestoïdes  de  l'homme  resta  jusqu'à  la 
fin  du  xvne  siècle  au  point  où  l'avaient  laissée,  au  commencement  de  ce  même 
siècle,  Plater  et  Spigel.  Nicolas  Andry,  dans  la  première  édition  de  son  Traité 
de  la  génération  des  vers  (1700),  admet  l'existence  de  trois  espèces  ou  varié- 
tés de  ténias  :  «  L'un  qui  retient  le  nom  du  genre  et  qui  s'appelle  proprement 
tœnia,  lequel  n'a  point  de  mouvement  ni  de  tète  formée;  et  l'autre,  qui  se 
nomme  solium  et  qui  a  du  mouvement  et  une  tête  ronde,  fort  bien  formée, 
faite  comme  un  poireau  (3).  »  Celui-ci  a  deux  variétés  principales  :  «  L'un  a 
le  long  du  milieu  du  corps,  par-dessus,  comme  une  longue  épine;  c'est  ainsi 
que  Spigel  le  représente.....;  l'autre  n'a  point  cette  épine,  etc.  (4).  » 

La  première  espèce  rappelle  le  tœnia  prima  de  Plater,  qui  n'a  pas  de  mou- 
vements; la  seconde,  comme  l'auteur  le  dit  lui-même,  est  le  ténia  des  Grecs 

(1)  De  lumbrico  lato  lib.,  cap.  v,  p.  13  ;  Patavii,  1618. 

(2)  Ouvr.  cit.,  p.  17. 

(3)  Ouvr.  cit.,  p.  78,  1™  édit. 

(4)  Ouvr.  cit.,  p.  80. 


Hl  AFFECTIONS   VERMINEUSES   Dl-S   VOIES   DIGESTIVES 

de  Spigol  ;  la  troisième  appartient  à  l'auteur,  qui  la  décrit  d'api es  ses  propres 
observations. 

Dans  la  seconde  édition  du  même  ouvrage  ('174  4),  Andry  reconnaît  qu'd 
n'y  a  que  deux  espèces  de  ténias  chez  l'homme;  il  donne  quelques-uns  de 
leurs  caractères  dislinclifs  d'une  manière  précise  :  «  11  y  a  deux  sortes  do 
tœnias,  dit-il,  l'un  a  le  long  du  milieu  du  corps  en  dedans  une  espèce  d'épine 

qui  s'étend  depuis  un  bout  jusqu'à  l'autre (par  épine,  Andry  entend  un 

rachis  qui  est  constitué  par  la  série  des  proéminences  qui  existent  au  centre 
de  chacun  des  anneaux  chez  le  bothriocéphale);  l'autre  n'a  point  cette  épine, 
mais  on  y  remarque  au  bord,  après  chaque  article,  une  espèce  de  mamelon 
au  bout  duquel  paraît  une  ouverture,  dans  laquelle  on  discerne  un  vaisseau 
bleuâtre  qui  traverse  jusqu'à  la  moitié  de  la  largeur  du  corps;  l'un  et  l'autre 
ont  une  tète  ronde  et  un  cou  extrêmement  mince  (4  ).  » 

Plater  et  Spigel  avaient  indiqué  déjà  l'apparence  de  rachis  que  présente  le 
bothriocéphale  (Tœnia  prima,  ténia  des  Grecs)  ;  mais  les  caractères  distinclifs 
du  ténia  solium  appartiennent  entièrement  à  Andry. 

Dans  sa  troisième  édition  (4  744),  l'auteur  confirme  ces  faits  et  donne  à 
l'un  de  ces  vers,  le  premier  qu'il  ait  observé,  le  nom  de  ténia  de  la  première 
espèce  ou  ténia  sans  épine,  c'est  le  ténia  solium;  à  l'autre  le  nom  de  ténia  de 
la  seconde  espèce,  ou  ténia  à  épine,  c'est  le  bothriocéphale  (2). 

Charles  Bonnet  (de  Genève),  après  Andry,  fit  une  nouvelle  étude  des  vers 
plats  de  l'homme  :  il  signala  entre  les  deux  espèces  un  caractère  distinctif 
nouveau  :  la  longueur  relative  des  anneaux.  En  conséquence,  il  proposa  d'ap- 
peler l'un  (le  bothriocéphale}  ténia  à  anneaux  courts,  l'autre  (le  ténia  solium} 
ténia  à  anneaux  longs  (3). 

D'autres  espèces  de  ténias  se  trouvent  encore  indiquées  dans  les 
livres  de  médecine  :  F.  Plater,  outre  celles  dont  il  a  été  question  ci- 
dessus,  parle  d'une  troisième  espèce  dont  les  individus  ne  sont  point 
aplatis,  mais  cylindriques ,  comme  les  lombrics,  semblables  dans 
toute  leur  longueur, . . .  privés  de  mouvements ,  rares  chez  les  hommes, 
mais  fréquents  chez  les  chiens.  Il  ne  peut  être  question  ici  de  l'un 
des  ténias  du  chien;  il  est  possible  que  Plater  ait  observé,  comme 
le  pense  Rudolphi,  quelque  ver  nématoïde  altéré  ;  mais,  à  notre  avis, 
il  s'agit  plutôt  de  ces  concrétions  membraniformes  formées  d'un  mucus 
condensé,  que  rendent  certains  individus  avec  les  selles  et  dont  nous 
allons  parler  immédiatement. 


(1)  Ouvr.  ci7.,2'édit.,  p.  73-74. 

(2)  Ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  194-195. 

(3)  Ch.  Bonnet,  Diss.  sur  le  ténia,  sav.  élrang.,  t.  I,  p.  478,  1730,  et 
compl,  t.  II,  p.  65.  Neufchâtel,  1779. 


CHEZ   L'HOMME.    —  CESTOÏDES.  7f> 

Ch.  Dionis,  prenant  pour  un  tégument  une  enveloppe  formée  pur 
Idu  mucus  qui  entourait  un  ténia  soumis  à  son  observation,  crut  avoir 
découvert  une  nouvelle  espèce  de  ce  ver  et  lui  donna  le  nom  de  ténia 
à  enveloppe  (1) .  Le  mucus  condensé  sous  forme  de  membrane,  qu'il 
n'est  pas  absolument  rare  de  voir  sortir  avec  le  ténia,  et  que  l'on 
reconnaîtrait  aujourd'hui  généralement  pour  ce  qu'il  est,  avait  depuis 
longtemps  fixé  l'attention  des  médecins.  Un  assez  grand  nombre  en 
avaient  fait  mention,  soit  qu'il  eût  consisté  uniquement  dans  une  con- 
crétion membraniforme  prise  pour  un  ver,  soit  qu'il  eût  enfermé  des 
fragments  du  ténia.  C'est  cette  enveloppe  de  mucus  qu'Arnauld  de 
^Villeneuve  dit  être  un  grand  ver  nommé  solium  ou  c/nc/ulum,  que 
■Sérapion,  Avicenne  et  d'autres  auteurs  ont  appelée  pannicutus 
mucosus,  que  Gabucinus  dit  être  une  abrasion  de  l'intestin  formée 
par  le  refroidissement  de  cet  organe,  que  d'autres  ont  appelé  leciulus 
vermium. 

C'est  sans  doute  à  des  corps  de  ce  genre  qu'il  faut  rapporter  le 
ténia  de  la  troisième  espèce  de  Plater,  et  ce  ver  rond  de  trente  pieds 
de  longueur  qu'un  jeune  homme,  au  rapport  de  Baglivi,  rejeta  par 
(e  vomissement  (2)  et  cet  autre  dont  parle  Zacutus  Lusitanus,  qui 
fut  évacué  par  un  enfant  de  trois  ans,  après  de  violentes  coliques. 
"  Membranam  latam,  tœniamdiceres,  longam  palmos  viginti  quinque, 
»  crassiusculam,  quatuor  digitorum  latitudine  (3).  •> 

Vallisneri  parle  d'une  femme  juive  qui  rendit  plusieurs  fois  de  ces 
concrétions  membraniformes  remplies  de  vers  cucurbitins,  concré- 
tions prises  par  la  malade  pour  une  portion  de  ses  intestins  :  "  Erat 
»  hœc  substantia,  dit  Vallisneri  en  parlant  de  l'une  de  ces  concrétions, 
"<  velut  fascia  qusedam  duplicata,  omni  parte  clausa,  crassa,  lubrica, 
»  splendente,  diaphana,  mucilaginosaque  membrana  contexta,  duos 
»  pollices  lata,  duobusque  cubitis  longior,  cava  interiùs,  in  siphonis 
»  modum...  in  ejns  verô  cavo  innumeri  continebantur  vermes  cucur- 
•>  bitini  (4).  »  Quant  à  lanature  de  ces  tubes,  Lancisi,  les  comparant 
aux  concrétions  polypiformes  du  cœur,   émit  l'opinion  qu'ils  sont 

(1)  Charles  Dionis,  Dissert,  sur  le  ténia  ou  vert  plat,  p.  5-  Paris,  1749. 

(2)  Andry,  ouv.  cit.,  2e  édit. ,  Lettre  de  Baglivi,  p.  438.  (Baglivi  dit  lumbricum 
'erelem,  expression  que,  dans  sa  troisième  édition,  Andry  rend  inexactement  par 
"elle  de  un  vert  plat.) 

(3)  Zacutus  Lusitanus,  De  princip.  meclicor.  Mst.,  lib.  II,  hisl.  68;  et  Leclerc, 
pp.  cit.,  p.  111. 

(4)  Antonio  Vallisneri,  Opère  fisico-mediche,  t.  I,  p.  14G  [Dell'  origine  de'  vermi 
mrdinari  nel  corpo  umano).  Venezia,  1732,  in-fol.,  trad.  par  Leclerc,  op.  cit., 
)p.  86. 


76  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES  VOIES   DIGKST1YES 

formés  d'un  suc  concrescible  fourni  par  l'intestin.  Vallisneri  partagea 
ce  sentiment;  il  se  demanda,  toutefois,  si  ces  tubes  ne  seraient  pas 
en  partie  l'œuvre  des  vers,  qui  les  formeraient 
ou  les  consolideraient  pour  y  déposer  leurs 
œufs  (1).  L'opinion  que  les  vers  forment  eux- 
mêmes  ces  membranes  avait  été  déjà  été 
émise  par  Houllier  (2)  ;  elle  fut  reproduite  par 
plusieurs  auteurs  ensuite  à  l'égard  des  con- 
crétions membraniformes  qui  ont  été  quelque- 
fois observées  autour  des  pelotons  d'oxyures 
ou  de  lombrics. 

On  a  encore  regardé  comme  appartenant  à 
une  nouvelle  espèce  de  ténia,  les  cestoïdes 
dont  les  anneaux  sont  perforés  [Tœnia  fenes- 
trata)  (3) ,  par  suite  de  la  rupture  des  parois 
de  l'ovaire  qui  laissent  sortir  par  cette  sorte 
de  ponte  les  ovules  arrivés  à  maturité.  Les 
individus  dont  les  anneaux  mûrs  sont  ainsi 
perforés  dans  une  étendue  plus  ou  moins 
grande,  appartiennent  le  plus  souvent  sans- 
doute  au  bothriocèphale ,  car  les  segments  di, 
ténia  solium  se  séparent  généralement  avant 
d'avoir  acquis  un  degré  suffisant  de  maturité , 
Une  femme  qui  était,  en  1843,  dans  le  service, 
de  M.  Rayer  à  la  Charité,  rendit  trois  bo- 
thriocéphales  à  la  fois,  après  avoir  pris  deu> 
gouttes  d'huile  decroton  ;  l'un  de  ces  vers  avai 
les  derniers  anneaux  perforés  assez  régulière- 
Fig. 3. —  Bothriocèphale per-    ment.  Un   ver   cestoïde  perforé,   dont  parh' 

foré,  observé  par  M.  Rayer.  _.  ,  ,      .  .  ,     .  ,  M 

m.  rievet,  était  aussi  un  bothriocèphale  (a)  : 
cependant  Rudolphi  a  vu  deux  ténias  solium,  dont  l'un  au  musée  d(, 

(1)  Leclerc,  op.  cit.,  p.  110. 

(2)  «  Nonnullis  quoque  contigit  ut  multitude-  vermium  tunicam  sibi  contexeri, 
»  extensam  toto  intestine-.  »  (Holler,  Demorb.  internis,  lib.  I,  cap.  liv.) 

(3)  Masars  de  Cazéles ,  Sur  le  ténia  ou  ver  solitaire  ,  et  plus  particulier 
rement  sur  un  ténia  percé  à  jour  (Journal  de  Roux,  t.  XXIX,  p.  26 
1768). 

(4)  J.-C.  Fiévet,  Quelques  mots  sur  les   helminthes  de  V homme  (Thèse,  Paris 
n°  255,  p.  11,  1855). 


CHEZ    L  HOMME.    —   CESTOÏDES.  77 

Wienne,  qui  avaient  leurs  anneaux  les  plus  grands  perforés  (1),  et 
Bremser  en  a  fait  rendre  à  deux  malades  (2). 

Aux  erreurs  des  médecins  sur  la  détermination  des  espèces  de 
cestoïdes  propres  à  l'homme,  quelques  naturalistes,  d'après  des  carac- 
tères insuffisants  ou  mal  interprétés,  en  ajoutèrent  d'autres  soit  en 
indiquant  comme  appartenant  à  de  nouvelles  espèces  de  simples  va- 
riétés, soit  en  attribuant  à  l'homme  des  cestoïdes  propres  à  d'autres 
uni  m  aux. 

Enfin,  nous  avons  vu  que  les  segments  libres  du  ténia  (cucurbi- 
Ëns)  ont  été  regardés  par  les  Arabes  comme  une  espèce  de  ver  dis- 
tincte ;  des  connaissances  exactes  sur  l'origine  et  la  nature  de  ces 
•segments  ne  furent  acquises  qu'avec  beaucoup  de  lenteur  et  de 
iifnculté. 

Hippocrate,  à  propos  du  ver  plat,  parle  de  ses  anneaux  séparés 
jjui  sont  expulsés  sous  la  forme  de  semences  de  concombre  ;  mais  ces 
ndications,  qui  se  retrouvent  dans  quelques  auteurs  grecs,  ont  été 
négligées  et  oubliées  jusqu'à  Félix  Plater.  Plusieurs  auteurs  posté- 
rieurs aux  Arabes,  regardant  aussi  les  cucurbitins  comme  des  vers 
oarticuliers,  pensèrent  que  ces  vers,  primitivement  libres,  se  réunis- 
sent quelquefois  en  nombre  plus  ou  moins  considérable,  et  consti- 
tuent le  ténia  par  leur  enchaînement  ou  par  leur  rapprochement  dans 
une  membrane  détachée  des  intestins  ;  quelques-uns,  confondant  les 
cucurbitins  avec  les  ascarides  ou  oxyures,  crurent  que  le  ténia  est  une 
chaîne  formée  par  la  réunion  de  ces  entozoaires  qui  habitent  le 
t'ectum  (3). 

(1)  Rud.,  Synops.,  p.  522. 

(2)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  197. 

(3)  L'opinion  que  le  ténia  est  formé  par  uue  série  de  cucurbitins  accideulellc- 
îment  réunis,  est  fort  ancienne.  On  sait  aujourd'hui  que  chacun  des  anneaux  du 
tlénia  est  produit  par  la  tête  comme  un  bourgeon,  que  ce  bourgeon  s'accroît  et  finit, 
ichez  quelques  cestoïdes,  par  se  détacher  pour  vivre  encore  quelque  temps  à  l'état 
Ide  liberté.  Les  bourgeons  ou  anneaux,  chez  le  bothriocéphale,  restent  constamment 

adhérents  les  uns  aux  autres;  mais  chez  le  ténia  solium,  ils  se  séparent  assez  ordi- 
nairement el  forment  ce  que  les  naturalistes  aujourd'hui  appellent  un  progloltis,  et 
se  que  les  médecins  appelaient  autrefois  un  cucurbitin.  Les  anciens  ne  se  rendaient 
pas  compte  comme  nous  du  mode  de  formation  d'une  chaîne  de  proglottis  ou 
cucurbitins.  Les  uns,  nous  l'avons  dit  déjà,  ont  pensé  que  les  cucurbitins  étaient 
maintenus  par  une.  membrane  enveloppante  (panniculo  mucoso)  ;  les  autres,  qu'ils 
étaient  simplement  collés  (mediante  humiditate  flegmatica)  ;  un  plus  grand  nombre 
*>nt  cru  que  les  cucurbitins  s'accrochaient  les  uns  aux  autres  par  leur  bouche  : 
'«  Cucurbitinos  vernies  ejecit,  dit  Benivenius,  qui  ita  inter  sese  (dum  scilicet 


78  AFFECTIONS  VERMINEOSES   DES   VOIES   WGESTlVliS. 

Les  anneaux  libres  du  ver  solitaire  ont  encore  été  regardés  connue 
les  œufs  de  ce  ver,  accrus  et  en  voie  de  développement  ;  Anclry  pro- 
fessa cette  opinion,  mais  il  reconnut  ensuite  son  erreur  et  revint  au 
sentiment  d'Hippocrate,  de  Plater  et  de  Tyson  qui  avaient  indiqué 
déjà  la  véritable  nature  des  cucurbitins.  En  comparant  la  forme  et 
la  constitution  de  ces  segments  libres  avec  celles  des  anneaux  du 
ténia,  il  reconnut  et  établit  définitivement  que  les  cucurbitins  sont 
les  anneaux  du  ténia,  qui,  après  s'être  détaches  de  ce  ver,  jouissent 
encore  pendant  un  certain  temps  du  mouvement  et  de  la  vie. 


CHAriTRE    II. 

RAPPORTS  DU  TÉNIA  AVEC  LE  BOTHRIOCÉPUALE.  DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE 
DE   CES   VERS. 

Les  deux  vers  cestoïdes  de  l'homme,  le  ténia  solium  et  le  bothrio- 
céphale  large,  existent  dans  des  contrées  diverses  et  semblent  s'ex-: 

«  alter  alleri  mordicus  inhœreret)  jungebanlur,  ut »  (Ant.  Benivenii,  De  abdilis 

morborum  causis,  cap.  87). 

Pierre  de  Abano  paraît  avoir  le  premier  (1250)  émis  l'opinion  que  le  ténia 
est  formé  par  une  réunion  de  vers  cucurbitins  (filo  unius  in  allerum  conjunc- 
lorum)  (voyez  p.  42).  Thadée,  Michel  Savonarola,  Fernel,  Al.  Benedetli  et  beau- 
coup d'autres  adoptèrent  cette  manière  de  voir,  qui  fut  repoussée  par  Plater  et 
Spigel.  Elle  fut  ensuite  reprise  par  Vallisneri.  Aucun  auteur,  avant  ce  célèbre  na- 
turaliste, n'avait  entrepris  d'apporter  des  preuves  à  l'appui  de  cette  opinion  ; 
Vallisneri  le  fit.  Il  se  fondait:  1°  sur  la  vitalité  des  anneaux  isolés;  2°  sur  l'absence 
de  communication  vasculaire  entre  leur  série;  3"  sur  la  présence  de  deux  crochets 
au  bord  de  chaque  anneau,  qui  servaient  à  le  fixer  à  l'anneau  voisin  {Bel  origine 
de'  vermi  nel  corpo  umano):  la  seconde  et  la  troisième  de  ces  propositions  sont 
fausses. 

L'opinion  de  Vallisneri  et  de  ses  prédécesseurs  n'est  pas  tout  à  fait  dénuée  de 
vérité;  l'erreur  a  été  de  croire  que  les  cucurbitins  sont  primitivement  libres. 

Plus  tard,  Steph.  Coulet  eut  la  même  manière  de  voir  relativement  à  la  consti- 
tution du  ténia;  mais  cet  auteur  pensait  que  les  ascarides  (oxyures)  ne  sont  point 
différents  des  cucurbitins.  Celte  confusion  qui  se  trouve,  avons-nous  dit,  chez  les 
auteurs  du  xiue  et  du  xivc  siècle,  n'existait  pour  eux,  probablement,  que  dans 
les  expressions  ascarides  vel  cucurbilini.  Il  n'en  est  pas  de  môme  pour  Coulet,  qui 
dit  de  l'oxyure  :  «  ascaris  est  vermiculus  planus.  »  (Diss.  inaug.  de  ascaridibm 
et  lumbrico  lato,  1729). 

Les  derniers  partisans  de  l'opinion  de  Vallisneri  furent,  parmi  les  médecins, 
Postel  de  Francièrc  (Journ.  de  méd.,  t.  XVIII.  p.  416,  1763  et  t.  XXVI. 
p.  415,  1767),  et  Blumenbach  parmi  les  naturalistes  (Gœll'mgsche  Anzeigen  von 
gelehrlen  Sachen.  St.  164,  177  4). 


RAPPORES   DU    TÉNIA    AVEC    LE    BOTIIRICGÉPHALE.  79 

dure  mutuellement;  car,  généralement,  dans  les  régions  où  l'un 
de  ces  vers  est  très  commun  l'autre  n'existe  pas,  ou  du  moins,  il  y 
est  très  rare.  Cependant,  il  n'y  a  point  d'incompatibilité  entre  ces 
deux  vers;  l'un  et  l'autre  peuvent  atteindre  le  même  individu  à  la 
fois  ou  successivement  ;  l'un  peut  exister  avec  l'autre  dans  la  même 
contrée  ou,  suivant  des  circonstances  nouvelles,  se  montrer  fré- 
quemment dans  une  localité  qui  semblait  le  domaine  exclusif  de 
l'autre.  C'est  ce  qui  ressortira  des  faits  que  nous  allons  exposer. 

On  rencontre  souvent  chez  les  animaux  des  vers  cestoïdes  d'es- 
pèces différentes  vivant  ensemble  clans  l'intestin.  L'association  du 
ténia  avec  le  bothriocéphale  chez  l'homme  n'aurait  donc  rien  d'inso- 
lite ;  quoiqu'elle  ait  été  fort  rarement  observée,  l'on  en  possède  des 
exemples  certains. 

Dionis  dit  qu'un  de  ses  malades  a  rendu  un  morceau  de  ténia  à 
épine  et  huit  jours  après  un  morceau  de  ténia  à  nœuds  (1). 

Van  Doeveren  rapporte  qu'il  a  observé  un  ténia  de  la  première 
espèce  [bothriocéphale) ,  brunâtre,  avec  son  extrémité  antérieure,  et 
de  plus  une  portion  d'un  autre  ver  fort  blanc  dont  les  articulations 
n'étaient  point  de  la  même  conformation  que  celle  du  premier  (2). 

A  l'autopsie  d'une  femme  de  Fiesole  (Toscane),  morte  quelques 
jours  après  avoir  rendu  un  ténia  solium,  le  professeur  Lorenzo  Nan- 
noni  trouva  un  autre  ver  cestoïde,  long  de  3  mètres  à  peu  près,  et 
qui  différait  du  précédent  par  ses  anneaux  plus  courts  et  par  sa 
couleur  (3). 

Le  docteur  Breton  rapporte  qu'une  petite  fille  évacua,  après  avoir 
pris  l'écorce  de  racine  de  grenadier,  un  ténia  large  vivant  et  long  de 
4  pieds  9  pouces,  et  le  lendemain  un  ténia  solium  mort,  de  9  pieds 
10  pouces  de  longueur  (4). 

(1)  Dionis  connaissait  parfaitement  les  deux  espèces  de  vers  plats  distingués  par 
Andry,  et  si  les  expressions  de  ténia  à  épine  et  ténia  à  nœud  ne  s'accordent  pas  pré- 
cisément avec  les  dénominations  d'Andry,  ils  expriment  cependant  deux  vers  dif- 
férents, car  Dionis  ajoute  :  «  que  peut-on  conclure,  sinon  que  le  malade  avait  ces 
deux  espèces  de  ténia?  »  (Ch.  Dionis,  Dissert,  sur  le  ténia  ou  ver  plat,  p.  26.  Paris, 
1749.) 

(2)  Vau  Doeveren,  ouvr.  cit.,  p.  181. 

(3)  Guidelti,  Deivermi  humani  in  générale,  etc.  Firenze  1783,  cité  par  M.  Raikem 
[Rapport  à  l'Acad.  royale  de  médecine  de  Belgique,  Bulletin,  t.  XII,  p.  213. 
Bruxelles,  1853.) 

(i)  Breton,  Medic.  chirurg.  Transactions  o[  London,  1821,  t.  XI,  p.  307,  cité 
par  Mi  Raikem,  rapp.  cit.  p.  216. 


80  AFFECTIONS   VlillMINEUSIiS   DES    VOIES    DIGESTlVES. 

Ces  observations  sont  certainement  très  contestables  ;  il  leur 
manque  à  toutes  l'indication  de  quelque  caractère  précis  qui  autori- 
serait à  regarder  les  deux  vers  de  chacun  de  ces  cas  comme  appar- 
tenant à  deux  genres  différents;  mais  il  n'est  permis  de  conserver 
aucun  doute  à  l'égard  du  fait  suivant  . 

«  Il  y  a  quelques  années,  dit  Rudolphi  dans  son  ouvrage  de  phy- 
siologie, je  recueillis  plusieurs  vers  solitaires  qui  avaient  été  éli- 
minés par  une  femme  ;  il  y  en  avait  en  même  temps  de  deux 
espèces  munies  de  leur  tête.  C'est  là  le  seul  exemple  bien  avéré 
de  ce  genre  que  je  connaisse  (1).  » 

On  possède  aussi  plusieurs  exemples  de  bothriocéphale  et  de 
ténia,  pris  successivement  par  le  même  individu  dans  des  contrées 
différentes  : 

»  Un  Suisse,  établi  à  Bologne  depuis  deux  ou  trois  ans,  dit  Brera, 
offrit  les  symptômes  de  la  présence  du  ténia.  Un  traitement  con- 
venable fit  évacuer  en  entier  un  très  beau  tcënia  inerme,  espèce  en 
quelque  sorte  indigène  chez  les  habitants  du  Nord  et  chez  ceux  de 
son  pays  ;  malgré  cette  expulsion,  les  symptômes  s'aggravèrent; 
l'on  dut  reprendre  le  traitement  et  recourir  même  à  des  anthel- 
minthiques  très  puissants  qui  procurèrent  l'évacuation  de  plusieurs 
ténias  armés  (2).  >> 

Le  docteur  Wawruch  rapporte  le  cas  d'un  orfèvre  de  Genève  qui 
s'était  établi  à  Vienne  :  cet  homme  avait  expulsé  un  bolhriocépliale 
dans  son  pays;  après  deux  ans  de  séjour  à  Vienne,  il  rendit  un 
ténia  soîium  (3). 

Le  bothriocéphale  est  moins  universellement  répandu  que  le 
ténia  ;  il  occupe  des  régions  restreintes,  principalement  au  bord  de 
la  mer,  de  certains  lacs  ou  de  certains  fleuves.  Il  n'est  bien  connu 
qu'en  Europe. 

Le  ténia  solium  a  été  observé  en  Europe,  en  Asie,  en  Afrique  et 
en  Amérique.  Il  existe  probablement  chez  tous  les  peuples  du 
monde.  On  dit  que  les  Malais  n'ont  pas  de  vers  cestoïdes  (4)  ;  mais 

(1)  Phys.,  II Bd.,  II  Abth.,  p.  239  (1821),  cité  par  J.  Frank  et  Raikem,  rapp.  cit. 

(2)  Valeriano  Luigi  Brera,  Memorie  fisico-med.  sopra  i  princip.  vermi  del  corp. 
umano.  Grema,  1811.  Mem.  prim.,  p.  58. 

(3)  Wawruch,  Mém.  cit. 

(4)  Schmidtmuller,  cité  par  M.  Boudin  (Traite  de  géographie  et  de  statistique 
médicales,  t.  I,  p.  336,  Paris,  1857). 


DISTRIBUTION   GÉOGRAPHIQUE   DU  TÉNIA   ET    DU    BOTHRIOCÉPHALE.    81 

nos  renseignements  sur  ce  peuple  sont  trop  incomplets  pour  qu'on 
puisse  accorder  quelque  créance  à  cette  assertion. 

Europe.  • —  Le  ténia  solium  domine  ou  se  trouve  à  l'exclusion 
du  bothriocéphale  :  en  Grèce,  en  Italie,  en  Espagne,  en  France,  en 
Autriche,  en  Prusse,  en  Angleterre. 

Le  ténia  et  le  bothriocéphale  sont  plus  ou  moins  communs  en 
Hollande,  en  Suède. 

Le  bothriocéphale  domine  ou  se  trouve  à  l'exclusion  du  ténia  :  en 
Suisse,  en  Russie. 

Grèce.  —  Les  descriptions  du  ver  plat  par  les  anciens  Grecs  désignent  suf- 
fisamment le  ténia  solium. 

Malte.  —  Le  ténia  solium  existe  seul  à  Malte  (Monlgomery-Martin,  History 
ofBritish  Colonies.  Cité  par  M.  Boudin). 

Italie.  —  D'après  Vallisneri,  Brera,  Délie  Chiaje,  le  ténia  solium  existe  en 
Italie.  D'après  Baglivi  (lettre  à  Andry),  le  ténia  n'est  pas  aussi  commun  à 
Rome  et  en  Italie  qu'en  Hollande. 

Espagne.  —  Les  auteurs  arabes  n'ont  observé  que  des  ténias  cucurbitins. 

France.  —  Le  ténia  solium  existe  généralement  en  France.  Le  bothriocé- 
phale s'observe  cependant  dans  les  déparlements  voisins  de  la  Suisse.  Dujar- 
din  a  vu  ce  ver  à  Saint-Malo  (ouvr.  cit.,  p.  612). 

Autriche. —  A  Vienne,  Geischlager  ne  vit  que  le  ténia  solium  (Rud.  Eut. 
hist.  nat.,  t.  I,  p.  345).  —  Bremser  ne  trouva  le  bothriocéphale  que  chez 
des  étrangers.  —  Wawruch,  sur  206  cas  de  vers  cestoïdes,  ne  vit  que  trois 
bolhriocéphales,  tous  les  trois  d'importation  étrangère.  ^ 

Dans  le  Tyrol,  d'après  Bremser,  on  n'observe  que  lé  ténia  solium  (Ouv. 
Cit.,  p.  345). 

Prusse.  —  D'après  Rudolphi,  on  ne  trouve  ordinairement  à  Berlin  que  le 
ténia  solium.  Il  a  observé  le  bothriocéphale  chez  une  jeune  fille  de  Poméranie 
(Rud.  Ent.  hist.  cit.,  t.  I,  p.  345). 

Angleterre.  —  Carlisle  (cité  par  Rud.,  p.  345)  dit  qu'on  ne  trouve  guère 
en  Angleterre  que  le  ténia  solium.  M.  Owen,  à  propos  d'un  fait  que  nous  rap- 
porterons ci-après,  confirme  cette  assertion  relativement  à  Londres. 

Hollande.  —  D'après  Van  Doeveren  (ouvr.  cit.,  p.  132),  les  deux  espèces 
de  cestoïdes  existent  en  Hollande,  mais  il  a  observé  plus  fréquemment  le  bo- 
thriocéphale. 

Belgique.  —  Les  deux  cestoïdes  existent  en  Belgique.  C'est  à  Bruxelles  que 
Spigel  a  observé  le  bothriocéphale.  Le  docteur  Lombard  dit  que  le  ténia  est 
très  commun  à  Liège  (Bull.  acad.  deméd.  de  Belgique,  t.  XIII,  p.  32,  1853). 

Suède.  — Rudolphi  rapporte  (ouvr.  cit.,  p.  345)  que  tous  les  vers  cestoïdes 
qu'il  reçut  de  Suède  appartenaient  au  ténia  solium.  D'un  autre  côté,  Linné 
avait  dit  que  le  tœnia  vulgaris  (bothriocéphale)  est  très  commun  dans  cepays, 
Pavaine.  6 


82  AFFECTIONS  VEltMINEUSES   DES    VOIES  DIGESTIVËS. 

D'après  M.  Huss,  le  bolhriocéphale  est  très  commun  sur  les  cotes  de  la  pro- 
vince de  Nordbolten,  dans  la  Finnmark  et  dans  d'autres  parties  de  la  Suède 
à  l'embouchure  des  fleuves.  Le  ténia  s'y  trouve  rarement.  (Huss,  Krankh.  d. 
Schwed.  Extrait  dans  Arch.  gén.  de  mèd.,  5e  série,  t.  VII,  p.  349.  Paris, 
4856.) 

Islande.  —  D'après  M.  Huss,  les  Islandais  sont  rarement  attaqués  de 
ténias.  (Mém.  cit.). 

Danemark.  —  Les  Danois  sont  très  rarement  attaqués  de  vers  cestoïdes  au 
rapport  de  0.  Fr.  Mùller  (Goeze  Nalurgesch.,  p.  22.  Cité  par  Rud.,  ouvr.  cit., 
p.  344). 

Russie.  —  Le  bolhriocéphale  est  endémique  en  Finlande  d'après  M-  Huss 
(cité  ci-dessus).  Erdmann  rapporte  que  le  bothriocéphale  est  très  commun  en 
Livonie,  aux  environs  de  Dorpat  et  de  Riga  ;  le  ténia  solium  y  est  d'impor- 
tation étrangère.  (Zeilschr.  fur  Nalurund  Heilkunde,  t.  V,  n"  1 ,  p.  160,  et  Bull, 
se.  méd.,  t.  XVI,  p.  65,  1829.)  «  Le  botriocéphale  large  est  endémique 
en  Russie,  en  Pologne,  en  Prusse  jusqu'à  la  Vistule  aussi  bien  qu'en  Suisse, 
dit  de  Siebold,  tandis  que  dans  les  autres  pays  de  l'Europe,  le  ténia  solium 
prend  sa  place  »  (art.  Parasites  du  Dictionnaire  de  physiologie  de  R.  Wagner, 
t.  II,  p.  652).  Récemment,  M.  Weisse  a  observé  plusieurs  cas  de  ténia  so- 
lium à  Saint-Pétersbourg. 

Suisse.  —  Le  bothriocéphale  paraît  généralement  répandu  en  Suisse,  à 
l'exception  de  quelques  localités  restreintes.  Leclerc  [ouvr.  cit.,  p.  121),  dans 
l'espace  de  quarante  ans,  n'a  vu  à  Genève  qu'un  seul  cas  de  ténia  solium; 
c'était  chez  une  femme  étrangère  au  pays.  Odier  signale  l'extrême  fréquence 
du  bothriocéphale  dans  cette  ville  (Méd.  pratique).  Guillaume  Fabricius 
(Leclerc,  p.  121)  a  vu  communément  ce  ver  à  Berne,  Herrenschwands  à 
Morat.  Bremser  (ouvr.  cit.,  p.  173)  l'a  vu  chez  une  fille  de  Glaris.  Un  ver 
cestoïde  que  Thaddseus  Dunus  a  vu  chez  une  jeune  femme  du  canton  de 
Zurich  (Leclerc,  ouvr.  cit.,  p.  124)  et  celui  que  Gaspard  Wolphius  a  vu  chez 
un  enfant  de  cette  ville  (cas  cité),  appartiennent  certainement  au  bothriocé- 
phale ;  cependant,  M .  Lebert  dit  :  «  Nous  avons  le  tœnia  solium  à  Zurich  et 
dans  une  bonne  partie  de  la  Suisse  orientale,  tandis  que  dans  la  Suisse  occi- 
dentale et  dans  le  canton  de  Vaud  surtout,  je  n'ai  observé  que  le  bothriocé- 
phale »  (Traité  d'anat.  pathologique  gén.  et  spéciale,  1. 1,  p.  408.  Paris,  1  857). 
Herrenschwands  n'a  vu  que  le  ténia  solium  à  Bâle  (Bonnet,  ouvr.  cit.,  t.  II, 
p.  69,  et  Van  Doeveren,  ouvr.  cit.,  p.  132). 

Ces  données  générales  souffrent  quelques  exceptions  locales  ou 
accidentelles,  et  l'on  observe  quelquefois,  par  suite  de  son  importa- 
tion de  l'étranger,  le  ténia  ou  le  bothriocéphale  dans  une  contrée 
qu'il  n'habite  pas  naturellement  :  ainsi,  nous  voyons  assez  fréiruern-- 
ment  à  Paris  le  bothriocéphale  chez  des  individus  venant  de  la 
Suisse  ou  des  départements  limitrophes  ;  ainsi  Bremser  et  Wawruch 


DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE   DU  TÉNIA   ET   DU   BOTHRIOCÊPHALE.     83 

ont  observé  ce  ver  à  Vienne  ,    Brera  à  Bologne,  et  Leclerc  a  vu  le 
ténia  solium  à  Genève. 

Le  ténia  et  le  bothriocéphale  sont  loin  d'être  répandus  avec 
quelque  uniformité  dans  les  contrées  que  nous  venons  d'énumérer  ; 
mais  les  observateurs  s'étant  bornés  à  signaler  leur  extrême  fré- 
quence sur  quelques  points,  leur  rareté  sur  d'autres,  nous  n'avons 
pas  de  documents  suffisants  pour  apprécier  leur  répartition  d'une 
manière  générale. 

En  France,  aucune  donnée  statistique  ne  nous  permet  d'apprécier 
la  proportion  du  ténia  par  rapport  au  nombre  des  habitants;  toute- 
fois nous  possédons  dans  le  rapport  des  médecins  militaires  sur  les 
cas  de  ténias  dans  l'armée,  un  document  précieux,  s'il  est  complet. 
Sept  cas  de  ce  ver  seulement,  dans  l'espace  de  huit  ans  (1840-1848), 
ont  été  signalés  dans  la  partie  de  l'armée  qui  séjournait  en  France, 
et  qu'on  peut  estimer  en  moyenne,  suivant  M.  Boudin,  à  deux  cent 
cinquante  mille  hommes  :  or,  l'armée  étant  disséminée  sur  toute  la 
surface  de  l'empire,  peut  donner,  jusqu'à  un  certain  point,  la  mesure 
de  la  fréquence  du  ténia  en  France.  Ce  serait  donc  moins  d'un  cas 
par  an  sur  250  000  individus.  En  supposant  la  vie  moyenne  de 
trente  ans,  il  y  aurait  en  France  un  individu  atteint  du  ténia  par 
8300  habitants  environ.  Cette  moyenne  est  certainement  trop  faible 
pour  Paris  ;  elle  pourrait  être  trop  forte  pour  d'autres  localités  :  un 
praticien  distingué  d'Agen,  le  docteur  Chaulet,  m'a  dit  n'avoir  traité 
que  deux  malades  du  ténia  dans  l'espace  de  vingt-  deux  ans  ;  d'un 
autre  côté,  aux  portes  de  la  France,  à  Liège,  le  docteur  Lombard 
dit  connaître  quarante  personnes  atteintes  de  ce  ver. 

Le  ténia  solium  est  commun  en  Angleterre,  si  l'on  en  juge  par  un 
relevé  que  nous  avons  fait  des  cas  consigés  dans  le  rapport  de  Bate- 
man  touchant  les  malades  traités  par  lui  à  Londres,  de  1804  à  1816. 
Le  nombre  de  ces  cas  a  été  de  vingt-sept  sur  14  685  malades,  c'est- 
à-dire  un  cas  de  ténia  sur  543  malades  (1). 

Le  bothriocéphale  est  tellement  commun  à  Genève,  qu'un  médecin 
célèbre  de  cette  ville,  Odier,  a  dit  :  «  Le  tcenia  lala  est  si  fréquent 

(1)  Thomas  Bateman,  Report  on  the  diseases  of  London  and  the  state  of  the 
weather  from  1804  to  1816.  London,  1819. 

De  1804  à  1810,  les  cas  de  ténia,  de  lombrics  ou  d'oxyures  ayant  été  le  plus 
souvent  confondus  ensemble  sous  le  nom  de  verminatio,  nous  n'avons  fait  partir 
notre  relevé  que  de  Tannée  1810  où  l'indication  est  devenue  plus  précise  et 
régulière. 


H.'l  AFFECTIONS    VEItMINEUSES    DES   VOIES    DIGESTIVES. 

chez  nous  qu'au  moins  le  quart  des  habitants  l'a,  l'a  eu  ou  l'aura  (1).» 
Ce  ver  est  également  très  commun  clans  les  contrées  baignées  par 
la  mer  Baltique  :  «  Dans  Biœrneborg  (ville  située  sur  le  golfe  de 
Bothnie),  dit  Rosen,  un  quart  des  habitants  en  est  incommodé. 
Selon  M.  Faxe,  le  ténia  (bothriocéphale)  se  manifeste  chez  les 
habitants  principalement  en  septembre  et  en  octobre;  or,  c'est  le 
temps  où  finit  la  pêche  (2).  »  D'après  les  recherches  de  M.  Huss, 
c'est  le  tœnia  lata  (bothriocéphale)  qui  existe  dans  ces  contrées.  «  Le 
ténia,  dit  ce  savant  médecin ,  est  endémique  sur  les  côtes  de  la 
province  de  Nordbotten,  confinée  à  la  Laponie.  A  mesure  qu'on 
s'éloigne  de  la  mer,  les  ténias  (bothriocéphales)  sont  moins  nom- 
breux, et  dans  l'intérieur  des  terres,  à  huit  ou  neuf  lieues  de  la 
côte,  on  n'en  trouve  plus  d'exemples.  Peut-être  parmi  les  familles 
qui  habitent  la  côte  n'en  trouverait-on  pas  une  seule  ou  plusieurs 
membres  ne  soient  atteints  de  cet  helminthe  ;  on  le  rencontre  chez 
les  riches  comme  chez  les  pauvres,  les  jeunes  comme  les  vieux  ; 
on  l'a  observé  même  chez  des  enfants  à  la  mamelle.  La  fréquence 
des  ténias  remonte  à  une  époque  très  reculée,  comme  l'indiquent 
les  traditions  populaires.  Le  ténia  (bothriocéphale)  est  endémique 
aussi  bien  en  Finlande  qu'en  Suède,  le  long  du  golfe  de  Bothnie; 

il  n'est  pas  moins  répandu  dans  la  Finnmark Les  individus 

qui  viennent  d'autres  contrées  se  fixer  dans  la  province  en  sont 

affectés   après   un  séjour  plus  ou  moins  long Les  médecins 

l'attribuent  à  la  nourriture  composée  exclusivement  de  poisson,  de 
lait  et  surtout  de  petit-lait.  Les  montagnards,  qui  se  nourrissent 
presque  exclusivement  de  viande,  en  sont  complètement  exempts  ; 
on  a  supposé  que  les  eaux  potables  n'étaient  pas  sans  influence. 

»  Le  tœnia  lata  s'observe  dans  d'autres  parties  de  la  Suède,  et  il 
est  remarquable  que  ce  soit  toujours  à  l'embouchure  des  fleuves, 
où  le  saumon  est  l'alimentation  principale ,  qu'on  le  rencontre  : 
ainsi,  dans  la  ville  de  Gefle,  où  ces  conditions  se  trouvent  réunies, 
un  habitant  sur  cinquante  au  moins  en  est  affecté  (3).  » 

Lever  dominant  à  Saint-Pétersbourg  est  aussi  le  bothriocéphale; 
il  y  était  tellement  commun  dans  le  siècle  dernier  que,  d'après  des 
renseignements  reçus  par  Gaubius  et  Winter,  sa  présence  y  consti- 
tuait la  maladie  la  plus  fréquente  (4).  Généralement,  dans  la  partie 

(1)  L.  Odier,  Manuel  de  médecine  pratique,  3e  éd.,  p.  222.  Genève,  1821. 

(2)  Rosen,  ouvr.cit.,  p.  376,  note. 

(3)  Huss,  Me'm.  cit. 

(4)  Van  Doeveren,  ouvr.  cit.,  p.  128. 


DISTRIBUTION   GÉOGRAPHIQUE   DU   TÉNIA  ET   DU    BOTHRIOCÉPHALE.    85 

de  l'Europe  qui  comprend  la  Russie  et  l'Allemagne,  le  bothriocéphale 
existe  à  l'est  de  la  Vistule  et  le  ténia  à  l'ouest  ;  toutefois,  le  premier 
de  ces  vers  se  trouve  encore  à  l'ouest  de  ce  fleuve  dans  des  contrées 
assez  voisines,  en  Poméranie  par  exemple,  pour  qu'on  ne  puisse 
admettre  avec  M.  de  Siebold  que  la  Vistule  forme  une  ligne  de  démar- 
cation très  tranchée  dans  le  domaine  de  l'un  et  de  l'autre  entozoaire. 

Asie.  —  L'existence  du  bothriocéphale  n'a  point  été  signalée  en 
Asie  d'une  manière  certaine  (1).  M.  G.  Balfour  assure  avoir  constaté 
souvent  cet  entozoaire  à  Londres  chez  des  orphelins  militaires  venus 
deCeylan  (2);  or,  comme  le  bothriocéphale  est  très  rare  à  Londres, 
il  est  à  croire  que  dans  ces  cas  le  ver  était  importé  de  Ceylan. 

Le  ténia  solium  existe  dans  un  grand  nombre  de  contrées  d'Asie 
et  probablement  dans  toutes  ;  comme  en  Europe,  il  est  plus  ou  moins 
commun  suivant  les  localités;  il  a  été  signalé  en  Syrie,  en  Arabie, 
dans  l'Inde.  D'après  le  docteur  Anderson,  le  ténia  est  très  commun 
chez  les  Européens  qui  servent  dans  le  Punjab,  ainsi  que  dans  la 
population  musulmane  de  cette  province,  et  chez  les  Hindous  qui 
font  usage  d'une  nourriture  animale  ;  tandis  que  ce  parasite  est  in- 
connu dans  plusieurs  régiments  d'insulaires,  chez  les  Hindous  cipayes 
et  chez  les  domestiques  qui  tous  font  usage  d'une  alimentation  exclu- 
sivement végétale  (3) . 

Parmi  les  soldats  cantonnés  àPeshawur,  le  ténia  est  très  commun, 
dit  le  docteur  Gordon  ;  on  estime  que  dans  les  deux  années  de  séjour 
du  régiment  un  homme  sur  trois  en  est  atteint  (4) .  D'un  autre  côté 
ce  ver  est,  dit-on,  inconnu  chez  les  Malais. 

A  Java,  d'après  Schmidtmùller,  le  ver  solitaire  est  commun  chez 
les  soldats  nègres  et  rare  chez  les  Européens. 

Afrique. — Le  bothriocéphale  est  inconnu  en  Afrique  (5)  ;  le  ténia 
paraît  au  contraire  généralement  répandu  sur  tout  ce  vaste  conti- 

(1)  Boudin,  Traité  de  Géographie  médicale,  t,  I,  p.  337. 

(2)  Bull,  de  thérapeutique,  t.  LIV,  p.  316.  Paris,  1858  (extrait  d'une  note  de 
M.  Hunsbry  sur  le  kamala). 

(3)  Même  note,  p.  17. 

(4)  Boudin,  ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  337. 

(5)  On  ne  peut  ajouter  aucune  foi  à  ce  que  l'on  rapporte  de  l'existence  du 
bothriocéphale  dans  l'Afrique  centrale.  Voici  comment  en  parle  Diesing  :  «  Ejusdem 
in  Africa  ccntrali  apud  Tumalos  proventus  (quibus  Ndàk'-n  audit,  teste  Djalo 
Djodan  Are,  apud  Tutschek)  magna  nounisi  cum  ha'sitatione  veri  existimandus.  » 
(Diesing,  op.  cit.,  t.  I,  p.  586.) 


86  AFFECTIONS  VF.liMINF.USF.S   DFS   VOIES   DIGEÈTIVEg. 

nent .  "  Hasselquist  dit  dans  son  7  '•àyngè  en  Palestine,  que  le  ténia  est 
très  commun  en  Egypte  et  qu'au  Caire  le  quart  des  habitants,  sur- 
tout les  juifs,  en  sont  très tourmentés  (1).  » 

Nous  verrons  ci-après  que  presque  tous  les  Abyssins  sont  affectés 
du  ténia.  Ce  ver  a  été  signalé  au  cap  de  Bonne -Espérance  par 
Hodgkin  (2)  et  Kùchenmeister  (3)  ;  au  Sénégal  par  Montgomery- 
Martin  (4)  ;  dans  l'Afrique  centrale,  au  royaume  de  Tumale,  il  existe 
mais  plus  rarement,  d'après  le  rapport  de  Tutschek  (5).  Il  a  été  très 
souvent  observé  en  Algérie  par  les  médecins  militaires  français. 

De  1840  au  1er  avril  1846,  il  y  eut  dans  l'armée  d'Algérie  34  cas 
de  ténia,  savoir  : 

Province  d'Alger 18 

—  d'Oran 7 

—  de  Constantine 9 

D'après  les  rapports  des  médecins  militaires,  on  a  signalé  dans 
l'armée  française,  de  1840  au  31  mars  1848,  soixante  et  onze  cas 
de  ténia,  savoir  : 

En  France 7 

En  Algérie 64 

••  Or,  dit  M.  Boudin,  en  admettant  que  pendant  la  période  dont  il 
s'agit,  l'armée  d'Afrique  ait  été  constamment  de  100  000  hommes, 
l'armée  de  l'intérieur  seulement  de  250  000  hommes,  on  trouve 
que  le  ténia  s'est  montré  23  fois  plus  fréquent  en  Algérie  qu'en 
France  (6).  » 

(1)  Hasselquist,  Reise  nach  Palàstina,  S87-590,  cité  par  Rosen,  p.  428,  et  Rud., 
Ent.  hisl.,  t.  I,  p.  243. 

Primer  n'est  pas  d'accord  avec  Hasselquist  :  «  Le  tœnia  lala  n'est  pas  endémique 
en  Egypte,  dit-il,  mais  bien  dans  les  montagnes  de  Syrie,  dans  les  environs  d'Alep, 
dans  la  montagne  Assyre,  en  Arabie,  en  Abyssinie  et  dans  les  pays  des  nègres. 
On  ouvre  peu  de  cadavres  de  nègres  sans  y  trouver  de  ténias.  >>  (Pruner,  ouv.  cit., 
p.  245.)  On  doit  prendre  pour  le  ténia  solium  ce  que  Pruner  dit  du  ténia  lata, 
car  il  est  généralement  reconnu  que  c'est  le  ténia  solium  qui  règne  dans  les  pays 
dont  parle  Pruner;  il  est  également  reconnu  qne  ce  ver  est  très  commun  chez  les 
Égyptiens. 

(2)  Hodgkin,  dans  Schmidt's  Jahrbiicher  der  gesammt.  Mediz.,  p.  179, 1845,  cité 
par  Boudin,  t.  I,  p,  336. 

(3)  F.  Kùchenmeister,  Die  in  und  an  demKorper  des  lebenden  Menschen  vorkom- 
menden  Parasiten,  p.  93.  Leipzig,  1855. 

.    (4)  Mém.  cit. 

(5)  «  Tumale  in  Africa  centrali  rarius,  teste  Djalo  Djondam  Are  apud  Tutschek  : 
Medic.  Zuslande  in  Tumale.  Mûnchen,  1845,  15.  »  Cité  par  Diesing,  t.  I,  p.  516, 

(6)  Boudin,  ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  338. 


CONDITIONS  DE   LA   PROPAGATION  DES    CESTOÏDES    DE  L'iIOMME.    87 

«  A  l'Ile  de  France,  le  ténia  est  extrêmement  commun,  dit 
Chapotin,  surtout  chez  les  noirs  ;  des  enfants  très  jeunes,  même  des 
hommes  qui  se  nourrissent  bien  en  sont  affectés,  quoique  plus  rare- 
ment (1).  » 

Amérique.  —  L'existence  dubothriocéphale  n'a  point  été  signalée 
dans  l'Amérique  méridionale  ;  le  ténia  solium  s'y  trouve  au  contraire 
très  communément.  Au  Brésil,  d'après  M.  Sigaud,  il  affecte  surtout 
la  race  noire.  Il  est  plus  commun  chez  les  négresses  que  chez  les 
nègres  (2). 

«  Le  bothriocéphale  est  très  rare  aux  États-Uunis,  m'écrit  M.  le 
docteur  Shattuck,  médecin  distingué  de  Boston  ;  les  médecins  que 
j'ai  interrogés  à  ce  sujet  m'ont  dit  n'avoir  jamais  rencontré  ce  ver 
chez  des  individus  qui  avaient  toujours  habité  le  pays;  le  ténia,  au 
contraire,  s'y  voit  très  fréquemment.  » 

M.  J.  Leidy,  dans  le  Synopsis  des  entozuaires  observés  par  lui- 
même  aux  États-Unis,  ne  donne  pas  le  bothriocéphale  de  l'homme  (3).' 
Dans  le  catalogue  du  musée  de  Boston,  il  ne  se  trouve  que  deux 
spécimens  du  bothriocéphale  :  l'un  provient  d'un  Anglais,  l'autre 
d'un  enfant  âgé  de  dix-neuf  mois,  qui  avait  été  sevré  à  six  mois  ;  cet 
enfant  rendit  son  ver  entier  et  spontanément,  sans  avoir  éprouvé 
dans  sa  santé  aucune  altération  qui  eût  fait  soupçonner  la  présence 
du  parasite  ;  on  ne  dit  pas  que  cet  enfant  fût  étranger  au  pays  (4). 

En  résumé,  le  ténia  paraît  universellement  répandu  sur  la  surface 
du  globe  ;  le  bothriocéphale  n'existe  que  dans  des  régions  déterminées 
et  relativement  assez  restreintes. 


CHAPITRE  III. 

CONDITIONS   DE   LA   PROPAGATION   DES  CESTOÏDES   DE   L'HOMME. 

On  a  fait  depuis  longtemps  la  remarque  que  les  contrées  dans  les- 
quelles le  bothriocéphale  est  endémique  avoisinent  la  mer,  des  lacs 

(1)  Ch.  Chapotin,  Topographie  médicale  de  l'Ile  de  France,  p.  1 45.  Paris,  1812. 

(2)  J.-F.  Sigaud,  Bu  climat  et  des  maladies  du  Brésil,  p.  133  et  428.  Paris,  1844. 

(3)  Synopsis  of  entozoa  and  some  of  their  ecto-congeners  observed  by  the  author. 
by  Joseph  Leidy.  Philadelphia,  1856. 

(4)  A  descript.  catalogue  of  the  anatomical  Muséum  of  the  Boston  Society,  by 
J.-B.  Jackson,  nos  901  et  903.  Boston,  1847. 


88  AFFECTIONS  VEHMINEIJSÉS   IlliS  VOIES  1MCEST1YES. 

ou  des  fleuves.  11  était  naturel  de  chercher  clans  quelque  condition 
commune  à  ces  diverses  contrées  la  cause  de  l'existence  et  de  la  fré- 
quence du  bothriocéphale  ;  on  a  cru  la  trouver  dans  le  régime  de 
poisson  dont  usent  largement  leurs  habitants  ;  mais  les  arguments 
n'ont  pas  manqué  pour  infirmer  cette  manière  de  voir  (1)  ;  toutefois, 
comme  il  y  a  une  relation  évidente  entre  l'existence  du  bothriocé- 
phale et  la  situation  particulière  des  contrées  où  il  existe  ;  comme  le 
saumon  et  la  truite  sont  propres  à  la  mer,  aux  lacs  ou  aux  fleuves  de 
ces  diverses  contrées,  en  cessant  d'attribuer  les  causes  du  botriocé- 
phale  aux  poissons  en  général  dont  se  nourrissent  les  habitants,  c'est 
au  saumon  et  à  la  truite  qu'on  les  attribua.  Un  fait  encore  venait  à 
l'appui  de  cette  opinion  :  il  existe  communément  dans  ces  poissons 
des  bothriocéphales  qui,  bien  que  spécifiquement  différents  de  celui 
de  l'homme,  sont  toutefois  encore  mal  déterminés;  mais,  malgré  ces 
considérations,  l'opinion  très  répandue  aujourd'hui,  qui  attribue  la 
cause  du  bothriocéphale  large  à  la  présence  du  saumon  et  des  truites 
dans  les  contrées  où  ce  ver  cestoïde  existe  chez  l'homme,  ne  peut 
se  soutenir  devant  ce  fait  que  le  bothriocéphale  large  est  très  rare  et 
même  n'existe  pas  dans  des  pays  ou  la  truite  et  le  saumon  sont  très 
communs  :  tel  est  le  Danemark  où,  d'après  Mùller,  l'on  ne  verrait  pas 
de  gens  affectés  de  vers  cestoïdes  [tœniosos],  tels  sont  l'Angle- 
terre (2),  l'Irlande  et  les  États-Unis,  pays  dans  lesquels  le  saumon 
et  la  truite  entrent  pour  une  part  très  notable  dans  l'alimentation  du 
peuple. 

(1)  Voyez  à  ce  sujet  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  346. 

(2)  Une  observation  de  botriocéphale  manifestement  développé  à  Londres  a 
paru  mériter  une  attention  particulière:  il  s'agissait  d'une  petite  fille  sevrée  à 
douze  mois,  et  qui  était  devenue  très  malade  à  l'âge  de  dix-huit  mois;  elle  avait 
évacué  alors  et  elle  évacua  plusieurs  fois  depuis  de  longues  portions  de  bothriocéphale. 
Elle  fut  débarrassée  complètement  de  son  ver  par  l'huile  de  fougère  mâle.  Le  doc- 
teur Withey  Gull,  qui  traita  cet  enfant,  se  livra  à  des  investigations  soigneuses 
pour  reconnaître  l'origine  de  ce  ver,  et  sa  conclusion  fut  que  la  malade  ne  pouvait 
l'avoir  pris  qu'en  Angleterre.  A  cette  occasion,  M.  Owen  rapporta  à  l'auteur  qu'à 
Londres,  dans  la  collection  d'un  médecin  très  connu  pour  s'occuper  spécialement 
des  vers  (Collection  made  by  a  celebrated  ivorm-doctor  in  Long-Acre),  il  ne  trouva 
que  trois  bothriocéphales  :  deux  provenaient  d'individus  qui  avaient  voyagé  en 
Suisse  ;  on  n'avait  point  de  renseignements  sur  le  troisième.  D'après  ce  fait  et  les 
considérations  qui  l'accompagnent,  on  peut  conclure  que  les  médecins  anglais  con- 
sidèrent le  bothriocéphale  comme  étranger  à  leur  pays.  (  Bolhriocephalus  Mus 
occurring  in  an  english  child,  by  Dr  W.  Withey  Gull.  The  child  vias  admitted  into 
the  children's  ward,  on  the  20"1  feb,  1852.)  —  The  Lancet,  Aug.  14,  p.  148, 
1832. 


CONDITIONS  DE   LA  PROPAGATION   D!£S   CESTOÏDES   DE   L'HOMME.    89 

La  présence  du  bothriocéphale  dans  des  contrées  déterminées, 
celle  du  ténia  dans  les  contrées  les  plus  diverses,  au  bord  de  la  mer 
comme  au  centre  des  continents,  dans  des  déserts  arides,  sous 
toutes  les  latitudes,  et  par  des  altitudes  diverses,  témoigne  d'une 
différence  profonde  dans  le  mode  ou  les  moyens  de  propagation  de 
ces  deux  vers  cestoïdes. 

On  a  toute  raison  de  croire  que  la  transmission  et  la  propagation 
du  ténia  solium  se  fait  dans  des  circonstances  particulières  d'alimen- 
tation. Il  y  a  longtemps  (1804)  qu'un  helminthologiste  français, 
Fortassin,  enlevé  jeune  à  la  science,  a  fait  l'observation  «  que  ceux 
qui  sont  occupés  à  des  préparations  de  matières  animales  fraîches 
ont  plus  souvent  le  ténia  que  ceux  qui  ont  une  autre  profes- 
sion (1).  >.•  Ce  fait  trouve  en  quelque  sorte  une  confirmation  dans  les 
remarques  suivantes  du  docteur  Deslandes  :  »  Je  consignerai  ici,  dit 
ce  médecin,  à  propos  d  une  femme  atteinte  du  ténia,  une  remarque 
trop  singulière  pour  que  je  l'omette.  Madame  Saint-Aubin  était 
charcutière;  le  mari  de  cette  dame  a  rendu,  à  diverses  époques,  de 
longues  portions  de  ténia;  le  sujet  d'une  autre  observation,  que  j'ai 
lue  à  l'Athénée  et  qui  a  été  insérée  clans  son  Bulletin  de  novembre 
1824,  était  aussi  charcutier.  Ces  personnes  connaissent  et  m'ont 
cité  un  certain  nombre  d'individus  de  la  même  profession  qui  sont 
affectés  du  ténia;  on  m'en  a,  d'autre  part,  désigné  plusieurs  autres. 
L'opinion  existe  parmi  les  charcutiers  qu'ils  sont,  ainsi  que  les  bou- 
chers, très  sujets  au  ver  solitaire.  On  ne  s'attend  pas  sans  doute  à 
ce  que  je  recherche  les  rapports  entre  leur  profession  et  le  dévelop- 
pement du  ténia,  rapports  qui  sont  peut-être  purement  fortuits  (2).  » 

Le  docteur  Merk  (de  Ravensburg)  a  signalé  aussi  la  fréquence  du 
ténia  chez  les  charcutiers  (3).  Sur  les  deux  cent  six  malades  traités 
par  M.  Wawruch,  plus  d'un  quart  appartenait  à  la  profession  de 
cuisinier;  enfin,  nous  avons  rapporté  que  dans  l'Inde  les  individus  de 
certaine  caste,  usant  d'une  alimentation  exclusivement  végétale,  ne 
sont  point  atteints  du  ténia  qui  est  cependant  très  commun  autour 
d'eux.  Ces  considérations  n'ont  pas  grande  importance  par  elles- 
mêmes,  sans  doute,  dans  la  question  qui  nous  occupe,  mais  elles  ne 
sont  pas  sans  intérêt  étant  rapprochées  des  suivantes  : 

(1)  L.  Fortassin,  Considérations  sur  l'histoire  nat.  médic.  des  vers  du  corps  de 
Vhonrne,  p.  34,  Thèse  de  Paris,  an  XII,  1804. 

(2)  Deslandes,  Observation  sur  l'emploi  de  l'écorce  de  racine  de  grenadier  contre 
le  ténia  (Nouv.  Biblioth.  med.,  t.  IX,  p.  76,  I82S). 

(3)  Arck.  gcn.  demcd.,  3e  série,  t.  X,  p.  96.  Paris,  1841. 


90  affections  vi:i!MiM;isr..s  des  VOIES  dkjkstives. 

Le  ténia  solium,  cQmrae  chacun  sait,  est  extrêmement  commun 
en  Abyssinie  :  M.  Rochet  cl'Héricourt  rapporte  que  tous  les  Abys- 
sins sont  affectés  de  ce  ver  (1).  »  On  peut  juger  si  l'infirmité  du  ténia 
est  générale  dans  le  pays,  disent  MM.  Ferret  et  Galinier.  Les  Abys- 
sins le  regardent  comme  une  incommodité  inhérente  à  une  bonne 
constitution.  Hommes  et  femmes,  depuis  l'âge  de  six  ou  sept  ans, 
tous  les  Abyssins  sans  exception,  sont  infectés  du  ténia.  Mainte- 
nant d'où  vient  ce  mal  ?  quelques  voyageurs  en  voient  la  cause  dans 
la  qualité  des  eaux,  d'autres  accusent  l'usage  de  la  viande  crue,  de 
ce  broundou  qui  est  le  mets  le  plus  recherché  des  Abyssins  (2).  »  Cette 
dernière  opinion  était  celle  de  J.  Bruce  qui  l'appuie  sur  les  raisons 
suivantes  :  ■•  Quelques  personnes  croient  que  c'est  à  l'usage  du  leff 
(graine  dont  on  fait  du  pain)  qu'on  doit  attribuer  cette  maladie  vermi- 
naire  dont  j'ai  parlé  dans  l'article  Cusso  ;  mais  je  pense  autrement, 
car  les  Gibbertis,  ou  les  mahométans  qui  vivent  en  Abyssinie,  man- 
gent tout  autant  de  teff'qae  les  chrétiens  et  n'ont  jamais  de  vers.  Je 
crois  plutôt,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  que  cette  maladie  vient  de  l'habi- 
tude de  manger  la  viande  crue  dont  les  seuls  mahométans  ont  grand 
soin  de  s'abstenir  (3).  »  Un  médecin  qui  a  séjourné  en  Abyssinie, 
M.  Louis  Aubert,  dans  un  Mémoire  publié  par  l'Académie  de  méde- 
cine (1841),  s'exprime  de  la  même  manière  sur  les  causes  du  ténia 
chez  les  Abyssins.  Comme  Bruce,  il  attribue  la  fréquence  du  ver 
solitaire  à  l'usage  de  la  viande  crue,  et,  comme  le  célèbre  voyageur, 
il  signale  l'absence  de  ce  ver  chez  les  habitants  qui  suivent  la  reli- 
gion de  Mahomet  et  qui  mangent  la  viande  cuite;  il  rapporte,  en 
outre,  quelques  observations  de  ténias  chez  des  Européens  habitant 
l'Abyssinie,  qui  confirment  ses  vues  (4). 

(1)  Rochet  d'Héricourt,  Second  voyage  sur  les  deux  rives  de  la  mer  Rouge. 
Paris,  1846. 

(2)  Ferret  et  Galinier,  Voyage  en  Abyssinie,  t.  II,  p.  109.  Paris,  1847. 

(3)  James  Bruce,  Voyage  en  Nubie,  en  Abyssinie,  etc.,  pendant  les  années  1768- 
1773,  trad.  de  l'anglais,  t.  IX,  p.  167.  Paris,  1791. 

(4)«  Les  musulmans  ont  laviaude  crue  en  horreur;  seuls  parmi  les  habeschs  ils 
n'en  mangent  pas,  et  seuls  ils  sont  exempts  de  ténia,  tandis  qu'ils  mangent  du 
pain  de  teff.  Pour  appuyer  ce  fait,  je  citerai  tous  les  blancs  (dans  ce  pays  on  ne 
distingue  que  la  couleur)  que  j'ai  connus.  Beaucoup  ont  eu  le  ténia,  mais  aussi 
beaucoup  en  ont  été  exempts;  ce  sout  ceux  qui  n'ont  pas  mangé  de  viande  crue  et 
qui  ont  continué  à  vivre  à  l'européenne  le  plus  possible.  L'épreuve  et  la  contre- 
épreuve  de  l'inlluence  de  la  nourriture  sur  la  production  du  ténia  a  même  été  faite 
par  un  missionnaire  protestant  nommé  Gobât.  Dans  un  premier  voyage,  comme  il 
vivait  à  l'abyssinienne,  il  a  contracté  le  ténia  dont  il  ne  put  se  débarrasser  en 
Europe.  De  retour  en  Abyssinie  pour  sa  mission  et  avec  une  jeune  femme,  il  se 


CONDITIONS   DE   LA   PROPAGATION    DES   CESTOÏDES   DE  L'HOMME.    91 

Dans  un  pays  du  Nord  où  le  bolhriocéphale  règne  à  l'exclusion  du 
ténia  solium  ,  un  fait  intéressant  s'est  produit  depuis  quelques 
années  :  pour  guérir  une  dysenterie  généralement  mortelle,  qui  sévit 
sur  les  enfants  à  Saint-Pétersbourg,  un  médecin  éminent  de  cette 
ville,  M.  Weisse,  a  eu  l'heureuse  inspiration  de  nourrir  ces  petits 
malades  de  viande  de  bœuf  crue.  Grâce  à  ce  mode  d'alimentation, 
ces  malades  guérissent  généralement  ;  mais  on  n'a  pas  tardé  à  s'aper- 
cevoir que  plusieurs  de  ces  petits  enfants  avaient  contracté  le  ténia 
solium  (1). 

débarrassa  du  ver  par  le  cousso,  vécut  à  l'européenne  et  depuis  ne  l'a  plus  ressenti. 
Trois  autres  missionnaires,  une  femme  et  deux  Allemands,  vivant  à  l'européenne, 
ont  été  exempts  de  cette  affection,  ainsi  qu'un  Arménien  qui  habitait  le  pays  depuis 
douze  ans.  Au  contraire,  deux  Européens,  deux  Grecs,  un  Arménien,  mon  com- 
pagnon de  voyage  et  moi  qui  vivions  à  l'abyssinienne,  nous  avons  eu  tous  le  ténia.  » 
(^Mémoire  sur  les  substances  anthelminthiques  usitées  en  Abyssinie,  par  M.  L.  Aubert, 
dans  Mém.  de  l'Acad.  roy.  de  méd.,  t.  IX,  p.  698.  Paris,  1841.) 

Il  importe  de  remarquer  que  M.  Aubert,  comme  Bruce,  dit  que  les  Abyssins 
mangent  de  \&viande  crue,  sans  spécification,  ce  qui  ne  peut  s'entendre  que  de  la 
viande  de  boucherie,  c'est-à-dire  celle  du  bœuf  et  du  mouton.  Cependant  MM.  Gervais 
et  Van  Beneden  disent,  en  parlant  de  M.  Aubert  :  «  Ce  médecin  attribue  la  fré- 
quence de  ce  ver  à  ce  que  les  Abyssins  catholiques  mangent  non-seulement  de  la 
viande  cuite,  mais  aussi  de  la  viande  crue,  et  que  cette  viande  est  celle  de  porc.  » 
(Ouv.  cit.,  t.  II,  p.  257.)  MM.  Gervais  et  Van  Beneden  ont  fait  cette  citation  d'après 
des  souvenirs  infidèles,  car  dans  aucun  passage  de  son  mémoire,  M.  Aubert  ne  parle 
de  viande  de  porc.  Dans  la  description  d'un  repas  auxquels  MM.  Ferret  et  Galinier 
ont  assisté,  ces  voyageurs  parlent  du  bœuf  et  du  mouton  qu'on  leur  servit,  mais  il 
n'est  pas  question  de  porc  :  «  En  entrant  dans  l'enceinte  de  la  demeure  (de  Ato- 
Réma),  nous  vîmes  qu'il  s'apprêtait  à  nous  bien  recevoir.  Deux  bœufs  énormes 
étaient  là  encore  vivants;  mais  on  n'attendait  que  notre  venue  pour  les  immoler... 
on  apporte  le  broundou,  le  mets  favori  des  Abyssins  qui  n'est  autre  chose  que  la 
viande  crue;  nous  allions  écrire  la  viande  vivante,  car  elle  est  chaude,  car  elle 
fume  encore  et  celui  qui  la  mange  la  seut  palpiter  et  tressaillir  entre  ses  doigts. 
Les  deux  bœufs  venaient  d'être  abattus,  éventrés,  découpés  dans  leur  sang...  » 
(Ferret  et  Galinier,  ouvr.  cite',  t.  II,  p.  172  et  suiv.) 

On  voit  ici  que  le  broundou  auquel,  disent  MM.  Ferret  et  Galinier,  les  voyageurs 
attribuent  la  fréquence  du  ténia  chez  les  Abyssins,  est  la  viande  du  bœuf  crue  et 
non  celle  du  porc. 

(1)  M.  Weisse  a  bien  voulu  me  donner  les  renseignements  suivants  :  «  Cher 
monsieur,  il  y  a  dix-sept  ans  que  j'ai  recommandé  pour  la  première  fois  la  viande 
crue  comme  un  remède  presque  infaillible  contre  la  diarrhée  des  enfants  sevrés 
(diarrhœa  ablactatorum).  L'emploi  de  ce  médicament  s'est  répandu  peu  à  peu  chez 
nous,  eu  Allemagne,  en  France  et  en  Angleterre;  et  partout  on  a  vanté  son  utilité. 
Cependant  plusieurs  médecins  à  Saint-Pétersbourg,  avaient  observé  qu'après  l'em- 
ploi de  la  viande  crue,  il  se  montre  le  ver  solitaire  chez  des  enfants  guéris  par  ce 
moyen.  Mais  tous  ces  collègues  disaient  que  c'était  le  tœnia  solium,  l'espèce  qui 


92  AFFECTIONS   VEBMI'REUSES   DES   VOIES   DIGESTIVES 

Ainsi,  dans  une  contrée  dont  les  habitants  sont  généralement 
atteints  du  ténia,  ceux-là  seuls  qui  s'abstiennent  de  viande  crue  sont 
exempts  du  ver  solitaire;  dans  une  autre  contrée,  dont  les  habitants 
sont  généralement  exempts  du  ténia,  ceux-là  seuls  qui  mangent  de 
la  viande  crue  contractent  ce  ver,  et  ce  sont  de  jeunes  enfants  chez 
lesquels  le  ver  solitaire  est  si  rare. 

Le  rapprochement  de  ces  faits  ne  permet  pas  de  méconnaître  l'in- 
fluence du  régime  sur  la  production  du  ténia,  et  l'on  est  porté  à 
conclure  que  la  chair  du  bœuf  renferme  le  germe  du  ténia  solium. 
Ce  germe  est-il,  comme  le  disent  généralement  les  helminthologistes 
de  notre  époque,  un  C3'sticerque  ladrique?  Nous  examinerons  cette 
question  à  propos  de  l'histoire  naturelle  du  ténia;  nous  nous  borne- 

n'existe  pas  chez  nous  comme  indigène  ;  nous  avons  ordinairement  chez  nos  ma- 
lades le  bothriocephalus  latus.  Et,  en  effet,  je  me  suis  assuré  dans  six  de  ces  cas, 
par  l'examen  de  ces  vers,  de  la  vérité  de  leur  assertion. 

»  A  peine  de  retour  de  mon  dernier  voyage,  j'ai  eu  l'occasion  de  confirmer  ce 
fait  intéressant  dans  deux  nouveaux  cas  :  l°,on  m'a  apporté  quelques  morceaux  d'un 
tœnia  solium  évacués  par  un  enfant  de  deux  ans,  à  qui  j'avais  recommandé,  il  y  a 
huit  mois,  l'emploi  de  la  viande  crue.  Il  est  à  remarquer  que  dans  ce  cas  le  mé- 
decin ordinaire  avait  averti  les  parents  de  l'apparition  possible  du  ver  solitaire  ; 
2°  une  dame,  arrivée  de  Pleskov  à  Saint-Pétersbourg,  m'a  consulté  pour  sa  fille, 
âgée  de  quatre  ans,  incommodée  depuis  deux  ans  par  ce  ver.  En  prenant  des  infor- 
mations sur  le  passé,  j'ai  appris  que  l'enfant  avait  consommé  beaucoup  de  viande 
crue  pour  une  diarrhée  qui  s'était  manifestée  à  l'époque  du  sevrage.  Quelques  jours 
après,  on  m'a  apporté  plusieurs  morceaux  du  ver,  et  j'ai  reconnu  derechef  le  tœnia 
solium. 

»  A  la  fin  de  ma  lecture  à  Bonn,  qui  a  été  très  bien  accueillie,  M.  le  professeur 
Woutzer  s'est  approché  de  moi  en  m'invilant  à  venir  voir  sa  fille  guérie  par  l'em- 
ploi de  la  viande  crue.  Chez  cette  petite  fille  s'est  montré  aussi  le  tœnia  solium 
quelque  temps  après  la  guérisou.  Le  ver  est  conservé  à  l'amphithéâtre  anatomique 
de  Bonn. 

»  M.  le  professeur  Charles  de  Siebold  a  fait  mention  de  ces  faits  dans  son  Traité 
sur  le  ver  solitaire  (Leipz.,  1854).  Il  s'exprime  dans  les  termes  suivants  :  «  C'est 
m  pourquoi  il  ne  faut  pas  s'étonner  si  des  médecins  rapportent  que  le  ver  solitaire 
»  s'est  montré  après  uue  cure  par  la  viande  crue.  La  circonstance  qu'on  a  dans  ces 
»  cas  toujours  trouvé  le  tœnia  solium  soutient  justement  l'opinion  que  cette  espèce 
»  de  ver  solitaire,  extrêmement  rare  à  Saint-Pétersbourg,  est  importée  par  les  bêtes 
»  de  boucherie  (souvent  sans  doute  bourgeonnées),  qui  viennent  des  contrées  où  le 
»  tœnia  solium  seul  est  indigène,  et  que  son  scolex  se  couve  dans  l'intérieur  des 
»  malades  traités  par  la  viande  crue.  » 

«  N.  B.  Les  bêles  à  cornes  consommées  dans  notre  capitale  viennent  en  plus 

grande  partie  de  la  Podolie. 

»  Agréez,  etc. 

a  Saint-Pélersbourg,  31/19  jany.  1858.  » 


CHEZ  L'HOMME.  —  TÉNIA  SOLIUM.  93 

rons  ici  à  quelques  remarques  desquelles  il  nous  semble  résulter  que 
la  question  est  moins  avancée  qu'on  ne  le  croit.  La  théorie  des 
générations  alternantes  a  jeté  une  vive  lumière  sur  les  moyens  de 
transmission  et  de  propagation  de  plusieurs  vers  intestinaux;  elle  a 
été  accueillie  avec  une  grande  faveur  et  chacun  s'est  empressé  d'ap- 
porter des  faits  à  son  appui;  mais  peu  d'hommes  ont  examiné  la 
valeur  de  ces  faits,  en  sorte  que  dans  des  cas  particuliers,  l'on  a 
admis  trop  facilement,  sans  doute,  des  preuves  fort  contestables. 

Le  cysticerque  du  tissu  cellulaire  ou  ladrique  qui,  dit-on,  se 
développe  en  ténia  solium  dans  l'intestin  de  l'homme,  est  très  com- 
mun chez  le  porc,  mais  il  est  inconnu  chez  le  bœuf. 

M.  Virchow  fait  observer  que  le  cysticerque  ladrique  est  commun 
à  Berlin  et  le  ténia  également  (1)  ;  mais  à  Vienne  aussi  le  ténia 
solium  est  très  commun  :  cependant,  si  l'on  s'en  rapporte  aux  re- 
cherches de  Bremser,  le  cysticerque  ladrique  y  est  très  rare  (2). 

On  a  fait  observer,  avec  quelque  complaisance,  que  parmi  les 
deux  cent  six  malades  du  ténia  traités  à  Vienne  par  M.  Wawruch, 
il  n'y  avait  pas  de  juif;  mais  Hasselquist  rapporte  qu'au  Caire  le 
ténia,  qui  attaque  le  quart  de  la  population,  est  surtout  commun  chez 
les  juifs.  Vallisnieri  dit  avoir  vu  plusieurs  femmes  de  cette  nation 
atteintes  du  ver  solitaire. 

Concluons  donc  que  si  la  chair  du  bœuf  qui  ne  contient  pas  le 
cysticerque  ladrique  propage  le  ténia;  que  si  ce  dernier  ver  se 
développe  chez  des  individus  qui  ne  mangent  pas  la  viande  du  porc, 
le  cysticerque  ladrique  n'est  point  le  scolex  ou  la  tête  du  ténia  so- 
lium, ou,  tout  au  moins,  que  le  ténia  solium  possède  un  autre  mode 
encore  de  propagation. 


CHAPITRE  IV. 

ténia  solium  (Synopsis,  n°  14). 

DÉNOMINATIONS. 
ËXu.w;  ■kXv.tv.x ,  Hippocrate,  Aristole,  Théophraste,  Oribase,  AI.  de  Tralles. 
Taivîa,  Galion. 

Ksipia,  Kïipîa,  Erotianus,  Galien. 
Lumbricus  Mus,  Celse,  Foës  in  Hip.,  Aétius  trad.,  Paul  d'Egine  trad.,  etc.,  Ga- 

bucinus,  Mercurialis,  Spigel,  Sennert,  Tyson,  etc. 

(i)  R.  Virchow,  Notices helminlhologiques  (Arch.  fiirpathol.  Anal.,  et  Gas.  mêd. 
Paris,  p.  443,  1858). 

(2)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  289. 


M  AFFECTIONS  VERMINLUSKS  DES  VOIES  ffiGÊSTlVES 

Lumbrietts  longUS,  Avirennc. 

L.  longvs  et  latUS,  Arnauld  <Ji'  Villeneuve.  —  L.  long  et  large,  Ambr.  Paré. 

Tœnia,  tinea,  l'iine,  Scribooius  Largus.  Marcellua  Empir.  —  Tinia,  Malpighi. 

Tinea  lala,  Acluarius  trad.  —  Tenta  lata,  Primer. 

Tœnia  (secundo),  Plater.  —  Tœnia  de  la  seconde  espèce,  Van  Doeveren  (p.  174). 

Tœnia  degener,  Spigel. 

Tœnia  de  la  première  espèce,  tœnia  sans  épine,  Andry. 

Tœnia  à  longues  articulations,  Ch.  Bonnet,  Van  Doeveren,  Cuvier. 

Tœnia  cucurbilina,  Pallas,  Bloch,  Goeze,  etc.  —  T.  cucurlitin,  De  Lamarck, 

Ténia  artnala  umana,  Brera,  délie  Chiajc.  —  Ténia  armé,  les  médecins  français 

au  commencement  du  xixe  siècle. 
Tœnia  solium,  Linné,  (dénomination  généralement  usitée  aujourd'hui). 
Solium  ou  cingvAum,  Arnauld  de  Villeneuve. 

Le  ver  solitaire,  Andry,  Van  Doeveren,  Bloch,  etc.  (nom  vulgaire  français). 
Vermis  cucurbilinus,  Plater.  —  Vermi  cucurbitini,  calena  de  cucurbilin,  Vallisneri. 

Noms  vulgaires. 
En  Allemagne,  der  Kellenwurm,  der  Kurbisbandwurm,  Bandwurm. 
En  Angleterre,  Tape  worm. 
En  Flandre,  Linlworm. 
A  Tumale,  Afrique  centrale,  Ling  ditg  (Tutschek). 

Anneaux  libres. 
Cucurbitini,  Arnauld  de  Villeneuve,  Abano,   Gordon,  Sérapion  ,   Sillanus,  Ma- 

nard,  etc. 
Lali,  Pierre  de  Abano,  Aviceune. 

Curti  lati,  Bern.  Gordon,  Sillanus.  —  Lali  parvi,  Sérapion. 
Brèves  et  lali,  Arnauld  de  Villeneuve. 
Buffones,  Pierre  de  Abauo. 
Ascarides,  Bern.  Gordon,  Pierre  de  Abano,  Avicenne,  Sérapion,  Sillanus,  Manard. 

St.  Coulet,  etc. 
Cucurbilins,  cucurbitaires,  noms  vulgaires  français,  —  Kiïrbiswurmer  en  allemand. 
Proglotlis,  moderne. 

Séjour  du  ténia  (autopsies).  —  Nombre.  —  Age.  —  Sexe.  —  Hérédité.  — Épidé- 
mies. —  Expulsion  par  l'anus,  par  la  bouche.  —  Durée;  succession  de  deux 
ténias.  —Phénomènes  chez  l'adulte,  chez  l'enfant.  —  Symptômes.  —  Gravité.  — 
Observations:  attaques  épileptiformes;  tremblements  périodiques;  accidents 
singuliers;  faim  extraordinaire;  toux  rebelle;  troubles  des  sens. —  Diagnostic. 
—  Expulsion  et  réapparition  du  ver. 

L'intestin  grêle  est  le  séjour  ordinaire  du  ténia  solium,  qui,  sui- 
vant sa  longueur,  en  occupe  une  étendue  variable  et  s'y  trouve  plus 
ou  moins  replié  sur  lui-même.  Dans  le  cadavre  d'un  nègre  dont 
Primer  fit  l'autopsie,  cinq  ténias,  mesurant  ensemble  environ  deux 
cents  aunes  de  longueur,  occupaient  tout  l'intestin  grêle  qui  en 


CHEZ   L'HOMME.  —  TÉNIA   SOLlUM.  95 

paraissait  comme  rembourré  dans  le  sens  propre  du  mot  (1).  Lors- 
que le  ténia  est  très  long,  il  s'étend  même  jusque  dans  le  gros 
intestin  :  Robin  raconte  qu'il  a  trouvé  dans  le  cadavre  d'un  homme, 
immédiatement  au-dessous  du  pylore ,  un  ténia  formant  dans  le 
duodénum  un  peloton  gros  comme  une  pomme  de  reinette  et  qui 
s'étendait,  en  outre,  dans  toute  la  longueur  des  intestins  jusqu'à 
7  à  8  pouces  de  l'anus  (2). 

La  situation  du  ver  est  telle  que  la  partie  antérieure  se  trouve 
la  plus  rapprochée  du  pylore  ;  c'est  un  fait  dont  Pruner  a  souvent 
eu  l'occasion  de  s'assurer  en  ouvrant,  en  Egypte,  des  cadavres  de 
nègres  qui,  dans  ce  pays,  ont  pour  la  plupart  des  ténias.  La  tête 
du  ver  est  fixée  dans  la  paroi  de  l'intestin,  comme  on  le  voit  chez 
les  animaux  que  l'on  ouvre  aussitôt  après  leur  mort  :  Brendel  a 
vu  dans  le  cadavre  d'un  enfant  de  dix  ans  un  ténia  cucnrbitin 
attaché  à  l'iléon  (3).  Salathé  rencontra  dans  le  cadavre  d'un  bou- 
cher, âgé  de  quarante  ans,  «  huit  ténias  armés  qui  occupaient 
toute  l'étendue  des  intestins  grêles.  Ces  vers  avaient  tous  la  tête 

tournée   vers  l'estomac Quelques-uns  de  ces  ténias  avaient 

encore  la  tête  fixée  dans  la  membrane  interne,  cachée  sous  les  val- 
vules et  donnant  des  signes  de  vie  (4) .  -  Bremser  rapporte  avoir  vu 
dans  le  cadavre  d'un  enfant  un  ténia  vivant  et  fortement  implanté 
par  son  orifice  buccal  à  la  paroi  interne  de  l'intestin  (5).  M.  Lom- 
bard (de  Liège),  en  examinant  le  cadavre  d'un  centenaire,  trouva  un 
ténia  fixé  à  la  paroi  de  l'intestin  (accroché  suivant  l'expression  de 
l'auteur)  (6).  Si,  dans  les  autopsies,  on  ne  trouve  pas  plus  fréquem- 
ment (7)  le  ver  solitaire  fixé  par  sa  tête  à  l'intestin,  c'est  qu'il  s'en 
détache  lorsque  le  cadavre  se  refroidit. 

La  fixation  du  ténia  à  la  paroi  intestinale  explique  comment  la 
portion  antérieure  avec  la  tête  n'est,  pour  ainsi  dire,  jamais  expulsée 

(1)  Pruner,  ouvr.  cit.,  p.  245. 

(2)  Robin,  Lettre  sur  le  ver  solitaire.  Journ.  de  méd.,  t.  XXV,  p.  222.  Paris,  1766. 

(3)  Pallas,  Thèse  citée,  p.  47.  (Dans  ce  cas  le  corps  du  ver  était  dirigé  vers  le 
duodénum,  en  sens  inverse  du  cours  des  matières  intestinales.) 

(4)  Salathé,  Dissert,  inaug.  Strasbourg,  1803,  cité  par  Raikem,  Rapp.  cité, 
p.  212, 1850. 

(5)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  399. 

(6)  Bull,  de  l'Acad.  roy.  de  méd.  de  Belgique,  t.  XIII,  p.  33,  1853. 

(7)  Les  cas  de  ténias  rencontrés  à  l'autopsie  ne  sont  pas  rares;  aux  précédents 
on  peut  ajouter  les  suivants:  celui  d'une  jeune  fille  présumée  d'être  enceinte,  à 
l'autopsie  de  laquelle  on  trouva  un  ténia.  (Rapporté  par  Spigel,  op.  cit.,  p.  49.) — 
Le  cas  d'un  homme  de  Francfort,  chez  lequel  J.  Rocca  vit  m»  ténia?  qui  occupait 
toute  la  longueur  des  intestins.  (Th.  Donet  Sepulc,  liv.  IV,  sect.  x,  obs.  XIV,  §  2, 


96  AFFECTIONS    VERMINEUSESDES   VOIES     DlGESTIVF.S 

par  les  seuls  efforts  de  l'intestin,  tandis  que  des  portions  considé- 
rables séparées  de  la  tête  sont  souvent  rendues  spontanément. 

Le  ténia solium  est  ordinairement  solitaire;  plusieurs  auteurs  grecs 
semblent  avoir  connu  ce  fait,  car  ils  ont  dit  que  le  ver  plat,  expulsé 
en  entier,  n'est  plus  régénéré.  Actuarius  en  a  fait  le  premier  une 
mention  explicite  :  «  Porro  tinea  vna  lata  in  intestino  gignitur.  » 
Spigel  ensuite  a  cherché  à  établir  que  le  ténia  n'existe  jamais  qu'à 
l'état  solitaire  (1)  ;  opinion  qui  fut  généralement  acceptée  et  qui  valut 
à  ce  ver  son  nom  vulgaire;  mais  un  grand  nombre  de  faits  prouvent 
que  chez  l'homme,  comme  chez  les  animaux,  plusieurs  ténias  peuvent 
exister  ensemble  dans  le  tube  digestif  (2).  Ces  vers  forment  quelque- 

t.  III,  p.  527) .  —  Le  cas  du  duc  de  Brunswick,  chez  lequel  Adam  Luchtenius  trouva 
dans  le  côlon  un  ver  plat,  long  de  5  aunes.  (Actes  de  Copenhayue,  1673,  Collect. 
acad.,  p.  étrang.,  t.  VII,  p.  199.)  —  Sur  300  cadavres,  dit  Pallas  [Thèse,  p.  46), 
Roederer  a  trouvé  une  fois  un  ténia  long  de  10  pieds  (Rcederer,  Programma  de 
tœnia.  Gœttingue,  1760). —  J.  Raulin  (Lettre  citée,  p.  424)  a  vu  un  ténia  de  16  pieds 
dans  un  cadavre.  — -  Rudolphi  a  vu,  à  Berlin,  dans  un  seul  hiver,  trois  cadavres 
avec  le  ténia  (Synopsis,  522).  —  M.  Forget  (de  Strasbourg)  a  trouvé  dans  un  cadavre 
un  ténia  étendu  depuis  la  On  du  duodénum  jusqu'à  quelques  pouces  du  cïecum. 
(L'Expérience,  t.  II,  p.  575.  Paris,  1838.)  —  M.  Bilharz  dit  que  sur  200  cadavres 
qu'il  a  ouverts  en  Egypte,  il  a  trouvé  trois  ou  quatre  fois  le  ténia  solium  ;  l'un  de 
ces  cadavres  était  celui  d'un  nègre,  un  autre  était  celui  d'un  Galla;  dans  l'un  il  y 
avait  à  la  fois  cinq  ténias.  (Mém.  infràcit.,  p.  54.) 

(t)  Spigel,  op.  cit.,  p.  31 . 

(2)  On  connaît  aujourd'hui  un  assez  grand  nombre  de  cas  de  ténias  multiples 
dans  l'intestin  de  l'homme.  Ce  fait  est  très  ordinaire  chez  les  nègres  de  l'Egypte. 
Outre  les  cas  déjà  cités,  nous  indiquerons  les  suivants  :  Werlhove  rapporte  le  cas 
d'une  femme  enceinte  qui  rendit  cinq  vers  plats  tout  vivants  (Commerc.  lilter., 
p.  371,  1734).  —  Dozy,  médecin  hollandais,  fit  évacuer  par  une  servante  trois 
ténias  à  la  fois.  Ces  vers  étaient  munis  de  leur  tête;  ils  avaient  2,  5  et  7  aunes  de 
longueur  (Van  Doeveren,  ouv.  cit.,  p.  183).  —  Duhaume  a  lu  dans  une  séance  de 
la  Faculté  de  médecine  l'observalion  d'une  femme  de  quatre-vingts  ans  qui  avait 
rendu  deux  ténias  (Journ.  méd.,  etc.,  t.  L,  p.  275.  Paris,  1778).  —  Gérard  Nitert, 
médecin  hollandais,  traita  une  femme  de  trente  ans,  qui  rendit  dix-huit  ténias 
dans  l'espace  de  quelques  jours.  Us  étaient  vivants  et  tous  terminés  par  un  fil  très 
mince.  Leur  longueur  était  de  3  à  6  aunes  (De  Haen,  Rat.  meiendi,  pars  XII, 
cap.  v).  —  Werner  a  observé  une  femme  qui,  dans  l'espace  de  six  mois,  a  expulsé 
vingt  et  un  ténias  (Op.  cit.,  p.  44).  —  Forlassin  parle  d'une  grande  quantité  de 
ténias  qui  provenaient  du  même  individu  (ouv.  cit.).  —  Rudolphi  possédait  quatre 
ténias,  pourvus  de  leur  tête,  qui  avaient  été  rejetés  à  la  fois  par  un  malade  (Ent., 
t.  II,  pars  ii,  p.  163).  —  Bremser  dit  avoir  vu  plusieurs  ténias  chez  le  même 
individu.  —  M.  Louis  rapporte  le  cas  d'une  femme  à  laquelle  le  remède  de 
Darbon  fit  rendre  sept  ténias  pourvus  de  leur  tète  [Du  ténia  et  de  son  traitement, 
pbs.  III,  1826).  —  Délie  Chiajc  a  connu  une  dame  qui  en  a  rendu  deux  à  la  fois 


CHLZ  L'HOMME.    —  TÉNIA  SOLIUM.  97 

fois  alors  une  masse  très  considérable  qui  distend  tout  l'intestin  grêle, 
comme  nous  l'avons  vu  dans  un  cas  rapporté  par  Primer;  ou  bien  ils 
donnent  lieu  à  une  expulsion  extraordinaire  de  fragments.  Il  y  avait 
probablement  plusieurs  ténias  chez  cette  jeune  fille  dont  parle 
Strandberg,  qui,  depuis  le  milieu  de  juin  1759  jusqu'au  milieu  de 
septembre  17(54,  évacua  sept  cent  quatre-vingt-treize  aunes  trois 
quarts  de  ténia  par  morceaux  (environ  470  mètres)  (1). 

En  Europe,  c'est  chez  les  adultes  qu'on  observe  le  plus  ordinaire- 
ment le  ténia,  mais  aucun  âge  n'en  est  exempt.  On  a  vu  le  ver  soli- 
taire chez  des  enfants  à  la  mamelle.  Nous  avons  mentionné  déjà  le 
cas  observé  par  Hufeland,  d'un  enfant  de  six  mois  qui  avait  rendu 
en  plusieurs  fois  20  mètres  de  ténia,  sans  avoir  éprouvé  la  moindre 
altération  dans  sa  santé,  et  les  cas  assez  communs  qui  se  sont  offerts 
depuis  quelques  années  à  Saint-Pétersbourg  chez  des  enfants  nou- 
vellement sevrés.  A  partir  de  l'âge  de  trois  ans,  les  cas  de  ténias 
ne  sont  pas  rares  (2)  :  sur  les  deux  cent  six  malades  observés  par 
M.  Wawruch,  vingt- deux  étaient  âgés  de  moins  de  quinze  ans  ;  le  plus 
jeune  avait  trois  ans  et  demi.  D'un  autre  côté,  le  ténia  a  été  observé 
non  moins  souvent  chez  les  vieillards  :  nous  avons  cité  le  cas  de 
M.  Lombard  qui  trouva  le  ver  solitaire  chez  un  centenaire,  et  celui 
de  Duhaume  qui  vit  deux  ténias  chez  une  femme  âgée  de  quatre- 
vingts  ans.  De  Thomas  observa  ce  ver  chez  une  femme  de  quatre- 

(0p.  infra  cit.,  p.  19).  —  M.  Mûngeal  a  fait  rendre  à  une  femme  de  trente-deux 
ans,  par  la  racine  de  grenadier,  douze  ténias  avec  leur  tête,  et  ayant  ensemble  une 
longueur  de  48  mètres  (Arch.  gén.  de  méd.,  3e  série,  t.  VIII,  p.  310, 1840).  —  Six 
ténias  avec  leur  tète  expulsés  par  une  jeune  fille  (Barth,  Soc.  anal.,  ann.  XIX, 
p.  38,  1844).  — Quatorze  ténias  expulsés  en  une  fois  (Escallier,  interne  du  ser- 
vice de  M.  Monod,  Soc.  anat.,  ann.  XXII,  p.  38,  1847).  —  Sept  ténias  expulsés 
par  une  femme  (Arm.  Moreau,  Sue.  anat.,  ann.  XVII,  p.  53,  1852).  —  Vingt-cinq 
ténias  avec  leur  tête  expulsés  par  un  homme  en  huit  heures  (Kubyss.,  in  Froriep's 
Noliz.,  t.  XLIV,  p.  352,  cité  par  Diesing).  —  Enfant,  trois  ténias  expulsés  par  le 
kousso,  pas  de  tête  (Marlin-Solon,  Bull,  thérap.  et  Gaz.  hôp.,  p.  194,  1850).  — > 
Homme,  vingt  ans,  expulsion  de  trois  ténias  solium  entiers  (Brasseur,  rapp.  de 
Raikem,  Bull.  Acad.  roy.  de  méd.  de  Belgique,  t.  IX,  p.  210.  Bruxelles,  1850). — 

Expulsion  de  quarante  et  un  ténias  par  un  homme  (docteur  K (de  Gorlitz), 

Deutsche  Klinick  von  Al.  Gœscken,  1853,  cité  par  Gervais  et  Van  Beneden). 

(1)  Cité  par  Rosen,  p.  383. 

(2)  Gabucinus,  d'après  Sennert,  a  vu  un  ténia  chez  un  enfant  de  deux  ans.  — 
J.-H.  Brechtfcid  rapporte  le  cas  d'un  Qëf  plat  rendu  par  une  petite  fille  de  deux 
ans  {Actes  de  Copenhag  e,  obs.  71,  1674-1675).  —  Andry,  celui  d'un  enfant  de 
quatre  ans  (ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  730).  —  Rullier,  celui  d'un  enfant  de  trois  ans  {Arch, 

PiVAlSB.  ' 


98  AFFECTIONS  YF.HMJNEUSES  DES   VOÎIS  D1GESTIVES 

vingt-six  ans  (1).  L'époque  de  la  vie  dans  laquelle  on  rencontre  le 
plus  ordinairement  le  ténia  est,  d'après  M.  Wawruch,  de  quinze  à 
quarante  ans;  d'après  Mérat  de  vingt  à  trente  ans  (2). 

En  Abyssinie,  d'après  M.  Louis  Aubert,  le  ténia  est  de  tous  les 


Les  femmes  sont  plus  sujettes  au  ténia  que  les  hommes  :  sur  164 
observations  rassemblées  par  Pallas,  90  appartiennent  à  des  femmes 
et  74  à  des  hommes  (3).  P.  Frank  estime  que,  pendant  cinquante- 
cinq  ans  de  pratique  de  la  médecine,  les  individus  du  sexe  masculin 
n'ont  formé  guère  que  le  tiers  des  malades  atteints  du  ténia  qu'il  a 
traités  (4).  M.  Wawruch,  dans  l'espace  de  vingt  ans,  a  traité  du  ténia, 
à  Vienne,  soixante  et  onze  hommes  et  cent  trente-cinq  femmes  (5). 
Nous  avons  vu  qu'au  Brésil  les  négresses  sont  plus  souvent  que  les 
nègres  atteintes  du  ver  solitaire  (voy.  p.  87).  Toutefois  Mérat,  dans 
les  faits  qu'il  a  rassemblés,  a  compté  un  peu  plus  d'hommes  que  de 
femmes  (6). 

«  Ne  pourrait-on  pas  croire,  dit  Rosen,  que  le  ténia  est  un  insecte 
quelquefois  inné,  d'autant  plus  que  ce  ver  s'est  trouvé  dans  la  grand'- 

de  méd.,  t.  XXV,  p.  570,  1831).  —  Burt,  observation  d'un  enfant  de  quatorze 
mois  (Mérat,  Mém.  cit.,  obs.  4). 

Le  docteur  Legendre,  de  regrettable  mémoire,  a  fait  dans  divers  auteurs  un 
relevé  de  27  cas  de  téuias  cbez  des  enfants  âgés  de  moins  de  quinze  ans.  Ces  cas 
se  répartissent  d'après  les  âges  de  la  manière  suivante  : 


14  et  15 

mois.  . 

2 
1 

2 
2 
3 

cas. 

6 
7 
8 
9 

ans.   . 

.     3 
.     4 
.     1 
.     1 

cas. 

10 
11 
12 

14 

ans.  . 

.    2  cas 

.     4 

3       .    . 

.     1 

4       .    . 

.      1 

F.-L.  Legendre,  Note  à  propos  de  plusieurs  cas  de  ver  solitaire  observés  pendant 
l'enfance  {Arch.  gén.  de  méd.,  1854,  t.  IV,  p.  642). 

(1)  De  Thomas,  Observ.  sur  le  ver  solitaire  {Journ.  de  méd.,  t.  XXIII,  p.  68. 
Paris,  1765). 

(2)  F.-V.  Mérat,  Du  ténia  ou  ver  solitaire  et  de  sa  cure  radicale  par  l'écorce  de  la 
racine  de  grenadier,  p.  145.  Paris,  1832.  , 

(3)  Pallas,  Thèse  citée,  p.  61. 

(4)  P.  Frank,  Traité  de  médecine  pratique,  trad.,  t.  V,  p.  39S.  Paris,  1823. 

(5)  Mém.  cit. 

(6)  Mérat,  Mém.  cit.,  p.  145. 


CHEZ  L'HOMME.  —   TÉNIA  SOLIUM.  90 

mère,  la  fille  et  la  petite-fille  (1).  »  Le  fait  dont  parle  Rosen  et  qu'il 
ne  dit  point  avoir  observé  lui-même,  a  fait  croire  à  plusieurs  méde- 
cins que  le  ténia  peut  se  transmettre  héréditairement  ;  mais  les  cas 
aujourd'hui  connus  de  ver  solitaire  chez  des  parents  et  des  enfants 
sont  peu  nombreux,  et  l'on  doit  plutôt  en  tirer  une  conclusion 
contraire  (2).  D'ailleurs,  d'après  ce  que  nous  pouvons  présumer 
du  mode  de  transmission  du  ténia  solium,  il  paraîtra  tout  naturel 
que  plusieurs  membres  d'une  famille,  soumis  au  même  régime, 
contractent  ce  ver,  sans  qu'on  doive  invoquer  une  cause  d'hérédité. 
C'est  encore  à  quelque  circonstance  du  genre  de  vie  qu'il  faut  attri- 
buer ces  épidémies  atteignant  toute  une  famille  ou  même  plusieurs 
familles  d'une  localité  ;  épidémies  dont  les  auteurs  ont  rapporté  quel- 
ques exemples  :  le  professeur  Laneri  (de  Turin)  connaissait  une 
famille  d'un  village  appelé  Ganelli,  dont  tous  les  membres  étaient 
atteints  du  ténia  (3) .  Le  docteur  Samuel  Budd  (d'Exeter) ,  observa  le 
fait  suivant  :  «  Il  y  a  quelque  temps,  deux  personnes  vivant  dans  la 
même  maison,  mais  membres  de  familles  différentes,  me  consultèrent 
pour  le  ténia;  peu  de  temps  après,  deux  sœurs  d'une  autre  famille, 
dans  le  même  hameau,  demandèrent  mes  soins  pour  le  même  ver,  et 
dernièrement  une  autre  personne  de  ce  hameau,  mais  qui  n'avait 
point  de  rapports  avec  les  précédentes,  me  consulta  pour  la  même 
maladie.  Il  ne  peut  y  avoir  d'erreur  sur  ce  fait,  car  toutes  ces  per- 
sonnes ont  évacué  leur  ver  (4) .  » 

Les  individus  atteints  de  ténia  rendent  de  temps  en  temps  par  les 
selles  des  portions  plus  ou  moins  considérables  de  ce  ver,  soit  spon- 
tanément, soit  par  l'effet  des  remèdes,  ou  bien  ils  rendent  fréquem- 

(1)  Rosen,  ouvr.  cit.,  p.  386.  (Ce  fait  a  été  généralement  attribué  à  Rosen  ;  mais 
c'est  sans  doute  à  tort,  et  peut-être  concerne-t-il  le  bothriocéphale,  dont  des  familles 
entières  sont  atteintes  dans  certaines  parties  delà  Suède?) 

(2)  Voici  les  cas  de  ténia  chez  des  parents,  que  nous  avons  relevés  dans  divers  au- 
teurs: Deux  sœurs  ayant  le  ténia  observées  par  Spigel (ouvr.  cit.,  p.  47). — Un  homme 
et  sa  fille  observés  par  Gandolphe  (Acad.  roy.  des  sciences,  p.  32, 1709).  —  Une 
mère  et  sa  fille  observées  par  P.  Frank  (J.  Frank,  Prax.  med.,  t.  XIV,  p.  328).  — 
Un  père  et  son  fils,  par  M.  Louis  (Mém.  cit. ,  obs.  VII  et  VIII).  —  Une  femme  et  son 
fils,  par  le  docteur  Caspeer  (Journ.  complém.,  t.  XXXIII,  p.  42,  1829).  —  Une 
femme  et  sa  fille,  par  Wawruch.  —  Un  homme  et  son  fils,  par  Wawruch  (Mém. 
cit.).  —  Autre  fait,  par  Martin-Solon  (Journ.  des  connaissances  médico-chirurg., 
1850).  —  Un  homme  et  son  fils,  par  Lavalette  (de  Meaux)  (Mérat,  Mém.  cit., 
obs.  142). 

(3)  Brera,  Mém.  cit.,  p.  407. 

(4)  George  Budd.,  ouvr.  infra  cit.,  p.  439,  note» 


100  AFFECTIONS  VERMINEISES   DES  VOIES  DIGEST1VES 

ment,  ou  même  presque  tous  les  jours,  quelques  anneaux  libres  et 
vivants  (cucurbitins)  ;  ceux-ci  sortent  parfois  aussi  spontanément 
dans  l'intervalle  des  selles  et  se  retrouvent  dans  les  vêtements  ou 
dans  le  lit  du  malade. 

Il  est  rare  que  le  ténia  soit  rendu  par  le  vomissement  ;  on  en 
connaît  cependant  quelques  exemples  : 

J.  Rodriguez  [Amatus Lusitanus)  parle  d'une  femme  qui  rendit  par 
la  bouche,  après  une  quinte  de  toux,  un  ver  dont  la  description  se 
rapporte  au  ténia  (1). 

Schenck  donne  l'observation  qui  lui  est  propre,  d'une  femme  qui 
vomit,  au  grand  péril  de  suffoquer,  un  ténia  rassemblé  en  boule  et 
long  de  trois  aunes  (2) . 

Vallisneri  dit  d'une  femme  juive  qui  avait  le  ténia,  qu'elle  en 
avait  rendu  des  fragments  par  la  bouche  (3). 

Van  Doeveren  rapporte  l'histoire  d'un  paysan  auquel  on  avait 
administré  l'émétique  et  qui  vomit  un  ténia  :  «  Comme  il  vomissait, 
on  aperçut  sortir  de  la  bouche  un  corps  blanchâtre,  long,  pendant, 
qui  ne  finissait  point  et  qui  se  manifestait  de  plus  en  plus  par  l'irri- 
tation du  gosier  à  mesure  qu'il  vomissait  et  que  ses  efforts  redou- 
blaient... Le  chirurgien,  reconnaissant  que  c'était  un  ténia,  se  mit  à 
en  faire  l'extraction  avec  toutes  les  précautions  possibles  pendant 
que  le  malade  vomissait;  mais  ce  paysan,  s 'imaginant  qu'on  lui 
ôtait  tous  ses  intestins,  mordit  le  ver  et  ne  songea  plus  qu'à  avaler 
ce  qui  en  restait  et  à  l'empêcher  de  sortir.  On  mesura  ce  qu'on  en 
avait  tiré  et  on  en  trouva  quarante  aunes  (4).  » 

Le  docteur  Lavalette  (de  Meaux),  parle  d'une  femme  de  trente 
ans,  qui,  bien  que  grosse  et  vermeille,  éprouvait  du  dégoût  pour 
les  aliments  et  rendait  des  cucurbitins  par  la  bouche  (5), 

(1)  Amat.  Lusit,  Op.  infra  cit.,  cent.  VI,  curât.  1i. 

(2)  Joannis  Schedckii  a  Grafenberg,  Observaliones  medictê  rariofes,  lib.  III,  De 
lumbricis,  p.  360.  Lugduni,  1644. 

(3)  Observ.  cit. 

(4)  Van  Doeveren,  oui»\  cit.,  p.  61?. 

(5)  Communiqué  à  l'Académie  de  médecine  (13  mai  1828),  et  cité  par  Mérat 
(Mém.  cit.,  obs.  142). 

Mérat  (art.  Ténia  du  Diclionn.  des  se.  méd.)  rapporte  que  Bosc  dit  avoir  vu  une 
femme  rendre  un  ténia  par  le  vomissement.  Je  n'ai  point  trouvé  ce  fait  dans 
l'Histoire  naturelle  des  vers  de  Bosc.  —  Le  docteur  Cassan  parle  d'un  homme  affecté 
du  ténia  depuis  dix  ans  qui,  dans  une  violente  indigestion,  rendit  (par  le  vomisse- 
ment?) un  ténia  tout  entier  {Archives  générales  de  médecine,  t.  XIII,  p.  77, 
1827). 


CHEZ  L'HOMME.  —  TÉNIA  SOLIUM.  101 

La  durée  du  ténia  est  quelquefois  très  longue;  les  observations 
de  malades  qui  en  ont  évacué  des  fragments  pendant  dix  et  douze 
ans  ne  sont  pas  rares.  M.  Wawruch  rapporte  quelques  cas  où  la 
maladie  a  persisté  pendant  quinze,  vingt-cinq  ans,  et  une  fois  trente- 
cinq  ans.  Souvent  le  ténia  reparaît  plusieurs  mois  et  même  plusieurs 
années  après  qu'on  s'en  est  cru  délivré.  Ce  n'est  que  par  un  examen 
attentif  des  fragments  expulsés  que  l'on  peut  reconnaître  si  l'on  a 
affaire  au  même  ver  régénéré  ou  bien  à  un  ver  nouveau.  Brera  donna 
des  soins  à  un  malade  qui  rendit,  en  hiver,  un  ténia  solium  avec  la 
tête  reconnaissable  à  ses  crochets,  et  l'été  suivant  un  autre  ténia 
muni  également  de  sa  tête  et  de  ses  crochets  (1). 

L'ignorance  où  l'on  est  de  la  durée  de  la  vie  du  ténia  et  la  certi- 
tude qu'il  peut  en  exister  plusieurs  ensemble  ou  successivement  dans 
le  tube  digestif  de  l'homme,  autorisent  à  penser  que,  dans  les  cas  de 
longue  durée  ou  de  réapparition  tardive  de  cet  entozoaire,  plusieurs 
vers  se  sont  succédé.  On  ne  peut  guère  admettre,  après  la  dispari- 
tion de  toute  trace  du  ténia  pendant  dix,  douze  et  même  vingt  ans, 
on  ne  peut  guère  admettre,  disons-nous,  que  des  fragments  nou- 
veaux qui  viennent  à  être  expulsés,  proviennent  de  la  régénération 
du  ténia  primitif. 

Un  homme  de  quarante  ans  apporta  à  Dionis  différentes  portions 
de  ténia  qu'il  venait  de  rendre.  A  l'âge  de  quinze  ans,  cet  homme 
en  avait  déjà  rendu  de  semblables,  mais  il  n'en  avait  plus  évacué 
depuis  (2). 

Dehaen  rapporte  l'histoire  d'un  étudiant  en  médecine,  âgé  de  vingt- 
quatre  ans,  qui  souffrait  du  ténia  ;  ce  malade  en  avait  déjà  été  atteint 
à  l'âge  de  douze  ;  mais  dans  l'intervalle,  c'est-à-dire  pendant  douze 
ans,  il  en  avait  été  complètement  exempt  (3). 

P.  Frank  rapporte  également  l'histoire  d'un  homme  qui,  ayant 
rendu  cinq  aunes  d'un  ténia,  n'en  évacua  de  nouveaux  fragments  que 
dix  ans  après  (4) . 

La  présence  du  ver  solitaire  inspire  généralement  beaucoup  d'in- 
quiétude aux  malades  ;  elle  jetait  autrefois  extrêmement  redoutée. 
Postel  de  Francière,  qui  attribuait  aux  lombrics  les  accidents  les 
plus  graves,  s'éleva  cependant  contre  les  terreurs  que  le  ténia  inspi- 

(1)  Brera,  Malad.  verni.,  cit.  p.  9. 

(2)  Dionis,  ouvr.  cil.,  p.  26. 

(3)  De  Haen,  Ratio  medendi,  pars.  XII,  cap.  v,  §  2,  t.  VII,  p.  153.  Paris,  1771. 
(i)  P.  Frank,  ouvr.  cil.,  t.  V,  p.  391. 


102  AFFECTIONS  VERMINEUSES   DES  VOIES   DIGESTIVES 

rait  de  son  temps  et  chercha,  par  des  exemples,  à  prouver  que  ce 
vit  esl  mains  dangereux  qu'on  ne  le  disait  généralement  alors  (1). 
En  effet,  la  présence  du  ténia  dans  le  corps  de  l'homme  n'est  pas 
toujours  accompagnée  de  phénomènes  pathologiques  appréciables. 
Quelquefois  les  individus  qui  en  sont  atteints  jouissant  d'une  santé 
parfaite,  ne  connaissent  l'existence  de  ce  ver  que  parce  qu'ils  en 
rendent  des  fragments.  Bloch  ,  Rudolphi  ,  Bremser ,  Brera , 
P.  Frank,  etc.,  ont  observé  des  cas  d'innocuité  absolue  du  ténia, 
innocuité  plus  fréquente  qu'on  ne  le  croit  généralement.  D'autres 
fois  les  dérangements  de  la  santé  sont  peu  marqués  ;  néanmoins,  chez 
le  plus  grand  nombre  des  personnes  atteintes  du  ver  solitaire,  il 
existe  une  sorte  de  malaise  général,  d'anxiété,  des  dérangements 
plus  ou  moins  prononcés,  plus  ou  moins  persistants  dans  les  fonc- 
tions de  la  digestion,  de  la  nutrition  ou  du  système  nerveux.  Ces 
individus  ne  savent  à  quoi  attribuer  le  dérangement  de  leur  santé  ; 
ils  en  accusent  successivement  tel  ou  tel  organe,  jusqu'à  ce  que 
l'expulsion  de  quelque  portion  du  ténia  vienne  révéler  la  cause  de 
leurs  souffrances. 

La  fréquence,  la  variété  et  l'intensité  des  phénomènes  déterminés 
par  la  présence  du  ténia  sont,  en  général,  dans  un  rapport  marqué 
avec  la  constitution  de  l'individu  affecté.  Les  symptômes  sont  plus 
apparents,  plus  pénibles  chez  les  hommes  nerveux  et  doués  d'une 
grande  sensibilité;  aussi  les  femmes,  qui  sous  ce  rapport  l'emportent 
sur  les  hommes,  offrent-elles,  lorsqu'elles  sont  atteintes  du  ténia, 
des  symptômes  beaucoup  plus  nombreux,  plus  variés  et  plus  intenses. 
Certaines  femmes  à  constitution  hystérique,  ressentent  et  décrivent 
les  mouvements  d'ondulation,  de  reptation  du  ver  solitaire,  son 
enroulement  en  peloton  ;  il  est  vrai  qu'elles  peuvent  prendre  pour  de 
telles  sensations  des  phénomènes  hystériques,  ou  que  leur  imagina- 
tion, frappée  par  la  pensée  d'un  animal  qui  leur  inspire  de  l'hor- 
reur, se  reporte  constamment  sur  ces  sensations  et  en  accroît  la 
perception. 

Chez  les  petits  enfants,  la  présence  du  ténia  paraît  souvent  tout 
à  fait  inoffensive.  Nous  avons  mentionné  plusieurs  cas  dans  lesquels 
la  santé  s'était  maintenue  parfaite  jusqu'au  moment  de  l'expulsion 
totale  de  l'entozoaire.  Dans  la  plupart  des  faits  connus,  ce  n'est 

(1)  Postel  de  Fraucière,  Observations  sur  le  ver  tœnia  (Joum.  de  me'cl,,  t.  XVIII, 
p.  416.  Paris,  1763,  et  t.  XXVI,  p.  415,  1767). 


CHEZ  L'HOMME.   —  TÉNIA  SOLIUM,  103 

point  l'altération  de  la  santé  de  l'enfant,  mais  l'expulsion  de  quelques 
fragments  du  ténia  qui  a  fait  reconnaître  la  présence  de  ce  ver  dans 
l'intestin. 

Les  principaux  symptômes  du  ténia  sont  :  des  étourdissements, 
des  bourdonnements  d'oreille,  des  troubles  de  la  vue,  le  prurit  au  nez 
et  à  l'anus,  la  salivation,  des  désordres  de  l'appétit  et  des  digestions, 
des  coliques,  des  douleurs  à  l'épigastre  et  clans  différentes  régions  de 
l'abdomen,  des  palpitations,  des  lipothymies,  la  sensation  d'une 
boule  ou  d'un  poids  dans  le  ventre  qui  se  déplace  et  suit  les  mouve- 
ments du  corps,  des  douleurs  et  des  lassitudes  clans  les  membres, 
l'amaigrissement. 

Chez  certains  malades,  les  phénomènes  morbides,  les  sensations 
pénibles  ou  douloureuses  de  l'estomac,  les  anxiétés,  les  défaillances 
se  font  sentir  à  des  époques  de  la  journée  assez  régulières  qui  ont 
du  rapport  avec  les  heures  des  repas  et  qui  se  calment  par  l'ingestion 
de  quelque  aliment  ou  de  quelque  boisson. 

Les  douleurs  de  l'abdomen  causées  par  le  ténia  sont  tantôt  des 
coliques,  tantôt  de  la  gastralgie;  quelquefois  leur  caractère  est  diffi- 
cile à  bien  apprécier.  Elles  ont  leur  siège  dans  diverses  parties  du 
ventre,  dans  les  flancs;  elles  sont  plus  ou  moins  fortes,  quelquefois 
très  vives,  intermittentes;  elles  ne  sont  pas  ordinairement  accom- 
pagnées ni  suivies  de  diarrhée.  Elles  constituent  le  symptôme  le 
plus  fréquent  du  ténia. 

Le  prurit  de  l'anus  est  encore  un  phénomène  des  plus  ordinaires. 
Si,  dans  quelques  cas,  les  démangeaisons  doivent  être,  comme  celles 
du  nez,  attribuées  à  une  influence  sympathique,  dans  le  plus  grand 
nombre,  elles  sont  produites  par  l'irritation  qu'occasionnent  à  la 
membrane  muqueuse  de  l'extrémité  inférieure  de  l'intestin,  le  contact 
et  les  mouvements  des  cucurbitins.  Le  prurit  du  nez  est  moins  fré- 
quent; mais  il  est  rare  qu'un  individu  atteint  du  ténia  ne  souffre  pas 
de  démangeaison  soit  au  nez,  soit  à  l'anus. 

L'appétit  est  souvent  augmenté,  quelquefois  insatiable  ;  d'autres 
fois  il  est  tout  à  fait  nul  ou  sujet  à  des  alternatives  d'augmentation 
et  de  diminution. 

Il  existe  encore  fort  souvent,  chez  les  personnes  atteintes  du  ténia, 
un  brisement  général,  des  lassitudes,  des  crampes,  des  douleurs  dans 
les  extrémités,  douleurs  assez  fortes  pour  empêcher  les  malades  de 
se  livrer  à  leurs  occupations  habituelles. 

L'amaigrissement  est  très  ordinaire  chez  ces  malades  lorsqu'ils 


lOi  AFFECTIONS  VEItMINEUSES   DES   VOIES   DIGESTIVES 

souffrent  depuis  assez  longtemps  ;  quelquefois  il  s'accompagne  de  la 
bouffissure  et  de  la  distension  du  ventre. 

La  plupart  de  ces  phénomènes  ne  constituent  pas  des  affections 
très  sérieuses  pour  les  individus  qui  en  sont  atteints  ;  mais  il  n'en  est 
pas  de  même  de  certains  symptômes  convulsifs  qui  se  développent 
sous  l'influence  du  ténia  :  ils  consistent  dans  des  attaques  plus  ou 
moins  rapprochées,  qui  offrent  les  caractères  de  l'épilepsie,  de  l'hys- 
térie, de  la  chorce,  etc.  ;  ils  acquièrent,  dans  quelques  cas,  une  grande 
intensité  et  beaucoup  de  gravité.  Ces  désordres  fonctionnels  sont  les 
plus  fréquents  parmi  ceux  que  détermine  la  présence  du  ténia  ;  ils 
disparaissent  avec  cet  entozoaire,  et  cette  coïncidence,  la  guérison 
qui  persiste,  ne  peuvent  laisser  de  doute  sur  la  cause  qui  les  entre- 
tenait. Il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de  trouver  ici  quelques  exemples 
de  ces  affections  : 

Cas  de  Bremser.  —  Accès  épileptiformes. 

«  On  me  présenta,  en  4  816,  un  enfant  de  neuf  ans,  du  sexe  masculin, 
qui  avait  depuis  deux  ans  des  accès  1res  violents  et  très  fréquents  d'épilepsie  ; 
il  rendait  en  même  temps  des  morceaux  de  ténia.  Je  fus  assez  heureux  pour  le 
débarrasser  du  reste  de  l'animal,  et,  dès  ce  moment,  il  n'eut  plus  d'accès 
d'épilepsie.  —  Le  même  enfant  est  venu  me  voir  le  4  février  1 821  ;  il  a  tou~ 
jours  joui  depuis  mon  traitement  d'une  santé  parfaite  (1).  » 

Cas  de  Leroux.  —  Affection  spasmodique . 

«  La  fille  Colas  (Marie-Louise),  âgée  de  dix-neuf  ans,  blanchisseuse,  fut 
prise  de  mouvements  convulsifs,  au  printemps  de  1809.  Il  se  fit  une  contrac- 
tion subite,  involontaire  et  tétanique  des  muscles  qui  font  fléchir  la  tête  en 
avant  comme  lorsqu'on  veut  saluer;  la  roideur  des  muscles  l'empêchait  de 
relever  la  tête  pendant  quelques  minutes,  quelquefois  pendant  un  quart 
d'heure,  pendant  une  demi-heure.  Cette  contraction  se  renouvela  plus  ou 
moins  fréquemment  pendant  tout  l'été,  et  Marie-Louise  vint  à  l'hospice  cli- 
nique, le  12  septembre  de  la  même  année. 

»  Toutes  les  fonctions  s'opèrent  comme  dans  la  plus  parfaite  santé.  Il  y 
a  de  l'embonpoint  et  de  la  fraîcheur;  le  pouls  est  régulier  et  consistant;  on 
ne  sent  point  les  battements  du  cœur;  la  respiration  est  fort  libre;  l'appétit 
est  très  bon;  les  digestions  se  font  à  merveille;  les  garderobes,  les  urines 
sont  dans  l'état  naturel;  les  menstrues  n'ont  pas  cessé  de  couler  régulière- 
ment ;  la  jeune  fille  n'a  d'autre  incommodité  que  le  mouvement  spasmodique 
que  nous  venons  de  décrire.  Marie- Louise  salue  plusieurs  fois  par  jour  :  son 
menton  s'appuie  sur  le  haut  de  la  poitrine;  on  essaye  vainement  de  l'en  déta- 

(I)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  374. 


CHEZ   L'HOMME.    —   TÉNU    SÛL11M.  105 

cher,  la  contraction  est  trop  forte;  mais  il  n'y  a  ni  douleur,  ni  perte  de  con- 
naissance, ni  roideur  d'aucune  autre  partie  du  corps;  seulement,  lorsque  le 
relâchement  s'est  opéré  de  lui-même,  la  malade  éprouve  dans  le  col  un  sen- 
timent de  lassitude  qui  se  dissipe  promptement. 

»  Reconnaissant  pour  toute  maladie  une  affection  nerveuse  dont  on  ignorait 
la  cause,  on  ne  fit  que  la  médecine  du  symptôme.  On  appliqua  à  plusieurs 
reprises  des  sangsues  le  long  du  col  et  sur  l'apophyse  mastoïde  ;  on  fit  prendre 
constamment  des  bains  presque  froids  ;  on  ordonna  successivement  les  eaux 
distillées  aromatiques,  l'élher,  la  valériane  sauvage,  l'asa  fœtida,  les  fumi- 
gations avec  des  substances  d'odeur  fétide,  les  martiaux,  etc.,  etc.  Ce  traite- 
ment réussit,  sinon  complètement  au  moins  de  manière  à  rendre  les  convul- 
sions beaucoup  moins  fortes  et  moins  longues,  et  à  les  éloigner  tellement 
qu'elles  ne  se  renouvelaient  que  tous  les  cinq  ou  six  jours.  Marie-Louise,  se 
contentant  de  cette  cure  palliative,  et  s'ennuyant  du  séjour  de  l'hôpital,  sortit 
de  l'hospice  le  1 8  décembre. 

»  Pendant  le  reste  du  mois,  elle  n'eut  qu'une  convulsion,  et  pendant  le 
mois  de  janvier  et  février  1 81 0,  elle  n'en  eut  que  deux  extrêmement  légères 
et  très  courtes  ;  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  continuer  assidûment  ses  travaux 
ordinaires. 

ï  Au  commencement  de  mars,  les  convulsions  revinrent;  elles  étaient  d'un 
genre  différent.  La  malade  en  était  avertie  par  un  hoquet  violent  et  précipité; 
ensuite  elle  sentait  comme  une  espèce  de  tournoiement  dans  la  région  ombi- 
licale; cette  sensation  remontait  vers  la  gorge  et  y  produisait  de  la  constric- 
lion.  Bientôt  il  s'établissait  une  roideur  générale  dans  tous  les  membres,  qu'il 
était  impossible  de  fléchir.  En  même  temps  on  entendait  comme  un  mouve- 
ment que  l'on  ferait  pour  avaler  avec  peine. 

»  A  la  suite  d'une  de  ces  convulsions,  Marie- Louise  rendit  par  les  selles 
plus  de  63  centimètres  de  ténia  cucurbitin. 

»  Un  médecin  qui  fut  appelé,  saisissant  l'indication,  administra  l'éthersul- 
furique  à  la  manière  indiquée  par  M.  Bourdier  ;  il  fit  faire  usage  de  la  rhu- 
barbe, du  quinquina,  des  pilules  de  Belloste,  des  pilules  drastiques  avec  la 
scammonée,  la  gomme  gutte,  le  mercure  doux.  Ces  divers  moyens  firent 
rendre  encore  plusieurs  portions  de  ténia  et  quatre  à  cinq  vers  lombricoïdes. 
»  Les  symptômes  nerveux  existaient  avec  la  même  intensité  et  la  même 
fréquence;  ils  se  renouvelaient  deux  ou  trois  fois  par  jour,  ce  qui  détermina 
la  malade  à  revenir  à  l'hospice  clinique,  le  1 1  mai.  Les  attaques  avaient  lieu 
cinq  à  six  fois  dans  la  journée;  il  existait  constamment  dans  l'estomac  un 
sentiment  de  plénitude  et  de  soulèvement  qui  allait  jusqu'à  la  nausée.  L'ap- 
pétit était  perdu  en  partie;  toute  la  face  était  pâle  et  plombée;  l'air  était  lan- 
guissant et  souffrant;  des  démangeaisons  continuelles  se  faisaient  sentir  au- 
tour des  narines;  le  ventre  était  un  peu  bouffi;  la  région  ombilicale  était 
douloureuse;  la  diarrhée  survenait  de  temps  en  temps;  on  ne  remarquait 
aucun  trouble  dans  la  circulation  ni  dans  la  respiration;  seulement  le  pouls 
était  irrégulier,  tremblolynl,  vibralile. 


106  AFFECTIONS   YERMINEUSI'S  BES  VOIES  D1GESTIVES 

ï  On  tenta  inutilement,  à  plusieurs  fois,  le  remède  do  M.  Bourdier;  la 
malade  ne  rendit  pas  un  seul  morceau  de  ténia  ;  tout  ce  que  l'on  obtint,  c'est 
que  les  attaques  nerveuses  furent  moins  fréquentes,  et  ne  revinrent  que  tous 
les  trois  ou  quatre  jours.  On  administra  le  remède  de  madame  Nouffer,  qui 
n'eut  pas  plus  do  succès.  EnBn,  on  soumit  Marie-Louise  au  traitement  quo 
l'on  oppose  à  la  colique  de  plomb.  Le  jour  où  elle  avait  pris  les  six  grains  de 
tartrale  de  potasse  antimonié,  elle  rendit  une  masse  blanchâtre,  pelotonnée, 
plus  grosse  que  le  poing.  On  déroula  cette  masse  ;  c'était  un  ténia  de  plus  de 
vingt-quatre  mètres  de  long,  dont  on  crut  reconnaître  la  tête. 

»  Dès  cet  instant,  les  accidents  nerveux  cessèrent.  Pendant  plus  d'un  mois, 
la  malade  ne  rendit  pas  une  seule  portion  de  ténia;  l'appétit  et  l'embonpoint 
revinrent  ainsi  que  les  couleurs,  et  Marie-Louise  sortit  de  l'hospice,  le  1  4  juil- 
let 1810. 

»  Quatre  ans  après,  je  l'ai  revue  à  Boulogne,  près  Paris,  qu'elle  habitait  ; 
elle  était  mariée,  avait  eu  déjà  un  enfant,  et  ne  s'était  ressentie  ni  de  son 
affection  nerveuse,  ni  du  ténia  (1).  » 

On  observe,  principalement  chez  les  malades  naturellement  ner- 
veux ou  qui  le  sont  devenus  par  suite  de  dérangements  produits  par 
le  ténia,  des  phénomènes  sympathiques  différents  de  ceux  que  nous 
avons  indiqués.  Ces  phénomènes  sont  très  variés,  quelquefois  bi- 
zarres, et  consistent  dans  des  désordres  de  quel  que  sens  ou  de  quelque 
fonction;  tantôt  ils  persistent  avec  ténacité,  tantôt,  au  contraire, 
ils  sont  mobiles  et  variables.  Chaque  cas  a  sa  physionomie  propre, 
se  rattachant  en  apparence  à  quelque  état  morbide  déterminé,  ou 
formant  une  affection  sans  analogue.  Malgré  tout  l'intérêt  que  peut 
avoir  la  connaissance  de  ces  faits,  nous  ne  pouvons  en  donner  ici 
que  quelques  exemples  : 

Cas  de  Quettier.  —  Tremblement  périodique. 

«  En  1  802,  un  homme  de  quarante-cinq  ans  éprouvait  depuis  un  an  un 
tremblement  périodique  extraordinaire  de  la  tête  et  des  extrémités;  il  durait 
quelquefois  sept  à  huit  heures.  Cet  homme  conservait  l'usage  de  ses  facultés 
intellectuelles  pendant  les  intervalles  qui  étaient  de  deux  à  trois  jours.  Je 

jugeai  à  la  dilatation  des  pupilles  qu'il  avait  des  vers »  L'administration 

du  remède  de  Bourdier  fit  rendre  un  ténia  et  la  maladie  disparut  (2). 

Cas  de  Legendre.  —  Symptômes  nerveux  singuliers. 

«  Un  homme,  aujourd'hui  âgé  de  vingt-sept  ans,  fut  pris,  à  l'âge  de  qua- 
torze ans,  sans  cause  connue,  d'une  espèce  de  chatouillement  presque  conti- 

(1)  J.-J.  Leroux,  Cours  sur  les  gén.  de  la  méd.  prat.}  t.  IV,  p.  316.  Paris,  1826. 

(2)  Quettier,  Thèse  de  Paris,  n°  97,  p.  13.  1808. 


CHEZ  L'HOMME.    —  TÉNIA   SOLIUM.  107 

nuel,  ayant  pour  siège  la  peau  du  bord  externe  du  petit  doigt  de  la  main 
gauche  ;  ce  chatouillement  était  semblable  à  celui  qui  serait  déterminé  par  la 
marche  d'un  insecte  sur  la  peau,  d'une  mouche,  par  exemple;  cette  sensation 
morbide  persista  huit  jours;  elle  s'accompagnait  de  peu  de  sûreté  des  mouve- 
ments de  la  main  gauche,  qui,  même  à  deux  ou  trois  reprises  différentes, 
s'engourdit  complètement  en  même  temps  que  les  doigts  s'ouvraient  involon- 
tairement ;  c'est  ainsi  qu'une  fois  étant  sorti  tenant  plusieurs  sous  renfermés 
dans  la  main  gauche,  il  arriva  au  bout  de  sa  course,  la  main  ouverte,  et  ayant 
perdu  sans  s'en  douter  l'argent  qu'il  avait  emporté.  Avec  ces  troubles  de  la 
sensibilité  tactile,  existaient  de  la  diplopie,  de  fréquents  éblouissements  et 
des  visions  bizarres  ;  ainsi,  il  croyait  voir  une  autre  tête  à  côté  de  la  sienne, 
et  il  lui  semblait  que  ses  bras  ne  lui  appartenaient  pas. 

»  Après  un  certain  temps  de  durée  de  ces  phénomènes,  le  malade  fut  pris 
d'une  attaque  épileptiforme,  précédée  d'une  sorte  à!  aura  avec  perte  complète 
de  connaissance  qui  dura  plusieurs  heures. 

»  Huit  jours  après  cet  accès,  il  s'en  manifesta  un  second  à  peu  près  sem- 
blable; dans  l'intervalle,  la  sensation  de  chatouillement  au  petit  doigt  ne  se 
reproduisit  plus,  mais  les  troubles  de  la  vision  persistaient  toujours;  le  ma- 
lade continuait  à  voir  une  tête  à  côté  de  la  sienne,  et,  à  de  nombreuses  re- 
prises, les  globes  oculaires  étaient  agités  de  petits  mouvements  convulsifs 
dans  les  orbites;  en  même  temps,  il  n'était  pas  complètement  maître  de  se 
diriger  là  où  il  voulait,  et,  par  exemple,  de  suivre  un  trajet  en  ligne  droite; 
il  avait  une  tendance  invincible  en  marchant  à  incliner  sur  sa  gauche.  C'est 
ainsi  qu'un  jour,  en  voulant  traverser  droit  devant  lui  une  rue,  alors  qu'une 
voiture  venait  vers  lui  de  gauche  à  droite ,  il  alla  donner  de  l'épaule  gauche 
contre  le  poitrail  du  cheval,  entraîné  d'une  manière  invincible  vers  cet  obsta- 
cle qu'il  voyait  parfaitement  et  par  lequel  il  fut  renversé  bien  qu'il  eût  fait 
tous  ses  efforts  pour  l'éviter.  » 

Les  attaques  convulsives  continuèrent  pendant  trois  années.  De  dix-sept  a 
vingt-quatre  ans,  la  santé  fut  meilleure  ;  il  ne  restait  guère  que  des  mouve- 
ments spasmodiques  de  différents  muscles  et  principalement  de  l'orbiculaire 
des  paupières  qui  se  reproduisaient  tous  les  jours,  surtout  le  matin.  A  vingt- 
quatre  ans,  il  éprouva  le  soir  des  douleurs  pongitives  très  vives  à  l'épigastre; 
elles  se  reproduisirent  fréquemment  et  pendant  les  huit  derniers  mois  tous  les 
jours;  elles  devinrent  tellement  fortes  que  le  malade  redoutait  le  moment  de 
se  coucher. 

L'évacuation  d'un  ténia  de  5  mètres  de  longueur,  à  la  suite  de  l'adminis- 
tration de  1  ecorce  de  racine  de  grenadier,  fit  disparaître  tous  les  symptômes. 
Deux  mois  après,  la  guérison  s'était  maintenue  complète  (1). 

Cas  de  Billard.  ■ —  Faim  extraordinaire. 

Il  s'agit  d'un  matelot,  âgé  de  vingt-huit  ans,  qui  éprouva  peu  de  temps 

(1)  F.-L.  Legendre,  Observ.  propres  à  éclairer  les  symptômes  nerveux  que  déter- 
mine le  ténia,  obs.  1,  p.  188  (Archiv.  gén.  de  méd.,  4e  série,  t.  XXIII.  Paris,  1850). 


'108  AFFECTIONS  VEBMINBDSES  DES  VOIES  DIC.ESTIVES 

après  son  embarquement,  une  faim  dévorante;  il  n'était  occupé  nuit  et  jour 
qu'à  chercher  les  moyens  do  l'assouvir.  Il  fut  forcé  d'implorer  la  pitié  de  ses 
camarades,  qui  lui  livraient,  après  leur  repas,  les  restes  de  soupe,  de  pain  ou 
de  biscuit,  et  ces  secours  ne  lui  suffisaient  pas;  il  vola  enfin  et  vendit  ses 
vèloments  pour  se  procurer  à  manger.  Condamné  pour  ces  faits,  il  finit  par 
être  envoyé  à  l'hôpital.  Là,  on  augmente  sa  portion  d'une  ration  tous  les  dix 
jours  sans  pouvoir  le  rassasier;  après  cinq  mois,  il  passe  dans  la  salle  des  con- 
signés, confiée  aux  soins  du  docteur  Billard  :  «  Le  premier  jour,  je  lui  signai 
un  bon  de  vingt-deux  rations  ordinaires,  et  malgré  cela  Émery  éprouva  de 
violentes  agitations.  J'accordai  une  ration  de  plus,  et  je  fis  tous  mes  efforts 
pour  reconnaître  quelle  était  la  cause  de  cette  maladie,  sans  pouvoir  établir 
un  diagnostic.  Le  voyant  après  qu'il  eut  copieusement  mangé,  je  lui  trouvai 
la  région  épigastrique  élevée  ;  une  demi-heure  après  elle  était  très  affaissée. 
La  figure  était  pâle;  les  sécrétions  se  faisaient  comme  dans  l'état  de  la  santé; 
le  pouls  était  petit  et  serré  dans  les  paroxysmes  et  naturel  hors  des  accès. 
Le  malade,  qui  était  gai  pendant  la  plénitude  de  l'estomac,  était  triste  dans 
sa  vacuité  et  extrêmement  agité.  »  N'espérant  plus  trouver  de  remède  à  ses 
maux,  le  malade  cherche  à  se  suicider  ;  quatre  jours  après  cette  tentative, 
on  remarque  dans  ses  garderobes  une  portion  de  ténia;  l'administration  du 
remède  de  Bourdier  fait  évacuer  en  masse  un  ténia  ;  tous  les  symptômes  dis- 
paraissent. «  La  simple  ration  suffit  désormais  à  Emery,  qui  jouit  d'une  par- 
faite santé  (1).  » 

Cas  de  Bremser.  —  Toux  rebelle. 

<i  Une  jeune  fille  de  onze  ans  était  tourmentée  par  une  toux  sèche  et  presque 
continuelle.  Ayant  observé  qu'elle  rendait  des  articulations  de  ténia,  on  lui 
fit  faire  usage  d'anthelminthiques;  elle  évacua  un  grand  morceau  de  l'animal, 
et  la  toux  se  calma  pendant  deux  mois,  époque  à  laquelle  elle  reparut  de 
nouveau.  Une  nouvelle  évacuation  d'un  morceau  de  ténia  eut  lieu  et  la  toux 
cessa  encore  une  fois  momentanément.  Cette  fille  éprouva  encore  par  la  suite 
les  mêmes  accidents  trois  ou  quatre  fois,  jusqu'à  ce  qu'enfin  je  parvins,  il  y 
a  à  peu  près  huit  ans,  à  détruire  complètement  son  ténia,  et  depuis  ce  temps 
la  toux  n'a  plus  reparu  (2).  » 

P.  Frank  rapporte  l'observation  d'un  homme  âge  de  quarante  ans, 
qui  éprouvait  une  puanteur  insupportable  des  narines;  l'odeur 
n'était  sensible  que  pour  lui  ;  il  n'y  avait  aucun  signe  d'altération 
morbide  des  fosses  nasales.  Cet  homme  rendait  des  anneaux  de 
ténia;  par  un  traitement  convenable  le  ver  fut  expulsé  en  entier  et 
le  malade  se  trouva  aussitôt  délivré  de  l'odeur  infecte  qu'il  éprou- 
vait (3).   Le  même  auteur  rapporte  deux  autres  faits   (obs.  3  et 

(1)  Debry,  Sur  le  ténia  humain  (Thèse,  n°  73,  observ.  IV,  p.  11.  Paris,  1817). 

(2)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  374. 

(3)  Ouvr.  cit.,  t.  V,  p.  383. 


CHEZ   L'HOMME.   —  TÉNIA   SOL1UM.  109 

obs.  4),  clans  lesquels  cette  perversion  de  l'odorat  et  d'autres  phé- 
nomènes déterminés  par  la  présence  du  ténia  furent  guéris  par  l'ex- 
pulsion de  ce  ver. 

Dans  d'autres  cas  c'est  une  perversion  de  l'ouïe  qui  consiste  dans 
l'impression  douloureuse  ou  désagréable  occasionnée  par  la  mu- 
sique. 

Parmi  les  troubles  de  la  vue  signalés  par  les  auteurs  nous  ne  par- 
lerons ici  que  de  l'amaurose.  Ce  phénomène  se  montre  quelquefois 
dans  les  cas  de  ténia,  mais  non  d'une  manière  permanente.  Parmi 
les  malades  dont  P.  Frank  rapporte  l'histoire  (1),  celui  de  l'obser- 
vation 4  eut  une  amaurose  momentanée;  la  fille  qui  fait  le  sujet  de 
l'observation  6,  fut  atteinte  d'une  amaurose  complète,  mais  mo- 
mentanée qui  affectait  tantôt  l'œil  droit,  tantôt  l'œil  gauche;  chez 
le  malade  de  l'observation  7,  l'œil  gauche  fut  frappé  d'amaurose 
pendant  un  quart  d'heure. 

Outre  le  prurit  de  certaines  parties,  le  sens  du  toucher  peut  offrir 
des  symptômes  d'hyperesthésie  ou  d'anesthésie.  Le  malade  de 
l'observation  4  de  P.  Frank  se  plaignait  d'un  sentiment  de  formi- 
cation  dans  les  mains,  dans  les  doigts,  qui  étaient  privés  de  sensi- 
bilité et  de  mouvement ,  ce  qui  l'empêchait  de  vaquer  à  ses  occupa- 
tions. Ces  symptômes  disparurent  après  l'expulsion  d'un  ténia  de 
huit  aunes. 

Beaucoup  d'autres  phénomènes  insolites  ont  été  observés  chez  les 
malades  atteints  du  ténia,  tels  sont  :  l'aphonie  momentanée,  la  perte 
de  la  mémoire,  une  insomnie  persistante,  des  épistaxis  fréquentes, 
des  vomissements  répétés,  une  ardeur  inaccoutumée  dans  les  rap- 
ports conjugaux,  des  désordres  dans  la  menstruation,  etc.  Nous 
avons  donné  dans  les  généralités  sur  les  affections  vermineuses  des 
voies  digestives,  l'indication  d'un  certain  nombre  de  faits  qui  ont 
rapport  à  ces  désordres  (voy.  p.  53). 

Il  n'y  a  point,  parmi  les  phénomènes  dont  nous  avons  parlé,  de 
symptôme  pathognomonique  de  la  présence  du  ténia,  mais  on  peut 
trouver  dans  l'association  de  quelques  uns  de  ces  phénomènes  des 
raisons  de  la  soupçonner.  Un  long  état  de  malaise  avec  l'amaigris- 
sement et  des  désordres  de  l'appétit  sans  symptômes  d'une  maladie 
organique,  du  diabète,  etc  ,  la  gastralgie,  des  coliques  fréquentes 
sans  diarrhée,  avec  le  prurit  du  nez  ou  de  l'anus,  quelques-uns  de 

(l)  Ouvr.  cit.,  t.  V,  p.  383  et  suiv. 


110  AFFECTIONS   VERMINEUSES  DES   VOIES  DIGESTIVES 

ces  symptômes  accompagnés  de  crampes,  de  douleurs  dans  les  mem- 
bres, d'un  brisement  général,  etc.,  ou  de  quelque  phénomène  inso- 
lite, extraordinaire,  indiquent  presque  avec  certitude  la  présence  du 
ver  solitaire,  s'ils  datent  de  plusieurs  mois  ou  de  plusieurs  années 
et  s'ils  se  produisent  par  accès  irréguliers. 

Si  le  malade,  chez  lequel  existent  plusieurs  de  ces  symptômes, 
n'a  pas  remarqué  de  fragments  de  ténia  dans  ses  garderobes,  il  ne 
tardera  pas,  en  général,  à  en  découvrir,  lorsque  son  attention  aura 
été  appelée  sur  ce  point  ;  car,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  l'issue  de 
fragments  ou  d'anneaux  libres  du  ver  solitaire  a  lieu  fréquemment 
et  quelquefois  journellement.  Néanmoins,  dans  quelques  cas,  il  est 
nécessaire  de  mettre  de  la  persévérance  dans  cette  recherche,  l'ex- 
pulsion des  fragments  du  ténia  n'ayant  lieu,  chez  quelques  malades, 
qu'après  un  intervalle  de  plusieurs  semaines  ou  même  de  plusieurs 
mois  ;  au  reste,  l'administration  d'un  purgatif  pourrait,  dans  un  assez 
grand  nombre  de  cas,  mettre  l'existence  du  ver  en  évidence. 

L'expulsion  complète  du  ténia  fait  ordinairement  cesser  tous  les 
accidents  ;  celle  d'une  partie  de  ce  ver  les  fait  cesser  pour  un  temps 
dont  la  durée  est  probablement  en  rapport  avec  l'importance  de  la 
portion  expulsée.  Lorsque  la  tête  n'a  conservé  qu'un  filament  très 
court,  les  accidents  ne  reparaissent  qu'après  plusieurs  mois.  C'est  ce 
que  l'on  peut  inférer  de  l'étude  d'un  certain  nombre  de  faits  parmi 
lesquels  je  me  bornerai  à  citer  les  suivants  : 

M.  Louis  Aubert,  atteint  du  ténia  en  Abyssinie,  le  chasse  par  le 
cousso,  mais  la  tête  n'est  pas  expulsée.  D'après  l'inspection  de  l'ex- 
trémité mince  du  ver,  ce  médecin  estime  qu'il  ne  doit  rester  avec  la 
tête  qu'un  filament  de  quelques  centimètres  de  longueur.  Les  cucur- 
bitins  reparaissent  au  bout  de  trois  mois  (1). 

Une  fille  de  vingt-trois  ans,  observée  par  le  docteur  David',  est 
atteinte  d'un  ténia  qui  détermine  une  longue  série  d'accidents  ;  une 
grande  portion  du  ver  est  expulsée  et  les  accidents  cessent.  Trois 
mois  après,  les  accidents  reparaissent  et  en  même  temps  des  cucur- 
bitins  dans  les  selles  (2). 

Dans  certains  cas,  assez  rares  cependant,  les  malades  sans  le  se- 
cours d'aucun  remède  cessent  de  rendre  des  fragments  de  ténia  ;  les 
symptômes  qu'ils  éprouvaient  disparaissent  et  la  guérison  arrive 
spontanément. 

(1)  Mém.cit. 

(2)  David,  Gaz.  méd.  de  Paris,  t.  XI,  p.  40,  1843. 


CHEZ  L'HOMME.  —  BOTHRIOCÉPHALE  LARGE.        111 

CHAPITRE   V. 

BOTHRIOCÉPHALE  LARGE  (SynojJS.,  n°  30). 

DÉNOMINATIONS. 

Les  noms  anciens  et  vulgaires  du  ténia  solium  ont  aussi  désigné j  le  bothriocéphale 

large. 
Tœnia  prima,  Plater. 
Tœnia  velerum,  Spigel. 

Tœnia  de  la  seconde  espèce,  tœnia  à  épine,  Andry. 
Tœnia  de  la  première  espèce,  Van  Doeveren. 
Tœnia  à  anneaux  courts,  tœnia  à  mamelons  ombilicaux,  Bonnet. 
Tœnia  lata,  tœnia  vulgaris,  Linné. 
Ténia  inerme  urnana,  Brera. 
Bothriocephalus  latus,  Bremser. 
Ténia  inerme  des  médecins. 

En  faisant  l'histoire  du  ténia  solium,  nous  avons,  pour  ainsi  dire, 
fait  celle  du  bothriocéphale  large.  Comme  le  ténia  ,  ce  ver  habite 
l'intestin  grêle  auquel  il  se  fixe  par  sa  tête.  11  est  plus  fréquent  chez 
les  adultes  et  chez  les  femmes?  Les  conditions  qui  déterminent  son 
développement  sont  inconnues.  Il  peut  être  inoffensif  ou  donner  lieu 
à  des  phénomènes  plus  ou  moins  intenses,  analogues  à  ceux  que  pro- 
duit le  ténia,  et  à  des  accidents  semblables.  Nous  n'aurons  donc, 
pour  compléter  son  histoire,  qu'à  signaler  quelques  différences  peu 
importantes  qui  distinguent  les  deux  vers  cestoïdes  de  l'homme  dans 
leur  existence  pathologique. 

Le  bothriocéphale  acquiert  ordinairement  plus  de  longueur  que  le 
ténia;  il  prend  quelquefois  des  proportions  énormes;  aussi  les  acci- 
dents qu'il  détermine  sont  souvent  plus  intenses  et  plus  graves.  Les 
anneaux  arrivés  à  maturité  ne  se  détachent  point  isolément  et  ne 
vivent  point  d'une  vie  indépendante  ;  le  bothriocéphale,  en  un  mot, 
ne  forme  point  de  cucurbitins.  L'évacuation  des  fragments  de  ce  ver 
se  fait  par  portions  plus  considérables  que  celles  du  ténia  et  l'inter- 
valle qui  existe  entre  l'expulsion  de  chacune  des  portions  du  ver  est, 
en  général,  très  long. 

Un  fait  singulier  qui  a  été  signalé  par  Rudolphi  et  Bremser,  c'est 
que,  à  leur  connaissance,  jamais  un  bothriocéphale  n'avait  été  trouvé 
dans  un  cadavre  humain  (1). 

(1)  Il  est  probable  que  le  cas  d'un  ver  plat  qui  occupait  toute  la  longueur  des 


112  AFFECTIONS   VElUttlNEUSES   OES  VOU'.S   DÏGESTIVKS 

Comme  le  ténia,  le  bothriocéphale  est  ordinairement,  mais  non 
toujours  solitaire  :  Bonnet  a  vu  deux  bothriocéphales  expulsés  par 
un  malade  Leur  partie  antérieure  terminée  par  un  fil  très  mince 
prouvait  que  ces  vers  formaient  réellement  deux  individus  dis- 
tincts (1).  Le  docteur  Ronlet  (d'Anvers)  fit  rendre  à  une  fille  de 
trente-deux  ans  deux  bothriocéphales  munis  de  leur  tête  ;  cette  fille 
n'avait  d'autre  symptôme  de  vers  que  les  pupilles  dilatées  (2).  Nous 
avons  rapporté  déjà  un  cas  de  trois  bothriocéphales  observés  chez 
une  femme  par  M.  Rayer  (voy.  p.  76).  Sur  les  côtes  de  la  province 
de  Nordbotten  (Suède)  où  le  bothriocéphale  est  endémique,  ce  ver, 
dit  M.  Huss,  est  rarement  solitaire. 

Dans  la  même  Contrée,  suivant  l'opinion  générale,  le  bothriocé- 
phale serait  héréditaire.  On  le  rencontre  chez  les  riches  comme  chez 
les  pauvres,  les  jeunes  comme  les  vieux  ;  on  l'a  observé  même  chez 
des  enfants  à  la  mamelle  (3). 

«  Autant  que  nous  pouvons  en  juger,  dit  P.  Frank,  par  nos  pro- 
pres observations  et  celles  des  autres,  nous  reconnaissons  que  ces 
deux  genres  de  vers  (ténia,  bothriocéphale)  n'ont  point  de  signe  qui 
puisse  les  faire  distinguer  l'un  de  l'autre  avant  leur  sortie  du 
corps  (4).  »  Il  est  un  symptôme  fréquent  de  la  présence  du  ver  soli- 
taire, symptôme  que  ne  produit  point  ordinairement  le  bothriocé- 
phale, c'est  le  prurit  à  l'anus  ;  en  effet,  quoique  ce  prurit  puisse  être 
sympathique,  comme  celui  du  nez,  il  est  bien  plus  fréquemment 
déterminé  par  la  titillation  des  cucuibitins. 

»  Les  symptômes  qu'd  produit,  dit  Odier  qui  a  souvent  observé 
le  bothriocéphale  à  Genève,  sont  des  gonflements  dans  différentes 
parties  du  ventre,  des  selles  irrégulières,  des  nausées,  des  vertiges, 

intestins,  petits  et  gros,  ehez  une  femme  dont  parle  Th.  Bonet,  se  rapporte  au 
bothriocéphale.  Cette  femme  succomba  à  Genève  a  la  suite  d'accidents  nerveux  très 
violents  (Bonet.  Sepulc,  lib.  IV,  sect.  x,  obs.  XIV,  §  1,  t.  III,  p.  527). 

(1)  Ch.  Bonnet,  ouvr.  cit.,  t.  II,  p.  125. 

(2)  Routet,  Arch.  gén.  de  méd.,  -1829,  cité  par  Mérat  (Mém.  cit.,  obs.  148, 
p.  130).  L'indication  bibliographique  est  inexacte,  comme  beaucoup  d'autres  de 
cet  auteur. 

(3)  MaguusHuss,  Mém.  cit. 

Nous  avons  rapporté  le  cas  d'un  enfant  à  la  mamelle  atteint  du  bothriocéphale, 
observé  par  Wolphius  (p.  12);  celui  d'un  enfant  de  dix-neuf  mois,  observé  A 
Boston  (p.  87);  un  autre  observé  à  Londres,  d'une  petite  fille  de  dix-huit  mois 
(p.  88,  note). 

(4)  P,  Frauk,  ouvr.  cit.,  t.  V,  p.  3SI. 


CHEZ   L'HOMME.  —  nOTHRIOCÉPHAtE  LARGE.  H  3 

des  palpitations,  des  cris  et  des  soubresauts  pendant  la  nuit,  de  la 
cardialgie,  des  défaillances,  etc.  (1).  » 

Dans  la  province  de  Nordbotten,  dit  M.  Magnus  Huss,  les  sym- 
ptômes du  bothriocéphale  consistent,  en  général,  dans  une  sensa- 
tion désagréable  de  succion  à  l'épigastre,  surtout  à  jeun,  dans  l'ap- 
pétit d'aliments  salés,  dans  les  gargouillements  du  ventre,  une  douleur 
avec  pesanteur  sus-orbitaire  revenant  et  disparaissant  par  accès.  Les 
jeunes  filles  éprouvent  souvent  des  accidents  nerveux  ;  les  hommes, 
au  contraire,  ne  ressentent  ordinairement  aucune  incommodité. 

Plusieurs  auteurs  ont  dit  que  le  ténia  armé  (ténia  solium)  occa- 
sionne des  douleurs  plus  vives,  plus  constantes  que  le  ténia  inerme 
(bothriocéphale)  ;  mais  il  est  visible  que  ces  auteurs  ont  fait  ici  un 
raisonnement  par  induction  et  qu'ils  n'ont  pas  réfléchi  à  la  petitesse 
des  crochets  du  ténia;  il  en  est  aussi  qui,  à  raison  de  l'adhérence  des 
crochets  à  la  membrane  muqueuse  intestinale,  ont  regardé  le  ténia 
comme  plus  difficile  à  expulser;  cependant  un  plus  grand  nombre 
ont  regardé  le  bothriocéphale  comme  plus  tenace,  plus  difficile  à 
chasser  que  le  ténia,  et  par  cela  plus  fâcheux  (2).  Cette  opinion,  qui 
est  ancienne,  vient  peut-être  de  ce  que  les  remèdes  employés  au- 
trefois ne  conviennent  pas  également  aux  deux  vers  cestoïdes  de 
l'homme,  et  que  ceux  qui  expulsent  le  ténia  ont  été  plus  ancienne- 
ment ou  plus  généralement  employés.  A  ce  point  de  vue,  il  impor- 
terait de  connaître  à  quel  ver  on  a  affaire,  lorsqu'on  se  propose  de 
l'expulser.  La  fréquence  ou  la  rareté  de  l'évacuation  des  fragments, 
leur  petit  ou  leur  grand  volume,  l'existence  ou  l'absence  de  déman- 
geaisons à  l'anus,  le  pays  qu'habite  ou  qu'a  habité  le  malade,  don- 
neront des  indications  à  cet  égard;  l'administration  d'un  purgatif 
et  l'examen  des  anneaux,  s'il  en  est  d'expulsés,  ne  laisseront  au- 
cune incertitude. 

La  durée  du  bothriocéphale  ne  paraît  pas  moindre  que  celle  du 
ténia;  Bremser  a  vu  ce  ver,  à  Vienne,  chez  un  Suisse  du  canton  de 
Glaris,  qui  avait  quitté  son  pays  depuis  treize  ans  (3).  Nous  ne 
connaissons  aucun  fait  qui  prouve  que  cet  entozoaire  disparaisse 
quelquefois  spontanément. 

(1)  Ouvr.  cit.,  p.  222. 

(2)  «Nous  avons  vu  constamment,  dit  P.  Frank  (ouvr.  cit.,  t.  V,  p.  395),  le 
bothriocéphale  occasionner  les  mêmes  symptômes  que  le  ténia;  ils  étaient  seule- 
ment plus  opiniâtres.  » 

(S)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  173,  174. 

DA  VAINE.  8 


\\l\  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES  VOIES  DIGESTIVES 

CHAPITRE  VI. 

CESTOÏDES     ERRATIQUES. 

Quelquefois  les  vers  cestoïdes,  comme  les  lombrics,  sortent  par  une 
lésion  de  l'intestin  ;  mais  dans  ce  cas,  d'ailleurs  très  rare,  le  ténia 
ou  le  bothriocéphale  n'est  pour  rien  dans  la  production  de  la  lésion 
qui  lui  donne  issue;  sa  tête,  qu'il  enfonce  dans  la  membrane  mu- 
queuse de  l'intestin,  ne  détermine  aucune  inflammation,  aucun  chan- 
gement appréciable  dans  cette  membrane,  et  ne  peut  en  causer  la 
perforation.  Nous  parlerons  avec  quelque  étendue,  à  propos  de  l'as- 
caride lombricoïde,  des  lésions  pathologiques  occasionnées  par  les 
entozoaires  dans  le  tube  digestif,  nous  nous  bornerons  ici  à  rappeler 
les  faits  qui  concernent  les  vers  cestoïdes.  On  a  vu  ces  vers  sortir  à 
travers  les  parois  abdominales  ou  pénétrer  dans  la  vessie. 

1°  Cestoïdes  sortant  à  travers  les  parois  abdominales. 

Ier  Cas  (Hildesius).  —  Abcès  inguinal. 

«  Uxor  cujusdam  pisloris  in  hoc  oppido,  eodem  in  loco  (l'aine)  ulcus  ha- 

buit cùm  autem  adhibito  emplastro  aperiretur,  lumbricum  latum  longitu- 

dine  ferè  2  spithamorum  manu  extraxit,  ac  posteà  consolidatum  est.  ulcus  (1  ).  » 

IIe  Cas  (H.  D.  Spqering).  — •  Fistule  inguinale. 

Il  s'agit,  dans  cette  observation,  d'une  fistule  consécutive  à  une  hernie  in- 
guinale du  côté  droit,  de  laquelle  une  portion  de  ténia  fut  extraite.  La  fistule 
laissa  suinter  longtemps  après  la  sortie  du  ver  une  matière  jaune  noirâtre, 
fétide  (2). 

IIIe  Cas  (Moulenq).  —  Fistule  inguinale. 
Il  s'agit,  dans  ce  cas,  d'une  femme  de  quarante  ans  qui  portait  dans  l'aine 
droite,  au-dessus  du  ligament  de  Fallope,  une  tumeur  de  la  grosseur  d'un 
œuf  de  pigeon.  Cette  tumeur  devint  douloureuse  et  s'ouvrit  par  deux  petits 
pertuis,  qui  restèrent  fistuleux.  Quelque  temps  après,  une  portion  du  ténia  se 
présenta  à  l'une  des  ouvertures  et  fut  extraite  par  le  chirurgien,  qui  crut  y 
reconnaître  la  tête.  Trois  ou  quatre  jours  après,  un  second  ténia  parut  et  fut 
extrait  par  l'autre  ouverture.  Il  était  plus  petit  que  le  premier  et  ne  fut  point 
examiné. 

(1)  De  Joann.  Franc.  Hildesii  Cameniceni  observationibus ,  et  J.  Schenckius, 
op.  cit.,  lib,  III,  De  lumbricis. 

(2)  Svensk,  Vel.ac  Handl.,  1747,  p.  103,  et  Rudolphi,  Eut.  hist,,  t.  I,  p.  14-i. 


CHEZ   L'HOMME.   —  CESTOÏDES   ERRATIQUES.  i  1  5 

La  suppuration  devint  plus  mauvaise  et  plus  abondante  ;  les  matières  fé- 
cales les  plus  liquides  s'échappaient  par  le  trou  d'où  était  sorti  le  dernier  ténia. 
Au  bout  d'un  mois,  l'une  des  ouvertures  se  ferma,  l'autre  resta  fistuleuse  et 
fut  plus  longtemps  à  guérir  (1  ). 

IVe  Cas  (Von  Siebold).  —  Abcès  ombilical.  ' 

«  En  avril  4  841 ,  on  reçut  à  la  clinique  (à  Erlangen)  un  garçon  de  vingt- 
deux  ans.  Celui-ci,  issu  de  parents  sains  et  bien  portants,  souffrait  depuis 
son  enfance  de  la  maladie  scrofuleuse  qui  se  traduisait  surtout  par  la  forme 
d'abcès  nombreux.  À  l'entrée  du  malade,  il  avait  sur  le  corps  un  certain  nom- 
bre de  ces  abcès  petits  et  ouverts;  l'un  d'eux  siégeait  immédiatement  sur 
l'ombilic,  de  manière  à  lui  donner  l'aspect  de  celui  d'un  nouveau  né.  Un  peu 
au-dessus  de  l'ombilic,  il  existait  un  dépôt  assez  considérable  de  matière  scro- 
fuleuse non  ramollie.  On  mit  ce  malade  à  l'usage  de  la  décoction  de  Zitlmann. 
Un  jour,  après  avoir  pris  environ  1 2  onces  de  ce  médicament,  on  appela  en 
toute  hâte  le  médecin  assistant,  parce  qu'il  semblait  sortir  quelque  chose  de 
vivant  par  l'ombilic.  En  effet,  on  trouva  en  ce  point  une  anse  de  tœnia  solium 
longue  d'environ  6  pouces  ;  cette  anse  paraissait  douée  de  vie  ;  elle  était 
blanche,  et  n'offrait  aucun  vestige  de  matière  chyleuse  ou  excrémentitielle.  On 
exerça  quelques  tractions,  et  l'on  put  faire  sortir  une  certaine  quantité  de  ru- 
ban verminenx  ;  celui-ci  devint  de  plus  en  plus  étroit,  et  l'on  ne  tarda  pas  à 
extraire  la  tête  du  ver  parfaitement  conservée  et  reconnaissable.  L'extré- 
mité inférieure  du  ténia  fut  ensuite  extraite  avec  facilité.  Il  était  long  de  plu- 
sieurs mètres  ;  dans  l'eau  tiède,  il  se  remua  longtemps  avec  toutes  les  appa- 
rences de  la  santé;  il  était  lisse,  uni  et  parfaitement  propre.  11  ne  sortit  par 
l'ouverture  qui  lui  avait  donné  issue  aucune  matière  liquide  ou  gazeuse  qui 
pût  faire  soupçonner  une  perforation  intestinale.  Le  malade  fut  mis  à  l'usage 
de  soupes  légères  et  soumis  à  un  repos  absolu. 

»  Il  ne  survint  aucun  accident,  et,  quelques  jours  après  la  sortie  du  ver, 
on  put  revenir  au  régime  habituel.  La  plaie  suppurante  de  l'ombilic  qui  avait 
donné  issue  au  ténia  fut  plusieurs  fois  et  soigneusement  examinée  avec  le 
stylet,  mais  jamais  l'examen  ne  put  être  complet,  à  cause  des  vives  douleurs 
qu'il  déterminait.  On  ne  put  jamais  porter  le  stylet  à  plus  d'un  demi-pouce  de 
profondeur.  La  plaie  ne  subit  d'ailleurs  aucune  amélioration,  et  le  malade 

(1)  Moulenq,  Sur  un  ténia  sorti  de  l'aine  d'une  femme  (Journ.  de  méd.,  1781. 
t.  LVI,  p.  330). 

L'examen  de  la  seconde  portion  du  ténia  n'ayant  pas  été  fait,  on  ne  peut  dire, 
avec  l'auteur  et  Rudolphi,  qu'il  y  eût  daus  ce  cas  deux  ténias. 

Brera,  à  la  page  172  de  son  Traité  des  maladies  vermineuses,  dit  que  la  présence 
du  ténia  peut  occasionner  la  suppuration  et  la  gangrène  de  l'intestin;  il  cite, à 
l'appui  de  cette  opinion  ,  Syllogen  observationum  varii  argument'^  Hauniœ,  1782, 
p.  45.  S'agit-il  de  l'observation  de  l'ancien  Journal  de  médecine,  1781,  qui  aurait 
été  reproduit  dans  ce  recueil?  Je  n'ai  pu  m'en  assurer  ;  mais  le  rapprochement  des 
dates  l'indiquerait. 


116  AFFECTIONS   VERM1NEUSES   DES   VOIES   DIGESTiVES 

mourut  un  an  après,  de  phthisie  pulmonaire.  On  ne  put  pas  faire  l'autopsie 

du  cadavre  (I).  » 

2°  Cestoïdes  pénétrant  dans  la  vessie. 
Ve  Cas  (Bellacatus). 

«  Aloïsus  Bellacatus,  medicus  Patavii  sua  œtate  celebris,  in  schedis  reli- 
quit  adolescentulumquemdam,  Curtii  presbyteri  nepotem,postdifficilem  quin- 
que  dierum  mictionem  cum  insigni  dolore  pungente  ad  cervicem  vesicse,  pro- 
pinata  chelidonii  aqua.moxconvaluissepostquam  copioso  lotii  profluvio  taeniam 
reddidisset  vivam  (2).  » 

VIe  Cas  (Dakbon). 

«  M.  T âgé  de  cinquante-six  ans,  éprouvait  depuis  quelque  temps  une 

démangeaison  insupportable  à  l'anus,  lorsqu'il  se  vit  atteint  tout  à  coup  de 
violentes  crampes  à  la  verge,  accompagnées  de  douleurs  atroces  qui  lui  firent 
perdre  connaissance  pendant  plusieurs  heures.  Revenu  à  lui,  il  éprouva  une 
grande  difficulté  d'uriner,  bien  qu'il  en  eût  un  besoin  extrême.  Au  bout  de 
quelques  minutes,  il  rendit  par  l'urèlhre  quelques  articulations  de  ténia,  et 
dès  lors  l'émission  de  l'urine  eut  lieu  avec  facilité.  Les  douleurs  cessèrent 
pendant  sept  ou  huit  jours,  au  bout  desquels  les  mêmes  symptômes  reparurent 
avec  frissons,  douleurs  dans  les  membres,  réLraction  delà  verge  vers  la  racine, 
ainsi  que  des  testicules  qui  devinrent  douloureux.  Le  scrotum  prit  une  couleur 
ardoisée,  due  sans  doute  à  une  transpiration  gluante  qui  teignait  le  linge  en 
bleu.  Le  malade  eut  une  attaque  semblable  à  la  précédente,  qui  se  termina  en 
rendant  de  nouveaux  fragments  de  ténia.  Ces  attaques  reparaissaient  tous  les 
huit  jours  et  duraient  de  douze  à  quinze  heures.  Dans  une,  il  en  sortit  par 
l'urèthre  un  fragment  de  six  pouces  de  long,  et  dans  une  autre,  un  de  demi- 
aune,  ce  qui  causa  un  tel  obstacle  à  l'émission  de  l'urine,  que  le  malade  se 
trouva  dans  une  situation  très  alarmante.  Cet  état  persistait  depuis  un  an, 
lorsque  M.  A...  se  présenta  au  docteur  Darbon.  Ce  dernier,  après  s'être  con- 
vaincu de  l'existence  du  ténia,  commença  par  injecter  dans  la  vessie  de  l'eau 
tiède,  afin  de  la  bien  vider;  il  y  introduisit  ensuite,  au  moyen  d'une  sonde 
creuse,  sa  potion  contre  le  ténia,  et  y  laissa  cette  sonde  fixée,  afin  de  favori- 
ser l'émission  des  urines  sans  charrier  aucune  partie  du  ver.  Il  renouvela 
pendant  deux  jours  l'injection  de  sa  potion,  en  y  laissant  la  sonde  fixée  cinq 
jours  de  plus.  Le  neuvième,  l'ayant  retirée,  lemalade  excréta,  avec  ses  urines, 
plusieurs  aunes  de  ténia  en  grande  partie  désarticulé,  et  dans  un  grand  état 
de  flétrissure.  Depuis  ce  temps,  M.  A,.,  s'est  vu  délivré  de  tousses  maux  (3).  » 

(1)  Med.  Zeit.  von  Preuss,  n°  17,  1843.  —  Arch.  deméd.  de  Paris,  1844.  — 
Edinb.  med.  and  surg.  Joarn.,  1845. 

(2)  Joannis  Rhodii  Obs.   medic,  cent.  III,  obs.  xxxvr,  p.  158.   Patavii,   1657. 

(3)  Observation  rapportée  par  Julia  Fontenelle  (Arch,   de  rnéd.,  1824  t.  V, 
p.  351). 


CHEZ  L'HOMME.  —  ANCHYLOSTOME  DUODÉNAL.       117 

On  ne  peut  admettre  que  Darbon  se  soit  trompé  sur  la  nature  de 
ce  ténia;  mais  que  ce  ver  ait  existé  pendant  un  an  dans  la  vessie, 
en  dehors  des  conditions  physiologiques  dans  lesquelles  il  vit  ordi- 
nairement, c'est  ce  que  l'on  ne  peut  non  plus  admettre.  Il  est  pro- 
bable qu'il  y  a  dans  les  .circonstances  de  ce  fait  quelque  omission  ou 
quelque  erreur. 

Cas  VII,  de  Burdach. 

«  M.  Burdach,  à  Senftenberg,  a  vu  sortir  de  l'urèthre  d'une  femme  deux 
bouts  d'un  ténia  de  la  longueur  d'un  doigt,  et  tout  au  plus  d'un  demi  à  un  tiers 
de  ligne  de  large.  On  a  très  bien  pu  distinguer  les  articulations  longues  d'un 
quart  de  pouce.  Cette  femme  n'avait  ressenti  qu'une  légère  démangeaison 
dans  l'urèthre  fi).  » 


TROISIEME  SECTION. 

ANCHYLOSTOME   DUODÉNAL    {Synops.,   n°  98). 

L'ancbylostome  duodénal  appartient  aux  nématoïdes.  Découvert 
à  Milan  par  Dubini,  en  1838,  il  n'a  point  été  observé  depuis  lors 
dans  d'autres  localités  en  Europe  (2).  Pruner,  quelques  années  après, 
signala  son  existence  en  Egypte  (3).  MM.  Bilharz  et  Griesinger, 
d'après  les  indications  de  de  Siebold,  en  rirent  un  objet  de  recher- 
ches et  l'étudièrent  plus  complètement  que  les  observateurs  précé- 
dents (4). 

L'anchylostome  n'a  que  6  à  9  millimètres  de  longueur,  et  peut- 
être  sa  petitesse  est-elle  la  cause  pour  laquelle  il  a  été  si  tardive- 
ment et  si  rarement  observé  en  Europe.  Sa  bouche  est  armée  d'une 
capsule  cornée,  relativement  très  grande  et  obliquement  tronquée; 
elle  porte  sur  la  portion  la  plus  saillante  de  la  marge  quatre  fortes 
dents  au  moyen  desquelles  l'animal  s'attache  à  la  membrane  mu- 
queuse. 

C'est  en  mai,  et  ensuite  en  novembre,  décembre  et  janvier,  que 

(1)  Medizinische  Zeitung,  1839,  u°  1 3,  et  Arch.  gén.  deméd.  de  Paris,  3e  série, 
1840,  t.  VIII,  p.  346. 

(2)  Dubini,  in  Omodei  Annal,  univers,  de  medic.  di  Milano,  1843,  t.  CVr,  p.  5-13. 

(3)  Pruner,  Krankheiten  des  Orients,  1847,  p.  244. 

(4)  Vicrordt's  Archiv.  fur  physiolog.  Heilk.,  an  XIII,  liv.  IV,  p.  554  (cité  par 
Gaz.  hebdom.,  13  avril  1855),  et  Zeitschrift  fur  wissenschaftliche  Zoologie,  p.  55. 
Leipzig,  1853. 


118  AFFECTIONS   VERM1NKUSES   DES  VOIES  DIGESTIVES 

Dubini  l'a  rencontré  à  Milan.  En  Egypte,  il  est  tellement  commun, 
que  dès  que  l'attention  de  MM.  Bilharz  et  Griesinger  a  été  appelée 
sur  ce  ver  par  les  lettres  de  de  Siebold,  il  fut  trouvé  par  ces  observa- 
teurs, au  Caire,  presque  dans  chaque  cadavre,  quelquefois  en  petit 
nombre,  d'autres  fois  par  centaines.  Il  habite  le  duodénum,  et  sur- 
tout le  jéjunum. 

D'après  M.  Griesinger,  l'anchylostome  s'attache  avec  force  en 
pénétrant  dans  la  membrane  muqueuse,  et  même  dans  le  tissu  sous- 
jacent.  L'endroit  auquel  le  ver  est  fixé  est  indiqué  par  une  ecchy- 
mose de  la  dimension  d'une  lentille,  au  centre  de  laquelle  apparaît 
une  tache  blanche  de  la  grandeur  d'une  tête  d'épingle.  La  mem- 
brane muqueuse  est  percée  en  ce  point  comme  par  un  trou  d'aiguille 
qui  pénètre  jusque  dans  le  tissu  sous-muqueux.  Par  cette  ouverture, 
le  sang  se  répand  librement  dans  l'intestin,  dont  la  cavité  contient 
quelquefois  une  notable  quantité  de  ce  liquide.  Souvent  la  membrane 
muqueuse  offre  un  nombre  plus  ou  moins  considérable  d'élevures  de 
la  dimension  d'une  lentille,  aplaties,  livides  et  d'un  rouge  brunâtre. 
Ces  élevures  sont  produites  par  l'accumulation  du  sang  qui  s'é- 
panche entre  les  membranes  muqueuse  et  musculaire.  Alors  le  ver, 
ayant  pénétré  dans  l'épaisseur  de  la  paroi  intestinale,  est  logé  dans 
la  cavité  même  où  s'est  épanché  le  sang  dont  il  est  tout  gorgé  et 
entièrement  recouvert  à  l'extérieur. 

D'après  M.  Griesinger,  la  présence  du  ver  détermine  l'anémie 
par  des  saignées  petites,  il  est  vrai,  mais  incessamment  renouvelées. 
La  maladie  que  cet  auteur  désigne  sous  le  nom  de  chlorose  d'E- 
gypte, maladie  qui,  suivant  lui,  affecte  à  un  degré  plus  ou  moins 
grave  le  quart  de  la  population  égyptienne,  serait  produite  par  l'an- 
chylostome; toutefois  l'opinion  du  savant  helminthologiste  allemand 
s'étant  formée  dans  les  derniers  temps  de  son  séjour  en  Egypte,  n'a 
pas  été  suffisamment  établie. 

Chlorose  d'Egypte.  —  Cette  maladie  est  probablement  une  affec- 
tion propre  aux  contrées  africaines,  et  qui  a  été  décrite  par  plusieurs 
auteurs  sous  des  dénominations  diverses.  D'après  M.  Griesinger, 
elle  attaque  en  Egypte  toutes  les  classes  de  la  société.  Elle  est  ca- 
ractérisée, dans  les  cas  les  moins  graves,  par  la  pâleur  générale  des 
téguments,  le  bruit  de  souffle  dans  les  jugulaires,  des  palpitations, 
de  l'accélération  du  pouls,  des  lassitudes  des  membres,  de  légers 
dérangements  des  digestions,  sans  amaigrissement. 

La  marche  de  cette  maladie  est  plus  ou  moins  rapide;  elle  s'ag- 


CHEZ  L'HOMME,  —  ANCHYr.OSTOME   DTJODÉNAL.  119 

grave  progressivement,  et  arrive  enfin  au  plus  haut  degré,  le  ma- 
rasme clïlorotique.  Alors  la  maigreur  se  prononce;  l'œdème  survient 
aux  paupières  et  aux  extrémités  inférieures.  La  peau,  qui,  à  l'état 
normal,  est  fortement  basanée,  prend  une  teinte  d'un  jaune  pâle 
obscur  ou  d'un  blanc  verdâtre;  elle  est  même  plus  pâle  et  plus  grise 
encore  chez  les  nègres;  elle  est  en  même  temps  flétrie,  fiasque, 
sèche,  écailieuse  et  froide.  La  conjonctive  est  d'un  blanc  bleuâtre; 
toutes  les  muqueuses  apparentes  sont  d'une  pâleur  cadavéreuse.  On 
observe  en  outre  les  phénomènes  suivants  :  hébétude,  apathie,  fai- 
blesse et  épuisement  général  ;  palpitations  constantes  et  battements 
violents  du  cœur  augmentés  par  le  moindre  mouvement;  pouls  fré- 
quent et  petit;  respiration  fréquente  et  courte,  dyspnée;  à  Yauscul~ 
tation,  les  deux  bruits  du  cœur  également  forts,  le  second  quelque- 
fois retentissant  et  perceptible  même  à  quelques  pas  de  distance; 
murmures  et  bruits  morbides  dans  les  principales  artères  et  la  veine 
jugulaire,  accompagnés  d'un  frémissement  cataire  sensible  au  tou- 
cher; murmure  respiratoire  affaibli. 

Le  malade  éprouve  de  la  céphalalgie  frontale  et  temporale,  des 
étourdissements,  des  bruits  aigus  dans  les  oreilles,  des  douleurs  arti- 
culaires et  précordiales,  une  faim  constante,  des  appétits  bizarres, 
de  la  dyspepsie  avec  de  légers  mouvements  fébriles  et  de  la  sensi- 
bilité du  bas-ventre.  La  langue  est  recouverte  d'un  enduit  visqueux; 
la  poitrine  est  quelquefois  agrandie  par  emphysème,  la  rate  hyper- 
trophiée, le  foie  diminué  de  volume,  l'urine  abondante,  pâle  et  très 
rarement  albumineuse. 

Assez  souvent  la  marche  de  cette  maladie  est  très  aiguë.  Avec 
des  soins  et  un  bon  régime  elle  peut  durer  plusieurs  années  ;  mais, 
le  plus  ordinairement,  même  malgré  de  grands  soins,  l'individu  reste 
pâle,  maladif  et  misérable;  les  affections  les  plus  légères  qui  sur- 
viennent sont  très  sérieuses;  la  dysenterie,  dans  la  plupart  des  cas, 
apporte  un  terme  à  la  vie  des  malades;  d'autres  meurent  d'hydro- 
pisie  sans  albumine  dans  les  urines. 

Les  toniques,  le  vin,  le  fer,  sont  impuissants  à  guérir  cette  affec- 
tion ;  les  travaux  fatigants ,  un  traitement  débilitant,  antiphlogis- 
tique,  hâtent  la  fin  des  malades  :  mais  un  changement  de  climat  et 
de  régime  exerce  une  influence  heureuse  sur  quelques-uns  qui,  excep- 
tionnellement en  quelque  sorte,  reviennent  à  la  santé. 

Les  lésions  cadavériques  consistent  dans  des  infiltrations  séreuses 
de  diverses  régions,  la  mollesse  et  la  décoloration  des  muscles,  l'a- 
némie générale  très  apparente  dans  le  cerveau,  le  poumon,  l'estomac 


120  AFFECTIONS  VERMlNÉIÎSES  DES   VOUS  MGESTIVES 

et  la  membrane  muqueuse  de  l'intestin.  Le  cœur,  dont  les  couches 
musculaires  internes  surtout  sont  très  pâles  et  graisseuses,  est  géné- 
ralement volumineux,  hypertrophié;  le  ventricule  gauche  est  prin- 
cipalement dilaté  ;  l'endocarde  et  les  valvules  sont  fréquemment 
irrégulières  et  épaissies;  les  cavités  renferment  un  caillot  petit, 
brunâtre,  peu  fibrineux;  souvent  elles  ne  contiennent  qu'un  liquide 
séreux,  jaunâtre,  avec  quelques  corpuscules  sanguins  pâles  et  grands; 
dans  les  veines  principales  se  trouve  un  liquide  semblable,  ou  bien 
elles  sont  vides;  la  rate  et  les  reins  ont  l'aspect  de  cire  graisseuse; 
le  foie  est  uniformément  atrophié. 

Avant  que  la  cause  de  la]  maladie  fût  soupçonnée  par  M.  Grie- 
singer,  le  traitement  consistant  dans  l'administration  de  prépara- 
tions ferrugineuses,  de  quinquina  et  de  phosphate  de  chaux,  ame- 
nait une  amélioration  marquée  dans  les  cas  légers;  mais  il  était  sans 
effet  dans  les  cas  graves,  et  dans  aucun  il  n'était  suivi  de  guérison. 
A  l'autopsie  d'un  sujet  mort  de  la  chlorose  d'Égypie,  la  découverte 
de  milliers  d'anchylostomes  fixés  çà  et  là  dans  l'intestin  grêle,  cha- 
cun au  centre  d'une  petite  ecchymose  semblable  à  une  morsure  de 
sangsue ,  l'épanchement  dans  le  duodénum,  le  jéjunum  et  même  dans 
une  partie  de  l'iléon  d'une  grande  quantité  de  sang  rutilant  qui  pro- 
venait évidemment  de  piqûres  de  l'intestin,  éclairèrent  d'une  lumière 
soudaine  la  cause  de  l'affection  qui,  dans  ce  cas,  avait  déterminé  la 
mort.  Il  faut  dire  toutefois  que  cette  autopsie  fut  la  dernière  que 
pratiqua  M,  Griesinger  avant  son  retour  en  Europe;  l'opinion  de  cet 
observateur,  que  la  chlorose  tient  aux  hémorrhagies  déterminées  par 
l'anchylostome,  demande  donc  d'être  confirmée  par  de  nouveaux  faits. 
Si  elle  se  vérifie,  les  anthelmintiques,  le  calomel,  la  térébenthine,  etc. 
seraient,  sans  doute,  comme  l'indique  M.  Griesinger,  les  meilleurs 
remèdes  à  opposer  à  la  chlorose  d'Egypte. 


QUATRIÈME  SECTION. 

ASCARIDE   LOMBRICOÏDE  (Synops.,  Xï°  57). 
DÉNOMINATIONS  : 

É'/uïvç  cTpoyyôXvj ,  Hippocrate,  Aristote,  Oribase,  Al.  de  Tralles,  etc. 

Tinea  rotunda,  Pline  (lib.  XXVI,  §  xxvm). 

Lumbricus  teres,  Celse,  Foës  in  Hipp  ,  Spigel,  Sennert,  etc. 

L.  longus-el  rotunâus,  Sérapion  trad.,  Arnauld  de  Villeneuve,  Redi  trad. 


CHEZ  L'HOMME.    —    ASCARIDE   LOMBRICOÏDE.  121 

L.  rotundus,  Caelius  Aurelianus,  Oribase  trad.,  Avicenne  trad. ,  /Etius  trad., 

Foës  in  Hipp.,   Pierre  de  Abano,    Mercurialis,  Spigel,    Sennert,  Boer- 

haave,vetc. 
Le  rond  et  long,  Ambr.  Paré. 
Le  slrongle,  plusieurs  auteurs  du  xvme  siècle. 
Le  lombrical,  la  plupart  des  auteurs  du  xvme  siècle. 
Ascaris  lumbricoides,  Linné  et  la  plupart  des  naturalistes. 

Noms  usités  aujourd'hui  en  France  :  Yascaride  lombricoïde,  le  lombric.  — 
En  Allemagne,  Rundivurm. — En  Hollande,  rondeivorm,  menschenworm,  kin- 
derenworm.  —  Danemark,  menneskeorm,  spolorm,  skolorm.  —  Suède,  men- 
nisko-mask,  spolmask.  —  Angleterre,  Ihe  round  ivorm,  large  round  worm, 
long  round  ivorm,  round  gui  ivorm.  —  Italie,  verme  rondo,  lombrico.  —  Es- 
pagne, lombrlz.  —  Portugal,  lombriga. 


SOLS-SECTION  I. 

CONDITIONS  DANS  LESQUELLES  SE  PRÉSENTENT  LES  ASCARIDES  LOMBRICOÏDES. 


CHAPITRE  PREMIER. 

SÉJOUR,   NOMBRE  ,    CONDITIONS   DE    FRÉQUENCE. 

Le  séjour  ordinaire  des  ascarides  lombricoïdes  est  l'intestin  grêle. 
Ces  vers  se  trouvent  aussi  quelquefois  dans  l'estomac  ou  dans  le 
gros  intestin,  mais  ils  n'habitent  pas  dans  ces  derniers  organes,  et, 
lorsqu'ils  y  arrivent,  ils  ne  tardent  pas  à  être  expulsés  ou  à  périr. 
Les  lombrics  peuvent  encore  se  trouver  erraiiquemenl  dans  des  ca- 
vités qui  communiquent  plus  ou  moins  immédiatement  avec  le  canal 
digestif,  ou  bien  ils  arrivent,  par  suite  d'une  lésion  pathologique, 
dans  des  parties  qui  ne  sont  point  en  communication  avec  ce  canal. 
Les  ascarides  lombricoïdes  que  l'on  rencontre  dans  un  organe  autre 
que  l'intestin  grêle  ne  s'y  sont  pas  développés,  et,  en  général,  ils 
n'y  vivent  point  au  delà  de  quelques  jours. 

Le  nombre  des  ascarides  existant  dans  les  intestins  est  très  va- 
riable :  on  n'en  rencontre  souvent  qu'un  ou  deux  et  jusqu'à  six  ou 
huit;  quelquefois  ils  sont  assez  nombreux  pour  remplir  et  distendre 


12'2  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES   VOIES   OIGESTIVES 

l'intestin  ;  on  les  trouve  alors,  à  l'autopsie,  agglomérés  en  pelotons 
volumineux  (1). 

M.  Cruveilhier  dit,  en  parlant  de  vers  qu'il  trouva  chez.une  fille 
idiote  :  «  Tout  l'intestin  grêle  en  était  rempli;  ces  vers  formaient, 
en  outre,  des  boules  ou  pelotes  qui  oblitéraient  l'intestin.  J'en  rem- 
plis un  grand  bassin;  il  y  en  avait  plus  de  mille  (2).  »  Ce  chiffre 
est  probablement  une  manière  de  dire  un  nombre  considérable. 

Dans  les  cas  suivants  ce  nombre  a  été  précisé  : 

Brassavole  fait  mention  d'un  vieillard  de  quatre-vingt-deux  ans, 
qui  rendit  cinq  cents  vers  après  l'administration  d'un  médicament 
composé  de  scordium  et  de  coralline  (3/. 

Campenon  rapporte  qu'à  l'autopsie  d'un  homme,  qui  mourut  après 
avoir  éprouvé  pendant  vingt-quatre  heures  des  coliques  violentes, 
il  trouva  le  caecum  et  une  partie  du  côlon  remplis  et  distendus  par 
un  peloton  d'ascarides;  il  y  en  avait  trois  cent  soixante-sept,  de  la 
longueur  de  cinq  à  six  pouces  (4). 

Marteau  de  Grandvillers  a  connu  un  soldat  qui  a  évacué  trois 
cent  soixante-sept  ascarides  dans  l'espace  de  six  jours  (5). 

Dali'  Olio,  médecin  de  Modène.  raconte  qu'il  a  rendu  par  la  bouche, 
dans  l'espace  de  deux  semaines,  quatre  cent  cinquante  lombrics  (6). 

Une  femme  atteinte  d'une  fièvre  lente,  qui  vint,  en  1804,  à  l'hô- 
pital de  Crema,  évacua  pendant  vingt-sept  jours  de  suite  des  lom- 
brics dont  le  nombre  variait  de  vingt-trois  à  quarante-neuf  par 
jour  (7). 

(1)  Je  n'ai  jamais  vu  les  ascarides  agglomérés  eu  peloton  dans  les  animaux  que 
j'ai  examinés  immédiatement  après  leur  mort.  Ces  vers  ne  se  réunissent  proba- 
blement eu  peloton  que  lorsqu'ils  commencent  à  ressentir  le  refroidissement  du 
cadavre,  ou  lorsqu'ils  arrivent  dans  un  organe  qui  ne  leur  offre  plus  des  conditions 
d'existeuce,  tel  que  le  gros  intestin.  Il  est  possible  que  la  diète,  la  fièvre,  certaines 
conditions  des  substances  contenues  dans  le  conduit  alimentaire,  l'iugestion  de 
certains  médicaments,  comme  l'émétique,  agissent  sur  les  ascarides  de  la  même 
manière  ;  mais,  dans  la  plupart  des  cas,  les  lombrics  que  l'on  trouvera  réunis  eu 
peloton  ne  se  seront  ainsi  agglomérés  qu'après  avoir  pénétré  dans  le  gros  intestin,  ou 
bien  après  la  mort  de  leur  hôte,  lorsqu'ils  sont  eux-mêmes  languissants  et 
mourants. 

(2)  Dictionn.  de  méd.  et  chir.  prat.,  art.  Entozoaires,  p.  332. 

(3)  Brassavole,  in  Simplic.  examine,  cité  par  Andry,  ouvr.  cit.,  t.  II,  p.  616. 

(4)  Campenon,  médecin  de  Tonnerre,  dans  Richard  de  Hautesierk,  Recueil  d'ob- 
serv.,  in-4,  t.  II,  p.  472.  Paris,  1772. 

(5)  Cité  par  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  383. 

(6)  Dali'  Olio,  Memorie  délia  Società  italiana  délie sciense,  etc.,  t.  XI,  cité  par 
Brera  (Mem.  prim.,  p.  215). 

(7)  L.  Brera,  Mem.  fisico-med.  cit.  (Mem.  prim.,  p.  215.) 


CHEZ    L'HOMME.    —   ASCARIDE  LOMBRICOÏDE.  123 

»  Le  jeune  Gay,  fils  d'un  vétérinaire  de  Roanne,  écrivait  Petit 
(de  Lyon)  à  Prost,  a  rendu  deux  mille  cinq  cents  vers  lombricaux 
dans  l'espace  de  cinq  mois,  sans  avoir  éprouvé  d'autres  symptômes 
fâcheux  qu'un  vomissement  de  sang.  Ces  vers  sortirent  tous  par  la 
bouche  et  par  le  nez  (1).  » 

Les  auteurs  rapportent  un  grand  nombre  d'autres  cas  dans  les- 
quels les  ascarides  lombricoïdes  étaient  au  nombre  de  deux  et  trois 
cents. 

L'enfance  est  plus  sujette  aux  ascarides  lombricoïdes  que  tout 
autre  âge,  néanmoins  on  voit  bien  rarement  de  ces  vers  chez  les 
enfants  âgés  de  moins  d'un  an  ;  c'est  vers  l'âge  de  trois  ans  que  ces 
entozoaires  commencent  à  devenir  communs.  A  Paris,  d'après  Guer- 
sant,  on  trouve  à  peine  dans  le  premier  âge  un  ou  deux  enfants 
affectés  d'ascarides  sur  cent,  tandis  que  chez  ceux  de  trois  à  dix  ans, 
il  y  en  a  au  moins  un  sur  vingt.  Les  ascarides  lombricoïdes  sont 
peu  communs  chez  les  adolescents  et  rares  chez  les  vieillards.  Les 
femmes,  dit-on,  y  sont  plus  sujettes  que  les  hommes. 

Les  ascarides  lombricoïdes  se  développent  principalement  chez  les 
sujets  faibles,  lymphatiques,  chez  les  scrofuleux,  chez  ceux  qui  se 
nourrissent  d'aliments  de  mauvaise  qualité  ou  qui  font  leur  nourri- 
ture principale  de  légumes,  de  fruits,  de  laitage,  chez  ceux  qui  ne 
font  point  usage  de  boissons  fermentées  comme  le  vin,  la  bière,  etc. 
Il  convient  de  dire  néanmoins  que  l'influence  de  la  constitution  et 
du  régime  sur  la  production  des  vers  n'est  point  suffisamment  bien 
établie. 

La  saison  paraît  avoir  une  influence  sur  le  développement  des 
lombrics.  La  plupart  des  auteurs,  depuis  Hippocrate,  ont  dit  que 
ces  vers  sont  surtout  communs  en  automne;  il  est  vrai  que  cette 
opinion  a  été  quelquefois  basée  sur  l'action  que  l'on  attribuait  aux 
fruits  dans  la  production  des  vers  |2)  ;  on  a  dit  aussi  que  les  lom- 
brics sont  plus  fréquents  au  printemps  (3) . 

Ordinairement  ces  vers  existent  chez  l'homme  pendant  un  espace 
de  temps  variable,  mais  assez  limité;  ils  peuvent  reparaître  à  plu- 
sieurs reprises  ;  rarement  on  en  est  tourmenté  pendant  une  longue 
suite  d'années. 

(1)  Troisième  coup  d'œil  sur  la  folie  (p.  28.  Paris,  1807),  cité  par  Mondière, 
Gaz.  des  hôpit.,  23  mars  1844. 

(2)  Avicenne,  op.  cit.,  cap.  n,  p.  840. 

(3)  Danielis  Sennerti  Vratislaviensis  Operum  tomus  III.  Parisiis,  1641,  lib.  III, 
p.  38. 


\1k  AFFECTIONS  VERMINE  USES  DES  VOIES  DIGESTIVES 

CHAPITRE  II. 

DISTRIBUTION    GÉOGRAPHIQUE. 

On  dit  généralement  que  les  habitants  des  pays  froids  et  humides 
sont  plus  exposés  aux  ascarides  lombricoïdes  que  ceux  des  pays 
chauds.  Cette  assertion  est  tout  à  fait  erronée  :  si  les  vers  sont  très 
communs  en  Hollande,  en  Suède,  etc.,  ils  ne  le  sont  pas  moins  dans 
les  contrées  tropicales.  Il  suffit,  pour  s'en  convaincre,  de  consulter 
les  auteurs  qui  ont  pratiqué  la  médecine  dans  ces  contrées  :  d'après 
Bajon,  la  maladie  des  vers,  avec  le  tétanos,  sont  celles  qui  enlèvent 
le  plus  de  monde  à  Cayenne  :  «  Il  n'y  a  personne,  dit-il,  de  ceux  qui 
sont  dans  le  cas  de  faire  l'ouverture  à  Cayenne  de  quelque  cadavre, 
qui  n'ait  trouvé,  à  son  plus  grand  étonnement,  un  nombre  prodigieux 
de  ces  animaux  (ascarides  lombricoïdes)  (1).  -  Pouppé-Desportes 
s'exprime  d'une  manière  analogue  sur  la  fréquence  des  lombrics  à 
Saint-Domingue  (2),  et  M.  Sigaud  sur  celle  de  ces  entozoaires  au 
Brésil  (3).  «  La  présence  de  vers  lombrics  dans  les  intestins,  dit 
Levacher,  est  un   accident  beaucoup  plus    fréquent  aux  colonies 

(Antilles)  qu'en  Europe Il  est  commun  de  voir,  dans  l'espace  de 

quelques  jours,  des  enfants  encore  en  bas  âge  rendre  par  les  vo- 
missements et  par  les  selles  jusqu'à  quatre  et  six  cents  lombrics. 
Des  autopsies  cadavériques  m'ont  plusieurs  fois  révélé  la  présence  de 
ces  animaux  dans  les  intestins  grêles  par  multitude  innombrable  (4).» 
Nous  possédons  des  témoignages  semblables  pour  la  Jamaïque  (5), 
l'île  de  France  et  Bourbon  :  «  Nous  avons  déjà  observé,  ditDazille, 
qu'à  l'ouverture  de  tous  les  cadavres  de  nègres  morts  de  maladie 
quelconque  dans  plusieurs  colonies  (île  de  France ,  Bourbon,  An- 
tilles) ,  on  trouve  les  intestins  farcis  de  vers  (6) .  » 

D'un  autre  côté,  si  l'on  considère  que  dans  la  province  de  Sma- 

(1)  Bajon,  Observ.  sur  quelques  bons  remèdes  contre  les  vers  de  Vile  de  Cayenne 
[Journ.  méd.  chir.,  1770,  t.  XXXLV,  p.  69). 

(2)  Pouppé-Desportes,  Hist.  des  maladies  de  Saint-Domingue.  Paris,  1770,  t.  I, 
p.  35,  92;  t.  II,  p.  271. 

(3)  J.-F.  Sigaud,  Du  climat  et  des  maladies  du  Brésil.  Paris,  1844,  p.  425  et  suiv. 

(4)  Levacher,  Guide  médical  des  Antilles.  Paris,  1834,  p.  96. 

(5)  James  Thomson,  Remarks  on  tropical  diseases,  etc.,  Jamaica  (Edinburgh  mé- 
dical and  surgical  Journal,  1822,  t.  XVIII,  p.  43.) 

(6)  Dazille,  Observ.  sur  les  maladies  des  nègres.  Paris,  1792,  t.  I,  p.  106. 


chez  l'homme.  —  ascaride  lombricoïdiï.  125 

land  (Suède),  par  exemple,  presque  tous  les  habitants  ont  des  lom- 
brics (1),  il  sera  manifeste  que  l'influence  du  climat  est  nulle  dans  la 
fréquence  ou  la  rareté  de  cet  entozoaire.  Nous  trouvons,  au  reste, 
une  nouvelle  preuve  de  ce  fait  en  France:  à  Paris,  l'ascaride  lombri- 
coïde  est  rare,  tandis  que  dans  certaines  provinces,  l'Alsace,  la  Bour- 
gogne, ce  ver  est  très  commun.  Cette  différence  tient  probablement 
à  certaines  habitudes  locales  dont  nous  nous  occuperons  ci-après. 

Dans  les  contrées  où  les  lombrics  sont  très  communs,  tous  les 
âges  y  paraissent  presque  également  sujets  :  «  Dans  le  pays  que 
j'habite  (Chambéry),  a  dit  Daquin,  il  ne  se  présente  pas  de  maladie 
où  les  vers  -strongles  ne  se  montrent,  qu'elles  soient  aiguës  ou  chro- 
niques  On  ne  voit  pas  que  l'âge,  la  force  ou  la  faiblesse  du  tem- 
pérament y  apportent  une  grande  différence.  Il  nous  arrive  souvent 
de  voir  des  personnes  de  soixante  et  soixante  et  dix  ans  n'être  ma- 
lades que  de  vers  (2)..»  Il  en  est  de  même  aux  colonies;  à  ce  sujet, 
Bajon  rapporte  qu'il  a  connu  à  Cayenne  une  dame  âgée  de  près  de 
cent  ans  qui  prenait  quelquefois  du  lait  de  figuier  (vermifuge),  et  qui 
rendait  chaque  fois  une  abondance  énorme  de  lombrics. 

D'après  le  témoignage  unanime  des  médecins  qui  ont  écrit  sur  les 
maladies  des  nègres,  ceux-ci  sont  beaucoup  plus  fréquemment  atteints 
de  vers  que  les  blancs.  Bajon,  Pouppé -Desportes,  Levacher,  sont 
sur  ce  point  très-affirmatifs.  Ces  auteurs  n'ont  pu  discerner  positive- 
ment aucune  cause  de  cette  différence.  Dazille  l'attribue,  il  est  vrai, 
à  la  nourriture  insipide,  non  fermentèe  des  nègres  ;  R.  Dyer,  à  ce 
qu'ils  ne  mangent  point  de  sel;  mais  ce  sont  de  simples  hypo- 
thèses. Daquin,  qui  a  été  également  à  portée  d'observer  un  grand 
nombre  d'individus  atteints  de  lombrics,  rapporte  qu'en  commen- 
çant sa  pratique  médicale  par  les  pauvres,  il  a  cru  à  l'influence  de 
la  mauvaise  nourriture  sur  la  fréquence  de  ces  vers;  mais  plus  tard, 
il  renonça  à  cette  explication  en  voyant  les  ascarides  lombricoïdes 
aussi  fréquents  chez  les  riches  que  chez  les  pauvres. 

(1)  Magnus  Huss,  Mém.  cit.  [Arch.  gén.  deméd.,  1856,  t.  I,  p.  351). 

(2)  Daquin,  médecin  de  l'Hôtel-Dieu  de  Chambéry,  Observ.  sing.  sur  des  affect. 
verm.  (Journ.  de  méd.  chir.,  etc.  Paris,  1770,  t.  XXXIV,  p.  152). 


12()  AFFECTIONS  VERMINEUSES   DES  VOIES  DIGESTIVES 

CHAPITRE   III. 

ÉPIDÉMIES     ET    ENDÉMIE. 

Sous  des  influences  qui  n'ont  point  été  déterminées,  les  lombrics 
peuvent  apparaître  par  épidémies  ou  s'établir  en  quelque  sorte  en- 
démiquement  dans  une  contrée.  Les  auteurs  du  siècle  dernier  surtout 
ont  fréquemment  fait  mention  d'épidémies  de  dysenterie  et  de  fièvre 
vermineuses.  Tout  en  faisant  la  part  des  doctrines  erronées  qui  ré- 
gnaient à  cette  époque  et  de  l'importance  exagérée  que  l'on  attri- 
buait aux  vers,  il  est  impossible  de  ne  pas  être  frappé  de  l'existence 
presque  générale  des  lombrics  dans  quelques-unes  de  ces  épidémies, 
et  de  n'y  pas  chercher  plus  qu'une  coïncidence;  il  est  au  moins  cer- 
tain que  ces  entozoaires  ont  été  quelquefois  une  complication  fâ- 
cheuse qui  réclamait  un  traitement  particulier. 

En  1730,  les  ascarides  lombricoïdes  devinrent  très  communs  à 
Béziers.  «Des  personnes  de  tout  âge,  de  tout  sexe,  de  tout  tempéra- 
ment en  ont  été  attaquées,  dit  Bouillet  ;  ils  en  ont  rendu  même  par  la 
bouche;  quelques-uns  en  sont  morts,  malgré  tous  les  secours  de  la 
médecine.  »  Bouillet  attribue  cette  abondante  génération  de  vers  à 
la  grande  douceur  de  l'hiver  de  L730  (1). 

En  1757,  il  régna  à  Fougères  (Bretagne)  une  dysenterie  épidé- 
mique;  presque  tous  les  malades  avaient  un  grand  nombre  de  vers. 
Ils  guérissaient  par  les  anthelminthiques,  et  l'amélioration  se  manifes- 
tait à  mesure  que  les  vers  étaient  expulsés  (2). 

A  Clisson,  le  même  fait  se  renouvela,  mais  d'une  manière  plus 
durable  :  «  Nous  rencontrons  toujours  la  disposition  vermineuse  dans 
les  maladies  du  peuple,  dit  du  Boueix.  J'ai  vu  rendre  en  trois  ou 
quatre  jours,  par  le  même  sujet,  jusqu'à  cent  cinquante  lombricaux 
très  grands;  il  est  très  commun  que  les  malades  attaqués  de  mala- 
dies aiguës  en  expulsent  cinquante,  soixante,  quatre-vingts  en  peu  de 
jours —  Un  chirurgien  très  instruit,  qui  a  pratiqué  ici  pendant  trente 
ans,  m'a  assuré  que  cette  complication  vermineuse,  qui  domine  dans 
toutes  les  maladies,  n'était  devenue  dominante  que  depuis  une  épidé- 
mie dysentérique  qui  ravagea  ce  pays  en  1765  (3).  »  (Ecrit  en  1788.) 

(1)  Bouillet,  secrétaire  de  l'Académie  de  Béziers,  dans  Hist.  de  l'Acad.  roy.  des 
sciences,  année  1730,  p.  42. 

(2)  Nicolais  du  Saulsay,  Journ.  de  méd.,  1757,  l.  VI,  p.  380. 

(3)  Du  Boueix,  Topogr.  méd.  de  la  ville  et  de  Vhôpilal  de  Clisson,  en  Bretagne 
{Journ.  de  méd.  chirurg,,  etc.  Paris,  1788,  t.  LXXV,  p.  416. 


CHEZ   L'HOMME.    —   ASCARIDE   LOMBRICOÏDE.  127 

On  a  vu  aussi  les  ascarides  lombricoïdes  attaquer  les  armées  en 
campagne  : 

"  Entre  les  maladies  contagieuses  qui  affligèrent  l'armée  danoise 
dans  la  Scanie,  la  dysenterie  fut  la  plus  universelle  et  la  plus  fâ- 
cheuse ;  beaucoup  de  soldats  avaient  en  même  temps  des  vers  aux- 
quels on  attribua  la  cause  du  mal  (1).  •« 

Rosen  dit  qu'un  grand  nombre  de  soldats  suédois,  cavaliers  ou 
fantassins,  qui  revinrent,  en  1743,  de  l'expédition  de  Finlande,  ren- 
daient une  grande  quantité  de  vers  par  haut  et  par  bas  (2). 

Après  avoir  rendu  compte  des  maladies  qui  attaquèrent  l'armée 
anglaise  pendant  la  campagne  de  Flandre,  en  1743,  Pringle  ajoute  : 
«  Dans  le  cours  de  cette  dysenterie  et  de  cette  fièvre  (rémittente 
d'automne,  intermittente  des  camps),  plusieurs  rendirent  des  vers 
ronds,  et  ce  même  symptôme  s'est  rencontré  chaque  campagne  dans 
ces  deux  maladies  (3) .  » 

A  propos  de  ce  fait,  Van  Swieten  dit  avoir  observé  la  même  chose 
dans  son  armée  (autrichienne f)  (4). 

Dans  des  temps  plus  rapprochés  de  nous,  les  médecins  militaires 
ont  signalé  des  faits  semblables.  Marie,  chirurgien  au  12e  régi- 
ment de  dragons,  dit  que  le  cinquième  de  son  régiment,  cantonné 
à  Ravenne  pendant  l'été  de  l'an  X,  fut  atteint  d'une  fièvre  putride 
vei mineuse  (5).  Savaresi  rapporte  qu'au  mois  d'août  1806,  en 
Pouille  et  en  Abruzze,  l'armée  française  fut  atteinte  d'une  diarrhée 
grave,  compliquée  de  vers  (6).  Bourges,  médecin  à  la  grande 
armée,  dit  que  les  lombrics  se  sont  montrés  fréquemment  dans  les 
maladies  des  soldats  français  cantonnés,  en  1807,  dans  la  ville  de 
Bromberg  (Pologne)  (7). 

Nous  reviendrons  ailleurs  sur  ces  épidémies  de  dysenterie,  de 
fièvres,  etc.,  dans  lesquelles  la  présence  des  vers  a  été  générale. 

(1)  Sur  une  dysenterie  vermineuse,  par  Paul  Braud,  médecin  de  l'armée,  dans 
Act.  de  Copenhague,  ann.  1677-1679,  obs.  xxxi,  et  Coll.  acad.,  part,  élrang., 
t.  VII,  p.  342. 

(2)  Rosen,  ouvr.  cit.,  p.  390. 

(3)  Pringle,  Observ.  sur  les  maladies  des  armées,  part.  I,  chap.  ni,  p.  21,  trad. 
Paris,  1855. 

(4)  Gerardi  Van  Swieten,  Comment.  inHerni.  Boerhaave  aphor.  Paris,  1765, 
t.  IV,  §  1362,  p.  620. 

(5)  Marie,  Journ.  de  méd.  de  Sédillot,  t.  XXI,  p.  250.  Paris,  1806. 

(6)  Savaresi,  Hisl.  méd.  de  l'armée  de  Naples  (Journ.  de  méd.  de  Corvisart. 
Paris,  1806,  t.  XII,  p.  337). 

(7)  Bourges,  Journ.  de  méd'.  de  Sédillot,  1809,  t.  XXXVI,  p.  184. 


128  AFFECTIONS   VER.UINEUSBS   DES   VOUS   D1GLSTIVES 

CHAPITRE  IV. 

CONDITIONS  DE    LA    PROPAGATION  DES   LOMBRICS. 

Si  l'on  recherche  quelles  sont  les  conditions  ou  les  causes  qui 
déterminent,  soit  la  rareté  des  lombrics  dans  certaines  localités,  et 
leur  fréquence  dans  d'autres,  soit  leur  apparition  en  grand  nombre 
et,  en  quelque  sorte,  par  épidémie,  il  faut  avant  tout  se  souvenir  que 
l'ascaride  lombricoïde  naît  d'un  œuf,  et  que  cet  œuf,  déposé  avec  les 
fèces  à  la  surface  du  sol,  doit,  pour  éclore,  arriver  dans  le  tube 
digestif  de  l'homme  (1).  Il  faut  donc  chercher  par  quelle  voie  et  com- 
ment l'œuf  peut  être  transporté  dans  le  tube  digestif.  Ce  n'est  évi- 
demment, ni  par  les  légumes,  ni  par  les  fruits  ou  le  laitage,  ni  par 
un  mauvais  régime,  etc. ,  c'est  par  l'eau.  Les  œufs  des  lombrics  sont 
expulsés  avec  les  fèces,  qui  en  contiennent  quelquefois  par  myriades. 
Ces  œufs  peuvent  rester  dans  l'eau  d'une  mare,  d'un  ruisseau,  d'un 
puits,  etc.,  pendant  six,  sept  mois  et  plus  sans  subir  aucune  altéra- 
tion; l'embryon  s'y  développe  et  n'est  mis  en  liberté  que  lorsque 
l'ovule  arrive  dans  le  tube  digestif  de  l'homme.  Un  filtre  l'arrête  en 
chemin;  une  température  élevée  le  tue. 

Avec  ces  données,  on  pourra  trouver,  sans  doute,  la  raison  qui 
lait  ces  vers  rares  à  Paris  et  communs  dans  les  campagnes  :  à  Paris, 
où  l'on  boit  généralement  des  eaux  puisées  à  la  Seine  et  passées  au 
filtre,  lequel  retient  les  ovules  des  ascarides;  à  la  campagne,  où  l'on 
boit  l'eau  des  mares  et  des  puits  non  filtrée.  Ces  mares  ou  ces  puits 
sont  alimentés  ordinairement  par  les  eaux  pluviales  qui  tombent 
autour  des  habitations  ;  or,  l'usage  des  fosses  d'aisances  est  assez 
généralement  négligé  à  la  campagne,  surtout  par  les  enfants,  qui 
satisfont  leurs  besoins  autour  des  habitations  mêmes.  On  s'expli- 
que donc,  par  l'action  des  eaux  pluviales  qui  les  entraînent,  l'arrivée 
des  œufs  des  lombrics  dans  les  mares,  les  ruisseaux,  les  puits,  et 
finalement  dans  les  boissons.  Ces  considérations  ne  jetteront-elles 
point  quelque  jour  sur  les  causes  de  ces  épidémies  qui  ont  sévi  dans 
certaines  armées  (2),  sur  ce  fait  que  les  lombrics,  si  communs  chez 

(1)  C.  Davaine,  Recherches  sur  le  développement  et  la  propagation  du  tricho- 
céphale  de  l'homme  et  de  l'ascaride  lombricoïde  {Comptes  rendus  Acad.  des  sciences, 
t.  XLVI,  21  juin  1858). 

(2)  On  sait  que  dans  l'épidémie  de  fièvre  muqueuse  qui  sévit  en  1 760-1761 ,  à 
Gœttinguc,  sur  la  population  et  sur  l'armée  française  qui  occupait  cette  ville,  tous 
les  malades,  presque  sans  exception,  avaient  des  lombrics  et  des  trichocéphales  en 


CHEZ  L'HOMME.    —   ASCARIDE  LOMBRICOÏDE.  129 

les  habitants  de  nos  campagnes,  sont  très  rares  chez  les  peuples 
nomades  (1)'{  Ne  diront-elles  point  pourquoi  les  nègres  qui,  dans  les 
colonies,  ne  sont  pas  généralement  plus  délicats  dans  leurs  habitudes 
que  nos  paysans,  et  qui  font  usage  de  l'eau  qu'ils  puisent  autour  des 
habitations,  pourquoi  les  nègres  sont  si  fréquemment  atteints  de 
lombrics  et  par  centaines,  tandis  que  les  blancs,  qui  font  plus  géné- 
ralement usage  de  boissons  fermentées  importées  de  l'étranger,  de 
thé  et  d'eau  filtrée,  sont  beaucoup  moins  sujets  aux  vers? 

Les  conditions  d'âge,  de  tempérament,  de  santé,  etc.,  peuvent 
avoir  peut-être  de  l'influence  sur  le  développement  des  ascarides 
lombricoïdes,  mais  ces  animaux  ne  naissent  pas  spontanément,  et, 
pour  qu'ils  se  développent  dans  ie  corps  humain,  il  faut  d'abord  que 
l'œuf  y  soit  porté. 


SOUS-SECTION  II. 

PHÉNOMÈNES  ET   ACCIDENTS  CAUSÉS  PAR  LES  ASCARIDES  LOMBRICOÏDES 
RENFERMÉS  DANS  LEUR  SÉJOUR  NORMAL. 


CHAPITRE  PREMIER. 

SYMPTÔMES,    SIGNES,   ACCIDENTS    SYMPATHIQUES. 

§  I.  — En  général ,  lorsque  les  ascarides  lombricoïdes  ne  sont  pas  très 
nombreux,  et  lorsqu'ils  n'ont  pas  quitté  leur  séjour  normal,  ils  ne 
déterminent  aucune  douleur,  aucun  dérangement  fonctionnel  appré- 
ciables ;  lorsque,  au  contraire,  ils  sont  réunis  en  nombre  considérable, 
ils  déterminent  plus  souvent  dans  les  fonctions  de  la  digestion,  de 
la  nutrition,  dans  celles  du  système  nerveux  des  troubles  variés. 

Les  symptômes  qui  décèlent  la  présence  des  lombrics  dans  Fin- 
grand  nombre;  or  l'épidémie  durait  depuis  plusieurs  mois  déjà,  lorsque  la  compli- 
cation vermiueuse  se  fit  remarquer.  Le  passage  suivant  de  Rœderer  et  Wagler  ne 
donne-t-il  pas  l'explication  de  ces  faits  ?  «  Dans  la  circonstance  où  nous  étions,  on 
ne  pouvait  faire  de  la  bière;  en  sorte  que  l'on  ne  trouvait  pour  satisfaire  sa  soif 
que  de  l'eau  troublée  par  les  pluies  el  remplie  d'ordures,  ear  les  écoulements  des 
immondices  et  des  fumiers  amoncelés  derrière  chaque  maison,  faute  de  bêtes  de 
somme  pour  les  enlever,  se  répandant  sur  la  terre,  pénétrèrent  bientôt  les  fontaines 
et  les  infectèrent.  Nous  avions  beaucoup  de  cavalerie,  de  sorte  que  nos  rues  étaient 
couvertes  de  fumier,  et  de  chaque  côté  elles  étaient  bordées  en  forme  de  haies  par 
des  excréments  humains.  »  (Kœderer  et  Wagler,  ouvr.  cit.,  sect.  I,  §8.) 

(1)  Pallas,  passage  cité. 

davaine.  9 


130  AFFECTIONS  VETIMINEOSBS  DES  VOIES  DIGËSTTVES 

festin  sont  les  mêmes  que  ceux  qui  annoncent  la  présence  des  autres 
entozoaires,  et  que  nous  avons  énumérés  dans  les  généralités  sur  les 
vers  du  tube  digestif.  11  n'en  est  aucun  qui  soit  spécial  aux  vers  dont 
nous  nous  occupons.  Les  plus  fréquents  sont  :  des  coliques  qui  se 
font  sentir  principalement  vers  l'ombilic,  des  douleurs  pongitives 
quelquefois  déchirantes  de  l'abdomen,  la  tuméfaction  du  ventre,  des 
désordres  de  l'appétit,  la  salivation,  des  nausées  ou  des  vomisse- 
ments, quelquefois  de  la  diarrhée  avec  des  selles  contenant  des  ma- 
tières glaireuses  mêlées  de  sang,  la  démangeaison  des  narines,  des 
urines  semblables  à  du  petit-lait,  laissant  un  sédiment  blanchâtre. 
On  remarque  en  même  temps  les  phénomènes  extérieurs  sui- 
vants :  la  bouffissure  de  la  face,  la  couleur  bleuâtre  des  paupières, 
la  dilatation  souvent  inégale  des  pupilles,  l'odeur  aigre  de  l'haleine, 
l'amaigrissement,  et  des  phénomènes  nerveux,  tels  que  l'irrégularité 
du  pouls,  de  mauvais  rêves,  de  l'agitation  et  des  grincements  de 
dents  pendant  le  sommeil,  des  douleurs  vagues  dans  les  membres. 

§  II.  —  Tous  ces  symptômes  pris  séparément  sont  très  incertains  ; 
leur  association  peut  néanmoins  faire  présumer  avec  une  grande  pro- 
babilité l'existence  des  lombrics  dans  le  tube  digestif.  Lorsque  des 
coliques,  des  douleurs  de  ventre  existent  depuis  un  certain  temps, 
cessent  et  se  reproduisent  sans  cause  appréciable,  si  elles  ne  sont 
point  accompagnées  de  diarrhée  ou  si  les  selles  contiennent  des  ma- 
tières glaireuses  et  sanguinolentes,  et  si,  en  même  temps,  l'on  re- 
marque quelque  symptôme  qui  soit  sans  rapport  avec  une  affection 
de  l'intestin,  tel  que  le  prurit  des  narines,  la  dilatation  des  pupilles, 
on  aura  tout  lieu  de  croire  à  l'existence  des  vers  dans  le  tube  diges- 
tif; car  la  réunion  de  symptômes  aussi  étrangers,  pour  ainsi  dire, 
les  uns  aux  autres,  ne  se  rencontre  guère  que  dans  les  affections 
vermineuses. 

D'après  Rosen,  un  signe  des  plus  sûrs  de  la  présence  des  vers 
est  le  bien-être  que  sent  un  malade  après  avoir  bu  un  verre  d'eau 
froide  (I). 

D'après  Romans,  l'existence  de  petits  points  rouges,  saillants  et 
isolés  sur  les  bords  de  la  langue  serait  un  caractère  patbognomoni- 
que  de  la  présence  des  ascarides  dans  l'intestin  |2). 

L'expulsion  des  lombrics  par  les  vomissements  ou  par  les  selles 

(1)  Rosen,  ouvr.  cil.,  p.  397. 

(2)  Ann.  de  la  Soc.  med.  pral.  de  Montpellier,  t.  XXII;  p.  110,  1810,  cite  par 
Barlhczet  Rilliet. 


CIILZ   1,'lIOMMli.    —    ASCAIUD1-    I.OMI>!UCOÏI)L.  131 

est  le  seul  signe  qui  soil  regardé  généralement  comme  pathognomo- 
nique  tle  l'existence  de  ces  vers;  mais  ce  signe  même  est  équivoque 
en  ce  sens  qu'il  ne  prouve  pas  leur  existence  actuelle  dans  le  tube 
digestif. 

Nous  avons  dit  déjà  que  la  présence  des  oeufs  dans  les  déjections 
des  individus"  atteints  de  lombrics  est  un  signe  certain  de  la  présence 
de  ces  entozoaires  du  tube  digestif.  (Voy.  p.  51,  52.) 

§  III.  —  Les  phénomènes  sympathiques  déterminés  par  la  présence 
des  lombiics  dans  l'intestin,  sont,  comme  ceux  du  ténia,  très  variés; 
ils  acquurent  parfois  une  grande  intensité,  et  constituent  alors  des 
affections  graves  et  même  mortelles.  Si  leur  fré  puence  et  leur  gravité 
ont  été  fort  exagérées  à  une  autre  époque,  peut-être  aujourd'hui  ces 
affections  sont-elles  quelquefois  méconnues.  Je  parle  deParis,  où,  par 
leur  rareté,  les  lombrics  attirent  peu  l'attention  ;  il  en  est  autrement 
dans  les  contrées  où  ers  vers  attaquent  toute  la  population  :  «  Les 
vers  occupent  une  grande  place  dans  la  pathologie  intertropicale,  dit 
M.  Sigaud,  car  ils  compliquent  la  plupart  des  maladies,  causent 
souvent  de'graves  lésions  ...  Chez  les  enfants,  les  vers  donnent  lieu 
à  uns  série  de  phénomène?  morbides,  tels  que  convulsions,  conges- 
tion cérébrale,  vomissements,  diarrhée,  appétit  excessif  et  irrégulier, 
toux  opiniâtre,  soubresauts  des  tendons  et  surtout  à  un  refroidisse- 
ment de  la  température  des  mains,  des  avant-bras,  des  genoux  et 
des  pieds,  avec  ballonnement  du  ventre,  sans  s'accompagner  de 
réaction  fébrile  (1).  »  —  «  L'-s  vers  produisent  chez  les  enfants,  dit 
Bajon,  des  maladies  qui  les  font  périr  dans  des  convulsions  affreuses 
avant  qu'on  ait  quelquefois  le  temps  d'y  apporter  remède  (2).»—  «  Le 
sang  des  nègres,  dit  Pouppé-Desportes,  est  d'une  qualité  si  propre 
à  la  production  des  vers,  qu'ils  en  meurent  quelquefois  subitement... 
J'en  ai  fait  ouvrir  qu'on  soupçonnait  avoir  été  empoisonnés,  et  je 
n'ai  trouvé  d'autres  causes  de  mort  que  des  paquets  de  vers  entor- 
tillés dans  l'estomac  et  les  intestins  (3)...  » 

Les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  les  maladies  des  colonies  sont  una- 
nimes sur  la  fréquence  et  la  gravité  des  accidents  déterminés  par  les 
vers,  et  en  particulier  par  l'ascaride  lombrictiï.le.  Nous  avons  en 
Suède  un  témoignage  semblable  d'un  médecin  dont  le  mérite  est 
généralement  reconnu  :  «   Dans  la  province  de  Smaland,   presque 

(1)  Ouvr.  Cit.,  p.  425. 

(2)  Mcm.  cil.,  p.  G8. 

(3)  Ouvr.  cil.,  t.  II,  p.  27 1< 


i:*2  affections  verminboses  des  voies  digestives 

tous  les  enfants  qui  habitent  l;i  côte  do  la  mer  jusqu'à  sept  à  huit 
milles  dans  les  terres,  sont  ou  ont  été  sujets  aux  ascarides.  Jusqu'à 
l'âge  de  douze  ans,  les  deux  sexes  y  sont  également  soumis,  et  la 
position  sociale  des  enfants  est  sans  influence;  après  l'âge  de  douze 
ans,  les  filles  en  sont  beaucoup  plus  tourmentées.  Les  ascarides  sont 
si  répandus,  que  les  moindres  accidents  nerveux  sont  traités  par  les 
vermifuges. 

»Les  ascarides  sont  également  endémiques  dans  le  nord  de  la  pro- 
vince de  Hall  an  cl  ;  leur  production  tient  évidemment  à  des  causes 
locales  :  les  étrangers  qui  viennent  s'établir  dans  la  province  et  qui 
n'avaient  jamais  éprouvé  d'affections  vermineuses,  en  sont  bientôt 
atteints;  des  symptômes  nerveux  très  graves  en  sont  fréquemment 
la  conséquence  (1).  » 

§  IV.  —  Nous  avons  donné  déjà  l'indication  d'un  certain  nombre 
d'observations  d'affections  déterminées  par  les  lombrics  (voy.  les 
Généralités,  p.  53);  nous  en  rapporterons  ici  quelques-unes  qui 
offrent  de  l'intérêt  à  divers  titres. 

Ier  Cas  (MjSplain). 

«  Une  fille  de  vingt-deux  ans,  après  quelques  prodromes,  tomba  dans  l'état 
suivant  :  Immobilité  complète,  paupières  relevées,  yeux  fixes  et  humides, 
pupilles  resserrées,  tête  fortement  renversée  en  arrière,  mâchoires  convulsi- 
vement rapprochées  sans  qu'aucun  effort  puisse  les  écarter...  ;  roideur  téta- 
nique des  membres,  respiration  presque  inappréciable,  pouls  à  peine  sensible, 
perte  absolue  de  sentiment.  —  Aucun  remède  n'ayant  pu  être  administré,  ni 
par  la  bouche,  ni  par  l'anus,  et  la  mort  paraissant  imminente,  une  injection 
de  quatre  grains  de  tartre  stibié  fut  faite  dans  la  veine  médiane  du  bras  gauche. 
Une  demi-heure  après,  une  pelote  de  huit  vers  lombrics,  tous  vivants,  fut 
expulsé*  par  le  vomissement.  La  malade  vomit  ensuite,  en  plusieurs  fois,  sept 
autres  vers.  Tous  les  phénomènes  décrits  ci-dessus  ne  tardèrent  pas  à  s'apai- 
ser, puis  à  disparaître,  et  quatre  jours  après,  celte  fille  était  complètement 
rétablie  (2).  » 

IIe  Cas  (G.  Calvert  Hollasd). 
«  Le  23  septembre  1 842,  Harriet  Blackburn,  âgéede  vingt  ans,  demanda 
mes  soins  à  l'infirmerie  de  Sheffield,  pour  une  paralysie.   Elle   avait  perdu 
l'usage  des  extrémités  inférieures  et  un  peu  aussi  celui  du  bras.  Ces  mem- 
bres, mais  principalement   les   premiers,   étaient  insensibles  à   une  piqûre 

(1)  Huss,  Mém.  cit. 

(2)  Méplain,  médecin  auDonjon  (Allier),  Journ.  complémentaire,  1823,  t.  XVIf , 
p.  372. 


CHEZ   L'HOMME.    —   ASCARIDE   LOMBBICOÏDE.  133 

superficielle  de  la  peau.  Elle  sentait,  mais  faiblement,  lorsqu'on  introduisait 
une  aiguille  profondément  dans  les  chairs.  Trois  semaines  auparavant,  elle 
avait  été  prise  d'un  engourdissement  des  bras  et  des  jambes,  qui  s'accrut 
graduellement  jusqu'à  ce  qu'elle  perdit  l'usage  de  ces  derniers.  (Vingt  sang- 
sues aux  lombes.) 

»  ...  Sa  santé  générale  était  bonne  avant  cette  attaque,  et  l'on  ne  peut 
découvrir  aucun  dérangement  constitutionnel  en  dehors  de  la  perte  du  mou- 
vement et  de  la  sensibilité.  II  n'y  avait  aucune  douleur  dans  quelque  partie 
de  l'épine,  ni  de  tête,  etc.  Les  fonctions  intestinales  étaient  régulières.  La 
saignée  générale,  des  sangsues,  des  rubéfiants  le  long  de  l'épine,  le  calomel  à 
l'intérieur,  la  poudre  de  Dower,  etc.,  furent  administrés  depuis!  e  24  sep- 
tembre jusqu'au  4  octobre. 

»  Le  9  octobre,  il  y  eut  quelques  signes  de  retour  dans  la  sensibilité,  mais 
point  dans  l'usage  des  membres.  Alors  six  drachmes  d'huile  de  térébenthine 
et  deux  d'huile  de  ricin  furent  prescrits  avec  de  l'eau  de  menthe.  Le  jour 
môme  ou  le  jour  suivant,  la  malade  rendit  par  l'anus  un  ver  rond  (ascaride 
lombricoïde)  ;  après  quoi,  le  mouvement  et  le  sentiment  revinrent  immédiate- 
ment dans  les  membres.  Dans  le  cours  de  deux  ou  trois  jours,  les  symptômes 
étaient  entièrement  dissipés;  des  purgatifs  furent  encore  administrés,  mais 
aucun  nouveau  ver  ne  fut  rendu  (1).  » 

IIIe  Cas  (P.  Fbank). 

a  Nous  avons  trouvé  le  tube  intestinal,  depuis  le  duodénum  jusqu'au  rec- 
tum, entièrement  rempli  d'ascarides  lombricoïdes  et  de  matières  fécales  sur 
le  cadavre  d'un  homme  qui  mourut  au  milieu  des  convulsions  les  plus  cruelles 
et  des  cris  les  plus  aigus,  le  second  jour  de  son  entrée  à  l'hôpital  de 
Pavie  (2).  » 

IVe  Cas  (J.  Leroux). 

Il  s'agit  d'un  jeune  homme  de  dix-huit  ans,  cultivateur,  très  bien  constitué. 
«  Je  fus  appelé  auprès  de  lui,  dit  Leroux,  vers  midi;  je  le  trouvai  dans  une  con- 
vulsion générale  et  tétanique.  La  tête  était  fortement  renversée  en  arrière  ;  le 
tronc  et  les  membres  étaient  dans  un  état  de  roideur  qu'on  ne  pouvait 
vaincre;  les  yeux  renversés ,  les  mâchoires  serrées;  la  respiration  haletante 
et  la  poitrine  soulevée  précipitamment  ;  le  cœur  battait  avec  force  ;  le  pouls 
était  vibratileettrès  agité;  le  ventre  météorisé. 

»  J'appris  que  le  malade  avait  été  trouvé  dans  cet  élat  à  dix  heures  du 
matin.  Cejeune  homme  était  sans  connaissance  et  ne  pouvait  parler.  On  me 
montra  huit  vers  lombricoïdes  qu'on  avait  trouvés  sur  son  lit,  et  qu'il  avait 
vomis  avec  beaucoup  de  matières  verdâtres.  On  m'apprit  aussi  que  depuis  une 

(1)  G.  Calvert  Holland,  A  peculiar  case  of  nervous  disease  or  dérangement  of  Ihe 
nervous  System,  in  Edinburgh,  med.  and  surg.  Journal.  London,  1845,  t.  LXIII, 
p.  325. 

(2)  P.  Frank,  omit,  cit.,  t.  V,  p.  348. 


l.Vl  AITKCTIONS   VERM1SBBSES   DES   VOIES   DIGBSTtVES 

quin'/aino  do  jours,  Possou  se  plaignait  do  vives  Coliques,  qu'il  ne  mangeait 
nue  liés  peu  et  qu'il  avait  souvent  dos  envie?  de  vomir. 

»  Je  jugeai  facilement  que  la  cause  de  la  convulsion  était  la  présence  do 
vers  dans  le  canal  alimentaire.  Jo  n'avais  point  do  pharmacie  à  ma  dispo- 
sition, . .  Je  fis  préparer  un  bain  ;  on  y  plongea  lo  malade  ;  on  l'y  retint  pen- 
dant une  heure  avec  beaucoup  de  peine.  En  effet,  je  n'ai  jamais  vu  de  con- 
vulsions plus  effrayantes;  il  fallait  trois  hommes  très  Luis  pour  contenir  co 
malheureux  patient  On  lépéta  le  bain  à  cinq  heures  ;  pendant  ce  second  bain, 
un  vomissement  fit  rejeter  en  deux  fois  cinq  autres  vers  lombricoïdes.  Je  lis 
faire  avec  de  l'huile  des  frictions  sur  l'épigastre  et  sur  l'abdomen,  qui  parais- 
sait très  douloureux  ;  je  pratiquai  une  saignée  du  bras. 

»  Ces  moyens  procurèrent  un  peu  de  calme;  vers  huit  heures  du  soir,  les 
convulsions  devinrent  horribles;  le  malade  poussait  des  cris  perçants;  il 
expira  à  neuf  heures  et  demie. 

»  Autopsie.  — Je  ne  pus  ouvrir  la  loto.  Tous  les  organes  de  la  poitrine  cl 
de  l'abdomen  étaient  parfaitement  sains;  mais,  ayant  fendu  l'estomac,  j'y 
trouvai  encore  onze  vers  pareils  à  ceux  que  le  malade  avait  vomis.  Je  liai  le 
duodénum  et  le  rectum  ;  j'enlevai  tout  le  paquet  des  intestins,  qui  étaient 
remplis  de  vers,  au  point  qu'on  les  sentait  à  travers  les  membranes....  J'en 
comptai  quatre-vingt-trois;  ainsi,  ce  malheureux  jeune  homme  avait  nourri 
cent  sept  ennemis,  dont  lès  piqûres,  en  irritant  la  membrane  muqueuse  du 
canal  alimentaire,  avaient  causé  des  convulsions  tétaniques  et  la  moi  t.  L'es- 
tomac, l'intestin  grêle  et  le  gros  intestin  offraient,  dans  un  grand  nombre  de 
places,  des  points  qui  paraissaient  des  piqûres  entourées  d'un  polit  cercle 
rouge  (I).  » 


CHAPITRE  II. 

LÉSIONS   ANATOMIQUES  ,    ACCIDENTS    PHYSIQUES. 

§  I.  —  Peu  d'observateurs  se  sont  occupés  de  l'étal  anatoimijue 
de  l'intestin  chez  les  individus  affectés  d'ascarides  lombricoïdes. 
MM.  Barthez  et  liilliet,  ayant  fait  des  recherches  à  ce  sujet  chez  les 
enfants,  ont  ordinairement  rencontré  la  membrane  muqueuse  de  la 
partie  de  l'intestin  qui  contenait  des  ascarides  lombricoïdes  dans  un 
état  d'intégrité  parfaite.  Dans  quelques  cas,  ils  ont  observé  une  fine 
injection  vasculaire,  semblable  à  celle  de  l'entérite  érythémateuse  ; 
très  rarement  la  consistance  de  la  membrane  muqueuse  était 
diminuée.  Comme  ces  légères  altérations  de  tissu  existaient  seu- 
lement dans  le  point  où  étaient  rassemblés  plusieurs  lombrics  et 

(1)  Leroux,  ouvr.  cit.,  t.  IV,  p.  307. 


CHEZ   L'HOMME.   —  ASCARIDE   I.OMBRIGO'ÏDE.  135 

manquaient  ailleurs,  ces  observateurs  ont  conclu  qu'elles  étaient  1 
résultat  de  l'irritation  locale  exercée  par  les  vers(l). 

Dans  l'observation  de  Leroux,  les  lésions  anatomiques  de  l'intestin 
qui  renfermait  encore  au  moment  de  la  mort  quatre-vingt-trois  lom- 
brics, ne  consistaient  aussi  que  dans  des  'points  ayant  V apparence 
de  piqûres  entourées  d'un  petit  cercle  rouge. 

Un  enfant  de  dix  à  douze  ans,  observé  par  Daquin,  mourut  après 
avoir  éprouvé  des  coliques  violentes,  des  vomissements  répétés  et 
des  phénomènes  cérébraux  :  «  Le  duodénum  était  farci  de  vers  gros 
et  petits  à  un  point  qu'il  en  était  distendu,  et  avait  acquis  beaucoup 
plus  de  volume  qu'il  ne  doit  en  avoir  naturellement,  formant  un 
boyau  dur  et  rénitent.  Le  jéjunum,  l'iléum  et  le  ceecum  en  étaient 
si  remplis,  que  je  ne  puis  mieux  les  comparer  qu'à  des  godiveaux.  Il 
semblait  qu'on  les  y  eût  fait  entrer  par  force...  Ce  qui  me  parut 
extraordinaire,  c'est  qu'une  irritation  telle  que  dut  la  causer  cette  pro- 
digieuse multitude  de  vers  n'avait  pas  même  produit  la  plus  légère 
phlogose  dans  les  membranes  des  intestins  (2).  » 

En  présence  de  ces  faits  et  de  beaucoup  d'autres  semblables,  on 
ne  peut  accepter  sans  réserve  l'observation  suivante  de  M.  Bre- 
tonneau  : 

Il  s'agit  d'un  enfant  de  huit  ans,  convalescent  d'une  angine  ma- 
ligne, qui  mourut  presque  inopinément  après  avoir  éprouvé  quelques 
mouvements  convulsifs  et  des  vomissements.  «  Deux  pelotes  de  vers 
distendaient  l'intestin  grêle  :  une  surtout,  qui  surpassait  en  volume 
le  poing  du  sujet,  était  arrêtée  dans  le  duodénum  et  formée  par 
l'entrelacement  d'une  vingtaine  d'ascarides  lombricoïdes  dont  les 
mouvements  avaient  froissé  et  meurtri  les  tuniques  de  l'intestin  au 
point  que,  dans  une  grande  partie  de  sa  circonférence,  la  membrane 
muqueuse  était  détruite  par  cette  attrition.  Le  mucus  ensanglanté  qui 
se  trouvait  au-dessus  et  au-dessous  des  pelotes  de  vers,  attestait 
que  cet  entrelacement  qui  subsistait  encore,  avait  eu  lieu  pendant  la 
vie,  en  même  temps  qu'il  était  d'ailleurs  évident  que  cette  agglo- 
mération était  assez  récente,  puisque  les  tuniques  de  l'intestin  n'of- 
fraient aucune  trace  de  véritable  inflammation  (3).  » 

Nous  ne  nions  pas  que  de  semblables  lésions  ne  puissent  se  pro- 
duire pendant  la  vie  ;  mais  il  est  probable  que  les  vers  qui  les  auraient 
occasionnées  ne  se  trouveraient  point,  à  l'autopsie,  en  rapport  avec 

(0  Barlhcz  et  Rilliet,  Traité  des  maladies  des  enfants,  Paris,  1843,  t.  III,  p,  G05. 

(2)  Daquin,  Mém.  cit.,  p.  137. 

(3)  P.  Bretonneau,  De  la  diphthérite.  Paris,  1826,  obs,  II,  p.  23. 


\oC)  AFFECTIONS   VERM1NEUSES  DUS  VOIES   DIGESTIVES 

la  partie  contuse.  11  n'est  pas  admissible  que  les  lombrics  ne  se  fus- 
sent pas  séparés  lors  du  refroidissement  du  cadavre,  et  fussent  morts 
eux-mêmes  sans  quitter  l'attitude  et  la  place  qu'ils  avaient  dans 
l'intestin  vivant  (1).  Le  fait  d'avoir  rencontré  les  vers  en  rapport 
avec  la  lésion  qu'ils  avaient  déterminée,  prouve  pour  nous,  contrai- 
rement à  ce  qu'on  en  a  conclu  dans  le  cas  actuel,  que  l'agglomération 
des  lombrics  et  l'attrition  de  l'intestin  se  sont  produites  après  la 
mort. 

Si  l'on  ajoute,  aux  faits  qui  précèdent  ceux  qui  résultent  de  l'ob- 
servation des  animaux,  chez  lesquels  des  ascarides  existent  souvent 
en  nombre  considérable  sans  déterminer  aucune  lésion  intestinale, 
on  sera  disposé  à  croire  que  l'attrition,  les  meurtrissures  de  l'in- 
testin occasionnées  par  les  lombrics  sont  des  faits  au  moins  très 
rares.  Par  les  mêmes  raisons,  on  n'admettra  pas  sans  examen  ces 
cas  de  gangrène,  d'ulcération  et  de  perforation  déterminées  par  les 
lombrics  dont  les  auteurs  ont  rapporté  de  nombreux  exemples.  La 
plupart  de  ces  observations  remontent,  il  est  vrai,  à  une  époque  où 
l'on  était  porté  à  mettre  sur  le  compte  des  lombrics  les  lésions  les 
plus  diverses.  Sans  contester  la  réalité  de  ces  faits,  il  est  permis  de 
contester  l'interprétation  qui  en  a  été  donnée.  Nous  ferons  plus  loin 
cet  examen  (2),  et  nous  apporterons  les  raisons  qui  nous  paraissent 
prouver  que  les  lombrics  ne  peuvent  dilacérer  ou  perforer  les  parois 
saines  de  l'intestin. 

§  II. — Dilacéraiion  des  vaisseaux  sanguins.;  hémorrliagie . — Des 
hémorrhagïes  mortelles  ont  été  attribuées  à  l'action  des  ascarides 
lombricoïdes.  On  conçoit,  à  la  rigueur,  qu'un  lombric  puisse  dé- 
terminer la  rupture  -d'une  artère  dénudée  par  une  ulcération,  en 
interposant  sa  tête  entre  cette  artère  et  la  paroi  ulcérée  ;  mais  les 
mêmes  raisons  qui  empêchent  cet  entozoaire  de  traverser  un  intestin 
sain  s'opposent  à  ce  qu'il  en  dilacère  les  parois  et  consécutivement 
les  vaisseaux. 


(1)  Beaucoup  d'auteurs  oublient  complètement  que  les  vers  vivent  encore  quelque 
temps  après  la  mort  de  leur  hôte,  et  qu'ils  sont  doués  d'un  certain  pouvoir  de 
locomotion.  Ils  décrivent  avec  soin  la  situation  des  vers  au  moment  de  l'autopsie, 
comme  si  ces  animaux  n'avaient  pas  dû  en  changer  depuis  la  mort  du  malade. 
Ainsi  Lepelletier,  qui  parle  d'une  large  perforation  de  l'œsophage  opérée  par  des 
lombrics,  dit,  pour  prouver  qu'elle  était  bien  l'effet  de  ces  entozoaires  :  «  Le  ver  encore 
engagé  dans  cette  même  ouverture  lève  tous  les  doutes.  »  Il  suffit  de  la  plus  simple 
réflexion  pour  voir  ce  que  valent  de  pareilles  raisous. 

(2)  Voyez  cbap.  V. 


CHEZ    L'HOMME.  —   ASCARIDE   LO.MBRICOÏDE.  137 

Ior  Cas  (Charcellay). 
Il  s'agit  d'un  enfant  âgé  de  sept  ans,  qui  fut  admis  à  l'hospice  général  de 
Tours,  le  7  février  1839.  —  Le  7  mars,  on  apprend  qu'il  avait  du  dévoie- 
ment  depuis  plusieurs  jours  ;  il  a  des  coliques  fortes,  une  fièvre  modérée,  la 
langue  blanche  au  milieu,  rouge  à  la  pointe  et  sur  les  bords.  Le  8,  même 
état  général,  faciès  douloureux,  épreintes  violentes,  selles  fréquentes  et  peu 
abondantes  ;  matières  formées  par  des  mucosités  rougeâtres.  —  Le  9 et  le  10, 
même  étala  peu  près.  «  Le  11 ,  le  malade  est  agité,  s'inquiète  et  pousse  sou- 
vent des  cris  ;  depuis  la  veille,  il  ne  répond  aux  questions  qu'on  lui  adresse 
que  par  des  plaintes...  Pâleur  du  visage  ;  pouls  petit  et  fréquent  ;  peau  d'une 
chaleur  ordinaire;  pupilles  dilatées;  regard  fixe.  Les  matières  sont  rendues 
presque  involontairement  ;  chaque  fois,  elles  sont  fortement  ensanglantées. 
Depuis  hier  au  soir,  le  sang  est  noirâtre  ;  un  ver  lombric  non  vivant  a  encore 
été  expulsé...  Dans  la  journée,  et  surtout  vers  le  soir,  cet  enfant  rend  par  le 
rectum  une  grande  quantité  de  sang  pur  noir.  Il  s'agite  beaucoup,  pousse 
des  cris  plaintifs  et  succombe  enfin  à  dix  heures  du  soir.  » 

Aulopsie.  —  «  La  muqueuse  du  gros  intestin  est  fortement  épaissie,  irré- 
gulière, granulée,  nulle  part  ulcérée,  offrant  des  taches  verdâtres  ou  grisâtres 
sur  toute  l'étendue  de  sa  surface.  Celte  altération  se  prolonge  dans  l'iléon,  à 
un  pouce  au-dessus  de  la  valvule  iléo-caecale,  dont  la  face  supérieure  offre  le 
même  état  que  l'inférieure.  La  plaque  de  Peyerla  plus  inférieure  est  injectée, 
turgescente,  et  comme  boursouflée  ;  elle  fait  saillie  au-dessus  de  la  mu- 
queuse; les  deux  plaques  qui  viennent  après  sont  moins  gonflées;  autrement 
la  muqueuse  est  saine  dans  tout  l'intestin  grêle,  où  l'on  trouve  une  énorme 
quantité  de  sang  noir  liquide.  » 

Dans  le  jéjunum,  on  rencontre  trente-sept  lombrics  réunis  par  pelotons. 
Dans  le  duodénum,  on  trouve  un  peloton  de  lombrics  encore  plus  considérable. 
La  muqueuse  de  cet  intestin  est  saine.  En  dehors  de  la  cavité  du  duodénum 
et  sur  sa  face  postérieure,  existe  une  toute  petite  ecchymose  qui  correspond  à 
une  exulcération  arrondie,  de  deux  lignes  d'étendue  située  dans  cet  intestin. 
t  En  cet  endroit,  la  membrane  muqueuse  et  le  tissu  cellulaire  sous-jacent 
semblaient  avoir  été  détruits  par  écartement.  Dans  cet  espace  étroit  et  comme 
érodé,  je  suis  parvenu  à  apercevoir,  même  à  l'œil  nu,  après  des  recherches 
réitérées,  une  arlériole  blanche,  d'un  tissu  résistant;  son  orifice  est  béant, 
car  elle  est  divisée  complètement  en  travers  (1  )...  » 

Parmi  les  raisons  qui  déterminent  l'auteur  à  mettre  la  rupture  de 
l'artère  sur  le  compte  des  lombrics,  se  trouvent  celles  que  l'on  donne 
généralement  pour  prouver  l'action  de  ces  animaux  dans  les  perfo- 
rations ;  nous  verrons  plus  loin  (2)  que  toutes  ces  raisons  n'ont  aucune 

(1)  Charcellay,  Rec.  des  trav.  de  la  Soc,  méd.  d' Indre-et-Loire,  année  1839, 
2e  série,  p.  16. 

(2)  Chap.  V. 


I3t>  AFFECTIONS   V ÎCHMINICHS i:.S   DES   VOIES   PIGBSTIVES 

valeur.  La  rareté  des  ulcérations  dans  le  duodénum  n'est  pas  non 
plus  un  argument  de  grande  valeur)  il  n'est  pas  sans  exemple  de 
rencontrer  des  ulcérations  isolées,  surtout  dans  un  cas  comme  celui- 
ci  qui  était  une  fièvre  typhoïde  plutôt  qu'une  dysenterie,  ainsi  qu'on 
en  peut  juger  par  les  symptômes  et  par  l'état  des  plaques  de  Peyer. 
La  division  de  l'artère  en  travers  ne  prouve  absolument  rien,  d'ail- 
lcuis,  sur  la  cause  de  sa  rupture  j  dernièrement,  dans  le  service 
de  M.  Hayer,  chez  un  homme  mort  d'hémorrhagie  intestinale,  on 
trouva  une  petite  ulcération  au  fond  de  laquelle  on  apercevait  très 
distinctement,  à  l'œil  nu,  une  artériole  ouverte.-  Ce  vaisseau  était 
déchiré  d'une  manière  très  nette  et  les  deux  bouts  s'adaptaient  exac- 
tement. Nous  avons  pu  montrer  le  fait  aux  membres  de  la  Société 
de  biologie  (1).  Cette  artériole  seule  avait  fourni  tout  le  sang  ;  il 
n'existait  aucun  lombric  dans  l'intestin  pour  expliquer  la  déchirure 
du  vaisseau  ;  suffit-il  donc  que  l'on  ait  trouvé  des  lombrics  auprès 
d'une  ulcération  pour  qu'on  doive  la  leur  attribuer  (2)? 

IIe  Cas  (Halmà-Grand). 

11  s'agit  d'un  enfant  âgé  de  six  ans,  qui,  depuis  quelque  temps,  offrait  des 
symptômes  de  bronchite  et  des  douleurs  de  l'abdomen  vers  l'ombilic. 

Le  13  mars  1856,  pouls  pas  notablement  élevé,  faciès  à  peu  près  normal, 
langue  naturelle,  coliques  faibles.  Le!  S,  l'enfant  parait  tout  à  fait  bien. 
Le  IC,  invasion  de  symptômes  alarmants.  Faciès  cholérique,  vomissements 
répétés  de  matières  verdâtres,  parmi  lesquelles  trois  lombrics  sont  rejetés  ; 
abdomen  météorisé,  douloureux  à  la  pression;  pouls  petit  et  concentré;  selles 
légèrement  sanguinolentes;  agitation,  refroidissement.  Vers  le  soir  du  même 
jour,  tous  ces  phénomènes  s'aggravent;  selle  considérable  de  sang  pur  et 
vermeil  ;  mort  inopinée. 

A  l'autopsie,  le  péritoine  est  normal,  l'intestin  grêle  est  météorisé.  A  l'in- 
térieur de  cet  intestin,  on  trouve  six  ascarides  lombricoïdes  et  un  peloton 
Jormé  par  dix-huit  de  ces  vers. 

«  La  muqueuse  de   l'intestin  grêle  ayant   été  lavée,  nous  la  trouvâmes 

(1)  M.  Dupuis,  Hém.  inlest.,  etc.  {Comptes  rendus  Soc.  biologie,  décembre  18ô7.) 

(2)  M.  Charcellay,  eu  rédigeant  cette  observation,  était  certainement  préoccupé 
de  la  théorie  de  Mondièrc  sur  les  perforations  que  produiraient  les  lombrics  (voyez 
ci-après  celte  théorie);  car  il  dit  :  «  Le  tissu  cellulaire  et  la  membrane  muqueuse 
semblent  avoir  été  détruits  par  écarlement,  »  et  une  ligne  après  il  ajoute  :  «  dans 
cet  espace  étroit  et  comme  érodè.  »  S'il  y  avait  érosion,  il  n'y  avait  pas  écarlement 
des  libres.  Quant  aux  arguments  sur  lesquels  l'auteur  appuie  surtout  son  opinion 
d'une  déchirure  opérée  par  les  lombrics,  il  les  prend  dans  la  conformation  de  la 
bouche  du  lombric  et  dans  les  nombreuses  observations  de  vers  efj'racteurs  qui  sont 
reproduites  un  peu  partout,  mais  qui  sout  reproduites  ici  sans  aucune  critique. 


CHEZ   L'HOMME.    —    ASCARIDE   LOMBRICOÏDE.  139 

ramollie,  se  déchirant  par  lambeaux  et  criblée  d'idcéralions,  dont  la  plus 
grande  avait  la  longueur  d'une  -pièce  de  deux  francs.  Une  de  ces  ulcérations 
fixa  notre  attention  par  sa  profondeur,  et,  l'examinant  à  la  loupe,  nous  trou- 
vâmes les  vestiges  de  vaisseaux  ouverts  qui  auraient  donné  lieu  à  l'hémor- 
rhagio  intestinale.  Nous  ne  poussâmes  pas  plus  loin  nos  investigations  (4).  » 

Après  ce  que  nous  avons  dit  des  lésions  anatomiques  causées  p  ;r 
les  lombrics,  il  est  inutile  de  faire  remarquer  que  le  ramollissement 
de  la  muqueuse  qui  se  déchirait  par  lambeaux,  ne  pouvait  être  le  fait 
des  vingt-quatre  vers  trouvés  dans  l'intestin,  et  que  les  ulcérations, 
surtout  celle  qui  avait  la  largeur  d'une  pièce  de2fr.,  n'étaient  point 
davantage  le  fait  de  ces  vers;  au  reste,  l'auteur  n'a  mis  l'hémor- 
rhagie  sur  le  compte  des  lombrics  que  par  la  considération  suivante  : 
«  Le  fait  que  nous  indiquons  n'est  pas  unique;  il  résulte  d'une  obser- 
vation de  M.  Charcellay  qu'une  artériole  peut  être  percée  par  un 
lombric  de  manière  à  produire  une  hémorrhagie  intestinale  mortelle.  » 
Nous  avens  vu  combien  l'opinion  de  M.  Charcellay  est  peu  fondée. 

§  III.  —  Obstruction,  iléus,  étranglement.  —  On  a  dit  que,  par 
leur  accumulation,  les  ascarides  peuvent  obstruer  l'intestin,  mettre 
obstacle  aux  cours  des  matières  et  donner  lieu  aux  accidents  d'un 
étranglement  interne,  ou  de  l'engouement  et  de  l'étranglement 
dans  les  hernies.  Les  cas,  dont  nous  avons  rapporté  quelques- 
uns,  dans  lesquels  on  a  vu  l'intestin  rempli  et  comme  bourré 
par  des  lombrics,  cas  dans  lesquels  cependant  on  n'a  point 
observé  de  tels  accidents,  l'absence  d'observations  positives  à  cet 
égard  ne  permettent  point  d'admettre  que  les  ascarides  puissent 
apporter  un  obstacle  sérieux  au  cours  ordinaire  des  matières.  Rudol- 
phi,  après  avoir  appuyé  cette  dernière  opinion  sur  des  exemples 
d'accumulatiou  extraordinaire  de  vers  dans  les  animaux,  ajoute  : 
«  Entre  les  vers,  quelque  accumulés  qu'ils  soient,  le  chyme  ou  les 
matières  fécales  circulent  librement,  et  s'd  entre  dans  le  tube  diges- 
tif des  matières  dures,  les  vers  les  détruisent  et  les  déchirent  (2).  » 

Un  fait  observé  par  Requin  semble  en  contradiction  avec  ces  vues  : 
un  homme  âgé  de  cinquante  ans  mourut  à  l'Hô'el-Dieu  (annexe), 
après  avoir  eu,  pendant  plusieurs  jours,  des  vomissements  sterco- 
raux  et  une  diarrhée  abondante.  A  l'autopsie,  on  ne  trouva  pour 
expliquer  celle  sorte  d'iléus  imparfait  rien  autre  chose  que  deux 

(1)  Halma-Grand,  Union  médicale.  Paris,  1836,  t.  X,  p.  202. 

(2)  Rudolplii,  Hisl.  nat.  Enlozoarum,  cit.,  t.  I,  p.45S. 


l/lO  AFFECTIONS  VEBM1NEUSES  DES  VOIES  D1GESTIVES 

paquets  de  lombrics,  l'un  vers  la  partie  moyenne  de  l'intestin  grêle, 
l'autre  vers  le  milieu  du  côlon  transverse.  «  Sur  l'un  et  l'autre  point 
les  helminthes,  enchevêtrés  les  uns  avec  les  autres,  avaient  évidem- 
ment formé  une  espèce  de  barrière  qui  mettait  obstacle  au  cours  des 
matières,  sinon  absolument  et  invinciblement,  du  moins  assez  pour 
produire  la  maladie  ci-dessus  relatée  ;  d'autant  mieux  que  l'intestin 
se  trouvait  considérablement  rétréci  dans  toute  sa  longueur,  par  suite 
sans  doute  de  l'abstinence  forcée  à  laquelle  la  nature  même  des  acci- 
dents morbides  avait  réduit  depuis  longtevijos  le  pauvre  malade  (1).» 
Encore  une  explication  dans  laquelle  le  lombric  est  considéré 
comme  un  corps  inerte  et  capable  de  rester  un  temps  indéfini  sans 
mouvement.  Si  le  rétrécissement  de  l'intestin  avait  été  produit  par 
l'agglomération  des  lombrics,  pendant  combien  de  temps  ces  vers 
eussent-ils  dû  rester  réunis  sans  se  déplacer,  sans  donner  signe  dévie? 
et  n'auraient-ils  pas  plutôt  occasionné  une  dilatation  (2)?  Quoi  qu'il 
en  soit,  si  les  vers  ont  été  pour  quelque  chose  dans  les  phénomènes 
observés,  si  leur  réunion  en  peloton  n'a  pas  été  déterminée  par  le 
refroidissement  du  cadavre,  on  ne  peut  leur  attribuer  que  les  acci- 
dents des  derniers  jours,  et  l'obstacle  au  cours  des  matières  n'est 
survenu  que  parce  que  l'intestin  était  considérablement  rétréci, 
car  un  semblable  fait  devrait  avoir  lieu  dans  tous  ces  cas  où  les  lom- 
brics se  comptent  par  centaines. 

Morgagni  suppose  que  les  lombrics  peuvent  être  une  cause  d'in- 
vagination de  l'intestin  par  suite  des  mouvements  convulsifs  qu'ils 
déterminent  dans  cet  organe  en  l'irritant;  c'est  une  pure  hypothèse 
qui  lui  a  été  suggérée  par  quelques  cas  d'intussusception  dans  les- 
quels il  y  avait  en  même  temps  des  lombrics,  cas  observés  par 
Peyer,  Ruysch,  Heister  et  par  lui-même  (3). 

Quant  à  l'accumulation  des  vers  dans  une  portion  d'intestin  ren- 
fermée dans  une  hernie,  il  est  probable  qu'elle  a  les  mêmes  inconvé- 
nients que  l'accumulation  des  matières  fécales.  Bremser  pense  que  la 
réduction  des  lombrics  doit  être  facile,  étant  favorisée  par  les  mou- 
vements de  ces  entozoaires;  quoi  qu'il  en  soit,  il  ne  peut  résulter 
de  leur  présence  que  les  effets  de  l'engouement. 

(1)  A. -P.  Requin,  ouvr.  cit.,  t.  III,  p.  214. 

(2)  Voyez  ci-dessus  (p.  135),  une  observation  de  Daquin,  dans  laquelle  on  a 
noté,  au  contraire,  une  dilatation  de  l'intestin. 

(3)  J.-B.  Morgagni ,  Lell.  anat.  sur  le  siège  et  les  causes  des  maladies, 
lettre  XXXIV,  §32,  trad:  franc.  Paris,  18b3,  t.  II,  p.  263. 


CHEZ  L'HOMME.  —  LOMBRICS  ERRATIQUES.  141 

Wedekind,  dans  une  dissertation  intitulée  :  Des  étranglement  a 
des  hernies  occasionnés  par  les  vers  (1),  nous  apprend  que,  dans 
le  comté  deDiepholz,  où  il  avait  pratiqué  la  médecine,  les  cas  de 
hernie  avec  complication  de  vers  étaient  très  communs  et  presque 
endémiques.  Suivant  cet  auteur,  les  lombrics  occasionnent  quelque- 
fois l'étranglement,  qui  se  produit  de  deux  manières  :  1°  par  le  spasme 
de  l'intestin,  lequel  est  consécutif  à  l'irritation  que  les  vers  détermi- 
nent ;  2"  par  l'accumulation  de  ces  vers  et  l'obstruction  qui  en 
résulte. 

G.  Richter  regarde  aussi  la  présence  des  vers  comme  une  cause 
possible  d  etranglemeut  des  hernies  (2).  Les  raisons  que  donne  le 
premier  de  ces  auteurs  à  l'appui  de  ces  opinions  et  que  reproduit  le 
second,  ont  été  réfutées  par  Bremser;  il  serait  sans  utilité  de  nous 
en  occuper  davantage. 


SOUS-SECTION  III. 


PHENOMENES  ET  ACCIDENTS  CAUSES  PAR  LES  ASCARIDES  LOMBRICOlDES 
SORTIS   DE  LEUR    SÉJOUR  NORMAL, 

Les  ascarides  lombricoïdes  quittent  quelquefois  leur  séjour  nor- 
mal soit  spontanément,  soit  chassés  par  les  efforts  de  l'intestin.  Ils 
en  sortent  par  une  voie  naturelle  ou  par  une  ouverture  accidentelle  ; 
dans  le  premier  cas,  ils  arrivent  dans  une  cavité  viscérale  ou  bien 
dans  un  conduit  excréteur  en  communication  plus  ou  moins  directe 
avec  le  tube  digestif  ;  dans  le  second,  ils  arrivent  dans  une  cavité  sans 
rapport  avec  celle  de  l'intestin  ou  dans  l'épaisseur  des  parois  abdo- 
minales ;  dans  tous  ces  cas,  ils  peuvent  produire  des  phénomènes 
variés  et  des  accidents  graves.  Toutefois,  il  ne  faut  pas  croire  que 
des  vers  rencontrés  à  l'autopsie  dans  un  organe,  s'y  trouvaient  néces- 
sairement pendant  la  vie  du  malade,  ni  qu'ils  avaient  avant  la  mort 
la  situation  dans  laquelle  on  les  trouve  :  les  vers  vivent  encore  plu- 
sieurs heures  après  la  mort  de  leur  hôte,  et  leurs  mouvements  sont 
assez  énergiques  pour  qu'ils  puissent  ramper  dans  les  intestins  et 
traverser  des  orifices  qui  ne  leur  opposent  plus  actuellement  aucun 
obstacle. 

(1)  Wedekind,  dans  Richter,  Bibliolh.  de  chir.,  t.  VIII,  p.  79. 

(2)  G.  Richler,  Traité  des  hernies,  trad.  franc.,  1788,  p.  55. 


\l\'2  AITEGTIONS  VLRMlNlîUMiS  DES  VOtCS   DIGBSTtVIiS 

CHAPITRE    PREMIER. 

LOMBRICS  DANS   L'ESTOMAC,  l.'OESOrUAGE,  LES  FOSSES   NASALES,  LOREILLE, 
LES  VOIES  LACRYMALES. 

§  1. — Los  lombrics  parvenus  dans  le  gros  intestin  n'y  prolongent  pas 
longtemps  leur  existence  et  sont  évacués  sans  causer  d'accidents. 

§  II. — Dans  l'estomac  les  lombrics  sont  fréquemment  chass6s  par  le 
vomissement.  En  général,  leur  présence  dans  cet  organe  paraît  être 
difficilement  supportée;  ils  y  excitent  des  douleurs  obscures  ou 
vives,  des  nausées  et  des  vomissements. 

Dans  un  grand  nombre  d'observations  où  des  accidents  sympa- 
thiques ont  paru  l'effet  des  lombrics,  'on  a  constaté  par  le  fait  de 
leur  expulsion  au  dehors  ou  par  l'autopsie,  la  présence  de  ces  vers 
dans  l'estomac;  néanmoins  il  faut  observer  que,  dans  certains  cas, 
les  ascarides  lombricoïdes  peuvent  être  amenés  dans  la  cavité  gas- 
trique et  rejetés  au  dehors  par  suite  de  vomissements  symptoma- 
tiques  d'une  affection  indépendante  de  leur  présence.  C'est  ainsi  que 
dans  la  méningite  chez  les  enfants,  dans  la  péritonite  des  nouvelles 
accouchées,  etc.,  l'expulsion  des  vers  contenus  dans  l'intestin  a  lieu 
comme  celle  des  autres  matières  intestinales;  les  vomissements, 
aussi  bien  que  la  maladie,  sont  indépendants  de  l'existence  de  ces 
entozoaires.  C'est  certainement  à  cet  ordre  de  phénomènes  qu'on 
doit  rapporter  les  vomissements  vermineux  consécutifs  à  l'opération 
de  la  cataracte  dont  parle  M.  Alessi  (1). 

§111. — Les  ascarides  lombricoïdes  sortis  de  l'estomac  peuvent  s'ar- 
rêter dans  l'œsophage;  mais  il  n'est  pas  probable  qu'ils  fassent  jamais 
dans  cet  organe  un  long  séjour.  On  n'a  point  signalé  d'une  manière 
certaine  d'accidents  graves  résultant  de  la  présence  des  lombrics 
dans  le  conduit  œsophagien.  M.  Tonnelé  rapporte  le  fait  suivant  : 

••  Appelé  un  jour  pour  donner  des  soins  à  une  petite  fille  âgée  de 
dix  ans,  je  la  trouvai  dans  un  état  d'oppression  et  d'angoisse  inex- 

(1)  M.  Alessi,  oculiste  napolitain,  rapporte  neuf  observations  de  vomissements 
d'ascarides  lombricoïdes  à  la  suite  d'opérations  pratiquées  sur  l'œil.  Il  se  demande 
si  l'opération  ne  peut  être  la  cause  de  {'helminthiase  intestinale;  si  les  lombrics,  sur- 
excités par  l'opération,  ne  provoqueraient  pas  les  vomissements  par  leurs  mouve- 
ments insolites;  il  donne  enfin  à  ces  vers  une  importance  qu'ils  n'ont  certainement 
pas  eu  cette  circonstance  [Mcm.  cit.,  voyez  Vers  de  l'œil). 


CHEZ  L'HOMME.  —  LOMBRICS  ERRATIQUES.  lié 

primables;  le  cou  était  tendu,  la  tête  renversée,  la  face  violette,  les 
yeux  saillants,  la  respiration  sifflante,  convulsive.  En  abaissant  la 
langue  pour  m'assurer  de  l'état  du  pharynx,  je  déterminai  de  violents 
efforts  de  vomissement  et  l'expulsion  d'un  énorme  paquet  de  vers 
lombrics  entrelacés;  la  petite  malade  fut  immédiatement  guérie  (1).  » 
Ces  accidents  étaient  occasionnés,  suivant  M.  Tonnelé,  par  la 
compression  du  peloton  de  lombrics  sur  le  conduit  aérien. 

§  IV.  — Les  ascarides  arrivés  dans  le  pharynx,  occasionnent  des 
picotements,  une  constriction  incommode,  des  efforts  de  vomisse- 
ment qui  expulsent  ces  entozoaires,  sinon  les  malades  les  retirent 
eux-mêmes  avec  les  doigts.  Quelquefois,  au  milieu  des  efforts  de 
vomissement,  les  vers  sont  chassés  dans  les  fosses  nasales  et  sortent 
par  le  nez. 

Du  pharynx,  les  ascarides  peuvent  quelquefois  aussi  se  porter 
spontanément  dans  les  organes  voisins,  les  narines,  la  trompe  d'Eus- 
tachi,  les  voies  lacrymales  et  le  larynx. 

§  V.  -—  L'issue  des  lombrics  par  les  narines,  chez  des  individus 
vivants  ou  même  après  la  mort,  est  un  fait  que  l'on  observe  journel- 
lement dans  les  contrées  où  ces  vers  sont  très  communs.  La  guérison 
de  maux  de  tête  habituels  a  été  quelquefois  rapportée  à  ce  fait; 
mais  il  est  évident  que  dans  ces  cas  il  n'y  eut  qu'une  simple  coïn- 
cidence. 

Martin  Slabber  a  vu  un  homme  rendre  un  lombric  par  les  narines 
en  éternuant.  Cet  homme,  âgé  de  cinquante-deux  ans  et  sujet  à  de 
violentes  céphalalgies  depuis  son  enfance,  en  fut  dès  lors  délivré, 
dit-on  (2). 

Brera  rapporte  qu'une  femme,  sujette  depuis  longtemps  à  des 
vertiges,  en  fut  guérie  après  qu'elle  eut  retiré  de  ses  narines,  au 
moyen  d'une  aiguille  recourbée,  quatre  lombrics  encore  vivants,  et 
qu'elle  en  eut  évacué  sept  autres  par  l'effet  de  remèdes  anthelrnin- 
thiques  (3).  Bartholin,  Bremser,  etc. ,  rapportent  des  faits  semblables. 

§  VI.  — Nous  possédons  deux  cas  de  lombrics  qui  ont  pénétré 
dans  la  trompe  d'Eustache  :  dans  l'un  de  ces  cas,  le  ver  a  pu  être 
extrait  par  le  conduit  auditif  externe.  Voici  les  faits  : 

(1)  Tonnelé,  Journ.  heMom.,  1829,  t.  IV,  p.  290. 

(2)  Haarlem  Yerhand,  t.  X,  sect.  n,  p.  4G5,  cité  parRud.;  Bibl. 

(3)  Brera,  Aff.  vermin.,  cit.,  p.  167. 


\Uh  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DUS  VOIES  DIGESTIVES 

I"1'  Cas  (Winslow). 
«  Vous  avez  souhailé  quo  je  vous  communiquasse  l'observation  que  j'ai  faite 
autrefois  d'un  vor  dans  le  cadavre  d'une  fille  de  trois  ans  ;  voici  ce  que  c'est  : 
En  1716,  au  mois  d'octobre,  comme  je  faisais  l'anatomie  de  la  tête  de  cette 
enfant,  je  trouvai  au  bout  du  pharynx,  derrière  la  luette,  un  ver  long  et  rond 
comme  les  vers  ordinaires  des  intestins,  lequel  avait  une  de  ses  extrémités 
dans  le  pharynx  môme,  et  s'était  glissé  dans  la  trompe  d'Eustachi,  jusque 
dans  la  cavité  du  tympan,  où  l'autre  extrémité  était  engagée  entre  les  osse- 
lets de  l'ouïe.  Je  ne  doute  point,  monsieur,  que  ce  ver  ne  vînt  des  intestins, 
et  ne  fût  monté  par  l'œsophage.  Il  avait  environ  cinq  pouces  de  long,  et 
l'épaisseur  d'une  petite  plume  à  écrire.  Ce  que  j'ai  trouvé  de  singulier,  c'est 
qu'ayant  ce  volume,  il  ait  pu  s'engager  dans  un  passage  si  étroit,  et  je  ne 
saurais  deviner  ce  qui  peut  avoir  déterminé  cet  insecte  à  aller  plutôt  là  que 
dans  la  narine  attenante,  qui  est  bien  plus  spacieuse.  Vous  ferez  là-dessus 
vos  réflexions.  Je  suis,  etc,  Winslow.  Ce  4  septembre  1 736  (1).  » 

IIe  Cas  (Bruneau,  médecin  a  Amboise). 

«  Une  domestique  de  vingt  à  vingt-deux  ans,  fut  prise  pendant  la  messe  de 
convulsions,  accompagnées  de  cris  et  de  douleurs  dans  l'une  des  oreilles. 
Arrivé  près  d'elle,  Bruneau  ne  fut  pas  peu  étonné  d'apercevoir  un  lombric 
sorti  en  partie  du  conduit  auditif  externe.  II  se  hâta  de  le  saisir  avec  pré- 
caution, et,  à  l'aide  de  douces  tractions,  il  parvint  à  le  retirer  tout  entier. 
Après  avoir  passé  à  cette  espèce  de  filière,  ce  ver  était  sans  vie,  fort  aminci 
et  allongé.  Les  accidents  nerveux  cessèrent  aussitôt,  et  la  malade  fut  promp- 
tement  rétablie  ;  mais  ce  ne  fut  que  quatre  à  cinq  mois  plus  tard  qu'elle 
recouvra  l'ouïe  ;car,  quelques  semaines  avant  son  attaque  de  nerfs,  elle  l'avait 
perdue  d'un  seul  côté,  en  même  temps  qu'elle  avait  eu  dans  la  gorge  un  dépôt 
qui,  après  s'être  développé  lentement,  se  vida  par  la  bouche.  Deux  vers  lom- 
brics morts  s'échappèrent  avec  le  pus  (2).  j 

§  VII.  — J.  Rodriguez  (Amatus  Lusitanus)  rapporte  l'observation 
d'un  ver  extrait  par  le  grand,  angle  de  l'œil,  et  qui  ne  peut  être 
qu'un  lombric  : 

t  Une  petite  fille  de  trois  mois,  se  portant  bien  et  ne  sentant  pas  le  moindre 
mal,  rendit  par  la  partie  antérieure  de  l'œil,  appelée  communément  le  grand 
angle,  un  ver  dont  la  tête  commença  d'abord  à  paraître.  Des  personnes  qui 
se  trouvèrent  là,  voyant  celte  tête,  se  hâtèrent  de  tirer  le  ver  avec  les  doigts 
et  furent  fort  surprises  de  voir  sortir  de  l'œil  de  cet  enfant  un  insecte  vivant, 
long  d'un   demi-palme,  de  la   grosseur  d'une  ligne  et  tout  blanc,  sans  que 

(1)  Andry,  ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  93. 

(2)  Fait  rapporté  par  M.  Besnard  dans  le  Recueil  de  la  Soc.  méd.  du  départent. 
d'Indre-et-Loire,  anu.  1839,  p.  30. 


CHEZ   L'HOMME.    —   LOMBRICS  ERRATIQUES^  M\5 

l'œil  parût  endommagé  en  rien.  Le  cas  est  surprenant  et  mérite  d'être  écrit. 
Ona  vu  sortir  des  vers  par  le  nez.  et  j'en  ai  vu  plusieurs  fois  sortir  ;  mais 
qu'il  en  soit  sorti  par  les  yeux,  c'est  un  fait  des  plus  rares  (1).  » 

En  disant  que  l'œil  n'était  endommagé  en  rien,  l'auteur  ne  veut 
parler,  sans  doute,  que  du  globe  oculaire.  Andry  rapporte  un  fait 
semblable  observé  par  Vrayet  : 

«  Vrayet,  dont  nous  rapportons  ci-après  deux  lettres  au  sujet  des  vers 
sanguins,  me  mande  dans  la  dernière,  qui  est  du  31  juillet  4736,  avoir  tiré, 
il  y  a  vingt  ans,  du  grand  angle  de  l'œil  d'un  enfant  de  six  mois,  un  ver 
strongle,  c'est-à-dire  long  et  rond,  qu'il  mit  aussitôt  dans  l'esprit-de-vin, 
et  qu'il  y  a  conservé  pendant  plus  de  six  ans.  Ce  ver,  dit-il,  était  de  la  lon- 
gueur du  doigt,  de  la  grosseur  d'une  plume  de  pigeon,  et  venait  certainement 
des  premières  voies  (2).  » 

En  parcourant  les  observations,  qui  sont  nombreuses,  de  vers 
sortis  des  sinus  frontaux,  des  narines  ou  de  l'oreille,  il  est  facile  de 
se  convaincre  que,  dans  la  plupart  des  cas,  il  s'agit  de  larves  d'in- 
sectes ou  de  corps  divers  qui  n'appartiennent  nullement  aux 
entozoaires. 


CHAPITRE   II. 

ASCARIDES  LOMBRICOÏDES  DANS   LE   LARYNX  ET   LA   TRACHÉE. 

Le  nombre  des  cas  d'introduction  des  lombrics  dans  les  voies  res- 
piratoires observés  jusqu'aujourd'hui  est  assez  restreint.  Aronssohn, 
dans  un  mémoire  sur  ce  sujet  (3),  en  a  rassemblé  six  exemples, 
dont  trois  lui  sont  propres  ;  j'en  ai  recueilli  huit  autres.  Dans  neuf 
de  ces  cas,  des  accidents  de  suffocation,  évidemment  provoqués  par 
l'entrée  des  ascarides  dans  le  larynx  ou  la  trachée,  prouvent  que 
ces  vers  se  sont  introduits  dans  les  voies  respiratoires  pendant  la  vie; 
mais,  sans  doute,  leur  introduction  peut  avoir  lieu  quelquefois  aussi 
après  la  mort.  Guersant,  à  ce  sujet,  s'exprime  ainsi  :  »  Nous  avons 
trouvé  quelquefois  de  ces  animaux  (lombrics)  dans  la  trachée -artère, 
et  jusque  dans  la  dernière  division  des  bronches  ;  mais  il  nous  a  été 

(1)  Amatus  Lusitanus,  Curalionum  medicinalium  centuriœ  septem,  cent.  VII, 
curât,  lxiii. 

(2)  Andry,  ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  90. 

(3)  L.  Aronssohn,  Mém.  sur  l'introduction  des  vers  dans  les  voies  aériennes  (Arch. 
gén.  de  méd.,  2e  série,  1836,  t,  X,  p.  44, 

davmne.  10 


1A(i  AFFECTIONS  YEKMINEUSES   DES  VOIES  IMCEST1VES 

impossible  de  déterminer  si  cette  introduction  avait  eu  lieu  avant  ou 
après  la  mort,  celle-ci  n'ayant  été  précédée  d'aucuns  symptômes 
qu'on  puisse  attribuer  au  passage  de  quelques  corps  étrangers  dans 
l'intérieur  des  voies  aériennes  (1).  » 

Il  importe  que  l'on  sache  que  les  vers  peuvent  s'introduire  pen- 
dant la  vie  dans  le  larynx,  et  causer  une  suffocation  mortelle.  L'at- 
tention des  médecins,  appelée  sur  ce  point,  pourrait  sans  doute  arra- 
cher quelque  victime  à  une  mort  certaine. 

La  connaissance  de  ce  fait  importe  encore  à  la  médecine  légale  : 
un  médecin  qui  occupe  une  position  élevée  dans  un  pays  étranger 
nous  a  dit  avoir  été  témoin  du  cas  suivant,  qui  donna  lieu  à  une  instruc- 
tion judiciaire  :  Une  femme,  bien  portante  la  veille,  ayant  été  trouvée 
un  matin  morte  dans  son  lit,  des  médecins  furent  appelés  à  constater 
la  cause  de  la  mort.  Un  ascaride  lombricoïde  fut  trouvé  dans  le 
larynx.  Pensant  qu'un  pareil  ver  ne  peut  s'introduire  dans  cet  organe 
pendant  la  vie,  les  médecins  furent  d'avis  qu'il  y  avait  pénétré  après 
la  mort  de  la  femme,  et  l'instruction  suivit  son  cours. 

Sur  les  quatorze  observations  d'introduction  d'un  ascaride  dans 
les  voies  aériennes  rapportées  ci-après,  huit  fois  l'accident  est  arrivé 
chez  des  enfants  âgés  de  quatre  à  dix  ans;  trois  cas  concernent  des 
adultes,  les  trois  autres  sont  sans  détails.  Une  seule  fois  la  gué- 
rison  a  eu  lieu  par  l'expulsion  du  lombric  dans  un  accès  de  toux. 
Une  autre  fois  on  a  trouvé,  à  l'autopsie,  le  larynx  libre  ;  mais  un 
ascaride  lombricoïde  encore  vivant,  qui  se  trouvait  dans  le  pharynx, 
était  probablement  l'auteur  des  accidents. 

Les  ascarides,  après  avoir  pénétré  dans  le  larynx,  y  restent  en- 
gagés plus  ou  moins  complètement,  ou  bien  ils  franchissent  les  lèvres 
de  la  glotte  et  pénètrent  jusque  dans  la  trachée  et  les  bronches. 

Dans  le  premier  cas,  il  survient  de  violents  accès  de  toux  accom- 
pagnés de  suffocation,  d'anxiétés,  de  cris  et  de  douleur  au  niveau  du 
larynx  ;  l'asphyxie  fait  de  rapides  progrès,  et  la  mort  survient  au 
bout  d'un  temps  très  court,  à  moins  que  le  ver  ne  soit  expulsé  par 
une  violente  quinte  de  toux. 

Dans  le  second  cas,  on  observe  des  phénomènes  semblables;  mais 
lorsque,  après  avoir  pénétré  dans  la  trachée  et  les  bronches,  le  ver  a 

(1)  Dictionnaire  de  médecine.  1828,  t.  XXI,  p.  245. 


CHEZ   L'HOMME.    —  LOMBRICS  ERRATIQUES.  147 

laissé  libre  l'ouverture  de  la  glotte,  la  toux  devient  moins  intense, 
la  suffocation  moins  forte  et  moins  continue;  néanmoins  la  maladie 
ne  paraît  pas  s'être  améliorée  :  la  voix  est  étouffée  ou  abolie,  ainsi 
que  la  toux  ;  le  malade  porte  la  main  au  cou  et  à  la  partie  supé- 
rieure du  sternum  comme  pour  indiquer  ou  pour  arracher  l'obstacle 
qui  s'oppose  à  l'entrée  de  l'air;  la  dyspnée  se  reproduit  par  accès 
avec  une  grande  agitation,  des  vomissements,  quelquefois  de  l'in- 
continence d'urine  et  des  convulsions.  Enfin  la  mort  arrive  après  un 
temps  qui,  suivant  les  observations  connues,  varie  de  quelques 
heures  à  trois  jours. 

Lorsque,  par  un  violent  effort  de  toux,  le  ver  est  rejeté  à  l'exté- 
rieur, tous  les  accidents  cessent  aussitôt. 

Le  diagnostic  de  l'existence  d'un  ascaride  dans  les  voies  respira- 
toires est  fort  incertain  :  l'œdème  de  la  glotte,  le  croup,  la  laryngite 
spasmodique,  les  corps  étrangers  venus  du  dehors,  déterminent  des 
symptômes  et  des  accidents  analogues.  Toutefois  les  accès  de  suf- 
focation occasionnés  par  l'œdème  de  la  glotte  et  le  croup  ne  sur- 
viennent point  inopinément  et  sans  avoir  été  précédés  ou  sans  être 
accompagnés  des  symptômes  d'une  affection  du  larynx.  Ceux  de  la 
laryngite  spasmodique  surviennent  ordinairement  pendant  la  nuit  et 
chez  des  enfants  en  général  âgés  de  moins  de  huit  ans.  L'introduc- 
tion dans  le  larynx  de  corps  étrangers  venus  du  dehors  n'a  lieu  que 
pendant  certains  actes,  dont  on  peut  ordinairement  avoir  la  notion; 
tandis  que  les  accès  de  toux  et  de  suffocation  que  produit  l'introduc- 
tion de  l'ascaride  dans  le  larynx  surviennent  inopinément,  à  n'im- 
porte quel  moment,  chez  des  individus  qui  peuvent  avoir  les  appa- 
rences de  la  meilleure  santé,  dans  l'enfance  surtout,  mais  point 
exclusivement  chez  les  jeunes  enfants. 

C'est  sur  la  considération  de  l'âge  du  malade,  de  l'habitude  qu'il 
pourrait  avoir  de  rendre  des  vers,  de  l'absence  des  symptômes  d'une 
affection  des  voies  respiratoires  avant  l'apparition  des  premiers  acci- 
dents, de  l'heure  h  laquelle  ils  sont  survenus,  de  leur  apparition 
subite,  de  l'impossibilité  de  les  expliquer  par  l'introduction  d'un 
corps  étranger  venu  du  dehors,  que  l'on  sera  amené  à  présumer  que 
les  accidents  observés  sont  dus  à  l'entrée  d'un  ascaride  dans  le 
larynx.  L'inspection  de  la  gorge  et  de  la  partie  supérieure  du  larynx, 
soit  par  la  vue,  soit  avec  le  doigt,  fera  reconnaître  la  véritable  cause 
des  accidents,  si  le  ver  est  encore  en  partie  dans  le  pharynx;  fait 
qui  s'est  présenté  presque  dans  la  moitié  des  cas. 


1/lR  AFFECTIONS   VERMJNEUSES  DES  VOIKS  DIGESIXVES 

Est- il  nécessaire  de  dire  qu'un  ascaride  introduit  en  partie  dans 
le  larynx,  en  partie  dans  le  pharynx,  devra  être  extrait  le  plus 
promptement  possible  avec  les  doigts,  avec  une  pince  à  panse- 
ment ou  à  polype?  Lorsque  le  ver  ne  sera  plus  accessible  par  la 
bouche,  on  administrera  immédiatement  des  sternutatoires,  des 
vomitifs  énergiques  et  prompts,  et  l'on  aura  recours,  enfin,  à  la  tra- 
chéotomie, si  ces  moyens  restent  sans  succès  et  si  l'asphyxie  devient 
imminente. 

1"  Lombrics  introduits  dans  les  voies  respiratoires  pendant  la  vie. 

Ier  Cas  (H aller). 
«  Denique  inter  rariores  mortis  causas  fuisse  puto  quam  in  puella  decenni 
»  vidi  ;  eam  reperimus  cum  omnibus  visceribus  sanissimis,  unicè  verminosam, 
»  et  fauces  atque  os  lumbricis  plénum,  duo  verô  de  terele  génère  vermes  in 
»  aspera  arteria,  ad  cordis  sedem ,  inque  principio  pulmonis  reperti  sunt ,  mani- 
»  festi  suffocationis  autores  (1).  » 

IIe  Cas  (Pouppé  Desportes). 
«  Un  enfant  de  quatre  ou  cinq  ans,  jouant  avec  ses  camarades,  tomba 
sans  connaissance  et  en  convulsion,  et  mourut  au  bout  de  deux  ou  trois  heures. 
Le  chirurgien  l'ouvrit,  lui  trouva  toutes  les  parties  internes  saines  et  un  ver 
dans  l'estomac.  Il  lui  vint  dans  la  pensée  de  couper  la  tête  de  cet  enfant  pour 
en  faire  la  dissection  et  la  démonstration  du  cerveau  à  un  apprenti  qu'il 
avait.  En  coupant  la  trachée-artère  et  l'œsophage  dans  la  partie  supérieure, 
il  découvrit  un  ver  dans  le  dernier  et  un  autre  qui  était  à  moitié  passé  dans  la 
glotte.  Il  connut  par  là  la  véritable  cause  de  la  mort  de  cet  enfant  (2).  » 

IIIe  Cas  (Aronssohn). 

t  Une  petite  fille,  âgée  de  neuf  ans,  fut  mordue  par  un  chien,  le  4  3  no- 
vembre 1822.  Aucun  symptôme  alarmant  ne  s'était  manifesté,  lorsque  le 
30  décembre  (quarante-six  jours  après  la  morsure),  il  survint  subitement  de 
la  gêne  delà  respiration.  Quelques  heures  après,  cette  petite  fille  se  mit  au 
lit  et  refusa  toute  nourriture,  se  plaignant  beaucoup  de  la  difficulté  qu'elle 
éprouvait  à  respirer.  La  dyspnée  augmenta  pendant  la  nuit  ;  la  petite  malade 
ne  pouvait  rester  couchée  et  grinçait  souvent  des  dents. 

»  Le  deuxième  jour,  il  se  joignit  à  l'état  précédent  de  fortes  sueurs,  résultat 
de  l'agitation  perpétuelle  que  la  malade  ne  pouvait  maîtriser,  bien  qu'elle 
jouît  de  toute  sa  présence  d'esprit  ;  il  y  avait  en  outre  suppression  d'urines  , 
plus  tard  elle  fut  prise  de  vomissements  d'un  liquide  noirâtre. 

»  Le  troisième  jour,  à  six  heuresdu  matin,  il  survint  des  crachements  conti- 
nuels ;  l'enfant  rapportait  tout  son  mal  à  la  partie  antérieure  et   moyenne  de 

(1)  Haller,  Opusc.  pathol,  obs.  x.  Lausannae,  1768,  p.  26. 

(2)  Pouppé  Desportes,  oiitr.  cit.,  1770,  t.  IF,  p.  248. 


fcHEZ  L'HOMME.    —  LOMBRICS  ERRATIQUES.  149 

la  poitrine.  A  une  heure  de  l'après-midi,  ayant  témoigné  le  désir  de  boire,  on 
lui  présenta  un  verre  d'eau  sucrée,  qu'elle  vida  avec  avidité  et  par  petites 
portions,  aussitôt  après  elle  vomit  ce  liquide  et  se  dit  soulagée.  Bientôt  après 
elle  demanda  des  aliments  qu'elle  vomit  aussitôt  après  leur  ingestion.  Puis  il 
survint  un  tremblement  général  dans  les  membres,  suivi  de  convulsions  et 
de  trismus.  Enfin,  à  une  heure  et  demie,  la  mort  termina  cette  scène  de 
désolation;  et  cette  enfant,  qui,  quarante-sept  heures  auparavant,  paraissait 
pleine  de  santé,  périt  au  milieu  des  plus  terribles  angoisses. 

«Autopsie.  —  Quarante-huit  heures  après  la  mort,  nous  fîmes  l'examen  du 
cadavre  avec  la  plus  scrupuleuse  attention,  sans  pouvoir  rien  découvrir 
d'anormal,  si  ce  n'est  la  présence  de  trente-sept  strongles  (ascarides  lombri- 
coïdes),  dont  l'un,  environ  de  cinq  pouces  de  longueur,  se  trouvait  engagé  en 
partie  dans  la  trachée-artère  et  en  partie  dans  la  bronche  droite.  La  mem- 
brane muqueuse  de  ce  dernier  conduit  était  injectée  et  recouverte  de  mucosi- 
tés rougeâtres.  L'estomac  contenait  deux  de  ces  vers  ,  le  duodénum  huit  et 
le  jéjunum  vingt-six  (1).  » 

IVe  Cas  (Andral  et  Blandin). 

«  J'ai  trouvé  une  fois,  dit  M.  Andral,  avec  Blandin,  àl'hôpital  des  Enfants, 
un  ascaride  qui  s'était  engagé  dans  la  cavité  même  du  larynx  ;  il  occupait 
l'espace  qui  sépare  les  deux  cordes  vocales,  et  une  partie  de  son  corps  était 
encore  dans  le  pharynx.  L'enfant  avait  été  pris  tout  à  coup  d'une  dyspnée 
extrême,  et  il  était  mort  en  fort  peu  de  temps  dans  un  état  d'asphyxie  (2).  » 

C'est  probablement  de  ce  fait  que  parle  Blandin  lorsqu'il  dit  : 

«  J'ai  recueilli  l'observation  d'un  malheureux  enfant  qui  fut  étouffé  par  un 
énorme  ver  ascaride  lombricoïde,  qui,  remonté  de  l'estomac,  s'était  placé 
dans  la  trachée  et  s'avançait  presque  dans  la  bronche  droite  (3).  » 

Ve  Cas  (Tonnelé). 

«  Un  jeune  garçon,  âgé  de  neuf  ans  et  bien  constitué,  entra  à  l'hôpital,  le 
M  mai  1828,  pour  y  être  traité  d'une  fièvre  intermittente  ancienne.  Cet 
enfant  n'offrait  d'abord  rien  de  remarquable  ;  mais  le  21  au  soir,  appelé  pré- 
cipitamment auprès  de  lui,  je  le  trouve  couché  sur  le  dos,  la  tête  renversée, 
la  face  rouge,  les  yeux  étincelants  ;  il  pousse  par  instants  des  cris  aigus,  et 
se  plaint  d'une  vive  douleur  qu'il  rapporte  confusément  à  la  partie  supérieure 
de  la  poitrine  et  à  la  région  cervicale.  La  respiration  est  précipitée  et  convul- 
sive  ;  la  parole  brève,  presque  impossible  ;  le  pouls  fréquent,  petit  et  irré- 
gulier. L'exploration  des  organes  thoraciques  ne  fournit  aucune  lumière  ; 
l'inspection  du  pharynx  est  rendue  impossible  par  l'agitation  du  malade  et 

(1)  L.  Aronssohn,  Mém.  cité. 

(2)  Andral,  Analom.  palh.  Paris,  1829,  t.  H,  p.  181. 

(3)  Blandin,  Anatom.  topograph.  Paris,  1826,  p.  215, 


i;,0  Al'l'IiCriOiNS    VKliMINliUSES   DES   VOIES   DIGKSTIVES 

parle  serrement  des  mâchoires.  Force  fui  do  se  borner  à  des  moyens  cm- 
piriques,  des  sinapismes,  un  vésicatoire  à  la  nuque,  des  potions  antispasmo- 
diques, que  le  malade  ne  put  avaler. 

«  l,a  nuit  se  passa  dans  un  état  d'agitation  et  d'angoisse  difficile  à  décrire, 
et  le  lendemain  au  matin  nous  eûmes  la  douleur  do  voir  périr  cet  enfant, 
véritablement  digne  d'intérêt,  sans  pouvoir  lui  porter  aucun  secours. 

»  h' autopsie  fut  faite  dix-huit  heuresenviron  après  la  mort  ;  voilà  ce  qu'elle 
nous  apprit  : 

«  Un  ver  lombric,  d'un  volume  et  d'une  longueur  considérables,  était 
engagé  dans  le  larynx,  dont  il  bouchait  presque  entièrement  la  cavité  ;  l'une 
de  ses  extrémités  s'avançait  jusqu'aux  premiers  anneaux  de  la  trachée-artère, 
tandis  que  l'autre  se  reployait  dans  l'œsophage.  Un  second  ver,  un  peu  moins 
volumineux,  était  placé  entre  le  plancher  de  la  bouche  et  la  langue,  dont  il 
entourait  la  base,  en  sorte  qu'il  se  dérobait  entièrement  à  la  vue;  une  de  ses 
extrémités  était  engagée  et  comme  étranglée  entre  le  collet  des  deux  dents 
molaires. 

»  L'intestin  grêle  contenait  six  ou  sept  vers  de  même  espèce  et  de  même 
volume  ;  la  membrane  muqueuse  offrait  une  vive  rougeur  dans  le  point  cor- 
respondant. Les  autres  organes  étaient  parfaitement  sains,  à  l'exception  de 
la  rate,  qui  avait  acquis  un  volume  et  une  dureté  beaucoup  plus  considé- 
rables que  dans  l'état  naturel  (1).  » 

VIe  Cas  (Jobert). 

«  Un  ver  lombric  peut  remonter  de  l'estomac  dans  l'œsophage,  relever 
l'épiglotte,  tomber  dans  la  trachée,  et,  en  produisant  l'asphyxie,  simuler 
l'apoplexie,  comme  j'en  ai  vu  un  cas  chez  une  femme  de  trente-cinq  ans  (2).  » 

VIIe  Cas  (docteur  Bourgeois). 

a  En  mars  1831,  étant  de  garde  à  l'hôpital  des  Enfants,  à  Paris,  la  sœur 
de  salle  vint  me  réveiller  au  milieu  de  la  nuit,  me  disant  de  me  rendre  au 
plus  vite  auprès  d'un  jeune  enfant  de  quatre  ans,  admis  pour  une  indispo- 
sition sans  gravité  apparente,  qui  venait  d'être  pris  subitement  de  suffocation 
et  lui  semblait  fort  mal.  Je  m'empressai  de  me  rendre  auprès  de  ce  petit 
garçon;  mais,  à  mon  arrivée,  je  le  trouvai  mort.  Je  ne  savais  à  quoi  attri- 
buer une  terminaison  aussi  soudaine,  et  que  rien  chez  l'enfant  n'avait  pu 
faire  présager. 

»  A  l'autopsie,  je  ne  fus  pas  peu  surpris  de  rencontrer  un  énorme  asca- 
ride lombricoïde  de  18  centimètres  de  long  et  gros  en  proportion,  qui, 
remontant  dans  l'œsophage,  s'était  engagé  dans   la   glotte  et  avait  amené 

(1)  Tonnelé,  Réflexions  et  observations  sur  les  accidents  produits  par  les  vers 
lombrics  {Journ.  hebdom.  Paris,  1829,  t.  IV,  u°  47,  p.  290). 

(2)  A.  Jobert  (de  Lamballe),  Thèse  sur  les  he'morrhoides  et  quelques  propositions. 
Paris,  1828,  p.  45. 


CHEZ  L'HOMME.  —  LOMBRICS  ERRATIQUES.         151 

l'asphyxie.  Une  moitié  de  ce  ver  était  passée  dans  le  larynx  et  la  trachée,  l'autre 
était  encore  dans  l'œsophage  ;  de  sorte  qu'il  était  à  cheval  sur  la  partie  pos- 
térieure du  premier  de  ces  organes  (4  ) .  » 

VIIIe  Cas  (docteur  Hoering). 

«  Le  sujet  de  l'observation  est  un  homme  âgé  de  cinquante-deux  ans,  cul- 
tivateur, atteint  de  la  miliaire.  Le  26  octobre,  le  docteur  Hœring  trouva  le 
malade  dans  l'état  suivant  :  Prostration  extrême  des  forces  avec  douleurs  et 
engourdissement  des  membres  ;  alternatives  fréquentes  de  froid  et  de  chaud  ; 
langue  chargée,  anorexie,  sécheresse  de  la  bouche,  céphalalgie  ;  soif  très 
grande,  et  surtout  dyspnée.  ("Limonade  légèrement  émétisée;  sinapismes 
volants.) 

»  Le  deuxième  jour,  nuit  très  agitée  ;  sueur  abondante  et  fétide,  dyspnée 
plus  forte,  incontinence  d'urine  ;  soif  inextinguible,  constipation.  (La  limo- 
nade émétisée  n'avait  pas  été  prise.  Saignée  du  bras  de  douze  à  seize  onces  ; 
huile  de  ricin,  deux  onces.)  A  deux  heures  de  l'après-midi,  cinq  selles  ;  di- 
minution considérable  de  la  dyspnée,  après  la  saignée,  dont  le  sang  ne  pré- 
sente rien  de  remarquable.  Le  soir,  la  dyspnée  augmente  de  nouveau  ;  chaleur 
et  pouls  fébriles. 

»  Le  troisième  jour,  pendant  la  nuit,  anxiété  ;  pesanteur  de  tête,  vertiges, 
bourdonnements  d'oreille;  symptômes  qui  subsistent  encore  le  matin.  (Douze 
sangsues  derrière  les  oreilles  ;  frictions  à  la  base  de  la  poitrine  avec  l'on- 
guent mercuriel  stibié,  vésicatoires  aux  mollets,  lavements  et  quelques  grains 
de  calomel).  Pendant  la  journée,  légère  amélioration  ;  la  nuit,  exacerbation 
de  tous  les  symptômes. 

»  Le  quatrième  jour,  éruption  pustuleuse  àlarégionépigastrique;  tête  plus 
libre  ;  urine  rouge  et  en  petite  quantité,  sueur  abondante  ;  persistance  de  la 
dyspnée.  (Le  calomel  est  continué  à  doses  graduellement  augmentées.) 

»  Le  cinquième  jour,  pendant  la  nuit,  la  dypsnée  a  encore  augmenté  ;  la 
soif  a  été  très  grande,  et  il  est  survenu  de  la  diarrhée  et  de  l'incontinence 
d'urine,  tandis  que  les  sueurs  se  sont  supprimées.  Dans  la  matinée,  accès 
très  intense  de  dyspnée,  agitation  continuelle;  plusieurs  personnes  ont  de  la 
peine  à  retenir  le  maladedans  son  lit.  (Potion  calmante.)  Le  soir,  le  malade  est 
plus  tranquille;  mais  plus  tard  la  dyspnée  s'aggrave  de  nouveau  delà  manière 
la  plus  alarmante. 

»  Le  sixième  jour,  agitation  continuelle,  suffocation  imminente  à  plusieurs 
reprises.  Pendant  la  journée,  difficulté  extrême  de  la  respiration,  qui  devient 
sifflante  ;  déglutition  pénible.  Le  malade  ne  perd  pas  connaissance  ;  il  se  fait 
comprendre  par  gestes,  ne  pouvant  plus  parler  ;  il  indique  sans  cesse  la 
partie  supérieure  du  sternum  comme  le  siège  principal  de  ses  souffrances. 
Vers  deux  heures,  la  région  épigastrique  se  tuméfie  considérablement;  la 
dyspnée  s'accroît  de  nouveau  jusqu'à  la  suffocation,  et  le  malade  meurt  subi- 

(1)  Docteur  Bourgeois,  Union  médicale.  Paris,  1856,  t.  X,  n°  69. 


15'2  AFFECTIONS   VERMlNEUSES  DES   VOIES  DIGESTIVES 

tement  à  quatre  heures  du  soir,  au  moment  où  l'on  se  disposait  à  lui  donner 

un  vomitif. 

»  Autopsie  cadavérique  faite  quarante-deux  heures  après  la  mort. —  Habitus 
extérieur  ne  présentant  rien  de  remarquable  ;  nulle  trace  de  l'exanthème 
miliaire  ;  tous  les  viscères  thoraciques  et  abdominaux  à  l'état  normal,  la  rate 
seule  un  peu  plus  volumineuse.  Déjà  M.  le  docteur  Hœring  était  disposé  à 
attribuer  cette  mort  subite,  sans  lésion  cadavérique,  à  une  paralysie  des  nerfs 
pneumogastriques,  due  au  principe  miliaire,  lorsqu'il  lui  vint  à  l'idée  d'in- 
ciser le  larynx  et  la  trachée-artère.  Dans  cette  opération  exécutée  avec  des 
ciseaux,  il  coupa  en  deux  un  lombric  qui  s'était  logé  en  travers  sur  la  bifur- 
cation de  la  trachée.  La  membrane  muqueuse  était  injectée,  et  offrait  dans  un 
point  une  érosion  superficielle.  L'endroit  où  était  placé  le  ver  correspondait  à 
celui  auquel  le  malade  rapportait  la  douleur  et  le  sentiment  de  constric- 
tion  (1).  » 

IXe  Cas  (P.  Aronssohn,  fils  du  précédent). 

«  Etienne  Desfourneaux,  âgé  de  quarante-six  ans,  d'une  constitution  très 
robuste,  entra  à  l'hôpital  pour  des  douleurs  rhumatismales. 

»  Le  28  décembre  \  854,  à  huit  heures  et  demie  du  matin,  lors  de  la  visite, 
rien  de  particulier  ne  fut  observé;  toutefois,  le  matin,  l'infirmier  de  la  salle 
avait  remarqué  un  changement  dans  la  voix  du  malade,  qui  l'attribuait  à  un 
peu  d'enrouement. 

»  Ce  même  jour,  à  dix  heures  du  matin,  je  fus  appelé  en  toute  hâte  :  «  Le 
n°  S  va  mourir,  »  me  dit-on.  Je  me  transportai  immédiatement  auprès  du 
malade  et  je  constatai  l'état  suivant  :  décubitus  dorsal,  résolution  des  mem- 
bres; face  boursouflée,  lèvres  cyanosées,  laissant  baver  des  mucosités  spu- 
meuses, rougeâtres  ;  pupilles  contractées;  sueur  froide  abondante  sur  la  face  ; 
absence  complète  de  l'intelligence,  pas  de  réponse  aux  questions  qu'on  lui 
adresse;  pouls  normal  ;  bruits  du  cœur  clairs  et  normaux  ;  aphonie,  respira- 
tion stertoreuse;  pas  d'évacuation,  ni  toux,  ni  vomissement.  Le  malade  retire 
ses  membres  quand  on  eu  pince  la  peau  ;  c'est  le  seul  signe  de  sensibilité 
qu'on  parvient  à  réveiller  en  lui.  Cet  état  était  survenu  subitement,  sans 
cause  connue  ;  je  fis  appliquer  des  sinapismes  aux  extrémités  inférieures  et 
des  compresses  froides  sur  la  tête,  et  j'attendis  une  heure  pour  voir  si  quelque 
nouveau  symptôme  ne  viendrait  pas  jeter  quelque  jour  sur  la  cause  de  ces 
graves  accidents.  A  onze  heures,  aucun  changement  ne  s'était  produit.  Je  fis 
appliquer  six  sangsues  aux  apophyses  mastoïdes  de  chaque  côté.  Le  malade 
avait  porté  de  temps  en  temps  les  mains  vers  le  cou  et  le  sternum  et  enlevait 
même  les  compresses  froides  de  sa  tête.  A  partir  de  ce  moment,  il  reste  dans  un 
état  d'insensibilité  et  de  résolution  complètes. 

»  A  quatre  heures,  la  scène  était  encore  la  même,  avec  aggravation  des 

(I)  L.  Aroussohu,  Mon.  cit.,  p.  49. 


CHtZ  L'HOMME.    —   LOMBRICS  ERRATIQUES.  153 

phénomènes  asphyxiques.  Vers  sept  heures  du  soir,  il  y  eut  quelques  tenta- 
tives de  vomissement,  après  lesquelles  le  malade  expira. 

»  A  Y  autopsie,  le  cerveau  et  la  moelle  épinière,  le  cœur,  les  poumons 
n'offrent  rien  de  particulier.  En  incisant  de  bas  en  haut  le  poumon  droit  en 
place,  je  tombe  sur  l'extrémité  d'un  lombric  faisant  issue  hors  d'une  bronche; 
abandonnant  alors  cette  incision,  nous  ouvrons  le  larynx  et  la  trachée  et  nous 
trouvons  que  ce  lombric,  qui  mesure  0m,20  de  longueur,  correspond  d'une 
part  à  l'épiglotte  et  de  l'autre  à  la  troisième  division  bronchique  du  côté  droit. 
La  muqueuse,  dans  toute  l'étendue  occupée  par  le  lombric,  est  rouge  et  cou- 
verte d'écume.  Douze  lombrics  existaient  dans   l'intestin  grêle.  » 

(La  pièce  pathologique  est  au  musée  anatomique  de  la  Faculté  de  méde- 
cine de  Strasbourg)  (4). 

Les  accidents  qui  ont  été  observés  dans  les  deux  cas  suivants 
doivent  très  probablement  être  attribués  à  des  lombrics  introduits 
momentanément  dans  le  larynx. 

Xe  Cas  ( ?). 

«  Une  jeune  enfant  de  neuf  ans,  racbitique,  d'un  embonpoint  considérable, 
fut  prise  des  prodromes  de  la  rougeole.  Elle  éprouvait  depuis  deux  jours  de  la 
toux,  des  éternuments,  des  nausées,  des  vomissements,  de  la  fièvre  et  une 
vive  anxiété  précordiale,  lorsqu'elle  a  été  transportée  à  l'hôpital  des  Enfants. 
Arrivée  à  midi,  elle  offrait  une  teinte  violacée  de  la  face  et  des  lèvres,  une 
gêne  très  grande  de  la  respiration;  elle  accusait  une  vive  douleur  de  gorge, 
portait  la  main  à  la  partie  antérieure  du  cou,  comme  pour  en  arracher  l'ob- 
stacle qui  s'opposait  au  passage  de  l'air.  L'exploration  de  la  gorge  ne  fit  rien 
reconnaître  d'anormal  ;  la  toux  et  la  voix  n'étaient  pas  croupales  ;  cependant 
la  suffocation  étant  imminente,  l'interne  de  garde  fait  appliquer  huit  sangsues 
sur  les  parties  latérales  du  larynx.  Pendant  cette  application  l'anxiété  et  l'agi- 
tation augmentent  ;  la  respiration  est  haute,  costale,  saccadée,  inégale;  la 
malade  fait  de  vains  efforts  de  toux  comme  pour  expulser  un  corps  étranger 
retenu  dans  les  voies  aériennes,  se  plaint  toujours  de  douleur  de  gorge.  L'as- 
phyxie devient  imminente,  l'interne  se  décide  à  ouvrir  la  veine;  mais  à  peine 
s'est-il  écoulé  une  once  de  sang,  que  la  malade  succombe.  C'était  environ  deux 
heures  après  son  entrée  à  l'hôpital.  » 

A  Y  autopsie,  on  trouve  sans  altération  la  muqueuse  du  larynx,  de  la  trachée 
et  des  bronches,  la  glotte,  l'épiglotte,  les  différents  replis  muqueux  et  les 
ganglions  bronchiques.  On  ne  constate  aucune  lésion  dans  les  organes  encé- 
phaliques et  thoraciques  ;  rien  de  bien  notable  dans  le  tube  digestif,  si  ce 
n'est  la  présence  de  vingt  lombrics  :  «  On  était  dans  l'impossibilité  d'expli- 

(1)  Paul  Aroussohu,  Des  corps  étrangers  dans  les  voies  aériennes  {Thèses  de  Stras- 
bourg, 2*  aérie,  1856,  u"  372,  p.  37), 


154  AFFECTIONS  VERMENEUSES   DES   VOIES   DIGESTIVES. 

quoi"  la  mort  par  los  symptômes  observés,  lorsque  pour  n'omettre  aucun  or- 
gane, on  procède  à  l'examen  du  pharynx  et  de  l'œsophage.  A  peine  a-t-on 
porté  lo  scalpel  sur  le  premier  de  ces  organes,  qu'un  ver  lombric  d'environ 
6  pouces  de  longueur,  encore  vivant,  s'échappe  par  l'ouverture  supérieure  de 
l'œsophage. 

»  Quoique,  dans  ce  cas,  le  ver  n'ait  pas  été  trouvé  dans  les  voies  aériennes, 
nous  ne  doutons  pas,  d'après  les  accidents  observés,  que  la  mort  n'ait  été  le 
résultat  de  l'introduction  de  cet  enlozoaire  dans  le  larynx,  qu'il  aura  aban- 
donné pendant  les  vingt-quatre  heures  qui  ont  précédé  l'ouverture  du 
corps  (1).  » 

XIe  Cas  (Aronssohn).  —  Guérison. 

«  Mademoiselle  Philippine  L...,  âgée  de  huit  ans,  jouissant  de  la  meilleure 
santé,  fut  prise  tout  à  coup,  sans  cause  connue,  d'une  toux  qui  devint  très 
forte,  et  continua  d'augmenter  en  s'accompagnant  de  suffocation,  malgré  tout 
ce  qu'on  pût  faire  pour  la  calmer.  Cet  état  d'angoisse  durait  depuis  deux 
heures,  et  déjà  des  convulsions  commençaient  à  s'y  joindre,  lorsque,  à  la 
suite  de  grands  efforts,  la  petite  malade  rendit  un  strongle  vivant  ;  aussitôt 
sa  toux  cessa  complètement. 

»  On  ne  put  avoir  aucun  doute  sur  la  cause  de  cette  toux  violente  avec  im- 
minence de  suffocation,  car  l'effet  cessa  dès  que  la  cause  toute  matérielle  fut 
expulsée  des  voies  aériennes  (2).  » 

2°  Lombrics  introduits  dans  les  voies  respiratoires,  peut-être  après  la  mort. 

XIIe  Cas  (Cotogno). 

Cotugno  écrit,  dit  Délie  Chiaje  :  «  Mirum  fuit  lumbricum  invenisse  qui 
»  tracheam  tranabatetin  sinistrum  bronchium  erat  intrusus,  nulla  édita  tussi 
»  donec  eeger  vixit  (3).  » 

XIII"  Cas  (Chassaignac)  . 

«  M.  Chassaignac  fait  présenter  les  voies  aériennes  d'un  sujet  chez  lequel 
se  trouve  un  lombric  occupant  la  trachée-artère  et  l'une  des  bronches.  Les 
poumons  sont  engoués  et  noirâtres,  sans  hépatisation.  On  n'a  pas  de  rensei- 
gnements sur  ce  sujet. 

»  M.  Cruveilhier  pense  que  c'est  après  la  mort  que  ce  ver  s'est  introduit 
dans  le  larynx  (4).  » 

XIVe  Cas  (Oppolzer). 
«  Un  fait  remarquable,  dit  Oppolzer,  est  celui  d'une  obstruction  de  la  glotte 

(1)  Bulletin  de  thérap.  Paris,  1835,  t.  VIII,  p.  32. 

(2)  L.  Aronssohu  père,  Mém.  cit.,  p.  49. 

(3)  Délie  Chiaje,  Compendio  di  elminlografia  umana,  2e  éd.  Napoli,  1833,  p.  86. 

(4)  Bulletin  Soc.  mat.,  13e  anu.,  3e  série,  1838,  t,  IV,  p.  305. 


CHEZ   L'HOMME.    —   LOMBRICS   ERRATIQUES.  155 

par  un  ver  lombric,  chassé  par  le  vomissement  dans  le  pharynx,  contournant 
la  luette  et  pénétrant  dans  le  larynx;  je  n'ai  pas,  ajoule-t-il,  observé  ce  fait 
pendant  la  vie,  mais  seulement  lors  de  l'autopsie  (1).  » 


CHAPITRE   III. 

LOMBRICS   DANS    LES   VOIES  PANCRÉATIQUES. 

On  a  quelquefois  rencontré  des  ascarides  lombricoïdes  dans  le 
conduit  pancréatique.  On  ne  peut  douter  que  ces  vers  ne  viennent 
de  l'intestin,  comme  ceux  que  l'on  observe  dans  les  conduits  biliaires, 
et  dont  l'invasion  clans  ces  conduits  peut  se  faire  pendant  la  vie  des 
malades. 

Ier  Cas  (Thomas  Bartholin). 
«  Vermes  ubique  gigni  ac  permeare  posse  testimonia  rida  non  desunt,  nec 
»  mea  ad  comprobandum  déficit  experientia  cum  et  in  pancreate  nec  parvum 
»  adinvenerim  (2).  » 

IIe  Cas  (Fr.  Gmelin). 
»  A  l'autopsie  d'une  femme,  on  trouva  un  lombric  mort,  de  trois  pouces 
environ  de  longueur,  dans  le  milieu  du  conduit  pancréatique.  Un  autre  sem- 
blable, mais  un  peu  plus  grand,  se  trouvait  dans  le  duodénum.  L'orifice  du 
canal  pancréatique  n'était  point  dilaté  ni  ulcéré  (3).  » 

IIIe  Cas  (Hayner). 
«  In  mulieris  vesanse,  mortem  ex  famé  metuentis,  ductibus  hepatis  biliferis 
»  valdè  extensis  septem  ascarides  lumbricoides,  octava  partim  in  duodeno, 
»  partim  in  ductu  choledocho,  undecim  in  ventriculo,  in  tenuibus,  potissimum 
»  duodeno  et  jejuno  triginta  et  quod  excurrit,  parva  tandem  in  duclu  pan- 
»  crealico  repartse  sunt.  De  contentis  statuque  intestinorum  nihil  refertur,  sed 
»  asgra  longiùs  diarrhœa  laboravit  aquosafaeculenta,  et  causa  certè  peculiaris 
»  in  intestino  ipso  aut  ejus  contentis  quaerenda  est,  qua  vermes  omnes  sur- 
»  sùm  et  in  loca  aliéna  pulsi  sunt  (4).  » 

(1)  P.  Aronssohn  fils,  Thèse  citée,  p.  59. 

(2)  Thomœ  Bartholini  Epist.  medicin.,  cent.  I,  epist.  lxh,  1644,  p,  254.  Hagse 
comitum,  1740. 

(3)  Dissert.,  Lumbrici teretes-bi  ductu,  pancreatico  reperti,nec  non  aliorum  prœter 
naturam  observatorum  in  fœmina  autocheire  historia  et  examen.  Prœs.  Burcard 
David  Mauchart,  resp.  Philipp.  Frid.  Gmelin.  Tubing,  1738,  28,  p.  4. 

(4)  Wurmer  in  der  Leber  einer  Wahnsinnigen,  eine  Krankenrjeschichle  nebst 


156  AFFECTIONS  VEUM13SEDSES  DES  VOIES  DIGEST1VES 

IV'  Cas  (Breiià). 
«  J'ai  Irouvé  le  conduit  pancréalique  complètement  obstrué  par  la  présence 
d'un  volumineux  lombric  dans  le  cadavre  d'une  femme  qui,  pendant  la  vie, 
avait  donné  des  signes  non  équivoques  de  squirrhosité  du  pancréas  (1).  » 


CHAPITRE    IV. 

LOMBRICS  DANS    LES   VOIES  BILIAIRES. 

Les  ascarides  lombricoïdes  introduits  dans  les  voies  biliaires  ont 
été  rencontrés  :  1°  en  partie  dans  le  canal  cholédoque,  le  reste  du  ver 
étant  encore  dans  le  duodénum  ;  2°  dans  le  conduit  cholédoque  ou 
dans  la  vésicule;  3°  clans  les  conduits  biliaires  plus  ou  inoins  dilatés 
sans  altération  du  foie  ;  4°  dans  ces  conduits  rompus  ;  5°  dans  le 
tissu  du  foie  plus  ou  moins  altéré  ;  6°  dans  le  tissu  du  foie  avec  abcès; 
7°  dans  un  kyste  hydatique  du  foie. 

Ier  Cas  (Hayner).  —  Lombric  en  partie  dans  le  conduit  cholédoque. 

Nous  avons  rapporté  ce  fait  à  propos  des  vers  du  conduit  pancréatique 
(cas  III).  Sept  lombrics  existaient  dans  les  conduits  biliaires  très  dilatés;  un 
huitième,  introduit  à  demi  dans  le  conduit  cholédoque  et  à  demi  dans  le 
duodénum,  montrait  la  route  que  les  précédents  avaient  suivie  pour  arriver 
dans  les  voies  biliaires  (2). 

IIe  Cas  (Broussais).  —  Lombric  en  partie  dans  le  conduit  cholédoque. 

«  Un  militaire  souffrait  beaucoup  à  la  région  hépatique  et  dans  toute  l'éten- 
due de  l'épigastre;  il  était  jaune,  la  fièvre  était  violente,  l'agitation  à  son 
comble;  le  tout  accompagné  d'une  respiration  entrecoupée,  suspirieuse  et  de 
mouvements  convulsifs.  11  péril  au  bout  d'une  quinzaine  de  jours. 

»  Je  rencontrai  un  foie  de  couleur  naturelle,  quoique  assez  tuméfié  par  l'en- 
gorgement sanguin  ;  mais  ce  qui  m'étonna  le  plus,  ce  fut  de  découvrir  dans  le 
duodénum  un  énorme  lombric  à  moitié  engagé  dans  le  canal  cholédoque,  et  un 
autre  non  moins  considérable  qui  s'élait  introduit  jusque  dans  le  parenchyme 
du  foie,  en  suivant  la  même  roule  où  s'était  engagé  le  précédent  (3).  » 

sectionsbericht,  vou  D'  Hayner,  in  Nasse's  Zeilschrift  fur  psychische,  ^Erzte  I,  4, 
p.  514-520  (Rudolphi,  Synopsis,  p.  620). 

(1)  L.  Brera,  Mem.  prim.,  cit.  p.  207. 

(2)  Bremser(ouu/\  cit.,  p.  384,  note)  appelle  l'auteur  de  cette  observation Haguer, 
et  de  Blainville  {Appendice  àBremser,  p.  538)  l'appelle  Hagner. 

(3)  F.-J.-V.  Broussais,  Ilist.  des  phlegmasies  chroniques,  4e  édit.  Paris,  1826, 
t.  III,  p.  272. 


CHEZ  L'HOMME.    —   LOMBRICS   ERRATIQUES.  157 

IIP  Cas  (Tonnelé),  —  Lombric  en  partie  dans  le  conduit  cholédoque. 
«Une  fois  j'ai  rencontré  un  de  ces  enlozoaires  (ascaride  lombricoïde)  à 
demi  introduit  dans  le  conduit  cholédoque,  qu'il  remplissait  en  entier.  Il  n'en 
était  résulté  aucun  accident.  La  vésicule  biliaire  et  le  canal  hépatique  étaient 
vides.  Peut-être  le  ver  ne  s'élait-il  engagé  que  depuis  peu  dans  les  voies 
biliaires  (1  ).  » 

Nous  verrons  encore,  dans  un  cas  observé  par  M.  Forget 
(cas  XXXIII),  un  lombric  occupant  le  canal  cholédoque  et  faisant 
saillie  par  une  extrémité"  dans  le  duodénum.  D'après  les  faits  pré- 
cédents, on  peut  conclure  à  ceux  qui  suivent  :  Les  lombrics  ne  se 
développent  pas  dans  les  voies  biliaires,  ni  dans  le  tissu  du  foie;  ils 
n'y  sont  point  portés  en  germe,  comme  on  l'a  dit  de  nos  jours,  mais 
ils  y  arrivent  de  l'intestin.  Celte  opinion,  du  reste,  n'est  pas  nou- 
velle, comme  le  montreront  les  deux  observations  suivantes  : 

IVe  Cas  (G.  Wierus).  —  Lombric  à  l'orifice  du  conduit  cholédoque. 

«  Intérim  unicum  illud,  dum  haec  scribo,  in  menlem  venit,  quod  in  obser- 
»  vationibus  tuis  legi,  exmeorelatu  additum,  devermein  cysti  fellis  reperto, 
»  verissimum  quidem  illud  esse,  non  unum  sed  duos  fuisse  vernies,  qui  in 
»  puella  quadam  hydrope  mortua  Monspelii,  cujus  cadaver  in  hospitio  meo 
»  secui,  sunt  inventi  :  quorum  unus  adhuc  inhœrebat  poro  cholagogo  declivi, 
»  at  alter  penetrarat  in  hepar  :  quos  ego  non  in  vesica  fellis  genitos,  sed  ex 
»  intestinis  per  meatum  illum  expurgandœ  bili  destinatum  ascendisse  existimo, 
»  cysti  fellis  aquea  bile  vel  aquoso  potius  humore,  quam  felle  referta  in  cor- 
»  pore  hydropico  ;  hinc  etiam  alterum  vermem  penuria  alimenti  ad  hepar 
»  pénétrasse  verisimile  est Dusseldorpii ,  ann.  4  602  (2).  » 

Jean  Wierus ,  père  du  précédent ,  rapporte  que  ce  fait  a  été 
observé  en  1572  ;  que  l 'un  des  vers  occupait  le  méat  du  conduit 
biliaire  inséré  au  duodénum,  et  que  la  tête  de  l'autre  était  placée 
sous  la  membrane  propre  du  foie  (3). 

Ve  Ca»  (Nebel).  —  Lombric  dans  le  conduit  cyslique. 
«...  Sed  in  cadavere  militis,  tam  in  ductu  cystico  quam  hepatico,  invenit 
»  lumbricum  Nebelius  et  copiosos  simul  in  intestinis;  undè  non  sine  ralione 

(1)  Tonnelé,  Mém.  cit.,  p.  292. 

(2)  Galenus  Wierus,  Lettre  à  Fabrice  de  Hilden,  in  Guilh.  Fabricii  Hildaui 
Observ.  centuriœ.  Lugduni,  1641,  p.  67,  cent.  I,  obs.  liv,  epist.  annexa,  et  p.  74, 
obs.  lx.  — Th.  Bonet,  Sepulcr.,  lib.  III,  sect.  xxi,  obs.  îv,  §  30. 

(3)  Joan.  Wierus,  Deprœstig.  dœm.,  lib.  IV,  cap.  xvi,  dans  Schenclf,  ouvr.  cit. 
lib.  111,  De  jecore  :  Vernies  in  hepale,  observ   I,  p.  394. 


158  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES   VOIES   DIGESTIVES. 

i.  Buspicatur,   lumbricos  ex  duodeno  per  ductum  choledochum  in  ductum 

»  cyslicum  et  hepaticum  irrepsisse  (I).  » 

VIe  Cas  (Hayner).  — Lombric  dans  le  conduit  cholédoque. 
«  Incadavere  fœminae  periodicè  maniacaa,  idem  auctor  (Hayner)  ascaridem 
»  in  ductu  cboledocho  offendit  (2).  » 

VIIe  Cas  (Lieotaud)  .  —  Lombric  dans  le  conduit  cholédoque. 

«Puer  quatuordecim  annorum  in  febrem  acutam,  variis  torminibus  stipa- 
»  tam,  incidit.  Ubertim  fluebal  saliva,  lumebat  abdomen  et  praesertim  hypo- 
»  chondrium  dextrum.  Faciès  et  ipsimet  oculi  subicteritium  colorem  pree  se 
»  ferunt,  sœviunt  cardialgise,  pulsus  ineequalis  exploratur  ;  albicant  dejec- 
»  tiones  alvinee  ac  demùm  ingruunt  inter  ferociores  dolores,  convulsiones 
»  lelhales. 

»  Hepar  tumidum  et  croceum  occurrit  ;  cystis  fellea  bile  ultra  modum 
»  turget.  Ductus  communis  a  lumbrico  proceriori ,  hac  educto,  repletur  et 
»  obturatur,  Yentriculus  et  intestina  vermibus  scatebant  (3).  » 

VIIIe  Cas  (Rqederer  et  Wagler).  —  Lombric  dans  le  conduit  cholédoque; 
calcul  dans  la,  vésicule. 
Rœderer  et  Wagler,  en  faisant  l'autopsie  d'une  femme  de  trente-trois  ans, 
morte  d'une  fièvre  muqueuse,  remarquèrent  que  le  canal  cholédoque  était 
dur,  cylindrique,  allongé;  l'ayant  incisé,  ils  y  trouvèrent  un  lombric  qui  le 
remplissait  complètement,  et  dont  l'une  des  extrémités  faisait,  dans  la  vési- 
cule biliaire,  une  saillie  d'environ  3  centimètres;  un  autre  lombric  existait 
dans  le  duodénum.  La  vésicule  du  fiel  contenait  un  calcul  rond,  irrégulier  et 
mobile  dans  son  col  (4). 

IXe  Cas  (Buona-parte)  .  —  Lombric  dans  le  conduit  cholédoque. 
«  Le  célèbre  médecin  Buona-parte  (dePise)  trouva  un  lombric  assez  grand 
dans  le  conduit  cholédoque.  Il  attribua,  avec  toute  raison,  l'ictère  auquel  a 
succombé  le  malheureux  malade  à  la  présence  de  ce  lombric  (5) .  » 

Xe  Cas  (Zeviani).  —  Lombric  dans  le  conduit  cholédoque. 
«  Zeviani  a  observé  aussi  un  lombric  dans  une  situation  semblable  (6).  » 

(1)  VanSwieten,  Op.  cit.,  t.  III,  p.  89,  d'après  Nebelius,  in  Nova  Aclaphysico- 
medica,  t.  V,  obs.  cm,  p.  392. 

(2)  Rudolphi,  Synopsis  (voy.  ci-dessus,  Lombrics  du  conduit  pancréatique,  cas  III). 

(3)  Lieutaud,  Hisloria  anatomico-medica  sistens,  obs.  907  (Vasa  biliaria  lum- 
Iricis  obturata).  Parisiis,  1767,  1. 1,  p.  210. 

(4)  Ouvr.  cit.,  sect.  IV,  ouvert,  xin. 

(5)  Brera,  Mem.prim.,  p.  207,  d'après  Guidetti  (Dei  vermi  umani  in  générale, 
Firenze,  1783,  p.  10). 

(6)  Brera,  Mém,  et  pag.  cit.,  d'après  Memorie  délia  Socielà  italiana,  t.  III, 
p.  473. 


CHEZ  L  HOMME.   —  LOMBRICS  ERRATIQUES.  159 

XIe  Cas  (Heaviside).  —  Lombric  dans  le  conduit  cys tique  et  la  vésicule 
biliaire. 

«  Le  docteur  Heaviside  conservait  dans  sa  collection,  à  Londres,  un  lom- 
bric dont  la  tête  était  entrée  dans  la  vésicule  du  fiel,  et  une  portion  de  la 
queue  se  trouvait  dans  le  conduit  cystique  (<l).  » 

XIIe  Cas  (Bloch).  —  Lombric  dans  la  vésicule  biliaire. 

«  Dernièrement  j'obtins,  dit  Bloch,  un  ascaride  blanc  et  mince  de  la  lon- 
gueur de  cinq  pouces  (1 4  centimètres)  que  M.  Macker,  chirurgien-major, 
avait  trouvé  à  l'ouverture  d'un  cadavre  dans  la  vésicule  du  fiel  (2).  » 

XIIIe  Cas  (Carolo  Lorry).  —  Trois  lombrics  dans  la  vésicule. 

«  Vidimus  maniacum,  exulceratione  leviore  nasi  labiique  superioris  fere 
»  continua  vexatum,  qui  primo  vulgo  sic  dicto  crampo  admodum  dolorifico 
»  unius  hinc  et  alterius  manus  brachiique  afficiebatur.  Simili  dolore  haud 
»  ita  longe  post  pes  uterque  atque  crura  corripiebantur.  Hune  statim  exci- 
»  piebant  convulsiones  atrocissimse  totius  corporis  et  continuas  per  plures 
»  dies,  inter  quos  summosque  cruciatus  ejulatusque  seger  magnam  lumbri- 
»  corum  vim  sensim  evomens,  miserrimè  exanimabatur. 

»  Cadavere  aperto,  inter  alia  notatu  digniora,  rarissimo  et  quantum  sci- 
>  mus,  nunquam  antehac  cognito  exemplo,  très  quoque  magnos  lumbricos 
»  mortuos  vesiculse  fellece  unà  cum  bile,  halecum  solilorum  muriae,  quoad 
»  colorem  et  consistentiam  simillimainclusos  sectione  deteximus  (3).  » 

XIVe  Cas  (Musée  de  Boston).  —  Lombric  dans  la  vésicule. 

«  N°  882.  Lombric  de  la  vésicule  du  fiel  d'un  homme  qui  mourut  d'une 
dysenterie  aiguë  (Nov.  1836,  Mass.  gen.  Hospital)  (4).  » 

XVe  Cas  (docteur  Treille).  «-—  Lombric  dans  les  conduits  cholédoque  et 
hépatique. 

a  Le  docteur  Treille  m'a  raconté,  dit  M.  Fauconneau-Dufresne,  qu'un 
sapeur,  âgé  de  vingt-huit  ans,  et  fort,  se  trouvait,  pendant  l'été  de  1806,  à 
l'hôpital  d'Udine,  éprouvant  de  la  fièvre,  des  vomissements,  une  douleur  vive 

(1)  Brera,  Mém.  cit.,  p.  207. 

(2)  Bloch,  ouvr.  cit.,  p.  66. 

(3)  De  melancholia  et  morbis  melancholicis,  Carolo  Lorry,  dans  les  Comment,  de 
Leipsick,  1767,  t.  IV,  p.  664  (cité  par  M.  Bonfils,  Mém.  sur  les  lombrics  dans  les 
canaux  biliaires,  dans  Arch.de  méd.,  juin  185 S). —  Borsieri  (t.  IV,  p.  365)  attribue 
cette  observation  à  Ludwig.  —  Rudolphi  (ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  139)  la  donne  sous  le 
nom  de  censor  anonymus  (Comment.  Lips.,  t.  XIV,  p.  664).  Il  se  demande  si  ces 
vers  n'élaient  pas  des  slrongles.  Les  observations  rapportées  ici  répondent  à  cette 
question. 

(4)  Catalogue  du  Musée  de  Boston,  cité,  p.  317, 


160  AFFECTIONS  VEttMINEUSlîS  DES   VOlLS   DlGESTIVliS 

à  la  région  du  foin  et  ayant  un  ictère.  Il  mourut,  et  M.  Treille  trouva  Un 

long  ver  lombric  engagé  clans  les  conduits  cholédoque  et  hépatique  (l).  » 

XVI"  Cas  (Croveiliiier.).  —  Lombrics  dans  les  conduits  hépatiques. 
A  l'autopsie  d'une  femme  morte  d'une  pneumonie  latente  (1 820),  M.  Cru- 
Veilhier  a  vu  deux  ascarides  lombricoïdes  remplissant  les  deux  divisions  du 
canal  hépatique  qui  occupent  le  sillon  transversal  du  foie.  Trois  autres  vers 
étaient  logés  dans  des  divisions  moins  considérables.  Du  reste,  il  n'y  avait 
aucune  trace  d'inflammation,  soit  dans  le  foie,  soit  dans  les  conduits  biliaires. 
La  malade  n'avait  éprouvé  aucun  symptôme  du  côté  de  l'abdomen  (2). 

XVIIe  Cas  (Tendemni).  —  Lombric  dans  un  conduit  biliaire. 
«  Le  docteur  Tenderini  (de  Carrare)  écrit  à  la  Société  médico-physique 
que,  en  1852,  en  ouvrant  le  cadavre  d'une  femme  morte  des  suites  d'une 
fracture  du  crâne,  il  trouva  l'un  des  conduits  biliaires  occupé  par  un  asca- 
ride lombricoïde  long  de  13  centimètres.  Le  foie  était  augmenté  de  volume 
et  ramolli,  le  péritoine  était  enflammé  (3).  » 

XVIIIe  Cas  (W.  B.  Joi).  —  Lombrics  dans  les  conduits  biliaires. 
«  W.  B.  Joi  dit  avoir  vu  des  vers  lombrics  obstruer  les  conduits  bi- 
liaires (4).  » 

XIX"  Cas  (Leclehc,  de  Toul).  —  Lombrics  dans  les  conduits  hépatiques. 
<i  M.  Leclerc  père,  médecin  à  Toul,  a  vu  en  1828,  chez  un  malade  de 
son  service,  des  lombrics  qui  avaient  pénétré  jusque  dans  le  foie  (S).  » 

XXe  Cas  (Lobstein). —  Lombrics  dans  les  divisions  du  conduit  hépatique. 
Lombric  noyau  d'un  calcul. 

a  Une  femme  d'une  cinquantaine  d'années  mourut  à  la  clinique  de  Lobstein. 

»  À  l'examen  du  cadavre,  on  rencontra  une  énorme  quantité  de  vers  lom- 
brics dans  toute  l'étendue  de  l'intestin  grêle  ;  d'autres  remplissaient  toutes  les 
divisions  du  canal  hépatique,  et  le  canal  cholédoque  en  était,  pour  ainsi  dire, 
farci  :  ce  canal  avait  acquis,  par  sa  distension,  la  grosseur  du  doigt. 

»  Mais  ce  qu'il  y  avait  de  plus  remarquable,  c'est  qu'un  calcul  biliaire 
pyriforme,  qui  correspondait  par  sa  base  à  l'orifice  duodénal  qu'il  obstruait 
complètement,  ayant  été  divisé,  montra  qu'il  avait  pour  noyau  un  lombric 
desséché  (6).  » 

(1)  Fauconneau-Dufresne,  Précis  des  maladies  du  foie  et  du  pancréas.  Paris, 
1856,  p.  279. 

(2)  Dictionnaire  de  méd.  etchir.,  art.  Entozoaires,  p.  340. 

(3)  R.  Mattei,  Discorso infrà  cit.,  p.  4,  note. 

(4)  Encyclop.  délia  med.  prat.,  trad.  del  Michelotti,  art.  Vehmi,  cité  parMattei, 
p.  2. 

(5)  Cité  par  Mondière,  Gazelle  des  hôpitaux,  18i4,  p.  130,  d'après  Bulletin 
de  la  Soc.  de  méd.  de  Toul,  1S39,  p.  30. 

(G)  Catalogue  du  Musée  anatomigue  de  Strasbourg,  n°  1987, 


CHEZ   L'HOMME.    —  LOMBRICS   ERUATIQpS.  ICI 

XXIe  Cas  (Guersant).  —  Deux  lombrics  dans  les  conduits  biliaires. 

«  Un  enfant  qui  se  plaignait  de  coliques  légères,  fut  bientôt  après  pris  de 
convulsions  qui  furent  suivies  d'une  mort  prompte.  À  l'ouverture  du  cadavre 
nous  ne  trouvâmes  aucune  altération  dans  le  cerveau ,  dans  le  prolongement 
rachidien  et  dans  les  organes  contenus  dans  la  poitrine  et  dans  le  ventre  ;  on 
reconnut  seulement  que  deux  ascarides  de  7  à  8  pouces  de  longueur  avaient 
pénétré  par  le  canal  hépatique  et  s'étaient  introduits  profondément  dans  les 
canaux  biliaires.  Comme  les  convulsions  avaient  immédiatement  suivi  les  co- 
liques, nous  avons  pensé  que  l'introduction  brusque  el  instantanée  de  ces  deux 
animaux  dans  les  conduits  biliaires  avait  été  la  véritable  cause  de  ces  con- 
vulsions (1).  » 

XXIIe  Cas    (Estevenet).   —  Lombrics  dans   les  divisions  des  conduits 
hépatiques. 

«  M.  Estevenet  montre  le  foie  d'un  enfant  de  trois  ans,  sur  lequel  on  ne 
possède  aucun  renseignement  et  dont  les  conduits  hépatiques  sont  remplis  de 
vers  lombrics.  Ces  derniers  occupent  jusqu'aux  dernières  ramifications  de  ces 
canaux,  près  de  la  superficie  de  l'organe.  On  n'en  trouve  aucun  dans  la-  vési- 
cule ;  il  n'y  a  du  reste  aucune  altération  du  foie  ni  de  ses  vaisseaux  (2).  » 

XXIIIe  Cas  (  )?  —  Lombrics  dans  les  divisions  des  conduits 

hépatiques. 

«  Un  enfant  de  trente  mois,  élevé  hors  de  Paris,  est  amené  à  l'hôpital 
Necker,  en  janvier  1846,  dans  l'état  le  plus  grave,  et  conduit  par  une 
femme  qui  ne  peut  nous  donner  aucun  renseignement.  L'enfant  était  très 
maigre  et  portait  au  cou,  notamment  du  côté  gauche,  de  grosses  tumeurs  gan- 
glionnaires. II  avait  de  la  toux,  des  râles,  de  la  faiblesse  dans  le  bruit  respi- 
ratoire en  certains  points  du  poumon,  de  la  diarrhée.  Ses  cils  étaient  fort 
longs.  L'amaigrissement  était  survenu  graduellement.  L'enfant  fut  jugé  tu- 
berculeux. 

»  Vers  le  milieu  de  janvier  et  dans  les  premiers  jours  de  février,  il  rendit 
environ  une  quinzaine  de  vers  intestinaux  ;  puis,  à  partir  de  ce  moment,  il 
tomba  dans  un  état  de  morosité  extraordinaire.  Il  était  assoupi  et  ne  pouvait 
être  éveillé  malgré  tous  les  efforts  qu'on  faisait  pour  le  tirer  de  cet  état.  Le 
pouls  devint  lent,  irrégulier.  La  respiration  prit  le  même  caractère.  Il  sur- 
vint, après  une  opiniâtre  constipation,  un  peu  de  diarrhée,  qui  parut  provo- 
quée par  l'administration  du  calomel.  On  constatait  d'ailleurs  dans  le  ventre, 

(i)  Guersant  (père),  Dict.  de  méd.,  1828,  t.  XXI,  p.  244. 

Est-ce  de  ce  fait  que  M.  Andral  {Anal,  path.,  t.  Il,  p.  181)  dit  :  «  M.  Paul 
Guersant  (fils)  m'a  montré  un  foie  qui  était  comme  labouré  en  divers  sens  par  des 
ascarides  qui  paraissent  s'y  être  introduits  en  passant  du  duodénum  dans  le  canal 
cholédoque?  » 

(2)  Bull.  Soc.  anal.,  ann    XV.  Paris,  1840,  p.  396. 

Davaine.  Il 


1G'2  AFFECTIONS   VEKMINKUSES   DKS   VOlliS  DIGE§ÎÏVES 

cl  surtout  du  côte  droit,  do  nombreuses  tumeurs  qu'on  regarda  comme  des 
masses  tuberculeuses.  La  stupeur  continua  avec  le  ralentissement  du  pouls, 
et  l'enfant  mourut  sans  convulsions  dans  la  matinée  du  7  février.  Ses  dernières 
"•arderobes  avaient  été  diarrhéiques  et  contenaient  deux  vers  intestinaux. 

»  A  l'autopsie,  pratiquée  le  lendemain  matin,  on  constatait  les  lésions  sui- 
vantes :  Les  ganglions  du  cou  forment  une  masse  tuberculeuse  en  partie  ra- 
mollie- les  ganglions  bronchiques  et  mésentériques,  le  parenchyme  pulmonaire, 
la  rate  et  les  reins  ne  contiennent  pas  la  moindre  trace  de  matière  tubercu- 
leuse. La  substance  cérébrale,  examinée  avec  le  plus  grand  soin,  est  par- 
faitement nette  ;  on  ne  trouve  pas  dans  la  pie-mère  la  moindre  granulation  ; 
mais  du  côté  de  l'intestin,  apparaissent  les  lésions  les  plus  inattendues  et  les 
plus  insolites. 

»  Depuis  le  duodénum  jusqu'à  l'anus,  l'intestin  est  littéralement  rempli 
d'ascarides  lombricoïdes  qui  le  distendent,  entremêlés  les  uns  dans  les  au- 
tres ou  allongés  parallèlement.  Dans  les  points  ou  la  distension  est  la  plus 
forte,  l'intestin  est  le  siège  d'une  vive  phlegmasie.  Le  caecum  particulière- 
ment, contient  une  énorme  accumulation  de  vers  qui  en  augmentent  consi- 
dérablement le  volume.  Un  lombric  est  engagé  dans  l'appendice  caecal  qu'il 
remplit.  Ces  masses  formées  par  les  ascarides  sont  précisément  celles  qui, 
pendant  la  vie,  faisaient  croire,  à  la  palpation,  à  des  tumeurs  mésentériques. 

»  Dans  le  canal  cholédoque,  dans  le  confluent  des  conduits  hépatiques  et 
dans  un  grand  nombre  de  canaux  biliaires,  on  trouve  des  lombrics  d'un  vo- 
lume considérable,  aussi  gros  que  ceux  de  l'intestin ,  distendant  les  canaux 
dans  lesquels  ils  sont  logés  et  formant  une  espèce  d'ampoule  située  profon- 
dément dans  l'intérieur  même  de  l'organe.  La  vésicule  biliaire  ne  renferme 
aucun  ver,  elle  ne  contient  que  du  mucus  (<l).  » 

XXIVe  Cas  (      . . .)  ?  —  Lombrics  dans  les  divisions  du  conduit  hépatique. 
«  Dans  le  University  muséum  (à  Philadelphie?),  il  y  a  une  préparation  du 
foie  d'un  enfant,  dans  lequel  plusieurs  ascarides  lombricoïdes  ont  pénétré 
jusque  dans  les  divisions  du  conduit  hépatique  (2).  » 

XXVe  Cas  (Fontaneilles).  —  Perforation  d'un  conduit  biliaire. 

11  s'agit  dans  cette  observation  d'un  garçon  de  seize  ans  qui  mourut  après 
seize  jours  d'une  maladie  dans  laquelle  il  éprouva  surtout  des  convulsions,  des 
attaques  épileptiformes,  de  la  stupeur,  un  assoupissement  profond. 

A  Vautopsie  l'on  trouva  :  «  Un  ver  lombric  de  6  pouces  de  longueur  sur 
2  lignes  au  moins  de  diamètre,  qui  avait  passé  dans  le  canal  cholédoque  et 
qui,  en  le  déchirant,  avait  pénétré  jusqu'à  la  réunion  du  conduit  cystique  avec 
l'hépatique  qu'il  avait  percé  et  dont  il  était  sorti  de  la  longueur  d'un  pouce;  la 
vésicule  du  fiel  très  dilatée  et  pleine  de  bile  visqueuse  et  d'un  vert  foncé  ;  les 
parties  environnantes  fortement  colorées  par  la  bile  et  offrant  des  taches  de 

(!)  Bulletin  gén.  de  thérap.  Paris,  1846,  t.  XXXI,  p.  211. 
(2)  J.  Leidy,  Synops.  cité,  n°  108. 


CHEZ   L'HOMME.    —   LOMBRICS    ERRATIQUES.  1(io 

couleur  jaune  foncé...  »  Il  y  avait  dix-neuf  lombrics  dans  les  intestins.  On  ne 
fait  point  mention  de  quelque  lésion  du  foie  ni  du  péritonite  (l). 

Nous  ne  pouvons  admettre  que  la  perforation  ait  été  due  à  l'ac- 
tion du  lombric.  La  rupture  s'est  très  probablement  produite  par 
l'obstacle  que  la  présence  du  ver  apportait  au  cours  de  la  bile,  comme 
on  l'a  vu  plusieurs  fois  pour  les  calculs  biliaires.  Le  docteur  Wolf 
(de  Bonn)  rapporte  une  observation  de  rupture  spontanée  du  canal 
hépatique  ;  des  calculs  contenus  dans  la  vésicule  et  dans  le  canal 
cystique  donnaient  la  raison  de  cette  rupture  (2).  M.  Pigné  (3)  .et 
M.  Marjolin  fils  (4)  ont  observé  l'un  et  l'autre  un  cas  de  rupture  des 
conduits  biliaires  par  suite  de  leur  obstruction  causée  par  un  calcul. 
Le  lombric  a  donc  pu  produire  la  perforation  du  conduit  hépatique 
d'une  manière  passive,  comme  le  fait  un  calcul  biliaire. 

Les  deux  cas  suivants  donnent  lieu  aux  mêmes  remarques  : 

XXVIe  Cas  (Lorrentini).  —  Perforation  du  conduit  cholédoque. 

«  On  voit  à  Naples  dans  le  cabinet  du  docteur  Lorrentini,  un  foie  conservé 
dans  l'esprit-de-vin  avec  le  conduit  cholédoque  perforé  par  un  ascaride  lom- 
bricoïde  qui  était  en  partie  renfermé  dans  ce  canal  et  en  partie  pendant  hors 
de  ce  canal  par  une  perforation  qui  y  existe  (5).  » 

XXVIIe  Cas  (  ...)?  — Perforation  d'un  conduit  biliaire. 

«  Une  pièce  pathologique  toute  semblable  se  trouve  à  Vienne  dans  le  ca- 
binet du  grand  hôpital  civil  (6).  » 

XXVIIIe  Cas  (Dodrlen).  —  Lombric  dans  une  cavité  propre. 

«  Un  jour,  en  incisant  à  1  pouce  environ  de  profondeur  le  grand  lobe  du 
foie,  près  de  la  scissure  horizontale,  quelle  fut  ma  surprise  de  voir  sortir  de 
cette  division  deux  parties  d'un  ver  lombric  long  de  4  à  5  pouces.  Il  était 
vivant.  Sa  loge  était  parfaitement  circonscrite  dans  le  grand  diamètre  de  ce 
viscère;  nous  ouvrîmes  le  sillon  dans  tout  son  trajet,  il  ne  présentait  à  ses 
extrémités  aucune  issue,  aucune  ouverture  sensible  par  laquelle  on  pût  soup- 
çonner qu'il  ait  pu  s'introduire. 

»  Depuis  un  an  environ,  le  malade  éprouvait  une  ou  deux  fois  par  jour  des 

(1)  Fontaneilles,  Observation  sur  une  perforation  faite  par  un  ascaride  lombri- 
coïdequi  a  causé  lamort  (Rev.  méd.,  septembre  1835,  et  Journ.  compl.,  t.  XXIII, 
p.  188. 

(2)  Journ.  complém.,  1829,  t.  XXXIV,  p.  267  (Extrait  du  Journal  de  Grœfe, 
12e  B..  S.  370). 

(3)  Bull.  Soc.  anat.,  ami.  XI,  1836,  p.  266. 

(4)  Bull.  Soc.  anat.,  ann.  XII,  1837,  p.  39. 

(5)  Fauconneau-Dufresne,  ouvr.  cit.,  p.  280  (communiqué  par  Guersant). 

(6)  Idem,  ibid.,  p.  281  (communiqué  par  Guersant). 


l()i  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES   VOILS  DIGESJIVES 

douleurs  si  violentes  dans  la  région  du  foie,  qu'elles  le  jetaient  dans  une  es- 
pèce d'évanouissement  qui  durait  quelques  minutes.  Lorsqu'il  est  entré  à 
l'hôpital,  il  se  plaignait  d'élancements  vifs  dans  le  côté  droit;  il  vomissait  une 
quantité  prodigieuse  de  bile  noire  et  dégénérée  ;  les  déjections  par  le  bas  étaient 
fréquentes  et  de  même  nature...  Il  est  mort  au  septième  jour  (1).  » 

XXIXe  Cas  (docteur  Bourgeois).  —  Lombric  dans  une  cavité  propre. 
«  En  4  831,  étant  interne  à  l'hôpital  des  Enfants,  j'ai  rencontré  dans  le 
foie  d'un  jeune  garçon  de  sept  à  huit  ans,  vers  le  milieu  de  la  largeur  et 
de  l'épaisseur  de  la  glande  biliaire,  un  ver  lombric  de  5  à  6  centimètres  de 
long,  d'un  blanc  presque  pur,  rond  et  ferme  et  ne  paraissant  mort  que  de- 
puis fort  peu  de  temps;  il  était  enroulé  sur  lui-même  à  la  manière  de  ces  petits 
cylindres  d'extrait  de  réglisse,  et  occupait  une  dilatation  considérable  des  con- 
duits excréteursde  la  bile,  communiquant  évidemment  avec  ces  canaux  par  des 
ouvertures  très  appréciables.  Il  n'y  avait,  dans  cette  espèce  de  poche,  dont 
les  parois  étaient  minces  et  nullement  enflammées,  aucun  aulre  corps  étranger 
que  le  vers  lui-même.  Il  semblait  s'être  développé  dans  ce  point  des  conduits 
hépatiques,  qu'il  avait  considérablement  distendus  en  grossissant.  Le  reste 
de  l'organe  n'offrait  rien  d'anormal  (2).  » 

XXXe  Cas  (Laennec).  —  Lombrics  dans  les  conduits  hépatiques  et  le  tissu 
du  foie. 

«  Le  cadavre  d'un  enfant,  âgé  d'environ  deux  ans  et  demi,  avait  été  apporté 
dans  un  amphithéâtre  pour  y  servir  à  l'étude  de  la  névrologie.  Il  paraissait 
avoir  succombé  à  une  maladie  prompte,  car  il  avait  beaucoup  d'embonpoint 
et  tous  les  viscères  étaient  sains,  si  l'on  excepte  l'estomac  et  le  foie.  L'es- 
tomac était  rempli  de  vers  blancs,  cylindriques,  dont  la  longueur  variait  de- 
puis 6  lignes  jusqu'à  5  pouces,  et  qu'il  (Laënnec)  reconnut  pour  des  asca- 
rides lombricoïdes  aux  trois  tubercules  demi-transparents  que  présentait  leur 
tête  examinée  à  la  loupe. 

»  ...Au  côté  gauche  [de  l'estomac),  et  tout  auprès  de  l'œsophage,  s'ouvrait  le 
conduit  cholédoque,  qui  avait  en  cet  endroit  environ  un  demi-pouce  de  dia- 
mètre. Le  conduit  hépatique  et  ses  ramifications  offraient  une  dilatation  pro- 
portionnée. Tous  ces  vaisseaux  étaient  remplis  de  lombrics,  et  contenaient  si 
peu  de  bile,  que  les  vers  n'en  étaient  pas  teints.  La  membrane  muqueuse  des 
voies  biliaires  offrait  par  endroits  des  rougeurs  très  marquées  et  accompa- 
gnées d'un  peu  d'épaississement.  Dans  quelques  points  cette  membrane  était 
rongée  et  totalement  détruite,  et  les  vers  se  trouvaient  en  contact  immédiat 
avec  le  tissu  du  foie,  dans  lequel  ils  avaient  creusé  de  petites  cavités,  dont 
quelques-unes  auraient  pu  loger  une  amande.  Le  foie  présentait  dans  les 

(1)  Joum.  de  méd.  chir.,  etc.,  de  Leroux,  t.  IV,  p.  346  (chapitre  intitulé  Ré- 
capitulation générale),  cité  par  M.  Bonfils,  Mém.  cité. 

(2)  Docteur  Bourgeois,  Union  médicale.  Paris,  1856,  t.  X,  n°  69. 


CHEZ  L'HO.MMli.     -  m LOMBRICS   ERRATIQUES.  165 

parois  de  ces  excavations  un  tissu  mollasse,  fongueux  et  plus  rougeâtre  que 
parlout  ailleurs.  La  vésicule  biliaire  était  pleine  d'ascarides  lombricoïdes.  Le 
conduit  cystique  n'était  point  dilaté;  mais  les  membranes  internes  y  for- 
maient des  replis  qui  semblaient  annoncer  que  le  conduit  avait  été  précédem- 
ment dilaté  ;  il  ne  contenait  aucun  ver.  Le  reste  du  canal  intestinal  n'en  rece- 
lait également  aucun  (1).  » 

Laënnec,  en  parlant  de  ce  fait  dans  le  Dictionnaire  des  sciences 
médicales,  suppose  que  les  petites  cavités  avaient  été  produites  par 
les  organes  de  succion  des  lombrics.  L'action  de  la  bouche  des  as- 
carides est  une  hypothèse  qui,  reproduite  à  propos  des  perforations 
intestinales,  sera,  ci-après,  réduite  à  sa  juste  valeur  (2).  Nous  allons 
voir  que  la  présence  d'un  lombric  dans  le  foie  suffit  pour  déterminer 
des  collections  purulentes  soit  en  rapport  avec  le  ver,  soit  dissémi- 
nées dans  le  parenchyme  ambiant;  et,  comme  dans  ce  dernier  cas 
l'on  ne  peut  en  accuser  les  organes  de  succion  du  lombric,  on  peut 
expliquer  l'autre  cas  sans  faire  intervenir  ces  organes.  Le  pus,  accu- 
mulé autour  du  ver,  est  retenu  lorsque  le  conduit  ne  s'ouvre  pas 
largement  dans  le  foyer  purulent  ;  mais  lorsque  le  conduit  dilaté 
communique  largement  avec  le  foyer,  le  pus  trouve  une  issue  dans 
ce  conduit  et,  s'écoulant  à  mesure  qu'il  se  forme,  il  doit  laisser  une 
cavité  dont  la  surface  est  en  apparence  rongée.  Ainsi  s'expliquera  le 
fait  de  Laënnec. 

XXXIe  Cas  (Tonnelé).  —  Lombric  et  trois  abcès  dans  le  foie. 

«  Durand  (Louis),  jeune  garçon  d'une  bonne  constitution  et  d'une  santé 
ordinairement  excellente,  éprouva  vers  la  fin  de  janvier  I  829  divers  troubles 
des  fonctions  digestives,  particulièrement  des  diarrhées  et  des  vomissements. 
Il  devint  depuis  lors  languissant  et  perdit  sa  gaieté  et^son  embonpoint  natu- 
rels. Conduit  à  l'hôpital  le  1  8  mars  de  la  même  année,  il  présentait  les  sym- 
ptômes suivants  :  ventre  lendu,  volumineux,  sensible  à  la  plus  légère  pres- 
sion, surtout  dans  la  région  du  foie;  quatre  ou  cinq  selles  liquides  chaque 
jour;  vomissements  rares,  langue  rouge  et  sèche,  soif  vive,  pouls  fréquent, 
tiraillement  des  traits,  air  de  souffrance  et  d'abattement.  M.  Jadelot  fit 
d'abord  appliquer  quinze  sangsues  sur  le  côté  droit,  etc.  L'enfant  ne  retirait 
aucun  avantage  de  ces  différents  moyens  ;  chaque  jour,  au  contraire,  il  s'af- 
faiblissait davantage,  lorsqu'il  fut  atteint  de  rougeole  et  en  même  temps  de 
tous  les  symptômes  qui   caractérisent  le  croup.  Cette  terrible  affection  de- 

(1)  Rapport  sur  une  observation  lue  par  Laënnec  {Bulletin'  de  la  Faculté  de 
médecine,  n°  5,  20  nivôse  an  XIII).  —  Laënnec,  art.  Ascarides,  Dict.  des  sciences 
médicales,  p.  344. 

(2)  Voyez  chapitre  V. 


166  AFFECTIONS   VERM1NKUSES   DES    VOlliS   DKiESTlVES 

vait  entraîner  une  perte  inévitable  et  prochaine;  il  n'en  fut  cependant  rien: 
les  accidents  se  calmèrent,  et  le  petit  malade  ne  mourut  que  dix  jours  après 
d'une  pneumonie. 

»  Autopsia.  —  Le  lobe  antérieur  droit  du  cerveau  contenait,  à  la  partie 
moyenne,  deux  hydatides  acéphalonjstes  du  volume  d'une  grosse  noisette 
chacune,  et  comme  enchatonnées  dans  son  tissu.  Hépatisation  rouge  de  la 
moitié  supérieure  du  poumon  droit  et  de  la  base  du  gauche. 

»  L'intestin  grêle  contenait  environ  trente  vers  lombrics  rassemblés  en 
plusieurs  petites  masses  ;  la  membrane  muqueuse  élait  fortement  injectée 
dans  les  divers  points  où  ils  séjournaient.  Le  foie  avait  conservé,  à  l'exté- 
rieur, son  aspect  naturel;  mais,  dans  son  intérieur,  existaient  trois  foyers 
communiquant  les  uns  avec  les  autres;  deux  plus  petits,  et  pleins  d'un  pus 
brun  bien  consistant;  l'autre,  beaucoup  plus  étendu  et  rempli  partie  par  du 
pus,  partie  par  un  gros  ver  lombric  roule  sur  lui-même. 

»  Vainement  nous  cherchâmes,  avec  la  plus  scrupuleuse  attention,  s'il 
n'existait  point  quelque  communication  entre  ces  cavités  et  les  vaisseaux 
biliaires,  au  moyen  de  laquelle  le  ver  eût  pu  s'introduire  dans  le  tissu  du 
foie,  nous  n'en  trouvâmes  aucun  vestige. 

»  Nous  pensâmes  donc  que,  si  le  lombric  était  venu  primitivement  du  tube 
digestif,  ce  qui  paraissait  probable,  il  n'avait  du  moins  été  apporté  qu'en 
germe  dans  le  parenchyme  du  foie;  qu'il  s'y  était  ensuite  développé,  accru, 
et  qu'il  avait  donné  lieu,  par  sa  présence,  au  travail  d'inflammation  et  de 
suppuration  dont  cet  organe  nous  présentait  les  traces  (1  ).  » 

L'examen  de  ce  cas  jette  du  jour  sur  le  précédent  :  on  ne  son- 
gera pas  à  attribuer  les  collections  purulentes  à  l'action  des  organes 
de  succion  du  lombric,  puisque  deux  des  foyers  étaient  isolés  de  ce 
ver.  Il  est  assez  clair  qu'elles  ont  été  déterminées  par  l'irritation  du 
foie  produite  par  le  corps  étranger.  Que  fût-il  arrivé  si  l'un  des 
conduits  biliaires  dilaté,  comme  dans  le  cas  de  Laënnec,  eût  com- 
muniqué librement  avec  les  foyers  purulents?  le  pus  eût  été  en- 
traîné par  la  bile  à  mesure  qu'il  se  fût  formé  et  l'on  eût  trouvé  en 
rapport  avec  le  conduit  trois  cavités  dont  on  eût  pu  dire  :  la  mem- 
brane du  conduit  était  rongée  et  détruite  totalement  dans  quelques 
points  où  le  ver  avait  creusé  de  petites  cavités.  Quant  à  l'absence 
d'une  communication  entre  le  foyer  qui  contenait  le  lombric  et  les 
conduits  biliaires,  on  ne  peut  l'admettre.  Elle  était  sans  doute  in- 
directe et  peu  apparente  puisque  le  pus  était  retenu  ;  mais  avec  des 
précautions  convenables  elle  eût  probablement  été  rendue  évidente, 
^comme  il  est  arrivé  dans  le  cas  suivant  : 

(1)  Tonuelé,  Mêm.  cit.,  p.  292. 


CHEZ   L'HOMME.    —   LOMBRICS  ERRATIQUES.  167 

XXXIIe  Cas  (Pellizzari).  — Deux  lombrics  dans  h  parenchyme  du  foie. 

«Le  14  février  1  8S7  on  reçoit  à  l'hôpital  Sanla-Maria-Nuovo ,  dans  le 
service  du  docteur  Gonnelli,  un  cordonnier  âgé  de  quarante  ans.  Dès  son 
entrée,  il  présente  les  symptômes  d'un  accès  convulsif  de  nature  épileptique: 
stupeur  profonde;  aspect  d'un  homme  très  gravement  malade  ;  émaciation 
considérable;  réponses  incohérentes;  difficulté  delà  déglutition.  Pouls  petit, 
fugace,  déprimé;  aucune  lésion  dans  les  régions  thoracique  et  abdominale. 

»  La  pensée  du  médecin  s'arrête  sur  l'existence  d'une  congestion  des  mé- 
ninges ou  de  l'encéphale,  et  il  prescrit  en  conséquence  des  ventouses,  des 
sinapismes,  une  potion  légèrement  stimulante.  Les  jours  suivants,  on  con- 
state une  amélioration  momentanée  ;  mais  bientôt  la  prostration  augmente,  et 
le  malade  meurt  le  25,  sans  avoir  jamais  pu  fournir  de  données  exactes  sur 
l'invasion  et  la  nature  de  sa  maladie.  » 

Autopsie.  —  Rien  de  bien  notable  dans  la  tête  et  la  poitrine.  «  L'estomac 
contient  douze  vers  lombricoïdes,  le  duodénum  cinq,  l'iléon  cinquante-huit, 
le  gros  intestin  quatre.  Sur  la  muqueuse  intestinale  apparaissent  de  légères 
arborisations  sanguines;  les  reins  et  la  rate  sont  gorgés  de  sang. 

»  A  la  surface  convexe  du  lobe  droit  du  foie,  et  dans  sa  partie  la  plus  élevée 
on  aperçoit  une  aire  blanchâtre  de  forme  ovale  (3  centimètres  sur  1),  ayant  son 
grand  diamètre  de  droite  à  gauche.  En  pratiquant  une  incision,  M.  Pellizzari 
met  à  découvert  un  lombric.  Un  examen  attentif  de  l'organe  en  fait  voir  un 
deuxième  sur  le  côté  gauche  de.,  la  face  convexe  du  lobe  droit.  Le  premier 
ver  est  noué  dans  son  milieu  et  entortillé  sur  ce  centre  ;  le  second  est  roulé 
en  grande  partie,  mais  l'une  de  ces  extrémités  plonge  dans  le  parenchyme 
du  foie.  Les  deux  cavités  qui  les  renferment  contiennent  une  petite  quantité 
de  liquide  granuleux  de  couleur  blancjaunâtre,  dans  lequel  le  microscope  re- 
connaît des  globules  de  pus,  des  cellules  épithéliales  cylindriques,  une  grande 
quantité  d'œufs  d'ascarides  lombricoïdes.  Leur  capacité  est  exactement  en 
rapport  avec  le  contenu  ;  leur  surface  est  tapissée  d'une  couche  de  fibrine  con- 
crète. Quanl  au  parenchyme  hépatique  environnant,  il  est  plus  coloré,  plus  com- 
pacte, plus  dur,  vu  les  transsudations  de  matière  plastique  ;  en  un  mot,  il  a  les 
caractères  de  l'inflammation  chronique,  et,  comme  cette  altération  est  néces- 
sairement due  à  la  présence  des  lombricoïdes,  il  était  aussi  évident  que  ceux- 
ci  existaient  longtemps  avant  la  mort. 

»  Pour  prouver  à  ses  élèves  qu'en  réalité  les  deux  vers  lombricoïdes 
avaient  pénétré  dans  le  foie,  en  suivant  la  voie  des  conduits  biliaires,  le  pro- 
fesseur Pellizzari  institue  diverses  expériences  :  Tout  d'abord,  il  met  à 
découvert  avec  le  plus  grand  soin  le  conduit  hépatique,  ses  premières  divi- 
sions, le  sinus  de  la  veine  porte,  afin  de  reconnaître  celui  de  ces  vaisseaux 
qui  se  trouvait  en  communication  avec  les  cavités  qui  contenaient  les  lom- 
brics. Cela  fait,  il  remplit  d'eau  la  cavité  située  à  la  partie  gauche  du  lobe 
droit,  dans  l'espoir  qu'en  s'écoulant  le  liquide  indiquera  le  chemin  suivi  par 
le  ver  dans  sa  pérégrination;  l'eau  n'ayant  pas  diminué  de  niveau,  il  fallut 


1(iS  AFFECTIONS   VERMlNEUSES   DES    VOIES   DlGESÏiVES 

admettre  ou  une  oblitération  du  conduit  hépatique,  ou  son  obstruction  par 

l'animal.  Alors  il  porta  l'extrémité  d'une  seringue  élastique  très  mince  le 
long  de  la  portion  du  lombric  qui  était  cachée,  et  il  l'insinua  entre  le  ver  lui- 
même  et  la  substance  du  foie.  lin  poussant  le  piston,  on  vit  immédiatement 
l'eau  sortir  par  le  conduit  hépatique. 

»  Pour  rendre  la  démonstration  plus  évidente,  le  professeur  Pellizzari  retire 
le  lombric  de  sa  cavité;  on  aperçoit  alors  la  partie  jadis  cachée  teinte  en 
jaune  (cette  portion  était  la  caudale).  Deux  nouvelles  expériences  mettent 
l'opinion  du  docteur  Pellizzari  hors  de  doute. 

»  En  versant  de  l'eau  dans  la  cavité,  comme  pour  la  première  expérience, 
on  la  voit  diminuer  peu  à  pou  et  s'échapper  par  le  conduit  hépatique. 

»  En  poussant,  au  moyen  d'uue  seringue,  de  l'eau  dans  le  conduit  hépa- 
tique, le  fluide  surgit  immédiatement  dans  la  cavité  et  précisément  sur  le 
point  où  plongeait  la  queue  de  l'ascaride. 

»  La  présence  des  cellules  épithéliales  cylindriques  dans  le  liquide  qui 
baignait  les  deux  vers,  prouve  qu'elles  provenaient  de  la  membrane  interne 
des  conduits  biliaires,  et  fait  supposer,  à  juste  raison,  que  les  deux  cavités 
n'étaient  qu'une  dilatation  des  conduits  biliaires  eux-mêmes. 

»  De  ces  faits  on  peut  raisonnablement  conclure  que  les  ascarides  lom- 
bricoîdes  ont  pénétré  dans  le  foie  en  suivant  la  voie  des  canaux  cholédoque 
et  hépatique,  d'autant  plus  que  l'on  a  retrouvé  dans  le  tube  gastro-entérique 
une  quantité  considérable  d'helminthes  de  la  même  espèce  (l).  » 

XXX1IP  Cas  (Forget).  —  Deux  lombrics  daus  les  conduits  et  le  tissu 
fjfcm,         du  foie.  —  Abcès  multiples. 

«  Une  femme  âgée  de  soixante-cinq  ans,  couturière,  est  apportée  à  la  Cli- 
nique  le  7  avril  185b.  On  ne  peut   en  tirer  que  des  renseignements  très 
vagues  et  très  incomplets.  Elle  se  dit  malade  depuis  quinze  jours;  elle  a 
éprouvé  de  la  fièvre  avec  toux,  dyspnée,  vomissements,  bouche  douloureuse. 
.Nous   constatons  :  prostration,  état  semi-comateux,  narines  pulvérulentes, 
v^/  dyspnée,  toux   modérée  ,  un   crachat  rouillé  ;  poitrine  sonore  en  avant,  en 
A  >  arrière  et  à  droite  dans  toute  la  hauteur  du  thorax,  matilé,  souffle  tubaire, 
»        bronchophonie.   Toutes  les  parois  buccales  sont  recouvertes  d'une  matière 
blanchâtre,  pultacée  ;  déglutition  difficile,  douloureuse,  soif  vive,  vomisse- 
ments glaireux  et  bilieux,  épigastre  douloureux  à  la  pression:  pas  de  diar- 
rhée. Pouls  à  90,  petit  et  mou  ;  point  de  chaleur  à  la  peau.  Le  8,  nuit  agitée, 
orthopnée,  crachats  rouilles;  état  de  la  veille.  Le  soir,  réaction  assez  vive. 
Le  9,  même  état  que  la  veille;  enduit  pultacé  très  abondant,  soif  vive,  une 
selle.  Le  10,  prostration,  coma,  bouche  fuligineuse:  pouls  presque  insensible; 
une  selle  involontaire.  —  Mort  à  cinq  heures  du  soir.  » 

Le  traitement  avait  consisté  dans  des  potions  stibiées,  des  vésicatoires 
volants,  des  sinapismes,  vin,  bouillon. 

j    (I)  Di  duc.  lombricoiài  penelrati  nel  fegalo  durante  la  cita,  dal  prof.    Giorgio 
Y  rtllizari,  in  Diswso  dal  doit.  lia/}'.  Maltci.  Firenzc,  1857. 


CHEZ,   L'HOMME.    —    LOMÏiaiCS   ERRATIQUES.  169 

L'aulopsie,  faite  quarante-huit  heures  après,  montra  une  hépatisation  grise 
de  toute  la  moitié  postérieure  du  poumon  droit.  Rien  de  notable  dans  la  cavité 
du  crâne  et  dans  les  organes  abdominaux,  à  l'exception  du  foie.  Cet  organe 
est  de  volume  et  d'aspect  normal  ;  le  canal  cholédoque  est  occupé  par  un 
ascaride  lombricoïde  dont  une  extrémité  fait  saillie  dans  le  duodénum,  tandis 
que  l'autre  parvient  jusque  dans  la  division  gauche  du  canal  hépatique.  Le 
ver  qui  remplit  exactement  les  conduits  biliaires  offre  une  longueur  de  plus 
de  20  centimètres;  il  n'est  pas  sensiblement  altéré.  En  suivant  avec  la  sonde 
cannelée  et  le  scalpel  la  division  droite  du  canal  hépatique  on  arrive  dans 
une  cavité  anfractueuse,  du  volume  d'une  noix,  contenant  du  pus  blanchâtre 
et  un  ver  lombricoïde  pelotonné  d'environ  8  centimètres  de  longueur  ;  ce  ver 
est  mou,  flétri,  comme  macéré  et  mort  depuis  longtemps.  La  cavité  qui  le 
contient  paraît  -être  une  dilatation  du  conduit  hépatique.  Autour  de  cette 
cavité,  mais  sans  communication  avec  elle,  on  rencontre  dans  le  tissu  du  lobe 
gauche  du  foie  une  dizaine  d'abcès  ou  kystes  purulents  de  diverses  gran- 
deurs, depuis  le  volume  d'un  pois  jusqu'à  celui  d'un  marron,  contenant  une 
matière  grumeleuse,  colorée  par  la  bile  et  tapissée  de  pseudo-membranes 
épaisses  et  consistantes,  autour  desquelles  le  tissu  du  foie  est  d'un  rouge 
foncé  (1  ). 

XXXIVe  Cas  (Lobstein). —  Lombric  dans  un  conduit  biliaire.  Abcès  mul- 
S^y-    tiples  du  foie.  Communication  de  l'un  avec  une  vomique. 

Il  s'agit  d'une  femme  de  trente-huit  an?,  qui  entra  à  l'hôpital  le  4  mars 
1829.  Elle  était  dans  un  état  de  marasme  général  avec  fièvre  hectique,  toux, 
crachats  muqueux,  tension  dans  l'hypochondre  droit,  pouls  petit  et  fréquent. 
Plus  tard,  crachats  puriformes,  pectoriloquie  au  sommet  du  poumon  droit. 
Le  9  avril,  diarrhée  qui  persiste  plus  ou  moins  jusqu'au  6  mai.  Ce  jour-là  : 
frissons,  vomissements  bilieux  qui  se  répètent  les  jours  suivants.  Faiblesse 
croissante,  voix  éteinte,  lipothymies,  dyspnée.  Mort  le  1  ii  mai. 

«  Autopsie.  —  Le  poumon  gauche  était  parfaitement  sain,  celui  du  côté 
droit  contenait  dans  son  sommet  quelques  tubercules  ostéopierreux  ;  la  partie 
inférieure  était  adhérente  à  la  plèvre  costale,  et  renfermait  une  vomique 
d'une  très  grande  capacité.  Cette  vomique  communiquait  d'une  part  à  l'exté- 
rieur par  une  ouverture  fistuleuse  d'une  étendue  de  trois  lignes,  placée  entre 
les  cinquième  et  sixième  côtes  sternales,  sans  que  les  muscles  pectoraux 
ni  les  téguments  de  cette  partie  fussent  endommagés  ;  d'un  autre  côté  avec 
la  partie  supérieure  du  grand  lobe  du  foie,  au  moyen  d'un  abcès  de  près 
de  2  pouces  d'étendue,  qui  avait  détruit  le  diaphragme  dans  cette  partie. 

»  Le  foie  était  d'une  texture  saine  dans  toute  la  moitié  gauche  et  dans  le 
tiers  inférieur  de  la  moitié  droite.  Des  brides  celluleuses  l'unissaient  à  la 
petite  courbure  de  l'estomac,  au  côlon  transverse  et  aux  autres  parties  voi- 
sines. La  partie  supérieure  de  son  côté  droit,  adhérente  au  diaphragme,  con- 

(1)  Professeur  l'orgct  (de  Strasbourg),  dans  Union  médicale,  29  mai  1856. 


170  AFFECTIONS  VERM1NEUSES   DES   VOIES   DIGEST1VES 

tenait  un  grand  nombre  de  tubercules  blanchâtres  et  de  vastes  loyers  puru- 
lents Bemblablea  à  des  vomiques,  remplis  d'un  pus  lié,  blanc  jaunâtre  nt 
communiquant  par  une  ouverture  fistuleuse  avec  la  perte  de  substance  du 
diaphragme  indiquée  plus  haut,  et  par  ce  moyen  avec  la  vomique  du  pou- 
mon. Le  canal  cholédoque  et  le  ennui  hépatique  étaient  suffisamment  dilatés 
pour  permettre  l'introduction  du  petit  doigt  ;  l'un  des  conduits  biliaires  y 
aboutissant,  dilaté  de  même,  renfermait  un  lombric  long  de  4à  5  pouces.» 
Rien  de  particulier  dans  los  autres  organes  (I). 

XXVe  Cas  (Lebert).  —  Lombrics  dans  les  conduits  et  le  tissu  du  foie, 
abcès  multiples,  l'un  d'eux  communiquant  avec  un  abcès  du  poumon. 

Une  fille,  âgée  de  quinze  ans.  habitant  Zurich,  est  prise  le  8  décembre 
4854  d'un  violent  frisson,  suivi  de  chaleur  et  de  fièvre,  soif  vive,  douleurs 
vagues  dans  le  côté  droit  de  l'abdomen,  diarrhée.  Le  '16  décembre,  le  foie  est 
le  siège  de  douleurs  assez  vives  augmentant  par  la  pression,  il  dépasse  les 
fausses  côles  d'environ  deux  travers  de  doigt.  Les  jours  suivants  il  y  a  de 
l'amélioration  dans  la  douleur,  la  fièvre  et  la  diarrhée.  Le  22  décembre,  il  sur- 
vient de  la  tous  avec  expectoration  muqueuse  peu  abondante,  rien  à  l'auscul- 
tation. Le  26,  expulsion  de  lombrics  par  le  vomissement  et  par  les  selles;  la 
toux  a  cessé.  Le  2  janvier,  douleurs  dans  la  partie  inférieure  droite  du 
thorax;  son  mat  à  la  percussion,  depuis  l'omoplate  jusqu'en  bas;  respiration 
bronchique  et  bronchophonie  dans  toute  cette  étendue  ;  pouls,  124;  toux  fré- 
quente ;  crachats  gluants,  légèrement  sanguinolents;  respiration  32  ;  diarrhée- 
Le  4,  râle  crépitant  avec  la  respiration  bronchique.  Le  5,  à  13  base  du 
poumon  gauche  matité  qui  diminue  le  lendemain  et  disparaît  les  jours  sui- 
vants. Les  symptômes  persistent  à  droite,  respiration  bronchique  au  sommet, 
matité  en  haut  et  à  droite  jusqu'au  mamelon.  Le  10,  persistance  des  sym- 
ptômes et  de  la  diarrhée,  œdème  au  pied  droit.  Le  1 1,  son  tympanique  dans 
la  partie  antérieure  et  supérieure  du  côté  droit  du  thorax  et  en  arrière  dans  la 
moitié  supérieure,  matité  en  bas;  respiration  amphorique  autour  du  mamelon. 
Matité  (du  foie)  jusqu'à  trois  travers  de  doigt  au-dessous  des  côtes.  Crachats 
non  sanguinolents,  dyspnée  très  forte.  Le  12  tous  les  symptômes  s'aggra- 
vent. Mort  le  13. 

Autopsie  trente-cinq  heures  après  la  mort.  —  On  constate  la  présence  de 
gaz  dans  la  plèvre  du  côté  droit.  «  A  l'ouverture  du  thorax  on  trouve  le  pou- 
mon droit  refoulé  en  arrière,  mais  fixé  en  bas  au  diaphragme.  Un  épanche- 
ment  séreux,  légèrement  trouble,  occupe  la  partie  antérieure  jusqu'au  sep- 
tième espace  intercostal,  où  il  est  délimité  par  des  adhérences  et  des  fausses 
membranes.  La  principale  altération  est  dans  le  foie.  Déjà,  en  l'enlevant,  on 
voit  les  conduits  cholédoque,  cystique  et  hépatique  dilatés;  ils  renferment 

(1)  Notice  sur  les  maladies  qui  ont  été  traitées  à  la  clinique  de  Lobstein,  à  Stras- 
bourg, pendant  le  mois  de  mai  1829  (observation  intitulée:  Phlhisie  pulmonaire  cl 
hépatique).  Journ.  complet».,  1829,  t.  XXXIV,  p.  271. 


CHEZ   L'HOMME.    —  LOMBRICS  ERRATIQUES.  171 

plusieurs  lombrics.  La  partie  convexe  du  foie  est  intiment  adhérente  au  dia- 
phragme, et  en  le  disséquant,  on  ouvre  un  abcès  du  foie;  on  aperçoit  à  la 
surface  de  l'organe  un  certain  nombre  de  petits  foyers  purulents.  La  veine 
porte  est  saine  et  montre  seulement  quelques  caillots  non  adhérents,  dans  des 
ramifications  de  troisième  ordre.  Les  abcès  se  trouvent  partout  en  dehors  de 
la  veine,  mais  plusieurs  d'entre  eux  communiquent  avec  des  conduits  biliaires, 
et  dans  deux  on  trouve  des  lombrics  très  altérés,  dont  l'un  surtout  est  pres- 
que diftluent  par  macération.  La  plupart  des  abcès  se  trouvent  dans  le  lobe 
droit  et  varient  entre  le  volume  d'un  petit  pois  et  celui  d'une  pomme;  tout 
autour  d'eux,  le  tissu  hépatique  est  hypérémié,  d'un  rouge  foncé,  avec  légère 
diminution  de  consistance.  Au  microscope,  on  voit  les  cellules  du  foie  nor- 
males, peut-être  leur  contenu  graisseux  un  peu  augmenté. 

»  Le  pus  montre  de  fort  beaux  globules  à  noyaux.  Le  lobe  gauche  ne  ren- 
ferme pas  d'abcès ,  mais  également  plusieurs  lombrics  dans  les  conduits 
biliaires.  Le  foie  dans  sa  totalité  n'est  que  légèrement  au-dessus  du  volume 
normal. 

»  Un  des  abcès  du  foie  a  largement  perforé  le  diaphragme  ;  son  ouverture, 
de  plus  de  1  centimètre  de  diamètre,  communique  avec  la  base  du  lobe  pul- 
monaire inférieur  droit,  non-seulement  par  une  large  ouverture,  mais  aussi 
par  un  certain  nombre  de  petits  trous,  et  la  partie  correspondante  du  poumon 
est  comme  criblée  de  ces  petites  ouvertures,  qui  conduisent  dans  des  infiltra- 
tions purulentes  du  parenchyme  pulmonaire,  et  qui,  par  une  communication 
directe  avec  les  bronches,  ont  provoqué  le  pneumothorax.  La  membrane  mu- 
queuse bronchique  est  généralement  hypérémiée  et  couverte  d'un  mucus  pu- 
rulent; la  partie  supérieure  du  poumon  droit  est  condensée  et  carnifiée;  le 
sommet  gauche  est  œdémateux  et  renferme  un  seul  tubercule  crétacé  (1).  » 

XXXVIe  Cas  (Kirkland).  —  Lombric  sorti  d'un  abcès  du  foie. 
Kirkland  rapporte  «  un  cas  remarquable  d'abcès  qui  s'était  formé  au 
niveau  delà  dernière  fausse  côte  du  côté  droit.  Lorsqu'il  s'ouvrit,  il  en  sortit 
un  ver  long  et  rouge  et  une  grande  quantité  de  pus.  Par  la  suite  l'abcès  se 
transforma  en  fistule  par  laquelle  sortait  chaque  jour  une  certaine  quantité 
de  bile.  Sans  doute  la  fistule  communiquait  avec  la  vésicule  biliaire.  Comment 
ce  ver  avait-il  pu  pénétrer  là?  c'est  ce  qu'il  est  difficile  d'expliquer  (2).  » 

Les  faits  qui  précèdent  donnent  l'explication  de  celui-ci  ;  il  s'agit 
évidemment  d'un  ascaride  lombricoïde  qui,  s'étant  introduit  dans  les 
canaux  biliaires,  a  déterminé  la  formation  d'un  abcès.  On  conçoit 
qu'un  tel  abcès  doive  se  faire  jour  dans  des  régions  différentes  suivant 
la  partie  du  foie  qu'il  occupe.  Quant  à  l'écoulement  de  bile,   il  est 

(1)  H.  Lebert,  Traité  d'anatomie  pathologique  gén.  et.  spéc.  Paris,  1837,  t.  I, 
p.  412. 

(2)  Richter,  Chir.  bïbl.,  B.  X,  S.  605  (extrait  de  :  Kirkland,  On  inquiry  into 
the  présent  stale  of  médical  surgery.  London,  1786,  l.  II,  p.  186). 


I7'2  AFFECriONS   VERMINEUSES   DES    VOIES   D16ESTIVES 

probable  qu'il  avait  lieu  par  suite  de  la  communication  du  conduit 
biliaire  dans  lequel  s'était  introduit  le  ver,  avec  le  foyer  de  l'abcès. 

XXXVII"  Cas  (Rqedereb  et  Wagler).  —  Lombric  dans  un  kyste  hyda- 
tique  du  foie. 

Soldat,  point  de  renseignements  sur  la  maladie. 

«  Le  foie  se  trouva  d'un  volume  plus  considérable  que  dans  l'état  ordi- 
naire.. .  le  lobe  droit  ayant  été  incisé  près  de  la  vésicule  du  fiel,  il  jaillit  une 
humeur  terne,  aqueuse,  du  centre  d'une  tumeur  enkystée,  logée  dans  le  pa- 
renchyme de  ce  viscère  et  dont  une  partie  paraissait  à  sa  face  convexe,  cou- 
verte d'une  peau  blanche,  dure  et  épaisse.  Cette  tumeur  renfermait  une 
grande  quantité  d'hydatides,  mais  sa  cavité  ne  présentait  aucun  fluide;  de 
sorte  qu'il  parut  que  le  fluide  sorti  sous  le  coup  de  bistouri  appartenait  à  l'ou- 
verture d'une  hydatide  un  peu  grande.  Ces  vésicules  se  trouvaient  de  diffé- 
rents volumes  :  la  plus  considérable  égalait  en  grosseur  un  œuf  de  poule, 
d'autres  étaient  graduellement  plus  petites,  les  moindres  étaient  pisiformes  et 
linéaires,  la  figure  des  plus  grandes  était  oblongue,  les  plus  petites  parais- 
saient parfaitement  rondes Ceshydatides  enlevées  de  la  poche  qui  les  con- 
tenait, il  restait  une  concrétion  membraneuse  blanche,  molle Aux  environs. 

de  cette  concrétion  on  découvrit  un  lombric,  petit,  terne,  rougeâtre,  lisse, 
roide  et  dur.  Quelques-unes  de  ces  vésicules  étaient  marquées  à  leur  surface 
d'une  ou  deux  taches  anciennes  jaunes  et  bilieuses. 

»  Le  kyste  commun  irrégulier  approchait  à  peu  près  de  la  forme  sphérique. 
Sa  surface  interne,  déprimée çà  et  là,  présentait  par  intervalles  de  petites  émi- 
nences,  de  sorte  que  les  cavités  intermédiaires  les  plus  grandes  répondaient  aux 
hydatidesles  plus  considérables La  cavité  de  ce  grand  kyste  présentait  plu- 
sieurs orifices,  mais  on  ne  put  découvrir  où  ils  aboutissaient.  Sa  paroi  externe, 
répondant  à  la  face  convexe  du  foie,  avait  au  moins  une  ou  deux  lignes  d'épais- 
seur; elle  était  d'une  dureté  tenant  le  milieu  entre  celle  des  cartilages  et  celle 
des  ligaments Le  conduit  hépatique  était  ample,  et,  comme  dans  la  dis- 
section il  avait  été  coupé  près  de  son  insertion  dans  le  canal  cholédoque,  on 
ne  put  savoir  s'il  se  rendait  dans  ce  kyste  ou  non.  Cependant  il  est  vraisem- 
blable, et  ceci  est  encore  probable  par  les  taches  jaunes  des  hydatides,  que  le 
ver  trouvé  dans  le  sac  y  était  parvenu  du  duodénum  au  moyen  des  conduits 
biliaires.  » 

Six  vers  lombrics  existaient  dans  l'intestin  grêle  ;  quant  à  celui  du  foie,  les 
auteurs  ajoutent  dans  les  réflexions  annexées  à  l'observation  :  «  Quoique  ce 
ver  fût  très  petit,  sans  doute  faute  de  nourriture,  il  paraît  cependant  qu'il  a 
joui  de  la  vie  jusqu'à  la  fin  de  la  maladie  ;  ce  que  nous  avons  pu  juger  par  sa 
roideur  et  la  vivacité  de  sa  couleur  (I  ).  » 

(1)  Rœdercr  et  Wagler,  ouvr.  cit.,  sect.  iv,  ouv.  VIII. 

D'autres  cas  de  l 'Tons  du  foie  opérées  par  les  lombrics  ont  encore  été  rapportés, 
mais  les  circonstances  de  ces  faits  ne  nous  permettent  point  d'en  tenir  compte: 
Rosen  dit  que  chez  un  homme  âgé  de  vingt-huit  ans  on  trouva,  à  l'autopsie,  des 


CHEZ  L'HOMME.  —  LOMBRICS  ERRATIQUES.         173 

D'après  tous  ces  faits,  on  voit  clairement  que  les  ascarides  lom- 
bricoïdes  envahissent  les  voies  biliaires  pendant  la  vie  de  leur  hôte, 
en  s'introduisant  de  l'intestin  dans  le  conduit  cholédoque,  ils  remon- 
tentde  là  soit  dans  la  vésicule  biliaire,  soit  dans  les  conduits  hépatiques. 

Leur  présence  dans  les  voies  biliaires  détermine  des  lésions  di- 
verses ;  elle  occasionne  ou  elle  entretient  une  dilatation  des  conduits 
envahis  et  quelquefois  leur  rupture  :  la  dilatation  des  conduits  est 
plus  ou  moins  générale,  ou  bien  elle  est  partielle,  bornée  à  la  partie 
occupée  par  le  ver  qui  paraît  alors  être  contenu  dans  une  poche 
particulière.  La  rupture  des  conduits  non  plus  que  les  érosions  de 
leur  surface  interne  ne  doivent  être  attribuées  à  la  succion  opérée 
par  les  lombrics  ;  elles  dépendent  de  l'obstacle  apporté  au  cours  de 
la  bile  ou  bien  de  l'irritation  causée  par  ces  corps  étrangers. 

Lorsque  les  vers  ont  pénétré  profondément  dans  les  voies  biliaires 
ou  dans  le  parenchyme  du  foie,  ils  déterminent  l'inflammation  et  la 
suppuration  des  parties.  Dans  quelques  cas  le  pus  s'écoule  par  le 
conduit  biliaire  dilaté  ;  dans  d'autres,  lorsque  le  foyer  ne  commu- 
nique pas  largement  ou  directement  avec  le  conduit,  le  pus  est  re- 
tenu, et,  au  lieu  d'une  cavité  vide  et  érodée,  on  trouve  en  rapport 
avec  le  lombric  une  véritable  collection  purulente.  Parfois  les  foyers 
sont  multiples,  comme  ilaarrive  assez  fréquemment  dans  les  suppu- 
rations du  foie  ;  ces  collections  purulentes  communiquent  entre  elles 
ou  sont  indépendantes  les  unes  des  autres,  disséminées  dans  l'organe 
hépatique  ;  elles  peuvent  devenir  considérables  et  s'étendre  vers  le 
poumon  où  elles  entrent  en  communication  soit  avec  la  plèvre,  soit 
avec  les  bronches.  Il  se  peut  même  qu'un  tel  abcès  s'ouvre  au  dehors, 
à  l'épigastre  ou  dans  l'hypochondre  droit,  et  donne  issue  à  des  lom- 
brics dont  le  trajet  à  travers  l'organe  hépatique  ne  pourrait  être 
soupçonné,  s'il  n'y  avait  en  même  temps  un  écoulement  de  bile  par 
la  plaie. 

Quelles  sont  les  causes  ou  les  conditions  qui  déterminent  l'enva- 

vers  qui  avaient  percé  plusieurs  endroits  des  intestins  ;  l'estomac  en  avait  trois 
cicatrices,  et  le  foie,  le  diaphragme,  en  étaient  tout  rongés  (ouvr.  cit.,  p.  392). 

Dans  une  observation  intitulée  :  Ver  nourri  dans  le  foie  d'une  femme  dont  il 
causa  la  mort,  il  s'agit  évidemment  d'un  cancer  du  foie  ouvert  dans  l'intestin.  Un 
lombric  expulsé  avec  les  selles,  quarante-huit  heures  avant  la  mort,  provenait,  dit- 
on,  du  foie  (Journ.  de  méd.  chir.,  etc.,  1759,  t.  II,  p.  303). 

Enfin,  dans  une  observation  de  Godot,  il  s'agit  d'un  abcès  situé  à  la  région 
épigastrique  qui  donna  issue  à  plusieurs  lombrics,  et  dans  lequel  le  petit  lobe  du 
foie  était  intéressé  (Même  journ.,  t,  XL,  p.  145). 


17/i  AFFECTIONS   VEIIMINEUS1CS   DES   VOIES   DICKSTIVKS 

hissement  des  canaux  biliaires  par  les  lombrics  '.  Il  est  à  présumer, 
que  les  causes  principales  sont  toutes  celles  qui  déterminent  une  dilata- 
tion de  ces  canaux  ;  telle  pourrait  être  l'issue  de  quelque  calcul  biliaire 
dans  l'intestin.  Nous  avons  vu,  en  effet,  dans  deux  cas  (VIII,  XX) 
la  coexistence  de  l'affection  calculeuse  du  foie  avec  les  ascarides  lom- 
bricoïdes;  dans  un  autre  cas  (XXXVII),  un  de  ces  vers  avait  pénétré 
jusque  dans  un  kyste  hydatique  ;  or,  nous  verrons  que  lorsqu'un  kyste 
de  cette  nature  entre  en  communication  avec  un  conduit  biliaire,  les 
bydatides  peuvent  s'engager  dans  ce  conduit,  puis,  cheminant  comme 
des  calculs  par  l'élargissement  progressif  du  canal,  elles  arrivent  enfin 
dans  l'intestin.  Dans  le  cas  de  Rœderer  et  Wagler  (XXXVII),  le 
kyste  était  en  communication  avec  les  conduits  biliaires,  la  bile  même 
y  avait  pénétré  ;  d'un  autre  côté  le  conduit  hépatique  était  ample. 
N'est-il  pas  présumable  que  quelques-unes  des  plus  petites  hyda- 
tides  s'étaient  engagées  dans  ces  conduits,  les  avaient  dilatés  et  que 
le  ver,  trouvant  leur  orifice  béant,  s'y  était  engagé  î  Les  cas  rapportés 
ci-dessus  donnent  environ  la  proportion  de  trois  individus  âgés  de 
plus  de  quinze  ans  pour  un  au-dessous  de  cet  âge  (1)  ;  or,  si  l'on  con- 
sidère que  les  accidents  occasionnés  par  les  lombrics  sont  générale- 
ment beaucoup  plus  fréquents  chez  les  enfants  que  chez  les  adultes, 
on  devra  chercher  la  raison  de  la  différence  que  nous  signalons  ici, 
dans  quelque  condition  anatomique  ou  pathologique  des  voies  biliaires 
aux  différents  âges.  Nous  n'en  voyons  point  d'autre  que  la  rareté 
des  affections  des  voies  biliaires  dans  l'enfance  et  surtout  celle  de 
l'affection  calculeuse. 

Les  symptômes  produits  par  la  présence  des  lombrics  dans  les 
conduits  biliaires  sont  très  variables  ;  dans  aucun  des  cas  connus  la 
présence  des  lombrics  n'a  été  soupçonnée  ;  dans  la  plupart  même, 
l'affection  du  foie  est  passée  inaperçue.  Les  phénomènes  les  plus 
appréciables  et  les  plus  fréquents  ont  été  ceux  de  l'hépatite;  ils  ont 
consisté  dans  la  fièvre,  dans  une  douleur  plus  ou  moins  vive  à  l'hy- 
pochondre,  l'ictère,  des  convulsions,  des  vomissements,  la  diarrhée, 
phénomènes  qui,  dans  quelques  cas,  étaient  permanents  et  qui,  dans 
d'autres,  revenaient  par  accès. 

L'introduction  des  lombrics  dans  les  voies  biliaires  est  probable- 

(1)  Les  cas,  rapportés  ci-dessus,  clans  lesquels  l'âge  a  été  exprimé,  ou  ceux  dans 
lesquels  on  peut  le  déduire  de  quelque  circonstance  du  fait,  sont  au  nombre  de 
vingt  et  un  pour  des  individus  adultes  ou  âgés  de  quinze  ans  et  au-dessus,  et  de 
huit  pour  les  individus  âgés  de  moins  de  quinze  ans. 


CHEZ  L'HOMME.   —  LOMBRICS  ERRATIQUES.  17f> 

ment  toujours  un  accident  grave;  une  fois  entrés  clans  ces  voies, 
les  lombrics  n'en  peuvent,  sans  doute,  plus  sortir,  en  exceptant 
cependant  ceux  de  la  vésicule  qui  pourraient,  peut-être,  retrouver 
l'orifice  du  conduit  cystique  et  reprendre  le  chemin  de  l'intestin. 

Un  cas  de  guérison  d'un  ictère,  occasionné  par  l'introduction  d'un 
lombric  dans  le  méat  cholédoque,  a  été  publié  dernièrement;  mais 
en  l'absence  d'un  signe  plus. ou  moins  certain,  plus  ou  moins  pro- 
bable de  cette  introduction,  on  ne  peut  regarder  un  ictère  qui  dis- 
paraît rapidement  après  l'expulsion  par  la  bouche  ou  par  l'anus  d'un 
ascaride  lombricoïde,  comme  étant  le  fait  de  ce  lombric;  aussi, 
nous  considérons  comme  fait  incertain  le  cas  observé  par  le  doc- 
teur Schloss  (1). 


CHAPITRE  V. 

MIGRATION  PAR  DES  VOIES  ACCIDENTELLES.  —  QUESTION  DES  PERFORATIONS. 

Les  ascarides  lombricoïdes  renfermés  dans  le  tube  digestif  peu- 
vent encore  en  sortir  par  des  voies  accidentelles,  soit  qu'une  destruc- 
tion gangreneuse  d'une  portion  de  l'intestin,  soit  qu'une  ulcération 
simple,  tuberculeuse  ou  de  toute  autre  nature  leur  offre  une  issue, 
soit  qu'ils  aient  eux-mêmes  pratiqué  cette  issue  par  la  pression  de 
leur  extrémité  céphalique  sur  une  partie  ramollie,  amincie  ou  bien 
ulcérée  des  parois  du  tube  digestif. 

Au  sortir  de  l'intestin,  les  lombrics  arrivent  dans  la  cavité  du  péri- 
toine, dans  l'un  des  organes  du  ventre,  comme  la  vessie,  dans  l'épais- 
seur des  parois  abdominales  ou  dans  une  cavité  accidentelle  ;  enfin 
ils  arrivent  directement  au  dehors,  si  la  perforation  de  l'intestin  com- 
munique avec  une  fistule  ouverte  à  l'extérieur. 

La  migration  des  ascarides  lombricoïdes  à  travers  les  parois  abdo- 
minales a  été  connue  de  tout  temps.  Hippocrate  rapporte  le  fait  sui- 
vant :  «  Abderee  Dinii  puero  ad  umbilicum  mediocriter  pertuso,  fistula 
»  parva  relicta  est  interdumque  lumbricus  crassus  per  se  pervasit; 
>»  cumque  febricitaret  (ut  aiebat)  biliosa  quôd  et  ipsa  hac  prodibant. 
»  Huic  intestinuminfistulamprolapsum  est,  ac  velut  fistula  corrode- 

(1)  Schloss,  Ictère  paraissant  symptomatique  de  la  présence  d'un  ascaride  lom- 
bricoïde dans  les  voies  biliaires  (Bull.  Soc.  anal.,  ann.  XXXI.  Paris,  1856,  p.  361). 


17G  AFFECTIONS  VERM1NEUSES  DliS  VOIES  DiGESTIVES 

»  batur  rursùsque  disrumpebatur,  tussiculœ  que  intus  permanere  non 

>•  sinebant  (1).  » 

On  ne  voit  pas  que  l'auteur  du  septième  livre  des  épidémies  ait 
attribué  la  perforation  intestinale  ù  l'action  des  vers.  Ce  cas  a  été 
néanmoins  cité  généralement  comme  un  exemple  de  vers  effvacicurs 
Uumbricieffractores);  c'est  ainsi  qu'on  appelait  les  vers,  qui,  sortant 
à  travers  les  parois  de  l'abdomen,  étaient  supposés  avoir  perforé  ces 
parois.  Dans  des  cas  semblables,  la  plupart  des  auteurs  des  siècles 
passés  ne  concevaient  à  cet  égard  aucun  doute:  «  Maître  Pierre 
»  Barque,  dit  Ambroise  Paré,  et  Claude  Legrand,  demeurant  à  Ver- 
»  dun,  naguères  m'ont  affirmé  avoir  pansé  la  femme  d'un  nomméGras 
»  Bonnet,  à  Verdun,  laquelle  avait  une  apostème  au  ventre,  de  la- 
»  quelle  ouverte  sortit  avec  le  plus  grand  nombre  devers,  gros  comme 
»  les  doigts,  ayant  la  tête  aiguë,  lesquels  lui  avaient  rongé  les  intes- 
»  tins;  en  sorte  qu'elle  fut  longtemps  qu'elle  jetait  les  excréments 
n  fécaux  par  l'ulcère  et  à  présent  est  du  tout  guarie  (2).  » 

Beaucoup  d'auteurs  rapportent  sans  plus  de  critique,  des  cas  où 
la  perforation,  attribuée  à  l'action  des  lombrics,  a  été  précédée  de 
hernie  étranglée,  de  contusion  violente  de  l'abdomen,  d'abcès  ouvert 
depuis  longtemps,  etc.  Paul  d'Égine,  Alexandre  de  Tralles,  Avi- 
cenne,  Spigel,  Andry,  Van-Dœveren,  etc.,  avec  la  plupart  de  leurs 
contemporains,  ont  admis  sans  conteste  l'interprétation  erronée  de 
faits  semblables.  Félix  Plater  toutefois,  au  ccmmencement  du 
xvne  siècle,  Bianchi  clans  le  xvme,  ont  exprimé  leur  dissentiment  à 
cet  égard;  mais  c'est  aux  efforts  de  Wichmann  que  cette  question, 
comme  plusieurs  autres  de  pathologie  vermineuse,  doit  d'avoir  été 
plus  généralement  soumise  à  une  saine  critique. 

Félix  Plater,  parmi  plusieurs  raisons  moins  bonnes,  dit,  que  les 
lombrics  ne  sont  pas  munis  d'instruments  perforants.  Cet  argument 
est  reproduit  par  Bianchi  (3).  La  connaissance  que  nous  avons  aujour- 
d'hui de  l'organisation  des  entozoaires  a  confirmé  cette  assertion.  En 
effet,  quoique  les  trois  valves  qui  terminent  la  tête  de  l'ascaride  lombri- 
coïde  soient  munies  d'un  appareil  corné  et  de  dents  aiguës,  les  parties 
tranchantes  de  cet  appareil  ne  peuvent  agir  que  sur  des  substances 

(1)  Hippocrate,  De  morbis  vulgaribus,  edenle  Foes,  sect.  VII,  Iib.  VII,  §  127, 
p.  1239. 

(2)  Amb.  Paré,  Œuvres  complètes,  nouv.  édition,  par  J.  F.  Malgaigne.  Paris, 
1841,  t.  III,  p.  37. 

(3)  J.-B.  Bianchi,  De  nat.  in  hum.  corp.  viliosa  morbosaque  generatione  hhl. 
AugustœTaurinorum,  1749,  pars  III,  p.  353. 


CHEZ  L'HOMME.    —   LOMBHIGS  ERRATIQUES.  177 

introduites  entre  les  valves  et  nullement  sur  des  parties  situées  en 
avant. 

Wichmann,  étudiant  les  prétendues  lésions  opérées  par  les  lom- 
brics, établit  qu'elles  se  présentent  semblables  dans  bien  des  cas  où 
l'absence  de  vers  ne  permet  pas  de  les  leur  attribuer  (1). 

Rudolphi  s'occupa  de  la  question  d'une  manière  plus  approfondie. 
Aux  raisons  donnés  ci-dessus,  le  célèbre  helminthologiste  ajouta  les 
arguments  suivants  :  1°  Il  n'a  jamais  vu  d'ascarides  fixés  aux  parois 
intestinales;  2° dans  plusieurs  cas  de  perforations  attribuées  aux  vers, 
les  ouvertures  étaient  tellement  larges  que  ni  le  ténia,  ni  les  ascarides 
n'eussent  pu  les  produire;  3°  souvent  les  perforations  ont  été  précé- 
dées d'une  hernie  ;  4°  dans  des  cas  fréquents  où  des  vers  existaient 
en  nombre  extrêmement  considérable,  on  a  trouvé,  à  l'autopsie,  les 
parois  de  l'intestin  parfaitement  intactes;  tandis  qu'au  contraire 
dans  les  cas  de  perforation  attribuée  aux  vers,  ces  animaux  étaient 
le  plus  souvent  peu  nombreux;  5°  les  lombrics  ayant  pour  séjour 
ordinaire  l'intestin  grêle,  le  siège  presque  exclusif  des  perforations 
devrait  être  cet  intestin;  or,  dans  beaucoup  de  cas,  les  perforations 
existaient  dans  d'autres  parties  du  tube  digestif;  6°  si  les  vers  sortent 
par  l'ouverture  qu'ils  ont  eux-mêmes  pratiquée,  pourquoi  le  plus  sou- 
vent les  voit-on  sortir  plusieurs  successivement  par  le  même  trou  [2)1 

Personne  ne  croit  plus  aujourd'hui  que  les  lombrics  déterminent 
la  gangrène,  ou  pratiquent  de  larges  perforations  dans  l'intestin; 
toutefois,  beaucoup  de  médecins  admettent  encore  que  ces  vers  peu- 
vent s'insinuer  entre  les  fibres  des  parois  du  tube  digestif  et  les 
traverser,  ou  qu'ils  les  ulcèrent  par  leur  contact  prolongé.  Ils 
adoptent  en  ceci  les  théories  de  Mondière,  médecin  de  Loudun,  qui 
s'est  efforcé  de  les  établir  sur  des  raisonnements  et  sur  des  faits  (3). 

(i)  Wichmann,  loc.cit.,p.  85,  d'après  Rudolphi,  1. 1,  p.  432,etRud.,t.  t,  p. 160. 

(2)  Rudolphi,  Hisl.  nat.cit.,  t.  I,  p.  429. 

Bremser,  Scoutetten,  Cruveilhier,  J.  Cloquet,  etc.,  ont  adopté  l'opinion  de 
Rudolphi.  P.  Frank  dit  que  pendant  cinquante-quatre  ans  de  pratique,  ayant 
ouvert  plusieurs  milliers  de  cadavres,  il  n'a  pas  rencontré  de  perforation  qu'on  pût 
avec  raison  attribuer  aux  vers  (t.  V,  p.  369).  Léon  Dufour  a  trouvé  dans  l'obser- 
vation des  malades,  dans  l'examen  anatomique  des  lombrics,  dans  la  recherche  de 
ces  vers  chez  le  porc,  des  raisons  de  ne  pas  admettre  la  perforation  pratiquée  par 
les  vers  (Journ.  Sédillot,  t.  XCII,  p.  332, 1825).  Guersant  père  n'a  jamais  vu  de 
lombrics  dans  la  cavité  abdominale  chez  des  individus  dont  l'intestin  était  sain 
(Dict.  rnéd.,  t.  XXI,  p.  247). 

(3)  J.-B.  Mondière,  Recherches  pour  servir  à  l'histoire  de  la  perforation  des 

davawe,  13 


17K  AM'KCTIONS  VERMINÉUSEà  DES  Vous   DICMSTIMs 

I.  Examinons  d'abord  les  raisonnements: 

Mondière,  admettant  que  les  lombrics  pratiquent  la  perforation  par 
le  simple  écartement  des  fibres  de  l'intestin,  et  développant  une  asser- 
tion de  DeBlainville  (1),  compare  le  mécanisme  par  lequel  le  lombric 
accomplit  son  passage  à  travers  les  tissus  à  celui  du  ver  de  terre 
s'enfonçant  dans  le  sol.  Mais,  c'est  à  tort  que  ces  auteurs  ont  assi- 
milé les  mouvements  et  1  <iction  des  ascarides  à  ceux  du  lombric  ter- 
restre: l'ascaride  avance  par  des  mouvements  de  flexion  et  de  redres- 
sement, et  non  par  l'allongement  et  la  rétraction  successifs  des 
diverses  parties  de  son  corps,  comme  le  fait  le  ver  de  terre  ;  sa  tête  ne 
peut  s'effiler  comme  celle  de  ce  dernier  animal  \  elle  n'est  point  sus- 
ceptible d'un  mouvement  de  vrille  ;  elle  ne  peut  donc  s'insinuer 
entre  les  fibres  des  tissus,  après  avoir  pris,  comme  on  l'a  dit,  la  forme 
d'une  pointe  acérée  et  résistante.  Ces  assertions  n'eussent  point  été 
avancées,  si,  au  lieu  d'examiner  la  progression  d'un  ver  de  terre, 
on  eût  examiné  celle  d'un  ascaride. 

La  perforation  de  l'intestin  par  le  simple  refoulement  des  fibres  de 
ses  parois  ayant  été  admise,  on.  a  conclu  que  ces  fibres,  après  le  pas- 
sage de  l'entozoaire,  reviennent  sur  elles-mêmes  par  leur  élasticité 
et  leur  contractilité  propres  et  ferment  l'ouverture  laissée  parle  lom- 
bric ;  c'est  de  cette  manière  que  Mondière  explique  l'absence  de 
perforation  de  l'intestin  dans  certains  cas  où  l'on  ne  peut  nier  qu'elle 
n'ait  existé  à  un  moment  donné;  en  outre,  par  une  sorte  de  cercle 
vicieux,  l'absence  de  la  perforation  de  l'intestin  dans  ces  cas,  fournit 
au  même  auteur  la  preuve  que  l'ouverture  de  sortie  a  été  pratiquée 
par  l'action  même  du  ver,  car  autrement  elle  ne  se  fût  pas  fermée 
aussi  facilement. 

Si,  dans  les  faits  rapportés  par  Mondière  à  l'appui  de  son  opi- 
nion, on  n'a  point  trouvé  l'ouverture  qui  avait  livré  passage  aux  asca- 
rides, c'est  que,  sans  doute,  entre  le  moment  où  la  perforation  s'est 
opérée  et  celui  où  l'on  en  a  fait  la  recherche,  il  s'est  écoulé  un  espace 
de  temps  assez  long  pour  permettre  à  l'ulcération  de  se  cicatriser,  ou 
bien  c'est  que  cette  recherche,  faite  généralement  sur  un  individu 
vivant  et  sensible,  n'a  pu  être  complète  (2). 

intestins  par  les  vers  ascarides  et  des  tumeurs  vermineuses  des  parois  abdominales 
{V Expérience.  Paris,  1838,  t.  II,  p.  65). 

(1)  De  Blainville,  Appendice  à  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  537. 

(2)  Nous  donnons  ci-après  l'analyse  des  observations  rapportées  par  Mondière 
comme  des  exemples  de  perforations  pratiquées  activement  par  des  vers,  ce  sont': 
une  observation  de  Hufeland  (voy.  Vers  dans  le  péritoine,  p.  182,  cas  III),  une 


CHEZ  L'HOMME.    —   LOMBRICS  ERRATIQUES.  17*) 

Pour  expliquer  la  formation  de  certains  abcès  vermineux  des 
parois  de  l'abdomen,  le  même  auteur  a  supposé  que  •>  des  vers,  agglo- 
mérés en  nombre  plus,  ou  moins  grand,  séjournent  dans  un  point 
limité  des  intestins,  le  dilatent,  l'enflamment,,  lui  font  contracter  des 
adhérences  avec  les  parois  abdominales  auxquelles  se  propage  l'in- 
flammation, qui  se  termine  par  la  formation  d'un  abcès  qui  s'ouvre  au 
dehors  au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long  (1).»I1  ne  s'agit  plus  de  la 
perforation  active  des  intestins  par  les  lombrics  ;  ces  vers  agissent  ici 
passivement.  Ce  mode  de  perforation  est  une  simple  hypothèse,  qui 
n'est  basée  sur  aucune  observation  anatomique.  Pour  admettre  cette 
explication,  il  faut  admettre  aussi  que  des  ascarides  réunis  en  peloton 
séjournent  dans  le  même  point  de  l'intestin  pendant  un  temps  très 
long,  car  nous  avons  vu  que  leur  contact,  même  quand  ils  sont  accu- 
mulés en  grand  nombre,  est  compatible  avec  l'intégrité  du  tube 
digestif;  or,  pour  déterminer  l'inflammation  des  membranes  de  l'in- 
testin, l'adhésion  de  la  tunique  séreuse  aux  parois  abdominales,  et 
finalement  l'ulcération,  il  faudrait  que  ce  contact  se  prolongeât  pen- 
dant un  assez  grand  nombre  de  jours.  Des  ascarides  vivants  res- 
teraient-ils tout  ce  long  espace  de  temps  sans  se  déplacer  sponta- 
nément1? Vivants  ou  morts,  ne  seraient-ils  pas  déplacés  et  chassés 
par  les  contractions  de  l'intestin?  Dans  tous  les  cas  leur  présence  ne 
produirait  point  d'autres  effets,  sans  doute,  que  ceux  qui  résultent  de 
l'aecumulation  des  fèces. 

Les  observations  que  Mondière  a  rassemblées  et  rapportées  à 
l'appui  de  son  opinion  sur  la  formation  des  tumeurs  vermineuses  par 
l'accumulation  des  ascarides  lombricoïdes  dans  un  point  du  tube  di- 
gestif, ne  prouvent  nullement  que  les  choses  se  soient  passées  comme 
ill'a  supposé  (2).  Des  faits  nouveaux,  observés  sanssystèmepréconçu, 
des  recherches  nécroscopiques  surtout,  mais  non  des  suppositions 
et  des  hypothèses,  apporteront  des  lumières  dans  cette  question. 

IL   Voyons  maintenant  les  faits. 

Les  cas  de  perforation  intestinale  attribuée  à  l'ascaride  lombri- 
coïde  se  présentent  dans  deux  conditions  principales  : 

autre  de  Velpeau  (voy.  Vers  sortis  par  un  alcès  par  congestion,  chap.  vu,  p.  204, 
cas  VI),  et  six  cas  de  tumeurs  vermineuses  (voy.  catég.  I,  p.  195  et  suiv.,  cas  IV, 
V,  VII,  VIII,  IX,  X). 

(1)  Mondière,  Mém.cit.,  p.  71. 

(2)  Nous  donnons  ci-après  1'aDalyse  de  ces  observations,  qui  sont  les  cas  XI, 
XII  de  la  catég.  I,  p.  196  et  suiv.;  X,  XII,  XV,  XXXI,  XXXII,  XXXIII,  XXXVII, 
de  la  catég.  II,  p.  199  et  suiv.,  et  le  cas  III  de  ténia  erratique,  p.  114. 


180  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES  VO/LS  DIGESTIVF.S 

1°  Les  vers,  ayant  traversé  l'intestin,  sont  tombés  dans  la  cavité 

péritonéale  ; 

2°  Ces  animaux,  ayant  traversé  l'intestin  et  la  paroi  abdominale, 

sont  arrivés  au  dehors. 

§  I.  —  fers  dnns  la  cavité  du  péritoine. 

L'intestin  grêle,  à  l'état  sain,  flotte  librement  dans  le  ventre  ;  tout 
ascaride  qui  le  traverse  arrive  donc  nécessairement  dans  le  péritoine; 
il  en  est  de  même  pour  toute  la  portion  de  l'estomac  et  du  gros  in- 
testin que  revêt  la  membrane  séreuse.  Des  accidents  de  péritonite  et 
une  mort  rapide  suivront  un  tel  accident.  Lorsqu'on  n'aura  pas  re- 
connu, pendant  la  vie,  les  symptômes  de  là  péritonite,  ou,  à  l'au- 
topsie, les  caractères  anatomiques  de  cette  affection,  on  devra 
conclure  que  l'arrivée  de  l'ascaride  lombricoïde  dans  la  cavité 
abdominale  s'est  faite  après  la  mort.  C'est  suivant  ces  vues  que  nous 
allons  examiner  les  faits  rapportés  par  les  auteurs. 

A.  —  Absence  de  péritonite. 

I"  Cas  (Jules  Cloquet).  —  Perforation  de  Vinleslin  grêle. 

«  J'ai  rencontré  plusieurs  ascarides  lombricoïdes  dans  la  cavité  du  péri- 
toine d'une  jeune  fille,  âgée  de  dix  ans,  qui  mourut  à  l'hôpital  des  Enfants, 
vers  la  fin  de  l'année  4  81  3,  à  la  suite  d'une  fièvre  muqueuse.  La  membrane 
interne  des  intestins  était  couverte  d'ulcérations  arrondies,  grisâtres,  qui 
avaient  dans  quelques  endroits  détruit  toutes  les  tuniques.  Un  lombric  fort 
volumineux  était  engagé  et  comme  retenu  par  le  milieu  du  corps  dans  une 
des  perforations  de  l'iléon  (  I  ).  » 

M.  Cloquet  n'attribue  pas  les  ulcérations  nombreuses  ni  les  perfo- 
rations à  l'action  des  lombrics.  Nous  ne  rapportons  ce  fait  que  pour 
n'en  omettre  aucun;  il  nous  fournit,  d'ailleurs,  l'occasion  de  donner 
quelques  explications  sur  des  circonstances  qui  se  présenteront 
encore  dans  plusieurs  cas. 

Malgré  la  présence  des  vers  dans  le  péritoine,  il  n'y  avait  pas  de 
péritonite,  car,  à  défaut  des  symptômes  de  cette  affection  qu'il  n'a 
peut-être  pas  été  à  même  d'observer,  M.  Cloquet  en  eût  reconnu  les 
lésions  anatomiques,  et  n'eût  pas  omis  d'en  faire  mention.  Si  l'on 
n'admet  pas  que  les  ascarides  sont  arrivés  dans  le  péritoine  après 
la  mort,  on  doit  admettre  qu'ils  y  sont  arrivés  fort  peu  de  temps 

(1)  J.  Cloquet,  Anat.  des  vers  intest,  Paris,  1824,  p.  G. 


CHEZ  L'HOMME.    —    LOMBRICS  ERRATIQUES.  181 

avant;  en  effet,  on  saitavec  quelle  rapidité  se  forment  les  adhérences 
du  péritoine  et  se  produit  l'épanchement  purulent  lorsqu'une  perfo- 
ration donne  issue  aux  matières  intestinales.  Tous  ces  vers  sont 
donc  sortis  de  l'intestin  peu  d'heures  avant  la  mort  du  malade, 
c'est-à-dire  dans  un  intervalle  de  temps  très  court  et  presque  simul- 
tanément; cependant,  les  ulcérations  arrondies,  grisâtres,  qui 
avaient  dans  quelques  endroits  détruit  toutes  les  tuniques,  ne  se 
sont  point  formées  aussi  tardivement  ;  elles  offraient  depuis  long- 
temps, sans  doute,  aux  lombrics  une  issue  dans  laquelle  quelques- 
uns  eussent  pu  s'engager  bien  avant  les  autres,  et  donner  lieu  à  la 
péritonite.  D'un  autre  côté,  la  présence  de  l'ascaride  lombricoïde 
dans  le  péritoine  est  un  fait  très  rare,  puisque  nous  n'en  connaissons 
que  quinze  exemples,  et  néanmoins  l'on  voit  ici  plusieurs  de  ces  ani- 
maux dans  cette  condition  chez  un  individu.  Pourquoi  cette  migration 
de  plusieurs  ascarides  à  la  fois,  dans  un  moment  donné  et  par  une 
sorte  d'accord  unanime  \  Il  faut  que  la  cause  qui  les  a  portés  à  quitter 
l'intestin,  ait  agi  sur  tous  au  même  instant,  à  une  époque  très  voi- 
sine de  la  mort,  si  ce  n'est  pas  après;  cette  cause  que  peut-elle  être, 
sinon  la  mort  même  du  malade,  le  refroidissement  du  cadavre'? 

Les  vers,  fuyant  des  organes  qui  ne  leur  offraient  plus  de  condi- 
tions d'existence,  se  sont  engagés  dans  les  perforations  ou  peut-être 
dans  les  ulcérations  qu'ils  ont  achevées  ;  l'un  des  ascarides  retenu 
dans  une  perforation  qu'il  n'avait  pu  franchir,  témoigne  assez  qu'il 
s'y  était  engagé  lorsqu'il  était  déjà  languissant  et  mourant. 

Ainsi  s'expliquent  la  présence  simultanée  de  plusieurs  vers  dans 
le  péritoine  et  l'absence  de  péritonite. 

IIe  Cas  (Van  Doeveren).  —  Perforation  de  l'intestin  grêle. 

Van  Doeveren  attribue  à  l'action  des  lombrics  les  perforations  qu'il  ren- 
contra chez  un  enfant  dont  il  fit  l'autopsie  en  1752,  et  sur  la  maladie  duquel 
il  n'eut  point  de  renseignements.  Il  s'agit  d'un  enfant  de  deux  ans  apporté  à 
l'amphithéâtre  pour  des  études  anatomiques.  On  trouva,  après  avoir  ouvert 
le  ventre,  deux  lombrics  enlacés,  dont  l'un  était  dans  la  cavité  du  ventre  et 
l'autre,  aux  deux  tiers  seulement  dans  cette  cavité,  avait  le  reste  du  corps 
engagé  dans  une  ouverture  de  l'intestin  grêle  qui  leur  avait  donné  passage. 
Par  une  seconde  perforation,  située  à  deux  pieds  de  la  précédente,  sortait  d'en~ 
viron  trois  pouces  l'une  des  extrémités  d'un  lombric  dont  l'autre  extrémité  était 
engagée  dans  une  troisième  perforation  ;  enfin  ,  une  quatrième  ouverture  con- 
tenait encore  un  autre  ver  (1  ) . 

(1)  Vau  Doeveren,  ouvr.  cit.,  p.  283, 


1N2  UIKCHOIVS   VJiRMINEUSIiS   1JKS   VOIES   DIGKS'JllVKS 

III'' Cas  ( ?).  —  Perforation  de  l'intestin  grêle. 

On  trouve  dans  le  Journal  d'JIufeland  le  cas  suivant  : 

«  Une  jeune  fille,  âgée  de  douze  ans,  meurt  hydropique  et  au  dernier  degré 
de  lu  diathèse  scrofuleuse.  Les  intestins  grêles  étaient  perforés  en  cinq  ou  six 
endroits  différents,  et  par  ces  petites  plaies  on  voyait  pendre  autant  de  vers; 
d'autres  encore  furent  trouvés  dans  la  cavité  abdominale  môme,  au  milieu  de 
la  sérosité  épanchée.  Les  orifices  étaient  ronds  et  répondaient  entièrement  à 
la  grosseur  de  ces  vers.  Il  n'y  avait  pas  à  penser  à  une  lésion  de  l'intestin  par 
le  scalpel  ;  de  plus,  l'intestin  n'était  ni  gangrené  ni  aminci ,  mais  plutôt 
épaissi  (1).  » 

Voilà  deux  cas  dans  lesquels  plusieurs  vers  se  déterminent  à  la  fois 
à  perforer  l'intestin.  Dans  le  premier,  l'observateur  a  pu  croire  qu'un 
lombric  avait  perforé  les  parois  par  les  deux  extrémités  de  son  corps  (2) . 
L'auteur  de  la  seconde  observation  n'y  met  pas  plus  de  critique  ;  car 
il  est  assez  clair  que  chez  cet  enfant,  mort  dans  le  dernier  degré  de 
la  diathèse  scrofuleuse,  les  vers  sont  sortis  par  des  ulcérations 
tuberculeuses,  et  la  situation  de  quelques-uns  des  ascarides, 
engagés  encore  dans  les  perforations  intestinales,  montre  suffi- 
samment qu'ils  s'y  étaient  introduits  lorsqu'ils  étaient  déjà  mou- 
rants. 

IVe  et  Ve  Cas  (Gaultier  de  Claubrt).  —  Perforation  de  l'estomac. 

Une  jeune  fille  fut  surprise  de  convulsions  et  succomba  le  sixième  jour. 
«  A  l'ouverture  du  cadavre,  M.  Gaultier  trouva  dans  l'abdomen  distendu  onze 
vers  fort  gros  et  très  longs  couchés  sur  la  masse  intestinale.  L'estomac  était 
percé  de  trous,  au  travers  desquels  avaient  passé  ces  vers;  plusieurs  y  étaient 
encore  engagés  à  moitié.  Ce  viscère,  incisé,  en  offrit  dans  son  intérieur  cin- 
quante-deux autres.  Les  intestins  n'en  contenaient  que  deux. 

»  Chez  un  autre  enfant,  qui  succomba  le  septième  jour  d'une  affection 
semblable,  M.  Gaultier  trouva  :  1°  une  grande  quantité  de  sérosité  épanchée 
dans  le  cerveau  et  dans  les  ventricules  ;  2°  des  vers  lombrics  disposés  çà  et 
là  sur  la  masse  intestinale.  L'estomac  était  lardé  de  vers;  les  uns  étaient  à 
moitié  sortis,  les  autres  commençaient  à  le  faire  ou  étaient  près  de  sortir 

(1)  Hufelaud,  Joum.  der  pract.  Heilkunde,  1334,  et  Gaz.  méd.  de  Paris,  1834, 
p.  489. 

(2)  Voici  une  nouvelle  preuve  de  la  facilité  avec  laquelle  les  faits  les  plus 
absurdes  out  été  admis  :  «  M.  Antouucci,  professeur  de  clinique  à  Naples,  dit  le  doc- 
teur Lini,  rencontra  une  fois,  à  l'autopsie  d'un  homme  mort  à  l'hôpital  des  Incu- 
rables, l'intestin  grêle  percé  sur  six  points  par  trois  lombrics,  qui,  sortis  dé  ce  tube 
par  trois  points  différents,  y  étaient  rentrés  par  trois  autres  perforations  distinctes 
qu'ils  y  avaient  faites.  »  (Il  Filiatre  sebezioyi831,  cité  ci-après.) 


CHEZ  L'HOMME.  —  LOMBRICS  ERRATIQUES.         183 

entièrement.  En  tout,  il  y  en  avait  vingt-sept  en  cet  état,  c'est-à-dire  engagés 
dans  ies  parois  de  l'estomac,  et  trente-six  sur  les  intestins.  L'estomac,  dur 
et  volumineux,  fut  ensuite  ouvert;  il  contenait  encore  une  masse  de  vers 
lombricoïdes  (1).  » 

Est-il  besoin  de  signaler  dans  ces  deux  cas  l'absence  de  périto- 
nite, la  multiplicité  des  perforations,  le  nombre  des  vers  sortis  \  Qui 
donc,  en  y  réfléchissant,  croira  que  les  vers  ont  perforé  l'estomac? 
Et  cependant  ces  deux  faits  sont  cités  partout  comme  des  exemples 
irrécusables  de  perforations  opérées  par  les  lombrics.  Nouveau  témoi- 
gnage de  la  légèreté  quia  été  généralement  apportée  dans  l'examen 
de  la  question. 

A  l'appui  des  observations  de  Gaultier  de  Claubry,  un  médecin 
de  l'hospice  civil  de  Carentan,  s'empressa  de  publier  les  suivantes  qui 
peuvent  être,  en  effet,  rangées  dans  la  même  catégorie. 

VIe  Cas  (Mangon).  — Perforation  de  l'estomac. 

Il  s'agit  d'un  garçon  âgé  de  huit  ans,  scrofuleux,  atteint  depuis  un  mois 
de  diarrhée  et  de  coliques.  Il  mourut  avec  des  symptômes  cérébraux. 

«.  Autopsie.  — Sérosité  très  abondante  dans  les  ventricules,  adhérence  du 
poumon  droit,  tubercule  sans  suppuration  dans  les  deux  poumons.  Vingt-neu/ 
vers  lombrics  morts,  disséminés  sur  la  masse  intestinale,  onze  plus  ou  moins 
près  de  sortir  de  l'estomac,  trente-cinq  dans  ce  viscère  et  dix  dans  l'intestin, 
qui  paraît  n'avoir  été  percé  en  aucun  endroit  (2).  » 

VIP  Cas  (Mangon). — Perforation  de  l'estomac. 
Un  homme  de  cinquante  ans,  sujet  à  la  lienterie,  est  atteint  de  symptômes 
qu'on  rapporte  à  l'iléus.  «  Le  malade  meurt  le  lendemain,  et  l'ouverture  du 
cadavre  dévoile  la  faute  que  nous  avions  commise  :  plus  de  soixante  vers  lom- 
brics étaient  morts  dans  l'estomac,  dont  quinze  près  d'en  sortir  à  travers  ses 
parois  percées  en  cent  endroits  (3).  » 

VIIIe  Cas  (Mangon.)  —  Perforation  de  l'estomac. 
Un  coureur,  âgé  de  trente  ans,  meurt  avec  des  symptômes  cérébraux. 
«  Autopsie.   Abdomen  ballonné ,  couleur  jaune  de  la  masse  intestinale   sur 
laquelle  se  trouvaient  cinq  vers  lombrics  sortis  de  l'estomac  ;  vingt-deux  autres 
sont  contenus  dans  cet  organe  et  quarante-sept  dans  l'intestin  (4).  » 

(1)  Gaultier  de  Claubry  père,  Nouveau  Journ.  de  méd.  chir.,  etc.  Paris,  1818, 
t.  II,  p.  269,  et  Journ.  gén.  de  méd.  chir.,  etc.,  de  Sédillot.  Paris,  1818,  t.  LXIII, 
p.  299:300. 

(2)  Extr.  de  la  correspondance  de  Ml  le  docteur  Mangon,  etc.  [Journ.  gén.  de 
méd.  chir.  Paris,  1819,  t.  LXVII,  p.  74). 

'(3)  Mèm.  cit.,  p.  73. 
(à)  Mém.  cit.,  p.  75. 


18'i  AFFECTIONS  VERMlftEUSES  DES  VOIES  DIGESTIVES 

IX»  Cas  (Fischer).  —  Perforation  du  cœcum. 

Fischer  rapporte  l'observation  d'une  vieille  femme  qui,  par  superstition, 
s'était  privée  de  toute  nourriture  et  de  boisson  pendant  neuf  jours,  et  qui 
avait  succombé  lentement  le  dixième.  Le  cœcum  était  percé  de  deux  ouvertures 
assez  larges,  autour  desquelles  existait  une  inflammation  assez  étendue.  On 
trouva  quatre  ascarides  dans  les  intestins,  un  cinquième  engagé  dans  l'une 
des  perforations  et  un  sixième  dans  la  cavité  du  bassin  (<l). 

On  ne  voit  pas  non  plus  dans  ce  cas  survenir  de  péritonite  (la 
malade  avait  succombé  lentement),  et  l'on  ne  peut  certes  attribuer 
les  larges  perforations  et  l'inflammation  du  cœcum  aux  ascarides 
lombricoïdes. 

Xe  Cas  (Becquerel).  —  Perforation  de  l'appendice  cœcal. 

«  M.  Becquerel  communique  un  cas  d'issue  de  vers  lombrics  dans  la  cavité 
péritonéale  à  travers  une  perforation  de  l'appendice  cœcal  ;  l'enfant  avait 
présenté  quelques  symptômes  de  fièvre  éruptive,  et  était  mort  promptement. 
On  a  trouvé  plusieurs  lombrics  dans  le  péritoine;  un  d'eux  était  passé  par 
l'hiatus  de  Winslow,  dans  l'arrière-cavité  des  épiploons  ;  deux  autres  sont 
restés  comme  étranglés  dans  la  perforation  que  l'on  voit  à  l'extrémité  de  l'ap- 
pendice vermiculaire,  et  ont  empêché  l'épanchement  des  matières  stercorales 
dans  le  péritoine  (2).  » 

Dans  ce  cas,  comme  dans  les  précédents,  il  n'est  pas  question  de 
péritonite  ;  cependant  le  lombric  qui  s'est  trouvé  dans  l'arrière-cavité 
des  épiploons  aurait  pu,  avant  d'y  arriver,  donner  lieu  aux  sym- 
ptômes d'une  péritonite  intense.  Nous  remarquons  encore  ici  la  sortie 
de  plusieurs  lombrics  à  la  fois  et,  en  outre,  l'absence  de  matières 
épanchées  dans  le  péritoine.  Faut- il  attribuer  ce  dernier  fait  à 
l'occlusion  de  la  perforation  par  les  ascarides?  Non,  sans  doute,  car 
plusieurs  vers  l'avaient  traversée  successivement,  et,  dans  l'inter- 
valle, les  matières  eussent  pu  s'échapper  de  l'intestin.  Ce  fait  doit 
être  attribué,  suivant  nous,  à  l'absence,  après  la  mort,  des  contrac- 
tions intestinales  sans  lesquelles  les  matières  ne  pouvaient  s'épan- 
cher au  dehors,  et  sans  lesquelles  les  lombrics  pouvaient  se  porter 
dans  la  cavité  péritonéale.  Quant  à  la  cause  de  la  perforation,  en 
supposant  même  qu'elle  eût  été  le  fait  d'un  ascaride  lombricoïde,  ce 

(t)  Jo.  Fischer,  Tœnice  hydat.  hist.,  1789,  p.  40. 

Laënnec  et  H.  Cloquet  ont,  à  tort,  rapporté  les  vers  aux  oxyures;  c'étaient  des 
lombrics. 

(2)  Becquerel,  Bull.  Soc.  anat.,  août  1841,  p.  169. 


CHEZ   L'HOMME.    —    LOMBRICS  ERRATIQUES.  185 

ver  a  pu  la  déterminer  comme  tout  autre  corps  étranger.  Pour  ne 
citer  qu'un  exemple,  on  trouve  dans  le  recueil,  dans  le  volume  même 
où  l'observation  de  M.  Becquerel  est  consignée,  le  cas  d'un  enfant 
de  quinze  ans,  mort  d'uue  péritonite  déterminée  par  la  perforation 
de  l'appendice  caecal,  perforation  dont  la  cause  était  une  graine 
de  melon  qui  avait  pénétré  dans  cet  appendice  (1). 

B.  —  Cas  avec  péritonite. 

XIe  Cas  (Sédillot).  —  Perforation  des  intestins. 

Un  enfant  de  quatorze  ans  meurt  de  péritonite  (?)  survenue  à  la  suite  de 
l'opération  de  la  taille.  «.(  A  l'ouverture  du  corps,  on  trouva  les  intestins  per- 
forés en  différents  endroits,  et  remplis  d'une  prodigieuse  quantité  de  lombrics 
rougeâtres  rassemblés  par  pelotes;  plusieurs  d'entre  eux  étaient  disséminés 
dans  la  cavité  péritonéale  (2).  » 

XIIe  Cas  (docteur  Chambert).  —  Perforation  de  l'estomac,  péritonite  (?). 

«  Une  petite  fille  de  huit  ans  éprouva  une  indisposition  légère  le  1 9  janvier 
1  842  ;  elle  se  remît  rapidement;  mais  le  30  elle  fut  prise  de  vomissements, 
et  rendit  une  grande  quantité  de  liquide  noirâtre.  L'estomac  ne  pouvait  rien 
garder,  et  l'enfant  mourut  le  jour  suivant  à  cinq  heures  du  matin. 

»  A  l'autopsie,  on  trouva  les  intestins  complètement  recouverts  par  une 
grande  quantité  de  sérosité  sanguinolente,  et  en  l'enlevant,  la  première  chose 
qu'on  découvrit  fut  un  ascaride  lombricoïde  placé  sur  l'épiploon.  En  pour- 
suivant l'examen,  on  découvrit  une  perforation  à  la  face  antérieure  de  l'es- 
tomac, à  environ  deux  pouces  de  son  extrémité  pylorique.  Toute  la  surface 
péritonéale  était  injectée  et  d'un  rouge  vif  (3).  » 

«  L'absence  de  détails  dans  cette  observation,  dit  le  rédacteur  des 
Archives  de  médecine,  empêche  de  déterminer  la  véritable  nature 
de  la  perforation  de  l'estomac,  et  de  décider  si  cette  perforation  a 
été  réellement  produite  par  le  ver.  »  Nous  en  dirons  autant  du  cas 
de  Sédillot  ;  ni  l'un  ni  l'autre  ne  peuvent  fournir  un  argument  en 
faveur  de  l'opinion  qui  attribue  aux  lombrics  la  faculté  de  perforer 
l'intestin. 

XIIIe  Cas  (Dcben).  —  Perforation  de  l'appendice  cœcal. 
«  Un  enfant  de  trois  ans  neuf  mois  est  transporté  à  l'hôpital  le  1 8  février. 

(1)  Bull.  Soc.  anal.,  janv.  1841,  p.  382. 

(2)  Journ.  gén.  deméd.  chir.,  etc.,  de  Sédillot.  Paris,  1817,  t.  LX,p.  18i. 

(3)  Obs.  de  perforation  de  l'estomac  par  un  ver,  dans  Brilisk  and  foreing  med. 
Review,  avril  1842,  et  Aich.  de  méd.  Paris,  1842,  3e  série,  t.  XV,  p.  353. 


tfifi  Mll'.CI  l()\S    VKUMIiNKUSKS    DES    VQIES   DIOESTIVKS 

La  maladie  est  caractérisée  sous  le  nom  du  traohéo-bronchite  chronique.  Il  se 
remit  assez  promplemont,  au  point  qu'il  put  se  lever  vers  la  fin  de  février 

»  Le  4  mars,  il  esl  pris  d'une  fièvre  violente,  avec  douleurs  de  l'abdomen  ; 
les  symptômes  d'une  péritonite  se  développèrent  de  plus  en  plus  les  jours 
suivants,  et  il  mourut  dans  la  soirée  du  7,  dans  un  état  d'épuisement. 

»  On  trouva  des  dépôts  tuberculeux  dans  le  cerveau,  les  poumons  et  Vin- 
testin  grêle.  Le  processus  vermiforme  était  rongé  dans  tout  sou  pourtour  par 
un  ulcère,  et  offrait  une  longue  ouverture.  On  trouva  dans  l'abdomen,  au  mi- 
lieu d'une  exsudation  séro-purulenle ,  quarante-sept  ascarides  de  diverses 
grandeurs  (1).  » 

»  L'auteur  pense,  dit  le  rédacteur  de  la  Gazette  médicale,  que  ce 
sont  les  ascarides  qui  ont  déterminé  la  perforation  de  l'appendice  et 
occasionné  la  perforation.  Nous  croyons  que  la  déchirure  de  l'appen- 
dice a  été  causée  par  l'ulcère  qui  l'entourait,  et  qu'il  en  est  résulté 
une  ouverture  suffisante  pour  livrer  passage  aux  vers.  » 
a   Nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  ces  remarques. 

XIVe  Cas  (Pinnoy).  —  Perforation  du  jéjunum. 

Il  s'agit  d'une  malade  âgée  de  quinze  ans  ;  elle  entra  à  l'hôpital  le  7  jan- 
vier 1856.  «  A  son  entrée,  elle  se  plaignait  de  céphalalgie,  de  douleur  de 
ventre,  d'inappétence  et  de  soif;  elleétait  prise  d'une  fièvre  légère,  qui  aug- 
mentait cependant  un  peu  vers  le  soir;  les  selles  étaient  retardées. 

»  Le  9,  tous  les  symptômes,  qui  auraient  pu  faire  croire  à  une  fièvre  mu- 
queuse commençante,  avaient  cessé.  Les  jours  suivants,  l'amélioration  con- 
tinua, mais  dans  la  nuit  du  12  au  13,  survinrent  tout  à  coup  dans  le  ventre 
de  fortes  douleurs,  des  vomissements  verdâtres  avec  fièvre  très  intense  ;  la 
langue  était  chargée  d'un  enduit  blanchâtre  ;  la  soif  vive.  Le  ventre  était  très 
ballonné  et  douloureux  à  la  pression,  notamment  à  la  région  hypogastrique 
(15  sangsues  sur  le  ventre;  cat.  émoll.  op.).  Le  15,  les  douleurs  abdomi- 
nales avaient  beaucoup  diminué;  les  vomissements  avaient  cessé.  Le  17,  tout 
allait  bien. 

»  Le  18,  cette  jeune  fille  mourut  presque  subitement,  alors  qu'elle 
semblait  en  pleine  convalescence.  De  nouvelles  douleurs  abdominales  extrê- 
mement violentes  et  une  grande  gêne  de  la  respiration  avaient  marqué  ses 
derniers  moments. 

»  A  l'autopsie,  on  trouva  des  signes  bien  manifestes  de  péritonite  ;  mais, 
outre  ces  lésions,  on  observa  un  vers  lombricoïde,  long  de  5  à  6  pouces, 
"logé  dans  un  repli  de  l'épiploon  gastro-colique  et  engagé  dans  une  petite  ouver- 
ture ronde  pratiquée  dans  ce  repli.  »  L'auteur  ajoute  que  le  paquet  intestinal 

(1)  G.  de  Duben  (de  Stockholm),  Journ.  fur  Kinderkrankhciten,  et  Gas,  méd. 
de  Paris,  1857,  n"  7,  p.  109. 


CHEZ  L'HOMME.    —   LOMBRICS  ERRATIQUES.  187 

ayant  été  enlevé,  on  y  constata  la  présence  de  plusieurs  lombrics.  «  On  le 
remplit  ensuite  d'eau,  et  l'on  vit  bientôt  suinter  quelques  gouttelettes  à  tra- 
vers une  ouverture  qui  existait  à  la  partie  supérieure  et  antérieure  du  jéju- 
num. A  l'extérieur,  cette  ouverture  était  arrondie,  comme  si  elle  avait  été 
faite  par  un  emporte-pièce;  autour  de  ses  bords,  il  n'existe  ni  ramollisse- 
ment, ni  aucune  autre  lésion.  A  l'intérieur,  l'ouverture  était  également  ronde, 
et  en  tout  semblable  à  l'autre.  Le  canal  intestinal  ne  présentait  nulle  part 
de  traces  d'une  autre  lésion;  la  muqueuse  avait  son  aspect  normal,  sans 
ramollissement  d'aucune  sorte  (4).  » 

L'auteur  attribue-t-il  les  symptômes  de  péritonite  qui  survinrent 
le  12,  à  l'arrivée  du  lombric  dans  la  cavité  abdominale?  Non,  proba- 
blement, car  les  phénomènes  de  la  péritonite  eussent  nécessairement 
persisté  en  s'aggravant.  Attribue-t-il  la  mort  à  l'arrivée  du  lombric 
dans  le  péritoine,  le  18?  alors  comment  se  fait-il  que  cette  mort  ait  été 
presque  subite  ?  Si  nous  cherchions  à  nous  expliquer  la  marche  des 
phénomènes,  nous  pencherions  à  croire  que  dans  une  fièvre  typhoïde 
légère,  il  s'est  fait  une  petite  perforation  qui  a  donné  lieu  le  12,  aux 
symptômes  delà  péritonite,  et  que  six  jours  après  l 'ascaride  lombricoïde 
s'étant  engagé  dans  cette  perforation,  a  déterminé  des  phénomènes 
plus  intenses  qui  ont  occasionné  la  mort  de  la  malade.  Mais,  malgré 
cette  explication,  il  reste  dans  la  relation  du  fait  beaucoup  d'obscu- 
rité autant  par  le  défaut  de  précision  des  circonstances  qui  ont  pré- 
cédé la  mort,  que  par  les  circonstances  de  l'autopsie.  En  effet,  on. 
devrait  conclure  de  la  lecture  de  cette  observation  que  le  lombric, 
après  avoir  perforé  l'intestin,  a  perforé  encore  un  repli  de  l'épiploon 
gastro-colique  !  Il  y  a  dans  cette  observation  une  absence  de  critique 
qui  lui  ôte  certes  toute  valeur. 

XVe  Cas  (docteur  Royer)  . —  Perforation  de  l'intestin  grêle,  'péritonite. 

«  Gouvenot  fils,  à  Joinville,  âgé  de  douze  ans,  un  peu  maigre,  mais  assez 
fort  et  habituellement  bien  portant,  rendant  de  temps  en  temps  par  l'anus  des 
vers,  prit,  le  4  5  avril  4  848,  du  semen-contra  qui  lui  fil  mettre  bas  une 
grande  quantité  de  lombrics  (au  moins  trente),  lorsque,  quatre  jours  après, 
et  sans  cause  appréciable,  se  portant  bien,  il  survint  tout  à  coup  de  violentes 
douleurs  abdominales,  qui  ne  lui  laissèrent  pas  de  repos,  puis  des  vomis-1 
sements. 

»  Appelé  près  du  malade,  je  constatai  une  tension  et  une  très  grande  sen- 
sibilité du  bas-ventre,  un  faciès  pâle,  exprimant  la  souffrance,  un  pouls  petit, 

(1)  P.  Piunoy,  Ann.  de  la  Soc.  de  méd-  d'Anvers,  et  Gaz.  méd.  de  Paris,  1857, 
nu  14,  p.  ,222»  •  •, 


188  AFFECTIONS   VEKMINEUSES   DES  VOIES   DIGESTIVES 

fréquent,  des  vomissements  bilieux,  jambes  et  cuisses  fléchies  sur  l'abdomen; 
enfin,  je  diagnostiquai  une  péritonite  violente  qui,  malgré  le  traitement  éner- 
gique quo  je  lui  opposai,  amena  la  mort  en  moins  de  vingt-quatre  heures. 

»  Autopsie.  1°  Épanchement  de  matières  intestinales  liquides  dans  le  péri- 
toine, facilement  reconnaissables  par  leur  odeur  et  leur  couleur;  2° les  signes 
d'une  péritonite  aiguë  générale  commençante;  3°  la  présence  d'un  ascaride 
lombricoïde  dans  le  péritoine,  au  milieu  de  ce  liquide.  Ce  ver,  qui  était  mort 
et  de  moyenne  dimension, "correspondait  à  la  portion  inférieure  de  l'intestin 
grêle,  à  l'iléon,  ce  qui  me  fit  penser  qu'il  devait  y  avoir  une  perforation  intes- 
tinale dans  les  environs;  4°  en  effet,  en  examinant  avec  soin,  je  trouvai  une 
perforation  de  l'iléon  en  avant  et  à  3  centimètres  de  son  union  au  caecum  ; 
cette  ouverture  est  petite,  directe  (c'est-à-dire  qu'elle  ne  rampe  pas  entre  les 
tuniques  intestinales),  et  laisse  encore  échapper  quelques  matières  liquides 
de  l'intestin  ;  elle  ne  semble  pas  produite  par  un  emporte-pièce,  comme  si 
elle  était  l'effet  d'une  ulcération  ;  elle  paraît,  au  contraire,  avoir  été  produite 
par  un  instrument  piquant,  qui  aurait  agi  en  écartant  les  fibres  plutôt  qu'en 
les  coupant  ou  en  les  déchirant.  Ses  bords  ne  sont  le  siège  d'aucun  travail 
inflammatoire,  ce  qui  indique  sa  formation  récente  ;  5°  la  muqueuse  intesti- 
nale est  normale;  il  n'y  a  ni  ramollissement,  ni  ulcération  dans  ce  canal, 
qui  renferme  encore  plusieurs  lombrics  dans  son  trajet  (4),  » 

D'autres  cas  d'ascarides  lombricoïdes  dans  le  péritoine  ont  encore 
été  rapportés  par  quelques  auteurs,  mais  nous  n'en  avons  pu  tenir 
aucun  compte  dans  la  question  qui  nous  occupe,  soit  parce  qu'ils  sont 
complètement  dénués  de  détails,  soit  à  cause  des  circonstances  mêmes 
de  ces  faits  (2).    . 

(1)  Docteur  Royer  de  Joinville,  Bull.  Acad.  méd.,  1855,  t.  XXI,  p.  18. 
'    (2)  1°  Dans  un  cas  observé  par/.  Harderus,  des  vers  furent  rencontrés  dans  la 
cavité  du  ventre  sans  qu'on  eût  trouvé  de  perforation  des  intestins  (Joan.  Jacob. 
Harderus,  Prodromiphys.,  cap.  vu,  p.  104,  cité  par  Bonet,  Sepulc,  t.  II,  p.  267, 
lib.  III,  sect.  xiv,  obs.  IX). 

2°  Dans  un  cas  de  perforation  intestinale  qu'il  attribue  aux  vers,  Hunerwolf 
rapporte  que  la  malade  en  vomit,  mais  il  ne  dit  point  qu'où  en  eût  trouvé  dans  le 
péritoine  (Bonet,  Sepulc.,  t.  II,  p.  268). 

3°  Lazare  Rivière  parle  de  deux  sœurs  mortes  des  vers.  Chez  l'une,  on  trouva  dans 
le  bas-ventre  des  vers  qui  avaient  perforé  les  intestins,  et  surtout  le  côlon.  Chez 
l'autre,  on  trouva  des  vers  qui  non-seulement  avaient  percé  les  intestins,  mais  qui 
avaient  encore  corrodé  et  excavé  le  foie  et  le  cœur.  Point  de  détails  (Laz.  Riverius, 
obs.  IV,  cité  par  Th.  Bonet,  Sepulc.,  t,  II,  p.  219,  lib.  III,  sect.  xiv,  obs.  XII). 

4°  Dans  un  cas  observé  par  Soye,  un  ulcère  du  côlon,  large  à  laisser  passer  le 
poing,  était  bouché  par  un  peloton  de  vers  plus  gros  encore.  Il  n'est  pas  dit  qu'il 
y  en  eût  dans  le  péritoine  (Collect.  acad.,  part,  étrang.,  t.  VII,  p.  29). 

5°  Laurent  Heisler  rapporte  sous  ce  litre  :  De  lumbricis  in  cavo  abdominis  repertis 
inleslinisque  ab  lis  perforatis,  le  cas  d'un  enfant  de  sept  ans- chez  qui  l'on  trouva  à 


CHEZ   L'HOMME.    —  LOMBRICS   ERRATIQUES.  189 

Ainsi,  sur  quinze  cas  d'ascarides  lombricoïdes  dans  le  péritoine 
dont  on  peut  tenir  compte  pour  juger  la  question  des  perforations 
opérées  par  ces  animaux,  le  siège  de  la  lésion  a  été  six  fois  l'es- 
tomac, trois  fois  le  cœcum  et  six  fois  l'intestin  grêle  ;  d'où  il  résulte 
que  la  perforation  a  eu  plus  fréquemment  pour  siège  la  partie  de 
l'intestin  que  les  lombrics  n'habitent  pas  naturellement. 

Quant  à  l'existence  de  la  péritonite,  elle  n'a  été  mentionnée  que 
dans  trois  cas  (obs.  XIII,  XIV,  XV)  ;  dans  deux  autres,  elle  n'a  été 
que  très  vaguement  indiquée  (obs.  XI,  XII)  ;  on  a  donc  tout  lieu  de 
penser  que  dans  les  sept  cas  où  les  lésions  de  la  péritonite  n'ont  point 
été  remarquées,  les  lombrics  sont  arrivés  dans  le  péritoine  après  la 
mort.  Le  nombre,  quelquefois  très  considérable  de  vers  sortis  dans 
tous  ces  cas,  vient  confirmer  cette  vue,  car  il  faut  que  la  cause  qui 
les  a  fait  sortir  des  intestins  ait  agi  sur  un  grand  nombre  à  la  fois. 
Cette  cause  nous  la  trouvons,  avons  nous  dit  déjà,  dans  le  refroidis- 
sement du  cadavre;  en  effet,  les  parasites  n'ont  généralement  point 
de  tendance  à  quitter  la  partie  qu'ils  habitent  tant  qu'ils  y  trouvent 

l'autopsie  des  lombrics  dans  la  cavité  péritonéale,  et  dans  l'intestin  grêle  une 
tumeur  ulcérée.  «  Tumor  durus,  rubens;  aliquot  foraminibus  pervius  se  monstra- 
«  bat,  per  quœ  foramina  vermes  sine  dubio  transieruut.  »;  [Acla  physico-medica 
Acad.  cur.  «ai.,  1727,  t.  I,  p.  391,  obs.  CLXX1I). 

6"  «  Molinetti  trouva,  ditMorgagni,  autant  et  même  plus  de  lombrics;  car,  outre 
ceux  dont  tous  les  intestins  étaient  remplis  et  farcis,  il  y  en  avait  d'autres  qui 
étaient  sortis  du  tube  intestinal  perforé  comme  un  crible,  et  qui  remplissaient  de 
tous  côtés  la  capacité  du  ventre;  mais  ce  fut  après  la  mort  que  ceci  fut  observé.  » 
(De  sed.  et  caus.  morb.,  épist.  XXXIV,  §  36.) 

7°  «  Bonnet,  dit  Baumes,  rapporte  l'histoire  d'un  enfant  de  deux  ans  qui  mourut 
dans  des  convulsions  horribles,  et  dans  le  cadavre  duquel  on  trouva  le  duodénum 
percé  par  un  strongle  qui  était  encore  vivant.  »  {Traité  des  convulsions,  p.  256.) 

8°  Un  homme  meurt  peu  d'heures  après  avoir  reçu  dans  le  ventre  un  coup  de  pied 
de  cheval.  La  paroi  abdominale  est  intacte,  cependant  l'on  trouve  à  l'autopsie  l'in- 
testin grêle  déchiré,  et  dans  le  péritoine  des  matières  épanchées  avec  deux  ascarides 
lombricoïdes  (cité  dans  Rudolphi,  Flist.  nat.,  t.  I,  433). 

9°  Unenfantdedix-huitmois  meurt  dans  le  marasme  ;  à  l'autopsie,  on  trouve  une 
perforation  du  diamètre  d'une  lentille  dans  l'intestin  grêle,  un  petit  épanchement 
dans  la  cavité  péritoniale  et  un  grand  ver  lombric  dans  le  eœcum.  On  attribue  la 
perforation  à  ce  ver  (cas  observé  par  le  docteur  Jubim  et  rapporté  par  Sigaud, 
ouvr.  cit.,  p.  427). 

10°  P.  Frank  rapporte  que,  chez  un  individu  âgé  de  quinze  ans,  il  trouva  le  dia- 
phragme gangrené,  et  dans  l'oesophage  une  ouverture  par  laquelle  cinq  ascarides 
lombricoïdes  s'étaient  glissés  dans  la  cavité  abdominale.  Un  de  ces  animaux  avait 
passé  à  travers  le^diaphragme  et  s'était  logé  derrière  les  poumons  {ouvr.  cit., 
p.  370), 


490  AFFECTIONS  VERMINliUSUS  DKS  VOIES   DIGESTÏVES 

des  conditions  d'existence  ;  ils  se  hâtent,  au  contraire,  de  l'aban- 
donner dès  que  ces  conditions  leur  font  défaut.  Ce  fait  s'observe 
chaque  jour  sur  les  nombreux  épizoaires  que  l'on  voit  à  l'extrémité 
des  plumes  ou  des  poils  chez  les  animaux  récemment  tués.  Les  ento- 
zoaires,  dans  les  mêmes  conditions,  cherchent  de  même  bien  certai- 
nement à  quitter  l'organe  qui  se  refroidit,  et  c'est  dans  leur  agita- 
tion qu'ils  rencontrent  ou  qu'ils  achèvent  les  perforations  qui  leur 
livrent  passage  ;  de  là,  la  multiplicité  des  vers  émigrés;  de  là,  l'ab- 
sence d'accidents  consécutifs  à  leur  migration.  Combien  de  fois  n'a- 
t-on  pas  trouvé  à  Yautojjsie  des  vers  dans  l'œsophage,  dans  le  pha- 
rynx ou  bien  accumulés  en  grand  nombre  dans  l'estomac,  car,  une 
fois  introduits  dans  ce  viscère,  ils  n'en  rencontrent  pas  facilement  les 
issues  et  ils  y  restent  forcément  !  Combien  de  fois  n'en  a-t-on  pas  vu 
sortir  spontanément,  après  la  mort,  par  la  bouche  ou  par  le  nez! 
Enfin  n'ai-je  pas  trouvé  plus  d'une  fois  dans  la  cavité  péritonéale 
d'animaux  tués  à  la  chasse,  des  vers  qui  étaient  sortis  de  l'intestin 
à  travers  des  trous  faits  par  des  grains  de  plomb! 

Si  l'on  ajoute  à  ces  raisons,  la  largeur  des  perforations  ou  leur 
multiplicité,  on  verra  qu'aucun  des  onze  premiers  cas  ne  peut  être 
invoqué  comme  un  argument  en  faveur  de  l'opinion  qui  attribue  aux 
lombrics  la  faculté  de  perforer  les  intestins.  Parmi  les  quatre  derniers 
cas,  les  observations  XII,  XIII  et  XIV  ne  sont  pas  plus  démonstra- 
tives par  des  raisons  que  nous  avons  données  déjà.  Reste  un  cas 
unique,  celui  que  rapporte  M.  Royer.  Quand  toutes  les  circonstances 
du  fait  eussent  été  bien  observées,  un  seul  cas  dans  cette  question 
ne  peut  être  concluant.  Examinons  donc  les  autres,  ceux  de  perfora- 
tion intestinale  avec  issue  des  lombrics  à  travers  la  paroi  abdo- 
minale. 

§  II.  —  Vers  traversant  les  parois  abdominales. 

Nous  ne  ferons  point  l'examen  particulier  de  chacun  des  cas  dans 
lesquels  les  observateurs  ont  supposé  que  des  vers  avaient  eux- 
mêmes  produit  la  lésion  qui  leur  avait  livré  passage.  Plusieurs  de 
ces  faits  ont  été  relevés  et  réduits  à  leur  juste  valeur  par  Rudolphi  (1), 
Bremser  (2),  M.  Cruveilhier  (3).  Nous  nous  bornerons  ici  aies  con- 
sidérer d'une  manière  générale. 

(1)  Rudolphi,  Hist.  nat.  cit.,  p.  142  et  435. 

(2)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  387. 

(3)  Cruveilhier,  Dict.  de  mécl.  etchir.  prat.  Paris,  1831 ,  t.  VII,  p.  341. 


CHEZ  L'HOMME.    —  LOMÎiRICS  ERRATIQUES.  1<H 

Le  nombre  des  observations  qui  nous  sont  connues  se  monte  à 
quarante -neuf  (1).  Déjà,  nous  ferons  remarquer  que  l'intestin  grêle 
étant  entouré  pour  ainsi  dire  de  toute  part  par  le  péritoine,  que  l'es- 
tomac et  le  gros  intestin  étant  en  grande  partie  dans  la  même  condi- 
tion, le  nombre  des  cas  d'ascarides  tombés  dans  le  péritoine  à  la 
suite  d'une  perforation  que  ces  vers  auraient  pratiquée,  devrait 
dépasser  de  beaucoup  le  nombre  des  cas  dans  lesquels  les  lombrics, 
pour  traverser  l'intestin  et  les  parois  abdominales,  doivent  sortir  par 
les  parties  du  tube  digestif  non  recouvertes  de  la  membrane  séreuse; 
cependant,  nous  n'avons  relevé  que  quinze  observations  de  perfora- 
tion de  l'intestin  avec  des  vers  dans  la  cavité  péritonéale,  et  vingt- 
trois  si  l'on  tient  compte  de  celles  que  les  auteurs  attribuent  à  la 
gangrène  de  l'intestin,  à  quelque  violence  extérieure,  et  de  celles 
qui  sont  dénuées  de  tout  détail. 

Les  observations  de  vers  sortant  à  travers  la  paroi  abdominale 
donnent  par  région  : 

A  l'ombilic 19  cas. 

  l'aine, 21 

Dans  d'autres  parties 7 

Or,  si  les  vers  renfermés  dans  l'intestin  en  pratiquaient  la  perfo- 
ration, leur  sortie  devrait  avoir  lieu  dans  toutes  les  régions  indis- 
tinctement. Pourquoi  donc  généralement  se  fait-elle  à  l'ombilic  ou 
dans  l'aine? 

Ces  cas  se  répartissent  suivant  les  âges  de  la  manière  suivante  : 

A  l'ombilic,  individus  âgés  de  moins  de  quinze  ans. ... , 15 

—  individus  âgés  de  plus  de  quinze  ans 4 

Dans  l'aine,  individus  âgés  de  moins  de  quinze  ans 2 

—  individus  âgés  de  plus  de  quinze  ans 19 

Ainsi,  généralement,  les  lombrics  sortent  par  l'ombilic  chez  les 
enfants,  et  par  l'aine  chez  les  adultes  (2). 

(1)  Nous  donnons  ci-après  plusieurs  de  ces  cas  in  extenso,  l'analyse  ou  l'indication 
des  autres  (voy.  chap.  vi  et  vu)  ;  il  en  est  dont  nous  n'avons  pu  tenir  compte 
dans  les  considérations  qui  suivent  à  cause  de  l'absence  de  détails. 

(2)  Voici  les  âges  indiqués  dans  les  cas  où  l'on  ne  s'est  pas  borné  à  dire  un 
enfanl,  un  homme,  etc.  : 

Ombilic  :  1,  3,  3,  5,  7,  7,  9,  11,12,  14,  14,  40  ans. 
Aine  :  14,  27,  33,  35,  36,  40,  44,  45,  50,  60,  70  ans. 


192  AFFECTIONS  YERMhNF.USES    DUS  VOIES  DIGEST1VF.S 

Ces  faits  parlent  d'eux-mêmes  :  la  sortie  des  lombrics  à  travers 
les  parois  abdominales  est  en  rapport  avec  le  siège  des  hernies,  plus 
fréquentes  à  l'ombilic  chez  les  enfants,  dans  l'aine  chez  les  adultes. 
Quelle  est,  en  présence  de  ces  résultats,  la  valeur  de  quelques  faits 
particuliers  chez  lesquels  les  lésions  primitives  n'ont  pu  être  bien 
appréciées  pendant  la  vie  ni  déterminées  par  l'autopsie? 

En  résumé,  d'après  les  considérations  qui  précèdent,  la  question 
des  perforations  opérées  par  les  lombrics  ne  peut  être  jugée  que  par 
les  cas  ou  ces  vers  sont  arrivés  dans  le  péritoine.  Nous  avons  vu  que, 
généralement,  cette  migration  s'opère  après  la  mort  et  qu'une  seule 
observation,  celle  de  M.  Royer  (obs.  XV),  peut  supporter  la  critique; 
mais  pour  établir  un  fait  en  contradiction  avec  le  raisonnement  et 
l'expérience  de  chaque  jour,  il  ne  suffit  pas  d'une  seule  observation, 
quelque  probante  qu'elle  paraisse.  Nous  conclurons  donc  que  les 
ascarides  lombricoïdes  ne  perforent  pas  les  parois  saines  de  l'intestin, 
soit  en  les  dilacérant,  soit  en  écartant  les  fibres  qui  les  constituent, 
soit  en  les  ulcérant  par  leur  contact  prolongé  ;  mais  nous  ne  nous 
refusons  point  à  admettre  que  dans  un  intestin  ramolli,  aminci,  ou 
profondément  ulcéré,  la  pression  de  la  tête  d'un  ascaride  ne  puisse 
opérer  la  déchirure  et  la  perforation  des  parois. 


CHAPITRE  VI. 

TUMEURS   ET  FISTULES    VERMINEUSES. 

Nous  croyons  avoir  établi  par  les  considérations  qui  précèdent,  que 
les  tumeurs  vermineuses  se  forment  consécutivement  à  quelque  lésion 
intestinale,  telle  que  l'inflammation,  l'ulcération,  ou  la  gangrène. 
Leur  siège,  le  plus  ordinairement  à  l'aine  ou  à  l'ombilic,  doit  faire 
présumer  que  l'étranglement  intestinal  en  est  la  cause  la  plus  fré- 
quente. 

Ces  tumeurs  se  présentent  dans  trois  conditions: 

I.  Le  ver,  étant  sorti  de  l'intestin,  paraît  l'unique  cause  de  l'in- 
flammation et  de  la  suppuration  des  parties  qui  le  recèlent.  A  l'ou- 
verture du  foyer,  il  sort  un  pus  de  bonne  nature,  un  ou  plusieurs  vers 
et  point  de  matières  intestinales  ;  il  ne  survient  pas  de  fistules  ster- 
corales,  et  la  guérison  est  facile  et  prompte. 

II.  Les  vers  et  les  matières  intestinales  sorties  de  l'intestin  pren- 


CHEZ   L'HOMME.    —   LOMI5K1CS  ERRATIQUES.  193 

lient  également  part  à  la  formation  de  la  tumeur;  l'ouverture  du 
foyer  reste  plus  ou  moins  longtemps  fistuleuse  ;  la  sortie  de  matières 
stercorales,  quelquefois  celle  de  nouveaux  vers  témoignent  de  la 
communication  du  foyer  avec  l'intestin. 

III.  Le  ver  n'arrive  dans  un  foyer  purulent  que  consécutivement 
à  son  ouverture  au  dehors. 

1°  Les  cas  appartenant  à  la  première  section  sont  rares  ;  c'est 
pour  les  expliquer  qu'on  a  dit  que  le  lombric  traverse  la  paroi  de 
l'intestin  en  écartant  ses  fibres,  lesquelles  reviennent  sur  elles-mêmes 
et  ferment  l'ouverture  dès  que  le  ver  a  accompli  son  passage.  On 
peut  expliquer  d'une  i.utre  manière  l'absence  de  matières  intestinales 
dans  la  tumeur  vermineuse:  une  ulcération  petite  existe  dans  une 
portion  de  l'intestin  non  revêtue  par  le  péritoine  ou  fixée  aux  parois 
par  des  adhérences  ;  le  lombric  s'engage  dans  cette  ulcération  et  se 
porte  dans  les  parties  adjacentes  en  suivant  un  trajet  oblique,  sem- 
blable à  celui  que  laisse  un  instrument  qui  a  été  introduit  dans  une 
cavité  par  la  méthode  sous-cutanée,  ou  semblable  au  trajet  de  l'ure- 
tère entre  les  tuniques  de  la  vessie. 

Dans  aucun  des  cas  observés ,  on  n'a  déterminé  par  l'autopsie  quelle 
portion  du  tube  digestif  avait  été  le  siège  de  la  perforation,  et  même 
si  cette  perforation  avait  existé  dans  l'intestin  grêle  ou  dans  le  gros 
intestin. 

On  a  dit  que  le  malade  éprouve  dans  la  tumeur  une  sensation  par- 
ticulière de  frémissement,  de  ponction  ou  de  picotement,  et  que  la 
main  y  perçoit  une  sorte  de  crépitation.  Les  symptômes  et  la  marche 
de  ces  tumeurs  sont  ceux  des  abcès  phlegmoneux.  Dans  tous  les  cas 
connus  la  terminaison  a  été  heureuse.  Le  traitement  ne  diffère  point 
de  celui  des  abcès  ordinaires. 

Nous  rangerons  parmi  les  faits  dont  nous  nous  occupons,  quelques 
cas  de  tumeurs  de  la  paroi  abdominale  accompagnées  probablement 
d'une  faible  réaction  inflammatoire.  D'après  certains  auteurs,  les  lom- 
brics n'auraient  point  causé  d'inflammation  autour  d'eux  etse  seraient 
entourés  d'un  véritable  kyste  (1).  Les  deux  seuls  cas  qui  nous  soient 
connus,  ont  été  observés  chez  des  individus  vivants.  Dans  l'un  des 
cas,  la  tumeur  s'est  ouverte  spontanément,  en  l'absence  du  médecin, 
qui  a  pu  être  mal  renseigné  sur  les  circonstances  et  les  suites  de  la 
rupture  du  foyer  (cas  XI);  dans  l'autre,  elle  a  été  ouverte  par  une 
légère  ponction  (cas  XII).  L'examen  du  foyer  n'a  donc  pas  été  suffi- 

(1)  Ntëra t-,  art.  Vehs,  Dict.  des  se.  méd.  Paris,  182!,  t.  LVII.  p.  217. 

DA  VAINE.  13 


■|i|'i  AIILCIIO.YS   NLlï.UINLUSliS  Dlib   SOILS   Di&liSTlVliS 

saut  [joui  que  l'on  ait  pu  prononcer  en  connaissance  de  calice  île 
l'existence  d'un  kyste. 

2°  Les  cas  appartenant  à  la  seconde  section  sont  beaucoup  plus 
fréquents  et  généralement  en  relation  évidente  avec  une  lésion  intes- 
tinale primitive.  La  tumeur  a  pour  siège  ordinaire  la  région  in- 
guinale ou  ombilicale.  Dans  la  plupart  des  cas,  elle  offre,  avant  son 
ouverture,  les  mêmes  symptômes  et  la  même  marche  que  celle  dont 
nous  venons  de  parler  ;  mais  elle  est  quelquefois  accompagnée  de 
phénomènes  généraux  plus  intenses,  des  symptômes  d'une  hernie 
étranglée;  quelquefois  il  se  forme  au  sommet  une  eschare  plus  ou 
moins  étendue. 

L'ouverture  spontanée  ou  pratiquée  par  le  bistouri,  donne  issue  à 
du  pus,  à  des  matières  intestinales,  à  des  vers  qui  sortent  à  la  fois  ou 
successivement.  La  sortie  des  vers  peut  avoir  lieu  plus  ou  moins  im- 
médiatement après  l'ouverture  du  foyer,  et  durer  pendant  un  temps 
indéterminé.  La  plaie  dégénère  en  une  fistule  qui  donne  issue  aux 
matières  intestinales.  Dans  quelques  cas,  la  fistule  a  paru  être  en- 
tretenue par  les  lombrics  qui  s'y  engageaient  de  temps  à  autre.  Ces 
sortes  de  fistules  ont  guéri  souvent  spontanément  et,  disent  quel- 
ques auteurs,  après  l'évacuation  complète  des  vers  ;  mais  lorsqu'elles 
se  sont  fermées,  on  ignorait  nécessairement  s'il  ne  restait  pas  dans 
l'intestin  des  vers  dont  la  sortie  ne  se  faisait  plus  par  le  fait  même 
de  la  guérison. 

Dans  certains  cas,  la  fistule  ne  se  guérit  point  spontanément. 
La  mort  peut  être  la  suite  des  accidents  primitifs  de  la  tumeur  ver- 
mineuse,  ou  bien  elle  survient  à  la  suite  des  longues  déperditions 
d'une  fistule  intarissable. 

Le  traitement  de  ces  tumeurs  vermineuses  est  celui  des  abcès  des 
parois  abdominales.  Les  cataplasmes,  l'incision  avec  le  bistouri,  des 
pansements  simples  sont  les  moyens  ordinaires  de  traitement.  Si  la 
plaie  est  devenue  fistuleuse  et  donne  issue  à  des  vers,  il  est  bon  de 
débarrasser  l'intestin  decesentozoaires  par  des  purgatifs  et  des  ver- 
mifuges, car  les  lombrics  qui  s'engagent  dans  la  fistule  peuvent  l'en- 
tretenir et  s'opposer  à  sa  guérison.  Si,  malgré  ces  moyens,  le  trajet 
fistuleux  ne  se  ferme  pas,  on  devra  recourir  au  traitement  ordinaire 
des  fistules  intestinales. 

3°  On  voit  quelquefois  apparaître  parles  fistules  des  parois  abdo- 
minales  qui   ont  eu  une  certaine  durée,  des  lombrics  qui  s'y  sont 


CHEZ   L'HOMME.    —   LOMBWCS   t BRAÎJOUES.  195 

engagés  comme  les  matières  intestinales  mêmes.  Ces  lombrics  n'ont 
pris  aucune  part  à  la  formation  du  foyer  qui  a  donné  lieu  à  la  fistule, 
et  tout  au  plus  peuvent-ils  entretenir  celle-ci  par  leur  passage  plus 
ou  moins  fréquent. 

Les  cas  appartenant  à  cette  section  ne  diffèrent  point  essentielle- 
ment des  cas  de  la  section  précédente  ;  il  n'y  a  souvent  entre  eux 
qu'une  différence  dans  l'époque  de  l'apparition  des  vers  au  dehors; 
nous  ne  les  séparerons  pas  dans  l'indication  ou  l'analyse  que  nous 
allons  faire  des  uns  et  des  autres. 

Première  catégorie  de  faits.  —  Cas  de  tumeur  vermineuse  sans 
communication  apparente  avec  l'intestin. 

Ier  Cas  (Ronsseus,  1584).  —  Hypochondre  gauche. 

Chez  une  femme,  qui  avait  une  douleur  1res  vive  dans  l'hypochondre 
gauche,  il  survint  une  tumeur  semblable  à  un  abcès  ;  elle  s'ouvrit  et  il  en 
sortit  immédiatement  trois  vers  de  la  grandeur  du  doigt  ;  aussitôt  la  malade 
se  rétablit  (1). 

IIe  Cas  (Tulpius).  —  Aine. 
«  Sartoris  uxori,  vivus  lumbricus  ex  inguinis  ubi  erupit  abscessu;  verilus 
»  fuit   chirurgus,    inde  eventurum    immedicabile  intestinorum  ulcus.  Sed 
»  benedixit  Deus  tam  clemenler...  ut  brevi  evaserit,  etc.  (2).  » 

IIIe  Cas  (Willius).  —  Grossesse,  aine  droite. 

Femme  de  trente-cinq  ans,  grosse  de  quatre  mois.  Abcès  dans  les  muscles 
du  bas  du  ventre,  situé  entre  le  pubis  et  l'os  desiles  du  côté  droit.  La  tumeur 
s'ouvrit 'd'elle-même  et  l'ouverture  fut  agrandie  par  le  chirurgien;  quelques 
jours  après  on  retira  un  énorme  lombric  de  la  plaie  ;  la  malade  guérit  ensuite, 
et  son  enfant  vint  vivant  et  à  terme  (3). 

IVe  Cas  (Lebeau).  —  Aine  droite. 
Paysanne  de  quarante  cinq  ans;  tumeur  phlegmoneuse  de  l'aine  droite; 
résolution  incomplète,  puis  réapparition  de  la  tumeur;  ouverture  spontanée 
par  plusieurs  pertuis  ;  issue  d'un  lombric  long  de  7  pouces  par  l'un  de  ces 
pertuis  ;  dans  l'espace  de  six  semaines,  issue  de  trois  nouveaux  lombrics.  A 
aucune  époque  il  n'est  sorti  de  matières  intestinales.  Guérison  complète 
quinze  jours  après  la  sortie  du  dernier  ver  (4). 

(1)  Balduinus  Ronsseus,  epist.  X  (Scftenck). 

(2)  Nicolai  Tulpii  Observât,  medic.,  Mb.  III,  cap.  xn,  Lumbricus  ex  inguine.  Amst., 
1672,  p.  199. 

(3)  Nicolaii  Willii,  obs.  I,  De  abscessu  musculorum  abdominis  in  fœmïna  gra- 
vida  et  lumbrico  in  abscessu  reperlo,  in  Acla  helvelica.  Basileœ,  1751,  vol.  I,  p.  73: 

(4)  Lebeau,  Journ.  deméd.  ehin,  elci  Paris,  1757,  t.  VI,  p.  96. 


196  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES   \UlliS   DIGESTIVES 

Ve  Cas  (Cuailly  et  Michaud). —  Bas-ventre. 
Enfant  do  deux  ans.  Tumeur  phlegmoneuse  au  coté  du  bas-ventre;  ou- 
verture spontanée;  issuo  d'un  strongle.  Guérison  au  bout  de  quinze  jours  (I). 

VI°  Cas  (Blanchet).  —  Ombilic. 
Le  curé  de  Cour-Cheverny  est  saisi  un  jour  de  violentes  douleurs  dans  la 
région  ombilicale  ;  cette  partie  se  tuméfie;  au  bout  de  huit  jours,  lUictualion 
sensible  dans  la  tumeur,  qui  présente  à  son  sommet  un  point  noir.  L'ouver- 
ture en  est  faite;  un  flot  de  liquide  qui  s'en  échappe  entraîne  un  ver  lombric 
vivant.  Au  bout  de  quinze  jours,  le  malade  est  bien  guéri  (2). 

VIIe  Cas  (  ).—  Ombilic. 

Nègre,  âgé  de  onze  ans.  Dysenterie;  tumeur  phlegmoneuse  près  de  l'om- 
bilic ;  expulsion  par  les  garderobes  de  quatre-vingt-douze  lombrics  ;  ouver- 
ture de  la  tumeur  par  le  bistouri  ;  issue  de  pus  de  bonne  nature  et  d'un  ver 
à  demi  corrompu  (3). 

VIIIe  Cas  (docteur  Heeb).  —  Ombilic. 

Jeune  fille  ;  vers  rendus  par  la  bouche  et  l'anus  ;  formation  d'un  abcès  près 
de  l'ombilic.  L'ouverture  faite  par  le  bistouri  donne  issue  à  du  pus  et  à  un 
ver  mort  de  4  à  5  pouces.  Une  ouverture  de  communication  avec  l'intestin 
est  vainement  cherchée.  Guérison  prompte  et  complète  (4). 

IXe  Cas  (Mondière)  .  —  Abdomen. 

Fille  de  treize  ans  ayant  rendu  plusieurs  vers  depuis  quelques  mois  ;  dou- 
leur sourde  dans  un  point  de  l'abdomen,  puis  tumeur  dans  le  même  point. 
Incision,  extraction  d'un  lombric  vivant.  Écoulement  de  pus  sans  matières 
fécales.  Des  recherches  faites  avec  un  stylet  mousse  introduit  dans  le  foyer, 
ne  trouvent  point  d'ouverture  de  communication  avec  l'intestin.  Guérison  assez 
prompte  sans  accidents  (S). 

Xe  Cas  (Destretz). 

Destretz  est  cité  par  Mondière  comme  ayant  recueilli  une  observation  sem- 
blable à  celle  ci-dessus  (6). 

XIe  Cas  (Wanderbach)  .  —  Aine  gauche. 
Il  s'agit  d'une  femme  âgée  de  trente-six  ans,  qui  avait  depuis  quelque  temps 

(1)  Chailly  et  Michaud,  Nuovo  Giornale,  1795,  t.  IX,  p.  155,  cité  par  Mondière. 

(2)  Acad.  méd.,  séance  du  9  octobre  1827. 

(3)  Journal  des  progrès,  1834,  p.  382,  cité  par  Mondière. 

(4)  Heer,  Revue  médicale,  1837,  t.  II,  p.  450,  cité  par  Mondière. 

(5)  Mondière,  Mém.  cil.  dans  l'Expérience,  1838,  t.  II.  p.  67. 

{G)  Destretz,  Propagateur  des  sciences  médicales,  1825,  n"  27,  p.  81,  cité  pur 
Mondière. 


CHEZ  L'HOMME.    —   LOMBRICS   ERRATIQUES.  197 

dans  l'aine  gauche,  un  peu  en  dehors  de  l'anneau  inguinal,  une  tumeur  sans 
chaleur,  sans  rougeur  ni  douleur,  et  qui  était  le  siège  d'un  frémissement  con- 
tinuel. Après  huit  jours  d'observation,  la  tumeur  rougit  au  centre;  elle  se 
ramollit  et  donne  de  la  fluctuation  au  toucher  ;  après  trois  jours,  il  se  forme 
«  une  petite  crevasse,  assez  forte  néanmoins  pour  me  laisser  apercevoir  une 
masse  de  vers,  dits  lombrics,  repliés  les  uns  sur  les  autres.  Je  pus  obtenir 
alors  d'agrandir  l'ouverture,  et  je  retirai  quinze  de  ces  animaux.  Après  avoir 
vidé  la  poche  qui  les  contenait,  j'en  examinai  attentivement  les  parois  afin  de 
découvrir  s'il  n'existait  pas  une  ouverture  dans  leur  épaisseur,  et  où  elle 
communiquait.  Je  voulais  me  rendre  compte  de  la  formation  de  cette  poche 
et  de  l'existence  de  ces  vers;  mais  je  n'en  trouvai  aucune:  le  kyste,  loin  de 
paraître  dépendre  d'une  rupture  intestinale  était,  au  contraire,  très  uni,  très 
lisse,  ne  contenait  point  de  sérosité  et  ne  portait  aucune  trace  d'inflam- 
mation. ... 

»  Le  fond  du  kyste  et  la  plaie  extérieure  furent  traités  méthodiquement. 
La  malade  fut  parfaitement  guérie  au  bout  de  trois  semaines,  et  pendant  un 
an  que  je  fus  à  même  de  la  voir,  elle  n'éprouva  aucune  apparence  de 
récidive  (1).  » 

XIIe  Cas  (Mënard). 

«  Un  homme,  âgé  de  quarante  ans,  atteint  d'une  affection  intestinale,  por- 
tait une  tumeur  rénitenle  sur  laquelle  on  appliqua  des  sangsues  et  des  cata- 
plasmes émollients.  Le  malade  se  trouva  mieux;  la  tumeur  mollit,  et  huit 
jours  après  M.  Ménard,  ayant  aperçu  une  crépitation  emphysémateuse,  acquit 
la  certitude  que  la  tumeur  contenait  des  vers. 

»  M.  Ménard  pratiqua  une  petite  ponction  qui  donna  lieu  à  la  sortie  d'une 
humeur  séro-sanguinolente  lactée,  puis  à  plusieurs  ascarides  lombricoïdes. 
Deux  jours  après,  une  nouvelle  ponction  fit  sortir  plusieurs  autres  ento- 
zoaires  (2).  » 

Deuxième  et  troisième  catégories  de  faits.  —  Cas  de  tumeur 
vermineuse  en  communication  avec  l'intestin;  fistules  vermineuses. 

A.  —  Région  ombilicale. 
Ier  Cas  (Caballaria). 
«  Bapt.  Caballaria,  vir  doctus,  in  agro  Mantuano...  asseruit  mihi  se  Hun- 
»  bricos  vidisse  qui  ex  ombilico  eruperint  cujusdam  infantis  annorum  trinm 
»  plus  minus  (3).  » 

(I)  Pierre  Wanderbach,  chirurgien   aide-major,  Recueil  de  méd.  clnr.pharm. 
milit.,  1826,  t.  XVIII,  p.  240. 
(2!  Mondière,  Mém.  cit.,  76. 
(3)  Omnihonus,  lib.  IV,  cap.  xiii,  art.  Med.  itifantwm  (Sehenck). 


|9H  Ml  ICI  IONS    VHUIINI USKS   OI'.S    VOIF.S    MGESTIVES 

IT  Cas  (Petçus  Forestus). 

Il  s'agit  (rime  femme  enceinte,  âgée  do  quarante  ans,  qui  avait  un  ulcère  ii 
l'ombilic  ;  il  on  sortit  des  matières  comme  fécales,  plusieurs  grands  vers  et 
enfin  un  us  mince,  long  ot  large  de  doux  travers  de  doigt;  rien  des  suites  (1). 

IIIe  Cas  (Nicolas  Florentin). 
«  Mini  quideni  relatum  fuit   a   lide  cligna  persona  quod  a  quodam  nosiro 
■>  eomitativo  vernies  plures  ex  umhilico  egressi  simtet  vixit  (2).  » 

IVe  Cas  (TuiNCAviiLLA). 
«  Ego  etenini  vidi  puerum  quinquennem,  in  quo  vermes  lii  rotundi,  perfo- 
»  rato  ventre,  per  umbilicnni  exiere  (3).  » 

V"  Cas  (Claudu's). 
Il  s'agit  d'un  homme  qui,  souffrant  de  l'ombilic,  en  vit  sortir  des  vers  après 
y  avoir  mis  un  emplâtre  (4). 

V|e  Cas  (Tnop.  Cneulinus). 
Une  fille  de  douze  ans  avait   une  tumeur  à  l'ombilic  qui  s'abeéda  ;  il  en 
sortit  trois  vers  lombrics  que  l'on  crut  provenir  du  foie,  la  malade  guérit  (5). 

VIIe  Cas  (Salmuthus). 
Lombrics  sortis  par  l'ombilic   chez  un  enfant  qui  avait  souffert*  de  cette 
partie  pendant  quatre  ans  ;  une  tumeur  s'ouvrit  spontanément  à  l'ombilic,  il 
en  sortit  du  pus,  du  sang  et  des  vprs  pendant  longtemps  (6). 

VIIIe  Cas  (Lanzoni). 
«  Lanzonus  in  adolescente  I  k  ann.  qui  post  continuam  febrem,  bine  dolorem 
»  ventris,  postea  tumorem  ad  latera  umbilici  in  abscessum  vergentem  cum 
»  uberi  putridse  saniei  atque  ichoris  effluxu,  indeque  in  hac  parte  teretium 
»  plurium  vermium  egressu,  summè  tandem  emaciatus  emoriebatur  aperto 
»  statim,  ait,  sublatum  fuit  dubium  de  loco  ubi  lumbrici  fuerunt  producti;  fuit 
»  enim  notatus  et  diligenter  observatus  canaliculus  quidam  membranosus, 
»  calami  scriptorii  magnitudinem  et  latitudinem  adaequans,  ducern  originem 
»  a  tunica  interna  inteslini  ilei,  usque  ad  peritonœum  protensus  :  per  quem 
»  vermes  ab  intestino  transibant  et  per  abscessum  apertum  sibimet  ipsis  pa- 
*  rabant  (7).  » 

(1)  Petrus  Forestus,  in  Scholiis  ad  ubserv.,  35,  liv.  VII  (Schenck). 

(2)  Nicol.  Florent,  serm.  V,  tract.  VIII,  cap.  liv  (Schenck). 

(3)  Trincavella,    De  ralione  cur.  part.   hum.  corp.  affeclus,  lib.  IX,  cap.  xr. 
(Schenck). 

(4)  DeC.  L.  V.  D.  Claudii  a  S.  Mauritio  observationibus  (Schenck). 

(5)  Thob.  Cneulinus,  De  observ.  propriis  (Schenck). 

(6)  Salmuthus,  cent.  II,  obs.  LXI,  cité  par  Bianchi,  op.  cit.,  p.  356. 

(7)  Ephem.  nal.  cur.,  ann.  1712,  obs.  CLXX ,  cité  par  Bianchi,  op.  cit., 
p.  356. 


L'HESS   L'ilOMMK.    —    LOMBRICS   ERRATIQUES.  199 

IXe  Cas  (Boire  ). 
Boirel  rapporte  «  que  M.   Eude,  son  confrère,  a  vu  sortir  par  le  nombril 
d'une  petite  fille,  huit  vers  semblables  à  ceux  qui  s'engendrent  dans  les  intes- 
tins, sans  aucun  abcès  dans  cette  partie  ('1).  » 

Xe  Cas  (Marteau). 

Fille  de  sept  ans,  tumeur  phlegmoneuse  à  l'ombilic,  ouverture  spontanée, 
issue  de  trois  lombrics.  Pendant  six  mois  des  matières  chyleuses.du  pus,  et 
treize  vers  sortent  par  l'ouverture.  Guérison  complète  après  deux  ans  (2), 

XIe  Cas  (Hamilton). 

Enfant  de  douze  mois,  plusieurs  lombrics  sortent  par  deux  ouvertures  a 
l'ombilic  (3). 

XIIe  Cas  (Diego  Girone). 

Enfant  de  quatorze  ans,  douleurs  brûlantes  dans  la  région  de  l'ombilic, 
tuméfaction,  rougeur,  fièvre,  un  abcès  s'ouvre  spontanément  à  l'ombilic.  Cinq 
jours  après  issue  d'un  lombric  mort;  dans  les  huit  jours  suivants,  trois  vers 
sortent  encore  ;  issue  de  matières  fécales.  Longtemps  après  issue  d'un  autre 
ver.  A  la  suite,  la  guérison  se  fit  assez  rapidement  (4), 

XIIIe  Cas  (Poussin). 

Enfant,  ulcère  à  l'ombilic  à  la  suite  de  tractions  pratiquées,  cinq  jours  après 
la  naissance,  sur  le  cordon  ombilical  pour  hâter  sa  chute;  fistule  consécutive 
donnant  issue  à  des  matières  intestinales  (?)  ;  à  l'âge  de  trois  ans,  sortie  par 
la  fistule  de  vers  lombrics  pendant  plusieurs  mois  (5), 

XIV  Cas  (A.  W.  Brilman). 

Enfant  d'un  esclave  à  Batavia,  point  d'âge,  indisposé  et  dépérissant;  on 
trouve  quelques  vers  (lombrics)  dans  les  langes  pendant  huit  jours;  à  la  suite 
de  remèdes  anlhelminthiques,  il  en  rendit  quatre  par  les  selles,  trois  par  la 
bouche,  et  quatre-vingt-seize  par  le  nombril  ;  la  plaie  du  nombril  se  referma 
ensuite,  et  le  malade  se  rétablit  (6). 

(1)  N.  B.  Blegny,  Les  nouv.  découv.  sur  toutes  les  parties  de  la  médecine.  Paris, 
1679,  p.  229. 

(2)  Marteau,  Journ.deméd.  Paris,  1756,  t.  V,  p.  100. 

(3)  Rob.  Hamilton,  London,med.  Journ.,  1786,  p.  IV,  n°  2,  cité  par  Rudolphi, 
Ent.  hist.,t.  I,  p.  146. 

(4)  Ilfiliatre  Sebezio,  1837,  et  Gaz.  méd.  Paris,  1838,  t.  VI,  p.  23). 

(5)  Poussin,  médecin  à  Lorient,  Journ.  Corvisart,  etc.,  1817,  t.  XL,  p.  8J. 

(6)  Brilman,  Vaderl.  letter .  offen. ,  1827 ,  p.  480,  et  BuU.  ?ç.  méd.  de  Férussac, 
1831,  t.  XXV,  p.  340. 


'JtMl  AFFECTIONS    VERM1NEDSES   DES   VOIES   DIGESTJVES 

\\    Cas(Lihi). 

Enfant  figé  de  sept  ans,  douleurs  abdominales  depuis  un  an.  Tumeur  rouge 
et  douloureuse  à  l'ombilic,  ouverture  spontanée,  issue  d'une  humeur  sanieuse 
fétide  suivie  de  celle  d'un  lombric  mort;  la  plaie  reste  fisluleuse  pendant  long- 
temps. Un  jour  il  en  sort  quarante-quatre  lombrics  vivanls;  plus  tard,  à  plu- 
sieurs reprises,  onze  nouveaux  lombrics  en  sortent  encore;  l'ouverture  a  en- 
suite acquis  Ions  les  caractères  des  fistules  stercorales  (1). 

XVIe  Cas  (Coppolà). 

Enfant,  neuf  ans,  tumeur  douloureuse  à  gauche  de  l'ombilic,  fièvre,  fluc- 
tuation, incision.  Sortie  immédiate  de  deux  lombrics,  puis  de  quarante-cinq 
en  quelques  jours,  fistule  stercorale.  guérison  lente  (2). 

B.  —  Région  inguinale. 

XVIIe  et  XVIIIe  Cas  (Thomas  a  Veiga). 

Deux  individus,  attaqués  de  vers,  virent  tout  à  coup  sortir  par  l'aine,  des 
lombrics  qui  avaient  perforé  l'intestin  et  les  parois  du  ventre.  L'un  guérit, 
l'antre  conserva  toute  sa  vie  une  fislule  stercorale  (3). 

XIXe  Cas  (Claudius). 

Il  s'agit  d'une  femme  chez  laquelle  des  vers  lombrics  sortirent  par 
l'aine  (4). 

XXe  et  XXIe  Cas  (Hildesids). 

Un  paysan,  âgé  de  soixante  et  dix  ans,  avait  un  vaste  abcès  à  la  région  de 
l'aine  qui  fut  ouvert,  il  en  sortit  d'abord  du  pus  et  ensuite  quelques  lombrics  ; 
le  malade  guérit. 

Un  enfant  de  dix  ans,  qui  était  dans  le  même  cas,  mourut  quatre  jours  après 
qu'on  eut  ouvert  l'abcès  (5). 

XXIIe  Cas  (Cnedlinus). 

Un  paysan,  âgé  de  quarante  ans,  eut  un  abcès  dans  l'aine  qui  s'ouvrit  spon- 
tanément ;  il  en  sortit  des  matières  fécales,  et  quelques  jours  après  des  lom- 
brics; le  malade  mourut  (6). 

(i)  Il  filiatre  Sebesio,  et  Gaz.  méd.  Paris,  1837,  t.  V,  p.  428. 

(2)  Coppola,  dans  11  filialre  Sebesio,  et  Gaz.  méd.  Paris,  1843,  t.  XI,  p.  192. 

(3)  Thomas  a  Veiga,  Comment.,  ad  cap.  Y,  lib.  I,  De  loc.  ajf.  Gai. ,  dans  Sclienck. 

(4)  De  C.  L.  V.  D.  Claudii  a  S.  Mauritio,  observalionibus.  dans  Schenck. 

(5)  J.  F.  Hildesius,  op.  cit.,  dans  Schenck. 

(f!)  D.  Thom.  Cneulinus,  De  suis  observalionibus,  dans  Schenck. 


CHEZ   L'HOMME.    —    LOMBRICS   ERRATIQUES.  201 

XXIIIe  Cas  (Reiner  Soleîjander). 

Il  s'agit  d'une  femme  des  environs  de  Dusseldorf,  chez  laquelle,  après  de 
longues  douleurs  du  ventre,  des  vers  lombrics  sortirent  par  une  ouverture 
qui  se  fit  dans  l'aine  droite.  Les  premiers  qui  sortirent  parurent  lumi- 
neux (1). 

XXIVe  Cas  (Wollgnad). 

Femme  qui,  en  faisant  un  effort  avec  les  bras,  sentit  une  douleur  dans  le 
ventre,  et  aussitôt  aperçut  une  tumeur  dans  l'aine  qui  acquit  plus  que  le  vo- 
lume du  poing;  après  de  vives  douleurs  la  tumeur  s'élant  ouverte,  il  en  sortit 
un  lombric  et  des  matières  fétides;  mort  après  trois  semaines (2). 

XXVe  Cas  (D'Olaus  Borrichius). 

11  s'agit  d'une  femme  qui  eut  un  abcès  dans  l'aine,  d'où  sortirent  deux  vers; 
elle  guérit  (3). 

XXVIe  Cas  (Boirel). 

Boirel  rapporte  avoir  vu  sortir  un  ver  d'un  ulcère  à  l'aine,  ulcère  qui  sem- 
blait pénétrer  jusqu'aux  intestins,  chez  une  femme  à  l'Hôtel-Dieu  d'Ar- 
gentan (4). 

XXVIIe  Cas  (Fages). 

Homme,  vingt-sept  ans,  tumeur  phlegmoneuse  de  l'aine  droite,  fièvre,  point 
de  signes  de  hernie,  ouverture  par  le  bistouri,  issue  de  pus  fluide,  fétide,  et 
des  matières  fécales.  Quatre  vers  strongles,  morts,  assez  longs,  sortirent  du 
fond  de  l'abcès;  le  lendemain  absence  de  matières  fécales  dans  le  pus:  guérison 
au  bout  de  sept  semaines  (5). 

XXVIIIe  Cas  (Courbon  Perusel). 

Garçon  de  quatorze  ans,  tumeur  à  l'aine,  ouverture  par  la  potasse  caus- 
tique, écoulement  de  pus,  et  le  lendemain  issue  par  la  plaie  d'un  ver  lombric: 
expulsion  par  les  selles  d'un  assez  grand  nombre  de  ces  vers  ;  guérison  (6). 

(1)  Reiner  Solenander,  sect.  V,  cons.  15,  §  23,  et  Ephem.  cur.  nat.,  t.  I,  p.  35, 
Supplém. 

(2)  D.  H.  Wollgnad,  Ephem.  nat.  cur.,  1670,  ann.  I,  p.  283. 

(3)  Âct.  de  Copenhague,  ann.  1676,  obs.  46,  et  Collect.  acad.,  part,  étrangère, 
t.  VII,  p.  315. 

(4)  Blegny,  Nouv.  découv.,  cité  p.  230  et  277. 

(5)  Recueil  périodique  de  la  Société  de  méd.,  t.  V,  an  VII,  cilé  par  M.  Char- 
cellay,  Mém.  cit. 

(6)  Courbon  Pérusel,  Mém.  cit.,  1807,  p.  317. 


20'2  AFFECTIONS    VKHMINEl'SES   DES  VOIES  DIGBSTIVES 

XXIX"  Cas  (Girard). 

Femme  âgée  de  cinquante  ans  ;  tumeur  à  l'aine,  eschare  gangreneuse,  issue 
de  cinq  lombrics;  guérison  (1). 

XXX1'  Cas  (Saint-Lacrens). 

Homme,  maire  de  sa  commune,  tumeur  à  l'aine,  fluctuation,  ouverture 
spontanée,  issue  de  pus,  de  matières  stercorales  et  de  deux  lombrics..  Un 
jour  après,  deux  nouveaux  lombrics  ;  guérison  six  semaines  après  (2). 

XXXIe  Cas  (Josë  Bicnio  de  Castro-Torreira). 

Femme,  quarante-quatre  ans,  rendant  habituellement  des  vers  depuis  deux 
ans  ;  tumeur  dans  l'aine  droite  du  volume  d'une  noix  :  la  tumeur  devient  phleg- 
moneuse,  une  eschare  gangreneuse  se  forme  au  centre;  vomissements,  fièvre; 
ouverture  de  l'eschare;  deux  vers  lombrics  sont  extraits  de  la  tumeur;  sortie 
ultérieure  d'ascarides  et  de  matières  fécales  pendant  deux  mois  environ,  admi- 
nistration des  antbelminthiques  ;  guérison  six  semaines  environ  après  la  sortie 
du  dernier  lombric  (3). 

XXXIIe  Cas  (Denarié). 

Femme  âgée  de  soixante  ans,  ayant  souvent  rendu  des  vers  lombris  depuis 
son  enfance  ;  coliques  vives,  tumeur  récente  dans  la  région  inguinale  gauche, 
de  la  grosseur  d'un  œuf  de  poule,  rouge  et  chaude  ;  ouverture  spontanée,  issue 
de  trente-six  vers  lombrics  ;  purgatifs,  soixante  et  un  lombrics  sont  rendus  par 
les  selles;  guérison  prompte  (4). 

XXXIIIe  Cas  (Mondièrk). 
Femme,  âgée  de  trente-trois  ans,  qui  rendait  depuis  son  enfance  de  temps 
en  temps  des  vers  par  les  garderobes;  tumeur  du  volume  d'un  œuf  de  pigeon 
dans  l'aine;  indolore  d'abord,  elle  devient  douloureuse  au  bout  de  quelques 
jours.  Sensation  particulière  dans  la  tumeur,  que  la  malade  compare  au  frémis- 
sement que  feraient  éprouver  des  hannetons  renfermés  dans  la  main.  Selles 
faciles;  la  tumeur  est  peu  douloureuse  à  la  pression,  sans  fluctuation,  petite 
tache  d'un  rouge  foncé  au  centre.  Quatre  jours  après  la  tache  est  devenue 
noire,  gangreneuse;  fluctuation  obscure  dans  la  tumeur;  pulsations  senties 
par  la  malade  ;  incision  de  Ja  tumeur,  écoulement  de  pus  de  bonne  nature  ;  le 

(1)  Girard,  Journ.  de  méd.  chir.  pharm.  de  Corvisart,  etc.  Paris,  1810,  t.  XIX, 
p.  312. 

(2)  J.  Saint-Laurens,  médecin  de  l'isle  en  Jourdain,  Journ.  gén.  de  méd.,  etc., 
de  Sédillot,  1817,  t.  LX,  p.  182. 

(3)  Diario  gen.  de  las  scienc.  rned.  Barcelona,  mars  1827,  et  Archiv.  gén.  de 
méd.,  1828,  t.  XVII,  p.  99. 

(4)  Reperlorio délie scien se mediche  del  Piemonle,  et  Ga:.  méd.  Paris,  1837,  t.  V, 
"p.  571. 


CHEZ   L'HOMME.    —    LOMBRICS   ERRATIQUES.  203 

lendemain  douze  vers  lombrics  sortent  ou  sont  extraits  par  la  plaie;  dix-sept 
vers  sortent  dans  les  trois  jours  qui  suivent;  issue  de  matières  fécales;  gué- 
rison  dans  l'espace  de  quelques  semaines  (1  ). 

C.  —  Régions  diverses  de  l'abdomen. 

XXXIVe  Cas  (Ch.  Roesler).  —  Hypochondre  droit . 
Une  femme  vit  sortir  un  ver  assez  grand,  et  ensuite  du  pus  par  une  ouver- 
ture qui  se  fit  sous  l'hypochondre  droit.  Dans  les  scolies  de  cette  observation, 
Winchler  dit  que  le  ver  s'est  formé  dans  l'abcès  par  l'action  de  la  putré- 
faction [2). 

XXXVe  Cas  (Ch.  Fr.  Garmann).  —  Région  pubienne. 

La  femme  d'un  boulanger  eut  sous  l'ombilic,  et  près  du  pubis,  un  abcès  de 
la  grosseur  d'une  noix  qui  s'ouvrit  spontanément;  il  en  sortit  des  matières 
fécales,  et  peu  après  cinq  vers  lombrics;  des  anthelminthiques  firent  évacuer 
plus  de  cent  vers  ;  guérison  en  trois  semaines  (3). 

Garmann  prononce  qu'il  y  eut  là  une  perforation  causée  par  les  lombrics, 
car,  dit-il,  Schenck  a  rassemblé  plusieurs  histoires  semblables. 

XXXVIe  Cas  (Boirel).  —  Partie  inférieure  du  thorax . 

«  Un  homme  avait  une  plaie  au  côté  gauche,  sur  la  quatrième  des  côtes,  à 
compter  de  bas  en- haut,  et  qui  en  montant  transversalement,  pénétrait  la 
capacité  du  thorax  entre  la  cinquième  et  la  sixième.  Pendant  les  six  premiers 
jours  cette  plaie  rendit  une  fort  grande  quantité  d'eau  claire...  Un  mois  après, 
un  ver  se  présenta  à  l'entrée  de  la  plaie,  long  de  sept  ou  huit  travers  de  doigt  ; 
la  sortie  de  ce  ver  fut  suivie  de  celle  de  quelques  autres  qui  parurent  quatre 
jours  après  (4).  » 

XXXVIIe  Cas  (G.  Guastamachia).  —  Ligne  blanche. 

Fille  âgée  de  cinq  ans,  chute  et  contusion  du  côté  droit  du  corps  ;  à  la  suite 
état  de  maladie  et  de  morosité  pendant  deux  mois  ;  alors,  coliques  vives,  expul- 
sion de  vers  par  les  selles  et  le  vomissement,  tumeur  rouge  et  douloureuse  de 
la  ligne  blanche,  à  quatre  travers  de  doigt  au-dessous  de  l'ombilic  ;  ouverture 
spontanée,  issue  de  pus  et  de  vers  lombrics  vivants.  L'ouverture  reste  fistu- 
leuse,  elle  se  ferme  et  se  rouvre  de  temps  en  temps,  et  donne  issue  à  des  ma- 
tières sanieuses  et  à  de  nouveaux  vers,  fièvre,  dévoiement,  amaigrissement, 
mort  dans  le  marasme  (5). 

(1)  Mondière,  Mém.  cit.  dans  l'Expér.,  t.  II,  p.  71. 

(2)  Ephem.  nat.  cur.,  1672,  deç.  I,  anu.  3,  p.  476. 

(3)  Ephem.  nat.  cur.,  1670,  dec.  I,  ann.  I,  p.  283. 

(4)  Extrait  d'une  lettre  de  Boirel,  lieutenant  des  chirurgiens  d'Argentan,  dans 
Blegny,  ouvr.  cit.,  lett.  vu,  p.  274. 

(5)  Giovanni  Guastamacchia  ,  dans  II  fttiaire  Sebcsio,  et  Gaz.  méd.,  1837, 
p.  570. 


'20l\  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES    VOIES   DIGÈSÎtVES 

CHAPITRE  VII. 

CAS    DE   LOMBRICS    ERRATIQUES   QUI    NE    SE     RAPPORTENT    A    AUCUNE 
DES   CATÉGORIES   PRÉCÉDENTES. 

Ier  Cas  (Stoerck).  —  Parois  de  l'intestin. 

Stoerck  rencontra  des  lombrics  dans  l'épaisseur  môme  des  parois  de  l'in- 
testin chez  une  femme  sujette  aux  vers,  et  qui  péril  de  consomption  (1). 

IIe  Cas  (Brera).  — Sac  herniaire. 

Brera  dit  avoir  trouvé  des  lombrics  dans  un  sac  herniaire  (2). 

IIIe  et  IVe  Cas  (Lepelletier).  —  OEsopliage. 

Sous  ce  tilre:  Perforations  organiques  produites  par  les  vers  intestinaux, 
Lepelletier  rapporte  deux  cas  dont  l'un  concerne  un  enfant  de  douze  ans,  chez 
lequel  l'œsophage  offrait  un  ulcère  inégal  de  six  à  huit  lignes  à  peu  près.  Deux 
vers  lombrics  occupaient  la  partie  inférieure  du  lobe  pulmonaire  moyen,  un 
troisième  était  encore  engagé  dans  l'ulcère,  un  paquet  de  six  de  ces  vers  se 
trouvait  dans  le  conduit,  œsophagien.  «  Ces  vers  ont  détruit  l'épaisseur  des 
parois  œsophagiennes,  dit  l'auteur...  lever  encore  engagé  clans  celte  même 
ouverture  lève  tous  les  doutes  qui  pourraient  s'élever  à  cet  égard.  » 

L'autre  cas  est  relatif  à  une  fille  de  cinq  ans  dont  l'œsophage  offrait  une 
perforation  d'un  pouce  nu  moins  d'étendue,  dans  laquelle  se  trouvait  engagé  un 
lombric  volumineux  ;  deux  autres  occupaient  la  partie  correspondante  du 
rachis;  trois  étaient  encore  dans  l'œsophage.  La  perforation  ne  peut  être 
expliquée,  suivant  l'auteur,  que  par  l'action  rongeante  des  insectes  indi- 
qués (3). 

Ve  Cas  (Peyre).  — Abcès  lombaire. 

Peyre  trouva  trois  lombrics  dans  les  muscles  de  l'épine  d'un  homme,  qui 
mourut  avec  un  vaste  abcès  lombaire  (4). 

VP  Cas  (Velpeau).  —  Abcès  par  congestion. 

Jeune  homme  de  dix-sept  ans  ;  carie  vertébrale  ;  plusieurs  ascarides  lombri- 
coïdes  sortis  par  le  trajet  fistuleux  d'un  abcès  ouvert  à  la  partie  supérieure  de 
l'aine  gauche,  point  d'issue  de  matières  fécales  ;  à  l'autopsie,  la  perforation  de 
l'intestin  n'a  pas  été  retrouvée  (5). 

(1)  An  nus  medicus,  t.  II,  p.  228,  cité  par  Brera,  Mer»;,  p.  208. 

(2)  Mém.  prim.  cit.,  p.  208. 

(3)  Lepelletier  (du  Mans),  Journ.  univ.  et  hebdom.  de  méd.,  etc.,  I83I,  I.  IV, 
p.  365. 

(4)  Journ.  de  méd.,  1785,  t.  LXV,  p.  360,  et  Brera,  Mal.  verm.,  p.  208. 

(5)  Archiv.  de  méd.,  182ri,  t.  VII.  p.  329. 


CHEZ   L'HOMME.    — •    XRICHOCÉPHALE.  203 

VIP  Cas  (Duret).  —  Abcès  par  congestion. 

Mondière  rapporte  qu'un  cas  analogue  au  précédent  a  été  observé  par 
Duret  (I). 

VIIIe  Cas  (Malacarne).  —  Région  périnéale. 

«  Mon  collège  Malacarne,  dit  Brera,  trouva  des  lombrics  dans  un  abcès  situé 
entre  la  partie  inférieure  de  l'intestin  rectum  et  l'utérus  (2). 

IXe  Cas  (Jules  Cloqdet).  —  Région  sacrée. 

a  En  1808,  j'ai  rencontré  sur  le  cadavre  d'un  enfant  de  cinq  à  six  ans, 
trois  lombrics  volumineux,  qui  s'étaient  logés  sur  la  face  antérieure  du  sacrum, 
dans  l'écartement  des  deux  feuillets  séreux  du  mésorectum,  et  n'avaient 
déterminé  aucune  inflammation  dans  cet  endroit  ;  ils  étaient  sortis  de  l'intestin 
par  une  perforation  ulcéreuse  du  commencement  du  rectum  (3).  » 

Les  cas  d' ascarides  lombricoïdes  ayant  pénétré  dans  la  vessie, 
seront  rapportés  à  propos  des  vers  des  voies  urinaires. 


CINQUIÈME  SECTION. 

TRICHOCÉPHALE    DE    L'HOMME   (St/HOpS,,   II0  7*2). 

DÉNOMINATIONS  : 

Trichuride,  Rœderer  et  Wagler,  Wrisberg,  etc. 
Trichocephalus  dispar,  Rudolphi,  Bremser,  etc. 
Tricocéphale  sans  pareil,  Fortassin. 
Trichoccphale  de  Vhomme,  Gœze,  Dujardin,  etc. 
En  Italie,  Tricocefalo. 

Le  trichoccphale  n'est  connu  que  depuis  un  siècle  ;  il  fut  découvert 
pendant  l'épidémie  de  fièvre  muqueuse  (1760-1761)  dont  Rœderer 
et  Wagler  nous  ont  donné  l'histoire.  Morgagni  cependant  l'avait 
déjà  observé,  comme  l'a  rappelé  Rudolphi,  mais  ce  fait  était  passé 
inaperçu  (4).  Un  élève  de  Rœderer,  faisant  une  préparation  anato- 
mique  de  la  valvule  iléo-ceecale,  aperçut  quelques  petits  vers  dans 
les  matières  du  csecum  ;  Wrisberg  qui  était  présent,  pensa  que  ces 

(1)  Thèse  de  Paris,  ii"  14,  1814,  citée  par  Mondière. 

(2)  Brera,  ouvr.  cit.,  p.  208. 

(3)  J.  Cloquet,  Mém.  cit.,  p.  5. 

(4)  Morgagni,  Epist.  anat  ,  xiv,  §  il,  cité  par  Rud.,  Bibl.,  n"  51. 


FlG.  i. — Trichocépliale  de  l'homme.  —  1.  Mâle,  gran- 
deur naturelle.  —  2.  Femelle,  grandeur  naturelle. 
—  3.  Extrémité  céphalique  grossie.  —  4.  Extrémité 
caudale  du  mâle,  grossie  ;.bb,  spicule  ;  ce,  gaîne  du 
spicule. 


20(3  AFFECTIONS   VERMINE/USES    DES   V01LS   DIGESTIVES 

vers  appartenaient  à  une  espèce  nouvelle,  niais  Wugler,  alors  pro- 
secteur, et  quelques  autres  jeunes  médecins  les  prirent  pour  des 

oxyures  ou  pour  de  jeunes 
lombrics.  Rœderer  interve- 
nant dans  la  discussion,  re- 
connut avec  Buttner  que  ces 
vers  étaient  d'une  espèce  nou- 
velle à  laquelle  ces  savants 
donnèrent  le  nom  de  trichu- 
ris,  car  l'extrémité  amincie 
du  ver  avait  été  regardée 
commerextrémitécaudale(l). 
Gœze,  en  1782,  reconnut  que 
l'extrémité  amincie  est  au 
contraire  la  tête,  ce  qui  fit 
substituer  au  nom  précédent 
celui  de  trichocéphale . 
L'erreur  relative  à  l'extré- 
mité céphalique  de  ce  ver  ne  fut  pas  la  seule  commise  par  Rœderer, 
Buttner  et  par  beaucoup  d'autres  médecins  ;  les  différences  grandes 
qui  existent  entre  le  mâle  et  la  femelle  firent  croire  que  les  individus 
de  l'un  et  de  l'autre  sexe  appartenaient  à  une  espèce  différente. 

Rœderer  poursuivit  ses  recherches  :  trompé  par  la  nouveauté  de 
la  découverte,  par  la  coïncidence  d'une  maladie  jugée  nouvelle  aussi, 
il  attribua  trop  facilement  à  l'épidémie  de  fièvre  muqueuse  qui  régnait 
alors,  la  grande  quantité  de  trichocéphales  observés  par  lui  dans  tous 
les  cadavres  (2). 

Le  trichocéphale  de  l'homme  existe  le  plus  ordinairement  dans  le 
cœcu m,  moins  souvent  dans  le  côlon;  on  en  voit  aussi  quelquefois 
dans  l'intestin  grêle.  Wrisberg  en  a  trouvé  clans  le  duodénum  ; 
jamais  il  n'en  a  rencontré  dans  l'estomac. 

Un  trichocéphale  trouvé  chez  un  homme  dans  l'amygdale  gauche, 
a  étérapporté  au  trichocephalus affinis  (voy.  Synopsis,  n°  73) ,  espèce 
qui  vit  dans  le  caecum  chez  le  mouton  et  chez  d'autres  ruminants; 
mais  il  est  bien  probable  qu'il  s'agit  ici  d'un  trichocéphale  dispar 
chassé  de  l'intestin  et  de  l'estomac  par  le  vomissement  (3). 

(1)  Rœderer  et  Wagler,  ouït,  cil.,  préface  de  H.  Aug.  Wrisberg,  §  5,  uute. 

(2)  Wrisberg,  §  5,  noie. 

(3)  «  At  a  post  rnortem  examination  of  James  Flack,  of  the  75"'  régiment,  at 


CHEZ   L'HOMME.    —   TRICHOCÉPHALE.  207 

Ces  vers  sont  probablement  fixés  pendant  la  vie  aux  parois  intes- 
tinales, par  leur  tête  qu'ils  enfoncent  dans  la  membrane  muqueuse  ; 
Wrisberg  dit  qu'ils  font  pénétrer  l'une  ou  l'autre  de  leurs  extrémités 
dans  Y  orifice  des  glandes  de  Peyer  ou  des  follicules  muqueux  ; 
Bellingham  dit,  au  contraire,  qu'ils  sont  libres  et  que  leur  tête  est 
rarement  appliquée  contre  l'intestin. 

Le  trichocéphale  existe  chez  des  individus  de  tout  âge  :  Wrisberg 
en  a  vu  chez  des  enfants  de  deux  ans  ;  chez  les  adultes  il  est  extrê- 
mement commun.  Rudolphi,  de  même  que  l'auteur  précédent,  en  a 
trouvé  dans  presque  tous  les  cadavres  humains  qu'il  a  examinés  ;  il 
en  a  compté  plus  de  mille  dans  le  gros  intestin  d'une  femme  (1). 
»  Pendant  dix  ou  douze  années,  dit  Mérat,  les  cadavres  que  j'ai 
ouverts  à  la  clinique  de  la  Faculté  de  Paris,  m'en  ont  offert,  et  j'en  ai 
montré  aux  élèves  toutes  les  fois  qu'ils  ont  désiré  en  voir,  même  dans 
ceux  qui  avaient  succombé  à  une  mort  violente  et  dans  l'état  le  plus 
parfait  de  santé  (2).  »  Beaucoup  d'auteurs  ont  fait  la  même  remarque; 
pour  nous,  ayant  examiné  au  microscope  les  garderobes  d'un  grand 
nombre  d'individus  atteints  de  maladies  diverses,  nous  avons  ren- 
contré des  œufs  de  trichocéphale  dans  au  moins  la  moitié  des  cas. 

Le  plus  souvent,  ces  vers  sont  peu  nombreux  ;  on  n'en  trouve  quel- 
quefois qu'un  seul,  mais,  dans  certaines  affections,  et  en  particulier 

»  the  army  gênerai  hospital,  Fort  Pitt  Châtain,  one  spécimen  of  this  entozoon  (tri- 
«chocephalus  afflnis)  wasfound  imbedded  ou  cutting  ioto  the  left  tonsil,  wich  was 
»  considerably  enlarged  and  in  a  gangrenous  sloughy  condition.  This  species,  first 
»  described  by  Rudolphi,  has  not,  according  to  this  observer,  been  hitherto  disco- 
»  vered  in  the  human  subject.  On  submitting  the  spécimen  to  examiuation  under  the 
;>  microscope,  it  was  found  to  be  a  female.  It  is  preserved  in  the  muséum,  of  Fort 
»  Pitt.  «  (Microscopic  Journal.  London,  1842,  p.  94.) 

On  sait  que  les  caractères  qui  distinguent  le  trichocephalus  dispar  d'avec  le  Iri- 
vhocephalus  affinis  sont  surtout  apparents  dans  le  mâle;  quant  à  la  femelle,  elle 
est  fort  semblable  dans  les  deux  espèceSj  d'où  l'on  a  même  tiré  la  dénomination 
de  la  seconde  (trichocéphale  voisin)  ;  or,  lé  spécimen  observé  dans  une  amygdale, 
étant  une  femelle,  peut  avoir  donné  facilement  lieu  à  une  méprise,  et  nous  pou- 
vons d'autant  plus  le  croire,  qu'il  n'est  pas  fait  mention  des  caractères  d'après  les- 
quels on  a  rapporté  ce  trichocéphale  à  celui  que  l'on  ne  connaît  encore  que  chez  des 
ruminants.  Quoique  l'on  n'ait  point  observé  le  trichocéphale  dispar  dans  l'es- 
tomac chez  l'homme,  il  se  peut  cependant  que  le  ver  dont  il  est  ici  question,  ait 
été  rapporté  des  intestins  dans  l'estomac  par  des  efforts  de  vomissement,  et  ensuite 
dans  le  pharynx,  d'où  il  a  pu  facilement  s'introduire  dans  les  anfractuosités  de  la 
tonsille. 

(1)  Rud.,  Hist.  nat,,  t.  II,  p.  91. 

(2)  Mérat.,  Dict.  se.  méd.,  art.  Trichocéphale,  p.  560. 


208  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES   \01iiS  DIGEST1VES 

dans  la  fièvre  typhoïde,  on  les  trouve  ordinairement  en  plus  grand 

nombre  que  dans  d'autres  maladies. 

Le  trichocéphale  paraît  exister  dans  toutes  les  contrées  du  globe; 
outre  les  observations  précédentes  qui  prouvent  sa  fréquence  en  Alle- 
magne et  en  France,  nous  citerons  celles  de  Bellingham  à  Dublin, 
qui  trouva  dans  les  cadavres  de  vingt-neuf  individus  (hommes  ou 
femmes),  vingt-six  fois  le  trichocéphale  (1);  celles  de  Cooper,  chirur- 
gien deGreenwich,  qui  le  trouva  onze  fois,  sur  dix-sept  sujets  (2);  celles 
du  docteur  Thibault  qui,  ayant  examiné  à  Naples  les  cadavres  de. 
quatre-vingts  individus  morts  du  choléra  ou  d'autres  maladies,  con- 
stata chez  tous  la  présence  de  ces  vers  (3).  Pruner  rapporte  qu'en 
Syrie  et  en  Egypte,  le  trichocéphale  est  extrêmement  commun  chez 
les  enfants  (4),  et  M.  Leidy  rapporte  également  qu'il  est- commun 
aux  Etats-Unis  chez  les  enfants  des  Anglo -Américains  et  des 
nègres  (5). 

Le  mode  de  propagation  du  trichocéphale  est  analogue  à  celui  de 
l'ascaride  lombricoïde.  Les  œufs,  expulsés  avec  les  fèces,  ne  se  déve- 
loppent que  plusieurs  mois  après,  dans  les  eaux  qui  les  ont  entraînés 
delà  surface  du  sol;  rapportés,  sans  doute,  ensuite  dans  le  tube 
digestif  par  les  boissons,  leur  coque  est  dissoute  par  les  sucs  intesti- 
naux, et  l'embryon  est  rendu  libre  (6). 

Les  phénomènes  ou  les  symptômes  déterminés  par  la  présence 
des  trichocéphales  dans  le  tube  digestif  sont  tout  à  fait  ignorés. 

Un  médecin  connu  pour  avoir  donné  une  édition  des  œuvres  de 
Chopart,  Félix-Pascal,  dit,  dans  un  mémoire  sur  les  trichocéphales, 
que  ces  vers  déterminent,  lorsqu'ils  sont  très  nombreux,  les  phéno- 
mènes pathologiques  suivants  :  le  pouls  est  petit,  concentré,  irrégu- 
lier, intermittent,  la  face  rouge  ;  les  yeux  sont  saillants-,  il  existe  de 
la  céphalagie,  des  pincements  dans  le  bas-ventre,  etc.  ;  mais  personne 
depuis  n'a  vérifié  ces  assertions.  L'auteur  rapporte  l'observation 
d'une  petite  fille  âgée  de  quatre  ans,  qui  mourut  avec  des  accidents 

(1)  O'B.  Bellingham,  Dublin  Journ.,  1838,  et  Arch.  de  méd.,  3e  série,  t.  II, 
p.   104. 

(2)  Cité  par  Curling,  Ment,  infrà  cit.,  p.  14. 

(3)  Eneyclographie  des  se.  méd.,  août  1837,  Soc.  sav.,  p.  183  (cité  par  Curling). 

(4)  Pruner,  ouvr.  cit.,  p.  244. 
{o)  Leidy,  Synops.  cit.,  a"  142. 
(t>_  C.  Davaine,  Mém.  cit. 


CHLZ  L'ilOMMli.    —   OXYUlîE   VERMICULAIKE.  209 

cérébraux  et  chez  laquelle  il  trouva,  à  l'autopsie,  une  quantité  pro- 
digieuse de  trichocéphales  occupant  le  caecum  et  le  côlon  (1). 

On  n'a  possédé,  jusqu'aujourd'hui,  aucun  signe  qui  pût  faire  dia- 
gnostiquer l'existence  de  ces 
animaux  dans  les  intestins,  car 
il  n'est  pas  ordinaire  de  les 
voir  dans  les  garderobes  ;  cela 
n'arrive  guère  que  chez  des 
malades  atteints  de  diarrhée 
grave  ou  de  la  dysenterie  (2) ,  *»■  5-  jj£du  l™»°c«Pliale-  -  «■  sr°ssi  ™  f°is  ; 
mais   l'examen  microscopique 

des  matières  fécales  rend  le  diagnostic  facile  et  certain.  Les  œufs  de 
ces  vers  se  trouvent  en  grand  nombre  dans  les  matières  évacuées  (3). 


SIXIÈME  SECTION. 

oxyure  vermiculaire  (SyriopT.  \  n°  55). 

DÉNOMINATIONS  : 

Aa»apî;,  Hippocrate,  Aristote,  Galien,  Oribase,  iEtius,  etc. 

Ascaris.  Pierre  de  Abano,  Cœlins  Aurelianus,  Mercurialis,  etc. 

Parvus,  Avicenne  trad.,  P.  de  Abano.  —  Gracilis,  P.  de  Abano. 

Parvus  gracilis,  Sérapion.  —  Parvus  et  rctundus,  Sillanus. 

Parvus  ac  tenuis,  Actuarius. 

Curtus  gracilis,  Gordon.  —  Curtus  et  rotundus,  Arnauld  de  Villeneuve. 

Le  petit  et  grêle,  ascaride,  Ambr.  Paré. 

Ascaris  vermïcularis,  Linné.  —  Ascaride  vermiculaire,  Cuvier. 

Oxyure  vermiculaire,  Bremser. 

Noms  usités  en  Allemagne:  Der  Pfriemenschwanz,  Kinderwurm,  Masldarmwurm, 
Madenwurm,  die  Arschmade,  Darmschabe. —  En  Hollande,  Aarsmade.  — Dane- 
mark, Smaa  spolorme,  Boerneorm.  — Suède,  Barnmask'.  —  Angleterre,  Bots, 
maw-worm,  small  thread  like  worm.  — Italie,  Ascaride  vermicolare.  —  A  Tu- 
male  (Afrique  centrale),  Humdéjen. 

(1)  Observ.  sur  des  vers  trichocéphales,  par  M.  Pascal,  médecin  de  l'Hôtel-Dieu 
de  Biie-Comle-Robert  (Bull.  Soc.  méd.,  n°  3,  p.  59  et  suiv.). 

(2)  Bremser  {ouvr.  cit.,  p.  445)  dit  n'en  avoir  observé  qu'une  fois  dans  les 
garderobes  ;  c'était  chez  une  petite  fille  de  six  ans  qu'il  traitait  du  ténia.  Cette  enfant 
avait  à  la  fois  le  ténia,  des  lombrics,  des  oxyures  et  le  trichocéphale. 

M.  le  docteur  Danet  m'a  remis  des  trichocéphales  trouvés  dans  les  garderobes 
d'une  malade  qui  en  rendait  de  temps  eu  temps. 
(S)  Voyez  pages  51,  52. 


ZiO  An  i.mioy-  \i'i:mini-.usi:s  dès  \oiis  blGfeS'l'lViis 

Lus  oxyures  Verihibuldifés  ÈéjOilfnent  dans  le  grdsiîitcstin  cl  prin- 
cipalement dans  le  rectum.  Ordinaircinent  ils  en  occupent  la  partie 
inférieure  ;  ils  s'insinuent  entre  h  s  replis  de  l'anus  et  se  fëpËtident 
même  uu  dehors. 

des  vers  existent  généralement  en  nombre  considérable,  et  se 
trouvent  quelquefois  agglomérés  en  masses  assez  volumineuses. 
(Quoique  expulsés  par  centaines  spontanément  ou  par  l'effet  des  re- 
mèdes, on  les  voit  souvent,  au  bout  de  quelques  jours,  reparaître  en 
très  grand  nombre. 

Les  enfants  sont  beaucoup  plus  sujets  aux  oxyures  que  les  adultes  ; 
toutefois  l'on  en  est  atteint  à  tout  âge.  On  voit  des  vieillards  qui  en 
souffrent  ou  qui  en  ont  souffert,  à  plusieurs  reprises,  depuis  leur 
enfance. 

On  ne  sait  rien  de  précis  touchant  l'influence  du  régime  sur  le  déve- 
loppement de  ces  vers  ;  celle  des 
saisons  est  également  fort  peu 
certaine.  Beaucoup  d'auteurs  di- 
sent les  oxyures  plus  communs 
au  printemps  et  en  automne; 
P.  Frank  dit  qu'ils  sont  plus  nom- 
breux et  plus  animés  aux  appro- 
ches du  printemps  que  dans 
l'automne. 

Les  oxyures  existent  dans 
toutes  les  contrées  de  l'Europe  ; 
d'après  Pruner,  ils  sont  très  com- 
muns chez  les  enfants  en  Syrie 
et  en  Egypte  (1)  ;  ils  existent  en 
nombre    considérable     chez    les 

FlG.  6.  — Oxyure  vermiculaire.— 1.  Individus  de  Egyptiens,  au  dire  de  Bilharz  :  il 

grandeur  naturelle. — 2.  Extrémité  céphalique  _>      j.  1       j.  j 

grossie.  -  3.  Extrémité  caudale  grossie.  -  n  est    PaS    rare     de    trouver    dans 

4.  Tête  fortement  grossie;  a,  bouche  munie  de  \eS      cadavres     Qu'on     OUVre      au 
trois  lèvres  ;  b  b,  renflements  latéraux.  .         \  -,       c  ■ 

Caire,  a  la  fois  cent  anchylosto- 
mes,  vingt  à  quarante  lombrics,  dix  à  vingt  trichocéphales,  et  quel- 
ques milliers  d'oxyures  agglomérés  en  pelotons  (2).  D'après  Tutschek, 

(1)  Pruner,  ouvr.  ciL,  p.  244. 

(2)  Ein  Beilragc  ziïf  Ilelminthog raphia  humana  ans  brieflklien  Êïïhh'é'dûngep 
derD"  Bilharz  in  Cairo,  nébsl  Bemèrïcùrigèn  von  prof.  C.  Th.  v.  Siebold('ieiischrif( 
fur  vbissenschafltïche  Zoologie,  viërter  Band»  p.  83.  Leipzig,  1853). 


CHEZ  L'HOMME.  —  OXYURE  VEIîMICULAIRE.  2ll 

ils  existent  à  Tumale  (Afrique  centrale)  (1),  et  d'après  M.  Leidy  ils 
sont,  chez  les  Anglo-Américains,  les  plus  communs  de  tous  les 
vers  (2). 

La  présence  des  oxyures  se  décèle  par  des  phénomènes  patholo- 
giques plus  fréquemment,  peut-être,  que  celle  d'aucun  autre  ver.  Ces 
entozoaires  causent  ordinairement  dans  le  rectum  une  irritation 
sourde,  des  douleurs  lancinantes,  du  ténesme,  et  à  l'anus  un  prurit 
vif,  intolérable,  qui  se  propage  quelquefois  jusqu'aux  organes  génito- 
urinaires.  Ces  phénomènes  s'exaspèrent  à  certaines  heures  qui  va- 
rient suivant  les  individus  ou,  peut-être,  suivant  l'époque  des  repas. 
Ordinairement  les  malades  sont  vivement  tourmentés  aux  approches 
de  la  nuit,  et  principalement  lorsqu'ils  viennent  de  se  mettre  au  lit. 
Il  y  a  dans  le  retour  de  ces  douleurs  une  périodicité  si  constante, 
dans  quelques  cas,  qu'on  ne  peut,  suivant  Lallemand,  l'expliquer  que 
par  le  retour  périodique  des  phénomènes  digestifs  qui  se  terminent 
dans  la  dernière  partie  du  gros  intestin  (3). 

Chez  un  jeune  malade  observé  par  M.  Cruveilhier,  ces  retours 
étaient  tellement  réguliers  que  ce  savant  praticien  crut  avoir  affaire 
à  une  affection  intermittente.  Voici  le  fait: 

»  J'ai  donné  mes  soins  à  un  enfant  de  neuf  à  dix  ans  qui  était 
réveillé  toutes  les  nuits  à  la  même  heure  par  des  douleurs  intoléra- 
bles à  la  région  de  l'anus  ;  ce  malheureux  enfant  poussait  des  cris, 
se  comprimait  le  fondement  et  se  traînait  dans  l'appartement.  La 
périodicité  de  ces  douleurs  me  fit  d'abord  penser  à  une  fièvre  inter- 
mittente: je  lui  administrai  le  sulfate  de  quinine  en  potion,  puis  en 
lavements,  mais  sans  effet.  J'eusl'idée  que  ces  douleurs  périodiques 
pouvaient  tenir  à  des  oxjures  ;  je  priai  de  m'envoyer  chercher  à 
l'heure  de  la  douleur;  j'examinai  l'anus  et  je  trouvai  au  fond  des  plis 
plusieurs  de  ces  petits  animaux  qui  s'agitaient  avec  beaucoup  de 
vivacité.  Un  peu  d'onguent  gris  posé  sur  l'anus  pendant  plusieurs 
jours,  enleva  les  douleurs  avec  la  cause.  Quelques  années  après, 
les  douleurs  s'étant  reproduites,  le  même  moyen  les  dissipa  immé- 
diatement (4).  » 

(1)  Teste  Djalo  Djondan  are  apud  Tutschek  (Diesing). 

(2)  Leidy,  Synopsis  cite',  n°  107. 

(3)  Malgré  tout  mon  respect  pour  l'illustre  professeur,  je  suis  peu  disposé  à  par- 
tager cette  opinion,  par  la  considération  que  les  heures  des  repas  varient  suivant 
les  provinces,  et  que  partout  on  a  signalé  l'existence  des  démangeaisons  aux  appro- 
ches de  la  nuit. 

(4)  Cruveilhier,  art.  Entozoaires,  cité  p.  337.- 


2U  AFFECTIONS   VERMINEUSES  DES   VOIES   DIUESUVES 

Le  lait  suivant  est  rapporté  par  Bianchi  dans  son  Historia  hepa- 
tica  : 

»  Un  de  mes  amis,  âgé  de  1  route  ans,  souffre  depuis  longtemps 
des  ascarides  (oxyures),  mais  seulement  d'une  manière  périodique. 
Chaque  jour,  à  neuf  heures  du  soir,  une  multitude  de  ces  vers  accu- 
mulés au -dessus  de  l'anus,  lui  causent  pendant  une  heure  entière, 
c'est-à-dire  jusqu'à  dix  heures,  une  titillation  si  fâcheuse  que  pen- 
dant tout  ce  temps  i!  ne  peut  vaquera  aucune  affaire.  A  toute  autre 
heure,  il  est  parfaitement  en  repos.  Ce  phénomène  existe  constam- 
ment à  toutes  les  époques  de  l'année.  >■  Bianchi,  rapportant  de  nou- 
veau ce  Fait  longtemps  après,  ajoute  que  le  malade,  alors  d'un  âge 
avancé,  souffrait  encore  quelquefois,  mais  très  rarement  de  ces 
oxyures  (1). 

Chez  les  individus  atteints  d'un  certain  nombre  d'oxj-ures,  les 
selles  sont  ordinairement  faciles,  molles,  fétides  ,  enveloppées  de 
mucosités  épaisses  et  teintes  quelquefois  de  stries  de  sang.  Chez 
ces  malades,  la  diarrhée  est  fréquente;  souvent,  ils  sont  tristes  et 
abattus. 

Il  est,  en  général,  facile  de  s'assurer  par  l'inspection  des  parties 
que  les  démangeaisons  et  les  douleurs  du  rectum  et  de  l'anus  tien- 
nent à  la  présence  des  oxyures.  On  trouve  fréquemment  quelques- 
uns  de  ces  vers  entre  les  replis  du  sphincter  ou  dans  les  environs  ; 
il  en  sort  aussi  de  temps  en  temps  avec  les  matières  fécales. 

L'examen  de  la  marge  de  l'anus  ne  fait  reconnaître  aucune  affec- 
tion cutanée  dans  le  voisinage,  mais  la  membrane  muqueuse  qui 
tapisse  le  sphincter  est  injectée,  rouge,  gonflée,  enduite  d'un  mucus 
épais  et  quelquefois  sanguinolent.  Elle  est  parsemée  d'une  multitude 
de  petits  points  rouges  qui,  suivant  Lailemand,  sont  dus  ainsi  que 
la  démangeaison,  aux  piqûres  produites  par  la  queue  des  oxyures. 

Quoique  l'examen  de  la  marge  de  l'anus  et  celui  des  matières 
fécales  suffisent  généralement  pour  faire  constater  l'existence  des 
oxyures,  il  arrive  quelquefois  que  ces  vers  échappent  à  l'inspection  ; 
dans  ces  cas,  leur  existence  peut  être  mise  en  évidence  par  l'admi- 
nistration de  vermifuges  continuée  pendant  plusieurs  jours,  ou  par 
celle  de  lavements  froids. 

Outre  les  phénomènes  locaux,  qui  sont  les  symptômes  les  plus 
ordinaires  de  la  présence  des  oxyures  dans  le  rectum,  ces  vers  occa- 

(I)  Bianchi,  ouvr.  cil.,  p.  25C. 


CHEZ   L'HOMME.   —  OXYURE   VtP.MK'.L'LAIP.n.  213 

sionnent  encore  des  phénomènes  ou  plutôt  des  affections  s\'mpathi- 
ques  plu>.  ou  moins  graves.  Noos  ne  parlons  pas  des  attaques  con- 
vulsives,  de  la  chorée,  de  l'épilepsie,  de  la  catalepsie,  etc.,  qui  peu- 
vent être  produites  parles  oxyures  aus^i  bien  que  par  le  ténia  ou  par 
l'ascaride  lornbricoïde,  et  dont  nous  avons  cité  des  exemples  voyez 
p.  53)  ;  nous  voulons  parler  des  désordres  graves  que  ces  vers  pro- 
duisent chez  quelques  individus,  dans  les  fonctions  des  organes 
génitaux . 

Plusieurs  observateurs  ont  fait  mention  de  l'excitation  que  les 
oxyures,  bien  que  renfermés  dans  le  rectum,  occasionnent  dans  les 
organes  sexuels,  excitation  qui  peut  être  portée  au  point  de  faire 
naître,  même  chez  des  hommes  d'un  certain  âge,  l'habitude  de  la 
masturbation.  Wichmann  rapporte  un  fait  de  ce  genre,  et  le  traduc- 
teur du  Traite  des  vers  de  Bremser,  dit  en  avoir  vu  trois  exemples 
chez  des  hommes  âgés  de  dix-huit,  vingt,  et  quarante  ans  \\).  3Iais 
c'est  surtout  dans  le  jeune  âçre  que  l'on  voit  les  oxyures  produire 
cette  funeste  habitude;  en  effet,  les  démangeaisons  et  les  élance- 
ments que  ces  vers,  si  communs  chez  les  enfants,  occasionnent  à 
l'anus  et  dans  le  rectum  se  propagent  jusque  dans  les  parties  géni- 
tales, provoquant  des  érections  plus  ou  moins  fréquentes  et  persis- 
tantes, des  sensations  incommodes  ou  douloureuses  dont  ces  petits 
malheureux  cherchent  à  se  soulager  par  des  attouchements  perni- 
cieux. Alors  la  masturbation  s'établit,  quoique  les  parties  sexuelles 
ne  soient  pas  encore  développées.  Elle  s'établit  aussi  de  la  même 
façon  chez  les  adultes  qui  n'ont  point  la  force  de  résister  à  des  exci- 
tations dont  ils  ne  comprennent  pas  toujours  tout  le  danger;  ces 
derniers  peuvent  encore,  sous  l'empire  de  ces  excitations,  se  livrer 
à  des  actes  vénériens  excessifs  et  sans  proportion  avec  leurs  besoins 
et  leur  puissance  ;  de  là  résultent  bientôt  des  conséquences  graves 
pour  leur  santé. 

Enfin,  l'irritation  consécutive  à  la  présence  des  oxyures  dans  le 
rectum  produit  quelquefois  des  pertes  séminales  involontaires:  Lalle- 
mand  en  rapporte  plusieurs  exemples  dans  son  célèbre  ouvrage  sur 
les  perb  s  séminales  [2).  Ces  pertes  involontaires,  souvent  mécon- 
nues, peuvent  devenir  assez  fréquentes  pour  altérer  profondément 
la  santé  de  l'individu  qui  en  est  affecté,  et  entraîner  tout  leur  triste 

(1)  Bremser,  ouvr.  cil.,  p.  356,  note. 

(2)  I.alleniand,  Des  pertes  séminales  involontaires.  Paris,  1842,  t.  III. 


"1\!\  AFFECTIONS   VBRMINEUSES   DES  VOIES   MGLSTIVIS 

OQrtéfifd  d'acoidenta  et  de  misères.  L'état  de  ces  tabescents  a  quelque 

eh  se  de  particulier  dont  il  importe  de  parler: 

v  Les  malades  dont  les  pertes  séminales  sont  provoquées  par  les 
ascarides, a  dit  le  célèbre  professeur  de  Montpellier,  conservent  seuls 
des  érections,  des  rêves  erotiques,  et  des  désirs  vénériens  dans  les 
dernières  périodes  de  la  maladie,  quelles  que  soient  la  faiblesse  et 
l'altération  de  l'économie  ;  mais  tous  ces  phénomènes  ont  quelque 
chose  de  bizarre  et  d'irrégulier,  qui  ne  permet  pas  de  les  confondre 
avec  ceux  qu'on  observe  à  l'état  normal.  Les  érections  sont  énergi- 
ques, opiniâtres  pendant  la  nuit  ;  elles  reviennent  même  souvent 
dans  la  journée  d'une  manière  importune,  dès  que  le  corps  est  en 
repos,  quoique  l'imagination  ne  soit  occupée  d'aucune  idée  lascive, 
mais  elles  ne  reparaissent  pas,  du  moins  avec  la  même  énergie, 
lorsque  ces  malades  le  désireraient  le  plus  ardemment.  Ainsi,  malgré 
cette  espèce  de  satyriasis,  ils  sont  réellement  impuissants...  D'un 
autre  côté,  si  les  rêves  de  ces  malades  ont  rapport  à  la  génération, 
ils  sont  sales  et  dégoûtants  plutôt  qu'agréables.  Ils  rappellent  sou- 
vent des  accouplements  d'animaux  qui  ont  été  remarqués  pendant  la 
veille,  ou  des  rapports  monstrueux,  impossibles,  des  scènes  de  pédé- 
rastie, de  bestialité,  etc.,  et  c'est  au  milieu  de  ces  images  repous- 
santes qu'ont  lieu  les  pollutions  nocturnes, 

»  Pendant  la  veille,  l'attention  de  ces  malades,  leurs  pensées  habi- 
tuelles, leurs  préoccupations  involontaires  ne  sont  tournées  que  vers 
des  objets  de  même  nature.. .  J'ai  toujours  vu  ces  tabescents  affligés 
de  la  direction  involontaire  de  leurs  idées  sans  pouvoir  les  maîtriser 
tant  qu'ils  étaient  tourmentés  par  des  ascarides  ;  ils  ne  m'ont  plus 
parlé  de  rien  de  semblable  dès  qu'ils  en  ont  été  délivrés  (1). 

"  Un  autre  symptôme  remarquable,  c'est  la  fréquence  d'élance- 
ments douloureux  qui  partent  de  la  base  de  la  verge  pour  se  terminer 
à  l'extrémité  du  gland,  semblables  à  des  coups  de  canif,  entremêlés 
d'une  espèce  de  rongement  continuel  vers  la  fosse  naviculaire.  Ces 
sensations  ont  de  l'analogie  avec  celles  que  produit  la  présence  d'une 
pierre  dans  la  vessie,  et  elles  poussent  aussi  le  malade  à  se  tirailler 
le  prépuce  pour  les  faire  cesser  ou  du  moins  pour  en  diminuer  l'im-- 
portunité. 

»  Il  est  clair  que  ces  sensations  ne  peuvent  être  provoquées  que 
par  la  piqûre  de  la  partie  du  rectum  qui  tapisse  la  prostate  et  la  por- 
tion membraneuse  de  l'urèthre.  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  que  les 

(1)  Lallemand,  ouvr.  cit.,  t.  III,  p.  116. 


CHEZ   L'HOMME.  — OXYURES   ERRATIQUES.  215 

pollutions  nocturnes  et  diurnes  sont  dues  à  la  même  cause,  dont  l'ac- 
tion s'étend  aux  vésicules  séminales. 

»  J'ai  parlé  ailleurs  des  érections  importunes,  des  rêves  erotiques, 
des  désirs  vénériens  qui  persistent  chez  les  tabescents  malgré  l'affai- 
blissement général  de  l'économie,  le  trouble  de  toutes  les  fonctions 
et  même  la  perte  delà  virilité.  Ces  phénomènes  ne  peuvent  se  conci- 
lier que  par  l'action  des  ascarides  ;  aussi  n'existent-ils  simultané- 
ment que  dans  les  cas  où  les  pertes  séminales  sont  entretenues  par 
les  oxyures  ;  leur  rapprochement  doit  donc  faire  soupçonner  aux  pra- 
ticiens l'existence  de  ces  parasites  (l).  » 

Lallemand  rapporte  sept  observations  de  pertes  séminales  pro- 
duites par  la  présence  des  ascarides  dans  le  rectum.  Dans  la  plupart 
des  cas,  les  pertes  existaient  depuis  plusieurs  années  et  avaient  pro- 
duit sur  l'état  physique  et  moral  des  malades  des  effets  désastreux. 
Tous  ont  été  guéris  par  un  traitement  dirigé  contre  les  oxyures.  Ces 
faits  et  les  réflexions  du  célèbre  professeur  qui  les  rapporte  sont 
d'un  haut  intérêt  ;  leur  étendue  ne  nous  permet  pas  de  les  donner  ici. 

Oxyures  erratiques.  — Le  séjour  des  oxyures  dans  la  partie  infé- 
rieure du  tube  digestif,  explique  comment  ces  entozoaires  ne  sont 
jamais  rejetés  par  le  vomissement,  et  comment  ils  ne  se  montrent 
point  erraiiquement  dans  les  organes  où  nous  avons  vu  pénétrer  l'as- 
caride lombricoïde.  Les  oxyures  remontent  rarement  jusqu'au  caecum 
et  bien  plus  rarement  encore  dans  la  partie  du  tube  digestif  supé- 
rieure à  cet  organe. 

Le  fait  de  Brera  qui  dit  avoir  trouvé  plusieurs  masses  de  ces  vers 
dans  l'œsophage  d'une  femme  morte  d'une  fièvre  lente  nerveuse,  a 
été  généralement  révoqué  en  doute  par  les  helminthologistes  (2). 

P.  Frank  rapporte  plusieurs  faits  semblables  :  «  Une  société  médi- 
cale d'Angleterre,  dit-il,  parle  d'un  malade  qui  en  rejeta  une  grande 
quantité  par  le  vomissement.  Un  enfant  nous  présenta,  à  Vienne 
en  1802,  un  cas  absolument  semblable  ;  chez  un  autre  enfant  du 
même  âge,  qui  venait  de  succomber  à  une  violente  cardialgie,  nous 
trouvâmes  le  ventricule  rempli  de  cette  espèce  de  vers  ;  ils  étaient 
encore  adhérents  aux  parois  de  ce  viscère  ;  nous  déposâmes  la  pièce 
anatomique  au  muséum  de  Vienne  (3).  » 

Des  faits  aussi  exceptionnels  demanderaient,  pour  se  faire  accepter, 


(1)  Lallemand,  ouvr.  cil.,  t.  III,  p,  247. 

(2)  Malad.  verm.  cit.,  p.  45. 

(3)  P.  Frank,  ouvr.  cit.,  t.  V,  p.  347. 


216  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES  VOIES  DI&Ë&TIVES 

une  description  détaillée  des  entozoaires  ;  car  on  sera  toujours  dis- 
posé à  croire  que  l'observateur  s'est  trompé  non  seulement  sur  l'es- 
pèce, mais  même  sur  la  nature  de  ces  vers. 

Quant  aux  parties  voisines  de  l'extrémité  inférieure  du  tube 
digestif,  elles  sont,  au  contraire,  assez  fréquemment  visitées  par  les 
oxyures.  Ces  vers  sortent  de  l'anus  et  se  répandent  quelquefois  sur 
le  périnée  et  les  cuisses.  Chez  les  femmes  et  surtout  chez  les  petites 
filles,  ils  pénètrent  dans  la  vulve  et  remontent  dans  le  vagin. 

Les  oxyures  qui  ont  pénétré  dans  la  vulve  ou  le  vagin  y  détermi- 
nent un  prurit  violent,  une  inflammation  vive,  un  écoulement  leucor- 
rhéiqùe  opiniâtre,  accompagnés  de  rougeur  et  d'excoriations  duclitoris 
et  des  petites  lèvres.  Par  suite  des  démangeaisons  irrésistibles  qu'ils 
occasionnent,  ils  conduisent  les  malades  à  des  habitudes  perni- 
cieuses. On  a  même  vu,  sous  l'influence  de  la  titillation  de  ces  ento- 
zoaires, survenir  des  accès  très  intenses  de  nymphomanie. 

D'après  quelques  observateurs,  les  oxyures  pourraient  encore  s'in- 
troduire et  vivre  dans  l'utérus  et  dans  la  vessie  ;  mais  les  faits  qu'on 
rapporte  sont  peu  vraisemblables  ;  nous  en  parlerons  à  propos  des 
vers  des  voies  urinaires  et  de  ceux  des  organes  de  la  génération. 

Enfin  l'on  a  rapporté  à  des  oxyures  des  vers  d'un  autre  genre 
ou  des  animaux  qui  n'étaient  peut-être  pas  des  vers  ;  tels  sont 
ces  prétendus  oxyures  de  l'estomac  de  l'homme  qui  auraient  été 
observés  par  Wulf,  et  qui  sont  des  vers  de  l'estomac  du  chien  ob- 
servés par  Wolff  (l)  ;  tels  sont  encore  ces  vers  semblables  à  ceux  du 
fromage  que  Biancbi  dit  avoir  été  trouvés  dans  le  cerveau  d'un  jeune 
homme  (2)  et  dont  quelques  auteurs  ont  fait  des  oxyures. 


SEPTIÈME  SECTION. 

TRAITEMENT    DES    ENTOZOAIRES    INTESTINAUX    DE    L'HOMME. 

Les  moyens  de  combattre  les  vers  sont  préventifs  ou  curatifs  : 

A.  La  connaissance  du  mode  ou  des  différents  modes  de  propaga- 
tion des  entozoaires  peut  seule  fournir  les  moyens  de  nous  préserver 

(1)  Voyez  Tubercules  vermineux. 

(2)  Bianchi,  op.  cit.,  p.  346.  —  Ces  vers  étaient  probablement  des  larves  de 
mouche. 


CHEZ   L'HOMMli.    —  TRAITEMENT.  217 

do  leurs  atteintes.  Les  progrès  récents  de  l'helminthologie,  en  dissi- 
pant pour  quelques-uns  de  ces  parasites  l'obscurité  profonde  qui 
couvrait  leur  origine,  nous  permettront  de  donner  quelques  préceptes 
à  cet  égard. 

L'ignorance  où  nous  sommes  encore  du  mode  de  transmission  du 
bothriocéphale  s'étend  nécessairement  aux  moyens  de  prévenir  son 
invasion.  Il  n'en  est  pas  de  même  du  ténia;  on  connaît  du  moins 
l'une  des  conditions  de  sa  propagation,  et  l'on  ne  peut  douter  que 
la  cuisson  des  viandes  ne  soit  la  cause  de  la  rareté  de  cet  entozoaire 
chez  les  peuples  de  l'Europe. 

L'ascaride  lombricoïde  et  le  trichocéphale  se  développent  en 
dehors  de  l'homme,  dans  les  eaux  qui  croupissent  ou  qui  coulent 
dans  le  voisinage  des  habitations  ;  c'est  avec  ces  eaux  que  les  œufs 
déjà  développés  sont  portés  dans  l'intestin  ;  on  préviendra  donc  l'inva- 
sion de  ces  vers  par  l'usage  de  boissons  extraites  des  fruits,  comme 
le  vin  ou  le  cidre,  ou  préparées  à  une  haute  température,  comme  la 
bière  et  le  thé,  par  la  cuisson  des  mets,  des  potages,  etc.,  par 
l'usage  domestique  d'eau  filtrée  ou,  tout  au  moins,  puisée  dans  les 
grands  cours  d'eau,  clans  les  puits  artésiens,  dans  les  sources  vives, 
et  enfin  par  des  habitudes  de  propreté,  qui  font  souvent  défaut  chez 
les  habitants  des  campagnes,  et  surtout  chez  les  enfants. 

L'introduction  des  larves  du  lombric  ou  du  trichocéphale  dans 
l'économie  humaine  est  purement  accidentelle  ;  leur  développement 
chez  l'homme  est  donc  un  simple  accident.  Les  théories  anciennes 
relatives  à  la  génération  de  ces  vers,  la  cachexie  vermineuse,  l'état 
helminthiasique  ne  sont  que  des  rêveries  dont  les  inductions  ne  doi- 
vent plus  nous  occuper.  Bientôt  personne  ne  cherchera  plus  dans  un 
état  particulier  des  humeurs,  dans  les  saburres  des  premières  voies, 
la  cause  de  l'ascaride  lombricoïde,  et  ne  prescrira  plus,  pour  prévenir 
son  invasion,  l'évacuation  de  ces  saburres  par  des  vomitifs  ou  des 
purgatifs  fréquemment  répétés;  personne  ne  verra  dans  l'usage  des 
fruits,  du  laitage,  des  aliments  farineux,  une  condition  de  son  exis- 
tence. 

Il  se  peut  que  certains  états  de  l'économie  favorisent  le  dévelop- 
pement des  entozoaires;  sous  ce  rapport,  il  en  est,  sans  doute,  des 
parasites  internes  comme  des  parasites  externes,  et  l'on  sait,  en  effet, 
que  les  femmes  et  les  enfants  sont  plus  souvent  atteints  de  vers  que 
les  hommes  et  les  adultes;  mais,  comme  l'on  ne  voit  point  l'acare  de 
la  gale  ou  les  pediculi  envahir  l'homme  qui  se  tient  éloigné  du  con- 
tact de  ces  parasites,  de  même  l'on  ne  verra  point  les  vers  se  pro- 


21S  AFFECTIONS  \  rmilNl'.Hsr.s   dis  VOIES  QiftIÎSTIVES 

pager chez  les  individus  qui  se  mettront  à  l'abri  des  sondiiions  ( j u i 
les  propagent.  Toutefois,  ces  considérations  ne  sont  probablement 
point  applicables  à  l'oxyure  qui  se  reproduit  dans  l'intestin  même. 
Sa  présence  paraît,  dans  quelques  cas,  entretenue  par  une  disposi- 
tion particulière  de  l'économie  ;  on  a  cité  bien  des  faits  qui  le  prou- 
vent; nous  en  connaissons  plusieurs,  et  particulièrement  celui  d'un 
homme,  âgé  de  près  de  soixante  et  dix  ans,  qui,  depuis  l'âge  de  six 
ans,  est  forcé  de  se  purger  fréquemment,  tous  les  mois  même,  pour 
se  débarrasser  de  ces  hôtes  incommodes  et  sans  cesse  renaissants. 

B.  La  thérapeutique  des  entozoaires  intestinaux  doit  varier  sui- 
vant l'espèce  du  ver  et  la  portion  de  l'intestin  qu'elle  habite,  suivant 
l'âge  et  l'état  de  santé  de  l'individu  affecté. 

Les  médicaments  anthelminthiques  se  comportent  soit  comme 
excitants  des  sécrétions  et  des  mouvements  de  l'intestin  à  la  faveur 
desquels  les  entozoaires  sont  expulsés,  soit  comme  agents  toxiques 
à  l'égard  de  ces  animaux.  Généralement  tout  anthelminthique  agit 
sur  plusieurs  des  espèces  qui  habitent  le  tube  digestif,  mais  il  en 
est  qui  possèdent  une  action  plus  marquée  sur  tel  ou  tel  ver. 

Les  vermifuges  peuvent  être  administrés  de  plusieurs  manières 
qui,  suivant  les  circonstances,  recevront  une  indication  particulière. 

Dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  ces  médicaments  doivent 
être  administrés  par  la  bouche;  ils  arrivent  ainsi  plus  directement 
sur  les  vers  qui  se  trouvent  accidentellement  dans  l'estomac  ou  sur 
jeux  qui  habitent  l'intestin  grêle  et  même  le  csecum.  Pour  les  vers 
qui  séjournent  dans  le  gros  intestin,  les  anthelminthiques  auront 
plus  d'action  administrés  en  lavement. 

Chez  les  petits  enfants,  chez  ceux  qui,  par  suite  d'une  affection 
intestinale,  ne  supporteraient  pas  les  vermifuges  à  l'intérieur,  on 
trouvera  quelque  avantage  à  les  appliquer  extérieurement,  soit  en 
fomentations,  soit  en  onctions  sur  le  ventre,  soit  en  bains.  Les  anthel- 
minthiques qui  peuvent  être  administrés  ainsi,  sont  :  la  santonine, 
la  tanaisie,  l'absinthe,  le  camphre,  etc. 

Dans  certains  cas,  comme  ressource  extrême,  on  pourrait  in- 
jecter le  médicament  dans  les  veines.  Nous  avons  rapporté  l'ob- 
servation d'une  femme  qui,  ne  pouvant  prendre  aucun  remède  et  sur 
le  point  de  périr,  évacua  un  grand  nombre  de  lombrics  par  l'effet 
d'une  solution  de  tartre  stibié  injectée  dans  la  veine  médiane,  et  qui 
fut  ainsi  rendue  à  la  santé  (voy.  p.  132,  cas  Ier). 


CHEZ   L'HOMME.    —   TRAITEMENT.  219 

Lorsqu'il  existe  une  maladie  grave  cïe  l'intestin,  lorsque  l'éco- 
nomie est  profondément  altérée  et  que  les  vers  ne  sont  point  la  cause 
de  cet  état,  il  faut  s'abstenir  de  toute  médication  anthelminthique; 
cependant,  il  sera  souvent  difficile  de  déterminer  si  la  présence  des 
vers  ne  prend  point  une  certaine  part  dans  la  production  des  phéno- 
mènes observés,  si  elle  n'est  point  une  complication  fâcheuse.  Nous 
avons  vu  que,  dans  certaines  épidémies  de  dysenterie,  la  guérison 
était  plus  facile  et  plus  prompte  après  l'évacuation  des  lombrics  ; 
aussi  ne  faudrait-il  point  poser  l'abstention  en  règle  générale  :  des  ten- 
tatives faites  avec  circonspection,  l'administration  de  vermifuges  dé- 
pourvus d'action  irritante  ou  purgative,  leur  application  extérieure 
seront  toujours  très  justifiables  et  seront  quelquefois  utiles.  Enfin, 
il  faut  encore,  après  l'expulsion  des  vers,  remédier  aux  désordres 
qui  auraient  persisté  surtout  dans  les  fonctions  du  système  nerveux, 
rétablir  les  forces  et  la  constitution,  lorsqu'il  y  a  lieu. 

§  I.  —  Cestoïdes. 

On  se  sert  aujourd'hui,  contre  les  vers  cestoïdes,  d'un  petit  nombre 
de  médicaments  ;  on  leur  en  associe  quelquefois  d'autres  plus  ou 
moins  actifs,  ou  l'on  fait  subir  au  malade  quelque  préparation  par- 
ticulière, ce  qui  constitue  telle  ou  telle  méthode  de  traitement. 

Les  médicaments  les  plus  usités  sont  la  fougère  mâle,  l'écorce  de 
la  racine  de  grenadier  et  le  cousso. 

Ces  remèdes  ont  été  employés  presque  indifféremment  contre  les 
deux  vers  cestoïdes  de  l'homme;  toutefois  la  fougère  mâle  parait 
avoir  contre  le  ténia  solium  une  action  moins  certaine  que  d'autres 
vermifuges  (1). 

Il  importe,  après  l'administration  du  remède,  de  s'assurer  si  le 
ténia  ou  le  bothriocéphale  a  été  expulsé  complètement  ;  il  faut  donc 
faire  recueillir  toutes  les  évacuations  du  malade  et  les  examiner  avec 
soin.  On  accordait  autrefois,  et  avec  raison,  beaucoup  d'attention  à 
l'expulsion  de  la  tête  du  ténia  ;  en  effet,  comme  ce  ver  vit  ordinai- 
rement solitaire,  la  tête  étant  sortie,  la  guérison,  dans  la  plupart  des 
cas,  est  certaine.  Peut-être  aujourd'hui  ne  doit-on  plus  attacher  la 

(1)  Odier  (de  Genève)  dit  que  la  fougère  mâle,  administrée  suivant  sa  méthode, 
ue  manque  jamais  et  fait  presque  toujours  rendre  le  bothriocéphale  par  peloton 
sans  aucun  inconvénient...  Ce  remède  ne  réussit  qu'imparfaitement  pour  l'expul- 
sion du  ténia  solium  (ouvr.  cit.,  p.  223).  D'un  autre  côté,  P.  Frank  dit:  «  Le 
bothriocéphale  oppose  souvent  une  résistance  opiniâtre  aux  remèdes  qui  chassent 
ordinairement  le  ténia  solium.  »  (Ouvr.  cit.,  t.  V,  p.  382.) 


220  AFFECTIONS   VERM1NEBSES  Di:S   VOIF.S   DIGESTIVE8 

mémo  importance  à  celle  expulsion  pur  la  raison  qu'autrefois  on 
employait  le  plus  souvent  contre  le  ténia  des  purgatifs  plus  ou  moins 
énergiques  qui  le  chassaient,  mais  ne  le  tuaient  point,  tandis  que 
les  remèdes  que  l'on  administre  généralement  aujourd'hui,  sont  des 
substances  toxiques  pour  le  ver  solitaire,  et  lors  même  que  la  tête 
fixée  à  Ja  paroi  de  l'intestin  ne  s'en  détache  pas  et  n'est  point  ex- 
pulsée avec  le  reste  du  ver,  il  peut  se  faire  qu'elle  périsse  et  que  la 
guérison  s'ensuive;  aussi  Bremser  a-t-il  pu  dire  :  «  Parmi  plusieurs 
centaines  de  personnes  tourmentées  parce  ver,  et  traitées  par  moi, 
il  n'y  en  pas  une  seule  qui  ait  vu  sortir  la  tête  de  son  ténia,  et  cepen- 
dant je  puis  assurer  que  quatre-vingt-dix-neuf  sur  cent  se  trouvent 
guéries  (1).  » 

Il  est  toujours  avantageux  de  constater  l'expulsion  de  la  tête  (2), 
c'est  une  sécurité  pour  le  malade,  et  c'est,  pour  le  médecin,  une  indi- 
cation de  cesser  tout  remède;  mais  il  faut  savoir  aussi  que  la  gué- 
rison peut  se  faire  sans  que  la  tête  ait  été  amenée  au  dehors,  et  qu'il 
est  bon  de  cesser  le  traitement,  momentanément  au  moins,  lorsque 
l'on  a  fait  quelques  tentatives  inutiles  et  fatigantes;  dans  ce  cas,  il 
vaut  mieux  attendre,  avant  de  reprendre  le  traitement,  que  la  réap- 
parition des  symptômes  ou  l'expulsion  des  anneaux  du  ténia  vien- 
nent donner  la  certitude  que  ce  ver  existe  encore.  Au  reste,  lorsque 
la  plus  grande  partie  du  ver  est  sortie  et  que  la  tête  ne  possède 
plus  qu'un  appendice  de  quelques  centimètres  de  longueur,  on  fe- 
rait souvent  pour  l'expulser  des  tentatives  infructueuses.  Plusieurs 
médecins  ont  signalé  l'insuffisance  de  tous  les  traitements  dans  ces 
cas,  et  la  facilité  plus  grande  de  ehasser  le  ténia  lorsque  l'on  ob- 
serve l'émission  des  cucurbitins  (3);  de  là  le  précepte   d'attendre 

(1)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  196. 

(2)  «  Il  arrive  dans  beaucoup  de  cas  que  le  ténia  se  rompt  dans  le  voisinage  de  la 
tête,  et  alors  elle  devient  très  difficile  à  découvrir  dans  les  matières  fécales.  La 
meilleure  manière  pour  atteindre  ce  but  est  la  suivante  :  on  fait  verser  de  l'eau 
tiède  en  petite  quantité  sur  les  déjections,  afin  de  les  faire  ramollir  ;  quelques 
moments  après,  on  laisse  découler  avec  précaution  tout  ce  qu'il  y  a  de  liquide;  on 
répète  ensuite  cette  opération  jusqu'à  ce  que  le  ver  et  ses  parties  détachées  restent 
seules  au  fond  du  vase.  Je  me  suis  procuré  de  cette  manière  la  tête  d'un  ténia  qui 
se  trouvait  jointe  à  un  morceau  d'un  pouce  de  long  seulement.  »  (Bremser,  p.  196). 

(3)  Ce  fait,  qui,  au  premier  abord,  paraît  singulier,  peut  s'expliquer  d'une  ma- 
nière assez  satisfaisante  :  La  tête  du  ténia,  fortement  implantée  dans  la  membrane 
muqueuse  de  l'intestin,  ne  s'en  détache  que  par  une  forte  traction;  après  l'admi- 
nistration d'un  authelminthique,  cette  traction  s'opère  sur  le  corps  du  ténia  par 
les  mouvements  péristaltiques  de  l'intestin  qui  le  chassent  vers  le  bas.  Plus  le 
corps  offre  un  grand  volume,  plus  il  donne  de  prise  aux  contractions  intestinales; 


CHEZ  L'HOMME.    —  TRAITEMENT.  221 

l'apparition,  dans  les  garderobes,  de  fragments  ou  des  anneaux  du 
cestoïde  avant  de  recourir  à  un  nouveau  traitement  (1). 

Après  l'expulsion  complète  du  ténia  ou  dubothriocéphale,  quelques 
malades  restent  cependant  nerveux,  impressionnables,  sujets  encore 
à  des  phénomènes  semblables  à  ceux  que  leur  faisait  éprouver  !e  ver 
cestoïde;  leur  santé  ne  redevient  pas  aussi  bonne  qu'elle  était  avant 
l'invasion  de  cet  entozoaire  ;  ce  qui  leur  fait  croire  qu'ils  en  sont  en- 
core atteints.  Ils  sont  portés  à  continuer  •  l'usage  de  médicaments 
actuellement  intempestifs  et  nuisibles.  Le  médecin  doit  s'attacher 
alors  à  combattre  par  des  remèdes  appropriés  les  accidents  qui  per- 
sistent, et  surtout  à  rassurer  l'esprit  du  malade.  (Voir,  pour  le  mode 
d'administration  des  anthelminthiques,  l'appendice  au  traitement.) 

§  II.  —  Ascarides  lombricoïdes. 

Les  principaux  médicaments  employés  contre  l'ascaride  lombricoïde 
sont  la  mousse  de  Corse,  le  semen  contra,  la  santonine,  le  calomel.  Ces 
médicaments  doivent  être  donnés  pendant  plusieurs  jours  de  suite  ;  on 
favorise  l'action  des  premiers  par  l'administration  de  quelque  purgatif. 

Après  plusieurs  jours  de  l'usage  des  anthelminthiques,  l'examen 
microscopique  des  matières  fécales  pourra  faire  reconnaître  si  les 
lombrics  ont  été  tous  expulsés,  et  s'il  faut  continuer  ou  cesser  les  re- 
mèdes. Il  n'y  a  pas  à  craindre  que  de  nouveaux  lombrics  reparaissent 
par  suite  d'une  disposition  particulière  de  l'économie,  si  le  malade  a 
été  mis  à  l'abri  des  conditions  de  transmission  que  nous  avons  .si- 
gnalées. L'usage  indéfiniment  prolongé  des  anthelminthiques  pour 
prévenir  une  récidive,  serait  inutile  et  pourrait  devenir  nuisible  (2). 

mais  s'il  est  réduit  à  un  mince  filet  de  quelques  centimètres  de  longueur  seule- 
ment, l'intestin  n'a  plus  sur  lui  aucune  action.  On  pourrait  objecter  à  cette  ex- 
plication qu'un  purgatif  devrait  produire  le  même  effet  ;  mais  un  anthelminthiquc 
agit  encore  sur  la  vitalité  du  ver  qui,  malade  et  quelquefois  mourant,  résiste  moins 
aux  forces  qui  le  sollicitent. 

(1)  Gomez  est,  à  ma  conuaissance,  le  premier  auteur  qui  ait  donné  ce  précepte 
à  l'égard  du  ténia;  Odier  (de  Genève)  l'avait  donné  antérieurement  à  l'égard  du 
botriocéphale.  Ce  dernier  auteur  supposait  qu'à  certaines  époques  le  ver  est  malade, 
que  son  irritabilité  est  alors  augmentée,  ce  qui  se  manifeste  par  sa  rupture  et  l'expul  - 
sion  de  ses  fragments,  et  c'est  à  ce  moment,  suivant  lui,  que  les  remèdes  agissent. 

(2)  C'est  d'après  la  croyance  à  la  génération  spontanée  des  vers  que  Requin 
écrivait  de  nos  jours,  à  propos  du  traitement  de  l'ascaride  lombricoïde  :  «  On  peut 
au  besoin  faire  des  anthelminthiques  un  usage  quotidien  pendant  des  mois,  des 
années  entières...  pour  prévenir  la  reproduction  de  l'helminthiase  (lombricoïA'iennc), 
et  détruire  ce  qu'on  peut  appeler,  chez  certains  sujets,  la  disposition  vermiueuse 


Tl'l  AFFECTIONS  \ EUMINEUSES  DliS  VOIES   M6EST1VES 

Dans  leSGas  où  les  malades  ne  peuvent  se  soustraire  complètement 
;iux  causes  de  l'invasion  des  lombrics,  il  faut  attendre,  avant  de 
recourir  à  un  traitement  nouveau,  de  nouveaux  indices  de  la  présence 
de  ces  entozoaires  dans  l'intestin. 

§  111.  —  Triclioccplmlc  dlspar. 

On  s'est  peu  occupé  du  traitement  du  trichocéphale  ;  l'incertitude 
de  l'existence  de  ce  ver  dans  le  tube  intestinal  ne  permettait  aucune 
indication,  soit  sur  l'opportunité  d'un  traitement,  soit  sur  le  résultat 
qu'on  en  eût  obtenu  ;  cet  entozoaire  passe  d'ailleurs  pour  être  inoffen- 
sif. Aujourd'hui  qu'il  est  très  facile  de  reconnaître  la  présence  ou  l'ab- 
sence du  trichocéphale,  peut-être  trouveia-t-on  que  l'existence  de  ce 
ver  n'est  pas  tout  à  fait  et  toujours  sans  inconvénient;  on  peut,  par 
l'inspection  microscopique  des  matières  évacuées,  s'assurer  de  l'effica- 
cité des  remèdes  employés  pour  obtenir  l'expulsion  de  cet  entozoaire. 

Les  vermifuges  proposés  contre  le  trichocéphale  sont  ceux  de  l'as- 
caride lombricoïde.  Rœderer  et  Wagler  ont  remarqué  que  le  mercure 
cru,  trituré  avec  du  sucre,  était  le  meilleur  anthelminthique.  Dans 
l'épidémie  qu'ils  observèrent,  ils  employèrent  aussi  avec  succès  les 
préparations  de  camphre,  «  mais,  lorsque  la  fièvre  était  développée, 
il  fallait  bien  se  garder,  disent-ils,  d'employer  les  mercuriaux  ;  les 
malades  ne  supportaient  pas  impunément  leur  usage  qui  amenait 
une  prostration  des  forces  marquée,  et  la  maladie  ainsi  que  la  fièvre 
s'exaspéraient  évidemment  (i).  » 

§  IV.  —  Oxyure. 

Le  traitement  de  l'oxyure  consiste  dans  l'administration  des  ver- 
mifuges conseillés  contre  les  autres  vers  nématoïdes  et  de  purgatifs; 
mais  ces  moyens  seraient  insuffisants  dans  la  plupart  des  cas,  si  l'on 
n'attaquait  en  même  temps  l'entozoaire  du  rectum  par  des  moyens 
plus  directs,  tels  que  des  lavements  d'eau  froide,  salée,  vinaigrée,  ou 
bien  additionnée  d'huile  empyreumatique,  d'huile  camphrée,  etc.,  ou 
des  lavements  d'une  décoction  de  plantes  fétides,  comme  l'ail,  l'ab- 
sinthe, etc.  On  éloigne  ces  vers  pour  quelque  temps  de  l'anus,  et  l'on 
fait  cesser  les  démangeaisons  par  l'application  locale  d'une  pommade 
mercurielle,  par  une  injection  d'huile  d'olive  ou  d'amandes  douces. 

de  la  constitution;  il  faut  que  la  viande  entre  pour  une  large  part  dans  le  régime 
alimentaire,  etc.  »  (Ouvr.  cit.,  p.  215,  216.)  Certes,  s'il  eût  connu  le  mode  de 
génération  et  de  transmission  de  l'ascaride  lombricoïde,  Requin  n'eût  point  donné 
de  semblables  préceptes. 

(1)  Rœderer  et  Wagler,  ouvr,  cil.,  p.  302. 


CHEZ   LUS   ANIMAUX    DOMESTIQUES.  2'2o 

Lallemand  conseille',  comme  l'un  des  meilleurs  moyens,  les 
injections  ou  les  douches   ascendantes  d'eau  sulfureuse  naturelle. 

Le  traitement  doit  être  continué  longtemps,  quinze  jours,  un  mois, 
et  même  plus,  car  il  importe  de  faire  disparaître  tous  les  oxyures  à 
mesure  qu'ils  sortent  des  œufs  qui,  vraisemblablement,  sont  déposés 
dans  l'épaisseur  de  la  membrane  muqueuse  intestinale,  ou  dans  le 
mucus  qui  la  revêt.  Malgré  des  soins  persévérants,  on  n'atteint  pas 
toujours  ce  but,  et  certains  malades  sont  réduits  à  prendre  de 
temps  en  temps  quelque  purgatif  pour  se  débarrasser  momentané- 
ment de  ces  hôtes  devenus  trop  nombreux  et  trop  incommodes. 


DEUXIEME   DIVISION. 

VERS   DES    VOIES   DIGEST1VES   CÏIE2    LES    ANIMAUX    DOMESTIQUES. 

Chez  les  animaux  domestiques  comme  chez  l'homme,  les  vers  des 
voies  digestives  ont  été  connus  avant  ceux  des  autres  organes. 

Aristote  n'ignorait  pas  que  le  chien  en  est  quelquefois  atteint;  il 
dit,  en  effet,  que  cet  animal,  infesté  de  vers,  mange  le  froment  en 
herbe  (roi>  crîtoo  «  Xrîïov)  (1). 

Columelle  a  parlé  des  vers  du  veau  (ascarides  lombricoïdes  1)  et  du 
cheval  (2). 

Galien  dit  que  les  vers  ne  naissent  pas  chez  l'homme  seulement; 
il  signale  l'existence  fréquente  des  oxyures,  celle  des  lombrics  et 
celle  plus  rare  du  ténia  chez  le  cheval  (8) . 

Végèce  signale  aussi  l'existence  de  lombrics  et  celle  d'autres  vers 
(tineolas)  chez  les  chevaux  (4).  . 

Jusqu'à  l'époque  de  Redi  (1684),  quelques  auteurs  encore,  de 
loin  en  loin,  ont  parlé  des  entozoaires  intestinaux  chez  les  animaux 
domestiques  :  Spigel  a  vu  le  ténia  du  cheval,  du  chien  et  du  bœuf  (5), 
mais,  généralement,  tous  ces  auteurs  ne  font  qu'une  simple  mention 
de  l'existence  des  vers  qu'ils  ont  observés. 

(1)  Aristote,  Hist.  ûnim.  cil.,  lib.  IX,  §  103,  p.  102$. 

(2)  Lucius  Junius  Moderatus  Columella,  De  re  rustica.  —  Vers  chez  le  veau, 
lib.  VI,  cap.  xxv,  p.  630.  —  Chez  les  chevaux,  lib.  VI,  cap.  xxx,  p.  633  (Rud.). 

(3)  Galien,  ouvr.  cit.,  t.  III,  iuaph.,  Hipp.,  Comment.,  m,  aph.  26,  p.  49. 

(4)  Publius  Vegetius,  Mulomedicinœ,  lib.  I,  cap.  xliv,  lu. 

(5)  Spigel,  De  lumb.  lai.  cit.,  p.  10. 


22'i  AFFECTIONS   VERMINEUSES  DUS   VOUS  DIGESTIVES 

C'est  à  Redi  que  l'on  doit  les  premières  observations  suivies  sut 
les  entozoaires  des  animaux;  c'est  depuis  son  époque  que  ces  ento- 
zoaires ont  appelé  l'attention  des  savants,  et  c'est  à  leur  étude  que 
l'helminthologie  a  dû  ses  progrès  (1).  Avant  l'apparition  de  l'ouvrage 
de  Redi  toutefois,  Ed.  Tyson  avait  publié  ses  recherches  sur  le  ver 
plat,  dans  lesquelles  se  trouve  décrite  la  tête  du  ténia  du  chien  ;  celle 
du  ténia  de  l'homme  était  encore  inconnue  (2). 

En  1712,  Vallisneri  eut  l'occasion  devoir  fréquemment  l'ascaride 
lonibricoïde  chez  des  veaux;  on  sait  que  ce  ver  est  extrêmement 
rare  dans  l'espèce  bovine  en  France  et  en  Allemagne  ;  il  paraît  s'être 
montré  épizootiquement  dans  la  contrée  qu'habitait  Vallisneri 
(Padoue).  Les  lombrics  étaient  accumulés  en  grand  nombre  dans  les 
intestins  des  jeunes  veaux  qui  en  mouraient  quelquefois;  leur  chair 
contractait  une  odeur  forte  et  nauséabonde  (3). 

Chabert,  le  premier  (4),  considéra  les  entozoaires  intestinaux  au 
point  de  vue  de  la  pathologie.  Les  nombreuses  recherches  faites  dans 
le  siècle  dernier  sur  ces  animaux  parasites,  ne  l'avaient  été  qu'au  point 
de  vue  de  l'histoire  naturelle;  le  célèbre  vétérinaire  s'occupa  des 
désordres  que  les  entozoaires  occasionnent  chez  les  animaux  domes- 
tiques, et  de  leur  traitement  (5). 

Dans  son  traité  ex  professo,  Chabert  n'a  pas  suffisamment  exposé 
les  caractères  zoologiques  des  vers  dont  il  a  parlé,  ce  qui  rend  quel- 
quefois pour  nous  leur  détermination  difficile  ;  en  outre,  il  a  confondu 
plusieurs  espèces  ensemble,  et  même  plusieurs  genres:  il  rapporta 
les  diverses  espèces  de  ténias  des  animaux  domestiques  au  ver  soli- 
taire de  l'homme  ;  il  confondit,  sous  le  nom  de  crinons,  la  filaire  du 
cheval,  divers  strongles,  les  sclérostomes  et  le  spiroptère  mégas- 
tome  ;  sous  le  nom  de  strongle,  l'ascaride  lombricoïde,  mégalocé- 
phale,  etc.,  le  strongle  géant;  sous  le  nom  d'ascarides,  le  dochmie 
irigonocéphale  (?)  du  chien  avec  les  oxyures  de  divers  animaux. 

(1)  Francesco  Redi,  Osservazioni  inlorno  agli  animaîi  vivenli  che  si  trovano 
negli  animali  viventi.  Firenze,  1684. 

(2)  Edw.  Tyson,  Lumbricus  latus,  or  a  discourse  of  Ihe  joinled  worm,  in  Philo- 
soph.  Iransacl.,  1683,  p.  113,  141,  tab.  Il,  et  Lcclerc.  op.  cit.,  p.  37. 

(3)  Antoine  Vallisneri,  Nuove  osservazioni...  inlorno  alV  ovaja  scoperla  ne' 
vermi  tondi  delV  uomo  e  de'  vitelli.  Padoue,  1713,  et  Leclerc,  op.  cit.,  p.  222. 

(i)  Bourgelat  avait  déjà  publié  un  mémoire  sur  les  vers  du  cheval  (1760),  mais 
il  n'y  est  guère  question  que  de  larves  d'eestre  trouvées  dans  les  sinus  frontaux  et 
daus  l'estomac. 

(5)  Chabert,  Traitédes  maladies  vennineuses  dans  lesanimaux.  Paris,  1782,  iu-8. 
Paris,  1787,  2e  édit. 


CHEZ  f,i:S   ANIMAI  X   DOMESTIQUES.  225 

L'ouvrage  de  Chabert  est  le  seul  qui  ait  encore  été  publié  en 
France  sur  les  maladies  vermineuses  des  animaux  domestiques.  Les 
articles  relatifs  aux  entozoaires  des  intestins  qui  se  trouvent  dans  les 
ouvrages,  même  les  plus  récents,  de  médecine  vétérinaire,  ne  sont, 
en  général,  qu'une  reproduction  plus  ou  moins  textuelle  puisée  dans 
le  traité  de  ce  célèbre  vétérinaire. 

Les  animaux  domestiques  sont  atteints  de  vers  intestinaux  non 
moins  fréquemment  que  l'homme.  Le  cheval,  le  mouton,  le  chien,  le 
chat  et  le  porc  en  sont  fort  souvent  affectés;  l'âne,  le  mulet  en  ont 
plus  rarement,  et  plus  rarement  encore  la  chèvre  et  le  bœuf.  Les 
oiseaux  de  basse-cour  sont  peut-être  plus  fréquemment  atteints  des 
vers  du  tube  digestif;  l'oie,  le  canard,  la  poule  en  ont  presque  con- 
stamment, le  dindon  moins  peut-être,  et  le  pigeon  plus  rarement 
que  les  autres. 

Suivant  qu'on  observera  les  animaux  dans  une  contrée  différente, 
ou  bien  suivant  qu'ils  seront  soumis  au  régime  de  l'étable,  des  pâtu- 
rages, etc.,  leur  disposition  aux  entozoaires  paraîtra  sans  doute 
variable;  on  observera  encore  des  variations,  quant  aux  espèces  dont 
ils  seront  atteints;  l'âge  aussi  peut  apporter  sous  ce  rapport  quelques 
modifications. 

Considérés  en  général,  les  entozoaires  des  voies  digestives  existent 
chez  des  animaux  jeunes  ou  vieux,  sains  ou  malades;  ils  existent 
quelquefois  en  quantité  considérable,  néanmoins  il  est  très  rare  qu'on 
observe  des  affections  que  l'on  puisse  véritablement  leur  attribuer.  Le 
cheval,  le  porc,  le  chien  et  le  mouton  sont  peut-être  les  seuls  chez 
lesquels  on  ait  observé  des  phénomènes  pathologiques  déterminés 
par  la  présence  des  vers  dans  le  tube  digestif. 

Les  animaux  mal  nourris,  mal  soignés,  appartenant  à  des  gens 
pauvres,  paissant  dans  des  prés  marécageux,  humides,  ceux  qui  sont 
affaiblis  par  quelque  maladie  chronique,  sont  plus  sujets  que  les 
autres  aux  entozoaires  intestinaux  ;  le  nombre  quelquefois  prodigieux 
de  leurs  vers,  ne  paraît  généralement  pas  aggraver  leurs  maladies 
ou  en  faire  naître  d'autres.  Si  ces  animaux  sont  placés  dans  des  con- 
ditions hygiéniques  plus  favorables,  si  leur  nourriture  est  améliorée, 
si  la  maladie  dont  ils  sont  atteints  se  guérit,  si  les  chevaux,  par 
exemple,  qui  paissent  une  herbe  aqueuse  et  sans  suc  sont  ramenés  à 
l'écurie  et  soumis  à  un  régime  sec  et  substantiel,  les  vers  dont  leurs 
intestins  étaient  remplis  diminuent  de  nombre  et  disparaissent  peu 
à  peu . 

Dmwc,  (5 


226  AFFECTIONS   VERMlNEUSF.S   DES   VOIES  DIGESTIVES 

Quant  aux  oiseaux  domestiques,  les  vers  nématoïdes  et  les  ténias 
surtouL  existent  souvent  en  nombre  considérable  dans  leur  tube 
digestif  sans  occasionner  le  moindre  désordre  dans  leur  santé,  car 
on  trouve  ces  oiseaux,  dont  l'intestin  est  farci  de  vers,  très  sains  et 
très  gras. 

L'analogie  seule  peut  nous  donner  quelques  idées  sur  les  sensa- 
tions des  animaux,  aussi  les  phénomènes  de  douleur  que  les  vers  leur 
occasionnent,  doivent-ils  souvent  nous  échapper  ou  nous  laisser  fort 
incertains  sur  la  cause  qui  les  produit  ;  nous  nous  abstiendrons  donc 
de  décrire  minutieusement,  comme  l'ont  fait  plusieurs  auteurs  de 
médecine  vétérinaire,  les  douleurs  colliquatives  plus  ou  moins  vives, 
prolongées,  intermittentes,  les  nausées,  les  épreintes,  etc.,  que  les 
animaux  affectés  de  vers  peuvent  éprouver. 

Les  phénomènes  observas  chez  l'homme  existent  probablement 
aussi  chez  les  animaux  ;  toutefois  ils  sont  certainement  beaucoup 
plus  rares  :  les  bâillements,  l'appétit  nul  ou  vorace,  les  goûts  dé- 
pravés, l'haleine  fétide,  des  vomissements,  la  diarrhée,  le  ballonne- 
ment du  ventre,  la  dilatation  de  la  pupille,  le  prurit  du  nez  et  des 
lèvres,  les  grincements  de  dents,  la  toux,  les  horripilations,  la  tris- 
tesse, l'amaigrissement,  sont  les  principaux  symptômes  qui  aient 
été  remarqués  chez  les  chevaux,  les  chiens,  etc.,  affectés  de  vers  de 
l'intestin. 

On  dit  que  ces  entozoaires  occasionnent  chez  les  animaux  des  atta- 
ques convulsives,  l'épilepsie,  le  vertige,  etc.  ;  ces  accidents  sont 
extrêmement  rares.  Quanta  l'introduction  des  vers  lombricoïdesdans 
lès  conduits  biliaires  et  dans  le  larynx ,  nous  n'en  connaissons 
aucun  exemple. 

On  a  attribué,  chez  les  animaux  comme  chez  l'homme,  des  perfo- 
rations intestinales  à  l'action  des  vers  ;  si  l'on  excepte  celles  que 
cause  l'échinorhynque  géant  chez  le  porc,  les  exemples  qu'on  en 
pourrait  citer  sont  fort  peu  nombreiix  et  tout  aussi  peu  certains, 
quant  à  leur  cause,  que  ceux  de  l'homme. 

Morgagni  a  vu,  chez  une  poule,  l'intestin  perforé  et  un  ver  sorti 
par  cette  ouverture,  dans  la  cavité  du  ventre  (1). 

On  trouve  dans  le  Recueil  dé  médecine  vétérinaire  un  cas  de 
perforation  de  l'intestin  grêle  par  dés  lombrics  chez  un  cheval.  La 

(1)  Morgagui,  Epist,  anat.,  xiv,  §  44,  et  De  sed.  el  causis,  Epist.  xxxiv,  §  36. 


CHEZ  LES  ANIMAUX   DOMESTIQUES.  227 

perforation  communiquait  avec  une  poche  située  dans  le  mésentère; 
pas  de  ver  dans  le  péritoine  (1). 

■  Dans  le  même  recueil  se  trouve  encore  un  cas  de  perforation  de 
l'estomac  par  des  lombrics  chez  un  cheval.  Les  lombrics  étaient 
dans  le  péritoine;  la  perforation  avait  un  pouce  de  diamètre  (2). 

Rudolphi  a  trouvé,  chez  un  chat  dont  l'intestin  grêle  était  spha- 
célé,  un  ténia  dans  la  perforation  et  trois  ascarides  dans  le  mésen- 
tère (3). 


PREMIÈRE    SECTION. 

VERS  CHEZ  LES  SOLIPÈDES. 

1°  Cheval.  Tœnia  plicata,  estomac,  intestin  grêle  (Synops.,  n°  19). 
Taenia  mamillana,  gros  intestin  (Synops,,  n°  20). 
Tœnia  perfoliata,  intestin  grêle,  caecum,  côlon  (Synops.,  n°  21). 
Oxyuris  curvula,  caecum,  côlon,  rectum  (Synops.,  n"  56). 
Ascaris  megalocephala,  intestin  grêle  (Synops.,  n"  59). 
Spiroptera  megastoma,  estomac  [erraticè?]  (Synops.,  n"  66). 
Scleroslomum  armatum,  duodénum,  caecum,  côlon  (Synops.,  n°  85). 
Sclerostomum  letracanlhum,  duodénum,  caecum  (Synops.,  n°  86). 

2°   Ane.  Oxyuris  curvula,  caecum,  côlon,  rectum.  -  - 1 

Ascaris  megalocephala,  intestin  grêle. 

Sclerostomum  armatum,  caecum,  côlon. 

Sclerostomum  tetracanthum,  caecum. 

■   v  i 
3°   Mulet.  Oxyuris  curvula,  caecum. 

Sclerostomum  armatum,  caecum,  côlon. 

Sclerostomum  tetracanthum,  caecum. 

De  tous  les  mammifères  domestiques,  le  cheval  est  le  plus  fré- 
quemment affecté  de  vers  des  intestins  ;  c'est  chez  lui  que  les  espèces 
en  sont  le  plus  nombreuses,  et  c'est  chez  lui  que  l'on  trouve  les  in- 
dividus de  ces  espèces  en  plus  grand  nombre. 

L'âne  et  le  mulet  sont  moins  sujets  aux  vers  intestinaux.  Toutes 
les  espèces  observées  chez  le  cheval  n'ont  point  encore  été  signalées 
chez  ces  deux  autres  solipèdes  ;  il  est  probable,  cependant,  qu'elles 
les  atteignent  également.  Les  phénomènes  pathologiques  déterminés 

(1)  Recueil  de  méd.  vétérin.,  t.  XIV,  p.  70. 

(2)  ld.,  1846,  ann.  XXIII,  p.  949. 

(3)  Rudolphi,  Hist.  nat.  cit.,  t.  I,  p.  435. 


228  AFFECTIONS  VERM1NEUSES  DES  VOIES  DIÇEST1VES 

par  los  entozoaires  sont,  sans  doute,  les  mêmes  chez  le  cheval,  l'âne 

et  le  mulet. 

L'ascaris  megalocephala  (1),  comme  le  lombric  chez  l'homme,  fait 
son  séjour  dans  l'intestin  grêle  ;  on  le  trouve  aussi  dans  le  crecum.  Il 
existe  quelquefois  en  quantité  prodigieuse;  Grève  signale  l'existence 
de  ces  vers  par  milliers  chez  les  chevaux  morveux  et  farcineux. 

Les  phénomènes  qu'ils  développent  sont  probablement  analogues 
ù  ceux  que  déterminent  les  lombrics  chez  l'homme  :  le  cheval  affecté 
de  lombrics,  se  frotte  le  nez  et  les  lèvres  contre  la  mangeoire  ou  contre 
tout  objet  dur,  regarde  souvent  lentement  du  côté  de  son  ventre,  et 
6e  remet  à  manger  sans  autre  manifestation  de  douleur';  d'autres  fois, 
il  paraît  éprouver  des  coliques  vives  et  plus  ou  moins  prolongées, 
il  a  de  la  diarrhée,  et  dépérit.  Quant  à  l'inflammation  de  la  mem- 
brane muqueuse  intestinale,  aux  ulcérations,  aux  perforations,  l'exis- 
tence n'en  est  pas  mieux  établie  chez  le  cheval  que  chez  l'homme. 
Grève,  chez  un  poulain  mort  de  colique  avec  constipation,  a  trouvé 
un  gros  peloton  de  lombrics  auquel  il  semble  attribuer  la  mort  de 
l'animal.  Ce  peloton  était  formé  de  cent  cinquante-sept  ascarides 
entrelacés,  et  bouchait  entièrement  l'intestin. 

Uoxyuris  curvula  (2),  analogue  de  notre  oxyure,  habite  le  csecum , 
la  portion  csecogastrique  du  côlon,  le  rectum;  souvent  on  le  voit  à 
l'orifice  anal,  hors  duquel  une  partie  de  son  corps  fait  saillie;  on  le 
trouve  encore  à  la  surface  des  excréments,  dans  un  mucus  glaireux 
ou  strié  de  sang  qui  les  enduit.  Il  occasionne  évidemment  de  la 
chaleur,  du  prurit,  des  ténesmes,  ce  que  l'on  peut  constater  par 
l'inspection  de  la  marge  de  l'anus,  qui  est  rouge  et  gonflée,  par 
les  mouvements  de  la  queue  et  les  actions  de  l'animal  affecté. 

Le  sclèrostome  armé  du  cheval  (3)  existe  ordinairement  dans  le 
caecum  et  le  côlon,  rarement  dans  l'intestin  grêle  et  le  duodénum  ;  on 
l'a  rencontré  quelquefois  dans  le  pancréas.  Il  est  fixé  par  son  arma- 
ture buccale  à  la  membrane  muqueuse,  qui  forme  au  point  d'adhé- 
rence une  petite  papille  de  couleur  foncée.  On  le  trouve  très  commu- 
nément à  Paris.  Le  gros  intestin  du  cheval  est  quelquefois  hérissé  de 

(1)  Strongle,  Chabert;  ascaride  lombricoïde,  Grève,  Hurtrel  d'Arboval  ;  lombric, 
lombricos,  vulg. 

(2)  Ascaride,  Chabeit  ;  ascaride  vermiculaire,  Hurtrel  d'Arboval. 

(3)  Crinon,  dragonneatt,  Chaberl;  Strongylus  armalus,  Grève;  strongle,  Hur- 
trel d'Arboval. 


CHEZ  LIS  ANIMAUX   DOMESTIQUES.  229 

ces  vers;  Chabert  en  a  compté  plus  de  mille  sur  une  surface  de  deux 
pouces,  de  sorte  qu'on  peut  estimer,  dit-il,  la  totalité  de  ces  insectes 
à  plus  d'un  million  (1);  ils  ne  déterminent  néanmoins  aucun  sym- 
ptôme qui  puisse  faire  reconnaître  leur  présence;  elle  ne  se  manifeste 
que  par  leur  sortie  avec  les  excréments.  Le  sclérostome  ne  passe  pas 
généralement  pour  être  très  nuisible  aux  chevaux,  cependant  Grève 
dit  qu'une  expérience  fréquente  lui  a  enseigné  que  ce  strong le  cause 
assez  souvent  la  mort  de  ces  animaux  ;  mais  peut-être  ce  savant  vé- 
térinaire avait-il  en  vue  le  sclérostome  anévrysmatique  dont  il  con- 
fondait l'espèce  avec  celle  des  intestins  (2)  ? 

Les  ténias  sont  très  communs  chez  le  cheval  :  Chabert  en  a  compté 
quatre-vingt-onze  chez  un  seul  individu,  et  Grève  dit  en  avoir  vu 
des  milliers  dans  l'intestin  grêle,  dans  le  cœcum  et  même  dans  l'es- 
tomac des  chevaux  mis  au  vert  dans  des  pâturages  humides  ;  leur 
canal  intestinal  en  était  bourré.  La  longueur  de  ces  vers  est  généra- 
lement chez  les  animaux  beaucoup  moindre  que  chez  l'homme.  Les 
ténias,  d'après  Grève,  n'occasionnent  aux  chevaux  ni  coliques,  ni 
maladies  ;  ils  sont  évacués  et  diminuent  considérablement  de  nombre, 
si  les  animaux  sont  remis  à  un  régime  sec. 


DEUXIÈME    SECTION. 

VERS  CHEZ  LE  PORC. 

Echinorhynchus  gigas,  intestin  grêle  (Synops.,  n°  51). 
Ascaris  suilla,  intestin  grêle  [Synops.,  n°  58). 
Spiroptera  strongylina,  estomac  [Synops.,  n°  68). 
Trichocephalus  crenatus,  gros  intestin  [Synops.,  n"  75). 
Scleroslomum  dentatum,  cœcum,  côlon  (Synops.,  n"  87). 

Les  effets  des  vers  ne  sont  pas  mieux  déterminés  chez  le  porc  que 
chez  les  autres  animaux  domestiques.  On  dit  que  les  entozoaires 
intestinaux  entretiennent  le  cochon  dans  un  grand  état  de  maigreur, 
qu'ils  lui  occasionnent  une  toux  forte,  une  certaine  inquiétude  qui  se 
manifeste  par  des  allées  et  venues  indéterminées,  des  coliques  qu'il 
annonce  par  des  cris,  des  convulsions,  etc.  De  tous  les  vers,  le  plus 
fâcheux  pour  le  porc  est  l'échinorhynque  géant. 

(1)  Chabert,  ouvr.  cit.,  p.  23. 

(2)  Grève,  ouvr.  cil.,  cliap.  xvij. 


230  AFFECTIONS   VERMUNLUbES   DES  VOIES   DIGESTIVES 

Êchinoi'hyngue  gèànl,  —  L;i  connaissance  île  l'échinorhynque 
géant  est  d'une  date  récente;  toutefois  ce  ver  avait  été  observé 
avant  d'avoir  été  reconnu  comme  appartenant  à  un  genre  distinct 
des  ascarides  ou  des  ténias.  Pechlin  en  parle  évidemment  dans  le 
passage  suivant  :  «  Et  verô  pro  anni  conditione,  est  saepè  morbus  ille 
•>  epidemius  in  porcis,  quorum  exenterata  intestina,  vermium  lon- 
n  giorum  agminibus  obsita,  curam  non  admittunt,  quandô  ità  mem- 
«  branre  inheerent,  ut,  non  nisi  vi  et  cum  offensa  membranœ,  avelli 
»  possint  (1).  »  Il  y  a  environ  un  siècle  que  J.-L.  Frisch  a  donné 
une  description  de  ce  ver,  mais  sans  le  croire  différent  de  l'ascaride 
lombricoïde  (2).  Pallas  l'observa  ensuite  et  le  prit  pour  un  ténia; 
bientôt  après,  Goeze,  Frôlich,  Blocb...  reconnurent  qu'il  appartient 
à  un  genre  distinct. 

A  l'époque  où  ces  naturalistes  publièrent  leurs  observations,  les 
vétérinaires  ignoraient  encore  l'existence  de  l'échinorhynque  géant  : 
Chabert  (1787)  n'en  fait  point  mention,  quoiqu'il  connût  les  lé- 
sions que  ce  ver  produit  dans  l'intestin  du  porc,  lésions  qu'il 
attribua  au  strongle  [ascaris  suilla)  (3).  Cette  erreur  n'a  point 
été  rectifiée  par  Hurtrel  d'Arboval,  qui,  exprimant  ses  doutes  à 
l'égard  de  la  réalité  des  perforations  attribuées  aux  lombrics  du 
porc,  n'indique  point  par  quel  ver  elles  sont  produites,  ver  qu'il 
connaissait  toutefois  (4). 

L'échinorhynque  géant  est  commun  en  France  et  en  Allemagne  : 
à  Vienne,  on  l'a  trouvé  chez  un  porc  sur  quatre  à  peu  près  (Duj.)  ; 
d'après  M.  Cloquet,  les  cochons  qui  sont  envoyés  du  Limousin  aux 
échaudoirs  de  Paris,  ont  bien  plus  souvent  des  échinorhynques  que 
ceux  qui  viennent  des  autres  provinces.  Les  docteurs  Jeffries 
Wyman  et  Leidy  en  ont  trouvé  chez  le  porc  aux  États-Unis  (5). 

Ces  vers  sont  plus  communs  vers  la  fin  de  l'hiver  que  dans  les 
autres  saisons  (6).  D'après  Froelich,  les  cochons  qui  se  nourrissent 
de  glands  y  sont  fort  sujets  (7). 

(1)  J.  N.  Pechlin,  Observ.  physico-med.  libri  1res.  Hamburgi,  1691.  lib.  I, 
obs.  LXIV,  p.  155. 

(2)  Frisch,  in  Miscell.  Berolinens,  t.  III,  p.  64  (Diesing). 

(3)  Chabert,  ouvr.  cit.,  1787,  2eé"d.,  §  30,  p.  54. 

.    (Zi)  Hurtrel  d'Arboval,  Dict.  de  méd.  chir.,  etc.,vëlér.  Paris,  1839,  2*  éd.,  t.  VI, 
pi  397,  401. 

(5)  J.  Wyman,  in  Boston  cabinet  cit.,  §  890.  —  Leidy.  Synops.  cit.,  §  78. 

(6)  Jules  Cloquet,  Mém.cit.,  p.  64,  note. 

(7)  Cité  par  Rud.,  Synops.,  p.  310, 


CHEZ  LES   ANIMAUX    DOMESTIQUES,  231 

L'échinorhynque  du  porc  se  trouve  dans  les  intestins  grêles  et 
fort  rarement  dans  le  gros  intestin.  Il  nage  librement  dans  les  ma- 
tières intestinales  liquides,  ou  bien  il  est  fixé  par  sa  trompe  à  la 
membrane  muqueuse.  Quelquefois,  après  avoir  percé  complètement 
l'intestin,  il  s'avance  plus  ou  moins  dans  la  cavité  péritonéale.  La 
fixation  de  la  tête  de  ce  ver  ne  donne  pas  généralement  lieu  à  l'in- 
flammation de  la  partie  à  laquelle  elle  adhère,  et  les  ulcérations  ou 
les  perforations  qu'elle  laisse  se  cicatrisent  facilement  (1). 

D'après  Hurtrel  d'Arboval,  le  porc  dont  l'intestin  est  envahi  par 
des  échinorhynques,  est  maigre  :  «  il  a  la  région  lombaire  faible  et 
le  train  de  derrière  roide.  Le  matin  et  jusqu'à  l'heure  du  repas,  il  fait 
entendre  un  grognement  continuel,  et,  s'il  mange  en  commun  avec 
les  autres,  il  mord  ses  voisins;  mais,  comme  il  est  sans  force,  dès 
qu'un  de  ceux-ci  se  défend,  il  tombe.  Ses  yeux  sont  enfoncés  et 
pâles;  -ses  excréments  sont  durs  et  fortement  colorés;  la  débilité 
allant  toujours  en  croissant,  elle  conduit  à  une  époque  où  l'animal 
ne  peut  plus  se  lever  ni  se  tenir  debout  (2).  » 

Les  perforations  causées  par  l'échinorhynque  sont  quelquefois 
assez  nombreuses  pour  rendre  les  intestins  du  porc  impropres  aux 
usages  auxquels  on  les  destine  généralement. 


TROISIEME  SECTION. 

VERS    CHEZ    LE    CHIEN    ET    LE    CHAT. 

1°  Chien.  Hemistomwm  alalum,  intestin  grêle  (Synops.,  n°  42). 
Tœnia  serrata,  intestin  grêle  (Synops.",  n°  22). 
Taenia cucumerina,  intestin  grêle  {Synops.,  n°  23). 
Tœnia  echinococcus ?  T.  cœnurus?  (Synops.,  n°  24). 
Ascaris  marginata,  intestin  grêle  {Synops.,  n°  63). 
Trichocephalus  depressiusculus,  caecum  (Synops.,  n°  74). 
Dochmius  trigonocephalus ,  intestin  (Synops.,  n"  84). 

T  Chat.  Tœnia  crassicollis,  intestin  grêle  (Synops.,  a°  25). 
Tœnia  elliplica,  intestin  grêle  (Synops.,  n°  26). 
Dibolhrium  decipiens  (bothriocéphale),  intestin  (Synops.,  n"  31). 
Ascaris  mystax,  intestin  grêle  (Synops.,  n°  62). 

Les   chiens  affectés   d'un   grand    nombre  de   vers  sont  tristes, 
abattus,  amaigris  ;  leur  poil  est  sec,  hérissé,  terne,  sale  ;  ils  se  tour- 

(1)  Rud.,  Hist.  nat.  cit.,  t.  I,  p.  428. 

(2)  Hurtrel  d'Arboval,  ouvr.  cit.,  t.  VI,  p.  401,  art.  Veks. 


232  AFFECTIONS   VERMINËUSES  DES   VOIES  DIGEST1VES 

mentent,  s'agitent,  poussent  des  cris  plaintifs,  des  hurlements  ;  ils 
deviennent  insociables  et  irascibles;  ils  meurent  quelquefois  dans  les 
convulsions  :  ces  phénomènes  sont  principalement  causés  par  l'accu- 
mulation des  ténias. 

Les  ténias  sont  plus  fréquents  et  généralement  beaucoup  plus  nom- 
breux chez  le  chien  que  chez  les  autres  mammifères  domestiques  ; 
Chabert  en  a  compté  jusqu'à  deux  cent  vingt-sept  chez  un  seul  indi- 
vidu. Ils  produisent  des  coliques  que  l'animal  manifeste  tantôt  en  se 
traînant  le  ventre  appuyé  contre  le  sol,  tantôt  par  des  cris,  des  hurle- 
ments, de  l'agitation,  par  une  course  désordonnée,  après  lesquels  il 
reste  triste  et  taciturne.  D'autres  fois,  après  l'accès  passé,  le  chien 
mange,  boit  et  reprend  sa  gaieté  jusqu'à  l'invasion  de  nouvelles  coli- 
ques qui  se  traduisent  de  la  même  manière.  Lorsqu'elles  sont  très 
vives  et  répétées,  elles  peuvent  amener  des  convulsions,  des  atta- 
ques cataleptiques,  le  dépérissement  et  la  mort.  On  reconnaît  l'exis- 
tence des  ténias  chez  le  chien  à  ce  que  l'animal  en  rend  de  temps 
en  temps  avec  les  fèces. 

Chabert  rapporte  avoir  vu  chez  le  chien  une  épizootie  dans  laquelle 
ces  animaux  vomissaient  des  paquets  d'ascarides  [Strongylus  trigo- 
nocephalus  ?  Rud . ,  Dochm  ie  trigonocéphale ?  Duj .  )  de  la  grosseur  d'un 
œuf  de  poule.  Ces  chiens  avaient  des  convulsions,  des  vertiges,  des 
attaques  épileptiformes  suivies  de  coma  ;  la  bouche  était  pleine  de 
bave;  ils  mouraient  dans  la  consomption  ou  dans  des  accès  de  ver- 
tige connus  sous  le  nom  de  rage-mue  (1). 


QUATRIÈME  SECTION. 

VERS    CHEZ    LES    RUMINANTS. 

4*  Mouton.  Amphistomum  conicum,  premier  estomac  (Synops.,  n°  43). 
Tœnia  expansa,  intestin  grêle  (Synops.,  n°  16). 
Ascaris  ovis,  intestin  (Synops.,  n°  61). 
Trichocephalus  affinis,  gros  intestin  (Synops.,  n°  73). 
Dochmius  hypostomus,  intestin  (Synops.,  n°   82). 
Strongylus  confort  us,  estomac  (Synops.,  n°  95). 
Strongylus  filicollis,  intestin  grêle  (Synops.,  n"  96). 

(1)  Chabert,  ouvr.cil.,  p.  55. 


CHEZ   LES   ANIMAUX   DOMESTIQUES.  233 

2°  Chèvre.  Tœnia  caprœ,  intestin  (Synops., 'a0  16  bis). 
Trichocephalus  affinis,  gros  intestin. 
Dochmius  hypostomus,   intestin. 
Strongylus  venulosus,  intestin  grêle,  côlon  (Synops.,  a'  90). 

3°  Boeuf.  Amphistomum  conicum,  premier  estomac. 
Tœnia  expansa,  intestin. 
Tœnia  denticulata,  intestin  (Synops.,  n»  17). 
Ascaris  lumbricoides,  intestin  grêle  [Synops.,  n°  57). 
Trichocephalus  affinis,  gros  intestin. 
Strongylus  radiatus,  duodénum,  intestin  grêle,  côlon  (Synops.,  n°  89). 

Chez  les  bêtes  à  cornes  et  chez  les  bêtes  à  laine,  les  signes  de  la 
présence  des  vers  sont  toujours  fort  obscurs. 

Le  bœuf  est  moins  fréquemment  atteint  de  vers  des  intestins  que 
les  autres  animaux  domestiques  ;  le  ténia  est  moins  commun  chez  lui 
que  chez  le  mouton.  L'ascaride  lombricoïde,  dont  Vallisneri  a  vu  une 
véritable  épizootie  chez  le  veau,  est  d'une  extrême  rareté  chez  cet 
animal  à  Paris.  Le  bœuf  affecté  tl'entozoaires  intestinaux  offre  des 
désordres  de  l'appétit,  des  météorisations  passagères,  la  cessation 
de  la  rumination,  la  diminution  de  la  sécrétion  laiteuse,  le  dépérisse- 
ment. L'issue  des  vers  avec  les  fèces,  très  rare,  est  un  signe  qui 
manque  généralement  au  diagnostic. 

Les  bêtes  ovines  nourries  dans  des  pâturages  humides,  celles  qui 
contractent  la  cachexie  aqueuse  surtout,  sont  très  fréquemment 
atteintes  de  vers  de  l'intestin,  et  principalement  de  ténias.  Les  sym- 
ptômes que  ces  entozoaires  produisent  ne  diffèrent  point  de  ceux  que 
nous  venons  d'énumérer  ;  le  mouton  atteint  d'un  grand  nombre  de 
vers  est  faible;  il  marche  lentement,  sort  le  premier  de  la  bergerie, 
y  rentre  le  dernier;  il  maigrit,  se  décharné  le  long  de  l'épine;  il  a 
les  orifices  du  nez  enduits  de  mucus. 

Ces  phénomènes  pourraient  reconnaître,  sans  doute,  toute  autre 
cause  que  l'existence  des  vers;  les  ressources  que  le  diagnostic  des 
entozoaires  intestinaux  trouvera  dans  l'inspection  microscopique  des 
matières  évacuées,  permettront  désormais,  probablement,  une  étude 
plus  approfondie  et  plus  certaine  des  affections  vermineuses  des 
animaux  domestiques. 


234  AFFECTIONS   VERMINEUSES    DES   VOIES   DIGESTIVES. 


CINQUIÈME  SFXTION. 

TRAITEMENT    DES    ENTOZOAIRES    INTESTINAUX    DES    ANIMAUX 
DOMESTIQUES. 

1°  Le  traitement  prophylactique  des  vers  intestinaux  des  animaux 
domestiques  ne  peut  se  déduire  que  de  la  connaissance  des  modes  de 
transmission  et  de  propagation  de  ces  vers  ;  il  est  donc  aujourd'hui 
presque  impossible  de  rien  prescrire  à  cet  égard.  Un  régime  sec  et 
substantiel,  l'éloignement  de  prairies  marécageuses  habituellement 
fréquentées  par  le  bétail,  comme  le  sont  cer.tains  communaux,  sous- 
trairont, sans  doute,  les  animaux  aux  conditions  principales  de  la 
transmission  de  leurs  entozoaires. 

2°  Les  indications  du  traitement  curatif  ne  diffèrent  point  de  celles 
que  nous  avons  exposées  à  l'égard  de  l'homme.  Chabert  recommande 
de  mettre  à  la  diète  l'animal  auquel  on  doit  administrer  un  médica- 
ment vermifuge,  afin,  dit-il,  de  laisser  vider  son  estomac  et  les  intes- 
tins, et  de  faciliter  l'action  du  remède. 

Les  médicaments  employés  chez  les  animaux  domestiques,  sont 
des  purgatifs  énergiques,  tels  que  l'aloès,lejalap,  la  scammonée  ;  les 
préparations  mercurielles;  des  substances  anthelminthiques  telles 
que  la  racine  de  fougère  mâle,  l'absinthe,  la  valériane,  la  tanaisie, 
l'ail,  l'asa  fœtida,  le  camphre,  etc.  Mais  le  remède  le  plus  souvent 
employé  et  le  plus  généralement  efficace  est  l'huile  empyreumatique 
de  Chabert  ;  ce  médicament  doit  être  administré  neuf  à  dix  jours  de 
suite.  Les  doses  doivent  varier  suivant  l'espèce  des  animaux  et 
suivant  leur  taille;  chez  les  individus  fins,  vifs  et  irritables,  elles 
doivent  être  ménagées  et  éloignées  si  les  effets  sont  trop  énergiques.; 
Les  précautions  sont  surtout  nécessaires  chez  les  chevaux,  poulains 
et  pouliches  et  chez  les  chiens  (voyez  l'appendice  au  traitement). 

On  doit  s'abstenir  de  tout  traitement  vermifuge  si  le  tube  digestif 
est  actuellement  atteint  d'une  affection  aiguë,  indépendante  de  la 
présence  des  entozoaires.  Après  l'expulsion  de  ces  parasites,  un. 
régime  sec  et  substantiel,  l'usage  des  toniques,  des  amers,  des  sti- 
mulants, le  sel  marin,  pourront  être  utilement  employés  pour  relever 
les  forces  digestives  et  la  santé  délabrée. 


AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES  VOIES  BILIAIRES.  235 

TROISIÈME   PARTIE. 

AFFECTIONS  VERMINEUSES   DES  VOIES  BILIAIRES. 


Les  anciens  n'ont  pas  connu  les  entozoaires  des  voies  biliaires. 
Gabucinus,  en  1547,  fit  mention  de  vers  semblables  à  des  graines 
de  courge  (distome  hépatique)  qui  habitent  dans  le  foie  des  brebis  et 
des  chèvres  (1).  Quelques  années  après,  Cornélius  Gemma  fit  de 
nouveau  mention  des  vers  du  foie  en  ces  termes:  «  Anno  1552... 
»  morbi  a  fluxionibus  oriundi  popularitergrassabantur  supra  modum, 
»  vermes,  abortus,  sicca  puerperia,  inflammationes  subitse,  dysen-' 
«  teriœ,  lues  quoque  infanda  pecoris  in  Hollandia,  natis  vermibus 
»  passim  circahepatisregionem  (2).  »  VolcherCoiter  et  Franc.  Bona- 
micus  parlèrent  aussi  de  ces  vers  (3) . 

Dans  le  siècle  suivant,  les  entozoaires  des  voies  biliaires  du  mouton 
et  du  bœuf  furent  assez  fréquemment  signalés:  Pecquet,  ayant  ob- 

(1)  Gentilis  Arnulphus  est  indiqué  par  plusieurs  auteurs  comme  ayant  le  pre- 
mier observé  le  distome  hépatique.  Ce  fait  se  trouverait  consigné  dans  une  lettre 
écrite  en  1542,  et  jointe  à  l'ouvrage  de  Gabucinus  sur  les  vers  (Gabucini  Hieron., 
De  lumbricis  alvum  occupantibus  comment,  quibus  accedit  epistola  Gentilis  Arnul- 
phi,  etc.  Venetiis,  1547).  La  lettre  de  Gentilis  Arnulphus,  ami  et  probablement 
maître  de  Gabucinus,  ne  fait  aucune  mention  des  vers  du  foie.  Celui-ci  en  parle 
dans  les  termes  suivants  :  «  In  jocinoris  ovilli  capillique  venis  sœpe  mibi  visa  sunt 
»  aniniautia  quœdam  cucumeris  seminibus  haud  omnino  dissimilia.  »  (Op.  cit.,. 
cap.  vin,  p.  25).  Gabucinus  n'aurait  pas  manqué,  sans  doute,  de  citer  son  ami  et 
maître  Gentilis  Arnulphus,  si  cette  découverte  lui  eût  appartenu.  D'un  autre  côté, 
Marcellus  Donatus,  qui  était  presque  contemporain,  rapporte  les  observations  de 
Gabucinus  et  de  Gemma,  et  ne  parle  nullement  d'Arnulphus  (Marcellus  Donatus, 
Demed.  hist.  mirab.,  cap.  xxvi,  p.  175.  Venitiis,  1597). 

L'erreur  des  auteurs  qui  ont  attribué  la  découverte  des  vers  du  foie  à  Gentilis 
Arnulphus  vient  sans  doute  d'une  indication  bibliographique  qui  se  trouve  dans 
l'ouvrage  de  Gabucinus  sur  la  marge,  en  regard  de  la  phrase  relative  aux  vers  du 
foie;  mais  cette  indication  se  rapporte  à  la  phrase  précédente,  et  concerne  Gentilis 
Fulgina,  médecin  du  xive  siècle. 

(2)  Cornelii  Gemmae,  De  natures  divinis  characterismis.  Antuerpia?,  1575,  t.  II, 
hh.  II,  cap.  ii,  p.  40. 

(3)  Volcherus  Coiterus,  Obs.  anat.  Franc.  Bonamicus,  II,  De  alimentis,  XlVt 
cités  par  G.  H.  Welsch,  op.  infra  cit.,  p.  136, 


236  AFFECTIONS   VI! RM IMi USES   DES   VOIES   BILIAIKES. 

serve  des  distomes  hépatiques,  fit  la  remarque  que  ces  vers  sont  com- 
muns dans  le  foie  des  moutons  malades  (1).  Willius,  en  1674,  ob- 
serva une  épizootie  qui  exerça  des  ravages  considérables  sur  les 
bœufs  en  Seeland:  «  le  plus  grand  nombre  avaient  non-seulement 
dans  presque  toutes  les  ramifications  de  la  veine  porte,  mais  encore 
dans  les  conduits  biliaires,  une  grande  quantité  de  vers  cucurbitaires 
delà  couleur  du  foie  (2).  »  Frommann,  Wepfer.Redi,  P.  Borel,  Ant. 
de  Heide  (3),  Bidloo,  Malpighi  et,  dans  le  siècle  suivant,  Leeuwen- 
hoek  (4),  Ruysch  (5),  Kulm  (6),  Schâffer  (7),  etc.,  donnèrent  sur  ces 
entozoaires  des  notions  plus  ou  moins  exactes  ;  mais  les  agriculteurs 
et  les  bergers  connaissaient  ces  vers  avant  que  les  savants  ne  s'en 
fussent  occupés,  car,  au  rapport  de  Redi  (1684),  les  distomes  étaient 
vulgairement  désignés  en  Toscane  sous  le  nom  de  bisciuole  (8); 
d'après  Borel,  ils  portaient  en  Provence  le  nom  de  dalbères  (9),  et  déjà 
du  temps  de  Pecquet,  les  bouchers  attribuaient  leur  présence  chez 
les  moutons  à  ce  que  ces  animaux  avaient  mangé  d'une  certaine  herbe, 
la  sideritis  glabra  arvensis.  On  sait  que  les  gens  de  la  campagne  ont 
encore  aujourd'hui  une  opinion  semblable  sur  l'origine  de  la  douve. 

Malgré  le  grand  nombre  d'observateurs  qui  avaient  signalé  l'exis- 
tence du  distome  hépatique,  la  plupart  des  médecins,  au  commen- 
cement du  xvm0  siècle,  ne  connaissaient  point  encore  ce  ver  :  Andry , 
dans  son  Traite  de  la  génération  des  vers  (1741),  n'en  parle  que 
d'après  la  lettre  de  Pecquet  et  d'après  des  notions  peu  exactes  qu'en 
avait  données  P.  Borel  (10). 

Les  premiers  observateurs  n'eurent  que  des  idées  assez  confuses 
sur  la  nature  des  entozoaires  des  conduits  hépatiques  :  Gabucinus, 

(1)  Extrait  d'une  lettre  de  M.  P.  à  M.  ***  sur  le  sujet  des  vers  qui  se  trouvent 
dans  le  foie  de  quelques  animaux,  du  9  juillet  {Journal  des  savants,  1668,  p.  66). 
—  Mém.  acad.  des  sciences,  t.  X,  p.  476.  —  Collect.  acad.,  1. 1,  p.  370. 

(2)  J.  Valentin  Willius,  Collect.  acad.,  part,  étrang.,  t.  VII,  p.  287,  et  Act. 
de  Copenhague,  1674-1675. 

(3)  Ant.  de  Heide,  Vernies  in  hepate  ovillo,  in  Ejus  experimentis.  Amst.,  1686- 
1C88,  p.  46-47  (Dryander). 

(4)  In  Philos.  Transact.,  ann.  1704,  p.  1522-1527,  n°  289. 

(5)  Ruysch,  Op.  cit.,  De  valv.,  cap.  iv,  obs.  18. 

(6)  Joh.  Ad.  Kulmus,  in  Breslauer  Sammlungen,  1721,  p.  596  (Rud.). 

(7)  Schâffer,  ibid.,  1726,  p.  57  (Rud.). 

(8)  P.  Redi,  De  animalculis vivis  quœin  corporibus  anim.  viv.  reperiuntur  observ. 
Amst.,  1708,  trad.,  p.  198. 

(9)  Petrus  Borellus,  Insectabaleniformiain  sanguine  humano,  cent.  III,  obs.  iv, 
cit.  par  Leclerc,  op.  cit.,  p.  282. 

(10)  Andry,  ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  62  et  105. 


AFFECTIONS   VERM1NEUSES   DES  VOIES  BILIAIRES.  237 

Willius,  Redi,  Malpighi,  Borel  et  même  Van  Swieten  (1)  paraissent 
les  avoir  confondus  avec  les  vers  cucurbitins  ;  Bonamicus,  From- 
mann  (2)  et  Wepfer  (3)  avec  les  sangsues. 

Le  séjour  de  ces  vers  ne  fut  pas  non  plus  exactement  déterminé: 
Gabucinus,  Willius,  Redi  et  P.  Borel  croyaient  qu'ils  existent  dans 
les  vaisseaux  sanguins;  d'autres  observateurs  leur  attribuaient  pour 
habitat  la  substance  propre  du  foie;  mais  Bidloo,  qui  a  donné  sur 
ces  entozoaires  des  notions  fort  exactes  sous  beaucoup  de  rap- 
ports, dit  ne  les  avoir  jamais  rencontrés  dans  les  vaisseaux  san- 
guins, et  indique  avec  précision  les  conduits  biliaires  comme  leur 
séjour  normal  (4). 

Certains  animaux  sont  fort  sujets  aux  entozoaires  des  voies  bi- 
liaires; d'autres  en  sont  toujours  exempts.  Les  herbivores  et  princi- 
palement les  ruminants  sont  dans  le  premier  cas  ;  les  carnivores,  à 
l'exception  du  chat  domestique  (5),  sont  dans  le  second. 

Chez  l'homme  et  chez  les  animaux  domestiques,  les  entozoaires 
qui  vivent  à  l'état  de  liberté  dans  les  voies  biliaires  appartiennent  à 
l'ordre  des  trématodes,  et,  à  peu  près  exclusivement,  au  genre  dis- 
tome; on  rencontre  encore  dans  les  voies  bilaires  [lapin,  homme?) 
des  amas  de  corps  oviformes  d'origine  inconnue,  mais  qui  appar- 
tiennent probablement  aux  helminthes  ;  nous  en  donnerons  ici  l'his- 
toire. 

Les  nématoïdes  que  l'on  a  quelquefois  observés  dans  la  vésicule 
et  dans  les  conduits  biliaires,  étaient  des  vers  de  l'intestin  arrivés 
accidentellement  dans  ces  voies.  Les  hydatides  du  foie  peuvent  aussi 

(1)  Van  Swieten,  Comment,  in  aphorismos.  Paris,  1758,  t.  III,  p.  89. 

(2)  Joh.  Fromnianni,  Obs.  de  verminoso  in  ovibus  el  juvencis  reperto  hepate,  in 
Ephem.  nat.  cur.,  1676,  dec.  I,  an  7,  p.  219,  255.  —  ld.,  Obs.  de  salubrit. 
car»,  animal,  verm.  laborant.  Ibidem,  p.  255,  262.  —  Th.  Bonet,  Sepulchretum, 
lib.  IV,  sect.  i,  t.  III,  p.  249. 

(3)  Wepfer,  en  appelant  ces  vers  des  sangsues,  comme  les  nommaient  les  bou- 
chers de  son  temps,  fait  la  remarque  cependant  qu'ils  diffèrent  beaucoup  des 
sangsues  (Mise.  nat.  cur.,  1688,  dec.  II,  an  7,  obs.  xyt,  p.  31). 

(4)  D'après  Trcutler,  le  distome  lancéolé  se  trouverait  aussi  dans  la  veine  porte 
[Mém.  infra  cit.,  Animadv.  ad,  obs.  vi,  35). 

(5)  Creplin  a  trouvé  dans  la  vésicule  et  les  conduits  biliaires  d'un  chat  domes- 
tique une  grande  quantité  de  trématodes  qu'il  rapporta  aux  distomes,  et  plus  tard 
aux  amphistomes.  —  Rudolphi  etSiebold  ont  trouvé  dans  le  foie  du  chat  le  distome 
lancéolé,  suivant  le  rapport  de  M.  Dujardin.  —  M.  Finck  a  vu  aussi  dans  le  foie  du 
chat  un  grand  nombre  d'entozoaircs  plats,  probablement  des  douves  (passage 
infra  cit.). 


238  AFFECTIONS  VERMlNEUSES   DES  VOIES   BILIAIRES 

arriver  accidentellement  clans  les  conduits  biliaires  par  une  perfora- 
tion qui  met  ces  conduits  en  rapport  avec  un  kyste  hydatique.  Nous 
n'aurons  point  à  nous  occuper  ici  de  ces  vers  erratiques;  nous  ne  nous 
occuperons  point  non  plus  despentastomes  [Pent.  conslriclum  et  Penl. 
deniiculatum),  que  l'on  trouve  à  la  surface  du  foie  chez  l'homme  et 
chez  quelques  animaux  domestiques  ;  ces  entozoaires  ne  sont  point 
spéciaux  à  l'organe  hépatique,  et  d'ailleurs  ils  n'occasionnent  aucun 
phénomène  pathologique  appréciable  (voyez  Synops.,  n°  102,  103). 


PREMIERE  DIVISION. 

PHÉNOMÈNES  PATHOLOGIQUES  OCCASIONNÉS  PAR  DES  DISTOMES. 

PREMIÈRE  SECTION. 

DISTOMES   DES  VOIES   BILIAIRES  CHEZ  LE  MOUTON  ET  LE  BOEUF. 

(Distome  hépatique,  Synops.,  n°  35;  Distome  lancéolé,  Synops.,  n°  36). 

DÉNOMINATIONS. 
Noms  vulgaires:  France,  fasciole,  douve.  —  Angleterre,  Liverfluke.  —  Allemagne, 
Leberwurm,  Schafegel.  —  Hollande,  Botten,  Leverworm.  —  Danemark,  Faare- 
flynder.  —  Suède,  Levermask,  —  Italie,   Bisciuola.  —  Espagne,   Caracolillo, 
Serilla. 

. .  On  trouve  dans  les  voies  biliaires  des  moutons  et  des  bœufs  le 
distome  hépatique  et  le  distome  lancéolé  ;  ordinairement  ces  vers 
existent  ensemble  ;  le  dernier,  à  cause  de  sa  petitesse,  pénètre  plus 
avant  que  le  premier  dans  les  conduits  hépatiques.  Ces  entozoaires 
se  trouvent  encore  dans  la  vésicule  du  fiel  ,  cependant  moins, 
fréquemment  ou  en  plus  petit  nombre  que  dans  les  canaux  hépa- 
tiques. 

Les  moutons  sains  sont  sujets  aux  distomes;  mais  chez  ceux  qui 
sont  atteints  de  l'affection  connue  sous  le  nom  de  cachexie  aqueuse, 
on  trouve  dans  les  voies  biliaires  un  nombre  considérable  de  ces  ento- 
zoaires et  souvent  les  conduits  en  sont  comme  bourrés  :  Bidloo 
estime  à  huit  cents  le  nombre  qu'il  en  a  quelquefois  vu  dans  un  seul 
foie,  et  Dupuy  en   a  compté  plus  d'un  millier  chez  un  seul  indi- 


CHEZ  LE  MOUTON   ET   LE  BOEUF.    —  DISTOMES.  239 

vidu  (1).  Dans  la  maladie  que  nous  venons  de  nommer,  on  compte 
ordinairement  par  centaines  les  distomes  renfermés  dans  les  voies 
biliaires. 


CHAPITRE    PREMIER. 

LÉSIONS  ANATOMIQUES. 

Les  conduits  hépatiques  et  même  la  substance  du  foie  éprou- 
vent des  changements  remarquables  par  l'accumulation  des  dis^ 
tomes. 

Les  conduits  se  dilatent,  leurs  parois  s'épaississent  et  les  princi- 
pales branches  de  ces  conduits  peuvent  acquérir  des  dimensions  con-» 
sidérables,  atteindre  même  la  grosseur  du  pouce  ;  elles  font  alors 
une  saillie  très  prononcée  sur  la  face  concave  du  foie.  Les  branches 
moyennes  acquièrent  le  volume  d'un  gros  tuyau  de  plume;  elles  sont 
très  apparentes  vers  le  bord  du  foie,  çà  et  là  sur  la  face  convexe  et 
à  la  surface  des  coupes  pratiquées  au  travers  du  tissu  hépatique.  On 
voit  aussi  de  très  petites  branches  qui  ont  participé  de  ces  altéra- 
tions. Les  canaux  occupés  par  les  distomes  sont  remplis  d'une  ma- 
tière verdâtre  ou  jaunâtre,  gluante^  concrète,  qui  remplit  leur  calibre, 
ou  d'un  mucus  épais  dans  lequel  se  trouvent  des  œufs  de  distomes  et 
ces  animaux  mêmes  réunis  en  pelotons. 

Les  conduits  biliaires  s'oblitèrent  quelquefois  en  partie,  ou  cela 
arrive  aux  petites  branches  qui  concouraient  à  les  former;  alors  la 
partie  qui  reste  perméable  constitue  un  tube  terminé  en  cul-de-sac ,- 
rempli  par  du  mucus  et  par  des  restes  de  distornés,  lesquels  péris- 
sent probablement  lorsqu'ils  ont  cessé  de  recevoir  la  bile  dont  ils  se 
nourrissent  (2).  On  voit  encore  dans  le  foie  envahi  par  des  distomes, 
des  poches  pleines  de  mucus,  sortes  de  kystes  produits  sur  quelques 
points  des  conduits  biliaires  par  une  dilatation  partielle  et  isolée.; 

(I)  Dupuy,  Mém.  lu  à  l'Acad.  deméd.,  3  septembre  1822. 
.  (2)  Les  distomes  sont  enroulés  sur  eux-mêmes  en  cornet  dans  les  conduits  d'un 
petit  calibre  et  fortement  serrés.  Les  épines  nombreuses  qui  revêtent  la  surface  de> 
leur  corps  et  qui  sont  toutes  dirigées  en  arrière,  favorisent  la  progression  du  dis- 
tome vers  l'extrémité  des  conduits  biliaires;  mais,  en  même  temps,  lorsqu'ils  sont 
étroitement  serrés,  elles  ne  leur  permettent  point  de  retour  en  arrière  ;  aussi  doi- 
vent ils  nécessairement  y  rester  et  périr  lorsque  ces  conduits  se  terminent  en  cul- 
de-sac. 


2/iO  AFFECTIONS  VERMINEUSES  des  voies  biliaires 

Les  altérations  des  conduits  biliaires  commencent  généralement 
par  les  plus  grosses  branches;  souvent  ces  conduits,  malades  dans 
une  portion  du  foie,  restent  parfaitement  intacts  dans  une  autre, 
mais,  après  un  certain  temps  ou  lorsque  le  nombre  des  distomes  est 
considérable,  tous  les  conduits  sont  altérés.  Les  parois  épaissies 
deviennent  dures,  comme  cartilagineuses  et  blanchâtres;  plus  tard 
elles  s'incrustent  à  leur  face  interne  d'une  matière  terreuse" qui  les 
transforme  enfin  en  de  véritables  tubes  calcaires.  On  trouve  aussi 
dans  la  substance  du  foie  de  petits  kystes  remplis  de  matière  cré- 
tacée, qui  se  sont  formés  peut-être  par  l'envahissement  des  poches 
isolées  dont  nous  avons  parlé.  Les  incrustations  sont  composées  de 
phosphate  de  chaux  et  d'une  petite  quantité  de  phosphate  de  ma- 
gnésie alliés  à  une  matière  animale. 

Les  distomes  périssent  quelquefois  après  avoir  occasionné  tous 
ces  désordres,  et,  si  le  mouton  survit,  on  rencontre  par  la  suite  dans 
les  conduits  biliaires  des  altérations  profondes,  des  ossifications 
étendues,  dont  on  chercherait  vainement  alors  la  cause. 

Le  tissu  hépatique  subit  aussi  fréquemment  des  altérations  nota- 
bles :  il  devient  ferme,  résistant;  fa  couleur  passe  au  jaune  brun;  il 
perd  en  partie  ou  complètement  son  aspect  grenu  ;  dans  certains 
points,  il  éprouve  une  véritable  atrophie  ;  ces  points  correspondent 
aux  conduits  excréteurs  oblitérés  ;  là ,  le  tissu  est  pâle  et  comme  rata- 
tiné. Quelquefois  les  parties  les  plus  malades  sont  recouvertes  exté- 
rieurement par  une  fausse  membrane  mince,  qui  établit  des  adhé- 
rences avec  les  organes  voisins. 

La  vésicule  biliaire  paraît  généralement  saine  ;  elle  est  peu  volu- 
mineuse, et  la  bile  qu'elle  contient  est  d'un  brun  fauve,  épaisse  et 
visqueuse. 

Telles  sont  les  altérations  que  la  présence  des  distomes  occasionne 
dans  le  foie  chez  le  mouton  et  chez  le  bœuf.  Des  lésions  aussi 
profondes  seraient-elles  compatibles  avec  l'intégrité  des  fonctions 
hépatiques,  et  avec  le  maintien  de  la  santé  générale?  La  constitu- 
tion des  bêtes  qui  offrent  de  tels  désordres  est  ordinairement  profon- 
dément détériorée,  mais,  avant  de  chercher  quelle  peut  être  la  part 
des  distomes  dans  cet  état  de  l'économie,  il  convient  de  le  connaître; 
on  lui  donne  généralement  le  nom  de  cachexie  aqueuse. 


CHEZ   LES  ANIMAUX   DOMES  HOUES.    —   DISTOMES.  241 

CHAPITRE   II. 

CACHEXIE    AQUEUSE. 

Noms  vulgaires  :  France,  la  pourriture,  bête  pourrie,   le  foie  douve,  la  douve,  la 

douvette,  la  jaunisse,  bouteille,  boule,  gamadure,  goulouraon,  ganache,  etc. 
Angleterre,  Rot,  Rot  dropsy. 
Hollande,  Hot  ongans. 

Allemagne,  Waserblase,  Egeln  (Frommann),  Egelichte  Lebcrn  (id.). 
Italie,  Bisciuola,  Marciaja. 

La  cachexie  aqueuse  est  encore  connue  sous  le  nom  de  pourri- 
ture. Le  sang,  dans  cette  maladie,  est  toujours  profondément 
modifié.  La  masse  totale  de  ce  liquide,  sa  densité,  la  proportion  des 
globules,  celle  de  l'albumine  ont  diminué;  sa  température  s'est 
abaissée  ;  l'eau  s'y  trouve  en  proportion  beaucoup  plus  considérable 
que  dans  le  sang  normal  ;  aussi,  quelques  auteurs  ont-ils  donné  à  la 
cachexie  aqueuse  le  nom  d'/iydrohémie. 

Le  mouton  et  le  bœuf  sont  sujets  à  cette  maladie;  le  cheval,  le 
chien,  le  lapin,  les  oiseaux  de  basse- cour,  le  ver  à  soie  sont  quel- 
quefois atteints  d'une  affection  qui  n'est  pas  sans  analogie  avec  la 
cachexie  des  bêtes  ovines  et  bovines,  mais  qui,  chez  les  oiseaux  de 
basse- cour  et  chez  les  vers  à  soie,  en  diffère  sans  doute  complète- 
ment quant  à  sa  nature.  Parmi  les  animaux  sauvages,  le  cerf,  le 
daim,  le  chevreuil,  le  lièvre,  etc.,  paraissent  exposés  à  contracter  la 
cachexie  aqueuse. 

Le  bœuf  est  moins  fréquemment  atteint  de  la  pourriture  que  le 
mouton.  Chez  ces  deux  animaux,  les  phénomènes  et  la  marche  de 
la  maladie  ne  diffèrent  point  d'une  manière  bien  notable.  Nous  nous 
occuperons  principalement  du  dernier. 

Le  mouton,  au  début  de  la  cachexie  aqueuse,  perd  sa  gaieté,  sa 
force,  sa  vivacité;  la  marche  est  lente,  l'appétit  diminué,  la  rumi- 
nation troublée,  la  soif  vive;  la  teinte  rosée  et  normale  de  la  con- 
jonctive, du  nez,  des  oreilles  et  de  la  peau  est  remplacée  par  une 
pâleur  générale.  Après  un  certain  temps  de  durée,  ces  phénomènes 
s'aggravent,  la  faiblesse  augmente;  l'animal  se  soutient  mal  et  tombe 
au  moindre  obstacle  ou  au  moindre  choc;  la  conjonctive  devient 
jaunâtre,  plus  tard  elle  s'infiltre  et  forme  un  bourrelet  circulaire  en 

Davaine.  16 


2/|2  UTICTIONS    VKltMINEUSliS    DUS    VOlliS   IULIAIHKS 

saillie  sur  le  bord  des  paupières  :  ce  symptôme  est  caractéristique, 
de  la  cachexie  aqueuse.  La  peau,  la  membrane  muqueuse  des  lèvres, 
des  gencives,  sont  d'un  blanc  mat,  légèrement  jaunâtre  et  sans  aucune 
apparence  de  vaisseaux  sanguins;  la  laine  sèche,  cassante,  terne, 
se  détache  par  une  faible  traction;  le  tissu  cellulaire  sous-cutané 
s'œdématie,  ce  qui,  dans  les  premiers  temps  de  la  maladie,  donne 
à  l'animal  une  apparence  d'embonpoint. 

Après  être  restée  un  certain  temps  stationnaire,  la  cachexie 
aqueuse  reprend  sa  marche  et  se  manifeste  par  de  nouveaux  sym- 
ptômes :  l'œdème  général  disparaît,  mais  il  se  montre  particulière- 
ment sur  les  parties  déclives,  surtout  aux  jambes  immédiatement 
au-dessous  des  jarrets.  Lorsque  l'animal,  en  paissant,  maintient 
quelque  temps  la  tête  penchée  vers  le  sol,  les  joues,  les  parties  laté- 
rales du  col  et  principalement  l'espace  intermaxillaire  se  gonflent 
d'une  manière  très  remarquable  ;  sur  les  autres  parties  du  corps  la 
maigreur  se  prononce  de  jour  en  jour  davantage,  elle  devient  enfin 
extrême.  Le  ventre  est  ballonné;  l'urine  est  claire,  abondante,  non 
albumineu.se;  le  pouls  devient  petit,  accéléré,  filiforme;  les  batte- 
ments du  cœur  sont  forts  et  retentissants  ;  la  laine  tombe  sur  de  larges 
surfaces  ou  même  sur  la  totalité  du  corps;  il  survient  à  la  peau  des 
taches  plus  ou  moins  larges,  jaunes  ou  noires,  formées  probablement 
par  du  sang  extravasé.  Les  brebis  pleines  avortent  fréquemment; 
celles  qui  allaitent  donnent  un  lait  clair  et  séreux,  insuffisant  pour 
l'alimentation  des  agneaux  qui  sont  maigres,  chétifs,  exsangues.  Une 
diarrhée  séreuse  achève  d'épuiser  les  bêtes  cachectiques. 

L'animal,  réduit  à  l'état  de  squelette,  meurt  ordinairement  de 
deux  à  six  mois  après  le  début  de  la  maladie  ;  cependant  la  pour- 
riture n'est  pas  inévitablement  mortelle  ;  des  soins  convenables 
peuvent  arrêter  les  progrès  du  mal  et  amener  la  guérison,  mais  ce 
n'est  guère  qu'au  début  de  la  maladie  que  l'on  obtient  ce  résultat; 
lorsqu'elle  est.  bien  confirmée,  la  plupart  des  bêtes  cachectiques 
périssent. 

Lorsque  la  cachexie  aqueuse  a  duré  un  certain  temps,  le  diagnostic 
s'établit  facilement  d'après  l'apparence  extérieure  de  la  bête  malade: 
la  teinte  rose  pâle  et  quelquefois  légèrement  jaunâtre  de  la  conjonc- 
tive, de  la  membrane  muqueuse  des  lèvres,  de  la  peau,  la  soif  exa- 
gérée, signalent  généralement  le  début  de  la  maladie.  La  présence  des 
distomes  dans  les  voies  biliaires  pourrait  être  reconnue  par  l'inspec- 


CHEZ   LES  ANIMAUX   DOMESTIQUES.    —  DISTOMES.  26.3 

tion   microscopique  des  fèces  dans  lesquelles  on  constate  la  pré- 
sence des  œufs  de  ces  entozoaires. 

A  l'ouverture  du  corps,  on  remarque  la  pâleur  et  l'infiltration  des 
tissus,  l'affaissement  des  vaisseaux,  la  rareté  du  sang  (1).  Les  lésions 
anatomiques  qu'on  peut  attri- 
buer à  la  cachexie,  se  résu- 
ment, en  général,  dans  la 
décoloration  ,  le  ramollisse- 
ment et  l'état  exsangue  ;  mais 
on  observe  dans  la  plupart  des 
cas  des  désordres  locaux  qui 
dépendent  de  l'existence  d'un 
grand  nombre  d' entozoaires 
dans  plusieurs  organes  :  dans 
les  conduits  biliaires,  qui  ont 
plus  ou  moins  subi  les  altéra- 
tions que  nous  avons  décrites, 
se  trouvent  les  distomes  ;  dans 
la  substance  du  foie  et  dans 
d'autres  organes,  des  vers  vé- 
siculaires  ;  dans  l'intestin,  des 
ténias;  dans  les  bronches,  des 
strongles;  mais  tous  ces  ento- 
zoaires,   que    l'on    rencontre 

fréquemment  aussi  chez  le  mouton  bien  portant,  sont  moins  constants 
que  les  distomes  dans  le  foie.  Ceux-ci  paraissent  plus  directement 
liés,  soit  comme  cause,  soit  comme  effet>  à  l'état  cachectique  dont 
nous  nous  occupons. 

La  pourriture  exerce  principalement  ses  ravages  sur  les  jeunes 
animaux.  Dans  plusieurs  des  épizooties  qui  ont  régné  sur  l'espèce 

(1)  M.  Andral  a  signalé  depuis  longtemps  la  diminution  de  l'albumine  dans  le 
sérum  et  l'abaissement  du  chiffre  des  corpuscules  sanguins  (Ann.  de  chimie  et  dé 
physique,  t.  V,  3e  série).  Les  recherches  plus  récentes  de  M.  0.  Delafond  donnent 
les  résultats  suivants  :  «  Diminution  notable  de  la  température  du  sang,  de  sa  den- 
sité, du  diamètre  de  ses  globules  et  plus  particulièrement  de  la  masse  totale  de  ce 
liquide;  abaissement  du  poids  normal  des  globules,  de  son  albumine  et  augmenta- 
tion considérable  de  son  eau.  »  (  Traité  de  la  pourriture,  ou  cachexie  aqueuse  dés 
Mtes  à  laine.  Paris,  1854,  p.  41;  extr.  des  Mdm.  de  la  Soc.  impér.  d'agriculture, 
1853). 


I?IC.    7.   _    Ovules    des    distomes   hépatique   et 
lancéolé. 

A.  —  D.  lancéolé.  —  a,  ovule  grossi  107  fois; 
b,  340  fois  ;  c,  traité  par  la  potasse  caustique  qui 
rend  la  séparation  de  l'opercule  plus  facile.  —  Couleur 
brun  noirâtre;  longueur,  0"™, 04  ;  largeur,  0°"",02. 
—  Ces  ovules  se  rencontrent  chez  le  mouton  dans  les 
matières  fécales  ;  ils  indiquent  avec  certitude  la  pré- 
sence du  distome  lancéolé  dans  les  canaux  biliaires 
ou  dans  l'intestin. 

B.  — D.  hépatique.  —  Ovule  grossi  107  fois  et 
traité  par  la  potasse  caustique  pour  en  séparer  l'oper- 
cule. —  Longueur,  0"", 13  ;  largeur,  0n"">09.  — 
Mêmes  remarques  que  pour  le  distome  lancéolé. 


244  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES   VOIES   BILIAIUES 

bovine,  on  a  remarqué  que  les  veaux  étaient  atteints  les  premiers  et 
que  les  bêtes  de  deux  ans  et  au-dessous  périssaient  en  proportion 
plus  considérable  que  celles  d'un  âge  plus  avancé.  11  en  est  de 
même  dans  l'espèce  ovine;  toutefois,  il  n'est  pas  rare  de  voir  la  ma- 
ladie atteindre  et  emporter  tous  les  moutons  d'un  troupeau,  quelque 
soit  leur  âge. 

La  cachexie  aqueuse  règne  en  automne,  à  la  fin  de  l'hiver  et  prin- 
cipalement au  printemps. 

Parmi  les  causes  qui  favorisent  ou  qui  déterminent  l'invasion  de 
cette  maladie,  on  a  signalé  la  dépaissance  d'une  herbe  chargée  de 
brouillard  ou  de  rosée,  la  nourriture  mauvaise,  insuffisante,  le  séjour 
dans  des  étables  mal  tenues  et  mal  aérées,  etc. 

Les  troupeaux  qui  vivent  dans  des  contrées  humides,  maréca- 
geuses, dans  des  lieux  boisés,  dans  les  prairies  dont  le  sol  ou  le  sous- 
sol  est  argileux,  imperméable,  dans  des  terrains  exposés  aux  inon- 
dations, ces  troupeaux  sont  surtout  sujets  à  la  cachexie  aqueuse.  Le 
climat  ne  paraît  pas  tant  avoir  d'influence  sur  le  développement  de 
cette  maladie  que  la  permanence  de  l'humidité;  aussi  la  voit-on 
régner  en  Angleterre  à  l'état  d'enzootie,  et  se  développer  dans  des 
pays  habituellement  secs,  après  des  inondations  ou  des  pluies  long- 
temps prolongées. 

La  cachexie  aqueuse  est  très  universellement  répandue;  aucune 
affection  n'exerce  dans  l'espèce  ovine  d'aussi  grands  ravages  :  du 
nord  au  midi  de  l'Europe,  en  Espagne  comme  en  Nonvége,  elle 
règne  quelquefois  par  épizooties  désastreuses.  Elle  a  été  observée  en 
Egypte,  dans  l'Amérique  du  Nord,  dans  la  terre  de  Van-Diémen, 
en  Australie,  etc.  On  estime  qu'elle  fait  périr  annuellement  en 
Angleterre  un  million  de  moutons  ;  en  France,  dans  certaines  épi- 
zooties, elle  a  enlevé  la  moitié  et  quelquefois  la  totalité  des  trou- 
peaux atteints. 

CHAPITRE  III. 

ÉPIZOOTIES    DE    CACHEXIE   AQUEUSE. 

La  première  épizootie  dont  l'histoire  fasse  mention  est  celle  qui 
apparut  en  Hollande  en  1552,  et  que  Gemma  appella  lues  infanda 
pecoris  (1). 

(I)  Coruelius  Gemma,  op.  cit. 


CHEZ   LES   ANIMAUX    DOMESTIQUES.    —   DISTOMES.  2/j5 

Frommann,  en  1663,  1664,  1665,  observa  dans  le  duché  de 
Cobourg,  une  épizootie  qui  attaqua  les  brebis  et  les  moutons  de  tout 
âge,  les  veaux  et  les  génisses  jusqu'à  Vâge  de  deux  ans,  mais  point 
les  bœufs  et  les  vaches.  Les  lièvres  et  les  cerfs,  dans  les  champs  et 
les  forêts,  mouraient  de  cette  maladie.  Les  chevaux,  les  chèvres  et 
les  cochons  en  étaient  exempts.  Des  vers  existaient  dans  le  foie 
des  bêtes  malades;  dans  quatre  bergeries  composées  ensemble  de 
plus  de  trois  mille  moutons,  il  n'en  est  pas  resté  quarante  (1). 

En  1674,  une  affection  caractérisée  aussi  par  la  présence  du  dis- 
tome dans  le  foie,  fut  observée  par  Willius  en  Seeland  ;  cette  affec- 
tion atteignit  presque  tous  les  bœufs  (2) . 

La  cachexie  aqueuse  règne  fréquemment  en  France  par  épizoo- 
ties;  celles  qui  ont  été  décrites  depuis  un  siècle  se  sont  étendues, 
pour  la  plupart,  sur  une  grande  surface  comprenant  plusieurs 
départements  et  même  la  plus  grande  partie  du  pays  ;  elles  se  sont 
montrées  dans  des  années  remarquables  par  des  pluies  abondantes  et 
de  longue  durée  : 

En  1743  et  1744,  la  pourriture  enleva  toutes  les  bêtes  à  laine  du 
territoire  d'Arles; 

En  1761,  la  même  maladie  enleva  tous  les  troupeaux  de 
l'Aveyron; 

En  1761  et  1762,  dans  le  nord  de  la  France,  et  principalement 
dans  le  bas  Boulonnais,  les  moutons  furent  décimés  par  la  cachexie 
aqueuse  ; 

En  1809,  une  grande  partie  de  la  France  fut  ravagée  par  cette 
maladie  ;  dans  le  Beaujolais,  des  troupeaux  de  mérinos  périrent  sans 
qu'il  en  restât  un  seul  individu  ; 

En  1812,  la  cachexie  régna  dans  le  midi  et  principalement 
dans  les  départements  du  Rhône,  de  l'Hérault  et  du  Gard  ;  trois 
cent  mille  bêtes  à  laine  périrent  dans  le  territoire  d'Arles  et 
quatre-vingt-dix  mille  dans  les  arrondissements  de  Nîmes  et  de 
Montpellier  ; 

En  1816  et  1817,  elle  exerça  de  nouveau  de  grands  ravages  dans 
un  grand  nombre  de  départements  ; 

En  1820,  elle  régna  avec  intensité  dans  les  environs  de  Béziers; 

En  1829  et  1830,  elle  exerça  ses  ravages  dans  la  plupart  des 
localités  du  département  de  la  Meuse,  et  dans  les  départements  voi- 

(1)  Frommann,  Mém.  cit. 

(2)  Willius,  iléin  cil 


2h()  AFFECTIONS   Vi:r.MlNi:USHS   DÉS    VOIKS   lilMAIRKS 

sins;  non-seulement  les  moutons,  mais  aussi  les  bœufs  périrent  en 
gfandnotnbfe.  Dans  l'arrondissement  de  Montmédy,  sur  vingt-quatre 
à  vingt-cinq  mille  bêtes  à  cornes,  on  en  perdit  environ  cinq  mille; 
parmi  les  bêtes  à  laine,  il  n'en  resta  pas  la  moitié.  Certaines  com- 
munes ont  perdu  deux  cents  bêtes  à  cornes  et  quinze  cents  à  dix-huit 
cents  bêtes  à  laine  (1)  ; 

En  1853  et  1854,  la  cachexie  régna  de  nouveau  dans  la  plus 
grande  partie  de  la  France,  et  principalement  dans  les  départements 
du  centre;  dans  leBerry,  le  Gâtinais  et  la  Sologne,  des  cultivateurs 
ont  perdu  le  quart,  le  tiers  et  les  trois  quarts  des  bêtes  composant 
leurs  troupeaux  (2). 


CHAPITRE  IV. 

RAPPORTS  DE   LA  CACHEXIE  AQUEUSE  AVEC   INEXISTENCE  DES  DISTOMES. 

L'existence  des  distomes  dans  les  voies  biliaires  est-elle  la  cause 
de  la  cachexie  aqueuse  ou  n'est-elle  qu'une  simple  complication  1 
Cette  question  a  été  diversement  jugée.  Plusieurs  raisons  nous  por- 
tent à  croire  que  la  présence  des  distomes  dans  les  voies  biliaires  est 
une  cause  déterminante  de  la  pourriture  :  on  sait  généralement  que 
la  cachexie  aqueuse  est  occasionnée  par  l'humidité  des  pâturages; 
parmi  le  grand  nombre  de  faits  qui  peuvent  être  invoqués  à  l'appui 
de  cette  assertion,  l'un  des  plus  remarquables  est  le  suivant,  observé 
par  Dupuy  :  cinq  cents  moutons,  qui  avaient  pâturé  sur  un  terrain 
humide  où  se  trouvaient  des  fossés  remplis  d'une  eau  stagnante, 
périrent  de  la  cachexie  aqueuse  ;  quinze  brebis  qui  ne  pouvaient 
suivre  le  troupeau  jusqu'à  ces  fossés  parce  qu'elles  étaient  boiteuses, 
furent  toutes  préservées  (3). 

On  comprend  que  l'herbe  trop  aqueuse  d'une  prairie  humide  puisse 
à  la  longue  avoir  quelque  influence  sur  l'économie  du  mouton,  et 
qu'elle  détermine  la  détérioration  de  sa  constitution  ;  telle  était 
peut-être  la  cause  de  la  maladie  des  cinq  cents  moutons  de  Dupuy  ; 
mais  cette  explication  ne  peut  plus  être  invoquée  à  l'égard  des  faits 
suivants  : 

(1)  Didry,  De  la  cachexie  aqueuse  ou  hydropisie  des  bêtes  à  grosses  cornes  (Re- 
cueil de  rnéd.  vêt.,  ann.  IX.  Paris,  1832,  p.  139). 

(2)  0.  Delafond,  Mém.  cit..  p.  3. 

(3)  Dict.  de  rnéd.  chir.  vélérin.,  de  Hurtrel  d'Aiboval,  Paris,  1838,  t.  I,  p.  255, 
art.  Cachexie. 


CHEZ   LES   ANIMAUX   DOMESTIQUES.    —    MSTOMES.  2^|7 

«  1°  Un  fermier,  dans  le  voisinage  de  Wragby  (Lincolnshire), 
mena  vingt  moutons  à  la  foire,  et  en  garda  six  dans  sa  propriété.  Les 
vingt  moutons,  n'ayant  pas  été  vendus,  furent  ramenés  et  remis  dans 
le  champ  où  les  six  autres  étaient  restés.  Dans  le  courant  de  l'hiver, 
ces  vingt  moutons  moururent  de  la  pourriture,  mais  les  six  qui 
étaient  restés  à  la  ferme,  continuèrent  à  se  bien  porter.  Il  ne  peut 
y  avoir  de  doute  sur  l'exactitude  du  fait,  car  les  moutons  envoyés 
à  la  foire  avaient  reçu  une  marque  que  ne  portaient  pas  les  six 
autres. 

.»  La  perte  de  ces  vingt  moutons  ne  peut  être  expliquée  que  par 
la  supposition  qu'ils  avaient  traversé  quelque  communal  ou  quelque 
pâturage  dans  lequel  ils  ont  contracté  la  pourriture  (1).  » 

«  2°  Un  mouton,  appartenant  à  un  lot  de  vingt,  ayant  été  atteint 
d'une  fracture  de  la  jambe  en  sortant  de  la  foire  de  Burgh  (Lincoln- 
shire), les  dix-neuf  autres  furent  parqués  dans  un  communal  à 
l'extrémité  de  la  ville,  jusqu'à  ce  qu'on  eût  pu  se  procurer  une  voiture 
pour  emporter  le  mouton  blessé;  ces  dix-neuf  moutons  moururent 
tous  de  la  pourriture,  tandis  que  celui  qui  avait  été  blessé  fut  exempt 
de  la  maladie  (2)." 

Si  la  cachexie  aqueuse  peut  être  contractée  dans  l'espace  d'une 
ou  de  deux  journées,  elle  ne  peut  plus  être  expliquée  par  une  influence 
de  régime  ou  de  nourriture. 

Il  est  aujourd'hui  reconnu  que  le  distome  hépatique  ne  s'engendre 
pas  dans  les  voies  biliaires,  mais  qu'il  y  arrive  du  dehors  ;  on  sait 
encore  par  analogie,  qu'à  l'état  de  larve,  ce  ver  vit  libre  dans  l'eau 
ou  parasite  chez  de  petits  animaux  aquatiques;  une  seule  journée  de 
pacage  dans  un  lieu  infesté  de  ces  larves  pourrait  donc  suffire  pour 
que  le  mouton  en  ingérât  un  grand  nombre  dans  son  estomac.  Les 
larves,  une  fois  parvenues  dans  les  viscères,  trouvant  un  séjour 
convenable,  se  métamorphosent,  se  développent,  grandissent  et 
peuvent  troubler  profondément  les  fonctions  de  l'organe  qui  les  re- 
cèle. L'influence  de  l'humidité  sur  la  constitution  du  mouton  trouve- 
rait de  cette  manière  une  explication  nouvelle  et  plausible,  car  nous 
savons  que  les  distomes  produisent  de  graves  désordres  dans  les 
canaux  biliaires  et  dans  la  substance  même  du  foie  ;  or,  l'impor- 
tance des  fonctions  hépatiques  aujourd'hui  bien  connue,  ne  permet 

(1)  George  Budd,  On  diseases  of  the  lïver.  Londou,  1852,  p.  481.  D'après  Lib. 
of  useful  knowledge.  Trealise  on  the  sheep,  p.  453.  Quoled  fromParhinson,  onlive 
stock,  vol.  I,  p.  421. 

(2)  Même  ouvr. 


'268  AFFECTIONS   VERMlNIiUSIîS   DKS   VOIliS   BILIAIRES 

point  do  regarder  de  pareils  désordres  comme  compatibles  avec  le 
maintien  de  la  santé  générale.  On  conçoit  que  le  sang,  privé  d'une 
partie  des  principes  qu'y  déverse  le  foie,  subisse  une  détérioration 
graduelle,  et  que  la  cachexie  aqueuse  en  soit  la  conséquence. 

Ainsi  l'apparition  de  la  pourriture  chez  un  animal  qui  n'a  passé 
qu'un  court  espace  de  temps  dans  de  mauvaises  conditions,  la  per- 
sistance de  la  maladie  malgré  Péloignement  de  ces  conditions,  son 
aggravation  ultérieure  et  progressive,  reçoivent  une  explication  toute 
naturelle  par  l'invasion  des  distomes  qui  se  développent  et  séjour- 
nent dans  les  voies  biliaires. 

Il  se  peut  que  la  cachexie  aqueuse,  comme  l'anémie,  comme  l'hy- 
dropisie,  reconnaisse  des  causes  diverses,  qu'elle  soit  quelquefois  le 
résultat  d'une  influence  débilitante  longtemps  prolongée,  d'autres  fois 
celui  d'une  altération  des  fonctions  hépatiques  par  l'invasion  des  dis- 
tomes; mais  il  est  remarquable  que  dans  certaines  épizooties,  des 
animaux  d'espèces  différentes  et  des  animaux  qui  sont  peu  sujets 
à  l'envahissement  des  distomes,  offrent  tous,  dans  les  conduits 
biliaires,  de  ces  entozoaires  en  quantité  considérable.  Non-seulement 
on  voit  fréquemment  à  la  fois  les  bœufs  et  les  moutons  affectés  de 
la  cachexie  et  des  distomes,  mais  on  a  vu,  et  notamment  dans  l'épi- 
zootie  dont  parle  Frommann,  les  cerfs  dans  les  forêts,  les  lièvres  dans 
les  champs,  offrant  de  nombreux  distomes  dans  les  voies  biliaires, 
périr  comme  les  moutons  et  les  bœufs. 

En  exposant  ces  vues  théoriques,  nous  n'avons  d'autre  but  que 
d'indiquer  aux  recherches  une  direction  qui  nous  semble  devoir  mener 
à  la  connaissance  de  la  cause  la  plus  ordinaire  de  la  pourriture.  Si 
ces  vues  se  confirment  par  l'observation  des  faits,  peut-être  en  res- 
sortira-t-il  un  moyen  de  prévenir  la  désastreuse  maladie  dont  nous 
nous  occupons  ;  trouver  ce  moyen,  ce  ne  serait  pas  seulement  rendre 
service  à  l'agriculture,  ce  serait  encore  servir  grandement  l'intérêt 
public.  C'est  aux  hommes  qui  sont  à  portée  d'observer  les  débuts  de 
la  maladie  qu'il  appartient  de  déterminer  les  conditions  de  son  déve- 
loppement, le  mode  de  transmission  et  de  propagation  des  helminthes 
qui  paraissent  jouer  un  grand  rôle  dans  l'invasion,  dans  les  progrès 
et  dansl'issue  funeste  delà  cachexie  aqueuse.  Les  hommes  instruits, 
les  médecins,  les  naturalistes,  aussi  bien  que  les  vétérinaires,  pour- 
raient faire  de  cette  maladie  un  sujet  de  recherches  dont  le  succès 
ne  paraît  point  au-dessus  des  ressources  de  l'observation  et  de  l'ex- 
périmentation. 


CHEZ   LES   ANIMAUX  DOMESTIQUES.    —   D1STOMES.  2L\9 

CHAPITKE  V. 

TRAITEMENT   DE   LA    CACHEXIE    AQUEUSE. 

On  ne  connaît  point  de  moyen  de  guérir  la  cachexie  aqueuse 
arrivée  à  un  certain  point;  les  cultivateurs  doivent  donc  mettre  tous 
leurs  soins  à  préserver  leurs  bestiaux  de  l'invasion  de  cette  maladie. 
Éviter  de  faire  paître  aux  troupeaux  une  herbe  chargée  d'humidité, 
soit  après  des  pluies  prolongées,  soit  pendant  les  brouillards  du 
matin  ou  du  soir,  les  éloigner  des  prairies  marécageuses,  donner 
aux  animaux  une  nourriture  substantielle  et  suffisante,  assainir  les 
bergeries,  drainer  les  terrains  humides,  etc.,  tels  sont  les  moyens 
généralement  conseillés  pour  prémunir  les  bestiaux  contre  la  pour- 
riture. 

Lorsque  la  maladie  s'est  déclarée  dans  un  troupeau,  le  meilleur 
moyen  d'en  arrêter  les  progrès  est  l'émigration  dans  une  localité 
élevée  et  sèche.  L'usage  de  certains  aliments  ou  de  certains  médi- 
caments peut  avoir  encore  quelques  avantages  :  le  tourteau  de  colza, 
les  feuilles  d'arbres  résineux,  tels  que  le  pin  et  le  sapin,  les  tiges  du 
genêt,  de  l'ajonc,  la  gentiane,  l'écorce  de  saule,  la  chicorée  sauvage, 
l'absinthe,  l'armoise,  les  baies  de  genièvre,  le  poivre,  etc.,  le  sel 
gemme  que  l'on  fait  lécher  aux  bêtes,  le  sel  marin,  à  la  dose  de  cinq 
à  six  grammes  par  tête,  mélangea  de  la  farine  d'orge,  d'avoine,  de 
vesce,  ou  jeté  en  solution  sur  les  fourrages,  la  limaille  ou  l'oxyde  de 
fer,  le  carbonate,  le  sulfate  de  cette  base  donnés  à  la  dose  d'un  à 
deux  grammes  et  de  la  même  manière,  peuvent  quelquefois  ramener 
à  la  santé  des  bêtes  manifestement  malades  (1).  La  teinture  d'iode, 

(I)  M  Rey  a  conseillé  l'usage  d'un  pain  nutritif  et  médicamenteux  dont  il  dit 
avoir  obtenu  de  très  bons  effets,  et  que  M.  Delafond  a  modifié  de  la  manière 
suivante  : 

Farine  de  blé  non  bluté 5  kilogrammes. 

—  d'avoine 10 

—  d'orge ' 5 

Prolosulfate  de  fer  pulvérisé ) 

„    .       ,     ,         ,  5  aa  lbO  grammes. 

Carbonate  de  soude ) 

Sel  marin i  kilogramme. 

Failes  une  pâte  avec  quantité  suffisante  d'eau,  laissez  fermenter  et  faites  cuire  au 
four.  On  en  donne  à  chaque  mouton  250  grammes  matin  et  soir.  Une  amélioration 
notable  se  manifeste  dans  la  santé  des  bêtes  cachectiques  après  dix  ou  quinze  jours 
de  l'usage  de  ce  pain. 


250  AFFECTIONS   VfiRflfMfECSËS    DES   VOUS   BILIAIRES 

à  la  dose  de  20  à  30  gouttes  pour  2  à  3  décilitres  d'eau,  a  été  der- 
nièrement préconisée  par  M.  de  Romand. 


DEUXIÈME  SECTION. 

VERS   DES   VOIES   BILIAIRES   CHEZ    L'HOMME. 

Chez  l'homme,  les  vers  propres  aux  voies  biliaires  sont  aussi  des 
distomes.  Les  ascarides  lombricoïdes  qui  ont  été  quelquefois  rencon- 
trés dans  ces  voies,  ne  s'y  étaient  pas  développés  ;  il  en  est  de  même 
des  échinocoques  qui  n'arrivent  qu'accidentellement  dans  les  con- 
duits hépatiques  (voy.  Vers  de  l'intestin,  p.  156  et  suiv. ,  et  Vers 
des  cavités  séreuses) . 

Les  cas  de  distomes  observés  dans  les  voies  biliaires  chez  l'homme 
sont  rares;  quelques  anciens  auteurs  ont  émis  à  ce  sujet  des  asser- 
tions, sans  rapporter  d'observations  positives: 

"  Amicus  quidam,  dit  Pierre  Borel,  mihi  asseruit  in  omnibus 
»  animalibus  insecta  heec  reperiri  et  se  in  hominibus,  porcis,  etc., 
»  eos  vidisse  (1).  « 

Malpighi,  auquel  on  attribue  d'avoir  vu  ces  vers  chez  l'homme, 
dit  seulement:  «  In  hepate  fréquentes  occurunt  venues cucurbitini  in 
»  homine  et  brutis,  prsesertim  in  bove  (2).  » 

Bidloo,  après  avoir  parlé  du  distome  hépatique  du  mouton,  s'ex- 
prime sur  ceux  de  l'homme  en  ces  termes  :  »  Detexi  aliquando  in 
»  et  circa  humana  jecinora  diversse  ab  hisce  animalculis  fabriese  et 
»  ut  tune  temporis  mihi  videbantur,  alterius  figurai  animalia,  sive 
»  vermes.  Quanquam  mihi  persuadere  jam  ausim  (penitiore  videlicet 
»  instructus  animalculi  prœdicti  cogitione  atque  expertus  insuper 
»  quo  sesemodo  complicare  possunt)  me  ea  quoque  in  hepate  vidisse 
»  humano  :  priusquam  autem  vel  minimum  quid  uteertum  affirmera, 
»  conabor,  nulla  neglecta  opportunitate,  ipsam  hujus  rei  eruere  et 
»  patefacere  veritatem  (3) .  » 

C'est  à  Pallas  que  l'on  doit  la  première  observation  positive. 

(1)  P.  Borel,  cité  par  Leclerc,  p.  283. 

(2)  Marcelli  Malpighi,  Opéra  postuma.  London,  1697,  p.  84. 

(3)  Godefridi  Bidloo,  Observatio  de  animalculis  in  ovino,  aliorumque  animan- 
tium  hepate  deteclis,  dans  Leclerc,  op.  cit.,  p.  119. 


CHEZ   L'HOMME.    —   DISTOMES.  251 

CHAPITRE  PREMIER. 

CAS  DE  DISTOMES  DANS  LES  VOIES   BILIAIRES. 

Ier  Cas  (Pallas). 

«  In  hepate  et  biliario  systemate abundant  fasciolfe  variée,  inque  hu- 

»  mano  jecinore  a  se  visos  asserit  Bidlous,  quemadmodum  ipse  quoque  Bero- 
»  lini  easdem  mortuas,  contractasque  ramo  hepatici  ductus  incuneatas  in  fe- 
»  minée  cadavere  vidi  (1).  »  Dans  un  autre  passage,  Pallas  dit  :  «  Et  mea  me 
»  denique  docuit  experientia  in  theatro  anatomico  Berolinensi,  ubi  in  feminœ 
»  fibris  fasciolam  ramo  ductus  hepatici  insertam  vidi  (2).  » 

IIe  Cas  (Buchholz). 

«  La  nouvelle  découverte  de  feu  le  conseiller  des  mines  Buchholz,  à 
Weimar,  éloigne  ce  qu'il  y  a  de  douteux  dans  cette  observation  (devers  du  foie) 
et  les  autres  pareilles  ;  en  effet,  il  a  trouvé,  en  -1790,  dans  la  vésicule  biliaire 
d'un  forçat,  mort  de  la  fièvre  putride,  une  grande  quantité  de  vers  qu'il  en- 
voya au  professeur  Lenz,  qui  me  les  a  communiqués,  en  les  prenant  dans  la 
collection  ducale  pour  les  dessiner  et  les  introduire  dans  le  présent  mé- 
moire  Malheureusement,  Buchholz  nenous  a  rien  ditdes  circonstances  par- 
ticulières de  la  maladie  de  ce  condamné  et  des  changements  contre  nature 
qu'il  a  trouvés  dans  le  cadavre  (3).  a 

Ce  récit  de  Jordens  est  tout  ce  que  l'on  sait  du  fait  observé  par 
Buchholz.  Les  vers  conservés  dans  la  collection  de  Weimar  ont  été 
examinés  aussi  par  Rudolphi  (4)  et  Bremser  (5). 

IIP  Cas  (Fortassin). 

En  parlant  des  fascioles  de  l'homme  d'après  Bidloo  et  Montin,  Fortassin 
dit  :  «  Il  y  a  longtemps  que  j'en  ai  trouvé  deux  dans  les  pores  biliaires  d'un 
homme  (6).  » 

IVe  Cas  (Brera). 

«  Le  cadavre  d'un  individu  scorbutique  et  hydropique  m'offrit,  dit  Brera, 
un  foie  assez  dur  et  volumineux,  couvert  à  la  surface  de  cysticerques  (fine 

(1)  P.  S.  Pallas,  Dissert,  inaug.  de  infectis  viventibus  intra  vivenlia.  Lugduni, 
Batav.,  1760,  p.  5. 

(2)  Idem,  ibid.,  p.  28. 

(3)  J.  H.  Jordens,  Entom.  und  Helminth  des  MenschUchen  korpers,  1802,  p.  65. 

(4)  Rud.,  Hist.  nat.  citée,  1. 1,  p.  326,  et  t.  II,  part.  I,  p.  355. 

(5)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  269. 

(6)  L.  Fortassin,  Consid.  sur  l'hist.  nat,  et  méd.  des  vers  du  corps  de  l'homme. 
Paris,  an  XII  (1804),  p.  19. 


25*2  affections  vebmineuses  dus  voies  biliaires 

epatiche)  et  rempli  de  fascioles  (huis  sa  substance  intérieure,  lesquelles  ici  soli- 
taires, là  réunies  en  nombre  plus  on  moins  grand,  se  trouvaient  principale- 
ment dans  les  acini  biliaires  (-1).  »  Et  plus  loin  il  ajoute  :  «  Nous  devons  à 
Jôrdens  l'excellente  figure  de  la  fasciole  que  Buchholz  a  trouvée  à  Weiimir... 
Les  fascioles  que  j'ai  observées  dans  le  cadavre  d'un  bomme  scorbutique  et 
bydropique  sont  un  peu  plus  grosses  (2).  » 

Ve  Cas  (P.  1-junk). 

«  Antoinette  Aragnoli.  âgée  de  huit  ans,  fut  reçue  à  l'hôpital  de  Milan  le 
27  novembre  1782  ;  elle  était  réduite  au  dernier  degré  do  marasme;  elle  avait 
le  pouls  fréquent  et  très  faible,  la  face  cadavéreuse,  l'abdomen  météorisé.  La 
diarrhée  la  fatiguait  depuis  six  mois  et  s'accompagnait  d'une  douleur  à  la  ré- 
gion hépatique.  Cette  douleur  revenait  quelquefois  si  vive  que  la  malade  l'ex- 
primait par  des  contorsions  et  une  anxiété  violente  ;  malgré  la  longueur  de  la 
maladie  on  n'observa  jamais  de  nuance  ictérique.  La  vie  se  soutint  encore 
quelques  jours  dans  cet  état  fâcheux  et  la  mort  survint  au  milieu  des  convul- 
sions. 

»  A  l'ouverture  du  cadavre,  on  remarqua  que  le  conduit  hépatique  avait  le 
volume  d'une  plume  à  écrire  de  médiocre  grosseur  ;  il  présentait  de  plus,  à  sa 
naissance,  une  poche  au  milieu  de  laquelle  étaient  cinq  vers  roulés  en  peloton, 
tous  vivants,  de  couleur  vert  jaunâtre,  de  la  grosseur  d'une  paille  plate,  de  la 
longueur  d'un  ver  à  soie  (3).  » 

La  description  de  ces  vers  est  fort  obscure;  elle  ne  peut  guère  se 
rapporter  qu'au  distome  hépatique. 

VIe  Cas  (Pautridge). 

«  Il  y  a  peu  d'années,  dit  M.  Budd,  un  distome  unique  fut  trouvé  par  mon 
coliègue,  M.  Partridge,  dans  la  vésicule  biliaire  d'un  individu  qui  mourut  à 
l'hôpital  de  Middlesex. 

»  M.  Partridge,  présent  à  l'autopsie,  fut  frappé  de  l'apparence  de  la  vési- 
cule qui,  au  lieu  d'être  colorée  par  la  bile  comme  ordinairement,  était  parfai- 
tement blanche.  Il  enleva  cet  organe  dans  le  but  d'examiner  sa  structure  et, 
en  l'ouvrant,  il  rencontra  le  distome.  Le  professeur  Owen,  auquel  le  ver  fut 
remis,  ne  le  trouva  nullement  différent  du  distome  hépatique  du  mouton.  La 
vésicule  et  le  conduit  cystique,  qui  étaient  parfaitement  sains,  sont  conservés 
dans  le  muséum  de  Kmg's  collège  (4).  » 

(i)  Bicra,  Mém.  prim.  cit.,  p.  94. 

(2)  Idem,ibid.,  p.  96. 

(3)  P.  Frank,  ouvr.  cit.,  t.  V,  p.  351. 

(i)  George  Budd,  On  discases  of  the  liver.  London,  -1S52,  p.  484. 


CHEZ  L'HOMMIi,    —   DISTOMES.  253 

CHAPITRE  II. 

DISTOMES    ERRATIQUES. 

Chabert  et  Mehlis  ont  encore  observé  chez  l'homme  des  distomes 
qui,  originaires  sans  doute  des  voies  biliaires,  étaient  arrivés  acci- 
dentellement dans  l'intestin.  M.  Busk  en  a  trouvé  dans  le  duo- 
dénum provenant  aussi  probablement  du  foie. 

VIIe  Cas  (Chabert). 

Le  fait  de  Chabert  n'est  connu  que  par  le  rapport  de  Rudolphi  dans  Wiedem 
Archiv.,  III,  2,  p.  24  (1),  et  par  ce  qu'en  a  dit  le  célèbre  helminlhologisle 
dans  son  histoire  naturelle  des  entozoaires,  en  ces  termes  :  «  Mirum  autem 
»  est,  in  homine  non  nisi  specimina  juniora  reperta  esse,  sic  quae  Jordens  sub 
»  dislomatis  hepatici  nomine  maie  descripsit  et  quae  celeb.  Chabert  olei  sui 
»  empyreumatici  ope  a  puella,  copia  maxima  deorsum  depulit.  Utraque  pos- 
»  sideo  :  omnia  parvula  sunt,  ut  pro  specie  nova  olim  vendilaverim  (2). 

»  In  ductibus  biliariis  reperiuntur,  unde  etiam  in  vesiculam  felleam  et 

»  per  ductum  choledochum  in  intestinum  deferuntur,  in  quopassim  reperi,  uli 
»  etiam  distomata  plurima,  olei  empyreumatici  ope  a  puella  tenera  depulsa  a 
»  Chaberto  accepi  (3) .  » 

VIIIe  Cas  (Mehlis). 

«  Nec  non  Clausthaliae  degit  metallifossoris  vidua,  cujus  hepar  ab  ulrius- 
»  que  speciei  distomatibus  incolitur.  Femina  hœc,  31  annos  nata,  simplex 
»  atque  proba,  de  morbo  hepatis  mihi  jam  ex  aliquo  tempore  suspecta,  alhitis 
t>  vere  anni  1821  novem  distomatibus  hepaticis  narravit,  se  aliquot  diebus 
»  anteplura  talia  animalcula  et  isto  ipso  die  ea,  quae  apporlasset,  sub  repetilis 
»  animi  deliquiis  cum  multo  sanguine  coagulato  evomuisse  vermesque  ejectos 
»  adhuc  vivos  manifesto  se  contraxisse  et  movisse.  Alvum  leniter  purgavi,  ut 
»  deducerenlur  fasciolae,  quae  in  intestinis  forsan  morarentur,  seduloque  fe- 
»  minam  admonui,  ut,  dejectis  quibusque  attente  perquisitis,  quas  reperiret, 
»  statim  adferret.  Proximis  diebus  nullae  apparuerunt,  excrementa  naturalia 
»  ërant  et  aegrota  satis  bene  se  habebat.  Post  quatuordecim  dies  autem  in 
»  silvam  lignatum  profecta,  subito  tenesmo  ibi  correpla,  satis  multos  illorum 
»  vermium,  ut  postea  retulit,  in  globum  convolutos  cum  multo  muco,  sed 
»  nullis  cum  faecibus  dejecit.  Anno  insequente  fréquenter  color  faciei  flaves- 
»  cens,  saepius  levis  dyspnœa,  ila  ut  eegra  in  eundo  interdum  consislere  de- 

(1)  Bremser,  ouvr.  cil.,  p.  269,  donne  l'indication  suivante  :  Rudolphi,  BemerJc 
Auf  einer  Reise,  II,  S.  37. 

(2)  Rud.,  Hist.  nat.,  t.  I,  p.  327. 

(3)  Idem,  ibid.,  t.  II,  p.  356. 


!2:Vi  AFFECTIONS   VERMINliUSES  DES   VOlliS   BILIAIRES 

»  béret,  tussis  brevis,  angor,  abdomon  inflatum,  hypoohondria  dolentia  et 
»  tensa  et  magna  membrorum  lassilulo;  tum  plerumque  mox  sub  spasmis 
»  variis  et  animi  do!i(]uiis  vomilus  lymph;c  tennis,  cruenlae,  interdum  san- 
»  guinis  coagulati  particulis  comiuixla',  qua  eruclata  slatim  molestiao  ill;c 
»  valdo  levatîc  ;  ceterum  valetudo  corporis  satis  bona,  ciboruni  clesiderium 
»  illaesum  et  coclio,  piicterquam  quod  tubera  solani  aliique  cibi  graviores  ven- 
»  triculum  oncrare  et  inllare  solebant,  intégra.  Mense  demum  junio  anni 
»  1823,  oppressio  pecloris  sensim  auela,  spiritus  angustior,  crebrior  tussis 
T>  brevis  etsicca,  lassiludo  membrorum  gravior;  tum,  sensu  omni  intercepto, 
»  repente  véhémentes  totius  corporis  convulsiones  iteralo  revertentes,  quas 
»  aphonia  fere  perfecla  et  plures  dies  protracta,  tussis  frequentissima,  arida, 
»  respiralio  valde  laboriosa,  dolor  pectoris  et  hypochondriorum  sœvus  atque 
»  mira  abdominis  ne  levissimum  quidem  attactum  ferentis  inflatio  et  tensio 
»  exceperunt,  sub  affectibus  his  et  aliusmodi  spasticis,  nunc  paullum  remit- 
»  tentibus,  nunc  iterum  aggravescenlibus,  tandem  vomitus  iteratus,  quo 
»  procter  cibos  comestos  atque  bilis  vitiatœ,  matériel  membranosœ  et  san- 
»  guinis  coagulali  magnam  copiam  denuo  plura  distomata  hepatica  éjecta 
»  sunt.  Quas  itidem  vixisse  adseruerunt,  qui  adstiterant.  Eorum  partem  exce- 
ï  perant,  reliqua  abjecerant.  Jussi  statim,  ut  vas  purum  ad  manum  ponerent 
»  et  sollicite  omnia,  quas  sequentibus  diebus  exspuerentur,  asservarent.  Ter 
»  adhuc  vomuit  aegra.  In  liquore  eructato  non  solum  illorum  dislomalum 
»  iterum  plura  fragmenta  et  nonnulla  intégra,  sed  etiam  ad  quinquagenta 
»  distomata  lanceolata  reperi.  Alvo  vero  nulla  dejecta  visa.  Symptomala  dicta 
»  deinde  paullatim  plane  remiserunt  et  œgrota  sanitati  restituta  est.  Tem- 
»  pore  inde  elapso  in  universum  ea  bene  valuit,  sed  nonnunquam  iisdem 
»  molestiis  conflictata  est  ac  priori  anno,  unde  hepar  ejus  ab  hospitibus  istis 
»  nondum  liberatum  esse  suspicor.  Distomata,  queeevomuit,  ejusdemsunt  ma- 
»  gnitudinis,quam  ea,  qua3  in  animalium  hepatibus  reperiuntur,  insignia  esse 
»  soient,  et  omnibus  partibus  hisce  aaqualia  atque  paria  (4).  » 

IXe  Cas  (Bcsk). 

«  Dans  l'hiver  de  '1843,  dit  JVL  Budd,  quatorze  distomes  furent  trouvés 
par  M.  Busk  dans  le  duodénum  d'un  lascar  (2),  qui  mourut  au  Dreadnought 
(vaisseau  hôpital  sur  la  Tamise).  Il  n'y  en  avait  point  dans  les  conduits  ni  dans 
la  vésicule  biliaires.  Ces  distomes  étaient  beaucoup  plus  épais  et  plus  grands 
que  ceux  du  mouton,  ayant  depuis  un  pouce  et  demi  jusqu'à  presque  trois 
pouces  de  longueur.  Ils  ressemblaient  au  distome  hépatique  pour  la  forme; 
mais  ils  étaient  semblables  au  distome  lancéolé  quant  à  la  structure,  le  double 
conduit  alimentaire,  comme  dans  ce  dernier,  n'étant  point  ramifié^  et  tout 
l'espace  compris  entre  ses  branches,  vers  la  partie  postérieure  du  corps,  étant 

(1)  Eduardus  Mehlis,  Observ.  analom.  de  dislomale  hepalico  et  lanceolato.  Got- 
linguc,  1825.  p.  6. 

(2)  Matelot  iudieu  qui  sert  à  bord  dés  vaisseaux  anglais. 


CHEZ   L'HOMME.    —   DISTOMES.  255 

occupé  par  les  ramifications  de  l'utérus.  Deux  de  ces  distomes,  qui  m'avaient 
élé  donnés  par  M.  Busk,  sont  conservés  dans  le  muséum  de  King's  collège, 
Prep.  346  (1).  s 


CHAPITRE  III. 

CAS   INCERTAINS    OU    FICTIFS. 

D'autres  cas  de  vers  des  voies  biliaires  sont  encore  mentionnés 
par  plusieurs  auteurs,  mais  ces  cas  de  vers  réels  ou  fictifs  n'appar- 
tiennent point  à  la  catégorie  dont  nous  nous  occupons  ici,  ce  sont  : 

1°  Un  cas  de  Gaspar  Bauhin  ;  il  s'agit  de  vers  indéterminés  et 
probablement  fictifs  qui  existaient  dans  les  rameaux  de  la  veine  porte 
soit  avant,  soit  après  la  pénétration  de  ces  rameaux  dans  le  foie  ; 
nous  en  parlerons  à  propos  des  vers  du  système  sanguin. 

2°  Un  cas  de  Bianchi,  relatif  à  des  animaux  fictifs,  à  des  insectes 
trouvés  dans  la  substance  du  foie  et  que  des  auteurs  postérieurs  ont 
rapportés  aux  distomes  (2). 

3"  Un  fait  rapporté  par  Perrault  n'est  pas  sans  analogies  avec 
celui  de  Mehlis,  et  peut-être  les  vers  semblables  à  des  sangsues  et 
blancs  que  la  malade  vomisssait,  étaient-ils  des  distomes  ;  on  ne 
voit  pas  au  moins  à  quels  autres  animaux  ils  pouvaient  appartenir. 
Ce  cas  pourrait  donc  être  regardé  comme  un  cas  de  distomes  erra- 
tiques. 

Il  s'agit  d'une  fille,  âgée  de  vingt- trois  ans,  se  disant  tourmentée  depuis 
deux  ans  d'un  vomissement  de  vers  qui  avait  lieu  tous  les  jours  à  la  même 
heure.  Pendant  une  convulsion,  elle  rendit  à  l'heure  ordinaire,  enprésencede 
plusieurs  médecins  et  de  Perrault,  «  vingt-huit  à  trente  vers  de  la  forme  et  de 

(1)  Budd,  ouvr,  cit.,  p.  484. 

(2)  Voici  le  fait  :  «  Animalia  quœ  forte  in  humano  hepate  a  nobis  inspecta  sunt, 
»  hic  etjam  referamus.  Haec  igitur  animalcula  non  in  bijiosis  solum  jecoris  poris, 
»  sed  in  ipsa  intima  atquc  parenchymatosa,  ut  dicunt,  substantia  invenimus  ;  in 
»  qua  sepositas  cellulas,  tanquam  distinctes  cryptas  et  lustra,  sibi  excavasse  vide^- 
»  bantur.  Non  ita  exigua  haec  animantia  fuere  ut  nudis  etiam  oculis  facile  intueri 
»  non  possent,  eorum  color  subvifidis;  dorsum  nonnihil  concavum  ;  eaput  parvum 
«  et  nigricans,  pedes  minntissimi  et  numéro  sex  ;  totius  auimalis  ambitus  ad  rotun- 
«  dum  accedens;  uno  verbo,  si  colorem  demas,  non  multum  cimicjhus  absiniiles. 
»  In  homine  hi  vernies  visi  sunt  melancholico  qui  prius  gravi  obstructione  hepatis 
«  longoque  ietero  prehensus,  cachexia  poslmodum  lentaque  febre  ac  diariheea  absu- 
n  mebatur.  »  (J.  B.  Bianchi,  De  nat.  in  hum.  corp.  vitiosa  morbosaque  gênera- 
tïone  hist.  Augustes  Taurinorum,  1749,  pars  tertia,  p.  344); 


256  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DUS  VOIES  BILIAIRES 

la  grandeur  des  sangsues  médiocres,  tous  fort  vifs  et  ayant  le  mouvement  de 
raccourcissement  et  d'allongement  quo  les  sangsues  ont.  Ils  étaient  dilîérents 
dos  sangsues  seulement  par  la  couleur  qui  était  blanche.  »  Cetlo  fdle  vomis- 
sait quelquefois  plus  de  cent  vers;  deux  vers  placés  dans  uno  boîlo  de  sapin 
étaient  oncoro  vivants  au  bout  d'une  heure.  Placés  clans  l'eau  froide,  ils  mou- 
rurent en  quelques  instants  (l).  » 

4°  Un  cas  de  Moulin,  dans  lequel  un  ver  indéterminé  et  désigné 
sous  le  nom  de  Fasciola  intestinalis  a  été  rendu  par  une  femme.  Ce 
ver,  qui  n'était  probablement  qu'un  fragment  de  ténia  ou  de  bothrio- 
céphale,  a  été  rapporté  à  tort  par  quelques  auteurs  au  distome  hépa- 
tique (2). 

5°  Un  cas  de  Deleau-Desfontaines  où  il  s'agit  d'un  ver  /  dont  la 
description  ne  se  rapporte  à  aucun  des  entozoaires  connus  (3). 

6°  Enfin  Fortassin  dit  que  Smezio  a  aussi  trouvé  des  fascioles 

dans  l'homme  (4). 

i 

Nous  rappellerons,  avant  de  terminer  l'histoire  pathologique  du 
distome  hépatique,  que  ce  ver  qui  a  passé  longtemps  pour  être  tout  à 
fait  spécial  aux  voies  biliaires,  a  été  rencontré  encore  dans  la  veine 
porte  et  dans  des  tumeurs  inflammatoires  sous-cutanées.  Nous  rap- 
porterons les  cas  qui  nous  sont  connus  lorsqu'il  sera  question  des 
vers  du  système  sanguin. 

(1)  Rapport  de  Perrault,  dans  Mém.  Acad.  des  sciences.  1675,  t.  X,  p.  550  et 
Collect.  acad.,  t.  I,  p.  385. 

(2)  La  cinquième  espèce  est  celle  du  Fasciola  inleslinalis,  dit  Rosen  (ouvr.  cil., 
p.  386).  Le  docteur  Montin  l'a  chassé  du  corps  d'une  femme,  et  l'a  bien  décrit  dans 
les  Mémoires  de  l'Académie  royale  de  Suède  de  1 7  6  3,  page  113:  «  Ce  ver  est  épais,  etc.  » 
Suit  une  description  donnée  d'après  des  vers  plus  ou  moins  semblables  trouvés 
dans  les  poissons  et  qui  ne  sont  point  des  distomes.  C'est  donc  à  tort  qu'Hippolyic 
Cloquet  dit,  en  parlant  du  distome  hépatique  :  «  Lorcnz  Montin  a  ob'servé  l'exis- 
tence de  cet  animal  dans  notre  espèce.  »  (Faune  médic,  t.  V,  p.  134,  art.  Fascioliï 

HEPATIQUE.) 

(3)  Chez  un  homme  âgé  de  trente-trois  ans,  «on  aperçut,  vers  le  milieu  de  la 
partie  concave  du  grand  lobe,  une  espèce  de  cavité  d'environ  six  à  sept  lignes  de 
diamètre  et  de  quatre  à  cinq  de  profondeur,  remplie  d'une  humeur  épaisse  et  noi- 
râtre, du  milieu  de  laquelle  sortit  un  insecte  encore  vivant.  »  C'était  un  ver  long 
dequalre  pouces,  gros  comme  un  ver  à  soie,  rouge  brun,  composé  d'auneaux  ;  poil 
roide  au  milieu  de  chaque  anneau;  tête  avec  une  trompe  en  suçoir;  extrémité  pos- 
térieure large  et  plate  (Deleau-Desfontaines,  Obs.  sur  une  maladie  extraordinaire 
suivie  de  la  mort,  occasionnée  par  la  présence  d'un  insecte  vivant  trouvé  dans  la 
substance  du  foie  (Journ.  gén.  de  méd.  de  Sédillol.  Paris,  an  X,  t.  XV,  p.  43). 

(4)  Fortassin,  Mém.  cit.,  p.  20. 


CHEZ   LE   LAPIN.    —  CORPS  OVIFORMES.  257 

DEUXIÈME  DIVISION. 

phénomènes  pathologiques  occasionnés  par  des  oeufs 
d'helminthe. 

(Corps  oviformes  des  voies  biliaires.) 

PREMIÈRE  SECTION. 

CORPS    OVIFORMES    CHEZ    LE    LAPIN. 

On  voit  très  communément  à  la  surface  du  foie  chez  le  lapin  domes- 
tique, des  traînées  ou  des  amas  blanchâtres  formés  de  corpuscules 
dont  l'aspect,  au  microscope,  offre  une  très  grande  analogie  avec  celui 
des  ovules  de  quelques  vers  intestinaux  ;  en  effet,  ils  sont  blancs, 
ovoïdes,  pourvus  d'une  coque  épaisse,  lisse,  résistante  et  d'un  con- 
tenu granuleux.  Cependant,  l'absence  constante  d'un  entozoaire  qui 
les  eût  déposés  dans  les  voies  biliaires,  l'impossibilité  d'expliquer 
leur  arrivée  du  dehors,  couvrent  leur  origine  d'une  obscurité  com- 
plète. 

En  1843,  le  docteur  Herm.  Nasse  étudia  ces  corpuscules  avec 
soin.  Il  rapporte  que  déjà  Carswell  avait  connu  les  dépôts  qu'ils  for- 
ment et  les  avait  considérés  comme  de  nature  tuberculeuse  (1),  que 
Hake,  en  1839,  les  avait  rapportés  au  carcinome  et  qu'il  avait  re- 
gardé les  corpuscules  oviformes  comme  des  nucléoles  de  pus  [Eiter- 
kùgelcheri)  faisant  partie  constituante  du  cancer  (2) .  Le  docteur  Nasse 
rectifie  sans  peine  ces  opinions  erronées,  et  cherche  ensuite  dans  la 
constitution  des  corpuscules  et  dans  l'action  des  réactifs  à  reconnaître 
leur  nature.  Il  n'est  pas  éloigné  de  les  regarder  comme  des  cellules 
analogues  à  celles  du  cartilage,  et  finalement  il  conclut  que  ces  cor- 
puscules sont  des  productions  épithéliales  anormales  de  la  surface 
des  conduits  biliaires  (3). 

(1)  Carswell's,  Illustrations  of  rnorbid  analomy,  fasc.  tubercle,  pi.  Il,  f.  6,  cité 
par  Nasse. 

(2)  Hake,  A  T  réalise  on  varicose  capillaries,  as  consliluting  the  structure  of  car- 
cinoma  oflhe  hepatic  ducts,  wilh  an  account  af  a  new  form  of  the  pus  globule. 
London,  1839,  cité  par  Nasse. 

(3)  Prof.  doct.  Herm.  Nasse  in  Marburg,  Ueber  die  Eiformigen  zellen  der  luber- 
kelahnlichen  Ablagerungen  in  den  Gallengangen  der  Kaninchen  (Arch.  de  Millier, 
1843,  p.  209). 

DA  VAINE.  17 


■2;>N  AFFECTIONS  VERMINEUSES   DES   VOIES  MLIAI1ÎES 

Lo  docteur  Handfield  Joncs,  en  18-16,  étudia  de  nouveau  ces  corps 
et  les  considéra  comme  le  produit  de  la  transformation  des  cellules 
normales  du  parenchyme  du  foie  (1). 

A  la  même  époque,  M.  Rayer,  ayant  observé  des  dépôts  blan- 
châtres dans  le  foie  chez  plusieurs  lapins,  fut  frappé  de  la  ressem- 
blance des  corpuscules  qui  les  constituaient  avec  des  œufs  d'helmin- 
the, et  en  particulier  avec  ceux  du  distome  lancéolé.  M.  Dujardin, 
auquel  il  en  envoya,  crut  même  y  reconnaître  un  opercule,  et  pensa, 
vu  l'absence  d'une  coloration  noirâtre  et  leur  moindre  diamètre,  qu'ils 
étaient  des  ovules  du  distome  lancéolé  non  parvenus  à  maturité. 
M.  Rayer  reconnut  encore  que  ces  formations  étaient  contenues  dans 
des  dilatations  ovoïdes  ou  fusiformes  des  conduits  biliaires,  que  les 
parois  dilatées  de  ces  conduits  étaient  plus  épaisses  qu'à  l'état  normal, 
et  que  le  reste  de  l'organe  hépatique  paraissait  n'avoir  subi  aucune 
altération  (2). 

Mon  ami,  M.  Brown-Séquard,  fit  en  1849  quelques  nouvelles 
recherches  sur  ces  corps  qu'il  considéra  aussi  comme  des  ovules 
d'helminthe  (3). 

En  1852,  M.  Kiichenmeister  s'occupa  de  nouveau  de  cette  ques- 
tion. Il  rapporte  que  M.  Vogel  prit  ces  corpuscules  pour  des  œufs 
de  ténia,  et  que  M.  "Virchow  lui  écrivit  qu'il  trouvait  fort  difficile 
de  se  prononcer  sur  la  question  de  savoir  si  ces  corps  sont  des  œufs 
d'entozoaire ou  des  formations  psorospermiques  ;  au  reste,  M.  Kiichen- 
meister ne  se  prononce  nullement  sur  leur  nature  (4).  Enfin, 
M.  Kdlliker  les  considère  comme  des  œufs  de  bothriocéphale  (5). 

On  voit  que  les  hommes  les  plus  compétents  ont  eu  sur  cette 
question  les  opinions  les  plus  diverses. 

Des  corpuscules  qui  ont  avec  les  précédents  quelque  analogie, 
ont  été  rencontrés  dans  les  glandes  ou  dans  les  villosités  de  l'in- 
teslin.  M.  Remak  a  donné  la  figure  d'un  corps  plus  ou  moins  ana- 
logue; il  l'a  regardé  comme  un  parasite  particulier  qui  se  développe  - 

(1)  HandDcld  Jones,  Examen  microscopique  d'un  foie  de  lapin  altéré  (Archiv . 
d'anal,  générale  et  de  physiologie.  Paris,  janvier^  1846,  p.  18). 
ff  (2)  Rayer,  OEufs  de  distome  en  quantité  innombrable  dans  les  voies  biliaires  du 
lapin  domestique,  sans  distome  dans  les  mêmes  parties  {Archiv.  d'anat.,  cit.  p.  20). 

(3)  Brown-Séquard,  Helminthes  trouvés  ches  des  lapins  (Comptes  rendus  Soc. 
biologie.  Paris,  1849,  1. 1,  p.  46). 

(4)  Kiichenmeister,  in  Arch  fur  palholog.  Anal,  und  phys.  von  Virchow,  1852, 
p.  83. 

(3)  KôHiker,  Mikroskopische  anatomie^  t.  II;  2e  division,  1"  partie,  p.  173,  cit 
par  Finck. 


FlG.  8.  —  Corps  oviformes  du 
foie  delapin,  grossis  340  fois, 
—  a,  variété  minor  ;  b,  variété 
major  ;  c,  le  même  après  avoir 
séjourné  quelque  temps  dans  de 
la  terre  humide  ;  le  contenu 
(vitellus  1)  s'est  divisé  ou  frac- 
tionné en  quatre  sphères. 


CHEZ  LE  LAPIN.   —  COUPS  OVIFORMES.  259 

rait  dans  les  cylindres  épithéliaux  des  glandes  de  Lieberkuhn  (1). 
M.  Finck  a  trouvé  dans  les  villosités  de  l'intestin  du  chat  des  corpus- 
cules, ordinairement  réunis  par  deux,  et  qui  ont  aussi  avec  ceux 
du  foie  du  lapin  une  certaine  analogie  ;  il  les  nomme  corpuscules 
géminés  et  les  croit  en  relation  avec  Y  absorption  graisseuse  (2). 

On  trouve  constamment  ensemble  deux  variétés  de  ces  corps  : 
les  uns  plus  petits,  en  forme  d'olive,  longs 
de  0mm,032  et  larges  de  0o,n\015,  ont  un 
contenu  grenu  (vitellus?)  uniformément  ré- 
pandu dans  la  coque  ;  les  autres  plus  grands, 
régulièrement  ovoïdes,  longs  de  0mm,04, 
larges  de  0mm,02,  ont  un  contenu  grenu 
(vitellus  1)  rassemblé  en  une  masse  sphéri- 
que,  ordinairement  centrale. 

Quelle  est  la  nature  de  ces  corps  ?  Ils 
n'appartiennent  évidemment  ni  au  pus,  ni 
au  tubercule,  ni  au  cancer;  ils  diffèrent 
complètement  des  psorospermies  ;  quant  à 
être  des  cellules  du  foie  ou  des  conduits 
biliaires  dégénérées  ou  transformées,  l'examen  direct  ne  l'a  point 
montré,  aucun  fait  analogue  observé  dans  un  animal  ou  dans  un 

(1)  Remak,  Diagnoslische  und  palhogenelische  Unter&uchungen.  Berlin,  l§45j 
p.  239,  explic.  de  la  fig.  7,  cité  par  Finck. 

(2)  Voici  comment  s'exprime  M.  Finck  à  ce  sujet  : 

«  Sur  le  même  animal  (le  chat)  nous  avons  rencontré  une  autre  forme  bien  plus 
singulière  (Bg.  22).  Beaucoup  de  villosités,  semblables  du  reste  à  celles  chargées  de 
graisse,  à  la  place  de  gouttes  graisseuses,  renfermaient,  en  quantité  considérable^ 
des  corpuscules  que  nous  appellerons  géminés,  parce  que  le  plus  souvent  ils  étaient 
réunis  par  paires.  Tantôt  une  seule  et  même  villosité  offrait  à  la  fois  et  des  gouttes 
huileuses  manifestes  et  des  corpuscules  géminés,  le  tout  entremêlé  d'une  manière 
irrégulière;  tantôt  les  corpuscules  géminés  remplissaient  seuls  le  bout  de  la  villo- 
sité. Ils  étaient  pour  la  plupart  elliptiques,  et  leur  grand  diamètre  atteignait  à 
peine  un  centième  de  millimètre  ;  la  plupart  mesuraient  0mm,08  sur  O'^.OT,  ou 
bien  0mm,  1  sur  0mm,09.  Leur  contour  était  fin,  net,  très  noir;  leur  contenu  variable, 
occupant  tantôt  presque  toute  la  cellule,  plus  souvent  accumulé  vers  son  centre. 
C'était  une  matière  granuleuse  réunie  en  une  ou  plusieurs  masses.  Il  nous  a  semblé 
parfois  voir  une  enveloppe  commune  pour  deux  corps  géminés* 

»  Quelle  est  la  nature  de  ces  corps?  Remak  représente  un  corpuscule  semblable 
au  premier  aspect,  seulement  plus  grand  et  non  géminé.  Il  croit  devoir  le  consi- 
dérer comme  un  parasite  particulier  qui  se  développerait  dans  les  cylindres  épithé- 
liaux des  glandes  de  Lieberkuhn  et  dans  ceux  des  conduits  biliaires.  Il  cite  Hake 
et  Nasse  comme  ayant  trouvé  des  formes  semblables,  par  masses,  dans  le  foie  du 


2(30  AFFECTIONS   VEWVilNEUSES   DES  VOIES  BILIAIRES 

organe  quelconque,  ne  permet  non  plus  de  le  supposer  (1).  L'ac- 
tion des  acides  et  des  alcalis  sur  ces  corpuscules  est  tout  à  fait  sem- 
blable à  celle  que  ces  réactifs  exercent  sur  les  ovules  d'un  grand 
nombre  de  vers  intestinaux;  l'apparence  de  ces  corpuscules  a  encore 
la  plus  grande  analogie  avec  celle  de  beaucoup  de  ces  ovules,  en  sorte 
que  plus  on  examine  les  corps  oviformes  du  foie  du  lapin,  plus  on 
se  persuade  qu'ils  appartiennent  à  quelque  entozoaire.  Ces  ovules, 
s'ils  en  sont  en  effet,  n'appartiennent  point  au  ténia  dont  l'œuf  est 
pourvu  d'un  embryon  hexacanthe  ;  ils  n'appartiennent  point  au 
bothriocéphale  ou  à  quelque  distome  dont  l'œuf  est  muni  d'un  oper- 
cule. L'action  de  l'acide  sulfurique  concentré  par  laquelle  nous  avons 
toujours  réussi  à  voir  l'opercule  des  œufs  de  ces  animaux,  n'en  a 
point  montré  dans  les  corps  oviformes  dont  nous  nous  occupons;  il 
y  a  donc  tout  lieu  de  croire  que  ces  corps  sont  des  ovules  de  quelque 
nématoïde,  d'autant  plus  que  nous  avons  reconnu  un  fractionnement 
en  quatre  du  vitellus,  dans  plusieurs  de  ces  corpuscules  conservés 
depuis  huit  jours  dans  de  la  terre  humide  (2). 

apin.  Kôlliker  a  observé  la  même  chose.  Selon  lui,  les  corpuscules  du  foie  du  lapin 
seraient  des  œufs  de  bothriocéphale  ;  ceux  des  villosités  du  même  animal, 'plus 
petits  que  les  premiers,  des  œufs  d'entozoaires,  siégeant  dans  l'intérieur  des  villo- 
sités, et  peut-être  aussi  dans  des  cellules  épithéliales  distendues.  Dans  ce  dernier 
cas,  ils  ressemblent,  selon  lui,  à  de  grosses  gouttes  graisseuses  remplissant  les  cel- 
lules épithéliales. 

»  Nous  n'avons  rien  trouvé  de  pareil  dans  les  cellules  épithéliales  de  notre  chat; 
mais  son  foie  renfermait  des  amas  d'entozoaires  plats,  elliptiques,  longs  d'un  milli- 
mètre, probablement  des  douves.  Ils  élaient  contenus  dans  des  espèces  de  kystes. 

»  Quant  à  nous,  tenant  compte  de  l'énorme  quantité  des  corpuscules  en  question, 
de  l'absence  de  toute  forme  semblable  dans  la  cavité  de  l'intestin,  de  leur  absence 
dans  toute  vlllosité  n'ayant  point  subi  l'espèce  de  macération  caractérisant  les 
villosités  farcies  de  globules  graisseux,  enfin  de  certaines  formes  de  transition  entre 
ces  derniers  et  les  globules  géminés,  nous  croyons  ne  pas  trop  nous  hasarder  en 
rattachant  les  corpuscules  en  question  au  fait  du  mécanisme  de  l'absorption 
graisseuse.  C'est  tout  ce  que  nous  pouvons  en  dire  quant  à  présent.  »  (Henri  Finck, 
Sur  la  physiologie  de  Vépilhélium  intestinal,  thèse  de  Strasbourg,  1854,  2e  série, 
n°  324,  p.  17). 

(1)  Depuis  que  ceci  est  écrit,  mon  ami  M.  Vulpian  a  fait  des  recherches  sur 
ce  sujet  :  il  a  vu  des  corps  oviformes  inclus  dans  des  cellules  du  foie,  et  il  serait 
disposé  à  penser  que  ces  corps  ont  pour  origine  le  noyau  de  la  cellule  qui  se  déve- 
lopperait anormalement  (ces  recherches  seront  publiées  dans  les  Comptes  rendus 
de  la  Société  de  biologie  1859).  L'opinion  de  M.  Vulpian  ne  me  parait  pas  encore 
suffisamment  établie  par  les  faits,  ce  qui  m'engage  à  ne  rien  changer  à  cet  article. 

(2)  Ces  ovales  n'offraient  aucune  trace  de  fractionnement  lorsqu'ils  ont  été  recueillis 
dans  l'intestin.  Leur  petit  nombre  et  la  grande  difficulté  de  les  retrouver  dans  la 
terre  où  je  les  avais  déposés  ne  m'ont  pas  permis  de  pousser  plus  loin  l'observation. 


CHEZ  LE  LAPIN.  —  CORPS  OVIFORMES.  261 

La  présence  dans  un  organe  d'œufs  d'helminthe  agglomérés  ne 
serait  point  sans  analogue  : 

M.  Dujardin  a  observé  des  tumeurs  de  la  rate  chez  la  musaraigne 
(Sorex  araneus),  tumeurs  qui  étaient  constituées  quelquefois  par 
des  ovules  de  calodium.  Les  faits  observés  par  M.  Dujardin  don- 
nent même  le  mode  de  formation  de  ces  tumeurs  :  «  Ce  ver  (le  ca- 
lodium), dit  le  savant  observateur,  vit  d'abord  dans  l'estomac  et 
le  duodénum  ;  puis  il  pénètre  dans  l'épiploon  à  travers  les  tissus, 
et  il  arrive  dans  la  rate,  où  il  produit  des  tubercules  blanc  jau- 
nâtre, d'un  aspect  crétacé,  qui  en  augmentent  considérablement 
le  volume.  Ces  tubercules  finissent  par  n'être  plus  qu'un  amas  d'œufs, 
de  débris  membraneux  de  Irichosomes  [calodiums)  et  de  la  substance 
gélatineuse  dont  les  œufs  sont  entourés  à  l'instant  de  la  ponte.  Les 
trichosomes,  avant  de  disparaître,  se  sont  allongés  de  plus  en  plus 
par  suite  du  développement  dès  œufs  ;  en  même  temps,  l'intestin 
s'est  atrophié  et  il  semble  alors  n'être  plus  qu'un  tube  membra- 
neux rempli  d'œufs  (1).  »  La  migration  des  calodiums  hors  de  l'in- 
testin a-t-elle  été  observée,  ou  n'est-elle  admise  que  par  une  vue 
théorique?  C'est  ce  que  M.  Dujardin  ne  dit  pas;  quoi  qu'il  en  soit, 
l'atrophie  progressive  des  organes  du  ver  et  leur  disparition  paraît 
un  fait  acquis. 

M.  Rayer,  de  même,  a  observé  l'accumulation  d'un  nombre  con- 
sidérable d'œufs  d'helminthe  à  la  surface  du  foie  d'un  surmulot,  san3 
qu'il  restât  de  traces  de  l'entozoaire  qui  les  y  avait  déposés.  Un 
certain  nombre  de  ces  ovules  offrait  un  fractionnement  déjà  avancé. 
Us  étaient  longs  de  0mm,05  à  0°"n,55  et  par  leur  forme,  ils  avaient 
beaucoup  de  rapport  avec  ceux  des  trichosomes  ou  des  calodiums, 
helminthes  de  genres  très  voisins. 

Nous  avons  donné  la  description  d'une  tumeur  commune  chez 
Y  aigle-bar  dans  laquelle  sont  contenus  un  nombre  prodigieux  d'œufs 
déposés  évidemment  par  un  helminthe,  quoiqu'il  n'ait  pas  été  pos- 
sible de  reconnaître  cet  helminthe,  ni  même  à  quel  genre  ou  à  quel 
ordre  il  appartient  (2) . 

(1)  Dujardin,  ouvr.  cit.,  p.  26. 

(2)  Ces  tumeurs  singulières  de  Yaigle-bar  avaient  été  déjà  décrites  par  notre 
collègue  et  ami,  M.  Ch.  Robin,  lorsque  nous  en  donnâmes  une  description  nou- 
velle dans  les  Comptes  rendus  de  la  Société  debiologie,  1854.  Nous  déterminâmes 
la  nature  des  corps  oviformes  qu'elles  contenaient,  en  démontrant  dans  ces  corps 
la  présence  d'un  embryon  armé  de  huit  (?)  crochets.  Le  nombre  et  la  forme  des  cro- 
chets ne  permettaient  pas  de  regarder  cet  embryon  comme  celui  d'un  ténia,  et 


262  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES  VOIES  BILIAIRES 

Ces  différents  faits  prouvent  que  des  ovules  peuvent  être  dé- 
posés dans  les  organes  par  un  ver  qui  se  détruit  et  disparaît,  et 
l'on  est,  dès  lors,  autorisé  à  regarder  les  corps  oviformes  du  foie 
du  lapin  comme  des  ovules  dans   une  condition  analogue. 

Les  amas  des  corps  oviformes  constituent  à  la  surface  du  foie  chez 
le  lapin  des  élevures  aplaties,  blanchâtres,  plus  ou  moins  isolées  et 
irrégulières,  semblables  en  apparence  à  des  dépôts  tuberculeux.  La 
matière  qu'ils  contiennent  est  molle  ou  solide,  d'un  blanc  grisâtre 
ou  jaunâtre,  et  formée  par  les  corps  oviformes  décrits  ci-dessus,  qui 
sont  tantôt  parfaitement  intacts,  tantôt  plus  ou  moins  altérés,  réduits 
en  détritus,  et  mêlés  avec  l'épithélium  des  conduits  biliaires.  Ces 
amas  ont  pour  siège  les  conduits  biliaires  dilatés  et  épaissis.  Un 
certain  nombre  de  corpuscules,  entraînés  par  la  bile,  arrivent  dans 
la  vésicule  du  fiel  ou  dans  l'intestin;  ils  sont  ensuite  évacués  avec 
les  fèces. 

Cette  affection  du  foie  est  très  commune  à  Paris  chez  les  lapins 
élevés  dans  des  réduits  étroits  et  obscurs.  Au  rapport  de  M.  Hand- 
field  Jones,  les  éleveurs  en  Angleterre  l'attribuent  à  la  nourriture 
exclusivement  composée  d'herbes  fraîches.  M.  Brown-Séquard  a  ob- 
servé des  dépôts  semblables  en  apparence  chez  des  lapins  nouveau- 
nés.  Ce  fait  témoignerait  de  l'existence  des  corps  oviformes  antérieu- 
rement à  la  naissance,  s'il  n'y  manquait  l'examen  microscopique.  Le 
même  observateur  n'a  point  vu  cette  affection  chez  les  lapins  domes- 
tiques aux  États-Unis. 

Sur  six  lapins  d'une  même  portée,  M.  Rayer  constata  la  maladie 
chez  trois  ;  deux  en  étaient  exempts  ;  chez  le  sixième  les  conduits 
biliaires  offraient  des  dilatations  partielles,  fusiformes  et  d'autres 
dilatations  terminées  en  csecum,  remplies  d'une  matière  grisâtre  ou 
jaunâtre.  Dans  cette  matière  examinée  à  un  fort  grossissement,  on 

l'existence  même  de  crochets  nous  éloignait  de  le  rapporter  aux  trématodes,  quoique 
l'existence  d'un  opercule  rapprochât  les  ovules  de  ceux  des  trématodes.  M.  Vulpian 
(Comptes  rendus  Soc.  biologie,  1858)  ayant  rencontré  depuis  lors,  dans  la  cavité 
buccale  d'une  grenouille,  quelques  distomes  dont  les  ovules  renferment  un  em- 
bryon pourvu  de  crochets ,  il  nous  est  permis  de  penser  aujourd'hui  que  les  ovules 
de  la  tumeur  de  Yaigle-bar  appartiennent  à  un  trématode.  Il  ne  serait  pas  im- 
possible encore  qu'ils  appartinssent  à  un  bothriocéphale  ;  mais  l'on  ne  connaît 
aucun  de  ces  vers  vivant  adulte  hors  de  l'intestin.  Dans  son  Mémoire  sur  les  vers 
intestinaux,  qui  a  obtenu  le  prix  des  sciences  naturelles  pour  1853  et  qui  vient 
d'être  publié,  M.  Van  Beneden  décrit  ce  ver  et  le  rapproche  des  trématodes. 


CHEZ   L'HOMME.    —   CORPS  OVIFORMES.  263 

ne  distinguait  point  d'œuf  ni  d'autre  corpuscule  à  forme  bien  déter- 
minée. Il  est  probable  que,  chez  ce  lapin  comme  chez  les  autres,' 
les  dépôts  avaient  été  originairement  formés  par  des  corps  ovi- 
formes  qui  s'étaient  détruits  ou  qui  avaient  été  évacués  dans  l'in- 
testin. 

Nous  avons  observé  plusieurs  fois  de  ces  dépôts  dans  lesquels  on 
ne  retrouvait  plus  qu'un  détritus  composé  de  matières  amorphes  et 
de  cellules  altérées.  Chez  les  moutons,  les  distomes  des  conduits 
biliaires  laissent  quelquefois  dans  ces  conduits  des  traces  analogues 
de  leur  existence  antérieure. 

Les  lapins  dont  le  foie  offre  des  dépôts  assez  considérables,  sont 
généralement  maigres.  M.  Claude  Bernard  a  remarqué  que  la  piqûre 
du  plancher  du  quatrième  ventricule  ne  produit  point  chez  eux  le 
diabète. 


DEUXIEME  SECTION. 

CORPS    OVIFORMES    CHEZ   L'HOMME. 

Des  corps  oviformes,  qui  paraissent  analogues  à  ceux  du  foie  du 
lapin,  ont  été  observés  dernièrement  dans  le  foie  de  l'homme  par 
M.  Gubler.  Ces  corps,  que  nous  avons  pu  examiner,  mais  malheu- 
reusement dans  un  état  déjà  avancé  de  putréfaction,  nous  ont  paru 
se  rapprocher  de  la  plus  petite  variété  qui  existe  chez  le  lapin.  Voici 
le  fait  : 

«  Le  nommé  Jean-Nicolas  M ,  carrier,  âgée  de  quarante-cinq  ans, 

entre  à  l'hôpital  Beaujon,  n°  3,  salle  Saint-Jean,  le  3  août  \  858. 

»  Cet  homme  se  plaint  de  troubles  dans  les  fonctions  digestives  depuis  une 
époque  qu'il  ne  peut  bien  préciser.  L'appétit ,  sinon  supprimé ,  est  très 
amoindri  ;  il  n'a  pas  de  vomissements,  mais  des  renvois  acides  ;  la  digestion 
est  lente  et  pénible  ;  il  accuse  dans  la  région  hypochondriaque  droite  une  dou- 
leur obtuse  que  la  pression  exagère  un  peu.  Sa  constitution  est  robuste,  il 
n'offre  pas  d'amaigrissement  mais  seulement  une  teinte  cachectique  assez 
prononcée,  se  rapportant  bien  plus  à  l'anémie  qu'à  toute  autre  diathèse. 

»  A  la  percussion,  le  foie  présente  une  augmentation  considérable  de  vo- 
lume; la  matité  s'étend  depuis  2  centimètres  au-dessus  du  sein  droit  jusqu'au 
niveau  de  l'épine  iliaque  antéro- supérieure  en  dehors,  et  de  l'ombilic  en  de- 
dans. La  palpitation  révèle  dans  la  partie  inférieure  de  cette  région  une  tumeur 


26/l  AFFECTIONS   YERMINEUSES   DES   VOIES  MLIAIRES 

globuleuse  dont  la  plus  grande  saillie  est  situéo  vers  lo  milieu  de  l'étendue  du 
lobe  droit  et  correspond  assez  à  la  vésicule  biliaire 

»  Rien  de  notable  du  côté  de  l'estomac  ni  dans  la  région  des  roins  ;  urines 
ambrées  ne  s'éloignant  pas  do  l'état  normal;  jamais  de  jaunisse  ni  de  coli- 
ques hépatiques.  —  M.  Gubler  s'arrête  à  l'idée  d'un  kyste  hydatique. 

»  Il  n'y  a  pas  eu  grande  modification  dans  les  signes  fonctionnels  durant  le 
séjour  du  malade  à  l'hôpital  ;  toutefois  la  teinte  cachectique  s'est  prononcée 
de  plus  on  plus;  les  muqueuses  sont  complètement  décolorées,  à  tel  point 
qu'il  est  difficile,  par  la  coloration,  d'établir  une  ligne  de  démarcation  nette 
entre  la  peau  et  la  muqueuse  des  lèvres.  L'examen  physique,  soit  par  la  per- 
cussion, soit  par  la  palpation,  ne  révèle  rien  de  nouveau. 

.  »  Le  28  septembre  au  soir,  le  malade  sort  de  son  lit  pour  aller  à  la  garde- 
robe,  et  fait  une  chute  pendant  le  trajet.  Il  ne  peut  se  relever  sans  le  secours 
de  l'infirmier,  et,  aussitôt  après  être  couché,  il  est  pris  d'un  frisson  général 
très  intense  et  persistant. 

»  Le  29,  à  la  visite,  on  constate:  Douleurs  vives  dans  le  ventre,  fièvre, 
pouls  petit,  précipité,  vomissements  bilieux,  dyspnée  extrême,  refroidisse- 
ment des  extrémités,  décubitus  dorsal,  prostration  complète;  dans  la  nuit  il 
y  a  eu  du  délire.  Le  malade  succombe  à  onze  heures  du  matin. 

»  Autopsie.  Coeur:  hypertrophie  excentrique  portant  surtout  sur  le  ventri- 
cule gauche.  Péritoine  :  injection  vive,  inflammatoire.  Rien  à  noter  duYôté 
de  l'estomac. 

»  Augmentation  considérable  du  volume  du  foie;  à  la  face  convexe  de 
ce  viscère,  on  remarque  un  épaississement  avec  adhérence  de  la  membrane  sé- 
reuse. De  nombreuses  tumeurs  sont  disséminées  dans  la  substance  hépati- 
que, présentant  la  forme  et  le  volume  de  marrons,  avec  l'aspect  du  cancer 
encéphaloïde  ;  vers  le  bord  extérieur  existe  un  kyste  énorme  ayant  environ  12 
à  1 5  centimètres  et  s'enfonçant  profondément  dans  le  parenchyme.  En  arrière, 
il  est  environné  d'une  masse  de  substance  semblable  à  celle  qui  forme  les  tu- 
meurs d'apparence  encéphaloïde,  et  dont  la  limite  atteint  le  quart  postérieur 
du  diamètre  antéro-postérieur  du  lobe  droit.  Ce  kyste  est  rempli  d'un  liquide 
filant,  comme  muqueux,  mêlé  à  du  sang  altéré  en  assez  grande  quantité  ;  ses 
parois  sont  organisées  et  anfractueuses.  La  tumeur  est  ramollie  et  laisse 
suinter  un  pus  concret,  lorsqu'on  la  presse. 

»  Une  incision  pratiquée  dans  le  milieu  de  la  tumeur  permet  l'écoulement 
d'un  flot  de  liquide  sanienx,  bigarré  de  rouge  et  de  blanc  grisâtre  ou  jau- 
nâtre, ayant  généralement  la  consistance  du  pus  et  d'un  mucus  visqueux; 
une  partie  ressemble  au  pus  rouge  des  muscles  dans  les  abcès  farcineux,  une 
autre  au  pus  phlegmoneux,  mêlé  de  grumeaux  de  sang  et  de  flocons  caséi- 
formes,  de  matière  albumino-fibrineuse. 

»  Le  foie  est  parsemé  d'une  vingtaine  d'autres  tumeurs  plus  petites;  plu- 
sieurs ont  le  volume  d'un  œuf,  d'autres  celui  d'une  noix.  Toutes  sont  formées 
au  centre  par  une  masse  grisâtre,  parfois  déprimée  en  son  milieu  et  un  peu 
mamelonnée,  comme  les  marrons  cancéreux  ;  mais  elles  n'ont  pas  la  couleur 


CHliZ  L'HOMME.    —   CORPS   OVIFORMES.  265 

blanc  rosé  de  ces  derniers  ni  leur  vascularisation  spéciale,  ni  l'ombilic  jaune 
indiquant  la  transformation  graisseuse  rétrograde.  Elles  sont  ordinairement 
environnées  d'une  zone  différente  dans  laquelle  apparaissent  des  ampoules 
demi-transparentes,  d'où  s'échappe,  par  des  incisions,  une  matière  excessi- 
vement gluante,  ambrée  ou  rouillée,  assez  semblable  aux  crachats  de  la  pneu- 
monie, dont  nous  dirons  plus  tard  la  composition  microscopique.  D'autres  ca- 
vités, creusées  dans  l'intérieur  de  ces  masses,  offrent  en  général  les  caractères 
du  kyste  principal,  tant  sous  le  rapport  du  contenu  que  sous  celui  de  la  struc- 
ture des  parois,  seulement  la  sanie  rougeàtre  y  est  plus  abondante.  L'une 
des  plus  grandes  de  ces  cavités  présente  une  ulcération  irrégulièrement  circu- 
laire, de  15  à  20  millimètres  de  diamètre,  au  fond  de  laquelle  apparaît  à 
nu  une  partie  de  cette  substance  grise  ramollie  dont  la  masse  ressemble 
à  de  l'encéphaloïde.  Quand  on  presse  sur  l'une  quelconque  de  ces  tumeurs 
d'apparence  cancéreuse,  après  l'avoir  incisée,  ou  fait  sourdre,  par  un 
grand  nombre  de  points,  comme  cela  a  lieu  pour  le  poumon  dans  la  pneu- 
monie suppurée,  une  matière  d'un  blanc  grisâtre,  nuancée  de  vert  ou  de 
jaune,  n'ayant  pas  cet  aspect  blanc  rosé  ou  crémor  encéphaloïde,  et  douée 
d'une  cohésion  plus  grande  que  ce  dernier;  elle  ressemble  davantage  au  pus 
concret. 

»  Examinée  au  microscope ,  cette  matière  crémeuse  montre  un  grand 
nombre  de  cellules  épithéliales  cylindroïdes,  comme  celles  qui  appartiennent 
normalement  aux  canalicules  biliaires,  avec  d'autres  très  larges  munies  de 
noyaux  parfois  très  gros  et  fortement  granuleux.  Celles-ci  ne  paraissent  autres 
que  des  cellules  d'enchyme  hypertrophiées  et  obèses,  bien  qu'elles  offrent 
alors  les  caractères  assignés  par  quelques  personnes  aux  seuls  éléments  can- 
céreux. Il  existe,  en  outre,  des  noyaux  libres  ou  des  globules  puriformes,  des 
granules  moléculaires,  de  nombreux  corps  granuleux  et  des  gouttelettes  de 
graisse.  Dans  la  sanie  rouge  on  voit  encore  de  la  matière  globulaire  du  sang 
altéré.  Mais  l'élément  le  plus  curieux  est  le  suivant  :  on  constate  une  propor- 
tion assez  considérable  de  cellules,  colorables  par  l'iode  en  jaune,  au  moins 
quatre  fois  plus  grosses  que  les  plus  grosses  cellules  d'enchyme,  les  unes  très 
régulièrement  ovoïdes  avec  un  double  contour  parfaitement  net,  et  remplies 
exactement  par  un  contenu  finement  granuleux,  les  autres  plus  ou  moins  apla- 
ties, flétries  et  comme  vidées.  Les  deux  extrémités  de  ces  ovoïdes  ne  m'ont 
pas  paru  exactement  semblables,  l'une  est  un  peu  plus  obtuse,  l'autre  offre 
un  étranglement  très  léger  et  peu  visible  sur  plusieurs  d'entre  elles,  et  se  ter- 
mine par  une  petite  surface  un  peu  aplatie  ou  môme  très  légèrement  dé- 
primée, comme  s'il  existait  là  un  opercule  ou  un  micropyle.  Dans  quelques 
cellules  ayant  subi  un  commencement  d'altération,  le  contenu  revenu  sur  lui- 
même  s'est  séparé  de  la  paroi  désormais  trop  spacieuse  pour  lui  ;  il  est  en 
même  temps  devenu  plus  opaque  et  se  présente  dans  la  cellule  sous  forme 
d'une  masse  assez  sombre,  assez  fortement  granuleuse,  ellipsoïde,' rappelant 
le  pollen  en  masse  d'une  orchidée,  plus  rapprochée  d'une  des  extrémités  de  la 
cellule,  de  celle  qui  offre  l'apparence  d'un  léger  étranglement  à  laquelle  elle 


266  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES   VOIES   URINAIRES. 

semble  adhérer.  Dans  un  cas,  cette  masse  m'a  paru  légèrement  renflée  à  ses 
deux  bonis.  L'acide  sulfuriquo  ajouté  en  petite  quantité  à  une  préparation 
renfermant  des  cellules  ovoïdes  bien  conservées,  produit  artificiellement  la 
modification  indiquée  en  dernior  lieu,  parce  qu'il  exerce  une  corrugation  plus 
marquée  sur  le  contenu  que  sur  la  paroi  cellulaire. 

»  Les  éléments  que  nous  venons  de  décrire  se  retrouvent  aussi  avec  des 
globules  graisseux,  soudés  par  une  sorte  de  mucus,  dans  la  matière  visqueuse 
des  petites  ampoules  qui  régnent  autour  de  quelques  tumeurs,  et  môme  dans 

la  raclure  de  la  substance  hépatique  très  loin  des  parties  dégénérées De 

quelle  nature  sont  ces  éléments  ?  Bien  certainement  ils  n'ont  aucun  analogue 
dans  l'économie  normale,  et  dès  l'abord  tous  leurs  caractères  doivent  les  faire 
considérer  comme  des  œufs  d'animaux  inférieurs,  œufs  formés  d'une  coque 
à  double  contour  et  d'un  vitellus  granuleux,  c'est  l'aspect  sous  lequel  se  pré- 
sentent les  œufs  d'un  parasite  très  fréquent  dans  l'appareil  biliaire  :  je  veux 
parler  du  distome.  Si  nous  avions  réellement  affaire  à  des  œufs  d'helminthes, 
quel  rôle  devons-nous  leur  assigner  dans  les  désordres  anatomiques  dont  le 
foie  était  le  siège?  Sont-ils  un  accident,  un  effet  ou  une  cause  (1)? » 


QUATRIÈME  PARTIE. 


AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES   VOIES  URINAIRES. 


Les  voies  urinaires,  chez  l'homme  et  chez  les  animaux  domesti- 
ques, sont  très  rarement  atteintes  par  les  entozoaires  ;  un  seul  ver 
chez  l'homme  et  chez  ces  animaux  paraît  spécial  à  l'appareil  uri- 
naire  :  c'est  le  sir  ongle  géant. 

Les  cas  rapportés  aux  entozoaires  des  reins  ou  de  la  vessie  qui 
n'appartiennent  pas  aux  strongles,  concernent:  1°  des  protozoaires; 
2°  des  vers  d'espèce  indéterminée  ou  mal  déterminée,  observés  une 
ou  deux  fois  au  plus,  ou  bien  des  corps  vermiformes  qui  n'étaient 
peut-être  pas  des  animaux  ;  3°  des  vers  de  l'intestin  ou  des  hydatides 


(1)  A.  Gubler,  Tumeurs  du  foie  déterminées  par  des  œufs  d'helminthe  et  com- 
parables à  des  galles  observées  chez  l'homme  (Mém.  Soc.  de  biologie,  2e  série,  1858, 
et  Gaz.  méd.  de  Paris,  1858,  p.  657). 


STRONGLE  GÉANT.  267 

erratiques  ;  4°  des  concrétions  sanguines  formées  dans  les  voies  uri- 
naires,  des  insectes  ou  des  larves  d'insecte  tombés  accidentellement 
dans  l'urine. 


PREMIERE    DIVISION. 

VERS    SPÉCIAUX     AUX     VOIES    URINAIRES. 
(STRONGLE  GÉANT,  Sy?lOpS.,  n°  99.) 

Le  strongle  géant  est  le  seul  ver  des  voies  urinaires  qui  soit  bien 
connu,  c'est  aussi  le  premier  qu'on  y  ait  signalé. 

Au  xvi°  siècle,  Jean  de  Clamorgan,  dans  son  traité  de  la  Chasse 
du  loup  (1),  dit  avoir  vu  plusieurs  fois  des  serpents  dans  les  reins  de 
cet  animal.  D'après  son  rapport,  on  peut  se  convaincre  qu'il  s'agit 
de  strongles  géants.  L'opinion  que  ces  parasites  étaient  des  serpents 
a  fait  croire  alors  que  la  morsure  des  loups  qui  les  portaient  devait 
être  venimeuse.  Plus  tard,  lorsque  la  nature  de  ces  entozoaires  fut 
bien  connue,  plusieurs  auteurs  attribuèrent  néanmoins  à  leur  pré- 
sence dans  le  rein  l'invasion  de  la  rage  dans  l'espèce  canine  (2). 

(1)  La  Chasse  du  loup,  par  Jean  de  Clamorgan.  Lyon,  1S83,  in~4,  page  5,  édi- 
tions antérieures  1570,  1574. 

La  plupart  des  auteurs  attribuent  à  tort  le  fait  observé  par  J.  de  Clamorgan  à 
Jean  Bauhin.  Voici  comment  ce  dernier  s'exprime,  répétant  textuellement  les 
phrases  de  l'auteur  précédent  :  «  Les  morsures  des  loups  doivent  être  très  veni- 
meuses, suivant  ce  qu'en  écrit  Jean  de  Clamorgan,  seigneur  de  Saave,  en  son  livre 
de  la  Chasse  du  loup  ;  disant  :  «  Il  y  a  une  chose  qui  n'a  esté  écrite  par  aucun,  au 
moins  que  j'aye  lue  ou  ouy  dire,  que  dedans  les  rognons  d'un  vieil  loup  s'engen- 
drent et  nourrissent  des  serpents  :  ce  quay  veu  à  trois,  voire  à  quatre  loups  :  aucune 
fois  à  un  loup  y  a  en  un  rognon  deux  serpents,  l'un  d'un  pied,  l'autre  d'un 
pouce  de  long,  les  autres  moindres,  et  par  succession  de  temps  font  mourir  le 
loup,  et  deviennent  serpents  et  bêtes  fort  venimeuses...  »  (Jean  Beauhin ,  Hist. 
notable  delà  rage  des  loups  advenue  en  Van  1590,  p.  46.  Montbéliart,  1591,  in-8.) 

Le  fait  de  Clamorgan  a  encore  été  attribué  par  Gaspar  Bauhin,  Schenck,  Rayger, etc., 
à  Charles  Estienne,  auteur  de  la  Maison  rustique.  C'est  une  nouvelle  erreur  qui 
provient  de  ce  que  le  traité  de  Clamorgan  se  trouve  imprimé  (avec  un  titre  parti- 
culier) à  la  suite  de  toutes  les  éditions  de  la  Maison  rustique  depuis  1570;  mais, 
dans  le  texte  d'Estienne  non  plus  que  dans  la  première  édition  de  la  Maison  rus- 
tique (1564),  il  n'est  question  de  vers  ou  de  serpents  chez  les  loups. 

(2)  Hermann  Boerhaave,  Aphorism.  de  cur.,  etc.  —  Rabies  canina,  aphor.  1 134, 
p.  270.  Lugd.  Batav.,  1728. 


268  AFFECTIONS   VERMINEUSES  DES  VOIES  URINAinES. 

André  Cœsalpin  prit  aussi  le  strongle  géant  pour  un  reptile  :  «  Vidi 
>•  in  renecujusdam  canis  macilentidiacunculum  longissimumserpentis 
•>  magnitudine  convolutum  (1).  »  Mais  dans  le  siècle  suivant,  Hege- 
nitius,  Th.  Bartholin,  Kerckring,  Rayger,  etc.,  ont  reconnu  des 
vers  dans  les  strongles  des  reins:  »  Je  ne  déciderai  pas,  dit  ce  der- 
nier observateur  qui  en  avait  vu  deux  chez  le  chien,  je  ne  déciderai 
pas  si  l'on  doit  donner  le  nom  de  serpents  à  ces  vers  et  si,  par  la 
suite  des  temps,  ils  auraient  pu  devenir  venimeux,  ou  si  les  loups 
sont  les  seuls  animaux  dans  lesquels  les  vers  prennent  la  forme  de 
serpents;  mon  dessein  n'a  été  que  de  faire  observer  qu'il  se  formait 
quelquefois  dans  les  reins  des  chiens  des  vers  d'une  très  grande  lon- 
gueur (2).  » 

Le  strongle  a  été  observé  encore  dans  l'appareil  urinaire  chez 
d'autres  animaux  domestiques,  tels  que  le  cheval  et  le  bœuf,  et 
chez  plusieurs  animaux  sauvages,  principalement  chez  des  carnas- 
siers. 

Quelques  cas  de  vers  des  reins  chez  l'homme  paraissent  se  rap- 
porter au  strongle  géant.  Blaes  est  le  premier  observateur  qu'on 
puisse  citer  à  ce  sujet;  cependant,  il  faut  le  dire,  aucun  des  vers 
observés  chez  l'homme  ne  peut  être  rapporté  avec  certitude  au 
strongle  géant  ;  jamais  l'organisation  de  ces  vers  n'a  été  recherchée; 
jamais  même  l'examen  des  caractères  extérieurs  n'a  été  fait  d'une 
manière  suffisante  pour  apaiser  tous  les  doutes  ;  ce  n'est  que  par  la 
considération  de  V habitai,  du  nombre,  de  la  couleur,  de  la  longueur 
des  entozoaires  observés,  qu'il  est  permis  de  les  rapporter  aux  stron- 
gles. L'existence  de  ces  animaux  chez  l'homme  n'est  donc  point 
absolument  certaine,  et  les  cas  dont  nous  parlerons  dans  la  suite 
demandent  quelque  réserve. 

Les  strongles  qui  ont  été  observés  dans  les  voies  urinaires  chez 
les  animaux  que  nous  avons  cités,  appartiennent  à  la  même  espèce 
[Strongylus  gigas).  Ces  vers  ont  été  longtemps  confondus  avec  d'au- 
tres nématoïdes  et  surtout  avec  l'ascaride  lombricoïde  ;  néanmoins 
Redi  avait  reconnu  que  le  ver  du  rein  du  chien  diffère  des  vers  ronds 
qui  sont  dans  l'intestin  ou  dans  les  tubercules  vermineux  de  l'ceso- 

(1)  Andréas  Csesalpinus,  VII,  Pr.  med.,  XII,  cité  par  Welsch,  De  vena  medin., 
p.  13  S. 

(2)  Charles  Rayger,  Sur  un  serpent  qui  sortit  du  corps  d'un  homme  après  sa 
mort  (Ephem.  nat.  cur.,  dec.  I,  ann.  6  et  7 ,  obs.  ccxv,  1675,  et  Coll.  acad.,  part, 
étrang.,  t.  III,  p.  309). 


STRONGLE  GÉANT.  269 

phage  du  même  animal  (1),  remarque  faite  de  nouveau  par  Vallis- 
neri;  mais  cette  distinction  resta  généralement  ignorée  jusqu'à  ce 
que  Collet-Meygret  (1802)  l'eût  indiquée  d'une  manière  plus  posi- 
tive, en  donnant  au  ver  du  rein  le  nom  de  dioctophyme  (2). 

Le  strongle  géant  a  été  observé  dans  diverses  contrées  de  l'Europe 
et  de  l'Amérique  : 

A  Paris,  par  Rayger,  de  l'Etang,  Du  Verney,  Méry,  Moublet,  etc. 

En  Hollande,  par  Hegenitius,  Bartholin,  Kerckring,  Ruysch,  Van  Swieten,  etc. 

En  llalie,  par  Redi,  Vallisneri,  Valsalva,  F.  Frank,  etc. 

En  Allemagne,  parSennert,  Schelgvigius,Wedel,  Hartmann,  Schacher,  Wolff,  etc. 

Au  Canada,  par  Stratton. 

Aux  Etats-Unis,  par  Érasme  Miller. 

Au  Brésil,  par  Natterer, 

Au  Paraguay,  par  Blas  Noseda. 

Les  observations  de  strongle  chez  le  chien  et  chez  quelques  autres 


Fig.  9.  —  Strongle  géant  femelle,  d'après  un  individu  trouvé  chez  le  chien,  par  M.  Leiilanc,  et 
donné  à  M.  Rayer.  —  1 ,  figure  réduite  aux  deux  cinquièmes.  Le  corps  de  l'animal  est  ouvert  ;  le 
tube  génital  est  étalé  au  dehors.  —  a,  extrémité  antérieure;  6,  extrémité  postérieure.  —  2,  extré- 
mité antérieure  de  grandeur  naturelle.  (Pour  l'explication  des  lettres  voir  le  Synopsis.) 

animaux,  sans  avoir  jamais  été  très  communes,  se  sont  assez  mul- 

(1)  F.  Redi,  op.  cit.,  p.  196,  édit.  Amst.,  1708. 

(2)  G.  F.  H.  Collet-Meyret,  Mém.  sur  un  ver  trouvé  dans  le  rein  d'un  chien 
{hum.  de  physique,  etc.,  par  De  Lamétherie.  Paris,  1802,  t.  LV,  p.  458. 


270  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES   VOIES  URINA1RES. 

tipliées  avec  le  temps.  C'est  en  Hollande  et  en  France  que  le  nombre 
des  cas  connus  est  le  plus  considérable  ;  cependant  à  Paris,  où  ces  cas 
sont  les  plus  nombreux,  le  strongle  se  rencontre  très  rarement  : 
M.  Rayer  a  examiné  plus  de  trois  mille  reins  d'homme,  et  plus  de 
cinq  cents  reins  de  chien  sans  rencontrer  une  seule  fois  ce  ver  (1). 
Mais  sans  doute  ces  animaux,  comme  plusieurs  autres  entozoaires 
dont  nous  rapportons  l'histoire,  deviennent  plus  communs  dans  cer- 
taines circonstances  et  dans  certaines  localités.  Redi,  Ruysch  et 
Drelincourt  en  ont  rencontré  plusieurs  fois;  Kerckring  rapporte  que 
sur  les  quatre  premiers  chiens  qu'il  a  disséqués,  trois  avaient  des 
vers  dans  un  rein  et  qu'ensuite  chez  un  grand  nombre  d'autres  qu'il 
a  examinés,  il  n'en  a  plus  trouvé  (2).  A  Dorchester  (Etats-Unis), 
la  présence  du  strongle  dans  le  rein  des  visons  [Putorius  vison)  est 
assez  commune  pour  que  le  docteur  Érasme  Miller  en  ait  rencontré 
six  cas  (3) . 

Le  séjour  ordinaire  du  strongle  géant  est  le  rein  ;  il  est  probable 
que  ce  ver  occupe  d'abord  le  bassinet  ou  les  calices  ;  rarement  on  le 
rencontre  dans  l'uretère  ou  dans  la  vessie.  Chez  un  chien  observé  par 
Kerckring,  un  strongle  occupait  toute  la  longueur  de  l'uretère  (4); 
chez  un  autre,  observé  par  Redi,  le  ver  occupait  le  rein  et  une  partie 
de  l'uretère  (5). 

L'un  des  fils  de  P.  Frank  trouva  un  strongle  à  Pavie  dans  la  vessie 
d'un  chien  (6) . 

Il  n'y  a  jamais  qu'un  seul  rein  d'envahi. 

Le  strongle  géant  a  été  rencontré  encore  dans  d'autres  parties 
que  le  rein  ou  la  vessie  ;  généralement,  c'est  dans  le  voisinage 
de  ces  organes  qu'il  a  été  trouvé,  et  selon  toute  apparence,  dans 
la  plupart  de  ces  cas,  il  s'était  primitivement  développé  dans  les 
voies  urinaires. 

M.  Leblanc  a  observé  chez  trois  chiens  vivants,  une  tumeur  sous- 

(1)  P.  Rayer,  Traité  des  maladies  des  reins.  Parïs,  1841,  t.  III,  p.  728. 

(2)  Theod.  Kerckringii  Spicilegium,  Anal.  Amst.,  1670,  in-4,  obs.  79,  pt  153. 

(3)  Descript.  Catalogue,  etc..  of  the  Boston  Society,  §598,  889. 

(4)  Op.  cit.,  obs.  59,  p.  121. 

(5)  Redi,  ouvr.  cit.,  p.  41. 

(6)  François  Frank,  Ein  Spulvurm  in  d.èr  Urinblase  eines  Hundes,  in  Hufelandi 
med.  Journ.,  t.  XVIII,  part.  Ij  p.  11  i,  et  P.  Frank,  ouvr.  cit.,  t.  V,  p.  349: 


STRONGLE  GÉANT. 

cutanée,  située  dans  le  voisinage  du  pénis; 
la  tumeur  avait  été  occasionnée  par  un 
strongle  géant  qui  a  été  extrait  par  une  in- 
cision, et  la  guérison  s'en  est  suivie.  Selon 
M.  Leblanc,  •■  les  trois  vers  dont-il  s'agit 
se  sont  développés  dans  les  voies  urinaires, 
et,  à  une  époque  plus  ou  moins  avancée  de 
leur  croissance,  ils  en  sont  sortis  par  une 
ouverture  anormale  produite  à  l'urèthre, 
et  sont  venus  se  loger  dans  le  tissu  cellu- 
laire voisin,  arrêtés  qu'ils  se  sont  trouvés, 
dans  leur  progression  en  dehors,  par  l'os 
pénien,  le  long  duquel  le  canal  offre  un  ca- 
libre de  1  à  2  millimètres  au  plus;  en 
effet,  chez  les  trois  chiens,  la  tumeur  ver- 
mineuse  avait  un  pédoncule  qui  indiquait 
manifestement  que  sa  cavité  avait  commu- 
niqué avec  l'urèthre  (1).  ■> 

A  propos  de  ces  faits,  M.  Leblanc  en 
rapporte  un  autre  qui  lui  a  été  communi- 
qué par  M.  Plasse,  vétérinaire  à  Niort  : 
«  Ce  vétérinaire  a  trouvé  chez  un  chien 
trois  strongles  géants  dont  un  avait  pénétré 
dans  la  cavité  abdominale  après  avoir 
rompu  la  coque  du  rein  qui  l'enveloppait 
encore  en  partie  ;  les  deux  autres  étaient 
restés  dans  le  rein  ou  plutôt  dans  la  place 
du  rein  qui  avait  entièrement  disparu.  » 

Rudolphi  observa  un  cas  semblable  : 
«  Duo  specimina  in  canis  lupi  abdomine 
«  reperi  mortua  quee  renem  dextrum  exca- 
•»  vatum  et  emollitum  deseruerant  (2).  » 

Il  est  probable  que  dans  ces  derniers  cas 
les  strongles  n'ont  quitté  le  rein  qu'après 
la  mort  des  animaux  dans   lesquels   ils 


271 

chez  ces  trois  animaux 


PlG.  10.  Strongle  géant  mâle, 
d'après  un  individu  trouvé  cheis 
le  chien  par  M.  Leblanc  et 
donné  à  M.  Rayer.  —  i ,  figure 
demi-nature.  Le  corps  de  l'ani- 
mal est  ouvert  ;  le  tube  génital 
et  l'intestin  sont  dans  leur  si- 
tuation normale.  —  a,  extré- 
mité antérieure;  g,  extrémité 
postérieure.  —  2,  extrémité 
postérieure  de  grandeur  natu- 
relle. (Pour  l'explication  des 
lettres  voir  le  Synopsis.) 


(1)  Note  sur  une  espèce  particulière  de  tumeurs  sous-cutanées  chez  le  chien, 
déterminées  par  la  présencec  du  strongle  géant,  par  M.  Leblanc,  médecin  vétéri- 
naire à  Paris.  Rapport  de  MM.  Rayer,  Bouley,  Ségalas  {Bullet.  de  VAcad>  nation, 
de  méd.  Paris,  1850,  t,  XV,  p.  640). 

(2)  Rud.,  Synops.,  p.  261. 


272  AFFECTIONS   VEKMINEUSES  DES   VOIES   l'IUNAIRES. 

vivaient  ;  ainsi  nous  avons  vu  les  vers  de  l'intestin  chercher  à  quitter 
cet  organe  après  la  mort  de  leur  hôte.  Les  strongles  qui  ont  été 
trouvés  clans  la  cavité  abdominale  du  chien  par  Stratton  au  Ca- 
nada (1),  et  de  la  loutre  par  Natterer  au  Brésil  (2),  étaient  peut- 
être  aussi  des  vers  du   rein  émigrés  après  la  mort  de  leur  hôte. 

Rarement  on  observe  plus  de  deux  strongles  chez  le  même  animal  ; 
souvent  il  n'y  en  a  qu'un,  jamais  on  n'en  a  vu  plus  de  huit.  Chez  le 
chien,  Sterck  et  Plasse  (cité  ci-dessus)  en  ont  vu  trois  (3),  Hegeni- 
tius  (4),  et  Du  Verney  quatre;  Blas  Noseda  six  dans  le  rein  de 
l'agouara-gouazou  [Canis  jubalus  Cuvier)  (5),  et  Klein  huit  (deux 
femelles,  six  mâles)  chez  un  loup  (6). 

La  présence  d'un  strongle  dans  le  rein  amène  de  graves  désordres: 
la  substance  de  cet  organe  est  peu  à  peu  détruite  ;  les  vaisseaux 
qui  résistent  un  certain  temps  à  la  destruction  donnent  lieu  à  de  fré- 
quentes hémorrhagies.  Le  ver  est  ordinairement  plongé  dans  une 
masse  sanguinolente.  En  dernier  lieu,  les  vaisseaux  disparaissent  et 
la  capsule  du  rein  seule  forme  une  tumeur  qui  acquiert  un  volume 
plus  ou  moins  considérable.  Le  liquide  que  renferme  cette  tumeur 
continue  d'être  sanguinolent  ;  mais  quelquefois  il  est  entièrement 
formé  par  du  pus;  dans  ce  cas,  le  ver  perd  sans  doute  sa  coloration 
habituelle  qui  est  d'un  rouge  vif;  Chabert,  en  effet,  dit  à  propos  d'un 
strongle  qu'il  trouva  dans  le  rein  gauche  d'une  jument  :  «  Ce  viscère 
était  gorgé,  suppuré  et  d'un  volume  énorme:  le  ver  était  blanc  (7).  •> 

La  capsule  du  rein,  acquérant  un  plus  grand  volume,  se  déforme, 

(1)  Stralton  trouva  à  Kingston  (Canada,  1841),  dans  la  cavité  périloncalc  d'un 
chien  qui  s'était  noyé,  quatre  strongles  encore  vivants,  quoique  l'animal  eût  passé 
quarante-huit  heures  dans  l'eau  glacée.  Croyant  que  ces  vers  venaient  de  l'intes- 
tin, il  y  chercha  vainement  une  perforation.  L'auteur  ne  dit  rien  de  l'état  des 
reins  (Edinb.  rned.  and  surg.  Journ.  Edinburgh,  18i3,  t.  LX,  p.  261). 

(2)  Cité  par  Diesing,  t.  Il,  p.  328 

(3)  Sterck,  Diss.  de  rabie  canina.  Lugd.  Bat.,  1740,  §  10,  cité  par  Pallas, 
thèse,  p.  19. 

(4)  Gothofredus  Hegenitius,  Itin.  Fris.  Holland,  p.  15,  cité  par  Welch,  Devenu 
medin.,p.  135. 

(5)  Noseda,  dans  Essais  sur  l'hist.  nat.  des  quadrupèdes  du  Paraguay,  par 
D.  Félix  d'Azara.  Paris,  1801,  t.  I,  p.  313,  et  Voyages  dans  l'Amérique  méridio- 
nale, par  le  même,  t.  I,  p.  297. 

(G)  Jacq.  Théod.  Klein  (secrétaire  de  la  ville  de  Dantzick),  An  analom.  descript. 
ofworms  found  in  ihe  kidneys  ofwolves;  in  Philosoph.  Transact.  London,  1729- 
1730,  vol.  XXXVI,  p.  269. 

(7)  Chabert,  ouvr.  cit.,  1782,  1"  édit.,  p.  65. 


STRONGLli  GÉANT.  273 

s'épaissit,  et  subit  des  transformations  qui  n'ont  point  été  suffisam- 
ment étudiées.  Chez  le  chien  dont  parle  Rayger,  le  rein  était  beau- 
coup «  plus  gros  que  dans  l'état  naturel,  et  paraissait  entouré  de 
tous  côtés  de  graisse  ;  mais  ce  que  je  pris  d'abord  pour  de  la  graisse, 
dit  cet  observateur,  était  une  membrane  blanchâtre,  double  ou  triple 
et  qui  avait,  en  effet,  tellement  l'apparence  de  la  graisse  que  du 
premier  coup  d'œil  on  s'y  trompait.  Ayant  ouvert  cette  membrane, 
je  ne  trouvai  dessous  aucun  parenchyme  ;  tout  ce  rein  était  extrê- 
mement défiguré,  blanchâtre,  sans  vaisseaux  sanguins  et  ne  res- 
semblait à  un  rein  ordinaire,  ni  par  sa  substance  ni  par  sa 
figure  (1).  » 

L'accroissement  du  volume  du  rein,  sa  décoloration,  sa  transfor- 
mation en  une  sorte  de  sac  membraneux  [marsupio  ex  crassiori 
etrugoso  corio  similis,  Pallas),  ont  été  remarqués  par  la  plupart  des 
observateurs.  L'ossification  partielle  de  la  membrane  interne  de  la 
poche  rénale  a  été  signalée  deux  fois  chez  le  pulorius  vison  par  le 
docteur  Érasme  Miller  (2). 

Le  bassinet  participe  ordinairement  de  la  dilatation  du  rein  ;  l'ure- 
tère est  aussi  quelquefois  plus  ou  moins  dilaté.  Tel  était  le  cas  ob- 
servé par  Du  Verney.  Généralement  ce  conduit  reste  perméable.  Chez 
un  cbien  observé  par  Drelincourt  (3),  et  chez  un  autre  observé  par 
Sperling  (4)  il  était  oblitéré  ;  dans  un  cas  de  Ruysch ,  outre  deux  stron- 
gles,  il  y  avait  un  calcul  qui  oblitérait  complètement  le  bassinet  (5). 

Le  rein  resté  sain  acquiert  ordinairement  un  volume  plus  consi- 
dérable que  le  volume  normal. 

Il  est  à  présumer  que  le  strongle  occasionne  aux  animaux  de  vives 
douleurs  et  qu'il  altère  leur  constitution  5  cependant  Ruysch  rap- 
porte qu'un  chien,  dans  le  rein  duquel  il  trouva  un  de  ces  vers,  était 
assez  vigoureux,  autant  qu'il  en  avait  pu  juger  par  son  agilité  (6)  ; 
celui  dont  parle  Hartmann  était  du  reste  sain  ;  celui  de  Sterck,  qui 
avait  trois  strongles  dans  le  rein,  était  très  bien  portant;  un  autre, 

(1)  Mém.  cit.,  p.  310. 

(2)  Musée  de  Boston,  cité  p.  185,  n°  598. 

(3)  Caroli  Drelincurtii  Experim.  anal,  ex  vivorum  sectionibus  petita,  edit.  pcr 
Ern.  Gottfried  Heiscum.  Leycle,  1681.  —  Manget,  Bibl.  anat.,  t.  Il,  p.  681,  cani- 
cidium  III,  §§  10-15. 

(4)  Sperling,  Disserl.  de  vermibus,  §  III,  cité  par  Pallas,  thèse,  p.  18. 

(5)  Ruysch,  Mém.  cit.,  obs.  Il,  p.  14. 

(6)  l'red.  Ruysch.,  Dilucid.  valv.,  cap.  iv,  obs.  anat.  xi,  in  Op.  ornrt.,  t.  I, 
p.  17.  Amst.,  1737. 

Davaine.  18 


27/i  AFFECTIONS  VERW1N&USES  DES  VOIES  UUINAIRES. 

donl  parle  Moublet  (I),  était  grog  et  vigoureux,  et  celui  de  Collet- 

Meygivt  (Huit  gras  et  bien  portant.  Les  visons,  au  nombre  de  six, 
dont  les  reins  sont  déposés  au  musée  de  Boston,  paraissaient  tous 
bien  portants. 

Quelques  auteurs  rapportent  des  faits  contraires  :  Le  chien  ob- 
servé par  Cœsalpin  était  maigre;  un  lévrier,  disséqué  à  Mont- 
pellier pardeSillol,  était  desséché,  exténué  et  atrophié  (2);  le  chien 
qui  avait  un  strongle  dans  l'uretère,  au  rapport  de  Kerckring,  se  tor- 
dait et  poussait  des  cris  nuit  et  jour  ;  il  en  était  de  même  de  ceux  qui 
ont  été  observés  parBoirel,  par  Liefmann  (3)  et  par  Heucher  (-1). 
Van  Swieten  dit  qu'un  chien,  chez  lequel  il  avait  trouvé  un  strongle 
du  rein,  avait  été  sacrifié  parce  que  ses  hurlements  troublaient  tout 
le  voisinage  (5).  De  l'Étang  rapporte  le  fait  suivant:  «  Quondam  in 
»  parisiensi  medicorum  schola  inferiore,  in  dissecto  cane  quem  vide- 
»  ramus  eundo  in  sinislrum  latus  inclinanlcm,  renis  sinistri  sub- 
»  stantia  interior  a  duobus  vermibus  consumpta  occurit  ((5).  » 

Les  animaux  qui  ont  un  strongle  dans  le  rein  rendent  sans  doute, 
lorsque  l'uretère  est  perméable,  des  urines  sanguinolentes  ou  puru- 
lentes. Un  taureau  observé  par  Grève  souffrait  depuis  près  d'un  an  de 
rétention  d'urine;  dans  les  derniers  temps,  ce  liquide  sortait  mêlé 
de  ilocons  muqueux.  Le  rein  gauche  de  l'animal  fut  trouvé  transformé 
en  un  énorme  kyste  rempli  de  pus  et  d'un  liquide  fétide  ;  il  conte- 
nait un  strongle  géant  long  de  onze  pouces  (7). 

Introduit  dans  l'uretère,  ce  ver  occasionne  la  rétention  de  l'urine 
et  la  distension  du  rein,  comme  l'a  remarqué  Redi  ;  dans  la  vessie, 
il  détermine  des  accidents  analogues  à  ceux  des  corps  étrangers  de 
cet  organe.  Le  chien  dans  la  vessie  duquel  François  Frank  trouva 
un  strongle,  urinait  avec  beaucoup  de  difficulté  et  goutte  à 
goutte  (8). 

(1)  Moublet,  Journ.  de  méd.  chir.,  etc.,  1758,  t.  IX,  p.  346. 

(2)  De  Sillol,  cas  rapporté  par  Covillard,  ouïr,  (nfra  cit. 

(3)  Liefmann,  ap.  Breslaciens.,  tentamen  xxu,  cité  par  Pallas. 

(4)  Heucher,  Diss.  errores  circa  causas  mortis  subitœ,  §  22,  cité  par  Pallas. 

(5)  Gerardi  Van  Swieten  Comment,  in  Âphor.  Paris,  1758,  t.  III,  p.  540, 
§1134. 

(6)  François  de  l'Étang,  médecin  de  Montpellier,  in  Aclis  med.,  Th.  Bartholin, 
ami.  1075.  —  Bonet,  Sepu'c,  t.  III,  lib.  IV,  sect.  xi,  obs.  iv,  §  7,  p.  545.  — 
Collect.  acad.,  part,  étrang.,  t.  VII,  p.  255. 

(7)  Bernard  Antoine  Grève,  Expe'r.  et  obs.  sur  les  maladies  des  anim.  domest. 
comp.  aux  malad.  de  l'homme.  Oldmbourg,  1818,  t.  I,  chap.  xvii. 

(8)  Mém.  cit. 


STRONGLE  GÉ/tNT.  27ô 

Chez  l'homme,  autant  qu'on  en  peut  juger  par  le  petit  nombre 
d'observations  que  nous  possédons,  le  strongle  occasionne  de  vio- 
lentes douleurs,  des  hématuries  et  des  phénomènes  graves,  sembla- 
bles à  ceux  des  calculs  rénaux. 


Le  diagnostic  de  la  présence  d'un  tel  ver  dans  les  voies  urinaires 
ne  pourrait  être  établi  par  la  seule  considération  des  symptômes,  car 
les  corps  étrangers  formés  dans 
ces  voies  donnent  lieu  à  des 
phénomènes  semblables  il); 
mais  il  est  probable  que,  dans 
les  cas  ou  l'uretère  est  per- 
méable, l'examen  microsco- 
pique des  urines  ferait  recon- 
naîtreaveccertitudel'existence 
du  strongle  par  la  rencontre 
des  œufs  de  cet  entozoaire. 
Ces  œufs  sont  volumineux, 
ovoïdes,  brunâtres;  ils  sont 
longs  de  sept  à  huit  centièmes 
de  millimètre  et  larges  de  quatre  centièmes  de  millimètre  ;  la  coque, 
à  l'extrémité  du  grand  diamètre,  paraît  épaisse  d'un  centième  de 
millimètre  ;  ils  existent  en  quantité  telle  qu'ils  doivent  être  expulsés 
en  grand  nombre  avec  les  urines. 


Fie.  11.  — Ovule  du  strongle  géant  {Au  chien).  — 
a,  gio;si  340  fois  ;  b,  le  même  au  même  grossisse- 
ment, traité  par  l'acide  sulfurique  concentré  qui  rend 
le  vilellus  apparent. 


La  détermination  de  la  nature  des  œufs  rendus  avec  l'urine  et  les 
symptômes  de  la  présence  d'un  corps  étranger  dans  les  reins  ou 
dans  la  vessie  pouvant  donner  la  certitude  de  l'existence  d'un 
strongle  dans  ces  parties,  la  néphrotomie  serait  indiquée  dans  le  pre- 
mier cas,  et,  dans  le  second,  le  broiement  à  l'aide  d'instruments 
lithotriteurs. 


(1)  Voyez  cependant  ci-après  l'observation  vi,  chap.  i",  dans  laquelle  des  mouve- 
ments particuliers  pouvaient  faire  soupçonner  l'existence  d'un  être  vivant  :  «  Dans 
les  six  derniers  mois,  dit  l'auteur  de  l'observation,  la  maigreur  permettait  de  sentir 
à  travers  les  parois  de  l'abdomen  et  même  de  voir  des  mouvements  dégonflement 
et  d'ondulation  qui  agitaient  le  rein  droit.  Le  malade  accusait  la  sensation  d'un 
mouvement  de  reptation  dans  la  région  du  rein.  »  A  l'autopsie,  on  trouva  dans  cet 
organe  un  strongle  vivant. 


276  AFFECTIONS   VEBM1NEUSES   DES   VOIES  URINAMES 

PREMIÈRE  SECTION. 

STRONGLE    GÉANT    CHEZ    l'uOMME. 

CHAPITRE  PREMIER. 

CAS  PRORABLES. 
Ier  Cas  (Blaiîs). 
«  l\enem  huncillumve  in  canibus  substanlia  sua  non  solum  privari  verum 
»  et  lumbricis  sœpe  plurimis,  variisque,  loco  consumpto  se  exhibentibus,  re- 
»  pleri,  frequentissimum  adeo  anatomicis  ut  vix  altentionem  aliquam  mereri 
»  videatur.  Àt  in  homine  talia  evenire  rarissimum,  licet  plurium  disseclioni 
»  pnefuerim  adfuerim  ve,  non  nisi  unica  tantum  vice  in  emaciato  sene  reperire 
»  mihi  concessum  vernies  duos,  ulnœ  ad  minimum  longiludinem  habentes, 
»  rubicondioris  coloris,  aquoso  liquore  scatentes,  similes  omninô  iis  quos  in 
d  caninis  renibus  reperiri  dixi.  Adumbrat  unum  eorum  fig.  IX,  licet  annulos 
»  ipsos  ex  quibus  videtur  constare  baud  clare  adeo  exhibere  queat  (4).  » 

IIe  Cas  (Ruysch). 

Après  avoir  dit  qu'il  existe  des  vers  dans  les  artères  chez  les  chevaux,  dans 
les  conduits  biliaires  chez  les  moutons,  Ruysch  ajoute  :  «  In  renibus  humanis 
»  semel  eos  me  vidisse  memini  quales  in  canum  renibus  longé  frequentius 
»  occurrunt  (2).  » 

IIP  Cas  (Moublet). 

«  Moublet,  chirurgien-major  de  l'hôpital  de  Tarascon,  avait  taillé  avec 
succès  un  enfant  âgé  de  cinq  ans,  et  lui  avait  extrait  une  grosse  pierre. 
Quatre  années  après,  il  fut  encore  appelé  pour  ce  même  enfant  qui  n'avait 
point  uriné  depuis  vingt-quatre  heures,  qui  avait  le  hoquet,  des  vomissements, 
beaucoup  de  fièvre  et  qui  se  plaignait  d'une  douleur  vive  avec  élancements  à 
la  région  lombaire  du  coté  droit.  Il  le  sonda,  et  l'urine  qui  s'écoula  fut  trouble 
et  en  petite  quantité,  et  déposa  un  sédiment  épais.  Il  prescrivit  des  fomen- 
tations émollientes  sur  le  ventre,  des  lavements,  des  boissons  adoucissantes, 
et  le  saigna  deux  fois  dans  l'espace  de  six  heures.  Le  lendemain  les  accidents 
parurent  plus  vifs.  Le  malade  était  inquiet,  brûlant,  altéré  ;  il  avait  le  pouls 

(1)  Gerardi  Blasii Observ.  anat.  inhomme,  simia,  equo,  etc.  Lugd.  Batav.,  1674, 
p.  125.  —  Reproduit  eu  partie  dans  :  Observ.  med.,  Amst.,  1700,  pars  v,  obs.  xn, 
p.  80. 

(2)  Fred.  Ruyschii  Observ.  analomico-chirurgicarum  cent.,  ob's.  lxiv,  in  Op. 
omn.,  Amst.,  1737,  t.  I,  p.  60. 


CHEZ   L'HOMME.    —  STRONGLE  GÉANT.  277 

concentré,  des  coliques  très  fortes  ;  il  rendit  des  urines  rouges,  briquetées  et 
en  petite  quantité.  La  région  lombaire  était  tendue  et  la  peau  rouge.  On  réi- 
téra la  saignée  et  les  mêmes  remèdes,  excepté  qu'on  appliqua  sur  les  lombes 
un  cataplasme  anodin.  Vers  le  dixième  jour,  M.  Moublet  sentit  un  amas  de 
pus  à  la  région  lombaire  ;  la  fluctuation  était  lente  et  profonde.  L'enfant  avait 
moins  de  fièvre,  il  urinait  sans  peine,  le  ventre  s'était  amolli  ;  on  appliqua  un 
cataplasme  maturatif  sur  la  tumeur  lombaire  qui  était  moins  tendue.  Le  len- 
demain la  fluctuation  de  l'abcès  paraissant  plus  sensible,  M.  Moublet  se  dé- 
termina à  l'ouvrir  ;  il  y  fit  une  incision  profonde  de  deux  travers  de  doigt,  sans 
qu'il  en  sortit  du  pus.  Mais,  portant  le  doigt  dans  le  fond  de  la  plaie  et  sentant 
l'ondulation  d'un  liquide,  il  y  enfonça  le  bistouri  ;  alors  il  sortit  un  jet  de  pus 
mêlé  de  sang;  il  agrandit  cette  ouverture  du  côté  des  vertèbres,  ce  qui  pro- 
cura une  grande  évacuation  purulente.  Le  malade  pansé  se  trouva  soulagé. 
La  suppuration  fut  très  abondante  pendant  douze  jours,  ensuite  elle  diminua. 
Mais  la  plaie,  au  lieu  d'être  vive,  restait  livide,  pâle.  Deux  mois  après,  il  n'en 
suintait  qu'une  humeur  fétide,  tantôt  jaunâtre,  tantôt  verdâtre;  les  chairs 
étaient  molles,  fongueuses,  comme  dans  un  ulcère  sanieux.  Cependant  après 
l'usage  d'injections  détersives,  cet  ulcère  se  cicatrisa.  M.  Moublet  vit  l'enfant 
quelques  mois  après  ;  il  remarqua  que  la  cicatrice  était  molle,  gonflée  ,  et  que 
les  parties  voisines  étaient  tendues  et  douloureuses.  Cet  enfant  n'avait  point 
urino  depuis  la  veille;  il  se  plaignait  de  tiraillements  et  de  déchirements  dans 
le  ventre  et  surtout  aux  lombes  ;  il  avait  des  mouvements  convulsifs  ;  ses  ex- 
trémités étaient  froides.  M.  Moublet  incisa  la  cicatrice;  il  s'écoula  du  pus,  et 
les  accidents  cessèrent.  Cet  ulcère  se  referma  et  les  douleurs  recommen- 
cèrent.  On  fut  obligé  de  le  rouvrir  et  il  resta  fistuleux.  Les  urines,   dont 
le  cours  était  souvent  interrompu,  paraissaient  quelquefois  purulentes,  et 
toujours  chargées  de  mucosités  filandreuses.  La  persévérance  de  la  fistule 
et  des  douleurs  aiguës  vers  le  rein  donnèrent  lieu  à   des  recherches  plus 
exactes  avec  la  sonde,  pour  juger  si  cet  ulcère  n'était  pas  entretenu  par  une 
pierre;  mais  M.  Moublet  n'en  trouva  point.  Enfin  la  mère  de  cet  enfant  vit 
remuer  un  ver  dans  cette  fistule  qui  durait  depuis  trois  ans.  Elle  le  tira  vivant 
et  le  conserva  pour  le  montrer  à  M.  Moublet,  qui,  le  jour  même,  en  tira  un 
autre  également  en  vie,  mais  plus  petit.  Ce  ver  avait  quatre  pouces  de  long,  et 
était  de  la  grosseur  d'une  plume.  On-  maintint  la  fistule  ouverte.  Deux  jours 
après,  l'enfant  ne  put  uriner.  On  observa  pour  la  première  fois  qu'il  avait  la 
vessie  tendue  et  gonflée.  M.  Moublet  ne  pouvant  parvenir  à  y  introduire  la 
sonde,  injecta  dans  l'urèthre  de  l'huile  pour  faciliter  la  sortie  de  gravier  qu'il 
soupçonnait  intercepter  le  passage  de  la  sonde  et  de  l'urine.  Le  malade  fut 
mis  dans  un  bain  ;  il  eut  bientôt  des  mouvements  convulsifs  qui  obligèrent  de 
l'en  retirer.  M.  Motiblot  voulant  encore  le  sonder,  aperçut  au  tout  de  l'urèthre 
un  corps  étranger  qu'il  saisit  avec  des  pinces.  C'était  un  ver  en  vie  qu  il  tira 
facilement.  Il  avait  la  môme  figure  et  la  même  longueur  que  le  premier  sorti 
de  la  fistule.  La  nuit  suivante  l'enfant  en  rendit  un  semblable  par  l'urèthre. 
Ces  quatre  vers  sortis,  il  n'en  parut  plus.  Les  urines  coulèrent  sans  douleur, 


27S  AFFECTIONS   VEBM1MJHJSES   DES   VOII-S   UniNAIItl'.S 

sans  peins,  et  chargées  de  filaments  gomme  membraneux;  tous  les  symptômes 
ont  disparu;  la  Qstule  lombaire  s'est  cicatrisée  dans  l'espace  d'un  mois.  L'en- 
fant a  repris  ses  forces,  a  recouvré  son  embonpoint,  et  jouissait  depuis  cinq 
années  d'une  santé  parfaite,  lorsque  M.  Moublet  communiqua  cette  obser- 
va lion  (1  ).  » 

[V*  Cas  (Duciiateau). 
Un  homme  délinquante  ans,  ayant  passé  dix-huit  mois  dans  l'ilo  de  Val- 
cheren  pondant  l'occupation  françaiso,  a  été  atteint  quatre' fois  dans  cet  in- 
tervalle par  des  fièvres  rémittentes  ou  intermittentes.  Chacune  de  ces  maladies 
a  été  accompagnée  de  douleurs  violentes  dans  la  région  lombaire,  sur  lo  rein 
droit  et  dans  l'urèthre,  et  alors  une  hématurie  considérable  ne  tardait  pas  à 
se  manifester.  Rappelé  à  Paris,  il  fut  atteint  en  route  d'une  douleur  violente 
dans  le  rein  droit  et  dans  tout  le  trajet  de  l'urèthre  du  même  côté,  suivie  d'un 
frisson  prolongé,  d'un  accès  de  fièvre  qui  dura  huit  heures  et  d'une  nouvelle 
perte  de  sang  avec  les  urines.  Le  malade  arriva  le  surlendemain  (4  décembre 
1812)  à  Paris,  où  il  fut  pris  aussitôt  d'un  nouvel  accès  de  fièvre;  Ja  région 
du  foie  était  tendue;  douloureuse,  ainsi  que  la  région  lombaire  droite  au  ni- 
veau du  rein.  La  douleur  se  prolongeait  dans  la  région  iliaque  et  jusqu'au  col 
de  la  vessie.  Urine  rare  et  brûlante  à  l'émission.  Le  6,  le  8,  le  1  0,  le  1 2  nou- 
veaux accès  de  fièvre,  le  dernier  plus  violent  que  les  autres  ;  le  malade  a  rendu 
plein  un  pot  de  chambre  de  sang  liquide  et  de  caillots  qui  n'ont  pas  été  exa- 
minés ;  il  urine  de  nouveau  en  présence  du  médecin  :  «  J'examinai,  dit  Duciia- 
teau, ce  qui  venait  d'être  rendu  et  qui  consistait  à  peu  près  en  un  demi-selier 
d'urine  ou  de  sang.  Je  fis  décanter  doucement  le  liquide  dans  un  autre  pot. 
J'aperçus  quelque  chose  au  fond  du  vase  dont  le  malade  s'était  servi,  j'exa- 
minai de  plus  près  et  je  vis  un  ver  vivant  ;  je  le  mis  sur  une  assiette  avec  un 

peu  d'eau  froide,  il  s'agita Ceaver  était  d'un  rouge  brun,  long,  à  peu  près, 

de  quatre  pouces,  gros  comme  un  lombric,  ayant  environ  une  ligne  de  dia- 
mètre depuis  l'une  de  ses  extrémités  jusqu'à  la  moitié  de  son  étendue;  le  reste 
se  terminait  en  queue  filiforme  et  plate  très  pointue  vers  la  fin.  Le  gros  bout 
représentait  une  tête  aplatie  en  dessous  comme  celle  de  la  sangsue  et  des 
suçoirs  qui  paraissaient  encroûtés  de  sang  :  cette  tête  se  terminait  par  une 
espèce  de  trompe  ou  antenne,  ayant  au  milieu  du  corps  un  appendice  comme 
une  espèce  de  cordon  vermiculaire.  J'ai  examiné  ce  ver  au  microscope;  j'ai 

aperçu  plusieurs  anneaux  dans  la  partie  la  plus  grosse  de  son  corps »' 

Le  lendemain  le  malade  urine  beaucoup  de  sang  dans  lequel  on  trouve  en- 
core un  ver  semblable  au  précédent  et  .vivant,  et  un  autre  long  d'un  pouce  et 
gros  comme  un  (il  de  Bretagne;  il  était  frétillant;  vu  au  microscope,  il  a  paru 
semblable  aux  deux  gros. 

(1)  Analyse  par  Chopart,  ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  139.  —  Sur  des  vers  sortis  des  reins 
et  de  l'urèthre  d'un  enfant,  par  Moublet,  dans  Joum.  de  méd.  et  de  chirurg., 
juillet  1758,  t.  IX,  p.  244. —  Rapporté  in  extenso  dans  Rayer,  Maladies  des  reins. 
Paris,  18il,  t.  Ili,  p.  732. 


CHEZ   L'HOMME.    —  STRONGLE  GÉANT.  279 

Les  jours  suivants,  le  malade  se  trouve  mieux;  il  urine  encore  unc^fois  du 
sang,  puis  il  se  rétablit  rapidement  (I). 

Il  est  bien  probable  que  les  trois  vers  observés  par  Duchateau, 
étaient  des  strongles  géants.  Le  malade  avait  habité  la  Hollande, 
pays  où  ces  vers  ont  été  souvent  observés  chez  le  chien  et  quelque- 
fois aussi  chez  l'homme,  d'après  Blaes  et  Ruysch  ;  en  outre,  la  des- 
cription des  trois  vers  qui  ont  été  vus  vivants,  se  rapporte  au  strongle 
géant  mâle  ;  seulement  l'auteur  a  pris  la  queue  pour  la  tête.  On  peut 
reconnaître,  en  effet,  la  bourse  caudale  dans  la  tête  aplatie  en  dessous, 
et  le  pénis  dans  la  trompe  ou  antenne  qui  la  terminait  (voy.  fig.  10). 
Au  reste,  l'auteur  donne  ensuite  des  détails  plus  précis  sur  cette  partie 
qui  caractérise  le  strongle  mâle  :  «  Lors  de  la  sortie  du  premier  ver, 
j'aperçus,  dit-il,  au  bout  de  sa  grosse  extrémité  une  pointe  en  ma- 
nière de  trompe  et  une  tête  assez  grosse  avec  un  méplat  ou  facette, 
comme  on  le  voit  à  la  tête  de  la  sangsue,  du  côté  de  ses  bouches  aspi- 
rantes ou  suçoirs.  » 

Ve  Cas  (Josephi). 
«  Cel.  Josephi,  professor  Rostochiensis,  entozoa  magna  ex  hominis urethra 
»  dejecta  vidit,   amico  qui  mihi  mitteret  data,   sed  casu  perdita,  hue  certe 
»  pertinentia  (Ad  Strong.  gigant.)  (2).  » 

VIe  Cas  (docteur  Aubinais), 

«  Un  cultivateur,  âgé  de  soixante  ans,  homme  robuste,  adonné  au  vin...., 
fut  pris  de  douleurs  aiguës  et  profondes  dans  la  région  du  rein  droit;  ces  dou- 
leurs, qui  ne  pouvaient  être  confondues  avec  celles  du  rhumatisme,   furent 

attribuées  à  une  néphrite;  mais  rien  ne  put  les  calmer L'opium,  l'eau 

distillée  de  laurier-cerise,  l'éther  sulfurique  et  l'essence  de  térébenthine, 
données  à  haute  dose,  amenèrent  toutefois  un  soulagement  appréciable,  mais 
de  courte  durée.  Après  trois  ans  de  douleurs  atroces  et  incessantes,  le  ma- 
lade, dont  l'obésité  était  considérable  au  début  du  mal,  se  trouvait  réduit  à  une 
maigreur  squelettique.  Dans  les  six  derniers  mois,  cette  maigreur  permettait 
de  sentira  travers  les  parois  de  V  abdomen  et  même  de  voir  des  mouvements  de 
gonflement  et  d'ondulation  qui  agitaient  le  rein  droit.  Le  malade  accusait  la  sen- 
sation d'un  mouvement  de  reptation  dans  la  région  du  rein  ;  le  péritoine  sembla 
rester  sain  jusqu'aux  derniers  instants  de  la  vie;  des  eschares  se  manifes- 
tèrent au  sacrum  et  aux  trochanlers  et  le  malade  succomba  dans  le  marasme. 

»  L'aulopsie  complète  ne  fut  pas  permise  par  les  parents  qui,  seulement, 
autorisèrent  le  médecin  à  inciser  le  flanc  droit,  pour  examiner  le  rein.  Vingt 
heures  après  la  mort  cet  organe  fut  extrait  de  l'abdomen  et  les  mouvements 

(1)  Duchateau,  Observ.  sur  des  vers  contenus  clans  les  voies  urinaires,  etc.;  dans 
Journ.  de  méd.  chir.,  etc.,  de  Leroux.  Pari?,  1816,  t.vXXXV,  p.  2i2. 

(2)  Rudolphi,  Synopsis,  p.  261. 


280  AFFECTIONS   VERMlNEtJSF.S    DF.S   VOIES  UR1NA1RUS 

ondulatoires  qui  s'y  manifestaient  prouvaient  que  l'oniozairo  était  encore  vi- 
vant. F.o  rein  étant  ouvert,  on  y  trouva  un  strongle  d'un  pou  plus  do  43  centi- 
mètres de  longueur  sur  5  à  (i  millimètres  de  grosseur.  Le  tissu  du  rein  était 
profondément  altéré,  son  parcncliymo  détruit  en  grande  partio  et  son  poids 
réduit  de  moitié  (I).  » 

Quoique  les  caractères  spécifiques  n'aient  pas  été  donnés,  il  ne 
paraît  pas  douteux  que  ce  ver  ne  fût  un  strongle  géant.  Le  fait  de 
son  inclusion  dans  le  rein  prouve  qu'il  appartenait  bien  à  cet  organe, 
et  d'ailleurs  sa  longueur  surpassait  celle  des  lombrics  les  plus  grands. 

D'après  les  symptômes  observés,  les  mouvements  ondulatoires  delà 
région  rénale  pourraient  être  regardés  comme  un  signe  de  l'existence 
d'un  strongle  dans  le  rein.  Il  est  à  regretter  qu'on  n'ait  fait  aucune 
mention  de  l'état  des  urines. 

VI P  Cas  ( ?). 

«  Il  y  a  un  très  beau  spécimen  de  ce  ver  (strongle  géant),  provenant  du 
rein  d'un  homme,  dans  le  Muséum  du  collège  royal  des  chirurgiens  d'An- 
gleterre (2).  » 

CHAPITRE  IL 

CAS    TRÈS     INCERTAINS. 
I"  Cas. 

«  Anno  1595,  Krnestus,  archidux,  Belg.  provinc.  gub.  gêner,  nocle  inler 
»  20  et  21  febr.  diem,  anno  aetatis  42,  placide  in  Christo  Bruxellis  obdor- 
»  mivit;  cum  morluum  ejus  corpus  aperiretur,  cor,  pulmo  et  jecur  sana  et 
»  intégra  reperta  sunt  :  in  lumbis  tantum  calculus  mediocris  magnitudinis  et 
»  in  renibus  vermis  oblongus  et  vivus  inventus  est  qui  interiora  principiseum 
»  in  modum  corroseral  ut  brevi  tempore  marcuerit,  corporeque  toto  exte- 
»  nuatus,  superesse  diutius  non  potuerit  (3).  » 

Hugo  Grotius  rapporte  le  fait  à  peu  près  dans  les  mêmes 
termes  (4).  Toutefois,  il  n'est  fait  aucune  mentiun  de  vers  dans 
l'histoire  de  la  maladie  et  de  l'autopsie  de  l'archiduc  Ernest,  que 
Schenck  rapporte  sous  ce  titre  :  «  Serinissimi  archiducis  Ernesti, 
»  archiducis  Austria?,  proregis  Belgii,  etc.,  morbi  et  symptomata  : 

(1)  Aubinais,  Journ.  de  la  secl.  de  niéd.  de  la  Soc.  acad.  du  déparlement  de  la 
Loire-Inférieure,  liv.  evi  (rapporté  dans  Revue  médicale,  décembre  184G,  p.  569.) 

(2)  Edwin  Lankester,  dans  Kilchenmeister,  ouvr.  cit.,  trad.,  t.  I,  p.  379,  note. 

(3)  U.  M.  Jansonius,  tome  II  Mercurii  Gallo-Belgici,  cité  par  Sclicnck,  op.  cit., 
p.  441  et  445. 

(4)  Hugonis  Grotii  Ann.  cl  hist.  de  rébus  Belgicis.  Amst.,  1G57,  lib.  IV,  p.  209. 


CHEZ   L'HOMME.    —   STKONGL15   GÉANT.  281 

»  quaequœ  ipsius  cadavere  dissecio  inventa  fuerint  rara  (1).  »  Il  y 
avait  des  calculs  dans  le  rein  gauche;  on  ne  parle  point  de  vers. 

IIe  Cas  (Zaciuus  Lusitaxus). 

«  Olyssipone  in  Xenocliio  decumbebat  juvenis  robuslus,  qui  a  pueritia  ve- 
»  luti  dolore  renum  fuerat  oppressus,  qui  sensim  ac  sine  sensu  pedetenlim 
»  que  ita  accrevit  et  immaniter  excarnificavit,  ut  spretis  omnibus  praîsitliis 
»  eum  per  duos  annos  ad  mortis  fauces  deduceret.  Extenualum  est  corpus 
»  cum  febre  jugi  :  insolenter  illum  vexarunt  sitis,  ardor  sensatus  in  regiono 
»  renum,  alvi  nimia  adstrictio,  vigilia  importuna  :  demum  accedcnle  nimio 
»  fastidio  tabidus  vitam  finivit. 

»  Cadavere  dissecto,  in  renibus  (in  quibus  seger  dicebat  se  lignum  acutum 
»  aut  cullellum  portare  inlixum)  inventi  sunt  in  utroque  renum  cavo  ver- 
»  mes  crassi,  albi,  vivi,  dimidii  digiti  indicis  longiludine  qui  interiora  ita 
»  arroserant,  ut  lotum  corpus  contabefecerint  (2).  » 

Si  les  vers  avaient  été  trouvés  morts,  on  pourrait  croire  à  des 
concrétions  fibrineuses,  rouges  à  des  strongles;  toutefois  nous  avons 
vu  qu'un  strongle  observé  par  Chabert  dans  un  rein  purulent,  n'était 
pas  rouge,  mais  blanc.  Quant  à  la  longueur  de  ces  vers,  on  conçoit 
qu'existant  dans  les  deux  reins  à  la  fois,  ils  ont  dû  faire  périr  le 
malade  avant  qu'ils  ne  fussent  parvenus  à  un  grand  développement. 
Malgré  ces  considérations,  ce  cas  nous  paraît  devoir  être  rangé  parmi 
les  faits  mal  observés. 

IIIe  Cas  (Albrecht). 

En  1678,  un  soldat  «  était  travaillé  depuis  longtemps  d'une  suppression 

d'urine Il  y  avait  déjà  sept  jours  qu'il  n'avait  rendu  une  goutte  d'urine. 

Il  se  plaignait  de  grandes  douleurs  autour  du  nombril  et  de  la  vessie  qui 

était  fort  tendue Comme  je  me  préparais  à  le  faire  sonder,  la  femme  du 

malade  m'apporla  un  ver  de  la  grosseur  d'une  plume  à  écrire  et  de  la  lon- 
gueur de  trois  doigts.  Après  avoir  rendu  ce  ver,  il  recouvra  sa  première  fa- 
cilité d'uriner.  L'excrélion  du  ver  fut  suivie  d'un  écoulement  de  sang  qui  dura 
pendant  quelques  jours.  Le  ver  était  vivant,  mais  il  mourut  peu  après  (3).  » 

TVeCAs(ENT.). 

«  Le  ver,  quand  je  l'ai  rendu  (à  la  seconde  urine),  était  vivant;  il  avait  la 

(1)  Schenck,  op.  cit.,  lib.  III,  p.  440. 

(2)  Zacutus,  Prax.  hist.,  lib.  II,  cap.  xvi,  observ.  vi,  et  Bonct,  Sepulchrelum, 
t.  Il,  p.  568,  lib.  III,  sect.  xxn,  §  5. 

(3)  J.  P.  Albrecht,  Eph.  nat.  cur.,  dec.  II,  ann.  1,  observ.  lxxvii,  1682,  et 
Coll.  acad.,  t.  III,  p.  497. 


282  AFFECTIONS  VHÏIMTNÈÙSES  DES   VOIES   UlUNAII'.l.S 

»  télé  d'un  serpent  et  la  queue  mince  ;  il  était  d'une  substance  quelconque  ad 
j>  milieu;  il  avait  en  longueur  au  delà  d'une  demi-aune.  J'étais  très  malade 
»  avant  de  le  rendre,  et  depuis  lors  j'ai  toujours  rendu  quelque  chose  comme 
»  du  sang.  » 

»  Celle  relation  est  faile  dans  les  propres  paroles  du  malade.  Il  est  fort  pro- 
bable qu'il  a  eu  une  suppression  d'urine  pendant  quelque  temps  ;  à  la  pre- 
mière émission  le  ver  est  arrivé  des  reins,  dans  lesquels  il  s'élait  développé, 
jusque  dans  la  vessie,  et  ensuite  de  celle-ci  dans  le  vase  de  nuit. 

»  Le  ver  étant  mort  et  sec,  était  d'une  couleur  rouge  obscur;  il  avait  en 
épaisseur  environ  un  douzième  de  pouce  (I).  » 

Ve  Cas  (Pechlin). 

Il  s'agit  d'un  enfant  qui  avait  souffert  longtemps  de  vives  douleurs  des 
reins  et  de  la  vessie;  un  lithotomiste  ayant  jugé  qu'elles  étaient  dues  à  un 
calcul,  bien  qu'on  n'en  eût  pas  constaté  la  présence  par  le  calhétérisme,  pra- 
tiqua l'opération  de  la  taille  et  causa  de  grands  dégâls  dans  les  parties.  On 
ne  trouva  pas  de  calcul.  Il  survint  une  tumeur  qui  s'étendait  des  reins  à  la 
vessie  du  côté  droit.  Lequatrièmejour,  le  chirurgien  trouva  dans  l'appareil,  en 
rapport  avec  la  plaie,  un  ver  qui  avait  plus  d'un  empan  de  longueur  (environ 
20  centimètres);  la  tumeur  du  côté  disparut,   néanmoins  l'enfant  mourut. 

A  Yautopsie,  Pechlin  trouva  la  vessie  saine,  le  rein  droit  d'un  volume  exa- 
géré, le  bassinet  très-  dilaté,  ainsi  que  l'uretère;  d'où  il  était  évident,  dit 
Pechlin,  que  le  ver  avait  suivi  ce  trajet  (2). 

VIe  Cas  (Raisin). 

«  Un  homme  d'environ  cinquante  ans  fut  attaqué,  il  y  a  deux  ans,  d'une 
colique  néphrétique  très  violente.  Ses  urines  étaient  teintes  de  sang  et  presque 
noirâtres;  quelques  remèdes  que  je  lui  prescrivis  calmèrent  pour  un  temps 
les  douleurs.  Elles  l'ont  repris  l'hiver  dernier  avec  plus  de  violence  que  ja- 
mais, et  ont  persisté  malgré  tous  les  secours  que  j'ai  pu  lui  donner,  jusqu'au 
4  0  juin,  qu'il  rendit  par  les  urines  un  ver  qui  avait  plus  de  trois  pouces  de 
long.  Depuis  ce  moment,  il  est  parfaitement  rétabli  et  ses  urines  ont  repris 
leur  cours  naturel  (3).  » 

VIP  Cas  (Lapeyre). 

Une  fille  de  quarante  ans  entre  à  l'hôpital  en  4  779  ;  elle  éprouve  une  dou- 
leur forte  et  continue  à  la  région  lombaire  droite  ;  il  existe  dans  cette  région 
un  engorgement   œdémateux,   douloureux   à   la  pression.   Fièvre  modérée, 

(1)  Relation  d'un  ver  rendu  avec  l'urine,  communiquée  par  M.  Ent.,  auquel  il 
avait  été  envoyé  par  M.  Matthew  Milford,  in  PHilosoph.  Transact.,  for  the  months  of 
July  and  August.  1678,  Vol.  X,  p.  1009. 

(2)  N.  Pechlin,  Vermis pro  calculo  {op.  cit.,  lib.  I,  obs.  iv,  p.  8). 

(3)  Raisin,  Observation  sur  un  ver  rendu  par  les  urines  (Joum.deméd.  chir,,eic., 
1763,  t.  XIX,  p.  458). 


CHEZ  L'HOMMli.    —   STRONGLfc   GÉANT.  283 

urines  ordinaires,  point  de  nausées  ni  de  vomissements;  ouverture  spontanée 
de  la  tumeur  lombaire  ;  accidents  variés  ;  douze  lombrics  évacués  par  l'admi- 
nistration d'un  purgatif.  Mort  deux  jours  après. 

Autopsie.  « Ayant  enlevé  le  foie  pour  découvrir  le  rein,  nous  vîmes  ce 

dernier  viscère  adhérent  au  rein  dans  toute  sa  surface  et  faisant  corps  pour 
ainsi  dire  avec  lui  ;  le  rein  détaché  et  coupé  en  long  formait  un  corps  ferme, 
entièrement  graisseux  et  sans  vaisseaux  apparents.  Dans  le  bassinet  nous 
trouvâmes  une  pierre  grosse  comme  une  fève  de  marais,  dure  et  raboteuse — 
Nous  trouvâmes  de  plus,  dans  la  substance  du  rein,  trois  vers  en  vie  qui 
avaient  trois  pouces  et  demi  de  long.  En  poussant  nos  recherches  plus  loin, 
vers  l'épine  lombaire,  notre  élonnement  augmenta  encore  en  découvrant  trois 
autres  vers  longs  de  deux  à  sept  pouces  qui  étaient  fixés  et  comme  lardés  dans 
la  substance  des  muscles...  .  Les  intestins  étaient  sains,  le  rein  gauche  aug- 
menté de  volume  (1).  » 

VIIIe  Cas  (Arlaud). 

«  Le  sujet  de  cette  observation  est  une  fille  de  Cherbourg,  âgée  de  vingt- 
six  ans,  bien  constituée,  bien  réglée,  bien  portante  jusqu'à  l'époque  où  se 
sont  manifestés  les  premiers  symptômes  de  l'affection  vermineuse.  M.  Arlaud 
la  vit  pour  la  première  fois  le  3  mars  1840;  elle  souffrait  depuis  dix-huit 
mois;  elle  avait  éprouvé  d'abord  les  symptômes  d'une  néphrite;  puis  il  s'y 
était  joint  un  sentiment  de  brûlure,  de  picotement  dans  la  région  des  reins.. . 
il  y  avait  de  loin  en  loin  du  hoquet,  de  la  toux,  des  douleurs  dans  le  membre 
abdominal  droit,  des  hématuries. 

»  M.  Arlaud  apprit,  en  outre,  qu'après  trois  mois  de  souffrance,  la  malade 
avait  rendu  spontanément  par  l'urèthre  un  ver  ou  quelque  chose  qui  lui  parut 
être  un  ver  et  qu'on  avait  négligé  de  conserver.  Les  accidents  ayant  continué 
malgré  l'émission  du  corps  étranger,  un  collègue  de  M.  Arlaud,  dans  l'es- 
pace de  six  mois,  put  constater  la  sortie  de  six  vers,  dont  deux  furent  extraits 
par  lui  avec  la  sonde  de  Hunter 

»  3  mars.  Faciès  souffrant,  un  peu  d'amaigrissement,  douleur  dans  la 

région  rénale  droite,  engourdissement  et  douleur  le  long  du  nerf  crural  droit 

jusque  auprès  de  l'articulation  fémoro-tibiale,  ischurie —  Le  lendemain, 

rétention  d'urine  complète.  M.  Arlaud  pratiqua  encore  le  cathétérisme  et  cette 
fois  il  sentit  un  obstacle  au  col  de  la  vessie.  Cet  obstacle  vaincu,  un  flot  d'urine 

trouble  et  brunâtre  s'échappa  par  la  soude Remplaçant  la  sonde  par  la 

pince  de  Hunier,  il  saisit,  après  quelques  tâtonnements,  un  corps  mou  qu'il  tira 
avec  lenteur  et  en  causant  des  douleurs  très  aiguës,  c'était  un  ver.  Il  était  de 
couleur  rougeâtre,  un  peu  aplati,  avec  deux  dépressions  longitudinales  le 
long  du  corps,  atténué  aux  deux  extrémités,  long  de  22  centimètres  et  de 
4  millimètres  d'épaisseur.  Les  vers  extraits  plus  tard  n'étaient  pas  tous  de  la 

(1)  Lapeyre,  Abcès  de  la  région  lombaire  (Journ.  de  méd-,  t.  LXV,  p.  375  ,  et 
Rayer,  Mal.  des  reins,  t.  III,  p.  740). 


28A  AFFECTIONS  VERMINJEUSES    DES   VOIES  URINAIRES 

môme  longueur  ;  la  différence  pouvait  être  de  quelques  millimèlres  en  plus  ou 

en  moins.  » 

Il  survint,  à  la  suite  de  cette  extraction,  des  accidents  nerveux,  des  dou- 
leurs, puis  une  amélioration;  mais  le  15  mars  les  accidents  de  rétention 
d'urine  reparurent.—  «Le  lendemain,  M.  Arlaud  parvint  à  saisir  avec  la  pince 
à  trois  branches  et  à  extraire  un  corps  mou,  rougeûtre,  d'apparence  charnue, 
et  du  volume  d'une  amande.  —  Dans  l'espace  de  huit  mois,  ce  chirurgien 
pratiqua  ainsi  l'extraction  d'une  quinzaine  de  ces  corps  de  volumes  différents, 
et  de  sept  nouveaux  strongles. 

»  Un  jour,  tous  ses  efforts  furent  impuissants;  il  ne  put  faire  franchir  le  col 
vésical  à  un  corps  étranger  dont  le  volume  était  fort  considérable;  il  prit  le 
parti  de  dilater  l'urèthre  avec  une  grosse  sonde.  Après  quatre  jours  d'acci- 
dents divers  et  graves le  chirurgien  examina  les  parties  génitales,  vit  un 

corps  mou,  spongieux,  ayant  en  partie  franchi  le  méat  urinaire,  et  en  fit  l'ex- 
traction avec  la  pince  à  anneaux Ce  corps  se  présentait  sous  la  forme  d'un 

gros  marron  percé  au  centre  et  contenait  cinq  autres  corps  plus  petits  dans 
sa  cavité. 

»  Après  son  extraction,  il  y  eut  pendant  deux  heures  alternativement  des 
syncopes  et  des  accès  hystériques  violents  ;  ces  symptômes  furent  suivis  d'un 
hoquet  qui  dura  quatre  heures,  c'était  le  1 9  novembre.  Le  20,  il  y  avait  une 
hématurie,  un  point  douloureux  au  côté  droit  de  la  poitrine,  une  hémoptysie, 
une  réaction  générale  des  plus  intenses,  du  délire. 

»  Jusqu'au  mois  d'avril  suivant,  la  malade  éprouva  des  accidents  variés  et 
pour  la  plupart  analogues  aux  précédents. 

»  Au  mois  d'avril,  les  règles  depuis  longtemps  supprimées,  reparurent;  une 
membrane  de  30  centimètres  de  longueur,  formant  un  conduit  cylindrique  qui 
pouvait  admettre  le  pouce  dans  sa  cavité,  sortit  spontanément  de  l'urèthre. 

»  Vers  le  milieu  du  mois  de  mai,  l'état  de  la  malade  était  assez  bon;  elle 
pouvait  marcher  sans  douleur  et  vaquer  à  ses  occupations.  Néanmoins  trois 
nouveaux  strongles  furent  encore  extraits  après  cette  époque.  » 

Examen  des  entozoaires  et  des  corps  charnus,  par  MM.  Duméril,  Martin-Solon, 
Ségalas,  rapporteur,  et  M.  Delafond,  adjoint. 

a .....  Leur  corps  se  termine  à  une  extrémité  par  une  pointe  mousse,  por- 
tant plusieurs  renflements  de  papilles  légèrement  ovalaires,  au  centre  des- 
quels se  montre  une  petite  ouverture  arrondie  qui  constitue  la  bouche.  L'autre 
extrémité,  terminée  également  par  une  pointe  mousse ,  mais  plus  allongée, 
porte  une  petite  ouverture  ronde  qui  forme  l'anus.  Ces  caractères  ont  fait 
reconnaître  que  ces  deux  entozoaires  appartiennent  à  V ordre  des  vers cavilaires, 
et  sont  de  l'espèce  slrongle  géant.  »  —  Les  commissaires  de  l'Académie  de  mé- 
decine ont  en  outre  reconnu  des  ovules  dans  le  tube  génital.  Quant  au  tube 
qui  pouvait  admettre  Vindex  dans  sa  cavité,  il  était  formé  de  fibres  longitu- 
dinales et  transversales  blanches  et  nacrées.  Il  fut  jugé  être  une  portion  d'un 


CHEZ  L'HOMME.    —  STliONGLE  GÉANT.  285 

énorme  strongle.  Les  autres  corps  mous  étaient  formés  de  tissu  cellulaire  et 
musculaire,  et  leur  nature  n'a  pu  être  déterminée  (1). 

Il  est  à  regretter  que  l'examen. des  vers  n'ait  pas  été  plus  com- 
plet: Les  caractères  indiqués  ne  suffisent  pas  pour  caractériser  le 
strongle  géant.  On  a  bien  prouvé  pour  quelques-uns  de  ces  corps, 
qu'il  s'agissait  de  vers,  fait  confirmé  par  la  recherche  des  ovules, 
mais  on  aurait  dû  indiquer  le  nombre  des  tubercules  de  la  bouche, 
et  la  disposition  caractéristique  de  l'oviducte,  car  rien  ne  prouve 
absolument  que  l'on  n'avait  pas  affaire  à  des  ascarides  lombricoïdes. 

11  y  a  dans  ce  cas  plusieurs  circonstances  qui  ne  sont  pas  ordi- 
naires dans  les  observations  où  l'on  a  constaté  avec  certitude  la  pré- 
sence des  strongles.  Ce  sont:  1°  le  nombre  des  vers  qui  n'aurait  pas 
été  moindre  que  dix-neuf;  or,  dans  les  animaux,  on  en  voit  très  ra- 
rement trois,  une  seule  fois  on  en  a  vu  six  et  huit  ;  2°  la  grosseur 
extraordinaire  du  fragment  de  strongle;  3°  la  présence  de  corps 
charnus  d'une  origine  inconnue.  On  serait  tenté  de  croire  à  quelque 
communication  de  la  vessie  avec  l'intestin,  par  laquelle  tous  ces 
corps  se  seraient  introduits  dans  le  réservoir  de  l'urine.  11  est  donc 
fort  à  regretter  que  l'examen  insuffisant  des  caractères  spécifiques 
de  ces  vers  laisse  des  doutes  sur  leur  détermination  (2).  » 

(1)  Sur  une  observation  de  strongles  géants  sortis  des  voies  urinaires  d'une 
femme,  par  M.  Arlaud,  chirurgien  de  la  marine  ;  rapport  de  MM.  Duméril,  Martin- 
Solon,  Ségalas  {Huit,  de  l'Acad.  roy.  de  méd.,  1846,  t.  Xr,  p.  426). 

(2)  Six  de  ces  strongles,  dit  le  rapport,  ont  été  déposés  au  muséum  d'anatomie 
de  l'hôpital. de  la  marine  de  Cherbourg.  Il  y  a  un  an  que  M.  Rayer  a  bien  voulu,  à 
ma  prière,  demander  à  M.  Fonssogrives,  médecin  en  chef  de  la  marine,  la  commu- 
nication de  quelques-uns  de  ces  vers  ;  mais  les  recherches  que  ce  médecin  dis- 
tingué s'est  empressé  de  faire  sont  restées  sans  résultat  :  les  vers  n'ont  pas  été 
retrouvés. 

(Ce  fait  et  nos  remarques  étaient  livrés  à  l'impression,  lorsque  M.  Ch.  Robin  com- 
muniqua à  la  Société  de  biologie  la  lettre  d'un  chirurgien  qui  annonçait  avoir  re- 
trouvé la  malade  du  docteur  Arlaud,  et  que  cette  femme  rendait  toujours  des 
vers.  Un  de  ces  vers,  envoyé  à  M.  Robin,  a  été  reconnu  par  lui  pour  un  intestin 
de  pigeon  séparé  de  son  mésentère.  Cet  intestin  n'était  pas  cuit  et  n'avait  pas 
passé  par  le  canal  alimentaire  de  la  femme.  Les  membres  de  la  Société  de  biologie 
ont  vérifié  le  fait. 

Une  telle  mystificalion  doit  faire  présumer  que  les  vers  envoyés  à  l'Académie  de 
médecine  étaient,  non  des  strongles  qui  sont  fort  rares,  mais  des  ascarides  lom- 
bricoïdes, qui  auront  été  introduits  dans  les  voies  urinaires,  ou  peut-être  simple- 
ment dans  le  vagin,  dans  un  but  de  simulation  de  maladie  ou  de  mystification 
dont  on  possède  bien  d'autres  exemples  non  moins  singuliers.) 


286  AFFECTIONS    VEttMWEUSES   DE3   \  OIES   UlUNAlliKS 

SECTION    II. 

STRONGLE    GÉANT    CHEZ    LES   ANIMAUX. 

A.  Dans  le  hein. 

1°  Chez  le  chien, 
André  Cisalpin,  1593?  Un  strongle  (cas  cité) . 

De  Sillol,  1610.  Uii  strongle  énorme;  rein  gauche.  Montpellier  (cas  cité). 
IIegenitius,  1616.  Quatre  strongles.  Grouingue  (cas  cité). 
Thomas  Bautuolin,  1639.  Deux  strougles  ;  rein  gauche.  Leyde.  (Episl.  med.,  cent.  I, 

epist.  n,  p.   5,  Haga;  Comitum,  1740). 
Sennert,    163":.  Strongles?  Wittcmberg.  «  Ipse    in  cane  vidi  totam  unius  renis 

»  subslantiam  fuisse  absumptam,  superstite  tantum  tunica  eum  ambiente,  quaj 

»  tota  vermibus  longis  instar  lumbricorum  repleta  fuit,  a  (Dan.  Senncrti,  op., 

t.  III,  lib.  III,  part,  vu,  sect.  i,  cap.  vu,  p.  359,  Paris,  1641.) 
Sperling,  16**.  Un  strongle;  uretère  oblitéré  (cas  cité). 
Samuel  Schelgvigius,  1654  octobre.  Uu  strongle;  reiu  droit.  Wittcmberg  (Simonis 

Séhultzii,    De  vermibus  in  renibus.  —  Ephem.    nat.  cur.,   dec.  1,  ann.    3, 

obs.  cclvi,  p.  403,  1672). 
Ruysch,  1664.  Un  strongle;  rein  droit.  Leyde?  (cas  cité). 
Id.  1665,  juin.  Deux  strongles;  calcul  dans  le  bassinet;  rein  gauche.  Leyde?  (cas 

cité). 
Id.  Rein  contenant  un  ver  (pièce  conservée).  (Thés,  anat.,  t.  VI,  n°  113,  in  On. 

omn.,  t.  III,  p.  49).  Amsterd.,  1744. 
Kerckring,  1670.  Trois  cas ,  deux  strongles  dans  chacun?  Un  autre  cas?  avec  un 

seul  ver.  Amsterdam  (cas  cité). 
Wedel,  1675.  Un    strongle;  reiu  gauche.   Le   ver  était  rempli  d'une  infinité  de 

vermicules   vivants   (in  Th.   Bartholin,   Acta  med.  phil.,  t.  III,  cap.  lviii,  ex 

lilt.,  D.  Georg.  Wolff.  Wedelii.  — Andry,  ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  64,  Collect.  acad., 

part,  étrang  ,  t.  VII,  p.  272). 
De  l'Étang,  1675.  Deux  strongles;  rein  gauche.  Paris  (cas  cité). 
Ch.  Rayger,  1676.  Deux  strongles;  rein  droit.  Paris  (cas  cité). 
Boirel,  1679.  Un   strongle;  rein  droit.  Argentan  (Blegni,  Nouvelles  découvertes, 

Paris,  1679,  lelt.  vi,   p.   228,  et  Bonet,  Sepulc,   lib.  III,  sect.  xxn,   addit. 

obs.  n)- 
Landouillette,  1679.  Un  strongle  long  de  3/4  d'aune.  Caen  (Blegni,  ouvr.  cit., 

lettr.  vin,  p.  358). 
Drelincourt,  1681.  Deux  strongles  unis  par  la  copulation;  rein  droit.  Leyde  (cas 

cité). 
Id.  1681.  Un  strongle  long  de  deux  pieds  un  pouce  et  demi  ;  rein  droit.  Leydë 

(op.  cit.,  cauicid.  111,  §  16). 
Id.  1681.  Un  strongle  long  de  8  pouces;  rein  droit.  Leyde  (op.  cit.,  canicidium  XI, 

§  35,  36). 


CHEZ   LES   ANIMAUX.    —   STRONGLE   GÉANT.  287 

Redi,  1684.  Un  strongle  ;  rein  gauche.  Florence  (ouvr.  cit.,  p.  40). 
Id.,  1684.  Deux  strongles;  rciu  gauche.  Florence  (cas  ciié). 
Hartmann  (Ph.   Jacq.),    1683.  Un  strongle;  rein  droit  (Ephcm.  nal.  cur.,  dcc.  II, 

aun.  4,  observ.  lxxii,  p.  149,  1683). 
Du  Verney,  1694.  Quatre  strongles,  dont  trois  petits  et  un   long  de  deux  pieds 

trois  pouces.  Uretère  fort  dilaté.  Paris  (Hist.  de  l'Acad.  roy.  des  scierie,  Paris, 

1733,  in-4,  t.  II,  p.  213). 
Mery,  1698.  Un  strongle  long  de  deux  pieds  et  demi  et  de  quatre  lignes  de  dia- 
mètre. Paris  (Mém.  Acad.  roy.  des  scierie.,  Paris,  1733,  in-4,  t.  II,  p.    338,  et 

J.  B.  Duhamel,  Rcgiœ  scient.  Acad.  historia,  Paris,  1701,  in-4.,  p.  503). 
Wolff,  1704.  Deu*  strongles;  rein  droit  (Ido  Wolfii  (Jo.  Christ.),  Observ.  med., 

libri  duo,  lib.  II,  obs.  iv,  p.  185,  Quedlimburgi,  1704). 
Vallisneri  (étant  étudiant).  Un  strongle  de  plus  de  quatre  palmes;  rein.  Bologne 

(\nt.  Vallisneri,  Dell'  origine  de'  vermi,  etc.,  dans  OEuvr.  cit.,  t.  1,  p.  148). 
Schacher  (Polycarp.  Gottl.),  1719  (Panegyris  medica,  Lips.,  1719,  cité  par  Rud., 

Hist.  nat.,  t.  I,  p.  83), 
Valsalva,  ann.?  Un  ver  long  de  trois  aunes;  rein  droit  (cité  par  Morgagui,  De  sed. 

et  causis  morb.,  etc.,  epist.  xl,  §  7). 
Farcy,  octobre  1722.  Un  strongle;  rein  droit.  Paris?  [Mém.  de  Trévoux,  1722,  cité 

par  Pallas,  Thèse,  p.  19). 
Moublet,  1726.  Un  strongle.  Paris  (cas  cité). 
Liefmann  (cas  cité). 
Heucher  (cas  cité). 

Van  Swieten,  17**.  Un  strongle;  rein  gauche.  Leyde  (cas  cité). 
Sterck,  1740.  Trois  strongles,  rein  droit  (cas  cité). 
Collet-Meygret,  1802.  Un  strongle.  Paris  (cas  cité). 
Godine,  1804.  Un  strongle,  rein  gauche  (le  strongle  était  situé  en  partie  dans  le 

bassinet,  en  partie  dans  l'artère  rénale  (probablement  l'uretère).  Paris  (Journ. 

gén.deméd.,  Paris,  1804,  t,  XIX,  p.  160). 
Grève  (B.    A.),   1818.   Un  strongle   long  de   2   pieds;   rein  gauche.    Oldenbourg 

{ouvr.  cit.). 

2"  Chez  le  cheval. 
Chabert,  1782.   Jument;  un  strongle;  rein  gauche.  Paris  (cas  cité). 
Rudolphi.  Un  strongle  dans  sa  collection  {Eut.  hist.  nat.,  t.  II,  part.  1,  p.  213). 

Leblanc.  Strongle  trouvé  dans  le  reiu  chez  le  cheval,  décrit  par  Blanchard  (Ann. 
se.  nat  ,  Paris,  1849,  3°  série,  t.  XI,  p.  187). 

3°  Chez  le  bœuf. 

Rudolphi?  (ouvr.  et  passage  cités). 

Musée  vétérinaiiie  d'Alfort.  Un  exemplaire  cité  par  Diesing,  p.  328. 

B.  Grève,  1818.  Taureau;  un  strongle  long  de  onze  pouces;  rein  gauche.  Olden- 
bourg (cas  cité). 

4°  Chez  les  animaux  sauvages. 
Clamorgan.  Trois  cas  chez  le  loup  (cité). 


288  AFFECTIONS  VERMINKUSES   DES  VOIES  URINAIRES 

Klein.  Huit  strongles  dans  le  rein  chez  le  loup  (cité). 

Bi.as  Noseda.  Six  stroDgles  dans  le  rein  de  l'agouara-gouazou,  au  Paraguay  (cite). 

Cuvier.  Slroogle  long  de  trenlc  pouces,  du  rein  d'une  fouine.  Paris  (Brcinser, 
ouvr.  cit.,  p.  25i). 

De  Blainville.  Un  stronglc  long  de  29  pouces,  du  rein  d'une  marte.  Paris  [Dkt. 
scient,  nat.,  art.  Strongle,  et  Bremscr,  p.  52i). 

Érasme  Miller.  Six  cas  de  stronglc  dans  lo  rein,  chez  le  Putorius  vison.  États- 
Unis  (cilé). 

B.  Strongle  dans  la  vessie. 

François  Frank,  1790.  Un  stronglc  long  de  deux  auues  et  demie  dans  la  vessie 
d'un  chien.  Pavio  (cas  cilé). 

C.  Strongle  dans  la  cavité  abdominale. 

Plasse.  Un  strongle  dans  la  cavité  abdominale,  chez  le  chien  ;  deux  dans  le  rein. 

Niort  (cité). 
Stratton.  Quatre  strongles  dans  la  cavité  péritonéale  du  chien  (cité). 
Budolphi.  Deux  strongles  erratiques  dans  la  cavité  péritonéale  du  loup  (cité). 
Natterer.  Strongles  dans  la  cavité  abdominale  de  la  loutre.  Brésil  (cité  par  Dic- 

sing,  t.  II,  p.  328). 

D.  Strongle  dans  le  tissu  cellulaire  adjacent  aux  organes 

URINAIRES. 

Leblanc  Trois  cas  chez  le  chien.  Paris  (cité), 

E.  Strongle  dans  le  coeuh. 

D'  Jones.  Chez  le  chieu  (voy.  Hématozoaires  du  chien). 


DEUXIEME   DIVISION. 

VERS   RARES,  INDÉTERMINÉS,   ERRATIQUES    OU   FICTIFS. 

PREMIÈRE  SECTION. 

VERS    MICROSCOPIQUES  (  PROTOZOAIRES). 

Il  n'existe  point  de  protozoaires  dans   l'urine   normale  ;  il    est 
même  très  rare   d'en   rencontrer   dans   celle    qui   est  altérée  par 


CHEZ   L'HOMME.    —   PROTOZOAIRES.    —  SPIROPTÈRE.  289 

une    affection   des   voies  urinaires.   Les    seuls  animalcules    qu'on 
y  ait  observés  jusque  aujourd'hui  sont  des  vibrions  et  des  monades. 

■1°  Vibrioniens  (Synops.,  n°  2). 

L'urine  glaireuse  et  fétide  d'un  homme  affecté  de  cystite  chronique,  offrit 
plusieurs  jours  de  suite  à  notre  examen  un  nombre  immense  de  vibrions;  le 
malade,  qui  était  à  la  Charité,  dans  le  service  de  M.  Rayer,  urinait  dans  un 
vase  très  propre  et  l'examen  du  liquide  était  fait  très  peu  de  temps  après 
l'émission.  Pour  nous  assurer  si  les  vibrions  existaient  dans  la  vessie  même, 
l'urine  fut  extraite  par  la  sonde  et  examinée  immédiatement  après;  elle  con- 
tenait néanmoins  tout  autant  de  ces  animalcules. 

2°  Monadiens  (Synops.,  n°  3). 

Des  monades  d'espèce  indéterminée  ont  été  plusieurs  fois  rencontrées  dans 
l'urine  des  cholériques.  Le  docteur  Hassall  a  relevé  des  observations  de  ce 
genre  faites  dans  plusieurs  hôpitaux  de  Londres  ,  pendant  l'épidémie  du 
choléra  de  1854  (1). 

Sur  vingt-neuf  échantillons  d'urine  qui  avaient  été  rendus  au  plus  tôt  vingt- 
neufheures  après  la  suppression,  Thomas  Richardson,  à  VliôpitalSainl-Nicolas, 
trouva  dix  fois  des  monades. 

Sur  quinze  échantillons  d'urine,  William  Stevens,  à  Vh'ôpital  Sainl- Thomas, 
trouva  sept  fois  un  grand  nombre  de  monades. 

Dans  un  échantillon  d'urine  examiné  par  John  Brandon,  à  Y  hôpital  Saint- 
Thomas,  il  y  avait  un  grand  nombre  de  monades. 

Patrick  Reilly,  à  l'hôpital  Saint-Bartholomé,  trouva  dans  deux  échantil- 
lons d'urine  un  grand  nombre  de  monades. 


DEUXIÈME  SECTION. 

vers  visibles  a  l'oeil  nu  (observés  une  seule  fois). 

CHAPITRE  PREMIER. 

VERS    ÉVACUÉS    AVEC    L'URINE. 

A.  Spiroptère.  —  Observé  par  Barnett  et  Lawrence. 

«  Une  fille,  âgée  de  vingt-quatre  ans,  d'une  bonne  et  forte  constitution,  fut 
saisie  dans  l'hiver  de  1806   d'une  rétention  d'urine  qui  nécessita   l'emploi 

(1)  Besulls  of  Ihe  microscopical  and  chemical  examinalion  of  seventy-two  samples 
of  the  urine  of  choiera  patients,  in  General  Board  of  heallh.  London,  1S55,  p.  293 
et  suiv. 

Davaine.  19 


290  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES  VOIES   UllINAlRES 

journalier  du  cathéter.  Kilo  so  plaignait,  d'un  grand  poids  à  la  vessie,  de  dou- 
leurs dans  les  aines,  d'engourdissement  dans  les  cuisses  ;  ello  urinait  rare- 
ment, et  chaque  fois  ello  rendait  quelques  gouttes  d'urine  mêlées  de  sang.  On 
pensa  qu'il  existait  un  calcul  dans  la  vessie,  mais  l'exploration  par  la  sonde 
n'en  fournit  aucun  indice...  Dans  l'été  de  1800,  elle  se  confia  aux  soins  de 
M.  Barnett.  Alors  sa  constitution  était  épuisée,  ello  était  très  maigre,  sa  langue 
était  chargée  et  offrait  souvent  un  aspect  typhoïde  ;  elle  se  plaignait  de  douleurs 
dans  les  aines  et  la  vessie,  et  n'avait  uriné  depuis  six  mois  qu'à  l'aide  du  cathé- 
ter. Elle  était  saisie  de  douleurs  violentes  si  l'emploi  du  cathéter  était  suspendu; 
alors  la  douleur  et  la  chaleur  brûlante  de  la  vessie  étaient  très  intenses. 

»  Après  une  nouvelle  exploration  de  la  vessie  qui  ne  donna  aucune  lumière 
sur  le  diagnostic,  l'état  de  la  malade  s'aggrava  de  jour  en  jour;  un  nouvel 
examen  de  la  vessie  fut  suivi  d'un  violent  accès  de  convulsions.  Depuis  cette 
époque  de  semblables  accès  eurent  lieu  fréquemment.  Une  sonde  ayant  été 
laissée  à  demeure,  Barnett  fut  surpris,  en  la  retirant,  de  trouver  un  corps  qui 
lui  parut  un  ver  engagé  dans  son  ouverture  ;  il  était  du  volume  d'un  fuseau 
à  dentelle,  d'un  pouce  et  demi  de  long,  et  de  couleur  blanche.  Trois  vers 
furent  encore  expulsés  les  jours  suivants.  L'huile  de  térébenthine  fut  admi- 
nistrée intérieurement  :  la  malade  rendit  encore  quatre  vers,  et  sa  santé  parut 
s'améliorer  ;  mais  bientôt  de  violentes  douleurs  de  tête,  un  érysipèle  de  la  face 
et  du  tronc  forcèrent  à  suspendre  l'emploi  de  ce  médicament.  Injecté  dans  la 
vessie  avec  partie  égale  d'eau,  il  détermina  de  nouveaux  symptômes  fâcheux, 
et  l'érysipèle. 

ï  Ces  moyens  ayant  échoué,  M.  Barnett  introduisit,  le  22  février,  une 
large  sonde  ouverte  à  son  extrémité,  mais  garnie  d'un  stylet  qui  en  remplis- 
sait l'orifice  pendant  son  introduction  ;  en  retirant  le  stylet,  un  libre  passage 
était  ouvert  aux  matières  contenues  dans  la  vessie.  En  moins  d'une  demi- 
heure,  neuf  vers  sortirent  avec  une  cuillerée  à  café  de  matière  sablonneuse. 
Quatre  de  ces  vers  avaient  cinq  pouces  et  demi  de  long.  Cinq  vers  sortirent 
le  24,  un  le  25.  La  nuit  suivante,  la  malade  n'eut  pas  de  repos,  et  les  con- 
tractions de  la  vessie  furent  assez  douloureuses  pour  occasionner  un  accès. 
Le  28,  trois  vers  furent  rendus.  Le  2  mars,  il  en  sortit  neuf  grands;  le  6, 
quatre  ;  le  9,  cinq  ;  le  17,  quatre  ;  le  23,  deux  ;  le  S  avril,  sept;  le  6,  sept; 
le  1 2  avril,  une  liqueur  composée  de  parties  égales  d'huile  de  térébenthine 
et  d'eau  ayant  été  injectée,  douze  vers  sortirent.  Le  17,  on  injecta  trois  par- 
ties d'huile  de  térébenthine  et  une  d'eau,  et  treize  vers  furent  expulsés. 
Le  20,  on  injecta  de  l'huile  de  térébenthine  pure,  et  dix  vers  sortirent.  De 
légers  mouvements  d'ondulation  furent  observés  dans  ceux-ci  ;  mais  ces  vers 
étaient  ordinairement  morts.  Quelquefois  les  vers  qui  sortaient  par  le  cathéter 
cheminaient  dans  le  lit  de  la  malade  jusqu'à  ses  pieds.  Elle  continua  à  rendre 
des  vers  de  la  même  manière,  et  M.  Barnett  suppose  qu'il  y  en  eut  plus  de  six 
centsderendus.Unefoisilsortituneportionde mucus  qui  enveloppait  plusieurs 
petits  vers  d'un  demi  pouce  à  un  pouce  de  long,  qui  vécurent  trois  jours  dans 
l'urine  et  s'y  mouvaient  vivement.  » 


CHEZ  L'HOMME.    —   SPIUOPTERE.   < —   DACTS'LIUS.  291 

En  avril  1811,  cette  femme  était  dans  le  même  état;  les  vers  sortaient 

toujours  en  plus  ou  moins  grand  nombre;  des  injections  d'huile  d'olive 

procurèrent  quelque  soulagement  dans  l'irritation  et  dans  la  durée   des 

accès. 

En  juin,  un  large  abcès  se  forma  près  du  vagin  ;  il  s'ouvrit  dans  cette  ca- 
vité et  procura  un  grand  soulagement  ;  il  en  sortit  beaucoup  de  pus  et  huit  ou 
dix  vers  chaque  jour. 

En  octobre,  cette  femme  est  passablement  bien  ;  elle  a  bon  appétit,  mais 
ne  peut  pas  se  mouvoir  ;  elle  a  parfois  des  accès  comme  autrefois  et  rend 
encore  des  vers.  Le  nombre  qui  en  a  été  rendu  dépasse  un  millier  (1). 

Ces  corps  vermiformes,  examinés  par  plusieurs  helminthologïstes, 
les  ont  laissés  dans  le  doute  relativement  à  leur  nature.  Rudolphi  les 
a  rapportés  au  genre  spiroptère  (voyez  le  Synopsis,  n°  65). 

M.  Diesing  a  commis  une  erreur  en  donnant  l'indication  d'un  se- 
cond cas  semblable  observé  en  Amériqne  (2). 

B.  Dactylius  aculeatus.  —  Observé  par  Curling. 

«  Une  jeune  fille  de  cinq  ans,  jusqu'alors  bien  portante,  éprouva,  en  1  837, 
une  pneumonie  subaiguë  ;  à  plusieurs  reprises,  elle  avait  rendu  par  les  selles 
de  petits  ascarides  ;  au  commencement  de  mai,  elle  maigrit  et  fut  prise  de 
toux  ;  la  fièvre  avait  le  caractère  rémittent  ;  les  urines  étaient  fort  troubles. 
Un  traitement  bien  dirigé  fit  disparaître  ces  accidents  et  l'urine  reprit  sa  cou- 
leur normale.  Le  26  mai,  on  trouva  dans  les  urines  quelques  petits  vers  ;  il 
en  fut  de  même  les  jours  suivants.  Le  1er  juin,  elle  rendit  par  les  selles  quel- 
ques ascarides,  mais  ce  jour  et  les  suivants  les  urines  n'offrirent  plus  rien.  On 

(1)  W.  Lawrence,  Cas  d'une  femme  qui  a  rendu  un  grand  nombre  de  vers  par 
Vurèthre,  lu  le  12  novembre  1812  (Medic.  chirur.  Transact.,  t.  II,  3e  édit. ,  p.  385, 
—  rapporté  m  extenso  dans  Rayer,  ouvr.  cit.,  t.  III,  p.  747  et  Atlas,  pi.  XXVIII, 
fig.  7). 

(2)  Diesing  (ouvr.  cit.,  t.  II,  p.  223)  donne  l'indication  suivante  :  Var.  B,  ma- 
jor? Brighton,  in  The  Americ.  Journ.  of  Ihe  medic.  scienc,  1837.  —  The  medic. 
chirur  g.  Review,  1837,  n°  54,  495.  —  Froriep's,  neue  Notiz.,  VII,  224,  etc. 

Le  fait,  rapporté  dans  The  American  Journal,  etc.,  comme  l'indique  Diesing,  se 
trouve  encore  dans  London  med.  Gaz.,  1837,  vol.  XX,  p.  666,  sous  ce  titre: 
Worms  in  the  urinary  bladder,  simulatling  stone  in  thaï  organ  ;  il  a  pour  auteur 
le  docteur  Brigham  et  non  Brighton. 

Il  s'agit  d'une  femme  âgée  de  trente-cinq  ans  qui  offrait  depuis  plusieurs  années 
les  symptômes  d'un  calcul  de  la  vessie,  mais  le  cathétérisme  n'en  fît  point  recon- 
naître. «Quinze  jours  après  cette  exploration,  cette  femme  rendit  par  l'urèthre  un- 
ver  blanc  de  la  longueur  de  six  pouces,  et  dès  lors  tous  les  symptômes  se  dissipè- 
rent. La  malade  s'est  rappelée  qu'à  l'âge  de  quatorze  ans,  à  la  suite  d'une  fièvre 
typhoïde,  elle  avait  eu  une  rétention  d'urine  qui  s'était  dissipée  après  l'évacuation 
par  l'urèthre  d'un  ver  long  d'un  pouce. 


292  AFFECTIONS  VERMINEB8ES  DES  VOIES  URINAIRËS. 

Constate  do  nouveau  la  présence  des  onlozoaires  dans  les  urines,  le  3  juin,  et 
quelques-uns  s'étaient  présentés  seuls  à  l'orifice  de  l'urèlhre  pendant  le  cou- 
rant  de  la  journée.  Cette  enfant  se  rétablit  rapidement  et  n'eut  aucune  affection 
des  voies  urinaires.  L'urine  qui  conlonait  ces  vers,  était  très  colorée  et  légère- 
ment acide;  lorsqu'ils  s'échappaiont  les  premiers,  ils  flottaient  séparément 
dans  l'urine;  mais  bientôt  ils  se  réunissaient  et  se  formaient  en  pelo- 
tons (1).  » 

Ces  vers  n'ont  été  observés  qu'une  seule  fois  ;  mais  ils  ont  été 
examinés  par  Owen  et  Quekett,  dont  les  connaissances  spéciales  en 
helminthologie  nous  ont  engagé  a  ne  pas  ranger  ce  cas  parmi  ceux 
qui  appartiennent  aux  pseudhelminthes  (voyez  le  Synopsis,  n°  100). 

C.  Tétrastome  du  rein.  —  Observé  par  Lucarelli  et  Délie  Chiaje. 

«Dans  l'été  de  1826,  une  dame  sexagénaire,  demeurant  au  Capodimonle ,  fut 
prise  d'une  très  vive  douleur  du  rein  gauche.  L'examen  des  symptômes  me  fit 
croire  que  la  cause  du  mal  était  dans  quelque  calcul  ;  je  prescrivis  donc  les 
moyens  que  l'art  conseille  en  pareil  cas  ;  mais,  quoiqu'ils  aient  été  suivis  pen- 
dant longtemps,  ils  le  furent  en  vain.  Les  urines,  à  part  une  coloration  plus 
foncée,  n'offraient  rien  de  particulier.  Un  jour  la  malade  crut  avoir  uriné  du 
sang,  et  j'aperçus  au  fond  du  vase  des  corpuscules  de  couleur  de  sang  jau- 
nâtre. Ils  ne  paraissaient  pas  être  des  grumeaux  de  sang,  et  ils  étaient  bien 
distincts  de  l'urine  qui  ne  participait  pas  de  leur  couleur.  La  régularité  de 
leur  forme  me  parut  tenir  à  une  certaine  organisation.  J'en  recueillis  cinq 
pour  les  examiner  à  loisir,  d'autant  plus  que  sur  mes  questions,  on  me  rap- 
porta qu'on  avait  observé  quelques  mouvements  dans  ces  petits  corps.  Après 
de  minutieuses  recherches,  je  pensai  que  ces  êtres  étaient  des  tétra- 
stomes,  auxquels  je  donnai  l'épithète  de  rénaux,  d'après  leur  séjour  pré- 
sumé. 

»  Au  bout  de  deux  mois  la  malade  mourut...  le  rein  gauche  ne  présenta  à 
mes  investigations  que  de  la  mollesse  et  un  volume  plus  grand  que  d'ordi- 
naire. Les  calices  membraneux  qui  reçoivent  l'urine  de  la  substance  tubuleuse, 
étaient  plus  amples  que  dans  l'état  naturel  (2).  » 

Délie  Chiaje,  qui  fit  aussi  l'examen  des  entozoaires  rendus  avec 
l'urine,  les  décrit  sous  le  nom  de  Tetrastoma  renalis.  Il  est  à  remar- 
quer qu'il  n'a  pas  été  trouvé  de  ces  vers  à  l'autopsie;  c'est  donc 

(1)  T.  B.  Curling,  Case  of  a  girl  who  voided  from  the  urelhra  a  number  of 
entozoolic  worms  not  hitherto  described...,  in  Med.  chir.  transact.  London,  1839, 
t.  XXIL  (Arch.gén.  de  méd.,  1840,  et  Rayer,  ouvr.  cit.,  t.  III,  p.  753). 

(2)  Lucarelli,  Relas.  manuscr.  (Délie  Chiaje,  Compend.  di  elmint.  umana.  Napoli, 
1833,  p.  13  et  p.  116). 


ENTOZOAIRES  A   L'ÉTAT   DE   LARVE.  293 

arbitrairement  que  ce  dernier  auteur  dit  qu'ils  habitent  dans  des 
fistules  rénales  (1),  et  que  Diesing  ieur  donne  pour  séjour  les  tubes 
urinifères  (2)  (voyez  le  Synojjsis,  n°  47). 


CHAPITRE   II. 

VERS   TROUVÉS   DANS   LES   REINS. 

A.  Pentastome    denticulé.  —  Observé   chez  l'homme  par  E.    Wagner 
(voy.  Synops.,  n°  4  03). 

A  l'autopsie  d'un  peintre,  âgé  de  soixante-deui  ans  (le  24  septembre  1 856), 
M.  E.  Wagner  trouva  sur  le  bord  concave  du  rein  droit,  dans  le  tiers  supé- 
rieur, un  petit  corps  blanchâtre,  comme  fibreux,  faisant  une  saillie  d'un  demi- 
millimètre  à  la  surface  de  l'organe.  II  était  irrégulièrement  ovale;  long  de 
4  millim.,  large  de  3  millim.,  et  épais  d'un  demi-millim.  Situé  sous  la 
capsule  du  rein  qui  ne  lui  adhérait  pas,  il  avait  des  adhérences  tellement 
intimes  avec  le  tissu  propre  de  cet  organe,  qu'on  ne  pouvait  l'enlever  sans 
déchirer  ce  tissu.  Ce  petit  corps  était  creux  en  dedans;  il  contenait  une  masse 
jaunâtre  qui  se  brisa  en  plusieurs  fragments  lorsqu'on  en  pratiqua  l'extrac- 
tion. L'examen  de  cette  masse  permit  d'y  reconnaître  un  entozoaire  identique 
avec  ceux  qui  ont  été  trouvés  à  la  surface  du  foie  et  décrits  par  Zencker. 
C'était  évidemment  un  pentastome  denticulé  (3). 

B.  Ver  nématoïde.  —  Observé  chez  l'ours  par  Redi. 

«  Chez  un  ours  mort  dans  la  ménagerie  du  grand-duc  de  Toscane,  j'ai 
remarqué  entre  la  tunique  adipeuse  et  la  membrane  qui,  comme  un  sac,  ren- 
ferme les  nombreux  lobes  du  rein  de  cet  animal  ;  j'ai  remarqué,  dis-je,  entre  la 
membrane  adipeuse  et  ce  sac,  un  grand  nombre  de  vésicules  membraneuses 
dont  chacune  contenait  un  ver  allongé,  très  petit  et  blanc.  Quelques-unes  de 
ces  vésicules  contenaient  même  deux,  et  d'autres  trois  de  ces  petits  vers  (4).  » 

C.  Ver  nématoïde.  —  Observé  chez  le  chevreuil  par  Redi. 

«  Chez  un  chevreuil,  une  masse  grande  et  dure  de  glandes  s'était  déve- 
loppée dans  le  rein  gauche.  Cette  masse  recouvrait  de  toutes  parts  non- 
seulement  le  rein,  mais  encore  tous  les  vaisseaux  les  plus  volumineux  du 
bas-ventre.  Cette  énorme  masse  de  glandes  pesait  5  livres;  outre  qu'elle  cou- 

(1)  Délie  Chiaje,  ouvr.  cit.,  p.  13. 

(2)  Diesing,  ouvr.  cit.,  1. 1,  p.  408. 

(3)  Docteur  E.Wagner,  Penlastomum  denliculatum  in  der  Niere,  in  Arch.fiir 
Physiol.,  etc.,  von  Vierord,  1856,  p.  581. 

(4)  F.  Redi,  ouvr.  cit.,  p.  200. 


29fr  AFFECTIONS   VEItMINliUSLS   DLS  VOIES   URINAIISES 

vrait  entièrement  lé  rein,  elle  renfermait  six  poches  dont  quelques-unes  avaient 
la  grosseur  d'une  noix  et  les  autres  étaient  beaucoup  plus  grandes.  Elles  con- 
tenaient toutes  dans  la  cavité  d'une  double  tunique  dont  chacune  était  formée, 
une  matière  de  couleur  noirâtre  et  d'une  consistance  approchant  do  celle  du 
beurre.  Dans  cette  matière,  j'ai  trouvé  des  pelotons  de  vers  très  petits,  d'une 
longueur  variable  et  en  nombre  tel  que  j'en  ai  compté  quatre  cents.  Du  reste, 
les  autres  viscères  de  ce  chevreuil  étaient  à  l'état  sain  et  le  rein  lui-même, 
renfermé  dans  cette  énorme  masse  de  glandes,  n'offrait  aucune  altération  (1  ).  » 

D.  Ver  nématoïde.  —  Observé  chez  le  chien  par  Vulpian  (voy.  Synops., 
n°  54). 

«  Chez  un  chien  qui  avait  servi  à  des  études  physiologiques  (mai  1856), 
les  reins  offraient  une  assez  grande  quantité  de  petites 
tumeurs  blanchâtres.  La  plupart  étaient  situées  sous 
la  capsule  propre.  J'estime  leur  nombre  à  80  ou  1 00 
dans  chaque  rein.  Ces  petites  tumeurs,  grosses,  en 
général,  comme  des  graines  de  chènevis,  étaient  for- 
mées par  des  tubes  urinifères  remplis  en  grande 
partie  de  graisse  granulaire  ou  vésiculaire.  On  voyait, 
de  plus,  de  la  matière  amorphe  granuleuse  et  des  glo- 
mérules  de  Malpighi.  Peut-être,  ceux-ci  étaient-ils  dans 
la  petite  partie  de  substance  rénale  qu'on  enlevait  avec 
fig.  12.  — Ver  du  rein     ies  tumeurs.  Dans   l'une  de  celles-ci,  j'ai  trouvé  le 

observé  par  M.  Vulpian,  .    ,  T,  .      .  , 

grossi  150  fois.  'ver  ci-dessus.  J  avais  cru  a  priori  que  toutes  devaient 

en  contenir  ;  mais  après  avoir  trouvé  ce  ver,  j'en  ai 
cherché  infructueusement  dans  plus  de  vingt  autres  petites  tumeurs  prises  au 
hasard  dans  l'un  ou  l'autre  rein  (2).  » 

Ce  dernier  cas  a  beaucoup  d'analogie  avec  ceux  qui  ont  été  ob- 
servés par  Redi.  Il  est  probable  que  des  vers  ont  été  la  cause  de  la 
formation  des  tumeurs  :  si  M.  Vulpian  n'en  a  pas  trouvé  dans  toutes, 
c'est  sans  doute  que  ces  vers,  après  un  certain  temps,  périssent  et 
disparaissent  (3). 


TROISIÈME  SECTION. 

VERS  ERRATIQUES. 

Les  hydatides  et  les  vers  de  l'intestin  pénètrent  quelquefois  acci- 
dentellement dans  les  voies  urinaires. 

(1)  V.  Redi,  ouvr.  cit.,  p.  202. 

(2)  Vulpian,  note  communiquée. 

(3)  Quoique  les  faits  observés  par  Redi  n'appartiennent  pas  aux  animaux  dômes- 


CHEZ  L'HOMME.   —   VERS  ERRATIQUES.  295 

Chez  la  femme,  il  ne  serait  pas  impossible  que  les  oxyures  arri- 
vassent dans  la  vessie  par  le  canal  de  l'urèthre;  chez  l'homme,  les 
entozoaires  de  l'intestin  n'arrivent  dans  les  voies  de  l'urine  que  par 
une  communication  accidentelle.  Une  tumeur  du  rein  qui  s'ouvrirait 
dans  l'intestin,  pourrait  donner  accès  à  des  vers  intestinaux  qui  pé- 
nétreraient ensuite  dans  l'uretère,  puis  dans  la  vessie  ;  nous  ne  con- 
naissons néanmoins  aucun  fait  de  ce  genre.  La  lésion  qui  permet 
aux  entozoaires  de  l'intestin  d'arriver  dans  les  voies  urinaires,  existe 
ordinairement  à  la  vessie.  Parmi  les  cas  connus,  la  communication 
avait  pour  cause  :  deux  fois  le  passage  d'une  épingle  du  canal  intes- 
tinal dans  les  voies  urinaires  ;  une  fois  l'opération  de  la  taille  ;  dans 
les  autres  cas,  elle  avait  été  occasionnée  par  un  abcès  ou  par  une 
affection  cancéreuse. 

Les  cas  d'entozoaires  intestinaux  expulsés  avec  les  urines  appai> 
tiennent  au  ténia,  à  l'ascaride  lombricoïde  et  aux  oxyures. 

Les  caractères  spécifiques  de  ces  entozoaires  feront  reconnaître 
leur  origine.  Lorsque  l'on  aura  affaire  à  de  tels  vers,  il  restera  à  dé- 
terminer le  siège  de  la  lésion  par  laquelle  ils  ont  pénétré  dans  la 
vessie.  La  connaissance  des  phénomènes  et  de  la  marche  de  la  ma- 
ladie, l'examen  des  matières  expulsées  de  l'urèthre  ou  de  l'intestin, 
l'introduction  du  doigt  dans  le  rectum  et  de  la  sonde  dans  la  vessie, 
une  injection  poussée  dans  ce  dernier'organe,  seront  les  moyens  du 
diagnostic. 

Le  traitement  de  la  fistule  vésico-intestinale  devra  être  accom- 
pagné de  l'administration  de  quelque  vermifuge,  afin  de  débarrasser 
l'intestin  des  vers  dont  l'introduction  dans  la  fistule  pourrait  nuire 
aux  moyens  dirigés  contre  elle.  Peut-être  y  aurait-t-il  aussi  quelque 
avantage  à  pratiquer  des  injections  d'eau  froide  dans  la  vessie, 
comme  on  l'a  fait  avec  succès  dans  un  cas  observé  par  Chapotin. 

Nous  avons  rapporté  déjà  les  cas  de  ténias  expulsés  par  l'urèthre  ; 
nous  parlerons  ailleurs  des  hydatides  erratiques  dans  les  voies  uri- 
naires. 

tiques,  j'ai  pensé  que  leur  rapprochement  du  fait  observé  par  M.  Vuipian  offrirait 
un  certain  intérêt.  Si  l'on  ajoute  aux  cas  rapportés  jusqu'ici  ceux  d'hydatides  des 
voies  urinaires,  dont  il  sera  question  plus  loin,  et  les  cas  de  trichosomes  de  là 
vessie  urinaire  du  renard,  du  chien,  du  loup  et  du  rat,  on  aura  l'histoire  à  peu  près 
complète  des  helminthes  de  l'appareil  urinaire  chez  les  mammifères. 


296  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES   VOIES   URINAIRES 

Ier  Cas  (Fabrice  de  Hilden). 

«  Anno  1591,  vocalus  in  Garrad  ad  uxorem quant)  inveni  laboranlom 

»  vehementissimis  circa  imum  ventrem  doloribus,  cum  manifesta  durilic.  Hœc 
j>  urinam  ot  oxcrementa  nonnisi  cum  gravissimis  doloribus,  parturientis  simi- 
»  libus  excernebat;  febrim,  quandoque  eliam  lypolhymiam  patiebalur.  Pur- 

»  gato  autem  loviter  corpore ruptus  est  tandem  in  vesica  abscessus, 

»  isque  octo  aut  novem  diebus  excretus  fuit.  Quoties  vero  rcgra  lotium  red- 
»  débat  (reddebat  autem  sœpius)  simul  etiam  multum  puris  fsetidi,  innumeris 
»  scatentibus  vermibus  (quales  in  caseo  nascuntur)  eminxit.  Inde  sedati  sunt 
»  dolores  aliaque  symptomata multisque  post  annis  incolumis  vixit  (1  ).  » 

IIe  Cas  (Blaes). 

«  Mulier  26  annorum,  mense  martio  1673,  poslquam  circa  pudenda  dolo- 
s  rem  toleraverat  summum,  cum  urina  excrevit  primo  saniosa,  hinc  puru- 
»  lenta,  tandem  vermem,  spithamse  longitudinis,  externa  facie  similem  om- 
»  ninô  iis  quos  per  os  et  alvum  quotidie  excerni  notamus,  teretes  vocalos; 
»  coloris  erat  flavescentis,  ubi  primo  excernebatur  vita  adhuc  gaudens  (2).  » 

IIIe  Cas  (Claudinus). 
Il  s'agit  d'un  garçon  âgé  de  sept  à  huit  ans  qui  avait  avalé,  en  jouant,  une 
épingle  longue  de  deux  travers  de  doigt.  «  Il  souffrit  de  grandes  douleurs  de 
reins  et  de  vessie  les  deux  premières  années,  car  il  garda  celte  épingle  cinq 
ans.  Il  jeta  par  les  urines  des  graviers,  de  petites  pierres,  des  vers  vivants, 
une  matière  puante  et  noire,  après  avoir  fait  usage  d'eaux  minérales  chaudes. 
Un  jour  qu'il  avait  beaucoup  de  peine  à  uriner,  il  retira  de  l'urèthre  une 
épingle  dont  la  'pointe  paraissait  à  l'entrée  du  canal  ;  elle  était  enveloppée, 
surtout  par  le  milieu,  d'une  matière  plâtreuse  (3) » 

IVe  Cas  (Alghisi). 
«  J'ai  vu  à  Florence,  dit  Alghisi,  médecin  et  lithotomiste  savant,  un  enfant 
âgé  de  sept  ans  qui,  depuis  un  an,  rendait  des  vers  par  le  méat  urinaire  ;  il 
en  était  sorti  par  cette  voie  environ  soixante  ;  les  plus  grands  avaient  la  gros- 
seur d'une  plume  à  écrire;  ils  variaient  pour  la  longueur,  l'un  atteignait  celle 
d'une  aune  de  Florence;  d'autres  étaient  très  petits  et  appartenaient  aux 
oxyures  ;  en  outre,  cet  enfant  avait  rendu  par  les  selles  un  très  grand  nombre 
de  ces  vers.  Quelques  médecins  pensèrent  que  les  vers  qui  sortaient  de  l'urè- 
thre, s'étaient  développés  dans  les  reins  ou  dans  la  vessie.  Pour  moi,  obser- 
vant que  tous  les  vers  sortis  soit  par  l'anus,  soit  par  la  bouche,  ne  différaient 

(1)  G.  Fabrice  de  Hilden,  op.  cit.,  cent.  I,  obs.  lvi,  p.  69. 

(2)  Gerardi  Blasii  Observ.  med-,  obs.  x  (Vermis  cum  urina  excretus.  Amst., 
1700). 

(3)  Claudinus,  Resp.  med.,  xl,  p.  147,  cité  par  Vander-Wiel,  obs.  rares. 
Paris,  1758,  t.  II,  obs.  xviu,  p.  196.  •, 


CHEZ  L'HOMME  —  VERS  EBRAT1QUES.  297 
point  d'une  manière  notable  de  ceux  qui  étaient  sortis  de  l'urèlhre,  si  ce  n'est 
que  ceux-ci  étaient  plus  lisses  et  plus  polis,  j'eus  la  pensée  d'examiner  l'in- 
testin rectum  avec  un  spéculum ,  et  j'ai  aperçu  un  trajet  fistuleux  allant 

du  rectum  à  la  vessie;  d'où  j'ai  même  vu  sortir  l'urine  :  ainsi,  j'ai  acquis  la 
certitude  que  ces  vers  n'étaient  point  nés  dans  les  reins  ou  dans  la  vessie.  » 
En  remontant  aux  antécédents,  Alghisi  apprit  que  cet  enfant  avait  eu  une 
petite  vérole  très  grave  quatorze  à  quinze  mois  auparavant  et  que  depuis 
lors  les  vers  s'étaient  montrés  dans  les  urines  (1). 

Ve  Cas  (Pereboom). 
Le  ver  rendu  avec  l'urine  et  dont  parle  Pereboom  dans  son  mémoire  relatif 
au  genre  nouveau  qu'il  désigna  par  le  nom  de  stomachkle,  était  certainement 
un  ascaride  lombricoïde.  Ce  ver  était  vivant  lorsque  Pereboom  l'observa,  et 
de  couleur  blanche.  Le  malade  étant  mort,  on  trouva,  à  l'autopsie,  des  lé- 
sions profondes  de  la  vessie  qui  était  adhérente  au  côlon,  au  caecum  et 
confondue  avec  le  rectum.  Il  y  avait,  en  outre,  des  ulcères  fistuleux  entre  la 
vessie  et  l'intestin  adhérent  (2). 

VIe  Cas  (Auvity). 
Il  s'agit  d'un  jeune  homme  de  dix-huit  ans,  habitant  Troyes,  qui,  ayant 
rendu  par  l'usage  de  médicaments  un  grand  nombre  de  lombrics,  fut  pris 
tout  à  coup  d'une  grande  difficulté  à  rendre  ses  urines  ;  elles  ne  sortaient 
que  goutte  à  goutte  et  avec  douleur.  Auvity  ne  fait  aucune  mention  de  dou- 
leurs lombaires  ou  rénales.  Après  avoir  pris  six  bains  le  malade  rendit  par  le 
canal  de  l'urèthre  deux  vers  semblables  à  ceux  qui  avaient  été  rendus  par 
les  selles,  seulement  un  peu  moins  gros  et  moins  longs;  aussitôt  tous  les  ac- 
cidents disparurent  (3). 

VU"  Cas  (Chapotin). 
Il  s'agit  d'un  nègre  âgé  de  vingt  ans,  esclave  à  l'île  de  France,  qui  ren- 
dait depuis  quelque  temps  avec  l'urine  du  sang  et  des  vers  vivants.  On  fit 
dans  la  vessie  des  injections  d'eau  froide  et  dès  lors  les  vers  ne  sortirent  plus 
que  morts.  «  Ils  étaient  longs  de  3  à  4  centimètres  et  avaient  une  parfaite 
analogie  avec  les  lombrics.  Le  malade  en  rendit  quinze  dans  l'espace  de  cin- 
quante jours  que  dura  ce  traitement  qui  suffit  à  sa  guérison  ;  six  mois  après, 
il  en  sortit  encore  quelques-uns  ;  on  parvint  à  le  guérir  en  renouvelant  les  in- 
jections d'eau  froide  dans  la  vessie.  Deux  ans  et  demi  après  cette  indisposition, 
ce  noir  existait,  mais  dans  le  dernier  degré  du  marasme  (4).  » 

(1)  Ant.  Vallisneri,  Nuove  osserv.  int.  ail.  ovaja  de'  vermi,  etc.,  in  Opère  fisico- 
med.  cit.,  1. 1,  p.  301. 

(2)  Pereboom ,    Descript.    et   icon.    delin.  nom  generis  vermium  slomachidœ 
dicti,  etc.,  1772,  p.   24,  rapporté  in  extenso  dans  Brera,  Mal.  verm.  cit.,  p.  207. 

(3)  Auvity  le  jeune,  Obs.  sur  des  vers  sortis  par  le  canal  de  l'urèthre  (Obs.  sur 
la  physique,  etc.,  de  l'abbé  Rozier.  Paris,  1779,  t.  I,  p.  379). 

(4)  Chapotin,  Topogr.  médic.  de  l'île  de  France.  Paris,  1812,  in-8,  p.  99. 


298  AFFECTIONS  VERMINEUSES  HES   VOIES  UR1NA1R.ES 

L'analogie  parfaite  de  ces  vers  avec  les  lombrics,  leur  nombre 
bien  plus  considérable  que  celui  des  strongles  géants,  dont  on  ne  ren- 
contre chez  les  animaux  qu'un  ou  deux,  et  dont  on  n'a  vu  qu'une 
seule  fois  jusqu'à  huit  chez  le  même  animal,  l'état  de  marasme  de 
l'individu  affecté  font  conclure  qu'il  ne  s'agit  point  ici  de  strongles, 
mais  d'ascarides  lombricoïdes  parvenus  dans  la  vessie  par  quelque 
fistule  intestinale. 

VIIIe  Cas  (Bobe-Moreau). 

Il  s'agit  d'une  femme  qui  avait  eu,  douze  ans  auparavant,  a  la  suite  d'un 
accouchement,  des  douleurs  qu'elle  rapportait  à  la  région  lombaire  droite  et 
qui  s'accompagnaient  ds  strangurie;  elle  était  très  amaigrie.  Elle  portait  dans 
l'abdomen  deux  tumeurs  ;  l'une  arrondie,  rénitente,  pins  grosse  que  le  poing, 
occupait  l'espace  compris  entre  l'hypochondre  droit,  l'ombilic  et  le  flanc  du 
même  côté;  l'autre,  qui  surmontait  la  précédente,  avait  le  volume,  la  forme  et 
la  flexibilité  du  doigt  auriculaire.  La  malade  éprouvait  des  élancements  doulou- 
reux très  fréquents  vers  le  pubis  et  le  périnée,  du  ténesme  vésical;  les  urines 
laissaient  déposer  un  sédiment  muqueux,  épais,  non  purulent.  Après  de  lon- 
gues douleurs,  une  pleurésie,  une  fièvre  quarte  dont  chaque  accès  s'accom- 
gnait  d'hémoptysie,  une  fièvre  tierce  ataxique-cholérique,  la  tumeur  se  dissipa 
en  partie  ;  les  symptômes  du  côté  des  voies  urinaires  s'amendèrent  et  la  ma- 
lade devint  enceinte.  Après  l'accouchement,  qui  fut  heureux,  nouvelle  fièvre 
ataxique-cholérique  grave.  Un  an  après,  nouvelles  difficultés  d'uriner,  accom- 
pagnées des  autres  symptômes;  tout  à  coup,  douleurs] atroces  avec  ténesme 
vésical,  convulsions  à  plusieurs  reprises;  enfin,  expulsion  par  l'urèthre  d'un 
corps  que  la  malade  croit  être  un  caillot  ;  cessation  subite  des  douleurs. 
L'examen  de  ce  corps  montre  un  ver  vivant  :  «  Ce  ver,  que  je  reconnus  pour 
un  lombricoïde  (Ascaris  lumbricoides) ,  dit  Bobe-Moreau,  avait  6  â|7  centi- 
mètres de  long,  était  de  la  grosseur  d'une  plume  à  écrire  et  aminci  par  ses 
deux  extrémités.  »  A  la  suite  de  cette  expulsion,  l'état  de  la  malade  s'amé- 
liora, les  urines  devinrent  plus  abondantes  et  faciles;  tous  les  symptômes 
graves  qui  indiquaient  la  présence  d'un  corps  étranger  dans  la  vessie,  dimi- 
nuèrent, etc.  (1). 

IXe  Cas  (Chopaut). 

«  On  m"a  montré  un  ver  ascaride  sorti  par  l'urèthre  d'un  enfant  de  huit 
ans,  qui  en  avait  rendu  plusieurs  par  l'anus  et  qui  avait  une  fistule  uréthrale 
pénétrant  dans  le  rectum,  à  la  suite  d'une  opération  de  la  taille  où  l'on  avait 
incisé  cet  intestin  avec  le  col  de  la  vessie  (2).  » 

(1)  Bobe-Moreau,  médecin  à  Rochefort,  Observ,  sur  quelques  espèces  de  vers 
{Journ.  gén.  deméd.  de  Sédillot,  1813,  t.  XLVH,  p.  3). 

(2)  Chopart,  Traité  des  maladies  des  voies  urinaires.  Paris,  1821,  2e  édit.  t.  II, 
p.  114. 


CHEZ  L'HOMMK.    —  VERS   ERRATIQUES.  299 

Xe  Cas  (Duméril). 

«  M.  Duméril  m'a  dit  avoir  vu  un  malade  rendre  par  l'urèthreun  ascaride 
lombricoïde  (1).  » 

XIe  Cas  (docteur  William  Kingdon). 

Il  s'agit  d'un  enfant  de  sept  ans  qui,  au  commencement  de  1  836,  souffrit 
de  rétention  d'urine  pendant  plus  de  huit  jours,  après  lesquels  un  ver  lombric 
se  présenta  au  méat  urinaire  et  fut  retiré  par  l'enfant  lui-même.  Un  an  après, 
le  même  fait  se  reproduisit  et  sa  mère  lui  retira  du  canal  de  l'urèlhre  un  nou- 
veau lombric.  Des  lombrics  se  présentèrent  ainsi  successivement  au  méat 
urinaire  six  mois  après,  puis  en  octobre  1838,  janvier  et  avril  1839.  L'issue 
de  plusieurs  lombrics  par  l'anus,  les  douleurs  violentes  de  la  région  vésicale, 
les  urines  purulentes  qui  enfin  sortirent  avec  les  selles,  la  fièvre  vive  et  con- 
stante, la  perte  de  la  vue,  qui  se  rétablit  cependant,  la  faiblesse  extrême  et 
progressive,  furent  les  symptômes  les  plus  remarquables  de  cette  maladie  qui 
se  termina  par  la  mort  le  1 5  novembre  1 839. 

«  Autopsie.  —  V appendice  vermiculaire,  au  lieu  d'occuper  sa  place  ordi- 
naire, s'est  enfoncé  dans  le  petit  bassin,  à  un  pouce  environ  de  sa  termi- 
naison ;  il  adhère  intimement  à  la  région  supérieure  et  latérale  de  la  vessie, 
un  peu  au-dessus  de  la  jonction  del'urèthre  avec  cet  organe.  La  vessie  elle- 
même  était  plus  petite  et  resserrée  à  sa  partie  inférieure  sur  un  corps  dur, 
qu'on  reconnut  être  un  calcul  d'un  pouce  six  lignes  de  longueur,  et  de  deux 
pouces  neuf  dixièmes  de  circonférence.  Les  parois  vésicales  étaient  très  épais- 
sies, et  s'opposaient  presque  entièrement  au  passage  de  l'urine  dans  cette 
direction.  La  muqueuse  de  la  vessie  était  ulcérée  en  deux  endroits,  et  sur  la 
ligne  médiane  de  l'orifice  de  l'uretère  et  un  peu  au-dessus  de  lui  étaient  deux 
ouvertures  fistuleuses,  à  cloison  très  petite,  qui  communiquaient  avec  l'inté- 
rieur de  l'appendice  vermiforme  ;  les  deux  uretères  étaient  très  élargis  et 
enflammés,  et  les  deux  reins,  plus  volumineux  qu'à  l'état  normal,  étaient  si 
complètement  remplis  de  pus,  qu'à  peine  restait-il  trace  du  tissu  sain. 

»  Le  docteur  Kingdon  divisa  avec  soin  le  calcul,  et  il  trouva  dans  son 
centre  une  grosse  épingle  dont  la  présence  peut  expliquer  les  lésions  décrites 
ci-dessus.  L'enfant  a  dû  avaler  l'épingle,  qui,  après  avoir  traversé  l'intestin 
grêle,  se  sera  logée  dans  l'appendice  vermiforme.  De  là  l'irritation  qui  a 
amené  l'adhérence  de  celui-ci  avec  l'extérieur  de  la  vessie,  puis  une  ulcéra- 
tion à  travers  laquelle  l'épingle  tomba  dans  le  réservoir,  où  elle  devint  le 
noyau  d'un  calcul  méconnu  pendant  la  vie  (2).  » 

XIIe  Cas  (docteur  Peter  Clark). 

«  Un  homme,  âgé  de  trente-trois  ans,  rendit  par  l'urèthre  un  lombric  (Lum- 
bricus  teres)  long  de  onze  pouces;  depuis  dix-huit  mois  environ,  il  avait 

(1)  J.  Cloquet,  Mém.  cit.,  p.  9. 

(2)  London  med.  chir.  Review,  juillet  1842,  et  Ârch.  gên.  de  méd.  Paris,  1842, 
3e  série,  t.  XV,  p.  323. 


300  AFFECTIONS   VERMINEUSES  DliS  Y011ÎS  DRIMIRES 

éprouvé  les  symptômes  d'uno  nialadio  do  vessie.  Lo  doclcur  Clark  pense 
qu'une  communication  entre  cet  organe  et  le  rectum  s'est  forméo  par  ulcéra- 
tion, et  il  suppose  cpjo  le  ver  est  arrivé  de  l'intestin  dans  lavossie(l).  » 

XIIIe  Cas  (Laugieii). 

«  M.  Laugier  a  vu  un  ver  lombric  sorti  par  le  canal  de  l'urethre  et  qui  pro- 
venait do  la  vessie  où  il  avait  pénétré  par  une  double  perforation  pratiquée  aux 
parois  de  cet  organe,  au  point  correspondant  d'une  anse  intestinale  adjacente. 
Le  malade  conserva  longtemps  après  cet  accident  une  fistule  inteslino-vési- 
cale  qui  finit  par  s'oblilérer  (2). 

XIVe  Cas  (Alexandre). 

11  s'agit  d'un  garçon  âgé  de  huit  ans,  qui,  à  la  suite  de  la  rougeole,  évacua 
beaucoup  de  vers  et  conserva  une  santé  fort  délabrée.  Un  jour,  un  lombric  se 
présenta  au  méat  urinaire  ;  il  en  fut  extrait  par  le  père  de  l'enfant,  puis  on  en 
relira  successivement  trois  autres;  le  médecin,  appelé,  en  retira  encore  deux, 
vivants  et  longs  de  7  à  8  centimètres;  l'enfant  mourut  le  lendemain;  l'au- 
topsie ne  fut  pas  faite.  Point  de  détails  sur  l'état  des  urines,  sur  leur  émis- 
sion, etc.  (3). 


QUATRIEME  SECTION. 

PSEUDHELMINTHES    DES   VOIES   URINAIRES. 

Nous  avons  fait  jusqu'ici  l'histoire  des  vers  qui  s'engendrent  ou 
qui  arrivent  accidentellement  dans  les  voies  urinaires;  parmi  les  cas 
nombreux  rapportés  à  ces  entozoaires  par  les  auteurs  anciens  ou  mo- 
dernes, il  en  est  beaucoup  qui  ne  concernent  point  les  vers  et  qui 
n'ont  été  rapportés  aux  entozoaires  que  par  suite  d'erreurs  plus  ou 
moins  grossières.  Dans  ces  cas,  il  s'agissait  soit  de  concrétions  san- 
guines ou  fibrineuses,  soit  de  vers  qui  n'avaient  point  passé  par  les 
voies  urinaires,  soit  d'animaux,  d'insectes  surtout  qui  s'étaient 
trouvés  accidentellement  dans  le  vase  avec  l'urine;  un  autre  genre 
d'erreur  encore  a  grossi  le  nombre  de  ces  cas,  c'est  la  fausse  inter- 
prétation de  faits  étrangers  aux  voies  urinaires  (4). 

(1)  Docteur  Peter  Clark,  New-York  Journal  ofmedicine,  may  1844,  et  The  Edin- 
burgh,  med.  and  surg.  journal,  1845,  t.  XXVIII,  p.  526. 

(2)  Acad.  de  médecine,  séance  du  octobre  1855  (Gaz.  deshôp.,  1855,  p.  463). 

(3)  Alexandre,  ofûcier  de  santé  à  Riancourt  (Somme),  V Abeille  médicale.  1857, 
p.  168. 

(4)  On  cite  généralement,  depuis  Hipp.  Cloquet,  comme  appartenant  aux  vers 
des  voies  urinaires  un  cas  observé  par  Stromeyer  ;  mais  voici  ce  cas  :  «  Prœlerea 


CHEZ  L'HOMME.   —   PSEUDHELMINTHES.  301 

§  I.  — ■  Les  concrétions  sanguines,  dans  les  cas  d'hématurie,  peu- 
vent acquérir  une  grande  consistance  et  une  grande  longueur  en 
passant  par  l'uretère  ou  par  l'urèthre  qui  leur  sert  de  filière.  On 
trouve  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences  pour  1735, 
l'exemple  d'un  homme  atteint  de  gravelle  qui  rendait  par  l'urèthre 
des  concrétions  sanguines  grosses  comme  une  plume  d'oie  et  dont 
quelques-unes  ont  atteint  jusqu'à  la  longueur  de  douze  aunes.  Jac- 
ques Spon  rapporte  le  cas  d'un  caillot  fibrineux  long  d'un  pied,  qui 
fut  pris  d'abord  pour  un  ver,  et  dont  un  examen  plus  attentif  fit  re- 
connaître ensuite  la  nature  (1).  Beaucoup  d'observateurs  qui  n'ont 
pas  pris  le  même  soin  sont  restés  dans  leur  erreur. 

On  peut  regarder  comme  appartenant  aux  concrétions  tibrineuses 
ou  sanguines  les  cas  suivants  : 

Cas  de  Tulp.  —  Ver  d'un  rouge  de  sang  qui  se  résolut  bientôt  en  ce  li- 
quide (Nie.  Tulpii,  Obs.  med.,  Amst.,  -1672,  obs.  xux,  p.  173). 

Cas  de  Plantcovius.  —  Un  religieux  de  Milan,  après  une  rétention  d'urine, 
rendit  avec  ce  liquide  deux  vers  qui  avaient  environ  une  ligne  de  diamètre  et 
quatre  pieds  et  demi  de  longueur  (J.-L.  Hannemann,  Ephem.  nat.  cur., 
dec.  II,  ann.  6,  1687  et  Coll.  acad.,  part,  étrang.,  t.  VII,  p.  424). 

La  longueur  excessive  de  ces  deux  vers  doit  faire  croire  qu'il  s'agit  de  con- 
crétions sanguines. 

Cas  de  Léautaud.  —  Il  s'agit  d'une  rétention  d'urine  avec  un  ver  velu,  tiré 
de  l'urèthre  d'un  homme  (Journ.  de  mëd.  chir.,  etc.  Paris,  1760,  t.  XII, 
p.  151). 

Cas  de  Decerf.  —  Homme  âgé  de  cinquante  ans,  ayant  eu  des  hématuries, 
des  douleurs  abdominales  et  lombaires.  En  1 807,  il  rend  un  ver  tout  couvert 
de  sang,  de  la  grosseur  d'un  tuyau  de  plume  et  long  de  40  centimètres.  A  la 
suite  et  pendant  plusieurs  mois,  il  en  rend  plus  de  cinquante  semblables  à  des 

»  puer,  Jacob  Reischlius  filius,  9  anuorum  ,  ex  usu  decocti  cornu  cervi  usti  uni 
»  cum  syrupo  citri ,  vesicam  quamdam  magnitudine  nucis  juglandis  ejecit,  quam 
»  dum  aperui,  lumbricum  teretem,  longitudine  sua  dimidiam  ulnam  superantem 
»  inveni.  An  hic  casus  sit  rarior,  an  vero  omnes  lumbrici  ita  generentur,  nondum 
j>  satis  exploratum  habeo.  »  {E-pist.,  Seb.  Stromeyer,  Phys.  ulmensis,  G.  Horslio, 
1623,  in  Greg.  Horstii,  Operum,  tom.  sec,  p.  538,  in-fol.,  Norimbergœ,  1660).  11 
est  donc  question  d'un  ver  rendu  par  les  voies  ordinaires  et  renfermé  dans  une  poche 
ou  vésicule.  Rudolphi  (t.  I,  p.  77)  rapporte  ce  fait  en  quelques  mots  (De  lumbrico 
vesicaincluso),  dans  lesquels  Hipp.  Cloquet  (Faune,  t.  II,  p.  118)  a  vu  la  mention 
d'un  ver  renfermé,  non  dans  une  vessie  ou  vésicule,  niais  dans  la  vessie.  L'origine 
de  l'erreur  de  Cloquet  se  reconnaît  dans  l'indication  bibliographique  transcrite  avec 
une  lettre  surajoutée,  comme  elle  se  trouve  dans  Rudolphi. 

(1)  J.  Spon,  Act.  erudit.  Lips. ,  mai  1684,  cité  par  Choparl,  t.  I,  p.  138. 


.'502  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES    VOIES   ^BINAIRES 

lombrics  et  variant  en  longueur  depuis  4  jusqu'à   20   centimètres,   Gué- 
rison  ()). 

Ces  corps  vermiforraes,  examinés  par  Bremser  et  Duméril,  ont  été  reconnus 
par  ces  savants  pour  n'être  que  dos  concrétions  fibrineuses  (Decerf,  Jown. 
du  méd.  chir.  pharm.  de  Corvisart,  etc.,  Paris,  1809,  t.  XVII,  p.  92;  et 
Bremser,  otivr.  cit.,  p.  256). 

§  II.  —  Les  oxyures  ou  même  les  ascarides  lombricoïdes  errati- 
ques dans  le  vagin  ou  la  vulve,  balayés  par  l'urine,  pourraient  être 
pris  pour  des  vers  venus  de  la  vessie.  La  même  méprise  pourrait 
être  commise  chez  les  petites  filles  relativement  à  des  lombrics  qu'on 
trouverait  dans  le  vase  avec  l'urine,  quoiqu'ils  n'auraient  point  été 
rendus  avec  ce  liquide.  On  peut  regarder  comme  appartenant  à  cette 
catégorie  les  cas  suivants  : 

Cas  de  N.  Àndry.  — Jeune  fille  de  sept  ans  qui  rendit  par  les  urines  quatre 
petits  vers,  après  avoir  pris  de  l'eau  de  fougère;  ces  vers  étaient  blancs,  menus 
et  sans  pieds  (Andry,  ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  123). 

Cas  de  Guillaume  Remer.  ■ —  Nous  croyons  devoir  rapporter  aux  faits  de 
cette  catégorie  un  cas  observé  par  Guillaume  Remer,  malgré  l'autorité  de  Ru- 
dolphi  qui  le  regarde  comme  appartenant  au  strongle  géant  (Rud.,  Hist.  nat., 
t.  I,  p.  141). 

Il  s'agit  d'une  jeune  fille  de  dix-huit  ans,  atteinte  d'épilepsie,  qui  rendit, 
le  12  novembre  1802,  par  l'urèthre  trois  vers  (ascarides  lombricoïdes)  et 
le  jour  suivant  deux  autres.  La  mère  de  la  malade  vint  en  aide  à  sa  fille 
pour  extraire  ceux-ci.  Quelques  jours  après  la  jeune  fille  en  rendit  avec  les 
garderobes,  sept,  puis  onze,  plus  tard  encore  d'autres,  mais  il  n'en  fut  plus 
rendu  par  les  urines.  Le  bas-ventre  avait  été  ballonné  et  résistant.  Il  n'est 
point  parlé  de  douleurs  de  reins,  ni  de  rétention  d'urine,  etc.  Guillaume 
Remer  chercha  en  vain  une  communication  entre  l'intestin  et  la  vessie  ;  l'urine 
est  constamment  restée  claire. 

L'examen  anatomique  qui  a  été  fait  des  vers,  démontre  qu'ils  appartenaient 
aux  ascarides,  car  la  vulve  était  située  vers  le  quart  antérieur  du  corps  et 
l'oviducte  se  divisait  en  deux  branches;  or,  on  sait  que  la  vulve,  chez  le  strongle 
géant,  est  située  près  de  la  bouche  et  que  l'oviducte  est  simple.  Il  n'est  donc 
point  question  ici  de  vers  développés  dans  les  voies  urinaires  ;  l'absence  de 
toute  lésion  apparente  de  la  vessie,  de  matières  intestinales  dans  les  urines,  et 
de  dysurie  doit  faire  aussi  conclure  qu'il  n'est  point  question  d'un  lombric  intro- 
duit accidentellement,  dans  ces  voies.  Nous  présumons  que  des  ascarides  chassés 
du  rectum  pendant  une  attaque  d'épilepsie,  se  seront  introduits  dans  le  vagin  à 

(1)  L'auteur  de  l'article  Cas  rares,  du  Dict,  des  se.  méd.,  rapporte  ce  fait  sous  le 
nom  de  Démet. 


CHEZ   L'HOMME.    —    PSEUDHELM1NTHES.  303 

l'insu  de  la  malade,  et  que  celle-ci,  comme  sa  mère,  les  trouvant  hors  de  leurs 
voies  naturelles,  aura  pensé  qu'ils  étaient  dans  le  canal  de  l'urèthre  (Wilh. 
RemeruEpilepsievonSpuhourmern  und  merlavurdige  art  der  Ausleerung  dieser 
Wïtrmer;  in  Hufeland  med.  Journ.^t.  XVII,  part,  n,  p.  116). 

Cas  de  Maceroni,  —  Il  s'agit  d'une  petite  fille,  âgée  de  quatre  ans,  qui, 
dans  le  cours  d'une  fièvre  nerveuse,  perdit  la  parole  pendant  quatorze  jours  ; 
ayant  rendu  une  grande  quantité  d'urine  dans  laquelle  la  mère  trouva  un  ver 
vivant,  la  malade  se  rétablit  bientôt  après.  (Metaxà,  Mem.zool.  med.  72,  cilé 
par  Délie  Chiaje,  ouvr.  cit.',  p.  108.) 

Cas  de  P.  Frank.  ■ —  «  Une  demoiselle  de  Vienne,  âgée  de  sept  ans,  après 
être  sortie  d'un  typhus  très  grave,  rendit  avec  l'urine  une  trentaine  de  ces 
vers  (oxyures);  ils  étaient  encore  vivants  au  fond  du  vase,  nous  les  sépa- 
râmes de  l'urine  en  filtrant  ce  liquide...  »  (Ouvr.  cit.,  t.  V,  p.  347.) 

§  III.  —  Quant  aux  animaux  différents  des  vers  intestinaux  qui 
ont  été  pris  pour  des  entozoaires  venant  des  voies  urinaires,  les  exem- 
ples en  sont  nombreux.  Le  plus  simple  examen  montre  le  défaut  de 
la  plupart  de  ces  faits,  car,  soit  par  la  description,  soit  par  les  figures 
que  les  auteurs  ont  données,  on  voit  qu'il  s'agit  d'animaux  tantôt 
velus,  tantôt  pourvus  d'antennes,  d'yeux,  d'ailes  ou  de  pattes.  On  a 
même  pris  de  véritables  coléoptères  pour  des  vers  de  l'urine. 

Une  erreur  de  ce  genre  fut  un  instant  commise  par  Valsalva  qui 

soumit  à  l'épreuve  de  divers  médicaments  de  petits  insectes  noirs, 

semblables  à  des  scarabées,  trouvés  dans  l'urine  d'un  malade  atteint 

•  de  gravelle.  La  rencontre  d'insectes  de  la  même  espèce   dans  la 

chambre  du  malade  fit  cesser  les  expériences  (1). 

Ruysch,  ayant  mis  dans  une  capsule,  pour  les  examiner  à  loisir, 
des  vers  trouvés  dans  le  vase  de  nuit  d'un  de  ses  malades,  les  vit, 
deux  jours  après,  transformés  en  mouches  ;  il  ne  restait  plus  des  vers 
que  leur  enveloppe  de  nymphe.  Le  célèbre  anatomiste  s'explique  la 
présence  de  ces  nymphes  dans  les  urines  par  l'introduction  des  larves 
dans  le  méat  et  le  canal  de  l'urèthre,  larves  qui  se  seraient  transfor- 
mées en  nymphe  au  col  de  la  vessie  (2).  Il  n'est  pas  aujourd'hui  de 
médecin  qui,  en  présence  d'un  pareil  fait,  ne  reconnaisse  que  ces 
vers  se  sont  trouvés  accidentellement  dans  le  vase  ou  le  malade  a 
uriné. 

Les  observations  de  vers  de  l'urine  pourvus  de  pieds,  d'antennes, 

(1)  Morgagni,  De  sed.,  etc.,  epist.  xlh,  §  6. 

(2)  Ruysch,  Thés.  anat.  prim,  arcula  quarto,  tab.  m,  fig.  v,  p.  32. 


30/i  AFFECTIONS  VERMINBCSES  DES  VOIES  URINAIRF.S 

ou  d'ailes  ne  sont  que  le  produit  d'erreurs  semblables  ;  telles  sont  les 

suivantes  : 

Cas  d'Amd.  Paré.  —  4°  L.  Duret,  interprète  d'IIippocrato,  rendit  avec  les 
urines  un  animal  rougo  semblable  à  un  cloporte.  2°  Paré  rapporte  un  cas  ana- 
loguo  du  comte  de  Mansfeld.  (OEuvrcs  de  Para,  édit.  J.  F.  Malgaigne,  t.  III, 
p.  35). 

Cas  de  Guidi  Guido.  —  Il  s'agit  d'un  ver  cornu. avec  une  cuirasse  dure 
(Vidus  vidius  junior,  lib.  X,  cap.  xiv,  De  curât,  membralim,  cité  par  Schenck). 

Eh.  Hagendorn  rapporte  qu'une  petite  fille  de  quatre  ans,  après  avoir  eu  la 
variole,  rendit  pendant  quelque  temps  avec  les  urines  des  vers  ailés  et  vi- 
vants (Eph.  nat.  car.,  dec.  I,  ann.  3,  p.  39). 

Cas  de  Ronsseus.  —  Il  s'agit  d'un  ver  semblable  à  une  sangsue,  ayant 
deux  têtes,  qui  fut  expulsé  par  un  vieillard  avec  des  urines  sanguinolentes,  et 
qui,  conservé  dans  de  l'eau  froide,  vivait  sept  jours  encore  après  son  expul- 
sion. (Bald.  Ronss.,  in  Epist.  medicin.,  X,  p.  41 ,  op.  cit.) 

Pierre  Pacheco,  médecin  de  Lunelle,  vit  rendre  en  1626,  par  une  dame 
polonaise  qui  souffrait  de  violentes  douleurs  de  reins,  un  grand  nombre  de 
vers  de  la  longueur  d'une  aiguille,  noirs  et  cornus  (J.  Rhodius,  ouvr.  cité, 
cent,  m,  p.  4  55;  plusieurs  histoires  du  même  genre  sont  citées  par  Rhodius 
dans  les  §35  et  36.) 

Tdlp  rapporte  deux  observations  :  4°  «  Undevigenti  vermicuii  excreti.  » 
Vers  ayant  deux  cornes  et  un  grand  nombre  de  pieds.  2°  «  Cottidianus  ver- 
»  mium  mictus.  »  Vers  ayant  des  pieds  (Tulpii,  op.  cit.,  obs.  l,  p.  4  73  et 
obs.  li,  p.  4  74). 

Cas  de  Bartholin.  —  Insecte  ayant  la  forme  d'un  scorpion  (Hist.  anat., 
cent  IV) . 

Cas  de  Turberville.  —  Femme  épileptique  ayant  rendu  longtemps  avec 
les  urines  des  vers  courts  et  munis  de  pieds  (Trans.  philos.,  n°  4  67,  4  685, 
et  Coll.  acad.,  part,  étrang.,  t.  VII,  p.  82). 

Cas  de  Ed.  Tyson.  — Nymphe  de  sauterelle  (Collect.  acad.,  part,  étrang., 
t.  VII,  p.  878). 

Cas  de  Barry.  —  Homme  sujet  à  des  hématuries  qui  rendit  avec  les  urines 
un  ver  dont  on  put  voir  la  bouche,  les  yeux  et  les  anneaux  circulaires  (Essais 
d'Edimb.,  t.  VI,  p.  384,  rapp.  in  extenso,  par  Chopart,  ouvr.  cil.,  t.  II, 
p.  138). 

Cas  de  Bianchi.  —  Vieillard  rendant  avec  l'urine  des  vers  oblongs,  sem- 
blables à  des  oxyures,  ayant  une  tête  munie  de  cornes,  six  pattes,  etc.  (Op. 
cit.,  p.  327,  tab.  m,  fig.  4  7). 

Cas  de  Harvey  Campbell  (vers  dans  la  vessie  urinaire).  —  Ces  vers,  rendus 


CHEZ   L'HOMME.     —    PSEUDHELMINTHES.  305 

au  nombre  de  trente,  avaient  un  demi-pouce  de  longueur  et  des  jambes  dis- 
posées en  deux  rangées  (American  Joitm.  of  the  med,  science  et  Gaz.  mèd. 
de  Paris,  t.  VI,  p.  125,  1838). 

§  IV.  —  Cas  incertce  sèdis .  Parmi  les  cas  qui  appartiennent  pro- 
bablement soit  aux  vers  erratiques,  soit  aux  concrétions  fibrineuses 
soit  à  des  animaux  autres  que  des  vers,  il  en  est  que  l'on  ne  peut 
ranger  avec  quelque  certitude  dans  l'une  ou  l'autre  de  ces  catégo- 
ries, les  auteurs  n'ayant  point  donné  de  détails  sur  l'état  des  ma- 
lades ou  sur  la  constitution  des  corps  observés  ;  d'autres  fois  ils  en 
ont  donné  qui  n'admettent  aucune  explication. 

Scaliger  attribue  la  mort  d'un  de  ses  malades  à  des  vers  qui  s'étaient  for- 
més dans  la  vessie  et  qui  avaient  mis  obstacle  aux  cours  de  l'urine.  Ces  vers 
étaient  lisses,  blancs,  avec  des  yeux  de  feu  et  un  rostre  aigu  (J.  Scaliger,  in 
Arist.,  Comment,  cit.,  lib.  V,  §  213,  p.  597). 

Argenterius  et  Rondelet  rapportent  le  cas  d'un  homme  mort  avec  de  vio- 
lentes douleurs  de  reins,  chez  lequel  on  trouva  un  dragonneau  de  la  longueur 
du  doigt  index  pourvu  d'ailes  et  d'une  queue  (cilé  par  Leclerc,   op.  cit. 
p.  276). 

Gentilis  a  vu  un  homme  qui  eut  la  fièvre  quotidienne  avec  une  douleur 
des  reins  et  qui,  dans  la  convalescence,  rendit  avec  les  urines  des  vers  petits 
et  plats.  La  douleur  alors  cessa  (Canon  Avicen.,  Comment. ,  ad  lib.  III,  fenn.  I 
tract.  2,  cap.  m,  et  Schenck). 

Aloysus  Mundella  parle  de  vers  rendus  avec  l'urine,  longs  comme  le  doigt, 
semblables  à  ceux  de  l'intestin  et  rouges  (Dialogo  VI,  cité  par  Marcellus 
Donatus,  op.  cit.,  p.  155). 

Thomas  Mermann,  médecin  du  duc  de  Ferrare,  a  vu  une  femme  atteinte  de 
dysurie  guérir  après  avoir  rendu  par  les  urines  un  ver  long  d'une  coudée 
(Andry,  ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  295). 

Ferkel  dit  avoir  vu  de  petits  vers  nés  dans  les  reins  qui  avaient  été  rendus 
avec  l'urine  (Pathol.,  lib.  VI,  cap.  x,  et  Schenck,  obs.,  etc.). 

Houillier  dit  avoir  vu  de  longs  vers  rendus  avec  les  urines  après  de 
grandes  douleurs  des  lombes  (Hollerius,  De  morbis  internis,  lib.  I,  cap.  liv, 
p.  419,  in  Scholiis.  Paris,  1664). 

Th.  Bartholin  rapporte  qu'un  petit  ver  rouge,  long  comme  une  phalange 
du  doigt,  a  été  rendu  avec  l'urine  par  un  enfant  atteint  de  strangurie  (Act.  de 
Copenhague,  obs.  xxi,  1677-1679,  et  Colleet.  acad.,  part,  étrang. ,  t.  VII, 
p.  336). 

«L'an  1633,  dit  Covillard,  M.  de  Sillol  me  fit  voir  un  enfant  âgé 
Davaine.  20 


30(i  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES  VOIES  L'RINAIRES 
d'environ  cinq  ans,  lequel  ayant  été  travaillé  durant  plusieurs  jours  de  la  ver- 
mine avec  fièvre  ardente,  tomba  dans  une  légère  suppression  d'urine;  et  en- 
suite la  nature  poussa  dehors  par  la  verge,  avec  les  urines,  un  vermisseau 
excédant  un  pied  de  sa  longueur  ;  le  lendemain  lui  étant  arrivé  pareille  chose* 
ces  animaux,  sortis  extraordinairement  par  ce  conduit,  me  jetèrent  dans  quel- 
que élonnement »  (J.  Covillard,  Obsero.  iatro-chirurgiques,  ouvr.  publ. 

en  1639.  Strasbourg,  4  79-1,  p.  119.) 

Le  R.  P.  Camerin  rendit  longtemps  par  les  urines  du  sang,  des  flocons  de 
vers  et  enfin  un  animal  qui  ressemblait  à  une  petite  vipère,  après  quoi  il  fut 
guéri  (Blegny,  Nouv.  découv.  cit.,  p.  135,  1679,  rapporté  in  extenso  dans 
Rayer,  Maladies  des  reins,  t.  III,  p.  745). 

Mauche  a  vu  un  garçon  de  six  à  sept  ans  rendre  par  la  verge  un  ver  velu, 
long  de  sept  à  huit  travers  de  doigt  et  gros  à  proportion,  et  cela  après  avoir 
souffert  près  d'une  année  de  grandes  douleurs  de  reins  qui  durèrent  jusqu'à 
ce  que  le  ver  fut  rendu  avec  du  sang  caillé  qui  sortit  peu  après  (Elegny, 
Nouv.  découv.,  lett.  VII,  p.  317, 1679;  et  Bonet,  Sepulc. ,  lib.  III,  sect.  xxu, 
addit.  obs.  h,  t.  II,  p.  597). 

Séger  a  vu  un  enfant  de  onze  ans  rendre  avec  les  urines  un  paquet  de 
vers  renfermés  dans  une  sorte  de  sac  (rapporté  par  S.  Schultz,  Ephem.  nal. 
cur.,  déc.  I,  ann.  8,  1677,  et  Collecl.  acad.,  partétrang.,  t.  III,  p.  324). 

Olaus  Borrichius  raconte  qu'un  homme  atteint  d'une  fièvre  quarte  rendait 
de  temps  en  temps  avec  les  urines  des  vers  morts,  plus  longs  et  moins  gros 
que  les  vers  de  terre  (Act.  de  Copenhague,  1677-1679,  obs.  lxx,  et  Coll. 
acad.,  part,  étrang.,  t.  VII,  p.  368). 

Spechtius  a  trouvé  un  petit  ver  dans  une  vessie  dont  le  bas-fond  était 
ulcéré  (cité  par  Bonet,  Sepulc,  lib.  III,  sect.  v,  obs.  xx). 

Cousin  rapporte  qu'un  soldat  rendit  par  l'urèthre  un  ver  rond  de  huit 
pouces  de  longueur.  Il  en  avait  rendu  beaucoup  d'autres  semblables  depuis 
plusieurs  années  (Acta  helvet.,  t.  VIII,  p.  192,  cité  par  Borsieri,  Instit. 
med.  Lipsise,  1826,  t.  IV.  cap.  x,  §  132,  p.  366). 

Du  Monceau,  médecin  à  Tournay,  rapporte  qu'un  homme,  âgé  de  cinquante 
ans,  expulsa  deux  vers  avec  une  urine  sanguinolente  et  deux  autres  le  surlen- 
demain, l'un  de  ces  vers  avait  la  longueur  du  doigt,  l'autre  était  plus  petit. 
—  Pas  de  caractères  de  ces  vers  ;  absence  de  détails  concernant  une  maladie 
des  reins  ou  de  la  vessie. 

II  parle  d'un  cas  semblable  observé  chez  une  femme  par  un  médecin  de 
sa  connaissance  (Journ.  de  mecf.de  Corvisart.  Paris,  an  XIII,  t.  X,  p.  11). 

Cas  de  Géron.  —  Femme,  douleurs  aiguës  dans  les  lombes  et  dans  les 
parties  voisines,  ischurie.  Un  ver  est  rendu  le  15  janvier  (1788);"  un  autre 
est  tiré  de  l'urèlhre,  le  22,  par  la  garde-malade;  nouveau  ver  le  26.  Guérison 


CHEZ   L  HOMME.    —    PSEUDHELMINTHES.  307 

en  quelques  semaines. — Absence  de  détails  propres  à  éclairer  le  fait;  point  de 
description  des  vers  (Ancien  journ.  de  méd. ,  t.  LXXX,  p.  210,  1789). 

Cas  de  Kuhn.  —  «  Un  garçon  de  six  ans,  d'une  bonne  constitution,  avait 
été  attaqué  tout  à  coup,  en  mangeant,  d'un  tétanos  que  des  onctions  antispas- 
modiques ont  dissipé  facilement.  Le  malade,  s'étant  endormi  ensuite  profon- 
dément, a  eu  une  sueur  qui  s'est  soutenue  pendant  six  heures.  A  son  réveil, 
il  a  pris  le  pot  de  nuit  et  a  rendu  avec  des  douleurs  interrompues  une  grande 
quantité  d'urine  dans  laquelle  on  a  vu  plus  de  deux  cents  ascarides  (oxyures) 
dont  la  plupart  étaient  encore  en  vie.  L'urine  était  naturelle,  claire,  sans 
glaires  ni  graviers;  une  poudre  laxative  n'a  pas  l'ait  évacuer  de  vers.  L'évacua- 
tion finie,  l'enfant  a  joui  d'une  bonne  santé.  »  (Diss.  de  ascarid.  per  urin.  emissis, 
aut.  J.  A.  Fried,  Kuhn.  Ienae,  1798,  elJourn.  deSédillot,  1. 1,  p.  222,  Paris, 
an  VII.) 

Nous  rapportons  ce  fait  avec  tous  ses  détails  parce  qu'il  est  généralement 
cité  comme  un  cas  d'oxyures  rendus  avec  l'urine,  mais  comment  croire  d'une 
part  que  ces  oxyures  avaient  vécu  dans  la  vessie  sans  occasionner  d'acci- 
dents, et  d'une  autre  qu'ils  sont  sortis,  tout  à  coup,  tous  à  la  fois?  Au  reste, 
d'où  seraient-ils  arrivés  dans  la  vessie,  puisqu'il  n'en  existait  pas  dans  l'in- 
testin? Ce  cas  concerne  sans  doute,  comme  celui  de  Ruysch,  des  larves  de 
mouche  qui  se  sont  trouvées  accidentellement  dans  le  vase  de  nuit. 

«  Ballakd  a  vu  sortir  de  la  vessie  d'un  homme  vivant  un  ver  long  de 
trente  pouces,  gros  comme  une  première  corde  à  violon,  ne  ressemblant  à 
aucun  ver  connu,  si  ce  n'est  un  peu  aux  lombricaux,  ce  ver  vivait  encore  au 
moment  de  sa  sortie.  »  (Journ.  milit.  et  Nouv.  journ.  deméd.,  chir.,  etc.,  de 
Béclard,  1819,  t.  IV,  p.  168). 

Fb.  Pascal  rapporte  que  «  chez  un  jeune  homme  de  vingt-deux  ans  qui 
éprouvait  de  véritables  accès  d'épilepsie,  l'usage  du  calomel  à  haute  dose  et 
des  boissons  amères  déterminèrent  la  sortie  d'une  grande  quantité  d'oxyures 
vermiculaires  par  l'anus,  et  d'une  trentaine  de  vers  du  même  genre,  mais 
très  petits,  par  le  canal  de  l'urèthre.  Les  phénomènes  nerveux  cessèrent  après 
cette  dernière  évacuation.  »  (Traité  des  malad.  des  voies  urin.  de  Chopart, 
t.  I,  p.  141,  note,  1821). 


LIVRE   DEUXIEME. 

VERS  BANS  MES  CAVITÉS  CLOSES  NATUREEEES 
OU  ACCIDENTELLES. 


PREMIÈRE  PARTIE. 

AFFECTIONS  VERMINEUSES  DU  SYSTÈME  SANGUIN. 
HÉMATOZOAIRES. 

L'existence  de  vers  libres  dans  les  vaisseaux  de  certains  animaux 
est  un  fait  constaté  depuis  longtemps.  Ces  vers  ont  été  désignés  sous 
le  nom  &  hématozoaires  et  réunis  en  un  groupe  distinct.  Si  cette 
réunion  permet  d'embrasser  dans  une  étude  générale  les  questions 
de  physiologie  et  de  pathologie  que  soulève  la  présence  des  ento- 
zoaires  dans  le  système  sanguin,  au  point  de  vue  de  la  zoologie  elle 
est  purement  artificielle. 

On  connaît  des  hématozoaires  chez  les  mammifères,  les  oiseaux, 
les  reptiles,  les  poissons,  et  chez  plusieurs  invertébrés.  La  plupart 
de  ces  entozoaires  sont  microscopiques,  dépourvus  d'organes  géni- 
taux, et  circulent  avec  le  sang  dans  tous  les  vaisseaux.  Un  très 
petit  nombre  atteignent  des  dimensions  plus  considérables  et  sont 
pourvus  d'organes  génitaux.  Ceux-ci  se  trouvent  généralement  dans 
une  portion  déterminée  du  système  circulatoire.  Les  mieux  connus 
parmi  ces  derniers  sont  : 

Chez  l'homme,  le  Disiomum  hcematobium,  qui  se  trouve  dans  le 
système  veineux  abdominal  ; 

Chez  les  solipèdes,  le  Sclerostomum  aneurysmalicum,  qui  se 
trouve  dans  le  système  artériel  abdominal  ; 

Chez  le  marsouin,  le  Pseudaliusjïlum  et  le  Stenurus  inflexus,  qui 
se  trouvent,  le  premier  dans  l'artère  pulmonaire  et  ses  divisions,  le 
second  dans  les  sinus  de  la  base  du  crâne. 

Ces  hématozoaires  peuvent  se  rencontrer  dans  les  vaisseaux  de 
plusieurs  organes,  mais  c'est  toujours  dans  le  même  système;  ainsi, 
la  pseudalie  n'a  été  rencontrée  que  dans  des  vaisseaux  à  sang  vei- 


AFFECTIONS   VERMINEUSES  DU    SYSTEM  li   SANGUIN.  309 

lieux  ;  le  sclèrostome  anèvrysmatique  ne  l'a  été  que  dans  des  artères, 
au  moins  aucune  observation  ne  prouve  que  les  vers  qui  ont  été 
trouvés  dans  les  veines,  chez  le  cheval,  appartiennent  à  cette  espèce 
d'entozoaire. 

Il  existe  aussi  chez  le  chien  des  hématozoaires  adultes,  mais  leur 
étude  est  encore  fort  incomplète  ;  ils  paraissent  appartenir  à  plu- 
sieurs espèces  ;  la  moins  rare  est  l&Jilaire  hêmatique,  qui  se  trouve 
dans  les  cavités  droites  du  cœur. 

Les  entozoaires  du  sang  appartiennent  aux  nématoïdes,  aux  tré- 
matodes  ou  aux  protozoaires.  Il  en  est  qu'on  ne  peut  encore  rap- 
porter à  un  ordre  déterminé. 

L'origine  de  ces  parasites,  comme  celle  de  la  plupart  des  entozoaires, 
est  généralement  inconnue.  Si  ceux  qui  sont  pourvus  d'organes  gé- 
nitaux se  reproduisent  dans  la  cavité  qu'ils  habitent,  on  se  demandera 
par  quelle  voie  se  transmettent-ils  d'un  individu  à  l'autre,  et  com- 
ment se  fait-il  que  leur  nombre  soit  en  général  assez  limité,  quand 
celui  de  leurs  œufs  ou  de  leurs  larves  est  extrêmement  considérable  l 

Quelques  faits  récemment  observés  permettent  de  penser  que 
plusieurs  des  hématozoaires  dépourvus  d'organes  génitaux  sont  les 
larves  d'un  helminthe  qui  vit  dans  les  vaisseaux  mêmes  ou  dans  les 
organes  de  l'animal  envahi.  Les  petits  vers  nématoïdes  du  sang  de 
la  grenouille,  désignés  sous  le  nom  d' Anguillula  intestlnalis  par  Va- 
lentin  qui  les  a  découverts,  sont,  à  n'en  pas  douter,  les  larves  d'une 
filaire  que  l'on  rencontre,  chez  ce  batracien,  dans  le  voisinage  des 
gros  vaisseaux  de  la  poitrine.  Ce  fait,  constaté  par  M.  Vulpian, 
jettera  sans  doute  quelque  clarté  sur  l'origine  des  larves  des  néma- 
toïdes, qui  circulent  avec  le  sang  dans  les  vaisseaux  de  plusieurs 
autres  animaux  (1).  Déjà  Ecker  avait  vu  un  fait  analogue,  mais 
moins  probant  chez  le  corbeau  (2). 

On  comprend  que  l'on  ne  puisse  trouver  sur  les  tuniques  des  vais- 
seaux la  trace  du  passage  de  ces  larves  microscopiques;  or,  on  ne 
peut  d'avantage  espérer  de  reconnaître  celle  du  passage  des  héma- 
tozoaires adultes  et  relativement  très  volumineux  qui  habitent  les 
artères  ou  les  veines  de  certains  animaux  ;  car  c'est  à  l'état  de  larve 
que  ces  entozoaires  ont  dû  arriver  dans  la  place  où  on  les  trouve 

(1)  Vulpian,  Noie  sur  les  hématozoaires  filiformes  dé  la  grenouille  commune 
(Mém.  Soc.  biologie,  1854,  t.  I,  2e  série,  p.  123). 

(2)  Eckerj  Mullêr's  Afch.  allât,  phys.,  1845,  p.  501. 


810  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DU  SYSTÈME  SANCJl'lN 

adultes.  11  se  peut  même  que  ces  larves  aient  pénétré  dans  le  sys- 
tème sanguin  par  les  vaisseaux  capillaires  et  se  soient  arrêtées  en- 
suite dans  la  portion  déterminée  de  ce  système  où  elles  doivent 
prendre  leur  développement  ultérieur;  aussi  nous  ne  serons  point 
surpris  du  résultat  des  recherches  de  MM.  Trousseau  et  Leblanc, 
sur  le  sclérostome  des  artères  du  cheval  :  «  Nous  avons  recherché 
avec  soin,  disent  ces  auteurs,  des  traces  de  cicatrice  sur  la  mem- 
brane interne,  et  nous  n'en  avons  jamais  rencontré.  Nous  voulions, 
en  effet,  connaître  la  route  qu'avaient  suivie  les  entozoaires  pour 
arriver  dans  l'intérieur  du  vaisseau,  et  nous  devons  dire  que  jusqu'ici 
nous  l'avons  cherchée  sans  pouvoir  la  trouver  (1).  » 

Certains  animaux  reçoivent  héréditairement  la  disposition  aux 
hématozoaires  ;  c'est  ce  qui  a  été  reconnu  pour  le  chien  parMM.  Gruby 
et  Delafond.  On  pourrait  attribuer  cette  "prédisposition  au  fait  de  la 
communication  des  hématozoaires  de  la  mère  au  fœtus  par  la  circu- 
lation placentaire;  c'est  même  de  cette  manière  que  quelques  hel- 
minthologistes  ont  expliqué  la  transmission  des  entozoaires  en  gé- 
néral ;  mais,  si  nos  connaissances  physiologiques  relativement  aux 
communications  de  la  mère  avec  le  fœtus,  n'infirmaient  cette  manière 
de  voir,  un  fait  observé  par  M.  Chaussât  la  détruirait  complètement  : 
«  Ayant  examiné,  dit  M.  Chaussât,  le  sang  d'une  femelle  pleine  du 
rat  noir  [Mus  rattus  L.)  dont  le  sang  offrait  un  très  grand  nombre 
de  ces  animalcules  filiformes,  je  cherchai  si  le  sang  contenu  dans  le 
cœur  et  les  vaisseaux  de  cinq  fœtus  qu'elle  portait  en  contenait  éga- 
lement. Je  ne  pus  en  découvrir  un  seul,  et  ce  fait,  au  point  de  vue 
physiologique,  présente  peut-être  quelque  intérêt  (2).  » 

Les  jeunes  animaux  sont  moins  sujets  aux  hématozoaires  que  les 
vieux.  Les  observations  de  M.  Rayer  sur  le  sclérostome  des  artères 
du  cheval,  celles  de  M.  Chaussât  sur  l'hématozoaire  du  rat  noir,  et 
celles  de  MM.  Gruby  et  Delafond  sur  celui  du  chien,  s'accordent  sur 
ce  point. 

Chez  la  plupart  des  animaux,  les  hématozoaires  n'occasionnent 
aucun  phénomène  appréciable  dans  la  santé,  aucun  désordre  dans 
les  organes.  Leur  présence  paraît  généralement  compatible  avec 
l'intégrité  de  toutes  les  fonctions.  Quelques-uns  de  ces  vers  cepen- 

(1)  Recherches  anat.  sur  les  malad.  des  vaisseaux  (Arch.  gén.   de  méd,,  1828, 
t.  XVI,  p.  198). 
.  (2)  J.  B.  Chaussât,  Des  hématozoaires  (thèse,  1850,  p.  26).' 


CHEZ,   L'HOMME.    —   HÈMATOZ.OAIKES.  311 

dant  ne  sont  point  inoffensifs  ;  ils  occasionnent  des  désordres  locaux 
et  peut-être  quelques  troubles  dans  les  fonctions  du  système  ner- 
veux doivent-ils  leur  être  attribués  dans  des  cas  dont  nous  parlerons 
bientôt. 

Nous  n'aurons  à  nous  occuper  ici  que  des  hématozoaires  de 
l'homme  et  de  ceux  du  cheval  et  du  chien,  les  seuls  animaux  domes- 
tiques chez  qui  l'on  ait  encore  rencontré  des  hématozoaires. 


PREMIÈRE  SECTION. 

HÉMATOZOAIRES     DE     L'HOMME. 

L'opinion  que  le  sang  de  l'homme  contient  quelquefois  des  vers 
n'est  pas  nouvelle.  On  trouve  dans  les  anciens  auteurs  plusieurs 
faits  qui  s'y  rapportent  ;  mais  c'est  de  nos  jours  que  l'existence  d'en- 
tozoaires  dans  le  sang  de  l'homme  a  été  mise  hors  de  doute  ;  toute- 
fois les  faits  qui  concernent  les  hématozoaires  réels  de  l'homme  sont 
bien  différents  de  ceux  qui  ont  été  rapportés  anciennement  et  ne  les 
confirment  en  aucune  manière  :  les  hématozoaires  de  l'homme  ap- 
partiennent généralement  à  l'ordre  des  trématodes,  tandis  que  les 
vers  que  nos  devanciers  croyaient  avoir  vus  dans  le  cœur  ou  dans 
les  vaisseaux  veineux  et  auxquels  ils  avaient  donné  le  nom  de  vers 
sanguins,  appartiendraient  à  l'ordre  des  nématoïdes.  Tous  ces  faits 
ont  été  généralement  regardés  par  les  helminthologistes  modernes 
comme  mal  interprétés,  et  peut-être  n'en  est-il  aucun  qui  mérite 
d'occuper  un  auteur  sérieux. 

Plusieurs  médecins  ou  naturalistes,  nos  contemporains,  attribuent 
à  l'homme  des  hématozoaires  microscopiques  dont  l'existence  est  tout 
aussi  contestable  que  celle  des  vers  sanguins. 

Klencke  assure  avoir  vu  dans  le  sang,  chez  l'homme,  des  animaux 
semblables  aux  infusoires  et  rapporte  à  leur  présence  la  manifesta- 
tion d'accès  périodiques  de  vertige  (1).  Gros  dit  qu'on  en  a  rencontré 
dans  le  sang  d'individus  atteints  de  syphilis  (2)  ;  mais  M.  Chaussât  a 
vainement  recherché  des  hématozoaires  microscopiques  chez  des  in- 
dividus atteints  d'affections  syphilitiques  récentes  ou  anciennes  et 

(1)  Klencke,  NeuePhysioU,  Abhandl.  Leipz.,  1843,  p.  163. 

(2)  Gros,  Obs.  et  ïnduct.  microsc.  sur  quelques  parasites,  1845. 


312  AFFECTIONS  VliHMlNIiUSJiS   OU   SYSTÈME   SANGUIN 

dans  un  grand  nombre  d'autres  maladies  (1).  Quoique  les  recherches 
microscopiques  soient  aujourd'hui  très  communes,  nous  ne  connais- 
sons aucun  observateur  qui  ait  fait  mention,  depuis  quelques  années, 
d'hématozoaires  microscopiques  chez  l'homme  (2). 

Nous  parlerons  d'abord  des  hématozoaires  vrais,  ensuite  des  en- 
tozoaires  qui,  vivant  normalement  hors  du  système  sanguin,  se 
trouvent  dans  ce  système  accidentellement,  en  apparence  au  moins, 
et  comme  par  une  erreur  de  lieu.  Nous  rapprocherons  de  ces  héma- 
tozoaires accidentels  d'autres  vers  qui  ont  été  trouvés  dans  des  tu- 
meurs et  dont,  suivant  nous,  le  siège  primitif  a  été  les  vaisseaux  de 
la  partie  affectée.  En  troisième  lieu  nous  rappellerons  les  cas  d'héma- 
tozoaires fictifs. 


CHAPITRE     PREMIER. 

HÉMATOZOAIRES    VRAIS. 

Distome  kœmatobie   (Synops. ,    n°  38). 

On  ne  connaît  point  en  Europe  d'entozoaire  qui  fasse  son  séjour 
normal  dans  les  vaisseaux  sanguins  chez  l'homme;  mais  en  Egypte, 
un  ver  du  genre  distome  se  trouve  fréquemment  dans  les  vaisseaux 
des  organes  abdominaux.  C'est  en  1851  qu'il  a  été  observé  pour  la 
première  fois.  M.  Bilharz,  qui  l'a  découvert,  et  M.  Griesinger  nous 
ont  donné  tout  ce  que  l'on  sait  aujourd'hui  de  cet  hématozoaire  (3). 

Le  distome  heematobie  n'a  encore  été  observé  qu'en  Egypte;  il  y 
est  très  commun,  car  sur  363  autopsies,  il  a  été  trouvé  117  fois  par 
M.  Griesinger.  Il  paraît  plus  commun  de  juin  à  août,  et  plus  rare  en 
septembre,  octobre  et  janvier. 

Il  existe  dans  la  veine  porte  et  dans  les  veines  mésaraiques,  hépa- 
tique, liénale,  intestinales  et  viscérales.  11  ne  paraît  point  occa- 
sionner de  désordres  dans  les  troncs  principaux  de  ces  vaisseaux, 
mais  il  en  détermine  dans  les  capillaires  et  dans  les  membranes 
muqueuses. 

«»  . 

(!)  Chaussât,  Thcs.  cit.,  p.  14. 

(2)  Toutefois  on  a  considéré  les  globules  blaucs  comme  doués  d'une  vie  propre 
(voyez  le  Synopsis,  art.  Protozoaires). 

(3)  Bilharz  et  V.  Siebold,  Mém.  cit.,  p.  59s  71,  Î2.  —  Bilharz,  même  ouvr., 
p.  454. 


CHLZ,  L'HOMME.    —   DISTOME  1I7EMATOBIK.  313 

A.  —  La  présence  du  distome  hœmatobie  dans  les  vaisseaux  des 
parois  delà  vessie  occasionne  des  lésions  variées.  Dans  le  degré  le  plus 
faible,  la  membrane  muqueuse  vésicale  offre  des  taches  plus  ou  moins 
circonscrites,  formées  par  une  hypérémie  très  forte  et  par  du  sang 
extravasé,  avec  du  gonflement;  en  ces  points  adhèrent  des  mucosités 
et  des  masses  d'exsudation  contenant  des  œufs  de  distome.  Les  taches 
varient  entre  la  dimension  d'une  lentille  et  celle  d'un  franc  ;  elles 
existent  habituellement  sur  la  paroi  postérieure  de  la  vessie  ;  il  est 
rare  que  la  muqueuse  vésicale  soit  partout  injectée  et  ecchymosée. 
L'urine  est  pâle  et  claire,  muqueuse,  et  contient  quelquefois  des  œufs 
du  parasite.  Dans  un  degré  plus  avancé, 
la  membrane  muqueuse  de  la  vessie  offre 
des  élevures  molles,  fongueuses,  d'un  gris 
jaunâtre ,  avec  des  taches  pigmentaires  ; 
elles  ont  jusqu'à  une  ligne  d'épaisseur  et 
renferment  des  extravasations  sanguines; 
ces  élevures  sont  quelquefois  recouvertes 
d'une  croûte  calcaire  formée  en  partie  par 
une  agglomération  d'œufs  de  distome,  des 
coques,  et  des  sels  de  l'urine  ;  rarement  on 
trouve  sous  ces  croûtes  de  véritables  ulcé- 
rations. Dans  d'autres  cas ,  ce  sont  des 
excroissances  ou  des  végétations  isolées  ou 
bien  agglomérées,  de  la  grosseur  d'un  pois 
à  celle  d'un  haricot,  jaunâtres  et  ecchy- 
mosées,  d'une  à  trois  lignes  de  hauteur, 
verruqueuses  ou  fongueuses,  à  forme  variée  fig.  13.  —  Distome  h#mà'u>bïé, 
et  comparables  aux  condylomes;  elles  ont      tSïwiï%îZïfcvivf™ 

pour  baseletisSUSOUS-muqueUX.  CetissU  est        plication    des    lettres,    voir    le 
.    j,  .    ,,  n.     j.f         Synopsis). 

souvent  d  un  jaune  grisâtre,  ramolli,  dil- 

fluent,  infiltré  de  sang  coaguléou  de  pigment  ;  la  membrane  muqueuse 
qui  le  recouvre  est  souvent  épaissie,  mais  elle  a  sa  consistance  nor- 
male. Dans  les  autres  points,  cette  membrane  est  généralement  un 
peu  hypertrophiée.  Le  péritoine  vésical  est  quelquefois  aussi  le  siège 
d'excroissances  verruqueuses  ou  semblables  à  des  crêtes  de  coq.  A 
la  base  des  excroissances,  Bilharz  a  trouvé  des  distomes  hasmatobirs 
et  leurs  œufs  dans  les  exsudations  qui  recouvrent  la  membrane 
muqueuse. 

B.  —  Des  lésions  semblables  à  celles  de  la  vessie  se  trouvent  aussi 


3U  AFFECTIONS   VERM1NEUSES  DU  SYSTÈME  SANUl'JN 

sur  la  membrane  muqueuse  des  uretères  et,  dans  des  cas  plus  rares, 
sur  celle  du  bassinet.  Elles  consistent  dans  des  plaques  irrégulières, 
isolées,  d'un  gris  jaunâtre,  un  peu  élevées,  recouvertes  d'une  couche 
de  graviers  urinaires  d'un  noir  foncé,  ayant  le  toucher  du  sable.  Ces 
graviers  sont  constitués  par  une  agglomération  d'oeufs  de  distome 
vides  ou  contenant  un  embryon,  par  du  sang,  des  corpuscules  d'ex- 
sudation et  des  cristaux  d'acide  urique.  ]1  existe  en  même  temps  un 
épaississement  du  tissu  sous-muqueux  et  quelquefois  de  la  couche 
musculaire,  qui  amène  des  rétrécissements  et  par  suite  des  dilatations 
plus  ou  moins  considérables  des  uretères  ;  de  là  résultent  îles  réten- 
tions d'urine  et  toutes  leurs  conséquences.  La  membrane  muqueuse 
du  bassinet  et  des  calices  est  injectée  ;  les  reins  sont  généralement 
volumineux  et  gorgés  de  sang.  Ces  organes  finissent  par  subir  une 
dégénérescence  graisseuse,  ou  bien  l'on  observe  la  pyélile,  la  dila- 
tation du  bassinet  et  des  calices  et  l'atrophie  de  la  substance  rénale. 
Il  n'est  pas  rare  de  voir  les  ovules  du  distome  hsematobie  consti- 
tuer le  noyau  de  graviers  ou  de  pierres  dont  les  couches  extérieures 
sont  formées  d'acide  urique.  Ces  graviers  se  trouvent  dans  le  rein, 
l'uretère  ou  la  vessie.  Peut-être  est-ce  à  la  présence  fréquente  du 
distome  hsematobie  dans  les  voies  urinaires  qu'il  faut  rapporter  la 
fréquence  des  graviers  ou  des  ulcères  des  reins  dont  les  Égyptiens 
étaient  fort  souvent  affectés  au  temps  de  Prosper  Alpin  (1). 

C. — Dans  le  gros  intestin  il  se  trouve  assez  fréquemment  des  alté- 
rations semblables  à  celles  de  la  vessie,  telles  que  des  épanchements 
sanguins ,  des  dépôts  dans  l'épaisseur  et  à  la  surface  des  tissus  muqueux 
et  sous-muqueux,  des  excroissances  verruqueuses  et  fongueuses  et 
des  agglomérations  d'oeufs  dans  les  vaisseaux  de  la  membrane  mu- 
queuse. Les  œufs  du  distome  hsematobie  sont  souvent  fixés  par  ran- 
gées dans  ces  tissus  et  dans  des  exsudations  pseudo-membraneuses 
qui  recouvrent  des  ulcérations  intestinales.  Après  la  rupture  des 
vaisseaux,  ces  ovules  sont  mis  en  liberté  à  la  surface  de  la  membrane 
muqueuse.  L'existence  de  ce  distome  dans  les  vaisseaux  des  intes- 
tins n'est  point  en  relation  avec  les  dysenteries  aiguës  ou  chroniques 
qui  sévissent  endémiquement  en  Egypte,  car  MM.  Bilharz  et  Grie- 
singer  ont  pu  se  convaincre  que  la  dysenterie  atteint  des  individus 
tout  à  fait  exempts  de  cet  entozoaire. 

D.  — Le  tronc  de  la  veine  porte  est  quelquefois  rempli  de  dis- 
(I)  P.  Alpini,  De  med.  .Kgypliorum.  Parisiis,  1645,  lib.  I,  cap.  xiv,  p.  26,  B. 


CHEZ   L'HOMME.    —    DISTOME   HÉPATIQUE.  315 

tomes  htematobies  adultes  ;  on  trouve  alors  des  œufs  dans  la  sub- 
stance hépatique  même.  Il  se  pourrait  que  la  présence  des  ovules 
clans  le  tissu  du  foie  devînt  une  cause  d'altération  du  parenchyme 
de  ce  viscère,  et  le  transport  de  ces  ovules  dans  d'autres  organes 
par  le  sang,  pourrait  peut-être  encore  occasionner  d'autres  affections, 
ce  qui  toutefois  n'est  jusqu'ici  qu'une  simple  hypothèse. 

E.  — Lorsqu'une  hématurie  sans  cause  apparente,  ou  bien  lorsque 
les  symptômes  d'une  affection  de  la  vessie  ou  des  reins  aura  appelé 
l'attention  du  médecin,  la  recherche  des  ovules  du  distome  hscma- 
tobie  fournira  assez  souvent  des  données  certaines  sur  l'existence  ou 
sur  l'absence  de  ce  distome  dans  le  système  sanguin  ;  les  ovules; 
pourraient  aussi  être  recherchés  dans  les  matières  fécales. 

L'ignorance  où  l'on  est  du  mode  de  pénétration  de  ces  entozoaires 
dans  le  corps  humain  ne  permet  pas  de  déterminer  les  moyens  de 
prévenir  leur  invasion.  Quant  au  traitement  curatif  à  leur  opposer, 
il  n'est  pas  mieux  connu.  Les  médicaments  empyreumatiques  ou 
fétides,  tels  que  l'huile  deDippel,  la  térébenthine,  l'asafcetida,  etc., 
auraient  sans  doute  une  action  sur  ces  vers  comme  ils  en  ont  une  sur 
beaucoup  d'autres  entozoaires. 


CHAPITRE  II. 

HÉMATOZOAIRES   ACCIDENTELS. 

Distome  lièpatique  (Synops.,  n°  35). 

Le  distome  qui  habite  les  voies  biliaires  chez  les  ruminants  et 
chez  l'homme,  c'est-à-dire  le  distome  hépatique,  peut  vivre  dans  les 
vaisseaux  veineux  des  organes  abdominaux.  Nous  allons  en  rappor- 
ter un  exemple  incontestable  observé  chez  l'homme. 

Chez  les  ruminants  et  chez  le  mouton  même,  cet  entozoaire  n'a 
point  été  rencontré  dans  les  vaisseaux  sanguins.  D'anciens  auteurs 
disent,  il  est  vrai,  que  ce  ver  existe,  chez  le  mouton,  dans  les  veines 
du  foie;  mais  il  est  facile  de  voir  que  cette  assertion  tient  à  une  mé- 
prise, et  qu'ils  n'ont  point  examiné  d'assez  près  dans  quel  ordre  de 
canaux  les  distomes  se  trouvaient  (1).  Quant  au  fait  observé  chez 

(1)  Nous  avons  cité  ces  auteurs  en  parlant  des  vers  des  voies  biliaires  (p.  237). 
Un  observateur  plus  récent,  Treutler  (Mém.  cit.,  Animadv.,  ad  obs.  vi,  p.  35), 


316  AFFECTIONS   VEKMINKUSES   DU   SYSTÈME  SANGUIN 

l'homme,  les  circonstances  qui  l'ont  accompagné,  les  détails  dans 
lesquels  l'observateur  est  entré,  ne  permettent  pas  de  le  révoquer 
en  doute. 

I"  Cas  (Uuval).  —  Uistomes  dans  la  veine  porte  chez  l'homme. 
«  Dans  les  premiers  jours  d'avril  1830,  j'avais  pour  sujet  de  veinologie  du 
cours  d'anatomie  de  l'École  secondaire  de  médecine  un  homme  âgé  d'environ 
quarante-neuf  ans,  venant  de  l'Hôtel-Dieu  (Rennes);  c'était  un  couvreur 
nommé  F.  Faucheux,  entré  dans  le  service  de  médecine  le  24  mars  au  soir 
(1830),  mort  le  28  du  même  mois,  et  sur  la  maladie  duquel  je  ne  pus  obtenir 
aucun  renseignement  précis.  Des  informations  prises  sur  son  état  antérieur 
ne  m'éclairèrent  pas  davantage,  il  ne  s'était  jamais  plaint  de  rien  de  particu- 
lier; ce  fut  tout  ce  que  j'en  appris. 

»  Ayant  fait  préparer  pour  la  leçon  le  système  veineux  abdominal  sans  y 
pousser  d'injection,  et  le  foie  étant  conservé  intact,  je  commençai  par  dé- 
crire les  veines  mésaraïques  et  la  veine  splénique.   Arrivé  au  tronc  de  la 
veine  porte,  je  m'aperçus,  en  le  décrivant,  qu'un  corps  étranger  placé  dans 
l'intérieur  même  de  ce  vaisseau  glissait  entre  mes  doigts.  L'idée  d'un  ver 
parasite,  comme  il  en  existe  dans  le  foie  de  plusieurs  animaux,  me  vint 
aussitôt  à  l'esprit  ;  quoique  je  n'eusse  pas  eu  encore  l'occasion  d'en  observer 
dans  l'homme,  j'ignorais  également  alors  qu'on  en  eût  nié  l'existence  dans 
la  veine  porte.  Je  fis  part  de  ma  pensée  aux  élèves,  et,  prenant  de  suite 
un  scalpel,  j'incisai  avec  précaution  les  parois  de  la  veine  sur  ce  corps, 
que  je  tenais  toujours  entre  les  doigts  de  la  main  gauche,  et  je  découvris 
au  milieu  d'un  peu  de  sang  fluide  que  contenait  le  tronc  de  la  veine  porte 
une  douve  du  foie  delà  plus  grande  dimension.  Après  avoir  terminé  ma  leçon, 
que  cette  découverte  avait  interrompue  un  instant,  je  poussai  mon  examen 
dans  les  divisions  de  la  veine  porte.  Je  ne  trouvai  rien  dans  les  branches  ab- 
dominales qui  concourent  à  les  former  ;  mais  deux  ou  trois  autres  distomes 
semblables  au  premier  furent  rencontrés  dans  le  sinus  et  les  divisions  sous- 
hépatiques  de  ce  vaisseau.  Les  branches  de  la  veine  furent  ainsi  suivies  jusque 
dans  l'intérieur  du  foie,  et  je  découvris  alors  d'autres  entozoaires  de  la  même 
espèce,  toujours  dans  les  ramifications  veineuses.  J'en  recueillis  en  tout  cinq 
à  six.  Je  ferai  remarquer  que  les  parois  des  veines  qui  contenaient  ces  para- 
sites n'avaient  pas  été  ouvertes  avant  ma  leçon;  qu'elles  étaient  dans  un  état 
tout  à  fait  normal  et  ne  présentaient  ni  traces  d'inflammation ,  ni  érosion  ;  le 
foie  lui-même  paraissait  dans  un  état  naturel,  et  le  sujet  ne  présentait  ailleurs 
rien  de  particulier. 

»  L'animal  du  distome  hépatique  est  trop  connu  pour  que  je  m'arrête  à  dé- 
dit qu'il  y  a  deux  espèces  distinctes  de  distomes  chez  le  mouton,  que  les  grands  se 
trouvent  toujours  dans  les  cauaux  biliaires,  mais  que  les  petits  se  trouvent,  en 
outre,  dans  la  veine  porte.  Nous  ne  savons  si  cette  assertion  a  donné  lieu  à  quelques 
recherches  véri6càtives. 


CHEZ  L'HOMMi:.    -    DISTOME  HÉPATIQUE.  317 

crire  les  individus  que  j'ai  trouvés  dans  les  veines  de  mon  sujet;  mais,  afin 
qu'on  ne  puisse  avoir  aucune  incertitude  sur  l'identité  de  l'espèce,  j'ajou-i 
terai  qu'étudiés  avec  soin  le  jour  même  de  leur  découverte  et  comparés 
aux  figures  de  l'Encyclopédie  (Hist.  nal.  des  Vers,  pi.  79,  fig.  1  à  9),  je  n'eus 
aucun  doute  sur  leur  détermination  ;  ils  furent  mis  alors  dans  l'alcool,  où  je 
les  ai  conservés  depuis  et  déposés  dans  le  cabinet  de  l'École  secondaire.  Enfin, 
les  ayant  soumis  postérieurement  à  l'examen  du  doyen  de  la  Faculté  des 
sciences  de  Rennes,  M.  Dujardin,  dont  le  nom  fait  autorité  en  pareille  matière, 
il  reconnut  tout  de  suite  le  distome  hépatique  ;  ce  qui  ajoute  encore  quelque 
intérêt  à  notre  observation  ,  ce  sont  les  dimensions  remarquables  de  ces  en- 
tozoaires,  car  on  ne  les  rencontre  en  général  chez  l'homme  que  beaucoup  plus 
petits  (1).  * 

Il  est  donc  évident,  quoique  ce  fait  soit  unique,  que  le  distome 
hépatique  peut  vivre  et  sans  doute  se  développer  dans  le  système 
sanguin. 

D'autres  faits,  qui  ne  sont  point  sans  analogie  avec  celui-ci,  ont 
été  observés  récemment.  L'analogie  consiste  en  ce  que  les  vers 
étaient  aussi  le  distome  hépatique,  en  ce  que  leur  séjour  était  en 
dehors  des  voies  biliaires  ou  de  l'intestin.  Dans  ces  autres  faits,  le 
siège  du  distome  était  la  plante  du  pied,  la  paroi  de  la  poitrine,  la 
région  mastoïdienne,  l'occiput  ;  mais  il  est  à  présumer  que,  primiti- 
vement, les  vers  étaient  libres  dans  les  vaisseaux,  et  que,  entraînés 
avec  le  sang,  ils  se  sont  arrêtés  dans  les  capillaires  de  la  partie  où 
leur  présence  s'est  manifestée  par  une  tumeur.  En  effet,  un  distome 
extrait  des  parois  de  la  poitrine  et  qui  a  été  confié  à  notre  examen 
était  gorgé  de  sang  jusque  dans  les  dernières  ramifications  de  son 
intestin.  Un  foyer  occupé  par  deux  distomes  trouvés  dans  le  pied, 
contenait,  non  du  pus,  mais  un  caillot  sanguin.  Dans  un  troisième 
cas,  la  tumeur  s'étant  ouverte  spontanément,  il  en  sortit  un  liquide 
séro-sanguinolent.  Comment,  d'ailleurs,  expliquer  la  présence  d'un 
distome  dans  la  région  occipitale,  par  exemple,  autrement  que  par 
le  transport  de  ce  ver  par  les  vaisseaux  sanguins? 

D'après  ces  considérations,  nous  rangerons  les  cas  de  tumeurs 
sous-cutanées  contenant  des  distomes,  parmi  ceux  qui  appartiennent 
aux  hématozoaires.  A  côté  de  ces  faits,  nous  placerons  celui  de 
Treutler,  qui  est  généralement  connu,  et  qui  est  généralement 
aussi  regardé  comme  un  fait  mal  observé.  Il  a  une  grande  analogie 
avec  les  précédents  ;  et,  si  les  animaux  extraits  de  la  veine  tibiaîe 

(î)  Duval,  Note  sur  un  cas  de  présence  du  distome  hépathique  dans  la  veine 
porte  chez  l'homme  (Gazette  médic.  de  Paris,  1842,  t.  X,  p.  769). 


.518  AFFECTIONS    VEUMINETISES   DU   SYSTÈME    SANGUIN 

antérieure  n'ont  pas  été  rapportés  aux  distomes,  c'est  à  un  examen 
trop  peu  éclairé  qu'il  faut  sans  doute  l'attribuer. 

IIe  Cas  (Gieskeh  et  Fiiey).  —  Deux  dislomes  renfermés  dans  une  tumeur 
de  la  plante  du  pied. 

«  Giesker  fut  consulté,  le  20  décembre  1848,  pour  la  femme  du  contre- 
maître d'une  manufacture  de  soie,  près  de  Zurich.  Depuis  le  milieu  d'août,  un 
médecin  traitait  cette  femme  pour  une  inflammation  située  dans  le  milieu  de 
la  plantedu  pied  droit.  Il  y  avait  là  une  espèce  de  tumeur  d'environ  1  pouce 
à  1  pouce  1/2  de  diamètre,  qui  était  quelquefois  apparente  vers  le  bord  externe, 
quelquefois  vers  le  bord  interne  du  pied,  sans  jamais  s'ouvrir,  et  qui  dispa- 
raissait habituellement  dans  l'espace  de  six  ou  huit  jours.  Cependant,  le  milieu 
de  la  plante  du  pied  restait  toujours  plus  ou  moins  gonflé  et  douloureux,  en 
sorte  que  cette  femme  ne  pouvait  marcher  que  sur  la  pointe  du  pied.  Toutes 
les  tentatives  faites  pour  déterminer  l'ouverture  de  la  tumeur  furent  vaines. 
En  décembre  1848  ,  la  plante  du  pied  présentait  une  enflure  d'un  rouge  pâle 
qui  s'étendait  obliquement  depuis  le  côté  interne  du  calcanéum  jusqu'au  cin- 
quième métastasien,  mais  qui  n'était  pas  en  rapport  avec  les  os,  le  périoste 
ou  les  muscles  de  la  plante  du  pied,  puisque  les  orteils  avaient  conservé  l'in- 
tégrité de  leurs  mouvements.  La  tumeur  avait  en  partie  son  siège  sous  l'apo- 
névrose plantaire  dans  le  tissu  aréolaire.  Elle  n'était  pas  douloureuse  au  tou- 
cher, elle  paraissait  céder  longitudinalement  et  être  logée  dans  une  cavité 
profonde.  Il  n'y  avait  pas  de  fluctuation.  Un  peu  au-dessus  du  bord  du 
pied,  directement  sous  la  malléole  interne,  il  y  avait  encore  un  léger  gonfle- 
ment arrondi  de  1  pouce  de  diamètre  et  d'un  rouge  presque  érysipélateux. 
Sur  ce  gonflement  il  y  avait  une  petite  tache  d'un  rouge  noirâtre ,  un  peu 
plus  grande  que  celle  qui  est  occasionnée  par  la  piqûre  d'une  abeille  ou  de 
quelque  autre  insecte.  Aucune  ouverture  n'existait  dans  l'épiderme,  aucune 
écharde,  aucun  fragment  de  verre  ou  d'une  substance  quelconque  n'était  entré 
dans  le  pied.  De  la  partie  externe  de  la  cheville,  le  gonflement  s'était  étendu 
graduellement  à  la  partie  inférieure  de  la  jambe  et  à  la  plante  du  pied. 

»  Le  docteur  Giesker  pensa  que  cette  affection  provenait  d'un  corps  étranger 
qui  serait  éliminé  par  l'inflammation  des  parties;  en  conséquence,  il  ouvrit  la 
tumeur  sur  le  bord  interne  du  pied,  et  il  observa  que  la  tache  noire,  qui  se 
trouvait  au  centre,  menait  à  un  petit  canal  qui  était  en  rapport  avec  un  plus 
grand  situé  dans  la  plante  du  pied;  celui-ci,  dont  la  situation  correspondait 
au  second  gonflement,  fut  aussi  ouvert  ;  il  se  dirigeait  sous  l'aponévrose  plan- 
taire, entre  cette  aponévrose  et  les  fléchisseurs  des  doigts,  et  se  terminait  en 
cul-de-sac  vers  l'éminence  du  cinquième  métatarsien.  Il  ne  contenait  ni  pus, 
ni  corps  étranger,  mais  seulement  du  sang  coagulé  et  du  tissu  cellulaire  non 
coloré  et  libre.  Après  que  l'écoulement  du  sang  fut,  arrêté,  on  introduisit  dans 
la  plaie  de  la  charpie  et  on  laissa  l'appareil  pendant  huit  jours.  Lorsqu'on  eut 
levé  les  pièces  du  pansement  pour  la  première  fois,  et  après  qu'on  eut  pra- 
tiqué une  forte  compression  de  bas  en  haut ,  un  animal  semblable  a  un  ver 


chez  l'homme.  —  distome  hépatique.  319 

qui,  placé  ensuite  dans  l'eau,  eut  des  mouvements  propres,  sortit  avec  le  pus. 
Le  médecin  ordinaire  crut  d'abord  à  une  illusion,  il  retira  encore  un  second 
corps  semblable  qu'il  écrasa  malheureusement  entre  ses  doigts,  supposant  que 
c'était  du  tissu  cellulaire.  Le  1  1  février,  la  guérison  était  complète. 

»  L'animal,  ajoute  M.  Giesker,  ne  peut  avoir  été  introduit  dans  la  partie 
malade  par  la  charpie  du  pansement  ;  tout  indique  qu'il  existait  dans  le  corps 
longtemps  avant  l'ouverture  de  la  tumeur,  et  qu'il  avait  produit  le  canal  et  la 
tuméfaction  dont  le  siège  était  variable.  L'animal  avait  six  lignes  de  longueur 
(13  millimètres);  il  a  été  reconnu  par  le  professeur  Frey,  et  aussi  par  Von 
Siebold,  pour  un  distome  hépatique  jeune.  Il  est  plus  que  probable  qu'il  avait 
pénétré  directement  sous  la  forme  de  cercaire,  dans  la  plante  du  pied.  La 
femme  a  pu  donner  lieu  à  cette  introduction  en  lavant  du  linge  dans  les 
parties  stagnantes  du  lac  de  Zurich,  ou  bien  en  baignant  ses  pieds  ou  son 
corps  entier  dans  le  lac  (1).  » 

Le  distome  est  déposé  dans  la  collection  zoologique  de  Zurich. 

IIIe  Cas  (Penn  Harris).  —  Dislomes  sortis  d'un  abcès  situé  à  l'occiput 
chez  un  enfant. 

«  William  Bridge,  âgé  de  vingt-cinq  mois,  était  pâle,  maigre,  et  avait  le 
ventre  tuméfié  ;  d'ailleurs,  il  était  bien  portant  et  jouissait  d'un  bon  appétit.  Il 
y  a  environ  deux  mois,  sa  mère  observa  une  tumeur  à  la  partie  supérieure 
de  l'occiput,  tumeur  de  la  grandeur  d'une  demi-couronne  et  qui  atteignit,  en 
six  à  huit  jours,  la  circonférence  d'une  orange.  Alors  elle  s'ouvrit  spontané- 
ment et  rendit  une  grande  quantité  de  pus.  L'abcès  continua  à  se  remplir  et 
à  se  vider  par  intervalles  pendant  environ  trois  semaines,  lorsqu'un  jour, 
après  avoir  enlevé  le  cataplasme  et  abstergé  le  pus,  la  mère  aperçut,  sur  la 
serviette  destinée  à  cet  usage,  plusieurs  entozoaires  qui  ne  donnaient  aucun 
signe  de  vie  ni  de  mouvement.  Je  vis  l'enfant  pour  la  première  fois,  et  la  mère 
me  montra  les  entozoaires  (au  nombre  de  six).  J'examinai  la  cavité  de  l'abcès 
mais  je  n'en  découvris  pas  d'autre.  La  plaie  se  guérit  en  continuant  l'usage 
des  cataplasmes. 

»  On  n'a  jamais  remarqué  que  l'enfant  eût  rendu  des  vers,  et  j'en  ai  recher- 
ché vainement  en  prescrivant  des  remèdes  anthelminthiques.  L'enfant  avait 
été  sevré  à  l'âge  de  dix-huit  mois  ;  sa  nourriture ,  depuis  lors ,  avait  consisté 
particulièrement  en  farineux,  et  les  pommes  de  terre  en  avaient  formé  la  base. 

»  Jusqu'à  présent  je  n'ai  trouvé  aucun  cas  semblable  dans  les  ouvrages  de 
médecine  que  j'ai  consultés.  Quant  à  ce  qui  regarde  la  classe  à  laquelle  appar- 
tiennent ces  animaux  ,  on  pourrait  les  ranger  parmi  les  trématodes,  car  ils 
paraissent  avoir  de  la  ressemblance  avec  le  distome  qui  se  trouve  dans  le  foie 
du  mouton  (2).  » 

(1)  Mittheilungen  der  naturforschenden  Gesellschaft  in  Zurich,  1850,  Bd.  Il, 
p.  89.  —  Kùchenmeister,  ouvr.  cit.  —  Lebert,  Traité  d'anatomie  pathologique  gé- 
nérale et  spéciale.  Paris,  1857,  t.  I,  p.  406. 

(2)  J.   Penn  Harris,  Liverpool,  octobre  183G,  Lettre  au  professeur   R.  Owcn 


320  AFFECTIONS   VKRMINFUSES    DU    SYSTÈME    SAINCI'IN. 

IVe  Cas  (Fox).  —  Dislome  dans  une  tumeur  située  derrière  l'oreille. 

«  M.  I âgé  de  trente-neuf  ans,  d'une  bonne  constitution  et  grôlé  exces- 
sivement, avait  été  marin  pendant  vingt  ans,  naviguant  dans  les  Indes  occi- 
dentales, la  Méditerranée,  l'Amérique  du  Sud,  etc.  Pendant  ces  dernières  huit 
années,  il  a  pris  chargement  à  Cronsladt,  dans  la  Baltique,  et  visité  aussi 
Amsterdam.  Il  y  a  onvironquatorze  mois,  pendant  qu'il  était  à  Cronstadt,  il 
s'aperçut  d'un  petit  bouton  placé  à  3  pouces  derrière  l'oreille.  Ce  bouton 
s'agrandit  et  atteignit  la  grosseur  d'une  petite  noix.  Une  solution  iodée  fut 
appliquée  pour  dissoudre  la  tumeur,  mais  sans  succès.  Quelque  temps  après, 
pendant  que  cet  homme  était  en  mer,  le  bouton  s'enflamma  et  s'ouvrit,  ren- 
dant par  deux  petites  ouvertures  un  liquide  séro-sanguinolent.  Le  bouton  se 
guérit  alors,  et,  après  quelque  temps,  se  remplit  de  nouveau  d'un  liquide  sem- 
blable. On  en  fit  l'ouverture  et  la  plaie  fut  pansée  avec  de  la  charpie  sèche. 
Le  lendemain,  en  examinant  cette  plaie,  je  crus  voir  quelque  chose  se  mouvoir, 
et,  l'ayant  extrait,  je  reconnus  un  dislome.  En  faisant  le  pansement  le  jour 
suivant,  des  portions  d'un  autre  ver  parurent  exister  dans  la  plaie;  mais  elles 
étaient  dans  un  tel  état  de  ramollissement,  que  je  ne  pus  les  reconnaître  d'une 
manière  certaine.  La  couleur  de  ces  vers  était  tout  à  fait  semblable  à  celle 
de  la  surface  de  la  plaie.  Celle-ci  fut  pansée  avec  un  onguent  résineux  et  de 
la  charpie;  elle  guérit  doucement  et  resta  en  bon  état  depuis  lors.  Cet  homme 
est  maintenant  en  mer  et  je  n'ai  pas  appris  qu'il  eût  eu  d'autres  tumeurs  du 
même  genre  (1).  » 

Ve  Cas  (Dionis  des  Carrières).  —  Distome  extrait  d'une  tumeur  située 
dans  la  région  hypochondriaque  droite. 

«  Vers  la  fin  de  mai  1857,  je  fus  consulté  par  un  de  mes  amis,  âgé  de 
trente-cinq  ans,  d'une  assez  bonne  constitution,  pour  une  tumeur  très  dou- 
loureuse située  dans  la  région  hypochondriaque  droite,  qui  le  privait  de  som- 
meil et  l'empêchait  de  vaquer  à  ses  occupations.  Cette  tumeur  peu  volumineuse, 
de  la  grosseur  d'un  œuf  de  pigeon,  était  rapprochée  un  peu  de  la  région  épi- 
gastrique  et  à  2  centimèt'res  environ  au-dessous  des  cartilages  costaux.  Elle 
était  non  fluctuante,  très  dure;  la  peau,  qui  avait  sa  couleur  naturelle,  n'était 
point  mobile  sur  elle  et  se  fronçait  quand  on  cherchait  à  la  pincer.  Par  sa  base, 
il  était  difficile  de  la  limiter  ;  elle  paraissait  se  perdre  dans  les  organes 
profonds. 

»  Le  malade,  qui  a  habité  trois  ans  les  Antilles,  où  il  eut  un  accès  de  fièvre 
intermittente,  et  six  mois  la  partie  marécageuse  de  la  province  de  Constan- 
tine,  avait  déjà  éprouvé  quelques  douleurs  vives  dans  le  côté,  à  Bône,  entre 
autres,  à  la  suite  d'une  longue  course  à  cheval  pendant  laquelle  il  avait  été 

(Appendix  B  de  la  traduction  anglaise  du  Manuel  des  parasites  de  Kùchenmeister, 
par  Edwin  Lankester.  London,  1857,  t.  I,  p.  435). 

(1)  Charles  Fox,  de  Topsham,  Devoushire,  2  février  1857,  Appendix  B,  cité, 
p.  434. 


CHEZ  L'HOMME.    —    DISTOME   HÉPATIQUE.  321 

mouillé.  Deux  ans  après,  il  fut  obligé,  par  ses  occupations,  d'habiter  sur  les 
bords  d'un  lac  durant  plusieurs  semaines,  à  l'époque  où  commençaient  les  fortes 
chaleurs  de  1 857.  Ce  fut  dans  ce  séjour  humide  qu'il  ressentit  les  premières 
atteintes  de  sa  maladie,  et  qu'il  s'aperçut  de  la  tumeur  qui  existait  dans  la 
région  hypochondriaque. 

»  Une  nuit  il  fut  réveillé  par  une  douleur  vive,  poignante,  occupant  (out 
l'hypochondre  et  accompagnée  de  violents  tiraillements  du  côté  du  sternum. 
Un  médecin  des  environs,  appelé,  lui  prescrivit  quelques  calmants;  mais  les 
douleurs  n'en  continuèrent  pas  moins;  elles  se  manifestaient  par  intermit- 
tences. La  pommade  camphrée,  les  cataplasmes  laudanisés,  paraissaient  les 
diminuer. 

»  Quelque  temps  après,  il  revint  à  Àuxerre.  Grand  fut  mon  embarras  : 
M.  X...  se  portait  assez  bien  ;  il  n'avait  pas  de  nausées,  pas  de  vomissements, 
aucun  accident  du  côté  des  voies  digestive?,  si  ce  n'est  une  teinte  subicté- 
rique  et  une  anorexie  qui  persiste  encore  aujourd'hui  ;  il  prétend  n'avoir  jamais 
ressenti  l'aiguillon  de  la  faim.  Le  foie  n'était  pas  hypertrophié  et  ne  dépas- 
sait pas  le  rebord  costal.  La  tumeur  correspondait  bien  à  la  vésicule  biliaire, 
mais  elle  était  très  dure,  liée  intimement  à  la  peau,  et  il  n'y  avait  aucun  sym- 
ptôme de  colique  hépatique.  11  y  avait  eu  antérieurement  des  douleurs  inter- 
costales; le  malade  se  plaignait  de  douleurs  atroces  derrière  le  sternum.  Mon 
attention  se  porta  du  côté  d'un  abcès  par  congestion,  malgré  l'absence  de  plu- 
sieurs signes  importants.  Je  prescrivis  des  pommades  iodées,  et,  les  accidents 
augmentant,  une  application  de  sangsues.  Ces  moyens,  loin  de  calmer  les  dou- 
leurs, ne  firent  que  les  exaspérer.  Mon  malade  s'en  tint  à  sa  pommade  cam- 
phrée et  à  l'usage  d'un  baume  débité  par  un  paysan  du  Morvan.  Il  se  sentit 
mieux...  Sa  tumeur  ne  laissait  cependant  pas  que  de  le  préoccuper,  il  n'y 
ressentait  plus  de  douleurs,  mais  des  démangeaisons  très  vives.  Enfin,  dans  le 
mois  d'août  de  la  même  année,  il  me  la  montra  en  me  disant  qu'elle  voulait 
percer,  que  depuis  vingt-quatre  heures  il  éprouvait  des  démangeaisons  into- 
lérables. Je  l'examinai  :  elle  n'était  pas  acuminée  et  n'offrait  pas  la  moindre 
trace  de  fluctuation  ;  la  peau  avait  partout  sa  coloration  normale ,  mais  au 
centre  se  voyait  un  petit  point  bleuâtre  de  la  grosseur  d'une  tête  d'épingle  et 
formé  par  une  pellicule  mince  et  transparente  comme  une  pelure  d'oignon, 
derrière  laquelle  on  distinguait  facilement  une  gouttelette  de  sérosité  de  cou- 
leur violacée.  Je  pressai  à  droite  et  à  gauche  avec  les  deux  pouces,  comme  on 
ferait  pour  une  petite  tumeur  sébacée;  une  goutte  de  sérosité  jaillit,  et  aussitôt 
après  s'échappa  un  helminthe  très  vivace,  ayant  à  peine  \  centimètre  de  lon- 
gueur, dont  le  corps  était  aplati  et  tel  que  je  n'en  avais  jamais  vu.  Des 
pressions  plus  fortes  et  réitérées  ne  firent  plus  rien  sortir.  En  quelques 
jours  la  tumeur  s'affaissa,  et  depuis  ce  temps,  il  y  a  bientôt  un  an,  le 
malade  n'a  plus  rien  ressenti.  J'examinai  avec  une  ioupe  d'horloger  l'hel- 
minlhe  provenant  de  la  tumeur;  je  constatai  très  facilement,  à  une  de 
ses  extrémités,  une  ouverture  arrondie  en  forme  de  bouche,  un  cou  court,  un 

DAVAWE.  21 


322  AFFECTIONS   VliHMINËliSIiS    DU   SYSTÈME  SANGUIN 

corps  aplati  ut  une  arborisation  simulant  assez  bien  les  rudiments  d'un  tube 

digestif. ..  (I).  » 

L'entozoaire  recueilli  par  M.  Dionis  a  été  présenté  à  la  Société 
de  biologie  par  notre  collègue  et  ami  M.  le  docteur  Gubler,  qui  a 
bien  voulu  le  confier  à  notre  examen.  Cet  entozoaire,  conservé  dans 
de  l'huile,  est  intact,  mais  très  durci;  il 
appartient  au  distome  hépatique,  dont  il 
aies  principaux  caractères,  c'est-à-dire 
le  corps  ovalaire,  lancéolé,  aplati;  la 
Lg  bouche  située  en  avant;  une  ventouse 
triangulaire  au  sixième  antérieur  ;  le  té- 
gument couvert  d'épines  microscopiques, 
l'intestin  ramifié.  Il  est  long  de  6  mil- 
limètres, et  ne  possède  point  d'organes 


génitaux   externes  ou  internes.  Il   offre 
donc  une  analogie  complète  avec  celui 
qu'ont  observé  MM.  Giesker  et  Frey,  et 
peut-être  aussi  avec  ceux  qui   ont  été 
\d    observés  par  MM.  Penn  Harris  et  Fox, 
et  dont    l'examen    n'a  pas   été  fait  au 
point  de  vue  de  l'absence  ou  de  l'exis- 
tence des  organes  sexuels. 
Fie.  ù.  —  Distome  hépniique  extrait        L'intestin   ramifié  était   gorgé  d'une 
d-Un  ,bcès  par  m  Dio„,s  des  car-   substance   d'un  rouge  foncé ,   concrète, 

neres.  —  t>rossi   nuit  fois.  —  a,  .  ° 

bouche;  b,  ventouse  postérieure;    qui,  macérée  dans  l'eau,  nous  a  présenté 

c,  œsophage;  d,  d,  d,  ramifications    1  <.■>  î  1         1 

de  l'intestin.  >..™»"Wflon.!   les  caractères  des  corpuscules  du  sang 

de  l'homme  plus  ou  moins  altérés;  il  se 
dessinait  en  rouge  à  la  surface  du  corps,  et  non  en  noir  ou  verdâtre, 
comme  il  arrive  aux  distomes  extraits  de  la  vésicule  ou  des  con- 
duits biliaires;  dans  aucun  point  il  ne  paraissait  contenir  de  la  bile; 
d  un  autre  côté,  à  l'ouverture  delà  tumeur,  il  ne  s'est  écoulé  que  de 
la  sérosité.  Il  y  a  donc  tout  lieu  de  croire  que  ce  distome,  avant  de  se 
faire  jour  au  dehors,  a  vécu  dans  les  vaisseaux  sanguins,  et  non  dans 
les.voies  biliaires. 

Chacun  des  faits  que  nou&  venons  de  rapporter,  isolé  et  inconnu 
aux  observateurs  des  autres  faits,  a  dû  soulever  des  doutes  dans 

(1)  Cas  communiqué  par  le  docteur  Dionis  des  Carrières,  médecin  à  Auxerre, 
3o  septembre  1858. 


CHliZ   L'JIOMMIÎ.    —   DlSTOMJi   HÉPATIQUE-  323 

l'esprit  même  de  ceux  qui  les  ont  observés,  ou  donner  lieu  à  des 
explications  diverses.  C'est  ce  qui  est  arrivé,  et  ces  explications  sont 
toutes  fort  contestables;  mais  ces  faits  réunis  se  confirment  et  s'ex- 
pliquent les  uns  par  les  autres  :  leur  nombre  et  leur  similitude  ne 
permettent  pas  de  révoquer  en  doute  la  réalité  de  l'existence  des 
distomes  dans  certaines  tumeurs  sous-cutanées.  Après  des  objections 
exprimées  par  M.  R.  Ovven,  qui  a  constaté  que  les  vers  observés 
par  M.  Penn  Harris  étaient  bien  des  distomes  hépatiques,  ce  der^ 
nier  s'est  efforcé  d'expliquer  comment  ces  distomes  avaient  pu  se 
trouver  accidentellement  dans  une  serviette  qui  avait  peut-être 
servi  à  envelopper  de  la  viande  de  boucherie;  mais  la  mère  de 
la  malade  n'a  cessé  d'opposer  à  cette  explication  des  dénégations 
formelles.  Celle  de  MM.  Giesker  et  Frey,  relativement  à  l'in- 
troduction directe  de  leur  distome  sous  les  téguments,  pendant  que 
la  femme  avait  les  pieds  dans  le  lac  de  Zurich ,  n'est  point  non 
plus  acceptable,  caries  cas  dans  lesquelles  distomes  ont  eu  leur  siège 
à  la  tête  n'admettent  point  une  semblable  explication.  On  ne  peut 
davantage  admettre  celle  de  M.  Dionisdes  Carrières,  qui  suppose  que 
l'entozoaire  observé  par  lui  se  trouvait  primitivement  dans  la  vésicule 
ou  dans  les  canaux  biliaires,  et  qu'il  a  perforé  ces  parties,  ainsi  que 
la  paroi  abdominale  correspondante.  Un  fait  semblable  devrait  se 
présenter  souvent  chez  le  mouton  ;  d'ailleurs,  il  est  bien  évident  que 
ce  distome  s'est  trouvé  dans  la  paroi  de  la  poitrine  de  la  même  ma- 
nière que  les  autres  se  sont  trouvés  à  la  plante  du  pied  ou  à  l'oc- 
ciput. Suivant  nous,  l'existence  possible  du  distome  hépatique  dans 
le  système  circulatoire,  prouvée  par  le  fait  de  M.  Durai,  autorise  à 
croire  qu'un  tel  ver,  entraîné  avec  le  sang,  pourrait  arriver  dans  les 
vaisseaux  périphériques,  où  il  s'arrêterait  et  deviendrait  le  point  de 
départ  des  phénomènes  occasionnés  par  un  corps  étranger. 

Vîc  Cas  (Treutler),  ■*-  Deux  distomes  dans  la  veine  libiale  antérieure 
(Hcxalhyridium  venarum,  Treutler).  Voy.  Synops.,  n°  49. 

"  Jam  igitur  enarrabo  historiam  morbi  adolescentis  sedecim  circiteranno- 
»  rum....  Hic  nimirum  adolescens  sordidam  fabri  ferrarii  arlem  ediscens  ad 
»  munditiem  corporis  servandam  frequenti  lavalione  in  flumine  uti  admonitus 
»  est.  Is  igitur  cum  aliquando  pedetentim  aquam  intrâsset,  vix  per  horse 
»  momentum  ibi  commoranti  sponte  rupta  est  vena  tibialis  antica  dextri 
»  pedis,  atque  non  lœvis  hemorrhagia  eam  rupturam  secuta  est,  qtiae  modo 
»  intermisit,  modo  vehementior  rediit.  Quod  sanguinis  profluvium  nec  reme- 
»  diis  stipticis,  nec  firmiori  fascia  cobiberi  poterat  ;  in  quod  diligentius  inqui- 
»  rendum  ea  prbptersum  provocatus.  Et  dum  huic  cxamini  prœessem,  sanguis 


32/|  AFFECTIONS   VERMINECJSES   OU  SYSTÈME  SANGUIN 

»  modo  lonliori,  modo  cilatiori  (lumine  promanavil,  alque  cum  o  vena  male- 
»  riem  aliquam  dcnsiorem  emincrc  vidcrim,  cam  pro  cruoro  sanguinis  coa- 
»  gulalo  primum  liabui,  sed  accuratiùs  inluenti  duo  animalcula  vivcndi  et  se 
»  movendi  facullate  instructa  se  obtnlerunt,  quibus  sine  magna  opéra  e  vena 
»  rupta  extractis ,  confeslim  sanguis  effluero  desiil  :  vulnus  aulem  ruplum 
»  post  très  fere  septimenas  coaluit...  (1).  » 

Personne  n'a  révoqué  en  doute  le  fait  observé  par  Treutler;  mais 
comme  on  ne  connaît  aucun  animal  libre  ou  parasite  qui  réponde  aux 
caractères  que  cet  observateur  a  donnés  de  ces  vers,  on  a  pensé  qu'il 
s'agissait  ici  de  quelque  hirudinée  ou  de  quelque  planaire  qui  s'était 
attachée  aux  téguments  intacts  ou  accidentellement  excoriés.  Cepen- 
dant une  sangsue  ne  pénètre  point  dans  les  vaisseaux  qu'elle  atteint, 
une  planaire  ne  se  nourrit  point  de  sang.  L'exis- 
tence aujourd'hui  connue  de  distomes  dans  les 
vaisseaux  de  l'homme  pourrait  donner  à  penser 
que  ces  deux  animaux  appartenaient  aux  dis- 
tomes;  et,  en  effet,  lorsqu'on  examine  la  figure 
donnée  par  Treutler,  on  y  reconnaît  tout  d'abord 
le  distome  lancéolé  ou  un  distome  hépatique 
jeune.  La  ventouse  ventrale,  bien  dessinée,  est 
située  normalement,  et  les  six  bouches  antérieures 
dont  parle  l'auteur  ne  sont  pas  rendues.  Ces 
animaux  avaient,  comme  celui  de  M.  Dionis, 
6  millimètres  de  longueur  ;  les  bouches  n'ont  pu 

Fig.  15.—    Hexatkyn-     A  ,  ■ 

dhtmvenarum, d'après    être  vues  qu'à  la  loupe,  et  sans  doute  on  a  pris 
Treùfier!  — """^ran-    Pour  telles  de  simples  dépressions  des  téguments. 
deumaiureiie; 6, grossi    L'intestin  était  ramifié,  dit  Treutler,  ce  qui  se 
rapporte  au  distome  hépatique  ;  sur  la  figure  qu  il 
en  donne,  les  ramifications  sont  tracées  en  rouge,  couleur  qui  ren- 
dait sans  doute  leur  coloration  normale,  et  qui  était  aussi  celle  du 
distome  de  M.  Dionis. 

Il  nous  paraît,  d'après  ces  considérations,  que  le  fait  de  Treutler, 
dont  la  bonne  foi  n'a  jamais  été  révoquée  en  doute,  s'explique  par  les 
faits  rapportés  ci-dessus.  Ses  hexathyridium  étaient  des  distomes 
lancéolés  ou  hépatiques  jeunes;  leur  petitesse  n'en  a  pas  permis  un 
examen  très  exact,  en  sorte  que  leurs  caractères  auront  été  mal  in- 
terprétés. 

(I)  Fred.  Aug.  Treutler,  Observ.  path,  anat.  ad  hetminthologiam  huincln.  corp. 
Lipsiœ,  1793,  p.  23. 


CHEZ   L'HOMME.    —   HÉMATOZOAIRES  FICTIFS.  325 

CHAPITRE  III. 

HÉMATOZOAIRES     FICTIFS. 

Les  observations  que  nous  allons  énuraérer  se  rapportent  sans 
cloute  à  des  concrétions  sanguines  que  la  crédulité,  l'ignorance  ou 
l'amour  du  merveilleux  ont  transformées  en  vers  du  sang.  Toutefois 
quelques-uns  de  ces  faits  peuvent  laisser  des  doutes  dans  l'esprit,  et 
peut-être  des  faits  nouveaux  permettront-ils  un  jour  de  les  regarder 
comme  vrais. 

Des  cas  de  vers  sortis  par  une  saignée  ne  sont  pas  seulement  rares 
aujourd'hui,  mais  ils  ont  cessé  d'être  observés  depuis  tantôt  un  siècle; 
ils  ont  été  très  fréquemment  mentionnés,  au  contraire,  au  dix-sep- 
tième siècle  et  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième.  En  suppo- 
sant que  tous  ces  vers  aient  été  des  caillots  sanguins,  d'où  vient 
qu'il  n'en  est  plus  question  de  nos  jours  ?  Faut-il  attribuer  ce  fait 
aux  saignées  plus  fréquentes  autrefois,  ou  bien  à  quelque  modifica- 
tion dans  le  procédé  opératoire?  car  les  connaissances  des  médecins 
praticiens  touchant  l'helminthologie  ne  sont  guère  plus  avancées 
aujourd'hui  qu'autrefois,  et  ce  ne  serait  point  là  la  cause  qui  ferait 
qu'on  ne  voit  plus  de  vers  sortir  par  la  saignée. 

A.  —  Observations  se  rapportant  à  des  vers  sortis  par  une  saignée. 

I.  Renodœus  rapporte  avoir  vu  un  ver  long  d'une  palme,  sortir  de  la  veine 
dans  une  saignée  (1). 

II.  «  J'ai  plusieurs  fois  ici  vu  sortir  des  vers  des  veines  par  la  saignée  au 
bras,  dit  Guy  Patin  ;  mais  quand  ils  ont  été  grands  et  morts,  je  n'ai  vu  per- 
sonne qui  en  soit  eschappé  (2).  » 

III.  Thomas  Bartholin  parle  d'un  cas  dans  lequel  un  ver  fut  extrait  de  la 
veine  ouverte  parla  saignée;  en  outre,  le  sang  qui  sortait  était  rempli  de 
vers  (3). 

IV.  Ettmuller  et  Riolan ,  d'après  Andry,  parlent  aussi  de  vers  sortis  par 
une  saignée  (4). 

(1)  Joan.  Renodœus,  Pharmacopol. ,  lib.  III,  cap.  xxxiu,  cité  par  Rhodius,  op. 
cit.,  cent.  III,  obs.  lxi,  p.  180. 

(2)  Guy  Patin,  Lett.  XCIV,  t.  I,  p.  348,  cité  par  Wolff. 

(3)  Th.  Bartholin,  Observ.  de  sang,  vermin.  (Ephem.  nat.  cur.,  dec.  I,  ann.  1, 
p.  147,  1670,  et  dec.  I,  ann.  2,  app.,  p.  23,  1671). 

(4)  Ettmuller  Schrod.,  Dilacid.  phis.,  class.  II,  De  aceto;  —  Riolan,  Encheir. 
anat.,  p.  247,  cités  par  Andry, 


320  AFFECTIONS   VliltMIMUISIiS   DU   SYSTÈME  SANGUIN 

V.  «  Il  est  à  présumer  qu'il  s'engendre  bien  souvent  des  vers  dans  les 
vaissaux  sanguinaires  par  la  corruption  du  sang;  car,  outre  toutes  les  obser- 
vations qui  ont  été  données  sur  ce  sujet,  M.  Dupuy,  médecin  résident  à  Fon- 
tenay-le-Comte,  faisant  faire  une  saignée  en  sa  présence,  il  y  a  environ  deux 
mois,  sur  une  femme  malade  de  fièvre,  et  ayant  aperçu  que  le  sang  était  arrêté 
à  l'occasion  d'un  corps  étrange  qui  bouchait  l'ouverture  du  vaisseau,  en  fit 
tirer  un  ver  gros  comme  le  tuyau  d'une  plume  à  écrire  et  long  de  trois  bons 
travers  de  doigt  (1  ).  » 

VI.  «  J'ai  retiré,  dit  Boirel,  un  ver  du  bras  de  M.  le  marquis  de  Montecler, 
long  de  deux  travers  de  doigt ,  qui  s'était  présenté  à  l'ouverturo  d'une 
saignée  (2).  » 

VII.  «  M.  Mauclie....  (médecin  dans  le  faubourg  Saint-Jacques),  dit  que, 
dans  une  saignée  du  bras  qu'il  fit  a  M.  Masson,  il  y  a  quelques  années,  un  ver 
gros  et  long  comme  un  moyen  fer  d'aiguillette  sortit  de  la  veine  ouverte  (3).  » 

VIII.  Garossi,  maître  chirurgien  à  Paris,  ayant  ouvert  la  basilique  du  bras 
droit  chez  un  artisan  atteint  de  pleurésie,  «  il  se  présenta  à  l'ouverture  la  tête 
d'un  animal  quiarresta  le  cours  du  sang,  et  qui,  après  avoir  été  retiré,  parut 
de  la  figure  d'une  lamproie,  gros  comme  un  tuyau  de  plume  à  écrire  et  long 
de  six  à  sept  travers  de  doigt  (4).  » 

IX-XV.  Andry  rapporte  sept  cas  de  vers  sortis  de  la  veine  pendant  la 
saignée;  ces  cas  lui  avaient  été  communiqués  par  divers  médecins  :  le  premier 
par  de  Saint-Martin,  chirurgien  à  Paris;  le  deuxième  par  Duval,  docteur  de 
la  Faculté  de  Paris;  le  troisième  par  Charollois,  médecin  de  l'hôpital  de  Cha- 
lon-sur-Saône; le  quatrième  par  Vrayet,  médecin  à  Compiègne;  le  cinquième 
par  Collasson,  maître  chirurgien  à  Vatan  ;  le  sixième  et  le  septième  encore  par 
Vrayet,  qui  exerçait  alors  la  médecine  à  Abbeville  (5). 

XVI.  Leclerc  dit  qu'à  sa  connaissance,  en  Suisse,  un  ver  a  été  extrait  de 
la  veine  d'un  jeune  homme  pendant  une  saignée  (6). 

■  XVII.  Dans  un  ouvrage  allemand,  cité  par  Chaussât  (Thèse),  se  trouve  l'ob- 
servation d'un  ver  sorti  par  l'ouverture  d'une  saignée  et  que  l'auteur  assure 
avoir  conservé  vivant  pendant  trois  jours  (7). 

XVIII-XIX.  Enfin,  Baratte  (8)  et  Bonsquier  (9)  disent  avoir  retiré  eux- 

(1)  Nicolas  Blegny,  Le  temple  d'Esculape,  ou  Nouv.  découv.  Paris,  1680,  t.  H, 
p.  211. 

(2)  N.  Blegny,  Notiv.  découv.,  cité  p.  277,  1679. 

(3)  N.  Blegny,  ouvr.  cit.,  p.  221,  1679. 

(4)  N.  Blegny,  ouvr.  cit.,  lett.  xu,  p.  534,  1679. 

(5)  Andry,  Génér.  des  vers,  1741,  1. 1,  p.  103. 

(6)  Leclerc,  Hist.nat.  lai.  lumbric,  171"),  p.  285. 

(7)  Fraenliïsche  Sammlungen,  Bd.  VIII,  p.  322,  cum  figuris. 

(8)  Baratte,  Sur  des  vers  sanguins  (Recueil  périod.  d'obs.  de  méd.  et  de  chir., 
1753,  t.  VI,  p.  300). 

(9)  Bousquier,  Sur  les  vers  sanguins  (Journal  de  Vandermonde,  t.  VII,  p.  65). 


CHEZ   L'HOMME.    —   HÉMATOZOAIRES   FICTIFS.  3'27 

mêmes  de  la  veine  un  ver  qui  interceptait  le  cours  du  sang  dans  une  saignée. 
Dans  le  premier  cas,  c'était  une  portion  de  strongle;  dans  le  second,  un  ver 
long  de  quatre  pouces,  qui  l'un  et  l'autre  firent  des  mouvements  après  leur 
extraction. 

B.  —  Ver  extrait  par  une  opération. 

Un  homme  de  cinquante  ans,  qui  avait  tous  les  jours  un  accès  de  fièvre 
caractérisé  par  du  frisson,  de  la  chaleur  et  du  délire,  fut  guéri  par  l'extraction, 
d'un  ver  contenu  dans  la  veine  sublinguale  (1). 

G.  — -  Vers  trouvés  dans  le  cœur  et  les  gros  vaisseaux. 

Un  grand  nombre  d'anciens  auteurs  ont  cru  trouver  des  vers  nématoïdes 
dans  le  cœur  et  les  gros  vaisseaux.  Les  cas  de  ce  genre  observés  par  Welsch  (2) 
et  Polisius  (3)  ont  été  souvent  cités.  Riolan  ,  Zacutus  Lusitanus,  Pierre  de 
Castro,  Vidius  le  jeune  ,  Vidal,  Lochnerus,  Th.  Bonet,  Th.  Cornelis  ,  Hœl- 
mius,  Stoker,  rapportent  des  faits  semblables  (4).  Lochnerus  et  Hœlmius 
disent  même  avoir  vu  les  mouvements  de  ces  vers.  La  plupart  de  ces  cas 
appartiennent  certainement  à  des  concrétions  fibrineuses,  et  les  autres  à  des 
animaux  qui  se  sont  trouvés  là  accidentellement  ou  qui  sont  purement  imagi- 
naires :  ainsi,  les  deux  vers  dont  parle  Polisius  avaient  des  oreilles,  des  yeux 
et  une  trompe!... 

D.  —  Vers  trouves  à  Vautopsie  dans  les  veines. 

I.  Gaspard  Bauhin  rapporte  le  fait  suivant  : 

«  Anno  1 578,  in  Patavino  Xenodochio  a  me  observatifuere,  adstantibus  plu- 
»  rimis  studiosis,  tam  Germanis  quam  Italis,  imprimis  verô  viro  Ex.  D.  Mm. 
»  Campolongo,  prof.  Pat.,  observati,  inquam,  fuere,  in  puero  qui  denos  non 
»  excedebat  annos,  vermes  inhepate...  Puer  hic  cum  morbillis  laboraret  et 
»  ratione  eorum  vita  functus  esset... 

»  Eo  ergô  aperto,  habita  primum  ratione  hepatis...  invenimus  vermes  plu- 
»  rimos  in  ipsis  venee  portas  ramis  et  quidem  in  ipsis  hepatis  ramis,  quorum 
»  alii  quidem  viventes  adhuc,  alii  verô  emortui;  hi  rubri  et  pro  ratione  loci 
»  in quo  continebantur,  oblongi  erant,  satis item  magni,  sed  molles  ad  tactum, 
»  gibbosi  item  quoad  superficiem,  ratione  corporis  concavi  in  quo  geniti 
»  fuerant  (5).  » 

(1)  Ephem.  nat.  pur.,  dec.  I,  ann.  8,  obs.  c,  cum  fig.,  1677. 

(2)  Chr.  Lud.  Welsch,  Resp.  J.  Ant.  Helwig,  Disp.  de  verm.  cordis.  Lipsiœ, 
1694. 

(3)  J.-S.  Polisius,  Observ.  de  vermibus  in  cordis  venlriculo  reperlis  (Ephem.  nat. 
cur.,  dec.  I,  ann.  9,  p.  51). 

(4)  Auteurs  cités  par  de  Senac  (Traité  des  maladies  du  cœur,  1778,  t.  I,  248). 

(5)  C.  L.  V.  Casparus  Bauhinus,  De  observ.  propriis,  cité  par  Schenck  (Obs. 
med.,  lib.  III,  obs.  i,  p.  394). 


328  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DU  SYSTEME  SANGUIN 

II.  Spigel  dit  avoir  vu  un  ver  remarquable,  long  do  deux  travers  de  doigl, 
dans  le  tronc  de  la  veine  cave  inférieure  (1). 

III.  Le  môme  auteur  rapporte  avoir  trouvé  dans  le  tronc  de  la  veine  porto 
du  cadavre  d'une  femme  dont  il  préparait  le  foie,  quatre  vers  ronds  (lumbrici 
tereles)  de  la  longueur  do  la  paume  de  la  main  (2). 

TV.  «  Hieronymo  Fabricio  ab  Acquapendente,  Patavii  corporis  dissectio- 
»  nem  peragente,  Joannes  Prevotius  in  vena  emulgente  sinistra  vermem 
»  conspexit  (3).  » 

V.  «  M.  Duverney  a  rapporté  qu'un  enfant  de  cinq  ans,  qui  se  plaignait 
toujours  d'une  violente  douleur  à  la  racine  du  nez,  avait  eu  pendant  trois  mois 
une  fièvre  lente  et  à  la  fin  de  grandes  convulsions.  On  lui  trouva,  après  sa 
mort,  dans  le  sinus  longitudinal  supérieur  du  cerveau  un  ver  d'environ  4  pouces 
de  long,  semblable  à  ceux  de  terre.  Ce  ver  vécut  depuis  six  heures  du  matin 
jusqu'à  trois  heures  après  midi  (4).  » 

VI.  Un  autre  exemple  de  ver  trouvé  dans  une  veine  (la  saphène)  est  con- 
signé dans  la  Gazette  médicale  de  Paris.  Ce  ver,  qui  a  été  soumis  à  mon  examen 
par  M.  Ch.  Robin,  auquel  il  avait  été  envoyé,  n'était  qu'une  concrétion  san- 
guine (G). 

E.  —  Vers  trouvés  dans  du  sang  expectoré. 

Délie  Cliiaje  rapporte  que  des  vers  (Polysloma  sanguicola)  ont  été  trouvés 
dans  des  crachats  sanguinolents  d'un  malade  qui  avait  eu  plusieurs  hémo- 
ptysies.  Ces  vers,  dont  la  description  est  donnée  d'après  le  récit  du  médecin 
ftt  non  d'après  l'inspection,  sont  sans  doute  des  animaux  fictifs  (6). 


DEUXIÈME  SECTION. 

HÉMATOZOAIRES     DES     SOLIPÈDES. 

Il  existe  très  fréquemment  dans  le  système  sanguin  chez  le  cheval , 
1  âne  et  le  mulet,  des  entozoaires  du  genre  strongle  ;  on  en  a  vu  aussi 

(1)  A.  Spigel,  De  human.  corp.  fabrica,  lib.  V,  cap.  xm. 

(2)  A.  Spigel,  De  lumb.  lat.,  16 i 8,  cap.  v,  nota,  p.  71. 

(3;  J.  Rhodius,  op.  cit.,  cent.  III,  obs.  lxi,  p.  180  (dans  l'observation  lx,i,  il 
s'agit  d'un  ver  noir  trouvé  dans  les  vaisseaux  iliaques,  et  qu'on  peut  juger,  par  les 
détails,  n'avoir  été  qu'un  caillot  sanguin). 

(4)  Histoire  de  V Académie  royale  des  sciences.  Amst.,  1700,  p.  39. 

(5)  Filaria  zébra  (Gazette  méd.,  1er  févr.  1852,  et  Mém.  Soc.  Mol.,  t.  IV, 
1"  série,  p.  127). 

(6)  Délie  Chiaje,  ouvr.  cit.,  p.  15. 


CHEZ  LES  SOLIPÊDES.    —   ANÉVRYSME  VERMINEUX.  329 

chez  l'hémione.  L'homogénéité  du  groupe  des  solipèdes  rend  très 
probable  que  toutes  les  espèces  qui  le  composent  sont  atteintes  de 
ces  entozoaires. 


CHAPITRE  PREMIER. 

VERS  DES  ARTÈRES.  —  ANÉVRYSME  VERMINEUX. 

Ruysch  est  le  premier  observateur  qui  ait  fait  mention  de  vers 
clans  la  cavité  d'une  artère .  En  1 665 ,  il  découvrit  une  quantité  i  nnom  - 
brable  de  petits  vers  dans  une  portion  dilatée  de  l'artère  mésenté- 
rique  d'un  cheval  ;  ce  fait  se  présenta  encore  trois  ou  quatre  fois  à 
son  observation  (1).  Soixante  ans  plus  tard  (1725),  J.  H.  Schulze 
observa  un  cas  semblable  (2),  et  de  nouveau  Chabert  (1782)  vit,  dans 
les  artères  d'un  cheval,  des  vers  auxquels  il  donna  le  nom  de  cri- 
nons  (3).  Ces  observations  se  sont  beaucoup  multipliées  depuis  lors. 
Parmi  les  savants  qui  ont  fait  des  recherches  spéciales  sur  les  ané- 
vrysmes  Vermineux  du  cheval,  nous  citerons  :  Rudolphi,  Hodgson  (4), 
Grève,  Trousseau  et  Leblanc  (5),  Hering,  enfin  M.  Rayer,  qui,  dans 
un  examen  historique  et  critique  des  travaux  antérieurs,  a  rectifié 
les  interprétations  erronées  et  les  généralisations  fausses  dont  les 
faits  rapportés  par  les  premiers  observateurs  avaient  été  l'objet,  et 
qui,  par  ses  propres  observations,  a  fait  connaître  l'anévrysme  ver- 
mineux au  double  point  de  vue  de  la  zoologie  et  de  la  pathologie. 
L'exposé  qui  suit  n'est  en  quelque  sorte  que  l'extrait  de  ce  savant 
travail  (6). 

(1)  Ruysch,  Opéra  omnia  :  Dilucidatio  valvularum,  accès.  (Obs.  anatom.,  1737  ; 
Obs.  anatom.,  cap.  iv,  obs.  6,  figures;  Obs.  anal.  chir.  cent.,  p.  61). 

(2)  J.  H.  Schulze,  De  anevrysmate  verminoso  in  arteria  mesocolica  equœ  (Act. 
phys.  med.  nat.  cur.,  t.  I,  p.  519,  obs.  ccxxix). 

(3)  Chabert,  Traité  des  maladies  vermineuses  dans  les  animaux.  Paris,  in-8, 
1782,  p.  19. 

(4)  Hodgson,  Engravings  intended  to  illustrate  some  of  the  diseases  of  arteries, 
London,  1815. 

(5)  Trousseau  et  Leblanc,  Recherch.  anatom.  sur  les  maladies  des  vaisseaux 
(Arch.  gén.  de  médec,  1828,  t.  XVI,  p.  193). 

(G)  Rayer,  Recherches  critiques  et  nouvelles  observations  sur  l'anévrysme  ver- 
mineux et  sur  le  Strongylus  armatus  rainor  (Archiv.  de  médecine  comparée,  Paris, 
1842,  n"  1,  p.  1). 


330  AFFECTIONS  VEKMINEUSES   DU   SYSTÈME   SANGUIN 

Les  animaux  chez  lesquels  on  a  observé  l'anévrysme  vermineux 
sont  le  cheval,  l'âne,  le  mulet  et  l'hémione  (1). 

L'artère  mésentérique  antérieure  et  ses  divisions  sont  le  siège 
presque  constant  de  cette  espèce  d'anévrysme.  Hering  a  noté  sur 
soixante-cinq  chevaux  l'anévrysme  du  tronc  de  l'artère  grande  més- 
entérique, sept  fois  ;  de  l'artère  colique,  cinquante-neuf  fois  ;  de  l'ar- 
tère du  cœcum,  dix-huit  fois;  des  artères  de  l'intestin  grêle,  seize 
fois  ;  de  la  mésentérique  postérieure,  deux  fois  ;  de  l'artère  cœliaque, 
deux  fois;  de  l'artère  hépatique,  trois  fois;  enfin  de  l'artère  rénale, 
une  fois  (2).  Rudolphi  fait  mention  d'une  tumeur  anévrysmale  de 
1  aorte  du  cheval,  près  de  l'origine  de  la  grande  mésentérique,  et  d'un 
autre  anévrysme  de  l'aorte  postérieure,  qui  l'un  et  l'autre  conte- 
naient des  strongles  ;  ces  pièces  pathologiques  étaient  conservées 
clans  le  cabinet  d'anatomie  d' Al  fort  (3).  On  n'a  jamais  vu  d'ané- 
vrysme vermineux  dans  les  artères  de  la  poitrine,  de  la  tête  ou  des 
membres, 

L  anévrysme  vermineux  des  solipèdes  consiste  clans  une  dilatation 
de  l'artère  qui  en  est  le  siège  avec  hypertrophie  de  ses  parois.  Il 
ressemble  à  l'anévrysme  vrai  de  l'homme  par  l'absence  d'une  déchi- 
rure des  tuniques  interne  et  moyenne;  mais  il  en  diffère  par  la  pré- 
sence dans  sa  cavité  d'un  caillot  adhérent. 

Le  ver  qu'on  rencontre  dans  sa  cavité  appartient  au  genre  Sclé- 
rostome  de  Dujardin.  C'est  le  crinon  de  Chabert,  le  Sirongyïus 
armalus  minor  de  Rayer,  le  Sclèrostome  armé  anèvrysmaii que  de 
Diesing  (voyez  le  Synopsis,  nD  85). 

L'anévrysme  vermineux  est  ordinairement  fusiforme;  plus  rare- 
ment il  est  globuleux  ou  cylindroïde.  Les  dilatations  fusiformes  ont 
ordinairement  le  volume  du  doigt,  et  les  globuleuses  celui  d'une  noix; 
mais  elles  acquièrent  quelquefois  la  grosseur  du  poing  et  même  celle 
d'une  tête  d'homme. 

La  membrane  interne  du  vaisseau  semble  légèrement  épaissie 
dans  certains  points;  elle  offre  quelquefois  une  teinte  blanchâtre,  lai- 
teuse, au  lieu  d'être  transparente  et  jaunâtre,  comme  à  l'état  nor- 

(1)  Mon  ami  le  docteur  Laboulbène  a  observé  un  anévrysme  vermineux  de 
l'artère  mésentérique  chez  un  hémione,  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  à  Paris. 

(2)  Hering,  Mém.  sur  les  anévrysmes  internes  du  cheval  [Rec.  de  mêd.  vêler., 
Paris,  1830,  p.  443). 

(3)  Rudolphi,  Bemerkungen  aus  dem  Gebiet,  etc.  Berlin,  1803,  zweyler  Theil, 
p.  36. 


CHEZ  LES  SOUPÈDES.    —   ANÉVRYSMIi  YERMINEUX.  331 

mal.  Dans  les  cas  ordinaires,  elle  ne  présente  point  de  perforation 

ou  d'ulcération. 

La  membrane  moyenne  est  toujours  hypertrophiée,  et  quelquefois 

d'une  manière  extraordinaire.  L'épais- 
seur de  cette  membrane,  qui  dans  l'état 

normal  est   d'environ   1  millimètre, 

peut  s'élever  à  12  millimètres.  Lors- 
que la  tumeur  n'est  pas  très  ancienne, 

ordinairement,  l'hypertrophie  occupe 

tout  le  pourtour  du  tube  constitué  par 

la  membrane  moyenne.  Les  fibres  de 

cette  membrane ,  qui  ont  pris  un  dé- 
veloppement   remarquable  ,    laissent 

voir  plus  distinctement  leur  disposition 

circulaire. 

La  membrane  externe  ou  celluleuse 

est  le  plus  souvent  épaissie.  Lorsque 

la  tumeur  a  acquis  un  certain  volume, 

elle  est  indurée  ;  elle  adhère  fortement 

aux  parties  voisines,  et  se  confond  plus 

ou  moins   intimement   avec    le  tissu 

cellulaire  ambiant. 

L'hypertrophie  de  l'artère,  surtout 

celle  de  la  tunique  moyenne,  ne  tient 

point  à  une  infiltration  des  fibres  par 

des   matières    morbides:  »  Si    l'on  examine   au    microscope,   dit 

M.  Rayer  (1),  une  lame  mince  de  la  coupe  des  parois  de  l'artère, 

on  voit  nettement  la  disposition  des  fibres  en  faisceaux  incomplète- 
ment circulaires;  l'épaisseur  de  ces  bandes  est  uniquement  le  ré- 
sultat d'une  hypertrophie.  »  Contrairement  aux  assertions  de  quel- 
ques auteurs,  M.  Rayer  n'a  jamais  vu  de  liquide  purulent  dans  la 
membrane  celluleuse,  ni  de  matière  mélanique  entre  la  tunique 
interne  et  moyenne,  ni  de  vers  dans  l'épaisseur  des  parois  ané- 
vrysmatiques. 

Il  se  développe  quelquefois  dans  la  membrane  interne,  ou  bien  entre 
celle-ci  et  la  moyenne,  des  plaques  crétacées  ou  de  la  matière  athé- 
l'omateuse,  au  niveau  desquelles  la  tunique  interne  peut  s'ulcérer  ou 
se  perforer,  et  ce  n'est  même  qu'à  la  suite  du  dépôt  de  ces  matières 


FlG.  16.  — Anévrysme  vermineux  d'une 
division  de  l'artère  mésentérique  anté- 
rieure (cheval),  d'après  une  figure  de 
M.  Rayer  ;  demi-nature. — a,  a,  caillot 
contenu  dans  l'artère;  b,  b,  membrane 
moyenne  hypertrophiée;  c,  sclérostome 
mâle;  d,  femelle;  grandeur  naturelle. 


(1)  Mém,  cit.,  p. 


332  AFFECTIONS  VERMINEUSES   DU   SYSTÈME   SANGUIN 

étrangères  que  la  membrane  séreuse  se  perfore  ou  s'ulcère  ;  mais  plus 
souvent,  peut-être,  on  voit  la  membrane  moyenne  remplacée  par  une 
coque  osseuse  dont  l'épaisseur  est  irrégulière,  et  qui  affaiblit  consi- 
dérablement la  résistance  de  l'artère.  L'hypertrophie  des  parois  de 
l'artère  malade,  et  notamment  celle  de  la  membrane  moyenne,  est 
un  des  principaux  caractères  des  anévrysmes  vermineux.  Dans  les 
dilatations  anévrysmatiques  non  vermineuses  qui  ont  pour  siège  les 
artères  pulmonaires,  aorte,  carotides,  etc.,  chez  le  cheval,  les  tuni- 
ques de  ces  vaisseaux  acquièrent  un  épaississement  bien  moins  con- 
sidérable, souvent  au  contraire  elles  sont  amincies. 

Un  autre  caractère  encore  distingue  l'anévrysme  vermineux  d'un 
anévrysme  vrai  non  vermineux,  ou  du  moins  de  l'anévrysme  vrai  de 
l'homme,  c'estl'existence constante,  clans  la  portion  de  l'artère  dilatée, 
d'un  dépôt  fibrineux  adhérent  à  ses  parois.  Ce  dépôt  est  plus  ou 
moins  considérable;  dans  quelques  cas  il  rétrécit  la  cavité  de  l'artère 
au  point  de  ne  plus  laisser  au  cours  du  sang  qu'un  très  étroit  pas- 
sage. «  Lorsqu'il  n'y  a  qu'une  couche  très  mince  de  fibrine  déposée 
à  la  surface  interne  de  l'artère,  dit  M.  Rayer,  soit  dans  une  partie 
ou  dans  la  totalité  de  sa  circonférence,  cette  couche  fibrineuse  adhère 
comme  une  fausse  membrane,  et  la  surface  interne  du  vaisseau  pa- 
raît inégale.  En  raclant  légèrement  cette  surface,  on  peut  enlever 
cette  lame  fibreuse,  et  reconnaître  distinctement  au-dessous  la  mem- 
brane interne  de  l'artère,  ou  bien  encore  en  incisant  les  parois  du 
vaisseau.  Suivant  leur  épaisseur,  on  distingue  au-dessous  de  cette 
lame  de  fibrine  une  ligne  qui,  en  deçà  et  au  delà  de  l'altération  ,  se 
continue  régulièrement  avec  la  membrane  interne... 

»  Un  fait  qu'il  importe  de  noter,  c'est  que  toutes  les  concrétions 
fibrineuses,  même  les  plus  minces,  situées  dans  l'intérieur  de  ces 
artères  anévrysmatiques,  sont  toujours  plus  ou  moins  adhérentes  aux 
parois  du  vaisseau,  ainsi  que  cela  a  lieu  dans  l'artérite.  Les  dépôts 
de  fibrine  les  plus  considérables  sont  très  adhérents  ;  leurs  couches 
les  plus  externes  sont  denses  et  d'un  blanc  jaunâtre;  les  internes, 
ou  les  plus  récentes,  sont  moins  denses  et  rougeâtres.  On  trouve  le 
Strongylus  armalus  minor  dans  les  différentes  couches  (1) .  »  Ces 
couches  de  fibrine  ont  été  prises  par  Schulze  pour  des  replis  de  la 
membrane  interne  de  l'artère,  et  comparées  par  lui  et  par  d'autres 
aux  colonnes  charnues  du  cœur. 

Quant  aux  sclérostomes  anévrysmatiques,  les  uns  sont  presque 

(1)  Mém.  cit.,  p.  22-23. 


CHEZ  LES  SOLIPÈDES.    —  ANÉVKYSME   VERMINEUX.  333 

entièrement  libres  dans  la  cavité  de  l'artère,  les  autres,  et  c'est  le 
plus  grand  nombre,  sont  comme  enfouis  dans  le  caillot  flbrineux. 
Le  nombre  des  vers  contenus  dans  le  caillot  est  souvent  considé- 
rable, mais  on  n'en  trouve  quelquefois  qu'un  ou  deux;  il  est  très 
rare  qu'on  n'en  trouve  aucun.  «  Lorsque  le  dépôt  de  fibrine  est  plus 
considérable,  dit  M.  Rayer,  on  rencontre  toujours  un  plus  grand 
nombre  de  strongles.  Il  y  a  réellement  une  sorte  de  rapport  entre 
le  volume  et  l'ancienneté  des  dépôts  fibrineux  et  le  nombre  de  ces 
vers.  Quant  au  rapport  qu'on  a  cru  remarquer  entre  l'existence  de 
ces  vers  et  l'ossification  de  la  poche  anévrysmale,  je  dois  dire  qu'on 
trouve  aussi  souvent  des  vers  dans  les  artères  simplement  dilatées 
et  hypertrophiées  que  dans  celles  dont  les  parois  offrent  des  incrus- 
tations ou  des  lames  d'ostéides  (1).  » 

Généralement  l'anévrysme  vermineux  n'est  point  grave;  la  grande 
épaisseur  de  ses  parois  s'oppose  à  sa  rupture,  qui  cependant  a  lieu 
quelquefois,  et  surtout  lorsque  la  tunique  moyenne  est  ossifiée.  C'est 
ordinairement  pendant  un  effort  de  l'animal  que  la  rupture  se  pro- 
duit, et  la  mort  est  instantanée.  Grève  a  observé  cinq  fois  cette  ter- 
minaison (2). 

Cet  anévrysme  ne  donne  lieu  à  aucun  phénomène  appréciable,  à 
moins  que,  par  exception,  il  n'ait  acquis  un  grand  volume.  Dans 
ce  cas,  quelques  chevaux  ont  présenté  des  symptômes  à' indiges- 
tion, et  d'autres  de  la  faiblesse  dans  les  membres  postérieurs. 

Les  anévrysmes  vermineux  sont  plus  fréquents  dans  la  vieillesse 
des  solipèdes  qu'aux  autres  âges.  On  n'en  a  jamais  rencontré  chez 
les  poulains  nouveau-nés,  mais  on  en  a  observé  chez  des  chevaux  âgés 
de  un  à  deux  ans  et  même  de  six  mois.  Les  vieux  chevaux  en  sont 
presque  tous  atteints.  M.  Rayer  en  a  vu  quarante-huit  fois  sur  cin- 
quante individus,  et  non  moins  souvent  chez  les  ânesses. 

M.  Mather,  vétérinaire  anglais,  a  observé  chez  des  poulains  plu- 
sieurs cas  d'anévrysme  vermineux  de  l'aorte  près  de  la  naissance 
des  artères  rénales  ;  mais,  ce  qu'il  y  a  de  plus  intéressant  dans  le 
fait,  c'est  que  cette  affection  a  paru  régner  d'une  manière  épi- 
zootique  (3). 

(1)  Mém.  cit,,  p.  22. 

(2)  Bern.  Ant.  Grève,  Erfahrungen  and  Beobachtungen  uber  die  Krankheiten 
der  Hausthiere  in  Vergleichmitden  Krankheiten  des  Menschen,  1818. 

(3)  Mather,  in  The  veterinarian,  anu.  1857,  janv.-juin,  et  Recueil  de  méd.  vélér 
Paris,  1858,  p.  692.  ' 


33/|  AFFECTIONS   \  KHMINLUSHS   1)0   SYSTÈME   SANCJUtN 

On  a  attribué  la  formation  de  l'anévrysme  vermineux  à  diverses 
causes  :  1°  à  l'existence  des  vers  dans  les  parois  artérielles  et  à  la 
perforation  de  ces  parois  par  l'action  de  ces  entozoaires  ou  par  la 
pression  delà  tumeur  qui  les  renferme;  2°  à  la  position  des  artères 
malades  dans  le  voisinage  de  parties  qui  sont  le  centre  de  mouve- 
ments étendus;  3°  aux  tiraillements  résultant  du  poids  des  intestins, 
ou  des  efforts  occasionnés  par  le  travail ,  etc.  La  première  expli- 
cation est  fondée  sur  une  erreur  rectifiée  par  les  recherches  de 
M.  Ra}rer  ;  les  deux  autres  ne  peuvent  se  soutenir  devant  les  objec- 
tions de  l'éminent  auteur  des  Archives  de  médecine  comparée  :  La 
constitution  différente  de  l'anévrysme  par  tiraillement  ;  l'existence 
d'anévrysmes  vermineux  chez  le  poulain,  l'hémione,  chez  des  ânesses 
laitières,  et  nous  ajouterons  l'absence  d'anévrysmes  semblables  chez 
le  bœuf,  qui  sert  aux  travaux  de  l'agriculture,  ne  laissent  subsister 
ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  explications. 

M.  Rayer,  après  avoir  fait  remarquer  qu'on  ne  rencontre  pas  tou- 
jours des  vers  dans  les  anévrysmes  de  l'artère  mésentérique,  ne 
paraît  pas  disposé  à  regarder  le  Strongylus  armatus  minor  comme 
la  cause  de  l'altération  artérielle  qui  nous  occupe.  —  Pour  nous,  la 
présence  presque  constante  du  sclérostome  armé  dans  l'anévrysme 
des  artères  abdominales  nous  porte  à  regarder  ce  ver  comme  la  cause 
de  la  lésion  artérielle,  mais  nous  nous  expliquons  son  action  autrement 
qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici.  La  lésion  pathologique  des  artères  anévrys- 
matiques  nous  paraît  être  le  résultat  d'une  véritable  inflammation 
déterminée  par  le  sclérostome;  en  effet,  l'opacité  de  la  membrane 
interne,  l'épaississement  de  la  moyenne,  la  présence  d'un  caillot,  l'ad- 
hérence de  ce  caillot,  sont  des  phénomènes  propres  à  l'artérite;  d'un 
autre  côté,  la  bouche  du  sclérostome  est  armée  d'un  appareil  corné 
pourvu  de  pointes  acérées  et  résistantes,  au  moyen  desquelles  ce  ver 
peut  exercer  des  piqûres,  des  titillations  souventrépélées,  et  entretenir 
une  irritation  constante  dans  la  paroi  artérielle  (1).  Dira-t-on  que  l'on 

(1)  La  bouche  du  sclérostome  est  sans  doute  trop  petite  pour  qu'elle  puisse  pro- 
duire des  pertes  de  substance  appréciables  sur  la  membrane  interne  des  artères; 
M.  Rayer  a  d'ailleurs  fait  voir  que  les  ulcérations  qui  existent  quelquefois  dans  les 
anévrysmes  vermineux  dépendent  de  productions  crétacées  ou  alhéromateuses. 
Mais  ces  vers  peuvent  entretenir  une  irritation  constante  dans  les  parties  en  y 
enfonçant  leur  tête.  Les  scléroslomes  de  l'intestin,  dont  la  bouche  est  conformée 
comme  celle  du  sclérostome  anévrysmatique ,  «  sont  fixés  solidement  par  leur 
armure  buccale  à  la  muqueuse  de  l'intestin,  sur  laquelle  chacun  forme,  en  suçant, 
une  petite  papille  de  couleur  foncée,  »  dit  M.  Dujar  lin.  Il  est  probable  qu'on  pour- 
rait constater  le  même  fait  dans  les  artères  vermiueuses,  si  on  les  ouvrait  peu  de 


mm  LliS  SOLIPÈDKS.    —   ANÉVHYSM1Î   VERMINEUX.  335 

ne  trouve  pas  toujours  de  vers  dans  l'anévrysme  des  artères  mésen- 
tériques?  Nous  répondrons  que,  dans  ce  cas  d'ailleurs  très  rare,  il  se 
peut  que  les  entozoaires  aient  abandonné  la  tumeur  ou  qu'ils  aient 
péri,  comme  on  l'a  vu  pour  les  vers  d'autres  espèces  de  tumeurs  ver- 
mineuses.  On  pourra  dire  encore  que  l'artère  pulmonaire,  chez  le 
marsouin,  contient  souvent  des  vers  beaucoup  plus  volumineux  que 
le  sclérostome  armé,  et  que  cependant  cette  artère  n'offre  aucune 
lésion  pathologique.  Le  fait  est  vrai;  mais  la  bouche  de  lapseudalie 
du  marsouin  étant  arrondie,  très  petite  et  tout  à  fait  inerme  (1),  ce 
ver  ne  peut  en  aucune  manière  piquer  ou  irriter  la  paroi  qui  le 
renferme,  et  cette  différence  mérite  sans  doute  d'être  remarquée  : 
dans  les  artères  du  marsouin,  ver  inerme,  absence  de  lésions  patho- 
logiques ;  dans  les  artères  du  cheval,  ver  armé,  existence  de  lésions 
pathologiques. 

L'anévrysme  vermineux  n'a  jamais  été  observé  que  chez  les  soli- 
pèdes.  Si  l'on  a  rencontré  chez  le  chien  des  vers  dans  les  parois  de 
l'aorte,  dans  aucun  cas  la  poche  qui  renfermait  les  vers  ne  commu- 
niquait avec  la  cavité  du  vaisseau  ;  chez  les  solipèdes,  on  n'a  jamais 
vu  dans  les  parois  des  artères  de  tumeurs  vermineuses  semblables 
à  celles  du  chien  ;  c'est  donc  par  une  induction  fautive,  et  non  d'après 
l'observation,  que  Morgagni  d'abord  (2),  puis  un  grand  nombre  d'au- 
teurs, Rudolphi  (3),  Scarpa(4),  Hurtrel  d'Arboval  (5) ,  Otto  (6),  etc., 
ont  admis  dans  les  parois  des  artères  du  cheval  l'existence  de  vers 
et  de  tumeurs  vermineuses,  et  que  Sabatier  (7). et  Laënnec  (8)  ont 
admis  l'existence  d'anévrysmes  vermineux  chez  le  chien  (9). 

temps  après  la  mort  du  cheval.  Ne  voit-on  pas  d'ailleurs  les  oxyures,  qui  sont 
moins  grands  et  moins  bien  armés  que  les  sclérostomes,  occasionner  une  irritation 
vive  et  même  l'inflammation  dans  les  organes  qu'ils  habitent! 

(1)  Davaine,  Recherches  sur  les  vers  des  vaisseaux  pulmonaires  et  des  bronches 
chez  lemarsouin  (Mém.  Soc.  de  biologie,  1854,  2e  série,  t.  I,  p.  117). 

(2)  Morgagni,  Epist.  analom.,  176£|,  epist.  ix,  §§  45  et  46,  in -fol. 

(3)  Rudolphi,  Entosoorum  Hist.  nat.,  t.  I,  p.  438. 

(4)  Scarpa,  SulVaneurisma,  etc.,  trad.,  1809,  p.  106. 

(5), Hurtrel  d'Arboval,  Dict.  médec.  vétérin.,  a-rt.  Ceinon.  Paris,  1824. 

(6)  Olto,  Lehrbuchder  palh.  Anal.,  etc.  Berlin,  1830. 

(7)  Sabatier,  Médecine  opératoire ,  \'e  édit.,  1796;  et  3e édit.,  Paris,  t.  III,  1832, 
p.  108. 

(8)  Laënnec,  Dict.  des  sciences  médicales^  art.  Ciunon,  1843'. 

(9)  C'est  encore  par  erreur  qu'on  a  dit  que  les  anévrysmes  du  pécari  {Sus  lajassu), 
observés  par  Tyson  et  par  Daubenton,  renfermaient  des  vers;  ces  observateurs  ne 
font  aucune  mention  de  vers  (Rayer). 


336  AFFECTIONS  VISQMINEUSES  DU  SYSTÈME  SANGUIN. 

CHAPITRE  II. 

VERS    DES    VEINES. 

MM.  Trousseau  et  Leblanc  rapportent  que  l'on  trouve  des  cri- 
nons  dans  les  veines  mésentériques  du  cheval  ;  mais  ils  n'en  ont 
jamais  observé.  «  M .  Jobert,  disent-ils,  aide  d'anatomie  de  la  Faculté 
de  médecine  de  Paris  (aujourd'hui  professeur  et  membre  de  l'Institut), 
a  rencontré  très  souvent  de  ces  entozoaires  nageant  dans  le  sang  des 
veines  mésaraïques  du  cheval  ;  il  me  permet  de  citer  ce  fait  cu- 
rieux (1).  »  Valentin  rapporte  que,  »  dans  l'hiver  de  1841,  on  a 
trouvé  à  l'école  vétérinaire  de  Berne  un  strongle  dans  la  veine  porte 
d'un  cheval.  On  s'assura  que  le  vaisseau  n'avait  point  été  mis  en 
communication  avec  l'intérieur  du  canal  intestinal  par  suite  de 
quelque  perforation  (2).  » 

Les  observateurs  n'ont  pas  dit  s'il  y  avait  quelque  lésion  patho- 
logique dans  les  veines. 


TROISIEME    SECTION. 

HÉMATOZOAIRES  DU  CHIEN. 

Chez  le  chien,  les  cas  de  vers  du  sang  visibles  à  l'oeil  nu  sont 
très  rares;  ceux  qui  concernent  les  larves  microscopiques  d'un  ver 
nématoïde,  larves  qui  circulent  dans  tous  les  vaisseaux  avec  le  sang, 
paraissent  devoir  être  beaucoup  plus  communs. 

Les  hématozoaires  du  chien  appartiennent,  autant  qu'on  peut  le 
présumer,  à  trois  espèces  distinctes  :  le  dochmie'trigonocêphale  (?) , 
observé  par  M.  Serres  ;  le  strongle  géant  (?),  observé  par  M.  Jones  ; 
\zfilaire  hématique  (?),  par  MM.  Gruby  et  Delafond,  Gervais,  et 
Jones. 

Nous  rapporterons  simplement  les  faits  connus,  comme  des  docu- 
ments devant  servir  plus  tard  à  l'histoire  des  vers  du  sang  chez  le 
chien . 

(1)  Mém.  cit.,  p.  194,  note. 

(2)  Valentin,  Repertorium  fur  Ânalomie  und  Physiologie,  S.  51,  1841,  cité  par 
Rayer,  Archiv.  deméd.  comp.,  1842,  n°  1,  p.  42. 


HÊMATOZOAIIUS   CHEZ   LE   CHtElS.  337 


CHAPITRE    PREMIER. 

HÉMATOZOAIRES   SÉJOURNANT  DANS    CNE   PORTION  DÉTERMINÉE   DU   SYSTÈME 
CIRCULATOIRE. 

Ier  Cas  (Panthot).  —  Espèce  indéterminée. 

«  J'ai  ouvert  une  petite  chienne  vivante  pour  faire  quelques  démonstrations 
anatomiques  ;  cette  chienne  était  plus  vieille  que  jeune,  elle  nourrissait  cinq 
petits  chiens  et  n'avait  aucune  apparence  de  maladie  ni  de  langueur.  A  l'ou- 
verture du  ventricule  droit  du  cœur,  on  trouva  trente  et  un  vers  ramassés  en 
peloton  ;  ils  étaient  chacun  de  la  longueur  du  doigt  et  de  la  grosseur  d'une 
épingle  médiocre  (voy.  fig.  IV).  »  (Cette  figure  représente  un  trait  de  plume 
fin,  flexueux,  aminci  aux  deux  extrémités,  et  long  de  75  millimètres.) 

«  Ces  vers  se  séparèrent  d'abord  et  sautèrent  sur  la  table  avec  une  grande 
vitesse;  mais  ils  ne  vécurent  pas  trois  minutes.  Je  ne  trouvai  aucune  altéra- 
tion dans  la  substance  du  cœur  ni  dans  les  autres  parties  du  corps  (-1).  » 

IIe  Cas  (De  la  Peyronie).  —  Espèce  indéterminée. 

«  M.  de  la  Peyronie  m'a  assuré  que,  dans  plusieurs  chiens,  il  avait  vu  des 
pelotons  de  tels  insectes  (vers)  entre  la  base  du  cœur  et  le  péricarde,  et  même 
dans  les  ventricules.  Des  anatomistes  dont  le  savoir  et  l'esprit  philosophique 
rassurent  contre  toute  illusion  et  lout  préjugé,  ont  fait  de  semblables  obser- 
vations (2).  » 

IIIe  Cas  (docteur  Peïsson).  —  Espèce  indéterminée. 

«  Un  chien  de  forte  taille  était  depuis  quelque  temps  triste  et  languissant, 
il  était  presque  toujours  couché  et  mangeait  très  peu.  Cinq  ou  six  fois  par  jour 
il  était  pris  de  convulsions  de  tous  les  membres  et  des  yeux  ;  une  sorte  d'étour- 
dissement  paraissait  précéder  ces  convulsions  et  faisait  tomber  l'animal.  A  la 
fin  de  l'accès,  qui  durait  une  ou  deux  heures ,  il  avait  un  peu  d'écume  à  la 
gueule. 

»  On  le  tua,  et  le  docteur  Peysson  (de  Montpellier),  l'ayant  ouvert  afin  d'ob- 
server les  mouvements  du  cœur,  trouva  dans  le  ventricule  droit  de  cet  organe 
cinq  ou  six  vers  cylindriques,  longs  de  8  à  <l  0  pouces  et  gros  comme  une  chan- 
terelle de  violon  ;  leurs  extrémités  se  terminaient  en  pointe,  de  manière  qu'il 
était  difficile  de  distinguer  la  tête  de  la  queue.  Leur  surface  ne  présentait  pas 
d'anneaux  distincts,  même  à  la  loupe.  Ces  vers  étaient  courbés  en  spirale  à 
raison  de  l'étroitesse  du  lieu  qui  les  renfermait;  ils  s'agitaient  et  opéraient 

(1)  Panthot,  docteur  en  médecine  et  professeur  au  collège  de  Lyon,  Journal 
des  savants,  28  août  1679,  et  Collect.  acad.,  part,  étrang.,  1. 1,  p.  284. 

(2)  De  Scnac,  Traité  des  maladies  du  cœur,  2e  édit.  Paris,  1778,  t.  I,  p.  231. 

Davaine.  22 


M8  AFFECTIONS  VRHMINEOSÊS   Dl    SYSTÈME  SANC.UI,\. 

divers  mouvements  qui  cessèrent  peu  de  temps  après  qu'on  eut  placé  les  vers 
sur  une  table.  Los  parois  du  ventricule  droit  n'éi  aient  nullement  altérées;  seu- 
lement les  piliers  charnus  étaient  plus  prononcés  qu'à  l'ordinaire.  Il  n'y  avait 
de  vers  ni  dans  les  autres  cavités  du  cœur,  ni  dans  les  gros  vaisseaux  (1).  » 

IVe  Cas  (Zeviani).  —  Espèce  indéterminée 
Rudolphi  rapporte  en  ces  termes  un  cas  observé  par  Zeviani  : 
«  Auctor  in  canis  ventriculo  cordis  sinistro  quatuor  reperissc  vult  vernies 
»  teretes,  tenaces,  glabres,  llavicantes,  tenues,  quorum  bini  dimidium,  bini 
»  integrum  pedem   longi  fuerunt.  Caput,  collum,  aliaeve  partes  discerni  non 
»  potuerunt...  (2).  » 

Ve  Cas  (Bobe-Moreau).  —  Espèce  indéterminée. 
A  propos  d'un  cas  de  ver  expulsé  avec  l'urine  (voy.  p.  298),  Bobe-Moreau 
ajoute  :  «  Deux  observations,  dont  l'une  est  relative  à  un  lombricoïde  rendu 
avec  les  urines,  et  l'autre  a  des  crinons  (ascaris  crino)  trouvés  dans  le  cœur 
d'un  chien,  m'ont  fait  naître  ces  réflexions.  »  L'auteur  ne  donne  aucun  autre 
détail  (3). 

VIe  Cas  (docteur  Jones).  —  Filaria  hœmatica  (Synops.,  n°  78). 

Philadelphie  (États-Unis).  Chien  d'arrêt  mâle;  cinq  Pilaires  dans  le  ventri- 
cule droit.  Ce  chien  avait  un  appétit  vorace  et  insatiable;  il  était  très  maigre, 
quoiqu'il  eut  une  nourriture  abondante;  il  était  très  vif  et  toujours  en  mouve- 
ment. Il  avait  été  sacrifié  pour  des  études  physiologiques  (4). 

VIIe  Cas  (docteur  Jones).  —  Filaria  hœmatica. 

Philadelphie.  Chien  bâtard.  L'oreillette  et  le  ventricule  droits,  l'artère  pul- 
monaire jusque  dans  ses  dernières  divisions,  étaient  littéralement  bourrés  de 
filaires  adultes.  Le  sang  contenait  un  grand  nombre  de  larves.  Ce  chien  était 
tellement  maigre,  qu'il  ressemblait  à  un  squelette;  il  était  cependant  très  bien 
nourri.  Comme  le  précédent,  il  avait  un  appétit  vorace;  il  était  toujours  en 
mouvement  et  fut  sacrifié  pour  des  recherches  physiologiques  (5). 

(1)  Journ.  deméd.,  chir.,pharm.,  deCorvisart,  etc.,  1806,  t.  XI,  p.  441  (extrait 
des  Annales  de  médecine  de  Montpellier). 

(2)  Giov.  Verardo  Zeviani,  Vermi  del  cuorevivi  e  veri,  in  Mem.  di  malem.  et  di 
fisica  délia  Soc.  ital.,  Verona,  1809,  t.  XIV,  p.  2,  cité  par  Rudolphi,  Synopsis, 
p.  628. 

(3)  Bobe-Moreau,  MM.  cit.  Paris,  1813,  p.  4.-  J'ai  cherché  vainement  dans  les 
recueils  du  temps  si  l'auteur  avait  publié  le  fait  dont  il  ne  donne  ici  qu'une  simple 
indication.  Il  est  probable  que  c'est  à  ce  fait  que  se  rapporte  la  mention  suivante 
de  Dujardin  :  «  On  l'indique  aussi  (le  dochmie  trigonocéphale)  comme  trouvé 
à  Paris,  en  1813,  dans  le  cœur  même  d'un  chien.  »  (Catalogue  du  Musée  de  Vienne, 
cité  par  Dujardin,  ouvr.  cit.,  p.  278.) 

(4)  Docteur  Jones  de  Philadelphie,  dans  J.  Leidy,  Synops.,  a"  159,  p.  55. 

(5)  J.  Leidy,  Synops,  cit.,  a"  159. 


HÉMATOZOAIRES   CHEZ   I.E    CHIEN.  339 

VIIIe  Cas  (docteur  Livingston).  —  Espèce  indéterminée. 

«  Le  docteur  Livingston  a  présenté,  à  un  récent,  meeting  de  la  Société  patho- 
logique de  New-York,  le  cœur  d'un  chien  mort  subitement  et  sans  cause  appré- 
ciable.... A  l'ouverture  du  thorax,  on  Irouva  une  déchirure  de  la  plèvre  pulmo- 
naire et  du  feuillet  du  péricarde  droits  ;  de  plus,  un  épanchement  considérable 
de  sang  dans  la  cavité  pulmonaire  du  même  côté.  Cette  hémorrhagie  était 
due  à  une  rupture  de  l'oreillette  droite  du  cœur  dans  sa  partie  antérieure;  la 
déchirure  était  longue  d'un  pouce,  à  bords  irréguliers,  à  travers  lesquels  pas- 
saient trois  ou  quatre  vers  filamenteux  ressemblant  aux  intestins  d'un  ver  à 
soie.  Dans  le  cœur  droit  et  dans  l'artère  pulmonaire,  on  rencontra  dix  de  ces 
parasites,  dont  la  longueur  variait  de  6  à  1  0  pouces,  et  dont  le  diamètre  mesu- 
rait environ  un  tiers  de  ligne. 

»  Le  professeur  Dalton  considère  ces  vers  comme  appartenant  à  une  espèce 
non  classée  de  spiroptère;  il  a  montré  les  organes  génitaux  du  mâle  consis- 
tant en  deux  pénis  et  des  testicules  enroulés  autour  de  l'intestin  (1).  » 

IXe  et  Xe  Cas  ( ?).  —  Espèce  indéterminée. 

«  Une  préparation  renfermant  des  helminthes  semblables  a  été  trouvée 
dans  le  musée  du  Collège  des  médecins  et  des  chirurgiens  ;  elle  était  classée 
sous  le  titre  de  :  Vers  trouvés  dans  le  cœur  d'un  chien  venant  de  Hong-kong 
(Chine). 

»  Le  docteur  Isaac  cite  un  fait  analogue  à  celui  du  docteur  Livingston  (2).  » 

XIe  Cas  (Serres).  —  Dochmie  trigonocéphale?  dans  l'oreillette  droite, 
le  ventricule  correspondant  et  l'artère  pulmonaire  d'un  chien 
(Synops.,  n°  8  4). 

a  Le  12  mai  1853,  un  chien  braque,  âgé  de  deux  ans,  est  conduit  dans 
nos  hôpitaux.  Cet  animal  est  nourri  avec  de  la  viande;  depuis  quelques  jours 
il  paraît  triste,  mange  peu  et  a  eu  des  vomissements. 

î  Les  symptômes  sont  vagues,  et  ne  permettent  pas  de  bien  établir  le 
diagnostic  :  l'inappétence,  la  chaleur  et  la  sécheresse  de  la  bouche,  la  dou- 
leur témoignée  par  l'animal  lorsqu'on  lui  comprime  la  région  abdominale,  la 
constipation,  les  vomissements  qui  ont  eu  lieu,  sont,  il  est  vrai,  des  signes 
suffisants  pour  admettre  l'existence  d'une  gastro-entérite.  Il  y  a  néanmoins 
dans  le  faciès,  les  attitudes  que  prend  l'animal,  l'état  de  sa  respiration,  quel- 
que chose  dont  on  ne  se  rend  pas  compte,  mais  qui  fait  croire  à  une  lésion 
plus  grave  qu'une  gastro-entérite.  Le  traitement  consiste  en  lavements  mu- 
cilagineux  et  tisane  d'orge  miellée.  Lait  pour  nourriture. 

v  Le  4  6,  l'animal  est  considéré  comme  guéri.  Avant  de  le  retirer,  le  pro- 
priétaire désire  lui  faire  couper  un  morceau  de  queue.  Cette  opération  donne 

(1)  The  veterinarian  or  Monthly  Journ.  of  veterin.  science,  ann.  1857,  janv,- 
juin,  et  Recueil  de  méd.  vélér.,  Paris,  1858,  p.  688. 

(2)  Même  journal. 


340  AFFECTIONS   VERMINEUSES   i.U  SYSTÈME  SANGUIN, 

écoulement  à  environ  EiO  grammes  de  sang.  L'hémorrhagie  est  arrêtée  avec 
le  cautère  chauffé  à  blanc.  Dans  la  journée,  l'animal  est  vu  plusieurs  fois  et 
n'offre  rien  d'anormal.  Le  lendemain,  peu  ne  fut  pas  grand  l'étonnement  de 
trouver  l'animal  mort.  Il  n'y  a  pas  eu  d'hémorrhagie  ;  l'eschare  produite  par  la 
cautérisation  est  intacte  ;  l'extérieur  de  l'animal  n'offre  rien  pouvant  rendre 
compte  d'une  mort  si  prompte. 

»  Autopsie.  —  L'estomac  et  l'intestin  grêle  offrent  les  traces  d'une  inflam- 
mation légère.  Trois  ténias,  mesurant  ensemble  environ  7  mètres,  sont 
trouvés  dans  l'intestin  grêle.  Le  cœur  est  plus  volumineux  qu'à  l'état  normal. 
Cette  augmentation  de  volume  est  due  à  l'hypertrophie  active  du  ventricule 
droit. — L'oreillette  et  le  ventricule  droits  renferment  une  infinité  d'entozoaires  ; 
les  plus  longs  mesurent  environ  1  S  millimètres,  et  ont  la  grosseur  d'un  fil  de 
soie.  Les  vers  sont  disséminés  dans  les  cavités  de  l'oreillette  et  du  ventricule 
droits;  on  en  trouve  aussi  par  petits  pelotons  de  la  grosseur  d'un  pois  ordi- 
naire. L'orifice  de  l'artère  pulmonaire  est  presque  entièrement  bouché  par  de 
petits  pelotons  vermineux.  On  trouve  enfin  de  ces  entozoaires  jusque  dans 
les  dernières  divisions  de  l'artère  pulmonaire.  —  Rien  d'anormal  dans 
l'oreillette  et  le  ventricule  gauches.  Le  ventricule  droit,  l'oreillette  droite  et 
tout  le  système  veineux,  sont  remplis  de  sang  coagulé.  Les  vaisseaux  de  la 
pie-mère  sont  fortement  injectés. 

»  La  mort  subite  à  laquelle  a  succombé  l'animal  trouve  parfaitement  son 
explication  dans  la  présence  du  nombre  prodigieux  des  entozoaires  qui  ont 
mis  un  obstacle  au  passage  du  sang  dans  le  cœur  droit  et  l'artère  pulmo- 
naire (1).  » 

XIIe  Cas  (docteur  Jones).  —  Strongle  géanl?  (Synops.,  n°  99). 
«  Un  individu  (strongle  géant)  de  huit  pouces  de  longueur  a  été  trouvé 
par  M.  J.  Jones  dans  le  cœur  d'un  chien,  associé  avec  des  Pilaires  dont  nous 
parlerons  autre  part  (2).  »  (C'est  chez  le  chien  du  cas  VI  ou  VII,  rapporté 
ci-dessus. 

D'après  les  cas  connus  on  peut  inférer  :  1°  que  les  vers  du  sang 
sont,  sans  doute,  plus  communs  en  Amérique  qu'en  Europe  et  qu'il 
en  existe  aussi  en  Chine  ;  2°  que  trois  espèces  se  trouvent  dans  les 
vaisseaux  du  chien  ;  3°  que  la  plus  commune  est  la  filaire  ;  4°  que 
ce  dernier  ver  habite,  à  l'état  adulte,  les  cavités  droites  du  cœur  et 
l'artère  pulmonaire. 

MM.  Gruby  et  O.  Delafond  ont  aussi  trouvé  dans  les  vaisseaux 
du  chien  la  filaire  adulte,  mais  ils  n'ont  point  décrit  ses  caractères; 
ils  ont  reconnu  que  les  hématozoaires  microscopiques  qui  circulent 
avec  le  sang  sont  des  larves  de  cette  filaire. 

(1)  E.  Serres,  chef  de  clinique  à  l'École  de  Toulouse  {Journal  des  vétérinaires  du 
midi,  Toulouse,  1854,  2e  série,  t.  VII,  p.  70). 

(2)  Leidy,  Synops.  cil.,  n"  152. 


HÉMATOZOAIRES  DANS  LE  SANG.  3M 

f 

CHAPITRE  II. 

HÉMATOZOAIRES    CIRCULANT    AVEC    LE     SANG. 

[Filaria  hœmatica,  Synops.,  n°  78.) 

C'est  à  MM.  Gruby  et  Delafond  que  l'on  doit  la  connaissance  des 
hématozoaires  microscopiques  du  chien.  Ces  vers  ont  été  observés 
de  nouveau  en  Amérique  par  les  docteurs  Leidy  et  Jones  (cas  cités), 
à  Montpellier  par  M.  P.  Gervais  (1). 

D'après  les  observations  de  MM.  Gruby  et  Delafond,  les  héma- 
tozoaires du  chien,  à  l'état  de  larves,  circulent  dans  tout  le  système 
sanguin  ;  après  avoir  acquis  un  certain  développement,  ils  séjour- 
nent exclusivement  dans  le  cœur  et  les  gros  vaisseaux.  Ces  vers  ap- 
partiennent au*  genre  filaire  [Filaria  papillosa  hœmatica  canis  do- 
mestici,  Gruby  et  Delafond). 

Le  nombre  des  larves  circulant  dans  le  sang  est  quelquefois  pro- 
digieux et  peut  aller  approximativement  dans  quelques  cas  jusqu'à 
224  000.  Alors  une  goutte  de  sang  prise  n'importe  dans  quelle 
partie  du  corps  renferme  de  ces  petits  hématozoaires;  le  nombre  des 
adultes  est  au  contraire  très  peu  considérable. 

Les  chiens  qui  possèdent  des  hématozoaires  sont  rares;  d'après 
une  moyenne  prise  sur  480  de  ces  animaux,  MM.  Gruby  et  Dela- 
fond ont  trouvé  un  chien  vermineux  sur  vingt  à  vingt-cinq  qui  ne  le 
sont  pas.  La  race,  le  sexe,  l'état  de  maigreur  ou  d'embonpoint,  de 
santé  ou  de  maladie,  n'ont  aucune  influence  sur  l'existence  ou  l'ab- 
sence des  hématozoaires.  Mais  ces  parasites  se  rencontrent  plus  sou- 
vent chez  les  chiens  adultes  et  vieux  que  chez  les  jeunes.  La  con- 
dition la  plus  apparente  pour  l'existence  des  hématozoaires  chez  le 
chien,  c'est  l'hérédité  : 

«  Un  chien  à  sang  vermineux  donne  avec  une  chienne  à  sang  non 
vermineux  des  descendants  dont  les  uns,  appartenant  à  la  race  du 
père,  ont  le  sang  vermineux,  et  dont  les  autres,  appartenant  à  la 
race  de  la  mère,  ne  l'ont  pas. 

»  Une  chienne  à  sang  vermineux,  donne  avec  un  chien  à  sang 
non  vermineux,  des  descendants  dont  les  uns,  tenant  de  la  race  de 

(1)  Gervais  et  Van  Beneden,  Zoologie  médicale.  Paris,  1859,  t.  II,  p.  302. 


ii/fi  AFFECTIONS  VËUMIlNliUSliS  DU   SYSTÈMIi   SANGUIN. 

lu  mère,  ont  des  vers  dans  le  sang,  tandis  que  ceux  de  la  race  du  père 
n'en  ont  pas. 

>•  Une  chienne  à  sang  vermineux  donne  avec  un  chien  également 
à  sang  vermineux  des  descendants  appartenant  soit  à  la  race  du 
père,  suit  à  la  race  de  la  mère,  ayant  des  vers  dans  le  sang. 

»  Les  filaires  dansle  sang  des  descendants  n'ont  étédécouvertes  qu'à 
l'époque  où.  les  chiens  ont  eu  l'âge  de  cinq  à  six  mois.  Le  sang  ver- 
mineux des  chiens  ne  présente  point  de  modifications  bien  notables 
dans  les  caractères  physiques  et  dans  la  proportion  en  poids  de  ses 
principes  organiques  ou  inorganiques. 

»  Les  hématozoaires,  même  en  nombre  immense,  n'altèrent  pas  les 
facultés  instinctives  des  chiens  et  n'affaiblissent  pas  l'énergie  mus- 
culaire de  ces  animaux. 

»  Dix-neuf  chiens,  dont  chacun  avait,  d'une  manière  approxima- 
tive, depuis  11  000  jusqu'à  près  de  224,000  filaires  microscopiques 
dans  leur  sang,  en  outre  un  chien  ayant  aussi  dans  le  sang  six  filaires 
adultes  de  la  longueur  de  14  à  20  centimètres,  n'ont  point  été  at- 
teints de  maladies  spéciales;  cependant  trois  chiens  ayant  approxi- 
mativement, le  premier  17  000,  le  deuxième  25  000,  et  le  troisième 
112  000  filaires  microscopiques  dans  le  suc  vital,  ont  été  frappés 
d'attaques  épileptiformes.  Deux  de  ces  animaux  sont  morts  de  ces 
attaques  ;  chez  le  troisième,  elles  ont  disparu.  La  santé  de  ce  dernier 
chien  est  parfaite  depuis  plus  d'un  an,  quoique  le  même  nombre  de 
vers  existe  toujours  dans  le  sang  (1).  » 

(1)  Gruby  et  O.  Del  a  fond,  Troisième  Mémoire  sur  le  ver  plaire  qui  vit  dans  le 
sang  du  chien  domestique  (Comptes  rendus  de  VAcad.  des  se,  1852,  t.  XXXIV, 
p.  9). 


AFFECTIONS   VERMINEUSKS  DES  CAVITÉS   SÉREUSES.  343 


DEUXIEME  PARTIE. 

AFFECTIONS  VFRMINEUSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES    NATURELLES 
OU  ADVENTIVES. 

Généralités.  —  Quels  sont  les  vers  des  cavités  séreuses?  —  Vers  vésiculaires:  ils 
existent  dans  des  membranes  séreuses  naturelles  ou  adventives;  ils  produisent 
dans  les  unes  comme  dans  les  autres  les  mêmes  accidents;  ils  n'existent  pas  dans 
les  cavités  muqueuses.  —  Historique  :  confusion  des  vers  vésiculaires  avec  les 
kystes;  découverte  de  l'animalité  des  cysticerqucs,  des  hydatides;  échinocoques 
chez  les  animaux,  chez  l'homme;  relation  de  l'hydatide  avec  les  échinocoques. 
—  Corps  inanimés  pris  pour  des  vers  vésiculaires.  —  Dénominations.  —  Divi- 
sion de  la  deuxième  partie. 

Les  cavités  qui  sont  revêtues  d'une  membrane  séreuse  peuvent 
être  envahies  par  les  entozoaires  aussi  bien  que  celles  qui  sont  revê- 
tues d'une  membrane  muqueuse.  Ces  entozoaires  appartiennent  aux 
nématoïdes  et  aux  cestcïdes  : 

Les  nématoïdes  des  cavités  séreuses  sont  rares,  on  n'en  a  point 
observé  chez  l'homme.  De  tous  les  animaux  domestiques,  le  cheval 
est  celai  qui  en  offre  le  plus  fréquemment;  mais,  si  l'on  excepte  les 
vers  de  la  chambre  antérieure  de  l'œil  dont  nous  parlerons  autre 
part,  aucun  de  ces  entozoaires  nématoïdes  n'occasionne  d'accidents 
ou  même  de  phénomènes  appréciables.  Nous  n'aurons  donc  point  à 
nous  en  occuper  ici. 

Les  cestoïdes  des  cavités  séreuses  sont  des  vers  vésiculaires  qui, 
soit  par  leur  nombre,  soit  par  leur  volume,  donnent  lieu  à  des  phé- 
nomènes apparents  ou  même  à  des  accidents  graves. 

Toutes  les  cavités  séreuses  naturelles  ne  sont  point  sujettes  à  être 
envahies  par  des  vers  vésiculaires  :  on  n'en  a  point  signalé  dans  les 
cavités  synoviales;  on  n'en  a  point  signalé  non  plus  dans  le  péri- 
toine chez  l'homme,  à  moins  qu'ils  n'y  fussent  arrivés  accidentelle- 
ment par  la  rupture  d'un  kyste  situé  dans  les  organes  abdominaux  ; 
il  en  est  autrement  chez  plusieurs  animaux  qui  offrent  quelquefois 
des  cysticerques  libres  dans  le  péritoine. 

Les  cavités  séreuses  dans  lesquelles  on  a  vu  des  vers  vésiculaires 
libres  sont  celles  des  ventricules  cérébraux  et  de  l'arachnoïde,  les 
chambres  de  l'œil,  la  plèvre,  le  péricarde,  la  tunique  vaginale,  et, 
chez  quelques  animaux,  le  péritoine. 


3U'\  AFFECTIONS  VERMINliUSES   DES  CAVITÉS  SÉRLUSES 

On  rencontre  assez  fréquemment  dans  les  ventricules  cérébraux 
et  dans  l'arachnoïde  chez  le  porc  le  cysticerque  ladrique;  on  l'a  vu 
plusieurs  fois  chez  l'homme  ainsi  que  des  hydatides. 

Dans  l'humeur  aqueuse  de  l'œil,  on  a  vu  plusieurs  fois  le  cysti- 
cerque ladrique  chez  l'homme  et  chez  le  porc. 

La  cavité  de  la  plèvre  et  celle  du  péricarde  en  ont  offert  des  exem- 
ples non  moins  certains.  Bremser  a  vu  des  cysticerques  libres  dans 
la  plèvre  des  campagnols  (l).  M.  Andral  rapporte  que,  sur  un  singe 
dont  il  fit  l'ouverture  avec  Magendie,  en  1818,  il  trouva  l'une  des 
plèvres  remplie  d'une  grande  quantité  de  sérosité,  au  milieu  de 
laquelle  nageaient  une  quarantaine  de  petits  corps  sphériques,  très 
élastiques,  delà  grosseur  d'une  noisette,  et  qui,  d'après  les  autres 
détails,  ne  peuvent  être  rapportés  qu'aux  hydatides  (2).  «  J'ai  disséqué, 
dit  M.  Reynaud,  un  rat  de  Pharaon  dans  lequel  il  existait  des  acé- 
phalocystes  libres  et  sans  kyste  dans  les  deux  plèvres,  en  telle  quan- 
tité que  les  poumons  se  trouvaient  refoulés  vers  la  colonne  verté- 
brale ;  l'intérieur  du  péricarde  en  contenait  aussi  un  grand  nombre 
sans  qu'il  fût  perforé  (3).  » 

Obs.  I   (Andral  et  Lemaithe).  —  Hydalide  dans  la  plèvre. 

Une  femme,  âgée  de  quarante  et  un  ans,  entra  en  1850  dans  le  service 
de  M.  Andral.  Elle  avait  éprouvé  pendant  dix-sept  mois  une  gène  dans  la 
respiration  et  une  douleur  dans  le  côté  gauche  de  la  poitrine,  douleur  qui 
redoublait  au  moindre  mouvement.  Elle  mourut  peu  de  temps  après  son  entrée 
à  l'hôpital,  avec  des  phénomènes  d'asphyxie.  On  avait  constaté  les  signes  d'un 
vaste  épanchement  dans  la  plèvre  gauche. 

A  Vaulopsie,  M.  Lemaître  trouva  le  cœur  repoussé  à  droite,  le  poumon 
gauche  refoulé  en  dedans  et  en  arrière  vers  la  colonne  vertébrale  et  réduit  au 
volume  du  poing.  «  La  cavité  de  la  plèvre  (gauche)  est  occupée  par  une 
énorme  poche  fluctuante,  dont  les  parois,  blanches  et  opaques  comme  du 
blanc  d'œuf  coagulé,  sont  entièrement  semblables  aux  parois  des  vésicules 
acéphalocystes.  La  surface  externe  de  cette  poche,  partout  lisse  et  énucléable, 
est  séparée  de  la  plèvre  par  une  matière  gélatineuse  jaunâtre  peu  consis- 
tante; ses  parois,  épaisses  de  3  millimètres,  se  composent  de  plusieurs  feuil- 
lets superposés;  sa  surface  externe  est  un  peu  inégale  et  comme  chagrinée;  on 
y  aperçoit  à  l'œil  nu  une  multitudede  très  petits  points  blancs;  à  l'intérieur,  elle 
contient  trois  litres  d'un  liquide  transparent,  légèrement  jaunâtre,  d'apparence 

(1)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  31. 

(2)  Andral,  Anal,  palh.,  t.  I,  p.  382. 

(3)  A.  Rrynaud,  Dict.  de  méd.  en  30  vol.  Paris,  1837,  t.  XV,  p.  428,  article 
Hydatipes. 


NATURELLES  OU   ADVENT1VES.   —  GÉNÉRALÎÏÊS.  3-'l5 

homogène.  L'examen  microscopique  do  ce  liquide  et  de  la  surface  interne  des 
parois  de  la  poche  permet  de  constater  partout  l'existence  d'un  très  grand 
nombre  d'échinocoques.  Cette  poche  est  donc  une  énorme  acéphalocysle  dé- 
veloppée dans  la  cavité  même  de  la  pleure.  Le  poumon  droit  était  sain,  le  foie 
renfermait  un  kyste  du  volume  d'un  gros  œuf  de  poule,  qui  contenait  une 
hydatide  solitaire  avec  des  échinocoques  (1).  » 

Au  rapport  de  M.  Guérault,  on  a  vu  des  hydatides  dans  la  tunique 
vaginale  chez  les  Islandais  (2). 

Dans  la  cavité  des  veines,  dont  la  membrane  interne  n'est  pas 
sans  analogie  avec  une  séreuse,  M.  Andral  a  rencontré  des  hyda- 
tides libres,  et  M.  Wunderlich  en  a  vu  dans  les  divisions  de  l'ar- 
tère pulmonaire. 

On  ne  connaît  point  de  fait  certain  qui  établisse  que  les  vers  vési- 
culaires  sedéveloppent  dans  des  cavités  communiquant  avec  le  dehors, 
c'est-à-dire  dans  des  cavités  revêtues  par  une  membrane  muqueuse; 
on  a  vu  sortir,  sans  doute,  par  les  voies  naturelles,  des  hydatides  in- 
tactes, mais  il  est  aujourd'hui  généralement  reconnu  que  les  hydatides 
expulsées  dans  des  cas  semblables  proviennent  d'un  kyste  qui  s'est 
ouvert  dans  ces  voies.  D'après  le  fait  suivant  toutefois,  il  semblerait 
qu'il  n'en  est^  pas  toujours  ainsi  :  "  Dans  plusieurs  poumons  de 
vache,  de  cerf,  de  gazelle,  j'ai  trouvé,  dit  M.  Reynaud,  des  acépha- 
lccystes  renfermées  dans  l'intérieur  des  extrémités  bronchiques.  Une 
dissection  attentive  des  bronches  m'a  plusieurs  fois  permis  d'arriver, 
sans  inciser  autre  chose  que  leurs  parois,  à  un  point  de  leur  trajet 
où  l'instrument  rencontrait  à  nu  une  poche  hydatique  adhérente  par 
simple  contiguïté  aux  parois  distendues,  et  se  continuait  par  des 
commencements  d'embranchements  dans  deux  ou  plusieurs  des  divi- 
sions suivantes.  Ces  acéphalocystes  contenaient  tantôt  un  liquide 
aqueux,  et  tantôt  une  matière  comme  crémeuseou  caséeuse  (3).  »  Un 
fait  aussi  exceptionnel  eût  demandé  des  détails  plus  circonstanciés 
sur  l'apparence  des  vésicules  dont  il  est  ici  question.  Nous  verrons 
que  lorsqu'un  kyste  hydatique  contient  une  matière  crémeuse  ou 
caséeuse,  cette  matière  ordinairement  n'existe  pas  dans  la  cavité 
de  l'hydatide,  niais  extérieurement  à  elle,  dans  son  kyste;  en  sorte 
qu'il  est  à  croire  qu'il  ne  s'agit  point  ici  de  véritables  hydatides, 
mais  de  kystes  séreux.  Si,  néanmoins,  le  fait  est  exact,  nous  nous 

(1)  Bull.  Soc.  anal.,  25e  ann.,  p.  106. 

(2)  Même  infrà  cit. 

(3)  A.  Reynaud,  art.  cité,  p.  4  29. 


3/l6  Al'l'ECTlONS   VEKMlNliUSIiS   DES  CAVITÉS   SÉHliUSliS 

rappellerons  ce  quç  nous  a  enseigné  Magendie  :  la  membrane  qui 
revêt  l'extrémité  des  bronches  se  rapproche  par  ses  propriétés  phy- 
siologiques des  membranes  séreuses  et  du  tissu  cellulaire. 

Si  l'énumération  qui  précède  montre  que  les  vers  vésiculaires 
vivent  librement  dans  les  cavités  séreuses  naturelles,  elle  montre 
aussi  que  les  exemples  n'en  sont  pas  communs ,  surtout  chez 
l'homme  ;  et  c'est,  en  effet,  dans  le  parenchyme  des  organes  que  ces 
vers  font  leur  séjour  ordinaire.  Il  est  vrai  qu'ils  sont  isolés  de  ce 
parenchyme  par  une  poche  accidentelle  ou  kyste  dont  la  structure 
se  rapproche  de  celle  des  membranes  séreuses. 

Dans  quelque  partie  que  se  développe  le  ver  vésiculaire,  il  n'a 
d'action  sur  les  organes  que  médiatement,  à  travers  la  membrane 
séreuse  naturelle  ou  adventive  qui  le  renferme,  et  cette  action  ne 
diffère  nullement,  qu'il  soit  renfermé  dans  une  cavité  naturelle  ou 
dans  une  cavité  adventive,  car  les  phénomènes  que  la  présence  de 
l'entozaire  détermine  n'étant  autres  que  ceux  de  la  compression,  il 
importe  peu,  en  définitive,  que  cette  compression  porte  son  action 
sur  les  organes  de  dehors  en  dedans  ou  de  dedans  en  dehors. 

L'histoire  pathologique  des  vers  vésiculaires  serait  ici  fort  incom- 
plète, si  nous  ne  nous  occupions  que  de  ceux  des  cavités  séreuses 
naturelles;  mais,  l'analogie  de  la  structure  des  poches  accidentelles 
qui  renferment  les  entozoaires  cystiques  avec  celle  des  cavités  natu- 
relles, l'identité  des  entozoaires,  la  similitude  des  phénomènes  et  des 
lésions  que  ceux-ci  déterminent,  l'avantage  de  considérer  ces  phé- 
nomènes et  ces  lésions  dans  leur  ensemble,  nous  engagent  à  ne  point 
séparer  l'étude  pathologique  des  vers  des  cavités  accidentelles  de 
celle  des  vers  des  cavités  naturelles  :  ainsi,  cette  partie  de  notre  ou- 
vrage comprendra  l'histoire  générale  des  lésions  occasionnées  par 
les  cysticerques  et  les  hydatides  (mères  des  échinocoques). 

Nous  parlerons  ailleurs  du  cœnure,  car,  bien  que  ce  ver  puisse 
se  rencontrer  dans  une  cavité  séreuse,  il  est  toujours  en  rapport 
avec  le  système  nerveux  central,  et  doit  être  considéré  comme  un 
entozoaire  spécial  à  ce  système. 

Historique.  —  Les  anciens  ont  observé  les  vers  vésiculaires, 
mais  ils  ignoraient  que  ces  êtres  jouissent  d'une  vie  propre.  Jusqu'à 
l'époque  de  la  découverte  de  leur  animalité,  ces  vers  n'étaient  point 
distingués  des  kystes  séreux,  et  de  même  que  ceux-ci  ils  étaient  re- 
gardés comme  des  dilatations  variqueuses  des  vaisseaux  lympha- 
tiques ou  sanguins,  ou  bien  comme  un  mode  particulier  d'altération 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.  —GÉNÉRALITÉS.  347 

du  tissu  cellulaire.  Les  premières  notions  touchant  l'animalité  des 
entozoaires  cystiques  furent  acquises  vers  la  fin  du  xvue  siècle; 
toutefois  elles  restèrent  ignorées  de  la  généralité  des  médecins  jus- 
qu'à la  fin  du  xvme.  C'est,  au  reste,  vers  cette  époque  seule- 
ment que  l'on  reconnut  d'une  manière  positive  la  nature  de  ces 
entozoaires,  qu'on  distingua  leurs  genres  et  leurs  espèces,  et  qu'on 
put  les  séparer  définitivement  des  produits  pathologiques  plus  ou 
moins  analogues,  quant  à  la  forme  et  à  l'apparence  (1). 

La  confusion  qui  existait  entre  les  kystes  séreux,  les  hydatides  et 
lescysticerques,  a  subsisté  presque  jusqu'au  commencement  de  notre 
siècle.  Les  cysticerques  ont  été  connus  comme  animaux  bien  avant 
les  hydatides. 

Cysticerques.  —  Le  cysticerque  ladrique,  ou  plutôt  la  vésicule 
caudale  de  cet  entozoaire  est  désignée  avec  précision  dans  le  passage 
d'Aristote  relatif  à  la  ladrerie  du  porc  (2),  mais  elle  n'est  point  con- 
sidérée comme  douée  de  l'animalité.  Le  premier  ver  vésiculaire  qui 
ait  été  regardé  comme  un  animal  est  le  cysticerque  fasciolaire  :  en 
effet,  en  1668,  Pecquet  parle  des  vers  que  M .  Estienne  a  trouvés  à 
Chartres  dans  le  foie  des  souris,  et  que  Ton  fit  voir,  dit-il,  il  y  a 
quelques  jours,  à  la  Compagnie  (Académie  des  sciences),  lesquels 
vers  sont  une  chose  qui  est  ordinaire  à  ces  animaux  en  ce  pays  là  (3) . 
Est-il  nécessaire  de  faire  remarquer  toutefois  que  le  cysticerque  de 
la  souris  n'est  jamais  invaginé  dans  sa  vésicule  caudale  très  petite, 
et  que  la  connaissance  de  cet  entozoaire  n'a  pu  servir  en  rien  à  celle 
de  l'animalité  des  autres  vers  cystiques  qui,  rétractés  dans  leur  vé- 
sicule, ne  nous  apparaissent  ordinairement  que  sous  cette  dernière 
forme? 

(1)  La  confusion  des  vers  vésiculaires  avec  les  kystes  avait  cessé  depuis  long- 
temps pour  les  helminthologistes,  que  beaucoup  de  médecins,  refusant  aux  hyda- 
tides une  vie  indépendante,  cherchaient  encore  l'origine  de  ces  êtres  dans  quelque 
altération  des  liquides  ou  des  solides  de  l'économie.  Les  opinions  tant  anciennes 
que  modernes  relatives  à  la  nature  de  ces  vésicules  sont  très  nombreuses  :  selon 
Bartholin,  Warthon,  Bidloo,  Dodard,  Morand,  etc.,  les  hydatides  doivent  leur 
origine  à  des  dilatations  des  vaisseaux  lymphatiques;  selon  Ruysch,  à  celles  des 
vaisseaux  sanguins  ;  à  une  altération  du  tissu  cellulaire,  selon  Monro  et  Schreiber; 
des  follicules,  selon  Boerhaave,  Hallcr,  etc.;  du  tissu  adipeux,  selon  Grashuys. Elles 
ont  été  considérées  par  d'autres  comme  de  la  gélatine  disposée  en  membrane 
(Merklin),  comme  une  pituite  épaisse  et  albumineuse  (Ch.  Lepois),  comme  des  hy- 
dropisies  enkystées,  comme  un  produit  d'inflammation,  etc. 

(2)  Voyez  Ladrerie. 

(3)  Pecquet,  lettre  citée. 


348  AFFECTIONS  tfERMINEUSES  DES  CAVITÉS  SÉRÉtJSËS 

Redi  (1684)  paraît  avoir  observé  plusieurs  vers  vésiculaires;  il  est 
certain  qu'il  a  connu  au  moins  le  cysticerque  du  lapin  [C.  pisi- 
fermis):  ••  Vidi  mesenterium  leporis  inter  utramque  tunicam  undique 
"  distinctum  hullis  seu  hydatihus  pellucidis,  aqua  limpidissima  re- 
»  fertis,peponissemen  referentibus  cum  acumineabuna  extremitate 
»  candido,  nec  pellucido  (1).  ••  Il  ajoute  que  des  vésicules  semblables 
trouvées  libres  dans  la  cavité  du  ventre  avaient  un  mouvement  spon- 
tané (quasi  animalia  forent  proprio  motu  acta).  11  est  disposé  à 
croire  que  la  partie  de  ces  vésicules  qui  ressemble  à  une  semence  de 
concombre  est  un  embryon  de  distome  hépatique  ;  il  fait  ensuite  la 
remarque  importante  que  le  liquide  contenu  dans  ces  vésicules  ne  se 
coagule  pas  par  la  chaleur. 

La  découverte  de  l'animalité  des  vers  vésiculaires  est  générale- 
ment attribuée  à  Hartmann,  qui  détermina  d'une  manière  très  pré- 
cise la  nature  de  ces  êtres.  Hartmann  fit  part  de  sa  découverte 
à  l'Académie  des  curieux  de  la  nature,  en  1685.  Ayant  trouvé  des 
hydatides  dans  l'épiploon  d'une  chèvre,  ■<  j'essayai  d'abord,  dit -il, 
d'introduire  un  stylet  dans  une  de  ces  hydatides  où  était  un  appen- 
dice, ou  prolongement  cannelé  circulairement,  et  qui  paraissait  avoir 
une  petite  ouverture  ;  mais  ne  pouvant  y  réussir,  je  pressai  douce- 
ment avec  les  doigts  une  espèce  de  mamelon  rond  et  blanc  qui  était 
à  l'extrémité  de  l'appendice,  afin  de  rendre  plus  apparent  ce  que  je 
prenais  pour  un  conduit  :  je  vis  à  l'instant  que  ce  petit  corps  s'allon- 
geait, qu'il  avait  la  forme  d'un  ver  rond,  et  je  crus  même  y  aperce- 
voir quelque  mouvement. 

»  Pour  în'assurer  si  cette  hydatide  était  véritablement  animée,  je 
la  plongeai  dans  de  l'eau  tiède,  ets'étant  précipitée  d'abord  au  fond 
du  vaisseau,  j'aperçus  des  mouvements  d'ondulation  vifs  et  très 
marqués  non-seulement  dans  l'appendice,  mais  dans  toute  la  vessie, 
et  ces  mouvements  imitaient  ceux  de  la  systole  et  de  la  diastole  du 
cœur,  par  l'élévation  et  l'abaissement  successifs  delà  membrane  qui 
formait  cette  vessie...  (2)  »  D'après  la  description  et  la  figure  que 
donne  Hartmann,  il  est  facile  de  reconnaître  qu'il  s'agit  de  cysti- 
cerques.  II  parle  de  leur  forme,  du  corps  et  de  l'eau  limpide  qu'ils 
contiennent,  mais  il  ne  parle  pas  de  leur  tête  qui,  à  cette  époque, 

(1)  F.  Redi,  ouvr.  cit.,  trad.  lat.,  p.  196. 

(2)  Collecl.  acad.,  part,  étrang.,  t.  III,  p.  657,  obs.  lxxiii.  Dissection  de  deux 
chèvres,  dans  l'une  desquelles  on  trouva  des  hydatides  vivantes,  ou  plutôt  des  vers 
vésicu!aires  renfermés  dans  l'épiploon,  par  le  docteur  Philippe  Jacques  Hartmann 
(extrait  des  Mise.  Acad.  nul.  cur.,  1686,  dec.  Il,  ann.  4,  p.  152). 


NATURELLKS  OU   ADVENTICES.  —  GÉNÉRALITÉS.  3Z|9 

était  encore  inconnue  chez  les  cestoïcles,  sauf  chez  le  ténia  du  chien. 

Edward  Tyson,  quelques  années  après  (1693),  reconnut  aussi 
l'animalité  des  cysticerques  d'aborl  chez  l'antilope,  ensuite  chez  le 
mouton.  Il  soupçonna  que  ces  vésicules  étaient  des  insectes  ou  bien 
des  œufs  ou  des  embryons  d'insectes,  par  les  raisons  suivantes  : 

1°  Elles  sont  contenues  dans  une  sorte  de  matrice  renfermant  un 
liquide. 

2°  Il  y  a  dans  leur  intérieur  un  cou  plus  opaque  que  le  reste  de 
la  vessie  et  une  ouverture  à  l'extrémité.  Ce  cou  a  des  mouvements. 

Tyson  ne  parle  pas  de  la  tête;  il  prend  l'ouverture  terminale  du  cou 
pour  une  bouche,  et  la  vésicule  pour  un  estomac;  ayant  trouvé  de 
ces  vers  dans  des  moutons  pourris,  il  conclut  que  ces  hydatides  sont 
des  vers  ou  des  insectes  sui  generis  qui  sont  devenus  Hydropiques 
comme  l'animal  dans  lequel  ils  existaient  (1). 

Malpighi,  probablement  sans  connaître  les  découvertes  des  ob- 
servateurs contemporains,  arriva  au  même  résultat  pour  le  cysti- 
cerque  ladrique.  Il  décrivit  avec  exactitude  les  vésicules  qui  se 
trouvent  dans  les  chairs  des  cochons  ladres  [lazaroli).  Il  fit  sortir 
de  ces  vésicules  un  corps  blanchâtre  qui  se  développa  comme  les 
cornes  du  colimaçon-,  il  reconnut  à  l'extrémité  une  petite  tête  [in 
apice  attolitur  capitulum)  ;  il  remarqua  encore  chez  le  hérisson  des 
vers  annelés  et  blancs,  renfermés  dans  des  kystes  (cysticerques'?)  :  la 
tête  sortait  et  rentrait  alternativement  ;  elle  était  pourvue  de  cro- 
chets ou  d'aiguillons  [styli,  aculei)  ;  le  corps  était  composé  de  douze 
anneaux  et  parcouru  par  deux  canaux  latéraux,  regardés  par  Mal- 
pighi comme  des  trachées  (2). 

Pendant  plus  de  soixante  ans,  les  connaissances  acquises  sur  l'ani- 
malité des  cysticerques  restèrent  ensevelies  dans  l'oubli,  car  Linné 
seul  en  avait  fait  mention  dans  son  Systema  naturœ.  En  1760,  Mor- 
gagni  rappelle  les  recherches  de  Redi,  de  Hartmann  et  de  Tyson, 
sans  se  prononcer  sur  leur  valeur;  «  il  pense,  néanmoins,  que  les 
vésicules  remplies  d'eau  qui  se  présentent  aux  anatomistes  ne  sont 
pas  toutes  d'une  seule  espèce,  que,  par  conséquent,  leur  origine  doit 
être  différemment  expliquée  (3).  » 

(1)  Lumbricus  hydropicus  or  an  essay  lo  prove  that  hydatides  often  met  with  in 
morbid  animal  bodies,  are  a  species  of  ivorms,  or  imperfecl  animal,  by  Edward 
Tyson,  in  Philosoph.  Transact.,  vol.  XVII,  for  thc  year  1693,  p.  506. 

(2)  Marc.  Malpighi,  OEuvres  posth.,  édit.  Lond.,  1797,  p.  84. 

(3)  J.-B.  Morgagni ,  De  sedibus  et  causis  morborum  per  anatomen  indagaiis 
libriquinque,  epist.  xxxvm,  §  4i.  Venetiis,  1760,  trad.  franc.,  1855,  p.  395. 


350  AFFECTIONS   VBRMINKUSKS   lîÈS   CAVITÉS  SÊBEOSES 

Enfin,  Pallas  étudie  la  constitution  de  ces  animaux  (1766),  il  re- 
connaît les  rapports  qui  les  lient  aux  ténias,  et  définitivement  il  met 
leur  existence  hors  de  toute  contestation  (î).  Quelques  années  après 
(1786),  Werner  découvre  chez  l'homme  le  cysticerque  ladrique. 

Hydatides  mères  des  échinocoques.  —  Hippocrate  avait  sans 
doute  en  vue  les  hydatides  dans  l'aphorisme  suivant:  «  Quand  le 
foie,  plein  d'eau,  se  rompt  dans  l'épiploon,  le  ventre  se  remplit 
d'eau  et  les  malades  succombent  (2).  »  Ces  entozoaires  sont  assez 
clairement  indiqués  dans  le  commentaire  de  Galien  sur  cet  apho- 
risme: »  Le  foie  est  bien  propre  à  engendrer  des  hydatides  dans  la 
membrane  qui  le  revêt,  car  de  temps  en  temps  on  trouve  dans  les 
animaux  que  l'on  égorge  ce  viscère  rempli  de  vésicules  pleines 
d'eau  (3).  •>  Enfin  on  ne  peut  les  méconnaître  dans  le  passage  suivant 
d'Arétee  :  »  On  connaît  encore  une  autre  espèce  d'hydropisie;  dans 
cette  maladie,  des  vésicules  très  petites,  nombreuses,  pleines  d'eau, 
se  produisent  dans  le  lieu  où  l'ascite  existe  ordinairement... D'où  ces 
vésicules  sont-elles  sorties  ?  La  route  n'en  est  pas  facile  à  trouver,  car 
quelques-uns  disent  que  de  semblables  ampoules  sont  passées  par 
l'intestin  (4).  » 

Plusieurs  observateurs  du  xvie  et  du  xvir3  siècle  rapportent 
des  faits  dans  lesquels  les  hydatides  sont  parfaitement  désignées  : 
«  Vidimus  seepe  jecur,  dit  Christ,  a  Vega,  non  in  nobis  tantum 
..  sed  et  in  animalibus  occisis,  plénum  aqua,  quoniam  in  mem- 
»  brana  ipsum  obvolvente  continetur,  plures  efficiens  vesiculas  ;  ha? 
»  quoque  rumpuntur...  (5)»  —  «"Vesiculas  tenuissimas,  dit  F.  Plater, 
»  pellucidas  ,  aqua  distentas,  pomi  magnitudinem  nonnunquam 
»  œquantes,  hepatis  substantiœ  accrevisse,  in  cachecticis  seepe  in- 
»  veni  ;  sed  similes  ex  hepate  et  liene  simiee. . .  excepi. ..  (6).  » 

Rivière  et  Wolckerus  rapportent  des  observations  intéressantes 
de  tumeurs  hydatiques  ouvertes  pendant  la  vie  des  malades  : 

«  Rusticus  quidam,  dit  le  premier,  hydropicus  factus,  abscessum 
»  passus  est  in  dextra  parte  abdominis  ;  eoque  aperto,  infinitus  prope- 
»  modum  vesicularum  aqua  repletarum  numerus  egressus  est,  ut 

(-1)  Pallas,  Miscellanea  zoologica,  1766. 

(2)  Aphor.,  sect.  VII,  n"  55  [OEuvres  cTHyppocrale,  trad.  Littré,  t.  IV,  p.  595). 

(3)  Comment,  in  Aphor.,  lib.  VII,  n°  54, 

(4)  De  causis  et  notis  diuturn.  afj'ect.,  lib.  II,  cap.  î  :  De  hydrope. 

(5)  Christ,  à  Vega,  Comment,  ad  aphor.  55,  lib.  VII,  Aphor.  Hipp.,  in  Schenck, 
lib.  III,  obs.  i„  p.  395. 

(6)  L.  V.  Félix  Platerus,  De  observ.  propriis,  in  Schenck,  loc.  cit.,  obs,  H. 


NATURELLES   OU   AM'ËNTlVES.    —   GÉNÉRALITÉS.  ?>r).i 

»  ducentarum  numerum  excederet,  idque  per  plurium  dierura  spa- 
»  tiurn,  et  sic  omnino  curatus  est  (1).  » 

Une  tumeur  située  près  du  cartilage  ensiforme  fut  prise  pour  un 
abcès.  Wolckerus  l'ouvrit  :  «  Quo  facto,  magno  impetu  eruperunt 
pluriir.se  vesicœ  partim   disruptae,  partim  intégrée,  tenui  ac  pellu- 
cida  aqua  refertee;  harum  aliquot  magnitudine  erant  ovi  gallinacei 
velovi  columbarum,nonnullœ  minores,  quse  inter  tussiendum  satis 
longé  protrudebantur. . .  ;Vesicàfum  fuisse  ultra  trecentascompertum 
est...  »  Le  malade  vécut  encore  un  an.  A  l'autopsie,  on  trouva  trois 
abcès:  l'un  dans  le  foie,  contenant  des  hydatides;  un  autre  dans  les 
poumons;  le  troisième,  adhérent  au  côlon.  Le  méat  biliaire  était  obli- 
téré près  de  l'intestin  (2). 

D'autres  faits,  observés  vers  la  même  époque,  sont  encore  rapportés 
dans  le  Sepulcretum  de  Bonet  (3);  ils  se  multiplièrent  ensuite  beau- 
coup; mais  aucun  des  auteurs  ou  des  observateurs  antérieurs  à  Pallas 
(1766  1767)  ne  soupçonna  que  ces  vésicules  jouissent  d'une  vie  in- 
dépendante. Dodart,  en  1697,  rapporte  un  cas  intéressant  d'hyda- 
tides,  dont  il  cherche  l'origine  dans  la  dilatation  des  vaisseaux  lym- 
phatiques (4);  en  1723,  Morand,  s'efforçant  de  montrer  aussi 
comment  ces  vésicules  peuvent  être  formées  par  des  vaisseaux  lym- 
phatiques, ne  fait  nulle  mention  des  observations  de  Hartmann,  de 
Tyson  ou  de  Malpighi  (5). 

Pallas,  ayant  examiné,  comme  nous  l'avons  dit,  la  constitution 
du  cysticerque  et  reconnu  les  rapports  de  ce  ver  vésiculaire  avec  le 
ténia,  lui  avait  en  conséquence  donné  le  nom  de  tœnia  hydatigena; 
de  plus,  il  avait  remarqué  dans  le  foie  des  moutons  et  des  bœufs 
des  hydatides  différentes  de  son  tœnia  hydatigena:  elles  ne  conte- 

(1)  Riveriusap.  Boneti  Sepulcr.,  lib.  III,  sect.  xxi,  §  2,  in  scholiis. 

(2)  Wolckerus  ap.  Joachim  Camerarium,  De  observ.  propriis,  et  Schenck, 
lib.  III,  obs.  iv,  p.  392. 

(3)  Bonet,  Sepulcr.,  cit.,  lib.  III,  sect.  xxi,  obs.  xxi,  p.  429  etsuiv. 

(4)  Dodart  (12  juin  1697),  in  Regiœ  scient.  Acad.  historia,  lib.  V,  cap.  v,  §  8, 
p.  454,  aut.  J.-B.  Du  Hamel.  Paris,  1701. 

(5)  Morand,  Observ.  sur  des  sacs  membraneux  pleins  d'hydatides  sans  nombre 
attachées  à  plusieurs  viscères  du  bas-ventre,  et  découverts  par  l'ouverture  du  cadavre 
{Mém.  Acad.  des  sciences,  ann.  1722,  p.  158;  continuation,  ann.  1723,  p.  23). 

L'animalité  des  hydatides  n'était  point  encore  généralement  admise  au  com- 
mencement de  notre  siècle,  car  Pujol,  dans  son  Mémoire  sur  les  maladies  propres 
à  la  lymphe  et  aux  voies  lymphatiques,  dit  que  les  hydatides  ne  doivent  pas  leur 
existence  à  des  vers,  mais  à  l'atonie  de  certaines  portions  du  système  lymphatique 
dont  les  vaisseaux  se  dilatent  (Journ.  Sédillol,  t.  XIV,  p.  137,  an  X). 


352  AFFECTIONS  VEUMlNEDSIiS  DES  CA.V1T1ÎS  SÊRECSES 

liaient  point,  comme  celui-ci,  un  cou  et  une  tète  de  ténia,  mais  un 
grand  nombre  de  corpuscules  fort  petits  (molécules  sinyulce  ex  alomis 
innumeris  ob/ongis  compactée).  C'étaient  des  échinocoques  dont 
Pallas  ne  reconnut  point  la  structure  ni  la  nature,  parce  qu'il  les 
examina  à  un  trop  faible  grossissement.  Il  nomma  les  vésicules 
qui  contenaient  ces  corpuscules  hydatides  singu/ares ,  et  partagea 
dès  lors  les  hydatides  en  deux  groupes  :  les  hydatides  adhé- 
rentes, et  les  hydatides  sans  adhérence;  division  féconde  et  vraie, 
qui  séparait  définitivement  les  kystes  séreux  des  vers  vésiculaires. 
11  y  avait  dans  cette  distinction  plus  qu'un  fait  anatomique  ;  la  haute 
intelligence  du  savant  naturaliste  ne  le  laissa  pas  échapper.  Pallas 
pressentit  que  les  hydatides  singulières,  quoiqu'il  n'eût  reconnu 
en  elles  ni  mouvements  ni  organes  distincts,  sont  douées  de  la  vie 
comme  le  ténia  hydaligène  ;  il  exprima  très  nettement  cette  opi- 
nion en  1767,  et,  dans  l'un  de  ses  derniers  ouvrages  (1781),  il  en 
parla  de  nouveau  en  ces  termes  :  ••  11  est  vraisemblable  que  les  hyda- 
tides non  adhérentes,  quelquefois  observées  dans  le  corps  humain, 
sont  ou  de  l'espèce  du  ténia  vèsicalaire  proprement  dit,  ou  de  ces 
hydatides  singulières  que  j'ai  remarquées  et  décrites  dans  le  foie  et 
les  poumons  des  veaux  et  des  moutons  malades,  qui  doivent  certai- 
nement être  attribuées  à  une  créature  vivante,  et  qui  sont  évidem- 
ment organisées  (au  moins  d'après  la  pellicule  interne  parsemée  de 
granulations)  (1).  » 

La  justesse  des  vues  de  Pallas  ne  tarda  pas  à  être  confirmée  : 
en  1782,  Goeze  reconnut  que  les  granulations  remarquées  par  cet 
observateur  dans  les  hydatides  singulières  sont  des  vers.  Des 
kystes  du  foie  d'un  mouton  ayant  été  ouverts,  il  en  sortit,  dit  Goeze, 
»  des  vésicules  internes,  calleuses,  bleuâtres,  qui  étaient  encore  for- 
mées d'une  substance  un  peu  plus  molle  que  les  vésicules  externes, 
mais  cependant  bien  plus  cartilagineuses  (2)  que  les   vésicules  des 

(1)  Pallas,  Neue  Nord.,  cit.,  p.  83. 

(2)  Avant  que  l'anatomie  générale  et  l'histologie  eussent  déterminé  les  carac- 
tères de  chaque  lissu,  l'expression  de  cartilage  n'était  pas  prise  dans  un  sens  aussi 
restreint  qu'aujourd'hui  ;  elle  s'appliquait  aussi  à  des  substances  qui  en  avaient  les 
caractères  extérieurs  seulement.  Bisson  (1759)  dit  d'une  hydatide  du  scrotum  : 
«  Au  premier  aspect,  on  l'aurait  prise  volontiers  pour  être  de  nature  cartilagineuse  ; 
sa  polissure,  sa  blancheur  et  la  dureté  par  le  fluide  comprimé  qu'elle  renfermait, 
paraissaient  l'indiquer.  »  Ce  sont,  sans  doute,  ces  trois  qualités  que  Goeze  exprime 
par  l'expression  de  cartilagineuse.  Au  reste,  cette  expression  se  trouve  appliquée, 
presque  jusqu'à  nos  jours,  à  des  substances  qui  n'ont  nullement  la  nature  du  car- 
tilage. Bruguières  désigne  une  variété  du  ténia  solium  par  les  mots  cucurbith\ 


NATURELLES  OU   A.DVENTIVES.  —  GÉNÉRALITÉS.  353 

vers  vésiculaires  glomèrides  (cysticerques  ou  cœnures)  ;  en  les  ou- 
vrant, il  s'est  trouvé  en  plusieurs  endroits  une  matière  granuleuse 
d'un  gris  blanc,  comme  les  plus  petits  œufs  de  poisson,  qui  était 
combinée  avec  une  membrane  muqueuse  très  tendre. . .  »  Ces  vési- 
cules cartilagineuses  sont  nos  hydatides,  la  membrane  muqueuse 
est  notre  membrane  germinale,  et  quant  aux  granules  (échinoco- 
ques),  dont  la  description  très  exacte  vient  ensuite,  Goeze  ajoute  : 
"  lorsque  je  me  suis  servi  du  n°  1,  j'ai  vu  distinctement  que  c'étaient 
devrais  ténias  (1).  » 

Les  hydatides  singulières  des  moutons  et  des  bœufs  devinrent  donc 
le  tcenia  socialis  [Echinococcus  Rud.). 

Les  échinocoques  ne  furent  point  reconnus  chez  l'homme  d'une 
manière  certaine  avant  1821.  Jusque-là  Goeze  (2),  Zeder  (3),  Ru- 
dolphi  (4)  et  même  Werner  (5)  eurent,  il  est  vrai,  des  échinocoques 
de  l'homme  sous  les  yeux,  mais  leurs  observations  furent  très 
inexactes  ou  très  incoznplètes. 

C'est  Bremser  qui  décrivit  le  premier  les  échinocoques  de  l'homme  : 
après  en  avoir  cherché  inutilement  dans  des  hydatides  de  divers 
organes  qui  lui  avaient  été  envoyées  par  Hildebrandt,  Sœmmering 
fils,  Hieser,  il  en  trouva  enfin  (le  21  févr.  1821)  dans  un  kyste  hyda- 
tique  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  poule,  que  Kern  avait  extirpé  de 
la  région  sous -clavicul aire  d'une  femme.  L'hydatide  mère  contenait 
une  trentaine  d'autres  hydatides  ;  la  première  lui  montra  des  échi- 
nocoques encore  vivants  :  «  les  echinococci  ne  se  rencontrèrent  pas 
uniquement  dans  l'hydatide  primitive,  mais  aussi  dans  deux  des  pe- 

cartilagineux  blanc  ;  Leroux  dit  d'un  bothriocéphale  qu'il  diffère  du  ténia  par  sa 
consistance  cartilagineuse  (ouvr.  cit.,  t.  IV,  p.  329);  Bosc  dit  que  les  crochets  du 
ténia  sont  cartilagineux;  M.  Dujardin  parle  des  enveloppes  cartilagineuses  du 
mermis,  quoiqu'elles  n'aient  du  cartilage  qu'une  apparence  très  superficielle. 

(1)  J.  A.  E.  Goeze,  Versucheiner  Naiurgesch.,  etc.,  1782,  p.  258,  264. 

(2)  Goeze  aperçut  dans  des  hydatides  que  lui  avait  envoyées  Meckel  de  petits 
corps  olivaires  armés  d'une  simple  couronne  de  crochets  (cité  par  Zeder,  Erster 
zur  Naturgesch.,  etc.,  1800,  p.  308). 

(3)  Zeder,  Hydatides  du  cerveau  d'une  jeune  fille  prises  pour  des  cœnures  (voy. 
ci-après,  liv.  III,  part,  i,  Cœnure  chez  l'homme). 

(4)  «  Ipse  hydatides  humanas  plurimas  vidi;  inter  plures  tamen ,  quas  ab  œgroto 
dejectas  am.  Weigel  spiritu  vini  servaias  communicavit ,  altéra  inlus  pulvere 
adspersa,  qui  sub  microscopto  vermiculos  rotundos  vel  obovatos  exhibuit,  quorum 
aulem  capita  retracta  essent.  »  (Rudolphi,  Ent.  hist.  cit.,  t.  II,  part,  n,  p.  248.) 

(5)  Werner  parle  des  corpuscules  blancs  très  nombreux  qu'il  rencontra  à  la  sur- 
face interne  d'hydatides  extraites  de  la  région  inguinale,  et  qui  sont  évidemment 
des  échinocoques  (voy.  obs.  231,  infra  cit.). 

Davaine.  23 


35/|  AFFECTIONS   VERMINEIJSES    DES   CAVITÉS   SÉREUSES 

tites  ;  quelques  autres  de  ces  dernières  ne  renfermaient  que  de  l'eau, 
ou  tout  au  plus  de  petits  globules  dépourvus  de  crochets  et  de  su- 
çoirs (1).  »  Ce  fait  aurait  dû  faire  comprendre  qu'il  n'y  a  point  une 
différence  dénature  ou  d'espèce  entre  les  hydatides  qui  contiennent 
des  échinocoques  et  celles  qui  n'en  contiennent  pas,  mais  on  n'en  tira 
aucune  conséquence  ;  l'observation  de  Bremser  resta,  il  est  vrai,  à 
peu  près  ignorée  dans  ses  détails.  Rendtorf,  l'année  suivante,  publia 
une  observation  d'hydatides  du  cerveau,  dans  laquelle  l'existence 
des  échinocoques  fut  bien  établie  (2),  et  ce  cas  est  donné  par  la  plu- 
part des  auteurs  comme  le  premier  d'échinocoques  chez  l'homme. 

Dans  l'intervalle  de  temps  qui  sépare  la  découverte  des  échinoco- 
ques dans  les  hydatides  des  animaux  et  dans  les  hydatides  de 
l'homme,  celles-ci  furent  diversement  interprétées  et  toujours  d'une 
manière  erronée. 

En  1789,  James  Lind  observe  des  hydatides  (échinocoques)  expul- 
sées par  les  selles  chez  l'homme,  il  les  appelle  des  tœnia  hydati- 
gena,  et  dit  qu'elles  répondent  au  lumbricus  hydropicus  de  Tyson  (3). 
C'est  là  la  première  notion,  chez  un  médecin,  des  travaux  des  natu- 
ralistes que  nous  avons  cités  ;  mais  c'est  aussi  une  erreur,  car  le 
tœnia  hydatigena  ou  le  lumbricus  hydropicus  est  un  cysticerque. 
En  1790,  la  même  expression  est  employée  par  Berthelot  pour  un 
cas  à  peu  près  semblable  (4),  et  par  Lettsom  pour  des  hydatides  ré- 
nales (5);  on  la  retrouve  ensuite  dans  plusieurs  observations  d'hyda- 
tides et  dans  le  mémoire  de  Lassus  (6). 

En  1804,  un  grand  observateur,  Laennec,  ne  confond  plus  les 
hydatides  (échinocoques)  de  l'homme  avec  les  cysticerques  ;  mais, 
n'ayant  point  vu  dans  ces  hydatides  les  têtes  de  ténia  qu'il  connais- 
sait dans  celles  du  bœuf  et  du  mouton,  il  les  considère  comme  des 
êtres  d'une  autre  nature  ou  d'un  autre  genre;  il  leur  reconnaît  du 
moins  des  caractères  d'animalité,  un  mode  particulier  de  reproduc- 
tion   et   leur  donne    le  nom   à'acëphalocysies   (7).    Himly,   après 

(1)  Bremser,  professeur  à  l'Université  de  Vienne,  Notice  sur  Vechinococcus  ho- 
ministJourn.  complém.  Paris,  1821,  t.  XI,  p.  282). 

(2)  Rendtorf,  Dissert,  de  hydatidibus,  prœsertim  in  cerebro  humano  repertis. 
Berlin,  1S22,  cap.  x,  p.  22. 

(3)  Observ.  119,  infra  cit. 

(4)  Observ.  127,  infra  cit. 

(5)  Observ.  186,  infra  cit. 

(6)  Mém.  infra  cit. 

(7)  Laennec,  mém.  cit. 


NATURELLES  OU  AOVENTIVES.  —  GÉNÉRALITÉS.        355 

Laennec  (1),  s'efforce  de  prouver  que  l'hydatide  de  l'homme  [hydalis 
simplex]  est  un  animal,  et  peut-être,  dit-il,  le  plus  simple  de  tous  les 
animaux  (2) .  Kuhn  la  range  dans  le  genre  Psychodiaire  de  Bory  (3). 

Jusqu'en  1843,  l'hydatide  contenant  des  échinocoques  passe  pour 
être  très  rare  chez  l'homme;  à  cette  époque,  M.  Livois,  dans  une 
excellente  thèse  faite  sous  l'inspiration  de  M.  Rayer,  prouve  que  les 
échinocoques,  loin  d'être  rares,  sont  très  communs  dans  les  hyda- 
tides  ou  les  acéphalocystes  de  l'homme;  il  conclut  que  : 

"  Les  hydatides  doivent  être  rejetées  de  la  classe  des  vers  vési- 
culaires  dans  laquelle  les  a  rangées  Laennec,  en  en  faisant  un  genre 
particulier  sous  le  nom  à' acéphalocystes  ; 

»  Les  hydatides...,  sont  de  simples  poches  dans  la  cavité  des- 
quelles sont  toujours  contenus  des  échinocoques  dont  le  nombre  est 
en  rapport  avec  le  volume  des  poches  elles-mêmes  (4).  » 

Ces  conclusions  sont  aujourd'hui  généralement  acceptées  par  les 
médecins,  et  le  temps  les  a  confirmées  en  partie;  c'est-à-dire  que  les 
échinocoques  existent  dans  les  hydatides  aussi  bien  chez  l'homme 
que  chez  les  animaux,  et  que  les  acéphalocystes  ne  sont  que  des 
hydatides  à  échinocoques.  Mais  quelle  est  la  fonction,  quelle  est  la 
nature  de  la  vésicule  hydatique?  C'est  ce  que  M.  Livois  ne  dit  pas. 
«  Les  hydatides  dépourvues,  dit-il,  de  toute  espèce  de  mouvement, 
de  toute  espèce  d'organes,  ne  sont  pas  des  êtres  doués  de  la  vie,  des 
vers,  comme  on  le  croit  encore  généralement.  » 

Les  opinions  les  plus  diverses  quant  aux  rapports  des  hydatides 
avec  les  échinocoques,  se  trouvent  dans  les  œuvres  des  auteurs  con- 
temporains :  les  uns  font  abstraction  de  la  vésicule  hydatique  dans 
leurs  considérations  sur  l'échinocoque,  ou  réciproquement;  les  autres 

(1)  Everard  Home,  avant  Laennec,  avait  dit  que  les  hydatides  de  l'homme  sont 
des  animaux  ;  mais  cet  observateur  n'en  a  parlé  que  d'après  les  connaissances  de 
son  temps,  et  n'a  point  fait  sur  les  acéphalocystes  de  recherches  particulières.  En 
effet,  s'il  établit  que  le  cœuure  est  doué  de  mouvements,  il  ne  dit  pas  que  les  acé- 
phalocystes en  sont  complètement  privées  ;  il  ne  les  a  donc  point  examinées  de  près, 
et  l'on  ne  doit  point  le  citer  comme  ayant  établi  le  premier,  ou  Vun  des  premiers, 
l'animalité  des  hydatides  acéphalocystes  (voy.  The  Croonian  lecture  on  muscular 
motion,  by  Everard  Home;  read  H  nov.  1790,  in  Philosoph.  Transacl.,  for  the 
year  1795,  part.  I,  p.  204). 

(2)  Himly,  HufelanaVs  Journal,  décembre  1809,  p.  140,  et  Bremser,  ouvr.  cit., 
p.  295. 

(3)  Kuhn,  mém.  infra  cit. 

(4)  Eug.  Livois,  Recherches  sur  les  échinocoques  chez  l'homme  et  che:  les  ani- 
maux [Thèse.  Paris,  1843,  p.  123). 


356  AFFECTIONS  VEItMINEUSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

croient  que  ces  doux  êtres  n'en  forment  qu'un,  correspondant  au 
cœnure,  vésicule  pourvue  de  plusieurs  têtes  (Gervais,  1845)  ;  pour 
d'autres,  l'hydatide  n'est  qu'un  échinocoque  qui  a  perdu  ses  crochets 
et  qui  s'est  développé  (de  Siebold?  1838;Diesing,  1850)  ;  ou  bien  c'est 
une  sécrétion  produite  par  des  larves  de  ténia  qui  ont  subi  une  dé- 
générescence hydropique  (de  Siebold,  1851);  enfin  c'est  un  produit 
inanimé,  une  enveloppe  protectrice  des  échinocoques  (Rudolphi, 
1810;  Robin,  1854).  Les  auteurs  qui  nous  ont  donné  les  deux 
traités  les  plus  récents  sur  l'helminthologie,  M.  Kûchenmeister  et 
MM.  Gervais  et  Van  Beneden,  ne  paraissent  pas  non  plus  avoir, 
touchant  la  question  qui  nous  occupe,  une  idée  bien  arrêtée,  nous 
dirions  même  bien  définie  (1).  / 

Nous  croyons  avoir  déterminé,  dans  un  mémoire  publié  en  1856(2), 

(l)  M.  Kûchenmeister,  après  avoir  regardé,  avec  M.  de  Siebold,  les  hydatides 
comme  le  produit  de  la  dégénérescence  hydropique  d'une  larve  de  ténia  égarée, 
change  d'opinion  et  professe,  dans  son  nouvel  ouvrage,  que  les  hydatides,  ou  tex- 
tuellement, «  que  les  acéphalocystes  sont  des  embryons  de  cestoïdes  à  six  crochets, 
lesquels  ont  grandi  sans  obstacles,  mais  qui  sont  restés  néanmoins  stériles  ou  plus 
correctement  qui  ne  deviennent  jamais  prolifères  et  ne  produisent  point  de  scolex.» 
Il  admet  ensuite  trois  sortes  d'acéphalocystes  provenant  de  trois  ténias  différents 
(Kûchenmeister,  ouvr.  cit.,  trad.  angl.,  t.  I,  p.  230).  Si  cette  explication  peut 
rendre  compte  de  l'origine  des  acéphalocystes  privées  d'échinocoques,  elle  ne  donne 
aucune  raison  des  rapports  d'uue  hydatide  avec  les  échinocoques  qu'elle  contient. 

MM.  Gervais  et  Van  Beneden,  dans  l'ouvrage  qu'ils  viennent  de  publier,  n'ont 
pas  traité  cette  question  d'une  manière  plus  claire  :  «  On  admettait  encore  un  autre 
genre  d'hydatides,  disent-ils...,  c'étaient  les  acéphalocystes  avec  lesquelles  il  est 
facile  de  confondre  les  échinocoques  lorsque  les  têtes  de  ceux-ci  font  saillie  en  dehors 
ou  en  dedans  de  la  \vésicule,  et  qu'on  les  examine  superficiellement,  et  c'est  là  sans 
doute  ce  qui  a  donné  lieu  à  la  distinction  des  acéphalocystes  exogènes  et  des  acé- 
phalocystes endogènes  établie  par  Kuhn.  »  Il  est  difficile  de  comprendre  comment 
les  auteurs  envisagent  l'acéphalocyste,  car  jamais  un  échinocoque  ne  fait  saillie  en 
dehors  de  cette  vésicule.  Kuhn  a  parfaitement  défini  ses  acéphalocystes  endogène 
ou  exogène  :  la  première  produit  par  sa  surface  interne,  la  seconde  par  sa  surface 
externe,  un  bourgeon  hydatique  (voy.  ci-après,  p.  360,  fig.  18),  une  hydatide  et 
non  un  échinocoque  qui  ne  peut  jamais  être  exogène,  et  que  d'ailleurs  Kuhn  ne 
connaissait  pas  ou  ne  connaissait  que  très  imparfaitement.  «  Il  n'eu  existe  pas 
moins,  disent  ensuite  MM.  Gervais  et  Van  Beneden,  des  acéphalocystes  véritables, 
c'est-à-dire  des  vésicules  hydatiques  encore  sans  têtes,  sans  crochets  et  saus  su- 
çoirs..., nous  ne  pensons  pas  qu'on  doive  les  considérer  autrement  que  comme  un 
état  particulier  et  acéphale  des  échinocoques  (Gervais  et  Van  Beneden,  ouvr.  cit., 
t.  II,  p.  219).  Évidemment  les  auteurs  n'ont  point  sur  les  rapports  de  l'hydatide 
avec  l'échinocoque  une  opinion  bien  arrêtée. 

(2)  Davaine,  Recherches  sur  les  hydatides,  les  échinocoques  et  le  cœnure  et  sur 
leur  développement  (Mém.  Soc.  biologie,  1855,  et  Gaz.  méd.,  1856). 


NATURELLES   OU   ADVENTIVEP.    —   GÉNÉRALITÉS.  357 

la  fonction  des  hydatides  et  les  rapports  qui  existent  entre  ces  vé- 
sicules et  les  échinocoques  :  pour  nous,  l'hydatide  correspond  à  une 
phase  de  développement  d'un  animal  qui  vit  un  certain  temps  et 
peut  se  reproduire  un  certain  nombre  de  fois  sous  la  forme  vésicu- 
laire;  l'échinocoque  offre  une  phase  plus  avancée  du  développement 
de  ce  même  animal.  Des  faits  observés  ultérieurement  nous  ont 
confirmé  dans  cette  manière  de  voir  (voy.  le  Synopsis,  n°  7,  art. 
Hydatide-èchinocoque)  . 

Les  connaissances  nouvellement  acquises  sur  l'animalité  de  cer- 
taines vésicules  qui  se  développent  dans  les  organes  de  l'homme  et 
des  animaux,  jetèrent  de  l'incertitude  sur  la  nature  de  quelques  au- 
tres corps  qui  jusque-là  avaient  été  confondus  avec  elles.  Les  vési- 
cules choriales  furent  regardées  aussi  comme  des  vers  cystiques,  et 
formèrent  une  espèce  à  laquelle  H.  Cloquet  donna  le  nom  de  ace- 
phalocystis  racemosa  (1).  Laennec  considéra,  avec  doute  toutefois, 
les  corps  riziformes  des  membranes  synoviales  comme  des  êtres 
animés,  et  proposa  de  les  appeler  acephalocystis  plana  (2). 

De  plus,  suivant  des  accidents  de  forme  ou  suivant  des  variations 
pathologiques,  les  vers  vésiculaires  mêmes  furent  divisés  d'une  ma- 
nière tout  à  fait  fautive  en  plusieurs  espèces  ;  dans  d'autres  cas,  par 
suite  des  transformations  profondes  qu'amène  l'âge  dans  la  constitu- 
tion de  ces  vers,  leur  nature  a  été  méconnue;  la  tumeur  qu'ils  for- 
maient a  été  regardée  comme  le  produit  d'une  affection  particulière 

(1)  Laennec  considère  les  vésicules  choriales  comme  de  véritables  acéphalocystes 
(mém.  cit.,  p.  117),  mais  il  n'en  forme  point  une  classe  particulière;  cette  dis- 
tinction appartient  à  Bremser  {ouvr.  cit.,  p.  312)  et  à  Hipp.  Cloquet  {Faune  citée, 
art.  Acéphalocyste,  p.  133). 

(2)  Laennec  reçut  ces  corps  de  Dupuytren,  qui  les  trouva  dans  une  poche  située 
au  poignet;  il  en  reçut  aussi  de  Dubois,  qui  en  trouva  une  cinquantaine  dans  la 
même  région.  Laennec  (mm.  cit.,  p.  109)  dit  :  «  Si  l'on  parvient  un  jour  à  observer 
en  eux  quelque  signe  évident  de  vie,  on  pourra  les  désigner  sous  le  nom  d'ace'pha- 
locyslis  plana.  »  Il  ne  les  considérait  donc  point  définitivement  comme  des  animaux. 

—  H.  Cloquet  observa  des  corps  semblables,  1°  dans  la  capsule  de  glissement  du 
tendon  du  grand  fessier  sur  le  grand  trochanter;  2°  dans  un  kyste  à  l'insertion 
cubitale  du  muscle  triceps  brachial  ;  3"  dans  la  gaîne  du  tendon  du  grand  pal- 
maire. Il  resta  dans  le  doute  sur  leur  nature  (art.  Acéphal.,  cité  page  179,  note). 

—  Bosc  et  Duméril  trouvèrent  que  des  corps  semblables,  qui  leur  avaient  été  donnés 
par  Dupuytren  ,  n'étaient  point  des  animaux;  néanmoins  ce  grand  chirurgien  per- 
sista à  les  considérer  comme  des  êtres  animés.  Aux  raisons  qu'il  en  donne,  il  ajoute: 
«  Je  crois  avoir  aperçu  des  mouvements  dans  plusieurs  de  ces  corps.»  {Leçons  orales, 
t.  III,  p.  33.)  Leur  origine  n'est  peut-être  point  encore  bien  déterminée;  toute- 
fois, personne  ne  les  considère  plus  aujourd'hui  comme  des  hydatides. 


358  AFFECTIONS   VLKMINEUSIiS  DliS  CAVITÉS   SÉlUiUSIÎS 

du  l'organe  envahi.  C'est  ce  qui  arriva  pour  les  tumeurs  du  fuie  diteB 
athéromateuses. 

Dénominations .  —  Les  dénominations  données  aux  vers  vésicu- 
laires  ont  varié  suivant  les  connaissances  acquises  sur  la  nature  de 
ces  corps  ou  suivant  les  opinions  qu'on  s'en  est  fuites. 

Hartmann  appela  vers  vésiculaires  les  hydatides  dont  il  avait  dé- 
couvert l'animalité  [vernies  vesiculares  sive  hydatodes ;  hydacides 
vu/i/o  dictœ)  ;  Pallas,  ayant  remarqué  les  rapports  de  ces  hydatides 
avec  le  ténia',  leur  donna  le  nom  de  lœniahydatigena  ;  Gœze,  par  une 
raison  semblable,  appela  tcenia  socialis  celles  qui  contiennent  des 
éclnnocoques.  Les  hydatides  de  l'homme  dans  lesquelles  des  têtes  de 
ténia  n'avaient  point  été  observées,  conservèrent  généralement  leur 
nom  primitif,  jusqu'à  ce  queLaennec,  démontrant  en  elles  une  vita- 
lité propre,  leur  eut  imposé  celui  à? acéphalocyste . 

D'un  autre  coté,  les  produits  pathologiques  consistant  dans  des 
vésicules  pleines  d'une  eau  limpide  et  adhérentes  aux  tissus  am- 
biants lurent  rapportés  aux  kystes  ou  aux  hydropisies  partielles,  et 
le  nom  d'hydatide  cessa  de  leur  être  donné  ;  ainsi,  cette  expression 
eût  été  complètement  abandonnée,  si  la  plupart  des  médecins  n'eus- 
sent continué  à  l'appliquer  aux  vésicules  mères  des  échinocoques, 
c'est-à-dire  aux  acéphalocystes  de  Laennec.  Nous  suivrons  leur 
exemple  pour  plusieurs  raisons  : 

1°  Le  nom  à' acéphalocystes  donné  à  des  animaux  très  simples  et 
vésiculeux,  sans  tête,  ne  s'applique  point  avec  justesse  aux  vésicules 
mères  des  échinocoques,  qui  sont  un  état  transitoire  d'un  animal 
pourvu,  à  une  certaine  époque,  d'organes  complexes  et  d'une  tête. 

2°  Le  nom  d' échinocoques  a  été  donné  plus  particulièrement  aux 
corpuscules  renfermés  dans  les  hydatides. 

3°  Le  nom  d' hydatides  exprime  avec  justesse  l'apparence  de  ces 
vésicules  sans  préjuger  leur  nature;  il  est  ancien  ;  il  est  encore  gé- 
néralement usité;  il  ne  désigne  plus  aucun  autre  produit  patholo- 
gique; enfin  il  n'est  appliqué  à  aucun  autre  ver  vésiculairc,  même 
chez  les  médecins  qui  désignent,  comme  les  naturalistes,  Yhydalide 
cérébrale  par  le  nom  de  cœnure,  et  Yhydatide  à  une  seule  tête  par 
le  nom  de  cysticerque. 

Division.  —  Nous  étudierons  d'abord  les  lésions  occasionnées  par 
les  hydatides,  chez  l'homme,  puis  chez  les  animaux  ; 

En  second  lieu,  celles  qui  sont  déterminées  par  les  cysticerques. 


NATURELLES  OU  ADVENTIVES.  —  HYDATIDES.        359 

PREMIÈRE  DIVISION. 

LÉSIONS   PATHOLOGIQUES   OCCASIONNÉES  PAR  LES  HYDATIDES. 

SUBDIVISION  I. 

HYDATIDES    CHEZ    L'HOMME. 

(Hydatide  et  échinocoque,  Sy?iops.,  n°  7). 

Les  hydatides  de  l'homme,  dar.s  leur  état  d'intégrité,  sont  des  vé- 
sicules arrondies,  formées  d'une  matière  semblable  à  de  l'albumine 
coagulée,  renfermant  un  liquide  limpide,  et  libres  de  toute  adhérence, 
de  toute  connexion  avec  l'organe  qui  les  recèle.  Elles  contiennent 
des  échinocoques  adhérents  à  leur  surface  interne  ou  libres  et  flot- 
tants dans  le  liquide  hydatique;  rarement  elles  n'en  contien- 
nent pas. 


Fig.  17.  —  Échinocoques  de  l'homme  (pour  l'explication,  voir  le  Synopsis). 


Les  hydatides  de  l'homme  sont  d'un  volume  très  variable;  il  en 
est  d'à  peine  perceptibles  à  l'œil  nu,  d'autres  égalent  en  grosseur  la. 
tête  d'un  fœtus  à  terme.  Le  plus  communément,  elles  varient  entre 
le  volume  d'un  pois  et  celui  d'une  orange.  Leur  forme,  primitivement 
sphéroïde  ou  ovoïde,  se  trouve  quelquefois  modifiée  d'une  manière 
permanente  par  la  pression  des  parties  environnantes,  qui  ont  op- 
posé quelque  obstacle  à  leur  accroissement  régulier.  Leurs  parois  sont 


360  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

généralement  d'une  épaisseur  uniforme  et  proportionnelle  au  volume 
de  la  vésicule;  elles  sont  incolores  et  transparentes  ou  d'une  teinte 
opaline,  soit  en  quelques  points,  soit  dans  une  plus  ou  moins  grande 
étendue  de  leur  surface.  Des  circonstances  accidentelles,  comme  le 
contact  d'un  liquide  coloré,  de  la  bile  par  exemple,  en  changent 
quelquefois  la  couleur. 

La  substance  des  hydatides  est  homogène,  friable,  élastique,  sans 


Fie  18.  —  I.  Fragment  d'une  hydatide  de  l'homme,  grandeur  naturelle.  La  tranche 
montre  les  feuillets  dont  se  compose  son  tissu  ;  la  surface  offre  plusieurs  bourgeons 
exogènes  plus  ou  moins  développés.  —  2.  Un  des  bourgeons  comprimé  et  grossi 
40  fois.  Il  est  formé,  comme  l'hydatide  souche,  do  feuillets  stratifiés  ;  la  cavité 
centrale  ne  contient  encore  ni  échinococrue,  ni  membrane  germinale. 

fibres  ou  cellules,  analogue  pour  l'aspect  et  la  consistance  à  du  blanc 
d'œuf  cuit.  Cette  substance  constitue  une  membrane  disposée  en  cou- 
ches stratifiées  ;  les  couches,  d'une  minceur  extrême,  se  reconnaissent 
au  microscope  jusque  dans  les  plus  petites  hydatides  et  forment  un 
caractère  distinctif  de  ce  produit  pathologique.  Lisses  et  unies  à  leur 
surface  extérieure,  les  hydatides  présentent  souvent  à  leur  surface  in- 
terne des  inégalités  ou  des  épaississements  d'apparences  variées, 
sphériques  ou  irréguliers,  transparents  ou  opaques,  pleins  ou  creux. 
Les  plus  petites  hydatides  sont  constituées,  quant  à  leurs  parois, 
comme  les  plus  grandes.  A  moins  qu'elles  ne  soient  d'une  petitesse 
extrême,  on  peut  constater  toujours  l'existence  d'une  cavité  cen- 
trale. Cette  cavité  renferme  un  liquide  plus  ou  moins  abondant,  ordi- 
nairement séreux  et  limpide.  Elle  est  revêtue,  chez  les  hydatides  fer- 
tiles, par  une  membrane  d'une  nature  particulière  [membrane  ger- 
minale) d'où  naissent  les  échinocoques. 

Quelquefois  avec  une  grande  hydatide  on  en  trouve  plusieurs  pe- 
tites, qui  lui  sont  extérieures  ;  plus  fréquemment  une  grande  hyda- 


NATURELLES  OU    ADVENTIVES.    —  HYDATIDES.  361 

tide  en  renferme  plusieurs  petites  qui  sont  libres  dans  sa  cavité  ; 
d'autres  fois  on  en  trouve  de  très  petites  adhérentes  à  la  surface  in- 
terne ou  externe  d'une  plus  grande.  Ces  hydatides  naissent,  comme 
des  bourgeons,  dans  l'épaisseur  ou  à  la  superficie  des  parois  de  leur 
mère,  s'élèvent  sur  l'une  ou  sur  l'autre  de  ses  surfaces,  grossissent, 
deviennent  creuses  et  ne  tardent  pas  à  se  détacher. 

Les  hydatides,  en  général  fortement  distendues  par  le  liquide 
qu'elles  contiennent,  jouissent  d'une  élasticité  remarquable,  en  sorte 
que  le  moindre  ébranlement  se  communique  à  toute  leur  masse, 
et  occasionne  un  frémissement  particulier  et  prolongé  qui,  dans 
quelques  cas,  devient  un  moyen  de  diagnostic  des  tumeurs  qu'elles 
forment.  C'est  sans  doute  cet  ébranlement  facile  qui  a  fait  croire 
à  plusieurs  observateurs  que  ces  corps  sont  doués  d'un  mouvement 
spontané. 

Les  hydatides  conservent  leur  vie  pendant  un  temps  indéterminé 
et  probablement  assez  long  ;  dans  des  tumeurs  déjà  anciennes,  on  en 
trouve  qui  paraissent  parfaitement  intactes;  plus  fréquemment,  il 
est  vrai,  elles  ont  subi  des  altérations  :  les  échinocoques  qu'elles  con- 
tiennent ont  disparu  et  les  crochets  qui  persistent  sont  le  seul  indice 
de  l'existence  de  ces  entozoaires.  La  membrane  de  l'hydatide  a  perdu 
plus  ou  moins  de  sa  transparence  et  de  son  homogénéité  par  le  dé- 
veloppement dans  son  épaisseur  de  granulations  d'apparence  grais- 
seuse ;  elle  s'est  plus  ou  moins  affaissée,  mais  le  liquide  contenu  con- 
serve ordinairement  sa  limpidité  ;  quelquefois  elle  s  est  déchirée?  ou 
sa  cavité  est  complètement  effacée. 

11  arrive  que  toutes  les  hydatides  d'un  kyste  perdent  simultané- 
ment leur  liquide;  les  vésicules  s'affaissent  et  se  plissent  régulière- 
ment, tandis  que  le  kyste  éprouve  un  retrait  proportionnel;  celui-ci 
ne  contient  plus  enfin  que  des  membranes  plissées  et  tassées  comme 
les  pétales  du  pavot  renfermés  dans  leur  calice. 

La  substance  de  l'hydatide  résiste  longtemps  à  une  résorption  ou 
à  une  transformation  complète;  aussi,  dans  de  très  anciennes  tu- 
meurs hydatiques,  retrouve-t-on  des  débris  membraneux  et  des  cro- 
chets d'échinocoque  qui  témoignent  de  la  constitution  primitive  de 
ces  tumeurs. 

Nous  allons  étudier  : 

Les  lésions  que  les  hydatides  déterminent  dans  l'organisme  en  gé- 
néral, les  phénomènes  locaux  ou  généraux  qu'elles  produisent,  leur 
diagnostic,  etc. 


362  AFFECTIONS  VERMINEUSES   DES   CAVITÉS   SÉREUSES 

Nous  examinerons  ensuite  ces  vers  vésiculaires  en  particulier  dans 
chacun  des  organes  qu'ils  envahissent,  à  savoir  ; 

lg  Les  hydatides  en  rapport  avec  les  organes  de  la  circulation  ; 

2°  Celles  qui  sont  en  rapport  avec  les  organes  de  la  respiration  ; 

3°  Celles  qui  sont  développées  dans  les  oiganes  ou  dans  les  di- 
verses parties  de  l'abdomen  :  foie,  raie,  épiploon; 

4°  Dans  le  petit  bassin; 

5°  Dans  les  reins  ou  en  rapport  avec  les  voies  urinaires  ; 

6°  Dans  les  parties  superficielles  de  la  tête,  du  cou,  du  tronc  ou 
dans  les  membres  ; 

7°  Dans  le  système  osseux. 

Quant  aux  hydatides  des  centres  nerveux,  de  l'œil  et  des  organes 
génitaux,  il  en  sera  question  à  propos  des  affections  vermineuses  de 
ces  organes. 

Enfin  nous  examinerons  les  divers  moyens  de  traitement  proposés 
jusqu'aujourd'hui  pour  en  délivrer  l'économie. 


PREMIERE    SECTION. 

CONSIDÉRATIONS    PATHOLOGIQUES    SUR  LES  HYDATIDES   DE    L'HOMME. 

CHAPITRE  PREMIER. 

CONSTITUTION  ANATOMIQUE  ET  TRANSFORMATIONS  DES  TUMEURS  HYDATIQUES. 

§  I.  —  Les  hydatides  développées  dans  les  parenchymes  sont  ren- 
fermées dans  un  kyste  qui  les  isole  des  parties  environnantes.  Ce 
kyste(Folliculus ,  Blalpighi,  Wepfer,Lancisi,  etc.  ;  Hydatis  externa, 
Rudolphi),  est  primitivement  formé  par  le  tissu  cellulaire  de  l'organe 
qui  contient  le  ver  vésiculaire,  et  ne  paraîtpas  différer  de  celui  qui  se 
développe  autour  d'un  corps  étranger  quelconque;  aussi  le  kyste 
hydatique  présente-t-il  des  différences  qui  sont  en  rapport  avec  la 
structure  de  l'organe  dans  lequel  il  a  pris  naissance:  épais  et  con- 
sistant dans  le  foie,  il  est  très  mince  et  très  peu  consistant  dans  le 
cerveau.  Les  hydatides  développées  dans  une  cavité  séreuse  naturelle 
ne  s'enveloppent  point  d'une  poche  particulière,  trouvant,  sans  doute, 
dans  la  membrane  qui  revêt  cette  cavité  des  conditions  de  structure 
analogues  à  celle  des  kystes  celluleux.  Il  paraît  en  être  de  même 
pour  les  hydatides  développées  dans  les  veines. 


NATURELLES    OU   ADVENTICES.    —   HYDATIDES.  363 

Les  parois  des  kystes  hydatiques  sont  constituées  par  le  tissu 
cellulaire  plus  ou  moins  condensé,  et  disposé  en  couches  qu'on  peut 
séparer  par  lambeaux  d'une  grandeur  variable,  mais  qui  ne  peuvent 
être  isolées  en  tuniques  distinctes.  Outre  les  différences  que  peu- 
vent offrir  ces  parois  suivant  les  différents  organes  dans  lesquels 
elles  se  sont  développées,  on  en  observe  d'autres  qui  sont  en  rap- 
port avec  l'âge  et  l'évolution  naturelle  des  corps  qu'elles  renfer- 
ment. L'épaisseur  des  parois  augmente  suivant  le  volume  qu'acquiert 
la  tumeur  et  plus  encore  peut-être  suivant  son  ancienneté.  Mince  et 
purement  celluleux  dans  le  principe,  le  kyste  devient  ensuite  fort 
et  épais  (1)  ;  plus  tard,  il  acquiert  la  consistance  d'une  membrane 
fibreuse  et  même  d'un  fibro-cartilage.  Dans  les  kystes  anciens,  on 
trouve  fréquemment  des  noyaux  disséminés  et  des  plaques  cré- 
tacées et  d'apparence  osseuse  formés  de  phosphate  de  chaux  et 
d'une  faible  proportion  de  carbonate  de  la  même  base.  Ces  produc- 
tions n'envahissent  pas  les  parois  de  la  tumeur  d'une  manière  uni- 
forme; quelquefois  ces  parois  sont  minces  et  presque  transparentes 
dans  certaines  parties,  fort  épaisses,  au  contraire,  et  comme  fibro- 
cartilagineuses  dans  d'autres  ;  mais,  quelquefois  aussi,  elles  sont  de- 
venues complètement  osseuses.  Dans  le  Muséum  de  King's  Collège 
(prép.  332),  il  existe,  au  rapport  de  M.  Budd,  un  foie  qui  contient 
trois  grands  kystes  hydatiques  ayant  subi  complètement  cette  trans- 
Jormation.  Le  savant  médecin  que  nous  venons  de  nommer,  pense 
que  le  dépôt  de  matières  terreuses  dans  la  paroi  des  kystes  hydati- 
ques a  plus  de  tendance  à  se  faire  chez  les  vieillards  que  chez  les 
individus  jeunes  (2). 

Le  kyste  est  réuni  aux  parties  environnantes,  tantôt  par  un  tissu 
cellulaire  assez  lâche  et  l'on  voit  ramper  des  vaisseaux  sanguins  sur 
sa  paroi,  tantôt  par  un  tissu  fibreux  condensé  qui  établit  des  adhé- 
rences solides  et  difficiles  à  détruire.  Sur  un  cadavre  dont  les  artères 
avaient  été  injectées  à  la  cire,  M.  Charcot  ayant  trouvé  deux  kystes 
hydatiques  situés  dans  le  petit  bassin,  vit  qu'ils  recevaient  des  vais- 
seaux artériels  assez  volumineux  et  que  les  petites  ramifications  de 
ces  vaisseaux  pénétraient  dans  le  tissu  même  de  la  poche  fibreuse  (3). 
Lorsque  les  hydatides  se  développent  à  la  surface  d'un  organe, 
dans  le  tissu  cellulaire  sous-séreux,  il  peut  se  faire  que  le  kyste  re- 

(1)  M.  Béraud  a  montré  à  la  Société  de  biologie  un  kyste  du  foie  en  partie  osseux 
et  dont  les  parois  avaient  un  demi-centimètre  d'épaisseur  (Soc.  Mot.,  t.  I,  p.  27). 

(2)  Budd,  ouvr.  cit.,  p.  422. 

(3)  Charcot,  Mém.  Soc.  biologie,  1852,  t.  VI,  p.  103. 


36/|  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

pousse  la  membrane  séreuse,  se  coiffe,  en  quelque  sorte,  de  cette 
membrane  et  ne  reste  en  rapport  avec  son  point  d'origine  que  par 
un  pédicule  plus  ou  moins  allongé  etaminci.  C'est  ce  que  nous  avons 

vu,  M.  Charcot  et  moi ,  dans  un 
cas  ou  de  tels  kystes  pédicules 
existaient  en  grand  nombre  à  la 
surface  du  péritoine;  le  pédicule 
de  quelques-uns  de  ces  kystes 
avait  jusqu'à  sept  centimètres 
de  longueur  et  n'était  pas  plus 
gros  qu'un  crin  de  cheval.  11  se 
pourrait  que  ces  minces  pédi- 
cules se  rompissent  et  que  les 
kystes  devinssent  libres  dans  la 
cavité  péritonéale  (1). 

La  face  interne  des  kystes 
hydatiques  récents  est  blanche, 
lisse,  et  ressemble,  jusqu'à  un 
certain  point,  à  celle  d'une  mem- 
brane séreuse  ;  dans  les  kystes 
anciens,  elle  est  comme  chagri- 
née, rugueuse  ou  couverte  d'ex- 
sudations plus  ou  moins  adhéren- 
tes et  épaisses  ;  les  vaisseaux  s'y 
fig.  19.  —  Kystes  hydatiques  pédicules  observés  montrent  aussi  quelquefois  avec 

par  les  docteurs  Charcot  et  Davaine.  —a,  a,  in-  1lnpannarpnf.pvaT.jmlP1]<,p  nll  <,nr,f 

teslin  grêle  ;  b,  b,  mésentère  ;  c,  c,  kystes  ayant  UneapparenœV  anqueUSe,0US0nt 

un  court  pédicule  ;  d,  autre  kyste  supporté  par  un  entourés  dans  leur  trajet  par  Une 
pédicule  e,  très  long  et  très  aminci.  .  .         , 

véritable  sunusion  sanguine  (2). 
Suivant  M.  Vogel,  le  kyste  doit  son  origine  à  de  la  fibrine  coa- 
gulée qui  s'est  organisée  peu  à  peu  et  qui  a  même  acquis  des  vais- 
seaux (3).  Si  tel  était  le  mode  de  formation  de  cette  poche,  elle  aurait 


(1)  Charcot  et  Davaine,  Note  sur  un  cas  de  kyste  hydatique  [Mém.  Soc.  biologie, 
185",  2e  série,  t.  IV,  p.  103).  Voyez  ci-après,  obs.  105. 

Dans  un  cas  de  kyste  du  petit  bassin  observé  par  Lelouis,  un  kyste  considérable 
n'était  aussi  rattaché  aux  parties  que  par  un  pédicule  relativement  très  mince 
(voy.  sect.  v,  Petit  bassin,  obs.  1S3). 

(2)  J'ai  examiné  dernièrement  un  kyste  hydatique  considérable,  à  la  surface 
interne  duquel  les  vaisseaux  étaient  en  quelques  points  très  dilatés,  et  entourés  eu 
d'autres  points  par  de  véritables  ecchymoses. 

(3)  Vogel,  Traité  d' Anal,  palhol.,  Paris,  1847,  p.  -419. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  36j 

probablement  la  même  épaisseur,  la  même  consistance  dans  tous  les 
organes,  aussi  bien  dans  le  cerveau  que  clans  le  foie  ;  or  c'est  ce  que 
l'on  ne  voit  pas.  Suivant  le  même  auteur,  sa  face  interne  est  tapissée 
d'un  épithélium  plus  ou  moins  complet. 

Le  kyste  hydatique  est  en  général  d'une  forme  globuleuse,  régu- 
lière ou  plus  ou  moins  bosselée,  mais  il  est  rarement  composé  de 
loges  distinctes  ;  ce  cas  peut  provenir  de  la  fusion  de  plusieurs 
kystes.  Lorsque  la  poche  hydatique  devient  multiloculaire  par  suite 
des  obstacles  qu'elle  rencontre  à  son  accroissement  uniforme,  l'hy- 
datide,  si  elle  est  unique,  envoie  des  prolongements  dans  les  diverses 
loges,  comme  M.  Cruveilhier  l'a  observé  (1). 

§  II.  —  Un  kyste  renferme  fréquemment  chez  l'homme  plusieurs 
hydatides  ;  leur  nombre  peut  être  très  considérable,  s'élever  même 
au  delà  de  mille. 

Boudet  a  vu  un  kyste  hydatique  qui  contenait  à  peu  près  quatre 
mille  hydatides  (2).  «Pemberton  a  vu  au  foie,  dit  Bremser,  un  abcès 
qui  s'était  étendu  jusqu'aux  poumons  et  qui  contenait  au  moins 
cinq  cent  soixante  hydatides  d'un  diamètre  de  deux  pouces  et 
demi  à  celui  d'une  tête  d'épingle  (3).  »  Ploucquet  cite  un  cas  de 
Allen  dans  lequel  on  trouva  sept  à  huit  mille  hydatides  (4)  et  un 
autre  d'une  tumeur  globuleuse  dans  laquelle  il  y  avait  neuf  mille  de 
ces  vésicules  (5).  Nous  avons  rapporté  le  cas  de  Rivière  ou  l'on  a  vu 
plus  de  deux  cents  hydatides  sortir  à  l'ouverture  d'une  tumeur,  et 
celui  de  Wolcherus  ou  l'on  en  compta  plus  de  trois  cents  ;  nous  rap- 
porterons encore  un  cas  de  Tyson  qui  en  a  vu  plus  de  cinq  cents, 
et  un  autre  de  Panaroli  qui  en  a  vu  plus  de  mille  dans  des  circon- 
stances semblables.  Les  faits  de  ce  genre  sont  trop  communs  pour 
que  nous  nous  y  arrêtions  davantage. 

Dans  ces  cas,  le  volume  de  la  tumeur  est  toujours  énorme  et  atteint 
jusqu'à  la  grosseur  de  la  tête  d'un  homme. 

Lorsque   le  kyste  ne  contient  qu'une  seule  hydatide,  celle-ci  le 
remplit  ordinairement  en  entier,  et  tapisse  immédiatement  ses  pâ- 
li) J.  Cruveilhier,  Trailé  d'analomie pathologique  générale,  1856,  t.  III,  p.  547. 

(2)  Observ.  224,  infra  cit. 

(3)  Chr.  Rob.  Pemberton,  A  pract.  treal.  on  varions  diseases  of  the  abdom. 
vise.  London,  1811,  cite  par  Bremser,  p.  306. 

(4)  Allen,  p.  294,  cité  par  Ploucquet,  aït.  Hydatides. 

(5)  Comm.,  Nor.,  1731,  p.  271  (9000  hydatides  in  tumore  globoso),  cité  par 
Ploucquet. 


361)  AFFECTIONS   VERMINÈUSÈS   DES   CAVITÉS  SÉREUSES 

fois;  lorsqu'il  en  contient  plusieurs,  il  se  trouve  quel  [Uêfois  dan?  sa 
cavité  un  liquide  pinson  moins  abondant  dons  lequel  nagent  les 
hydatides.  Ce  liquide  est  transparent  et  limpide  connue  belui  des 
vésicules;  ou  bien  il  est  diversement  coloré,  trouble,  épais,  etc.,  ainsi 
que  nous  le  verrons  ci-après. 

§111.  —  Nous  avons  dit  que  les  hydatides  ont  une  existence 
limitée,  et  qu'elles  se  détruisent  tôt  ou  tard  avec  les  échinocoques 
qu'elles  contiennent.  Cette  destruction  est  déterminée  par  l'action  de 
la  poche  qui  les  renferme;  au  moins  la  masse  entière  de  la  tumeur 
offre-t-elle  des  transformations  morbides  qui  ne  paraissent  point 
procéder  des  hydatides. 

Lorsque  le  ver  vésiculaire  est  solitaire,  ou  lorsque,  étant  multiples, 
ces  vers  ont  leur  vésicule  appliquée  au  kyste  sans  interposition  de 
liquide,  une  matière  d'apparence  tuberculeuse  ou  sébacée,  demi- 
liquide  et  visqueuse,  quelquefois  épaisse  et  consistante,  se  dépose  par 
couches  sur  la  face  interne  du  kyste  ;  cette  matière  s'accumule  et 
enveloppe  complètement  la  vésicule  hydatique  ou  la  refoule  vers  un 
des  côtés  de  la  poche.  Le  liquide  contenu  dans  l'hydatide  reste  ordi- 
nairement limpide,  mais  il  diminue  de  quantité,  et  la  vésicule  s'af- 
faisse et  se  plisse;  en  même  temps  le  kyste  se  resserre,  au  moins 
d  après  toutes  les  apparences,  et  contribue  de  cette  manière  à 
effacer  de  plus  en  plus  la  cavité  du  ver  vésiculaire. 

Avec  le  temps  la  matière  sécrétée  s'épaissit,  se  concrète,  et  prend 
1  aspect  du  mastic  des  vitriers  et  quelquefois  celui  de  la  craie;  l'hy- 
datide se  réduit  à  quelques  lambeaux  membraneux  et  finit  même  par 
disparaître  ;  les  échinocoques  qui  se  sont  détruits  depuis  longtemps 
ne  sont  plus  représentés  que  par  leurs  crochets.  «  L'hydatide  se 
transforme  entièrement,  dit  Bremser  en  parlant  de  celle  du  bœuf,  en 
une  masse  calcaire  que  l'on  peut  quelquefois  détacher  aussi  facile- 
ment que  l'hydatide  saine  de  l'organe  dans  lequel  elle  se  trouve  (1).  » 

Dans  d'autres  cas,  chez  l'homme,  la  tumeur  hydatique  subit  des 
transformations  différentes  en  apparence,  quoique  toujours  de  même 
nature;  la  matière  qui  remplit  le  kyste  est  liquide  et  ressemble,  pour 
l'aspect,  à  du  pus  ou  à  du  tubercule  ramolli.  Nous  avons  vu,  avec 
M.  Duplay,  un  vaste  kyste  hydatique  de  la  rate  ,  qui  contenait  un 
grand  nombre  de  lambeaux  d'hydatides  nageant  dans  plusieurs  litres 
d'un  liquide  qu'il  était  impossible,  à  la  simple  vue,  de  distinguer  du 

(1)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  278. 


NATURELLES    OU   ADVENTTVES.    —    HYDATIDES.  3G7 

pus.  Ce  liquide  n'offrit  au  microscope  aucun  globule  purulent  ;  il 
n'était  certainement  formé  que  par  de  la  sérosité  tenant  en  sus- 
pension la  matière  dont  nous  avons  parlé  ci-dessus.  La  présence  des 
crochets  d'échinocoque  ne  laissait,  au  reste,  aucun  doute  sur  l'ori- 
gine de  cette  vaste  collection  d'apparence  purulente. 

Les  matières  du  kyste  peuvent  encore  avoir  une  teinle  rougeâtre, 
jaune  ou  verdâtre,  par  leur  mélange  avec  les  liquides  de  l'économie, 
tels  que  le  sang  ou  la  bile. 

§  IV.  — Les  tumeurs  hydatiques  ainsi  transformées  étaient  appe- 
lées autrefois  athèromateuses  ;  il  conviendrait  de  conserver  ce  nom  aux 
matières  complexes  qu'elles  renferment,  quel  que  soit  leur  aspect. 
Les  observations  de  kystes  hydatiques  suppures,  transformés  en 
abcès,  contenant  une  grande  quantité  de  pus  ou  de  matière  tuber- 
culeuse sont  très  communes  dans  les  ouvrages  de  médecine.  Nous 
sommes  persuadé,  d'après  nos  recherches,  que  la  plupart  de  ces  ob- 
servations, sinon  toutes,  concernent  des  kystes  athèromateux .  "L'état 
puriforme,  ou  de  tubercule,  n'est  probablement  qu'un  degré  moins 
avancé  de  la  transformation  athèromateuse  dont  l'état  crétacé  est  le 
dernier;  aussi,  dans  des  cas  de  kystes  hydatiques  multiples,  on  peut 
voir  plusieurs  degrés  de  cette  transformation  chez  le  même  individu  : 
M.  Cruveilhier  rapporte,  dans  son  Anatomie  pathologique,  un  cas 
dans  lequel  un  ky*te  hydatique  de  la  rate  contenait  une  matière 
semblable  à  du  plâtre,  tandis  qu'un  kyste  du  foie  contenait  dujtras. 

Des  faits  analogues  se  trouvent  consignés  dans  divers  ouvrages 
anciens,  et  nous  aurons  l'occasion  dans  la  suite  d'en  rapporter  plu- 
sieurs, mais  leurs  auteurs  n'avaient  pas  reconnu  que  les  tumeurs 
qu'ils  observaient  avaient  toutes  la  même  origine  et  la  même  nature  ; 
tel  est  le  cas  suivant  observé  par  de  Haen  : 

Obs.  II.  —  Kystes  hydatiques  athèromateux  du  foie. 

Un  individu,  âgé  de  vingt-quatre  ans,  avait  une  tumeur  dans  l'épigastre 
et  dans  l'hypochondre  droit  depuis  quatre  ans  ;  pris  tout  à  coup  de  fièvre  et 
de  délire,  il  mourut  le  neuvième  jour. 

Le  foie,  d'une  grosseur  monstrueuse,  contenait  plusieurs  tumeurs  :  l'une, 
située  dans  le  lobe  droit,  renfermait  une  énorme  hydatide  solitaire;  une  autre, 
située  dans  le  même  lobe,  contenait  un  grand  nombre  d'hydatides  de  diverse 
grosseur,  d'une  ligne  à  un  pouce  et  demi  de  diamètre;  un  troisième  kyste, 
situé  dans  le  lobe  gauche,  contenait  des  vésicules  semblables  ;  un  quatrième 
existait  en  dehors  du  foie;  un  cinquième,  situé  à  la  surface  de  cet  organe, 
était  gros  comme  le  poing  :   «  Isque,  dit   de   Haen,   non,   quemadmodum 


368  AFFECTIONS  VEItMINEUSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

»  omncs  pnecedente?,aqua  limpidû,  verùm  amurcû  nigrâ,  lactuquo  arenaceâ, 
s  rcplelus:  membrana  porro  unica,  explens  tolum  cavum,  hanc  amurcam 
«  continebat,  lacera  liinc  inde  ac  complicata  et  ab  asperâ  amurcâ  adliaîrenle 
»  valdè  indurata.  Pars  dextra  «uperiorque  lobi  dextri  continebat  sexlum  cavum 
»  priore  majus,  biloculare,  crassâ  ilidem  ac  pingui  amurcâ  plénum...  (1).  » 

Ruysch  a  reconnu  le  premier  les  transformations  des  tumeurs 
hydatiques:  «  Hydatides  in  atheromata,  steatomata  et  melicerides 
»  mutari  nulla  mihi  ambigendi  relinquitur ansa,  dit-il;  plures  enim 
»  hoc  anno  istius  modi  offendi  hydatides,  in  quibus  aliquando  mate- 
»  riam  pulti,  lacti,  sero,  coagulo,  caseoque  aamulam  reperi  (2).  » 

Laennec  a  reconnu  de  même  ces  transformations  des  kystes  hyda- 
tiques ;  il  a  vu  de  plus  qu'elles  peuvent  amener  une  terminaison 
favorable  de  la  maladie  :  «  Je  crois  pouvoir  établir,  dit  ce  grand  ob- 
servateur, d'après  quelques  faits  que  j'ai  vus,  que,  même  sans  sortir 
du  kyste  qui  les  renferme,  les  acéphalocystes  peuvent  périr  sponta- 
nément :  alors  la  partie  la  plus  ténue  du  liquide  dans  lequel  elles 
nagent  est  absorbée,  le  kyste  se  resserre  sur  lui-même  comme  un  ané- 
vrysme  après  l'opération  faite  suivant  le  procédé  de  Hunter,  et, 
au  bout  d'un  certain  temps,  un  kyste  très  volumineux  se  trouve 
réduit  en  une  petite  masse  qui  contient  une  matière  de  nature  va- 
riable, etc.  (3).  •> 

Bremser  fait  des  remarques  semblables  sur  les  hydatides  du 
bœuf.  «  J'ai  souvent  rencontré,  dit-il,  dans  le  foie  des  bœufs,  à  côté 
des  hydatides  complètement  développées  et  saines,  tous  ces  degrés 
de  désorganisation.  L'hydatide  saine,  remplie  d'un  liquide  limpide, 
forme  à  la  surface  de  l'organe  dans  lequel  elle  séjourne,  une  protubé  - 
rance  convexe  et  élastique;  mais  si,  au  contraire,  cet  animal  s'est 
déjà  changé  en  une  masse  ossiforme,  on  trouve  alors  une  dépression 
entourée  de  rides  (4).  » 

M.  Cruveilhier  a  rapporté  plusieurs  faits  intéressants  qui  ne  lais- 
sent point  de  doutes  sur  les  transformations  du  contenu  des  kystes 
hydatiques,  sur  le  retrait  de  ces  kystes,  et  sur  ce  mode  de  guérison 
des  tumeurs  qu'ils  forment  (5).  Nous  avons  examiné,  il  y  a  quelques 
années,  un  kyste  gros  comme  un  œuf  de  poule  trouvé  par  M.  Charcot 

(1)  De  Haen,  op.  cit.,  pars  VII,  cap.  m,  §2,  p.  318. 

(2)  Ruysch,  op.  cit.,  observ.  anat.  XXV,  p.  25. 

(3)  Th.  Laennec,  Mém.  sur  les  vers  vésiculaires,  1804  (Mém.  delà  Soc.  de  méd. 
de  Paris.  Paris,  181  2,  p.  120  et  142,  note). 

(4)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  278. 

(5)  Cruveilhier,  Anat.  pathologique  générale,  cité  t,  III,  p.  5S0  et  suiv. 


NATURELLES  00   ADVENTIVES.   —   HYDATIDES.  369 

dans  le  foie  d'une  vieille  femme.  Ses  parois  étaient  très  épaisses,  et 
sa  cavité  contenait  une  matière  qui  avait  l'apparence  du  mastic  des 
vitriers,  avec  quelques  lambeaux  hydatiformes.  L'existence  de  cro- 
chets d'échinocoque  ne  laissa  pas  de  doute  sur  sa  nature.  L'épaisseur 
de  ses  parois,  son  petit  volume  relatif,  son  contenu,  ne  permettaient 
pas  de  douter  qu'il  n'eût  subi  une  transformation  et  un  retrait  sem- 
blables à  ceux  dont  il  vient  d'être  question  ci-dessus. 

§  V.  —  Si  la  matière  athéromateuse  étendue  de  sérosité  a  été 
prise  souvent  pour  du  pus,  celle  qui  est  concrète  l'a  été  pour  du 
tubercule,  et  cette  erreur  a  fait  croire  à  plusieurs  observateurs  que 
les  tubercules  doivent  leur  origine  à  des  hydatides  ;  mais  entre  le 
tubercule  et  la  matière  athéromateuse  il  existe  des  différences  essen- 
tielles, autant  dans  leur  composition  que  dans  leur  mode  de  forma- 
tion et  dans  leur  nature.  L'un  est  un  produit  primitif  qui,  en  gros- 
sissant, se  ramollit  et  tend  à  la  destruction,  l'autre  est  un  produit 
secondaire,  produit  de  sécrétion,  qui  tend  à  se  concréter  et  à  se 
résorber. 

Jenner,  le  premier,  a  cru  trouver  l'origine  des  tubercules  dans  les  hydatides. 
Il  envoya  à  ce  sujet  au  docteur  Beddoes  deux  observations  que  celui-ci  publia 
dans  son  ouvrage  sur  les  airs  factices  (1).  «  Ce  tubercule  naissant,  décrit  par 
Starck,  ne  serait-il  pas  une  hydatide?  dit  Jenner.  Il  est  clairement  démontré 
que  les  hydatides  forment  des  tubercules  dans  les  poumons  de  la  vache:  j'ai 

fait  la  préparation  de  ces  parties »  L'illustre  inventeur  de  la  vaccine 

cherche  expérimentalement  la  solution  de  la  question  ;  il  nourrit  de  jeunes 
animaux  de  diverses  manières:  «  Lorsqu'il  les  nourrissait  avec  certaines  sub- 
stances, on  trouvait  bientôt  le  foie  rempli  d'hydatides.  En  les  examinant,  à 
différentes  époques,  il  fut  à  même  de  tracer  les  diverses  gradations  déjà  men- 
tionnées, depuis  la  plus  légère  bulle  de  fluide  jusqu'à  l'épaississement  de  leur 
enveloppe,  et  leur  entière  conversion  en  tubercules  de  volume  et  de  consis- 
tance divers  (2).  » 

Vers  la  même  époque  (l  817),  un  savant  vétérinaire  français,  Dupuy,  fit  à 
plusieurs  reprises  des  rapprochements  entre  l' hydatide  et  le  tubercule  qu'il 
observait  souvent  chez  la  vache,  sans  cependant  conclure  que  l'un  dérivât  de 
l'autre:  «  Ces  hydatides,  dit-il,  regardées  et  décrites  par  les  zoologistes  comme 
des  corps  organisés  et  vivants,  pourraient  bien  apporter  quelque  lumière  sur 
l'origine  et  la  formation  des  tubercules,  ou  du  moins  prouver  que  ces  corps 

(1)  Cité  par  John  Baron,  Recherches,  observ.  et  expe'r.  sur  le  développement 
naturel  et  artificiel  des  maladies  tuberculeuses,  trad.  par  M.  V.  Boivin.  Paris,  1825 
p.  100. 

(2)  Baron,  ouvr.  cit. ,  p.  99. 

Da  vaine,  24 


370  AFFECTIONS   VEHMINEUSES   DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

qui  désorganisent  les  poumons  de  la  môme  manière,  se  développent  sous 
J'empire  des  mômes  circonstances  (I).  » 

John  Baron, dans  son  ouvrage  surlcs  maladies  tuberculeuses  publié  en  I  81  9, 
s'efforça  de  montrer  que  «  les  tubercules,  à  leur  origine,  sont  de  petits  corps 
vésiculaires,  c'est-à-dire  des  hydatides  contenant  du  fluide;  que  ces  corps 
éprouvent  des  transformations  subséquentes,  de  la  nature  desquelles  dépend 
leur  caractère  tuberculeux...  (2)  »  Qu'entend  cet  auteur  par  hydafide  et  tuber- 
cule? Il  ne  définit  ni  l'un  ni  l'autre;  mais  il  résulte  clairement  de  la  lecture 
de  son  ouvrage  que,  pour  lui,  toutes  les  vésicules  renfermant  un  liquide  plus 
ou  moins  transparent  sont  des  hydatides  :  tels  sont  le  cysticerque,  l'hyda- 
tide(mère  des  échinocoques),  les  vésicules  choriales^  les  kystes  séreux,  etc., 
et  que  par  tubercules,  il  entend  les  produits  non  liquides  renfermés  dans  un 
kyste,  quels  que  soient  le  volume  du  kyste  et  la  nature  des  matières  qu'il 
renferme. 

Enfin,  en  '1832,  le  docteur  Kuhn  a  cherché  à  déterminer  la  part  que  les 
hydatides  (mères  des  échinocoques)  prennent  dans  la  production  des  tuber- 
cules, et  quoiqu'on  lui  attribue  généralement  l'opinion  que  le  tubercule  (pris 
dans  son  acception  ordinaire)  doit  son  origine  à  des  hydatides,  c'est  à  la  con- 
clusion contraire  qu'il  est  arrivé  :  «  J'ai  reconnu,  dit-il,  que  sans  être  pour 
quelque  chose  dans  les  affections  tuberculeuses  ordinaires,  les  acéphalocystes 
pouvaient  néanmoins  déterminer  la  production  d'un  genre  de  tubercules  tout 
particulier  (3).  »  Et  plus  loin  il  donne  les  caractères  distinctifs  de  ce  genre  de 
tubercules  qui  sont  toujours  enkystés,  d'une  couleur  jaune  foncé,  renfermant 
des  débris  de  la  pellicule  de  l'acéphalocyste,  ayant  une  tendance  à  se  durcir, 
«  tandis  que  les  tubercules  ordinaires  finissent  presque  toujours  par  se  ra- 
mollir. »  Ainsi  donc  Kuhn  n'a  point  confondu  le  tubercule  avec  la  matière 
athéromateuse,  il  n'a  point  donné  l'hydatide  pour  origine  au  premier  de  ces 
produits  pathologiques,  il  n'a  fait  qu'une  confusion  de  mots. 

D'un  autre  côté,  ayant,  après  Laënnec,  cherché  à  déterminer  chez  les  ru- 
minants le  mode  de  génération  des  acéphalocystes  et  leur  mode  de  destruc- 
tion par  l'envahissement  de  la  matière  tuberculeuse  (athéromateuse),  il  a  fait 
connaître  mieux  qu'aucun  autre  la  génération  des  hydatides  par  bourgeonne- 
ment, et  la  production  par  le  kyste  de  cette  matière  eoncrète  qui  refoule  et 
envahit  l'hydatide,  laquelle  se  ride,  se  plisse,  perd  son  liquide,  et  finit  même 
par  disparaître. 

Malgré  les  différences  essentielles  qui  existent  entre  la  matière 
athéromateuse  et  le  tubercule,  ces  deux  produits  sont  encore  aujour- 

(1)  Dupuy,  De  l'affection  tuberculeuse  vulgairement  appelée  morve.  Paris,  1817, 
p.  2T1. 

(2)  Ouvr.  cit.,  p.  286. 

(3)  Docteur  Kuhn,  médeciu  à  Niederbronn,  Recherches  sur  les  acéphalocystes  et 
sur  la  manière  dont  ces  productions  parasites  peuvent  donner  lieu  à  des  tubercules. 
Strasbourg,  1832,  p.  16. 


NATURELLES  OU  ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  371 

d'hui  confondus  par  quelques  observateurs;  le  l'ait  suivant,  qui,  du 
reste,  est  intéressant  à  plus  d'un  titre,  en  est  la  preuve. 

Obs.  III  (Malherbe).  —  Hydatides  du  foie,  alhérome,  gangrène. 

II  s'agit  d'un  homme  âgé  de  vingt-neuf  ans,  qui,  ayant,  fait  une  chute  sur 
un  escalier  six  semaines  avant  son  entrée  à  l'Hôtel-Dieu  de  Nantes,  fut  pris 
de  toux  et  d*oppression,  et  présenta,  le  jour  de  son  entrée  à  l'hôpital  (9  dé- 
cembre -1856),  des  signes  de  pneumonie  et  de  gangrène  pulmoriaire  ;  il  suc- 
comba le  20  décembre. 

A  f autopsie,  on  trouva  les  lésions  suivantes  :  Quelques  tubercules  ramollis 
dans  les  poumons,  gangrène  pulmonaire  à  droite;  abcès  sous  la  pie-mère  et 
dans  un  hémisphère  cérébral  ;  large  abcès  enkysté  dans  la  région  splénique; 
abcès  dans  la  rate,  un  autre  avec  gangrène  dans  un  rein. 

Il  existe  un  kyste  hydatique  dans  le  lobe  gauche  du  foie;  sa  paroi  est  cal- 
caire en  quelques  points;  à  la  face  interne  du  kyste  on  voit  «  une  couche 
molle,  jaunâtre,  épaisse  de  3  à  5  millimètres,  de  consistance  de  fromage,  res- 
semblante du  pus  concret  ou  à  du  tubercule  jaune.  Examinée  au  microscope, 
je  la  trouve  exclusivement  constituée  de  granulations  moléculaires  et  grais- 
seuses, de  rares  cristaux  de  cholestérine,  et  surtout  de  corpuscules  tuberculeux 
types  offrant  tous  les  caractères  donnés  par  les  auteurs...  pas  la  trace  d'un 
globule  de  pus.  —  Une  quarantaine  d'hydatides  accolées  à  cette  couche  pul- 
peuse, mais  ne  lui  adhérant  pas  autrement  que  par  contact,  de  la  grosseur 
d'une  tête  d'épingle  jusqu'à  celle  d'une  orange  moyenne,  les  unes  jaunâ- 
tres, etc..  —  Enfin  ce  fait  est,  je  crois,  unique  jusqu'à  présent,  c'est  la  pré- 
sence d'une  couche  de  matière  tuberculeuse  intermédiaire  au  kyste  fibreux 
adventif  et  à  la  membrane  propre  des  hydatides  (1).  » 


CHAPITRE  II. 

CONSTITUTION  CHIMIQUE  DE  LA  TUMEUR  HYDATIQUE  ;  PRODUITS  ACCIDENTELS. 

La  connaissance  de  la  composition  chimique  des  membranes  hyda- 
tiques  est  sans  importance  pour  nous  ;  il  n'en  est  pas  de  même  de 
celle  des  liquides  ou  des  matières  qu'elles  renferment. 

Le  liquide  limpide  des  hydatides  ne  contient  que  des  traces  d'al- 
bumine; il  renferme  en  quantité  assez  considérable  du  chlorure  de 
sodium,  dont  les  cristaux  deviennent  apparents  au  microscope  lors- 
qu'on laisse  évaporer  une  goutte  de  liquide  sur  une  lame  de  verre.  Sa 

(1)  Docteur  Malherbe,  Gazette  des  hôpitaux,  1857,  p.  130. 


372  AFFECTIONS  VERMIfJEUSES  DES  CAVITÉS  SEKEUSLS 

densité  est  de  1,008  à  1,01:3;  il  est  neutre  ou  légèrement  alcalin. 

//  ne  se  coagule  pas  pat'  la  chaleur  ou  pa?'  les  acides  (1), 

La  matière  athéromateuse  est  composée  principalement  de  phos- 
phate de  chaux  et  d'une  matière  animale  semblable  à  l'albumine; 
elle  contient  aussi  une  petite  quantité  de  carbonate  de  chaux,  de  la 
cholestérine  et  d'autres  matières  grasses. 

M.  Berthelot,  ayant  fait  l'examen  des  matières  grasses  renfer- 
mées dans  la  substance  puriforme  d'un  kyste  hydatique  de  la  rate  (2) , 
obtint  le  résultat  suivant: 

"  100  parties  de  la  substance  contenue  dans  le  kyste  ont  fourni  : 

Matière  grasse  totale 1,7 

Cette  matière  renfermait  : 

Substances  saponifiables 0,4 

Cholestérine 0,9 

Substance  fétide  particulière,  non  saponiGable,  de 
nature  cireuse,  soluble  dans  l'éther,  presque  inso- 
luble dans  l'alcoool 0,4 

Principe  colorant  jaune  qui  a  disparu  pendant  la  sapo- 
nification    » 

1.7 

»  D'après  cette  analyse,  les  matières  grasses  contenues  dans  le 
kyste  se  rapprochent  beaucoup  de  celles  que  renferme  le  pus,  tant  par 
leur  nature  que  par  leur  proportion.  Ce  qu'elles  offrent  de  plus  re- 
marquable, c'est  d'une  part  l'abondance  de  la  cholestérine,  d'autre 
part  la  présence  de  la  matière  cireuse  et  fétide  que  j'ai  signalée.  » 
(Berthelot.) 

L'examen  microscopique  de  cette  même  matière  nous  a  montré 
des  granulations  élémentaires  et  des  particules  amorphes,  une  énorme 
quantité  de  lamelles  de  cholestérine,  des  crochets  d'échinocoque. 
L'abondance  des  cristaux  de  cholestérine  était  le  fait  le  plus  notable; 
nous  n'avons  trouvé  aucun  globule  de  pus. 

La  présence  de  la  cholestérine  dans  les  kystes  atheromateux  est 
probablement  générale;  nous  avons  trouvé  cette  substance  dans  trois 

(1)  Redi  a  fait,  le  premier,  l'observation  importante  que  le  liquide  d'un  cysli- 
cerque  ne  se  coagulait  pas  par  la  chaleur;  Dodart  ensuite  a  fait  la  même  remarque 
pour  des  hydatides  de  l'homme.  C'est  Récamier  qui  le  premier,  je  pense,  a  cherché 
dans  ce  fait  un  signe  diagnostique  des  tumeurs  hydatiques. 

(2)  Kyste  de  la  rate  de  l'homme  observé  par  M.  Duplay.  (Voy.  sect.  iv,  chap.  iv.) 


NATURELLES  OU  ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  373 

kystes  hydatiques  qui  avaient  subi  la  transformation  athéromateuse 
et  nous  l'avons  vue  signalée  dans  plusieurs  cas  où  l'examen  mi- 
croscopique avait  été  fait. 

On  trouve  encore  dans  les  kystes  hydatiques  d'autres  substances, 
dont  la  présence  est  accidentelle.  Ce  sont  :  1' ' hêmaloïdine ,  le  sucre, 
et  quelques  sels  de  l'urine. 

Hêmaloïdine.  — Toutes  les  tumeurs  hydatiques  dans  lesquelles, 
à  notre  connaissance,  la  présence  de  l'hématoïdine  a  été  constatée, 
appartenaient  au  foie  : 

I.  Dans  un  kyste  adhérent  à  cet  organe,  et  qui  avait  subi  la  trans- 
formation athéromateuse,  M.  Jones  trouva  des  globules  huileux, 
des  lamelles  de  cholestérine,  des  membranes  hydatiques,  des  cro- 
chets d'échinocoque  et  des  cristaux  d'hématoïdine.  Cet  observateur 
ne  fait  point  mention  de  l'existence  de  cristaux  semblables  dans  des 
kystes  hydatiques  qui,  chez  le  même  sujet,  étaient  situés  dans  d'au- 
tres parties  de  la  cavité  abdominale  (1). 

II.  Un  kyste  du  foie  observé  par  M.  Leudet  renfermait  unehyda- 
tide  solitaire.  Alasurfaceinternedu  kyste  existait  un  dépôt  de  matière 
jaunâtre  qui  contenait  des  cristaux  de  cholestérine  et  de  Yhèmatine 
granuleuse  (2). 

III.  Dans  un  kyste  du  foie  également,  le  docteur  Hyde  Salter 
trouva  une  matière  rouge  et  cristallisée  (hématoïdine) .  Les  cristaux 
se  trouvaient  non-seulement  dans  le  liquide  qui  entourait  les  hyda- 
tides,  mais  encore  à  l'intérieur  même  de  ces  vésicules  (3). 

IV.  MM.  Robin  et  Mercier  ont  trouvé  aussi  des  cristaux  d'héma- 
toïdine, et  même  une  masse  de  la  grosseur  d'une  noisette,  dans  un 
kyste  du  foie.  Dans  ce  cas,  comme  dans  le  précédent,  les  cristaux 
existaient  au  dehors  et  dans  la  cavité  de  presque  toutes  les  hydatides  ; 
il  est  vrai  que  celles-ci  étaient  ouvertes  et  affaissées.  Plusieurs  kystes 
hydatiques  existaient  dans  d'autres  organes,  mais  aucun  ne  conte- 
nait d'hématoïdine  (4). 

V.  Dans  un  cas  de  kystes  hydatiques  multiples  disséminés  dans 

(1)  Voyez  ci- après,  obs.  161. 

(2)  Leudet,  Bulletin  Soc.  anat.,  1853,  ann.  xxvm,  p.  185. 

(3)  Hyde  Salter,  Transact.  ofpathol.  Society.  London,  1854,  p.  304. 

(4)  Mém.  de  la  Soc.  de  biologie,  1855,  p.  117.  Voy.  ci-après,  obs.  81. 


37ft  AFFECTIONS  VERMINEUSK8  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

plusieurs  organes  que  nous  avons  observés,  M.  Charcot  et  moi,  un 
kyste  situé  dans  le  foie  offrait  de  nombreux  cristaux  rhomboïdaux 
d'hématoïdine.  Ces  cristaux  existaient  dans  le  liquide  du  kyste  évacué 
pendant  la  vie  du  malade.  Chez  tous  les  échinocoques  renfermés  dans 
les  hydatides  évacuées  en  même  temps  ,  les  corpuscules  calcaires 
offraient  une  coloration  d'un  rouge  1res  intense,  tout  à  fait  analogue 
à  celle  des  cristaux  d'hématoïdine  ;  ces  corpuscules  n'avaient  éprouvé 
d'ailleurs,  dans  leur  forme  ou  dans  leurs  autres  caractères,  aucune 
modification  appréciable.  Il  y  avait  encore  des  cristaux  d'héma- 
toïdine sous  la  paroi  de  quelques  hydatides  intactes,  mais  aucun  des 
kystes  situés  dans  les  autres  organes  n'en  renfermait  (1). 

Sucre.  —  La  présence  du  sucre  en  grande  quantité  a  été  con- 
statée dans  le  liquide  d'un  kyste  situé  à  la  région  épigastrique  et 
probablement  dans  le  foie.  Ce  liquide  avait  été  extrait  par  une  ponc- 
tion exploratrice.  Le  kyste  ayant  été  ouvert  plus  tard  par  des  ap- 
plications caustiques,  le  liquide  qui  s'écoula  alors  ne  contenait  plus 
de  sucre.  MM.  Ch.  Bernard  et  Axenfeld,  qui  rapportent  ce  fait,  disent 
que  M.  Cl.  Bernard  avait  déjà  constaté  l'existence  du  sucre  dans  le 
liquide  d'hydatides  du  foie,  chez  le  mouton  (2). 

Sels  de  l'urine.  —  M.  H.  Barker  rapporte  avoir  trouvé  des  cris- 
taux d'acide  urique,  d'oxalate  de  chaux  et  de  phosphate  de  soude 
à  l'intérieur  de  vésicules  hydatiques  rendues  avec  les  urines  par 
un  malade  soumis  à  son  observation.  M.  Quekett,  ayant  examiné 
plusieurs  de  ces  vésicules  intactes,  dit  :  »  Dans  la  plus  grande  hyda- 
tide,  la  couche  la  plus  interne  était  couverte  d'une  grande  quantité  de 
petits  cristaux  prismatiques  ayant  l'apparence  générale  du  triple 
phosphate.  Dans  l'une  des  plus  grandes,  des  cristaux  semblables 
étaient  adhérents  à  la  surface  externe  ;  les  cristaux  se  voyaient  mieux 
dans  les  grandes  hydatides  nouvellement  ouvertes  que  dans  les  pe- 
tites, qui  souvent  n'en  contenaient  pas.  En  plaçant  une  portion  de  la 
membrane  interne  entre  deux  lames  de  verre,  pour  examiner  les  cris- 
taux en  place,  ceux-ci  se  détachaient  si  facilement,  qu'il  fallait  de 
grandes  précautions  pour  les  conserver  dans  leur  situation...  La  pré- 
sence de  ces  cristaux  à  l'intérieur  des  hydatides  me  paraît  s'expli- 

(1)  Voyez  ci-après,  obs.  105. 

(2)  Ch.  Bernard  et  Axenfeld,  Présence  du  sucre  dans  le  liquide  d'un  kyste  hyda- 
tique  du  foie  {Comptes  rendus  Soc.  biologie,  2e  série,  1856,  t.  III,  p.  90). 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —  HYDATIDES.  375 

quer  par  la  pénétration  de  l'urine  à  travers  les  parois  par  endos- 
mose (1).  » 

Cette  explication  est  confirmée  par  les  faits  rapportés  précédem- 
ment. Un  cas  observé  par  Fréteau  prouve,  d'ailleurs,  que  la  matière 
colorante  du  sang  passe  très  facilement  à  travers  la  paroi  des  hyda- 
tides;  le  médecin  de  Nantes,  à  la  suite  d'une  observation  que  nous 
rapporterons  ci-après,  ajoute:  "  Le  plus  grand  nombre  des hydatides 
étaient  du  plus  beau  rouge...  ;  la  plus  grande  partie  des  vésicules 
rouges  étaient  de  la  grosseur  d'un  grain  de  raisin,  quelques-unes  de 
la  grosseur  d'une  lentille,  un  certain  nombre  de  la  grosseur  d'un 
grain  de  chènevis...  Tous  les  kystes  (hydatides)  nous  ont  paru  telle- 
ment poreux,  que  les  vésicules  colorées  en  rouge,  laissées  pendant 
quelque  temps  dans  l'eau  froide,  y  déposaient  peu  à  peu  leur  matière 
colorante  (2).  » 

M.  Cruveilhier  a  rendu  la  perméabilité'  des  hydatides  très  évi- 
dente, en  plongeant  ces  vésicules  dans  de  l'encre.  Le  liquide  qu'elles 
contenaient  ne  tardait  pas  à  devenir  violet  et  noir  (3). 


CHAPITRE   III. 

ORGANES   ENVAHIS   PAR   LES    HYDATIDES;    ALTÉRATIONS   CONSÉCUTIVES 
DE   CES   ORGANES. 

Les  hydatides  se  rencontrent  chez  l'homme  dans  tous  les  organes 
parenchymateux,  mais  avec  un  degré  très  différent  de  fréquence:  le 
foie,  à  lui  seul,  offre  plus  de  cas  de  cette  affection  que  tous  les  autres 
organes  ensemble.  Souvent  lorsque  des  hydatides  existent  dans 
quelque  partie  éloignée,  il  s'en  rencontre  en  même  temps  dans  le 
foie  ;  le  poumon  vient  en  seconde  ligne,  sous  le  rapport  delà  fréquence 
des  hydatides;  elles  sont  encore  assez  fréquentes  dans  la  rate,  les 
reins,  l'épiploon,  le  cerveau;  on  en  possède  quelques  exemples  dans 
le  canal  rachidien,  dans  l'œil  et  même  dans  les  os;  il  n'est  guère 
plus  commun  d'en  rencontrer  dans  les  membres  et  dans  les  parois 

(i)  T.  Herbert  Barker,  On  cystic  Entozoa  in  Ihe  human  kidney.  Londou,  1856, 
p.  9  (voy.  ci-après,  obs.  192). 

(2)  Voyez  ci-après,  obs.  34. 

(3)  Dictionnaire  de  méd.  et  de  chirurgie  pratiques,  t.  I,  p.  199,  art.  Acépha- 
locystes. 


370  AFFECTIONS  VfcltMINEUSES  DES  CAVITÉS  SÉltr.USLS 

de  la  poitrine  et  de  l'abdomen;  le  testicule,  l'ovaire,  la  matrice  et 

la  mamelle  en  sont  fort  rarement  atteints  (1). 

Le  kyste  hydatique  est  assez  souvent  solitaire  ;  cependant  il  n'est 
pas  rare  d'en  voir  deux,  trois  ou  quatre  existant  dans  le  même 
organe  ou  clans  des  régions  différentes;  leur  nombre  dépasse  rare- 
ment dix  ou  douze,  quoique  l'on  en  ait  quelquefois  vu  plus  de 
cinquante  et  jusqu'à  un  millier  (2). 

Les  tissus  ou  les  organes  au  sein  desquels  se  développent  les 
kystes  hydatiques  peuvent  rester  longtemps  sans  éprouver  d'alté- 
ration appréciable.  Souvent  ils  s'atrophient  plus  ou  moins;  ils  dispa- 

(1)  Voici  approximativement  le  relevé  des  cas  d'hydalides  dont  il  est  fait  men- 
tion dans  cet  ouvrage  : 

Foie.  —  Kystes  faisant  saillie  dans  le  thorax 4  cas. 

—  s'ouvrant  dans  la  plèvre 9 

—  —     à  la  base  du  poumon  ou  dans  les  bronches.. .  21 

—  —     dans  les  conduits  biliaires 8? 

—  —    dans  le  péritoine 8 

—  —    dans  le  tube  digestif 22 

Kystes  dans  d'autres  conditions 94 

Corps  thyroïde 2  cas?. 

Parois  du  tronc 12 


Poumons 40  cas. 

Cœur 10 

Artèreet  veines  pulmonaires.     2 

Cerveau,  cervelet,  etc 20? 

Moelle  épinière 3? 

Corps  pituitaire 2 

Reins 30 

Capsule  surrénale 1 

Petit  bassin 26 

Globe  de  l'œil ...     3? 

Orbite 9? 

Face 2 

Bouche 2 

Col 5  ? 


Bras  (parties  molles) 2 

Avant-bras  et  main  (parties 

molles) 0 

Cuisse  (parties  molles) 6 

Jambe  et  pied  (parties  molles)  0 

Système  osseux 17 

Testicule  et  scrotum 2? 

Vésicule  séminale 1 

Ovaire 4? 

Matrice  (parois) 1 

Placenta 1? 

Sein 7  ? 


Ce  relevé  est  fort  incomplet  pour  ce  qui  concerne  le  foie,  car  parmi  les  faits  qui 
se  trouvent  dans  les  recueils  de  médecine,  nous  n'avons  mentionné  que  ceux  qui 
nous  offraient  quelque  intérêt  au  point  de  vue  des  lésions  concomitantes  ou  du  trai- 
tement, ou  par  quelque  particularité.  Il  est  plus  complet  pour  l'encéphale,  les  pou- 
mons, le  cœur,  les  vaisseaux,  les  reins,  les  organes  génitaux,  les  membres  et  les  os. 
Nous  avons,  en  effet,  cité  tous  les  cas  dont  nous  avons  eu  connaissance;  mais,  dans 
un  certain  nombre  de  ces  cas,  il  peut  y  avoir  des  doutes  sur  la  détermination  de  la 
nature  des  vésicules  observées,  comme  aussi  sur  le  siège  primitif  de  ces  vésicules. 

(2)  Cruveilhier,  Anatomie  pathologique  du  corps  humain,  livr.  XIX,  pi.  1  et  2. 


NATURELLES   OU   ADVENT1VES.   —  HYDATIDES.  377 

missent  même  quelquefois  entièrement  par  les  progrès  incessants  du 
corps  étranger  qui  les  comprime.  Ils  peuvent  éprouver  aussi  dans 
leur  structure  des  changements  considérables,  au  moins  pour  ce  qui 
est  de  la  portion  en  rapport  immédiat  avec  l'hydatide;  elle  se  con- 
dense; plusieurs  de  ses  éléments  disparaissent,  et  elle  subit  dans  sa 
constitution  une  véritable  transformation.  Les  organes  voisins  con- 
tractent des  adhérences  avec  les  parties  qui  contiennent  le  kyste 
et  participent  quelquefois  à  ces  changements. 

La  partie  de  l'organe  qui  n'est  pas  en  rapport  immédiat  avec  le 
kyste  reste  généralement  normale;  parfois,  peut-être,  elle  acquiert 
un  plus  grand  développement.  Dans  plusieurs  cas  d'hydatides  volu- 
mineuses du  foie,  nous  avons  vu  signalé  un  état  granuleux,  ou  plutôt 
granulé,  du  parenchyme  resté  sain.  Évidemment,  il  n'était  pas  ques- 
tion de  cirrhose,  mais  probablement  d'une  hypertrophie  de  certains 
éléments  qui  exagérait  l'aspect  grenu  et  normal  du  tissu  hépatique. 
Ne  se  produirait-il  point  dans  les  parties  qui  échappent  à  la  compres- 
sion du  kyste  une  hypertrophie  analogue  à  celle  qui  se  produit  dans 
un  rein,  lorsque  son  congénère  se  détruit  1 

Dans  certains  cas,  à  la  suite  de  quelque  violence  extérieure  ou 
spontanément,  l'inflammation  s'empare  des  parties  voisines  du 
kyste  ;  il  s'y  forme  des  collections  purulentes  diffuses  ou  disséminées 
et  ordinairement  d'un  petit  volume.  11  est  douteux  pour  nous  que  la 
paroi  interne  de  la  poche  hydatique  devienne  spontanément  le  siège 
d'une  suppuration,  opinion  que  nous  avons  déjà  exprimée. 

On  a  vu  la  suppuration  s'établir  dans  les  veines  de  la  partie 
affectée,  et  l'inflammation  se  propagera  des  organes  éloignés  ;  mais 
ce  fait  n'arrive  peut-être  que  consécutivement  à  la  communication 
accidentelle  de  ces  vaisseaux  avec  la  cavité  du  kyste.  (Voy.HYDATiDES 
du  foie). 

Dans  d'autres  cas,  les  parties  anciennement  ou  nouvellement  en 
rapport  avec  la  poche  hydatique  se  détruisent  et  s'ulcèrent,  ainsi  que 
la  paroi  correspondante  de  cette  poche,  qui  se  perfore  et  livre  pas- 
sage aux  matières  qu'elle  renferme;  alors  le  kyste  hydatique  s'ouvre 
directement  au  dehors  ou  dans  un  organe  qui  communique  plus  ou 
moins  directement  avec  l'extérieur,  comme  les  bronches,  le  tube  di- 
gestif, les  canaux  biliaires,  les  voies  urinaires,  ou  bien  dans  une  ca- 
vité close  comme  la  plèvre,  le  péritoine  et  même  dans  les  veines. 
La  tumeur  se  met  ainsi  quelquefois  en  communication  avec  un  or- 
gane éloigné  et  sans  connexion  avec  celui  qui  contient  les  hydatides  : 
les  kystes  du  foie,  par  exemple,  après  avoir  perforé  le  diaphragme 


378  AFFECTIONS   VERMINEU5ES   DES  CAVITÉS   SÉREUSES 

et  le  tissu  pulmonaire,  s'ouvrent  quelquefois  dans  les  bronches,  et 
par  cette  voie  leur  contenu  s'échappe  au  dehors. 

Ce  n'est  pas  seulement  sur  les  parties  molles  que  les  hydatides 
exercent  leur  influence  destructive  ;  lorsqu'elles  sont  en  rapport  avec 
un  os,  elles  peuvent  en  déterminer  la  résorption  et  la  perforation: 
M.  Andral  rapporte  le  cas  d'un  malade  chez  lequel  des  acéphalo- 
cystes,  logées  dans  la  fosse  sous-scapulaire,  s'étaient  fait  jour  dans 
la  fosse  sous-épineuse,  à  travers  l'omoplate  dont  elles  avaient  opéré 
la  perforation  (1).  Nous  rapporterons  plusieurs  autres  exemples  ana- 
logues. 

Une  communication  peut  aussi  s'établir  entre  deux  kystes  hyda- 
tiques  par  la  perforation  de  l'un  et  de  l'autre.  Les  cas  de  tumeurs 
hydatiques  contenant  plusieurs  loges  séparées  par  un  diaphragme  in- 
complet ne  sont  pas  très  rares.  L'observation  suivante  suffit  à  prouver 
que  ces  loges  peuvent  être  produites  par  la  réunion  de  plusieurs 
kystes,  dont  les  parois  se  sont  perforées  à  leur  point  de  contact  ; 
nous  n'en  donnerons  que  les  circonstances  qui  ont  un  rapport  plus 
ou  moins  direct  avec  le  sujet  dont  nous  parlons. 

Obs.  IV  (Neucourt).  i —  Hydatides  du  poumon  et  du  foie. 

A  l'autopsie  d'une  femme  morte  de  pneumonie  à  l'âge  de  soixante  ans,  on 
trouva,  à  la  base  du  poumon  droit,  un  kyste  renfermant  une  hydatide  solitaire. 
Ce  kyste  avait  environ  15  centimètres  d'avant  en  arrière,  et  5  dans  sa  plus 
grande  largeur.  Il  paraissait  constitué  en  partie  par  la  base  des  poumons, 
en  sorte  qu'il  était  difficile  dédire  s'il  était  véritablement  creusé  dans  l'épais- 
seur de  cet  organe,  ou  bien  s'il  lui  était  simplement  accolé. 

Toute  la  portion  droite  du  foie  était  remplacée  par  des  kystes,  au  nombre  de 
dix  ou  douze  ;  l'un  avait  le  double  du  volume  d'un  rein.  «  Le  diaphragme  a 
disparu  dans  la  partie  occupée  par  les  kystes,  de  sorte  que  celui  des  poumons 
et  ceux  de  l'abdomen  se  touchent  par  leur  face  externe  ;  à  la  face  inférieure 
du  foie,  il  y  en  a  un  gros  comme  le  poing  et  étranglé  à  son  milieu  ;  les  autres 
sont  gros  comme  une  pomme,  une  noix,  une  noisette  ;  quatre  ou  cinq  de  ces 
derniers  sont  réunis  entre  eux  et  présentent  un  groupe  de  bosselures...  —  La 
face  interne  de  ces  kystes  est  rugueuse,  jaunâtre,  remplie  d'anfracluosités  ; 
plusieurs  d'entre  eux  communiquent  ensemble...  —  On  distingue  au  milieu  de 
ces  kystes  une  petite  poche  remplie  d'une  bile  verte,  qui  paraît  être  la  vésicule 
biliaire  (2).  » 

(1)  Voyez  ci-après,  obs.  223. 

(2)  Neucourt,  Bulletin  Soc.  anat.,  1842,  p.  235,  et  Livois,  Thèse  sur  les  Échi- 
nocoques,  p,  107. 


NATURELLES  OU   ADVENTlVIiS.    —  HÏDATIDES.  379 

CHAPITRE  IV. 

CONDITIONS   DE   L'EXISTENCE   OU    DE    LA   FRÉQUENCE   DES   HYDATIDES  :    AGE, 
PROFESSIONS,  RÉGIME  ;  CAUSES  EXTERNES  ;  DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE. 

Les  hydatides  existent  principalement  à  l'âge  moyen  de  la  vie; 
c'est  de  vingt  à  quarante  ans  que  les  cas  en  sont  les  plus  communs. 
Elles  sont  presque  inconnues  chez  les  petits  enfants  :  M.  Cruveilhier 
croit  avoir  vu  un  kyste  de  cette  nature,  mais  qui  s'était  vidé  dans 
l'intestin,  chez  un  enfant  mort,  âgé  de  douzejours(l).  Bodson  a  trouvé 
des  hydatides  dans  le  foie  chez  une  fille  de  quatre  ans  (2).  Les  vieil- 
lards en  sont  aussi  fort  rarement  atteints:  M.  Monod  en  a  vu  un  cas 
chezunhomme  âgé  de  soixanteet  dix-sept  ans  (3);  le  docteur  Charvot, 
dans  une  phalange  du  doigt  indicateur,  chez  un  homme  âgé  de  quatre- 
vingt-un  ans. 

Les  hydatides  ne  paraissent  point  avoir  de  préférence  pour  l'un  ou 
l'autre  sexe. 

On  ignore  si  les  professions  ont  une  influence  sur  la  fréquence  des 
vers  vésiculaires  ;  toutefois  ils  paraissent  très  rares  chez  les  marins  : 
«  Lorsque  j'étais  médecin  au  Dreadnought  (4),  dit  M.  Budd,  j'ai 
trouvé  une  tumeur  contenant  des  hydatides  dans  le  foie  d'un  nègre 
de  la  côte  occidentale  d'Afrique...  ;  mais  on  ne  connaît  aucun  autre 
cas  de  cette  affection  qui  ait  été  reçu  dans  cet  établissement.  M.  Busk, 
qui  était  resté  dans  l'hôpital  presque  depuis  sa  fondation,  m'a  dit 
qu'il  n'en  avait  vu  aucun  autre.  Il  est  possible  que  le  régime  des  ma- 
rins, qui  consiste  pour  la  plus  grande  partie  en  salaison,  soit  con- 
traire au  développement  de  cette  maladie  (5).  » 

Suivant  le  même  observateur,  les  pauvres  en  Angleterre  paraî- 
traient être  plus  fréquemment  atteints  de  ces  vers  que  les  riches,  cir- 

(1)  «  J'ajoute  une  telle  importance,  dit  M.  Cruveilhier,  à  la  structure  des  parois 
du  kyste,  comme  caractère  d'un  kyste  adveutif  acéphalocyste,  qu'appelé  à  prononcer 
sur  la  nature  d'un  kyste  hépatique  à  parois  denses,  fibrineuses,  cartilagineuses  et 
osseuses,  observé  sur  le  corps  d'un  enfant  nouveau-né,  âgé  de  douze  jours,  kyste 
hépatique  situé  à  la  surface  convexe  du  foie  et  communiquant  avec  le  côlon  ascen- 
dant, je  n'ai  pas  hésité  à  le  considérer  comme  le  kyste  adventif  d'une  acéphalo- 
cyste dont  le  contenu  s'était  complètement  vidé  dans  l'intestin.  »  (Cruveilhier, 
XXXVIIe  livr.,  p.  6  du  texte  de  la  pi.  4,  cité  dans  Anal,  pathol.,  t.  III,  p.  557). 

(2)  Bodson,  Bulletin  se.  médic,  t.  V,  p.  75. 

(3)  Monod,  Bulletin  Soc.  anat.,  et  Cruveilhier,  art.  Acéphalocystes,  p.  216. 

(4)  Vaisseau-hôpital  sur  la  Tamise  pour  le  service  des  marins. 

(5)  Budd,  ouvr.  cit.,  p.  440. 


380  AFFECTIONS   VEhMINEDSES   DES  CAVITÉS   SÉREUSES 

constance  qu'il  croit  pouvoir  expliquer  par  ce  fait,  que  les  pauvres 
habitent  des  maisons  basses  el  humides  et  se  nourrissent  en  plus 
grande  proportion  de  végétaux.  On  sait  que  les  hydatides  sont  très  com- 
munes chez  les  moutons  et  chez  les  bœufs  qui  paissent  dans  des  prai- 
ries marécageuses,  et  surtout  pendant  les  années  pluvieuses.  L'in- 
fluence du  régime  sur  la  production  de  ces  vers  vésiculaires  est  donc 
assez  manifeste  ;  toutefois  son  mode  d'action  est  encore  couvert  d'une 
profonde  obscurité. 

L'animalité  des  hydatides  n'étant  plus  aujourd'hui  contestée, 
leur  origine  dans  une  génération  spontanée  n'étant  pas  admissible,  la 
cause  de  leur  existence  ne  peut  être  attribuée  à  quelque  violence  ex- 
térieure, ni  à  l'état  particulier  d'un  organe  ou  de  l'économie;  il 
existe  cependant  beaucoup  de  faits  dans  lesquels  l'apparition  des 
hydatides  a  été  précédée  d'une  contusion,  d'une  commotion,  d'un 
effort. Dans  quelques-uns  deces  cas,  la  violence  extérieure,  ayant  dé- 
terminé quelque  lésion  clans  la  tumeur  hydatique  ou  dans  l'organe 
qui  la  renfermait,  n'a  fait  que  révéler  son  existence  auparavant  ina- 
perçue ;  ou  bien  encore  un  effort  musculaire  a  pu  chasser  le  kyste  de 
la  place  où  il  s'était  développe  et  l'a  rendu  apparent  par  le  fait  de 
son  déplacement  (1).  C'est  probablement  ainsi  que  les  choses  se  sont 
passées  dans  un  cas  rapporté  par  Dupuytren  : 

«  Un  homme,  ayant  été  obligé  de  faire  un  effort  plus  grand  que 
de  coutume,  sentit  une  vive  douleur  dans  le  bras  gauche,  vis-à-vis  du 
corps  du  biceps  ;  il  y  porta  la  main,  et  y  découvrit  pour  la  première 
fois  une  tumeur...  :'  elle  avait  le  volume  d'un  petit  œuf  de  poule; 
elle  était  sans  chaleur,  sans  changement  de  couleur  à  la  peau,  immo- 
bile, et  cependant  la  flexion  de  l'avant-bras  sur  le  bras  produisait 
sur  elle  un  mouvement  d'affaissement.  Au  dire  du  malade,  cette  tu- 
meur datait  de  huit  ou  dix  jours  au  plus,  mais  elle  était  assurément 
d'une  époque  beaucoup  plus  ancienne.  »  Dupuytren,  ayant  fait  l'in- 
cision de  cette  tumeur,  en  retira  une  hydatide  musculaire  (2). 

Envisageant  les  causes  de  l'apparition  des  hydatides  à  un  autre 
point  de  vue,  on  peut  se  demander  pourquoi  ces  entozoaires  siégent- 
ils  ordinairement  dans  les  organes  abdominaux  et  thoraciques,  fré- 

(1)  Lorsquej'étais  élève  dans  le  service  de  Sanson,  il  vint  à  l'hôpital  une  femme 
chez  laquelle  une  tumeur  était  apparue  tout  à  coup  à  la  vulve  par  suite  d'un  effort. 
Sanson,  ayant  reconnu  que  cette  tumeur  n'était  point  une  hernie,  pensa  qu'elle 
pouvait  être  un  kyste  déplacé,  et  par  ce  fait  devenu  apparent.  L'opération  vériOa 
le  diagnostic  :  c'était  un  kyste  séreux. 

(2)  Dupuytren,  Leçons  orales,  t.  III,  p.  358. 


NATÙUELLeS   OU   ADVENT1VËS.    —   HYDATIDES.  381 

quence  qui  chez  les  moutons  et  les  bœufs  est  extrêmement  prédomi- 
nante. Il  se  présente  de  ce  fait  une  explication  plausible,  s'il  est  vrai 
que  les  hydatides  doivent  leur  origine  à  la  transformation  ou  au  dé- 
veloppement d'un  embryon  de  ténia.  Cet  embryon,  introduit  dans  le 
tube  digestif  avec  les  aliments  ou  les  boissons,  et  ne  pouvant  vivre 
ou  se  développer  dans  l'intestin  avant  d'avoir  subi  certaines  trans- 
formations, quitte  cet  organe  en  le  perforant,  et  gagne  les  parties  voi- 
sines, soit  directement,  soit  par  l'intermédiaire  des  vaisseaux  san- 
guins, lesquels  se  rendent  dans  le  foie  ou  dans  les  poumons. 

On  ne  possède  qu'un  petit  nombre  de  documents  sur  la  fréquence 
ou  sur  la  rareté  des  hydatides,  suivant  les  contrées  ou  suivant  les 
localités  : 

Inde.  —  Au  rapport  de  M.  BudJ,  leur  existence  est  à  peine  men- 
tionnée par  les  médecins  qui  ont  écrit  sur  les  maladies  de  l'Inde  (1). 

Egypte.  —  M.  Bilharz  a  vu  trois  cas  d'hydatides  du  foie  en 
Egypte  (2). 

Amérique.  —  Elles  sont  très  rares  aux  États-Unis.  Ce  fait  m'a 
été  confirmé  par  M.  le  docteur  Shattuck.  M.  Leidy,  dans  le  Synopsis 
des  entozoaires  qu'il  a  observés,  ne  fait  mention  que  de  deux  cas 
d'hydatides  :  1°  l'un  concerne  un  kyste  trouvé  dans  les  muscles  du 
côté  droit  de  l'abdomen,  chez  le  fils  d'un  marin  anglais;  2°  l'autre 
deux  kystes  trouvés  dans  le  foie  chez  un  Français;  il  ajoute  qu'il 
n'a  jamais  vu  d'hydatides  chez  un  Anglo-Américain  (3).  Il  n'y  en 
a  point  de  mentionnées  dans  le  Catalogue  du  musée  de  Boston. 

France.  —  Les  hydatides,  d'après  les  recherches  de  M.  Leudet, 
sont  plus  communes  à  Rouen  qu'à  Paris.  «  Une  étude  attentive  des 
vers  vésiculaires  chez  l'homme,  dit  notre  ancien  collègue  et  ami,  nous 
a  permis  de  nous  convaincre,  dans  l'année  1855,  de  la  fréquence  de 
ces  tumeurs  hydatiques  à  Rouen ,  et  de  leur  existence  sans  symptômes 
graves,  même  appréciables  des  malades.  —  Sur  près  de  deux  cents 
ouvertures  de  cadavres  des  malades  morts  dans  le  service  de  clinique 
chirurgicale  placé  sous  la  direction  de  mon  père,  et  de  celui  de  cli- 
nique médicale  qui  m'est  confié,  j'ai  rencontré  six  fois  des  kystes 
hydatiques  du  foie,  dont  quatre  avaient  subi  une  atrophie  spontanée. 
—  Pendant  six  années  consécutives  d'internat  dans  les  hôpitaux  de 
Paris,  nous  avons  pratiqué  un  grand  nombre  d'ouvertures  de  cada- 

(1)  Budd,  ouvr.  cit.,  p.  440. 

(2)  Bilharz,  Mém.  cit.,  p.  54. 

(3)  Leidy,  Synops.  cit.,  n°  43, 


382  AFFECTIONS  VEllMINEUSKS  DBS   CAVITÉS   SÉREUSES 

vres,  sans  néanmoins,  rencontrer  aussi  fréquemment  des  kystes  hy- 
datiques  que  nous  l'avons  fait  à  Rouen  dans  l'année  1855. — Le  ténia 
ne  nous  a  pas  paru  plus  fréquent  à  Rouen  qu'à  Paris  ;  ainsi,  en 
1855,  nous  n'avons  vu  que  deux  cas  de  Tœnia  armât  a,  et  pas  un 
bothriocéphale  (1).  » 

Allemagne.  — D'après  les  recherches  nécroscopiques  de  M.  Vir- 
chow,  les  échinocoques  sont  très  communs  à  Wûrzburg  aussi  bien 
qu'à  Berlin  (2). 

En  Islande,  l'affection  hydatique  règne  d'une  manière  endé- 
mique. Le  docteur  Schleisner,  qui  a  publié  une  topographie  médicale 
de  cette  contrée,  a,  l'un  des  premiers,  fait  connaître  ce  fait  (3).  D'après 
des  informations  données  à  M.  de  Siebokl  parle  professeur  Eschricht 
(de  Copenhague),  le  sixième  de  la  population  islandaise  est  atteint 
de  cette  maladie  (4).  Le  docteur  Schleisner  dit  qu'elle  est  plus  com- 
mune à  l'intérieur  de  l'île  que  sur  le  littoral. 

Un  chirurgien  de  marine,  M.  Guérault,  a  donné  dernièrement 
une  nouvelle  relation  de  cette  endémie:  »  Les  statistiques  dressées 
par  ordre  du  gouvernement  danois,  dit  ce  chirurgien,  et  que  le  mé- 
decin général  de  l'Islande  transmet  chaque  année  à  Copenhague,  éta- 
blissent que  cette  maladie  attaque  actuellement  le  cinquième  de  la 
population  islandaise...  L'affection  hydatique  islandaise  [Livrar- 
veiki)  occupe  presque  toujours  le  foie,  comme  le  témoigne  le  nom 
qu'elle  a  reçu  dans  la  langue  du  pays  ;  toutefois  on  y  a  trouvé  des 
hydatides  dans  les  poumons  et  dans  les  reins,  au-dessus  comme  au- 
dessous  du  diaphragme  ;  on  en  a  trouvé  aussi  sous  la  peau  et  même 
dans  la  tunique  vaginale  (5).  » 

Il  existerait  des  hydatides  jusque  dans  la  peau,  suivant  ce  que  dit 
M.  de  Siebold.  Le  savant  zoologiste  ajoute  que  ce  parasite  est  un 
cysticerque,  et  qu'il  doit  son  origine  au  Tœnia  serrata;  mais  il  est 
aujourd'hui  reconnu  qu'il  appartient  aux  échinocoques. 

L'affection  hydatique  est  peut-être  plus  commune  en  Islande  au- 

(1)  E.  Leudet,  Comptes  rendus  Soc.  biologie.  Paris,  année  1856,  t.  III,  2*  série, 
p.  59. 

(2)  R.  Virchow,  Notices  helminthologiques  citées. 

(3)  Schleisner,  Forsôg  til  en  nosographie  of  Island.  Kjôbenhavn,  1849  (extrait 
dans  Janus,  Dem  central  Magazin  fur  Geschichte...  der  Medizin,  1851,  vol.  I, 
p.  300,  cité  par  de  Siebold). 

(4)  Cari.  Theodor  von  Siebold,  Ueber  die  Band  und  Blasenwurmer.  Leipzig, 
1854,  p.  112. 

(5)  H.  Guérault,  Note  sur  la  maladie  hydatique  du  foie  en  Islande,  et  l'emploi  de 
V éleclro-punclure  à  la  destruction  des  acéphalocystes  (Société  de  chirurgie,  8  avril 
1857,  dans  Gazette  des  hôpitaux,  ann.  XXX,  p.  184). 


NATURELLES  OU  ADVENTIVES.   —  HYDATIDES.  383 

jourd'hui  qu'au  siècle  dernier,  car  il  n'en  est  fait  nulle  mention 
dans  un  ouvrage  assez  considérable  publié  dans  ce  siècle,  sur  l'état 
physique  et  moral  du  peuple  islandais,  sur  l'histoire  naturelle  du 
pays,  etc.  (1). 

CHAPITRE  V. 

MARCHE,    DURÉE,    TERMINAISON   DES   TUMEURS   HYDATIQUES  ;    SYMPTÔMES, 
SIGNES,    DIAGNOSTIC   ET   PRONOSTIC. 

§  I.  —  Les  tumeurs  hydatiques  se  développent  ordinairement  avec 
une  grande  lenteur;  leur  durée  est  presque  toujours  de  plusieurs  an- 
nées (2);  il  n'est  pas  très  rare  d'en  observer  dont  les  premiers  sym- 

(1)  Voyage  en  Islande,  fait  par  ordre  de  S.  M.  danoise,  traduit  du  danois  par 
Gauthier  de  Lapeyronie.  Paris,  1802. 

Dans  cet  ouvrage,  les  maladies  propres  à  chaque  district  sont  indiquées  avec  soin 
et  souvent  avec  des  détails  suffisants  pour  qu'on  puisse  les  reconnaître  aisément. 
Aucune  maladie,  aucune  description  ne  se  rapporte  à  l'affection  hydatique  du  foie, 
qui  n'aurait  pas  été  oubliée,  vu  sa  gravité,  si  elle  avait  été  alors  aussi  commune 
qu'aujourd'hui.  Toutefois,  en  parlant  du  district  de  Kiosar,  l'auteur  dit  :  «  Le  mal 
hypochondriaque  {malum  hypochondriacum)  y  est  très  commun.  Ne  sachant  com- 
ment caractériser  cette  maladie,  il  lui  donne  le  nom  générique  de  briostveike 
(maladie  de  poitrine).  »  (Ouvr.  cit.,  t.  [,  p.  42.) — Le  nom  de  mal  hypochondriaque 
donné  par  l'auteur  pourrait  bien  se  rapporter  aux  hydatides  du  foie;  mais  il  ne 
rend  pas  celui  de  briostveike,  et  celui-ci  diffère  beaucoup  pour  le  sens  de  celui  de 
livrarveiki,  lequel  serait,  d'après  M.  Guérault,  le  nom  islandais  de  la  maladie  qui 
nous  occupe.  Ces  diverses  considérations  nous  feraient  croire  que  l'affection  hyda- 
tique n'était  pas  très  commune  en  Islande,  au  siècle  dernier. 

L'auteur  du  Voyage  en  Islande  dit  aussi  que  les  vers  du  corps  humain  sont  moins 
communs  en  ce  pays  qu'ailleurs  (t.  IV,  p.  183). 

(2)  D'après  vingt-quatre  cas,  dont  les  détails  sont  assez  précis  pour  qu'on  puisse 
établir  des  données  positives  sur  l'âge  des  tumeurs  observées,  M.  Barrier  a  dressé  le 
tableau  suivant  : 

Durée,  Nombre  de  cas. 

De  moins  de  2  ans 3 

De     2  à  4  ans 8 

De    4à6 4 

De    6à8 3 

De     8 2 

De  15 1 

De  18 1 

De  plus  de   20 1 

De  plus   de   30 1 

Total 24 

(F.  M.  Barrier,  De  la  tumeur  hydatique  du  foie.  Thèse,  Paris,  1840,  p.  36.) 


38/i  AFFECTIONS  VEUMiNEltSÉS   DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

ptômes  remontent  à  dix  et  quinze  ans.  Mais  on  en  a  vu  de  beaucoup 

plus  anciennes. 

Nous  rapporterons  ailleurs  le  cas  d'une  femme  chez  laquelle  une 
tumeur  datant  d'environ  trente  ans  s'ouvrit  enfin  dans  l'intestin  et 
au  dehors,  et  donna  issue  à  des  hydatides  (1).  Le  docteur  Thompson 
a  rapporté  un  cas  semblable  : 

Obs.  V  (Thompson). 

«  Une  femme  morte  à  l'âge  de  cinquante-trois  ans,  d'une  affection  de 
poitrine,  portait  depuis  trente  ans  des  hydatides  à  la  région  hépatique;  ces 
hydatides  étaient  apparues  à  la  suite  d'un  coup  reçu  par  la  malade  sur  l'ab- 
domen. Vingt-neuf  ans  avant  sa  mort,  et  à  différentes  époques  depuis,  elle 
avait  rendu  par  une  ouverture  qui  s'établissait  près  de  l'ombilic  un  grand 
nombre  de  ces  corps,  accompagnés  d'un  liquide  particulier  qui  offrait  parfois 
le  caractère  purulent.  A  l'autopsie,  on  trouva  près  de  l'ombilic,  deux  tu- 
meurs communiquant  avec  un  conduit  plein  d'une  matière  mêlée  de  chaux, 
et  qui  allait  jusqu'à  la  partie  supérieure  du  foie,  avec  lequel  il  paraissait  avoir 
autrefois  communiqué  (2).  » 

Le  Journal  médico- chirurgical  d' Edimbourg  rapporte  le  cas 
d'une  femme  morte  à  l'âge  de  soixante  et  treize  ans,  dans  le  foie  de 
laquelle  on  trouva  deux  kystes  complètement  osseux.  Ils  contenaient 
une  matière  gélatineuse  épaisse  et  beaucoup  d'hydatides.  Il  parut 
probable,  d'après  les  symptômes,  que  cette  femme  avait  eu  ces  tu- 
meurs dès  l'âge  de  huit  ans  (3). 

Dans  le  cas  suivant,  la  tumeur  hydatique  datait  de  quarante- 
trois  ans,  et  cependant  les  hydatides  étaient  encore  parfaitement 
intactes. 

Obs.  VI  (Reynal).  —  Hydatides  de  la  face. 

«  La  femme  d'un  berger  portait  à  la  partie  latérale  gauche  du  cou  une  tu- 
meur énorme  qui  s'étendait  jusque  sur  le  tiers  externe  de  la  face;  du  volume 
de  la  tête  d'un  enfant,  presque  indolente,  sans  aucun  signe  d'inflammation, 
cette  tumeur  était  le  siège  d'une  fluctuation  manifeste. 

»  La  malade,  ayant  alors  soixante  ans,  la  portait  depuis  l'âge  de  dix-sept 
ans,  époque  à  laquelle  elle  avait  commencé  à  se  manifester  sous  un  très  petit 
volume.  On  se  décida  à  en  faire  l'ouverture  dans  toute  son  étendue,  et  aussitôt 
il  s'en  échappa  un  flot  d'hydatides  dont  le  poids  devait  équivaloir  au  moins  à 

(1)  Voyez  Hydat.  ouvertes  dans  l'intestin,  observ.  csxix. 

(2)  Thompson,  Gaz.méd.  Paris,  1844,  et  Cadet  de  Gassicourt,  Thèse  infrà  cit. 

(3)  Edinburgh  med.  and  surg.  Journ.,  p.  286,  octobre  1835,  cité  par  Budd. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —   HYDAT1DES.  385 

deux  livres.  Ces  hydatides  étaient  parfaitement  sphériques  et  avaient  une  teinte 
opaline  nacrée.  Elles  étaient  enduites  d'une  humeur  tellement  visqueuse,  qu'on 
ne  pouvait  en  saisir  une  entre  deux  doigts.  Leur  grosseur  variait  depuis  celle 
d'un  petit  pois  jusqu'à  celle  d'un  œuf  de  pigeon,  et  elles  n'avaient  contracté  au- 
cune adhérence  entre  elles,  ni  avec  les  parties  voisines  (1).  » 

§  II.  — -  Située  dans  un  organe  essentiel  à  la  vie  et  qui  ne  peut  se 
déplacer  ou  se  laisser  distendre,  la  tumeur  hydatique  occasionne  la 
mort  avant  qu'elle  ait  acquis  un  grand  volume  ;  mais  lorsqu'elle  se 
développe  dans  d'autres  conditions,  elle  ne  porte  point  une  atteinte 
immédiate  à  l'existence.  Dans  ce  cas,  elle  peut  rester  longtemps  sans 
être  perçue,  et  devenir  considérable  avant  de  produire  une  gêne  no- 
table dans  les  fonctions,  soit  que  les  organes  cèdent  peu  à  peu  à  sa 
pression  et  se  déplacent,  soit  que,  à  raison  de  la  lenteur  du  déve- 
loppement de  la  tumeur,  ils  s'habituent  en  quelque  sorte  à  sa  pré- 
sence. 

Lorsque  la  tumeur,  ayant  acquis  un  certain  volume,  variable  sui- 
vant les  cas,  comprime  un  organe  dans  lequel  circulent  les  liquides 
de  l'économie  ou  les  substances  alimentaires,  comme  les  canaux  uri- 
naires,  le  tube  digestif,  des  accidents  graves  et  la  mort  même  sur- 
viennent par  l'obstacle  qu'elle  apporte  au  cours  naturel  de  ces  liquides 
ou  de  ces  matières.  Si  la  fonction  de  l'organe  est  nécessaire  à  la  vie 
de  l'individu,  à  moins  que  cet  organe  ne  puisse  être  suppléé  par  un 
autre,  comme  il  arrive  pour  le  rein,  par  exemple,  la  santé  générale 
s'altère,  le  malade  maigrit  et  tombe  en  consomption,  expression  qui 
s'applique  ici  avec  justesse.  La  fièvre,  la  diarrhée,  les  sueurs  colli- 
quatives  surviennent,  et  la  mort  arrive  sans  qu'on  puisse  l'attribuef 
à  une  autre  cause  que  l'imperfection,  l'insuffisance  ou  l'abolition 
d'une  fonction  nécessaire.  Dans  d'autres  cas,  qui  sont  sans  doute 
les  plus  fréquents,  avant  que  la  consomption  ait  fait  assez  de  pro- 
grès pour  amener  la  mort,  une  affection  intercurrente,  la  pneumonie 
plus  souvent  qu'aucune  autre,  emporte  le  malade. 

§  III. — Le  kyste  hydatique  n'est  pas  douloureux  par  lui-même  ;  il 
n'est  pas  rare  de  rencontrer,  à  l'autopsie  de  personnes  mortes  d'une 
maladie  quelconque,  des  kystes  de  ce  genre  dont  elles  ne  s'étaient 
jamais  plaintes.  Il  occasionne,  lorsqu'il  a  acquis  un  certain  volume, 
un  sentiment  de  distension,  de  plénitude,  de  gêne,  de  pesanteur 

(1)  Reynal,  Bull  des  se.  méd.  de  la  Soc.  du  départ,  de  VEure,  iilillet  1809,  êi 
Hipp.  Cloquet,  Faune  ci[.,  t.  I,  p.  178; 

DavAine.  -5 


386  AFFECTIONS   VERMlNîiUSES    DliS   CAVITÉS   SÉÈEUSliS 

plutôt  que  de  véritable  douleur.  11  n'en  est  plus  de  même  lorsque 
L'inflammation  ou  la  suppuration  envahissent  les  parties  voisines  ; 
alors  surviennent  des  douleurs  que  la  pression  ou  les  mouvements 
exaspèrent,  des  frissons,  la  lièvre,  et  tous  les  symptômes  et  les  con- 
séquences d'une  suppuration  intérieure. 

L'ouverture  de  la  tumeur  dans  une  grande  cavité  séreuse  y  dé- 
termine une  inflammation  instantanée  et  des  plus  graves;  dans  les 
vaisseaux,  suivant  que  la  communication  est  large  ou  étroite  et  que 
les  matières  du  kyste  s'y  introduisent  en  plus  ou  moins  grande 
quantité,  elle  produit  des  désordres  plus  ou  moins  graves,  mais  qui 
n'ont  pas  été  suffisamment  étudiés  :  tels  sont  sans  doute  la  phlé- 
bite, l'infection  purulente,  lapneumonie,  et  probablement  encore  l'in- 
flammation des  membranes  séreuses,  l'érysipèle,  l'ictère,  etc.,  ou 
bien,  dans  certains  cas,  elle  frappe  de  mort  subite  (voy.  sect.  n,  et 
sect.  îv,  chap.  III). L'ouverture  dans  les  cavités  muqueuses  offre  une 
voie  d'élimination  aux  matières  du  kyste,  qui  assez  souvent  se  vide 
peu  à  peu  et  marche  vers  la  guérison  sans  accident. 

§  IV.  —  L'existence  d'une  tumeur  dans  une  région  quelconque, 
les  phénomènes  de  la  compression  d'un  organe  situé  dans  la  même 
région,  l'évacuation  par  les  voies  naturelles  ou  par  une  ouverture 
accidentelle  de  vésicules  ou  de  fragments  d'hulatides,  sont  les 
symptômes  ordinaires  des  affections  causées  par  ces  entozoaires. 

Dans  les  premiers  temps  de  leur  développement,  le  diagnostic  des 
tumeurs  hydatiquçs  est  en  général  fort  difficile  ou  impossible;  plus 
tard,  les  signes  qui  permettent  de  les  reconnaître  deviennent  plus 
manifestes  ;  ils  diffèrent  :  1°  suivant  que  le  kyste  est  intact  ;  2"  sui- 
vant qu'il  s'est  ouvert. 

1°  On  aura  lieu  de  croire  qu'une  tumeur  est  formée  par  des  hyda- 
tides,  lorsque,  existant  depuis  longtemps,  développée  lentement  et 
ayant  acquis  un  grand  volume,  elle  n'a  occasionné  ni  douleurs,  ni 
fièvre,  ni  dépérissement  dansl'économie.  On  considérera,  en  outre,  que 
la  tumeur  hydatique  est  ordinairement  globuleuse,  régulière,  élas- 
tique; qu'elle  donne  un  son  mat  à  la  percussion,  et  que  souvent  ou 
peut  y  sentir  delà  fluctuation.  Quelquefois  elle  est  le  siège  d'un  fré- 
missement parti 'ulier,  qui  peut  être  regardé  comme  un  signe  patho- 
gnomonique. 

Le  frémissement  hydatique  a  été  découvert  (1)  et  bien  étudié  par 
(lj    Lt    découverte    du    frémissement    hydatique    appartient   entièrement  à 


NATURELLES  OU   ADVENT1VES.    -*-   HYDATIDIiS.  387 

M.  Briançon,  qui  a  compris  toute  l'importance  de  ce  phénomène  pour 
le  diagnostic: 

"  J'espère,  dit  ce  médecin,  que  désormais  ces  difficultés  (dans  le 
diagnostic)  n'existeront  plus  ou  qu'elles  ne  se  présenteront  que  dans 
des  cas  fort  rares,  si  l'on  a  égard  aux  signes  que  fournissent  la  per- 
cussion seule,  et  la  percussion  et  l'auscultation  réunies.  Lorsqu'on 
applique  une  main  sur  un  kyste  contenant  des  acéphalocystes,  de 
manière  à  l'embrasser  le  plus  exactement  possible,  en  exerçant  une 
pression  légère,  et  qu'avec  la  main  opposée  on  donne  un  coup  sec  et 
rapide  sur  cette  tumeur,  on  sent  un  frémissement  analogue  à  celui 
que  ferait  éprouver  un  corps  en  vibration  :  c'est  le  frémissement 
hyJatique  dont  j'ai  parlé  dans  le  commencement  de  ce  travail.  Si 
l'on  réunit  l'auscultation  à  la  percussion,  on  entend  des  vibrations 
plus  ou  moins  graves,  semblables  à  celles  que  produit  une  corde  de 
basse  (1).  » 

M.  Piorry  en  donne  la  description  suivante  :  «  Si  l'on  tient  une 
montre  à  répétition  de  telle  sorte  qu'elle  repose  par  son  boîtier  sur  la 
paume  de  la  main  gauche,  et  si  alors  on  percute  légèrement  sur  le 
verre  avec  les  doigts  de  la  main  droite,  on  éprouve  une  sensation  de 
vibration  due  aux  oscillations  du  timbre  ;  c'est  précisément  la  même 
impression   que  perçoit  celui  qui  percute  des  hydatides  renfermées 

M.  Briiiuçoi),  qui,  dans  sa  thèse,  fit  de  ce  phénomène  une  élude  approfondie.  C'est 
à  tort  qu'on  l'attribue  à  M.  Piorry.  Cet  auteur  dit,  en  effet,  dans  la  première  édition 
du  traité  de  la  percussion  médiate  :  «  Ce  malade,  sur  lequel  M.  Briauçon  a  trouvé, 
le  premier,  le  bruit  dont  il  s'agit,  était  considéré  par  M.  Récamier  comme  atteint 
d'hydaliiles;  malheureusement,  il  sortit  de  l'hôpital  sans  qu'on  ait  pu  vérifier  le 
diagnostic.  —  Un  autre  malade,  qui  se  trouvait  aussi  à  la  clinique  de  M.  Récamier, 
présentait  le  même  bruit  accompagné  de  la  même  sensation.  »  (P.-A.  Piorry,  De  la 
percussion  médiate,  et  des  signes  obtenus  à  l'aide  de  ce  nouveau  moyen  d'exploration. 
Paris,  1828,  p.  138).  Chez  ce  dernier  malade,  la  tumeur  fut  ouverte  par  la  potasse 
caustique;  la  sortie  des  hydatides  donna  la  confirmation  du  diagnostic,  et  fit  recon- 
nailre  l'importance  du  phénomène  nouvellement  observé. 

Ce  n'est  pas,  cependant,  que  le  frémissement  hydatique  fût  resté  jusqu'alors 
tout  à  fait  inobservé.  Il  avait  été  signalé  au  commencementdusièclc.  On  irouve  dans 
une  observation  de  blatin  (1801),  relative  à  une  masse  d'hydalides  située  dans  l'ab- 
domen, le  passage  suivant  :  «  La  percussion  lui  faisait  éprouver  un  mouvement  de 
totalité  avec  tremblotement  semblable  à  celui  qu'eût  présenté  une  masse  de  gélatine.  » 
(Voy.  ci-après,  obs.  131.)  MM.  Briançon  et  Piorry  ont  fait  la  même  comparaison. 
Ou  pourrait  doue  faire  remonter  à  Blalin  la  connaissance  du  frémissement  hyda- 
tique, mais  la  découverte  d'un  fait  de  cette  nature  appartient  à  celui  qui  a  su  en 
saisir  et  qui  en  a  signalé  la  valeur. 

(1)  P.-A.  Briançon,  de  Tournon  (Lot-et-Garouiie),  Essai  sur  le  diagnostic  et  le 
trci'.ement  des  acéphalocyslcs  (Thèse  de  Paris,  26  août  1828,  n°  216,  p.  18). 


S88  AFFECTIONS  VERMINBU8E6  DES  CAVITÉS  SÉRED8ES 

en  grand  nombre  dans  un  kyste  commun.  On  peut  encore  s'en  faire 
une  juste  idée  en  frappant  sur  de  la  gelée  de  viande  dont  la  consis- 
tance est  ferme  (T).  » 

L'importance  attribuée  au  frémissement,  comme  signe  de  l'exis- 
tence des  hydatides,  n'était  encore  établie  que  sur  un  seul  fait  cli- 
nique, lorsque  M.  Tarral  publia  l'observation  suivante  : 

Obs.  VII  (Cl.  Tarral). 

«  M.  Laugier  me  permit  d'assister,  en  ville,  à  l'autopsie  fort  curieuse  d'un 
homme  affecté  d'ascite,  et  que  l'on  supposait  également  affecté  d'hydatides, 
parce  qu'il  en  avait  rendu  plusieurs  fois  par  la  bouche  et  par  l'anus.  Guidé 
par  ces  soupçons,  j'explorai  avec  le  plus  grand  soin,  à  l'aide  du  plessimètre, 
les  diverses  parties  de  l'abdomen,  qui  était  d'un  volume  vraiment  extraordi- 
naire. Dans  la  paroi  antérieure  du  ventre  existaient  des  bosselures  grosses 
comme  des  œufs,  et  d'une  forme  plus  ou  moins  régulière.  A  peine  je  les  eus 
percutées,  que  j'éprouvai  sous  les  doigts  une  sensation  toute  nouvelle  pour 
moi,  mais  que  je  ne  doutais  pas  être  le  phénomène  décrit  par  M.  Piorry  et 
que  j'avais  tant  cherché,  mais  toujours  infructueusement.  Je  fis  sentir  ce  fré- 
missement à  MM.  Laugier  et  Morette,  qui  le  trouvèrent,  comme  moi,  delà 
plus  grande  évidence.  Voici  la  manière  dont  je  procédai  pour  le  trouver.  La 
plaque  d'ivoire  appuyée  avec  plus  ou  moins  de  légèreté  par  la  main  gauche 
sur  la  partie  queje  voulais  explorer,  je  percutai  l'instrument  d'un  seul  doigt, 
mais  en  l'y  faisant  rester  jusqu'à  ce  que  l'ébranlement  produit  par  la  percus- 
sion eût  entièrement  cessé.  Lors  de  l'existence  du  phénomène,  le  doigt  perce- 
vait très  distinctement  un  tremblotement  bien  évident,  d'une  durée  assez 
longue,  à  la  suite  de  chaque  nouvelle  impulsion.  Cette  sensation  existait  dans 
la  région  hépatique,  dans  beaucoup  d"autres  points  de  l'abdomen,  et  dans 
plusieurs  des  bosselures  dont  nous  avons  parlé.  Dans  quelques-unes,  au  con- 
traire, il  m'était  impossible  de  la  percevoir. 

»  L'ouverture  du  corps  fit  voir  des  sacs  énormes  d'hydatides  développées 
dans  le  foie  et  communiquant  avec  le  lobe  inférieur  du  poumon  droit;  dans  le 
mésentère,  entourant  partout  les  intestins;  dans  l'épiploon,  et  enfin  dans  les 
bosselures  décrites.  La  percussion  à  nu  sur  les  sacs  acéphalocystiques  donnait 
lieu  au  frémissement  d'une  manière  remarquable.  Mais  les  tumeurs  ou  bos- 
selures superficielles  qui  ne  le  présentaient  pas,  contenaient  seulement  des 
débris  d'hydatides.  Dans  les  autres,  au  contraire,  les  vers  étaient  entiers,  isolés 
les  uns  des  autres,  et  nageant  dans  un  liquide  contenu  dans  un  kyste  (2).  » 

En  1834,  M.  Rayer  observa  le  frémissement  hydatique,  avec 
quelques  modifications.  La  tumeur  était  située  dans  le  petit  bassin  ; 

(1)  Piorry,  Percussion  médiate.  Paris,  1831,  2e  édit.,  p.  37. 

(2)  Claudius  Tarral,  Rech.  propres  à  éclairer  le  diagnostic  de  diverses  maladies 
Uourn.  hebdom.  de  méd.,  Paris,  1830,  t,  VII,  p.   1 10). 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —   HYDAT1DKS.  389 

la  sensation  de  frémissement  que  l'on  faisait  naître  ressemblait  à 
celle  que  fait  éprouver  un  ressort  que  l'on  percute  ;  \' auscultation  et 
la  percussion  combinées  faisaient  entendre  un  son  analogue  à  celui 
d'un  tambourin  (1). 

Le  frémissement  ne  se  rencontre  point  dans  toutes  les  tumeurs 
hydatiques,  et  son  intensité  est  très  variable  suivant  les  cas.  On  ne 
connaît  pas  encore  bien  toutes  les  conditions  qui  le  font  paraître  ou 
disparaître.  M.  Briançon  a  cherché  par  des  expériences  (2)  à  se  rendre 
compte  de  ces  variations  :  «  De  ces  expériences,  je  conclus,  dit-il,  que 
les  kystes  hydatifères  sont  d'autant  plus  faciles  à  diagnostiquer  par 
le  moyen  que  j'indique,  que  la  quantité  des  acéphalocystes  par  rap- 
port au  liquide  dans  lequel  elles  plongent  est  plus  considérable  ; 
qu'il  est  nécessaire  cependant,  pour  que  le  frémissement  et  la  vibra- 
tion hydatiques  soient  à  leur  summum  d'intensité,  qu'il  y  ait  dans  le 
kyste  une  petite  quantité  de  liquide;  et  que,  si  la  quantité  de  celui- 
ci  est  trop  grande,  le  diagnostic  finit  par  être  impossible.  » 

On  a  dit  que  le  frémissement  ne  se  produit  pas  lorsque  la  tumeur 
contient  une  hydatide  solitaire;  cependant  l'existence  de  ce  phéno- 
mène a  été  constatée  par  M.  Jobert  dans  un  cas  d'une  hydatide  soli- 
taire qui  formait  une  tumeur  dans  la  région  deltoïdienne(3).  Il  ne  se 
produit  probablement  jamais  lorsque  la  tumeur  est  devenue  athéro- 
mateuse. 

(1)  Voyez  Hydatides  du  petit  bassin  (obs.  166),  cas  rapporté  par  M.  Brun. 

(2)  Voici  dans  quels  termes  M.  Briançon  rapporte  ces  expériences  :  «  J'ai  pris 
une  vessie  ordinaire  (de  cochon)  que  j'ai  remplie  d'acéphalocystes  entières  et  de 
diverses  grosseurs;  j'ai  ajouté  une  assez  grande  quantité  d'eau  pour  remplir  les 
intervalles  qu'elles  laissaient  entre  elles,  et  je  l'ai  fermée  très  exactement:  alors,  en 
agitant  la  vessie  entre  les  mains,  j'ai  senti  le  frémissement  hydatique  de  la  manière 
la  plus  prononcée.  J'ai  placé  cette  vessie  sur  une  table,  et  tandis  que  je  la  frappais 
légèrement  à  la  surface,  j'entendais  d'une  manière  très  distincte,  avec  le  stéthoscope 
appliqué  sur  elle,  les  vibrations  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  J'ai  diminué  la  quautité 
des  acéphalocystes  et  j'ai  augmenté  celle  du  liquide,  de  manière  qu'ils  fussent 
eu  parties  égales;  le  frémissement  et  les  vibrations  étaient  moins  distincts  que 
dans  le  cas  précédent.  J'ai  diminué  encore  les  acéphalocystes,  et  j'ai  augmeuté 
la  quantité  de  liquide  ;  l'intensité  des  vibrations  et  du  frémissement  est  con- 
stamment allée  en  diminuant.  Enfin,  lorsqu'il  n'y  a  plus  eu  dans  la  vessie  que 
deux  ou  trois  acéphalocystes  et  une  très  grande  quantité  d'eau,  les  signes  dont  je 
parle  ont  entièrement  disparu.  J'ai  fait  l'expérience  inverse  :  j'ai  rempli  la  vessie 
avec  des  acéphalocystes  que  j'ai  tassées  les  unes  contre  les  autres;  le  frémissement 
et  les  vibrations  n'ont  point  été  aussi  prononcés  que  lorsqu'il  y  avait  une  petite 
quantité  d'eau  dans  la  vessie.  »  (Thèse  citée,  p.  19.) 

(3)  Cité  par  Barrier,  Thèse  infrà  cit.,  p.  67,  et  Piorry,  Traité  de  méd.  prat,, 
1844,  t.  IV,  p.  522. 


390  AFFECTIONS  VEKMINKUSIÎS  DBS  CAVITÉS  SÉREUSES 

L'absence  de  la  sensation  du  frémissement  peut  tenir  à  la  manière 
dont  la  percussion  est  pratiquée.  M.  Briançon  veut  qu'une  main  em- 
brasse et  comprime  légèrement  la  tumeur,  tandis  que  l'autre  donne 
un  coup  sec  et  rapide.  M.  Tarral  percute  d'un  seul  doigt,  mais  en 
le  faisant  rester  appliqué  au  plessimètre  jusqu'à  ce  que  l'ébranle- 
ment produit  par  la  percussion  ait  entièrement  cessé.  L'applicalion 
de  la  main  pendant  et  après  la  percussion  est  nécessaire  à  la  per- 
ception du  phénomène  dont  nous  nous  occupons  ;  on  doit  de  plus 
exercer  une  certaine  pression  sur  ia  tumeur.  Chez  une  jeune  fille 
que  nous  avons  vue  dans  le  service  de  M.  Rayer,  et  qui  portait  dans 
l'hypochondre  droit  une  tumeur  hydatique  considérable,  la  sensa- 
tion déterminée  par  la  percussion  était  très  distincte.  La  meilleure 
manière  d'obtenir  ce  phénomène  nous  a  paru  la  suivante  :  appliquer 
avec  une  certaine  pression  sur  la  partie  la  plus  saillante  de  la  tumeur 
trois  doigts  écartés,  et  donner  sur  celui  du  milieu  un  coup  sec  et 
rapide;  les  deux  autres  doigts  perçoivent  le  frémissement  d'une 
manière  très  nette.  Ce  frémissement  avait  un  grand  rapport  avec  celui 
que  donne  un  siège  à  élastiques  qu'on  frappe  avec  la  main.  Chez 
cette  malade,  l'auscultation  et  la  percussion  combinées  ne  donnaient 
pas  de  sensation  bien  distincte. 

Lorsque  le  frémissement  existe,  il  détermine  sûrement  la  nature 
de  la  tumeur,  toutefois  il  ne  faudrait  pas  confondre  avec  ce  phéno- 
mène la  crépitation  qui  se  produit  quelquefois  dans  les  bourses  syno- 
viales, et  dans  les  abcès  froids  divisés  par  des  cloisons  ou  dont  le 
foyer  est  disposé  en  bissac.  Nous  avons  été  témoin,  dans  ce  dernier 
cas,  d'une  méprise  de  ce  genre. 

En  général,  l'absence  de  fièvre  et  de  douleur  permet  de  ne  pas 
confondre  une  tumeur  hydatique  avec  un  abcès,  l'absence  de  batte- 
ments et  la  lenteur  de  son  développement  avec  un  anévrysme,  l'ab- 
sence de  douleurs  et  d'altération  dans  l'économie  avec  une  tumeur 
cancéreuse. 

Le  diagnostic  devient  plus  difficile  lorsque  autour  d'un  kyste  hyda- 
tique il  est  survenu  de  l'inflammation  ou  de  la~suppuration  :  alors  la 
douleur,  les  frissons  et  la  fièvre  peuvent  faire  croire  à  un  abcès,  le 
dépérissement  de  l'économie  à  une  tumeur  cancéreuse;  mais  la 
marche  de  la  tumeur,  son  grand  développement  avant  l'invasion  de 
la  fièvre  et  de  la  consomption,  qui  n'a  point  d'ailleurs  l'apparence  par- 
ticulière à  la  cachexie  cancéreuse,  éclaireront  le  diagnostic,  que  l'exis- 
tence du  frémissement  hydatique  peut  rendre  tout  à  fait  certain. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —   HVDATIDES.  ?,$  1 

Les  signes  physiques  des  hydatiques,  tels  que  la  tuméfaction,  la 
matité  à  la  percussion,  la  fluctuation,  le  frémissement,  ne  peuvent, 
en  général,  être  perçus  lorsque  le  kyste  est  situé  dans  les  parties 
profondes  de  la  poitrine  ou  du  bassin  ;  dans  la  cavité  du  crâne,  dont 
les  parois  osseuses  mettent  un  obstacle  à  l'exploration,  le  diagnostic 
est  ordinairement  impossible. 

Les  kystes  hydatiques  étant  fréquemment  multiples,  lorsque  l'on 
aura  constaté  dans  un  organe  l'existence  d'une  tumeur  de  ce  genre,  et 
que  des  symptômes  de  compression  se  manifesteront  dans  un  autre 
organe  inaccessible  à  l'exploration,  il  sera  présumable  qu'il  existe 
dans  celui-ci  un  second  kyste  hydatique. 

Dans  les  cas  où  la  nature  d'une  tumeur  volumineuse  resterait  in- 
déterminée, le  diagnostic  pourra  être  éclairé  par  une  ponction  explo- 
ratrice. Un  liquide  clair  et  limpide  extrait  d'un  kyste,  ne  donnant 
point  de  coagulation  par  la  chaleur  ou  les  acides,  et  laissant,  par 
l'évaporation  d'une  gouttelette  sur  une  lame  de  verre,  des  cristaux 
de  chlorure  de  sodium  reconnaissables'  au  microscope,  appartient 
généralement  aux  hydatides  (1).  Un  liquide  trouble,  en  apparence 
s^ro-purulent,  qui  offre  au  microscope  les  caractères  de  la  matière 
athéromateuse,  appartient  encore  aux  tumeurs  hydatiques.  Dans 
l'un  et  l'autre  cas,  on  rencontre  assez  fréquemment  des  échinoco- 
ques  ou  leurs  crochets. 

La  ponction  exploratrice,  recommandée  par  Dupuytren  dans  les 
tumeurs  de  nature  douteuse  (2),  mise  en  pratique  par  Récamier 
pour  les  kystes  du  foie,  a  été  regardée  par  plusieurs  médecins 
comme  dangereuse  lorsqu'elle  doit  traverser  une  cavité  séreuse  ; 
mais  faite  par  un  trocart  capillaire ,  elle  paraît  généralement 
exempte  de  danger  (voy.  le  traitement). 

2°  Lorsque  le  kyste  s'est  ouvert,  l'apparition  par  les  voies  natu- 
relles ou  par  une  ouverture  accidentelle  de  membranes  hydatiques 
rend  le  diagnostic  tout  à  fait  certain  ;  mais  pour  prononcer  que  les 

(1)  Lorsqu'on  fait  dans  ces  kystes  hydatiques  plusieurs  pouclions  successives,  le 
liquide  dans  les  dernières  devient  albumineux;  ce  fait,  entrevu  par  Barrier  (thèse 
citée,  p.  63)  et  indiqué  depuis  par  plusieurs  observateurs,  n'a  point  reçu  d'explica- 
tion satisfaisante  :  nous  pensons  que  la  cause  en  est  dans  ce  que  la  première  ponc- 
tion amène  le  liquide  propre  au  ver  vésiculaire,  tandis  que  les  autres  amènent  un 
liquide  produit  par  le  kyste  ,  lequel  a  laissé  transsuder  le  sérum  du  sang  pour  rem- 
plir le  vide  qui  s'est  produit  dans  son  intérieur.  —  Le  changement  qui  s'opère  dans 
le  liquide  du  kyste  fait  que  celui  de  la  première  ponction  seule  peut  être  pris  en 
considération  pour  le  diagnostic. 

(2)  Dupuytren,  ouvr,  cit.,  t.  III,  p.  3"3. 


392  AFFECTIONS   VRRMINEUSES   DES   CAVITÉS  SEREUSES 

membranes  expulsées  sont  des  hydatides,  il  ne  suffit  pas  toujours 
d'un  simple  examen  à  l'œil  nu.  Un  médecin  distingué  de  Paris  soi- 
gnait une  dame  pour  une  tumeur  située  dans  l'abdomen  ;  cette  tu- 
meur, qui  existait  déjà  depuis  longtemps,  diminua  tout  à  coup  avec 
rapidité,  et  l'on  crut  qu'elle  s'était  ouverte  dans  l'intestin,  d'autant 
plus  qu'il  survint  de  la  diarrhée.  On  fit  donc  avec  soin  l'examen  des 
selles,  et  l'on  y  constata  la  présence  de  lambeaux  membraneux  qui 
furent  regardés,  vu  les  circonstances,  comme  des  hydatides.  Ces 
membranes,  qui  nous  furent  remises  et  que  nous  examinâmes  au  mi- 
croscope, n'étaient  que  des  membranes  fibreuses  provenant  des  ali- 
ments non  digérés.  Les  fragments  d'hydatide  ont  des  caractères  par- 
ticuliers: ils  sont,  comme  nous 
l'avons  déjà  dit,  formés  de  lames 
superposées  de  2  à  4  centièmes 
de  millimètre  d'épaisseur  qui,  au 
microscope,  se  dessinent  sur  la 
coupe  transversale  en  lignes  pa= 
rallèles,  semblables  aux  feuillets 
d'un  livre  ou  mieux  aux  fibres  du 
cristallin.  Le  diagnostic  serait 
confirmé  de  même  par  la  pré- 
sence de  crochets  d'échinocoque 
dans  les  matières  expulsées  ; 
enfin  on  aurait  encore  raison 
de  croire  qu'une  tumeur  appar- 
tient aux  hydatides,  si  ces  matières,  ayant  l'apparence  de  pus, 
offraient  au  microscope  les  caractères  que  nous  avons  dit  appartenir 
aux  substances  renfermées  dans  les  kystes  athéromateux. 


FlG.  20.  —  1.  Fragment  de  membrane  hydaiique 
légèrement  comprimé  et  vu  au  grossissement  de 
350  diamètres  ;  les  lames  qui  constituent  le 
tissu  liydalique  s'écartent  plus  ou  moins,  suivant 
le  degré  de  la  compression.  —  2.  Crochets 
d'échinocoque  vus  au  grossissement  de  350  dia- 
mètres. 


§  V.  —  Les  tumeurs  hydatiques  ne  constituent  pas  par  elles- 
mêmes  une  affection  grave,  car  elles  n'apportent  dans  l'économie 
aucun  trouble  général,  mais  elles  deviennent  graves  par  leur  situa- 
tion ou  par  leur  grand  volume. 

Le  pronostic,  étant  nécessairement  subordonné  au  diagnostic,  ne 
peut  être  établi  dans  les  premiers  temps  du  développement  des  vers 
vésiculaires,  ni  lorsque  ces  vers  existent  dans  des  parties  inacces- 
sibles à  l'exploration.  Les  kystes  situés  dans  les  membres,  dans  les 
parois  du  tronc,  dans  des  régions  très  accessibles  aux  moyens  chi- 
rurgicaux, ne  deviennent  point  ordinairement  la  cause  d'accidents 
sérieux,  et  se  guérissent  facilement.  Les  tumeurs  hydatiques  qui, 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  393 

ayant  duré  longtemps,  ne  s'accroissent  plus  ou  même  subissent  un 
retrait  appréciable,  pourront  être  considérées  comme-en  voie  de  gué- 
rison.  Il  en  sera  de  même  lorsque,  s'étant  ouvertes  au  dehors  ou 
dans  un  organe  en  communication  avec  le  dehors,  elles  n'ont  point 
déterminé  d'accidents  et  que  leur  volume  tend  à  diminuer. 

Elles  sont  au  contraire  très  graves  lorsqu'elles  occupent  un  orgar.e 
important,  qu'elles  ont  acquis  un  grand  volume,  et  que  les  parois  du 
kyste  sont  devenues  plus  ou  moins  osseuses  ou  cartilagineuses  ;  lors- 
qu'elles sont  multiples;  enfin  lorsqu'elles  ont  causé  l'amaigrisse- 
ment, la  consomption,  ou  qu'elles  sont  accompagnées  de  l'inflamma- 
tion d'un  organe  important.  Elles  sont  généralement  mortelles  lors- 
qu'après  leur  ouverture  dans  un  organe  communiquant  avec  le 
dehors,  les  symptômes  généraux  persistent  et  s'aggravent,  lorsque  les 
matières  expulsées  prennent  une  odeur  gangreneuse,  lorsqu'il  sur- 
vient une  pneumonie  ou  des  signes  d'une  suppuration  profonde,  enfin 
lorsque  la  poche  s'est  ouverte  dans  une  grande  cavité  séreuse. 

Les  phénomènes  pathologiques  et  les  accidents  que  déterminent 
les  hydatides  offrent,  suivant  les  organes  ou  suivant  les  régions  dans 
lesquelles  existent  ces  entozoaires,  des  différences  qu'il  importe  d'in- 
diquer avant  d'exposer  les  moyens  de  les  guérir. 


DEUXIEME   SECTION. 

HYDATIDES    EN    RAPPORT    AVEC    LE    SYSTÈME    SANGUIN. 

Les  hydatides  se  rencontrent  quelquefois  dans  les  organes  de  la 
circulation,  soit  qu'elles  s'y  soient  développées,  soit  qu'elles  y  soient 
arrivées  accidentellement. 

Parmi  les  cas  d'hydatides  rencontrées  libres  dans  les  voies  cir- 
culatoires, il  en  est  un,  observé  par  M.  Andral  (voy.  obs.  IX),  qui 
autorise  à  penser  que  ces  vers  vésiculaires  se  développent  dans  la 
cavité  même  des  vaisseaux.  Plusieurs  autres  cas  témoignent  de  la 
possibilité  de  leur  développement  dans  les  parois  du  cœur  ;  mais  nous 
ne  possédons  aucun  exemple  d'hydatides  renfermées  dans  la  paroi 
même  des  vaisseaux. 

Nous  rapporterons  des  observations  d'hydatides  introduites  dans 
les  voies   circulatoires  par  une  perforation  des  parois  ;  ces  vers 


:59't  AFFECTIONS  \ LUMINEUSES  DLS  CAVJIÉS  SÉREUSES 

s'étaient  développés  primitivement  dans  les  tissus  du  cœur  ou  dans 
un  organe  étranger  au  système  de  la  circulation. 

Les  faits  concernant  les  vers  vésiculaires  des  voies  circulatoires 
sont  encore  assez  peu  nombreux  (1).  Ceux  qui  ont  été  rapportes  par 
d'anciens  auteurs  appartiennent  le  plus  souvent,  sans  doute,  à  des 
tumeurs  de  diverse  nature  qui  n'ont  eu  de  commun  que  le  nom  avec 
les  vers  dont  nous  nous  occupons  (2). 

Les  hydatides  développées  dans  l'épaisseur  dis  parois  du  cœur 
peuvent  acquérir  un  certain  volume  avant  de  causer  aucun  trouble 
dans  les  fonctions  de  cet  organe  ;  souvent  elles  ne  donnent  lieu  à  des 
phénomènes  appréciables  que  lorsque  le  kyste  se  rompt  et  que  son 
contenu  est  versé  dans  les  cavités  ventriculaires  ;  les  vésicules  in- 
tactes ou  déchirées  sont  entraînées  avec  le  sang,  elles  opposent  un 
obstacle  plus  ou  moins  absolu  à  la  circulation,  et  déterminent  des 
accidents  plus  ou  moins  rapides,  quelquefois  la  mort  subite. 

La  mort,  sans  aucun  phénomène  qui  l'annonce,  peut  même  sur- 
venir lorsque  le  kyste  hydatique  du  cœur  est  encore  intact. 

(1)  M.  Griesipger,  à  propos  d'une  observation  d'hydatides  développées  dans  la 
paroi  du  cœur,  observation  que  nous  rapporterons  ci-après(obs.  18\  dit  avoir  re- 
levé dans  divers  recueils  quinze  cas  analogues  : 

3  fois  les  kystes  étaient  logés  dans  l'oreillette  droite. 

3  —                 —             dans  le  ventricule  droit. 

1  —                —            dans  la  cloison  inlervenlriculaire,  avec  rupture 

du  coté  droit. 

i  —                —            dans  la  pointe  du  cœur  droit. 

1  —  —             dans  la  cloison  interventriculaire,  sans  rupture. 

2  —  —            dans  la  paroi  du  ventricule  gauche. 

1  —  —  à  la  face  externe  du  ventricule  gauche. 

1  —  —  dans  les  substances  musculaires,  sans  autre  indi- 

cation du  siège. 
1  —  —  dans  le  péricarde. 

Plusieurs  de  ces  cas  n'appartiennent  certainement  point  aux  hydatides,  car,  parmi 
les  auteurs  cités  à  la  suite  de  ce  relevé,  il  s'en  trouve  dont  les  observations  ne  con- 
cernent point  des  vers  vésiculaires. 

(2)  Plusieurs  cas  de  vésicules  renfermant  un  liquide  plus  ou  moins  limpide,  et 
désignées  sous  le  nom  d'Injdatides,  sont  rapportés  dans  Bonet  [Sepulchretum)  ou 
sont  cités  par  Ploucquet.  Morgagni  les  cite  également  pour  la  plupart  et  en  rapporte 
quelques  autres  (voy.  De  sed.  et  caus.  cit.,  epist.  xvi ,  §44;  xxv,  §  15;  xxxvm, 
§  33).  L'un  de  ces  cas,  observé  par  Wepfer,  concerne  des  cysticerques  du  cœur  du 
porc;  d'autres  concernent  évidemment  des  kystes  séreux  ou  même  des  tubercules 
cancéreux.  Un  cas  de  Dupuytren  (Journ.  Corvisart,  t.  V,  p.  1 39),  rapporté  aussi  par 
quelques  auteurs  aux  hydatides,  n'appartient  très  probablement  pas  à  ces  vers. 


■NATURELLES  OU   ADVENTIYES.    —   HYDATIDES.  395 

Gn  ne  connaît  aucun  signe  qui  indique  la  présence  d'un  ver  vési- 
culaire  dans  le  cœur. 

Les  hydatides  développées  dans  un  organe  étranger  aux  voies  cir- 
culatoires peuvent  déterminer  la  perforation  des  vaisseaux  avec 
lesquels  le  kyste  est  en  rapport  ;  de  là  résulte  l'introduction  dans 
la  cavité  de  ces  vaisseaux  du  liquide  contenu  dans  la  poche,  de  la 
matière  athéromateuse,  et  sans  doute  des  vésicules  elles-mêmes  ou 
de  leurs  débris.  Dans  un  cas  rapporté  ci-après  (obs.  X),  des  hyda- 
tides  en  grand  nombre,  rencontrées  dans  l'artère  pulmonaire  et  ses 
divisions,  provenaient  très  probablement  d'un  énorme  kyste  hy- 
datique  situé  dans  le  foie  ;  une  communication  de  ce  kyste  avec  les 
vaisseaux  eût  sans  doute  été  trouvée,  si  elle  eût  été  cherchée. 

Le  transport  des  matières  d'un  kyste  hydatique  dans  le  torrent  de 
la  circulation  doit  nécessairement  occasionner  des  accidents  graves, 
mais  variés,  suivant  que  la  pénétration  dans  les  vaisseaux  est  plus 
ou  moins  rapide,  ou  suivant  que  ces  matières  sont  le  liquide  hyda- 
tique, la  matière  athéromateuse,  ou  bien  les  vésicules.  Nous  verrons, 
à  propos  des  hydatides  du  foie,  que  la  bile  même,  versée  dans  un 
kyste  en  rapport  avec  les  canaux  biliaires  d'une  part,  et  les  veines  de 
l'autre,  doit  arriver  par  cette  voie  dans  le  sang.  Les  faits  connus 
suffisent  à  montrer  que  la  communication  d'un  kyste  hydatique  avec 
les  vaisseaux  veineux  détermine  des  phénomènes  de  phlébite,  d'in- 
fection du  sang,  la  pneumonie,  peut-être  même  la  gangrène  pulmo- 
naire et  diverses  affections  aiguës  des  organes  éloignés,  affections 
consécutives  à  la  détérioration  ou  à  l'infection  de  l'économie  (1). 
D'après  les  recherches  que  nous  avons  faites  sur  cette  question, 
la  communication  des  vaisseaux  avec  les  kystes  hydatiques  nous  pa- 
raît devoir  être  fréquente;  on  en  trouvera  plusieurs  exemples  inté- 
ressants parmi  les  observations  qui  concernent  le  foie. 

Nous  nous  occuperons  d'abord  des  hydatides  du  cœur  et  des  vais- 
seaux, ensuite  de  celles  du  péricarde. 

(I)  Les  hydatides  ou  leurs  débris,  entraînés  par  le  sang  jusque  dans  le  cœur 
droit  et  l'artère  pulmonaire,  doivent  produire  des  phénomènes  identiques  avec  ceux 
que  Virchow  a  étudiés  dans  son  mémoire  intitulé  Thrombose  et  embolie,  phéno- 
mènes que  M.  Lasègue  a  exposés  dans  les  Archives  1857,  et  sur  lesquels  mon  ami 
le  docteur  Charcot  vient  de  publier  un  intéressant  travail  {Gaz.  hebdom.  de  méd., 
Paris,  1858). 


:59()  AFFI'CTIONS   VERMINKUSES    DUS   CAVITÉS   SÊREtTSKS 

CHAPITRE  PREMIER. 

HYDAT1DES   DU   COEUR    ET   DES   VAISSEAUX    SANGUINS. 

Nous  rapporterons  les  observations  qui  font  le  sujet  de  ce  chapitre 
dans  l'ordre  suivant  :  1°  hydatides  libres  dans  les  cavités  du  cœur  ou 
des  vaisseaux,  et  dont  l'origine  au  dehors  de  ces  cavités  n'a  point 
été  constatée  ;  2°  hydatides  dans  les  parois  du  cœur  ;  3°  hydatides 
libres  dans  les  cavités  du  cœur  ou  des  vaisseaux  provenant  des  pa- 
rois du  cœur  ;  4°  hydatides  ou  matières  d'un  kyste  hydatique  libres 
dans  les  cavités  du  cœur  ou  des  vaisseaux,  et  provenant  d'un  organe 
étranger  au  système  circulatoire. 

A.  —  Hydatides  développées?  dans  les  cavités  du  cœur  ou  des  vaisseaux. 

Obs.  VIII  (docteur  Broderille).  —  Hydatides  dans  le  ventricule  droit, 

I. — a  Le  docteur  Broderille  fut  appelé,  en  1835,  auprès  d'une  dame  de  War- 
niinster,  qui,  après  avoir  passé  une  nuit  tranquille,  fut  prise  en  s'habillant 
d'une  forte  dyspnée.  La  respiration  offrait  une  fréquence  extraordinaire;  la 
figure  était  pâle,  les  lèvres  livides.  Elle  avait  conservé  sa  connaissance,  mais 
elle  ne  pouvait  articuler,  et  quand  on  lui  demandait  si  elle  ressentait  de  la 
douleur  quelque  part,  elle  se  contentait  de  porter  la  main  sur  la  poitrine.  Le 
pouls  était  très  petit  et  donnait  130,  mais  sans  irrégularité  ni  intermission 
notable.  La  main,  appliquée  sur  la  région  du  cœur,  sentait  cet  organe  battre 
avec  beaucoup  de  force  et  de  violence.  Cet  état  continua  en  s'aggravant  jus- 
qu'à la  mort,  qui  arriva  trois  heures  après  le  début  de  l'attaque. 

»  Autopsie.  —  Le  cœur  est  à  l'état  normal,  à  l'exception  d'une  hydatide 
volumineuse  qui  remplit  si  complètement  le  ventricule  droit,  qu'elle  semble 
avoir  dû  empêcher  entièrement  le  passage  du  sang  dans  l'artère  pulmonaire. 
En  ouvrant,  cette  hydatide  unique,  on  trouve  qu'elle  en  contient  huit  ou  dix 
autres  qui  flottaient  dans  un  liquide.  Tous  ceux  qui  ont  vu  la  préparation  qui 
en  a  été  faite  et  conservée  ont  reconnu  les  caractères  de  l'hydatide  ordi- 
naire (1).  » 

Obs.  IX  (Andral).  —  Hydatides  dans  les  veines  pulmonaires. 

II.  —  «  Un  homme,  de  cinquante-cinq  ans,  s'était  mal  nourri  depuis  un  an, 

et  avait  souvent  éprouvé  toutes  les  angoisses  de  la  misère.  Pendant  son  séjour 

à  la  Charité,  ce  malade  ne  présenta  d'autre  phénomène  que  les  symptômes 

ordinaires  d'une  affection  de  cœur:  battements  s'entendant  avec  bruit,  mais 

(i)  Docteur  Broderille,  The  Lancet,  juillet  et  août  1838,  et  Gazette  méd.,  Paris, 
t.  VI,  p.  601. 


NATURELLES  OU  AUVliNïlVES.   —  HYDATIDES.  397 

sans  impulsion,  dans  toute  l'étendue  du  sternum  et  sous  les  deux  clavicules  ; 
pouls  ordinaire;  face  bouffie  et  violacée  ;  infiltration  des  membres;  état  d'or- 
thopnée  habituel.  En  plusieurs  points  des  parois  thoraciques,  on  entendait  un 
râle  bronchique  humide,  et  en  d'autres  il  y  avait  absence  complète  de  respi- 
ration. Cependant  la  difficulté  de  respirer  devint  de  plus  en  plus  grande,  et 
le  malade  succomba  dans  un  état  d'asphyxie. 

»  Autopsie. — Les  deux  poumons  furent  trouvés  remplis  d'un  grand  nombre 
d'hydatides.  Nous  crûmes  d'abord  qu'elles  étaient  logées  dans  le  parenchyme 
même  des  poumons;  mais  bientôt  une  dissection  plus  attentive  nous  décou- 
vrit un  fait  qui  a,  jusqu'à  présent,  peu  d'analogues  dans  les  annales  de  la 
science/savoir,  l'existence  des  hydatides  dans  les  veines  pulmonaires.  M.  Bres- 
chet  a  bien  voulu  examiner  la  pièce  avec  nous. 

i>  Plusieurs  de  ces  hydatides  étaient  logées  dans  des  poches  à  surface  lisse,  qui 
nous  parurent  d'abord  autant  de  kystes;  d'autres,  vides  et  plusieurs  fois  rou- 
lées sur  elles-mêmes,  étaient  contenues  dans  d'étroits  canaux,  dont  elles  avaient 
pris  la  forme  allongée.  La  surface  interne  de  ces  canaux  était  lisse  comme  celle 
des  grandes  poches  ;  Us  se  ramifiaient  comme  des  vaisseaux.  Enfin,  nous  recon- 
nûmes bientôt  qu'à  chaque  poche  aboutissait  un  vaisseau  d'un  petit  calibre,  qui, 
pour  la  former,  subissait  une  dilatation  plus  ou  moins  considérable .  Nous  dissé- 
quâmes alors  les  veines  pulmonaires  à  leur  entrée  dans  le  cœur,  et  nous  les  sui- 
vîmes dans  le  poumon.  Lorsque  nous  fûmes  arrivés  à  leur  division  presque  capil- 
laire, nous  commençâmes  à  voir  plusieurs  d'entre  elles  pirésenter  un  grand 
nombre  de  renflements  que  remplissaient  des  hydatides  ;  après  s  être  ainsi  dilatée, 
la  veine  reprenait  son  calibre  primitif,  puis  un  peu  plus  loin  elle  se  dilatait 
encore.  Les  poches  les  plus  considérables  auraient  pu  admettre  une  grosse  noix, 
et  les  plus  petites  auraient  pu  à  peine  recevoir  un  pois.  Elles  exislaient  égale- 
ment dans  les  deux  poumons.  Les  deux  hydatides  qu'elles  contenaient  avaient 
tous  les  caractères  desacéphalocystes  :  plusieurs  présentaient  dans  leur  épais- 
seur des  petits  points  d'un  blanc  mat,  d'autres  offraient  à  leur  surface  interne 
un  grand  nombre  de  granulations  miliaires,  la  plupart  étaient  rompues.  Autour 
d'elles,  le  tissu  pulmonaire  était  en  plusieurs  points  sain  et  crépitant,  en 
d'autres  fortement  engoué  et  même  hépatisé. 

»  Un  vaste  kyste  hydatifère  à  parois  cartilagineuses,  pouvant  admettre  dans 
son  intérieur  une  grosse  orange,  existait  au  milieu  du  foie,  dont  il  avait  refoulé, 
le  parenchyme  ;  huit  à  dix  acéphalocystes  y  étaient  renfermées.  C'est  la 
seconde  fois  que  nous  constatons  l'existence  simultanée  des  hydatides  dans  le 
foie  et  dans  le  poumon  (1).  » 

Obs.  X  (Wunderlich).  —  Hydatides  dans  l'artère  pulmonaire  et  dans 
plusieurs  organes. 
III. —  C.N...,âgéde  vingt-deux  ans,  entre  à  l'hôpital  le  30  juin  <I8f>7,  après 
avoir  éprouvé  de  la  céphalalgie,  des  vertiges,  des  bourdonnements  dans  les 

(l)  Aodral,  Clinique  méd.  cit.,  t.  II,  p.  412,  obs.  5. 


398  AFFECTIONS   VERMIîtElISES   DES  CAVITÉS   SÉREUSES 

oreilles,  de  la  courbature,  ries  douleurs  flans  l'abdomen,  de  la  diarrhée,  une 
épistaxis,  enfin  un  frisson  suivi  de  chaleur  el  de  sueur. 

En  examinant  l'abdomen,  qui  était  sensible  et  recouvert,  dans  sa  moitié 
inférieure,  d'un  réseau  de  veines  variqueuses,  on  y  constate  l'existence  de 
deux  tumeurs  occupant,  l'une  l'épigaslre,  el  l'autre  la  fosse  iliaque  droite.  La 
première  était  mate  à  la  percussion,  se  déplaçait  par  les  mouvements  respira- 
toires, et  présentait  quelques  bosselures;  la  seconde  était  mobile,  résistante  ; 
elle  donnait  à  droite  unematité  complète  à  la  percussion,  à  gauche  on  y  per- 
cevait un  frémissement  hydatique  peu  distinct.  Le  malade  avait  une  fièvre 
brûlante;  un  peu  d'œdème  aux  pieds,  et  son  urine,  faiblement  albumineuse, 
contenait  des  cylindres  fibrineux  et  des  globules  sanguins. 

Les  jours  suivants,  les  tumeurs,  la  rate  et  le  foie  augmentèrent  rapidement 
de  volume;  la  fièvre,  toujours  intense,  s'accompagna  d'ictère  et  d'épistaxis 
répétées,  qui  semblèrent  être  suivies  d'une  amélioration  sensible.  Mais  le  mieux 
ne  se  soutint  pas.  Le  malade,  outre  des  épistaxis,  avait  parfois  des  selles  san- 
guinolentes et  des  crachats  striés  de  sang,  presque  toujours  de  la  fièvre,  et 
s'affaiblissait  de  plus  en  plus.  Les  tumeurs  continuaient  à  s'accroître.  —  Le 
22  septembre,  il  survint  un  frisson  suivi  de  chaleur  et  de  sueurs.  —  Le  28, 
des  douleurs  vives  se  firent  tout  à  coup  sentir  à  l'épigastre,  s'accompagnant 
d'une  dyspnée  intense.  L'ictère,  qui  avait  cédé,  revint,  et  le  malade  mourut  le 
20  octobre,  après  être  tombé  rapidement  pendant  les  deux  derniers  jours  dans 
un  collapsus  profond. 

Autopsie.  —  Dans  une  branche  de  troisième  ordre,  fournie  par  l'artère  pul- 
monaire droite  et  correspondant  au  lobe  inférieur  du  poumon,  il  y  avait  une 
dilatation  cylindrique  du  volume  d'un  œuf  de  pigeon  ;  la  cavité  de  celle  dila- 
tation était  remplie  par  une  vésicule  hydatique  qui  en  oblitérait  complètement 
le  calibre,  sans  toutefois  adhérer  à  ses  parois:  cette  vésicule  avait  environ  un 
demi-millimètre  d'épaisseur  dans  sa  paroi  ;  sa  surface  était  lisse,  gris  jau- 
nâtre ;  elle  contenait  un  liquide  limpide  et  ne  renfermait  point  d'autre  hyda- 
tide.  Une  bronche  qui  naissait  de  l'artère,  au-devant  du  point  où  se  trouvait 
l'hydatide,  était  oblitérée  par  des  caillots  sanguins  récents  ;  celles  qu'elle  four- 
nissait au  delà  étaient  remplies  par  des  détritus  d'hydatides,  en  masses  gris 
jaunâtre,  friables,  disposées  en  couches  concentriques.  Le  tissu  pulmonaire 
où  se  rendait  cette  artère  n'était  pas  altéré. 

Le  péricarde  présentait  tous  les  caractères  d'une  inflammation  violente 
(épanchement purulent  abondant,  etc.);  il  communiquait  avec  une  tumeur  du 
volume  d'une  tête  d'enfant  qui  occupait  le  lobe  gauche  du  foie,  par  une  per- 
foration circulaire,  dans  laquelle  était  engagée  une  petite  vésicule  hydatique; 
le  diaphragme  était  perforé.  La  tumeur  du  foie  était  constituée  par  un  kyste  cen- 
tral volumineux,  qui  présentait  à  sa  surface  une  foule  de  diverlicules  et  de 
poches  surajoutées,  et  qui  renfermait  un  liquide  purulent,  mêlé  d'une  grande 
quantité  de  crochets  d'échinocoques  et  d'un  nombre  incroyable  de  vésicules 
acéphalocystiques  des  dimensions  les  plus  variées.  Le  foie  était  seulement 
refoulé  par  la  tumeur,  qui  adhérait  au  diaphragme  et  aux  parois  abdominales. 


NATUKtXLlS   OU   ADVENT1VES.    —   Il  Yl)  ATI  DES.  399 

Une  tumeur  hydatiquedu  volume  du  poing  occupait  l'extrémité  supérieure 
delj  rate,  qui  élait  triplée  de  volume.  Trois  autres  tumeurs,  du  volume  d'une 
pomme  et  à  poche  simple,  occupaient  le  tissu  cellulaire  rétro-péritonéal, 
depuis  le  diaphragme  jusqu'au  milieu  de  l'estomac.  Six  tumeurs  semblables, 
du  volume  d'une  noix  ou  d'une  pomme,  se  trouvaient  dans  le  grand  épiploon  ; 
une  autre,  du  volume  du  poing,  soulevait  le  caecum  ;  on  en  rencontrait  encore 
une  dans  le  mésorectum.  Le  mésentère  renfermait  plus  de  cinquante  kystes 
acéphalocystiques  en  grande  partie  desséchés  et  d'un  volume  qui  variait  de- 
puis la  dimension  d'un  grain  de  chènevis  jusqu'à  celle  d'un  demi-pois.  Deux 
poches  remplies  d'une  masse  solide,  jaunâtre,  du  volume  d'un  noyau  de  ce- 
rise, occupaient  l'extrémité  libre  de  l'appendice  vermiforme. 

Les  reins  étaient  volumineux  et  hypérémiés  ;  les  autres  organes  ne  présen- 
taient rien  de  remarquable  (<I  ) . 

B.  —  Hydalides  dans  les  parois  du  cœur. 

Ous.XI  (David  Price). 

IV.  —  Il  s'agit  d'un  garçon,  âgé  de  dix  ans,  qui  fréquentait  une  école  gra- 
tuite. Le  matin  du  jour  où  il  mourut,  il  alla  à  l'école  avec  les  mains  sales; 
le  maître  le  renvoya  chez  ses  parents,  priant  la  mère  de  le  laver.  Cette  de- 
mande, à  ce  qu'il  paraît,  ne  fut  pas  exécutée,  et  dans  l'après-midi,  l'enfant 
revint  avec  les  mains  non  lavées.  Le  maître  commanda  à  l'un  des  élèves 
de  le  mener  dans  la  cour  et  de  le  laver;  mais  l'élève  outrepassa  les  ordres, 
et,  au  lieu  de  le  laver  simplement  comme  il  lui  avait  été  ordonné,  il  lui  ôta  la 
chemise  et  lui  jeta  de  l'eau  froide  sur  tout  le  corps.  Le  pauvre  enfant  parut 
cependant  assez  bien  après  cette  ablution  ;  il  quitta  l'école  avec  les  autres  éco- 
liers, et  en  appa-ence  content  et  bien  portant.  Quand  il  eut  fait  quelques 
pas,  il  tomba  soudainement  sur  les  mains  et  les  genoux  ;  quelques  minutes 
après  il  était  mort. 

Il  a  été  constaté  que  cet  enfant  n'avait  jamais  éprouvé  de  difficulté  à  res- 
pirer et  qu'il  ne  s'était  jamais  plaint  de  palpitations;  il  n'avait  jamais  ressenti 
de  difficulté  à  monter  rapidement  un  escalier,  et  il  faisait  avec  célérité  tous 
les  exercices  des  enfants  de  son  âge. 

Lri  soudaineté  de  la  mort  détermina  une  enquête  ;  le  corps  fut  examiné.  Le 
docteur  Price  dit:  «  En  conséquence  des  instructions  que  j'avais  reçues,  j'ai 
examiné  minutieusement  le  cerveau,  les  viscères  abdominaux  et  ceux  de  la 
poitrine,  et  j'ai  trouvé  tout  à  l'état  normal,  à  l'exception  du  cœur  et  d'une 
portion  du  péricarde  qui  lui  était  adhérent.  Dans  sa  cavité,  il  y  avait  deux  onces 
do  liquide  d'une  couleur  foncée  ;  dans  le  tissu  musculaire  du  cœur,  on  trouva 

-(1)  C.  A.  Wunderlich,  Fall  von  zahllosen  Echinococcen  in  der  Leber,  de)'  Mils, 
dem  I'eriloneum,  dem  Nelse,  Mesenlerium,  de  m  Relroperilonealraume,  der  Lungeit- 
arteric;  Perforation  des  ller-zbeutels  (Archib.  fur  physiologische  Heilkunde,  1858, 
nouv.  série,  t.  II,  p.  283). 


/|00  AFFECTIONS   VERMhNEUSES   DES   CAVITÉS   SÉREUSES 

une  grande  liydatide.  »  Le  docteur  Price  ne  dit  pas  dans  quelle  partie   du 

cœur  était  logée  l'hydatide,  si  elle  était  rompue  ou  non  (I). 

Obs.  XII  (B,  Evans). 

V. —  «  En  -1832,  un  récit  intérossant  et  complet  du  môme  genre  fut  envoyé 
à  la  Société  médico-chirurgicale  par  M.  Herbert  R.  Evans,  de  Hamstead,  et  fut 
publié  dans  le  dix-septième  volume  des  Transactions  de  la  Société. 

»  La  malade  était  une  femme  non  mariée,  d'environ  quarante  ans,  qui, 
pendant  quelques  mois  avant  sa  mort, [eut  la  respiration  courte,  et  qui,  par  mo- 
ments, sentait  une  douleur  vive  et  subite  dans  la  région  du  cœur.  Le  20  avril, 
après  avoir  monté  et  descendu  assez  rapidement  les  escaliers,  elle  fut  prise 
d'un  violent  paroxysme  de  dyspnée,  accompagné  de  profondes  inspirations  et 
de  douleurs  du  cœur  qui  la  forcèrent  à  prendre  le  lit;  depuis  ce  temps,  elle  fut 
constamment  au  lit,  souffrant  extrêmement  d'abattement,  de  palpitations  et 
de  suffocations  qui  étaient  considérablement  aggravés  par  le  moindre  mouve- 
ment. Parfois,  sans  mouvement,  des  paroxysmes  de  dyspnée  assez  violents 
pour  faire  craindre  la  mort  survenaient  et  duraient  pendant  des  heures.  Il  y 
avait  peu  de  sommeil,  et  le  peu  qu'il  y  avait  était  interrompu  et  ne  reposait 
pas.  L'urine  était  rare,  mais  les  extrémités  n'enflaient  pas;  les  jambes  étaient 
souvent  le  siège  de  crampes  vives.  Les  forces  diminuèrent  graduellement,  et 
le  1er  janvier,  la  malade  mourut. 

»  Autopsie.  —  Le  sommet  du  ventricule  droit  était  occupé  par  une  tu- 
meur hydatique  globuleuse,  de  trois  pouces  de  diamètre,  qui  contenait  un 
certain  nombre  d'hydatides  flottantes.  La  tumeur,  faisant  saillie  dans  le 
ventricule  droit  de  manière  à  occuper  environ  un  quart  de  la  cavité  ventricu- 
laire,  était  unie  et  polie,  couverte  par  la  membrane  interne  du  ventricule; 
extérieurement  la  tumeur  s'étendait  au  delà  du  tissu  charnu  du  cœur,  et 
le  feuillet  externe  du  péricarde  adhérait  sur  la  partie  correspondante  à  la 
tumeur. 

»  Le  cœur  est  conservé  dans  le  muséum  AeBartholomeiv's  Hospitalfô).  n 

Obs.  XIII  (Portal). 

VI. —  «J'en  ai  vu  (des  hydatidés)  à  la  base  du  cœur  d'un  cadavre;  une  d'elles 
était  de  la  grosseur  d'un  petit  œuf  de  poule,  et,  dans  ce  sujet,  il  n'y  avait  point 
d'eau  épanchée  dans  le  péricarde  (3).  » 

Obs.  XIV  ( )? 

VII.  —  «  Une  acéphalocyste  de  la  dimension  d'un  œuf  de  pigeon,  située  dans 
la  cloison  interventriculaire  du  cœur,  existe  au  muséum  à'Universily  Collège  ? 

(1)  Lettre  de  D.  Price  à  AstleyCooper  (20  janvier  1820),  in  Medic.-chir.  Trans., 
vol.  XI,  cité  par  Budd,  Mém.  infrà  cit.,  p.  55. 

(2)  Cité  par  Budd,  Mém.  infrà  cit.,  p.  56. 

(3)  Portal,  Anat.méd.  Paris,  1803,  t.  III,  p.  29. 


NATURELLES  OU   ADVENTlVES.    —    HYdATIDES.  401 

(U.  C.  Muséum,  n°  2293);  elle  provient  d'une  femme  qui  mourut  subitement 
pendant  qu'elle  vaquait  aux  soins  de  son  ménage  (1).  » 

Obs.  XV  (Carswell). 

VIII. — «  Parmi  les  dessins  du  docteur  Carswell,  appartenant  au  muséum 
û'University  Collège  (U.  C.  Muséum,  A.  9.),  est  la  figure  d'un  cœur  qui  con- 
tient, dans  la  partie  postérieure  du  ventricule  gauche,  une  acéphalocysle 
intacte  faisant  saillie  à  sa  surface. 

»  La  malade  avait  succombé  à  la  phthisie,  et  l'entozoaire  avait  élé  trouvé 
accidentellement  à  la  dissection  du  cadavre.  Comme  cette  femme  est  morte  à 
l'hôpital  et  que  son  cœur  n'a  point  attiré  l'attention  du  médecin,  il  est  pro- 
bable qu'il  n'y  eut  aucun  symptôme  déterminé  par  l'existence  de  Phyda- 
tide  (2).  » 

Obs.  XVI  (Rokitanskv). 

IX. —  Le  sujet  était  un  soldat  âgé  de  trente-cinq  ans.  «  La  partie  postérieure 
et  supérieure  de  la  cloison  des  ventiicules,  et  la  portion  contiguë  de  la  paroi  du 
ventricule  gauche,  étaient  occupées  par  une  poche  arrondie,  du  volume  d'un  œuf 
de  canard,  ayant  des  parois  dures,  d'une  ligne  d'épaisseur,  et  faisant  saillie 
dans  les  cavités  du  ventricule  et  de  l'oreillette  droits.  La  poche  contenait  un 
liquide  brunâtre,  épais,  mêlé  avec  des  concrétions  fibrineuses  mollasses, 
ratatinées,  et  des  restes  gélatineux  d'acéphalooystes  (3).  » 

C,  —  Hydatides  libres  dans  les  cavités  du  cœur  et  des  vaisseaux,  provenant 
des  parois  du  cœur. 

Obs.  XVII  (G.  Budd). 

X. — a SarahSheppard,  âgée  de  vingt-trois  ans,  grasse  et  vermeille,  fut  reçue 
dans  King's  Collège  Hospital,  le  23  décembre  1857.  Depuis  neuf  mois,  elle 
travaillait  dans  les  modes,  auparavant  elle  était  domestique;  elle  rapporta 
que  quatre  ans  auparavant,  elie  avait  eu  une  pleurésie  et  une  inflammation 
des  reins;  depuis  lors,  elle  avait  gardé  de  la  toux  avec  de  la  dyspnée  et  des 
palpitations.  Il  y  a  deux  ans,  elle  eut  une  attaque  de  pleurésie,  à  la  suite  de 
laquelle  sa  santé  s'est  altérée  ;  la  toux  était  accompagnée  d'une  expectoration 
sanguinolente.  Neuf  jours  avant  son  admission  à  l'hôpital,  elle  prit  froid  et 
ses  jambes  s'enûèrenl. 

»  A  son  entrée  à  l'hôpital,  elle  avait  de  la  toux,  la  respiration  difficile,  les 
pieds  légèrement  œdémateux  ;  lorsqu'elle  était  couchée  elle  ne  souffrait  pas, 
mais  le  moindre  effort  occasionnait  une  dyspnée  considérable.  Elle  expecto- 

(1)  W.  II.  Walshe,  A  pract.  Treat.  on  ihe  diseases  of  the  lungs  and  heart, 
London,  1851,  p.  497. 

(2)  Walshe,  ouvr.  cit.,  p.  497. 

(3)  Rokitansky,  Palh.  anal,  translation  of  Sydenkam  Soc,  vol.  IV,  p,  208,  cité 
par  Budd.,  Mém.  infra  ciL 

Dwaine,  S6 


/|02  AFFECTIONS    VEKMINEUSES   DES  CA.VIÎÊS   SÉREUSES 

rait  des  crachats  muqueux  plus  ou  moins  opaques  el  striés  de  sang.  L'auscul- 
tation du  cœur  faisait  entendre  un  bruit  de  râpe  à  la  base  de  cet  organe,  se 
propageant  à  droite.  L'impulsion  n'était  pas  forte  et  le  pouls  était  petit  et 
faible;  la  langue  était  sale,  l'appétit  nul,  la  menstruation  régulière.  L'urine 
trouble,  avec  un  dépôt,  d'acide  urique  et  une  petite  quantité  d'albumine,  pe- 
sait 1020. 

o  Le  28  décembre,  il  fut  constaté  que  le  bruit  anormal  du  cœur  était  beau- 
coup moins  rude,  et  le  30  aucun  bruit  morbide  ne  fut  perçu  ;  depuis  ce  temps 
jusqu'à  la  mort  de  la  pauvre  femme,  quoique  j'aie  souvent  écouté  le  cœur,  je 
n'ai  jamais  entendu  aucun  bruit  morbide  de  cet  organe,  mais  le  médecin  ad- 
joint, qui  résidait  dans  l'hôpital  et  qui  l'examinait  plus  fréquemment,  me  dit 
qu'il  avait  parfois  entendu  un  léger  bruit  de  souffle. 

»  Depuis  le  23  décembre,  jour  de  l'admission,  jusqu'au  9  janvier,  il  n'y  eut 
aucun  changement  dans  l'état  de  la  malade;  la  toux  était  très  fatigante  et 
les  matières  expectorées  constamment  striées  de  sang.  Le  pouls  donnait  de 
90  à  100  pulsations  ;  le  nombre  des  inspirations  était  de  36  à  48  par  mi- 
nute ;  il  y  avait  delà  crépitation  dans  les  deux  poumons  en  arrière. 

»  Le  9  janvier,  la  malade  expectora  presque  la  moitié  d'une  pinte  de  sang 
mêlé  de  mucus,  et  pendant  quelques  jours,  le  pouls  et  les  inspirations  perdi- 
rent de  leur  fréquence,  la  toux  devint  moins  pénible  et  la  respiration  plus 
facile. 

»  Le  27  janvier,  nouveaux  crachements  de  sang,  mais  moins  abondants. 

»  Le  29,  elle  avait  conservé  sa  force  et  son  embonpoint  ;  depuis  lors  elle  est 
restée  dans  la  même  condition,  tourmentée  par  la  dyspnée  et  la  toux,  et  cra- 
chant du  mucus  strié  de  sang.  La  difficulté  de  respirer  variait  considérable- 
ment suivant  les  jours  :  du  26  janvier  au  9  février,  le  nombre  des  inspira- 
tions fut  de  30  à  48  ;  le  pouls,  constamment  petit,  variait  de  72  à  90. 

«  Le  1 9  février,  la  respiration  était  presque  pure  à  la  base  des  poumons, 
et  le  24,  la  malade  quitta  l'hôpital. 

»  Le  28  février,  elle  expectora  une  grande  quantité  de  sang;  la  difficulté 
de  respirer  s'étant  beaucoup  accrue,  elle  revint  à  l'hôpital  le  3  mars.  On 
trouva  un  bruit  respiratoire  rude  à  la  partie  supérieure  du  poumon  gauche  en 
avant  et  au  niveau  du  lobe  inférieur  du  poumon  droit  en  arrière. 

»  Le  14  mars,  l'œdème  des  jambes,  qui  avait  disparu  pendant  quelque 
temps,  était  revenu  ;  l'urine  ne  contenait  pas  d'albumine. 

»  Le  7  avril,  il  survint  un  mal  de  gorge,  et  un  ulcère  profond  se  forma  sur 
l'amygdale  gauche;  ce  mal  disparut  en  dix  ou  quinze  jours. 

»  Le  12,  la  malade  se  plaignit  beaucoup  de  douleurs  lancinantes  dans  le 
côté  gauche  de  la  poitrine;  depuis  lors,  elle  accusa  souvent  une  douleur  in- 
tense à  la  région  précordiale,  qui  était  mate  à  la  percussion  et  qui  paraissait 
agrandie,  mais  on  n'entendait  point  de  bruit  de  souffle  anormal.  L'impulsion 
du  cœur  était  passablement  forte  et  son  action  était  en  tout  régulière.  Les 
bruits  propres  à  la  bronchite  s'entendaient  à  la  partie  supérieure  du  poumon 
gauche  en  avant,  et  dans  les  deux  poumons  en  arrière,  mais  dans-aucun  point 


NATURELLES  OU   ADVENTiVES.    —   HYDATIDES.  Z|03 

de  la  poitrine  le  bruit  respiratoire  n'était  complètement  absent.  L'œdème  des 
jambes  augmenta  et  l'ascite  se  manifesta  ;  la  difficulté  de  la  respiration  devint 
par  moments  une  orthopnée  extrême;  le  visage,  qui  élait  uniformément  rouge, 
exprimait  une  grande  angoisse.  Les  jambes,  les  cuisses  et  l'abdomen  devin- 
rent enfin  extrêmement  enflés. 

»  Dans  l'après-midi  du  4  mai,  le  docteur  Duffin,  médecin  adjoint,  ayant  été 
appelé  près  de  cette  femme,  la  trouva  pâle,  faisant  à  de  longs  intervalles  des 
inspirations  profondes,  le  pouls  était  à  peine  perceptible  et  cinq  minutes  après 
elle  expira. 

»  Autopsie.  —  Les  deux  poumons  offraient  des  adhérences  pleurétiques  ;  le 
péricarde  contenait  environ  une  once  de  liquide  séreux  :  ses  parois  étaient 
unies  par  d'anciennes  adhérences  ;  le  cœur  avait  une  forme  irrégulière,  an- 
térieurement aplati  et  bombé  en  arrière.  Sa  forme  irrégulière  dépendait  d'une 
tumeur  hydatique  de  la  grosseur  d'une  orange,  située  dans  la  pointe  du  ven- 
tricule droit  et  faisant  saillie  dans  sa  cavité.  L'oreillette  et  le  ventricule  droits 
étaient  remplis  de  sang  coagulé;  les  cavités  gauches  étaient  vides  et  les  val- 
vules saines. 

»  Sous  l'une  des  valvules  tricuspides  existe  une  petite  hydatide  flasque  et 
libre  ;  dans  l'artère  pulmonaire,  immédiatement  au-dessus  des  valvules,  il 
s'en  trouve  une  autre  intacte,  ayant  plus  d'un  demi-pouce  de  diamètre,  et 
dans  le  tronc  de  cette  artère,  avant  sa  subdivision,  il  s'en  trouve  encore  quel- 
ques autres  plus  petites.  En  suivant  les  branches  de  l'artère  pulmonaire,  on 
découvre  quelques  amas  d'hydatides,  et  des  membranes  hydaliques  affaissées 
qui  avaient  en  diamètre  un  huitième  à  un  quart  de  pouce.  Ces  hydatides 
étaient  confinées  exclusivement  dans  le  poumon  gauche  et  en  particulier 
dans  le  lobe  supérieur.  On  n'en  trouva  qu'un  petit  amas  dans  le  centre  du 
poumon,  et  une  seule  hydatide  dans  le  lobe  inférieur.  Les  amas  d  hyda- 
tides étaient  enveloppés  d'une  couche  pâle  de  fibrine,  mais  non  d'une  poche 
organisée. 

»  Les  lobes  inférieurs  des  deux  poumons  étaient  ca.rnifiés,  mais  encore 
un  peu  crépitants  sous  les  doigts  Les  bronches  et  les  veines  pulmonaires 
ne  contenaient  pas  d'hydatides.  Tous  les  auties  organes  examinés  avec  soin 
étaient  sains. 

»  L'examen  de  l'une  des  petites  hydatides  trouvées  dans  l'artère  pulmo- 
naire y  montra  des  échinocoques  bien  formés. 

»  La  tumeur  située  au  sommet  du  cœur  était  remplie  d'hydatides,  et  il  était 
évident  que  les  vésicules  qui  furent  trouvées  dans  le  ventricule  droit  et  dans 
l'artère  pulmonaire  étaient  sorties  de  ce  kyste  (4).  » 

Obs.  XYTII  (Griesinger). 

XI.  —  «  Une  femme  de  trente-sept  ans  fut  frappée,  il  y  a  quelques  années, 
dans  une  rixe,  sur  la  région  précordiale  et  sur  la  tête;  depuis  elle  se  plaignit 

(1)  G.  Budd,  An  hydalid  Tumour  in  the  apex  of  the  eight  ventricle  of  Ihe 
heart,  etc.,  in  Médical  Times,  n°  420,  p.  54.  London,  1858. 


ftO'l  AFFECTIONS   VERMINf.USUS   DES   CAVITÉS  SEREUSES 

dé  céphalalgie  inlermitlento,  n'accusa  aucun  symptôme  du  côté  de  la  poitrine, 
môme  après  les  plus  grandes  fatigues.  Le  30  octobre  au  matin,  elle  se  plai- 
gnit pour  la  première  fois  d'un  sentiment  d'anxiété  et  d'oppression  sur  la 
poitrine  ;  une  demi-heure  après,  elle  fut  trouvée  morte  dans  son  lit. 

»  Autopsie. —  rorto  adhérence  de  la  dure-mère  avec  le  crâne;  sinus  gorgés 
de  sang  ;  celui-ci  très  fluide  dans  tout  le  corps  sans  traces  de  coagulation; 
cœur  en  apparence  sain  à  l'extérieur,  couvert  de  beaucoup  de  graisse  ;  ses 
dimensions,  ses  parois,  ses  cavités  à  l'état  normal.  La  cloison  ventriculaire, 
vue  par  la  face  droite  au-dessous  de  la  naissance  de  l'artère  pulmonaire,  pré- 
sente une  ouverture  irrégulière,  comme  rongée,  longue  de  trois  lignes,  et  une 
déchirure  parallèle  au  grand  diamètre  du  cœur  conduisant  dans  une  cavité 
qui  s'étend  presque  à  toute  la  cloison  ;  le  bord  supérieur  de  cette  cavité  n'est 
qu'un  renflement  transversal  au-dessous  de  l'orifice  pulmonaire;  le  bord  infé- 
rieur n'est  indiqué  que  par  un  faible  relief  qui  fait  saillie  dans  le  ventricule 
gauche.  La  cavité  pouvait  contenir  une  grande  noix,  elle  est  tapissée  d'une 
membrane  lisse,  blanche,  mate,  plissée  sur  les  fibres  musculaires  sous-jacenles 
dont  on  peut  facilement  la  détacher.  Un  sac  d'acéphalocystes,  ayant  la  môme 
dimension  que  la  cavité  de  la  cloison  interventriculaire,  s'est  trouvé  implanté 
dans  la  plèvre  gauche  en  arrière,  sur  le  diaphragme;  ses  parois  sont  dures 
et  épaisses,  et  ses  bords  renversés. 

■n  Cette  pièce,  envoyée  à  l'auteur  par  un  de  ses  amis,  M.  le  docteur  Fabre, 
est  très  curieuse,  car  il  ne  peut  guère  y  avoir  de  doute  que  l'espèce  de  cavité 
trouvée  dans  la  cloison  du  cœur  n'appartînt  à  une  acéphalocysle  qui  s'est 
rompue  vers  le  cœur  droit  et  qui  a  produit  ainsi  une  mort  subite  par  l'entrée 
des  vésicules  dans  l'artère  pulmonaire;  ce  qui  vient  confirmer  cette  opinion, 
c'est  que  parmi  les  détritus,  il  y  avait  des  fragments  de  vésicules  dont  les  bords 
avaient  de  la  tendance  à  se  rouler  (1).  » 

Obs.  XIX  (Rokitansky). 

XII . — «  Dans  la  collection  de  Vienne,  on  trouve  le  cœur  un  peu  hypertrophié 
d'une  fille,  âgée  de  vingt-trois  ans,  morte  subitement.  Dans  la  partie  supé- 
rieure de  la  cloison  des  ventricules  se  trouve  un  kyste  fibreux,  à  parois 
minces,  plus  grand  qu'un  œuf  de  poule.  Ce  kyste  proémine  dans  les  deux  ven- 
tricules, mais  surtout  dans  le  droit,  vers  le  cône  artériel  ;  il  a  tellement  com- 
primé les  muscles,  qu'il  se  trouve  presque  à  nu  ;  il  s'est  ouvert  dans  le  ventri- 
cule droit.  Une  vésicule  d'echinococcus  du  volume  du  kyste  lui-même  en  était 
sortie  ;  elle  avait  été  poussée  par  le  sang  dans  le  cône  artériel  et  l'artère  pul- 
monaire. Cette  vésicule  était  pleine  et  distendue  ;  elle  était  si  fortement  tassée 
dans  le  cône  artériel  et  le  tronc  de  l'artère  pulmonaire,  qu'elle  atteignait 
jusqu'à  la  branche  gauche  de  ce  vaisseau. 

»  Il  y  avait  trois  autres  tumeurs  hydatiques  dans  le  foie  (2).  » 

(1)  Docteur  Gricsinger,  Arch.  fur  physiol.  Heilkunds,  1846,  et  Gaz.  méd., 
Paris,  1846,  p.  862. 

(2)  Rokitansky,  Lehrbuchder  pa<h.  Anat.,  vol.  H,  p.  283, 


NATURELLES  OU   ÀDVEMlVES.    —  HÏDAT1DES,  /i05 

D.  —  Hydatides  ou  matières  d'un  kyste  hydatique  libres  dans  le  cœur  et  les 
vaisseaux  et  provenant  d'un  organe  étranger  au  système  circulatoire. 

Obs.  XX  (Pjobry).   —  Kysle  du  foie  ouvert  dans  la  veine  cave  infé- 
rieure. 

XIII.  —  «  Une  femme  septuagénaire  éprouve  tout  à  coup  les  symptômes  sui- 
vants :  perte  de  connaissance,  de  mouvement  et  de  sentiment  ;  Jes  extrémités 
supérieures  présentent  quelques  convulsions  et  de  la  contracture  ;  bientôt  la 
respiration  s'embarrasse,  le  râle  survient;  la  mort  a  lieu  deux  ou  troisheures 
après  les  premiers  accidents. 

»  La  nécropsie  montra  l'encéphale  et  la  moelle  de  l'épine  exempts  de  toute 
lésion.  Le  foie  avait  un  énorme  volume  ;  enlevé  avec  précaution  en  même  temps 
que  la  veine  cave  inférieure,  on  découvrit  sur  la  face  supérieure  et  sur  le 
bord  postérieur  du  foie  une  tumeur  de  quatre  pouces  de  diamètre,  sphéroïde, 
grisâtre,  présentant  sur  quelques  points  une  dureté  osseuse,  résonnant  aussi 
comme  un  os  par  la  percussion  médiate...  On  ouvrit  cette  tumeur  avec  pré- 
caution et  l'on  ne  tarda  pas  à  découvrir  qu'elle  s'était  ouverte  dans  la  veine 
cave  inférieure  ;  accolée  à  cette  veine,  elle  en  avait  ossifié  la  membrane  moyenne  ; 
on  ne  put  même  découvrir  la  tunique  interne  du  vaisseau,  ni  en  détacher  des 
lambeaux  de  la  paroi  indurée  de  la  tumeur;  seulement  la  surface  en  rapport 
avec  le  sang  était  lisse,  polie  ;  c'était  une  véritable  fracture  qui  s'était  faite 
dans  les  parois  veineuses  ossifiées  et  faisant  partie  de  l'enveloppe  du  kyste.  La 
solution  de  continuité  avait  un  demi-pouce  de  long,  était  rugueuse,  inégale, 
ossifiée  sur  les  bords  ;  des  concrétions  nombreuses  recouvraient  toute  la  sur- 
face en  rapport  avec  la  cavité  de  la  tumeur.  Le  fluide  dont  celle-ci  était  rem- 
plie présentait  l 'apparence  et  la  consistance  du  pus  ;  mais  quelques  portions  de 
kystes  hydalifères  (membranes  d'hydatides)  transparentes,  analogues  à  de  la 
gelée,  nageaient  dans  ce  fluide.  On  retrouva  une  substance  semblable  (la  ma- 
tière puriforme?)  dans  la  veine  cave  inférieure,  dans  le  cœur  droit,  dans  Var- 
tère  pulmonaire  et  dans  ses  divisions. 

j  Plusieurs  autres  kystes  contenant  des  hydatides  intactes  existaient  dans 
le  foie  (4).  » 

Obs.  XXI  (Lhonneur).  —  Kyste  hydatique  ouvert  dans  la  veine  cave 
inférieure. 

XIV. — «Un  homme  de  soixante  ans,  fort,  n.'ayant  jamais  été  malade,  n'ayant 
pas  eu  d'ictère  ni  reçu  de  coup  sur  l'hypochondre,  éprouva  dans  cette  région 
une  douleur  qu'il  attribuait  à  la  fatigue,  qui  fut  considérée  comme  une  névralgie 
intercostale,  et  traitée  par  une  application  de  ventouses  scarifiées.  Huit  jours 
après,  il  entra  à  l'hôpital.  On  fut  d'abord  frappé  du  volume  du  ventre.  Inter- 
rogé avec  soin,  le  malade  disait  avoir  senti  des  élancements  dans  l'hypo- 

(1)  Piorry,  Percussion  médiate,  2e  édit. ,  p.  169. 


/lOfi  AFFECTIONS   VBRM1NEUSÉS  DliS  CAVITÉS  SEREUSES 

chondre  droit  depuis  six  mois,  et  des  douleurs  abdominales  depuis  deux  mois 
surtout.  Par  la  percussion  et  la  palpalion,  on  constata  la  présence  d'une 
tumeur  mata,  descendant  à  G  centimètres  au-dessous  du  rebord  des  fausses 
côtes,  s'élevant  jusqu'à  la  quatrième  côte,  séparée,  par  un  petit  espace  sonore, 
de  la  raie  à  laquelle  touchait  son  extrémité  gauche,  se  confondant  plus  haut 
avec  la  matité  précordiale  ;  on  avant,  le  foie  semble  remonter  jusqu'à  la 
sixième  côte.  Le  malade  ne  gardait  pas  le  lit,  ses  fonctions  digestives  et  autres 
étaient  en  bon  état. 

»  Dans  la  nuit  du  2  juillet,  il  fut  pris  tout  à  coup  de  suffocation  et  de  nau- 
sées; appelé  auprès  de  lui,  l'interne  ne  trouva  plus  qu'un  cadavre;  la  face 
était  pâle,  les  lèvres  un  peu  bleuâtres. 

î  La  percussion,  faite  au  moment  àeV autopsie,  donna  une  matité  moins 
étendue  que  sur  le  vivant.  Le  ventre  étant  ouvert  et  le  foie  extrait,  on  trouva 
à  peine  un  peu  de  liquide  dans  le  péritoine,  et  la  surface  du  foie  flasque,  ridée, 
comme  grenue;  cependant  on  ne  voyait  aucune  rupture.  Après  avoir  pra- 
tiqué une  petite  incision  sur  la  poche  liquide,  on  y  poussa  de  l'air  et  de  l'eau, 
et  l'on  vit  ces  fluides  sortir  par  la  veine  cave  inférieure  qui  adhérait  au  foie. 
Une  dissection  attentive  démontra,  en  effet,  les  particularités  suivantes: 

»  1  "  Il  existait  vers  le  milieu  et  dans  la  partie  gauche  du  foie,  faisant  saillie 
6urlout  vers  la  face  interne  de  l'organe,  un  kyste  hydatique  ayant  le  volume 
d'une  tête  d'adulte,  adhérant  au  rein  droit  et  renfermant,  outre  un  liquide 
transparent,  quelques  caillots  sanguins  mous  et  faciles  à  enlever  par  un  jet 
d'eau.  Les  parois  de  cette  poche  sont  constituées  par  une  couche  blanche 
d'apparence  albumineuse,  friable,  dont  quelques  lambeaux  flottent  sous  forme 
de  feuillets  légèrement  enroulés  dans  l'intérieur  du  kyste. 

n  2"  Vers  la  partie  inférieure  du  lobe  de  Spiegel,  la  veine  cave  offrait  une 
déchirure  irrégulière  de  2  centimètres  de  longueur,  déchirure  qui  s'est  faite 
sur  une  surface  ulcérée,  érodée.  La  face  interne  de  ce  vaisseau,  au-dessous 
de  cette  solution  de  continuité,  présentait,  dans  une  longueur  de  5  centimè- 
tres environ,  des  plaques  grisâtres,  athéromaieuses. 

»  3°  Enfin,  il  y  avait  quelques  fausses  membranes  récentes,  et  une  injec- 
tion arbor^ée  de  plusieurs  anses  intestinales.  L'aorte  était  saine,  ainsi  que  le 
cœur  qui  était  vide  de  sang  et  de  caillots  (1  ).  » 


CHAPITRE   II. 

HYDÀTIDES   DU   PÉRICARDE. 

Nous  rapporterons  les  observations  qui  font  le  sujet  de  ce  cha- 
pitre dans  l'ordre  suivant  :  1°  hydatides  développées  dans  la  cavité 

(1)  Lhonneur,  Bull.  Soc.  anal.,  ann.  XXX,   Paris,  1855,  7  juillet,  et  Hérard, 
Union  médicale,  1S55,  18  septembre. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  407 

ou  dans  la  paroi  du  péricarde  ;   2"  bydatides   arrivées  accidentelle- 
ment dans  cette  cavité. 

A.  —  Hydatides  développées  dans  la  cavité  ou  dans  les  membranes  du  péricarde. 

Obs.  XXII  (Docteur  Habebshon). 

I. — «S.  H.. .,  âgée  de  seize  ans,  fut  admise  à  Guy' s  Hospilal,  le  12  avril  1854, 
dans  le  service  du  docteur  Barlow  ;  elle  avait  eu  un  rhumalisme  pendant 
l'année  qui  a  précédé  son  admission  ,  elle  souffrait  actuellement  de  dyspnée 
et  de  phénomènes  ressemblant  à  ceux  qui  résultent  d'une  affection  des  val- 
vules ;  les  bruits  du  cœur  étaient  sourds  ;  elle  mourut  le  28  avril. 

»  L'autopsie  fut  faite  vingt-trois  heures  après  la  mort.  La  puberté  n'était 
pas  complèle.  Il  y  avait  une  congestion  veineuse  considérable  de  la  face  et 
du  cou,  un  œdème  des  membres  inférieurs,  e\r  à  un  moindre  degré,  des  mem- 
bres supérieurs;  il  existait  d'anciennes  adhérences  pleuréliques  dans  les  deux 
côtés  de  la  poitrine,  une  congestion  plus  ou  moins  marquée  de  la  trachée,  des 
bronches  et  de  plusieurs  lobules  pulmonaires. 

»  Le  péricarde  était  généralement  adhérent  ;  en  avant,  il  offrait  une  proé- 
minence considérable  qui  faisait  sur  le  reste  de  la  surface  une  saillie  d'un 
demi-pouce,  et  qui  occupait  un  espace  de  deux  pouces  et  demi  dans  un  sens, 
et  d'un  pouce  dans  l'autre;  il  contenait  environ  deux  onces  d'un  pus  épais 
(matière  alhéromateuse)  ;  ce  liquide  élait  entouré  d'une  membrane  assez 
épaisse  et  contenait  de  nombreuses  vésicules  qui  variaient  beaucoup  en  vo- 
lume. Les  plus  grandes  avaient  environ  un  demi-pouce  de  diamètre;  elles 
contenaient  de  petites  vésicules  secondaires  adhérentes  à  leur  paroi  interne, 
et  qui  avaient  de  une  à  deux  lignes  de  diamètre.  Ces  vésicules  étaient  demi- 
gélatineuses,  élastiques,  et  formées  de  couches  nombreuses,  parallèles,  homo- 
gènes dans  quelques  parties  et  couvertes  par  leur  face  interne  d'une  matière 
granulaire.  On  ne  trouva  ni  cysticerques,  ni  échinocoques.  L'oreillette  et  le 
ventricule  droits  étaient  pressés  par  cette  poche  qui  se  projetait  entre  les 
deux  cavités;  le  cœur  tout  entier  était  agrandi  et  ses  cavités  étaient  disten- 
dues par  un  caillot,  noirâtre. 

»  Les  diverses  parties  du  cœur  offraient  des  lésions  peu  importantes  et  dont 
la  relation  avec  le  kyste  hydatique  n'est  pas  très  évidente;  les  autres  or- 
ganes ne  présentaient   rien  de  particulier   à  noter  (1).  » 

Obs.  XXIII.  —(...?). 

II.  —  D'après  Laennec,  une  observation  d'hydalides  développées  dans  les 
duplicatures  du  péricarde  se  trouve  dans  la  Bibliothèque  germanique  (2). 

(1)  Docteur  Habershon,  Hydatids  in  the  pericardium  (Transact  of  the  pathol. 
Society  of  London,  1S55,  t.  VI,  p.  108). 

(2)  Bibliothèque  germanique,  t.  IV,  citée  par  Laennec,  mém.  cit.,  p.  114. 


^08  AFFECTIONS  VEBMlNEUSES   UÉ3  CAVITÉS  SÊRÈtfsBS 

li.  —  Hydatides  arrivées  accidentellement  dans  la  cavité  du  péricarde. 

OlIS.  XXIV  (ClIAUSSIEIt). 

III. —  «  M  Chaussicr  met  sous  les  yeux  des  membres  de  la  Société  (Faculté 
de  médecine)  une  pièce  d'analomie  pathologique  sur  laquelle  il  donne  verbale- 
ment quelques  détails.  Une  femme  mourut  presque  subitement;  on  trouva, 
en  ouvra  ni  son  cadavre,  le  péricarde  énormément  distendu  et  rempli  d'un  véri- 
table pus,  sans  que  la  surface  du  cœur  offrît  de  traces  d'inflammation.  En 
examinant  la  partie  inférieure  du  péricarde,  on  découvrit  une  perforation  qui, 
traversant  le  diaphragme,  conduisait  dans  un  kyste  ou  abcès  rempli  d'hyda- 
tides,  et  situé  entre  le  foie  et  le  diaphragme.  M.  Chaussier  se  propose  d'écrire 
l'observation  dont  il  vienl  d'entretenir  la  Société  (I).  » 

OliS.  XXV  (Aubert). 

IV. — «  Il  s'agit  d'un  homme  âgé  de  trente-neuf  ans,  malade  depuis  trois  ans, 
qui  éprouvait  une  douleur  sourde  dans  le  côté  droit  de  la  poitrine  avec  toux  et 
.  dyspnée  ;  le  côté  droit,  inférieumnent,  était  plus  développé  que  le  gauche,  les 
espaces  intercostaux  étaient  élargis;  dans  celte  région,  la  percussion  donnait 
un  son  mat,  et  l'auscultation  l'absence  de  bruit  respiratoire.  Le  cœur  était 
déplacé.  Après  une  nuit  d'anxiété  extrême,  avec  battements  du  cœur  tumul- 
tueux, douleurs  précordiales,  etc.,  le  malade  mourut. 

Autopsie.  —  »  En  divisant  les  cartilages  costaux  à  gauche,  le  bistouri  pé- 
nètre dans  la  cavité  du  péricarde,  d'où  il  s'écoule  une  assez  grande  quantité 
de  sérosité  inodore,  citrine  et  tout  à  fait  limpide  Le  péricarde  conserve  sa 
couleur,  son  épaisseur  et  sa  transparence  naturelles.  Dans  le  côté  droit  du 
thorax,  entre  le  diaphragme,  le  poumon  et  le  cœur  con^dérablement  déjeté  à 
gauche,  il  existe  une  hydatide  de  la  grosseur  de  la  tête  d'un  enfant  d'un  an. 
Les  parois  de  cette  vaste  poche  ont  environ  une  ligne  d'épaisseur;  elles  sont 
homogènes,  d'un  blanc  laiteux,  fragiles  et  résultent  de  la  juxtaposition  de 
plusieurs  feuillets  très  minces  (il  s'agit  probablement  ici  de  l'hydatide  ren- 
fermée dans  le  kyste).  Le  liquide  que  cette  poche  contient  est  limpide,  et  en 
tout  semblable  à  celui  qui  se  trouvait  dans  le  péricarde.  La  cavité  du  kyste 
hydalique  (2)  communique  avec  le  péricarde  au  moyen  d'une  ouverture  toute 

(1)  Bull,  de  la  Faculté  de  médecine,  ann.  1811,  n°  5,  t.  II,  p.  08,  cité  par  Cadet 
de  Gassicourt,  Thèse  infrà  cit. 

(2)  On  peut  juger  ici  que  l'expression  de  poche,  employée  antérieurement,  s'ap- 
plique à  la  vésicule  hydatique.  Beaucoup  d'auteurs,  en  se  servant  d'expressions 
mal  définies,  rendent  leurs  observations  tout  à  fait  inintelligibles.  On  voit  souvent 
l'expression  de  poche  appliquée  aussi  bien  à  la  vésicule  hydatique  qu'au  kyste,  et 
même  il  n'est  pas  rare  de  trouver  l'expression  de  kyste  appliquée  à  la  vésicule  hyda- 
tique (voy.  p.  375,  Fréteau;  l'obs.  20  et  l'obs.  29).  Il  est  quelquefois  impossible 
alors,  même  par  une  lecture  très  attentive,  de  savoir  de  quoi  les  auteurs  ont  parlé. 
Nous  croyons  qu'il  serait  importaut  de  n'appliquer  à  l'hydatide  que  l'expressiou  de 
vésicule,  et  de  garder  le  mot  poche  comme  synonyme  de  kyste. 


NATURELLES  OU  ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  ftOÔ 

récente,  étroite,  longue  de  quatre  lignes  et  située  derrière  l'oreillette  droite, 
au-devant  de  la  veine  cave  inférieure.  Cette  ouverture  permet  au  liquide 
contenu  dans  l'hydatide  de  passer  librement  dans  la  cavité  du  péricarde  (1  ).  » 

V.  —  Nous  avons  vu,  dans  l'observation  X,  une  hydatide  sur  le  point  de 
pénétrer  dans  la  cavité  du  péricarde  à  travers  une  ouverture  qui  faisait  com- 
muniquer cette  dernière  cavité  avec  celle  d'un  kyste  hydatique  du  foie. 


TROISIEME  SECTION. 

HYDATIDES   EN    RAPPORT   AVEC    LES    ORGANES    RESPIRATOIRES. 

Les  hydatides  en  rapport  avec  les  organes  de  la  respiration  se 
sont  développées  dans  la  cavité  thoracique  même,  ou  bien,  déve- 
loppées primitivement  dans  l'abdomen,  elles  ont  envahi  la  cavité 
du  thorax  par  suite  du  grand  volume  qu'elles  ont  acquis. 


CHAPITRE  PREMIEK. 

HYDATIDES   DÉVELOPPÉES   PRIMITIVEMENT   DANS   LA   CAVITÉ    THORACIQUE. 

§  I.  —  Les  hydatides  développées  dans  la  poitrine  ne  sont  pas 
très  communes  :  M.  Andral  rapporte  que  sur  six  mille  malades  en- 
viron, reçus  dans  les  salles  de  Lerminier  dans  l'espace  de  six  ans, 
cinq  seulement  étaient  atteints  de  cette  affection  (2). 

§  II. — C'est  ordinairement  dans  le  parenchyme  pulmonaire  que  les 
hydatides  existent.  Nous  avons  rapporté  une  observation  de  laquelle  il 
est  permis  de  conclure  que  ces  entozoaires  se  développent  quelque- 
fois dans  la  cavité  de  la  plèvre  (voy.  obs.  I).  L'inspection  nécros- 
copique  n'a  pas  laissé  de  doute  sur  ce  point.  Les  faits  observés  pen- 
dant la  vie  du  malade  seraient  loin  de  donner  quelque  certitude  à 
l'égard  du  siège  du  ver  vésiculaire;  il  est  impossible,  en  effet,  de  re- 
connaître sur  l'homme  vivant  si  le  siège  d'une  hydatide  est  dans  la 

(1)  Alibert,  Journ.  hebdom.  de  méd.,  Paris,  1829,  t.  II,  p.  264,  et  Bouill.iud, 
Traité  des  maladies  ducœur,  Paris,  1841,  t.  II,  p.  468. 

(2)  G.  Andral,  Clinique  médicale.  Paris,  1829,  t.  II,  p.  406. 


AtO  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DBS  CAVITÉS  SÉREUSES 

cavité  pleurale  même  ou  dans  les  tissus  voisins,  car,  le  plus  souvent, 
entre  la  paroi  de  la  poitrine  et  le  ver  il  ne  reste,  du  tissu  pulmonaire 
atrophié,  qu'une  laine  extrêmement  amincie  et  tout  à  fait  imper- 
méable à  l'air.  M.  Cruveilhier  rapporte  un  cas  d'hyilatide  dans 
lequel  «  la  plèvre  pulmonaire  soulevée  avait  été,  en  quelque  sorte, 
disséquée  par  l'entozoaire  pour  constituer  la  plus  grande  partie  de 
sa  cavité  de  réception.  Cette  plèvre  pulmonaire  était  tellement  adhé- 
rente à  la  plèvre  costale,  qu'elle  s'est  rompue  lorsqu'on  a  voulu  dé- 
tacher le  poumon,  et  que  l'acéphalocyste  est  tombée  dans  la  cavité 
pleurale  (1).  ■■ 

Dans  un  cas  observé  par  Geoffroy  et  Dupuytren,  deux  kystes 
énormes  paraissaient  avoir  leur  siège  dans  les  plèvres,  mais  proba- 
blement, comme  dans  le  fait  que  nous  venons  de  citer,  les.hydatides 
existaient  dans  le  poumon  même;  en  prenant  de  l'accroissement,  elles 
avaient  refoulé  cet  organe  en  dedans  et  la  plèvre  en  dehors.  Voici  le 
sommaire  de  ce  fait  : 

Obs.  XXVI  (Geoffroy  et  Dupuytren). 

Jeune  homme  ;  à  18  ans,  pneumonie;  à  24  ans,  rhumes  opiniâtres,  dou- 
leurs fréquentes  dans  le  côté  gauche.  En  1800,  ictère  qui  dure  trois  mois; 
fragments  de  ténia  par  les  selles;  quelque  temps  après,  toux  sèche  et  yio- 
lente  ;  tumeur  dans  l'hypochondre  droit.  En  1803,  amaigrissement,  la  tumeur 
est  énorme,  dure,  lisse,  un  peu  mobile;  battements  du  cœur  dans  la  région 
épigastrique,  étouffement  continuel  ;  les  autres  fonctions  assez  régulières.  En 
1804,  suffocations  fréquentes  et  mort  dans  un  accès. 

Autopsie  faite  par  Dupuytren  et  Geoffroy.  Kyste  dans  le  lobe  gauche  du 
foie,  contenant  un  liquide  brun  et  beaucoup  d'hydatides.  —  Un  kyste  volumi- 
neux dans  chaque  plèvre,  étendus  l'un  et  l'autre  depuis  le  sommet  de  la  poi- 
trine jusqu'au  diaphragme,  adhérents  aux  côles  et  à  la  totalité  du  médiastin  ; 
constitués  par  une  membrane  mince,  fibreuse,  blanche;  contenant  l'un  et 
l'autre  une  hydatide  solitaire  énorme  qui  remplissait  exactement  leur  cavité. 
Chacune  de  ces  hydatides  contenait  un  liquide  limpide  évalué  à  cinq  pintes  et 
demie  (pour  chacune).  —  Le  cœur  était  repoussé  en  bas  dans  la  partie  supé- 
rieure de  l'épigastre  ;  les  poumons  comprimés,  aplatis  et  réduits  à  un  feuillet 
très  mince,  étaient  refoulés  vers  la  partie  antérieure  de  la  poitrine,  derrière 
les  cartilages  des  côtes  (2). 

"  Il  me  paraît  probable,  dit  Laennec  à  propos  de  ce  fait,  que  ces 

(1)  Cruveilhier,  Anal,  palholog.  générale.  Paris,  1856,  t.  III,  p.  545. 

(2)  Bulletin  de  l'École  de  médecine,  1805,  an  XIII,  u"  12.  —  Laennec,  Traité  de 
l'auscultation,  t.  II,  p.  196.  — Cruveilhier,  article  Acéphalocystes,  p.  245.  — 
Dupuytren,  Leçons  orales,  t.  III,  p.  375. 


NATURELLES   OU   ADVENTICES.    —   HYDATIDES.  Ml 

kystes  s'étaient  développés  primitivement  dans  le  poumon,  et  qu'en 
se  développant,  ils  se  sont  portés  à  sa  partie  externe  et  l'ont  refoulé 
contre  le  médiastin.  »  Suivant  nous,  c'est  par  un  développement 
analogue  que,  dans  presque  tous  les  autres  cas  connus,  on  doit  expli- 
quer l'existence  d'une  poche  hydatique  en  rapport  avec  la  plèvre; 
en  effet,  la  mention  de  l'existence  d'un  kyste  dans  la  plupart  des 
observations  que  rapportent  les  auteurs,  ne  permet  pas  de  penser 
que  les  vers  vésiculaires  se  soient  développés  dans  la  cavité  pleurale 
même. 

§  III.  —  Il  serait  encore  impossible  de  déterminer  pendant  la 
vie  le  siège  d'hydatides  développées  entre  la  plèvre  et  les  côtes  ou 
dans  le  médiastin  ;  ces  cas,  au  reste,  sont  très  rares. 

Obs.  XXVII  (Cayol).  —  Hydalide  sous  la  plèvre  costale. 

«  M.  Cayol,  dit  Laennec,  a  présenté  depuis  à  la  Société  de  la  Faculté  de 
médecine  une  observation  à  peu  près  semblable  à  celle  de  M.  Geoffroy,  mais 
elle  n'a  point  encore  été  publiée.  Dans  le  cas  observé  par  M.  Cayol,  le  kyste 
hydatique  était  situé  entre  la  plèvre  et  les  côtes  (1).  » 

Obs.  XXVIII  (Docteur  Simon).  —    Hydalide    dans  le   médiastin  anté- 
rieur . 

Il  s'agit  d'une  femme,  âgée  de  trente-quatre  ans,  qui  commença  à  ressentir, 
en  4  837,  de  la  gêne  dans  la  respiration.  En  1  839,  il  survint  tout  à  coup  une 
oppression  extrême  que  rien  ne  put  calmer,  et  la  malade  mourut  au  bout  de 
quarante-huit  heures,  dans  un  état  de  véritable  asphyxie. 

A  Vaulopsie,  le  larynx,  la  trachée- artère  n'offraient  qu'une  légère  injection 
de  la  membrane  muqueuse  et  un  liquide  spumeux  abondant.  Une  vaste  poche 
était  placée  entre  les  deux  poumons;  elle  contenait  une  grande  quantité  d'hy- 
datides ;  cette  poche  était  ouverte  et  une  partie  des  hydatides  était  répandue 
dans  la  cavité  thoracique,  mais  l'auteur  attribue  ce  fait  à  un  accident  de 
l'autopsie  (2). 

Nous  avons  vu  déjà  un  kyste  hydatique,  dont  le  siège  primitif  a 
sans  doute  été  le  médiastin,  produisant  des  phénomènes  analogues  et 
s'ouvrant  spontanément  clans  la  cavité  du  péricarde  (voy.  obs.  XXV). 
Lorsque  les  hydatides  développées  dans  le  médiastin  ne  forment 
pas  une  tumeur  extrêmement  volumineuse,  elles  n'occasionnent  point 

(1)  Laennec,  ouvr.cit.,  t.  II,  p.  200. 

(2)  Docteur  Maximilien  Simcm,  Journ.  des  connaissances  médic.-chirurg.,  1840, 
p.  194. 


/il  2  AFFECTIONS   VliRMlNIiUSIÏS  DF.S  CAVITÉS   SÉUEUSIiS 

d'accidents  et  restent  ignorées.  Nous  rapporterons  le  cas  d'un  homme, 
îriort  avec  un  grand  nombre  de  kystes  volumineux  dont  l'un  occu- 
pait le  médiastin  en  avant  du  péricarde;  l'existence  de  ce  kyste  n'a 
été  révélée  que  par  l'autopsie  (1). 

§  IV.  —  Les  hydatides  du  poumon  existent  ordinairement  dans 
le  lobe  inférieur  et  surtout  dans  le  droit,  on  ne  possède  qu'un  petit 
nombre  d'exemples  de  kystes  développés  dans  le  lobe  supérieur  ou 
moyen. 

Ous.  XXIX  (Sonnié-Moret).  —  Hydalide  du   lobe  supérieur  des  pou- 
mons. 

11  s'agit  d'une  jeune  fille,  âgée  de  onze  ans,  qui  entra  le  25  février  I  832  à 
l'hôpital  des  Enfants.  «  Elle  se  plaignait  d'éprouver  depuis  plusieurs  jours 
dans  la  fosse  sous-épineu?e  droite  une  douleur  qu'exaspéraient  la  toux  et  les 
fortes  inspirations.  La  toux  était  d'ailleurs  peu  intense  et  sans  expectoration  ; 
la  respiration,  un  peu  plus  accélérée  que  dans  l'état  normal,  s'entendait  dans 
toute  l'étendue  des  deux  poumons  sans  aucun  bruit  particulier;  la  soif  était 
assez  vive;  inappétence;  paroxysme  fébrile  le  soir...  L'auscultation  pratiquée 
à  cette  époque  (5  mars)  fit  reconnaître  du  retentissement  de  la  voix  dans  le 
lieu  déjà  indiqué;  ce  symptôme  ne  fit  que  s'accroître  jusqu'à  la  sortie  de  la 
malade  qui  eut  lieu  le  4  7  mars. 

i>  Le  31  du  même  mois,  elle  revint  à  l'hôpital:  la  face  était  pâle,  le  corps 
émacié  ;  une  diarrhée  abondante  était  survenue  ;  il  y  avait  des  sueurs  nocturnes, 
et,  quoique  les  crachats  fussent  simplement  muqueux  et  les  signes  locaux  peu 
caractéristiques,  on  crut  à  l'existence  d'une  phthisie  tuberculeuse.  » 

Le  3  avril,  invasion  du  choléra-morbus  ;  mort  le  6. 

Autopsie...  «  Le  lobe  supérieur  du  poumon  droit  présente  des  adhérences 
constituées  par  des  fausses  membranes  assez  épaisses.  Une  incision,  faite  sur 
la  paroi  postérieure  de  ce  lobe,  donna  aussitôt  issue  à  un  flot  de  matière  séro- 
purulente  et  à  une  masse  globuleuse  blanchâtre,  d'apparence  pseudo-mem- 
braneuse, élastique  et  tremblotante,  qui  fut  bientôt  reconnue  pour  un  kyste 
hydatique.  Ce  sac  avait  été  ouvert  par  la  première  incision,  de  manière  que 
le  liquide  qu'il  contenait  s'était  presque  entièrement  écoulé.  Le  peu  qui  res- 
tait était  d'une  couleur  citrine  et  légèrement  opaque,  il  n'y  avait  pas  de  vési- 
cules hydatiques.  L'épaisseur  du  kyste  est  d'environ  une  ligne;  il  paraît  formé 
de  plusieurs  couches  superposées,  il  est  absolument  analogue  à  de  l'albumine 
concrétée  par  la  chaleur.  Les  couches  intérieures  sont  plus  molles,  légère- 
ment jaunâtres  ;  la  surface  extérieure,  dans  l'état  de  vacuité,  est  ridée  et 
comme  chagrinée. 

»  Une  vaste  caverne,  occupant  tout  le  lobe  supérieur  droit,  loge  l'acéphalo- 
cyste.  Les  parois  de  cette  caverne  sont  très  minces  en  dehors,  et  ne  paraissent 

(1)  Voy.  Hyd,  de  l'abdom.,  observ.  Cil,  de  Richter. 


NATURELLES  OU    ADVENTiVCS.    —   HYDATIDES.  413 

constituées  là  que  par  la  plèvre  seule  renforcée  par  les  fausses  membranes. 
Dans  le  reste  de  leur  étendue,  elles  sont  formées  par  le  tissu  pulmonaire  re- 
foulé et  densifié  de  telle  sorti?  qu'une  portion  de  ce  tissu,  jelé  dans  l'eau,  se 
précipite  au  fond.  Dans  l'intérieur  de  la  caverne  on  trouve  une  certaine  quan- 
tité de  pus  analogue  à  celui  que  contiennent  les  cavernes  tuberculeuses.  Cette 
cavité  est  tapissée  par  une  fausse  membrane  épaisse,  formant  des  sortes  de 
colonnes,  et  d'organisation  déjà  ancienne.  A  la  surface  de  la  pseudo-membrane 
vient,  aboutir  le  gros  tuyau  bronchique  du  lobe  supérieur,  qui  pouvait  ainsi 
transmettre  au  dehors  la  matière  contenue  dans  la  caverne  (1).  » 

Obs.  XXX  (Séguin).  —  Lobe  supérieur  du  poumon.  Hydatides  du  foie. 

Il  s'agit  d'une  jeune  fille  qui  avait  trois  kystes  hydatiques  dans  le  foie,  un 
dans  le  cerveau  et  un  au  sommet  du  poumon  droit  (2). 

Obs.  XXXI  (Trochon).  —  Lobe  supérieur  du  poumon.  Hydatides  du  fuie. 
«  M.  Trochon  fait  voir  des  hydatides  trouvées  dans  le  poumon  d'une  femme 
de  soixante  ans,  journalière,  qui  fut  traitée  dans  les  derniers  temps  de  sa  vie 
pour  une  double  pneumonie  et  sur  les  antécédents  de  laquelle  on  manquait  de 
renseignements.  On  trouva  les  deux  poumons  criblés  de  petits  abcès,  ou,  sui- 
vant d'autres  personnes,  de  tubercules  ramollis  ;  en  outre  le  poumon  droit  con- 
tenait, au  centre  de  son  lobe  supérieur,  un  kyste  renfermant  des  hydatides  au 
nombre  de  trois,  dont  une  du  volume  d'un  œuf  de  pigeon.  Une  semblable  alté- 
ration se  montrait  aussi  dans  le  lobe  droit  du  foie  (3).  » 

Obs.  XXXII  (Aobré).  —  Lobe  supérieur  du  poumon  gauche,  inférieur  et 
moyen  du  poumon  droit. 

Le  malade,  Agé  de  dix-sept  ans,  avait  été  jugé  atteint  d'une  phthisie  pul- 
monaire ;  il  avait  eu  de  la  toux  pendant  plusieurs  mois,  des  hémoptysies,  des 
sueurs  nocturnes,  etc. 

«  Le  4 er  juillet  1854,  il  fut  pris  de  frisson,  de  fièvre  et  d'une  vive  douleur 
dans  le  côté  droit;  cinq  jours  après,  il  entre  à  l'hôpital:  expectoration  de 
matières  mucoso-purulentes,  blanchâtres,  comparables  à  du  mastic  délayé 
dans  de  l'eau.  A  l'auscultation,  diminution  du  bruit  respiratoire  dans  tout  le 
côté  gauche;  à  droite,  gros  râles  muqueux,  caverneux  à  la  base;  au  sommet, 
respiration  faible;  vers  la  racine  du  poumon  droit,  un  peu  d'égophonie.  Épan- 
chemenl  pleurélique  léger.  La  fièvre  persiste,  1  1 2  pulsations  ;  le  malade,  après 
quelques  alternatives  d'amélioration  et  d'aggravation,  succombe  le  19  juillet. 

»  A  l'autopsie,  on  ne  trouve  dans  les  poumons  nulle  trace  de  tubercules.  Un 
peu  de  pleurésie  avec  fausses  membranes,  et  une  pelite  quantité  de  liquide  à 
droite.  Dans  chacun  des  poumons,  on  rencontre  un  vaste  kyste  hydatique ;  à 
gauche,  la  cavité  admettrait  au  moins  le  poing  ;  à  droite,  il  est  un  peu  moins 

(1)  Sonnié-Moret,  Bull.  Soc.  atiat.,  183G,  3e  série,  t.  II,  p.  36. 

(2)  Voyez  ci-après,  liv.  II,  part.  I,  Cas  d'hydatides  du  cerveau, 

(3)  Trochon,  Bull.  Soc.  anal.,  1840,  ann.  XV,  p.  211. 


I\ÏU  AFFECTIONS  VKRMINEUSËS    DES   CAVITES  SÉREUSES 

étendu.  Dans  le  poumon  droit,  il  occupe  à  la  fois  les  deux  lobes  inférieurs,  et 
s'étend  jusqu'à  la  plèvre  diaphragmalique  ;  dans  le  poumon  gauche,  le  kyste 
occupe  tout  le  lobe  supérieur  et  empiète  légèrement  sur  l'inférieur.  Des  deux 
côtés,  il  existe  des  orifices  de  communication  enlre  les  bronches  et  la  cavité  acci- 
dentelle. Une  matière  purulente,  mêlée  à  des  débris  d'hydatides,  remplissait  en 
partie  les  cavités.  Le  kyste  a  pu  être  détaché  presque  en  entier;  il  présente 
les  caractères  ordinaires  de  ces  sortes  de  produits  morbides  (1).  » 

Obs.  XXXIII  (Pillon).  —  Lobe  supérieur  du  poumon  droit. 

Il  s'agit  d'un  homme  âgé  de  vingt-huit  ans,  qui  entra  à  l'hôpital  Saint- 
Antoine  le  4  février  1856,  et  chez  lequel  on  crut  reconnaître  un  épanchement 
pleurétique;  cet  homme  mourut  après  avoir  eu  des  crachats  purulents,  et 
avec  un  œdème  général. 

A  l'autopsie,  on  trouva  le  poumon  gauche  adhérent  à  la  paroi  thoracique-, 
sa  base  était  réunie  au  diaphragme  par  des  adhérences  difficiles  à  détruire  ; 
son  volume  était  considérable  ;  il  donnait  à  la  main  la  sensation  d'une  vaste 
poche  à  parois  minces  et  complètement  remplie  d'un  liquide  ;  ce  liquide  était 
du  sang  récemment  coagulé,  dont  la  quantité  pouvait  remplir  les  deux  mains 
rapprochées.  Cinq  ou  six  débris  d'une  hydatide  rompue  nageaient  dans  ce 
sang.  Tout  le  poumon,  à  l'exception  d'une  petite  partie  de  son  bord  anté- 
rieur, était  réduit  à  l'état  d'une  poche  d'une  capacité  d'un  litre  au  moins  et 
dont  les  parois  fibro-celluleuses  avaient  un  demi-millimètre  d'épaisseur.  Cette 
poche  communiquait  avec  la  première  division  supérieure  de  la  bronche 
gauche.  Le  poumon  droit  était  sain.  Pas  d'hydatides  dans  le  foie.  Le  kyste 
fut  jugé  s'être  développé  dans  le  lobe  supérieur  du  poumon  (2). 

Ces  cinq  cas  et  celui  d'hydatides  dans  les  veines  pulmonaires 
observé  par  M.  Andral,  sont  les  seuls  que  nous  connaissions  qui  ne 
concernent  pas  des  kystes  du  lobe  inférieur. 

§  V.  —  Il  est  rare  de  rencontrer  deux  kystes  dans  un  même  pou- 
mon, les  cas  d'un  kyste  dans  l'un  et  l'autre  poumon  sont  plus  com- 
muns. Souvent,  en  même  temps  qu'il  existe  des  hydatides  dans  la 
poitrine,  il  en  existe  dans  le  foie. 

Maloët  rapporte  le  cas  d'un  soldat  invalide,  clans  le  cadavre 
duquel  on  trouva  trois  kystes  volumineux  ;  ces  kystes  avaient  deux 
enveloppes  ;  ils  étaient  formés  par  couches  qui  se  séparaient  facile- 
ment avec  les  doigts.  L'un  existait  dans  le  foie  et  les  deux  autres  dans 

(1)  Aubré,  Bull  Soc.  anal.  Paris,  1854,  p.  241. 

(2)  A.  Pillon,  Kyste  hydalique  du  poumon  gauche  (lobe  supérieur),  suppuration, 
vomique,  hémori hagie  interne  (Bull.  Soc.  anal.,  ann.  XXXI,  p.  309,  Paris,  1856), 
et  Moutard-Martin,  Gaz,  des  hôp.,  1856,  p.  50i. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVËS.    —  HYMTIDES.  /jl5 

les  deux  poumons.  Le  liquide  contenu  dans  le  premier  était  jaune 
mêlé  de  vert,  il  était  plus  pur  dans  les  deux  autres  (1).  Quoique 
Maloët  ne  parle  point  d'hydatides,  m  coexislence  de  kystes  dans  les 
poumons  et  dans  le  foie,  la  constitution  de  leurs  parois,  ne  peuvent 
laisser  de  doute  sur  leur  nature  :  ils  appartenaient  aux  hydatides; 
leur  volume  en  est  une  autre  preuve,  car  nous  ne  pensons  pas  qu'un 
kyste  séreux  du  foie  ou  du  poumon  atteigne  jamais  le  volume  d'un 
kyste  hydatique  même  de  dimension  moyenne. 

§  VI.  — Dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  le  kyste  intra-thora- 
cique  contient  une  hydatide  solitaire  qui  en  occupe  toute  la  capacité. 
Ce  kyste  a  des  parois  minces  et  lisses,  à  moins  qu'd  n'ait  subi  quelque 
transformation  ;  il  est  quelquefois  énorme,  et  occupe  tout  un  côté  de 
la  cavité  thoracique:  alors,  la  poitrine  ou  le  côté  affecté  est  agrandi 
très  notablement;  les  espaces  intercostaux  sont  élargis  dans  une  plus 
ou  moins  grande  étendue;  le  poumon  revenu  sur  lui-même,  aplati, 
ou  réduit  à  un  mince  feuillet,  est  refoulé  vers  sa  racine,  le  long  de  la 
colonne  vertébrale  ou  vers  le  sommet  du  thorax,  et,  suivant  les  cas, 
le  cœur  repoussé  du  côté  opposé  à  l' hydatide,  se  trouve  sous  l'ais- 
selle gauche,  à  l'épigastre  ou  vers  l'aisselle  droite.  Le  foie  peut 
aussi  être  déplacé  et  refoulé  plus  ou  moins  bas  dans  la  cavité  abdo- 
minale. 

§  VII.  —  Lorsque  le  kyste  est  considérable  ou  lorsqu'il  est  situé 
près  de  la  plèvre,  la  cavité  de  celle-ci  est  ordinairement  effacée  et 
les  feuillets  séreux  sont  réunis  par  des  adhérences.  Le  kyste  hyda- 
tique peut  ainsi  venir  faire  saillie  et  s'ouvrir  au  dehors,  soit  à  tra- 
vers les  parois  de  la  poitrine,  soit  à  travers  le  diaphragme  et  la 
paroi  abdominale. 

Obs.   XXXIV  (Fbéteao).  —  Kyste  ouvert  par  le  bistouri  dans   le  côté 
■     droit  et  spontanément  dans  les  bronches.  Guérison. 

Il  s'agit  d'un  homme  âgé  de  vingt-huit  ans,  qui  fut  pris  en  janvier  4  8H 
de  douleurs  rhumatismales,  en  août  de  douleurs  de  reins,  principalement  dans 
le  côlé  droit  de  la  poitrine,  s'étendant  au  bras  et  à  l'épaule.  Fièvre,  oppres- 
sion, hoquet,  urines  rouges.  —  Le  2  octobre,  douleur  du  côté,  toux  pénible, 
empâtement  de  l'étendue  d'une  carte  à  jouer  à  la  partie  postérieure  et  infé- 
rieure du  côlé  droit,  son  centre  répondant  à  la  hauteur  du  onzième  espace 
intercostal  ;  matité  à  la  percussion.  —  Le  <l  %  novembre,  un  demi-verre  de  pus 

(1  )  Maloët,  Sur  des  hydropisies  enkystées  dans  les  poumons  et  dans  le  foie  (Mém; 
Acad,  roy.  des  sciences,  1732,  p.  25J. 


M  6  AFFECTIONS   VliRilINEL'SES  HtS  CAVITÉS  SÉREUSES 

est  rendu  clans  uno  crise  do  loux  ;  une  flucluation  manifeste  existe  au  centre  de 
l'empâtement,  avec  cette  particularité  qu'en  pressant  cette  partie,  on  fait 
rentrer  le  fluide  en  dedans  de  la  poitrine,  et  qu'en  faisant  alors  tousser  le  ma- 
lade, la  tumeur  molle  se  reproduit  aussitôt.  Une  incision  longue  de  18  lignes 
est  pratiquée  au  centre  de  l'empâtement,  à  la  hauteur  de  l'intervalle  des  troi- 
sième et  quatrième  fausses  côtes  et  suivant  leur  direction;  une  hydalide  est 
mise  à  nu  et  ouverte,  écoulement  d'une  eau  limpide,  puis  d'une  grande  quan- 
tité de  pus  jaunâtre.  La  membrane  hydatique  se  retrouve  le  lendemain  dans 
les  pièces  du  pansement;  elle  a  le  volume  d'un  œuf  d'oie.  Pendant  dix  jours 
plusieurs  hydatides  plus  petites  sortent  par  la  plaie,  avec  une  grande  quantité 
de  pus. 

Dans  la  nuit  du  quinzième  jour  de  l'opération,  anxiété  précordiale,  toux 
pénible,  dix  hydatides  rougeûtres  grosses  comme  des  lentilles  sont  rendues 
par  expectoration;  elles  sont  entières  et  plongées  dans  un  mucus  rougeâtre. 
Vingt  hydatides  rovgedtres,  avec  du  pus  de  couleur  sirop  de  groseille,  sortent 
le  lendemain  par  la  plaie. —  Le  dix-septième  jour  de  l'opération,  toux  intense 
et  expectoration  de  plusieurs  hydatides  rouges.  — Le  vingt  et  unième  jour 
(3  décembre),  issue  par  la  plaie  de  81  hydatides  rouges.  —  Le  vingt-deuxième 
jour,  nouvelle  issue  d'une  centaine  d  hydatides.  —  Le  vingt-troisième  jour, 
4  50  hydatides  sortent  de  nouveau,  avec  une  grande  quantité  de  matières 
rougeâtres.  —  Le  <l  0  décembre,  expectoration  de  deux  poches  hydatiques, 
longues  de  6  à  7  lignes,  avec  menace  de  suffocation,  syncopes.  —  Jusqu'au 
26  décembre  (quarante-cinquième  jour  après  l'opération),  des  hydatides  en  plus 
petit  nombre  sont  rendues  de  temps  en  temps  par  expectoration. 

Le  4  janvier  l'expectoration  d'hydatides  a  cessé.  Le  24  la  plaie,  réduite  à 
une  petite  ouverture  fistuleuse,  n'offre  qu'une  légère  suppuration  de  bonne 
nature.  L'état  général  s'améliore  de  jour  en  jour  (1  ). 

Obs.    XXXV  (Duputttren).    —  Kyste    hydatique  du  poumon  ouvert  à 
l'ombilic.  Mort. 

«  Une  femme  vint,  en  4 81 1 ,  à  l'Hôtel-Dieu  pour  une  tumeur  inflammatoire 
à  l'ombilic.  Dupuytren  ne  voulut  pas  d'abord  y  toucher;  mais  la  fluctuation 
étant  devenue  manifeste  et  la  peau  menaçant  de  s'ouvrir,  une  incision  donna 
issue  à  une  grande  quantité  de  pus  et  à  quelques  poches  hydatiformes.  Cette 
femme  mourut,  et,  à  l'autopsie,  Dupuytren  trouva  une  communication  entre 
l'ouverture  de  l'ombilic  et  une  cavité  conienue  dans  lé  poumon,  par  une  es- 
pèce de  canal  formé  à  travers  le  diaphragme,  entre  le  foie  et  les  parois  abdo- 
minales. La  cavité  du  poumon  contenait  encore  une  grande  quantité  de  po- 
ches hydatiques.  Il  était  évident  que  cet  organe  avait  été  le  siège  primitif  de 
la  maladie  (2).  » 

(1)  Opération  de  Vempyème,  suivie  de  la  sortie  de  plus  de  500  hydatides,  par 
Fréteau,  médeciu  à  Nantes,  janvier  1812,  dans  Journ.  gén.  de  Sédillot,  t.  XL11I, 
p.  121.  Eu  extrait  dans  Cruveilhier,  art.  Acéph.,  p.  2i9.  —  Voy.  ci-dessus,  p.  375. 

(2)  Dupuytren,  Leçons  ora'es,  t.  III,  p.  379,  et  Cruveilhier,  art.  Acéph.,  p.  252. 


NATURELLES  OU   ADVENflVliS.    —  HYDATIDES.  4t7 

§  VIII.  —  D'après  l'observation  suivante,  on  pourrait  croire  que 
les  hydatides  des  poumons  s'ouvrent  quelquefois  aussi  dans  le  tube 
digestif: 

Obs.  XXXVI   (Laennec).  —  Kyste  hydatique  du  poumon  ouvert  dans 
l'intestin? 

«  J'ai  été  consulté,  il  y  a  environ  quinze  ans,  dit  Laennec,  pour  une  jeune 
personne  qui  éprouvait  une  grande  dyspnée,  avec  toux,  expectoration  abon- 
dante et  amaigrissement  notable.  L'ensemble  des  symptômes  qu'elle  présen- 
tait annonçait,  en  un  mot,  la  phthisie  pulmonaire.  Un  jour,  elle  éprouva  des 
douleurs  très  vives  dans  la  région  épigastrique,  et,  quelques  heures  après, 
elle  rendit  par  les  selles  une  quantité  considérable  d'acéphalocystes,  dont  la 
grosseur  variait  depuis  celle  d'une  aveline  jusqu'à  celle  d'un  œuf  de  pigeon. 
Dès  ce  moment  la  fièvre  hectique,  le  catarrhe  et  la  dyspnée  cessèrent,  et  peu 
de  temps  après,  la  malade  avait  repris  son  embonpoint  et  ses  forces.  Ne 
peut-on  pas  penser  que  chez  cette  malade  un  kyste,  placé  dans  le  poumon 
gauche,  se  sera  ouvert,  à  travers  le  diaphragme,  dans  l'estomac  ou  le  côlon 
transverse  (1)  ?  » 

§  IX.  — Beaucoup  plus  fréquemment  les  hydatides  se  font  jour  au 
dehors  en  perforant  les  bronches  ;  à  la  faveur  de  cette  perforation,  la 
poche  se  vide  et  la  guérison  peut  en  être  la  suite.  La  caverne  qui  se 
forme  après  l'expulsion  totale  des  hydatides  se  rétrécit  et  se  cicatrise  ; 
elle  est  d'ailleurs  ordinairement  unique,  car  nous  savons  que  le  kyste 
hydatique  du  poumon  est  ordinairement  unique  et  de  plus  il  n'existe 
point  ici,  comme  chez  les  tuberculeux,  une  disposition  à  la  formation 
de  nouveaux  produits  pathologiques  analogues.  Toutefois  lorsque  la 
tumeur  hydatique  est  ancienne  et  considérable,  elle  ne  se  vide  que 
lentement,  soit  à  cause  de  l'induration  de  ses  parois,  soit  à  cause  de 
la  nature  des  matières  qu'elle  contient.  Le  malade,  épuisé  par  la 

(1)  Laennec,  ouvr.  cit.,  t.  II,  p.  201. 

Bayle  parle  d'un  cas  observé  par  Laennec,  dans  lequel  la  guérison  d'une  affec- 
tion qu'on  croyait  être  une  phthisie  pulmonaire  fut  guérie  rapidement  par  l'expec- 
toration d'un  grand  nombre  d'hydatides.  Il  est  probable  qu'il  s'agit  du  Tait  rap- 
porté ci-dessus,  car  il  n'est  point  question  dans  les  œuvres  de  Laennec  de  celui 
que  rapporte  Bayle  en  ces  termes  :  «  J'ai  vu  une  malade,  âgée  d'environ  vingt- 
trois  ans,  traitée  par  M.  Laennec,  qui,  étant  affectée  d'une  toux  chronique  avec 
une  expectoration  abondante  et  un  amaigrissement  très  remarquable,  paraissait 
dans  le  deuxième  degré  de  la  phthisie  pulmonaire.  Elle  se  rétablit  complètement 
après  avoir  rendu  tout  à  coup,  par  l'expectoration,  une  innombrable  quantité 
d'hydatides  du  genre  des  acéphalocystes.  »  Toutes  les  circonstances  se  rapportent  au 
fait  cité  ci-dessus,  sauf  la  voie  d'élimination  des  hydatides.  (G.-L.  Bayle,  Rech.  sur 
la  phthisie  pulm.,mém.  et  travaux  divers.  Paris,  1835,  p.  G32.) 

Davaine,  87 


AÏS  AFFECTIONS   VERMINËUSES  DUS  CAVITÉS  SEREUSES 

lièvre,  par  la  toux  et  l'expectoration  ou  par  quelque  affection  inter- 
currente, succombe  avant  que  la  poche  ne  soit  revenue  sur  elle- 
même. 

§  X.  —  Les  hydatides  dos  poumons  peuvent  encore  s'ouvrir  dans 
la  plèvre  ou  le  péricarde,  circonstance  rare,  il  est  vrai,  à  cause  des 
adhérences  qui  existent  ordinairement  dans  ces  feuillets  séreux.  La 
mort  en  est,  sans  doute,  constamment  la  suite. 

Obs.  XXXVII  (Fouquier).  —  Kyste  ouvert  dans  la  plèvre  et  dans  les 
bronches. 

Une  femme  de  trente-six  ans,  d'une  bonne  santé  apparente,  fut  prise  tout  à 
coup,  à  la  suite  d'une  violente  colère,  de  suffocation  extrême,  d'anxiété,  de 
douleur  très  vive  dans  le  côté  droit  du  thorax,  avec  toux  fréquente  et  expec- 
toration; elle  mourut  vingt-deux  jours  après,  ayant  éprouvé  comme  phéno» 
mènes  principaux,  des  quintes  de  toux  très  rapprochées,  une  expectoration 
abondante,  des  vomissements  et  une  dyspnée  extrême. 

A  l'autopsie,  l'on  trouva  un  kyste  hydatique  du  lobe  inférieur  droit,  com- 
muniquant d'une  part  avec  deux  bronches  et  de  l'autre  avec  la  cavité  de  la 
plèvre  par  une  ouverture  arrondie,  à  bords  relevés,  dans  laquelle  on  pouvait 
facilement  introduire  l'extrémité  de  l'index  (1). 

§  XL  —  Les  kystes  hydatiques  de  la  poitrine  acquièrent  quel- 
quefois un  volume  énorme  et  déterminent  la  mort  par  suffocation. 
Le  poumon  paraît  n'avoir  subi  d'autre  lésion  qu'un  retrait  considé- 
rable, et  c'est  uniquement  au  défaut  de  sa  fonction  que  le  malade 
succombe. 

Obs.  XXXVIII  (Andral).  —  Kyste  dans  le  lobe  inférieur  de  chaque 
poumon. 

a  Un  homme,  d'un  âge  moyen,  entra  à  l'hôpital  dans  un  état  de  dépéris- 
sement assez  avancé.  Depuis  longtemps  il  toussait  et  avait  la  respiration 
courte.  La  poitrine  percutée  rendit  un  son  mat,  dans  toute  l'étendue  à  peu 
près  des  parois  thoraciques  correspondant  à  l'espace  occupé  par  le  lobe  infé- 
rieur de  chaque  poumon.  Des  deux  côtés  aussi,  dans  cette  même  étendue,  le 
bruit  respiratoire  ne  s'entendait  pas.  Cet  individu  succomba  peu  de  temps 
après  son  entrée. 

»  Le  lobe  inférieur  de  chacun  des  poumons  était  transformé  en  une  vaste 
poche  à  parois  minces,  constituées  par  le  parenchyme  pulmonaire  refoulé,  et 

(1)  touquier,  Clinique  des  hôpitaux,  Journal  analytique,  n°  5,  p.  204,  et  Cru- 
veilhier,  art.  Acéphalocystes,  cité  p.  250). 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  h  1 9 

tapissées  par  une  membrane  blanchâtre  fibro-celluleuse.  Chacune  de  ces  po- 
ches était  entièrement  occupée  par  une  volumineuse  hydatide  acéphalocyste, 
qui  en  contenait  dans  son  intérieur  deux  ou  trois  autres  petites.  Cette  hydatide 
était  remplie  comme  de  coutume  par  un  liquide  incolore,  limpide  comme  de 
l'eau  de  roche  (4  ).  » 

La  mort  paraît  n'avoir  été  occasionnée  que  par  l'atrophie  du  lobe 
inférieur  des  deux  poumons.  La  réduction  du  poumon  est  quelque- 
fois si  considérable,  qu'il  est  difficile  de  comprendre  comment  la  vie 
a  pu  se  prolonger  assez  pour  permettre  une  telle  atrophie  de  l'organe 
de  la  respiration.  Dans  le  plus  grand  nombre  de  cas,  la  pneumonie 
ou  bien  la  gangrène  pulmonaire  vient  interrompre  et  terminer  le 
cours  naturel  de  la  maladie. 

§  XII.  —  La  durée  des  tumeurs  hydatiques  des  organes  de  la 
respiration  est  toujours  longue.  Dans  un  grand  nombre  de  cas,  on  a 
pu  faire  remonter  leur  existence  à  une  ou  plusieurs  années  avant 
l'époque  à  laquelle  les  malades  ont  réclamé  les  secours  de  la  méde- 
cine, ou  bien  avant  qu'il  ne  fût  survenu  des  accidents  sérieux.  La 
durée  moyenne  de  ces  tumeurs  est  de  deux  à  quatre  ans. 

§  XIII.  —  Les  malades  qui  ont  un  ou  plusieurs  kystes  hydati- 
ques dans  la  cavité  du  thorax  n'éprouvent  de  dérangement  fonc- 
tionnel que  lorsque  ces  kystes  sont  devenus  considérables.  Jusqu'à 
la  dernière  période  de  la  maladie,  les  digestions,  les  selles,  les  urines, 
le  pouls  sont  normaux,  le  sommeil  n'est  troublé  que  par  la  gêne 
de  la  respiration,  il  n'y  a  pas  de  fièvre.  Plus  fréquemment  que  celles 
d'aucune  autre  région,  les  hydatides  de  la  poitrine  sont  accompa- 
gnées de  douleurs  qui  se  font  ressentir  dans  le  côté,  dans  le  dos 
dans  l'épigastre;  elles  sont  vives,  persistantes  et  sujettes  à  des  ex- 
acerbations.  Le  décubitus  a  lieu  sur  le  dos  ou  sur  le  côté  affecté. 

Le  symptôme  le  plus  constant  et  le  plus  marqué  est  la  dyspnée  ; 
elle  offre  des  exacerbations  fréquentes  et  va  souvent  jusqu'à  la  suffo- 
cation ;  il  existe  encore  ordinairement  une  toux  sèche  ou  accompa- 
gnée d'une  expectoration  médiocre.  Lorsque  le  kyste  communique 
avec  les  bronches,  la  toux  est  fréquente,  vive  et  l'expectoration  est 
abondante,  quelquefois  énorme.  Les  matières  expectorées  sont  un 
liquide  séreux,  puriforme  ou  athèromateux  avec  des  débris  d'hyda- 
tides  :  ces  matières  sont  inodores  ou  fétides  et  même  elles  ont  l'odeur 

(t)  Aadral,  omit,  cit.,  t.  II,  p.  407. 


/|20  AFFECTIONS   VERMINUUSF.S  DliS  CAVITÉS  SÉRliUSES 

de  la  gangrène,  suivant  l'état  de  la  poche  ou  des  parties  dont  elles 
proviennent. 

Les  matières  expectorées  sont  quelquefois  teintes  de  sang  ;  dans 
quelques  cas,  il  y  a  des  hémoptysies  plus  ou  moins  considérables. 

Ons.  XXXIX  (Husson).  — Expectoration  d'hydatides.  Hémoptysie. 

«  M.  Husson  montre  des  membranes  rejetées  par  expectoration  et  dans 
lesquelles  on  retrouve  tous  les  caractères  de  débris  d'hydatides.  C'est  la 
douzième  ou  quinzième  expectoration  semblable,  chaque  fois  accompagnée 
d'une  hémoptysie  abondante  (de  60  à  80  grammes).  Chez  le  jeune  homme 
qui  est  le  sujet  de  cette  observation,  l'auscultation  ne  fournit  que  des  signes 
négatifs,  hormis  les  époques  des  hémoptysies  où  l'on  entend  des  râles  mu- 
queux  au  sommet  des  poumons.  Ces  accidents  ne  paraissent  avoir  eu  aucune 
suite  fâcheuse  sur  la  nutrition  et  le  développement  physique  (1).  » 

Les  hydatides  expectorées  entières  sont  généralement  petites,  sinon 
elles  sortent  par  fragments  d'un  volume  variable  et  enroulés  sur 
eux-mêmes;  on  en  a  vu  dont  le  volume  égalait  celui  de  la  coquille 
d'un  œuf  d'oie;  on  a  quelquefois  constaté,  avec  ces  fragments,  des 
échinocoques  ou  leurs  crochets.  L'expectoration  de  ces  produits  a  lieu 
à  des  intervalles  plus  ou  moins  éloignés,  ordinairement  de  plusieurs 
jours  et  quelquefois  de  plusieurs  semaines.  Lorsque  l'hydatide  ex- 
pectorée est  très  volumineuse,  il  survient  des  phénomènes  plus  ou 
moins  graves  et  plus  ou  moins  prolongés  de  suffocation  qui  peuvent 
faire  craindre  pour  la  vie  du  malade. 

L'espace  de  temps  nécessaire  à  l'expulsion  des  hydatides  varie 
suivant  la  grandeur  du  kyste  qui  les  contient  et  probablement  sui- 
vant le  degré  de  consistance  de  ses  parois  ;  cette  expectoration  peut 
durer  plusieurs  mois. 

§  XIV .  — Les  signes  physiques  des  tumeurs  hydatiques  des  poumons 
sont  prononcés  en  raison  du  volume,  du  nombre  et  de  la  situation  de 
ces  tumeurs.  On  observe,  plus  ou  moins,  suivant  ces  conditions,  un 
élargissement  d'un  côté  ou  des  deux  côtés  de  la  poitrine  et  des  espaces 
intercostaux,  un  déplacement  du  cœur  ou  du  foie,  la  matité  à  la  per- 
cussion dans  une  certaine  étendue,  et,  àl'ausculation,  l'absence,  dans 
le  même  espace,  du  brait  respiratoire,  de  bronchophonie  ou  d'égo- 
phonie  ;  toutefois  ces  deux  derniers  signes  pourraient  exister,  s'il  y 
avait  un  épanchement  pleurétique  du  côté  où  siège  l'hydatide.  Le 

(1)  Husson,  Bull.  Soc.  anat.,  ann.  XV,  1840,  p.  172, 


NATURELLES  OU   AOVENTIVES.    —  HYDATIDES.  «21 

thorax  peut  être  dilaté  et  déformé  partiellement  d'une  manière  qui 
n'est  pas  ordinaire  dans  les  vastes  épanchements  pleurétiques. 

La  fluctuation  pourra  se  manifester  lorsque  la  poche'se  portera 
vers  l'extérieur.  Il  ne  paraît  pas  que  l'on  ait  constaté  le  frémissement 
dans  les  hydatides  de  la  poitrine. 

On  entendra  probablement  les  bruits  propres  à  l'entrée  de  l'air 
dans  une  caverne,  ou  ceux  du  pneumothorax,  lorsque  le  kyste  com- 
muniquera avec  les  bronches. 

Obs.  XL  (Beaugendbe).  —  Hydatides  expectorées. 

a  Laennec  rapporte  que  le  docteur  Beaugendre  lui  a  fait  voir  à  Quim- 
perlé,  en  1821,  une  dame  convalescente  d'une  affection  de  poitrine,  dans 
laquelle  elle  avait  craché  un  grand  nombre  d'acéphalocystes.  On  reconnais- 
sait encore  un  rhonchus  caverneux  dans  le  point  occupé  par  le  kyste.  M.  Beau- 
gendre  dit  avoir  entendu  plusieurs  fois  un  léger  gargouillement  indépendant 
des  mouvements  respiratoires,  et  qui  paraissait  dû  à  la  contraction  automatique 
des  vers  vésiculaires  (1).  » 

§  XV.  —  Les  hydatides  de  la  poitrine  ont  été  rarement  reconnues 
lorsqu'elles  n'avaient  point  de  communication  avec  l'extérieur.  Les 
médecins  qui  les  ont  observées  ont  cru,  dans  la  plupart  des  cas,  avoir 
affaire  à  un  épanchement  pleurétique.  La  longue  durée  de  la  maladie, 
les  signes  d'un  vaste  épanchement  sans  altération  très  notable  de 
l'économie,  sans  fièvre,  la  déformation  de  la  poitrine  consistant  en 
un  changement  de  forme  qui  n'est  pas  ordinaire  dans  l'épanchement 
pleurétique,  le  refoulement  exagéré  du  cœur  ou  du  foie,  peuvent 
mettre  sur  la  voie  du  diagnostic.  L'absence  de  tout  bruit  respira- 
toire, d'égophonie  ou  de  bronchophonie  avec  une  matité  correspon- 
dante à  la  percussion,  est  probablement  un  signe  pathognomonique 
de  l'hydatide  intra-thoracique.  Le  diagnostic  serait  confirmé  dans  la 
plupart  des  cas  sans  doute  par  une  ponction  exploratrice.  Cette  opé- 
ration n'offrirait  généralement  ici  aucun  danger,  car  le  plus  souvent 
les  adhérences  des  deux  feuillets  de  la  plèvre  ont  oblitéré  sa  cavité. 

L'observation  suivante  nous  donne  un  exemple  d'hydatide  intra- 
thoracique,  dont  l'existence  a  été  reconnue  pendant  la  vie  du  ma- 
lade. 

(1)  Laennec,  ouvr.  cit.,  t.  II,  p.  202. 

On  sait  aujourd'hui  que  les  hydatides  ne  sont  pas  susceptibles  de  contraction 
spontanée.  L'expérience  de  Percy,  qui  croyait  avoir  vu  des  hydatides  se  contracter 
dans  sa  main,  a  été  faite  avec  des  hydatides  utérines,  c'est-à-dire  des  vésicules 
choriales  qui  ne  sont  point  des  animaux. 


UÏ2  AFFECTIONS   VEBMINEUSES    DES   CAVITÉS   SÉHEUSES 

OnsEitv.  XL1  (Viiila).  —   [lyiUititle  inlra-lhoracique ;  ponction  explora- 
trice; injection  iodée.  Guérison. 

«  Le  nommé  Constant  11...,  Agé  de  trente-deux  ans,  conducteur  de  bes- 
tiaux, entre  à  la  maison  municipale  de  santé,  salle  1,  n"  5,  le  20  novembre 
1853...  Il  y  a  quinze  mois,  il  fut  renversé  par  un  taureau  ;  les  cornes  de 
l'animal  labourèrent  le  scrotum,  tandis  qu'un  pied  frappa  violemment  le  côté 
droit  de  la  poitrine.  Depuis  celte  époque  H.,  éprouve  de  la  douleur  dans 
l'hypochondre  droit,  et  une  oppression  qui  a  toujours  été  croissant;  la 
dyspnée  est  devenue  considérable  depuis  cinq  mois,  et  le  malade  a  été  forcé 
de  renoncer  à  ses  occupations.  D'ailleurs  peu  ou  point  de  toux,  pas  d'expec- 
toration, jamais  d'hémoptysie;  aucun  symptôme  fébrile  actuel  ou  antérieur, 
aucun  désordre  dans  les  fonctions  autres  que  la  respiration. 

»  La  douleur  dont  se  plaint  le  malade  paraît  assez  intense;  elle  a  son  siège 
sous  le  sein  droit  et  ne  s'étend  pas  fort  loin;  l'oppression,  qui  est  constante, 
devient  extrême  quand  il  veut  marcher  ou  seulement  quand  il  a  parlé  quel- 
que temps  ou  fait  des  efforts  exagérés  de  respiration  ;  il  lui  est  impossible  de 
se  coucher  sur  le  côté  gauche,  il  se  lient  habituellement,  assis  dans  son  lit  et 
peut  se  coucher  sur  le  côté  droit  ou  sur  le  dos.  La  voix  est  faible  et  altérée 
comme  celle  des  personnes  dont  la  trachée  ou  les  nerfs  laryngés  récurrents 
sont  comprimés.  La  forme  de  la  poitrine  présente  quelque  chose  de  très  in- 
solite :  vue  par  la  face  antérieure,  on  trouve  le  côté  droit  beaucoup  plus  déve- 
loppé que  le  gauche,  avec  voussure  très  prononcée  et  élargissement  des 
espaces  intercostaux  correspondants  qui  sont  au  moins  aussi  saillants  que  les 
côtes;  les  veines  sous-cutanées  sont  dilatées  et  très  apparentes.  En  arrière, 
on  trouve  l'inverse,  le  côté  droit  paraissant  avoir  la  forme  régulière  et  le 
gauche  présentant  une  saillie  assez  prononcée;  la  colonne  vertébrale  est  lé- 
gèrement déviée  à  gauche  et  convexe  dans  ce  sens. 

»  La  mensuration  nous  a  donné  les  résultats  suivants  (le  ruban  n'étant  que 
peu  serré)  : 

1°  Circonférence  totale  suivant  une  ligne  qui  passerait  par  les  ma-  cent. 

melons  et  l'épine  de  la  7e  vertèbre  dorsale. 83 

„.        ,,  ,.  ,,  (    droite 43,4 

Circonférence  partielle. ....... 


gauche 39,6 

Différence  en  plus  pour  le  côté  droit 3,8 

2°  Circonférence  totale  en  suivant  une  ligne   qui  passe  sous  les 

aisselles  et  à  4  centimètres  au-dessus  des  mamelons 81,4 

„.        „,  ..  ,,  j    côté  droit 41,5 

Circonférence  partielle |    gauche 395 

Différence  en  plus  du  côté  droit 2 

ï  La  percussion  donne  un  son  mat  dans  tout  le  côté  antérieur  droit  de  la  poi- 
trine, à  l'exception  du  premier  espace  intercostal  ;  ce  même  son  est  obtenu, 
sans  changement  appréciable,  dans  l'hypochondre  et  le  flanc  du  même  côté 
jusqu'au  niveau  de  l'ombilic.  La  matité,  mesurée  suivant  une  ligne  parallèle 
au  sternum,  donne  une  hauteur  de  28  centimètres  (la  longueur  de  l'os  sternal 


NATURELLES  OU  ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  423 

est  de  '18  centimètres).  Transversalement  la  matité  dépasse  le  côté  droit  de 
la  poitrine  et  le  sternum  lui-même,  de  telle  sorte  que  l'espace  occupé  par 
elle  se  trouve  circonscrit:  inférieurement  par  une  ligne  qui,  après  avoir  passé 
par  l'ombilic,  se  porte  de  là  obliquement  sous  l'aisselle  gauche  de  manière  à 
être  distante  du  bord  correspondant  du  sternum,  de  4  centimètres  au  niveau 
de  la  dixième  côte,  de  1  8  centimètres  au  niveau  de  la  sixième  ;  supérieure- 
ment par  une  ligne  qui,  suivant  le  bord  supérieur  de  la  seconde  côte  droite, 
passe  sur  le  sternum  à  3  centimètres  au-dessous  de  la  fourchette  de  cet  os, 
et,  décrivant  une  ligne  courbe,  va  rejoindre  sous  l'aisselle  gauche  la  ligne 
inférieure,  c'est-à-dire  que  la  matité  arrivée  sur  les  limites  du  côté  droit  de 
la  poitrine  et  de  la  partie  supérieure  de  l'abdomen  qu'elle  occupe  entière- 
ment depuis  la  seconde  côte  jusqu'à  l'ombilic,  se  prolonge  de  ces  deux  points 
extrêmes  vers  l'aisselle  gauche  de  manière  à  dessiner  une  espèce  de  cône 
tronqué,  ou,  si  l'on  veut  une  comparaison,  les  deux  lignes  qui  circonscrivent 
la  matité  se  dirigent  vers  l'aisselle  gauche  comme  les  deux  courbures  de  l'es- 
tomac, de  la  grosse  lubérosité  vers  le  pylore.  La  matité  occupe  aussi  tout  le 
côté  latéral  droit  de  la  poitrine  ;  en  arrière  et  à  droite  on  la  retrouve  dans  la 
partie  inférieure  à  partir  de  l'angle  de  l'omoplate,  et  elle  empiète  sur  le  côté 
gauche  par  un  prolongement  analogue  à  celui  de  la  partie  antérieure,  mais 
moins  étendu  et  limité  entre  la  septième  et  la  neuvième  côte.  D'une  autre 
part,  on  constate  un  son  normal  :  '1°  en  avant,  dans  le  premier  espace  inter- 
costal droit  et  gauche;  2°  dans  la  partie  antéro-inférieure  et  dans  toute  la 
partie  latérale  du  côté  gauche;  3°  en  arrière,  dans  presque  tout  le  côté  gauche  ; 
k°  dans  la  partie  postérieure  droite,  depuis  la  fosse  sus-épineuse  jusqu'à 
l'angle  inférieur  de  l'omoplate. 

»  Auscultation.  En  avant,  soit  à  droite,  soit  à  gauche,  on  n'entend  le  mur- 
mure vésiculaire  que  sous  les  clavicules,  encore  est-il  faible  et  mélangé  de 
quelques  râles  sibilants.  Partout  où  il  y  a  matité,  on  n'entend  ni  murmura 
respiratoire,  ni  souffle  bronchique;  si  l'on  fait  parler  le  malade,  la  main  appli- 
quée sur  les  mêmes  points  ne  perçoit  aucune  vibration,  et  l'oreille  ne  dis- 
tingue aucune  résonnance.  En  arrière,  bruit  respiratoire  exagéré  dans  tout  1© 
côté  gauche  et  dans  les  trois  quarts  supérieurs  du  côté  droit;  de  ce  même 
côté,  timbre  amphorique  de  la  voix  et  même  du  bruit  respiratoire,  semblable 
à  celui  que  l'on  entend  dans  certains  épanchements  de  la  plèvre  ;  absence  de 
souffle  et  d'égophonie.  Dans  le  quart  inférieur,  absence  de  murmure  quand 
le  malade  respire;  absence  d'égophonie  et  de  vibrations  thoraciques  quand  il 
parle. 

»  Les  bruits  du  cœur  ne  sontguère  entendus  que  sous  l'aisselle  gauche,  sans 
aucune  modification  anormale  et  seulement  dans  une  très  petite  étendue  ;  ce 
fait  établit,  mieux  que  la  percussion,  le  refoulement  de  cet  organe  à  l'extrême 
gauche  de  la  poitrine  et  à  un  point  de  cette  région  plus  élevée  que  cela  n'a 
lieu  d'ordinaire.  Aucun  bruit  de  souffle  dans  la  direction  de  l'aorte.  Les  côtes, 
examinées  pendant  l'inspiration,  restent  à  peu  près  immobiles  ;  les  parois  de 
l'abdomen  sont  inégalement  soulevées,  la  différence  en  plus  du  côté  gauche 


Uîk  AFFECTIONS   VLRMINEUSES  DKS  CAVITÉS  SÉREUSES 

étant  1res  sensible;  enfin  la  palpalion  attentive  des  espaces  intercostaux  de 
la  partie  antérieure  droite  de  la  poitrine  donne  aux  doigts  une  sensation  qui 
approche  beaucoup  do  celle  de  la  lluctuation. 

»  Lo  9  décembre,  à  huit  heures  du  matin,  M.  Monod  fit,  entre  la  sixième  et 
la  septième  cote  droite,  une  ponction  avec  le  trocart  explorateur  ;  il  s'en 
écoula  un  liquide  transparent  comme  de  l'eau  de  roche,  sans  réaction  sur  le 
papier  de  tournesol,  qui  ne  perdit  rien  de  sa  transparence  par  son  mélange 
avec  l'acide  azotique,  non  plus  que  par  l'action  de  la  chaleur.  On  introduisit 
alors  une  canule  de  Reybard,  et  on  tira  2450  grammes  d'un  liquide  sem- 
blable au  premier,  et  dont  les  dernières  portions  entraînèrent  des  débris  de 
membranes  transparentes  comme  celles  de  l'œuf,  et  qui  ultérieurement  sou- 
mises à  l'examen  de  M.  Ch.  Robin,  furent  reconnues  par  lui  de  nature  hyda- 
tique.  Le  malade  supporta  cette  opération  sans  fatigue,  sans  accidents;  il 
n'eut  même  pas  ces  quintes  de  toux  convulsives  habituellement  observées  à  la 
fin  de  la  thoracocentèse.  Alors  M.  Monod  injecta  environ  250  grammes  d'une 
solution  composée  comme  il  suit  : 

Eau  distillée . 450  grammes. 

Alcool 150 

Iode 15 

Iodure  de  potassium 15 

La  moitié  environ  du  liquide  injecté  fut  extraite  quelques  minutes  après.  La 
canule  fut  alors  retirée,  un  morceau  de  diachylon  fut  appliqué  sur  la  piqûra 
et  maintenu  par  un  bandage  de  corps. 

»  Immédiatement  après  celte  opération,  le  cœur  se  rapproche  sensiblement 
de  la  ligne  médiane,  et  la  sonorité  reparaît  dans  une  étendue  plus  considérable 
au-dessous  des  clavicules  et  dans  le  côté  gauche  du  thorax;  le  calme  du  ma- 
lade se  soutient;  le  pouls  marque  112.  Une  heure  après,  un  peu  d'ivresse 
iodique  qui  se  dissipe  vers  les  trois  heures  de  l'après-midi.  Le  soir,  le  malade 
continue  à  avoir  la  respiration  libre  et  en  éprouve  un  bien-être  dont  il  était 
privé  depuis  longtemps;  132  pulsations,  il  n'y  a  pas  eu  de  frissons  dans  la 
journée,  la  peau  est  chaude,  céphalalgie  légère;  le  point  décote  dorsal  droit  a 
complètement  disparu,  et  le  malade  a  toussé  à  peine  deux  ou  trois  fois  dans 
toute  la  journée. 

»  Le  10,  la  nuit  a  été  calme,  le  malade  a  dormi  trois  heures;  120  pulsa- 
tions, 23  respirations.  — Respiration.  Murmure  vésiculaire  distinct  dans  toute 
la  partie  supérieure  et  antérieure  du  côté  gauche  ;  les  bruits  du  cœur  sont 
entendus  au  lieu  que  cet  organe  doit  naturellement  occuper;  bruit  respiratoire 
normal  dans  toute  la  région  latérale  et  postérieure  de  ce  même  côté  gauche. 
Du  côté  droit  le  bruit  respiratoire  manque  encore  dans  toute  la  partie  anté- 
rieure, si  ce  n'est  au-dessous  de  la  clavicule  où  il  est  mélangé  de  râles  sous- 
crépitants  et  de  craquements  humides  ;  en  arrière,  absence  de  tout  bruit  dans 
la  partie  inférieure  ;  murmure  mêlé  de  craquements  humides  dans  les  fosses 
sus-  et  sous-épineuses;  retentissement  normal  de  la  voix;  au-dessous  de  lais- 


NATURELLES  OU    ADVENTIVES.   —  I1YDAT1DES.  /l25 

selle,  mélange  de  craquements  humides  et  de  bruit  respiratoire;  absence 
de  tout  bruit  dans  les  deux  tiers  inférieurs  de  la  région  latérale  droite.  — ■ 
Percussion.  En  avant  et  à  droite,  sonorité  depuis  la  clavicule  jusqu'à  la 
quatrième  côte,  obscurité  du  son  dans  le  tiers  moyen  de  cette  région,  matité 
dans  le  tiers  inférieur;  réapparition  de  la  sonorité  entre  la  base  de  la  poi- 
trine et  la  région  ombilicale;  réascension  du  foie  derrière  les  côtes.  Du  côté 
gauche  et  en  avant,  réapparition  complète  de  la  sonorité,  si  ce  n'est  vers  la 
région  précordiale  où  la  matité  reste  un  peu  plus  considérable  qu'à  l'état 
normal.  Les  côtes  droites  sont  encore  immobiles  pendant  les  mouvements 
respiratoires  ;  mais  on  observe  déjà  un  peu  de  dépression  des  espaces  inter- 
costaux pendant  l'inspiration  ;  à  gauche,  ce  dernier  phénomène  a  lieu  d'une 
manière  beaucoup  plus  sensible  et  les  côtes  sont  très  mobiles;  l'abdomen  se 
soulève  également  des  deux  côtés  pendant  l'inspiration.  Le  soir,  état  satis- 
faisant; 412  pulsations,  19  respirations. 

»  Le  4  4 ,  4  04  pulsations,  20  respirations  ;  nuit  calme,  pas  de  céphalalgie, 
absence  de  douleur,  un  peu  do  toux. 

:-  »  Le  4  2,  le  malade  a  dormi  toute  la  nuit,  a  très  peu  toussé  ;  absence  de 
toute  douleur  ;  104  pulsations,  24  respirations;  la  respiration  est  libre  et  le 
malade  peut  se  coucher  sur  les  deux  côtés.  —  Respiration.  Elle  est  très  pure 
et  même  puérile  dans  tout  le  côté  gauche,  tant  en  avant  qu'en  arrière  et  laté- 
ralement. Du  côté  droit,  en  avant,  mélange  de  murmure  respiratoire  et  de 
craquements  humides  dans  presque  toute  la  hauteur;  en  arrière,  le  mur- 
mure vésiculaire  et  la  voix  ont  un  timbre  amphorique  assez  marqué  quoique 
paraissant  se  produire  un  peu  loin  de  l'oreille.  La  fluctuation  thoracique  ne 
peut  être  constatée  par  la  succussion  hippocratique  répétée  plusieurs  fois. 
—  La  percussion  de  ce  côté  donne,  en  arrière,  sonorité  parfaite  dans  les  deux 
tiers  supérieurs,  incomplète  dans  le  tiers  inférieur  ;  en  avant,  sonorité  depuis 
la  clavicule  jusqu'au  mamelon.  —  (Le  malade  prend  dans  la  journée  deux 
bouillons  et  deux  potages.) 

»  Le  13,  un  peu  plus  de  toux  que  les  jours  précédents  ;  96  pulsations,  langue, 
nette,  pas  de  garderobes  ;  souffle  voilé  et  égophonie  à  la  base  du  côté  droit 
de  la  poitrine,  en  arrière;  d'ailleurs  absence  complète  de  douleur.  (Large 
vésicatoire  dans  le  dos  ;  deux  bouillons  et  deux  potages.) 

»  Le  4  4,  sommeil  la  nuit  ;  peu  de  toux,  quelques  crachats  muqueux,  jaunâ- 
tres; langue  nette  ;  84  pulsations;  respiration  très  libre;  souffle  léger  et  égo- 
phonie à  la  base  de  la  poitrine  en  arrière,  mais  dans  une  moindre  hauteur  que 
la  veille ,  apparition  dans  les  mêmes  points  de  râles  crépitants  et  de  craque- 
ments humides  ;  l'épanchement  nous  paraît  avoir  diminué. 

»  Le  4  3,  état  satisfaisant  de  la  respiration,  sommeil  pendant  la  nuit.  Plus  de 
souffle  ni  d'égophonie,  mais  persistance  de  la  matité  dans  le  tiers  inférieur  et 
postérieur  droit;  84  pulsations;  deux  selles  liquides  depuis  la  veille. 

»  Le  16,  92  pulsations,  après  une  nuit  assez  bonne,  avec  sommeil.  Dimi- 
nution de  la  matité  en  avant,  où  elle  a  pour  limite  supérieure  une  ligne  ho- 
rizontale passant  par  les  mamelons,  ce  qui  établit  dans  ce  sens  une  diminution 


ft2G  AFFECTIONS   VliRMlNEUSFS   DES  CAVITÉS  SEREUSES 

de  9  ii  10  centimètres  depuis  l'opér^t^n,  et,  pour  limite  intérieure  une  ligne 
suivant  ii  peu  près  la  huitième  l'ùte,  ce  qui  donne  dans  ce  sens  une  diminu- 
tion de  'i  à  S  centimètres.  Total  du  retrait, du  kyste  suivant  la  hauteur,  14  ii  15 
centimètres.  Transversalement,  la  malité.  ne  s'étend  plus  qu'à  2  centimètres  en 
dehors  d'une  ligne  fictive,  abaissée  de  la  clavicule  et  passant  perpendiculai- 
rement sur  le  mamelon,  ce  qui  donne  une  autre  diminution  de  9  centimètros. 
A  l'auscultation,  le  murmure  vésiculairo  gagne  un  peu  en  force  et  en  étendue 
dans  la  partie  postérieure  droite  de  la  poitrine. 

»  Le  17,  sommeil  la  nuit  précédente;  72  pulsations.  Depuis  comme  avant 
l'opération,  la  diarrhée  a  toujours  de  la  tendance  à  reparaître;  il  y  a  eu  deux 
selles  liquides  dans  les  vingt-quatre  heures.  (Deux  verres  d'eau  de  Sedlilz.) 

»Le19,  84  pulsations;  respiration  très  libre;  la  disposition  diarrhéique  per- 
siste, deux  selles  liquides  depuis  hier.  Du  côté  gauche,  sous  l'aisselle,  il  y  a 
de  la  résonnance,  mais  pas  de  murmure  vésiculaire;  dans  le  tiers  inférieur  et 
postérieur  droit  on  entend  de  la  crépitation  pleurale;  il  n'y  a  plus  d'égophonie. 

»  Le  21 ,  cessation  de  la  diarrhée;  le  malade,  qui  jusque-là, suivant  l'état  du 
ventre,  n'avait  mangé  que  des  bouillons,  des  soupes  et  même  avait  gardé  la 
diète,  est  mis  au  premier  degré  d'aliments  solides. 

»  Le  22,  retour  du  bruit  respiratoire  dans  toute  la  partie  postérieure  de  la 
poitrine  ;  le  malade  respire  comme  un  homme  en  état  de  santé,  tout  au  plus 
peut-on  remarquer  un  peu  d'anhélation  quand  il  parle. 

»  Le  26,  la  percussion  permet  de  constater  encore  une  notable  diminution 
dans  la  matité  du  côté  gauche  de  la  poitrine,  qui  ne  s'étend  plus  qu'à  5  centi- 
mètres en  dehors  de  la  ligne  médiane  du  sternum... 

»  Le  29,  vingtième  jour  depuis  l'opération,  le  sternum  occupe  exacte- 
ment la  ligne  médiane  ;  le  côté  droit  de  la  poitrine  est  manifestement  et  réguliè- 
rement bombé  à  partir  de  la  troisième  côte  jusqu'à  la  fin  de  1  hypochondre  ;  les 
espaces  intercostaux  sont  plus  sensiblement  déprimés  à  gauche  qu'à  droite... 
Le  développement  de  la  région  postérieure  se  maintient  en  sens  inverse  de 
celui  de  l'antérieure.  La  colonne  vertébrale  présente  une  légère  convexité 
tournée  à  gauche,  et  ce  côté  de  la  poitrine  est  plus  saillant  que  le  droit...  — 
Mesuré  en  serrant  fortement  le  ruban,  le  côté  droit  daine  au  niveau  des 
mamelons  37  centimètres  et  le  côté  gauche  35  centimètres.  —  En  avant,  la 
poitrine  est  sonore  tout  le  long  du  sternum  jusqu'un  peu  au-dessous  d'une 
ligne  qui  réunirait  les  deux  mamelons  ;  de  la  clavicule  gauche  au  mamelon 
du  même  côté,  sonorité  parfaite;  à  droite  dans  la  même  direction,  sonorité 
parfaite  au  niveau  des  deux  premiers  espaces  intercostaux,  un  peu  obscure 
au  troisième  et  mate  à  partir  du  quatrième,  où  se  trouve  le  mamelon  ;  de  là, 
la  matité,  plus  étendue  que  les  jours  précédents,  descend  jusqu'à  l'ombilic. 
—  La  région  latérale  gauche  est  sonore,  la  droite  correspondante  est  sonore 
sous  l'aisselle  même  et  mate  à  partir  du  cinquième  espace  intercostal.  —  En 
arrière,  sonorité  parfaite  dans  tout  le  côté  gauche  et  dans  les  deux  tiers  supé- 
rieurs du  côte  droit,  un  peu  obscure  mais  non  complètement  absente  dans 
le  tiers  inférieur  de  ce  même  côté. 


NATURELLES   OU   ADVENTIVES.    —   HYDATTDES.  427 

»  4  janvier  4  854.  Respiration  puérile  mêlée  de  râles  sibilants  aVs  deux 
côtés  de  la  poitrine,  en  arrière.  A  gauche,  en  avant  et  sur  le  côté  latéral  cor- 
respondant, respiration  puérile,  un  peu  sifflante,  entendue  aussi  le  long  du 
bord  correspondant  du  sternum,  et  même  tout  le  long  de  cet  os  lui-même; 
dans  tous  ces  points,  son  normal  à  la  percussion.  —  Sonorité  un  peu  exa- 
gérée à  droite  en  avant,  entre  la  première  et  la  troisième  côte;  diminution 
de  celle-ci  entre  la  troisième  et  la  quatrième  ;  à  partir  do  cette  dernière,  ma- 
tité  se  confondant  inférieurement  avec  celle  du  foie,  qui  elle-même  ne  s'étend 
pas  au  delà  des  dernières  côtes.  —  Le  cœur  bat  entre  la  cinquième  et  la 
sixième  côte  gauche,  un  peu  en  dehors  d'une  ligne  verticale  traversant  le  ma- 
melon . 

»  Le  9,  4  08  pulsations,  langue  sale,  un  peu  d'augmentation  de  la  matité, 
environ  de  3  centimètres  en  hauteur;  respiration  puérile.,  diminution  des 
râles. 

!>  Le  4  4 ,  à  droite,  il  n'y  a  plus  que  les  deux  premiers  espaces  intercostaux 
qui  restent  sonores;  latéralement  la  matité  s'est  étendue  jusqu'au  bord  gauche 
du  sternum,  inférieurement  jusqu'à  l'ombilic.  Le  cœur  est  évidemment  plus 
à  gauche  que  les  jours  précédents. 

»  Le  1  3,  la  saillie  du  côté  droit  du  thorax  est  devenue  plus  apparente  ;  les 
espaces  intercostaux  y  participent  sensiblement,  et  les  veines  sous-cutanées 
sont  très  gonflées  de  ce  côté.  Nous  constatons  par  la  percussion  que  le  kyste 
a  augmenté  de  quelques  centimètres  en  tous  sens,  et  à  l'auscultation,  que  la 
respiration  manque  dans  toute  l'étendue  correspondante  à  la  matité,  mais 
que  dans  tous  les  points  sonores  elle  a  généralement  le  caractère  puéril  ou 
sibilant.  —  La  mensuration  de  la  poitrine  faite  avec  soin,  le  cordon  passant 
en  avant  au-dessous  du  sein,  et  en  arrière  à  un  travers  de  doigt  au-dessous 
de  l'angle  de  l'omoplate, donne  pour  toute  la  circonférence  78  centimètres  et 
pour  chaque  côté  39  centimètres.  —  La  colonne  vertébrale  est  devenue  pres- 
que droite;  il  faut  une  grande  attention  pour  voir  qu'elle  est  encore  un  peu 
convexe  du  côté  gauche.  La  poitrine  examinée  dans  sa  partie  antérieure,  on 
voit  que  le  côté  droit  est  sensiblement  plus  développé,  plus  convexe  que  le 
côté  gauche,  et  comme  placé  sur  un  plan  plus  antérieur  et  obliquement  di- 
rigé de  gauche  à  droite.  Examinée  dans  sa  partie  postérieure,  c'est  tout  le 
contraire  :  le  côté  gauche  est  plus  bombé  que  le  droit,  et  semble  placé  sur 
un  plan  postérieur  un  peu  oblique  de  droite  à  gauche  ;  l'angle  inférieur  de 
l'omoplate  gauche  est  situé  un  peu  plus  bas  et  fait  un  peu  plus  de  saillie  que 
celui  du  côté  opposé.  Examinée  dans  ses  régions  latérales,  le  côté  droit  pa- 
raît plus  plat  que  le  gauche,  mais  présente  un  diamètre  an téro -postérieur 
un  peu  plus  considérable,  au  moins  à  l'œil.  » 

Sortie  de  l'hôpital  le  4  5  janvier. 

Le  malade  s'étant  représenté  le  3  décembre  4  854,  offre  l'état  suivant  : 

«  Aspect  extérieur  de  la  santé  ;  embonpoint  au  moins  égal  à  celui  qu'il  avait 
avant  l'accident  qui  paraît  avoir  été  le  point  de  départ  de  sa  maladie,  quoiqu'il 
n'ait  pas  renoncé  à  ses  habitudes.  R...  peut  remplir  facilement  les  exigences 


ll'lS  AFFECTIONS   VEliMINEUSES   DES  CAVITÉS  S1ÎREUSES 

do  son  état.  Sa  respiration  bonne,  dit-il,  est  cependant  un  peu  moins  longue 
qu'avant  sa  maladie,  mais  lui  permettrait  néanmoins  de  faire  facilement  une 
dizaine  de  lieues  par  jour;  il  tousse  un  peu,  mais  il  ne  se  rappelle  pas  qu'il 
en  ait  jamais  été  autrement...  La  poilrinea  repris  son  développement  à  peu  près 
égal  des  deux  côtés  •  mais  la  conformation  n'en  est  pas  régulière,  sans  que  je 
puisse  dire  si  celle-ci  préexistait  ou  non  à  la  maladie...  Le  sternum  est  un  peu 
dévié  à  gauche  ;  le  côté  droit  de  la  poitrine  présente  en  avant  une  légère  vous- 
sure dont  le  centre  est  un  peu  au-dessus  du  mamelon  :  elle  mesure  6  à  7  centi- 
mètres en  tous  sens;  dans  l'espace  occupé  par  celle-ci,  il  y  a  un  peu  moins 
de  son  que  dans  les  autres  régions,  mais  on  y  entend  très  bien  le  murmure 
respiratoire,  un  peu  plus  faible  cependant  qu'ailleurs.  Dans  tous  les  autres 
points,  la  percussion  et  l'auscultation  constatent  un  état  normal,  une  simili- 
tude parfaite.  Le  foie  ne  dépasse  pas  les  côtes  (1).  » 

Dans  les  cas  d'hydatides  expectorées,  le  diagnostic  sera,  en  gé- 
néral, facile  ;  il  suffira  d'établir  la  nature  des  membranes  expulsées, 
quelquefois  même  on  trouvera  les  échinocoques.  Alors,  d'après  la 
marche  de  la  maladie,  on  pourra  déterminer  si  le  siège  des  vers  vési- 
culaires  est  dans  le  poumon  ou  dans  le  foie. 

§  XVI.  — Les  hydatides  développées  dans  le  poumon,  ou  bien 
en  rapport  avec  cet  organe,  occasionnent  constamment  des  phéno- 
mènes graves.  D'après  les  faits  rapportés  dans  cet  ouvrage,  la  mort 
arriverait  deux  fois  sur  trois  cas  ;  mais  ces  faits  concernent  pour 
la  plupart  des  kystes  qui  ne  se  sont  pas  fait  jour  au  dehors  ;  lorsque 
les  kystes  entrent  en  communication  avec  les  bronches,  après  un 
temps  plus  ou  moins  long,  après  des  accidents  divers,  la  guérison 
arrive  pour  le  plus  grand  nombre  des  cas. 

§  XVII.  —  Les  observations  d'hydatides  pulmonaires  ne  sont  pas 
très  nombreuses,  et,  comme  il  n'est  pas  sans  intérêt  de  connaître 
les  divers  accidents  qu'elles  déterminent,  leur  marche,  leur  durée, 
leur  terminaison  variables,  nous  rapporterons  in  extenso  celles  dont 
nous  n'avons  pas  encore  parlé,  ou  nous  en  donnerons  une  analyse 
sommaire. 

1°  Cas  de  guérison. 

A  cette  catégorie  appartiennent  les  cas  rapportés  ci-dessus: 

(1)  Docteur  Vigla,  Des  hydatides  de  la  cavité  thoracique,  obs.  I  (Arch.  gèn.  do 
médecine,Ye  série.  Paris,  1855,  t.  VI,  p.  282). 


NATURELLES  OU   ADVLNTIVLS.    —   HYDATIDES.  Z|29 

I.  —  Obs.  XXXIV  (Fréteau).  —  Kyste  ouvert  à  travers  la  paroi  tho- 
racique  el plus  lard  dans  lesbronches. 

II.  —  Obs.  XXXV  (Laennec).  —  Kyste  ouvert  dans  l'intestin. 

III.  —  Obs.  XXXIX  (Husson).  —  Hydatides  expectorées. 

IV.  —  Obs.  LX  (Beaugendre).  —  Hydatides  expectorées. 

V.  —  Obs.  XLI  (Vigla).  —  Ponction,  injection  iodée. 

Obs.  XLII  (Doubleday).  —  Hydatides  expectorées. 

VI.  — En  1 776,  le  docteur  Doubleday  rapporta  le  cas  d'une  femme  d'un 
âge  moyen,  qui,  après  avoir  éprouvé  pendant  deux  années  de  la  difficulté  à 
respirer  et  d'autres  symptômes  pulmonaires,  avec  de  l'amaigrissement,  expec- 
tora tout  à  coup,  en  toussant,  du  sang  mêlé  d'une  matière  transparente  et 
visqueuse  comme  du  blanc  d'œuf.  La  matière  expectorée  remplit  une  cuvette; 
elle  contenait  un  certain  nombre  de  vésicules  transparentes,  variant  pour  la 
grosseur  depuis  un  gros  pois  jusqu'à  celle  d'un  œuf  de  poule,  plus  ou  moins 
déchirées,  mais  paraissant  avoir  contenu  la  matière  glaireuse  expectorée. 
Après  avoir  rendu  ces  corps,  elle  recouvra  un  état  de  santé  meilleur  que  celui 
dont  elle  avait  joui  depuis  longtemps.  Elle  parut  tout  à  fait  guérie  quelques 
années  après  (1  ). 

Obs.  XL1II  (Johnson).  —  Hydatides  expectorées. 

VII.  —  En  1785,  Johnson,  chirurgien  de  Lancastre,  publia  l'histoire  d'une 
femme  âgée  de  quarante-neuf  ans,  qui  avait  longtemps  souffert  d'une  douleur 
du  côté  droit,  avec  des  symptômes  d'une  maladie  du  foie.  En  septembre  1779, 
elle  fut  prise  de  toux  et  d'une  grande  difficulté  de  respirer.  Dans  le  mois  de 
mars  1780,  elle  commença  à  expectorer  des  hydatides  nageant  dans  une  ma- 
tière gélatineuse.  Elle  continua  d'en  expectorer  chaque  jour  pendant  près  de 
quatre  mois  et  puis  seulement  de  temps  à  autre.  Au  mois  de  janvier  1783, 
tous  les  accidents  prirent  une  nouvelle  intensité  et  la  malade  expectora  à  la 
fois  une  grande  quantité  d'hydatides.  Elle  recouvra  bientôt  après  une  santé 
parfaite.  Le  nombre  des  hydatides  rendues'était  de  plus  de  cent.  Les  plus 
grosses  étaient  rompues,  elles  égalaient  en  grosseur  un  œuf  de  poule.  Le 
plus  grand  nombre  avait  le  volume  d'une  noix  muscade  (2). 

Obs.  XLIV  (...?).  — Hydatides  expectorées. 

VIII.  —  On  trouve  dans  le  journal  de  médecine  de  Corvisart  (1 801)  le  cas 
d'un  jeune  homme  qui  expectora  des  hydatides.  Le  malade  rapporte  qu'ayant 
atteint  l'âge  de  vingt-sept  ans  sans  avoir  jamais  souffert  de  maladie  sérieuse, 

(1)  Médical  observât,  and  inquiries,  vol.  V,  p.  143. 

(2)  Johnson,  in  London  medicalJourn.,  vol.  VI,  p.  293  (Doubleday);  — Abrégé 
des  Transacl.  philosoph.,  partie  VI  ou  VII;  —  Anal,  anirn  ,  p.  180;  —  Transact. 
philos,  de  Londres  (Andral,  sans  nom  d'auteur). 


A  30  AFFECTIONS   VEUMINEUSES    DES   CAVITÉS   SÉREUSES 

il  fut  pris  d'une  forte  douleur  dans  le  côté  gauche  après  s'être  exposé  au  froid 
et  à  l'humidité;  cetto  douleur,  quoique  bientôt  guérie,  revint  après  un  inter- 
valle de  deux  mois  et  persista  pendant  trois  mois.  A  cette  époque  le  malade 
expectora,  en  toussant,  une  grande  quantité  de  liquide  albumineux  et  d'une 
couleur  pâle.  Il  fut  alors  reçu  à  l'hôpital  par  Corvisarl?  Peu  de  temps  après 
avoir  rendu  le  liquide  dont  il  est  parlé  ci-dessus,  il  commença  à  expectorer  par 
intervalles  des  lambeaux  de  membranes  ressemblant  à  du  blanc  d'œuf 
coagulé.  Ces  lambeaux  continuèrent  à  être  expulsés  pendant  quelques  mois. 
Le  malade,  étant  réduit  à  l'état  le  plus  grave,  obtint  un  jour  une  amélioration 
soudaine  après  avoir  expectoré  un  lambeau  d'hydatide  grand  comme  la  main. 
Ayant  remarqué  qu'une  position  du  corps  dans  laquelle  la  tête  était  en  bas 
favorisait  la  sortie  des  matières,  il  avait  pris  cette  position  qui  avait  aidé  à 
l'expulsion  de  cet  énorme  lambeau,  non  sans  menace  de  suffocation.  A  partir 
de  ce  moment,  la  santé  continua  de  s'améliorer  et  le  jeune  homme  paraissait 
guéri  à  l'époque  où  il  faisait  la  relation  de  sa  maladie  (1). 

Obs.  XLV  (Baumes).  —  Hydatides?  expectorées. 

IX.  —  «  Baumes  rapporte  qu'une  dame  de  vingt-cinq  ans,  sujette  à  une 
toux  forte  'et  convulsive,  fut  atteinte  de  dyspnée,  de  picotement  dans  l'inté- 
rieur du  thorax  ;  elle  cracha  du  sang  et  de  plus  quelques  lambeaux  membra- 
neux blancs  et  lymphatiques.  La  malade  fut  mise  à  l'usage  du  calomel  et 
guérit  (2).  > 

Ôbs.  XLVI  (Duncan).  —  Hydatides  expectorées. 

X.  —  En  1841,  un  médecin  de  Londres  communiqua  au  docteur  Duncan 
(d'Edimbourg)  les  détails  de  la  maladie  d'une  femme  de  vingt-quatre  ans,  qui 
fut  d'abord  prise  des  symptômes  d'une  pleurésie  pour  laquelle  elle  subit  un 
traitement  actif;  au  bout  de  deux  mois,  il  survint  une  toux  accompagnée 
d'expectoration  de  pus  d'une  odeur  fétide  ;  bientôt  après  cette  malade  expec- 
tora, à  la  suite  de  quelques  accès  de  toux,  des  fragments  de  membranes  trans- 
parentes, consistant  en  plusieurs  lambeaux  qui  étaient  évidemment  des  mem- 
branes d'hydatides.  Cette  expectoration  procura  un  soulagement  immédiat  aux 
douleurs  de  poitrine  et  aux  suffocations.  La  toux  et  l'expectoration  ayant  per- 
sisté pendant  trois  mois,  elle  recouvra  enfin  les  forces,  mais  elle  continua  à 
souffrir  de  symptômes  pulmonaires  pendant  un  an  et  demi  (3). 

Obs.  XLVII,  XLVIII  (Laennec  et  Ribes).  —  Hydatides  expectorées. 

XI.  XII. — Laennec  rapporte  avoir  vu,  en  1798,  un  malade  qui  expectorait 

(1)  Histoire  d'une  maladie  singulière  de  poitrine  observée  à  la  clinique  interne  de 
V École  de  Paris  [Journal  de  Corvisarl,  t.  II,  p.   195,  an  IX). 

(2)  Ann.  de  la  Soc.  de  médecine  de  Montpellier  (1803),  numéro  de  thermidor 
an  IX,  cité  par  Fréteau. 

(3)  Edinb.  med.  and  surg.  Journal,  vol.  VII,  p.  490  (Doubleday). 


NATURELLES  OU  ADVENIVES.   -  HYDATÏDES  M 

leSiydat',de,3' 6t  qU'Un  ^  SembIable  'Ui  a  Montré  parRibes.  L'un  el  l'autre 
de  ces  malades  se  rétablirent  (4).  tre 

Obs.  XLIX  (Andral).  —  Hydalides  expectorées. 

|P,  T?  If,°mme'  Vin§t-huit  ans  5 toux  depuis  quatre  mois,  hémoptysie  dou 

'eu   habituelle  sous  le  sein  gauche,  pâleur,  maigreur,  resp  ratio    co te  2~ 
ub.tusaro.te   crachats  muqueux,  apyrexie,  réson^ance'éga.e  de  a    oi'tr    e 

dans  tous  les  points,  râle  bronchique  en  arrière  des  deux  côtés   Le    ro  s  Z 
jour  après  son  entrée  à  l'hôpital,  expectoration  d'un  large  fragment       ! 
brane  rou.ee  sur  elle  même,  ayant  l'aspect  caractéristique  des'alé     a  0Cys  es" 
«Cette  membrane  déroulée  avait  à  peu  près  la  largeur  delà     aum    d     a 
main  ;  ainsi  ,1  était  bien  évident  qu'elle  ne  s'était  point  formée  dans  le   bron 

hes,  ,  Les  ,ours  suivants,  le  malade  cracha  beaucoup  de  sang,  abonda  es" 
saignées  furent  pratiquées,  l'hémoptysie  cessa,  et  le  malades  „ 
mieux,  voulut  quitter  l'hôpital  (2).  '        lrouvant 

Obs.  L    (Fouquier).  -  Hydalides  expectorées. 

i  h/IVTr  !;  \  professeur  ¥°n^  a  bien  voulu  nous  communiquer  ver 
balement,  dit  M    Andral,  l'observation  d'un  individu  chez  lequel  avaien  ex" 
tons  les  symptômes  rationnels   d'une   phthisie  pulmonaire^rès    va„  ée  Ce 

K  T,°HVra  Un6Parfaite  Santé  après  avoir  exPectoré  une  grande Tuan 
.  tite  d  hydatides  rompues  (3).  »  garnie  quan- 

Obs.  LI  (Hqering).  ~  Hydalides  expectorées. 

XV. -Il  s'agit  d'un  homme  âgé  de  42  ans,  habituellement  bien  portant-  il 
m  survint  successivement  à  la  poitrine  deux  petites   tumeurs  quT      S 
tnnerent  issue  pendant  plusieurs  mois  à  un  liquide  séreux'   L     26  m 
1835,  M.  Hœring  observa  tous  les  signes  de  la  phthisie  ;  le  4  6  mai    une T 
fa»  s  ouvrit,  avec  expectoration  de  pus  sanguinolent,  puis  \7sZ2' 
le  19  i  survint  des  accès  violents  de  suffocation,  à  la    u  te  de  que  s  fe  ma 
lade  rendit  une  assez  grande  masse  membraneuse  entourée  de  beaucol  ^ 
pus    Le  soir,  nouvelle  expulsion  d'une  masse  semblable  qu'on  reconnu  l!r 
»ne  hydatide,  sa  dimension  était  à  peu  près  celle  d'un  œuf     oie    Au  b  ut  de 
quelquesjours  l'état  du  malade  s'améliora;  au  mois  de  juillet  l  1 JZ-* 
*s  occupations  de  bureau.  L'automne  et  l'hiver  e  passer  ^  bien       P         & 
/elle  expectoration  d'hydatides  (4).  P  '"'  Sa"S  nOU~ 

(1)  Laennec,  Traité  de  l'auscultation  médiate,  t.  II,  p    901    3.  Mil   ,tn  '~.t 
fans,  1819).  '         '  v'  ~m>  à   édlt-  (Ie  édit., 

(2)  Andral,  Clinique  médicale,  i.  Il,  obs,  vi    p    414 

(3)  Andral,  Clin,  cit.,  t.  II,  p    ii6 


ft32  AFFECTIONS  VËÛ.MINEUSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

2°  Cas  de  mort. 

A  cette  catégorie  appartiennent  les  cas  rapportés  ci-dessus  : 

I.  —  Oiis.  I  (Andral).  —  Ilydalides  libres  dans  la  plèvre,  un  kyste  hy- 
datique  duns  le  foie. 

II.  —  Obs.  IV  (Nf.ucourt).  —  h'ysle  hydalique  à  la  base  du  poumon, 
plusieurs  dans  le  foie. 

III.  —  (Cruveiliiier).  — Hydatide  sous-pleurale. 

IV.  —  Obs.  XXVI  (Geoffroy  f.t  Dupuytren).  — Hydatide  solitaire  dans 
chaque  poumon  et  dans  le  foie. 

V.  —  Obs.  XXVII  (Cayol).  —  Hydatide  sous  la  plèvre  costale. 

VI.  —  Obs.  XXVUI  (Simon).  —  Hydatide  dans  le  médiaslin  antérieur. 

VII.  —  Obs.  XXV(Alibert). — Hydatide  dans  le  médiastm,  ouverte  dans 
le  péricarde. 

VIII.  — Obs.  CII  (Richter).  —  Kystes  multiples,  l'un  dans  le  médiaslin 
antérieur. 

IX.  —  Obs.  XXIX  (Sonnié-Moret).  —  Hydatide  du  lobe  supérieur. 

X.  —  Obs.  XXX  (Séguin).  —  Hydalides  du  foie,  du  cerveau,  du  lobe  su- 
périeur du  poumon . 

XI.  — Obs.  XXXI  (Trochon).  —  Hydatides  du  lobe  supérieur. 

XII.  —  Obs.  XXXII  (Aubré).  —  Kyste  dans  le  lobe  supérieur  du  poumon 
gauche  ouvert  dans  les  bronches.  —  Kyste  de  la  base  du  poumon  droit. 

XIII.  —  Obs.  XXXIII  (Pillon).  —  Hydalides  du  lobe  supérieur. 

XIV.  —  (Maloét).  • —  Kyste  dans  chaque  poumon,  un  dans  le  foie. 

XV.  — Obs.  XXXV  (Dupuytren).  — Kyste  du  poumon  ouvert  à  Vom- 
bilic. 

XVI.  —  Obs.  XXXVII  (Fouquier).  —  Kyste  ouvert  dans  la  plèvre  et 
dans  les  bronches. 

XVII.  — Obs.  XXXVIII  (Andral). — Kyste  dans  le  lobe  inférieur  de 
chaque  poumon. 

Obs.  LU   (Lepois). 

XVIII.  —  »  Charles  Lepois  parle  d'un  jeune  homme  qui  périt  subitement  de 
suffocation  par  suite  d'orthopnée  invétérée  et  de  fièvre  lente:  il  avait  de  l'eau 
dans  la  poitrine,  mais  l'un  des  côtés  contenait  en  outre  plusieurs  hydatides  ; 
ces  vésicules  étaient  transparentes  et  ressemblaient  à  de.?  œufs  (1).  » 

Obs.  LUI  (Leroux).  —  Vaste  kyste  contenant  des  hydatides  multiples. 

XIX.  —  Il  s'agit  d'un  individu  âgé  de  trente-cinq  ans,  entré  à  la  Clinique 
en  1815.  Toux  et  dyspnée  depuis  plus  de  trois  ans;  parole  lente,  entre- 

(1)  CarolusPiso,  Observ.  méd.,  page  239,  cité  par  Fréteau, 


NaTDÎîELLES  OU   ADVENIVES,   —   HYDATIDES.  k 33 

coupée,  batlemenls  du  cœur  profond:?,  toux  continuelle  sans  expectoration, 
essoufflement,  anxiétés  horribles.  A  la  percussion,  matité  dans  tout  le  côté 
droit,  membres  thoraciques  œdémateux,  membres  abdominaux  non  infiltrés. 
Diagnostic  :  hydrothorax.  Mort  dans  la  suffocation. 

Aulopsie.  —  Le  côié  droit  de  la  poitrine  est  rempli  par  une  hydatide  qui 
en  occupe  toute  la  capacité;  le  poumon,  réduit  au  volume  du  poing,  est  refoulé 
en  haut  et  à  gauche.  Sac  formé  par  l'hydatide  mère  de  la  capacité  de  six  litres 
environ,  renfermant  des  centaines  d'hydatides,  refoulant  le  diaphragme  en 
bas  et  le  médiastin  à  gauche;  tous  les  organes  sont  à  l'état  normal  (I  ). 

Obs.  L1V  (Andral).  —  Hydatides  dans  le  poumon  et  dans  le  foie. 
XX. — Homme,  vingt-six  ans,  symptômes  et  phénomènes  de  la  phthisie  pul- 
monaire ;  mort.  ■ —  Autopsie:  tubercules  à  divers  étals  ;  dans  le  centre  du  lobe 
inférieur  du  poumon  gauche,  poche  de  la  capacité  d'une  grosse  noix  renfermant 
un  liquide  puriforme  ;  à  l'intérieur,  hydatide  unique,  pleine  d'un  liquide  lim- 
pide; kyste  hydatique  dans  le  foie  (2). 

Obs.  LV  (Andral).  —  Kysle  unique  contenant  des  hydatides  multiples. 

XXI.  —  Femme,  quarante-cinq  ans,  respiration  libre,  pas  de  toux,  pas  de 
matité  à  la  percussion.  Inégalité  d'intensité  du  bruit  respiratoire  entre  les  deux 
côtés  de  la  poitrine,  plus  fort  à  droite;  mortpar  un  cancer  utérin.  — Aulopsie  : 
au  centre  du  lobe  inférieur  du  poumon  droit,  hydatide  du  volume  d'une  grosse 
noix  qui  en  contenait  plusieurs  autres;  kyste  fibro-celluleux,  poumon  sain  (3). 

Obs.  LVI  (docteur  Watts,  de  Manchester).  —  Hydatides  dans  le  poumon 
et  dans  le  foie. 

XXII.  — Homme  âgé  de  quarante-sept  ans,  ayant  toujours  joui  d'une 
bonne  santé  jusqu'en  18  42.  Alors  dyspepsie,  douleurs  d'estomac  et  du  dos  sous 
l'omoplate  droite.  En  1843,  aggravation,  douleurs  d'estomac  violentes,  dys- 
pnée; symptômes  de  gangrène  pulmonaire;  mort.  —  Autopsie  :  au  centre  du 
lobe  inférieur  du  poumon  gauche,  hydatide  solitaire  de  la  grosseur  du  poing; 
une  autre  solitaire,  grosse  comme  la  tête  d'un  enfant,  existe  dans  le  foie.  Le 
lobe  inférieur  de  chaque  poumon,  surtout  du  gauche,  compacte,  facile  à  écraser 
entre  les  doigts,  laisse  échapper  une  matière  opaque,  épaisse,  d'une  odeur 
gangreneuse  (4). 

Obs.  LVII  (Bouvier).  —  Kyste  hydatique  solitaire. 

XXIII.  — Femme  de  soixante  ans,  matité  et  absence  de  respiration  dans  une 
grande  étendue  du  poumon  droit,  crachats  incolores,  pas  de  dyspnée.  Dia- 

(1)  Leroux,  ouvr.  cit.,  t.  VII,  p.  140. 

(2)  Andral,  Clin,  cit.,  t.  II,  p.  408,  obs.  ut. 

(3)  Andral,  Clin,  cit.,  t.  II,  p.  410,  obs.  iv. 
(t)  Budd,  ouvr.  cit.,  p.  427. 

Davaine.  28 


h'Mi  AFFECTIONS    VKKMINEUSKS    DIS   CAVITES   SEHEUSKS 

gnostic:  épanchemenl  plouréiiquo.  Mort  par  la  diarrhée.  —  Autopsie:  poumon 
droit,  adhérent  aux  parois,  acépharooyste  du  volume  d'une  grenade  dans  le 
lobe  Inférieur.  Kysle  libro-ntlluleux  mince,  lisse,  très  adhérent;  à  travers  sa 
paroi  se  dessinent  en  relief  des  branches  vasculaires  cl  des  rameaux  bronchi- 
ques, un  do  ces  rameaux  est  ouvert  dans  le  kyste.  Tous  les  organes  sains,  à 
l'exception  do  l'intestin  (1). 

Ob9.  LVII1  (Bouvier).  — i  Kijstc  hydalique  solitaire. 

XXIV.  —  Femme  de  soixante-cinq  ans,  morte  de  méningite;  matité  dans 
toute  la  hauteur  du  poumon  droit  en  arrière,  et  à  la  base  du  poumon  gauche. 
—  Autopsie.  Adhérences  du  poumon  gauche  avec  les  parois  ;  énorme  acépha- 
locysle  solitaire,  remplissant  presque  la  totalité  du  lobe  inférieur  ;  le  tissu  do 
ce  lobe  réduit  à  une  lame  mince  et  comme  membraneuse,  entourant  l'hyda- 
tide;  dans  un  point  où  le  tissu  pulmonaire  a  disparu,  plaque  cartilagineuse 
assez  large  en  contact  immédiat  avec  l'hydalide.  Kyste  formé  par  une  mem- 
brane celluleu^e  (ine,  à  travers  laquelle  se  dessinent  des  branches  vasculaires 
dénudées  et  comme  disséquées  dans  une  partie  de  leur  trajet  (2). 

Obs.  LIX   (Pinaut).  —  Hydatides  dans   les  deux  poumons,  le  foie  et  lu 
rate. 

XXV. — Il  s'agit  d'une  femme,  âgée  de  trente  ans,  qui  éprouvait  depuis  deux 
ans  de  la  gêne  à  respirer,  et  qui  offrait  de  l'œdème  des  jambes,  les  signes  d'un 
épanchement  séreux  dans  l'abdomen  et  dans  la  cavité  gauche  du  thorax. 

A  l'autopsie,  on  trouva  un  kyste  hydatique  dans  le  lobe  droit  du  foie;  un 
autre  kyste  considérable  dans  la  rate  ;  un  kyste  de  la  grosseur  d'un  œuf  adhé- 
rent au  bord  postérieur  du  foie,  au  diaphragme,  et  comprimant  la  veine  cave, 
ce  qui  explique  l'œdème  etl'ascite;  un  kysle  considérable  occupant  la  partie 
antérieure  du  lobe  moyen,  la  partie  la  plus  inférieure  du  lobe  supérieur,  et  la 
partie  supérieure  du  lobe  inférieur  du  poumon  droit;  un  autre  très  considé- 
rable occupant  tout  le  lobe  inférieur  et  la  plus  grande  partie  du  lobe  supérieur 
du  poumon  gauche  ;  enfin  deux  petits  kystes,  l'un  du  lobe  inférieur  du  poumon 
droit,  l'autre  du  lobe  supérieur  du  poumon  gauche,  appartenaientprobablement 
aussi  aux  hydatides  (3). 

En  résume  :  Sur  les  quarante  cas  rapportés  ci-dessus,  la  guérison 
a  eu  lieu  quinze  fois,  et  la  mort  vingt-cinq  fois. 

(1)  Bouvier,  Hydatide  du  poumon  {Bull.  Acad.  royale  de  mc'd.  Paris,  1841- 
1842,  t.  VII,  p.  933). 

(2)  Bouvier,  Hydatide  du  poumon  {Bull.  Acad.  royale  deméd.  Paris,  1842-1843, 
t.  VIII,  p.  1244). 

(3)  Piuaut,  Bull.  Soc.  anatom.  Paris,  1854,  p.  4 0 ( > ,  et  Houël,  Rapport  sur  celle 
observation,  p.  411. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVËS.    —  HYD.VTIDES.  !\?,5 

La  guérison  a  été  due  : 

A  l'expectoration  des  hydalides 12  fois. 

A   leur  évacuation  par  l'intestin 1 

A  la  ponctiou  avpc  injection  iodée 1 

A  l'ouverture  par  le  bistouri  à  travers  les  parois  de  la 
poitrine  et  à  l'évacuation  spontanée  par  les 
bronches 1 

Le  siège  des  hydatides  dans  les  vingt- cinq  cas  de  mort  a  été  : 

La  cavité  de  la  plèvre 1  fois. 

Le  tissu  cellulaire  sous-pleural  de  la  paroi  thoracique.  l 

Le  médiastin 3 

Le  lobe  supérieur  du  poumon 5  ou  6  fois. 

Le  lobe  inférieur 12  ou  13  fois. 

5  fois  il  y  avait  un  kyste  dans  chaque  poumon. 

8  fois  il  existait  en  même  temps  un  kyste  hydatique  dans  le  foie. 

Dans  le  plus  grand  nombre  de  cas,  le  kyste  contenait  une  hyda- 
tide  solitaire. 


CHAPITRE  II. 

KTSTES   HYDATIQUKS   ABDOMINAUX    ENVAHISSANT   LA   CAVITÉ   DU  THORAX. 

Les  kystes  hydatinues  développés  dans  quelques-uns  des  organes 
abdominaux,  mais  surtout  ceux  de  la  partie  supérieure  du  foie,  sou- 
lèvent le  diaphragme,  refoulent  les  poumons  et  apportent  un  obstacle 
au  libre  exercice  de  ces  organes.  Comme  ceux  qui  se  sont  déve- 
loppés dans  la  cavité  thoracique  même,  ils  peuvent  se  perforer  et 
verser  leur  contenu  dans  la  cavité  du  péricarde  ou  de  la  plèvre,  ou 
bien  entrer  en  communication  avec  quelque  bronche,  et  se  vider  par 
cette  voie  au  dehors.  Les  symptômes,  la  marche  et  la  terminaison 
de  ces  kystes  ont  la  plus  grande  analogie  avec  ceux  des  kystes  hyda- 
tiques  intra-thoraciques  ;  nous  en  parlerons  donc  immédiatement  à 
leur  suite. 

A.  —  Kystes  refoulant  le  poumon,  médiatement  à  travers  le  diaphragme  intact. 

Les  kystes  développés  vers  la  face  supérieure  du  foie  refoulent 
fortement  le  diaphragme  en  haut  et  médiatement  le  poumon  ;  d'un 
autre  côté,  le  foie  est  repoussé  en  bas  et  dépasse  le  rebord  des  fausses 
côtes.  Le  poumon  peut  ainsi  être  refoulé  jusqu'à  la  troisième  ou  la 


/|3G  AFFECTIONS  VERMINEUSES  1>KS  CAVITES  SÉHELSES 

seconde  côte,  sans  que  le  diaphragme  soit  perforé  ;  il  en  résulte  une 
grande  gêne  de  la  respiration  et  plusieurs  des  signes  physiques  d'un 
épanchement  dans  la  plèvre;  aussi  ht  plupart  des  cas  ont-ils  été  con- 
fondus avec  l'hydrothorax  ou  la  pleurésie. 

Ods.  LX  (Goocii). 

I.  —  Il  s'agit  d'une  petite  fille,  âgée  d'environ  neuf  ans,  qui  avait  une 
grande  tuméfaction  au  foie,  laquelle  élevait  et  repoussait  les  côtes  de  bas  en 
haut.  La  tumeur  était  fluctuante;  une  ponction  y  fut  faite  avec  une  lancette; 
il  en  sortit  un  peu  de  liquide  et  l'enfant  mourut  le  lendemain.  A  l'ouverture 
du  cadavre  on  trouva  que  le  foie  s'étendait  presque  jusqu'aux  clavicules,  re- 
poussait et  entraînait  avec  lui  le  diaphragme  ;  il  avait  comprimé  le  poumon 
droit  jusqu'au  point  qu'on  ne  put  le  gonfler  d'air  en  soufflant  par  la  trachée- 
artère;  il  était  adhérent  au  diaphragme  ainsi  qu'à  la  plèvre.  Il  y  avait  dans  le 
foie  un  kyste  hydalique  qui  contenait  environ  cinq  pintes  de  liquide  (1). 

Obs.  LXI  (Dolbeau). 

II . — Un  homme,  âgé  de  cinquante-huit  ans,  avait  eu  une  pleurésie  à  droite, 
deux  ans  avant  sa  mort  ;  il  avait  la  respiration  courte,  anxieuse  ;  il  succomba 
aux  progrès  de  l'asphyxie. 

Autopsie.  Le  foie  n'était  distant  de  l'ombilic  que  de  trois  travers  de 
doigt;  un  kyste  hydatique  existait  à  sa  face  supérieure;  ce  kyste,  coiffé  du 
diaphragme,  remontait  dans  le  thorax  et  atteignait  à  droite  la  deuxième  côte  ; 
le  poumon,  très  comprimé,  était  réduit  à  une  lame  mince  qui  descendait  en  ar- 
rière jusqu'à  la  quatrième  côle  ;  le  kyste  dépassait  encore  le  bord  gauche  du 
sternum  de  cinq  à  six  travers  de  doigt  ;  le  cœur,  repoussé  à  gauche  et  en  haut, 
occupait  la  paroi  latérale  gauche  de  la  poitrine.  Le  poumon  gauche  était  très 
comprimé  et  la  cavité  de  la  plèvre  gauche  présentait  les  signes  d'une  pleurésie 
récente  (2). 

Deux  cas  analogues  sont  rapportés  l'un  par  Mercier  (3),  l'autre 
par  M.  Combessis  (4)  :  le  premier  avait  été  pris  pour  un  hydrothorax, 
le  second  pour  un  épanchement  pleurétique.  Nous  rapporterons  un 
cas  semblable  de  MM.  Duplay  et  Morel-Lavallée  (5). 

Une  observation  non  moins  remarquable  concernant  un  kyste  dé- 

(1)  Gooch,  Cases  and  remarks  ofsurgery,  p.  170. — Lassus,  Mém.  cit.,  obs.  vir, 
p.  128.  —  Cruveilhier,  art.  Acépu.,  p.  238. 

(2)  F.  Dolbeau,  Étude  sur  les  grands  kystes  de  la  surface  convexe  du  foie  (Thèse, 
n°  113,  obs.  m,  p.  32.  Paris,  1856). 

(3)  J.  Mercier,  Dissert,  sur  l'hydrothorax,  thèse.  Paris,  1810,  n°  63,  p.  21,  et 
L.  Barrier,  thèse  cit.,  p.  69. 

(4)  Combessis,  Bull.  Soc.  anal.,  1851,  p.  347. 

(5)  Voy.  ci-après  observation  112, 


NATURELLES  OU    ADVENTIVES.    —  HYDAT1DES.  437 

veloppé  dans  la  rate,  a  été  rapportée  par  M.  Rombeau  :  ce  kyste 
avait  refoulé  le  cœur  vers  la  troisième  côte,  et  le  poumon  vers  l'ori- 
gine des  bronches  ;  ce  dernier  organe  avait  à  peine  le  volume  du 
poing  ;  le  diaphragme,  repoussé  dans  la  poitrine,  était  intact  (1). 

Le  diagnostic  de  ces  tumeurs  doit  être  souvent  fort  incertain  ; 
néanmoins  il  sera  possible  de  les  reconnaître  lorsque  l'on  observera 
des  phénomènes  semblables  à  ceux  des  kystes  hydatiques  de  la 
plèvre  ou  de  la  base  du  poumon  droit,  et  qu'en  outre  le  foie  sera 
plus  ou  moins  abaissé.  Peut-être  pourra-t-on,  dans  certains  cas, 
sentir,  sous  le  rebord  des  dernières  côtes,  la  fluctuation  ou  même  le 
frémissement  hydatique  ;  alors  l'origine  de  l'affection  ne  serait  plus 
douteuse. 

B.  —  Kystes  perforant  le  diaphragme  et  s'ouvrant  dans  la  plèvre. 

Les  kystes  du  foie  développés  vers  la  poitrine  perforent,  dans  cer- 
tains cas,  le  diaphragme  par  leur  action  propre  ou  par  suite  d'un 
effort  du  malade,  et  leur  contenu  s'échappe  dans  la  plèvre.  Une  dou- 
leur de  côté  violente  marque  ordinairement  cette  invasion  ;  il  en  ré- 
sulte une  pleurésie  aiguë  et  rapidement  mortelle  ;  cependant  la 
marche  de  la  maladie  est  quelquefois  moins  rapide,  alors  une  com- 
munication peut  s'établir  entre  la  plèvre  et  les  bronches,  et  les 
signes  du  pneumothorax  succèdent  à  ceux  de  l'épanchement  pleuré- 
tique. 

Le  diagnostic  d'un  tel  accident  ne  pourrait  guère  être  établi  que 
si  l'on  avait  préalablement  constaté  l'existence  d'un  kyste  hydatique 
dans  un  organe  de  l'abdomen. 

Nous  possédons  huit  observations  de  kystes  du  foie  ouverts  dans  la 
plèvre,  or  nous  n'en  avons  rapporté  qu'une  seule  de  kyste  du  poumon 
ouvert  dans  cette  même  cavité  ;  une  telle  différence  tient,  sans 
doute,  à  ce  que  les  hydatides  intra-thoraciques  déterminent  ordi- 
nairement des  adhérences  entre  les  deux  feuillets  de  la  membrane 
séreuse. 

Oiîs.  LXII  (Bianchi).  —  Rupture  spontanée. 

I. — «Talemsaccum,  gelatinosa  mater  ta  plénum, ad  plureslibrasaccumulata, 
»  in  gibba  hepatis  regione,  in  cadavere  invenit  Bianchus  :  ingens  ille  tumor 
»  diaphragma  tandem  laceraverat  el  in  cavum  dextrum  tlioracis  magnam  par- 

(1)  Rombeau,  Bull.  Soc.  anat.,  1854,  p.  341. 


/|3K  AI'I'ECTIONS    VKI1MINEUSES   DES    CAVITÉS   SÉREUSES 

»  ii  in  contenue  materiœ  effuderat  ci   tandem  suffocaverpt  miserum  homi- 

•    Di'lll    (1).   » 

Ods.  LXIII  (Valsalva)?  —  Rupture  spontanés. 

II.  —  1!  s'agit  d'une  femme  sexagénaire  qui  se  plaignait  depuis  longtemps 
d'uno  douleur  au-dessus  de  l'ombilic  ;  elle  avait  de  la  toux,  de  la  dyspnée,  et 
quelques  jours  avant  sa  mort,  son  ventre  se  tuméfia  tout  à  coup  considéra- 
blement et  ses  pieds  s'œdéma  ièrent. 

A  l'autopsie,  on  trouva  le  foie  dur;  la  vésicule  pleine  de  calculs;  un  amas 
de  vésicules  pleines  de  séiosité,  attachées  au  foie  ;  un  abcès  occupant  plus  du 
tiers  de  cet  organe;  «  la  matière  île  l'abcès  [athéromaleuse),  après  avoir  perforé 
le  diaphragme,  s'élait  précipitée  dans  la  cavité  droite  de  la  poitrine  qui  était 
totalement  remplie  d'un  pus  sanieux,  cependant  le  poumon  était  sain  (2).  » 

Obs.  LXIV  (Cruveilhier).  —  Rupture  spontanée. 

III.  —  H  s'agit  d'une  femme  âgée  de  trente-six  ans,  atteinte  d'une  tumeur 
du  foie  considérée  comme  un  abcès,  et  qui  mourut  tout  à  coup  suffoquée. 

A  l'autopsie,  on  trouva  dans  la  plèvre  droile  deux  ou  trois  pintes  de  sé- 
rosité jaunâtre  dans  laquelle  nageaient  une  multitude  d'hydatides.  Le  poumon 
était  sain  et  libre  d'adhérences  ;  le  diaphragme  et  la  plèvre  étaient  perforés 
par  une  ouverture  inégale,  circulaire,  du  diamètre  d'une  pièce  de  vingt  francs, 
qui  conduisait  dans  un  kyste  énorme,  contenu  dans  l'épaisseur  du  foie;  go 
kyste  avait  des  parois  très  denses,  fibreuses,  ossifiées  en  partie,  et  contenait 
beaucoup  de  sérosité  et  des  hydalides  (3). 

Obs.  LXV  (Cléhot).  —  Rupture  spontanée. 

IV. — Hôpital  de  Rochefort;  matelot,  quarante-cinq  ans,  n'ayant  jamais  été 
malade,  entré  à  l'hôpital  pour  des  douleurs  vagues  survenues  depuis  peu,  et 
jugées  rhumatismales.  Le  lendemain,  suffocation  imminente,  extrémités  froides, 
anxiété  extrême,  pouls  petit,  concentré,  précipité,  langue  naturelle,  idées 
nettes,  immobilité  et  malilé  du  côté  droit  dans  toute  son  étendue,  pas  d'ex- 
pectoration ;  mort  le  soir. 

Âulopsie.  Les  viscères,  à  l'exception  du  foie,  ne  présentent  rien  de  remar- 
quable Cinq  à  six  pintes  de  liquide  séro-purulenl,  avec  une  multitude  d'acé- 
phalocystes  dans  la  cavité  de  la  plèvre  droite  ;  poumon  comprimé,  aplati, 
réduit  à  l'épaisseur  de  deux  doigts  ;  fausses  membranes  minces,  recouvrant  la 
plèvre;  dans  le  foie  kyste  à  parois  épaisses,  communiquant  avec  la  plèvre  à 
travers  le  diaphragme  (4). 

(1)  Hisioria  Hepatica,  pars  II,  cap.  v,  §  12,  t.  I,  p.  154,  cité  par  Van  Swieten, 
op.  cil.,  t.  III,  p.  88. 

(2)  Mprgagnj,  Desedib.  cit.,  épist.  XXXVI,  §  4. 

(3)  Cruveilhier,  Dict.  de  méd.  et  de  chirurgie  pratiques,  art.  Acéph  ,  p.  239. 

(4)  Clémot,  Gaz.  des  hôp.,  1832,  t.  VI,  p.  30. 


NATURELLES   OU    ADVI.MIVES.    —    HYDATIDES.  '439 

Obs.  LXVI  (Docteur  Foucart)   — Rupture  spontanée. 

V.  —  Femme  âgée  de  trente  ans;  kyste  liyda  tique  du  foie  ouvert  dans  la 
plèvre;  pleurésie  avec,  épanchement.  Infiltration  du  membre  supérieur  droit, 
surtout  de  la  main  et  du  tiers  inférieur  de  lavant-bras,  pas  d'œdème  des 
antres  membres  (I). 

Obs.  LXVII   (Fouquier).  —  Rupture  spontanée. 

VI. —  Une  femme  âgée  de  quarante-deux  ans  entre  à  la  Charité;  elle  avait 
une  tumeur  dans  la  région  du  foie  et  des  symptômes  qu'on  rapporte  à  l'hépa- 
tite; il  survient  tout  à  coup  des  douleurs  vives  dans  le  côté  droit  de  la  poi- 
trine, de  la  dyspnée, delà  toux,  des  crachats  spumeux...  Matité  à  la  base  du 
poumon  droit,  respiration  amphorique;  mort  douze  jours  après  l'invasion  de 
ces  phénomènes. 

A  l'autopsie,  kyste  contenant  de  nombreuses  hydatides,  situé  dans  le  lobe 
droit  du  foie  et  communiquant  à  travers  le  diaphragme  avec  la  cavité  de  la 
plèvre,  plusieurs  fistules  pleuro-bronchiques  (2). 

Obs.   LXVIII  (MonnereA —  Kyste  communiquant  avec  la  plèvre  ;   un 
autre  avec  les  canaux  biliaires;  thoracocentèse. 

VII.—  «L.. .  (Firmin),  âgé  de  dix-sept  ans,  cordier,  entre  à  l'hôpital  Necker 
le  1 8  août  l  852.  Il  y  a  trois  semaines,  il  éprouva  tout  à  coup,  au  milieu  de  la 
nuit,  une  douleur  assez  vive  dans  le  ventre,  et  de  la  diarrhée.  Le  lendemain, 
la  douleur  occupe  l'hypochondre droit,  et  se  transmet  à  l'épaule  droite;  la  res- 
piralion  est  fréquente  et  pénible.  Les  jours  suivants,  les  symptômes  augmen- 
tent, mais  en  restant  toujours  les  mêmes;  il  n'y  a  ni  vomissements,  ni  jau- 
nisse, ni  épistaxis.  Le  malade  se  décide  à  entrer  à  l'hôpital. 

»  A  son  entrée,  on  constate  en  avant  une  maliLé  complète  de  bas  en  haut, 
jusqu'à  la  quatrième  côte,  en  arrière  jusqu'à  la  cinquième;  la  respiration  est 
rude  dans  le  tiers  supérieur  du  poumon,  et  nulle  ailleurs.  Dans  un  point,  on 
entend  un  frottement  pleural;  le  foie  a  une  hauteur  de  25  centimètres;  la 
matité  du  lobe  gauche  va  se  confondre  avec  celle  de  la  rate.  Il  existe  une  vous- 
sure marquée  de  toute  la  région  hépatique;  le  diagnostic  porté  le  jour  même 
est  celui-ci:  acéphalocyste  du  foie,  avec  pleurésie  consécutive. 

»  Le  20,  dans  la  nuit,  le  malade  ressent  une  douleur  vive  dans  le  côté 
droit;  cris,  suffocation  imminente. 

»  Le  21,  le  malin,  on  constate  que  la  matité  occupe  toute  la  hauteur  de 
la  poitrine  ;  la  respiration  ne  s'entend  plus  nulle  part.  M.  Monneret  juge  alors 
que  le  kyste  du  foie  s'est  ouvert  dans  la  plèvre,  et  il  pratique  immédiatement 
la  thoracocenlèse.  La  ponction  laisse  écouler  quatre  verrées  d'un  pus  blanc, 
séreux,  qui  contient  de  petites  vésicules  gélatineuses,  transparentes,  verdâ- 
tres,  reconnues  aussitôt  pour  des  hydatides. 

(1)  A.  Foucart,  Gaz.  deshôp.,  1851,  p.  397. 

(2)  Fouquier,  Clinique  des  hôpitaux,  4828,  t.  II,  n°  82,  et  Barrier,  thèse  citée, 
p.  47. 


A'iO  AFFILIIONS  VERMINEUSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

»  A  la  suite  do  celle  ponction,  le  malade  se  semant  do  mieux  en  mieux,  on 
ne  fait  rien  du  plus;  mais,  du  ia  au  10  septembre,  L...  est  pris  d'un  ictère 
léger,  et  bientôt  d'uno  bronchite  très  intense;  en  môme  temps,  un  phlegmon 
diffus  se  développe  sur  la  hanche  droite  et  gagne  la  cuisse.  Malgré  tous  les 
moyens  que  l'on  emploie  pour  se  rendre  maître  de  ces  accidents,  le  malade 
mourt  le  1 9  septembre. 

»  Autopsie.  On  trouve  :  1°  Une  tumeur  au  bord  postérieur  du  foie,  qui  lui 
adhère  intimement;  cette  tumeur  a  la  grosseur  d'une  pomme;  elle  se  com- 
pose d'une  membrane  extérieure  fibreuse,  très  épaisse,  résistante,  qui  ren- 
ferme dans  son  intérieur  le  détritus  de  nombreuses  vésicules,  de  dimensions 
variables  et  tout  à  fait  vides,  et  des  fragments  de  membranes  gélatineuses, 
hyalines,  qui  ont  dû  avoir  un  volume  considérable.  Ce  détritus  est  fortement 
teint  en  jaune  d'ocre,  et  le  microscope  y  montre  tous  les  éléments  de  la  bile. 
En  examinant  de  plus  près  l'intérieur  du  sac  fibreux  hydatifère,  on  y  aperçoit 
quelques  ouvertures  capables  d'admettre  un  stylet,  et  qui  laissent  couler  à  la 
pression  une  matière  jaunâtre  bilieuse.  2°  Une  seconde  tumeur  au-dessus,  qui 
n'a  de  communication  ni  avec  la  première  ni  avec  le  foie;  elle  a  le  volume  du 
poing,  et  refoule  le  diaphragme  qui  la  coiffe;  en  un  point,  existe  dans  le  dia- 
phragme une  perforation  d'un  centime! re,  et  la  poche  communique  largement 
avec  la  cavité  droite  de  la  poitrine  ;  une  membrane  gélatineuse  est  engagée 
dans  celte  ouverture.  Le  kyste  et  la  plèvre  contiennent  de  nombreux  débris 
d'hydatides.  qui  nagent  dans  le  liquide  purulent  de  la  plèvre.  On  [ne  trouve 
pas  de  bile  dans  cette  seconde  tumeur.  —  Le  microscope  ne  fait  apercevoir 
nulle  part  ni  échinocoques  ni  crochets  (<l).  » 

C.  —  Kystes  envahissant  le  poumon. 

Les  kystes  du  foie,  plus  rarement  ceux  des  autres  organes,  tels 
que  la  rate  ou  le  rein,  contractent  des  adhérences  avec  le  dia- 
phragme, puis  avec  le  poumon  même.  Les  fibres  musculaires  com- 
primées disparaissent  dans  une  étendue  variable;  une  perforation  se 
fait  qui  met  en  communication  l'intérieur  du  kyste  avec  la  base  des 
poumons  ;  les  matières  s'y  creusent  une  cavité  nouvelle  ;  cette  cavité 
entre  quelquefois  en  communication  avec  les  bronches  qui  fournissent 
une  voie  d'élimination  au  contenu  de  la  tumeur  hydatique. 

On  peut  suivre  dans  les  faits  connus  tous  les  différents  degrés  de 
cette  marche  des  poches  hydatiques  de  la  surface  convexe  du  foie. 

Ons.  LXIX(Esqoirol),  —  Hydulides  dans  le  foie  et  dans  l'ovaire. 
I. — Une  fille  folle  et  paraplégique  depuis  quatre  ans,  ayant  recouvré  tout  à 

(1)  Monueret,  Revue  médico-chirurgicale,  1852,  t.  XII,  p.  257,  et  Cadet  de 
Gassicourt,  thèse  citée,  p.  54. 


NATURELLES    OU   ADVENTIVES.    —  I1YDATIDES.  4M 

coup  l'usage  de  ses  jambes,  alla  se  précipiter  par  une  fenêtre.  On  trouva 
dans  le  foie  deux  kystes  hydatiques  énormes  :  le  plus  grand  avait  conlraclé 
des  adhérences  par  la  face  supérieure  avec  le  diaphragme  qui  adhérait  lui- 
même  aux  poumons,  il  y  avait  de  cette  manière  communication  entre  le  poumon 
et  le  kyste  du  foie;  l'ovaire  gauche  contenait  aussi  des  hydatides  (1). 

Obs.  LXX  (Crdveilhier). 
II. — Un  kyste  solitaire  très  volumineux,  à  moitié  logé  dans  une  excavation 
de  la  face  convexe  du  foie,  avait  fortement  soulevé  le  diaphragme  qui  adhérait 
d'une  part  au  kyste,  de  l'autre  à  la  base  du  poumon  (2). 

Obs.  LXXI  (Andral). 

III.  —  «  Un  homme  de  cinquante  ans  environ,  mourut  dans  notre  service 
(Andral)  à  la  Maison  royale  de  santé,  après  avoir  présenté  un  ictère  et  d'autres 
symptômes  d'une  affection  du  foie.  Nous  trouvâmes  dans  cet  organe  une  vaste 
poche  remplie  d'hydalides  et  qui  communiquait  à  travers  le  diaphragme  avec 
une  autre  cavité,  pleine  de  pus  et  d'hydatides,  creusée  à  la  base  du  poumon 
droit  (3).  » 

Une  observation  rapportée  par  le  docteur  Machaud,  concerne  une 
tumeur  dont  le  point  de  départ  avait  probablement  été  la  rate,  et  qui 
avait  envahi  le  foie  et  le  poumon  droit  ;  mais  il  peut  aussi  se  faire 
que  le  kyste  qui  existait  dans  ces  trois  organes  ne  fût  qu'une  fusion 
de  trois  kystes  développés  d'abord  isolément;  quoi  qu'il  en  soit, 
voici  les  principales  circonstances  du  fait  : 

Obs.   LXXII  (Machaud).  —   Kyste  envahissant   le  foie,   la  rate  et   le 
poumon. 

IV.  —  Il  s'agit  d'un  homme  mort  à  l'hôpital  de  Dôle,  avec  une  tumeur  à 
l'épigastre  et  des  symptômes  qui  rirent  croire  à  l'existence  d'un  hydrothorax. 

A  l'autopsie,  «  on  reconnut  que  la  tumeur  appartenait  à  la  rate,  dont  le 
volume  était  sextuplé  et  occupait  l'hypochondre  gauche,  l'épigastre,  une 
partie  de  l'hypochondre  droit,  et  descendait  en  outre  jusqu'à  la  région  ombili- 
cale au-dessous  de  laquelle  l'estomac  venait  faire  une  saillie  remarquable... 
Le  foie,  profondément  caché  dans  l'hypochondre  sous  la  portion  antérieure 
et  droite  de  la  rate,  n'était  pas  sensiblement  altéré  dans  sa  couleur,  mais  il  pa- 
raissait atrophié...  Quant  à  la  rate,  ses  dimensions  étaient  extraordinaires  et 
sa  couleur  violacée...  Une  tumeur  placée  au  tiers  supérieur  et  à  droite  de  cet 
organe,  et  correspondant  à  l'extrémité  inférieure  du  sternum,  fut  ouverte  à 

(1)  Esquirol,  Journ.  géne'r.  de  médecine  de  Sédillot.  Paris,  1819,  t.  LXVIl, 
p.  363. 

(2)  Cruveilhier,  art.  Acéph.,  p.  237. 

(3)  Andral,  Clin,  cit.,  t.  II. 


!\'{'2  AFFECTIONS   \  E8MINEUSE6   DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

son  sommet,  dans  la  longueur  d'un  pouce  el  demi,  un  grand  nombre  d'hyda- 
Lides  s'en  échappèrent..  Le  sternum  ayant  été  enlevé,  l'on  reconnut  un  vaste 
kyslo  qui,  iiyant  fa  il  saillie  a  la  partie  supérieure  et  anlérieure  do  la  raie  à  la 
région  épigaslriquo,  avait  envahi  toute  la  cavité  droite  de  la  poilrine  et  une 
partie  du  Foie.  Qn  tira  environ  trois  litres  d'hydalides  et  de  fluide  albumi- 
neux...  Le  kyste  ainsi  vidé,  on  reconnut  qu'il  était  composé  de  trois  poches 
distinctes,  l'une  formée  par  le  poumon  droit  dont  il  n'existait  qu'une  faible 
portion  à  la  naissance  des  bronches  ;  do  toutes  parts,  le  parenchyme  de  ce 
viscère  avait  été  refoulé  sur  la  plèvre  pulmonaire,  qui  du  reste  avait  contracté 
d'intimes  adhérences  avec  la  plèvre  costale,  le  mediaslin  et  aussi  avec  le  foie  et 
la  rate...  La  base  du  kyste  offrait  deux  poches,  l'une  formée  par  la  dépression 
du  parenchyme  du  foie,  dans  sa  partie  anlérieure  et  supérieure,  près  de  ses 
ligaments  ;  il  existait  dans  celte  partie  des  brides  et  des  membranes  frangées 
et  flottantes  qui  paraissaient  provenir  de  la  destruction  de  la  partie  membra- 
neuse du  diaphragme  et  des  téguments  du  foie  ;  l'autre  poche  occupait  la  partie 
supérieure  droite  de  la  rate,  comme  nous  l'avons  vu.  Cette  portion  du  kyste 
était  plus  grande  que  celle  du  foie  et  sa  surface  plus  unie;  enfin  les  trois  po- 
ches ne  formaient  par  leur  union  qu'un  seul  et  même  kyste,  el  réunissaient 
les  trois  viscères,  en  laissant  toutefois  intacte  la  cavité  gauche  du  thorax  dans 
laquelle  se  trouvait  un  poumon  assez  sain  (4).  » 

Obs.  LXXI1I  (Rostan). 

V.  —  Il  s'agit  d'une  femme  âgée  de  quarante-cinq  ans,  malade  depuis  six 
mois  et  offrant  les  symptômes  de  la  phthisie  pulmonaire.  Dans  les  derniers 
jours  de  la  vie,  il  était  survenu  une  hématémèse  causée  par  une  ulcération 
chronique  de  l'estomac. 

A  l'autopsie,  on  trouva  une  énorme  collection  purulente  dans  le  poumon 
avec  des  hydatides  flétries.  «  Tout  l'intérieur  du  lobe  inférieur  gauche  est 
occupé  par  une  cavité  anfractueuse  avec  des  brides  allant  d'une  paroi  à  l'autre, 
parois  qui  sont  formées  parle  parenchyme  lui-même  ramolli  et  infiltré  de  pus. 
Il  n'y  a  pas  de  membrane  kystique.  Cette  cavité  est  remplie  par  des  détritus 
organiques  réduits  en  bouillie  grisâtre,  par  de  la  sérosité  roussâtre  et  puru- 
lente, par  des  hydatides  flétries  en  très  grande  quantité. .'.  Cette  cavité  cor- 
respond à  une  perte  de  substance  du  diaphragme  de  la  grandeur  d'une  pièce 
de  5  francs,  à  bords  taillés  à  pic,  le  doigt  pénètre  à  travers  ce  trou  presque 
dans  l'intérieur  du  foie.  »  Il  existait  dans  le  foie  un  kyste  du  volume  de  la  tête 
d'un  enfant  nouveau-né,  en  communication  avec  la  base  du  poumon  ;  ce  kyste 
était  rempli  de  substance  puriforme,  de  pus,  dit  l'auteur,  et  d'hydalides  (2). 

(1)  Observation  sur  un  énorme  kyste  d'ace'phalocystes  qui  avait  envahi  le  poumon 
droit,  le  foie  et  la  rate,  par  le  docteur  Machaud,  médecin  de  l'hôpital  de  Dôle 
(Journ.  comptent.,  1823,  t.  XV,  p.  83). 

(2)  Devers,  Cas  recueilli  dans  le  service  de  M.  Rostan,  à  l' Hôtel-Dieu  (Gas.  des 
hôpitaux,  1854,  p.  346). 


NATURELLES   OU   ADVENTIVES.    —    HYDATJDES.  W3 

La  présence  d'un  kyste  dans  le  foie  et  l'absence  d'une  membrane 
semblable  clans  le  poumon  prouvent  suffisamment  que  l'origine  de 
cette  vaste  collection  athéromateuse  ou  purulente  était  dans  le  pre- 
mier de  ces  organes. 

D.  ~  Kystes  communiquant  avec  les  bronches. 

Les  kystes  dont  nous  venons  de  parler  se  sont  ouverts  à  la  base 
du  poumon  dans  laquelle  les  hydatides  se  sont  creusé  une  cavité 
plus  ou  moins  profonde  ;  dans  les  cas  suivants,  après  avoir  causé  des 
désordres  semblables,  la  tumeur  hydatique  est  entrée  en  communi- 
cation avec  les  bronches  et  son  contenu  à  pu  être  expectoré. 

Ces  tumeurs  hydatiques  offrent  une  marche  et  des  phénomènes 
semblables  à  ceux  des  kystes  intra-thoraciques  qui  se  mettent  en 
communication  avec  les  bronches;  il  y  a,  en  outre,  un  abaissement 
plus  ou  moins  considérable  du  foie,  ou  bien  une  tumeur  dans  l'épi- 
gastre  ou  dans  l'hypochondre  gauche.  C'est  d'après  ces  diverses 
considérations  que  l'on  pourra  établir  le  diagnostic.  Dans  plusieurs 
cas,  on  a  vu  le  malade  rendre  de  la  bile  avec  les  matières  expec- 
torées ;  ce  fait  ne  laisserait  aucun  doute  sur  le  siège  du  kyste  dans 
le  parenchyme  hépatique. 

La  communication  d'un  kyste  hydatique  du  foie  avec  les  bronches 
offre  une  voie  d'élimination  aux  matières  du  kyste  et  aux  hyda- 
tides, et  en  même  temps  un  moyen  de  guérison. 

I9  Cas  de  mort. 

Obs.  LXXIV  (Simmons). 

I.  —  Une  femme  âgée  de  quarante-quatre  ans,  dont  le  docteur  Simmons 
rapporte  l'histoire,  avait  dans  l'abdomen  une  tumeur  qui  commença  en  1772, 
après  un  accouchement.  En  1781,  cette  femme  avait  le  ventre  très  luméGé; 
elle  éprouvait  de  la  dyspnée,  de  la  toux  avec  expectoration  et  de  la  fièvre  hec- 
tique. L'abdomen  fut  ponctionné,  mais  deux  litres  (two  quarts)  de  liquide  seu- 
lement furent  évacués.  La  malade  mourut  quinze  jours  après. 

A  l'autopsie,  on  trouva  dans  l'abdomen  un  vaste  kyste  plein  d'hydatides 
qui  adhérait  au  foie,  au  pancréas,  au  mésentère  et  au  péritoine.  Le  poumon 
droit  était  refoulé  en  haut,  et  sain  en  apparence;  mais  le  poumon  gauche 
était  en  grande  partie  détruit  par  la  suppuration  ;  en  outre,  le  côté  gauche 
de  la  poitrine  était  presque  rempli  par  une  tumeur  qui  communiquait  avec 
celle  de  l'abdomen  par  une  ouverture  creusée  à  travers  le  diaphragme  et  qui 
s'ouvrait  aussi  dans  le  poumon  malade  en  plusieurs  endroits  (1). 

(1)  Médical  communications,  vol.  I,  p.  101,  cité  par  le  docteur  Peacock. 


t\k'\  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

Ohs.  LXXV  (docteuh  Peàcock). 

II.  —  »  Marie  Holland,  âgée  de  vingt  ans,  fut  reçue  à  l'hôpital  (Royal- 
Free)  le  4  août  1848.  Le  jour  de  son  admission,  elle  faisait  remonter  sa  ma- 
ladie à  quinze  jours,  mais  elle  était  trop  abattue  pour  donner  des  renseigne- 
ments satisfaisants  ;  sa  manière  de  vivre  avait  été  très  irrégulière  depuis  plu- 
sieurs années.  Elle  avait  une  légère  jaunisse,  de  la  douleur  dans  la  région 
du  foie,  accompagnée  de  diarrhée,  de  vomissements  et  de  symptômes  fébriles. 
(Calomel  et  opium  ;  huile  de  ricin  ;  petites  doses  de  mercure,  etc.;  vésicatoire 
à  l'épigastre). 

»  Le  16,  elle  est  assez  bien,  mais  le  jour  suivant,  la  jaunisse  qui  avait 
presque  disparu,  devient  plus  intense. 

»  Le  20  au  matin,  la  malade  est  prise  subitement  d'une  douleur  violente 
dans  la  partie  inférieure  du  côté  droit  de  la  poitrine,  elle  est  très  affaissée  ;  la 
face  est  livide  et  tirée,  la  peau  plus  jaune;  la  toux  continuelle,  saccadée,  avec 
expectoration  de  pus  d'une  couleur  jaune  foncé  et  d'une  odeur  excessivement 
fétide. 

»  Le2l,  le  décubitus  devient  impossible  sur  le  côté  droit;  il  existe  une 
douleur  vive  dans  ce  côté,  dans  le  dos,  et  de  la  sensibilité  dans  l'hypochondre 
droit  ;  la  peau  n'est  pas  très  jaune,  mais  l'urine  est  très  colorée,  et  les  ma- 
tières fécales  consistent  dans  de  petites  masses  blanchâtres.  La  malade  est 
très  tourmentée  de  nausées  et  de  vomissements  ;  elle  a  eu  du  délire  pendant 
la  nuit,  elle  parle  encore  d'une  manière  incohérente.  Le  pouls  est  à  136  et 
régulier  ;  la  langue  est  recouverte  d'un  enduit  épais,  d'un  blanc  brunâtre.  Il  y 
a  de  la  toux  avec  expectoration  d'une  grande  quantité  de  liquide  très  fétide 
de  la  couleur  du  porter.  A  la  percussion,  le  côté  droit  tout  entier  donne  un 
son  moins  clair  que  le  normal  ;  en  avant  et  en  bas,  il  y  a  une  matité  com- 
plète qui  s'étend  aussi  dans  l'abdomen.  Un  léger  gargouillement  s'entend 
vers  la  partie  inférieure  du  côté  droit,  en  avant  ;  il  y  a  aussi  une  espèce  d'écho 
métallique  dans  la  toux  et  dans  la  voix.  (Morphine,  acide  cyanhydrique  dans 
une  potion,  eau-de-vie  avec  de  l'eau  de  Seltz  glacée,  jusquiame  ;  vésicatoire  à 
l'épigastre). 

»  Le  23,  la  malade  est  un  peu  soulagée;  la  jaunisse  a  presque  disparu, 
quoique  les  matières  fécales  soient  encore  d'une  couleur  grisâtre;  la  douleur 
du  côté  a  presque  cessé  ;  le  pouls  est  à  1  20  et  faible;  la  langue  est  rouge  au 
centre  et  aux  bords  ;  elle  a  une  raie  jaune  de  chaque  côté,  formée  d'un  enduit 
épais.  Face  moins  livide  ;  loux  très  fréquente,  expectoration  d'une  grande 
quantité  de  pus  de  couleur  jaune  vif;  le  décubitus  à  droite  amène  la  toux  et 
l'expectoration  ;  matité  complète  en  avant  et  en  arrière,  du  côté  droit,  mais 
dans  la  région  latérale,  la  percussion  donne  une  résonnance  imparfaite,  res- 
semblant beaucoup  au  bruit  de  pôt  fêlé;  on  entend  la  respiration,  quoique 
faible,  dans  toute  la  partie  supérieure  du  côté  droit,  et  quelques  râles  muqueux 
en  arrière  ;  inférieurement,  dans  la  partie  mate  et  dans  la  région  latérale  où 
existe  la  résonnance  tympanique,  il  y  a  une  absence  complète  de  respiration. 


NATURELLES   OU   ADVENTIVES.    —   I1YDATIDES.  /j&5 

»  28.  Depuis  la  dernière  date,  l'amélioration  avait  continué,  quoique  la 
toux  et  l'expectoration  eussent  persisté;  niais  hier,  vers  onze  heures  du 
matin,  l'état  de  la  malade  empira  et  à  la  môme  heure,  aujourd'hui,  elle  eut 
une  attaque  semblable.  Elle  est  extrêmement  affaissée,  elle  a  une  toux  sac- 
cadée et  elle  expectore  une  grande  quantité  de  matières  d'une  odeur  très 
fétide  ;  ces  matières  sont  composées  en  partie  d'une  substance  épaisse,  légè- 
rement teinte  de  bile,  et  en  partie  de  masses  ressemblant  à  des  parcelles  de 
poumon  gangrenées  avec  un  liquide  clair  et  mousseux.  La  toux  et  l'expecto- 
ration reviennent  par  paroxysmes  et  la  malade  paraît  alors  sur  le  point  de 
suffoquer;  elle  est  forcée  de  resler  assise  sur  son  lit,  mais  après  quelque 
temps  ces  symptômes  se  calment.  Ces  paroxysmes  sont  ramenés  immédiate- 
ment par  le  décubitus  sur  le  côté  droit.  Le  pouls  est  rapide  et  très  faible  ;  la 
peau  est  baignée  de  sueur;  la  langue  est  chargée  d'un  enduit  jaune,  épais  ;  il 
y  a  du  délire  plus  ou  moins  constamment  ;  la  jaunisse  est  très  légère,  quoique 
les  matières  soient  pâles  et  les  urines  très  colorées  ;  il  survient  de  la  douleur 
dans  la  partie  inférieure  du  côté  gauche  ;  la  respiration  est  courte  et  préci- 
pitée. La  percussion  donne  un  son  particulier  de  matité  et  tympanique  dans 
la  partie  inférieure  de  la  région  latérale  droite  ;  et,  dans  un  espace  non  beau- 
coup plus  grand  que  l'extrémité  du  stéthoscope,  situé  à  trois  pouces  du  côté 
droit  du  cartilage  xiphoïde  sous  le  rebord  des  côtes,  elle  produit  un  son  dis- 
tinct de  pot  félê;  l'auscultation  fait  percevoir  un  bruit  de  gargouillement  et 
un  son  tympanique  pendant  l'inspiration,  dans  toute  la  partie  inférieure  du 
côté  droit  et  surtout  dans  les  parties  mentionnées  plus  haut.  Il  y  a  dans  la 
partie  inférieure,  latérale  et  postérieure  du  côté  gauche  une  matité  à  la  per- 
cussion, et  une  fine  crépitation  à  l'auscultation.  La  malade  accuse  des  palpi- 
tations, mais  les  battements  du  cœur,  quoique  forts,  sont  naturels. 

»  4  septembre.  Depuis  la  dernière  date,  la  malade  est  dans  le  même  état  ; 
les  paroxysmes  de  toux  et  d'expectoration,  survenant  par  intervalles,  l'ont 
laissée  dans  un  épuisement  extrême.  Les  matières  qu'elle  a  expectorées  ont 
varié:  quelquefois  elles  ont  paru  n'être  que  de  la  bile  pure,  d'autres  fois  elles 
ont  consisté  en  totalité  ou  en  partie  "en  une  sorte  de  blanc  d'œuf  partiellement 
coagulé.  Délire  presque  continuel,  agitation  la  nuit,  nausées  et  vomissements, 
urines  involontaires.  Aujourd'hui  les  crachats  ressemblent  davantage  à  ceux 
de  la  pneumonie,  étant  très  adhérents,  d'une  couleur  roussâtre,  et  aérés.  Le 
décubitus  se  fait  maintenant  sur  le  côté  droit  et  non  sur  le  côté  gauche.  La 
jaunisse  est  plus  marquée;  le  pouls  à  1 40  et  très  petit;  la  langue  sèche  et 
couverte  d'un  enduit  d'un  jaune  blanchâtre;  matité  dans  la  partie  inférieure 
du  côté  gauche  de  la  poitrine ,  et  respiration  bronchique  avec  râles  mu- 
queux.  A  droite,  persistance  des  phénomènes  déjà  décrits. 

»  Depuis  ce  temps,  il  n'y  eut  guère  de  changements  jusqu'à  la  mort;  l'ex- 
pectoration est  moins  abondante,  probablement  par  le  manque  de  force;  la 
toux  et  les  vomissements  sont  incessants,  la  prostration  est  extrême.  Le  S, 
garderobe  d'une  couleur  bilieuse  foncée;  éruption  de  taches  purpurines  sur  la 
poitrine  ;  mort  dans  l'épuisement  le  8  septembre. 


t\Uti  AFFECTIONS   VF.UMlNF.USFS    l)FS   CAVITÉS   SÉREUSES 

d  L' autopsie  eut  lieu  le  jour  suivant  :  Le  foie,  très  volumineux,  s'étendait 
depuis  le  niveau  du  sein  jusqu'à  l'ombilic  et  môme  dans  le  côté  gauche.  La 
tumeur  occupait  particulièrement  le  lobe  droit,  qui  était  fortement  attaché  au 
diaphragme  dans  une  étendue  considérable  par  d  anciennes  adhérences  et 
dans  le  reste  par  de  la  lymphe  plastique  récemment  épanchée.  En  cherchant 
à  enlever  ensemble  le  foie  et  le  poumon  droit,  tout  en  maintenant  leurs  rap- 
ports mutuels,  une  cavité  qui  occupait  la  partie  inférieure  de  la  région  latérale 
antérieure,  fut  ouverte.  Cette  cavité  était  constituée  par  une  vaste  excavation 
creusée  inférieurement  dans  le  foie  et  supérieurement  dans  la  base  du  poumon  ; 
la  partie  du  diaphragme  interposée  enlre  ces  deux  organes  étaiL détruite;  celte 
cavité  contenait  au  moins  deux  pintes  d'une  matière  purulente,  épaisse,  opa- 
que, d'une  couleur  blanchâtre,  mêlée  d'air,  dans  laquelle  flottait  une  grande 
acéphalocyste  affaissée. 

»  Le  kyste  était  compacte  et  fibro-cartilagineux,  variant  en  épaisseur  d'un 
huitième  à  un  quart  de  pouce;  il  était  plus  épais  sur  les  côtés  où  les  restes 
du  diaphragme  le  recouvraient,  tandis  qu'en  haut,  dans  la  portion  limitée  par 
le  poumon,  il  était  incomplet  par  places,  de  sorte  que  son  contenu  était  en 
contact  avec  le  parenchyme  même  du  poumon.  Son  tissu  consistait  en  fibres 
fermes,  entrelacées,  et  sa  surface  interne  était  tapissée  de  masses  épaisses  ou 
de  plaques  d'une  matière  inorganique,  brunâtre  et  calcaire.  Ces  plaques 
étaient  adhérentes  au  kyste  ou  libres  dans  les  matières  qu'il  contenait.  A  la 
surface  du  kyste,  dans  la  partie  en  rapport  avec  le  foie,  on  voyait  un  grand 
nombre  de  petites  ouvertures,  à  trajet  oblique;  dans  l'une  d'elles,  une  sonde 
peut  pénétrer  d'un  pouce  au  moins.  Quelques-unes  de  ces  ouvertures  com- 
muniquaient probablement  avec  les  conduits  biliaires,  mais  ce  fait  ne  fut  pas 
distinctement  établi.  L'acéphalocyste  affaissée  était  d'une  couleur  d'ambre 
foncé. 

»  Le  poumon  droit  avait  été  repoussé  en  haut  par  la  pression  du  kyste,  et  sa 
tunique  séreuse  était  adhérente  à  celle  des  parois.  Le  poumon  entier,  à  l'ex- 
ception de  la  portion  antérieure  du  lobe  supérieur,  était  plus  ou  moins  con- 
densé, et  dans  son  lobe  supérieur  le  parenchyme  était  converti  en  une  masse 
compacte,  contenant  des  portions  gangrenées,  ou  passant  à  l'état  de  gan- 
grène, et  en  outre  des  cavités  irrégulières  évidemment  produites  par  la  fonte 
de  masses  gangrenées.  Ces  altérations  existaient  particulièrement  dans  la 
portion  du  poumon  en  contact  avec  le  kyste.  Une  sonde  passait  facilement 
des  grosses  bronches  dans  les  cavités  gangrenées. 

»  Le  poumon  gauche  était  adhérent  aux  parois  par  de  la  lymphe  plastique 
récente,  d'une  épaisseur  considérable,  principalement  à  la  partie  inférieure. 
Les  parties  inférieures  et  postérieures  du  lobe  inférieur  étaient  condensées  et 
dans  certains  endroits  passées  en  gangrène,  dans  d'autres  elles  étaient  entiè- 
rement réduites  en  une  pulpe  gangrenée  et  fluide. 

»  Les  bronches,  dans  les  deux  poumons,  contenaient  un  liquide  écumeux 
et  foncé. 

»  Dans  le  foie,  on  trouva  un  second  kyste  de  grosseur  moindre  que  le  pre- 


NAÎURbXLLS   OÙ   ADVENTIVES.    —   HYDATIDËS.  hhl 

mier  et  situé  en  arrière.  II  était  en  tout  semblable  à  celui-ci  et  contenait 
aussi  un  liquide  épais,  d'une  couleur  blanchâtre,  avec  une  hydalide  affaissée. 
Un  troisième  kyste  plus  petit  existait  entre  le  duodénum  et  le  foie;  il  était 
environ  de  la  grosseur  d'une  petite  orange;  sa  paroi  était  très  condensée  et 
plus  mince  que  celle  des  deux  autres  ;  il  était  tapissé  par  des  plaques  sem- 
blables et  contenait  une  acéphalocysle  unique  et  un  liquide  très  chargé  de 
bile. 

»  Tous  les  autres  organes  de  la  poitrine  et  de  l'abdomen  furent  examinés  ; 
on  les  trouva  sains  et  normaux,  à  l'exception  des  reins  qui  étaient  d'une  cou- 
leur pâle,  mais  sans  apparence  d'aucun  dépôt  de  matières  étrangères  (1).  » 

Obs.  LXXVI  (Goupil).  —  Deux  kystes  du  foie.  Pondions.  Rupture  par 
un  effort? 

III.  —  Il  s'agit  d'une  femme  âgée  de  trente  ans,  traitée,  en  janvier  <I8S3, 
pour  une  pleurésie  qui  persiste  jusqu'au  mois  de  juin  ;  on  constate  alors,  en 
outre,  une  tumeur  volumineuse  dans  la  région  du  foie.  Le  11  août,  ponction 
exploratrice  au  dessous  des  fausses  côtes  gauches,  issue  de  1  500  grammes 
d'un  liquide  incolore,  nonalbumineux.  Amélioration.  Le  18,  nouvelle  ponction 
sans  résultat.  En  octobre,  la  tumeur  a  diminué  de  volume  ;  l'état  général  s'est 
amélioré  et  la  malade  se  croit  presque  guérie,  lorsque,  à  la  suite  d'un  effort, 
une  douleur  vive  est  ressentie  tout  à  coup  au  niveau  des  quatrième  et  cin- 
quième côtes  droites.  Quatre  jours  après,  nouvelle  ponction  à  droite  de  l'om- 
bilic, sans  résultat;  loux,  suffocation,  crachats  liquides  et  visqueux,  colorés 
en  jaune,  respiration  amphorique,  tintement  métallique diarrhée  abon- 
dante; mort  un  mois  après  l'invasion  de  la  douleur  de  côté. 

A  l'aulopsie,  kyste  hydatique  du  lobe  gauche  du  foie,  diminué  de  son 
volume  primitif  (kyste  ayant  reçu  la  première  ponction);  second  kyste  à  la 
face  supérieure  du  lobe  droit  du  foie,  ayant  perforé  le  diaphragme  ,  refoulé  le 
poumon,  et  communiquant  largement  avec  une  caverne  et  deux  tuyaux  bron- 
chiques (2) 

Obs.   LXXVII  (Tubner).   —  Kystes  multiples  de   l'abdomen;    l'un  du 
rein  ? 

IV. — Femme,  âgée  de  vingt-neuf  ans  ;  expulsion  de  matières  ayant  l'appa- 
rence de  mucus,  de  pus  et  de  sang  avec  des  portions  de  membranes  blanches, 
durant  depuis  plusieurs  années.  Foie  et  rate  hypertrophiés;  tumeur  volumi- 
neuse, étendue  de  la  région  iliaque  droite  à  l'ombilic  ;  plusieurs  petites  tu- 

(1)  Thomas  Bevill  Peacock,  Case  in  which  Hydalids  were  eœpectoraled,  and 
one  of  suppuration  in  a  Bydalid  cyst  of  the  Liver,  communicating  wilh  the  Lungs 
(Edinburgh  med.  and  surg.  Journ.,  J850,  vol.  LXX1V,  p.   33). 

(2)  Ernest  Cadet  de  Gassicourt,  Hech.  sur  la  rupture  des  kystes  hydatiques  du 
foie  à  travers  la  paroi  abdominale  et  dans  les  organes  voisins  [Thèse  de  Paris, 
1856,  n°  50,  p.  46). 


/|/i8  AFFECTIONS  VËRMIN'EUSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

meurs  arrondies  dans  lo  ventre;  cavité  du  bassin  remplie  par  une  masse 

volumineuse. 

Trois  applications  de  potasse  caustique  sur  la  tumeur  du  ventre,  issue 
d'une  grando  quantité  de  liquide  et  d'hydatides,  affaissement  du  ventre. 
Accidents  nouveaux  vers  la  poitrine  ;  mort. 

Autopsie.  «  Un  très  grand  nombre  de  kystes  existent  dans  le  péritoine; 
l'un,  très  volumineux,  situé  en  arrière  du  foie  et  au-devant  du  pilier  droit  du 
diaphragme,  avait  aplati  le  rein  droit  et  s'était  fait,  à  travers  le  diaphragme, 
une  ouverture  dans  le  poumon  qui  élait  creusé  d'une  large  cavité,  tapissée 
d'une  membrane  mince,  transparente,  dans  laquelle  venaient  s'ouvrir  de  nom- 
breux tuyaux  bronchiques,  dont  l'un  contenait  encore  une  petite  hydalide.  Un 
autre  kyste  existait  dans  l'épiploon  gastro-splénique  et  s'était  accolé  la  rate 
et  le  pancréas;  une  autre  tumeur  occupait  le  bassin  sans  avoir  de  rapports 
avec  l'ovaire,  elle  était  très  volumineuse;  chacune  des  hydatides  mères  pou- 
vait peser  de  sept  à  huit  livres....;  un  petit  kyste,  au  lieu  de  renfermer 
des  hydatides  et  un  liquide  transparent,  contenait  une  matière  molle,  bru- 
nâtre, comme  caséeuse;  il  était  affaissé  et  comme  revenu  sur  lui-même  (l).  » 

Obs.  LXXVIII  (docteur  Fuux).  —  Kyste  du  rein,  ouvert  dans  les  voies 
urinaires  et  dans  les  bronches. 

V.  —  «  M.  Fiaux  expose  les  pièces  anatomiques  et  donne  les  détails  d'un  cas 
d'acéphalocystes  d'un  rein  du  côté  droit,  avec  cette  particularité  qu'il  y  a  eu 
expulsion  de  ces  acéphalocystes  par  les  voies  urinaires  pendant  la  vie  et  for- 
mation d'une  fistule  réno-pulmonaire,  située  en  dehors  du  foie  et  accusée, 
quinze  jours  avant  la  mort  du  sujet,  par  une  expectoration  purulente  (2).  » 

Obs.  LXXIX  (Gros).  —  Kyste  du  foie. 

VI. —  Kyste  hydatique  du  foie,  perforation  du  diaphragme  et  du  poumon, 
expulsion  d'hydatides  parla  bouche.  Mort  (3). 

Obs.  LXXX  (docteur  Kunde,  de  Berlin).  —  Kyste  du  foie. 

VII.  —  Abcès  du  foie  avec  hydatides  communiquant  avec  le  poumon;  ex- 
pectoration de  pus.  Mort  (4). 

Obs.  LXXXI  (Robin  et  Mercier).  —  Kystes  multiples. 

VIII. — Kystes  hydatiques  du  foie  et  du  péritoine;  pneumonie  ;  expectora- 
tion de  matières  jaunâtres,  abondantes,  fétides;  mort.  A  l'autopsie,  kyste3 
nombreux,  avec  hématoïdine  et  débris  d'hydatides  dans  l'un  d'eux  qui  com- 

(1)  Turncr,  Bulletin  ge'n.  de  thérapeutique,  1848,  t.  XXXV,  p.  226. 

(2)  Fiaux,  Comptes  rendus  Soc.  biologie,  t.  IV,  p.  8,  ann.  1852. 

(3)  Bull.  Soc.  anat.,  ann.  1844,  p.  133. 

(4)  Wochenschrift  fur  die  gesammte,  Heilkunde,  v.  dr  Kasper;  —  Gaz.  méd.  de 
Paris,  1837,  t.  V,  p.  365;  —  Cadet  de  Gassicourt,  Thèse. 


Naturelles  ou  aLwentives.  —  hydatides.  W9 

muniquait  avec  une  bronche  ;  deux  kysles  sous  le  péritoine  qui  revêt  la 
vessie  (1). 

2°  Cas  de  guérison. 

Obs.  LXXXII  (Collet). 

I.  —  a  M.  Collet,  médecin  à  Newbury,  a  fait  part  à  M.  Baker  d'une  ma- 
ladie fort  singulière  : 

»  Une  dame  délicate,  mais  qui  s'était  bien  portée  jusqu'à  l'âge  de  trente- 
trois  ans,  sentit  de  l'abattement  et  de  l'oppression  ;  il  lui  survint  de  l'enflure 
au  bas  des  jambes.  Au  bout  de  trois  ans,  elle  commença  à  être  tourmentée 
d'une  toux  qui  lui  faisait  cracher  un  phlegme  épais  et  très  visqueux.  —  Le 
6  septembre  1771,  elle  cracha  douze  hydatides  et,  depuis  ce  temps,  elle  en 
a  craché  cent  trente-cinq  ;  elles  étaient  de  différentes  grosseurs,  depuis  celle 
d'un  pois  jusqu'à  celle  d'un  œuf.  En  général,  elles  sortaient  avec  facilité, 
mais  toujours  précédées  de  la  toux,  elles  venaient  constamment  rompues  et 
elles  étaient  suivies  d'un  phlegme  épais.  Cette  dame  avait  en  outre  une  tumeur 
au-dessus  du  nombril,  qui  s'était  déclarée  depuis  six  mois  ;  son  ventre  était 
distendu  et  on  y  sentait  de  la  fluctuation.  Les  remèdes  dont  on  lui  a  fait  faire 
usage  sont  des  pilules  composées  de  gomme  ammoniaque,  de  myrrhe,  de 
fleurs  de  benjoin  et  de  scille;  elle  a  pris  aussi  du  calomel  ou  mercure  doux 
sublimé  sept  fois,  et  elle  parait  se  rétablir  (2).  » 

Obs.  LXXX1II  (docteur  Hill  de  Dumfbies). 

II. — En  1784,  le  docteur  Bill  de  Dumf ries  rapporta  deux  cas  dans  lesquels 
des  hydatides  furent  expectorées  :  l'un  de  ces  cas  concernait  une  fille  âgée 
de  dix  ans,  qui,  après  avoir  reçu  une  contusion  dans  le  côté,  avait  éprouvé 
de  la  douleur  et  de  la  sensibilité  dans  la  région  du  foie  et  dans  l'épigastre, 
avec  de  la  difficulté  à  respirer  et  de  la  toux.  Elle  expectora  ensuite  du  sang 
et  du  pus  mêlé  avec  des  vésicules  et  des  membranes  d'hydatides.  Cette  expec- 
toration fut  suivie  de  l'apparition  d'une  tuméfaction  dans  l'hypochondre  droit, 
qui  s'ouvrit  et  donna  issue  à  de  la  matière  contenant  des  restes  d'hydatides. 
Après  quelques  mois,  les  ouvertures  se  fermèrent  et  la  jeune  fille  recouvra  sa 
santé.  Elle  continua  d'être  bien  portante  pendant  treize  ans  ;  alors  de  nou- 
velles tumeurs  se  formèrent  dans  l'abdomen  ou  dans  ses  parois,  les  tumeurs 
disparurent  après  l'expulsion  de  masses  d'hydatides  par  l'intestin. 

L'autre  cas  est  incertain,  il  est  rapporté  d'une  manière  succincte:  le  ma- 
lade, après  avoir  souffert  d'une  douleur  de  côté  et  de  la  toux,  expectora  de  la 

(1)  Mém.  sur  Vhémaloidine  (Mém.  Soc.  biologie,  p.  116,  ann.  1855). 

(2)  Journ.  deméd.  chir.,  etc.  Paris,  1773,  t.  XXXIX,  p.  121  (extrait  de  Medic. 
Transact.  Lonclon,  1772).  —  Med.  Transact.,  vol.  II,  p.  486.  —  Commentant  de 
rébus  in  scient,  natural.,  vol.  XIX,  p.  222  (Laennec) —  Cruyeilhier,  art.  Acijph., 
p.  237.    , 

Da  vaine.  ?9 


AjO  APl'KGTIONS    VKKMlNIUJSliS    OliS   CAVITES   sfvKUUSES 

bile  mêlée  avec  dos  vésicules  ressemblant  à  des  peaux  de  groseilles  el  après 

quelque  temps  il  guérit  (1). 

J   .      Obs.  LXXXIV  (Smith). 

III.  —  Il  s'agit  d'une  femme  âgée  de  vingt  ans  qui  fut  prise  de  fièvre,  de 
nausées,  de  vomissements,  de  toux  avec  expectoration  muqueuse,  etc.;  il 
existait  en  môme  temps  une  tumeur  à  l'épigastre,  sur  la  ligne  médiane.  Ces 
premiers  symptômes,  s'étant  dissipés,  reparurent  avec  plus  d'intensité  un  mois 
après;  la  malade  expectora  alors  dans  des  crachats  sanguinolents  des  corps 
vésiculeux,  ovoïdes,  reconnaissables  pour  des  liydalides  ;  il  y  en  avait  de  très 
petits  et  d'autres  gros  comme  une  noisette.  La  quantité  des  matières  et  des 
hydatides  expectorées  dans  une  nuit  remplissait  la  moitié  d'un  grand  pot  de 
nuit.  Huit  jours  après,  trois  hydatides  furent  encore  expectorées.  La  tumeur 
de  l'épigastre  avait  notablement  diminué  de  volume.  Un  mois  après,  la  malade 
avait  repris  ses  occupations  et  semblait  guérie  (2). 

Obs.  LXXXV  (Husson). 

IV.  —  «  M.  Husson  présente  une  quantité  considérable  de  débris  d'hyda- 
tides  rendus  par  expectoration.  Le  sujet  de  cette  observation  avait  offert  tous 

les  symptômes  d'une  affection  organique  du  foie ;  il  expectora  sans  effort 

el  sans  éprouver  de  toux,  ni  aucune  irritation  dans  la  poitrine,  un  grand 
nombre  de  lambeaux  membraneux  ;  cette  expuition  dura  pendant  deux  ou  trois 
jours.  Guérison  parfaite  (3),  » 

Obs.  LXXXVI  (Nonat). 

V. — Il  s'agitd'un  homme,  âgé  de  vingt-cinq  ans,  malade  depuis  seize  mois, 
toussant  fréquemment,  entré  à  l'hôpital  Cochin.  Crachements  de  sang  et  de 
mucosités  depuis  deux  mois  ;  par  des  efforts  pour  vomir  et  par  la  toux,  il  ex- 
pulse des  fragments  d'hydatide  et  une  entière  très  volumineuse,  mais  rompue. 
A  la  base  du  poumon  droit,  bruit  de  l'air  traversant  un  liquide.  Point  d'au- 
tres phénomènes  notés.  On  présume  que  les  hydatides  viennent  du  foie  (4). 

Obs.  LXXXVII  (Bricueteau). 

VI.  —  Il  s'agit  d'une  femme,  âgée  de  trente-deux  ans,  sujette  depuis  son 
enfance  à  des  douleurs  du  foie,  à  des  vomissements,  delà  dyspnée,  etc.  —  Le 
%  juin  185I ,  souffle  el  frottement  pleural  au  côté  droit;  matité  dans  les  deux 
tiers  inférieurs  de  ce  côté  ;  égophonie,  bruit  de  souffle  au  cœur  et  dans  les 
carotides,  inappétence ;  foie  volumineux  et  dont  le  prolongement,   ainsi 

(1)  J.  flill  de  Dumfries,  Account  of  singular  appearances  from  a/feclions  of  the 
liver,  in  Médical  and  philosophical  Commentaries,  vol.  II,  p.  303. 

^2)  Audral,  Clin,  cit.,  t.  11,  sect.  IV,  observ.  vu. 

(Êi)  Husson,  Acad.  de  médecine,  séance  du  24  août  1824,  dans  Bull,  des  se. 
médic,  t.  IV,  p,  89,  et  Arch.  de  méd.,  1824,  p.  139. 

[i)  Gazelle  des  hôpitaux,  1847,  p.  572. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —   HYDATIDIiS.  451 

qu'une  tumeur  qui  lui  est  adhérente,  s'étend  jusqu'au  bord  antérieur  du  bassin 
et  rend  un  son  très  mat  à  la  percussion  qui  est  très  douloureuse.  Crachats 
jaunes,  d'une  saveur  acre  et  amère.  —  Le  10,  épanchement  diminué,  égo- 
phonie  disparue,  continuation  de  la  dyspnée  et  de  la  toux.  —  Le  13,  étendue 
insolite  du  bruit  respiratoire,  bruit  amphorique  ou  vibratoire  en  arrière  dans 
la  région  lombaire  ou  thoraco-abdominale  et  dans  tout  le  poumon  droit.  Expui- 
tion  de  petits  kystes  membraneux  du  volume  d'un  œuf  de  pigeon  nageant 
dans  une  expectoration  bilieuse  jaunâtre,  c'étaient  vraisemblablement  des 
hydatides.  Le  14  et  le  15,  souffle  amphorique  dans  la  région  du  foie,  dans  le 
poumon  droit  ;  pectoriloquie  très  marquée  dans  la  région  hépatique,  en  avant 
et  en  arrière.  Accès  de  dyspnée,  vomissements  bilieux.  —  Les  jours  suivants, 
amélioration  progressive.  — ■  Le  26,  respiraiion  rude  en  haut  et  à  droite, 
bronchophonie  confuse,  plus  de  bruit  amphorique,  état  général  satisfaisant  ; 
sortie  de  l'hôpital  (1). 

Obs.  LXXXVIII  (docteur  Peacock)  . 

VII. — «Samuel  Hewdibank,  âgé  de  trente  et  un  ans,  tisserand  en  soie,  fut 
admis,  le  18  juillet  1849,  pour  une  maladie  de  poitrine  dans  l'hôpital  de  la 
city  of  London,  service  du  docteur  Bentley. 

»  Quand  je  l'ai  vu,  le  1er  septembre,  il  me  dit  que  son  indisposition  durait 
depuis  quinze  mois,  mais  qu'il  avait  été  depuis  longtemps  maladif  et  avait 
souffert  quelquefois  dans  le  côté  droit  de  la  poitrine.  Sa  maladie  commença 
par  une  très  grande  douleur  dans  l'épigastre,  douleur  qui  survint  subitement 
et  fut  suivie  de  malaise  et  de  vomissements  ;  les  fonctions  intestinales  étaient 
alors  régulières,  il  souffrait  aussi  dans  l'omoplate  droite  et  était  un  peu  jaune. 
Pendant  un  mois  environ  la  douleur  revint  par  intervalles.  Les  attaques  du- 
raient généralement  deux  heures  ;  il  y  en  avait  quelquefois  deux  ou  trois  par 
jour;  d'autres  fois,  il  n'y  en  avait  que  deux  ou  trois  par  semaine.  Après  un 
mois  environ,  il  reprit  ses  occupations  habituelles,  mais  il  fut  bientôt  plus 
mal  et  dut  les  suspendre  de  nouveau  pendant  sept  semaines.  Son  état  devint 
ensuite  supportable  jusqu'au  moment  où  je  l'ai  vu,  c'est-à-dire  pendant  onze 
mois.  Alors  il  avait  été  pris,  un  matin  en  s'éveillant,  d'une  grande  douleur 
sous  le  rebord  des  côtes  droites,  d'une  difficulté  à  respirer,  d'une  forte  toux 
suivie  peu  après  d'expectoration.  Il  vint  à  1  hôpital  et  le  traitement  qu'il  suivit 
soulagea  la  douleur  de  côté,  mais  la  toux  continua  et  l'expectoration  devint 
plus  considérable,  allant  quelquefois  à  une  pinte  par  jour  ;  ses  crachats 
consistaient  d'abord  en  une  matière  jaune,  qui  offrit  plus  tard  des  stries  de 
sang;  quelquefois,  après  de  fortes  quintes  de  toux,  des  masses  solides  comme 
de  la  gelée,  et  semblables  à  celles  qui  sont  encore  rejetées  aujourd'hui,  furent 
expectorées. 

»  Le  malade  a  la  mine  mauvaise,  le  teint  pâle,  jaunâtre,  la  voix  voilée  (husky), 

(1)  Bricheteau,  Revue  méd.-chirurg.,  août  1852,  t.  XII,  p.  70,  et  Cadet  rfe 
Gassicourt,  Thèse. 


452  AFPECTIONS  VEltMlNEUSËS   DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

lu  langue  couverte  d'un  enduit  jaune,  blanchâtre,  épais,  le  pouls  à  I  00  et 
petit  ;  il  est  amaigri  et  se  plaint  surtout  d'une  forlc  toux,  accompagnée  d'une 
douleur  dans  le  côté  droit  et  suivie  d'une  expectoration  abondante  de  matières 
épaisses,  d'une  couleur  jaunâtre,  parfois  très  fétides  et  contenant  des  masses 
de  matières  gélatineuses,  évidemment  des  débris  de  vésicules  (cijsls)  d'hy- 
dalides  ;  il  ne  peut  rester  sur  le  côté  droit  que  quelques  minutes  de  suite  à 
cause  de  la  douleur  et  de  la  toux  que  cette  position  amène.  Quand  il  est 
coucbé  sur  le  dos,  il  est  aussi  très  tourmenté  par  l'expectoration.  La  toux 
s'aggrave  par  intervalles  ;  il  éprouve  une  sorte  de  suffocation  dans  la  gorge 
qui  l'oblige  à  tousser  violemment,  et  alors,  après  quelque  temps,  il  expulse 
des  matières  en  masses,  et  ce  phénomène  se  calme.  Quelquefois  la  toux  suffo- 
cante survient  une  ou  plusieurs  fois  dans  la  journée,  d'autres  fois  elle  se 
suspend  pendant  plusieurs  jours  et  même  pendant  une  semaine,  il  ne  reste 
dans  les  intervalles  qu'une  toux  légère  et  une  expectoration  peu  abondante  de 
pituite  pâle.  La  quantité  des  matières  solides  expectorées  varie  beaucoup  ;  par- 
fois le  malade  rend  seulement  un  ou  deux  petits  lambeaux,  en  d'autres  temps, 
il  en  a  observé  quinze  ou  vingt;  quelques-uns  de  ces  lambeaux  étaient  d'une 
grande  dimension.  Généralement  la  matière  expectorée  a  une  mauvaise 
odeur. 

»  Le  côté  droit  de  la  poitrine,  particulièrement  dans  sa  partie  inférieure  et 
l'hypochondre,  est  élargi  par  comparaison  avec  le  côté  opposé,  mais  le  mouve- 
ment respiratoire  semble  également  libre  de  chaque  côté.  A  la  percussion,  la 
poitrine  résonne  normalement  partout  à  gauche;  dans  le  côté  droit,  une  matité 
profonde  commence  presque  à  un  pouce  au-dessus  du  teton;  et  la  matité 
superficielle,  partant  d'un  pouce  au-dessous,  s'étend  jusqu'au  près  de  l'om- 
bilic et  jusqu'au  côté  gauche.  A  l'auscultation,  la  respiration  est  bonne  dans 
ce  côté  et  dans  la  partie  supérieure  du  côté  droit,  jusqu'à  un  pouce  au-des- 
sous du  teton;  au  delà  de  ce  point,  elle  ne  peut  plus  être  entendue  en  avant, 
et  il  existe  une  légère  subcrépitation  vers  la  partie  inférieure  du  poumon.  Aux 
environs  de  l'angle  inférieur  de  l'omoplate,  la  résonnance  est  celle  de  pot  fêlé, 
la  respiration  est  caverneuse  ainsi  que  la  voix  et  la  toux. 

»  Le  5  septembre,  les  matières  expectorées  sont  visqueuses,  d'une  couleur 
vert  jaunâtre  foncée  et  légèrement  striées  de  sang  ;  leur  odeur  est  fétide  et  il 
y  flotte  de  petits  fragments  d'acéphalocyste  affaissée,  d'une  couleur  d'ambre 
foncée,  ressemblant  à  ceux  qu'on  trouve  dans  des  kystes  hydatiques  du  foie 
dans  lesquels  la  bile  a  pénétré  ;  au  microscope,  les  crachats  se  composent  de 
globules  ressemblant  aux  globules  de  pus  par  leur  apparence  et  par  les  chan- 
gements que  produit  en  eux  l'acide  acétique  ,  et  en  outre  de  corpuscules  d'ex- 
sudation  et  d'épithélium,  mêlés  avec  des  portions  d'acéphalocyste,  avec  des 
restes  et  des  crochets  d'échinocoque. 

»  Le  15  décembre,  l'état  du  malade  paraît  s'être  amélioré.  Depuis  quelques 
jours,  il  a  ressenti  fréquemment  des  coliques  avec  des  flatuosilés,  suivies  de 
l'expulsion  de  masses  fécales  dures,  de  couleur  grisâtre.  Les  quintes  de  toux 
ont  été  moins  fortes  dans  les  derniers  jours,  mais  il  continue  d'expectorer  de 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —    HYDATIDES.  453 

temps  en  temps  des  hydatides,  tantôt  réunies  en  masses,  tantôt  isolées.  Il 
peut  se  coucher  sur  les  deux  côtés,  mais  il  se  trouve  mieux  sur  le  dos.  Son 
pouls  est  à  198,  faible;  la  conjonctive  a  une  teinte  jaune  pâle;  la  langue  est 
nette;  la  toux  provoque  de  la  douleur  dans  l'hypochondre  droit  et  sous  l'omo- 
plate droite;  l'épigastre  est  proéminent,  le  côté  droit  est  un  peu  plus  gonflé 
que  le  gauche,  particulièrement  en  bas.  '  L'auscultation  et  la  percussion  don- 
nent des  résultats  peu  différents  de  ceux  qui  ont  déjà  été  notés.  Les  crachats 
consistent  comme  précédemment  dans  une  matière  visqueuse,  opaque,  muco- 
purulente,  jaunâtre,  contenant  des  vésicules  hydatiques  colorées  en  jaune 
avec  des  crochets  d'échinocoque  visibles  au  microscope.  Les  hydatides  sont 
généralement  expectorées  sous  la  forme  de  lambeaux  membraneux,  mais  par- 
fois elles  sont  presque  entières  et  quelques-unes  ont  le  volume  de  billes  ou 
de  noix;  les  plus  grandes  sont  généralement  expulsées  après  de  violentes 
quintes  de  toux  (quinine,  fer,  morphine,  nourriture  substantielle). 

»  Le  8  mars  1850,  amélioration  très  notable  dans  la  physionomie  et  dans 
les  forces  ;  la  toux  a  presque  cessé.  L'expectoration  beaucoup  moins  abon- 
dante ne  consiste  pendant  le  jour  que  dans  un  mucus  pâle  qui  devient  dans 
la  nuit  d'une  couleur  brunâtre,  comme  auparavant.  Il  y  a  neuf  semaines  qu'il 
n'a  expectoré  des  hydatides,  et  la  toux  suffocante  ne  l'a  pas  repris  depuis  ce 
temps  ;  il  peut  se  coucher  sur  le  côté  droit  pendant  quelques  minutes  et  quel- 
quefois pendant  un  quart  d'heure,  mais  après  un  certains  temps,  la  toux  et 
l'expectoration  surviennent  ;  il  se  couche  généralement  sur  le  côté  gauche. 
L'appétit,  la  digestion,  les  évacuations  sont  à  l'état  naturel  ;  il  n'y  a  pas  eu 
récemment  de  douleurs  dans  le  côté  droit  et  le  sentiment  de  pesanteur  con- 
stant dans  cette  région  a  disparu;  le  pouls  est  à  88,  et  faible  ;  le  sommeil  bon , 
l'enflure  des  malléoles  a  presque  cessé,  et  depuis  un  mois  le  malade  a  pu  re- 
prendre son  ouvrage  plus  régulièrement  que  depuis  deux  ans.  La  base  de  la 
poitrine  du  côté  droit  est  un  peu  plus  enflée  que  du  côté  gauche  et  le  mouve- 
ment des  côtes  y  est  moins  libre.  Quant  aux  phénomènes  produits  par  la  per- 
cussion et  l'auscultation,  ils  sont  restés  à  peu  près  les  mêmes.  Il  n'y  a  pas 
d'apparence  d'une  affection  du  sommet  de  l'un  ou  de  l'autre  poumon,  il  y  a 
donc  toute  raison  d'espérer  que  la  santé  se  rétablira  complètement  (1).  » 

Obs.  LXXXIX  (docteur  Bourgeois). 

VIII. — Homme  âgé  de  trente  ans  ;  douleur  du  côté  droit  sans  cause  connue. 
Flanc  distendu,  matité  dans  un  grand  espace,  toux,  expectoration  subite  d'une 
grande  quantité  de  matières  purulentes,  d'une  teinte  jaunâtre  avec  de  nom- 
breux débris  d'hydatides.  Quinze  jours  après,  nouvelle  expectoration  de  ma- 
tières semblables  et  de  débris  d'hydatides.  Trois  ou  quatre  retours  sembla- 
bles, à  des  intervalles  de  dix  à  vingt  jours.  La  santé  se  raffermit  et  la  guérison 
est  complète  après  quelques  années  (2). 

(1)  Docteur  Peacock,  Mém.  cit.,  obs.  II,  p.  3/ 

(2)  P.  Bourgeois,  Ga2.  des  hôpitaux,  1857,  p.  395. 


/i.Vi  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES  CAVITÉS  SEKEUSES 

l.\  résumé,  d'après  les  faits  rapportés  dahs  ce  chapitre,  on  voit 
que  drs  kystes  livdatiques  développés  dans  les  divers  organes  de 
l'abdomen,  le  foie,  la  rate,  le  rein,  etc.,  remontent  vers  la  cavité  du 
thorax,  repoussent  le  diaphragme,  compriment  et  atrophient  les 
poumons;  ils  donnent  lieu  alors  à  des  phénomènes,  semblables  à  ceux 
des  kystes  intra-thoraciques  et  se  terminent  de  même. 

Le  diaphragme  restant  intact,  ils  peuvent  remonter  jusqu'au  ni- 
veau de  la  troisième  ou  de  la  seconde  côte  et  peuvent  être  pris  pour 
un  épanchement  ou  pour  une  bydatide  de  la  plèvre. 

Le  diaphragme  étant  perforé,  ils  peuvent  se  vider  dans  la  cavité 
de  la  plèvre,  ou  se  creuser  un  foyer  à  la  base  du  poumon  ou  bien 
entrer  en  communication  avec  les  bronches;  alors  leur  contenu  peut 
être  expulsé  au  dehors  et  la  guérison  en  être  la  suite. 


QUATRIÈME  SECTION. 

HYDATIDES  DÉVELOPPÉES  DANS  LA  CAVITÉ  ABDOMINALE  OU  DANS  l'(JN 
DES  ORGANES  DE  CETTE  CAVITÉ. 

On  n'a  point  rencontré  d'hydatides  libres  dans  le  péritoine,  à 
moins  qu'elles  ne  provinssent  d'un  kyste  dans  lequel  elles  s'étaient 
développées  et  qui,  après  sa  rupture,  avait  versé  son  contenu  dans 
la  cavité  péritonéale.  Les  hydatides  de  l'abdomen  se  développent 
dans  le  parenchyme  de  l'un  des  organes  du  ventre,  ou  bien  dans  le 
tissu  cellulaire  sous-séreux;  dans  ce  dernier  cas  les  kystes  sont  fré- 
quemment multiples;  celles  du  foie  sont  les  plus  fréquentes. 

Ordinairement,  ces  tumeurs  hydatiques  parcourent  toutes  leurs 
périodes  clans  la  partie  même  où  elles  se  sont  développées;  quelque- 
fois, par  suite  de  leur  grand  accroissement  ou  accidentellement,  leur 
kyste  se  rompt  et  leur  contenu  arrive  dans  une  cavité  ou  dans  un 
organe  plus  ou  moins  éloigné,  ou  bien  à  l'extérieur  en  perforant  les 
téguments;  il  en  résulte  tantôt  des  accidents  variés  et  même  mortels, 
tantôt  la  guérison. 

Nous  nous  occuperons  en  premier  lieu  des  hydatides  dans  leurs 
rapports  avec  la  partie  qui  a  été  le  siège  primitif  de  leur  dévelop- 
pement. 


NATURELLES   OU    ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  /|55 

SOUS-SECTION    PREMIÈRE. 

HYDAT1DES  DE  L'ABDOMEN  CONSIDÉRÉES    DANS   L'ORGANE    OU   ELLES  SE  SONT 
DÉVELOPPÉES.  fà&A 


CHAPITRE  PREMIER. 

hydatides  du  foie;  action  sur  le  parenchyme  de  cet  organe,  sur 
l'économie;  marche,  symptômes,  diagnostic. 

Les  généralités  par  lesquelles  nous  avons  commencé  l'histoire  des 
hydatides,  sont  surtout  applicables  aux  vers  vésiculaires  du  foie; 
nous  n'aurons  donc  à  indiquer  ici  que  les  particularités  relatives  à 
leur  siège  spécial,  c'est-à-dire  celles  qui  résultent  de  la  structure  et 
de  la  fonction  de  l'organe  hépatique,  de  safsituation  et  de  ses  rap- 
ports. 

Il  n'existe  quelquefois  qu'un  seul  kyste  hydatique  dans  la  sub- 
stance du  foie,  assez  souvent  l'on  en  trouve  deux  ou  trois  et  rare- 
ment plus  de  cinq  ou  six  ;  en  même  temps  il  peut  s'en  trouver  dans 
d'autres  viscères,  niais,  généralement,  lorsqu'on  en  rencontre  quel- 
ques-uns dans  d'autres  viscères,  il  s'en  trouve  aussi  dans  le  foie. 

Les  kystes  hydatiques  de  cet  organe  se  développent  avec  une 
grande  lenteur.  S'ils  sont  solitaires,  ils  occasionnent  rarement  des 
troubles  dans  les  fonctions,  avant  qu'ils  n'aient  acquis  un  grand- 
volume.  La  digestion,  la  nutrition  s'accomplissent  d'une  manière 
normale;  il  n'y  a  point  de  douleurs,  ou  s'il  en  existe,  elles  sont  va- 
gues et  consistent  plutôt  dans  un  sentiment  de  pesanteur,  de  dis- 
tension que  dans  une  vraie  douleur.  Elles  occupent  la  région  épiga- 
strique,  l'hypochondre  droit,  quelquefois  l'épaule  du  même  côté. 

Lorsque  le  kyste  a  acquis  un  grand  volume,  le  foie  subit  une 
atrophie  plus  ou  moins  étendue,  plus  ou  moins  profonde.  S'il  ne  sur- 
vient point  d'accidents,  l'amaigrissement  et  le  dépérissement  de 
l'économie  se  manifestent,  et  le  malade  finit  par  succomber  aux 
progrès  de  la  consomption  dont  la  cause  ne  peut  être  attribuée  qu'à 
l'insuffisance  de  la  fonction  de  l'organe  sécréteur  du  sucre. 

Obs.  XC  (Leroux).  —  Kysle  énorme  du  foie  ;  tous  les  organes  sains;  mort 
dans  le  marasme  ;  oblitération  des  canaux  biliaires. 

«  Bougniol  (Augustin),  âgé]  de  quarante-deux  ans,  se  disant  homme  do 


ft5<»  AFFECTIONS   VERMINEUSES   IJES  CAVITÉS  SEREUSES 

lettres,  est  d'un  tempérament  éminemment  bilieux...  Il  y  a  environ  quatre  ans 
que  Bougniol  commença  à  senlir  des  picotements  dans  I'hypochondre  droit  ; 

ensuite  il  y  éprouva  une  douleur  pongitive,  sourde,  mais  peu  fatigante.  Il  y  a 
à  peu  près  dix-liuil  mois  qu'il  s'aperçut  quele  foie  acquérait  plus  de  volume... 
Ce  malade,  dans  la  détresse,  endura  ses  maux,  ne  consulta  personne,  et  ne 
fit  aucun  remède.  Cependant  les  accidents  s'élant  aggravés,  étant  portés  au 
comble,  il  se  décida  à  venir  chercher  des  secours  à  la  clinique  interne  et  il  y 
entra  le  24  vendémiaire  an  X  (16  octobre  1801). 

»  Toute  la  surface  du  corps  est  d'un  jaune  verdâtre  et  comme  bronzé  ;  les 
conjonctives  sont  restées  blanches.  La  figure  est  singulièrement  grippée  ;  elle 
annonce  plutôt  la  morosité  que  la  grande  souffrance.  La  maigreur  est  hor- 
rible: sur  tous  les  membres  et  sur  la  poitrine,  il  n'y  a  qu'une  peau  mince, 
fiasque,  terreuse  et  plissée.  La  région  épigastrique,  et  encore  plus  I'hypo- 
chondre droit,  sont  tendus  par  une  tumeur  énorme  qui  déforme  le  ventre. 
Cette  tumeur  est  douloureuse  au  toucher  ;  on  y  sent  une  fluctuation  plus  pro- 
fonde, plus  obscure  que  dans  l'ascile,  et  même  que  dans  les  hydropisies  en- 
kystées. Il  n'y  a  point  de  fluctuation  dans  le  reste  de  l'abdomen,  qui  paraît 
n'être  tendu  que  par  le.  refoulement  des  viscères;  on  n'y  produit  aucune  dou- 
leur en  le  palpant.  La  langue  est  encore  assez  vermeille,  mais  elle  est  sèche 
et  rude  ;  l'anorexie  est  complète  ;  la  constipation  subsiste  ;  les  urines,  assez 
abondantes,  sont  presque  aussi  foncées  en  couleur,  aussi  huileuses  que  chez 
les  ictériques.  La  fièvre  lente,  hectique  est  continue,  avec  des  exacerbations 
le  soir  ;  la  soif  est  inextinguible  ;  la  respiration  est  extrêmement  gênée  ;  il  y 
a  une  petite  toux  sans  expectoration.  Le  malade  dit  sentir  du  mouvement  dans 
la  tumeur  et  une  espèce  de  ballottement;  il  se  croit  hydropique,  et  désire 
qu'on  lui  fasse  la  ponction. 

»  Nous  reconnûmes  bien,  Corvisart  et  moi,  que  le  foie  était  le  foyer  d'un 
épanchement  considérable,  mais  nous  ne  pûmes  constater  de  quelle  nature 
était  cet  épanchement,  soit  séreux,  soit  sanguin,  soit  purulent.  D'ailleurs, 
voyant  le  malade  si  près  de  sa  fin,  nous  nous  contentâmes  de  prescrire  de 
légers  apéritifs...  Bougniol  languit  jusqu'au  6  novembre,  qu'il  mourut  à  sept 
heures  du  matin. 

Autopsie.  —  »  Dans  le  crâne,  on  ne  trouva  aucune  désorganisation  ;  seu- 
lement l'encéphale  paraissait  un  peu  desséché  et  consistant.  Les  poumons 
étaient  flétris,  mais  point  altérés;  le  cœur  était  petit,  mais  sain.  L'estomac 
avait  une  fort  petite  capacité;  le  pancréas  était  comprimé;  les  intestins  étaient 
diminués  d'étendue  dans  leur  calibre,  mais  leurs  membranes  n'offraient  aucune 
lésion  ;  l'épiploon  ressemblait  à  une  toile  d'araignée  très  mince  et  très  dia- 
phane; la  rate,  les  reins,  les  uretères  et  la  vessie  ne  présentaient  aucune 
affection  morbide. 

»  Tous  les  désordres  se  trouvaient  dans  le  foie.  Le  grand  lobe  de  ce  viscère 
n'était  plus  qu'un  large  sac,  à  parois  épaisses  et  formées  par  le  parenchyme 
refoulé  et  comprimé  contre  l'enveloppe  périlonéale,  au  point  de  n'avoir  pas 
plus  d'un  pouce  (27  millimètres)  d'épaisseur.  Ce  parenchyme,  de  couleur 


NATURELLES  OU   AUVENTIVES.    —   HYDATIDES.  Z|57 

brune,  ainsi  aplati  et  desséché,  ressemblait  à  une  portion  de  chair  qu'on  aurait 
soumise  à  la  presse  ;  on  n'y  distinguait  plus  aucun  vaisseau.  La  vésicule  bi- 
liaire avait  disparu;  on  ne  retrouvait  aucun  vestige  des  canaux  hépatique,  ajs- 
tique  et  cholédoque.  Dans  ce  sac,  à  parois  consistantes,  était  contenue  une  autre 
enveloppe  très  molle,  très  blanche,  très  facile  à  déchirer,  dans  laquelle  on  au- 
rait pu  faire  tenir  huit  à  dix  litres  de  fluide.  Cette  grande  hydatide  était  pleine 
d'une  sérosité  opaque,  gluante,  comme  lactescente;  elle  renfermait  plusieurs 
centaines  d'autres  hydatides,  quelques-unes  de  la  grosseur  d'un  œuf  de 
poule,  d'un  œuf  de  pigeon,  le  plus  grand  nombre  de  la  grosseur  d'une  noi- 
sette et  même  d'un  pois  ;  elles  étaient  toutes  isolées  et  distinctes  ;  elles  n'é- 
taient unies  entre  elles  que  par  une  espèce  de  gluten  ;  on  pouvait  les  enlever 
séparément  sans  rompre  la  vessie  et  les  faire  couler  dans  la  main  lorsqu'on 
les  ouvrait,  il  en  sortait  une  sérosité  ^impide. 

v  De  toutes  les  hydatides  que  j'ai  été  dans  le  cas  d'observer,  c'est  une  des 
plus  considérables  que  j'aie  trouvées.  Je  n'en  ai  connu  qu'une  autre  aussi 
monstrueuse  qui  existait  dans  la  poitrine  (1).  » 

Il  est  rare  qu'un  kyste  unique  fasse  éprouver  au  foie  une  atrophie 
aussi  complète  ;  le  plus  souvent  une  grande  partie  de  l'organe 
échappe  à  la  compression  et  suffit  à  l'entretien  des  fonctions  hépa- 
tiques. Il  n'en  est  plus  de  même  lorsque  plusieurs  kystes  hydatiques 
envahissent  le  foie  ;  alors,  le  dépérissement  de  l'économie  est  plus 
certain  et  plus  rapide  et,  sous  l'influence  de  l'état  général,  on  voit 
fréquemment  survenir  des  complications  graves  telles  que  l'érysipèle, 
la  pneumonie,  la  pleurésie,  la  péritonite,  etc.,  qui  emportent  le 
malade. 

Une  disposition  à  la  gangrène  est  probablement  encore  l'un  des 
effets  des  grands  kystes  hydatiques  du  foie  ;  il  n'est  pas  très  rare 
de  voir  la  gangrène  du  poumon  enlever  les  malades  atteints  de  ces 
kystes  (obs.  LVI,  LXXV);  nous  avons  cité  un  cas  (obs.  III)  dans 
lequel  des  abcès  gangreneux  s'étaient  manifestés  dans  plusieurs 
organes. 

Une  disposition  aux  hémorrhagies  paraît  aussi  la  conséquence  des 
hydatides  du  foie;  nous  connaissons  plusieurs  cas  dans  lesquels  il 
s'est  manifesté  des  épistaxis  répétées  et  abondantes  et  d'autres  dans 
lesquels  on  a  observé  des  métrorrhagies. 

Les  hydatides  du  foie  ne  produisent  pas  très  fréquemment  l'ictère  ; 
ce  phénomène  survient  principalement  dans  trois  conditions  :  lorsque 
le  tissu  hépatique  devient  le  siège  d'une  inflammation  plus  ou  moins 
étendue,  lorsque  les  vers  vésiculaires  s'engagent  dans  les  conduits 

(1)  Leroux,  ouvr.  cit.,  t.  III,  p.  18",  obs.  IX. 


/lf>K  AFFICHONS  VERMINEUSES   DES  CAVITÉS  SÉREU8KS 

biliaire*  par  la  communication  de  ces  ('(induits  ou  tle  la  vésicule  avec 
le  kyste,  ou  bien  lorsque  la  tumeur  comprime  le  canal  cholédoque 
ou  l'un  des  trbncs  principaux  des  conduits  hépatiques.  11  est  pro- 
bable que  l'ictère  surviendrait  encore  si  les  canaux  biliaires  et  les 
veines  communiquaient  avec  le  kyste,  la  bile  pénétrerait  dans  le  sang 
par  cette  voie.  (Voy.  obs.  XCIII.) 

Si  la  tumeur  exerce  une  compression  sur  les  principaux  troncs 
veineux  qui  sont  en  rapport  avec  le  foie,  il  survient  un  œdème  des 
membres  inférieurs,  ou  même  un  épanchement  de  sérosité  dans 
l'abdomen. 

La  présence  du  kyste  bydatique  occasionne  quelquefois  dans  le 
parenchyme  hépatique  une  inflammation  plus  ou  moins  aiguë  qui  se 
termine  par  suppuration;  cette  inflammation  survient  soit  parce  que 
le  kyste  s'est  accru  rapidement,  soit  parce  qu'il  a  acquis  un  grand 
volume;  mais  l'action  de  ces  causes  est  à  vrai  dire  fort  incertaine. 
Elle  peut  survenir  aussi  par  suite  d'une  violence  extérieure  et  lorsque 
l'existence  des  vers  vésiculaires  n'a  encore  été  décélée  par  aucun 
symptôme. 

Obs.  XCI  (Budd).  —  Kyste  du  foie  ;  rupture  par  un  coup. 

«Un  boxeur  de  profession  reçut  un  coup  de  poing  dans  l'hypochondre  droit, 
sous  les  fausses  côtes;  la  boxe  se  faisait  avec  des  gants.  Avant  ce  moment, 
cet  homme  avait  toujours  joui  d'une  bonne  santé,  mais  depuis  lors  il  éprouva 
des  douleurs  continuelles  dans  le  côté  droit,  et,  selon  son  expression,  il  ne  fut 
plus  le  même  homme.  Environ  six  semaines  après  avoir  reçu  le  coup,  il  res- 
sentit soudainement  des  douleurs  très  vives  dans  le  côté  ;  cette  exacerbation 
fut  bientôt  suivie  de  céphalalgie  et  de  nausées  ;  le  malade  perdit  l'appétit,  de- 
vint faible,  languissant,  et.  la  diarrhée  survint.  Ces  symptômes  ayant  persisté 
pendant  deux  jours,  la  peau  prit  une  teinte  jaune;  la  diarrhée  cessa,  mais  le 
mal  de  tête  et  les  nausées  persistèrent  et  la  jaunisse  augmenta.  Le  4  avril, 
cinq  jours  après  l'apparition  de  la  jaunisse  et  environ  sept  semaines  après 
avoir  reçu  le  coup,  cet  homme  entra  à  l'hôpiial  dans  mon  service  (M.  Budd). 

»  Alors  il  avait  la  peau  très  jaune,  il  se  plaignait  d'une  douleur  forte,  avec 
beaucoup  de  sensibilité  au  toucher  dans  l'hypochondre  droit;  le  ventre  était 
ballonné  ;  le  foie,  considérablement,  augmenté  de  volume,  dépassait  les  fausses 
côtes  de  cinq  travers  de  doigt  ;  il  y  avait  de  la  fièvre,  plus  de  1  00  pulsations 
par  minute  ;  la  peau  était  chaude  et  sèche  ;  la  langue  sèche,  fendillée  et  cou- 
verte d'un  enduit  épais  ;  l'appétit  nul  et  la  soif  vive  avec  de  la  céphalalgie  et 
des  nausées.  La  maladie  fut  regardée  comme  une  inflammation  du  foie  causée 
par  le  coup.  (On  appliqua  des  sangsues  sur  le  côté  qui  furent  suivies  de  quelque 
soulagement  dans  les  douleurs,  plus  tard  on  administra  des  sels,  des  pilules 
bleues  et  quelques  purgatifs.) 


NATURELLES   OU    ADVENT1VES.    —   HYDATIDES.  459 

fl  Les  pilules  occasionnèrent  de  la  salivation  sans  être  suivies  d'un  soula- 
gement appréciable.  La  douleur,  la  sensibilité  à  la  pression,  la  fièvre,  la  jau~ 
nisse  continuèrent,  la  tumeur  du  foie  parut  s'accroître,  et  le  malade  se  plaignait 
beaucoup  de  douleurs  dans  l'épaule  et  dans  le  bras  droit.  Le  pouls  était  tou- 
jours fréquent  et  la  langue  chargée  et  sèche  ;  malgré  la  jaunisse  les  selles 
avaient  une  couleur  bilieuse. 

»  Le  26  avril,  douze  jours  après  admission  du  malade  à  l'hôpital,  le  foie  dé- 
passait l'ombilic  de  deux  ou  trois  pouces  ;  lorsqu'on  appliquait  la  main  sur  le 
côté  droit,  on  sentait  une  crépitation  distincte  ;  l'oreille  appliquée  sur  cette 
partie  percevait  un  bruit  de  frottement  analogue  à  celui  de  la  pleurésie.  Le 
lendemain  l'état  du  malade  s'était  beaucoup  aggravé,  il  éprouvait  une  vive 
douleur  à  l'épigastre  ;  la  face  était  anxieuse,  la  respiration  accélérée,  le  pouls 
rapide  et  faible  et  la  peau  couverte  d'une  sueur  froide.  La  mort  arriva  dans  la 
même  journée. 

»  A  l'autopsie,  on  trouva  le  foie  considérablement  augmenté  de  volume,  des- 
cendant dans  l'abdomen  jusqu'à  l'ombilic.  La  surface  était  couverte  d'exsuda- 
tions molles,  mais  il  n'y  avait  pas  de  traces  de  péritonite  dans  les  autres  par- 
ties du  ventre.  En  soulevant  le  foie,  on  trouva  un  caillot  de  sang  dans  la  ré- 
gion épigastrique,  mais  en  le  retirant  j'amenai  en  même  temps  une  hydatide 
qui  devait  s'être  échappée  de  son  kyste,  entièrement  ou  en  partie  avant  la 
mort.  L'hydatide  était  affaissée  et  n'en  contenait  pas  d'autres  ;  la  poche  qui 
avait  renfermé  l'hydatide  était  située  à  la  face  inférieure  du  foie,  entre  les 
lobes  droit  et  gauche  ;  elle  avait  la  grosseur  d'un  orange,  et  était  remplie  par 
un  caillot  de  sang.  Le  kyste  avait  des  parois  très  minces  relativement  à  son 
volume.  Dans  la  substance  du  foie  étaient  un  grand  nombre  d'abcès,  variant 
de  la  grosseur  d'un  pois  à  celle  d'une  noix,  le  pus  avait  une  couleur  jaune 
orange.  Tous  ces  abcès  existaient  dans  le  voisinage  du  kyste  hydatique  et 
dans  la  partie  supérieure  du  foie  entre  le  kyste  et  le  diaphragme,  il  n'y  en 
avait  pas  dans  la  partie  inférieure  du  lobe  droit  ;  parmi  ces  abcès  étaient  dis- 
séminées de  petites  taches  brunes  ou  jaunes. 

»  En  examinant  sous  l'eau  des  coupes  pratiquées  dans  le  foie,  on  voyait 
clairement  que  la  lésion  pathologique,  qui  se  terminait  par  la  suppuration, 
avait  commencé  dans  les  lobules.  Au  début,  ces  lobules  étaient  d'une  couleur 
brune  foncée  ;  dans  un  état  plus  avancé,  ils  étaient  d'un  jaune  foncé,  couleur 
qui  persistait  jusqu'à  ce  qu'ils  fussent  transformés  en  matière  purulente.  Les 
conduits  biliaires  et  les  ramifications  de  la  veine  porte  parurent  normaux.  » 

L'examen  microscopique  démontra  dans  les  plus  grands  abcès  du  pus  en 
grande  proportion,  de  la  matière  jaune  de  la  bile,  des  globules  huileux  et  des 
particules  amorphes  qui  étaient  probablement  les  débris  de  cellules  hépatiques 
et  du  parenchyme  du  foie  (1). 

Quelque  forte  qu'ait  été  la  commotion,  il  est  probable  que  le  coup 
(1)  Budd,  ouvr.  cit.,  p.  90. 


&60  AFFECTIONS  VERMINEUSE8  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

reçu  clans  l'hypochondre  droit  n'eût  pas  occasionné  d'accidents  sans 

la  présence  du  kyste  hydatique. 

M.  Budd  attribue  les  phénomènes  inflammatoires  survenus  chez 
ce  malade  au  contact  du  liquide  de  l'hydatide  avec  le  parenchyme 
du  foie  ;  suivant  cet  observateur,  qui  partage  en  ceci  l'opinion  de 
M.  Cruveilhier,  le  fluide  hydatique,  quoique  clair  et  limpide,  est  un 
irritant  violent  pour  les  tissus,  et  la  preuve  c'est  que  des  kystes  du 
foie,  qui  contenaient  une  hydati.de  solitaire,  s'étant  rompus  et  ayant 
versé  dans  la  cavité  du  péritoine  le  liquide  du  ver  vésiculaire  et  les 
échinocoques  tout  en  retenant  la  vésicule  elle-même,  il  s'en  est  suivi 
une  péritonite  rapidement  mortelle  il). 

L'inflammation  du  parenchyme  hépatique  peut  survenir  encore  à 
la  suite  des  opérations  pratiquées  pour  procurer  l'évacuation  du 
kyste,  et  cette  inflammation  peut  se  communiquer  aux  veines, 
comme  il  semble  résulter  d'un  cas  observé  par  M.  Dolbeau  (2).  Nous 
reviendrons,  ci-après,  sur  les  conditions  de  l'inflammation  des 
veines  sus-hépatiques  en  rapport  avec  les  kystes  hydatiques.  (Voj\ 
ci-après,  chap.  III.) 

Lorsque  le  kyste  est  très  considérable,  il  produit  des  désordres 
dans  les  organes  voisins  :  développé  vers  la  face  inférieure  du  foie, 
il  repousse  en  bas  l'estomac,  le  côlon,  et  fait  saillie  jusqu'au  niveau 
de  l'ombilic  ou  même  jusqu'à  la  crête  iliaque  droite  ;  développé  vers 
la  face  supérieure,  il  repousse  en  haut  le  diaphragme  et  médiate- 
ment  le  poumon  droit  et  le  cœur  ;  on  l'a  vu  remonter,  sans  avoir 
perforé  le  diaphragme,  jusqu'au  niveau  de  la  deuxième  côte  et  même 
jusqu'à  la  clavicule.  Nous  en  avons  mentionné  plusieurs  exemples 
(voy.  sect.  III,  chap.  II).  Dans  ces  cas  la  respiration  éprouve 
une  gêne  qui  peut  être  portée  au  plus  haut  degré  et  qui  peut  en- 
traîner la  mort,  pour  peu  qu'une  autre  affection ,  même  légère, 
occasionne  un  nouveau  trouble  dans  la  respiration  :  M.  Budd  rap- 
porte l'observation  d'un  homme,  qui,  atteint  d'une  tumeur  du 
foie,  offrait  comme  phénomène  le  plus  apparent  une  grande  gène  de 
la  respiration  avec  une  ascite  et  de  l'œdème  des  membres  infé- 
rieurs. —  A  l'autopsie,  l'on  trouva  dans  le  foie  un  kyste  hydatique 
considérable  et  deux  plus  petits;  tous  les  organes  étaient  à  l'état 
normal,  à  l'exception  de  la  valvule  mitrale  qui  était  épaissie.  Or,  dit 

(1)  Budd,  ouvr.  cit.,  p.  42S. 

(2)  Dolbeau,  thèse  citée,  p.  28.  (Voyez  ci-après,  obs.  29C.) 


NATURELLES  OU   ADVEISTIVES.    —   IlYDATIDES.  AGI 

M.  Budd,  la  respiration  et  la  circulation  étaient  certainement  affec- 
tées par  cet  état  de  la  valvule  mitrale,  mais  la  mort  n'a  été  déter- 
minée que  par  l'obstacle  additionnel  apporte  aux  fonctions  par  la 
tumeur  volumineuse  du  foie  (I).  La  réciproque  est  également  vraie. 

Le  kyste  hydatique  du  foie  qui  n'a  pas  acquis  un  grand  volume 
est  d'un  diagnostic  fort  incertain;  mais,  lorsqu'il  est  volumineux,  la 
présence  dans  l'hypochondre  droit  d'une  tumeur  très  apparente, 
égale,  qui  s'est  accrue  lentement,  sans  beaucoup  de  douleur,  sans 
jaunisse,  sans  ascite,  sans  fièvre,  sans  dépérissement  général,  ne 
peut  guère  appartenir  qu'aux  hydatides.  Celui  qui,  développé  vers 
la  face  convexe,  aura  fortement  repoussé  le  diaphragme,  sera  dis- 
tingué d'un  épanchement  dans  la  plèvre  aux  signes  que  nous  avons 
déjà  indiqués  (p.  437).  La  tumeur  hydatique  du  foie  ne  pourra 
guères  être  confondue  avec  un  abcès  qui  acquiert  rarement  un  grand 
volume  sans  être  précédé  ou  accompagné  de  douleurs  et  de  fièvre, 
ni  avec  un  cancer  qui  n'atteint  pas  en  général  un  volume  aussi  con- 
dérable  et  ne  forme  pas  une  tumeur  globuleuse  et  unie,  mais  qui 
paraît  résulter  de  la  réunion  d'un  certain  nombre  de  tumeurs;  on 
observe  d'ailleurs  ordinairement  les  phénomènes  de  la  cachexie  can- 
céreuse. 

La  tumeur  de  la  vésicule  biliaire  pourrait  plus  facilement  être 
prise  pour  une  hydatide;  elle  est,  en  effet,  globuleuse,  arrondie, 
dépressible,  mais  cette  tumeur  est  constamment  et  presque  au  début, 
accompagnée  d'une  jaunisse  intense,  de  douleurs  vives,  et  jamais  on 
n'y  produit  le  frémissement  hydatique. 

On  pourrait  encore  confondre  avec  une  tumeur  hydatique,  un 
anévrysme  de  l'aorte  abdominale;  en  effet,  cet  anévrysme,  de  même 
qu'une  tumeur  hydatique,  est  globuleux  et  sans  douleur  à  la  pres- 
sion,  il  ne  produit  ni  jaunisse,  ni  épanchement  de  sérosité  dans 
l'abdomen,  ni  troubles  de  la  digestion,  ni  gêne  de  la  respiration,  à 
moir. s  qu'il  n'ait  aciuis  un  grand  volume;  mais,  généralement,  il 
occasionne  des  douleurs  vives,  douleurs  qui  non-seulement  se  font 
sentir  au  siège  de  la  tumeur,  mais  qui  se  propagent  aussi  au  loin; 
en  outre,  des  pulsations  très  distinctes,  un  bruit  de  souffle  percep- 
tible au  niveau  des  dernières  vertèbres  dorsales  ou  des  premières 
lombaires,  sont  des  symptômes  caractéristiques  de  ces  tumeurs  ané- 
vrysmales. 

(1)  Budd.  ouvr,  cit.,  p.  442. 


/|(i'J  AFFECTIONS    VERMINE  USES    DES   CAVITÉS   SEUEUSES 

Malgré  tous  ces  signes  distinctifs,  il  ost  des  cas  dans  lesquels  le 
diagnostic  offre  les  plus  grandes  difficultés,  c'est  lorsque  l'accrois- 
sement de  la  tumeur  hydatique  plus  rapide  que  d'ordinaire,  est 
accompagné  de  douleurs  et  de  fièvre  .  lorsqu'une  circonstance  parti- 
culière, comme  une  violence  extérieure,  est  venue  en  changer  la 
marche,  lorsque,  par  la  compression  qu'elle  exerce  sur  les  conduits 
biliaires,  sur  la  veine  porte  ou  sur  la  veine  cave,  la  tumeur  produit 
un  ictère,  une  ascite  ou  un  œdème  des  membres  inférieurs  qui  chan- 
gent plus  ou  moins  la  physionomie  ordinaire  de  la.  maladie,  lorsque 
plusieurs  kystes  donnent  à  la  tuméfaction  de  l'hypochondre  un 
aspect  inégal  ;  mais,  dans  ces  différents  cas,  à  défaut  du  frémisse- 
ment hydatique,  la  ponction  exploratrice  avec  un  trocart  capillaire 
pourra  donner  des  indications  précises  sur  la  nature  de  l'affection  du 
foie,  autant  qu'il  sera  établi  que  cette  ponction  est  exempte  de 
dangers. 

CHAPITRE  IL 

ACTION   DES   HYDATIDES   DU   FOIE   SUR   LES   CONDUITS   ET    LA   VÉSICULE 
BILIAIRES. 

L'un  des  points  les  plus  intéressants  de  l'histoire  des  hydatides 
du  foie  est  la  communication  qui  se  fait  dans  certains  cas  entre  le 
kyste  et  les  conduits  biliaires. 

Quelques  auteurs  ont  pensé  que  la  poche  hydatique  en  commu- 
nication avec  un  conduit  biliaire,  se  développe  aux  dépens  de  ce 
conduit  et  que  la  cavité  qui  renferme  les  vésicules  est  celle  du  con- 
duit dilaté.  Les  hydatides,  dans  ce  cas,  se  seraient  développées 
dans  une  cavité  muqueuse,  ce  qui  serait  tout  à  fait  exceptionnel; 
l'examen  des  faits  prouve  qu'il  en  est  autrement.  Généralement  les 
kystes  hydatiques  perforent  les  parois  et  entrent  en  communication 
avec  les  cavités  qui  sont  dans  leur  voisinage  ,  comme  nous  l'avons 
constaté  déjà  pour  les  vaisseaux  et  les  bronches.  Nous  verrons  ce 
fait  se  reproduire  à  l'égard  de  la  trachée,  du  tube  digestif,  de  la 
vésicule  biliaire,  du  bassinet,  de  la  vessie,  des  trompes  utérines. 
Les  conduits  biliaires  seuls  feraient- ils  exception  1  Non  sans  doute  : 
l'existence  d'un  véritable  kyste,  le  grand  nombre  de  conduits  bi- 
liaires ouverts  dans  sa  cavité,  ne  s'accordent  point  avec  l'idée  d'un 
développement  dans  la  cavité  même  d'un  conduit;  or  dans  la  plupart 
des  cas  connus,  on  a  signalé  l'existence  d'un  kyste  et  des  ouvertures 


NATURELLES  OU   ADVENT1VES.    —   HYDATIDES.  ft63 

quelquefois  nombreuses  à  l'intérieur  de  ce  kyste;  on  a  même  vu  les 
ouvertures  communiquer  d'une  part  avec  les  canaux  biliaires,  d'une 
autre  avec  les  veines  ;  d'ailleurs  une  hydatide  développée  dans  la 
cavité  d'un  conduit  biliaire  serait  nécessairement  chassée  dans  l'in- 
testin ou  dans  la  vésicule  par  la  bile  qui  s'accumulerait  derrière  elle. 
Un  fait  observé  par  M.  Cadet  de  Gassicourt  nous  montre  un 
kyste  en  communication  avec  deux  points  distincts  du  canal  cholé- 
doque, de  telle  sorte  que  la  communication  n'a  pu  être  primitive  en 
ces  deux  points;  il  faut  donc  admettre  qu'elle  s'est  faite  par  ulcé- 
ration d'un  côté  comme  de  l'autre.  Voici  cette  observation  : 

Obs.  XCII  (Cadet  de  Gassicodrt). 

I.  —  Il  s'agit  d'un  garçon  âgé  de  sept  ans  qui,  au  mois  de  mai  \  854,  fut 
pris  de  jaunisse  à  la  suite  d'une  impression  morale  vive;  l'ictère  disparut, 
mais  au  mois  de  mars  de  l'année  suivante,  il  reparut;  le  malade  entra  alors  à 
la  Charité  dans  le  service  de  M .  Cruveilhier. 

«  A  son  entrée,  outre  l'ictère  et  les  phénomènes  présentés  par  les  garde- 
robes  et  les  urines  que  l'acide  nitrique  verdissait  fortement,  on  constata  une 
légère  augmentation  du  volume  du  foie.  Le  foie  remontait  jusqu'au  niveau  du 
mamelon  droit;  au-dessous  des  fausses  côtes,  on  sentait  parfaitement  le  bord 
tranchant,  qui  ne  descendait  pas  beaucoup  plus  bas  que  de  coutume  (à  4  cen- 
timètres à  peu  près  au-dessous  des  fausses  côtes).  Le  malade,  du  resle,  n'ac- 
cusait aucune  douleur  dans  la  région  hépatique  ;  il  se  plaignait  seulement 
d'épistaxis  répétées,  qui,  après  avoir  à  peu  près  complètement  cessé  depuis 
le  commencement  de  novembre  1854,  jusqu'à  la  fin  de  février  1855,  avaient 
reparu  en  même  temps  que  l'ictère,  et  amenaient  une  grande  faiblesse. 
M.  Cruveilhier  ordonna  d'abord  quelques  légers  purgatifs,  mais  il  insista  par- 
ticulièrement sur  le  tannin  et  les  préparations  ferrugineuses  destinées  à  com- 
battre les  hémorrhagies  et  l'anémie. 

»  Sous  l'influence  de  cette  médication,  le  malade  sembla  marcher  vers  une 
guérison  rapide:  les  saignements  de  nez  devinrent  moins  fréquents  ;  l'ictère 
diminua  sensiblement;  les  selles,  les  urines,  reprirent  presque  tout  à  fait  leur 
coloration  normale,  à  peine  si  l'acide  nitrique  décelait  quelque  trace  de  bile 
dans  les  urines.  Cet  état  d'amélioration  était  très  manifeste  du  5  au  10  avril, 
lorsque,  à  cette  époque,  les  accidents  reparurent  avec  une  violence  plus  grande 
que  jamais.  Tout  à  coup,  presque  du  jour  au  lendemain,  l'ictère  reprit  une 
intensité  remarquable;  les  selles  redevinrent  dures,  sèches, décolorées;  l'urine 
prit  une  teinte  jaune  foncé,  puis  brune,  et  sembla  se  couvrir  d'une  couche 
huileuse.  En  même  temps,  l'abondance,  la  fréquence  des  épistaxis  redoublè- 
rent, surtout  par  la  narine  droite  ;  un  premier  tamponnement  fut  fait  le  17  avril 
au  matin  ;  le  sang  coula  dans  la  journée,  et  surtout  dans  la  nuit,  par  la  narine 
gauche;  un  second  tampon  fut  appliqué,  le  lendemain  18,  à  la  narine  gauche. 
Quelques  instants  après,  le  malade  vomissait  environ  1  litre  de  sang  ;  à  dix 


/|(i'i  AFFECTIONS  VERMINEUSES   DUS  CAVITÉS  SÉREUSES 

heures  et  demie,  il  rendait  une  selle  entièrement  sanglante  ;  à  midi,  une  se- 
conde garderobe,  dans  laquelle  les  matières,  dures  et  décolorées,  étaient  en- 
veloppées d'une  couche  de  sang.  Puis,  à  deux  heures  et  demie  du  soir,  il  se 
plaignit,  pour  la  première  fois,  d'une  vive  douleur  à  la  région  hépatique.  A 
trois  heures,  il  était  mort.  » 

Autopsie.  —  Rien  de  bien  notable  dans  les  divers  organes,  si  co  n'est  la 
fluidité  du  sang  contenu  dans  les  vaisseaux. 

«  Le  foie  avait  une  couleur  bronzée  à  sa  surface,  et,  en  le  coupant  longitu- 
dinalement,  on  voyait  que  cette  coloration  se  prolongeait  dans  toute  l'épais- 
seur du  tissu;  les  vaisseaux  biliaires  n'étaient  nullement  dilatés.  Sur  le 
trajet  du  canal  cholédoque ,  entre  la  vésicule  et  le  canal  cystique  d'une 
part,  et  l'ouverture  du  canal  cholédoque  dans  le  duodénum  de  l'autre,  se  trou- 
vait une  poche,  du  volume  d'un  œuf  de  poule  à  peu  près,  qui  était  située  sur 
le  trajet  même  du  canal  cholédoque  ;  cette  poche  n  était  pas  distendue  et  se 
laissait  facilement  déprimer  par  la  pression.  Elle  fut  fendue  dans  sa  longueur 
et  par  sa  paroi  opposée  au  trajet  du  canal  cholédoque;  l'incision  donna  issue 
à  quelques  gouttes  seulement  de  bile  épaisse,  et  à  une  autre  poche  plus  pe- 
tite, affaissée  sur  elle-même,  plissée  et  vide,  colorée  en  jaune  verdâtre,  qui 
fut  aussitôt  reconnue  pour  une  hydatide.  Cette  hydatide  avait  une  longueur 
de  5  centimètres  et  une  largeur  de  4  ;  elle  était,  comme  je  l'ai  dit,  entière- 
ment vide,  et  présentait,  dans  un  des  points  de  sa  p;iroi,  une  ulcération  de 
1  centimètre  de  longueur,  dont  la  circonférence  était  brunâtre. 

»  La  première  poche  étant  ainsi  vidée,  et  incisée  dans  sa  longueur,  voici  ce 
qu'on  a  pu  constater: 

»  Les  parois  du  kyste  étaient  résistantes,  assez  épaisses,  de  couleur  blanc 
mat  extérieurement,  et  jaune  verdâtre  à  l'intérieur.  A  l'extrémité  supérieure 
du  kyste,  du  côté  de  la  vésicule  biliaire,  on  voyait  une  ouverture  irrégulière- 
ment ovalaire,  longue  de  15  millimètres,  et  dont  la  circonférence  était  en- 
tourée d'une  coloration  brunâtre,  presque  noire.  Cette  ouverture,  ou  plutôt 
cette  ulcération,  était  probablement  en  contact  avec  l'ulcération  que  nous 
avons  décrite  sur  l'hydatide  elle-même,  et  qui  avait  la  même  apparence.  En 
faisant  glisser  un  stylet  par  la  partie  supérieure  de  l'ulcération,  on  arrivait, 
d'une  part,  dans  le  canal  hépatique,  de  l'autre,  dans  le  canal  cystique  et  la 
vésicule  biliaire;  et  de  plus,  on  a  pu  constater,  par  la  dissection  de  ces  diffé- 
rents canaux,  que  le  point  de  jonction  du  canal  cystique  et  du  canal  hépatique 
était  situé  à  25  millimètres  à  peu  près  en  deçà  de  la  perforation.  Ainsi  il  est 
démontré  que  l'ulcération  intéressait  en  même  temps  la  paroi  du  canal  cholé- 
doque et  celle  du  kyste  ;  que  le  kyste  communiquait  avec  le  canal  cholédoque, 
et  que  c'est  en  passant  par  ce  canal  que  le  stylet  pénétrait,  d'un  côté  dans  le 
canal  hépatique,  de  l'autre  dans  le  canal  cystique  et  la  vésicule. 

»Un  stylet  introduit  par  l'extrémité  inférieure  de  l'ulcération  pénétrait  aussi 
dans  un  canal,  mais  il  était  arrêté  dans  un  cul-de-sac  après  un  trajet  de  3  cen- 
timètres. En  disséquant  avec  attention  cette  portion  du  canal  par  la  face  ex- 
terne du  kyste,  il  était  facile  de  voir  qu'elle  faisait  suite  au  canal  cholédoque, 


NATURELLES  OU   ADVENTlVES.    —  HYDATIDES.  465 

dont  la  paroi  supérieure  avait  été  en  partie  détruite  par  l'ulcération  qui  s'ou- 
vrait dans  le  kyste. 

»  A  l'extrémité  inférieure  du  kyste,  on  trouvait  une  seconde  perforation, 
également  ovalaire,  longue  de  1  centimètre,  qui  ne  présentait  pas  de  colora- 
tion brune  à  sa  circonférence.  Cette  seconde  ulcération  était  distante  de  la 
première  de  5  centimètres,  et  elle  était  séparée  de  l'extrémité  du  canal  cholé- 
doque terminé  en  cul-de-sac,  par  un  intervalle  de  2  centimètres.  Il  semble 
donc  que,  dans  cet  intervalle,  le  canal  cholédoque  a  été  détruit  par  compres- 
sion; du  moins  on  n'a  pu  constater  sa  continuité. 

»  Enfin,  en  faisant  pénétrer  un  stylet  par  cette  ulcération,  on  arrivait  dans 
le  duodénum,  à  l'endroit  où  les  canaux  cholédoque  et  pancréatique  réunis  s'ou- 
vrent dans  cet  intestin.  La  distance  de  cette  seconde  ulcération  à  l'ouverture 
duodénale  était  de  15  millimètres  (4).  » 

Lorsque  le  kyste  s'est  mis  en  communication  avec  les  conduits 
biliaires,  les  hydatides  qu'il  contient  s'engagent  quelquefois  dans 
ces  conduits,  comme  celles  du  poumon  s'engagent  dans  les  bron- 
ches. Nous  verrons,  dans  les  faits  que  nous  allons  rapporter,  que 
les  canaux  biliaires  sont  dilatés  par  les  vers  cystiques  qui  s'y  intro- 
duisent comme  ils  le  sont  par  des  calculs,  que  ces  vers  sont  ex- 
pulsés dans  l'intestin  ou  dans  la  vésicule  biliaire;  enfin  que  la  gué- 
rison  d'une  tumeur  hydatique  du  foie  arrive  probablement  par  suite 
de  l'évacuation  du  contenu  du  kyste  dans  le  canal  intestinal. 

L'introduction  dans  les  conduits  hépatiques  des  hydatides  d'un 
kyste  paraît,  au  premier  abord,  peu  susceptible  d'explication  ;  rien 
de  plus  simple  cependant,  si  l'on  y  réfléchit  :  un  kyste  hydatique 
qui  a  perforé  un  conduit  biliaire  est  en  rapport  d'une  part  avec  les 
branchés  périphériques  de  ce  conduit,  et  d'une  autre  part,  avec  la 
portion  inférieure  ou  le  tronc  de  ce  conduit  qui  se  rend  au  canal  cho- 
lédoque ;  le  kyste  reçoit  donc  la  bile  qui  lui  vient  des  conduits  pé- 
riphériques, et  ce  liquide  s'écoule  par  le  tronc  en  communication 
avec  le  canal  cholédoque;,  les  plus  petites  hydatides,  d'abord,  peu- 
vent se  présenter  à  l'orifice  de  ce  dernier  conduit  ou  tronc,  entraînées 
par  la  bile  ;  elles  peuvent  s'y  introduire  et  le  parcourir  sans  diffi-- 
culté,  si  elles  sont  fort  petites  5  elles  peuvent  éprouver  quelque 
résistance,  si  elles  sont  plus  grosses  ;  mais,  pressées  par  le  liquide 
qui  s'accumule  dans  le  kyste,  elles  cheminent  en  dilatant  les  canaux 
comme  font  des  calculs.  Ainsi,  des  hydatides  successivement  plus: 

(i)  E.  Cadet  de  Qassicourt,  thèse  citée,  obs.  XIV,  p.  36,  et  Bull.  Soc.  anal.  1855,. 
p.  21i. 

Dayainb,  So 


U6C)  AFFECTIONS  VERMINEOSÉS   DES  CAVITÉS  SÉREUSES  . 

grosses  peuvent  s'engager  dans  le  conduit  excréteur  du  kyste  et  le 
parcourir  en  le  dilatant  de  plus  en  plus. 

Nous  rapporterons  d'abord  les  faits  qui  concernent  des  hydatides 
sorties  d'un  kyste  et  engagées  dans  des  conduits  ouverts  dans  ce 
kyste;  nous  rapporterons  ensuite  d'autres  faits  dans  lesquels  plu- 
sieurs circonstances  doivent  faire  présumer  que  des  hydatides  ont 
aussi  traversé  les  canaux  biliaires,  et  ces  derniers  faits  emprunteront 
une  explication  et  un  nouvel  intérêt  de  leur  rapprochement  des  pré- 
cédents. 

Obs.    XCIII   (Charcellay).  —  Kyste  communiquant   avec   les  conduits 

hépatiques  et  les  veines;  pus  dans  les  veines,  hydatides  dans  les  conduits. 
II.  —  «  Le  nommé  Léguey,  âgé  de  cinquante  et  un  ans,  peintre  en  bâtiment, 
brun,  assez  robuste,  de  tempérament  nervoso-bilieux,  entre  à  l'hôpital  de  la 
Charité  le  2  août  4  836,  dans  le  service  de  M.  Rullier,  salle  Saint-Ferdinand, 
n°  30.  Cet  homme  n'a  jamais  eu  de  colique  de  plomb,  ni  de  jaunisse,  et  mène 
une  vie  fort  régulière.-  Il  y  a  quatre  à  cinq  ans,  il  a  gardé  sept  mois  les 
fièvres,  dont  il  a  été  traité  à  l'Hôtel-Dieu  ;  il  y  a  dix-huit  mois,  il  a  reçu  un 
violent  coup  de  pied  dans  l'un  des  côtés,  mais  n'a  point  été  indisposé  à  la 
suite;  il  y  a  un  an,  séjour  de  trois  mois  à  l'Hôtel-Dieu,  pour  fièvre  tierce  de- 
venue ensuite  quotidienne.  Depuis  longtemps  il  est  sujet  à  avoir  des  faiblesses, 
a  se  trouver  mal. 

»  3  août,  le  malade  est  jaune  depuis  hier;  pas  de  diarrhée  ni  de  vo- 
missement; cependant  il  a  vomi  hier  de  l'huile  d'olive  qu'il  avait  prise 
d'après  l'ordonnance  d'un  médecin  lequel  avait  diagnostiqué  une  colique  de 
plomb.  Aujourd'hui,  douleur  des  jambes,  grandes  coliques,  pas  de  selles; 
ventre  sans  tension,  un  peu  douloureux  ;  légère  teinte  jaune  des  sclérotiques  ; 
pouls  assez  fréquent  et  développé  ;  peau  un  peu  chaude  et  moite  ;  langue  hu- 
mide, un  peu  blanche,  jaunâtre;  pas  de  vomissements;  face  non  grippée. 
[Traitement  de  la  Charité,  du  premier  jour  ;  diète.) 

»  Le  diagnostic  porte  :  colique  de  plomb  avec  tégère  fièvre  et  ictère. 
»  4  août,  toujours  de  la  fièvre,  pouls  assez  fort  et  fréquent;  peau  chaude, 
langue  blanche,  humide;  hier,  selles  fréquentes  après  le  lavement  purgatif  ; 
il  a  eu  aussi  quelques  vomissements  ;  ventre  douloureux  ;   peu  de  soulage- 
ment. (Traitement  du  deuxième  jour  :  bouillon,  lait.) 

»  5  août,  a  peu  près  le  même  état  ;  il  a  été  souvent  à  la  selle  ;  pouls  assez 
fort;  la  potion  émétique  a  produit  plusieurs  vomissements;  langue  humide; 
moins  de  douleurs  du  ventre.  [Traitement  du  troisième  jour:  bouillon,  lait.) 
»  6  août ,  ictère  plus  prononcée  ;  pouls  assez  développé  et  fréquent  ; 
soif;  langue  blanche-jaunâtre,  un  peu  rouge  sur  les  bords,  humide;  quelques 
selles  ;  ventre  un  peu  développé,  sonore,  assez  douloureux.  [Traitement  du 
quatrième  jour .  bouillon,  soupe,  lait.) 

»  7  août,  l'état  du  malade  avait  été  jugé  le  même  que  celui  de  là  veille, 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —  1TYDATIDES.  £|G7 

et  déjà  le  traitement  du  cinquième  jour  avait  été  prescrit,  lorsque  j'appelai 
l'attention  de  M.  Rullier  sur  de  nouveaux  symptômes  qui  rirent  changer  la 
prescription.  Face  grippée;  ictère  assez  intense;  peau  chaude,  un  peu  sèche; 
pouls  assez  dur  et  fort,  un  peu  fréquent;  langue  blanche,  jaunâtre,  rouge  sur 
les  bords  et  à  la  pointe;  matité  normale  de  l'hypochondre  droit,  qui  n'est  pas 
douloureux  ;  pas  de  douleur  à  l'épaule  droite  ;  ventre  assez  développé,  sonore 
et  douloureux,  plusieurs  selles  hier,  et  nausées.  [Fomentations  émollientes, 
bain  de  siège,  riz  gommé,  demi-lavement  amylacé.) 

»  Mort  le  7  août  à  six  heures  du  soir. 

»  Autopsie  le  8  à  dix  heures  du  matin.  4°  Teinte  ictérique  assez  prononcée-, 
2°  crâne, — arachnoïde  un  peu  injecté;  le  cerveau,  un  peu  petit,  remplit  à  peine 
la  cavité  crânienne  ;  la  substance  cérébrale  est  peu  ferme,  saine  du  reste  ; 
3°  thorax,  —  plèvres  saines  ;  la  moitié  inférieure  des  poumons  est  engouée  ; 
bronches  remplies  d'écume  rosée,  et  leur  muqueuse  rouge,  épaissie  ;  cœur  un 
peu  gros,  rempli  de  caillots  en  partie  noirs  et  fibreux,  jaunâtres  dans  les  ca- 
vités droites,  noirs  seulement  dans  les  cavités  gauches  ;  pas  de  traces  de  pus, 
non  plus  que  dans  le  tissu  pulmonaire. 

»  4°  Abdomen  tympanisé,  sonore;  à  l'ouverture  du  péritoine,  il  sort  une 
grande  quantité  de  gaz  ;  cette  membrane  séreuse  est  généralement  rouge, 
enflammée,  elle  offre  en  quelques  endroits  des  fausses  membranes  pultacées, 
jaunâtres,  molles,  récentes,  surtout  dans  l'hypochondre  droit  et  les  fosses  ilia- 
ques; en  outre,  la  cavité  péritonéale  contient  quatre  onces  environ  de  sérosité 
jaunâtre,  purulente,  un  peu  consistante  ;  vessie  assez  distendue  par  de 
l'urine;  rate  saine  ;  les  reins  sains  contiennent  assez  de  graisse,  de  couleur 
ictérique;  intestins  fort  rouges  à  l'extérieur,  assez  distendus  par  un  liquide 
grisâtre  dans  lequel  flottent  quelques  mucosités  jaunâtres,  ainsi  que  des  gru- 
meaux d'un  détritus  purulent. 

»  Pas  de  matières  fécales;  la  muqueuse  intestinale  n'est  pas  rouge;  pla- 
ques ou  glandes  sans  développement  ;  vers  la  fin  de  l'intestin  grêle  existe  de 
l'emphysème  sous-muqueux,  répandu  par  stries  transversales  dans  l'étendue 
de  deux  pieds  environ . 

»  Le  duodénum  est  rouge,  brun,  verdàtre  dans  l'étendue  de  deux  pouces, 
un  pouce  au-dessus  et  un  pouce  au-dessous  de  l'embouchure  du  canal  cholé- 
doque ;  cette  portion  de  duodénum  est  un  peu  friable,  à  parois  épaissies,  et  la 
muqueuse  est  piquetée  en  noir  dans  les  orifices  des  glandes  mucipares  ; 
estomac  sain. 

»  Le  canal  pancréatique  assez  dilaté,  contient  un  peu  de  liquide  laiteux, 
gris-blanchâtre;  sa  muqueuse  épaissie,  grise,  jaunâtre;  le  pancréas  lui-même 
est  très  %'olumineux,  injecté,  friable,  on  y  voit  un  grand  nombre  de  points 
jaunes,  verdâtres  plus  ou  moins  ramollis,  et  même  avec  commencement  de 
suppuration  en  quelques  endroits  ;  le  foie  un  peu  volumineux,  est  recouvert 
de  fausses  membranes  pultacées  ;  une  énorme  hydatide  monoloculaire,  ayant 
trois  pouces  de  diamètre,  remplit  le  tiers  moyen  du  lobe  droit,  en  avant,  où 
elle  est  à  nu,  ainsi  qu'à  la  face  supérieure  et  inférieure  ;  elle  est  parfaitement 


668  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DLS  CAVITÉS  SÉREUSES 

Bphérique  ses  parois  assez  épaisses,  sont  nacrées,  d'un  blanc-opalin,  peu 
consistantes,  et  le  liquide  qu'elles  contiennent  est  transparent,  clair  et  limpide 
comme  l'eau  de  fontaine. 

»  Le  kyste  qui  environne  cette  poche  solitaire  est  fibreux,  assez  épais,  dur 
et  résistant,  fortement  uni  au  foie  ;  sa  cavité  est  hérissée  de  fibrilles  et  en  quel- 
ques points  tapissée  par  une  légère  exsudation  pultacée;  elle  n'offre  pas  un 
seul  orilico  de  vaisseaux.  Le  foie  ayant  été  coupé  en  plusieurs  tranches,  l'ex- 
pression et  divers  mouvements  nécessaires  pour  examiner  cet  organe  font  sortir 
par  les  veines  sus-hépatiques  cl  les  canaux  biliaires,  en  assez  grande  quantité, 
du  pus  jaune-verddlre,  crémeux.  On  trouve  dans  le  tiers  droit  du  lobe  gauche 
un  foyer  hydatique  purulent,  assez  grand  pour  loger  un  œuf  de  poule;  il  con- 
tient du  pus  jaune-verdâtre,  des  fausses  membranes  pultacées  et  des  débris 
de  parois  d'hydatides  rompues  dont  les  unes  sont  blanches-nacrées,  et  les  au- 
tres jaunes,  verdatres  ou  brunâtres;  l'une  de  ces  dernières  est  engagée  en 
partie,  par  un  prolongement  d'un  pouce  et  demi  de  long,  dans  un  large  conduit 
biliaire,  à  peu  de  distance  de  la  racine  gauche  du  conduit  hépatique.  On 
en  trouve  une  autre  semblable,  longue  de  deux  pouces  et  demi  environ,  dans 
les  trois  quarts  inférieurs  du  canal  cholédoque  dilaté,  dont  elle  a  pris  la  forme. 
Le  kyste  fibreux,  contenant  ces  acéphalocystes  multiples,  est  fortement  en- 
flammé, ramolli  et  tapissé  de  couches  pseudo-membraneuses  jaunâtres, 
molles  ;  et,  chose  bien  remarquable,  on  voit  à  la  surface  de  sa  cavité  un  très 
grand  nombre  d'ouvertures  plus  ou  moins  larges,  qui,  suivies  avec  soin,  condui- 
sent la  plupart  dans  des  veines  sus-hépatiques,  et  quelques  autres  dans  des  con- 
duits biliaires  dilatés. 

»  La  vésicule  du  fiel  est  distendue  par  de  la  bile  verte,  brunâtre,  assez 
consistante  ;  ses  parois  sont  épaisses,  un  peu  injectées  ;  la  muqueuse  offre  une 
altération  assez  rare  ;  elle  est,  en  un  grand  nombre  d'endroits,  marquée  de 
taches  vertes,  brunâtres,  étendues  et  de  formes  différentes.  Dans  ces  points 
la  muqueuse  est  ramollie;  on  pense  que  ce  sont  de  petites  eschares  de  cette 
membrane  ainsi  que  du  tissu  cellulaire  sous-jacent.  On  ne  peut  faire  dispa- 
raître ces  taches  qu'en  enlevant  la  muqueuse,  qui  cède  facilement.  En  d'au- 
tres points  cette  lésion  est  plus  avancée,  et  consiste  en  une  véritable  ulcéra- 
tion ;  là,  on  voit  que  la  muqueuse  manque  et  a  été  enlevée  comme  par  un 
emporte-pièce  (1).  » 

Il  ne  peut  y  avoir  de  doute  sur  l'origine  des  hydatides  rencontrées 
dans  les  conduits  biliaires,  car  l'une  d'elles  n'était  qu'en  partie  en- 
gagée dans  le  conduit  excréteur  du  kyste.  Ce  conduit,  comme  le 
canal  cholédoque  lui-même,  était  dilaté,  et  les  vésicules  qui  se  trou- 
vaient dans  ce  dernier  canal  allaient  être  évacuées  dans  l'intestin, 
si  la  mort  ne   fût  survenue.  La  présence  d'un  kyste  fibreux  ôte 

(1)  Charcellay,  Bull.  Soc.  anal.,  1836,  ann,  XI,  p.  317. 


NATURELLES  OU    ADVENTIVES.    —   I1YDATIDES.  469 

l'idée  d'une  poche  développée  par  la  dilatation  d'un  conduit  hépa- 
tique ;  les  ouvertures,  communiquant  d'une  part  avec  des  conduits 
biliaires,  d'un  autre  avec  des  veines,  prouvent  bien  que  la  commu- 
nication de  la  poche  avec  les  voies  biliaires  était  le  fait  de  la  des- 
truction des  parties;  d'ailleurs,  si  les  hydatides  se  fussent  dévelop- 
pées dans  la  cavité  même  d'un  conduit,  elles  eussent  été  entraînées 
vers  l'intestin,  pendant  qu'elles  étaient  petites,  bien  plus  sûrement 
et  plus  facilement  qu'au  moment  où  elles  avaient  acquis  deux  pouces 
et  demi  de  longueur.  Il  est  à  croire  que  le  passage  des  matières  du 
kyste  dans  les  veines  n'a  pas  été  étranger  à  la  production  de  l'ictère 
et  de  la  péritonite  qui  enleva  le  malade. 

Dans  le  cas  suivant  l'évacuation  des  hydatides  était  plus  avancée; 
il  n'en  restait  plus  dans  le  kyste  où  elles  s'étaient  développées. 

Obs.  XCIV  (Charcot).  — Kyste  communiquant  avec  les  conduits  biliaires; 
hydatides  dans  ces  conduits;  absence  de  ces  vers  dans  le  kyste. 

III.  —  «  Le  nommé  Platz  (Christophe),  âgé  de  quarante-sept  ans,  cui- 
sinier, entre,  le  20  juillet  1854,  salle  Saint-Charles,  n°  9,  à  l'hôpital  de  la 
Charité. 

»  Ce  malade,  extrêmement  affaibli  et  très  souffrant  lors  de  son  entrée  à  l'hô- 
pital, peut  à  peine  nous  donner  quelques  renseignements  sur  son  état  anté- 
rieur; nous  apprenons  cependant  de  lui  qu'il  dépérit  et  qu'il  souffre  depuis 
quatre  mois  environ.  Les  symptômes  qu'il  a  remarqués  pendant  cette  période 
de  la  maladie  sont  de  l'oppression  et  une  douleur  sourde  et  profonde  dans  la 
région  du  foie.  Cette  douleur  s'étend  parfois  vers  l'épaule  droite  et  vers  le  flanc 
droit,  mais  elle  a  toujours  été  presque  continue,  et  ne  s'est  jamais  présentée 
sous  forme  d'accès  capables  de  faire  croire  à  l'existence  de  coliques  hépati- 
ques calculeuses.  Il  n'y  a  jamais  de  vomissements  noirs,  et  la  constipation  est 
l'état  habituel.  Il  y  a  trois  mois,  une  jaunisse  très  marquée  est  apparue.  Au 
début,  cette  jaunisse  a  été  accompagnée  de  vomissements  de  matières  ali- 
mentaires; puis  il  s'est  manifesté  de  la  diarrhée.  Elle  a  disparu  au  bout  de 
quelques  semaines  ;  puis  elle  a  reparu  il  y  a  une  quinzaine  de  jours.  Cette  fois 
elle  a  persisté  jusqu'à  la  terminaison  fatale  de  la  maladie. 

»  Le  1 9  juillet,  Platz  est  pris  tout  à  coup  de  douleurs  hépatiques  beaucoup 
plus  vives  que  d'habitude,  et  qui  se  répandent  dans  toute  l'étendue  de  l'ab- 
domen. Presque  aussitôt  la  physionomie  est  profondément  altérée;  la  face  est 
grippée,  bleuâtre  ;  les  yeux  sont  enfoncés  dans  l'orbite  ;  les  extrémités  sont 
froides,  cyanosées  comme  dans  la  période  algide  du  choléra.  Le  malade  est 
transporté  à  la  Charité,  quelques  heures  après  l'apparition  de  ces  nouveaux 
symptômes.  Nous  l'y  trouvons  dans  l'état  suivant:  ictère  extrêmement  foncé, 
presque  vert  ;  maigreur  générale  très  prononcée.  La  face  est  grippée,  violacée, 
froide.  Les  extrémités  sont  également  froides  et  cyanosées.  Le  pouls  est  à  \  1 0, 


U10  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES  CAVITÉS  SÉREIJSES 

l  20,  très  fort,  très  dur,  très  plein.  Constipation  opiniâtre  depuis  deux  jours; 
d.ouleur  très  vive  à  la  pression  dans  toute  la  région  de  l'abdomen,  mais  bien 
plus  prononcée  à  droite,  sous  les  fausses  côtes,  que  p;uiout  ailleurs.  Le  ventre 
n'esl  pas  volumineux  ;  il  est  plutôt  rétracté,  et  les  muscles  droits  antérieurs  se 
dessinent  fortement  sous  les  téguments.  Il  n'nd  par  la  percussion  un  son 
obscur.  L'état  de  convulsion  où  se  trouvent  continuellement  les  muscles  des 
parois  abdominales  rend  la  palpalion  impossible;  mais  par  la  percussion 
des  hypocbopdres,  on  obtient  ce  résultat  que  le  bord  supérieur  du  foie  ne  re- 
monte pas  plus  haut  qu'à  l'état  normal,  et  qu'il  existe  au  niveau  de  la  région 
splénjque  unematîté  trèsétendueet  trèsconsidérablequi  n'estpasle  résultald'un 
épanchement  pleural,  ainsi  qu'on  s'en  assure  par  l'examen  du  côté  gauche  de 
la  poitrine.  Les  poumons  et  le  cœur  paraissent  complètement  exempts  de 
lésion.  Aucun  phénomène  du  côté  du  cerveau.  Les  urines  ne  sont  pas  albumi- 
neuses  ;  elles  sont  fortement  chargées  de  la  matière  colorante  de  la  bile.  La 
langue  est  sèche  ;  la  voix  est  extrêmement  faible.  (On  prescrit  les  opiacés  à 
haute  dose  et  les  lavements  laxatifs.) 

»  Les  jours  suivants  les  symptômes  vont  en  s'aggravant,  et  le  malade 
succombe  le  23  juillet,  trois  jours  après  son  admission  dans  les  salles. 

»  Autopsie.  —  A  l'ouverture  de  la  cavité  abdominale,  on  reconnaît  l'exis- 
tence d'une  péritonite  générale  très  intense.  Le  foie  est  refoulé  directement 
d'avant  en  arrière  et  de  dehors  en  dedans,  de  telle  sorte  que  les  faces  supé- 
rieures du  lobe  droit  et  du  lobe  gauche  présentent,  chacune  de  leur  côté,  une 
concavité  qui  regarde  en  avant  et  en  dehors.  Ces  sortes  de  cavités  ainsi  com- 
prises entre  la  face  supérieure  du  foie  et  la  paroi  abdominale  antérieure,  sont 
remplies  par  un  liquide  d'un  jaune  foncé,  ayant  tout  à  fait  l'aspect  de  la  bile, 
et  tenant  en  suspension  des  flocons  albumineux. 

»  Les  circonvolutions  de  l'intestin  sont  collées  les  unes  aux  autres  par  des 
fausses  membranes  molles,  de  formation  évidemment  très  récente,  et  teintes 
en  jaune  par  de  la  matière  colorante  de  la  bile.  Le  grand  épiploon  présente 
une  coloration  d'un  rouge  vif,  et  il  est  comme  pelotonné,  recoquillé.  Une 
certaine  quantité  de  liquide  d'un  jaune  foncé  se  rencontre  dans  les  parties  les 
plus  déclives  de  la  cavité  abdominale,  mais  il  y  est  peu  abondant.  Traité  par 
l'acide  nitrique,  ce  liquide  présente  un  dépôt  albumineux  très  abondant,  mais 
en  même  temps  il  se  colore  en  vert  foncé,  puis  en  rouge  quand  on  y  ajoute  un 
excès  d'acide.  A  l'examen  microscopique  on  y  rencontre  une  grande  quantité 
de  globules  de  pus  fortement  colorés  en  jaune. 

»  Les  intestins,  ouverts  dans  toute  leur  étendue,  ne  présentent  aucune  alté- 
ration :  ils  sont  remplis  par  une  matière  semi-liquide  d'une  couleur  gris  sale. 
Ils  ne  contiennent  rien  qui  ressemble  à  des  fragments  d'hydatides  ou  à  des 
calculs  biliaires.  L'estomacest  normal,  sa  membrane  muqueuse  un  peu  injectée. 
Rate  normale. 

»  Le  foie,  à  part  l'aplatissement  dû  à  la  compression  qu'il  a  subie  et  les 
fausses  membranes  qui  le  recouvrent,  ne  présente  aucune  altération  de  tex- 
ture. On  le  laisse  en  place,  ainsi  que  l'estomac  et  le  duodénum,  et  l'on  dissèque 


NATURELLES   OU   ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  471 

avec  soin  les  conduits  biliaires  :  Le  canal  cholédoque  est  extrêmement  volumi- 
neux; il  parait  distendu  par  une  substance  avant  la  consistance  de  la  cire. 
Quand  on  le  comprime,  on  voit  sortir  par  son  orifice  duodénal,  d'abord  une 
gouttelette  de  bile  verte,  puis  une  sorte  de  membrane  ridée,  fortement  teinte  en 
vert  foncé  par  la  bile,  et  qui,  ainsi  que  nous  le  verrons,  n'est  autre  chose  qu'une 
hydatide.  Le  canal  cholédoque  est  alors  ouvert  avec  précaution,  et  on  le  trouve 
rempli  par  un  grand  nombre  de  débris  d' hydatides  baignés  dans  la  bile.  Ces 
fragments  s'étendent  jusque  dans  la  ramification  principale  gauche  du  canal 
cholédoque  qui. est  très  dilatée.  La  ramification  du  côté  droit  est  également' 
fort  distendue,  mais  par  de  la  bile  seulement. 

»  Le  canal  cystique  est  tout  à  fait  aplati  par  suite  de  la  compression  exercée 
sur  lui  par  le  canal  cholédoque  distendu.  La  vésicule  biliaire  n'est  pas  plus 
volumineuse  qu'à  l'état  normal  ;  elle  est  pleine  d'une  bile  épaisse,  d'un  noir 
vert,  beaucoup  plus  foncé  que  celle  qui  imprègne  les  hydatides  dans  le  canal 
cholédoque. 

»  En  examinant  avec  attention  la  face  intérieure  du  foie,  on  finit  par  décou- 
vrir au  niveau  de  l'origine  œsophagienne  de  la  petite  courbure  de  l'estomac,  plus 
près  du  bord  postérieur  que  du  bord  antérieur  de  l'organe  hépatique,  à  4  ou 
5  centimètres  environ  à  gauche  du  canal  cholédoque,  une  cavité  hémisphérique, 
allongée  dans  le  sens  transversal,  et  qui,  si  elle  était  complète,  pourrait  loger 
un  gros  œuf  de  poule.  Cette  sorte  de  poche  s'ouvre  largement  dans  l'arrière- 
cavité  des  épiploons  :  cependant  on  la  trouve  limitée  de  ce  côté,  mais  en  partie 
seulement,  et  d'une  manière  très  incomplète,  par  une  sorte  de  membrane 
blanchâtre,  déchiquetée,  qui  est  libre  et  flottante  du  côté  de  l'extrémité  gauche 
du  kyste,  tandis  qu'elle  est  adhérente  à  son  extrémité  droite.  La  cavité  que 
nous  venons  de  décrire  n'est  autre  chose  qu'un  kyste  hydatique;  elle  est  con- 
stituée par  une  membrane  propre,  brune,  dont  la  surface  extérieure  adhère  inti- 
mement au  tissu  du  foie  qui  la  loge,  et  dont  la  membrane  flottante  dont  nous 
avons  parlé  n'est  qu'un  débris.  La  face  interne  de  ce  kyste  est  tapissée  par  une 
matière  d'apparence  caséeuse,  teinte  de  bile.  Sa  cavité  communique  largement 
avec  la  branche  droite  de  bifurcation  du  canal  cholédoque  par  deux  pertuis  ayant 
environ  4  centimètre  et  demi  de  long  chacun,  sur  un  demi  centimètre  de  large 
seulement;  mais  ces  orifices  sont  encore  dilatables. 

»  La  cavité  du  kyste  ne  contient  pas  de  débris  d' hydatides,  on  n'en  apasren- 
contré  non  plus  dans  le  liquide  épanché  dans  l'abdomen. 

»  //  est  hors  de  doute  que  les  fragments  membraneux  contenus  dans  le  canal 
cholédoque  sont  bien  des  débris  d'hydatides.  D'abord,  quand  on  les  fait  flotter 
dans  l'eau,  on  reconnaît  les  membranes  anhistes,  transparentes,  et  couvertes 
de  granulations  qui  caractérisent  ces  sortes  de  poches  ;  seulement  ici  elles  sont 
fortement  teintes  en  vert  par  la  bile.  Enfin,  l'examen  microscopique  fait  recon- 
naître, au  milieu  du  liquide  qui  les  baigne,  l'existence  des  crochets  qui  sont  la 
preuve  indubitable  des  échinocoques . 

»  Les  autres  organes  n'ont  présenté  aucune  altération  (4).  » 

(1)  Charcot,  Comptes  rendus  Soc.  biologie,  1854,  2e  série,  t.  I,  p.  99. 


/|72  AFFECTIONS  VERMIIŒI'SES  Di:S  CAVITÉS  SÉREUSES 

Les  vers  vésiculaires  contenus  dans  le  canal  cholédoque  prove- 
naient évidemment  du  kyste  hydatique  comme  ceux  du  cas  précé- 
dent. Ce  canal  étant  obstrué,  la  Iule,  qui  affluait  dans  le  kyste  et 
qui  le  distendait,  en  détermina  la  rupture,  niais  déjà  toutes  les  hy- 
datides  étaient  sorties  de  ce  kyste,  car  on  n'en  retrouva  ni  dans  la 
poche  même,  ni  dans  la  cavité  du  péritoine.  Si  cette  poche  eût  résisté 
plus  longtemps,  les  débris  des  vers  vésiculaires  qui  avaient  parcouru 
déjà  un  long  trajet  dans  les  canaux  hépatiques  dilatés,  eussent  été 
évacués  dans  l'intestin  comme  des  calculs  biliaires  et  la  guérison  en 
eût  été  sans  doute  la  suite. 

Obs.  XCV  (Leroux).  —  Plusieurs  kystes  athéromateux,  communication 
avec  les  conduits  biliaires;  dilatation  des  conduits,  hydatides  dans 
leur  orifice  ;  conduit  cystique  oblitéré;  vésicule  communiquant  avec 
un  kyste. 

IV.  —  Il  s'agitd'un  homme  âgé  de  vingt-quatre  ans,  qui,  ayant  fait  une  chute 
surl'hypochondre  droit,  y  ressentait  des  douleurs  depuis  dix-huit  mois  que 
cette  chute  avait  eu  lieu.  A  son  entrée  à  l'hôpital  (2  mai  1798),  toute  la  sur- 
face du  corps  était  d'un  jaune  bronzé:  le  foie  descendait  jusqu'à  la  crête 
iliaque  ;  le  marasme  était  complet,  et  la  mort  arriva  vingt  jours  après. 

A  l'autopsie,  le  foie  seul  offrit  des  lésions  remarquables. 

«  Cet  organe  descendait  jusqu'au  bassin  et  remplissait  presque  toute  la 
capacité  du  ventre;  il  était  adhérent  de  tous  côtés  aux  parties  environnantes, 
et  refoulait  l'estomac,  I'épiploon  et  les  intestins  contre  le  diaphragme  ;  il  pa- 
raissait rempli  de  liquide;  on  distinguait  particulièrement  à  sa  surface  la  vési- 
cule du  fiel,  dilatée  au  point  d'y  pouvoir  loger  un  corps  plus  gros  que  le 
poing  ;  elle  contenait  un  liquide  moins  jaune  que  la  peau  du  cadavre.  Le  foie 
étant  incisé,  offrit  plusieurs  cavités  très  considérables  remplies  d'un  pus  blanc 
(matière  athéromateuse?)  dans  lequel  flottaient  des  flocons  membraneux,  des 
débris  d'hydatides  qui  bouchaient  les  canaux  hépatique  et  cholédoque,  lesquels 
étaient  plus  dilatés  que  le  cystique,  dont  on  ne  put  parvenir  à  découvrir  l'ori- 
fice, mais  dont  le  liquide  s'échappait  par  une  communication  établie  entre  ce 
conduit  et  un  foyer  purulent  (alhéromateuxl)  formé  dans  la  substance  du  grand 
lobe  du  foie.  Une  autre  poche  assez  grande  contenait  une  hydatide  pleine  d'une 
sérosité  très  claire  et  qui  ne  communiquait  avec  aucune  autre  cavité  (1).  » 

Cette  observation  nous  offre  plusieurs  faits  intéressants  :  1°  un 
foyer  purulent  communiquant  avec  des  conduits  hépatiques  dilatés; 
ce  foyer,  dans  lequel  nageaient  des  membranes  d'hydatides,  était 
évidemment  un  kyste  athéromateux;  2°  plusieurs  des  membranes 

(1)  Leroux,  ouvr.  cit.,  t.  III,  p.  45. 


NATURELLES   OU   ADVLNTIVLS.    —    HYDATIDES.  Ù73 

introduites  dans  les  canaux  hépatique  et  cholédoque  qu'elles  bou- 
chaient, comme  dans  les  deux  cas  précédents  ;  3°  la  vésicule  biliaire 
communiquant  avec  un  foyer  purulent  qui  était  encore  très  proba- 
blement un  kyste  hydatique  athéromateux  ;  4°  l'oblitération  du  con- 
duit cystique. 

Obs.  XCVI  (Laennec).  —  Conduit  ouvert  dans  an  kyste  hydatique?  hyda- 
tides  dans  la  vésicule  biliaire. 

V.  —  Il  s'agit  d'un  homme  âgé  de  vingt-six  ans,  qui  avait  de  la  douleur 
et  une  tumeur  dans  la  région  du  foie;  cette  tumeur  acquit  tout  à  coup  un 
accroissement  rapide;  au  bout  de  vingt  jours,  elle  occupa  presque  la  moitié 
de  la  capacité  du  ventre.  Le  malade  était  jaune,  amaigri;  il  avait  la  respi- 
ration gênée,  des  nausées,  des  vomissements,  etc.;  un  jour  la  tumeur  s'af- 
faissa et  diminua  considérablement  de  volume,  néanmoins  l'état  général  con- 
tinua d'être  très  mauvais  et  le  malade  succomba  huit  jours  après. 

Autopsie.  «  L'ouverture  du  cadavre  fit  voir  qu'il  existait  à  la  fois  chez  ce 
malade  une  péritonite,  une  affection  du  pancréas  assez  analogue  aux  squirrhes 
et  des  vers  vésiculaires  dans  le  foie 

»  Le  foie,  d'un  volume  très  considérable,  remplissait  tout  l'hypochondre 
droit,  presque  tout  l'épigastre  et  une  partie  de  l'hypochondre  gauche.  Son 

lobe  droit  surtout  était  extrêmement  volumineux On  y  plongea  le  scalpel 

et  il  en  sortit  environ  trois  pintes  d'un  liquide  puriforme,  d'un  jaune  un  peu 

verdàtre ce  liquide  contenait  une  grande  quantité  de  vésicules  aplaties 

Le  kyste  adhérait  intimement  à  la  substance  du  foie,  auquel  il  paraissait  aussi 
tenir  en  certains  endroits  par  quelques  vaisseaux  biliaires,  comme  par  des 
racines.  Il  y  avait  même  au  dedans  du  kyste  une  ouverture  au  fond  de  laquelle 
paraissait  s'ouvrir  un  de  ces  vaisseaux.  On  oublia  de  vérifier  le  fait. 

»  La  vésicule  biliaire  contenait  environ  quatre  gros  d'un  liquide  à  peu  près 
semblable  à  celui  du  kyste,  mais  un  peu  plus  vert  et  moins  puriforme.  Ce 
liquide  contenait  trois  acéphalocystes  semblables  aux  précédentes  et  d'environ 
1  pouce  de  diamètre;  la  membrane  muqueuse  de  la  vésicule  biliaire,  celle  des 
conduits  cystique,  hépatique  et  cholédoque  étaient  saines  (1).  » 

Comment  expliquer  la  présence  de  ces  hydatides  dans  la  vésicule 
biliaire,  car  tout  tend  à  prouver  que  ces  entozoaires  ne  se  dévelop- 
pent jamais  dans  des  cavités  muqueuses?  D'un  autre  côté,  il  est  très 
probable  que  l'action  de  la  bile  les  altère  et  les  fait  périr  prompte- 
ment.  Nous  nous  expliquons  leur  présence  dans  la  vésicule ,  par  la 
pensée  que  ces  hydatides  se  sont  engagées  dans  un  conduit  biliaire 
ouvert  dans  le  kyste;  et  en  effet  Laennec  signale  l'existence  d'une 
ouverture  au  fond  du  kyste;  les  vésicules  auront  suivi  ce  conduit  et 

(1)  Laennec,  Mém.  cit.,  obs   III,  p.  130. 


klk  AFFECTIONS    VEIUHNEUSF.S    DES   CAVITES   SEREUSES  ' 

seront  arrivées  par  le  canal  cyst.ique  jusque  dans  la  vésicule,  pous- 
sées sans  doute  par  la  Iule  qui  y  refluait.  Les  faits  rapportés  <'i- 
dessus,  qui  montrent  que  des  hydatides  peuvent  cheminer  dans  les 
conduits  de  la  bile»  rendent  cette  explication  très  admissible.  Nous 
ajouterons  que  Laennec  fait  la  remarque  que  le  liquide  contenu  dans 
la  vésicule  était  à  peu  près  semblable  à  celui  du  kyste.  Quant  au 
volume  des  hydatides,  on  sait  que  pour  passer  à  travers  des  con- 
duits tels  que  les  bronches,  l'uretère  ou  l'urèthre,  ces  vésicules  s'al- 
longent beaucoup  et  qu'elles  reprennent  ensuite  leur  forme  sphérique. 

Obs.  XCVII  (Rcederer  et  Wagler).   —   Kysle  communiquant  avec  un 
conduit  biliaire,  lombric  dans  le  kyste. 

VI.  —  Nous  avons  rapporté  le  cas  observé  par  Wagler  d'un  kyste  hyda- 
tique  communiquant  avec  un  conduit  biliaire.  (Voyez  cas  XXXVII,  p.  172.) 
Un  ascaride  lombricoïde  venu  de  l'intestin  était  arrivé  par  ce  conduit  jusque 
dans  le  kyste;  la  voie  lui  avait  très  probablement  été  ouverte  par'des  hyda- 
tides qui,  s'étant  engagées  dans  les  conduits,  les  avaient  dilatés,  et,  sans 
doute,  celles  qui  étaient  encore  contenues  dans  la  poche  eussent  continué  à 
prendre  la  même  voie,  si  le  malade  n'eût  succombé  à  la  fièvre  muqueuse. 

Le  cas  suivant  nous  montre  des  kystes  communiquant  avec  plu- 
sieurs conduits  biliaires;  dans  chaque  kyste,  l'un  de  ces  conduits  se 
rendait  directement  dans  le  canal  hépatique;  les  autres  étaient  des 
branches  périphériques  qui  amenaient  la  bile  dans  le  kyste.  La  di- 
latation des  conduits  principaux,  qui  admettaient  une  sonde  de 
femme,  et  celle  du  canal  hépatique,  qui  avait  acquis  le  volume  de 
l'index,  ne  peuvent  guère  s'expliquer  que  par  l'introduction  et  le 
passage  des  hydatides  dans  ces  canaux. 

Obs.  XCV1II  (Saussier). 

VII.  —  «  Au  mois  d'août  1839,  entre  à  l'Hôtel-Dieu,  salle  Sainte-Jeanne, 
le  nommé  Hippolyte  Shawliége,  âgé  de  quarante  à  quarante-cinq  ans,  tail- 
leur. Ce  malade  a  eu,  il  y  a  quatre  ans,  une  pleuro-pneumonie  à  droite,  qui 
céda  au  traitement  antiphlogistique.  Il  s'était  bien  porté  pendant  deux  ans, 
lorsque,  vers  la  fin  de  l'année  1838,  il  me  consulta  pour  une  tumeur  volu- 
mineuse, bilobée,  fluctuante,  qui  avait  son  siège  à  la  région  épigastrique,  et 
se  prolongeait  dans  l'hypochondre  droit,  en  remontant  au-dessous  du  rebord 
des  côtes.  Croyant  avoir  affaire  à  une  hydatide,  je  prescrivis  des  préparations 
mercurielles  localement  et  à  l'intérieur;  une  salivation  survint  sans  modifier 
la  tumeur;  des  préparations  iodurées  ne  furent  pas  plus  efficaces;  cependant 
le  malade  continua  son  travail,  éprouvant  des  douleurs  modérées  à  la  région 
épigastrique. 


NATURELLES   OL'    ADVENTIVES.    —    HYDAT1DES.  &75 

»  Au  commencement  de  l'année  4  839,  il  éprouva  des  douleurs  plus  vives, 
de  la  fièvre  et  des  symptômes  locaux  de  phlegmasie  dans  la  région  hépatique. 
Les  accidents,  combattus  antiphlogistiquement,  se  calmèrent,  mais  il  sur- 
vint un  ictère  des  plus  intenses  ;  le  malade  maigrit  et  tomba  dans  le  ma- 
rasme ;  la  tumeur  avait  acquis  un  nouveau  développement.  La  mort  semblait 
prochaine,  lorsque  j'essayai  l'application  d'un  large  vésicatoire  sur  la  tumeur. 
Dès  lors  cette  tumeur  s'affaissa  sensiblement,  l'ictère  disparut,  les  forces  re- 
vinrent, l'embonpoint  se  rétablit,  le  malade  recommença  à  travailler.  Au  bout 
de  quelque  temps  de  cette  convalescence,  la  tumeur,  qui  avait  diminué  de 
moitié  environ,  redevint  douloureuse,  l'ictère  reparut,  des  frissons  se  mani- 
festèrent; les  mêmes  moyens  furent  employés,  mais  sans  succès. 

»  Au  bout  de  quinze  à  vingt  jours  de  cette  rechute,  le  malade  vint  à  l'Hôtel- 
Dieu.  La  lésion  importante  semblait  encore  bornée  à  la  région  du  foie.  Cet  or- 
gane faisait,  au-dessous  des  côtes,  une  saillie  très  prononcée,  et  descendait 
de  6  pouces  environ  plus  bas  qu'à  l'ordinaire.  Il  formait  une  tumeur  princi- 
pale, volumineuse,  sur  laquelle  on  apercevait  immédiatement  une  tumeur  se- 
condaire, dont  le  contour  était  facile  à  dessiner,  parce  qu'elle  s'élevait  brus- 
quement et  en  pointe.  Celle-ci  paraissait  avoir  4  pouces  de  diamètre  à  sa  base  ; 
son  sommet,  large  et  convexe,  soulevait  les  téguments  d'une  manière  très  évi- 
dente. Toute  la  région  occupée  par  le  foie  rendait  à  la  percussion  un  son 
complètement  mat.  Dans  la  tumeur  secondaire  on  sentait  une  fluctuation  bien 
caractérisée,  sans  crépitation  ni  frémissement,  soit  à  l'oreille,  soit  au  toucher. 
—  L'abdomen,  au-dessous  de  la  partie  occupée  par  le  foie,  n'était' pas  déve- 
loppé et  ne  présentait  rien  qui  méritât  d'être  noté. — L'état  général  du  malade 
était  encore  assez  satisfaisant:  l'ictère,  qui  avait  paru  dans  les  premiers  temps, 
avait  disparu.  —  On  employa,  contre  l'affection  du  foie,  les  moyens  de  trai- 
tement qui  avaient  déjà  réussi  ;  des  vésicatoires  sur  la  tumeur  et  des  pur- 
gatifs. Cette  fois,  on  n'obtint  aucune  amélioration,  même  momentanée  ;  la  tu- 
meur augmenta,  l'ictère  reparut  ;  il  survint  ensuite  une  diarrhée  abondante, 
puis  une  ascite  considérable,  et  le  malade,  déjà  très  affaibli  d'autre  part,  finit 
par  succomber  dans  un  état  de  dyspnée  considérable.  Les  selles  n'avaient  pas 
perdu  tous  les  caractères  qui  annoncent,  lorsqu'ils  existent,  que  la  bile  con- 
tinue à  passer  dans  les  intestins  ;  elles  avaient  une  couleur  légèrement  jaune, 
mais  nous  avions  vu  des  matières  fécales  beaucoup  moins  colorées  chez  des 
malades  qui  ne  présentaient  pas  d'ictère. 

»  Autopsie. — L'abdomen  seul  nous  présenta  des  phénomènes  importants  ;  il 
contenait  environ  six  litres  d'une  sérosité  limpide.  La  muqueuse  intestinale 
était  pâle  et  excoriée  en  quelques  points  dans  le  gros  intestin.  —  Le  foie  dé- 
passait de  6  pouces  le  rebord  des  côtes,  et  s'étendait  jusque  vers  l'hypo- 
chondre  gauche  ;  son  volume  nous  parut  augmenté  de  moitié.  Sa  couleur  brune, 
normale,  était  remplacée  par  une  teinte  jaune  foncé.  On  constata  sur  sa  partie 
antérieure  l'existence  de  la  tumeur  que  l'on  avait  reconnue  pendant  la  vie; 
mais  il  en  offrit  aussi  un  grand  nombre  d'autres.  —  Ces  tumeurs  étaient  de 
deux  natures  ;  les  unes,  très  volumineuses,  au  nombre  de  trois,  contenaient 


&76  AFFECTIONS   VEUMINEUSES   DES   CAVITÉS   SÉREUSES 

du  pus  et  des  kystes  (c'est-à-dire  des  vésicule?)  acéphalocystes;  les  autres, 
dont  les  dimensions  variaient  d'une  ligne  à  huit  ou  dix  lignes  de  diamètre,  ne 
contenaient  que  du  pus.  —  Les  trois  grosses  tumeurs  occupaient,  l'une  la 
partio  antérieure  et  inférieure,  la  seconde  la  partie  supérieure,  la  troisième 
la  partie  postérieure  du  foie.  Leur  diamètre  était  de  6  pouces  environ  ;  elles 
siégeaient  toutes  dans  l'intériour  do  la  substance  du  foie,  mais  faisaient  à  la 
périphérie  une  saillie  plus  prononcée  que  vers  le  centre  ;  une  couche  de  la 
substance  du  foie  les  recouvrait  là  où  elles  auraient  pu  sembler  n'avoir  qu'une 
membrane  peu  épaisse  pour  paroi,  c'est-à-dire  à  la  circonférence  de  l'organe. 
—  Ces  tumeurs  étaient  remplies  d'un  pus  très  liquide,  légèrement  verdàtre, 
et  dans  chaque  kyste  on  trouvait  en  outre  cinq  ou  six  acéphalocystes  très 
volumineuses,  dont  les  unes  contenaient  un  liquide  trouble,  les  autres  une 
espèce  de  sérosité  transparente  ;  quelques-unes  de  ces  acéphalocystes  étaient 
doublées  par  une  couche  très  remarquable  de  matière  biliaire  concrète,  brune, 
facile  à  écraser  entre  les  doigts,  laquelle  formait  aux  hydatides  comme  une 
coque  calcaire.  —  Les  parois  des  trois  tumeurs,  constituées  par  un  tissu 
fibreux  de  2  à  3  lignes  d'épaisseur,  étaient  elles-mêmes  recouvertes  de  cette 
matière  à  leur  intérieur,  et,  lorsqu'elles  eurent  été  lavées,  elles  nous  présen- 
tèrent une  face  interne  blanche,  réticulée,  analogue,  sous  ce  rapport,  à  la  face 
interne  des  ventricules  du  cœur,  et  formée  par  des  bandelettes  fibreuses,  de 
différentes  dimensions,  lesquelles,  s'entre-croisant  à  l'infini,  produisaient  la 
disposition  remarquable  que  nous  venons  de  signaler,  et  que  l'on  rencontre 
d'ailleurs  souvent  dans  les  kystes  ovariques  en  particulier. —  La  face  interne, 
ainsi  disposée,  présentait  une  série  d'enfoncements  et  de  saillies  plus  ou  moins 
considérables,  et  en  cherchant  à  apprécier  la  profondeur  des  enfoncements, 
de  ceux  qui  étaient  les  plus  marqués  surtout,  nous  fûmes  frappés  du  résultat 
auquel  nous  arrivâmes  :  Une  sonde  de  femme,  introduite  dans  ces  enfonce- 
ments, venait  sortir  à  la  face  inférieure  du  foie;  il  en  était  de  même  de  quel- 
ques-uns des  petits,  qui  ne  pouvaient  admettre  qu'un  stylet.  En  examinant  le 
point  de  la  face  inférieure  du  foie,  par  lequel  les  instruments  se  présentaient 
au  dehors,  nous  ne  fûmes  pas  peu  surpris  de  reconnaître  que  c'était  le  canal 
hépatique  qui  avait  acquis  le  volume  de  l'index.  Nous  fûmes  certains  de  ne  pas 
nous  tromper  à  cet  égard,  lorsque  nous  eûmes  mis  en  évidence  à  la  fois,  la 
veine  porte  avant  son  entrée  dans  le  sillon  transverse,  la  veine  cave,  le  canal 
cystique  et  le  canal  hépatique.  La 'sonde  et  le  stylet  démontraient  donc  que  le 
canal  hépatique  communiquait  directement,  mais  par  des  branches  différentes, 
avec  l'intérieur  des  kystes  :  dans  chacun  d'eux  on  trouvait  un  tronc  particulier 
qui  s'interrompait  brusquement  à  son  entrée,  et  dont  le  canal  était  remplacé 
par  la  poche  elle-même.  Le  stylet,  introduit  dans  d'autres  enfoncements,  ne 
sortait  plus  au  dehors,  mais  se  dirigeait  vers  d'autres  points  du  foie,  auxquels 
aboutissaient  des  ramuscules  du  canal  hépatique.  —  Les  tumeurs  les  plus  pe- 
tites étaient  en  quantité  innombrable;  elles  contenaient  toutes  un  pus  jaune 
vert,  qui  était  en  contact  avec  la  substance  même  du  foie;  cette  substance 
était  généralement  ramollie,  surtout  au  niveau  des  abcès.  En  introduisant  un 


NATURELLES   OU   ADVtN  TIVES.    —  HYDATIDES.  477 

Stylet  dans  quelques  petites  ramifications,  on  pénétrait  facilement  dans  l'intérieur 
des  abcès;  mais  comme  la  substance  du  foie  était  notablement  ramollie,  il 
était  difficile  de  savoir  si  la  communication  était  directe,  ou  si  le  stylet  ne  dé- 
chirait pas  cette  substance  en  pénétrant,  quelques  précautions  que  nous  pris- 
sions. —  Le  canal  cystique  avait  son  volume  ordinaire;  la  vésicule  contenait 
un  liquide  jaunâtre,  trouble,  visqueux. 

»  Il  nout  fut  impossible  de  savoir  comment  les  canaux  cystique  et  hépatique 
se  comportaient,  soit  relativement  à  eux-mêmes,  soit  relativement  à  l'intestin; 
le  foie  avait  été  emporté  pour  être  examiné  à  loisir,  et  les  canaux  se  trouvaient 
divisés  avant  leur  jonction  (1).  » 

Le  kyste  s'ouvre  quelquefois  directement  dans  la  vésicule  du 
fiel  ;  une  semblable  communication  existait  dans  le  cas  de  Leroux 
rapporté  ci-dessus  (obs.  XCV).  Nous  en  verrons  deux  nouveaux 
exemples  observés  par  MM.  Bowman  (obs.  CI)  et  Budd  (obs.  CI II)  ; 
dans  le  premier  cas,  les  hydatides  renfermées  dans  la  vésicule 
avaient  un  diamètre  plus  considérable  que  celui  de  l'ouverture  de 
communication,  mais  ce  fait  n'implique  nullement  que  les  vers  cys- 
tiques  ne  provenaient  point  du  kyste  ;  l'ouverture  avait  pu  se  ré- 
trécir depuis  le  passage  de  ces  corps,  ou  plutôt  ceux-ci  s'étaient 
allongés  pour  la  traverser,  comme  nous  l'avons  dit  déjà  à  propos 
d'une  observation  de  Laennec. 

L'introduction  des  hydatides  dans  la  vésicule  du  fiel  pourrait 
avoir  pour  effet  la  rétention  de  la  bile,  mais  elle  pourrait  fournir 
aux  vers  par  le  canal  cystique  une  voie  d'élimination,  surtout  si,  par 
l'existence  de  calculs  biliaires,  ce  canal  avait  subi  préalablement 
quelque  dilatation.  Le  fait  suivant  ne  nous  paraît  pas  susceptible 
d'une  autre  interprétation  : 

Obs.  XCIX  (docteur  Perrin).  —  Tumeur  dans  la  région  du  foie;  hyda- 
tides et  calculs  biliaires  rendus  par  les  selles. 
VIII.  —  «Une  demoiselle  de  cinquante  ans,  lymphatique,  obèse,  valétudi- 
naire, éprouva,  à  la  fin  de  janvier  1846,  de  vives  douleurs  partant  del'épi- 
gastre.  Le  31  du  mois  suivant,  elles  reparurent  subitement  et  avec  violence, 
accompagnées  de  nausées  et  de  vomissements.  Ventre  météorisé,  douloureux, 
pouls  petit,  concentré.  Des  fomentations  émollientes,  huileuses,  soulagèrent 
peu;  mais  un  laxatif  produisit  d'abondantes  évacuations  alvines  qui  firent  du 
bien.  Cependant  le  foie  dépassait  les  fausses  côtes,  et  l'on  croyait  sentir  une 
fluctuation  au-dessous  de  celles-ci.  La  douleur  forçait  la  malade  à  se  pencher 
en  avant.  Trois  semaines  après,  nouvelles  douleurs  plus  violentes,  plus  lon- 

(1)  Saussier,  dans  F.  M.  Barrier,  De  la  tumeur  hydatique  du  foie  {thèse,  p.  22, 
obs.  I.  Paris,  1840). 


478  AFFECTIONS  VERMlNÊU&Eâ   DÈS  OAVrTÉS   SERF-USES 

gues.  Los  urines  sont  couleur  rhubarbe.  Efforts  expulsifs  qui  amènent  d'abon- 
dantes matières  glaireuses,  où  se  trouvent  des  hydatides  et  des  concrétions 
friables.  Pendant  quatre  mois,  tous  les  trois  septénaires,  à  jour  fixe,  coliques 
hépatiques,  accompagnées  d'évacuations  abondantes  dans  lesquelles  sont  des 
hydatides  et  des  calculs  biliaires  au  milieu  d'une  bile  gluante.  Le  4  avril,  eut 
lieu  la  dernière  colique  ;  le  foie  restait  douloureux  et  proéminent,  ne  pouvant 
supporter  la  moindre  pression  ;  pas  de  fièvre.  Un  traitement  varié  et  enfin  une 
saison  à  Vichy,  sur  le  conseil  de  M.  Prunelle,  amenèrent  laguérison  (1).  » 

L'ulcération  des  conduits  biliaires  dans  les  cas  d'hydatides  du 
foie,  et  la  communication  de  ces  conduits  avec  le  kyste  sont  sans 
doute  un  fait  très  commun.  Nous  en  avons  rapporté  quelques  exem- 
ples à  propos  des  kystes  du  foie  ouverts  dans  les  bronches,  et  nous 
aurons  occasion  d'en  rapporter  encore  plusieurs  autres. 

Lorsque  la  bile  a  pénétré  dans  le  kyste,  on  trouve  souvent  les 
hydatides  rompues,  vides,  et  plus  ou  moins  fortement  teintes  par 
ce  liquide.  Dans  le  cas  cité  de  Rœderer  et  Wagler  (obs.  XCVII), 
toutes  les  vésicules  étaient  intactes,  il  est  vrai,  mais  elles  n'étaient 
que  légèrement  colorées,  et,  sans  doute,  la  communication  du  kyste 
avec  les  canaux  biliaires  était  assez  récente.  Il  est  probable  que  le 
contact  prolongé  de  la  bile  est  une  cause  de  mort  pour  les  vers  vési- 
culaires,  mais  l'invasion  de  ce  liquide  produit-elle  la  suppuration  du 
kyste  1  c'est  l'opinion  de  M.  Cruveilhier,  opinion  partagée  par 
M.  G.  Budd  (2).  Ce  dernier  auteur  rappelle,  à  l'appui  de  cette  ma- 
nière de  voir,  l'action  irritante  de  la  bile  sur  les  membranes  sé- 
reuses, puis  il  ajoute  que  les  kystes  du  foie  suppurent  même  sans 
qu'il  y  ait  eu  de  pénétration  de  la  bile  dans  leur  cavité  ;  à  ce  sujet, 
il  rapporte  une  observation  dans  laquelle  de  nombreux  débris  d'hy- 
datides nageaient  dans  un  liquide  puriforme  et  nullement  teint  par 
la  bile.  Dans  ce  cas,  comme  dans  d'autres  observés  par  MM.  An- 
dral  (3)  et  Cruveilhier  (4),  le  liquide  était  sans  doute  de  la  matière 
athéromateuse  et  non  du  pus.  Quant  à  l'action  de  la  bile  sur  le 
kyste,  nous  avons  vu  une  tumeur  hydatique  du  foie  communiquant 
avec  les  conduits  hépatiques,  et  nous  n'avons  point  trouvé  de  cor- 
puscules de  pus  dans  les  matières  fortement  colorées  en  jaune  qu'elle 
contenait. 

(1)  Trailé  de  Vaffeclion  calculeuse  du  foie  et  du  pancréas,  par  M.  V.  A.  Faucon- 
neau-Dufresne.  Paris,  1851,  p.  292  (Extrait  ôe  V Union  médicale,  1849,  20  fëv.). 

(2)  Budd,  ouvr.  cit.,  p.  423. 

(3)  Andral,  Clin,  cit.,  t.  IV,  liv.  Il,  ehap.  1,  §  13  ;  liv.  II, obs.  XLV. 

(4)  Art.  Acéphalocystes,  cité  p.  201,  208,  212,  215. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVËS.    —   llYDATIfoÈS.  Ul9 

Nous  ajouterons  que  le  contact  de  la  bile  a  été  considéré  dans  ces 
dernières  années  comme  favorable  à  la  guéri  son  du  kyste,  et  que 
l'injection  de  bile  de  bœuf,  pratiquée  à  plusieurs  reprises  dans  un 
kyste  hydatique  du  foie,  n'a  pas  donné  lieu  à  la  formation  de  pus 
(obs.  CCXCVIII). 

Dans  les  cas  où  la  tumeur  hydatique  du  foie  s'ouvre  dans  les 
bronches  ou  bien  à  l'extérieur,  l'apparition  de  la  bile  dans  les  cra- 
chats ou  par  la  plaie  est  un  signe  certain  de  la  communication  du 
kyste  avec  les  conduits  biliaires.  La  diminution  rapide  et  sans  cause 
apparente  d'une  tumeur  hydatique  du  foie  pourrait  encore  être  un 
signe  de  cette  communication;  nous  avons  vu,  dans  le  cas  de 
M.  Cadet  de  Gassicourt  (obs.  XCII),  que  la  pression  de  la  main,  à 
l'autopsie,  déprimait  un  kyste  qui  communiquait  avec  le  canal  cho- 
lédoque; et  nous  avons  vu  que  dans  les  cas  de  Laennec  (obs.  XCVI) 
et  de  Saussier  (obs.  XCVIII),  un  affaissement  de  la  tumeur  du  foie 
s'était  opéré  pendant  la  vie,  fait  dont  les  observateurs  n'ont  point 
cherché  l'explication.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  l'autopsie  montra 
une  communication  du  kyste  avec  les  conduits  biliaires. 

Les  kystes  hydatiques  du  foie  déterminent  encore  l'oblitération 
des  conduits  biliaires  et  l'atrophie  partielle  ou  totale  de  la  vésicule 
du  fiel. 

Dans  lecasdeWolcherus,rapportéparCamérarius  (obs. CCLXXII), 
le  méat  biliaire,  près  de  l'intestin,  était  oblitéré.  Ruysch  rapporte 
que  chez  un  hydropique,  dont  le  foie  consistait  entièrement  en  vé- 
sicules, il  ne  retrouva  plus  de  rameaux  de  la  veine  porte,  de  la  veine 
cave,  de  l'artère  hépatique,  ni  des  conduits  biliaires  (1).  Dans  un  cas 
de  Leroux,  non-seulement  la  vésicule  avait  entièrement  disparu, 
mais  on  ne  trouva  aucun  vestige  des  canaux  hépatique,  cystique  et 
cholédoque  (obs.  XC).  Dans  celui  de  Cadet  de  Gassicourt  (obs.  XCII) 
le  canal  cholédoque  était  en  partie  oblitéré  ;  dans  un  autre  cas  de 
Leroux  (obs.  XCV),  le  conduit  cystique  ne  put  être  retrouvé. 

Quant  à  la  vésicule  du  fiel,  nous  avons  vu,  dans  le  cas  de  Neu- 
court.  qu'elle  était  réduite  à  une  petite  poche  remplie  de  bile  verte 
(obs.  IV)  ;  Lassus  n'en  trouva  point  chez  un  individu  dont  le  kyste 
s'était  ouvert  dans  le  péritoine  (obs.  CVI)  ;  enfin  nous  constaterons 
encore  son  absence  dans  un  cas  de  M.  Mesnet  (obs.  CCXCI). 

(I)  Ruysch,  op.  cit.,  Thés,  anal.,  I,  u°  12,  p.  23. 

Ruysch,  conclut  de  ce  fait  que  non-seulement  les  vaisseaux  lymphatiques,  mais 
aussi  les  vaisseaux  sanguins  dégénèrent  en  hydatides. 


/|80  AFFECTIONS   VjEHMINEUSES  DES  CAVITÉS  SKl'.EUSES 

CHAPITRE  III. 

ACTION   DES   HYDATIDES   DU   FOIE    SUR    LES    VAISSEAUX   SANGUINS. 

Nous  avons  vu  que  l'inflammation  s'empare  quelquefois  des  tissus 
qui  avoisinent  le  l<yste  hydatique  ;  cette  inflammation  se  commu- 
nique, dans  quelques  cas,  aux  veines,  ainsi  que  le  démontre  le  pus 
qui  se  trouve  dans  l'intérieur  de  ces  vaisseaux;  néanmoins,  au  lieu 
d'être  consécutive  à  l'inflammation  du  tissu  hépatique,  il  se  pour- 
rait que  la  phlébite  fût,  au  contraire,  un  phénomène  primitif.  Il  est 
rare,  en  effet,  de  voir  les  vaisseaux  participer  de  l'inflammation 
franche  des  tissus  ambiants,  mais  cet  accident  est  commun  lorsqu'il 
s'introduit  dans  ces  vaisseaux  quelque  matière  étrangère  ou  sep- 
tique.  Suivant  nous,  l'inflammation  des  veines  des  organes  qui  ren- 
ferment un  kyste  hydatique  reconnaît  une  cause  semblable,  et 
survient  par  suite  de  la  communication  de  ces  veines  avec  la  cavité 
du  kyste  et  de  l'introduction  dans  leur  intérieur  des  matières  qu'il 
contient.  La  possibilité  d'une  telle  communication  est  établie  par 
plusieurs  faits  :  nous  avons  rapporté  déjà  deux  cas  de  kystes  du  foie 
ouverts  dans  la  veine  cave  inférieure  (obs.  XX,  XXI)  ;  un  autre  cas 
que  nous  avons  également  rapporté  (obs.  XCIII),  montre  que  ce  n'est 
pas  seulement  avec  les  gros  troncs  de  ces  vaisseaux  que  les  kystes  hy- 
datiques  se  mettent  en  communication ,  mais  que  les  petites  veines 
sont  également  perforées  :  «Chose  remarquable,  dit  M.  Charcellay, 
»  auteur  de  cette  observation,  on  voit  à  la  surface  de  la  cavité  du 
»  kyste  un  grand  nombre  d'ouvertures  plus  ou  moins  larges,  qui, 
»  suivies  avec  soin,  conduisent  pour  la  plupart  dans  les  veines  sus- 
*  hépatiques,  et  quelques  autres  dans  des  conduits  biliaires  dilatés.» 

Le  cas  suivant  est.  un  nouvel  exemple  de  communication  d'un 
kyste  hydatique  avec  les  veines  qui  rampent  à  sa  surface  : 

Obs.  C  (Dolbead). 

«  M.  Dolbeau  présente  à  la  Société  un  foie  très  volumineux  renfermant  à 
peu  près  quarante  kystes  hydatiques.  A  la  périphérie  se  voient  de  nombreuses 
bosselures  ;  à  l'incision  on  trouve  aussi  plusieurs  tumeurs  dans  le  parenchyme 
de  l'organe.  ■ —  Dans  ces  poches  se  trouvent  de  la  bile  et  des  concrétions 
biliaires. 

»  Une  injection  légère  a  été  poussée  dans  les  vaisseaux  du  foie,  et  cette 
injection  pénètre  dans  les  tumeurs.  A  la  périphérie  de  chaque  tumeur  se  voient 
des  ramifications  de  la  renie  forte  et  de  l'artère  hépatique,  ce  qui  explique 


NAÎUliKI.U'S  OU    a'DVF.NTIVES.    —    HYuATlDËS.  481 

parfaitement  comment,  on  trouve  du  sang  dans  quelques-unes  de  ces  tumeurs; 
en  effet  l'hydalide  usant  petit  à  petit  un  des  vaisseaux,  l'écoulement  sanguin 
a  lieu  dans  l'intérieur  du  kyste  (l).  » 

L'auteur  a  négligé  de  dire  dans  quelles  veines  l'injection  a  été 
faite,  et  quel  était  l'état  de  ces  veines  et  du  parenchyme  du  foie. 

Un  kyste  hydatique  de  la  grosseur  d'une  tête  de  fœtus  à  terme 
que  nous  avons  eu  l'occasion  d'examiner,  était  parcouru  à  sa  face 
interne  par  un  grand  nombre  de  veines  dilatées,  comme  variqueuses 
et  entourées  d'ecchymoses  ou  de  suffusions  sanguines  assez  larges.  11 
était  manifeste  que  le  moindre  travail  ulcératifeût  misées  vaisseaux 
en  communication  avec  la  cavité  du  kyste,  comme  il  arrive  aux 
bronches,  aux  canaux  biliaires,  etc.,  qui  sont  en  rapport  avec  de 
semblables  tumeurs. 

L'ulcération  des  rameaux  veineux  qui  parcourent  le  kyste  doit 
produire  des  effets  différents,  suivant  que  ces  rameaux  appartiennent 
à  la  veine  porte  ou  à  la  veine  cave.  Dans  le  premier  cas,  il  doit  en 
résulter  un  épanchèrent  de  sang  dans  le  kyste,  et  dans  le  second, 
au  contraire,  l'introduction  des  matières  du  kyste  dans  les  vaisseaux  ; 
de  cette  introduction  résultera  la  phlébite  qui  n'aura  pas  lieu  dans 
le  premier  cas.  Dans  le  fait  observé  par  M.  Dolbeau,  il  est  probable 
que  les  rameaux  de  la  veine  porte  étaient  seuls  atteints. 

Le  cas  suivant  offre  un  exemple  d'inflammation  suppurative  du 
foie,  accompagnée  de  phlébite;  il  se  pourrait,  et  c'est  notre  opinion, 
que  tous  les  désordres  aient  eu  pour  point  de  départ  ia  communica- 
tion d'une  veine  avec  un  kyste  hydatique. 

Obs.  CI  (Bowman).  — Plusieurs  kystes  dans  le  foie  ;  l'un  communiquant 
avec  les  canaux  biliaires  et  la  vésicule;  hydatides  dans  cette  vésicule  ; 
suppuration  du  foie  et  des  veines  ;  kyste  ou  abcès  communiquant  avec 
une  veine. 

«  Une  domestique,  âgée  de  vingt-cinq  ans,  fut  admise  dans  l'hôpital  de 
Birmingham,  le  24  février  1837.  Selon  son  récit,  elle  avait  joui  d'une  bonne 
santé  jusqu'à  la  fin  du  mois  de  décembre,  lorsque,  sans  cause  connue,  elle  fut 
prise  de  frisson  et  d'autres  phénomènes  fébriles,  de  douleurs  dans  la  région  du 
foie,  et  quelques  jours  après  de  jaunisse.  Sa  maladie  fut  regardée  comme  une 
inflammation  du  foie.  La  saignée  du  bras,  des  sangsues,  des  vésicatoires,  et  le 
mercure  jusqu'à  produire  une  légère  salivation,  furent  les  moyens  de  traite- 
ment qu'on  lui  opposa.  A  la  suite  de  ce  traitement,  la  malade  parut  guérie; 
cependant  elle  éprouvait  encore  une  gêne  dans  le  côté,  de  la  lassitude  et  de  la 

(I)  Dolbeau,  Bull.  Soc.  anat.  Paris,  185",  p.  116. 

Davaine,  51 


682  AFFECTIONS  YF.RMINI'USES  DES  CAVITES,   SÉREUSES 

faiblesse.  A  peine  avait-elle  repris  ses  occupai  ions  depuis  une  semaine,  qu'elle 
Fut  saisie  soudainement  d'un  frisson  suivi  de  chaleur  à  la  peau  et  de  transpi- 
ration. Le  lendemain,  trois  jours  avant  son  admission  à  l'hôpital,  elle  devint 
jaune. 

»  A  son  entrée,  elle  présentait  les  phénomènes  suivants  :  jaunisse  assez 
prononcée,  démangeaisons,  crampes  dans  les  membres,  peau  sèche  et  fa- 
rineuse ,  d'une  température  naturelle,  pouls  légèrement  accéléré,  respira- 
tion naturelle;  point  de  toux,  pas  d'appétit;  soif,  langue  chargée,  nausées, 
céphalalgie,  constipation,  selles  d'un  brun  clair,  urine  d'un  jaune  foncé,  ta- 
chant le  linge  et  devenant  d'un  vert  olive  par  l'addition  d'acide  muriatique, 
malaise  dans  l'hypochondre  droit  particulièrement  dans  les  mouvements  et 
par  Je  décubitus  sur  le  côté  gauche.  Dans  cette  position,  la  malade  sentait  un 
poids  qui  tirait  le  côté  droit  du  ventre,  et  quelquefois  elle  avait  des  nausées  ; 
elle  se  couchait  toujours  sur  le  côté  droit  ou  sur  le  dos,  elle  avait  aussi  par 
moment  une  douleur  dans  l'épaule  droite.  L'examen  des  parties  fit  recon- 
naître une  plénitude  considérable  et  un  gonflement  résistant  qui  s'étendaient 
depuis  les  cartilages  des  côtes  du  côté  droit  et  le  cartilage  ensiforme  jusqu'à 
l'ombilic.  Autant  qu'on  en  put  juger,  la  partie  gonflée  était  unie,  résistante 
et  douloureuse  à  la  pression  ;  la  percussion  y  donnait  un  son  mat  et  tympa- 
niquedans  le  reste  de  l'abdomen.  La  face  était  très  altérée.  (Pilules  bleues  et 
coloquinte  chaque  soir.) 

»  Le  4  mars,  douleurs  plus  vives  dans  le  côté  droit  (vésicatoire),  la  dou- 
leur ne  fut  pas  soulagée. 

»  Le  8  au  matin,  léger  frisson,  céphalalgie,  soif,  nausées;  une  inflam- 
mation érysipélateuse  apparaît  autour  du  vésicatoire.  (Tartre  émétique  à  la 
dose  de  trois  quarts  de  grain  toutes  les  deux  heures,  jusqu'au  vomisse- 
ment.) 

»  Le  9,  l'érysipèle  s'est  étendu  jusqu'à  l'aisselle  et  des  phlyctènes  se  sont 
formées  sur  la  partie  premièrement  affectée;  soif  moins  vive  ;  pas  de  nausées, 
langue  couverte  d"un  enduit  jaunâtre  ;  pouls  à  88 .  (Petites  doses  de  tartre  émé- 
tique et  d'acétate  d'ammoniaque  dans  une  mixture  camphrée,  lotions  alcooli- 
ques sur  le  côté.) 

»  Le  1 1 ,  l'érysipèle  est  guéri  ;  les  fèces  sont  teintes  par  la  bile  ;  la  jaunisse 
a  presque  complètement  disparu  ;  mais  l'urine  est  encore  foncée,  la  physio- 
nomie altérée;  les  forces  diminuées,  l'hypochondre  n'est  pas  moins  gonflé  et 
la  sensibilité  est  la  même.  (Sulfate  de  quinine  à  petites  doses,  éther  nitrique, 
deux  verres  de  vin  par  jour.) 

»  A  partir  de  ce  moment  la  tumeur  grossit  rapidement  et  vers  la  fin  du 
mois  elle  devint  de  nouveau  très  sensible.  La  malade  avait  des  vomissements 
fréquents  qui  continuèrent  jusqu'à  sa  mort. 

»  Le  23  et  encore  le  26  mars,  elle  eut  un    frisson  fort  et  prolongé   La 
fièvre  hectique,  les  vomissements,  la  douleur  de  l'hypochondre  persistèrent. 
»  Le  o  avril,  la  sensibilité  de  la  tumeur  s'était  accrue  ;  une  proéminence  su- 
perficielle et  arrondie,  était  apparente  entre  les  cartilages  costaux  et  l'om- 


NATURELLES    OU   ADVF.NTTVES.    —   HYDATIDES.  683 

bilic  ;  la  jaunisse  avait  complètement  disparu  ;  l'urine  déposait  un  sédiment 
rose. 

»  Le  9  avril,  la  malade  eut  un  autre  frisson  qui  dura  deux  heures;  la  per- 
cussion de  la  tumeur  donna  une  sensation  peu  distincte  de  fluctuation.  La 
tumeur  continua  de  s'élever,  la  fluctuation  devint  plus  distincte  ;  le  ventre 
était  météorisé  ;  la  douleur  de  l'épaule  droite  s'était  beaucoup  accrue  ;  enfin 
la  malade  s'affaissa  graduellement  et  mourut  le  4  2. 

»  Autopsie.  —  Le  corps  fut  examiné  vingt  heures  après  la  mort. 
»  Le  foie,  excessivement  développé,  arrivait  jusqu'à  l'ombilic  etdansl'hy- 
pochondre  gauche  ;  il  avait  contracté  des  adhérences  récentes  avec  le  dia- 
phragme, les  parois  du  ventre,  le  côlon  transverse  et  le  rein  droit  ;  le  lobe 
droit  semblait  transformé  en  une  grande  poche  pleine  de  liquide;  le  gauche 
était  en  grande  partie  sain.  La  poche  du  lobe  droit  contenait  plus  de  trois 
pintes  d'un  liquide  opaque,  coloré  par  la  bile,  et  contenant  environ  un  tiers 
de  pus  dans  lequel  flottaient  un  grand  nombre  d'hydatides  de  grosseur  va- 
riable, depuis  celle  d'un  pois  jusqu'à  celle  d'un  gros  œuf  de  poule.  La  grande 
cavité  qui  les  contenait  était  revêtue  par  une  membrane  condensée,  blan- 
châtre et  épaisse  d'un  huitième  de  pouce. 

»  Cette  cavité  était  traversée  en  différents  sens  par  de  nombreuses  brides, 
restes  des  vaisseaux  devenus  imperméables.  A  la  partie  postérieure  de  la 
surface  interne  de  la  poche  étaient  les  restes  d'un  kyste  cartilagineux  très 
épais,  qui  offrait  quelques  plaques  crétacées.  Il  n'y  a  pas  de  doute  que  cette 
poche  ne  fût  un  ancien  kyste  dans  lequel  les  hydatides  avaient  été  d'abord 
contenues.  Plusieurs  conduits  biliaires  s'ouvraient  dans  sa  cavité;  mais,  ce 
qu'il  y  avait  de  plus  remarquable,  c'est  qu'elle  communiquait  avec  la  vési- 
cule du  fiel.  Cette  vésicule  contenait,  au  lieu  de  bile,  un  certain  nombre 
d'hydatides  flottantes  dans  un  liquide  semblable  à  de  l'eau  de  gruau.  L'ouver- 
ture de  communication  située  près  du  conduit  cystique,  était  circulaire  et 
avait  le  diamètre  d'une  plume  d'oie  ;  les  hydatides  renfermées  dans  la  vési- 
cule étaient  trop  grosses  pour  pouvoir  passer  par  cette  ouverture  ;  l'une 
d'elles  avait  la  grosseur  d'une  aveline;  toutes  ces  hydatides  étaient  globuleuses 
et  paraissaient  plus  minces  que  celles  du  kyste.  La  membrane  muqueuse  de 
la  vésicule  biliaire  était  pâle  et  saine,  même  sur  les  bords  de  l'ouverture.  Le 
conduit  cystique  n'était  pas  coloré  par  la  bile,  mais  il  avait  une  communica- 
tion libre  avec  le  conduit  cholédoque.  Celui-ci  et  les  conduits  hépatiques 
étaient  normaux. 

»  En  dehors  de  l'immense  kyste,  l'état  du  foie  était  différent  dans  diffé- 
rents endroits  :  en  certains  points,  le  tissu  hépatique  était  plus  rouge  qu'à 
l'état  normal  et  condensé,  dans  d'autres  il  était  pâle  et  ramolli,  tandis  que, 
dans  une  grande  étendue,  il  était  profondément  altéré;  là,  le  parenchyme,  de 
couleur  brun  clair,  d'une  odeur  fétide,  était  presque  détruit;  rien  ne  restait 
que  des  flocons  celluleux  et  les  ramifications  des  vaisseaux  à  moitié  dissoutes. 
»  Dans  le  lobe  gauche,  près  de  la  surface  convexe  adhérente  au  dia- 
phragme, il  y  avait  un  abcès  du  volume  d'une  noix,  entouré  d'une  membrane 


/|S'i  Ail  IT.TIONS   VliR.MINEtJ.SES   DES   CAVITES  :  KlilUSI.S 

épaisse  il  ii"  conlenan!  que  du  pus;  cet  abcès  était  conligu  à  une  des  veines 
h<i  aliques,  avec  laquelle  il  communiquait  par  une  ouverture  ussez  large  pour 
ij  introduire  un  tuyau  de  plume  d'o/è.  Celle  portion  de  hi  veine,  qui  commu- 
niquait ainsi  avec  l'abcès,  contenait  du  pus  ,  le  pus  était  entouré  par  de  la 
lymphe  qui,  après  avoic  tapissé  les  parois  du  vaisseau,  les  abandonnait  dans 
la  veine  cave  et  se  prolongeait  en  un  long  tube  conique,  dont  la  cavité  était 
ainsi  continue  avec  celle  de  l'abcès. 

»  Plusieurs  brandies  veineuses  du  lobe  gauche  contenaient  de  petites  col- 
lections  de  pus  circonscrites  par  de  la  lymphe.  En  incisant  le  foie  dans  diffé- 
rentes directions,  on  remarquait  de  petites  taches  d'un  vert  vif,  formées  ap- 
paremment par  une  petite  quantité  de  bile  sortie  des  conduits  enflammés  et 
ulcérés.  De  quelques-uns  des  conduits,  il  sortait  aussi  un  peu  de  pus.  Toutes 
les  branches  de  la  veine  porte  étaient  saines. 

»  Le  lobe  inférieur  du  poumon  gauche  était  condensé,  lourd,  d'une  couleur 
foncée  et  ne  crépitait  pas.  Il  était  gorgé  d'un  sérum  sanguinolent  et  dans 
plusieurs  endroits  il  était  d'une  couleur  gris  jaunâtre.  Son  tissu  était  très  mou, 
la  plus  légère  pression  des  doigts  suffisait  pour  l'écraser.   Le~~poumon  droit 

it  i  ans  un  étal  analogue,  excepté  que  son  lobe  inférieur  était  simplement 
gorgé  d'un  sérum  sanguinolent  et  1res  cond  nsé. 

»  L'étal  des  a ù  1res  viscères  paroi  généralement  normal  (1).  t. 

L'inflammation  qui  envahit  tout  à  coup  le  foie,  est  survenue  sans 
cause  appréciable  ;  elle  n'a  pas  été  déterminée,  sans  doute,  par  le 
grand  développement  du  kyste  hydatique,  car  nous  en  avons  vu  de 
plus  volumineux  encore  ne  rien  produire  de  semblable.  Tous  les  dé- 
sordres s'expliqueraient  facilement,  si  le  foyer  qui  communiquait 
avec  une  veine  et  que  l'on  a  regardé  comme  un  abcès,  avait  été  un 
kyste  hydatique  athéromateux.  L'introduction  dans  la  veine  de  la 
matière  de  ce  kyste  aurait  été  le  point  de  départ  de  tous  les  acci- 
dents. Nous  savons  que,  jusqu'aujourd'hui,  dans  la  plupart  des  cas, 
la  matière  athéromateuse  a  été  prise  par  les  observateurs  pour  du 
pus;  n'en  a-t-il  pas  été  de  même  ici'?  Examinons  ce  fait  de  plus 
près  :  «  Dans  le  lobe  gauebe  il  y  avait,  dit  M.  Bowman,  un  abcès 
du  volume  d'une  noix  entoure  d'une  membrane  épaisse;  cet  abcès 
était  contigu  à  l'une  des  veines  sus-hépatiques  avec  laquelle  il  com- 
muniquait par  une  ouverture  assez  large  pour  y  introduire  un  tuyau 
de  plume  d'oie;  cette  portion  de  la  veine  qui  communiquait  avec 
l'abcès  contenait  du  pus,  etc.  »  La  communication  d'un  abcès  du 
foie  avec  une  veine  est  certainement  un  fait  très  rare;  nous  n'en 
connaissons  aucun  exemple.  S'il  est  vrai   que  les  collections  puru- 

(1)  Budd,  ouvr.  cit.,  p.  434. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —  HYDATIDES.  685 

lentes  du  foie  s'entourent  fréquemment  d'une  membrane  épaisse,  on 
peut  en  dire  autant  des  hydatides,  en  sorte  qu'il  est  permis  de  con- 
cevoir des  doutes  sur  l'origine  de  cette  membrane  épaisse  qui  com- 
muniquait largement  avec  une  veine,  et  qui  pouvait  être  un  kyste 
hydatique  ancien  et  devenu  athéromateux.  Un  kyste  athéromateux 
existait  dans  une  autre  partie  du  foie,  raison  pour  croire  qu'il  pou- 
vait en  exister  un  second.  Quant  au  pus,  il  pouvait  être  de  la  ma- 
tière athéromateuse,  car  sa  nature  ne  paraît  pas  avoir  été  déterminée 
par  l'examen  microscopique.  Dans  le  cas  de  kyste  hydatique  com- 
muniquant avec  la.  veine  cave  inférieure  observé  par  M.  Piorry,  "  le 
fluide  dont  la  cavité  de  la  tumeur  était  remplie  présentait,  dit  l'in- 
venteur de  la  percussion  médiate,  l'apparence  et  la  consistance  du 
pus,  mais  quelques  portions  des  hydatides  transparentes  nageaient 
dans  ce  fluide;  on  retrouva  une  substance  semblable  dans  la  veine 
cave  inférieure,  dans  le  cœur  droit,  dans  l'artère  pulmonaire  et  dans 
ses  divisions (1).  »  Dans  ce  fait,  la  présence  des  hydatides  a  dé- 
terminé la  nature  de  la  collection  puriforme,  mais  supposons  que  la 
poche  hydatique,  plus  avancée  dans  sa  transformation  ,  n'eût  plus 
contenu  que  la  matière  puriforme  seule,  l'observateur  n'eût-il  pas 
pu  dire,  comme  M.  Bowman,  qu'un  abcès  entouré  d'une  membrane 
épaisse  communiquait  avec  la  veine  qui  contenait  du  pus  ?  Ces 
considérations  nous  disposent  à  conclure  que  le  cas  de  M.  BoAvman 
concerne  un  kyste  athéromateux  en  communication  avec  une  veine, 
d'où  sont  résultés  le  passage  de  la  matière  athéromateuse  dans  les 
veines  sus-hépatiques,  la.  phlébite,  l'inflammation  et  la  suppuration 
du  parenchyme  du  foie,  des  poumons,  etc. 

Quoi  qu'il  en  soit,  au  reste,  de  ce  fait  particulier,  il  est  certain  que 
les  kystes  hydatiques  du  foie  peuvent  entrer  en  communication  avec 
les  veines  qui  rampent  à  leur  surface  ou  dans  leur  épaisseur  ;  alors, 
les  matières  qu'ils  contiennent  sont  versées  plus  ou  moins  rapi- 
dement dans  la  cavité  des  vaisseaux  et  sont  portés  jusque  dans  les 
dernières  divisions  de  l'artère  pulmonaire;  de  là  doivent  ou  peuvent 
résulter  des  accidents  locaux  ou  généraux,  les  inflammations  et  les 
suppurations  locales  du  foie  et  du  poumon,  l'infection  purulente,  etc. , 
et,  comme  phénomène  du  début,  les  frissons,  la  fièvre,  la  cépha- 
lalgie, les  vomissements,  etc.  On  conçoit  que  ces  accidents,  toujours 
graves,  seront  plus  ou  moins  rapides,  suivant  que  la  communication 
des  vaisseaux  avec  le  kyste  sera  plus  ou  moins  large,  et  suivant  la 

(1)  Voyez  obs,  XX. 


/*S()  AFFECTIONS    VF. KM1NLLSKS   DES   CAVITÉS   SÉREUSES 

nature  du  contenu  de  la  poche  hydatiqùe;  lorsqu'il  consistera  en 
de  simples  vésicules  sans  liquide  interposé  entre  leurs  parois  et  celles 
du  kyste,  la  communication  pourra  être  inoffensive.  11  n'en  serait 
plus  de  même  si  ces  vésicules  venaient  à  se  rompre  ou  s'il  existait 
au  dehors  d'elles  un  liquide  plus  ou  moins  limpide  ou  bien  de  la 
matière  athéromatétise.  La  bile  déversée  dans  le  kyste,  lorsque  les 
canaux  biliaires  sont  en  communication  avec  lui,  comme  dans  le  cas 
cité  do  M.  Charcellay,  la  bile  même  devra  arriver  dans  le  sang  des 
veines  sus-hépatiques;  il  est  aisé  de  prévoir  tout  ce  qu'un  tel  mé- 
lange doit  avoir  de  funeste  pour  l'économie. 

Des  phénomènes,  des  symptômes  ou  des  altérations  anatomiques 
semblables  à  ceux  que  nous  avons  vus  dans  le  cas  de  M.  Bowman, 
sont  signalés  assez  fréquemment  dans  les  cas  d'hydatides  du  foie; 
ils  accompagnent  l'hépatite  dont  la  cause  a  été  attribuée  au  déve- 
loppement rapide,  au  grand  volume  de  la  tumeur  hydatiqùe.  La  pé- 
ritonite, la  pleurésie,  la  pneumonie,  qui  surviennent  aussi  dans  les 
cas  d'hydatides  du  foie,  ont  été  attribuées  à  cette  même  cause  ;  mais, 
lorsque  l'on  voit  les  kystes  les  plus  considérables,  tels  que  celui  dont 
nous  avons  parlé  d'après  Leroux  (obs.  XC),  être  exempts  de  ces 
accidents,  on  est  disposé  à  chercher  leur  cause  dans  une  autre  con- 
dition :  des  investigations  ultérieures  montreront,  sans  doute,  que  la 
communication  du  kyste  avec  les  veines  est  une  de  ces  conditions 
et  qu'elle  est  plus  fréquente  qu'on  ne  pourrait  l'inférer  des  faits 
connus.  La  fréquence  d'une  communication  semblable  avec  les  ca- 
naux bronchiques  ou  biliaires  qui,  au  voisinage  des  kystes  hydati- 
ques,  se  trouvent  anatomiquement  dans  une  condition  analogue  à 
celle  des  vaisseaux  sanguins,  l'existence  fréquente  de  l'hématoïdine 
dans  les  hydatides  du  foie,  substance  qui  doit  sans  doute  son  origine 
à  du  sang  épanché,  nous  confirment  dans  cette  opinion. 


CHAPITRE  IV. 

HYDATIDES   DES   ORGANES   DE    L'ABDOMEN   AUTRES  QDE    LE   FOIE. 

Raie.  —  Les  hydatides  de  la  rate  sont  beaucoup  moins  com- 
munes que  celles  du  foie.  Dans  le  plus  grand  nombre  de  cas,  elles 
coexistent  avec  des  hydatides  de  cet  organe  ou  de  l'abdomen.  Elles 
se  développent  fréquemment  dans  le  tissu  cellulaire  sous-péritonéal 
ou  dans  le  voisinage  et  n'envahissent  la  rate  que  consécutivement, 


NATURELLES   OU   ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  487 

mais  elles  se  forment,  aussi  dans  l'intérieur  du  parenchyme  spléni- 
que.  Dans  an  cas  observé  par  M.  Duplay,  le  kyste,  d'un  volume 
énorme,  avait  séparé  la  rate  en  deux  moitiés  qui  se  trouvaient  l'une 
et  l'autre,  avec  leur  apparence  presque  normale,  sur  les  deux  côtés 
opposés  de  la  tumeur  (1).  Les  kystes  de  la  rate  ont  leurs  parois  plus 
minces  que  ceux  qui  se  développent  dans  le  tissu  hépatique  ;  le  pa- 
renchyme environnant  reste  ordinairement  normal  (2).  Le  dévelop- 
pement de  ces  tumeurs,  le  volume  qu'elles  acquièrent  et  les  trans- 
formations qu'elles  subissent  n'offrent  rien  de  spécial.  —  Leurs 
effets  pathologiques,  si  l'on  excepte  les  phénomènes  qui  résultent 
de  la  compression  ou  de  l'ulcération  des  conduits  biliaires,  sont  ana- 
logues à  ceux  que  produisent  les  kystes  du  foie;  ils  déplacent 
comme  eux  les  organes  voisins,  envahissent  la  cavité  thoracique  et 
causent  les  mêmes  accidents. 

Les  signes  diagnostiques  des  hydatid.es  de  la  rate  sont  analogues 
à  ceux  du  foie  et  ne  diffèrent  que  par  le  côté  affecté. 

Mésentère;  èpiploon;  parois  de  l'intestin,  de  l'abdomen.  — Les 
hydatides  se  développent  encore  dans  d'autres  organes  ou  dans 
d'autres  régions  de  l'abdomen.  On  les  rencontre  en  un  point  quel- 
conque de  la  grande  cavité  viscérale,  non  dans  la  cavité  du  péri- 
toine, mais  dans  le  tissu  cellulaire  extérieur  à  cette  membrane;  elles 
naissent  soit  de  la  face  interne  des  parois  du  ventre,  soit  de  la  face 
externe  de  l'intestin,  de  la  vessie  ou  de  quelque  autre  organe,  soit 
dans  l'épaisseur  du  mésentère  et  des  épiploons.  Leur  kyste  est  re- 
vêtu extérieurement  par  le  péritoine  qui  lui  forme  une  enveloppe 
plus  ou  moins  complète,  il  s'isole  quelquefois  de  la  paroi  qui  lui  a 
donné  naissance,  et  n'est  plus  maintenu  que  par  un  mince  pédicule 
(voy.  p.  364,  fig.  19).  Plus  fréquemment  peut-être  que  celles  d'au- 
cune autre  partie  du  corps,  ces  tumeurs  hydatiques  sont  multiples 
et  en  grand  nombre.  Elles  peuvent  acquérir  séparément  un  très 
grand  volume  ou  former  ensemble  une  masse  considérable. 

Obs.  Cil  (Richter). 

Un  tailleur  âgé  de  cinquante  ans,  entra  en  1797  dans  un  des  hôpitaux  de 
Gœttingue  et  reçut  les  soins  du  professeur  Richter.  —  Il  portait  dans  l'ab- 

(1)  Duplay,  Observation  d'un  kyste  hydatique  développé  dans  l'épaisseur  de  la 
rate,  et  ayant  divisé  cet  organe  en  deux  moitiés  latérales  [Comptes  rendus  Société 
biologie,  2r  série,  t.  II,  p.  11.  Paris,  1855). 

(2)  Kyste  hydatique  dans  le  foie  et  dans  la  rate  (Andral,  Clin.médic,  t.  IV,  liv.  II, 
obs.  XLIII). 


/|S,S  AFFECTIONS   VERMINEUSIÏS   IH'.S   CAVITÉS  SÉREUSES 

domen  une  tumeur  volumineuse,  obscurément  lluctuante,  formée  de  plusieurs 
lobes.  L'émission  des  urines  et  la  défécation  étaient  libres.  —  La  fièvre  hec- 
tique, le  délire,  la  diarrhéo  colliquative,  la  leucophlegmasie  survinrent  et 
emportèrent  le  malade. 

A  V autopsie  l'on  trouva  : 

I"  Un  kyste  hydatique  dans  la  paroi  abdominale  s'étendant  de  la  région 
précordiale  à  l'ombilic;  un  second  kyste  d'un  volume  égal  se  trouvait  à  côté 
du  précédent  et  dans  la  région  du  foie,  développé  sous  le  péritoine,  il  con- 
tenait une  matière  épaisse,  grisâtre,  comme  graisseuse,  et  des  hydatides;  la 
paroi  abdominale  contenait  encore  dans  son  épaisseur  un  certain  nombre  de 
kystes  hydatiques  plus  petits. 

2°  Dans  la  duplicature  de  l'enveloppe  séreuse  de  l'estomac  existait  un 
kyste  hydatique  volumineux. 

3°  Au  voisinage  de  la  vessie,  on  rencontra  un  sac  volumineux,  contenant 
un  liquide  clair  et  plusieurs  hydatides.  —  Ce  sac  était  situé  entre  le  péri- 
toine et  l'extrémité  supérieure  de  la  vessie  ;  on  put  l'énucléer  complètement 
et  ce  n'est  qu'alors  qu'on  aperçut  la  vessie  elle-même. 

4°  Le  foie  et  la  rate  contenaient  plusieurs  kystes  disséminés  dans  leur 
parenchyme. 

5°  Un  hyste  hydatique  volumineux  existait  encore  dans  le  médiastin  an- 
térieur, en  avant  du  péricarde  (I). 

Lorsque  les  kystes  ont  acquis  un  assez  grand  volume,  on  les 
sent  à  travers  la  paroi  abdominale  ;  ils  pourraient  être  alors  con- 
fondus avec  des  masses  cancéreuses  ou  avec  des  tubercules  du  mé- 
sentère, mais  pendant  longtemps,  ils  n'occasionnent  ni  douleurs,  ni 
désordres  dans  les  fonctions,  ni  trouble  dans  l'économie.  S'ils  ne 
déterminent  pas,  par  un  accident  quelconque  ou  par  leur  situation, 
dans  un  organe  voisin  une  affection  aiguë  qui  emporte  le  malade, 
ils  finissent  néanmoins  par  causer  dans  plusieurs  fonctions  une 
gêne  si  considérable  que  l'individu  maigrit,  tombe  en  consomption 
et  périt. 

Obs.  CIII  (Budd). 
«Georges  Berbick  fut  admis  dans  liïng's  Collège  Hospital,]e  31  août  1842; 
il  était  âgé  de  vingt-huit  ans,  il  avait  toujours  résidé  à  Londres,  et  avait  été 
d'une  bonne  santé  avant  les  dix  dernières  années  :  alors,  son  ventre  avait 
commencé  de  grossir  sans  qu'il  en  souffrît,  excepté  que  depuis  il  avait  tou- 
jours été  tourmenté  par  la  bile.  Il  y.  a  cinq  ans,  il  eut  une  maladie  grave 
qui  paraît  avoir  été  la  fièvre  typhoïde  et  qui  dura  sept  à  huit  semaines  ;  il 
guérit  parfaitement  de  cette  maladie,  mais  le  ventre  continua  de  grossir 

(l)  Journal  de  chirurgie  de  Chreslien-Loder,  1797,  t.  I. 


NAIURELIiES   OU   AlJVliN'llVfcS.    —    HYDATJDES.  689 

jusqu'à  il  y  a  trois  ans  ;  à  dater  de  cette  époque,  il  resta  stationnaire.  Depuis 
sept  ans,  cet  homme  a  été  sujet  à  des  spasmes,  qui  sont  devenus  moins  fré- 
quents depuis  quelque  temps.  Il  y  a  six  semaines,  il  fut  pris  d'un  mal  de 
gorge  et  d'un  érysipèle  à  la  tète  qui  dura  quinze  jours;  depuis  lors,  il  mai- 
grit et  vomit  presque  tout  ce  qu'il  prit. 

»  Au  moment  de  son  admission  à  l'hôpital,  il  était  très  amaigri  et  son  intel- 
ligence était  affaiblie  au  point  qu'il  ne  répondait  pas  toujours  aux  questions 
qu'on  lui  adressait;  il  vomissait  tous  ses  aliments  et  avait  de  la  diarrhée; 
l'urine  et  les  fèces  étaient  rendues  involontairement;  l'appétit  était  mauvais, 
la  langue  couverte  d'un  enduit  foncé;  pouls  à  84,  très  faible;  ventre  très  vo- 
lumineux; partie  inférieure  du  thorax  très  élargie;  un  grand  nombre  de  tu- 
meurs dures,  de  la  grosseur  à  peu  près  d'une  orange,  pouvaient  être  senties  à 
travers  la  paroi  du  ventre,  mais  il  n'y  avait  pas  de  fluctuation  ;  la  matité  à  la 
percussion  du  foie  s'étendait  considérablement  au-dessous  des  fausses  côtes,  le 
son  clair  de  l'intestin  s'entendait  suivant  une  ligne  transversale  passant  par 
l'ombilic  ;  dans  le  reste  du  ventre,  la  percussion  produisait  une  résonnance 
qui  n'était  ni  tout  à  fait  claire,  ni  tout  à  fait  mate,  donnant  l'idée  d'une 
couche  solide  placée  sous  les  muscles  abdominaux  et  recouvrant  les  intestins. 
La  poitrine  du  côté  droit  était  mate  à  la  percussion,  jusqu'à  la  hauteur  du  ma- 
melon, et  presque  jusqu'à  la  même  hauteur  du  côté  gauche.  Le  cœur  battait 
au-dessus  du  mamelon  gauche. 

»  Le  malade  s'affaiblit  graduellement  et  mourut  le  3  septembre. 

»  A  f  ouverture  de  l'abdomen,  on  vit  un  grand  nombre  de  tumeurs  globu- 
leuses en  rapport  avec  l'épiploon  ;  quelques-unes  contenaient  une  hydalide 
solitaire,  pleine  d'un  liquide  transparent,  d'autres  en  contenaient  de  deux  à 
cinquante  ou  plus  ;  il  y  en  avait  de  tout  à  fait  solides,  remplies  qu'elles  étaient 
d'un  grand  nombre  d'hydatides  sans  liquide  et  pressées  dans  leur  kyste  comme 
des  raisins  secs.  L'épiploon  était  soulevé  par  les  tumeurs;  l'intestin,  au 
dessous,  était  parfaitement  sain  ;  le  côlon  passait  suivant  la  ligne  qui  donnait 
un  son  clair  à  la  percussion  observée  pendant  la  vie. 

»  Quelques  tumeurs  de  la  même  nature  étaient  en  rapport  avec  le  foie,  lui 
donnant  un  volume  énorme  ;  le  parenchyme  de  cet  organe  était  tout  à  fait 
sain.  Quelques-unes  des  tumeurs  étaient  en  partie  enclavées  dans  sa  sub- 
stance et  la  vésicule  biliaire  communiquait  avec  l'un  des  kystes.  Le  plus  grand 
contenait  environ  une  demi-pinte  de  liquide. 

»  Des  tumeurs  du  même  genre  étaient  aussi  en  rapport  avec  la  rate  et  une 
autre  était  adhérente  au  sommet  de  la  vessie  urinaire.  Tous  les  grands  kystes 
étaient  globuleux,  comme  aussi  les  hydatides  contenues  (1).  » 

Ces  tumeurs  multiples  sont  d'autant  plus  graves  que  si  la  nature 
ou  l'art  amène  la  guérison  de  quelqu'une  d'entre  elles,  les  autres 
n'en  continuent  pas  moins  leur   marche   et,   soit  parce  qu'elles  ne 

(1)  G.  Budd,  ouvr.  cit.,  p.  43), 


690  AFFECTIONS   VERMINEÙSES    DÉS    CAVITÉS   SÉItEUSES 

sont  pas  toutes  accessibles  aux  moyens  chirurgicaux,  soit  parce  que 
l'économie  souffre  de  plus  en  plus  de  leur  présence,  la  mort  en  est 
constamment  la  suite  ;  du  moins  on  n'a  point  vu  chez  l'homme  de 
guérison  bien  constatée  dans  les  cas  de  tumeurs  hydatiques  multi- 
ples existant  même  en  nombre  peu  considérable  (1). 

Nous  avons  rapporté  (obs.  LXXVI1)  un  cas  de  tumeurs  hydati- 
ques multiples  de  l'abdomen,  dont  l'une  fut  ouverte  par  la  potasse 
caustique  et  se  vida;  mais  les  autres  n'en  continuèrent  pas  moins 
leur  marche  et  firent  périr  le  malade.  L'observation  suivante  est  un 
autre  exemple  de  tumeurs  multiples  de  l'abdomen  dans  lesquelles 
la  nature  et  l'art  semblent  devoir  rester  toujours  impuissants. 

Obs.  CIV  (Guerbois  et  Pinatjlt). 

Merlin,  cordonnier,  âgé  de  trente-cinq  ans,  ayant  joui  d'une  bonne  santé 
jusqu'en  août  <l  824,  fut  pris  à  cette  époque  d'une  douleur  du  côté  droit,  avec 
toux,  dyspnée,  etc.,  dont  il  ne  se  guérit  pas  complètement;  en  octobre  1825, 
il  entra  à  l'hôpital  Cochin. 

«  Sous  les  cartilages  des  côtes  asternales  droites  existait  une  tumeur  plus 
volumineuse  que  le  poing,  indolente,  fluctuante,  acuminée;  la  peau  qui  ré- 
pond au  sommet  est  d'un  rouge  livide  et  paraît  prête  à  se  rompre.  Le  ventre 
est  très  volumineux,  très  dur  et  peu  sensible  à  la  pression  ;  le  foie  se  prolon- 
geait au-dessous  des  fausses  côtes.— Les  fonctions  digestives  sont  régulières, 
amaigrissement,  pâleur,  point  d'infiltration.  —  On  applique  des  cataplasmes 
émollients  et  deux  jours  après  M.  Guerbois  ouvre  la  tumeur;  il  s'échappe 
aussitôt  un  liquide  séro-purulent  et  des  hydatides une  mèche  est  intro- 
duite dans  la  plaie  et,  à  chaque  pansement  qui  se  renouvelle  tous  les  jours, 

on  trouve  des  hydatides  dans  les  pièces  de  l'appareil.   —  Au  bout  de 

cinq  jours,  la  matité,  l'égophonie  et  d'autres  signes  firent  reconnaître  l'exis- 
tence d'un  épanchement  dans  la  plèvre  droite.  —  Le  lendemain,  le  malade 
mourut. 

»  Autopsie. — A  l'ouverture  de  l'abdomen,  on  trouva  un  foie  très  volumineux, 
remplissant  tout  I'hypochondre  droit,  l'épigastre  et  l'hypochondre  gauche;  les 
épiploons  parsemés  de  kystes  qui  s'étendaient  jusque  dans  le  bassin.  La  face 
convexe  du  foie  adhérait  intimement  au  diaphragme  et  aux  parois  abdomi- 
nales des  côtes  asternales  droites.  L'incision  faite  à  la  tumeur  conduisait 
dans  une  vaste  poche  creusée  dans  l'épaisseur  du  foie.  Ces  premières  obser- 
vations faites,  le  foie,  les  épiploons  furent  détachés  avec  précaution,  et  pré- 
sentés intacts  à  la  Société  anatomique  ;  nous  vîmes  quatre  kystes  hépatiques, 
dont  deux  gros  comme  un  œuf  de  dinde;  le  plus  considérable,  celui  dans 
lequel  on  avait  pénétré,  avait  le  volume  de  la  tête  d'un  fœtus  ;  le  quatrième 

(1)  Nous  rapporterons  un  cas  (obs.  CCXCV1I),  le  seul  que  nous  connaissions, 
dans  lequel  deux  kystes  ont  été  opérés  avec  succès. 


NATURELLES   OU    ADVENITVES.    —   HYDATIDES.  491 

avail  le  tiers  du  volume  du  précédent.  L'un  des  petits  kystes  contenait  une 
matière  boueuse,  jaune,  d'odeur  fécale  (l).  Un  kyste  acéphalocyste  développé 
dans  l'épaisseur  du  petit  épiploon  comprimait  la  rate.  Enfin  l'épiploon  gastro- 
hépatique, le  grand  épiploon,  contenaient  dans  leur  épaisseur  plus  de  cin- 
quante kystes  hydatiques  dont  le  volume  variait  depuis  celui  d'une  noix  jus- 
qu'à celui  des  deux  poings,  et  qui  formaient  une  sorte'de  chapelet  étendu  de  la 
face  concave  du  foie  dans  le  petit  bassin,  où  l'on  voyait  un  grand  kyste  rem- 
plissant la  cavité  pelvienne,  situé  entre  le  rectum  et  la  vessie,  adhérant  à  la 
vésicule  séminale  droite  aux  dépens  de  laquelle  il  parait  formé  (2) .  » 

Le  cas  suivant,  que  nous  avons  mentionné  déjà  plusieurs  fois, 
est  intéressant  à  divers  points  de  vue  : 

Obs.  CV  (Chahcot  et  Davaine).  —  Tumeurs  hydatiques  du  foie,  du  mé- 
sentère, du  petit  bassin;  kystes  pédicules;  absence  remarquable  des 
échinocoques  dans  quelques-uns  ;  hématoïdine. 

Il  s'agit  d'un  homme,  âgé  de  soixante-trois  ans ,  entré  à  l'hôpital  de  Lari- 
boisière,  le  9  juin  1856.  Il  avait  dans  l'hypochondre  droit  une  tumeur  fluc- 
tuante, sans  frémissement  hydatique,  qui  donna,  par  une  ponction  explora- 
trice, un  liquide  limpide,  non  albumineux. 

Une  application  de  caustique  de  Vienne  est  faite  le  23  juin  ;  elle  est  renou- 
velée tous  les  deux  jours;  après  la  quatrième,  l'eschare  s'ouvre  et  laisse 
échapper  une  grande  quantité  de  liquide  avec  des  vésicules  hydatiques  du  vo- 
lume d'une  tête  d'épingle  à  celui  d'un  œuf  de  poule. 

Le  liquide  était  trouble,  de  couleur  jaunâtre  et  contenait  de  petits  grumeaux 
d'une  matière  rouge  vif,  qui,  examinés  au  microscope  par  MM.  Sénac  et 
Heurtaux,  internes  de  l'hôpital,  offrirent  de  nombreux  cristaux  rhomboïdaux 
d'hématoïdine.  Les  hydatides  renfermaient  toutes  des  échinocoques  dont  les 
corpuscules  calcaires,  bien  que  normaux  dans  leur  forme  et  dans  leurs  autres 
caractères,  avaient  une  coloration  d'un  rouge  très  intense,  tout  à  fait  sem- 
blable à  celle  des  cristaux  d'hématoïdine.  Quelques-unes  des  hydatides 
offraient  à  l'intérieur  des  taches  de  couleur  rouge,  formées  par  des  cristaux 
de  cette  dernière  substance. 

Jusqu'au  9  juillet,  il  sort  chaque  jour  par  la  plaie  quelques  hydatides  en- 
tières ou  déchirées  ;  le  malade  est  dans  un  état  satisfaisant,  il  se  lève  plusieurs 
heures  tous  les  jours;  la  tumeur  a  diminué  et  son  bord  inférieur  est  remonté 

(1)  C'est  probablement  de  ce  kyste  qu'il  est  question  dans  celle  phrase  de  la 
relation  donnée  par  M.  Pinault  (Bull,  de  la  Soc.  anat.,  1826,  t.  I,  p.  23):  «  Il 
(le  kyste)  était  uni  au  foie  par  un  tissu  cellulaire  dense  :  la  veine  cave  lui  adhé- 
rait intimement,  et  contenait  un  grand  nombre  d'hydatides  opaques,  affaissées,  et 
une  matière  comme  une  boue.  »  C'est  sans  doute  le  kyste  et  non  la  veine  cave  qui 
contenait  ces  substances,  car  le  fait  eût  été  assez  remarquable  pour  que  M.  Cru- 
veilhier,  dont  j'emprunte  la  relation,  ne  l'eût  pas  omis. 

(2)  Pinault,  Bull.  Soc.  anat.,  et  Cruveilbier,  art.  Acéphalocystes,  p.  226. 


/l'J2  AFFECTIONS  VERM1NEUSES   DES  CAVITÉS  SÈltELSKS 

à  deux  travers  de  doigt  au-dessus  de  l'ombilic;  l'hypochondre  droit  s'est 
affaissé  et,  dans  la  région  correspondante  du  côté  gauche,  une  tuméfaction 
fluctuante  est  devenue  apparente. 

Une  injection  d'une  grande  quantité  d'eau  est  faite  malin  et  soir  dans  le 
kyste,  et  sa  cavilé,  après  chaque  lavage,  est  maintenue  pleine  de  ce  liquide  ; 
deux  fois  on  injecte  une  solution  iodée  très  étendue. 

Jusqu'au  4  5  juillet  l'état  du  malade  est  satisfaisant,  mais  alors  l'appétit  et 
les  forces  diminuent,  l'affaiblissement  fait  de  rapides  progrès;  un  érysipèle 
paraît  au  bras  et  à  la  cuisse  et  laisse  après  lui  des  taches  de  purpura  ;  le 
liquide  du  kyste  devient  purulent  et  fétide  et  le  malade  succombe  le  3  août, 
dans  le  marasme. 

Autopsie. — Fausses  membranes  de  formation  récente  dans  le  péricarde  ;  ad- 
hérences presque  générales  dans  les  deux  plèvres;  base  du  poumon  gauche 
adhérant  intimement  au  diaphragme,  enlin  adhérence  du  diaphragme  au  foie 
dans  toute  son  étendue. 

Un  grand  nombre  de  kystes  hydaliques  plus  ou  moins  volumineux  existent 
à  la  face  inférieure  du  foie,  en  partie  contenus  dans  le  parenchyme  de  cet 
organe,  le  reste  fait  saillie  au  dehors. 

En  outre,  à  l'intérieur  du  foie,  un  kyste  athéromateux  contenant  de  nom- 
breuses hydatides,  existe  vers  la  face  supérieure  du  lobe  gauche;  sa  paroi  su- 
périeure adhère  au  diaphragme  et  au  péricarde.  —  Un  autre  kyste,  très  vaste, 
existe  à  la  face  supérieure  et  antérieure  du  lobe  droit  ;  il  adhère  au  diaphragme 
et  à  la  paroi  abdominale;  c'est  ce  kyste  qui  a  reçu  la  ponction.  —  Un  troi- 
sième kyste  d'un  volume  moyen  existe  dans  lelobedeSpigel  en  partie  détruit. 

Dans  l'épiploon  gastro-hépatique  se  trouvent  deux  tumeurs  hydatiques, 
égalant  le  volume  d'un  œuf  de  poule.  — Dans  l'épiploon  gastro-splénique  s'en 
trouve  une  autre  plus  volumineuse. 

A  la  surface  du  mésentère,  on  remarque  un  très  grand  nombre  de  kystes 
du  volume  d'une  noix  à  celui  d'un  pois  ;  ils  sont  situés  dans  le  tissu  cellulaire 
sous-péritonéal,  le  long  de  l'intestin  grêle  et  du  gros  intestin  ;  beaucoup  de 
ces  kystes  sont  pourvus  d'un  pédicule  plus  ou  moins  long  et  plus  ou  moins 
aminci.  (Voy.  p.  364,  fig.  19.) 

Dans  le  petit  bassin,  entre  le  rectum  et  la  vessie,  existe  un  kyste  hydatique 
du  volume  du  poing;  il  adhère  à  la  face  extérieure  du  rectum  et  postérieure  de 
la  vessie;  sur  ses  côtés  rampent  les  uretères  ;  il  contient  un  liquide  puri- 
forme  et  des  hydatides  rompues. 

Tous  les  kystes  situés  dans  le  foie  et  dans  les  replis  du  péritoine  avaient 
des  hydatides  pourvues  d'échinocoques,  mais  les  hydatides  des  kystes  pédi- 
cules n'avaient  pas  d'échinocoques. 

Aucun  des  kystes  hydatiques  situés  en  dehors  du  foie  ne  contenait  d'hé- 
matoïdine  (1). 

(1)  Charcot  et  Davaiue,  Note  sur  un  cas  de  Imjstes  hydatiques  multiples  (Mém. 
Soc.  biologie,  2e  série,  t.  IV,  p.  103,  ann.  1857,  —  et  Sénac,  Bull.  Soc.  anal., 
ann.  XXXI,  p.  357.  Paris,  1856). 


NATuniit  r.r.î  ou  Àbviî'XTiVE*'.   —  uVdatidks.  /i93 

SOUS-SECTION  II. 

HYD.VT1DES    DES     ORGANES    ABDOMINAUX     OUVERTES    DANS    UNE   GRANDE 
CAVITÉ     NATL'UELLE. 

Assez  fréquemment  les  kystes  hydatiques  du  foie  ou  des  autres 
organes  abdominaux  s'ouvrent  dans  les  cavités  séreuses  ou  mu- 
queuses voisines,  soit  par  suite  de  quelque  violence  extérieure,  soit 
par  suite  d'un  effort  du  malade,  soit  par  un  excès  de  distension  du 
kyste,  lorsque,  par  exemple,  la  bile  y  pénètre,  soit  enfin  par  les 
progrès  mêmes  de  la  tumeur. 


CHAPITRE  PREMIER. 

TUMEURS  HYDATIQUES  s' OUVRANT  DANS  CSG  CiVITÉ  SÉREUSE. 

Lorsque  le  kyste  liydatique  de  l'un  Hês  organes  de  l'aBaouien 
s'ouvre  dans  une  grande  cavité  séreuse,  iintlamniation  en  quelque 
sorte  instantanée  qui  survient,  a  une  marche  rapide  et  se  termine 
toujours  par  la  mort.  On  a  vu  cet  accident  entraîner  la  perte  du  ma- 
lade en  quelques  heures,  d'autres  fois  après  plusieurs  jours.  La  diffé- 
rence dans  la  marche  de  la  maladie  peut  tenir  à  l'étendue  de  la  per- 
foration et  à  la  nature  du  liquide  épanché  :  dans  un  cas  observé  'par 
Chomel,  le  malade  vécut  encore  douze  jours  après  la  rupture  de  la 
poche  bydatique  dans  le  péritoine,  la  perforation  était  étroite;  dans 
un  cas  observé  par  MM.  Duplay  et  Morel-Lavallée,  le  malade  suc- 
comba en  quelques  heures,  cependant  le  liquide  seul  de  l'hydatide 
avait  envahi  la  cavité  péritonéale. 

L'affaissement  d'une  tumeur  abdominale,  quelquefois  précédé  ou 
accompagné  d'une  sensation  de  rupture,  l'a  coïncidence  de  douleurs 
violentes  et  les  signes  de  la  péritonite  ou  de  la  pleurésie  doivent 
faire  présumer  que  la  tumeur  s'est  ouverte  dans  la  cavité  séreuse  du 
ventre  ou  de  la  poitrine. 

Nous  avons  rapporté  déjà  les  cas  de  kystes  abdominaux  ouverts 
dans  la  plèvre  ;  il  ne  sera  donc  question  ici  que  des  kystes  ouverts 
dans  le  péritoine. 

Obs.  CVI  (Lassds).   —  Rupture  par  une  chute. 
I.  —  Lassus  rapporte  qu'un  homme  qui  suivait  un  traitement  pour  Une 


/lîHl  AFFECTIONS    VEUMlNEUSES    DES   CAVITÉS   SÉREUSES 

obstruction  du  l'oie,  mourut  six  heures  après  avoir  fait  une  chute  de. cheval.  Un 
kyste  hydatique  situé  à  la  partie  inférieure  du  foie  s'était  rompu  et  trois 
pintes  d'eau  étaient  épanchées  dans  le  ventre;  la  vésicule  du  fiel  ne  fut  point 
trouvée  (1). 

Obs.  CVII  (Roux).  —  Rupture  par  un  effort. 

II.  —  Une  jeune  fille  entrée  à  l'hôpital  pour  une  tumeur  volumineuse  de 
l'hypochondre  droit,  pouvait  néanmoins  se  livrer  à  quelques  occupations.  Elle 
éprouva  tout  à  coup,  en  faisant  un  effort,  une  vive  douleur;  la  tumeur  s'af- 
faissa, le  ventre  acquit  du  volume  et  devint  le  siège  d'une  fluctuation  évidente. 
Une  incision  pratiquée  à  la  partie  inférieure  de  la  ligne  blanche  évacua  un  liquide 
transparent  et  un  très  grand  nombre  d'hydatides.  La  malade  étant  morte,  on 
trouva  des  hydatides  dans  la  cavité  abdominale,  et  dans  le  foie,  un  kyste  qui 
s'était  rompu  et  qui  avait  versé  ses  hydatides  dans  la  cavité  du  péritoine  (2). 

Obs.  CVIII  (Roux  de  Brignolles).  —  Rupture  par  un  effort. 

III.  —  Homme,  vingt-cinq  ans,  effort  en  travaillant  aux  champs,  douleur 
vive  dans  le  ventre  ;  mort  dans  la  journée.  Rupture  d'un  kyste  hydatique  du 
foie  ;  nombreuses  hydatides  dans  le  péritoine  (3). 

Obs.  CIX  (Chomel).  —  Rupture  par  un  effort. 

IV. — Homme,  quarante-cinq  ans;  tuméfaction  excessive  du  ventre  sans  dé- 
rangement des  fonctions.  Exercice  forcé  porté  à  l'excès,  sentiment  de  déchi- 
rement dans  le  ventre,  suivi  de  fréquentes  évacuations  alvines,  de  vomisse- 
ments, etc.  Mort  quinze  jours  après.  Liquide  brunâtre  et  trouble  avec  un 
grand  nombre  d'acéphalocystes  dans  le  péritoine.  «  A  la  face  inférieure  du 
foie  existait  une  poche  à  demi  pleine  d'un  liquide  semblable  à  celui  dont  il 
vient  d'être  parlé  et  dans  lequel  nageaient  encore  quelques  hydatides.  Cette 
poche  flasque  était  percée  d'un  trou  peu  considérable  par  lequel  l'épanche- 
ment  s'était  effectué  (4).  i 

Obs.  CX  (Lassus  et  de  la  Porte).  —  Rupture  spontanée. 

V.  —  Il  s'agit  d'une  fille  de  douze  ans,  qui  avait  deux  kystes  bydatiques 
énormes  dans  le  foie;  l'un  des  deux  s'était  ouvert  dans  le  péritoine;  point  de 
détails  sur  les  circonstances  (5). 

Obs.  CXI  (Andral).  —  Rupture  spontanée. 

VI.  —  Femme  de  vingt-sept  ans,  phthisie  pulmonaire  avancée;  tout  à 
coup,  sans  cause  connue,  vive  douleur  abdominale  ;  mort  quatre  jours  après. 

(1)  Lassus,  Recherches  et  observations  sur  l'hydropisie  enkystée  du  foie,  obs.  II 
(Journ.  deméd.  chir.,  etc.,  de  Corvisart,  t.  I,  p.  121,  an.  IX). 

(2)  Roux,  Clin,  des  hôpitaux,  t.  II,  p.  46,  cité  par  Cruveilhier,  art.  cité  p.  220. 

(3)  Roux  de  Brignolles,  Gaz.  des  hôpitaux,  1855,  p.  491. 

(4)  Chomel,  Journ.  deméd.  de  Sédillot,  1821,  t.  LXXVII,  p.  223. 
I    (5)  Lassus,  Mém.  cit.,  obs.  VIII. 


NATURELLES  OU    ADVENIVES.    —  HYDAT1DËS.  Ù95 

Membranes  hydatiques  dans  le  péritoine,  et  lésions  de  la  péritonite;  kyste 
hydatique  du  foie  offrant  une  rupture  qui  pouvait  admettre  trois  doigts 
réunis  (4). 

Obs.  CXII  (Duplay  et  Morel-Lavallée).  —  Rupture  spontanée. 

VII.  —  Homme,  quarante-cinq  ans.  Épanchement  pleurétique  présumé. 
Tout  à  coup,  sans  cause  connue,  violente  douleur  dans  le  ventre.  Mort  cinq 
heures  après. — «Épanchement  sanguinolent  dans  le  ventre  et,  du  reste,  aucune 
trace  de  péritonite  ;  crevasse  à  la  partie  inférieure  du  foie  qui  refoule  en  s'éle- 
vant  dans  la  poitrine  le  diaphragme  et  le  poumon  droit  jusqu'à  la  deuxième 
côte,  et  il  ne  dépassait  point  la  base  du  thorax.  On  pénètre  dans  son  paren- 
chyme par  l'hiatus  qu'offre  la  face  inférieure,  il  conduit  à  une  cavité  énorme 
occupée  par  la  coque  d'une  hydatide  unique  énorme  et  vide  ;  sans  doute  le 
liquide  hydatique  et  le  sang  provenant  de  la  déchirure  composaient  l'épan- 
chement  (2).  » 

Obs.  CXIII  (Nicolaï).  —  Rupture  par  un  coup. 

VIII.  —  Il  s'agit  d'un  garçon,  âgé  de  vingt-huit  ans,  qui  souffrait  dans 
l'hypochondre  droit  où  il  existait  une  tumeur  dure  et  arrondie;  l'état  général 
était  bon.  Un  jour,  en  luttant  avec  un  camarade,  il  reçut  un  coup  de  poing 
dans  le  côté  droit  ;  il  s'affaissa  et  mourut  peu  de  temps  après. 

A  l'autopsie,  on  trouva  deux  kystes  hydatiques  volumineux  dans  le  foie  ; 
l'un  était  déchiré  et  son  contenu  s'était  échappé  dans  le  péritoine  (3). 

IX.  —  Voyez  aussi  l'observation  XCIV  dans  laquelle  la  rupture  d'un  kyste 
du  foie  causa  une  péritonite  mortelle. 


CHAPITRE   II. 

TUMEURS   HYDATIQUES   S'OUVRANT   DANS   UNE   CAVITÉ   MUQUEUSE. 

Lorsqu'un  kyste  hydatique  de  l'abdomen  s'ouvre  dans  une  cavité 
revêtue  par  une  membrane  muqueuse,  les  hydatides  intactes  ou 
rompues  sont  évacuées  au  dehors,  soit  par  expectoration,  soit  par 
le  vomissement,  soit  par  les  garderobes,  soit  avec  les  urines.  Nous 
ne  nous  occuperons  ici  que  de  celles  qui,  pénétrant  dans  le  tube  di- 
gestif, sont  évacuées  par  le  vomissement  ou  par  les  garderobes. 

L'ouverture  de  communication  qui  se  fait  entre  le  kyste  et  l'es- 
tomac ou  l'intestin  est  généralement  assez  étroite  et  donne  issue  aux 

(1)  Andral,  Clinique  médicale,  t.  IV,  p.  314,  et  Cruveilhier,  art.  Acéph. 

(2)  Vigla,l/em.  cit.,  p.  552. 

(3)  Docteur  Nicolaï,  Allg.  rnedic.  centr.  zeit.,  1855,  n°  15,  et  Gaz.  hebdom., 
1855,  t.  II,  p.  709. 


,'|Ç)fi  AFFI'.C.TION!)    \  I.P.MIM!  Si  S    |ll  S    CWIITS    Sl':i!Kl  SI'.S 

vésicules  avec  beaucoup  de  lenteur;  celles-ci  sont  évacuées  au  de- 
hors par  intervalles  plus  ou  moins  éloignés  et  souvent  pendant  plu- 
sieurs mois.  La  perforation  ne  suffit  pas  toujours  à  l'évacuation 
complète  du  kyste  qui  s'ouvre  encore  dans  un  autre  organe  ou  bien 
à  l'extérieur. 

L'introduction  des  liydatides  ou  des  matières  du  kyste  dans  le 
tube  digestif  ne  donne  point  lieu  à  des  phénomènes  inflammatoires 
de  la  membrane  muqueuse,  et  l'on  ne  voit  point  ordinairement  sur- 
venir une  diarrhée  difficile  à  arrêter. 

La  rupture  du  kyste  dans  l'estomac- ou  l'intestin  peut  être  re- 
connue à  divers  signes  :  à  la  sensation  de  rupture  éprouvée,  dans 
quelques  cas,  par  le  malade,  à  l'affaissement  plus  ou  moins  rapide 
de  la  tumeur,  à  l'apparition  au  dehors  de  vésicules  intactes  ou  rom- 
pues, reconnaissables  à  l'œil  nu  ou  bien  au  microscope  et  contenant 
quelquefois  des  crochets  d'échinocoque. 

Cet  accident  amène  ordinairement  une  terminaison  favorable  de 
la  maladie. 

A  la  suite  de  l'invasion  des  hydatides  el  de  leur?  èçhinocoque^ 
dans  l'eslotnaç  et  dans  les  intestins,  aucun  observateur  p'a  sjgnalé 
l'apparition  d'un  grand  nombre  de  ténias,  malgré,  les  craintes  expri- 
mées à  ce  sujet  par  quelques  auteurs. 

A.  —  Kyste  s'ouvrant  dans  l'estomac. 
1°  Cas  de  mort,  avec  autopsie. 

Obs.  CXIV  (Cleyer).  — -  Hydatides  trouvées  dans  l'estomac. 

I.  — Un  nombre  considérable  de  vésicules  dont  la  description  se  rapporte 
aux  hydatides  furent  trouvées  dans  l'estomac  d'un  cadavre  :  point  de  détails 
sur  l'état  des  organes  voisins,  ni  de  l'estomac;  point  de  relation  de  la  ma- 
ladie (1). 

Obs.  CXV  (Portai.).  —  Hydatide  trouvée  dans  ï 'estomac. 

II.  —  Portai  dit  simplement  avoir  trouvé  une  hydatide  grosse  comme  un 
œuf  de  pigeon,  qui  était  libre  dans  la  cavité  de  l'estomac  (2). 

Obs.  CXVI  (Cruveilhier).  —  Kyste  communiquant  avec  l'estomac. 

III.  ■ —  Une  femme  qui  avait  une  tumeur  saillante  au-dessous  de  l'appen- 
dice xyphoïde,  raconta  qu'avant  son  entrée  à  l'hôpital,  elle  avait  vomi,  à  plu- 

(1)  Audreœ  Cleyeri ,  De  corporibus  spliericis  permultis  in  ventriculo  kumano 
invenlis  (Ephem.  nat.  cur.,  dec.  II,  ann.  I,  obs.  XVIII,  p.  40). 

(2)  Portai,  Anatomie  médicale,  t.  V,  p.  198.  Paris,  1803. 


NAÎUttEr.r.ES  OU    ADVENTlVtS.    —   HYDATIDES.  /i97 

Sieurs  reprises,  des  membianes  semblables  à  du  blanc  d'œuf  cuit  ;  elle  suc- 
comba peu  de  jours  après  son  enlrée. 

A  l'autopxie,  on  trouva  lu  lojje  gauche  du  foie  converti  en  une  vaste  poche 
hydatique,  adhérente  à  l'estomac,  et  qui  s'ouvrait  assez  largement  dans  ce 
viscère  (4J. 

Obs.  CXVII  (Ducbaussoy). 

IV.  —  «  Une  femme,  chez  laquelle  existait  depuis  longtemps  une  lumeur 
volumineuse  à  la  région  épigastrique,  rendit,  le  27  décembre  1853,  des  hy- 
datides  mêlées  à  ses  matières  fée  des.  Avant  cette  époque,  el  e  n'avait  pus  de 
dévoiement;  depuis  le  27,  ses  silles  étaient  jaunâtre-;  et  semblables  aux  ma- 
tières contenues  dans  le  kyste  du  foie.  L  h  .leine  était  fétide  :  il  n'y  eut  jamais 
de  vomissements.  Le  30  janvier,  une  péricardite  se  déclara  ete.nporta  bientôt 
la  malade. 

»  A  Vautopsie,  on  trouva  :  1°  une  péricardite  ;  2°  un  vaste  kysle  à  l'union 
du  lobe  droit  et  du  lobe  gauche  du  foie  ;  ce  kyste  était  rempli  de  liquide  et 
de  détritus  jaunâtre;  il  communiquait  avec  l'estomac  à  3  centimètres  à 
gauche  du  pylore  ;  l'orifice  de  communication  était  assez  large  pour  laisser 
passer  le  doigt;  3°  entre  l'estomac  et  le  foie,  dans  l'épiploon  gastro-hépati- 
que, existaient  plusieurs  petits  kystes  kydatiques;  on  en  trouvait  un  aussi 
dans  un  des  reins;  4°  la  muqueuse  de  l'estomac  n'était  pas  hypertrophiée, 
mais  elle  offrait  une  teinté  noirâtre,  comme  dans  les  phlegmasies  chro- 
niques (2).  » 

V.  —  Voyez  aussi  l'observation  VII. 
2°  Cas  de  mort,  pas  d'autopsie. 

Obs.  CXVIII  (Balme).  —  Hydalides  rendues  par  le  vomissement  et  par 
les  selles. 

VI.  —  Une  femme,  âgée  de  trente-cinq  ans,  fut  prise,  quinze  jours  après 
son  accouchement,  d'une  fièvre  et  de  divers  symptômes  qui  furent  attribués  à 
une  humeur  laiteuse.  Six  semaines  environ  après,  la  malade  rendit,  sans 
grands  efforts  et  comme  spontanément,  une  foule  de  corps  ronds  ou  ovales, 
qui  se  déchiraient  au  passage  de  l'œsophage  ou  en  tombant  dans  le  vase.  La 
matière  dont  ils  étai  nt  remplis  était  une  humeur  bilieuse  ;  il  y  avait  vingt- 
trois  de  ces  vésicules  rompues,  trois  ou  quatre  étaient  de  la  grosseur  d'un 
œuf  de  poule,  quelques-unes  ressemblaient  a  du  blanc  d'œuf  cuit.  Dans  la 
soirée,  la  malade  en  rendit  encore  trois  ou  quatre  d'un  grand  volume  par  les 
selles;  le  lendemain,  nouveau  vomissement  de  vésicules.  Les  phénomènes 
graves  n'en  persistèrent  pas  moins  :  les  vomissements  étaient  fréquents  ;  la 
diarrhée  survint  et  ne  put  être  arrêtée  ;  des  vésicules  furent  encore  expuloées 

(1)  Cruveilhîer,  art.  Acépu.,obs.  XXIII,  p.  241. 

(2)  Duchaussoy,  Bull.  Soc.  anal.,  lSSi,  p.  17,  et  Cadet  de  Gassicourt  (thèse), 

DWAIN'E.  52 


^l98  AFFECTIONS   VËRMÏNEUSES   DUS   CAVITÉS  SÉREUSES 

uno  fois  par  les  selles  ;  enfin,  après  plus  d'un  mois  d'alternatives  de  mieux  être 
et  de  rechutes,  la  malade  succomba  dans  la  consomption.  L'autopsie  ne  fut 
pas  faite  (1). 

3°  Cas  de  guérison. 

Obs.  CXIX  (Lind).  —  Hydatides  rendues  par  les  vomissements  et  par  les 
■  selles;  abcès  ouvert  spontanément  à  l'épigastre. 
Vil.  —  «  Vers  la  fin  d'octobre  '1786,  je  fus  appelé  pour  une  dame  âgée 
d'environ  trente  ans,  qui  depuis  quelque  temps  se  trouvait  incommo.lée.  — 
Elle  avait  alors  une  tumeur  douloureuse  au  creux  de  l'estomac  et  dans  la  ré- 
gion du  foie.  Le  mal  présentait  l'apparence  d'un  lieputilis,  et  il  semblait  que 
le  foie  était  menacé  de  tomber  promplement  en  suppuration...  (traitement 
mercuriel  poussé  jusqu'à  la  salivation) .  Au  bout  de  dix  jours,  la  malade  rendit 
par  les  selles  et  par  le  vomissement  une  quantité  incroyable  de  tœniœ  hyda- 
tigenœ  ou  hydatides.  Il  s'en  trouva  plus  de  mille;  elles  avaient  presque 
rempli  deux  grands  pots  de  chambre.  Ces  hydatides  avaient  depuis  la  gros- 
seur d'un  petit  pois,  jusqu'à  un  pouce  el  demi  de  diamètre...  plusieurs  étaient 
fortement  teintes  de  bile.  Un  peu  de  cette  bile  était  aussi  mêlé  avec  la  lymphe 

gélatineuse  dont  les  hydatides  étaient  remplies,  etc (d'où  l'auteur  conclut 

qu  elles  viennent  du  foie],  li  n'étaii  pas  douteux  non  plus  qu'elles  ne  fussent 
la  cause  de  la  maladie  présente  du  foie,  et  des  douleurs  d'estomac  dont  cette 
dame  avait  été  tourmentée  depuis  enviion  deux  ans,  pendant  lequel  temps 
elle  avait,  par  intervalles  d'à  peu  près  six  mois,  rendu  quelques-uns  de  ces 

animaux  par  les  selles »  Il  s  ouvrit  ensuite  près  du  creux  de  l'estomac  un 

abcès  par  lequel  s  éboulèrent  des  matières  fétides  et  purulentes;  il  sortit  aussi 
un  calcul  biliaire,  gros  comme  un  haricot,  et  la  malade  finit  par  guérir  (2).  » 
Obs.  CXX  (Becker).  —  Hydatides  rendues  par  les  vomissements  et  par 
les  selles. 
VIII.  ■ — ■  Il  s'agit  d'une  femme  Agée  de  quarante  et  un  ans,  malade  depuis 
longtemps.  Douleurs  à  gauche  de  l'épigastre  et  pesanteur  de  ce  côté.  Expul- 
sion instantanée  par  les  selles  de  seize  vessies,  de  la  grosseur   d'un  œuf  de 
pigeon  a  celle  d'un  œuf  de  poule,  les  unes  entières,  les  autres  crevées;  cin- 
quante enviion  sont  rendues  en  plusieurs  fois.  Vomissements  lépétés  dans 
lesquels  se  trouvent  des  vésicules  semblables.  A  partir  de  cette  époque,  amé- 
lioration et  guenson  (3). 

(1)  Balme,  médecin  au  Puy,  Fièvre  hectique  laiteuse  pendant  laquelle  furent 
rendues  des  liydtaiiles  par  les  selles  el  par  le  vomissement  Journ.  de  méd.  chir.,  etc., 
t.  LXXXIV,  p.  339*.  Paris,  1790). 

(2;  James  Liud,  Observ.  sur  des  tœniœ  hydatigenœ  traitées  avec  succès  par  l'usage 
du  mercure  [Journ.  de  méd.  chir.,  t.  LXXIX,  p.  345.  Paris,  1789,  trad.  du 
Journ.  de  méd.  de  Londres,  t.  XXX,  p.  96). 

Ce  cas  est  rapporté  sans  nom  d'auteur  par  P.  Frank,  t.  V,  p.  360. 

(3)  Journ.  yen.  de  médecine  de  Sédillot,  t.  XLI,  p.  109,  1811  (Extrait  du  Jour- 
nal de  Hufcland). 


NATURELLES  OU  ADVENTlVES.    —  HtDATIDËS.  499 

Obs.  CXXI  (Clémot).  —  Hydatides  vomies;  kyste  ouvert  par  le  bistouri. 

IX.  —  Un  homme,  en  1824,  avait  un  dépôt  au  foie,  dont  l'ouverture  fut 
faite  par  un  chirurgien  et  donna  issue  à  plusieurs  pintes  de  liquide  purulent, 
dans  lequel  nageaient  une  quantité  considérable  d'hydatides.  Après  un  mois, 
l'ouverture  se  ferma  ;  quelque  temps  après,  vomissements  de  matières  sem- 
blables à  celles  qui  sortaient  par  la  plaie  et  de  lambeaux  d'hydatides.  Plus 
tard,  les  vomissements  ayant  cessé,  la  santé  se  rétablit.  Huit  ans  après,  elle 
était  encore  parfaite  (1). 

Obs.  CXXII  (Chomel).  —  Hydatides  rendues  par   les   vomissements   et 
par  les  selles. 

X.  —  Femme,  cinquante  ans,  amaigrissement,  tumeur  du  côté  droit  s'é- 
tendant  depuis  les  fausses  côtes  jusqu'à  la  crête  iliaque.  —  Invasion  de  la 
maladie,  il  y  a  trois  ans;  tumeur  développée  de  haut  en  bas;  ictère  deux  fois 
depuis  un  an  ;  point  de  frémissement  hydatique.  Tout  à  coup,  vomissements 
abondants,  deux  pintes  environ  d'un  liquide  trouble,  très  fétide,  tenant  en 
suspension  une  vingtaine  d'hydatides  dont  le  volume  varie  depuis  celui  d'un 
pois  jusqu'à  celui  d'un  œuf  de  pigeon  ;  immédiatement  après  l'abdomen  s'est 
affaissé.  La  malade  a  rendu  aussi  des  hydatides  par  les  selles  et  a  quitté  l'hô- 
pital (2). 

Obs.  CXXIII  (Vitrac).  —  Hydatides  rendues  par  les  vomissements  et  par 
les  selles. 

XI.  —  «  Un  peintre,  marié  depuis  cinq  à  six  mois,  fréquemment  dérangé 
du  ventre,  présentait  une  teinte  ictérique  ;  deux  mois  s'écoulent  sans  amélio- 
ration ;  amaigrissement,  vomissements  incessants,  douleur  dans  la  région  du 
foie.  La  coloration  jaune  se  prononce  de  plus  en  plus;  perte  complète  d'appétit, 
constipation;  il  n'y  a  point  de  tumeur  cancéreuse  à  la  région  de  l'estomac, 
mais  une  espèce  de  bombement  qui  part  de  l'appendice  sternal  et  occupe  une 

circonférence   de   15  à  20  centimètres il  se  plaint  de  quelque  chose 

qui  lui  remonte  au  gosier  et  rejette  par  haut  ou  rend  par  les  selles  un  certain 
nombre  d'hydatides.  Dans  l'espace  de  quinze  jours,  il  en  a  rendu  une  cin- 
quantaine; les  trois  quarts  ont  été  expulsés  par  l'anus;  la  guérison  n'a  pas 
tardé  à  venir  (3).  » 

B.  —  Kyste  s'ouvrant  dans  l'intestin. 

1°  Cas  de  mort. 

Obs.  CXXIV  (Falloord).  —  Kyste  communiquant  avec  le  duodénum? 

I.  — Une  femme,  âgée  de  trente-huit  ans,  éprouvait  depuis  longtemps  des 

(1)  Clémot,  Gaz.  des  hôpitaux,  t.  VI,  p.  31,  1832. 
'  (2)  Chomel,  Gaz.  des  hôpitaux,  t.  X,  p.  597,  1836. 

(3)  Vitrac,  Union  médicale  de  la  Gironde  et  Gaz.  des  hôpitaux,  1857,  p.  220,  et 
1858,  p.  28. 


M)0  AFFECTIONS   VERMINHUSES   DliS  CAVITÉS  SÈREUSIÎS 

douleurs  lancinHntes  à  !<■  région  <lu  foio  qui  était  augmenté  de  volume.  Après 
quelques  garderobes  de  couleur  noire,  elle  évacua  des  hydatides  rompues  ou 
intactes,  au  nombre  de  sept  ou  de  huit  dans  chaque  selle.  Ces  garderobes  fu- 
rent suivies  d'un  grand  soulagement,  le  l'oie  diminua  de  volume;  cet  étal  se 
maintint  pendant  six  jours  ;  mais  alors  la  malade  mourut  empoisonnée  par 
une  méprise. 

A  l'autopsie,  faite  incomplètement,  on  reconnut  dans  le  fuie  une  tumeur 
contenant  trois  pintes  de  pus  avec  des  centaines  d'hydatides.  De  plus  M.  Fal- 
loord  remarqua  un  canal  rempli  de  pus  qui  se  dirigeait  en  bas  vers  le  duo- 
dénum (i). 

2°  Cas  de  guérison. 

Ons.    CXXV    (Lossi). 

II.  —  «  Une  veuve  quadragénaire  avait  une  maladie  du  foie  avec  douleur 
et  tension  dans  les  hypochondres.  On  lui  conseilla  un  purgatif;  elle  évacua 
par  l'anus  une  quinz.ine  de  vésicules;  les  unes  avaient  le  volume  d'un  œuf 
de  pigeon,  les  autres  étaient  plus  grosses,  d'autres  l'étaient  moins.  La  malade 
fut  et  demeura  guérie  (2).  » 

Obs.  CXXVI  (Vivarès).  —  Hydatides  du  foie? 

III.  —  Il  s'agit  d'une  femme  qui  souffrit,  de  coliques,  le  27  novembre  1774  ; 
le  16  décembre,  ces  coliques  revinrent  plus  violentes,  avec  fièvre,  soif,  etc. 
Trois  tumeurs  considérables  existaient  dans  le  ventre  vers  l'hypochondre 
droit.  A  la  suite  de  l'administration  d'un  lavement,  il  y  eut  plusieurs  évacua- 
tions séreuses  dans  lesquelles  se  trouvaient  cent  trente  corps  semblables  à  des 
œufs  sans  coque,  de  grosseurs  différentes  depuis  celle  d'un  œuf  de  moineau 
jusqu'à  celle  d'un  œuf  de  poule;  leur  couleur  était  aussi  différente,  il  y  en 
avait  de  noirs,  de  rouges,  de  jaunes  et  de  gris.  Les  tumeurs  du  bas-ventre 
disparurent  après  ces  déjections.  Au  bout  de  quinze  jours,  la  santé  se  ré- 
tablit (3). 

Obs.  CXXVII  (Berthelot).  —  Hydatides  de  la  rate? 

IV.  —  Il  s'agit  d'une  femme  âgée  de  quarante-six  ans,  qui  avait  depuis 
dix-huit  ans  des  obstructions  squirrheuses  dans  presque  tous  les  viscères  du 
bas-ventre.  Depuis  quelque  temps  elle  avait  une  fièvre  lente  hectique,  elle  s'é- 
puisait de  jour  en  jour  et  semblait  loucher  à  sa  fin,  lorsque,  pensant  aller  à  la 
garderobe,  «  elle  rendit  un  nombre  prodigieux  d'hydatides  entières,  les  unes 

(1)  Falloord,  The  médical  Times,  184G,  et  Gaz.  med.  de  Paris,  1846,  t.  I, 
p.  S68. 

(2)  Frederici  Lossii,  Obs.  med.,  lib.  IV.  London,  17G2,  cité  par  Barrier 
'Thèse  cit.). 

(3)  Vivarès,  Sur  des  tumeurs  enkystées  rendues  par  les  selles  à  la  suite  d'une 
colique  violente  [.hum.  de  méd.  ch.ir.  pharm.  de  Houx.  Paris,  1775,  t.  XLIV, 
p.  3iO). 


NATURELLES   OU    ADVENTiVES.    —    HYDAT1DES.  501 

grosses  comme  des  œufs  de  pigeon  et  d'autres  plus  petites elle  a  ainsi 

continué  de  rendre  des  hydalides  pendant  six  semaines,  au  nombre  de  1 000 
à  1200 La  fièvre  a  cédé  peu  à  peu  et  le  venlre,  qui  avait  acquis  un  vo- 
lume et  une  dureté  considérables,  s'est  affaissé  avec  le  temps.  Le  squirrhe  de 
larate  est  diminué  en  proportion;  la  convalescence  a  été  pénible  et  longue(l).» 

Obs.  CXXVITl  (W.  Musgrave).  —  Hydalides  rendues  par  les  selles;  une 
par  le  vomissement. 

V.  —  Il  s'agit  d'une  femme  de  Tiverlon,  âgée  de  trente  ans,  qui  souffrait 
dans  son  corps  et  qui  fut  prise  de  fièvre  quatre  mois  avant  la  visite  de 
W.  Musgrave;  cette  fièvre  dura  trois  semaines  et  s'accompagna  de  vomisse- 
ments et  de  douleurs  d'estomac.  Il  y  avait  trois  semaines  que  la  malade  avait 
été  prise  de  jaunisse  et  qu'elle  avait  rendu,  par  les  selles,  plusieurs  vési- 
cules ;  elle  avait  continué  à  en  rendre  tous  les  jours  ou  bien  tous  les  deux 
ou  trois  jours.  Ces  vésicules  étaient  de  dimensions  variées,  depuis  la  grosseur 
d'une  tête  d  épingle  jusqu'à  celle  d'un  œuf  de  poule;  leur  couleur  était  variable 
aussi  du  blanc  au  jaune,  suivant  celle  du  liquide  contenu. 

Avant  de  rendre  ces  vésicules,  la  malade  avait  des  douleurs  d'estomac,  de 
fréquentes  envies  de  vomir,  des  suffocations  hystériques,  qui  disparurent  en- 
suite. Ces  vésicules  étaient  évacuées  sans  douleurs,  les  unes  entières,  d'autres 
rompues;  les  premières  grosses  comme  des  noix  de  galle  ou  des  billes  de 
marbre,  les  secondes  semblables  à  des  peaux  de  groseilles  ou  de  prunes. 

Une  seule  de  ces  vésicules  fut  rendue  par  le  vomissement  ;  elle  était  rompue 
et  avait  dû  être  de  la  grandeur  d'un  œuf  d'oie;  son  contenu  était  plus  épais  et 
fétide.  Le  nombre  des  vésicules  évacuées  par  les  garderobes  peut  être  estimé 
à  plusieurs  vingtaines. 

On  ne  trouva  dans  ces  vésicules  aucune  partie,  aucun  organe,  qui  ait 
appartenu  à  un  insecte;  aucun  animal  n'existait  clans  le  liquide;  il  est  viai, 
dit  l'auteur,  que  n'ayant  point  de  microscope,  on  n'en  fit  l'examen  qu'à 
l'œil  nu. 

La  malade  se  remit,  recouvra  l'appétit  et  cinq  mois  après  la  première  visite 
de  Musgrave,  elle  p3rut  guérie  (2). 

Obs.  CXXIX  (Brillov  t,  Leroux,  Mérat).  —  Hydalides  rendues  par  les 
selles  ;  ouverture  à  l'extérieur  par  la  potasse  et  spontanée. 

VI.  —  Il  s'agit  d'une  femme  âgée  de  cinquante-cinq  ans.  qui  entra  à  la 
clinique  interne,  en  1803.  Elle  portail  dans  l'hypochondre  droit,  depuis  plus 
de  trente  ans,  une  tumeur  de  la  grosseur  des  deux  poings  réunis,  qui,  depuis 
un  an,   était  devenue  douloureuse;  à  la  suite  d'un  lavement,  elle  rendit  des 

(1)  Berlhelot,  Obsnrv.  sur  des  tœniœ  hydatigcnae  ou  hydalides  [Journ.  de  méd. 
chir.,  1790,  t.  LXXXIV,  p.  48). 

(2)  A  letler  from  D'  W.  Musgrave  to  D'  Flans  Sloane,  conceming  hydatides 
voidedby  slool.  in  Philosoph.  Transact.,  vol.  XXIV,  fortheyearilOi,  1705,  n"  2!>5, 
§111,  p.  1797. 


502  AFFECTIONS   VEUMINEÙSES    DES   CAVITÉS  SÉREUSES 

hydatides  au  nombre  de  quatre  ou  cinq,  do  la  grosseur  d'un  œuf  de  pigeon. 
BIlèB  étaienl  intactes  ou  crevées;  chaque  garderobe  en  amenait  autant.  La  tu- 
meur de  l'hypochondre  s'affaissa  ;  il  survint  une  nouvelle  tumeur  à  1  epigastre, 
qui  fut  ouverte  par  le  chirurgien  Brillouet,  avec  la  potasse  caustique;  il  en 
sortit  du  pus  et  des  hydatides  en  grand  nombre  ;  le  foyer  se  vida  peu  à  peu  et 
cinq  mois  après,  la  malade  parut  guérie.  Une  nouvelle  tumeur  apparut  près 
de  l'appendice  sternal  ;  elle  s'ouvrit  spontanément.  Il  survint  encore  un  autre 
abcès  auprès  de  ce  dernier;  il  en  sortit  du  pus  sanieux  et  beaucoup  de  bile, 
puis  deux  esquilles,  qui  parurent  venir  du  sternum  ;  enfin  la  guérison  se  fit. 
—  Celte  femme  passait  dans  son  quartier  pour  pondre  des  œufs  (I). 

Obs.  CXXX  (Blatin).  — Masse  d'hydalides?  rendues  par  l'anus.  —  Fré- 
missement hydatique  (1  801  ). 

VII.  —  U  s'agit  d'une  femme  âgée  de  vingt-huit  ans,  qui,  après  avoir 
éprouvé  pendant  quelque  temps  des  dérangements  dans  les  menstrues,  fut  prise 
de  refroidissement  des  extrémités,  de  crampes,  etc.  (1801).  «  Abdomen  du 
volume  d'une  grossesse  de  sept  mois,  sans  fluctuation  ;  la  percussion  lui  fai- 
sait éprouver  un  mouvement  de  totalité  avec  tremblotement  semblable  à  celui 
qu'eût  présenté  une  masse  de  gélatine.  Le  toucher  n'indiquait  ni  gestation,  ni 

augmentation  quelconque  du  volume  de  l'utérus »  La  malade  éprouvait 

des  nausées,  des  coliques  atroces,  des  syncopes,  une  constipation  opiniâtre,  etc. 
A  la  suite  d'un  lavement  purgatif,  «  elle  rend  par  l'anus,  dans  l'espace  d'une 
heure  et  demie,  environ  dix-sept  livres  d  hydatides  mêlées  à  une  grande  quan- 
tité de  sang  et  d'excréments...  les  plus  grosses  avaient  le  volume  d'une  petite 
noisette,  les  plus  petites  celui  d'un  pois;  elles  adhéraient  les  unes  aux  autres 
par  un  tissu  filamenteux  lâche  et  très  abreuvé  ;  elles  étaient  blanches,  formées 
par  une  membrane  d'un  blanc  argentin,  remplies  d'une  sérosité  limpide  et 
incolore,  dans  quelques-unes  ce  liquide  étaitjaunâtre » 

Immédiatement  après  cette  évacuation,  la  malade  éprouva  des  syncopes  et 
une  hémorrhagie  intestinale  assez  copieuse,  elle  se  rétablit  ensuite  complè- 
tement (2). 

Obs.  CXXXI  (docteur  Deciedx).  — Hydatides  rendues  avec  les  selles; 
incision  du  kyste;  guérison. 

VIII.  —  «  Un  homme  avait  depuis  plus  de  vingt  ans  des  obstructions;  il 
y  a  sept  ans  il  rendit  des  hydatides  par  l'anus.  Les  trois  quarts  de  la  partie 

(1)  Ce  cas  a  été  rapporté  par  trois  auteurs  différents  avec  quelques  variantes  ; 
mais  les  circonstances  de  l'âge,  de  l'année,  de  l'hôpital,  etc.,  ne  laissent  point  de 
doute  qu'il  ne  s'agisse  du  même  cas. —  Brillouet,  Observ.  sur  la  sortie  d'un  grand 
nombre  d'hydalides  par  l'anus,  suivie  d'accidents  graves  (Journ.  de  Corvisart, 
Boyer,  etc.,  t.  VII,  p.  237,  an  XII.  —  Leroux,  ouvr.  cit.,  t.  III,  p.  193,  obs.  X. 
—  Mérat,  Dict.  des  se.  médic,  art.  Foie). 

(2)  Blatin,  médecin  à  Clermont  (Puy-de-Dôme),  dans  Mcm.  de  la  Soc.  médic. 
d'émulation,  1802,  ann.  VI,  p.  165. 


NATURELLES  OU  ADVENTIVES.  —  HYDATIDES.        503 

supérieure  de  l'abdomen  étaient  occupés  par  une  lumeur  bosselée  dont  le 
siège  était  difficile  à  déterminer.  Deux  mois  environ  avant  l'époque  où  celte 
observation  est  écrite,  le  malade  ressentit  de  vives  douleurs  dans  l'abdomen 
et  un  mouvement  fébrile  s'alluma.  Sept  semaines  après  l'apparition  de  ces 
nouveaux  symptômes,  une  des  bosselures  les  plus  saillantes  de  la  tumeur  de- 
vint fluctuante  ;  le  malade  y  éprouvait  de  très  vives  douleurs.  Une  incision 
fut  pratiquée  sur  le  sommet  de  la  tumeur:  il  en  sortit  par  jet  une  assiette 
de  pus  et  un  liquide  brun  semblable  à  celui  que  l'on  rencontre  quelquefois 
dans  les  kvsles  de  l'ovaire;  il  en  sortit  de  plus  des  membranes  de  plusieurs 
pouces  de  longueur,  molles,  friables,  que  M.  le  docleur  Decieux,  auteur  de 
cette  observation,  regarda  comme  des  débris  d'hydatides.  Tendant  les  quatre 
jours  suivants,  du  pus  et  des  hydatides  s'écoulèrent  d'abord  en  abondance.  A 
l'époque  où  ceci  est  écrit  du  pus  seulement  s'écoule  sans  mélange  d  hydatides; 
l'abdomen  est  souple,  peu  douloureux,  toutes  les  bos-elures  ont  disparu  ;  le 
malade  est  très  faible,  mais  sans  fièvre;  les  évacuations  sont  libres  (1).  » 

Obs.   CXXXII  (docteur  Th.  Thompson).  —  Hydatides  rendues  avec  les 
selles;  ëchinocoques  dans  les  hydatides. 

IX.  —  Un  homme  âgé  de  vingt-sept  ans,  avait  depuis  six  mois  (nov.  1  845) 
les  symptômes  d'une  maladie  du  foie.  Cet  organe  distendait  le  côté  droit  de 
la  poitrine  et  descendait  jusqu'à  l'ombilic.  Des  vésicules,  qui  furent  reconnues 
pour  des  hydatides,  sortirent  avec  les  selles  et  le  foie  diminua  rapidement  de 
volume.  Des  échinocoques  furent  reconnus  dans  quelques-unes  des  hydatides. 
Le  malade  était  alors  amaigri  et  jaune,  mais  sans  fièvre  ;  l'expulsion  des  vési- 
cules n'était  point  accompagnée  de  vomissements  ni  de  diarrhée;  d'où  l'on 
peut  conclure,  dit  M.  Budd,  que  le  liquide  des  hydatides  n'est  pas  un  irritant 
violent  pour  la  membrane  muqueuse  du  tube  digestif  comme  il  l'est  pour 
d'autres  membranes.  L'expulsion  des  hydatides  continua  encore  quatre  ou 
cinq  semaines  ;  elle  cessa  alors  et  l'état  du  malade  s'améliora.  Quatre  mois 
après,  l'état  général  était  très  satisfaisant;  il  restait  sous  les  fausses  côtes 
droites  une  douleur  qui  revenait  par  intervalles;  mais  le  foie  ne  faisait  point 
de  saillie  sous  le  rebord  des  côtes  et  l'on  n'y  sentait  point  de  tumeur  (2). 

Obs.  CXXXIII  (Guillemin). 

X.  ■ —  Homme  âgé  de  soixante  ans;  tumeur  de  l'hypochondre  droit;  ex- 
pulsion d'un  grand  nombre  d'hydatides  par  les  selles  ;  disparition  de  la  tu- 
meur; guérison  (3).  v 

(1;  Andral,  Clin,  cit.,  t.  IV.  liv.  II,  obs.  XLV,  in  Scholiis,  1827,  p.  321. 

(2)  Docteur Theophilus  Thompson,  in  Budd,  ouvr.  cit.,  p.  443. 

(3)  V.  Guillemin,  Note  sur  un  bruit  particulier  produit  par  les  acéphalocystesau 
moment  de  leur  expulsion,  du  sac  qui  les  contient,  dans  la  cavité  intestinale  (Gaz. 
méd.  Paris,  1847,  p.  770). 


506  AFFECTIONS  VliRMINEl'SES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

Ons.CXXXIV  ( ?). 

XI.  —  Homme  âgé  de  vingt-quatre  ans.  Coliques  clans  la  région  du  foie, 
il  y  a  quatre  ans;  nouvelles  coliques,  il  y  a  deux  mois,  puis  à  l'époque  de  son 
entrée  à  l'Hôtel- Dieu  Douleur  au  foie  par  la  pression,  rénitence,  point  de 
fièvre:  apiè-  quelques  jours,  coliques  extrêmement  violentes  accompagnées 
de  cris,  diarrhée  avec  évacuation  d'hydatides,  cessation  des  coliques  ;  les  hy- 
datides  ont  la  grosseur  d'un  pois  à  celle  d'une  noisette,  la  plupart  sont  ou- 
vertes. Le  lendemain  et  deux  jours  après,  nouvelles  évacuations  semblables. 
Sortie  quinze  jours  après,  guérison  apparente  (1). 

Obs.  CXXXV(R.  Thompson). 

XII.  —  «  Un  cordonnier  âgé  de  trente-six  ans,  d'habitudes  tempérées, 
consulta  M.  Thompson  en  novembre  1848,  étant  souffrant  d'une  affection 
chronique  du  foie  ;  cet  organe  était  un  peu  augmenté  de  volume Il  con- 
tinua depuis  lors  à  aller  de  pis  en  pis,  le  foie  devint  énormément  hyper- 
trophié, se  prolongeant  en  bas  jusqu'à  l'ombilic,  à  gauche  jusqu'à  l'hypo- 
chondreet  soulevant  fortement  les  côtes  à  gauche  et  à  droite;  la  respiration 

était  accélérée la  jaunisse  finit  par  se  déclarer  et  les  fèces  prirent  une 

teinte  argileuse. 

»  Le  7  février  dans  la  matinée,  ML  Thompson  fut  appelé  en  toute  hâte  par 
cet  homme  qui  disait  que  quelque  chose  venait  de  se  rompre  au  dedans  de  lui  ; 
quand  il  arriva  il  trouva  qu'une  grande  quantité  d'hydatides  étaient  sorties 
par  le  rectum.  Le  foie  diminua  de  volume  et  le  malade,  quoique  ayant  été  très 
épuisé  sur  le  moment,  se  sentit  mieux  au  bout  d'une  heure.  Maintenant  il 
reprend  une  physionomie  plus  naturelle:  aucun  symptôme  fâcheux  ne  s'est 
manifesté  jusqu'ici  (2).  » 

Obs   CXXXVI  (Dupont). 

XIII.  —  «  Une  femme,  jeune  encore,  était  affectée  depuis  quatre  mois 
d'une  tumeur  hydatique  du  foie  qui  augmentait  très  rapidement  de  volume 
et  qui  menaçait  de  causer  l'asphyxie;  l'oppression  était  extrême;  il  y  avait 
un  peu  de  bronchite,  dont  on  put  heureusement  se  rend'e  maître.  Le  foie 
pré.-entait  d'abord  trois  bosselures,  puis  ces  trois  bosselures  disparurent, 

t  la  distension  de  la  tumeur  devint  extrême.  Le  docteur  Dupont,  qui  avait 
diagnostiqué  un  ky<te  hydatique  du  foie,  proposa  p'usieurs  fois  la  ponction 
de  la  tumpur  ;  elle  fui  toujours  repoussée.  C'est  alors,  et  quand  la  malade 
semblait  à  toute  extrémité,  que  cette  femme,  en  allant  à  la  selle,  entendit 
tout  à  coup  un  bruit  sourd  dans  son  abdomen,  et  vit  sa  tumeur  s'affaisser 
rapidement.  Le  docteur  Dupont  reconnut,  pour  la  première  fois,  la  présence, 

(1)  Bulletin  général  de  thérapeutique,  1848,  t.  XXXIV,  p.  153. 

(2)  R.  Thompson,  Sur  une  tumeur  hydatique  du  foie  évacuée  par  le  canal  intes- 
tinal (The  Lance!,  janv.-mars  1849,  extrait  dans  Gaz.  méd.  Paris,  1849,  t.  IV. 
p.  681"!- 


NATURELLES   OU    ADVtNTiVES.    —   HYDATIDES.  505 

dans  les  garderobes,  d'hydatides  flétries.  Les  matières  continrent  de  nom- 
breuses hydatides  pendant  quatre  jours.  A  partir  de  cette  époque,  elles  dispa- 
rurent, et  une  convalescence  franche  se  déclara  ;  cinq  semaines  plus  tard, 
cette  femme  put  reprendre  ses  travaux.  Deux  ans  et  demi  après  le  début  de 
la  maladie,  les  règles,  supprimées  depuis  la  première  apparition  de  la  tumeur, 
se  rétablirent.  La  guérison  ne  s'est  pas  démentie  (4).  » 

XIV-XV.  —  Voyez  encore  les  cas  précédemment  rapportés  de  Laennec 
(obs.  XXXVI)  et  du  docteur  Perrin  (obs.  XCIX). 

3°  Cas  dont  la  terminaison  n'est  pas  indiquée. 

Obs.  CXXXV1I  (Bidloo). 
XVI.  —  Bidloo  rapporte  qu'un  médecin  (Cossonius)  avait  donné  des  soins 
à  un  malade  qui  rejeta  par  l'anus  des  hydatides  ;  la  quantité  de  ces  vésicules 
s'élevait  à  plusieurs  livres.  Bidloo  ne  donne  aucun  détail  sur  la  maladie,  mais 
il  donne  la  figure  des  hydatides  (2). 

Obs.  CXXXVIII  (Portal). 
XVII. — Portal  dit  qu'un  malade  dont  il  a  parlé  dans  son  Trailé  de  la  phthisie 
rendait  quelquefois  par  les  selles  des  hydatides  qui  avaient  le  volume  d'un 
œuf  de  poule.  Point  de  détails  (3). 

Obs.  CXXXIX  (We.gel). 

XVIII.  —  Hydatides  rendues  par  les  selles  et  provenant  probablement  du 
foie,  conservées  dans  l'alcool  et  communiquées  à  Rudolphi.  Point  de  détails 
sur  la  maladie  (4). 

Obs.  CXL  (Casini). 

XIX.  —  Femme,  tuméfaction  de  l'hypochondre  droit,  sensation  de  déchi- 
rement avec  expulsion  par  l'anus  d  hydatides  ou  acéphalocystes  ovoïdes  et 
granuleuses;  mouvement  deformicalion  accompagnant  cette  expulsion  donné 
comme  signe  de  l'existence  des  hydatides  (5). 

Obs.  CXLI  (Le  Houx).  —  Hydatides  rendues  par  les  selles;  tumeur  de 
lu  fosse  iliaque  gauche. 

XX.  —  Fille  de  trente-sept  ans,  tumeur  dans  la  fosse  iliaque  gauche  ; 
évacuation  d'hydatides  par  les  garderobes,  affaissement  de  la  tumeur.  Réap- 

(1)  Dupont,  Gaz.  méd.  de  Paris,  1853,  p.  66,  et  Cadet  de  Gassicourt,  thèse 
cit.,  p.  19. 

(2)  G.  Bidloo,  Exercil.  anal,  chirurg.  decas.  Lugduni-Batavorum,  1704,  p.  18. 

(3)  Portal,  Anat.  med.ciL,  t.  V,  p.  198. 

(4)  Rudolphi,  Enl.  hist.,  t.  II,  pars  2,  p.  248. 

(5)  Antologia.  giorn.  di  .<**.,  etc.  Fironzc,  1827,  et  .lourn.  des  Progrès,  t.  V, 
p.  253. 


506  AFFECTIONS  \ï,  mu  m; ti. si: s  DES  CAVITÉS  SÊRÈOSES 

paritions  et  affaissements  successifs  de  la  limiour.   Point  de  terminaison  in- 
diquée (1). 

G.  —  Hydatides  rendues  par  le  tube  digestif  et  d'autres  voies. 

Obs.  CXLII  (Goyrand  d'Aix).  ■ —   Hydatides  évacuées  par  les  bronches 
et  par  le  tube  digestif. 

I. —  «Trois  kystes  hydatiques  du  foie  s'ouvrant  spontanément,  le  premier 
en  1833  dans  les  bronches,  le  second  en  1845  dans  l'estomac,  et  le  dernier 
en  1848  dans  l'intestin.  Guérison  (2).  » 

II.  —  Voyez  encore  le  cas  précédemment  rapporté  de  Hill  de  Dumfries 
(obs.  LXXXII1). 

Obs.  CXLIII  (Pascal). — Hydatides  rendues  par  les  selles  et  par  l'urèthre. 

III.  —  Homme;  phénomènes  variés,  douleurs  des  lombes;  évacuation 
d'hydatides  par  l'anus,  précédée  de  plusieurs  selles  très  sanguinolentes; 
évacuation  par  l'urèthre  d'une  hydatide  grosse  comme  un  œuf  de  poule;  gué- 
rison après  une  longue  convalescence  (3). 

Obs.  CXLIV  (Barthez).  —  Hydatides   rendues   par  les   selles  et  par 
l'urèthre? 

IV.  —  Il  s'agit  d'une  femme  âgée  de  trente-neuf  ans,  qui  ressentit,  après 
un  effort,  une  douleur  violente  dans  le  flanc  droit  ;  la  douleur  persista  en 
diminuant.  Apparition  de  phénomènes  plus  aigus,  nécessité  de  garder  le  lit; 
tumeur  au  point  douloureux,  augmentation  graduelle  de  la  tumeur;  peu  à  peu 
possibilité  de  se  lever,  de  marcher;  entrée  à  l'hôpital  ;  dépérissement  notable. 
Tumeur  dans  le  flanc  droit  recouverte  par  le  foie;  après  quelques  semaines 
évacuation  d'hydatides  par  les  selles,  diminution  de  la  tumeur;  pendant 
quinze  jours,  évacuations  semblables  de  temps  à  autre,  frissons  répétés  ;  rejet 
par  les  selles  d'une  certaine  quantité  de  pus  avec  une  dernière  hydatide. 
Vésicule  hydatique?  et  pus  rendus  par  les  urines;  cessation  graduelle  des 
symptômes,  disparition  de  la  tumeur.  Guérison  après  neuf  mois  et  demi  de 
maladie  (4). 

V.  —  Voyez  encore  le  cas  de  Brun  (obs.  CLXVII),  hydatides  du  petit 
bassin  évacuées  par  les  selles  et  par  les  urines. 

(1)  Docteur  le  Houx,  Tumeur  hydatique  abdominale,  ruptures  spontanées  et  pé- 
riodiques du  kyste  suivies  de  l'excrétion  de  son  contenu  par  la  voie  intestinale 
(Jow-n.  de  la  sect.  de  méd.  de  la  Loire-Inférieure,  1856.  et  Gaz.  <méd.  de  Paris, 
1856,  t.  XI,  p.  783). 

(2)  Gazette  des  hôpitaux,  1850,  p.  100. 

(3)  Fourcioy,  Médecine  éclairée  par  les  sciences  physiques.  Paris,  1791,  t.  I, 
p.  87,  cité  dans  Chopart,  ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  153,  note,  et  Kayer,  ouvr.  cit., 
p.  554,  note. 

(4)  Barthez,  Cas  observé  dans  le  service  de  Chomel,  4  janvier  1844  (Cadet  de 
Gassicourt,  thèse  citée,  p.  20). 


NATURELLES   OU    ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  507 

Les  auteurs  suivants  sont  encore  cités  comme  ayant  observé  des 
hydatides  évacuées  par  les  vomissements  ou  par  les  selles,  ou  comme 
ayant  fait  mention  de  cas  de  ce  genre. 

Wm.  Scott  of  Hawick.  Account  of  lujdatid  discharged  b\j  stool  (Médical 

commentaries,  1773-1795,  vol.  V,  p.  183). 

Bonomo.   Hydatides  évacuées  par  l'intestin  (Transact.  philosopli.,  n"  295, 

cité  par  H.  Cloqnet). 

Powel.  London  med.  journal,  VI,  p.  139.   (Ploucquet.) 

Astrdc.  Traité  des  tumeurs,  t.  I.  (Ploucquet.) 

Baldinger  N.  mag.,  IV  B.,  p.  556,  XB,  p.  345  et  vaginam.  (Ploucquet.) 

—  Arzneykundige   Beobachiungen    eines   arztes,    in  Amsterdam,   n°    1 8. 

(Ploucquet.) 

Barthomn,  epist.  IV,  p.  491,  503.  (Ploucquet.) 

Ettmuller,  Pr.  de  vesiculis  e  recto  erumpenti  bus.  Lipsise,  1731  .(Ploucquet.) 

Gilibert,  Advers.  pract.  prim.,  p.  28S.  (Ploucquel.) 

Heuermann,  Vermischte  Bemerkungen,  II,  p.  227.  (Ploucquet. 1 

Lambsma,  Fluxus  ventris  multiplex,  c.  12.  (Ploucquet.) 

Nashuys,  in  Verhandel  van  Vlissingen  v.  aiis.  abh.  fur  pr.  Aerzte,  V.  B., 

p.  51 1 .  (Ploucquet. ) 

Riedlin,  Lineœmedicœ,  1696,  p.  232.  (Ploucquet.) 
Riveriïïs,  Observ.,  cent.  III,  n°  -17;  IV,  n°  48.  (Ploucquet.) 
Tieffenbach,  in  Act.  mat.  Balth.  1703,  decemb.  (Ploucquet.) 
Tode,  Med.  chir.,  Bibl.  II,  B.  3,  p.  198,  in  icterico.  (Ploucquet.) 
Vallisneri,  Raccolta  di  varie  osservazioni,  etc.  (Ploucquet.) 


CHAPITRE  III. 

TUMEURS   HYDATIQUES   S'OUVRANT   A   TRAVERS   LA   PAROI   ABDOMINALE. 

Les  hydatides  du  foie  ou  celles  qui  se  développent  en  dehors  de 
cet  organe  dans  les  viscères  de  l'abdomen,  s'ouvrent  quelquefois 
spontanément  à  travers  les  parois  du  ventre  ;  les  vésicules  et  les 
matières  contenues  dans  le  kyste  sont  évacuées  au  dehors  et  la  gué- 
rison  peut  en  être  la  suite  ;  d'autres  fois  l'ouverture  se  ferme  pour 
se  rouvrir  plus  tard,  ou  bien  la  tumeur  s'ouvre  de  nouveau  dans 
l'intestin. 

Des  tumeurs  hydatiques  de  l'abdomen,  prises  pour  des  abcès,  ont 


SOS  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DLS  CAVITÉS  6ÉREUSES 

aussi  été  quelquefois  ouvertes  par  l'instrument  tranchant  ou  par  la 
potasse  caustique  à  travers  les  parois  abdominales. 

A.   —  Ouverture  spontanée. 
1"   Cas  de  guéri  sou. 

Ons.  CXLV  (Plateb). 

I.  —  «  Plater  parle  d'une  fille  âgée  de  vingt  ans,  qui,  après  avoir  éprouvé 
longtemps  une  tension  douloureuse  dans  l'hypochondre  droit,  vit  s'y  former 
une  tumeur  qui  fut  prise  pour  un  squirrhe  et  s'ouvrit  spontanément.  Il  sortit 
à  diverses  reprises  de  la  sérosité  limpide  et  des  hydatides  qui  étaient  lancées 
au  loin.  La  malade  guérit  parfaitement  (l).  » 

Ons.  CXLVI  (Guattani). 

II.  —  «  Un  homme  âgé  de  quarante  ans,  avait  dans  la  région  du  foie  une 
tumeur  dure,  rénilente,  circonscrite,  avec  tension,  et  qui  se  prolongeait  vers 
la  ligne  blanche  et  l'ombilic.  En  touchant  celte  tumeur,  on  sentait  assez  dis- 
tinctement dans  son  centre  une  fluctuation  sourde,  obscure  ;  du  reste,  le  ma- 
lade ne  souffrait  point  et  son  teint  était  bon.  Cet  examen  ne  donnant  pas  une 
idée  bien  précise  de  la  maladie,  Guattani  crut  plus  convenable  de  temporiser 
que  d'agir  et  conseilla  seulement  un  régime  de  vie  très  exact,  que  le  malade 

observa  pendant,  plusieurs  mois Au  bout  de  neuf  mois,  il  y  avait  dans 

l'épigastre  une  tumeur  ovale,  légèrement  enflammée,  un  peu  douloureuse, 
avec  fluctuation.  La  peau  était  amincie  dans  le  centre  de  la  tumeur  qui  pa- 
raissait devoir  s'ouvrir  prochainement quelques  jours  après,  elle  se  creva 

dans  un  accès  de  toux  assez  vive  et  il  sortit  avec  impétuosité  par  une  très 
petite  crevasse  des  téguments,  capable  de  recevoir,  au  plus,  un  tuyau  de 
plume  médiocre,  plus  de  trois  cents  hydatides  entières,  qui  furent  lancées  à 
une  très  grande  distance.  Un  stylet  introduit  dans  cette  ouverture  fil  distin- 
guer un  grand  vide  dont  il  ne  fut  pas  possible  de  parcourir  l'étendue,  mais 
qui  se  dirigeait  vers  la  face  concave  du  foie.  Pendant  quelques  jours  on  fit 
des  injections  qui  résinaient  au  dehors.  La  crevasse  ne  se  ferma  point,  elle 
devint  fisluleuse  et  donna  issue  à  une  très  petite  quantité  de  séro.-ité,  sans 
que  le  malade  en  fût  sensiblement  incommodé.  Il  fut  même  assez  fort  pour 
reprendre  son  état  de  domestique.  Au  bout  de  six  ans,  la  fistule  se  ferma  com- 
plètement et  ce  malade  se  trouva  radicalement  guéri,  sans  qu'il  se  soit  jamais 
fait  aucune  exfoliation  du  kyste  (2).  » 

Obs.  CXLVII  (Roux). 

III.  —  a  M.  Roux  m'a  raconté,  dit  M.  Cruveilhier,  qu'il  fut  appelé  auprès 

(1)  Observ.  sélect.,  observ.  XVIII,  p.  44,  cité  par  Cruveilhier,  art.  Acéph., 
p.  223. 

(2)  Guattani,  De  extemis  aneurysmatibus.  Romae,  1772,  p,  119,  rapporté  par 
Lassus,  Mém.  cit.,  obs.  X,  et  Me'm.  Acafl.  roy.  des  sciences,  1767. 


NATURELLES  OU   ADVENfïVES.    —   HYIMTIDËS.  50(J 

d'une  dame  qui  avait  à  l'ombilic  une  tumeur  qu'on  avait  prise  pour  une 
hernie  et  sur  laquelle,  je  crois,  on  avait  appliqué  un  bandage.  La  peau  qui 
recouvrait  la  tumeur  s'ouvrit  spontanément;  suivirent  quelques  accidents 
qu'on  crut  devoir  attribuer  à  1  étranglement.  Une  surface  convexe,  blanche, 
proéminail  à  travers  l'ouverlure  de  la  peau,  on  la  prit  pour  le  sac  herniaire. 
M.  Roux  fait  quelques  débridemenls  qui  lui  paraissent  nécessaires  pour  lever 
l'étranglement.  Quelle  n'e?t  pas  sa  surprise,  lorsqu'il  voit  que  ce  prétendu 
sac  herniaire  n'était  autre  chose  qu'une  acéphalocyste  !  La  malade  guérit  par- 
faitement (1).  » 

IV,  V,  VI,  VII.  —Voyez  encore  les  observations  V,  LXXXIII,  CXïX, 
CXXIX. 

2°  Cas  de  mort. 

Obs.  CXLVIII  (Lecat). 

VIII.  —  «  Le  20  septembre  1739,  mourut  à  l'hôpital  de  Rouen  une 
femme  qui  avait  un  abcès  dans  l'hypochondre  droit,  par  lequel  sortirent  des 
hydatides;  elle  avait  de  plus  une  tumeur  très  volumineuse  dans  l'hypochondre 
gauche.  Son  corps  fut  ouvert:  l'abcès  de  l'hypochondre  droit  était  sous  la 
membrane  propre  du  foie.  La  tumeur  du  côté  gauche  était  presque  aussi  volu- 
mineuse que  la  tète  d'un  adulte  et  deux  fois  aussi  longue,  elle  était  située  sur 
la  rate,  s'étendait  sur  les  parties  flottantes  du  bas-ventre,  les  avait  déplacées 
et  soulevait  en  dehors  les  téguments.  Cette  tumeur  était  un  grand  kyste 
épais,  rempli  d'hydatides,  d'eau  très  claire  et  de  fausses  membranes  (2).  » 

Obs.  CXLIX  (Veit). 

IX.  —  Il  s'agit  d'une  femme,  d'un  âge  moyen,  chez  laquelle  un  abcès  dans 
la  région  du  foie  s'ouvrit  spontanément  entre  ta  dixième  et  la  onzième  côte. 
Cet  abcès  donna  issue  à  plusieurs  centaines  d'hydatides  de  la  grosseur  d'un 
pois  à  celle  d'un  œuf  de  pigeon  ;  la  malade  mourut  en  très  peu  de  temps. 

On  trouva,  à  Yautopsie,  une  inflammation  purulente  du  péritoine.  Le  siège 
de  l'abcès  était  en  avant  et  à  droite,  entre  la  face  inférieure  du  diaphragme  qui 
était  refoulé  jusqu'à  la  septième  côte  et  la  partie  supérieure  du  foie  (3). 

B.  —  Ouverture  par  l'instrument  tranchant  ou  les  caustiques  (voy.  le  traitement). 

(1)  Cruveilhier,  Dictionnaire  de  médecine  et  de  chirurgie  pratiques,  art.  Acépha- 
locystes,  cité  p.  224. 

(2)  Philosopha  transact.,  ann.  1739  et  1740,  vol.  XLI.  p.  712,  rapporté  par 
Lassus,  obs.  IV. 

(3)  D.  Veit,  Einige  Bemerkungen  iiber  die  Entstehnng  der  Hydaliden,  in  Arch. 
fur  die  physiol.  von  Reil,  Zweiter  Band.  Halle.  1797,  S.  486. 


51 0  AFFECTIONS   VFUMINEUSES   DES   CAVtTÊS  SEREUSES 

CINQUIÈME  SECTION. 

HYDATIDES    DL'     PF.T1T    BASSIN. 

Si  les  hydatides  de  la  cavité  abdominale  n'occasionnent  d'acci- 
dents que  lorsqu'elles  ont  acquis  un  grand  volume,  circonstance  qui 
tient  à  la  laxité  des  parois  de  cette  cavité  et  au  déplacement  facile 
des  organes,  il  n'en  est  plus  de  même  lorsque  les  vésicules  se  sont 
développées  dans  le  petit  bassin  :  l 'inextensibilité  des  parois,  en 
donnant  un  point  d'appui  à  la  tumeur  ou  bien  en  s'opposant  au  dé- 
placement des  viscères,  détermine  la  compression  des  organes  pel- 
viens et  consécutivement  les  accidents  les  plus  graves.  Le  docteur 
Charcot,  qui  a  fait  sur  ces  tumeurs  un  bon  travail,  en  a  rassemblé 
douze  observations  (1),  nous  en  signalerons  encore  plusieurs  autres; 
cette  affection  n'est  donc  pas  tout  à  fait  rare. 

Les  hydatides  de  la  cavité  pelvienne  se  développent  ordinairement 
dans  le  tissu  cellulaire  extra-péritoneal  qui  revêt  les  organes  con- 
tenus dans  cette  cavité.  Chez  l'homme  elles  n'ont  pas  d'autre  siège 
primitif;  mais  chez  la  femme  un  kyste  développé  dans  l'ovaire  peut 
tomber  dans  le  cul-de-sac  recto-vaginal  et  amener  les  mêmes  acci- 
dents que  s'il  s'était  développé  primitivement  dans  cette  région.  Les 
deux  cas  suivants,  dont  nous  ne  donnerons  qu'une  analyse  sommaire, 
en  offrent  des  exemples  : 

Obs.   CL   (Basset).    —   Hydatides   de  l'ovaire;   constipation,   ischurie. 
Mort. 

I.  —  Une  femme  âgée  de  trente  ans,  avait  à  la  région  hypogastrique  une 
tumeur  qui  faisait  saillie  dans  le  vagin  et  le  rectum,  et  qui  élait  très  appré- 
ciable par  le  toucher  rectal  et  vaginal.  Constipation,  rétention  d'urine;  ca- 
thétérisme  difficile,  quelquefois  impossible.  Mort  dans  un  état  adynamique. 

Autopsie.  Un  des  ovaires,  transformé  en  un  kyste  hydatique  de  la  grosseur 
d'une  tête  d'adulte,  était  tombé  dans  le  cul-de-sac  recto-vaginal  et  avait  con- 
tracté des  adhérences  avec  les  organes  voisins.  Liquide  purulent  et  hydatides 
volumineuses  dans  la  tumeur.  Une  autre  kyste  hydatique  dans  l'épiploon 
grstro-splénique  (2). 

(1)  Charcot,  Mém.  sur  les  kystes  hydaliques  du  petit  bassin  (Mém.  Soc.  biologie, 
1852,  t.  IV,  p.  101.) 

(2)  Bull.  Soc.  anat.,  1828.  Cruveilhier,  art.  Acéphal.,  et  Charcot,  Mém.  cit. 


NATUftELtES  OU   AOVENTIVES.    —  HYDATIDES.  511 

Obs.  CLI  (P.  Dubois  et  Boivin).   —  Hydatides  de  l'ovaire,  incision  par  le 
vagin.  Mort. 

II.  —  Femme;  tumeur  remontant  jusqu'à  la  face  inférieure  du  foie,  et 
soulevant  les  parois  postérieures  du  vagin  ;  incision  à  travers  les  parois 
vaginales  ;  issue  de  20  litres  de  matière  analogue  à  de  la  bouillie;  mort  un 
mois  après.  — La  tumeur  appartenait  à  l'ovaire  gauche  et  contenait  des  hy- 
datides et  de  la  matière  tuberculeuse  (1  ). 

Les  kystes  du  petit  bassin  ou  ceux  de  l'ovaire  qui  tombent  dans 
cette  cavité  contractent  souvent  des  adhérences  plus  ou  moins  éten- 
dues et  plus  ou  moins  fortes  avec  les  organes  voisins  ;  ils  compri- 
ment le  rectum,  la  vessie,  le  vagin,  repoussent  en  haut  et  en  avant, 
contre  le  pubis  ou  contre  la  paroi  antérieure  de  l'abdomen,  l'utérus 
ou  la  vessie  qu'ils  aplatissent  et  déforment  plus  ou  moins. 

Obs.  CLII  (Perrin).  —  Kyste  hydalique  développé  dans  le  petit  bassin; 
autre  kyste  dans  la  capsule  surrénale;  hernie  de  la  vessie. 

III.  —  Dans  le  cadavre  d'un  homme  âgé  d'environ  soixante  ans,  on  trouva 
un  kyste  hydatique  considérable  qui  remplissait  presque  toute  la  capacité  du 
petit  bassin.  «  L'une  des  extrémités  de  son  grand  diamètre  reposait  sur  le 
rectum,  vers  le  niveau  de  la  troisième  pièce  du  sacrum  ,  et  prenait  des  adhé- 
rences solides  sur  l'aponévrose  périnéale  supérieure,  par  l'intermédiaire  d'une 
bande  fibreuse  disposée  transversalement  dans  une  étendue  de  8  centimètres. 
L'autre  extrémité,  dirigée  en  haut  et  en  avant,  avait  franchi  le  détroit  supé- 
rieur du  petit  bassin,  et  remontait  jusqu'à  5  centimètres  au-dessous  de  l'om- 
bilic. Par  la  palpalion  et  la  percussion,  on  pouvait,  malgré  l'épaisseur  des 
parties,  la  découvrir  et  la  limiter  dans  la  région  hypogastrique  avec  la  plus 
grande  facilité.  Ainsi,  comme  on  le  voit,  sa  direction  et  sa  situation  étaient 
tout  à  fait  celles  de  l'utérus,  à  cette  époque  de  la  grossesse  où,  trop  à  l'étroit 
dans  la  cavité  du  petit  bassin,  il  s'élève  dans  la  cavité  abdominale. 

»  En  cherchant  à  apprécier  les  rapports  du  kyste,  j'ai  trouvé  un  très  re- 
marquable déplacement  de  la  vessie  sur  lequel  j'appelle  toute  l'attention  ,  car 
il  ne  s'est  pas  encore  présenté  en  pareil  cas.  La  moitié  antéro-supérieure  de 
la  vessie  a  abandonné  le  petit  bassin  pour  venir  se  loger  dans  la  cavité  scro- 
tale  du  côté  gauche,  de  telle  façon  que  la  forme  totale  de  l'organe  est  celle  d'un 
bissac  contourné  en  fer  à  cheval  et  embrassant  dans  sa  concavité  l'os  du 
pubis. 

»  La  portion  herniée  forme  une  tumeur  volumineuse,  allongée  et  parfaite- 
ment semblable  à  une  hernie  inguinale  ordinaire.  En  pratiquant  le  taxis, 
l'urine  s'écoule  par  le  canal  ;  la  tumeur  s'affaisse  et  ne  représente  plus  qu'une 

(1)  Revue  médicale,  1838,  et  Cbarcot,  Mém.  cil. 


512  AH'IICTIONS   VIIUMI.M.ISKS   nl.S  CÀVlTÉS  SÉatûsÈs 

masse  ovoïde,  dure  et  rénitente  au  toucher.  A  la  dissection,  je  la  trouve  com- 
posée de  la  peau,  du  dartos,  d'un  tissu  grais-eux  très  abondant,  au  milieu 
duquel  se  trouve  une  poche  vésicale  à  tuniques  hypertrophiées  et  pouvant 
contenir  environ  150  grammes  de  liquide.  Le  testicule,  le  cordon,  recou- 
verts de  la  tunique  vaginale,  sont  rcjelcs  en  arrière  et  en  dehors. 

»  La  portion  non  herniée  est  constituée  par  le  bas- fond  de  la  vessie,  soulevé 
et  entraîné  derrière  la  symphyse  pubienne;  enfin  la  portion  rétrécie  du  bissac 
appuie  sur  la  branche  horizontale  du  pubis,  en  dehors  de  l'épine  de  cet  os, 
et  y  prend  de  nombreuses  adhérences.  Les  uretères  descendent  jusqu'au  fond 
du  petit  bassin,  s'accolent  sur  les  faces  latérales  du  kyste,  comme  on  peut  le 
voir  sur  la  pièce,  et  remontent  de  bas  en  haut  et  d'arrière  en  avant  pour  ga- 
gner le  bas-fond  de  la  vessie. 

»  Le  péritoine  ne  pénètre  plus  dans  le  petit  bassin  en  arrière;  au  niveau 
de  la  symphyse  sacro-iliaque,  il  quitte  la  face  antérieure  du  rectum,  se  porte 
sur  la  tumeur,  qui  en  est  coiffée  dans  toute  sa  portion  abdominale,  puis  re- 
descend vers  les  pubis,  touche  à  peine  en  ce  point  à  la  vessie,  et  se  coutinue 
avec  le  péritoine  pariétal  derrière  l'anneau  inguinal  externe.  » 

Le  kyste  avait  la  grosseur  d'une  tête  de  fœtus  à  terme  ;  ses  parois  étaient 
fibreuses  et  en  un  point  cartilagineuses;  il  contenait  de  nombreuses  hydatides 
dans  lesquelles  se  trouvaient  des  échinocoques. 

Il  existait  un  autre  kyste  volumineux  dans  la  capsule  surrénale  droite;  il 
n'y  en  avait  dans  aucun  autre  organe  (1). 

Soit  par  la  compression,  soit  par  le  déplacement  de  la  vessie,  soit 
par  la  compression  de  la  prostate,  de  l'urèthre  ou  par  le  change- 
ment de  direction  qu'elles  donnent  à  ce  canal,  les  tumeurs  hyda- 
tiques  mettent  souvent  obstacle  à  l'émission  des  urines  ;  la  réten- 
tion de  ce  liquide  est  quelquefois  complète  et  le  cathélérisme 
impossible. 

Obs.  CLIIl  (Lelouis).  —  Ischurie;  ponction  hypogastrique.  Mort. 
IV. —  «  Un  charpentier,  âgé  d'environ  quarante  ans,  après  3voir  éprouvé 
des  dificullés  d'uriner,  eut  une  rétention  totale  d'urine.  On  ne  put  le  sonder, 
mais  après  lui  avoir  donné  les  soins  ordinaires,  comme  saignées,  fomenta- 
tions, etc.,  on  parvint  à  lui  passer  une  sonde  dans  la  vessie.  Il  en  fut  sou- 
lagé d'une  manière  si  efficace,  qu'on  le  crut  guéri  et  qu'on  lui  ôta  cet  instru- 
ment au  bout  de  deux  jours.  Peu  de  temps  après  il  eut  encore  de  la  peine  à 
uriner;  nouvelle  rétention  ;  il  resta  deux  jours  sans  uriner;  il  prit  peu  de 
boisson,  et,  naturellement  dur  au  mal,  il  continua  de  travailler  de  son  état. 
Le  troisième  jour,  comme  il  faisait  très  chaud,  il  ne  put  résister  à  la  soif  et 
il  but  abondamment.  La  vessie,  plus  distendue  par  l'amas  de  l'urine,  s'éleva 

(1)  Perrin,  Kyste  hydatique  du  petit  bassin  ayant  déterminé  une  hernie  de  la 
vessie  {Comptes  rendus  Soc  biologie,  ann.  1853,  t.  V,  p.  -155). 


NATURELLES   OU   ADVENTlVES.    —   HYDATIDES.  513 

davantage  au-dessus  des  pubis;  les  douleurs  pour  uriner  augmentèrent,  et 
après  de  grands  efforts  il  sortit  de  l'urine  par  l'urèthre.  Le  malade  ne  fut  pas 
beaucoup  soulagé  par  cette  évacuation,  les  urines  continuèrent  à  s'écouler 
par  regorgement,  enfin  elles  s'arrêtèrent  tout  à  fait.  On  le  transporta  à 
l'hôpital  de  Rochefort.  Le  chirurgien  en  chef  de  cet  hôpital,  ne  pouvant  par- 
venir à  faire  pénétrer  des  sondes  de  différentes  espèces  dans  la  vessie,  fit 
mettre  le  malade  dans  un  bain;  il  essaya  ensuite  de  le  resonder,  et  cette 
tentative  fut  encore  sans  succès  :  il  lui  fit  ensuite  une  ponction  au-dessus  du 
pubis.  Cette  opération  procura  l'évacuation  d'environ  une  pinte  et  demie 
d'urine,  et  de  suite  le  soulagement  du  malade.  On  put  alors  passer  une  sonde 
par  l'urèthre  dans  la  vessie,  et  l'on  retira  sur-le-champ  la  canule  du  tro- 
cart.  La  plaie  de  la  ponction  se  guérit  en  deux  jours  ;  tous  les  accidents  se 
calmèrent.  Le  sixième  jour,  le  bon  état  du  malade  détermina  à  ôter  la  sonde. 
C'était  moins  prématurément  que  la  première  fois,  mais  encore  trop  tôt  ;  le 
ressort  de  la  vessie  ne  pouvait  pas  être  rétabli  en  si  peu  de  temps,  aussi  la 
rétention  de  l'urine  ne  tarda-t-elle  pas  à  se  faire  sentir.  Le  malade,  qui  était 
sorti  de  l'hôpital,  y  fut  reconduit  deux  jours  après.  Il  avait  les  symptômes  les 
plus  alarmants  de  la  rétention  d'urine.  On  ne  put  le  sonder  ;  il  eût  fallu 
faire  une  autre  ponction  à  la  vessie,  on  ne  la  fit  pas  ;  le  malade  mourut  dans 
la  nuit. 

»  M.  Lelouis  fit  l'ouverture  du  corps.  Il  trouva  la  vessie  soulevée  par  une 
tumeur  située  entre  ce  viscère  et  le  rectum.  Cette  tumeur  ovalaire.  du  vo- 
lume d'un  boulet  de  douze  livres,  était  libre  et  mobile  entre  ces  parties.  Elle 
ne  tenait  que  par  un  pédicule  de  la  grosseur  du  petit  doigt.  Ce  pédicule 
était  fixé  au  repli  du  péritoine  qui  forme  le  ligament  postérieur  et  inférieur  de 
la  vessie.  Cette  tumeur  étant  ouverte,  il  s'écoula  une  sérosité  limpide  et  ino- 
dore. On  trouva  dans  la  cavité  dix  hydatides  de  la  grosseur  d'une  noix,  sans 
adhérences  entre  elles  ni  avec  la  poche  commune  qui  les  renfermait.  Elles 
étaient  remplies  de  sérosité;  leurs  parois  membraneuses  étaient  plus  minces 
que  celles  de  la  poche  extérieure.  On  conserve  ces  hydatides  dans  le  cabinet 
analomiquede  l'hôpital  de  Rochefort.  Il  ne  parut  aucune  affection  particulière 
à  la  vessie,  à  lurèthre,  nia  la  prostate  (1).  » 

Obs.  CLIV  (John  Hunter).  —  Rétention  d'urine.  Mort. 

V.  —  Homme,  quarante-six  ans,  difficulté  plus  ou  moins  grande  d'uriner 
pendant  quatre  ou  cinq  semaines;  mort  subite.  —  Vessie  contenant  environ 
six  pintes  d'urine.  —  Tumeur  volumineuse  située  entre  son  col  et  le  rectum, 
remplissant  complètement  le  bassin  et  repoussant  la  vessie  en  avant  et  en 
haut;  beaucoup  d'eau  et  d'hydatides  dans  la  tumeur.  Deux  ou  trois  kystes 
hydatiques  plus  petits  au  voisinage  du  col  de  la  vessie,  plusieurs  kystes  hy- 
datiques  adhérents  à  la  rate  et  réunis  en  une  tumeur  volumineuse  (2). 

(1)  Acad.  de  chirurgie,  novembre  1789. — ■  Chopart,  ouvr.  cit.,  t.  II,  p.  144. 

(2)  J.  Huoter,  Medic.  and  chirurg.  Transact.,  1793,  vol.  I,  p.  35,  et  Charcot, 
Mém.  cit. 

Davaink,  35 


51 'l  AFFKCI  IONS    VF.HUIMISI.S   DES    CAVITÉS   SÊUKL'SFS 

Obs.  CLV  (Lesauvàge).  —  Ischurie,  ponction  de  la  vessie.  Mort. 

VI.  —  Homme,  soixante  et  un  ans,  premiers  symptômes  d'une  tumeur 
abdominale  datant  de  vingt  ans.  En  1811,  ischurie,  cathélérisme  difficile. 
En  1812,  renouvellement  des  mêmes  phénomènes,  existence  d'une  tumeur 
du  petit  bassin  constatée  par  le  toucher  rectal.  Ponction  de  la  vessie  par  le 
rectum,  issue  parla  canule  d'un  liquide  limpide  et  incolore.' —  Aussitôt  l'urine 
s'écoule  très  facilement  par  la  verge  ;  Lesauvage  diagnostique  alors  l'existence 
d'un  kyste  situé  entre  la  vessie  et  le  rectum. — Péritonite,  fièvre  aihjnamique; 
mort. 

A  un  pouce  du  col  de  la  vessie,  ouverture  conduisant  dans  une  cavité  qui 
aurait  pu  contenir  un  verre  de  liquide.  Cette  ouverture  fait  communiquer  la 
vessie  avec  une  arrière-cavité  qui  s'étend  jusqu'au  rectum.  —  Kyste  hyda- 
tique  énorme  dans  le  foie,  plusieurs  autres  dans  l'épiploon  (1). 

Obs.  CLVI  (BlondeauJ.  —  Ischurie,  ponction  hypogaslrique.  Mort. 

VII.  ■ —  Homme  sujet  à  la  rétention  d'urine.  Les  bougies  les  plus  fines  ne 
pouvaient  pénétrer  jusqu'à  la  vessie.  Ponction  hypogastrique  ;  mort.  Hydalides 
remplissant  tout  le  petit  bassin  ;  rectum  et  vessie  comprimés,  fibres  muscu- 
laires des  deux  organes  hypertrophiées.  Autre  kyste  hydalique  adhérent  au 
caecum  (2). 

La  compression  que  la  tumeur  hydalique  exerce  sur  le  rectum 
détermine  la  constipation  d'abord  et  plus  tard  la  suspension  com- 
plète du  cours  de  matières. 

Obs.  CLVII  (docteur  Obre).  —  Rétention  des  matières  fécales.  Mort. 

VIII.  —  «  Une  femme,  qui  reçut  les  soins  du  docteur  Obre,  mourut  après 
avoir  présenté  les  symptômes  d'un  obstacle  au  cours  des  matières  :  absence  de 
garderobes,  tympnnite,  vomissements,  etc. 

»  A  l'autopsie,  on  trouva  de  nombreuses  tumeurs  sous-péritonéales  de  la 
grosseur  d'un  haricot  à  celle  d'une  orange;  elles  contenaient  des  hydatides 
multiples  et  des  échinocoques.  La  plus  grosse  tumeur  était  située  sous  le  mé- 
sorectum et  comprimait  si  fortement  le  rectum,  près  de  son  origine,  que  non- 
seulement,  elle  empêchait  le  passage  des  matières,  mais  encore  elle  avait 
causé  la  destruction  de  ses  parois  (3).  » 

L'obstacle  que  le  kyste  hydalique  apporte  au  cours  des  matières 
dans  le  rectum,  détermine  quelquefois  l'hypertrophie  des  fibres 
musculaires  de  cet    organe  au-dessus  du  point  comprimé  ;  le  même 

(1)  Bull,  de  la  Faculté  de  méd.,  1812,  et  Çharcpt,  Mém.  cit. 

(2)  Blondeau,  hull.  Soc.  anal.,  1S49,  et  Charcot,  Mém.  cit. 

(3)  Obre,  Tranaact.  oflhepathological  Society.  London,  1854,  p.  302. 


NATURELLES  OU    ADVENTIVES.    —   HYDATJDES.  515 

effet  s'observe  pour  la  vessie;  enfin  la  compression  qu'il  exerce  sur 
les  uretères,  cause  la  dilation  de  ces  conduits,  des  bassinets  et  des 
calices,  et  consécutivement  leur  inflammation,  sans  doute,  et  celle 
des  reins. 

Obs.  CLVIII  (Guarcot). 

IX.  —  Dans  le  cadavre  d'une  femme  qu'il  disséquait,  M.  Charcot  trouva 
deux  kystes  hydatiques  situés  dans  le  petit  bassin,  l'un  adhérant  à  la  face 
antérieure  du  rectum,  l'autre  adhérant  au  col  de  l'utérus.  Le  premier,  ouvert 
dans  le  rectum,  contenait  encore  des  hydatides;  le  second,  intact,  renfermait 
environ  quinze  de  ces  vésicules  avec  des  échinocoques.  Les  fibres  musculaires 
du  rectum  étaient  hypertrophiées.  Anatomie  des  kystes  faite  avec  soin.  Pas 
de  renseignements  sur  les  antécédents  et  sur  la  maladie  de  cette  femme  (1). 

Obs.  CLIX  (Leudet). 

X.  —  Femme  âgée  de  soixante-douze  ans;  rétention  d'urine;  tumeur  si- 
tuée derrière  le  col  utérin,  attribuée  à  une  rélrofiexion  ;  mort  dans  le  ma- 
rasme. Kyste  hydatique  du  foie;  kyste  du  volume  d'une  tête  de  fœtus  à 
terme  entre  l'utérus  et  le  rectum.  Utérus  relevé  ;  parois  de  la  vessie  épaissies, 
uretères  et  calices  dilatés  (2). 

Obs.  CLX  (Tyson). 

XI.  —  Tyson  rapporte  un  cas  dans  lequel  un  kyste  hydatique  avait  évi- 
demment comprimé  les  uretères  avant  de  s'ouvrir  dans  la  vessie  qui  conte- 
nait encore  douze  hydatides. 

«  Les  uretères  étaient  aussi  larges  que  les  intestins  grêles  d'un  enfant,  de 
sorte  qu'on  introduisait  facilement  deux  doigts  dans  leur  cavité;  ils  étaient 
l'un  et  l'autre  pleins  d'urine  qui,  lorsqu'on  les  pressait,  coulait  vers  les  reins, 
mais  il  n'en  passait  pas  une  goutte  dans  la  vessie.  Les  reins  avaient  la  figure 
et  la  grosseur  ordinaire;  ils  étaient  si  maigres  qu'ils  semblaient  être  de  larges 
sacs  membraneux,  plutôt  qu'une  substance  charnue;  la  cavité  du  bassinet 
était  assez  ample  pour  contenir  trois  onces  d'urine  (3).  » 

Obs.  CLXI  (docteur  Jones,  de  Londres). 

XII.  —  «  Chez  un  malade  mort  à  l'hôpital  Saint-Thomas,  M.Jones  trouva 
cinq  grosses  tumeurs  hydatiques  et  plusieurs  petites.  L'une  de  ces  tumeurs 
était  située  dans  la  cavité  du  bassin,  entre  le  rectum  et  la  vessie,  et  avait 
contracté  des  adhérences  avec  ces  deux  organes.  Elle  avait  repoussé  le  der- 
nier contre  la  paroi  antérieure  de  l'abdomen,  et  par  sa  pression,  elle  avait 
déterminé  la  dilatation  des  uretères,  du  bassinet  et  des  calices  dans  les  deux 

(1)  Charcot,  Mém.  cit.,  p.  102. 

(2)  Comptes  rendus  Soc.  biologie,  1856,  2e  série,  t.  III,  p.  59. 

(3)  Transact.  philosoph.,  an  1687,  n°  188,  art.  I.  —  Cuopart,  ouvr.  cit.,  t.  II, 
p.  1*9. 


516  AFFECTIONS  VERMINEtJSES   DES  CAVITÉS  SÉRtCSES 

reins.  Le  kyslo  élait  rempli  par  une  grande  hydalide  qui  en  contenait  plu- 
sieurs autres  flottantes  dans  un  liquide  clair  et  limpide.  Parmi  les  autres  tu- 
meurs, l'une,  située  près  du  foie  et  très  considérable,  contenait  une  matière 
semblable  à  du  pus,  dans  laquelle  flottaient  une  centaine  d  hydatides  dont  le 
liquide  était  limpide.  Le  kyste,  divisé  en  deux  parties  par  un  diaphragme  in- 
complet, paraissait  formé  de  deux  kystes  réunis  ;  un  autre  kyste  adhérent  à  la 
surface  du  foie  avait  le  volume  d'une  noix  et  était  rempli  d  une  matière  sem- 
blable au  mastic  des  vitriers,  avec  quelques  membranes  d'hydatides.  Par  l'exa- 
men microscopique,  l'on  constata  dans  cette  matière  la  présence  de  lamelles 
de  cholestérine,  de  cristaux  A'hémaloïdine  (hœmaloid.)  et  des  crochets  d'échi- 
nocoque  (1).  » 

Ce  cas  nous  offre  un  nouvel  exemple  de  l'influence  des  tumeurs 
du  petit  bassin  sur  la  production  des  maladies  des  reins.  Les  tumeurs 
du  petit  bassin,  quelle  que  soit  leur  nature,  agissent  sur  les  reins  par 
l'obstacle  qu'elles  apportent  au  cours  de  l'urine  dans  les  uretères  ou 
dans  la  vessie,  et  par  la  rétention  consécutive  de  ce  liquide  dans  le 
bassinet,  les  calices  et  les  reins.  Depuis  longtemps  déjà,  M.  Rayer 
a  appelé  l'attention  sur  cette  cause  de  maladies  des  reins  et  sur  les 
accidents  graves  et  souvent  mortels  qui  en  résultent  et  qui  viennent 
précipiter  l'issue  d'une  affection  bénigne  en  elle-même  ou  de  longue 
durée.  Outre  l'intérêt  qu'elle  a  au  point  de  vue  pathologique,  cette 
observation  en  offre  un  autre  encore  au  point  de  vue  des  transfor- 
mations qu'avait  subies  le  contenu  des  poches  hydatiques  :  dans 
l'une  le  liquide  du  kyste  était  limpide,  dans  une  autre  il  était  puri- 
forme,  pendant  que  la  sérosité  des  hydatides  était  restée  limpide  ; 
dans  une  troisième  il  était  semblable  au  mastic  des  vitriers  ,  et  celle- 
ci  nous  présente  un  exemple  de  guérison  par  résorption  du  contenu 
des  kystes  devenus  athéromateux. 

Les  accidents  qui  résultent  de  la  compression  du  rectum  ou  de  la 
vessie  sont  presque  les  seuls  auxquels  le  développement  des  hyda- 
tides du  petit  bassin  expose  l'homme;  mais  la  femme  est  exposée 
en  outre  à  tous  ceux  qui  peuvent  être  produits  par  la  compression 
du  vagin  ou  de  la  matrice. 

Dans  un  cas  remarquable  observé  par  Park  et  dans  un  autre  ob- 
servé par  M.  Blot,  une  tumeur  appartenant  évidemment  aux  hy- 
datides, comprimait  le  vagin  et  s'opposait  à  l'accouchement  ;  voici 
les  faits  : 

(1)  D'  Jones,  Transact.  of  pathol.  Society,  1854,  vol.  V,  p.  298. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVliS.    —  HYDATIDES.  517 

Obs.  CLXII  (Park). 

XIII.  —  «  Park  fut  appelé,  avec  le  docteur  Lyon,  auprès  de  madame  S..., 
primipare  et  dont  l'accouchement  semblait  devoir  bientôt  se  faire.  Au  premier 
examen,  il  trouva  le  vagin  presque  entièrement  rempli  par  une  tumeur  dure, 
située  entre  le  vagin  et  le  rectum.  Ce  ne  fut  qu'après  une  certaine  difficulté 
que  le  doigt  put  être  introduit  entre  la  tumeur  et  le  pubis,  et  pénétrer  jus- 
qu'au col.  Park  désespérait  de  voir  l'accouchement  s'accomplir  par  les  seuls 
efforts  de  la  nature;  cependant  il  s'effectua  naturellement;  toutefois  ce  ne  fut 
pas  sans  un  travail  long  et  pénible. 

»  Par  la  suite,  madame  S...  eut  deux  grossesses  gémellaires  terminées  pré- 
maturément :  la  première  au  quatrième  mois,  la  deuxième  à  la  fin  du  sep- 
tième. Les  enfants  de  sept  mois  furent,  expulsés  s;ins  accident. 

«Pendant  ces  grossesses,  la  tumeur  en  comprimant  l'urèthre,  occasionnait 
de  temps  à  autre  la  rétention  de  l'urine  dans  la  vessie  et  nécessitait  l'emploi 
du  cathéter,  et  cependant  le  toucher  ne  faisait,  reconnaître  aucune  modifica- 
tion dans  le  volume  de  la  tumeur.  Un  jour  Park,  en  la  refoulant  par  hasard 
avec  le  doigt,  détermina  l'émission  des  urines.  Il  instruisit  le  mari  de  cette 
manœuvre,  et  le  cathéter  devint  dès  lors  inutile,  ce  fut  là,  d'ailleurs,  le  seul 
incident  notable  de  ces  grossesses. 

»  Une  nouvelle  grossesse  eut  lieu.  Le  terme  arriva;  Park  fut  appelé  pour 
prendre  des  mesures  décisives  à  l'égard  de  la  tumeur.  La  dilatation  du  col 
était  complète,  et  déjà  les  membranes  s'étaient  rompues.  Toute  la  nuit  se 
passa  dans  le  travail  le  plus  pénible,  et  cependant,  rien  n'avançait.  La  tète 
appuyait  sans  cesse  contre  la  partie  supérieure  de  l'obstacle,  mais  sans  pou- 
voir descendre  le  moins  du  monde  dans  le  bassin. 

»  Alors  il  fut  décidé  qu'une  incision  serait  pratiquée.  L'instrument  choisi 
fut  une  lancette  cachée  oupharyngotome.  Park  le  conduisit  sur  son  doigt  jus- 
qu'au point  où  les  enveloppes  de  la  tumeur  lui  parurent  le  plus  minces,  et  v 
pratiqua  cinq  ou  six  incisions  très  légères  et  non  pénétrantes  ;  puis,  forçant 
avec  le  doigt,  il  pénétra  dans  une  large  cavité,  qu'il  crut  remplie  par  une  ma- 
tière gélatineuse.  Aussitôt  il  s'en  écoula  un  liquide  séro-sanguinolent  entraî- 
nant avec  lui  un  certain  nombre  de  fragments  membraneux,  ayant  l'apparence 
de  morceaux  de  trippe  (Strippings  of  tripe).  Quelques-uns  de  ces  lambeaux 
atteignaient  en  dimension  le  quart  d'une  feuille  de  papier  ordinaire. 

»  La  première  douleur  qui  suivit  cette  opération  évacua  complètement  le 
contenu  de  la  tumeur  ;  celles  qui  suivirent  terminèrent  bientôt  l'accou- 
chement. 

»  Ce  ne  fut  que  très  lentement  que  madame  S...  se  rétablit.  Une  suppura- 
tion abondante  et  extrêmement  fétide  se  manifesta  ;  des  douleurs  de  reins 
assez  vives,  de  la  fièvre,  une  grande  prostration,  furent  les  principaux  sym- 
ptômes observés,  et  ce  ne  fut  qu'au  bout  de  huit  ou  dix  semaines  que  la  ma- 
lade se  rétablit  complètement. 

»  Il  est  probable  que  le  travail  de  cicatrisation  qui  suivit  cette  opération 


■"•In  AFFJBCTidfoé  vi-ii.uiniuj.sks  d£9  CAVITÉS  séreuses 

amena  un  certain  degré  de  rétrécissement;  car,  dans  l'accouchement  qui 
suivit,  alors  que  le  col  utérin  étajt  complètement  dilaté  et  les  niembranes 
rompues,  ce  ne  fut  qu'après  un  travail  1res  pénible,  de  sept  ou  huit  heures 
de  durée,  que  la  tête  franchit  le  bassin.  Un  autre  accouchement  eut  encore 
lieu  par  la  suite,  il. s'agissait  d'une  présentation  du  bras  a  la  fin  du  huitième 
mois,  Park  éprouva  beaucoup  de  difficultés  à  introduire  sa  main  pour  aller  à 
la  recherche  des  pieds,  et  l'obstacle,  dit-il,  ne  résidait  certainement  pas  dans 
le  col  utérin  (1).   » 

Obs.  CLXIII  (Blot). 

XIV.  —  Chez  une  femme  en  couches,  âgée  de  vingt-quatre  ans,  une  tu- 
meur, située  dans  la  cloison  recto-vaginale,  oblitérait  le  vagin  et  mettait  un 
obstacle  absolu  au  passage  de  la  tôle  du  fœtus.  L'accouchement  languissait 
depuis  trois  jours;  la  ponction  de  la  tumeur  fut  faite  par  le  vagin  avec  un 
troeart  courbe;  tout  le  liquide  fut  évacué;  au  bout  de  vingt  minutes,  l'enfant 
vivant  franchissait  la  vulve. 

Le  liquide  évacué  fut  présenté  à  la  société  de  biologie;  il  était  transparent, 
la  chaleur  et  l'acide  nitrique  ne  donnaient  point  de  précipité.  L'exemen  mi- 
croscopique n'a  pas  fait  découvrir  d'échinocoques  (2). 

Une  tumeur  semblable  qui  aurait  pu  amener  les  mêmes  accidents 
si  la  femme  fût  devenue  enceinte,  a  été  observée  par  le  professeur 
Roux  ;  —  elie  faisait  obstacle  à  l'émission  des  urines  et  des  ma- 
tières fécales  : 

Obs.  CLXIV  (Rocx). 

XV.  —  «  Madame  B...,  âgée  de  trente-huit  ans,  avait  eu,  huit  ans  aupa- 
ravant, un  accouchement  long  et  pénible.  L'aceoucheur'reconnut  la  cause  de 
la  difficulté  dans  une  tumeur  existant  au  côté  gauche  du  vagin,  et  ne  dissi- 
mula pas  à  la  malade  l'obstacle  qu'elle  pourrait  apporter  à  un  accouchement 
ultérieur.  Cette  tumeur  s'accrut,  mais  sans  déterminer  aucune  espèce  d'acci- 
dent pendant  cinq  ans.  Pendant  les  trois  années  qui  suivirent,  l'émission  des 
urines  et  des  matières  fécales  devint  difficile,  et  le  mari  de  la  malade  était 
forcé  de  la  sonder  trois  ou  quatre  fois  par  jour. 

»  A  l'hôpital  de  la  Charité,  on  constata,  en  effet,  l'existence  d'une  tumeur 
dure,  située  à  gauche,  s'étendant  de  la  marge  du  bassin  à  la  grande  lèvre. 
Le  vagin  était  déjeté  du  côté  droit  et  paraissait  immobile.  La  malade  éprou- 
vait un  sentiment  de  pesanteur,  de  distension  douloureuse  dans  le  bassin, 
un  engourdissement  du  membre  pelvien  gauche.  M.  Roux  se  décida  à  pra- 
tiquer une  opération  :  croyant,  à  l'existence  d'une  tumeur  solide,  il  voulait 

(1)  Transact.  medico-chirurg .  Londres,  1817.  — Charcot,  Mém-  Soc  biologie, 
1852,  t.  IV,  p.  105. 

(2)  Comptes  rendus  Soc.  de  Biologie,  avril  1359. 


NA.TUH!'I,LKS   OU    ADVENTIVES.    —    HYDATIDES.  M9 

inciser  le  vagin  dans  toute  sa  hauteur;  mais  au  premier  coup  de  bistouri,  il 
s'écoule  une  grande  quantité  de  liquide  diaphane,  de  couleur  citrine.  Le  doigt 
introduit  dans  l'ouverture  pénètre  dans  une  vaste  poche  aux  parois  de  laquelle 
paraissent  adhérer  des  flocons  membraneux.  On  extrait  avec  une  pince  à 
polype  une  membrane  d'un  grand  volume  d'un  blanc  nacré,  qu'on  reconnaît 
être  une  grosse  hydatide.  On  remplit  la  plaie  debourdonnets  de  charpie.  Les 
jours  suivants  on  fait  des  injections.  Le  troisième  jour,  hémorrhagie  considé- 
rable qui  va  jusqu'à  la  syncope  et  qu'on  attribue  à  l'introduction  maladroite 
delà  canule  à  injection.  Le  sixième  et  le  septième  jour  on  finit  d'enlever  les 
bourdonnets  de  charpie  ;  la  suppuration  diminue  chaque  jour  et  la  guérison 
complète  ne  tardera  pas  à  s'opérer  (1).  » 

Le  kyste  hydatique  du  petit  bassin,  aussi  bien  que  eelui  des 
autres  régions,  détermine  l'ulcération  des  organes  voisins  et  se 
met  en  communication  avec  leur  cavité  ;  nous  en  avons  rapporté 
plusieurs  exemples.  Les  hydatides  arrivées  dans  la  vessie,  ou  dans  le 
rectum,  peuvent  être  évacuées  complètement  et  la  guérison  en  est  la 
suite;  toutefois  cette  heureuse  terminaison  n'arrive  pas  fréquem- 
ment. La  tendance  à  revenir  sur  lui-même  et  à  se  vider  est  moins 
grande,  en  effet,  pour  le  kyste  du  petit  bassin  que  pour  celui  des 
autres  régions,  ce  qui  tient  à  la  disposition  an  atomique  des  parties 
qui  ne  se  prêtent  point  au  rapprochement  des  parois  du  kyste,  ou 
même  qui  s'y  opposent  lorsque  celui-ci  a  contracté  des  adhérences. 

Nous  ne  connaissons  point  d'exemple  de  kyste  hydatique  ouvert 
spontanément  dans  la  cavité  du  péritoine  ou  du  vagin,  ni  dans  celle 
de  l'utérus. 

La  rigidité  des  parois  de  ce  dernier  organe  s'opposerait  sans  doute 
à  l'évacuation  des  hydatides  qui  arriveraient  dans  sa  cavité. 

Il  existe  un  cas  dans  lequel  la  cavité  utérine  était  en  communi- 
cation avec  celle  d'une  tumeur  hydatique  par  le  moyen  des  trompes, 
mais  il  ne  paraît  pas  qu'aucune  hydatide  fût  sortie  du  kyste.  Voici 
le  fait  : 

Obs.  CLXV  (Barré). 

XVI.  —  «  M.  Barré  lit  l'observation  d'un  kyste  kydatique  d'un  volume 
énorme  développé  dans  le  bassin.  L'utérus  est  appliqué  sur  sa  face  antérieure 
et  lui  est  intimement  uni.  Les  trompes  et  les  ovaires  sont  en  grande  partie 
confondus  avec  les  parois  du  kyste  ;  la  cavité  de  ce  dernier  et  celle  de  l'utérus 

(1)  Roux,  Tumeur  hydatique  formée  dans  le  petit  bassin  et  guérie  par  l'opéra- 
lion  (Journ.  de  méd.  de  Séd.iltot,  1828,  t.  CIII,  p.  287;  —  Clinique  des  hôpitaux, 
t.  H,  n"  46;  —  Cruveilhier,  ait.  Acéphalocyste,  p.  257;  —  Charcot,  Mém.  cit.). 


520  AFFECTIONS    VERMINEUSES   DES   CAVITÉS   SÉltEUSES 

communiquent  ensemble  au  moyen  des  trompes.  Le  rectum  est  adhérent  à  la 
partie  postérieure  et  gauche  de  la  tumeur.  Le  kyste  contient  un  nombre  im- 
mense d'acépbalocystes,  dont  le  volume  varie  de  celui  d'un  œuf  de  dinde  à 
celui  d'une  noisette;  le  liquide  a  l'aspect  du  pus  séreux.  Un  kyste  hydatique 
semblable,  mais  beaucoup  moins  volumineux,  existe  dans  la  rate  (1).  » 

Le  kyste  hydatique  du  petit  bassin  peut  encore  s'ouvrir  au  de- 
hors; circonstance  rare,  il  est  vrai,  à  cause  de  l'épaisseur  des  parois 
de  cette  région.  Nous  n'en  connaissons  qu'un  seul  cas  : 

Obs.  CLXVI  (Sibille). 

XVII.  —  «  Un  régisseur  de  terres,  âgé  de  quarante-huit  ans,  attaqué 
d'une  rétention  complète  d'urine,  fil  appeler  M.  Sibille  pour  y  remédier  :  il  se 
plaignait  d'épreintes,  de  douleurs  violentes  à  la  vessie  et  au  fondement;  il 
avait  le  hoquet,  des  envies  continuelles  de  vomir,  et  faisait  de  vains  efforts 
pour  uriner  et  pour  aller  à  la  selle.  Au  moment  où  M.  Sibille  se  disposait  à  le 
sonder,  il  fit  un  cri  perçant  avec  de  grands  efforts,  et  se  plaignit  d'une  espèce 
de  déchirement  à  la  région  inférieure  du  bassin,  où  il  porta  la  main  pour 
résister,  disait-il,  à  ce  qui  poussait  de  dedans  au  dehors.  Une  tumeur  de  la 
forme  d'un  cervelas  se  manifesta  en  cet  endroit  ;  elle  s'étendait  de  la  tubéro- 
sité  de  l'ischion  du  côté  droit  vers  la  racine  du  scrotum.  Les  douleurs  cessè- 
rent aussitôt;  les  urines  s'écoulèrent  naturellement,  en  abondance  et  sans 
peine,  puis  la  tumeur  fut  moins  saillante;  quelques  heures  après  elle  reparut 
dans  le  même  état  ;  elle  diminua  encore  lorsque  le  malade  eut  uriné. 

»  M.  Sibille,  pensant  que  c'était  une  hernie  de  vessie,  tenta  la  réduction  et 
appliqua  un  bandage  ;  le  malade  ne  put  le  supporter  longtemps.  La  tumeur 
resta  fixée  an  périnée;  pour  qu'elle  fût  moins  comprimée  lorsque  le  malade 
montait  à  cheval,  on  fit  faire  une  cavité  à  la  selle.  Malgré  cette  précaution, 
les  téguments  qui  recouvraient  la  tumeur  devinrent  d'un  rouge  livide,  et  il 
s'y  fit  une  ouverture  par  laquelle  M.  Sibille  aperçut  et  toucha  un  corps  rond, 
blanchâtre,  mou,  qui  proéminait  au  dehors,  mais  qui  était  adhérent  aux  par- 
ties voisines.  Ce  chirurgien  agrandit  l'ouverture,  en  incisant  du  côté  de  l'anus 
et  vers  le  scrotum  ;  après  avoir  séparé  les  adhérences  latérales,  il  vit  sortir 
une  hydalide  de  la  grosseur  d'un  œuf,  qui,  s'étant  crevée,  laissa  écouler  une 
humeur  semblable  à  du  petit-lait  clarifié.  Nombre  d'hydalides  sortirent  en- 
suite par  la  même  ouverture,  en  différents  temps  et  dans  l'espace  de  plusieurs 
semaines;  les  unes  étaient  de  la  grosseur  d'un  petit  œuf  de  poule,  d'une  noix, 
et  elles  se  crevaient  ordinairement  en  passant  par  l'ouverture  du  périnée  ; 
d'autres,  de  la  grosseur  d'avelines  ou  de  pois,  sortaient  entières.  M.  Sibille  en 
a  fait  voir  plusieurs  à  M.  Petit,  médecin  de  Soissons ,  et  en  a  envoyé  une 
grande  quantité  à  l'Académie;  par  un  calcul  aussi  exact  qu'il  a  pu  le  faire,  il 
a  pensé  qu'il  en  était  sorti  environ  douze  cents.  Il  n'a  jamais  passé  d'urine 

(1)  Barré,  Bull.  Soc.  anal-,  24  avril  1828,  p.  91-  Paris,  1831. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.   —  HYDATIDES.  521 

dans  le  périnée,  et  le  cours  de  ce  liquide  a  toujours  été  libre  et  naturel  par 
l'urèthre  depuis  l'apparition  de  la  première  tumeur.  L'ouverture  du  périnée 
s'est  fermée  ;  et,  quelque  temps  après  la  guérison,  M.  Sibille  sentit  encore 
des  hydatides  en  cet  endroit,  lesquelles  étaient  mobiles  et  pouvaient  être  re- 
poussées dans  le  bassin.  Comme  le  malade  n'en  était  pas  incommodé,  et 
qu'elles  ne  l'empêchaient  pas  de  vaquer  à  ses  affaires,  ni  de  monter  à  cheval, 
il  ne  voulut  point  qu'on  en  facilitât  l'issue  par  une  nouvelle  incision  (1).  » 

La  situation  plus  ou  moins  profonde  du  kyste  dans  le  petit  bassin 
est  sans  doute  la  condition  principale  qui  détermine  des  accidents 
plus  ou  moins  prompts  et  plus  ou  moins  graves  :  certains  kystes, 
bien  que  peu  volumineux,  ont  apporté  un  obstacle  au  cours  des  urines 
ou  des  matières  fécales,  tandis  que  d'autres,  beaucoup  plus  con- 
sidérables, n'avaient  occasionné  ni  douleurs,  ni  désordres  dans 
les  fonctions  des  organes  pelviens ,  lorsque  leur  existence  a  été 
révélée  par  l'autopsie.  Parmi  ces  derniers,  l'on  compte  surtout  des 
kystes  développés  vers  le  sommet  de  la  vessie  ou  vers  le  détroit 
supérieur  du  bassin. 

Une  autre  condition  ,  qui  doit  déterminer  des  accidents  assez 
prompts,  se  trouve  dans  les  adhérences  que  contracte  le  kyste, 
adhérences  qui  s'opposent  à  son  ascension  vers  la  cavité  abdomi- 
nale. 

Le  kyste  hydatique  du  petit  bassin  ne  pourrait  guère  être  confondu 
avec  un  abcès  de  cette  région  ;  il  le  serait  plus  facilement  chez  la 
femme  avec  une  tumeur  sanguine,  mais  la  formation  de  cette  tumeur 
s'accompagne  ordinairement  de  malaise  ,  de  troubles  menstruels,  de 
métrorrhagie  ou  de  suppression  des  règles,  de  douleurs  dans  le  bas- 
ventre,  qui  s'exaspèrent  par  les  mouvements.  En  outre,  il  y  a  dans 
l'économie  de  la  malade  un  trouble  général  qui  se  manifeste  par  un 
amaigrissement  rapide,  par  la  pâleur  de  la  face,  l'altération  des 
traits,  la  mollesse  et  la  flaccidité  des  chairs,  et  par  la  teinte  que 
prend  ordinairement  la  peau  après  une  hémorrhagie  abondante. 

Les  tumeurs  fibreuses  ou  cancéreuses  seront  facilement  distin- 
guées par  leur  consistance.  La  ponction  exploratrice  pourra  seule, 
dans  la  plupart  des  cas,  établir  la  distinction  entre  un  kyste  séreux 
et  un  kyste  hydatique;  à  défaut  de  la  sortie  des  échinocoques,  de 
leurs  crochets  ou  de  quelque  portion  du  ver  vésiculaire,  la  compo- 
sition du  liquide  extrait  établirait  cette  distinction. 

(1)  Communiqué  à  l'Académie  de  chirurgie,  en  février  1755,  par  Sibille,  chi- 
rurgien à  Long-Pont,  près  de  Soissons. — Chopart,  ouvr.  cil.,  t.  II,  p.  146- 


522  AFFECTIONS  VliRMlNEU'SES  des  (;\vni:s  sÊREtfSES 

Lorsque  le  kyste  a  acquis  un  grand  volume,  il  peut,  faire  saillie 
au  dessus  du  pubis  et  être  reconnu  par  la  palpatiori  H  la  percussion 
de  lu  paroi  abdominale;  eu  même  temps,  le  toucher  rectal  ou  vagi- 
nal l'ait  reconnaître  une  lumeur  lisse,  arrondie,  indolente  dans  la, 
cavité  pelvienne.  La  lluctuation  ou  le  frémissement  liydatique  pour- 
ront quelquefois  être  perçus,  et  ce  dernier  signe  sera  pathognomo- 
nique.  Dans  le  cas  suivant,  observé'  par  M.  Rayer  et  rapporté  par 
M.  Brun  dans  sa  thèse  inaugurale,  le  diagnostic  a  été  établi  d'après 
l'existence  de  ce  phénomène  : 

Obs.  CLXVII  (Brun). 

XVIII.  —  «  Le  nommé  Kurth,  âgé  de  quarante  ans,  cordonnier,  d'une 
bonne  constitution  et  d'un  tempérament  sanguin  et  lymphatique,  éprouva 
sans  cause  connue,  en  1828,  de  la  pesanteur  dans  le  bas-ventre  accompa- 
gnée parfois  de  coliques.  On  reconnut  dans  la  fosse  iliaque  gauche,  l'exis- 
tence d'une  tumeur  grosse  comme  le  poing,  indolente  à  la  pression.  Les  bains, 
l'onguent  mercuriel  employés  alors,  ne  purent  la  dissoudre.  Les  choses  en 
restèrent  là  jusqu'en  1834  ;  à  cette  époque,  Kurth  fut  pris  de  fièvre,  de  soif, 
d'inappétence  et  de  douleur  à  l'endroit  de  la  tumeur,  qui  jusqu'alors  ne  l'avait 
guère  tourmenté. 

»  A  son  entrée  à  l'hôpital  de  la  Charité,  le  7  avril,  on  constate  en  effet 
dans  la  fosse  iliaque  gauche  l'existence  d'une  tumeur  plus  volumineuse  que 
le  poing,  s'étendant  jusqu'à  l'hypogastre.  Elle  est  arrondie,  immobile,  fluc- 
tuante, un  peu  douloureuse  à  la  pression  ;  elle  est  d'ailleurs  séparée  nette- 
ment du  foie,  qui  paraît  entièrement  sain.  Quand  on  percute  la  tumeur,  il 
semble  qu'on  frappe  sur  un  ressort  élastique,  et  l'on  provoque  en  même  temps 
une  sorte  de  frémissement  ou  de  collision.  L'auscultation  et  la  percussion 
combinées  font  entendre  un  son  analogue  à  celui  d'un  tambourin.  Le  lende- 
main, à  la  suite  de  coliques  vives  suivies  d'un  pressant  besoin  d'aller  à  la 
selle,  le  malade  rend  par  l'anus  un  liquide  purulent  mêlé  de  déhris  hydali- 
ques;  les  hydatides  entières  avaient  probablement  le  volume  d'une  noix. 
Peu  après  cette  évacuation,  les  coliques  cessent,  la  douleur  diminue,  la 
tumeur  s'affaisse  incomplètement;  des  hydatides  déchirées  sont  encore  ren- 
dues pendant  plusieurs  jours.  Le  malade,  complètement  soulagé,  demande 
bientôt  à  sortir  de  l'hôpital;  à  cette  époque,  chose  à  noter,  la  tumeur  n'avait 
pas  complètement  disparu,  malgré  les  pressions  réitérées  qu'on  avait  exercées 
sur  l'abdomen. 

»  Kurth  resta  un  mois  hors  de  l'hôpital,  sans  éprouver  aucun  accident  no- 
table. Mais,  au  bout  de  ce  temps,  la  tumeur  augmente,  reprend  son  premier 
volume  et  devient  de  nouveau  douloureuse.  (Saignées  locales  et  générales, 
bains.)  A  cette  époque  aussi,  delà  constipation  se  manifeste;  une  urine  trouble, 
blanchâtre,  laissant  déposer  un  précipité  purulent,  est  rendue  avec  difficulté; 
des  gaz  sortent  en  même  temps  par  l'urèthre.   L'ischurie  cède  au   bout  de 


NATURELLES   OU   ADVENTIVKS.    —   HYDATIDES.  523 

quelques  jours,  sous  l'influence  d'émissions  sanguines  locales,  et  avec  elle  la 
douleur  à  la  pression  dans  la  région  du  kyste,  laquelle  s'était  de  nouveau  ma- 
nifestée. Les  urines  redeviennent  normales,  les  hydatides  cessent  de  repa- 
raître dans  les  selles  et  le  malade  sort  vers  le  milieu  de  juin.  Il  porte  encore 
dans  la  fosse  iliaque  une  tumeur  dure  et  indolente  (1  ).  » 

Nous  ne  ferons  qu'une  simple  énumération  des  cas  dans  lesquels 
les  hydatides  du  petit  bassin  n'ont  donné  lieu  à  aucun  accident  et 
n'ont  été  reconnues  que  par  l'autopsie,  ainsi  que  de  ceux  qui  ont  été 
trouvés  à  la  dissection  du  cadavre. 

Obs.  CLXVIII  (Beacvais). 
XIX.  —  Homme;  point  de  renseignements  sur  la  maladie;  un  kyste  hy- 
datique  dans  le  foie,  un  autre  dans  la  rate  ;  deux  kystes  dans  le  petit  bassin, 
l'un  en  arrière,  l'autre  à  droite  du  rectum  (2). 

Voyez  les  cas  rapportés  ci- dessus  de  :  Turner  (obs.  LXXVII),  kyste  dans 
le  bassin  ;  —  Wunderlich  (obs.  X),  kyste  dans  le  mésorectum  ;  —  Guerbois 
et  Pinault  (obs.  CIV),  kyste  du  tissu  cellulaire  qui  revêt  les  vésicules  sémi- 
nales; — ■  Robin  et  Mercier  (obs.  LXXXI),  un  kyste  sous  le  péritoine  de 
chaque  côté  de  la  vessie;  : — ■  Richter  (obs.  Cil),  sous  le  péritoine  qui  revêt  la 
partie  supérieure  de  la  vessie; — Budd  (obs.  CI1I),  même  situation  ; — Charcot 
et  Davaine  (obs.  CV),  kyste  entre  la  vessie  et  le  rectum. 

Le  cas  de  Mesnet,  dont  |nous  parlerons  au  traitement  (obs.  CCXCI),  kyste 
de  la  grosseur  d'un  œuf  de  pigeon  dans  le  cul-de-sac  recto- vésical,  sous  le 
péritoine  de  la  vessie. 

Parmi  ces  vingt-sept  cas  de  kystes  hydatiques,  plusieurs  n'ont  été 
reconnus  qu'à  l'autopsie,  chez  des  individus  qui  n'en  avaient  proba- 
blement pas  souffert;  d'autres  ont  été  trouvés  sur  des  cadavres  que 
l'on  disséquait. 

Dans  la  plupart  des  cas,  dix-sept  fois  au  moins,  il  existait  plu- 
sieurs kystes,  soit  dans  le  petit  bassin  même,  soit  aussi  dans 
d'autres  organes;  — deux  fois  les  kystes  semblent  s'être  développés 
primitivement  dans  l'ovaire; — une  fois  de  la  vésicule  séminale  ;  — 
cinq  ou  six  fois  de  la  vessie,  dans  le  tissu  cellulaire  extra-périto- 
néal.  Quelques-uns  avaient  acquis  un  volume  considérable. 

Dans  vingt  deux  cas,  les  kystes  étaient  intacts  ,  sur  lesquels  trois 
ont  été  ouverts  dans  le  vagin  par  le  bistouri,  un  par  le  trocart. 

(1)  Brun,  Thèse  de  Paris,  1834,  n°  238,  p.  37  ;  —  Rayer,  ouvr.  cit.,  t.  III, 
p.  552,  note.  —  Charcot,  Mém.  cit. 

(2)  Bull.  Soc.  anal.,  1845,  p.  73,  et  Charcot,  Mém.  cil. 


52i  AFFECTIONS   VERMINE USES   DES   CAVITÉS   SÉREUSES 

Cinq  fois,  les  kystes  se  sont  ouverts  spontanément,  l'un  à  travers 
le  périnée,  deux  dans  la  vessie,  un  dans  le  rectum  et  un  autre  dans 
ces  deux  derniers  organes  successivement. 

Cinq  malades  seulement  ont  été  guéris  :  trois  femmes  dont  le 
kyste  a  été  ouvert  par  le  vagin  ;  les  deux  autres  malades  n'ont  obtenu 
qu'une  guérison  incomplète. 

On  voit,  d'après  ces  faits,  que  les  hydatides  qui  ont  pour  siège 
le  petit  bassin  doivent  être  comptées  parmi  les  plus  graves. 


SIXIEME  SECTION. 

HYDATIDES    DE     L'APPAREIL    URINAIRE. 

Les  hydatides  des  reins  sont  rares;  M.  Rayer,  dans  son  Traité 
des  Maladies  des  reins,  en  a  fait  l'histoire  et  en  a  rapporté  plusieurs 
observations  nouvelles  (1). 

L'un  des  reins  est  ordinairement  seul  affecté.  Le  kyste  est  géné- 
ralement unique  et ,  dans  sa  cavité,  les  hydatides  sont  presque  tou- 
jours multiples.  Les  parois  du  kyste  sont  fermes  et  fibreuses,  quel- 
quefois fibro-cartilagineuses  ou  crétacées;  son  contenu  peut  subir 
les  transformations  et  les  altérations  dont  nous  avons  déjà  parlé. 
La  poche  hydatique ,  en  se  transformant ,  s'arrête  quelquefois 
dans  son  accroissement,  et  même  elle  subit  un  retrait  considérable 
dans  son  volume,  ce  qui  en  amène  la  guérison  ;  mais,  plus  souvent, 
elle  continue  de  s'accroître  et  forme  une  tumeur  considérable,  qui 
produit  une  distension  générale  ou  partielle  du  rein  et  l'atrophie 
plus  ou  moins  complète  de  la  substance  de  cet  organe.  La  partie  du 
rein  occupée  par  un  kyste  hydatique  volumineux,  prend  quelquefois 
une  teinte  jaunâtre  chamois;  souvent  alors  le  bassinet  est  confondu 
et  réuni  avec  le  kyste  par  des  pseudo-membranes  organisées ,  par- 
courues d'un  grand  nombre  de  vaisseaux.  La  coupe  de  la  tumeur 
montre  ordinairement  les  dispositions  suivantes  :  à  l'extérieur,  elle 
est  formée  par  les  subtances  rénales  atrophiées  et  anémiques,  dis- 
tinctes encore  dans  quelques  points  et,  en  quelques  autres,  réduites 
à  une  simple  trame  celluleuse  infiltrée  ça  et  là  d'une  matière  jau- 
nâtre accidentelle;  à  l'intérieur,  par  un  kyste  à  parois  fermes,  dont 

M)  P.  Rayer,  Traité  des  maladies  des  reins.  Paris,  1841,  t.  III,  p.  54. 


NATUHELLES  OU    ADVENTIVtiS.    —   HYDATIDES.  525 

la  surface  interne  est  un  peu  inégale  et  jaunâtre,  et  offre  quelquefois 
des  brides  celluleuses  plus  condensées  que  les  parois. 

Les  kystes  hydatiques  du  rein  peuvent  rester  longtemps  sans  déter- 
miner de  lésions  autour  d'eux,  mais  ils  finissent  presque  toujours  par 
causer  l'inflammation  ou  l'ulcération  des  parties  voisines  et  par  se  per- 
forer; quelquefois  ils  s'ouvrent  une  issue  à  l'extérieur  dans  la  région 
des  lombes,  d'autres  fois  dans  l'intestin  sans  doute,  mais  nous  n'en 
connaissons  pas  d'observation  certaine;  ils  pénètrent  dans  la  poitrine 
et  s'ouvrent  dans  les  bronches.  Dans  ces  différents  cas,  les  hydatides 
sortent  par  une  fistule  lombaire ,  par  les  garderobes ,  ou  bien  elles 
sont  expectorées  par  des  efforts  de  toux.  Le  plus  souvent,  les  kystes 
hydatiques  des  reins  contractent  des  adhérences  avec  les  parois  du 
bassinet  et  s'ouvrent  dans  sa  cavité.  •■  Alors  les  plus  petites  hyda- 
tides ou  les  débris  des  plus  grandes ,  et  une  certaine  quantité  de 
l'humeur  séreuse  ou  séro-purulente  du  kyste ,  sont  rendus  avec 
l'urine.  L'expulsion  des  hydatides  n'a  jamais  lieu  sans  quelque  acci- 
dent; il  survient  de  la  douleur  dans  la  région  rénale,  et  parfois  une 
rétention  d'urine ,  occasionnée  par  l'obstruction  du  bassinet ,  de 
l'uretère  ou  de  l'urèthre,  dans  lesquels  un  ou  plusieurs  de  ces  corps 
étrangers  se  sont  arrêtés  (Rayer).  »  Par  suite  des  rétentions  d'urine 
passagères  et  répétées  ou  plus  ou  moins  continues,  l'uretère  et  le 
bassinet  se  dilatent ,  les  mamelons  de  la  partie  du  rein  restée  saine 
s'affaissent  et  une  poche  d'une  autre  nature  peut  ainsi  se  former  à 
côté  de  la  première. 

Les  kystes  hydatiques  intacts  n'occasionnent  point  ordinairement 
d'accidents  ou  de  gêne  autre  que  celle  qui  résulte  de  leur  volume 
plus  ou  moins  considérable.  Lorsqu'ils  se  sont  ouverts  dans  les  ca- 
lices ou  le  bassinet,  les  hydatides  qui  s'introduisent  dans  l'uretère, 
l'obstruent  momentanément  et  déterminent  les  accidents  communs 
aux  corps  étrangers  engagés  dans  ce  conduit,  c'est-à  dire  l'ischurie, 
les  coliques  néphrétiques,  les  hoquets,  les  nausées,  les  vomisse- 
ments ;  par  fois  elles  causent,  en  s'arrêtant  dans  l'urèthre,  la  réten- 
tion d'urine ,  des  douleurs  vives  dans  la  vessie,  dans  son  conduit 
excréteur ,  phénomènes  qui  cessent  par  l'expulsion  des  hydatides 
avec  l'urine.  Plus  ou  moins  longtemps  après  leur  expulsion,  s'il 
survient  de  nouvelles  douleurs,  soit  dans  la  région  rénale,  soit  dans 
le  trajet  des  uretères  ou  de  l'urèthre,  il  est  à  présumer  que  de  nou- 
velles vésicules  ou  que  des  caillots  fibrineux  sont  la  cause  de  ces 
accidents. 

Les  kystes  hydatiques  intacts,  développés  dans  le  rein  ou  dans  le 


f)26  AITKCIIONS    VKHMINI.OSK.S    DKS    CAVll'KS    SKKKIJSKS 

voisinage,  forment  une  tumeur  qui  a  beaucoup  d'analogie  avec  celle 
de  la  pyélite  chronique  ou  d'une  bydro-néphrose  ;  le  frémissement 
hydatique,  s'il  existait,  pourrait  les  en  distinguer.  11  n'est  point  tou- 
jours possible  de  reconnaître  si  ces  kystes  appartiennent  au  rein  ou 
au  foie;  ••  il  est  à  remarquer  cependant  que  ces  derniers  sont  plus 
ordinairement  situés  plus  en  avant  et  qu'ils  sont  plus  évidemment 
continus  avec  le  bord  tranchant  du  foie  ;  néanmoins  les  kystes  acé- 
phalocystiques  des  reins  sont  quelquefois  tellement  soudés  avec  le 
foie  par  leur  partie  supérieure  qu'ils  paraissent  faire  corps  avec  cet 
organe.  Dans  les  cas  obscurs,  quelques  circonstances  particulières, 
l'existence  antérieure  d'un  ictère  ou  d'un  dérangement  fonctionnel 
des  reins,  pourront  quelquefois  éclairer  le  diagnostic;  mais  il  faut 
convenir  que,  hors  les  cas  où  la  tumeur  rénale  forme  une  voussure 
aux  lombes  et  se  prolonge  vers  la  fosse  iliaque  ,  il  est  difficile  de 
préciser  le  siège  de  la  tumeur  (Rayer).  « 

L'expulsion  des  hydatides  détermine  la  nature  de  la  tumeur  lom- 
baire; elle  indique  encore  que  cette  tumeur  n'appartient  point  au 
foie;  néanmoins  il  est  nécessaire  d'observer  que  les  hydatides 
expulsées  avec  l'urine  peuvent  venir  d'un  kyste  situé  dans  d'autres 
parties  que  le  rein. 

«  Si  l'on  en  juge  par  la  marche  de  la  maladie,  dans  la  plupart  des 
cas  de  kystes  acéphalocystiques  des  reins  qui  ont  été  publiés  jus- 
qu'à ce  jour,  le  pronostic  de  ces  espèces  de  tumeurs  serait  générale- 
ment moins  grave  que  celui  des  tumeurs  rénales  formées  à  !a  suite 
des  py élites.  Les  kystes  acéphalocystes  des  reins  ont ,  comme  ceux 
qui  se  développent  dans  les  autres  organes,  une  grande  tendance 
à  se  perforer  et  à  revenir  sur  eux-mêmes  lorsqu'ils  se  sont  complè- 
tement vidés;  aussi  les  exemples  de  guérison  de  tumeurs  rénales, 
après  l'évacuation  d'hydatides  par  les  voies  urinaires,  ne  sont-ils 
pas  très  rares;  mais,  dans  un  cas  donné,  on  ne  peut  préjuger  l'épo- 
que à  laquelle  une  semblable  évacuation  aura  lieu  (Rayer).  » 

Les  auteurs  qui  ont  observé  des  hydatides  rendues  avec  les  urines, 
se  sont  souvent  bornés  à  une  simple  mention  du  fait;  il  est  à  croire 
que,  dans  le  plus  grand  nombre  de  ces  cas,  les  vers  vésiculaires  pro- 
venaient des  reins.  Les  observations  les  plus  intéressantes  ont  été, 
pour  la  plupart ,  relevées  et  rapportées  in  extenso  dans  l'ouvrage 
cité  de  M.  Rayer.  Nous  n'en  donnerons  ici  qu'une  indication  som- 
maire ;  celles  qui  sont  d'une  date  plus  récente  seront  rapportées  avec 
plus  de  détails. 


NATURELLES   OU    ADVENTIVES.    —   HYDATIDËS.  527 

CHAPITRE   PREMIER. 

HYDATIDES   DES  REINS    AYANT    DÉTERMINÉ   LA   MORT. 

A.  —  Kyste  du  rein  sans  communication  avec  le  bassinet  ou  l'uretère. 

Obs.  CLXIX  (Baillie). 

I.  —  a  Baillie  cite  le  cas  d'un  soldat  dont  le  rein,  converti  en  un  sac  ca- 
pable de  contenir  au  moins  trois  pintes  de  liquide,  était  rempli  d'hydatides  de 
diverses  dimensions,  depuis  celle  d'une  tête  d'épingle  jusqu'à  celle  d'une 
orange;  une  partie  du  rein  avait  conservé  sa  structure  naturelle  (4).  » 

Obs.  CLXX  (Duncan). 

II.  —  «  Duncan  a  trouvé,  à  l'ouverture  du  cadavre  d'un  homme  âgé  de 
quarante-huit  ans  qui  était  sujet  à  des  douleurs  néphrétiques  et  à  la  gravelle, 
les  reins  très  volumineux  et  remplis  d'un  grand  nombre  d'hydatides  (2).  » 

Obs.  CLXXI  (Rippault). 

III.  —  «  M.  Rippault  présente  des  acéphalocystes  développés  dans  un 
kyste  appartenant  au  rein  droit.  Elles  sont  en  nombre  considérable;  quelques- 
unes  sont  très  volumineuses.  Le  kyste  dans  lequel  elles  étaient  renfermées, 
formait  dans  la  fosse  iliaque  droite  une  tumeur  qu'on  avait  regardée  comme 
étant  due  à  un  kyste  de  l'ovaire.  Le  malade  urinait  abondamment  (3).  » 

Obs.  CLXXII   (Rayer). 

IV. —  Kyste  contenant  un  grand  nombre  d'acéphalocystes,  développé  dans 
la  partie  supérieure  du  rein  gauche  et  ne  communiquant  ni  avec  le  bassinet, 
ni  avec  l'uretère  (4). 

Obs.  CLXXIII  (Lrvois  et  Rayer). 

V.  —  Fille  âgée  de  vingt-deux  ans;  douleurs  et  tumeur  dans  le  côté 
gauche  ;  plus  tard  épanchement  pleurétique;  mort.  Tumeur  énorme  dansl'hy- 
pochondre  gauche,  développée  entre  la  capsule  et  le  tissu  propre  du  rein.  — 
Vaisseaux  volumineux  dans  la  paroi  du  kyste.  143  hydatides  globuleuses,  du 
volume  d'une  noisette  à  celui  du  poing,  contenant  des  échinocoques  (5). 

Obs.  CLXXIV  (Livois  et  Rayer). 

VI.  —  Femme  âgée  de  soixante-quinze  ans  ;  gangrène  sénile  de  la  jambe 

(1)  Baillie,  Anal,  pathol.,  trad.  par  Guerbois.  Paris,  1815,  p.  226,  et  Rayer, 
ouvr.  cit. 

(2)  Duncan,  The  médical  Repository.  vol.  VII,  juin   1817,  et  Rayer,  ouvr.  cit. 

(3)  Rippault,  Bull.  Soc.  anat.,  1334,  ann.  IX,  p.  74. 

(4)  Rayer,  ouvr.  cit.,  obs.  I,  p.  560. 

(5)  Livois,  Ihèse  citée,  ob.  VI,  p.  111. 


528  AFFliCTION'S  VERMINECSES   DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

et  du  pied  droits;  tumeur  volumineuse  dans  l'hypochondre  gauche,  jamais  de 
douleurs  dans  la  tumeur;  sentiment  do  gêne.  Mort  par  les  progrès  de  la 
gangrène. 

Rein  gauche  transformé  en  un  vaste  kyste  sur  lequel  l'uretère  vient,  se  ter- 
miner en  cul-de-sac;  immense  quantité  d'hydalides  du  volume  d'un  grain  de 
millet  à  celui  d'un  œuf  de  poule  ;  échinocoques  à  l'intérieur  de  toutes  celles 
qui  étaient  intactes  (1). 

VII.  —  Voyez  encore  l'observation  de  Duchaussoy  (obs.  CXV1I). 

B.  — Kyste  du  rein  communiquant  avec  le  bassinet.  (Point  d'expulsion  d'hydatide» 
pendant  la  vie?) 
Obs.  CLXXV  (Desault). 

VIII.  —  Enfant  âgé  de  quatre  ans,  taillé  trois  jours  avant  sa  mort,  hyda- 
tides  et  calculs  rénaux  (2). 

C.  —  Kyste  du  rein  communiquant  avec  le  bassinet;  expulsion   d'hydalides 
pendant  la  vie? 

Obs.  CLXXVI  (Bonfigli). 

IX.  —  «  S.  Bonfigli  rapporte  le  cas  d'une  femme  qui  portait  dans  le  flanc 
droit  une  tumeur  rénale  et  qui  rendit,  pendant  l'année  qui  précéda  sa  mort, 
une  matière  lymphatique  concrète  avec  l'urine,  matière  dont  les  caractères 
sont  les  mêmes  que  ceux  des  parois  des  hydalides.  Le  kyste  acëphalocystique, 
après  s'être  vidé  en  partie  dans  le  bassinet,  était  revenu  sur  lui-même  et  était 
en  partie  ossifié  (3).  » 

Obs.  CLXXVII  (Fleuret  et  Desadlt). 

X.  —  Douleur  dans  la  région  lombaire  gauche  ;  symptômes  de  coliques  né- 
phrétiques depuis  vingt  ans;  évacuation  d'hydalides  par  l'urèthre,  favorisée 
par  des  pressions  sur  le  ventre;  nouveaux  accidents;  mort.  —  Rein  trans- 
formé en  une  poche  membraneuse,  contenant  des  hydatides  (4). 

Obs.  CLXXVIII  (Desault). 

XI.  —  Douleurs  dans  la  région  rénale  gauche  et  à  la  vessie,  membranes 
hydatiques  rendues  avec  l'urine;  mort.  —  Dépôt  de  pus  dans  le  rein  gauche; 
point  d'hydatides  (5). 

Obs.   CLXXIX  (Blackburne). 

XII.  —  «  Hydatides  rendues  avec  l'urine;  mort  quatre  ans  après.  —  Point 

(1)  Livois,  thèse  cit.,  obs.  VII,  p.  115. 

(2)  Chopart,  ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  144,  et  Rayer,  ouvr.  cit.,  obs.  XII. 

(3)  S.  BonOgli,  Ephem.  nat.,  cw.,  cent.  IX,  p.  9,  obs.  IV,  et  Rayer,  ouvr.  cit. 

(4)  Chopart,  ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  148,  et  Rayer,  ouvr.  cit.,  obs.  III. 

(5)  Chopart,  ouvr,  cit.,  t.  I,  p.  150,  et  Rayer,  ouvr.  cit.,  obs.  IV. 


NATUr.ELL!iS  OU   ADVtNTlVES.    —   HYDA  I  JDliS.  529 

de  rein  droit  ni  d'uretère  de  ce  côté.  Rein  gauche  très  gros;  bassinet  conte- 
nant une  pierre  et  plusieurs  hyrlatides  (1  ). 

Obs.  CLXXX  (Mélot). 

XIII.  ■ —  Il  s'agit  d'un  homme  âgé  de  cinquante-neuf  ans,  chez  lequel  on 
trouva  un  nombre  considérable  de  petites  tumeurs  sous-cutanées  ou  dissé- 
minées dans  plusieurs  organes.  Elles  paraissaient  d'une  nature  cancéreuse. 

«  Le  rein  gauche  est  converti  en  une  espèce  de  coque  membraneuse  rem- 
plie d'hydatides;  l'uretère  correspondant  est  fort  dilaté,  ses  parois  sont  in- 
filtrées de  sérosité  ;  le  malade  avait  rendu,  pendant  la  vie,  des  hydatides  avec 
les  urines.  Le  rein  droit  est  sain,  la  vessie  ne  contient  pas  d'hydatides  (2).  » 

D.  —  Kyste  en  rapport  avec  le  rein  et  communiquant  avec  les  bronches. 

XIV,  XV.  —  Nous  avons  rapporté  un  cas  remarquable,  observé  par 
M.  Fiaux,  d'un  kyste  du  rein  qui  s'ouvrit  en  même  temps  dans  l'uretère  et 
dans  les  bronches  (obs.  LXXVIU). 

Dans  le  cas  observé  par  Turner  (obs.  LXXVII),  d'un  kyste  hydatique  qui 
atrophiait  le  rein,  ce  kyste  s'était  aussi  ouvert  dans  les  bronches. 


CHAPITRE  H. 


HYDATIDES  DEVELOPPEES  PROBABLEMENT   DANS  LES  REINS. — CAS  OBSERVÉS 
PENDANT   LA   VIE   OU  GUÉRIS. 

A.  —  Kyste  ouvert  dans  la  région  lombaire. 

Deux  observations,  l'une  de  Jannin,  l'autre  de  Farradesche,  ont 
été  considérées  comme  des  cas  de  kyste  hydatique  du  rein  ouvert 
dans  la  région  lombaire;  mais  il  est  probable  que  les  kystes  étaient 
situés  dans  la  paroi  du  tronc.  (Voy.  ci-après  obs.  CCXXVI, 
CCXXVII). 

B.  —  Kyste  ouvert  dans  les  conduits  urinaires. 

Obs.  CLXXXI  (Davis). 

I.  —  Femme,  quarante-cinq  ans;  douleurs  néphrétiques;  expulsion  de 
douze  hydatides  en  plusieurs  fois,  hématurie.  Rien  sur  les  suites  (3). 

(1)  Blackburoe,  Lond.  med.  Journ.,  1781,  vol.  I,  p.  126.  — Meckel,  Pathol., 
anat.,  vol,  II,  sect.  Il,  p.  428,  et  Rayer,  ouvr.  cit.,  obs.  XI. 

(2)  Mélot,  Bull.  Soc.  anat.,  1832,  t.  Vil,  p.  49,  2"  édit. 

(3)  Davis,  Philos,  transact.,  vol.  XXII,  n°  272,  p.  897,  et  Rayer,  ouvr.  cit. 

Va  vaine.  34 


530  AFFECÎIOISS   VlUlMlNKUSES   DES  CAVITES  SÉREUSES 

Obs.  CLXXXIi  (Lossi). 
II.  —  Homme,  trente  ans;  grandes  douleurs  de  reins;   expulsion  avec 
l'urine  de  quinze  liydatides.  Rien  des  suites  (1). 
Obs.  CLXXXIII  (Russel). 

111. —  Homme,  vingt-quatre  ans;  douleurs  dans  le  côté  gauche  du  ventre; 
sable  rouge  expulsé  avec  l'urine  ;  urine  sanguinolente  et  purulente;  expulsion 
d'hydatides  précédée  de  vives  douleurs.  Guérison  (2). 

Obs.  CLXXXIV( ?). 

IV.  — Homme;  gonorrhée  et  douleurs  néphrétiques,  hématurie;  expul- 
sion d'hydatides  avec  l'urine.  Rien  des  suites  (3). 

Obs.  CLXXXV  (Letssom). 

V.  —  Homme,  trente-deux  ans;  douleurs  dans  le  rein  gauche;  tumeur 
peu  douloureuse  dans  l'hypochondre,  fluctuation  ;  expulsion  d'hydatides  par 
les  urines;  disparition  progressive  de  là  tumeur.  Guérison  (4). 

Obs   CLXXXVI  (Leitsom). 

VI.  —  Homme;  douleurs  dans  le  rein  droit;  expulsion  d'hydatides  par 
les  urines  pendant  dix  ans.  Amélioration,  guérison  probable  (5). 

Obs    CLXXXV1I  (Laennec). 

VII.  —  «  Une  fille  d'environ  trente  ans,  d'une  forte  constitution,  éprou- 
vait depuis  quelque  temps  des  douleurs  dans  la  région  des  reins,  lorsqu'un 
jour,  en  urinant,  elle  sentit  que  le  jet  de  l'urine  s'arrêtait  tout  à  coup  à  plu- 
sieurs reprises  et  ne  se  rétablissait  que  lorsqu'elle  changeait  de  position.  Le 
même  phénomène  se  manifesta  le  lendemain  et  les  jours  suivants.  Au  bout  de 
trois  ou  quatre  jours,  la  malade  rendit  par  l'urèthre,  avec  de  grands  efforts, 
plusieurs  vésicules  entières  et  un  grand  nombre  de  fragments  de  vésicules 
mêlés  aux  urines.  » 

Suit  la  description  des  vésicules,  dont  la  plus  grosse  avait  le  volume  d'un 
œuf  de  poule.  Rien  des  suites  (6). 

Obs.  CLXXXVIII  (Aulagnier). 
VIII  .—Homme  ;  difficulté  d'uriner  depuis  longtemps  ;  urines  fétides  et  glai- 
reuses :  douleur  dans  la  région  lombaire;  gonflement  à  la  région  du   rein 

(1)  Lossi,  op.  cit.,  lib.  IV,  obs.  LVIII,  et  Rayer,  ouvr.  cit. 

(2)  Medic.  observ.  and  inquir.  London ,  1767,  t.  III,  p.  146,  et  Rayer,  ouvr. 
cit.,  obs.  V. 

(3)  Collect.  académ.,  t.  X,  p.  65,  et  Rayer,  ouvr.  cit.,  obs.  VI. 

(4  et  5)  Letlsom,  Two  cases  of  hydatids  rénales,  in  Mem.  of  the  med.  Society 
of  London,  1789,  vol.  II,  p.  33. 

(6)  Laennec,  Mém.  cit.,  obs.  III,  p.  148. 


NATURELLES   OU    AbVËNTlVËS.    —    HVDATIDJiS.  531 

gauche;  traitement  antisyphilitique  ;  évacuation  d'hydatides  avec  les  urines. 
Guérison  (1). 

Obs.  CXXXIX  (Moreâu). 

IX.  —  Homme,  vingt-six  ans  ;  douleurs  depuis  deux  ans  dans  la  région 
lombaire  droite  ;  expulsion  d'hydatides  par  l'urèthre.  Guérison  par  l'emploi 
de  la  térébenthine  (2). 

Obs.  CXC  (Bérard). 
X. — 25  juin  1  831 .  Homme  âgé  de  quarante  ans,  rendant  depuis  trois  ans 
par  les  urines  des  acéphalocystes,  précédées  par  des  douleurs  vives  dans 
la  région  lombaire  gauche.  Expulsion  à  des  époques  variées,  dépassant  rare- 
ment un  mois.  Les  plus  petites  ont  trois  lignes  de  diamètre,  les  plus  grosses 
ont  le  volume  d'un  œuf  de  pigeon.  Ces  dernières  sortaient  ordinairement 
rompues  ou  fort  allongées.  Point  de  rétention  d'urine.  Expulsion  souvent  pré- 
cédée de  douleurs  dans  la  région  lombaire  gauche.  Point  de  tumeur  appré- 
ciable. Les  diurétiques  amenaient  l'expulsion  d'une  plus  grande  quantité 
d'hydatides.  Rien  des  suites  (3). 

Obs.  GXCI  (H.  Barker). 

XI.  —  «  A.  F...,  âgé  de  vingt-huit  ans,  plombier,  peintre  et  vitrier, 
reçut  mes  soins  le  17  décembre  1  853  ;  il  avait  une  douleur  sourde  dans  les 
reins,  particulièrement  du  côté  gauche,  des  envies  fréquentes  d'uriner  et  une 
légère  difficulté  dans  cet  acte.  L'urine  n'était  pas  très  foncée  et  ne  déposait 
pas  par  le  refroidissement  ;  sa  densité  était  de  1  020.  Traitant  ce  cas  comme  un 
lumbago,  je  prescrivis  simplement  dix  doses  d'eau  légèrement  alcaline 

»  Le  22  décembre,  le  malade  me  dit  qu'au  commencement  de  la  nuit,  il 
avait  éprouvé  une  difficulté  à  uriner  plus  grande  que  jamais  et.  que,  pendant 
plusieurs  heures,  il  n'avait  pas  rendu  une  seule  goutte  d'urine  ;  enfin  que  le 
matin  il  avait  rendu  quatre  vessies  gélatineuses,  ce  qui  lui  avait  produit  un 
soulagement  instantané:  c'étaient  des  hydatides.  Il  se  rétablit  au  point  de  re- 
prendre ses  travaux  pendant  l'été  de  1854,  n'ayant  d'autre  souffrance  qu'une 
envie  fréquente  d'uriner. 

»  Le  1 0  septembre,  il  rendit  six  de  ces  vésicules,  mais  avec  moins  de  don- 
leur  et  de  difficulté  que  la  première  fois,  résultat  qu'il  attribuait  à  dix  gouttes 
d'huile  de  térébenthine  que  je  lui  avais  prescrites  et  qui  avaient  beaucoup 
accru  la  diurèse.  L'urine,  après  le  passage  des  vésicules,  étant  légèrement 
teinte  de  sang,  je  recommandai  la  continuation  du  médicament  déjà  prescrit, 

(1)  Aulagnier,  Journ.  gén.  de  méd.  de  Sédillot,  1816,  t.  LVI,  n°  236,  p.  168  et 
173,  et  Rayer,  obs.  VII. 

(2)  Moreau,  médecin  à  Vitry-le-Français,  Biblioth.  méd.,  sept.  1820.  —  Journ. 
gén.  de  méd.  de  Sédillot,  t.  LXXV,  p.  226,  et  Rayer,  obs.  VIII. 

(3)  Gaz.  det  hôpitaux,  1832,  t.  VI,  p.  297. 


f>32  AFFECTIONS  VERMINEUSES   DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

njoulant  seulement  à  chaque  dose  un  demi-scrupule  de  sesquicarbonate  do 

soude. 

»  Le  K)  novembre,  il  rendit  quatre  vésicules;  l'urine  no  devint  pas  rouge 
à  la  suilo.  Le  passage  de  ces  vésicules  était  cependant  précédé  par  une  forte 
douleur  dans  la  région  du  rein  gauche,  par  l'émission  de  plusieurs  caillots  de 
sang  et  par  une  diflicullé  considérable  à  uriner.  En  cette  circonstance,  il  prit 
dix-neuf  gouttes  de  térébenthine  en  deux  heures,  mais  à  doses  fractionnées. 
Bientôt  après  avoir  pris  ce  médicament,  la  douleur  du  rein  gauche  cessa  sou- 
dainement et  en  même  temps  le  malade  éprouva  une  sensation  de  quelque 
chose  qui  se  brise  dans  le  rein.  Il  se  plaignit  ensuite  d'une  douleur  dans  la 
région  iliaque  gauche  qui  persista  pendant  plusieurs  heures  et  qui  cessa  aussi 
soudainement  que  la  première.  Après  cela,  toutes  les  émissions  d'urine  furent 
accompagnées  de  douleurs  dans  l'urèthre  qui  annonçaient  l'expulsion  de  vé- 
sicules par  ce  canal.  Celles  qui  passèrent  alors  étaient  plus  volumineuses  que 
les  précédentes  ;  après  leur  expulsion  toute  douleur  cessa,  le  malade  revint  à 
la  santé  et  ne  conserva  plus  qu'une  douleur  passagère  dans  la  région  lom- 
baire, particulièrement  du  côté  gauche,  depuis  la  date  indiquée  (1  6  novembre) 
jusqu'au  9  décembre  de  la  même  année. 

»  Le  9  décembre,  il  rendit  cinq  vésicules  toutes  d'une  plus  petite  dimen- 
sion que  les  précédentes  ;  il  n'en  évacua  plus  d'autres  jusqu'au  31  décembre; 
ce  jour-là,  il  s'éveilla  avec  une  douleur  aiguë  dans  la  région  des  reins  et  avec 
tous  les  symptômes  qu'il  avait  déjà  éprouvés  le  1  6  décembre.  Dans  la  journée, 
il  ne  rendit  pas  moins  de  vingt  vésicules,  savoir  :  une  à  huit  heures  du  matin, 
onze  à  une  heure  du  soir,  cinq  à  sept  heures  du  soir,  et  trois  à  onze  heures 
du  soir.  Auparavant  et  depuis  lors  le  nombre  des  vésicules  rendues  n'a  jamais 
été  de  onze  à  la  fois.  Ces  corps  qui  se  succédaient  rapidement  avaient  quel- 
quefois la  grosseur  d'une  petite  noix.  L'urèthre  resta  sensible  pendant  quel- 
ques jours,  mais  la  douleur  des  reins  était  beaucoup  moindre. 

»  Le  1er  janvier  1  85S,  une  seule  vésicule  fut  rendue  le  matin.  Le  2,  il  en 
sortit  deux  autres,  une  le  3,  et  deux  le  10.  Depuis  celte  date  (10  janvier) 
jusqu'au  23  juillet,  tous  les  phénomènes  décrits  ci-dessus  n'ont  jamais  com- 
plètement cessé.  Le  nombre  des  hydatides  rendues  dans  cet  intervalle  fut  de 
soixante  et  dix  à  quatre-vingt.  Le  23  juillet,  le  malade  rendit  une  grande  vési- 
cule ;  le  9  novembre,  il  rendit  une  membrane  qui  parut  être  une  portion  d'une 
grande  hydatide;  le  1 1 ,  il  en  rendit  une  entière  et  de  grosseur  moyenne.  Depuis 
cette  date  jusqu'aujourd'hui  (8  décembre)  aucune  autre  vésicule  ne  fut  rendue. 
Le  malade  continue  à  prendre  des  médecines  diurétiques,  et  lorsque  la  dou- 
leur est  plus  violente  que  d'habitude,  il  prend  une  dose  de  térébenthine. 

»  Avant  le  23  juillet,  la  douleur  dans  la  région  iliaque  que  le  malade  com- 
parait à  quelque  chose  qui  se  détache,  et  que  j'attribue  au  passage  des  vési- 
cules de  l'uretère  dans  la  vessie,  cessait  quelquefois  tout  à  coup.  Elle  était 
toujours  restée  confinée  dans  le  côté  gauche;  depuis  cette  date,  le  soulagement 
n'a  pas  été  aussi  fréquent  ni  aussi  complet,  en  sorte  que  le  malade  s'attend 
journellement  à  rendre  de  nouvelles  vésicules.  Dernièrement,  il  ressentit  des 


NATURELLES  OU   ADVEM1VES.    —  HYDATIDES.  533 

douleurs  dans  la  région  du  rein  droit;  mais  l'examen  le  plus  attenlif  ne  fit 
découvrir  aucune  tuméfaction  des  parties  (1).  » 

Obs.  CXCII  (J.  J.  Évans). 

XII.  —  «  M...  S  ..,  âgée  de  vingt-six  ans,  fille  et  couturière,  de  stature 
petite  et  délicate  et  dont  les  parents  étaient  morts  jeunes,  me  consulta  pour  la 
première  fois  en  novembre  1  847,  après  avoir  eu  les  soins  d'un  autre  médecin. 
Elle  se  plaignait  d'une  douleur  aiguë  dans  le  côté  droit,  au-dessous  du  rebord 
des  côtes;  cette  douleur  était  par  moments  très  vive  et  par  moments  obtuse. 
Elle  avait  des  envies  de  vomir  presque  continuelles  et  ne  pouvait  supporter  la 
moindre  compression  ni  sur  le  côté,  ni  à  l'épigastre.  D'après  l'examen  et  la 
nature  des  sécrétions,  je  pensai  qu'il  s'agissait  d'une  affection  bilieuse.  En 
conséquence  je  prescrivis  des  purgatifs  mercuriaux.  Je  ne  trouvai  qu'un  léger 
gonflement  du  côté  malade.  Un  ou  deux  jours  après,  la  douleur  et  les  nausées 
ayant  diminué,  elle  quitta  le  lit  et  reprit  ses  occupations  ordinaires.  Le  jour 
suivant,  elle  éprouva  beaucoup  de  difficulté  à  rendre  ses  urines,  dont  la  quan- 
tité avait  diminué  depuis  quelques  jours,  et  eile  observa  que  cette  urine  était 
légèrement  opaque  au  moment  de  l'émission  et  qu'elle  contenait  des  lambeaux 
de  membranes.  L'examen  de  ces  lambeaux  me  fit  découvrir  des  fragments  de 
vésicule  appartenant  à  une  grande  hydatide,  tandis  que  beaucoup  de  petites 
flottaient  dans  l'urine  ;  ces  dernières  étaient  entières  et  variaient  de  la  dimen- 
sion d'une  tête  d'épingle  à  celle  d'un  grain  de  raisin;  elles  étaient  libres  et 
isolées.  D'après  la  grandeur  des  lambeaux,  je  dois  conclure  que  quelques- 
unes  des  hydatides  étaient  de  la  grosseur  d'un  œuf.  La  malade  paraissait 
assez  bien  et  je  cessai  de  la  traiter,  lui  ayant  expliqué  la  nature  de  sa  ma- 
ladie et  la  possibilité  d'une  récidive. 

»  En  février  4  850,  je  la  trouvai  souffrant  d'une  forte  douleur  dans  le  côté- 
l'examen  me  fit  constater  l'existence  d'une  tumeur  lobulée,  ayant  en  appa- 
rence 8  pouces  de  longueur  sur  4  de  largeur  et  d'épaisseur,  tumeur  située 
dans  la  région  du  rein  droit.  —  Après  l'usage  de  médicaments  anodins  et 
émollients,  elle  dimii  ua  graduellement,  quoique  là  douleur  du  côté  persiflât. 
Le  jour  suivanl,  plusieurs  centaines  d'hydalides  furent  rendues  avec  les 
urines. 

»  En  mai  1854.  la  malade  eut  u>  e  nouvelle  at'aque,  mais  ell-'  ne  rendit 
que  quelques  hvdali  les.  En  nirirs  1853,  en  fé.rier  et  juillet  I  Soi,  ell«  eut 
d'autr  s  •  eclmle-i.  Celte  dernier*  f«  i>,  elle  rendit  \  giand  no-i  l>ie  o  hyda- 
tides dn1  quelques-unes  avaient  u"e  gros.-eur  cotK-idérab'e.  I.  ui.e  d'eues 
avait  lel'ement  obsln.é  l'uièihrp  q'nl  f ail-  .  en  .ai.e  l'extia.t  on.  La  tumeur 
située  dais  lecôéavaii  comp  éte.nent  di-paru  et  n'a  pas  repaïuj  sju'a  (  ré- 
senl  (novembre  1855)  (2);  » 

(I)  T  Hcrlrrt  Barker,  On  cyslic  eiUozoï  in  Ihs  human  kid..ey,  read  before  Ihe 
med.  Suc.  ol  Londun,  15  décembre  18j5. 

(2j  J.-J.  Evans,  in  Herbert  Barker,  Mém.  cit.,  p.  10. 


f>34  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES   CAVITÉS   SÉREUSES 

C.  —  Kyste  du  rein  ?  ouvert  dans  les  conduits  urinaires  et  l'intestin. 

XIII,  XIV.  —  Voyez  le  cas  de  Pascal  (obs.  CXLIII)  et  celui  de  Barthez 
(obs.  CXLIV). 

D.  —  Kyste  ouvert  dans  la  vessie. 

(Voyez  section  V.  —  Hydatides  du  petit,  bassin.) 

E.  —  Hydatides  rendues  avec  l'urine  ;  origine  inconnue. 

Obs.  CXCIII  et  CXCIV  (Warthon  ;  —  Houillier). 

XV,  XVI.  —  <  Houillier  dit  avoir  vu  un  homme  qui,  après  plusieurs 
jours  de  vives  souffrances,  rendit  avec  les  urines  des  globules  transparents  en 
forme  de  gelée  ;  Warthon  a  vu  aussi  des  hydatides  être  rendues  avec 
l'urine  (4).  » 

Obs.  CXCV  (Duncan). 

XVII.  —  Ouvrier,  vingt-sept  ans  ;  sentiment  de  faiblesse  dans  la  région 
lombaire  droite;  fragments  d'hydatides  rendus  avec  l'urine,  il  y  a  un  mois; 
plusieurs  sont  rendus  dans  le  cours  du  mois  suivant  ;  une  vésicule  intacte  en 
contenait  une  autre  à  l'intérieur.  Urines  normales.  Rien  des  suites  (2). 

Obs.  CXCVI  (Brachet). 

XVIII.  —  «  Un  homme,  âgé  de  vingt-huit  ans,  ayant  jusque-là  joui  d'une 
bonne  santé,  fut  tourmenté  de  douleurs  hypogastriques  et  d'ischuries  qui  se 
terminaient  par  un  gros  jet  d'urine.  M.  Brachet  constata  que  ce  gros  jet 
d'urine  qui  terminait  les  ischuries  était  une  émission  d'hydatides.  Une  fois,  une 
douleur  très  vive  étant  causée  par  une  hydatide  arrêtée  dans  le  canal,  ce  mé- 
decin perça  la  poche  membraneuse  avec  une  sonde  à  dard,  et  l'émission 
d'urine  se  fit  librement  (3).  » 

Obs.  CXCVII  (Barthez). 

XIX.  —  «  M.  Barthez  fait  voir  des  lambeaux  d'hydatides  rendus  avec  le* 
urines  et  venus  probablement  des  reins  (4).  » 

Obs.  CXCVIII  (Mùller  et  Hecker). 

XX.  —  Miïller  a  vu  un  cas  où  des  échinocoques,  venant  sans  doute  des 

(1)  Warthon,  Adenographia,  1856,  in-8.  —  Hollerii,  Op.,  lib.  I,  De  morbis 
internis.  Paris,  1664,  cap.  50,  et  Rayer,  ouvr.  cit.,  p.  558. 

(2)  Duncan,  Liverpool  medic.  Journ.,  juillet  1834,  et  Gaz.  des  hôpitaux,  1834, 
t.  VIII,  p.  605. 

(3)  J.-L.  Brachet,  Obs.  sur  une  émission  d'hydatides  avec  les  urines  (Revue  mé- 
dicale, 1831,  t.  IV,  p.  105;  extrait  des  Transactions  médicales,  septembre  1831). 

(4)  Barthez,  Bull,  Soc.  anal.,  1836,  p.  172. 


NATURELLES  OU  ADVENTIVES.  —  HYDATIDES.         535 

reins,  furent  rendus  avec  l'urine.   Le  malade  était  traité  par  le  professeur 
Hecker.  Point  de  renseignements  sur  la  maladie  (I). 

Obs.  CXCIX  (docteur  Jones,  de  Londres). 

XXI.  —  «M.  Jones  montre  à  la  Société  pathologique  de  Londres  des  hy- 
datides  expulsées  avec  l'urine,  les  unes  entières  et  grosses  comme  des  noi- 
settes, les  autres  rompues;  elles  contenaient  des  échinocoques.  Les  hydatides 
parurent  après  neuf  jours  de  phénomènes  graves  ;  quatre  jours  après,  il  en 
parut  une  autre;  il  ne  reste  plus  maintenant  dans  l'urine  que  de  l'oxalale  de 
chaux.  »  Absence  de  détails  sur  la  maladie  (2). 

Obs.  CC  (Fleckes). 

XXII.  —  Hydatides  de  la  vessie?  (3). 

F.  —  Hydatides  (ou  cysticerques?}  rendues  avec  l'urine. 

Obs.  CCI  (Parmentier). 

XXIII.  —  «  Parmentier  a  publié  un  cas  d'hydatides  des  reins  rendues 
par  l'urèthre,  observé  chez  un  jeune  homme  de  vingt  ans  qui  finit  par  se  ré- 
tablir après  l'évacuation  d'un  grand  nombre  d'hydatides La  pression  de 

ces  vers  avec  le  doigt,  dit  M.  Parmentier,  en  faisait  saillir  la  tête  dont  il  me 
fut  facile  de  distinguer  au  microscope  la  forme  et  les  annexes  (4).  » 

Obs.  CCII  (Weitenkampf). 

XXIV.  —  «Une  jeune  fille  de  vingt-deux  ans,  bien  réglée,  qui  souffrait  depuis 
longtemps  d'un  catarrhe  chronique  de  vessie,  fut  prise  subitement,  par  suite 
d'un  refroidissement,  d'une  aphonie  complète  avec  douleur  dans  le  larynx  et 
dans  la  trachée,  sans  fièvre.  Des  moyens  révulsifs  puissants  la  réiablirent 
complètement,  mais  à  cette  maladie  succéda  une  très  grande  difficulté  dans 
l'émission  de  l'urine,  avec  strangurie,  phénomènes  qui  persistèrent  jusqu'à  ce 
que  la  malade  rendît  tous  les  quatre  ou  cinq  jours  une  quantité  notable  d'hy- 
datides par  l'urèthre.  Elles  variaient,  depuis  la  grosseur  d'un  pois  jusqu'à 
celle  d'une  noisette,  et  leur  nombre  était  de  50  à  60:  l'inspection  avec  la 
loupe  prouva  qu'elles  étaient  vivantes .  Après  chaque  éjection,  la  strangurie 
cessait  pour  reparaître  bientôt  après,  et  persister  jusqu'à  ce  qu'une  nouvelle 
quantité  d'hydatides  eût  été  rejetée.  Cela  dura  plusieurs  mois,  et  les  forces 
de  la  malade  diminuèrent  considérablement.  Un  régime  fortifiant  combiné  avec 

(1)  J.  Mûller,  Archiv  fur  Anatomie  und  Physiologie,  1836,  et  Livois,  thèse  cil., 
obs.  II. 

(2)  Jones,  Mém.  cit.,  p.  311. 

(3)  Fleckes,  Wiener  medicinische  Wochenschrifl,  1855,  n°  3,  9,  indiqué  dans 
Gaz.  hebdom.,  avril,  1855. 

(4)  Parmentier,  Nouv.  Biblioth.  méd.,  1829,  t.  IV,  p,  412.  cité  par  Rayer, 
p.  558,  559. 


536  AFFECTIONS  VERMINLUSF.S   DES   CAVITES   SÉREUSES 

les  anthelminthiques  Fut  employé  avec  succès,  et  la  malade  guérit  tout  à 
fait  par  l'usage  de  l'huile  de  Chabert  (l).  » 

t  Le  docteur  Créplin,  dit  M.  Rayer,  frappé  de  celte  dernière  circonstance 
(qu'elles  étaient  vivantes),  demanda  des  renseignements  plus  précis  au  doc- 
teur Weitenkampf,  desquels  il  sembla  résulter  que  ces  hydalides  étaient  des 
cysticerques  (2).  » 

Les  cysticerques  développés  dans  le  parenchyme  des  organes, 
chez  l'homme,  étant  généralement  isolés  dans  un  kyste,  il  serait 
difficile  de  comprendre  qu'ils  se  présentassent  en  grand  nombre  dans 
les  urines. 


SEPTIÈME  SECTION. 

HYDATIDES    DES     ORGANES    SUPERFICIELS. 

Les  hydatides  se  développent  rarement  dans  les  parois  du  tronc 
et  plus  rarement  encore  dans  les  membres;  elles  sont  également 
très  rares  dans  les  organes  placés  superficiellement,  tels  que  ceux  de 
la  face  et  les  organes  génitaux  extérieurs. 

A.  —  Hydatides  des  annexes  de  l'œil. 

Nous  rapporterons,  à  propos  des  affections  vermineuses  de  l'œil, 
plusieurs  observations  d'hydatides  développées  dans  l'intérieur 
même  du  globe  oculaire.  Les  cas  de  ces  vers,  observés  dans  l'orbite 
ou  dans  les  paupières,  sont  rares,  et  probablement  quelques-uns  de 
ceux  qui  ont  été  rapportés  aux  hydatides  appartiennent  aux  cysti- 
cerques ou  aux  kystes  séreux.  Les  accidents  déterminés  par  les 
hydatides  intra-orbitaires  sont  analogues  à  ceux  que  déterminent  des 
tumeurs  d'une  autre  nature  qui  se  développent  dans  la  même  région. 

Obs.  CCÏII  (Adam  Schmidt).  —  Glande  lacrymale. 

I.  —  «  Adam  Schmidt  a  observé  une  hydatide  dans  h  glande  lacrymale,  » 
dit  Bremser  (3). 

(1)  Wochenschrift  von  Casper,  1836,  n°45,  et  Arch.  de  méd.,  1837,  3°  série, 
t.  I,  p.  367. 

(2)  Muller's  Archiv  fur  anal,  etc.,  Heft  II,  S.  149,  1840,  cité  par  Rayer, 
p.  559. 

(3)  Joh.  Adam  Schmidl,  Ueber  die  Krankheiten  des  Thraenenorgans.  Wien, 
1803,  lab.  II,  S.  73,  cité  par  Bremser,  p.  305. 


NATURELLES  OU   ADVENT1VES.   —  HYDATIDES.  537 

Obs.  CCIV  (Lawrence).  —  Orbite, 
H  — «  Le  malade  qui  se  présente  à  cette  infirmerie,  se  plaignait  d'une  dou- 
leur et  d'une  tension  violente  au  fond  de  l'orbite  :  il  y  avait  une  légère 
exophlhalmie;  c'est  ce  qui  me  fit  croire  qu'il  existait  une  tumeur  nu  fond  de 
l'orbite...  Le  malade  quitta  l'infirmerie;  il  n'y  revint  qu'au  bout  d'un  an, 
offrant,  alors  une  projection  plus  prononcée  du  globe  oculaire  et  une  saillie  évi- 
dente derrière  la  paupière  supérieure;  je  reconnus  facilement  que  la  tumeur 
était  fluctuante,  j'y  pratiquai  une  ponction  pour  voir  ce  qu'elle  contenait  ;  il 
s'en  écoula  une  cuillerée  d'un  fluide  aqueux,  dont  l'issue  soulagea  le  malade. 
Au  bout  d'une  semaine,  je  remarquai  que  quelque  chose  faisait  saillie  à  tra- 
vers l'ouverture  ;  je  saisis  ce  corps  avec  des  pinces,  et  je  vis  sortir  une  hyda- 
tided'un  volume  considérable.  Les  jours  suivants,  il  en  sortit  encore  d'autres 
et  alors  j'injectai  de  l'eau  tiède  par  l'ouverture  faite  à  la  paupière,  et  je  fis 
sortir  environ  plein  la  moitié  d'une  tasse  à  café  d'hydatides  de  différents  vo- 
lumes. Le  kyste  étant  venu  à  s'enflammer  suppura  et  ne  tarda  pas  à  se  fermer 
et  à  se  cicatriser;  l'œil  reprit  sa  place  dans  l'orbite,  mais  il  ne  recouvra  pas  la 
faculté  de  voir  ;  du  moins  le  malade  se  trouva  délivré  des  douleurs  atroces 
dont  l'orbite  et  la  tête  étaient  le  siège,  et  sa  santé  se  rétablit  parfaite- 
ment (1)    » 

Obs.  CCV  (Goyrand).  —  Orbite. 
III. — Chez  un  enfantdeonze  ans,  l'œil  gauche  repoussé  en  avant  vers  le  nez, 
est  saillant  hors  de  l'orbite,  immobile,  son  axe  dirigé  en  dehors;  les  paupières 
distendues  ne  recouvrent  l'œil  qu'en  partie,  et  leur  bord  libre  renversé  en 
dedans  tourne  les  cils  contre  cet  organe.  La  conjonctive  est  injectée,  la  cornée 
légèrement  opaque,  la  vue  affaiblie.  Les  douleurs  paraissent  le  résultat  de  la 
compression  et  de  la  distension  des  parties.  Le  début  de  l'exophlhalmie  re- 
monte à  deux  ans.  L'œil  a  son  volume  normal  ;  une  tumeur  qui  le  déplace  fait 
saillie  au  côté  externe  de  la  base  de  l'orbite;  elle  est  dure,  rénitenle,  avec 
une  fluctuation  obscure.  Incision  de  la  tumeur,  issue  d'un  liquide  limpide; 
excision  d'un  lambeau  du  kyste,  extraction  d'une  hydatide  solitaire,  fléirie, 
du  volume  d'une  noix.  L'œil  rentre  dans  l'orbite,  application  d'eau  froide,  gon- 
flement considérable,  écoulement  purulent,  abondant;  retour  des  parties  dans 
leur  situation  normal'",  >auf  la  persistance  d'un  léger  strabisme.  Guérison  de 
la  ronj  nciivite.  de  l'opacité  de  la  cornée  ;  vue  notablement  améliorée  (2). 

Obs.  (XVI  (Ansiacx).  —  Orbite. 

IV.  — Il  s'agit  d'un  garçon,  âgé  <\r  huit  ans.  qui  avait  une  tumeur  à  la  |  artie 
externe  et  inférieure  de  1  orbiie  gauche.  E  le  existait  depuis  six  mois,  et  était 

(1)  W.  Lawrence,  Traité  pratique  sur  tes  maladies  des  yeux,  trad.  Paris,  1822, 
part.  III,  cliap.  14. 

(2)  Goyrand,  chirurgien  d'Aix,  Ann,  de  la  chir.  franc. ,  1843,  et  Bull,  thérap., 
t.  XXV,  230. 


538  AFFECTIONS    VEKMINEIISES    DES   CAVITÉS   SÉREUSES 

située  entre  les  muscles  droit  inférieur  et  droit  externe;  l'œil  était  dévié  en 
haut  et  en  dedans  ;  ses  mouvements  étaient  f^énés,  la  conjonctive  était  en- 
flammée. Une  incision  donna  issue  à  une  hydatide  du  volume  d'une  noisette: 
point  de  détails  sur  sa  structure  (1). 

V.  VI.  VIL  — A  la  suite  de  cette  observation,  M.  Ansiaux  faitmention  de  cas 
semblables  observés  par  Welden,  Delpech,  Garcia  Romeral  (Madrid,  1  845). 

VIII.  IX. — M.  Velpeau,à  l'article  Oruite  du  Dictionnaire  de  médecine,  parle 
de  deux  autres  cas  observés  l'un  par  Gutlirie  et  l'autre  par  Travers  (2). 

Obs.  CCVII  (J.  Cloquet).  —  Paupière. 

X.' —  «  M.  J.  Cloquet  a  fait  l'extirpation,  chez  une  petite  fille  de  quatre  ans, 
d'une  tumeur  développée  sous  la  paupière  supérieure  de  l'œil,  vers  le  grand 
angle,  ayant  le  volume  d'une  petite  noix  et  qui  s'est  trouvée  être  une  hydatide 
contenue  dans  un  kyste  fort  mince.  Derrière  ce  premier  kyste  s'en  trouvait 
tin  deuxième  plus  épais,  fibreux,  rempli  d'un  liquide  albumineux  (3).  » 

B.  —  Hydatides  de  la  face. 

Obs.  CCVIII  (Ph.  Ricord).  —  Hydatide?  de  la  fosse  canine. 

I. — Un  enfant  âgé  de  deux  ans,  offrait,  depuis  l'âge  de  six  mois,  une  tumeur 
régulière,  dure,  élastique,  mobile,  indolente,  située  dans  la  fosse  canine;  cette 
tumeur  causa  de  l'inflammation  dans  les  parties  voisines.  Une  ponction  fut 
faite  avec  la  lancette,  il  sortit  du  pus  et  «  un  kyste  blanchâtre  se  présenta 
entre  les  lèvres  de  la  plaie...  C'était  une  hydatide  acéphalocyste,  de  la  gros- 
seur de  l'extrémité  du  petit  doigt,  parfaitement  sphérique,  composée  d'une 
membrane  très  mince,  d'un  blanc  opalin,  demi-transparente,  offrant  sur  une 
partie  de  sa  circonférence  un  point  épaissi,  blanc,  opaque,  et  renfermant  dans 
son  intérieur  un  liquide  aqueux,  incolore...  »  La  poche  contenait  encore  du 
pus  qui  fut  évacué  par  la  compression,  et  cinq  jours  après  la  plaie  fut 
fermée  (4).  » 

II.  —  Voyez  l'observation  VI  (Reynal). 

(1)  Ansiaux  de  Liège,  Cas  d'hydatide  solitaire  de  l'orbite  {Médical  Times  et  Gaz. 
des  hôpit.,  1854,  p.  514. 

(2)  Guthrie,  Maladies  des  yeux,  p.  148-157..  —  Travers,  Maladies  des  yeux, 
p.  229-235  (cités  par  Velpeau,  art.  Orbite,  Dict.  de  méd.  en  30  vol.,  1840, 
p.  309). 

(3)  Acad.  roy.  de  méd. ,  séance  du  25  janv.  1827  (Archiv.  gén.  de  méd.,  t.  XIII, 
p.  293). 

(4)  Philippe  Ricord,  Observ.  d'une  hydatide  acéphalocyste  développée  dans  la 
fosse  canine  [Arch.  yen.  de  méd.,  1825,  t.  VIII,  p.  327). 

Le  poiut  épaissi,  blanc  et  opaque,  qui  se  trouvait  sur  la  paroi  de  la  vésicule, 
pourrait  faire  croire  qu'il  s'agit  d'un  cysticerque. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.     —   HYDATIDES.  539 

C.  —  Hydatides  de  la  bouche. 

Obs.  CCIX  (Lefoulon).  —  Gencive. 

I.  —  «  Il  y  a  deux  ans  environ  que  M.  C.  s'était  fait  extraire  la  troisième 
dent  molaire  inférieure  qui  était  cariée  ;  trois  mois  après,  une  petite  tumeur  se 
montre  sur  la  gencive  de  la  dent  enlevée  ;  elle  est  douloureuse,  incommode 
durant  la  mastication  ;  son  volume  est  progressif  au  point  d'égaler  par  la 
suite  un  petit  œuf  de  perdrix,  et  obliger  le  malade  à  rester  souvent  la  bouche 
béante.  Sa  présence  a  déjeté  la  quatrième  molaire  en  arrière  et  en  dehors,  la 
deuxième  en  avant  et  en  dedans;  cette  dernière  dent  est  cariée.  La  tumeur 
est  couverte  par  la  muqueuse  gengivale  qui  paraît  saine;  elle  offre  de  la  fluc- 
tuation à  son  centre. 

»  M.  Lefoulon  extrait  l'une  des  dents  déplacées,  et  la  tumeur  se  vide  sur- 
le-champ,  l'opéré  crache  avec  du  sang  trois  petits  corps  arrondis  et  parfaite- 
ment transparents.  Us  avaient  chacun  le  volume  d'un  gros  pois;  leur  consis- 
tance était  comme  gélatineuse  ;  ils  contenaient  un  liquide  incolore  et  transpa- 
rent comme  de  l'eau;  examinés  attentivement  par  plusieurs  médecins,  ces 
corps  ont  été  reconnus  pour  des  acéphalocystes  (1).  » 

Obs.  CCX  (Robert).  —  Amygdale,  incision,  mort. 

II.  —  «  Un  homme  éprouvait  une  grande  gêue  dans  la  déglutition,  l'arti- 
culation des  sons  et  même  la  respiration,  causée  par  une  tumeur  développée 
dans  l'amygdale  gauche.  Cette  tumeur  n'avait  acquis  que  peu  à  peu  le  volume 
qu'elle  présentait  au  momenl  de  l'observation.  On  crut  à  l'existence  d'un 
abcès  chronique;  une  large  incision  est  pratiquée;  aussitôt  avec  un  flot  de 
liquide  transparent  s'échappe  une  membrane  blanche,  élastique,  arrondie  en 
poche,  qui  présentait  tous  les  caractères  d'une  acéphalocyste  solitaire.  —  Cet 
individu  succomba  bientôt  aux  suites  de  cette  opération.  Sa  mort  fut  occa- 
sionnée, dit-on,  par  une  gastro-entérite. 

»  A  l'ouverture,  on  trouva  une  vaste  poche  creusée  au  niveau  de  l'amyg- 
dale qui  avait  disparu  ;  il  existait  dans  l'abdomen  une  tumeur  absolument  sem- 
blable (2).  » 

D.  —  Hydatides  des  parties  antérieure  et  latérale  du  cou  (hydatides  du  corps 
thyroïde? }. 

Obs.  CCXI  (Laennec).  —  Kyste  hydatique  du  col,  ouvert  dans  la  trachée. 
I.  —  «  Un  portier,  âgé  de  cinquante  ans,  entra  à  l'hospice  de  l'École,  le 

(1)  Lefoulon,  chirurgien-dentiste,  Jour»,  hebdom.  de  méd.,  1836,  t.  IV,  p.  151, 
et  Gaz.,  méd.,  t.  IV,  p.  778.' 

A  propos  de  ce  fait,  le  rédacteur  de  la  Gazette  médicale  cite  des  observations  de 
kystes  hydàtiques  développés  dans  plusieurs  organes,  la  langue,  l'ovaire,  la  ma- 
trice, etc.  ;  mais  l'auteur  confond  évidemment  des  kystes  de  nature  diverse. 

(2)  Cité  par  Cruveilhier,  Dictionn.  de  médecine,  art.  Acéphalocystes,  p.  264. 


540  AFFECTIONS  VERMINEUSE5  OF.S   CAVITÉS  SÉREUSES 

30  pluviôse,  an  xi.  Il  avait  au  côté  droit  du  cou  une  tumeur,  du  volume  et  à 

peu  [nés  de  la  figure  d'un  œuf  d'oie.  Cette  tumeur  s'étendait  transversalement 

depuis  la  partie  inférieure  do  la  ligne  médiane  antérieure  du  cou  jusque  vers 

l'angle  de  la  mâchoire  inférieure.  Le  professeur  Dubois  reconnut  qu'elle  était 

enkystée. 

»  Vers  le  soir  on  s'aperçut  que  le  malade  éprouvait  de  l'oppression  ;  un 
moment  après  il  perdit  connaissance,  la  respiration  et  le  pouls  devinrent 
presque  insensibles,  et  le  malade  expira  sans  agonie  au  bout  de  deux  ou  trois 
minutes. 

»  Autopsie.  La  tumeur,  de  forme  ovoïde,  longue  de  sept  travers  de  doigt, 
épaisse  de  quatre  vers  sa  partie  moyenne,  recouvrait  par  sa  partie  interne  et 
postérieure  le  côté  droit  et  un  peu  la  partie  antérieure  du  larynx  et  des  pre- 
miers cerceaux  cartilagineux  de  la  trachée-artère,  les  vaisseaux  et  les  nerfs 
profonds  du  cou;  antérieurement  elle  était  recouverte  par  le  muscle  sterno- 
mastoïdienet  un  peu  inférieurementparles  sterno-hyoïdien  et  sterno-thyroïdien 
du  côté  droit;  elle  refoulait  à  gauche  le  lobe  droit  de  la  glande  thyroïde  qui 
était  petit  et  allongé.  Cette  tumeur  était  formée  par  un  kyste  qui  renfermait 
une  acéphalocyste  du  volume  d'un  œuf  de  poule,  une  seconde  de  la  grosseur 
d'une  noix,  et  plusieurs  petites. 

»  Le  kyste  qui  contenait  ces  vers  vésiculaires  était  épais  d'environ  deux 
lignes  dans  toute  son  étendue. 

»  A  l'endroit  où  la  tumeur  recouvrait  le  larynx  et  la  trachée,  on  voyait 
une  ouverture  ronde  de  4  lignes  (8  millim.)  de  diamètre,  qui  pénétrait  dans 
la  trachée-artère,  de  manière  qu'une  partie  du  cartilage  cricoïde,  le  premier 
cerceau  cartilagineux  de  la  trachée  et  une  partie  du  second,  étaient  détruits 
et  comme  usés  en  cet  endroit.  Le  kyste  adhérait  fortement  au  contour  de 
cette  ouverture,  la  membrane  muqueuse  de  la  trachée  y  formait  de  petits 
lambeaux.  Elle  était  d'un  rouge  écarlaie  foncé,  depuis  la  glotte  jusqu'à  la 
division  des  bronches  (il  régnait  alors  un  catarrhe  épidémique).  Cette  rougeur 
occupait  toute  l'épaisseur  de  la  membrane  muqueuse...  Les  autres  parties  du 
corps  n'offraient  aucune  lésion  remarquable  (1).  » 

Obs.  CCXII  (Lieutaud).  —  Kyste  hyda tique  du  col,  ouvert  dans  la  tra- 
chée. —  Hydatides  du  ccrjis  thyroïde  ? 

II.  —  «  Une  jeune  fille,  âjiée  de  dix-huit  ans,  s'ap°rçut  d'une  tumeur 
placée  à  la  région  antérieure  et  inférieure  du  col  Celle  tumeur  augmei  le  peu 
à  peu  pendant  dix  an»,  au  bout  des  :u;ls  elle  devient  -i  considérable,  ou  plutôt 
caus-  des  riccide-  ts  Je  suff.>c  lion  si  graves,  que  la  malade  se  dé  ide  à  venir 
chercher  du  secours  à  l'nôp  t  •  I  de  Versailles,  dont  Lieulaud  éiaU  alors  mé- 
decin La  situation  de  la  tumeur  ne  lui  permit  pas  de  douter  que  la  glanJe 
thyroïde  n'en  fût  le  ;-iége.  Cette  glande  était  très  saillante,  mais  peu  doulou- 
reuse; la  respiration  était  extrêmement  gênée;  la  malade  ne  pouvait  respirer 

(t)  Lacnnec,  Mém.  cit.,  obs.  II,  p.  144. 


NATURELLES   OU    ADVENÎ1VES.    —   HYDATIDES.  5A1 

qu'en  portant  la  tôle  fort  en  avant,  et  n'osait  depuis  quelques  jours  se  cou- 
cher horizontalement  de  peur  d'être  suffoquée  II  était  évident  que  cette  dys- 
pnée extrême  n'était  pas  uniquement  du  fait  de  la  tumeur  extérieure.  On 
soupçonna  un  vice  quelconque  dans  l'intérieur  des  voies  aériennes,  et  l'on  eut 
bientôt  la  triste  occasion  de  s'en  assurer  ;  car,  le  sixième  jour  de  son  entrée, 
la  malade  mourut  en  causant  avec  sa  compagne. 

»  Lieutaud  trouva  le  corps  thyroïde  d'un  volume  très  considérable...,  et 
au-dessous  du  larynx  un  corps  membraneux,  blanchâtre,  très  irrégulier,  fai- 
sant cinq  ou  six  lignes  de  saillie,  flottant  et  tenant  par  une  base  assez  large 
à  la  face  interne  de  la  trachée,  laquelle  était  perforée  pour  le  recevoir. 

»  Restait  à  découvrir  l'origine  de  cette  tumeur.  Lieutaud  incise  le  corps 
thyroïde  avec  beaucoup  de  précaution  ;  mais  à  peine  l'a-t-il  entamé,  qu'il  jaillit 
par  l'ouverture  un  flot  de  liquide  parfaitement  transparent  et  insipide  ;  la  poche 
qui  le  contenait  étant  ouverte,  il  vit  que  cette  poche,  d'un  volume  assez  con- 
sidérable pour  admettre  une  orange,  renfermait  un  grand  nombre  de  vessies, 
véritables  hydatides  remplies  d'eau.. .  Ayant  vidé  la  poche,  Lieutaud  reconnut 
aisément  qu'elle  communiquait  avec  la  cavité  de  la  trachée  par  une  ouver- 
ture exactement  circulaire,  de  cinq  lignes  de  diamètre  ;  c'était  par  cette 
ouverture  que  s'étaient  engagées  plusieurs  hydatides  vides  qui  constituaient 
le  corps  mollasse  et  flottant  dont  nous  avons  parlé.  La  suffocation  a  été  le  ré- 
sultat, soit  de  l'ouverture  des  acéphalocystes  et  de  l'épanchement  du  liquide 
dans  la  trachée,  soit  de  l'espèce  de  bouchon  qu'aura  formé  la  tumeur  indiquée 
et  qui  se  sera  engagé  dans  la  glotte. 

»  Le  corps  thyroïde  lui-même  était  parfaitement  sain  dans  son  tissu, 
mais  la  compression  à  laquelle  il  avait  été  soumis  l'avait  fait  se  mouler  sur 
la  poche  (1).  » 

Obs.  CCXIII  (De  Haen).  —  Hydatides?  du  corps  thyroïde. 

III.  —  «  In  cadavere  horrendam  mole  thyroidaeam  glandulam  nactus, 
publiée  dissecui.  Mecum  auditores  mirabantur  nullum  fere  genus  tumorum 
dari,  quin  in  hac  sola  thyroidsea  inveniretur.  Hîc  enim  steatoma,  ibi  athe- 
roma,  alio  in  loco  purulentus  tumor,  in  alio  hydaticus,  in  alio  erat  coagulatus 
sanguis,  fluidus  ferè  in  alio,  imô  hinc  glutine  loculus  plenus  erat,  alibi  calce 
cum  sebo  mistâ,  etc.,  haec  autem  omnia  in  una  eademque  thyroidaea  glan- 
dula  (2).  » 

Cette  tumeur  du  corps  thyroïde  appartenait  peut-être  à  des  hyda- 
tides qui  avaient  subi  une  transformation  plus  ou  moins  avancée. 
Quant  aux  cas  de  Laennec  et  de  Lieutaud,  le  premier  était  en  rap- 

(1)  Lieutaud,  Observation  sur  les  suites  d'une  suppression  et  sur  les  hydatides 
formées  dans  la  glande  thyroïde  (Mém.  Acad.  roy.  des  se,  1754,  p.  71.  — Analyse 
par  Cruveilhier,  art.  Acéph.,  cité  p.  263. ) 

(2)  Ant.  de  Haen,  op.  cit.,  t.  111,  pars  VU,  cap.  3,  §  4,  p.  323. 


542  AFFECTIONS   VlillMlNUUSKS    BeS    CAVITÉS   SKItliÙSÈS 

port  nvec  le  corps  thyroïde,  mais  il  s'était  développé  en  dehors  de 
cet  organe;  sans  doute  il  en  était  de  même  pour  le  second. 

E.  —  Hydatides  des   régions  postérieure  et  latérale  du  cou. 

Obs.  CCXIV  (Hewnden).  —  Région  de  lu  nuque. 

I.  —  «  Une  femmede  Londres,  âgée  do  vingl-cinq  ans,  avait  une  tumeur 
goitreuse  considérable,  dont,  la  base  était  située  à  la  partie  inférieure  de  l'oc- 
ciput, s'élendant  sur  la  nuque  jusqu'aux  deux  jugulaires  et  jusqu'aux  omo- 
plates; elle  était  surmontée  d'un  phlegmon.  J'ai  placé  en  travers  sur  cette  large 
tumeur  un  caustique,  afin  de  séparer  la  peau  d'avec  le  kyste  ;  mais,  sur  la 
partie  phle^moneuse,  la  peau  était  si  mince  que  je  dus  ouvrir  en  même  temps 
le  kyste,  duquel  j'ai  extrait  soixanle  hydatides  de  la  grosseur  d'une  petite  noix. 
Plusieurs  étaient  rompues  ;  ces  hydatides  nageaient  dans  un  liquidé  de  la  con- 
sistance du  blanc  d'œuf.  Dans  ce  kyste,  j'ai  trouvé  une  grande  quantité  de 
matières  alhéromateuses  et  sléatomateuses,  et  à  la  base  un  grand  sarcome 
dont  j'ai  enlevé  la  plus  grande  partie  ;  mais,  craignant  de  toucher  aux  mus- 
cles du  cou,  j'ai  attendu  au  pansement  suivant  pour  achever,  nie  proposant 
d'enlever  le  reste  du  sarcome  et  la  base  du  kyste  par  les  caustiques.  J'ai  en- 
suite appliqué  ces  caustiques  sans  succès,  car  ils  ne  produisirent  point  d'es- 
chare,  la  base  du  kyste  étant  cartilagineuse.  Cherchant  avec  la  sonde  à  trouver 
un  interstice,  je  pénétrai  plus  profondément,  et,  touchant  une  partie  mem- 
braneuse ou  nerveuse,  le  malade  poussa  un  cri  violent.  Je  plaçai  dans  cet 
instertice  un  morceau  de  vitriol  romain  d'une  dimension  convenable,  et  qui 
sortit  le  lendemain  dissous  avec  une  partie  de  la  base  du  kyste.  En  conti- 
nuant ces  applications,  toute  la  base  fut  enlevée  et  la  guérison  s'ensuivit. 

»  Je  ferai  deux  remarques  importantes:  l'une,  c'est  que  cette  tumeur  était 
presque  aussi  grosse  sept  ans  auparavant  ;  l'autre,  c'est  que  le  premier  caus- 
tique appliqué,  qui  était  le  précipité  rouge,  produisit  une  salivation  abondante 
pendant  cinq  semaines  (1  ) .   > 

Oiss.  CCXV  (Bidloo).  —  Région  sterno-mastoïdienne. 

II.  —  Bidloo  rapporte  qu'en  I  699,  il  fut  consulté  par  un  homme,  âgé  de 
trente-deux  ans,  qui  portait  une  tumeur  très  volumineuse,  uniforme,  dure, 
peu  douloureuse,  très  pesante,  étendue  depuis  la  région  de  l'oreille  jusqu'à  la 
partie  supérieure  de  l'épaule  droite.  Cette  tumeur  datait  d'environ  six  ans. 
On  y  fit  une  incision  qui  comprenait  le  muscle  trapèze  ;  pendant  qu'on  cher- 
chait à  isoler  le  kyste,  celui-ci  s'ouvrit  ;  il  en  jaillit  une  grande  quantité  de 
liquide,  et  l'on  en  retira  au  moins  trente-six  hydatides;  il  s'écoula  aussi  beau- 

(1)  An  observ.  of  a  tumor  on  the  neck,  full  of  hydatids,  cured  by  Anthony 
Hewnden,  surgeon  :  commun,  by  D'  Edw.  Tyson,  in  Philosoph.  Iransact.,  vol.  XXV, 
for  Ihe  year  1706,  1707,  n°  308,  §  6,  p.  2344. 


NATURÊLtÈS  OÙ   ADVENTlVES.    —  HYDATIDES.  5&5 

coup  de  sang.  La  cavité  fut  remplie  de  charpie  et,  huit  semaines  après,  la 
guérison  était  parfaite  (1). 

Obs.  CCXVI  (Rossi).  —  Région  stemo-mastoïdienne. 

III.  —  Une  femme,  âgée  de  quarante  ans,  portait  depuis  trois  ans,  à  la 
partie  postérieure  du  cou,  une  tumeur  qui  s'étendait  de  l'apophyse  mastoïde 
gauche  à  la  partie  inférieure  de  la  région  cervicale  ;  elle  avait  5  pouces  de 
longueur  et  3  de  largeur.  Cette  tumeur  étant  devenue  douloureuse,  on  ht  une 
application  de  potasse  caustique,  et  l'eschare  fut  incisée  par  le  bistouri;  il  en 
sortit  un  grand  nombre  d'hydatides.  Du  nitrate  d'argent  fut  appliqué  à  la  face 
interne  du  kyste;  des  injections  avec  l'acide  nitrique  étendu  d'eau  furent  pra- 
tiquées ;.  la  cavité  se  remplit  de  pus  auquel  une  nouvelle  incision  procura  une 
issue  plus  facile  ;  la  guérison  fut.  prompte  Cl). 

Obs.  CCXV1I  (Defrance  et  Roux).  —  Région  sterno-masloïdienne. 

IV.  —  «  M.  Defrance  présente  une  tumeur  hydatique  enlevée  par  Roux. 
Cette  tumeur,  qui  était  située  au  bord  postérieur  et  à  la  face  externe  du  sterno- 
mastoïdien  du  côté  droit,  contenait  plusieurs  hydatides  d'une  blancheur  par- 
faite, et  placées  au  milieu  d'une  substance  analogue  à  de  la  gelée  de  colle  de 
poisson  (3).  p 

F.  —  Hydatides  développées  dans  les  parois  du  tronc. 

Obs.  CCXVIII  (Kern  et  Bremser).  —  Région  sous-claviculaire. 

I.  —  Il  s'agit  d'une  hydatide  de  la  grosseur  d'un  petit  œuf  de  poule,  située 
sous  la  clavicule  d'une  femme,  et  qui  fut  extirpée.  Elle  contenait  plusieurs 
hydatides  et  des  échinocoques  (4). 

Obs.  CCXIX  (J.  Baron).  —  Muscles  intercostaux. 

II.  —  J.  Baron  dit  avoir  vu  «  trois  grosses  hydatides  développées  dans  les 
muscles  intercostaux,  et  qui  égalaient  en  volume  un  œuf  d'oie;  elles  écartèrent 
les  côtes  et  vinrent  former  des  tumeurs  à  l'extérieur  du  thorax  ;  elles  s'étaient 
également  développées  du  côté  de  la  région  thoracique  ;  l'une  d'elles  située 
entre  la  huitième  et  la  neuvième  côte  du  côté  droit,  avait  laissé  sur  la  face 
convexe  du  foie  une  dépression  profonde  (5).  » 

Obs.  CCXX(Velpeau).  —  Région  axillaire. 

III.  —  U  s'agit  d'une  fille,  âgée  de  dix-huit  ans,  qui  portait  sur  la  partie 

(1)  Bidloo,  Exercil.  anat.,  cit.  p.  14. 

(2)  Rossi,  chirurgien  de  l'hôpital  de  Rivarolo  (liepertorio  medico-chirurg.  di 
Torino,  1825,  n"  72,  p.  529,  et  Bull,  des  sciences  méd.,  1826.  t.  VIII,  p.  158). 

(3)  Bull.  Soc.  anal.,  1834,  ann.  IX,  p.  4. 

(4)  Voyez  cas  cité,  p.  353. 

(5)  John  Baron,  ouvr.  cit.,  p.  94. 


544  AFFECTIONS  VEUJHNEUSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

postérieure  droite  do  l'aisselle,  une  lumeur  à  peu  près  du  volume  du  poing  ; 
cette  tumeur  datait  d'environ  un  an.  Une  ponction  pratiquée  avec  un  trocart 
donne  issue  à  un  liquide  limpide  et  à  un  fragment  d'hydalide  ;  une  injection 
est  faite  dans  le  kyste  (1/3  teinture  d'iode,  2/3  eau),  presque  toute  l'injec- 
tion est  laissée  dans  la  tumeur,  point  d'inflammation  consécutive.  Nouvelle 
ponction  vingt  jours  après;  issue  d'un  liquide  grumeleux  jaunâtre  ;  incision 
du  kyste  dans  toute  sa  hauteur.  Des  boulettes  de  charpie  sont  placées  dans 
sa  cavité;  pansement  simple.  La  plaie  entre  en  suppuration,  et  la  cicatrisa- 
tion s'opère  sans  accidents  ;  guérison  et  sortie  de  l'hôpital  vingt-cinq  jours 
après  l'incision  (I). 

Ods.  CCXXI  (Velpeau).  —  Région  axillaire. 

IV.  —  Fille  de  vingt-deux  ans,  douleurs  vagues  depuis  six  mois  au-des- 
sous de  la  région  axillaire  ;  existence  d'une  petite  tumeur  constatée  depuis  peu 
de  jours,  incertitude  du  diagnostic;  extirpation  par  une  incision  transversale. 
Situation  sous  le  bord  interne  du  grand  dorsal  et  sous  les  faisceaux  contigus 
du  grand  dentelé:  guérison. 

Examen  de  la  pièce  :  kyste  fibreux  à  parois  minces  et  transparentes,  pou- 
vant contenir  une  petite  noix.  Hydatide  solitaire  à  parois  stratifiées,  point 
d'échinocoques  (2). 

Obs.  CCXX1I  (Velpeau).  —  raroi  postérieure  du  thorax. 

V.  —  Il  s'agit  d'un  homme,  qui  s'aperçut  d'une  tumeur  dans  la  région  dor- 
sale, elle  était  située  à  droite  du  rachis,  au  niveau  des  septième,  huitième  et 
neuvième  côtes,  et  elle  avait  à  peu  près  le  volume  d'un  œuf  de  poule;  dans 
certains  mouvements  du  bras,  elle  disparaissait  sous  l'omoplate.  L'incision  de 
la  tumeur  fit  sortir  au  moins  une  centaine  d'hydatides,  offrant  le  volume  d'une 
tête  d'épingle  à  celui  d'une  noix.  —  L'examen  fait  par  M.  Robin  constate  l'ab- 
sence d'échinocoques.  —  Le  kyste  exploré  avec  le  doigt  se  prolonge  à  la  face 
interne  des  côtes  et  en  avant  de  la  colonne  vertébrale.  Quelques  injections 
iodées  ont  été  pratiquées  dans  le  sac  ;  au  bout  de  deux  mois  la  plaie  s'est  com- 
plètement cicatrisée  (3). 

Obs.  CCXXIII  (Andral).  —  Région  scapulaire. 

VI.  —  «  Un  homme  entra  à  la  Charité,  portant  au  niveau  de  l'une  des 
omoplates  une  tumeur  dont  le  diagnostic  paraissait  assez  obscur;  de  cette 
tumeur  il  sortit  un  grand  nombre  d'acéphalocystes.  Le  malade  ayant  suc- 
combé, on  trouva  un  paquet  de  ces  entozoaires  logé  dans  la  fosse  sous-épi- 
neuse, et  un  autre  dans  la  fosse  sous-scapulaire  ;  ces  deux  paquets  commu- 

(1)  Velpeau,  Kyste  hydatique  de  la  paroi  postérieure  de  l'aisselle  (Moniteur  des 
hôpitaur,  1853,  t.  1,  p.  571). 

(2)  Velpeau,  Gasette  des  hôpitaux,  1857,  p.  396. 

(3)  Velpeau,  Gazette  des  hôpitaux,  1855,  a"  46,  p.  181. 


NATURELLES  OtJ   ADVENÎIVES.    —   HYDATIDES.  545 

niquaienl  ensemble  par  un  Irou  pratiqué  clans  l'épaisseur  même  du  scapulum, 
non  loin  de  son  épine.  » 

La  tumeur  fut  ouverte  par  une  incision,  au  rapport  de  M.  Cruveilhier,  et  le 
malade  fut  enlevé  par  des  accidents  consécutifs  à  l'opération  (1). 

Obs.  CCXXIV  (Boudet).  —  Paroi  abdominale. 

VII.  —  «  Boudet  a  rencontré,  entre  les  muscles  abdominaux  et  le  péri- 
toine, un  sac  qui  contenait  à  peu  près  quatre  mille  vessies  remplies  d'eau  (2).  » 

Obs.  CCXXV  (Laennec).  — Paroi  antérieure  de  l'abdomen. 

VIII.  —  Il  s'agit  d'un  homme,  âgé  de  vingt-huit  ans,  qui  mourut  avec  les 
signes  d'une  obstruction  des  intestins. 

A  l'autopsie,  on  trouva  deux  kystes  hydatiques  dans  le  foie,  un  kyste  du 
volume  du  poing  dans  le  tissu  cellulaire  qui  sépare  le  caecum  des  muscles 
abdominaux  ;  il  refoulait  les  téguments  de  la  paroi  antérieure  de  l'abdomen, 
en  bas  et  en  avant,  et  formait  une  tumeur  très  appréciable  extérieurement  un 
peu  au-dessus  et  au  dehors  de  l'aine.  Un  autre  kyste  hydalique  existait  entre 
les  lames  de  l'épiploon  gastro-colique;  enfin  trois  kystes  conligus  les  uns  aux 
autres,  mais  sans  communication  entre  eux,  étaient  situés  entre  les  tuniques 
péritonéale  et  musculaire  du  côlon  ascendant  et  les  muscles  abdominaux. 
Ils  étaient  placés  de  manière  qu'ils  entouraient  presque  entièrement  cet  in- 
testin et  qu'ils  produisaient  en  cet  endroit  un  véritable  étranglement.  Cet 
étranglement  avait  été  très  probablement,  dit  Laennec,  la  cause  de  la  passion 
iliaque  qui  avait  emporté  le  malade  (3). 

IX.  —  Laennec  rapporte  une  autre  observation  de  kystes  hydatiques  dé- 
veloppés dans  différents  organes;  l'un  de  ces  kystes  était  situé  entre  le  péri- 
toine et  les  muscles  de  la  paroi  antérieure  de  l'abdomen  (4). 

X. —  Leidy  parle  d'un  kyste  hydalique  trouvé  dans  les  muscles  du  côté 
droit  de  l'abdomen  chez  un  enfant  anglais  (5). 

Obs.  CCXXVI  (Jannin).  —  Région  lombaire. 

XI.  —  Fille  de  vingt  ans  ;  vaste  collection  d'hydatides  dans  les  muscles  de 
la  région  lombaire;  incision  ;  expulsion  d'un  grand  nombre  d'hydatides  ;  in- 
jections vineuses  et  alcooliques;  guérison  (6). 

(1)  Aodral,  Anat.  path.  cil.,  t.  I,  p.  516,  et  Cruveilhier,  art.  Acépualocystes, 
p.  267. 

(2)  Giornale  di  medicina  practica  oompilato  da  V .  L.  Brera,  t.  II.  Padua,  1812, 
cité  par  Bremser,  p.  307. 

(3)  Laennec,  Mém.  cil.,  obs.  I,  p.  137. 

(4)  Laennec,  Mém.  cil.,  obs.  IV  (voyez  ci-après,  liv.  IV,  part.  II,  Hydatides  de 
la  matrice). 

(5)  Cas  cité  ci-dessus,  p.  381. 

(6)  Jannin,  chirurgien  a  Vallièrcs,  Jour»,  de  fnéd.  Sédillot,  1805,  t.  XXIII, 
p.  254  —  Diblioth.  méd.,  t.  X,  p.  111.  —  Rayer,  oMi\  cit.,  t.  III,  p.  578. 

D  A  VAINE.  35 


6'i6  \FII.CllO\s   Vl.lîMIM.LlSI-S   nr:s  CAVITÉS  SKKilisrs 

Ohs.  CCXXVII  (Fabradesche).  —  Région  lombaire. 

XII. — Homme  do  soixante-huit  ;ins;  gonflement  à  l'aine  gauche  ;  douleurs 
dans  la  région  lombaire,  abcès  dans  celte  région;  ouverture  spontanée;  issue 
de  pus  et  d'hydatides  en  grand  nombre;  guérison  en  six  semaines  (1). 

Obs.  CCXXVIII  (Soulé).  —  Région  lombaire. 

XIII.  —  Tumeur  dans  les  muscles  de  la  région  lombaire  droite;  incision; 
issue  d'un  grand  nombre  d'hydatides;  accidents  graves  ;  guérison.  Siège  pré- 
sumé du  kyste  dans  le  carré  des  lombes  (2). 

G.  —  Hydatidcs  développées  dans  les  membres  supérieurs. 

Obs.  CCXXIX  (Dupuytben).  —  liras  (cas  rapporté  page  380). 
Obs.  CCXXX  (docteur  Soulic).  —  Bras. 

II. —  Homme;  tumeur  de  la  partie  interne  du  bras  gauche;  inflammation 
et  suppuration  des  parties  voisines  ;  ouverture  spontanée;  issue  d'une  grande 
quantité  de  pus  ;  fistule  consécutive  ;  oblitération  de  la  fisiule  ;  persistance  de 
la  tuméfaction;  nouveaux  accidents  inflammatoires;  ouverture  de  la  tumeur 
par  le  bistouri  ;  cicatrisation  impossible;  issue  d  une  hydatide  de  la  grosseur 
d'une  noix;  guérison  rapide.  Point  de  description  del'hydatide  (3). 

H.  —  Hydatides  développées  dans  les  membres  inférieurs. 

Obs.  CCXXXI  (Webneb).  — Région  inguinale. 

1.  —  Il  s'agit  d'une  femme  de  trente-quatre  ans  qui  avait,  depuis  six  ans, 
à  la  partie  supérieure  et  interne  de  la  cuisse  gauche,  à  quatre  doigts  de 
l'aine,  une  tumeur  indolente,  assez  dure,  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  poule. 
Étant  devenue  douloureuse,  cette  tumeur  fut  prise  pour  un  abcès  et  incisée  assez 
largement;  il  en  sortit  très  peu  de  pus  et  plus  de  quarante  hydatides  delà 
grosseur  d'un  pois  à  celle  d'un  œuf  de  pigeon  ;  les  lèvres  de  la  plaie  étaient 
renversées  et  comme  carcinomateuses.  Toute  cette  partie  indurée  fut  excisée; 
on  vit  alors  la  veine  crurale  à  nu  et  deux  trajets  qui  se  dirigeaient  vers  le 
ligament  de  Poupait  desquels  la  pression  faisait  sortir  une  sanie  fétide.  On  y 
pratiqua  des  injections  d'une  décoction  de  quinquina.  La  guérison  futcomplète 
au  bout  de  srpl  semaines. 

Werner,  ayant  recherché  dans  ces  vésicules  des  têtes  de  taenia  hydaligena, 
dit:  «  Interiorautemtunica  sublilisbima  externe  etiam  glabra,  inlus  veto  innu- 
»  merisfere  minimisalbidisque,  unum  hemisphaerium  occupantibuscorpusculis 

(1)  J.-B.  Farradescne-Chaurasse  ,  médecin  à  Allanches,  Bibl.  medic,  18M, 
t.  XLIII,  p.  111,  et  Rayer,  ouvr.  cit.,  t.  III,  p.  579. 

(2)  .Docteur  Soulé,  de  Bordeaux,  Gazette  des  hôpitaux,  18  52,  p.  141. 

(3)  Docteur  Soulé,  de  Bordeaux,  Gasettedes  hôpitaux,  1852,  p.  141. 


NATURELLES  OU    ADVENTfVES.    —    HTOATIDES.  5^7 

»  conspersa  erat.  »  Ces  corpuscules  étaient  certainement  des  échinoçoques  , 
mais  Werner  ne  les  reconnut  pas,  quoiqu'il  les  eût  examiné»  au  microscope, 
sans  doute  parce  qu'il  y  cherchait,  comme  il  le  dit,  les  têtes  décrites  par 
Leske,  c'est-à-dire  celles  du  cénure  qui  sont  beaucoup  plus  volumi- 
neuses (<l). 

Obs.  CCXXXII  (Larrey).  —  Hanche. 

II.  —  «  Un  militaire  était  entré  au  Val-de-Grâce,  en  4  853,  pour  une 
tumeur  de  la  hanche  droite,  siégeant  au  niveau  même  du  grand  trochanter, 
attribuée  à  une  cause  mécanique  déjà  ancienne,  parvenue  à  peu  près  au  vo- 
lume du  poing,  doublée  de  parois  épaisses  et  offrant  une  fluctuation  profonde, 
tout  à  fait  indolente.  Le  diagnostic  douteux  de  cette  tumeur  m'engagea  à  y 
faire  une  ponction  exploratrice  d'où  s'écoula  un  liquide  incolore,  transparent 
comme  l'eau  la  plus  pure,  et  reconnu  ensuite  incoagulable  par  l'analyse  chi- 
mique. Après  cette  simple  ponction,  il  se  reproduisit  promptement;  une  ponc- 
tion nouvelle,  suivie  d'une  injection  iodée,  donna  lieu  à  une  inflammation  non 
pas  adhésive,  mais  suppurante,  qui  me  décida  aussitôt  à  ouvrir  la  poche  par 
une  large  incision.  Le  kyste  ?  se  présenta  de  lui-même  sur  les  bords  de  la  plaie 
d'où  il  fut  détaché  sans  peine  et  tout  d'une  pièce;  ses  parois  étaient  d'une 
-épaisseur  considérable,  et  son  fond  contenait  une  masse  d'hydatides  tassées 
ensemble;  la  cicatrisation  s'effectua  ensuite  sans  incident  notable  (2).  » 

Obs.  CCXXXIII  (Dubois).  —Cuisse. 

III.  —  «  Le  professeur  A.  Dubois,  dit  Laennec,  conserve  aussi  des  acé- 
phalocystes  que  j'ai  vues,  et  qui  ont  été  extraites  par  l'incision  d'une  tumeur 
à  la  cuisse  (3).  » 

Obs.  CCXXXIV  (docteur  Held)   —  Cuisse. 

IV.  —  Jeune  fille;  tumeur  située  sous  le  fascia  lata,  ayant  paru  à  la  suite 
d'un  coup  violent  ;  ouverture  par  la  potasse  caustique  ;  issue  d'un  grand 
nombre  d'hydatides  de  la  grosseur  d'un  grain  de  chènevis  à  celle  d'un  œuf  de 
poule  (4). 

Obs.  CCXXXV  (Demarqpay).  —  Cuisse. 

V.  —  «  M.  Demarquay  avait,  il  y  a  huit  mois,  opéré  dans  le  service  de 
M.  Monod,  un  kyste  hydatique  de  la  cuisse.  La  ponction  avait  donné  issue  à 
des  hydatides  et  avait  été  suivie  d'une  injection  iodée.  Le  malade  qui  était  sorti 
de  la  maison  de  santé  dans  un  état  satisfaisant,  revint  dernièrement  avec  sa 

(1)  Werner,  op.  cit.,  p.  68.  . 

(2)  Société  de  chirurgie,  séance  du  18  mars  1857  {Gaz.  des  hôpitaux,  1857, 
p.  148). 

(3)  Laennec,  Mém.' cit.,  p.  115,  note. 

(4)  Held  à  Franzbourg,  daus  Hecker's  litterarische  Annalen,  avril  1832,  p.  426,, 
et  Gaz.  méd.  Paris,  1833,  t.  I,  p.  290. 


SdH  AFFECTIONS  FERMINEUSES  »LS  CAVITÉS  SÉBECSES 

tumeur  qui  s'élail  reproduite.  Sons  la  partie  superficielle,  on  sentait  une  por- 
tion dure  qui  lit  décider  l'extirpation  de  la  tumeur. 

»  Avant  de  procéder  à  l'opération.  M.  Demarquay  fit  une  ponction  explo- 
ratrice qui  donna  issue  à  du  pus  mêlé  d'hydatides;  alors  il  se  contenta 
d'agrandir  l'ouverture  et  de  vider  la  tumeur.  La  base  dure  qu'on  avait  sentie, 
était  formée  par  une  accumulation  d'acéphalocystes  rassemblées  à  la  partie  dé- 
clive. Les  hydatides  étaient  vivantes,  quoique  plongées  dans  le  pus  (1).  » 

Obs.  CCXXXVI  (docteur  Casini).  —  Jarret. 

VI.  —  «  Un  homme  se  plaignait  de  la  sensation  d'un  liquide  qui  semblait 
s'écouler  du  dos  vers  les  extrémités  inférieures,  à  la  suite  de  quoi  se  déve- 
loppa une  tumeur  au  jarret  droit;  à  l'ouverture  de  cette  tumeur,  on  la  trouva 
pleine  d'hydatides  acéphalocystes  (2).  » 

Obs.  CCXXXVI I  (Legendre).  —  Jarrel. 

VII.  —  Il  s'agit  de  deux  kystes  trouvés  en  disséquant  le  cadavre  d'une 
femme,  âgée  d'environ  vingt-cinq  ans  et  sur  laquelle  on  n'eut  point  de  ren- 
seignements. Les  deux  kystes  étaient  situés  dans  le  jarret  gauche,  en  arrière 
des  vaisseaux  et  des  nerfs  poplités.  Ces -kystes,  accolés  l'un  à  l'autre,  avaient 
à  peu  près  8  centimètres  de  longueur  ;  ils  contenaient  un  grand  nombre 
d'hydatides  (3). 


HUITIÈME  SECTION. 

HYDATIDES    DÉVELOPPÉES    DANS    LE    SYSTÈME    OSSEUX. 

On  possède  aujourd'hui  vingt  cas  environ  d'hydatides  développées 
dans  le  système  osseux  ;  ces  vers  vésiculaires  envahissent  aussi 
bien  les  os  plats  que  les  os  longs.  Les  faits  qui  nous  sont  connus 
concernent  : 

L'humérus 2  fois. 

Une  phalange 1 

Le  fémur 2 

Le  tibia 6 

Le  temporal  ? 1 

Le  frontal    2 

Le  sphénoïde 1 

Le  bassin. 2 

(1)  Société  de  chirurgie,  séance  du  18  mars  1857  (Gaz.  des  hôpitaux,  1857, 
p.  1i8). 

(2)  Docteur  Casini,  Mém.  cil. 

(3)  Legendre,  Bull.  Soc.  anal.,  1850,  p.  60.' 


NATCREIXES    OU   ADVENTLVES.    —   HYDATIDES.  5&9 

Généralement,  dans  les  os  plats,  les  hydatides  occupent  le  diploé, 
et,  dans  les  os  longs,  la  partie  spongieuse;  toutefois,  on  en  a  vu  se 
développer  dans  la  diaphyse  et  envahir  toute  l'étendue  de  la  cavité 
médullaire.  Quelquefois,  les  hydatides  occupent  des  loges  distinctes 
dans  le  tissu  spongieux;  plus  souvent  les  vésicules,  en  nombre  plus 
ou  moins  grand,  sont  renfermées  dans  une  poche  unique.  Le  déve- 
loppement de  cette  poche  est  lent,  et  sa  durée  est,  dans  la  plupart 
des  cas,  de  plusieurs  années.  Elle  peut  acquérir  le  volume  du  poing. 
A  l'intérieur,  elle  est  lisse,  au  moins  dans  les  premiers  temps,  et 
consiste  dans  une  membrane  mince,  distincte  du  tissu  osseux  environ- 
nant ;  on  y  remarque  des  impressions  digitales,  laissées  par  les  hy- 
datides, impressions  analogues  à  celles  de  la  face  interne  du  crâne. 

Le  kyste  subit  des  modifications  de  forme  en  rapport  avec  les 
obstacles  qui  s'opposent  à  son  accroissement  dans  tel  ou  tel  sens; 
il  subit  encore  des  modifications  de  structure  analogues  à  celles  des 
kystes  des  autres  parties.  Les  parois  osseuses  qui  le  renferment 
acquièrent  d'abord  un  accroissement  proportionnel  à  celui  de  la 
poche  hydatique;  elles  se  distendent,  s'amincissent,  en  sorte  que 
cette  partie  de  l'os  forme  une  tumeur  assez  régulière;  plus  tard, 
certaines  portions  plus  amincies  se  résorbent,  se  perforent  et  le  kyste 
vient  en  contact  avec  les  parties  molles,  qu'il  refoule  en  continuant 
de  se  développer;  alors  les  organes  voisins  comprimes  ou  déplacés 
sont  plus  ou  moins  gravement  compromis.  Les  hydatides  situées 
dans  les  parois  du  crâne  finissent  par  déterminer  les  mêmes  désor- 
dres que  celles  qui  se  développent  dans  le  cerveau  ;  celles  des  parois 
de  l'orbite  amènent  l'exophthalmie  et  la  perte  de  l'œil  ;  celles  qui 
se  développent  dans  les  os  longs  peuvent  envahir  consécutivement 
une  cavité  articulaire  et  déterminer  une  arthrite  grave. 

L'affection  hydatique  des  os  est  ordinairement  indolente  à  son 
début;  dans  quelques  cas,  elle  s'annonce  par  des  douleurs  fixes  et 
profondes.  Une  tumeur  apparaît  sur  la  partie  malade,  lisse,  régu- 
lière et  delà  consistance,  du  tissu  osseux;  elle  s'acc  oît  lentement  et 
régulièrement;  elle  offre  enfin  de  la  mollesse  en  certains  points,  une 
apparence  de  fluctuation,  et  l'on  peut  sentir  quelquefois  un  rebord 
dur,  osseux,  à  la  base  des  parties  ramollies.  Si  la  tumeur  est  pro- 
fondément située,  entourée  d'une  couche  épaisse  de  parties  molles, 
elle  peut  rester  longtemps  inaperçue;  l'os  aminci  dt  vient  fragile,  et, 
dans  un  effort  musculaire,  il  se  rompt  inopinément. 

Le  kyste  ouvert,  soit  spontanément,  soit  par  le  bistouri,  soit  par 
tout  autre  moyen,  donne  issue  aux  hydatMes;   il  s'enflamme  et 


550  AFFECTIONS    VEKMINEUSES   DES  CAVITÉS  SEIIEUSES 

suppure.  Il  survient  alors  des  accidents  généraux  ordinairement 
graves;  la  suppuration  est  de  longue  durée,  car  la  rigidité  des  pa- 
rois s'oppose  au  rapprochement  des  parties;  elle  affaiblit  graduelle- 
ment le  malade  et  le  conduit  souvent  au  tombeau. 

M.  Dezeimeris,  à  la  suite  d'une  observation  d'hydatides  dévelop- 
pées dans  les  os  du  bassin,  et  rapportée  par  Fricke,  a  fait  le  relevé 
des  cas  observés  jusqu'alors.  "  Van  Vy  et  Vander  Haar  paraissent 
être  les  premiers,  dit  ce  savant,  qui  aient  observé  ce  genre  de  ma- 
ladie et  l'aient  décrite  comme  affection  spéciale;  mais  l'ouvrage  du 
premier  n'est  point  à  notre  disposition ,  et  Vander  Haar  s'est  borné 
à  quelques  considérations  générales  de  peu  d'étendue,  sans  rapporter 
aucun  fait  particulier  (1).  •■ 

A.  —  Hydatides  dans  les  os  longs.. 

Obs.  CCXXXVIII  (...?)•—  Humérus. 
I  _  «  H  existe  dans  la  collection  de  V hôpital  Saint-Thomas  un  humérus 
dont  le  tissu  compacte  a  subi  une  expansion  considérable.  Le  périoste  y  est 
épaissi;  et,  à  la  place  du  tissu  spongieux,  existent  plusieurs  kystes  hydaliques 
qui  ont  déterminé  le  gonflement  de  l'os,  aussi  bien  que  l'accroissement  de  ses 
cavités  intérieures  (2).  » 

Obs.  CCXXXIX  (Dupdttren).  —  Humérus,  résection;  mort. 

II.  —  Il  s'agit  d'un  homme  âgé  de  vingt-trois  ans,  qui  se  fractura  le  bras 
dans  un  effort.  La  consolidation  ne  put  être  obtenue;  résection  d'une  portion 
du  fragment  supérieur;  cavité  médullaire  du  fragment  inférieur  doublée  et 
même  triplée  de  volume,  renfermant  un  nombre  considérable  de  vésicules 
hydatiques,  les  unes  très  petites,  les  autres  du  volume  d'une  noisette.  Sup- 
puration abondante,  affaiblissement  du  malade,  diarrhée;  mort  six  semaines 
après  l'opération. 

Toute  la  cavité  médullaire  de  l'humérus,  depuis  la  tête  jusqu'à  l'extrémité 
inférieure,  est  dilatée,  ses  parois  sont  amincies  et  perforées  en  quelques  en- 
droits (3). 

(1)  J.-E.  Dezeimeris.  Noies  additionnelles  {l'Expérience.  Paris,  1838,  t.  I, 
p.  531). 

(2)  Astley  Cooper,  Œuvres  chirurgicales,  trad.  franc.,  1835,  p.  593,  et  Sur- 
gical  Essays.  part.  I,  p.  161. 

(3)  Dupuytren,  Journ.  hebd.  deméd.  et  chirurg.,  1832,  t.  IX,  p. 446;  et  1833, 
t.  XII,  p.  97.  —  Bull.  Soc.  anal.,  1833,  p.  64.  —  Gaz.  hôp.,  1833,  t.  VII,  p.  257. 
—  Dezeimeris,  Mém.  cit.,  p.  534. 


NATURELLES   OU    ADVENTIVES.    —    HYDATIDES.  551 

Obs.  CCXL  (docteur  Charvot).  —  Phalange  du  doiijt  indicateur,  ampu- 
ta lion;  guérisoii. 

III.  —  Homme,  âgé  de  quatre-vingt  et  un  ans,  entré  à  l'hôpital  de  Nîmes, 
le  1 6  juin  1  856.  Coup  reçu  à  l'indicateur  de  la  main  gauche,  il  y  a  deux  ans  ; 
quatre  mois  après,  douleurs  vives,  gonflement,  tummir  d'abord  dure,  puis 
ramolli  et  acquérant  le  volume  d'un  œuf  de  poule,  douleurs  intolérables;  peau 
de  couleur  normale  ;  pas  de  douleurs  à  la  pression,  ni  de  frémissement  à  la 
palpation  ;  état  général  satisfaisant  ;  amputation  du  doigt,  guérison  vingt  et 
un  jours  après. 

Examen  de  la  tumeur.  — Kyste  fibreux,  lisse  intérieurement,  et  rappelant 
par  son  aspect  une  pseudo-séreuse;  parties  molles  environnantes  contenant 
des  aiguilles  calcaires  et  des  débris  osseux.  Liquide  séreux  avec  des  hydatides 
qui  contiennent  de  petites  granulations  (probablement  des  échinocoque*). 
Première  phalange,  en  partie  boursouflée,  transformée  en  un  tissu  stalacti- 
forme,  hérissé  de  fines  aiguilles;  extrémité  inférieure  détruite,  canal  médul- 
laire conservé  dans  la  partie  supérieure,  mais  élargi  ;  extrémité  supérieure  de 
la  deuxième  phalange  légèrement  érodée  (1  ). 

Obs.  CCXLI  (Rame  et  Escarraguel).  —  Fémur. 

IV.  —  «  Un  scieur  de  long,  nommé  Teisset,  âgé  de  trente-quatre  ans, 
éprouvait  depuis  quelques  mois  une  douleur  dans  la  cuisse  gauche  ;  un  soir, 
une  exaspération  soudaine  du  mal  le  força  de  se  laisser  choir;  il  ne  put  se 
relever  et  on  le  transporta  à  l'hôpital  de  Narbonne  ;  là,  on  reconnut  une  frac- 
ture du  fémur  gauche,  et  on  l'y  traita  par  divers  appareils,  mais  sans  succès. 
Vers  le  mois  de  mai  suivant,  il  se  forma,  sur  le  côté  externe  de  l'articulation 
du  genou,  un  vaste  abcès  qui  s'ouvrit  et  donna  issue  à  de  nombreuses  acé- 
phalocystes.  Quatre  mois  après,  il  fut  admis  à  l'hôpital  Saint-Éloi  de  Mont- 
pellier. 

»  Le  membre  inférieur  gauche  était  alors  beaucoup  plus  court  que  le  droit  ; 
l'articulation  du  genou  était  ankylosée.  Vers  le  tiers  inférieur  de  la  cuisse 
existait  une  tumeur  considérable  qui  se  prolongeait  jusqu'à  l'article  et,  en  de- 
hors, on  remarquait  une  ouverture  en  cul-de-poule  par  laquelle  s'échappaient 
du  pus  et  des  hydatides.  On  soulagea  ses  souffrances  par  des  embrocations 
opiacées.  .  Alors  l'état  du  sieur  Teisset  parut  des  plus  satisfaisants. . .  Lorsque 
des  douleurs  vives  se  déclarent  tout  à  coup  sur  toutes  les  parties  du  corps; 
des  stries  rouges  sillonnent  la  cuisse  et  annoncent  une  angéioleucite.  Les 
fonctions  cérébrales,  les  idées  se  perdent  ;  une  teinte  jaune  s'étend  sur  la  con- 
jonctive ;  la  vue  s'affaiblit  ;  une  suppuration  prodigieuse  s'empare  de  la 
partie;  enfin  les  évacuations  sanguines  auxquelles  on  soumet  le  nommé  Teisset 
et  qui  le  soulagent  d'abord,  finissent  par  l'affaiblir  avec  la  suppuration  à  un 
tel  point  qu'il  tombe  dans  le  marasme  et  meurt. 

(1)  Docteur  Charvot,  Montpellier  médical,  décembre  1858,  p.  6S6. 


552  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

»  Nécropsie...  Membre  :  le  fémur  a  conservé  son  élat  normal  jusqu'au  ni- 
veau du  petit  trochanter;  au-dessous,  son  diamètre  est  beaucoup  augmenté  et 
son  canal  médullaire  aussi,  mais  sansdiminutionde  ses  parois.  La  fracture  réside 
au-dessus  du  tiers  moyen  de  l'os;  le  fragment  inférieur  est  très  renflé,  sa  ca- 
vité médullaire,  dilatée  d'une  manière  remarquable,  se  continue  dans  l'épais- 
seur des  condyles.  Son  bord  libre  est  très  inégal  et  embrasse,  par  une  sorte 
d'emboîtement,  l'extrémité  voisine  de  l'autre  fragment.  Derrière  ei  entre  les 
deux  condyles  existe  une  ouverture  faisant  communiquer  l'articulation  avec  la 
cavité  osseuse  d'une  part,  et  de  l'autre  avec  l'extérieur  au  moyen  du  conduit 
fistuleux  dont  nous  avons  parlé  plus  haut.  La  cavité  elle-même  est  remplie  de 
pus  et  de  vers  acéphalocystes.  Les  fibro-cartilages  qui  encroûtent  les  condyles 
du  fémur  ont  disparu,  et  les  surfaces  osseuses  qu'ils  recouvrent  sont  rugueuses, 
ramollies  et  baignées  d'une  matière  purulente  fétide  (1).  » 

Obs.  CCXLII  (Eoyer  et  Roussi*).  —  Fémur,  amputation. 

V.  —  «  M.  Roussin  montre  des  hydatides  du  fémur.  Cet  os,  d'un  volume 
ordinaire,  offrait  une  cavité  médullaire  plus  considérable  qu'à  l'état  normal  ; 
les  cellules  osseuses  sont  détruites,  et  l'on  trouve  seulement  une  large  cavité 
s'étendant  en  bas  jusqu'à  l'épiphyse. 

i  L'amputation  de  la  cuisse  a  été  pratiquée  à  l'Hôtel-Dieu  par  M.  Boyer.  La 
cavité  morbide  se  prolongeait  encore  dans  la  portion  de  la  diaphyse  située 
au-dessus  delà  section.  Les  hydatides  pourvues  d'une  double  poche-mère 
remplissent  toute  la  cavité;  vers  la  partie  moyenne  de  l'os,  les  parois  étaient 
tellement  minces  que  le  fémur  s'est  fracturé  pendant  l'opération  (2).  » 

Obs.  CCXLIII  (Cullerier).  —  Tibia,  guérison. 

VI.  —  Homme  de  vingt-trois  ans  ;  tumeur  indolente  à  la  partie  antérieure 
et  supérieure  de  la  jambe;  bord  osseux  et  inégal  à  la  circonférence  de  la 
tumeur:  durée  deux  ans.  Ouverture  parla  potasse  caustique  et  le  fer  rouge  ; 
issue  de  pus  et  d'hydatides,  foyer  situé  dans  le  tibia  ;  cicatrisation  lente. 
Ulcère  fistuleux  persistant  encore  quatre  mois  après  (3). 

(1)  A.  P.  Escarraguel,  de  Pauillac  (Gironde),  Des  hydatides  du  tissu  osseux 
(Thèse  de  Montpellier,  1838,  n°  51,  obs.  II,  p.  7). 

M.  Esearraguel  dit  avoir  pris  cette  observation  dans  la  thèse  de  M.  Rame,  et  il 
ajoute  quelques  nouveaux  détails  donnés  par  M.  Dubrueil,  auquel  la  pièce  anato- 
mique  avait  été  remise  :  «  la  portion  inférieure  était  ramollie  au  point  de  se  laisser 
facilement  diviser  par  l'instrument  tranchant;  la  partie  supérieure  de  l'os  était, 
au  contraire,  augmentée  dans  sa  substance  compacte  qui  avait  acquis  une  densité 
et  une  résistance  supérieure  à  celle  qui  est  naturelle.  »  (p.  9.) 

Ant.  Dugès,  qui  examina  les  hydatides  au  microscope,  y  reconnut  la  seconde 
espèce  d'acéphalocystes  admise  par  Laennec,  racéphalocyslc  granuleuse  (acepha- 
loeyslis  granulosà)  (p.  10). 

(2)  Roussin,  Bull.  Soc.  anal.,  1851,  ann.  XXVI,  p.  134. 

(3)  Cullerier,  Journ.  deméd.,  chir.  etpharm.  de  Corvisart,  etc.,  t.  XII,  p.  125. 
—  Biblioth.  mcd.,  t.  XIV,  p.  80,  et  Dezeimeris,  Mém.  rit. 


NATURELLES  OU   ÂOVENTIVES.    —   HYDATIDES.  553 

Obs.  CCXLIV  (Astley  Cooper?).  —  Tibia,  amputation. 

VII.  —  Homme,  entré  à  l'hôpital  de  Guy,  service  de  M.  Forster,  pour  une 
tumeur  volumineuse  de  la  partie  supérieure  du  tibia;  emplâtres agglutinatifs, 
diminution  de  la  tumeur  ;  sortie  du  malade,  rentrée  quelques  semaines  après, 
senice  de  M.  Lucas.  Incision  de  la  tumeur;  issue  de  plusieurs  hydatides. 
Phénomènes  graves,  amputation.  Cavité  dans  le  tibia  contenant  des hydatides; 
fracture  consolidée,  mais  d'une  manière  irrégulière  (<l). 

Obs.  CCXLV  (Webster).  —  Tibia,  amputation;  mort. 

VIII.  ■ —  Jeune  matelot,  fracture  du  tibia  sous  la  rotule  ;  tumeur  faisant  de 
rapides  progrès,  indolente  ;  elle  s'amollit  et  diminue  de  volume,  fluctuation, 
incision,  issue  de  sanie  et  d'une  grande  quantité  d'hydatides;  phénomènes 
graves;  amputation,  mort.  Cavité  dans  le  tibia  remplie  d'hydatides  et  de 
sanie  ;  tête  et  partie  supérieure  de  l'os  d'un  tissu  raréfié;  fracture  non  conso- 
lidée (2). 

Il  y  a  dans  ce  fait  plusieurs  circonstances  si  semblables  à  celles 
du  précédent,  qu'on  serait  disposé  à  croire  qu'il  s'agit  du  même 
malade. 

Obs.  CCXLVI  (Wickham).  —  Tibia,  résection;  guérison. 

IX.  • —  Femme,  fracture  de  la  jambe  dans  un  mouvement  brusque  ;  six  ans 
auparavant  coup  de  faux  à  cette  jambe,  pénétrant  dans  l'os,  suivi  d'une  tu- 
meur du  volume  d'un  œuf  de  poule  ;  celle-ci  diminuant  par  la  compression. 
el.  reprenant  son  volume  aussitôt  après;  point  de  réunion  de  la  fracture  au 
bout  de  trois  mois.  Incision  sur  la  tumeur  ;  issue  d'un  grand  nombre  d'hyda- 
tides, provenant  d'une  cavité  du  tibia.  Fracture  transversale  ;  parois  de  l'os 
amincies,  résection  de  4  pouces  de  la  partie  antérieure  du  tibia,  guérison  (3). 

Obs.  CCXLVII  (W.  Coulson).  —  Hydatides  dans  le  tibia. 

X.  —  «  Sarah  G...  âgée  de  vingt-cinq  ans,  fut  reçue  dans  l'hôpital  de 
Sainte-Marie,  le  20  octobre  1857.  H  y  a  huit  ans,  la  malade  reçut  un 
coup  à  la  partie  antérieure  du  tibia  de  la  jambe  droite,  un  peu  au-dessous  du 
ligament  rotulien  ;  il  survint  une  tumeur  qui  s'accrut  graduellement,  jusqu'à 
ce  qu'elle  atteignit  la  gro.^seur  d'un  œuf  de  poule.  Le  développement  de  cette 
tumeur  se  fit  sans  incommoder  la  malade  jusqu'à  il  y  a  quatre  ans  ;  alors 
des  douleurs  vives  étant  survenues,  cette  femme  fut  reçue  à  l'hôpital  (Métro- 

(1)  Astley  Cooper,  Surgical  Essays.  London,  1818,  part.  1,  p.  163,  et  trad. 
cit.  p.  59". 

(2)  F.  W.  Webster,  New  England  Journ.  of  medicine  and  Surgery,  etc  ,  1819, 
t.  VIII,  et  Dezeimeris,  Mém.  cil. 

(3)  W.  J.  Wickham,  Case  of  hydatids  in  the  tibia,  etc.,  iu  The  London  médical 
and  physical  .tournai,  juin  1827,  p.  530,  ni  Pezeimeris,  Mém.  cit. 


5.V|  AFFECTIONS   VERM1NEUSES  DES  CAVITÉS  SKnF.USES 

politan  hospital),  Le  traitement  consista  uniquement  dans  l'application  de  vé- 
sicatoires;  la  douleur  diminua,  mais  la  tumeur  resta  la  même  jusqu'à  l'entrée 
de  la  malade  dans  mon  service,  il  y  a  dix  semaines.  A  celte  époque,  la  tu- 
meur s'était  ouverte  spontanément,  et  de  la  matière  avec  des  acéphalocystes 
en  était  sortie,  ce  qui  détermina  le  docteur  Dauueney,  qui  lui  donnait  des  soins, 
à  lui  conseiller  d'entrer  à  l'hôpital  Sainte- Marie. 

»  Le  jour  de  son  admission,  il  y  avait  une  tumeur  de  la  grosseur  d'une 
orange  à  la  partie  supérieure  du  tibia,  immédiatement  au-dessous  de  la  tubé- 
rosité.  Au  centre  de  la  tumeur  existait  une  petite  ulcération  et  les  téguments 
étaient  rouges  et  gonflés  aux  environs.  Les  matières,  en  petite  quantité,  qui 
en  sortaient,  contenaient  quelques  acéphalocystes  et  par  là  on  reconnut  la 
nature  du  mal. 

»  L'existence  dans  le  tibia  d'une  cavité  qui  contenait  des  hydatides  n'étant 
pas  douteuse,  je  résolus  de  l'ouvrir  et  d'en  évacuer  le  contenu. 

»  Le  4  novembre,  ayant  fait  une  incision  cruciale  et  détaché  les  téguments, 
j'enlevai  avec  la  scie  et  la  gouge,  une  lame  mince  et  large  de  l'os  qui  formait 
la  partie  antérieure  de  la  tumeur.  Dans  cette  tumeur  était  renfermée  une 
grande  hydatide  dont  une  partie  s'était  échappée.  La  cavité  qui  s'étendait 
depuis  un  demi-pouce  au-dessous  de  l'articulation  du  genou,  et  qui  avait  trois 
pouces  de  profondeur,  était  maintenant  à  découvert  et  des  hydatides  en  nombre 
considérable  en  furent  retirées  ;  toute  la  cavité  était  revêtue  par  une  mem- 
brane blanche  et  luisante.  Après  l'extraction  de  toutes  les  hydatides  que  je 
pus  atteindre,  je  touchai  cette  membrane  avec  du  nitrate  d'argent  solide,  et  je 
remplis  la  cavité,  de  charpie.  Les  vésicules  (ihe  cysls)  consistaient  en  une 
membrane  friable,  transparente,  qui  se  séparait  en  lames  distinctes... 
L'examen  microscopique  montra  évidemment  qu'il  s'agissait  de  membranes 
hydatiques,  mais  on  ne  trouva  pas  d'échinocoques. 

»  Le  7,  la  charpie  fut  enlevée  et  la  cavité  fut  lavée  avec  une  solution  de 
chloride  de  soude;  plusieurs  hydatides  en  sortirent.  Depuis  ce  temps,  la  plaie 
fut.  pansée  chaque  jour  de  la  même  manière.  —  Le  1 4 ,  deux  hydatides  en 
sortirent  encore.  —  Le  18,  des  bourgeons  sains  se  montraient  à  la  surface 
d'une  grande  partie  de  la  cavité,  mais  la  partie  supérieure  du  fond  dé  cette 
cavité  présentait  un  aspect  noirâtre,  et  l'on  y  découvrit  une  portion  d'os  né- 
crosée. —  Le  30,  ce  séquestre  qui  était  devenu  libre,  fut  extrait  avec  une 
pince,  il  avait  environ  deux  pouces  de  longueur  et  un  pouce  et  demi  de  lar- 
geur; il  était  couvert  sur  les  deux  faces  par  de  petites  hydatides  de  la  dimen- 
sion d'une  tête  d'épingle.  Ces  hydatides  étaient  en  si  grand  nombre  que 
l'os  en  paraissait  comme  revêtu  par  une  couche  de  lymphe  plastique  ;  cepen- 
dant, en  examinant  de  près,  elles  pouvaient  être  facilement  reconnues. 
Quelques-unes  étaient  tassées  ensemble  comme  des  grains  de  raisin  sec, 
d'autres  isolées  étaient  adhérentes  à  l'os  par  de  minces  particules  [by  fine  par- 
ticles) . 

»  L'extraction  du  séquestre  produisit  immédiatement  un  bon  effet  ;  les 
bourgeons  charnus  commencèrent  à  pousser  sur  la  partie  dont  il  avait  été  en- 


NATURELLES   OU    ADVENT1VES.    —   HYDATIDES.  555 

levé;  la  cavité  se  combla  rapidement,  et  le  S  février,  la  malade  fut  renvoyée 
de  l'hôpital  presque  guérie  (1).  a 

Obs.  CCXLVIII  (...  ?).  —  Hydatides  dans  le  tibia. 
XI.  —  Nous  mentionnerons  en  outre  un  cas  d'hydatides  du  tibia  dont  Ja 
pièce  pathologique  se  trouve  dans  le  musée  de  Hunter  à  Glasgow  (2). 

Un  cas  de  tumeurs  hydatiques?  disséminées  sous  les  téguments, 
observé  par  M.  Borchard  (3),  est  rapporté  à  tort  par  plusieurs  au- 
teurs aux  hydatides  du  tibia. 

B.  —  Hydatides  dans  les  os  plats. 
Obs.  CCXLIX  (Dupdytren).  —  Temporal? 

«  I-  —  Une  jeune  fille  vint,  il  y  a  vingt  ans,  à  ma  consultation  avec  une 
tumeur  à  la  tempe  qu'on  attribuait  à  un  violent  coup  de  fouet.  Je  fis  une  ponc- 
tion exploratrice,  ce  qu'on  doit  toujours  pratiquer,  quand  la  nature  du  mal  n'est 
pas  bien  déterminée  ;  un  jet  de  liquide  séreux  s'élança  aussitôt.  En  agrandis- 
sant l'ouverture,  je  pressai  sur  les  deux  côtés  ;  il  sortit  un  grand  sac  blanc, 
c'était  une  hydatide  qui  s'était  développée  dans  le  corps  du  temporal  (4).  » 

Obs.  CCL  (R.  Keate).  —  Frontal. 

II.  —  Fille  âgée  de  dix-huit  ans;  tumeur  sur  le  frontal,  principalement 
au-dessus  de  l'orbite  du  côté  gauche,  de  nature  osseuse,  grosse  comme  les 
trois  quarts  d'une  orange,  datant  de  six  ans,  ayant  fait  de  rapides  progrès  de- 
puis trois  ans;  depuis  lors  douleurs  de  tête  violentes,  vertiges,  tintements 
d'oreille,  maux  de  cœur. 

«  Le  3  avril,  elle  fut  opérée  pour  la  première  fois  :  on  mit  à  nu  la  tumeur 
tout  entière  par  une  incision  cruciale,  et  l'on  commença  à  scier  la  partie  sail- 
lante de  l'os,  au  niveau  de  la  surface  du  frontal.  On  était  parvenu  au  tiers  de 
cette  opération,  lorsqu'on  crut  remarquer  une  forte  pulsation  dans  la  tumeur; 

(1)  William Coulson,  Case  of  hydatids  of  the  tibia,  in  Medico -chirurgical  Transact. 
publish.  by  the  royal  med.  and  chïrurg.  Society  of  London,  1858,  vol.  XLI,  p.  307. 

(2)  Dezeimeris,  Mém.  cit.,  p    53t. 

(3)  Il  s'agit  d'un  homme  «  qui  portait  sur  les  extrémités  supérieures,  ainsi  que 
sur  les  inférieures,  surtout  dans  le  voisinage  de  l'articulation  numéro-cubitale,  de 
nombreux  kystes  à  parois  très  épaisses  et  très  dures,  dont  quelques-uns  avaient 
presque  le  volume  d'un  œuf  de  pigeon.  Ayant  incisé  une  de  ces  tumeurs,  je  vis 
jaillir  de  nombreuses  vessies  de  la  grosseur  d'une  petite  noisette.  Il  y  avait  en 
outre  sur  le  tibia  de  la  jambe  gauche  un  ulcère  sordide  et  à  bords  calleux  et  très 
élevés,  dans  lequel  tout  changement  de  température  atmosphérique  provoquait  de 
vives  douleurs.  »  {Expérience,  t.  I,  p.  531,  note) 

L'observateur  ne  fait  évidemment  nulle  mention  d'hydatides  dans  le  tibia. 

(4)  Dupuytren,  omit,  cit.,  t.  III,  p.  360.  Peut-être  ne  s'agit-il  ici  que  du  muscle 
temporal  ? 


55b'  AFFECTIONS  VERMINEUSES   DES  CAVITÉS   SEKEUSES 

on  laissa  alors  la  scie,  ot  l'on  emporta  au  moyen  d'un  élévatoire,  un  fragment 
de  la  tumeur  osseuse.  On  découvrit  alors  une  vessie  à  parois  minces,  qui 
se  déchira  et  laissa  écouler  un  liquide  incolore.  La  cavité  osseuse  ainsi  vidée 
présentait  de  toutes  parts  une  surface  raboteuse,  dont  le  fond  descendait  évi- 
demment au-dessous  du  niveau  naturel  de  la  table  interne  du  frontal  ;  la  fai- 
blesse de  la  malade  mit  dans  la  nécessité  d'interrompre  l'opération. 

»  On  espéra  que  le  reste  des  parois  de  la  caverne  osseuse  pourrait  être  dé- 
truite avec  le  caustique  ;  des  accidents  inflammatoires  assez  graves  suivirent 
l'opération,  mais  cédèrent  à  un  traitement  approprié;  on  cautérisa  l'os  avec 
de  la  potasse  pure  pour  en  hâter  l'exfoliation.  Des  granulations  se  développè- 
rent rapidement  dans  la  cavité  de  la  tumeur  ;  la  malade  sortit  de  l'hôpital  au 
mois  de  juillet,  mais  le  même  traitement  fut  conhnué  dehors.  La  plaie  fut 
guérie  au  mois  de  septembre.  Au  mois  de  janvier  1817,  il  se  développa  au 
même  endroit  une  nouvelle  tumeur  qui  eut  bientôt  acquis  le  volume  de  la 
première;  elle  se  déchira  ;  il  en  sortit  un  fluide  terne,  ses  parois  s'affaissèrent 
et  elle  guérit  de  nouveau.  Les  mêmes  alternatives  se  reproduisirent  à  plusieurs 
reprises. 

Au  mois  de  février,  elle  fut  de  nouveau  plus  volumineuse  et  plus  élevée 
qu'elle  n'avait  jamais  été  ;  des  symptômes  généraux  se  développèrent  et  la 
malade  rentra  à  l'hôpital.  Robert  Keate  appliqua  le  caustique  sur  la  tumeur  ; 
il  sortit  une  hydatide  de  la  cavité  ainsi  ouverte.  Ayant  mis  complètement  à 
découvert  cette  cavité  par  l'emploi  répété  de  la  potasse,  on  découvrit  une 
quantité  d'hydatides,  qu'on  essaya  vainement  de  détruire  par  des  causti- 
ques de  toute  espèce,  et  l'on  dut  se  déterminer  au  mois  de  décembre  à  prati- 
quer la  première  opération  qu'on  avait  tentée.  La  tumeur  fut  mise  complète 
ment  à  nu  et  sciée  au  niveau  de  la  surface  du  frontal,  ce  qui  mit  à  découvert 
le  fond  de  cette  cavité,  qui  n'avait  pas  moins  de  six  pouces  et  demi  de  profon- 
deur; cinq  à  six  hydatides  s'y  trouvaient  logées  ;  on  les  enleva  avec  soin, 
et  la  table  interne  du  crâne  fut  mise  entièrement  à  nu.  On  pansa  avec  de  la 
charpie  imbibée  de  sulfate  de  cuivre  ;  la  guérison  marcha  lentement  et  ne  fut 
complète  qu'au  bout  de  quelques  mois  (1).  » 

Obs.  CCLl  (Langenbeck).  —  Frontal. 

III.  —  Il  s'agit  d'une  fille  âgée  de  dix-sept  ans,  qui,  étant  tombée  à  l'eau, 
en  1802,  parut  avoir  quelques  jours  après  une  rougeole  irrégulière;  et  qui 
reçut,  dans  le  courant  de  la  même  année,  un  coup  violent  à  la  rég'on  frontale 
droite.  Peu  de  temps  après  apparut,  vers  la  région  du  sinus  frontal  du  côté 
droit,  une  tuméfaction  indolore,  qui  s'étendit,  vers  la  région  temporale.  L'œil 
fut  poussé  en  bas  et  en  dehors,  et  peu  à  peu  la  vup  se  perdit. 

«  En  1  818,  la  tumeur  avait  un  volume  considérable.  En  dehors  elle  s'éten- 
dait jusqu'à  la  suture  coronale  ;  le  rebord  orbitaire  du  frontal,  le  globe  de 

(l)  Robert  Keate,  Medico-chirurg .  Transact.,  1819,  vol.  X,  part.  II,  et  Dezei- 
meris,  Mém.cit. 


NATURELLES   OU   ADVENTJVES.    —   HÏDATIDES.  557 

l'œil  et  l'orbite  étaient  repousses  en  bas  ;  l'œil  était  recouvert  naturellement 
par  les  paupières  et  n'était  point  expulsé  de  l'orbite,  de  sorte  qu'il  n'y  avait 
point  à  proprement  parler  d'exophlhalmie;  l'orbite  et  le  globe  de  l'œil  étaient 
simultanément  repoussés  en  bas  et  en  dehors,  de  sorte  que  l'œil  était  presque 
au  niveau  de  la  pointe  du  nez.  L'ouverture  des  paupières  était  semi-lunaire; 
le  globe  de  l'œil  pouvait  à  peine  être  un  peu  dirigé  vers  le  nez,  il  était  du 
reste  dans  son  état  naturel,  point  atrophié,  mais  complètement  amaurotique. 
Quoique  la  tumeur  fût  en  général  résistante,  en  plusieurs  points  de  la  région 
temporale  et  au-dessus  de  l'œil  elle  cédait  sous  l'impression  du  doigt,  mais 
elle  revenait  sur  elle-même  dès  que  la  pression  venait  à  cesser,  comme  fe- 
rait le  couvercle  d'une  boîte  de  fer-blanc.  La  tumeur  était  complètement  indo- 
lore, mais  si  on  la  pressait  fortement  au-dessus  du  nez,  la  malade  y  éprou- 
vait de  la  douleur.  On  jugeait  que  cette  tumeur  ne  s'étendait  pas  vers  le  cer- 
veau par  l'absence  de  tout  symptôme  de  dérangement  des  fonctions  de  cet 
organe  :  il  n'y  avait  ni  douleur  de  tête,  ni  vomissements,  ni  vertiges,  ni  in- 
sensibilité, ni  état  soporeux  ;  la  malade  jouissait,  du  reste,  d'une  santé  par- 
faite. » 

Langenbeck  pratiqua  l'opération  le  2  décembre  1818.  Les  téguments 
furent  divisés  sur  la  tumeur  par  une  incision  cruciale;  la  table  externe  du 
frontal  fut  ouverte  au  moyen  du  trépan  perforatif.  On  introduisit  une  pince 
dans  cette  ouverture  et  on  l'agrandit  en  brisant  quelques  fragments  de  cette 
table  externe,  ce  qui  se  fit  sans  difficulté  ;  à  l'ouverture  du  sinus,  il  s'en  écoula 
une  humeur  lymphatique,  claire  et  visqueuse,  et  l'on  vit  une  vessie  à  parois 
brillantes  qui  remplissait  tout  le  sinus  et  d'où  s'écoulait  une  humeur  lympha- 
tique, car  elle  avait  été  déchirée  lors  de  l'ouverture  de  la  cavité  osseuse  ; 
l'hydatide  fut  saisie  avec  la  pince  et  arrachée  par  lambeaux. 

La  cavité  avait  3  pouces  de  diamètre  dans  un  sens  et  3  4/2  pouces  dans 
un  autre  sens;  le  kyste  était  partagé  en  un  grand  nombre  de  cellules  pleines 
d'un  liquide  jaunâtre  et  ses  parois  étaient  épaisses  et  presque  cartilagi- 
neuses. 

On  pratiqua  des  injections  détersives,  puis  des  injections  de  sublimé  qu'on 
dut  abandonner  a  cause  de  l'invasion  de  la  salivation.  La  tumeur  diminua  de 
volume,  mais  ne  fut  pas  guérie. 

Un  an  après  environ,  «  la  tumeurétait  encore  dans  le  même  état  et  l'écou- 
lement de  pus  encore  aussi  considérable.  Pour  diminuer  celte  sécrétion,  Lan- 
genbeck passa  deux  sétons  à  travers  la  tumeur  ;  l'effet  en  fut  remar- 
quable :  la  sécrétion  purulente  diminua  bientôt,  ainsi  que  le  volume  de  la 
tumeur  (1).  » 

Obs.  CCLI1  (Fricke).  —  Os  du  bassin. 

ÏV.  —  Un  homme,  âgé  de  soixante  ans,  avait  fait,  dix-neuf  ans  avant  d'être 
vu  par  le  docteur  Fricke,  une  chute  sur  le  derrière  ;  depuis  lors  il  avait  con- 

(t)  Langenbeck,  Neue  Bibîiothek  fur  die  Chirurgie  une  Ophthalmologie,  t.  II 
p.  365-372,  publié  par  le  docteur  Barckhausea.  —  Dezeimeris,  Mérn.  cil. 


5M  affections  vkrmineusks  des  cavités  SÉKECSES 

serve  des  douleurs  dans  la  hanche  ci  la  tubérosité  sciatique;  il  survint  une 

tumeur  ii  la  fesse,  à  une  époque  qui  n'a  pu  être  précisée. 

Il  existait  à  la  région  de  l'articulation  ilio-fémorale  une  grosse  tumeur  avec 
fluctuation  qui  gênait  la  marche  sans  la  rendre  absolument  impossible,  et  qui 
n'était  pas  douloureuse  au  toucher,  bien  que  le  malade  y  éprouvât  fréquem- 
ment des  douleurs  spontanées  qui  se  faisaient  sentir  aussi  plus  profondément 
dans  le  bassin  et  vers  le  sacrum.  En  apparence  le  membre  pelvien  droit  était 
allongé,  mais  en  réalité  il  était  raccourci,  la  fièvre  hectique  mil  fin  aux  jours 
du  malade.  Le  diagnostic  avait  été  :  abcès  par  congestion. 

Autopsie.  A  la  partie  supérieure  de  la  cuisse  droite,  il  y  avait  une  tumeur 
volumineuse  qui  descendait  depuis  la  région  de  l'épine  iliaque  antérieure  et 
supérieure  jusqu'au  commencement  du  second  tiers  de  la  cuisse,  et  s'étendait 
en  dedans  jusqu'au  delà  du  pli  crural  interne,  en  arrière  jusque  sur  la  fesse 
du  côté  malade;  il  s'écoula  par  une  ponction  une  grande  quantité  de  liquide 
semblable  à  de  la  soupe  aux  pois,  avec  de  nombreux  petits  corps  blanchâtres, 
demi  transparents  et  de  grandeur  différente.  Une  incision  montra,  près  du 
grand  trochanter  et  s'étendant  jusqu'aux  muscles  fessiers,  plusieurs  cavités, 
parmi  lesquelles  une  plus  grande  était  remplie  par  une  poche  du  volume  du 
poing  qui  contenait  beaucoup  d'hydatides  très  grandes;  des  cavités  plus  pe- 
tites existaient  autour  du  ligament  capsulaire  ;  celui-ci  était  désorganisé.  La 
cavité  cotyloïde  renfermait  une  grande  quantité  de  petites  hydatides  plongées 
dans  un  liquide  jaunâtre.  A  trois  quarts  de  pouce  au-dessous  de  l'épine  iliaque 
antérieure  et  supérieure,  existait  encore  une  poche  transparente  dont  l'inci- 
sion donna  issue  à  une  quantité  prodigieuse  d'hydatides;  cette  poche  com- 
muniquait dans  le  bassin,  et  deux  ouvertures  plus  petites  communiquaient 
avec  la  cavité  cotyloïde  ;  entre  les  deux  épines  iliaques,  il  y  avait  une  autre 
ouverture,  qui  laissa  échapper  un  grand  nombre  d'hydatides  par  une  pression 
exercée  sur  le  bassin.  A  la  face  interne  du  muscle  iliaque  interne  et  du  grand 
psoas  existait  une  caverne  remplie  d'hydatides  et  d'un  liquide  jaune,  cette 
caverne  communiquait  avec  la  bourse  synoviale  du  muscle  iliaque  et  celle- 
ci  avec  l'articulation.  Une  grande  cavité,  formée  dans  le  tissu  spongieux  entre 
les  deux  lames  de  l'iléon  droit,  fut  ouverte  par  une  incision;  elle  avait  le  vo- 
lume du  poing,  et  contenait  une  masse  considérable  d'hydatides  ;  elle  com- 
prenait, outre,  l'iléon,  la  plus  grande  partie  de  l'ischion  et  la  branche  horizon- 
tale du  pubis.  La  voûte  de  la  cavité  cotyloïde  était  détruite  et  l'articulation 
communiquait  avec  la  caverne  par  une  grande  ouverture;  la  tête  du  fémur 
était  rugueuse  et  cariée. 

Les  hydatides,  véritables  acéphalocystes,  étaient  d'un  volume  variable  de- 
puis celui  d'une  petite  perle  jusqu'à  celui  d'un  œuf  de  pigeon  (1  ). 

V.  —  Dezeimeris  rapporte  que,  dans  le  musée  de  Hunier  à  Londres,  sous 

(1)  Fricke,  in  Zeilschrift  filr  die  gesammte  Medicin,  etc.,  7*  vol.,  3*  cahier, 
p.  383,  rapporté  dans  V Expérience,  1838,  n°  34,  p.  529,  et  Arch.  gén.  de  rnéd., 
1839,  3e  série,  t.  VI,  p.  493. 


Naturelles  ou  alhentives.  —  hydatides.  559 

le  n°  521,  se  Irouve  l'os  iliaque  d'un  bœuf,  renfermant  une  grosse  hyda- 
tide(l). 

C.  —  Hydatides  dans  les  os  courts. 

Obs.  CCLIII  (Gcesnard).  —  Corps  du  sphénoïde. 

«  Aun"  30,salle^>aint-PauI,  était  couché  Buixon  (Simon),  âgé  de  sept  ans, 
né  à  Vaugirard. 

»  Le  4  e1"  janvier,  sans  cause  connue,  sans  aucun  symptôme  précurseur,  la 
paupière  supérieure  tomba  sur  le  globe  oculaire  (du  côté  droit)  ;  mais  la  santé 
générale  est  toujours  conservée.  Le  13  janvier  seulement,  l'enfant,  qui,  la 
veille,  s'était  couché  bien  portant,  est  pris  de  céphalalgie,  de  frissons,  et 
vomit,  à  six  heures  et  demie  du  matin,  après  l'ingestion  d'un,  peu  d'eau  de 
fleurs  d'oranger;  plus  tard  encore,  un  demi-verre  de  vin  sucré  rappelle  les 
vomissements.  Le  même  jour,  son  père  l'amène  à  l'hôpital. 

i)  A  notre  première  visite,  il  s'offrit  dans  l'état  suivant  :  légèrement  as- 
soupi, s'irritant  à  la  moindre  contrariété,  sa  face  est  un  peu  colorée,  la  vue 
paraît,  éteinte,  surtout  du  côté  droit,  et  le  globe  oculaire  de  ce  côté  est  re- 
couvert par  la  paupière  supérieure  qui  est  paralysée;  il  est  en  même  temps 
plus  saillant  que  celui  du  côté  opposé.  La  pupille,  très  dilatée,  est  immobile  ; 
l'œil  n'est  nullement  sensible  à  1  impression  de  la  lumière,  ni  même  au  con- 
tact d'un  agent  matériel,  d'une  plume  par  exemple,  qui  vient  irriter  la  con- 
jonctive.—  Du  côté  gauche,  l'œil  est  ouvert;  la  pupille,  plus  dilatée  que 
dans  l'état  normal,  l'est  moins  cependant  que  du  côté  opposé  et  se  con- 
tracte légèrement;  mais  la  sensation  de  la  lumière  n'est  pas  perçue, 
tandis  que  la  sensibilité  tactile  persiste,  que  les  paupières  se  ferment  dès 
qu'elles  sont  irritées  par  un  corps  étranger.  Du  reste,,  il  n'y  a  pas  de  stra- 
bisme ;  les  yeux  paraissent  se  mouvoir  de  chaque  côté  dans  leur  orbite. 
Les  autres  organes  des  sens  sont  conservés  dans  leur  intégrité,  l'enfant  en- 
tend parfaitement,  a  la  conscience  des  saveurs  et  des  odeurs.  La  sensibi- 
lité cutanée  est  partout  dans  son  état  nurmal.  Le  système  locomoteur  n'offre 
aucun  phénomène  morbide,  si  ce  n'est  que  le  malade  s'agite  assez  souvent, 
et  grince  quelquefois  des  dents.  L'intelligence  est  parfaitement  conservée. 
Les  réponses  sont  justes,  mais  faites  avec  impatience.  Le  malade  accuse  de 
la  céphalalgie,  sans  préciser  l'endroit  douloureux.  Aucun  trouble  ne  se  re- 
marque du  côté  des  organes  digeslifs.  La  langue  est  humide,  l'abdomen  n'est 
nullement  douloureux,  les  vomissements  n'ont  pas  reparu,  les  évacuations 
alvines  sont  normales;  la  respiration  est  franche,  régulière,  de  temps  à  autre 
suspirieuse  ;  le  pouls  est  petit,  à  peine  sensible,  et  offre  114  pulsations  par 
minute  ;  la  chaleur  cutanée  n'est  pas  élevée. 

»  Des  sinapismes  sont  appliqués  aux  jambes  du  petit  malade,  qui  les  sent 
impatiemment,  et,  les  1  3  et  1 5  janvier,  on  lui  administre,  dans  une  potion, 
trois  gouttes  d'huile  de  croton  qui  déterminent  plusieurs  selles  liquides.  Pen- 

(1)  Dezeimeris,  note  cit.  p.  521. 


550  AFFECTIONS   VbllMLYKUSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

daul  les  trois  jours,  les  mêmes  symptômes  se  remarquent.  La  face  se  colore 
de  temps  à  autre;  il  y  a  un  peu  d'agitation.  La  commissure  des  lèvres  du 
côté  droit  s'élève  légèrement:  cette  élévation  coïncide  avec  une  élévation 
légère  de  tous  les  traits  du  môme  côté. 

»  Le  1 6  janvier,  le  pouls  est  moins  fréquent,  plus  sensible,  le  malade  pa- 
raît mieux,  et  demande  à  manger,  il  avale  avec  avidité  du  sucre  et  un  biscuit 
qu'on  lui  donne    La  respiration  cesse  d'être  suspirieuse. 

»  Le  18,  l'enfant  n'attirait  presque  plus  notre  attention  que  par  l'expres- 
sion de  sa  physionomie,  la  vivacité  de  ses  paroles,  et  la  médecine  paraissait 
n'avoir  plus  rien  à  faire  chez  lui,  si  ce  n'est  à  chercher  a  guérir  son  amau- 
rose  double  et  la  légère  hémiplégie  qu'il  présentait,  lorsqu'il  fut  pris  d'une 
scarlatine.  L'éruption  s'en  fit  d'une  manière  assez  bénigne,  et  se  termina  bien, 
au  bout  de  quatre  jours,  sans  aucun  accident  ;  mais,  le  23  janvier,  notre  petit 
malade,  qui  n'avait  pas  été  vacciné,  fut  pris  d'une  variole.  L'éruption  eut  une 
marche  irrégulière,  et  l'enfant  succomba,  le  1er  février,  après  une  courte 
agonie. 

»  Autopsie.  —  Le  crâne  parut  être  d'une  conformation  normale,  et  n'offrit 
rien  de  notable  sous  le  rapport  de  son  volume.  Après  en  avoir  scié  la  voûte, 
je  voulus  la  détacher,  et  fus  fort  étonné  de  voir,  dans  cette  opération,  s'échapper 
un  jet  de  liquide  de  son  intérieur. 

»  Il  existait  du  côté  droit  un  kyste  placé  entre  la  dure-mère  et  les  parois 
latérales  du  crâne  (c'est-à-dire  le  temporal  et  le  pariétal).  Ce  kyste,  contenu 
dans  une  vaste  excavation  creusée  aux  dépens  de  la  substance  cérébrale, 
s'étendait  aussi  jusqu'à  la  base  du  cerveau,  qui  se  trouvait  de  cette  manière 
refoulée  fortement  en  haut  dans  son  hémisphère  droit:  c'est  sa  déchirure  qui 
avait  donné  lieu  à  l'écoulement  du  liquide  précité.  Cette  tumeur,  dont  le  vo- 
lume peut  être  comparé  à  deux  fois  celui  d'un  œuf  de  poule,  occupait  toute  la 
fosse  cérébrale  moyenne,  traversait  en  avant,  par  une  extrémité  aplatie,  comme 
étranglée,  la  fente  sphénoïdale,  et  là,  se  prolongeait  d'un  travers  de  doigt 
dans  la  cavité  orbitaire:  en  dedans,  elle  soulevait  l'extrémité  antérieure  de 
la  tente  du  cervelet,  pour  pénétrer  dans  un  enfoncement  creusé  au-dessus  de 
la  fosse  pituitaire  dans  le  corps  même  du  sphénoïde. 

y>  Ce  kyste  se  trouvait  accolé  à  une  vésicule  de  même  nature,  de  la  gros- 
seur d'une  noix,  placée  dans  le  foyer  pituitaire,  entre  la  portion  osseuse  du 
corps  sphénoïdal  et  la  dure-mère  qui  l'environnait  de  tous  côtés.  Du  côté 
gauche,  elle  avait  fortement  écarté  les  sinus  caverneux  ;  du  côté  droit,  les 
sinus,  déjà  soulevés  par  la  première  tumeur,  ne  lui  offraient  plus  de  limite,  et 
lui  permettaient  d'être  en  contact  avec  celle-ci.  Outre  ce  deuxième  kyste,  il 
en  existait  d'autres  du  volume  d'une  lentille,  placés  dans  de  petites  excava- 
tions osseuses  qu'offrait  le  corps  du  sphénoïde,  ;  d'autres  (vésicules)  miliaires 
existaient  plus  profondément,  et  furent  prises  avec  des  pinces;  elles  étaient 
contenues  dans  les  aréoles  du  tissu  osseux:  j'en  trouvai  une  vingtaine. 

»  Ces  kystes  sphénoïdaux  sont  remplis  d'un  liquide  qui,  par  l'incision  de  la 
poche,  s'écoule  en  jet,  comme  si  la  membrane  qui  le  renferme  revenait  sur 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —   I1YDATIDES.  561 

elle-même  en  verlu  de  son  élasticité.  Transparent  au  moment  de  l'autopsie,  ce 
liquide  devint,  au  bout  de  quelques  jours,  nébuleux:  les  nuages  sont  dus  à 
une  séparation  d'une  partie  des  membranes. 

»  La  poche  vésiculaire  présente  une  surface  lisse,  uniforme,  nullement 
adhérente  ;  la  membrane  qui  la  forme,  lor.-qu'elle  est  pleine  de  liquide,  paraît 
mince,  transparente  ;  mais,  dès  que  ce  liquide  s'écoule,  elle  revient  sur  elle- 
même,  et,  triplant  presque  d'épaisseur,  devient  demi-opaque,  opaline,  c'est 
tout  à  fait  l'apparence  de  blanc  d'œuf  coagulé,  ou  encore  de  fausses  mem- 
branes récentes.  Elle  est  composée  de  plusieurs  feuillets,  dont  1  interne,  plus 
mince,  plus  transparent,  semble  mieux  organisé;  les  autres  paraissent  être 
des  lames  de  tissu  cellulaire  bien  moins  condensé.  La  dure- mère,  détachée 
des  os  par  les  tumeurs,  offre,  dans  quelques  endroits,  des  plaques  opaques, 
comme  osseuses,  dans  d'autres  points,  elle  est  amincie,  légèrement  éraillée. 
»  La  substance  céréiirale  n'est  ramollie  dans  aucun  point,  sa  consistance,  sa 
couleur  sont  normales;  l'hémisphère  droit  est  remarquable  pur  la  compas- 
sion qu'il  a  éprouvée,  fortement  exca\é  à  sa  base  et  sur  les  côtés  de  son  lobe 
moyen,  ses  cii convolutions  ont  en  partie  disparu,  et  ses  anfra>'tuosités  sont 
bien  moins  éiendues.  Le  plancher  du  ventricule  latéral  droit  s'élève  un  pouce 
plus  haut  que  celui  du  côté  opposé,  et  touche  au  plafond  du  même  ventricule. 
La  couche  optique  et  le  corps  strié  sont  légèrement  applatis.  Du  reste,  aucun 
liquide;  n  existe  dans  les  cavités  du  cerveau.  Les  nerfs  optiques  sont  à  I  état 
normal  jusqu'à  leur  chiasma  ;  mais  là  ils  commencent  à  être  soulevés  par  la 
tumeur  jusqu'à  leur  entrée  d,<ns  le  trou  optique,  où  ils  sont,  pour  ainsi  dire, 
étrangles  par  la  limite  supérieure  de  ce  trou.  Celui  du  côté  droit  offre,  en 
outre,  des  points  aplatis,  d'autres  rétrécis,  et,  à  son  entrée  dans  la  scléro- 
tique, il  a  moins  de  volume  que  celui  du  côté  opposé.  D  ailleurs,  les  nerfs  ne 
paraissent  pas  autrement  altérés  dans  leur  texture.  Les  filets  nerveux,  qui 
rampent  dans  la  pjroi  externe  du  sinus  caverneux,  ont  subi  tous  une  disten- 
sion et  une  compiession  remarquables.  Mais  cet  effet  est  marqué  surtout  pour 
la  branche  ophtlialmique  de  la  cinquième  paire,  qui  se  trouve  d'autant  plus 
tiraillée,  que  la  tumeur  soulève  la  dure-mère,  à  partir  même  de  son  point  de 
Séparation  du  ganglion  de  Gasser,  qui  se  trouve  accolé  à  la  base  du  crâne. 

»  L'altération  la  plus  remarquable  est  celle  des  os,  assez  semblable  à  celle 
que  leur  font  éprouver  les  tumeurs  anévrysmatiques.  Ils  sent  rugueux,  offrent 
des  saillies  entrecoupées  d'enfoncements.  Toute  la  fosse  cérébrale  moyenne,  le 
corps  du  sphénoïde  et  son  apophyse  il  Ingrassia^,  ne  sont  plus  recouverts  par 
la  dure-mère,  et  ont  perdu  dans  certains  points  leur  lame  interne  ;  dans  d'au- 
tres, ils  sont  réduits  à  leur  lame  externe;  enfin,  ça  et  là  le  temporal  paraît 
réduit  à  une  sorte  de  feuillet  transparent,  crépitant  comme  le  parchemin. 
C'est  une  altération  analogue  a  celle  qu'éprouvent  les  os  du  crâne,  lorsqu'ils 
sont  en  contact  avec  un  fongus  de  la  dure-mère.  Le  trou  maxillaiie  supérieur 
est  rugueux  et  présente  trois  fois  son  volume  ordinaire. 
•  »  La  voûte  orbitaire  est  beaucoup  plus  saillante  du  côté  droit  que  du  côté 
i  gauche.  Les  globes  oculaires  offrent  un  volume  normal.  L'œil  gauche  est  dans 


f>Ô2  AFFECTIONS    VEIlMINRUSKS    DKS    CAVITÉS   SÉREUSES 

un  médiocre  dt^ré  do  dilatation,  sa  cornée  est  transparente;  mais  celui  du 

mu'  droit  est  fortement  dilaté,  sa  cornée  est  opaque  (altération   ancienne 

causée  par  un   accident),  comme    flétrie,   la   conjonctive   y    est  fortement 

injectée. 

»  Le  foie,  sain  d'ailleurs,  présente  dans  son  centre  une  tumeur  vésiculaire, 
semblable  à  celle  que  nous  avions  vue  dans  la  cavité  crânienne  ;  elle  est  du 
volume  d'une  noix  (1  ).  » 


NEUVIÈME  SECTION. 

TRAITEMENT    DES    TUMEURS    HYDATIQUES. 

CHAPITRE    PREMIER. 

TRAITEMENT   MÉDICAL. 

L'efficacité  du  traitement  médical  des  hydatides  est  fort  incer- 
taine. On  peut  affirmer  que  la  plupart  des  médicaments  qui  ont  été 
proposés  jusqu'aujourd'hui  sont  restés  sans  effets  dans  plusieurs  cas 
où  l'existence  des  hydatides  a  été  bien  déterminée,  tandis  que  l'on 
ne  citerait  peut-être  aucune  observation  bien  constatée  de  guérison 
que  l'on  puisse,  dans  des  cas  semblables,  attribuer  au  médicament. 
Il  est  vrji  que,  da'S  ce  dernier  cas,  le  diagnostic  peut  rester  incer- 
tain par  suite  de  la  guérison  même,  et  que,  dans  le  premier,  au 
contraire,  les  progrès  ultérieurs  du  mal  ou  l'autopsie  démontrent  la 
nature  de  la  maladie.  Il  y  a  donc  quelque  raison  de  ne  pas  condam- 
ner absolument  tous  les  agents  thérapeutiques  qui  ont  été  proposés 
jusqu'aujourd'hui,  et  qui  n'ont  point  été  expérimentés  suffisamment. 
C'est  ici  surtout  que  l'expérience  acquise  sur  la  thérapeutique  des 
affections  vermineuses ,  chez  les  animaux  domestiques  ,  pourrait 
rendre  des  services  chez  l'homme. 

Article  premier.  —  Prophylaxie.  —  En  l'absence  de  connais- 
sances positives  sur  le  mode  de  transmission  des  hydatides  et  sur  les 
circonstances  qui  favor^ent  leur  développement  dans  l'espèce  hu- 
maine, on  ne  peut  établir  les  indications  prophylactiques  de  ces 
affections. 

(J)  Guesnard,  Observation  d'acéphalccystes  développées  dans  les  os  du  crâne 
(Journ.  hebd.  des  progrès  des  se.  méd.,  1836,  t.  I,  p.  271). 


Naturelles  ou  âdventives.  —  hydatides.  563 

Article  II.  —  Agents  thérapeutiques.  —  D'après  la  nature 
et  le  séjour  des  hydatides,  il  semble  que  les  médicaments  appli- 
cables à  leur  destruction  doivent  être  des  substances  solubles  dans 
les  liquides  de  l'économie,  substances  qui,  étant  absorbées  et  circu- 
lant avec  le  sang,  arrivent  au  contact  de  la  poche  hydatique  dans 
laquelle  elles  pénètrent  par  endosmose;  il  faut  encore  que  ces  sub- 
stances, toxiques  pour  les  hydatides,  ne  le  soi  nt  point  pour  les 
organes  de  l'homme.  Aucune  expérience  directe  n'a  été  faite  à  ce 
sujet,  et  l'on  ne  peut  dire  si  les  médicaments  qui  ont  été  proposés 
remplissent  ces  conditions. 

§1.  —  Baumes  a  fait  connaître  plusieurs  observations  qui  ten- 
draient à  prouver  que  le  protochlorure  de  mercure  jouit  de  quelque 
efficacité  contre  les  hydatides  (1),  mais  les  auteurs  du  Compendium 
de  médecine  pratique  (art.  AcÉphalocyste)  disent  avoir  vu  employer 
ce  médicament  sans  succès  dans  des  cas  où  ï existence  des  hyda- 
tides n'était  pas  douteuse,  puisqu'elle  fut  confirmée  par  l'autopsie. 
Chez  plusieurs  malades  dont  l'observation  est  rapportée  dans  cet 
ouvrage,  l'administration  du  mercure  a  été  poussée  jus  ju'à  la  saliva- 
tion, et  cependant  la  marche  de  la  maladie  n'a  paru  en  avoir  éprouvé 
aucune  modification  (voy.  obs.  XCVIIÏ.CXIX  (2).  CCLXXI). 

§  II.  —  Le  chlorure  de  sodium  a  été  conseillé  par  Laenm  c  sur 
cette  considération  que  les  moutons  qui  paissent  dans  les  prés  salés 
sont  exempts  d'hydatides,  et  que  l'on  guérit,  en  les  conduisant  dans 
ces  pâturages,  ceux  qui,  dans  les  prairies  marécageuses*  offrent  les 
symptômes  déterminés  par  les  vers  vésiculaires.  «  J'ai  employé 
plusieurs  fois  avec  succès,  dit  cet  observateur,  les  bains  salés  chez 
des  personnes  qui  avaient  rendu  des  acéphalocystes  ou  qui  portaient 
des  tumeurs  qu'on  pouvait  soupçonner  être  dues  à  ces  vers.  J'ai  vu 
plusieurs  fois  des  tumeurs  volumineuses  s'affaisser  sous  l'influence 
de  ce  moyen.  Dans  un  de  ces  cas,  un  kyste  hydatique  se  fit  jour  dans 
les  intestins  et  la  malade  qui  présentait  des  symptômes  propres  à 
faire  craindre  une  mort  piochaine,  rendit  par  leg  selles  un  grand 
nombre  d'acéphalocystes,  après  avoir  pris  trois  ou  quatre  bains,  qui 
contenaient  chacun  six  livres  de  chlorure  de  sodium  ;  cette  évacua- 
tion fut  suivie  de  la  guérison  de  la  maladie  (3).  »  On  ne  peut  ad- 

(1)  Ann.  deméd  prat.  de  Montpel'ier. 

(2)  On  ne  peut  attribuer  h  guérison  du  cas  de  Lind  (obs.  CXIX)  à  l'action  du 
mercure;  elle  a  été  déterminée  par  l'é\acuation  des  hydatides. 

(3)  Laennec,  ouvr.  vit.,  t.  II,  p   203. 

Ce  cas  est  probablement  celui  que  nous  avons  rapporté  obs.  XXXVI. 


56A  AKFI'.CTIONS  VERMINEU3BS  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

mettre  avec  Laennec  que  les  bains  salés  employés  chez  cette  malade 
aient  été  pour  quelque  chose  dans  l'expulsion  des  hydatides  à  laquelle 
seule  on  doit  attribuer  la  guérison.  Le  chlorure  de  sodium  existe 
dans  le  liquide  des  hydatides  en  grande  proportion  ;  il  est  donc  peu 
probable  que  ce  sel  puisse  déterminer  la  mort  des  vers  vésiculaires. 
S'il  favorise  la  guérison,  c'est  sans  doute  en  agissant  sur  l'économie 
du  malade,  comme  peut-être  il  le  fait  sur  celle  des  marins  pour  les 
en  préserver  ;  mais  l'absence  des  hydatides  chez  les  matelots  et  chez 
les  animaux  qui  paissent  dans  les  prés  salés  pourrait  tenir  à  d*es  cir- 
constances qui  empêchent  la  transmis>ion  de  ces  vers.  Quoi  qu'il  en 
soit,l'efficaciié  du  sel  marin  administré  à  l'intérieur  ou  bien  à  l'ex- 
térieur est  loin  d'être  constatée  aujouid'hui,  efles  espérances  de 
Laennec  ne  se  sont  point  réalisées. 

§  LU.  —  L'iodure  de  potassium  a  été  employé  contre  les  hyda- 
tides; il  a  été  préconisé  surtout  par  les  médecins  anglais,  mais  son 
efficacité  n'est  pas  mieux  constatée  que  celle  du  chlorure  de  sodium. 
M.  Hawkins  rapporte  le  cas  d'un  malade  admis  à  l'hôpital  Saint- 
Georges,  chez  qui  une  tumeur  hydatique,  une  ascite  et  d'autres  sym- 
ptômes graves  parurent  céder  à  l'influence  d'un  traitement  par 
l'iode,  mais  environ  un  an  après,  la  maladie  se  termina  d'une  manière 
fatale  (1). 

L'usage  intérieur  de  l'iodure  de  potassium  pourrait  être  secondé 
par  l'application  sur  la  tumeur  de  pommades  iouurées.  Les  hautes 
doses  auxquelles  on  peut  porter  ce  médicament  sans  nuire  au  malade, 
la  facilité  de  son  absorption  et  de  son  passage  dans  les  liquides  ex- 
crétés, font  présumer  qu'il  arrive  dans  le  liquide  des  hydatides,  et 
l'on  pourrait  en  espérer  une  action  favorable. 

§  IV.  —  Nous  passerons  sous  silence  les  autres  médicaments  pro- 
posés contre  les  vers  vésiculaires,  car  ils  n'ont  pour  eux  ni  la  raison 
de  l'induction,  ni  celle  de  l'expérience. 

§  Y.  —  Le  traitement  médical  reçoit  de  nouvelles  indications 
lorsque  la  tumeur  hydatique  occasionne  des  accidents,  tels  que 
l'inflammation  et  la  suppuration  des  organes  voisins  ;  alors  la 
saignée,  les  sangsues,  les  bains,  les  cataplasmes  pourront,  suivant 
les  cas,  être  employés  utilement.  Quelques  médicaments  internes 
peuvent  aussi  être  administrés  dans  des  cas  spéciaux  :  les  narcoti- 
ques pour  calmer  les  accès  de  toux  que  détermine  le  passage  dans 
les  bronches  des  matières  d'un  kyste  hydatique;   les  mercuriaux 

;i)  Cit*4  par  Budd,  p.  449. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —  HYDATIDES.  565 

contre  les  symptômes  d'inflammation  du  foie,  néanmoins  le  mercure 
est  resté  sans  efficacité  dans  deux  cas  dont  nous  avons  donné  la  re- 
lation (obs.  XCI,  Cl)  ;  la  térébenthine  lorsque  les  kystes  des  reins 
se  sont  ouverts  dans  le  bassinet,  médicament  qui  se  recommande 
par  deux  faits  dans  lesquels  il  a  paru  utile. 

Article  III.  —  Agents  physiques.  —  §  I.  —  L'application  de 
r électricité  à  la  destruction  des  hydatideset.par  suite,  à  la  guérison 
des  tumeurs  qu'elles  forment,  a  été  proposée  il  y  a  plusieurs  an- 
nées déjà,  au  rapport  de  M.  Budd  (1).  Elle  a  été  essayée  en  Islande 
et  avec  succès,  à  ce  qu'il  paraît:  "  Dans  ces  dernières  années,  dit 
M.  Guérault,  on  a  songe  à  faire  appel  à  l'électricité  ;  M.  le  docteur 
Thorarensen,  médecin  du  canton  de  l'Est  de  l'Islande,  a  eu  l'idée  de 
tuer  les  ac^phalocystes  dans  le  (oie,  au  moyen  de  décharges  élec- 
triques et  à  l'aide  de  longues  et  fines  aiguilles  d'acier  obliquement 
introduites  aux  deux  pôles  de  la  tumeur.  Il  y  a  six  ans  déjà  que  ce 
moyen  thérapeutique  fut,  pour  \& première  fois ,  employé  chez  un  né- 
gociant Glandais,  M.  Simpson,  et,  dans  cette  expérience  unique,  le 
succès  fut  prompt  et  complet,  la  tumeur  s'affaissa  peu  à  peu,  et  les 
hydatides,  probablement  résorbées,  ne  reparurent  pas  (2).  ■< 

§  IL  —  Le  froid  appliqué  s>ur  une  tumeur  hydatique  pendant 
un  temps  suffisant  pour  qu'il  en  pénétrât  la  masse,  pourrait  tuer 
peut-être  les  échinocoques  ou  la  vésicule  qui  les  renferme,  et  em- 
pêcher par  là  l'aci-roissement  de  la  tumeur  ou  favoriser  sa  résorption. 
Ce  moyen  mériterait  d'être  expérimenté  dans  certains  cas  où  l'ap- 
plication de  la  glace  pendant  un  temps  assez  long  ne  pourrait  avoir 
d'inconvénients  pour  les  organes  voisins  du  kyste  hydatique. 


CHAPITRE  IL 

TRAITEMENT   CHIRURGICAL. 


Les  moyens  chirurgicaux  proposés  pour  obtenir  la  guérison  des 
tumeurs  hydatiques  peuvent  se  ranger  sous  trois  chefs  : 

1°  Ceux  qui  procurent  l'évacuation  du  contenu  de  la  tumeur  ; 

2°  Ceux  qui  procurent  la  modification  ou  la  résorption  des  ma- 
tières contenues  dans  la  tumeur  ; 

,   (1)  The  médical  Gazette,  9  oct.  1846,  p.  643,  cité  par  Budd. 
(2)  Guérault,  Mém.  cit. 


>06  ArPIXTIONS    VhRMINEUSES   DES  CAVITÉS   SEREUSES 

3°  L'extirpation  du  kyste. 

Plusieurs  méthodes  ou  plusieurs  procédés  ont  été  mis  en  pratique 
pour  obtenir  soit  l'évacuation,  soit  la  résorption  du  contenu  de  la 
tumeur,  soit  l'extirpation  du  kyste. 

Article  premier.  —  \J  évacuation  des  madères  contenues  dans 
la  tumeur  s'obtient  par  plusieurs  procédés,  qui  sont  :  la  ponction 
simple,  les  ponctions  successives,  l.i  ponction  avec  ouverture  perma- 
nente, l'incision  simple,  l'incision  à  deux  temps,  l'application  d'un 
caustique. 

A.  —  Ponction  simple. 

La  ponction  a  été  pratiquée  dans  le  but  de  reconnaître  la  nature 
de  la  tumeur  observée  ou  pour  arriver  à  sa  guérison.  Nous  n'avons 
point  à  nous  occuper  ici  des  indications  que  cette  opération  peut 
donner  au  diagnostic  ;  mais  nous  devons  examiner  ses  avantages  et 
ses  inconvénients. 

L)t>qu'un  trocart  n'aura  à  traverser,  pour  arriver  au  kyste,  au- 
cun organe  important,  aucune  cavité  séreuse,  l'opération  sera  inof- 
fc-nsive,  et  c'est  ce  que  montrent  les  faits  que  nous  avons  déjà  rap- 
portés (1);  mais  lorsqu'elle  traverse  pour  arriver  au  kyste  unegrande 
cavité  séreuse,  la  ponction,  lût-elle  faite  avec  un  trocart  capillaire, 
peut  occasionner  des  accidents  graves,  mortels  même;  d'un  autre 
côté,  cette  opération  a  suffi  quelquefois  à  déterminer  la  guérison. 

1°  Cas  de  ponction  suivie  d'accidents. 

Oes.  CCLIV  (Goyrand  d'Aix).  —  Hydatide  de  la  rate;  ponction;  péri- 
tonite. 

I.  —  «  Énorme  kyste  acéphalocyste  de  la  rate,  ponction  exploratrice  suivie 
d'une  péritonite  grave.  Ouverinre  du  kyste  pir  incision  des  couches  exté- 
rieures et  cautérisation  des  couches  profondes  de  la  paroi  abdominale. 

»  Mort  p  ir  suite  de  la  rétraction  trop  rapide  du  kyste  qui  s'est  détaché  du 
parenchyme  de  la  rate  (2).  » 

Obs.  CCLV  (Rombeau).  —  Kyste  de  la  rate,   ponction,  accidents  con- 
sécutifs. 

II.  —  Il  s'agit  d'une  femme,  qui  entra,  en   1854,  à  la  Charité,  pour  une 

(1)  Plu-ipurs  observations  prouvent  que  la  ponction  pratiquée  dans  le  tissu 
sain  du  foie  est  imit  a  fait  inoflVpsive. 

(2)  Société  rie  chirurgie,  séance  du  13  février  1850  {Gaz.  des  hôpitaux, 
ann.  XX11I,  1850,  d°  25,  p.  100). 


NATURELLES   OU   ADVENTIVES.    W   HYDATIDES.  567 

tumeur  considérable  située  dans  le  côté  gauche  de  la  poitrine  et  le  flanc  du 
mêmecôié.  '  • 

«  Le  31  août,  M.  Velpeau  pratique  une  ponction  exploratrice,  qui  donne 
issue  à  un  litre  et  demi  d'un  liquide  limpide,  salin,  ayant  un  goût  analogue  à 
celui  du  bouillon  gras. 

»  Le  1er  septembre,  consécutivement  à  cette  ponction  la  malade  éprouve  des 
accidents  assez  inquiétants  :  vomissements,  céphdalgie,  mouvement  fébrilç 
très  intense,  frissons,  douleurs  assez  vives  dans  la  région  malade  qui  pré* 
sente  qne'ques  caracières  d'inflammation,  une  augmentation  dans  la  tempé- 
rature, une  assez  grande  sensibilité  à  la  pression. 

»  Le  23  septembre,  on  constate  un  épanehement  dans  la  poitrine,  dans  la 
moitié  inférieure  de  la  plèvre  gauche  ;  douleur  vive  sur  la  tumeur. 

»  Le  4  octobre,  nouveaux  accidents.  —  Le  10  octobre,  l'état  de  la  malade 
s'amende  d'une  manière  notable;  le  kyste  reprend  ses  premières  limites  ;  les 
signes  d'épanchement  dans  la  poitrine  s'observent  toujours. 

j>  Le  6  novembre,  après  quelques  frissons,  quelques  tremblements,  survient 
une  mort  subite.  » 

A  l'autopsie,  on  trouva  au  centre  delà  rate  un  énorme  kyste  hydatkjue 
dont  nous  avons  parlé  (voy.  p.  436)  ;  il  contenait  du  pus  et  une  hydatide  soli- 
taire. La  plèvre  gauche  renfermait  environ  un  litre  de  sérosité.  Il  n'est  point 
parlé  de  lésions  du  péritoine  (1  ). 

Obs.  CCLVI  (Moissenet).  —  Kyste  du  foie,  ponction  exploratrice  ;  mort. 

III.  —  11  s'agit  d'un  homme  âgé  de  quarante-deux  ans,  très  affaibli,  qui 
portait  une  tumeur  considérable  dans  l'hypochondre  droit. 

«  Le  malade  étant  placé  dans  le  décubitus  dorsal,  M.  Moissenet  fait  la  ponc- 
tion avec  un  trocart  explorateur  du  plus  petit  diamètre  dans  le  point  le 
plus  culminant  ;  il  retire  le  trocart  et  il  jaillit  aussitôt  par  la  canule  un 
liquide  très  limpide,  incolore,  et  dont  le  jet  n'a  pas  été  interrompu,  bien 
qu'aucun  aide  ne  comprimât  en  ce  moment  la  tumeur.  Voyant  la  tumeur  exté- 
rieure s'effacer  et  le  jet  faiblir,  M.  Moissenet  retire  bientôt  lui-même  la  ca- 
nule avec  le  plus  grand  soin.  La  plaie  extérieure  est  pansée  avec  un  morceau 
de  diachylon  et.  un  bandage  de  corps  est  fixé,  sans  la  moindre  pression,  au- 
tour du  ventre  du  malade.  On  a  retiré  en  tout  3S0  grammes  de  liquide. 

»  Cinq  minutes  se  sont  à  peine  écoulées  que  le  malade  est  pris  d'une  syn- 
cope... A  midi,  deux  heures  après,  se  déclare  un  frisson  intense,  avec  cla- 
quements de  dents,  profonde  altération  des  traits,  pâleur  de  la  face,  nez 
effilé,  yeux  caves,  hoquet,  nausées,  vomissements  verts,  porracés,  abon* 
dants:  cependant  aucune  douleur  à  la  pression  du  ventre  (potion  avec  extrait 
d'opium  0,4  0  ;  eau  de  Sellz,  glace,  etc.  ;  lavement  laudanisé).  ,        i 

»  Les  symptômes  vont  en  s'aggravant;  le  pouls  est  à  1  20,  125,  petit,  filir 

(t)  Rombeau  ,  interne  des  hôpitaux  (Bull.  Soc.  anal. ,  ann.  XXIX,  18&4. 
p.  "341).  . 


56S  AFFECTIONS   VURMINEUStS   DES   CAVITÉS   SEREUSES 

forme;  le*  extrémités  se  refroidissent;  l'altération  des  traits  est  plus  mar- 
quée, le  m:ilad*  commence  à  accuser  de  la  douleur  dans  !e  ventre,  et  il  suc- 
combe dans  la  nuit,  dix-huit  heures  après  la  ponction.  » 

A  l'autopsie  on  constate  que  l'ouverture  pratiquée  par  le  trocart  est  cica- 
trisée à  la  peau,  ainsi  qu'à  la  surface  du  foie;  cet.  organe  n'a  pas  contracté 
d'adhérences  avec  la  paroi  abdominale.  Il  existe  dans  le  lohe  droit  du  foie  un 
kyste  hyrlatiqne,  qui  peut  contenir  cinq  litres  de  liquides,  aucun  organe  n'offre 
de  lés  on  qui  puisse  expliquer  la  mort. 

«  Le  petit  bassin  renferme  environ  un  verre  et  demi  d'un  liquide  citrin,  un 
peu  rougâlre,  dans  lequel  nage  un  paquet  floconneux  jaunâtre,  du  vo'ume 
d'un  œuf;  le<  anses  intestinales  inférieures,  qui  occupaient  la  partie  déclive  de 
l'abiomen,  étaient  injectées,  vascularisées,  poisseuses;  quelques-unes  étaient 
déjà  même  réunies  par  des  fausses  membranes  (1).  » 

IV.  —  Dans  un  cas  de  kyste  hydatique  du  foie  observé  par  M.  Robert 
(obs  CCXCIV)  une  ponction  exploratrice  avec  un  trocart  très  tin  détermina 
de  la  fièvre,  des  vomissements,  une  sensibilité  exquise  du  ventre. 

V.  —  Dans  un  cas  semblable  observé  par  M.  Demarquay  (obs.  CCXCV), 
une  première  et  une  troisième  ponction  ne  déterminèrent  aucun  accident, 
mais  la  seconde  fut  suivie  de  frissons  erratiques,  de  fièvre,  avec  altération  de 
la  physionomie. 

VI.  —  Dans  un  cas  de  kystedu  foie,  rapporté  par  M.  Dolbeau  (obs.  CCXCVI), 
une  ponction  pratiquée  avec  une  aiguille  à  cataracte  détermina  des  douleurs 
épigastriques,  de  la  dyspnée,  des  vomissements,  la  fréquence  du  pouls,  etc. 

VII.  —  Dans  un  cas  observé  par  M.  Jobert,  une  ponction  avec  séjour  de 
vingt-qeatre  heures  de  la  canule  dans  le  kyste,  n'a  point  occasionné  d'acci- 
dents ;  tandis  qu'une  autre  ponction  dans  laquelle  la  canule  paraît  avoir  été 
retirée  immédiatement,  quelques  accidents  ont  suivi  cette  opération  (voy. 
obs   CCI  XVI). 

2"  Cns  de  ponction  suivie  delà  gué  ri  son. 

Os.  O'LVII  (Récahieb).  —  Kyste  'lu  foie. 
I.  —  «  Une  eune  femme  portait  depui-  plusieurs  années  une  tumeur  située 
dans  l'hypo  hondre  dot,  laquelle  s'étei  dail  jusqu'à  la  ligne  blanche  et  fa  t-ait 
saille  à  Texte  ieur;  cette  tumeur  était  arrondie  dure,  et  i  e  dé  eloppait  pas 
de  douleur  par  la  pression  Récami-r  y  ayant  reconnu  de  la  fluctuation,  h  re- 
garda comme  dépendant  d'une  hydro(  i-ie  enkystée  du  foie,  et  se  décida  à  pra- 
tiquer une  ponction;  à  cet  effet,  il  enfonça  dans  la  partie  la  plus  déclive  un 
trocart  très  fin,  qui  donna  issue  à  un  liquide  aqueux  et  limpide.  Celte  opéra- 

(1)  J.  Moissenet,  De  la  ponction  avec  le  trocart  capillaire,  appliquée  au  traite- 
ment rfe.«  kystes  hydatiques du  foie  (Archiv.  gén.  de  me'rt.,  fév.  1859,  p.  144,  obs.  !).. 


NATURELLES   OU   ADVENT1YES.    —  HYDATIDES.  569 

tion  fut  suivie  d'un  plein  succès.  Tous  le.-;  accidents  qui  avaient  été  la  suite  du 
développement  de  l'abdomen  se  dissipèrent  complètement,  et  le  malade  sortit 
de  l'hôpital  parfaitement  guérie  ■»  L'analyse  du  liquide  constata  l'absence  de 
l'albumine,  une  grande  quantité  de  chlorure  de  sodium,  etc.  (1). 

Obs.  CCLVIII  (Hawkins  et  Brodie).  —  Kyste  du  foie. 

II.  —  «  Un  garçon,  âgé  de  douze  ans  environ,  fut  admis  à  l'hôpital  Saint- 
Georges  dans  le  service  du  docteur  Chambert,  au  mois  d'août  1822.  Il  avait 
une  tumeur  considérable  dans  l'hypochondre  droit.  Les  côtes  étaient  soule- 
vées par  la  tumeur  qui  était  évidemment  fluctuante.  II  n'y  avait  aucun  déran- 
gement dans  sa  santé,  dans  les  fonctions  du  foie,  ni  aucun  signe  d'abcès  dans 
cet  organe  ;  la  peau  était  mobile  et  sans  inflammation  ;  le  malade  ne  se  plai- 
gnait que  d'une  gêne  occasionnée  par  la  grosseur  et  la  pression  de  la  tumeur. 
Après  quelque  temps  de  séjour  à  l'hôpital,  Brodie  introduisit  un  trocart  plat 
sous  les  côtes,  dans  l'endroit  où  la  fluctuation  était  le  plus  distincte;  il  en 
sortit  une  pinte  et  demie  d'un  liquide  incolore  et  transparent,  et  qui  parais- 
sait ne  pas  contenir  d'albumine,  car  la  chaleur  n'y  produisit  point  de  coagu- 
lation. Un  bandage  compressif  fut  appliqué  après  l'opération  qui  parut  avoir 
produit  l'oblitération  complète  du  kyste  :  la  plaie  se  guérit  promptement.  L'en- 
fant n'eut  aucune  fièvre,  ni  aucun  symptôme  fâcheux,  et  il  quitta  l'hôpital 
parfaitement  guéri  (2).  » 

Obs.  CCLIX  (Hawkins  et  Brodie).  —  Kyste  du  foie. 

III.  —  «  La  malade  était  une  jeune  femme,  âgée  de  vingt  ans,  elle  avait 
une  tumeur  plus  volumineuse  que  celle  du  cas  précédent  ;  cette  tumeur  l'em- 
pêchait de  prendre  le  moindre  exercice  et  la  forçait  de  dormir  dans  une  posi- 
tion particulière  ;  elle  n'était  pas  exempte  d'inflammation,  car  elle  avait  été 
accompagnéededouleursau  début,  unanoudeux  auparavant,  douleur  qui  s'ac- 
crut quelque  temps  avant  l'opération  ;  la  malade  eut  encore  une  toux  inces- 
sante et  fatigante  qui  persista  deux  ou  trois  semaines  après.  Trois  pintes  du 
même  liquide  que  dans  le  cas  précédent  furent  évacuée-  ;  ce  liquide  éiait  in- 
COiigiiIablu  par  la  eha'eur  et  ne  contenaii  qu  une  très  p  tite  quantité  de  ma- 
tièie  animale.  Cette  femme  se  rétablit  et  six  ans  après  elle  n  avait  eu  aucune 
rechute  (3,.  » 

Obs.  CCI  X  (W.  Travers  Cox).  —  Kyste  hydatique  du  foie  (ponction)  ? 
guérison;  autopsie. 

IV.  —  Il  s'agit  d'un  individu  chez  lequel  on  crut  reconnaître  une  hydro- 
pisie  ascite.  La  ponction  évacua  vingt  et  une  pintes  d'eau  bilieuse  ;  après  la 
ponction  on  reconnut  une  hypertrophie  considérable  du  l'oie.  Le  malade  se 

(1)  Récamier,  Revue  médicale,  1825,  t.  I,  p.  28;  — Cruveilhier,  art.  Acepha- 
loctstes;  —  Barrier,  thèse  cit.,  p.  57. 

(2)  Med.  chir.  tram.  XVIII,  p.  118,  cité  par  Budd.,  ouvr.  cit.,  p.  451. 

(3)  Med.  chir.  trans,  XVIII,  p.  1 19,  cite  par  Budd.,  ouvr.  cit.,  p.  451. 


570  AFFUTIONS   VERMINEUSES    DES   CAVITES   SÉREUSES 

trouva,  au  boni  dp  quelque  temps,  en  état  de  reprendre  ses  occupations  habi- 
tuelles Si  <anté  fut  parfaite  pendant  trois  ans,  alors  il  succomba  à  des  hémop- 
tysies  répétées. 

A  l'autopsie,  outre  des  lésions  graves  du  poumon,  on  trouve  dans  l'ab- 
domen, et  adhérent  au  foie,  un  kysle  hydalique  ayant  quatre  fois  le  volume 
de  la  vé-icule  biliaire  ;  il  confient  à  son  intérieur  une  matière  gélatineuse  et 
un  liquide  qui  paraissent  appartenir  à  une  hydatide  en  voie  de  tran-forma- 
tion  alhéromateuse.  L'auteur  pense  qu'au  lieu  de  ponctionner  la  cavité  du 
péritoine,  il  a  ponctionné  un  énorme  kysle  hydalique,  dont  le  retrait  et  la 
guérison  ont  été  déterminés  par  l'évacuation  du  liquide  (1). 

Obs.  CCLXl  (Rouert).  —  Kysle  hydalique  du  foie. 

V.  —  «  M.  Robert  fit  à  un  malade  une  ponction  exploratrice  qui  donna 
issue  à  un  liquide  transparent,  légèrement  salé,  incoagulable  par  la  chaleur 
et  l'acide  nitrique,  caractéristique,  en  un  mot.  des  kvsteshydatiques.  En  con- 
séquence M.  Robert  était  décidé  à  traiter  ce  malade  par  la  méthode  de  Réca- 
mier,  mais  le  malado  quitta  l'hôpital  par  crainte  du  choléra.  Il  revint  un  an 
après,  la  tumeur  n'avait  pas  reparu,  et,  après  plusieurs  années,  la  guérison 
ne  s'est  pas  démentie  (2).  » 

VI.  —  «  Depuis  cette  époque,  M.  Robert  a  observé  un  fait  semblable  sur 
une  femme  (3).  » 

Obs.  CCLXII  (Boinét).  —  Kyste  du  foie? 

VII.  —  Il  s'agit  d'une  fille,  âgée  de  dix-neuf  ans,  qui  offrait  une  tumeur 
dans  la  région  épigastrique;  du  reste  sa  santé  était  parfaite.  Une  ponction 
pratiquée  avec  un  trocart  très  fin  donna  issue  à  750  grammes  d'un  liquide 
clair  comme  de  l'eau  de  roche;  il  ne  survint  aucun  accident.  La  tumeur  dis- 
parut, et  trois  ans  après  elle  n'avait  pas  reparu  (4). 

Obs.  CCLXIII  (Boinet).  —  Kysle  du  foie? 

VIII.  —  Il  s'agit  d'une  femme,  âgée  de  trente-cinq  à  quarante  ans,  qui 
entra  en  1856,  à  la  Charité,  dans  le  service  de  M.  Briquet  :  elle  avait  une 
tumeur  apparente  entre  l'ombilic,  le  foie  et  l'estomac.  Une  ponction  explora- 
trice avec  un  trocart  capillaire  ayant  été  pratiquée,  on  en  retira  100  grammes; 
d'un  liquide  limpide.  La  tumeur  disparut  et  n'avait  pas  reparu  trois  ans 
après  (5). 

(1)  William  Travers  Cox,  Tumeur  hydalique  au  foie  traitée  avec  succès  à  l'aide 
de  la  ponction  {The  medico-chirurgical  Review  et  Gaz.  méd.  de  Paris,  1838,  t.  VI, 
p.  741). 

(2)  Société  de  chirurgie,  18  mars  1857  {Gaz.  des  hôpitaux,  1857,  p.  147). 

(3)  Même  Journal. 

(4)  A.-A.  Boinet,  Traitement  des  tumeurs  hydaliques  du  foie  par  les  ponctions 
capillaires  et  par  les  ponctions  suivies  d'injections  iodées.  Paris,  1859,  obs.  V,  p.  13f 
et  Revue  de  thérapeutique. 

(5)  Boraet,  Métn.  cit.,  obs.  VI,  p.  14. 


NATURELLES  OU    ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  571 

Obs.  CCLXIV  (Demarquay).  —  Kyste  du  foie. 

IX.  —  a  Un  malade,  âgé  d'environ  quiranle-cinq  ans,  avait  une  tumeur  du 
foie,  du  volume  d'une  petite  tête,  d'enfant;  elle  élait  fluctuante.  Un  trocart 
explorateur,  plongé  au  centre,  donne  issue  à  un  demi-crachoir  de  liquide  lim- 
pide, ne  voulant  pas  vider  entièrement  la  poche  pour  savoir  quel  en  serait  le 
reirait.  Au  bout  de  six  jours,  nouvelle  ponction  avec  un  trocart  un  peu  plus 
gros.  Me  proposant  d'injecter  de  la  teinture  d'iode,  je  fus  fort  étonné  de  ne 
voir  sortir  aucun  liquide,  alors  que  j'étais  certain  de  n'avoir  pas  vidé  com- 
plètement le  kyste  à  la  première  ponction  ;  la  face  convexe  du  foie  avait  donc 
été  traversée  par  le  trocart,  et  cela  à  une  assez  grande  profondeur.  Il  n'est 
survenu  aucun  phénomène  fâcheux  après  cette  opération,  ni  douleur  ni 
réaction,  et  le  malade  est  sorti  guéri  de  la  tumeur  hydalique  (I).  » 

X.  —  A  l'autopsie  d'un  individu,  observé  par  M.  Goupil  (voy.  obs.  LXXVI), 
un  kyste,  qui  avait  reçu  une  ponction  capillaire,  parut  en  voie  deguérison-, 
la  mort  avait  été  déterminée  par  des  accidents  étrangers  à  ce  kyste. 

D'après  les  cas  rapportés  ci-dessus,  il  est  manifeste  que  la  ponc- 
tion simple  d'un  kyste  hydatique  suffit  quelquefois  à  en  déterminer 
la  guérison  ;  on  voit  aussi  que  la  ponction  peut  causer  des  acci- 
dents. Les  seuls  qui  soient  à  craindre  seraient  déterminés  par  le 
passage  du  liquide  du  kyste  dans  la  cavité  du  péritoine.  Ces  acci- 
dents seraient  rarement  mortels,  si  l'on  s'en  rappoite  aux  faits  cités 
ci-dessus;  nous  ne  connaissons,  en  effet,  qu'un  seul  cas  où  cette 
fatale  terminaison  ait  pu  être  attribuée  au  passage  du  liquide  hyda- 
tique dans  la  cavité  péritonéale.  On  ne  peut  donc  condamner  abso- 
lument, d'après  ce  seul  fait,  la  ponction  capillaire  pratiquée  dans  les 
kystes  intra-abdominaux. 

D'après  M.  Boinet,  au  moyen  de  certaines  précautions,  on  évite- 
rait toujours  l'introduction  du  liquide  hydatique  dans  la  cavité  ab- 
dominale; ces  précautions  sont  les  suivantes:  •<  Lorsqu'on  retire  la 
canule  du  kyste  et  de  la  paroi  abdominale,  il  faut,  avec  le  plus  grand 
soin,  appliquer  les  doigts  de  la  main  gauche  sur  le  point  où  le  tro- 
cart a  été  enfoncé,  afin  de  refouler  la  paroi  abdominale  vers  le 
kyste,  et  de  la  tenir  tellement  rapprochée  de  la  tumeur  qu'il  n'existe, 
au  moment  où  la  canule  abandonne  le  kyste,  aucun  intervalle  entre 
celui  ci  et  la  paroi  abdominale Ces  précautions  bien  prises,  on  re- 
tire la  cmu'e  du  trocart,  et,  cette  canule  retirée,  on  continue  encore 
pendant  une  minute  ou  deux  la  pression,  afin  que  la  petite  piqûre 

(1)  Boinet,  Mém.  cit.,  p.  30. 


572  ArFliCllONS   VKRMINEUSKS   DBS   CAVITÉ»  SEMEUSES 

faite  au  kyste  par  le  trocart  puisse  se  resserrer  complètement  et 
s'opposer  au  moindre  écoulement  dans  le  péritoine  ;  puis  on  établit 
une  légère  compression  sur  le  kyste  à  l'aide  de  compresses  graduées 
et  d'un  bandage  de  corps.  Il  faut  encore  recommander  au  ma- 
lade de  rester  couché  sur  le  dos  pendant  trente-six  ou  quarante- huit 
heures  (1).  » 

B.  —  Ponction  avec  séjour  de  la  canule. 

Dans  des  cas  où  la  ponction  a  dû  traverser  une  grande  cavité  sé- 
reuse, M.  Jobert  a  laissé  la  canule  pendant  vingt-quatre  heures  en 
place  dans  le  kyste.  On  détermine  ainsi  une  inflammation  adhésive 
de  la  membrane  séreuse,  et  l'on  s'oppose  à  l'épanchement  des  ma- 
tières du  kyste  dans  la  cavité  péritonéale.  Dans  le  premier  cas  où 
M.  Jobert  ait  employé  cette  méthode,  la  potasse  caustique  avait 
préalablement  été  appliquée  sur  la  tumeur;  mais  il  est  clair  qu'elle 
n'avait  pas  pénétré  profondément,  et  que  le  succès  de  l'opération  a 
été  dû  à  la  ponction. 

Obs.  CCLXV  (Jobert).  —  Kyste  hydatique  du  foie;  guérison. 

I.  —  «  Le  10  novembre  4  836,  entre  à  l'hôpital  Saint-Louis,  dans  le  ser- 
vice de  MM.  Richerand  et  Jobert,  salle  Saint- Augustin,  le  nommé  Triboulet, 
âgé  de  quinze  ans,  tourneur  en  enivre. 

»  Le  jour  de  son  entrée  à  l'hôpital,  on  reconnaît,  par  la  percussion,  que  le 
foie  s'étend  jusqu'auprès  de  la  fosse  iliaque  ;  le  flanc  droit  présente  une  du- 
reté et  une  voussure  manifestes.  A  deux  pouces  environ  au-dessous  du  rebord 
des  côtes,  existe  une  large  tumeur  saillante  de  quelques  lignes,  élastique,  im- 
mobile, paraissant  s'étendre  très  profondément,  et  du  volume  présumable  du 
poing  d'un  adulte.  En  palpant  cette  tumeur  avec  les  deux  mains,  et  comme 
pour  y  chercher  la  présence  d'un  liquide,  elle  fait  entendre  très  distinctement 
le  bruit  de  chaîne  de  montre  que  donnent  les  tumeurs  hydatiques  du  poignet. 
Cependant  ce  bruit  est  peut-être  un  peu  plus  humide  ;  il  semble  résulter  du 
passage  d'une  partie  du  liquide  dans  une  poche  accessoire. 

»  Le  1 3  novembre,  M.  Richerand  fait  appliquer,  sur  le  milieu  de  la  tumeur, 
un  morceau  de  potasse  caustique  et,  dès  le  lendemain,  M.  Jobert  incisa  circu- 
lairemeut  l'eschare  avec  le  bistouri.  Une  ponction  faite  dans  le  milieu  de  la 
perte  de  substance  donne  issue  à  une  demi-pinte  environ  d'un  liquide  parfai- 
tement limpide,  dans  lequel  l'ébullilion  ne  fait  naître  aucun  c»agulum.  Une 
sonde  de  gomme  élastique,  placée  dans  le  foyer  jusqu'au  lendemain,  donne 
issue  à  un  verre  environ  du  même  liquide. 
•     »  Le  i  6  et  les  trois  jours  suivants,  de  vastes  lamelles  membraneuses,  blan- 

(I)  Boinet,  Mêm.  cit.,  p.  6. 


NATUUliLI.ES  OU    ADVF.NTIVES.    —   HYDATIDES.  573 

ches,  demi-transparentes,  friables,  s'échappent  par  la  plaie;  réunies,  elles 
formeraient  une  poche  plus  volumineuse  que  le  poing  d'un  adulte.  Une  in- 
flammation érysipélateuse  légère  envahit  le  pourtour  de  la  plaie  ;  des  cata- 
plasmes émollienls  dissipent  peu  à  peu  cette  irritation. 

»  Le  28  novembre,  il  se  développe  quelques  symptômes  généraux,  dont  la 
cause  est  inconnue,  ou  peut-être  dissimulée  par  le  malade.  Il  est  survenu  du 
hoquet,  des  vomissements  bilieux  ;  langue  couverte  d'un  enduit  jaune  et  sale, 
dévoiement,  peau  chaude  et  âpre  au  toucher,  pouls  fréquent  (diète,  eau  de 
Sellz).  Les  accidents  n'ont  aucune  suite,  et  l'état  du  malade  redevient  très 
satisfaisant. 

»  Peu  à  peu  le  foie  est  remonté  vers  l'hypochondre,  le  foyer  hydatique  s'est 
rétréci;  la  peau  qui  recouvrait  la  tumeur  s'est  déprimée,  de  manière  à  pré- 
senter un  enfoncement  de  quelques  lignes.  Le  30  janvier,  la  plaie  est  cica- 
trisée ;  mais,  jusqu'à  la  fin  de  février,  elle  se  rouvre  et  se  referme  à  plusieurs 
reprises.  Enfin  la  fistule  paraît  définitivement  guérie.  On  sent  un  cordon 
noueux  qui  s'étend  de  la  peau  vers  le  foie.  Ce  cordon  est  solide  et  résistant  ; 
il  attire  fortement  la  peau  en  dedans,  et  produit  à  la  surface  une  dépression 
en  forme  de  cul  de  poule.  Le  malade,  qui  avait  maigri  pendant  le  traitement, 
a  déjà  repris  son  embonpoint  habituel.  11  quitte  l'hôpital  le  29  février  (1).  » 

Obs.  CCLXVI  (Jobert).  —  Kyste  hydatique  du  foie;  ponction  avec  séjour 
de  la  canule;  ponction  simple  suivie  d'accidents  ;  potasse  caustique, 
ponction  à  travers  l'eschare,  séjour  de  la  canule;  guérison. 

II.  —  «  Agathe  Descornil,  âgée  de  trente-quatre  ans,  est  admise  à  l'hô- 
pital Saint-Louis,  dans  le  service  de  M.  Jobert,  le  29  décembre  4  839. 

»  On  trouve,  au-dessous  du  rebord  des  fausses  côtes  droites,  une  tumeur 
arrondie,  dure,  élastique,  soulevant  la  paroi  abdominale  derrière  laquelle  elle 
forme  une  saillie  dont  le  volume  peut  être  comparé  à  celui  de  la  tête  d'un 
fœtus  à  terme.  Cette  tumeur  s'enfonce  profondément  dans  la  région  du  foie,  et 
présente  des  connexions  fort  intimes  avec  cet  organe.  Elle  présente  une  fluc- 
tuation assez  évidente,  et,  pendant  les  manœuvres  qu'on  fait  pour  la  recon- 
naître, on  sent  à  l'intérieur  de  la  tumeur  une  espèce  de  mouvement  vibra- 
toire, accompagné  d'un  bruit  analogue  à  celui  que  fournissent  les  kystes 
hydatiques  du  poignet,  quoique  moins  évident.  La  percussion  fait  bien  recon- 
naître les  limites  de  la  tumeur  qui  descend  à  trois  pouces  au  moins  au-dessous 
du  rebord  des  fausses  côtes.  Elle  siège  évidemment  dans  le  lobe  droit  du  foie. 
D'après  tout  ce  qui  précède,  M.  Jobert  diagnostique  une  tumeur  hydatique 
du  foie. 

»  Le  31  décembre,  une  ponction  faite  avec  un  trocart  très  fin,  amène 
l'issue  d'un  liquide  limpide,  incolore,  semblable  à  de  l'eau  de  roche.  Cette  ap- 
parence du  liquide  fortifie  M.  Jobert  dans  le  diagnostic  qu'il  a  porté.  La  tu- 
meur a  diminué  de  volume  par  l'écoulement  de  cinq  à  six  onces  de  ce 

(l)  Barrier,  thèse  cit.,  p.  90. 


57fi  Affections  vermineuses  des  cavités  séreuses 

liquide  Qn  \ame\a  ennuie  in  plans  juaqu'  nu  lendemain |\I.  Jobert  fait,  le 

7  mars,  une  seconde  ponction  exploratrice  ;  on  relire  six  à  huit  onces  d'un 
liquide  analogue  à  celui  qu'on  a  oblenu  la  premièie  fois,  et  dans  lequel  ni 
l'acide  nitrique  ni  la  chaleur  ne  produisent  aucun  coagulum  a'bumineux. 

»  Le  9  mars,  la  inal.ide  est  prise  dans  la  journée  de  frisson  et  de  douleur 
dans  la  région  épigastrique,  celle  douleur  est  vive  à  la  pression;  la  piroi  ab- 
dominale e>l  tendue,  l'abaissement  du  diaphragme  est  douloureux,  de  là  vient 
une  certaine  gône  dans  la  respiration.  Il  y  a  quelques  nausées,  la  fièvre  s'al- 
lume, la  face  est  congestionnée  et  la  tôle  douloureuse  (quarante  sangsues 
disséminées  sur  l'épigaslre  et  l'hypochondre  droit;  cataplasmes  émollients, 
tisane  délayante). 

»  Le  1 0  mars,  amélioration.  —  Lell,  état  excellent  comme  avant  la  ponc- 
tion. 

»  Le  25  mars,  on  applique  un  morceau  de  potasse  caustique  à  un  pouce  en- 
viron au-dessous  du  rebord  costal  et  à  deux  pouces  à  droite  de  la  ligne 
blanche.  Le  surlendemain  on  enlève  l'eschare,  et  l'on  met  au  fond  de  la  plaie 
un  petit  morceau  de  potasse... 

j  Le  30  mars,  on  pratique  une  troisième  ponction  à  travers  l'eschare  pro- 
duite par  la  potasse.  Celte  fois  on  se  sert  d'un  trocart  ordinaire  à  hydrocèle 
de  moyen  calibre,  préalablement  humecté  avec  de  l'huile.  Cette  introduction 
est  douloureuse  et  rencontre  une  assez  grande  lésistance  de  la  part  des  lissus 
profonds  que  là  potasse  n'a  pas  détruits.  Le  irocart  étant  retiré,  il  s'écoule  par 
la  canule  un  liquide  d'apparence  séreuse,  mais  non  plus  limpide  et  transpa- 
rent comme  les  deux  premières  fois;  il  a  une  couleur  brunâtre  avec  un  reflet 
particulier  qui  lui  donne  un  aspect  bilieux  ;  ce  liquide  semble  évidemment 
résulter  du  mélange  d'un  liquide  séreux  avec  un  pus  mnl  élaboré,  sanieux, 
contenant  quelques  flocons  plutôt  suspendus  que  dissous  dans  la  sérosité. 
Nul  doute  que  ce  changement  dans  les  qualités  du  liquide  ne  provienne  de 
l'inflammation,  d'abord  liés  aiguë,  ensuite  sourde  et  chronique,  qui  a  suc- 
cédé à  la  seconde  ponclion.  On  laisse  écouler  environ  huil  à  dix  onces  de  ce 
liquide,  sans  exercer  de  pression  sur  l'hypochondre,  et  on  laisse  la  canule  en 
place  pour  mieux  s'opposer  à  un  épanehemenldans  le  (éritoine  dans  le  cas  où 
des  fausses  membranes  ne  ïeraienl  pas  encore  organisées.  On  ne  bouche  pas 
la  canule,  afin  que  le  liquide  continue  a  couler  à  mesure  que  le  kyste  reviendra 
sur  lui-même;  mais  on  place  sur  le  ventre  un  large  cataplasme  laudanisé, 
qu'on  renouvellera  fréquemment.  La  malade  est  mise  à  une  diète  rigoureuse 
et  à  l'usage  d'une  tisane  délayante. 

»  Le  soir,  la  malade  est  dans  un  état  satisfaisant;  le  pools  est  calme  et  la 
peau  bonne;  il  n'y  a  qu'une  douleur  1res  modelée  dans  la  région  du  foie  et 
autour  de  l'ouverture,  soit  dans  l'état  de  repos,  soit  lorsqu'on  exerce  une 
pression  légère. 

»  Le  3 1 ,  il  n'y  a  pas  eu  de  sommeil,  c'est  la  difficulté  de  la  toux  et  la  dou- 
leur qui  l'accompagne  qui  s'y  sont  opposées  ;  d  ailleurs  il  n'est  survenu  aucun 
accident  ;  le  pouls  offre  a  peine  quatre-vingts  pulsations  ;  la  peau  est  bonne  ; 


Naturelles  od  adventives.  —  hydatioes*  575 

les  symptômes  locaux  n'annoncent  point  l'augmentation  du  léger  état  inflam- 
matoire déjà  signalé  ;  on  enlève  la  canule  par  laquelle  il  s'est  encore  écoulé  pen- 
dant la  nuit  un  peu  de  liquide.  On  ne  met  rien  dans  la  plaie,  mais  on  recom- 
mande, si  le  soir  elle  paraît  fermée,  de  la  désobstruer  avec  une  sonde  de  femme. 

»  Le  soir,  la  plaie  s'étant  un  peu  fermée,  j'introduis  une  sonde  de  femme 
à  une  certaine  profondeur  dans  le  ky.4e  ;  il  son  à  peine  quelques  gouttes  de 
liquide.  L'éiat  de  la  malade  est  très  satisfaisant. 

»  Le  1er,  état  très  satisfaisant;  la  nuit  a  été  très  bonne.  Depuis  l'ablation  de 
la  canule,  la  malade  a  pu  tousser  un  peu  plus  librement  ;  elle  est  sans  fièvre, 
l'état  local  est  bon.  Afin  de  maintenir  la  plaie  béante,  on  introduit  une  sonde 
de  femme  ;  puis,  dans  le  but  de  l'y  laisser,  on  place  une  sonde  de  gomme 
élastique  qui  entre  facilement  jusqu'à  la  profondeur  de  quatre  à  cinq  pouces; 
comme  la  malade  éprouve  par  sa  présence  une  sensation  désagréable,  on  la 
relire. 

»  Le  2  et  jours  suivants,  l'ouverture  se  ferme  promptement  et  l'écoulement 
est  complètement  suspendu.  (On  continue  les  cataplasmes.) 

»  Le  6,  dans  la  nuit,  la  malade  a  éprouvé  un  peu  de  frisson  suivi  de  cha- 
leur à  la  peau,  une  douleur  profonde  et  plus  vive  que  les  jours  passés  dans  la 
région  malade.  11  y  a,  ce  matin,  quatre-vingt-dix  pulsations,  la  peau  est 
chaude  et  un  peu  humide  ;  il  y  a  céphalalgie  et  congestion  de  la  face  ;  la  pres- 
sion à  l'épigastre  et  au-dessous  des  fausses  côtes  droites  est  douloureuse  ;  il  y 
a  quelques  nausées,  du  météorisme,  respiration  gênée  (quarante  sangsues, 
diète  absolue).  Le  lpndemain,  amélioration  ;  les  symptômes  locaux  d'inflamma- 
tion sont  à  peine  appréciables  ;  la  fièvre  est  nulle  ;  la  malade  s'est  sentie  dans 
un  état  meilleur,  aussitôt  que  l'écoulement  sanguin  a  été  un  peu  considérable; 
le  palper  de  la  région  du  foie  ne  détermine  que  très  peu  de  douleur.  On  re- 
marque que  le  kyste,  dont  l'ouverture  est  cependant  fermée  depuis  quelques 
jours,  ne  tend  point  à  reprendre  son  volume  primitif. 

t>  Les  jours  suivants,  1  état  de  la  malade  va  de  mieux  en  mieux  :  on  lui  rend 
les  aliments;  la  plaie  se  cicatrise  ;  le  kyste  n'augmente  point  de  volume,  au 
contraire,  il  semble  diminuer  un  peu. 

»  Vers  là  fin  d'avril,  il  paraît  probable  que  la  guérison  est  achevée  ou 
presque  achevée,  car  ld  palpation  permet  à  peine  de  reconnaître  les  traces  de 
la  tumeur,  et  ensuite  la  malade  n'éprouve  aucune  gêne  notable  dans  l'exercice 
de  ses  fonctions. 

»  Mai.  On  ne  garde  plus  la  malade  que  pour  s'assurer  que  la  guérison  se 
soutient  et  est  bien  complète. 

s  La  malade  quitte  1  hôpital  le  23  mai.  A  cette  époque,  on  ne  sent  aucune 
tuméfaction  dans  la  région  du  foie;  cet  organe  ne  fait  plus  aucune  saillie  au- 
dessous  des  côtes.  La  santé  de  la  malade  est  parfaite. 

»  Depuis  sa  sortie,  j'ai  revu  la  malade  deux  fois,  le  30  mai  et  le  8  juin  ;  son 
état  est  excellent;  elle  a  même  déjà  repris  en  partie  son  travail  (l).  » 

(1)  Barrier,  thèse  cit.,  p.  83.  ..      .. 


576  AHKCT10NS   VKUMIM-ISKS   DfeS  Cft VITES* SÊRÉrfékS 

C.  —  Ponctions  successives. 

C'est  encore  a.  M.  Jobert  que  l'on  doit  la  méthode  des  ponctions 
successives,  qui  a  pour  but  de  diminuer  graduellement  le  \olume  de 
la  tumeur,  de  laisser  au  kyste  le  temps  de  revenir  sur  lui-même  et 
aux  organes  voisins  celui  de  reprendre  peu  à  peu  leur  situation  nor- 
male. 

I.  —  Cotte  méthode  a  été  mise  en  pratique  par  M.  Jobert  dans  l'observa- 
tion précédente  (ol>s.  CCLXVlj. 

Obs.  CCLXVI1  (Hilton  et  Owen  Rees).  —  Kyste  du  foie  ;  guèrison. 

II.  —  «  Un  homme,  â„é  de  trente  et  un  ans,  entré  à  l'hôpital  de  Guy  le 
•13  octobre  4  847,  portail  à  la  région  de  l'hypochondre  droit  et  à  l'épi— 
gastre  une  tumeur  dont  la  fluctuation  n'était  pas  douteuse.  Le  4  décembre, 
M  Hilton  lit  une  ponction  dans  la  tumeur  avec  un  petit  trocartet  retira  liente- 
huit  onces  d'un  liquide  clair  et  transparent.  Nouvelle  ponction  le  7  janvier  ; 
cette  fois,  on  ne  retira  que  dix  onces  de  liquide  d'une  odeur  assrz  fet  de.  Troi- 
sième ponction  deux  jours  après,  mais  celte  fois  avec  un  trocarl  volumineux; 
on  retira  vingt-quatie  onces  d'un  pus  fétide  avec  des  débris  membraneux  et 
des  hydatides  en  parlie  détruites  L'ouverture  fut  maintenue  avec  une  sonde 
de  gomme  élastique,  et  du  pus  fétide  de  temps  en  temps,  même  des  hydalides 
continuèrent  à  s'échapper  jusqu'au  commencement  d'avril.  Depuis  ce  jour,  la 
tumeur  diminuait  de  volume;  le  4 1  avril,  lorsque  la  petite  ouverture  fut 
fermée,  on  ne  trouvait  plus  qu'un  corps  du  volume  d'une  noix  au-dessous  du 
lobe  droit  du  foie  (1).  » 

Obs.  CCLXVIII  (Boinet).  —  Kyste  du  foie  ;  guèrison. 

III.  —  Il  s'agit  d'un  homme  âgé  de  vingt  ans,  qui  avait  une  tumeur 
élastique  et  fluctuante  à  1  epigaslre.  Une  ponction  capillaire  donna  issue  à 
4  700  grammes  d'un  liquide  clair  comme  de  l'eau  de  roche;  pendant  quelque 
temps  la  guèrison  parut  radicale  ;  toutefois  quatre  mois  après  on  put  con- 
stater de  nouveau  l'existence  de  la  tumeur.  Une  nouvelle  ponction  donna  issue 
à  400  grammes  environ  de  liquide  limpide.  Cette  fois  la  guèrison  parut  com- 
plète (2). 

Obs.  CCLXIX  (Dumont-pallier).  —  Kyste  du  foie?  guèrison. 

IV.  —  Je  possède,  dit  M.  Cadet  de  Gassicourt,  une  autre  observation  re- 
cueillie par  M.  Dumont-Pallier,  dans  le  service  de  M.  Bernutz:  la  guèrison 

(1)  Soc.  médico-chirurg .  de  Londres,  et  Guy's  Hospital  reports,  oct.  1848,  t.  VI. 
—  Bull,  de  thérap.,  1848,  t.  XXXV,  p.  331.  —  Arch.  gén.  de  méd.  de  Paris, 
juillet,  1849,  p.  346. 

(2)  Boinet,  Mém.  cit.,  obs.  VIII,  p.  18. 


NATURELLES  00   ADVENTIVES.    —  HYDAT1DES.  577 

fut  produite  par  deux  ponctions  successives,  sans  que  pour  cela  on  ait  eu  à 
observer  aucun  accident  du  côté  du  péritoine  (<l).  » 

V.  VI.  —  Des  ponctions  successives  ont  encore  été  pratiquées  dans  deux 
cas  rapportés  ci-après  (obs.  CCXCII  et  CCXCV)  ;  mais  elles  ont  été  insuffi- 
santes pour  amener  une  guérison  complète. 

D.  — Jncision  simple. 

L'incision  a  été  pratiquée  principalement  lorsque  la  tumeur  hyda- 
tique,  faisant  saillie  à  l'extérieur,  menaçait  de  s'ouvrir,  ou  lorsque, 
par  suite  d'une  erreur  de  diagnostic,  on  a  cru  avoir  affaire  à  une  tu- 
meur d'une  autre  nature. 

Dans  un  grand  nombre  des  cas,  l'issue  de  la  maladie  a  été  heu- 
reuse ;  il  est  vrai  de  dire  que  dans  la  plupart  de  ces  cas,  on  n'a  pas 
eu  à  traverser  une  cavité  séreuse  pour  atteindre  le  kyste,  ou  bien 
des  adhérences  établies  entre  la  tumeur  et  les  parties  voisines  avaient 
mis  à  l'abri  de  l'accident  le  plus  redoutable  d'une  opération  prati- 
quée sur  une  tumeur  hydatique,  c'est-à-dire  l'épanchenient  du 
liquide  ou  des  matières  du  kyste  dans  la  plèvre  ou  dans  le  péri- 
toine. 

Nous  avons  rapporté  déjà  la  plupart  des  cas  dans  lesquels  l'inci- 
sion a  été  pratiquée,  nous  en  donnerons  ici  l'indication  : 

1°  Cas  de  guérison. 

A.  —  Kystes  situés  dans  les  parties  superficielles. 

I.  —  Retnal  (obs.  VI).  —  Face;  incision. 

H.  —  Lawrence  (obs.  CCIV).  —  Orbite,  incision  étroite. 

III.  —  Goyrand  (obs.  CCV).  ■ —  Orbite  ;  incision  et  excision. 

IV.  —  Ansiaux  (obs.  CCVI).  —  Orbite;  incision,  guérison? 
V.  —  Ricord  (obs.  CCVIII).  —  Fosse  canine;  incision  étroite. 

VI.  • —  BiDLOo(obs.  CCXV).  ' — Région  sterno-mastoïdienne ;  incision. 
VII.  —  Velpeau  (obs.  CCXX).  ■ —  Région  axillaire  ;  ponction  avec  injection 

iodée,  sans  succès;  incision. 
VIII.  —  Velpeau  (obs.  CCXXII).  —  Paroi  postérieure  du  thorax;  incision. 

IX.  —  Jannin  (obs.  CCXXVI).  —  Région  lombaire;  incision,  injections 

vineuses  et  alcooliques. 
X.  —  Soulé  (obs.  CCXXVIII).  ~~  Région  lombaire;  incision, 
XI.  —  Dcpuytren  (obs.  CCXXIX).  —  Bras  ;  incision. 

(1)  Cadet  de  Gassicourt,  thèse  cit>,  p.  1S. 

DAVAINE.  57 


.">7K  aitkctions  vi-.hmim:i'si's  ms  cavités  sf.ni.tsis 

Ml.  —  SoiM.i  (dlis.  (!('.\\\).  —  Bras,-  ouverture  spontanée;  ûébrtde- 

wcut  ;  guérison  tardive. 
Mil.  Wmhm.ii  (obs.    CCXXX1). —  Aine;    incision  et   excision   d'une 

portion  du  kyste. 
MV.   —  I.arrey  (obs.  CCXXX1I). —  Hanche];  ponction  et  injection  iodée, 

sans  succès;  incision;  guérison. 
XV.   —  Antoine  Dubois  (obs.  CCXXXIII).  —  Cuisse;  incision;  guérison? 
XVI.  —  Dkmarouay  (obs.  CCXXXV).  —  Cuisse;    ponction   et  injection 

iodée,  sans  succès;  incision;  guérison. 

B.  —  Kystes  développés  dans  les  parties  profondes. 

XVII.  —   Fréteau  (obs.  XXXIV).  —  Hydalides  intra-lhoraciques,  faisant 
saillie  à  l'extérieur  ;  incision;  communication  avec  les  bronches. 
XV11 1 .  —  Rivière  (voy.  p.  550). —  Voie  ?  incision  ?  issue  d'un  grand  nombre 
d' hydalides. 

XIX .   —   Clémot  (obs.  CXXI) .  —  Hydatides  vomies  ;  tumeur  de  l'abdomen  ; 
incision. 
XX.   —  Brillouet  (obs.  CXXIX).  — Hydatides  inlr a- abdominales  ;  inci- 
sion ;  ouverture  spontanée  ;  accidents  variés. 

XXI.  —   Decieux  (obs.   CXXXI).  —  Hydatides  intra-abdominales  ;  inci- 
sion; issue  de  vésicules  par  les  selles. 

XXII.  —  Roux  (obs.  CXLVII).  —  Tumeur  hydatique  prise  pour  une  hernie 
ombilicale  ;  débridement. 

XXIII.  —   Park  (obs.  CLXII).  —  Petit  bassin;  incision  par  le  vagin. 

XXIV.  —   Roux  (obs.  CLXIV).  —  Petit  bassin;  incision  par  le  vagin. 

Obs.  CCLXX  (Tyson).  —  Kyste  du  foie?  incision.  Guérison. 

XXV.  —  Tyson  dit  que  chez  une  femme  actuellement  bien  portante,  il 
avait  fait  ouvrir,  dix  ans  auparavant,  le  côté  droit  un  peu  au-dessous  des 
fausses  côtes.  Il  était  sorti  par  l'ouverture  une  grande  quantité  d'eau  lim- 
pide, et  plus  de  cinq  cents  hydatides  dont  le  plus  grand  nombre  étaient  in- 
tactes ;  les  autres,  trop  volumineuses  pour  franchir  la  plaie,  étaient  déchi- 
rées (<l). 

Obs.  CCLXXI  (J .  Russel).  —  Kyste  du  foie  ;  incision  ;  issue  de  2000  hyda- 
lides. Guérison. 

XXVI.  —  «  Au  mois  de  mai  1  833,  G.  Arams,  maître  tailleur  du  63e  régi- 
ment, âgé  de  trente-six  ans,  entra  à  l'hôpital  de  Hobart-Town.  Il  seplaignit  d'une 
douleur  obtuse,  ou  plutôt  d'une  sensation  incommode  à  la  région  épigastrique, 
qui  augmentaient  a  ia  pression.  On  sentait  une  tumeur  qui,  partant  de  der- 

(I)   Edw.  Tyson,  Mém.  sur  le  ver  hydropique,  cit.  p.  509. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —  IlYDATIDES.  579 

rière  les  côtes  droites,  s'étendait  à  2  pouces  à  gauche  du  cartilage  cnsiformc, 
et  descendait  un  peu  au-dessous  de  l'ombilic,  ayant  à  peu  près  la  forme  du 
lobe  gauche  du  foie  tuméfié.  L'affection  datait  de  plusieurs  mois  ;  mais  comme 
elle  n'était  point  douloureuse,  le  malade  n'y  fit  pas  attention...  On  prescrivit 
divers  remèdes,  entre  autres  le  calomel  jusqu'à  salivation,  la  scille,  la  digitale, 
des  lotions  sur  la  tumeur,  avec  une  solution  d'acide  nitro-muriatique,  des  ca- 
taplasmes, etc.  Malgré  tout,  la  tumeur  grossit  peu  à  peu,  commença  a  s'étendre 
au-dessous  de  l'ombilic,  et  à  donner  au  toucher  une  sensation  de  fluctuation 
peu  distincte  d'abord,  puis  marquée,  a  laquelle  se  joignait  en  outre  un  peu 
d'élasticité. 

»  Enfin  au  1  4  juillet,  la  tumeur  s'était  encore  accrue,  et  était  plus  conique 
et  moins  circonscrite;  elle  avait  la  forme  d'une  soucoupe  renversée.  On  sen- 
tait une  partie  de  son  bord  inférieur  tendu  comme  une  corde  dure  de  2  pouces 
au-dessous  de  l'ombilic  jusque  vers  l'épine  iliaque  antérieure  et  supérieure 
du  côté  droit.  Les  téguments  sont  tendus  et  unis  ;  il  y  a  de  la  constipation  ; 
la  face  est  pâle,  la  faiblesse  extrême  ;  les  nuits  sont  agitées  ;  le  malade  est 
fort  inquiet.  A  sa  sollicitation,  et  presque  convaincu  de  l'existence  d'un  liquide 
dans  la  tumeur,  je  fis,  en  présence  de  MM.  Bohan,  Scoltet  et  Seccomb,  une 
incision  de  deux  pouces  de  longueur  entre  l'ombilic  et  l'appendice  xiphoïde 
sur  le  point  le  plus  saillant.  Après  l'ouverture  des  téguments  et  d'un  kyste 
mince,  il  s'échappa  un  flot  considérable  d'hydatides  parfaitement  formées, 
qui  continua  pendant  longtemps  à  l'aide  d'une  douce  pression.  Leur  volume 
variait  depuis  celui  d'un  œuf  d'oie,  jusqu'à  celui  d'un  pois.  11  s'en  échappa 
près  de  deux  mille;  mesurées  avec  le  fluide  qui  les  entourait  et  qui  était  en 
grande  partie  le  résultat  de  la  déchirure  de  quelques  hydatides  à  leur  sortie, 
elles  remplissaient  un  gallon  et  demi...  On  mit  une  bandelette  de  linge  dans 
la  plaie,  et  on  la  recouvrit  d'un  léger  appareil  (vin  rouge  X  gros,  à  prendre  par 
gorgées).  Le  doigt  introduit  dans  l'incision  pour  écarter  quelques  hydatides 
qui  bouchaient  le  passage,  me  fit  reconnaître  distinctement  à  la  partie  posté- 
rieure de  la  cavité  la  saillie  de  l'épine  et  un  corps  que  je  pris  pour  le  pan- 
créas. 

»  Le  1  9  juillet,  plus  de  quarante  hydatides  sortirent  au  moment  du  panse- 
ment; leurs  tuniques  semblaient  plus  épaisses  et  plus  opaques  que  celles  des 
premières.  Sommeil  plus  calme,  de  même  que  le  moral;  appétit  excellent, 
selles  régulières  (continuer  les  anodins  et  le  vin  ;  pudding).  —  Le  22,  issue  de 
douze  hydatides  dont  la  surface  est  couverte  d  une  matière  visqueuse  jaune 
qui  ressemble  à  la  bile.  —  Les  26  et  27,  sortie  de  six  autres  si  jaunes  qu'elles 
ressemblent  à  des  jaunes  d'œuf.  Affaiblissement  (sulfate  de  quinine  gr.  iij, 
trois  fois  par  jour). 

»  Le  1  8  août.  Depuis  une  quinzaine,  il  s'écoule  chaque  jour  une  matière 
trouble,  d'une  odeur  extrêmement  fétide,  avec  des  lambeaux  d'hydatides  et 
de  membranes.  Aujourd'hui  pour  la  première  fois,  il  sort  trois  gros  de  pus. 

»  Jusqu'au  20  septembre,  il  continua  a  s'écouler  chaque  jour  une  assez 
grande  quantité  (une  pinte  et  demie)  d'un  liquide,  d'abord  séreux,  puis  puni- 


580  AFFECTIONS  VERM1NEUSES   DES  CAVITÉS  SINUEUSES 

lent,  môle  d'une  matière  visqueuse,  de  couleur  noire  et  d'une  odeur  d'abord 
très  fétide,  puis  do  moins  en  moins  désagréable.  La  santé  générale  s'améliore  ; 
le  malade  se  promené  de  temps  en  temps  dans  le  quartier.  Appétit,  selles 
libres  (mémo  traitement). 

»  Au  18  novembre,  la  quantité  du  liquide  qui  s'écoule  n'est  que  de  deux 
onces  à  chaque  pansement.  Amélioration  do  toute  manière.  Le  malade  cepen- 
dant reste  paie  avec  une  légère  apparence  d'œdème. 

»  Le  I  3  décembre.  On  doit  changer  l'appareil  chaque  jour,  bien  que  l'écou- 
lement soit  très  peu  considérable.  L'appétit  est  bon  ;  le  malade  se  promène 
au  dehors  ;  mais  comme  il  est  incapable  d'un  service  actif,  on  le  meta  la  re- 
traite avec  une  pension.  J'en  ai  entendu  parler  depuis  peu;  il  est  vivant,  et 
jouit  d'une  assez  bonne  santé.  Trois  ans  se  sont  écoulés  depuis  l'opération 
pratiquée  pour  sa  guérison  (l).  » 

2°  Cas  de  mort. 

A.  —  Kystes  développés  dans  les  parties  superficielles. 

1.  —  Robert  (obs.  CCX).  —  Hydalides  de  l'amygdale  ;  incision. 
II.  —  Andral  (obs.  CCXXIII). — Kyste  situé  dans  la  fosse  sous-scapulaire, 
ayant  perforé  l'omoplate;  incision. 

B.  —  Kystes  développés  dans  les  parties  profondes. 

III.  —  Gooch  (obs.  LX).  —  Tumeur  énorme  du  foie  ;  ponction  avec  une  lan- 

cette ;  issue  d'une  petite  quantité  de  liquide  aqueux  ;  mort  le  lendemain. 

IV.  —  Dupuytren  (obs.  XXXV).  —  Tumeur  inflammatoire  à  l'ombilic  com- 

muniquant avec  un  kyste  hydatique  du  poumon;  incision. 
V.  —  Goerbois  et  pinadlt  (obs.  CIV).  —  Tumeur  dans  l' Iiypochondre  droit; 

incision;  kystes  hydatiques  dans  divers  organes. 
VI.  —  Dddois  et  Boivin  (obs.  CLI).  — Hydatides  du  petit  bassin;  incision 
par  le  vagin . 

Obs.  CCLXXII  (Wolcheros).  —  Hydatides  intra-abdominales  et  intra- 
thoraciques  ? 

VII.  —  Tumeur  à  l'épigastre  prise  pour  un  abcès;  incision;  issue  d'une 
grande  quantité  d'hydaîides,  suivie  de  celle  d'un  liquide  épais  et  visqueux, 
semblable  à  du  suif  fondu  ;  plus  tard  pus  fétide  et  visqueux  ;  marasme;  fièvre 
hectique  ;  mort  un  an  après. — A  l'autopsie  on  trouva  trois  abcès  (probablement 
des  kystes  athéromateux)  ;  l'un  dans  le  foie  contenant  des  hydatides  ;  un  autre 
dans  les  poumons;  un  troisième  adhérent  au  côlon  (2). 

(1)  J.  Russel,  Dublin  Journ.  of  the  med.,  nov.  183",  et  Arch.  gén.  de  méd., 
•1838,  t.  1,  p.  106. 

(2)  Voyez  ci-dessus,  p.  3ol.  Cette  observation  est  la  première  du  mémoire  cité 
de  Lassus  ;  elle  est  donnée  sous  le  nom  de  Camerarius. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES,    —  HYDATIDES.  58t 

Obs.  CCLXXIII  (Mailly  et  Dodard).  —  Hydatides  inlra-abdominales ; 
caustique;  large  incision.  Mort  au  bout  de  huit  jours. 

VIII.  —  Femme  âgée  de  quarante-cinq  ans,  tumeur  dans  la  région  épi- 
gastrique  datant  de  dix-sept  ans  ;  devenue  très  douloureuse  ;  fièvre.  Ouverture 
parla  potasse  caustique;  issue  d'un  grand  nombre  d'hydatides.  Application 
d'un  second  caustique;  réunion  des  deux  plaies  par  une  incision,  qui  s'éten- 
dait depuis  l'épigastre  jusqu'à  l'hypochondre  gauche.  Le  lendemain,  autre 
incision  logitudinale  de  l'épigastre  vers  l'ombilic,  «  afin,  disent  les  consultants, 
de  mieux  voir  le  fond  de  l'abcès  ;  on  vit,  en  effet,  un  kyste  épais  rempli  d'hy- 
datides dont  on  procura  l'expulsion  pendant  sept  à  huit  jours  ;  cette  femme 
alors  succomba  à  un  traitement  aussi  absurde,  dit  Lassus.  »  A  l'ouverture  du 
cadavre  on  trouva  trois  kystes  qui  communiquaient  ensemble  (1  ). 

i&  Dodard  qui  rapporta  ce  fait  à  l'Académie  des  sciences,  fit  la  remarque  que 
le  liquide  contenu  dans  les  vésicules  n'était  pas  coagulable  par  la  chaleur  (2). 

Obs.  CCLXXIV  (Panaroli).  —  Hydatides  du  foie. 

IX.  —  «  Un  jeune  homme,  dit  Panaroli,  se  présenta  à  l'hôpital  du  Saint- 
Esprit  à  Rome,  ayant  une  tumeur  située  sur  la  région  du  foie.  Persuadé  que 
c'était  un  abcès,  j'en  fis  l'ouverture  avec  l'instrument  tranchant;  mais  aussitôt 
qu'elle  fut  faite,  il  sortit  à  mon  grand  étonnement,  plusieurs  hydatides  les 
unes  entières,  les  autres  ouvertes.  Pendant  l'espace  de  quinze  jours,  il  en  sortit 
par  la  plaie  environ  mille  avec  une  petite  quantité  de  pus  ;  le  malade  s'affai- 
blit de  plus  en  plus,  et'mourut  après  cet  espace  de  temps  (3).  » 

Obs.  CCLXXV  (Ruysch).  —  Hydatides  du  foie. 

X.  —  Un  chirurgien  fit  à  une  femme,  qu'il  croyait  atteinte  d'une  hydro- 
pisiede  poitrine,  une  ponction  entre  les  dernières  fausses  côtes  du  côté  droit  ; 
il  en  sortit  aussitôt  des  hydatides;  une  tente  fut  ensuite  introduite  dans  la 
plaie. 

Cette  femme  étant  morte  très  promptement,  on  vit,  à  l'autopsie,  que  les 
organes  thoraciques  étaient  sains,  mais  le  foie  était  en  grande  partie  détruit 
par  un  kyste  hydatique  (4). 

Obs.  CCLXXVI  (Sue).  —  Hydatides  du  foie. 

XI.  —  «  Sue...  dit  qu'il  avait  fait  depuis  peu  à  un  homme  une  incision  à 
la  région  épigastrique,  croyant  ouvrir  un  abcès  et  qu'il  s'était  écoulé  par  cette 
incision  environ  deux  pintes  de  sérosité  limpide.  Le  malade  mourut  deux  jours 

(1)  Mailly,  médecin  à  Reims,  Journal  des  savants,  ann.  1698.  p.  282  ,  rapporté 
par  Lassus,  mém.  cit.,  et  Chopart,  ouvr.  cit.,  t.  N,  p.  148. 

(2)  Dodard,  observation  citée  ci-dessus,  p.  351  et  372. 

(3)  Panaroli,  latrologism.  pentecoste  5,  obs.  xvi,  cit.  par  Lassus,  mém.  cit. 

(4)  Ruysch,  Observât,  anat.-chirurg.,  obs.  lxv,  p.  Cl,  cit.  par  Lassus,  mém. 
cit.,  obs.  v. 


>S2  Ali  ICI  Kins   VERMINEUSES   DKS   CAVlfÉS  SliKEUSES 

après  :  pendant  ces  deux  jours,  l'eau  continua  à  couler  par  la  plaie  et  en  assez 
grande  quantité,  pour  mouiller  les  matelals.  Le  malade  ne  cessa  d'avoir  des 
hoquets,  des  nausées  cl  vomissements,  rejetant  lout  ce  qu'il  buvait. 

»  A  l'ouverture  du  cadavre,  on  trouva  une  hydropisie  enkystée  du  foie  [h).  » 

Obs.  CCLXXVII  (Kécamikr).  —  Hydntides  du  fuie. 

XII.—  «  En  1826,  il  y  eulau  n"  35  delà  salle  Sainte-Madeleine,  à  l'Hôtel- 
Dieu,  un  homme  âgé  de  soixante-deux  ans,  qui  portait  un  développement  très 
considérable  de  l'hypochondre  droit  ;  la  suffocation  était  imminente:  Dupuytren 
et  Breschet  appelés  en  consultation  par  Récamier,  ne  purent  reconnaître,  ni 
même  soupçonner  la  fluctuation  dans  la  tumeur.  Une  ponction  exploratrice, 
faite  avec  un  trocart  très  fin,  fit  présumer  que  ce  développement  de  l'hypo- 
chondre dépendait,  d'un  kyste  hydatique  énorme,  développé  dans  le  foie  à  une 
profondeur  peu  considérable,  on  pratiqua  avec  le  bistouri  une  incision  d'un 
pouce  d'étendue,  par  laquelle  sortirent  un  grand  nombre  d'hydatides  et  beau- 
coup de  liquide  purulent  jaunâtre.  Le  malade  mourut  trois  jours  après  l'opé- 
ration . 

»  A  l'ouverture  du  cadavre,  nous  trouvâmes  une  poche  immense,  creusée 
dans  le  t'oie  très  près  de  sa  face  convexe  (2).  » 

En  résumé,  on  voit  que  l'incision  pratiquée  sur  des  kystes  hyda- 
tiques  situés  à  la  face,  au  cou,  dans  les  parois  du  tronc,  ou  dans  les 
membres,  est  ordinairement  suivie  de  la  guérison  (16  guérisons, 
2  morts) . 

L'incision  pratiquée  sur  des  kystes  développés  dans  les  organes 
internes  a  donné  autant  de  guérisons  que  de  morts  (10  guérisons, 
10  morts).  Mais  il  faut  remarquer  que  dans  un  grand  nombre  des 
cas,  la  tumeur  menaçait  de  s'ouvrir  spontanément,  ou  qu'elle  a  été 
prise  pour  un  abcès:  de  sorte  que  des  adhérences,  qui  existaient 
entre  les  parois  du  tronc  et  le  kyste,  avaient  mis  à  l'abri  d'un  épan- 
chement  dans  une  cavité  séreuse. 

E.  —  Incision  à  deux  temps. 

C'est  pour  prévenir  la  pénétration  dans  le  péritoine,  du  liquide  ou 
des  matières  contenues  dans  un  kyste  hj'datique  du  foie,  qu'on  a 
proposé  d'en  opérer  l'incision  en  deux  temps;  il  n'existe  qu'un  petit 
nombre  d'observations  de  kystes  hydatiques  opérés  par  cette  mé- 
thode. 

(1)  Lassus,  Mêm.  cil.,  obs.  ix. 

(2)  Bnaucou,  tliese  cit.,  n.  l(j. 


NATURELLES  OU    ADVENÏIVES.    —   HYDATIDES.  583 

Obs.  CCLXXVIII  (Rayer  et  Velpeau).  — Kystes  multiples,  athéromateux 
du  foie  ;  incision  à  deux  temps.  Mort. 

I.  —  Il  s'agit  d'une  femme,  âgée  de  quarante-sept  ans,  qui  entra  à  la 
Charité  le  14  octobre  1843.  Depuis  six  ans,  elle  avait  commencé  à  éprouver 
des  douleurs  et  une  gêne  habituelle  dans  l'hypochondre  droit  ;  elle  était  affectée 
depuis  quelque  temps  d'un  catarrhe  pulmonaire  qui  l'amenait  à  l'hôpital. 
M.  Rayer  ayant  reconnu  une  tumeur  hydatique  dans  l'hypochondre  droit,  en 
confia  l'ouverture  à  M.  Velpeau. 

Après  avoir  fait  une  ponction  exploratrice  au  moyen  d'un  trocart  extrê- 
mement fin,  ponction  qui  donna  issue  à  un  liquide  mucilagineux,  M.  Velpeau 
incisa  les  téguments  jusqu'au  péritoine;  il  porta  le  doigt  au  fond  de  la  plaie 
et  sentit  manifestement  la  fluctuation.  La  plaie  fut  pansée  avec  de  la  charpie, 
et  depuis  le  2  décembre  jusqu'au  6,  rien  de  nouveau  ne  fut  tenté.  «  M.  Vel- 
peau pensant  alors  que  des  adhérences  avaient  eu  le  temps  de  s'établir,  a  pro- 
cédé au  second  temps.  Un  bistouri  à  lame  étroite  a  été  plongé  dans  la  tumeur 
fluctuante  qu'on  sentait  au  fond  de  la  plaie,  et  aussitôt  un  flot  d'un  liquide 
jaunâtre  très  abondant  s'est  élancé  par  l'ouverture,  puis  sont  venues  des 
masses  filantes  qui  ont  interrompu  le  jet  et,  après  leur  sortie,  le  jet  a  recom- 
mencé. Un  stylet  porté  dans  l'ouverture  a  pénétré  d'abord  dans  une  vaste 
poche,  puis  a  été  arrêté  par  une  paroi  ;  mais  en  l'inclinant  un  peu  il  s'est 
trouvé  dans  une  autre  large  cavité.  En  résumé,  il  est  sorti  de  ce  kyste  du 
pus,  des  matières  comme  muqueuses  et  un  liquide  analogue  à  du  sérum  ;  en 
un  mot,  c'était  un  liquide  hydatique.  On  a  placé  une  mèche  dans  l'ouverture 
et  l'on  a  pratiqué  à  diverses  reprises  des  injections  détersives  dans  l'intérieu 
du  kyste,  il  a  continué  à  couler  une  quantité  de  matières  séro-purulentes  ou 
purulentes  ;  mais  la  fièvre  s'est  développée  ;  des  accidents  locaux  sérieux  se 
sont  manifestés  et  la  malade  a  succombé. 

»  A  l'autopsie,  on  a  constaté  qu'il  n'y  avait  pas  un  kyste  unique,  qu'il  y  en 
avait  plusieurs  et  de  différentes  natures;  deux  de  ces  kystes  communiquant 
l'un  avec  l'autre  avaient  été  vidés,  les  autres  étaient  intacts  et  renfermaient 
la  matière  que  nous  avons  décrite  et  des  acéphalocystes  (1).  » 

Obs.  CCLXXIX  (Jarjavay).  —  Kyste  hydatique  du  foie;  incision  à  deux 
temps.  Guérison. 

II.  —  Il  s'agit  d'une  femme  âgée  de  vingt-neuf  ans,  qui  portait  à  la  région 
du  foie  une  tumeur,  qui  fut  jugée  être  un  kyste  hydatique. 

«  Le  8  juillet  1850,  le  chirurgien  incise  couches  par  couches  et  avec  pré- 
caution, la  peau,  le  tissu  cellulaire  sous-cutané,  le  muscle  droit  antérieur  et 
enfin  l'aponévrose  profonde,  sur  une  sonde  cannelée  ;  arrivé  au  péritoine,  on 
garnit  de  charpie  le  fond  de  la  plaie,  dont  l'étendue  longitudinale,  parallèle  à 
l'axe  du  corps,  est  de  5  centimètres. 

(1)  Kyste  hydatique  du  foie  ouvert  avec  l'instrument  tranchant  par  la  méthode 
en  deux  temps  (Bull.  gèn.  delhérap.,  18 ii,  t.  XXVI,  p.  o8). 


5 8/l  AFFECTIONS  VERMINEUSES   DES   CAVITÉS   SÉREUSES 

»  Le  surlendemain  10  juillet,  on  lave  les  pièces  superficielles  du  pansement; 
la  plaie  présente  un  très  bon  aspect,  le  pourtour  seul  est  un  peu  sensible.  Le 
malade  qui  a  vomi  le  premier  jour,  n'a  eu  que  quelques  nausées  le  lendemain, 
la  charpie  est  maintenue  en  place. 

»  Le  1  I ,  on  enlèvo  la  charpie,  la  plaie  est  sanieuse,  un  peu  de  pus. 

»  Le  1 3,  on  sent  au  fond  de  la  plaie  une  tumeur  résistante,  élastique,  fluc- 
tuante, contenant  manifestement  du  liquide  ;  le  chirurgien  fait  verticalement 
alors  une  ponction  avec  un  bistouri  très  aigu,  et  introduit  par  l'ouverture  une 
sonde  de  femme  qui  s'y  perd,  tant  le  kyste  est  étendu;  il  s'écoule  hors  du 
kyste  une  grande  quantité,  environ  400  grammes,  d'une  sérosité  citrine, 
transparente.  Une  mèche  est  placée  dans  l'ouverture. 

»  Le  lendemain,  un  peu  de  fièvre,  vive  douleur  abdominale  au  moindre 
contact  exercé  sur  la  plaie.  Le  liquide  qui  sort  est  brunâtre. 

»  Le  4  6,  on  commence  à  retirer  avec  des  pinces  introduites  dans  la  plaie, 
des  fragments  d'acéphalocyste. 

»  Le  17,  on  amène  au  dehors  une  poche  épaisse  de  plus  de  4  millimètres, 
dont  l'expulsion  est  accompagnée  de  vives  douleurs  ;  par  des  efforts  de  toux, 
le  malade  favorise  la  sortie  de  ces  poches  hydatiques. 

»  Le  28,  mauvaise  nuit,  agitation,  sortie  par  la  plaie  d'un  liquide  jaunei 
bilieux,  vomissements,  amaigrissement  évident  ;  le  21,  pouls  à  84-88.  Le 
liquide  expulsé  par  les  quintes  de  toux  à  travers  l'ouverture,  dont  les  bords 
sont  écartés  par  les  mors  d'une  pince  à  pansement,  sort  en  jet  abondant  ;  il 
s'en  échappe  environ  200  à  250  grammes  chaque  matin.  L'état  général  de  la 
malade  est  assez  satisfaisant. 

»  Le  20  août,  le  foie  a  subi  un  retrait  extrêmement  prononcé,  le  gonflement 
des  régions  épigastrique  et  hypochondriaque  droite  a  beaucoup  diminué,  la  ca- 
pacité de  l'abcès  est  bien  moins  grande  ;  l'état  général  est  satisfaisant;  la 
maladie  marche  vers  la  guérison. 

»  A  partir  du  huitièmejour  on  a  fait  chaquejour  une  injection  abondante  d'eau 
de  guimauve,  dans  la  cavité  de  la  tumeur,  le  liquide  chargé  de  pus  d'abord, 
finissait  par  ressortir  clairet  transparent.  Dans  les  premiers  jours,  le  liquide 
ne  ressortait  transparent  qu'après  l'injection  d'un  litre  et  demi  environ  ; 
vers  le  20  août,  ce  liquide  ressort  clair  après  l'injection  d'un  quart  de 
litre  (1).  » 

F.  —  Ouverture  par  un  caustique. 

L'ouverture  des  tumeurs  hydatiques  par  un  caustique  a  été  pra- 
tiquée anciennement  ;  nous  en  avons  rapporté  plusieurs  observations  ; 
mais  dans  ces  cas  le  chirurgien,  par  l'application  du  caustique, 
n'avait  d'autre  but  que  de  procurer  une  issue  aux  matières  contenues 
dans  la  tumeur.  Récamier,  dans  l'emploi  de  ce  procédé,  s'est  pro- 

(1)  Gasetledes  hôpitaux,  1850,  n"  89,  p.  353,  et  n°  100,  p.  397. 


NATURELLES   OU   ADVEJNTIVES.    —   HYDAT1DES.  585 

posé  un  but  plus  important,  celui  d'ouvrir  un  kyste  situé  dans  un 
organe  interne  sans  déterminer  d'épanchement  dans  la  cavité  séreuse 
adjacente. 

C'est  surtout  dans  les  cas  de  kyste  hydatique  du  foie  que  l'appli- 
cation méthodique  du  caustique  a  été  faite. 

1*  Cas  de  guéri  son. 

Oes.  CCLXXX  (Récamier).  — Kyste  du  foie. 

I.  ■ —  «  Damange,  peintre  en  bâtiment  ;  vingt  ans,  assez  fortement  con- 
stitué, sujet  à  des  coliques  depuis  plusieurs  années  ;  bonne  santé  d'ailleurs.  Le 
26  avril  1827,  un  plancher  s'écroule  sous  lui  ;  il  tombe  dans  une  cave  de  dix 
à  douze  pieds  de  profondeur  et  perd  connaissance.  Le  lendemain  il  ne  se  res- 
sent pas  de  sa  chute,  seulement  il  est  jaune  ;  il  reprend  ses  travaux  le  28  ; 
mais  le  30,  douleur  gravative  dans  l'hypochondre  droit,  décubilus  impossible 
de  l'un  et  de  l'autre  côté,  en  sorte  que  le  malade  est  obligé  de  se  tenir  sur  le 
ventre  ;  rétraction  du  testicule  droit  ;  soif,  fièvre. 

»  Le  3  mai,  il  entre  à  l'Hôtel-Dieu  ;  voici  dans  quel  état  :  teinte  ictérique 
légère  ;  l'hypochondre  droit  est  soulevé  par  une  tumeur  non  bosselée,  qui 
s'étendait  en  bas  jusqu'à  trois  travers  de  doigt  au-dessous  de  l'ombilic,  et  à 
gauche  jusqu'au  niveau  de  l'appendice  xiphoïde.  Le  malade  ne  s'en  était 
jamais  aperçu,  la  pression  ne  déterminant  aucune  douleur.  On  crut  sentir 
plusieurs  corps,  qui  semblaient  immobiles,  assez  durs,  saillants,  inégaux,  dans 
plusieurs  points  une  fluctuation  obscure.  La  percussion  de  l'abdomen  rendait 
dans  toute  cette  région  un  son  mat  qui  se  prolongeait  jusque  dans  le  petit 
bassin.  En  frappant  d'une  main  sur  un  des  points  de  l'abdomen,  tandis  que 
l'autre  était  appliquée  sur  la  tumeur,  on  ne  donnait  lieu  à  aucune  impulsion  ; 
la  percussion  sur  la  tumeur  ne  faisait  sentir  aucun  frémissement,  et  combinée 
avec  l'auscultation  elle  ne  permettait  d'y  découvrir  aucun  bruit  particulier. 
L'épaule  droite  n'est  le  siège  d'aucune  douleur  ;  peu  de  fièvre,  langue  blan- 
châtre, constipation  depuis  quatre  jours  (saignée,  diète). 

»  Le  1 5  mai,  point  de  fièvre,  point  de  douleur.  Afin  de  s'assurer  de  la  nature 
de  la  tumeur,  on  y  fait  une  ponction  avec  untrocart  très  fin  dans  le  point  où 
la  fluctuation  paraît  la  moins  douteuse.  Une  ventouse  est  appliquée  sur  la  ca- 
nule, et  quelques  gouttes  d'un  liquide  fort  limpide  s'écoulent  par  son  ouver- 
ture ;  le  jour  suivant,  la  santé  de  ce  jeune  homme  est  parfaite,  l'ictère  diminue. 
Application  d'un  large  morceau  de  potasse  caustique  sur  le  point  le  plus  sail- 
lant de  la  tumeur;  le  lendemain,  incision  de  l'eschare  au  centre  de  laquelle  on 
insinue  un  second  morceau  de  potasse.  Depuis  ces  applications  la  tumeur  pa- 
raît diminuer  de  volume. 

»  Quelques  jours  après,  chute  de  l'eschare,  ouverture  spontanée  de  la  tu- 
meur ;  des  flots  de  liquide  jaunâtre  et  limpide,  mêlés  d'un  grand  nombre 
d'acéphalocystes  de  toutes  les  grosseurs,  sont  chassés  avec  force  au  dehors. 
Trois  bassins,  chacun  de  la  capacité  de  deux  litres,  furent  remplis  à  l'instant. 


586  AFFECTIONS    VERM1NEUSES   DES   CAVITÉS   SÉREUSES 

L'abdomen  perdit  Considérablement  de  son  volume  ;  le  môme  jour,  une  injec- 
tion d'eau  d'orge  miellée  fut  faite  dans  le  kyste,  dans  l'intention  de  prévenir 
l'introduction  de  l'air.  Les  trois  jouis  suivants,  un  nombre  considérable  d'hy- 
datides  continuent  à  sortir.  Le  malade  n'avait  point  de  fièvre,  et  la  santé 
n'avait  soulTert  en  aucune  manière.  A  l'eau  d'orge  on  substitue  l'eau  salée, 
le  liquide  qu'on  injecte  sort  fétide.  (Décoction  d'orge  et  de  quinquina,  puis  solu- 
tion de  chlorure  de  chaux  en  injection  ;  un  grain  d'extrait  gommeux  d'opium, 
la  nuit.)  La  capacité  du  kyste  diminue  tous  les  jours. 

»  Trois  semaines  après  la  chute  de  l'eschare,  il  ne  pénétrait  que  quatre  onces 
de  liquide  dans  la  poche,  au  lieu  d'une  pinte  et  un  quart  qu'elle  recevait  dans  le 
principe.  Au  bout  d'un  mois  et  demi,  il  ne  reste  qu'une  ouverture  fistuleusepar 
laquelle  s'échappe  pendant  la  toux  un  liquide  purulent  et  fétide.  Tout  à  coup  la 
matière  est  plus  abondante,  verdâtre,  d'une  odeur  slercorale,  semblable  à  celle 
qui  appartient  au  dernier  intestin  grêle.  Bientôt  on  y  reconnaît  des  fragments 
de  pois  que  le  malade  avait  pris  à  dîner,  et  cependant  sa  santé  n'a  pas  été  un 
instant  troublée  ;  on  reconnaît  des  épinards  et  autres  herbes.  Bientôt  les  ma- 
tières fécales  ne  passent  plus;  l'ouverture  de  communication  est  évidemment 
cicatrisée.  Une  fistule  purulente  existe  toujours.  On  essaie  à  plusieurs  reprises, 
mais  inutilement,  d'obtenir  la  guérison  au  moyen  de  la  suture  entortillée.  Le  ma- 
lade sort  le  30  juillet;  c'était  le  19  mai  que  s'était  vidée  la  tumeur.  Il  restait 
encore  une  fistule  étroite  qui  donnait  issue  à  une  petite  quantité  de  pus  fétide 
et  verdâtre.  Une  espèce  d'eschare  noirâtre  se  fait  jour  à  travers  la  fistule  qui 
marche  rapidement  vers  la  guérison  (1).  » 

Obs.  CCLXXXI  (Récamier).  —  Kyste  du  foie. 

II.  —  Marion,  âgé  de  trente-trois  ans...,  s'aperçut,  il  y  a  quatre  ans,  qu'il 
portait  une  tumeur  dans  l'épigastre.  Celle-ci  fit  de  rapides  progrès,  et  par 
son  développement,  elle  gênait  les  mouvements  du  malade...  Trois  semaines 
après  son  admission,  la  tumeur,  jusque-là  indolente,  était  devenue  doulou- 
reuse, l'abdomen  sensible,  et  depuis  douze  jours  une  douleur  vive  à  l'épigastre, 
des  vomissements  de  matière  alimentaire  s'étaient  manifestés.  A  son  entrée,  il 
présentait  une  tumeur  dure,  rénitente,  douloureuse  à  la  pression,  occupant 
l'épigastre  depuis  les  cartilages  costaux  jusqu'à  l'ombilic,  et  s'étendant  surtout 
vers  l'hypochondre  droit;  cette  tumeur  inégale  et  bosselée  n'adhérait  point 
aux  parois  abdominales,  qui  glissaient  facilement  sur  elle  ;  sa  partie  moyenne 
présentait  une  fluctuation  obscure.  La  percussion  rendait  un  son  mat  dans 
toute  la  région  correspondant  à  la  tumeur;  l'auscultation  n'y  faisait  entendre 
aucun  bruit.  Le  malade  avait  une  fièvre  légère,  vomissait  les  aliments  et  les 
boissons,  et  éprouvait  une  dyspnée  qui  paraissait  être  l'effet  mécanique  de  la 

(1)  L;  Martinet,  Clinique  médicale  de  V Hôtel-Dieu  de  Paris  (1827).  Observation 
d'un  kyste  hydatique  du  foie.  {Revue  médicale,  t.  III,  p.  436,  1827. — Dupuytren, 
ouvr.  cit.,  t.  111,  p.  390.  Cruveilhier,  art.  Acéphalocystes.  —  Barrier,  thèse  cit., 
•p.  58.) 


NATURELLES  OU   ADVENT1VES.    —   HYDAT1DES.  587 

pression  de  la  tumeur  (15  sangsues,  cataplasmes,  bains.,  chiendent  et  ré- 
glisse; le  quart).  Les  jours  suivants,  nouvelle  application  de  sangsues;  les 
vomissements  et  la  fièvre  se  suspendent. 

»  Le  27  juin,  application  de  potasse  caustique  à  un  pouce  et  demi  au- 
dessous  de  l'appendice  xiphoïde.  —  Le  29,  nouvelle  application  de  causti- 
que.— Le  1"  juillet,  malaise  général,  douleur  et  tension  de  l'abdomen,  consti- 
pation, pouls  accéléré  (sangsues  et  cataplasmes  émollients).  —  Le  7  juillet, 
accidents  disparus  ;  incision  longitudinale  du  kyste  faite  au  fond  de  l'escharre, 
issue  d'une  pinte  d'un  liquide  limpide,  qui  continue  à  couler  pendant  la  nuit 
(injection  émolliente  dans  le  kyste,  pansement  simple,  cataplasmes  émol- 
lients). —  Le  8  juillet,  un  peu  de  fièvre  depuis  hier,  ventre  douloureux,  pas 
de  sommeil  ;  la  tumeur  a  diminué  (même  prescription  que  la  veille).  —  Le  9, 
même  état  (sangsues  autour  de  la  tumeur).  —  Le  12,  moins  de  douleur,  mais 
diarrhée  (riz  édulcoré,  décoction  blanche,  œufs  frais,  injections).  —  Les  jours 
suivants,  même  traitement,  le  kyste  diminue  de  volume  de  plus  en  plus.  L'état 
général  serait  satisfaisant  sans  le  retour  d'un  paroxysme  fébrile  chaque  nuit. 
—  Le  4  août,  abattement  ;  le  malade  se  plaint  d'une  douleur  horrible  dans  le 
ventre  qui  est  tendu  et  tuméfié;  constipation,  chaleur  à  la  peau,  soif  vive 
(grand  cataplasme  sur  le  ventre,  lavement,  ventouses  sur  les  côtés,  julep  avec 
le  sirop  de  pavot  blanc).  —  Le  5  août,  ventre  ballonné,  distendu;  la  tumeur 
paraît  refouler  en  haut  le  diaphragme,  ce  qu'on  reconnaît  à  l'imminence  de  la 
suffocation  ;  c'est  pourquoi  on  se  décide  à  agrandir  la  première  incision  qui 
avait  commencé  à  se  rétrécir.  Issue  d'une  grande  quantité  de  gaz  fétides  et  de 
quelques  gouttes  de  sérosité  purulente  ;  on  s'assure,  en  remuant  la  canule, 
qu'elle  est  dans  le  kyste.  — Deux  jours  après,  les  accidents  furent  calmés,  et 
la  plaie  laissa  sortir  une  membrane  que  l'on  reconnut,  malgré  l'altération 
qu'elle  avait  subie,  pour  être  la  membrane  interne  du  kyste  ;  mais  le  liquide 
qui  s'écoula  par  la  plaie  devint  plus  considérable  et  était  de  couleur  jaunâtre, 
ce  qui  fit  penser  qu'il  contenait  de  la  bile.  Dès  ce  moment,  les  symptômes 
graves  disparurent  pour  jamais,  et  à  la  fin  de  mai,  le  kyste  ne  contenait  plus 
qu'une  once  de  liquide  ;  quinze  jours  après,  le  malade  sortit  totalement 
guéri  (1).  » 

Obs.  CCLXXXII  (Jobert).  — Kyste  du  foie;  potasse  caustique;  injections 
alcooliques.  Guérison? 
III.  —  Il  s'agit  d'un  jeune  homme,  âgé  de  dix-huit  ans,  qui  avait  dans  l'hy- 
pochondre  droit  et  à  l'épigastre  une  tumeur  considérable  datant  de  trois  ans. 

(1)  Debouis,  Thèse  de  Paris,  1828,  n"  263,  et  Barrier,  thèse  cit.,  p.  81 . 

C'est  probablement  de  ce  malade  que  M.  Cruveilhier  dit  :  «  Il  existe  en  ce  mo- 
ment dans  les  salles  de  Récamier  un  jeune  homme  excessivement  nerveux  qui  a  été 
soumis  au  même  traitement, 'savoir  :  1°  à  une  ponction  acupuncture  exploratrice; 
2°  à  l'application  de  la  potasse  caustique;  3"  à  des  injections  émollientes  d'abord, 
puis  légèrement  stimulantes.  11  est  en  voie  de  guérison.  »  (Cruveilhier,  art.  AcÉ- 

PHALOCYSTES,   p.    236.) 


588  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

Une  ponction  exploratrice  ayant  été  faite  avec  un  trocart,  il  en  sortit  un  liquide 
séreux.  Huit  jours  après,  une  incision  fut  pratiquée  sur  le  sommet  de  la  tu- 
meur, à  quatre  travers  de  doigt  au-dessous  du  rebord  des  fausses  côtes  et  à 
deux  travers  de  doigt  à  droite  de  la  ligne  blanche.  Le  foie,  incisé  à  la  profon- 
deur d'un  pouce  à  un  pouce  et  demi,  parut  sain  dans  son  tissu  ;  le  bistouri 
porté  de  nouveau  dans  la  plaie,  pénétra  dans  un  kyste  à  parois  épaisses,  il 
contenait  un  liquide  séreux  et  une  quantité  considérable  d'hydatides.  Des 
injections  d'eau  distillée  et  d'alcool  furent  faites  dans  l'intérieur  du  kyste,  et 
une  sonde  de  femme  y  fut  laissée  à  demeure  pour  faciliter  l'écoulement  du 
liquide  et  la  sortie  des  hydalides.  —  Deux  mois  après  l'opération,  les  hyda- 
tides  sorties  à  chaque  pansement  pouvaient  être  estimées  à  60  ou  80.  L'ab- 
domen était  souple,  peu  douloureux,  la  plupart  des  bosselures  du  foie  avaient 
disparu;  le  malade  était  faible,  mais  sans  beaucoup  de  fièvre  ;  les  évacuations 
étaient  libres  (1). 

D'après  les  renseignements  qu'a  bien  voulu  me  donner  M.  Jobert,  la  potasse 
caustique  avait  préalablement  été  appliquée  sur  la  partie  où  l'incision  fut 
pratiquée. 

Obs.  CCLXXXIII  (Laeoulbène).  —  Kyste  du  foie. 

IV.  —  Fille  C. . .  Louise,  âgée  de  seize  ans,  domestique,  née  à  Soissons,  en- 
trée le  \  8  juin  4  855,  à  la  Charité,  salle  Saint-Basile  n°  32,  dans  le  service 
de  M.  Rayer. 

Louise  C...  est  malade  depuis  deux  ans;  elle  s'était  toujours  bien  portée 
avant  cette  époque.  Elle  dit  avoir  éprouvé  une  vive  douleur  dans  la  région 
du  foie,  après  avoir  soulevé  des  bottes  de  foin  qu'elle  chargeait  sur  une  voi- 
ture à  l'aide  d'une  fourche.  Le  point  d'appui  était  pris  sur  l'hypochondro 
droit.  La  région  hépatique  s'est  développée  peu  à  peu. 

Etat  actuel.  —  Teint  pâle,  mais  sans  teinte  ictérique  des  conjonctives  ou 
des  téguments.  Constitution  ordinaire.  L'hypochondre  droit  présente  une 
tuméfaction  très  marquée,  mais  sans  bosselures  et  offrant  une  résistance 
égale  sur  tous  les  points.  Fluctuation  obscure;  frémissement  hydatique  très 
manifeste.  Santé  générale  non  altérée,  embonpoint,  digestions  assez  faciles, 
pas  de  vomissements,  constipation.  Jamais  d'ascite  ni  d'enflure  des  jambes, 
ni  de  bouffissure  du  visage,  dyspnée  légère,  quelquefois  palpitations,  mais 
de  peu  de  durée.  Souffle  léger  à  la  base  du  cœur  et  au  premier  temps  de  ses 
bruits,  se  prolongeant  dans  les  vaisseaux  du  cou.  Menstruation  assez  peu 
régulière.  Urines  n'offrant  rien  de  particulier. 

Diagnostic.  —  Kyste  acéphalocystique  du  foie. 

Dans  les  premiers  jours  de  juillet,  j'applique,  suivant  l'ordonnance  de 
M.  Rayer,  un  cautère  avec  de  la  potasse  caustique  sur  le  point  central  de 
la  tuméfaction.  Le  lendemain  de  l'application  de  la  potasse,  l'eschare  est 

(1)  Gazette  des  hôpitaux,  août  1833,  p.  383. 


NATURELLES   OU    ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  589 

fendue  et  une  nouvelle  application  de  potasse  est  faite  entre  les  deux  lèvres 
de  la  plaie.  Nouvelles  applications  caustiques  les  jours  suivants. 

La  malade  avait  supporté  difficilement  et  avec  une  impatience  croissante 
ces  cautérisations  douloureuses  pratiquées  tous  les  deux  jours.  Elle  quitte  la 
Charité,  le  11  juillet,  sur  sa  demande  expresse;  mais  elle  rentre  à  l'Hôtel- 
Dieu  dans  le  service  de  M.  Horteloup,  le  1  4  du  même  mois. 

Le  1 6,  ponction  exploratrice  de  la  tumeur.  Il  sort  un  liquide  limpide,  clair  ; 
On  en  laisse  couler  deux  cuillerées  environ. 

Le  17  et  les  jours  suivants,  on  applique  de  nouveau  sur  la  plaie  de  la  po 
tasse,  comme  je  l'avais  fait  précédemment. 

Le  28,  ponction  avec  un  gros  trocart  qui  traverse  un  centimètre  environ 
de  tissu  hépatique  ;  il  s'écoule  trois  litres  d'un  liquide  clair,  limpide,  non 
albumineux. 

Le  29  juillet,  vomissements  bilieux  ;  vives  douleurs  en  dehors  du  point  où 
la  ponction  a  été  pratiquée,  mais  pas  de  douleurs  dans  le  reste  de  l'abdomen. 
Le  soir,  le  faciès  est  grippé,  les  yeux  cernés  ;  \  1 2  pulsations.  Il  est  sorti  des 
fragments  d'hydatides  par  la  plaie.  (Pansement  avec  l'éponge  préparée  pour 
agrandir  l'ouverture  produite  par  le  trocart.) 

Le  30  juillet,  écoulement  par  la  fistule  d'un  liquide  manifestement  teint 
par  la  bile;  120  pulsations.  La  douleur  hépatique  ne  s'est  point  étendue:  gêne 
dans  la  respiration,  appétit  perdu. 

Le  6  août,  90  pulsations.  Les  symptômes  des  jours  précédents  se  sont 
amoindris  peu  à  peu.  Douleur  hépatique  nulle;  oppression  légère.  Il  est  sur- 
venu de  la  diarrhée.  Le  liquide  du  kyste  devient  purulent.  La  malade  a  mangé 
un  œuf  sans  nausées.  On  fait  une  injection  iodée  dans  le  kyste,  il  y  a  eu  de 
nombreux  fragments  d'hydatides  qui  sont  sortis.  Les  jours  suivants,  il  y  a  pa- 
reillement issue  de  petites  vésicules  hydatiques. 

Le  14,  odeur  infecte  quand  on  retire  l'éponge  préparée.  Injection  dans 
la  cavité  du  kyste  avec  un  liquide  contenant  de  l'azotate  de  plomb. 

Le  16,  coliques  vives.  On  remplace  les  injections  précédentes  par  deux  in- 
jections par  jour  d'eau  chlorurée  (chlorure  de  chaux  liquide).  Jusqu'à  la  fin 
du  mois,  il  y  a  chaque  jour  de  nombreux  fragments  hydatiques  sortis  du  kyste 
ouvert. 

Septembre.  La  malade  revient  à  la  santé.  Elle  digère  facilement,  et  l'em- 
bonpoint reparaît.  La  tumeur  hépatique  diminue  de  plus  en  plus. 

Dans  les  premiers  jours  d'octobre  elle  demande  son  exeat.  La  fistule  ne 
donne  plus  en  vingt-quatre  heures  que  des  gouttes  de  sérosité.  La  dépression 
de  l'hypochondre  droit  est  très  notable. 

Deux  mois  après,  Louise  C...  est  revenue  parfaitement  guérie,  faire  voir 
à  l'Hôtel-Dieu  et  à  la  Charité  qu'il  ne  restait  plus  de  plaie  dans  la  région 
hépatique.  Celle-ci  est  encore  plus  affaissée  qu'à  la  sortie  de  l'hôpital. 

V.  —  Cas  observé  par  Richard.  —  Kyste  hydatique  du  foie  ;  sept  appli- 
cations coup  sur  coup  de  caustique  de  Vienne;  ouverture  spontanée  de  l'es- 


590  AFFRETIONS  VF.RMINF.USF.S   DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

charo  ;  issue  do  trois  litres  et  demi  do  pus  et  d'hydatides  ;  amélioration  rapide  ; 

fistule  pendant  cinq  mois  ;  guérison  (Voy.  obs.  CCXCVII). 

VI.  —  Cas  observé  par  Robebt.  —  Kysle  kydaticpiedu  foie;  six  applications 
de  potasse  caustique;  accidents;  incision  de  l'eschare,  amélioration;  injection 
iodée  nuisible  ;  guérison  (Voy.  obs   CCXCIV). 

2°  Cas  de  mort. 

Obs.  CCLXXXIV  (Récamieb).  —  Kyste  du  foie  ;  frémissement  hydatique. 

I.  —  «  Un  homme  âgé  de  trente-quatre  ans  porte  depuis  dix-huit  mois 
une  tumeur  à  la  région  du  foie.  Cette  tumeur  est  complètement  indolente  à  la 
pression  et  sans  la  pression  ;  toutes  les  fonctions  de  l'économie  s'exécutent, 
dans  l'état  le  plus  régulier,  mais  la  tumeur  l'incommode  par  son  volume  et 
l'inquiète  pour  l'avenir.  Quelques  personnes  ont  cru  reconnaître  par  l'explora- 
tion ce  bruit  de  crépitation,  de  collision  que  donnent  les  hydatides  en  les  frottant  les 
unes  contre  les  autres  ;  mais  cette  sensation  n'a  pas  paru  assez  distincte  au  plus 
grand  nombre  pour  qu'on  puisse  en  tirer  quelque  induction  ;  M.  Récamier  a  donc 
eu  recours  au  moyen  d'exploration  qu'il  a  le' premier  employé.  Le  22  avril 
1828,  un  trocart  extrêmement  délié  a  été  enfoncé  dans  la  partie  la  plus  sail- 
lante de  la  tumeur  ;  il  s'est  échappé  un  liquide,  limpide  comme  dans  les  cas 
rapportés  plus  haut.  Ce  liquide  ne  se  coagule  pas  par  la  chaleur,  de  même  que 
celui  précédemment  obtenu.  Il  y  a  donc  presque  certitude  d'analogie,  aucun 
accident  n'a  suivi  la  ponction,  on  a  attendu  que  la  tumeur  fût  de  nouveau  dis- 
tendue par  la  sérosité,  pour  appliquer  la  potasse  caustique.  Cette  application 
a  été  faite  le  29  avril,  il  paraît  qu'elle  a  été  faite  trop  haut  ou  que  le  caustique 
s'est  déplacé,  car  son  action  a  porté  sur  les  dernières  côtes. 

»  Ce  malade  a  succombé  vingt-cinq  jours  après  la  ponction,  à  la  suite  d'ac- 
cidents nerveux  qu'on  a  qualifiés  de  tétaniques  (1).  » 

Obs.  CCLXXXV  (Cbuveilhier).  Deux  kystes  dans  le  foie. 

II.  —  Homme,  vingt-cinq  ans,  kyste  hydatique  du  foie;  deux  applications 
de  caustique  de  Vienne  ;  ponction  à  travers  la  plaie,  issue  d'un  liquide  lim- 
pide. Guérison  de  la  plaie,  réapparition  des  accidents,  ponction  nouvelle, 
issue  de  membranes  hydatiques  et  de  pus,  affaiblissement,  diarrhée,  vomisse- 
ments, mort.  Kyste  hydatique  de  la  grosseur  d'une  tête  d'adulte  dans  le  foie, 
un  second  plus  petit  dans  le  même  organe  (2). 

Obs.  CCLXXXVI  (Lebret).  —  Kyste  du  foie. 

III.  —  Il  s'agit  d'un  enfant,  âgé  de  neuf  ans,  «  admis  le  1 8  octobre  1848 
dans  le  service  de  chirurgie.  Il  présentait  une  tumeur  peu  développée  au  ni- 
veau du  foie,  mais  où  le  frémissement  particulier  à  la  présence  d'hydatides 

(1)  Cruveilhier,  art.  Acéphalocïstes,  p.  235. 

(2)  Cruveilhier,  Gaz.  des  hôpitaux,  1842,  2e  série,  t.  IV,  p.  3J7. 


Naturelles  ou  adventives.  —  hydAtides.  591 

dans  cet  organe  se  percevait  manifestement  par  la  percussion  légère  ;  d'ail- 
leurs, un  état  général  satisfaisant,  un  peu  de  maigreur,  mais  habituelle. 

»  A  partir  du  10  octobre,  on  a  appliqué  successivement  le  caustique  de 
Vienne  et  la  potasse  caustique  sur  le  point  le  plus  saillant  de  la  tumeur  ;  un 
hiatus  assez  profond  a  été  ainsi  formé  très  lentement,  de  manière  à  favoriser 
l'adhérence  du  péritoine  aux  parois  et  aux  parties  voisines. 

»  Ce  n'est  que  vers  les  premiers  jours  du  mois  de  mars  que  le  ventre  de- 
vint plus  flasque;  le  frémissement  n'était  plus  appréciable  en  aucun  point; 
l'excavation  fistuleuse  étant  suffisamment  profonde,  on  ponctionne  alors  avec 
un  trocart  explorateur,  et  il  sort  environ  200  grammes  de  sérosité  citrine, 
sans  trace  de  débris  hydatiques,  de  nature  albumineuse  ;  le  microscope  n'y  fit 
découvrir  que  quelques  conferves,  mais  formées  peut-être  après  l'issue  du 
liquide.  On  agrandit  l'ouverture  pratiquée,  au  moyen  d'épongé;  pendant  trois 
jours,  il  fallut  combattre  les  signes  d'une  péritonite  circonscrite,  tendant  à  se 
généraliser. 

»  Le  12  mars,  l'état  général  se  relevant,  on  voyait  des  hydatides,  de  mé- 
diocre volume,  se  présenter  à  l'orifice  interne  de  la  fistule  ;  nous  en  enlevâmes 
quatre  le  matin  et  autant  le  soir. 

»  Les  jours  suivants,  même  sortie  d'hydatides,  au  milieu  d'un  liquide  trouble, 
jaunâtre  et  très  fétide  ;  les  forces  de  cet  enfant  faiblissaient  sensiblement,  sous 
l'influence  d'un  état  fébrile  rémittent  qu'on  put  vaincre  avec  la  quinine. 

»  A  partir  du  20  courant,  la  plaie  fut  maintenue  ouverte  avec  de  l'éponge, 
puis  par  une  mèche  cératée  ;  des  hydatides,  de  grosseur  variable,  ont  été  reti- 
rées journellement,  mais,  depuis  ce  moment,  fortement  colorées  de  matière 
bilieuse,  la  plupart  en  lambeaux,  tant  leur  consistance  est  molle  et  facile  à 
diviser.  Malgré  une  déperdition  de  bile  assez  notable,  puisque  les  pièces  du 
pansement,  la  charpie,  en  étaient  tout  à  fait  imprégnées  chaque  jour,  les  forces 
se  sont  soutenues;  peu  d'appétit,  mais  digestions  faciles;  pas  de  vomisse- 
ments ni  de  diarrhées;  visage  gai  ;  pouls  régulier,  quoique  faible.  Depuis 
quelques  jours,  le  foyer  paraissait  tari  ;  à  peine  sortait-il  du  liquide  fétide  en 
question. 

»  Le.2S,  l'élève  chargé  du  pansement  voit  saillir  un  lambeau  plus  résistant 
que  d'habitude,  le  saisit  et  amène  les  débris  considérables  d'une  poche  d'ap- 
parence fibreuse,  résistante,  lisse  sur  une  surface  et  chagrinée  sur  l'autre, 
laquelle,  dans  son  étendue  presque  complète,  nous  paraît  la  paroi  même  du 
kyste  ;  cette  extraction  fut  suivie  de  frissons,  avec  vomissements,  accidents 
promptement  enrayés  par  l'administration  d'opium  à  dose  élevée. 

»  Le  surlendemain,  30  courant,  en  étant  la  mèche  de  la  fistule,  nous 
voyons  jaillir  un  véritable  flot  de  liquide  trouble,  jaunâtre,  extrêmement  fétide, 
dont  on  a  recueilli  près  d'un  litre  et  demi  ;  en  même  temps,  de  volumineuses 
hydatides  s'échappaient,  sous  forme  de  poches  translucides  renfermant  une 
sorte  de  gelée  jaunâtre  ;  on  peut  en  évaluer  le  nombre  à  six  ou  sept. 

»  Depuis  ce  moment,  aucun  accident  n'est  survenu  ;  l'état  général  se  sou- 
tient. Ce  matin,  il  n'est  sorti  que  très  peu  de  liquide  d'apparence  séreuse.   » 


f>9i>  AFFECTIONS   VERMINEUSES  M'.S  CAVITÉS  SÉllEUSIiS 

a  M.  Le  Breta  présenté  ù  la  Société  les  pièces  analomiqucs  d'un  enfant  qui 
a  déjà  fait  le  sujet  d'une  note  dans  le  précédent  compte  rendu,  comme  offrant 
l'exemple  d'une  poche  hydatique  du  foio  entièrement  attirée  au  dehors,  con- 
tenu et  contenant,  à  travers  une  fistule  artificielle.  La  santé  générale  se  soute- 
nait parfaitement  depuis  lors  ;  dii  pus  fétide  sortait  par  l'orifice  extérieur  de 
la  petite  plaie,  mais  sans  que  le  malade  manifestât  la  moindre  souffrance,  et 
tout  portait  à  croire  qu'un  travail  réparateur  s'effectuait  à  l'intérieur  de  la 
poche.  Une  injection  destinée  à  en  nettoyer  les  parois  et  à  exciter  l'inflamma- 
tion a  amené  la  rupture  du  kyste  sur  un  point  peut-être  aminci  préalablement; 
et  une  péritonite  aiguë,  survenant  immédiatement,  s'est  terminée  en  quarante- 
huit  heures  par  la  mort  de  l'enfant. 

»  A  f  autopsie,  les  anses  intestinales  étaient  reliées  ensemble  par  de  fausses 
membranes  baignées  de  pus;  d'ailleurs  on  ne  pouvait  plus  retrouver  de  trace 
du  liquide  épanché.  Le  foie  avait  subi  une  augmentation  remarquable  de  vo- 
lume, surtout  dans  sa  portion  gauche  ;  à  droite,  on  rencontrait  une  cavité 
parfaitement  en  rapport  avec  la  fistule  pratiquée,  et  limitée  en  haut  et  en 
avant  par  la  portion  droite  du  diaphragme  dans  laquelle  elle  faisait  saillie,  en 
dehors  par  la  paroi  abdominale,  y  compris  les  cartilages  et  les  huitième,  neu- 
vième et  dixième  côtes,  en  bas  et  en  dedans  par  le  parenchyme  même  du  foie, 
au  milieu  duquel  le  kyste  semblait  s'être  en  partie  creusé.  La  capacité  de 
cette  poche  était  environ  égale  au  volume  des  deux  poings  du  sujet,  enfant  de 
neuf  ans  :  un  liquide  purulent  et  surtout  coloré  de  matière  bilieuse  s'en  est 
écoulé  abondamment;  une  membrane  facile  à  détacher  le  tapissait,  et  au- 
dessous  d'elle  on  voyait  nettement  un  réseau  vasculaire  sur  toute  la  surface 
interne.  Inférieurement  et  en  avant,  presque  au-dessous  de  la  fistule,  a  eu 
lieu  la  rupture,  là  où  l'on  aperçoit  une  solution  de  continuité,  à  bords 
mousses,  de  2  à  3  centimètres  de  diamètre,  là  aussi  où  la  paroi  est  fort  mince 
et  facile  à  déchirer.  L'état  des  autres  organes  était  sain  ('I).  x> 

IV.  — Cas  observé  par  Turner.  — Tumeur  volumineuse  de  l'hypochondre 
droit  ;  trois  applications  de  potasse  caustique;  issue  d'une  grande  quantité  de 
liquide  et  d'hydatides  ;  mort.  Kystes  hydatiques  nombreux,  l'un  communiquant 
avec  les  bronches  (Voy.  obs.  LXXVII). 

V.  —  Cas  observé  par  Caarcot  et  Davaine.  —  Tumeur  de  l'hypochondre 
droit  ;  quatre  applications  de  caustique  en  sept  jours;  ouverture  spontanée  de 
l'eschare  ;  accidents  variés,  marasme  ;  mort.  Kystes  hydatiques  très  nom- 
breux ^Voy.  obs.  CV). 

3°  Terminaison  non  indiquée. 

Obs.  CCLXXXVII  (Rayer  et  Pidom).  —  Kyste  du  foie. 
Il  s'agit  d'un  homme  âgé  de  quarante  ans,  qui  entra  à  la  Charité,  dans  le 

(1)  Lebret,  Expulsion  d'hydatides  et  de  la  poche  hydatique  par  une  ouverture  faite 
au  niveau  de  la  région  hépatique  (Comptes  rendus,  Soc.  de  biologie,  1 849,  1. 1,  p.  54 
et  68,  et  Gas.  des  hôpitaux,  1849,  p.  269). 


NATURELLES  OU   ADVËNT1VES.   —  HYDATIDES.  593 

service  de  M.  Rayer,  pour  une  tumeur  hydalique  du  foie.  Un  caustique  fut 
placé  sur  le  point  le  plus  saillant  de  la  tumeur  ;  trente  jours  après  une  ponc- 
tion avec  un  trocart  de  petite  dimension  fut  pratiquée  au  centre  de  la  partie 
cautérisée,  il  s'écoula  environ  un  quart  de  litre  d'un  liquide  jaunâtre,  à  peine 
opalescent,  tout  à  fait  semblable  A  celui  que  l'on  rencontre  dans  les  kystes  hy  an- 
tiques non  enflammés.  Point  d'accident  immédiat;  diminution  notable  delà 
tumeur  (il  n'est  rien  dit  des  suites)  (I). 

L'application  des  caustiques  a  été  faite  encore  clans  plusieurs  des 
observations  consignées  dans  cet  ouvrage  ;  mais  dans  ces  cas,  le 
caustique  n'a  été  généralement  qu'un  moyen  accessoire,  et  dans 
plusieurs  même  il  a  été  au  moins  inutile.  Voyez  les  observa- 
tions :  CCXIV,  Hewnden;  CCXVI,  Rossi  ;  CCXXXIV,  Held; 
CCLXXIII,  Mailly  et  Dodard  ;  CCLXV,  CCLXVI  ,  Jobert; 
CCLXXXIX,  Cadet  de  Gassicourt  ;  CCXC,  Chassaignac;  CCXCV, 
Demarquay  ;  CCXCVI,  Dolbeau;  CCXCVIII,  Voisin. 

Enrèsumè,  les  cas  dans  lesquels  l'application  de  la  potasse  caus- 
tique ou  du  caustique  de  Vienne  a  constitué  le  moyen  principal  du 
traitement,  sont  au  nombre  de  12.  —  La  guérison  a  eu  lieu  6  fois, 
la  mort  5. 

Si  l'on  examine  la  cause  de  la  mort  dans  ces  cinq  cas,  on  trouve 
dans  l'un  des  accidents  nerveux  indépendants  du  traitement  ;  dans 
un  autre  des  accidents  déterminés  par  un  défaut  de  soins  dans  le 
pansement;  et  dans  deux  autres  des  kystes  en  si  grand  nombre, 
que  tout  autre  traitement  eût  été  de  même  inutile. 

On  a  objecté  à  la  méthode  de  Récamier;  1°  qu'elle  agit  lente- 
ment ;  2°  qu'elle  a  une  action  difficile  à  limiter  ;  3°  qu'elle  peut  dé- 
terminer une  péritonite  ;  4°  qu'elle  ne  produit  pas  toujours  des  adhé- 
rences. 

La  première  objection  qui  a  quelque  valeur  lorsqu'il  s'agit  de 
l'ouverture  d'un  abcès,  n'en  a  plus  lorsqu'il  s'agit  d'une  tumeur  hy- 
ùatique;  on  peut  d'ailleurs  accélérer  l'ouverture  de  la  tumeur  par 
des  applications  du  caustique  très  rapprochées.  Dans  l'observa- 
tion CV,  le  kyste  s'est  ouvert  après  quatre  applications  faites  en 
sept  jours;  dans  l'observation  CCXCVII,  il  s'est  ouvert  après  sept 
applications  coup  su?' coup. 

La  seconde  objection  ne  convient  pas  au  caustique  de  Vienne  que 
l'on  emploie  généralement  aujourd'hui  au  lieu  de  la  potasse. 

(1)  Rayer  et  Pidoux,  Gaz.  des  hôpitaux,  1849,  p.  382. 

DàVAlNE.  38 


;")<l/i  AFFECTIONS   VlïRMINEOSES   DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

Quant  au  risque  de  causer  une  péritonite,  ce  reproche  qui  a  été 

Eut  autrefois  à  la  méthode  de  Récamier,  n'a  été  justifié  par  aucun  fait. 
Le  danger  de  ne  pas  déterminer  des  adhérences  entre  les  parois 

abdominales  et  la  tumeur  est  une  objection  beaucoup  plus  sérieuse. 

Parmi  les  observations  consignées  dans  cet  ouvrage,  il  en  est  deux 
t|iii  prouveraient  que  l'application  d'un  caustique  ne  détermine  pas 
toujours  des  adhérences  suffisantes  pour  mettre  à  l'abri  d'un  épan- 
chement  dans  le  péritoine.  Toutefois  l'examen  attentif  de  ces  deux 
cas  ne  peut  mènera  une  conclusion  défavorable  à  la  méthode  de  Ré- 
camier:  ainsi,  dans  le  cas  rapporté  par  M.  LeBret  (obs  CCLXXXVI), 
les  adhérences  ne  faisaient  point  défaut,  et  ce  n'est  que  par  une 
manœuvre  maladroite  qu'elles  ont  été  détruites.  Dans  un  cas  rap- 
porté par  M.  Dolbeau  (obs.  CCXCVI),  l'autopsie  a  montré  qu'il 
n'y  avait  pas  d'adhérence  au  niveau  de  l'eschare;  mais  trois  appli- 
cations seulement  de  caustique  de  Vienne  avaient  été  faites,  et  il  ne 
paraît  pas  que  l'eschare  ait  été  enlevée  ou  incisée  avant  chaque  ap- 
plication nouvelle  ;  d'un  autre  côté,  on  ne  dit  pas  que  cette  eschare 
eût  pénétré  toute  l'épaisseur  des  parois  abdominales;  enfin  la  péri- 
tonite, dont  on  reconnut  les  lésions  ne  doit  point  être  attribuée  au 
caustique,  car  les  phénomènes  de  cette  affection  ont  coïncidé  avec 
une  ponction  faite  au  moyen  d'une  aiguille  à  cataracte. 

Dans  un  assez  grand  nombre  d'observations,  le  caustique  n'a  été. 
appliqué  qu'une  ou  deux  fois,  et  l'ouverture  a  été  achevée  par  la 
ponction  ou  l'incision  à  travers  l'eschare;  mais  il  est  probable  que 
deux  ou  trois  applications  du  caustique  sont  souvent  insuffisantes 
pour  traverser  toute  l'épaisseur  des  parois  abdominales  et  par  con- 
séquent pour  produire  des  adhérences  du  péritoine.  C'est  ce  qu'on 
peut  inférer  des  expériences  faites  sur  le  lapin  par  M.  Cruveilhier  : 
la  potasse  caustique  fut  appliquée  en  deux  points  de  la  paroi  ab- 
dominale, et  à  six  jours  d'intervalle  ;  quinze  jours  après,  on  fit 
l'examen  cadavérique  de  l'animal.  Dans  le  lieu  delà  première  appli- 
cation, l'arc  du  côlon  adhérait  aux  parois  ab Jominales  et  offrait  une 
eschare  blanche,  circulaire;  l'autre  application  n'avait  porté  son  ac- 
tion que  jusqu'à  la  face  externe  du  péritoine  ;  il  y  avait  une  injection 
vasculaire  de  cette  membrane,  sans  adhérence  (1). 

Il  faut  évidemment,  pour  déterminer  des  adhérences,  que  l'action 
du  caustique  ait  atteint  la  tumeur  même;  le  nombre  des  applica- 
tions devra  donc  se  régler  sur  l'épaisseur  des  parois  à  traverser. 

(1)  Cruveilhier,  art  Acéphalocystes,  cité  p.  236. 


NATURELLES   OU    ADVElNTIVES.    —    HYDATIDES.  595 

L'incision  ou  l'excision  de  l'eschare,  avant  chaque  application  nou- 
velle de  caustique,  favorisera  le  cheminement  vers  les  parties  pro- 
fondes, en  même  temps  qu'elle  donnera  des  indications  sur  celles 
qui  restent  à  traverser. 

Article  II.  — La  tumeur  hydatique  se  forme  par  l'accroissement 
ou  la  multiplication  de  vésicules  vivantes;  il  est  donc  rationnel  de 
conclure  que  ia  mort  de  ces  vésicules  suspendrait  .l'accroissement  de 
la  tumeur  et  même  qu'elle  déterminerait  son  retrait  et  sa  guérison. 
C'est  d'après  ces  considérations  que  l'on  a  proposé  l'application  de 
l'électricité  et  celle  du  froid  (voyez  chapitre  I,  article  III),  et  que 
l'on  a  pratiqué  dans  la  tumeur  l'injection  de  liquides  capables  de  dé- 
truire les  hydatides. 

Les  liquides  qui  ont  été  expérimentés  sont  la  solution  d'iode,  l'al- 
cool et  la  bile. 

On  a  encore  cherché  dans  l'injection  de  ces  liquides  et  de  quel 
ques  autres  un  moyen  de  modifier  la  surface  interne  du  kyste,    de 
s'opposer  à  la  décomposition  putride  des  matières  qu'il  contient,  etc. 

A.  —  Injections  iodées. 

On  sait  tout  ce  que  la  pratique  des  injections  iodées  doit  à 
M.  Boinet  ;  c'est  ce  médecin  distingué  qui  en  a  fait  le  premier  l'ap- 
plication à  la  cure  des  kystes  hydatiques. 

Les  injections  iodées  ont  été  pratiquées,  soit  par  une  simple  ponc- 
tion, soit  par  une  ponction  ou  une  incision  à  travers  une  eschare, 
soit  après  l'incision  simple  de  la  tumeur  hydatique.  Dans  certains 
cas  elles  ont  été  le  moyen  principal  ou  unique  du  traitement  ;  dans 
d'autres,  elles  ont  été  employées  comme  moyen  secondaire  ou  acces- 
soire. 

1°  Injections  iodées  comme  méthode  de  traitement. 

Obs.  CCLXXXVIII  (Aran).  —  Kyste  hydatique  du  foie;  fonction  avec 
un  trocart  capillaire  ;  injection  iodée .  Guêrison? 

I.  —  «  Fourneau  (adolphe),  âgé  de  trente-sept  ans,  peintre  en  bâtiments, 
entre  à  l'hôpital  Saint-Antoine,  le  27  juin  1854,  dans  le  service  de  M.  Aran. 
Cet  homme  souffrait  depuis  deux  ans  d'une  douleur  dans  le  côté  droit...  le 
foie  dépassait  le  rebord  des  fausses  côtes  à  l'épigastre  de  trois  à  quatre  tra- 
vers de  doigt.  Le  malade  éprouvait  profondément  dans  le  foie  des  douleurs 
vives  qui  le  forçaient  à  rester  couché  la  plupart  du  temps.  Ces  douleurs  re- 
montaient vers  l'épaule  ;  elles  s'irradiaient  dans  le  dos  et  descendaient  vers 
la  région  externe  du  foie.  Pas  d'altération  des  fonctions  nutritives. 


S96  AFFECTIONS  VERMIBEBSES  DliS  CAVITÉS  SKUEUSI  S 

Le  i"  août,  après  avoir  de  nouveau  constaté  la  fluctuation  dans  le  foie, 
M.  Ar.ni  plongea  un  Irocart  capillaire  dans  L'hypochondre  droit,  à  2  centimè- 
tresdola  ligne  blanche,  et  à  3  centimètres  environ  du  rebord  des  fausses  côtes 
droites.  L'instrument  fut  dirigé  de  bas  en  liaut  et  de  gauche  à  droite;  lorsqu'il 
lui  parvenu  a  5  centimètres  de  profondeur,  M.  Aran  retira  l'aiguille,  rien  ne 
s'écoula  ;  il  replaça  l'aiguille,  et  poussant  le  trocarl  dans  la  même  direction, 
à  8  ou  9  centimètres  de  profondeur,  il  vit  s'écouler,  en  retirant  l'aiguille,  un 
liquide  incolore  comme  de  l'eau  déroche;  750  grammes  sortirent;  ils  ne 
contenaient  ni  débris  organiques  ni  albumine.  M.  Aran  injecta  immédiatement 
teinture  d'iode,  50  grammes;  eau  distillée,  50  grammes;  iudure  de  potassium, 
■1  gràmme'è.  L'injection  fut  abandonnée  dans  le  kyste.  Celte  injection  ne  dé- 
termina aucune  douleur.  Une  heure  après,  quelques  phénomènes  d'iodisme, 
accompagnés  d'une  réaction  générale  assez  intense,  se  manifestèrent  et  durè- 
rent jusqu'au  6  août.  A  partir  de  cette  époque,  l'amélioration  fit  chaque  jour 
des  progrès  ;  le  foie  diminua  de  volume,  l'hypochondre  cessa  d'être  doulou- 
reux. Le  <Tr  septembre,  il  ne  restait  qu'un  peu  de  sensibilité  à  la  pression 
entre  les  dernières  fausses  côtes  en  dehors,  saillie  de  l'hypochondre  très  peu 
marquée,  état  général  très  satisfaisant,  bon  appétit  (1).  » 

Obs.  CCLXXXIX  (Cadet  de  Gassicourt).  —  Kyste  hydalique  du  foie; 
potasse  caustique  ;  ponction  à  travers  Veschare;  sonde  à  demeure,  in- 
jection iodée.  Guérison. 

II.  —  Il  s'agit  d'un  homme  âgé  de  trente-six  ans,  qui  portait,  depuis  en- 
viron un  an,  une  tumeur  considérable  dans  la  région  du  foie. 

«  Le  27  mars  'l  854,  on  appliqua  la  potasse  caustique  sur  le  point  saillant 
de  la  tumeur,  et  dix  jours  plus  tard,  lorsque  les  adhérences  entre  le  foie  et  la 
paroi  abdominale  furent  établies,  M.  Nélaton  enfonça  d'abord  une  aiguille  à 
cataracte,  et,  après  avoir  vu  sourdre  quelques  gouttelettes  de  pus,  donna  un 
coup  de  trocart  dans  la  tumeur.  Il  sortit  bientôt  par  la  canule  une  quantité 
considérable  de  pus  (1  litre  environ),  entraînant  avec  lui  des  corps  vésiculeux 
reconnus  aussitôt  pour  des  hydatides.  Après  avoir  laissé  couler  le  pus  et  lavé 
l'intérieur  de  la  poche  avec  un  courant  d'eau  tiède,  M.  Nélaton  fit  immédiate- 
ment une  injection  iodée  qui  dut  être  renouvelée  le  soir,  et  remplaça  la  canule 
du  trocart  par  une  sonde  en  gomme  à  demeure  dans  l'orifice  fistuleux.  Cette 
sonde  s'enfonçait  de  1 1  centimètres  et  demi. 

»  Le  6  avril,  issue  de  pus  mêlé  de  débris  d'hydatides.  —  Injection  d'iode 
matin  et  soir. 

»  Le  7,  le  matin,  en  débouchant  la  sonde,  on  s'aperçut  que  le  pus  qui 
s'échappait  du  foyer  était  mêlé  de  bile. 

»  Le  8,1a  quantité  débile  fut  plus  considérable  encore. 

(I)  Dr  Aran,  Des  injections  iodées  dans  les  kystes  hydaliques  du  foie  (Bull. 
thérap.,  sept.  1854,  t.  XLVII,  p.  218.  —  Arch.  gén.  de  méd.,  5e  série,  t.  IV, 
p.  477.  —  Boinet,  lodolhérapie.  Paris,  1855,  p.  396). 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —  HYDATIDES.  597 

»  Le  9,  la  bile  sortit  pure  et  sans  aucun  mélange  de  pus  (un  quart  de  litre 
environ).  M.  Nélaton  supposa  qu'il  s'était  fait  dans  la  poche  un  travail  ulcé- 
ratif  correspondant  à  un  canal  hépatique  ou  à  la  vésicule  biliaire.  Il  est  pro- 
bable que  la  bile  était  versée  au  dehors  presque  en  totalité  par  cette  voie 
nouvelle,  car  les  matières  fécales  étaient  gris-blanchâtre,  semblables  à  de  l'ar- 
gile. Cependant  les  fonctions  digestives  s'accomplissaient  avec  régularité,  et 
le  malade  ne  se  plaignait  nullement. 

»  Cet  état  se  prolongea  pendant  huit  jours,  du  7  au  1 5,  et  pendant  ce  laps 
de  temps,  il  ne  sortit  pas  de  pus  par  la  sonde  ;  le  kyste  ne  semblait  contenir 
que  de  la  bile.  —  Du  7  au  1  5,  les  injections  d'iode  furent  interrompues. 

»  Le  '15  au  soir,  en  débouchant  la  sonde,  on  vit  sortir  un  mélange  de  bile 
et  de  pus,  et  le  lendemain  on  ne  trouva  que  du  pus.  —  Les  injections  iodées 
furent  reprises  immédiatement. 

»  Le  18,  le  même  phénomène  qui  s'était  présenté  le  7  se  reproduisit  ;  le 
pus  était  mêlé  de  bile. 

»  Le  'l  9,  la  bile  était  pure,  et  elle  coula  ainsi  jusqu'au  27.  A  cette  époque, 
le  pus  reparut,  et  le  phénomène  ne  se  reproduisit  plus. 

»  De  cette  époque  jusqu'à  son  départ,  qui  eut  lieu  à  la  fin  du  mois  de  mai, 
le  malade  marcha  assez  rapidement  vers  la  guérison.  On  employait  conjointe- 
ment les  injections  chlorées  et  iodées.  Enfin,  quand  il  sortit  de  l'hôpital, 
sans  avoir  présenté  d'autre  symptôme  intéressant,  il  n'avait  plus  qu'une  pe- 
tite fistule,  profonde  de  4  centimètres  à  peine,  d'où  s'écoulait  encore  un  peu 
de  pus. 

»  J'ai  revu  ce  malade  au  mois  d'octobre  1854.  La  fistule  était  fermée,  et  la 
plaie  entièrement  cicatrisée.  La  santé  générale  était  excellente  (1).  >> 

Obs.  CCXC  (Chassaignac).  —  Kyste  hydaliquedu  foie;  caustique;  ponc- 
tion; injection  iodée.  Guérison. 

III.  —  Homme,  tumeur  dans  la  région  du  foie,  ponction  exploratrice,  issue 
d'un  liquide  limpide,  non  coagulable  par  la  chaleur.  Deux  applications  de 
caustique  de  Vienne  en  huit  jours;  ponction  avec  un  trocart  un  peu  gros, 
issue  d'un  liquide  coagulable  par  la  chaleur;  injection  iodée,  réapparition  de 
la  tumeur  quelques  jours  après;  inappétence,  accès  fébriles  pendant  plusieurs 
mois;  amélioration  tardive.  Guérison  (2). 

Obs.  CCXCI  (Boinet  et  Mesnet).  —  Kystes  multiples  du  foie,  ouverture 
de  l'un  d'eux  dans  le  poumon  droit  ;  traitement  d'un  des  kijstes  par 
des  injections  iodées.  Mort. 

IV.  —  «  Un  homme  de  trente-trois  ans  entra  à  la  Charité  le  28  octobre 
1851,  dans  le  service  de  M.  Briquet.  Voici  dans  quel  état  il  se  présente  : 

(1)  Cadet  de  Gassicourt,  thèse  cit.,  obs.  in,  p.  13. 

(2)  Soc.  de  chirurgie,  18  mars  1857,  dans  Gaz.  des  hôpitaux,  1857,  p.  147  , 
et  Leçon  clinique,  même  journal,  p.  36G. 


598  AFFECTIONS   v  kiîmi  si  usi.s  m;s  cavuI'.s  SÊfcEUSÊS 

»  Maigreur  remai  |uable;  ictère  foncé  occupant  toute  la  surface  du  corps; 
leu  urines  contiennent  |e  la  bile.  Pas  de  souille,  ai  au  cœur,  ni  dans  les  caro- 
tides ;  /"s  de  toux  ni  de  crachats L'abdomen,  comme  la  poitrine,  est 

élargi  du  côté  droit  ;  on  trouve  sur  la  ligne  médiane  quatre  tumeurs,  deux  à 
droite  ci  deux  a  gauche;  tout  a  fait  à  droite  de  l'abdomen,  une  tumeur  très 
volumineuse,  qui  soulève  la  paroi  thoracique;  elle  est  douloureuse  à  la  pres- 
sion et  ûuctuante.  On  ne  perçoit  pas  le  frémissement  hydatique. 

»  Le  29,  M.  Boinet  est  chargé  par  M.  Briquet  de  faire  l'opération,  qui  est 
jugée  indispensable.  —  Ponction  avec  un  trocart  à  paracentèse  dans  le  kyste 
de  droite,  qui  est  le  plus  volumineux,  et  dans  lequel  on  perçoit  manifestement 
la  fluctuation  La  ponction  donne  issue  à  quelques  cuillerées  de  pus  et  à  une 
hydatide;  mais  l'écoulement  du  liquide  cesse  bientôt.  M.  Boinet  fait  alors, 
avec  le  bistouri,  une  incision  de  3  centimètres  à  la  paroi  abdominale,  et  ouvre 
le  sac  dans  uni-  étendue  de  1  centimètre  à  peu  près.  L'introduction  d'un  dila- 
tateur donne  issue  à  1050  grammes  de  pus,  mêlé  de  membranes  hydatiques. 
—  Injection  iodée.  A  la  suite  de  l'opération,  l'état  du  malade  est  satisfaisant 
et  se  maintieni  ainsi  jusqu'au  6  novembre  :  ce  jour-là,  il  y  a  un  peu  de  frisson 
et  de  fièvre  le  soir. 

»  Le  7,  le  pansement  est  à  peine  taché,  et  la  petite  quantité  de  matière 
qui  a  coulé  a  une  odeur  fort  désagréable.  Une  membrane  hydatique  bouchait 
l'ouverture  du  foyer.  Une  sonde  en  gomme,  glissée  jusqu'au  fond  delà  poche, 
donne  issue  à  environ  50  grammes  de  pus  épais,  jaune-verdâtre,  très  odo- 
rant, et  à  quelques  débris  d'hydatides.  —  Injections  iodées. 

»  Du  7  au  10,  l'état  est  satisfaisant;  ni  frissons,  ni  fièvre,  ni  toux,  ni  dé- 
voiement.  Le  teint  semble  beaucoup  moins  jaune. 

»  Le  18,  nouvelle  injection  d'iode. 

»  Le  21,  une  hydatide  qui  bouchait  la  plaie  est  retirée  avec  les  doigts,  et 
il  s'écoule  immédiatement  un  flot  de  liquide  séro-purulent  légèrement  rous- 
sàtre,  mélangé  de  grumeaux  blancs,  et  d'une  odeur  épouvantablement  infecte. 
Le  malade  dit  avoir  rendu  quatre  ou  cinq  crachats  qui  avaient  un  goût  pro- 
noncé d'iode;  mais  il  ne  peut  montrer  ces  crachats,  qui  ont  été  jetés,  et  le 
phénomène  ne  se  reproduit  plus. 

»  Le  25,  même  état  général.  Hier  soir,  frisson.  Chaque  jour,  deux  ou  trois 
selles  trè*  fétides,  de  matières  semblables  à  celles  qui  sortent  de  la  plaie. 
Rien  de  changé  dans  les  phénomènes  d'auscultation  de  la  poitrine;  point  de 
râles,  point  de  toux    Pouls,  100  à  110. 

»  Du  25  novembre  au  10  décembre.  L'état  va  chaque  jour  s'aggravant, 
l'appétit,  se  perd,  l'amaigrissement  va  croissant.  Un  peu  de  fièvre  le  soir. 
Respiration  facile,  pas  de  toux.  Toujours  deux  ou  trois  selles  fétides  chaque 
jour.  Bouche  mauvaise;  langue  pâteuse,  quelquefois  un  peu  sèche. 

»  Le  1  0,  'e  malade  a  peine  à  se  remuer  dans  son  lit;  parole  difficile,  langue 
embarrassée,  douleur  sourde  et  continue  à  l'hypochondre  gauche. 

«  Le  12,  mort  à  trois  heures  après  midi. 

»  Autopsie.  —  Le  foie  est  rempli   de  kystes  hydatiques  nombreux,   une 


NATURELLES  OU  ADVENTIVES.    —  HYDATIDES.  599 

vingtaine  à  peu  près  dans  le  lobe  droit.  Parmi  ces  kystes,  les  uns  contien- 
nent du  liquide  et  des  poches  hydatides  plus  ou  moins  nombreuses,  les  autres 
sont  solides  et  n'offrent  autre  chose  que  des  membranes  minces,  les  unes 
transparentes,  les  autres  opaques,  imbriquées  les  unes  avec  les  autres,  et  pré- 
sentant la  coupe  transversale  d'un  bourgeon  ou  d'un  pavot  avant  le  dévelop- 
pement de  ses  pétales. 

»  Kyste  ponctionné.  Il  occupe  le  lobe  droit  du  foie,  et  contient  un  liquidé 
jaune  brunâtre,  floconneux ,  et  deux  hydatides  mortes.  Par  sa  partie  supé- 
rieure, il  communique  avec  un  autre  kyste,  occupant  presque  tout  le  lobe 
droit  du  foie,  et  qu'on  a  pu  suivre  jusque  dans  le  tissu  du  poumon  droit.  Ace 
niveau,  le  diaphragme  a  disparu,  et  le  tissu  du  poumon,  recouvert  d'une 
membrane  mince,  grisâtre,  baignée  de  pus,  formait  la  limite  de  la  poche 
(explication  du  goût  d'iode  et  des  crachats  iodés  notés  dans  l'observation).  » 

La  vésicule  biliaire  avait  disparu;  sa  place  était  occupée  par  quatre  kystes 
hydatiques  situés  à  la  face  inférieure  du  foie.  Deux  autres  kystes  existaient 
dans  le  grand  épiploon.  Un  autre  kyste  hydatique  de  la  grosseur  d'un  œuf 
de  pigeon  existait  dans  le  cul-de-sac  recto-vésical,  dans  le  tissu  cellulaire 
interposé  an  péritoine  et  à  la  tunique  musculaire  de  la  vessie  (1  ). 

V  ■ — Vigla.  —  Hydatide  intra-thoracique;  ponction,  injection  iodée;  gué- 
rison  (voy.  obs.  XLI). 

VI.  —  Velpeau.  — ■  Hydatide  de  la  paroi  thoracique  ;  injection  iodée  sans 
succès;  incision,  guérison  (voy.  obs.  CCXX). 

VII.  —  Larrey.  —  Hydatide  de  la  hanche;  injection  iodée  sans  succès, 
incision,  guérison  (voy.  obs.  CCXXXII). 

VIII .  —  Demarquay.  —  Hydatide  de  la  cuisse  ;  injection  iodée  sans  succès  -, 
incision,  guérison  (voy.  obs.  CCXXXV). 

2°  Injections  iodées  accessoires  au  traitement. 

Obs.  CCXCII  (Aran).  — ■  Kyste  hydatique  du  foie;  dix  ponctions  succes- 
sives avec  un  trocart  capillaire  ;  injection  iodée  après  la  dixième  ponc- 
tion. Guérison. 

IX.  —  «  Brandon  (Adolphe),  âgé  de  trente  et  un  ans,  moulineur,  entra 
le  1 1  août  4  852  dans  le  service  de  M.  Aran,  à  la  Pitié.  Il  souffrait  depuis 
deux  ans,  à  la  suite  d'une  chute  de  trente-deux  pieds  de  haut  sur  le  pavé,  et 
d'une  contusion  à  la  base  de  la  poitrine  du  côté  droit.  Lorsque  M.  Aran  put 
l'examiner,  il  se  plaignait  d'un  malaise  dans  la  partie  droite  de  la  poitrine  et 

(1)  Mesnet  et  Boinet,  Considérations  sur  les  kystes  hydatiques  du  foie,  suivies 
de  la  description  d'une  maladie  des  voies  biliaires  (Revue  médicale,  15  février  1853. 
Bull.  Soc.  chirurg.,  1852.  —  Boinet,  ouvr.  cit.,  p.  387.  —  Cadet  de  Gassicourt, 
thèse  cit.,  p.  76). 


GOO  AFFECTIONS  VERMIKEUSBS  Oi'S  CAVITÉS  fifililïtiSES 

d'une  gêne  dans  lu  respiration.  La  matité  du  foie  se  constatait  dans  une  han- 
teor  de  19  à  20  centimètres.  Cet  organe  dépassait  de  cinq  travers  de  doigt  les 
laisses  mies,  cl.  s'étendait  largement  dans  l'hypocliondre  gauche;  les  fausses 
côtes  droites  étaient  repousséesen  dehors,  et  une  voussure  très  marquée  se 
montrait  au-dessous  du  mamelon  droit  ;  on  ne  pouvait  point  trouver  de  fré- 
missement hydatique,  mais  il  existait  un  bruit  de  frottement  péritonéa). 

»  Une  première  ponction  exploratrice,  faito  le  1 7  août  avec  un  trocart  ca- 
pillaire portée  8  centimètres  de  profondeur,  laissa  couler  360  à  380  grammes 
d'un  liquide  transparent  et  clair  comme  de  l'eau  de  roche.  —  Le  lendemain, 
cet  homme  se  trouvait  bien  soulagé.  La  voussure  avait  beaucoup  diminué,  le 
foie  no  mesurait  plus  que  13  à  14  centimètres;  mais  au  bout  de  quatre 
jours,  de  la  douleur  reparut  au  niveau  du  mamelon.  —  Le  5  septembre,  nou- 
velle ponction  avec  une  issue  de  250  à  300  grammes  de  liquide  trouble  teint 
de  quelques  gouttes  de  sang  qui  se  coagule  par  la  chaleur,  soulagement  très 
grand,  diminution  de  la  voussure;  mais  le  déplacement  par  en  bas  n'a  point 
beaucoup  varié.  —  Le  20  septembre,  troisième  ponction;  sortie  de  100  à 
125  grammes  d'un  liquide  un  peu  trouble.  Quelque  temps  après,  il  se  mani- 
feste des  douleurs  profondes  dans  la  partie  antérieure  de  l'hypochondre  gau- 
che. M.  Aran,  pensant  à  un  second  kyste,  pratiqua  une  ponction  dans  le  lobe 
gauche  du  foie.  Cette  ponction  ne  donna  issue  qu'à  quelques  gouttes  de  sang 
d'un  beau  rouge,  elle  ne  fut  suivie  d'aucun  accident.  —  Le  1  8  octobre,  qua- 
trième ponction  dans  le  lobe  droit;  issue  de  125  grammes  d'un  liquide  un 
peu  trouble ,  séreux .  — Le  27  octobre,  cinquième  ponction;  sortie  de  750  grammes 
d'un  liquide  trouble,  jaune  rougeâtre,  paraissant  contenir  du  pus  et  des  ma- 
tières grasses.  Sixième  ponction  le  1 1  novembre.  La  canule  se  fausse  en  l'in- 
troduisant ;  il  ne  sort  que  60  grammes  d'un  liquide  trouble,  jaune  rougeâtre. 
—  Septième  ponction  le  20  novembre;  125  grammes  d'un  liquide  trouble, 
légèrement  sanguinolent  ;  les  matières  grasses  y  sont  plus  abondantes.  — 
Huitième  ponction  sans  résultat  le  10  décembre. —  Neuvième  ponction  le 
1  8  décembre.  Cette  fois,  par  des  efforts  énergiques  du  malade,  aidés  par  le  re- 
foulement des  organes  abdominaux,  on  parvient  à  retirer  400  grammes  d'un 
liquide  toujours  trouble,  un  peu  sanguinolent  et  chargé  de  matières  grasses. 

»  Dixièmeeidernière ponction  le  5  janvier  1  853  :  évacuation  de  250  grammes 
d'un  liquide  semblable  aux  précédents.  Cette  fois  M.  Aran  injecta  dans  l'in- 
térieur du  kyste  un  mélange  de  50  grammes  de  teinture  d'iode  et  autant  d'eau 
distillée  avec  addition  de  4  grammes  d'iodure  de  potassium.  Il  abandonna  le 
liquide  dans  le  kyste,  et  appliqua  un  bandage  serré  autour  de  l'abdomen  :  pas 
de  douleur  pendant  ni  après  l'injection.  Le  malade  éprouva  pendant  quarante- 
huit  heures  quelques  phénomènes  d'iodisme,  mais  au  bout  de  quatre  jours, 
tout  était  rentré  dans  le  calme.  L'iode  a  été  éliminé  peu  à  peu  par  la  salive 
et  les  urines. 

»  Toutes  ces  ponctions  ont  été  faites  avec  le  trocart  capillaire,  le  malade 
couché  sur  le  dos  et  préalablement  endormi  avec  le  chloroforme.  L'instrument 
était  plongé  obliquement  en  dehors  et  à  droite  de  l'épigastre,  puis  dirige  de 


NATURELLES  OU    ADVENT1VES.    —   HYDATIDES.  601 

haut  en  bas  et  de  gauche  à  droite,  à  une  profondeur  de  7  à  8  centimètres. 
»  La  première  ponction  avaitétésuivied'unegrande  diminution  dans  la  vous- 
sure et  dans  la  hauteur  de  la  matité  hépatique,  mais  la  modification  fut  peu 
marquée  après  les  deux  autres  ;  ce  fut  seulement  à  partir  de  la  quatrième  ponc- 
tion qu'on  put  constater  une  nouvelle  et  sensible  rétraction  du  foie  dans  le 
sens  vertical.  Après  l'injection  iodée,  et  lors  de  la  sortie  du  malade  de  l'hô- 
pital, le  4  0  mars,  le  foie  continuait  à  dépasser  le  rebord  des  fausses  côtes  de 
deux  et  demi  à  trois  travers  de  doigt.  Quoi  qu'il  en  soit,  à  partir  de  l'injection 
iodée,  cet  homme  a  cessé  entièrement  de  souffrir  dans  la  région  du  foie  ;  en 
même  temps,  les  forces  et  l'embonpoint  sont  devenus  des  plus  remarquables, 
et  le  malade,  gardé  jusqu'au  mois  de  mars  à  l'hôpital,  n'a  point  vu  la  guérison 
se  démentir  (1).  » 

Obs.  CCXCIII  (Robillier).  —  Kyste  hydatique  de  l'abdomen  ;  incision  ; 
injection  iodée.  Guérison. 

X.  —  «  Le  nommé  Bomelard,  marin,  âgé  de  trente-six  ans,  portait  depuis 
longtemps  une  tumeur  énorme  dans  la  région  ombilicale.  Elle  faisait  des  pro- 
grès rapides,  et  avait  déjà  70  centimètres  de  diamètre.  Percutée,  elle  offrait  un 
son  mat;  ses  alentours,  occupés  par  les  intestins,  étaient  sonores  ;  le  nombril 
était  effacé  ;  la  peau,  très  amincie  dans  cet  endroit,  menaçait  de  faire  rupture, 
et  cette  rupture  pouvait  avoir  lieu  dans  le  ventre.  Ces  considérations  me  déter- 
minèrent à  faire  la  ponction  avec  un  trocart  ;  il  en  sortit  une  grande  quantité 
de  sérosité  limpide.  Après  avoir  retiré  la  canule  du  trocart,  un  lambeau  du 
kyste  hydatique  se  présenta  à  l'ouverture,  je  l'agrandis,  et  je  pus  attirer  une 
grande  portion  du  kyste  semblable  à  des  fausses  membranes,  une  grande 
quantité  d'acéphalocystes  sortirent  pendant  plusieurs  jours  et  je  pus  extraire 
jusqu'à  la  dernière  portion  du  kyste  hydatique.  J'établis  alors  une  compression 
pour  rapprocher  les  parois  de  cette  tumeur  ;  je  fis  tous  les  jours  une  injection 
iodée,  et  peu  après  le  diamètre  de  la  tumeur  diminua.  Deux  mois  après  elle 
était  réduite  à  un  très  petit  volume,  et  l'ouverture  que  j'avais  entretenue  avec 
une  mèche  se  cicatrisa  ;  on  ne  sentait  dans  le  ventre  qu'un  peu  de  dureté  qui 
a  disparu  avec  le  temps.  Depuis,  ce  marin  se  porte  bien  et  a  fait  plusieurs 
voyages  en  mer  (2).  » 

Obs.  CCXCIV  (Robert).  —  Kyste  hydatique  du  foie;  applications  réité- 
rées de  potasse  caustique  ;  incision  de  l'eschare;  injection  de  teinture 
d'iode  nuisible.  Guérison? 

XI.  —  Un  garçon  boucher,  Léonard  Thérembe,  âgé  d'une  trentaine  d'an- 
nées, est  couché  au  n°  25  de  la  salle  Saint-Vincent-de-Paul,  à  l'hôpital 
Beaujon.  M.  Robert  constate  l'état  suivant  :  tuméfaction  uniforme  non  circon- 

(1)  D'Aran,  Mém.  cit. 

(2)  Robillier,  de  Dunkerque,  Hevue  médico-chirurgicale  de  Paris,  1851,  t.  X, 
p.  247,  et  Boiuet,  ouvr.  cit.,  p.  390. 


f)02  AFFECTIONS  «BRUINEUSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 
scrile  de  l'hypochondre  droit,  BUrtopl  au  niveau  des  dernières  vraies  côtes;  le 
foie  dépasse  de  3  centimètres  le  bord  des  dernières  fausses  côtes;  la  mutité 
de  la  région  hépatique  s'élond  verticalement  depuis  la  partie  moyenne  du  car- 
tilage  de  la  cinquième  côte  jusqu'à  une  ligne  horizontale  passant  à  G  centi- 
mètres au-dessus  de  l'ombilic Toutes  les  fonctions  sont  en  bon  état,  il  n'y 

a  pas  eu  et  il  n'y  a  pas  d'ictère. 

»  Une  ponction  exploratrice  avec  un  trocart  très  fin,  qui  ne  pénétra  tout 
au  plus  qu'à  3  centimètres  do  profondeur,  donna  lieu  à  l'évacuation  par  la 
canule  de  1  30  grammes  d'un  liquide  tout  à  fait  semblable  à  de  l'eau  et  d'une 
saveur  salée.  Cette  tentative  détermina  de  la  fièvre,  des  vomissements,  une  sen- 
sibilité exquise  du  ventre.  Il  fallut  faire  une  application  de  20  sangsues  et 
employer  pendant  quelques  jours  des  cataplasmes  émollients.  Lorsque  l'orage 
fut  cilmé,  un  morceau  de  potasse  caustique  fut  appliqué  sur  le  point  le  plus 
élevé  de  la  tumeur,  et  le  lendemain  leschare  ayant  été  fendue,  on  fit  une 
seconde  application  du  caustique  au  fond  de  l'incision.  A  trois  jours  d'inter- 
valle chaque  fois,  on  répéta,  quatre  fois  encore  et  de  la  même  manière,  l'em- 
ploi de  la  potasse  caustique.  A  partir  de  cette  sixième  application  de  la  po- 
tasse, les  accidents  deviennent  plus  sérieux,  la  tumeur  est  le  siège  d'une  dou- 
leur vive  et  constante  ;  elle  augmente  de  volume.  Il  y  a  de  l'insomnie,  de  la 
fièvre,  des  vomissements  fréquents.  Des  sangsues  à  l'épigastre  et  des  ven- 
touses scarifiées  aux  lombes  sont  nécessaires.  Malgré  ces  moyens  et  les  cata- 
plasmes, au  huitième  jour  depuis  la  dernière  application  du  caustique,  il  n'y 
a  pas  d'amélioration  L'hypochondre  continue  à  être  tendu  et  douloureux  ; 
fièvre,  nausées,  diarrhée.  Un  bistouri  est  enfoncé  dans  la  tumeur  à  travers 
leschare.  Il  s'écoule  par  jet  un  litre  d'une  sérosité  trouble,  jaunâtre,  extrê- 
mement fétide  et  sanguinolente.  La  tumeur  s'affaisse,  une  réaction  assez  vive 
a  lieu  ;  mais  le  malade  se  trouve  soulagé.  Chaque  jour,  à  travers  la  mèche 
qu'on  introduit  dans  la  plaie,  et  qu'on  recouvre  de  cataplasmes,  il  s'écoule 
une  sérosité  abondante  et  fétide  qui  mouille  les  pièces  d'appareil  et  le  lit. 
L'hypochondre  s'affaisse  de  plus  en  plus,  mais  l'état  général  du  sujet  est  mau- 
vais ;  il  y  a  des  sueurs  et  de  la  diarrhée.  On  met  une  sonde  en  gomme  élas- 
tique dans  le  kyste,  et  l'on  évacue  la  sérosité,  d'abord  transparente,  puis 
verdâtre,  enfin  semblable  à  de  la  bouillie  jaune.  On  injecte  plusieurs  fois  par 
jour  de  l'eau  tiède  dans  le  kyste,  et  on  lave  son  intérieur  à  grande  eau.  L'on 
panse  toujours  avec  la  mèche  les  cataplasmes  et  le  bandage  de  corps,  et  l'on 
donne  du  bouillon.  Les  accidents  généraux  diminuent,  la  fièvre  tombe. 

»  Jusque-là  il  n'avait  point  été  donné  issue  à  des  hydatides;  M.  Robert 
introduit  dans  le  kyste  une  sonde  assez  volumineuse  en  gomme  élastique,  et 
au  moyen  d'une  seringue  qui  y  est  adaptée,  il  pompe  le  liquide  contenu  dans 
la  poche.  Cette  manœuvre  fait  engager  dans  la  sonde  des  hydatides,  ce  que 
l'on  reconnaît,  au  défaut  d'aspiration  de  la  seringue.  On  relire  la  sonde  que 
l'on  vide,  et  l'on  recommence  à  plusieurs  reprises.  On  parvient  à  retirer  des 
vingtaines  d'hydatides  pendant  plusieurs  jours,  à  chaque  séance:  on  obtient 
même  la  sortie  d'une  membrane  opaque  blanche  et  molle,  grande  comme  la 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —  HYDATIDES.  603 

main.  L'on  continue  le  lavage  du  kyste  à  grande  eau  tiède.  Le  liquide  qui  sort, 
par  une  sonde  laissée  à  demeure  est  toujours  infecte.  Bientôt  le  kyste  revient 
sur  lui-même,  et  la  saillie  des  côtes  suit  son  retrait.  L'amélioration  de  l'état 
général  est  notable.  On  ajoute  un  peu  de  chlorure  de  sodium  et  de  décoction 
de  quinquina  à  l'injection.  Il  n'y  a  plus  de  douleurs;  l'appétit  et  le  sommeil 
renaissent.  Le  liquide  excrété  perd  chaque  jour  de  son  odeur;  il  change  de 
nature,  et  il  renferme  une  assez  grande  quantité  de  pus.  Le  malade  se  lève  et 
mange  avec  plaisir;  la  marche  est  favorable  à  l'évacuation  du  pus  qui  coule 
par  la  sonde.  La  tumeur  a  disparu,  et  les  côtes  sont  affaissées. 

»  Le  30  avril  1843,  trois  mois  juste  après  la  première  application  de  la 
potasse,  ce  malade  a  repris  ses  forces  et  son  embonpoint  ;  le  kyste  est 
affaissé,  la  sonde  est  inutile,  ainsi  que  les  injections;  on  les  supprime.  Il  ne 
reste  qu'un  trajet  fistuleux  qui  a  I  4  centimètres  de  profondeur  et  oblique  de 
bas  en  haut  et  de  gauche  à  droite,  trajet  par  lequel  il  s'écoule  une  petite 
quantité  de  pus.  Le  pansement  consiste  en  une  mèche  de  charpie  et  un  plu- 
masseau  de  cérat;  toutes  les  fonctions  se  font  bien. 

»  M.  Robert,  voyant,  au  bout  de  quarante  jours  ,  que  ce  trajet  fistuleux  ne 
faisait  aucun  pas  vers  la  guérison,  voulut  tenter  d'en  obtenir  l'oblitération  au 
moyen  d'une  injection  de  teinture  d'iode  fortement  étendue  d'eau.  Cette  ten- 
tative ne  fut  pas  heureuse.  L'inflammation  fut  vive,  la  fièvre  s'alluma,  une 
suppuration  sanguinolente  se  fit  jour  au  dehors,  et,  ce  qui  n'avait  pas  été  ob- 
servé depuis  le  commencement  de  la  maladie,  l'ictère  se  manifesta.  Il  fallut 
dix  jours  de  soins,  le  retour  aux  cataplasmes,  aux  injections  émollientes  et 
chlorurées  pour  ramener  le  malade  à  son  état  antérieur.  Ce  sujet  est  du  reste, 
en  ce  moment,  dans  un  état  général  parfait,  il  s'écoule  du  pus,  mais  en  petite 
quantité,  par  l'orifice  de  la  fistule.  —  Guérira-t-il  de  cette  incommodité? 
c'est  probable  ;  car,  quoique  cette  fistule  se  resserre  très  lentement,  elle  se 
resserre  néanmoins  (1).  » 

Obs.  CCXCV  (Demarquay).  —  Kyste  hydatique  du  foie;  trois  ponctions  capil- 
laires ;  suppura tion  du  kyste  ;  caustique  de  Vienne,  incision  de  feschare; 
injections  iodées  et  de  perchlorure  de  fer.  Guérison. 

XII.  —  Une  femme,  âgée  de  trente-quatre  ans,  était  souffrante  depuis  ud 
an;  parmi  d'autres  phénomènes,  elle  eut  des  épistaxis  très  abondantes.  De- 
puis quatre  mois,  elle  s'était  aperçue  de  l'existence  d'une  tumeur  dans  la 
région  du  foie.  Sa  constitution  ne  paraît  pas  détériorée  ;  la  tumeur  de  l'hypo- 
chondre  est  très  appréciable,  mais  mal  limitée;  son  point  culminant  est  au- 
dessous  du  rebord  des  fausses  côtes  et  au  dehors  du  bord  externe  du  muscle 
droit  de  l'abdomen.  La  fluctuation  est  manifeste,  mais  il  n'y  a  pas  de  frémis- 
sement. 

Le  6  juillet  (1  858),  ponction  exploratrice  au  point  culminant  de  la  tumeur, 

/\\)  Kyste  hydatique  du  foie  vidé  au  moyen  de  la  potasse  caustique  et  du  bistour 
(Bull.  gén.  de  thérap.  Paris,  1843,  t.  XXV,  p.  379). 


()0/|  AFFECTIONS  VERMINEUSES  OES   CAVITÉS  SÉKEUSES 

issue  (ii1  1  500  grammes  d'un  liquide  transparent,  d'une  saveur  salée  et  très 
albumineux.  Point  d'accidents.  —  Lo  26  juillet,  nouvelle  ponction  dans  la 
tumeur  qui  s'était  roproduite;  issue  do  1800  grammes  d'un  liquide  semblable 
au  premier.  A  la  suite,  frissons  erratiques,  fièvre,  altération  do  la  physionomie. 
—  Le  I  i  août,  troisième  ponction,  issue  de  1200  grammes  d'un  liquide  pu- 
rulent. 

Croyant  à  l'insuffisance  des  ponctions  capillaires,  on  se  détermine  à  ouvrir 
le  foyer  par  le  caustique  de  Vienne.  Trois  applications,  à  trois  jours  d'inter- 
valle, sont  faites  sur  une  surface  de  la  dimension  d'une  pièce  de  2  francs  et 
l'eschare  est  chaque  fois  excisée  à  son  centre.  Après  la  troisième  applica- 
tion, sans  que  le  kyste  soit  ouvert,  la  tuméfaction  disparait  presque  complè- 
tement; mais  elle  ne  tarde  pas  à  reparaître  et  avec  elle  les  phénomènes  gé- 
néraux qui  avaient  aussi  presque  complètement  cessé. 

Le  22  septembre,  une  ponction  est  faite  au  centre  de  l'eschare  avec  un 
bistouri  à  lame  étroite;  issue  de  2  000  grammes  d'un  pus  bien  lié  ;  injection 
iodée,  portée  a  l'intérieur  du  foyer  au  moyen  d'une  sonde  de  gomme  élastique. 
Quelques  jours  après,  apparition  de  phénomènes  graves  ,  fièvre,  diarrhée  colli- 
quative ,  amaigrissement  rapide,  sueurs  profuses,  etc.  —  Le  18  octobre, 
l'ouverture  est  agrandie  par  le  bistouri  ;  il  sort  du  pus,  des  fragments  mem- 
braneux, des  débris  d'hydatides.  Ecoulement  de  sang  abondant.  Une  injection 
au  perchlorure  de  fer  très  étendu  est  pratiquée  deux  jours  de  suite  ;  elle  est 
remplacée  ensuite  par  l'injection  iodée  pratiquée  deux  fois  par  jour. 

Le  12  novembre,  la  sonde  de  gomme  élastique  étant  maintenue  à  demeure 
pour  pratiquer  les  injections  iodées,  le  foyer  commence  à  se  rétrécir  d'une 
manière  appréciable  ;  il  diminue  de  jour  en  jour.  —  Le  26,  on  retire  la  sonde 
et  on  cesse  les  injections.  —  Le  20  janvier  1  859,  la  malade  est  dans  un  état 
très  satisfaisant  et  peut  être  considérée  comme  guérie  (1). 

Obs.   CCXCVI   (Dolbeau).   —  Kyste    hydalique  du   foie;  caustique   de 

Vienne;  ponction;  injection  iodée.  Mort.    —  Absence  d'adhérences; 

suppuration  du  kyste;  pus  dans  les  veines. 

XIII.  —  Il  s'agit  d'une  femme,   âgée  de  vingt-sept  ans,  qui  avait  dans 

l'hypochondre  droit  une  tumeur  s'étendant  depuis  la  troisième  côte  jusqu'au 

niveau  de  l'ombilic.  Respiration  pénible;  gêne  et  tension  dans  le  côté;  point 

de  douleur. 

Le  28  février  (1854)  application  du  caustique  de  Vienne  au-dessous  du 
rebord  des  côtes.  Seconde  application  le  4  mars. 

«  Le  20  avril  on  continue  les  applications  de  caustique.  La  malade  qui 
d:abord  allait  assez  bien,  présente  une  altération  notable  dans  sa  santé.  Des 
frissons  se  montrent  de  temps  en  temps.  Il  y  a  huit  jours,  M.  Nélaton  a 
plongé  une  aiguille  à  cataracte,  afin  de  juger  de  la  distance  séparant  le  kyste 
des  téguments  ;  cette  exploration  a  été  le  point  de  départ  des  accidents  : 

(1)  Demarquay,  Gazette  des  hôpitaux,  19  février  1859,  p.  82. 


NATURELLES   OU   ADVENTIVES.    —  HYMTIDES.  605 

dyspnée,  douleurs  épigastriques,  vomissements,  pouls  très  fréquent,  petit, 
irrégulier.  On  diagnostique  une  péritonite  de  la  surface  diaphragmatique. 
(Vésicatoires,  onctions  mercurielles.)  —  Le  23,  on  a  fait  une  ponction  à 
travers  l'eschare  et  elle  a  donné  issue  à  2  litres  4  2  cent,  d'un  liquide  un  peu 
louche,  renfermant  des  pellicules  blanchâtres  et  d'une  odeur  très  fétide.  — 
Le  25,  la  ponction  n'a  déterminé  aucun  accident;  le  pouls  est  un  peu  moins 
fréquent,  mais  la  matité  remonte  toujours  jusqu'à  la  troisième  côte. — Le  27, 
la  canule  a  été  laissée  en  place,  ce  qui  permet  de  faire  écouler  le  liquide  ; 
celui-ci  est  plus  épais,  plus  fétide,  plus  jaune  que  la  première  fois.  Du  reste 
la  voie  n'est  pas  bien  établie  ;  la  canule  est  trop  fine  et  l'écoulement  se  fait 
mal.  Injection  iodée.  —  Le  30,  l'injection  n'a  pu  être  évacuée;  la  canule  est 
sortie.  Une  nouvelle  ponction  ne  donne  pas  issue  au  liquide  du  kyste.  —  Le 
3  mai,  la  malade  qui  semblait  mieux  a  été  prise  de  nouveaux  accidents;  elle 
se  plaint  de  douleurs  à  la  gorge,  avec  sécheresse  extrême  ;  elle  ne  peut  rien 
avaler.  —  Le  6,  l'état  général  est  plus  grave.  —  Le  7,  la  malade  suc- 
combe. » 

Autopsie.  En  aucun  point  de  la  paroi  abdominale  on  ne  trouve  d'adhé- 
rences; il  y  a  seulement  quelques  brides  très  faibles  au  niveau  des  piqûres.  Il 
y  a  des  traces  d'une  péritonite  à  la  face  inférieure  du  diaphragme,  qui  est 
adhérente  à  la  tumeur,  l'épiploon  qui  était  plissé  au-devant  de  la  tumeur  a 
été  traversé  par  le  trocart.  Un  kyste  situé  dans  le  foie,  remplit  les  deux  hy- 
pochondres,  il  refoule  le  diaphragme  et  atteint  la  troisième  côte  à  droite,  la 
quatrième  à  gauche  ;  il  renferme  plus  de  trois  litres  de  sérosité  purulente  et 
des  hydatides. 

Dans  le  voisinage  du  kyste,  la  dissection  attentive  a  montré  la  présence 
du  pus  dans  quelques  ramifications  des  veines  sus-hépatiques,  une  com- 
munication entre  ces  veines,  et  la  surface  interne  du  kyste  a  été  vainement 
cherchée  (1). 

XIV.  —  Laboulbène.  — Kyste  hydatique  du  foie;  ouverture  par  la  potasse 
caustique  ;  une  injection  iodée,  sans  modification  des  phénomènes  ;  injections 
chlorurées,  etc.  (voy.  obs.  CCXXXIII). 

En  résumé,  sur  les  quatorze  cas,  huit  fois  l'injection  a  été  prati- 
quée comme  moyen  principal  de  traitement.  — 'Parmi  ces  huit  cas, 
quatre  fois  la  guérison  peut  être  attribuée  à  l'injection  iodée  (n°  I, 
II,  III,  V).  —  Trois  fois  l'injection  est  restée  sans  succès  et  l'inci- 
sion a  été  pratiquée  (n°  VI,  VII,  VIII).  — 'Une  fois  la  mort  en  a  été 
la  suite;  cependant  elle  ne  peut  être  attribuée  au  traitement  (n°  IV). 

Dans  les  six  cas  où.  les  injections  ont  été  pratiquées  accessoire- 
ment, deux  fois  elles  l'ont  été  après  des  ponctions  successives  ,  une 
fois  après  l'incision  de  la  tumeur,  trois  fois  après  l'application   des 

(1)  Dolbeau,  thèse  cit.,  obs.  i,  p.  25. 


C0()  AFFECTIONS    VEHMUNEUSES    DES   CAVITES  SÉREUSES 

Caustiques.  —  Trois  fois,  elles  ont  paru  utiles  (n°  IX,  X,  XII);  une 
fois  elle  a  causé  des  accidents  (n"  XI).  —  Une  fois  la  mort  est  sui 
venue  (n°  XI11). 

B.  —  Injections  alcooliques. 

Les  injections  alcooliques  ont  été  pratiquées  par  M.  Jobert  dans 
des  cavités  séreuses  et  dans  des  kystes.  Nous  avons  rapporté  un  cas 
de  tumeur  hydatique  du  foie  (obs.  CCLXXXII),  dans  lequel,  après 
avoir  appliqué  la  potasse  caustique  et  incisé  l'eschare,  le  savant 
chirurgien  fit  dans  le  kyste  des  injections  d'eau  distillée  et  d'alcool  ; 
le  malade  guérit. 

Dans  un  cas  semblable,  M.  Richard  injecta  de  l'alcool,  sans  mé- 
lange d'eau;  cette  pratique  peut  avoir  pour  effet  immédiat  de  tuer 
l'hydatide  et  de  déterminer  sa  résorption.  Voici  le  fait  : 

Obs.  CCXCVII  (Richard).  —  Kyste  du  foie,  applications  de  caustique  de 
Vienne;  guérison  prompte.  — Second  kyste  du  foie  ;  ponction,  injection 
d'alcool.  Guérison. 

«  Madame  M.,  âgée  de  quarante  ans,  pleine  de  force  et  de  santé,  avant  ces 
deux  dernières  années,  fut  opérée  en  août  1853  à  l'hôpital  Saint-Louis  d'une 
énorme  poche  hydatique  du  lobe  droit  du  foie,  l'opération  consista  en  applica- 
tion coup  sur  coup  de  caustique  de  Vienne  sur  le  centre  de  l'hypochondre 
droit,  jusqu'à  ouverture  du  kyste.  Celle-ci  eut  lieu  leseplièmejour;il  s'échappa 
trois  litres  et  demi  de  pus  fétide  contenant  un  nombre  considérable  de  poches 
acéphalocystes  de  tous  les  volumes,  dans  lesquelles  les  échinocoques,  bien  que 
morts  depuis  longtemps,  furent  observés  et  décrits.  La  malade  se  rétablit  très 
promptement.  conservant  néanmoins  la  plaie  fîstuleuse  pendant  cinq  mois. 

»  La  région  supérieure  du  ventre,  en  s'affaissant,  nous  laissa  découvrir 
dans  le  lobe  gauche  une  autre  poche  hydatique  d'un  petit  volume. 

>  Après  six  mois  cette  tumeur  avait  fait  des  progrès  jelleélait  facile  à  limiter 
dans  tous  les  sens,  sauf  en  haut,  où  elle  se  perdait  dans  la  masse  hépatique, 
du  volume  de  la  tête  d  un  jeune  enfant,  très  fluctuante,  indolore. 

»  Le  <I4  novembre  1854,  le  trocart  explorateur  fut  enfoncé  au  centre  de 
la  tumeur  correspondant  à  deux  travers  de  doigt  au-dessous  du  point  le  plus 
inférieur  du  rebord  cartilagineux  costal  gauche.  11  s'écoule  970  grammes  d'un 
liquide  louche.  La  poche  fut  vidée  très  exactement,  et,  à  mesure  que  les 
parois  s'en  affaissaient,  la  malade  accusait  une  douleur  croissante,  mais  sup- 
portable. Sans  désemparer,  je  poussai  dans  la  poche  huit  grammes  d'alcool 
à  36°  (aréomètre  Baume)  ;  puis,  les  y  abandonnant,  je  retirai  rapidement  la 
canule.  Le  liquide  irritant  provoqua  une  souffrance  vive,  qui,  au  bout  de  cinq 
minutes,  finit  par  s'éteindre  presque  entièrement,  le  soir  elle  était  très  bien, 
la  face  un  peu  rouge  et  amincie,  la  peau  moite,  sans  fièvre  (86  pulsations)  ; 
point  de  douleur  dans  le  lieu  qu'occupait  la  tumeur. 


iNATUKKLLES   OU    ADVENIVES.    —   HÏDAT1DES.  607 

»  Le  1  5  novembre,  nuit  sans  sommeil  ;  la  palpation  ne  constate  aucune 
saillie  anormale. 

»  Le  1 6,  la  tumeur  commence  à  reparaître  et  offre  à  peu  près  la  moitié  de 
son  volume  primitif;  elle  esta  peine  douloureuse,  douleurs  dans  les  orteils  des 
deux  pieds,  pouls  80,  appétit  conservé. 

»  La  nuit  du  17  au  4  8  (trois  jours  et  demi  après  l'opération),  vomisse- 
ments aqueux  très  pénibles,  accès  de  toux  quinteuse  ;  perte  d'appétit,  point 
de  fièvre.  Le  18,  amélioration. 

»  Le  19,  nouveaux  vomissements  (grand  bain  prolongé,  limonade  au  citrate 
de  magnésie).  Le  20,  sentiment  de  mieux,  apparition  d'un  ictère. 

»  Le  22  (grand  bain)  amélioration  marquée,  sommeil  ordinaire  ;  la  malade 
reprend  ses  occupations;  la  jaunisse  disparaît  en  cinq  jours. 

»  A  cette  époque,  la  tumeur  avait  repris  tout  son  développement.  C'est  à 
dater  du  commencement  de  décembre  qu'il  est  possible  d'apprécier  la  dimi- 
nution. Celle-ci  dès  lors  marche  si  promptement,  qu'après  dix  jours,  il  ne 
reste  plus  de  traces  sensibles  du  kyste  opéré. 

»  Trois  mois  après,  vers  le  milieu  de  mars,  il  est  impossible  de  retrouver 
aucun  vestige  de  la  tumeur  (1  ).  » 

C.  —  Injections  de  bile. 

Les  injections  de  bile  à  l'intérieur  des  kystes  hydatiques  ont  été 
récemment  proposées  d'après  deux  considérations  différentes: 

1°  Dans  la  pensée  que  le  contact  de  la  bile  tue  les  hydatides, 
M.  Leudet  proposa,  en  1853,  de  déterminer  l'afflux  de  ce  liquide 
dans  les  poches  hydatiques  du  foie,  en  déchirant  leurs  parois  avec 
une  aiguille  (2). 

2°  M.  Cadet  de  Gassicourt  remarqua,  chez  un  malade  traité  par 
les  injections  iodées  (voy.  obs.  CCLXXXIX),  que,  la  bile,  à  deux 
reprises,  ayant  coulé  abondamment  dans  le  foyer,  à  deux  reprises  le 
pus  disparut.  11  conclut  donc  de  ce  fait  que  la  bile  peut  avoir  une 
action  antiseptique  et  rappelé ,  à  ce  propos,  la  proposition  de 
M.  Leudet  (3). 

D'après  les  considérations  qui  précèdent ,  M  Dolbeau  appela 
l'attention  sur  les  injections  de  bile,  comme  moyen  de  traitement 
des  tumeurs  hydatiques  (4).  Cette  opération  fut  pratiquée  l'année 
suivante  par  M.  Voisin  :  les  injections  de  bile  ne  provoquèrent  au- 
cune douleur  ;  il  ne  se  manifesta  aucun  phénomène  d'infection  pu- 

(1)  Adolphe  Richard,  Bull.  gén.  de  thérap  ,  1855,  t.  XLVI1I,  p.  414. 

(2)  Leudei,  Bull.  Soc.  anat.  Paris,  1853,  ann.  XXVIII,  p.  185. 

(3)  Cadet  de  Gassicourt,  thèse  cil.,  p.   14. 

(4)  Dolbau,  thèse  cit.,  p.  24. 


Ô08  AHFJÎCTIONS   VI4UM1M1SUSES  DES  CAVITÉS  SfiRELSi:S 

tride  ;  le  malade  succomba  à  une  affection  qui  parut  étrangère  à  la 
tumeur  hydatique.  A  l'autopsie,  la  surface  interne  du  kyste  était 
lisse  et  de  très  bon  aspect  ;  sa  capacité  était  considérablement  ré- 
duite. 

Malgré  la  terminaison  fatale.de  la  maladie,  les  injections  de  bile 
ont  eu  sur  la  tumeur  hydatique  une  action  curative  très  réelle  ;  la 
propriété  antiseptique  de  ce  liquide  a  été  surtout  manifeste.  11  y  a 
déjà  longtemps  que  M.  Claude  Bernard  a  reconnu  que  la  bile  est 
douée  de  propriétés  antiputrides  ;  il  est  donc  à  espérer  qu'on  trou- 
vera dans  l'emploi  de  ce  liquide  un  moyen  efficace  d'empêcher  la 
putréfaction  îles  matières  de  la  tumeur  hydatique  et  l'infection  con- 
sécutive de  l'économie. 

Obs.  CCXCVIII  (Adg.  Voisin).  —  Kyste  hydatique  du  foie;  caustique  de 
Vienne,  ponction  à  travers  l'eschare,  injection  de  bile;  pneumonie. 
Mort. 

Il  s'agit  d'une  femme  âgée  de  cinquante-trois  ans  ;  atteinte,  il  y  a  quatre 
ans,  d'ictère  et  de  douleurs  dans  l'hypochondre  droit  ;  plus  tard  d'hématuries. 
Tuméfaction  du  côté  droit  du  thorax  ;  espaces  intercostaux  plus  élargis  qu'à 
gauche  ;  point  de  frémissement  hydatique,  mais  fluctuation  manifeste  ;  ma- 
tité  commençant  à  la  quatrième  côte  et  finissant  à  deux  travers  de  doigt  au- 
dessous  du  rebord  des  fausses  côtes  droites.  —  Diagnostic:  kyste  hydatique 
de  la  surface  convexe  du  foie. 

«  Le  17  janvier  1857,  application  du  caustique  de  Vienne  dans  l'espace 
intercostal  de  la  huitième  et  de  la  neuvième  côte. 

»  Le  19,  ponction  avec  un  trocart  explorateur  dans  le  milieu  de  l'eschare, 
sortie  d'un  liquide  tout  à  fait  transparent  comme  de  l'eau  claire.  Dans  le 
liquide  sont  contenus  de  petits  grains  blancs  qui  ont  été  examinés  trop  tard 
au  microscope.  Le  soir,  la  malade  est  prise  de  vomissements;  la  dyspnée  est 
plus  grande. 

»  Le  22,  l'état  est  satisfaisant.  Nous  faisons  par  le  milieu  de  l'eschare  une 
ponction  avec  un  gros  trocart  à  canule  assez  longue.  Nous  recueillons  deux 
litres  d'un  liquide  séreux,  mais  bien  différent  du  liquide  recueilli  par  la  ponc- 
tion exploratrice  en  ce  qu'il  est  teint  de  sang.  Le  liquide  sort  en  jet,  le  jet  est 
projeté  plus  loin  pendant  les  mouvements  d'expiration  et  la  toux.  Pendant 
l'inspiration,  le  liquide  coule  d'abord  moins  fort,  puis  cesse  de  couler.  Il  se 
fait  alors  une  sorte  d'aspiration,  et  on  entend  l'air  pénétrer  dans  la  cavité 
kystique.  Aussitôt  la  sortie  du  liquide,  la  malade  se  dit  soulagée.  Nous  injec- 
tons dans  la  poche  de  la  bile  de  bœuf.  Nous  n'employons  que  la  quantité  de 
bile  contenue  dans  une  vésicule  biliaire.  La  présence  de  la  bile  dans  la  poche 
hépatique  ne  provoque  chez  la  malade  aucune  douleur.  Nous  laissons  la  plus 
grande  quantité  du  liquide  dans  le  kyste;  nous  laissons  la  canule  en  place  et 


NATURELLES   OU    ADVENT1VES.    —   HYOATIUES.  609 

nous  bouchons  son  orifice,  en  la  maintenant,  au  moyen  d'un  fil  enroulé  autour 
du  thorax  et  d'une  ceinture  de  diachylon. 

»  Le  23.  Quelques  douleurs  dans  la  portion  sous-xiphoïdienne  de  la  tu- 
meur; <M2  pulsations   Injection  de  bile. 

»  Le  24.  Le  murmure  respiratoire  s'étend  en  arrière,  à  partir  de  la  sep- 
tième côte.  Le  liquide  qui  sort  du  kyste  après  vingt-quatre  heures  a  une 
odeur  fade,  non  fétide,  et  ne  contient  pas  de  trace  de  pus.  Injection  de 
bile. 

»  Le  23.  Etat  satisfaisant.  Injection  de  bile. 

»  Le  26.  La  percussion  du  thorax  en  arrière  permet  de  reconnaître  que  la 
sonorité  est  normale  jusqu'à  la  dixième  côte.  Pouls  à  100  pulsations.  Peau 
fraîche.  La  malade  ne  souffre  que  de  son  eschare.  Elle  reprend  de  l'appétit.  Le 
liquide  que  nous  recueillons  après  vingt-quatre  heures  a  une  odeur  fade,  très 
supportable,  ne  contient  pas  de  gaz  et  est  légèrement  trouble.  Injection  de 
bile.  Le  27.  Injection  de  bile. 

»  Le  28.  Ce  liquide  manquant  aujourd'hui,  nous  injectons  de  l'eau  tiède. 

»  Le  29.  Diarrhée.  Le  liquide  qui  sort  du  kyste  a  une  odeur  très  fétide. 
Nous  injectons  de  la  bile  matin  et  soir.  Le  liquide  que  nous  recueillons  le  soir 
a  très  peu  d'odeur. 

»  Le  30.  Le  liquide  du  kyste  a  peu  d'odeur.  Injection  de  bile. 

■»  Le  4er  février.  Le  liquide  contient  beaucoup  de  pus  ,  il  est  jaunâtre  et 
continue  à  avoir  une  odeur  exempte  de  fétidité.  La  diarrhée  qui  continue  pa- 
raît affaiblir  la  malade.  (Lavement  au  ratanhia,  4  grammes  ;  potion  avec  ex- 
trait de  ratanhia,  4  grammes.  Décoction  blanche.  Injection  de  bile.) 

»  Jusqu'au  4  8  février,  même  traitement,  consistant  en  injections  de  bile, 
en  astringents  et  calmants  contre  la  diarrhée.  Ce  jour  les  accidents  que  nous 
avions  constatés  dans  le  poumon  gauche  s'aggravent  ;  nous  y  entendons  du 
souffle  de  pneumonie. 

»  Depuis  dix  jours  il  sort  par  la  canule  des  flocons  jaunâtres,  des  débris  de 
membranes  qui  s'opposent  souvent  à  la  sortie  du  liquide. 

»  Le  24.  Les  accidents  pulmonaires  se  sont  aggravés,  malgré  deux  vési- 
catoires  et  le  traitement  stibié.  Les  lèvres  deviennent  violacées,  et  cependant 
le  liquide  qui  sort  du  kyste  a  encore  bonne  apparence  :  couleur  jaunâtre  ; 
odeur  fade,  non  fétide.  Le  traitement  est  continué. 

»  Le  26.  La  malade  meurt. 

»  Autopsie.  —  Le  foie  descend  jusqu'au  niveau  d'une  ligne  transversale 
passant  par  l'ombilic.  On  aperçoit,  débordant  son  bord  inférieur,  la  vésicule 
biliaire  distendue  par  la  bile.  Le  foie  occupe  les  deux  hypochondres.  Il  a  l'as- 
pect d'un  foie  hypertrophié.  Entre  la  paroi  costale  et  la  surface  du  foie  exis- 
tent, au  niveau  de  l'espace  qui  sépare  la  huitième  de  la  neuvième  côte,  des 
adhérences  très  résistantes.  Le  trajet  fistuleux  qui  faisait  communiquer  le 
kyste  avec  l'extérieur  est  parfaitement  organisé.  Le  kyste  remonte  jusqu'à  la 
sixième  côte.  Le  diaphragme  coiffe  en  tous  points  la  tumeur.  Il  est  adhérent  à 
la  membrane  extérieure  du  kyste;  mais,  malgré  son  adhérence,  en  appa- 

Dayaine.  59 


010  AFFECTIONS   YKRM1NEUSES   DBS   CAVITÉS   SÉBEU8ES 

renco  intime,  il  est  facile  de  les  isoler  l'un  do  l'autre.  Dans  son  ensemble,  le 

kyste  a  l'aspect  d'une  poche  incomplètement  distendue. 

»  Après  avoir  agrandi  l'ouverture  fistuleuse  et  avoir  vidé  la  tumeur,  nous 
l'avons  remplie  d'eau,  et  nous  avons  pu  y  introduire  tout  au  plus  trois  quarts 
de  litre.  Nous  avons  ensuite  ouvert  entièrement  la  poche;  nous  y  avons 
trouvé  une  membrane  acéphalocyste  mère,  encore  à  peu  près  entière,  mais 
ramollie,  prête  à  se  diviser  en  lambeaux.  Cette  membrane  est  uniloculaire.  La 
surface  interne  du  kyste,  celle  qui  est  en  rapport  avec  l'acéphalocysle,  est 
lisse  et  ne  présente  pas  ces  plaques  épaisses  que  l'on  trouve  à  la  suite  des 
injections  iodées.  Dans  la  vésicule  biliaire  existent  quelques  calculs.  Pneu- 
monie à  l'état  d'hépatisation  rouge  dans  le  poumon  gauche  ;  ulcérations  dans 
le  duodénum  et  l'intestin  grêle.  Rien  dans  les  autres  organes  (1).  » 

Article  III.  —  h' extirpation  des  kystes  hydatiques  situés  super- 
ficiellement était  pratiquée  à  l'époque  où  l'on  ne  connaissait  pas  la 
nature  des  produits  renfermés  dans  ces  kystes;  elle  l'a  été  encore 
dans  des  temps  plus  rapprochés  de  nous,  par  suite  d'erreur  dans  le 
diagnostic. 

Les  observations  CCVII,  CCXVII,  CCXVIII,  CCXXI  se  rap- 
portent à  des  kystes  hydatiques  enlevés  par  le  bistouri  ;  dans  l'ob- 
servation CCXV  l'extirpation  a  été  inutilement  tentée  et  l'incision 
a  suffi  à  la  guérison  ;  dans  les  observations  CCV  et  CCXXXI  une 
portion  du  kyste  seulement  a  été  excisée.  Dans  les  observations 
CCXIV,  CCXVI,  on  a  obtenu  l'exfoliation  du  kyste  par  l'applica- 
tion de  divers  caustiques.  Tous  ces  cas  ont  guéri;  mais  l'évacuation 
complète  des  hydatides  suffisant  à  la  guérison  de  la  tumeur,  il  est 
évident  que  l'incision  simple  du  kyste  devra  toujours  être  préférée 
dans  les  cas  où  l'extirpation  serait  praticable. 

Lorsque  les  hydatides  ont  leur  siège  dans  un  os,  l'extirpation 
peut  bien  être  la  seule  ressource  du  chirurgien. 

Article  IV.  —  Traitement  consécutif.  —  Après  l'ouverture  de 
la  tumeur,  il  importe  d'empêcher  le  séjour  de  l'air  dans  la  cavité  du 
kyste,  de  s'opposer  à  la  putréfaction  des  matières  qui  n'ont  point 
été  évacuées  et  de  prévenir  les  conséquences  de  leur  résorption. 

Deux  conditions  sont  nécessaires  pour  obtenir  ce  résultat  :  la  pre- 
mière, c'est  de  procurer  aux  matières  une  issue  facile.  Si  le  kyste  ne 
contient  qu'un  liquide  limpide,  l'ouverture  primitive,  fût-elle  capil- 

(1)  Auguste  Voisin,  Kyste  uniloculaire  de  la  surface  convexe  du  foie;  traite- 
ment far  les  injections  de  bile  [Bull.  Soc.  anat. Paris,  4857,  ann.  XXXIl,  p.  132). 


NATURELLES  OD   ADVENTIVES.    —  HYDATIDES.  611 

laire,  peut  suffire;  mais,  si  les  parois  sont  dures,  crétacées,  si  les 
matières  sont  devenues  athéromateuses,  l'ouverture  doit  être  rendue 
suffisante  pour  en  procurer  l'évacuation.  Dans  l'observation  CCXCV, 
nous  avons  vu  des  phénomènes  graves,  la  fièvre,  la  diarrhée  colli- 
quative,  les  sueurs  profuses,  etc.,  disparaître  bientôt  après  que  l'ou- 
verture eût  été  agrandie  ;  dans  l'observation  CCXCVI,  qui  n'est 
pas  sans  analogie  avec  la  précédente,  les  phénomènes  graves  ont 
persisté,  et  sans  doute,  comme  l'a  reconnu  l'observateur  lui-même, 
par  l'insuffisance  de  l'ouverture  du  kyste. 

La  sortie  des  matières  pourrait  encore  être  favorisée  par  des  la- 
vages à  grande  eau  ou  par  aspiration,  comme  M.  Robert  l'a  fait 
avec  succès  (obs.  CCXCIV). 

La  seconde  condition  serait  de  substituer  un  liquide  antiseptique 
aux  matières  putrescibles  contenues  dans  le  kyste.  Dans  ce  but, 
Récamier'  maintenait  sa  cavité  remplie  par  un  liquide  émollient 
d'abord,  puis  détersif,  enfin  tonique  et  légèrement  stimulant.  La 
décoction  d'orge,  de  guimauve,  l'eau  tiède,  la  décoction  de  quinquina 
(obs.  CCLXXIX,  CCLXXX,  CCLXXXI,  CCXCIV),  le  vin,  l'eau, 
alcoolisée  (obs.  CCXXVI ,  CCLXXXII)  ,  l'eau  chlorurée  (obs. 
CCLXXXIII,  CCLXXXIX)  ont  été  employés  dans  plusieurs  cas. 
La  bile  a  été  employée  de  même  (obs.  CCXCVIII)  et  si  ses  pro- 
priétés antiseptiques  se  confirment,  elle  offrira  sans  doute  le  moyen 
le  plus  précieux  dans  le  traitement  des  kystes  athéromateux. 

Quant  aux  injections  iodées,  si  l'on  ne  peut  leur  contester  une 
action  curative,  on  peut  leur  contester  une  action  antiseptique.  Nous 
avons  vu  dans  plusieurs  observations,  que  les  matières  contenues 
dans  le  kyste  avaient  une  odeur  infecte,  malgré  les  injections 
iodées  (obs.  CCLXXXIII,  CCXCI). 

L'injection  d'une  solution  de  perchlorure  de  fer  paraît  avoir  été 
utile  dans  un  cas  d'hémorrhagie  interne  du  kyste  ?  (obs.  CCXCV). 

Article  V.  —  Indications  des  méthodes  et  des  procèdes  chirurgi- 
caux. —  On  croyait,  naguère  encore,  que  l'ouverture  d'un  kyste 
hydatique  situé  dans  un  organe  interne,  et  particulièrement  dans  le 
foie,  amène  toujours  la  mort  du  malade  ;  aujourd'hui  que  cette  opi- 
nion n'est  plus  admissible,  quelques  médecins  se  demandent  si,  en 
présence  d'une  tumeur  hydatique  qui  n'occasionne  aucun  phénomène 
grave,  aucune  gêne  à  l'individu  qui  la  porte,  il  n'est  pas  préférable 
d'abandonner  le  mal  à  lui-même,  plutôt  que  d'entreprendre,  pour  le 
guérir,  une  opération  grave  et  qui  peut  devenir  mortelle.  On  dit,  en 


G12  AFFECTIONS   VERMINEUSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

faveur  de  l'expectation,  que  le  malade  vivra  peut-être  avec  sa  tu- 
meur dix,  quinze  et  vingt  ans,  et  que  le  terme  naturel  de  son  exis- 
tence pourra  arriver  avant  que  la  tumeur  n'ait  eu  aucun  effet  lâcheux. 
I!  est  vrai  qu'on  risque,  par  une  opération,  d'abréger  les  jours  du 
malade;  mais  on  ne  doit  point  compter  sur  dix,  quinze  ou  vingt  ans 
d'existence  pour  les  individus  chez  lesquels  une  tumeur  hydatique 
interne  est  reconnaissable.  Cette  longue  durée  de  la  maladie  est 
exceptionnelle.  Si  l'on  prend  la  moyenne  de  la  vie  dans  les  cas  de 
ces  tumeurs  devenues  apparentes  et  dont  le  diagnostic  est  possible, 
c'est  de  quinze  mois  à  quatre  ans,  au  plus,  qu'il  faudra  fixer  les 
limites  de  l'existence  du  malade  ;  d'un  autre  côté,  il  est  facile  de  re- 
connaître que  plus  un^  tumeur  de  cette  nature  est  ancienne,  plus  le 
succès  du  traitement  devient  incertain  et  que  le  danger  de  l'opéra- 
tion est  incomparablement  plus  grand,  lorsque  les  parois  du  kyste  ont 
perdu  leur  élasticité  et  sont  devenues  cartilagineuses  ou  osseuses, 
lorsque  sa  cavité  s'est  remplie  d'une  substance  athéromateuse,  enfin 
lorsque  les  organes  comprimés  sont  devenus  impropres  à  remplir 
leurs  fonctions.  En  outre,  l'individu  qui  porte  une  tumeur  hydatique 
dans  le  thorax  ou  dans  l'abdomen  est  exposé  au  danger  de  la  rup- 
ture de  cette  tumeur,  soit  par  un  effort,  soit  par  quelque  violence  ex- 
térieure, soit  par  les  progrès  mêmes  du  mal,  au  danger,  toujours  im- 
minent, de  l'inflammation  grave  d'un  organe  important,  ou  d'une 
grande  cavité  séreuse.  Nous  croyons  donc  que,  si  l'opération  est 
praticable,  il  faut  opérer  les  tumeurs  hydatiques  dès  qu'on  a  pu  les 
reconnaître;  toutefois,  lorsque  la  tumeur  a  cessé  depuis  longtemps  de 
s'accroître,  ou  lorsque  son  volume  paraîtra  diminuer  spontanément, 
il  ne  faudra  pas  se  hâter  de  pratiquer  une  opération  qui  pourrait  en- 
traver sa  guérison  spontanée. 

L'état  de  la  tumeur,  sa  situation  et  ses  rapports,  l'état  des  or- 
ganes voisins  dirigeront  le  médecin  dans  le  choix  de  la  méthode  ou 
du  procédé  opératoire  : 

1°  Lorsque  le  kyste  contient  un  liquide  limpide,  que  ses  parois 
sont  milices,  souples  et  élastiques,  la  ponction  simple  évacuera  com- 
plètement le  liquide,  si  l'hydatide  est  unique,  et  la  guérison  pourra 
être  ainsi  obtenue.  Les  ponctions  successives,  lorsque  la  tumeur  est 
très  volumineuse,  seraient  également  indiquées.  Si  les  hydatides  sont 
multiples,  la  ponction  simple  serait  probablement  insuffisante;  alors 
l'injection  d'alcool,  de  teinture  d'iode,  en  déterminant  la  mort  des 
vésicules,  déterminera  peut  êtie  aussi  la  guérison. 


NATURELLES   OU  ADVENU  VES.    —   HYDATIDES.  613 

On  pourra  présumer  que  l'hydatide  est  solitaire  d'après  la  quan- 
tité relative  du  liquide  évacué. 

2°  Si  la  tumeur  renferme  une  matière  épaisse,  athéromateuse,  de 
nombreux  restes  d'hydatides,  si  les  parois  sont  dures,  cartilagineuses 
ou  osseuses,  il  sera  indiqué  de  fournir  aux  matières  une  issue  large 
et  facile  ;  alors  la  ponction  avec  un  trocart  volumineux,  l'incision  ou 
la  cautérisation  par  le  caustique  de  Vienne  devront  être  préférable- 
ment  employés. 

L'aspiration  à  l'aide  d'une  seringue,  les  lavages  à  grande  eau, 
les  injections  iodées  ou  mieux  sans  doute  celle  de  bile  devront  con- 
stituer les  soins  consécutifs. 

On  pourra  présumer  qu'un  kyste  hydatique  a  subi  des  transfor- 
mations et  que  son  contenu  est  devenu  athéromateux  d'après  l'âge 
de  la  tumeur,  peut-être  aussi  d'après  celui  du  malade,  la  transforma- 
tion crétacée  paraissant  plus  fréquente  chez  les  vieillards  ;  la  ponc- 
tion exploratrice,  dans  les  cas  douteux,  donnerait  des  indications 
précises. 

3°  Les  hydatides  de  la  face,  du  cou,  des  parois  du  tronc  et  des 
membres  devront  être  ouvertes  par  l'incision  :  «  Notre  expérience 
nous  a  appris,  dit  Dupuytren,  qne  dans  ceux  de  ces  kystes  qui  at- 
taquent les  parties  externes  du  corps,  l'incision  a  ordinairement  des 
résultats  heureux  (1).  ••  Nous  avons  vu,  en  effet,  dans  ces  conditions 
seize  guérisons  sur  dix-huit  cas. 

Il  importe  d'ouvrir  promptement  les  kystes  situés  à  la  région  an- 
térieure du  cou;  en  effet,  nous  avons  rapporté  deux  cas  de  kystes 
hydatiques  en  rapport  avec  le  corps  thyroïde  qui  se  sont  ouverts 
dans  la  trachée-artère  (ohs.  CCXI,  CCXII).  L'incision  d'un  kyste 
hydatique  en  rapport  avec  le  corps  thyroïde,  a  été  faite  avec  succès 
par  M.  Jobert. 

Lorsqu'une  tumeur  hydatique  développée  primitivement  dans  un 
organe  interne  se  porte  à  l'extérieur  et  que  la  saillie,  l'empâtement, 
la  sensibilité,  la  rougeur  des  téguments  font  juger  que  le  kyste  a 
contracté  des  adhérences  avec  les  parois  de  la  grande  cavité  qui  le 
renferme,  l'incision  est  encore  indiquée. 

4°  L'opération  des  kystes  hydatiques  intra-tboraciques  a  été  trop 
rarement  pratiquée  pour  qu'on  puisse  juger,  d'après  les  faits,  de  la 
meilleure  méthode  de  traitement  Ceux  qui  ont  été  rapportés  dans  cet 
ouvrage  nous  ont  montré  que  des  adhérences  réunissent  ordinairement 

(I)   Dupuytren,  ouvr.  cit.,  t.  HT,  p.  381, 


6itl  AFFECTIONS  VEBMINEU8BS  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

les  feuillets  de  la  plèvre  en  rapport  avec  la  tumeur,  et  qu'un  épanche- 
ment  dans  la  cavité  séreuse  serait  rarement  à  craindre.  Nous  con- 
naissons cinq  cas  d'hydatides  intra-thoraciques  opérés  ;  trois  ont  été 
rapportés  déjà,  voici  les  deux  autres  : 

Obs.  CCXCIX  (docteur  Brugnon).  —  Thoracentèse.  Guérison. 

Il  s'agit  d'un  homme  chez  lequel  existaient  des  signes  d'un  épanchement 
considérable  dans  la  plèvre  gauche;  il  y  sentait  des  ondulations  au  moindre 
mouvement;  la  succussion  de  la  poitrine  ne  donnait  aucun  signe;  au-dessous 
des  fausses  cotes  on  sentait  une  tumeur  fluctuante  à  la  circonférence  et  dure 
au  centre  ;  la  dyspnée  était  extrême.  Une  aiguille  à  selon  fut  introduite  entre 
la  cinquième  et  la  sixième  côte  ;  elle  fut  remplacée  par  une  sonde  de  gomme 
élastique;  il  s'écoula  d'abord  sept  livres  de  sérosité;  l'écoulement  continua 
pendant  plusieurs  jours;  enfin  il  sortit  aussi  de  petites  hydalides  globuleuses. 
Quinze  jours  après  l'opération,  le  malade  fut  assez  bien  pour  entreprendre 
une  excursion  de  plusieurs  milles  (<1  ). 

Obs.  CCC  (Caron  et  Soubeiran).  —  Hydatide  intra-thoracique  et  du  foie. 
Mort. 

Il  s'agit  d'un  homme  de  trente-six  ans,  qui  entra,  le  4  8  octobre  1852,  à 
l'hôpital  Sainte-Marguerite,  dans  le  service  de  M.  Barthez.  Il  avait  eu,  au 
mois  de  janvier  1848,  un  vomissement  de  sang  abondant,  à  la  suite  duquel  il 
lui  était  resté  une  douleur  dans  la  poitrine.  Deux  ans  après,  il  lui  survint  une 
oppression  qui  augmenta  graduellement. 

A  son  entrée  à  l'hôpital,  cet  homme  offrait  les  symptômes  d'un  épanche- 
ment considérable  dans  le  côté  droit  du  thorax.  —  Le  25  octobre,  on  pra- 
tiqua la  thoracentèse.  La  poitrine  perforée  au  lieu  d'élection  laisse  écouler  à 
travers  la  canule  2  à  3  onces  d'une  sérosité  limpide.  11  s'ensuit  un  accès 
violent  d'étouffement  ;  la  quantité  du  liquide,  à  la  percussion,  ne  paraît  pas 
diminuée.  — Le  28,  on  constate  que  le  côté  droit  du  tronc,  de  la  face,  et  le 
membre  supérieur  droit  sont  œdémateux.  La  face  est  violette  et  les  veines 
du  cou  sont  distendues  à  droite  et  à  gauche.  Ces  phénomènes  se  prononcent 
davantage  le  lendemain,  ainsi  que  les  autres  symptômes  graves  ;  la  mort 
arrive  le  30. 

Autopsie.  —  Le  côté  droit  de  la  poitrine  contient  environ  trois  litres  de 
liquide,  dont  une  partie  est  extraite  d'abord  par  une  ponction  et  dont  le  reste 
s'écoule  à  l'ouverture  de  la  poitrine.  Au  niveau  du  lobe  supérieur  du  pou- 
mon, existe  un  épanchement  dans  la  plèvre  ;  au-dessous  de  cet  épanche- 
ment se  trouve  un  kyste  à  parois  fibreuses  et  résistantes,  épais  de  2  à  4  milli- 
mètres et  renfermant  une  hydatide  affaissée  du  volume  de  la  tête  d'un  enfant 

(1)  Giornale  per  seruire  ai  progressi  délia  patologia  e  délia  terapeutica,  1838, 
t.  IX,  fasc.  XXV,  cité  par  Valleix,  Archiv.  deméd.,  3e  série,  t.  V,  p.  80,  1839. 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.    —  HYDATIDES.  615 

de  dix  ans  (4).  Le  poumon  droit,  complètement  revenu  sur  lui-même,  est  re- 
foulé contre  la  colonne  vertébrale.  Le  diaphragme  est  intimement  adhérent  au 
kyste  et  à  la  face  supérieure  du  foie  ;  un  second  kyste  du  volume  d'un  petit 
œuf  est  situé  dans  cet  organe  ;  il  est  séparé  du  grand  kyste  par  une  sorte  de 
membrane  rougeâtre  qui,  examinée  au  microscope  par  M.  Laboulbène,  parut 
constituée  par  des  fibres  musculaires  striées,  d'où  il  résulte  que  le  grand  kyste 
s'était  développé  dans  la  cavité  du  thorax  (2). 

Sur  les  cinq  cas  d'hydatides  intra-thoraciques,  deux  ont  été  ou- 
verts par  le  bistouri  (obs.  XXXIV,  XXXV)  ;  deux  opérées  par  la 
ponction;  un  par  la  ponction  avec  injection  iodée  (obs.  XLI).  L'in- 
cision, la  ponction  simple  et  l'injection  iodée  ont  donné  chacune  une 
guérison. 

5°  C'est  aux  kystes  bydatiques  de  la  cavité  abdominale  et  spécia- 
lement à  ceux  du  foie  que  se  rapporte  surtout  ce  que  nous  avons  dit 
des  diverses  méthodes  et  des  divers  procédés  de  traitement  ;  le  danger 
d'un  épanchement  dans  le  péritoine  en  est  toute  la  difficulté.  La 
ponction  ou  l'incision  simple  pourrait  être  pratiquée  sur  ces 
kystes,  s'ils  étaient  réunis  aux  parois  abdominales  par  des  adhé- 
rences; dans  le  cas  contraire,  c'est  à  la  ponction  avec  séjour  de  la 
canule  ou  à  la  méthode  de  Récamier  qu'il  faudrait  avoir  recours. 

Mais  comment  reconnaître  qu'il  existe  des  adhérences  entre  les 
kystes  et  les  parois  abdominales,  si  les  signes  dont  nous  avons  parlé 
(voy.  p.  613,  §  3),  c'est-à-dire  la  tuméfaction,  la  rougeur,  etc., 
n'existent  pas?  deux  moyens  de  s'éclairer  à  ce  sujet  ont  été  donnés 
par  les  auteurs  : 

a.  —  Le  malade  étant  couché  sur  le  côté  gauche,  on  trace  avec  de 
l'encre  une  ligne  qui  suit  le  bord  inférieur  du  foie  ou  de  la  tumeur  ; 
alors,  faisant  varier  de  diverses  manières  la  position  du  malade,  lui 
faisant  exécuter  de  grands  efforts  de  respiration,  on  remarquera, 
s'il  n'y  a  pas  d'adhérence,  des  variations  dans  la  situation  relative 
de  la  ligne  tracée  sur  les  téguments  avec  celle  du  rebord  du  foie  oU 
de  la  tumeur  (3) . 

(1)  L'existence  d'un  kyste  indique  suffisamment  que  l'hydatide  ne  s'est  pas 
développée  dans  la  cavité  de  la  plèvre  même  et  que  le  titre  Observation  de  kystes 
hydaiiques  de  la  plèvre  droite  et  du  foie,  donné  par  les  auteurs  à  leur  observation, 
n'est  pas  exact. 

(2)  Ed.  Caron  et  J.-L.  Soubeiran,  Comptes  rendus  Soc,  biologie,  t.  IV,  p.  171, 
1852  et  Gaz.  méd.  de  Paris,  1853,  n°  5,  p.  72. 

(3)  G.  Budd,  ouvr.  cit.,  p.  453. 


• 
616  AFFECTIONS  VERMlNEtJSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

h.  —  Le  malade  étant  couché  sur  le  côté  opposé  au  siège  de  la 
tumeur,  si  celle-ci  ne  s'éloigne  pas  du  point  où  elle  est  le  plus  sail- 
lante et  où  elle  semble  adhérer,  si  la  fluctuation  y  reste  aussi  sensible, 
des  adhérences  existent  entre  le  kyste  et  la  paroi  abdominale  (1). 

Ces  procédés  de  diagnostic  donnés  l'un  par  M.  Budd,  l'autre  par 
M.  Boinet,  sont  sans  doute  très  rationnels,  mais  l'expérience  seule 
peut  décider  de  leur  valeur. 

6°  Pour  les  hydatides  du  système  osseux,  il  ne  suffit  pas  ordinai- 
rement de  pratiquer  l'ouverture  de  la  poche  qui  les  renferme;  la  dé- 
sorganisation de  l'os,  les  désordres  des  parties  voisines,  l'impossibi- 
lité du  rapprochement  des  parois  du  kyste  nécessitent  quelquefois  la 
résection  ou  l'amputation.  Lorsque  le  siège  des  hydatides  est  dans 
un  os  plat,  l'extirpation  totale  de  la  tumeur  est  de  même  quelquefois 
nécessaire,  car  les  hydatides  des  os  ne  sont  pas  toujours  réunies 
dans  un  kyste  unique  ;  souvent  elles  occupent  des  loges  séparées  et 
disséminées,  comme  l'autopsie  l'a  fait  voir  dans  un  cas  observé  par 
M.  Guesnard  (obs.  CCLIII)  et  comme  on  peut  le  conclure  des  diffi- 
cultés que  l'opérateur  a  éprouvées  dans  plusieurs  des  observations 
rapportées  ci-dessus  (obs.  CCL,  CCLI). 

7°  La  compression  que  les  hydatides  exercent  sur  les  organes 
voisins,  ou  l'invasion  de  ces  vers  vésiculaires  dans  ces  organes,  peu- 
vent mettre  obstacle  à  l'accomplissement  des  fonctions  ou  déter- 
miner des  accidents  graves  auxquels  il  importe  de  remédier  promp- 
tement.  L'obstacle  que  la  tumeur  apporte  au  cours  des  urines,  des 
matières  intestinales,  à  l'accouchement  pourra  être  levé  prompte- 
ment  par  l'évacuation  du  contenu  du  kyste  ;  deux  fois  l'accouche- 
ment a  été  rendu  possible  par  la  ponction  et  l'incision  du  kyste, 
tandis  que  la  ponction  de  la  vessie  a  été  pratiquée  vainement  dans 
plusieurs  cas  de  rétention  d'urine  causée  par  une  tumeur  hydatique 
(obs.  CLIV,  CLVI,  CLVII)  L'opération  eût  été  suivie  d'un  meil- 
leur succès,  si  elle  se  fût  adressée  à  la  cause  de  la  rétention. 

8°  L'introduction  dans  la  trachée  des  hydatides  d'une  tumeur  du 
cou  nécessiterait  l'incision  immédiate  de  cette  tumeur;  celles  qui  au- 
raient pénétré  dans  la  vessie  pourraient  être  extraites  par  un  instru- 
ment lithotriteur. 

9°  Quant  aux  kystes  ouverts  dans  les  bronches  ou  dans  l'intestin, 

(1)  Buiuet,  niciii.  cit.,  \>.  :>, 


NATURELLES  OU  ADVENTIVES.    —   HYDATIDES.  617 

il  sera  préférable,  dans  la  plupart  des  cas,  sans  doute,  de  les  aban- 
donner à  eux-mêmes  ;  en  effet,  ces  tumeurs  hydatiques  guérissent 
dans  une  proportion  plus  considérable  que  celles  qui  ont  été  opérées. 
10°  Lorsquele  kyste  s'est  ouvert  dansle  péritoine,  le  malade  paraît 
voué  à  une  mort  certaine,  car  aucun  chirurgien,  sans  doute,  ne  sera 
disposé  à  renouveler  l'épreuve  de  Roux  et  à  ouvrir  le  péritoine  pour 
en  extraire  les  hydatides  qui  s'y  seraient  répandues  (voy.  obs.  CVII). 
La  tumeur  qui  s'ouvrirait  dans  la  plèvre  offrirait  plus  de  ressources, 
si  l'on  en  juge  d'après  un  fait  semblable  observé  par  M.  Monneret 
(obs.  LXVIII). 


SUBDIVISION  II. 

HYDATIDES   CHEZ    LES   ANIMAUX. 

(Hydatide  et  Échinocoque,  Synopsis,  n°  7.) 

Les  animaux  chez  lesquels  des  hydatides  ont  été  rencontrées 
sont  :  le  singe,  le  bœuf,  le  mouton,  l'antilope,  le  chamois,  le  che- 
vreuil, la  girafe,  le  cheval,  le  chameau  et  le  dromadaire,  le  porc,  le 
kanguroo. 

Les  hydatides  des  animaux  ont  une  constitution  semblable  à  celle 
des  hydatides  de  l'homme;  plus  souvent  elles  sont  solitaires  dans 
leur  kyste.  Cet  isolement  s'observe  ordinairement  chez  les  hyda- 
tides des  ruminants,  mais  non  constamment  comme  on  le  croit; 
Breinser  rapporte  qu'en  incisant  un  kyste  du  foie  d'un  bœuf,  il  en 
sortit  une  quantité  considérable  de  vésicules  de  différentes  grosseurs, 
les  plus  petites  moins  grosses  qu'un  pois,  et  les  plus  fortes  de  la 
grosseur  d'une  noix;  celles-ci  en  contenaient  d'autres  plus  petites, 
clans  lesquelles  existaient  des  échinocoques  (1).  Les  hydatides,  en 
apparence  solitaires,  des  ruminants  sont  souvent  accompagnées 
d'autres  hydatides  très  petites,  qui  se  forment  par  bourgeonnement 
de  la  surface  externe  de  la  vésicule  primitive  ;  c'est  à  ces  hyda- 
tides que  Kuhn  a  donné  le  nom  d'exogènes.  D'après  cet  obser- 
vateur, les  vésicules  exogènes  restent  ordinairement  petites  :  «  Il 
m'est  cependant  arrivé  quelquefois,  dit-il,  de  rencontrer  dans  le  foie 
du  bœuf  des  acéphalocystes  exogènes  où  les  individus  secondaires  et 

£   (1)  Bremser,  omit,  cil:,  p.  109. 


618  AFFECTIONS  VERMINEUSES   DES  CAVITÉS  SÈKEUSES 

môme  tertiaires  étaient  parvenus  ou  même  volume  que  les  individus 

primaires chaque  jeune  individu  avait  entraîné  une  portion  du 

kyste  primitif,  et  ces  portions  de  kyste  s'étaient  si  bien  moulées  sur 
les  jeunes  acéphalocystes  qu'on  aurait  pu  croire  à  l'existence  d'au- 
tant de  kystes  particuliers  et  distincts,  mais,  en  les  ouvrant,  je  n'ai 
pas  tardé  à  m'apercevoir  qu'il  n'y  avait  qu'une  seule  cavité  divisée 
en  plusieurs  compartiments  (1).  « 

Les  hydatides  des  ruminants  sont  donc  quelquefois  endogènes 
comme  celles  de  l'homme  ;  mais  ordinairement  elles  sont  exogènes 
et  leurs  rejetons  n'acquièrent  point  un  grand  volume. 

Chez  le  cheval  et  chez  le  porc  ces  vers  vésiculaires  sont  endo- 
gènes et  multiples  dans  une  poche  commune  comme  chez  l'homme  (2) . 

Les  hydatides  des  animaux  subissent  très  fréquemment  la  trans- 
formation athéromateuse;  c'est  surtout  chez  celles  des  ruminants 

(1)  Kuhn,  mém.'  cit.,  p.  13,  fig.  2,  6,  8. 

(2)  Chez  le  singe,  le  cheval,  le  chameau  et  le  dromadaire?  le  porc,  le  kauguroo, 
les  hydalides  sont  endogènes  et  semblables  à  celles  de  l'homme;  telles  étaient  : 

1°  Les  hydatides  observées  dans  le  Simia  cynomolgus,  par  Blumenbach  (Hand- 
buch  der  Nalurgesch.,  éd.  8,  p.  431.  n°  4,  cité  par  Rudolphi),  dans  le  Simia 
inuus,  par  Gervais  (Annales  d'anatomie  et  de  physiologie,  t.  II,  1838). 

2°  Le  chameau  (Camelus  baclrianus  L.),  par  Bremser  (ouvr.  cit.,  p.  303). 

3°  Le  cheval,  par  Goubaux.  Le  kyste  contenait  un  nombre  considérable  d'hyda- 
tides;  il  était  situé  entre  la  paroi  du  thorax  et  les  attaches  du  diaphragme  {inédit). 

4°  Chez  le  porc,  par  Dupuy.  Cet  auteur  rapporte  l'observation  d'une  truie  de 
deux  ans  qui  était  paraplégique;  on  trouva  des  kystes  hydatiques  dans  plusieurs 
muscles  des  lombes,  du  dos  et  de  la  cuisse,  dans  les  poumons,  le  foie  et  les  reins; 
les  uns  ne  renfermaient  qu'une  hydatide,  les  autres  en  contenaient  plusieurs 
(Journ.  de  méd.  de  Sédillot,  t.  XCII,  p.  63, 1S25).  —Rudolphi  dit  que  Chabert,  que 
lui-même  et  Liiders  ont  observé  des  hydalides  dans  le  foie  du  porc  et  qu' Abildgaard 
en  a  vu  dans  le  péricarde;  il  ne  dit  pas  si  les  vésicules  étaient  solitaires  ou  mul- 
tiples dans  leur  kyste  (Ent.  hist.  cit.,  t.  II,  part.  II,  p.  252).  —  Girard  a  vu  un 
foie  de  porc  qui  pesait  110  livres,  et  qui  contenait  des  hydatides  grosses  comme  les 
deux  poings  (Hurtrel  d'Arboval,  Dict.  cit.,  art.  Hydatide,  p.  132). — Cartwright  rap- 
porte un  fait  semblable  :  il  s'agit  d'une  truie  qui  avait  été  vendue  comme  pleine; 
une  tumeur  énorme  occupait  les  trois  quarts  de  la  cavité  abdominale  et  se  portait 
très  haut  dans  le  thorax;  elle  était  formée  par  le  foie  qui  ne  pesait  pas  moins  de 
50  livres,  et  qui  contenait  un  amas  d'hydatides  tellement  nombreuses  que  le  paren- 
chyme de  l'organe  était  atrophié  [The  i 'eterinarian ,  juillet  1849  et  Rec.  de  méd. 
vétér.,  1850,  p.  279). — Pour  les  hydatides  observées  chez  le  porc,  voyez  encoreGluge 
(Journ.  l'Institut,  1838;  et  Ann.  se.  nal.);  Rayer  (ouvr.  cit.,  t.  III,  p.  550etatlas 
pi.  XXX,  fig.  8 et  9)  ;  R.  Owen  (The  Cyclopœdia  ofanat.,  etc.,  1839,  t. II,  p.  118). 

5°  Je  possède  des  hydatides  provenant  d'un  kanguroo  qui  a  été  disséqué  dans  le 
laboratoire  de  M.  Rayer;  les  vésicules  existaient  en  nombre  considérable  dans  un 
kyste  commun. 


NATURELLES  OU   ADVENT1VES.    —  HYDATIDES.  619 

que  l'on  a  étudié  cette  transformation  qui  a  été  confondue  avec  la 
tuberculisation  (voy.  ci-dessus,  p.  368-370). 

Chez  les  ruminants  plus  fréquemment  que  chez  l'homme,  les 
■kystes  hydatiques  envahissent  plusieurs  organes  à  la  fois,  et  plu- 
sieurs points  dans  le  même  organe.  Souvent  leur  nombre  est  très 
considérable  5  ils  occupent  principalement  le  foie  et  les  poumons. 
Dans  le  premier  de  ces  organes  les  parois  du  kyste  acquièrent  une 
épaisseur  plus  grande  que  dans  le  second.  Le  parenchyme  interposé 
aux  kystes  reste  quelquefois  parfaitement  sain,  dans  d'autres  cas  il 
se  condense  et  devient  fibreux  (1). 

Les  tumeurs  hydatiques  du  poumon,  chez  les  ruminants,  s'ou- 
vrent fréquemment  dans  les  bronches,  et  leur  contenu  est  évacué 
par  cette  voie  ;  alors  la  surface  interne  de  la  poche  prend  l'appa- 
rence d'une  membrane  muqueuse  et  sa  cavité  offre  les  caractères 
d'une  caverne  pulmonaire  (2). 

Les  tumeurs  hydatiques  sont  aussi  très  communes  dans  les  reins 
chez  les  ruminants  ,  et  surtout  chez  le  mouton .  La  surface  interne 
du  kyste  est  ordinairement  parcourue  par  des  rides  saillantes  ou  des 
brides  qui  donnent  à  l'intérieur  de  la  poche  un  aspect  multilocu- 
laire  ;  l'hydatide  solitaire  se  moule  exactement  sur  les  anfractuo- 
sités.  La  paroi  du  kyste  s'encroûte  fréquemment  d'une  matière  cré- 
tacée, blanchâtre,  qui  est  déposée  en  grains  ou  en  petites  masses  à 
sa  surface,  ou  qui  l'infiltré  quelquefois  entièrement;  dans  quelques 
cas  elle  paraît  ossifiée  dans  une  étendue  variable.  Les  hydatides 
sont  flétries,  ratatinées  et  refoulées  par  la  matière  athéromateuse. 
Le  kyste  s'ouvre  quelquefois,  à  la  surface  du  rein  par  une  ou  plu- 
sieurs ouvertures  fort  étroites  ;  très  rarement  il  s'ouvre  dans  le  bas- 
sinet (3). 

On  connaît  chez  le  bœuf  un  cas  d'hydatides  développées  dans  un 
os  (l'os  iliaque).  La  pièce  pathologique  se  trouve  dans  le  musée  de 
Hun  ter  à  Londres,  sous  le  n°  521  (4). 

Le  mouton,  quoiqu'il  ait  de  nombreux  kystes  hydatiques  dans  le 
foie  et  les  poumons,  conserve  souvent  toutes  les  apparences  de  la 
santé.  La  tumeur  hydatique  ne  cause  point  généralement  de  graves 
désordres  dans  ses  organes,  probablement  parce  qu'elle  n'atteint  pas 

(1)  Cruveilhier,  art.  Acéphalocystes,  p.  248. 
•     (2)  Cruveilhier,  art.  Acéphalocystes,  p.  252. 

(3)  Rayer,  ouvr.  cit.,  t.  III,  p.  549  et  atlas,  pi.  XXIX,  fig.  3,  pi.  XXX,  fig.  1-7. 

(4)  J.-E.  Dezeimeris,  mém.  cit.,  p.  531. 


620  AFFECTIONS   VEKMINEUSES   DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

un  grand  volume  et  parce  qu'elle  s'atrophie  et  se  résorbe  avant 
d'avoir  eu  une  longue  durée.  Il  en  est  de  même,  sans  doute,  chez  le 
bœuf.  L'affection  hydatique  du  poumon  de  cet  animal  a  été  con- 
fondue avec  la  phthisie  tuberculeuse  par  quelques  auteurs,  et  dé- 
signée sous  le  nom  de  pommelière ,  ou  sous  celui  de  phthisie  ver- 
mineuse. 

Chez  le  bœuf  et  le  mouton  l'humidité  des  pâturages  paraît  favo- 
riser la  production  des  hydatides.  On  a  remarqué  qu'elles  sont  plus 
communes  pendant  les  années  pluvieuses  et  dans  des  prairies  maré- 
cageuses ;  dans  certaines  prairies  la  maladie  existe  à  l'état  d'enzootie 
et  tous  les  moutons  qui  y  paissent  en  sont  plus  ou  moins  atteints. 

Lorsque  la  cachexie  aqueuse  règne  par  épizooties,  on  observe 
quelquefois  en  même  temps  des  vers  vésiculaires  en  grand  nombre  : 
c'est  ce  qui  arriva  dans  celle  qu'observa  Willius  dans  la  Seeland, 
en  1674;  presque  tous  les  bœufs  avaient  un  grand  nombre  d'hyda- 
tides;  il  y  en  avait  dans  le  foie,  dit  Willius,  qui  en  contenaient 
d'autres  plus  petites  (1). 

L'affection  hydatique  des  ruminants  a  été  peu  étudiée  ;  des  con- 
naissances plus  exactes  sur  cette  maladie  fourniraient,  sans  doute, 
à  la  pathologie  de  l'homme  des  renseignements  utiles. 


DEUXIÈME   DIVISION. 

LÉSIONS    PATHOLOGIQUES    OCCASIONNÉES  PAR    LES    CYSTICERQUES. 

Le  cysticerque  ladrique  est  le  seul  dont  nous  nous  occuperons  ici; 
comme  les  hydatides,  il  est  ordinairement  renfermé  dans  un  kyste 
formé  par  du  tissu  cellulaire  plus  ou  moins  condensé,  suivant  l'organe 
qui  le  contient;  il  y  est  ordinairement  solitaire. 

Le  kyste  [hydatis  externa,  Rud.)  peut  subir  des  déformations, 
acquérir,  plus  de  consistance  et  d'épaisseur  par  suite  de  sa  durée  ; 
le  ver  vésiculaire  lui-même  éprouve  avec  le  temps  des  transforma- 
tions ou  des  altérations  diverses  ;  il  finit  probablement  par  se  dé- 
truire, tandis  que  son  kyste  vide  et  plus  ou  moins  dénaturé  persiste. 
Laennec  ayant  observé  des  vésicules  dans  le  foie  d'un  sujet  qui  avait 
des  cysticerques  dans  plusieurs  organes,  regarda  ces  vésicules  comme 

(I)  J.rV.  Willius,  mém.  cit. 


NATLllELLliS  Ull   ADVKNTiVfS.    —  CYSTtCEltQtTES;  021 

des  kystes  de  cysticerque  (1).  Les  faits  analogues  observés  chez  les 
hydatides  et  chez  certains  vers  nématoïdes  qui  laissent  leur  kyste 
après  eux,  les  altérations  profondes  que  nous  avons  signalées  dans 
quelques  cysticerques  vieillis  (voy.  Synopsis,  n°  9),  donnent  à  cette 
manière  de  voir  toute  apparence  de  vérité. 

Le  cysticerque  ladrique  se  rencontre  le  plus  souvent  dans  le  tissu 
cellulaire  intermusculaire  du  tronc  et 
des  membres,  du  cœur  et  des  intes- 
tins, dans  le  cerveau,  dans  ses  mem- 
branes, dans  le  poumon,  l'œil,  etc.  ; 
il  se  trouve  aussi  quelquefois  dans  une 
cavité  séreuse,  et  alors  il  peut  n'être 
pas  renfermé  dans  un  kyste.  Florman    Fic-  "2i-  ~  Ww-que  ladrique.  — 

1  *  Grandeur  naturelle.  —  a,  corps  el  lete 

3,  VU  dans  le  Ventricule  droit  du  Cerveau  sorlis  de  la  vésicule  caudale;  6,  c,  corps 

,,  i  ..  ii  ICXx  et  tèlc  invaçinés. 

I  un  porc  des  cysticerques  libres  (2). 

Ces  vers  existent  quelquefois  en  nombre  prodigieux  ;  ils  détermi- 
nent, dans  ce  cas,  un  état  pathologique  grave.  Toutefois,  à  moins 
qu'ils  ne  soient  développés  dans  les  centres  nerveux,  dans  l'œil,  ou 
dans  le  larynx,  ils  ne  donnent  point  lieu  à  des  phénomènes  patho- 
logiques particuliers.  Hors  les  cas  ou  leur  présence  peut  être  con- 
statée par  l'inspection  directe  (sous  la  langue  ou  dans  l'œil),  on  ne 
connaît  aucun  signe  pathognomonique  de  leur  existence  dans  telle 
on  telle  partie  du  corps. 

Les  causes  qui  déterminent  ou  même  celles  qui  favorisent  le  dé- 
veloppement du  cysticerque  ladrique  nous  sont  encore  inconnues.  Les 
travaux  modernes  qui  ont  jeté  quelque  jour  sur  la  propagation  d'un 
certain  nombre  de  vers  intestinaux,  ne  peuvent  encore  conduire 
qu'à  des  présomptions,  quant  à  celles  des  vers  dont  nous  nous  occu- 
pons. 

Les  animaux  chez  lesquels  on  a  constaté  l'existence  du  cysti- 
cerque ladrique  sont  :  le  singe,  le  chien,  l'ours,  le  porc,  le  rat,  le  che- 
vreuil, enfin  l'homme  même. 

(1)  Laennec,  mém.  cit.,  obs.  i,  p.  12". 

(2)  A. -H.  Florman  Kongl,vet.  ac.  Handlingarfiir,  1815,  8,  p.  132-36.  Stockholm 
i;ité  par  Rudolphi.  Synopsis,  p.  620. 


022  AFFECTIONS  VERM1NEUSES  DES   CAVITÉS  SÉREUSES 

PREMIÈRE  SECTION. 

CYSTICERQUE    CHEZ    LE    PORC.  LADRERIE. 

(Cysticerque  ladrique,  Synopsis,  n°  6.) 

Ladrerie.  —  Noms  vulgaires  :  —  Latin,  morbus  glandulosus. 

France,  —  lazardrerie,  mal  de  Saint-Lazare,  nosélerie,  mezélerie,  lèpre,  mal- 
mort, glandine,  pourriture. 
Hollande,  —  gortigheid.  —  Allemagne,  —  finnen. 
Italie,  — ledreria,  lebbra,  elefantiasi. 

De  tous  les  animaux,  le  porc  est  le  plus  exposé  à  l'envahissement 
des  cysticerques  et  à  leur  multiplication  excessive  qui  produit  chez 
lui  la  maladie  connue  sous  le  nom  de  ladrerie.  Le  sanglier,  quoiqu'il 
ne  diffère  pas  spécifiquement  du  porc,  est  bien  moins  exposé  que  ce 
dernier  à  l'invasion  des  vers  vésiculaires.  On  a  rarement  rencontré 
le  cysticerque  ladrique  chez  cet  animal  sauvage,  et  l'on  n'a  point 
signalé  chez  lui  l'envahissement  excessif  qui  constitue  la  ladrerie  (1). 

Les  anciens  ont  observé  la  ladrerie  :  Aristote  en  donne  les  prin- 
cipaux phénomènes,  et  parle  des  vésicules  (yâlaZot.,  grando)  qui  exis- 
tent dans  diverses  parties  chez  les  cochons  atteints  de  cette  maladie, 
vésicules  dont  il  ignore  la  nature  (2). 

Malpighi,  le  premier,  reconnut  que  ces  vésicules  contiennent  un 

(1)  Doebelius  paraît  avoir  le  premier  fait  la  remarque  que  le  sanglier  n'est  pas 
sujet  à  la  ladrerie  (in  Pralica  venatoria,  édit.  3,  Lips.,  p.  24,  178.3,  cité  par  Rud., 
Syn.,  p.  547).  L'opinion  que  cet  animal  est  exempt  de  ladrerie  a  été  ensuite  géné- 
ralement reçue;  mais  Niemann  a  observé  des  cysticerques  chez  le  sanglier  {Han- 
buch  der  slaatsarzneywissenschaft,  th.  II,  Leipz.  1813,  8,  p.  366,  cité  par  Rud. 
même  art.)  ;  Dupuy  en  a  trouvé  chez  deux  marcasiins  (Hurtrel  Darboval,  Dict.  me'd. 
vét.,  t.  III,  art.  Ladrerie,  p.  483.  Paris,  1838). — Néanmoins,  il  est  certain  que  si 
le  sanglier  n'est  pas  exempt  du  cysticerque  ladrique,  il  est  très  rarement  atteint  de 
la  ladrerie. 

(2)  La  première  notion  de  la  ladrerie  chez  les  Grecs  remonte  à  Aristophane; 
ensuite  Aristote  et  Oribase  (voy.  infrà,  p.  624,  note),  ont  donné  sur  cette  maladie 
des  détails  précis  :  Grandinosi  sues  sunt,  dit  Aristote,  quibns  caro  humida  tùm  in 
cruribus,  tùm  in  collo  atque  etiam  armis.  Quibus  in  locis,  plurima  quoque  grando 
est.  Ac  sanè  paueœ  si  sint,  dulcior  caro  ;  sin  mullœ,  humida  valde,  atque  insipida 
est.  Grandinis  indicia  sumunlur  ex  Unguœ  parle  inferiore,  ubi  gran  dines  sunt. 
tum  ex  jubâ  setas  si  quis  vellat,  apparent  subcruentœ.  Proptereà  qui  sic  sunt 
affecti,  poslerioribus  pedibus  nequeunt  quiescere.  Tantisper  carent  grandine  dum  lac 
sugunt  dumtaxat.  Tolluntur  grandines  lipha  (petit  épeautre).  {Op.  cit.,  lib.  VIII, 
§245,  p.  963.) 

Les  savants  traducteurs  d'Oribase,   MM.  Daremberg  et  Bussemaker,  ont  relevé 


NATURELLES  OU   ADVENTIVES.  —  CYSTICERQUES.  623 

ver  (1),  Hartman  et  Otto  Fabricius  firent  des  observations  sembla- 
bles (2)  ;  toutefois  c'est  aux  travaux  de  Goeze  que  l'on  doit  la  con- 
naissance exacte  de  la  nature  de  la  ladrerie  (3).  Ignorant  les  obser- 
vations, très  incomplètes,  il  est  vrai,  de  Malpighi,  de  Hartmann  et 
de  Fabricius,  le  célèbre  helminthologiste  crut  avoir  observé  le  pre- 
mier le  ver  vésiculaire  du  porc  ladre  ;  il  le  décrivit  avec  beaucoup  de 
précision  et  d'exactitude. 

Le  cysticerque  chez  le  porc  ladre  envahit  presque  tous  les  organes  ; 
le  tissu  cellulaire  interposé  entre  les  diverses  parties,  surtout  le 
tissu  intermusculaire,  en  est  particulièrement  rempli.  Rudolphi  a  vu 
de  ces  vers  vésiculaires  dans  les  trabécules  du  cœur,  dans  l'épais- 
seur des  valvules  semi-lunaires,  dans  l'œsophage,  la  langue,  les  mus- 
cles des  yeux,  autour  du  nerf  optique  ;  en  outre  il  en  a  vu  en  grand 
nombre  entre  les  circonvolutions  du  cerveau,  sous  la  dure-mère,  sous 
la  pie-mère,  dans  la  substance  corticale  (4).  M.  Andral,  chez  deux 
codions  ladres,  a  trouvé  des  cysticerques  dans  les  divers  replis  du 
péritoine,  dans  le  foie,  dans  les  poumons,  dans  le  cœur,  etc.  (5). 
Wepfer  dit  avoir  trouvé,  dans  toutes  les  parties  du  cœur  d'un  porc, 
un  grand  nombre  de  vésicules  (grandines)  qui  contenaient  un  corps 
vermiforme  ;  ces  vésicules  étaient  évidemment  des  cysticerques  (6). 

tout  ce  que  l'antiquité  nous  a  donné  sur  la  ladrerie  :  «  On  voit  dans  Aristophane 
(Ep.  375-381),  disent  ces  auteurs,  que  les  cuisiniers  ouvraient  la  bouche  des  porcs 
avec  un  levier  pour  voir  s'ils  avaient  des  grêlons  sous  la  langue  (voy.  aussi  le 
Scholiaste,  lequel  a  été  transcrit  par  Suidas  sub  voce  xaXaÇà,.  C'est  là  à  peu  près 
toutceque  l'antiquité  nous  a  légué  sur  la  ladrerie  descochons;  Columelle,  qui  con- 
sacre un  chapitre  spécial  (VII,  10)  aux  maladies  des  cochons,  ne  dit  pas  un  seul 
mot  de  cette  maladie-là.  Pline  (VIII,  77.  al.  51)  et  Didymus  [Geop.  XIX,  7,  2)  en 
parlent  très  passagèrement,  comme  il  résulte  de  la  comparaison  de  ces  auteurs  avec 
Aristote,  mais  sans  le  nommer.  En  outre,  Arétée  (Sign.  diut.,  II,  13)  et  Archigène 
(Ap.  Ael.,  XIII,  120),  comparent  les  gens  affectés  d'éléphantiasis  aux  cochons 
ladres  (JElius  Tetrab.  IV,  serm.  I,  cap,  CXX,  p.  664.  D.,  edit.  suprà  cit.),  et 
Androsthène  (ap.  Athen.,Ul.  p.  93,  c.)  compare  les  perles  aux  grêlons  de  ces  ani- 
maux. »  {Œuvres  d'Oribase,  traduites  en  français,  Paris  1851,  t.  I,  p.  617  note  du 
livre  IV,  chap.  2.) 

(1)  Malpighi  opéra poslhuma.  London,  1797,  p.  84. 

(2)  Ph.  Jac.  Hartmann,  in  Ephem.  nat.  cur.,  dec.  2,  ann.  VII,  p,  58  59.  — 
Otto  Fabricius,  Tinteormen  (vesicaria  lobala)  in  danske  vidensk.  selsk.  skrivt.  nye 
saml.  2,  deel,  p.  287-295,  cité  par  Rudolphi.  Bibl.  n»  400. 

(3)  J.  A.  Goeze,  Neueste  Entdeckung  dass  die  Finnen,  im  Schweinefleisch  keine 
Drusenkraukheit,  sondem  wahre  Blasenwurmer  sind,  etc.  Nebst  I  Kupfert.  Halle 
1784,  40,  pages  8  (Rudolphi.  Bibl.  401). 

(4)  Rudolphi,  Entos.,  hist.  cit.,  t.  II,  pars,  h,  p.  230. 

(5)  Andral,  Anal,  path.,  cit.,  t.  I,  p.  518. 

(6)  Job.  Jacob.  Wepfer,  Ephem.  nat.  cur.  dec.  H,  ann.  X,  p.  314, 


(i'2/|  AFFECTIONS   VERMINEUSJiS   l>LS  CAVITÉS  SÉREUSES 

Dupuy  en  ;i  vu  un  très  grand  nombre  dans  les  parois  du  cœur  d'un 
jeune  porc  ;  plusieurs  de  ces  cysticerques  n'étaient  séparés  du  sang 
que  par  la  mince  membrane  séreuse  des  cavités  (1).  Le  nombre  de 
ces  vers  est  quelquefois  véritablement  prodigieux  ;  tous  les  muscles 
en  sont  comme  farcis,  et  les  kystes  sont  rapprochés  au  point  de  se 
toucher. 

La  présence  des  cysticerques  détériore  la  chair  du  porc,  laquelle 
est  molle  et  fade,  désagréable  sous  la  dent  par  les  concrétions  cal- 
caires qui  s'y  rencontrent  ;  elle  se  corrompt  facilement  et  prend  mal 
le  sel;  enfin  elle  se  réduit  considérablement  par  la  cuisson.  Quoi- 
qu'elle ne  paraisse  pas  malsaine,  la  chair  du  porc  ladre  constitue 
une  mauvaise  substance  alimentaire  qui,  souvent,  doit  être  complè- 
tement rejetée  (2). 

Les  phénomènes  de  la  ladrerie  varient  suivant  le  nombre  des  cys- 
ticerques dont  l'animal  est  affecté  :  au  début  de  la  maladie  ou  lorsque 
les  vers  ne  sont  pas  extrêmement  nombreux,  le  cochon  est  plus  stu- 
pide,  il  est  faible  et  languissant,  cependant  les  fonctions  ne  sont  pas 
troublées,  l'appétit  est  conservé,  quelquefois  même  il  est  augmenté. 
Lorsque  les  cysticerques  sont  très  nombreux,  le  porc  devient  triste, 
indifférent,  insensible  aux  coups  (3),  il  marche  avec  lenteur  et  non- 

(1)  Dupuy,  mém.,  infrà  cit.,  p.  66. 

(2)  Oribase  parle  de  la  viande  du  porc  ladre  :  «  On  doit  admettre,  dit-il,  que  les 
grêlons  [ladrerie)  qu'on  trouve  dans  les  chairs  et  qui  se  forment  chez  les  porcs, 
rendent,  s'ils  sont  en  petit  nombre,  la  viande  plus  agréable,  mais  que,  s'ils  sont 
plus  nombreux,  ils  la  rendent  plutôt  humide  et  désagréable.  Il  faut  donc  tAcher 
d'éviter  de  se  servir  de  viandes  pareilles;  si  on  est  obligé  parfois  de  les  employer, 
il  faut  y  ajouter  un  peu  de  cire,  ou,  lorsqu'on  les  fait  rôtir,  graisser  la  broche  de 
cire.  On  reconnaîtra  chez  l'animal  vivant  s'il  y  a  des  grêlons,  en  inspectant  le  voi- 
sinage de  la  langue,  car  c'est  là  que  ce  révèle  la  maladie,  ainsi  qu'aux  pieds  de 
derrière,  parce  qu'ils  sont  toujours  en  mouvement.  »  (trad.  franc,  cit.,  t.  I,  p.  271.) 

(3)  Grève  rapporte  qu'il  a  observé  sur  un  grand  nombre  de  porcs  ladres  un  phé- 
nomène singulier;  c'est  une  exagération  très  prononcée  delà  sensibilité  du  groin; 
lorsque  ces  animaux  fouillent  la  terre,  quoique  celle-ci  soit  molle  et  sans  corps 
durs  ou  pointus,  souvent  ils  s'arrêtent  tout  à  coup  en  poussant  un  cri  de  douleur; 
lorsqu'ils  sont  très  ladres,  ils  cessent  tout  à  fait  de  fouiller.  Lorsqu'ils  mangent  du 
grain  répandu  sur  un  sol  dur,  ils  ne  frottent  point  leur  groin  pour  le  prendre 
comme  font  les  cochons  sains,  mais  ils  relèvent  les  narines  et  la  lèvre  supérieure, 
sortent  la  langue  et  le  saisissent  en  léchant.  Le  groin  des  cochons  très  ladres  est 
plus  ou  moins  enflé,  mou  et  flasque  au  toucher.  D'après  la  sensibilité  exagérée  de 
cette  partie  on  peut,  dit  Grève,  diagnostiquer  la  ladrerie  :  le  porc  sain  qu'on 
frappe  légèrement  sur  le  nez  avec  une  baguette  ne  s'en  aperçoit  guère  et  ne  fait 
point  entendre  de  grognements,  tandis  que  celui  qui  est  ladre  fait  entendre  un  cri 
douloureux  au  moindre  attouchement  (ouvr,  cit.,  chap.  xvn,  art,  Cvsticercusfinna). 


NATURELLES  OU  ADVENTIVES.  —  CYSTICERQUES.      625 

chalance;  dans  un  troupeau  il  reste  parmi  les  derniers.  Les  yeux  sont 
ternes;  la  membrane  buccale  est  blafarde,  quelquefois  parsemée  de 
taches  violettes  non  saillantes  ;  le  pouls  est  petit  et  inégal,  la  respi- 
ration ralentie,  l'air  expiré,  fade  ;  les  soies  peu  adhérentes  se  déta- 
chent facilement  et  viennent  quelquefois  avec  un  peu  de  sang,  la 
peau  paraît  plus  épaisse  et  plus  consistante,  l'animal  perd  enfin 
complètement  les  forces;  il  devient  mal  assuré  sur  les  membres  pos- 
térieurs qui  se  paralysent;  le  tissu  cellulaire  se  soulève  par  places; 
des  tumeurs  surviennent  aux  ars  et  à  l'abdomen;  les  extrémités 
s'infiltrent  de  sérosité,  et  la  mort  vient  terminer  la  maladie. 

L'invasion  des  cysticerques  dans  les  organes  de  la  poitrine  ou  du 
ventre  ne  donne  point  lieu  à  des  phénomènes  particuliers  ;  il  n'en  est 
pas  de  même  dans  le  cerveau  ou  dans  l'oeil  (voy.  vers  du  cerveau  ; 
vers  de  l'œil).  Lorsqu'il  en  existe  dans  le  larynx,  la  trachée  ou 
même  en  arrière  de  la  langue,  le  cochon  prend  une  voix  enrouée. 

Les  cysticerques  qui  se  développent  à  la  base  de  la  langue,  peu- 
vent être  reconnus  par  l'examen  de  cette  partie;  c'est  en  constatant 
l'existence  de  ces  entozoaires  dans  cette  région  que  les  experts, 
dans  les  foires  et  les  marchés,  prononcent  sur  le  fait  de  la  ladrerie. 
Cette  pratique,  au  dire  d'Aristophane  et  d'Aristote  (1),  était  usitée 
de  leur  temps  ;  en  France,  autrefois,  les  experts  chargés  de  constater' 
la  ladrerie  en  avaient  pris  leur  nom  [langueyeurs);  mais  la  présence 
sous  la  langue  de  vésicules  de  cysticerque,  à  laquelle  l'on  s'attache 
exclusivement  pour  reconnaître  la  ladrerie,  est  un  signe  incertain  et 
souvent  insuffisant  (2)  ;  l'enflure  des  ganaches  qui  a  été  donnée 
comme  un  symptôme  de  quelque  valeur  serait  un  signe  encore  plus 
incertain  d'après  Hurtrel  d'Arboval  (3). 

La  ladrerie  est  lente  et  obscure  dans  sa  marche  ;  elle  reste  quel- 
quefois longtemps  stationnaire,  et  peut  durer  deux  ans  et  même 
davantage;  elle  est  toujours  mortelle. 

On  ignore  quelles  sont  les  conditions  qui  déterminent  la  ladrerie; 

(1)  Voy.  p.  622,  note. 

(2)  Grève  dit  qu'il  a  quelquefois  trouvé  des  cysticerques  sous  la  membrane  muqueuse 
de  la  langue  chez  des  porcs,  qui  n'en  avaient  pas  dans  d'autres  parties  du  corps,  et  qu'il 
n'en  a  pas  trouvé  là  chez  des  individus  qui  en  avaient,  au  contraire,  un  très  grand 
nombre  dans  d'autres  parties;  néanmoins  il  est  assez  ordinaire  d'en  trouver  sous 
la  langue  chez  les  porcs  ladres.  11  ajoute  que  les  marchands  allemands  extirpent 
avec  habileté  les  cysticerques  de  la  langue,  de  telle  sorte  qu'il  n'en  reste  aucune 
trace  (ouvr.  cit.). 

(3)  Hurtrel  d'Arboval,  ouvr.  cit.,  t.  Ht,  p.  480,  art.  Ladrerie. 

davaime.  40 


62fi  AlEECTiONS    VliKMIMUSKS   DES   CAVITÉS  SÉREUSES 

aucun  fait  ne  prouve  que  cette  maladie  soit  contagieuse,  et  sa  trans- 
mission par  hérédité  n'est  pas  mieux  établie.  Si  l'on  a  vu,  comme  on 
le  dit,  des  cochonnets  naître  avec  des  cysticerques,  cela  n'implique 
pas  que  d'autres  apportent  en  naissant  un  germe  qui  se  développe 
plus  tard. 

Nous  n'avons  pas  de  données  suffisantes  pour  établir  que  cette  ma- 
ladie soit  plus  fréquente  dans  certains  pays  ou  dans  certains  climats  ; 
elle  a  été  signalée  dans  presque  toutes  les  contrées  de  l'Europe. 
D'après  Macquart,  la  ladrerie  serait  au  moins  très  rare  en  Russie  (1)  ; 
on  a  dit  qu'elle  est  inconnue  dans  l'Amérique  espagnole  (2);  elle 
existe  aux  États-Unis,  au  moins  le  cysticerque  du  tissu  cellulaire 
s'y  rencontre  chez  le  porc  (3). 

Il  nous  paraît  qu'en  France  cette  maladie  est  moins  commune  au- 
jourd'hui qu'autrefois  :  les  ordonnances  de  nos  rois  qui  défendaient 
ou  qui  autorisaient  sur  les  marchés  de  Paris  la  vente  de  la  chair  de 
porc  ladre  (4),  la  création  d'agents  spéciaux  pour  constater  la  ma- 
ladie [les  jurés  langueyeurs  de  'porcs),  prouvent  qu'alors  les  porcs 
ladres  étaient  fréquemment  présentés  aux  marchés  de  Paris.  Les 
vastes  forêts  de  l'ancienne  Fiance  dans  lesquelles  vivaient  de  nom- 
breux troupeaux  de  porcs,  fournissaient  sans  doute  une  grande  pro- 
portion de  ces  animaux  ;  mais  peut-on  attribuer  la  ladrerie,  dont  ils 
étaient  si  communément  atteints,  à  leur  nourriture  ou  à  leur  vie  sau- 
vage, lorsque  le  sanglier,  qui  vit  dans  les  mêmes  conditions,  paraît 
en  être  exempt  \ 

On  ne  connaît  aucun  moyen  d'arrêter  la  marche  de  la  ladrerie  ou 
de  la  guérir.  Il  est  probable  qu'une  fois  cette  maladie  développée, 
les  médicaments,  le  temps  nécessaire  au  rétablissement  et  ensuite 
à  l'engraissement  de  la  bête,  entraîneraient  des  frais  que  ne  com- 
penserait pas  sa  valeur;  le  mieux  est  sans  doute  de  la  sacrifier  dès 
qu'on  reconnaît  son  état. 

(1)  Dict.  Hurtrel  d'Arboval,  art.  cit.,  p.  483. 

(2)  Dict.  Hurtrel  d'Arboval,  art.  cit. 

(3)  Joseph  Leidy,  Synopsis,  cité  a0  40. 

(4)  Ordonnances  de  1375,  1403,  1604,  1767. 


NATURELLES  OU  ADVENIVES.   —  CYSTICERQUES.  627 

DEUXIÈME    SECTION. 

CYSTICERQUE  CHEZ  L'HOMME. 

(Cysticerque    ladrique,   Synopsis,  n"  9.) 

Deux  ans  après  que  Goeze  eut  incliqué  la  nature  des  vésicules  du 
porc  ladre,  Werner  découvrit  chez  l'homme  des  entozoaires  sem- 
blables (1786).  En  disséquant  les  muscles  d'un  soldat  bien  constitué 
et  mort  par  submersion,  Werner  observa  sous  le  grand  pectoral  deux 
petits  kystes  dont  chacun  contenait  un  ver  vésiculaire.  Il  désigna 
ce  ver  par  le  nom  de  Finna,  rappelant  ainsi  son  rapport  avec  celui 
de  la  ladrerie,  maladie  qu'on  appelle  finnen  en  allemand  (1). 

Dans  l'espace  de  quelques  années  ensuite,  Fischer,  Treutler,  et 
Brera  rencontrèrent  des  cysticerques  dans  les  plexus  choroïdes. 

En  1802,  Steinbuch  et  Loschge  en  trouvèrent  vingt  dans  les  mus- 
cles du  dos,  du  col,  de  l'épaule,  et  cinq  dans  les  plexus  choroïdes  du 
même  cadavre  (2). 

En  1803,  Laennec  rencontra,  chez  un  homme  âgé  de  soixante 
ans,  des  cysticerques  ladriques  dans  les  muscles  grands  et  petits 
pectoraux,  dans  les  petits  obliques  de  l'abdomen,  dans  les  muscles 
des  jambes,  dans  le  biceps  du  bras  droit  et  le  deltoïde  du  bras 
gauche ,  dans  le  médiastin,  dans  la  couche  optique  gauche  et  dans 
l'hémisphère  droit  du  cerveau  ;  en  outre,  il  trouva  dans  le  foie  des 
vésicules  qu'il  crut  être  des  restes  de  cysticerques  (3). 

L'année  suivante ,  Dupuytren  trouva  un  cysticerque  dans  le 
muscle  grand  péronier  d'un  homme  âgé  de  trente  ans  (4). 

Sur  un  sujet  mort  d'un  cancer  de  la  face,  Himly  (1809)  remarqua 
de  petites  tumeurs,  reconnaissables  au  toucher  et  du  volume  d'une 
lentille,  qui  faisaient  saillie  à  la  surface  de  la  poitrine  et  du  ventre; 
leur  siège  était  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané.  11  reconnut,  en 
les  incisant,  que  chacune  d'elles  contenait  un  petit  corps  blanc, 
semblable  au  cysticerque  du  porc.  L'autopsie  du  cadavre  en  fit  ren- 

{1)  Yermium  intcslinaltum  brevis  exposilionis  continuatio  secunda.  Aucl.  P.  Ch. 
Fi  Werner,  Lipsiœ  1786,  p.  7. 

(2)  Steinbuch,  CommenUttio  de  tœnia  hydaligena  anomala,  etc.  Erlangen,  180'J. 

(3)  Laennec,  mém.  cit.,  obs.  i,  p.  124. 

(i)  Laennec,  mém.  cit.,  et  Dupuytren,  Leçons  orales,  etc.,  t.  III,  p.  367 


628  AFFECTIONS  VliRMlNbUSIiS  DliS  CAVITÉS  SÉREUSES 

contrer  plusieurs  centaines  dans  les  muscles,  dans  les  poumons  et 
dans  le  cerveau.  Il  n'en  existait  pas  dans  le  foie  (1). 

Depuis  lors  lescysticerques  ont  été  fréquemment  rencontrés  chez 
l'homme;  il  ne  se  passe  pas  d'année  qu'on  n'en  rapporte  quelque 
observation  dans  les  recueils  scientifiques.  Isenfiam,  Mascagni, 
Florman,  Rudolphi,  Grève,  Lobstein,  Cruveilhier,  Demarquay, 
Follin  et  Robin,  Follin  et  Davaine  ,  Leudet,  etc.,  en  ont  rencontré 
dans  le  tissu  cellulaire  intermusculaire  ;  d'autres  observateurs  en  ont 
vu  dans  les  organes  encéphaliques  ou  dans  l'œil  (voy.  liv.  III, 
part,  i,  et  liv.  IV,  part.  i). 

D'après  les  faits  que  nous  avons  relevés,  les  parties  qui  sont  le 
plus  fréquemment  envahies  par  les  entozoaires  sont  :  1°  le  tissu 
cellulaire  intermusculaire  du  tronc  et  des  extrémités;  2°  le  cerveau; 
3"  l'œil. 

A.  —  Cysticerques  dans  les  parois  du  cœur. 

Ier  Cas  (Morgagni). 

Il  s'agit  d'un  vieillard,  âgé  de  soixante-quatorze  ans,  chez  lequel  on  n'avait 
remarqué  aucun  symptôme  de  maladie  du  cœur. 

A  Yaulopsie,  on  trouva  à  la  surface  postérieure  du  ventricule  gauche  du 
cœur,  à  un  intervalle  de  deux  travers  de  doigt  au-dessus  de  la  pointe!  un 
tubercule  de  la  grosseur  et  de  la  forme  d'une  cerise  moyenne,  dont  une  moitié 
formait  saillie  et  dont  l'autre  moitié  s'enfonçait  dans  la  substance  du  cœur. 
Après  qu'il  eut  été  piqué,  il  laissa  écouler  un  peu  d'eau,  on  l'ouvrit  ensuite 
et  l'on  en  retira  une  petite  membrane,  dont  quelques  endroits  étaient  blancs  et 
muqueux  et  dont  une  partie  présentait,  une  dureté  comme  tendineuse.  Cette 
petite  membrane  parut  tenir  lieu  d'une  tunique  interne  dans  le  tubercule,  car 
il  y  en  avait  une  autre  extérieure,  qui  était  dense  et  blanchâtre. 

Laennec,  avec  raison  suivant  nous,  rapporte  ce  cas  au  cysticerque  lacîii— 
que  (2). 

IIe  Cas  (Rudolphi). 

Dans  le  cadavre  d'une  femme  très  grasse,  Rudolphi  et  Knape  trouvèrent 
trois  cysticerques  dans  les  trabécules  du  cœur.  Il  y  en  avait  plusieurs  dans 
les  muscles  du  corps,  dans  le  cerveau,  dans  le  corps  strié,  dans  la  moelle 
allongée  aussi  bien  que  clans  la  substance  médullaire,  et  entre  les  circonvo- 
lutions du  cerveau  (3). 

(1)  Karl  Himly,  Beobachtung  und  Beschreibung  des  Finnenwurms,  dans  le  Journal 
de  Hufeland,  t.  XXIX,  déc.  1809,  p.  116. 

(2)  Morgagni,  De  sedibus  et  causis  morborum,  epist.  XXI,  §  4,  et  Laennec,  De 
l'auscultation  médiate,  t.  III,  p.  175. 

(3)  Rudolphi,  Enlozorum  Synopsis,  p.  540'. 


NATURELLES  OU  ADVENTIVES.    —   CYSTICERQUES.  029 

IIIe  Cas  (Andral). 

«  On  a  quelquefois  rencontré  dans  le  cœur  l'espèce  d'entozoaire  connue 

sous  le  nom  de  cysticerque Une  fois,  à  la  Charité,  j'ai  trouvé  dans  le 

cœur  trois  petites  vésicules,  ayant  chacune  la  grosseur  d'une  noisette,  trans- 
parentes dans  toute  leur  étendue,  et  présentant  à  leur  intérieur  un  point 
blanc,  plus  dur  que  le  reste  de  la  vésicule,  que  par  la  pression  on  faisait  sortir 
de  l'intérieur  de  la  vésicule  comme  une  tête  (I).  » 

IVe  Cas  (docteur  Ferrall). 

«  M.  le  docteur  Ferrai  a  présenté  à  la  société  pathologique  de  Dublin  un 
exemple  de  cette  rare  affection.  Le  septum  des  ventricules  contenait  six  ou 
sept  hydatides  appartenant  à  la  classe  des  cysticerques;  plusieurs  autres 

étaient  contenues  dans  les  parois  des  ventricules Le  malade,  qui  avait 

fourni  cette  pièce,  avait  joui  d'une  bonne  santé  jusqu'à  trois  mois  avant  son 
entrée  à  l'hôpital  Saint- Vincent,  mais  il  ne  pouvait  donner  des  renseigne- 
ments clairs  et  précis  sur  l'origine  et  les  progrès  de  sa  maladie.  Lors  de  son 
entrée,  il  avait  une  anasarque,  une  ascite  et  un  œdème  des  poumons  avec  des 
palpitations  de  cœur  et  l'urine  albumineuse.  On  constata  dans  les  reins  les 
altérations  propres  à  (a  maladie  de  Brighl  (2).  » 

Ve  Cas  (Leudet). 

M.  Leudet  a  présenté  à  la  société  anatomique  un  cœur,  remarquable  par  la 
présence  de  cysticerques  dans  ses  parois.  Le  malade  était  mort  d'une  endo- 
cardite. A  la  base  du  ventricule  droit  existaient  trois  cysticerques  ;  un  autre 
était  dans  la  paroi  du  ventricule  gauche;  il  y  avait  en  tout  onze  cysticerques 
dans  les  diverses  parties  du  cœur.  Point  de  détails  sur  les  symptômes  de  la 
maladie  et  sur  l'état  des  autres  organes  (3). 

B.  —  Cysticerques  dans  les  poumons. 

Ier  Cas  (Wepfer). 

Wepfer  rapporte  l'observation  d'un  individu  mort  de  phthisie,  dans  le  ca- 
davre duquel  il  trouva  un  grand  nombre  de  vésicules  (grandines)  ;  elles  exis- 
taient surtout  dans  le  poumon,  le  foie,  l'épiploon,  etc.  Les  muscles  ne  furent 
pas  examinés.  D'après  la  description  de  ces  vésicules  on  pourrait  les  rap- 
porter aux  cysticerques  (4). 

(1)  Andral,  Anal. pathologique,  t.  II,  p.  332. 

(2)  Dublin,  Journ.  ofmed.  se,  juillet  1839,  en  extrait  dans  le  Reperl.  un'm.  de 
clinique,  par  Cottereau,  1840,  p.  412. 

(3)  Leudet,  Bull.  Soc.  anat.  Aon.  XXVtl,  p.  469,  Paris,  1852. 

(4)  Nepfer,  Grandines  pulmonum  aliarumqiie  partiwm  cumphthisi  (Ephem.  nat. 
cur.  dec.  II,  Ann.  IX,  1690,  p.  440. 


<>3<>  AFFECTIONS   VFJîMINI'.USliS  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

IIe  Cas  (Himly). 
Dans  le  cas  de  Himly,  des  cysticerques  existaient,  à  la  fois  dans  les  pou- 
mons, dans  les  muscles  et  dans  le  cerveau  (1). 

III"  CaS  (BoNNAFOX  DE  Ma«.LF,t). 

«  Bonnafox  dit  avoir  trouvé  trois  hydalides  dans  les  poumons  d'un  enfant 
de  cinq  ans,  mort  du  croup.  Elles  étaient  dans  les  lobes  supérieurs  des  pou- 
mons ;  deux  étaient  à  gauche  à  quelque  distance  l'une  de  l'autre.  Elles  n'étaient 
pas  plus  grosses  qu'un  grain  de  chènevis.  La  troisième  était  à  droite;  elle 
présentait  le  volume  d'une  grosse  noisette  (2).  » 

IVe  Cas  (Démarquai  et  Gervais). 
Dans  le  cadavre  d'une  femme  âgée  de  cinquante  à  soixante  ans,  M.  De- 
marquay trouva  un  grand  nombre  de  cysticerques  ;  il  y  en  avait  dans  presque 
tous  les  muscles  du  tronc  et  des  membres.  Il  y  en  avait  deux  dans  le  poumon 
droit  et  d'autres  dans  les  membranes  du  cerveau  (3). 

La  rate  et  les  reins,  jusque  aujourd'hui,  paraissent  exempts  du 
cysticerque  ladrique;  le  foie  également,  caries  vésicules  rencontrées 
par  Laennec  et  les  vers  vésiculaires  observés  par  Brera  dans  cp  der- 
nier organe,  ne  peuvent  être  rapportés  avec  quelque  certitudp  au  cys- 
ticerque ladrique  (4). 

Les  cj'sticerques  du  tissu  cellulaire,  comme  les  hydatides,  ont  une 
tendance  à  se  généraliser.  Dans  les  observations  que  nous  avons  re- 
levées, nous  les  avons  vus  fréquemment  exister  à  la  fois  dans  plu- 
sieurs parties  tant  superficielles  que  profondes,  et,  si  les  cas  de  cys- 
ticerque intéressant  des  organes  divers  ne  sont  pas  proportionnelle- 
ment les  plus  nombreux,  on  doit  l'attribuer  sans  nul  doute,  à  ce  que 
le  plus  souvent  tous  les  organes,  à  l'autopsie,  n'ont  pasété  examinés. 

(1)  Himly,  obs.  cit. 

(2)  Bonnafox  de  Mallet,  Traité  de  la  nat.  et  du  trait,  de  la  phthisie  pulm., 
Paris,  1804,  p.  24.  Extrait  dans  Bayle,  ouvr.  cit.,  édit.  1855,  p.  632. 

(3)  Demarquay,  Bull.  Soc.  anat.,  ann.  XX,  1845,  p.  112  et  Gervais,  Bull.  Soc. 
philom.  de  Paris,  4  janv.  1843,  dans  Journ.  l'Institut,  n"  576,  p.  16,  1845. 

Ce  cas  est  rapporté  parPigné  dans  la  Gaz.  des  hôpitaux,  1844,  p.  592.  La  rela- 
tion diffère,  sous  plusieurs  rapports,  de  celle  de  MM.  Demarquay  et  Gervais  ;  elle  est 
inexacte. 

(4)  Brera"mentionne  deux  cas  de  cysticerque  dans  le  foie  chez  l'homme  ;  le  pre- 
mier à  propos  du  distome  hépatique  (in  :  mem.  sop.  i  pnneip.  vernit,  etc., 
Crema,  1811,  p.  94),  il  n'en  fait  qu'une  simple  mention  ;  le  second  est  rapporté 
ayee  quelques  détails,  mais  tout  à  fait  insuffisants;  on  ne  peut  dire  s'il  s'agit  de 
cysticerques  du  tissu  cellulaire,  ou  même  s'il  s'agit  de  vers  vésiculaires  (même 
ouvr.,  p.  159). 


NATURELLES   OU  ADVENTÏVES.    —   (1YSTICERQUES.  63l 

Nous  savons  que  les  hydatides  aussi  sont  assez  fréquemment 
multiples  et  disséminées  dans  plusieurs  organes  ;  mais  il  est  remar- 
quable que  ces  deux  espèces  de  vers  vésiculaires  ont  une  tendance 
en  quelque  sorte  inverse  dans  leur  dissémination  :  les  hydatides  sont 
communes  clans  le  foie,  le  poumon,  les  organes  abdominaux;  les  cys- 
ticerques  sont  rares  dans  ces  parties  et  communs,  au  contraire,  dans 
les  parois  du  tronc,  dans  les  membres,  le  cerveau,  l'œil;  organes 
rarement  envahis  par  les  hydatides. 

Le  cysticerque  chez  l'homme,  comme  chez  le  porc,  a  été  observé 
dans  des  contrées  et  des  climats  divers  :  en  Italie,  en  France,  en  Al- 
lemagne, en  Suède,  en  Amérique. 

Rudolphi  rapporte  que,  sur  deux  cent  cinquante  cadavres  en- 
viron qu'il  avait  examinés  chaque  année  depuis  neuf  ans,  à  Berlin, 
avec  le  professeur  Knape,  il  avait  trouvé  chaque  année  quatre  ou 
cinq  cas  de  cj^sticerques  chez  l'homme  (1);  d'un  autre  côté  Bremser 
dit:  "  J'ai  fait  mes  efforts  depuis  dix  ans,  mais  en  vain,  pour  m'en 
procurer  dans  le  grand  hôpital  de  Vienne  et  dans  l'amphithéâtre 
anatomique  de  la  même  ville  (2).  »  D'après  ces  investigations  faites 
à  la  même  époque,  on  doit  présumer  que  le  cysticerque  ladrique 
n'est  pas  partout  également  commun.  Cette  observation  a  été  con- 
firmée par  les  recherches  récentes  de  M.  Virchow  :  pendant  un 
séjour  de  sept  ans  à  Wûrzburg,  cet  observateur  n'a  vu  qu'un  seul 
cysticerque,  tandis  qu'au  bout  de  deux  mois  et  demi  à  Berlin,  il 
en  avait  déjà  vu  trois  individus,  deux  dans  le  cerveau,  et  un  dans  le 
muscle  biceps,  et  pendant  un  séjour  antérieur  dans  cette  ville,  il  a  eu 
l'occasion  de  s'assurer  de  la  fréquence  de  ce  ver  (3). 

Le  cysticerque  ne  paraît  pas  plus  fréquent  dans  l'un  ou  l'autre 
sexe.  On  l'a  vu  chez  l'enfant  non  moins  fréquemment,  que  chez  le 
vieillard. 

Suivant  Rudolphi,  les  cadavres  des  leucophlegmatiques  offre?)  t 
plus  fréquemment  que  les  autres  des  vers  vésiculaires  (4). 

Aucun  symptôme  particulier  ne  décèle  la  présence  des  cysticer- 
ques  dans  les  organes;  leur  kyste  forme  quelquefois  sous  la  peau 

(1)  Rudolphi,  Synopsis,  p.  546. 

(2)  Bremser,  p.  289. 

(3)  Archiv.  fuer  patholog.  Analom.,  t.  Met  Gaz.  mM.,  Paris,  1858,  n°  28,  p.  443. 

(4)  Rud.,  Synops.,  p.  546. 


<>3:>  AFFECTIONS  VERMINEDSES  DES  CAVITÉS  SÉREUSES 

une  petite  tumeur  dont  la  ponction  pourrait  déterminer  la  nature. 
Les  muscles  dans  lesquels  ces  vers  existent,  malgré  l'assertion  con- 
traire de  Werner,  conservent  leur  apparence  normale.  Le  volume 
constamment  petit  de  ces  entozoaires  les  rend  généralement  inoffen- 
sifs  pour  les  parties  qu'ils  occupent  ;  ce  n'est  que  par  une  multipli- 
cation excessive,  qui  ne  paraît  pas  avoir  été  observée  à  ce  point  chez 
l'homme,  qu'ils  donneraient  lieu  aux  phénomènes  de  la  ladrerie; 
toutefois,  clans  le  cerveau  et  dans  l'œil,  ils  occasionnent  un  état  pa- 
thologique grave  (voy.  liv.  III,  part,  i,  liv.  IV,  part.  i). 

CAS    DE    CYSTICERQl'ES    DANS   DIVERS  .ORGANES. 
A.  —  Sous  la  conjonctive. 

Baum  de  Dan tzig,  3  mars  1838.  Homme  de  vingt-trois  ans;  cyslicerque 
extrait  de  l'angle  interne  de  l'œil  droit.  Cas  rapporté  par  de  Siebold.  [Gazette 
de  la  réunion  médicale  de  Prusse,  Berlin,  1838,  n°  16,  18  avril.) 

Estlin  de  Bristol.  Fille  âgée  de  six  ans  ;  tumeur  grosse  comme  un  pois 
sous  la  conjonctive  oculaire  de  l'œil  droit;  incision,  issue  d'un  cysticerque 
pourvu  de  quatre  suçoirs  et  d'une  double  couronne  de  crochets.  Guérison. 
[Gazelle  médicale  de  Londres,  2o  août  1838,  p.  839.  — Mackensie,  Mala- 
dies des  yeux,  trad.,  p.  720,  rapporté  aussi  dans  Froriep.) 

Hôring  de  Ludioigsburg,  juin  1838.  Fille  âgée  de  sept  ans;  cysticerque  de 
l'angle  externe  de  l'œil  droit.  [Correspondenzblall  du  Wurtemberg,  t.  IX, 
n°  25,  p.  169.  —  Journal  d'Ammon.  —  Gaz.  mèd.,  Paris,  1839,  p.  636.) 

Estlin,  2e  cas?  [Gaz.  méd.,  Lond.,  27  mars  1840,  p.  35.) 

Cunier,  Bruxelles,  20  août  1841.  [Ann.  d 'oculislique ,  t.  VI,  p.  271,  mars 
1842.) 

Sichel,  Paris,  22  juin  1842.  Cysticerque  développé  sous  la  conjonctive  de 
l'œil  gauche,  chez  une  fille  de  sept  ans.  Extirpation,  guérison.  [Mém.  pratique 
sur  le  cysticerque  observé  dans  l'œil  humain,  Joum.  de  chirurg.  de  Malgaigne, 
1843,  p.  404.) 

Sichel,  2e  cas,  Paris,  27  janvier  1843.  Cysticerque  sous  la  conjonctive  de 
l'œil  gauche,  chez  un  homme  de  quarante-six  ans.  Extirpation,  guérison. 
(Mém.  cit.,  p.  405.) 

Sichel,  3e  cas,  Paris,  3  octobre  1843.  Cysticerque  sous  la  conjonctive 
chez  une  fille  de  six  ans  et  demi,  œil  droit.  Extirpation,  guérison.  (Mém.  cit., 
p.  407.) 

Sichel,  4e  cas,  Paris.  Garçon  de  sept  ans  et  demi;  conjonctivite  il  y  a 
trois  mois.  CEil  droit  ;  tumeur  datant  de  deux  mois  existant  à  la  partie  supé- 


NATURELLES   OU   ADVENTIVES.    —  CYSTICERQUES.  633 

rieure  interne  de  la  conjonctive,  à  3  millimètres  de  la  cornée,  globuleuse,  un 
peu  allongée  transversalement,  indolente,  opaline,  transparente,  avec  un 
point  opaque,  blanc  grisâtre,  au  centre;  extirpation.  Cysticerque  pourvu  de 
vingt-six  crochets.  (Gaz.  des  hôpitaux,  27  décembre  1  845,  p.  625.) 

Sichel,  5e  cas,  Paris,  23  avril  1852.  Fille  de  sept  ans;  tumeur  à  la  partie 
inférieure  externe  de  la  conjonctive  de  l'œil  droit.  —  Issue  spontanée  d'un 
cysticerque.  (Sichel,  Iconographie  ophtalmologique,  1859,  obs.  CCLXIX, 
p.  705,  pi.  LXXir,  fig.  2,  3.) 

Edwin  Canton.  Londres,  4  848.  Enfant  âgé  de  deux  ans  sept  mois;  tumeur 
du  volume  d'un  petit  pois,  attachée  au  globe  oculaire,  près  de  l'angle  interne 
sous  la  paupière  inférieure.  Excision  de  la  conjonctive;  issue  d'un  cysti- 
cerque. Guérison  en  trois  jours.  (The  lancet,  juillet  1848,  et  Archiv.  gén.  de 
méd.,  4e  série,  t.  XIX,  p.  218,  1849.) 

Voyez  pour  les  cysticerques  du  globe  oculaire,  liv.  IV,  part.  i. 

B.  —  Langue, 

Chabert,  au  rapport  de  Rudolphi,  a  observé  un  cysticerque  dans  la  langue 
d'un  enfant;  il  l'avait  fait  enlever  par  son  collègue  Chaumontel.  (Rud.  Ent. 
hist.,t.  II,  pars  n,  p.  230.) 

C.  —Face. 

Grève  rapporte  qu'une  vieille  femme  avait  quelques  cysticerques  à  la 
garde  interne  des  joues.  Un  chirurgien,  qui  les  avait  pris  pour  des  boutons 
cancéreux,  les  extirpa.  (Ouvr.  cit.,  chap.  xvn,  art.  C.  Finna.) 

W.  Berend  observa  un  cysticerque  dans  la  lèvre  chez  un  enfant  d'un  an; 
il  formait  une  tumeur  du  volume  d'un  haricot.  Une  petite  incision  donna 
issue  au  ver;  la  réunion  de  la  plaie  eut  lieu  par  première  intention.  (Medic, 
Vereins  Zeit.  et  Gazette  des  hôpitaux,  p.  171,  1855.) 

D.  —  Paroi  du  tronc  et  membres. 

Voyez  les  cas  rapportés  ci-dessus  de  Werner  (1786).  —  Steinbuch  et 
Loschge  (1802).  —  Laennec  (1803). —  Dupuytren  (1804).  —  Himly(1809). 

Isenflam.  Un  cysticerque  dans  le  creux  de  l'aisselle.  (Rudolphi,  Ent.  hisl., 
t.  II,  pars  n,  p.  230). 

H.  Florman.  Deux  cysticerques  dans  le  grand  pectoral  d  un  homme  de 
soixante  ans.  Stockholm.  (Vetensk.  acad.  nya  Hadlingar,  t.  XXXI,  p.  179, 
1810,  et  Rud.  Syn.,p.  620.) 

Mascagni.  Cysticerques  en  nombre  prodigieux  dans  les  muscles  des  deux 
bras  d'un  jeune  homme.  (Cité  par  Brera,  Mém.  prim.  cit.,  p.  153.) 

Grève,  Oldenbourg,  1  81  8.  Jeune  homme;  cysticerques  dans  les  muscles  du 
bassin,  trois  dans  ceux  du  cou.  (Ouvr.  cit.,  chap.  xvn,  art.  C.  Finna.) 


63'i  AFFECTIONS    YERMINEUSKS    DES   CAVITES   SÉKEUSES. 

Lobstein  dit  avoir  rencontré  plusieurs  fois  des  cyslicerques  dans  le  tissu 
cellulaire  interrausculaire  j  point  d'observation  particulière*  (Traité  d'ana t. 
pathologique,  I  s  2 9 ,  t.  1,  p.  530.) 

Crdveilhier.  Trois  cas  :  1°  muscle  couturier;  2"  et  â°  courte  portion  dn 
biceps  humerai.  (Art.  Entozoaire,  cit.,  1831.) 

(ii- m  acii,  Mayence,  1844.  Vieille  femme  ;  cyslicerques  dans  presque  tous  les 
muscles,  surtout  dans  ceux  des  bras  et  des  cuisses.  (Gaz.  hôpitaux,  p.  .'IÇMi, 
I844.) 

Démarquât  et  Gervais.  Cysticerques  dans  presque  tous  les  muscles.  (Cas 
rite,  p.  630.) 

Follin  et  RoniN.  (Bull.  soc.  philom.,  novembre  1846,  et  Richard,  liist.  nat. 
méd.,  4°  édît. ,  1849,  t.  I,  p.  501.) 

Jeffries  Wyman,  Boston.  Douze  à  quinze  cysticerques  dans  les  muscles  et 
les  téguments;  un  autre  libre  à  la  surface  interne  de  la  dure-mère,  près  de 
l'apophyse  crisla- galli,  chez  un  femme  de  cinquante  ans,  morte  phlhisique. 
Chez  le  même  sujet,  il  y  avait  un  grand  nombre  de  trichina  spiralis  dans  les 
muscles.  (Boston,  Catal.  cit.,  p.  321,  n°  904,  1847.) 

Follin  et  Davaine,  Paris.  Trois  cysticerques  dans  un  seul  kyste  situé  à  la 
face  interne  du  muscle  droit  de  l'abdomen.  Tête  pourvue  de  trente-deux  cro- 
chets. (Comptes  rendus  Soc.  biologie,  t.  IV,  1852,  p.  19.) 

0.  W.  F.  Ude,  Braunschiveig.  Homme.  Tumeur  du  volume  d'un  œuf  de 
pigeon,  située  à  la  partie  inférieure  du  cou  et  supérieure  du  thorax,  près  du 
sternum.  Incision,  issue  de  pus  et  d'un  cysticerque  gros  comme  une  petite 
noisette,  pourvu  de  quatre  ventouses  et  de  trente-deux  crochets.  (Nordame- 
rikanischer  monatsbericht  fur  natur,  und  Heillcunde  redigirt  von  W.  Keller  et 
H.  Tiedemann.  —  Philadelphia,  janvier  1852,  p.  10.) 

Leudet,  Paris.  Femme,  vingt-huit  ans  ;  une  vingtaine  de  cysticerques 
dans  les  muscles  des  membres  inférieurs  et  supérieurs  et  dans  les  pectoraux  ; 
vingt-deux  dans  le  cerveau.  (Voy.  ci-après,  liv.  III,  part,  i,  div.  i,  sect.  n, 
ch.  h.  obs.  IX.) 

Raikem,  Bruxelles.  Un  grand  nombre  de  cysticerques  trouvés  à  l'autopsie. 
Journ.  de  méd,  chir.  de  Bruxelles,  sept.  1845,  p.  543,  555,  et  Bull.  acad. 
roy.  de  méd,  de  Belgique,  1853,  p.  199.) 

Béraud,  Paris,  16  janvier  1855.  Kyste  ovoïde  du  volume  d'un  gros  pois, 
situé  sur  le  bord  du  fléchisseur  superficiel,  dans  un  cadavre  en  dissection. 
Vésicule  contenant  un  corps  blanchâtre  du  volume  d'une  grosse  tête  d'épingle, 
pourvue  d'une  tête,  de  quatre  ventouses  et  d'une  double  couronne  de  cro- 
chets. (Ce  corps  est  considéré  par  l'auteur  comme  un  échinocoque  ;  mais,  vu 
son  volume  et  les  autres  détails,  il  appartient  évidemment  aux  cysticerques.' 
(Gaz.  des  hôpitaux,  1857.) 


LIVRE  TROISIEME. 

VERS  DANS  LES  OitCANHS  PAREMCilAMATEUX. 

PREMIÈRE  PARTIE. 

AFFECTIONS  VERMINEUSES  DU  SYSTÈME  NERVEUX  CENTRAL. 

L'envahissement  du  système  nerveux  central  par  des  entozoaires 
n'est  pas  rare  chez  l'homme  et  chez  les  mammifères  herbivores.  Ces 
entozoaires  sont  exclusivement  des  vers  vésiculaires  qui  appartien- 
nent aux  trois  types  connus.  L'un  de  ces  vers,  le  cœnure,  n'a  pro- 
bablement jamais  été  rencontré  chez  l'homme  ;  nous  n'en  connais- 
sons au  moins  aucun  exemple  certain.  On  ne  l'a  point  rencontré  non 
plus  chez  les  animaux  carnivores;  il  attaque  fréquemment  les  rumi- 
nants ;  on  l'observe  aussi,  mais  plus  rarement,  chez  d'autres  herbi- 
vores, tels  que  le  chameau,  le  cheval,  le  lapin. 

Bien  que  le  cœnure,  comme  les  hydatides  et  les  cysticerques, 
puisse  être  renfermé  dans  une  cavité  séreuse,  la  poche  qui  le  contient 
n'existe  jamais  que  dans  l'un  des  organes  encéphaliques,  et  cette 
considération  doit  le  faire  regarder  comme  un  ver  propre  au  sys- 
tème nerveux.  C'est  le  seul  entozoaire  connu  qui  ait  pour  habitai 
exclusif  les  centres  nerveux.  A  ce  titre,  il  devrait  seul  nous  occuper 
ici;  toutefois,  il  peut  être  intéressant,  au  point  de  vue  de  la  patho- 
logie, de  rapprocher  les  cas  d'affections  des  organes  encéphaliques 
occasionnés  par  les  différents  entozoaires  qui  s'y  rencontrent. 
Ainsi  donc,  après  avoir  exposé  les  phénomènes  pathologiques  dé- 
terminés par  le  cœnure  chez  les  animaux  domestiques,  nous  nous  oc- 
cuperons de  ceux  qui  résultent  de  la  présence  des  hydatides  et  des 
cysticerques  dans  l'encéphale  chez  quelques  animaux  et  chez 
l'homme. 


636        AFFECTIONS   VERM1NE0S1ÏS   DU   SYSTÈME   NERVEUX   CENTRAI, 

PREMIÈRE   DIVISION. 

VERS  EN  RAPPORT  AVEC  LA  PORTION  CÉPIIAL1QLE  DE  L'ENCÉPHALE. 

PREMIÈRE  SECTION. 

VERS   CHEZ    LES   ANIMAUX    DOMESTIQUES. 

Les  vers  vésiculaires  autres  que  le  coenure  doivent  se  rencontrer 
quelquefois  dans  le  cerveau  chez  les  ruminants,  mais,  soit  qu'ils  s'y 
trouvent  très  rarement,  soit  qu'ils  aient  été  confondus  avec  le  coe- 
nure, les  auteurs  modernes  de  pathologie  vétérinaire  n'en  font  point 
mention  ;  quant  aux  auteurs  plus  anciens,  on  sait  qu'ils  confondaient 
tous  les  vers  vésiculaires  sous  le  nom  d'hydatides  et  que  VJtydatide 
cérébrale  désigne  chez  eux  le  cœnure.  Le  cysticerque  ladrique  est 
très  commun  dans  le  cerveau  chez  le  porc;  peut-être  a-t-il  été  ob- 
servé aussi  chez  le  chien. 


CHAPITRE  PREMIER. 

LE   COENURE    DU   MOUTON   ET   DU   ROEUF.  —  TOURNIS. 

(Cœnure,  Synops.,  n°  8.) 

Tournis.  —  Noms  vulgaires. 
France.  —  Avertin,   tournoiement,  étourdissement,  .vertigo,  vertige  lourd, 

lourdaine,  lourderie,  hydrocéphale. 
Allemagne.  —  Das  Drehen. 

Le  développement  du  cœnure  occasionne  dans  les  centres  nerveux 
une  maladie  grave,  ordinairement  mortelle,  qui  a  reçu  le  nom  de 
tournis,  de  l'un  de  ses  symptômes  les  plus  constants  et  les  plus  re- 
marquables. 

La  nature  du  tournis  et  les  causes  qui  le  produisent  ont  été,  comme 
beaucoup  d'autres  questions  de  pathologie  vermineuse,  le  sujet  d'une 
foule  d'opinions  diverses.  Cette  affection  a  été  regardée  par  les  uns 
ou  par  les  autres  comme  une  apoplexie  séreuse,  comme  une  hydro- 
pisie  des  ventricules,  un  engorgement  séreux  du  cerveau,  et  le  cœnure 


CHEZ   LES   RUMINANTS.  —  COENURE.  637 

comme  un  kyste,  comme  le  produit  d'une  métamorphose  d'œuls 
d'insecte  déposés  sous  le  crâne,  etc.  On  a  cherché  sa  cause  dans  le 
régime,  le  chaud,  le  froid,  l'humidité,  l'obésité  précoce,  les  contu- 
sions, etc.  ;  mais  le  tournis  apparaît  dans  des  conditions  très  di- 
verses, dans  les  étables  ou  les  bergeries  comme  aux  champs,  sur  les 
montagnes  comme  dans  les  vallées,  dans  toutes  les  saisons,  dans 
toutes  les  contrées. 

Un  naturaliste  allemand,  mort  jeune,  mais  déjà  célèbre,  Leske 
(1 779) ,  reconnut  un  ver 
cystique  dans  la  vési- 
cule aqueuse  que  l'on 
rencontre  toujours  en 
quelque  point  de  l'en- 
céphale des  bêtes  at- 
teintes du  tournis  (1), 
vésicule  dont  l'exis- 
tence était  alors  connue, 
mais  dont  la  nature  était 
ignorée  (2).  Goeze,  de 
son  côté,  fit  bientôt 
après  la  même  observa- 
tion (3). 

Malgré  la  connais- 
sance de  la  nature  de 
l'affection  qui  nous  oc- 
cupe ,  les  causes  ou 
conditions  du  dévelop- 
pement du  cœnure  sont 
restées  jusqu'ànos  jours 
enveloppées  d'une  obscurité  profonde.  On  sait  que  les  expériences 


F;g.  22.  —  Cœnure  du  mouton.  —  1,  vésicule  grandeur  nain- 
relie  ;  —  2,  groupes  de  têtes  grossis  ;  —  3,  tète  fortement 
grossie  (voy.  le  Synopsis). 


(1)  Nat.  God.  Leske,  von  dem  Drehen  der  Schaafeund  dem  Blasenbandwurme  in 
Gehirne  derselben.  Leipzig,  1779. 

(2)  Avant  Leske,  teshydalides  du  cerveau  étaient  connues  et  Guetebriick,  Hastfer, 
Ranftler  leur  avaient  attribué  le  tournoiement  des  brebis.  Ce  dernier,  en  1776, 
avait  signalé  l'existence  de  petits  corpuscules  à  la  surface  de  Vhydalide  (les  têtes  du 
cœnure)  et  avait  soupçonné  qu'il  en  naissait  des  vers,  mais  ces  auteurs  n'ont  nul- 
lement reconnu  l'animalité  de  Vhydalide  ou  des  corpuscules  qui  en  naissent. 
(Guetebriick  Gesammelter  Unterricht  von  Schœfereyen,  t.  1,  p.  277. — Hastfer, 
Vnlerricht  von  Zucht  und  Warluncj  der  Schaafe,  p.  93.  —  Ranftler,  Anzeige  der 
Leipz.  Okonom.  Sociel.,  1776,  p.  20,  cités  par  Bloch.) 

(3)  J.  A.  E.  Gceze,  Neuesle  Enldeclcung,dass  die  Finnen,elc,  Halle,  1784,  p.  2j. 


63.S       AFFECTIONS   VbttAUNliUSliS  DU  SYSTEME   NERVLUX.  CENTRAL 

des  helminthologistes  modernes  tendent  à  prouver  que  ce  ver  vêsi- 
culaire  provient  du  transport  et  du  développement  dans  le  cer- 
veau de  la  larve  d'un  ténia  qui  vit  dans  l'intestin  du  chien  (voy.  Sy- 
nopsis, n°  8). 

Parmi  les  animaux  domestiques,  on  n'observe  guère  le  tournis 
que  chez  le  mouton  et  le  bœuf;  il  est  beaucoup  plus  fréquent  chez 
le  premier  de  ces  animaux  ;  il  fait  périr  presque  la  totalité  de  ceux 
qu'il  attaque  et  cause  de  grands  préjudices  aux  agriculteurs. 

C'est  surtout  pendant  la  première  année  de  leur  vie  que  les  mou- 
tons sont  exposés  à  l'invasion  du  cœnure  ;  les  agneaux  à  la  mamelle 
en  sont  souvent  atteints  fl).  Ce  ver  devient  plus  rare  chez  les  bêtes 
de  deux  ans,  et  beaucoup  plus  rare  encore  chez  les  adultes. 

Chez  le  bœuf,  le  cœnure  est  aussi  beaucoup  plus  commun  dans  le 
jeune  âge. 

Beaucoup  de  vétérinaires  pensent  que  le  tournis  est  hérédi- 
taire (2). 

Le  cœnure,  dans  la  plupart  des  cas,  est  solitaire  ;  il  n'est  cepen- 

(l)  «  Riern  rapporte  le  fait  d'un  agueau  né  avec  une  hydatide  dans  le  quatrième 
ventricule  (Feuille  du  cultivateur,  t.  V,  p.  213). — Hering  cite  des  auteurs  allemands 
qui  ont  trouvé  des  cœnures  dans  le  cerveau  de  nouveau-nés;  lui-même  assure  en 
avoir  vu  de  un  à  cinq,  de  la  grosseur  d'un  pois,  dans  le  cerveau  d'agneaux  de 
quelques  jours  (Hering,  Pathologie,  art.  Tournis).— Nous -même  (M.  Reynal),  nous 
en  avons  trouvé  chez  des  agneaux  âgés  de  quatre,  de  six  et  de  vingt-cinq  jours.  » 
(Reynal,  mém.  cit.,  p.  898.) 

(2  L'hérédité,  comme  cause  du  tournis,  a  été  indiquée,  en  1810,  par  Fromage 
de  Feugré  [Correspond,  sur  la  conserv.  et  V amélior .  des  anim.  domesl.,  Paris,  1810, 
1. 1,  p.  78);  et  en  1817,  par  Dupuy  [Affect.  tub.  cit.,  p.  342).  Cette  opinion  a  été 
reproduite  en  1820,  avec  plus  de  développements  par  GiroudeBuzareingues  [Feuille 
villag-.  de  VAveyron,  1822,  et  Mém.  Soc.  roy.  d'agriculture,  18241;  Maillet  n'a 
jamais  constaté  que  l'hérédité  exerçât  aucune  influence  sur  la  production  du  tour- 
nis chez  le  bœuf  (Recueil  de  méd.  vetér.,  t.  XIII,  1836,.  M.  Reynal  adopte  pleine- 
ment l'opinion  que  cette  maladie  est  héréditaire;  il  a  recueilli  vingt  et  un  faits 
qui  attestent,  suivant  son  expression,  la  transmission  du  tournis  de  la  mère  à  son 
produit.  Il  admet  également  la  transmission  du  tournis  par  le  père;  il  cite  à  ce 
sujet:  1°  un  cas  dans  lequel  un  propriétaire  perdit  plus  de  30  pour  100  de  ses 
agneaux,  provenant  d'un  bélier  atteint  du  tournis;  2°  un  cas  où  la  perte,  dans  des 
circonstances  semblables,  fut  de  50  pour  100  (Reynal,  Essai  monographique  sur  le 
tournis  des  bêles  ovines,  dans  Recueil  de  méd.  vétérin.,  1857,  p.  895). 

Dans  une  discussion  sur  les  affections  qui  doivent  être  considérées  comme  vices 
rédhibitoires,  M.  U.  Leblanc  a  rapporté  que,  chez  son  père,  tout  un  troupeau  a  été 
infesté  du  tournis  par  l'influence  des  mâles  reproducteurs.  —  Le  tournis  chez  les 
béliers  reproducteurs  a  été  déclaré  vice  rédhibitoire  par  la  Société  de  médecine 
vétérinaire  (Recueil  de  méd.  vétérin.,  1859,  p.  297). 


CHEZ    LES   RUMINANTS.    —   COENURE.  639 

dant  pas  très  rare  d'en  trouver  deux,  trois  et  quatre  ;  on  en  a  vu  jus- 
qu'à trente  dans  diverses  régions  de  l'encéphale.  Dans  le  premier 
cas,  le  ver  vésiculaire  peut  acquérir  un  grand  volume  avant  de  dé- 
terminer la  mort.  Chez  le  mouton,  il  acquiert  celui  d'un  œuf  de  poule 
et  le  liquide  qu'il  contient  peut  s'élever  à  soixante  grammes,  chez  le 
bœuf  à  cinq  cents  grammes. 

Le  cœnure  refoule  et  atrophie  la  substance  du  cerveau,  dans 
lequel  on  trouve,  à  l'autopsie, 
une  cavité  profonde.  Cette  ca- 
vité est  constituée  par  des"  cou- 
ches de  substance  cérébrale 
condensée  (1) ,  et  quelquefois  par 
une  membrane  de  tissu  cellu- 
laire ,  très  mince ,  souvent  ou 
peut-être  toujours  incomplète, 
qui  la  revêt  intérieurement. 
Chaque  cœnure,  lorsqu'il  y  en  a 
plusieurs,  possède  sa  cavité 
propre. 

Le  siège  primitif  du  ver  vé- 
siculaire est  fréquemment  une , 
des  anfractuosités  de  la  surface 
du  cerveau  ou  l'un  des  ventri- 
cules ;  peut-être  se  développe- 
t-il  plus  rarement  dans  la  sub- 
stance même  de  l'encéphale. 

Lorsque  la  vésicule  du  cœnure 
est  placée  superficiellement,  elle 
arrive  par  son  accroissement  en 
contact  avec  la  paroi  du  crâne  dont  elle  détermine  la  résorption.  La 
paroi  osseuse  s'amincit  progressivement  à  tel  point  que  le  pariétal, 
par  exemple,  devient  flexible,  cède  et  s'affaisse  sous  la  pression  du 
doigt  ;  dans  quelques  cas  même,  l'os  se  perfore  et  le  ver  vésiculaire 
fait  saillie  sous  les  téguments. 

(1)  La  paroi  de  la  poche  qui  loge  le  ccenure  est  constituée,  d'après  les  recherches 
de  M.  Ch.  Robin,  par  des  tubes  nerveux  flexueux,  interrompus  ou  brisés,  moins  nom- 
breux que  dans  la  substance  normale,  par  des  corpuscules  ressemblant  aux  cellules 
nerveuses  ou  ganglionnaires,  par  une  substance  amorphe  et  des  granulations  molé- 
culaires, par  une  quantité  considérable  de  petits  grains  calcaires,  pulvérulents, 
enûn  par  des  vaisseaux  capillaires,  continus  avec  ceux  de  la  substance  cérébrale 
Reynal,  mém.  cit.,  p.  869). 


Fig.  23.—  fête  de  mouton.  —  Demi-nalure. 
—  Cœnure  dans  le  lobe  antérieur  droit  du 
cerveau. 


640       AFFECTIONS   VBRMlKEUSIiS  DU   SYSTÈME  NERVAUX   CENTRAI 

La  présence  du  cœnure  ne  détermine  point  ordinairement  dans  le 
cerveau  de  lésions  autres  que  celles  dont  nous  venons  de  parler  ; 
néanmoins  elle  peut  causer  l'inflammation  et  la  suppuration  des  par- 
ties environnantes,  comme  nous  l'avons  observé  une  fois. 

Les  phénomènes  que  détermine  la  présence  du  cœnure  varient 
suivant  le  siège  ou  le  volume  de  la  vésicule,  suivant  qu'il  y  en  a  une 
seule  ou  plusieurs,  et  suivant  la  période  à  laquelle  la  maladie  est  par- 
venue. 

Les  premiers  symptômes  ne  sont  pas,  en  général,  caractéristiques 
de  la  présence  du  ver  vésiculaire  (1)  ;  ils  consistent,  comme  dans 
plusieurs  autres  maladies  des  animaux,  dans  la  perte  de  la  vivacité, 
de  la  gaîté,  de  l'appétit.  L'animal  devient  lourd,  hébété,  ses  pas  sont 
incertains  et  chancelants  ;  bientôt  il  perd  la  faculté  de  se  guider,  il 
marche  à  l'aventure  en  dehors  du  troupeau,  et  ne  se  détourne  point 
des  obstacles  qu'il  rencontre.  Il  porte  la  tête  basse,  inclinée  à  droite 
ou  à  gauche,  quelquefois  relevée;  il  a  l'œil  hagard,  bleuâtre;  l'or- 
bite est  en  apparence  aggrandie  ;  la  vue  est  troublée  ou  perdue  ; 
enfin,  et  cela  arrive  quelquefois  dès  l'apparition  des  premiers  sym- 
ptômes, l'animal,  en  marchant,  tourne  et  décrit  des  cercles  concen- 
triques. 

Le  tournoiement  n'est  pas  un  symptôme  constant,  mais  il  existe 
dans  la  plupart  des  cas  ;  il  apparaît  par  accès  à  des  intervalles  plus 
ou  moins  éloignés,  persiste  pendant  un  temps  variable  et  quelque- 
fois très  long.  La  marche  est  plus  accélérée,  et  le  cercle  du  tournoie- 
ment est  d'un  rayon  plus  petit  lorsque  la  maladie  est  plus  ancienne. 
Pendant  l'accès,  l'animal  tient  la  tête  basse  et  penchée  du  côté  où  il 
tourne;  il  va  précipitamment  suivant  des  cercles  concentriques, 
quelquefois  pendant  des  heures  entières,  jusqu'à  ce  qu'il  tombe;  ou 
bien  il  fait  enfin  quelques  pas  dans  une  autre  direction,  puis  s'arrête 
et  bientôt  il  recommence  à  tourner. 


(1)  Chez  les  très  jeunes  agneaux,  on  observe  d'autres  phénomènes ,  d'après 
M.  Reynal  ;  ce  sont  tantôt  des  contractions  spasmodiques  violentes,  des  mouve- 
ments particuliers  des  yeux  et  des  mâchoires,  d'une  courte  durée;  tantôt  des 
crampes  accompagnées  de  bâillements  prolongés;  tanlôt  des  frayeurs  soudaines, 
une  fuite  précipitée  au  moindre  bruit,  à  l'approche  de  quelque  personne,  suivies 
de  tremblements  convulsifs  qui  rappellent  la  maladie  connue  sous  le  nom  de  trem- 
blante. Celte  forme  de  tournis,  qui  se  remarque  chez  de  très  jeunes  agneaux,  est 
occasionnée  par  des  vésicules  de  la  grosseur  d'une  tête  d'épingle  ou  d'un  grain  de 
millet  (Reynal,  mém.  cit.,  p.  -ï90). 


CHEZ   LliS   RUMINANTS.    —   CŒNURE.  GM 

L'animal  tourne  ordinairement  toujours  du  même  côté,  mais  dans 
quelques  cas  il  le  fait  alternativement  d'un  côte  et  de  l'autre. 

Le  sens  suivant  lequel  a  lieu  le  tournoiement  est  déterminé  par  le 
côté  où  siège  le  cœnure.  Il  a  lieu  à  droite  si  l'entozoaire  occupa  l'hé- 
misphère droit,  et  inversement,  s'il  occupe  le  gauche  (1).  Lorsqu'il  y 
a  un  cœnure  dans  chaque  hémisphère,  le  tournoiement  a  lieu  alter- 
nativement à  droite  et  à  gauche,  ou  bien  il  n'existe  pas.  Dans  le 
cas  où  le  ver  vésiculaire  a  son  siège  entre  les  hémisphères  ou  sur  la 
ligue  médiane  de  l'axe  cérébro-spinal,  il  n'y  a  point  de  tournoiement. 
Si  le  cœnure  est  en  avant  vers  la  base  du  crâne  et  entre  les  deux 
lobes  antérieurs,  l'animal,  dit-on,  porte  la  tête  basse,  marche  devant 
lui,  ne  tourne  pas,  s'encapuchonne  ;  il  a  des  mouvements  précipités 
et  raccourcis,  il  avance  peu  ou  point,  et  semble  toujours  près  de 
tomber;  au  contraire,  si  le  cœnure  est  placé  en  arrière  dans  la  scis- 
sure transversale  ou  dans  le  ventricule  du  cervelet,  l'animal  porte  la 
tête  élevée,  le  nez  au  vent,  il  marche  droit  devant  lui,  vite,  et  se 
jette  sur  tout  ce  qu'il  rencontre. 

A  mesure  que  la  maladie  fait  des  progrès,  le  tournoiement  devient 


(I)  Yoy.  Girou  de  Buzareingue,  Symptômes  qui  résultent  de  la  présence  des  hy- 
datides  dans  différentes  parties  de  l'encéphale  (pas  de  faits  particuliers  ;  l'animal 
lourne  du  côté  de  l'hémisphère  lésé,  mais  il  perd  la  vue  du  côté  opposé;.  —  Extrait 
de  V Analyse  des  travaux  de  l' Académie  des  sciences  pendant  l'année  1828;  dans 
Recueil  de  méd.  vétérin.,  t.  VI,  p.  597.  1829. 

Quelques  auteurs  ont  rapporté  assez  récemment  plusieurs  observations  qui  con- 
tredisent l'opinion  généralement  acceptée  relativement  au  côté  vers  lequel  se  fuit  le 
tournoiement  :  on  voit  dans  les  comptes  rendus  des  travaux  de  l'école  vétérinaire 
de  Lyon,  le  cas  d'un  mouton  tournant  tantôt  à  droite,  tantôt  à  gauche  et  qui  avait 
un  cœnure  dans  le  plan  médian,  à  la  partie  supérieure  du  cerveau;  un  autre  cas 
de  mouton  tournant  à  droite  et  qui  avait  un  cœnure  dans  le  ventricule  gauche 
(Recueil  de  méd.  vétérin.,  t.  XV,  p.  554,  1838). — M.  La  fosse  a  vu,  chez  une  chèvre 
qui  tournait  à  gauche,  un  cœnure  situé  dans  le  ventricule  droit  (Journ.  vétérin.  du 
Midi  et  Recueil,  4e  série,  t.  IV,  p.  290.  1847).  — M.  Reynal  a  aussi  rapporté  plu- 
sieurs observations  relatives  à  l'absence  ou  à  l'existence  du  tournoiement  et  à  sa 
direction  par  rapport  au  siège  du  cœnure  (Recueil  de  méd.  vélér.,  vol.  XXXI, 
p.  429,  juin  1854).  —  Dans  un  nouveau  mémoire,  il  rapporte  que,  ayant  observé 
soixante  moutons  environ  affectés  de  tournis,  il  a  vu  que  presque  un  tiers  tour- 
naient du  côté  opposé  au  cœnure;  il  est  arrivé  aux  conclusions  suivantes  : 

1°  Le  tournoiement  a  lieu  du  côté  où  siège  le  cœnure  lorsque  ce  ver  occupe  exclu- 
sivement les  couches  qui  forment  le  plan  supérieur  du  cerveau  ou  les  ventricules, 
en  laissant  leur  plancher  intact. 

2°  11  a  lieu  du  côté  opposé,  lorsque  le  travail  destructeur  du  ver  intéresse  les 
couches  les  plus  profondes  du  plan  inférieur  du  cerveau,  les  corps  striés,  les  couches 
obliques,  le  trigone  cérébral,  elc.  (Reynal,  mém-  cit.,  p.  494,  563). 

Davaine.  ^* 


(i'l2        AFFECTIONS   VERMINEUSES   DU   SYSTÈME  NERVEUX   CENTRAI. 

plus  fréquent  et  do  plus  longue  durée,  jusqu'à  ce  que  la  paralysie  des 
membres  vienne  y  mettre  un  terme.  De  temps  en  temps  l'animal 
éprouve  des  attaques  convulsives  pendant  lesquelles  la  respiration 
est  très  difficile,  stertoreuse,  et  la  sensibilité  généralement  abolie. 
Enfin  la  vue  se  perd  totalement,  la  pupille  reste  largement  dilatée  ; 
la  mastication  est  lente  et  incomplète;  la  marche,  la  station  même 
deviennent  difficiles  et  impossibles;  l'amaigrissement  qui  s'est  pro- 
noncé dès  le  début,  fait  des  progrès  rapides,  et  la  bête  succombe 
dans  le  marasme. 

Lorsque  le  cœnure  est  luge  dans  un  hémisphère  et  que  la  para- 
lysie survient,  quel  est  le  côté  qui  se  paralyse?  Les  observateurs  se 
sont  à  peine  occupés  de  cette  question.  Voici  ce  que  l'on  en  a  dit  re- 
lativement au  bœuf  :  «  Une  époque  arrive  à  laquelle  l'animal  de- 
vient tout  à  fait  paralysé  du  côté  affecté,  il  est  comme  fixé  au  sol 
par  la  contraction  des  muscles  du  côté  opposé  (l).  »  Quant  au 
mouton,  M.  Reynal  dit  avoir  observé  trois  fois  la  paralysie  du  côté 
ou  siégeait  le  cœnure;  elle  existait,  il  est  vrai,  à  un  faible  degré.  Le 
savant  vétérinaire  ajoute  que,  quand  les  désordres  du  cerveau  étaient 
considérables,  la  faiblesse  et  la  paralysie  existaient  du  côté  opposé 
au  ver  vésiculaire  (2). 

Le  diagnostic  de  cette  affection  est  ordinairement  facile  :  le  tour- 
noiement qui  existe  presque  dans  tous  les  cas,  l'aspect  bleuâtre  de 
l'œil  sont  deux  signes  caractéristiques  de  l'existence  du  cœnure; 
la  faiblesse  de  quelque  partie  du  crâne,  qui  cède  sous  la  pression 
des  doigts,  est  encore  un  signe  que  l'on  peut  fréquemment  con- 
stater. 

Le  vertige,  ou  vertigo,  les  accidents  causés  par  les  œstres  ren- 
fermés dans  les  sinus  frontaux  seront  facilement  distingués  du  tour- 
nis. Cette  dernière  affection  est  lente,  apyrétique  et  de  longue  durée, 
tandis  que  le  vertige  est  une  maladie  aiguë,  fébrile  et  de  courte  durée. 
Les  accidents  nerveux  occasionnés  par  les  œstres  sont  des  convul- 
sions et  non  le  tournoiement  ;  on  observe  en  outre  une  inflammation 
de  la  membrane  pituitaire,  un  écoulement  nasal,  phénomènes  in- 
connus dans  le  tournis. 

La  marche  de  l'affection  déterminée  par  le  cœnure  est  lente,  et  les 
phénomènes  morbides  s'aggravent  progressivement.  La  durée  est  de 
six  semaines  ou  deux  mois  au  moins  chez  le  mouton,  et  rarement 

(1)  Hurtrel  d'Arboval,  Ziitl.  de  médecine  vétérinaire,  t.  VI,  art.  Tournis,  p.  149. 

(2)  Reynal   mém.  cil.,      496. 


CHEZ   LES  ANIMAUX.  —  VERS    VÉSICULALRES.  0/j3 

de  moins  de  trois  mois  chez  le  bœuf.  La  mort  en  est  la  terminaison 
naturelle. 

On  ne  connaît  point  jusqu'aujourd'hui  de  traitement  prophylac- 
tique du  tournis.  Les  savants  qui  regardent  le  ccenure  comme  la  larve 
d'un  ténia  propre  à  l'espèce  canine,  conseillent  d'éloigner  les  chiens 
des  étables  et  des  bergeries,  d'administrer  des  vermifuges  à  ceux  qui 
sont  indispensables  à  la  garde  des  troupeaux,  enfin  d'avoir  soin  de 
ne  pas  leur  livrer  la  tête  ou  le  cerveau  des  bêtes  mortes  avec  le 
tournis. 

Quant  à  un  traitement  curatif,  l'extraction  du  cœnure  est  le  seul 
que  l'on  connaisse.  Si  le  ver  vésiculaire  est  solitaire,  s'il  est  super- 
ficiellement placé,  l'opération  peut  donner  de  bons  résultats.  Dans 
ces  conditions,  le  siège  du  cœnure  peut  être  déterminé  quelquefois 
par  l'examen  du  côté  vers  lequel  l'animal  tourne,  et  par  l'affaisse- 
ment de  la  paroi  correspondante  du  crâne  sous  la  pression. 

Chez  le  mouton,  on  pratique  la  perforation  du  crâne  au  moyen  du 
trocart;  le  cœnure  sort  de  lui-même,  sinon  l'on  favorise  sa  sortie  par 
des  tractions  ménagées  sur  la  partie  qui  se  présente.  Cnez  le  bœuf, 
la  perforation  se  pratique  le  plus  ordinairement  parle  trépan. 

La  proportion  des  animaux  guéris  par  cette  opération  n'a  point 
été  suffisamment  établie.  Souvent  les  bêtes  opérées,  lorsqu'elles  ne 
périssent  pas  en  peu  de  jours,  restent  faibles,  languissantes,  et  les 
bœufs  sont  impropres  au  service  de  l'agriculture.  Ce  n'est  donc  que 
dans  les  cas  les  plus  simples,  dans  ceux  que  nous  avons  spécifiés, 
que  l'on  devra  tenter  l'opération. 

Peut-être  l'injection  dans  la  vésicule  du  cœnure  de  quelques 
gouttes  d'un  liquide  iodé,  dont  le  contact  tue  instantanément  les 
vers  cystiques,  serait-elle  préférable  à  l'extraction  1 


CHAPITRE  II. 

CYSTICERQUES  DU  CERVEAU  CHEZ  LE  PORC  ET  LE  CHIEN. 

(Cysticerque  ladrique,  Synops.,  n°  9.) 

Porc.  —  Les  cysticerques  sont  très  communs  dans  l'encéphale 
chez  le  porc  ladre.  Nous  en  rapporterons  un  exemple  remarquable 
(voy.  ci-après,  sect.  III,  p.  665).  C'est  à  la  présence  de  ces  ento- 


(i'i'i        WlïXim.ss   VËRMINËUSES   DÛ   SYSTÈME   NlîRVKCX  CENTRAL 

zoaires  dans  les  centres  nerveux  qu'il  faut  attribuer  les  phénomènes 
de  paralysie  qui  se  manifestent  tôt  ou  tard  chez  le  porc  affecté  de 
ladrerie. 

Chez  des  cochons  atteints  de  convulsions  épileptiformes  et  de  phé- 
nomènes qui  ont  été  désignés  sous  le  nom  d'accès  de  rage,  Rehrs, 
vétérinaire  belge,  trouva  une  énorme  quantité  de  cysticerques  dans 
le  cerveau,  le  cervelet  et  les  autres  parties  du  corps.  L'auteur  at- 
tribue à  la  présence  de  ces  vers  dans  le  système  nerveux,  les 
phénomènes  singuliers  qu'il  observa  (1). 

Chien.  — ■  Dupuy  a  vu  chez  le  chien,  à  la  surface  du  cerveau,  une 
grande  quantité  <X  hydatides,  que  Rudolphi  rapporte  aux  cysticer- 
ques^).   

DEUXIÈME  SECTION. 

VERS    CHEZ    L'HOMME. 
(VEKS    VÉS1CILAIRES   DE   LA.    PORTION   CÉPHALIQUE   DE   L'ENCÉPHALE. ) 

Les  entozoaires  cystiques  que  l'on  observe  dans  l'encéphale,  chez 
l'homme,  sont  des  hydatides  et  des  cysticerques. 

On  rapporterait  à  tort  aucœnure  \epolycephalus  hominis  trouvé, 
dit-on,  dans  le  cerveau  d'un  homme,  et  que  Meckel  communiqua  à 
Goeze  (3).  Quoique  le  rapprochement  entre  ce  ver  et  le  cœnure  du 
mouton  ait  été  indiqué  par  le  savant  helminthologiste  qui  en  fit 
l'examen,  on  reconnaît  par  la  description  qu'il  s'agit  d' hydatides  et 
d'échinocoques,  et  d'ailleurs,  il  n'est  pas  bien  certain  que  ces  vers 
provinssent  du  cerveau  (4). 

C'est  encore  sans  doute  aux  échinocoques  qu'appartient  le  fait 
suivant  rapporté  par  Zeder  : 

Il  s'agit  d'une  jeune  fille  :  «  La  maladie  dont  elle  mourut  commença  par  des 
maux  de  tête  et  des  vertiges,  qui  augmentèrent  graduellement  au  point  qu'elle 
perdit  la  mémoire;  bientôt  elle  ne  put  plus  supporter  la  lumière.  Lorsqu'elle 
voulait  rester  debout,  elle  se  heurtait  contre  les  objets  environnants,  à  peu 
près  comme  les  moutons  qui  ont  le  tournis. 

(1)  Rehrs,  Journ.  vétérin.  de  Belgique,  t.  I,  p.  568.  Bruxelles,  1842. 

(2)  Rudolphi,  Enloz.,  hist.  cit.,  t.  II,  pars  n,  p.  235. 

(3)  Goeze,  Zeder,  Nachtrag  zur  Naturgeschichte  der  Eingeweidewurmer,  1800, 
p.  309,  tabl.  n,  fig.  5-7. 

(4)  Voyez  à  cesujet  Rudolphi,  Enloi    ctc.,t.  II,  p.  il,  p.  247  et  Li  vois,  Th. cil., y.  21. 


Clll.2,   L'HOMME.    —  VEKS   VÉSICULAIReS.  C'i'i 

»  A  l'autopsie,  faite  par  le  professeur  Roe?ch,  les  ventricules  latéraux  du 
cerveau  furent  trouvés  distendus  par  une  grande  quantité  de  sérosité;  le 
troisième  et  le  quatrième  ventricule  contenaient  une  douzaine  de  vessies  de 
diverse  grandeur  et  dont  quelques-unes  avaient  le  volume  d'un  œuf  de  poule. 
Ces  vessies  étaient  pleines  d'une  sérosité  limpide;  la  membrane  qui  les  for- 
mait était  comme  coriace  ;  à  sa  face  externe  adhéraient  de  petits  corps  dont  le 
nombre  était  très  variable  ;  ils  étaient  en  plusieurs  endroits  rapprochés  les  uns 
des  autres  et  formaient  divers  groupes  ;  il  en  existait  aussi  à  la  face  interne 
des  vessies  caudales,  où  ils  formaient  de  petits  tubercules  comme  dans  l'espèce 
précédente.  Ceux  de  ces  corps  qui  étaient  les  mieux  développés  avaient  une 
forme  semblable  à  celle  d'une  poire;  assez  étroits  vers  la  partie  par  laquelle 
ils  adhéraient  à  la  vessie  caudale  commune,  ils  s'élargissaient  vers  la  tête  qui 
n'était  munie  que  d'un  seul  cercle  de  crochets,  on  n'y  distinguait  point  de 
suçoirs  (\).  » 

Cette  description  ne  se  rapporte  ni  au  ccenure,  ni  exactement  aux 
échinocoques  ;  les  vésicules  sont  certainement  des  hydatides  :  leur 
multiplicité  dans  une  poche  commune,  et  leur  consistance  coriace 
ne  conviennent  point  au  cœnure.  Mais  que  sont  ces  petits  corps  ex- 
térieurs? probablement  des  bourgeons  hydatiques,  tandis  que  les 
corps  de  la  face  interne  étaient  probablement  des  échinocoques. 
Quoi  qu'il  en  soit,  on  remarque  dans  la  description  de  ces  petits 
corps  intérieurs  (échinocoques)  des  erreurs  qui  ont  été  commises 
aussi  par  Goeze  dans  le  fait  dont  nous  avons  parlé. 

Aucune  observation  de  cœnure  chez  l'homme,  à  notre  connais- 
sance, n'a  été  publiée  depuis  ces  faits;  or,  par  toutes  ces  considéra- 
tions, nous  devons  regarder  les  cas  de  Goeze  et  de  Zeder  comme  ap- 
partenant aux  hydatides.  Au  temps  où*  vivaient  ces  observateurs, 
la  connaissance  du  cœnure  était  très  récente  et  assez  incomplète, 
les  échinocoques  des  animaux  étaient  à  peine  connus,  ceux  de 
l'homme  ne  l'étaient  pas  encore  ;  il  faut  donc  rapporter  les  inexacti- 
tudes et  l'obscurité  des  descriptions  aux  connaissances  peu  précises 
de  l'époque  où  elles  ont  été  faites. 

Les  phénomènes  pathologiques  déterminés  par  les  hydatides  ou 
par  les  cysticerques  offrent  des  différences  importantes.  L'accroisse- 
ment en  quelque  sorte  indéfini  des  premières,  le  volume  considérable 
qu'elles  atteignent,  produisent  tôt  ou  tard  des  accidents  graves  et 
mortels.  Les  cysticerques,  n'atteignant  jamais  un  grand  volume, 
peuvent  rester  longtemps  et,  dans  certains  cas,  peut-être  toujours 

(1)  Zeder,  Ersler  Nachlrag,  etc.,  p.  313. 


B/|6        AFFECTIONS    VfcRjIlNEUSES   DU    SYSTÈME   NlïRVEtîX    CENTRAL 

inoffensifs.  Ces  enlozoaires  ont  leur  sirge  tantôt  en  dehors,  tantôt  on 
dedans  de  la  masse  encéphalique,  et  sur  toute  l'étendue  de  l'axe 
cérébro-spinal. 


CHAPITRE  PREMIER. 

PHÉNOMÈNES   ET   LÉSIONS   DÉTERMINÉS   PAR   LES   HYDATIDES. 

Le  kyste  ou  plutôt  la  poche  hydatique  du  cerveau  est  solitaire  dans 
le  plus  grand  nombre  des  cas.  Son  volume,  très  variable,  peut  égaler 
celui  d'un  gros  œuf  de  poule  et  même  le  surpasser:  dans  un  cas  ob- 
servé par  Headington,  cette  poche  contenait  une  livre  de  liquide  ; 
dans  un  autre  observé  par  Rendtorf,  elle  contenait  une  masse  d'hy- 
datides  du  poids  de  deux  livres  et  demie.  La  poche  hydatique  du 
cerveau  renferme,  comme  celle  des  autres  organes,  tantôt  une  seule 
hydatide  volumineuse,  tantôt  un  grand  nombre  de  ces  corps  de  vo- 
lume variable. 

Lorsque  les  poches  qui  renferment  les  hydatides  sont  multiples, 
l'individu  périt  nécessairement  avant  qu'elles  n'aient  acquis  un 
grand  volume,  aussi  dans  les  cas,  rares  au  reste,  où  ces  poches  sont 
nombreuses,  les  a-t-on  trouvées  pour  la  plupart  très  petites.  C'est 
ce  que  l'on  voit  dans  le  fait  fort  intéressant,  rapporté  par  M.  Cal- 
meil,  d'un  individu  chez  qui  s'éteignirent  successivement  les  facultés 
intellectuelles,  la  sensibilité,  la  puissance  musculaire,  etc.  Voici  ce 
fait: 

«  Un  officier  d'infanterie  entra  à  Charenlon  au  mois  de  juin  1833.  Cet 
homme,  d'un  caractère  très  doux  et  d'une  constitution  très  forte,  ne  présentait 
d'abord  aucune  lésion  des  mouvements;  mais  il  urinait  dans  son  lit  et  sem- 
blait privé,  dès  qu'il  était  livré  à  lui-même,  de  l'exercice  des  principales 
facultés  intellectuelles.  Il  marchait  volontiers,  ne  témoignait  jamais  ni  peine 
ni  plaisir,  répondait  avec  lenteur  aux  questions  qu'on  lui  faisait  sur  sa  santé. 
Indifférent  sur  sa  maladie,  sur  son  avenir,  sur  l'état  des  personnes  qui  l'en- 
tourent, à  peine  s'il  a  retenu  le  nom  du  lieu  où  il  habite;  la  mémoire  n'est  pas 
cependant  totalement  abolie  ;  il  rapporte  qu'il  a  ressenti  autrefois  de  violents 
maux  de  tête,  dont  il  est  délivré  maintenant.  Enfin  l'intelligence  qui  semble  se 
réveiller  lorsqu'on  la  stimule,  s'efface  en  grande  partie  dès  l'instant  où  cette 
stimulation  cesse.  Pendant  quatre  mois,  la  santé  physique  n'éprouve  aucune 
altération  importante,  et  la  démence  seule  se  prononce  de  plus  en  plus;  mal- 
propreté excessive,  sorte  de  vie  automatique.  Au  commencement  du  cinquième 
mois,  le  malade  se  tenait  difficilement  debout  ;  tous  les  mouvements  s'exécu- 


CHEZ   L'HOMME.    —    VËfiS   VÊSfGUI.AlRIiS.  C)hl 

laient  lentement  et  avec  peine;  les  déjections  étaient  involonlahes  ;  sorte  de 
somnolence,  séjour  au  lit,  peau  chaude,  pouls  fébrile,  tremblements  muscu- 
laires, surtout  lorsque  les  membres  cherchent  à  se  déplacer  ;  sensibilité 
émoussée,  stupeur  morale;  coma  prolongé  pendant  plusieurs  jours;  mort.  • 
A  l'autopsie,  on  trouva  des  acéphalocysles  d'un  volume  médiocre  dans  l'in- 
tervalle des  pédoncules  cérébraux,  sur  le  trajet  des  deux  grandes  fentes  céré- 
brales, sur  le  corps  pituitaire,  les  éminences  mammillaires,  le  chiasma  des 
nerfs  optiques  ;  les  deux  scissures  de  Sylvius  étaient  remplies  d'hydatides 
grosses  comme  des  grains  de  raisin  et  placées  les  unes  à  la  suite  des  autres  ; 
les  deux  ventricules  latéraux  étaient  dilatés  et  comblés  de  vésicules  entassées 
sans  ordre  dans  leur  cavité  ;  d'autres  étaient  dispersées  dans  la  profondeur 
des  circonvolutions  cérébrales  ;  une  acéphalocyste  de  la  grosseur  d'un  œuf  de 
pigeon  s'était  creusé  une  loge  dans  le  lobule  antérieur  gauche,  enveloppée 
par  la  pie-mère  qui  lui  formait  un  kyste  ;  une  autre  moins  volumineuse  exis- 
tait dans  le  lobule  antérieur  droit  ;  plusieurs  petites  existaient  encore  dans  les 
replis  du  cervelet  (1). 

La  poche  hydatique  du  cerveau,  autant  qu'on  en  peut  juger 
d'après  des  observations  ordinairement  très  incomplètes,  est  consti- 
tuée par  une  dépression  de  la  substance  cérébrale  qui  est  revêtue 
d'une  mince  lame  de  tissu  cellulaire,  laquelle  peut  être  regardée 
comme  un  vrai  kyste;  cependant  il  paraît  dans  plusieurs  cas  que 
les  hyclatides  se  sont  développées  librement,  soit  dans  la  cavité  de 
l'arachnoïde,  soit  dans  celle  des  ventricules.  Les  hydatides  qui  se 
développent  dans  la  substance  cérébrale  même  paraissent  aussi  man- 
quer d'une  enveloppe  de  tissu  cellulaire  et  être  en  rapport  immédiat 
avec  cette  substance.  Quant  à  celles  qui  ont  eu  pour  siège  primitif  la 
pie-mère  ou  les  plexus  choroïdes,  elles  sont  enveloppées  d'un  kyste 
plus  ou  moins  complet.  Le  kyste  est  toujours  très  mince,  très  peu 
consistant,  plus  épais  dans  sa  portion  libre  que  dans  celle  qui  est 
enfermée  dans  la  substance  du  cerveau. 

Les  hydatides,  en  se  développant,  compriment  et  atrophient  les 
parties  du  cerveau  avoisinantes  qui  finissent  par  être  réduites  quel- 
quefois à  une  mince  membrane.  Les  nerfs  qui,  dans  leur  trajet,  se 
trouvent  en  rapport  avec  le  kyste,  sont  également  amincis  et  atro- 
phiés ;  enfin  l'on  a  vu,  dans  quelques  cas,  les  parois  du  crâne  éprouver 
l'action  de  l'accroissement  du  ver  vésiculaire,  et  subir  une  dilatation 
partielle,  un  amincissement  ou  une  résorption  de  la  partie  qui  est  en 
rapport  avec  la  vésicule. 

Dans  un  cas  semblable,  des  hydatides  rapprochées  de  la  surface 

(i)  Calmeil,  Dict.  de  méd.  en  30  vol.,  art.  Encéphale,  t.  XI,  p.  588.  Paris,  1835. 


6/|fi       AFPlCTÎONS  VlihMlNEUSliS  1)U  SYSTEM  ii  NERVEUX  CENTRAL 
du  cerveau  ou  de  la  dure-mère,  pourraient  trouver  une  issue  au  de- 
hors, et  la  guérison  d'une  maladie,  qui  semble  devoir  être  toujours 
mortelle,  pourrait  être  ainsi  obtenue.  Un  fait  observé  par  M.  Mou- 
linié  ne  laisse  point  de  doute  à  cet  égard  : 

Jeanne  Cazeaux,  Agée  de  quinze  ans,  est  entrée  à  l'hôpital  Saint-André 
de  Bordeaux,  le  1L' septembre  1835. 

a  Cette  fille  avait  une  perforation  au  crâne,  recouverte  d'une  cicatrice  cru- 
ciale, ce  qui  a  fait  croire  qu'elle  avait  subi  l'opération  du  trépan;  mais  on 
n'eut  aucun  renseignement  à  cet  égard.  On  sentait  des  bosselures  vers  le 
point  du  crâne  où  étaient  des  traces  de  lésion  ;  il  s'y  forma  de  la  fluctuation, 
une  petite  ponction  fut  pratiquée,  d'abord  du  pus  s'écoula. 

»  La  malade  était  plongée  dans  un  sommeil  comaleux  dont  elle  ne  sortait 
que  lorsqu'on  l'agitait  en  lui  parlant;  elle  avait  une  céphalalgie  perpétuelle 
très  intense;  ses  yeux  étaient  tournés  et  comme  frappés  de  strabisme;  elle 
paraissait  sous  l'influence  d'une  compression  cérébrale.  Le  chirurgien  pensait 
à  pratiquer  la  trépanation,  lorsque  l'on  vit  sortir  avec  le  pus  des  hydatides 
acéphalocysles  du  volume  d'un  grain  de  raisin.  On  en  recueillit  en  quelques 
jours  une  vingtaine;  dès  lors  les  accidents  de  compression  cessèrent,  la  cé- 
phalalgie se  dissipa,  les  yeux  reprirent  leur  rectitude;  la  malade  put  quitter 
son  lit,  marcher,  et  elle  sortit  bientôt  après  de  l'hôpital,  en  bon  état  de 
santé  (I).  » 

La  compression  progressive  et  lente  déterminée  par  les  tumeurs 
hydatiques  ne  produit  point  d'abord  d'autres  effets  que  ceux  qui 
viennent  d'être  dits;  mais,  tôt  ou  tard,  il  survient  des  lésions  nou- 
velles qui  sont  locales  et  se  développent  principalement  autour  du 
corps  étranger,  comme  la  congestion,  l'inflammation,  le  ramollisse- 
ment, l'endurcissement  ;  ou  plus  générales,  comme  une  infiltration 
sous-arachnoïdienne,  un  épanebement  séreux  dans  les  ventricules  ou 
dans  la  cavité  de  l'arachnoïde,  etc.  ;  l'hémorrhagie  cérébrale  a  été 
fréquemment  observée. 

En  considérant  la  marche  des  symptômes  et  les  résultats  des  au- 
topsies, on  reconnaît  que  la  poche  hydatique  a  dû  quelquefois  ac- 
quérir un  volume  assez  grand  avant  d'avoir  causé  quelque  désordre 
fonctionnel  notable.  Sous  ce  rapport,  comme  sous  celui  des  lésions 
anatomiques  qu'elles  déterminent,  les  hydatides  des  centres  ner- 
veux ne  diffèrent  point  de  toute  autre  tumeur  intra-crânienne  dont 
le  développement  est  lent  et  dont  le  volume  devient  considérable. 

(l)Moulinié,  Gaz.  des  hôpitaux,  1836,  t.  X,  p.  303. 


CIIIZ   L'HOMME.    —   VERS    VÊSICULA.IKES.  (>49 

Les  symptômes  principaux  et  les  plus  fréquents  sont  la  cépha- 
lalgie, des  attaques  convulsives,  des  vomissements,  des  évanouisse- 
ments, des  lésions  des  fonctions  motrices  et  sensorielles,  et  celles  de 
l'intelligence. 

La  céphalalgie  est  un  phénomène  très  fréquent,  souvent  initial; 
elle  est  quelquefois  continue,  plus  souvent  elle  a  lieu  par  accès  ;  dans 
quelques  cas  elle  est  d'une  violence  extrême  ;  sa  marche  est  géné- 
ralement progressive,  maison  voit  aussi  l'inverse.  Des  douleurs  se 
manifestent  encore  dans  d'autres  parties,  dans  les  muscles,  sembla- 
bles à  celles  du  rhumatisme,  à  la  peau  avec  les  caractères  de  l'hyper- 
esthésie. 

Le  vomissement  a  été  souvent  un  phénomène  du  début,  et  l'un 
des  plus  persistants,  des  plus  incoercibles.  Des  évanouissements  ou 
des  syncopes  répétées,  des  vertiges,  des  attaques  convulsives,  se 
sont  montrés  aussi  avec  les  premiers  symptômes  de  la  maladie,  et 
ont  persisté  pendant  toute  sa  durée.  Souvent  les  convulsions  ont 
pris  l'apparence  de  l'épilepsie  et  se  sont  manifestées  à  des  intervalles 
variables. 

Les  lésions  du  mouvement  offrent  tantôt  les  caractères  de  l'hé- 
miplégie, tantôt  ceux  de  la  paraplégie  ;  elles  surviennent  quelquefois 
subitement  avec  une  grande  intensité  ;  mais  plus  souvent  elles  con- 
sistent au  début  dans  une  faiblesse  des  membres,  faiblesse  qui  va 
s'aggravant  de  jour  en  jour.  On  observe  en  même  temps  l'abolition 
partielle  ou  totale  des  fonctions  de  quelques  sens,  tels  que  l'ouïe,  la 
vue,  ou  bien  la  perte  de  la  parole. 

La  paralysie  est  le  phénomène  le  plus  général  :  lorsque  les  hyda- 
tides,  d'un  petit  volume,  sont  disséminées  dans  diverses  parties  de 
l'encéphale,  elle  ne  survient  que  dans  une  période  assez  avancée  de 
la  maladie.  L'ensemble  des  phénomènes  paralytiques  diffère  ordinai- 
rement de  celui  qui  accompagne  une  lésion  aiguë  de  l'un  des  hémi- 
sphères ;  en  effet,  par  sa  situation,  par  son  grand  développement,  ou 
par  sa  multiplicité,  le  kyste  hydatique  exerce  une  compression  sur 
l'un  et  l'autre  hémisphère  ou  bien  en  outre  sur  quelque  nerf;  de  là 
un  ensemble  de  symptômes  variables,  et  qui  sont  rarement  associés 
comme  ils  le  sont  dans  les  maladies  du  cerveau,  que  l'on  observe 
journellement.  Les  lésions  accidentelles  qui  surviennent  tôt  ou  tard, 
comme  l'épanchement  sanguin  ou  séreux,  le  ramollissement,  etc., 
viennent  encore  faire  varier  l'expression  symptomatique  de  la  ma- 
ladie. 

Dans  plusieurs  cas,  les  troubles  de  l'intelligence,  l'hébétude,  la 


65fl       AFFECTIONS  VERMINKUSES   DU   SYSTEME   NERVEUX   CENTRAL 

manie  ou  In  démence,  !e  délire,  ont  accompagné  la  présence  des  hy- 
datides,  ont  marqué  le  début  ou  n'ont  paru  qu'à  la  fin  de  la  ma- 
ladie; dans  d'autres  cas,  l'intelligence  s'est  constamment  conservée 
intacte. 

La  marche  de  cette  affection,  lorsqu'il  ne  survient  point  quelque 
lésion  nouvelle  du  cerveau,  est  toujours  lente.  Sa  durée,  qu'il  n'est 
pas  possible  de  préciser,  est  de  plusieurs  mois;  elle  peut  être  de  plu- 
sieurs années.  La  situation  delà  tumeur  doit  apporter  des  différences 
très  grandes  dans  la  durée  de  l'affection,  comme  elle  le  fait  dans  la 
marche  des  phénomènes.  Dans  le  cas  suivant  on  peut  faire  remonter 
à  quatre  ans  le  début  de  la  maladie  : 

Un  garçon  âgé  de  sept  ans  fut  pris  d'un  affaiblissement  progressif  des 
membres  du  côté  gauche,  affaiblissement  qui  persista  sans  changement  no- 
table pendant  deux  ans.  Alors  des  douleurs  de  tête  se  rirent  sentir  dans  le 
côté  droit,  violentes  et  revenant  à  des  intervalles  irréguliers;  elles  s'accom- 
pagnaient de  vomissements  répétés,  sans  perte  de  connaissance,  ni  trouble 
des  sens.  Environ  un  an  après,  la  céphalalgie  revint  avec  une  nouvelle  vio- 
lence, l'intelligence  disparut,  ainsi  que  la  faculté  d'articuler  les  mots.  La  pa- 
role ne  devint  assez  facile  qu'environ  deux  mois  après  ;  à  cette  époque,  la 
vue  commença  à  se  troubler,  puis  se  perdit  complètement.  Elle  resta  dans  cet 
état  pendant  environ  deux  mois,  après  lesquels  elle  se  rétablit  un  peu  de  l'œil 
gauche. 

Entré  à  l'hôpital  des  Enfants,  dans  le  service  de  M.  Blache,  un  mois  en- 
viron avant  sa  mort,  et  alors  âgé  de  onze  ans  (quatre  ans  donc  après  le  début 
de  la  maladie),  cet  enfant  présentait  l'état  suivant  :  intelligence  nette,  cécité 
presque  complète,  pupilles  dilatées,  yeux  hagards,  strabisme  divergent  du 
côté  gauche,  distorsion  de  la  bouche,  abaissement  de  la  commissure  gauche 
des  lèvres,  la  pointe  de  la  langue  déviée  à  droite;  exaltation  de  la  sensibilité 
cutanée  du  bras  et  de  la  jambe  gauches,  affaiblissement  musculaire  du  même 
côté,  sans  roideur  ni  contracture;  céphalalgie  modérée,  fonctions  digestives 
normales,  selles  et  urines  involontaires.  Dans  le  cours  du  dernier  mois,  il  se 
manifesta  à  plusieurs  reprises  une  céphalalgie  intense,  des  vomissements, 
perte  de  connaissance,  ré-olution  des  membres  gauches,  puis  contracture  de 
ces  membres,  convulsions,  serrements  des  mâchoires,  écume  à  la  bouche  non 
sanguinolente,  etc.  ;  mort  dans  le  coma. 

A  l'autopsie,  on  trouva  un  kyste  de  la  grosseur  du  poing,  renfermant  un 
grand  nombre  d'acéphalocystes  dont  le  volume  variait  depuis  celui  d'un  pois 
jusqu'à  celui  d'un  œuf  de  pigeon.  Il  était  situé  à  la  partie  supérieure  et  ex- 
terne de  l'hémisphère  droit,  ayant  intéressé  le  corps  calleux,  la  couche 
optique, -la  voûte  à  trois  piliers,  le  septum  lucidum,  et  ayant  déterminé  un 


ClIliZ    L'HOMME.    —   VERS    VÉSICULAIRES.  654 

épanchement  abondant  de  sérosité  dans  les  ventricules  et   autour  du  cer- 
veau (I). 

Généralement  les  symptômes  s'aggravent,  se  multiplient  progres- 
sivement, et  le  malade  s'éteint  dans  le  coma;  d'autres  fois,  le  ra- 
mollissement cérébral,  l'apoplexie,  l'épanchement  séreux,  etc., 
abrègent  le  cours  de  la  maladie.  La  guérison  est  tout  à  fait  excep- 
tionnelle. 

Les  observations  d'hydatides  développées  dans  le  cerveau  ou  dans 
la  cavité  du  crâne  ne  sont  pas  encore  très  nombreuses:  nous  donne- 
rons ici  une  analyse  sommaire  de  celles  que  nous  connaissons  (2). 

A.  —  Hydatides  développées  dans  le  cerveau  ou  le  cervelet. 
1°  Kyste  unique. 

Ier  Cas  (Mobrah). 
Fille  âgée  de  dix-neuf  ans;  pertes  de  connaissance  subites  et  fréquemment 
renouvelées  ;  abolition  de  l'ouïe,  de  la  vue,  de  l'odorat  ;  hémiplégie  du  côté 
droit  ;  stupeur  apoplectique  pendant  six  jours  ;  mort,  deux  ans  après  le  début 
des  premiers  phénomènes  de  la  maladie. 

Une  hydatide  longue  de  trois  pouces  et  large  de  deux,  dans  l'hémisphère 
droit  (3). 

(1)  Faton,  Bull.  Soc  anal,  de  Paris,  1848,  ann.  XXIII,  p.  344. 

(2)  Un  grand  nombre  de  cas  d'hydatides  des  centres  nerveux  sont  rapportés  par 
d'anciens  auteurs,  mais  la  plupart  de  ces  cas,  sans  doute,  concernent  des  kystes 
séreux,  d'autres  concernent  peut-être  des  cysticerques. 

"  Aux  hydatides  appartiennent,  probablement,  un  cas  d'hydatides  observées  dans 
le  cerveau  d'un  enfant  hydrocéphale,  par  J.  P.  Wurfbain  [È.phem.  nat.  cur.,  déc.  2, 
ann.  IX,  p.  427);  —  un  cas  de  Lanciu,  rapporté  sans  détails  (De  sub.  mort.  1709, 
liv.  I,  ch.  xi,  p.  50). 

Aux  cysticerques  appartiennent  peut-être  un  cas  de  Conrad  Brunner,  qui  trouva 
un  grand  nombre  de  vésicules?  de  la  grosseur  d'une  tête  d'épingle  dans  les  corps 
striés  d'un  enfant  hydrocéphale  (Ephem.  nat.  cur.,  déc.  3,  ann.  I,  p.  252);  —  un 
cas  de  Weikard,  qui  trouva  des  vers  vésiculaircs  dans  les  plexus  ehroroïdes  d'un 
homme  qui  avait  été  sujet  à  de  fréquents  vertiges  (Vermischte medizin.  Schriften, 
4°  stiick,  p.  102,  cité  parBrera);  —  deux  cas  d'hydatides  de  la  pie-mère  et  plusieurs 
cas  d'hydatides  grosses  comme  un  pois  situées  dans  les  plexus  choroïdes  chez  des 
maniaques,  par  Ludwig  (A dversaria  med.  pract.,  t.  II,  p.  480,  Lipsiae,  1771). 

M.  Rostan  rapporte  une  observation  intitulée  hydatide  développe'e  dans  le  lobe 
moyen  ;  mais  la  description  de  cette  hydatide  ne  se  rapporte  guère  à  un  ver  vésicu- 
laire  (Recherches  sur  le  ramollissement  du  cerveau,  1823,  obs.  95). 

M.  Andral  rapporte  un  cas  de  kystes  séreux  développés  dans  la  pie-mère  (clin, 
cit.,  t.  III,  p.  59),  qui  a  été  donné  à  tort  par  d'autres  auteurs  comme  appartenant 
aux  hydatides. 

(3)  Obs.  d'une  hydatide  dans  le  cerveau  par  Michel  Morrah,  chirurgien  à  Wor- 


()52       AFFI.CTI0N5   VKHMIM.USKS   DU   SYSIK.MK   M'.IiVKHX   C1NT11AI. 

II''  Cas  (Milcknt).  —  Surface  du  cerveau. 

Homme  épileplique,  mort  dans  une  attaque. 

Kyste  hydatique  entre  deux  circonvolutions  du  cerveau  (1). 

III1'  Cas  (Blacqe). — Surface  du  cerveau. 

Il  s'agit  d'un  homme  âgé  de  trenle-quatre  ans,  sujet,  depuis  l'âge  de  cinq 
ans,  à  des  attaques  d'épilepsie  ;  les  accès,  légers  dans  les  premières  années, 
ne  duraient  que  quelques  minutes  et  se  reproduisaient  tous  les  huit  ou  dix 
jours;  leur  fréquence  et  leur  intensité  augmentèrent  progressivement.  Depuis 
trois  mois,  ils  se  reproduisaient  plusieurs  fois  par  jour:  enfin,  attaques  vio- 
lentes se  succédant  sans  interruption,  stupeur  profonde;  mort. 

Kyste  hydatique  du  volume  d'une  noix,  sur  la  convexité  de  l'hémisphère 
gauche,  entre  les  méninges  et  la  substance  du  cerveau,  qui  était  saine  par- 
tout (2). 

IVe  Cas  (Becquerel  et  Séguin).  —  Lobe  antérieur  et  moyen. 

Fille  âgée  de  treize  ans.  Accès  de  céphalalgie,  de  convulsions  épilepti- 
formes;  perte  de  l'intelligence,  de  la  vue;  vomissements,  hallucinations,  ra- 
lentissement du  pouls,   paraplégie,  coma  ;  mort  après  six  mois  de  maladie. 

Kyste  hydatique  volumineux  dans  l'hémisphère  gauche  du  cerveau,  occupant 
tout  le  lobe  antérieur  et  la  moitié  du  lobe  moyen,  formant  une  cavité  longue 
de  quatre  pouces  et  large  de  deux. 

Kystes  hydaliques  volumineux  dans  les  poumons,  le  foie  et  le  mésen- 
tère (3). 

Ve  Cas  (Faton).  —  Rapporté  ci-dessus,  p.  650. 

VIe  Cas  (Guérard).  —  Lobe  moyen. 

Hémiplégie  incomplète.  —  Hydatide  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  poule,  au 
centre  du  lobe  moyen  du  cerveau  (4). 

VIIe  Cas  (Barth).  —  Lobe  moyen. 

Femme,  vingt-cinq  ans;  paralysie  du  bras  droit  depuis  quatre  mois,  parole 
altérée,  céphalalgie  à  gauche,  hébétude  ;  mort  presque  subite. 
Hydatide  unique  au-dessus  du  ventricule  droit  du  cerveau  (5). 

thing,  communiqué  par  J.  Yelloly  (Medico-chirurg .  transact.,  vol.   II,   1813,  et 
Journ.  gén.  deméd.  de  Sédillot,  t   LII,  p.  342,  1815). 

(1)  Milcent,  Bull.  Soc.  anat.,  ann.  XVIII,  p.  9,  1843. 

(2)  Bull.  gén.  de  thérapeutique,  t.  XXXII,p.  237,  1847. 

(3)  Becquerel,  Gazette  méd.  de  Paris,  1837,  p.  406  ;  Séguin,  Bulletin  Soc.  anat., 
ann.  XII,  1837,  p.  37  ;  Aran,  mém.  cit.,  p.  87. 

(4)  Guérard,  Bull.  Soc.  anat.,  ann.  X,  1835,  p.  4. 

(5)  Barth,  BuU.  Soc.  anat.,  ann.  XXVII,  1852,  p.  108. 


CHEZ  L'iJOMMr.  —   VEKS    VÉSKHXAIRES.  653 

VIIIe  Cas  (Zeder).  —  Ventricules  (rapporté  ci-dessus,  p,  644). 
IXe  Cas  (Rendtorff).  —  Ventricule  latéral. 

Fille  âgée  de  huit  ans;  douleurs  rhumatoïdes  dans  les  membres,  intelli- 
gence diminuée,  vomissements,  attaques  épileptiformes,  affaiblissement  para- 
lytique du  côté  gauche,  cécité,  perte  de  l'odorat,  hémiplégie  et  refroidisse- 
ment des  membres  gauches;  mort. 

Hémisphère  droit  d'un  tiers  plus  volumineux  que  le  gauche,  masse  énorme 
d'hydatides  dans  le  ventricule  latéral  ;  échinocoques  dans  les  hydalides  (1). 

Xe  Cas  (Headington).  —  Ventricule  latéral. 

Enfant  âgé  de  onze  ans  ;  obscurcissement  de  la  vue,  suivi  de  cécité  complète 
en  un  an  ;  affection  choréique,  perte  de  la  parole,  hémiplégie  du  côté  droit  cé- 
phalalgie, intelligence  nette,  coma  pendant  cinq  semaines;  mort  un  an  après 
l'attaque  d'hémiplégie,  deux  ans  après  le  début  de  la  maladie. 

Hydatide  contenant  500  grammes  de  liquide,  dans  le  ventricule  latéral 
gauche  (2). 

XIe  Cas  (Cazeaux).  —  Plexus  choroïde. 

Hémorrhagie  cérébrale  considérable.  —  Kyste  hydatique  dans  le  plexus 
choroïde  (3). 

XII0  Cas  (Martinet).  — Lobe  postérieur. 

Homme;  céphalalgies  fréquentes,  vertiges  ;  mortsubite. — Hydatide  grosso 
comme  un  œuf  de  poule,  dans  le  lobe  postérieur  droit  du  cerveau  (4). 

XIIIe  Cas  (Leroux).  —  Lobe  postérieur  et  cervelet. 

Homme,  vingt-cinq  ans;  céphalalgie  continue;  vomissements  fréquents, 
faiblesse  extrême,  défaillances,  syncopes. — Masse  d'hydatides  de  la  grosseur 
d'un  œuf  de  poule,  vers  les  lobes  postérieurs  du  cerveau  et  du  cervelet  (5). 

XIVe  Cas  (Carrère).  —  Lobe  moyen?  et  postérieur. 

Il  s'agit  d'un  homme,  âgé  de  vingt-quatre  ans,  atteint  de  maux  de  tête 
habituels  depuis  quatre  ans.  Le  21  avril  4  824,  la  vue  se  trouble;  il  chan- 
celle sur  ses  jambes;  le  lendemain,  agitation  perpétuelle  de  la  tête,  regard 
fixe,  yeux  troubles,  hébétation,  délire;  il  tourne  dans  son  lit  ;  application  de 
la  camisolle  de  force  ;  mort  le  matin. 

(1)  Rendtorff,  Dissert,  de  hydat.  prœsertim  in  cerebro  humano  repert.,  cap.  10, 
p.  22,  Berlin,  1822  ;  —  Breniser,  ouv.  cit.,  p.  538;  — Livois,  Rech.  sur  leséchino- 
coques,  p.  100,  Thèse,  Paris,  1843. 

(2)  Headington  dans  Abercrombie.  Mal.  de  l'encéph.,  trad.,  p.  482,  2e  éd., 
Paris,  1835. 

(3)  Cazeaux,  Bull.  Soc.  anat.,  ann.  VIII,  1833,  p.  106. 

(4)  Martinet,  Revue  méd  ,  t.  III,  1824,  p.  20,  et  Aran,  mém.  cit.,  p.  94. 

(5)  J.-J.  Leroux,  Cours  sur  les  gêner,  de  méd.  prat.,  t.  II,  p.  12,  Paris,  1825. 


G.Vi       AFFECTIONS   YKIt.MINEUSES   DU   SYSTEME  NEHVEUW    CENTRAL 

Ilydatido  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  poule  d'Inde  à  la  partie  postérieure 
el  un  peu  latérale  du  lobe  droit  du  cerveau  au-dessous  du  ventricule  la- 
téral (1). 

XV0  Cas  (Blin).  —  Cervelet. 

Femme  âgée  de  vingt-trois  ans  ;  céphalalgie  depuis  neuf  mois,  marche  dif- 
ficile sans  paralysie,  bourdonnements  d'oreilles,  vomissements  ;  mort  presquo 
subite.  —  Kyste  hydatique  du  volume  d'une  petite  noix  à  la  face  supérieure 
du  lobe  gauche  du  cervelet  (2). 

2°  Kystes  multiples. 

XVIe  Cas  (Tonnelé).  —  Deux,  kystes;  lobe  antérieur. 

Le  lobe  antérieur  droit  du  cerveau  contenait,  à  la  partie  moyenne,  deux 
hydatides  acéphalocystes,  du  volume  d'une  grosse  noisette,  comme  enchalon- 
nées  dans  son  tissu. 

Les  symptômes  de  la  maladie  n'avaient  point  fait  soupçonner  d'affection  céré 
brale  ;  la  mort  a  été  occasionnée  par  des  lombrics  et  des  abcès  dans  le  foie  (3) 

XVIIe  Cas  (Chomel).  —  Deux  kystes?  hémisphère  droit. 

Couturière,  vingt-cinq  ans;  douleurs  de  tête  intolérables;  dix  jours  après, 
engourdissement  du  membre  inférieur  gauche  ;  au  bout  de  six  semaines,  para- 
lysie du  membre  supérieur  gauche  ;  entrée  à  l'hôpital  quatre  mois  après.  Hé- 
miplégie gauche,  dilatation  de  la  pupille  droite  avec  affaiblissement  de  la  vue, 
accès  épileptiformes  irréguliers,  état  comateux;  mort  cinq  mois  après  l'en- 
trée à  l'hôpital.  — Deux  hydatides  dans  l'hémisphère  droit  du  cerveau  (4). 

XVIIIe  Cas  (Calmeil).  —  (Rapporté  ci-dessus,  p.  646). 

XIXe  Cas  (Léveillé).  —  Kystes  nombreux. 

Homme,  vingt-sept  ans  ;  céphalalgie  habituelle,  exaspération  des  douleurs 
mort  prompte. 

Hydatides  nombreuses  dans  les  méninges  et  à  la  surface  du  cerveau,  dan: 
le  corps  calleux,  le  lobe  moyen  gauche,  la  couche  optique  droite,  etc.  (5). 

XXe  Cas  (Montansey).  —  Kystes  nombreux  dans  le  cerveau,  le  cervelet 
la  moelle  épinière. 

Femme  idiote  et  épileptique.  —  Un  grand  nombre  d'hydatides  à  la  surfac< 


(1)  Carrère,  Dict.  de  médecine,  de  chirurgie  et  d'hygiène  vétérinaire  par  Hurlre 
d'Arboval  cit.,  1839,  t.  VI,  p.  157,  art.  Tournis. 

(2)  Blin,  Bull.  Soc.  anat.,  ann.  XXVI,  1851,  p.  158. 

(3)  Cas  d'hydatides  du  cerveau  avec   lombrics  dans  le  foie  ;  voyez  ci-dessus 
p.  165,  cas  XXXI. 

(4)  Gaz.  des  hôpitaux,  t.  X,  1836,  p.  619. 

(5)  Léveillé,  Àrch.  gén.  deméd.,  t.  XIII,  1827,  p.  443,  extrait  des  Séances  d 
l'Acad.  roy.  de  méd.,  6  févr.  1827. 


CHEZ    L'HOMME.    —   VERS   VÉSICULAIRES.         .  055 

et  dans  l'épaisseur  du  cerveau  et  du  cervelet;  une  vingtaine  dans  l'épaisseur 
de  la  moelle  épinière  (I). 

XXIe  Cas  (Aran  et  Michéa).  — Kystes  nombreux. 

Homme  âgé  de  vingt-trois  ans  ;  accidents  variés,  céphalalgie,  somnolence, 
accès  épileptiformes,  hébétude,  affaiblissement  de  la  vue,  puis  cécité  presque 
complète  ;  mouvements  lents. — Hydatides  multiples,  situées  dans  différentes 
régions  du  cerveau,  l'une  en  rapport  avec  le  nerf  optique  gauche  (2). 

XXIIe  Cas  (Forget).  —  Kystes  nombreux. 

Homme,  vingt-quatre  ans;  fatigue  dans  les  membres  depuis  six  mois,  at- 
taques d'épilepsie,  céphalalgie,  faciès  hébété,  surdité,  faiblesse  de  la  vue,  pu- 
pilles dilatées;  point  de  paralysie  ni  de  contracture  des  membres;  douleurs 
dans  les  membres,  marche  mal  assurée  ;  urines  involontaires,  diarrhée. 

Autopsie.  La  surface  du  pont  de  Varole,  de  la  partie  supérieure  de  la  moelle 
allongée  et  de  la  face  inférieure  des  deux  lobes  du  cervelet,  est  couverte  d'hy- 
datides  nombreuses  dont  le  volume  varie  depuis  celui  d'un  grain  de  chènevis 
jusqu'à  celui  d'une  aveline.  Les  hydatides  sont  libres  ou  légèrement  adhé- 
rentes à  la  pie-mère,  le  tissu  de  l'encéphale  est  exempt  d'altérations  (3). 

B.  —  Hydatides  développées  ou  situées  en  dehors  des  méninges. 

Ier  Cas  (Dupuytren,  Rostan,  Gendrin,  Choisy). 

Homme  âgé  de  trente-six  ans  ;  accès  de  céphalalgie,  atrophie  de  la  moitié 
de  la  langue,  douleurs  et  fourmillements  dans  les  membres,  aphonie,  déglu- 
tition difficile;  intelligence  nette;  mort  inopinée. 

Kyste  hydatique  de  la  grosseur  d'un  œuf  d'oie  dans  la  fosse  occipitale 
gauche;  un  prolongement  du  kyste  faisant  hernie  dans  le  trou  condylien  an- 
térieur gauche,  et  un  autre  dans  le  trou  déchiré  postérieur  du  même  côté  ; 
compression  des  nerfs  glosso-pharyngien,  pneumo-gastrique  et  hypoglosse; 
usure  des  os  en  rapport  avec  l'hydatide  (4). 

IIe  Cas  (Lagoht). 

Femme  âgée  de  quarante-cinq  ans  ;  œil  droit  altéré,  ramolli  ;  narine  et 
cavité  buccale  du  même  côté  insensibles  ;  langue  non  déviée,  coma  ;  mort. 

(1)  Montansey,  Bull.  Soc.  anal,  de  Paris,  ann.  II,  1827,  p.  188. 

(2)  Aran,  Mém.  sur  les  hydatides  de  l'encéphale,  dans  Arch.  gén.  de  méd., 
3esér.,  t.  XII,  1841,  p.  98,  etMichéa,  Gaz.méd.de  Paris,  t.  VIII,  n°  47, 1840,  p.  747. 

(3)  Forget,  Gaz.  méd.  de  Strasbourg,  1846  et  Gaz.  méd.  de  Paris,  t.  I,  p.  975, 
1846. 

(4)  Dupuytren,  Leç.  de  clin,  chirurg.,  1. 1,  p.  403  et  t.  III,  p.  364,  Paris,  1832- 
1833.  —Choisy,  Bull.  Soc.  anat.,  ann.  VII,  p.  114  et  ann.  VIII,  p.  6,  1833. 
—  Gendrin,  dans  Abercrombie,  ouvr.  cit.,  p.  627. 


(>f>()       AFFECTIONS   VERM1NEUSE3   nu   SYSTÈME   .\KU\I.IX   CENTRAL 

Hydatido  se  prolongeant  sous  la  dure- mère  avec  le  nerf  de  la  cinquième 
paire  ;  destruction  du  ganglion  de  Gasser  (<l  ). 

III0  Cas  (Giikgoryj. 

Homme  âgé  du  vingt  et  un  ans  ;  attaques  épileptiformes,  perte  de  la  vue, 
de  la  mémoire,  etc. — Tumeur  de  la  grosseur  du  poing  contenant  un  grand 
nombre  d'hydatides,  située  entre  la  dure-mère  et  le  crâne. 

Le  même  auteur  rapporte  deux  cas  d'hydatides  multiples  du  cerveau,  qui 
sont  probablement  des  cyslicerques  (2). 

IVe  Cas  (Moulinié).  —  (Rapporté  ci-dessus,  p.  648). 
V  Cas  (Guesnard).  ■ —  (Rapporté  ci-dessus,  p.  559). 

C.  —  Hydatides  en  rapport  avec  la  glande  pituitaire. 
Ier  Cas  (Soemmemng)  . 

«  Je  possède,  dit  Bremser,  quelques  échinocoques  provenant  do  la  glande 
pituitaire,  que  je  dois  à  la  bonté  de  M.  Soemmering  ;  ces  vers  sont  encore 
plus  petits  que  les  graines  de  sénevé  (3).  » 

IIe  Cas  (Guesnard). 

Une  vésicule  hydatique  était  placée  dans  le  foyer  pituitaire,  entre  la  portion 
osseuse  du  corps  du  sphénoïde  et  la  dure-mère  (4). 

IIIe  Cas?  (Esquirol). 
Des  hydatides  existaient  dans  toute  la  longueur  de  la  moelle  épinière  ;  un 
kyste  rempli  d'un  fluide  brun  rougeâtre  était  contenu  dans  la  glande  pitui- 
taire (5). 

CHAPITRE  II. 

PHÉNOMÈNES   ET    LÉSIONS  DÉTERMINÉS   PAR   LES   CYST1CE  RQUES. 

Le  volume  constamment  petit  du  cysticerque  laclrique,  sa  multi- 
plicité habituelle  apportent  dans  les  phénomènes  pathologiques  qu'il 
détermine,  dans  la  succession  et  la  marche  de  ces  phénomènes,  des 
différences  importantes,  si  on  les  compare  avec  les  effets  pathologi- 
ques que  déterminent  les  hydatides. 

(1)  Lagout,  Bull.  Soc.  anat.,  ann.  XX,  1845,  p.  300etann.  XXI,  1846,  p.  13. 

(2)  G.  Gregory,  The  médical  Times  et  Gaz.  méd.  de  Paris,  t.  IV,  1849,  p.  665. 

(3)  Bremser,  ouvr.cit,  p.  304. 

(4)  Voy.  ci-dessus,  liv.  II,  part,  n,  obs.  ccliii. 

(5)  Voy.  ci-après,  2e  division,  Vers  de  la  moelle  épinière,  p.  669. 


CHEZ   L' HOMME.    —   VERS   VÊSICULAIRES.  657 

Les  cysticerques  du  cerveau  existent  quelquefois  en  grand 
nombre,  soit  accumulés  dans  une  seule  région,  soit,  mais  plus  sou- 
vent, disséminés.  Dans  la  plupart  des  cas,  les  cysticerques  sont  logés 
dans  la  substance  cérébrale,  la  pie-mère  ou  dans  les  plexus  cho- 
roïdes, plus  rarement  dans  la  substance  médullaire  du  cerveau  et, 
dans  ce  dernier  cas  même,  souvent  il  en  existe  aussi  dans  les  mé- 
ninges. 

Comme  les  hydatides,  les  cysticerques  sont  revêtus  par  une  mem- 
brane mince  de  tissu  cellulaire  qui  leur  forme  un  kyste;  dans  la 
substance  du  cerveau,  le  kyste  est  très  mince  ou  réduit  à  quelques 
trac/us  filamenteux. 

On  trouve  fréquemment  les  cysticerques  du  cerveau  dénaturés  ou 
ayant  subi  des  altérations  profondes.  Les  altérations  portent,  d'une 
part,  sur  la  vésicule  qui  est  devenue  plus  ou  moins  globuleuse,  plus 
volumineuse,  sans  jamais  cependant  avoir  acquis  un  grand  volume, 
irrégulière,  quelquefois  divisée  en  lobules  ou  même  double;  d'une 
autre  part,  elles  portent  sur  la  tête  dont  le  rostre  et  les  ventouses 
sont  envahis  par  une  matière  noirâtre,  pigmentaire.  Les  crochets 
sont  recouverts  à  leur  base  par  cette  matière.  Dans  une  période 
plus  avancée  on  les  trouve  en  désordre,  diminués  de  nombre  ou 
même  ils  ont  disparu.  L'ouverture  de  la  vésicule  rétrécie  ou  obli- 
térée ne  laisse  plus  sortir  le  corps;  la  tête  invaginée  dans  celui-ci 
ne  peut  non  plus  en  être  extraite  par  une  pression  ménagée  ;  sa 
présence  ne  peut  être  reconnue  que  par  la  dilacération  des  parties 
(voy.  le  Synops.,  n"  9). 

Ces  altérations  sont  en  rapport  avec  l'ancienneté  des  cysticer- 
ques. Les  différences  qu'elles  apportent  dans  l'apparence  et  dans  la 
constitution  de  ces  êtres  ont  été  regardées  comme  normales  par  plu- 
sieurs helminthologistes,  qui,  d'après  ces  caractères,  ont  établi  des 
espèces  nouvelles.  Elles  ont  fait  méconnaître  à  quelques  patholo- 
gistes  la  véritable  nature  des  corps  observés. 

Ces  altérations,  que  l'on  retrouve  chez  des  cysticerques  provenant 
de  certains  individus  qui  ont  offert  des  phénomènes  cérébraux  appa- 
rents dans  les  derniers  jours  seulement  de  leur  existence,  ces  altéra- 
tions, disons -nous,  témoignent  que  ces  vers  vésiculaires  peuvent 
exister  longtemps  sans  déterminer  des  accidents  notables  ;  et  l'on 
conçoit  que,  situés  dans  la  pie-mère,  dans  les  plexus  choroïdes,  limités 
à  un  petit  volume,  ils  n'ont  qu'une  action  fort  restreinte  sur  la  sub- 

Davaine.  '  42 


$58  AFFECTIONS  VEKMiNEUSES  DU  SYSTÈME  NERVEUX  CENTRAL 
stance  même  tle  l'encéphale;  on  conçoit  surtout  que,  à  moins  qu'ils 
ne  soient  accumulés  en  grand  nombre  en  un  point,  ils  n'exerceront 
pas  sur  le  cerveau  une  compression  suffisante  pour  abolir  ses  fonc- 
tions. L'observation  s'accorde  avec  la  théorie,  et  nous  nous  plaisons 
à  rappeler  que  M.  Calmeil  avait  déjà  signalé  ce  fait  (1).  Dans 
aucun  cas  de  cysticerque,  nous  n'avons  vu  signalée  une  paralysie 
des  membres  ayant  une  longue  durée;  dans  les  cas  d'hydatides  mul- 
tiples et  disséminées,  nous  avons  fait  la  même  remarque. 

Les  phénomènes  pathologiques  déterminés  par  la  présence  des 
cysticerques  sont  chroniques  ou  aigus  :  dans  l'état  chronique,  on  a 
vu  des  attaques  épileptiformes  apparaissant  de  loin  en  loin  ,  un  dé- 
lire monomaniaque,  l'hébétude,  ou  la  démence.  Après  une  durée  de 
plusieurs  années,  même  sans  changement  notable,  ces  phénomènes 
ont  été  tout  à  coup  interrompus  par  l'apparition  de  nouveaux  sym- 
ptômes déterminés,  soit  par  l'irritation,  par  l'inflammation  du  cer- 
veau ou  des  méninges,  soit  par  un  épanchement  sanguin  ou  séreux. 
Ces  symptômes  consistaient  dans  des  secousses  convulsives  géné- 
rales ou  partielles,  clans  le  délire,  l'agitation,  la  fièvre,  le  coma,  etc. , 
qui  entraînaient  en  quelques  jours  la  perte  du  malade. 

Dans  d'autres  cas,  la  présence  des  cysticerques  ne  s'était  mani- 
festée par  aucun  signe,  lorsque  les  symptômes  d'une  affection  aiguë 
du  cerveau  sont  apparus.  Chez  ces  malades,  la  céphalalgie,  des 
tremblements  des  membres  et  des  mâchoires,  des  attaques  convul- 
sives, le  délire,  l'agitation,  l'accélération  du  pouls,  la  difficulté  de 
la  respiration,  la  prostration,  le  coma,  etc.,  surviennent,  se  suc- 
cèdent, s'aggravent,  et  l'individu  succombe  après  quelques  semaines 
ou  quelques  jours  seulement  de  maladie  apparente. 

Il  se  peut  que  plusieurs  des  observations  rapportées  aux  hydatides 
multiples,  disséminées  dans  plusieurs  parties  de  l'encéphale,  n'aient 
été  que  des  cas  de  cysticerques  ;  les  phénomènes  pathologiques  ob- 
servés dans  ces  deux  affections  sont  très  analogues, 

A.  —  Cysticerques  situés  principalement  dans  la  substance  du  cerveau. 
Ie1'  Cas(Laennec). 

Homme,  soixante  ans;  lassitudes  depuis  six  semaines  ;  absence  de  para- 
lysie, de  délire  ;  céphalalgie. 

1)  Dict.  de  médecine,  cit..  art.  Enceph.  ,  p.  585. 


CHEZ   L'HOMME.    —  VERS  VÉS1CULAIRES.  659 

Un  cyslicerque  dans  la  couche  optique  gauche,  un  autre  à  la  partie  pos- 
térieure inférieure  de  l'hémisphère  droit,  plusieurs  dans  les  muscles  (1).  J 

IIe  Cas  (Laennec). 

Homme  de  cinquante  ans  ;  attaque  d'apoplexie;  mort  quatre  jours  après. 
Un  cysticerque  dans  une  partie  non  indiquée  du  cerveau  (2). 

111"  Cas  (Himly). 

Homme  mort  d'un  cancer. —  Grand  nombre  de  cyslicerques  dans  les  mus- 
cles et  dans  le  cerveau  (3). 

IVe  Cas  (Calmeil). 

Homme  âgé  de  quarante-sept  ans  ;  somnolence,  tremblements  des  mâ- 
choires, délire,  faiblesse,  agitation,  pas  de  paralysie. 

Plusieurs  cyslicerques  à  la  surface  de  l'hémisphère  gauche  du  cerveau, 
quatre  dans  la  substance  de  l'hémisphère  droit  (4). 

■    Ve  Cas  (Nivet  et  Maiuolin).  '. 

Homme  âgé  de  cinquante-six  ans;  attaques  d'épilepsie;  érysipèle  phleg- 
moneux  grave  à  la  jambe,  gangrène  ;  mort  en  peu  de  jours. 

Huit  cyslicerques  dans  la  pie-mère  et  la  substance  grise  des  hémisphères, 
un  cyslicerque  dans  la  substance  blanche  (5). 

VP  Cas  (Bouvier). 

Femme  âgée  de  quatre-vingt  trois  ans  ;  léger  affaiblissement  de  l'intelli- 
gence ;  faiblesse  du  membre  inférieur  (ou  supérieur?)  gauche;  pneumonie. 

Grand  nombre  de  cysticerques  à  la  surface  des  hémisphères  cérébraux, 
au-dessous  de  la  pie  mère  et  dans  la  substance  grise;  plusieurs  dans 
les  couches  optiques  et  surtout  dans  celle  du  côté  droit,  dans  le  bord  posté- 
rieur du  corps  calleux,  entre  les  lames  du  cervelet.  Chacun  est  renfermé  dans 
un  kyste  (6). 

VIP  Cas  (Aran  el  Michéa). 

,  Homme  âgé  de  cinquante- trois  ans;  attaque  d'hémiplégie  à  droite  disparue 
promplemenl;  cinq  mois  après,  nouvelle  attaque  d'hémiplégie  à  gauche  rem- 
placée le  lendemain  par  de  la  faiblesse  de  ce  côté;  sensibilité  et  intelligence 

(1)  Laennec,  obs.cit.  ci -dessus,  p.  627. 

(2)  Laennec,  mém.  cit.,  p.  61. 

(3)  Himly,  obs.cit.  ci-dessus,  p.  627. 

(4)  Calmeil,  Observ.  de  cyslicerques  dans  l'encéphale  {Journ.  hebdom.  de  méd. 
Paris,  1828,  t.  I,  p.  44). 

(5)  Nivet,  Observ.  de  cyslicerques  du,  cerveau,  dans  Arch.  gen.  demed.,  3eséi\, 
t.  VI,  p.  480,  Paris,  1839. 

(6)  Bouvier,  Bull.  Acad.  roy.  de  médecine,  1840,  t.  IV,  p.  536. 


660   AFFECTIONS  VERMINEUSES  DU  SÏSTÈME  NERyEUX  CENTRAL 

intactes,  puis  délire,  liallucinalions,  agitation,  attaques  épilepliformes,  etc.  ; 
mort  huit  jours  après  la  seconde  attaque. 

Une  douzaine  do  cysticerques ?  dans  la  pie-mère;  plusieurs  disséminés 
dans  la  substance  grise  et  la  substance  blanche  des  hémisphères,  dans  la 
couche  optique  gauche,  les  corps  striés  .  la  protubérance  ;  deux  dans  les 
plexus  choroïdes,  un  autre  libre  dans  le  ventricule  latéral  (1). 

VIII1'  Cas  (Louis). 

Homme  âgé  de  cinquante-quatre  ans;  intelligence  et  fonctions  cérébrales 
intactes  ;  phthisie  pulmonaire  et  laryngée,  léger  délire  la  veille  de  la  mort. 

Une  vingtaine  de  cysticerques  (altérés)  ?  à  la  surface  du  cerveau  oa  dans  sa 
substance  (2). 

IX''  Cas  (Leudet). 

Femme  âgée  de  vingt-huit  ans ,  attaques  épilepliformes  pendant  les  trois 
dernières  années  de  la  vie,  céphalalgie  habituelle,  expulsion  d'un  ténia  V,  gros- 
sesse; affaiblissement  considérable  de  la  vue;  pas  do  paralysie  du  sentiment 
ni  du  mouvement;  accidents  cérébraux  aigus;  mort. 

Dix-sept  cysticerques  dans  la  pie-mère  ou  la  substance  grise  de  la  surface 
du  cerveau,  le  corps  strié,  la  couche  optique  gauche;  trois  dans  le  cervelet. 
Une  vingtaine  de  cysticerques  dans  les  muscles  des  membres  supérieurs  (3). 

Xe'  Cas  (Davaine  et  Duplay). 

Vieillard  en  démence  depuis  environ  dix  ans.  —  Huit  ou  dix  cysticerques 
disséminés  dans  les  méninges  et  dans  la  substance  du  cerveau. 

XIe  Cas  (Bouchut). 

Tille  âgée  de  dix  ans;  hémichorée  droite,  avec  hémianalgésie  gaucho. 
Scarlatine,  albuminurie;  mort,  subite.—  ■> La  partie  postérieure  de  l'hémisphère 
droit  du  cerveau  offre  à  sa  surface,  mais  contenu  dans  l'épaisseur  même  de 
sa  substance,  un  petit  kyste  de  la  grosseur  d'une  petite  noisette  contenant 
deux  cysticerques  ;  aucun  dans  les  muscles  (4).  » 

B.  —  Cysticerques  situés  principalement  dans  les  méninges. 
XIIe  Cas  (Caljieil). 
Jeune  homme,  épilepsie,  délire  monomaniaque,  absence  de  paralysie,  phlé- 
bite suite  d'une  saignée;  mort. 

Trois  cysticerques  à  la  surface  de  l'hémisphère  droit  (5). 

(1)  Aran,  Mém.surles  hydalides, cité,  obs.  v,  et  Michéa,  Mém.  cil., p.  746,1841. 

(2)  P.  C.  Louis,  Recherches  sur  la  phlhisic,  2e  édit.,  obs.  8,  p.  162,  Paris,  1813. 
(3)E.  Leudet,  Comptes  rendus  Soc.  biologie,  1"  série,  t.  V,  p.  24,  ann.  1S53, 

Paris,  et  Bull.  Soc.  anat.,  ann.  XXVIII,  p.  91. 

(4)  Bouchut,  Gaz.  des  hùpilaux,  1857,  p.  81. 

(5)  Calmeil,  Dict.  deméd.  en  30  vol.,  t.  XI,  p.  584,  art.  Ekcéujale,  Paris,  1835. 


CHEZ,   L' HOMME.    —   VEKS   VÉSKIÙT:.  AIRES.  6fil 

XIII0  Cas  (Lebert). 
Homme  sujet  à  de  longs  évanouissements.  —  Cysticerques  à  l'extérieur  du 
cerveau  (pas  de  détails)  (I). 

XIV  Cas  (Nivbt). 

Homme  âgé  de  quarante-trois  ans;  coliques,  agitation,  délire,  bourdonne- 
ments d'oreille,  parole  lente,  sensibilité  intacte,  pas  de  paralysie;  mort  après 
douze  jours  de  maladie.  —  Quatorze  cysticerques  (altérés)  disséminés  dans  !a 
pie-mère  et  dans  la  substance  grise  des  hémisphères  (2). 

XVe  Cas  (Drewry-Ottley). 

Femme  âgée  de  quarante  ans;  étourdissements  remontant  à  deux  ans,  en- 
gourdissement et  demi-paralysie  du  membre  supérieur  droit,  troubles  de  l'in- 
telligence, difficultés  dans  la  prononciation  ,  attaques  épileptiformes  fré- 
quentes, céphalalgie  permanente. 

Un  grand  nombre  de  kystes  dans  la  pie-mère,  s'enfonçant  un  peu  dans 
la  substance  "grise.  Cysticerque  dans  chaque  kyste;  nombre  des  kystes  plus 
considérable  à  gauche.  Aucun  dans  la  substance  blanche,  ni  dans  les  plexus 
choroïdes;  substance  cérébrale  partout  saine  (3). 

XVIe  Cas  (Frédault). 

Femme  âgée  de  quatre-vingt- quatre^ans;  point  de  céphalalgie  habituelle  ; 
point  d'affaiblissement  musculaire,  ni  de  paralysie  du  sentiment  ou  du  mou- 
vement; attaque  d'apoplexie;  mort  en  quelques  heures. 

Une  vingtaine  de  cysticerques  dans  le  tissu  sous-arachnoïdien,  ou  plus  ou 
moins  enfoncés  dans  la  substance  grise;  ces  cysticerques  avaient  subi  un  com- 
mencement d'altération  sénile  (4). 

XVIIe  Cas  (Bouchut). 

Fille  âgée  de  six  ans  ;  fièvre  typhoïde,  méningite  suppurée. —  Deux  cysti- 
cerques dans  une  anfractuosité  de  la  surface  du  cerveau,  sous  l'arachnoïde; 
aucun  dans  les  muscles  (5). 

XVIIP  Cas  (Jeffries  Wyman). 

Un  cysticerque  libre  à  la  surface  interne  de  la  dure-mère,  près  de  l'apo- 
physe crista  galli  (cas  rapporté,  p.  634). 

(1)  Lebert,  Bull.  Soc.  anal,  de  Paris,  1837,  ann,  XII,  p.  38. 

(2)  Nivet,  Observ.  de  cysticerques  ladriques  du  cerveau;  Areh.  gén.  de  méd., 
3e  série,  t.  VI,  p.  478,  Paris,  1839. 

(3)  Docteur  Drewry-Ottley,  London  medic.  chir.  Trans.,  t.  XXVII,  1844;  — 
Arch.  gén.  de  méd.,  1848,  t.  XVI,  p.  372;  —  Gaz.  hôp.,  1848,  p.  149. 

(4)  Frédault,  Note  sur  un  nouveau  ver  vésiculairc  trouvé  dans  le  cerveau  (Gaz. 
méd.  de  Paris,  1847,  p.  311). 

(5)  Bouchut,  Gaz.  des  hôpitaux,  1857,  p.  77. 


662       AFFECTIONS   VEUMINEUSES  DU  SYSTÈME  NERVEUX   CENTRAT,. 
C,  —  Cysticerques  dans  les  plexus  choroïdes. 

I"'  Cas  (Imsciikr). 

Jeunohomme,  mort  du  typhus  en  1788. — Vingt-trois  cysticerques attachés 
aux  plexus  choroïdes  (4). 

II"  Cas  (TnEUTLEit). 

Femme  âgée  de  vingt-huit  ans,  morte  d'hydropisie  avec  des  symptômes 
d'une  affection  cérébrale  ancienne.  — Dix-sept  cysticerques  dans  les  plexus 
choroïdes  ;  désorganisation  étendue  du  cerveau  ;  excroissances  osseuses  de 
la  base  du  crâne  (2). 

IIIe  Cas  (Brera). 

Il  s'agit  d'un  homme  âgé  de  cinquante  ans,  sujet  aux  fièvres  intermit- 
tentes depuis  trois  mois.  «  Il  fut  attaqué  en  route,  dans  la  matinée  du  26  no- 
vembre '1797,  d'une  violente  torpeur  des  extrémités  inférieures;  s'étant  traîné 
chez  lui  d'un  pas  incertain  et  vacillant,  il  fut  tout  à  coup  pris  d'une  douleur 
violente  dans  la  partie  supérieure  de  la  lête,  et  à  l'instant  qu'il  appelait  du 
secours,  il  tomba  par  terre  sans  connaissance,  »  il  mourut  dans  la  nuit  sui- 
vante sans  avoir  repris  connaissance. 

Deux  grappes  de  cysticerques  s'étendaient  le  long  des  plexus  choroïdes  (3). 

IV0  Cas  (Steinbuch  et  LoschgeJ.  " 

Cinq  cysticerques  dans  les  plexus  choroïdes  ;  vingt  dans  les  muscles  (cas 
rapporté  ci-dessus,  p.  627). 

Ve  Cas  (Calmeil). 

Homme  âgé  de  soixante- cinq  ans  ;  douleur  à  la  jambe,  sensibilité  et  mou- 
vements intacls  ;  délire,   prostration  ;  mort  en  quatre  jours. 
Un  cyslicerque  dans  chaque  plexus  choroïde  (4). 

Voyez  encore:  1°  un  cas  de  cysticerques  du  cerveau  observés  par  M.  An- 
dral,  cas  rapporté  dans  la  thèse  de  M.  Fauconneau-Dufresne;  2°  une  obser- 
vation de  Romberg  indiquée  dans  le  Journal  compîéménlàifè,  t.  XIX,  p.  276. 

(i)J.-L.  Fischer,  Tœniœ  hydaligenœ  in  plexu  choroideo  nuper  inventes  hktoria, 
Lipsiae,  1789. 

(2)  Treuiler,  Mém.  cit.,  p.  1,  De  nova  specie  tœniœ  (albopunctatœ). 

(3)  Val.  Louis  Brera,  Traité  des  maladies  vermineuses,  trad.,  p.  32,  Paris,  180i. 

(4)  Calmeil,  Observ.  de  cysticerques  dans  l'encéphale  (Journ.  hebdom.  de  m  éd., 
t.  I,  p.  44,  Paris,  1828). 


VliRS  YÉSICUr.AIRES.    —   TOURNIS.  fif>3 

TROISIÈME    SECTION. 

DU  TOURNIS  DANS  SES  RAPPORTS  AVEC  LES  VERS  VÉSICULAIRES. 

Par  la  lenteur  de  leur  développement,  par  les  dimensions  qu'il 
atteignent,  le  cœnure  et  l'hydatide  sembleraient  devoir  déterminer 
des  phénomènes  pathologiques  identiques  ;  sous  plusieurs  rapports, 
en  effet,  ces  phénomènes  ont  une  analogie  complète  :  avec  l'un  comme 
avec  l'autre  ver  vésiculaire,  l'affection  cérébrale  a  une  marche  lente, 
une  durée  longue,  une  intensité  progressive  ;  l'un  et  l'autre  finissent 
par  produire  une  paralysie  des  organes  du  mouvement,  des  organes 
des  sens;  l'un  et  l'autre  entraînent  nécessairement  la  mort.  Mais  ce 
phénomène  singulier  qui  constitue  le  tournis,  c'est-à-dire  le  tour- 
noiement tel  qu'il  existe  chez  le  mouton  affecté  de  cœnure,  n'a  été 
signalé  dans  aucun  cas  d'hydatide  ;  et  néanmoins,  nous  possédons 
des  observations  déjà  nombreuses  de  ce  dernier  ver,  dans  lesquelles, 
outre  le  développement  lent  et  le  volume  considérable-,  le  siège  dans 
l'un  des  hémisphères  du  cerveau,  l'absence  d'un  kyste  notable  sem- 
blent assimiler  complètement  dans  ses  rapports  avec  l'organe  cen- 
tral du  sentiment  et  du  mouvement,  l'hydatide  au  cœnure. 

La  différence  remarquable  dans  l'expression  symptomatique  de 
l'affection  déterminée  par  l'un  et  l'autre  entozoaire  cystique  n'a  point 
été  l'objet,  que  nous  sachions,  des  méditations  des  pathologistes; 
elle  ne  trouve  point  non  plus  une  explication  satisfaisante  dans  les 
théories  qui  ont  été  données  des  phénomènes  du  tournis. 

La  plus  généralement  reçue  consiste  à  regarder  le  tournoiement 
comme  un  phénomène  de  paralysie,  comme  l'effet  de  l'hémiplégie 
incomplète  déterminée  par  la  compression  des  centres  nerveux. 
Cette  explication  n'est  pas  admissible  :  si  le  tournoiement  était  oc- 
casionné par  un  affaiblissement  paralytique,  il  existerait  chez  l'homme 
qui  aurait  une  hydatide  dans  l'un  des  hémisphères  du  cerveau  ;  chez 
le  mouton  et  le  bœuf,  on  observerait  toujours  la  faiblesse  ou  la' pa- 
ralysie du  côté  autour  duquel  se  fait  le  tournoiement  ;  or,  ces  phéno- 
mènes de  paralysie  sont  très  incertains  et  variables  ;  mais,  en  outre, 
la  tendance  au  tournoiement  diminuerait  à  mesure  que  l'affaiblis- 
sement augmenterait,  et  c'est  le  contraire  qui  a  lieu:  les  accès  de 
tournis  deviennent  plus  fréquents  et  plus  longs,  la  marche  dans  le 
tournoiement  devient  plus  rapide,  les  cercles  concentriques  deviennent 
de  plus  en  plus  petits,  à  mesure  que  le  cœnure  acquiert  plus  de  dé- 


66&       AFFKCTIONS   VERMINEUSES  DU   SYSTÈME   NHRVFUX   CENTRAL. 

veloppement,  à  mesure  que  la  faiblesse  augmente,  et  jusqu'à  ce  que 
la  maladie  ne  permette  plus  la  station  ni  la  marche. 

Le  tournoiement  nous  paraît  êlre  un  phénomène  d'excitation,  et 
non  un  phénomène  d& dépression  des  fonctions,  et  l'explication  nous 
paraît  devoir  être  fournie  par  la  constitution  même  du  cœnure  ;  en 
effet,  ce  ver  vésiculaire  est  pourvu  de  têtes  exsertiles  dont  le  nombre 
peut  s'élever  à  plusieurs  centaines  et  qui  sont  susceptibles  de  se 
porter  jusqu'à  4mm  ,5  au  dehors  de  la  vésicule  commune.  Ces  têtes 
peuvent  donc  se  plonger  assez  profondément  dans  la  substance  cé- 
rébrale qui  doit  recevoir  une  vive  stimulation  dans  les  moments  où 
elles  sortent  en  grand  nombre  de  leur  vésicule  (1). 

Avec  l'âge  du  ver,  le  nombre  des  têtes  du  cœnure  s'accroît  et  les 
points  de  contact  avec  l'encéphale  deviennent  plus  multipliés,  en 
sorte  que  si  l'on  explique  les  phénomènes  du  tournis  par  une  incita- 
tion portée  sur  l'un  des  hémisphères  du  cerveau,  on  expliquera  en 
même  temps  d'une  manière  satisfaisante  la  fréquence  et  la  durée  des 
accès,  l'accélération  de  la  marche  d'autant  plus  grande  que  l'affec- 
tion est  plus  ancienne,  c'est-à-dire  que  les  têtes  sont  plus  nombreuses  ; 
et  l'on  expliquera  mieux  que  d'aucune  autre  manière  le  tournoie- 
ment autour  du  côté  affecté,  car  l'excitation  de  l'hémisphère  où  siège 
le  cœnure  devra,  dans  bien  des  cas,  communiquer  son  action  aux 
muscles  du  côté  opposé,  et,  accélérant  les  mouvements  et  la  marche 
de  ce  côté  seulement,  la  progression  aura  lieu  en  tournant  autour  du 
côté  non  excité  (2). 

Une  incitation  semblable  n'est  jamais  produite  par  une  hydatide, 
quel  que  soit  son  volume  et  quoiqu'elle  puisse  être,  comme  le  cœnure, 
en  contact  immédiat  avec  la  substance  cérébra'e  même  ;  les  iêles 
des  hydatides  ou  les  échinocoques  sont,  en  effet,  toujours  internes 
et  ne  viennent,  dans  aucun  cas,  en  contact  avec  la  substance  céré- 
brale qu'elles  ne  peuvent  par  conséquent  exciter  en  aucune  ma- 
nière. 

D'après  ces  considérations,  les  cysticerques,  dont  la  tête  estexser- 
tile  comme  celles  du  cœnure,  pourraient  donner  lieu  au  tournoiement 
et,  c'est  en  effet  ce  que  prouve  le  fait  suivant  observé  par  Florman 
chez  le  porc  : 

(1)  C.  Davaine,  DeVaclion  du  cœnure  sur  le  cerveau  (tournis)  (Mém.  Soc.  biologie, 
t.  IV,  p.  117,  ann.  1857). 

(2)  It  se  peut  que  l'excitation  de  certaines  parties  des  hémisphères  cérébraux 
n'ait  point  d'effet  croisé,  ce  qui  expliquerait  le  tournis  du  coté  opposé  au  cœnure; 
les  observations  de  M.  Reynal  tendent  à  éclairer  cette  question  (voy.  p.  641,  note). 


VEl'.S    VÉSrCULAIRKS.    —    TOUKNIS.  665 

»  Observatio  maxime  memorabilis,  dit  Rudolphi,  suis  scilicet  annum  nati, 
»  vertiginosi,  sinistroçsum  in  circulosacti.qui  semper  minores  describerenlur. 
»  Beslia  se  suadente  mactata,  amicus  plurimos  inter  colli  musculos,  multos  in 
»  pia  matre  et  subslantia  corticali,  paucos  in  medullari,  sed  viginti  cysticercos 
»  solutos,  nullibi  affixos  in  venlriculo  Iaterali  dextro  reperit. 
,  »  Yertigo  suis  hoc  modo  certè  facile  explicata  (1).  » 

Si  le  tournoiement  ne  s'observe  pas  fréquemment  chez  le  porc 
ladre,  cela  peut  tenir  à  ce  que  les  cysticerques  sont  en  général  dissé- 
minés dans  tout  l'encéphale,  or  dans  les  cas  de  cœnures  multiples,  il 
n'y  a  pas  toujours  non  plus  de  tournoiement;  cela  peut  tenir  encore 
à  ce  que  les  cysticerques  sont  le  plus  ordinairement  situés  dans  les 
méninges  et  enveloppés  d'un  kyste  fibreux;  enfin  le  cysticerque  est 
pourvu  d'une  seule  tête,  tandis  que  lecœnure  est  pourvu  d'un  grand 
nombre  de  têtes  qui  sont  toujours  en  rapport  avec  la  substance  céré- 
brale même. 

Par  des  raisons  semblables,  on  comprend  l'absence  du  tournoie- 
ment chez  l'homme  affecté  de  cysticerques  du  cerveau. 

C'est  en  raisonnant  d'après  une  fausse  analogie  ou  par  l'ignorance 
des  véritables  phénomènes  du  tournis  que  quelques  auteurs  ont 
admis  l'existence  de  cette  affection  chez  l'homme. 

Le  docteur  Carrère  a  rapporté  deux  faits  à  l'appui  de  cette  opi- 
nion (2)  :  dans  le  premier  de  ces  faits,  observé  par  Brera,  il  n'est 
nullement  question  de  tournoiement  (3)  ;  clans  le  second,  le  tournoie- 
ment du  malade  n'avait  point  de  rapport  avec  celui  du  mouton  affecté 
du  tournis  dont  l'auteur  ne  connaissait  sans  doute  point  exactement 
les  phénomènes,  car,  voici  en  quoi  ils  consistaient  chez  son  malade  : 
«  C'est  alors  qu'il  se  livre,  dit  le  docteur  Carrère,  à  un  nouveau 
genre  d'agitation  que  les  personnes  qui  l'entourent  ne  connaissent 
pas,  il  tourne  dans  son  lit,  se  cache  sous  les  couvertures  ;  le  délire 
redouble;  application  de  la  camisole  de  force  (4).  »  Évidemment  cette 
manière  de  tournern'a  point  de  rapport  avec  celle  du  mouton  atteint 
du  ccenure. 

(1)  Rudolphi,  Synopsis,  p.  620,  d'après  A.  H.  Florman,  in  Kongl.  vel.  ac. 
Ilandlingar  for  1815,  8,  p.  132,  Stockholm,  1813. 

(2)  Docteur  Carrère,  Sur  le  tournis  chez  Vhomme  comparé  au  tournis  ches  les 
animaux  (Rec.  de  méd.  vel.,  t.  111,  p.  491,  Paris,  1 826). 

(3)  Voyez  ci-dessus  cette  observation,  p.  622. 

(4)  Docteur  Carrère,  me'm.  cit.,  p.  498. 


f)t)G       AFFECTIONS   VERMINEUSES   DU  SYSTÈME   NERVEUX   CENTRAL. 

Attribuant  le  phénomène  du  tournis  à  la  compression  que  le  cœ- 
nure  exerce  sur  certaines  parties  de  l'encéphale,  le  docteur  Bellioinme 
a  pensé  que,  dans  quelques  cas  de  tumeurs  intra-crâniennes,  le 
tournis  devait  se  produire  chez  l'homme  comme  chez  le  mouton  (1). 
Mais  nous  avons  montré  que  le  tournis  chez  le  mouton  n'est  pas 
l'effet  de  la  compression  exercée  par  le  cœnure;  d'un  autre  côté  lès 
observations  rapportées  par  l'auteur  ne  confirment  nullement  sa  ma- 
nière de  voir  (2). 


DEUXIEME   DIVISION. 

vers  en  rapport  avec  la  portion  rachidienne  de 
l'encéphale. 

Le  cœnure,  les  hydatideset,  sans  cloute,  les  cysticerques,  se  déve- 
loppant dans  le  canal  rachidienoubien  s'introduisant  du  dehors  dans 
ce  canal,  produisent  tôt  ou  tard  les  phénomènes  pathologiques  que 
détermine  toute  compression  lente  et  progressive  de  la  moelle  épi- 
nière.  Ces  phénomènes  ne  diffèrent  point  de  ceux  qui  résultent  du 
développement  dans  la  moelle  ou  dans  le  canal  rachidien  d'un  corps 
étranger  quelconque.  Ce  sont  la  paralysie  du  mouvement  et  de  la 
sensibilité  des  parties  situées  au-dessous  du  siège  du  ver  vésiculaire, 
la  constipation,  la  rétention  de  l'urine  ou  l'incontinence;  phéno- 
mènes ordinairement  précédés  de  douleurs,  de  spasmes,  de  secousses 
convulsives,  et  de  fourmillements  dans  les  membres. 

Les  douleurs  peuvent  être  très  vives,  être  fixées  au  siège  même 
du  ver  vésiculaire,  ou  suivre  le  trajet  des  gros  troncs  nerveux,  appa- 
raître par  accès,  être  accompagnées  de  crampes  ou  de  fourmillements 

(1)  Docteur  Belhomme,  Considérations  sur  le  tournis  chez  les  animaux  et  chez 
l'homme  comparé  à  V affection  provenant  de  la  lésion  du  cervelet  et  des  pédoncules 
(Bull,  de  l'Acad.  de  méd.,  1837-1838,  t.  II,  p.  880; — Rapport  sur  ce  mém.,  même 
recueil,  t.  III,  p.  392,  Paris,  1838-1839). 

(2)  Les  faits  rapportés  par  l'auteur  sont  les  deux  observations  citées  par  le  docteur 
Carrère;  une  observation  de  M.  Serres  dans  laquelle  la  lésion  anatomique  du  cer- 
veau ne  consistait  point  dans  une  tumeur  (E.-R.  Serres,  Anal.  comp.  du  cerveau, 
t.  II,  p.  623)  ;  enfin  une  quatrième  observation  qui  lui  appartient  et  dans  laquelle 
le  tournoiement  consistait  dans  une  sensation  éprouvée  par  le  malade  et  dans  le 
roulement  de  l'individu  assis  sur  une  chaise.  Ces  phénomènes  ne  peuvent  être 
assimilés  à  ceux  du  tournis  des  ruminants  atteints  de  cœnure. 


MOELLE   ÉPINIÈRE.    —   COENURE.  667 

dans  les  parties  qui  perdent  bientôt  peu  à  peu  la  sensibilité  et  le 
mouvement  volontaire. 

La  paratysie  occupe  ordinairement  les  deux  membres  inférieurs, 
la  vessie,  le  rectum,  et  remonte  plus  ou  moins  haut  suivant  le  siège 
de  la  compression  de  la  moelle.  Un  bras  seulement  peut  être  atteint, 
au  moins  pendant  un  certain  temps  ;  la  respiration  peut  éprouver 
une  gêne  qui  devient  de  plus  en  plus  forte. 

Ces  phénomènes  surviennent  nécessairement  lorsque  les  vers  vé- 
siculaires  sont  situés  à  la  région  cervicale  ou  à  la  partie  supérieure 
de  la  région  dorsale,  mais  ils  peuvent  manquer  complètement  lorsque 
les  vers  sont  situés  à  la  partie  inférieure  du  canal  vertébral,  dans  la 
région  sacrée. 

L'affection  qui  nous  occupe  dure  plusieurs  mois  ou  même  plusieurs 
années.  La  constitution  finit  par  se  détériorer,  des  eschares  se  for- 
ment au  sacrum  et  sur  diverses  parties  du  tronc  et  des  membres,  et 
le  malade  succombe  dans  le  marasme. 

Les  vers  vésiculaires  peuvent  se  développer  dans  l'intérieur  de  la 
moelle  même;  M.  Calmeil  rapporte  avoir  vu  un  cœnure  au  centre  de 
la  moelle  lombaire  d'un  mouton.  Ils  peuvent  se  développer  entre  la 
moelle  et  le  canal  osseux  du  rachis;  peut-être  alors  dans  la  cavité  de 
l'arachnoïde  spinale,  comme  le  prouve  un  fait  rapporté  par  Esquirol 
en  ces  termes  :  »  Des  hydatides  de  divers  volumes  étaient  contenues 
dans  le  sac  formé  par  l'arachnoïde,  depuis  le  bulbe  du  cerveau  jus- 
qu'à l'extrémité  lombaire  du  canal  rachidien.  »  Mais  plus  souvent 
les  hydatides  se  sont  développées  en  dehors  du  canal  rachidien  dans 
lequel  elles  ont  pénétré  en  élargissant  les  trous  de  conjugaison  ou  en 
détruisant  le  tissu  osseux  même. 

Il  est  arrivé  aussi  que  des  hydatides  développées  primitivement 
dans  le  canal  spinal,  se  sont  portées  à  l'extérieur  et  sont  devenues 
accessibles  à  l'exploration  et  même  aux  instruments  du  chirurgien. 

CAS  DE  VERS  VÉSICULAIRES  DANS  LE  CANAL.  RACHIDIEN. 

A.  —  Vers  développés  primitivement  à  l'intérieur  de  ce  canal  ou  dans  la  moelle 

épinière. 
COENURE. 

Ier  Cas  (Yvart). 

Mouton  ;  pas  de  tournoiement  ;  paralysie  des  muscles  du  bassin  et  des 


fi68       AFFECTIONS   VERM1NEUSES   DU  SYSTÈME   NERVEUX   CENTRAL. 

membres  postérieurs, — Cœnure  de  Fa  grosseur  d'une  noisette  dans  le  cerveau  , 
un  autre  volumineux  dans  la  moelle  lombaire,  ayant  séparé  les  deux  cordons 
longitudinaux  do  cette  moelle  (l). 

IIe  Cas  (Dupuy). 

Dupuy  présente  à  l'Académie  de  médecine  un  cœnure  provenant  d'un 
agneau,  âgé  do  dix-huit  mois  et  atteint  d'une  paralysie  des  membros  posté- 
rieurs. Le  cœnure,  long  de  i  pouces  et  de  la  grosseur  du  doigt,  existait  dans 
la  substance  grise  de  la  région  lombaire.  La  moelle  paraissait  un  peu  rouge 
autour  de  ce  ver.  Un  cœnure  semblable  existait  dans  le  cerveau  do  l'animal  (2). 

IIIe  Cas  (Calmeil  et  Delafond). 

Mouton. — Cœnure  volumineux  au  centre  de  la  moelle  lombaire.  Hypérémie 
de  la  substance  nerveuse  (3). 

IVe  Cas  (Delafond  et  Valenciennes). 

Agneau  ;  paralysie  du  membre  postérieur  gauche,  et  plus  tard  des  deux 
membres  postérieurs  ;  tête  inclinée  vers  la  gauche.  —  Un  cœnure  dans  l'hé- 
misphère cérébral  gauche  ;  un  autre  dans  le  cordon  médullaire  gauche  do  la 
moelle  épinière,  à  la  hauteur  de  la  troisième  vertèbre  lombaire  (i). 

V*  et  VIe  Cas  (Reynal), 

Faiblesse  du  train  postérieur,  diminution  de  la  sensibilité,  paresse  de  la 
vessie  et  du  rectum,  amaigrissement  des  muscles  de  la  cuisse  (5). 

'(I)  Yvart,  Noie  sur  l'existence  de  cœnures  cérébraux  dans  la  moelle  épinière  du 
mouton  {Recueil  de  méd.  vétérin.,  t.  IV,  p.  394,  Paris,  1826). 

(2)  Acad.  de  méd.  de  Paris,  1827  ;■  séance  du  25  septembre,  dans  Arch.  gén, 
de  méd.,  t.  XV,  458. 

Un  cas  semblable,  observé  par  le  même  auteur,  est  rapporté  daus  le  Journal 
pratique  de  médecine  vétérinaire,  1830,  et  dans  le  Dict.  Hurtrel  d'Arboval,  art.  Hv- 
datide,p.  131.  D'après  l'âge  du  mouton  et  la  situation  du  cœnure,  on  peut  juger 
qu'il  s'agit  du  cas  observé  en  1S27.  Dans  cet  article  il  est  dit  que  le  cœnure  était 
de  la  grosseur  d'une  plume  d'oie  et  long  de  5  centimètres  environ.  Les  têtes, 
disposées  par  groupes,  étaient  au  nombre  de  plusieurs  centaines;  les  parties  de  la 
moelle  en  rapport  avec  chacun  de  ces  groupes  étaient  inégales,  rugueuses,  recou- 
vertes d'une  fausse  membrane  ;  ces  lésions  de  la  moelle  n'existaient  pas  sur  les 
parties  en  contact  avec  la  vésicule  lisse  et  unie  du  cœnure. 

(3)  Calmeil,  Dict.  de  méd.  en  30  vol.,  t.  XX,  p.  53,  art.  Moelle  épinière, 
Paris,  1839,  et  Valenciennes,  cité  ci-après. 

(i)  Valenciennes,  Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  t.  XI, V,  p.  452, 
oct.  1857,  Paris. 

(5)  Reynal,  Essai  sur  le  tournis  des  bêtes  ovines  dans  Recueil  de  méd.  vét.,  4e  sér., 
1857,  t.  IV,  p.  563. 


MOELLE   ÉPINIÈRE.    —   IIYDAT1DES.  0G9 

UVDATIDES. 

Ier  Cas  (Esquirol). 

«  Une  femme  est  effrayée  à  l'âge  de  cinquante-trois  ans;  elle  a  des  convul- 
sions, reste  épileptique.  Les  accès  reviennent  tous  les  deux  ou  trois  jours  et 
sont  très  forts  (cinquante-six  ans).  Depuis  quelques  mois  les  accès  se  rappro- 
chent; cette  femme  meurt  après  un  accès  qui  l'a  laissée  pendant  cinq  jours 
dans  un  état  comateux. 

»  Hydatides  de  divers  volumes  depuis  le  bulbe  du  cerveau  jusqu'à  l'extré- 
mité lombaire  du  canal  rachidien,  contenues  dans  le  sac  formé  par  l'arach- 
noïde-; ramollissement  de  l'extrémité  lombaire  de  la  substance  médullaire.  La 
glande  piluitaire  contient  un  kyste  rempli  d'un  fluide  d'un  brun  ron- 
gea tre  (-1).  » 

IIe  Cas  (Rkïdellet). 

Femme,  vingt-deux  ans.  Pleurésie,  douleur  entre  les  épaules  et  au  bras 
droit,  faiblesse  de  ce  bras.  Après  trois  ans,  disparition  de  la  douleur,  persis- 
tance de  la  faiblesse.  Après  quelques  années  encore,  douleur  dans  la  colonne 
vertébrale.  Extrémités  inférieures  insensibles,  mouvements  conserves.  Para- 
lysie de  la  jambe  droite.  Tumeur  à  la  région  lombaire,  ouverture,  issue  d'un 
grand  nombre  d'hydatides;  canal  vertébral  ouvert,  moelle  à  nu.  Améliora- 
lion.  Suppuralion  abondante,  détérioration  de  l'économie,  paraplégie.  Mort 
plus  d'un  an  après  l'ouverture  de  la  tumeur  (2;. 

IIIe  Cas  (Mazet). 

Homme.  Abcès  par  congestion,  point  de  paralysie.  Mort. — Partie  inférieure 
du  canal  veilébral  et  canal  sacré  remplis  d'hydatides.  Carie  du  sacrum  (3). 

IVe  Cas.(Cruveiliiier). 

«j  Une  femme  paraplégique  portail  sur  la  ligne  médiane  du  dos,  à  la  partie 
supérieure  des  vertèbres  lombaires,  une  tumeur  grosse  comme  le  poing,  molie 
et  fluctuante.  —  A  Vautopsie,  je  trouvai  une  poche  hydatique,  remplie  d'acé- 
phalocystes  ;  la  tumeur,  développée  dans  l'intérieur  du  canal  rachidien,  avait 
érodé  et  écarté  les  lames  vertébrales,  faisait  saillie  sous  la  peau  et  comprimait 
la  queue  de  cheval  (4).  » 

Ve  Cas  (Goupil). 
Homme  âgé  de  quarante  ans.  Faiblesse  dans  les  jambes.  Vingt-trois  jours 

(1)  Esquirol,  Journ.  de  méd.  dé  Sédillol,  1825,  t.  XCII,  p.  58.  Extrait  de  Bull, 
de  la  Faculté  de  méd.  de  Paris,  t.  V,  p.  426  ;  —  Ollivier,  ouvr.  cit.,  obs.  CXV. 

(2)  Reydellet,  Dict.  des  sciences  médicales,  art.  Moelle,  t.  XXXIII,  p.  564, 
Paris,  1819,  et  Ollivier  {avec  complément  à  l'observation),  ouvr.  cit.,  obs.  CXVI. 

(3)  Mazet,  Bull.  Soc.  anal.,  ann.  XXII,  p.  226,  Paris,  1837. 

(4)  Cruveilhier,  Bull.  Soc.  anat-,  1850.  p.  63. 


070      AFFECTIONS  VERMINEUSliS  DU  SYSTÈME  NERVEUX  CENTRAI, 
avant  la  mort,  trajet  à  pied  do  Monl  martre  a  l'hôpital  Huaujon.  Paraplégie 
quelques  jours  après,  perle  delà  sensibilité,  escliare  au  sacrum.  Mort. 

Kyste  hydatique  dans  le  canal  rachidien,  région  lombaire  ,  en  arrière  delà 
moelle  et  en  dehors  do  la  dure-mère.  Os  intacts  (1). 

Voyez  encore  un  cas  observé  par  Montansey,  p.  654,  obs.  XX. 

B.  —  Vers  développés  primitivement  eu  dehors  du  canal  rachidien. 
Ier  Cas  (Cuaussier). 

Femme  âgée  de  vingt-deux  ans.  Grossesse;  paralysio  du  mouvement  et  do 
la  sensibilité  des  membres  inférieurs;  accouchement  spontané  sans  douleur; 
la  sécrétion  du  lait  a  lieu  comme  à  l'ordinaire,  la  malade  allaite  son  enfant.  Le 
soir  du  quatrième  jour,  accès  de  lièvre,  suppression  des  lochies,  diminution  de 

la  sécrétion  du  lait Mort  le  dixième  jour  après  l'accouchement  et  cinq  à 

six  mois  après  les  premiers  symptômes  d'une  lésion  de  la  moelle. 

Kyste  hydatique  développé  dans  le  thorax.  Hydalides  ayant  pénétré  dans  le 
canal  rachidien  ;  et  comprimant  la  moelle  depuis  la  première  jusqu'à  la  qua- 
trième vertèbre  dorsale  (2). 

IIe  Cas  (Chaussier). 

Femme  âgée  de  vingt-six  ans.  Fourmillements,  crampes  dans  les  mem- 
bres abdominaux,  suivis  de  paraplégie.  Mort  neuf  mois  après  l'apparition  des 
premiers  symptômes. 

Tumeur  hydatique  développée  dans  la  région  lombaire  gauche.  Hydalides 
ayant  pénétré  dans  le  canal  rachidien  par  les  trous  de  conjugaison.  Érosion 
des  première  et  seconde  vertèbres  lombaires  (3). 

IIIe  Cas  (Mélier). 

Femme  âgée  de  vingt-neuf  ans.  Douleurs  dorsales  anciennes  qui  s'étendent, 
après  trois  ans  de  durée,  aux  membres  abdominaux,  accompagnées  de 
spasmes  et  de  secousses  convulsives  ;  plus  tard,  paralysie  complète  du  senti- 
ment et  du  mouvement. — Kyste  hydatique  dans  la  région  dorsale  ayant  érodé 
les  lames  des  cinquième  et  sixième  vertèbres  dorsales  ;  hydatides  dans  le  canal 
rachidien,  extérieures  à  la  dure-mère  (4). 

(1)  Goupil,  Bull.  Soc.  anal,  de  Paris,  ann.  XXVII,  1832,  p.  211. 

(2)  Chaussier,  Procès-verbal  de  la  distribution  des  prix  faite  aux  élèves  sages- 
femmes  de  la  Maternité,  le  29  juin  1807,  p.  28;  Journ.  de  méd.  de  Corvisart,  etc., 
t.  XIV,  1807,  p.  231  ;  —  Ollivier  (d'Angers),  Traité  de  la  moelle  épinière,  obs.  92, 
t.  II,  p.  784,  Paris,  1827  ;  —  Journ.  gén.  de  méd.  de  Sédillot,  t.  XCII,  p.  45. 

(3)  Chaussier,  dans  Morgagni,  De  sedib.  et  caus.  morb.,  epist.  xi,  t.  V,  p.  16'8, 
uote;  édit.  de  Chaussier,  Paris,  1822;  — Ollivier,  ouvr.  cit.,  obs.  113;  — Journ. 
gén.  de  méd.,  t.  XCII,  p.  51. 

(4)  Mélier,  Observ.  d'une  paraplégie  produite  par  des  hydatides  (acéphalocysles) 
dans  le  canal  vertébral  (Journ.  gén.  de  méd.  de  Sédillot,  Paris,  1825,  t.  XCII,  p.  33, 
et  Ollivier,  ouvr.  cit.,  obs.  exiv. 


MOELLE   ÉP1N1ËRE.    —    HYDAïlDES.  671 

IVe  Cas  (Dumoulin). 
Homme,  vingt-cinq  ans.  Douleurs  dans  le  dos  à  la  suite  d'un  coup,  dix-huit 
mois  avant  la  mort,  plus  vives  dans  les  quatre  derniers  mois;  dans  les  deux 
derniers  mois,  affaiblissement  des  jambes  ;  mouvements  lents  et  difficiles, 
marche  impossible.  Sensibilité  des  tégumènls  diminuée  aux  membres  infé- 
rieurs. Paresse  de  la  vessie  et  du  rectum.  Un  mois  avant  la  mort,  paraplégie 
complète:  sensibilité  abolie  inférieurement  à  la  cinquième  côle;  immobilité, 
dans  l'inspiration,  des  sept  côtes  inférieures;  eschare  au  sacrum,  accidents 
variés.  Mort.  —  Kyste  hydatique  situé  entre  les  muscles  et  la  gouttière  verté- 
brale de  la  région  du  dos.  Amincissement  des  lames  vertébrales.  Douze  hyda- 
tides  environ  libres  dans  le,  canal  rachidien,  en  dehors  de  la  dure-mère  et  dans 
l'espace  compris  entre  la  seconde  et  la  cinquième  vertèbre  dorsale  (1). 

Ve  Cas  (Dubois). 

Fille  âgée  de  vingt  ans.  Un  an  avant  la  mort,  douleur  dans  les  lombes  ;  au 
bout  de  deux  mois  environ,  faiblesse  dans  les  membres  inférieurs.  Dans  les  six 
derniers  mois,  paraplégie,  sensibilité  obtuse  des  membres  inférieurs,  douleurs 
vives  dans  les  lombes  ;  eschares  aux  trochanters,  au  sacrum.  Mort. 

Kyste  hydatique  de  chaque  côté  et  en  dehors  de  la  colonne  vertébrale,  au 
niveau  des  dernières  côtes;  destruction  du  corps  de  la  onzième  vertèbre  dor- 
sale et  en  partie  de  la  douzième  (2). 

L'observation  des  vers  vésiculaires  développés  dans  les  centres 
nerveux  n'est  pas  indifférente  aux  progrès  de  la  physiologie  ;  les 
phénomènes  variables  déterminés  par  le  cœnure  suivant  son  siège 
dans  le  cerveau,  mériteraient  d'être  étudiés  avec  soin.  Plusieurs  cas 
d'hydatides  comprimant  l'origine  de  quelques  nerfs  ont  donné,  tou- 
chant les  fonctions  de  ces  nerfs,  la  confirmation  des  déductions  de 
l'expérimentation.  L'observation  des  vers  qui  sont  en  rapport  avec 
la  moelle  épinière  n'est  pas  sans  intérêt  non  plus  pour  la  phy- 
siologie ;  tel  est  le  cas,  observé  par  Chaussier,  d'hydatides  qui 
comprimaient  la  moelle  au  niveau  des  quatre  premières  vertèbres 
dorsales  chez  une  femme  enceinte  et  paraplégique  ;  l'accouchement 
se  fit  naturellement,  sans  douleur,  et  la  sécrétion  du  lait  eut  lieu 
comme  à  l'ordinaire  ;  circonstance  qui  témoignerait  que  la  sym- 
pathie entre  l'utérus  et  les  mamelles  ne  s'établit  que  par  la  portion 
dorsale  ou  lombaire  de  la  moelle  épinière. 

(1)  À.  Dumoulin,  Bull.  Soc.  anat.  de  Paris,  1847,  ann.  XXH,  p.  321. 

(2)  Dubois  dans  Bull.  Soc.  anat.  de  Paris,  1848,  ann.  XXIII,  p.  95. 


G7-2 


AFFECTIONS   VERMINEUSES  DU  SYSTÈME  MUSGULAIHE 


DEUXIEME  PARTIE. 

AFFECTIONS  VERMIKEUSES  DU  SYSTÈME    MUSCULAIRE. 

La  trichine  [trichina  spiralis,  Synops.,  n°'70.) 

Il  existe  chez  l'homme  un  ver  que  l'on  peut  regarder  comme  spé- 
cial au  système  musculaire  de  la  vie  animale,  car  il  n'a  jamais  été 

rencontré  que  dans  des  muscles 
à  fibres  striées,  c'est  la  Trichina 
spiralis. 

Suivant  Henle  etDiesing,  Tie- 
demann  avait  probablement  vu, 
en  1822,  les  kystes  qui  renfer- 
ment la  trichine,  mais  non  le  ver 
lui-même  (1).  En  1832,  Hilton, 
démonstrateur  d'anatomie  à  Guy  's 
hospilal,  trouva  chez  un  homme, 
â.jé  de  soixante  et  dix  ans  et  mort 
d'un  cancer,  un  grand  nombre  cle 
petits  corps  ovoïdes,  longs  d'un 
millimètre  ;  ces  corps  étaient  si- 
tués dans  les  muscles  pectoraux 
et  dans  ceux  du  thorax  ;  ils  étaient 

Hc.   24   (d'après  M.  Owi'ii).  —  i,   norlion    île      ,  ±  -r 

muscle  (cubital  antérieur)  couverte  dP  kystes    transparents  au   milieu,  opaques 
de  trichine  (plusieurs  de  ces  kysies  ont  été    aux  extrémités;  examinés  au  mi— 

dessines  trop  grands)  ;  —  2,  kystejsolé  ;  — 

3,  Kyste  grossi   20  fois,  contenant  une  mu-  Cl'OSCOpe,  IIS   parurent  SailS  Ol'ga- 

lièrc  calcaire;  -4,   kyste   contenant    deux  njsalion  .   fa  étaienl  placc"s    dang 

vers;  —  5,  trichine  vue  a   un  grossissement  '  -t 

de   200   diamètres,   a,   extrémité   ce'phaîique  les  interstices   des    fibres    U1USCU- 

(d'après  Owen);  b,  extrémité  caudale.  ,    .  ,  i     t        >,  t 

laires,  leur  grand  diamètre  di- 
rigé parallèlement  aux  fibres  (2).  Ces  corps,  regardés  par  Hilton 
comme  de  petits  cysticerques,  étaient  très  probablement  des  kystes 

(1)  Ticdemauu,  in  Froriep'snotlzen  ans  dem  Gebiete  der  nalur  und  Heilkunrle, 
•1822,  Bd.  I,  p.  64  (vesiculœ),  cité  par  Hcnle,  in  Archiv.  fur  anat.  physiol.  von 
Millier,  1835,  p.  528  note;  et  Diesing,  t.  II,  p.  113. 

(2)  Notes  of  a  peculiar  appearence  observed  in  human  muscle  probably  depending 
upon  the  formation  of  very  small  cyslicerci,  by  John  Hilton,  in  the  London  médical 
Gaz.,  vol.  XI,  p.  605,  feb.  1833. 


LA   TIUCMNE   CHEZ   L'HOMME.  673 

de  trichine.  A  la  même  époque,  Wormald,  démonstrateur  d'ana- 
tomie  à  St.-Bartholomew's  hospital,  remarqua  que  les  muscles  de 
certains  cadavres  étaient  parsemés  de  petites  taches  blanchâtres. 
M.  Paget,  alors  étudiant  au  même  hôpital,  ayant  observé  un  fait 
semblable  sur  le  cadavre  d'un  Italien,  eut  la  pensée  que  les  taches 
étaient  produites  par  de  petits  entozoaires.  Son  opinion  s'étant 
trouvée  vraie,  des  portions  des  muscles  affectés  furent  soumises  à 
l'examen  de  M.  Owen  qui  étudia  l'organisation  de  ces  vers  et  leur 
imposa  le  nom  de  trichina  spiralis  (].). 

La  trichine  est  un  ver  nématoïde,  long  deOnil",8  à  1  millim. ,  sans 
organes  sexuels  ou  pourvu  de  ces  organes,  mais  à  l'état  rudimen- 
taire,  et  par  conséquent  incapable  de  se  reproduire.  D'après  plu- 
sieurs observateurs,  elle  est  douée  d'une  remarquable  ténacité  de 
vie.  La  trichine  est  constamment  renfermée  dans  un  kyste  dont  elle 
occupe  environ  le  tiers,  roulée  en  spirale  et  formant  deux,  trois  et 
même  quatre  tours.  Elle  est  ordinairement  solitaire;  rarement  deux 
et  beaucoup  plus  rarement  encore  trois  vers  se  rencontrent  dans  le 
même  kyste. 

Le  kyste  constitue  généralement  une  vésicule  ovoïde  dont  tantôt 
l'un  des  pôles  et  tantôt  tous  les  deux  offrent  extérieurement  un  pro- 
longement plus  ou  moins  long.  Suivant  les  cas,  l'une  ou  l'autre  de 
ces  formes  prédomine  ;  plus  rarement,  le  kyste  est  sphérique,  ou  bien 
en  forme  de  tube  ou  de  gourde.  Ses  dimensions  sont  fort  variables  : 
en  moyenne,  il  a  0"'m,33  de  longueur;  les  parois  très  épaisses  va- 
rient entre  0n'm,03,  et  0mm,014;  elles  ont  plus  d'épaisseur  aux  ex- 
trémités. 

Suivant  Owen,  Farre,  Bischoff  (2),  Valentin  (vers  deKobelt)  (3), 
Luschka,  Gairdner  (4),  Sanders  et  Kirk  (vers  de  Gairdner),  le  kyste 

(1)  R.  Owen,  Description  of  a  microscopic  entoozoon  infesting  the  muscles  of 
Vie  human  body,  io  Transact.  of  the  zool.  Societ.  of  London,  et  the  London  medic. 
Gaz.,  april  1835,  Vol.  XVI,  p.  125. 

(2)  BischolT,  Heidelb,  mediz.  annal.,  t.  VI,  p.  232  et  485,  cité  par  Diesing. 

(3)  Kobelt,  iu  Froriep's  N.  Notiz,  t.  XIII,  p.  310,  cité  par  Diesing. 
Valentin  a  examiné  les  vers  de  Kobelt,  conservés  dans  l'alcool.  Ces  trichines 

avaient  été  trouvées  dans  tous  les  muscles  à  fibres  striées,  excepté  dans  ceux  du 
cœur  et  de  l'oreille  moyenne,  chez  un  homme  âgé  de  soixante-dix-neuf  ans, 
hydropique,  et  d'une  intelligence  affaiblie  (Valentin's  Repertorium,  1841,  p.  194. 
—  Microscop.  Journ.,  1842,  p.  147). 

(4)  Le  docteur  W.  T.  Gairdner  a  trouvé  des  trichines  en  grand  nombre  chez  un 

Davaine.  43 


()lk  AFFliCTIONS   VEHMlNI'.USIiS   DU   SYSTÈME   MUSCULAIRE. 

de  la  trichine  est  formé  de  deux  vésicules  distinctes  et  emboîtées  : 
1°  une  vésicule  externe  qui  lui  donne  son  apparence  fusiforme  et  qui 
constitue  ses  prolongements;  2°  une  autre  in  terne,  généralement  ovoïde 
et  sans  prolongements  à  ses  pôles.  MM.  Bristovve  et  Rainey,  d'après 
des  raisons  que  nous  donnerons  plus  loin,  pensent  que  le  kyste  est 
simple. 

Les  parois  des  deux  vésicules  sont  homogènes  pour  M.  Owen  qui 
les  dit  formées  de  lamelles  d'un  tissu  cellulaire  condensé  et  serré 
et  qui  les  considère  comme  un  produit  de  l'organisme  humain. 
M.  J.  Vogel,  au  contraire,  regarde  le  kyste  comme  appartenant  à 
la  trichine  :  «  La  capsule  de  forme  régulière  qui  entoure  le  ver 
me  paraît,  dit-il,  ne  point  être  un  kyste  secondaire  produit  par  la 
réaction  de  l'organisme  comme  dans  les  vers  cystiques;  je  pense 
qu'elle  appartient  à  l'animal  lui-même  et  qu'elle  est  le  résultat  d'un 
reste  d'état  de  nymphe  (1).  »  M.  Vogel  ne  veut  pas  dire,  sans 
doute,  que  le  kyste  est  la  dépouille  du  ver,  mais  un  produit  sécrété 
par  lui.  —  M.  Bischoff  regarde  les  deux  vésicules  du  kyste  comme 
homogènes,  mais  il  ne  s'explique  pas  sur  leur  nature. 

Pour  MM.  Valentin,  Luschka,  Sanders  et  Kirk,  les  deux  vési- 
cules ont  une  structure  différente.  La  vésicule  extérieure,  dit 
M.  Valentin,  est  une  véritable  enveloppe  organisée;  la  vésicule  inté- 
rieure montre  quelquefois  des  lignes  parallèles  qui  indiquent  sa  for- 
mation par  des  couches  concentriques.  Les  observations  des  doc- 
teurs Sanders  et  Kiik  s'accordent  avec  celles-ci  ;  ces  savants  ont 
trouvé  la  vésicule  extérieure  constituée  par  du  tissu  fibreux  et  l'in- 
terne formée  d'une  substance  homogène  qui,  après  l'action  des  réac- 
tifs, n'offre  point  de  structure  distincte,  mais  seulement  des  lignes 
concentriques. 

M.  Luschka  a  étudié  cette  question  avec  soin  ;  le  kyste,  suivant 
cet  observateur,  est  formé  de  deux  couches  distinctes  dans  leur  com^ 
position  et  dans  leur  signification  :  1°  le  tissu  de  la  couche  externe 
consiste  dans  des  fibres  très  fines,  régulièrement  disposées,  qui  s'en- 
tre-croisent  et  forment  un  étroit  réseau  ;  elles  se  comportent  avec  la 

homme  âgé  soixante  aos,  mort  d'une  résorption  purulente  (mars  1853).  Ces  parasites 
existaient  dans  tous  les  muscles  à  fibres  striées,  sauf  le  cœur;  il  y  en  avait  dans 
les  muscles  droits  de  l'œil,  les  constricteurs  du  pharynx,  dans  la  portion  supé- 
rieure de  l'œsophage.  —  Les  docteurs  Sauders  et  Kirk  ont  fait  leurs  recherches 
sur  des  vers  communiqués  par  M.  Gairdner  (Monlhly  Journ.  of  mcdic.  se,  1853, 
vol.  XVI,  p.  473;  —  Ediub.,  Phyztol.  Soc.). 

(1)  J.  Vogel,  Traité  d'anal,  path.,  trad.,  Paris,  1847,  p,  409,  note. 


LA   TRICHINE   CHIiZ,   L'HOMME.  675 

potasse  caustique  et  l'acide  acétique  comme  le  tissu  ligamenteux  ; 
toutefois  les  fibres  ne  disparaissent  pas  entièrement  et  offrent  une 
résistance  partielle  à  l'action  de  ces  réactifs.  Quoiqu'on  puisse  en 
enlever  des  bandes  plus  ou  moins  distinctes,  on  ne  peut  cependant 
reconnaître  dans  cette  couche  une  structure  véritablement  lamel- 
laire. Elle  est  pourvue  d'un  réseau  vasculaire  très  distinct  et  facile 
à  constater.  2°  La  couche  intérieure,  presque  homogène,  formée  de 
fibres  rares  ou  de  lames  granulaires,  est  très  riche  en  corpuscules 
calcaires;  elle  résiste  à  l'action  de  la  potasse  caustique,  de  l'acide 
acétique,  et  muriatique;  elle  est  plutôt  accolée  qu'unie  à  la  couche 
précédente,  La  première  de  ces  couches,  la  vésicule  extérieure,  est 
fournie,  suivant  M.  Luschka,  par  l'organe  envahi,  et  la  seconde,  la 
vésicule  intérieure,  est  fournie  par  le  parasite  (1). 

Les  docteurs  Bristowe  et  Rainey  considèrent  le  kyste  comme 
simple  et  comme  le  produit  exclusif  de  la  trichine  :  «  Les  parois  du 
kyste  sont  distinctement  laminées,  disent-ils,  mais  les  lignes  con- 
centriques, indiquant  cette  disposition,  ne  sont  pas  aussi  tranchées  et 
aussi  bien  marquées  que  celles  qui  caractérisent  les  membranes  hy- 
datiques  ;  de  temps  en  temps,  mais  rarement  comparativement,  une 
de  ces  lignes  est  distinctement  tracée  tout  autour  et  le  kyste  de  ia 
trichine  paraît  alors  être  divisé  en  deux  capsules  plus  ou  moins  dis- 
tinctes. Cette  apparence  n'est  qu'accidentelle  et  ne  peut  servir  de 
distinction  organique,  car  elle  est  certainement  absente  clans  la 
grande  majorité  des  kystes,  et  même,  lorsqu'elle  existe,  la  partie 
extérieure  et  la  partie  intérieure  présentent  des  caractères  anatomi- 
ques  semblables.  Généralement  les  lames  sont  partiellement  séparées 
çà  et  là  et  l'espace  qui  en  résulte  est  plein  de  substance  granulaire 
ou  de  sortes  de  nucléoles  dont  il  sera  question  plus  tard. 

»  Des  fragments  de  la  membrane  du  kyste  détachés  accidentelle- 
ment laissent  voir  leur  structure.  A  première  vue,  ils  paraissent 
formés  de  fibres  uniformes  et  parallèles,  mais  on  doit  les  regarder 
plutôt  comme  des  portions  d'une  membrane  marquée  par  des  stries 
parallèles  et  disposées  à  intervalles  égaux,  "car  ils  conservent 
leurs  caractères  membraneux  et  ne  se  résolvent  jamais  en  des  élé- 
ments anatomiques  simples.  Leur  structure  est  certainement  diffé- 
rente de  quoique  ce  soit  que  nous  ayons  vu  dans  aucune  sorte  de 
fausse^membrane,  et  l'on  ne  peut  les  confondre  avec  ces  formations.  » 

(1)  fiocteur  H.  Luschka,  ïur  Nalurgeschichte  der  trichina  spiralis,  in  Siebold 
et  Kolliker,  Zeitschrifl  fur  Wissenschaftliche  Zoologie,  Leipzig,  185.1,  p.  69. 


676  AlFliCTiO.YS    VERMINEUSÈS   DU   SYSTÈME  MUSCULAIRE. 

Cette  description  du  kyste  «  ressemble  sous  plusieurs  rapports  à 
celle  qui  a  été  donnée  par  le  professeur  Luschka,  mais  elle  en  diffère 
en  quelques  points  :  ce  professeur  consi- 
dère le  kyste  de  la  trichine  comme  double, 
l'externe  appartenant  à  l'homme,  l'interne 
au  ver,  et  il  décrit  un  arrangement  parti- 
culier de  vaisseaux  développés  dans  la 
membrane  extérieure.  L'existence  de  vais- 
seaux sanguins  autour  du  kyste  n'est  pas 
douteuse  ,  mais  ce  sont  ceux  du  muscle 
déplacés  par  le  kyste  et  étendus  à  sa  sur- 
face. Nous  n'hésitons  pas  à  affirmer  que 
le  kyste  est  un,  essentiellement,  et  qu'il  est 
la  propriété  du  parasite  lui-même  (1).  » 

La  paroi  du  kyste  est  formée  par  une 
substance  transparente ,  réfractant  la  lu- 
mière ,  riche  en  granules  élémentaires  de 
nature  terreuse;  ces  granules,  plus  abon- 
dants dans  les  couches  superficielles  et, 
suivant  d'autres,  dans  les  couches  profondes 
du  kyste,  donnent  à  la  capsule  une  consis- 
tance rigide  qui  la  fait  crier  par  le  grat- 
tage du  scalpel.  Suivant  MM.  Bristowe  et 
Rainey,  ces  granules  se  dissolvent  rapide- 
ment dans  l'acide  chlorhydrique,  sans  au- 
cune apparence  d'effervescence  et  consistent 
probablement  en  phosphate  de  chaux  (2). 
Les  granules  sont  quelquefois  assez  abondants  pour  rendre  le  kyste 
tout  à  fait  opaque;  une  solution  de  potasse,   l'acide  acétique  ou 


I'ig.  23  (d'après  MM.  Bristowe  et 
Rainey).  —  Kyste  et  trichine 
ayant  subi  un  commencement 
d'altération  ;  figure  grossie 
100  fois.  —  a,  paroi  du  kyste 
marquée  de  stries  concentri- 
ques, irrégulières,  indiquant  la 
structure  lamellaire,  et  par- 
semée de  granulations  terreuses  ; 
b,  cavité  du  kyste  envahie  par 
une  matière  calcaire  ;  c,  ver 
ayant  subi  un  commencement 
d'altération  ;  d,  d,  graisse  qui 
b 'accumule  aux  pôles  des  kystes 
eu  voie  de  destruction. 


(1)  Bristowe  and  Rainey,  Transacl,  of  the  pathological  Society  of  London 
(mai  1854),  t.  V,  1853-54,  p.  278. 

(2)  Pour  M.  Kuchenmeister,  les  granulations  seraient  formées  par  du  carbonate 
de  chaux  uni  à  une  substance  organique.  L'acide  chlorhydrique,  en  détruisant 
le  composé,  rendrait  le  carbonate  apparent  par  la  production  de  bulles  de  gaz. 
L'effervescence,  dans  les  cas  observés  par  M.  Kuchenmeister,  pouvait  provenir  non 
des  granules  des  parois,  mais  du  carbonate  calcaire  qui  se  trouve  quelquefois  libre 
dans  la  cavité  des  kystes,  car  M.  Bristowe  dit  positivement  que  les  granules  ter- 
reux des  parois  se  dissolvent  sans  effervescence;  d'ailleurs  ils  résistent  à  l'action 
de  l'acide  acétique.  Toutefois ,  l'absence  d'effervescence  et  la  conservation  de  la 
l'orme  du  corps  observé  ne  sont  point  un  caractère  absolu  de  la  non-existence  du 
carbonate  de  chaux.  J'ai  fait  observer,  dans  mes  Recherchas  sur  la  génération  des 


LA  TRICHINE  CHEZ  L'HOMME.  677 

l'ébullition  dans  l'éther  ne  rétablissent  point  la  transparence,  mais 
l'acide  chlorhydrique  concentré  produit  ce  résultat. 

La  quantité  des  granulations  terreuses  de  la  paroi  du  kyste  n'est 
pas  en  relation,  suivant  MM.  Bristowe  et  Rainey,  avec  l'âge  du 
ver;  suivant  M.  Kûchenmeister,  ce  dépôt  est  en  rapport  avec  l'an- 
cienneté de  la  trichine  et  de  plus  avec  l'âge  de  l'hôte  ;  à  l'appui  de 
cette  opinion,  ce  savant  rapporte  que  des  kystes  observés  par 
M.  Zenker,  kystes  qui  étaient  transparents,  provenaient  d'un  indi- 
vidu d'un  âge  moyen,  et  que  ceux  de  M.  Luschka,  qui  étaient  en- 
tièrement calcifiés,  provenaient  d'un  homme  âgé  de  quatre-vingts 
ans  (1). 

La  cavité  du  kyste  contient  une  substance  souvent  opaque ,  con- 
sistant en  des  molécules  ou  globules  réfractifs,  de  grandeur  variée, 
suspendus  dans  un  fluide  visqueux  ;  on  n'y  trouve  jamais  de  cellules 
ou  de  nucléoles;  le  ver  est  plongé  dans  cette  substance. 

Il  n'y  a  pas  de  ver  dans  tous  les  kystes  et  ceux  qui  s'y  trouvent, 
se  rencontrent  souvent,  soit  en  voie  de  développement,  soit  en  voie 
d'altération,  ou  tout  à  fait  altérés  et  détruits.  La  mort  de  la  tri- 
chine est  accompagnée  du  dépôt  d'une  matière  terreuse  dans  le  corps 
du  ver  et  dans  l'espace  qui  l'entoure  ;  mais  la  paroi  qui  le  renferme 
reste  souvent  parfaitement  intacte.  «  L'apparence  anormale  du  con- 
tenu des  kystes,  disent  MM.  Bristowe  et  Rainey,  est  déterminée 
par  une  matière  terreuse  qui  occupe  tantôt  le  ver  lui-même,  tantôt 
l'espace  qui  l'entoure,  tantôt  l'un  et  l'autre  à  la  fois.  Quand  le  ver 
seul  est  affecté,  il  est  devenu  irrégulier  et  flasque  ;  son  organisation 
interne  n'est  plus  distincte  et  son  apparence  annelée  est  en  même 
temps  perdue  ;  son  intérieur  contient  une  matière  opaque,  en  masses 
irrégulières  et  disposées  tantôt  uniformément,  tantôt  en  parcelles 
séparées,  entre  lesquelles  le  corps  reste  transparent.  La  matière  qui 
forme  ces  dépôts  est  soluble  avec  effervescence  dans  l'acide  chlo* 
rhydrique.  » 

huîtres  (1852),  que  le  carbonate  de  chaux  en  petite  quantité  peut  ne  produire 
aucune  effervescence  par  l'action  d'un  acide,  le  gaz  carbonique  se  dissolvant  dans  le 
liquide  ambiant  à  mesure  qu'il  est  rendu  libre.  Dans  ce  cas,  lorsqu'une  matière 
organique  insoluble  conserve  sa  forme  au  corps  observé,  on  pourrait  croire  qu'il 
n'existe  point  de  sel  de  chaux;  mais  on  peut  reconnaître  la  présence  d'un  carbo- 
nate, en  traitant  par  l'acide  concentré  la  substance  préablement  desséchée,  ou 
mieux  en  se  servant  d'eau  préalablement  saturée  d'acide  carbonique. 
(1)  Kûchenmeister,  ouvr.  cit.,  trad.,  p.  337. 


IwS  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DU  SYSTEME  MUSCULAIRE. 

Bcauroup  do  kystes  contiennent  des  fragments  oblongs,  restes  de 

la  matière  terreuse  que  renfermait 
le  ver  dont  ils  retiennent  jusqu'à 
certain  point  la  forme  et  la  posi- 
tion relative.  Dans  la  cavité  du 
kyste,  il  existe  souvent  un  dépôt  de 
cette  substance  terreuse  en  telle 
quantité  qu'elle  cache  complète- 
ment les  restes  de  la  trichine.  La 
matière  du  dépôt,  soit  celle  de  l'in- 
térieur du  corps  de  l'animal ,  soit 
celle  du  dehors,  se  dissout  rapide- 
ment et  avec  effervescence  dans 
l'acide  chlorhydrique,  ce  qui  montre 
qu'elle  consiste,  au  moins  en  partie, 
en  carbonate  de  chaux.  Dans  tous 
les  cas,  cette  matière  diffère  chi- 
miquement de  celle  des  granula- 
tions élémentaires  qui  existent  dans 
les  parois  des  kystes  et  qui  ne  don- 
nent pas  d'effervescence  avec  les 
acides.  Quand  la  matière  terreuse  a 
disparu  par  l'action  des  réactifs,  les 
restes  du  ver  sont  presque  toujours 

visibles,  et  généralement  il  reste  aussi  une  certaine  quantité  d'une 

matière  albumino-huileuse  (Bristowe  et  Rainey). 

Les  trichines  se  rencontrent  dans  tous  les  muscles  à  fibres 
striées,  excepté  dans  le  cœur.  Le  nombre  de  ces  vers  est,  dans  quel- 
ques cas,  véritablement  extraordinaire  ;  ils  sont  si  universellement 
répandus,  que  même  les  muscles  du  tympan,  de  l'œil,  du  larynx,  en 
sont  envahis.  On  en  a  rencontré  clans  les  faisceaux  musculaires  de  la 
langue,  du  voile  du  palais,  dans  les  constricteurs  du  pharynx,  dans 
l'œsophage  jusqu'à  la  partie  moyenne,  dans  le  diaphragme,  le  con- 
stricteur du  vagin,  le  sphincter  interne  de  l'anus.  Les  muscles  su- 
perficiels ont  ordinairement  des  trichines  en  plus  grand  nombre  que 
les  profonds  ;  le  grand  pectoral  et  le  grand  dorsal  surtout  en  sont 
plus  atteints  que  les  autres. 

Les  muscles  envahis  par  la  trichine  sont  parsemés  de  petites 
taches  blanches  qui,  au  microscope,  peuvent  être  facilement  reCOn- 


FiG.  20  (d/après  MM.  Brislowe  et  P.aincy). — 
a,  Kjslo  contenant  un  ver,  c,  très  altéré 
qui  commence  à  se  briser  en  fragments. 
En  certains  points,  le  ver  est  vide  et  aplati  ; 
en  d'autres  points,  il  est  rempli  île  masses 
terreuses  opaques  et  de  granules;  sa  partie 
antérieure,  c',  est  gonflée  par  un  dépôt 
calcaire,  refraciif. 


LA   TIUCHfNE   CHEZ   L'HOMME.  679 

nues  pour  des  vésicules.  Dans  l'intérieur  de  ces  vésicules,  le  plus 
souvent,  on  aperçoit  le  ver  enroulé  sur  lui-même.  Les  kystes  sont 
disposés  dans  le  tissu  musculaire,  tantôt  en  groupes,  tantôt  en  série 
linéaires  ;  quelquefois  ils  sont  isolés.  Généralement,  ils  sont  placé 
à  une  certaine  distance  les  uns  des  autres,   mais  ils  peuvent  aus 
être  en  contact,  comme  le  dit  M.  Owen. 

Le  grand  diamètre  des  kystes  est  toujours  parallèle  à  la  direction 
des  faisceaux  musculaires.  Ces  petites  poches  et  des  vésicules  grais- 
seuses qui  l'entourent  souvent  refoulent  simplement  les  fibres  entre 
lesquelles  ils  sont  logés  ;  ils  adhèrent  au  tissu  cellulaire  ambiant  d'une 
manière  assez  lâche,  et  plus  fortement  toutefois  par  leurs  extrémités 
prolongées.  Les  fibres  musculaires,  dans  le  voisinage  immédiat  des 
kystes,  sont  souvent  recouvertes  d'une  matière  oléo-albumineuse  ; 
mais,  sous  tous  les  autres  rapports,  elles  présentent  l'apparence! 
normale. 

Dans  la  plupart  des  cas,  le  kyste  est  entouré  d'un  amas  fusiforme 


Fie.  27,  28  (d'après  MM.  Bris- 
towe  et  Rainey),  grossies 
dOO  fois.  —  Danslafig.  27, 
le  kyste  de  la  trichine  est 
envahi  par  des  vésicules 
graisseuses,  intérieurement 
et  extérieurement.  Le  ver  a 
disparu  ;  c'est  un  degré  de 
destruction  plus  avancé  que 
celui  de  là  figure  25.  — 
Dans  la  figure  27,  le  kyste  a 
presque  complètement  disparu 
sous  l'amas  de  graisse  qui 
s'accumule  en  dedans  el  en 
rleliors, 


de  graisse,  très  variable  toutefois  :  tantôt  il  n'existe  aux  deux  pôles 
que  quelques  vésicules  graisseuses,  tantôt  ces  vésicules  forment  une 
enveloppe  complète  ;  d'autres  fois  elles  forment  un  amas  trois  ou 
quatre  fois  plus  long  que  le  kyste;  dans  quelques  cas,  elles  ont  en- 
vahi sa  cavité  même.  Le  dépôt  de  graisse  paraît,  dans  certains  cas, 
n'avoir  aucune  relation  avec  l'âge  du  parasite. 

Les  muscles  envahis  par  la  trichine  offrent  encore  quelquefois, 
entre  leurs  faisceaux,  un  grand  nombre  de  collections  anormales  de 


680  AFFECTIONS  VEIM11NKUSES  DU  SYSTEME;  MUSCULAIRE. 

graisse  qui  n'ont  pas  de  rapport  avec  la  présence  de  cet  ento- 
zoaire.  Bien  qu'elles  varient  jusqu'à  un  certain  point  de  forme  et 
d'étendue,  ces  collections  graisseuses  sont  généralement  fusifornies 
et  ressemblent,  à  quelques  égards,  à  celles  qui  entourent  les  kystes 
des  trichines;  peut-être  sont-elles  des  restes  de  ces  amas  qui  en- 
vahissent des  kystes  anciens  lesquels  ont  ici  disparu. 

Les  collections  graisseuses  sont  constituées  par  des  vésicules  sem- 
blables à  celles  de  la  graisse  normale;  ces  vésicules  sont  polyédri- 
ques par  pression  mutuelle  et  contiennent  un  liquide  transparent, 
soluble  dans  l'éther,  qui  s'écoule  en  globules  huileux  après  la  rup- 
ture de  la  paroi  qui  le  renferme.  Cette  graisse  se  distingue  parfois 
de  celle  des  parties  saines  du  corps,  en  ce  que  la  cavité  des  vésicules 
contient  de  petits  cristaux  acidulés,  constitués  probablement  par  de 
la  stéarine,  et  en  ce  que  quelques  vésicules  offrent  une  tendance  à 
la  division  et  à  la  vacuolation  (Bristowe  et  Rainey). 

Les  trichines  ont  été  observées  en  Europe  et  en  Amérique  (1).  Le 
plus  grand  nombre  des  cas  est  en  Angleterre, 

Elles  sont  rares  en  France,  si  l'on  en  juge  par  l'absence  d'obser- 
vations publiées  sur  ces  vers.  M.  Cruveilhier  est,  à  notre  connais- 
sance, le  seul  observateur  qui  en  ait  fait  mention  :  «  Je  les  ai  vues, 
dit-il,  en  nombre  très  considérable  dans  les  muscles  des  membres 
supérieurs  et  principalement  dans  les  muscles  du  bras  (2).  » 

D'après  les  faits  publiés  jusqu'aujourd'hui,  il  est  évident  que  la 
présence  de  la  trichine  n'est  pas  en  relation  avec  l'âge,  le  sexe  ou  un 
état  particulier  de  l'économie  des  individus  affectés.  On  ignore  complè- 
tement les  causes  ou  les  conditions  de  l'invasion  de  cet  entozoaire, 

Les  individus  chez  lesquels  des  trichines  ont  été  trouvées  n'avaient 

(1)  Europe.  —  En  Angleterre,  la  trichioe  a  été  observée  par  Hilton,  Wormald, 
Paget,  Owen,  Wood,  Farre,  Curling,  etc. 

En  Ecosse,  par  Knox  (Edinburgh  medic.  and  surg.  Journ.,  1836,  p.  91), 
et  Gairdner. 

En  Allemagne,  parTiedemann,  Henle,  Kobelt,  Bischoff,  Vogel?Zcnker,  Virchow 
(deux  cas,  Not.  Helminth.,  cit.). 

En  Danemarck,  par  Monster  et  Svitzer  (in  Bibliolhek  for  Lœger ,  Copenhague, 
184.3,  2.336,  et  in  Schleidens  et  Froriep's  Noliz,,rG\heii,  1847,111,  p.  194(Diesing). 

En  France,  par  Cruveilhier. 

Amérique.  —  Boston,  1842,  Bowdilch  (Boston  rned.  and  surg.  Journ.,  1842, 
mardi  30,  6g.;  et  Boston  Catal.,  cité  p.  909;  —  1845,  JelTries  Wyman,  Boston 
Catal.,  cil.  p.  904). 

(2)  Cruveilhier,  Anal,  palhol.,  cit.,  t.  II,  p.  64. 


LA  TRICHINE   CHEfc    L'HOMME.  681 

accusé  aucune  douleur,  aucun  symptôme  particulier,  qui  dût  être 
rapporté  à  la  présence  des  vers.  Il  est  probable  qu'ils  n'avaient  ja- 
mais éprouvé  de  phénomène  quelconque,  qui  eût  pu  leur  donner  la 
conscience  d'un  état  particulier  des  muscles  envahis  par  une  innom- 
brable quantité  de  parasites  ;  l'existence  des  trichines  paraît  donc 
exempte  de  tout  inconvénient,  car  ces  vers  ne  se  reproduisent  point 
dans  les  muscles  qu'ils  envahissent  et  périssent  toujours  sans  avoir 
pris  un  développement  plus  considérable.  Ils  laissent  après  eux  leur 
kyste  avec  de  la  matière  crétacée  et  des  amas  de  graisse  qui  finis- 
sent probablement  par  disparaître  à  leur  tour. 

Les  premiers  cas  observés  par  M.  Owen  l'avaient  porté  à  croire 
que  les  trichines,  malgré  leur  petitesse,  doivent  occasionner  quelque 
faiblesse,  soit  dans  les  muscles  envahis,  soit  dans  l'économie  tout 
entière  :  d'une  part,  en  effet,  leur  nombre  immense  paraissait  de- 
mander une  certaine  dépense  de  nourriture,  et  d'une  autre,  ces  vers 
avaient  été  rencontrés  d'abord  chez  des  individus  morts  de  maladies 
chroniques  et  dans  le  marasme  ;  mais  les  faits  vinrent  bientôt  con- 
tredire ces  vues  en  montrant  des  trichines  en  grand  nombre  chez 
des  sujets  qui  avaient  succombé  dans  le  meilleur  état  de  santé,  à  la 
suite  de  quelque  accident. 

Voici,  d'après  M.  Owen,  l'analyse  des  quatorze  premiers  cas  qui 
soient  venus  à  sa  connaissance  (1)  : 

Ier  Cas.  —  Homme  âgé  de  soixante-dix  ans,  mort  d'un  cancer  du 
pénis  (2). 

IIe  Cas,  —  Paul  Bianchi,  âgé  de  cinquante  ans,  fabricant  de  baromètres; 
tubercules  dans  les  poumons  et  dans  le  foie  (3). 

IIIe  Cas.  — Femme  irlandaise,  âgée  de  soixante  et  ans,  morte  de  marasme 
causé  par  un  large  ulcère  placé  au-dessous  du  genou  et  qui  était  dégénéré  en 
gangrène  (1). 

IVe  Cas.  — Un  mendiant  (jeune),  mort  de  fièvre  et  d'épuisement  causés 
par  la  faim;  tubercules  dans  les  poumons. 

(1)  Faits  communiqués  par  M.  Owen  à  M.  Bureaud  Riofrey  et  publiés  dans  la 
Revue  médico-chirurgicale  anglaise,  rédigée  par  ce  dernier,  Paris,  1836,  p.  33. 

(2)  C'est  le  cas  observé  en  1833  par  Hilton;  les  kystes  des  trichines  avaient  été 
pris  pour  des  cysticerques.  L'homme  qui  fait  le  sujet  de  cette  observation,  quoiqu'il 
fût  d'une  grande  propreté  en  entrant  à  l'hôpital,  vit  son  corps  envahi  quelques 
jours  avant  sa  mort  par  une  très  grande  quantité  de  poux. 

(3)  Ce  cas  est  probablement  celui  de  l'Italien,  chez  lequel  les  trichines  furent 


(582  AFFECTIONS  VEHMIlNEUSES  1)11  STSTEME  MUSCULAIRE. 

V''  Ca>.  —  Un  Anglais,  ûgé  de  soixante-trois  ans,  apporté  à  l'hôpital  Sainl- 
Uarthélemy  avec,  une  fracture  comminutive  de  l'humérus;  peu  de  jours  avant 
la  mort,  grande  diminution  des  pouvoirs  vitaux.  Les  trichines  étaient  très  abon- 
dantes ot  se  rencontraient,  aussi  dans  l'œsophage  et.  In  sphincter  do  l'anus. 

VIe  Cas.  —  Un  homme  apporté  à  l'hôpital  de  Londres,  avec  une  fracture 
du  crâne,  11  était  précédemment  en  bonne  santé  (2). 

VIL'  Cas.  —  Un  homme  mort  à  l'hôpital  de  Londres  avec  un  anévrysme  de 
l'aorte. 

VIII"  Cas.  —  James  Dunn,  âgé  de  vingt-deux  ans,  entré  à  l'hôpital  de 
Bristol  pour  un  rhumatisme  très  aigu;  pneumonie  au  premier  degré  et  péri- 
cardite  (3). 

IX^-XIV  Cas.  —  Dans  les  six  autres  cas,  M.  Owen  n'a  pu  se  procurer 
aucun  renseignement  sur  la  santé  ou  la  maladie  des  individus. 

reconnues  pour  la  première  fois.  Il  y  a  sans  doute  une  erreur  dans  l'âge  qui  était 
de  quarante-cinq  ans. 

(1)  Ce  cas  est  très  probablement  celui  qui  a  été  rapporté  par  Arthur  Farre  dans 
The  Londonmed.  Gaz.,  1835,  vol.  XVII,  p.  382,  cas  très  bien  observé  et  rapporté 
avec  beaucoup  de  détails.  M.  Farre  trouva  des  kystes  sans  ver;  il  trouva  quelquefois 
deux  vers  et  une  fois  trois  dans  un  même  kyste  ;  ceux-ci  étaient  répandus  dans  les 
muscles  de  tout  le  corps,  principalement  dans  les  muscles  superficiels  du  thorax.  Il 
y  en  avait  dans  ceux  des  yeux,  des  oreilles,  de  la  langue,  du  voile  du  palais,  du 
pharynx,  dans  l'œsophage,  le  diaphragme,  l'élévateur  et  le  sphincter  de  l'anus,  dans 
les  muscles  de  l'urèthre,  etc. 

(2)  Cas  inséré  par  Curling  dans  la  Gazelle  médicale  anglaise,  1836  ?  Au  dire  de 
M.  Bureaud  R.,  il  y  avait  des  trichines  jusque  dans  les  muscles  du  larynx. 

(3)  Cas  observé  par  H.  Wood  (de  Bristol),  en  octobre  1834.  Ces  trichines  étaient 
nombreuses,  surtout  dans  les  grands  muscles,  et  particulièrement  dans  ceux  de  la 
poitrine,  et  de  l'épaule  {The  London  med.  Gaz.,  juin  1835;  Gaz.  méd.  de  Paris 
23  juillet  1835). 


AFFECTIONS  VERMÎNEUSËS   DES  GLANEULES  OU   DliS  GANGLIONS.    683 


TROISIÈME  PARTIE. 

TUMEURS    VERMINEUSES    DÉVELOPPÉES    DANS   DES    GLANDULES 
OU  DAMS  DES  GANGLIONS  LYMPHATIQUES  (TUBERCULES VERMiNEUx). 

Nous  réunissons  dans  cette  partie  des  tumeurs  vermineuses  qui 
ne  sont  pas  constituées  par  un  simple  kyste  celluleux.  Ces  tumeurs 
ont  des  parois  épaisses,  consistantes,  charnues,  quelquefois  dures  et 
comme  cartilagineuses.  Elles  ont  été  désignées  souslenom  de  tuber- 
cules rermineux  (]).  Elles  ne  paraissent  point,  comme  celles  qui 
renferment  des  hydatides,  des  cysticerques,  etc.,  devoir  leur  origine 
au  tissu  cellulaire  de  l'organe  envahi,  mais  bien  au  tissu  propre  de 
quelque  glandule  ou  de  quelque  ganglion  lymphatique  qui  s'est  hy- 
pertrophié ou  qui  a  dégénéré  pour  constituer  la  poche  vermineuse. 
Ces  tumeurs  sont  généralement  situées  dans  l'épaisseur  des  parois 
d'un  organe  creux,  parois  qui  contiennent  des  follicules  ou  des  glan- 
dules  ;  ou  bien,  elles  se  trouvent  dans  des  parties  pourvues  de  gan- 
glions lymphatiques.  Soit  à  cause  de  ces  circonstances,  soit  à  cause 
de  leur  aspect,  les  observateurs  leur  ont  attribué  souvent  pour  siégé 
ces  glandules  ou  ces  ganglions  ;  ainsi,  Redi  désigne  les  tumeurs 
vermineuses  qu'il  rencontra  dans  l'œsophage  des  chiens  ,  des 
loups,  etc.,  parle  nom  de  tubercula  glanduïosa  ;  ailleurs,  il  dit 
avoir  trouvé  chez  plusieurs  oiseaux  aquatiques  des  vers  dans  les 
petites  glandes  qui  sont  situées  dans  les  parois  de  l'œsophage  ("2). 
Leclerc  s'exprime  de  même  à  l'égard  des  vers  qu'il  a  trouvés  chez 
le  chien  (in  canum  glandulis  ad  œsophagum  silis)  (3).  Les  points  où 

(1)  Je  continuerai  ù  les  désigner  ainsi,  malgré  la  critique,  judicieuse  au  reste, 
de  M.  Ercolani  (Observations  sur  le  spiroptère  mégastome  du  cheval;  dans  Giorn. 
di  vëterin.,  p.  41  ;  Torino,  1852-53  et  Recueil  de  méd..  vétér.,  1853,  ann.  XXX, 
p.  451).  Ces  tumeurs,  à  cause  de  leur  constitution  particulière  et  des  organes 
dans  lesquels  elles  se  développent,  doivent  être  distinguées  de  celles  qui  sont 
constituées  par  un  simple  kyste  et  qui  se  sont  développées  dans  une  partie 
quelconque.  L'expression  de  tumeur  vermineuse  proposée  par  M.  Ercolani  est  trop 
générale.  En  disant  tubercule  vermineux,  personne  ne  croira  sans  doute  qu'il 
s'agisse  d'une  tumeur  formée  par  de  la  matière  tuberculeuse.  S'il  faut  respecter 
la  nomenclature  scientifique,  il  faut  aussi  quelquefois  respecter  les  termes  consa- 
crés: c'est  lorsqu'ils  sont  précis  et  qu'ils  donnent  des  choses  une  idée  plus  vraie 
que  toute  autre  expression. 

(2)  F.  Redi,  Observ.  circa  anim.  viv.,  etc.,  Amslel,  1708, p,  203  et  227,  édit.  lat. 

(3)  Leclerc,  op.  cit.,  p.  251. 


684  AFFECTIONS  VERMINEUSES   DES  GLANDULES 

ces  vers  se  développent,  dit  Morgagni,  ne  sont  point  limités  à  l'œso- 
phage et  aux  glandes  dorsales  (1).  Treutler,  si  son  observation  est 
exacte,  a  vu  chez  l'homme  un  ver  nématoïde  dans  les  glandes 
bronchiales.  Rudolphi  parle  de  vers  dans  les  glandes  mésentériques 
chez  le  renard  (2),  etc. 

Nous  rapprocherons  des  tubercules  vermineux  d'autres  tumeurs 
contenant  également  des  vers  qui  ont  avec  ces  tubercules  de  l'ana- 
logie sous  plusieurs  rapports,  mais  sur  lesquelles  nous  n'avons  en- 
core que  des  connaissances  bien  imparfaites. 

On  a  observé  les  tumeurs  vermineuses  des  glandules  chez  des 
animaux  appartenant  aux  quatre  classes  des  vertébrés;  chez  tous 
ces  animaux,  c'est  principalement  dans  la  première  partie  du  tube 
digestif  qu'elles  existent  et  les  vers  qu'elles  renferment  appartien- 
nent généralement  au  même  genre,  le  g.  spirvpière. 

Il  est  douteux  que  l'on  ait  observé  chez  l'homme  les  tumeurs  dont 
nous  nous  occupons  ;  les  mieux  connues  sont  celles  du  chien  et  du 
cheval. 

Les  tubercules  vermineux  ont  été  rencontrés  dans  les  organes  et 
chez  les  animaux  suivants  : 

OEsophage.  —  Chien,  loup,  renard,  lion,  blaireau,  porc-épic,  canard,  oie. 
Estomac.  —  Homme?,  cheval,  chien,  loup,  coq  domestique,  tortue,  cro- 
codile du  Nil. 
Intestin .  —  Cheval. 
Aorte.  —  Chien. 

Ganglions  bronchiques? —  Homme. 
Ganglions  de  l'aine,  —  Chèvre? 


PREMIÈRE  SECTION. 

TUBERCULES   VERMINEUX   DU   CHIEN. 

Spiroptère  ensanglanté  [Synops.,  n°  67). 

Article  premier.  —  Tumeurs  de  l'œsophage.  —  C'est  chez  le 
chien  surtout  que  l'on  a  rencontré  des  tubercules  vermineux,  le  pre- 

(1)  Morgagni,  Epist.  anal.,  epist.  ix,  §§  45  et  46,  1764. 

(2)  Rudolphi,  Synopsis,  p.  185,  266  et  554. 


OU  DES  GANGLIONS.  —  TUBERCULES  VERMINEUX.      685 

mier  observateur  qui  en  ait  fait  mention  est  Henri  Moïnichen,  en 
1655  (1). 

Morgagni,  ayant  examiné  plusieurs  fois  de  semblables  tumeurs, 
en  parle  dans  les  termes  suivants  :  »  Je  n'ai  jamais  vu  d'in- 
duration cartilagineuse  dans  les  glandes  qui,  chez  le  chien,  parais- 
sent répondre  aux  dorsales  et  qui  s'étendent  quelquefois  jusqu'au 
milieu  de  l'œsophage;  j'en  ai  cependant  rencontré  de  cartilagineuses 
près  de  la  partie  inférieure  de  l'œsophage.  Ce  sont  ces  petites  glandes 
dans  lesquelles  j'ai  déjà  dit  autrefois  avoir  trouvé  des  vers  et  des 
ouvertures  communiquant  avec  le  conduit  œsophagien,  et  disposées 
dételle  sorte  que,  dans  tous  les  cas,  elles  paraissent  être  des  méats 
dilatés  quelquefois  par  les  vers,  plutôt  que  des  conduits  creusés  par 
eux  au  hasard.  Ainsi  je  pensais  que  les  vers,  lorsqu'ils  étaient  plus 
jeunes  et  par  conséquent  plus  petits,  se  glissaient  de  l'estomac  dans 
l'œsophage,  et  delà  pénétraient  dans  la  substance  même  des  glandes 
par  leurs  conduits  ouverts  naturellement;  ils  pouvaient  ainsi  passer 
et  repasser  alternativement  de  l'une  des  cavités  à  l'autre  (car  j'en 
avais  quelquefois  trouvé  dans  l'œsophage  non  loin  des  petites 
glandes)  ;  en  un  mot,  ils  ne  se  créaient  pas  eux-mêmes  leurs  voies, 
mais  ils  n'avaient  qu'à  les  agrandir. 

Depuis  ce  temps  mes  opinions  se  sont  bien  modifiées  ;  en  effet, 
en  disséquant  un  poisson-loup,  je  trouvai  entre  les  tuniques  de 
l'estomac  quelque  chose  de  dur,  et  avec  le  scalpel  je  découvris 
une  glande  du  volume  et  de  la  forme  d'une  grosse  aveline,  formée 
d'un  tissu  dur  et  au  milieu  de  laquelle  étaient  logés  de  petits  vers, 
non  pas  rouges,  mais  cendrés,  semblables  à  des  ascarides.  J'en 
rencontrai  aussi  quelques-uns  dans  une  matière  comme  pultacée 
que  contenait  l'estomac.  Or,  l'estomac  communiquait  avec  la  glande, 
non  par  une  ouverture  naturelle,  mais  par  un  petit  ulcère  rou- 
geâtre,  d'où  il  résultait  clairement  que  les  vers  s'étaient  creusé 
un  nid,  et  ouvert,  en  rongeant,  un  chemin  pour  y  arriver  ou  pour 
en  sortir.  Peu  de  temps  après,  étant  revenu  sur  ces  glandes  du 
chien  dont  il  est  question,  je  ne  puis  dire  assez  quelle  similitude 
parfaite  je  trouvai  dans  leur  consistance,  dans  l'érosion  inté- 
rieure de  leur  tissu,  et  dans  la  forme  ulcéreuse  des  ouvertures  par 
lesquelles  elles  communiquaient  avec  l'œsophage,  forme  qu'indi- 
quait assez  la  rougeur  et  les  fongosités  qui  les  entouraient.  Aussi, 
de  même  que  j'avais  d'abord  pensé  que  c'étaient  des  glandes  anor- 

(1)  Henricus  M.  a  Moinictaen,  Epist.  in  Thomœ  Bartholini,  epist.  medicin.,  cent.  2 
ep.  56,  p.  592,  Hagœ  comilum,  1740. 


086  AFFECTIONS  VlillM-NliUStS  DliS  GLANDLLliS 

maies,  niais  pourtant  bien  des  glandes,  cette  fois  l'idée  me  vint  sans 
peine  que  ue  pourrait  bien  n'être  pas  même  des  glandes,  mais  un 
tissu  calleux  formé  autour  des  érosions  et  des  points  ulcérés  ;  remar- 
quant surtout  qu'il  se  trouvait  profondément  placé  dans]  les  parois 
mêmes  de  l'œsophage,  et  qu'il  faisait  saillie  plutôt  au  dedans  qu'à 
l'extérieur;  tandis  que  dans  d'autres  circonstances,  l'analogie  avec 
les  glandes  existe  non-seulement  par  les  formes  arrondies,  mais  en- 
core par  la  situation  de  ces  tumeurs.  Ainsi,  chez  deux  chiens  de 
moyenne  taille  que  j'ai  disséqués  dans  le  courant  de  ces  dernières 
années,  il  y  avait  une  tumeur  sur  chacun  d'eux  :  la  première,  qui 
était  à  peu  près  grosse  comme  une  noix,  proéminait  à  l'extérieur, 
recouverte  seulement  par  la  tunique  externe  de  l'œsophage  ;  la  se- 
conde, qui  ressemblait  à  une  petite  châtaigne,  se  trouvait  au  niveau 
de  la  première  division  de  la  trachée  au  milieu  de  la  tunique  muscu- 
laire. De  sorte  qu'en  dedans  et  en  dehors,  elle  était  entourée  de  fibres 
charnues,  position  que  personne,  que  je  sache,  n'a  attribuée  jusqu'ici 
à  des  glandes  normales. 

»  Dans  l'une  et  dans  l'autre  de  ces  tumeurs  étaient  des  vers  rouges, 
enroulés  ensemble,  au  nombre  de  trente,  grêles,  effilés  aux  deux 
extrémités,  la  plupart  longs  de  trois  travers  de  doigt,  lorsqu'on  les 
retirait  entiers  ;  car  ils  se  cachaient  et  se  repliaient  en  partie  dans 
les  sillons  et  les  recoins  qu'ils  s'étaient  creusés.  La  surface  de  ces 
petites  poches  était  d'une  couleur  jaunâtre,  entourée  d'un  tissu  blanc, 
dense  et  induré.  Un  petit  pertuis  à  bords  inégaux  et  rougeâtres  s'ou- 
vrait dans  la  cavité  œsophagienne,  et  laissait  suinter  une  matière  sa- 
nieuse  qui  s'échappa  par  une  ouverture  que  nous  fîmes  en  plongeant 
le  scalpel  dans  la  poche  de  dehors  en  dedans  (1).  » 

M.  Rayer,  dans  un  mémoire  dont  nous  avons  extrait  le  passage 
de  Morgagni  cité  ci-dessus,  rapporte  l'observation  suivante  (2)  : 

«  Le  2  octobre  1842,  après  avoir  examiné  avec  M.  le  docteur  Désir,  au  clos 
d'équarrissage  delà  plaine  des  Vertus,  l'œsophage  d'une  trentaine  de  chiens, 
nous  remarquâmes,  sur  l'un  d'eux,  dans  la  portion  cervicale  de  l'œsophage, 
à  la  réunion  du  tiers  supérieur  avec  les  deux  tiers  inférieurs,  une  tumeur 
du  volume  d'une  grosse  amande,  développée  dans  les  parois  de  ce  conduit. 
L'œsophage  ouvert  suivant  sa  longueur,  nous  constatâmes,  à  l'œil  nu  et  à  la 
loupe,  qu'il  n'existait  aucune  communication  entre  la  tumeur  et  la  cavité  de 
ce  conduit. 

(1)  Morgani.  Epist.  anat.,  epist.  ix,  §  H. 

(2)  Rayer,  Sur  les  tubercules  vermïneuoc  de  l'œsophage  {Ai'vhic.  de  méd.  comp,, 
1843,  fasc.  3,  p.  174). 


OU    DES  GANGLIONS.    —   TUIIEUCULES    VERMINEUX.  687 

»  Cette  tumeur,  ayant  été  incisée  suivant  sa  longueur,  nous  vîmes  qu'elle 
offrait  intérieurement  une  cavité  dans  laquelle  étaient  logés  plusieurs  vers  en- 
roulés sur  eux-mêmes.  Ces  vers  extraits,  nous  pûmes  constater  que  les  parois 
de  la  tumeur  étaient  très  épaisses,  et  qu'il  n'y  avait  aucune  espèce  de  commu- 
nication entre  sa  cavité  et  le  tissu  cellulaire,  assez  lâche,  qui  était  immédiate- 
ment en  rapport  avec  elle;  de  sorte  que  tout  autorisait  à  penser  que  les  vers 
s'étaient  développés  là  où  ils  étaient  logés,  et  qu'ils  ne  provenaient  d'aucune 
autre  partie  du  corps.  Dans  la  cavité  de  la  tumeur,  il  y  avait  du  pus,  du  sang 
et  des  vers.  La  paroi  de  cette  tumeur  était  formée,  en  dehors,  par  du  tissu 
cellulaire  induré  et  des  fibres  musculaires  ;  en  dedans  par  du  tissu  cellulaire, 
des  fibres  musculaires,  et  la  membrane 
muqueuse  de  l'œsophage.  S/il^WllllliMiIÉMIIffllt 

»  L'œsophage  dans  le  reste  de  la  lon- 
gueur, l'estomac  et  l'intestin  n'offraient 
point,  de  semblables  tubercules.  Les  au- 
tres organes  étaient  sains.  Le  chien 
avait  été  tué  dans  la  rue.  » 


La  seconde  opinion  de  Morgagni 
qui  attribue  à  l'érosion   pratiquée  î]i  f ,,  | 

par  les  vers  la  communication  de  la  '     '*  '  " 

cavité  de  la  tumeur  avec  celle  de 
l'œsophage,  paraîtconfirméeparl'ob- 
servation  de  M.  Rayer  ;  néanmoins,  2  s 

c'est  la  première  opinion  de  Morga-     m  29   _  ^  luberculc  vemineux  do 

gni  qui  nOUS  paraît  le  plus  Conforme  l'œsophage  du  chien,  ouvert  par  une  in- 

,     .  ,   .    ,  ~  cision  longitudinale,  d'après  M.  Rayer: 

a     la     Vente:    en     ettet,   nOUS    avons  demi-nature;  —  2,   spiroplère    ensan- 

examiné  avec  notre  ami,  M.  Claude  glanté,  demi-nature;  a,  femelle ;&,mûlc. 

Bernard,  plusieurs  tumeurs  vermineuses  de  l'œsophage  d'un  chien 
qui  communiquaient  avec  la  cavité  de  cet  organe  par  une  ouverture 
étroite;  cette  ouverture  n'était  point  érodée  ni  ulcérée;  elle  ne 
paraissait  autre  que  l'orifice  dilaté  du  conduit  d'une  glande  œsopha- 
gienne. Les  caractères  de  ces  tumeurs  et  ceux  des  vers  qu'elles 
contenaient  ne  différaient  point  de  ceux  donnés  par  M.  Rayer. 

Les  tumeurs  de  l'œsophage  du  chien  observées  par  H.  Moï- 
nichen  communiquaient  toutes  aussi  avec  l'intérieur  de  cet  organe 
par  une  petite  ouverture  (1). 

Il  nous  paraît  donc,  d'après  le  rapprochement  de  ces  faits,  que  les 
tumeurs  vermineuses  de  l'œsophage  se  développent  comme  Morgagni 
l'a  pensé  d'abord  ;  que,  dans  certains  cas,  le  conduit  de  la  glande 

(i)  Eplst.  cil. 


688  AFFECTIONS  VlîKMlNliUSIiS  des  ULANDILtS 

œsophagienne  reste  perméable,  et  que  dans  d'autres,  il  s'oblitère, 
peut-être  par  la  compression  de  la  tumeur  même  sur  ce  conduit,  lors- 
qu'il lui  est  plus  ou  moins  oblique.  La  transformation  en  kyste  d'un 
organe  sécréteur  avec  la  persistance  ou  l'oblitération  de  l'orifice  ex- 
créteur s'observe,  en  effet,  journellement  dans  les  follicules  sébacés, 
dans  les    glandules  des   lèvres,  etc. 

Nous  ajouterons  que  M.  And  rai,  d'après  des  considérations  sem- 
blables, a  attribué  à  des  tumeurs  analogues  de  l'estomac  du  cheval, 
ce  même  mode  de  développement  :  «  Dans  l'examen  même  des  cas 
les  plus  compliqués,  dit  le  savant  professeur,  une  circonstance  con- 
stante frappe  l'observateur,  c'est  l'existence  d'un  orifice  au  centre 
des  tumeurs;  la  régularité  de  cet  orifice,  sa  position  conforme,  son 
diamètre  toujours  le  même,  l'aspect  de  ses  bords  éloignent  l'idée 
d'une  solution  de  continuité  et  portent  déjà  à  soupçonner  que  l'ou- 
verture est  naturelle,  que  c'est  peut-être  l'orifice  dilaté  d'un  follicule 
agrandi  ;  cependant  ce  n'est  encore  là  qu'une  présomption  ;  mais  si 
l'on  étudie  des  tumeurs  plus  petites,  à  parois  plus  simplement  com- 
posées, cette  présomption  devient  une  certitude;  on  voit,  par  in- 
sensibles degrés,  le  follicule  s'agrandir,  ses  parois  s'hypertrophier; 
sa  cavité  se  dilate,  des  tissus  nouveaux  se  développent  autour  de 
lui...  Parmi  ces  tumeurs,  il  y  en  a  quelques-unes  qui  ne  présentent 
pas  d'orifice,  mais  comme  tout  le  reste  est  analogue,  on  doit  en 
conclure  que  cet  orifice  s'est  oblitéré  (1).  » 

M.  Ercolani  croit  que  les  larves  des  spiroptères  perforent  la  mem- 
brane muqueuse,  et  se  développent  dans  le  tissu  cellulaire  sous-ja- 
cent.  La  nature  des  parois  des  kystes,  la  présence  presque  constante 
d'une  ouverture  qui  aurait  dû  se  refermer  dans  le  cas  d'une  simple 
perforation,  ne  nous  permettent  pas  de  partager  l'opinion  du  savant 
professeur  de  Turin  (2) . 

Toutes  ces  considérations  nous  font  donc  conclure  que  les  tu- 
meurs vermineuses  de  l'œsophage  et  de  l'estomac  chez  le  chien  et  le 
cheval  sont  déterminées  par  la  présence  des  entozoaires  dans  les 
glandes  des  parois  de  ces  organes,  entozoaires  qui  se  sont  intro- 
duits à  l'état  de  larve  dans  les  conduits  excréteurs  de  ces  glandes. 

D'après  les  recherches  de  M.  Rayer,  le  ver  des  tubercules  vermi- 
neux  de  l'œsophage  du  chien  est  un  spiroptera  sanguinolente/,. 

(1)  Andral,  Sur  une  altération  des  follicules  muqueux  de  l'estomac  chez  le  cheval, 
dans  Recueil  ou  Journal  de  mëd.  vétér.,  Paris,  1S26,  anu.  III,  p.  391. 

(2)  J.-B.  Ercolani,  mém.  cit.,  p.  457. 


OU    MES  GANGLIOiSS.    —   TURERCUL1.S  VERMINEUX.  689 

Les  tumeurs  vermineuses  de  l'œsophage  sont  probablement  beau- 
coup plus  fréquentes  en  Italie  qu'en  France.  Morgagni  en  parle 
comme  d'un  cas  assez  ordinaire.  Il  dit,  en  parlant  d'une  observation 
de  Courten:  »  C'était  sur  un  chien,  et  comme  il  en  sacrifiait  plu- 
sieurs pour  différentes  recherches,  chez  presque  tous,  il  rencontra  ces 
tubercules  anormaux  de  l'œsophage  que  nous  avons  décrits  (1).  »  A 
Paris,  M.  Rayer  n'a  trouvé  de  semblables  tubercules  qu'une  seule 
fois  sur  plus  de  cent  chiens  chez  lesquels  il  en  a  fait  la  recherche. 

Les  tumeurs  vermineuses  de  l'œsophage  ne  paraissent  pas  occa- 
s:onner  de  dysphagie  ni  aucun  symptôme  appréciable. 

Article  IL  —  Tumeurs  de  l'estomac. — Des  tumeurs  vermineuseâ 
très  probablement  semblables  à  celles  de  l'œsophage,  quant  à  leur 
constitution  et  aux  entozoaires  qu'elles  renfermaient,  ont  été  ren- 
contrées aussi  dans  l'estomac  du  même  animal:  Wepfer  (2),  Hart- 
mann (3),  Dolœus  [h),  Wolff  (5)  en  rapportent  des  exemples. 

Les  tubercules  vermineux  de  l'estomac  n'ont  sans  doute  pas  d'in- 
convénient pour  les  fonctions  de  cet  organe  ;  cependant  plusieurs 
des  auteurs  que  nous  venons  de  citer  leur  attribuent  une  faim  vo- 
race  dont  quelques-uns  des  animaux  affectés  avaient  paru  atteints. 

Article  III. — Tumeurs  de  V aorte. — Des  tumeurs  qui  paraissent 
semblables  à  celles  de  l'œsophage  ont  encore  été  rencontrées  dans 
les  parois  de  l'aorte  et  dans  la  région  rénale  chez  le  chien.  Celles  des 
parois  de  l'aorte  ont  été  rapprochées  des  anévrysmes  vermineux  du 
cheval  par  Morgagni,  et  par  divers  auteurs  qui  en  ont  parlé  d'après 
lui.  M.  Rayer  a  montré  que  ce  rapprochement  avait  été  fait  à 
tort  (6). 

Morgagni  et  Courten  (7)  sont  les  deux  seuls  observateurs  qui  aient 

(1)  Morgagni,  epist.  cit.,  §  45  et  46. 

(2)  J.-J.  Wepfer,  Venlriculi  tumor  verminosuscumfolliculo,  in  Ephem.  nat.  eut'.. 
1688,  dec.  2,  ann.  VU,  obs.  xvi,  p.  27. 

(3)  Phil.  Jac.  Hartmanni,  Anatome  canis  morbidi,  in  Ephem.  nat.  cur.,  dec.  2 
ann.  VII,  obs.  xxxiv,  p.  74.,  1688. 

(4)  J.  Dan.  Dolœi,  De  sqirrhis  ventriculi  verminosis  canibus  admodum  familiari- 
bus,  in  Ephem.  nat.  cur.,  1697-1698,  dec.  2,  ann.  V.  VI,  observ.  cclv,  p  593. 

(o)  Ido.  Wolfii  (Jo.  Christ),  Observationum  chirurgico-medicarum  libri  duo 
Quedlimburgi,  170i;  Cephalalgia  a  vermibus,  in  Scholiis,p.  185. 

(6)  P.  Rayer,  Archiv.  de  méd.  comparée,  Paris,  1842,  fasc.  1. 

(7)  Saggio,  delt.  trans.  délia  Soc,  R.  T,  t.  III,  p.  3. 

DAVAIM..  ■  4i 


090  AFFECTIONS   VJiRMlNKUSIiS  DES  GLANUULliS 

vu  île  semblables  tumeurs.  •<  Pour  mon  compte,  dit  M.  Rayer,  j'ai 
ouvert  plus  de  trois  cents  chiens,  dont  cent  vingt-sept  dans  le  but 
particulier  de  rechercher  ces  vers  dans  les  parois  de  l'aorte,  et  je  n'ai 
pas  rencontré  un  seul  exemple  de  tubercule  vermineux  de  ce  vais- 
seau (1).  »  Morgagni  ayant  comparé  l'une  de  ces  tumeurs  de  l'aorte 
avec  une  autre  de  l'œsophage  du  même  chien,  trouva  identiques  la 
dureté  des  parois,  les  érosions  de  la  cavité  et  les  vers.  «  C'est  au 
point  qu'en  comparant  ces  deux  tumeurs,  les  vers  de  l'une  et  les 
Vers  de  l'autre,  on  reconnaissait  qu'un  œuf  et  un  œuf,  que  deux 
gouttes  de  lait  ne  sont  pas  plus  semblables...  et,  soit  à  la  face  in- 
terne, soit  à  la  face  externe  de  l'artère,  il  nous  fut  impossible  de 
trouver  un  point  qui  eût  pu  donner  accès  aux  vers  dans  la  tu- 
meur (2).  » 

L'illustre  anatomiste  dit  avoir  rencontré  cinq  fois  des  tubercules 
vermineux  de  l'aorte.  Chez  un  chien,  il  y  avait  trois  de  ces  tuber- 
cules ;  chez  un  autre,  seize;  enfin  chez  un  troisième,  l'aorte,  depuis 
son  origine  jusqu'au  diaphragme,  était  criblée  de  tumeurs  de  la  forme 
et  du  volume  soit  d'une  fève,  soit  d'un  pois,  isolées  ou  réunies  par 
trois.  Tous  ces  tubercules  renfermaient  des  vers.  Chez  les  deux  pre- 
miers chiens  les  tumeurs  étaient  toutes  arrondies  et  petites  ;  les  plus 
grosses  ne  dépassaient  pas  le  volume  d'une  fève  de  médiocre  gros  - 
seur.  «  Chez  le  chien  où  se  rencontraient  le  plus  de  petits  tubercules, 
dit  Morgagni,  la  face  interne  de  l'artère  présentait,  à  n'en  pas  douter, 
un  commencement  de  perforation.  Une  ouverture  n'eût  pas  tardé  à 
se  faire  et  l'on  pouvait  penser  qu'une  communication  se  serait  éta- 
blie qui  aurait  laissé  les  vers  passer  dans  le  sang,  et  le  sang  arriver 
dans  les  poches  vermineuses.  »  C'est  d'après  cette  supposition,  qui 
n'a  été  confirmée  par  aucun  fait,  que  le  célèbre  anatomiste  a  conclu 
à  l'identité  des  tubercules  de  l'aorte  du  chien  avec  les  anévrysmes 
vermineux  de  l'artère  mésentérique  du  cheval. 

Deux  des  chiens  affectés  de  ces  tumeurs  de  l'aorte  étaient  jeunes  $ 
tin  autre  était  âgé  de  trois  mois. 

Morgagni  observa  encore  une  tumeur  vermineuse  semblable  à 
celles  de  l'œsophage,  qui  était  située  au-dessous  des  vaisseaux  ré- 
naux, et  qui  n'adhérait  ni  à  ces  vaisseaux,  ni  à  l'un  des  gros  troncs 
Voisins,  ni  à  aucune  autre  branche  vasculaire. 

(i)  Quvr.  bit,  p.  30. 
(2)  Morgagni,  ouvr.  cil. 


0U   DES   GANGLIONS     —  TUIÎEKCULES   VEfeMfJNEUX.  691 

DEUXIÈME    SECTION. 

TUBERCULES  VERM1NEUK  DU  CHEVAL. 

Spiroptère   mégastome  (Synops.,  n°  66). 

Article  premier.  —  Tumeurs  de  l'estomac.  —  Schulze,  à  propos 
do  l'anévrysme  vermineux  chez  le  cheval,  rapporte  avoir  vu  dans  les 
parois  de  l'estomac  de  cet  animal  une  tumeur  contenant  des  vers  (1)  ; 
Chaberten  vit  une  qui  était  de  la  grosseur  d'une  noix  (2)  ;  Rudolphi 
étudia  les  entozoaires  rencontrés  dans  des  tumeurs  de  ce  genre  par 
Reckleben,  professeur  de  médecine  vétérinaire  à  Berlin  (3);  M.  An- 
dral  dit  avoir  souvent  observé  ces  tumeurs  ;  nous  avons  rapporté 
déjà  l'opinion  du  savant  professeur  relative  à  leur  mode  de  forma- 
tion (4).  M.  Cruveilhier  émet  sur  leur  origine  une  opinion  sem- 
blable (5). 

D'après  M.  Valenciennes,  ces  tumeurs  ont  leur  siège  ordinaire 
dans  la  portion  pylorique  de  l'estomac;  elles  sont  contenues  entre 
les  membranes  muqueuse  et  fibreuse,  d'où  l'on  peut  facilement  les 
érmcléer.  «  Des  ouvertures  dont  j'ai  vu  le  nombre  varier  d'une  à 
cinq,  dit  M.  Valenciennes,  établissent  une  communication  entre  l'in* 
térieur  de  la  tumeur  et  l'estomac,  et  les  helminthes  peuvent  s'intro- 
duire facilement  dans  la  cavité  de  cet  organe.  Ces  trous,  à  travers 
les  muqueuses,  n'altèrent  pas  cette  membrane;  aucune  inflammation 
n'est  développée  ni  sur  la  tumeur  ni  autour  des  ouvertures.  La 
fausse  membrane  qui  forme  l'enveloppe  du  kyste  a  une  assez  grande 
épaisseur,  une  apparence  fibreuse.  La  tumeur  est  divisée  par  des 
replis  nombreux  en  plusieurs  cavités  qui  communiquent  toutes  en- 
semble, et  elle  est  remplie  par  un  mucus  qui  se  concrète  quelquefois, 
tellement  que  la  tumeur  prend  une  dureté  squirrheuse,  résistante  au 
scalpel.  Le  mudis  mou  ou  solide  contenait  toujours  une  très  grande 
quantité  d'entozoaires  (6).  » 

Des  recherches  de  M.  Valenciennes  et  de  recherches  semblables 

(!)  Schulze,  rném.  cit. 

(2)  Chabert,  Traité  des  maladies  ver  mineuses,  Paria,  1782,  p.  51  et  édit.  1787,  p.  62. 

(3)  Rudolphi,  Synopsis,  p.  22,  236. 

(1)  Audral,  mém.  cil.  et  Précis  -d'anal,  paltïolog.i  1829,  t.  II,  p.  185,  ilote. 

(5)  Cruveilhier,  art.  Entozoaiées,  cité  p.  343. 

(6)  Valeucienries,  Sur  des  tunleufs  vermineuses  de  V estomac  du  cheval  (Cotiipli 
rendu  de  VAcad.  des  sciences,  1843,  t.  XVII,  p.  71). 


(,9J  AFFECTIONS    \  EHMIiNEUSES   DES  (JLArSDUl.LS 

faites  pur  M.  Rayer,  il  est  résulte  que  onze  chevaux  sur  vingt-cinq 
ont  offert  des  tumeurs  vermineuses  de  l'estomac.  Parmi  ces  onze 
chevaux,  un  avait  deux  tumeurs,  un  autre  quatre  qui  étaient  d'iné- 
gale grosseur.  Aucune  n'avait  plus  de  4  centimètres  en  diamètre  et 
3  centimètres  en  saillie  sur  la  surface  interne  de  l'estomac. 

Les  vers  contenus  dans  ces  tumeurs  sont  des  spiroplera  ?negasloma 
(Rud.). 

Article  II. — Tumeurs  de  V intestin. — On  rencontre  encore  chez 
le  cheval,  d'après  M.  Valenciennes,  des  tumeurs  vermineuses  dans 
l'intestin  côlon  ;  lesentozoaires  qu'elles  renferment  y  vivent  solitaires  ; 
ils  appartiennent  au  genre  strongle. 


TROISIEME  SECTION. 

TUBERCULES  VERMINEUX  CHEZ  L'HOMME. 

Existe-t-il  chez  l'homme  des  tumeurs  vermineuses  analogues  à 
celles  duchien  et  du  cheval,  tumeurs  développées,  soit  dans  les  glan- 
dules  de  la  paroi  d'un  organe  creux,  soit  dans  quelque  ganglion  lym- 
phatique? Les  observations  qui  pourraient  avoir  quelque  rapport 
avec  celles  que  nous  venons  de  citer  sont  au  nombre  de  trois  ;  elles 
sont  fort  incertaines.  L'une  concerne  l'estomac,  les  deux  autres 
appartiennent  aux  ganglions  bronchiques. 

Ier  Cas  (Bianchi).  ■ —  Ganglions  bronchiques. 

«  Memini  in  pulmone  cujusdam  monachi,  non  provectae  aetatis,  qui  dudum 
»  siccè  tussiens,  et  constanter  febricitans,  demum  tabidus  animam  reddi- 
»  derat,  occurrisse  mihi  f.otas  bronchiales  glandulas,  seu  a  prima  majori  ad 
»  usque  postremas  el  minimas,  ila  exilibus  agilibusque  vermiculis  scalentes, 
»  ut,  quae  saepiùs  in  canum  aliorumve  brutorum  œsophagseis  externis  glan- 
7>  dulis,  aut  non  tanlùm  in  eorum  sed  ipsius  quoque  thyroidseâ  glandulâ, 
j>  horumee,  aut  similium  insectorum  ingens  turba  deprehenditur,  non  tanta 
»  sit.  Pulmonis  substantia  impensè  solum  arida  atque  exsiccata  fuerat: 
»  neque  aliter  laesa  (1).  » 

II0  Cas  (Tredtleb).  —  Ganglions  bronchiques. 
ti  Vir  viginti  oclo  annorum,  manustupralione  et  veneris  niniio  exercilio. 

(1)  J.-B.  Bianchi,  De  nat.  in  hum,  corp.  vitiosâ  morbosdque  generalione  hisl., 
|iàrs  tertia,  Auguste  Taurinorum,  1749,  p.  339. 


OU   DES  GANGLIONS.    —   TUBLRCULES   VEUM1NLUX.  69?) 

»  atque  diuturno  et  nimio  mercurii  sublimati  usu  emacialus,  prœterea  e  fa- 
»  miliâ  ortus,  ex  quâ  plures  jam  tabe  et  hydrope  interierant,  hieme  anni 
»  1789,.ha3moptoe  afficilur  ;  mox  spula  purulenta  e  pulmonibus  ejicit,  se- 
»  quuntur  febres  lentae,  et  nodos  pulmonibus  inesse  indicantia  symptomata. 
»  Anni  1790  initio,  nova  fit  sanguinis  e  pulmonibus  eruptio,  et  acida  mine- 
»  ralia  a  medico  adhibentur.  E  febre  tandem  et  debilitate  a  sanguinis  repetito 
»  dispensio  effecta  vernali  tempore  mortuus  est. 

»  Aperto  cadavere,  corpus  ipsum  plané  tabe  confeclum  reperiebatur,  pul- 
»  monum  irnprimis  dexter  tuberculorum  plenus,  ambo  vero  in  utroque  latere 
»  pleuras  accreverant,  exemtis  e  thoracis  cavo  pulmonibus  cum  adcrela  tr 
»  chœa,  ut  accuratiùs  eos  examinarem,  tubercula  pulmonum  in  pus  paululum 
»  abiisse,  reperi.  Glandulae  branchiales,  quae  sunt  ex  conglobatorum  cohorte 
»  in  statu  a  naturali  valdè  abhorrente  erant,  scilicet  ad  lertiam  partem  ma- 
»  jores,  quam  a  natura  sunt,  atque  talis  indolis,  ut  ad  diligentiorem  disqui- 
»  sitionem  facile  me  invitare  possent.  Etenim  vasa  ipsarum  absorbentia 
»  preeter  modum  dilatata  inveni,  per  quorum  tunicas  et  velarnina  peregrina 
»  corpuscula  translucebant,  a  quibus  ex  proprio  situ  in  glandulis  dimota 
»  erant.  Quae  cum  nonnullas  istarum  glandularum  dissecuissem,  cum  in  vasis 
»  lymphaticis  superficialibus,  tum  in  média  glandula  corpuscula,  filorum 
»  formam  imitari,  etvermes  esse  expertus  sum...  Irnprimis  aegrotabant  qua- 
»  tuor  glandulae,  quarum  maxima  antrorsum  versus  dextrum  latus  in  con- 
»  finiis  annulorum  inferiorum  arteriœ  asperee  sita  erat.  Hœc  propemodum 
»  altéra  parte  major  erat,  quam  alias  esse  solet,  ex  parte  coloris  naturalis, 
»  in  universum  tamen  paululum  pallidior.  Reliquse  glandulae,  qnarum  una 
»  sinistrée  parti  ejusdem  lateris  bronchiorum  adjacebat.  Altéra  ramulis  oppo- 
»  sitorum,  tertia  vero  ramulis  priorum  interponebatur,  forma  minores,  sed 
»  ejusdem  natures  erant.  Quod  Vero  vasa  earum  lymphatica  extensa,  et  per 
»  inhabitantes  vermes  in  inusilatum  silum  tracta  fuerant,  id  superiùs  jam  a 
»  me  commemoratum  est;  sed  etiam  valvulee  alias  et  irnprimis,  si  lympha 
»  turgent  vasa,  clarè  apparentes,  in  his  plané  non  erant  conspicuse  quoniam 
»  inhabilantia  animalcula  eas  ita  inverterant,  ut  officio  suo  ampliùs  non  fun- 
»  gerentur.  Ex  quo  verisimile  fit,  istos  vermiculos  istorumque  seminia  per' 
»  ipsa  vasa  adferenlia  illas  glandulas  intravisse,  nam  si  contraria  via  et  per 
»  efferentia  se  insinuassent,  existimandum  foret,  valvulas  istas  non  ita  dc- 
»  letas  atque  immutatas  fuisse,  cum  fluidorum  cursus  et  vermium  ingres- 
»  sus  e  directione  valvulis  opposita  fieri  nullo  modo  posse  videatur.  In  his 
»  vasis  duo  interdum  vermes  juxta  se  invicem  jacebant,  sœpiùs  unus  post 
»  alterum,  atque  ita,  ut  unius  caudam  alterius  rostrum  attingeret.  Singuli 
»  autem  duos  rostri  hamulos  tenui  vaàs  absorbentis  membranse  inOxerant  : 
»  quo  fiebat,  ut  rostrum  vix  unum  non  mutilatum  protraherem.  Jam  de- 
»  scriptio  vermis  ipsa  hase  est  »  (voy.  Sijnops.,  n°  79)  (1). 

(1)  Frid.  Aug.  Treuller,  De  vermibus  filiformibus  (hamularia  lymphatica)   in, 
glandulis  conglobalis  bronchiorum reperlis,  dans  Obs.  path,  anal.,  1793,  cit.  p.  10. 


69/4  AFPKCTIONS   VIÎRMIISEUSKS  DES  GfcJtDDUMS 

IIIe  Cas  (Hjwnemann).  —  Estomac. 

t  Quidam  juvenis  Homanus,  teste  prolaudalo  D.  Plancovio,  circiter 
»  viginli  quatuor  annorum,  sccpo  premebatur  famo  penitùs  insatiabili  et  nisi 
»  forù  aemper  ederet,  in  animi  deliquium  incidebat.  Variis  remediis  per 
!•  quadriennium  scd  frustra  usurpatis,  tandem  superveniente  asthmate  extin- 
»  guébatur.  Cujus  cadavere  aperto,  inveniebalur  in  ventriculo  insignis  con- 
»  glomeratorum  vermium  congeries,  et  duœ  in  inferiori  orificio  glandulai 
»  ad  moschatœ  ferè  nucis  magnitudinem  accedentes  et  vermibus  figurée 
»  colorisque  varii  repleUe  (Riliâ  1687)  (1).  » 

On  pourrait  rapprocher  de  ce  dernier  cas  l'observation  de  vers 
chez  le  fœtus  dont  nous  avons  déjà  fait  mention  et  queKerckring  rap- 
porte en  ces  termes  :  «  In  hac  tanti  ventriculi  capacitate  membrana  et 
»  in  illa  vermes  erant  iis  quibus  pueri  seepè  laborant  similes  » 
(voy.  ci-dessus,  p.  8).  Mais  ces  deux  faits  ne  sont  point  propres  à 
s'éclairer  l'un  par  l'autre;  la  description  des  caractères  et  de  l'orga- 
nisation des  vers  contenus  dans  les  tumeurs  de  l'estomac  de 
l'homme,  pourrait  seule  établir  l'exactitude  des  observations;  celles 
que  nous  venons  de  rapporter  n'auraient  de  valeur  que  par  le  secours 
de.  faits  nouveaux  et  plus  certains. 

Un  autre  cas  de  tumeur  vermineuse  de  l'estomac  de  l'homme  est 
encore  mentionné  par  quelques  auteurs  :  Bloch,  Bremser  d'après 
lui,  et  M.  Kùchenmeister  disent,  à  propos  de  l'oxyure  vermi- 
culaire,  que  Wulf  en  trouva  une  grande  quantité  dans  une  poche 
entre  les  tuniques  de  l'estomac.  Il  y  a  dans  cette  assertion  une 
double  erreur:  le  fait  dont  il  s'agit  est  de  Wolff;  il  concerne  une 
tumeur  de  l'estomac  du  chien  et  non  de  l'homme  (2), 

(1)  Joh.  Lud.  Hannemanni,  Bulimus  a  vermibus,  m  Êphem.  nat,  our,,  dec,  2, 
ann.  VI,  obs.  xxxin,  p.  88,  1687. 

(2)  Ce  fait  mentionné  par  Bloch,  ouvr.  cit.,  p.  70  et  par  Bremser,  ouvr.  cit., 
p.  151,  serait  consigné  dans  les  Observ.  chir.  méd.,  liv.  Il,  obs.  îv  de  Wulf.  Mal- 
gré beaucoup  de  recherches,  je  n'ai  trouvé  le  nom  de  Wulf  dans  aucune  biographie, 
ni  son  ouvrage  dans  aucune  bibliothèque;  mais  j'ai  trouvé  dans  un  ouvrage  de 
Wolff  intitulé  :  Observ.  chir.  méd.  et  au  liv.  II,  obs.  îv,  le  cas  d'une  tumeur  ver- 
mineuse  de  l'estomac  chez  le  chien.  Il  est  clair  qu'une  faute  de  typographie,  qui 
n'a  pas  permis  de  vérifier  la  citation  de  Bloch,  a  laissé  subsister  sa  méprise  tou- 
chant l'animal  qui  portait  cette  tumeur.  M.  Andral  dans  son  Anatomie  pathologique, 
t.  II,  p.  185,  mentionne  aussi  le  fait  de  Wulf,  mais  en  l'attribuant  à  Bloch 
lui-même. 


DU  PKS  GANGLIONS,   —  TUBERCULES  VERMINEUX,  695 

QUATRIÈME  SECTION. 

TUBERCULES   VERMINEUX  CHEZ   DIVERS   ANIMAUX. 

Parmi  les  animaux  domestiques  autres  que  ceux  dont  nous  avons 
parlé,  le  canard  et  l'oie  (1)  sont  quelquefois  atteints  de  tubercules 
vermineux  de  l'œsophage.  Ces  tumeurs  ont  été  observées  clans  le  ca- 
nard tadorne  par  Bellingham,  en  Irlande  (2),  et  dans  le  canard  commun 
par  M.  Chaussât  à  Paris  (3).  Les  vers  (spiroptères)  renfermés  dans 
ces  tubercules  avaient  la  tête  armée  d'épines,  fait  très  rare  chez  les 
entozoaires  de  l'ordre  des  nématoïdes  et  qui  existait  chez  le  ver  que 
Treutler  observa  dans  les  ganglions  bronchiques  de  l'homme  ;  enfin 
Natterer,  au  Brésil,  a  vu  des  tumeurs  semblables  à  la  surface  de 
l'estomac  du  coq  domestique  (4). 

Chez  la  chèvre,  un  tubercule  vermineux  paraît  avoir  été  observé 
dans  l'aine  par  Bianchi.  (5). 

Chez  les  animaux  sauvages,  des  tumeurs  analogues  à  celles  dont 
nous  nous  occupons  ont  été  assez  souvent  observées  :  Redi  rapporte 
avoir  vu  dans  l'œsophage  du  loup,  du  blaireau,  du  porc-épic,  du 
lion,  du  chien,  des  tubercules  glanduleux  de  diverse  grandeur,  dans 
lesquels  il  y  avait  des  vers  petits  et  rouges  ;  mais  chez  le  renard  sur- 
tout il  en  a  observé  des  agglomérations  considérables  (6).  Heyse  a 
trouvé  des  tubercules  vermineux  dans  l'estomac  de  trois  loups  (7)  ; 
Rudolphi  chez  deux,  et  Otto  chez  un  de  ces  animaux  (8)  ;  Redi  donne 
des  détails  singuliers  sur  des  vers  qu'il  a  rencontrés  dans  les  glandes 
œsophagiennes  de  quelques  oiseaux  (9)  ;  Créplin  a  vu  des  tubercules 

(1)  Klug,  à  Berlin,  Spiroptera  uncinala,  dans  les  tubercules  de  l'œsophage  de 
l'oie  domestique  (Rud.,  Syn. ,  p.  26-246). 

(2)  Bellingham  (Spiroptera?),  Ânn.  ofnat.  histor.,  1844,  p.  102. 

(3)  J.-B.  Chaussât,  Comptes  rendus  de  la  Soc.  de  biologie,  1849,  1. 1,  p.  92. 

(4)  Diesing,  Syst.  helm.,  t.  II,  p.  217,  n°  15,  Spiroptera  hamulosa. 

(5)  Bianchi  trouva  chez  une. chèvre,  une  tumeur  dont  il  rendit  compte  en  ces 
termes  :  «  Inventus  est  in  altéra  inguinalium  glandularum  verrais  unus,  rubellus, 
»  vivus,  agilis,  crassitie  mediocris  aciculœ,  longitudine  lertice  partis  mediocris  di~ 
»  giti  qui  sinuosam  ïbi  sedem  in  illius  partis  substanlia  velut  lerébrasse  videbatur.  » 
op.  cit.,  p.  347. 

(6)  G.  Redi,  De  animalculis  vivis,  etc.,  trad.  la.t.,  Amst.,  1708,  p.  203. 

(7)  Wepfer,  De  vermibus  ventriculi  lupini,  in  Mise,  nat,  cm»*.,  dec.  2,  ann.  VIII, 
obs.  i,  1689. 

(8)  Rudolphi,  Synopsis,  p.  2U). 

(9)  Ouïr,  cit.,  p.  226. 


(396  AFFECTIONS  VERM1NEUSES  DU   TISSU   CELLULAIRE 

vermineux  sur  le  proventricule  de  l'alouette  de  mer  [Tringa  al- 
pina)  (1);  enfin  nous  mentionnerons  encore  des  tumeurs  de  l'es- 
tomac trouvées  par  Braun  (2)  et  par  Rudolphi  (3)  chez  la  tortue 
d'eau  douce,  par  Tiedemann  et  par  Lallemand  chez  le  crocodile  du 

Nil  (4). 


QUATRIÈME  PARTIE. 

AFFECTIONS  VERMINEUSES   DU   TISSU    CELLULAIRE  INTER- 
ORGANIQUE. 

On  observe  chez  l'homme  un  entozoaire  qui  ne  se  rencontre  point 
dans  les  organes  internes,  mais  qui  habite  les  régions  superficielles 
de  la  tête  et  du  tronc  et  les  extrémités,  parties  dans  lesquelles  il  dé- 
termine des  lésions  pathologiques  plus  ou  moins  graves;  c'est  la 
filaire  de  Mèdine.  Ce  ver  n'est  point  enkysté,  il  vit  dans  les  tissus 
et  rampe  librement  sous  la  peau,  entre  les  vaisseaux,  les  nerfs  et  les 
muscles  ou  dans  l'épaisseur  de  ces  derniers. 

Les  entozoaires  qui  ont  un  séjour  analogue  chez  divers  animaux 
sauvages  ou  domestiques,  ne  paraissent  point  pour  ces  animaux  des 
hôtes  incommodes  ou  dangereux;  chez  le  cheval  seulement  \&filaria 
papillosa  ?  occasionne  des  accidents  lorsqu'elle  se  développe  dans 
l'oeil  (voy.  livr.  IV,  part,  i,  Vers  de  l'œil).  Nous  ne  nous  occupe- 
rons donc  ici  que  de  la  filaire  de  l'homme. 

La  filaire  de  l'homme.  —  Filaria  medinensis  [Synops.,  n°  77). 

DÉNOMINATIONS. 

ApaxcvTiov,  —  Galien;  =  (S'paxovriov  p.apov,  — Plutarque. 

Dracunculus,  —  les  auteurs  latins. 

Ark,  œrk,  irk,  erk  almedini,  —  les  auteurs  arabes. 

Vena  Medenœ,  medinensis  ou  civilis  ;  vena  cruris;  vena  exiens  ou  egrediens;  wna 

saniosa,  —  les  traducteurs  des  Arabes. 
Nervus  medinensis,  —  Kœmpfer  et  Cartheuscr;  —  penafamosa,— Gui  de  Cbauliac. 

(1) Dujardin,  ouvr.  cit.,  p.  99. 
(2)  Rud.,  Enl.  hist.,  t.  Il,  p.  1,  198. 
V.i)  fiud.,  Syn.,  p.  25  et  242  {Spiroptera  coniorta). 

(4)  Rayer,  Comptes  rendus  des  séances  et  mémoires  de  la  Soc.  biologie  cit.,  1849, 
t.  I,  p.  128. 


11NTER0RGANIQUE.    —   LA   FILAIRE   DE    L'HOMME.  697 

Noms  vulgaires, 

Sénégal — Soungouf  (Cezilly). 

Guinée  —  Ickon  (Blommers,  Ksempfer). 

Darfour,  Sennar,  Cordofan,  Gedda  —  Fertit  (Pruner,  Ferrari,  Gand). 

La  Mecque  —  Farenlil  (Niebuhr). 

Haleb —  Aerck  el  insil  (Niebuhr). 

Perse  ■ —  Pejurûc,  naru  (Niebuhr,  Cartheuser,  Kœmpfer). 

Inde  —  Narambo,  nurapoa  chalandy  (Dubois)  ;  =  nurapu  chilendi  (le  père  Martin). 

Bucharie  —  Irschata  (Gmelin). 

France.  —  Le  dragonneau,  la  veine  de  Mcdine,  soye  (Andry),  le  ver  cutané  (des 

Marchais),  le  ver  de  Guinée,  le  filaire  de  Médine. 
Angleterre.  —  The  hairworm,  Guinea-worm. 
Allemagne.  —  Der  Médina  wurm,  der  Guitieische  fadenivurm,  haulwurm,  bein- 

wurm,  pharaonswurm,  der  Guineische  drache. 
Hollande.  —  Huidworm,  beenworm,  traadworm,  Guineeische  draakje. 
Suède.  —  Onda-betet,  tagelmatk. 
Italie.  —  Dragoncello, 
Espagne.  —  Colebrilla. 
Portugal.  —  Culebrilla. 


CHAPITRE    PREMIER. 

HISTORIQUE. 

La  connaissance  de  la  filaire  de  l'homme  remonte  à  l'antiquité  : 
un  géographe  grec  du  deuxième  siècle  avant  Jésus- Christ.  Agathar- 
chide,  de  Cnide,  au  rapport  de  Plutarque  (1) ,  a  parlé  de  ce  ver  comme 
attaquant  les  peuples  qui  habitent  les  bords  de  la  mer  Rouge  ;  So- 
ranus  d'Éphèse  (97  de  Jésus-Christ)  et  Léonides  d'Alexandrie,  cités 
par  Paul  d'Égine,  en  ont  également  fait  mention  dans  leurs  ouvrages 
aujourd'hui  perdus.  Galien  a  parlé  de  la  filaire  sur  le  rapport  de 
voyageurs  qui  lui  ont  dit  l'avoir  vue,  mais  lui-même  ne  l'a  point 
observée  (2).  ^Etius  donne  sur  cet  entozoaire  des  détails  très  précis 
qu'il  emprunte  à  Léonides  (3)  :  la  nature  de  cet  animal  semblable 
aux  vers  lombrico'ides ,  les  pays  qu'il  habite,  son  siège  dansles  chairs. 

(1)  Agatarchidas  apud  Plutarchum,  Quesl.  conviv.,  lib.  VIII,  quest.  9,  opp. 
moral.,  edit.  Dùben,  Paris,  t.  I,  p.  894,  cité  par  Diesing. 

(2)  Galenus,  De  locis  affectis,  lib.  VI,  cap.  3. 

(3)  iEtii,  Med.  grœc.  contractas  ex  vet.  med.  tetrabiblos  per  J.  Cornarium,  lat. 
conscripti.  tetrab.  IV,  sermo  »,  cap.  85;  De  brachiorum  ac  crurwn  dracunculis, 
Leonidœ. 


()98  AFFKCTIONS   VEIIMINEUSES   DU   TISSU   CliUUMIRE 

des  membres,  les  lésions  qu'il  détermine,  les  dangers  de  sa  rupture, 
le  traitement  qu'on  doit  lui  opposer,  lui  étaient  parfaitement  connus. 
Paul  d'Egine,  après  en  avoir  parlé  à  peu  près  dans  les  mêmes  termes, 
nous  apprend  que  Soranus  était  disposé  à  regarder  le  dragonneau 
plutôt  comme  une  substance  nerveuse  que  comme  un  animal  : 
»  Cœterum  Soranus  neque  omnino  animal,  sed  nervi  alicujus  concre- 
»  tionem,  dracunculum  esse  putat,  qui  opinionem  solum  inducat 
■•  quod  moveatur  (1).  »  Enfin  Actuarius  dit  aussi  quelques  mots  de 
ce  ver  (2) . 

Plusieurs  auteurs  arabes,  Rhazès,  Avicenne,  Albucasis,  etc.,  ont 
parlé  de  la  filaire  de  l'homme;  mais  ils  n'ont  rien  ajouté  de  bien 
important  aux  détails  donnés  par  iEtius  et  Paul  d'Égine.  Le  passage 
d' Avicenne,  qui  concerne  la  filaire  de  Médine,  a  été  souvent  cité  (3), 
toutefois  Rhazès,  qui  écrivit  longtemps  avant  Avicenne,  n'est  pas 
moins  explicite  (4)  ;  ces  deux  auteurs,  d'après  la  fréquence  de  la 
filaire  à  Médine,  ont  désigné  ce  ver  sous  le  nom  de  Vena  Medeni 
Vena  Medence,  ou  Vena  civilis. 

Les  Arabes  paraissent  avoir  méconnu  l'animalité  de  la  filaire  de 
l'homme;  en  effet,  Rhazès  dit  que  les  vers  s'engendrent  dans  les 
intestins  seulement  (5)  et,  quoique  iEtius  eût  regardé,  d'après  Léo- 
nides,  la  filaire  comme  un  ver,  quoiqu'il  en  eût,  fait  mention  im- 
médiatement à  la  suite  des  vers  des  intestins,  l'auteur  arabe  n'en 
parle  qu'à  propos  des  maladies  des  membres  inférieurs.  Avicenne 
lie  suit  point  non  plus  l'exemple  d'iEtius,  il  ne  parle  de  la  filaire 
qu'à  propos  des  abcès  et  des  tumeurs.  Cet  auteur  rapporte  que 
quelques  médecins  considèrent  le  dragonneau  comme  un  ver,  et  que 
d'autres  le  regardent  comme  une  portion  de  nerf,  mais  il  ne  se  pro- 
nonce point  entre  les  deux  opinions. 

L'expression  de  vena ,  par  laquelle  le  ver  de  Médine  est  dé- 
signé dans  les  écrits  arabes ,  indique  assez  que  leurs  auteurs  n'ont  pas 
connu  l'animalité  de  la  filaire;  toutefois  il  n'est  pas  probable  qu'ils 
aient  regardé  cet  entozoaire  comme  une  veine:  l'opinion,  rappelée 
par  Avicenne,  que  la  filaire  de  Médine   est  un  nerf,  sa  couleur 

(1)  Pauli  iEginetse,  De  re  medicâ;  J.  Cornario  interp.,  lib.  IV,  cap.  59,  De 
dracimculis. 

(2)  Actuarii  Medicus,  sive  de  methodo  medendi,  lib.  IV,  cap.  16,  De  tumoribus 
prœter  naturam,  et  lib.  VI,  cap.  8,  De  ulceribus. 

(3)  Avicenna,  ouvr.  cit.,  lib.  IV,  sect.  3,  tract.  2,  cap.  21  et  22,  p.  128. 

(4)  Continentem  Rasis Venetiis,  1542,  p.  297,  298. 

(5)  Op.  cit.,  p.  280. 


INTERORGANIQUE.    —   tA  FILAIRE  DE   L'HOMME.  699 

blanche  indiquée  par  Albucasis  (Alzaravius),  dans  les  ouvrages 
duquel  elle  porte  néanmoins  le  nom  de  vena  exiens,  vena  cruris, 
ne  permettent  pas  cette  interprétation.  L'expression  Arc  ou  Erk 
qui  désigne  la  filaire  chez  les  Arabes,  répond  aux  mots  latins  sui- 
vants :  «  radix,  origa ,  vena,  arteria,  etc.  (1);  en  choisissant 
parmi  ces  synonymes  le  mot  vena  pour  désigner  la  filaire,  les  tra- 
ducteurs ont  certainement  commis  une  erreur,  le  mot  radix  eût  été 
plus  exact  (2)  ;  quoi  qu'il  en  soit,  cette  dernière  expression  n'im- 
plique pas  plus  que  celle  de  vena  l'idée  d'un  animal. 

Les  notions  données  par  les  Grecs  et  par  les  Arabes  sur  la  filaire 
ont  reçu  des  interprétations  erronées  de  beaucoup  d'auteurs  qui  en 
ont  parlé  à  leur  suite,  tels  sont  Ambroise  Paré,  Gui  de  Chauliac, 
Montano,  etc.  C'est  depuis  que  les  contrées  intertropicales  sont  fré- 
quemment visitées  par  les  voyageurs  européens,  c'est-à-dire  depuis 
moins  de  trois  siècles,  que  l'on  a  acquis  des  connaissances  précises 
sur  la  filaire  de  l'homme  et  sur  les  désordres  qu'elle  occasionne  dans 
les  organes,  Ka&mpfer,  Dampier,  Lind,  LœfRer,  Gregor,  etc.,  ont 
confirmé  ou  rectifié  les  faits  rapportés  par  les  anciens  et  les  Arabes  ; 
toutefois  les  récits  de  ces  auteurs  ont  été  contestés  par  beaucoup  de 
médecins,  leurs  contemporains,  et  regardés  comme  entachés  d'exagé- 
ration ou  d'inexactitude.  Aujourd'hui  que  l'on  ne  conserve  aucun 
doute  sur  l'animalité  du  ver  de  Médine,  et  que  les  relations  des  voya- 
geurs et  des  médecins  qui  l'ont  observé  peuvent  être  acceptées  sans 
conteste,  la  discussion  des  opinions  de  leurs  contradicteurs  serait 
superflue.  Nous  n'examinerons  pas  non  plus  certaines  opinions  re- 
latives au  mode  d'origine  ou  de  transmission  de  la  filaire,  comme  celle 
de  sa  génération  spontanée,  celle  qui  fait  de  ce  ver  une  larve  d'in- 
secte ou  bien  un  gordius  aquaticus,  modifiés  par  leur  habitat,  celle 
qui  en  fait  un  produit  de  l'usage  ou  de  l'abus  de  certaines 
liqueurs,  etc.,  mais  nous  rappellerons  dans  la  suite  les  vues  qui  ne 
sont  point  en  contradiction  avec  nos  connaissances  en  helmintho- 
logie. 

(1)  Freytagii  Lexicon,  Halis,  1835. 

(2)  M.  le  docteur  Perron,  aujourd'hui  directeur  de  l'École  arabe  à  Alger,  qui  a 
acquis  dans  son  long  séjour  en  Egypte  des  connaissances  approfondies  sur  la  langue 
arabe,  m'a  dit  que  le  mot  arc  signifie  proprement  une  racine  longue  et  filiforme, 
un  filament  et  par  extension  une  veine,  un  nerf,  une  artère,  etc.,  en  un  mot,  tout 
ce  qui  est  long,  mince,  filiforme;  il  eût  donc  été  plus  exact  de  dire  le  filament  de 
Médine, 


700  AFFECTIONS   VERMINEUSES   DU   TISSU  CELLULAIRE 

CHAPITRE  II. 

DISTRIBUTION   GÉOGRAPHIQUE. 

La  filaire  de  l'homme  est  propre  aux  régions  tropicales,  toutefois 
c'est  à  peu  près  exclusivement  dans  l'ancien  monde  que  cet  ento- 
zoaire  existe.  Dans  l'Amérique  méridionale,  on  a  signalé  l'appari- 
tion de  ce  ver  par  épidémies  (l),  mais  à  l'état  d'endémie  il  n'est 
connu  que  dans  l'île  de  Curaçao. 

Bien  qu'une  grande  étendue  du  continent  américain  soit  située 
sous  les  tropiques,  on  ne  cite  point  de  contrées  dans  lesquelles  la 
filaire  existe  d'une  manière  permanente.  Les  fréquentes  importa- 
tions de  ce  ver  par  les  esclaves  amenés  de  la  côte  d'Afrique  eussent 
pu  cependant  l'y  propager  aussi  bien  qu'à  Curaçao  où  la  filaire 
paraît  s'être  introduite  de  cette  manière.  Dans  cette  île,  les  habi- 
tants de  race  blanche  y  sont  sujets  comme  les  nègres  :  Dam- 
pier  rend  témoignage  de  ce  fait  (2)  et,  d'après  le  baron  de  Ja- 
quin,  le  quart  de  la  population,  tant  noire  qu'indigène,  en  est 
atteint  (3). 

Dans  les  autres  îles  du  groupe  des  Antilles,  le  dragonneau  a  été 
fort  souvent  observé,  et  nous  devons  à  quelques  médecins  de  ces 
pays  des  faits  intéressants  sur  cet  entozoaire;  mais  c'est  sur  les  in- 
dividus arrivant  des  contrées  tropicales  de  l'Asie  ou  de  l'Afrique 
qu'ils  ont  vu  la  filaire.  L'introduction  dans  les  colonies  d'Amérique 
des  esclaves  venant  de  la  côte  occidentale  d'Afrique  est  la  circon- 
stance qui  a  donné  très  fréquemment  aux  médecins  du  nouveau 
monde  l'occasion  d'observer  le  ver  qui  nous  occupe. 

Hans  Sloan's,  Voyage  to  Jamàica,  Modéra,  etc.,  London,  1725,  vol.  II,  p.  190. 

P.  Fermin,  Descript.  gén.  hist.  et  géograph.  de  lacolonie  de  Surinam,  Arast.  1769. 

Pouppé  Desportes  (Saint-Domingue),  ouvr.  cit.,  1770,  t.  II,  p.  272. 

Mongin  (Saint-Domingue),  Mém.  cit.,  ci-après. 

Péré  (Saint-Domingue),  Mémoire  sur  le  dragonneau  [Journ.  de  méd.,  etc.,  1 774, 
t.  XLII,  p.  123). 

Bajoh,  Mémoire  pour  servir  à  l'histoire  de  Cayenne  et  de  la  Guyane  française, 
Paris,  1777,  t.  I,  mém.  10,  p.  321  et  suiv. 

(1)  Voyez  ci-après  une  épidémie  observée  par  Ferg  dans  la  Guyane  hollandaise. 

(2)  Guillaume-Dampier,  Supplément  du  Voyage  autour  du  monde,  Rouen,  1715, 
t.  III,  p.  340. 

(3)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  214. 


IMtROUGANIQUE.    —   LA    F1LA1KE    DE  L  HOMME.  701 

Kunsemulleu  (Surinam),  De  rnorbo  Yaws  diclo  et  de  vena  Medinensi,prœs.  Curt 
Sprengelio,  Hal.,  1797. 

Sigaud  (Brésil),  ouvr.  cil.,  p  134-135. 

Dans  l'Amérique  septentrionale  et  en  Europe,  la  filaire  n'a 
jamais  été  vue  que  sur  des  individus  arrivant  des  contrées  intertro- 
picales. 

Cas  de  filaire  observée  dans  les  contrées  où  ce  ver  n'est  pas  en- 
démique. 

Turquie  d'Europe.  =  Cas  de  J.  Rodmguez  (Amatus  Lusitanus)  ;  —  Thes- 
salonique  ;  esclave  éthiopien  âgé  de  dix-huit  ans,  amené  de  Memphis,  ulcère 
près  du  talon,  extraction  d'une  filaire  longue  d'environ  trois  coudées.  L'au- 
teur se  demande  si  ce  corps  était  un  nerf  ou  un  ver,  et  il  répond  :  «  E°-o 
»  vero  oculatus  testis...  testor  morbum  hune  tanquam  lumbricum  conspici, 
»  album,  subtilem,  etc. (Amatus  Lusitanus,  op.  cit.,  cent.  vu.  curât. lxiv).» 

— Cas  de  Ficipio. —  Constantinople  ;  jeune  femme  ;  pèlerinage  à  la  Mecque; 
huit  mois  après,  apparition  de  tumeurs  aux  jambes  ;  ulcérations,  apparition 
de  filaires,  extraction,  guérison  (jambe  gauche  quatre  filaires,  jambe  droite 
trois)  (Gazette  méd.  d'Orient  et  Revue  de  thêrap.  méd.-chirurg.,  4  858, 
p.  653). 

France.  =  Cas  de  Guénot.  —  La  Rochelle;  Hollandais,  ayant  un  ver  à 
chaque  jambe;  extraction,  guérison. 

— Autre  cas  de  Guénot. —  Montauban  ;  mort;  autopsie  (rapporté  par  G.- J. 
Yelsch.  Exerc.  de  vend  Medinensi  ad  menlem  Ebn  Singe  sive  de  dracuncuUs 
veterum,  p.    311  et  312.  Augustae  Vindelicorum,  1674). 

—  Cas  de  Maisonneuve. — Paris  ;  homme  âgé  de  vingt-huit  ans,  ayant  quitté 
le  Sénégal  plus  de  quatre  mois  avant  la  manifestation  des  premiers  sym- 
ptômes. Deux  filaires  au  pied  gauche;  embryons  conservés  vivants  pendant 
plusieurs  jours  ;  rupture  des  vers,  incisions  ;  guérison  (Note  sur  un  dragon- 
neau  observé  à  Paris,  dans  les  Archiv.  gén.  de  méd.,  4e  série,  t.  VI,  p.  472, 
1844). 

— -  Cas  de  Malgaigne  et  Robin.  —  Paris  ;  homme  ayant  quitté  Bombay  le 
13  mai  4  854;  filaire  à  la  malléole  externe  ;  incision  le  27  juillet  ;  extraction  ; 
guérison  (Bull.  Soc.  anat.  de  Paris,  1851,  p.  311,  et  Soc.  biolog.  infrà 
cit.  ). 

—  Cas  de  Cezilly.  —  Toulon  ;  homme  âgé  de  vingt-deux  ans  ;  au  Sénégal 
en  1855,  à  Bombay  en  janvier  1857  ;  en  mars  1857,  apparition  de  filaires 
aux  jambes  (A. -H.  Cezilly,  Observ.  sur  le  dragonneau,  thèse  n°  203,  p.  21, 
Paris,  1858.) 


70"2  AtTliCTlONS    VliHMlNliUSIiS   DU   TISSU    CELLULAIHK 

Hollande.  —  Cas  do  Kuyscii.  —  Enfant;  ver  de  Guinée  à  la  main  (pièce 
analomiquo)  (op.  cil.,  Ihès.  anal.,  III,  n°  14,  p.  13). 

—  Cas  de  Houppe.  — Navire  de  guerre  revenu  de  Curaçao  en  Hollande,  lus 
deux  tiers  de  l'équipage  sont  atteints  de  filaires  après  leur  retour  (Over  de 
zieklen  der  Scheeplvarendcn,  p.  216,  cité  par  Gervais  et  Van  Beneden,  ouvr. 
cil.,  t.  II,  p.  141). 

Suisse.  ==  Cromer  pris  de  la  filaire  en  Suisse,  après  qu'il  fut  de  retour  de 
ses  voyages  (voir  Wepfer,  in  Ephem.  nat.  cur.  decur.  2,  ann.  X,  p.  315- 
317). 

Suède.  ===  Un  gordius  medinensis?  trouvé  à  Gottenburg,  fut  communiqué 
à  Linné  par  le  roi  de  Suède  (R.  Pulteney,  Revue  générale  des  ouvrages  de 
Linné,  t.  I,  p.  303). 

Danemurck.  —  Cas  de  Jacobson.  —  Arabe,  entré  à  l'hôpital  de  Copen- 
hague ;  ver  près  de  la  malléole,  embryons  observés  (Acad.  des  se,  17  mars 
1834). 

Allemagne.  =  Reinuold  Wagner  parle  d'un  ver  situé  dans  la  jambe  droite 
d'un  individu  qui  avait  fait  plusieurs  voyages  aux  Indes  ;  mais  ce  ver,  que 
l'auteur  regarde  comme  un  di'agonneau,  avait  la  grosseur  du  petit  doigt 
(in  Novis  litterariis  maris  Ballici,  ann.  1698  ;  mens,  febr.,  cité  par  Leclerc, 
p.  266). 

Angleterre.  —  Cas  de  R.  Mead.  —  Matelot  revenant  d'Afrique  (OEuvr. 
phys.  etméd.,  trad.,  t.  II,  p.  265,  Bouillon,  1774). 

■ —  Cas  de  ...?  —  Soulhampton  ;  matelot  venant  d'Afrique;  il  n'était  des- 
cendu à  terre  qu'une  fois  et  pour  trois  heures  seulement,  il  avait  marché  les 
pieds  nus  (Journ.  conn.  médic,  chirurg.,  nov.  1843,  p.  310,  d'après  un 
journal  anglais). 

—  Cas  d'OKE.  —  Matelot  revenant  de  la  côte  d'Afrique;  sept  mois  après, 
extraction  de  plusieurs  filaires;  guérison  (Provincial  médic.  journ.,  London, 
1843,  n°  1 51 ,  p.  146.  —  Wiegmanns  Archiv,  1 845,  p.  207.  —  Gervais  et 
Van  Beneden,  ouvr.  cil.,  t.  II,  p.  139). 

Etals-Unis.  ==  Cas  de  Ch.  Stedman; — Matelot  revenu  d'Afrique  depuis  un 
an  ;  filaire  sous  les  téguments  de  l'abdomen  (Boston  catalogue,  cit.,  n°  884, 
p.318). 

Algérie.  ==  Le  docteur  Guyôn.  —  1°  Cas  d'un  Maure  de  retour  de  la  Mecque 
depuis  deux  à  trois  mois  ;  2°  d'un  matelot  anglais  revenant  de  l'Inde  (Gaz. 
mèd.,  1841,  p.  106). 

Egypte.  =Clot  (Bey),  ouvr.  et  obs.  iiifrà  cit.,  —  Pruner,  ouvr.  cit.,  — 
Perron,  Comptes  rendus  de  VAcad.  des  se,  t.  VIII,  p.  801,  1839,  méin. 
inédit. 

Ile  de  France.  =  CtUpotiN.  —  Observations  sûr  le  dragonneau  (Bull,  dés 
sciences  médicales,  1810,  t.  V,  p.  308). 


iNIERORGANiQUE.    —   LA  PILAIRE   DE  L'HOMMK.  703 

En  Asie  et  en  Afrique,  le  ver  de  Médine  est  répandu  sur  un  vaste 
espace  ;  si  les  relations  des  médecins  et  des  voyageurs  signalent  sur- 
tout son  existence  dans  les  contrées  qui  avoisinent  les  mers,  c'est 
que  la  plupart  de  ces  auteurs  n'ont  visité  que  le  littoral,  mais  on 
peut  juger,  d'après  un  nombre  suffisant  de  faits,  que  les  régions  cen- 
trales des  deux  continents  ne  sont  pas  moins  infestées  par  la 
filaire. 

Côte  occidentale  d'Afrique. 

Sénégal.  =  Très  commune  à  Backel,  d'après  le  docteur  Margaia,  chef  du  service 
de  santé  à  Saint-Louis  du  Sénégal  {Rapport  au  minisire  de  la  marine,  cité  par 
Boudin,  ouvr.  cit.,  1. 1,  p.  344).  —  Très  commune  à  Podor,  chez  les  soldats  venant 
de  Backel  et  Galam,  d'après  le  docteur  Amouretti  [Rapport  au  ministre  de  la  ma- 
rine, dans  Boudin,  ouvr.  cit.,  p.  345);  —  d'après  Cezilly  (Thèse  cit.,  p.  31). 

Cûte  de  Guinée.  =Signalée  au  Cap-Corse,  par  Jo.  Abrah.  Heinzel  (dans  Velsch., 
ouvr.  cit.>  p.  314).  — Très  commune  au  château  de  Saint-Georges-de-Mina , 
d'après  Michel  Hemmersam  (Hin.  Guineens.,  c.  13,  cité  par  Velsch,  p.  313).— 
Arthus  (Gotardi  Dantiscaui)  (Indiœ  orientalis,  etc.,in-fol.  1604,  Francofurti,  c.  48, 
p.  161,  cité  par  Bremser).  —  A  Saint-Georges-de-Mina  et  au  château  de  Moures, 
d'après  Samuel  Blommers  (Velsch,  p.  319).  —  Au  château  de  Moures,  d'après  Fr» 
Lachmund  (in  Miscellan.  nal.  curios.  Decur.  1,  ann.  IV  et  V).  —  Ant.  Cromer, 
1652,  cité  ci-dessus. —  Très  commune  à  Cormantin  et  à  Apam,  d'après  Guill.  Bos- 
man  (Voyage  de  Guinée,  Utrecht,  1705,  Lett.  8,  p.  116).  —  Gallandat,  ancien 
chirurgien-major  de  vaisseau,  Lettre  sur  le  dragûnneau  ou  veine  de  Médine  (Jourm 
de  méd.i  Paris,  1760,  t.  XII,  p>  25).  —  Lœfflers  Adolph.  Fried.  (Beitrage  zur 
Arsenei,  etc.,  Leipzig,  1791,  cité  par  Bremser).  ■— -  Lind  (An  Essay  on  diseases 
incid.  to  Ëurop.  in  hol  climates,  London,  1758,  in-8",  p.  53;  traduct.  franc., 
1785, 1. 1,  p.  71). — Isert  (Paul-Erdmann),  Voyages  en  Guinée,  Paris,  1793,  in-8°. 
—  Sierra-Leone,  F.Moore,  Voyages  (dans  Prévôt,  Hist.  des  voyages,  t.  III,  p.  103). 
■—  R.  Clarck,  Observ.  de  plusieurs  dragonneaux  sur  un  enfant  (in  The  medico* 
chirurg.  Review,  et  Gaz.  méd.,  Paris,  1840,  t.  VIII,  p.  809). 

CÔTE   ORIENTALE  D'AFRIQUE. 

Le  Sennar.  a=  Clôt  (Bey),  Aperçu  sur  le  ver  dragonneau  observé  en  Egypte, 
Marseille,  1830. 

Afrique  centrale. 

Tumale?  =  Tutschek  (Médis,  'iustande  in  Tumale,  1845,  p.  12-13,  cité  par 
Diesing). 

Désert  de  Sahara.  =D'après  M.  Guyon,  commune  chez  les  Touaregs  (Note  sur.  les 
Touarlks  par  M.  Serres,  Comptes  rendus,  1856,  1"  sem.,  p.  188);  —  commune  à 
Tuggurl  (Bertherand,  Hyg.  et  méd.  des  Arabes,  p.  426, Paris,  1855,  cité  par  Boudin); 

Le  Darjfour.  =  Glot  (Bey),  ouvr.  cit.,  —  observée  daus  le  Cordofan,  par  M.  Fer- 
rari et  le  dobteur  Maruchi  (Relations  dans  Clol  (Bey),  ouvr.  cit.). 


7  (M  AFFEOUQNS    NEUMlNhUSLS   DU   TISSU   CliLLULAIRE 

Asie. 

Arabie.  =  Les  médecins  grecs  et  arabes,  —  l'Hedjaz,  Clôt  (Bey),  —  l'Yemen, 
Carslcn  Niebuhr  [llcschrcibung  von  Arabien,  Copenhague,  1772,  in-i",  s.  133, 
cite  par  Rudolphi). 

Littoral  du  golfe  Pcrsiquc.  =  Kœmpfer  (Amœnitatum  exolic.  pol.  phys.  mcd., 
fasc.  5,  etc.,  auct.  Engclb.  Kamipfero,  Lcmgoviœ,  1712,  in-4°,  observ.  IV,  Dra- 
cunculus  in  litlore  sinus  Persici,  p.  52 i). 

Ile  d'Ormus.  =  Kîempfer,  —  Arlhus,  —  J.  H.  de  Linshot  [Hist,  de  la  navi- 
gation, Amstel,  1638,  c.  VI,  p.  17,  ?  cité  par  Bremser). 

Perse.  —  Commune  à  Lara  (Auj.  Lar),  où  il  y  a  de  mauvaise  eau;  au  rapport 
de  D.  de  Bourges,  (Description  de  l'itinéraire  de  l'cuëque  de  Beyrouth  en  Chine, 
p.  101  cité  par  Velsch.,op.  cit.,  p.  316).— Très  commune  entre  Ispalian  et  Bendcr 
Abassi,  surtout  dans  un  village  appelé  Benarou;  le  chevalier  Chardin  (Voyage  en 
Perse  et  autres  lieux  de  l'Orient,  Amsterdam,  1735,  t.  II,  p.  213).  —  A  Gambron 
(Ben  'er  Abassi)  d'après  Niebuhr  (ouvr.  cit.). 

Indes  orientales.  —  Commune  chez  les  Tamouls  (Lettre  du  P.  Martin  au  P.  Vil- 
lette  dans  Lettres  édif.  et  cur.,  éd.  1781,  t.  XII,  cité  parLaennec,  art.  Filaire,  Dict. 
se-  mëd.).  —  Commune  entre  Delhi  et  Kaehmirc,  d'après  Fr.  Bernier,  docteur  en 
médecine  de  la  faculté  de  Montpellier  (Voyages  contenant  la  description  des  États 
du  grand  Mogol,  de  VHindoustan,  etc.,  Amst.,  1723,  t.  Il,  p.  212).  —  A  Latimun- 
culum,  Karnatik,  Madura,  d'après  Dubois  (Hist.  of  Guineaworm,  and  the  method  of 
cure  employed  by  the  Hindoos,  Edinb.  med.  and.  surg.  Journ.,  vol.  II,  fasc.  7, 
p.  300.  —  A  Bombay,  James  M.  Gregor  (Médical  Skelches  of  theexpedil  to  Egypt 
from  India,  London,  1804,  in-8°,  p.202,«t  Edinb.  med.  and  surg.  Journ.,  vol.  I, 
p.  281).  —  Bruce  (Ninian),  Remarks  on  the  dracunculus  or  Guineaworm,  asit 
appears  in  the  Peninsulaof India,  in  Edinb. medic.  a»d  surg.  Journ.,  1806,  vol.  II, 
p.  145.  —  Paton,  Cases  of  Guineaworms,  with  observations  (in  Edinb.  med.  and 
surg.  Journ.,  1806,  t.  II,  p.  151).  —  Voy.  encore  M'CIelland,  Morehead,  etc., 
cités  ci-après. 

Tarlarie.  —  «  Vesligia  (dracunculi)  inveni  quoque  in  Tartaria  déserta  prope 
flumen  Jaccum  quà  Caspium  subit,  »  dit  Kajmpfer  (ouvr.  cit.,  p.  527).  Aucun 
auteur,  à  notre  connaissance,  n'a  signalé  l'existence  de  la  filaire  dans  une  contrée 
plus  rapprochée  du  nord. 

La  plus  extrême  limite  du  domaine  de  la  filaire  de  l'homme  vers 
le  nord  est  :  en  Asie,  la  côte  septentrionale  ?  de  la  mer  Caspienne  ; 
en  Afrique,  l'Egypte  et  le  versant  méridional  de  l'Atlas  (Tougourt)  ; 
c'est-à-dire  le  47e  degré  de  latitude  en  Asie  et  le  33e  en  Afrique. 
Vers  le  sud,  les  observations  n'établissent  pas  avec  certitude  que 
cet  entozoaire  existe  au  delà  de  l'équateur,  quoiqu'il  soit  probable 
qu'il  se  trouve  dans  la  zone  du  tropique  du  capricorne  comme  dans 
celle  du  tropique  du  Cancer  (1). 

(I)  Je  ne  trouve  dans  aucun  auteur  la  mention  de  l'existence  de  la  Claire  a  la 


INTERORGANIQUE.   —  LA  FILAIRE   DE   L'HOMME.  705 

De  deux  localités  très  rapprochées  l'une  peut  être  infestée  clu  dra- 
gonneau  et  l'autre  en  être  complètement  exempte.  Dans  le  château 
appelé  Saint- Georges-de-Mina  (Guinée)  la  filaire  est  extrêmement 
commune  d'après  Hemmersam,  Blommers,  etc.,  et  à  vingt-cinq 
milles  vers  l'est,  d'après  Arthus  et  Blommers,  on  ne  connaît  pas  cet 
entozoaire.  Il  en  est  de  même,  d'après  Gregor,  entre  Bombay  où  la 
filaire  est  endémique,  et  l'île  de  Coulabah  qui  n'est  éloignée  de  cette 
ville  que  d'une  lieue.  Enfin,  Morehead  établit  positivement  ce  fait  à 
l'égard  de  divers  districts  de  l'intérieur  de  l'Inde  (1). 


CHAPITRE  II[. 

CAUSES  ET  CONDITIONS  DE  LA   PROPAGATION  DE  LA  FILAIRE. 

Plusieurs  conditions  favorisent  l'apparition  ou  la  propagation  de 
la  filaire  :  la  plus  évidente,  c'est  la  chaleur  qui  est  la  condition  domi- 

côte  orientale  d'Afrique,  au  sud  de  l'équateur.  11  est  vrai  que  ces  régions  sont  peu 
visitées  par  les  Européens;  toutefois,  la  filaire  n'existe  pas  à  l'île  de  France  : 
Chapotin,  qui  a  pratiqué  longtemps  la  médecine  dans  cette  île,  n'a  observé 
le  dragonneau  que  sur  des  individus  venant  d'autres  contrées;  ce  même  auteur 
ajoute  qu'il  n'a  jamais  vu  de  filaire  parmi  les  esclaves  apportés  de  Zanzibar,  de 
la  côte  d'Afrique  ou  de  Madagascar  (mém.  cit.).  —  Quant  à  la  côte  occidentale, 
l'existence  de  la  filaire  au  sud  de  l'équateur  n'est  pas  bien  prouvée.  Cromer  (Brem- 
ser,  p.  217)  dit  qu'un  général  hollandais  qui  demeurait  à  Angola  ne  put  s'en  garan- 
tir quoiqu'il  fît  exclusivement  usage  d'aliments  et  de  boissons  provenant  de 
l'Europe;  mais  d'un  autre  côté,  Lceffler  rapporte  que  parmi  600  esclaves  achetés 
à  Angola,  il  n'y  en  avait  aucun  qui  fût  atteint  par  la  filaire  (Bremser,  p.  212). 
Sloaue  prétend  que  les  nègres  qui  arrivent  à  la  Jamaïque,  d'Angola  et  de  Gamba, 
n'ont  jamais  le  dragonneau;  enfin,  un  témoignage  beaucoup  plus  certain  est  celui 
de  Guyot,  chirurgien  de  marine,  qui  fit  plusieurs  voyages  à  la  côte  d'Angola.  Ce 
chirurgien  ayant  observé  sous  la  conjonctive  des  vers  dont  nous  parlerons  à  propos 
des  entozoaires  de  l'œil,  s'exprime  ainsi  :  «  Je  ne  crois  pas  que  ces  vers  soient  de 
»  l'espèce  du  dragonneau,  car  ils  sont  très  blancs,  plus  durs  et  moins  longs  à  pro- 
portion. Pendant  sept  voyages  que  j'ai  faits  à  la  côte  d'Angola,  je  n'ai  jamais 
»  vu  de  nègre  attaqué  de  dragonneau  ;  plusieurs  chirurgiens  qui  ont  navigué  sur 
»  ces  côtes  m'ont  assuré  n'en  avoir  jamais  vu.  Cette  circonstance  me  porte  à  croire 
»  que  les  nègres  de  cette  contrée  n'y  sont  pas  sujets.  »  Le  général  dont  parle 
Cromer  avait  peut-être  gagné  sa  filaire  dans  quelque  parage  où  il  s'était  arrêté 
avant  d'arriver  à  Angola. 

(1)  C.  Morehead,  in  Transact.  of  the  médical  and  physical  Society  of  Calcutta. 
vol.  VI,  p.  420,  1833. 

DA  VAINE.  45 


706  AFFECTIONS   VEKMIlSEUSES   DU   TISSU   CÈLLtfMIïfe 

nanlc  dis  climats  dans  lesquels  vit  le  clragonneau,  aussi  n'est-on  pas 
surpris  cTehtèndre  «lire  à  Kœmpfer,  en  parlant  de  ce  ver  :  «  J'ai 
trouvé  que  dans  les  années  les  plus  chaudes  il  y  en  a  davan- 
tage (1).  - 

Une  autre  condition  qui  ne  paraît  pas  moins  nécessaire,  c'est 
l'humidité.  La  chaleur  et  l'humidité  sont  probablement  les  causes 
de  la  grande  fréquence  de  la  filaire  à  certaines  époques  de  l'année, 
époques  qui  varient  avec  les  conditions  climatologiques  des  divers 
pays.  D'après  Kœmpfer,  le  clragonneau  apparaît  à  Ormus  pendant 
la  canicule;  dans  les  Indes  orientales,  d'après  Dubois,  il  se  montre 
principalement  pendant  les  mois  de  novembre,  décembre  et  janvier; 
mais,  d'après  les  observations  positives  de  Morehead,  la  filaire  ne  se 
montre  à  Kirkee  (Inde)  que  de  mars  en  septembre  (2).  Dans  le  Cor- 
dofan,  le  Sennar  et  le  Darfour,  d'après  Clot-Bey,  il  est  très  com- 
mun en  avril,  mai  et  juin,  saison  des  pluies  (3). 

L'action  de  la  chaleur  et  de  l'humidité  sur  la  propagation  de  la 
filaire,  sa  limitation  aux  contrées  tropicales  doivent  tenir,  soit  à  des 
conditions  d'organisation,  soit  à  des  propriétés  vitales  particulières 
de  ce  ver.  Il  importe,  avant  d'aller  plus  loin,  d'examiner  cette  ques- 
tion, dont  la  solution  pourrait  jeter  quelque  jour  sur  celles  qui  vont 
suivre. 

La  filaire  qui  s'est  développée  dans  le  corps  de  l'homme,  ne 
donne,  lorsqu'on  en  fait  l'extraction,  que  quelques  signes  de  vie  et 
périt  bientôt  5  elle  ne  possède  donc  point  en  elle-même  ses  moyens  de 
transmission  et  de  propagation.  A  l'époque  où  cet  entozoaire  cherche 
â  quitter  l'organisme  dans  lequel  il  a  pris  tout  son  développement, 
son  corps  est  rempli  d'une  substance  laiteuse  signalée  par  plusieurs 
médecins.  Cette  substance  n'est  autre  chose  que  l'agglomération 
d'une  prodigieuse  quantité  d'embryons,  isolément  invisibles  à  l'œil 
nu  ;  ils  ont  une  longueur  de  0min,75  et  une  épaisseur  de  0mm,01.  Ces 
embryons  vivent  un  temps  indéterminé,  plusieurs  jours  au  moins,  dans 
de  l'eau  à  la  température  ordinaire  de  nos  contrées  ;  ••  en  outre,  ils 


(1)  Kœmpfer,  omit,  cit.,  p.  529. 

(2)  Voy.  infrà,  p.  717,  le  tableau  des  cas  observés  par  ce  médecin. 

(3)  Il  est  nécessaire  de  remarquer  que  l'apparition  de  la  filaire  ne  coïncide  point 
avec  l'époque  à  laquelle  elle  se  transmet  ;  si  l'on  cherchait  les  conditions  extérieures 
de  sa  transmission,  il  faudrait  se  reporter  à  plusieurs  mois,  peut-être  même  à  une 
année  en  arrière.  Avant  tout,  il  faut  donc  se  préoccuper  de  reconnaître  la  durée 
d'incubation  du  dragonneau. 


iNTEliORGANIQUE.    —   LA   FlLAIRE    DE   1,'lluMME.  707 

pouvaient,  dit  M.    Robin  qui  observa  ce  fait,   ils  pouvaient  être 
abandonnés  dans  une  goutte  d'eau  qui  se  desséchait  et  les  laissait 
sans  mouvements,  puis  reprendre  toute  leur  agilité  et  leur  énergie 
par  addition   d'eau ,  six    à   douze  heures 
après  la  dessiccation  (1).  » 

Déjà  M'Clelland  avait  vu  que  des  em- 
bryons de  filaire,  desséchés  depuis  vingt- 
quatre  heures  sur  une  lame  de  verre,  étaient 
revenus  à  la  vie  après  avoir  été  humectés 
avec  de  l'eau  (2),  et  Forbes  avait  conservé 
de  ces  embryons  en  vie  pendant  quinze  à 
vingt  jours,  dans  de  la  terre  humide  (3). 

Combien  de  temps  peuvent-ils  vivre 
dans  l'eau,  à  la  chaleur  des  contrées  tropi- 
cales ?  combien  de  temps  peuvent-ils  rester 
en  état  de  dessiccation  sans  périr  î  C'est  ce 
qu'il  serait  important  de  déterminer.  Quoi 
qu'il  en  soit,  on  comprend  que  c'est  à  la 
propriété  que  possède  la  larve,  de  vivre  un 
certain  temps  hors  du  corps  de  l'homme, 
et  à  celle  de  ne  pas  être  tuée  par  la  dessic-  FlG,  30.. 4- Embryons  de  in  oiaiee  de 
cation,  que  la  filaire  doit  ses  moyens  de   rhomme •- d;. Vnj;  ™  s~*- 

'     x  •>  ment  de   65  diamètres;  —  2,  lete 

transmission;  en  effet,  les  larves,  vivant    vue  au  grossissement  de  65  dîamè- 

t  i  i  i  •  1res;  —   3.' fragment  où  se  voit 

dans  les  eaux  des  mares  ou  des  ruisseaux,  rftW(S?  a  .  (môme  grassement) . 
transportées   dans   ces   eaux   à   l'état   de 

poussière,  ou  revivifiées  à  la  surface  du  sol  par  les  pluies,  peuvent 
trouver  après  longtemps  l'occasion  de  s'introduire  dans  les  organes 
où  elles  se  développeront.  Ce  fait  n'est  pas  aujourd'hui  sans  analo- 
gues, par  exemple  : 

Un  ver  nématoïde  aussi,  Y anguillule  du  blé  niellé,  ne  peut  vivre 
adulte  hors  du  blé,  mais  la  larve  passe  plusieurs  mois  dans  l'eau  sans 
périr,  et,  desséchée,  elle  reste  en  état  de  vie  latente  ;  dans  cette  con- 
dition, elle  peut  attendre  plusieurs  années  même,  que  l'humidité 
lui  rende  les  manifestations  de  la  vie,  et  lui  permette  de  s'intro- 

(1)  Ch.  Robin,  Comptes  rendus  de  la  Soc.  biolog.,  2e  série,  185S,  t.  Il,  p.  33. 

(2)  John  M'Clellaild,  The  Calcutta  joum.  of  nalural  historyt  1811,  vol .  I,  p.  366, 
'Remarks  on  dracunculus. 

(3)  Forbes,  Trans.  of  Bombay,  t.  î,  p.  216,  cilé  p.ir  Vogelj  ouvv.  cit.,  p.  407, 
note. 


108  AFFECTIONS   VEBMINEUSES  DU   TISSU  CELLULAIRE 

(luire  dans  une  nouvelle  plante  de  blé,  hors  de  laquelle  elle  ne  peut 

se  développer  et  devenir  adulte  (1). 

Un  ver  ncmaloïde  qui  vit  chez  les  insectes  comme  la  filaire  chez 
l'homme,  le  merm,is,  se  trouve,  à  l'état  de  larve,  dans  la  terre  ;  si 
cette  larve  rencontre  l'insecte  qui  doit  la  nourrir,  elle  pénètre  à  tra- 
vers ses  téguments,  séjourne  et  se  développe  dans  ses  tissus  ;  devenu 
adulte,  le  inermis  quitte  enfin  son  hôte  pour  aller  déposer  ses  œufs 
dans  la  terre  où  ils  éclosent. 

Ainsi,  comme  l'anguillule  du  blé,  dès  qu'elle  quitte  son  séjour  nor- 
mal, la  filaire  à  l'état  adulte  périt,  et  comme  cette  anguillule,  à  l'état 
de  larve  elle  vit  dans  l'eau  et  se  dessèche  sans  périr,  et  sans  doute, 
elle  peut  attendre  longtemps  aussi  l'occasion  de  s'introduire  dans 
un  séjour  hors  duquel  elle  n'arrive  point  à  l'état  adulte;  comme  le 
mermis,  elle  s'introduit  sous  les  téguments  de  son  hôte  et  le  quitte 
lorsque,  complètement  développée,  elle  n'a  plus  qu'à  verser  au 
dehors  les  embryons  qui  la  propagent. 

Le  séjour  que  fait  la  larve  hors  du  corps  de  l'homme  rend  donc 
raison  de  l'influence  des  agents  extérieurs  sur  la  propagation  de  la 
filaire  :  l'humidité  est  nécessaire  aux  manifestations  de  la  vie,  à  la 
locomotion;  la  chaleur  est  nécessaire,  sans  doute,  à  la  prolongation 
de  la  vie,  à  l'énergie  de  ses  manifestations. 

Ici  se  présente  une  question  importante  :  les  embryons  expulsés 
du  corps  de  la  filaire-mère  ne  peuvent-ils  immédiatement  s'intro- 
duire dans  les-  chairs  et  s'y  développer?  Nous  croyons  devoir  ré- 
pondre négativement  pour  deux  raisons  :  la  première,  c'est  que  la 
rupture  d'une  filaire  dans  un  membre  n'est  pas  suivie  d'une  nouvelle 
génération  de  filaires,  nous  en  apporterons  les  preuves  ci-après;  la 
seconde,  c'est  que  ce -ver  ne  se  propage  pas  dans  les  pays  du  Nord, 
quoique  la  larve  puisse  y  vivre  dans  l'eau  pendant  plusieurs  jours. 
Nous  regardons  comme  probable,  d'après  ces  faits,  que  la  larve  ac- 
quiert un  certain  développement  hors  du  corps  de  l'homme  avant  de 
s'y  introduire  pour  atteindre  l'état  adulte,  et  que  la  chaleur  tropicale 
est  nécessaire  à  l'accomplissement  du  développement  au  dehors. 

En  général,  les  médecins  qui  ont  eu  sous  les  yeux  la  filaire  de 
l'homme  ne  l'ont  point  regardée  comme  un  corps  de  nature  inanimée, 
et  ceux  qui  l'ont  observée  dans  les  climats  tropicaux  ne  l'ont  point 
considérée  comme  le  produit  d'une  génération  spontanée;  plusieurs 

(1)  Davaine,  Recherches  sur  l'anguillule  du  blé  niellé,  mém.  couronné  par  l'In- 
stitut, dans  Mém.  Soc.  biologie,  1856. 


INTERORGANIQUE.   —  LA  FILAIRE   DE    L' HOMME.  709 

ont  pensé  que  ce  ver  s'introduit  du  dehors  dans  le  corps  humain, 
mais  ignorant  la  petitesse  microscopique  de  la  larve,  ils  se  sont  sou- 
vent bornés  à  de  vaines  discussions  sur  la  présence  ou  sur  l'absence 
du  dragonneau  dans  les  eaux  des  localités  où  il  est  endémique. 
Lœfïïer  dit  qu'il  n'a  pas  appris  qu'en  Afrique  on  l'eût  jamais  ob- 
servé clans  l'eau  (1);  Lind,  qui  a  examiné  celle  de  plusieurs  con- 
trées habitées  par  la  filaire,  n'y  a  jamais  vu  le  moindre  vestige  de 
ces  vers  (2). 

Dans  la  plupart  des  contrées  où  règne  la  filaire  c'est  une  opinion 
accréditée  qu'elle  se  gagne  par  l'eau,  soit  appliquée  à  l'extérieur  du 
corps,  soit  ingérée  dans  l'estomac. 

Au  cap  Corse  d'après  Heinzel,  à  la  côte  de  Guinée  d'après  Blom- 
mers  etBosman,  à  Sierra-Leone  d'après  Moore,  à  Ormus  d'après 
Kœmpfer,  en  Perse  et  surtout  à  Benarou  d'api  es  Chardin,  etc.,  la 
mauvaise  eau  que  l'on  boit  dans  la  saison  des  pluies  ou  celle  que 
l'on  recueille  dans  des  citernes  est  la  cause  de  la  fréquence  du  dra- 
gonneau. 

Niebuhr  rapporte  que  dans  l'Yemen  on  fait  filtrer  ce  liquide  à  tra- 
vers de  la  toile  pour  se  préserver  des  atteintes  de  la  filaire;  Arthus 
raconte  que  les  habitants  de  l'île  d'Ormus  font,  pour  cette  raison, 
puiser  de  l'eau  de  mer  à  dix -huit  toises  de  profondeur  ;  Gallandat 
affirme  que  ceux  qui  ne  boivent  pas  d'eau  en  Guinée  ne  sont  pas  at- 
taqués de  la  filaire  ;  Bernier,  voyageant  dans  l'Inde,  emporte  avec 
lui  de  l'eau  pure  du  Gange,  pour  ne  pas  faire  usage  de  la  mauvaise 
eau  de  la  route  qui  engendre,  dit-il,  des  vers  dans  les  jambes. 

Dans  les  provinces  du  Sennar  et  du  Cordofan,  les  personnes  qui 
sont  le  plus  généralement  affectées  du  dragonneau,  sont,  d'après 
M.  Ferrari,  chirurgien-major  au  service  de  l'Egypte,  celles  qui  se 
baignent  dans  les  eaux  stagnantes  qui  couvrent  le  sol  du  pays  ou  qui 
s'abreuvent  de  ces  mêmes  eaux  (3).  «  Les  habitants  du  Cordofan,  du 
Sennar  et  du  Darfour,  dit  Clot-Bey,  l'attribuent  aux  pluies  abondantes 
qui  ont  lieu  en  avril,  mai  et  juin.  Ils  prétendent  qu'on  le  contracte  dans 

(1)  Mém.  cil.  et  Bremser,  Vers  intestinaux  de  l'homme.  Paris,  1824,  p.  210. 

(2)  L'eau  examinée  au  microscope  par  Lind,  lui  avait  été  envoyée  du  Sénégal,  de 
Gambie  et  de  Sierra-Leone.  Elle  était  très  corrompue  et  Lind  n'y  trouva  pas  le 
moindre  vestige  d'animalcules;  il  en  conclut  que  la  putréfaction  les  avait  tués 
(ouvr.  cil.,l.  I,  p.  83).  Ce  genre  de  recherches  ne  pouvait  évidemment  mener  à 
rien,  car  il  existe  dans  les  rivières  des  anguitlules  en  grand  nombre  que  l'observa- 
teur aurait  pu  prendre  pour  de  petits  dragonneaux. 

(3)  Lettre  de  M.  Ferrari,  chirurgien-major,  à  M.  Clôt,  médecin  en  chef  des  armées  ; 
Clôt,  mém.  cit.,  p.  23. 


710  AITKCTIONS   VEBMlNEOSliS   DU   TISSU   Clil.LULAIMi 

certains  lacs  d'eau  stagnante,  et  leur  opinion  est  partagée  par  quel- 
ques médecins  qui  ont  voyage"  dans  cette  contrée.  Les  uns  et  les  au- 
tres pensent  que  le  ver  dont  nous  parlons  n'est  autre  chose  qu'un 
petit  animalcule  qui  s'attache  à  la  peau  des  individus  qui  se  baignent 
dans  ces  eaux,  s'y  introduit  et  s'y  développe  sous  la  forme  et  avec 
l'étendue  que  nous  lui  remarquons.  J'ai  demandé  si  cet  animalcule 
avait  été  aperçu ,  mais  tous  se  sont  bornés  à  croire  à  son  existence 
sans  chercher  à  s'en  convaincre  (1).  »  D'après  Burckhardt,  les  nè- 
gres dans  le  Schendi  gagnent  la  filaire  en  se  baignant  dans  le  Nil  (2)  ; 
enfin  au  Sénégal,  c'est  une  opinion  généralement  reçue  que  les  nègres 
la  gagnent  en  se  plongeant  dans  l'eau  du  fleuve  (3). 

L'influence  de  l'humidité  sur  la  propagation  de  la  filaire  est  con- 
firmée par  l'observation  suivante  :  «  En  1820,  Mohammet-Aly,  dit 
le  docteur  Maruchi,  fit  partir  pour  le  Cordofan  une  expédition  mili- 
taire commandée  par  Mahomet-Bey  Deftardar,  son  gendre.  Je  suivis 
ce  dernier  en  qualité  de  médecin  particulier  et  séjournai  trois  ans  au 
Cordofan  avec  lui.  J'avais  lu  plusieurs  observations  de  dragonneau, 
et  j'espérais  me  trouver  à  même  de  le  traiter  chez  nos  soldats;  mais 
deux  ans  s'écoulèrent  sans  qu'il  se  manifestât  chez  aucun  d'eux.  Ce 
ne  fut  que  dans  le  courant  de  la  troisième  année,  après  des  pluies 
extraordinaires ,  que  je  le  vis  se  déclarer,  et  en  si  grand  nombre  que 
le  quart  des  troupes  en  fut  atteint  ;  j'en  fus  malheureusement  attaqué 
moi-même  sur  vingt-huit  points  du  corps...  »  «  J'observai,  ajoute  le 
docteur  Maruchi,  (ce  qui  est  constaté  par  l'expérience)  que  les  indi- 
vidus qui  en  sont  le  plus  fréquemment  atteints,  sont  ceux  qui  habi- 
tent un  sol  couvert  d'eau  stagnante  ;  ceux  qui  ont  leur  demeure  sur 
les  rives  du  fleuve  Blanc  sont  rarement  sujets  à  cette  maladie  (4).  » 

Comment  concevoir  l'apparition  subite  de  toutes  ces  filaires  autre- 
ment que  par  la  révivification  des  larves  qui,  desséchées,  restaient 
à  la  surface  du  sol  en  état  de  vie  latente^  l'intervention  de  l'eau  pour 
rendre  à  ces  larves  leurs  propriétés  vitales  est  nécessaire,  aussi  re- 
gardons-nous comme  l'expression  de  la  vérité  l'opinion  presque  una- 
nime des  médecins  qui  ont  visité  les  contrées  tropicales,  opinion  qui 

(1)  Clôt,  mém.  cit.,  p.  7. 

(2)  Bilharz,  mém.  cit.,  p.  53. 

(3)  Au  Sénégal,  dit  M.  M'",  les  noirs  qui  se  plongent  le  plus  fréquemment  dans 
l'eau  sont  aussi  ceux  qui  sont  d'ordinaire  atteints....  Galam  et  Backcl,  d'où  pro- 
viennent ces  noirs,  sont  situés  aux  cataractes  du  Sénégal,  à  250  lieues  de  Saint- 
Louis  (Cezilly,  thèse  citée,  p.  31). 

(4)  Lettre  du  docteur  Maruchi,  médecin  de  S.  E.  le  Defiardar-Dey,  à  M.  Clôt, 
médecin  en  chef;  Clôt,  Mém.  cit.,  p.  29-31. 


INTERORGANIQUE.   —   LA  ITLAIRE  DE  L'HOMME.  711 

attribue  aux  pluies,  à  l'humidité,  aux  inares,  aux  ruisseaux  et  aux 
fleuves  l'apparition  ou  la  fréquence  de  la  filaire;  toutefois  ce  n'est 
probablement  point  par  l'estomac  et  avec  les  boissons  que  la  larve 
arrive  dans  le  corps  humain. 

Le  siège  ordinaire  de  la  filaire  dans  les  parois  du  tronc  et  princi- 
palement dans  les  membres  inférieurs  nous  dispose  à  croire  que  ce 
ver  s'introduit  par  les  téguments  ;  ceci  s'accorde  autant  avec  les  opi- 
nions et  les  faits  rapportés  ci-dessus,  qu'avec  les  observations  dont 
nous  allons  parler. 

Le  baron  de  Jaquin  (1)  et  Cromer  citent  des  personnes  qui,  n'ayant 
pas  bu  de  l'eau  des  pays  infestés  par  la  filaire,  ont  néanmoins  été 
atteintes  de  ce  ver.  Les  docteurs  Heath  (2)  et  Anderson  (3)  disent  que 
les  officiers  qui  ne  se  promènent  pas  et  ne  se  couchent  pas  sur  la  terre 
les  pieds  et  les  bras  nus,  ne  sont  pas  affectés  de  la  filaire.  Enfin  le 
docteur  Chisholm  rapporte  un  fait  que  peut  seule  expliquer  l'intro- 
duction des  larves  par  la  peau  :  dans  l'Inde  les  Bheesties  (porteurs 
d'eau)  portent  l'eau  sur  leur  dos  dans  des  sacs  de  cuir  ;  or,  on  a  ob- 
servé que  ces  hommes  sont  fort  souvent  affectés  du  ver  de  Guinée 
dans  les  parties  qui  sont  en  contact  avec  le  sac  (4). 

Quelques  auteurs,  parmi  lesquels  on  peut  citer  Jordens  et  Cha- 
potin,  ont  pensé  que  cet  entozoaire,  encore  jeune  et  très  petit,  s'in- 
troduit par  les  pores  de  la  peau.  Les  connaissances  actuelles  rela- 
tives à  l'embryon  de  la  filaire  et  à  la  structure  de  nos  téguments 
viennent  confirmer  plutôt  qu'infirmer  cette  opinion  :  la  larve  de  la 
filaire  ayant  un  centième  de  millimètre  d'épaisseur,  peut  sans  doute 
s'introduire  dans  le  conduit  excréteur  d'une  glande  sudoripare  dont 
le  calibre  est  d'un  centième  de  millimètre,  et  probablement  plus  con- 
sidérable encore  dans  les  pays  chauds  ;  elle  arriverait  par  ce  canal 
jusque  sous  le  derme.  Elle  pourrait  encore  s'introduire  dans  la  gaîne 
des  poils  qui  la  conduirait  également  jusque  dans  les  tissus  sous- 
dermiques  (5). 

(1)  Bremser,  p.  216. 

(2)  Thomas  Heath,  Observ.  on  the  génération  of  guinea-ivorm,  in  Edinb.  med. 
andsurg.  journ.,  vol.  XII,  p.  120,  1816. 

(3)  Voy.  Dubois,  Além.  cil.,  et  Brief  and  Anderson.  Nebst  dem  anhoorlschreiben 
etc.,  in  Hufeland's  journ.,  1813,  nov.  und  dec.  S.  112,  cité  par  Bremser,  p.  215 
et  559. 

(4)  Chisholm,  in  Edinb.  Journ. ,\o\.  II,  cité  par  J.  Johnson,  omit,  infracit.,  p.  '266. 

(5)  Un  poil  de  la  jambe  a  huit  centièmes  de  millimètre  de  diamètre,  plus  ou 
moins;  il  est  implanté  dans  le  follicule  assez  lâchement  pour  que  l'embryon  delà 


712  AFFECTIONS  VERMINEUSES  DU  TISSU  CELLULAIRE 

Plusieurs  auteurs  ont  admis  la  transmission  du  ver  de  Médinc 
par  contagion  :  c'est  l'opinion  du  docteur  Rouppe,  au  dire  deLind  qui 
conseille,  en  conséquence,  aux  Européens  d'éviter  toute  communica- 
tion avec  les  nègres  atteints  de  ce  ver  (1).  Gregor  et  Ninian  Bruce 
sont  également  portés  à  croire  que  cette  maladie  est  contagieuse  (2). 
Le  docteur  James  Johnson  donne  le  conseil  d'éviter  le  contact  des 
individus  atteints  de  la  filaire  parce  qu'il  y  a,  dit-il,  de  grandes 
raisons  de  croire  que  cette  maladie  se  propage  par  contagion  quand 
elle  a  été  produite  par  une  autre  cause  (3)  ;  mais  les  faits  qui  ont 
conduit  à  cette  opinion,  ayant  été  observés  dans  des  contrées  où  la 
filaire  règne  endémiquement,  ne  peuvent  permettre  une  conclusion 
rigoureuse. 

Les  observations  faites  en  Egypte,  où  la  filaire  n'est  pas  endé- 
mique, ont  beaucoup  plus  de  valeur  dans  la  question  qui  nous  oc- 
cupe. «  Je  dirai  d'abord  sans  émettre  aucune  opinion  exclusive,  dit 
Clot-Bey,  que  les  faits  semblent  nous  autoriser  à  croire  que  cette 
maladie  se  communique  par  contagion.  Le  dragonneau  n'est  pas 
endémique  en  Egypte,  et  ce  qui  vient  à  l'appui  de  mon  assertion, 
c'est  qu'on  ne  le  voit  se  développer  que  chez  les  Arabes  qui  sont 
en  rapport  avec  les  nègres  et  jamais  chez  les  individus  qui  n'ont 
pas  de  communication  avec  ces  derniers...  Il  y  a  plus  :  j'ai  re- 
marqué que  cette  affection  devient  moins  intense,  moins  fréquente  et 
cesse  tout  à  fait  à  mesure  qu'on  s'éloigne  de  l'époque  où  les  nègres 
ont  été  incorporés  dans  les  régiments  arabes.  Ces  nègres  eux-mêmes 
cessent  d'être  sujets  à  cette  maladie,  lorsqu'ils  sont  acclimatés  et 
qu'ils  ne  sont  plus  en  rapport  avec  ceux  de  leurs  compatriotes  ré- 
cemment arrivés  en  Egypte.  Nous  n'avons  pas  vu  depuis  quelques 
années  un  seul  cas  de  dragonneau  dans  les  hôpitaux,  par  la  raison 
qu'on  a  cessé  d'incorporer  des  nègres  dans  l'armée  (4).  » 

Plusieurs  autres  médecins  qui  ont  vécu  en  Egypte  ont  cru  à  la 
contagion  de  la  filaire  :  «  Le  docteur  Dussap,  chargé  en  chef  du 
service  médical  de  l'armée  d'Egypte  en   1822,  donnait  ses  soins 

filaire  puisse  s'introduire  sans  difficulté  entre  la  gaîne  et  la  racine;  or,  comme  le 
bulbe  est  souvent  situé  sous  la  peau,  il  s'en  suit  que  la  filaire  pourrait  arriver  dans 
le  tissu  cellulaire  sous-cutané  sans  avoir  besoin  de  perforer  les  téguments. 

(1)  Lind.oww.  cit.,  t.  I,  p.   71. 

(2)  Mém.  cit.  et  Bremser,  p.  216. 

(3)  James  Johnson,  The  influence  of  tropical  climales  on  Européen  constitu- 
tion, etc.,  Loudou,  1821,  p.  226. 

(4)  Clot-Bey,  ouvr.  cit.,  p.  12. 


INTERORGAlNIQUE.    —  LA.  FILA1RE  DE   L'HOMME.  715 

clans  l'hôpital  de  Souan  à  plus  de  quatre  cents  individus  affectés 
du  dragonneau,  il  contracta  lui-même  leur  maladie  en  les  pansant. 
L'affection  que  je  viens  de  nommer  et  qui  paraît  être  d'une  nature 
évidemment  contagieuse  parcourut  ses  périodes. . .  »,  dit  M.  Cavalier, 
chirurgien-major  au  service  de  Meheomet  Aly,  et  plus  loin  il  ajoute: 
«  Le  dragonneau  fut  transmis  des  nègres  aux  Arabes-Égyptiens  qui 
vivaient  avec  eux.  Le  docteur  Dussap  croit  à  la  contagion  immédiate 
du  dragonneau,  et  il  en  cite  entre  autres  preuves  l'observation  d'un 
grand  nombre  de  chiens  errants  qui,  se  nourrissant  dans  l'hôpital 
des  cataplasmes,  etc.,  payèrent  eux-mêmes  tribut  à  cette  ma- 
ladie (1).  » 

Le  climat  de  l'Egypte  n'est  pas  tellement  différent  de  celui  de  la 
Nubie  ou  de  l'Ethiopie  d'où  proviennent  les  nègres  dont  parle  Clot- 
Bey,  que  les  larves  de  la  filaire  ne  puissent  y  retrouver,  dans  cer- 
tains cas  ou  dans  certaines  saisons,  les  conditions  de  température  et 
par  suite  de  vitalité  nécessaires  à  leur  transmission  ;  mais  ces  con- 
ditions sont  sans  doute  trop  peu  durables  pour  que  les  larves  puis- 
sent vivre  longtemps  libres  et  pour  que  le  ver  se  perpétue  à  l'état 
d'endémie.  Ces  conditions,  inconnues  dans  les  climats  septentrionaux, 
ne  permettraient  jamais  dans  les  pays  du  Nord  la  transmission  par 
contagion. 

Dans  les  contrées  où  la  filaire  est  endémique,  on  l'observe  beau- 
coup plus  communément  dans  certaines  années  que  dans  d'autres. 
Dans  l'Inde,  il  se  développe  de  véritables  épidémies  de  ce  ver  qui 
envahissent  jusqu'à  la  moitié  de  la  population  d'un  village  ;  nous 
avons  vu  qu'une  épidémie  de  ce  genre  atteignit  le  quart  d'une  armée 
égyptienne  en  campagne  dans  le  Cordofan. 

Des  épidémies  de  dragonneau  ont  été  signalées  non-seulement 
dans  des  contrées  où  ce  ver  existe  à  l'état  d'endémie,  mais  encore 
dans  des  régions  où  ce  ver  n'existe  point  endémiquement.  Ainsi 

(1)  CIot-Bey,  ouvr.  cit.,  p.  19,  obs.  vi,  recueillie  par  M.  Cavalier,  chirurgien- 
major. 

M.  Clôt  (p.  8)  dit  avoir  observé  aussi  la  Glaire  chez  les  chiens  dans  les  mêmes 
conditions. 

Dœrssel,  au  rapport  de  Hussem,  a  vu  la  filaire  chez  le  chien  une  fois  à  Buenos- 
Ayres  (est-ce  bien  la  filaire  de  l'homme?)  une  autre  fois  à  Curaçao  (cité  par  Gervais 
et  Van  Benedeu,  ouvr.  cit.,  t.  II,  p.  135).  MM.  G.  et  V.  B.  ne  donnent  pas  l'in- 
dication bibliographique  du  mém.  de  Hussem  ;  elle  se  trouve  dans  Rudolphi,  bi- 
blioth.  n°214. — B.  Hussem,  Aanmerliïngen  betreffende  den  Dracunculus,  in  Ver- 
hand.  van  het  Genootsch  le  Vlissïngen,  2,  Deel.  (Middelburg,  1771 ,  8),  p.  443  464. 


71/i  AFFECTIONS   VKUMINF.USCS   DU   TISSU   CELLULAIRE 

Ferg  rapporte  que  «  dans  l'année  de  1801  à  1802  deux  cents  nègres 
de  l'habitation  de  Beninenbourg  (Guyane)  furent  atteints  el  en  moins 
de  cinq  mois,  des  effets  de  ce  ver,  qui  ne  se  manifesta  que  dans  cette 
seule  habitation  et  dans  aucune  autre  de  la  colonie.  On  y  observa  les 
accidents  les  plus  graves  et  qui  devinrent  mortels  chez  plusieurs  su- 
jets faibles.  Un  semblable  phénomène  avait  déjà  été  remarqué  dix 
ans  auparavant  (1).  »  Cette  épidémie,  observée  dans  la  Guyane 
hollandaise,  ne  tiendrait-elle  point  à  la  contagion  de  quelque  filaire 
importée  par  un  esclave  arrivant  de  la  côte  d'Afrique?  On  conçoit 
que,  dans  ce  climat  équatorial,  le  dragonneau  puisse  trouver  des 
conditions  analogues  à  celle  qui  le  propagent  dans  les  climats  tropi- 
caux de  l'ancien  monde. 


CHAPITRE  IV. 


CONSIDERATIONS  SUR  LA  FRÉQUENCE,  LE  NOMBRE,  LE   SIÈGE,  LA  SITUATION 
ANATOMIQUE,   LA  DURÉE  DE   LA  FILAIRE. 

Dans  les  climats  oùla  filaire  se  propage,  tous  les  hommes,  quel  que 
soit  leur  âge  ou  leur  sexe,  à  quelque  race  ou  à  quelque  pays  qu'ils 
appartiennent,  y  sont  également  sujets. 

L'invasion  du  dragonneau  est  quelquefois  un  véritable  fléau  par  la 
proportion  des  individus  qui  sont  atteints.  Nous  avons  vu  que  dans 
le  Cordofan  un  quart  de  l'armée  de  Mahomet-Bey  en  fut  subitement 
frappé.  A  Latimunculum,  dans  le  district  de  Karnatik  et  de  Ma- 
dura  (Indes  orientales),  Dubois  estime  que  la  moitié  delà  population 
de  certains  villages  est  attaquée  de  ce  ver.  A  Bombay,  d'après 
Gregor,  trois  cents  soldats  du  86e  régiment  anglais  furent  atteints 
du  dragonneau  à  l'époque  de  la  Mousson,  et  dans  le  88e  qui  remplaça 
le  précédent,  161  hommes  sur  360  en  furent  attaqués.  D'après  le 
baron  de  Jaquin,  à  l'île  de  Curaçao,  le  quart  de  la  population  tant 
noire  qu'indigène  est  affecté  du  dragonneau  (2). 

Le  nombre  de  filaires  dont  l'homme  peut  être  atteint  est  très  va- 
riable; c'est  une  erreur,  qu'il  est  à  peine  utile  de  relever,  que  celle 

(l)Ferg,  Remarques  sur  les  insectes  de  Surinam  dont  la  piqûre  est  nuisible,  dans 
Diblioth.  méd.,  Paris,  1814,  ami.  XI,  t.  XL1II,  p.  100.  Exilait  des  Ann.  de  méd., 
de  Harles. 

(2)  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  213  et  214. 


INTERORGANIQUE.    —   LA   FJLAIRE   DE  L'HOMME.  715 

de  Chardin  qui  attribue  à  ce  ver  d'être  ordinairement  solitaire  (1). 
Les  faits  contraires  abondent  et  peut-être  sont-ils  les  plus  fréquents. 
On  trouve  fort  souvent  dans  les  cas  rapportés  par  les  auteurs,  la 
mention  de  deux,  trois  ou  quatre  filaires  siégeant  soit  dans  un  même 
membre  soit  dans  les  deux  membres  inférieurs,  ou  quelquefois  dis- 
séminés clans  diverses  parties  du  corps.  On  en  a  vu  trente,  quarante, 
et  jusqu'à  cinquante  chez  le  même  individu  (2).  Ces  vers  se  dénon- 
cent tous  à  la  fois  ou  successivement,  mais  généralement  dans  un 
espace  de  temps  très  court,  ce  qui  permet  de  conclure  qu'ils  appar- 
tiennent à  la  même  génération. 

La  filaire  envahit  le  plus  ordinairement  les  membres  inférieurs, 
rarement  les  membres  supérieurs,  les  parois  du  tronc  ou  la  face.  On 
ne  la  rencontre  point  dans  les  viscères  de  la  poitrine  ou  du  ventre, 

Dans  le  relevé  de  181  observations  fait  par  Grégor,  ledragonneau 
s'est  montré  : 

Aux  pieds 124  fois 

Aux  jambes 33 

Aux  cuisses 11 

Au  scrotum , 2 

Aux  mains , 2 

La  filaire  a  été  observée  dans  le  mésentère  (cas  unique  jusqu'au- 

(lj  Chardin,  ouïr,  cit.,  t.  III,  p.  213. 

(2)  Kcempfer  a  extrait  dix  vers  à  un  jeune  homme  ;  il  eu  a  quelquefois  extrait 
trois,  quatre  et  cinq  de  la  même  jambe  ;  —  suivant  Bosman  le  nombre  de  filaires 
chez  un  individu  est  quelquefois  de  neuf  et  de  dix  ;  —  Arthus  en  a  souvent  vu  dix 
à  douze  qui  se  présentaient  à  la  fois  sur  différents  points  du  corps;  —  Gallandat 
rapporte  le  cas  d'un  matelot  chez  lequel  il  put  en  extraire  successivement  cinq;  — 
il  est  rare,  dit  Bajon,  que  ceux  qui  sont  attaqués  du  dragonneau  n'en  aient  qu'un  ; 
il  en  a  vu  souvent  deux,  trois,  quatre.  Chez  un  nègre  qu'il  traita,  il  y  en  avait 
un  si  grand  nombre  que  pendant  un  certain  temps,  douze  vers  sortaient  à  la  fois. 
—  II  n'est  pas  rare  de  rencontrer  dix  et  douze  dragonneaux  chez  le  même  indi- 
vidu, dit  Clot-Bey  —  Le  chirurgien  de  marine  Margain  en  a  vu  quatorze  dans  dif- 
férentes régions  du  corps  chez  un  noir  récemment  arrivé  de  Backel.  —  M.  Amou- 
retti,  à  Podor  (Sénégal),  en  a  extrait  six  d'une  longueur  moyenne  de  25  centimètres; 
tous  les  six  de  la  main,  qui  a  été  ensuite  frappée  de  gangrène.  —  Andry  (ouvv. 
cit.,  t.  I,  p.  130)  cite  le  cas  d'un  soldat  hollandais  qui  avait  aux  jambes  vingt-trois 
de  ces  vers,  quelques-uns  avaient  plus  de  deux  aunes  de  longueur.  —  Le  docteur 
Maruchi,  dans  le  Cordofau,  fut  attaqué  du  dragonneau  sur  vingt-huit  points  du 
corps  différents.  —  Hemmersam  cite  un  cas  où  il  y  enavait  trente.  —  Rhazès  a  parlé 
d'un  malade  qui  avait  quarante  de  ces  vers. — Avicenne  dit  qu'on  eu  a  quelquefois 
vu  chez  un  seul  individu  quarante  ou  ciuquaute.  —  Pouppé -Desportes  a  vu  un 
cas  où  il  y  en  avait  cinquante. 


716  AFFECTIONS   VKRMINEUSES   DU   TISSU   CELLULAIRE 

jourd'Iiui)  par  Primer  qui  rapporte  le  fait  en  ces  termes  :  »  Une  fois 
seulement  nous  trouvâmes  le  ver  dragonneau  dans  le  cadavre  d'un 
jeune  nègre,  en  arrière  du  foie,  entre  les  feuillets  du  mésentère.  La 
partie  postérieure  était  facilement  reconnaissable;  la  partie  anté- 
rieure passait  au-dessus  du  duodénum  et  s'étendait  presque  au 
cœcum,  en  formant  beaucoup  de  circonvolutions  qui  finissaient  par 
une  sorte  de  peloton.  Elle  était  entourée  d'une  masse  noueuse, 
presque  cartilagineuse,  ayant  l'apparence  d'une  capsule  (Kapsel)  (1) .  » 
La  filaire  a  été  vue  à  la  tête,  au  cou  et  au  tronc  par  Peré  ;  dans 
l'orbite,  au  nez,  à  la  langue,  à  la  verge,  etc.,  par  divers  observa- 
teurs. 

Dans  la  plupart  des  cas  la  filaire  est  superficiellement  située  ;  elle 
occupe  alors  le  tissu  cellulaire  sous-cutané  et  peut  être  distinguée  à 
la  vue  et  au  toucher,  comme  une  petite  corde  tournée  en  spirale  ou 
serpentant  sous  les  téguments  de  la  partie  affectée.  Dans  des  cas 
plus  rares  elle  est  profondément  placée  dans  les  parties  charnues. 
Lorsque  ce  ver  est  très  long  (il  atteint  souvent  un  et  même  deux  mè- 
tres et  au  delà),  il  apparaît  sous  la  peau,  s'enfonce  dans  les  parties 
profondes  et  reparaît  plus  loin  sous  les  téguments.  «  Cromer,  dans 
des  autopsies  cadavériques,  l'a  vue  entourer  les  nerfs  et  les  ten- 
dons. » 

Guénot,  médecin  de  Paris,  a  rapporté  en  ces  termes  le  résultat  de 
l'autopsie  d'un  homme  mort  à  la  suite  de  la  rupture  de  la  filaire  : 
Aperto  cadavere,  periostium  inflammatum  deprehensum  est,  cui 
plane  adheerebat  istud,  quidquid  fuerit,  funiculi  instar,  juxta  mal- 
leolum  in  gyros  quinque  vel  sex  contorquebatur,  inde  recta  ad  genu 
porrigebatur,  quo  in  loco  iterum  in  circulos  refiexum  tandem  ad  os 
coccygis  fere,  aut  saltem  ischii,  protendebatur  (2).  » 

La  filaire  reste  plus  ou  moins  longtemps  dans  le  corps  humain 
avant  de  donner  aucun  indice  de  son  existence.  Cette  période  latente, 
d'après  les  observations  que  nous  avons  compulsées,  ne  paraît  pas 
d'une  durée  moindre  que  deux  mois.  Le  88e  régiment  dont  parle 
Gregor,  venant  remplacer  à  Bombay  le  86e  qui  était  décimé  par  le 
dragonneau,  n'eut  qu'un  seul  homme  atteint  dans  les  deux  mois  de 
séjour  qu'il  fit  dans  cette  ville;  mais,  à  partir  de  cette  époque,  le  ré- 
giment s'étant  embarqué,  161  hommes  sur  360  furent  successive- 

(1)  F.  Fruner,  Die  Kranhheiten  des  OrienVs,  Erlangen,  1847,  in-S",  p    250. 

(2)  Velschius,  op.  cil.,  p.  312. 


INTERORGANIQUE.    —   LA    FIL  AIRE   DE   L 'HOMME.  717 

ment  atteints.  Lachmund  dit  que  les  soldats  hollandais  qui  tiennent 
garnison  au  château  de  Mourre  ne  sont  généralement  infestés  de  la 
filaire  que  dans  la  seconde  ou  la  troisième  année  de  leur  séjour. 
Paton  rapporte  que  le  vaisseau  sur  lequel  il  était  embarqué,  ayant 
quitté  Bombay  le  15  août  (1804),  aborda  à  Canton  où  l'on  déposa  un 
homme  atteint  de  la  filaire  le  5  janvier  (1805)  ;  ayant  mis  à  la  voile  le 
même  jour,  aucun  homme  de  l'équipage  ne  descendit  à  terre  avant 
l'arrivée  à  Sainte-Hélène,  le  2  avril.  Dans  cet  intervalle,  aucun  nou- 
veau cas  de  filaire  ne  s'était  déclaré.  Le  2  mai,  un  homme  en  fut  at- 
teint et  successivement  vingt-cinq  autres  eurent  la  filaire.  Or,  cet  en- 
tozoaire,  n'existant  pas  à  Sainte-Hélène,  n'avait  pu  être  gagné  qu'à 
Canton  ou  à  Bombay,  mais  très  vraisemblablement  dans  cette  der- 
nière ville  où  la  filaire  est  endémique.  C'est  donc  un  intervalle  de 
huit  mois  et  demi  à  partir  de  Bombay  et  de  quatre  mois  à  partir  de 
Canton.  Ces  faits  sont  confirmés  par  les  observations  de  Morehead, 
qui  a  relevé  pendant  six  ans,  tous  les  cas  de  dragonneau,  survenus 
dans  un  régiment  en  garnison  à  Kirkee  (Inde)  (I). 


(1)  Le  4e  régiment  de  dragons  n'avait  point  eu  de  cas  de  Glaire  à  Kaira,  où  il 
tenait  garnison.  Il  arriva  à  Kirkee  en  février  1827  ;  ce  n'est  que  plus  d'un  an 
après  que  les  premiers  dragonneaux  apparurent.  Le  tableau  suivant  montre  les  épo- 
ques de  leur  apparition  : 


1S27 

1828 

1829 

1830 

1831 

1832 

» 

1) 
» 

3 
2 
3 

1 

» 
3 

» 

1 

)) 
S 
5 
2 
1 

» 

» 
1 

2 
1 

1 

5 

7 

57 

64 
48 
26 

Mai 

Juillet 

8 

6 

14 

4 

~2Û 

Dans  l'année  1832,  sur  les  211  malades,  72  furent  admis  pour  la  seconde  fois 
et  6  pour  la  troisième  (Morehead,  mém.  cit.,  p.  425). 

Quelle  est  la  cause  qui  a  donné  tout  à  coup,  en  1832,  un  aussi  grand  nombre  de 
malades?  l'auteur  dit  n'avoir  pu  la  reconnaître.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  voit  par  ce 


718  AlTKC.TIoNS  VEttMÎNEUSES  DU  TISSU  CEtXULAIttÉ 

La  filaire  n'occasionne  d'accidents  que  lorsque  ses  embryons  sont 
formés.  Quelque  rapide  que  soit  le  développement  de  la  larve  intro- 
duite dans  les  chairs,  ce  n'est  pas  en  peu  do  jours  que  les  organes 
génitaux  se  développent  et  que  les  ovules  parcourent  leur  complète 
évolution  ;  aussi  ne  pouvons-nous  admettre  l'assertion  de  M.  Ferrari 
qui  prétend  que  les  personnes  qui  ont  gagné  le  dragonneau  en  se 
baignant  dans  les  eaux  stagnantes  du  Sennar  et  du  Cordofan  res- 
sentent, au  bout  de  quelques  jours,  un  sentiment  de  cuisson  suivi 
de  rougeur  et  de  tumeur  dans  la  partie  où  le  ver  se  développe  (1). 

Quant  à  la  durée  extrême  du  séjour  de  la  filaire  dans  le  corps 
humain,  elle  peut  être  très  longue  :  Blommers,  Arthus,  Cromer, 
Bernier,  Labat,  etc  ,  la  portent  à  un  an  et  au  delà  ;  Clot-Bey  parle 
d'un  individu  qui  avait  quitté  le  Sennar  depuis  onze  mois  lorsque  la 
filaire  se  manifesta;  Stedman,  aux  Etats-Unis,  l'a  vu  paraître  chez 
un  matelot  qui  avait  quitté  l'Afrique  depuis  un  an  ;  Paton  donne 
l'histoire  d'un  malade  chez  qui  elle  ne  parut  qu'après  quinze  mois  : 
enfin  Kœmpfer  cite  l'exemple  d'un  individu  chez  qui  ce  vern'apparut 
que  la  troisième  année.  Suivant  cet  observateur,  la  filaire  se  déve- 
loppe \Au$di/fîcilement  (plus  lentement  sans  doute)  chez  l'individu 
qui  en  a  emporté  le  germe  dans  d'autres  régions  (2). 


CHAPITRE  V. 

PHÉNOMÈNES   PATHOLOGIQUES. 

Le  premier  phénomène  par  lequel  s'annonce  la  filaire  est  généra- 
lement une  démangeaison  désagréable  de  la  partie  occupée  par  le  ver; 
il  s'y  développe  bientôt  après  une  tumeur  qui  prend  les  caractères 
d'un  furoncle.  Dans  certains  cas,  la  formation  de  la  tumeur  est  pré- 
cédée de  malaise,  de  maux  de  tête  ou  d'estomac,  et  de  nausées. 
»  Lorsque  le  dragonneau  siège  dana  les  endroits  presque  dépourvus 
de  parties  molles,  comme  les  doigts,  les  articulations,  dit  Clot-Bey, 
il  produit  des  douleurs  vives  ;  quand,  au  contraire,  il  est  profondé- 
ment placé  dans  les  parties  charnues,  il  détermine  un  engorgement 
indolent  qui  peut  persister  plusieurs  jours  et  même  plusieurs  mois. 

tableau  que  les  cas  de  filaire  n'ont  paru  qu'après  plus  d'un  an  dé  séjour  à  Kirkéé 
et  d'un  autre  côté  que  les  mois  d'hiver  en  sont  exerilpts. 

(1)  Clôt,  lelt.  cit.,  p.  23. 

(2)  Kœmpfer,  ouvr.  cit.,  p.  531. 


INTERORGANIQUE.    —   LA   FILAIRE   DE  L'HOMME.  719 

Dans  tous  les  cas,  lorsqu'il  est  près  de  s'ouvrir  une  issue,  les  dou- 
leurs deviennent  intenses,  des  symptômes  généraux  se  développent, 
la  partie  s'enflamme,  et  il  survient  une  petite  tumeur  qui  s'abcèdc 
au  bout  de  quelques  jours  pour  éliminer  une  portion  plus  ou  moins 
grande  de  l'animal.  Quelquefois  cette  tumeur  est  plus  volumineuse, 
et  le  ver  qui  s'y  trouve  pelotonné  sort  en  totalité;  dans  d'autres  cas, 
assez  rares  pourtant,  il  ne  se  présente  pas  d'abord  et  semble  faire 
douter  de  son  existence  ;  mais  il  se  montre  peu  de  jours  après,  ou 
donne  lieu  à  un  nouvel  abcès  peu  éloigné  du  premier.  La  suppuration 
qui  en  découle  est  séreuse  (1).  » 

Le  diagnostic  de  l'existence  de  la  filaire  est  quelquefois  fort  diffi- 
cile, et  ce  n'est  que  par  l'apparition  d'une  portion  du  ver  au  dehors 
qu'on  reconnaît  la  nature  du  mal.  Sous  la  conjonctive,  la  filaire  se 
laisse  facilement  apercevoir,  et  peut  être  reconnue  avant  d'avoir 
occasionné  aucun  accident.  Lorsqu'elle  est  superficiellement  placée 
sous  la  peau,  à  la  verge,  par  exemple,  et  qu'elle  détermine  des  dou- 
leurs, elle  pourrait  être  prise  pour  une  veine  ou  pour  un  vaisseau 
lymphatique  enflammés;  dans  l'aine  la  tumeur  qu'elle  produit  a  pu 
être  confondue  avec  le  bubon  ;  enfin  dans  certains  organes  comme  le 
nez  ou  la  langue,  la  filaire  n'a  été  reconnue  que  par  son  apparition 
au  dehors. 

Des  exemples  de  dragonneaux  observés  dans  les  parties  les  plus 
rarement  exposées  à  l'invasion  de  cet  entozoaire,  feront  connaître 
mieux  qu'une  description  la  physionomie  que  revêt  la  maladie  dans 
telle  ou  telle  région  du  corps. 

A.  —  Cas  de  filaire  dans  l'orbite  et  sous  la  conjonctive. 
Ier  Cas  (Bajon). 
«  Dans  le  mois  de  juillet  4  768,  le  capitaine  d'un  bateau  de  la  Guadeloupe, 
amena  chez  moi  une  petite  négresse,  âgée  d'environ  six  à  sept  ans,  et  me 
pria  d'examiner  un  de  ses  yeux,  dans  lequel  on  voyait  remuer  un  petit  ver  de 
la  grosseur  d'un  petit  fil  à  coudre  ;  je  l'examinai  et  j'observai,  en  effet,  un  petit 
animal,  qui  avait  près  de  deux  pouces  de  long;  il  se  promenait  autour  du 
globe  de  l'œil,  dans  le  tissu  cellulaire  qui  unit  la  conjonctive  avec  la  cornée 
opaque.  En  l'excitant  à  se  mouvoir,  je  m'aperçus  que  ses  mouvements  n'étaient 
point  droits,  mais  tortueux  et  obliques  ;  la  couleur  de  cet  œil  n'était  point 
changée,  et  la  petite  négresse  disait  ne  sentir  aucune  douleur  lorsque  ce  ver 
s'agitait  ainsi;  elle  avait  cependant  un  petit  larmoiement  presque  con- 
tinuel. 

(I)  Clot-Bey,  Mm.  cit.,  p.  8-9. 


720  AFFECTIONS  VERMINEUSES   DU  TISSU   CELLULAIRE 

»  Après  avoir  réfléchi  sur  le  moyen  que  je  pouvais  employer  pour  lo  tirer, 
je  crus  qu'en  faisant  une  petite  ouverture  à  la  conjonctive,  du  côté  do  la  tôle 
de  co  petit  animal,  et  en  l'excitant  ensuite  à  se  mouvoir,  il  sortirait  de  lui- 
même.  J'exécutai  ce  projet,  mais  au  lieu  de  s'engager  par  l'ouverture  que 
j'avais  faite,  il  passa  à  côté,  et  fut  à  l'endroit  opposé  à  l'incision.  Voyant  quo 
celte  tentative  n'avait  pu  me  réussir,  je  pris  le  parti  de  le  saisir  au  milieu  du 
corps  avec  de  petites  pinces  en  même  temps  que  la  conjonctive,  je  fis  ensuite, 
avec  la  pointe  d'une  lancette,  une  fort  petite  ouverture  à  côté  de  son  corps, 
et,  avec  une  aiguille  ordinaire,  je  le  lirai  en  double  :  après  cette  opération,  la 
négresse  fut  guérie  sous  vingt-quatre  heures  (1).  » 

IIe  Cas  (Bajon). 

n Dans  le  commencement  de  1771,  une  négresse  ménagère  de  M.  Frimond, 
gouverneur,  m'amena  une  négresse  un  peu  plus  grande  que  la  première.  La 
conjonctive  de  celle-ci  était  enflammée  et  douloureuse  ;  je  l'examinai  de  près, 
et  je  vis  un  ver  un  peu  plus  grand  que  celui  dont  je  viens  de  parler,  et 
qui,  comme  lui,  se  mouvait  autour  de  l'œil,  entre  la  conjonctive  et  la  cornée 
opaque;  je  proposai  le  moyen  que  j'avais  déjà  employé,  mais  on  ne  voulut 
point  y  consentir,  et  je  ne  sais  ce  que  cette  négresse  est  devenue  (2).  » 

IIIe  Cas  (Mongin). 

«  Je  fus  mandé  par  M.  le  comte  de  Cokburn,  pour  voir  une  négresse  de  son 
habitation,  qui  se  plaignait  d'une  douleur  très  piquante  dans  l'œil,  sans  presque 
d'inflammation  depuis  environ  vingt-quatre  heures.  Au  premier  aspect,  je  vis 
un  ver  qui  me  paraissait  serpenter  sur  le  globe;  mais,  voulant  le  saisir  avec 
des  pinces,  je  m'aperçus  qu'il  était  entre  la  conjonctive  et  l'albuginée,  et, 
lorsqu'il  s'approchait  de  la  cornée  transparente,  les  douleurs  étaient  plus  vives. 
Pour  l'extraire,  j'ouvris  la  conjonctive  et  il  en  sortit  par  cette  ouverture.  Il 
avait  un  pouce  et  demi  de  long  et  la  grosseur  d'une  petite  corde  à  violon  ;  il 
était  d'une  couleur  cendrée,  plus  gros  à  un  bout  qu'à  l'autre,  et  très  pointu 
par  ses  deux  extrémités  ;  du  reste,  il  n'avait  rien  de  remarquable  (3).  » 

IVe  Cas(Clot-Bey). 

«  M.  Clot-Bey  assure  avoir  observé,  en  1828,  un  dragonneau  dans  l'œil, 
sur  une  négresse  arrivée  d'Afrique  depuis  cinq  à  six  ans  et  esclave  à  Monpox, 
ville  située  sur  les  bords  de  la  Magdelaine.  Le  dragonneau  était  logé  dans 
l'orbite  même  de  l'œil,  et  avait  déterminé  une  inflammation  bien  moindre 
qu'on  n'aurait  pu  s'y  attendre.  On  ne  le  voyait  pas  constamment  ;  de  temps  en 
temps  seulement  il  s'avançait  de  l'angle  externe  de  l'œil  vers  la  prunelle, 
en  glissant  entre  la  sclérotique  et  la  conjonctive  ;  arrivé  à  la  cornée  transpa- 

(1)  Bajon,  ouvr.  cit.,  t.  I,  p.  325. 

(2)  Même  ouvr. 

(3)  Mongin,  Observ.  sur  un  ver  trouvé  dans  la  conjonctive  à  Mariborou  (île  Saint- 
Domingue),  Joum.  de  mcd.,  1770,  t.  XXXII,  p.  338. 


'INÏERÔfeGANKjCE:    —   f.A.  I^TLA-tRE  DE   L'HOMME.  724 

renie,  il  se  repliait  en  suivant  le  contour  de  cette  dernière  et  en  se  dirigeant 
en  haut  (1). 

Ve  Cas  (Guyon). 

Il  s'agit  de  deux  vers  observés  par  le  docteur  Blot  à  la  Martinique  sur  une 
négresse  originaire  de  Guinée.  Ces  vers  se  mouvaient  avec  agilité  entre  la 
sclérotique  et  la  conjonctive;  ils  furent  extraits  au  moyen  d'une  incision  pra- 
tiquée sur  cette  dernière  membrane  (2).  Le  docteur  Guyon  reçut  deux  ans 
après  sur  ce  fait  les  nouveaux  renseignements  que  voici  :  «  la  jeune  malade 
portait  deux  vers  qui  tous  deux  étaient  logés  dans  la  conjonctive  de  l'œil 
gauche.  La  jeune  fille  assurait  qu'ils  passaient  d'un  œil  à  l'autre,  ce  qu'elle 
sentait  aux  forts  picotements  qu'elle  éprouvait  alors  dans  le  trajet  qui  existe 
entre  ces  deux  parties,  à  la  hauteur  de  la  racine  du  nez.  Tout  ce  que  je  puis 
assurer  à  cet  égard,  me  mande  le  médecin  qui  a  fait  l'extraction  des  vers,  le 
docteur  Block,  c'est  que  lorsque  je  fus  appelé  par  la  malade  pour  lui  examiner 
les  yeux,  elle  avait  un  ver  dans  chaque  œil ,  que  je  procédai  d'abord  à  l'extrac- 
tion du  ver  de  l'œil  gauche  et  quelques  heures  après,  m'étant  présenté  pour 
faire  l'extraction  de  l'autre,  il  n'y  était  plus  ;  il  était  passé,  disait  la  malade, 
dans  l'œil  gauche,  où,  en  effet,  j'en  aperçus  un  autre,  dont  je  fis  l'extraction 
par  une  petite  incision  que  je  pratiquai  à  côté  de  celle  qui  m'avait  servi  pour 
la  sortie  du  premier  ver  (3).  » 

VIe  Cas  (Sigaud). 

Sigaud  rapporte  avoir  vu  au  Brésil,  avec  le  docteur  Christ.  Jos.  dos  Santos 
une  filaire  dans  l'orbite  au-dessus  de  la  sclérotique,  chez  une  négresse  (4). 

Plusieurs  cas  de  vers  nématoïdes  développés,  soit  dans  l'œil,  soit 
dans  ses  annexes,  ont  encore  été  rapportés  par  différents  observa- 
teurs ;  mais  ces  entozoaires  ne  paraissent  pas  appartenir  à  la  filaire 
de  Médine  (voy.  liv.  IV,  part.  i). 

B.  —  Cas  de  filaire  au  nez. 

Parmi  les  organes  dans  lesquels  il  rapporte  avoir  quelquefois  observé  la 
filaire,  Clot-Bey  cite  le  nez  (5).  M.  Perron  nous  a  dit  avoir  vu  en  Egypte  un 
individu  chez  lequel  la  filaire  se  fit  jour  par  le  lobe  du  nez. 

(1)  Arehïv.  gén.  deméd.,  t.  XXX,  p.  373  et  Séances  de  l'Acad.  des  sciences, 
10  décembre  1833. 

(2)  Compte  rendu  Acad.  des  sciences,  1838,  2e  semestre,  p.  755. 

(3)  Note  sur  un  ver  trouvé  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cohjonclival,  par 
M.  Guyon,  méd.àAlger,  Gaz.  méd.,  Paris,  1841,  p.  106. 

(4)  Sigaud,  ouvr.  cit.,  p.  135. 

(5)  ouvr.  cit.,  p.  8. 

DiYAlNE,  46 


722  AFFECTIONS   VERMINEUSES  DU   TISSU   CELLULAIRE 

C.  —  Cas  de  iilairc  à  la  laogue. 

I.  —  n  Un  nègre  âgé  de  douze  à  treize  ans,  dit  Clot-Bey,  fifre  dans  un 
régiment,  entra  à  l'hôpital  d'Abou-Zabel  le  <I2  mai  1825.  Ayant  un  gonfle- 
ment douloureux  sur  la  pointe  de  la  langue,  il  salivait  beaucoup  et  ne  pouvait 
user  d'aucun  aliment  solide  ;  les  gencives  étaient  gonflées  et  saignantes. 
L'examen  attentif  des  diverses  parties  de  la  bouche  me  conduisit  à  la  décou- 
verte d'une  petite  tumeur  fluctuante  située  près  du  frein  de  la  langue;  j'y  fis 
avec  la  lancette  une  ponction  qui  donna  issue  à  une  petite  quantité  de  pus 
séreux,  et,  dans  les  efforts  auxquels  le  malade  se  livra  pour  cracher,  une  por- 
tion de  dragonneau  en  sortit,  pendant  hors  de  la  bouche,  sans  se  détacher  : 
je  saisis  alors  et  retirai  sans  effort  le  ver  dans  toute  sa  longueur  qui  était  de 
quatre  pouces.  Huit  jours  de  régime  et  l'usage  des  gargarismes  émollients  suf- 
firent pour  guérir  le  malade  (1).  » 

II.  —  M.  Cezilly  rapporte  qu'une  sœur  de  l'hôpital  de  Corée  avait  eu  un 
dragonneau  dans  la  langue  (2). 

D.  —  Région  de  la  mamelle. 

«  J'ai  présents  à  la  mémoire,  dit  M...,  chirurgien  de'marine  qui  est  resté 
trois  ans  au  Sénégal,  deux  dragonneauxqui  séjournèrent  longtemps  sous  une 
des  glandes  mammaires,  et  amenèrent  quelques  accidents.  Le  sujet  eut  de  la 
fièvre,  de  l'anxiété,  etc.  (3).  » 

E.  —  Cas  de  filaire  au  scrotum. 

Blommers  dit  que  la  filaire  au  scrotum  cause  quelquefois  de  très 
grandes  douleurs,  et  que  d'autres  fois  elle  y  est  tout  à  fait  inoffen- 
sive  (4). 

Ie',  IIe  Cas  (Koempfer). 

4°  Filaire  retirée  du  scrotum,  en  Afrique. 
2°  Filaire  retirée  du  scrotum,  en  Perse. 

Pas  d'accidents,  les  vers  avaient  des  mouvements  spontanés,  mais  très  fai- 
bles (5). 

IIIe  Cas  (Gallandat). 
Il  s'agit  d'un  dragonneau  logé  dans  le  scrotum  chez  un  nègre;  «  le  ver  s'étant 

(1)  M*'°  dans  Cezilly,  thèse  cit.,  p.  31. 

(2)  Clôt,  ouvr.  cit.,  p.  15,  obs.  m. 

(3)  Cezilly,  thèse  cit.,  p.  30. 

(4)  In  Velsch,  op.  cit.,  p.  328. 

(5)  Kœmpfer,  op.  cit.,  p.  526. 


INTERORGANIQUE.   —   LA  FÎI.AIRE  DE  L'DOMME.  723 

rompu,  il  en  périt  d'autant  plus  misérablement  que  le  mal  en  lui-même  semble 
n'avoir  rien  de  fâcheux  (<l).  » 

IVe  Cas  (Baillie). 

«  Baillie,  dit  Brera,  a  vu  un  testicule  sur  lequel  il  y  avait  une  petite  tu- 
meur qui  contenait  un  de  ces  vers  (filaires)  (2).  » 

Ve  Cas  (Clot-Bey). 

«  Un  nègre  du  Darfour,  âgé  d'environ  vingt-cinq  ans,  et  incorporé  dans  les 
troupes  égyptiennes  depuis  sept  mois,  entra  à  l'hôpital  d'Abou-Zabel,  le 
2  avril  \  825.  Atteint  d'un  gonflement  douloureux  au  scrotum,  avec  fièvre,  il 
fut  placé  dans  la  division  des  vénériens,  dans  la  supposition  que  sa  maladie 
était  syphilitique.  Le  lendenain  de  son  entrée,  il  lui  fut  appliqué  un  cata- 
plasme émollient  et  pratiqué  une  saignée  au  bras;  les  applications  émollientes 
furent  continuées  pendant  dix  jours,  aprèi  lesquels  il  se  manifesta  une  tumeur 
plus  volumineuse  sur  le  côté  droit  des  bourses.  Ayant  ouvert  cette  tumeur 
avec  une  lancette,  elle  donna  issue  à  une  petite  quantité  de  pus  séreux  et,  à 
mon  grand  étonnement,  j'en  vis  sortir  une  portion  de  ver  dragonneau  dont  je 
n'avais  pas  supposé  l'existence.  De  légères  tractions  en  firent  sortir  environ 
quatre  pouces.  Je  le  liai  et  le  roulai,  comme  d'usage,  sur  un  morceau  d'em- 
plâtre. Les  cataplasmes  furent  continués,  et  chaque  jour  de  légères  tractions 
amenèrent  de  nouveaux  fragments  de  l'animal.  Le  1  8,  le  ver  fut  entièrement 
extrait  ;  il  avait  vingt-trois  pouces  de  longueur.  La  plaie  se  cicatrisa  au  bout 
de  quelques  jours,  et  le  malade  sortit  guéri  le  7  mai  (3).  » 

F.  —  Cas  de  filaire  à  la  verge. 
Ier  Cas  (Clot-Bey). 

«  Un  nègre,  âgé  de  vingt  ans,  en  Egypte  depuis  sept  mois,  entra  à  l'hôpital 
d'Abou-Zabel  le  8  juin  1825,  souffrant  d'un  gonflement  douloureux  de  la 
verge,  qui  fut  pris  d'abord  pour  une  affection  syphilitique  ;  mais  un  examen 
attentif  fit  reconnaître  l'existence  d'un  dragonneau  qui  entourait  cet  organe 
en  spirale  et  simulait  une  veine  enflammée.  Ce  malade  éprouvait  une  douleur 
assez  vive  sur  le  trajet  des  cordons  testiculaires.  L'organe  fut  recouvert  d'un 
cataplasme  émollient,  et  bientôt  il  se  manifesta  une  tumeur  vésiculaire  à  sa 
partie  postérieure  et  à  l'union  du  gland  avec  le  prépuce.  Cette  tumeur  s'ab- 
céda  le  I  8  du  même  mois,  et  présenta  à  son  ouverture  une  portion  de  ver, 
longue  d'un  demi-pouce.  Elle  fut  liée  et  roulée  autour  de  l'emplâtre,  selon 
l'usage  ;  les  plus  légères  tractions  produisaient  des  douleurs  violentes,  ce  qui 
retarda  son  extraction  complète  jusqu'au  treizième  jour.  L'animal  avait  environ 

(1)  Gallandat,  mém.  cit.,  p.  26. 

(2)  Baillie  (Matthew),  Anat.  des  Krankhaften  bancs,  etc.,  Berlin,  1794,  p.  206 
(cité  par  Brera,  mém.,  p.  244). 

(3) Clôt,  ouvr.  cit.,  p.  13,  obs.  u 


724  AFFECTIONS  VERMINKDSES  1)1)  TISSU  CKl.l.rUlliK 

cinq  pouces  et  demi  do  longueur.  Quelques  jours  après  le  malade  était  cniiè- 

rement  guéri  (l).  •> 

II' Cas  (Gand). 

«  Le  dragonneau  était  primitivement  à  la  partie  supérieure  et  interne  de  la 
cuisse  droite.  Le  malade  pendant  la  traversée  avait  éprouvé  dans  cette  partie 
des  picotements  douloureux,  longtemps  avant  que  le  ver  s'y  manifestât  ;  de 
là,  il  avait  gagné  la  verge  en  sillonnant  ;  lorsque  je  fus  appelé,  celle-ci  était 
engorgée,  douloureuse;  le  malade  ne  goûtait  aucun  repos,  Mon  premier  soin 
fut  de  combattre  l'inflammation  au  moyen  des  bains  et  des  applications  émol- 
lientes.  Je  pratiquai  aussi  quelques  scarifications  autour  de  la  verge,  ce  qui 
la  dégorgea  et  calma  beaucoup  les  douleurs  auxquelles  le  malade  était  en 
proie.  Le  quatrième  jour,  je  remarquai  au-dessus  de  la  couronne  du  gland  un 
petit  point  abcédé  par  où  suintait  une  matière  visqueuse.  Après  quelques 
recherches,  je  parvins  à  découvrir  le  dragonneau,  que  je  saisis  et  fixai  au  de- 
hors, de  la  même  manière  que  le  précédent.  Le  traitement  fut  continué  pen- 
dant près  d'un  mois;  chaque  jour  j'en  faisais  sortir  une  portion,  et,  à  l'époque 
dite,  l'extraction  fut  complète  (2).  » 

G.  —  Cas  de  filaire  dans  l'aine. 

Cas  de  Clot-Bey. 
«  Un  nègre  du  Sennar,  âgé  d'environ  dix-neuf  ans,  en  Egypte  depuis  onze 
mois,  entre  à  l'hôpital,  le  1  0  mai  4  825,  se  plaignant  d'une  douleur  qu'il  rap- 
porte au  fémur  de  la  cuisse  droite.  Il  la  ressent  depuis  douze  jours,  mais  jus- 
qu'alors elle  ne  l'a  point  empêché  de  faire  son  service.  C'est  particulière- 
ment dans  le  pli  de  l'aine  qu'il  souffre  le  plus  vivement,  et  là  même  on  ob- 
serve une  tumeur  qui  simule  assez  bien  un  bubon  ;  il  y  a  fièvre  et  irritation 
dans  l'appareil  gastrique.  Le  malade  est  mis  à  la  diète  et  à  l'usage  des  bois- 
sons rafraîchissantes  ;  un  cataplasme  est  appliqué  sur  la  tumeur,  et  l'on  insiste 
sur  ces  moyens.  Le  4  6,  la  tumeur  s'abcède  naturellement  et  donne  issue  à 
une  assez  grande  quantité  de  pus  séreux,  ainsi  qu'à  une  portion  de  dragon- 
neau; le  ver  est  lié  comme  il  a  été  dit  dans  l'observation  précédente,  et  le 
troisième  jour,  il  est  entièrement  extrait.  Sa  longueur  est  de  six  pouces  (3).  » 

H.  —  Cas  de  filaire  à  la  main. 

I;  —  Avicenne  dit  avoir  observé  un  cas  de  filaire  à  la  main. 
II.  —  Ruysch  conservait  dans  son  musée  anatomique  une  main  disséquée 
avec  une  filaire. 

(1)  Clôt,  ouvr.  cit.,  p.  16,  obs.  iv. 

(2)  Gand,  chirurgien-major  dans  l'armée  d'Egypte,  Lettre  à  Clot-Bey,  ouvr.  cit., 
p.  27. 

(3)  Clôt,  ouw.  cit.,  p.  44,  obs.  il. 


IJNTERORGANIQUE.    —  LA.  FILAIRE  DE  L'HOMME.  725 

III.  — Àmouretli  observa  chez  un  nègre  six  Maires  dans  la  main,  qui  fut 
frappée  de  gangrène  (1). 

IV.  —  Dussap,  dont  nous  avons  parlé  déjà,  fut  atteint  d'une  filaire  à  la 
main,  o  Les  premiers  symptômes  s'annoncèrent  d'abord  par  un  prurit  dou- 
loureux sur  la  face  dorsale  de  la  première  phalange  du  doigt  indicateur  de  la 
main  gauche;  un  gonflement  vésiculeux  avec  douleur  ardente  succéda,  et  fit 
de  jour  en  jour  de  nouveaux  progrès.  Le  membre  correspondant  à  la  partie 
affectée  fut  envahi  en  entier.  La  main  était  surtout  le  siège  de  douleurs  violentes 
qui  arrachèrent  au  malade,  pendant  plusieurs  jours,  les  moindres  instants  de 
repos.  Personne  ne  soupçonnait  encore  la  nature  de  la  maladie,  à  laquelle  on 
n'opposa  que  l'application  des  cataplasmes  émollients  et  narcotiques,  un  ré- 
gime doux  et  des  boissons  propres  à  tempérer  la  fièvre.  Quelques  jours  se 
passèrent  dans  le  même  état,  et  la  nature  ouvrit  enfin  issue  au  ver  que  l'on 
retira  peu  à  peu  et  qui  fit  cesser  graduellement,  par  sa  sortie,  tous  les  sym- 
ptômes inquiétants  (2).  » 

V.  —  M...  rapporte  que,  dans  un  cas' de  filaire  à  la  main  qu'il  observa  au 
Sénégal,  «  un  phlegmen  diffus  enleva  presque  toutes  les  parties  molles,  dé- 
nuda les  métacarpiens  en  respectant  les  muscles  de  Féminence  thénar,  il 
n'y  eut  pas  d'hémorrhagie.  Le  traitement  dans  ce  cas  dura  près  de  deux 
mois.  » 

VI.  —  a  Dans  un  autre  cas,  un  dragonneau  plus  petit  que  le  précédent 
s'était  logé  de  telle  sorte  qu'il  était  contourné  autour  du  petit  doigt  sous  la 
peau  ;  il  fit  son  issue  dans  l'espace  interdigital  correspondant,  sans  accidents 
inflammatoires  (3).  » 

La  maladie  peut  se  terminer  heureusement  et  assez  promptement, 
comme  nous  venons  de  le  voir  dans  plusieurs  de  ces  observations. 
Quelquefois  la  filaire,  après  s'être  montrée  dans  un  abcès,  s'enfonce 
dans  les  chairs  et  ne  reparaît  plus  avant  longtemps;  tel  est  le  cas  de 
Drumont  rapporté  par  Bremser:  à  la  fin  de  novembre  (1791)  la 
filaire  qui  s'était  manifestée  par  de  la  douleur  et  de  la  gêne,  déter- 
mina un  abcès  qui  s'ouvrit  le  17  décembre,  et  l'on  put  y  sentir  la 
présence  du  parasite;  mais  elle  disparut  bientôt  et  ne  se  montra  plus 
qu'au  commencement  de  février,  époque  à  laquelle  on  put  la  saisir 
et  l'extraire  dans  l'espace  de  vingt  jours  (4). 

»  Quand  l'animal  est  situé  profondément,  dit  le  docteur  Clot-Bey, 
dans  quelques  cas,  tout  le  membre  se  tuméfie,  des  abcès  profonds  se 

(1)  Cité  par  Boudin,  ouvr.  cit. 

(2)  Cas  recueilli  par  M.  Cavalier  (Clot-Bey,  ouvr.  cit.,  p.  19,  obs.  vi). 

(3)  M*",  chirurgien  de  marioe,  dans  Cezilly,  thèse  cit.,  p.  32. 
(i)  Bremser,  Vers  intestinaux  de  l'homme.  Paris,  1824,  p.  224, 


726  AFFECTIONS  VERMINliUSKS  DU  TISSU   CELLULAIRE 

forment  et,  après  leur  ouverture,  il  en  résulte  des  conduits  fistuleux, 
d'où  il  s'écoule  un  pus  séreux,  pendant  plusieurs  mois,  sans  que  le 
ver  paraisse.  Chez  deux  individus,  j'ai  vu  survenir  des  douleurs 
atroces  qui  produisaient  des  crampes  et  des  convulsions  vainement 
combattues  par  les  antiphlogistiques,  les  antispasmodiques  et  les 
narcotiques  les  plus  puissants. 

»  J'ai  vu  plusieurs  individus  chez  lesquels  il  s'était  formé  des 
abcès  profonds  et  des  fistules  d'où  le  ver  n'était  pas  sorti,  tomber 
dans  le  marasme  et  périr  (1).  » 

La  gangrène  survient  quelquefois  par  suite  de  l'inflammation  des 
parties  affectées,  mais  le  plus  souvent  elle  est  produite  par  la  rup- 
ture de  la  filaire. 

La  rupture  de  la  filaire  encore  engagée  dans  les  chairs  est  un  ac- 
cident des  plus  graves,  trop  souvent  mortel  ;  c'est  à  la  suite  de  cette 
rupture  que  Guénot  eut  l'occasion  de  faire  l'autopsie  que  nous  avons 
rapportée. 

Hemmersam,  atteint  de  deux  filaires  à  la  jambe  droite  et  d'une  à 
la  gauche,  put  extraire  les  deux  premières  sans  accidents  ;  la  troisième 
se  fit  jour  sous  le  talon  ;  déjà  sortie  d'une  demi-coudée,  elle  se  rompit 
et  rentra  dans  la  jambe  qui  se  tuméfia  d'une  manière  extraordi- 
naire. Hemmersam  fut  quatre  mois  sans  pouvoir  ni  marcher  ni  se 
tenir  debout  (2) . 

Cromer  éprouva,  par  suite  du  même  accident,  des  douleurs  telle- 
ment violentes  qu'il  dut  garder  le  lit  pendant  un  mois,  sans  pouvoir 
dormir  ni  apaiser  une  soif  ardente  qui  le  décorait. 

Le  célèbre  voyageur  James  Bruce,  après  la  rupture  d'une  filaire 
qu'il  avait  à  la  jambe,  éprouva  pendant  trente-cinq  jours  les  dou- 
leurs les  plus  atroces,  et  fut  une  année  entière  à  se  rétablir  (3). 

Le  docteur  Maruchi  atteint  de  vingt-huit  filaires  à  la  fois,  après 
avoir  éprouvé  les  symptômes  ordinaires  de  la  maladie,  parvint  à  les 
extraire  toutes  à  l'exception  de  quatre  qui  se  rompirent  :  «  cet  acci- 
dent me  fit  éprouver  des  douleurs  atroces,  dit-il,  les  parties  se  tumé- 
fièrent dans  toute  l'étendue  des  membres;  l'inflammation  devint  des 
plus  intenses,  se  généralisa,  me  donna  une  fièvre  continue  ;  et,  à  deux 
reprises,  la  gangrène  se  manifesta  dans  les  plaies,  sans  amener  d'au- 

(i)Dr  Ciot,  p.  II. 

(2)  Hemmersam,  dans  Velsch,  ouvr.  cit.,  p.  315. 

(3)  Au  Rapport  de  Bremser,  p.  244  ;  je  n'ai  pas  trouvé  la  mention  de  ces  cir- 
constances dans  le  Voyage  en  Abyssinie  de  J.  Bruce. 


ÏNTERORGANIQUE.    —  LA  PILAIRE   DE  L'HOMME.  727 

très  conséquences  qu'une  suppuration  abondante  et  de  longue  durée; 
avec  elle  les  vers  se  donnèrent  issue  par  fragments  et  la  cicatrice  se 
forma.  Je  n'ai  employé  d'autres  topiques,  pendant  le  cours  de  ma 
maladie,  que  les  cataplasmes  émollients  et  des  plumasseaux  enduits 
de  cérat  de  Galien. 

»  La  fièvre  continue,  les  grandes  pertes  de  substance,  les  dou- 
leurs aiguës,  et  la  diète  que  j'observai  pendant  le  cours  de  cette 
longue  maladie,  me  jetèrent  presque  dans  un  état  de  marasme  qui 
m'empêcha  de  faire  les  expériences  que  j'avais  projetées  sur  le  dra- 
gonneau,  et  ne  me  laissa  d'autre  désir  que  celui  de  retourner  en 
Egypte  le  plus  tôt  possible  (1).  » 

A  la  suite  des  accidents  de  la  rupture  du  dragonneau,  Dubois  ob- 
serva le  raccourcissement  et  des  difformités  des  jambes  (2). 

La  gravité  de  la  rupture  de  la  filaire  est  attribuée  par  Hunter  à 
la  mort  de  l'animal  qui  agirait  alors  comme  corps  étranger  (3).  Cette 
explication  n'est  pas  admissible.  Le  filament  que  forment  les  tégu- 
ments fibreux  de  la  filaire  ne  peut  agir  autrement  qu'un  fil,  qu'un 
séton  passé  dans  les  chairs.  Un  séton  n'occasionnerait  probablement 
point  tant  de  désordres.  Il  n'est  pas  bien  certain  d'ailleurs  que  la 
rupture  de  cet  entozoaire  en  détermine  la  mort  :  plusieurs  observa- 
teurs rapportent  qu'à  la  suite  de  sa  rupture,  ils  ont  vu  le  dragonneau 
s  enfoncer  dans  les  chairs  et  disparaître  ;  Hemmersam  le  dit  de  celui 
dont  il  souffrit  si  longtemps  [disruptus  retrocessit).  La  même  chose 
arriva  au  dragonneau  dont  Lister  fut  attaqué.  •<  Quand  cinq  quarts 
d'aune  de  cet  animal  furent  extraits,  il  se  déchira  par  suite  d'une 
trop  forte  traction  ;  il  s'enfonça  alors  plus  profondément  et  produisit 
au  mollet  une  tuméfaction  tellement  considérable,  que  l'on  craignait 
la  rupture  de  la  peau  à  cet  endroit.  Lister  avait  en  même  temps  des 
insomnies  accompagnées  d'une  forte  fièvre  et  il  fut  obligé  de  garder 
le  lit  pendant  trente  jours.  Le  dragonneau  se  montra  dans  différents 
endroits  du  pied  ;  son  chirurgien  appliqua  des  remèdes  qui  causèrent 
probablement  la  mort  du  ver,  et  la  guérison  eut  lieu  (4).  » 

Gallandat  dit,  en  parlant  d'un  dragonneau  qu'il  traitait  chez  un 
matelot  :  «  Les  plus  grandes  précautions  n'ayant  pu  empêcher  qu'il 
ne  se  rompît  à  la  distance  d'un  demi-pied  de  longueur,  je  fus  tout 

(1)  Maruchi  dans  Clôt,  p.  30,  lett.  cit. 

(2)  Mém.  cit.  et  Bremser,  p.  243. 

(3)  Hunter,  cité  par  Bremser  p.  245. 

(4)  Bremser,  Fers  intestinaux  de  t'hommc.  Paris,  1824,  p.  246. 


728  AFFECTIONS   VliRMINLUSliS  DU    TISSU    CliLLULAIUK 

étonné  de  le  voir  se  procurer  une  seconde  issue,  quinze  jours  après, 
sans  presque  aucune  inflammation  ;  j'eus  même  la  satisfaction,  cette 
fois,  d'en  faire  l'extraction  sans  accident,  et  d'en  voir  remuer  plu- 
sieurs fois  le  bout  (1).  » 

"  Chez  unenégresse,  dit  le  même  observateur,  le  ver  situé  au  coude 
se  rompit;  l'inflammation  survint  accompagnée  d'une  fièvre  et  d'un 
délire  si  violents  qu'il  y  avait  tout  à  craindre  pour  la  malade...  Les 
symptômes  cessèrent  entièrement  sitôt  que  le  ver  se  fui  fait  une 
autre  issue  par  laquelle  je  réussis  à  l'extraire  d'un  bout  à  l'autre  (2).  » 

M.Maisonneuve,  ayant  rompu  l'extrémité  d'une  filaire  qu'il  vou- 
lait extraire,  dit:  »  Un  instant  après  le  ver  rentra  complètement.  » 

Enfin,  M.  Cezilly  donne  une  observation  dans  laquelle  une  filaire, 
plusieurs  fois  rompue,  s'est  enfoncée  chaque  fois  dans  la  plaie  où 
elle  reparaissait  quelques  jours  après  (3) . 

Ces  faits  ne  sont  peut-être  pas  suffisants  pour  permettre  d'affirmer 
que  la  déchirure  du  ver  ne  détermine  pas  sa  mort,  mais  ils  suffiront 
pour  laisser  dans  le  doute  l'explication  de  Hunter  ;  d'un  autre  côté, 
quelques  médecins  ou  des  guérisseurs  cherchent  à  obtenir  la  mort  du 
ver  par  des  médicaments  appliqués  à  l'extérieur,  et  prétendent  que 
la  guérison  se  fait  quelquefois  sans  la  sortie  de  la  filaire. 

D'après  toutes  ces  raisons,  l'explication  de  Hunter  ne  nous  paraît 
pas  admissible,  et  la  cause  des  accidents  redoutables  qui  suivent  la 
rupture  du  dragonneau  est  encore  à  trouver.  Nous  sommes  disposé 
à  penser  que  les  embryons  de  ce  ver,  dont  le  nombre  est  prodigieux, 
se  répandant  parmi  les  chairs,  provoquent  une  inflammation  vive  des 
parties  environnantes,  et  les  désordres  consécutifs. 

Quant  à  la  crainte  exprimée  par  M.  Dujardin  (4)  de  voir  ces  em- 
bryons se  développer  et  infester  le  malade  de  nouvelles  filaires,  elle 
est  certainement  chimérique.  Dans  les  cas  rapportés  ci-dessus  et  dans 
bien  d'autres  dont  nous  avons  pris  connaissance,  on  n'a  point  vu  de 
nouvelles  filaires  apparaître  après  un  espace  de  temps  suffisant  à 
leur  développement,  c'est-à-dire  trois  mois,  six  mois,  un  an  après 
la  rupture  de  la  première.  Lorsque  ces  vers  sont  nombreux,  ils  se 

(1)  Mém.  cit.,  p.  25. 
.     (2)  Mém.  cit.,  p.  26. 

(3)  Cezilly,  Thèse  cit.,  p.  23. 

(4)  M.  Dujardin,  ouvr.  cit.,  p.  45,  s'exprime  ainsi  :  «Dans  ce  cas  si  l'on  brisait 
la  filaire,  le  remède  serait  pire  que  le  mal,  puisque  tous  les  petits  vivants  qui 
remplissent  le  corps  de  cet  helminthe  se  répandraient  dans  la  plaie  et  pourraient 
se  développer  ultérieurement  en  grand  nombre,  » 


LMTEU0R(JAN1<>UE.    —   LA   FILAIRK  DE  L'HOMME.  729 

montrent  tous  ensemble,  ainsi  que  l'observe  Bajon  (1),  ou  bien  dans 
un  espace  de  temps  très  court,  qui  ne  permet  pas  de  supposer  que 
les  uns  ont  été  engendrés  par  les  autres  ;  dans  tous  les  cas  de  rup- 
ture du  'dragonneau  qui  nous  soient  connus,  la  guérison,  une  fois 
obtenue,  s'est  maintenue  complète  (2). 


CHAPITRE   VI. 

TRAITEMENT. 

L'extraction  du  ver  par  l'ouverture  qu'il  s'est  formée  ou  par  une 
incision,  a  été  pratiquée  de  tout  temps.  Ce  mode  de  traitement  a  été 
indiqué  successivement  par  les  médecins  grecs,  parles  Arabes  et  les 
modernes.  Les  médecins  indiens  emploient  l'incision  transversale  de 
la  peau  qui  recouvre  le  ver  ;  les  habitants  du  Sennar  et  du  Cordofan 
percent  les  téguments  enflammés  avec  un  fer  aigu  incandescent;  les 
uns  et  les  autres  saisissent  ensuite  le  ver  et  l'enroulent  sur  un  mor- 
ceau de  bois. 

Le  traitement  doit  varier  selon  les  parties  que  le  ver  occupe,  selon 
sa  situation  dans  ces  parties,  selon  les  symptômes  auxquels  il  donne 
lieu.  «  Dans  les  cas  simples,  dit  le  docteur  Clot-Bey  qui  a  acquis 
une  grande  expérience  de  cette  maladie,  on  peut  laisser  agir  la  na- 
ture et  attendre  que  le  ver  s'ouvre  spontanément  une  issue  ;  mais 
aussitôt  qu'il  s'en  présente  une  partie,  il  faut  la  lier  avec  un  fil  de  soie 
qu'on  attache  à  un  petit  cylindre  de  diachylon  autour  duquel  on  roule 
le  ver,  en  exerçant  des  tractions  modérées  jusqu'à  ce  qu'on  éprouve 
de  la  résistance  ;  les  deux  extrémités  du  rouleau  sont  aplaties  et  ser- 
vent à  le  fixer  au  voisinage  de  l'abcès  sur  lequel  on  applique  un 
plumasseau  enduit  de  cérat  ou  un  cataplasme  émollient,  selon  le 

(1)  Mém.  cit..,  p.  334. 

(2)  Il  se  peut  que  dans  un  certain  nombre  de  cas,  les  malades  aient  été  perdus  de 
vue  par  le  médecin  qui  a  rapporté  le  fait,  mais  souvent  aussi  ce  fait  a  été  rapporté 
plusieurs  années  après  l'accident,  par  le  malade  lui-même  :  tels  sont  les  cas  cités 
ci-dessus  de  Hemmersam,  Cromer,  James  Bruce,  Lister,  Maruchi,  auxquels  j'ajou- 
terai le  cas  de  Heinzel  qui  fut  atteint  au  cap  Corse  de  deux  fllaires  dont  l'une  se 
rompit  et  occasionna  des  accidents  sérieux;  le  fait  fut  rapporte  plusieurs  années 
après  à  Velsch  parle  malade  lui-môme;  —le  casdeDampier  qui  écrivit  l'histoire  de 
son  voyage  longtemps  après  son  accident  {ouur.  cit.,  t.  III,  p.  340);  —  le  cas  de 
M.  Dot,  instructeur  français  au  service  du  pacha  d'Egypte,  publié  plusieurs  années 
après  par  Clot-Bey;  —  trois  cas  rapportés  par  M.  Cezilly,  dans  lesquels  les  malades 
guéris  ont  été  revus  environ  un  an  après,  etc. 


730  AFFECTIONS   VliRMINEUSKS   DU   TISSU    CELLULAIRE 

degré  d'irritation.  A  chaque  pansement  on  fait  de  nouvelles  trac- 
tions, et  l'on  continue  jusqu'à  la  sortie  entière  de  l'animal... 

»  Lorsque  le  ver  ne  s'est  pas  fait  jour  lui-même  et  qu'il  se  trouve 
placé  assez  superficiellement  pour  être  senti  au  toucher,  on  pratique 
une  incision  sur  son  trajet,  on  le  saisit  aussi  près  que  possible  de  son 
centre,  et  on  le  lie  comme  il  a  été  dit  ;  de  cette  manière,  on  amène 
ses  deux  extrémités  à  la  fois  (1).  » 

Lœffler,  Peré,  Ninian  Bruce  avaient  déjà  indiqué  et  suivi  cette 
pratique  avec  succès. 

La  filaire  peut  être  quelquefois  extraite  en  peu  d'heures.  Dans  le 
plus  grand  nombre  des  cas,  cette  extraction  n'a  lieu  qu'après  huit, 
quinze  et  vingt  jours.  Dans  des  cas  assez  rares,  ce  n'est  qu'après  un 
mois  et  six  semaines  que  l'on  parvient  à  débarrasser  complètement 
le  malade.  Ces  différences  tiennent  à  la  longueur  du  ver  et  à  sa  situa- 
tion dans  les  parties. 

Dans  quelques  cas  le  dragonneau  produit  des  douleurs  atroces  ac- 
compagnées de  crampes  et  de  convulsions  que  ne  peuvent  calmer  les 
antiphlogistiques,  les  antispasmodiques  ni  les  narcotiques  les  plus 
actifs.  Ces  accidents  cèdent  quelquefois,  suivant  M.  Clot-Bey ,  à  l'ap- 
plication d'un  bouton  de  feu. 

Lorsque  la  filaire  se  rompt,  les  accidents  graves  qui  surviennent 
demandent  un  traitement  énergique  :  des  incisions  profondes,  de 
larges  débridements  seraient  sans  doute  les  moyens  les  plus  effi- 
caces; ils  auraient  encore  l'avantage,  si  les  embryons  répandus  dans 
les  chairs  sont  la  cause  des  accidents,  de  leur  fournir  une  issue  facile 
et  prompte. 

M.  Dot,  instructeur  français  au  service  du  pacha  d'Egypte,  atteint 
au  pied  droit  de  plusieurs  filaires  qui  furent  déchirées,  souffrit  de 
douleurs  vives,  de  fièvre,  etc.  «  Malgré  l'emploi  des  cataplasmes, 
l'état  du  pied  et  de  la  jambe  devient  de  plus  en  plus  alarmant.  Le 
gonflement  est  prodigieux,  il  s'étend  jusqu'au-dessus  de  l'articula- 
tion du  genou.  Les  douleurs  sont  intolérables,  la  fièvre  est  très  in- 
tense, enfin  l'ensemble  des  symptômes  est  tel  qu'on  pense  que  l'am- 
putation est  le  seul  moyen  de  salut  ;  elle  n'est  cependant  pas  prati- 
quée, on  se  contente  de  faire  de  profondes  incisions  sur  les  divers 
points  où  se  trouvaient  les  dragonneaux,  qui  donnent  issue  à  une 
grande  quantité  de  matière  purulo-sanguinolente,  ainsi  qu'aux  por- 
tions de  vers  qui  n'ont  pu  être  extraites,  et  dont  la  longueur  est  bien 

(1)  Clot,  ouvr.  cit.,  p.  10. 


INTERORGANIQUE.    —  LA  FILA1RE   DE   L'HOMME.  731 

différente.  Il  n'est  resté  du  premier  et  du  deuxième  que  quatre  pouces 
environ,  du  troisième  sept,  et  du  quatrième  deux.  Dès  ce  moment 
tous  les  symptômes  s'amendent  ;  l'état  du  malade  s'améliore  de  jour 
en  jour  par  la  seule  application  des  cataplasmes  et  l'usage  des  bains. 
Enfin,  arrivé  au  quinzième  jour  à  dater  des  incisions  pratiquées, 
M.  Dot  commence  à  mouvoir  son  membre  et  fait  quelques  pas,  et  se 
trouve  à  même  de  reprendre  ses  fonctions  (1).    » 

La  rapidité  de  la  guérison  est  remarquable,  si  l'on  compare  ce  cas 
à  ceux  dont  nous  avons  parlé  et  surtout  à  celui  du  docteur  Maruchi 
(voy.  p.  726).  Les  incisions  multiples  et  profondes  ne  sont  sans 
doute  pas  étrangères  à  ce  résultat. 

De  nombreux  médicaments  ont  été  conseillés  et  administrés  au- 
tant pour  prévenir  que  pour  guérir  la  maladie. 

L'asa  fœtida  a  été  surtout  préconisée  comme  moyen  prophylac- 
tique ;  plusieurs  auteurs  disent  que  l'usage  de  cette  substance  pré- 
vient l'invasion  de  la  filaire  (2),  ou  détermine  son  expulsion  plus 
prompte.  D'après  Dubois,  les  brahmanes,  qui  assaisonnent  très  for- 
tement leurs  mets  avec  de  l'asa  fœtida,  ne  sont  jamais  incommodés 
parle  dragonneau  (3). 

L'aloès,  l'ail,  le  poivre,  le  camphre,  le  tabac,  le  soufre,  les  prépa- 
rations mercurielles,  soit  administrés  à  l'intérieur,  soit  appliqués  à 
l'extérieur,  ont  été  conseillés  et  employés  ;  mais  tous  ces  médica- 
ments sont  restés  inefficaces  entre  les  mains  d'observateurs  judicieux. 
Les  nègres  en  Afrique  et  les  Indiens,  dit-on,  font  usage  de  quelques 
plantes  qui  déterminent  la  mort  du  ver.  Ces  plantes  n'ont  point  été 
expérimentées  par  des  hommes  capables  d'en  apprécier  l'efficacité  ; 
toutefois  M.  Ferrari  dit  avoir  employé  avec  succès  celle  que  l'on  con- 
naît dans  le  Cordofan  sous  le  nom  de  sallala  (4). 

L'incinération  des  filaires,  des  linges  et  des  pièces  de  panse- 
ment, la  préservation  des  pieds  contre  la  poussière  ou  l'humidité 
par  une  chaussure  convenable,  seraient  des  moyens  prophylactiques 
à  mettre  en  usage  dans  les  contrées  où  la  filaire  est  endémique. 

(1)  Clôt  Bey,  ouvr.  cit.,  p.  20,  obs.  vu,  recueillie  par  M.  Cavalier. 

(2)  Watson,  Praticeofphysics,  New- York,  1845. 

(3)  Mém.  cit.  et  Bremser,  p.  238. 
(■i)  Lettre  à  Clôt  Bey,  citée. 


LIVRE  QUATRIEME. 

*  lits  dans   »i<:s  ob6«;a\i;s  hhiiibais 

PREMIÈRE    PARTIE. 

AFFECTIONS  VERMINEUSES   DE    L'AFPAREIL  DE    LA  VISION. 

L'appareil  de  la  vision,  chez  divers  animaux,  possède  des  vers 
qui  lui  sont  propres  ;  mais  ceux  que  l'on  rencontre  le  plus  communé- 
ment chez  l'homme  et  chez  les  animaux  domestiques,  sont  les  ento- 
zoaires  qui  vivent  dans  les  cavités  séreuses  ou  dans  le  tissu  cellulaire 
des  autres  parties  du  corps. 

Nous  nous  occuperons  successivement  des  vers  du  globe  oculaire, 
et  de  ceux  des  annexes  de  l'œil. 


PREMIERE    DIVISION. 

VERS  DANS  LE  GLOBE  OCULAIRE. 

La  présence  d'un  ver  dans  l'intérieur  de  l'œil  a  été  signalée  pour 
la  première  fois  par  Spigel,  en  1622  (1);  il  s'agit  d'une  filaire  dans 
l'œil  du  cheval.  En  1782,  un  nouveau  cas  de  ce  genre  excita  la  curio- 
sité publique  aux  Etats-Unis.  On  annonça  dans  les  journaux  qu'un 
cheval  avait  un  serpent  dans  l'œil;  on  le  fit  voir  publiquement  à  Phi- 
ladelphie. John  Morgan  (2),  et  Hopkinson  (3)  rapportent  les  circon- 
stances du  fait.  Un  ver  semblable  observé  à  Vienne  en  1804,  un 

(1)  Rhodius  rapporte  le  fait  en  ces  termes  :  «  Vitreum  oculi  humorem  non  in- 
flaramari  tantum,  sed  etiam  putrescere,  argumento  est,  anno  1622,  ab.  Ad.  Spi- 
gelio  reperlus  in  vitreo  humore  oculi  equi  vermiculus...  »  Joan.  Rhodii,  Observ. 
méd.,  cent.  I,  obs.  lxxxi,  p.  53.  Patavii,  1657.  —  Voy.  aussi  Bonet,  Sepulc, 
lib.  I,  sect.  XVIII,  obs.  vi,  t.  I,  p.  422. 

(2)  John.  Morgan,  Sur  un  serpent  vivant  dans  Vœild'un  cheval,  in  Transact.  of 
the  American,  philosoph.  Society,  held  atPhiladelphia...,  t.  II,  p.  383. 

(3)  F.  Hopkinson,  Account  of  a  worm  iw  horse's  eue.  Transactions  citées  ci- 
dessus,  t.  II,  p.  183  et  Med.  comment,  vol.  XI,  p.  166,  1784. 


GLOBE   OCULAIRE   CHEZ   L'HOMME.  733 

autre  en  France  en  1812,  dans  l'œil  d'une  vache,  plusieurs  mé- 
moires publiés  de  1815  à  1830  sur  l'existence  fréquente,  aux  Indes, 
d'un  ver  dans  l'œil  du  cheval  et  de  l'âne,  établirent  dans  la  science 
la  réalité  d'un  fait  qu'on  eût  volontiers  relégué  parmi  les  fables. 

Jusqu'alors  il  ne  s'agissait  que  d'une  filaire  dans  la  chambre  an- 
térieure de  l'œil  de  grands  animaux.  En  1830,  à  Berlin,  Nordmann 
et  Krohn,  se  livrant  à  des  travaux  anatomiques  sur  l'œil  de  quelques 
poissons,  remarquèrent,  dans  l'humeur  vitrée,  des  corpuscules  blan- 
châtres qui  semblaient  se  mouvoir.  Ils  ne  tardèrent  pas  à  reconnaître 
dans  ces  corpuscules  de  véritables  helminthes.  Cette  observation  fut 
pour  Nordmann  l'occasion  de  nombreuses  et  intéressantes  recher- 
ches. Le  savant  naturaliste  reconnut  qu'il  existe  des  entozoaires  dans 
l'œil  chez  des  mammifères,  des  oiseaux,  des  reptiles  et  des  poissons, 
et  dans  l'œil  de  l'homme  même  (1).  Gescheidt,  oculiste  à  Dresde, 
rapporta  ensuite  sur  ce  sujet  quelques  faits  nouveaux  (2)  ;  M.  Rayer 
enfin,  dans  un  important  travail,  réunit  les  observations  publiées 
jusqu'alors  par  divers  auteurs,  observations  auxquelles  il  ajouta  le 
résultat  de  nombreuses  recherches  qui  lui  sont  propres  (3).  C'est 
dans  ce  savant  mémoire  que  nous  avons  puisé  le  plus  grand  nombre 
des  faits  dont  il  va  être  question. 


PREMIERE  SECTION. 

VERS     DE     L'OEIL     CHEZ     L'HOMME. 

Les  vers  observés  dans  l'œil  chez  l'homme  sont  des  cestoïdes,  des 
trématodes  et  des  nématoïdes. 

Aux  cestoïdes  appartiennent  : 

h'echinococcus.  [Synops.,  n°  7.) 

Le  cysticercus  celluloses.  [Synops.,  n°  9.) 

(1)  Alexandre  de  Nordmann,  Mikrographische  Beilrœge  zur  Naturgeschickle  der 
Wirbcllosen  ihiere,  1"  cahier  avec  planches  in-4°,  p.  1  à  5i,  Berlin,  1832,  et 
Archiv.  de  inéd.  comparée,  par  Rayer,  fasc.  2,  p.  67,  18i3. 

(2)  Gescheidt,  Die  Enlosoen  des  auges,  eine  naturhistorische  ophthalmologische 
skizse,  in  Zeitschrift  fur  die  ophthalmologie,  etc.,  von  F.  A.  Aramon,  t.  III,  1833, 
S.  40a. 

(3)  P.  Rayer,  Noie  additionnelle  sur  les  vers  observés  dans  l'œil  ou  dans  l'orbite 
des  animaux  vertébrés  (Archives  de  médecine  comparée,  fasc.  2,  p.  113,  Paris, 
1813). 


734        AFFECTIONS  VERMINEUSES  DE   L'APPAREIL  DE  LA  VISION. 

Aux  trématodes  : 

Le  monostomum  lentis.  (Synops.,T\0  33.) 

Le  distomum  ophlhalmobium.       (Synops.  n°  39.) 

Aux  nématoïdes  : 

Lafilaria  lentis.  [Synops., n°  76,  A.) 

\j*,fdaria  oculi  humant  ?  (Synops.,  n°  76,  B.) 

A  l'exception  du  cysticerque,  toutes  ces  espèces  de  vers  n'ont  été 
observées  qu'un  petit  nombre  de  fois.  La  filaire,  le  monostome  et  le 
distome  ont  été  trouvés  dans  le  cristallin  affecté  de  cataracte;  une 
autre  filaire  dans  la  chambre  antérieure  ;  le  cysticerque  a  été  vu 
dans  toutes  les  régions  de  l'œil,  excepté  dans  le  cristallin.  Depuis 
l'invention  de  l'ophthalmoscope,  la  présence  de  ce  dernier  ver  dans 
l'œil  a  été  signalée  assez  fréquemment. 

Article  premier.  —  Dans  le  cristallin ,  les  cas  aujourd'hui 
connus  sont  au  nombre  de  cinq  : 

Ier  Cas  (Nordmann).  —  Filaire. 

En  novembre  <  831 ,  ayant  reçu  de  Graefe  deux  cristallins  affectés  de  ca- 
taracte lenticulaire^qui  avaient  été  extraits  à  un  homme  âgé,  Nordmann  trouva, 
dans  l'humeur  de  l'un  de  ces  cristallins,  deux  anneaux  fins  et  extrêmement 
délicats  où  le  microscope  fit  reconnaître  distinctement  des  filaires  en- 
roulés (1). 

IIe  Cas  (Nordmann).  —  Filaire. 

En  4  832,  Nordmann  trouva  dans  un  cristallin  affecté  de  cataracte  (cala' 
racla  lenticularis  vîridis),  un  filaire  vivant;  il  était  enfoncé  dans  la  capsule.  Ce 
cristallin  avait  été  extrait  de  l'œil  d'une  vieille  femme  par  le  professeur 
Jiingken  (2). 

IIIe  Cas  (Gescheidt).  —  Filaire. 

«  Chez  un  homme  de  soixante  et  un  ans,  affecté  d'une  double  cataracte 
lenticulaire  molle  et  pulpeuse  à  l'intérieur,  mais  présentant  à  son  centre  un 
noyau  plus  dur,  le  professeur  Ammon  fit  l'opération  par  extraction  du  côté 
droit  et  par  abaissement  du  côté  gauche;  il  me  donna  à  examiner  le  cristallin 
qu'il  avait  extrait;  il  était  assez  volumineux,  coloré  à  l'extérieur  en  jaune  brun; 
il  offrait  la  consistance  d'une  bouillie.  La  partie  centrale  était  d'un  jaune  plus 

(1)  Nordmann,  mém.  cité,  Ie'  cahier,  et  Rayer,  mém.  cité,  p.  72. 

(2)  Nordmann,  mém.  cit.  2'"  Hep.,  t.  IX,  et  Rayer,  mém.  cit.,  p.  114. 


GtOBE  OCULAIRE  CHEZ  L'HOMME.  735 

clair  et  avait  un  reflet  opalin  particulier.  Placée  sous  le  microscope,  la  sub- 
stance du  cristallin  présentait  un  aspect  singulier:  les  fibres,  qui  dans  l'état 
normal  du  cristallin  sont  disposées  par  lamelles  régulières,  étaient  plus  mar- 
quées que  d'ordinaire,  mais  semblaient  se  confondre  et  se  croisaient  fréquem- 
ment. Du  côté  interne  du  cristallin,  où  les  fibres  étaient  plus  confondues  que 
partout  ailleurs,  sans  que  Ton  cessât  cependant  de  pouvoir  en  reconnaître  la 
direction  delà  périphérie  au  centre,  existaient  trois  Glaires...  (1).  » 

IVe  Cas  (Nordmann).  —  Monostome. 

Dans  un  cristallin  affecté  de  cataracte  que  le  professeur  Jiingken  avait  ex- 
trait chez  une  femme  âgée,  Nordmann  trouva  huit  monostomes,  qui  étaient 
logés  dans  les  couches  superficielles  de  la  substance  de  la  lentille.  Dans  ce 
cas,  comme  dans  le  second  de  filaire  rapporté  ci-dessus,  la  cataracte  était  en 
voie  de  formation;  les  cristallins  n'éiaient  pas  encore  obscurcis  et  leur  sub- 
stance avait  encore  de  la  mollesse  (2). 

Ve  Cas  (Gescheidt  et  Ammon).  —  Distome. 

Chez  un  enfant  de  cinq  mois,  venu  au  monde  avec  une  cataracte  lenticu- 
laire, accompagnée  d'une  opacité  partielle  de  la  capsule,  le  professeur  Ammon 
et  Gescheidt  trouvèrent  des  distomes  au  nombre  de  quatre  ;  ces  vers  étaient 
logés  entre  le  cristallin  et  la  capsule  ;  en  examinant  celle-ci  par  sa  face  ex- 
terne, on  pouvait  reconnaître,  à  de  petites  taches  opaques,  le  lieu  qu'ils  occu- 
paient (3). 

L'enfant  était  mort  d'une  atrophie  mésentérique.  Le  professeur  Ammon  a 
publié  les  détails  de  la  maladie  et  de  l'autopsie  (4). 

Les  vers  dans  le  cristallin  sont  rares  :  nous  ne  croyons  pas  que 
depuis  1834  on  en  ait  signalé  de  nouveaux  cas.  Nordmann  rapporte 
qu'il  a  examiné  encore  plusieurs  cristallins  cataractes  sans  y  trouver 
de  vers,  et  Gescheidt  en  a  cherché  en  vain  dans  trois  autres  cas  de 
cataracte  et  dans  quatre  cas  de  trouble  des  humeurs  de  l'œil  ;  enfin 
M.  Rayer  a  examiné  avec  soin,  à  la  loupe  et  au  microscope,  cinq  cris- 
tallins atteints  de  cataracte  membraneuse  et  quatorze  de  cataracte 
lenticulaire,  sans  y  rencontrer  d'entozoaire.  Depuis  la  publication  du 
mémoire  où  ce  fait  est  consigné,  M.  Rayer  eut  l'occasion,  ainsi  que 
nous-même,  d'examiner  encore  bien  des  cristallins  atteints  de  cata- 
racte, mais  nous  n'y  avons  jamais  vu  de  vers. 

Article  II.  —  Dans  la  chambre  antérieure  de  l'œil,  on  a  observé 

(1)  Gescheidt,  mém.  cit.,  et  Rayer,  archiv.  cit.,  fasc.  2,  p.  115. 

(2)  Nordmann,  mém.  cit.,  p.  ix,  et  Rayer,  archiv.,  fasc.  2,  p.  116.       * 

(3)  Gescheidt,  mém.  cit.,  et  Rayer,  archiv.  cit.,  fasc.  2,  p.  116. 

(4)  Zeitschrift  fur  die  ophlhalm.,  3  Band  s.  74. 


73f>        AFFECTIONS   VRl!MINr.U:,i:S   DE   I.' A P.'A «l- 1 1.   I)K   r.A    VISION. 

une  fois  un  ver  nématoïde  ot  quatre  fois?  le  cysticerqùe  ladriqin''. 
Dans  ces  quatre  cas,  le  ver  était  libre,  et  n'a  été  reconnu  qu'à  la 
suite  d'une  ophthalmie.  Le  troisième  cas  est  incertain. 

Ier  Cas  (Sœmhemng  et  Sciiott).  —  Cysticerqùe  ladrique. 

«  Chez  une  jeune  fille  de  dix-huit  ans  (182!)),  d'ailleurs  bien  portante,  se 
montra  dans  la  chambre  antérieure  de  l'œil  gauche  un  cysticerqùe  (cysticercus 
cellulosœ)  de  la  grosseur  d'un  grain  de  vesce.  Il  paraît  s'être  développé  après 
une  violente  ophthalmie ,  du  moins  la  petite  tache  trouble  ou  pellicule  pour 
laquelle  on  prenait  ce  ver  au  commencement  no  fut  remarquée  que  peu  de 
temps  après  la  maladie  de  l'œil.  Je  le  vis  et  le  dessinai  environ  deux  mois 
après  cette  inflammation,  dont,  au  reste,  les  traces  avaient  si  complètement 
disparu  que  l'on  remarquait  seulement  une  légère  coloration  en  rouge  quand 
l'œil  était  échauffé.  En  oulre  ce  ver  n'excitait  point  de  douleur  ;  à  peine  cau- 
sait-il un  léger  sentiment  désagréable  lorsqu'il  se  mouvait  un  peu  plus  fort, 
et  il  n'empêchait  la  vue  que  lorsqu'il  s'avançait  au-devant  de  la  pupille.  Ordi- 
nairement il  reposait  au  fond  de  la  chambre  antérieure,  absolument  comme  une 
capsule  du  cristallin  non  complètement  dissoute  et  tombée  dans  cette 
chambre,  et  il  se  présentait  comme  une  boule  passablement  diaphane  qui 
n'offrait  qu'en  un  point  une  saillie  d'un  blanc  laiteux  et  non  transparente.  De 
ce  point,  on  voyait  par  fois  sortir  spontanément  ou  à  l'aide  d'un  doux  frotte- 
ment pratiqué  sur  l'œil,  la  partie  épaisse,  plisséa  du  cou.  Alors  s'avançait 
aussi  la  partie  mince,  filiforme  de  ce  corps,  laquelle  se  terminait  par  la  tête... 
Après  être  resté  sept  mois  dans  l'œil,  et  avoir  cru  du  double  pendant  le  temps 
de  l'observation,  c'est-à-dire  avoir  acquis  la  grosseur  d'un  pois,  le  ver  fut  ex- 
trait, encore  vivant,  par  le  docteur  Schott  au  moyen  d'une  petite  incision  dans 
la  cornée  et  d'une  petite  pince...  (1).  » 

IIe  Cas  (Logan).  —  Cysticerqùe  ladrique. 

«  A.  B...,âgé  de  sept  ans,  fut  présenté  au  docteur  R.  Logan,  vers  le  milieu 
de  janvier  1  833  ;  il  était  affecté  d'une  violente  ophthalmie  scrofuleuse  de  l'œil 
gauche,  avec  état  nébuleux  de  la  cornée  qui  menaçait  de  détruire  complè- 
tement la  vue.  Depuis  le  mois  d'août  1  832,  il  avait  eu  plusieurs  attaques  de 
cette  maladie.  Les  symptômes  inflammatoires  diminuèrent  graduellement 
après  l'application  d'un  vésicatoire  derrière  l'oreille  et  l'usage  de  quelques 
purgatifs.  Il  resta  cependant  une  légère  opacité  du  segment  inférieur  de  la 
cornée  suffisant  pour  obscurcir  la  vue,  mais  non  pas  pour  la  détruire  entiè- 
rement. Au  bout  d'une  semaine,  l'enfant  fut  amené  de  nouveau,  et,  en  exami- 
nant son  œil,  le  docteur  Logan  fut  fort  étonné  de  voir  un  corps  semi-diaphane, 
ayant  environ  deux  lignes  de  diamètre,  qui  flottait  dans  l'humeur  aqueuse  de 
la  chambre  antérieure.  Soumis  à  un  examen  minutieux,  il  parut  presque  par- 

(1)  Isis,  von  Oken,  p.  717,  1830,  et  Nordmann,  mém.  cit. 


GLOBE  OCULAIRE  CHEZ  L'HOiMME.  737 

faitement  sphérique,  poilant  à  sa  partie  inférieure  un  petit  appendice  blanc, 
allongé,  avec  une  extrémité  légèrement  renflée  ressemblant  beaucoup  à  la 
trompe  de  la  mouche  commune. 

»  L'œil  de  l'enfant  est  actuellement  dans  un  état  d'irritation  dû  probable- 
ment à  la  présence  de  ce  corps  étranger,  qui  exerce  un  frottement  continuel 
sur  la  surface  si  sensible  de  l'iris  et  sur  la  membrane  délicate  qui  tapisse  la 
cornée.  Quand  cet  animalcule  est  en  repos,  il  occupe,  comme  on  l'a  déjà  dit, 
la  moitié  inférieure  de  la  cornée,  et  s'élève  jusqu'à  la  moitié  du  disque  pupil- 
laire,  de  sorte  que  l'enfant  ne  peut  distinguer  les  objets  qui  sont  situés  en 
bas  et  est  obligé  de  les  élever.  Depuis  la  première  fois,où  ce  petit  être  a  été 
remarqué,  il  n'a  point  varié  dans  sa  grosseur.  » 

Le  cysticerque  n'a  point  été  extrait  (1). 

L'auteur,  à  la  suite  de  cette  observation,  fait  remarquer  que  les 
cas  d'hydatides  de  la  chambre  antérieure  de  l'œil,  rapportés  par  les 
anciens  auteurs,  et  entre  autres  celui  d'hydatides  dans  l'œil  qu'on 
trouve  dans  jRnst's  Magazine,  ne  sont  probablement  que  des  cas  de 
cristallin  sorti  de  sa  capsule  (2). 

IIIe  Cas  (Alessi).  —  Cysticerque  Incivique? 

«  Un  magistrat  de  l'Abruzze  intérieure,  âgé  de  trente  ans,  était  atteint 
d'une  kératite  chronique  et  rebelle  de  l'œil  gauche,  accompagnée  de  vascula- 
risalion  de  la  conjonctive.  En  examinant  cet  organe  avec  une  loupe,  on  y  vit 
un  ver,  qui,  de  la  chambre  postérieure  où  il  était  logé,  passa  tout  à  coup  dans 
la  chambre  antérieure,  en  se  plaçant  devant  la  moitié  inférieure  latérale  ex- 
terne de  l'iris,  de  manière  que  la  pupille  était  dégagée.  Lorsqu'on  le  regardait  à 
l'œil  nu,  il  avait  environ  deux  lignes  et  demie  de  longueur.  Sa  couleur  était 
d'un  blanc  terne  dans  ses  deux  tiers  inférieurs,  fusiforme,  de  couleur  laiteuse 
dans  son  tiers  supérieur;  dans  cette  dernière  portion,  le  ver  présentait  quatre 
prolongements  :  l'un  supérieur  qui  était  le  plus  long,  l'autre  inférieur  qui  était 
le  plus  court  et  deux  latéraux.  »  L'auteur  se  demande  si  ces  prolongements 
étaient  des  ventouses  et  si  le  ver  était  bien  un  cysticerque  ;  il  ne  peut  en  ré- 
pondre vu  les  difficultés  de  l'observation,  mais  il  affirme  avoir  constaté  ses 
mouvements  spontanés,  qu'il  décrit  avec  soin,  ainsi  que  son  passage  réitéré 
d'une  chambre  oculaire  dans  l'autre. 

Des  remèdes  internes,  des  vésicatoires  autour  de  l'orbite  pansés  matin  et 

(1)  Robert  Logan.  Animalcule  dans  l'œil  d'un  enfant  {The  Lancet,  30  mars  1 833. 
—  Archiv.  gén.  deméd.,  2e  série,  t.  I,  p.  573.  —  Rayer,  archiv.  cit.,  p.  117). 

Les  deux  faits  dont  il  vient  d'être  question,  attribués  à  tort  le  premier  à  Nord- 
mann,  le  second  à  Mackensie,  sont  rapportés  par  M.  Rognetta  {Tr.  d'ophthalm., 
p.  145,  146),  avec  des  inexactitudes  qui  pourraient  les  faire  prendre  pour  des  faits 
nouveaux. 

(2)  Cas  rapporté  par  Neumann,  dans  Rust'smagas.,  t.  XXXIII. 

DAVA1NE.  47 


738        AFFECTIONS   VIÏRMINEUSI-.S  DE   I.'aPPAKEIL   DE   LA    VISION. 

soir  avec  uno  pommade  composée  (Je  parties  égales  de  calomel  et  do  sanlo- 
nine  lirait  férir  le  ver,  qui  fui  résorbé  eu  moins  de  quarante  jours;  la  kéra- 
tite et  la  conjonctivite  ne  lardèrent  pas  à  disparaître  (  I  ). 

Il  est  difficile  de  reconnaître  un  cysticerque,  dans  l'animal  décrit 
par  M.  Alessi,  et  même  de  rapporter  cet  animal  à  quelque  enlo- 
zoaire  connu. 

IVe  Cas  (Edwin  Canton).  —  Cysticerque  ladrique. 

a  Un  enfant  de  dix  ans  fut  présenté  à  l'auteur  dans  l'état  suivant  :  dimi- 
nution graduelle  de  la  vue,  résultant  d'un  état  nébuleux  de  la  cornée  avec 
injeclion  des  vaisseaux  scléroticaux.  Peu  à  peu  la  partie  centrale  de  la  cornée 
fit  saillie  et  devint  plus  opaque  que  la  portion  qui  l'entourait.  L'enfant,  d'une 
constitution  délicate,  se  plaignait  d'éprouver  dans  l'œil  une  douleur  profonde 
et  constante  et  amaigrissait  à  vue  d'œil.  On  pensa  qu'il  était  utile  de  faire 
une  ouverture  à  la  portion  la  plus  saillante  de  la  cornée,  avec  un  couteau  à 
cataracte.  Cette  incision  donna  issue  à  une  petite  quantité  d'humeur  aqueuse 
et  à  un  cysticerque  parfaitement  reconnaissable  ;  elle  fut  suivie  d'un  soula- 
gement immédiat,  la  petite  plaie  se  cicatrica  parfaitement.  »  Six  mois  après, 
nouveaux  accidents,  nouvelle  incision,  issue  d'un  corps  plus  ou  moins  sem- 
blable à  un  cysticerque.  Plus  tard,  nouveaux  accidents,  M.  Gulhrie  pratique 
une  nouvelle  incision  ;  il  ne  s'échappe  que  de  l'humeur  vitrée,  et  tout  fait 
présumer  que  le  corps  semblable  à  un  cysticerque,  sorti  dans  la  seconde  in- 
cision, était  le  cristallin  (2). 

Ve  Cas  (Qi'adri),  —  Ver  nématoïde. 

M.  A.  Quadri  de  Naples  a  montré,  au  congrès  ophthalmologique  de 
Bruxelles,  le  dessin  d'un  œil  humain,  dans  la  chambre  antérieure  duquel 
existait  un  ver  nématoïde  (Blaire?)  (3).  Nous  ignorons  si  ce  fait,  a  été  publié. 

(1)  Rapport  sur  le  travail  de  M.  Alessi  relatif  à  l'helminthiase  dans  ses  rapports 
avec  l'oculistique,  par  M.  Raikem  {Bulletin  de  VAcad.  royale  de  méd.  de  Belgique, 
t.  XII,  p.  197,  Bruxelles,  1853.  —  Alessi,  Bullellino  délie  scienze  mediche,  1845, 
et  Gas.  méd.  de  Paris,  1. 1,  p.  491,  1846). 

(2)  Docteur  Edwin  Canton,  Cysticerque  de  la  conjonctive  et  de  la  chambre  anlé. 
fleure  de  Vœil.  (The  Lancet,  juillet  1848,  et  Arch.  gên.  de  méd.,  4e  série,  t.  XIX, 
p.  219,  1849). 

A  la  suite  de  son  observation,  M.  Canton  cite  un  cas  de  cysticerque  dans  la 
Chambre  antérieure  de  l'œil,  publié  par  Warthon  Jones  (Manual  of  med.  and. 
surg.  ophthalmy,  1847). 

Dans  uu  voyage  qu'il  fit  à  Paris  (octobre  1858),  M.  Graefe  m'a  dit  avoir  vu 
plusieurs  cas  de  cysticerque  dans  la  chambre  antérieure  de  l'œil,  et  plusieurs  aussi 
dans  les  paupières  ;  l'un  de  ceux-ci  était  très  petit. 

(3)  Cité  par  Sichel,  Iconographie  ophthalmologique-  Paris,  1S59,  p.  707. 


GLORE   OCULAIUE    CHEZ    L'HOAlMIi.  739 

Article  III.  —  Dans  les  parties  profondes  de  l'œil,  le  corps 
vitré,  la  rétine,  la  choroïde,  on  a  observé  quelques  cas  d'hydatides 
et  depuis  qu'on  explore  l'œil  par  l'oplithalmoscope,  on  y  a  vu  assez 
fréquemment  des  cysticerques. 

A.  —  Les  cas  d'hydatides  des  parties  profondes  de  l'œil  sont  au 
nombre  de  trois;  mais  dans  aucun  de  ces  cas  la  nature  du  corps  ob- 
servé n'a  été  bien  déterminée. 

I"'  Cas  (Portal). 

Portai  se  borne  à  dire  :  «  J'ai  trouvé  des  hydatides  entre  ces  deux  mem- 
branes (la  choroïde  et  la  rétine)  (1  ).  » 

IIe  Cas  (Rossi). 

a  Dans  les  cadavres  de  personnes  mortes  par  suite  d'un  polype  des  sinus  fron- 
taux ou  maxillaires,  j'ai  trouvé  de  nombreuses  hydatides  de  la  grosseur  d'un 
grain  de  millet  qui  occupaient  la  choroïde  et  la  rétine;  et  ces  individus  n'éprou- 
vèrent point  la  moindre  altération  dans  la  vue  pendant  leur  vie  (2).  » 

IIIe  Cas  (Gescheidt). 

L'observation  de  Gescheidt  concerne  un  individu  âgé  de  vingt-quatre  ans, 
aveugle  par  suite  d'une  opbthalmie  interne  dont  il  avait  été  atteint  dans  son 
enfance,  et  qui  était  mort  d'une  phthisie  tuberculeuse. 

L'œil  droit  ayant  été  incisé  transversalement,  on  trouva  la  choroïde  co- 
lorée en  brun,  privée  de  son  pigment  et  parsemée  de  vaisseaux  variqueux. 

La  rétine  paraissait  unie  et  confondue  avec  le  corps  vitré  en  une  substance 
blanche,  d'un  bleu  rougeâlre;  au  niveau  de  l'entrée  du  nerf  optique,  elle 
semblait  réduite  à  un  cordon;  l'intervalle  existant  entre  la  choroïde  et  la  ré- 
tine était  rempli  par  une  vessie  blanche,  qui  fut  aussitôt  reconnue  pour  un 
échinocoque  (hydatide) . — La  membrane  externe  de  Yéchinocoque était  blanche, 
peu  transparente  et  assez  résistante;  elle  renfermait  une  seconde  poche  mem- 
braneuse plus  fine,  d'un  blanc  bleuâtre,  a  Cette  poche,  ouverte  à  son  tour, 
laissa  écouler  du  liquide  séreux  qui  contenait  une  quantité  de  petits  vers,  les 
uns  ronds,  les  autres  ovalaires  et  olivaires  ;  outre  les  vers  sortis  avec  le 
liquide,  il  s'en  trouvait  plusieurs  adhérents  aux  parois  du  kyste.  Quelques- 
uns  de  ces  animaux,  examinés  au  microscope,  présentèrent,  surtout  ceux  à 
forme  ovale,  de  petits  suçoirs  ronds,  Du  reste,  ils  formaient  une  masse  homo- 
gène et  l'on  ne  pouvait  rien  apercevoir  de  leur  structure  interne.  On  ne  put 
reconnaître  l'existence  d'une  couronne  de  crochets  (3).  » 

(1)  Portal,  Cours  d'analomie  médicale,  t.  IV,  p.  418,  Paris,  1803. 

(2)  F.  Rossi,  Osservazioni  anal,  e  pal';.  sulïorgano  délia  visla,  p.  221,  Gcnuajo, 
1828.—  Mem.  délia  Acad.  di  Torino,  1830. 

(3)  Qescheidt,  méni.  cit.,  et  Rayerj  arch.  cit.,  fasc.  u,  p;  119. 


740        AFFECTIONS  VERMINEUSES   DE   l'aI'PAREJL    DE    LA    VISION. 

B.  —  Les  cas  de  cysticerque  sont  plus  nombreux  et  plus  cer- 
tains; c'est  en  considérant  les  mouvements  des  corps  observés,  la 
marche  de  l'affection  oculaire  et  par  exclusion,  que  d'abord  on  a  été 
amené  à  regarder  ces  corps  comme  des  cysticerques;  récemment 
leur  nature  a  été  constatée  par  l'extraction. 

On  doit  la  connaissance  des  faits  publiés  jusqu'à  ce  jour  à 
M.  Grsefe  (de  Berlin)  etLiebrich;  ils  ont  été  rapportés  dans  les 
Archives  ophthalmologiques  rédigées  par  Grafe,  Dondors  et  Arlt; 
la  plupart  ont  été  donnés  en  français  dans  une  excellente  thèse  faite 
sous  les  auspices  de  M.  le  docteur  Desmarres  (1). 

Il  est  à  remarquer  que  tous  ces  faits  ont  été  observés  à  Berlin, 
ville  où  Rudolphi  rencontrait,  chaque  année,  quatre  ou  cinq  cas  de 
cysticerque  dans  divers  organes  chez  l'homme. 

Les  cysticerques  occupent,  suivant  M.  Graefe,  le  corps  vitré,  la 
choroïde  ou  la  rétine.  Le  premier  cas  est  moins  fréquent  et  moins 
fâcheux.  Le  développement  des  entozoaires  a  lieu  sans  douleurs. 
Quelques  malades  ont  éprouvé  une  pression  dans  l'œil  ou  de  la 
céphalalgie  qui  avait  peut-être  une  autre  cause.  La  perte  de  la  vue 
est  partielle,  avant  d'être  complète.  L'iris  change  quelquefois  sa 
couleur  normale  ;  plus  souvent  l'œil  ne  présente  aucune  altération 
apparente.  Du  reste  les  symptômes  sont  ceux  de  toutes  les  am- 
blyopies  et  ne  pourraient,  sans  l'examen  ophthalmoscopique,  faire 
reconnaître  la  présence  d'un  cysticerque. 

«  On  observe,  au  moyen  de  l'ophthalmoscope,  une  tumeur,  en 
général  sphérique,  au  moins  dans  l'état  de  repos  de  l'œil  et  de  l'en- 
tozoaire,  d'une  couleur  bleuâtre,  verdâtre  ou  grise,  qui  affecte  des 
rapports  divers  avec  les  vaisseaux  rétiniens,  suivant  les  différents 
lieux  qu'elle  occupe.  Quand  elle  est  située  immédiatement  en  avant 
de  la  rétine  ou  dans  l'humeur  vitrée,  les  vaisseaux  rétiniens  ne  pas- 
sent pas  sur  la  tumeur;  ils  s'arrêtent  tous  à  la  circonférence/ou  sont 
complètement  invisibles  ;  mais  quand  l'entozoaire  se  trouve  logé  dans 
l'épaisseur  même  de  la  rétine  ou  entre  cette  membrane  et  les  autres 
du  fond  de  l'œil,  on  voit  les  vaisseaux  rétiniens  passer  sur  la  tu- 
meur pour  s'y  ramifier,  ou  la  croiser  pour  aller  se  ramifier  plus  loin, 
comme  à  l'ordinaire  (2).  » 

La  tumeur  du  fond  de  l'œil  est  formée  vraisemblablement  par  un 
kyste  dont  la  paroi  mince  et  transparente  laisse  apercevoir  l'ento- 

(1)  Louis  de  La  Callc,  De  l'ophlhalmoscope,  thèse,  Paris,  1836. 

(2)  L.  de  La  Calle,  thèse  citée,  p.  66. 


GLOBE   OCULAIRE   CHEZ    I,' HOMME.  741 

zoaire,  reconnaissable  à  sa  forme  et  à  ses  mouvements.  Lorsque  le 
cysticerque  est  situé  derrière  la  rétine,  celle-ci  s'ulcère  quelquefois  et 
le  ver  arrive  dans  le  corps  vitré.  Dans  certains  cas,  le  cysticerque 


Fig.  31.  —  Cysticerque  du  corps  vitré  vu  ù  l'oplillialmoscope  (d'après  Grsefe).  —  a,  Cysticerque 
derrière  lequel  disparaissent  les  vaisseaux  rétiniens;  b,  impressions  laissées  sur  la  rétine, 
et  causées  peut-être  par  l'entozoaire. 

périt  et  reste  atrophié.  Dans  deux  cas  semblables,  observés  par 
M.  Graefe,  l'œil  a  été  conservé,  mais  la  vue  n'a  pas  été  recouvrée; 
dans  les  autres  cas,  l'œil  a  été  complètement  perdu. 

Plusieurs  cysticerques  pourraient  se  rencontrer  ensemble  dans  le 
corps  vitré,  ce  fait  a  été  observé  chez  le  porc. 

Un  seul  œil  est  ordinairement  envahi,  en  sorte  que  le  pronostic 
doit  être  en  général  moins  grave  que  celui  d'une  amaurose  ordinaire; 
mais  la  multiplicité  fréquente  des  cysticerques  pourrait  faire  craindre, 
dans  certains  cas,  la  présence  de  ces  entozoaires  dans  les  centres 
nerveux. 

1°  Cas  de  cysticerque  dans  le  corps  vitré. 
l"r  Cas  (Liebrich  et  Gr,efe). 

Jeune  homme  de  vingt-trois  ans.  Strabisme  convergent;  amblyopie  de  l'œil 
gauche  depuis  l'enfance.  Deux  cysticerques  dans  cet  œil;  point  de  change- 
ment pendant  neuf  mois  (1). 

(1)  Arch.  ophlhalm.  de  Grœfe,  Donders  et  Arlt,  t.  I,  part,  n,  p.  343. 


742        AFFECTIONS   VERMINEUSliS   DB   L  APPWUII,   DV.   LA    VISION. 

II"  Cas  (Giuîfk). 

Garçon  de  dix  ans.  Amblyopio  do  l'œil  gauche.  Cysticorque  du  corps  vitré  ; 
point  do  changement  au  bout  d'un  mois  (I). 

2"  Cas  de  cysticorque  de  la  rétine  ou  extérieurs  à  la  rétine. 

Ier  Cas  (Gii.efe). 

Femme.  Amblyopie récente  de  l'œil  gauche.  Cysticorque  dans  cet  œil  ;  trois 
semaines  après,  accroissement  du  sac  (un  tiers  environ).  Cinq  mois  après,  léger 
affaissement,  persistance  du  phénomène  (2). 

IIe  Cas  (GniEFE). 

Fommo.  Amblyopie  do  l'œil  droit,  depuis  deux  mois.  Cysticerque  au  centre 
de  la  rétine;  neuf  mois  après,  membranes  flottantes  dans  le  fond  de  l'œil,  rem- 
plaçant la  tumeur  (3). 

IIIe  Cas  (Giuîfe). 
Homme.  Amaurose  de  l'œil  droit,  cysticerque  (4). 

IV"  Cas  (GniEFE), 

Femme  ;  vingt  ans,  grossesse  de  cinq  mois  ;  amblyopie  de  l'œil  gauche  de- 
puis cinq  mois,  cysticerque  (5). 

Ve  Cas  (Giuïfe). 

Femme;  cinquante-huit  ans  ;  depuis  deux  mois,  diminution  de  la  vue  de 
l'œil  droit.  Amaurose  centrale;  cysticerque  vers  le  centre  du  fond  de 
l'œil  (6). 

VIe  Cas  (Gr^fe). 
Femme  ;  vingt  cinq  ans  ;  amblyopie  de  l'œil  droit  depuis  deux  ou  trois  mois, 
cysticerque.  Membranes  développées  dans  tout  le  fond  de  l'œil  (7). 

VIP  Cas  (Grjîfe). 

Homme;  quarante-six  ans;  perte  partielle  delà  vision  de  l'œil  droit,  cysti- 
cerque situé  probablement  entre  la  rétine  et  la  sclérotique  (8). 

(1)  Archiv.  citées,  t.  H,  part,  i,  p.  263. 

(2)  Archiv.  cit.,  part.  H,  p.  457. 

(3)  Archiv.  cit  ,  t.  I,  part.  i.  p   Z|63. 

(4)  Archiv.  cit.,  t.  I,  part,  i,  p.  465. 

(5)  Archiv.  cit.,  t.  I,  part,  n,  p.  326. 

(6)  Àrchiv.  cit.,  t.  H,  part,  i,  p.  259. 

(7)  Arch.  cit..  t.  II,  part,  n,  p.  335. 

(8)  Arch.  cit.,  t,  II,  part,  h,  p.  339. 


GLOBE   OCULAIRE   CHEZ   LE  PORC.  7/|3 

Depuis  la  publication  de  ces  faits  en  France,  de  nouveaux  cas  de 
cysticerque  dans  les  parties  profondes  de  l'œil  ont  été  observés  par 
M.  Grsefe.  Deux  fois  le  savant  oculiste  de  Berlin  a  tenté  l'extrac- 
tion de  l'entozoaire  : 

Une  première  fois,  en  pratiquant  une  ouverture  à  la  sclérotique  ;  le 
cysticerque  fut  extrait  par  lambeaux;  l'œil  fut  conservé,  mais  la  vi- 
sion resta  abolie. 

Une  seconde  fois,  l'ouverture  fut  faite  à  travers  la  cornée,  le  cys- 
ticerque fut  extrait  intact  ;  l'œil  et  la  vision  furent  conservés.  Lfe 
cysticerque  que  M.  Grsefe  a  bien  voulu  soumettre  à  notre  examen, 
offre  les  caractères  du  cysticerque  ladrique,  il  est  plus  petit  que  ceux 
qui  se  trouvent  ordinairement  dans  le  tissu  cellulaire  intermusculaire 
ou  dans  le  cerveau  (1). 

A  l'époque  où  M.  Grsefe  nous  a  donné  ces  renseignements  (24  oc- 
tobre 1858),  il  avait  déjà  observé  treize  cas  de  cysticerque  dans  les 
parties  profondes  de  l'œil. 


DEUXIEME   SECTION. 

VERS   DE   L'OEIL    CHEZ    LES   ANIMAUX    DOMESTIQUES. 

CHAPITRE  PREMIER. 

VERS   CHEZ   LE   PORC. 

Les  seuls  vers  que  l'on  ait  observés  dans  l'œil  chez  le  porc,  sont 
des  cysticerques  ladriques.  De  même  que  ceux  dont  nous  venons  de 
parler,  ils  étaient  situés  dans  les  différentes  régions  de  l'œil.  Ils  sont 
probablement  beaucoup  plus  fréquents  que  ceux  de  l'homme,  et  mé- 
riteraient une  étude  approfondie  au  point  de  vue  de  l'anatomie  pa- 
thologique et  de  la  thérapeutique. 

Van  der  Hœven  (2),  Nordmann  (3)  et  Gescheidt  (4)  en  ont  observé. 
Nordmann  en  a  rencontré  quatre  fois  sur  dix-huit  yeux  examinés; 

(1)  Voyez  dans  l' Iconographie  ophlhalmologique  de  Sichel.  Paris,  1859,  p.  711, 
pi.  LXXII,  fig.  9,  une  observation  communiquée  par  Grsefe. 

(2)  Handboek  der  Dierkunde,  D.  I,  bl.  115. 

(3)  Nordmann,  mém.  cit.,  et  Rayer,  archiv.,  fasc.  2,  p.  77. 

(4)  Gescheidt,  mém.  cit.,  et  Rayer,  archiv.,  fasc.  2,  p.  144. 


Ikh        AFFECTIONS   VERMINEUSES    DE    L'APPAREIL   DE   LA   VISION. 

Gescheidt  deux  fois  sur  quarante-six  yeux  Sur  chaque  animal  un 
seul  œil  était  envahi.  A  Paris,  M.  Rayer  n'en  a  point  trouvé  sur 
quarante-deux  yeux  examinés  (1). 

Parmi  les  quatre  cas  observés  par  Nordmann,  dans  trois,  il  n'y 
avait  qu'un  seul  ver  situé  :  deux  fois  dans  la  chambre  antérieure,  une 
fois  dans  la  chambre  postérieure.  Dans  ce  dernier  cas  le  cristallin 
était  affecté  de  cataracte. 

Dans  le  quatrième  cas  le  cristallin  était  affecté  d'une  cataracte 
capsulo-lenticulaire.  La  partie  postérieure  de  la  tunique  du  globe 
oculaire  était  épaissie,  et  formait,  autour  du  point  d'insertion  du  nerf 
optique,  un  bourrelet  qui  donnait,  au  toucher,  la  sensation  d'une 
ossification.  Dans  l'opération  de  kératonyxis,  essayée  sur  cet  œil, 
le  cristallin  no  put  être  abaissé,  il  remontait  en  sa  place  dès  que  la 
dépression  cessait. 

L'examen  anatomique  montra,  dans  le  corps  vitré,  des  corps  irré- 
guliers, brunâtres,  qui  n'étaient  point  des  parcelles  de  pigment  du 
corps  ciliaire,  mais  du  sang  coagulé  qui  avait  dû  sortir  des  vaisseaux 
antérieurement  à  l'opération  tentée  sur  l'œil.  En  outre,  dans  le  corps 
vitré  se  trouvaient  six  vers  vésiculaires,  dont  deux  flottaient  près 
du  bord  inférieur  du  cristallin,  tandis  que  les  quatre  autres  étaient 
logés  au  fond  du  corps  vitré.  Il  existait  une  ossification  dans  l'es- 
pace compris  entre  la  paroi  interne  de  la  sclérotique  et  la  rétine. 
Cette  ossification  occupait  presque  tout  le  fond  du  globe  oculaire; 
dans  le  milieu  elle  avait  à  peu  près  trois  lignes  et  demie  d'épaisseur, 
laquelle  allait  en  diminuant  progressivement  sur  les  côtés  ;  il  n'y 
avait  pas  d'altération  dans  la  membrane  artérielle  et  le  surtout  co- 
loré, c'est-à-dire  le  tapis,  non  plus  que  dans  la  membrane  vascu- 
laire.  L'ossification  était  constituée  par  plusieurs  petites  écailles  en 
forme  de  peigne,  disposées  par  couches  les  unes  sur  les  autres,  et 
ayant  la  consistance  des  écailles  de  poisson.  Sous  cette  enveloppe  se 
trouvèrent  six  autres  individus  du  cysticercus  celluloses .  L'ossifica- 
tion adhérait  non-seulement  latéralement,  mais  aussi  dans  le  fond, 
à  la  membrane  épaisse,  opaque  et  dure  du  globe  oculaire. 

Parmi  les  deux  cas  de  Gescheidt,  une  fois  le  cysticerque  était  dans 
la  chambre  antérieure,  une  autre  fois  entre  la  choroïde  et  la  rétine. 
Dans  ce  dernier  cas,  le  ver  était  entouré  d'une  légère  exsudation 
en  forme  d enveloppe ,  sur  laquelle  on  pouvait  voir  à  la  loupe  quel- 
ques ramifications  vasculaires  fines ,  surtout  du  côté  de  la  rétine. 

(1)  Rayer,  mém.  cit., p.  144. 


GLORE  OCULAIRE   CHEZ   LES   SOL1PÈDES.  745 

CHAPITRE   II. 

VERS   CHEZ    LES   SOLIPÈDES. 

Filaria  papil!osa?  [Synops.,  n°  81). 

Nous  avons  dit  qu'on  a  observé  en  Europe,  en  Amérique,  et 
très  fréquemment  dans  l'Inde,  un  ver  nématoïde  situédans  la  chambre 
antérieure  de  l'œil  chez  le  cheval  et  l'âne.  Ces  vers,  dans  ces  di- 
verses contrées,  appartiennent- ils  à  la  même  espèce  ou  forment-ils 
des  espèces  distinctes  ?  S'ils  sont  de  la  même  espèce,  appartien- 
nent-ils à  la  filaria  papillosa  que  l'on  rencontre  dans  les  autres  or- 
ganes du  cheval  et  de  l'âne?  Ces  questions  ne  sont  point  résolues. 
Nous  nous  occuperons  donc  séparément  :  1°  des  vers  de  l'œil  ob- 
servés dans  l'Inde  ;  2°  de  ceux  que  l'on  a  observés  en  Europe_et  en 
Amérique. 

Article  premier.  —  Les  vers  de  l'œil  chez  le  cheval  régnent  en- 
zootiquement  dans  certaines  contrées  de  l'Inde.  Ils  sont  connus  au 
Bengale  sous  le  nom  de  sanp  ou  serpent  dans  l'œil  des  chevaux. 
Souvent  les  animaux  qui  en  sont  affectés  sont  atteints  aussi  d'une 
faiblesse  des  lombes  que  les  habitants  appellent  kumree. 

Cette  maladie  a  été  observée  au  Bengale,  dans  l'Inde  supérieure, 
à  Madras,  à  Poosah,  district  de  Tirhoot,  à  Ghazepore,  à  Sumbul- 
pore,  à  Ceylan,  etc. 

Dans  les  localités  basses  et  humides,  suivant  Twining  et  Gibb,  dans 
celles  où  les  vents  d'Est  prévalent,  on  trouve  la  maladie  appelée 
kumree  et  les  vers  dans  les  yeux,  et  vice  versa.  Ces  veis  sont  rares 
dans  les  contrées  élevées  et  sèches. 

L'apparition  de  ces  vers  n'a  lieu  que  dans  une  seule  saison,  dans 
la  saison  froide.  A.  Poosah,  pendant  vingt-deux  ans,  Gibb  n'a 
jamais  vu  de  ces  vers  que  dans  les  cinq  mois  d'octobre,  novembre, 
décembre,  janvier  et  février.  En  général,  dans  la  saison  froide,  plus 
les  pluies  ont  été  considérables  plus  il  y  a  des  cas  de  vers  dansjes 
yeux.  Une  année  où  les  pluies  avaient  été  à  Tirhoot  plus  considé- 
rables et  plus  persistantes  que  d'ordinaire,  et  où  tout  le  pays  avait 
été  inondé,  l'observateur  cité  ci-dessus  vit  plus  de  cas  de  vers  que 
les  années  précédentes. 


746        AFFECTIONS   VERM1NEHSES   DE   i/APPAREir,   DE    I.A    VISION. 

Dans  les  localités  où  elle  existe,  cette  maladie  s'observe  assez 
fréquemment  ;  elle  ne  paraît  pas  cependant  s'étendre  jamais  sur  un 
grand  nombre  d'animaux  à  la  fois:  Gilib  en  a  observé'  environ  vingt 
cas  par  an;  à  Poosah,  dans  la  saison  froide,  on  voit  environ  trente 
cas  de  vers  dans  les  yeux  chez  les  poulains. 

La  cause  de  l'invasion  de  ces  entozoaires  est  ignorée  ;  on  n'a 
point  trouvé  dans  la  nourriture  ou  dans  les  boissons  l'explication  de 
ce  phénomène. 

Il  existe  un  ou  deux  de  ces  vers  dans  l'œil,  et  quelquefois  trois  ; 
il  arrive  aussi  qu'un  second  ver  paraît  dans  un  œil  dont  on  avait 
déjà  extrait  un  autre  ver  quelques  mois  auparavant. 

Un  seul  œil  paraît  ordinairement  affecté. 

Le  parasite  est  toujours  situé  dans  la  chambre  antérieure;  il  y  est 
libre  et  nage  dans  l'humeur  aqueuse.  Ses  mouvements  sont  plus  ou 
moins  vifs  et  analogues  à  ceux  d'une  sangsue.  Dans  des  cas  rares  le 
ver  reste  faible,  il  périt  et  est  résorbé. 

Ordinairement,  sa  présence  produit  une  vive  irritation  :  l'œil  est 
larmoyant,  les  paupières  à  demi  fermées,  la  conjonctive  rouge,  in- 
jectée ;  l'humeur  aqueuse  se  trouble,  prend  un  aspect  laiteux;  l'iris 
s'enflamme;  la  cornée  perd  sa  transparence,  de  la  lymphe  coagu- 
lable  et  du  sang  se  déposent  entre  les  lames,  elle  devient  complè- 
tement opaque;  alors,  les  phénomènes  inflammatoires  s'apaisent 
graduellement,  mais  la  vue  est  complètement  perdue. 

On  reconnaît  la  cause  de  l'inflammation  de  l'œil  à  la  présence  d'un 
ver  derrière  la  cornée  transparente. 

Les  chevaux  affectés  de  vers  dans  les  yeux  sont  sujels  à  la  fai- 
blesse des  reins,  et  les  deux  maladies  se  succèdent  ou  coïncident 
l'une  avec  l'autre  si  souvent  que  l'on  croit  généralement  dans  le  pays 
que  la  seconde  est  la  conséquence  de  la  première  :  l'une  et  l'autre 
affection  ont  lieu  dans  les  mêmes  conditions,  dit  Gibb,  avec  cette  dif- 
férence que  la  faiblesse  lombaire  se  manifeste  en  toute  saison  de 
l'année,  quoiqu'elle  soit  plus  fréquente  dans  les  mois  froids. 

On  a  supposé  que,  chez  ces  chevaux,  des  vers  pénètrent  dans  la 
moelle  épinière,  mais  l'autopsie  n'en  a  pas  fait  découvrir;  on  a 
seulement   constaté  dans  le  canal  rachidien  une  accumulation  de 


Le  seul  moyen  que  l'on  connaisse  de  s'opposer  à  la  perte  de  la 
vue,  c'est  l'extraction  du  ver;  il  importe  de  la  pratiquer  dès  le  début 


GLOBE   OCULAIRE   CHEZ   LES  SOLIPÈDES.  Ihl 

de  la  maladie,  sinon  une  opacité  plus  ou  moins  étendue  de  la  cornée 
persiste  après  l'opération. 

L'extraction  se  fait  par  une  incision  pratiquée  vers  le  bord  de  la 
cornée  ;  on  se  sert  d'une  lancette  ordinaire  ou  d'un  trocart  d'un  petit 
volume  (Molyneux).  Un  couteau  à  cataracte  serait,  sans  doute,  pré- 
férable. Le  cheval  doit  être  opéré  debout,  attitude  qui  facilite  la 
sortie  du  ver  (Grelies)  ;  on  doit  saisir  le  moment  où  il  se  rapproche 
de  la  cornée. 

Après  l'opération,  on  a  recours  aux  applications  froides,  à  la  pur- 
gationet  à  la  saignée. 

PRINCIPAUX  TRAVAUX  SUR  LES  VERS  DE  l'ûEIL  DANS  L'iNDE. 

M.  Kennedy,  Account  of  a  now  descripl  ivorm  [ascaris  pellucidus)  found  in 
the  eyes  ofhorses  in  India,  in  Transact  of  the  royal  Soc.  of  Edinburg,  vol.  IX, 
p.  107,  read  feb.  1816,  and  nov.  1 81 8,  et  Bull,  de  Férussac,  Se.  nat., 
VII,  -122. 

Breton,  Transactions  of  Ihe  médical  and  physical  Society  oj  Calcutta,  vol.  I, 
p.  337,  1825. 

Greues,  Transact.  of  Ihe  med.  and.  physical  Society  of  Calcutta,  vol.  I, 
p.  340, 1825. 

Twining,  Observations  on  Ihe  filaria  or  thread  ivorm  found  in  the  eyes  of 
horses  in  India,  in  Transact.  of  med.  and  surg.  Society  of  Calcutta,  vol.  I, 
p.  345,  — Edinb.  med.  and  surg  Journ.,  n°  86,  p.  240,  I826;  —  Velerina- 
rian  for  1  828. 

Gibb,  Velerinarian,  t.  I,  1828,  jun . ,  n°  6,  194. 

R.  Molyneux,  On  the  ivorm  in  the  eye  of  the  horses  and  on  the  kumree,  or 
iveakness  of  the  loins,  in  horses  in  India,  in  the  Veterinarian,  for  1828,  t.  I, 
p.  309. 

Percival,  Diseuses  ofhorses  in  India,  in  the  Veterinarian,  for  1828, 
t.  I,  p.  5. 

Article  IL  —  A.  —  Le  ver  nématoïde  que  l'on  a  observé  en  Eu 
rope  et  en  Amérique,  dans  la  chambre  antérieure  de  l'œil  chez  les 
solipèdes,  ne  paraît  pas  se  rapporter  exactement  par  ses  caractères 
à  \&filaire  observée  dans  l'Inde  ;  en  outre  il  ne  paraît  pas  que  les 
chevaux  atteints  de  \afilaire  de  l'œil  dans  nos  pays  soient  sujets  à 
la  faiblesse  des  lombes  ;  les  cas  en  sont  d'ailleurs  rares  et  n'ont  été 
signalés  que  de  loin  en  loin.  La  plupart  appartiennent  à  notre  siècle. 

Nous  avons  parlé  du  cas  de  Spigel  observé  en  1622,  et  de  celui  de 


7/18        AFFECTIONS   VliRMINÉUSES   DÉ   L'APPAREIL    DE  LA   VISION. 

Morgan  et  Hopkinson  en  1782  ;  deux  autres  cas  ont  été  signalés  dans 
un  ouvrage  espagnol  publié  en  1773  :  »On  m'appela,  dit  l'auteur,  pour 
voir  une  mule  de  six  ans  (en  Aragon),  laquelle  avait  dans  l'intérieur 
de  l'œil  gauche  une  petite  couleuvre  grosse  comme  un  cheveu,  et 
longue  d'un  pouce  environ,  ayant  des  mouvements  très  vifs,  etc.  » 
Le  même  auteur  dit  encore  avoir  vu  en  France  un  ver  semblable, 
qui  fut  extrait  de  l'œil  par  la  lancette  ;  le  cheval  conserva  la  vue  (1). 

A  Vienne,  un  vétérinaire  distingué,  Sick,  en  a  observé  un  cas 
en  1804  (2)  ;  Bremser  un  autre  cas  en  1813  (3)  et  Diesing  un  nou- 
veau, il  y  a  peu  d'années  (4)  ;  à  Oldenbourg,  un  entozoaire  semblable 
a  été  observé  par  Grève  (5)  ;  un  autre  cas  a  été  vu  par  Nordmann  et 
Gurlt  à  Berlin  (6)  ;  un  autre  encore  en  Italie  par  un  anonyme  (7),  enfin 
un  dernier  cas  par  Boudgourd  en  France  (8). 

Les  conditions  qui  amènent  le  développement  des  vers  dans  l'œil 
sont  tout  à  fait  inconnues  ;  le  cheval,  l'âne  et  la  mule  y  sont  sujets. 
Un  seul  œil  est  ordinairement  affecté,  et  le  nombre  de  vers  est  de 
un  à  trois. 

La  présence  de  l'entozoaire  dans  la  chambre  antérieure  produit 
l'occlusion  des  paupières,  le  larmoiement,  l'inflammation  de  la  con- 
jonctive, l'opacité  delà  cornée,  enfin  la  perte  totale  et  irrémédiable 
de  la  vue. 

L'extraction  est  le  seul  remède  à  lui  opposer. 

B.  —  Van  Setten,  vétérinaire  à  Onderdendam,  province  de  Gro- 
ningue,  a  observé  un  entozoaire  qui  diffère  de  ceux  dont  il  vient  d'être 
question,  et  que  M.  Diesing  rapporte  au  pentaslomum  tœnioides 

(!)  Inslituliones  Albeyteria,  etc.,  1773,  trad.  par  Rodet  (Recueil  de  méd.  vét., 
t.  VIII,  p.  287,  Paris,  1831  ;  extrait  du  Journ.  prat.  de  méd.  vét.,  janvier  1S30). 

(2)  Cité  par  Rodolphi  in  Bemerkungeu  aus  dem  gebiet  der  nalurgeschichte,  etc., 
I.  B,  p.  H.Berlin,  1804. 

(3)  Bremser,  ouv.  cilé,  p.   18. 

(4)  Diesing,  Systema  helminthum,  t.  II,  p.  274. 

(5)  Bern.  Ant.  Grève,  Erfahrungen  und  beobachlungen  ûber  die  krankheilen  der 
hausthiere  im  Vergleich  mit  den  krankheiten  des  menschen,  1  Bœndchen,  p.  174, 
Oldenburg,  1818. 

(6)  Nordmann,  mém.  cilé,  et  arch.  de  méd.  comparée,  fasc.  II,  p.  76. 

(7)  Ver  dans  l'œil  d'un  âne,  au  rapport  de  Grève  (mém.  cité  ci-dessus). 

(8)  Boudgourd,  vétérinaire  à  Nîmes;  trois  vers  (crinons)  extraits  de  l'œil  d'une 
mule  (Recueil  de  méd.  velérin.,  t.  I,  p.  119,  Paris,  1824,  et  Journal  deméd.  vét.  et 
comp.,  1827,  p.  573. 

[Voyez  d'autres  indications  dans  Rudolphi,  SynopsU,  p.  213,  214;  Rayer,  arch. 
cit.,  p.  136,  note.] 


GLOBE  OCULAIRE   CHEZ  LE  BOEUF.  769 

(voy.  Synops.,  n°  104).  Le  cheval  qui  en  était  atteint,  avait  l'œil 
droit  très  sensible  à  la  lumière,  les  paupières  tuméfiées,  la  conjonc- 
tive injectée,  la  cornée  opaque.  Cet  état  s'étant  amélioré,  on  put 
s'assurer  de  la  présence,  dans  la  chambre  antérieure,  d'un  ento- 
zoaire,  qui  fut  extrait  par  la  kératotomie;  l'œil  revint  ensuite  à  un 
état  satisfaisant  (1). 


CHAPITRE  III. 

VERS    CHEZ    LE    BOEUF. 

A. — Au  mois  de  septembre  1812,  Déguillème,  vétérinaire  à  Saint- 
Denis  de  Pille  (déparlement  de  la  Gironde) ,  remarqua  dans  la  chambre 
antérieure  de  l'œil,  chez  une  vache  affectée  d'un  larmoiement  consi- 
dérable, un  ver  nématoïde  qu'il  rapporta  à  l'ascaride  vermiculaire. 
Les  membranes  et  les  humeurs  de  l'œil  ne  paraissaient  point  ma- 
lades; le  ver  ne  fut  point  extrait  et  les  circonstances  ultérieures  de 
ce  fait  restèrent  inconnues  (2). 

B.  —  Chaignaud,  vétérinaire  à Monlmoreau  (Charente),  eut  l'occa- 
sion d'observer  dans  le  département  de  laCharente  plusieurs  épizoolies 
d'un  ver  semblable  :  «  Toutes  les  fois  que  j'ai  vu  dans  la  contrée  que 
j'habite,  dit  ce  vétérinaire,  la  maladie  vermineuse  des  yeux  du  bœuf, 
cette  maladie  commençait  à  régner  au  mois  de  juin  et  finissait  au 
mois  de  novembre;  jamais  je  ne  l'ai  vue  dans  les  autres  saisons  de 
l'année.  » 

Le  nombre  des  vers  était  ordinairement  d'un,  rarement  de  deux 
ou  de  trois.  Très  rarement  les  deux  yeux  étaient  à  la  fois  afft  ctés.  La 
présence  des  vers  dans  l'œil  occasionnait  le  larmoiement,  la  tumé- 
faction des  paupières,  l'inflammation  de  la  conjonctive,  l'opacité  de 
la  cornée,  etc.,  phénomènes  semblables  à  ceux  que  nous  avons  vus 
chez  le  cheval. 

La  saignée,  les  émollients  et  les  calmants  n'amenaient  aucune 
amélioration  dans  la  maladie.  La  teinture  d'aloès  étendue  de  moitié 

(1)  A.  Numan,  Mém.  sur  les  enlozoaires  de  l'œil  chez  l'homme  et  les  animaux, 
trad.  du  hollandais  par  S.  Verheyen,  dans  Journ.  ve'tér.  de  Belgique,  t.  I,  p.  72, 
Bruxelles,;  I8i2.  —  Diesing,  ouv.  cit.,  1. 1,  p.  616. 

(2)  Déguillème,  dans  Mém.  et  observations  sur  lachir.  et  la  méd.  vétér.,  par  J.-B. 
Gohier,  t.  II,  p.  435,  Lyon,  1816. 


750        AFFECTIONS   VBItMlNEtJSfcB   DE   L'APPAULIL  DIS   LA  VISION. 

d'eau  et  instillée  entre  les  paupières  trois  fois  par  jour,  amenait  une 
guérison  prompte.  Après  trois  ou  quatre  jours  de  -ce  traitement  et 
quelquefois  dès  le  premier  jour,  le  ver  perdait  le  mouvement  et  tom- 
bait dans  \efond  de  la  chambre  antérieure  de  l'œil;  il  était  ensuite 
résorbé  à  une  époque  plus  ou  moins  reculée  (1). 

C- — Roche-Lubin  rapporte  un  cas  clans  lequel  sept  vers  existaient 
dans  l'œil  d'un  bœuf  âgé  de  quatre  ans  ;  ils  furent  extraits  par  la 
ponction  de  la  cornée  qui  resta  opaque  (2). 


DEUXIEME   DIVISION. 

VERS    DANS    LES    ANNEXES    DE   L'OEIL. 

La  constitution  anatomique  des  dépendances  du  globe  oculaire 
n'a  rien  de  spécial,  aussi  doit-on  s'attendre  à  trouver  dans  ces  par- 
ties les  vers  que  l'on  rencontre  dans  les  muscles,  dans  le  tissu  cellu- 
laire et  sous  les  téguments  des  autres  régions  du  corps. 

A.  —  Chez  l'homme,  les  vers  qui  ont  été  observés  dans  les  dé- 
pendances de  l'œil  sont  :  1°  la  trichina  spiralis  ;  2°  la  filaire  de  Mc- 
dine  ;  3°  un  ver  nématoïde  indéterminé  ;  4°  le  cysticerque  ladrique  ; 
5°  des  hydatides. 

Nous  avons  mentionné  ailleurs  les  cas  de  la  trichine,  de  la  filaire 
de  Médine,  du  cysticerque  ladrique  et  d'hydatides  qui  ont  été  rap- 
portés par  divers  médecins  (3)  ;  nous  n'aurons  à  parler  ici  que  d'un 
ver  nématoïde  encore  indéterminé  qui  paraît  assez  commun  au  Congo, 
et  peut-être  au  Gabon. 

La  filaire  de  l'orbite  (Synops.,  n°  76). 

Ce  ver,  d'api  es  Guyot,  chirurgien  qui  a  fait  plusieurs  voyages  à  la 
côte  d'Angola,  ne  serait  point  la  filaire  de  Médine,  car,  suivant  ce 
médecin  et  suivant  plusieurs  autres,  la  filaire  de  l'homme  n'existe 
point  au  Congo. 

(1)  Chaignaud,  D'une  maladie  vermineuse  qui  attaque  les  yeux  de  l'espèce  bovine, 
dans  Journal  ou  Recueil  de  mcd.  vétér.,  t.  IV,  p.  573.  Paris,  1827. 

(2)  Roche-Lubin,  Journ.  deméd.  vél.  prat.,  t.  I,  el  Recueil  de  méd.  vit.,  t.  XII, 
p.  279,  Paris,  1836. 

(3)  Voyez  p.  678,  719  et  suiv.,  632,  536  et  suiv. 


ANNEXES  DE   L'OEIL.  751 

Guybt  rapporte  que  les  nègres  de  cette  partie  de  l'Afrique  sont 
sujets  à  des  ophthalmies  de  deux  espèces  :  les  unes  qui  guérissaient 
par  un  traitement  approprié  ;  les  autres  qui  résistaient  à  ce  traite- 
ment: «  J'aperçus  enfin,  dit  ce  chirurgien,  après  avoir  examiné  plu- 
sieurs fois  et  avec  toute  l'attention  possible  les  yeux  de  ces  .ma- 
lades, sur  le  globe  de  l'œil  d'une  négresse  un  sillon  à  la  conjonctive, 
semblable  à  une  veine  variqueuse,  qui  me  détermina  à  y  faire  de  pe- 
tites mouchetures,  pour  en  procurer  le  dégorgement.  Ayant  attaqué 
avec  la  pointe  d'une  lancette  cette  prétendue  veine,  je  fus  très  sur- 
pris de  voir  disparaître  ce  sillon.  Cette  malade  me  dit  aussitôt  qu'elle 
sentait  quelque  chose  qui  remuait  dans  son  œil  et  que  ce  mouvement 
était  profond.  Je  soupçonnai  que  ce  ne  pouvait  être  qu'un  ver  am- 
bulant, qui  paraissait  quelquefois  sous  la  conjonctive  et  quelquefois 
s'enfonçait  vers  la  partie  postérieure  de  l'œil.  Je  demandai  à  plusieurs 
nègres  s'ils  étaient  sujets  à  avoir  des  vers  dans  les  yeux  ;  ils  m'ap- 
prirent que  cette  maladie  était  assez  commune  dans  leur  pays  et  que 
c'était  un  loa.  C'est  le  nom  qu'ils  donnent  à  ce  ver...,  que  ces  vers, 
après  avoir  disparu  pendant  un  ou  deux  mois,  reparaissaient  et  fai- 
saient renaître  l'inflammation  et  le  larmoiement,  et  qu'après  plusieurs 
années  de  semblables  alternatives,  ils  sortent  de  l'œil  sans  qu'on  s'en 
aperçoive  et  sans  faire  de  remèdes.  » 

Guyot  put  voir  encore  plusieurs  fois  reparaître  et  disparaître  au 
moindre  attouchement  le  ver  de  la  négresse  et  constater  chez  plu- 
sieurs autres  malades  l'inefficacité  de  tousses  traitements.  Il  résolut  - 
donc,  dans  un  nouveau  voyage  qu'il  fit  à  la  côte  d'Angola  en  1777, 
d'extraire  le  ver  par  une  incision  de  la  conjonctive,  mais,  ayant 
voulu  le  saisir  avec  une  pince  à  disséquer,  il  ne  put  y  parvenir. 

«  Dans  une  autre  occasion,  j'employai,  dit-il,  une  aiguille  à  su- 
ture de  moyenne  grosseur,  avec  laquelle  je  perçai  la  conjonctive  à 
côté  du  ver,  et  la  fis  passer  entre  lever  et  la  cornée  pour  la  faire  sortir 
par  le  côté  opposé.  De  cette  manière,  je  l'engageai  dans  la  courbure 
de  l'aiguille  en  soulevant  la  portion  de  la  conjonctive  comprise  avec 
le  ver  dans  la  partie  concave  de  l'aiguille.  Je  la  divisai  et  tirai  le  ver 
sans  être  tronqué,  ni  aplati  et  ayant  encore  assez  de  vigueur  pour 
se  remuer.  Il  faut  que  cette  opération  soit  faite  très  promptement, 
autrement  le  ver  s'échappe  ;  on  le  perd  de  vue  quelquefois  pour  très 
longtemps.  De  cinq  nègres  sur  lesquels  j'ai  tenté  cette  opération,  je 
n'ai  pu  tirer  ce  ver  qu'à  deux;  ils  ont  disparu  chez  les  autres  sans 
qu'ils  aient  occasionné  aucune  lésion  apparente  à  la  conjonctive,  et 
ils  n'ont  pas  reparu  tout  le  temps  que  je  suis  resté  avec  ces  nègres. 


752        AFFiiCriONS    VEUMINEUSES   DE  L'APPAREIL  DE  LA    VISION. 

Ceux  à  qui  j'ai  fait  cette  opération  furent  guéris  en  vingt-quatre 
heures,  sans  aucun  remède  qu'un  mélange  d'eau  de  rose  et  d'eau 
vulnéraire  instillé  dans  l'œil.  Les  nègres  attaqués  de  cette  ma- 
ladie n'ont  ordinairement   qu'un  ver  qui  se  trouve  à  l'un   de  leurs 

yeux(l).  " 

M.  Lestrille,  chirurgien  de  la  marine  française,  communiqua  à 
MM.  Gervais  et  Van  Beneden  le  cas  suivant  : 

«  Le  17  août  1854,  un  nègre  appelé  Chicou  vint  lui  demander  de  lui 
enlever  quelque  chose  qui  marchait  dans  son  œil.  Les  phénomènes  présentés 
par  le  malade  étaient  les  suivants  :  clignotement  fréquent;  sensation  d'un 
corps  étranger  gênant  les  mouvements  de  la  paupière  supérieure  ;  depuis  le 
matin  seulement  l'œil  avait  commencé  à  être  douloureux  ;  les  vaisseaux  de  la 
conjonctive  étaient  légèrement  injectés;  il  y  avait  du  larmoiement.  A  la 
partie  supéro-antérieure  du  globe  de  l'œil,  vers  l'angle  externe,  la  conjonctive 
était  soulevée  par  un  corps  allongé,  flexueux,  qui  s'étendait  dans  le  sens 
transversal.  A  la  première  vue,  ce  corps  ne  paraissait  pas  se  mouvoir  ;  mais, 
en  soulevant  avec  une  pince  à  dissection  la  conjonctive  qui  était  décollée  dans 
une  assez  grande  étendue,  des  mouvements  de  reptation  purent  être  aisément 
aperçus.  Une  incision  ayant  été  faite  à  la  conjonctive  avec  des  ciseaux  courbes 
sur  le  plat,  le  ver  put  être  saisi  avec  des  pinces  (2).  »  (Voy.  la  description, 
Synops.,  n°  76.) 

Ce  fait  a  été  observé  au  Gabon,  et  selon  M.  Lestrille,  les  cas  ana- 
logues ne  sont  pas  rares  dans  cettre  contrée. 

B.  — Chez  le  chien,  M.  Cunier  a  observé  un  cysticerque  ladrique? 
sous  la  conjonctive  (3). 

C.  —  Chez  le  porc,  le  cysticerque  ladrique  a  été  fréquemment 
rencontré  dans  les  muscles  de  l'œil,  sous  la  conjonctive,  etc. 

D.  —  Chez  le  bœuf,  J.-B.  Rhodes,  vétérinaire  à  Plaisance,  dé- 
partement du  Gers,  a  trouvé  en  1818,  sous  les  paupières,  quelques 
vers  d'environ  un  centimètre  de  longueur  et  de  deux  tiers  de  milli- 
mètre de  diamètre.  Ces  vers,  examinés  par  Bosc,  furent  regardés  par 
ce  savant  comme  constituant  un  nouveau  genre  d'helminthes  qu'il 

(1)  Mémoires,  dissert,  de  chir.  et  obs.  de  chir.,  par  J.-N.  Arrachart,  p.  228. 
Paris,  1805,  et  Rayer,  archiv.  cit.,  n°  2,  p.  122. 

(2)  Gervais  et  Van  Beneden,  zoologie  médicale.  Paris.  1859,  t.  II,  p.  143. 

(3)  Cunier,  Ann.  d'-oculistique,  vol.  VI,  p.  277,  et  Rayer,  arch.  cit.,  p.  130. 


AFFECTIONS  VERMINEUSLS  DE  L'APPAREIL   DE  LA  GÉNÉRATION.      75S 

appela  fhélaziell);  c'étaient  évidemment  des  larves  d'insecte.  Chez 
l'homme,  les  cas  de  larves  de  mouche  développées  sous  les  pau- 
pières ne  sont  pas  extrêmement  rares. 

E.—Chez  le  cheval  et  chez  le  bœuf,  M.  Gurlt  a  observé  assez 
fréquemment  un  ver,  qu'il  rapporte  au  genre  filaire  et  dont  l'habitat 
est  dans  les  conduits  excréteurs  de  la  glande  lacrymale.  Il  n'occa- 
sionne aucun  accident  fâcheux  (2)  ;  toutefois,  Kliem  (3),  vétérinaire  à 
Posen,  a  vu  chez  un  cheval  une  ophthalmie  avec  opacité  de  la  cornée, 
qui  a  été  déterminée  par  la  présence  sous  la  paupière  supérieure  de 
cinq  vers  nématoïdes  [filarialacrymalisl)  (voy.  Synops.,  n°  80). 


DEUXIEME  PARTIE. 

AFFECTIONS  VERMINEUSES  DE  L'APPAREIL    GÉNÉRATEUR. 

L'appareil  de  la  génération,  mâle  ou  femelle,  est  fort  peu  exposé 
à  l'invasion  des  vers.  Chez  la  femme  un  parasite  microscopique  existe 
dans  le  mucus  vaginal  ;  c'est  le  seul  entozoaire  spécial  aux  organes 
de  la  génération  qui  soit  connu. 

Les  vers  qui  vivent  dans  le  tissu  cellulaire  interorganique,  ceux 
des  cavités  séreuses  naturelles  ou  accidentelles  peuvent  se  rencontrer 
dans  les  organes  génitaux  de  l'homme  et  de  la  femme  aussi  bien  que 
dans  d'autres  parties,  mais  les  cas  en  sont  fort  rares.  Quant  aux  cas 
de  ces  entozoaires  développés  dans  l'appareil  de  la  reproduction 
chez  les  animaux,  ils  sont  sans  doute  également  très  rares,  car  ils 
n'ont  pas  attiré  l'attention  des  observateurs. 

(1)  Rapport  fait  par  M.  Bosc  sur  un  nouveau  genre  de  vers  intestinaux,  etc. , 
journal  de  physiq.,  chim.,  hist.  nat.,  1819,  t.  LXXXVHF,  p.  214,  et  Rayer,  ar- 
chiv.  cit.,  p.  131. 

(2)  E.-F.  Gurlt.  Lehrbuch  der  palholog.  anat.  der  Haussaiigethiere.  1  Band.  S. 
3i7.  Berlin,  1831. 

(3)  Mag.  fur  die  gesam.  Thier  Heilkunde,\on  Dr  Gurlt  und  Dr  Hertwig,  1839, 
p.  2i2;  cité  par  Verheyen,  Mém.  de  Numan,  trad.  p.  77. 


Davaine,  48 


7.V|      AFFECTIONS  VERMINEUSES   DE  L'APPAREIL  DE  LA  GÉNÉRATION. 

PREMIÈRE  DIVISION. 

AFFECTIONS    VERMINEUSES    DE    l'aPPAREIL    MALE. 

Article  premier. — La  connaissance  des  filaments  spermatiques 
remonte  à  deux  siècles.  L'attention  de  Leeuwcnlioek  ayant  été 
appelée  sur  des  animalcules  qu'un  étudiant  nommé  Ham  avait  trouvés 
dans  la  matière  provenant  d'un  homme  atteint  de  gonorrhée,  le  cé- 
lèbre micrographe  observa  bienlôt  après  ces  animalcules  dans  la  se- 
mence de  l'homme  sain  et  dans  celle  de  divers  animaux  ;  il  fit  part 
de  cette  découverte  à  la  société  royale  de  Londres  en  novembre 
1677(1). 

Leeuwenhoek  et  les  observateurs  contemporains  considérèrent  les 
filaments  spermatiques  comme  des  animaux  ;  toutefois,  d'après 
l'existence  constante  de  ces  filaments  à  l'époque  du  rut  et  leur  dispa- 
rition après  cette  époque,  d'après  leur  absence  avant  la  puberté  et 
dans  la  vieillesse,  plusieurs  savants  eurent  la  pensée  que  ces  êtres 
ne  sont  point  des  animaux,  mais  qu'ils  sont  les  agents  de  la  fécon- 
dation de  l'œuf,  le  premier  rudiment  de  l'animal  qui  s'y  déve- 
loppe (2)  ;  mais  d'un  autre  côté,  la  spontanéité  apparente  des  mou- 
vements, l'action,  sur  ces  mouvements,  des  agents  chimiques  et  de 
quelques  substances  toxiques  confirmèrent  le  plus  grand  nombre  des 
observateurs  et  les  plus  autorisés,  dans  la  pensée  que  ces  êtres 
jouissent  d'une  vie  indépendante  et  qu'ils  ne  sont  que  des  parasites. 
Leur  existence  chez  tous  les  animaux  adultes,  leur  présence  aux 
époques  du  rut,  leur  absence  hors  de  ces  époques,  s'expliquaient  par 
une  fonction  dont  ces  animalcules  auraient  été  chargés  :  celle  d'im- 
primer à  la  semence  une  agitation  nécessaire  et  de  provoquer  l'or- 
gasme vénérien. 

(1)  Qbservaliones  Antonii  Leeuwenhoek  de  natis  e  semine  genitali  animalculis, 
in  Transact.  philos.,  dec.  1677,  n°  142,  art.  3,  p.  1040. 

A.  Leeuwenhoek,  Aboul  génération  by  an  animalcule  of  ihe  maie  seed  (Observa- 
tions chez  la  grenouille),  in  Transact.  philos.,  1683,  n°  182,  art.  2,  p.  347. 

A.  Leeuwenhoek,  Lelter  concerning  génération  by  an  insect.  (Observations  chez  le 
chien),  in  Transact .  philos . ,  1685,  n°  174,  art.  3,  p.  1120). 

(2)  Andry,  Dissert,  sur  la  génération  de  l'homme  par  les  vers  spermatiques.  —  Si 
l'homme  lire  son  origine  d'un  ver  (ouvr.  cit.,  t.  Il,  p.  734).  —  Thèse  composée 
par  Geoffroy  de  l'Acad.  roy.  des  se.;  soutenue  le  13  uov.  1704.  —  (Journal  des  sa- 
vants, t.  XXIX,  1703.  —  Mém.  de  Trévoux,  1705,  p.  1846.) 

Lettre  de  Geoffroy  à  N.  Andry,  sur  le  système  de  la  génération  de  l'homme  par  les 
vers  spermatiques  (Andry,  ouvr.  cit.,  t.  Il,  p.  772). 


ORGANES  GÉNITAUX  DE  L'HOMME.  755 

Jusque  dans  ces  derniers  temps  les  filaments  spermatiques  furent 
considérés  comme  des  animaux  parasites  ;  on  les  rangea  parmi  les 
microzoaires,  ou  les  prothelminthes,  à  côté  des  cercaires  ;  on  crut 
même  leur  trouver  des  organes  distincts.  Enfin,  il  ressortit  des  re- 
cherches de  Wagner,  de  Kolliker  et  des  travaux  des  physiologistes 
modernes,  une  opinion  plus  saine  concernant  la  nature  de  ces  êtres. 
Dérivés  de  l'organisme  mâle,  comme  l'œuf  de  l'organisme  femelle, 
ils  n'accomplissent  aucune  des  fonctions  animales.  Ils  transmettent 
à  l'œuf  la  vie  dont  ils  sont  doués,  mais  ils  ne  se  reproduisent  point 
d'eux-mêmes;   ce  ne  sont  point  des  animaux. 

Article  II.  —  Les  seuls  entozoaires  qui  aient  été  observés  dans 
les  organes  génitaux  de  l'homme  sont  des  hydatides  et  des  filaires. 

A.  —  Hydatides. 

On  rapporte  qu'en  Islande  on  a  vu  quelquefois  des  hydatides  dans 
la  tunique  vaginale  (1). 

Bisson,  chirurgien  du  siècle  dernier,  fit  l'extraction,  par  une  in- 
cision, d'une  vésicule  qui  était  située  dans  le  scrotum  ;  elle  était 
libre,  blanche  et  consistante,  remplie  par  une  eau  très  claire  5  on  ne 
peut  douter  qu'il  ne  s'agisse  d'une  hydatide  (2). 

Astley  Cooper  fait  mention  d'un  testicule  dont  l'épididyme  conte- 
nait un  kyste  ;  dans  l'intérieur  de  ce  kyste,  se  trouvait  une  hyda- 
tide semblable  à  une  perle;  elle  était  parfaitement  libre  et  sans  adhé- 
rence dans  la  poche  qui  la  renfermait.  Cette  hydatide  était  remplie 
d'un  liquide  aqueux.  Le  testicule  était  un  peu  plus  volumineux  qu'à 
l'ordinaire  (3). 

Enfin  nous  avons  rapporté  les  cas  d'un  kyste  hydatique  considé- 
rable du  petit  bassin,  qui  s'était  développé  primitivement  de  la  vé- 
sicule séminale  droite  (4). 

B.  —  Filaire. 

Les  cas  de  filaire  observés  dans  les  organes  génitaux  externes  de 
l'homme  sont  moins  rares  que  ceux  qui  concernent  les  hydatides  ; 

(1)  Voy.  ci-dessus,  p.  382. 

(2)  Bisson,  Observation  sur  une  hydatide  survenue  à  la,  suited'un  circocèle(Journ. 
deméd.  chir,,  etc.,  1759,  t.  XI,  p.  455). 

(3)  Astley  Cooper,  ouvr.  cit.  trad.,  p.  451. 

(4)  Voy.  ci-dessus,  obs.  civ,  p.  490. 


756  AFFECTIONS  VÉRMINÊUSES  DU  l'aPPAREIL  1>L:   t.A  GÉNÉRATION* 

nous  les  avons  rapportés  et  nous  avons  vu  qu'ils  ont  quelquefois 
donné  lieu  à  des  erreurs  de  diagnostic,  soit  que,  située  sous  les  tégu- 
ments de  la  verge,  la  filaire  ait  été  prise  pour  un  vaisseau  lympha- 
tique enflammé  (1),  soit  que,  située  dans  les  bourses  ou  dans  l'aine, 
elle  ait  occasionné  des  tumeurs  ou  des  ulcérations  attribuées  d'abord 
à  la  syphilis  (2). 

Article  IN.  —  Les  vers  des  intestins  peuvent  donner  lieu,  par 
une  action  sympathique  ou  par  une  excitation  de  voisinage,  à  des 
effets  fâcheux  sur  les  fonctions  génitales.  Nous  avons  vu  que  les 
oxyures  provoquent  la  masturbation,  des  pertes  séminales  involon- 
taires et  leurs  graves  conséquences.  Nous  connaissons  un  homme 
chez  lequel  survinrent,  sans  cause  appréciable,  des  désordres  fâcheux 
dans  les  fonctions  génitales  ;  le  malade  s'aperçut  enfin  de  l'existence 
d'un  ténia  dont  l'expulsion  fut  longue  et  difficile;  cet  homme,  quoique 
dans  toute  la  vigueur  de  l'âge,  ne  retrouva  pas  complètement  l'inté- 
grité primitive  de  ses  fonctions. 


DEUXIEME  DIVISION. 

AFFECTIONS    VERMINEUSES    DE    L'APPAREIL    FEMELLE. 

L'appareil  génital  de  la  femme  n'est  guère  plus  exposé  que  celui 
de  l'homme  à  l'invasion  des  entozoaires.  Le  trichomonas  qui  vit  dans 
le  vagin,  et  les  oxyures  qui  arrivent  accidentellement  dans  cet  or- 
gane, sont  les  seuls  parasites  qui  s'y  rencontrent  assez  fréquem- 
ment. 

Article  premier.  —  Vers  spéciaux  aux  organes  génitaux  de  la 
femme. 

Le  trichomonas  vaginal  (voy.  Synopsis,  n°  5)  a  été  découvert 
dans  le  mucus  du  vagin  par  M.  Donné  (3).  Plusieurs  savants  tels 
que  Gluge,  Valentin,  de  Siebold,  Vogel  (4)  ont  émis  l'opinion  que  le 
trichomonas  n'était  que  de  l'épithélium  vibratile,  détaché  de  la  ma- 

-    (1)  Voy.  ci-dessus,  p.  723. 

(2)  Voy.  ci-dessus,  p.  722,  721. 

(3)  Al.  Donné,  Cours  de  microscopie,  Paris,  1844,  p.  157. 

(4)  J.  Vogel.,  ouvr.  clt  ,  p.  395. 


ORGANES  GÉNITAUX   DE  LA  FEMME.  757 

trice  ;  mais  récemment,  M.   Kolliker  a  confirmé  l'exactitude  du 
fait  annoncé  par  M.  Donné  (1). 

Le  trichomonas  vaginal  ne  se  rencontre  jamais  dans  le  mucus  va- 
ginal sain  et  normal,  dit  M.  Donné;  on  ne  le  voit  pas  même  lorsque 
la  sécrétion  est  augmentée  sans  altération  appréciable  des  principes 
constituants  du  liquide.  Toutes  les  fois  que  cet  animalcule  existe,  le 
mucus  vaginal  renferme  des  bulles  d'air  qui  lui  donnent  un  aspect 
écumeux;  ce  caractère  est  constant.  La  production  du  trichomonas 
n'a  aucune  relation  avec  le  principe  vénérien  ;  on  voit  ce  proto- 
zoaire chez  des  femmes  saines  sous  ce  rapport. 

Des  injections  répétées  d'eau  simple,  ou  mieux  d'eau  alcaline,  suf- 
fisent pour  faire  disparaître  cet  entozoaire. 

Article  II.  —  Vers  vêsiculaires.  —  Les  vers  vésiculaires  ne 
sont  pas  communs  dans  les  organes  génitaux  chez  la  femme  ;  le  plus 
grand  nombre  des  cas  rapportés  à  ces  vers,  par  les  auteurs,  appar- 
tiennent à  la  môle  hydatique,  d'autres  appartiennent  aux  kystes  sé- 
reux. 

Toutes  les  parties  de  l'appareil  génital  de  la  femme  ont  offert  des 
vers  vésiculaires ,  mais  il  est  remarquable  que  la  matrice,  qui  dans 
la  grossesse  acquiert  un  si  grand  développement  et  une  si  grande 
vascularité,  ne  nous  en  offre  qu'un  seul  exemple. 

A.  —  Ovaire. 

Méry...  «  a  trouvé  dans  un  enfant  âgé  de  deux  ans,  fille  de 
cette  même  femme,  un  testicule  (ovaire)  rempli  d'une  espèce  d'oeufs 
d'une  grosseur  considérable;  les  plus  gros  avaient  jusqu'à  cinq  ou 
six  lignes  de  diamètre.  M.  Méry  croit  que  ce  sont  des  hydatides 
changées  en  abcès  (2).  » 

Esquirol  a  vu  des  hydatides  dans  l'ovaire  gauche  chez  une  fille 
qui  avait  deux  kystes  hydatiques  énormes  dans  le  foie  (3). 

P.  Dubois  et  Boivin  ont  observé  une  tumeur  énorme  développée 
dans  l'ovaire,  et  qui  paraît  appartenir  aux  kystes  hydatiques  athé- 
romateux.  Elle  fut  incisée  par  le  vagin  ;  la  malade  succomba  (4). 

(1)  Comptes  rendus  Acad.  des  sciences,  30  avril  1855. 

(2)  Hisl.  del'Acad.  des  sciences,  1695,  Paris,  1733,  ia-4°,  t.  II,  p.  245. 

(3)  Voy.  ci-dessus,  p.  440,  obs.  lxix. 

(4)  Voy.  ci-dessus,  p.  511,  obs.  eu. 


758   AFFECTIONS   VLK.MlNliUSES   DE   L'APPAREIL   DE  LA  GÉNÉllATION. 

Basset  rapporte  un  cas  de  tumeur  hydatique  de  l'ovaire  qui  oc- 
casionna la  rétention  des  urines  et  des  matières  fécales,  et  qui  dé- 
termina la  mort  (1). 

B.  —  Trompes  utérines. 

Barré  rapporte  l'observation  d'une  tumeur  hydatique  considé- 
rable développée  dans  le  petit  bassin  ;  l'utérus  appliqué  sur  sa  face 
antérieure  lui  était  intimement  uni  ;  les  trompes  et  les  ovaires  étaient 
en  grande  partie  confondus  avec  la  paroi  du  kyste  ;  la  cavité  de  celui- 
ci  communiquait  avec  celle  des  trompes,  en  sorte  que  par  cette  voie 
la  cavité  de  l'utérus  était  en  communication  avec  celle  du  kyste  (2). 

C.  —  Corps  de  l'utérus. 

Laennec  donne  le  résultat  de  l'autopsie  d'une  femme  qui  avait 
plusieurs  kystes  hydatiques,  l'un  dans  le  foie,  un  autre  dans  le  tissu 
cellulaire  interposé  au  péritoine  et  aux  muscles  de  la  partie  antérieure 
de  l'abdomen,  et  d'autres  dans  le  tissu  de  la  matrice.  Après  avoir 
donné  la  description  des  acéphalocystes  renfermées  dans  les  deux 
premiers  de  ces  kystes,  il  ajoute:  «  La  matrice  contenait  dans  ses 
parois  trois  kystes,  ayant  chacun  la  grosseur  d'une  pomme  et,  du 
reste,  semblables  aux  précédents  (3).  » 

D.  —  Col  de  l'utérus. 

Charcot  a  donné  la  description  d'une  tumeur  hydatique  déve- 
loppée dans  le  tissu  cellulaire  qui  revêt  le  col  de  l'utérus  ;  le  kyste 
était  très  adhérent  à  cet  organe  ainsi  qu'à  la  paroi  postérieure  et  su- 
périeure du  vagin  (4). 

E.  —  Paroi  du  vagin. 

Nous  avons  rapporté  trois  cas  de  kystes  du  petit  bassin  qui  ont 
été  opérés  par  le  vagin  ;  deux  avaient  mis  obstacle  à  l'accouchement. 
Tous  les  trois  ont  guéri.  Il  se  peut  qu'ils  se  soient  développés  primi- 
tivement de  la  paroi  du  vagin  (5). 

(1)  Voy.  ci-dessus,  p.  510,  obs.  cl. 

(2)  Voy.  ci-dessus,  p.  519,  obs.  clxv. 

(3)  Laennec,  mém.  cit.,  p.  150,  obs.  iv. 

(4)  Voy.  ci-dessus,  p.  515,  obs.  clviii. 

(5)  Voy.  ci-dessus,  p.  517  et  suiv.,  obs.  clxii,  clxui,  cuiv. 


ORGANES  GÉNITAUX   DE  LA   FEMME.  759 

F.  —  Mamelle. 

I.  — De  Haen  a  observé  des  bydatides  de  la  mamelle;  la  tumeur 
ayant  été  prise  pour  un  squirrhe,  on  procéda  à  l'extirpation:  «  Sub 

operatione  constitit  pugni  magnitudinis  hydatida  esse,  quœ  a.cîr- 
cumcreia,  compressuque  indurata  cellulositate  inrcquali,  squirrhi 
inasqualitatem  referret.  Habebat  pellem  externam  albam,  cras- 
»  sam,  lacerabilem,  nihilomnino  aut  fibrosam,  aut  vasculosam,  ea 
de  causa  non  fractam  duntaxat,  quantumvis  debilem,  quod  ab  ih- 
tegumentis  et  circumcreta  indurataque  cellulositate  œqualiter 
premeretur.  Prgeter  lympham,  qua  turgebat,  continuit  quatuor 
exiguas  hydatidas,  liberrimas,  pedunculi  vestigio  omnino  ca- 
rentes  (1).  » 

II.  —  Fréteau  rapporte  que  le  docteur  Darbefeuille,  chirurgien  en 
chef  de  l'hospice  de  Nantes,  a  trouvé  des  hydatides  en  grand  nombre 
dans  un  sein  qu'il  venait  d'enlever  (2). 

III.  —  «  Roux  annonce  ...  avoir,  il  y  a  peu  de  temps,  extirpé 
une  tumeur  volumineuse  du  sein  chez  une  femme  de  province,  tu- 
meur dans  laquelle  était  une  collection  nombreuse  d'hydatides.  Des 
signes  particuliers  avaient  fait  soupçonner  à  Roux  cette  circonstance 
extraordinaire  avant  l'ablation  de  la  tumeur  que  son  grand  vo- 
lume, son  poids,  la  gêne  qui  en  résultait,  forçaient  à  extirper, 
mais  qui,  du  reste,  était  bien  reconnue  pour  n'être  point  de  nature 
cancéreuse  (3).  » 

IV.  V.  —  Astley  Cooper  rapporte  qu'il  existe  dans  le  muséum 
de  l'hôpital  Saint-Thomas,  une  hydatide  qui  a  été  rejetée  à  travers 
une  perforation  de  la  mamelle;  les  parois  du  kyste  s'étant  enflam- 
mées, la  collection  purulente  qui  en  est  résultée,  s'est  ouverte  à 
l'extérieur  et  a  donné  issue  à  l'hydatide. 

Le  même  auteur  rapporte  une  observation  qui  lui  a  été  commu- 
niquée par  le  docteur  Bayfied  ;  elle  concerne  une  tumeur  hydatique 
qui,  s'étant  accrue  pendant  onze  mois  sans  douleur  et  sans  altération 
de  l'économie,  fut  enlevée  par  l'instrument  tranchant.  Il  n'y  eut  point 
de  récidive  (4). 

(1)  De  Haen,  op.  cit.,  t.  III,  pars  Vil,  cap.  m,  §  3,  p.  322. 

(2)  Fréteau,  me'm.  cit.,  p.  145  (voy.  ci-dessus,  p.  416,  l'indication  de  ce  mé- 
moire). __ 

(3)  Journ.  gén.  de  méd.  de  Sédillot,  1819,  t.  LXVII,  p.  365. 
(&)  Astley  Cooper,  ouvr.  cit.  trad.,  p.  518, 


760   AFFECTIONS   YERluTNEUSES  DE  L'APPAREIL  DE  LA  GÉNÉRATION. 

VI.  — Grsefe  rapporte  le  cas  d'une  tumeur  causée  par  des  hydatides 
delà  mamelle,  qui  fut  prise  pour  un  squirrhe.  Il  s'agit  d'une  fille  âgée 
de  vingt-cinq  ans,  chez  laquelle  une  tumeur  se  développa  dans  la 
mamelle  gauche,  tumeur  qui  acquit  le  volume  d'un  œuf  de  poule  et 
qui  était  accompagnée  de  douleurs  très  vives.  Une  incision  ayant  été 
pratiquée,  on  parvint  dans  sa  cavité  qui  contenait  trois  hydatides 
grosses  comme  des  noix  et  sept  plus  petites;  les  parois  de  la  poche 
étaient  lisses  et  semblaient  participer  de  la  nature  des  membranes 
séreuses.  On  introduisit  dans  sa  cavité  un  tampon  de  charpie  ;  plus 
tard  on  y  fit  des  injections  d'une  solution  de  nitrate  acide  de  mer- 
cure. La  malade  ne  fut  complètement  guérie  que  deux  mois  après 
l'opération  (1). 

VII.  —  Cas  de  Malgaigne. 

Femme  âgée  de  quarante-deux  ans,  entrée  à  l'hôpital  Saint-Louis  le  31  mai 
1  853  ;  tumeurdatantdesixans  à  la  partie  inférieure  externe  du  sein  gauche:  elle 
est  arrondie,  oblongue,  du  volume  d'un  oeuf  de  pigeon,  mobile  sur  les  tissus 
profonds,  adhérente  à  la  peau  qui  a  conservé  son  apparence  normale.  Ablation 
par  une  incision  ;  pénétration  de  l'instrument  dans  l'hydatide  qui  sort  spon- 
tanément à  travers  la  plaie  (2). 

Voyez  encore  des  cas  de  Warren,  Saucerotte,  et  Benj.  Cooper, 
cités  par  M.  Velpeau  dans  son  Traité  des  maladies  du  sein  (3). 

G.  —  Placenta. 

«  Un  passage  de  Gœze,  dit  Laennec,  est  relatif  à  des  vésicules 
trouvées  dans  un  kyste  développé  dans  un  placenta.  Ces  vésicules, 
qui  très  probablement  étaient  des  acéphalocystes,  n'avaient  aucune 
apparence  de  tête  (4).  » 

Artice  III.  —  Vers  erratiques  et  fictifs.  —  A. — Les  vers  pour- 
raient se  porter  de  l'intestin  dans  le  vagin  ou  la  matrice\  par  une 
fistule  qui  établirait  une  communication  entre  les  deux  organes  ; 

(1  )  Observ.  recueillie  à  la  clin.  chir.  du  prof.  Grœfe  de  Berlin  (Clinique  des  hô* 
pitaux,  t.  II,  n°  28.  —  Arch.  gén.  de  tnéd.,  t.  XVI,  p.  593, 1828). 

(2)  Malgaigne,  Hydatides  du  sein  (Gaz.  des  hôpitaux,  1853,  p.  356). 

(3)  Velpeau,  Traité  des  maladies  du  sein,  Paris,  1854,  p.  316.  —  Warren,  On 
tumours,  etc.,  p.  206,  Tumeur  de  la  mamelle  pesant  douze  livres  et  contenant  une 
infinité  de  petits  globules  hydaliques.  —  Saucerotte,  Mélanges  de  chirurgie.  —  Ben- 
jamin Cooper,  in  Birkclt,  p.  183. 

(i)  Goeze,  Eingeweid,  etc.,  p.  196;  cité  par  Laennec,  mém.  cit.,  p.  77. 


ORGANES   GÉNITAUX   DE  LA  FEMME.  761 

peut-être  le  cas  de  Humelbergius,  concernant  un  ténia  rendu ^a»'  la 
matrice,  doit-il  être  ainsi  expliqué  (1)? 

Nous  n'oserions  dire  qu'un  fait  observé  récemment  par  M.  An- 
ciaux,  peut  être  expliqué  de  la  même  manière,  quoique  l'auteur 
propose  cette  explication  :  il  s'agit  d'une  femme  «  qui  se  crut  un  jour 
enceinte  ;  les  règles  avaient  cessé  ;  puis  elle  s'imagina  éprouver  à 
l'époque  ordinaire  les  mouvements  actifs  de  son  enfant....  Après 
avoir  passé  plus  d'un  an  dans  cet  état.. . ,  la  malade  rendit  spontané- 
ment une  grande  quantité  de  lombrics,  dont  plusieurs  sortirent  des 
parties  génitales;  la  malade  en  retira  plusieurs  avec  les  doigts  (2).  » 

B.  —  On  sait  que  les  oxyures  se  portent  très  fréquemment  dans 
le  vagin  chez  la  femme,  qu'ils  y  produisent  un  prurit  incommode  et 
quelquefois  une  excitation  des  plus  fâcheuses;  ils  provoquent  la 
masturbation  (3),  et  même  ils  donnent  lieu  à  des  accès  de  nympho- 
manie (4).  Enfin,  ils  déterminent  une  leucorrhée  persistante  chez  les 
femmes  qui  ne  se  soignent  pas  (5). 

(1)  Voici  les  paroles  de  Gabr.  Humelbergius  :  «  Et  nos  admirandœ  longitudinis 
»  tœuias  in  superiore  Rhetia,  Veltkirchii,  dum  illic  civium  nostrorum  archialrum 
»  ageremus,  vidimus  non  semel,  primo  ex  intestinis  mulieris,  deinde  puellœ  infanlis 
»  bis  elapsa;  et  tertio  ex  mulieris  utero,  sive  canali  ejus,  ut  constantissima  fide  ad- 
»  firmabat,  redditas;  omnes  in  se  glomeratas.  »  Commenlar.  in  Apideii  demedica~ 
minibus  herbar.,  cap.  1,  cité  par  Leclerc,  op.  cit.,  p.  188.) 

(2)  H.  Anciaux,  Des  accidents  produits  par  les  ascarides  lombricoides  et  de  leur 
traitement  (Bull,  g  en.  dethérap.,  1856,  p.  246). 

(3)  Voy.  Schneider,  Annalen  der  Heilk.,  1811,  p.  491,  cité  par  H.  Cloquet, 
ouvr.  cit.,  t.  II,  p.  160. 

(4)  Lenlin,  in  Rufeland's  Journ.,  etc.,  14  B. ,  3  S.,  p.  10,  cité  par  H.  Clo- 
quet, loc.  cit. 

(5)  Stô'rk  parle  d'une  femme  âgée  de  26  ans,  qui,  ayant  eu  pendant  sa  grossesse 
des  flueurs  blanches  avec  un  prurit  insupportable,  rendit  par  la  vulve  un  peloton 
d'oxyures  (Observ.  clin.,  ann.  vm,  p.  463).  —  Des  cas  de  prurit  plus  ou  moins  in- 
tolérable de  la  vulve,  avec  écoulement  abondant  et  fétide,  guéris  par  l'expulsion 
d'oxyures  ont  encore  été  rapportés  par  Jean  de  Tournemine  {Forestus,  lib.  îv,  part.  I, 
secl.H,cap.  ix); — Th.  Cockson  (Commentar.  medic,  n°4,  p.  88),  (cités  parBlalin, 
Du  catarrhe  utérin,  Paris,  an  x,  p.  37  et  suiv.,  — 2G  édit.,  Paris,  1842,  p.  457). 
—  Duval  et  Villeneuve  (Bibliolh.  méd.,  t.  XLIV,  p.  356).  —  Mondière  (mém. 
cit.,  p.  157). 

Carteaux  rapporte  le  cas  d'une  femme  âgée  de  soixante-  dix-huit  ans,  qui  portait 
depuis  trente-cinq  ans  environ  un  pessaire.  Ce  pessaire  ayant  été  oublié  depuis 
deux  ans  dans  le  vagin,  il  survint  des  douleurs  et  des  accidents  divers;  la  partie 
inférieure  du  canal  était  remplie  de  mucosités  et  d'oxyures  (Journ.  de  méd.  et 
chir.  prat.,  t.  II,  p.  98.  —  Cité  par  felatiu). 


762   AFFECTIONS   vEHMlNEUSIiS  DE   [/APPAREIL  DE  LA   GÉNÉRATION. 

C. —  Dans  des  cas  semblables,  quelques  anciens  auteurs  ont  cru 
avoir  affaire  à  des  vers  particuliers  qui  avaient  pris  naissance  dans 
l'utérus  ou  le  vagin  (1). 

D.  —  On  a  encore  attribué  aux  organes  génitaux,  comme  à  tous 
les  autres  organes,  des  entozoaircjs  fictifs  ;  ce  sont  :  des  vers  trouvés 
dans  la  matrice,  et  qui  avaient  détruit  le  fœtus  (2)  ;  des  vers  trouvés 
dans  le  délivre  (3)  ;  il  est  même  question  d'un  ver  sorti  du  mamelon 
d'une  femme  (4). 

(1)  Voy.  un  cas  de  Beckerus  (dans  les  Ephem.  nat.  cttr.,  dec.  I,  ann.  VIII, 
obs.  LXX1V,  p.  121). —  Un  autre  de  Scharffius  (Ephem.  nat.  cur.,  dec.  I,  ann.  IX 
et  X,  1678,  1679,  obs.  vu,  de  vermibus  uleri.  —  Théoph.  Bonet,  Medic.  sept, 
collect.,  lib.  IV,  sect.  i,  p.  18,  Genevœ,  1687.  —  Collect.  Acad.  part,  étrang., 
t.  III,  p.  366).  —  Voy.  encore  Benivenius  (lib.  De  occult.  morb.  caus.,  cité  par 
Stalpart  Vander-Wiel).  — Lopius  (Variar.  med.  lect.,  cap.  xm,  cité  par  le  même). 
—  Lentilius  [Ephem.  nat.  cur.,  1712,  appcnd.  fol.  201,  cité  par  Bianchi).  — 
Bianchi,  Ascarides  plus  petits  que  ceux  du  rectum  (ouvr.  cit.,  p.  332).  —  Mauri- 
ceau,  Traité  des  maladies  des  femmes  grosses,  Paris,  1760,  t.  I,  p.  427,  et  t.  H, 
p.  52). 

(2)  Stegmann  rapporte  qu'après  un  accouchement  la  sage-femme  vit  sortir 
de  la  cavité  du  chorion  qui  était  d'une  épaisseur  anormale,  un  grand  nombre  de 
vers  plats  et  rouges  lesquels  avaient  dévoré  le  fœtus  à  l'exception  de  quelques  petits 
os  (Stegm.  mise,  cur.,  decur.  III,  cité  par  Bianchi).  —  Tinueus  dit  qu'une  femme 
que  l'on  croyait  enceinte  et  qui  venait  d'être  tuée,  fut  ouverte  pour  sauver  l'enfant  ; 
mais  on  ne  trouva  dans  la  matrice  qu'une  matière  muqueuse  et  des  vers  (Cas. 
méd.,  lib.  IV,  p.  204,  cité  par  Vander-Wiel). 

(3)  Vander-Wiel  rapporte  qu'une  sage-femme  lui  a  affirmé  avoir  trouvé  un  ver 
de  plus  d'un  quart  d'aune  de  long,  enroulé  autour  du  cordon  ombilical  ;  et  une  autre 
fois  un  ver  plus  petit  dans  le  placenta  même  (Vander-Wiel,  ouvr.  cit.,  t.  II, 
obs.  xxix,  p.  302). 

(4)  Un  homme  qui  tirait  le  lait  trop  abondant  de  sa  femme,  vit  sortir  du  ma- 
melon un  ver  qu'il  retira  avec  la  main.  Ce  ver  était  long  de  4  pouces,  composé  d'an- 
neaux, muni  de  deux  rangées  de  pieds,  etc.  (Extrait  d'une  lettre  écrite  de  Chartres, 
le  11  avril  1666.  Journal  des  savants,  17  mai  1666  et  Collect.  Acad-,  1. 1,  p.  255). 


PREMIER    APPENDICE. 

MALADIES   FAUSSEMENT    ATTRIBUÉES    AUX    VERS. 

Nous  avons  parlé  dans  le  synopsis,  à  l'article  des  pseudhelminthes, 
de  corps  organisés  ou  non,  qui  ont  été  faussement  considérés  comme 
des  entozoaires  ;  nous  parlerons  succinctement  ici  des  maladies  qui 
ont  été  faussement  attribuées  aux  vers. 

On  peut  ranger  ces  maladies  dans  quatre  catégories  : 

1°  Fièvres  continues,  affections  inflammatoires  ou  autres  des  prin- 
cipaux organes,  qui  seraient  déterminées  par  les  vers  contenus  dans 
l'intestin,  ordinairement  l'ascaride  lombricoïde. 

2°  Affections  épidémiques  ou  contagieuses  déterminées  par  des 
vers  invisibles  qui  infestent  l'économie,  circulent  avec  le  sang,  etc. 

3°  Affections  causées  par  des  vers  localisés  dans  une  partie  du 
corps  autre  que  l'intestin. 

4°  Affections  imaginaires  causées  par  des  entozoaires  également 
imaginaires. 

Article  premier.  —  Les  anciens  avaient  reconnu  que  les  vers  de 
l'intestin  occasionnent  des  phénomènes  ou  des  affections  sympathi- 
ques plus  ou  moins  graves,  mais  ils  ne  leur  attribuaient  pas,  comme 
on  l'a  fait  à  une  époque  assez  récente,  la  production  de  maladies  in- 
flammatoires dans  les  organes  qui  ne  sont  point  le  siège  des  vers, 
ou  celle  de  maladies  plus  générales  comme  les  fièvres  continues, 
l'hydropisie,  la  goutte,  etc.  Ce  n'est  guère  qu'au  xvne  siècle  que  l'on 
commença  de  donner  aux  vers  cette  importance  et  qu'on  leur  attribua 
dé  causer  des  maladies  qui  ont  été  désignées  sous  le  nom  de  vermi- 
neuses universelles. 

La  mention  des  fièvres  vermineuses  ne  paraît  pas  antérieure  aux 
ouvrages  de  Rivière,  d'Hoffmann,  etc.  ;  le  premier  de  ces  auteurs  dit 
que  les  vers  occasionnent  une  fièvre  intense  et  non  réglée  (1)  ;  le  se- 
cond qu'ils  occasionnent  des  fièvres  lentes  et  putrides,  semblables  aux 
quotidiennes,  mais  sans  type  réglé  (2). 

Les  médecins  qui  vinrent  après  eux  reconnurent  encore  des  fiè- 
vres vermineuses  hectiques,  malignes,  épidémiques,  etc.  ;  alors  les 

(1)  Lazari  Rivcrii,  Opéra  medica  universa,  Lugduni,  1738,  p.  310. 

(2)  Hoffmann,  op.  cit.,  1. 1,  p.  332,  §  55. 


76/t  PREMIER  APPENDICE. 

épidémies  de  fièvre  continue,  de  dysenterie,  de  pneumonie,  avec 
expulsion  de  lombrics,  furent  attribuées  à  la  présence  de  ces  para- 
sites. On  sait  l'importance  qui  a  été  donnée  aux  lombrics  et  surtout 
aux  trichurides  dans  celle  qu'ont  décrite  Rœderer  et  Wagler  (1)  ;  à 
la  même  époque,  Van  den  Bosch  donna  l'histoire  d'une  constitution 
épidémique  vermineuse  dans  un  ouvrage  qui  acquit  delà  célébrité  (2). 

Avant  le  xvin0  siècle,  il  est  à  peine  question  des  maladies  épidémiques 
vermineuses  : 

Forest  rapporte  qu'en  1545,  une  fièvre  pestilentielle  (febris  pestilens, 
Trousse-Galant)  enleva  les  jeunes  gens  les  plus  vigoureux  en  Savoie  et  dans 
quelques  localités  de  la  France.  Dans  le  cours  de  celte  affection,  les  malades 
vomissaient  une  grande  quantité  de  vers  vivants  et  souvent  avec  menaces  de 
suffocation  (3). 

En  1675,  une  fièvre  épidémique  fit  périr  plus  de  six  cents  personnes  à 
Bourg  en  Bresse  ;  on  reconnut  que.  toutes  avaient  des  vers,  et  dès  lors  les  ma- 
lades furent  guéris  par  des  remèdes  qui  tuaient  ces  parasites  (4). 

Ramazzini  signale  aussi  l'existence  pernicieuse  des  vers  dans  l'histoire  do  la 
constitution  épidémique  de  1689  (5). 

Jusqu'alors  les  lombrics  avaient  été  regardés  comme  une  complication  ou 
comme  un  accident  de  la  maladie,  mais  au  xvme  siècle,  les  médecins  de 
toutes  les  parties  de  l'Europe  rapportèrent,  comme  à  l'envi,  des  histoires 
d'affections  épidémiques  déterminées  par  les  vers.  Voici  l'indication  des  prin- 
cipales : 

Farnèse  (1705),  pleurésie  vermineuse,  par  Pedratti  (6). 
Béziers  (1730),  maladies  diverses,  par  Bouillet(7). 
Bergerac  (1731),  ...  ?  par  Vieussens  (8). 
Modène  (1739),  fièvres,  par  Moreali(9). 

(1)  Ouvr.  cil.,  sect.  II,  §  2,  6. 

(2)  J.  Van  den  Bosch,  Hist.  const.  epid.  vermin.,  quae,  annis  1760, 1761, 1762, 
1763,  per  insulam  Overflacqué,  etc.,  grassata  fuit,  Lugduni  Batavorurn,  1769. 

(3)  Pelri  Foresti  Alcmariaai,  Opéra  omnia;  Rolhomagi,  1653,  t.  I,  p.  196, 
lib.  VI,  obs.  vu. 

Dans  le  même  livre  se  trouvent  plusieurs  observations  de  fièvre  pestilentielle 
avec  des  vers,  lib.  VI,  obs.  h,  iv,  v,  vi. 

(i)  Th.  Bonet,  Sepulc,  lib.  IV,  sect.  I,  obs.  lviii,  t.  III,  p.  227. 

(5)  Cité  par  Raulin,  Ancien  journ.  deme'd.,  t.  IV,  p.  236,  1756. 

(6)  Dans  Morgagni,  ouïr,  cit.,  epist.  XXI,  §  43. 

(7)  Voy.  ci-dessus,  p.  126. 

(8)  Observations  sur  la  maladie  vermineuse  de  Bergerai,  en  1731  (Van  den 
Bosch). 

(9)  Moreali,  Des  fièvres  malignes  et  contagieuses  produites  par  les  vers,  Mo- 
dène, 1739  ,Sprengel). 


MALADIES  FAUSSlMENT   ATTRIBUÉES   AUX   VERS.  765 

Ccjlembourg  (1741),  fièvres,  par  Kloekhoff  (l). 

Ciialons  (1744  à  1750),  maladies,  par  Navier  (2). 

Provence  (1748  à  1757),  fièvres,  par  Darlue  (3). 

Provence  (1 751  ),  pleurésie,  par  Darlue  (4). 

Nyons?  (1754),  dysenterie,  par  Degner  (5). 

Seclin(1756),  maladie  épidémique,  par  Dehenne,  de  Cyssau,  elc.  (6). 

Ham  (1 756),  fièvre  putride,  par  de  Berge  (7) . 

Saint-Jean  d'ANGELi  (1757),  péripneumonie,  par  Marchand  (8). 

Fougères  (1757),  dysenterie,  par  Nicolais  Dusaulsay  (9). 

Groningue  (1  759),  variole  avec  vers,  par  Van  Doeveren  (1  0). 

Gûettingue  (1760  à  1761),  fièvre  muqueuse,  par  Rœderer  et  Wagler  (1 1). 

Overflacqoe  (1760  à  1763),  constitution  épidémique  vermineuse,  par  Van 

den  Bosch  (12). 
Clisson  (1765),  maladies  diverses,  du  Boueix  (1  3). 
Arbois  (1766),  fièvre  putride,  par  Bonnevault  (1  4). 
Gros-Theil  (1769),  fièvre  putride,  par  Lépecq  de  la  Clôture  (15). 
Lille  (1790),  fièvre  maligne,  par  Boucher  (16). 


(1)  Kloekhoff,  Historia  febris  epidemicœ,  Culenburgensium,  ann.  1741  (Van 
Dœveren). 

(2)  Dissert,  sur  plusieurs  mal.  popul.  qui  ont  régné  à  Châlons-sur-Marne,  ab 
ann.  1744  ad  1750  (Van  den  Bosch). 

(3)  Darlue,  Fièvre  putride  et  vermineuse,  Journal  de  méd.,  1757,  t.  VI,  p.  64. 

(4)  Même  journal. 

(5)  Hist.  dysenteriœ  bilioso-contagiosœ,  Neomagensium,  1754,  p.  27  (Van  den 
Bosch). 

(6)  Dehenne,  de  Cyssau,  etc.,  D'une  maladie  épidémique  qui  a  régné  à  Seclin 
(Flandre)  en  1756,  Journal  de  méd.,  1757,  t.  VII,  p.  207. 

(7)  Fièvre  putride  vermineuse  et  épidémique  observée  à  Ham  en  Picardie  en  1 756, 
Journal  de  méd.,  t.  VII,  p.  372,  1757. 

(8)  Pneumonies  avec  complication  de  fièvres  vermineuses,  Journal  de  méd., 
t.  VII,  p.  134,  1757. 

(9)  Voy.  ci  dessus,  p.  126. 

(10)  Cité  par  Van  den  Bosch,  p.  20,  ouvr.  cit. 

(11)  Voy.  ci-dessus,  p.  128  note. 

(12)  Op.  supra  cit. 

(13)  Voy.  ci-dessus,  p.  126. 

(14)  Observation  d'une  fièvre  putride  vermineuse  épidémique  qui  affligeait  la  ville 
d'Arbois  en  Franche-Comté  pendant  l'année  1766  (Recueil  de  Rich.  de  Haute- 
sierk,  etc.,  t.  II,  p.  228,  cité  par  Bremser). 

(15)  Lépecq  de  la  Clôture,  Ep'démic  du  Gros-Theil  dans  le  Roumois.  Fièvre  putride 
vermineuse  et  maligne  [Collect.  d'observ.  sur  les  mal.  et  const.  épid.  Rouen,  1778). 

(16)  Journ.de  méd  ,  1790,  t.  LXXXII,  p.  452,  t.  LXXXI1I,  p.  428. 


760  PREMIER    APPENDICE. 

Nous  avons  fait  mention  autre  part  des  épidémies  de  fièvre  et  de  dysen- 
terie qui  ont  été  observées  sur  les  armées  en  campagne  par  Brand,  Rosen, 
Pringle,  Van  Swieten,  Marie,  Savaresi,  Bourges  (voy.  p.  127). 

Les  fièvres  vermineuses  prenaient  différentes  formes  :  Van  den 
Bosch  décrit  des  fièvres  vermineuses  continues  putrides,  inter- 
mittentes, bilieuses  et  catarrhales,  lentes,  accessoires  inflamma- 
toires, etc.  Ces  formes  se  rapportent  à  celles  que  nous  connaissons 
dans  la  fièvre  typhoïde  ;  les  symptômes  de  la  fièvre  vermineuse 
donnés  par  J.  Frank  nous  offrent  cette  similitude  d'une  manière 
évidente  : 

«  La  fièvre  vermineuse,  dit  cet  auteur,  commence  comme  les 
autres  fièvres  gastriques...  La  langue  est  couverte  d'un  enduit 
blanchâtre  ;  il  y  a  des  nausées  et  quelquefois  des  vomissements  ; 
les  forces  se  perdent  de  plus  en  plus;  la  face  est  blême,  les 
yeux  entourés  d'un  cercle  livide  ;  les  joues  sont  alternativement 
rouges  et  pâles;  il  se  fait  des  hémorrhagies  par  le  nez,  auquel  les 
malades  portent  constamment  les  doigts  pour  en  extraire  les  cail- 
lots. Souvent  les  vers  sortent  par  la  bouche  et  par  les  narines.  Il 
existe  une  toux  sèche,  avec  une  douleur  comme  pleurétique  ;  le 
ventre  est  tendu  et  douloureux;  il  y  a  tantôt  de  la  constipation, 
tantôt  du  relâchement,  mais  le  plus  souvent  une  diarrhée  muqueuse, 
ou  mêlée  de  sang  avec  des  lombrics  vivants  ou  morts  ;  les  fèces  sont 
excessivement  fétides...  La  fièvre  offre  des  rémissions  de  moins  en 
moins  marquées  jusqu'à  ce  que  la  maladie,  dans  les  cas  graves, 
devienne  une  véritable  fièvre  typhoïde,  aiguë  ou  lente  (1).  » 

L'épidémie  de  fièvre  putride  vermineuse  observée  par  Lépecq  de 
la  Clôture,  n'épargna  ni  les  enfants  à  la  mamelle,  ni  les  vieillards 
les  plus  caducs,  ni  la  différence  des  sexes,  ni  celle  des  états  ;  sur 
mille  à  onze  cents  habitants,  il  y  en  eut  près  de  sept  cents  d'atta- 
qués parla  maladie.  Du  cinquième  au  sixième  jour,  les  malades  tom- 
baient dans  un  délire  permanent  avec  des  soubresauts  dans  les  ten- 
dons ;  du  sixième  au  neuvième,  il  leur  survenait  à  tous  une  éruption, 
soit  de  taches  pourprées  et  violettes,  soit  de  grains  lenticulaires  mi- 
liaires  cristallins,  ou  de  pustules  rouges  brunes  ,  après  l'invasion  du 
délire,  les  malades  perdaient  la  vue  et  les  autres  sens  ;  ils  mouraient 
le  onzième  ou  le  treizième  jour  ;   ceux  qui  arrivaient  au  vingt   et 

(1)  Joseph  Frank,  Praxeos  medicœ  universœ  prœcepla,  t.  I,  p.   382,  Tau- 
rini,  1821. 


MALADIES  FAUSSEMENT  ATTRIBUÉES  AUX  VERS.  767 

unième  guérissaient,  s'il  n'y  avait  point  de  gangrène  dans  les  or- 
ganes. Presque  tous  ces  malades  rendaient  des  lombrics  vivants  ou 
morts,  tantôt  par  les  vomissements,  tantôt  par  les  selles.  Sur  qua- 
rante-sept observations  rapportées  par  Lépecq  de  la  Clôture,  trente- 
neuf  fois  l'émission  de  vers  est  notée. 

Cette  épidémie  meurtrière  céda  au  traitement  anthelminthique  : 
«  J'ai  cru  reconnaître,  dit  Lépecq,  aux  accidents  qui  dominaient,  la 
présence  réelle  des  vers;  j'ai  hasardé,  avec  précaution,  quelques 
grains  de  tartre  stibié,  que  j'avais  éprouvé  cent  fois  comme  un  ex- 
cellent anthelminthique,  et  l'effet  m'a  montré  ce  que  je  cherchais  : 
j'ai  eu  la  satisfaction  de  voir  des  changements  qui  tenaient  du  pro- 
dige ;  j'ai  vu  que  cinq  ou  six  vers  jetés  vivants  par  la  bouche  et  dans 
les  selles,  enlevaient  le  délire,  remettaient  le  ventre  à  l'aise  et  dissi- 
paient l'étranglement  suffocatoire...;  j'ai  rendu  le  plan  de  traitement 
général,  et  l'épidémie  a  pris  en  peu  de  jours  une  face  toute  nou- 
velle (1).  » 

Ces  remarques  du  célèbre  médecin  normand  ne  peuvent  être  dé- 
daignées, d'autant  plus  qu'elles  sont  loin  d'être  isolées;  dans  l'épi- 
démie de  dysenterie  observée  par  Pringle,  la  présence  des  lombrics 
aggravait  considérablement  les  accidents  et  rendait  la  maladie  plus 
rebelle  (2). 

Il  serait  inutile  d'apporter  d'autres  témoignages  (ils  sont  nom- 
breux) pour  juger  la  question  des  accidents  que  déterminent  les  vers 
dans  certaines  affections  fébriles  ou  dysentériques.  Nous  concevons 
que  la  présence  de  ces  animaux  dans  l'intestin  malade,  enflammé, 
ulcéré,  ait  une  action  plus  vive  et  plus  fâcheuse  que  dans  l'intestin 
sain;  nous  concevons  que  ces  animaux,  dans  l'intestin  privé  d'ali- 
ments et  rempli  de  matières  putrides,  s'agitent  plus  que  d'ordinaire 
et  se  portent  plus  fréquemment  dans  l'estomac;  de  là  les  nausées,  les 
vomissements,  les  suffocations  et  les  angoisses  ;  de  là  l'aggravation 
des  phénomènes  nerveux  ;  de  là  l'utilité  des  médicaments  qui  ex- 
pulsent ces  hôtes  incommodes  et  dangereux. 

Dans  les  maladies  dont  il  vient  d'être  question,  l'irritation  de  l'in- 
testin, les  actions  des  vers  rendues  plus  vives  et  plus  sensibles,  nous 
expliquent  les  effets  pernicieux  de  la  présence  de  ces  parasites,  sans 
admettre  avec  Avicenne,  Coulet,  Rosen,  P.  Frank  et  d'autres,  que 
du  corps  des  lombrics  sort  une  vapeur  malfaisante  qui  s'élève  vers  le 

(1)  Lépecq,  ouvr.  cil.,  p.  185. 

(2)  Ouvr.  cit.  ci-dessus,  p.  127. 


768  Premier  aMendïcë. 

cerveau,  ou  que  les  excréments  de  ces  êtres,  absorbés  avec  le  chyle, 
passent  dans  le  sang,  dépravent  les  humeurs,  etc. 

D'où  vient  que  dans  ces  épidémies,  les  lombrics  apparaissent  en 
grand  nombre ,  ce  qui  porte  à  penser  que  leur  présence  est  en  rela- 
tion avec  l'influence  épidémiqueî  Sans  doute,  comme  le  dit  Under- 
wood,  que  la  fièvre  détruit  les  vers  (1),  ou  du  moins  on  peut  croire 
que  la  privation  des  aliments,  la  putréfaction  des  matières  intesti- 
nales chassent  ou  font  périr  les  lombrics.  L'existence  des  vers  qui, 
sans  la  maladie,  fût  restée  ignorée,  se  révèle  alors  et  passe  pour 
la  cause  du  mal . 

La  croyance  aux  affections  épidémiques,  aux  fièvres  ou  aux  phleg- 
masies  déterminées  parles  entozoaires  intestinaux,  en  un  mot,  aux 
maladies  vermineuses  universelles,  était  devenue  presque  générale 
à  la  fin  du  siècle  dernier  et  au  commencent  du  nôtre;  tel  était  alors 
l'aveuglement  des  esprits  à  cet  égard  que  l'on  en  vint  à  admettre  des 
affections  vermineuses  sans  vers:  «  J'entends  sous  le  nom  de  ma- 
ladie vermineuse,  dit  Bremser,  un  dérangement  ou  bien  une  dispro- 
portion dans  les  fonctions  des  organes  destinés  à  la  digestion  et  à  la 
nutrition  ;  pendant  la  durée  de  ce  dérangement,  il  se  produit  ou  bien 
il  s'accumule  dans  le  canal  intestinal  des  substances  à  l'aide  des- 
quelles il  peut  se  former,  dans  des  circonstances  favorables,  des  vers; 
mais  cependant  il  n'y  a  pas  nécessité  absolue  que  cette  formation 
doive  en  résulter  (2).  »  Toutefois,  dans  le  siècle  dernier  déjà,  quel- 
ques médecins  élevèrent  des  doutes  sur  la  réalité  de  la  nature  ver- 
mineuse  des  affections  regardées  comme  telles  :  De  Haen  (3),  Mus- 
grave  (4) ,  Butter  (5)  firent  à  leur  sujet  des  réserves  ou  les  nièrent 
absolument.  Wichmann,  enfin,  entreprit  de  relever  les  erreurs  qui 
s'étaient  accumulées  dans  toutes  les  questions  de  pathologie  vermi- 
neuse et,  par  un  examen  judicieux,  par  des  raisons  solides,  il  im- 
prima aux  esprits  une  nouvelle  direction  touchant  cette  matière  (6). 

L'importance  attribuée  aux  vers  dans  les  affections  fébriles  ou  in- 
flammatoires se  retrouve  dans  les  écrits  des  médecins  du  commence- 

(1)  Underwood,  Traité  des  maladies  des  enfants,  traduction,  Paris,  1786, 
p.  226,  note. 

(2)  Bremser,  outir.  cit.,  p.  338. 

(S)  De  Haen,  ouvr.  cit.,  pars  XIV,  cap.  iV,  t.  VlII,  p.  iOo. 

(4)  Essay  on  the  nature  and  cure  of  the  so  called  wormfcver.  Loudon,  1776. 

(5)  Butter,  cité  par  Underwood,  loc.  cit. 

(6)  Joh.  Ernst  Wichmann,  Ifcen  sur  Diagnostik,  Drittcr  Tl'ieil.  Hannover,  1802 
(Rudolpbi). 


MALADIES   FAUSSEMENT!   ATTRIBUÉES   AUX   VERS.  769 

ment  de  notre  siècle.  Les  relations  d'épidémies  vermineuses,  de 
constitution  vermincuse  des  maladies  régnantes  occupent  leur  place 
dans  les  publications  périodiques  jusque  vers  1825;  à  partir  de 
cette  époque,  il  cesse  d'en  être  question,  sans  doute  parce  que  nos 
connaissances  en  pathologie  sont  devenues  plus  précises,  et  sans  doute 
aussi  parce  que  les  lombrics  sont  devenus  beaucoup  plus  rares  dans 
les  grandes  villes,  et  à  Paris  surtout. 

Article  II.  —  On  peut  se  figurer,  suivant  Bianchi.les  causes  des 
maladies  épidémiques  comme  des  essaims  invisibles  d'insectes  qui  se- 
raient apportés  par  les  vents  dans  notre  atmosphère.  Ces  essaims  se 
montrent  çà  et  là,  comme  au  printemps  et  en  été  les  nuées  de  mou- 
ches, de  cousins,  de  papillons  qui  s'épandent  par  tourbillons,  se  por- 
tent d'un  endroit  à  l'autre  ou  s'ébattent  longtemps  à  la  même  place; 
ainsi  les  animalcules  épidémiques  se  jettent  sur  l'homme...  Mais  de 
quelle  nature  sont  ces  insectes?  que  font-ils  dans  le  sang?  c'est  ce 
que  l'on  ignore  (1). 

En  effet,  les  insectes,  les  vers,  les  animalcules  qui  ont  été  accusés 
depuis  deux  siècles,  de  produire  les  maladies  épidémiques  et  conta- 
gieuses, n'ont  jamais  été  vus  par  personne. 

Le  père  Kircher  a,  l'un  des  premiers,  appelé  l'attention  sur  ces 
vers  invisibles,  qui  auraient  une  action  pernicieuse  sur  l'économie 
humaine  ;  il  expliqua  la  contagion  de  la  peste  par  des  vermicules  nés 
d'une  putréfaction  particulière,  lesquels  pénètrent  dans  le  corps  de 
l'homme  par  les  pores  de  la  peau  (2).  Cette  opinion  fut  adoptée  avec 
empressement  par  beaucoup  de  médecins. 

En  1711,  une  épizootie  désastreuse  ravage  plusieurs  contrées  de 
l'Europe  et  se  propage  en  Italie  ;  elle  fait  périr  presque  tout  le  gros 
bétail  de  la  Lombardie,  du  duché  de Ferrare,  de  la  campage  de  Rome, 
du  royaume  de  Naples;  la  peste  bovine  appelle  l'attention  des  mé- 
decins, des  académies,  des  gouvernements;  Congrossi,  médecin  de 
Crème,  s'appuyant  du  sentiment  de  Kircher  touchant  la  peste  de 
l'homme,  admet  que  le  principe  de  la  maladie  consiste  en  une  infi- 
nité de  vers  invisibles.  Ses  raisons  sont  adoptées  par  Vallisneri  qui 
leur  prête  l'autorité  de  son  nom  ;  et  dès  lors  on  combat  la  ma- 
ladie par  des  fumigations  sulfureuses,  bitumineuses,  par  des  onctions 

(1)  Bianchi,  op.  cit.,  p.  379. 

(2)  Athanasii  Kircheri  Scruiinwn  physko-medicum  conlaglosœ  luis,  <juce  dicilur 
peslis.  Lipsiae,  1659. 

Pavaine,  49 


770  PREMIER   APPENDICE. 

d'huiles  antivermineuses,  destinées  à  éloigner  les  animaux  invisibles 
ou  à  les  tuer  (1). 

Beaucoup  de  maladies  épidémiques  ou  contagieuses  auxquelles  on 
donna  le  nom  de  peste,  celle  de  Marseille  particulièrement,  furent 
attribuées  par  des  médecins  aux  vers  invisibles  (2),  et  l'on  sait  que 
de  nos  jours  le  choléra  a  été  expliqué  de  la  même  manière  (3). 

D'autres  maladies  qui  se  transmettent  par  un  virus  et  non  par 
des  miasmes,  ont  été  attribuées  à  des  animaux  du  même  genre. 

La  rage,  suivant  Desault,  médecin  de  Bordeaux,  est  occasionnée 
par  de  petits  animaux  qui  se  trouvent  dans  la  bave,  lesquels  s'insi- 
nuent dans  les  vaisseaux  de  la  partie  mordue,  se  multiplient  et  sont 
transportés  au  cerveau,  au  gosier,  aux  glandes  salivaires,  etc. 
A  l'appui  de  son  opinion,  il  cite  un  grand  nombre  d'auteurs  qui 
ont  parlé  des  vermicules  de  la  salive  des  animaux  enragés,  Avi- 
cenne,  N.  Florentin,  Valleriola ,  Mathiole ,  Salmuthus ,  Th.  a 
Vega,  etc.,  Ethmùller  enfin,  qui  rapporte  qu'il  existe  dans  la  bave 
des  chiens  enragés  de  petits  animaux  à  tête  de  chien...  Desault  a 
vu  des  vers  plus  ou  moins  analogues  et  par  pelotons,  dans  le  cer- 
veau d'un  chien  mort  de  la  rage  (4);  il  ne  donne  point  la  description 
de  ces  vers  ,  mais  il  ne  peut  douter  qu'ils  ne  soient  la  cause  déter- 
minante de  la  maladie  (5). 

(1)  Vallisneri,  Nuova  idea  del  mal  contagioso  dei  buoi  ;  t.  II,  p.  12,  et  suiv.  — 
Congrossi,  Journal  de  Venise,  t.  X. 

(2)  P.-J.   Faber,   médecin  de  Montpellier,    Pathologia   spagirica ,    1627 

(Bianchi). 
Haupraann,  Epist.prœliminar.  ad  tract,  de  viva  mortis  imagine,  1650. 
P.  Lana,  Prodromo  alfartemaeslra,  cap.  vin  (Bianchi). 
Chrétien  Lange,  Miscellanea  med.  cur.  quam  prodrom,  esse  voluit  novœ  palho- 

logiœ  animatœ,  Lipsiae,  1666. 
Ch.  F.  Paullini,  Disquisitio  curiosa,  an  murs  naturalis  plerumque  sit  substanlia 

verminosa? 
S.  P.  Bocconi,  Osservazioni  nalurali.  Bologne,  1684  (Bianchi). 
Barth.Curlius,  Letlera  intorno  ail' aria  et  vermiciuoli  se  cagioni  délia  peste,  1720 

(Bianchi). 
P.  Sanguens,  In  systemale  pestis  physico,  1722  (Bianchi). 
Le  Bègue,  Anpeslis  Massiliensis  a  semine  verminoso  ?  Besançon,  1721 . 
GoifTon,  observations  faites  sur  la  peste  de  Marseille  et  de  Provence.  Lyon,  1721. 
Andry,  examen  et  réfutation  de  ce  mémoire,  in  ouvr.  cit.,  t.  II,  p.  342. 

(3)  Voy.  entre  autres  Bassi,  Acad.  roy.de  méd.de  Belgique,  1850,  p.  334. 

(4)  Voir  le  Synopsis,  art.  Pseudhelminthes. 

(5)  P.  Desault,  Dissert,  sur  les  maux  vénériens.  Bordeaux,  1733,  3  vol.  in-12, 
avec  deux  autres  dissertations  dont  une  sur  la  rage;  et  Paris,  1734. 


MALADIES  FAUSSEMENT  ATTRIBUÉES  AUX  VERS.  771 

La  syphilis  a  été  plus  généralement  encore  attribuée  à  des  ver- 
micules  :  «  Je  crois,  dit  Hartsœker,  que  les  vers  causent  la  plupart 
des  maladies  dont  le  genre  humain  est  attaqué,  et  même  que  ceux 
qui  ont  les  maux  que  l'on  appelle  vénériens,  nourrissent  dans  leur 
corps  une  infinité  d'insectes  invisibles  qui  font  tous  ces  ravages  que 
l'on  sait  (1).  »  Vers  la  même  époque,  Desault  dont  il  vient  d'être 
question,  Deidier,  professeur  de  chimie  à  Montpellier,  soutinrent 
cette  opinion  dans  leurs  écrits;  celui-ci  surtout  attribua  aux  vers 
imperceptibles  une  très  grande  importance;  car,  dans  le  siècle  der- 
nier comme  dans  le  nôtre,  la  pathologie  animée  eut  des  partisans 
fanatiques  (2). 

On  ne  peut  admettre  que  les  maladies  épidémiques  et  conta- 
gieuses dont  nous  avons  parlé,  soient  causées  et  se  propagent  par 
des  animalcules.  On  n'a  jamais  signalé  la  présence  de  ces  animal- 
cules dans  le  sang  des  malades,  autrement  que  par  des  assertions 
vagues  et  inacceptables;  les  observateurs  sérieux  qui  les  ont  re- 
cherchés, ne  les  ont  point  trouvés  ;  ainsi  Vassalli  et  Buniva  n'en 
trouvèrent  point  dans  le  sang  des  bœufs  atteints  de  la  maladie 
contagieuse  dont  nous  avons  parlé  (3)  ;  M.  Chaussât  en  a  vaine- 
ment cherché  dans  le  sang  d'un  grand  nombre  d'individus  atteints 
de  fièvres  continues  ou  intermittentes,  de  fièvres  éruptives,  d'in- 
flammations, de  cancer,  etc.,  enfin  chez  un  grand  nombre  de  malades 
atteints  de  syphilis  à  différents  degrés  et  sous  différentes  formes  (4). 

D'un  autre  côté,  beaucoup  d'animaux  nous  présentent  dans  leur 
sang  des  hématozoaires  de  diverses  espèces,  dont  le  nombre  est 
quelquefois  prodigieux  (voy.  liv.  II,  part,  i,  p.  308);  chaque  gout- 

(1)  Deuxième  lettre  àN.  Andry.  Amst.,  1699,  dans  Andry,  ouvr.  cit.,  p.  716. 

(2)  Voy.  Pathologie  animée,  de  Chrétien  Lange,  citée. 

Système  d'un  médecin  anglais  sur  la  cause  de  toutes  les  espèces  de  maladies,  avec 
les  surprenantes  configurations  de  diffâ'entes  espèces  de  petits  insectes,  qu'on  voit  au 
moyen  du  microscope,  dans  le  sang  et  dans  les  urines  des  différents  malades,  et 
même  de  tous  ceux  qui  doivent  le  devenir,  recueilli  par  M.  A.  C.  D., Paris,  1726. 

Suite  du  système...  par  lequel  sont  indiquées  les  espèces  de  végétaux  et  minéraux 
qui  sont  des  poisons  infaillibles  pour  tous  les  différentes  espèces  de  petits  animaux 
qui  causentnos  maladies,  recueilli  par  M.  A.  C.  D.,  Paris,  1727. 

F.-V.  Raspail,  Histoire  naturelle  de  la  santé  et  de  la  maladie  chez  les  végétaux  et 
chez  les  animaux  en  général,  et  en  particulier  chez  l'homme,  3  vol.  in-8°  2e  ddit., 
Paris,  1846. 

(3)  Vassalli  et  Buniva,  Bech.  expérim.  sur  Vexistence  supposée  d'êtres  vivantsl 
microscopiques  conlagifères  (Journ.  de  physique,  t.  XLIX,  p.  453). 

(4)  Chaussât,  thèse  citée,  p.  13. 


772  PREMIER  APPENDICE. 

telette  de  liquide  en  contient  plusieurs,  et  cependant  ces  animaux 
jouissent  généralement  d'une  santé  parfaite  ;  il  n'est  donc  pas  pro- 
bable que  des  vermicules  puissent  avoir  les  mauvais  effets  qu'on 
leur  suppose. 

Les  corps  organisés  connus  aujourd'hui  qui  causent  des  maladies 
contagieuses,  appartiennent  exclusivement  au  règne  végétal  ;  lamus- 
cardine  qui  sévit  sur  les  vers  à  soie,  la  maladie  de  la  vigne,  celle  des 
pommes  de  terre  sont  dues  au  développement  et  à  la  dissémination 
d'un  végétal.  On  sait  avec  quelle  rapidité  se  propagent  les  plantes 
cellulaires  microscopiques,  et  quelle  puissance  de  désorganisation 
elles  exercent  sur  les  corps  qu'elles  envahissent  ;  on  sait  les  trans- 
formations chimiques  que  provoque  le  développement  des  spores  du 
ferment  ;  il  y  a  donc  lieu  de  croire  que  si  les  miasmes  contagieux 
appartiennent  aux  êtres  organisés,  c'est  aux  végétaux;  mais  avant 
d'admettre  l'influence  pernicieuse  de  ces  êtres,  il  faut  au  moins  en 
avoir  reconnu  l'existence. 

Article  III.  —  Plusieurs  maladies  locales  ont  été  attribuées  à 
des  vers  particuliers  ou  à  la  dégénérescence  de  ces  vers.  Nous 
avons  vu  que  les  tubercules  ont  été  regardés  par  quelques  observa- 
teurs comme  le  résultat  de  la  transformation  des  hydatides  (1). 

L'éléphantiasis,  le  molluscum  ont  été  attribués  aussi  à  des  vers 
vésiculaires  [grandines,  cysticerques)  (2). 

Le  cancer,  enfin,  a  été  regardé  comme  une  affection  produite  par 
un  développement  primitif  d'hydalides  multipliées  (3). 

On  a  attribué  aussi,  à  des  vers  développés  dans  un  organe  déter- 
miné, des  effets  plus  généraux:  nous  avons  vu  que  la  rage  a  été  re- 
gardée comme  l'effet  de  la  présence  du  strongle  géant  dans  le  rein 
(et  comme  celui  de  vermicules  circulant  dans  le  sang)  (4)  ;  cette  ter- 
rible maladie  a  encore  été  regardée  comme  déterminée  par  un  ver 
développé  sous  la  langue  de  l'animal  enragé  ;  il  suffirait  d'enlever 

(1)  Voy.  p.  369. 

(2)  Aretœi,  De  causis  et  signis  aculorum  morborum,  edit.  mcd.,  art.  Principia, 
lib.  H,  cap.  xiii,  p.  51,  F;  —  JStius,  ouvr.  cit.,  telrab.  IV,  serm.  I,  cap.  cxx, 
p.  664,  D.  —  P-  Frauk,  ouvr.  cit.,  I.  V,  p.  358. 

(3)  ci  Le  docteur  Adams  (On  the  cancerous  breast,  p.  77),  pour  expliquer  les  dif- 
férents aspects  de  la  maladie,  a  divisé  les  hydatides  en  espèces  particulières;  telles 
que  les  hydatides  lymphatiques,  sanguines,  et  carcinomateuses,  etc.  »  (Samuel 
Cooper,  DicL.de  cldrurg.  pral.,  art.  Tumeur,  p.  532,  Paris,  1826.) 

(4)  Voy.  p.  267,  et  p.  770. 


MALADIES   FAUSSEMENT   ATruiBUÉES  AUX  VERS.  773 

ce  ver,  de  pratiquer  Y éver ration,  pour  prévenir  l'invasion  de  la  ma- 
ladie (1).  Enfin  plusieurs  auteurs  ont  encore  attribué  la  rage  à  des 
vers  situés  dans  d'autres  parties  (2). 

Article  IV.  — On  trouve  dans  les  anciens  auteurs  la  mention  de 
maladies  attribuées  à  des  vers  dont  une  description  exacte  n'a  jamais 
été  donnée.  Ces  affections  même  n'ont  point  été  décrites  d'une  ma- 
nière précise,  et  l'on  reconnaît  que  l'imagination  des  auteurs  ou 
celle  des  observateurs  dont  ils  tenaient  les  faits,  a  donné  l'existence 
à  la  maladie  comme  à  sa  cause. 

Zacutus  Lusitanus  parle  d'un  ver  appelé  omao,  qui  s'attaque  aux 
enfants  ;  ce  ver,  aussi  petit  que  celui  du  fromage,  séjourne  dans 
l'intestin,  s'empare  de  toute  la  nourriture,  réduit  l'enfant  à  l'état  de 
squelette  et  le  fait  périr  dans  la  consomption.  Heureux  lorsqu'on  par- 
vient à  le  chasser,  c'est  la  seule  chance  de  salut  (3). 

Keufner,  Montano,  Ambroise Paré,  Ettmùller,  Reusner,  Borelli  (4) 
font  mention  de  vers  qui  étaient  inconnus  aux  anciens,  dit  Andry, 
les  crinons  (5),  vers  qui  s'attaquent  aux  petits  enfants.  »  Ils  font  sé- 
cher leur  corps  de  maigreur,  en  consumant  le  suc  qui  est  porté  aux 
parties...  Ils  n'attaquent  guère  que  les  enfants  à  la  mamelle;  ils 
s'engendrent  à  la  faveur  d'une  humeur  excrémenteuse  arrêtée  dans 

(1)  Voy.  sur  ce  sujet:  — Pline,  ouvr.  cit.,  liv.  XXIX,  §  32.  —  Morgagni,  ouvr. 
cit.,  lettre  VIII,  §  34.  —  Hist.  de  l'Acad.  roy.  des  se.  de  Paris,  1743,  p.  48 
(Réaumur,  liv.  V,  in-4°,  p.  67  et  suiv.  pi.  9).  —  Recueil  de  méd.  vétér.,  t.  IV, 
p.  143,  1827  et  t.  V,  p.  55,  1828.  —  Virchow,  Le  ver  de  la  langue  du  chien 
(Archiv.  fur,  etc.,  Bd  VII,  s.  170,  1855,  et  Recueil  de  médecine  vétér.,  t.  XXXIII, 
p.  832,  1856).  —  Ercolani,  Sur  le  prétendu  ver  ou  tendon  de  la  langue  du  chien 
{recueil  cit.,  t.  XXXIII,  p.  897). 

(2)  Voyez  à  ce  sujet  Morgagni,  lettre  cit.,  §  33.  —  Pour  la  rage  chez  l'homme, 
voy.  ci-dessus,  p.  53. 

(3)  Zacutus  Lusitanus,  Praxis  admirand.,  lib.  I,  obs.  cxxxiii,  cité  par  Leclerc, 
p.  335. 

(4)  Keufner,  Scholia  in  pract.  mcd.  Leonelli  de  Faventini,  1574.  Morb.  puer., 
cap.  xii.  —  Mont.,  De  infant,  febrib.  —  Paré,  lib.  VII,  cap.  xxi.  —  Ellmull.,  De 
morb.  infant.  —  Reusner,  In  disput.  medica  habita  Basileas,  ann.  1582.  —  Bo- 
rell.,  Hist.  et  observ.  med.  phys.,  cent.  I,  obs.  vin.  —  Cités  par  Andry,  t.  I, 
p.  125. 

(5)  On  a  désigné  par  le  nom  de  crinons,  plusieurs  vers  nématoïdes,  surtout  des 
strongles,  des  scléroslomes  et  des  rîlaires  ;  on  a  donné  aussi  ce  nom  aux  comédons. 
11  est  évident  qu'il  ne  s'agit  ici  de  rien  de  semblable. 


774  PREMIER  APPENDICE. 

les  porcs  de  la  peau  et  qui  est  assez  ordinaire  en  cet  âge.  Les  enfants 
attaqués  de  cette  vermine  tombent  en  Chartres,  et  cependant  tettent 
et  dorment  bien,  leur  maigreur  ne  venant,  comme  nous  l'avons  dit, 
que  de  ce  que  ces  vers  dévorent  presque  tout  le  suc  nourricier  qui 
est  porté  par  le  sang  aux  parties  (1).  » 

La  ftme  infernale  appartient  à  la  Suède;  c'est  un  ver  qui  vole 
dans  l'air;  il  se  jette  sur  les  hommes  et  sur  les  animaux  et  leur  occa- 
sionne une  maladie  redoutée,  appelée  dans  le  ipays  skâll  (coup);  elle 
se  manifeste  par  une  éruption  furonculeuse  très  douloureuse.  Linné 
eut  l'occasion  de  voir  un  de  ces  vers,  mais  il  était  tellement  desséché 
que  le  grand  naturaliste  ne  put  établir  à  quel  genre  il  apparte- 
nait (2).  ' 

Le  xèroquin,  chez  le  cheval,  monte  de  la  queue  en  suivant  la 
moelle  épinière  et  cause,  en  pénétrant  dans  le  cerveau,  des  con- 
vulsions et  des  vertiges;  mais  l'application  d'un  fer  incandescent  au 
niveau  de  la  deuxième  vertèbre  cervicale,  tue  le  ver  et  délivre  son 
hôte  (3). 

On  trouverait  encore  d'autres  maladies  semblables,  si  le  sujet  en 
valait  la  peine;  le  besoin  de  scruter  l'inconnu,  l'amour  du  merveil- 
leux, l'ignorance  des  choses  de  la  nature  ont  fait  naître  dans  les 
esprits,  à  propos  des  êtres  parasites,  les  idées  les  plus  étranges;  on 
a  pu  discuter  même  et  résoudre  affirmativement  cette  question  :  An 
mors  naturalis  plerumque  sit  substantiel-  verminosa  (4)  \ 

(1)  Andry,  loc.  cit. 

(2)  Voy.  Solander,  Linné,  Hagen,  Modeer,  cités  par  Rudolphi,  Biblioth. 
n°  627. 

(3)  Dict.  vétérinaire  de  Hurtrel  d'Arboval  cit.,  art.  Vercoquin  ou  Veroquin. 

(4)  Voy.  ci-dessus  (p.  770,  note).  Faber,  Haupmann,  Lange,  Paullini,  et  dans 
Leclerc  {ouvr.  cit.,  p.  343).  Kircher,  Wedel. 


DEUXIEME    APPENDICE. 

des  médicaments  vermifuges  et  de  leur  mode 
d'administration. 


Nous  avons  parlé,  à  propos  de  chaque  ver,  des  indications  de  leur 
traitement  et  des  meilleurs  médicaments  à  leur  opposer  ;  mais  les 
remèdes  employés  à  diverses  époques  contre  les  entozoaires  intes- 
tinaux, les  différentes  méthodes  de  leur  administration,  n'ont  pu 
être  exposés  avec  les  détails  que  comporte  la  question.  Nous  com- 
blerons ici  cette  lacune. 

Il  serait  inutile  de  rappeler  tous  les  médicaments  qui  ont  été  suc- 
cessivement administrés  contre  les  vers  intestinaux  ;  leur  nombre 
est  considérable,  et  la  plupart  n'ont  point  de  propriété  vermi- 
fuge(l). 

Les  purgatifs  et  surtout  les  drastiques  expulsent  les  vers  en  aug- 
mentant les  sécrétions  et  en  excitant  le  mouvement  péristaltique  de 
l'intestin;  ils  ont  constitué  longtemps  les  principaux  remèdes  em- 
ployés contre  les  vers  et  contre  le  ténia  même  ;  on  les  associe  fré- 
quemment aux  substances  qui  ont  une  action  propre  sur  les  vers 
intestinaux. 

Les  vermifuges,  c'est-à-dire  les  médicaments  qui  agissent  sur  les 
vers  mêmes,  paraissent  le  faire,  soit  par  une  propriété  véritablement 
toxique  pour  ces  animaux,  soit  en  leur  rendant  leur  séjour  antipa- 
thique, comme  nous  aurons  occasion  de  le  voir  à  propos  de  l'asa- 
fœtida. 

L'action  des  anthelminthiques  ou  vermifuges  ne  peut  être  bien 
jugée  que  par  l'expérimentation  sur  l'homme  ou  sur  les  animaux. 
L'essai  de  ces  remèdes  sur  les  entozoaires  retirés  de  leur  séjour 
normal,  n'apporterait  point  de  lumières  dans  la  question,  car  ces 
animaux,  à  l'état  adulte,  périssent  très  promptement  alors  ;  ils  éprou- 

(1)  Leclerc  donne  l'énumération  des  médicaments  vermifuges  simples  connus  à 
son  époque  (ouvr.  cit.,  p.  4  68)  : 

Médicaments  simples  tirés  des  végétaux 379 

Médicaments  simples  tirés  des  animaux 27 

Médicaments  simples  tirés  des  minéraux 13 


776  DEUXIÈME  APPENDICE. 

vent,  en  effet,  à  la  fois  l'action  du  refroidissement  et  celle  des  liquides 
étrangers  qui  les  pénètrent  promptement  par  endosmose,  et  qui  altè- 
rent leurs  tissus. 

Les  expériences  de  Redi,  de  Baglivi,  celles  de  Chabert,  etc., 
toutes  celles  qui  seraient  faites  dans  les  mêmes  conditions,  sont 
restées  et  resteraient  probablement  sans  résultat  utile  pour  les  indi- 
cations du  traitement  (1). 

Les  moyens  tbérapeutiques  employés  comme  vermifuges  n'ont 
pas  une  action  égale  sur  tous  les  vers;  il  en  est  qui  n'agissent  que 
sur  une  espèce  déterminée  ou  qui  ont  une  action  plus  marquée  sur 
cette  espèce;  mais  généralement  ceux  qui  expulsent  les  vers  ces- 
toïdes  expulsent  aussi  les  autres  vers. 

Dans  l'exposé  qui  va  suivre,  nous  nous  occuperons  des  médica- 
ments usités  aujourd'hui,  de  ceux  qui,  tombés  en  désuétude,  parais- 
sent néanmoins  jouir  d'une  efficacité  réelle  contre  les  vers  ;  enfin  de 
ceux  qui  n'ont  point  encore  été  expérimentés  suffisamment,  et  qui, 
soit  par  eux-mêmes,  soit  par  les  principes  qu'on  pourrait  en  extraire, 
offriront  sans  doute  de  nouvelles  ressources  à  la  thérapeutique  des 
vers  intestinaux. 

(1)  Généralement,  les  vers  des  animaux  à  sang  froid  vivent  plus  longtemps  dans 
les  organes  de  leur  hôte,  après  sa  mort,  que  les  vers  des  animaux  à  sang  chaud  ; 
il  en  est  de  même  si  on  les  retire  de  ces  organes  et  si  on  les  place  dans  un  liquide 
froid,  pourvu  que  ce  liquide  n'altère  pas  leurs  tissus.  Outre  l'influence  du  froid  que 
supportent  difficilement  les  vers  des  animaux  à  sang  chaud,  tous  ces  eutozoaires 
sont  bientôt  détruits  par  la  densité  différente  des  liquides  nouveaux  dans  lesquels 
on  les  place,  quand  même  ces  liquides  n'agiraient  pas  chimiquement.  L'eau  pure  les 
pénètre  promptement  ;  elle  altère  les  tissus  des  cestoïdes  et  des  trématodes  ; 
elle  s'introduit  par  endosmose  sous  les  téguments  des  nématoïdes,  les  gorge  et  les 
crève.  La  glycérine  produit  un  effet  inverse,  etc.  Dans  les  expériences  faites  avec 
des  médicaments  sur  les  vers  extraits  des  organes,  il  faut  donc  tenir  compte  des  in- 
fluences étrangères  à  ces  médicaments,  ce  qui  n'est  pas  d'une  appréciation  facile. 
Beaucoup  d'observateurs  ont  fait  des  expériences  qui,  par  ces  raisons,  n'ont  aucune 
valeur.  Voyez:  Redi,  op.  cit.,  trad.  p.  187.  —  Baglivi,  dans  Andry,  ouvr.  cit., 
p.  455.  —  Pallas,  ouvr.  cit.,  p.  91.  —  Wagler,  dans  G ceze,  op.  cit.,  p.  292.  — 
Coulet,  ouvr.  cit.,  (cucurbitins  dans  l'huile  d'amandes).  —  Justus  Arncmann,  Com- 
ment, de  oleis  unguinoris,  Gott.,  1785;  id.  De  virt.  ol.  unguin  antihelm.,  cité  par 
Rud.  — Chabert,  ouvr.  cit.,  lre  édit.,  p.  78.  —  Rudolphi,  Eut.,  hist.  cit.,  t.  I, 
p.  483.  —  Gomez,  Journ.  complém.,  mém.  cit.,  p.  33  (cucurbitins  daDS  la  décoc- 
tion de  racine  de  grenadier).  —  Kûcheumeister,  Archiv.  f.  physiot.  Heilkunde, 
t.  IV,  1851,  et  Archiv.  de  med.,  Paris,  t.  XXIX,  p.  205,  1852,  —  ouvr.  cit., 
t.  I,  p.  420. 


SUPPLÉMENT   AU   TRAITEMENT   DES   VERS   DE   L'INTESTIN.         777 

Article  premier.  —  Médicaments  fournis  par  les  minéraux. 

A.  —  Acide  cyanhydrique. 

L'acide  cyanhydrique  a  été  conseillé  pour  tuer  le  ténia  en  partie  sorti  de 
l'intestin  (1). 

B.  —  Aistimoniaux. 

Le  tartre  stibié,  dans  le  siècle  dernier,  a  été  administré  contre  les  vers  in- 
testinaux par  un  assez  grand  nombre  de  médecins;  ce  médicament  a  été  for- 
tement recommandé  par  Lépecq  de  la  Clôture,  dans  les  fièvres  vermineuses. 
Les  lombrics  se  portant  fréquemment  dans  l'estomac  chez  les  malades  atteints 
de  fièvres  continues,  le  vomissement  les  débarrasse  de  ces  hôtes  fâcheux  et 
procure  un  grand  soulagement  (voy.  p.  767). 

On  a  aussi  quelquefois  obtenu  par  ce  médicament  l'expulsion  du  ténia  (2). 

Nous  avons  rapporté  une  observation  dans  laquelle  le  tartre  stibié  a  été 
injecté  dans  les  veines  pour  obtenir  l'expulsion  des  lombrics  (voy.  p.  4  32). 

C.  —  Eau  froide. 

Perrault  a,  le  premier,  prescrit  l'eau  froide  contre  les  vers  intestinaux  (3)  ; 
Pallas  et  Rosen  en  faisaient  un  grand  usage.  Voici  suivant  quelle  méthode  ce 
dernier  la  prescrivait  : 

1"  Choisir  pour  la  cure  le  commencement  ou  le  déclin  de  la  lune;  2°  prendro, 
plusieurs  jours  d'avance,  des  aliments  salés,  fumés,  assaisonnés  d'ail, 
d'oignon,  etc.;  3°  des  pilules  composées  de  tanaisie,  d'asa-fœtida,  de  semen- 
contra,  etc.;  4°  purger  avec  du  jalap  en  poudre;  le  jour  suivant  on  réitère  la 
dose.  Entre  chaque  selle,  un  verre  d'eau  très  froide  pour  un  enfant  ;  deux  verres 
pour  un  adulte  (4), 

Van  Swielen  employait  les  lavements  d'eau  froide  contre  les  oxyures.  Ces 
lavements  calment,  pendant  un  certain  temps,  l'irritation  que  les  vers  cau- 
sent à  l'anus,  et  ils  en  expulsent  un  certain  nombre  ;  répétés  pendant  un  temps 
suffisant,  ils  peuvent  même  débarrasser  complètement  l'intestin  de  ces  para- 
sites incommodes. 

La  température  des  lavements  doit  être  abaissée  graduellement  pour  habi- 
tuer l'intestin;  elle  sera  d'abord  de  25"  cent,  environ,  et  pourra  descendre 
progressivement  jusqu'à  10°;  la  quantité  du   liquide  doit   être  abondante. 

(1)  Joum.  complém.,  t.  XIX,  p.  275.  —  Voy.  aussi  Brera,  Nuovi  comment,  di 
med.  chirur.,  1818. 

(2)  Ténia  de  15  aunes,  et  30  lombrics  rendus  ensemble;  autre  cas  semblable 
[Joum.  de  méd.  de  Sédillot,  1. 1,  p.  483). —Voy.  encore  Rud.  Aug.  Vogel,  Disserl. 
de  usu  vomit,  ad  ejiciend.  vernies;  in-4.  Gottingrc,  1765.  —  Mellin,  Praktische  ma- 
teria  medica,  Frankfurt,  1789;  —  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  434.  —  Voy.  ci-dessus, 
p.  101,  cas  de  Leroux. 

(3)  Perrault,  Mém.  Acad.  des  se,  1675,  t.  X,  p.  550. 

(4)  Rosen,  ouvr.  cit.,  p.  425. 


778  PF.UXlfcMK    AI'PI'.INDICI-. 

Donnée  on  douches  ascendantes,  l'oau  froide  aurait  encoro  plus  d'efficacité. 
Lallemand  regarde  ce  mode  de  traitement  comme  l'un  des  meilleurs  chez  les 
individus  atteints  de  pertes  séminales  causées  par  les  oxyures. 

D.   —  Et  ain. 

L'étain  a  été  employé  comme  anthelminthique,  surtout  en  Angleterre  ;  il 
expulse  l'ascaride  lombricoïde  et  le  ténia  ;  on  y  a  généralement  renoncé  au- 
jourd'hui (1). 

Mode  d'administration. 

On  donne  l'étain  limé  ou  granulé  à  la  dose  de  1  à  30  grammes,  sous  la  forme 
de  bols  ou  d'électuaire,  à  l'aide  d'une  poudre  aromatique  et  d'une  sufûsante  quan- 
tité de  miel  ou  de  sirop. 

Méthode  d'Alslon.  —  On  purge  le  malade,  un  jeudi  avant  le  changement  de  lune, 
avec  les  follicules  de  séné  et  la  manne;  on  lui  fait  prendre,  le  vendredi  suivant, 
30  grammes  de  limaille  d'étain  pur  (passé  au  tamis),  dans  125  grammes  de  sirop 
simple;  le  samedi,  15  grammes  d'élain  dans  60  grammes  de  sirop,  et  autant  le 
dimanche.   Ou  purge  de  nouveau  le  lundi  avec  le  s.éné  et  la  manne  (2). 

Méthode  dé  Hufeland.  —  Les  malades  boivent  tous  les  matins  à  jeun  uue  décoc- 
tion d'ail  dans  du  lait,  et  trois  fois  par  jour,  une  cuillerée  à  bouche  d'huile  de 
ricin.  En  outre,  ils  prennent  chaque  jour  15  grammes  de  limaille  d'étain  mêlée  à 
la  conserve  de  roses.  Frictions  sur  le  ventre  avec  l'huile  de  pétrole;  le  soir  lavement 
de  lait.  La  nourriture  habituelle  doit  consister  en  substances  salées.  Le  traitement 

(1)  L'étain  a  été  considéré,  dans  le  siècle  dernier,  comme  l'un  des  anthelminthi- 
ques  les  plus  efficaces.  Paracelse  déjà  lui  attribue  la  propriété  vermifuge  {Bûcher 
und  schriften,  herausgegeben  durch  I,  Huscrum,  Iîasel,  4,  p.  VI,  1590,  p.  245,  cité 
par  Murray). — Andry  signale  aussi  cette  propriété;  —  mais  c'est  Alstonqui,  le  pre- 
mier, mit  ce  médicament  en  vogue  ;  il  le  prescrivait  contre  les  lombrics  et  contre  le 
ténia;  il  en  avait  reçu  le  secret  d'un  Hollandais.' — Mead,  Monro,  Sibbern,  Navier, 
Goeze,  Pallas,  Bloch,  etc.,  en  faisaient  usage.  —  Plusieurs  thèses  furent  soutenues 
sur  son  efficacité;  voy.  Ronssif,  Dissert,  de  egregioet  innocuo  stanni  in  emungendis 
vermibus  primarum  viaruin,  imprimis  tœniœ  speciebus,  cerlis  sub  caulelis  usu;  in-4, 
Heidelbergœ,  1789.  —  Franc.  May,  Dissert,  de  stanni  usu  'contra  vermes  ;  in-4. 
Heideiberga;,  1789.  —  Van  Dœveren,  toutefois,  et  Alix(06s.  chir.,  Altenburg,  8, 
fasc.  II,  1770)  le  trouvèrent  d'un  effet  incertain;  —  enfin  Bremser  y  renonça 
complètement. 

Dans  le  Traité  des  vers  intestinaux  de  Bremser,  le  traducteur  a  attribué  au  zinc 
ce  qui  appartient  à  l'étain.  Mérat  qui  s'est  le  plus  souvent  borué  à  copier  la  traduc- 
tion de  Bremser  pour  ce  qui  concerne  les  médicaments  autres  que  la  racine  de 
grenadier,  Mérat  a  conservé  cette  erreur  dans  son  Dictionnaire  de  matière  médicale 
et  dans  son  Mémoire  sur  le  traitement  du  ténia;  de  là  elle  a  passé  dans  beaucoup 
d'autres  ouvrages. 

(2)  Alston  (Charles)  Observ.  on  the  anthelmintic  virtues  of  lin.  (med.  essays  and 
observ.  by  Soc.  of  Edinb.,  1752,  vol.  V,  part,  i,  p.  77  ;  et  Bremser.,  ouvr.  cit., 
p.  455). 


SUPPLÉMENT  AU  TRAITEMENT  DES  VERS  DE  L'INTESTIN,  779 
doit  cire  continué  pendant  plusieurs  semaines,  jusqu'à  ce  que  la  tête  du  ténia  soit 
expulsée  (1). 

Méthode  de  P.  Frank.  —  Toutes  les  deux  heures,  prendre  de  l'électuaire  suivant 
gros  comme  une  noix  de  muscade  (2)  : 

2f  Étain  d'Angleterre,  pur,  granulé 30  grammes. 

Extrait  d'absinthe 12        — 

Poudre  dejalap 8        — 

Miel, quantité  suffisante  pour  faire  un  électuaire. 

E.  —  Fer. 

La  limaille  de  fer  a  été  employée  contre  les  vers  intestinaux. 

Boerhaave,  Rosen,  etc. ,  administraient  contre  les  lombrics  et  même  contre 
le  ténia  le  sulfate  de  fer,  en  solution  dans  1  00  fois  son  poids  d'eau.  On  pre- 
nait 500  grammes  de  cette  solution  à  des  intervalles  peu  éloignés  et  à'jeun. 

La  dose  pour  les  enfants  est  de 0s"yl0  à  0sr,50 

pour  les  adultes 2  à  4  grammes. 

F.  —  Mercuriaux. 

La  décoction  aqueuse  de  mercure  coulant,  l'oxyde  noir,  à  la  dose  de  0sr,25 
à  0gr,50,  et  le  calomel  ont  été  anciennement  conseillés  contre  les  vers  intesti- 
naux (3).  Le  calomel  seul  ou  associé  à  d'autres  vermifuges  est  encore  fréquem- 
ment employé  contre  les  lombrics. 

Dans  la  maladie  muqueuse,  Rœderer  et  Wagler  employaient  avec  avantage 
chez  les  enfants,  lorsqu'ils  étaient  sans  fièvre,  le  calomel  uni  à  la  rhubarbe  et 
au  camphre,  ou  mieux  le  mercure  cru  broyé  avec  du  sucre  (4).  Mais  lorsque  la 
fièvre  était  allumée,  il  fallait  être  très  circonspect,  disent-ils,  dans  l'emploi 
des  anthelminthiques  et  surtout  des  mercuriaux  (5). 

L'introduction  dans  l'anus  d'une  petite  quantité  d'onguent  gris  suffit  pour 
faire  cesser  les  démangeaisons  et  les  douleurs  causées  par  les  oxyures;  elle 
ne  suffit  pas  cependant  pour  expulser  complètement  ces  entozoaires.  Pour 
arriver  à  cette  fin,  le  professeur  Dumas  (de  Montpellier)  introduisait  dans 
toute  la  longueur  du  rectum  des  mèches  enduites  d'une  pommade  mer- 
curielle  qu'il  y  laissait  séjourner  pendant  quatre  heures,  puis  il  injectait  un 
verre  de  décoction  de  cascarille  ;  cette  injection  était  répétée  trois  fois  par 
jour;  au  bout  d'un  mois  de  ce  traitement,  la  cure  était  achevée  (6). 

(1)  Hufelanà" s  journal,  vol.  X,  cah.  3,  p.  178;  et  Bremser. ,  ouvr.  cit.,  p.  466. 

(2)  Journ.  de  méd.  de  Sêdillot,  t.  XXVII,  1806,  p.  411. 

(3)  J.  Burserius,  Epist.  de  anthelminthica  argenli  vivi  facullale,  Florentiae, 
1753. — Consolin,  ver  solitaire  et  attaques  épileptiformes  depuis  deux  ans,  guérison 
par  le  mercure  doux  à  la  dose  d'un  gramme,  donné  pendant  dix  jours  (Journ.  de 
méd.,  1764,  t.  20,  p.  445). 

(4)  Ouvr.  cit.,  sect.  II,  art.  7. 

(5)  Ouvr.  cit.,  sect.  II,  art.  4. 

(6)  Journ.  de  méd.  et  de  chirurg.  pratiques,  1859,  p.  216. 


780  DEUXIÈME  APPENDICE. 

L'onguent  napolitain  fondu  dans  un  lavement  a  été  employé  avec  succès 
par  M.  Legroux,  chez  un  homme  qu'aucun  remède  n'avait  pu  délivrer  de  ses 
oxyuros  (1). 

Méthode  do  Desault. -Pour  chasser  le  ténia,  Pierre  Desault  administrait  le  mer- 
cure de  la  manière,  suivante:  le  premier  jour  une  dose  de  calomel  à  l'intérieur;  le 
lendemain  une  friction  mercuricllc;  le  troisième  jour  calomel;  le  quatrième  fric- 
tion, et  ainsi  de  suite. 

G.  —  Pétrole. 

Les  propriétés  anthelminthiques  du  pétrole  sont  depuis  longtemps  connues. 
Leclerc  en  fait  une  mention  spéciale  (2).  Hasselquist  rapporte  qu'au  Caire 
c'était  le  vermifuge  le  plus  en  usage  contre  le  ténia  dont  le  quart  de  la  popu- 
lation était  atteint  ;  on  prenait  20  à  30  gouttes  de  pétrole  en  une  fois  dans  de 
l'eau,  les  trois  derniers  jours  du  déclin  de  la  lune,  et  l'on  se  purgeait  le  qua- 
trième; si  le  ver  ne  sortait  pas,  on  attendait  le  déclin  prochain  pour  recom- 
mencer la  cure  (3). 

L'huile  de  Cajeput,  l'huile  animale  de  Dippel  jouissent  de  propriétés  ana- 
logues et  ont  été  administrées  de  la  même  manière  contre  les  vers  intestinaux. 

H.  —  Sel  marin. 

La  solution  de  sel  marin,  en  lavement,  est  un  excellent  moyen  de  débar- 
rasser promptement  des  oxyures  le  rectum  et  le  vagin  ;  administrée  pendant 
plusieurs  jours  de  suite,  elle  amène  quelquefois  une  guérison  complète.  On 
l'administre  aussi  par  la  bouche  à  la  dose  d'une  cuillerée  à  café  malin  et  soir 
dans  un  verre  d'eau  ;  on  augmente  cette  dose  progressivement. 

I.  —  Soufre. 

La  Heur  de  soufre  a  été  prescrite  contre  les  lombrics  et  les  oxyures  ;  elle 
n'est  plus  employée  aujourd'hui  comme  anthelminthique. 

Les  eaux  hydrosulfureuses  naturelles,  prises  en  lavements  ou  mieux  en 
douches  ascendantes,  sont  un  excellent  moyen  contre  les  oxyures,  et  même  le 
meilleur  de  tous,  suivant  Lallemand  (4)  ;  elles  doivent  être  prises  froides  ou 
presque  froides. 

K.  — Zinc. 

Le  zinc  est  recommandé  comme  vermifuge  dans  plusieurs  ouvrages  ou 
mémoires  publiés  depuis  trente  ans.  Nous  ne  savons  si  ce  métal  possède  une 
propriété  anthelminthique  et  même  s'il  ne  serait  pas  nuisible,  aux  doses  pres- 
crites. Dans  l'ouvrage  de  Bremser,  par  une  erreur  du  traducteur,  le  mot  sine 
a  été  pris  pour  élain,  en  sorte  que  tout  ce  qui  appartient  à  ce  dernier  médi- 

(1)  Gazelle  des  hôpitaux,  1859,  p.  270. 

(2)  Leclerc,  ouvr.  cil.,  p.  383,  p.  415. 

(3)  Cité  par  Rosen,  ouvr.  cit.,  p  429. 

(4)  Ouvr.  cil.,  t.  111,  p.  259. 


SUPPLÉMENT  AU  TRAITEMENT  DES  VERS  DE  L'INTESTIN.  781 
Cament  a  été  attribué  au  premier  ;  les  auteurs  français  plus  récents  ont  pour 
la  plupart  copié  servilement  la  traduction  de  Bremser. 

Article  II.  —  Médicaments  fournis  par  les  végétaux. 

À.  —  Ail. 

Les  propriétés  anthelminthiques  de  l'ail  et  celles  de  l'oignon  étaient  connues 
des  anciens  ;  on  employait  l'ail  surtout  contre  l'ascaride  lombricoïde,  en  décoc- 
tion dans  du  lait,  ou  bien  on  faisait  avaler  les  gousses  entières  trempées  dans 
de  l'huile;  on  l'administrait  dans  un  lavement  contre  les  oxyures.  Rosen  rap- 
porte plusieurs  observations  de  guérison  du  ténia  par  des  gousses  d'ail  man- 
gées tous  les  matins. 

Enfin  on  appliquait  aussi,  à  l'extérieur  en  cataplasmes,  en  fomentations 
ou  en  frictions,  l'ail  pilé  dans  le  pétrole,  le  fiel  de  bœuf  ou  l'éther  sulfu- 
rique,  etc. 

B.  —  Aloès. 

L'aloès,  la  gomme-gutte,  le  jalap,  la  scammonée,  etc.,  étaient  autrefois  les 
remèdes  les  plus  fréquemment  employés  contre  les  vers  intestinaux  ;  on  les 
associait  ordinairement  à  d'autres  médicaments.  C'est  sans  doute  à  leur  pro- 
priété purgative  que  ces  substances  doivent  leur  vertu  anthelminlhique  ;  tou- 
tefois l'aloès  paraîtrait  posséder  une  action  vermifuge  distincte. 

Ce  médicament  a  été  quelquefois  employé  en  applications  externes  avec 
succès,  dit-on,  contre  les  vers  intestinaux.  Le  suc  frais  de  la  plante,  en  cata- 
plasmes sur  le  ventre,  est  un  excellent  vermifuge,  suivant  Thomas  de  Salis- 
bury,  et  nous  avons  vu  que  son  application  sur  les  paupières  aurait  déter- 
miné, chez  le  bœuf,  la  mort  de  vers  contenus  dans  la  chambre  antérieure  de 
l'œil  (voy.  p.  749). 

C.   ASA-FQETIDA. 

Ce  médicament  est  depuis  longtemps  en  usage  contre  les  vers  intestinaux; 
sans  action  sur  le  ténia,  il  peut  être  utile,  pris  en  pilules,  contre  les  lombrics  ; 
pris  en  lavement,  contre  les  oxyures. 

L'asa-fœlida  jouit  incontestablement  d'une  propriété  anthelminthique  pré- 
cieuse contre  les  vers  qui,  chez  les  ruminants,  séjournent  dans  les  bronches 
(voy.  ci-dessus  p.  33);  or,  celte  substance,  étant  ingérée  dans  l'estomac,  ne 
peut  agir  sur  les  vers  des  bronches  que  par  la  transpiration  pulmonaire.  Des 
expériences  récentes  tendent  à  prouver  que  ce  médicament  chasse  aussi  les 
dislomes  des  conduits  biliaires  ;  dans  ce  cas  comme  dans  l'autre,  l'asa-fcetida 
n'agirait  qu'en  communiquant  aux  produits  excrétés  une  qualité  antipathique 
aux  vers.  On  connaît  dans  la  térébenthine  une  propriété  analogue  relative- 
ment aux  épizoaires  de  quelques  animaux.  Dans  ces  différents  cas,  les  para- 
sites ne  sont  probablement  pas  détruits  ;  mais  ils  abandonnent  des  organes 
devenus  antipathiques  par  l'odeur  ou  la  saveur  qu'acquièrent  les  excrétions. 


782  DEUXIÈME   APPENDICE. 

Ces  faits  doivent  faire  présumer  que  ce  que  l'on  dit  des  brahmes,  qui  se  pré- 
servent des  atteintes  de  la  filairé  par  l'usage  habituel  de  l'asa-fœtida,  peut 
être  vrai  ;  la  question  mérite  d'être  examinée. 

D.  —  Camphre. 

Le  camphre  a  joui  dans  le  siècle  dernier  d'une  grande  vogue  comme  ver- 
mifuge (1).  Rœderer  et  Wagler,  dans  la  maladie  muqueuse,  le  donnaient  après 
les  purgatifs,  pour  chasser  les  vers.  Rosen  le  prescrivait  en  solution  dans  du 
vinaigre  ;  Moscati  et  Rrera  faisaient  prendre  par  intervalles  déterminés,  une 
cuillerée  d'une  eau  composée  de  :  camphre  3  grammes,  gomme  arabique  quatre 
grammes,  eau  500  grammes.  —  On  connaît  l'usage  et  l'abus  qui  a  été  fait  de 
nos  jours,  des  préparations  camphrées.  On  attribue  au  camphre  quelques 
guérisons  de  ténia  ;  pris  par  la  bouche,  il  peut  être  utile  contre  l'ascaride  lom- 
bricoïde  et  en  lavement  contre  les  oxyures  ;  toutefois,  dans  les  cas  de  pertes 
séminales,  Lallemand  conseille  de  choisir  tout  autre  vermifuge. 

E.  —  Cévadille. 

La  cévadille  ou  sabadille  est  le  fruit  du  veratrum  sabadilla;  elle  a  été  pré- 
conisée par  Seeliger  ("2)  et  par  plusieurs  médecins  du  siècle  dernier,  pour  com- 
battre les  vers  intestinaux  et  principalement  le  ténia.  C'est  un  médicament 
dangereux  auquel  on  a  généralement  renoncé  aujourd'hui,  quoiqu'il  jouisse 
d'une  efficacité  réelle  contre  les  lombrics. 

Mode  d'administration. 

Pour  les  enfants,  10  centigrammes  matin  et  soir  dans  une  cuillerée  à  café  de 
sirop  de  rhubarbe  ;  purgation  le  cinquième  jour  avec  rhubarbe,  50  centigrammes. 

Méthode  de  Smucker.  —  Purgation  avec  la  rhubarbe  et  le  sel  de  Glauber.  Le 
lendemain,  2  grammes  de  cévadille  en  poudre,  mêlée  à  égale  quantité  à'oleo-sac- 
charum  de  fenouil  ;  immédiatement  après  une  à  deux  tasses  d'infusion  de  sureau 
ou  de  camomille,  et  une  heure  plus  tard,  une  tasse  d'eau  d'orge.  Le  jour  suivant, 
même  dose  de  cévadille.  Si  le  malade  ne  rend  pas  de  ver,  il  ne  doit  prendre,  le 
troisième  et  le  quatrième  jour,  matin  et  soir,  que  Os1', 30  de  cette  substance.  Il  se 
purgera  de  nouveau,  le  cinquième  jour;  le  sixième,  il  prendra  en  se  levant  et  en  se 
couchant  trois  pilules  de  Os1', 25  de  cévadille  incorporée  dans  du  miel.  On  continue 
alternativement  une  purgation  et  les  pilules,  jusqu'à  ce  que  le  malade  rende  le 
ténia  (3). 

Méthode  de  Brewer.  —  Coque  entière  de  cévadilleréduite  en  poudre,  avec  suf6sanle 
quantité  de  miel,  dont  on  forme  des  pilules  contenant  deux  grains  de  la  poudre. 
Pour  un  adulte,  six  pilules  tous  les  matins  à  jeun,  pendant  huit  jours  ;  le  neu- 
vième jour,  prendre  à  jeun  une  poudre  composée  de  0, 15  de  gomme-gulte,  et  0,60  de 

(1)  Prange,  De  camphorœ  virlute  anlhelminthica,  Gottingue.  1759,  dans  Bal- 
dioger,  Silloge  sélect,  opusc. 

(2)  Seeliger,  dans  Schmucker,  cité  ci-dessous,  2  B,  s.  312;  3  B.  s.  1. 

(3)  Jeau  Léberecht  Schmucker,  Vermischle  chirurgische  schrifften,  etc.,  Berlin, 
1782,  analyse  dans  Journ.  de  méd.,  1786,  p.  353,  t.  LXVI. 


SUPPLÉMENT  AU  TRAITEMENT  DES  VERS  DE  LTNTESTIN.         783 
racine   de  valériane  sauvage.  Si  dans  l'espace  de  quatre  heures    le   ver  n'est  pas 
rendu,  on  prend  une  seconde  dose  de  poudre. 
Quatre  cas  de  succès  (I). 

F.  —  Charbon  végétal. 

On  a  dit  que  le  charbon  végétal  pulvérisé  agit  mécaniquement  sur  les 
vers  et  les  expulse.  Pallas  rapporte  qu'on  s'en  sert  comme  d'un  vermifuge  en 
Islande  et  qu'il  a  lui-môme,  par  cette  poudre,  obtenu  l'expulsion  d'un  long 
morceau  de  ténia  (2). 

G.  —  Citrouille. 

a.  —  La  graine  de  citrouille  et  de  concombre  en  émulsion  a  été  adminis- 
trée par  Edw.  Tyson,  pour  chasser  le  ténia.  Le  célèbre  médecin  naturaliste 
rapporte  qu'ayant  fait  prendre  à  un  jeune  homme  un  verre  d'émulsion  de 
semences  froides,  un  morceau  de  ténia  long  de  24  pieds  fut  expulsé.  La  res- 
semblance de  ces  graines  avec  les  cucurbitins  a  probablement  donné  l'idée  de 
chercher  en  elles  un  anthelminthique,  car  Tyson  ajoute:  «  Ceux  qui  croient 
que  les  simples  portent  le  sceau  des  maladies  qu'elles  guérissent,  trouveront 
dans  ce  fait  un  argument  en  faveur  de  leur  opinion  (3).  » 

b.  —  Ce  médicament  a  été  employé  de  nouveau,  il  y  a  environ  trente  ans, 
contre  le  ténia  par  le  docteur  Mongeny,  qui  administrait  une  pâte  composée 
de  90  grammes  de  graines  fraîches  de  citrouille  et  180  grammes  de  miel, 
donnée  en  trois  doses,  à  une  heure  d'intervalle  (4). 

Depuis  1 845,  plusieurs  médecins  de  Bordeaux  ont  prescrit,  ces  graine3 
avec  succès  : 

c.  —  Le  docteur  Brunet  donne  4b  grammes  de  graines  dépouillées  de  la 
grande  citrouille  (cucurbita  rnaxima]  avec  autant  de  sucre  (5).  Vingt-cinq  à 
trente  cas  de  succès. 

d.  —  Dans  un  cas  observé  par  le  docteur  Sarramea,  le  malade  prit 
30  grammes  de  semences  pilées  avec  4  0  grammes  de  sucre  ;  douze  heures 
après  un  ténia  fut  rendu. 

e.  — -  M.  Costes  l'a  essayé  également  avec  succès. 

Ce  médicament  s'est  montré  efficace  dans  des  cas  où  le  cousso  et  la  racine 
de  grenadier  avaient  échoué;  d'un  autre  côté,  on  a  dû  revenir  dans  certains 

(1)  Brewer,  Observations  sur  l'usage  de  la  cévadille  administrée  comme  vermi- 
fuge (Journal  de  Sédillot,  t.  III,  p.  366,  1797,  1798);  —  suivies  de  réflexions  par 
Desessartz. 

(2)  IV.  Nord.,  beilr.  cit.,  t.  I,  §  64. 

(3)  Edw.  Tyson,  Lumbricus  lalus,  or  a  discourse  of  the  jointed  worm.  iaphilo- 
soph.  Iransact.,  1683. 

(4)  Voir  le  Journal  universel  des  sciences  médicales,  cité  par  le  Journal  de  Bor- 
deaux, févr.,  4852. 

(5)  Bouchardat,  Annuaire  de  thérapeutique,  1847,  p.  261. 


7SZi  DEUXIEME  APPENDICE. 

cas  deux  ou  trois  fois  à  la  graine  de  citrouille  pour  obtenir  un  résultai  défi- 
nitif, et  dans  quelques  cas  même  ce  moyen  a  échoué. 

Les  expérimentateurs  so  demandent  si  les  différences  des  résultalsne  tien- 
draient pas  à  l'espèce  du  ténia  à  laquelle  on  avait  affaire;  mais  ils  ne  don- 
nent aucune  réponse  à  cette  question  (1). 

/'.  —  Le  docteur  Cazin  a  publié  un  nouveau  cas  de  guérison  du  ténia  par  la 
semence  do  citrouille.  Le  malade  était  un  enfant  âgé  de  cinq  ans,  qui  rendait 
par  les  selles  des  fragments  de  ténia  :  30  grammes  do  semences  de  citrouille 
pilées  avec  aulanl  de  sucro  furent  administrées,  le  matin  à  huit  heures  ;  à  huit 
heures  du  soir,  un  fragment  de  ténia  de  40  centimètres  est  rendu  dans  une 
selle.  Le  lendemain  à  neuf  heures  du  matin,  môme  dose  de  semences  de  ci- 
trouille, le  soir  à  six  heures  expulsion  de  5  mètres  de  ténia  avec  la  tête  (2). 

g.  —  M.  le  docteur  Suquet,  médecin  sanitaire  en  Orient,  nous  a  envoyé 
dernièrement  deux  ténias  rendus  à  Beyrouth,  l'un  par  un  homme  âgé  de  qua- 
rante-huit ans,  l'autre  par  la  femme  de  cet  homme,  âgée  de  trente-cinq  ans. 
Le  cousso  avait  été  administré  inutilement.  Le  ténia  a  été  expulsé  par  une  dose 
de  semences  de  courge  (la  tête  manquait  à  l'un  et  à  l'autre).  Ces  deux  ténias 
appartiennent  à  l'espèce  inerme. 

H.  —  Cousso. 

Les  fleurs  de  cousso  sont  un  desanthelminthiquesles  plus  puissants  contre 
le  ténia;  elles  paraissent  presque  dénuées  d'action  contre  les  lombrics;  elles 
n'ont  été  employées  communément  en  Europe  que  depuis  peu  d'années. 

Le  cousso  est  encore  appelé  cusso,  cosso,  kousso,  coasso,  kwoso,  ho,bbz,  cabots. 

Le  célèbre  voyageur  James  Bruce  a,  le  premier,  fait  connaître  ce  médicament 
en  Europe  (1768-1773,  voyage  cit.,  p.  154,  etsuiv.  Voy.  aussi:  Bruce's  Account  of 
cusso  flowers,  in  Médical  commentaries,  vol.  XV,  p.  184).  Il  dédia  l'arbre  qui  le 
produit  à  J.  Baucks,  président  de  la  Société  royale,  en  lui  donnant  le  nom  de 
Bankesia  Abyssinica.  Le  docteur  Brayer,  qui  a  résidé  longtemps  à  Constantinople, 
en  apporta  à  Paris,  en  1822,  quelques  parcelles,  d'après  lesquelles  un  botaniste, 
collaborateur  de  Humboldt  et  Bonpland,  Kunth  donna  la  détermination  de  la  fa- 
mille et  du  genre  auxquels  appartient  ce  végétal,  qu'il  appela  Brayera  anlhelmin- 
thica  (Note  sur  une  nouvelle  plante  de  la  famille  des  rosacées,  employée  avec  le 
plus  grand  succès  en  Abyssinie  contre  le  ténia,  et  apportée  de  Constantinople  par 
M.  Brayer;  communiquée  à  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Paris;  dans  Arch.  gén. 
de  méd.,  1823,  t.  I,  p.  434,  cl  Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  483,  noie  du  traducteur. 
Rapport  parMcrat,  Arch.  de  méd.,  1828,  t.  XVIII,  p.  306).  —  Vingt  ans  plus 
tard,  le  docteur  Aubert  Roche  {Bull.  Acad.  de  méd.,  1840-1841,  t.  VI,  p.  492, 
et  Méni.  Acad.  de  méd.,  1841,  t.  IX,  p.  690)  et  Rochet  d'Héricourt  (voyage  cit., 
et  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  18  mai,  1846)  ont  achevé  de  faire 
connaître  ce  médicament,  et  dès  lors  l'usage  en  est  devenu  vulgaire. 

(1)  De  la  valeur  de  la  pâle  de  semences  de  citrouille  contre  le  ténia  (Journ.  de 
méd.  de  Bordeaux,  févr.,  1852.  —  Bull,  de  Ikérap.,  1852.  t.  XLII,  p.  282). 

(2)  Bull,  de  Ihérap.,  et  Gazette  des  hôpitaux,  1858,  p.  539. 


SUPPLÉMENT  AU  TRAITEMENT  DES  VERS  DE  L'INTESTIN.        785 

Mode  d'administration. 
Pour  un  adulte  : 

If  Fleurs  de  cousso  grossièrement  pulvérisées. . .       20  grammes. 
Eau  tiède 250        — 

Laisser  infuser  pendant  un  quart  d'heure. 

Le  malade,  étant  à  la  diète  depuis  la  veille,  avale  tout  le  mélange  sans  rien 
laisser,  et  se  rince  la  bouche  pour  diminuer  le  dégoût. 

Pour  un  enfant  de  six  à  quinze  ans,  la  dose  de  cousso  sera  de  10  à  12  grammes. 

L'odeur  et  la  saveur  du  cousso  opposent  un  obstacle  réel  à  l'introduction 
de  ce  médicament  dans  la  thérapeutique  des  enfants,  il  serait  sans  doute  im- 
possible de  le  faire  prendre  dans  le  premier  âge. 

La  fleur  de  cousso  doit  être  administrée  en  nature;  l'infusion  filtrée  ne  pro- 
duit point  un  effet  suffisant  pour  chasser  le  ténia.  Quelques  médecins  font 
prendre  le  médicament  en  deux  ou  trois  fois,  à  un  quart  d'heure  oaune  demi- 
heure  d'intervalle;  d'autres  prescrivent  30  ou  60  grammes  d'huile  de  ricin 
quelques  heures  après  l'ingestion  du  cousso. 

Le  cousso  cause  généralement  du  dégoût,  des  nausées,  quelquefois  il  est 
vomi  ;  il  peut  survenir  ensuite  un  malaise  général,  de  l'anxiété  précordiale, 
de  la  céphalalgie,  de  la  soif,  des  coliques;  mais  quelques  malades  n'éprouvent 
rien  de  tout  cela.  Une  heure  ou  deux  après  l'ingestion  du  médicament,  il 
survient  des  garderobes,  formées  par  les  matières  intestinales  d'abord,  et  à 
la  fin  par  le  cousso  même.  Dans  la  troisième  ou  quatrième  selle  se  trouve 
généralement  le  ténia. 

Le  cousso  paraît  jouir  des  mêmes  propriétés  contre  le  bolhriocéphale. 

Ce  médicament  est  assez  souvent  infidèle  et  nous  ne  le  croyons  pas  préfé- 
rable au  grenadier. 

PRINCIPAUX  TRAVAUX  PUBLIÉS  SUR  LE  COUSSO  '. 

Bouchardat,  Annuaire  de  thérapeutique,  1847,  p.  255.  Essais  du  cousso  importé 
d'Abyssinie  par  M.  Rochet  d'Héricourt,  faits  à  l'Hôtel-Dieu.  Plusieurs  cas  degué- 
risou  par  Sandras  ;  un  cas  de  bolhriocéphale  complètement  expulsé,  par  Chomel. 
Même  cas  dans  Bull,  thérap.,  t.  XXXII,  p.  523,  1847. 

Notice  sur  les  principaux  médicaments  employés  en  Abyssinie  contre  le  ver  soli- 
taire, publiée  par  le  prof.  Kirschleger,  d'après  les  indications  de  M.  Wilhelm 
Schimpcr,  gouverneur  à  Adoa  (Gaz.  méd.  de  Strasbourg,  avril  1848). 

Martin  Solon,  trois  ténias,  sans  la  tête,  expulsés  par  un  enfant  de  onze  ans 
{Bull,  de  thérap.,  1850,  t.  XXXVIII,  p.  299). 

Strohl  (Gaz.  méd.  de  Paris,  1834,  p.  303.  mèm.  cit.  ci-après). 

Vaughan,  Des  causes  des  rechutes  après  V emploi  du  cousso  contre  le  lénia  (The 
Lancet,];in\.  1852,  et  Bull,  thérap.,  1852,  t.  XLII,  p.  185). 

Van  Coetsem,  Note  relative  à  un  cas  remarquable  d'helminthiase  (Bull.  Acad. 

DAVA1NE.  60 


786      MÉDICAMENTS   VERMIFUGES   ET  LEUR   MODE   D'ADMINISTRATION, 
rot/.  île  Belgique,  t.  XIII,  p.  21,  et  sniv.,  1853-1854}.  L'infusion  ou  la  décoction 
filtrées  sans  efficacité;  deux  cas  de  guérison  par  la  poudre  en  infusion  non  filtrée: 
un  ténia,  un  bothriocéphale. 

George  Paterson,  Cases  of  tanc-ivorm  unsuccessfulhj  trèttled  by  Ihe  exlracl  of 
maie  [cm  and  housso  (Monthly  journ.  of  med.  science,  july,  1 854,  p.  39),  trois 
observations. 

F.-L.  Legendre  [mém.  cit.,  p.  025),  trois  cas  de  cousso  administré  à  des  enfants; 
deux  guérisons;  un  incomplet. 

Docteur  Blancsubé,  Notice  sur  le  cousso  (Bull,  de  la  Soc.  des  se.  nal.  de  Saint- 
Etienne  (Loire),  1856,  p.  282),  hist.  uat,  et  trois  cas  d'après  trois  observateurs  dif- 
férents; tous  résultats  incomplets. 

Koussine  (Union  méd.,  1859,  p.  147). 

I.  ÉTHEB  SULFURIQUE. 

L'éther  sulfurique  a  été  employé  contre  !e  ténia  par  Bourdier,  avec  un 
succès  notable.  Ce  médecin  donnait  l'éther  à  la  dose  de  quatre  grammes  dans 
un  verre  de  décoction  de  fougère  maie  (voy.  ci-après,  p.  790,  la  méthode  de 
Bourdier).  Cetle  décoction  n'ayant  point,  en  général,  de  propriété  vermifuge 
suffisante  pour  chasser  le  ténia,  c'est  à  l'éther  qu'il  faut  rapporter  les  avan- 
tages de  la  méthode  de  Bourdier. 

M.  Delasiauve  parait  avoir  employé  l'éther  avec  grand  avantage  contre  les 
oxyures;  il  l'administre  en  lavement  à  la  dose  de  4  à  8  grammes  (l). 

On  a  encore  conseillé,  pour  chasser  les  vers  intestinaux,  des  frictions  sur 
le  ventre  avec  un  Uniment  composé  d'élher,  d'ail  et  de  camphre. 

j,  —  Figuier  de  Cayenne. 

Bajon  parle  du  suc  de  figuier  de  Cayenne  comme  d'un  excellent  vermifuge, 
et  qui  mériterait  d'être  généralement  connu.  C'est  surtout  contre  l'ascaride 
lombricoïde  qu'il  le  prescrivait  (2). 

Le  même  auteur  parle  aussi  delà  vertu  anthelminthique  de  la  décoction  de 
simarouba  à  la  dose  de  deux  ou  trois  verres. 

K. ÉCORCE    DE    GEOFFRÉE    DE    SURINAM. 

Ce  médicament  n'est  pas  usité  en  France  ;  on  l'administre  à  la  dose  d'un  à 
deux  grammes,  en  pilules  ou  en  électuaire,  on  le  donne  aussi  en  infusion;  on 
fait  usage  en  lavement  de  la  décoction  aqueuse  saturée.  —  La  geoffrée  de 
Surinam  prise  par  la  bouche  expulse  des  lombrics  et  même,  dit-on,  le  ténia. 
En  lavement  elle  paraît  être  un  très  bon  remède  contre  les  oxyures  (3). 

(1)  Gazette  des  hôpitaux,  1859,  p.   270. 

(2)  Bajon,  Observations  sur  quelques  bons  remèdes  contre  les  vers  de  Vile  de 
Cayenne  (Journ.  de  méd.,  1770,  t.  XXXIV,  p.  60)  ;  id.,  Description  du  figuier  de 
Cayenne  (Journ.  de  méd.,  1771,  t.  XXXVI,  p.  241). 

(3)  Klingsoehr,  Dissert.  De  geoffrœa  inermi,  etc.,  in-4.  Erfordiœ,  1789.  — 
Eggert,  Dissert.  De  geoffrœœ  Surinam,  virtule  anlhelm.,  in-4,  Marburgi,  1791, 


SDPPLÊMENT  AU  TRAITEMENT  DES   VERS  DE  L'INTESTIN.         787 
L.  —  Fougère  mâle. 

La  fougère  mâle  est  l'un  des  anthelminthiques  les  plus  anciennement 
connus  :  depuis  Pline,  Dioscoride  et  Galien,  elle  n'a  pas  cessé  d'être  recom- 
mandée contre  les  vers  cestoïdes. 

C'est  la  racine  ou  tige  souterraine  qui  possède  la  propriété  vermifuge, 
mais  pour  que  cette  propriété  soit  complète,  la  racine  doit  être  récoltée  dans 
des  conditions  qui  ont  été  déterminées  par  Peschier,  pharmacien  de  Genève. 
C'est  en  été  que  l'on  doit  faire  cette  récolte;  la  souche  offre  alors  des  bour- 
geons arrivés  à  maturité,  dont  la  cassure  est  franche,  la  couleur  vert- 
pistache-clair  et  l'odeur  nauséabonde.  Il  faut  encore  savoir  que  les  racines 
conservées  sèches  perdent  leurs  propriétés  anthelminthiques  en  deux  ou  trois 
ans  (1). 

On  associe  généralement  à  la  fougère  quelque  substance  drastique,  ou  l'on 
fait  suivre  son  ingestion  de  celle  d'un  purgatif. 

Mode  d'administration. 

Pour  un  adulte  : 

%  Poudre  de  rhizomes  de  fougère  mâle 10  à  15  grammes. 

Sirop  simple,  quantité  suffisante  pour  faire  un  électuaire. 

A  prendre  le  matin  ;  la  même  dose  doit  être  répétée  le  soir. 

(1)  <i  Parmi  les  causes  qui  expliquent  l'inconstance  et  la  nullité  des  effets  de  la 
fougère  mâle,  dit  Peschier,  surtout  dans  les  contrées  où  elle  n'est  pas  indigène,  se 
présentent  principalement  les  suivantes  : 

a.  —  »  Les  rapports  qu'ont  avec  cette  espèce  d'aspidium  le  pteris  aquilina, 
Vathyrium  filix  fœmina,  l'aspidium  orcopteris,  le  crislatum,  l'aculeatum,  qui  sont 
rangés  parmi  les  polypodes  de  Linné,  et  auxquels  la  propriété  de  détruire  le  ténia 
n'a  pas  été  reconnue. 

b.  —  »  Le  défaut  de  connaissance  de  ce  fait  chez  la  plupart  des  pharmaciens 
et  surtout  des  droguistes. 

c.  —  i>  Le  point  de  maturité  des  principes  immédiats  réunis  dans  les  bourgeons, 
lequel,  atteint  en  fin  de  juin,  doit  cesser  d'être  le  même  en  automne. 

d.  —  «  La  détérioration  en  deux  ou  trois  ans  du  principe  gras  de  bourgeons 
recueillis  dans  le  temps  convenable,  desséchés  et  conservés  même  avec  soin,  à  la 
suite  de  laquelle  ils  ne  contiennent  plus  que  le  tannin,  les  acides  gallique,  acé- 
tique et  l'amidon,  auxquels  la  propriété  de  détruire  le  ténia  ne  peut  être  accordée, 
et  sont  arrivés  à  l'état  où  on  les  trouve  habituellement  dans  le  commerce,  surtout 
dans  le  nord  de  l'Allemagne.  »  (Herrn  Peschier,  Apotlieker  in  Genf  Notiz  ueber 
die  Eigenschafl  eines  fettartigen  Princips  der  Farnivurzel,  den  Bandwurm  abzu- 
treiben.  —  Notice  sur  la  propriété  médicale  du  principe  gras  des  bourgeons  de  la 
fougère  mâle  ;  Polypodium  filix  mas  Linn.  —  Aspidium  filix  mas  Schwarz.  —  Ver- 
handlungen  der  allgemeinen  Schweizerischen  gesellschaftfur  die  gesavnmten  natur- 
wissenschaften  in  ihrer  eilften  jahresversammlung  zu  Solothurn,  1825,  p.  61.) 


7S8     MÉDICAMENTS  VERMIFUGES  ET   LiJUB   MODIi  D' ADMINISTRAI  K>N. 

On  peut  encore  prendre  celle  poudre  suspendue  dans  du  un  blanc  ou  dans 
de  l'eau. 

If  Racine  de  fougère  mâle 30  à  45  grammes. 

Eau  bouillante 1  litre. 

Faites  infuser  pendant  trois  heures,  passez  et  décantez .  A  prendre  le  malin  par 
tasses  rapprochées. 

%  Huile  éthérée  de  fougère 2  grammes. 

Mucilage  et  poudre  de  fougère q.  s.  pour  dix  bols. 

A  prendre  le  matin  à  une  heure  d'intervalle. 

Dans  tous  les  cas,  avec  la  poudre,  l'infusion  ou  l'huile  éthérée,  le  malade 
doit  être  mis  à  la  diète  douze  à  quinze  heures  avant  la  première  prise  et 
doit  être  purgé,  une  heure  ou  deux  après  la  deuxième  prise,  avec  30  ou 
60  grammes  d'huile  de  ricin. 

Pour  un  enfant  à  la  mamelle  : 

If.  Racine  de  fougère 2  grammes. 

A  douner  en  deux  fois  le  matin,  à  une  heure  d'intervalle,  dans  du  lait  ou  de  la 
bouillie.  Le  lendemain  ,  purgatif  léger  (Andry). 

L'infusion  de  fougère  ou  sa  décoction  n'a  pas  do  propriétés  anthelmintlii- 
ques  aussi  marquées  que  la  poudre.  Ce  dernier  remède  est.  d'un  prix  peu  élevé, 
mais  son  odeur  et  sa  saveur  le  font  prendre  avec  répugnance  par  beaucoup 
de  malades,  beaucoup  le  vomissent  ;  il  donne  du  malaise  et  des  coliques  plus 
ou  moins  vives  et  quelquefois  des  spasmes  violents. 

La  préparation  la  plus  efficace  et  la  plus  fréquemment  employée  aujour- 
d'hui, est  l'huile  élhérée  de  Peschier,  qui  paraît  exempte  de  la  plupart  des  in- 
convénients de  la  poudre  (I).  M.  Rayer  la  prescrit  de  la  manière  suivante  : 

ty  Huile  éthérée  de  fougère  mâle 72  gouttes. 

Poudre  de  fougère  mâle q.  s. 

pour  18  pilules. 

(I)  Voici  dans  quels  termes  Peschier  s'exprime  sur  ce  médicament  : 

( Recueillie  dans  les  mois  d'été,  la  souche  de  la  fougère  mâle  offre  des 

ourgeons  qui  ont  acquis   leur  maturité,  dont   la  cassure  est  franche,  la   couleur 
vert-pistache-clair  et  l'odeur  nauséabonde. 

»  Privés  des  squames  fixées  à  leur  base  et  de  leur  extrémité  supérieure  brune  et 
inerte,  les  bourgeons,  desséchés  convenablement,  digérés  à  froid  dans  l'éther  sul- 
furique,  le  colorent  en  vert  jaunâtre  ;  le  liquide  exprimé,  filtré  et  concentré,  fournit 
un  produit  d'un  vert  obscur,  composé  d'un  principe  huileux,  d'une  petite  quantité 
de  résine,  de  chlorophyle,  soit  du  principe  vert  des  végétaux;  plus,  des  acides 
acétique  et  galliquc,  dont  ou  volatilise  l'acide  acétique  par  une  chaleur  douce.  Le 
produit  ainsi  obtenu,  qui  a  une  saveur  acre  et  l'odeur  vireuse  des  bourgeons, 
donné  à  la  dose  de  8  à  10  gouttes,  sous  forme  de  pilules  en  deux  fois,  à  derni- 
neure  de  distance,  en  se  couchant  (le  malade  ne  prenant  pas  de  nourriture  depuis 


SIMPLEMENT   AU   ÎRAlTt-Ml'NT  DES   VERS  DE  L'INTESTIN.         789 

Le  malade,  au  lieu  de  dîner,  prendra  un  bouillon;  puis,  à  huit  heures  du  soir, 

il  prendra   six  pilules;  le  lendemain,  à  su  heures  du  matin,  douze  pilules;  deux 

heures  après,  60  grammes  d'huile  de  ricin  dans  une  tasse  de  bouillon  aux  herbes. 

Les  préparations  de  fougère  mâle  chassent  le  ténia,  mais  beaucoup  d'ob- 
servateurs ont  remarqué  qu'e'les  sont  plus  efficaces  contre  le  bolhriocô- 
phale. 

L'efficacité  incontestable  de  la  fougère  mâle  contre  les  vers  et  contre  les  cestoïdes 
en  particulier,  son  insuffisance  fréquente  lorsqu'elle  est  administrée  isolément,  lui 
ont  fait  adjoindre  une  foule  de  médicaments,  ont  donné  naissance  à  une  foule  de 
remèdes  plus  ou  moins  composés  ou  de  méthodes  de  traitement  dont  les  plus  con- 
nues sont  les  suivantes  : 

Méthode  d'Alibert.  —  Pour  boisson  habituelle,  le  premier  jour,  décoction  de 
123  grammes  de  racine  de  fougère  mâle  dans  1500  grammes  d'eau  réduite  à 
1000  grammes,  édulcorée  avec  60  grammes  de  sirop  de  mousse  de  Corse;  trois 
heures  après  le  repas,  bol  composé  de:  mercure  doux,  corne  de  cerf  calcinée,  de 
chaque,  0sr,15;  conserve  de  roses,  q.  s.  pour  un  bol.  Le  second  jour:  scammonée 
en  poudre,  1  gramme  ;  racine  de  fougère  mâle,  30  grammes  ;  gomme-gutte  et 
mercure  doux,  de  chaque  0gr,60  ;  à  prendre  eu  une  seule  dose  dans  de  l'eau  sucrée 
ou  mêlée  de  vin. 

Méthode  de  Bcck.  —  ty .  Mercure  doux,  ls»',20  ;  corne  de  cerf  brûlée,  cinabre, 
antimoine,  de  chaque,  Os1, 50;  mêlez.  Prendre  ce  mélange  à  quatre  ou  cinq  heures 
de  l'après-midi,  dans  une  cuillerée  d'eau;  le  soir,  après  un  potage,  prendre 
60  grammes  d'huile  d'amandes  douces;  le  lendemain  matin,  prendre  une  dej  trois 
prises  d'une  autre  poudre  faite  avec  4  grammes  de  racine  de  fougère;  jalap, gomme- 
gutte,  chardon  bénit,  ivoire  brûlé,  de  chaque,  2  grammes;  mêlez  et  divisez  en  trois 
paquets.  Il  y  a  souvent  alors,  dans  l'espace  de  deux  heures,  deux  ou  trois  vomis- 
sements et  des  selles.  On  donne  un  second  paquet  deux  heures  après  le  premier, 
si  le  ténia  n'est  pas  expulsé,  et  le  troisième,  si  les  deux  premiers  ne  produisent 
pas  reflet  désiré.  Lorsque  le  ver  n'est  pas  évacué  par  ce  moyen,  on  donne  un 
lavement  fait  de  la  décoction  de  plantes  amères,  à  laquelle  on  ajoute  du  sulfate  de 

son  dîner),  et  accompagne  le  matin  à  jeun  d'un  purgatif  doux,  détruit  absolument 
le  ténia  vulgaire,  sans  occasionner  aucun  dégoût  ni  aucune  irritation.  Or,  quand 
on  sait  que  pour  obtenir  un  effet  semblable  avec  la  poudre  de  fougère,  le  malade 
est  obligé  d'en  prendre  la  proportion  de  3  drachmes  en  bol  ou  en  potion,  que  ce 
médicament  a  une  saveur  et  une  odeur  repoussantes,  que  beaucoup  de  personnes 
le  rejettent,  en  même  temps  qu'il  occasionne  quelquefois  des  spasmes  violents,  on 
peut  se  féliciter,  j'espère,  d'avoir  reconnu  et  isolé  le  principe  dans  lequel  réside 
la  propriété  anthelminthique,  et  surtout  de  savoir  que, pris  de  la  manière  indi- 
quée, quoique  dans  un  état  d'isolement,  il  ne  fait  éprouver  aucun  malaise. 

»  Il  est  bon  d'observer  qu'administré  sous  forme  d'émulsion,  il  n'a  pas  eu  d'ac- 
tion sur  le  ténia,  quoique  sa  saveur  ne  fût  pas  trop  marquée,  ce  qui  parait  indi- 
quer que  peu  de  chose,  et  surtout  un  corps  gras,  en  atténue  |a  propriété.  « 
[Mém.  cit.) 


790     MÉDICAMENTS  VERMIFUGES  ET  LlîUll  MQDE  D'ADMINISTRATION. 

magnésie;  onfin  on  prescrit,  pour  jètrc  administrée  dans  l'espace  de  trois  heures,  la 
poudre  suivante:  jalap,  i  grammes;  gratiole,  ls',20;  divisez  en  trois  doses. 
[Méthode  de  Beck,  médecin  de  l'empereur  de  Russie,  dans  llufeland's  joum., 
t.  XVII,  st.  2,  p.  153  et  Joum.  de  méd.  de  Sédillol,  1806,  t.  XXVII,  p.  117.) 

Méthode  de  Hourdicr.  —  Le  matin,  4  grammes  d'éther  sulfurique  dans  un  verre 
de.  décoction  de  fougère  mâle;  quatre  à  cinq  minutes  après,  lavement  avec  la  môme 
décoction,  dans  laquelle  on  ajoute  4  grammes  d'éther;  à  une  heure  de  là,  on 
administre  uu  mélange  de  60  grammes  d'huile  de  ricin  et  de  30  grammes  de  sirop 
de  Heurs  de  pécher.  On  répète  trois  jours  de  suite  les  mêmes  moyens  et  de  la 
même  manière.  On  est  souvent  obligé  de  revenir  à  plusieurs  fois  à  ce  traitement, 
vu  ses  insuccès  fréquents  (Joum.  de  mkl.  de  Sédillot,  t.  XIII,  p.  176). 

Ce  remède  avait' été  indiqué  auparavant  par  F.  C.  Médicus,  dans  son  Traité  des 
maladies  périodiques  sans  fièvre,  page  284  de  la  traduction  qu'en  a  faite  Lefevre 
de  Villebrune  (Mérat). 

Méthode  de  Dubois.  —  La  veille  au  soir,  une  panade;  le  lendemain  matin,  dans 
une  tasse  de  bouillon  aux  herbes,  15  grammes  de  racine  de  fougère  mâle  en 
poudre;  une  heure  après,  on  administre  en  trois  fois  la  poudre  suivante  :  jalap, 
diagrède,  scammonée,  gomme-gutte,  de  chaque  0§r,30  ;  mêlez  et  divisez  en  trois 
paquets  ;  bouillon  aux  herbes  dans  le  reste  de  la  journée. 

Méthode  de  Grahl.  —  La  veille,  soupe  préparée  avec  120  grammes  de  pain  blanc 
et  autant  de  beurre,  bouillis  dans  un  demi-litre  d'eau.  Le  lendemain,  prendre  un 
bol  composé  de  :  racine  de  jalap,  gomme-gutte,  mercure  doux,  de  chaque  0sr,35; 
une  heure  après,  poudre  de  racine  de  fougère  mâle,  12  grammes;  eau  de  fleurs  de 
tilleul,  90  grammes;  à  prendre  en  une  fois  (Gaz.  méd.  de  Paris,  1840,  t.  VIII, 
p.  507). 

Méthode  de  Herrenschwands. — Le  malade  prend  deux  jours  consécutifs,  le  matin 
et  le  soir,  4  grammes  de  fougère  mâle  pulvérisée  dans  un  liquide  approprié,  ou  en 
un  bol,  s'il  l'aime  mieux;  le  troisième  jour  il  prend  la  poudre  suivante  :  gomme- 
gutte,  Os1', 60;  sel  d'absinthe,  0sr,15;  savon  deStarkey,  0sr,10;  pour  un  bol.  Trois 
heures  après,  30  grammes  d'huile  de  ricin  d'Amérique,  une  autre  dose  semblable 
à  une  heure  de  là,  et  une  troisième,  si  deux  heures  après  le  ver  n'est  pas  rendu. 
Le  soir,  si  le  ver  n'était  pas  sorti,  lavement  avec  le  lait  et  l'huile  de  ricin. 

Dans  quelques  autres  formules,  Herrenschwands  ajoutait  de  la  gratiole,  de  la 
scammonée,  du  mercure,  etc.  —  L'auteur  a  reconnu  que  sou  remède  expulsait  plus 
sûrement  le  bothriocéphale  que  le  ténia.  (Voy.  Ch.  Bonnet,  ouvr.  cit.,  t.  II,  p.  68 
et  69.  — Van  Doeveren,  ouvr.  cit.,  p.  349.  —  Tronchin,  Biblioth.  raison., 
vol.  XXXIII,  p.  280  et  suiv.  —  Cramer,  biblioth.  cit.,  vol.  XXXII,  XXXIII.  — 
Rosen,  ouvr.  cit.,  p.  426. —  Herrenschwands,  Abhandl.  von  den  vornehmslen,  etc., 
in-4.  Berne,  1788.  — Bremser,  ouvr.  cit.,  p.  464.) 

Méthode  de  Lagène.  —  Avant  de  se  coucher,  lavement  avec  la  décoction  de  fou- 
gère; le  lendemain  matin,  prendre  la  poudre  suivante  délayée  dans  du  vin  blanc  : 
valériane  récente,  4  grammes;  coquille  d'œuf  calcinée  et  préparée,  1  gramme. 
Rester  couché  et  se  couvrir  bien  pour  suer;  continuer  trois  jours  de  suite.  Le 
quatrième  jour,  purgatif  composé  ainsi  :  mercure  doux,  0sr,50;  panacée  mercu- 


SUPPLÉMENT  AU  TRAITEMENT  DUS  VERS  DE  l'IjNTESTJN.  791 
riellc,  Os',20;  diagrède  sulfuré,  Os1', 60,  pour  faire,  avec  quantité  suffisante  de 
sirop  de  fleurs  de  pocher,  des  capsules  qu'on  prendra  à  jeun  et  de  suite.  Deux 
heures  après,  boire  une  tisane  préparée  avec  15  grammes  de  séné  bouilli  dans 
1  kilogramme  d'eau,  avec  addition  de  Og',40  de  sel  de  tartre.  Une  heure  plus 
tard,  un  bouillon  gras.  La  tisane  purgative  est  continuée  ou  suspendue,  suivant 
qu'il  y  a  dévoiement  ou  constipation.  Le  soir,  autre  lavement  de  fougère. 

Méthode  de  Mathieu.  —  Cette  méthode  consiste  dans  l'administration  de  deux 
électuaires.  Le  premier,  composé  de  :  limaille  d'étain,  30  grammes;  racine  de  fou- 
gère niàle  récente,  24  grammes;  semen-conlra,  2  grammes;  jalap  et  sulfate  de 
potasse,  de  chaque,  -i  grammes;  miel,  suffisante  quantité.  Le  secoud,  préparé  avec  : 
jalap  et  sulfate  de  potasse,  de  chaque,  2g1', 40  ;  scammonée,  lsr,20  ;  gomme- 
gutte,  0ôr,50;  miel,  quantité  suffisante.  On  met  d'abord  le  malade  à  un  régime 
sévère;  on  ne  le  nourrit  que  de  bouillons  maigres,  de  viandes  salées,  de  potages 
légers,  de  légumes;  on  administre  toutes  les  deux  heures  une  cuillerée  à  café  du 
premier  électuaire  pendant  deux  ou  trois  jours;  on  donue  ensuite  le  second,  aussi 
par  cuillerée  à  café  et  pendant  le  même  espace  de  temps  ;  on  alterne  ainsi  jusqu'à 
ce  que  le  ver  soit  expulsé. 

Méthode  tenue  secrète  et  achetée  par  le  roi  de  Prusse  ;  publiée  dans  les  éphémé- 
rides  de  Formey  et  le  journal  de  Hufeland;  voy.  aussi  :  Rust  magaz.  8lcr  baud, 
2'es  heft  IS20,  p.  352  (Bremser). 

Méthode  de  Nouffer.  —  Cette  méthode  de  traitement,  pratiquée  pendant  vingt 
ans  avec  mystère  à  Morat,  en  Suisse,  où  les  malades  se  rendaient  de  tous  les  pay», 
fut  achetée  en  1776  par  le  gouvernement  français,  moyennant  18  000  francs. 

La  veille  du  traitement,  panade  composée  de  60  grammes  de  pain,  90  grammes  de 
beurre,  un  peu  de  sel  et  l'eau  nécessaire;  ou  la  mange  à  souper;  uu  quart  d'heure 
après,  on  boit  un  gobelet  de  vin  blanc,  avec  uu  biscuit.  Si  le  malade  est  constipé, 
il  prend  un  lavement  émollient  avec  ua  peu  de  sel  et  60  grammes  d'huile  d'olive. 
Le  lendemain,  de  bonne  heure,  il  prend  12  grammes  de  fougère  mâle  en  poudre 
dans  200  grammes  de  décoction  de  fougère;  si  ce  médicament  est  vomi,  il  faut 
prendre  de  nouveau  la  même  dose.  Deux  heures  après,  en  une  ou  plusieurs  fois, 
prendre  un  bol  composé  de  :  panacée  mercurielie,  scammonée,  de  chaque  0sr,30; 
gomme-gutte,  0§r,35  :  mêlez,  et  faites  un  bol  en  ajoutant  la  confection  d'hyacinthe  ; 
boire  par-dessus  une  ou  deux  tasses  de  thé  léger.  Le  malade  se  promènera  ensuite 
dans  sa  chambre,  et  reprendra  du  thé  à  chaque  purgation,  jusqu'à  ce  que  le  ver 
soit  rendu.  Si  quelque  portion  du  bol  a  été  vomie,  ou  si  le  ver  ne  sort  pas,  ce  qui 
arrive  assez  fréquemment,  on  purge  au  bout  de  huit  heures  avec  le  sulfate  de  ma- 
gnésie à  la  dose  de  8  à  30  grammes.  On  le  donne  aussi  pendant  l'action  du  bol,  si 
Je  ver  reste  suspendu  à  l'anus.  On  recommence  le  traitement  le  lendemain,  si  le 
premier  a  échoué. 

Ce  remède,  d'après  l'auteur,  agit  plus  sûrement  contre  le  bothriocéphale  que 
contre  le  ténia  ;  il  réussit  mieux  dans  les  temps  frais  que  dans  les  chaleurs  de  l'été. 
D'après  l'opinion  des  médecins  français  chargés  de  l'examen  du  remède  de  Nouffer, 
le  bothriocéphale  exigerait  des  remèdes  moins  actifs  que  le  ténia  ;  la  fougère, 
suivant  eux,  aurait  une  action  presque  spécifique  contre  le  premier  de  ces  vers. 
(Précis  du  traitement  contre  les  ténias  ou  vers  solitaires,  pratiqué  à  Moraïen  Suisse, 
examiné  et  éprouvé  à  Paris  ;  publié  par  ordre  du  roi,  A  Paris  de  l'imprimerie 


792     MÉDICAMENTS  VERMIFUGES  ET  Liait  MODE   D'ADMINISTRATION. 

royale,  177'i.  —  Journ.  de  med.  chir.,  etc. .,  I"7:>,  t.  XI. IV,  p,  222.  —  Bloch, 
oitvr.  cit.,  p.  lis. — Vicusseux,  Jour-  de  med.  Çoroisart,  etc.,  an  XI,  i.  V,  p.  .".27. 

—  firemser,  ouvr.  cit.,  p.  i"0.) 

Méthode  de  lienaud.  —  Prendre  avant  le  traitement  un  lavement  d'eau  chargée 
de  savon  ;  les  cinq  jouis  suivants,  4  grammes  de  racine  de  fougère  mâle,  dans  l'eau 
de  pourpier;  peu  de  temps  après,  un  bol  composé  de  Os1', 30  de  mercure  doux, 
d'autant  de  jalap  et  de  rhubarbe,  incorporés  dans  du  miel  ;  la  boisson  ordinaire  est 
la  décoction  de  fougère  malo- 

M.  —  Grenadier. 

Le  grenadier  est  l'un  des  meilleurs  anthelminlhiques  dont  on  se  serve  au- 
jourd'hui. C'est  l'écorce  de  la  racine  surtout  qui  possède  la  propriété  vermi- 
fuge; celle  de  la  tige  la  possède  à  un  moindre  degré;  celle  du  fruit  n'on  est 
pas  tout  à  fait  dénuée. 

La  connaissance  de  la  vertu  anthelminthique  du  grenadier  remonte  à  l'anti- 
quité. Son  usage  était  vulgaire  au  temps  de  Caton  le  Censeur  (Calo,  De  re  rus- 
lica,  cap.  cxxvi.  Le  fruit  macère  dans  le  vin);  ■ —  Sa  propriété  vermifuge  est 
signalée  par  Pline  (op.  cit.,  lib.  XXIII,  §  60.  La  décoction  de  la  racine  tue  le  ténia); 

—  par  Dioscoride  (op.  cit.,  lib.  II,  cap.  lxxi,  p.  707,  la  décoction  de  la  racine)  ;  — 
et  par  Marcellus  Empiricus  (op.  cit.,  cap.  xxvm,  p.  373,  le  suc  de  la  racine,  la  dé- 
coction des  feuilles  contre  le  ténia).  —  L'écorce  de  la  racine  de  grenadier  tue  les  vers 
plats,aditRhazès  (op.  cit.,  p.  282). — Ce  médicament  est  resté  ensuite  complètement 
dans  l'oubli  ;  c'est  à  peine  s'il  est  mentionné  par  Leclcrc  (ouv.  cit.,  p.  409  et  436, 
écorce  de  la  racine),  et  par  Andry  '(omit,  cit.,  p.  612  et  613,  fruit î  ccorce).  Dans 
l'Inde,  son  usage  est  vulgaire  de  temps  immémorial,  et  c'est  de  là  qu'il  est  revenu 
en  Europe. 

Buchanan  publia  en  1807  la  formule  dont  il  faisait  usage  à  Calcutta,  en  annon- 
çant qu'elle  lui  avait  constamment  réussi  (Francis  Buchanan,  Indian  cure  of  tape- 
worm;  Edinb.  med.  surg.  journ.,  vol.  III,  p.  22).  — En  1814-,  un  chirurgien  au 
Bengale,  Adam  Burt,  appela  de  nouveau  l'attention  sur  ce  médicament  (voy. 
Pollock,  Case  of  lœnia  in  an  infant;  Edinb.  med.  surg.  journ. ,  vol.  X,  p.  420).  — 
Enfin  en  1821,  le  docteur  Breton,  chirurgien  aux  Indes,  publia  plusieurs  observa- 
tions qui  furent  plus  remarquées  que  les  précédentes  (voy.  Roget,  in  Med.  chir. 
transact,  ofLondon,  vol.  XI,  1821,  p.  301). 

En  1822,  le  docteur  Gomez,  médecin  portugais,  publia  un  mémoire  important 
sur  l'efficacité  de  l'écorce  de  la  racine  de  grenadier  dans  le  traitement  du  ténia 

(Mem.  sobre  a  virtude  lœnifuga  do  romero  (grenadier)  corn  observ por  B.  A. 

Gomez,  Lisboa,  1822).  L'auteur  rapporte  quatorze  observations  de  succès  plus  ou 
moins  complet.  Le  mémoire  de  Gomez,  traduit  par  Mérat  et  publié  dans  le  Journal 
complémentaire  en  1823  (t.  XVI,  p.  24),  fit  connaître  en  France  la  propriété  de 
l'écorce  de  la  racine  de  grenadier,  et  bientôt  un  grand  nombre  de  faits  vinrent  en 
montrer  l'efficacité. 

On  emploie  indifféremment  le  grenadier  sauvage  ou  le  grenadier  cultivé  ; 
la  racine  fraîche  est  préférable  à  celle  qui  est  sèche.  Si  l'on  prescrit  la  pre- 


SUPPLÉMENT   AU   TRAITEMENT   DLS   VERS   DE   l/lNTESTIN.         793 

mière,  il  est  nécessaire  d'observer  que  le  grenadier,  dans  nos  pays,  ss  greffe 
quelquefois  sur  un  pied  d'une  autre  essence,  et  que,  dans  ce  cas,  on  n'ob- 
tiendrait de  la  racine  aucun  effet  vermifuge.  Lorsque  l'on  se  sert  do  la  se- 
conde, il  faut  choisir  celle  qui  vient  de  Portugal  et  qui  a  été  recueillie  dans 
l'année  même;  il  faut  en  outre,  avant  de  la  soumettre  à  la  décoction,  qu'elle 
reste  en  macération  pendant  douze  ou  vingt-quatre  heures. 

Mode  d'administration. 

Pour  un  adulte  : 

2fi.  Écorce  de  racine  de  grenadier 60  grammes. 

Eau 750       — 

Faites  macérer  pendant  douze  heures,  puis  bouillir  et  réduire  à  500  grammes; 
passez. —  A  prendre  en  trois  fois  de  demi-heure  en  demi-heure. 

Pour  un  enfant  de  six  à  quinze  ans,  la  dose  d'écorce  de  racine  de  grenadier  sera 
de  30  à  45  grammes. 

Pour  un  enfant  de  moins  de  six  ans,  la  dose  d'écorce  sera  de  15  grammes.  Eau 
250  à  300  grammes,  réduite  à  moitié  par  Fébullition. 

Dans  les  deux  cas,  à  prendre  eu  trois  fois  comme  chez  l'adulte. 

Méthode  du  docteur  Bourgeoise.  —  Le  matin  ou  le  soir  45  à  60  grammes  d'huile 
de  ricin.  —  Diète  sévère  pendant  toute  la  journée.  Le  lendemain  matin  prendre  eu 
trois  fois,  de  demi-heure  en  demi-heure,  le  tiers  de  la  décoction  suivante  : 

If.  Écorce  de  racine  de  grenadier 60  grammes. 

Eau 1000      — 

Faites  macérer  pendant  vingt-quatre  heures,  puis  bouillir  et  réduire  à  500 
grammes. 

Méthode  de  Deslandes. —  Ofi.  Extrait  aqueux  et  alcoolique  de  deux  onces  d'é- 
corces  de  racine  de  grenadier. 

Faites  un  électuaire,  à  prendre  en  trois  ou  quatre  fois,  de  demi-heure  en  demi- 
heure,  dans  du  pain  azyme. 

Mômes  effets  qu'avec  la  décoction. 

La  dose  d'écorce  de  racine  de  grenadier,  pour  un  adulte,  a  été  portée  à 
125  grammes,  sans  inconvénient;  on  peut  la  répéter  le  lendemain  ou  le  sur- 
lendemain, si  le  ver  n'est  pas  chassé,  en  se  conformant  toutefois  aux  pré- 
ceptes que  nous  avons  donnés  p.  220.  Suivant  Mérat,  il  faut  s'abstenir  de 
purger  le  malade  après  l'administration  de  ce  médicament. 

L'ingestion  de  la  décoction  de  grenadier  n'est  pas  suivie  d'accidents  fà- 

(1)  Léop.  Deslandes,  Bull,  thérap,,  t.  IV,  et  Archiv.  gén.  de  méd.,  1833,  1. 1, 
p.  120.  Trois  cas  de  succès  sur  quatre. 


794     MÉDICAMENTS   \  liKMll'UCliS   LT   LEUR  MODIi   b'ADMINlSTliATION. 

dieux  ;  quelques  malades  en  rejettent  une  partie  par  le  vomissement,  d'au- 
tres ont  seulement  des  nausées;  ils  ont  quelquefois  de?  coliques,  des  borbo- 
rygmes,  des  déjections  alvines,  des  verligos,  un  malaise  général  ,  quelquefois 
des  syncopes;  mais  ces  phénomènes  ne  tardent  pas  à  se  calmer,  La  plupart 
des  malades  n'éprouvent  point  d'effet  notable.  Le  lénia  est  généralement 
rendu  le  premier  jour  du  traitement  et  quatre  à  six  heures  après  l'adminis- 
tration du  remède. 

La  décoction  de  grenadier  est  peut-être  le  remède  le  plus  fréquemment 
efficace  contre  le  lénia,  cependant  il  échoue  quelquefois;  il  ne  paraît  pas 
moins  efficace  contre  le  bothriocéphale. 

PRINCIPAUX    TRAVAUX    PUBLIÉS    SUR    LE    GRENADIER. 

Boiti  (Ann.  univers,  di  medic.  da  Onwdei,  vol.  XL,  p.  559),  —  huit  cas  de  gué- 
rison. 

Bourgeoise  (Nouv.  bibliolh.  méd.,  t.  VI,  1824,  p.  397),  —  ciuq  cas  de  succès. 

Deslaudes  (Nouv.  bibliolh.  méd.,  t.  VI,  182i,  p.  342),  —  un  cas  de  guérison. 

Deslandes  (même  recueil,  t.  IX,  1825,  p.  76),  —  deux  cas  de  guérison;  l'un 
ayant  fait  usage  sans  succès  de  la  fougère. 

Souza  de  Velho  (Nouv.  bibliolh.  méd.,  t.  VI,  1821,  p.  344, — un  cas  de  guérison. 

Grimaud  (Gaz.  de  santé,  n°  27,  1824),  —  trente  cas  de  succès  avec  la  racine  et 
Técorce  de  la  raciue. 

Husson  (Arch.  gén.  de  méd.,  t.  VI,  p.  293  et  t.  VII,  1825,  p.  603),  —un  cas 
de  succès  incomplet,  un  autre  cas  complet. 

Wolff  de  Bonu  (Hufeîand's  journ.,  août  1825.  —  Bull.  se.  médic.,  t.  VII, 
1825,  p.  239.  —  Edinb.  med.  surg.  journ,,  1828.  —  Archiv.  de  méd.,  t.  XVIII, 
1828),  —  dix  cas  traités  par  Técorce  indigène  :  trois  succès;  ciuq  incomplets;  deux 
cas  de  diagnostic  incertaio. 

Moulin  (Archiv.  gén.  de  méd.,  1827,  t.  XIV,  p.  285  et  374  ;  t.  XV,  p.  124),  — 
un  cas  de  guérison. 

Raisin,  de  Caen  (Archiv.  gén.  de  méd.,  1828,  t.  XVI,  p.  298  et  t.  XVII,  p.  130), 
—  un  cas  de  guérison. 

A.-L.-J.  Bayle  (Bibliolh.  de  Ihérap.,  Paris,  1828,  t.  I,  p.  388),  —  neuf  cas, 
huit  guérisons.  —  Un  cas  de  Kapeler,  guérison.  —  Trente  cas?  de  Moulin,  tous 
guéris.  —  Chauffard  (d'Avignon),  deux  cas  de  guérisou.  —  Insuccès  par  Choruel, 
Duméril,  Ollivier. —  Gaube,  observation  d'épilepsie,  datant  de  dix-sept  ans,  guérie 
par  l'expulsion  du  ténia. 

Lavalette,  d'Aussonne  (Archiv.  gén.  de  méd.,  1829,  t.  XX,  p.  597),  —  quatre 
cas  de  guérison. 

De  Fermon  (Bull.  se.  méd.,  t.  XIX,  p.  116,  1829),  — plusieurs  cas  de  guérison 
cités. 

Docteur  Marchese  (Giom.  nap.med.,  vol.  Il,  fac.  2),  —  trois  cas  de  guérison. 

Rullier  (Archiv.  de  méd.,  1831,  t.  XXV,  p.  570),  —  cas  de  guérison  chez  un  en- 
fant de  trois  ans. 

F.-V.  Mérat  (Du,  lénia  el  de  sa  cure  radicale,  par  Vccorce  de  racine  de  grenadier, 
in-8.  Paris,  1832),  —  cent  quarante-deux  observations  personnelles  ou  emprun- 
tées à  divers  auteurs. 


SUPPLÉMENT  AU  TRAITEMENT  DES  VERS  DE  L'jNTESTJN.         795 
Nous  bornons  ici  cette  revue  bibliographique;  les  observations  et  les  mémoires 
postérieurs  à  l'ouvrage  de  Mérat,  n'ont  fait  que  confirmer  l'efficacité  du  grenadier 
déjà  suffisamment  établie. 

N.  —  Huiles  grasses. 

Andry  reconnaît  une  propriété  vermifuge  aux  huiles  d'amandes,  d'olive  et 
de  noix,  prises  à  jeun.  Il  cite  un  cas  d'expulsion  du  ténia  par  un  malade  qui 
avait  pris  60  grammes  d'huile  d'amandes  douces;  il  préfère  l'huile  de  noix 
contre  les  lombrics  (1). 

L'huile  d'amandes  douces  a  encore  été  recommandée  par  d'autres  au- 
teurs (2)  ;  mais  l'huile  de  noix,  suivie  de  l'ingestion  de  vin  d'Alicante,  a  réussi 
plusieurs  fois,  dit-on ,  à  chasser  le  ténia.  La  dose  d'huile  était  de  1 50  grammes, 
et  celle  du  vin  d'Alicante  de  1 20  grammes,  prise  deux  heures  et  demie  après 
l'huile  (3). 

L'huile  de  ricin  a  été  surtout  préconisée  par  Odier  (de  Genève).  Ce  médecin 
administrait  cette  huile  à  la  dose  de  1 5  grammes  toutes  les  demi-heures,  jus- 
qu'à ce  que  le  malade  en  eût  pris  90  grammes;  il  rapporte  plusieurs  obser- 
vations d'expulsion  de  bothriocéphale  par  ce  moyen  (4). 

Le  même  médecin  donnait  encore  l'huile  de  ricin  en  même  temps  que  la 
poudre  de  fougère  mâle. 

0.  —  Kamala. 

Le  kamala  ou  kameela  est.  une  substance  résineuse  produite  par  les  cap- 
sules du  fruit  du  roulera  linctoria,  arbre  qui  croît  dans  l'Inde,  en  Chine,  aux 
îles  Philippines,  etc.;  il  forme  une  poudre  rouge  employée  dans  l'Inde  pour 
teindre  la  soie. 

En  médecine,  on  l'emploie  à  l'extérieur  dans  quelques  maladies  de  la  peau, 
et  surtout  à  l'intérieur  comme  anthelminthique. 

«  Si  nous  nous  rapportons  à  ce  qui  a  été  publié,  dit  le  docteur  Hunsbry, 
nous  trouvons  que  les  propriétés  anthelminthiques  du  kamala  ont  été  essayées 
par  les  docteurs  Mackinnon,  Anderson,  Corbyn  et  Cardon. 

»  Les  essais  de  ce  remède,  en  Angleterre,  n'ont  encore  été  que  fort  peu 
nombreux.  Le  docteur  Arthur  Leared,  qui  a  été  un  des  premiers  à  le  pres- 
crire à  Londres,  a  enregistré  un  cas  suivi  de  succès,  et  depuis  ce  temps  il 
m'a  dit  qu'il  avait  fait  quatre  autres  tentatives  non  moins  heureuses. 

(1)  Andry,  ouvr.  cit.,  p.  507,  536. 

(2)  Journ.  deméd.,  1760,  t.  XII,  p.  506,  et  1770,  t.  XXXIII,  p.  347. 

(3)  Passerat  de  la  Chapelle,  Journ.  de  méd.,  1757,  t.  VI,  p.  305.  —  Binet, 
Journ.  deméd.,  1761,  t.  XV,  p.  214.  —  Baumes,  Journ.  de  méd.,  1781,  t.  LVI, 
p.  432. 

(4)  Odier,  Observ.  sur  l'usage  de  l'huile  douce  de  ricin  particulièrement  contre  le 
ver  solitaire  [Journ.  de  méd.,  1778,  t.  XUV,  p.  44,  49,  333,  450,  et  1788, 
\.  LXXV,  p.  416). 


706     MÉDICAMENTS  VERMIFUGES  ET  LEUR   MODE   D'ADMINISTRATION. 

»  Le  docteur  Mackinnon,  chirurgien  directeur  du  Medical-Eslablishmcnt, 
au  Bengale,  ayant  été  conduit,  à  u.-cr  de  ce  remède,  rapporte  co  qui  suit  : 

«  Mon  attention,  dit-il,  y  fut  d'abord  appelée  par  un  canonnier  de  la  bri- 
»  gade  affecté  d'un  ténia  que  ni  la  térébenthine,  ni  le  kousso  n'avaient  réussi 
t>  à  expulser.  Il  disait  qu'un  do  ses  camarades  atteint  do  ténia  avait  pris  le 
»  kamala  avec  succès.  J'en  envoyai  chercher  immédiatement,  et,  sans  pré- 
»  paralion  préalable  du  malade,  je  lui  en  administrai  12  grammes.  C'était  un 
»  homme  robuste,  chez  lequel  il  ne  se  manifesta  aucun  effet  ;  aussi,  quatre 
»  heures  après,  je  lui  fis  prendre  une  dose  semblable.  Elle  lo  purgea  avec 
■»  abondance  et  facilité;  et  à  la  quatrième  selle,  un  énorme  ténia  do  18  pieds 
»  fut  rejeté.  Le  résultat  était  si  satisfaisant  que  j'ai  continué  à  faire  usage 
»  de  ce  remède  toutes  les  fois  que  lo  cas  s'en  est  présenté  ;  et  je  l'ai  employé 
»  aujourd'hui  dans  seize  circonstances  différentes,  sans  jamais  éprouver  d'in- 
»  succès.  Autant  que  mon  expérience  me  permet  de  l'affirmer,  j'ai  trouvé  ce 
»  remède  à  la  fois  meilleur  et  plus  certain  que  la  térébenthine  ou  le  kousso, 
»  et  beaucoup  moins  désagréable  à  prendre  que  l'une  et  l'autre  de  ces  deux 
»  substances. 

»  Dans  tous  les  cas,  à  l'exception  du  premier,  je  n'ai  jamais  été  au  delà 
»  de  12  grammes.  Cette  quantité  produit  en  général  de  cinq  à  six  selles,  et 
»  c'est  vers  la  quatrième  ou  la  cinquième  que  lo  ver  est  rendu  mort. 
y>  Dans  deux  des  derniers  cas  où  je  l'ai  administré  à  l'hôpital,  mes  deux 
»  malades  se  relevaient  d'une  fièvre  qui  les  laissait  encore  très  faibles,  aussi 
»  la  dose  de  12  grammes  les  a-t-elle  purgés  très  violemment  de  douze  à  qua- 
»  lorze  fois.  Dans  trois  cas  suivants  je  réduisis  la  dose  à  6  grammes,  et  comme 
»  elle  ne  produisait  aucune  action  sur  les  intestins,  j'administrai,  six  heures 
»  après,  une  demi-once  d'huile  de  ricin.  Il  y  eut  quatre  ou  cinq  selles,  et 
»  dans  chaque  cas  le  ver  fut  rendu  mort. 

»  Dans  presque  tous  les  cas,  le  cou  long  et  mince  du  ver  paraissait 
»  se  mouvoir.  Je  donnai  à  un  enfant  du  pays,  âgé  de  cinq  ans,  une  dose  de 
»  2  grammes,  et  le  ténia  fut  complètement  expulsé.  Le  remède  purge  ordi- 
»  nairement  avec  rapidité.  Dans  une  moitié  des  cas,  à  peu  près,  j'ai  observé 
>  quelques  nausées  et  de  légères  coliques  ;  dans  l'autre  moitié,  aucun  incon- 
»  vénient  ne  s'est  fait  ressentir,  et  quelques  malades  déclaraient  que  c'était 
»  la  purgation  la  plus  facile  qu'ils  eussent  jamais  prise  de  leur  vie.  » 

»  Le  docteur  Mackinnon  résume  ainsi  ce  que  lui  a  appris  l'expérience  : 

»  1°  Le  kamala  est  un  remède  sûr  et  efficace  contre  te  ténia,  et  d'un  usage 
»  plus  certain  que  la  térébenthine  ou  le  kousso. 

»  2°  Un  Européen  vigoureux  peut  très  bien  en  prendre  une  dose  de 
»  12  grammes. 

»  3°  Chez  une  personne  d'une  faible  constitution,  ou  chez  une  femme,  la 
»  dose  doit  être  de  6  grammes,  avec  une  demi-once  d'huile  de  ricin  en  sus, 
»  s'il  est  nécessaire.  » 

s  Depuis  que  le  journal  d'où  nous  venons  d'extraire  les  lignes  précédentes 


SUPPLÉMENT   AU   TRAITEMENT  DES  VERS  DE   L'INTESTIN.         797  ' 
a  été  publié,  la  docteur  Mackinnon  a  rapporté  que  dans  d'autres  essais  du 
kamala  faits  sur  une  plus  vaste  échelle  et  où  il  l'a  administré  à  plus  de  cin- 
quante malades,  il  n'y  a  eu  que  deux  cas  où  le  ver  n'a  pas  été  expulsé. 

Le  docteur  Anderson,  chirurgien  sous-aide  au  i3c  régiment  d'infanterie 
légère,  rapporte  que  la  présence  du  ténia  est  très  commune  chez  les  Européens 
qui  servent  dans  le  Punjab,  ainsi  que  dans  la  population  musulmane  de  cette 
province  :  «  Les  propriétés  anthelminthiques  du  kamala,  écrit  le  docteur  Ander- 
»  son,  sont  aussi  marquées  que  celles  des  vermifuges  le  plus  en  réputation, 
»  sans  en  excepter  le  remède  abyssinien  appelé  kousso.  La  seule  objection  qu'on 
»  puisse  élever  contre  lui,  c'est  que  l'emploi  de  la  poudre  détermine  des  nau- 
»  sées  considérables,  mais  dont  le  nombre  ne  surpasse  certainement  pas 
»  celles  que  produisent  la  préparation  de  la  racine  de  grenadier,  ou  d'autres 
»  ténifuges.  Après  avoir  pris  3  drachmes  de  la  poudre,  le  ver  est  ordinaire- 
»  ment  expulsé  à  la  troisième  ou  quatrième  selle.  On  le  rend  généralement 
»  entier,  presque  toujours  mort,  et  dans  tous  les  cas  que  j'ai  examinés  (quinze 
»  à  peu  près)  il  m'a  été  possible  d'apercevoir  la  tête.  Dans  deux  cas  seule- 
»  ment,  j'ignore  si  le  ver  avait  été  rendu  vivant.  L'avantage  de  la  teinture 
»  sur  la  poudre  consiste  en  ce  que  son  action  est  plus  certaine  et  plus  douce, 
i  et  en  ce  qu'elle  occasionne  rarenïent  des  nausées  et  des  coliques.  Dans  deux 
»  ou  trois  cas,  la  dose  ordinaire  ne  fut  suivie  que  de  deux  ou  trois  selles,  et 
»  à  la  seconde  le  ver  fut  expulsé.  Chez  un  malade,  une  seule  selle  fut  occa- 
»  sionnée  par  la  médecine,  et  le  ver  fut  rendu  mort.  » 

»  Le  docteur  Anderson  fait  allusion  à  quatre-vingt-quinze  cas  de  ténia  où 
l'on  prescrivit  le  kamala,  et  dans  ce  nombre  il  n'en  connaît  que  deux  où  le 
ver  ne  fut  pas  expulsé.  Parmi  ces  quatre-vingt-quinze  cas,  quatre-vingt-six 
s'observaient  chez  des  soldats  européens,  huit  chez  des  musulmans  natifs,  et 
un  sur  un  Hindou  de  la  plus  basse  classe.  Tous  ces  individus  étaient  dans 
l'habitude  de  s'adonner  aux  excès  et  constamment  à  une  nourriture  animale; 
aussi  dans  cette  classe  le  ténia  est-il  commun.  Ceux  qui,  au  contraire,  sont 
soumis  à  un  régime  moins  succulent,  sont  aussi  moins  sujets  au  ténia  ;  et  au 
dire  du  docteur  Anderson,  ce  parasite  est  inconnu  dans  plusieurs  régiments 
d'insulaires,  chez  les  Hindous  cipayes  et  chez  les  domestiques,  qui  tous  font 
usage  d'une  alimentation  entièrement  végétale. 

»  Les  expériences  du  docteur  C.-A.  Gordon  sur  l'efficacité  du  kamala 
concordent  entièrement  avec  celles  des  docteurs  Mackinnon  et  Anderson.  Il 
observe  «  qu'avec  le  kamala,  il  n'y  a  point  d'effet  désagréable.  Il  n'est  même 
»  pas  nécessaire  de  se  préparer  à  l'effet  du  médicament  par  une  purgation. 
»  A  part  quelques  nausées  et  coliques  insignifiantes,  on  n'éprouve  aucun  effet 
»  désagréable,  et  le  grand  nombre  des  personnes  auxquelles  on  l'a  administré 
»  n'ont  éprouvé,  en  aucune  manière,  plus  d'inconvénient  que  ne  leur  occa- 
»  sionnerait  une  médecine  ordinaire.  » 

»  La  dose  de  kamala  peut  être  fixée  de  1  à  1  2  grammes,  suspendus  dans 
l'eau.  Une  seule  dose  est  ordinairement  suffisante,  et,  en  général,  il  n'est  pas 
nécessaire  d'employer  d'autre  médecine  avant  ou  après.  Dans  quelques  cas, 


798      MEDICAMENTS  VERMIFUGES   ET  LEUR   MODE   D'ADMINISTRATION. 

cependant,  où  l'on  n'a  administré  qu'âne  petite  dose  do  kamala  cl  ensuite  do 
riiuile  do  ricin,  on  a  produit  un  bon  effet. 

»  Le  docteur  Gordon  a  prescrit  lo  kaniala  à  la  dose  de  4  grammes,  répéléo 
à  intervalles  do  trois  heures. 

»  Le  kamala  peut  se  donner  aussi  sous  forme  de  teinture,  et  voici  la  for- 
mule que  recommande  lo  docteur  Anderson: 

$£. Kamala 180  grammes. 

Alcool  rectifié 380       — 

Faites  macérer  pendant  deux  jours  et  passez. 

»  On  peut  préparer  une  teinture  éthérée,  identique  comme  efficacité; 
mais  on  dit  qu'elle  n'offre  aucun  avanlage  particulier  sur  la  teinture  al- 
coolique. La  dose  de  teinture  de  kamala  est  de  4  à  4  6  grammes,  diluée  dans 
un  peu  d'eau  aromatique  (1).  » 

M.  Moore,  médecin  à  Dublin,  vient  de  publier  cinq  nouveaux  cas  de  gué- 
rison  du  ténia  par  le  kamala;  dans  aucun  cas,  l'administration  du  médica- 
ment n'a  causé  d'accidents  ;  ce  médecin  l'a  trouvé  également  efficace  contre 
les  lombrics. 

Noies  et  mémoires  publiés  sur  le  kamala. 

F  Hunsbry,  mém.  cit.  —  Anderson,  Edinb.  newphilosoph.  journ.,  avril  1855.  — 
Ramsgill,  Halfi-yearly  abstrait,  etc.,  of  Rankiug  et  Radcliffe,  1859,  t.  I,  p.  136. — 
Peacock,  Med.  Times  and  Gaz.,  1858,  t.  II,  p.  472.  — Leared,  ibid.,  19  décemb. 
1857  ;  15  janv.  1859.  —  Hosher,  ibid.,  1859,  t.  I,  p.  203.  —  Moore,  Dublin  hos- 
pital  Gazette,  1er  mai  1858;  et  Dublin  médical  Press,  6  juillet  1859  (cités  dans 
Archiv.  gén.  deméd.,  septembre  1859,  p.  344). 

P.  —  Mousse  de  Cobse,  coralline  officinale. 

La  mousse  de  Corse  est  devenue  d'un  usage  vulgaire  en  France,  depuis 
qu'un  médecin  de  Marseille,  Sumeire,  l'eût  fait  connaître,  en  1779  (2).  Tou- 
tefois, au  xvie  siècle  déjà,  Mercurialis  en  avait  fait  l'éloge  (3),  et  Leclerc  ainsi 
qu'Andry  en  parlent  comme  d'un  excellent  vermifuge  (4). 

La  mousse  de  Corse,  ou  varec  vermifuge,  est  formée  par  un  mélange  de 
plusieurs  espèces  d'algues.  Le  fucus  helminthocorlon  entre  environ  pour  un 

(1)  Hunsbry,  Note  pharmacologique  sur  le  Icamala ,  nouvel  agent  ténifuge 
(Bull,  thérap.,  1858,  t.  L1V,  p.  310.  Extrait  de  la  Revue  pharmac.  de  Dorvault). 

(2)  La  mousse  de  Corse,  ou  helminthocorlon,  était  usitée  en  Corse  de  temps  immé- 
morial, lorsqu'un  médecin  grec  qui  avait  été  employé  dans  les  hôpitaux  militaires 
de  cette  île,  la  fit  connaître  à  Sumeire  (Journ.  de  méd.,  1779,  t.  II,  p.  331). 

(3)  Mercurialis,  Hist.  d'un  remède  inconnu  aux  anciens;  Corallina  ou  muscus 
inarinus,  iu  Schenck,  lib.  III,  p.  364,  De  lumhricis. 

(4)  Matthiole  et  Brassavole  en  avaient  aussi  fait  usage  avec  beaucoup  de  succès. 
Voy.  Leclerc,  p.  422,  et  Andry,  p.  616, 


SUPPLÉMENT  AU  TRAITEMENT  DES  VERS  DE  L'iNTESTlN.  799 
tiers  dans  ce  mélange,  le  reste  étant  composé  de  diverses  plantes,  entre  autres 
de  la  coralline  officinale.  Celle-ci  est  quelquefois  administrée  isolément,  mais 
elle  a  moins  de  vertu  que  le  fucus  ;  on  la  prescrit  aux  mêmes  doses  et  de  la 
même  manière  que  le  varec. 

Mode  d'administration. 

L'infusion  ou  la  décoction  de  mousse  de  Corse  se  fait  dans  la  proportion  de 
4  grammes  de  mousse  pour  30  grammes  d'eau  ou  de  lait.  La  durée  de  l'infusion 
doit  être  de  douze  heures,  celle  de  la  décoction  de  deux  ou  trois  minutes  (temps 
de  l'ébullition). 

La  dose  est  de  4  à  6  grammes  de  varec  pour  les  enfants  de  moins  de  sept  ans. 

—  de  8  à  15  grammes  pour  les  enfants  de  sept  à  quinze  ans. 

—  de  15  à  30  grammes  pour  les  adultes. 

La  mousse  de  Corse  peut  encore  se  donner  en  poudre  à  la  dose  de  1  à  4  grammes 
incorporée  dans  du  miel  ;  en  gelée,  à  la  dose  de  plusieurs  cuillerées  à  café. 

Ces  diverses  préparations  doiveut  être  administrées  le  matin  à  jeun ,  pendant 
plusieurs  jours  de  suite. 

La  mousse  de  Corse  est  l'un  des  vermifuges  les  plus  efficaces  contre  l'as- 
caride lombricoïde,  mais  il  faut  qu'elle  ne  soit  pas  altérée  par  une  trop  longue 
conservation  ou  par  un  mélange  frauduleux.  Assez  souvent  nous  avons  pres- 
crit ce  médicament  sans  obtenir  aucun  effet,  et  nous  doutions  même  de  sa 
grande  vertu  vermifuge,  lorsque  nous  eûmes  occasion  de  la  reconnaître  par 
un  envoi  qui  nous  a  été  fait  directement  deCorse  (4). 

Q.  —  Mûrier. 

Le  mûrier,  tombé  complètement  en  désuétude,  était,  dans  l'antiquité,  un 
desanthelminthiques  les  plus  fréquemment  conseillés.  Pline,  Dioscoride,  Ga- 
lien,  Oribase,  etc.,  le  placent  à  côté  de  la  fougère  et  de  la  racine  du  grena- 
dier (2).  Andry  employait  l'écorce  de  la  racine  de  mûrier  recueillie  avant  la 

(1)  Je  citerai  entre  autres  le  cas  d'une  petite  fille,  venant  de  la  campagne,  pâle 
et  avec  les  yeux  cernés,  qui  me  fut  adressée,  il  y  a  environ  un  an  ;  je  trouvai  dans 
les  matières  fécales  un  grand  nombre  d'eeufs  d'ascaride  lombricoïde  ;  une  dose 
de  varec,  venant  de  Corse,  lui  ayant  été  donnée,  elle  rendait  bientôt  "après  trois 
lombrics.  Au  bout  de  quelques  jours,  je  m'assurai  par  l'inspection  microscopique 
des  matières  fécales,  qu'il  ne  restait  plus  de  lombrics  chez  cet  enfant.  Depuis  un 
an  qu'elle  habite  Paris,  il  ne  s'est  plus  montré  d'œufs  d'ascarides  dans  ses  garde- 
robes  et  elle  n'a  plus   rendu  aucun  de  ces  vers. 

(2)  Pline,  op.  cit.,  lib.  XXIII,  §  70  :  le  suc  du  mûrier  contre  le  ténia  et  les  au- 
tres vers  intestinaux.  —  Dioscoride,  op.  cit.,  lib.  II,  cap.  lxxi,  p.  707  :  mûrier 
contre  le  ver  plat.  —  Galien,  op.  cit.,  t.  III,  p.  87  verso.  —  Oribase,  op.  cit., 
lib,  II,  p.  84  :  la  racine. 


800      MÉDICAMENTS   VERMIFUGES   ET   LEUR   MODE   D'ADMINISTRATION, 
maturité  du  fruit,  à  la  dose  de  4  grammes  (I);  on  la  retrouve  encore  dans  le- 
remède  de  Lieutaud  dont  voici  la  formule  : 

If.  Diagrède,  crème  de  tartre,  île  chaque,  0e>',G0;  — antimoine  diaphoréliqùé 
OB', 50;  —  fougère  mâle,  écorcede  racine  de  mûrier,  de  chaque  2  grammes. 

A  prendre  en  une  fois;  contre  le  ténia. 

Desbois  (de  Roehefort)  dit  que  la  racine  du  mûrier  blanc  est  aussi  efficace 
contre  le  ténia  que  celle  de  fougère  ;  elle  se  donne  en  poudre  à  la  même  dose 
et  de  la  môme  manière  que  ce  dernier  médicament  ;  on  donne  aussi  la  décoc- 
tion à  la  dose  de  90  à  I  25  grammes  dans  trois  litres  d'eau,  réduits  à  un  par 
l'ébullilion.  L'amertume  de  celle  préparation  fait  préférer  la  poudre  (2). 

R. MUSENNA. 

«  Parmi  les  huit  ou  dix  remèdes  les  plus  usités  pour  cette  maladie  (le 
ténia),  on  ne  connaît  en  France,  écrit  M.  d'Abbadie,  que  le  kosso.  C'est  un 
purgatif  drastique  qui  fatigue  l'estomac  et  occasionne  souvent  des  nausées  si 
fortes  que  le  palient  ne  peut  le  digérer  ;  d'ailleurs  il  doit  être  réitéré  tous  les 
deux  mois,  et  enfin  il  n'elTectue  jamais  de  guérison  radicale.  En  outre,  j'ai  vu 
l'usage  du  kosso  produire  des  dysenteries  toujours  opiniâtres  et  quelquefois 
mortelles. 

»  Le  musenna  est  exempt  do  tous  ces  inconvénients.  C'est  l'écorce  d'un 
arbre  qui  croît  près  de  la  mer  Rouge,  dans  les  environs  de  Muçayvwa.  La  dose 
est  de  60  à  70  grammes,  pulvérisés  avec  soin  et  administrés  dans  un  véhi- 
cule demi-fluide,  par  exemple  du  miel  ou  de  la  bouillie  de  farine.  On  prend  le 
remède  deux  ou  trois  heures  avant  le  repas,  el  le  ténia  est  expulsé  le  lende- 
muin,  généralement  sans  purgation,  ni  tranchées.  Quelquefois  la  guérison  n'a 
lieu  que  le  deuxième  ou  troisième  jour. 

»  Rien  qu'en  Àbyssinie  l'efficacité  du  musenna  soit  universellement  ad- 
mise, je  n'ai  pas  voulu  jusqu'ici  en  entretenir  les  savants  de  l'Europe,  où  la 
diète  habituelle  et  l'hygiène  diffèrent  tantdecelles  des  contrées  interlropicales. 
Il  fallait  d'abord  voir  l'effet  du  nouveau  médicament  sur  les  Européens,  et  à 
cet  effet  j'ai  donné  plusieurs  doses  de  musenna  à  M.  le  docteur  Pruner-Bey, 
qui  pratiquait  au  Caire  et  qui  a  constaté  dix-neuf  guérisons  dues  à  ce  re- 
mède (3).  Dès  mon  retour  en  France,  j'ai  remis  une  dose  de  musenna  à  un 
membre  distingué  de  noire  diplomatie  qui  avait  vainement  et  successivement 
essayé  de  tous  les  remèdes  connus  contre  le  ténia,  sans  même  omettre  le 
kosso.  Ses  essais  infructueux  l'avaient  rendu  très  défiant,  et  il  eut  soin  d'at- 
tendre plusieurs  mois  après  l'usage  du  musenna  avant  de  m'écrire  qu'il  se 

(1)  Dans  Leclerc,  ouvr.  cit.,  p.  417. 

(2)  Deshois  de  Rochcfort,  Cours  éle'm.  de  mat.  méd.  Paris,  1789,  t.  H,  p.  -197. 

(3)  Pruner,  Nouveau  spécifique  contre  le  ténia  ;  écorce  de  l'arbre  musenna  (ISeus 
médian,  chirurg.  Zeilung,  et  Gaz.  méd.,  Paris,  décembre,  1851). 


SUPPLÉMENT  AU  TRAITEMENT  DES  VERS  DE  L'INTESTIN.  801 
croyait  radicalement  guéri  de  sa  longue  et  fâcheuse  maladie.  Malgré  ce  con- 
cours de  témoignages,  je  n'ai  garde  d'affirmer  l'efficacité  constante  de  ce  re- 
mède avant  un  nouveau  et  sincère  examen  dont  je  livre  l'initiative  à  la  Sa- 
vante sollicitude  de  l'Académie.  A  cet  effet  je  lui  aJresse  trois  doses  de 
musenna  (<l).  » 

Les  doses  de  musenna,  ayant  été  remises  à  M.  Rayer,  furent  administrées 
à  trois  malades  de  son  service,  à  la  Charité. 

1°  Une  fille,  Agée  de  vingt-huit  ans,  née  à  Damery  (Loiret),  habitant  Paris, 
éprouve  des  désordres  dans  sa  santé  depuis  sept  mois;  il  y  a  dix  jours,  elle 
rendit  spontanément  uu  long  fragment  d'un  ver  cestoïde;  il  y  a  trois  jours,  clic 
prit  un  remède  coutre  le  ténia,  qui  lui  fit  rendre  de  longs  fragments  d'un  ver 
annelé.  —  Elle  entre  à  la  Charité  le  7  février  1852. 

Le  13,  la  malade  est  mise  au  bouillon  et  potage  comme  préparation.  —  Le  \i, 
elle  prend  15  grammes  de  poudre  de  musenna  dans  du  sirop.  Point  de  rapports  ni 
de  nausées,  douleurs  abdominales  légères,  pas  de  selles.  Le  soir,  céphalalgie.  — 
Le  13,  30  grammes  de  musenna  pris  avec  dégoût;  pas  de  vomissements,  deux  selles. 

—  Le  16,  au  matin,  la  malade  rond  deux  longs  fragments  de  bothriocéphale,  sans 
la  tète. 

La  malade  continue  à  se  plaindre  d'étourdissements,  de  battements  de  cœur, 
d'envies  de  vomir,  de  sensations  désagréables  dans  la  tête.  Elle  sort  de  l'hôpital 
le  28;  elle  n'a  pas  été  revue. 

2°  Une  femme,  Agée  de  vingt-huit  ans,  habitant  Paris  depuis  sept  ans,  est  su- 
jette à  des  attaques  épiieptiformes  depuis  vingt-deux  mois.  Traitée  par  la  racine  de 
grenadier  et  le  Cousso,  elle  a  rendu  avec  le  premier  de  ces  médicaments  un  frag- 
ment de  ténia,  elle  n'en  a  jamais  rendu  d'autre.  Elle  entre  à  la  Charité  le  10  fé- 
vrier 1852. 

Le  13,  la  malade  est  mise  au  bouillon  et  potage,  comme  préparation.  —  Le  14, 
elle  prend  15  grammes  de  poudre  de  musenna,  sans  dégoût  et  sans  phénomènes 
consécutifs  notables;  pas  de  selle.  —  Le  15,  30  grammes  de  musenna  dans  du 
miel;  pas  de  dégoût,  pas  de  selle  ;  étourdissements  plus  marqués  que  d'habitude. 

—  Le  16,  60  grammes  de  musenna  en  une  fois;  une  selle,  trois  dans  la  nuit  sui- 
vante avec  quelques  coliques. —  Le  17,  huile  de  ricin,  i  selles.  Aucun  fragment  de 
ténia  n'a  été  rendu. 

Le  26  la  malade  prend  V huile  éthérée  de  fougère  mâle  et  ne  rend  aucun  fragment 
de  ténia;  elle  sort  de  l'hôpital  le  2  mars. 

3°  Une  femme  Agée  de  quarante-quatre  ans,  habitant  Paris  où  elle  est  née, 
n'éprouvant  point  de  désordres  notables  dans  sa  santé,  rendit  spontanément,  il  y  a 
sept  jours,  un  fragment  de  ténia  solium,  long  de  50  centimètres  environ.  Elle  entre 
à  la  Chanté,  le  26  avril  1852. 

Le  28  avril,  la  malade  prend  30  grammes  de  poudre  de  musenna  dans  du  miel, 
avec  beaucoup  de  répugnance.  Douleurs  épigastriques,  vomissements,  pas  de  selles. 
Le  29,  huile  de  ricin  15  grammes;  une  selle  le  soir.  Aucun  fragment  de  ténia  n'a 
été  rendu. 

(1)  A.  d'Abbadic,  Noie  sur  un  nouveau  remède  pour  le  ténia  (Comptes  rendus 
Acad.  des  sciences,  1852,  i"  sera.,  p.  167). 

DAVAINE.  51 


802      MÉDICAMENTS    VERMIFUGES   l.T   LEUR   MODE   D  ADMINISTRATION. 

I.c  ~i  mai,  la  malade  prend  la  décoction  de  la  racine  de  grenadier;  le  15,  l'huile 
éthérée  de  fougère  ma.le  ;  aucun  de  ces  remèdes  n'a  l'ait  rendre  de  fragments  de 
ténia.  Cette  femme  sort  de  l'hôpital  le  24  mai. 

M.  Kuohenmeister  a  administré  aussi  sans  succès  le  musenna  ;  il  l'avait 
reçu  du  professeur  Martius.  Chez  son  malade,  des  fragments  ont  été  expulsés, 
mais  le  ver  est  resté  ;  il  a  été  chassé  par  la  racine  de  grenadier  (l). 

Il  se  peut,  comme  le  fait  observer  M.  Kiicnenmeister  que  le  musenna  perde 
ses  propriété  s  par  une  longue  conservation. 

S.  —  Nitrate  d'argent. 
Les  lavements  d'une  solution  de  nitrate  d'argent,  à  la  doso  de  0s',!j0  à 
0sr,75  sur  125  grammes  d'eau  distillée,  sont,  d'après  M.  Schultze(de  Daides- 
heim),  d'une  grande  efficacité  contre  les  oxyures.  Le  premier  lavement  est  or- 
dinairement rendu  immédiatement  avec  des  oxyures  morts  ou  encore  vivants  ; 
les  autres  amènent  les  oxyures  morts.  Deux  ou  trois  lavements  suffisent  ordi- 
nairement pour  la  guérison  (2). 

T.  NOIX  VOMIQUE. 

Plusieurs  médecins  ont  préconisé  la  noix  vomique  comme  vermifuge  ;  on  en 
a  porté  la  dose  jusqu'à  0§r,5û.  On  a  employé  avec  succès  contre  les  lom- 
brics  l'essence  spirilueuse  à  la  dose  de  50  gouttes  quatre  fois  par  jour  (3). 

U.  —  Papayer. 
Le  papayer  (carica  papaya)  est  un  arbre  originaire  des  Moluques,  qui  a 
été  propagé  dans  les  Indes  et  aux  Antilles.  Sa  tige  fournit  un  suc  laiteux, 
amer  et  riche  en  substances  azotées  coagulables. 

Chapotin  dit  que  le  suc  laiteux  du  fruit  du  papayer  est  un  bon  vermifuge, 
très  usité  à  l'île  de  France  (4). — R.  Dyer  dit  aussi  que  le  lait  de  papaya,  em- 
ployé à  l'île  de  France,  est  un  excellent  vermifuge  et  exempt  de  tout  danger 
même  lorsqu'il  est  pris  à  trop  forte  dose.  Malheureusement  ce  médicament  est 
très  altérable  et  ne  peut  être  exporté  (5).  Au  dire  de  Levacher,  la  racine  du  pa- 
payer est  en  usage  à  Sainte- Lucie  (Antilles)  (6). 

C'est  principalement  contre  les  lombrics  qu'on  fait  usage  de  ce  médica- 
ment. Il  serait  à  désirer  qu'on  pût  en  isoler  le  principe  actif. 

V.  —  Parka. 
Le  panna  est  une  espèce  de  fougère  propre  à  l'Afrique  australe  ;  il  est  em- 

(1)  Kùchenmeister,  ouvr.  cit.  trad.,  p.  156. 

(2)  Deutsche  KUnick  et  Revue  de  thérap.  medico-chir. ,  1858,  p.  629, 

(3)  Bayle,  Bibliothèque  de  thérap.  cit.,  1830,  t.  II,  p.  134.  —  Voy.  aussi  Journ. 
de  méd.,  1786,  t.  LXVIII,  p.  356. 

(4)  Chapotin,  ouvr,  cit.,  p.  144. 

(5)  R.  Dyer,  Asc.  lomb.  Rech.  sur  les  causes  de  leur  fréquence  et  leur  traitement 
à  Vile  Maurice  {The  London  med.  Gas,,  et  Cas.  méd.,  Paris,  1834,  t.  II,  p.  363). 

(6)  Levacher,  ouvr.  cit.,  p.  97, 


SUPPLÉMENT   AU  TRAITEMENT   DES   VERS   DE  L'INTESTIN.  806 

ployé  par  les  CaiTres  pour  expulser  le  ténia.  Le  docteur  Behrens  parle  de 
83  succès  sur  90  cas. 

Trois  ou  quatre  jours  avant  le  traitement  on  prescrit  une  demi-diète,  l'ab- 
stention de  mets  farineux  et  de  boissons  fermentées.  On  administre  la  racine 
à  la  dose  de  <!  gramme,  ou  1  gramme  50,  dans  un  peu  d'eau,  à  répéter  do 
quart  d'heure  en  quart  d'heure  jusqu'à  la  dose  totale  de  3  à  5  grammes. 
Deux  heures  après,  on  donne  l'huile  de  ricin. 

Ce  médicament  provoque  quelquefois  des  vomissements  ou  des  congestions 
de  tête  passagères,  mais  jamais  d'accidents  sérieux  (1). 

W. — Quinquina. — Sulfate  de  quinine. 

Van  Doeveren  rapporte  une  observation  de  ténia  et  Une  autre  de  lombrics 
expulsés  par  le  quinquina,  sans  pour  cela  attribuer  à  ce  médicament  une 
vertu  anlhelminthique  très  importante  (2). 

Le  docteur  Kunz  (de  Radebourg,  Saxe)  donne  l'observation  d'un  homme  at- 
teint de  fièvre  intermittente  qui,  après  l'administration  du  sulfate  de  quinine, 
rendit  un  ténia  de  plus  de  cent  aunes  de  longueur,  avec  la  tête.  La  présence 
de  ce  ver  dans  les  intestins  n'avait  pas  été  soupçonnée  (3). 

Le  docteur  Delvaux  (de  Bruxelles)  rapporte  deux  observations  de  bothrio- 
céphales  expulsés  à  la  suite  de  l'administration  du  sulfate  de  quinine  (4).  Ces 
faits  tendraient  à  établir  que  le  sulfate  de  quinine  jouit  d'une  vertu  anlhel- 
minthique. Le  médecin  de  Bruxelles  affirme  que  ce  médicament  expulse  com- 
plètement les  lombrics,  et  qu'administré  en  lavements,  il  jouit  des  mêmes 
propriétés  à  l'égard  des  oxyures.  Nous  pouvons  opposer  à  cette  assertion  le 
fait  de  M.  Cruveilhier,  rapporté  ci-dessus  (p.  21 1  )•  Toutefois,  l'observation  du 
docteur  Kunz,  qui  concerne  peut-être  lebothriocéphaIe,vu  la  grande  longueur 
du  ver,  et  celles  du  docteur  Delvaux  réunies,  peuvent  faire  espérer  que  l'on 
rencontrera  dans  le  sulfate  de  quinine  un  agent  précieux  contre  le  bothriocé- 
phale. 

X.  —  Santonine. 

La  santonine  est  une  substance  cristallisable  qui  existe  dans  plusieurs 
plantes  du  genre  artemisia,  et  notamment  dans  celles  qui  donnent  le  semen- 
contra  ;  elle  est  inodore,  presque  insipide,  presque  insoluble  dans  l'eau 
pure. 

La  santonine  a  été  découverte,  en  1830,  par  Kahler,  pharmacien  à  Dùs- 
seldorf,  et  d'un  autre  côté  par  Alms,  de  Mecklembourg  (S).  Bientôt  après  elle 

(1)  Behrens,  La  racine  de  pâma  et  son  emploi  en  médecine  (Deutsche  Klinik, 
1856,  et  Gaz.  méd.  de  Paris,  1857,  p.  826). 

(2)  Van  Doeveren,  ouvr.  cit.,  p.  361. 

(3)  Kunz,  Du  sulfate  de  quinine  contre  le  ver  solitaire  (Journ.  complém.t  1833. 
t,  XLIV,  p.  224). 

(4)  Delvaux,  Presse  méd.  belge  et  Abeille  méd.,  1855,  p.  152. 

(5)  Buchner's  Repert.  fiir  die  Pharm.,  t,  XXXVIII,  et  Arch.  gén,  de  méd,, 
1832,  t.  XXIX,  p.  414. 


Sll'i  MËDICAMENÎS  VERMIFUGES  liT  I.EUIt  MODE  D'ADMIMISTRATÏON. 
;i  été  étudiée  au  point  de  vuo  chimique  par  Trommsdorff  et  Liébig.  Merle,  de 
Dannstod,  fit  connaître  ^e^  propriétés  vermifuges  qui  ont  été  proclamées  aussi 
on  France  par  M.  Calloud,  pharmacien  à  Annecy.  L'usage  de  celte  substance 
comme  vermifuge  se  répandit  rapidement  en  Allemagne,  en  Italie,  puis  en 
France  ;  on  s'en  servit  aussi  comme  fébrifuge. 

Mode  d'administration. 

La  sanloniuc  se  donne  à  la  dose  de  Os'',iO  à  0gr,20  pour  les  enfants  ;  de  0sr,2"l 
à  OS',30  pour  les  adulles,  divisée  en  plusieurs  prises. 

Ou  la  fait  prendre  mêlée  avec  du  sucre,  en  poudre  ou  en  pastille.  M.  Kiichcn- 
meister  s'est  très  bien  trouvé  de  son  administration,  a  fa  dose  de  0§r,lO  à  OS', 20, 
dans  30  grammes  d'buile  de  ricin. 

Le  docteur  Baylet,  médecin  français  très  distingué,  qui  pratique  depuis 
dix.  ans  la  médecine  au  Brésil,  dans  la  province  de  San-Pedro  de  Itio  Grande 
du  Sud,  eut  l'occasion  d'expérimenter  d'une  manière  très  suivie  l'efficacité 
des  vermifuges  habituellement  usités;  en  effet,  dans  la  province  de  San-Pedro, 
tous  les  habitants  ont  des  vers,  et  les  étrangers  qui  viennent  se  fixer  dans  lu 
pays  ne  lardent  pas  à  en  être  atteints.  La  santonine  est  le  seul  vermifuge  qui 
ui  donna  contre  les  lombrics  de  effets  constants  et  tout  à  fait  satisfaisants. 

Voici  les  formules  auxquelles  le  docteur  Baylet  s'est  arrêté: 

Pour  un  enfant  Agé  de  moins  de  trois  ans  : 

If.  Santonine 0,10  centigrammes. 

Calomel  à  la  vapeur 0,20  — 

Divisez  en  huit  paquets. 

Pour  un  enfant  de  trois  à  douze  ans  : 

3^. Santonine 0,20  centigrammes. 

Calomel  à  la  vapeur 0,40  — 

Divisez  en  huit  paquets. 

Pour  un  adulte  : 

rif.  Santonine 0,40  centigrammes. 

Calomel  à  la  vapeur 0,10  — 

Poudre  de  jalap 0,20  — 

Divisez  en  huit  paquets. 

Le  malade  prend  un  paquet  chaque  matin,  à  jeun,  dans  une  cuillerée  à  café  de 
miel;  il  boit  immédiatement  après  une  infusion  légère  d'une  plante  aromatique, 
comme  la  menthe  poivrée.  S'il  survient,  ce  qui  est  très  rare,  uu  sentiment  général 
de  lassitude,  une  impression  de  froid,  la  sécheresse  et  la  rougeur  des  lèvres,  la  co- 
oration  en  jaune  des  urines,  la  dose  ordinaire  est  divisée  en  deux  parties,  pour 
être  prise  en  deux  fois,  le  matin  et  le  soir.  —  Le  quatrième  jour,  trois  ou  quatre 
heures  après  l'administration  de  la  santonine,  le  malade  prend  un -laxatif,  l'huile 
de  ricin  de  préférence  à  tout  autre. 


SUPPLÉMENT   AU   TRAITEMENT   DES   VERS   DE   L'INTESTIN.  80:") 

L'expulsion  des  lombrics  commence  généralement  le  deuxième  jour  du 
traitement";  elle  a  lieu  chaque  jour  jusqu'au  sixième,  au  huitième,  ou  au 
dixième,  époque  à  laquelle  la  guérison  est  ordinairement  complète. 

Les  légers  accidents  mentionnés  par  51.  Baylet,  sont  les  seuls  que  déter- 
mine quelquefois  la  sanlonino  administrée  aux  doses  ordinaires.  Dans  des 
cas  très  rares,  quelques  médecins  en  ont  noté  de  plus  sérieux:  chez  un  enfant 
âgé  de  quatre  ans,  qui  avait  pris  le  double  de  la  dose  prescrite,  le  docteur 
Spengler  observa  des  vomissements,  des  coliques,  des  syncopes,  de  la  dys- 
pnée, des  sueurs  froides,  etc.  La  chaleur  appliquée  à  l'extérieur,  du  lait,  de 
l'eau  de  Seltz  furent  les  moyens  de  traitement;  après  une  nuit  très  agitée,  le 
petit  malade  entra  en  convalescence  (1). 

La  sanlonine  produit  sur  la  vue  et  sur  les  urines  des  effets  particuliers, 
qui  ont  été  signalés  par  plusieurs  médecins.  Ces  effets  qui  se  produisent 
presque  toujours  lorsque  le  médicament  est  administré  à  forte  dose,  consis- 
tent, pour  la  vue,  en  une  coloration  jaune  ou  verte  des  objets,  et  pour  les 
urines,  dans  la  couleur  jaune  qu'elles  acquièrent. 

L'effet  produit  sur  la  vue  a  quelquefois  été  observé  chez  les  malades  qui 
faisaient  usage  de  semen-contra  ;  mais  il  se  produit  incomparablement  plus 
souvent  avec  la  santonine.  Le  docteur  Schmidt  a  publié  deux  cas  où  les  ma- 
lades voyaient  les  objets  colorés  en  vert;  le  docteur  Martini,  qui  a  fait  une 
étude  particulière  de  cet  effet  de  la  santonine,  a  signalé  quelques  variations 
dans  les  phénomènes.  Dans  la  plupart  des  cas,  les  objets  sont  vus  colorés  en 
jaune-paille;  ils  le  sont  quelquefois  en  vert  intense,  quelquefois  en  bleu.  La 
perception  de  ces  colorations  n'est  pas  permanente,  elle  cesse  et  revient  par 
instants  ;  la  différence  des  doses  la  fait  aussi  parfois  varier  :  un  malade  qui 
voyait  les  objets  colorés  en  jaune,  les  vit,  avec  une  dose  double,  colorés  en 
rouge,  puis  en  orangé  (2). 

Les  urines  qui  acquièrent  une  couleur  citron  ou  orangé,  ne  doivent  pas 
celte  coloration  à  la  matière  colorante  de  la  bile,  d'après  les  recherches  du  doc- 
teur Zimmermann  (3).  Ce  médecin  a  supposé  que  l'effet  produit  sur  la  vue 
lient  à  la  couleur  jaune  qu'acquerrait  le  sérum  du  sang  ;  le  docteur  Martini 
l'explique  par  un  état  nerveux  particulier  de  la  rétine. 

La  santonine  possède  une  propriété  anthelminthique  très  sûre  et  très 
prompte  contre  l'ascaride  lombricoïde  ;  le  docteur  Spencer  Wells  lui  attribuo 
encore  une  action  contre  le  ténia  (4)  ;  mais  celte  assertion  est  infirmée  par 
les  recherches  du  docteur  Baylet  :  «  J'ai  reconnu,  nous  écrit  ce  médecin,  que 

(1)  Bull,  de  thérapeutique,  1851,  t.  XLI,  p.  183. 

(2)  Martini,  Comptes  rendus  Acad.  des  sciences,  séance  du  9  août  1858. 

(3)  Zimmermann  de  Hamm,  Deutsche  Klinik,  1853,  et  Gaz.  méd.,  Paris, 
27  mai  1854. 

(4)  Un  mot  sur  les  propr.  vermif.  de  la  sanlonine  et  son  mode  de  préparation 
(London  med.  Gaz.,  1848,  et  Bull,  dethérap.,  1848,  t.  XXXV,  p.  140). 


800     MÉDICAMENTS  VERMIFUGES  ET   LEUR  MODE  D'ADMINISTRATION. 

la  santonine  n'a  aucune  efficacité  contre  le  ténia,  ni  contre  les  oxyures  vermi- 
culaires;  son  efficacité  n'est  évidente  que  contre  l'ascaride  lombricoïde;  conlro 
cet  tnlozoaire,  elle  réussit  toujours,  et  d'une  manière  complète.  Jo  signalerai, 
entre  autres,  le  cas  dont  j'ai  été  témoin,  d'un  mulâtre  âgé  de  douze  ans,  au- 
quel le  docteur  Pereira  Goulart  administra  la  santonine  ;  en  sept  jours,  cet 
enfant  rendit  9  40  lombrics.  » 

Y.  —  Saoria. 

Le  saoria  (sauarja)  est  le  fruit  mûr  et  desséché  du  maesa  picla.  D'après 
M.  Schimper  (gouverneur  à  Adoa),on  le  trouve  dans  toute  l'Abyssinie,  à  une 
hauteur  de  7000  à  9000  pieds. 

«  Ces  fruits,  rapporte  M.  Schimper,  frais  ou  desséchés,  sont  le  meilleur  et 
lepfiis  sûr  ténifuge;  leur  dose,  à  l'état  dedessiccation,  est  de  32  à  44  grammes. 
On  les  réduit  en  poudre  que  l'on  administre  dans  une  purée  de  lentilles  ou 
dans  de  la  bouillie  de  farine.  Ce  médicament  détermine  des  purgations,  lue  et 
expulse  le  ver  en  entier,  et  n'exerce  que  peu  d'influence  sur  la  santé,  ce  qui 
n'a  pas  lieu  pour  le  cousso  ;  ce  dernier  ne  lue  le  ténia  que  rarement  et  ne 
l'évacué  qu'en  partie,  quoique  ce  soit  la  presque  totalité.  Le  cousso  n'est  pas 
répandu  partout,  le  saoria  existe  dans  toutes  les  parties  de  l'Abyssinie,  à  la 
hauteur  indiquée,  et  pourrait  probablement  être  cultivé  en  Europe  et  y  devenir 
indigène  (1).  » 

Par  les  soins  de  M.  Hepp,  le  saoria  a  été  administré  à  Strasbourg  par  plu- 
sieurs médecins  à  des  malades  atteints  du  ténia.  Sur  huit  cas  dans  lesquels 
l'existence  du  ténia  était  bien  constatée,  huit  fois  ce  ver  a  été  expulsé,  mais 
dans  aucun  la  tête  n'a  été  trouvée. 

Les  effets  de  l'ingestion  du  saoria  se  bornent,  en  général,  à  des  nausées,  à 
quelques  coliques  et  à  une  pnrgation  modérée,  jamais  suivie  de  diarrhée  ; 
quelquefois  ces  symptômes  manquent.  Très  rarement  on  a  à  constater  des 
accidents  un  peu  sérieux  tels  qu'un  malaise  général,  la  petitesse  du  pouls,  les 
douleurs  vives  de  l'estomac  et  du  pharynx. 

Le  saoria  exerce  une  action  spéciale  sur  l'urine;  il  la  colore  en  violet,  sans 
apporter  de  changement  dans  la  quantité  de  ce  liquide. 

M.  Strohl  donne  les  conclusions  suivantes  :  «  Le  saoria  est  un  ténifuge 
plus  sûr  que  nos  ténifuges  indigènes.  Son  action  est  douce,  rarement  accom- 
pagnée d'effets  désagréables  et  il  n'est  pas  difficile  à  avaler.  On  peut  l'admi- 
nistrer sans  crainte  et  facilement  aux  petits  enfants,  aux  femmes  et  en  gé- 
néral aux  personnes  à  constitution  détériorée  et  à  tube  digestif  affaibli.  Le 
temps  seul  pourra  prononcer  si  son  action  est  radicale  ou  simplement  pallia- 
tive. » 

(I)  Sthrohl,  Des  principaux  ténifuges  actuellement  employés,  et  de  deux  nou- 
veaux médicaments  de  ce  genre  importés  d'Abyssinie,  le  saoria  et  le  talsé  (il/em.  lu 
à  la  Soc.  de  méd.  de  Strasbourg,  le  6  avril  1854).  Gaz,  méd.,  Paris,  1854,  p.  405. 
—  Reprod.  dans  Bull,  thérap.,  t.  XLVII. 


SUPPLÉMBNT  AU  TRAITEMENT  DES  VERS  DE  L'LNTESTIN.  807 
M.  Kiichenmeisler  a  essayé  deux  fois  ce  médicament  :  dans  un  cas  sans 
:  ésultal  aucun,  la  malade  n'avait  peut-être  pas  de  ténia  ;  dans  un  autre  cas, 
des  fragments  furent  expulsés,  mais  non  la  tête;  cependant  le  malade  parut 
guéri  de  son  ver.  Le  docteur  Zurn  administra  aussi  le  musenna  à  deux  ma- 
lades, une  fois  avec  succès,  une  fois  sans  résultat  (1). 

Z.  —  Seme.\'-co>"tra. 

Le  semen-contra,  ou  sementine,  a  été  préconisé  par  les  médecins  arabes  ;  il 
est  resté  en  usage  depuis  leur  époque.  Mélangé  aux  semences  de  tanaisie, 
d'aurone  et  de  santoline,  il  constitue  un  médicament  vermifuge  connu  sous 
le  nom  de   barboline. 

On  le  donne  en  poudre,  à  la  dose  de  2  à  8  grammes,  incorporé  dans  du 
miel,  dans  un  sirop,  ou  dans  du  pain  d'épice.  L'infusion,  ayant  un  goût  fort 
désagréable,  n'est  pas  usitée. 

Le  semen-contra  est  un  bon  médicament  contre  les  lombrics;  il  agit  aussi 
contre  les  oxyures.  Le  docteur  Marchand  le  regarde  comme  un  remède  curatif 
de  ces  parasites,  lorsqu'il  est  administré  d'après  la  méthode  suivante  : 

Prendre  chaque  jour,  dans  de  l'eau,  trois  cuillerées  à  café  de  semen-contra  fraî- 
chement pulvérisé. 
Extrait  d'opium,  q.  s.  pour  amener  une  légère  constipation.  Régime  animalisé. 
Durée  du  traitement  :  dix  à  douze  jours  (2). 

Le  semen-contra  a  donné  lieu  quelquefois  à  des  phénomènes  semblables  à 
ceux  dont  nous  avons  parlé  à  propos  de  la  santonine;  le  docteur  Wittcke  rap- 
porte que  tous  les  membres  d'une  famille  composée  du  père,  de  la  mère  et  de 
plusieurs  enfants  adultes,  prirent  le  même  jour,  dans  le  but  de  se  débarrasser 
des  vers,  une  dose  de  semen-contra  remarquable  par  sa  belle  couleur  verte. 
«  Outre  l'évacuation  de  nombreux  vers  intestinaux,  le  remède  produisit  le 
phénomène  de  changer  pour  chaque  membre  de  celte  famille  le  rouge  en 
orangé  et  le  bleu  en  vert,  effet  qui  cessa  dès  le  lendemain  (3).  » 

AA.  —  Spigélie. 

La  spigélie  anlhelminîhique  était  vulgairement  usitée,  et  de  temps  immé- 
morial, au  Brésil,  où  elle  portait  le  nom  de  Yerba  de  lombrices.  Le  docteur 
Browne  en  obtint  le  secret  des  Américains  (1748)  et  en  fit  un  grand  éloge 
dans  son  Histoire  de  la  Jamaïque.  Le  docteur  Linning,  médecin  à  Charles- 
lown,  préconisa  de  son  côté  la  spilégie  de  Maryland,  dont  il  avait  reçu  le 
secret  des  sauvages,  en  4  7o4. 

(1)  Kûchenmeister,  ouv.  cit.  trad.,  p.  154. 

(2)  Docteur  Marchand  de  Sainte-Fois,  Reme  de  thérap.  médico-chirur.,  1SS7, 
p.  347. 

(3)  Med,  seitung  d,  f.  U.  in  Preusse,  et  Gazette  des  hôpitaux,  p.  547,  1S56. 


808     MÉDICAMENTS  VERMIFUGES  ET  LEUR  MODE  D'ADMINISTRATION. 

On  donne  la  poudre  des  feuilles  ou  de  In  racine  il  la  «losc  de  0:;r,30  pour  1rs 
enfants,;  en  infusion  à  la  dose  de  2  grammes. 

La  spigélie  a  été  souvent  proscrite  dans  le  siècle  dernier  :  Bergius,  Dahlberg, 
Brocklesby,  Wliylt  en  ont  fait  usage.  Van  Swietcn  proscrivit  ce  médicament 
comme  très  dangereux;  il  [est  aujourd'hui  complètement  abandonné  (1).  La 
spigélie  de  Maryland  est  moins  vénéneuse  que  la  spigélie  anlbelminthique  et 
devrait  lui  être  préférée. 

BB.  —  Tanaisiiî. 

La  lanaisie,  la  santoline,  l'absinthe,  l'armoise  jouissent  de  propriélés 
anthelmintliiques,  principalement  contre  les  lombrics  et  les  oxyures;  l'infu- 
sion ou  la  décoclion  de  ces  plantes,  prise  en  lavement,  peut  être  surtout 
utile  contre  ces  derniers  vers.  On  se  servirait  peut-être  avec  avantage  chez 
les  petits  enfants  et  chez  quelques  malades  qui  ne  pourraient  prendre  les  an- 
thelmintliiques à  l'intérieur,  de  bains  d'une  infusion  de  ces  plantes,  ou  de  leurs 
feuilles  en  cataplasmes  sur  le  ventre. 

CC.  —  Tatzé. 

»  Les  fruits  appelés  latzé,  zareh,  sont  produits  par  un  arbuste  de  la 
famille  des  myrsinées,  le  myrsina  africana,  L.  Cette  plante  se  trouve  en 
Abyssinie,  sur  les  roches  humides  du  cap  de  Bonne-Espérance,  aux  îles 
Açores,  en  Algérie  et  dans  d'autres  parties  de  l'Afrique.  D'après  M.  Schimper, 
on  la  rencontre  en  Abyssinie  à  une  hauteur  de  9000  pieds 

«  M.  Schimper  dit  que  ces  fruits  frais  ou  secs  sont  un  ténifuge  puissant.  La 
dose  ordinaire  des  fruits  secs  est  de  \  5  grammes,  tout  au  plus  24  grammes, 
réduits  en  poudre  et  délayés  dans  de  l'eau.  La  dernière  dose  ne  doit  être 
donnée  qu'à  des  personnes  de  constitution  robuste.  Cette  plante  est  plus 
répandue  que  la  précédente  (saoria)  ;  on  pourrait  en  avoir  de  grandes  quan- 
tités presque  dans  toute  saison,  et  elle  s'acclimaterait  probablement  en  Eu- 
rope (2).  » 

Le  tatzé  a  été  administré  à  Strasbourg  par  différents  médecins.  D'après  le 
résumé  de  six  observations,  M.  Strohl  conclut  que  le  tatzé  est  pris  avec  plus 
de  répugnance  que  le  saoria,  sa  saveur  étant  plus  acre  et  plus  persistante.  Il  a 
produit  quelquefois  des  vomissements,  jamais  de  coliques,  une  seule  fois  du 
malaise  et  de  la  céphalalgie  sans  gravité.  Dans  tous  les  cas  le  ténia  a  été  expulsé. 

DD. — Térébenthine. 

«  Le  peuple,  dit  Bosen,  se  délivre  du  ténia  dans  Bicerneborg  avec  l'huile  de 
térébenthine  à  forte  dose  (3).  » 

(1)  Browne,  Genl.  magaz.  for.  1731,  p.  5i4  (H.  Cloquet).  —  Linning,  Estays 
and  observ.  of  Edinb.  vol.  I,  p.  43G  (Cloquet).  —  Linné,  Amœn.  acad.,  vol.  V, 
p.  133.  —  Rosen,  ouvr.  cit.,  p.  410.  —  Van  Swieten,  ouvr.  cit.,  t. IV,  p.  656.  — 
Gilibert,  Journ.  gcn.  deméd.,  17C8,  t.  LXXV,  p.  338. 

(2)  Strohl,  Mém.  cit.,  p.  427. 

(3)  Rosen,  ouvr.  cit.,  p.  431. 


SUPPLÉMENT  AU   TRAITEMENT   DES  VERS  DE   1,'lNTESTlN.  809 

En  1804,  un  matelot  anglais  atteint  du  ténia,  pensant  se  soulager  de  ses 
maux,  imagina  de  prendre  en  une  seule  fois,  30  grammes  d'essence  ds  téré- 
benthine; deux  heures  après,  il  rendit  son  ver  entier  et  mort,  sans  é  prouver 
aucun  inconvénient  du  remède(l).  J.  Hall,  témoin  de  la  cure  et  atteint  du  même 
mal,  suivit  cet  exemple  et  fut  promptemenl  débarrassé  de  son  ténia  ;  il  admi- 
nistra ensuite  avec  succès  la  térébenthine  à  cinq  autres  personnes.  Le  doc- 
teur Fenwick  (de  Durham)  ayant  appris  les  guérisons  opérées  par  ce  médica- 
ment, l'administra  avec  le  même  succès  à  plusieurs  malades  et  fit  part  do 
ses  observations,  en  1809,  à  Matth.  Baillie,  président  de  la  Société  médico- 
chirurgicale  de  Londres.  Un  grand  nombre  de  médecins  anglais,  plusieurs 
médecins  de  Genève  essayèrent  le  nouveau  médicament  avec  des  succès  di- 
vers, mais  généralement  favorables.  Ce  remède  est  encore  aujourd'hui 
usité  en  Angleterre,  et  regardé  comme  l'un  des  meilleurs  anthelminthi- 
ques. 

Mode  d'administration. 

L'huile  essentielle  de  térébenthine  s'administre  à  la  dose  de  15  à  90  grammes, 
mais  plus  généralement  à  la  dose  de  30  à  60  grammes,  prise  en  une  ou  deux  fois. 

On  la  donne  pure  ou  dans  quantité  égale  d'huile  d'amandes  douces  ou  d'huile 
de  noix. 

Beaucoup  de  malades,  à  la  suite  de  l'ingestion  de  ce  médicament,  ne  ressen- 
tent point  de  mauvais  effets  ;  mais  quelques-uns  éprouvent  une  sensation  dés- 
agréable de  chaleur  à  l'estomac,  une  sorte  d'ivresse,  des  vertiges,  etc.; 
quelquefois  le  médicament  est  vomi  ;  dans  aucun  cas  on  n'a  noté  des  acci- 
dents sérieux.  Généralement  le  ténia  est  rendu,  au  bout  d'un  temps  très  court, 
après  une  ou  plusieurs  selles;  il  est  presque  toujours  mort,  pelotonné  et  muni 
de  sa  portion  cervicale  filiforme.  Rarement  on  retrouve  la  tête,  néanmoins, 
dans  la  plupart  des  cas,  la  guérison  est  radicale.  Ce  remède  paraît  expulser 
aussi  bien  le  bothriocéphale  que  le  ténia. 

D'après  un  relevé  de  M.  Bayle,  sur  89  cas  de  vers  cestoïdes  traités  par 
l'essence  de  térébenthine,  il  y  a  eu  77  cas  de  guérison,  8  cas  d'amélioration, 
4  cas  d'insuccès  (2). 

L'essence  de  térébenthine  est  également  efficace  contre  l'ascaride  lombri- 
coïde,  et,  administrée  en  lavements,  contre  les  oxyures. 

Malgré  l'efficacité  remarquable  de  ce  remède,  on  y  a  généralement  re- 

(1)  Ce  matelot,  auquel  on  rapporte  l'origine  de  l'usage  de  la  térébenthine  contre 
le  ténia,  avait,  dit-on,  l'habitude  de  se  soulager  de  ses  maux  en  buvant  de  l'esprit 
de  genièvre.  Un  jour,  il  lui  vint  à  l'idée  d'essayer  dans  le  même  but  l'essence  de 
térébenthine.  Lorsque  ce  matelot  eut  celte  idée,  il  était  en  croisière  dans  la  mer 
Baltique;  n'est-il  pas  plus  probable  que  cette  idée  lui  a  été  communiquée  par  les 
habitants  de  la  côte  voisine,  où  Rosen  nous  apprend  que  la  térébeuthine  était  en 
usage  contre  le  ténia. 

(2)  J.  Bayle,  Travaux  thérap.  sur  l'huile  de  térébenthine  ;  dans  Biblioth.  de 
thérapeutique,  t.  IV,  p.  535. 


810      MÉDICAMENTS   VERMIFUGES   ET  LEUR   MODE   D'ADMINISTRATION, 
nonce  sur  lo  continent,  a  cause  do  son  goût  détestable,  et  peut-être  parco 
qu'il  y  est  moins  bien  supporté  qu'en  Angleterre;  onfin  parce  quo  l'on  pos> 
sède  d'autres  vermifuges  aussi  bons  et  moins  désagréables, 

Travaux  sur  la  propriété  antuf.lmintiiique  dis  la  térébenthine. 

Fcnwick,  Transaot.  of  the  medico-chir.  soc.  of  London,  t.  II,  1813.  —  Cura 
"[  lœnia  by  oil  of  lurpentine;  in  Edinb.  mod.  surg.  Journ.,  vol.  VI,  p.  253. 

J.  Laird,  Case  of  lœnia  cured  by  oil  of  lurpentine  ;  in  Edinb.  med.  sur g.  Journ., 
vol.  VI,  p.  37G. 

Th.  Bateman,  Reports  cit.,  p.  136,  116,  223,  238;  et  Edinb.  med.  surg.  Jour»., 
vol.  VU  et  IX. 

R.  Hartle,  Cases  of  lœnia  cured  by  spiritus  (erebinthinœ ;  in  Edinb.  med.  surg. 
Journ.,  vol.  XI,  p.  299;  vol.  XIV,  p.  481. 

J.  Clarke,  Edinb.  med.  surg.  Journ.,  vol.  VIII,  p.  218. 

Marcet,  Aubert,  Butini,  Peschier,  Maunoir,  Biblioth,  de  Genève,  t.  LXX,  p.  245, 
1815.  (Bayle.) 

Lettsom,  Hancock,  l'othergill,  Birbeck,  Saner,  in  Transacl.  ofthe  medico-chirurg. 
Soc.  of  London,  t.  I;  Extrait  et  trad.  par  L.  Macartan,  Journ.  gén.  de  méd.  de 
Sédillot,  t.  L,  p.  426,  1814. 

Cross,  Observ.  et  rapport  par  Chaumeton  ;  Journ.  Corvisart,  Leroux,  etc., 
t.  XXXV,  p.  147,  1816,  cl  Biblioth.  méd.  cit.,  t.  LU,  p.  225. 

Marc,  Journ.  Corvisart,  loc.  cit.  et  Biblioth.  méd.  cit.,  p.  229. 

Anonyme,  The  London  Repository,  1816,  t.  V. 

Rob.  Kuox,  On  the  lœnia  solium,  etc.,  Edinb.  med.  surg.  Journ.,  vol.  XVII, 
p.  384. 

Wm  Gibney,  On  the  employ.  of  oil  of  lurpentine  in  Worms;  in  Edinb.  med. surg. 
Journ.,  vol.  XVIII,  p.  358. 

Ozanu,  Journ.  d'Hufeland,  sept.  1816.  (Bayle.) 

Kennedy,  London  med.  Reposit.,  1823,  p/126  et  Archiv,  gén,  de  méd.,  t.  III, 
p.  608. 

Mératet  Delens,  Dict.  de  thérap.,  art.  Térébenthine. 

Merk,  mém.  cil. 

Article  III.  —  Remèdes. 

Un  grand  nombre  de  remèdes,  composés  de  substances  anthelminthiques 
ou  drastiques,  ont  joui  pondant  un  certain  temps  ou  jouissent  encore  d'une 
répulation  plus  ou  moins  justifiée  ;  beaucoup  de  ces  remèdes  tels  que  la  poudre 
d'Amatus  Lusitanus,  celle  de  Simon  Paul,  de  Nicolas  Andry,  de  Jonston, 
l'essence  de  Scharff,  l'huile  abacuch  (1),  etc. ,  ont  été  successivement  dépos- 
sédés par  d'autres,  et  sont  tombés  dans  l'oubli.  La  plupart  de  ceux  qui  sont 
connus  aujourd'hui  ne  méritent  pas,  sans  doute,  de  leur  survivre. 

Plusieurs  des  mélhodes  de  traitement  que  nous  avons  mentionnées  à  propos 
de  l'étain,  de  la  fougère,  etc.,  auraient  pu,  vu  l'adjonction  d'un  grand  nombre 
de  médicaments,  être  rapportées  ici  comme  remèdes. 

(l)  Voyez  Leclerc,  ouvr.  cit.,  p.  416  et  suiv. 


SUPPLÉMENT  AU   TRAITEMENT   DES   VMS   DE  LTNTESTIN.  811 

Les  médicaments  simples  dont  l'efficacité  est  reconnue,  et  dont  le  nombre 
augmente  chaque  jour,  feront  sans  doute  disparaître  de  la  pratique  médicale 
ces  méthodes  compliquées  de  traitement,  et  les  remèdes  composés  qui  ont 
joui  naguère  ou  qui  jouissent  encore  d'une  certaine  réputation. 

A.  —  Remède  de  Chabert. 

ïfi.  Huile  empyreumatique  de  coruc  de  bœuf  ou  de  cerf.     500  grammes. 
Essence  de  térébenthine 1500      — 

Mêlez  et  laissez  en  digestion  pendant  trois  jours,  puis  distillez  au  bain  de  sable 
dans  une  cornue  de  verre  pour  retirer  les  trois  quarts  du  mélange  (1). 

L'huile  empyreumatique  de  Chabert  est  un  excellent  anthelminthique.  Elle 
chasse  tous  les  vers  du  canal  intestinal  et  peut-être  agirait-elle  encore  sur 
ceux  des  autres  organes,  comme  le  fait  l'asa  fœtida  ;  on  possède  du  moins  un 
exemple  de  distomes  hépatiques,  chez  une  jeune  fille,  expulsés  au  moyen  de 
ce  médicament,  et  d'un  autre  côté  l'on  sait  que  le  lait  des  animaux  auxquels 
on  l'administre  acquiert  une  saveur  désagréable,  saveur  qui  se  communique 
sans  doute  aux  autres  sécrétions. 

Bremser  prescrivait  l'huile  empyreumatique  contre  le  ténia  chez  l'homme, 
à  la  dose  de  deux  cuillerées  à  café,  deux  fois  par  jour.  Après  dix  à  douze 
jours,  il  purgeait  le  malade,  et  si  le  ténia  n'était  pas  chassé,  il  revenait  à 
l'usage  de  l'huile  empyreumatique. 

Par  ce  moyen  le  ténia  est  tué  et  s'en  va  en  détritus,  dit  Bremser  ;  on  a 
quelquefois  de  la  peine  à  le  reconnaître  dans  les  garderobes.  Cet  auteur  affirme 
avoir  traité  par  ce  médicament  plus  de  cinq  cents  personnes  des  deux  sexes 
et  de  différents  âges  ;  quatre  seulement  éprouvèrent  une  récidive  de  leur 
ténia  (2). 

Le  goût  détestable  et  l'odeur  persistante  de  ce  médicament  ont  fait  aban- 
donner son  usage  chez  l'homme. 

Voici  de  quelle  manière  Chabert  donnait  l'huile  empyreumatique  aux  ani- 
maux chez  lesquels  c'est  encore  le  vermifuge  le  plus  généralement  employé  : 

«  Si  vous  soupçonnez  des  vers  dans  un  cheval,  de  quelque  espèce  qu'il 
soit,  mettez-le  à  la  diète  pour  laisser  vider  son  estomac  et  ses  intestins,  et 
faciliter  l'action  du  remède;  abreuvez-le  souvent;  donnez-lui  peu  de  foin  et 
d'avoine,  point  do  son,  car  cet  aliment  favorise  l'évolution  des  vers,  ainsi 
que  nous  l'avons  observé.  Donnez  quelques  lavements  d'eau  chaude,  et  faites 
prendre,  deux  ou  trois  jours  après  ce  régime,  l'huile  empyreumatique  à  la 
dose  de  quatre  gros  (16  grammes)  pour  un  bidet,  d'une  once  (32  grammes) 
pour  un  cheval  de  moyenne  taille,  et  d'une  once  et  demie  à  deux  onces  pour 
le  cheval  de  la  plus  forte  espèce  (45  à  60  grammes),  donnez  ce  médicament 

(1)  Chabert,  ouvr.  cit.,  lrcédit.,  art.  XLI1I,  p.  114. 

(2)  Bremser,  ouvr,  cit.,  p.  486, 


S 1 2  MÉDICAMENTS  VERMIFUGES  ET  LEUR  MODE  D'ADMINISTRATION, 
le  malin,  l'animal  riant  à  jeun  et  n'ayant  pas  on  à  souper  ta  veille.  Vous 
étendrez  cette  huile  dans  uno  cornée  d'infusion  de  sarriette  (1),  et  agiterez 
fortement  ces  deux  liqueurs  pour  quelemélangc  soit  exact;  vous  ferez  prendre 
deux  ou  trois  cornées  de  cetlo  infusion  par-dessus  pour  rincer  la  bouche  do 
cet  animal.  Vous  le  laisserez  sans  manger  un  espace  do  quatre  à  cinq  heures, 
et  no  lui  donnerez  sa  ration  d'avoino,  ou  de  foin  ou  de  paille,  qu'après  qu'il 
aura  rendu  le  lavement  d'eau  miellée  que  vous  lui  aurez  administré  trois 
heures  après  avoir  pris  l'huile  empyreumatique;  si  lo  lavement  restait  sans 
effet,  administrez  en  un  second  et  même  un  troisième. 

»  Répétez  ce  traitement  avec  les  mômes  précautions  neuf  à  dix  jours  de 
suite,  remettez  alors  les  animaux  à  la  nourriture  et  au  travail  ordinaires,  car 
il  est  bon  de  les  laisser  reposer  pendant  ce  traitement  ;  si  néanmoins  vous  ne 
pouvez  vous  dispenser  de  les  faire  travailler,  employez-les,  mais  observez 
une  diète  moins  sévère,  et  continuez  plus  longtemps  l'usage  du  remède. 

b  II  est  des  chevaux  qui  se  refusent  à  l'administration  de  tous  breuvages 
quelconques  ;  ils  se  gendarment,  se  fatiguent  et  se  tourmentent  plus  ou 
moins  cruellement;  la  contrainte,  en  pareil  cas,  pour  leur  faire  prendre  le 
liquide,  est  presque  toujours  suivie  de  danger,  le  breuvage  passe  dans  la 
trachée-artère,  les  fait  tousser  et  les  suffoque  ;  il  faut,  à  l'égard  de  ces  ani- 
maux, leur  incorporer  l'huile  empyreumatique  avec  du  son  ou  des  poudres 
de  plantes  amères,  et  la  leur  faire  prendre,  sous  forme  d'opiat,  par  le  moyen 
d'une  spatule  de  bois;  nous  l'avons  donnée  ainsi  avec  succès  à  des  chevaux 
de  ce  caractère,  étant  amalgamée  avec  la  poudre  d'aulnée. 

»  Observez  le  même  soin  pour  le  mulet  et  l'âne;  la  dose,  pour  celui-ci,  sera 
de  trois  gros  (12  grammes)  pour  ceux  de  la  forte  espèce,  de  deux  gros 
(8  grammes)  pour  ceux  de  la  moyenne,  et  d'un  gros  (4  grammes)  pour  les 
petits;  celle  des  mulets  est  la  même  que  pour  les  chevaux. 

»  Quant  aux  poulains  à  la  mamelle,  on  ne  leur  en  donnera  qu'un  demi-gros 
(2  grammes),  même  cinquante  à  soixante  gouttes,  étendues  toujours  dans  une 
cornée  d'infusion  de  sarriette  ;  on  leur  continuera  jusqu'à  ce  qu'ils  ne  rendent 
plus  de  vers  et  qu'ils  aient  donné  des  signes  de  rétablissement;  il  sera  bon 
encore  d'en  faire  prendre  aux  mères ,  pourvu  toutefois  que  cette  huile  n'allère 
pas  le  goût  du  lait,  ce  qui  pourrait  dégoûter  le  petit  ;  aussi  fera-t-on  bien  de 
commencer  par  traiter  le  jeune  sujet,  et  de  ne  l'administrer  à  la  mère  que 
lorsque  sa  production  sera  rétablie.  Le  jeune  animal  peut  plus  aisément  alors 
supporter  la  diète  qui  ne  peut  être  longue,  le  goût  naturel  du  lait  pouvant 
être  rétabli  le  troisième  jour  après  l'administration  du  remède.  La  dose  pour 
les  poulains  de  trois  ans,  sera  de  trois  gros  (12  grammes),  on  pourra  même 
leur  en  donner  quatre  à  cinq  gros  (16  à  20  grammes)  s'ils  sont  de  la  forte 
espèce;  cette  huile  leur  sera  administrée  le  matin,  trois  ou  quatre  heures 
avant  de  les  mettre  dans  les  pâturages. 

(1)  Au  défaut  de  sarriette,  on  peut  se  servir  de  thym,  d'hysope,  de  serpolet  ou 
autre  plante  aromatique,  mais  la  sarriette  doit  toujours  être  préférée  lorsqu'il  sera 
possible  de  s'en  procurer. 


SUPPLÉMENT   AU  TRAITEMENT   DES    VERS  DE  L'iNTESTIN.         813 

»  Nous  observerons,  au  surplus,  qu'on  ne  doit  pas  révoquer  en  doute  l'ef- 
flcacilé  du  remède  dans  le  cas  où  il  ne  ferait  sortir  aucun  ver  du  corps  des 
animaux;  nous  nous  sommes  assuré,  par  [des  expériences  réitérées,  que  les 
vers  qu'il  tuait  étaient  très  souvent  digérés  ;  on  ne  doit  juger  de  l'effet  de  cet 
anthelminthique  que  par  le  rétablissement  de  l'animal,  et  non  par  la  cessation 
de  l'émission  par  l'anus. 

i>  Les  veaux  seront  traités  do  la  même  manière  et  auront  même  dose. 

»  Les  cochons  auront  une  dose  un  peu  plus  forte,  à  moins  qu'ils  ne  soient 
très  jeunes. 

»  Les  bœufs  et  les  vaches  peuvent  avoir  des  doses  plus  fortes  que  les  che- 
vaux, on  leur  en  donnera  quelques  gros  de  plus,  dans  les  proportions  que 
nous  avons  indiquées  pour  ces  premiers  animaux. 

»  La  dose  de  cette  huile  pour  les  moulons  est  d'un  demi-gros  (2  grammes) 
pour  les  forts,  et  de  cinquante  à  cinquante-cinq  gouttes  pour  les  autres;  il  est 
bon  aussi  de  l'étendre  dans  l'infusion  de  sarriette. 

»  Les  chiens  étant  en  général  très  irritables,  sont  do  tous  les  animaux  ceux 
qui  exigent  le  plus  de  précautions  dans  l'emploi  de  ce  remède.  Leur  taille 
variant  à  l'infini  suivant  leurs  différentes  espèces,  on  sent  que  la  dose  doit 
varier  de  même  :  on  peut  la  donner  depuis  un  gros  (4  grammes)  jusqu'à  deux 
grains  (0sr10),  toujours  dans  l'infusion  de  sarriette;  au  surplus,  il  vaut 
mieux  avoir. à  augmenter  la  dose  que  de  la  donner  trop  forte;  moins  elle  le 
sera,  plus  il  faudra  continuer  longtemps,  en  l'augmentant  peu  à  peu  suivant 
la  lenteur  de  ses  effets. 

o  Une  autre  attention  à  avoir  est  le  tempérament  des  animaux  ;  plus  ils 
sont  fins,  vifs,  irritables,  plus  les  doses  doivent  être  ménagées  et  éloignées 
les  unes  des  autres,  suivant  que  l'effet  du  remède  sera  tumultueux  ;  précau- 
tions qui  sont  surtout  essentielles  dans  les  chevaux,  poulains,  pouliches  et 
dans  les  chiens  ;  toutes  les  fois  que  ce  remède  sera  suivi  de  mouvements  dés- 
ordonnés et  de  convulsions,  il  importe  d'en  diminuer  la  dose  et  de  l'éloi- 
gner ('I).  » 

B.  —  Remède  de  Clossius. 

Administrer  4  grammes  de  térébenthine  pour  s'assurer  de  la  présence  du  ver  par 
la  sortie  de  cucurbitins  :  dans  ce  cas,  nourrir  le  malade  pendant  un  mois  avec  du 
poisson  salé,  du  fromage,  du  jambon,  etc.;  lui  faire  boire  plus  de  vin  que  d'habi- 
tude; donner  pendant  plusieurs  jours,  le  soir  Os1', 03  d'opium,  précédé  d'une  poudre 
composée  de  mercure  doux,  yeux  d'écrevisse,  de  chaque,  0sr,60;  spécifique  cépha- 
lique  OS',30.  Le  malade  doit  souper  légèrement,  puis  avaler  30  grammes  d'huile 
d'amandes  douces.' Le  lendemain  malin,  étant  au  lit,  il  prend  une  dose  de  la 
poudre  drastique  suivante:  gomme-gutte,  iS',25;  racine  d'angéliquc,  0sr,-40; 
chardon  bénit,  poudre  épileptique,  de  chaque.  lsr,30;  mêlez  et  divisez  en  trois 
paquets  égaux.  Elle  cause  deux  ou  trois  vomissements  et  quelques  selles  que  l'on 
facilite  avec  du  thé  faible;  si  deux  heures  après  il  n'y  a  rien  dans  les  excréments, 

(I)  Chabert,  ouvr.  cit.,  p.  168  à  175. 


Sl'4      MÉDICAMENTS   VERMIFUGES   ET   LEUR   MODE   D*  ADMINISTRATION, 
on  l'ail  prendre  la  seconde  portion  de  la  poudre,  cl  deux  heures  et  demie  après,  la 
troisièmo ,  s'il  est  besoin. 

L'auteur  assure  que  ce  remède  ne  manque  jamais  de  faire  rendre  le  ver. 

C.  —  Remède  de  Darbon. 

On  ignore  quelle  était  la  composition  de  ce  remède;  le  possesseur  est  mort  sans 
avoir  divulgué  son  secret.  Ce  remède  jouissait  contre  le  ténia  d'une  efficacité  réelle 
et  il  était  facilement  supporté  par  le  malade  (1);  Mérat  a  pensé  qu'il  n'était  autre 
ebose  que  la  racin«  de  grenadier. 

D.  —  Remède  des  demoiselles  Garbili.on. 

'#.  Semen-contra  eu  poudre 120  grammes. 

Aloès  eu  poudre 15       — 

Pignons  d'Iude  en  poudre 8      — 

Mêlez  exactement. 

Dose  1  à  4  grammes  le  soir  et  le  malin,  immédiatement  avant  la  soupe,  en  bol 
ou  délayé  dans  un  peu  d'eau. 
Remède  très  usité  àChambéry,  contre  les  lombrics  (2). 

E.  —  Remède  de  Richard  de  Hadtesierck. 

Le  malade  prend  en  une  fois,  et  le  réitère  tous  les  buit  jours,  les  deux  bols  sui- 
vants :  gomme-gutle,  0§l',50  ;  coloquinte,  OS1', 15  ;  une  amande  amère;  triturez  et 
mêlez  avec  suffisante  quantité  de  sirop  d'absinthe  ;  pour  deux  bols.  Matin  et  soir, 
les  deux  autres  compositions  suivantes  :  aloès,  asa  fœtida,  de  chaque,  30  grammes  ; 
sel  d'absinthe,  15  grammes;  huile  de  romarin,  2gr,40  ;  faites  avec  q.  s.  d'élixir  do 
propriété,  des  bols  du  poids  de  0sr,50.  Boire  par-dessus  de  la  décoction  de  fougère 
mâle.  Dans  la  journée,  on  administre  un  opiat  fait  avec  étain  et  mercure  coulant, 
de  chaque  30  grammes  ;  ou  fait  liquéfier  l'étain  qu'on  verse  sur  le  mercure,  et  on 
triture  jusqu'à  ce  que  ce  dernier  soit  éteint  ;  on  mêle  cette  poudre  avec  la  conserve 
d'absinthe. 

F.  —  Remède  de  Meyer. 

L'auteur  veut  tuer  le  ténia  par  le  dégagement  du  gaz  acide  carbonique.  On  fait 
prendre  de  8  à  12  grammes  de  carbonate  de  magnésie  en  poudre,  et  aussitôt  après 
du  tartrate  acidulé  de  potasse;  ce  qui  procure  un  dégagement  considérable  de  gaz, 
On  prend  ces  sels  d'heure  en  heure,  par  cuillerée  à  café. 

6. —  Remède  de  Ratier. 

%.  Sabine  en  poudre,  1  gramme;  semences  de  rue,  Os1', 75;  mercure  doux, 
0Sr,50;  huile  essentielle  de  tauaisie,  12  gouttes;  sirop  de  fleurs  de  pêcher,  q.  s. 

Le  malade  doit  eu  prendre  la  moitié  le  matin,  l'autre  après  flîner;  il  boira,  après 
chaque  dose,  un  bon  verre  de  vin  dans  lequel  on  aura  fait  macérer  des  noyaux 
de  pêche. 

(1)  Voy.  Louis,  mém.  cit.,  et  Expériences  sur  le  remède  de  Darbon  (Description 
de  l'apparence  du  remède  et  des  phénomènes  qu'il  détermine),  Archiv.  de  méd., 
t.  V,  p.  157,  1824. 

(2)  Bull,  gén,  de  thérap.,  t.  XLVIII,  p.  168,  1855. 


SUPPLÉMENT   AU    TRAITEMENT  DES  VEKS   DE   L'jNTESTJN.         815 
II. —  Remède  de  Storck. 

%.  Sulfate  de  soude,  racine  de  valériaue,  jalap,  de  chaque,  4  grammes;  oxymcl 
scillitique,  125  gramme?. 

Incorporez  les  poudres  au  sirop,  dont  ou  donne  1 5  grammes  quatre  fois  par  jour 
aux  adultes;  8  grammes  aux  enfants. 

I.  —  Remède  de  Swaim. 

%.  Semencoutra,90  grammes;  valériane,  45  grammes  ;  rhubarbe,  45  grammes  ; 
Spigélie,  45  grammes;  agaric  blanc,  30  grammes;  essence  de  tanaisie,  2  grammes; 
de  girofle,  2  grammes. 

Faites  bouillir  les  cinq  premières  substances  avec  quantité  suffisante  d'eau  pour 
obtenir  3  kilogrammes  de  décodé;  dissolvez  les  essences  dans  1  kilogramme  d'al- 
cool; ajoutez  au  décodé  et  filtrez. 

Remède  très  usité  en  Amérique  (1). 

K.  —  Remède  de  Weigel, 

On  fait  dissoudre  15  à  30  grammes  de  sel  de  Glauber  dans  1000  grammes  d'eau 
de  fontaine  et  l'on  en  boit  tous  les  soirs  une  tasse;  le  malade  prend  en  outre,  dans 
la  journée,  trente  gouttes  de  l'élixir  vitriolique  de  Mynsicht,  ou  dix  gouttes  d'élixir 
acide  de  Haller,  dans  une  demi-tasse  d'eau  commune. 

On  continue  ce  traitement  plusieurs  mois,  jusqu'à  ce  qu'on  rende  le  ver. 

(1)  Bull,  thérap.,  t.  XXXIX,  1850,  p.  5i3. 


FIN. 


INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE 

DES  OUVRAGES,   MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS  CITÉS. 


Cet  index  donne  la  page  où  se  trouve  l'indication  bibliographique  des  ouvrages 
ou  mémoires  cités.  Il  a  pour  but  principal  de  faire  arriver  facilement  le  lecteur 
au  titre  d'un  travail  qui  n'est  mentionné  que  par  un  loco  citalo. 

Lorsque  le  nom  de  l'auteur  est  suivi  de  plusieurs  indications  de  page,  chacune 
correspond  a  un  travail  différent. 


Abano  (Pierre  de),  42. 

Abbadie  (A.  d'),  801. 

Abercrombie,  1153. 

Abildgaard,  40. 

Acluarius,  40. 

Adams,  772. 

/Etius,  40. 

Agatharchidas,  097. 

Albrcchl  (J.-P.),  281. 

Aldrovandc,  9. 

Alcssi,  738. 

Alexandre,  300. 

Alexandre  de  Tralles,  10. 

Alghisi,  296. 

Alibert,  409. 

Alix,  778. 

Allen,  365, 

Alpin  (P.),  314. 

Alston  (Charles),  778. 

Amatus  lusitanus.  145. 

Ammon  (von  F.-A  ),  733,  735. 

Anciaux,  538,  701. 

Anderson,  798. 

Andral  (G.),  anat.path.,  149. 

—  clinique,  409. 

—  trav.  dlv.,  57,  243,  688, 
Andry  (Nicolas),  45,  74,  754. 
Antonucci,  182. 

Aran,  596,  655. 
Argenterius,  305. 
Aristole,  39. 
Arlaud,  285. 

Arnauld  de  Villeneuve,  71. 
Arnemann  (Juslus),  770. 
Arnulplius  (Genlilis),  235. 
Aronssohn  (L.),  145. 
Aronssolin  (Paul),  153. 
Arlhus(G.),  703. 
Astley  Cooper,  550. 
Aslruc,  507. 
Aubert  (L.),  91. 
Aubinais,  280. 
Aulne,  414. 
Aulagnier,  531. 
Auvity,  297. 
Avicenne,  41. 
Axenfeld,  374. 
Azara  (D.  Félix  d'),  272. 


n 

Baglivi,  75. 

Bailiie  (M.),  5-27,  723. 

Baillet  ((.'..),  xxxiv,  lxxvi. 

Bajon,  124,  700,780. 

Ballant,  307. 

Baldinger,  507. 

Balfour  (M.  G.),  84. 

Babnc,  498. 

Baralle,  320. 

Barnelt,  289. 

Baron  (John),  3G9. 

Barré,  520. 

Barder  (F.-M.),  383. 

Barry,  304. 

Barth,  97,  652. 

Barthez,  506,  53i. 

Barthez  cl  Rilliet,  135. 

Bartholin  (Th.),  55,  305,  325 

685. 
Basset  (CI.),  510. 
Bassi,  770. 

Bateman  (Th.),  83,  810. 
Bauhin  (Gaspard),  327. 
Bauhin  (Jean),  267. 
Baura,  632. 
Baumes,  47,  53,  58,  189,  430, 

563,  795. 
Bayle,  (A.-L.-J.),  794. 
Bayle  (G.-L.),  417. 
Baylet,  804. 
Beaugcndrc,  421. 
Bcauvais,  523. 
Beck,  790. 
Becker,  498. 
Bcckerus,  762. 
Becquerel,  184,  652. 
Bohrens,  803. 
Bc'hoinmc,  006. 
Bellacalus,  110. 
Bellingham  (O'B.),  35,  208. 
Beneden(P.-J.van),xxrx,  xxxiv, 

xxxvir,  341. 
Benivenius  (Anl.),  78. 
Bérard,  531. 
Béraud,303,  63£. 
Bérend  (W.),  633. 
Berge  (de),  765. 
Bernard  (CI).),  374. 


Bernard  (Claude),  49,  203. 

Dernier  (l-'r.),  701. 

Berllielot,  372. 

Beillierand,  703. 

Bcrtolus  (Gabriel),  XXIX. 

Bianchi  (J.-B.),  176. 

Bidloo  (Godefrid.),  250,  505. 

Billiarz,  117,  210. 

Binet,  795. 

Birbeck,  810. 

Bischoff,  073. 

Bissel,  47. 

Bisson,  755. 

Blache,  652. 

Blackburne,  529. 

Blaes  (Gérard),  276,  20  j. 

Blainville  (de),  178. 

Blanchard  (Em.),  24. 

Blanchet,  196. 

Blandin,  149. 

Blancsubé,  786. 

Blas  Noscda,  272. 

Blatin,  502,761. 

Blegny  (Nicolas),  326. 

Blin,  654. 

Blocb,  4. 

Blommers  (Samuel),  703. 

Blondeau,  514. 

Blot,  518. 

Blumcnbach,  12,  78. 

Ilobc-Moreau,  298. 

Bocconi  (S.-P.),  770. 

Bodson,  379. 

Boerliaavc  (Herinann),  2G7. 

Boinct(A.-A.),  570,  590,  599. 

Boirel,  199. 

Boili,  794. 

Boivin,  511. 

Bonamicus  (Franc),  235. 

Bonet(Th.),  112. 

Bonfigli  (S.),  528. 

Bonfiîs,  159. 

Bonnafox  de  Mallet,  030. 

Bonnet  (CI).),  74. 

Bonnevault,  705. 

Bonomo,  507. 

Borchard,  555. 

Borelli,  773. 

Borellus  (Petrus),  23C. 

Borrichius  (Olaus),  201.  300. 


Bosch  (J.  Van  ddn),  7C4. 

Bosman  (Cuill.),  703. 

Boston,  Catalogue  du  Musée,  87. 

Boucliardal,  783,  784. 

Boucher,  705. 

Bouchot,  660. 

Botidet,  545. 

Boudgourd,  748. 

Boucix  (du),  -126. 

Bouillet,  126. 

Bourdier,  790, 

Bourgelal,  224. 

Bourgeois,  54,  451,  453. 

Bourgeoise,  794. 

Bourges  (D.  de),  704. 

Bourges,  427. 

Bousquier,  326. 

Bouvier,  434,  659. 

Boyer,  552. 

Bowdilch,  680. 

Brachet,  534. 

Brand  (Paul),  427. 

Brassavole,  422. 

Brasseur,  97. 

Brayer,  784. 

Bremscr,  Vers  intest.,  4. 

—  Jl/em.,354. 
Brendel,  8. 

Brera  (T.-L.),  Mêm.,  80. 

—  Matai,  verm-,  662. 
Brelclitfeld,  97. 

Breton,  747,  792. 
Bretonneau(P.),  4  35. 
Brewer,  783. 
Briançon  (P.-A.),  387. 
Briclieleau,  58,  451. 
Brigham,  294. 
Briilouet,  502. 
Brilman  (A.-W.),  499. 
Bristowe,  676. 
Broderille,  396. 
Brodie,  569. 
Bioussais,  456. 
Brown-Séquard,  258. 
Browne,  808. 
Bruce  (James),  90,  784. 
Bruce  (Ninian),  704. 
Brugnon,  614. 
Brun,  523. 
Bruneau,  444. 
Brunet,  783. 
Brunner  (Conrad),  651. 
Buchanan,  792. 
Buchholz,  251. 
Budd  (George),  6,  403. 
Budd  (Samuel),  99. 
Buniva,  774. 
Buona-Parle,  158. 
Burdach  417. 
Bureaud  Riofrey,  684. 
Burt  (Adam),  792. 
Busk,  254. 
Bussemaker,  622. 
Butiui,  840. 


INDEX   BinOOfiBAMlIOtË. 
C 


Cahallaria,  197. 

Cadet  de  Cassicourl,  447. 

CKsalpinus  (Andréas),  268. 

Calle  (Louis  de  la),  740. 

Calmcil,  647,  659,  668. 

Calvert-Holland  (G.),  433. 

Camerarius  (Joach.),  351. 

Campenon,  122. 

Camper,  6,  27. 

Canton  (Echvin),  033. 

Carlisle,  84 . 

Caron  (Ed.),  64  5, 

Canère,  654,  665. 

Carswell,  257,  404. 

Carteaux,  T61. 

Cartwright,  648. 

Casini,  505. 

Caspeer,  99. 

Cassan,  400. 

Castro  Torreira,  202. 

Caton  (le  Censeur),  792. 

Cayol,  441. 

Cazeaux,  653. 

Cazin,  784. 

Celse(A.-C.),39. 

Cezilly,  701. 

Chabert,  23,  633. 

Chaignaud,  750. 

Chailly,  496. 

Chambert,  485. 

Chapolin  (Cb.),  87,  702. 

Cliarcellay,  137,  468. 

Charcot,  363,  304,  395,  474 

510. 
Chardin,  704. 
Charvot,   554. 
Chassaignac,  4  54,  597. 
Chaussai (J.-B.),  14,  35,  695. 
Chaussier,  408,  07u. 
Chaulel  (Victor),  83. 
Chaumeton,  810. 
Chiaje  (Délie),  4 '54. 
Chisholm,  741. 
Choisy,  655. 
Cliomel,  494,  499,  654. 
Chopart,  298. 
Clamorgan  (Jean  de),  266. 
Claparède  (Ed.),  lx. 
Clarck  (R.),  703. 
Clark  (Peter),  300. 
Clarke  (S.),  840. 
Claudinus,  296. 
Claudius,  498. 
Clelland  (John  M'),  707. 
Clémot,  438. 
Cleyer  (André),  490. 
Cloquet  (II.),  256. 
Cloquel  (J.),  480. 
Clôt  (Bey),  70?. 
Cneulinus,  498. 
Cockson  (Th.),  701. 
Cœlius  Aurelianus,  40, 
Cuelsem  (Van),  785. 
Colin,  24, 


817 

Collet,  440. 

Collcl-Meyret  (G.-F.-ll.),  209. 

Columelle,  223. 

Combessis,  436. 

Congiossi,  770. 

Consolin,  54. 

Cooper  (de  Greenwich),  208. 

Coopcr,  voy.  Aslley. 

Coppola,  200. 

Costes,  783. 

Cotugno,  4  54. 

Coulet  (Steph.),  78. 

Coulson  (William),  555. 

Courbon-Pérusel,  00. 

Courlen,  689. 

Cousin,  306. 

Covillard  (J.),  300. 

Cromer,  702. 

Crommelinck,  54. 

Cross,  81 0. 

Cruveilhier    (J.),    Anat.  path., 

305. 
— Art.  Acéph.,  375. 
—  Trav.  div.,  xci,  422,  669. 
Cullerier,  552. 
Cimier,  632. 

Curling  (T.-B.),  292,  682. 
Curtius  (Barlh.j,  770. 
Cuvier,  288. 


Dampier  (Guillaume),  700. 

Danet,  209. 

Daquin,  425. 

Darbon,  116,  844. 

Darelius,  42. 

Daremberg,  622. 

Darlue,  765. 

Darwin,  54. 

Daubenton,  34. 

Daulioulle,  59. 

Davaine  (Casimir),  IV,  lxv,  30, 

52,64,261,356,  364,  634, 

660,  664. 
David,  410. 
Davis,  529. 
Dazille,  424. 
Debouis,  587. 
Debry,  108. 
Decieux,  502. 
Defrance,  543. 
Degland  (C.-D.),  LXXXVI. 
Degner,  765. 
Déguillème,  749. 
Debenne,  765. 
Delacroix,  58. 
Dclafond   (0.),   29,  243,    342, 

608. 
Dclaroque,  58. 
Delasiauvo,  786. 
De  Lille,  4 1 . 
Delius,  54. 
Delvaux,  ^  03, 

Demarquav,    547,    571,    604, 
630. 

m 


818 

Denarié,  202. 

Desoplt  (P.),  770. 

Dos.mll  (P.-Jos.),  528. 

Desbois  (de  Rochefort),  800. 

Ueslandes  (L.),  89,  793,  71)4. 

Despallens,  28. 

Destrelz,  19G. 

Devers,  442. 

Dczeimeris  (,I.-E.),  550. 

Didry,  246. 

Dicsing  (Car.  Maur.),  9. 

Dionis  (Charles),  75. 

Dionis  des  Carrières,  320. 

Dinscoriiles  (Ped.),  40. 

Dodarl,  351. 

Doebelius,  022. 

Doeveren  (Van),  45. 

Dolheaii  (F.),  436,  481. 

Dolœus  (J.-Dan.),  8,  089. 

Donatus  (Marcellus),  58. 

Donné  (Al.),  756. 

Doubleday,  429. 

Dourlen,163. 

Dozy,  96. 

Drelincourt  (Cb  ),  273. 

Drelincourt,  58, 

Drewry-OUley,  661. 

Duben  (G.  de),  186. 

Dubini,  117. 

Dubois,  704. 

Dubois  (A.),  547. 

Dubois  (P.),  511,  671. 

Duchateau,  279. 

Ducliaussoy,  497. 

Dufau,  54. 

Duhaume,  90. 

Dujardin  (Félix),  XL,  5. 

Dumas  (de  Montpellier),  779. 

Duméril,  24,  299. 

Dumont-Pallier,  576. 

Dumoulin  (A.),  671. 

Duncan,  430. 

Dunean  (d'Edimbourg),  527. 

Duncan  (de  Liverpool?),  534. 

Dunus  (Thaddseus),  72. 

Du  Périer,  58. 

Duplay,  487,  495,  660. 

Dupont,  505. 

Dupuis,  138. 

Dupuy,  370,618,  668. 

Dupuytren  ,394, 410,  550,  655 

Duret,  205. 

Dusaulsay  (Nicolais),  765. 

Duval,  317. 

Duverney,  328. 

Dyer  (R.),  802. 


Ebermaier,  60. 
Ecker,  309. 
Ehrard,  59. 
Ercolani,  683,  773. 
Erdmann,  82. 
Escalier,  97. 
Escarraguel  (A.-P.),  552. 


1NDKX   niliT.lOflRAPllIQUK. 


Eschhob,  9. 
Eschricbt,  xxxjy,  Kilt, 
Esquirol,  53,  441,  660. 
Estevenet,  161. 
Estienne  (Charles), .267. 
Esllin,  632. 
Etlniuller,  400,  507. 
Evans  (R.),  400. 
Evans  (J.-J.),  533. 


Faber  (P.-J.),  770. 

Fabricius  ab  Aquapendenlc  (H) 

9,  328. 
Fabricius  (Otto),  023. 
Fages,  201. 
Faîloord,  499,  500. 
Fallot,  57. 
Farcy,  287. 
Farradesche-Chaurasse  (J.-B.), 

546. 
Farre  (Arthur),  082. 
Faton,  651. 

Fauconneau  Pufresne,  160. 
Fenwick,  810. 
Ferg,  714. 
Fcrmin  (P.),  700. 
Fermon  (De),  794. 
Fernel,  305. 
Ferrall,  629. 
Ferrari,  703. 
Ferret,  90. 
Ferrus,  53. 
Fiaux,  448. 
Ficipio,  701. 
Fiévet  (J.-C),  70. 
Finck  (Henri),  260. 
Fischer  (Eug.),  29. 
Fischer  (J.-L.),  062. 
Fleckes,  535. 
Florentin  (Nicolas),  198. 
Florman     (A.-H.),     34,     633, 

665. 
Foès,  39. 
Follin,  634. 
Fontaneilles,  163. 
Foreslus(Petrus),198,  764. 
Forget,  96,  169,  655. 
Fortassin  (H).  89. 
Fothergill,  810. 
Foucart,  439. 

Fouquier  (L.),  418,  431,  439. 
Fourreau  de  Beauregard,  53. 
Fox  (Charles),  320. 
Frank  (Fr.),  270. 
Frank  (Joseph),  700. 
Frank  (P.),  98. 
Frédault,  661.. 
Fréteau,  416. 
Frey,  318. 
Fricke,  558. 
Frisch  (J.-H.),  230. 
Frœlich,  230. 
Fromage  de  Feugré,  638. 
|  Frommann  (Joh.),  9,  237. 


Gabucinua     (llieronymus),    45, 

235. 
Gairdner,  074. 
Galien,  40,  44. 
Galinier,  90. 
Gallandat,  703. 
Gand,  724. 
Gandolphe,  99. 
Garbillon,  814. 
Garmann(Ch.  Fr.),  203. 
Gaube,  59. 

Gaultier  de  Claubry  père,  183. 
Gauthier  de  Lapeyronie,  383. 
Geischlâger,  81. 
Gemma  (Cornélius),  235. 
Gendrin,  055. 
Gentilis,  305. 

Geoffroy  (Etienne-François), 7  54. 
Geoffroy,  410. 
Gerlach,  034.    * 
Géron,  306. 

Gervais,  341,  618,  630. 
Gescheidt,  lxxiv. 
Gibb,  747. 
Gibney  (W.),  810. 
Giesker,  318. 
Gilihert,  507,808. 
Girard,  202,  618. 
Girardin,  53. 
Giraudy,  53. 
Girone  (Diego),  199. 
Giron    de     Buzaraingue,    638, 

641. 
Giscaro,  58. 
Gmelin  (F.),  155. 
Godine,  287. 

Goeze  (J.-A.-E.),  55,623,644. 
Gohier  (J.-B.),  28. 
Goiffon,  770. 
Gomez,  792. 
Goocb,  430. 
Gordon  (Bernard),  43. 
Goubaux,  618. 
Godot,  173. 
Goupil,  670. 
Goyrand,  537,  566. 
Grafe  (fds),  741. 
Grœfe  (père),  760. 
Grahl,  790. 

Gregor  (James  M.),  704. 
Gregory  (G.),  650. 
Greilies,  747. 

Grève  (Bern.  Ant.),  24,  748. 
Griesinger,  117,  404. 
Grimaud,  794. 
Gros  (de  Moscou),  311. 
Gros,  448. 
Grofius  (Hugo),  280. 
Gruby,  342. 
Guastamachia  (G.),  203. 
Guattani,  508. 
Gubler  (A.),  266. 
Guénot,  701. 
Guérard,  652, 


Guérault  (H.),  382. 
Guersantpère,  161 . 
Guesnard,  562. 
Gnidetli,  79. 
Guidi  Guido,  304. 
Gmllemin  (V.),  503. 
Gurlt  (E.-F.),  753. 
Gulhrie,  538. 
Guy  Patin,  325. 
Guyon,  703,  721. 
Guyot,  751. 


Haberslion,  407. 

Haen  (de),  101. 

Hagendorn  (Eh.),  304. 

Hake,  257. 

Haller,  148. 

Halma-Grand,  139. 

Hamel(Du),  351. 

Hamilton,  199. 

Hancock,  810. 

Handfield  Jones,  258. 

Hannemann  (Juh.  Lud.),  694. 

Hannes,  56. 

Hannseus  (Georg.),  56. 

Hanow,  9. 

Hans  Sloan,  700. 

Harderus  (J.),  188. 

Hartle  (R.),  810. 

Hartmann  (Ph.Jacq.),  287,  348, 

689. 
Hartzoeker,  45,  771. 
Harvey  Campbell,  304. 
Hassal,  66,  289. 
Hasselquist,  86. 
Haubner,  XXXIV. 
Haupmann,  770. 
Hautersieck  (Richard  de),  56. 
Hawkins,  569. 
Hayner,  155. 
Headington,  653. 
Heath  (Thomas),  711. 
Heaviside,  159. 
Heer,  196. 

Hegenitius  (Gothofredus),  272. 
Heide  (Ant.  de),  236. 
Heim,  12. 
Heinzel,  703. 
Heister,  57,  188. 
Held,  547. 

Hemmersam  (Michel),  703. 
Herbert  Barker  (T.),  533. 
Hering,  330. 
Herrenschwands,  790. 
Heucher,  274. 
Heuermann,  507. 
Hewnden,  542. 
Hildanus  (Fabricius),  157. 
Hildesius,  114. 
Hill  de  Dumfries,  450. 
Hilton,  576,  672. 
Himly,  628. 
Hippocrate,  7,  39. 
Hodgkin,  86. 


INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Hoering,  151,  431,  632. 
Hœven  (Van  der),  743. 
Hoffmann  (Frédéric),  47. 
Hogdson,  329. 
Home  (Everhard),  355. 
Hopkinson  (P.),  732. 
Horatius  (Eugenius),  58. 
Horne  (De),  56. 
Houël,  434. 
Houllier,  534. 
Houzelot,  57. 
Hufeland,  182. 
Humelbergius  (Gabr.),  761. 
Hiinervvolf,  188. 
Hunsbry,  798. 
Hunter  (John),  513. 
Hurtrel  d'Arboval,  230. 
Huss,  82. 
Hussem  (B.),  713. 
Husson  (fils),  420. 
Husson  (père),  450,  794. 


Isenflam,  633. 
Isert(Paul-Erdmann),  703. 
ltard,  57. 


Jackson  (J.-B.),  87. 

Jacobson,  702. 

Janné  (A.-J.),  29. 

Jannin,  545. 

Jansonius  (D.-M.),  280. 

Jarjavay,  583. 

Jenner,  369. 

Jobert  de  Lamballe   (A.),  150 

336,  389,  572. 
Johnson  (James),  712. 
Joi  (W.-B.),  160. 
Jones  (de  Londres),  516. 
Jones  (de  Philadelphie),  338. 
Jôrdens  (J.-H.),  251. 
Josephi,  279. 
Jubim,  189. 


K docteur  (de  Gorlitz),  97. 

Keate  (Robert),  556. 

Kennedy,  747,  810. 

Kerckringïus  (Theod.),  270. 

Keufner,  773. 

Kingdon  (William),  299. 

Kircherus  (Athanas),  769. 

Kirkland,  171. 

Kirschleger,  785. 

Klein  (Jacq.  Théod.),  272. 

Klencke,  311. 

Kliem,  753. 

Klingsoebr,  786. 

Kloekhoff,  765. 

Knox  (Rob.),  680,810. 

Kobelt,  673. 

Kœmpfer,  704. 


819 

Kôlliker,  258. 
Krause,  14,  55. 
Kubyss,  97. 

Kùchenmeister  (Frieder.),  xxvii, 
xxxiv,  xxxv,  80,  258,  320. 
Kuhn  (J.-A.-F.),  307. 
Kuhn  (de  Niederbronn),  370. 
Kulmus  (Joh.-Ad.),  236. 
Kunde,  448. 
Kunholtz,  58. 
Kunsemuller,  701. 
Kunth,  784. 
Kunz,  803. 


Laborde,  57. 
Laboulbène,  330,  588. 
Lachmund  (Fr.),  703. 
Laennec(Th.),  Ause.  méd.,  431. 

—  Mém.  vers  vésic,  368. 

—  Trav.  dw.,165,  335. 
Lafosse,  641. 

Lagasquie,  58. 

Lagout,  656. 

Laird(J.),810. 

Lallemand,  213. 

Lambsnia,  507. 

Lana  (P.),  770. 

Lancisi,  651. 

Landoiiillette,  286. 

Laneri,  99. 

Lange  (Chrétien),  770. 

Langenbeck,  557. 

Lankester  (Edwin),  280. 

Lanzoni,  198. 

Lapeyre,  283. 

Laprade,  57. 

Larrey,  547. 

Lasègue,  395.. 

Lassus,  494. 

Laugier,  300. 

Lavalette  (d'Aussone),  794. 

Lavalette  (de  Meaux),  100. 

Lawrence  (W.),  291,  537. 

Leared,  798. 

Léautaud,  301. 

Lebeau,  195. 

Lehègue,  770. 

Lebert(H.),171,  661. 

Leblanc,  271,  287,  310,  638. 

Lebret,  592. 

Lecat,  509. 

Leclerc  (Daniel),  42. 

Lcclerc  (deTo'ul),  160. 

Leeuwenhoek   (Ant.),  64,  236, 

754. 
Lefoulon,  539. 

Legendre(F.-L.),98,107,  548. 
Legroux,  780. 
Le  Houx,  506. 
Leidy  (Joseph),  87. 
Lelouis,  512. 
Lemaître,  344. 
Lentin,  761. 
Leonides,  697, 


8-20 

Lépccq  tic  lu  C  loi  lire,  765. 

Lopollotier  du  Mans,  201. 

Lepoia  (Oharlt»),  432. 

Leroux (I.-J  ).  100. 

Lesauvago,  51 4. 

Lcstrille,  752. 

L'Etang  (François  de),  274. 

Letssoin,  530. 

Leuckart,  24. 

Leudet  (E  ).   373,   382  ,    515 

620,  000. 
Levachcr,  124. 
Leveillc,  55. 
Leveillé,  G54. 
Lewalcl,  xxxiv. 
Lhonncur,  40G. 
Lieberkiïhn,  iv. 
Liebricli,  741. 
Lieimann,  274. 
Lieutaud,  158,  541. 
Lind  (James),  498,  703. 
Lindclslope,  50. 
Lini,  200. 
Linné,  702. 
Linning,  808. 
Linshot  (J.-H.  de),  704. 
Litlré,  350. 
Livingslon,  339. 
Livois  (Bug.),  355. 
Lobslein,  160,  170,  634. 
Lœfflers  (Adolph.  Fried  ),  703. 
Logan  (Robert),  737. 
Lombard,  81. 
Lorrenlini,  163. 
Lorry  (Carolus),  159. 
Lossi,  500. 

Louis  (P.-Ch.-A),  7,  660. 
Louyer-Villermay,  59. 
Lucarelli,  292. 
Luchlcnius  (Adam),  96. 
Ludwig,  651. 
Lupieri,  54. 
Luschka  (H.),  675. 

M 

Macarlan  (L.),  810. 

Maceroni,  303. 

Macliaud,  442. 

Maillet,  038. 

Mailly,  581. 

Maisonneuve,  701. 

Malacarne,  205. 

Malgaigne,  701,760. 

Malherbe,  374. 

Malmstun  (I'.  H  ),  05. 

Maloët,  415. 

Malpighi  (Marcell.),  250. 

Manard,  43. 

Manget,  59. 

Mangon,  183. 

Marc,  810. 

Maiccllus  Empiricus,  40. 

Marcel,  810. 

Marchand  (de  Saintc-Foix),  807, 

Marchand,  765. 


INDEX  l'.llu.iociiAf'iilnrr. 

Marcltcso,  791. 

Mareschal  de  Rougèt'O,  56. 

Mario,  127. 

Marjolin,  G59. 

Marteau,  199. 

Martin,  704. 

Marlin-Solon,  99,  785. 

Martinet  (L.),  580,  053. 

Martini,  805. 

Maruchi,  710. 

Masars  de  Cawlcs,  76. 

Mascagni,  033. 

Malher,  333. 

Mathieu,  791. 

Mallhiole,  798. 

Mauchart  (David),  155. 

Mauche,  306. 

Maunoir,  810. 

Mauriceau,  762. 

May  (Franc),  778. 

Mazet,  G69. 

Mead  (I!.),  702. 

Medicus  (C),  790. 

Muhlis  (Gduardus),  254. 

Mélier,  670. 

Melle  (de),  54. 

Mellin,  777. 

Mélot,  529. 

Ménard,  55. 

Méplain.  132. 

Murât  (P.-V.),  193,  207,  502, 

794. 
Mercier,  448. 
Mercier.  (J  ),  436. 
Mercurialis  (Hieron.),  45,   798. 
Merk,  89. 

Mermann  (Thomas),  305. 
Mery,  287,  757. 
Mesnet,  599. 
Michaud    196. 
Michel    53. 
Michels,  29. 
Milcent,  652. 
Milford  (Matthew),  282. 
Miller  (Erasme),  270. 
Mirant,  24. 
Modeer  (Adolph.),  35. 
Mœnnich,  56. 
Mùinich.-n  (H.  M   a),  635. 
Moissenel  (G.),  568. 
Molinclli,  189. 
Moll  de  Vienne,  56. 
Molyneux  (R.),  747. 
Monceau  (du),  306. 
Mondière  (J.-B.),  55,  5G,  177. 
Mongeal,  97. 
Mongeny,  783. 
Mongin,  720. 
Monncrel,  439. 
Monod,  379. 
Monsler,  680. 
Montagu  (Georges),  37. 
Monlano,  45. 
Montansey,  655. 
Montgomery-Martin,  81. 
Moulin  (Lorenz),  250. 


Mudro  (.<".),  7H3. 
Mooro  (de  Oubli  ),  798. 
Moquin-Tandon  (\  )   t.xxxtx. 
Morand,  351. 
More.i!i,  764. 
Moroau  (Arm.),  97. 
Moreaufde  Vilry),  531. 
Morehead  (C),  705. 
Morel-Lavallée.  495. 
Morgagni     (J.-B.),    140,    335, 

349. 
Morgan  (John),  732. 
Moricr,  28. 
Morrah  (Michel),  651. 
Moublet,  274,  278. 
Moulcnq,  115. 
Moulin,  791. 

Moulinié  (.le  Bordeaux),  048. 
Moulinic  (J.-J.),  m. 
Mûller  (J.),  535. 
Mùller  (O.-Fr.),  82. 
Mundella  (Aloysus),  305. 
Musgrave,  501,  708. 
Myrcpsus  (Xicol),  40. 

N 

Nashuys,  507. 

Nasse  (Herm.),  257. 

Nalhusius,  14. 

Nallercr,  272. 

Navier,  765. 

Neucourt,  378. 

Nicholls  (Frank),  27. 

Nicolaï,  495. 

Niebuhr  (Carsten),  704. 

Niemann,  022. 

Nitert  (Gérard),  96. 

Nivet,  659,  661. 

Nonat,  450. 

Nordmann  (Alexandre  de),  733. 

Noufler,  791. 

Numan  (A.),  33,  749. 


Obre,  514. 
Odier  (L.),  84,  795. 
Oke,  702. 
Olio  (DalP),  122. 
Ollivier  (d'Angers),  670. 
Olombel,  59. 
Oppolzer,  154. 
Oribaze,  40,022. 
Otto,  335. 
Owcn  (H.),  073. 
Owen  liées,  576. 
Ozann,  810. 


Pacheco  (Pierre),  304. 
Pallas  (P.  S.),  0,  8,  350. 
Panaroli,  581. 
Panlhot,  337. 
Paracelse,  778. 


l'arc  (Ambr.),  304. 

Park,  517. 

Parnicnlicr,  535. 

Parlridge,  252. 

Pascal  (Fr.),  209,  307,  50G. 

Passerai  de  Lacliapellc,  795. 

Palcrson  (George),  780. 

Talon,  704. 

Paul  d'JÉginc,  40,  45. 

Paulli'nus  (Cli.-F.),  770. 

Pearock,  447,  798. 

reclilin  (J.-N),  230. 

Peequct,  230. 

Pelli  nri  (Giorgio),  108. 

Pcmberton  (Chr.-Rob.),  305. 

Pcnn  Harris  (J.),  319. 

Percival,  747. 

Pore,  700. 

Percbojni,  297. 

Perrault,  250. 

Pcrrin,  477. 

Pcrrin,  30. 

Pcrrin,  512. 

Perron,  099,702,721. 

Pescliier,  787. 

Pelerka  (.).),  35. 

Pelit  (de  Lyon),  123. 

Pélrcquin,  57. 

Peyronie  (De  la),  337. 

Peysson,  337. 

Pidoux,  593. 

Pigné,  103,  030. 

Piïlon  (A.),  414. 

Pinault,  491. 

Pinant,  434. 

Pinel,  50. 

Pinnoy  (P.),  187. 

Piorry  (P.-A.),  387,  388. 

Planlcovius,  301 . 

Plaler  (P.),  72,  350,  508. 

Pline  (G.),  40. 

Plularque,  697. 

Polisius  (J.-S  ),  327. 

Porlal,  739 

Porte  (De  la),  494. 

Postel  de  Francière,  102. 

Pouchet,  65. 

Pouppé-Desportes,  124. 

Poussin,  199. 

Powel,  507. 

Prange,  782. 

Prcslat,  47. 

Pricc  (David),  399. 

Pringlc,  127. 

Prost,  53. 

Primer  (F.),  710,  800. 

Pujol,  351. 

Purkinge,  9. 

Pulello,  59. 


Quatrefages  (de),  XXXIV. 
Qucttier,  100. 


INDEX  BIBUOGUAPHIQUE, 
XL 

r,aikem,  034,  738. 

Rainey,  22,  05,  670. 

Raisin  (de  Cacn),  794. 

Raisin,  282. 

Ramazzini,  704. 

RamsgiH,  798. 

Raspail(F.-V.).  771. 

Rau'iii  (Joseph),  12. 

Rayer  (P.),  Mal.  des  reins,  270. 

—  Arch.  méd.  comp..  5. 

—  Trav.div.,  24,  35,  7G, 
258,  329,  583,  593,  086. 
733,  801. 

Rayger  (Cliarlc.-),  268. 

Read,  33. 

Récamicr,  509,  586. 

Redi  (Franccsco),  22  i,  683. 

Rehrs,  644. 

Reinlein,  7. 

Remak,  259. 

Renier  (Guillaume),  302. 

Rendtorff,   653. 

Renodœus  (Joan.),  325. 

Requin,  10. 

Reusner,  773. 

Revest,  58. 

Revolet,  57. 

Rey,  247. 

Rcydellet,  669. 

Reynal,  385. 

Reynal  (d'AIforl),  28,  638. 

Reynaud  (A.),  344. 

Reynders,  33. 

Rhazès,  698. 

Rhind,  24. 

Rhodes  (J.-B.),  752. 

Rhodius  (John),  732. 

Ribes,  430. 

Richard  (A.),  607. 

Richter  (G.),  141,  487. 

Ricord  (Pli.),  538. 

Riedlin,  507. 

Riem,  638. 

Rilliet,  135. 

Riolan,  325. 

Rippatilt,  527. 

Rivière  (Lazare),  188,  763. 

Robert  (de  Lanyres),  58. 

Robert,  539,  570,  601. 

Robillier,  601. 

Robin  (Cli.),  448,  034,  707. 

Robin,  95. 

Roche-Lubin,  750. 

Rocheld'Héricourt,  90,784. 

Rodet,  748. 

Rœderer,  11,  90,  200. 

Roesler  (Ch.),  203. 

Rokilansky,  401,  404. 

Rôll,  xxxvt. 

Rolland,  53. 

Romans,  130. 

Rombeau,  507. 

Romberg,  602. 

Rondelet,  305. 


821 

Ronsseus  (Balduinus),  10. 
Ronssif,  778. 
Rontet,  112. 
Roscn  de  Rosenstein,  5. 
Rossi  (?.),  543,  739. 
Roslan,  442,  651. 
Rouppc,  702. 
Roussin,  552. 
Roux,  519,  759. 
Roux  de  Brignolles,  494. 
Roycr  (de  Joinville),  188. 
Rudolphi    (Car.   Asm.),    Enl. 
hist.,  5. 

—  Eut.  syn.,  35, 

—  7,rav.rfjy.,253,330,748. 
Rullier,  97,  794. 

Russel,  530. 
Russel  (J.),  580. 
Ruysch  (Fred.),  26,  273. 


S 

Sabalier,  335. 

Saint-Laurens  (G  ),  202. 

Salalhé,  95. 

Salmulhus,  198. 

Saller  (H\de),  373. 

Saner,  810. 

Sanguens  (P  ),  770. 

Sarramea,  783. 

Saulsay  (Nicolais  du),  126. 

Saussicr,  477. 

Sauvages  (de),  50. 

Savaresi,  127. 

Scaliger,  305. 

Scaipa,  335. 

Scliachcr  (Polycarp.  Gottl.),287. 

Schàfler,  236. 

Scharffius,  762. 

Schelgvigius  (Samuel),  286. 

Sibenck,  100. 

Schilling,  9. 

Schimper,  785. 

Schleifer,  57. 

Srhleisner,  382. 

Schloss,  175. 

Schmidt  (Adam),  536. 

Schmidlmann,  59. 

Sclimidtmiiller,  XXXI. 

Schmucker  (J.  Leberccht),  782. 

Schneider,  761. 

Schott,  736. 

Schrœterus  (Carol.),  56. 

Schubart,  XLIII. 

Schultze  (de  Daidcsheim),  802. 

Schulzc  (J  -H.),  329. 

Scott  (W.),  507. 

Scribonius  Largus,  40. 

Sédillot,  185. 

Seeligcr,  782. 

Séger,  306. 

Senac  (de),  337. 

Sénac,  492. 

Sennert  (Daniel),  123. 

Sérapion  (J.),  41. 


X22 

Serres  (E.  i\.),.\uai.ccrv.,nGG 
—     Trav.  div.,  53,  703. 

Serres  (B.),  340. 

Setlcn  (Van),  748. 

Shatluck,  381. 

Sibillo,  520. 

Siblol,  54. 

Sichel,  032. 

Sick,  748. 

Siebold  (Cari.  Theod. von), XXXIV 
82,  115,  382. 

Sigaull  (8.-1''.),  87. 

Sillanus,  43. 

Sillol(de),  274. 

Sinimons,  443. 

Simon  (Max.),  411. 

Slabber,  143. 

Scenimering,  736. 

Solenander  (Reiner),  201. 

Sonnié  Moret,  413. 

Sorbier  (J.-B -E.),  61. 

Soubeiran  (J.-L.),  615. 

Soulé,  546. 

Soye,  188. 

Spechlius,  306. 

Spencer  Wells,  805. 

Spengler,  805. 

Sperling,  273. 

Spigel  (Adrien),  45,  328. 

Spinola,  27. 

Spoering  (H.-D.),  114. 

Spon(J.),  301. 

Stahl,  55. 

Stedman  (Cli.),  702. 

Stegmann,  762. 

Sleinbuch,  627. 

Sterck,  272. 

Sterz,  60. 

Sthrobl,  806. 

Stoerck,  204. 

Stork,  761. 

Stromeyer  (Seb.),  301. 

Sue,  581. 

Suender,  59. 

Sumeire,  798. 

Suquet,  784. 

Swaim,  815. 

Swieten  (Van),  127. 

Svitzer,  680. 


Tarral  (Claudius),  388. 
Tenderini,  160. 
Théophraste,  39. 
Thibault,  208. 
Thomas  (De),  98. 
Thomson  (James),  124. 
Thompson,  384. 
Thompson  (R.),  504. 
Thompson  (Th.),  503. 
Thorarensen,  565. 


INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Tiedemann,  67i. 

Tieffenbacn,  507. 

Tocle,  507. 

Tonnelé,  150. 

Toumemine  (Jean  de),  761. 

Travers,  538. 

Travers  Cox  (William),  570. 

Treille,  159. 

Treutler  (Fréd.  Aug.),  324. 

Trincavella,  198. 

Trochon,  413. 

Tronchin,  790. 

Trousseau,  310. 

Tulp,  195. 

Turberville,  304. 

Turner,  448. 

Tulscbek,  86. 

Twining,  747. 

Tyson  (Edw.),  224,  349,  515. 


Ude  (C.  W.  F.),  634. 
Underwood,  768. 


Valenciennes,  xxxiv,  668,691 
Valentin  (G.),  10,  336,  673. 
Vallisneri  (Antonio),   75,    224 

770. 
Valsalva,  287. 
Vander  Haar,  550. 
Vander-Wiel,  9. 
Vassalli,  771. 
Vaughan,  785. 
Vega  (Christ.  A.),  350. 
Végèce,  223. 
Veiga  (Thomas  A.),  200. 
Veit(D.),  509. 
Velho  (Souza  de),  794. 
Velpeau,  Mal.  du  sein,  760. 

—       Trav.  </m>.,204,  544 

583. 
Velschius(G.-J.),  701. 
Verney  (Du),  287. 
Vieussens,  764. 
Vieusseux,  792. 
Vigla,  428. 
Vigney,  28. 
Virchow(R.),  93,  773. 
Vitrac,  499. 
Vivarès,  500. 
Vogel  (Rud.-Aug.),  777. 
Vogel  (J.),  674. 
Voisin  (Auguste),  610. 
Volcherus  Coiterus,  235. 
Vrayet,  145. 
Vulpian,  35,  260,  262,   2Q4 

306. 
Vy  (Van),  550. 


W 

Wagler,  11,  206. 

Wagner  (E.),  293. 

Wagner  (Reinhold),  702. 

Wahlbo.ii,  54. 

Waldingcr,  35. 

Walshe  (W.-H.),  401. 

Wanderbach  (Pierre),  197. 

Warthon,  534, 

Warlhon  Jones,  738. 

Watson,  731. 

Watts,  433. 

Wawiuch,  47. 

Webstdr,  (F.-W),  553. 

Wechers,  55. 

Wedekind,  141. 

Wedel,  286. 

Weigel,  505. 

Weikard,651. 

Weisse,  91. 

Weitenkampf,  535. 

Welsch  (Chr.-Lud.),  327. 

Werlhove,  96. 

Wepfer   (J.-J.),  H,   53,  237, 
623,  629,689,  695. 

Wemer  (l'.-Ch.-F.),  7,  627. 

Wichmann  (Joh.-Ernst),  768. 

Wickham  (W.-J.),  553. 
Wierus  (Galenus),  157. 
Wierus  (Joan.),  157. 
Wiesenthal,  37. 
Willius  (Nicolas),  195. 
Willius  (J.-Valenlin),  236. 
Winslow,  144. 
Wilhey  Gull,  88. 
Wittcke,  807. 
Wolckerus,  351. 
Wolff(Ido.),  689. 
Wolff  (Je  Bonn),  794. 
Wollgnad,  201. 
Wolphius  (Gaspard),  12. 
Wood,  53. 

Wood  (H.)  (de  Bristol),  682. 
Wurfbain  (J.-P.),  651. 
Wunderlich  (C.-A.),  399. 
Wyman  (Jeffries),  230. 


Yelloly  (J.),  652. 
Yvart,  668. 


Zacutus  Lusitanus,  281. 
Zeder,  645. 

Zeviani  (Giov.-Nevardo),  338. 
Zimmermann,  47. 
Zimmermann  (de  Hamm),  805. 


TABLE   ALPHABETIQUE 

DES   MATIÈRES. 


ABCÈS  (distomes  dans  un),  317.  —  du 
foie  causé  par  des  lombrics,  165.  — 
communiquant  avec  une  vomique,  169. 

—  ouvert  à  l'extérieur,  171,  173.  — 
par  congestion  (lombrics  sortant  par 
un),  204. 

ABDOMEN  (hydatides  de  1'),  454. 

ABDOMINALE  (kyste  hydatique  ouvert  à 
travers  la  paroi),  §07.  Hydatides  de  la 
paroi  — ,  545.  Strongle  géant  dans  la 
cavité  — ,  288. 

ABYSSIN1E  (fréquence  du  ténia  en),  90. 

ACANTHOCÉPHALES  (type  des),  lv. 

ACANTllOTHÈQUES(Lype  des),  LXXXVI. 

ACCOUCHEMENT  naturel  et  sans  douleur 
dans  la  paraplégie  causée  par  des  hyda- 
tides, 670.  —  rendu  impossible  par  une 
tumeur  hydatique,  517. 

ACCUMULATION  de  vers  dans  l'intes- 
tin, 14.  —  des  lombrics,  121.  —  de 
différents  vers,  en  Egypte,  210. 

ACÉPHALOCYSTE  (genre),  XVI.  — endo- 
gène, exogène,  xvi,  356,  617.  — 
historique,  354. 

ACÉPHALOCYSTIS  racemosa,  xci,  357; 

—  plana,  357. 

ADHÉRENCES  (signes  d')  entre  un  kyste 
du  foie  et  la  paroi  abdominale,  613. 

ADVENTICES  (vers  des  cavités  séreu- 
ses), 343. 

AFFECTIONS  vermineuses  suivant  les 
organes  (voy.  la  Table  méthodique). — 
sympathiques  causées  par  les  vers  des 
intestins,  53,  104,  132.  —  vermineu- 
ses, leur  caractère,  60.  —  vermineuses 
chez  les  animaux  domestiques,  223. — 
vermineuses  imaginaires,  61,  773. — 
universelles,  763. 

AFRIQUE  (vers  cestoïdes  en),  85.  —  Fi- 
laire  de  l'homme  en —  703,  704,  note. 

AGE  condition  de  la  fréquence  des  entozoai- 
res,  7,  12,  48,  207.  Vers  des  bronches 
dans  le  jeune  — ,  29.  Ténia  solium 
suivant    1' — ,    97.    Lombrics    suivant 


1' — ,123.  Trichocéphale  dispar  suivant 
1' — ,  207.  Oxyure  vermiculaire  suivant 
1' — ,  210.  Fréquence  des  hydatides 
suivant  1'  —  ,  379.  Anévrysmes  vermi- 

— neux  suivant  1' — ,  333.  Cœnure  suivant 
1'—,  638. 

AGNEAU  (cas  de  vers  chez  1'),  12. 

AIGLE-BAR  (tumeur  vermineuse  de  1'), 
261. 

AIL,  781. 

AINE  (hydatides  dans  1').  Filaire  dans 
1'  —  ,  724.  Lombrics  sortant  par  1' — 
191,  195,  200.  Ténia  sortant  par  1'— 
114.  Tubercule vermineux de  1' — ,  695. 

ALBUMINE  (absence  d'),  signe  d'un  kyste 
hydatique,  372. 

ALIBERT  (méthode  d'),  789. 

ALIÉNATION  mentale  (voy.  Intelligence). 

ALIMENTATION  végétale ,  non  favo- 
rable à  la  propagation  du  ténia,  89. 

ALOÈS,  781.  —  contre  les  vers  de 
l'œil,  749. 

ALSTON  (méthode  d'),  778. 

ALTERNANTE  voy.  Génération. 

AMAUROSE  causée  par  les  vers  de  l'in- 
testin, 57.  — causée  par  le  ténia,  109. 
—  déterminée  par  des  cysticerques  de 
l'œil,  740. 

AMÉRIQUE  (vers  cestoïdes  en),  87. 

AMPHISTOME  (genre),  liv. 

AMPHISTOMUM  conicum,  liv. —  crume- 
niferum,  liv.  —  truncatum,  liv. 

AMYGDALE  (hydatide  de  1'),  539.  Tri- 
chocéphale dans  1' — ,  206. 

ANATOMIE  pathologique  relative  aux 
lombrics,  134;  au  distome  hépa- 
tique, 239,  317;  au  distome  hœma- 
tobie,  313  ;  aux  vers  des  artères,  330  ; 
à  l'anchylostome  duodénal,  118;  aux 
tumeurs  hydatiques,  362,  375,  618  ; 
aux  cysticerques,  620  ;  au  tournis,  639; 
aux  hydatides  du  cerveau,  647  ;  au 
strongle  géant,  272  ;  aux  vers  de  l'œil, 
734,  739,  744. 

ANCHYLOSTOME  (genre),  LXXXU. — 
duodénal,  lxxxii,  117. 


82/i 


TABLE  ALPHABÉTK 


ANCIENS,  leurs  connaissances  sur  les  vers 
intestinaux,  39,  223,  «22,  697.  Ou- 
vrages des  —  qui  traitent  des  vers 
intestinaux,  39,  223. 

ANE  (voy.  Cheval,  Solij)èdes.) 

anévrysme  vermineux,  329. 

ANIMALCULES,  causes  de  maladies  con- 
tagieuses, 769. 

ANIMAUX  domestiques  (voy.  la  Table 
méthodique).  Traitement  des  vers  de 
l'intestin,  234,  811. 

ANIMAUX  sauvages  (  liydatides  chez 
les),  618.  Cysticerques  chez  les  — , 
621 .  Cœnure  chez  les  — ,  634.  Stron- 
gle  géant  chez  les  —,  287.  Nématoïdes 
du  rein  chez  des  — ,  293.  Tubercules 
vermineux  chez  les — ,  684,  695. 

ANTAGONISME  du  ténia  et  du  bothiïocé- 
phale,  78  (voy.  Association). 

ANTHELMINTHIQUES  ,  218.  Inutilité 
des  —  contre  un  cestoïde  réduit  à  un 
court  fragment,  pourquoi,  220.  Inuti- 
lité des  —  comme  moyen  prophylac- 
tique, 221  .Expériences  sur  la  vertu 
des  — ,  776  (voy.  Vermifuges). 

ANTIMONIAUX,  777. 

AORTE  (tubercules  vermineux  de  1'),  689. 

APHONIE  causée  par  les  vers  intesti- 
naux, 56,  109. 

ARABES,  leurs  connaissances  sur  les  vers 
intestinaux,  il  ;  leurs  connaissances 
sur  la  fllaire  de  l'homme,  698. 

ARMÉE  (vers  cestoïdes  dans  1')  française, 
83;  —  d'Algérie,  86. 

ARMÉES  en  campagne  (lombrics  dans 
les),  127. 

ARTÈRE  (voy.  Anévrysme  vermineux, 
Hématozoaires  du  chien).  —  Pulmo- 
naire (hydatides  dans  1'),  397. 

ASA  FOETIDA,  781,  contre  les  distomes, 
781  ;  contre  les  vers  des  bronches,  33; 
contre  la  filaire,  731. 

ASCARIDE  (genre),  lxiii. 

ASCARIDE  LOMBRICOIDE,  LXiv.  Déve- 
loppement de  l'œuf  de  1' — ,  lix, 
LXW.  Dénominations,  120.  Histoire  pa- 
thologique de  1' —  (voy.  la  Table  mé- 
thodique). Fréquence  dans  les  pays 
chauds,  124.  Observations  d'affections 
sympathiques  causées  par  1' — ,  53, 
1 32.  Hémorrhagie  intestinale  causée  par 
1' — ,  137.  Obstruction  intestinale  cau- 
sée par  ï — ,  139.  Question  des  perfo- 
rations produites  pari' — ,  175.  —  dans 
le  péritoine,  180.  —  perforant  le  tube 
digestif,  180.  —  dans  les  parois  de  l'in- 
testin, 204.  —  dans  des  tumeurs,  192. 


}UJE   DES  MATIÈRES. 

—  sortant  par  une  fistule,  1 92.  —  erra- 
tique dans  les  voies  urina  ires,  295.  — 
dans  le  vagin,  302.  — dans  un  sac  her- 
niaire, 204.  — dans  un  abcès  par  con- 
gestion, 204.  ■ —  dans  un  kyste  hyda- 
tique  du  foie,  172.  —  dans  les  régions 
sacrée  et  périnéale,  205.  Traitement 
de  1' — ,  221,  775.  ■ —  vermiculaire 
(voy.  Oxyure). 

ASCARIDES  et  cucurbilihi,  synonymes, 
42. 

ASCARIS  alata,  lxv. — conosoma,  slcplia- 
nosloma,  xci.  —  dispar,  i.xvi.  —  gib- 
bosa,  LXVI.  —  inflexa,  lxvi.  —  lum- 
bricoides,  lxiv.  —  maculosa,  lxvi.  — 
marginata,  lxvi.  —  megalocephata, 
lxv,  228.  —  myslax,  lxvi.  —  ovis, 
lxvi.  — perspicillum,  lxvi.  —  suilla, 
lxv.  —  vesicularis,  lxvi. 

ASIE  (vers  cestoïdes  en),  85.  Filaire  de 
l'homme  en  -  ,  704. 

ASSOCIATION  de  vers  d'espèces  diffé- 
rentes dans  l'intestin  de  l'homme,  47, 
210;  chez  les  animaux,  14- 

ASTHME  causé  par  les  vers  de  l'intes- 
tin, 58. 

ATIIÉROMATEBX  (kystes),  367,  618. 

AUTOMNE  (voy.  Saison). 

AXILLAIRE  (hydatides  de  la  région), 
543. 


B 


BACTERIUM  (genre),  V. 

BASSIN  (hydatides  des  os  du),  557.  Hy- 
datides du  petit  — ,  510. 

BAYLET  (méthode  de),  804. 

BECK  (méthode  de),  789. 

BÉGAYEMENT  causé  par  les  vers  intesti- 
naux, 56. 

BILIAIRE  (lombrics  dans  la  vésicule), 
159.  Hydatides  dans  la  vésicule  — , 
473,  481. 

BILIAIRES  (hydatides  dans  les  conduits), 
462.  Lombrics  dans  les  conduits —  156. 
Oblitération  des  conduits  — ,  479.  Vers 
des  voies, —  (voy.  la  Tableméthodique) . 

BOEUF  (entozoaires  du)  (voy.  Hydalide  ; 
Cœnure  ;  Cysticerque;  Ténia  ;  Distonte 
hépatique,  Dist.  lancéolé;  Amphistome  ; 
Ascaride  lombricoide  ;  Trichocéphale 
voisin  ;  Filaire papillée,  Fil.  lacrymale; 
Strongyle  radié,  St.  Filaire,  St.  mi- 
crure  ;  Strongle  géant  ;  Pentaslome 
denticulé).  Cysticerque  dans  le  cœur 
du  —  ,  xxiii.  Hydatides  dans  l'os 
iliaque  du  —  ,  619.  Vers  des  bronches 


TABLE   ALPHABÉTIQUE    DES   MATIÈRES. 


825 


chez  le  — ,  28.  Vers  des  voies  biliaires 
chez  le  — ,  235.  Strongle  géanl  chez 
le — ,  274,  2S7.  Vers  du  globe  ocu- 
laire chez  le  — ,  749.  Vers  sous  les 
paupières  chez  le — ,  752.  Vers  des 
conduits  lacrymaux  chez  le  —  753. 
Traitement  des  vers  de  l'intestin  chez 
le  —  813  (voy.  Ruminants). 

BOTHRIOCÉPHALE  (genre),  XLI.  —  du 
chat,  XLin  ;  du  chien,  xlih  ;  de  l'hom- 
me, xli,  76, 11 1 .  Dénominations,  111. 
Répartition  géographique,  80.  Propa- 
gation du — ,  87.  Sa  longueur  extraor- 
dinaire, 111.  —  rarement  rencontré 
à  l'autopsie,  111.—  ordinairement  soli- 
taire, 1 12.  —  héréditaire,  1 12.  Symptô- 
mes, 113;  durée,  113.  Cas  d'affections 
sympathiques  causées  par  le  —  (voy. 
Affections  sympathiques).  —  et  ténia 
chez  le  même  individu,  79.  Traitement, 
219,  775. 

BOTHRIOCÉPIIALÉS  (tribu  des),  XL. 

BOTHKIOCEPHALUSlatus,\u.  —  tro- 
picus,  xxxi- 

BOUCHE  (hydatide  de  la),  539. 

BOURDIER  (méthode  de),  790. 

BOURGEOISE  (méthode  de),  793. 

BRAS  (hydalides  du),  546. 

BREMSER  (méthode  de),  811. 

BREWER  (méthode  de),  7  82. 

BRONCHES  (affections  vermineuses  des), 
(voy.  la  Table  méthodique).  Kystes 
hydaliques  communiquant  avec  les  — 
chez  l'homme,  418,  420,  429,  443; 
chez  les  animaux,  619.  Hydalides  dé- 
veloppées dans  les  — ,  345. 

BRONCHITE  vermineuse,  31.  Traitement 
de  la —  32. 


C 


CACHEXIE  aqueuse,  241.  Caractères  de 
la  — ,241.  Quels  animaux  elle  atteint, 
211-  Symptômes  de  la — ,  241.  Causes 
de  la  — ,244,  246.  Répartition  géogra- 
phique, 244.  Épizooties  de  — ,  244. 
Rapports  de  la  —  avec  l'existence  des 
distomes,  216.  Traitement  de  la  — , 
248,781. 

CAILLOTS  fibrineux  pris  pour  des  vers, 
301,  325. 

CAMPHRE,  782. 

CANAL     nasal  (lombric   dans    le),  144; 

CANARD  (voy.  Oiseaux  de  tasse-cour). 

CANCER  occasionné  par  des  hydatides, 
77  2. 

CANINE  fhydatide  de  la  fosse),  538. 


CARTILAGE,  valeur  de  ce  mot  appliqué 

aux  hydatides,  352. 
CATALEPSIE  par  des   vers   intestinaux, 

54. 
CAUSTIQUES  (ouverture  des  kystes  hy- 

datiques  par  les),  584. 
CAVITÉS     séreuses  (  affections    vermi- 
neuses des)  (voy.  la  Table  méthodique) . 

Nématoïdes  des  —,  343.  —  n'ont  pas 

toutes  des  vers  vésiculaires,  343;   — ■ 

adventives,  346. 
CÉCITÉ  causée  par  les  vers  intestinaux, 

57,  109. 
CELLULAIRE  (affections  vermineuses  du 

tissu),  696.  Tissu  —  des  entozoaires, 

xcii. 

CERCAIRE,  XLVJ1. 

CERCOMONAS  (genre)  vi.  —  de  l'hom- 
me, vi.  Pathologie,  67. 

CERCOSOMA,  XCI. 

CERVEAU  (vers  vésiculaires  du),  636. 
Cas  d'hydatides  dans  le  —  651.  Cysti- 
cerques  du  —  chez  l'homme,  656;  chez 
le  chien  et  le  porc,  643. 

CERVELET  (cas  d'hydatides  dans  le), 
653,  654. 

CESTOÏDES  (type  des),  vm;  —  de  l'in- 
testin de  l'homme  (voy.  la  Table  mé- 
thodique). —  à  anneaux  perforés,  76. 
Association  de  deux  espèces  réputées 
antagonistes,  78.  —  erratiques,  114. 
Traitement  des  — ,  219,  775. 

CÉVADILLE,  782. 

CHABERT  (remède  de),  811. 

CHAMBRE  antérieure  de  l'œil  (vers  delà), 
735,  744,  745,  747,  749. 

CHAMEAU  (voyez  Echinocoque,  Cœnure, 
Dislome  hépatique,  Strongyle  filaire). 

CHARBON  végétal,  783. 

CHABCUTIERS  sujets  au  ténia,  89. 

CHARTREUX  exempts  de  vers  cestoïdes, 
7. 

CHAT  (entozoaires  du)  (voyez  Ténia, 
Bothriocéphale,  Distome  lancéolé,  Am- 
phislome,  Ascaris  mystax,  Dochmius 
Tvbœformis  ,  Pcntastomum  denticulû- 
tum).  Transformations  du  tôniaduchat 
en  cystieerque  de  la  souris,  xxxvn. 
Bothriocéphale  chez  le.  —  Corpuscules 
géminés  dans  les  villosités  intestinales 
du  — ,  259.  Cas  de  vers  chez  un  jeune 
— ,  11.  Distomes  dans  les  conduits 
biliaires  chez  le  — ,  237.  Vers  des  voies 
digestives  chez  le — ,  231. 

CHEVAL  (entozoaires  du)  (voyez  Cysti- 
eerque ;  Ténia;  Distome  hépatique; 
Oxyvris  curvula  ;  Ascaride  mégalocé- 


82(5 


TABLE   ALPHABÉTIQUE    DES  MATIÈRES. 


plialc  ;  Spiroptère  mégaslome ;  Pilaire 
lacrymale;  Filaria  papillosa;  Sclé- 
roslome  armé,  guadridenté  ;  Strongyle 
micrure;  Strongle  géant;  Nématoide 
indéterminé;  Pentaslome  ténioide).  Vers 
dans  les  fosses  nasales  chez  le  —,  23. 
Vers  dans  les  bronches  chez  le  — ,  28. 
Vers  des  voies  digestives  chez  le  — , 
227.  Vers  dans  les  vaisseaux  sanguins 
chez  le  — ,  328.  Strongle  géant  chez  le 
—,  272,  287.  Hydatides  chez  le  — , 
618.  Tubercules  vermineux  du — ,  69 1 . 
Vers  dans  l'œil  chez  le  — ,  733,  745. 
Vers  des  conduits  lacrymaux  chez  le  — , 
753. 

CHÈVRE  (entozoaires  de  la)  (voyez  Cys- 
ticerque  des  ruminants,  Distome  hépa- 
tique, Strongyle  veineux,  Sir.  plaire, 
Doclimie,  Pentaslome  denliculé).  Tuber- 
cules vermineux  chez  la  — ,  695. 

CHIEN  (entozoaires  chez  le)  (voyez  Cys- 
ticerque  ladrique ,•  Ténia,  Dolhriocé- 
phale,  Holostome,  Nématoide  du  rein, 
Ascaris  marginala,  Spiroptère  ensan- 
glanté, Trichosomum  plica ,  Trichocé- 
phale  déprimé  ;  Filaria  medinensis , 
trispinulosa,  Filaire  hémalique,  Doch- 
mie  trigonocéphale ;  Strbngle  géant; 
Nématoide  indéterminé  ;  Pentaslome 
ténioïde).  Cas  de  vers  chez  un  jeune  — , 
12.  Vers  dans  les  fosses  nasales  chez  le 
— ,  23.  Vers  des  voies  digestives  chez 
le  — ,  231.  Épizootie  vermineuse  chez 
le  — ,  232.  Ver  indéterminé  dans  le 
rein  du  — ,  294,  Strongle  géant  chez 
le — ,267,286.  Hématozoaires  chez 
le  ' — ,  336.  Anévrysme  vermineux  chez 
le  — ,  335.  Cysticerque  ladrique  dans 
le  cerveau  chez  le  — ,  643.  Sous  la 
conjonctive  chez  le  — ,  752.  Tubercules 
vermineux  chez  le  — ,  684.  Filaire  de 
l'homme  chez  le  —,  715.  Traitement 
des  vers  chez  le  — ,  813. 

CHLOROSE  d'Egypte,  118. 

CHLORURE  de  soude  ,  contre  les  hy- 
.  datides,  563. 

CHOLÉRA  (monadiens  dans  le),  289.  Vi- 
brioniens  dans  le- — ,  65.  Cercomona- 
diens  dans  le  — ,  64,  67. 

CHORÉE  par  des  vers  intestinaux,  55. 

CITROUILLE,  783. 

CLIMAT,  influence  sur  l'existence  ou  la 
fréquence  des  entozoaires,  4  ;  sur  l'exis- 
tence de  la  filaire  de  l'homme,  705, 
713;  surlafréquence  des  lombrics,  124. 

CLOSSIUS  (remède  de),  813. 

COCHON  (voy.  Porc). 


COECUM  (perforation  du)  par  des  lom- 
brics,  18i,   185. 

COENUBE  (genre),  XVII.  634.  Rapports 
du  —  avec  l'hydatide,  xvm.  Transfor- 
mations du  —  en  ténia,  xix,  xxxm.  — 
ohez  l'homme,  64i.  —  dans  la  moelle 
épinière,  667  (voyez  Tournis). 

COEUR  (hydatides  dans  les  parois  et  les 
cavités  du)  ,  393.  Cysticerque  dans 
lu  —  chez  les  animaux,  xxm,  623. 
Cas  de  cysticerque  dans  le  —  chez 
l'homme,  628.  Strongle  géant  dans  le 
— ,  288  (voyez  Hématozoaires  fictifs  ; 
Hématozoaires  du  chien). 

COL  (kystes  hydatiques  du),  539. 

COLIQUES  causées  par  les  vers  de  l'in- 
testin, 58. 

COMA  par  des  vers  intestinaux,  54. 

CONJONCTIVE  (cysticerque  ladrique  sous 
la),  632.  Cas  de  filaire  sous  la — ,  719. 
Cas  de  cysticerque  sous  la  —  chez  le 
chien  et  le  porc,  752. 

CONSTITUTION,  influence  sur  l'existence 
ou  la  fréquence  des  entozoaires,  14  ; 
influence  sur  la  fréquence  des  lom- 
brics, 123. 

CONTAGIEUSES  (affections  vermineuses), 
769. 

CONTAGION,  son  influence  sur  l'existence 
des  vers,  1  4. —  des  vers  des  bronches, 
29. — de  la  filaire  de  l'homme,  712. 

CONTRÉES,  existence  ou  fréquence  des 
entozoaires  suivant  les),  3.  Lombric 
suivant  les  —,  124  ;  trichocéphale  sui- 
vant les — ,208;  oxyure  suivant  les — , 
210;  distome  suivant  les  — ,  244; 
strongle  géant  suivant  les  — ,  269  ;  hy- 
datides suivant  les — ,  3S1  ;  cysticer- 
ques  suivant  les  — ,  626,  631. 

CONVULSIONS  générales  par  des  vers 
intestinaux,  54.  Observation  des  con- 
vulsions générales  par  des  lombrics, 
132,  133. 

COQ  domestique  (voyez  Oiseaux  de 
basse-cour). 

CORALLINE  officinale,  798. 

CORPS     vitré   (cysticerques    du)  ,    740. 

COUSSO,   784. 

CRINONS,  224,  334.  —  chez  les  petits 
enfants,  773. 

CRISTALLIN  (vers  du),  734. 

CUCURBITIN  (voy.  Progloltis). 

CUCURBIT1NI  et  ASCARIDES  syno- 
nymes, 42. 

CUCURBITINS  regardés  comme  une  es- 
pèce particulière  devers,  41.  Opinions 
des  anciens,  des  Arabes,  des  moderne? 


sur  la  nature  des — ,  77. 
confondus  avec  les  — ,  237 
confondus  avec  les — ,  77. 

CUISINIERS  sujets  au  ténia,  89. 

CUISSE  (hydatides  de  la),  547. 

CYANHYDRIQUE  (acide),  777. 

CYSTICERCUS  fischerianus,  xxi.  —  di- 
cystus,  xxi.  —  elongatus,  xxm.  — 
fistularis,  xxm.  —  pisiformis,  xxm, 
xxxiv. — tenuicollis,  xxm,  xxxiv. — 
cellulosœ  (voy.  C.  ladrique). 

CYSTICERQUE  (genre),  xx.  Altération 
chez  le  — ,  xx.  —  des  ruminants, 
xxm.  —  du  lièvre,  xxm.  —  du  cheval, 
xxm.  —  du  chien,  de  l'homme,  du 
porc,  xxi.  —  historique,  347. 

CYSTICERQUE  ladrique,  xxi,  xxxiv. 
Altérations  du — ,  XXII,  657.  Espèces 
ou  variétés  du — ,  xxi.  Expériences  sur 
la  transformation  du—  en  ténia,  xxvn. 
Historique  du  —  chez  le  porc,  622  ;  — 
chez  l'homme,  627.  Fréquence  suivant 
les  contrées  chezl'homme,  631. —  dans 
divers  organes  chez  l'homme,  632.  — 
dans  le  cœur  chez  l'homme,  628.  — 
dans  le  cerveau  chezl'homme,  656.  — 
dans  l'œil  chez  l'homme,  736,  740.  — 
dans  les  poumons  de  l'homme,  629. 
Généralisation  du  — ,  630.  Lésions  pa- 
thologiques occasionnées  par  les  — , 
620.  —  rendus  avec  l'urine,  535.  — 
Animaux  sujets  au  — ,  621.  Distribu- 
tion géographique,  626,  634. 


D 


DACTYLIUS  (genre),  lxxxv.  —  aculea- 
tus,  lxxxv,  291. 

DAIM  (vers  des  bronches  chez  le),  28. 

DARBON  (remède  de)  ,  814. 

DÉNOMINATIONS  des  vers  intestinaux  en 
général,  38  ;  chez  les  anciens,  39  ; 
chez  les  Arabes  et  leurs  successeurs, 
41. —  primitives  des  cestoïdes,  72, 
74.  —  du  ténia  solium,  93.  —  des 
cucurbitins,  94.  —  du  bothriocéphale 
large,  111.  —  de  l'ascaride  lombri- 
coïde,  120.  —  du  trichocéphale  de 
l'homme,  205.  —  de  l'oxyure  vermi- 
culaire,  209,  636.  —  de  la  filaire 
de  l'homme,  696.  —  des  vers  intesti- 
naux, d'après  Chabert,  224.  —  du 
distome  hépatique,  238.  —  des  vers 
vésiculaires,  358.  —  de  la  cachexie 
aqueuse,  241.  —  de  la  ladrerie,  622. 
—  du  tournis,  636. 


TABLE   ALPHABÉTIQUE   DES    MAT1ÈKES 

Distomes 
Oxyures 


827 


DENTAIRE  (bacterium  du  tartre),  v. 

DÉSAULT  (méthode  de),  780. 

DÉSERTS,  peu  favorables  à  la  propaga- 
tion des  vers,  6. 

DESLANDES  (méthode  de),  793. 

DIAGNOSTIC  des  hydatides,  386. — des 
vers  de  l'intestin,  52.  —  du  trichocé- 
phale dispar,  209.  —  du  strongle 
géant,  275. 

DIAGNOSTIQUES  (signes)  des  adhérences 
d'un  kyste  du  foie  avec  la  paroi  abdo- 
minale, 615. 

DIARRHÉE  (paraméciens  dans  la),  67. 
Vibrioniens  dans  la  — ,  64,  66. 

DIACANTHOS  polycephalus,  xci. 

DIBOTHR1US  (genus),  xli.  —  decipiens, 
xliii.  —  serratum,  xliii. 

DIGESTIF  (tube)  (voy.  Estomac,  Intestin). 

DINDON  (voy.  Oiseaux  de  basse-cour). 

DIOCTOPHYME,  269. 

DISTOME  (genre),  xlix.  —  hépatique, 
XLix,  235,  238.  —  lancéolé,  L,  238. 
Variété  de  l'homme,  LI.  —  hétéro- 
phye,  li.  —  hœmatobie,  LU,  312.  — 
ophthalmobie,  lui.  —  de  la  bourse  de 
Fabricius,   lui.    —   dans   un  œuf,  9. 

—  dans  le  fœtus  du  mouton,  9.  — 
dans   le    sang   (voy.    Hématozoaires). 

—  dans  l'œil,  735.  —  dans  les  voies 
biliaires  (voy.  Table  méthodique).  Chez 
quels  animaux  existe  le  —  hépatique, 
237.  Diagnostic   de  sa  présence,  243. 

—  dans  la  veine  porte,  315.  —  dans 
des  tumeurs,  317.  Traitement  du  — , 
249,  781 .  OEufs  de  —  formant  une  tu- 
meur, 261.  OEufs  de  —  dans  la  moelle 
épinière,  10. 

DISTOMIDES  (sous-ordre  des),  xliv.  Or- 
ganisation des  — ,  xlv.  Génération 
des  — ,  xlvi.  Mœurs  des  — ,  xlvii. 

DISTOMUM  ovatum  ,  lui.  —  lineare  , 
lui.  —  dilatatum,  lui.  —  echinatum, 
lui.  —  oxycephalum,  lui. 

DITRACHYCEROS  rudis,  xci. 

DIVISION  de  l'ouvrage,  18. 

DOCHMIE  (genre),  lxxv.  —  hypostome, 
Lxxv.  —  trigonocéphale ,  lxxvi.  — 
dans  le  système  sanguin,  339. 

DOCHMWS  tubœformis,  lxxvi. 

DOULEURS  violentes  et  générales  causées 
par  les  vers  intestinaux,  56. 

DRAGONNEAU  (voy.  Filaire  de  l'homme). 

DROMADAIRE  (voy.  Chameau). 

DUBOIS  (méthode  de),  790. 

DYSENTERIE  causée  par  les  vers  de  l'in- 
testin, 58.  —  vermineuse  épidémique 
(lombrics),  126,  765. 


828 


TAW.Ii    AU'lIAIilJTKH  JE    liES   MATIKKKS. 


e 


EAU  froide,  7~7 . 

ECHINQCOQCE  (genre?),  jui.  Rapports 
de  1' —  avec  l'Iiydalide,  xiv,  355.  Hy- 
da tiiles  sans  — ,  xvi,  354.  Espèces, 
xvu.  Développement  de  1" —  en  ténia, 
XXXV.  —  dans  l'intestin  de  l'homme 
devient-il  un  ténia?,  xxxvn. 

EGHINOCOQUES  (découverte  des)  chez 
les  animaux,  352.  —  chez  l'homme, 
353.  Figure  des  crochets  d' — ,  392. 
—  dans  des  hydatides  rendues  par  les 
selles,  503.  —  dans  des  matières  ex- 
pectorées, 452. 

ECHINORHYNQUE  (genre),  lv. 

ECHYNORHYNQUE  géant,  LV1.  Lésions 
pathologiques),  230. 

EGYPTE  (vers  observés  en)  (voy.  Ténia 
nain,  Anchylostome ,  Distome  hœmalo- 
bie,  I).  hélérophye,  Filaire de  l'homme, 
Pentaslomum  conslrivtvm). 

ÉLEP11ANTIASIS  causé  par  des  vers , 
772. 

ÉLECTRICITÉ  contre  les  hydatides,  565. 

EMBRYON  (cas  des  vers  dans  1'),  9.  — 
de  ténia,  mode  de  progression,  xxxix. 

EMPYREUMATIQUE  (huile),  811. 

ENDOGÈNE,  exogène  (voy.  Acéphalo- 
cyste). 

ENCÉPIIALE  (cysticerque  dans  1'),  623, 
656.  Vers  en  rapport  avec  la  portion 
céphalique  de  1'  — ,  633.  Vers  en  rap- 
port avec  la  portion  rachidienne  de 
1' — ,  666.  Hydatides  dans  1' — ,  646. 

ENDÉMIE  des  vers  cestoïdes,  83.  — 
d'hydalides,  382. 

ENFANT  à  la  mamelle  (cas  devers  chczl'), 
11.  Cas  de  ténia  chez  1'  — ,  97 . 

ENFANTS  nourris  de  viande  crue  con- 
tractent le  ténia,  91. 

ENTOZOAIRES,  définition,  i.  —  intesti- 
naux, traitement,  216,  234,  775. 

ÉPIDÉMIES  de  ténia,  99.  —  de  lom- 
brics, 126.  —  delà  filaire  de  l'homme, 
713. 

ÉPIDÉMIQUES  (affections  vermineuses), 
764, 769. 

ÉPILEPSIE  (voy.  Êfileptiforme,   Intel- 
ligence). 
ÉPILEPTIFORMES    (attaques)    par    des 
vers  intestinaux,  54.  Observation  d'ac- 
cès —  par  le  ténia,  104. 
ÉPIPLOON    (kystes    hydatiques  de    l'J, 

487. 
ÉPISTAX1S  causée,     parle    ténia,  109; 
—  par  des  hydatides  du  foie,  457. 


épizootie  d'anévrysmes  vermineux , 
333.  —  de  vers  des  bronches,  26,  28, 
3i,  36.  —  vermineuse  chez  le  chien, 
232.  —  d'hydalides,  620.  —  causée 
par  des  vers  invisibles,  769. 

ERRATIQUES  (cestoïdes),  m.   _    (,|is. 

tomes)  chez  l'homme,  253.  lombrics , 

141,  296.  oxyures— ,  215.  strongle 
géant  —,  271,  288.  Vers  —  dans  les 
voies  urinaires,  294. 

ESTOMAC  (lombrics  dans  I"),  1 42.  Accu- 
mulation de  lombrics  dans  I'  —  après 
la  mort,  190.  Perforation  de  1'  —  par 
des  lombrics,  182,  185.  Oxyures  dans 
1' — ,  215,  694.  Kyste  hydatique  ou- 
vert dans  1' — ,  496.  Tubercules  ver- 
mineux de  r— ,  689,  691,  69i,  695. 

ÉTAlN,  778. 

ÉTÉ  (voy.  Saisons). 

ÉTHER  sulfurique,  786. 

EUROPE  (vers  cestoïdes  en),  81. 

EUSTRONGYLUS  (voy.  Slrongle). 

ÉVERRATION  pour  prévenir  la  rage,  773. 

EXPECTORATION  d'hydalides,  421, 
429,  449. 

EXPÉRIENCES  sur  la  transformation  des 
vers  vésiculaires  en  ténias,  xxv,  xxvn, 

NXXIII,  XXXVI,  XXXVII. 
EXPÉRIMENTATION    des   anthelminthi- 

ques,  775. 
EXPLORATRICE  (ponction),  391,  566, 

571. 
EXTIRPATION   des  kystes  hydatiques, 

610,  616. 


FACE  (hydatide  de  la),  384,  538.  Cysli- 

cerques  ladriques  delà — ,  633. 
FAIM  insatiable  causée  par  les  vers  de 

l'intestin,   53,   58     Observation  de  — 

causée  parle  lénia,  107. 
FASCIOLA  inlesiinalis,  256. 
FEMME  (vers  des  organes  de  la  généra- 
tion delà),  7  56. —  plus  sujette  au  ténia 

que  l'homme,  98. 
FEMELLE    (affections   vermineuses    de 

l'appareil),  756. 
FÉMUR  'hydatides  du),  551. 
FER,  779. 
FIÈVRE   (voy.   Intermittents)  —  vermi- 

mineuse,  763.  —  putride  vermineuse, 

55,  127. 
FIGUIER  de  Cayenne,  786. 
FILAIRE    (genre),    LXXI.    —    du    bœuf, 

i.xxv  — du  chien  (voy.  Hématozoaires). 

—  hématique,  lxxiv,  338.  —  des  bron- 


TAREE   AKlMlAftÉTlQUE  DES   MATIERES. 


ches,  lxxiv,  692.  —  lacrymale,  lxxiv. 

—  de  l'œil  du  cheval,  lxxv,  745.  —  de 
l'œil  humain,  Lxxn,  "34. 

FlLAIRE  de  l'homme,  lxxxiii  ,  696. 
Dénominations  de  la  —  ,  696.  Histoire 
pathologique  (voy.  la  Table  méthodique). 
Cas  observés  dans  les  colonies  et  en 
Europe,  700.  Contagion  de  la — ,  712. 
Épidémies  de  la  — ,  713.  —  transmise 
au  chien,  713.  Cas  de  —  dans  divers 
organes,  719.  Accidents  causés  par 
la  —,  725. 

FJLÂRIA  bronchialis,  20. 

FJLAIUA  lenlis ,  lxxii.  —  medinensis, 
lxxiii,  696.  —  immilis,  lxxiv.  —  tris- 
pinulosa,   lxxiv.  —  papi'losa,   i.xxv. 

—  zébra,  xci,  328. 
FISTULES  vermineuses,  114,  192. 
FOETUS  humain  (cas  de  vers  chez  le),  7. 

Hydatides  chez  le — ,  379. 

FOIE  (corps  oviformes  dans  le),  257. 
Hydatides  du  — ,  455.  Cysticerques 
du  — ,  623.  Lombrics  dans  le  — ,  163. 

FOLIE  (voy.  Intelligence). 

FOSSES  nasales  (vers  des),  23  (voy.  Ca- 
nine). 

FOUGÈRE  mâle,  787. 

FRANK  (méthode  de  P.),  779. 

FRÉMISSEMENT  hydatique,  386,  590. 
Observation  ancienne  de  — ,  502. 

FROID  contre  les  hydatides,  565.  (voy. 
Eau  froide). 

FRONTAL  (hydatides  du),  555. 

FRUITS,  ne  produisent  pas  les  vers,  6. — 
sans  action  sur  la  propagation  des  lom- 
brics, 128. 

FURIE  infernale,  774. 


GANGRÈNE  (disposition  à  la)  par  des 
hydatides  du  foie,  457. 

GANGLIONS  lymphatiques  (voy.  Tuber- 
cules vermineux).  Tumeurs  des  — 
bronchiques,  692. 

GARBILLON  (remède  de),  814. 

GÉMINÉS  (corpuscules)  chez  le  chat,  259. 

GENCIVE  (hydatide  de  la],  539. 

GÉNÉRATION  (affections  vermineuses  de 
l'appareil  de  la),  7  53.  (voy.  Génitaux). — 
alternante,  il.  —  des  téniadés,  x,  xxv. 
—  des  dislomides,  xlvi.  —  des  néma- 
toïdes,  Lix.  —  de  l'ascaride  lombri- 
coïde,  lxiv.  —  du  trichocéphale  de 
l'homme,  lxxi. 

GÉNITAUX  (action  sympathique  des  vers 


829 
109, 


de  l'intestin  sur  les  organes),  59 
213. 

GENRE  de  vie,  influence  sur  la  produc- 
tion des  entozoaires,  6  ;  sur  les  vers 
des  bronches,  34;  sur  les  lombrics,  1 23. 
Influence  sur  les  vers  de  l'intestin  chez 
lesanimauxdomestiques,  225.  Influence 
sur  la  cachexie  aqueuse,  244. 

GEOFFRÉE  de  Surinam,  786. 

GÉOGRAPHIE.  Distribution  du  ténia  so- 
lium  et  du  bothriocéphale,  78.  —  de 
l'ascaride  lombricoïde,  124.  —  du  tri- 
chocéphale dispar,  208.  —  de  l'oxyure 
vermiculaire,  210. —  du  distome  hé- 
patique, 244.  —  des  hydatides,  381. 

—  du  cysticerque  ladrique  chez  le 
porc,  626  ;  —  chez  l'homme,  631.  — 
de  la  trichine,  680.  —  de  la  filaire  de 
l'homme, 700,— dus trongle géant,  269. 

GERMINALE  (membrane),  XIII. 
GLANDE    lacrymale  (voy.     Lacrymale). 

—  lymphatique  (voy.  Tubercules  ver- 
mineux). 

GLANDULES    (voy.    Tubercules    vermi- 
neux). 
GLOBE  oculaire  (vers  dans  le),  732. 
GRAHL  (méthode  de),  790. 
GRENADIER,   792. 


H 


HAMULARIA  lymphatica,i,\\W ,  692. 

HANCHE  (hydatides  de  la),  547. 

HELMINTHIASE,  valeur  de  cette  expres- 
sion, 1  5. 

HÉMATOIDINE  dans  les  kystes  hydati- 
ques,  373. 

HÉMATOZOAIRES  (voy.  la  Table  métho- 
dique). Hérédité  des  — ,  310.  —  dans 
les  parois  vésicales,  313. — dans  la 
veine  porte,  315.  —  dans  des  tumeurs, 
317.  —  chez  le  rat  noir,  11. 

HÉMATURIE  causée  par  des  hydatides, 
529  (voy.  Hématozoaires,  Strongles). 

HÉMIONE,  330. 

HÉMOPTYSIE  causée  par  les  hydatides, 
420,  431,  450. 

HÉMORKHAGIES  causées  par  les  vers  de 
l'intestin,  59.  Observations  d' —  causée 
par  des  lombrics,  137.  —  causée  par 
des  hydatides  du  foie,  457. 

HÉRÉDITÉ  des  entozoaires,  14.  —  des 
hématozoaires,  310.  —  des  cestoïdes, 
98,  112.  —  du  tournis,  638. 

HERMAPHRODISME  du  proglottis  des 
téniadés,  xxiv. 

herniaire  (lombric  dans  un  sac),  20 î. 


830 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


hernies  (étranglement   ilos)   par   des 

lombric!»,  14  I . 
HERllENSGHWANDS  (méthode  de),  790. 
HBXAGANTHE  (embryon),  ix. 

iiex  \  i  h  v  m  ou  vi  (genre),  liv.  —  pin- 

guicola,  i.v.  —  venarum,  i.v,  323. 
HOLOSTOME  (genre),  i.lii.  —  ailé,  LUI. 
HOMME  (entozoaires  de   1').    (voy.  Pro- 
tozoaires,    llydalide,     Cyslicerque , 
Ténia  solïum,  T.  nain,  Bolhriocéphalc, 
Monoslome,  Distorne  hépatique,  D.  lan- 
céolé, 1).  hétérophye,  D.  hwmalobie, 
D.   ophthalmobie,    Télraslome,  Hexa- 
thyridium,  Némaloïde  trachéal, Oxyure 
vermiculaire ,    Ascaride   lombricoïde , 
A.  ailé,  Spiroplère,  Trichine,  Tricho- 
céphale  dispar,  Ftlaire  de  l'œil  humain, 
Filaria  medinensis ,  Pilaire  des  bron- 
ches, Strongyle  à  long  fourreau  (S.  lon- 
gevagivalus),  Anchyloslome,  Strongle 
géant,    Datlylius    aculealus,   Néma- 
toïde indéterminé,  Penlaslome  étreint, 
P.  denliculé).   Affections    vermineuses 
de    divers  organes  chez   1' —   (voy.  la 
Table  méthodique).  Corps  oviformeschez 
1'  — ,   263.   Hématozoaires   chez  1'  — , 
311.  Cœnure  chez  1' — ,  644.  Tournis 
chez  1' — ,  665.  Tubercules  vermineux 
chez  1'— ,  692. 
HUFELAND  (méthode  de),  778. 
HUILE  éthérée  de  fougère,  788.  —  em- 
pyreumatique  de  Cbabert,  811.  —  eni- 
pyreumatique  contre  le  penlastome  té- 
nioïde,  26  ; —  contre  les  vers  des  bron- 
ches, 33. 
HUILES  grasses,  795. 
HUMÉRUS  (hydatides  de  1'),  550. 
HUMIDITÉ  ;  influence  sur  l'existence  ou 

la  fréquence  des  entozoaires,  5,  225. 
HYDATIDE  (genre?),  xn.  Rapports  de 
1' —  avec  les  échinocoques,  XIV,  355. 
Espèces  d' — ,  xvi.  —  cérébrale,  636. 
Sens  donné  par  l'auteur  au  mot  — , 
358.  Opinions  sur  l'origine  de  1' — , 
347,  351.  Historique,  350.  — :  chez  les 
animaux,  617.  —  chez  l'homme,  359. 
—  suivant  l'âge,  le  sexe,  la  profes- 
sion, etc.,  379.  Distribution  géogra- 
phique, 381  ;  causes,  380,  620  ;  con- 
stitution anatomique  ,  359  ,  617  ; 
I  nombre  dans  un  kyste,  365,  578,  617; 
constitution  chimique,  371  ;  transfor- 
mations, 362,  619;  kystes  multiples, 
487,  619;  kystes  pédicules,  491; 
kystes  suppures,  367,  377;  kystes  se 
perforant,  377  ;  kystes  communiquant 
ensemble,    378;    phénomènes  (voyez 


Gangrène,  llémorrhagie); durée,  383; 
terminaison,    385;   pronostic,    392; 
diagnostic,  386;  frémissement,  386  ; 
ponction  exploratrice,  391 ,571; examen 
microscopique  des  matières  évacuées, 
392  ;  ligures  du  tissu  hydatique,  cro 
chets,  392  ;  signes  des  adhérences  en- 
tre un  kyste  du  foie  et  la  paroi  abdo- 
minale,  615;    fréquence    suivant   les 
organes,  376,  619. — rendues  par  le  vo- 
missement, 496  ; —  par  les  selles,  497  ; 
par  les  urines,  529.  —  dans  les  divers 
appareils  ou  les  divers  systèmes  (voy. 
la  Table   méthodique).  —  dans  des  or- 
ganes   ou    des  régions  divers   (voyez 
Amygdale,  Bassin  (os  du),  Bras,  Ca- 
nine {fosse),  Cerveau,  Cuisse,  Épiploon, 
Fémur,  Foie,  Frontal,  Gencive,  Han- 
che,    Humérus,    Jarret,     Lacrymale 
(glande),  Mamelle,  Mésentère,  Moelle 
épinière,  Nuque,  OEil,  Orbite,  Ovaire, 
Paroi  abdominale,  de  l'intestin,  du  tho- 
rax ;  Paupière,  Phalange,  Pituilaire 
(corps),  Rate  ;  Région  axillaire,  ingui- 
nale, lombaire,  périnéale,  scapulaire, 
sous-claviculaire,  sternomastoïdienne; 
Sphénoïde,  Surrénale  (capsule),  Tem- 
poral, Testicule,  Thyroïde  (corps),  Ti- 
bia, Tunique  vaginale).  —  Traitement 
prophylactique,  563;  traitement  médi- 
cal,  562  (voyez  Électricité,  Froid,  Io- 
dure  de  potassium,  Mercure,  Sel  marin, 
Térébenthine).  Traitement  chirurgical, 
565  (\oyezCauslique,  Extirpation,  In- 
cision, Injections,    Pondions,   Thora- 
centèse).   Opportunité  d'un    traitement 
prompt,  612.  Indications  des  méthodes 
et  des  procédés  chirurgicaux,  611. 

HYDROPHOBIE  par  des  vers  intestinaux, 
53  (voyez  Rage). 

HYSTÉRIE  par  le  ténia  et  par  des  lom- 
brics,  54  (voyez   Intelligence). 


ICTÈRE   produit  par   un   lombric,   175. 
IDIOTISME  (voyez  Intelligence). 
ILÉUS  causé  par  les  lombrics,  139. 
ILIAQUE  d'un   bœuf  (hydatide  de  l'os), 

558. 
IMAGINAIRES   (affections  vermineuses) , 

763. 
INCISION  simple  des  kystes  hydatiques, 

577,  613.  —  à  deux  temps,  582. 
INCUBATION  (durée   de  1')  de  la  filaire 

de  l'homme,  716. — de  l'embryon  de 

certains  nématoïdes,  lxv,  lïxi. 


TABLE   ALPHABÉTIQUE  DES   MATIÈRES. 


831 


INGUINALE  (hydalides  de  la  région),  546 
(voy.  Aine). 

INJECTIONS  iodées  dans  les  kystes  hy- 
tiques,  422,  595,  612.  —  alcooliques 
dans  les  kystes  hydatiques,  587,  606, 
612.  —  débile,  m!.,  607,  613.—  d'eau 
chlorurée,  ici.,  611.  —  de  perchlorure 
de  fer,  id.,  603.  —  émollientes,  id., 
611. 

INNOCUITÉ  des  entozoaires,  17. 

INSECTES  invisibles  (voy.  Animalcules). 

—  dans   l'urine,   pris  pour  des  vers, 
303.  — pris  pour  des  entozoaires,  xc. 

INTELLIGENCE  (lésions  de  1')  causées  par 
le  ténia,  le  lombric  et  l'oxyure,  53; 
causées  par  des  cysticerques ,  658  ; 
causées  par  des  hydalides,  646,  649. 

—  surnaturelle,  53. 
INTERCOSTAUX  (hydalides  des  muscles), 

543. 

INTERMITTENTS  (  affections  ou  acci- 
dents) causés  par  les  vers  intestinaux, 
59.  Fièvres  vermineuses  — -,  127.  Ac- 
cidents —  causés  par  les  oxyures,  211. 

INTESTIN  (  entozoaires  de  1'  )  chez 
l'homme,  39  ;  chez  les  animaux,  223. 
Perforation  de  1' —  grêle  par  des  vers, 
114,  180,  186,226.  Lombric  dans  les 
parois  de  1'—,  204.  Distomes  de  1' — 
chez  l'homme,  253.  Kyste  hydatique 
de  la  paroi  de  1' — ,  487.  Kyste  hydati- 
que ouvert  dans  1' — ,  417,  495,  499. 
Tubercules  vermineux  de  I'—  ,  692. 

INVAGINATION  intestinale  causée  parles 
lombrics,  140. 

IODUKE  de  potassium  contre  les  hydati- 
des,  564. 

ISCHURIE  causée  par  des  hvdatides , 
510,  512. 

ISLANDE  (hydatides  en),  382.  Rareté  des 
vers  en — ,  383,  note. 


JARRET  (hydatides  du),  548. 
JUIFS  (ténia  chez  des),  75.  —  au  Caire, 
très  sujets  au  ténia,  66. 


KAMALA,  795. 

KYSTE  adventifdu  cysticerque  ladrique, 
620;  du  cœnure,  639;  de  l'hydatide 
du  cerveau,  647;  de  la  trichine,  673. 
Figures  du  —  de  la  trichine,  672, 
676,  678,  679.  —  séreux  confondu 
avec  les  hydatides,  347.  —  des  hyda- 


tides, 362.  —  hydatique  pédicule,  304, 
491.  —  hydatique  communiquant  avec 
les  conduits  biliaires,  462.  — hyda- 
tique du  foie  contenant  un  lombric, 
172.  (voy.  Tubercules  vermineux). 


LACRYMALE  (vers  dans  les  conduits  de 
la  glande),  753.  Hydatide  de  la  glande 
—,  536. 

LADRERIE,  622;  historique,  622.  Phé- 
nomènes de  la — ,  624.  Diagnostic  de 
la  —,  624,  625. 

LAGÈNE  (méthode  de),  790. 

LAIT  (troubles  dans  la  sécrétion  du)  cau- 
sés par  les  vers  de  l'intestin,  59.  Sé- 
crétion normale  du  —  après  l'accouche- 
ment, malgré  une  paraplégie,  670. 

LANGUE  (cas  de  filaire  à  la),  722.  Cysti- 
cerques à  la  base  de  la — chez  le  porc, 
625;  chez  l'homme,  633.  Ver  sous 
la  —  du  chien,  772. 

LAPIN  (enlozoaires  du)  (voy.  Cœnure, 
Cysticerque,  Polycéphale,  Ténia,  Mo- 
nostome,  Dislome  hépatique ,  D.  lan- 
céolé ;  Pentaslome  denliculé).  Corps  ovi- 
formes  dans  le  foie  chez  le —  ,  257. 

LARVES  de  mouche  prises  pour  des  en- 
tozoaires, xc,  xci. 

LARYNX  (nématoïdes  du),21.Pentastome 
ténioïde  dans  le  —  24.  Lombrics  dans 
le — ,  145.  Cysticerque  dans  le — , 
625. 

LIEUTAUD  (méthode  de),  800. 

LOA,  750. 

LOMBAIRE  (kyste  hydatique  ouvert  dans 
la  région),  529,  545. 

LOMBRIC  (voy.  Ascaride  lombricoïde). 

LOUP  (pentastome  ténio'ide  chez  le),  24. 

LUMBRICUS,  sens  de  ce  mot,  38. 

LUMBRICI  e/fraclores,  1 76. 

LUNE  (influence  de  la),  46,  777. 


M 


MAHOMÉTANS  en  Abyssinie  n'ont  pas 
le  ténia,  90. 

MAIN  (cas  de  filaire  à  la),  724. 

MALE  (affections  vermineuses  de  l'appa- 
reil), 754. 

MAMELLE  (cas  de  filaire  à  la),  722. 
Cas  d'hydatides  de  la  — ,759.Pseudhel- 
minthe  de  la  — ,  762. 

MANIE  (voy.  Intelligence). 

MARCHAND  (méthode  de),  807. 

MARINS  peu  sujets  aux  hydatides,  6,  379. 


H  .",2 


TABLE   ALPMAIIKTIGIË   DES  ÏIATJÈBES. 


MABSOUIN  (hématozoaires  chez  le),  308, 

335. 
MATHIEU  (méthode  de),  701. 
masturbation     provoquée     par    les 

oxyures,  213. 

MATRICE  (voy.  Utérus). 

médiastin  (hydalides  dans  le),  411. 

membres  (hydalides  dans  les),  547. 
Cysticerques  dans  les  —,  633. 

MÉNINGES  (hydalides  en  dehors  des),  655. 
Cysticerques  situés  dans  les — ,  660. 

MENSTRUATION  (troubles  de  la)  causés 
par  les  vers  de  l'intestin,  59,  109. 

MERCURE  (prolochlorure  de)  contre  les 
hydalides,  563. 

MERCURIAUX,  "79. 

MÉSENTÈRE  (kyste  hydalique  du),  487. 

MEYER  (remède  de),   814. 

MIGRATION  des  lombrics  par  des  voies 
naturelles,  141  ;  par  des  voies  acciden- 
telles, 175. 

MOELLE  épinière  (voy.  Rachidien  [ca- 
nal]). 

MONADIENS  (famille  des),  Y.—  dans  l'u- 
rine des  cholériques,  289. 

MONAS  (genre),  VI. 

MONOSTOME  (genre),  xlyiii. 

MONOSTOME  de  l'homme  XLV1H  ;  du  la- 
pin, XLYIII. 

MONOSTOMUMlentis,  xlyiii.— mutaM/e, 

xlviii. —  variabile,  xlyiii. —  triseriale, 
xlyiii.  —  attenualum,  xlviii.  —  ca- 
ryophillinum,  xlviii.  —  faba,  xlix. 

MONOSTOME  de  l'œil,  735. 

MORT  naturelle,  sa  nature  vermineuse, 
774.  —  subite  ou  rapide  déterminée 
par  les  vers  intestinaux,  60. 

MOUSSE  de  Corse,  798. 

MOUTON  (entozoaires  du)  (voy.  Hyda- 
lides ,  Cœnure  ,  Cyslicerque ,  Té- 
nia, Disl.  hépatique,  D.  lancéolé,  Am- 
phislome ,  Ascaris  ovis,  Tricliocéphale 
voisin,  Dochmie  hyposlome,  Strongyle 
ftlaire.  St.  contourné,  Sl.filicole,  Néma 
toïde  indéterminé,  Pentastome  lénidide). 
Pentastome  lénioïde  chez  le,  24. 
Strongle  des  bronches  chez  le  — ,  34. 

iPTVers  des  voies  biliaireschez  le  — ,  235. 

MOUVEMENTS,  ne  suffisent  point  pour  dé- 
terminer l'animalité,  xcn. 

MUCUS  pris  comme  partie  constituante 
du  ténia,  75. 

MULET  (voy.  Cheval,   solipèdes). 

MULTIPLES  (kystes  hydatiques),  487. 

MURIER,  799. 

MUSCLES  (voy.  Tronc  et  membres). 

MUSCULAIRE     (affections     vermineuses 


iln   sy-lème),    672.   Ilydalidi:    —    sati 
échinoco  ,ues,  xvi,  note  3. 
MUSENNA,  800. 

mutisme  (voy.  Aphonie). 

N 

NARINES  (lombrics  dans  les),  143. 

NASALES  (vers  des  fosses  nasales),  23, 

NATIONALITÉ,  inlluence  sur  l'existence 
des  vers,  13. 

NÉMATOIDES  (type  des),  lvi  ;  organisa- 
tion, lvii  ;  génération,  Lix  ;  mœurs,  i.x. 
—  trachéaux,  XLI,  21.  —  du  rein  du 
chien,  XLI,  293.  —  indéterminés  chez 
l'homme,  le  cheval ,  le  mouton,  le 
chien,  LXXXV. 

NERFS  (hydalides  comprimant  des),  655. 

NERVEUX  central  (affections  vermineuses 
du  système)  (voy.  la  Table  méthodique). 

NERVEUSES  (affections)  causées  par  les 
vers,  48,  53. 

NEZ  (cas  de  fila  ire  au),  721. 

NITRATE  d'argent,  802. 

NOIX  vomique,  802. 

NOMADES,  rarement  atteints  par  les 
vers,  6. 

NOUFFER  (méthode  de),  791. 

NOURRICE  (voy.  Générations  alter- 
nantes). 

NUQUE  (hydatides  de  la),  542. 


0 


OBSTRUCTION  intestinale  causée  par  les 
lombrics,  1  39. 

ODORAT  (perversion  de  1')  par  des  vers 
de  l'intestin,  55  ;  par  le  ténia,  109. 

OEIL  (hydatides  des  annexes  de  Y), 
536.  Lombric  extrait  par  1' — ,  144 
(voy.  Vision,  Globe  oculaire). 

OESOPHAGE  (lombrics  dans  1'),  142. 
Perforation  de  1' —  par  des  lombrics, 
204.  Oxyures  dans  1' — ,  215.  Tuber- 
cules vermineux  de  1' — ,  684. 

OESTRES  pris  pour  des  vers  du  cerveau,  xc. 

OEUF  de  distome  dans  la  moelle  épinière, 
10.  Cas  de  vers  dans  1' — ,  9. 

OEUFS  d'helminthes  formant  des  tumeurs, 
261.  —  dans  la  moelle  épinière,  10. 
Tableau  des  —  des  vers  de  l'intestin  et 
des  voies  biliaires  pour  servir  au  dia- 
gnostic ,  51.  —  du  ténia  solium  armé, 
ix  (voy.  Ovi formes). 

OIE.  (voy.  Oiseaux  de  basse-cour). 

OISEAUX  de  basse-cour  (voy.  Tœnia, 
infundibuliformis,   proglottina,    cras- 


TABfcE   At.PIlAllÉTl 

sula,  maliens,  lanceolula  setigcra,  si- 
nunsa,fasciata;  Monostomum  niulalile, 
variabite,  trisoriale,  atlenuatum,  caryo- 
phillinum,  faba  ;  Distomum  ovatvm, 
îineare,  dilatatum,  echinalum,  oxyce- 
phalum  ;  lloloslomum  ;  Ascaris  vesicu- 
laris,  dispar,  maculosa,  perspicillum, 
gibbosa;  Spiroptèra  hamulosa,  uncina- 
ta  ;  Trichosomuni  brevicolle,  longicolle  ; 
Sclerostome  syngame;  Strongyle  no- 
dulaire).  Vers  des  bronches  chez  les  — , 
36.  Tubercules  vermineuxchez  les  — , 
695.  Cas  de  vers  chez  les  —  au  nid,  12. 

OMAO,  773. 

OMBILIC  (kyste  hydatique  ouvert  à  1'), 
416.  Lombrics  sortant  par  1' — ,  191, 
195,  197.  Ténia  sortant  par  1'—  ,  115. 

OPHYOSTOMA  Ponlhieri,  xci. 

ORBITE  (cas  de  filaire  de  1'),  750.  Cas 
de  filaire  de  l'homme  dans  1'  — ,  719. 
Hydatides  de  1'—,  537. 

OREILLE  (lombric  sorti  par  !'),  1 44 . 

OSSEUX  (hydatides  du  système)  (voy.  la 
Table  méthodique). 

OVAIRE  (hydatides  de  1'),  510,  51 1 ,  757. 

OVIFORMES  (corps)  chez  le  lapin,  257  ; 
chez  l'homme,  263;  figure  des  corps — , 
259. 

OXYURE  (genre),  LXII,  Cas  d'affections 
sympathiques  causées  par  les  —  (voy, 
A/fections  sympathiques) .  —  vermicu- 
laire,  dénominations,  209  ;  séjour,  210. 
—  suivant  les  âges,  210.  —  suivant  les 
contrées,  210  Symptômes,  211  ;  acci- 
dents symptomatiques,  53,  213.  Pertes 
séminales  causées  par  les — ,  213.  — 
erratiques,  215,  296,302.  —  errati- 
ques dans  les  organes  génitaux,  761. 
Traitement  de  1' — ,  222. 

OXYURIS  vermicularis,  lxiii,  209.  — 
curvula,   lxiii,  228. 


PALPITATIONS  causées  par  les  vers  de 
l'intestin,  57. 

PANNA,  802. 

PAPAYER,  S02. 

PARALYSIE,  par  des  vers  intestinaux,  65. 
Observation  de  —  par  l'ascaride  lom- 
bricoïde,  132.  —  dans  le  tournis,  642, 
663.  —  par  les  hydatides  du  cerveau, 
649.  —  par  les  cyslicerques  du  cer- 
veau, 658.  —  par  les  vers  vésiculaires 
du  canal  rachidien,  666. 

PARAMÉCIENS  (famille  des),  vu. 

PARAMÉCIE  de  l'homme,  vu,  67. 

DA VAINE,   • 


OU;    Î)ES    MATIÈRES.  833 

PAROIS  abdominales  (voy.  Cesldiiles  erra- 
tiques). Hydatides  des  —  ,487,  545. 
Perforation  des  —  par  des  lombrics, 
175,  190,  195.  Hydatides  dans  les  — 
de  l'intestin,  487.  Hydatides  dans  les  — 
du  thorax,  543. 

PATHOLOGIE  animée,  770,  771. 

PAUPIÈRE  (hydalide  de  la),  538.  Cysti- 
cerque  ladrique  de  la  — ,  632. 

PENTASTOME  (genre),  lxxxvii.  —  dans 
le  rein  chez  l'homme,  293.  —  denti- 
culé,  produisant  le  pentastome  ténioïde, 
24.  —  ténioïde  dans  les  fosses  nasales, 
23.  —  dans  l'œil  chez  le  cheval.  748. 

PENTASTOMUM  conslrictum,  lxxxvii. 

—  denliculalum,  lxxxviii.  —  tœnioi- 
des,  lxxxix,  23. 

PERCHLORURE  de  fer  en  injection  dans 

un  kyste  hydatique,  603. 
PERFORATION   des  kystes   hydaliques, 

377. 
PERFORATIONS  (question   des)  causées 

par  les  lombrics,  175.  —  intestinales 

chez  les   animaux   domestiques,  226. 

—  intestinales   causées   par    l'échino- 
rhynque  géant,  231 . 

PÉRICARDE  (kystes  hydatiques  en  rap- 
port avec  le),  407. 

PÉRINÉE  (abcès  du)  contenant  un  lom- 
bric, 205.  Kyste  hydatique  ouvert  au— 
520. 

PÉRITOINE  chez  l'homme,  n'est  point 
sujet  aux  vers  vésiculaires,  343.  Kystes 
hydatiques  ouverts  dans  le — ,  493. 
Lombrics  dans  le — ,  180. 

PÉRITONITE,  suite  de  ponction  des 
kystes  hydatiques,  566. 

PERTES  séminales  produites  par  les 
oxyures,  213. 

PESTE  de  l'homme  causée  par  des  vers 
invisibles,  769.  —  bovine,  769. 

PÉTROLE,  780. 

PHALANGE  (hydalide  d'une),  551. 

PHARYNX  (lombrics  dans  le),  143. 

PHÉNOMÈNES  déterminés  par  les  vers 
de  l'intestin,  48.  Leur  explication,  49. 

—  singuliers,    55.    Observation   de 

nerveux  singuliers  parle  ténia,  106. 

PHTH1SIE  vermineuse,  620. 

PHYSIS  inteslinalis,  xci. 

PITWITAIRE  (hydatides  de  la  glande), 
656. 

PLACENTA  (hydatides  du),  760.  Pseud- 
helminthes  du  —  ,  762. 

PLÈVRE  (vers  vésiculaires  dans  la),  344. 
Cas  d'hydatides  dans  la — ,  314..  Hyda- 
tides cous  la  —  costale,  41 1.    Hvda- 


88à 


TABLK   ALPHABÉTIQUE   DES   MATIÈRES. 


tides  du  poumon  ouvertes  dans  la  — , 

418.  Hydatides   abdominales   ouvertes 

dans  la  — ,  137. 
PLEXUS  choroïde (hydatides  dans  le),  653. 

Cysticerques  dans  le^ — ,  662. 
PNEUMONIES  vermineuses,  761. 
POISSON,  son  influence  sur  la  production 

des  vers  cestoïdes,  88. 
POLYCÉPHALE  du  lapin,  XVIII. 
POLYSTOMA  sanguicola,  328   —  pin- 

guicola,  lv. 
POLYSTOMIDES  (sous-ordres  des),  xliv. 
POMMELIÈRE,  620. 
PONCTION  simple  des  kystes  hydaliques, 

566.  Manière  de  la  rendre  inoffensive, 

571.  —  avec  séjour  de  la  canule,  572. 

—  successives,  576  (voy.  Exploratrice). 
PORC  (entozoaires  du)  (voy.  Hydalides, 

Cyslicerque  ladrique ,  C.  tenuicolle  , 
Distome  hépatique,  D.  lancéolé,  Échi- 
norhynque,  Ascaris  suilla,  Spiroplère, 
Trichocephalus  crenalus ,  Sclerosto- 
mum  dentalumH  Strongyle paradoxal) . 
Vers  des  bronches  chez  le  — ,  35.  Vers 
des  voies  digestives  chez  le — ,  229. 
Traitement  des  vers  de  l'intestin  chez 
le — ,  813.  Hydatides  chez  le — ,618. 

—  Cysticerque  ladrique  chez  le — ,  622; 
dans  le  cerveau  chez  le  — ■,  643;  dans 
l'œil  chez  le  — ,  743.  Cas  de  tournis 
chez  le  — ,  665. 

POTASSE  caustique  (voy.  Caustique). 

POULE  (voy.  Oiseaux  de  basse-cour). 

POUMON  (hydalides  du),  409,  614,  619. 
Hydatides  du  lobe  supérieur  du  — ,  412. 
Cysticerques  dans  le  — ,  623.  Cas  de 
cysticerques  dans  le  — ■  chez  l'homme, 
629. 

PRINTEMPS  (voy.  Sahon). 

PROGLOTTINIEN  (ténia),  XXXIX. 

PROGLOTTIS,  VIII,  X,  XI,  xxiv  (voy.  Cu- 
eurbitins). 

PROPAGATION  (conditions  de  la)  des 
cestoïdes  de  l'homme,  87. —  de  l'asca- 
ride lombricoïde,  128.  —  du  trichocé- 
phale  dispar,  208.  —  des  distomes, 
244,  246.  —  de  la  filaire  de  l'homme, 
705. 

PROTOZOAIRES,  définition,  I.  Organisa- 
tion des  — ,  H.  —  intestinaux  IV,  (pa- 
thologie), 63.  Sont  de  vrais  parasites, 
53. —  des  voies  urinaires,  288. 

PSEUDELMINTHES  ,  lxxxix.  —  des 
voies  biliaires,  255.  — des  voies  uri- 
naires, 300.  —  du  système  sanguin, 
325.  —  des  organes  génitaux,  760 
(voy.  1er  appendice). 


QUINQUINA  (sulfate  de  quinine),  803. 


Il 


RAGE ,  influence  sur  la  fréquence  des 
vers,  13. 

RACHIDIEN  (œufs  de  distome  dans  le 
canal),  10.  Cœnure  dans  le  canal — , 
667.  Hydatides  dans  le  canal — ,  669. 
Hydatides  introduites  du  dehors  dans  le 
canal  — ,  670.  Hydatides  du  canal  — 
n'ayant  point  empêché  l'accouchement 
et  la  sécrétion  du  lait,  670. 

RAGE  occasionnée  par  des  cysticerques, 
644  ;  par  des  vers  dans  le  cerveau, 
770  ;  placés  sous  la  langue,  772.  — 
attribuée  au  strongle  géant,  267  (voyez 
Hydrophobie) . 

RAGE-MUE  causée  par  des  vers  chez  le 
chien,  232. 

RATE  (kyste  hydatique  de  la),  486.  — 
OEufs  de  vers  dans  la  —  261. 

RATIER  (remède  de),  814. 

RECTUM  (kyste  hydatique  comprimaot 
le),  514.  vers  du  —  (voyez  Oxyures). 

REIN  malade  par  la  rétention  des  urines 
causée  par  un  kyste  du  petit  bassin, 
515.  Hydatides  du — ,  524.  Strongle 
géant  dans  le — ,  267,  286  (voyez  Voies 
urinaires) . 

REMÈDES,  810. 

RENAUD  (méthode  de),  792. 

RÉTENTION  des  matières  fécales  par  une 
tumeur  hydatique,  514.  —  des  urines 
par  une  tumeur  hydatique,  512. 

RICHARD  DE  HAUTESIERCK  (remède 
de),  814. 

RUMINANTS  (vers  des  voies  digestives 
chez  les),  232.  Vers  des  voies  biliaires 
chez  les  — ,  237.  Hydatides  chez  les — , 
617.  Cœnure  chez  les  — ,  635,  667. 
Entozoaires  chez  les  —  (voyez  Cysti- 
cerque, Cœnure,  Hydatides,  Ténia, 
Distome  hépatique,  D.  lancéolé,  Doch- 
inie  hypostome,  Strongyle  radié,  filaire, 
micrure. 


SACRUM  (concavité   du)  contenant    des 

lombrics,  205. 
SAGITTULA, xa. 

SAIGNÉE  (vers   sortis  par  la),  XCI,  325. 
SAISON  ,   influence  sur  l'existence  ou  la 

fréquence  des  entozoaires,  4. — favo- 


TABLE   ALPHABÉTIQUE    DES   MATIÈRES. 


rable  aux  vers  des  bronches,  29.  Lom- 
brics suivant  la  — ,  123.  Vers  de 
l'œil  des  chevaux  suivant  la  — ,  745. 
Filaire  de  l'homme  suivant  la  —,  706. 

SALIVATION  causée  par  les  vers  de  l'in- 
testin, 57,  59. 

SALLALA  contre  la  filaire,  731. 

SANG  (globules  blancs  du),  sont-ils  des 
entozoaires  ?  in.    Matière  colorante  du 

—  dans  les  hydatides,  375  (voyez  Sys- 
tème sanguin). 

SANTONINE,  803.  Effets  de  la  —  sur 
la  vision,  805;  sur  les  urines,  805. 

SAORÏA,  806. 

SARCODE,   II. 

SAUMON,  cause  du  bolhriocéphale,  88. 

SCAPULAIRE  (hydatides  de  la  région), 
544. 

SCLÉROSTOME  (genre),  lxxvii.  —  armé 
anévrysmatique,  lxxvii,  330.  —  armé 
intestinal,  lxxvii,  228. — denté,  lxxviii. 

—  quadridenté,  lxxviii.  —  syngame, 
lxxviii,  36. 

SCOLEX  (voy.  Générations  alternantes). 
SCROTUM  (cas  de  filaire  au),  722.  Hyda- 
tides du  — ,  755. 
SÉJOUR  nécessaire  des  entozoaires,  2. 
SEL  marin,  780. 
SELLES   (hydatides   rendues    par    les), 

497,  522. 
SEMEN-CONTRA,  807.  Effet  du  —  sur  la 

vision,  807. 
SENS  (perversion   des)  par   des  vers,  55. 
SERPENT  dans  l'œil,  733,  745.  Strongie 

géant  pris  pour  un  — ,  267. 
SEXE,  influence  sur  la  fréquence  des  vers, 

13,  48  ;  sur  la  fréquence  du  ténia,  98. 
SINUS  longitudinal  (ver  dans  le),  328. 
SMUGKER  (méthode  de),  782. 
SOLIPÈDES(hématozaires  chez  les),  328. 

Vers  dans  l'œil  chez  les   — ,  745.  Vers 

des  voies  digestives  chez  les  — ,  227 

Traitement  des  vers  de  l'intestin  chez 

les—,  234,  811. 
SOUFRE,  780. 
SOUS-CLAVICULAIRE  (hydatides    de   la 

région),  543. 
SOURIS  (voy.  Chat). 
SPASMODIQUE   (observation   d'affection) 

causée  par  le  ténia,  104. 
SPERMATOZOÏDES   sont-ils   des    vers? 

754. 
SPHÉNOÏDE    (hydatides  du    corps   du), 

559. 
SPIGELIE,  807. 
SPIROPTERA  hamulosa,  lxviii,  695.  — 

uncinata,  lxviii,  695. 


835 

SPIROPTÈRE  (genre),  LXVI.  —  de 
l'homme,  lxvii,  289.  —  mégastome, 
LXVH,  691.  —  ensanglanté,  lxviii, 
68 i.   —   strongie,   lxviii. 

SPOROCYSTE,  XLVI. 

STATISTIQUE  des  vers  cestoïdes  dans 
l'armée  française,  83.  —  des  vers 
cestoïdes  à  Londres,  83. 

STERNO-MASTOIDIENNE  (hydatides  de 
la  région),  542. 

STOMACHIDE,  XCI. 

STORCK  (remède  de),  815. 

STRABISME  par  des  lombrics,  56. 

STRIATULE,  XCI. 

STROBILA,  XXIV. 

STRONGLE  (genre),  LXXXII1.  —  géant, 
lxxxiii,  267.  Figure  de  l'œuf  du  — , 
275.  ■ —  dans  le  rein,  286  ;  dans  la  ves- 
sie, 28S;  dans  la  cavité  péritonéale, 
288  ;  dans  le  tissu  cellulaire,  288  ; 
dans  le  cœur,  288,  340  ;  chez  le  bœuf, 
274,  287  ;  chez  le  chien,  267,  286; 
chez  le  cheval,  272,  287  ;  chez  les  ani- 
maux sauvages,  287  ;  chez  l'homme, 
268,  275,  276  (voy.  la  Table  métho- 
dique). 

STRONGYLE  (genre),  lxxix.  —  radié, 
lxxx.  —  veineux,  i.xxx.  —  filaire, 
lxxx,  34.  —  micrure,  lxxx,  21 .  — 
à  long  fourreau,  lxxxi,  21,  —  para- 
doxal, lxxxi,  35. —  contourné,  lxxxi. 
; —  fllicol,  lxxxi.  —  nodulaire,  lxxxii. 

—  dans  des  tumeurs   de    l'intestin  du 
cheval,  692. 

STROXGYLUS  longevaginatus,  lxxxi,  21 . 

SUCRE  dans  le  liquide  hydatique,  374. 

SUEUR  causée  par  les  vers  de  l'intestin, 
59.  —  de  vers,  XG. 

SUPPURATION  des  kystes  hydatiques, 
367,  377. 

SURDITÉ  causée  par  les  vers,  57. 

SURDI-MUTITÉ  causée  par  les  vers,  56. 

SURRÉNALE  (hydatide  de  la  capsule), 
511. 

SWAIM  (remède  de),  815. 

SYMPTOMES  déterminés  par  les  vers  de 
l'intestin,  50. 

SYNCOPES  causées  parles  vers  de  l'intes- 
tin, 57. 

SYNOVIALES  (corps  riziformes  des),  357. 

—  non  sujettes  aux  vers  vésiculaires, 
343. 

SYPHILIS  occasionnée  par  des  vers  in- 
visibles, 771.  Vers  dans  la  — ,  311. 

SYSTÈME  musculaire  (affections  vermi- 
neuse  du)  (voy.  la  Table  méthodique). 
Affections  vermineuses  du  système  ner- 


s:s<) 


TABLE   ALPHABÉTIQUE   1>ES  MATIÈRES. 


VCUX    contrai,  ri   du    système  sanguin 
[voy.  la  Table  méthodique). 


TABLEAU  synoptique  des  entozoaires  de 
l'intestin  île  l'homme,  62.  —  des  ovules 
des  vers  de  l'intestin  et  des  voies  bi- 
liaires, 51.  —  des  cas  d'hydatides  sui- 
vant les  organes,  376-  —  des  cas  de 
Pilaire  observés  par  Morehead,  717. 

T.KNIA  albo-punclala,  XXI,  662.  — 
cœnurus,  xxxm. —  crassicollis,  xxxvn. 

—  crassula,\],. — cucumerina  ,xxx\ .  — 
dcnliculaia,xxxn. — echinocoa:us,xxx\ . 

—  elliptica,  xxxix.  —  expansa,  xxxn. 

—  fasciala,  xl.  —  fenestrala,  76.  — 
infundibuhformis,'xxx\x. —  lanceolata, 
xr,.  —  malleus,  xl.  —  mamillana, 
xxxm.  —  mediocanellata ,  xxx.  — 
iiana  (hominis),  xxxn.  —  nana  (canis) 
(voy.  T.  echinococcus).  —  peclinala, 
xxxn.  —  perfoliata,  xxxm.  —  plicata, 
xxxn. —  proglollina,  xxxix.  ■  •  sorrala, 
xxxm.  Expériences  sur  la  transfor- 
mation de  vers  vésiculaires  en  — , 
xxxm  —  setigera,  xl.  —  sinuosa, 
xl.  —  solium,  xxvi. 

TANAISIE,  808. 

TATZÉ,  808. 

TEMPORAL  (hydatides  du),  555. 

TÉNIA  (mode  de  progression  de  l'embryon 
du),  xxxix.  Mode  de  progression  du  pro- 
glottis  du  — ,  xxiv.  —  du  bœuf,  xxxn. 

—  du  cheval,  xxxn,  xxxm,  '229.  —  du 
chien,  xxxm,  xxxv.—  du  chat,  xxxvn, 
xxxix.  Expériences  sur  la  transforma- 
tion du  —  en  cysticerque  de  la  sou- 
ris, xxxviii.  —  de  l'homme,  xxvi.  93. 

—  armé,  XXVI.  —  fragile,  xxvi.  Pro- 
vient-il du  cysticerque  ladrique,  xxvn, 
92.  Expériences  sur  la  transformation 
du  —  en  cysticerque  ladrique,  xxix.  — 
inerme,  xxx.  —  du  cap  de  Bonne-Es- 
pérance, xxxi.  —  des  tropiques,  xxxi. 

—  nain,  xxxn.  —  et  bothriocéphale 
chez  le  même  individu,  79.  Répartition 
géographique  du  — ,  80.  Propagation 
du  — ,  88.  Dénominations  du  — ,  93. 
Séjour  du — ,94.  Situation  dans  l'in- 
testin, 95.  —  rencontré  à  l'autopsie, 
95.  —  fixé  par  la  tète,  95.  —  multiple 
chez  le  même  individu,  96.  —  suivant 
l'âge,  97.  — ■  plus  fréquent  chez  les 
femmes.  98. —  héréditaire,  99.  —  épi- 
démique,  99.  —  rendu  par  le  vomisse- 
ment, 100.  Durée,    101.  Phénomènes 


el  symptômes,  102.  Diagnostic,  luO. 
Cessation  temporaire  des  symptômes 
après  l'expulsion  incomplète,  110,  Cas 
d'affections  sympathiques,  53.  Obser- 
vations d'attaques  épilcptiformes,  104; 
d'affections spasmodiques,  1 0i  ;  de  trem- 
blement périodique,  1 06  ;  île  symptômes 
nerveux  singuliers,  106.  —  de  faim 
extraordinaire,  107.  —  de  toux  re- 
belle, K'S.  —  erratique  (voy.  Ces- 
ioïdes) .  —  du  lapin,  xxxn,  —  du  mouton , 
xxxn.  —  des  oiseaux  de  basse-cour, 
xxxix,  xl.  —  lancéolé  (voy.  Pentastotne 
ténioïde) . 

TÉNIADÉS  (tribu  des),  IX. 

TÉRÉBENTHINE,  808.  —  contre  les 
vers  des  bronches,  33.  —  contre  les 
hydatides  des  reins,  565. 

TESTICULE  (entozoaires  du),  755. 

TÉTANOS  par  des  vers  intestinaux,  54 
(voy.  Convulsions  générales). 

TÊTE  du  ténia  fixée  à  l'intestin,  95,  220. 
Piecherche  de  la  —  du  ténia,  2^20. 

TETRASTOME  (genre),  Liv.  ■ —  du  rein, 
liv,  292. 

THÉLAZSE,  XCI,  752. 

TÎIORACOCENTHÈSE,  614. 

THORAX  (hydatides  développées  dans  la 
cavité  du),  409.  Hydatides  de  la  paroi 
du  —,  34 i. 

THYROÏDE  [hydalide  du  corps),  539. 

TIBIA  (hydatides  du),  552. 

TINEA,  tinta,  sens  de  ces  mots,  38. 

TISSU  cellulaire  (slrongle  géant  dans  le), 
288  (voy.  Cellulaire). 

TOURNIS, 636.  Dénominations,  636;  his- 
torique, 637.  —  chez  le  mouton  et  le 
bœuf,  636.  —  chez  l'homme,  665. 
Hérédité  du  — ,  638.  Lésions  anato- 
miques  du  — ,  639.  Phénomènes  du  — , 
640.  Marche  du —,642. Du  -  dans  ses 
rapports  avec  les  vers  vésiculaires,  663. 
Traitement  du  — ,  643.  Cas  de  —  chez 
le  porc,  665- 

TOIJX  causée  par  les  vers  de  l'intestin,  58. 
Observation  de  —  rebelle,  causée  par 
le  ténia,  108. 

TRACHÉE-ARTÈRE  , kyste  hydatique  ou- 
vert dans  la),  539.  Lombrics  dans  la  -  , 
145  (voy.  Larynx  el  bronches). 

TRACHELOCAMPYLUS,  xxn. 

TRAITEMENT  delà  bronchite  vermineuse, 
32.  —  du  pentastome ténioïde, 26.—  des 
vers  des  bronches  chez  les  oiseaux,  37. 
—  des  lombrics  dans  les  voies  respira- 
toires, 148.  — des  entozoaires  intesti- 
naux de  l'homme,  216,  77  5.  —  des  ces- 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  M  ATI  EUES. 


837 


toïdes  de  l'homme,  219.  —  de  l'ascaride 
lombricoïde,  '221.  — de  l'oxyure  vcr- 
miculaire,  222.  —  du  trichocéphale 
dispar,222.  —  des  enlozoaires  intesti- 
naux chez  les  animaux,  234,  811.  — 
du  tournis,  643.  —  médical  des  hyda- 
lides,  562.  —  prophylactique  des  hyda- 
tides,  563.  —  chirurgical  des  hydatides, 
565.  Opportunité  d'un  —  prompt  contre 
les  hydatides,  612.  —  de  la  filaire  de 
l'homme,  729.  —  des  vers  de  l'œil  du 
cheval,  746. 

TRÉMATODES  (type  des),  xuv. 

TREMBLEMENTS  par  des  vers  intesti- 
naux, 55.  Observation  de  —  périodi- 
ques par  le  ténia,   106. 

TRÉPAN  (opération  du)  contre  le  pentas- 
tome  ténioïde,  26  ;  contre  le  cœnure, 
643. 

TRICHOCÉPHALE  (genre),  LXX.  —  de 
l'homme,  205.  Historique,  205  ;  fré- 
quence, 207  ;  distribution  géographi- 
que, 20H  ;  diagnostic  de  sa  présence, 
209.  Traitement  du  —,  222. 

TIUCHOCEPHALUSdispar,hxx.])é\ehp- 
pemenl  du  — ,  lxxi. —  a/finis,  lxxi. — 
dans  l'amygdale  chez    l'homme,    206. 

—  depressiusculus,  lxxi.  —  crenatus, 

LXXI. 

TRICHOSOME  (genre),  lxix. 

THICHOSOMUM  plica,  hw—brevicolle, 
lxx.  —  longïcolle,  lxx. 

TRICIIINA  spiralis,  lxviii. 

TRICHINE(genre),  lxviii.  — chez  l'hom- 
me, 672.  Historique,  672,  681.  Mus- 
cles envahis  par  la  —,  678.  Dis- 
tribution géographique  de  la  — ,  680. 
Kystes  plus  ou  moins  altérés  de  la  — , 
676,  678. 

TRICHOMONAS  (genre),  VII.  —  vaginal, 
VII,  756. 

TROMPE  d'Eustache  (lombrics  dans  la), 
143.  Hydatides  des  — utérines,  758. 

TRONC  iliydalides  des  parois  du),  543. 
Cysticerques  des  parois  du  — ,  633. 

TUBERCULES,  leur  origine  dans  les  hy- 
datides, 369,  620. 

TUBERCULES  vermineux,  683.  Figure 
d'un  —,  687.  —  du  cheval,  691.  — 
de  la   chèvre,  695.  —  du   chien,  684. 

—  de  l'homme,  692.  —  des  oiseaux 
de  basse-cour,  695.  —  des  animaux 
sauvages,*  684,  695.  —  de  l'aine,  695. 
—de  l'aorte,  689.  —  del'estomac,  689, 
691,  694,  695.  —  des  ganglions  bron- 
chiques, 692. —  de  l'intestin,  692.  — 
de  l'œsophage,  684,   695. 


TUMEURS  hydatiques  (constitution  des), 
362.  —  alhéromateuses,  367,  619  — 
formées  par  des  œufs  de  dislome,  261, 
—  par  des  œufs  de  trichosome,  261. — 
renfermant  des  distomes  (voy.  Hémato- 
zoaires).—  vermineuses,  114,  192. 

TUNIQUE  vaginale  (hydatides  de  la), 
755. 


U 


UNIVERSELLES  (affections  vermineu- 
ses), 763. 

URETÈRES  (dilatation  des)  par  la  com- 
pression d'un  kyste  hydatique,  515; 
par  le  strongle  géant,  27  3. 

URINAIRE  (hydatides  de  l'appareil),  524. 
619.  Hydatides  ouvertes  dans  les  con- 
duits — ,529  (voy.  Voies  urinaires). 

URINE  (évacuation  d'hydatides  avec  1'), 
529.  Cysticerques?  rendus  avec  1' — , 
535.  Coloration  de  1' —  par  lasantonine, 
le  semen-contra,  le  saoria  (voy.  ces 
mots).  Sels  de  1' —  dans  les  hydatides, 
374.  Incontinence  d' —  causée  par  les 
vers  de  l'intestin,  59. 

UTÉRUS  (cavité  de  1')  en  communication 
avec  un  kyste  hydatique,  519.  Hyda- 
tides du  corps  et  du  col  de  1' — ,  758. 
Vers  nématoïdes  erratiques  dans  1'  — , 
761. 


VAGIN  (oxyures  dans  le),  216.  Hydatides 
de  la  paroi  du  — ,758.  Vers  erratiques 
dans  le — ,  761. 

VAISSEAU,  rupture  par  l'ascaride  lombri- 
coïde, 137. 

VEAU  (vers  des  bronches  chez  le),  28.  As- 
caride lombricoïde  chez  le  —  ,224. 

VÉGÉTAUX,  portions  de  végétaux  prises 
pour  des  vers,  xci.  Caractères  distinctifs 
des  — ,  xcii. 

VEINES  (vers  des)  (voy.  Hématozoaires. 
Hydatides  dans  la  —  pulmonaire, 
396.  Kyste  hydatique  ouvert  dans  la 
—  cave  inférieure,  405- Kyste  hydati- 
que comprimant  la  — ,  434.  -  Inflam- 
mation des —  du  foie  autour  d'un  kyste 
hydatique,  481,  604.  —  du  foie  com- 
muniquant avec  un  kyste  hydatique, 
466,  480. 

VER  solitaire,   d'où  vient  ce  nom,   96. 

VERGE  (cas  de  filaire  à  la),  723. 

VERMIFUGES  'action  des),  775. 


838 


TAULE   ALPHABÉTIQUE   DES   MATIÈRES. 


VERMINEUSES  (affections)  sans  vers,  768 

(voyez  la  Table  méthodique). 
VEHMIS,  sens  de  ce  mot,  38. 
\i;i:ooiiv  77 i. 

VERS  intestinaux  (voyez  à  la  Table  métho- 
dique :  Affections  vermineuses  des  voies 
digeslives).  —  Vers  intestinaux  chez 
l'homme.  Historique,  39. —  Opinions  sur 
leur  origine,  44.  Connaissance  de  leur 
organisation,  40.  Utilité  des  — ,  40. 
Association  de  plusieurs  espèces  de — , 
47,  210,  14,  note.  Influence  des  astres 
(voy.  Lune).  Phénomènes  qu'ils  déter- 
minent, 48.  Tableau  des  œufs  des  — , 
51.  Affections  sympathiques  causées  par 
les — ,  53.  Crainte  exagérée  des —  et 
ses  conséquences  fâcheuses,  61.  — 
sanguins  (  voy.  Hématozoaires  de 
l'homme). —  vésiculaires,  l°urs  rapports 
avec  les  ténias,  xxv  ;  leurs  rapports 
avec  le  tournis,  663.  —  vésiculaires, 
pathologie,  343  ;  historique,  346. 
VERTÈBRES  (voy.  Rachidien). 
VÉSICULAIRES  (voy.  Vers). 
VÉSICULE  biliaire  (voy.  Biliaire).  Atro- 
phie de  la  — ,  479. 
VÉSICULE    séminale  (liydatide  de   la) , 

755. 
VESSIE  (hernie  de    la)   causée    par   un 
kyste  hydatique,  511. Hypertrophie  des 
fibres  musculaires  par  un  kyste  hyda- 
tique, 514.  Hydatides  dans  la  — ,515. 
Cestoïdes  pénétrant  dans   la  — ,  116. 
Vers   dans  les  parois  de  la  — ,  313. 
Strongle  dans  la  — ,  274,  288  (voy. 
Voies  urinair es). 
VIANDE  crue,  son  influence  sur  la  pro- 
duction du  ténia,  89.  La  —  en  Abys- 
sinie,  est  celle  du  bœuf  et  non  celle  du 
porc,  90. 
VIBRION  (genre),  v. 


VHIRIONIENS  (famille  des),  v.  —  dans 
l'urine,  289. 

VISION  (effets  de  la  saulonine  et  du  sc- 
men-contra  sur  la),  805,  807.  Affec- 
tions vermineuses  de  l'appareil  de  la—, 
733. 

VITALITÉ  de  la  trichine  spirale,  673.— 
des  larves  du  Strongylus  micrurus, 
30  ;  —  de  la  filiaire  de  Médine,  706. 

VOIES  BILIAIRES  (affections  vermineuses 
des)  (voyez  la  Table  méthodique).  Hyda- 
tides dans  les— ,462.  Lombrics  dans 
les  —,  156. 

VOIES  DIGESTIVES  (affections  vermi- 
neuses des)  (voyez  la  Table  méthodique). 
Distomes  dans  les  —,  253.  Hydatides 
dans  les  —,  495.  Pseudhelminthes  des 
— ,  xc. 
VOIES  RESPIRATOIRES  (affections  ver- 
mineuses des/  (voyez  la  Table  métho- 
dique). Hydatides  dans  les  —,  409. 
Lombrics  dans  les  —,  145. 
VOIES  l BINAIRES  (affections  vermi- 
neuses des)  (voyez  la  Table  méthodique 
et  Strongle  géant).  Hydatides  dans  les 

—  ,524. 
VOMISSEMENTS   causés  par  les  vers  de 

l'intestin,  58,  109.  Oxyures  renduspar 
les  — ,  215.  Hydatides  rendues  par  les 

—  ,497. 
VUE  (troubles  de  la)  causés  par  les  vers 

de  l'intestin,  57    (voy.    Sens,  Surdité). 
VULVE  (oxyures  dans  la),  216. 


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WEIGEL  (remède  de),  818. 


ZINC,  780. 


FIN    DE   LA  TABLE    DES   MATIÈRES. 


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