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3t£>*
TRAITÉ
DES
ENTOZOAIRES
ET DES
MALADIES VERMINEUSES
DE L'HOMME ET DES ANIMAUX DOMESTIQUES
MÉMOIRES DE L'AUTEUR
CHEZ LES MEMES LIBRAIRES.
De la paralyale générale ou partielle dos doux nerls do la
«cptiéme pairo, 1852.
[Mémoire courouné par l'Institut (Académie des sciences).
Itooliorohes sur la génération «les huîtres, 1 854.
Mémoire couronné par l'Institut (Académie des sciences). Prix de physiologie
expérimentale.
Becherchea sur l'angutUalfi du Mo niellé considérée au point de vue
de l'histoire naturelle et do l'agriculture, 1857.
Mémoire couronné par l'Institut (Académie des sciences), prix de physiologie
expérimentale pour la partie anatomique et physiologique, et couronné par la
Société impériale et centrale d'agriculture. Médaille d'or.
Comptes rendus dos séances et mémoires de la Société
de Biologie.
Première série. — Années 1 849 a 1853. Paris, 1850-1854,
5 vol. in-8 avec planches.
Le tome Ier, année 1849. Paris, 1850. In-8 de 20G — 170 pages, avec 4 planches
lithographiées, est épuisé.
Tome II, année 1850. Paris, 1851. In-8 de 203 — 258 pages, avec 3 planches
lithographiées. Épuisé.
Tome III, année 1851. Paris, 1852. In-8 de 166> — 284 pages, avec 5 planches
lithographiées.
Tome IV, année 1852. Paris, 1853. In-8 de 192 — 514 pages, avec 7 planches
lithographiées.
TomeV, année 1853. Paris, 1854. In-8 de 173—347 pages, avec 8 planches
lithographiées.
Deuxième série. — Années 1 854-1 858.
.Tome 1er, année 1854. Paris, 1855. In-8 de 175—366 pages, avec 9 figures
intercalées dans le texte, et 6 planches lithographiées.
Tome H, année 1855. Paris, 1856. In-8 de 160—393 pages, avec 3 planches
lithographiées.
Tome 111, année 1856. Paris,^ 1857. In-8 de 253—495 pages, avec 9 planches
lithographiées et figures intercalées dans le texte.
Tome IV, année 1857. Paris, 1858. In-8 de 189—334 pages, avec 2 planches
lithographiées et figures intercalées dans le texte.
TomeV, année 1858. Paris, 1859. In-8 de 194—325 pages, avec 9 planches
lithographiées.
Prix de chaque volmuc : 9 fr.
Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2,
TRAITÉ
DES
ENTOZOAIRES
ET DES
MALADIES VERMINEUSES
DE L'HOMME ET DES ANIMAUX DOMESTIQUES
PAR
€. «AVAIWE
Membre de la Société de biologie,
correspondant de la Société impériale des sciences de Lille, *■
lauréat de l'Institut (Académie des sciences), et de la Sociélé impériale et centrale d'agriculture,
chevalier de la Légion d'honneur, de l'ordre d'Isabelle la Catholiquo, etc.
Accompagné de 88 Ggures intercalées dans le texte
n«m» ck>»<— i ■
PARIS
J.-B. BAILLIÈRE et FILS
LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE
Rue Hautefeuille, 19
LONDRES j NEW-YORK
HIppolyte Baillière, 219, Régent street | H. et Cli. liaillière brotliers, W, Broadway
MADRID, C. BAILLY-BAILLIÈRE, CALLE DEL PRINCIPE, 11.
1860
Droits de traduction et de reproduction réservés.
Monsieur RAYER
MÉDECIN ORDINAIRE DE S. M. L'EMPEREUR,
MEMBRE DE L'INSTITUT, DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE,
COMMANDEUR DE LA LÉGION D'HONNEUR,
PRÉSIDENT DU COMI1É CONSULTATIF D'HYGIÈNE PUBLIQUE DE FRANCE.
PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE , ETC.
Hommage de profond respect, de rco nnais?ance et d'affection,
DAVAINE.
PREFACE,
Les ouvrages publiés en France sur la pathologie vermineuse sont
déjà anciens : ceux de Brera et de Bremser datent du commence-
ment du siècle, celui de Chabert est plus ancien encore; néanmoins
les articles sur cette matière publiés dans nos traités modernes de
pathologie ne sont généralement que des chapitres empruntés à ces
ouvrages ; il faut en excepter toutefois l'article acèphalocystes du
Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques , excellent travail
ex professe- de M. Cruveilhier, mais ce travail même est déjà d'une
date assez éloignée.
A l'époque où j'ai entrepris ce livre, la pathologie vermineuse
n'était donc guère plus avancée qu'il y a quarante ans. Tout récem-
ment, MM. Gervais et Van Beneden d'un côté, M. Moquin-Tandon
de l'autre ont publié une Zoologie médicale, et M. Kùchenmeister
un traité des parasites du corps humain. L'histoire naturelle des
entozoaires de l'homme a reçu une grande place dans ces savants
ouvrages; mais par leur nature, les deux premiers ne pouvaient
admettre la pathologie que d'une manière accessoire ; quant au der-
nier, l'auteur, entraîné par des spéculations zoologiques, a souvent
accordé une large part au parasite et a réduit celle de l'hôte à des
emprunts faits au livre de Bremser.
La plupart des articles et des traités écrits à diverses époques, sur
les affections vermineuses de l'homme et des animaux consistent
dans la reproduction plus ou moins littérale des descriptions, des
opinions et des faits contenus dans les œuvres de leurs devanciers,
descriptions qui n'ont point toujours été puisées dans l'observation
des faits, opinions souvent conçues et acceptées sans critique, faits
quelquefois incomplets ou dénaturés par des citations successives
et jamais vérifiées aux sources. Il importait de revoir ces faits, de
rechercher les nouveaux et nombreux documents qui, disséminés
viij PRÉFACE.
dans les recueils périodiques , ont été complètement négligés, ainsi
que des travaux savants ou estimables qui sont restés ignorés. Cette
entreprise était considérable et devait demander beaucoup de temps
et de recherches pour être menée à bien, mais j'ai trouvé de pré-
cieux secours tant dans la vaste bibliothèque de mon illustre maître
M. Rayer, et dans les documents rassemblés pendant sa longue car-
rière scientifique, que dans les bibliothèques publiques de Paris dont
l'accès m'a été rendu facile.
La pathologie vermineuse considérée chez l'homme et chez les
animaux offre un vaste champ qui comprend les phénomènes les plus
divers, les lésions les plus variées; considérée dans une espèce
unique, le champ se rétrécit considérablement et n'offre plus aux
méditations du pathologiste que des faits isolés ou incomplets et
sans rapport entre eux. Quant à l'homme certaines affections vi rmi-
neuses ne l'atteignent pas, d'autres ne l'atteignent que rarement et
comme par exception ; de là la nécessité pour les auteurs qui se sont
occupés de ces affections de chercher des lumières dans les maladies
analogues chez les animaux et réciproquement pour les auteurs de
médecine vétérinaire de demander des éclaircissements à la patho-
logie de l'homme. Aussi l'on a lieu de s'étonner que le rapproche-
ment dans un même ouvrage des maladies vermineuses qui attei-
gnent l'homme et les animaux n'ait jamais été tenté. L'intérêt d'un
semblable rapprochement, les lumières qu'il devait apporter dans
notre sujet m'ont déterminé à l'entreprendre malgré la difficulté de
coordonner des faits nombreux et variés, de les exposer d'une ma-
nière méthodique et lucide.
L'étude des affections vermineuses ne pouvant être indépendante
de celle des êtres qui les occasionnent, j'ai cherché une division qui
n'amenât pas l'interruption fréquente de la pathologie par la zoologie
et de la zoologie par la pathologie. De leur séparation est résulté
l'avantage de pouvoir exposer les caractères des entozoaires sui-
vant la méthode naturelle. Pour les affections que la présence de ces
parasites détermine, j'ai dû chercher une division qui présentât les
faits semblables ou analogues par groupes homogènes, et, s'il était
possible, peu nombreux. Celle que j'ai adoptée n'est pas irrépro-
chable sans doute au point de vue d'une classification nosologique,
PRÉFACE. ix
mais elle m'a paru répondre mieux qu'aucune autre au but que je
m'étais proposé. Relativement à la prééminence à donner soit à
l'homme, soit à tel ou tel animal dans la formation des groupes pa-
thologiques, je ne l'ai point accordée au rang que chaque espèce
occupe dans l'échelle animale, mais généralement je l'ai donnée à
l'espèce qui présente de la manière la plus évidente, et le plus fré-
quemment l'affection dont il était question ; ainsi les lésions que
détermine le cysticerque ladrique ont été étudiées d'abord chez le
porc, celles que détermine le distome hépatique l'ont été d'abord
chez le mouton, animaux qui sont atteints de ces lésions et plus
fréquemment et plus gravement.
J'ai joint à cet ouvrage un assez grand nombre de figures utiles à
l'intelligence du texte. Ces figures, pour la plupart, ont été dessinées
par moi-même d'après nature, ou sous mes yeux par Lackerbauer
dont l'exactitude et le talent sont généralement connus. Celles qui
ne m'appartiennent point sont accompagnées du nom des auteurs
auxquels je les ai empruntées.
Pendant l'exécution de ce livre, j'ai souvent eu recours à l'obli-
geance d'un savant illustre, mon ami, M. Claude Bernard, qui a bien
voulu mettre à ma disposition son temps et ses lumières; j'ai trouvé
dans plusieurs de mes collègues de la Société de biologie, qui se sont
aussi fait un nom dans la science, un concours utile, un empresse-
ment dont j'ai été vivement touché; je prie donc MM. Brown-
Séquard , Charcot, Giraldès,] Gubler, Laboulbène, Ch. Robin et
Vulpian d'en recevoir ici mes remercîments.
Paris, le 30 septembre 1859.
TABLE METHODIQUE
DES MATIÈRES.
Préface vij
Table des figures contenues dans l'ouvrage xvij
SYNOPSIS.
Page».
Type I. — PROTOZOAIRES I
Type II. — CESTOIDIÎS VIII
Type III. — TRÉMATODES XLIV
Type IV. — ACANTHOCÉPHALES LV
Type V. — NÉMATOIDES LVI
Type VI. — ACANTHOTHÈQUES LXXXVI
PSEUDHELMINTHES LXXXIX
PATHOLOGIE.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 4
(Importance attribuée anciennement aux vers. — Répartition des enlozoaires dans les
organes. — Conditions de l'existence et de la fréquence des vers : contrées, cli-
mats, saisons, etc. — Vers chez le fœtus, l'œuf et l'embryon, chez les enfants à la
mamelle, les animaux en lactation, dans l'enfance et la vieillesse ; — sexe, race, natio-
nalité, hérédité, contagion, épidémies, état de santé, constitution, helminllùase. —
Phénomènes déterminés par les enlozoaires).
DIVISION DE L'OUVRAGE -18
LIVRE PREMIER.
"VERS A L'ÉTAT DE LIBERTÉ DANS LES CAVITÉS QUI COMMUNIQUENT
AVEC L'EXTÉRIEUR.
PREMIÈRE PARTIE. — Affections vermineuses des voies
respiratoires 20
PREMIÈRE DIVISION. — Chez l'homme 20
DEUXIÈME DIVISION. — CHEZ LES ANIMAUX 22
PREMIÈRE SECTION. — Vers dans les fosses nasales 23
DEUXIÈME SECTION. — Vers dans la trachée et les bronches. 26
Chap. Ier. — Chez le bœuf, le veau, le cheval, l'âne (bron-
chite vermincuse) 28
Chap. II. — Chez le mouton 34
Chap. III. — Chez le cochon 35
Chap. IV. — Chez les oiseaux de basse-cour 36
TABLE MÉTHODIQUE. XJ
Pages.
DEUXIÈME PARTIE. — Affections vei-usiiieuses des voies
digestives 38
PREMIÈRE DIVISION. — CHEZ L'HOMME 39
(Généralités : historique. — Opinions sur l'origine des vers intestinaux. — Connais-
sance de leur organisation. — Utilité des vers. — Influence de la lune. - — -Associa-
tion de diverses espèces de vers. — Conditions de leur fréquence. — Phénomènes
qu'ils déterminent. — Explication de ces phénomènes. — Symptômes. — Diagnostic.
Tableau synoptique des ovules pour servir au diagnostic. — Nature et marche des
affections vermineuses. — Indication des cas d'affections sympathiques causées par
les vers. — Craintes exagérées à leur sujet. — Conséquences fâcheuses de cette
crainte. — Tableau synoptique des entozoaires intestinaux.)
PREMIÈRE SECTION. — Protozoaires intestinaux 63
DEUXIÈME SECTION. — Cestoïdes intestinaux 69
Chap. Ier. — Historique 69
Chap. II. — Distribution géographique du ténia et du bothrio-
céphale. — Antagonisme 78
Chap. III. — Conditions de la propagation des cestoïdes
de l'homme 87
Chap. IV. — Le ténia solium 93
Chap. V. — Le bothriocéphale large 111
Chap. VI. — Cestoïdes erratiques 114
TROISIÈME SECTION. — L'anchylostome duodénal ( chlorose
d'Egypte) 118
QUATRIÈME SECTION. — Vascaride lombricoïde 120
Sous-section I.
Chap. Ier. — Séjour, nombre, conditions de fréquence. . . 121
Chap. II. — Distribution géographique 124
Chap. III. — Épidémies et endémie 126
Chap. IV. — Conditions de propagation 1 28
Sous-seclion II.
Chap. Ier. — Symptômes, signes, accidents sympathiques. 129
Chap. II. — Lésions anatomiques, accidents physiques. . 134
Sous-seclion III.
Chap. Ier. — Lombrics erratiques dans l'estomac, l'œso-
phage, le nez, l'œil, l'oreille 142
Chap. II. — Dans le larynx et la trachée J45
Chap. III. — Dans les voies pancréatiques 155
Chap. IV. — Dans les voies biliaires 156
Chap. V. — Dans des voies accidentelles (question des per-
forations) ;' . 175
Chap. VI. — Tumeurs et fistules vermineuses 192
Chap. VII. — Lombrics erratiques dans diverses condi-
tions ; 204
xij TABLE MÉTHODIQUE.
P.gs».
CINQUIÈME section. — Le trichocéphale dispar 205
SIXIÈME SECTION. — L'oxyure vermiculaire 209
Septième section. — Traitement 210
DEUXIÈME DIVISION. — CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 223
(Historique. — Généralités.)
Première SECTION. — Vers chez les solipèdes 227
DEUXIÈME SECTION. — Vers chez le porc (échinorhynque géant). 229
TROISIÈME SECTION. — Vers chez le chien el le chai 231
QUATRIÈME SECTION. — Vers chez les ruminants 232
Cinquième section. — Traitement 234
TROISIÈME PARTIE. — Affections vermincuscs des voies
biliaires 235
(Historique. — Généralités).
PREMIÈRE DIVISION. — DISTOMES 238
PREMIÈRE SECTION. — Distomes chez les ruminants ' 238
Chap. Ier. — Lésions anatomiques 239
Chap. II. — Cachexie aqueuse 24 I
Chap. III. — Épizooties de cachexie aqueuse 241
Chap. IV. — Rapports de la cachexie aqueuse avec l'existence
des dislomes 24C
Chap. V. — Traitement . 249
DEUXIÈME SECTION. — Dislomes chez V homme 250
Chap. Ier. — Dans les voies biliaires . . 251
Chap. II. — ■ Erratiques dans l'intestin 253
Chap. III. — Incertains ou fictifs 255
DEUXIÈME DIVISION. — CORPS OVIFORMES 257
PREMIÈRE SECTION. — Chez le lapin 257
DEUXIÈME SECTION. — Chez l'homme 263
QUATRIÈME PARTIE. — Affections vermineuses des voies
nrinaîres , 26 G
PREMIÈRE DIVISION. — VERS SPÉCIAUX AUX VOIES URINAIRES
{slrongle géant) 267
(Historique. — Considérations générales. — Distribution géographique. — Organes
envahis. — Désordres occasionnés. — Phénomènes et symptômes. — - Diagnostic.)
PREMIÈRE SECTION. — Lestrongle géant chez l'homme 276
Chap. Ier. — Cas probables 276
Chap. II. — Cas très incertains 280
TAREE MÉTHODIQUE. XÎij
Pages.
DEUXIÈME SECTION. — Le slrongle géant chez les animaux. . . 286
DEUXIÈME DIVISION. — Vers rares, indéterminés, erra-
tiques ou fictifs 288
PREMIÈRE SECTION. — Vers microscopiques (protozoaires) . . . 288
DEUXIÈME SECTION. — ■ Vers visibles à l'œil nu 289
Chap. Ier. — Vers évacués avec l'urine (spiroptère, dacty-
lius, tétraslome) 292
Chap. II. — Vers trouvés dans les reins (penlastome, néma-
loïdes indéterminés) 293
TROISIÈME SECTION. — Vers erratiques ... : 295
QUATRIÈME SECTION. — Pseudhelminthes 300
LIVRE DEUXIÈME.
VERS DANS LES CAVITÉS CLOSES NATURELLES OU ACCIDENTELLES.
PREMIÈRE PARTIE. — Affections vermineuscs du système
sanguin (hématozoaires). .-. 309
(Considérations générales.)
Première SECTION. - Hématozoaires de l'homme. ...... 311
Chap. Ier. — Hématozoaires vrais (dislome hœmalobie). ... 312
Chap. II. — Hématozoaires accidentels (dislome hépatique). . 315
Chap. III. — Hématozoaires fictifs , . . 325
DEUXIÈME SECTION. — Hématozoaires des solipèdes. ..... 328
Chap. Ier. — Vers des artères (anévrysme vermineux) .... 329
Chap. II. — Vers des veines 336
TROISIÈME SECTION. — Hématozoaires du chien 336
Chap. Ier. — Vers ayant un séjour déterminé 337
Chap. II. — Vers circulant dans tout le système ...... 341
DEUXIÈME PARTIE. — Affections vermineuses des cavités
séreuses naturelles ou adventives (vers vêsiculaires). . . . 343
(Séjour. — Historique. — Confusion avec les kystes. — Découverte de l'animalité des
cysticerques, des hydatides. — Écliinocoques chez les animaux , chez l'homme. —
Acéphalocystes. — Relation de l'hydatide avec les écliinocoques. — Corps inanimés
pris pour des vers vêsiculaires. — Dénominations.)
PREMIÈRE DIVISION. — HYDATIDES 359
SUBDIVISION I. — Hydatides chez l'homme.
(Caractères des hydatides de l'homme. — Vitalité. — Mort.)
PREMIÈRE SECTION. — Considérations pathologiques 362
Chap. Ier. — Tumeurs hydatiques, constitution, transforma-
tions (athérome) 362
Chap. II. — Constitution chimique, produits accidentels (W-
muloïdine). , , 371
xjv TABLE MÉTHODIQUE
Page».
Chap. III. — Organes enviihis; altérations consécu-
livos 375
Cn.\p. IV. — Conditions diverses; étiologie, distribu-
tion géographique 879
Chap. V. — Marche, durée, terminaison, symptômes,
signes (frémissement hydalique, ponction exploratrice),
pronostic 383
DEUXIÈME SECTION. — Hydatides du système sanguin. . . . 393
Chap. Ier. — Cœur et vaisseaux 396
Chap. II. — Péricarde 406
TROISIÈME SECTION. — Hydatides des organes respiratoires . 409
Chap. Ier. — Hydatides développées dans la cavité tho-
racique 409
Chap. II. — Hydatides développées dans l'abdomen et
envahissant le thorax 435
QUATRIÈME SECTION. — Hydatides de ï 'abdomen 454
Sous-section I.
Chap. Ier. — Foie. Action sur cet organe 455
Chap. II. — Foie. Action sur les conduits et la vésicule
biliaires • 462
Chap. III. — Foie. Action sur les vaisseaux sanguins. . 480
Chap. IV. — Organes abdominaux autres que le foie. . 486
Sous-section H.
Chap. Ier. — Tumeur ouverte dans une cavité séreuse. 493
Chap. II. — Tumeur ouverte dans une cavité muqueuse. 495
Chap. III. — Tumeur ouverte au dehors 507
CINQUIÈME SECTION. — Hydatides du petit bassin 510
SIXIÈME SECTION. — Hydatides de l'appareil urinaire. . . . 524
Chap. Ier. — Hydatides développées dans les reins.
Mort 527
Chap. II. — Hydatides développées dans les reins. Gué-
rison 529
SEPTIÈME SECTION. — Hydatides dans les organes superficiels
(orbite, face, cou, corps thyroïde, parois du tronc, membres). 536
HUITIÈME SECTION. — Hydatides du système osseux 548
NEUVIÈME SECTION. — Traitement 562
Chap. Ier. — Traitement médical. 562
(Prophylaxie. — Agents tliérapeuliquos. — Agents physiques.)
Chap. II. — Traitement chirurgical 565
TABLE MÉTHODIQUE. XV
Pages.
(Ponction simple. — Ponction avec séjour de la canule. — Ponctions successives. —
Incision simple. — Incision à deux temps. — Caustique. — éjections iodées. —
Injections alcooliques. — Injections de bile. — Extirpation. — Traitement consécu-
tif. — Appréciation et indications.)
Subdivision II. — Hydatides chez les animaux 617
DEUXIÈME DIVISION. — CYSTICEKQUES 620
PREMIÈRE SECTION. — Cysticerques chez le porc (ladrerie). . . 622
DEUXIÈME SECTION. — Cyslicerque chez l'homme 627
(Historique. — Parois du cœur, poumons, autres organes. — Géographie.)
LIVRE TROISIÈME.
VERS DANS LES ORGANES PARENCHYMATEUX.
PREMIÈRE PARTIE. — Affections vermineuses du système
nerveux central 633
PREMIÈRE DIVISION. — PORTION CÉPHALIQUE DE L'ENCÉ-
PHALE 636
Première SECTION. — Vers chez les animaux.
Chap. Ier. — Cœnure chez les ruminants (tournis) 636
Chap. II. — Cysticerques chez le porc et le chien 643
DEUXIÈME SECTION. — Vers vésiculaires chez l'homme 644
Chap. Ier. — Hydatides 646
Chap. II. — Cysticerques 656
TROISIÈME SECTION. — Du tournis dans ses rapports avec les
vers vésiculaires 663
DEUXIÈME DIVISION. — Portion rachidienne de l'encé-
phale (cœnure, hydatides] 666
.DEUXIÈME PARTIE. — Affections verminenses du système
musculaire (trichina spiralis) 672
TROISIÈME PARTIE. — Affections verminenses des glan-
dules ou ganglions ( Tubercules vermineux). ........ 683
PREMIÈRE SECTION. —Chez le chien 684
DEUXIÈME SECTION. -- Chez le cheval 691
TROISIÈME SECTION. — Chez l'homme 692
QUATRIÈME SECTION. — Chez divers animaux 695
QUATRIÈME PARTIE. — Affections vermineuses du tissu
cellulaire interorganique ( la fllaire (le l' homme) 696
Chap. Ier. — Historique 697
Chap. II. — Distribution géographique 700
Chap. III. — Causes et conditions de propagation 705
XVJ TABLE MÉTHODIQUE.
P;igcJ.
Chap. IV. — Fréquence, nombre, siège, durée 715
Cuap. V. — Phénomènes pathologiques (observations particu-
lières) 718
Chap. VI. — Traitement 729
LIVRE QUATRIÈME.
VERS DANS DES ORGANES COMPLEXES OU APPAREILS.
k'Ct ■:>■ Il Kl: PARTIE. — Affections verminenses de l'appareil
de la -vision 732
PREMIÈRE DIVISION. — GLOBE OCULAIRE 732
PREMIÈRE SECTION. — Globe oculaire chez r homme 733
DEUXIEME SECTION. — Globe oculaire chez les animaux. . . . 743
Chap. Ier. — Chez le porc 743
Cuap. II. — Chez les solipèdes 745
Chap. III. — Chez le bœuf 749
DEUXIÈME DIVISION. —ANNEXES DE L'OEIL 750
DEUXIÈME PARTIE. — Affections vermine uses de l'appareil
générateur 753
PREMIÈRE DIVISION. -APPAREIL MALE. . 754
DEUXIÈME DIVISION. —APPAREIL FEMELLE 756
PREMIER APPENDICE.
Maladies faussement attribuées aux vers. . . . 763
(Art. I. Affections vermineuses universelles, fièvres vermineuses. — Art. II. Affec-
tions épidémiques ou contagieuses déterminées par des vers invisibles. ■ — Art. III.
Affections attribuées à des vers réels ou fictifs autres que ceux de l'intestin. —
Art. IV. Affections imaginaires attribuées à des vers imaginaires.)
DEUXIÈME APPENDICE.
MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION. , 775
(Art. I. Acide cyanhydrique, antimohiaux, eau froide, étain, fer, mereuriaux, pétrole,
sel marin, soufre, zinc. — ART. II. Ail, aloès, asa fœtida, camphre, cévadille,
charbon végétal, citrouille, cousso, étber, figuier de Cayenne, geoffrée, fougère mâle,
grenadier, huile grasse, kamala, mousse de Corse, mûrier, musenna, nitrate d'ar-
gent, noix vomique, papayer, panna, quinquina, santonine, saoria, semen-conlra,
spigélie, tanaisie, tatzé, térébenthine. — Art. III. Remède de Chabert, de Clossius,
de Darbon, de Garbillon, de Richard de Hautesierck, de Meyer, de Ratier, de Storck,
de Swaim, de Weigel.)
Index bibliographique par noms d'auteur (*) 816
Table alphabétique des matières 823
(*) IV. B, — Cet index a pour but de faire arriver facilement le lecteur au livre ou au mémoire
çilé lorsqu'à, est indiqué, par un \ocq citatO.
SYNOPSIS
DES ENTOZOAIRES DE L'HOMME
ET DES ANIMAUX DOMESTIQUES.
Les entozoaires sont des animaux qui vivent dans les organes des
autres animaux, et qui n'ont point d'organes respiratoires distincts
ou déterminés, ni d'appendices articulés propres à la locomo-
tion (1).
Les entozoaires sont organisés d'après six types distincts ; ce sont :
les PROTOZOAIRES, les CESTOÏDES, les TRÉMATODES, les ACANTHOCE -
PHALES, les NÉMATOÏDES, les ACANTHOTHEQUES.
TYPE I. — PROTOZOAIRES.
Animaux microscopiques, de forme ordinairement irrégulière, dont
les divers systèmes d'organes ne sont pas, en général, nettement
séparés; chez les uns, l'organisation très simple est réductible au
type de la cellule; chez les autres, plus complexes, les fonctions
s'accomplissent néanmoins par des organes simples et non par
des appareils (2).
Les téguments des protozoaires sont tantôt mous, contractiles,
(1) La définition de Rudolphi n'est plus admissible aujourd'hui, car on sait
qu'un certain nombre de vrais entozoaires passent une partie de leur vie hors de
l'organisme de leur hôte; celle que nous proposons ne change rien à l'ensemble
du groupe; toutefois, contrairement à Rudolphi, nous rapportons aux entozoaires
les infusoires parasites qui en avaient été rejetés sans raison suffisante.
La classe des entozoaires est artificielle, mais la plupart des groupes secondaires
qui la constituent, parfaitement définis par leurs caractères zoologiques, compren-
nent exclusivement, ou à peu près exclusivement, des parasites internes ; en sorte
que les entozoaires forment en réalité un groupe assez homogène.
(2) La définition des protozoaires donnée par M. de Siebold (animaux réduc-
tibles au type de la cellule) ne convient qu'à un petit nombre de ces animaux; la
caractéristique de MM.Gervaiset Van Beneden (animaux sarcodaircs) comprendrait
aussi des animaux plus élevés, tels que certains trématodes, des larves d'in-
secte, etc. Nous croyons notre définition plus précise, sans oser espérer qu'elle soit
irréprochable.
DAVA1NE, - a
Il SYNOPSIS.
non distincts du parenchyme du corps, susceptibles de s'agglutiner
et de s'étirer; tantôt plus distincts et réticulés ; tantôt solides et non
contractiles, ou durs et cornés, et persistants après la destruction de
l'animal. Ils sont ordinairement pourvus d'appendices variés qui ser-
vent à la préhension des aliments, à la locomotion, à la respira-
tion î\ telles sont des expansions contractiles, protéennes, tantôt
courtes et larges, tantôt longues et filiformes, simples ou ramifiées
que certains protozoaires (amibes, acinètes) émettent ou retirent dans
leur propre substance, et qu'ils varient incessamment ; tels sont, chez
d'autres, les cils vibratiles toujours agités, les cirrhes qui paraissent
suivre l'impulsion de la volonté ; enfin des expansions roides et résis-
tantes, comme les soies, les styles, les crochets? '.
Le parenchyme du corps est une substance molle, transparente,
diffluente, contractile [sarcode). Une ou plusieurs vésicules rougeâtres,
qui apparaissent et disparaissent suivant un rhythme non régulier,
représentent un système circulatoire rudimentaire. Le tube digestif
est nul, incomplet ou complet. La génération s'accomplit par fissi-
parité, par gemmiparité ou par des organes sexuels. Ceux-ci, tou-
jours très simples, sont constitués par des vésicules (ovaire ou noyau,
testicule ou nucléole) distinctes, dans lesquelles se développent les
spermatozoïdes ou les ovules. La fécondation a lieu par accouple-
ment, et l'embryon, quelquefois différent des parents, subit alors des
métamorphoses et devient adulte par une véritable génération alter-
nante (1).
(l) L'appréciation exacte des phénomènes qui ont donné lieu à la théorie de la
Génération alternante étant assez récente et, peut-être, peu familière encore aux
médecins praticiens, il importe de donner ici quelques éclaircissements à cet égard,
d'autant plus que des exemples de ce mode de génération se présenteront fréquem-
ment dans cet ouvrage.
Outre la reproduction par des drganes génitaux, certains animaux se reproduisent
encore par des gemmes ; dans l'un et l'autre cas, il peut arriver que l'individu pro-
duit ne ressemble pas à l'individu producteur. — On sait que chez les batraciens,
chez les insectes, la larve qui sort del'teuf ne ressemble pas au parent, mais qu'elle
acquiert tôt ou tard la forme et l'organisation du parent par une métamorphose. De
l'embryon à l'adulte l'individualité est toujours la même, quoiqu'elle revête des
formes différentes. — Chez d'autrcS animaux, l'individu qui sort de l'œuf, différant
aussi par la forme et par l'brganisatibn de l'individu qui a produit l'œuf, ne se mé-
tamorphose point cependant tôt ou tard en un individu semblable à son parent, il
périt sans arriver jamais à l'état adulte; ce sont d'autres individus auxquels il
donne naissance par des bourgeons ou des gemmes qui acquièrent la forme du pre-
mier parent et qui reproduisent des œufs à leur tour. L'individu issu de l'œuf, qui
be ressemble ni pour la forme, ni pour l'organisation à celui qui a produit l'œuf,
SYNOPSIS. m
Le groupe des protozoaires n'a point encore de limites bien déter-
minées, soit parce qu'il est facile d'y comprendre des larves d'ani-
maux plus élevés, soit parce qu'il est difficile d'en distinguer des
végétaux doués de mouvement, ou même des parcelles séparées
récemment d'un organisme vivant et participant encore de sa vie,
comme il arrive aux fibres musculaires, aux cils vibratiles, aux sper-
matozoïdes, aux zoospôres. C'est cette interprétation que nous don-
nons des mouvements que nous avons découverts dans les globules
ne ressemble point non plus à sa progéniture; celle-ci possède la forme du pré*-
mier parent ou elle l'acquiert par une métamorphose. II y a donc là deux phases dé
génération bien distinctes ; mais quelquefois celte seconde génération n'arrive point
non plus à l'état adulte, elle en reproduit une troisième , différente d'elle-même
et de la précédente, et c'est cette troisième génération qui seule reprend le type
du parent primitif. j
On entend par génération alternante ou digénèse la succession des générations
dissemblables, sexuelle et asexuelles, après lesquelles reparaît le type primitif.
Il arrive fréquemment que l'individu appartenant à l'une de ces phases de gêné"
ration (ordinairement celle qui n'acquiert point d'organes génitaux) produise de
nouveaux individus semblables à lui-même, et ceux-ci, à leur tour, donnent nais-
sance à d'autres individus semblables à eux-mêmes avant que chacun d'eux ne pro-
duise des individus dissemblables. Ces individus semblables, nés d'une souche
commune et successivement les uns des autres, ces rejetons ne peuvent être consi-
dérés comme constituant de nouvelles phases de génération, car ils ne forment
point un degré plus avancé dans l'évolution de l'animal qu'ils représentent, ils ne
font que multiplier l'individu-souche; les individus dissemblables, au contraire,
forment toujours un acheminement vers l'état adulte, uue phase nouvelle, un
degré de plus dans l'évolution de l'animal auquel ils appartiennent : le puceron,
qui produit une succession de dix et douze individus, plus ou moins, nés les uns
des autres par gemmation et semblables les uns aux autres, n'a pas en défini-
tive dix et douze phases de génération successives, mais deux seulement, l'une
sexuelle et l'autre asexuelle; les hydalides produites successivement les unes par
les autres ne représentent point chacune une nouvelle phase de génération, mais
c'est l'échinocoque qui représente cette nouvelle phase; et, dans les plantes, la suc-
cession des bourgeons ne représente jamais qu'une même phase de génération*
M. Steenstrup, l'auteur de la théorie de la génération alternante, a appelé
nourrice l'individu non sexué qui donne naissance à l'individu sexué ; et grand'-
nourrice, l'individu non sexué qui, lorsqu'il y a deux phases asexuelles de généra-
tion, donne naissance à la nourrice. On sait que M. Van Beneden appelle la nour-
rice scoleœ et la grand'nourrice proscolex.
Parmi les entozoaires dont nous allons nous occuper, les cestoïdes et les trémà-«
todes se propagent généralement par la génération alternante ; mais les différentes
phases de cette génération s'accomplissent dans des terrains différents. L'animal
ne peut parcourir ses périodes de larve dans l'organe où il devient adulte, de là une
migration nécessaire dans de nouveaux organes et chez de nouveaux animaux, irii=
gration correspondante à chaque nouvelle phase de son évolution.
|\ SYNOPSIS.
blancs du sang de l'homme et des animaux (1), malgré l'opinion d'un
observateur plus récent, M. Lieberkûhn, qui regarde ces corpuscules
comme de véritables protozoaires (2) .
Les protozoaires sont les plus répandus de tous les animaux: ils
existent dans les eaux courantes ou stagnantes, douces ou salées,
dans l'humus, parmi les mousses, les conferve's, etc. Ils apparaissent
rapidement dans les matières végétales ou animales en décomposi-
tion; ils se trouvent sur les téguments des animaux qui vivent dans
l'eau, dans divers organes des animaux à sang froid et même chez
les animaux à sang chaud.
Les protozoaires qui vivent dans les organes des animaux sont
de véritables intestinaux ou entozoaires, car ils périssent prompte-
ment lorsqu'on les retire de ces organes; et, d'autre part, les proto-
zoaires libres périssent lorsqu'on les introduit dans un organisme
animal (3).
Les protozoaires des animaux domestiques ont à peine été recher-
chés; nous n'indiquerons ici que ceux de l'homme. Ils appartiennent
à plusieurs genres distincts.
(1) C. Davaine, Recherches sur les globules blancs du sang (Mém. Soc. biologie,
1850, t. II, p. 103).
(2) Lieberkûhn, Ueber psorospcrmien {Muller's Arch. fur anal, undphys. 1854,
p. 11, pi. i).
(3) Nous rapporteroos datii le courant de cet ouvrage des faits qui prouvent que
les protozoaires de l'homme ne peuvent vivre hors des organes qui leur servent
Aliabilal (voy. ce que nous avons dit, Palhol., p. 63, 67, 68). Ici nous nous borne-
rons à citer les suivants : M. Chaussât, ayant exposé dans un tube une certaine
quantité de sang de grenouille qui contenait des protozoaires parasites [paramecium
costatum et amœba rolaria), constata que ces hématozoaires avaient cessé générale-
ment de vivre au bout de quarante-huit heures, tandis qu'au bout de vingt-quatre
il s'y était déjà développé des vibrions (Chaussât, thèse). — M. Vogel, ayant tiré à
un chat adulte 30 grammes environ de sang, les remplaça par 60 grammes d'une
infusion qui contenait des milliers d'iufusoires (espèce de monas ou jeune Age du
cyclidium glaucoma ?); au bout de viogt-trois heures, 30 grammes de sang tirés à
ce chat n'offrirent pas la moindre trace de ces infusoircs. Deux jours après, le
chat fut tué et son sang, ayant été examiné avec soin, ne contenait pas d'infu-
soire6; ceux-ci avaient disparu sans laisser aucun vestige, quoiqu'il en eût été
injecté des millions (J. Vogel Traité d'anal, palh. gén., 1847, p. 396, note).
Il y a donc pour les protozoaires qui vivent en parasites des conditions physiolo-
giques particulières qui les distinguent des autres infusoires et les rapprochent
des entozoaires.
SYNOPSIS. V
FAMILLE DES VIBRIONIENS (Dujakdin).
Protozoaires filiformes, extrêmement minces, sans organisation ap-
préciable, sans organes locomoteurs visibles, se multipliant par
division transversale, et se mouvant par l'effet de leur contracti-
lité générale.
Les vibrioniens sont les protozaires qui apparaissent les premiers
dans toutes les infusions, et qui, en raison de leur petitesse extrême
et de l'imperfection de nos moyens d'observation, doivent être con-
sidérés comme les plus simples. Il est probable que beaucoup d'êtres
rapportés aux vibrioniens appartiennent au règne végétal.
1 GENKE BACTERIUM.
Corps filiforme, roide ; mouvementvacillant,non ondulatoire; longueur, 0mm,002
à 0'mm,005 ; épaisseur, 0m,n,0004 à 0n,m,0017.
Des protozoaires appartenant à ce genre se trouvent dans divers liquides
animaux en décomposition, dans la matière blanche qui s'amasse autour des
dents, etc.
2 GENRE VIBRION.
Corps filiforme, susceptible d'un mouvement ondulatoire comme un serpent ;
longueur, 0mm,003 à 0mm,01 ; épaisseur, 0mm,0008 à 0n1m,0(M.
On trouve de ces êtres dans les matières intestinales chez les malades at-
teints du choléra et de diarrhée, dans l'urine altérée, dans le pus de la
balanite, de la leucorrhée, etc. (voy. Path., p. 65, 66, 289).
FAMILLE DES MONADIENS (Dujardin).
Protozoaires ayant une forme déterminée, ronde ou ovoïde \ varia -
blés parleur mollesse, mais non d'une manière protéenne; corps
en apparence homogène, sans tégument distinct, susceptible de
s'agglutiner aux objets environnants et de s'étirer plus ou moins ;
point d'intestin ni de bouche visibles ; un ou plusieurs filaments
fiagelliformes servant d'organes locomoteurs.
Vf SYNOPSIS.
3 GENRE MONAS.
Corps nu, de forme arrondie ou oblongue, sans expansions variables ; un seul
filament flatjelli forme ; mouvement un peu vacillant.
Une espèce observée chez l'homme, dans l'urine des cholériques (voy.
PWft.,p. 289).
GENRE CERCOMONAS.
Corps nu, de forme arrondie, discoïde ou ovoïde ; un filament flagelliforme
antérieur ; un prolongement postérieur en forme de queue, plus ou moins
long, plus ou moins filiforme et variable qui s'agglutine quelquefois aWD
corps environnants et fixe momentanément l'animal.
Fig. 1. — Cercomonas de l'homme grossis 350 fois. — i, variété A; 2, variété B.
/4 CERCOMONAS DE L'HOMME {Cercom, hominis, Davaine).
Variété ou espèce A.
Corps pyriforme, variable, long de 0min,01 à 0mm,012 ; extrémité amincie se ter-
minant par un filament caudal épais aussi long que le corps; filament flagelli-
forme antérieur situé à l'extrémité obtuse, opposé au précédent, très long (deux
fois aussi long que le corps? ) et mince, toujours agité, très difficile à voir; trait
longitudinal vers l'extrémité antérieure, donnant l'apparence d'un orifice buc-
cal?; point de nucléus bien appréciable. Locomotion assez rapide, quelquefois
suspendue par ragglutiualion du filament caudal aux corps environnants;
l'animal oscille alors, comme un pendule, autour du filament.
Ces prolozoaires existent en nombre quelquefois considérable dans les
garderobes récentes des malades atteints du choléra.
Variété ou espèce B.
Plus petite que la précédente ; corps moins pyriforme, à contours moins arrondis,
long de 0mm,008; deux filaments, l'un antérieur, l'autre caudal, situés un peu
latéralement; longueur des filaments non déterminée; locomotion très rapide.
Cette variété se rapproche des amphimonas.
Protozoaires observés en grand nombre dans les déjections d'un individu
atteint de fièvre typhoïde.
Ces protozoaires périssent et disparaissent dès que les garderobes se
SYNOPSIS. ¥11
refroidissent. Leur petitesse, la continuité et la rapidité de leurs mouvements
rendent une observation exacte très difficile, observation qui ne peut être
complétée après la mort de l'animalcule, car il devient impossible alors de le
distinguer des corpuscules de diverse nature, des cellules épithéliales plus ou
moins altérées parmi lesquels il se trouve (voy. Palh,, p. 64, 67).
GENRE TRICHOMONAS.
Corps ovoïde ou globuleux, susceptible de s'étirer en s agglutinant au porte
objet, et présentant quelquefois ainsi un prolongement caudal; filament fla-
gelliforme antérieur, accompagné d'un groupe de cils vibratiles.
5 TRICHOMONAS VAGINAL [Trich. vagmalis, Donné).
Corps glutineux, noduleux, inégal, creusé de vacuoles?, s'agglutinant souvent à
d'autres corps, long de Omm,0i ; filament caudal non constant, variable; fila-
ment autérieur flagelliforme, flexueux, trois fois plus long que le corps;
long, de 0m,a,028 0mm,033 ; sept à huit cils vibratiles situés à sa base. Mauve*
ment vacillant.
Observé dans le mucus vaginal chez la femme. Les trichomonas sont sou-
vent réunis par groupes de cinq ou six individus, plus ou moins, dans les-
quels on ne distingue que quelques appendices flagelliformes en mouvement.
Lorsque le mucus vaginal est refroidi, ces protozoaires ne lardent pas à
disparaître (voy. Palh., p. 756).
FAMILLE DES PARAMÉCIENS (Dujardin).
Protozoaires à corps mou, flexible, de forme variable, ordinairement
oblong, plus ou moins déprimé, pourvu d'un tégument réticulé,
lâche et couvert de cils vibratiles nombreux en séries régulières ;
ayant une bouche distincte.
6 PARAMÉCIE DE L'HOMME [Paramecium coli, Màlmsten).
Corps ovoïde, aminci en avant, long de 0mm,l environ, un peu variable ; tégument
couvert de cils serrés, disposés en séries obliques; bouche anléro-latérale, munie
de cils plus longs ; œsophage légèrement élargi et recourbé ; anus situé en
arrière, à la face abdominale , plus ou moins saillant et distinct par sa consti-
tution ; un noyau oblong, elliptique; deux vésicules contractiles, l'une plus
petite, sub-centrale , l'autre située près de l'anus, très variables ; — mouve-
ments plus ou moins rapides, quelquefois tournoyants.
Observée dans le côlon et dans les garderobes chez l'homme (voy. Palh.,
p. 67).
VIII
SYN0PSI5
TYPE II. — CEST01DES (Rudolpiii).
Animaux composés, à corps mou, ordinairement aplati, à tégument
confondu; point de cavité générale; corpuscules calcaires ordi-
nairement très nombreux, disséminés dans le parenchyme; point
de bouche, d'anus ni d'intestin; ayant ordinairement une tête
(nourrice, scolex) munie de deux ou quatre ventouses ou fossettes
musculeuses très contractiles (oscules, suçoirs, bothries), et sou-
Fig. 2. — Cysticcrque ladrjque
provenant d'un kyslc situé dans
la paroi abdominale , chez
l'homme. — 1 , scolex ou têle,
col et portion du corps, grossis
40 fois et très légèrement
comprimés. Le rostre est en-
core invaginé ainsi qu'une
partie de la couronne de cro-
chets; trois des quatre ven-
touses sont visibles; on voit
aussi les corpuscules calcaires
disséminés dans le col et le
corps ; ces parties sont mar-
quées de plis transversaux qui
simulent des anneaux. — 2, cro-
chets appartenant à la première
et à la seconde rangées, grossis
200 fois. On leur distingue
trois parties: la griffe ou lame,
la garde ou talon, le manche.
— 3, corpuscules calcaires
grossis 350 fois.
vent en outre armée de crochets disposés soit en couronne ter-
minale autour d'une sorte de petite trompe (rostre, rostellum), soit
par paires en avant de chaque fossette ou très nombreux sur
quatre trompes rétractiles; corps plus ou moins long (strobila),
formé d'articles ou d'anneaux plus ou moins nombreux; articles
restant longtemps réunis entre eux et à la tête, ou se détachant
bientôt et vivant quelque temps libres (cucurbitins, proglottis);
quatre canaux longitudinaux plus ou moins ramifiés, contractiles,
occupant la tête et les anneaux , s' ouvrant en arrière axi dehors?
et formant un appareil excrétevr?. — Organes génitaux des deux
sexes réunis dans un seul article; organe mâle disparaissant
ordinairement ? lorsque sa fonction est accomplie, l'organe femelle
persistant. — Spermatozoïdes filiformes ; oeufs pourvus d'une
enveloppe simple, double ou triple, avec ou sans opercule. Em-
bTXOPSIS. IX
Lrvon ordinairement ovoïde et muni de sLx :. : : . - - \ -
Fie. %. — (loi im téfûm wfcw *n
«, grossi 7* foi? ; », 340 fois ; c,
.- ; -.--:. i.i z ■--■-. --■■■: -
:- :.--•■.- :- 7: ."_ :r>
quelquefois sans crochets? Larve Bat sauf les ::ansformations,
se multipliant quelquefois sous la même forme par gemmation.
Les cestoïdes sont les plus oommtms de tous les entoaoaires
forment un très grand nombre
d'espèces qui, dans leurs divers
états, vivent dans tous les or-
ganes chez les animaux ver-
tébrés.
Les cestoïdes de l'homme et
des animaux domestiques appar-
tiennent à deux familles ou tribus
rfetmetea
TRIBU DES TEMADES.
CSesfcndes ayant une tê:e s::. ex
munie de quatre ventouses et
souvent d'une trompe année
de crochète ou inenne; un
corps strobilai en forme de
bandelette, composé d'articles
plus ou moins nombreux ; les
articles (cucurbitins, proglot-
tk agrégés ou libres, pour-
vus, lorsqu'ils sont adultes,
d'organes génitaux mâle et
femelle; orifice des organes génita-x âtués à la marge.
Etat embryonnaire ; vésicule ovoïde, hexacar.i'-r.
Etat de larce : forme hydatique ou acéphalocvste ; hne :; - îqae
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X SYNOPSIS.
(éehinocoque, oœnure, cystioerque) ; forme inconnue pour le plus
grand nombre ; — scolex.
Etat parfait : cucurbitin ou proglottis.
A l'état de larve, les téniadés se trouvent dans les parenchymes
ou dans les cavités séreuses exclusivement; à l'état parfait, ils
n'existent que dans la cavité de l'intestin des animaux vertébrés.
Communs che2 les mammifères et les oiseaux, ils sont très rares chez
les reptiles et les poissons.
Les cestoïdes de la tribu des téniadés se propagent par une génération al-
Fig. 5. — Ténia progloltinien (voy. Syn., n° 28). — 1, individu grossi 40 fois ; pourvu de la têle
et de quatre anneaux ; aux troisième et quatrième en a, orifice des organes génitaux. — 2, tête
ou scolex et premier anneau, grossis 200 fois, un peu déformés par compression (des mouve-
ments 1res vifs ne permettent de les observer que comprimés). Infundibulum et ventouses armés de
crochets, corpuscules calcaires et deux des quatre canaux longitudinaux apparents; premier
anneau nettement séparé de la tête et de l'anneau suivant, n'offrant point encore d'organes géni-
taux. — 3, crochets de l'infundibulum, disposés en deux rangées, grossis 540 fois. — 4, deux
anneaux ou proglottis séparés de la tète et encore adhérents entre eux, grossis 20 fois ; organes
génitaux alternes visibles à l'angle antérieur. — 5, partie antérieure d'un proglottis vivant libre,
grossi 40 fois (même grossissement que le n* 1); a, pénis; b, canal déférent ou spermiJucte ;
c, vagin ; d, d, canaux longitudinaux. — G, œuf grossi 350 fois renfermant un embryon dont on
aperçoit les crochets. — 7, embryon mxir, sorti de l'oeuf, grossi 350 fois. 11 est vu dans la situa-
tion où il se Irouve à la fin d'un effort perfnnitif.
SYNOPSIS. XI
lernante (voy. ci-dessus, p. », note) ; en effet, si l'on compare entre eux
l'embryon, la tête et les anneaux d'un ténia, il est facile de voir qu'ils constH
tuent trois individualités distinctes dont l'une, au moins, dérive de l'autre par
gemmation.
La tête ou le scolex possède manifestement une individualité propre; elle
se distingue de chacun des anneaux par sa forme, par ses ventouses, sou-
vent par la présence de crochets, par l'absence constante d'organes sexuels
et, si, dans un certain nombre d'espèces, elle semble appartenir à la série des
anneaux parce qu'elle n'en est pas nettement séparée, dans d'autres, la sé-
paration est bien tranchée, comme chez le ténia proglotlinien du coq domes-
tique (fig. 5); d'ailleurs la tête de certains cestoïdes a été vue isolée, et
même elle a été décrite comme un animal distinct sous le nom de scolex.
Les anneaux ou progloltis possèdent aussi une individualité propre qu'ils
manifestent clairement dans un assez grand nombre d'espèces, car après être
restés plus ou moins longtemps adhérents entre eux et à la tête ou scolex, ils
se séparent par scission et vivent un certain temps indépendants. Chez plu-
sieurs cestoïdes connus, la séparation d'avec le scolex se fait pendant que
l'anneau est encore loin de sa maturité ; cet anneau vit, se meut, se nourrit,
s'accroît en liberté et ses organes génitaux achèvent de se développer dans
cet état. Cet anneau libre, qui possède tous les attributs de l'animalité, est le
cestoïde adulte qui reproduit son espèce par des œufs.
Avant que l'œuf n'ait été expulsé des organes sexuels, il s'y est développé
un embryon qui ne ressemble nullement au proglottis dont il provient, ni au
scolex qui a produit le proglottis. Il est, en effet, dépourvu de ventouses et
muni de six crochets qui, différant de ceux du scolex par le nombre, en diffè-
rent encore par la forme.
Voilà donc trois individualités successives et distinctes dont l'une forme
l'animal parfait. Comment se complète le cercle interrompu entre l'embryon
et le scolex? le second provient-il du premier par métamorphose ou par gem-
mation? avant d'aller plus loin, constatons dans ces individus successifs les
phases d'une génération alternante : un anneau né de la tête par gemmation ;
un embryon hexacanthe provenu de l'anneau par sexualité. La tête est donc
une nourrice suivant la dénomination de Steenstrup, un scolex suivant celle
de Van Beneden ; l'anneau ou proglottis est l'individu adulte.
Aucun observateur n'a suivi d'une manière positive l'embryon dans sa
transformation en scolex ; on ignore donc s'il reproduit celui-ci en se méta-
morphosant ou bien par gemmation, où s'il n'y a pas plusieurs générations
entre la vésicule hexacanthe et le scolex. D'après quelques observations en-
core fort incomplètes, on est porté à admettre que l'embryon, parvenu dans
son habitat, perd ses crochets et se développe en une vésicule qui produit le
scolex par gemmation; dans ce cas l'embryon serait une grand' nourrice
(Steenstrup), un proscolex (Van Beneden). Mais si l'on compare l'échinocoque
au cœnure, on comprendra qu'il n'y a probablement point sous ce rapport
uniformité de développement chez tous les téniadés ; il en est d'ailleurs un
XII SYNOPSIS.
grand nombre qui probablement ne passent point par la forme vésiculaire.
Les différentes phases du développement d'un léniadé s'accomplissent dans
des milieux différents, comme nous l'avons dit. L'individu adulte, le pro-
glollis se développe et vit exclusivement dans l'intestin ; l'œuf est toujours
expulsé au dehors , l'embryon qu'il renferme, avant d'être apte à vivre dans
l'intestin, doit toujours sans doute acquérir un nouveau développement qui
l'amène à l'état de scolex et qui s'accomplit dans un autre milieu. Les crochets
dont l'embryon est armé, disposés pour avancer dans un milieu résistant et
non dans un milieu fluide (voy. Sgn , n" 28), doivent faire préjuger que ce mi-
lieu est un tissu ou un parenchyme, présomption qui trouve en quelque sorte
sa confirmation dans le fait de l'absence constante de larves de cestoïde
dans les eaux douces ou salées et de la présence d'un certain nombre de ces-
toïdes imparfaits dans les organes parenchymateux ou dans les cavités closes
des animaux; en outre, aucun observateur n'a suivi le développement complet
d'un cestoïde dans un organe déterminé.
Section A. — Téniadcs à l'état de larve.
(Forme vésiculaire. — Vers vésictdaires ou cystiques) (i).
7 GENRE? HYDÂTIDE (ÉCHINOCOQUE, ensemble),
Première phase de développement, hydatide (acéphalocyste, Laennec).
Vésicule généralement sphérique ou ovoïde, d'un volume très variable [entre
une télé d épingle et une léte de fœtus à terme}; renfermant un liquide lim-
pide; à parois plus ou moins minces, égales, non contractiles, constituées par
une substance homogène, élastique, fragile, transparente, blanchâtre, opa-
line ou twi'dûtre, semblable, pour la consistance, à du blanc d'œuf coagulé,
sans granulations élémentaires, sans fibres ni fibrilles, sans cellules, et dis-
posée par lames stratifiées, toutes semblables entre elles, ayant à peine
0mm,002 à 0™",003 d'épaisseur ;' produisant par gemmation, à sa surface
externe ou interne, ou dans son épaisseur, des rejetons ou vésicules sembla-
bles, qui acquièrent plus ou moins de volume et se reproduisent à leur tour
de la même manière; l' hydatide souche et fins tard les rejetons subissant des
altérations plus ou moins profondes, perdant leur liquide et se réduisant à
une membrane aplatie et plus ou moins altérée (voy. Palh., p. 359, 366,
617).
(1) Malgré les travaux nombreux entrepris dans ces derniers temps pour arriver
à la détermination des espèces de ténias auxquels appartiennent les vers vésicu-
laires de l'homme et des animaux domestiques, il en reste encore plusieurs de tout
a fait indéterminés; en outre, sur la plupart des autres, sinon sur tous, il reste en-
core bien des incertitudes; c'est ce qui justifie cette section provisoire. Quant à la
distribution des vers vésiculaires en genres, d'après des caractères tirés de la vési-
cule, elle n'est probablement aussi que provisoire ; toutefois, il est possible que les
SYJNOPjB. XIII
La vésicule hydalique, en se développa ni, donne naissance, par sa face interne,
à une membrane qui la revêt intérieurement (membrane gcrminale), et qui est
FlG. 6. — Hydatide de l'homme. — 1 , fragment de grandeur naturelle ; la tranche montre les
feuillets dont le tissu se compose; à la surface externe existent des bourgeons hydatiques, à divers
degrés de développement (acéphalocystc exogène de Kiihn.) — 2, un des bourgeons comprimé et
grossi 40 fois ; il est formé, comme l'hydalide souche, de feuillets stratifiés ; la membrane germi-
nale ne s'est point encore développée dans la cavité centrale. Il n'y a pas de trace d'échinocofiuo.
formée d'un stralum fibrillaire, infiltré de granulations élémentaires, sans cou-
ches distinctes et bien différent du tissu hydalique. La membrane germinale
est plus ou moins apparente en certaines régions de la vésicule hydalique ; elle
adhère faiblement à la paroi de celle-ci, s'en détache facilement, s'altère et
disparaît longtemps avant l'hydalide. Toutes les hydalides ne sont pas revê-
tues d'une membrane germinale.
Seconde phase de développement, iïchinocoquf. (échinococcus, Rudolpui).
Corps oblong ou irrégulièrement ovoïde, à peine visible à l'œil nu, long de 0"1U1,2 ,
large de 0mm,11 environ, séparé en deux parties par un étranglement
circulaire plus ou moins prononcé ; la partie antérieure formant une tête
ou scolex pourvue d'un rostre, munie d'une double couronne de crochets et
de quatre ventouses musculaires contractiles ; les crochets au nombre de qua-
rante-quatre ou plus ; ceux de la rangée antérieure? plus longs (longueur,
0mm,02 à 0mm,022); partie postérieure ou caudale vésiculaire, plus
large que l'antérieure, déprimée en arrière où s'insère un funicule caduc.
Quatre canaux? excréteurs? Corpuscules calcaires plus ou moins nom-
breux.
Dans le plus grand nombre des cas, la tête se voit invaginée dans la vési-
cule caudale, l'échinocoque est alors régulièrement ovoïde: le rostre, comme
différences si grandes que l'ou observe chez les larves, eorrespoudeut chez les
adultes, à des différences assez importantes pour maintenir ceux-ci dans des genres
distincts.
Xiv SYNOPSIS.
un doigt de ganl retourné, est invaginc aussi entre les ventouses, de telle
sorte (lue les crochets se trouvent en arrière de celles-ci ; ils ont le plus sou-
vent leur griffe dirigée en arrière.
Les échinocoques se développent dans l'épaisseur de la membrane germi-
KlG. 7. — Échinocoques de l'homme. — 1, groupe d'échinocoques encore adhérents à la memhraiiu
germinale par tin funicule, grossi 40 fois. —2, échinocoque grossi M)7 fois ; la lête est invaginée
à l'inlérienr de la vésicule caudale ; il existe un funicule, — 3, le même comprimé ; la tête rétrac-
tée, les ventouses, les crochets cl les corpuscules calcaires sont apparents à l'intérieur. —
i, échinocoque grossi 107 fois ; la tête est sortie de la vésicule caudale. — 5, couronne de cro-
chets grossie 350 fois.
nale, ou plutôt dans des expansions de celle-ci ; ils naissent plusieurs ehseh>
ble dans ces expansions auxquelles ils sOht unis par un funicule inséré dans
la dépression de la vésicule caudale ; lorsqu'ils ont acquis tout leur dévelop-
pement, le funicule se rompt ou se détache, et les échinocoques restent libres
dans la cavité de l'hydatide. Après un certain temps, la membrane germinale
se détruit et plus tard à leur tour les échinocoques ; il ne reste plus alors dans
la cavité de l'hydatide que les crochets de ces vermicules. Les hydatides
chez lesquelles la membrane germinale ne s'est pas développée, n'ont pas non
plus d'échinocoques.
L'existence dans l'échinocOque d'un rostre et d'une double couronne de
crochets, de quatre ventouses, de quatre canaux excréteurs? , des corpuscules
calcaires, placent avec certitude cet animal dans l'ordre des cestoïdes et dans
la tribu des téniadés. Considéré eh lui-même, c'est-à-dire abstraction faite
de l'hydatide, il représente un ver cystique. Un cysticerquedont le corps ne
serait point développé (cysticerque réduit à la tête et à la vésicule caudale).
Phases de développement primitives et cltëriëures de l'hydàtide-
ëcbihocogue ,
L'hydatide et l'échlnocoque étant deux phases successives et transitoires
SYNOPSIS. XV
du développement d'un ver ténioïde (1 ) , l'embryon hexacanthe du ténia a dû
précéder l'hydalide ; mais celle-ci provient-elle de cet embryon par métamor-
phose ou par gemmation ? C'est ce que l'on ignore.
La phase scolex étant toujours l'avant-dernière, la pénultième dans la vie
d'un cestoïde, l'échinocoque qui est une tête ou scolex ne peut plus pro-
duire qu'un proglottis, c'est-à-dire le cestoïde adulte, période ultime. Les
diverses phases du développement du ver lénioïde qu'on pourrait appeler
renia hrjdatigène, sont donc au moins au nombre de quatre, savoir :
1° Embryon hexacanthe...; 2° Hydatide; 3° Échinocoque ; 4° Proglottis.
Ou bien, suivant les dénominations de M. Steenslrup, l'hydalide serait
appelée grand' nourrice, et l'échinocoque nourrice ; proscolex et scolex, sui-
vant les dénominations de M. Van Beneden.
Des expériences faites par M. de Siebold, et répétées par M. Van Beneden,
expériences qui ont consisté à faire avaler à des chiens un grand nombre
d'échinocoques, ont porté ces savants à conclure que l'échinocoque se déve-
loppe en ténia parfait dans le canal intestinal du chien (voy. ci-après,
Synops, n° 24).
Les hydatides ne se développent point dans une cavité revêtue par une
membrane muqueuse, mais dans des cavités séreuses ou dans les tissus des
organes; dans ce dernier cas, elles sont toujours renfermées dans un kyste
adventif (voy. Palh., p. 343, 617, 646,669, 739, 755, 757).
(1) Les rapports des échinocoques avec l'hydalide nous paraissent avoir été jus-
qu'à aujourd'hui méconnus (voy. les opinions à ce sujet, Pathol., p. 355). Dans un
mémoire publié en 1856, nous avons cherché à éclairer cette question par la compa-
raison des gemmes hydatiques et des gemmes échinocoques avec les gemmes de deux
sortes que produisent certains polypes, les unes donnant naissance à des polypes,
les aulres à des méduses. Chez les hydatides comme chez les polypes, ces gemmes
de deux sortes ne sont pas produites par le même tissu, on pourrait dire par le
même organe, l'hydatide étant reproduite par la membrane hydatique, l'échino-
coque par la membrane germinale. Nous avons eu plusieurs fois l'occasion d'ob-
server un fait qui prouve l'indépendance de l'hydatide par rapport à l'échinocoque :
on sait que la membrane germinale se détruit après un certain temps, que l'hyda-
lide devient désormais incapable de reproduire des échinocoques. qu'elle perd son
liquide, s'affaisse et que les échinocoques qu'elle renferme se détruisent» Or nous
avons vu ces membranes hydatiques affaissées et désormais incapables de repro
duire des échinocoques, recouvertes de bourgeons hydatiques ou renfermant entre
leurs lames des hydatides à divers degrés de développement ; ces gemmes ou ces
jeunes hydatides étaient pourvues ou non;, suivant leur degré de développement,
d'une membrane germinale et même d'échinocoques en nombre corrélatir. Ce fait
nous parait prouver l'individualité de l'hydatide, qui n'est point une simple enve^
loppe protectrice des échinocoques, ni un échinocoque anormalement développé; Il
montre en outre que l'hydatide survit à la membrane germinale qu'elle a produite
et aux échinocoques.
Wl SYNOPSIS.
Les liydatides ont ûté ubservées chez I homme, le singe, lo I œuf, le mou-
ton, I antilope, le chamois, le chevreuil, la girafe, le cheval, le chameau, le
dromadaire, ie porc, le kanguroo; animaux qui se nourrissent généralement
do végétaux. On n'en a point observé chez les carnassiers ?, et les rongeurs,
niche/, les oiseaux? (1), les reptiles et les poissons.
Los hydatides- échinocoques forment probablement plusieurs espèces, mais
les différences qui ont été signalées, soit dans les hydatides de l'homme et des
animaux, soit dans leurs échinocoques, ne sont point assez grandes ou assez
précises pour constituer des caractères spécifiques distinclifs (2).
La présence ou l'absence d'échinocoques dans une hydatide n'indique point
une différence dans la nature ou dans l'espèce de celte vésicule, car il n'est
pas rare de rencontrer chez l'homme dans un même kyste, des hydatides en-
tièrement semblables, dont les unes contiennent des échinocoques, et dont
les autres n'en contiennent pas (3).
(1) M. Reynaud, dans l'art. Hydatide du Dict. de méd., dit avoir trouvé un
grand nombre d'acéphalocystes dans la plèvre et le péricarde d'un rat de Pharaon
(ou mangouste d'Egypte), animal carnassier. Les caractères de ces acéphalocystes
n'ont point clé donnés. — M. Dicsing donne, dans les species inquirendœ, l'ËCBiNO»
cocccs gallo-pavonis (de Siebold).
(2) Kùhn a cru trouver un caractère distinctif entre les hydatides de l'homme et
celles des animaux en ce que les premières se reproduisent par des bourgeons qui
naissent à la surface interne, les secondes par des bourgeous qui naissent à la sur-
face exterue de la vésicule ou acéphalocyste; il appelait les premières endogènes et
les secoudes exogènes ; il n'est point question d'échinocoques. — Les hydatides
endogènes acquièrent souvent un volume beaucoup plus considérable que les exo-
gènes et les bourgeons, chez ces dernières, resteut ordinairement fart petits, de
telle sorte que la vésicule primitive paraît souvent solitaire; celles-ci subissent
aussi plus souvent et plus promptement la transformation athéromaleuse. Les hy-
datides exogènes se rencontrent chez les ruminants; les endogènes chez l'homme,
le singe, le porc, le cheval, etc.; cependant, soit qu'il n'y ait point une différence
spécifique entre les deux sortes d'bydatides, soit que chaque espèce ne soit point la
propriété exclusive de certains animaux, on rencontre quelquefois, mais rarement
il est vrai, des hydatides endogènes chez les ruminants et des hydatides exogènes ou
du moins à vésicule solitaire chez l'homme (voy. sur ce sujet Path., p. 617 et
suiv.).
(3) L'établissement du genre acéphalocyste est dû à une erreur d'observation;
ou sait aujourd'hui que les hydatides de l'homme contiennent des échinocoques
comme celles des animaux ; lorsque (ce qui est rare) les hydatides n'ont pas d'échi-
nocoques, elles ne diffèrent cependant point, quant à leur constitutiou, de celles
qui eu contiennent. L'absence des. échinocoques ne doit être considérée que comme
un simple avortement, car dans des tumeurs qui renferment un grand nombre
d'hydatides, on trouve ensemble des vésicules à échinocoques et des vésicules sans
échinocoques, quoique sous tous les autres rapports ces vésicules ne diffèrent nul-
lement. J'ai observé ce fait plusieurs fois et Bremser en a rapporté un exemple
très explicite (voy. Path., p. 353). Les médecins ont dit que les hydatides des
SÏ'lNOPSIS. XVil
Rudolphi a distingué trois espèces d' Echinocoques {echinoc, komiuis, —
echinoc. simiœ, — echinoc. veterinorum), mais celte distinction a été établie sur
l'habitai plutôt que sur des caractères zoologiques. M. Dujardin ne décrit
cjilè Yeéhihàc. veterinorum; M. Diesing confond lous les échinocoques dans
une seule espèce, Ycchinoc. polymorphus. M. Kiichenmeister en distingue
deux espèces : Veehihoc. veterinorum qu'il appelle echinoc. scolicipariens, et
Ycchinoc. hominis qu'il appelle echinoc. allricipariens; cette distinction nous
paraît fondée plutôt sur des vues théoriques que sur des caractères précis.
MM. Van Beneden et Gervais n'ont point d'opinion bien arrêtée sur cette
question.
8 GENRE? CŒNURE.
Vésicule à forme globuleuse, atteignant jusqu'à la grosseur d'un œuf de poulef
contenant un liquide limpide, rosé ; à parois très minces, constituées par
un seul feuillet; offrant à sa surface des groupes de corps longs de 4 à
5 millimètres, rètracliles à l'intérieur de la vésicule commune et terminés par
une tête; celle-ci est pourvue d'une double couronne de crochets au nombre
de 28 à 32 et de quatre ventouses; longueur des grands crochets, 0mm,15 à
0nl"Vl7 ; des petits 0n,n,,10 à 0m"\<l3.
La vésicule du cœnure est une membrane très mince, simple, très con-
tractile, au moins dans son premier âge, constituée par un stratum dans le-
quel on reconnaît des fibrilles ayant l'apparence de celles de la fibrine coa-
gulée et non de véritables fibres ; parmi les fibrilles sont répandues un grand
nombre de granulations élémentaires, d'un volume variable, semblables, pour
l'apparence, aux globules du lait. L'acide acétique est sans action sur les
fibrilles et les granulations.
Lès cous et les têtes du cœnure qui naissent de cette membrane sont con-
stitués par un tissu semblable, il s'y ajoute seulement des corpuscules cal-
caires, des crochets et cinq masses musculaires distinctes formant les ven-
touses et le rostre. Les têtes se produisent sur la vésicule par bourgeonne-
ment ; on les trouve ordinairement à des degrés divers de développement ;
elles ne deviennent jamais libres comme les échinocoques.
membres, des parois du tronc et des os, ne contiennent pas d'échinocoques, ce fait
n'est pas aussi général qu'on le croit, car les hydatides de Bremser provenaient de
la région sous-claviculaire; des hydatides observées par Werner à la région ingui-
nale contenaient aussi manifestement des échinocoques (voy. Palh., p. 546J. II
est possible néanmoins que dans, certaines conditions, les échinocoques avortent
plus facilement. J'ai observé avec M. Charcot un cas dans lequel de nombreuses
tumeurs hydatiques étaient disséminées dans plusieurs organes; un grand nombre
de kystes, flottant dans la cavité abdominale, n'étaient rattachés aux parties que
par un mince pédicule (voy. Palh., p. 364 et 491). Les hydatides de toutes les
tumeurs contenaient des éch'nocoques, à l'exception de celles qui étaient renfermées
dans les kystes pédicures.
UAVAINE. £,
wiil SYNOPSIS.
Lo cœnure ne reproduit jamais par gemmation une autre vésicule semblable
a celle qu'il constitue.
La vésicule du cœnure n'a aucun rapport de structure avec la vésicule hy-
datique, mais elle a, avec
la membrane germinalede
l'hydalide, une analogie
complète autant sous le
rapport de sa structure que
sur le fait qu'elle ne se
reproduit point d'elle-
même et qu'elle produit
des têtes de cestoïde ; ce-
pendant les têtes du cœ-
nure atteignent un déve-
loppement moins complet
que les tètes de la mem-
brane germinale, c'est-à-
dire que les échinocoques ;
en effet, les tissus des pre-
mières participent plus
que ceux des secondes de
la nature du tissu origi-
naire; les échinocoques
Fig. S. - Cœnure du moulon. - 1, vésicule portant des W1 ont accIuis leur matU-
groupes de lêtes ou scolex, grandeur naturelle. — 2, deux rite SOnt Constitués par
groupes de têtes grossis 4 fois. — 3, une des tètes avec sa , . nnnvpanx o,,™;
forme naturelle (non comprimée) et fortement grossie. aes ussus nouveaux, dUSSl
se séparent-ils de la vési-
cule qui les a produits, ce qui n'arrive point aux têtes du cœnure.
Le cœnure existe exclusivement dans le système nerveux central, soit
libre dans les ventricules, soit renfermé dans une poche creusée à la surface
de l'encéphale ou dans son épaisseur. Celte poche est constituée par une mem-
brane mince, incomplète en plusieurs points et fournie par la pie-mère, ou
bien par la matière cérébrale même, qui s'est condensée dans le voisinage du
ver (voy. Palh., p. 636, 663, 667).
Le cœnure appartient exclusivement aux herbivores ; il a été observé chez
le bœuf, le mouton, le mouflon, l'antilope, le chevreuil, le renne, le droma-
daire, le cheval et le lapin sauvage?
On ignore s'il y a plusieurs espèces de cœnures (1 ).
(1) Polycéphale nu lapin. — Jusqu'à aujourd'hui Ici lers vêsiculaires semblables
au cœnure avaient été rencontrés dans le système nerveux central exclusivement ;
un ver très analogue a été trouvé dernièrement chez un lapin, formant au cou,
sur la parotide et le bas de l'oreille, une tumeur considérable. L'examen eu a
SY1N0PS1S. XIX
PHASES PRIMITIVES ET ULTÉRIEURES DU DÉVELOPPEMENT DU CŒNURE.
D'après l'opinion théorique qui consiste à regarder la tête ou le scolex d'un
ver vésiculaire comme la tête ou le scolex d'un ténia, lequel n'acquiert son
Kig. 9. — D'après Gervais et Van Beneden. — Cerveau de mouton qui a avalé des œufs du ténia,
cœnure depuis trois semaines et qui a été abattu après avoir donné les symptômes du tournis ; la
surface offre des galeries parcourues par les jeunes vésicules du cœnure.
développement complet qu'après être arrivé dans l'intestin d'un animal, des
expériences déjà nombreuses ont été tentées avec le cœnure. MM. Kiïchen-
meister, Haubner, Eschricht, Van Beneden, etc. ont administré, soit à des
chiens, des cœnures qui se sont développés en ténia, soit à des moutons, des
anneaux ou des œufs de ces ténias, à la suite de quoi les moutons ont eu le
tournis et ont offert des cœnures dans le cerveau.
D'après ces observateurs, le cœnure consiste, dans les premiers jours, en
une simple vésicule, demi-transparente, qui chemine et se creuse une galerie
à la surface du cerveau ; vers le seizième ou le dix-huitième jour, la vésicule
a la grosseur d'une tète d'épingle (Haubner), 3 à 4 millimètres de diamètre
(Van Beneden), et ne présente pas encore de bourgeon à sa surface ; vers le
vingt-septième jour, elle offre les premières traces du bourgeonnement qui
doit produire les scolex ; à six semaines, il existe des têtes munies de ventou-
ses et de crochets (voy. sur ces expériences, Synopsis, n° 22).
été fait par M. Baillet ; la vésicule a le volume d'un œuf de poule et contient un
liquide limpide; elle est surmontée d'un grand nombre de scolex du volume d'un
grain de blé (2 ou 3 fois le volume de celui du cœnure). La tête a une largeur de
lmm,50; elle est munie de 4 ventouses, d'une trompe et de 30 crochets disposés
sur deux rangs. Les grands crochets ont 0mm,14 àOmm,16; les petits 0mm, 09 à
0mm,12.
Ce polycéphale a été administré à deux chiens qui ont été tués quatre mois
après; on trouva chez l'un 70 ténias, chez l'autre 7. Les crochets, pour le nombre
et les dimensions, étaient en rapport avec ceux du polycéphale. Ces ténias ressem-
blaient parfaitement à ceux que M. Baillet obtint avec le cœnure du mouton, c'est-
à-dire au tœnia serraja, que l'on rencontre très fréquemment chez le chien ; nous
ne pouvons donc admettre toutes les conséquences que M. Baillet lire de ce fait
(voy. Ann, des se. nat., 4e série, t. X, p. 227).
\x
SYlNOl'illS.
GENRE? CVSTICERQUE [Cuslicerais, Rudolpih).
Ccsloide solitaire, muni d'une vésicule caudale plus ou moins volumineuse,
d'une tête pourvue d'une double couronne de crochets et de quatre ventouses,
d'un col, d'un corps plus ou moins développé, subcylindrique ou aplati,
ridé transversalement.
Le corps du cyslicerque offre des rides profondes, mais non des segments
neltement séparés comme ceux du ténia ; il renferme un grand nombre de
corpuscules calcai-
res ; la vésicule cau-
dale n'en renferme
généralement, pas ;
celle-ci est douée
.d'une conlraclililé
très évidente, qu'elle
perd probablement
en vieillissant. Chez
la plupart des cysti-
cerques la tête et le
corps rentrent par
invagination dans la
vésicule, qui est alors
généralement dé-
pourvue de tout ap-
pendice extérieur, et
qui offre en un point
)t7Pfyy^K^ù
ig. 10. — Disposition et mode d'invagination d'un Cysticerque,
{C. Iddrique), d'après les dessins de M. Cli. Robin. — 1, kyste
adventif (grandeur naturelle), un lambeau enlevé laisse voirie cys-
ticerquc (perluis de la vésicule un peu trop marqué). — 2, corps du
cyslicerque (grossi) sorti de sa vésicule par pression, le perluis a été de Sa SUfface Un per-
tin peu décliiré par le passage du corps; dans celle situation la
vésicule constitue un appendice caudal ; ce qui, selon M. Robin,
n'est pas un étal naturel. — 3, cyslicerque imaginé dans sa vési-
cule. Celle-ci n'est représentée que par un segment correspondant
au pertuis ; du pourtour du perluis naît une vésicule, qui est con-
tenue dans la précédente; du fond de cette seconde vésicule, à l'op-
posé du perluis, naît le corps du cyslicerque. Deux segments ont élé
enlevés du corps pour montrer l'invagination de la tête, du col et du
corps en lui-même. — 4, vésicule extérieure ouverte pour montrer
la vésicule intérieure pisiforme renfermant le corps du cyslicerque.
— 5, même disposition ; par une incision praliquée à la vésicule
intérieure le corps du cyslicerque n élé renversé en dehors ; la tèle qui acquiert de la
est invagince. - G figure grossie même disposition que la prece- consis(ance . |es crQ.
"" différence que la letc n est pas invagince drn<
tuis peu apparent.
L'âge fait subir au
cysticerque des mo-
difications profondes :
un pigment noir en-
vahit les ventouse?,
et surlout le rostre
le corps.
chels tombent ou sont
détruits; le pertuis
de la vésicule se rétrécit ou se ferme tout à fait, et ne laisse plus sortir la
tête; la vésicule, en outre, se déforme plus ou moins, acquiert un volume
anormal ou se segmente et même se dédouble, mais il ne se produit point de
nouvelles têtes de cysticerque.
SYN0PS1F, XXT
Lescysticerques existent dans les cavités séreuses et dans les parenchymes;
dans ce dernier cas, ils sont toujours renfermés dans un kyste. Ces vers sont
propres aux mammifères; cependant MM, de Siebold et Chaussai ont trouvé
un ver vésiculaire plus ou moins analogue dans un mollusque gasléropode, et
M. Stein dans la larve du ténébrion de !a farine (voy. PaUi , p. 347, 620).
9 CYSTICERQUS LADRIQUE (cysl. cellulosœ, Rudolphi).
Vésicule elliptique, à laquelle on ne voit ordinairement aucun appendice extérieur,
pourvue d'un pertuis fort petit et peu visible ;
tôle presque tétragone ; double couronne de
crochets, au nombre de 32 (dans le cyst. de
l'homme); cou très court, grossissant en avant;
corps cylindrique, plus long que la vésicule ;
grand diamètre de la vésicule, 10 milli-
mètres; diamètre moyen, 6 millimètres;
petit diamètre, 4 millimètres [chez le cysl.
du porc); — longueur des grands cro- ^- **• - Cysticerque bdrique (du
' ' . voi'c), grandeur naturelle. — a, une,
chets 0rara,17; des petits 0nm,ll (chez le 'col et corps sortis de la vésicule; —
cysl. de l'homme). Canaux longitudinaux b, c, vésicule vue «eus deux aspects, la
très apparents dans la tète ; corpuscules '6te e* le ""P éla«l '"vfiSinés-
calcaires très nombreux.
Espèces ou variétés admises 'par plusieurs auteurs,
Variété A. — Cyst. Fischerianus (Laennec).
Vessie caudale pyriforme, corps fixé à la grosse extrémité de la vésicule; corps et
vessie plus petits que chez le cyst. ladrique, etc.
Dans les plexus choroïdes chez l'homme (voy, Palhn p. 663;,
Variété B. — -Taenia albo-punctata (Treutler).
Vésicule recouverte en quelques points d'une substance blanche, un suçoir, six
crochets (vus à la loupe), etc.
Dans les plexus choroïdes chez l'homme (voy. Paih , p. 662),
Variété C. — Cyst. dicystus (Laennec).
Deux vésicules dissemblables, un seul corps long de près d'un pouce, tête volumi-
neuse; les suçoirs forment quatre points très noirs, visibles à l'œil nu; crochets
enveloppés dans une masse noire, etc.
A l'intérieur du crâne d'un homme (voy. Path., p, ft?>9, obs. H)-.
SXII
SYNOPSIS.
Variété &. — Trachelocampylus (Fiiédault).
Cysticerquc altéré, décrit dans soi) état de rélraftiori à l'iplérjeur de la vésicule
caudale.
Dans le cerveau chez l'homme (voy. Path., p. 661).
Le cysticerqueladrique subit avec le temps comme les autres cysticerques,
les altérations que nous avons mentionnées ci-de-sus. Des cysticerques trouvés
Fie. 12. — Cysticerques ladriqucs
altérés par la vieillesse prove-
nant des muscles et du cerveau
de l'homme. — \ , individu (d'un
muscle) dont la vésicule exlé-
rieure est devenue muriforme,
le perluis est presque oblitéré ;
1a, le même; la vésicule exté-
rieure incisée est renversée ; la
vésicule interne, par le côté op-
posé au pertnis, s'est couverte
de renflements vésiculeux. —
2, individu (du cerveau) ; vési-
cule externe déformée, pertnis
encore perméable ; 2a, rostre et
couronne de crochets de ce cys-
ticerque, ensevelis dans un pig-
ment noir; grossis 407 fois. — ■
3, individu (du cerveau) portant
deux vésicules ; le corps et la
tête étaient situés dans le pro-
longement qui unit les vési-
cules ; 3a, tête de ce cysticer-
que grossie 42 fois et avec sa
forme ; elle avait acquis une con-
sistance anormale , ses crochets
étaient tombés (deux ont été re-
trouvés libres dans le kyste ;
36, même tête, au même gros-
sissement , mais comprimée ;
l'une des ventouses et le rustre
sont envahis par du pigment,
chez l'homme dans les muscles et dans le cerveau, nous ont offert des défor-
mations et des altérations variées : chez les uns, la vésicule était augmentée
de volume et son perluis était oblitéré; chez plusieurs, elle portait des ex-
pansions vésiculaires ; chez l'un, elle était double (dicyste). Chez aucun, la tête
n'était exsertile; chez tous, les ventouses étaient noircies par le pigment, et
les crochets détruits ou tombés, ou ensevelis dans ce pigment. Il est évi-
dent que tous ces vers cystiques se trouvant chez un même individu, ap-
partenaient à la même espèce; or, plusieurs des cysticerques décrits ci-
dessus et dont les observateurs ont fait des espèces distinctes, offraient entre
eux des différences semblables aux altérations et aux déformations de nos
cysticerques ; d'où l'on doit conclure que ces vers n'appartenaient point à des
synopsis. xxnr
espèces, ni môme à des variétés distinctes, mais qu'ils étaient simplement
déformés ou altérés.
Plusieurs helminthologisles admettent que le cyslicerque ladrique forme le
scolex du ténia solium (voy. Synops., n° 4 4).
Le cysticerque ladrique existe le plus généralement dans les muscles, le
cerveau, l'œil, etc. (voy. Path., p. 620 etsuiv., 656, 736, 740). On l'a
trouvé chez l'homme, le singe (simia inuus,rubra, cephus), le chien, l'ours, le
rat, le porc et le chevreuil.
10 CYSTICERQUE DES RUMINANTS (cystic. tenuicollis, Rudolphi).
Vésicule très volumineuse, large de 15 à 50 millimètres et plus; tête télragone ;
pourvue d'une double couronne de crochets ; — nombre des crochets 30 à 48 ; les
grands, longs de 0mm,19 à 0mm,21 ; les petits, longs de 0mm,12 à 0mm,15
(Baillet) ; — cou court, filiforme; corps cylindrique, long de 14 à 30 milli-
mètres.
Existant dans des kystes de la plèvre, du péritoine, du mésentère et du
foie chez les herbivores et principalement chez les ruminants, chez le porc,
l'écureuil et chez les singes qui meurent tuberculeux en Europe, plus rare-
ment chez ceux qui vivent en liberté dans leur patrie. Bremser l'a trouvé deux
fois dans les parois du cœur, chez le bœuf (1) (voy, Synops., n° 22).
41 CYSTICERQUE DU LIÈVRE (cystic. pisiformis, Zeder).
Corps long de 4 à 9 millimètres, cylindrique, aminci en avant; vésicule globuleuse
de même longueur ; cou mince ; tête globuleuse, armée d'une double couronne de
crochets au nombre de 34 à 46; —longueur des grands crochets, Omm, 22 à
0mny25; des petits crochets, 0min,13 à 0mm,16 (Baillet).
Plusieurs helminthologistes admettent qu'il forme le scolex du ténia serrata
(voy. Synops, n° 22).
Commun dans les viscères de l'abdomen du lièvre et du lapin ; il y est ren-
fermé dans un kyste ; on en trouve assez fréquemment plusieurs dans un
même kyste.
12 CYSTICERQUE ALLONGÉ [cystic. elongatus, Leuckart).
Cou nul; corps allongé, déprimé; vésicule caudale mince, allongée, acuminée en
arrière, presque de la longueur du corps ; longueur 11 a 19 millimètres ; lar-
geur 2 à 4 millimètres.
Dans des kystes du péritoine chez le lapin.
13 CYSTICERQUE DU CHEVAL [cystic. fistularis, Rudolphi).
Cou nul; corps très court, subcylindrique ; vésicule très longue, longueur 100 à
130 millimètres; largeur 6 à 9 millimètres.
Dans le péritoine du cheval, rare.
(I) Bremser. op. in fret cit., p. 19.
\MV
SYNOPSIS.
Section il. — Ténladés à l*ë<ut parfait.
[Foniie rubanvc ou progloUis libre.)
Les téniadés à l'état parfait se présentent dans deux conditions:
I" Dans l'une, le proglottis, formé depuis peu de temps, abandonne le
scolex ou le slrobila avant d'être complètement adulte ; il vit libre dans l'in-
testin, se meut, se nourrit, s'accroît et atteint
son développement parfait aussi bien que celui
qui reste indéfiniment adhérent.
2° Dans une autre condition plus commune
peut-être, les Proglottis, adhérents les uns aux
autres et au Scolex, forment une chaîne plus
ou moins longue ou slrobila. Les Proglottis
acquièrent, dans celte situation, leur dévelop-
pement complet; les plus rapprochés du scolex
n'offrent encore aucune trace des organes gé-
nitaux, que déjà les derniers, loutà fait adultes,
Fjg. 13.— Figure au irait d'un pro- 0ffrent des ovules complètement développés;
glotiis du tœnia proglottina, gros-
si 15 fois, pour faire voir son mode
de progression. — a, individu dans
sa plus grande proliaction ; 6, le
même se renflant progressivement
d'avant en arrière et amenant ainsi
l'extrémité postérieure, à la ma-
nière du ver de terre.
l'organe mâle disparaît d'abord (1 ) et plus tard
l'organe femelle même , par la rupture des
parois de l'ovaire, et cependant quelquefois, le
proglottis, dont l'existence est terminée, adhère
encore à la chaîne commune.
Les ovules mûrs renferment toujours un
embryon hexacanthe, Ils existent en nombre prodigieux : M, Dujardin a cal-
culé que chez un ténia serrata, cesloïde qui n'atteint pas une très grande lon-
(1) D'après mes recherches, j'ai lieu de croire qu'il se passe généralement dans
l'anneau du ténia un phénomène analogue à celui que j'ai signalé chez l'huître :
l'organe mâle peut être reconnu d'abord, et l'anneau paraît maie; plus tard,
apparaissent les ovules, l'auneau est alors hermaphrodite; après la fécondation des
ovules, l'organe mule disparaît et l'anneau semble exclusivement femelle. M Du-
jardin a déjà signalé un fait semblable pour le ténia pistillum : « les sept à qua-
torze premiers articles sont neutres, les cinq à six articles suivants sont maies, an
ou deux articles qui viennent ensuite sont souvent hermaphrodites, les cinq derniers
articles sont femelles ou ovigères » (mém. cit., p. 3i-i.); et il a vu que les organes
mules n'existaient pas dans les derniers amicaux du ténia perfolié. Chez plusieurs
cestoïdes M. Van Beneden a signalé des faits qui rentrent dans ceux-ci; chez le
coryophylleus mutabilis l'appareil mâle est complété avant qu'il n'y ait un œuf à
découvrir; chez le tœnia dispar les premières traces de l'organe sexuel appartien-
nent à l'organe mâle (mém. cité). Lorsqu'on examine des anneaux enchaînés les uns
aux autres, on peut reconnaître facilement cette évolution en les prenant à diverses
hauteurs, mais chez des proglottis libres, on pourrait être amené à conclure à l'in-
différence des sexes, comme on a pu le faire chez des mollusques.
SYNOPSIS. xxv
gueur, il y avait 25 000 000 d'œufs. Les ovules ont u'r.ë grande ténacité
de vie, et peuvent rester un temps très long (encore indéterminé) sans périr ;
il n'en est pas de même des larves vésiculaires qui meurent très vite et sou*
vent tombent en deliquium au bout de peu de jours.
L'embryon ayant une forme bien différente de celle du
ténia, ne peut régénérer ce ver que par une métamor-
phose ou par une nouvelle génération non sexuelle. On
ne peut douter aujourd'hui que le ténia ne se reproduise,
en effet, par génération alternante; il est certain même
que la vie d'un ténia comprend plus de deux phases de
génération. Ces phases sont sans doute plus nombreuses
dans certaines espèces que dans d'autres : le ténia hyda-
tigène, ou tœnia echinococcus, en offre probablement une
de plus que celui qui provient d'un cysticerque.
L'état vésiculaire doit être regardé comme l'une des
phases de larve par lesquelles passe un ténia avant d'ar-
river à l'état parfait; mais chaque ténia adulte a-t-il été
d'abord un ver vésiculaire? On peut répondre avec certi-
tude, non; en effet, on ne connaît pas moins de deux
cents espèces de vers téniadés parfaits, et l'on ne connaît
guère plus de vingt espèces de vers cystiques. D'ailleurs
les ténias des animaux herbivores ne peuvent avoir été
ingérés dans l'estomac sous la forme vésiculaire. Les
phases primitives du développement de la plupart des
téniadés sont donc encore tout à fait inconnues. Quant
aux ténias adultes dont on croit avoir déterminé la forme
vésiculaire, ils sont encore peu nombreux.
On s'est basé, pour arriver à cette détermination, d'une
part, sur la similitude de la tête de tel ver vésiculaire
avec celle de tel ténia: par exemple, celle du cysticerque FlG di _ Ténia M.
fasciolaire du rat avec celle du ténia crassicollis du chat ;
celle du cysticerque ladrique avec celle du ténia so-
lium, etc., et d'une autre part, sur des expériences qui
ont consisté à faire avaler à des animaux les vers vési-
culaires que, pour une raison ou pour une autre, l'on
supposait être les larves de ces ténias. Ces expériences,
qui sont d'un haut intérêt, offrent néanmoins, générale-
ment , une grande cause d'erreur dans l'existence très
ordinaire de vers cesloïdes chez les animaux mis en
expérimentation. L'expérience inverse qui consiste à faire
avaler à des animaux des œufs de ténia d'un autre ani-
mal, dans le but de leur donner des vers vésiculaires, a été faite également,
et peut en quelque sorte servir de contre-épreuve à la première; mais ici,
lium armé (grandeur
naturelle) ; fragments
pris de distance en
dislance depuis la tête
jusqu'aux derniers an-
neaux, faisant voir la
forme successive de
ces anneaux ; l'ordre
des lettres indique leur
disposition d'avant en
arrière. Aux fragments
e, f, g, les pores gé-
nitaux sont apparents.
(L'œuf de ce ténia a
été représenté fig. 3.)
\\VI SYNOPSIS.
comme dans lo cas précédent, il n'est guère possible de reconnaître rigou-
reusement si los animaux no possèdent point déjà des vers semblables ù
ceux qu'on cherche à leur communiquer.
|/l TÉNIA DE L'HOMME (ttenia solium, Linné).
Variété ou espèce A. — Ténia armé.
Slrobila long de 6' ù 8 mètres (pouvant acquérir jusqu'à 40 mètres de longueur?
Dujardin), composé d'articles ou anneaux (cucurbitins, proglottis) caducs; les
articles postérieurs quadrangulaircs-oblongs, d'autant plus
allongés qu'ils sont plus éloignés de la tète, contenant uu
utérus dcndritiquc (de 6 à 13 branches subdivisées, Kiichen-
meisler) et un testicule claviforme, qui aboutissent ensemble
vers le milieu d'un des bords; pores génitaux irrégulière-
ment alternes; scolex large de 0""",56 à 0"'"',75; avec une?
(Dujardin) ou deux couronnes de crochets. Longueur des
grands crochets 0IU'",167; des petits Omn,,ll (Leuckart);
0""Y18 et0""",12 (Ktlchenmeister) — diamètre des ovules,
0mm,033..
Les anneaux (proglottis, cucurbitins) se séparent fréquem-
ment et vivent un certain temps libres.
Fio. 15. — Tcle du
U'nia de l'homme,
armé, grossie i 2 fois II existe dans 1 intestin de 1 homme, le plus souvent
et vue sous doux as- solitaire (voy. Palh., p. 69, 78, 87, 93, 1 14, 21 9).
Variété A'. — Fragile.
Nous avons vu quelquefois le ténia solium armé expulsé en fragments très
petits et avec un nombre considérable de cucurbitins, à divers degrés de dé-
veloppement. L'individu que nous représentons ici (fig. 16), a été rendu à la
suite de l'administration de l'huile de ricin; les fragments, en quantité consi-
dérable, étaient tous très courts ; les articles, très faiblement adhérents entre
eux par leurs extrémités marginales, se séparaient à la moindre traction.
Beaucoup de ces fragments avaient leurs extrémités contournées en croissant,
ce qui faisait juger qu'ils s'étaient séparés du reste du ténia avant leur sortie
de l'intestin. Quoique nous n'ayons pas eu la tête, la constitution des anneaux,
la forme et la dimension des ovules suffisaient à la détermination de l'espèce,
elle appartenait au ténia armé. D'où vient la fragilité de ces individus? dé-
pend-elle de l'âge du ver? c'est ce que nous ignorons. La femme qui a rendu
celui-ci faisait remonter les premiers symptômes à sept ans. Dans les cas ob-
servés par nous, la tête n'a pu être chassée, probablement parce qu'elle se
séparait très facilement des anneaux et que, comme nous l'avons dit (Palh.,
p. 220, note 3; 221, note 1), l'expulsion de la tète s'opère à l'aide de la
traction exercée sur elle par le slrobila lorsque les contractions intestinales
le chassent vers le bas; d'où vient la nécessité d'attendre, pour administrer
les anthelminthiques, que ce slrobila ait acquis une certaine longueur.
SYNOPSIS. XXV II
La plupart des helminthologistes admettent d'après l'analogie de la forme
et de la constitution de la tête du ténia solium avec celle du cysticerque la-
drique, d'après des expériences deKuchenmeister, Van Beneden, Leuckarl et
Humbert(sur lui-même), que le cysticerque ladrique est
le premier âge, l'état de larve du ténia solium.
Ces expériences ont été faites d'une part avec des
cysticerques ladriques ingérés dans l'estomac de l'homme
pour les transformer en ténia solium, d'une autre part
avec des œufs de ce ténia ingérés chez le cochon pour
développer en lui le cysticerque ladrique.
PREMlÈaE SÉRIE d'expériences. Cysticerques tr ans formés
en ténias.
Première expérience (kuchenmeister).
Une femme, condamnée à mort, a pris dans du boudin
et du potage, à son insu, successivement 12, 18, 4 5, 4 2>
4 8 cysticerques ladriques, à des époques correspondantes
à 72, 60, 36, 24, 4 2 heures avant l'exécution. Ces cysti-
cerques provenaient d'un cochon tué quatre-vingt-quatre
heures avant l'administration des 4 2 premiers vers; les
suivants étaient donc conservés depuis plus longtemps.
L'autopsie fut faite quarante-huit heures après l'exécution :
on trouva dans le duodénum, quatre jeunes ténias qui tous
avaient encore sur la tête une ou deux paires de crochets ;
l'un de ces vers avait encore la couronne de crochets presque
complète. On trouva en outre dans la lavure des intes-
tins six autres ténias qui manquaient de crochets (4).
M. Kiichenmeister n'hésite pas à regarder cette expérience comme tout à
fait concluante; cependant elle peut soulever bien des doutes: comment n'a-
t-on trouvé que 10 ténias sur 75 cysticerques ingérés? pourquoi des crochets
à quatre de ces ténias seulement? La similitude des crochets du ténia solium
avec ceux du cysticerque ,ladrique n'est-elle pas un des principaux argu-
ments qui vous font juger que l'un de ces vers est le scolex de l'autre? Si les
cysticerques étaient devenus des ténias, ils devaient donc avoir conservé
leurs crochets; or, sur les dix ténias retrouvés, un seul avait conservé sa
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Fig. -16 (*).
(*) Ténia de l'homme, armé (grandeur naturelle). Variété fragile. — De « en a, fragments
isolés les uns des autres et ayant séjourné un certain temps dans l'intestin avant d'avoir élé expulsés,
ce que l'on reconnaît à la forme en croissant que présentent les derniers anneaux de quelques-uns de
ces fragments ; la plupart des anneaux sont faiblement adliérents entre eux et seulement par deux
points opposés. — De b en 6, cucurbitins ou proglottis libres de ce ténia, de plus en plus développés
(en allant de bas en baut). La forme primitive de l'anneau se modifie surtout par le rétrécissement des
deux extrémités.
(1) Ann. des se. nat., 1853, t. III* p. 377.
\\\ ill SYNOPSIS
couronne do crochets presque complote. Que conclure de là, si ce n'est que
les premiers cysticerques ingérés avaient disparu ; que six dos derniers étaient
déjà assez altérés pour avoir perdu tous leurs crochets et que les quatre autres
commençaient à en fairo autant? D'ailleurs a-t-on examiné si les vers cysti-
ques, provenant d'un porc mort depuis plus de trois jours au moment de
l'ingestion, étaient encoro vivants? Pour nous, d'après les connaissances que
nous avons acquises sur la vitalité du cysticerqtie ladrique, nous pensons
qu'il ne survit pas si longtemps à la mort de son hôte.
Deuxième expérience (Leuckart).
Un homme âgé do quarante-cinq ans, affecté d'une maladie de Bright,
prend environ douze cysticerques provenant d'un porc ladre; les selles sont
attentivement examinées pendant longtemps ; des purgatifs sont administrés,
mais cet homme ne rend jamais aucun proglottis. L'expérimentateur conclut
lui-même à l'absence de ténia.
Troisième expérience (Leuckart).
Douze cysticerques environ, provenant d'un porc ladre, sont administrés à
un phthisique ; il meurt deux mois après. A l'autopsie on ne trouve pas trace
de ténia.
Quatrième expérience (Leuckart).
Un jeune homme prend quatre cysticerques ; deux mois et demi après, il
rend des proglottis ; un mois plus tard une dose de cousso expulse deux vers
cestoïdes, dont l'un sans la tête. — L'auteur ne détermine pas l'espèce à
laquelle le ver cestoïde appartient.
Cinquième expérience (Humbert).
L'expérimentateur avale, le 16 décembre 1854, quatorze cysticerques pro-
venant d'un porc ladre. « Dans les premiers jours du mois de mars 1855
(trois mois après), j'ai senti, dit l'auteur de l'expérience, la présence désa-
gréable des ténias et en même temps j'ai commencé à en trouver des frag-
ments assez considérables ; le professeur Vogt, à qui je les ai montrés a con-
staté qu'ils appartenaient bien au ténia solium. Si mon expérience n'a
pas été faite avec tout le soin et toute l'exactitude que l'on aurait pu exiger, c'est
qu'après l'avoir commencée, j'ai vu dans les comptes rendus de l'Académie
des sciences que M. le docteur Kùchenmeister en avait entrepris de sem-
blables (expérience première, rapportée ci-dessus) ; mes convictions sur les
métamorphoses des cysticerques en ténias étaient d'ailleurs trop arrêtées
pour que j'eusse besoin d'une preuve de plus à l'appui delà théorie soutenue
en Allemagne. »
« Je dois ajouter, dit M. Bertolus qui rapporte ce fait, qu'après avoir
tenté de se débarrasser de ces parasites au moyen d'un purgatif, notre obser-
vateur 7*esla longtemps sans en être inquiété, lorsqu'au mois d'août dernier
SYAOPSIS. WIX
(1836), il inédit ressentir de nouveau quelques symptômes caractéristiques
de leur présence (1 ). »
A quels caractères M. Vogt a-t-il reconnu ce ténia solium'? Le savant pro-
fesseur a-t-il jugé le fait sur le simple vu des fragments dans un flacon, ou.
bien les a-t-il examinés de près et par le microscope? Certes l'expérience mé-
ritait bien qu'on le dît, C3r on a vu trop souvent du mucus ou des débris
d'aliments pris, sur un examen superficiel, pour des fragments de ténia; nous
avons plusieurs fois été témoin de faits semblables. Comment, en effet, ne
pas concevoir de doutes, lorsque l'on voit l'émission des fragments se sus-
pendre spontanément pendant quinze mois, après lesquels on ne dit pas qu'ils
aient reparu ?
Deuxième série d'expériences. — OEufs de lènia produisant des
cysticerques .
Première expérience (Van Beneden).
« Nous avons donné à un cochon des œufs de ténia solium à avaler et, quand
il a été abattu, il était ladre; un grand nombre de cysticerques celluleux
étaient logés dans ses muscles.
» Un autre cochon nourri et élevé dans les mêmes conditions que le précé-
dent, né en même temps de la même mère et qui n'avait pas pris des œufs de
ténia solium, n'en contenait pas (2). »
Deuxième a sixième expérience (Kucuenmeister et Haubner).
1° — Le 30 mars et le 5 avril, des anneaux d'un ténia rendu la veille sont
administrés à un cochon ; à l'autopsie faite le 4 5 mai suivant , on ne décou-
vrit aucun cysticerque.
2° — Expérience semblable à la même époque; autopsie le 20 mai, même
résultat.
3°, 4°, 5° — Trois cochons de lait prennent des anneaux de ténia solium
les 7, 24, 26 juin, les 2 et 1 3 juillet. L'un, lue le 26 juillet, avait de petits
cysticerques, dont la têteétait incomplètement développée. — Chez le second,
tué le 9 août, on trouva un millier de cysticerques disséminés dans divers
organes. — Le troisième, tué le 23 août, possédait un grand nombre de
cysticerques. ■ — Un quatrième cochon de lait, n'ayant pas pris d'œufs de
ténia, n'avait aucun cysticerque (3).
D'après ces expériences les helminthologii-tes considèrent comme jugée la
question des rapports du cysticerque ladrique avec le ténia solium ; exami-
(1) Gabriel Bcrtolus, Diss. sur les métamorphoses des cesloides {Thèse de
Montpellier, n° 106, décembre 1856).
(2) P. J. van Beneden, Mém. sur les vers intestinaux, couronne par l'Institut
en 1853. Paris, 1833, p. 146.
(3) Kiichcnmeistcr, op. infra cil , p. 120.
\\\ SYNOPSIS.
nons les f;iils : dans la première série, deux expériences (première et cin-
quième) peuvent être considérées comme nulles ; deux ont donné un résultat
négatif; une seule parait irréprochable et cependant il y manque la déter-
mination du ténia expulsé. Dans la seconde série, il n'y a que deux résultats
négatifs sur six. Certes ces derniers faits ont beaucoup plus de valeur que les
premiers cl seraient tout à fait convaincants, si les auteurs avaient établi
que la ladrerie est rare dans la contrée où ils ont expérimenté.
On a cherché d'autres arguments en faveur de l'identité du scolex du cys-
ticerque ladrique et du ténia solium, dans la fréquence de ce ténia en Abys-
sinie, où l'on mange de la viande crue et à Saint-Pétersbourg chez les petits
enfants que l'on nourrit de chair de bœuf cru. Mais nous avons montré (voy.
Palh., p. 90) qu'en Abyssinie, ainsi qu'à Saint-Pétersbourg, la chair que
l'on mange crue est celle du bœuf et
non celle du porc ; or le bœuf ne con-
tient point de cysticerque ladrique ;
ce fait prouverait donc, au contraire,
que le ténia solium ne provient point
du cysticerque ladrique. Nous avons
montré aussi que l'argument tiré de
l'absence du ténia chez les juifs est
puisé dans une assertion fausse.
Du rapprochement de tous ces faits,
il résulte pour nous que la question
de l'identité du scolex du cysticerque
ladrique et du ténia solium armé, n'est
point encore résolue.
Variété ou espèce B. — Ténia
inerme.
Taenia mediocanellala
(Kùcheinmeister).
Ténia très long, très large et très épais
(beaucoup plus large que le ténia
armé) ; tète inerme, grande, large de
2 millimètres, noirâtre, normalement
inclinée sur l'une des faces du col;
rostre nul, ventouses très grandes;
cou très court, mais plus distinct que
celui du T. solium armé; système de
canaux plus simple dans la tète que chez le ténia armé; corpuscules calcaires
plus grands et p'us nombreux que chez ce dernier; articles postérieurs très
larges, ayant jusqu'à 17 millimètres, et de 0 à 14 millimètres en longueur;
Fie. 17. — Ténia de l'hçmmt, incme (gran-
deur naturelle). l'Mgrnunls pris de distance en
distance, l'ordre des lettres indique leur suc-
cession d'avant en arrière; — de c en g, les
pores latéraux sont visibles.
SYNOPSIS. XXXI
pores génitaux irrégulièrement alternes; proglotlis 1res grands, très vivaces,
sortant souvent d'eux-mêmes de l'anus dans l'intervalle des garderobes et très
incommodes, ayant dans leur plus grande extension 25 à 30 millimètres de
longueur et jusqu'à 7 millimètres de largeur; utérus ayant un grand nombre
de divisions , jusqu'à trente de chaque côté , claviformes vers le bord libre,
bifurquées vers le sommet et parallèles entre elles ; ovules plus ovales, plus
lisses et plus clairs que ceux du T. solium, laissant mieux voir leur embryon,
longs de 0mm,Q3Q et larges de 0,um,028 à 0mm,033 ; coque épaisse ; embryons longs
de 0U"U,028 à 0iam,032 larges de Omm,023 à 0""n)026.
Ce ténia forme probablement une espèce distincte et non une variété du
ténia solium ; il a été figuré par plu-
sieurs auteurs et confondu avec ce
dernier ver ; M. Kùchenmeister l'en a
distingué. Le savant médecin de Zittau
l'a observé plusieurs fois ; M. Van Be-
neden dit qu'un charcutier de Louvain
et une jeune fille de Liège en ont rendu
de semblables. Sur trois ténias qui ont
été rendus en 1856 et 1857, dans le
service de M. Rayer, à la Charité, et FlG_ 187_iiftitêle du ténia ae VhonnUi
que nOUS avons en noire possession, inenne vue sous deux aspecls ; grossie 5 fois
.... . q -n (voy. celle du ténia armé, fis. 15), — A;, œuf
deux appartiennent a cette espèce? Deux ^J du même t(jnia< gros'si |40 4 (Voycz
ténias qui nOUS Ont été envoyés der- par comparaison avec l'œuf du ténia armé la
nièrement de Beyrouth par M. le doc- gurc "'
teur Suquet, sont aussi des ténias inermes.
Variété ou espèce C.
Ténia du cap de Bonne-Espérance (Kùchenmeister).
'tcolex inconnu ; partie postérieure du strobila seule observée. Articles épais et
longs, pourvus sur toute la longueur du corps d'une crête longitudinale; pores
génitaux marginaux, alternes ; utérus et ovules semblables à ceux du ténia
rnediocaneUata.
Variété ou espèce D. — Ténia des tropiques?
Bothriocephalus tropicus (Schmidtmuller).
Cestoïde indéterminé, observé par Schmidtmuller sur la moitié des nè-
gres qui arrivent aux Indes, et sur quelques Européens qui avaient visité la
côte de Guinée (1).
(1) Schmidtmuller, in Hamrop, Annalen, 7ter jahrgang, heft 5 und 6 (Gervais
et Van Beneden).
XXVil SÏNuPalS.
]-, TÉNIA NAIN (Twnia nana, Biui.uiz, vois SIEDOLd).
Corps filiforme, déprimé; tête obtuse en avant, atténuée graduellement vers le
cou ; ventouses Mibglobuleuses; rostre pyriforme, armé d'une couronne de cro-
ilicis bilides; articles plus largos que longs ; cirrhes unilatéraux; ovules globu-
leux, ayant (>""", 02 de diamètre, pourvus d'une coque lisse, épaisse, simple?;
longueur totale du ténia 13 à 21 millimètres.
Trouvé une fois, en Egypte (mai 18Î31), par M. Bilharz, dans l'intestin
grêle d'un jeune homme mort de méningite ; en nombre considérable.
10 TÉNIA DU MOUTON (L expansa, Rudolphi).
Long de 30 millimètres à 30 mètres, large de 5 à 27 millimètres; tête très petite,
arrondie, inerme ?; ventouses dirigées en avant, presque conliguës; cou très court
ou nul ; bord postérieur de chaque article crénelé ou ondulé, recouvrant en
partie l'article suivant ; deux porcs génitaux opposés à chaque anneau; pénis
en forme de papille très petite.
Très commun en Allemagne, dans l'intestin grêle du mouton ; se trouve
aussi chez le bœuf, la gazelle, le chamois et le chevreuil (voy. Pulh., p. 232).
17 TÉNIA DU BOEUF {t. denliculala, Rudolphi).
Long de 40 centimètres environ; tête petite, létragone; point de crochets ni de
rostre; ventouses dirigées en avant, presque contiguës; articles très courts,
douze à vingt fois aussi larges que longs, à bord postérieur ondulé, recouvrant
en partie le suivant; deux porcs génitaux opposés sur chaque article; pénis eu
forme de dent aiguë, dure, saillante.
Trouvé dans l'intestin du bœuf, en France et en Allemagne.
18 TÉNIA DU LIÈVRE (t. peclinala, Goeze).
Long de 20 centimètres, ovale-lancéolé ; tête inerme, nettement séparée des arti-
cles par un renflement annulaire; articles larges et très courts; pores génitaux
unilatéraux?, papilliformes; ceuf arrondi, pourvu de plusieurs enveloppes, l'in-
terne pyriforme et terminée par un double prolongement simulant deux crochets.
19 TÉNIA PLISSÉ ((. plicala, Rudolphi).
Long de 1G à 80 centimètres ; tète inerme, plus large que chez aucun autre ténia
(3 à 0 millimètres1, discoïde, télragone, cou court, plissé transversalement;
articles six à dix fois aussi larges que longs, se recouvrant en partie par leur bord
postérieur; porcs génitaux unilatéraux.
Dans l'intestin grêle et même dans l'estomac du cheval (voy. Palh.,
p. 227).
SYNOPSIS. XXXJÏI
20 TÉNIA MAMILUN (T. mamillana, Mehljs),
Tète obtuse, tétragone, ventouses hémisphériques à ouverture allongée : roi nul-
articles cunéiformes; pénis marginal entouré d'une grosse papille. Longueur
totale 10 à 12 millimètres, largeur 4 millimètres.
Dans le gros intestin du cheval (voy. Palh., p. 227).
21 TÉNIA PERF0L1É (7'. perfoliala, Goeze).
Long de 18 millimètres à 8 centimètres, large de 3 à 9 millimètres; formé de
44 articles?; tête assez petite, tétragone, prolongée en arrière par des lobes laté-
raux; ventouses larges, traversées par un sillon dirigé en avant; cou nul ; pre-
miers articles courts et très larges ,* pénis finement hérissés, entourés d"une
gaine saillante, uuilatéraux, existant jusqu'au 22e article seulement, les articles
suivants ne possédant que l'organe femelle; œuf à trois enveloppes.
Dans le ccecum et le côlon, quelquefois l'intestin grêle, chez le cheval
(voy. Palh., p. 227).
22 TÉNIA EN SCIE (T. serrala, Goeze).
Long de 50 à 130 centimètres, large de 3 à 6 millimètres; tête arrondie, rostre
très court et très épais ; 48 crochets, longs de 0°"",13 sur deux rangs ; articles
moyens ayant les angles postérieurs saillants en dents de scie; pores génitaux
irrégulièrement alternes, saillants au milieu des bords; pénis lisse; œuf pres-
que globuleux, long de 0'n,I1,04, à coque dure, granuleuse.
Les jeunes, dit M. Dujardin, n'ontqu'un seul rang de douze à quatorze crochets,
longs seulement de 0n,m,08 à 0m,n,09.
Très commun dans l'intestin grêle du chien (voy. Path., p. 231).
De nombreuses expériences ont été faites pour arriver à la détermination
du ver vésiculaire qui, ingéré dans le tube digestif du chien, produit le tœnia
serrala. Les plus importantes de ces expériences sont celles qui ont conduite
déterminer les rapports du cœnure cérébral avec un ténia du chien très voisin
du tœnia serrala suivant M. Kiichenmeister, avec le tœnia serrala même sui-
vant plusieurs autres expérimentateurs. Il paraît certain que, quant au tœnia
serrât a qui se rencontre le plus communément dans l'intestin du chien, ses œufs
administrés au mouton ne produisent point chez ce ruminant le cœnure céré-
bral. M. Kiichenmeister donne le nom de tœnia cœnurus au ver cestoïde dn
chien qui se développe, à l'état de ver vésiculaire, dans le cerveau des herbi-
vores. Une expérience remarquable provoquée par le médecin de Zittau, lais-
serait difficilement des doutes sur le développement en cœnure des embryons
de cette espèce de ténia, si semblable au tœnia serrata; en effet, des œufs
d'un ténia, provenant d'un chien auquel on avait fait prendre, un certain temps
auparavant, des têtes de cœnure cérébral, furent envoyés à MM. Van Beneden
à Louvain, Leuckart à Giessen, Gurlt à Berlin, et Eschricht à Copenhague
(mai 1834). Les œufs furent administrés par ces divers observateurs à des
D A VAINE., C
XXXIV SYNOPSIS.
moutons, qui présentèrent à la suite les symptômes du tournis (4). Dans le
cerveau do ces moutons, on trouva des vésicules qui furent rapportées avec
toute apparence de raison au cu-nure cérébral (voy. Synops., n" 8).
Si l'on considère l'ensemble des faits (concernant le larda serrata) rap-
portés par les expérimentateurs, on voit que les résultats obtenus n'ont pas
toujours été concordants, que les résultats négatifs ont été peut-être trop sou-
vent négligés, que l'existence fréquente du tmnia serrata chez le chien et des
vers vésiculaires chez les herbivores n'a pas toujours été prise en considéra-
tion. Les divergences d'opinion des expérimentateurs prouvent que la question
attend encore une saine critique et de nouvelles recherches ; en etfet, le tœnia
serrata serait produit par :
|° — Le cysticercus pisifonnis, suivant Kuehenmeister (2), Van Be-
neden (3), de Siebold (4), Baillet (5).
2" — Le cysticercus tenuicollis, suivant de Siebold (6).
3° — Le cysticercus cellulosœ suivant de Siebold (7).
4° — Le cœnurus cerebralis, suivant Haubner? (8), de Siebold (9), Van
Beneden (4 0), Eschricht? (11), Leuckart? (4 2).
(1) Friedrich Kùcheurncister, Die in und an dem Korper des Lebenden Menschen
vorkomendenparasiten. Leipzig, 1853, p. 24. (Voy. aussi Comptes rendus Acad. des
se, juillet, 1854, p. 46.)
(2) Kuehenmeister, Ueber die umwandlung der Finnen in tœnien (Prager
vierteljahrsschrifl 1852). — Ueber den cestoclen im Allgemeinen, etc. Zittau, 1853.
— Mém. présenté à l'Acad. des sciences, 1853.
(3) Vau Beneden, mém. cit., p. 152. — Comptes rendus Acad. des se, avril
1855, p. 997.
Valenciennes, Remarques au sujet de la précédente communication (Comptes
rendus Acad. des se, avril 1855, p. 1000).
(4) De Siebold, Zeitschrift fur wissenschaftliche zoologie, 1854. — Mém. sur les
vers rubanés de l'homme et des animaux, etc., dans Ann. des se. mal., 1855, t. IV,
p. 184. — Lewald, De cyslicercorum in lœnias metamorphosi pascendi experimenlis
in inst. physiol. Vratislaviensi administrai illustrala (Thèse inaug. Berlin, 1832).
(5) C. Baillet, professeur à l'École impériale vétérinaire de Toulouse, Compte
rendu des recherches et des expériences faites sur l'organisation et la reproduction
des cestoïdes du genre ténia (Joum. des vétérin. du midi, 1858, p. 604, reproduit
par extrait dans Ann. des se. nat., 1858).
(6) De Siebold, mém. cit., p. 188.
(7) De Siebold. mém. cit.. p. 192.
(8) Haubner, Joum. agronomique de Hamm, 1854, n° 10, p. 157, cité par de
Siebold, mém. cit., p. 202.
(9) De Siebold, mém. cit., p. 195.
(10) Van Beneden, mém. cit., p. 148. — Comptes rendus Acad. des se., communi-
cation de M. de Quatrefages, juillet, 1854, p. 46. — Bull. Acad. roy. de Belgique ,
t. XXI, n 3 5 et 7.
(1 1) Eschricht, communication de M. de Quatrefages, Comptes rendus Acad. des
se, juillet, 1854, p. 47. — Voy. aussi Kuehenmeister, cite.
(12) Communication de M. de Quatrefages cltSe.
SYNOPSIS. XXXV
Pour M. Kùchenmeister aucun de ces trois derniers vers cysliques ne pro-
duit le tœnia serrala ; l'erreur des expérimentateurs provient en partie de ce
que trois espèces distinctes de ténias sont confondues ensemble et sous la
même dénomination de tœnia serrata : l'une est, à l'état de larve, le cysti-
cercus pisiformis; une autre le cysticercus tenuicollis, la troisième 1& cœnurus
eerebralis (4). Dans de nombreuses expériences M. Baillet pense être arrivé
aux mêmes résultats que le savant médecin allemand (2). 11 conclut aux trois
espèces de tœnia serrala : « Ces trois espèces, bien que distinctes, dit-il, sont
cependant assez rapprochées pour avoir, indépendamment des caractères gé-
nériques, de nombreux caractères communs. » M. Baillet donne les diffé-
rences de ces trois espèces ; mais les caractères des cestoïdes sont souvent
tellement variables dans les individus d'une même espèce et si peu précis,
qu'il serait difficile de reconnaître les uns des autres d'après la caractéris-
tique donnée par ce savant vétérinaire, les individus des trois espèces de
tœnia serrata. L'expérimentation est, sans doute, le meilleur moyen de ré-
soudre la question.
23 TÉNIA CUCUMERIN (T. cucumerina, Bloch).
Long de 10 ù 35 centimètres et jusqu'à 3 mètres, large de 2 à 3 millimètres ; tète
presque rhomboïdale ; trompe armée de 48 crochets, très petits, à talon large et
de forme ovale, sur trois rangs, très caducs ; segments carrés , puis eu forme de
semences de melons ; deux pores génitaux à chaque article, au milieu de la
marge, opposés ; œufs peu nombreux daus chaque article.
Dans l'intestin grêle du chien domestique, commun et souvent en grand
nombre (voy. Palh., p. 231).
2Z| T^NIA ECHINOCOCCUS (De Siebold).
Espèce presque microscopique quoique adulte ; strobila composé d'un petit nombre
de segments; le quatrième offrant déjà des œufs; le proglottis libre devenaut
aussi volumineux que le strobila tout entier.
Nous avons dit (Synopsis h° 7) comment l'hydatide se multiplie par des
gemmes semblables et comment cette hydatide, et ses rejetons se développent
par la production de gemmes dissemblables, les échinocoques. Ceux-ci possè-
(1) Kùchenmeister, in Gurlt's, Magasin fur thierheilkunde, 1854, 1855, et
op. cit., trad. angl., p, 28 et p. 70, note.
(2) Baillet, menu cit., p. 454. — Expériences sur le tœnia cœnurus et le
cœnurus cérebralis, p. 492. — Expériences sur le tœnia e cysticerco (énuicdlli et
le cysticercus tenuicollis, p. 553. — Expériences sur le tœnia serrata et le cysti-
cercus pisiformis, p. 604. — Voyez encore un premier mémoire abec M. Lafosse,
même journal, 1856, 2B série, t. IX, p. 97.
WWl synopsis.
dent les attributs des vers Léniadés dans leur pénultième pliase de dévelop-
pement, c'est-à-dire à l'état de nourrice ou de scolex. MM. de Siebold et Van
Beneden ont clierché par des expériences à déter-
miner les caractères de la phase ultime ou de pro-
gloltis.
Le premier de ces savants donna, à douze jeunes
cliions et à un jeune renard, des échinocoques pris
dans des liydatides du foie et des poumons du bœuf
et du mouton. Après un certain temps, il trouva dans
l'intestin grêle de ces chiens un grand nombre de pe-
tits ténias. Du quinzième au vingtième jour, le
scolex était pourvu de deux articulations; quelques
jours plus tard, de trois. Au vingt-sixième jour, les
œufs étaient formés et au vingt-septième, l'embryon
était visible dans l'œuf. Vers cette époque, le scolex
avait perdu, chez quelques-uns, sa couronne de cro-
chets. Chez ce ténia, le nombre des articles reste
borné à trois, et la longueur totale du ver ne dépasse
pas 2 millimètres. Le scolex possède une couronne de
crochets semblable à celle du scolex de V ëchinococcus
vetcrinorum (<l).
M. de Siebold rapporte au lœnia ëchinococcus de
petits ténioïdes du chien que Rudolphi crut trouver
en voie de formation aux dépens des papilles in-
testinales , et des ténias à trois anneaux observés
aussi chez le chien par M. Roll et que cet observa-
teur crut être de jeunes individus du lœnia ser-
ra ta (2).
En 4 852, M. Van Beneden trouva, dans toute la
longueur de l'intestin grêle d'un chien, un très grand
nombre de petits ténias dont les plus grands avaient
à peine la dimension d'un grain de millet. Il leur
donna le nom de lœnia nana. et attribua leur exis-
tence à des hydatides que le chien aurait man-
gées (3). En 1887, le savant zoologiste de Louvain administra des échi-
nocoques du porc à deux chiens âgés de dix jours, et obtint des résul-
tats concordants avec ceux de M. de Siebold; il vit que le dernier segment
m
•v
<&Ù
Fie. 19 (d'après M. Van
Beneden ). — ■ Tœnia
ëchinococcus on tœnia
nana ? grossi 22 fois.
Sli'obila complet mon-
Iranl un proglollis adulte,
rempli d'œufs et prêt à
se détacher /Le pénis fait
saillie sur le côté.
(1) De Siebold, Zeilschrift fiir Wissens. Zool., 1853, t. IV, p. 409, pi. XVI,
fig. 1-9. — Même recueil, 1855, t. IV, p. i23. — Ann. des se. nal., mém. cit.,
p. 198.
(2) Rudolphi, Enloz. hist. infra cit., vol. I, p. 411. — Roll, Transacl. de la
Soc. physico-médicale de Wurtzbourg, 1855, t. III, p. 55.
(3) Van Beneden, mém. cit., p. 158, pi. XXI, fig. 15 à 20.
SYNOPSIS. XXXVJI
devient aussi volumineux que le slrobila tout entier (1). Los crochets du
tcenia na.no, se font remarquer par un énorme talon, dit M. Van Beneden, et
c'est un des caractères qui le rapprochent des échinocoques. Les crochets des
échinocoques ne nous ont jamais paru aussi considérables que ne le dit M. Van
Beneden et surtout aussi pyriformes et aussi proéminents que ceux du kenia
mnu. (Comparez notre fig, 7 avec la fig. 17, 1 8, pi. XXI, de Van Ben. Mém,)
Quelques médecins ont eu la pensée que les échinocoques introduits dans
l'intestin de l'homme peuvent se développer en ténia; M. Kûchenmeister a
partagé cette manière de voir, et il s'est demandé si le tœnia nana observé
parBilharz n'avait pas une semblable origine (2). Les faits rassemblés dans
cet ouvrage répondent à cette assertion. Nous avons rapporté trente-six cas
de tumeurs hydatiques évacuées par le tube digestif et dans aucun l'on n'a
noté l'invasion de ténias; six fois l'autopsie a été faite, et l'on n'a trouvé dans
l'intestin de ver cesloïde d'aucune, espèce. On pourrait ajouter à ces faits ceux
qui concernent des tumeurs hydatiques en communication avec les bronches,
car dans ces cas, l'évacuation des échinocoques par la bouche ayant lieu
souvent pendant dés mois entiers, il est impossible que le malade n'en avale
pas un grand nombre avec la salive ou les aliments. Or, sur trente-deux cas
rapportés dans cet ouvrage, aucun malade n'a offert de ténias et cependant
l'examen cadavérique a été fait douze fois. Si l'échinocoque de l'homme pou-
vait acquérir son développement complet dans l'intestin de l'homme, il est
probable que le ténia qui lui correspond et qui, dans les soixante-huit cas
cités, aurait dû exister, souvent en nombre prodigieux, n'aurait point con-
stamment échappé à l'œil des observateurs.
!>5 TÉNIA A COL ÉPAIS {T. crassicollis, 1U>dou>hi).
Long de 15 à 60 centimètres ; tète hémisphérique, trompe très courte, 48 à 52 cro-
chets; cou très épais ; premiers articles très courts, articles postérieurs plus longs
que larges; pores génitaux irrégulièrement? alternes.
Assez commun dans l'intestin du chat domestique et de plusieurs animaux
du genre chai (voy. Palh., p. 231).
La têle de ce ténia est semblable à celle du cysticerque fasciolaire qui se
trouve dans le foie des rats et des souris. Cetle ressemblance, indiquée par
Pillas et confirmée par M. de Siebold, a porté ce dernier observateur à re-
garder le cysticerque fasciolaire comme un germe égaré du ténia du chat, et
dans un état anormal ; on le considère aujourd'hui généralement comme un
premier état, l'état de larve de ce ténia.
Quelques savants ont cherché par l'expérimentation à confirmer cetle ma-
nière de voir: M. Leuckart a trouvé des cysticerquesfasciolairesdans le foie
(1) Van Beneden, Bull. Âcad. roy. des se. de Belgique, 1857, t. XXIV. n° 4 et
1857, 2e série, t. II, p. 340. — ZooL méd. cit., t. II, p. 275.
(2) Kùcheumeister, ouvr. cit., trad.,t. II, p. 205.
XXX VI II SYNOPSIS.
de souri? auxquelles il avait fuit manger des articles mûrs du ténia crassicol du
eliat(l). M. Baille!, a répété celte expérience sur plusieurs individus et il en
a lire des conclusions favorables à la génération du cysticerque de la souris
par le lénîa du chat: mais l'examen des expériences de ce savant mènerait,
suivant nous, à une conclusion contraire (2). D'ailleurs il faut tenir compte
de l'existence possible et même fréquente de cyslicerques ou de vers cesloïdes
chez des animaux qui paraissent avoir été mis complètement à l'abri de l'inva-
sion de ces enlozoaires ; ainsi M. Vulpian a montré à la Société de biologie,
à plusieurs reprises, des foies de rat blanc contenant des cysticerques faseio-
laires et cependant les rais, nés au muséum d'histoire naturelle, et constam-
ment maintenus en cage, avaient été exclusivement nourris de pain et de
carotte, n'avaient pas bu d'eau et n'avaient jamais eu le voisinage des chats.
Ce n'est pas que nous voulions nier les rapports que l'analogie des formes
établit entre le cysticerque fasciolaire et le ténia crassicol, mais nous ne pou-
vons accepter sans réserve des expériences souvent fort incomplètes ou incer-
taines et qui tendraient a introduire dans la science comme suflisamment
prouvés des faits contestables.
(1) Cité par de Sicbold, mém. cil., p. 203.
(2) M. Bailleta donné des anneaux mûrs du lœnia crassicollis à deux rats et six
souris. Deux des animaux ayant été sacrifiés le jour môme, ne pouvaient fournir
aucun résultat quant à la question. Trois ont été examinés huit, douze, vingt-
quatre jours après l'ingestion des œufs du ténia; ou trouva dans leur foie des vési-
cules plus ou moins nombreuses; aucune de ces vésicules n'avait de corps ni de lêie
de cysticerque, point de ventouses, point de crochets. Sur les trois autres, examinés
trois mois après, l'un avait un seul cysticerque fasciolaire, deux n'en avaient point
(mém. cité). On conclura sans doute de cette expérience que les trois premiers
animaux donnent un résultat nul; car rien ne prouve que les vésicules observées
fussent des cysticerques fasciolaires ; on conclura que les trois derniers infirment la
transmission du cysticerque fasciolaire par les œufs du ténia du chat; car deux
étaient exempts de cysticerques, et l'unique individu qui se trouvait chez le troi-
sième, pouvait venir d'autre part; on sait, en effet, que le cysticerque fasciolaire
est très commun chez la souris, et ce n'est pas une proportion trop forte que d'en
trouver une fois sur six; d'ailleurs serait-il probable que, parmi les centaines d'oeufs
qui ont dû être ingérés, un seul fût arrivé à bien? Donc, sur les six expériences, on
peut compter que trois sont nulles, et que trois prouvent la non-transmission du
cysticerque fasciolaire par l'ingestion des œufs du tœnia crassicollis. Ce ne sont
pas là cependant les conclusions de l'expérimentateur; il ne tient nul compte des
résultats négatifs, ni de la possibilité, pour l'unique cysticerque observé, de sa
provenance d'autre part. A ce sujet, on pourrait se demander pourquoi les expé-
rimentateurs ne tiennent généralement pas de compte des résultats négatifs, et
s'il suffit de dire, pour avoir le droit de les négliger, que le sujet était malade ou
qu'il avait la diarrhée et moins encore, car il a suffi qu'on l'eût prévu. « Et comme
je l'avais prévu, dit M. Baillet à propos de ses souris réfractaires, elles avaient
échappé à l'intoxication vermineuse. » Est-ce mettre dans l'examen d'une question
scientifique toute la rigueur que la science exige, et doit-on accepter sans contrôle,
comme le font trop les auteurs de nos livres classiques, des faits autour desquels
sont accumulées des causes d'erreur?
SYNOPSIS. XXXIX
2G TÉNIA ELLIPTIQUE [T. ellipiicct, Batkch).
Long de 10 à 30 centimètres; tèle obtuse, trompe en massue, armée de petits
crochets disposés en plusieurs rangées, larges au talon et assez semblables aux
boucles de la peau des raies; premiers articles très courts, les suivants presque
carrés, puis arrondis, puis elliptiques; les derniers deux à trois fois aussi longs
que larges; deux pores génitaux opposés à chaque article ; œufs globuleux, à
double enveloppe.
Suivant M. Van Beneden, ce ténia serait le même que le ténia cucumerin
du chien.
Dans l'intestin grêle du chat domestique (voy. Path., p. 231)..
27 TÉNIA INFUKDIBULIFORME (/. infundibuliformis, Goeze).
Long de 2 à 13 centimètres ; tèle sphéroïde, ventouses petites, crochets au nombre
de 208 sur deux rangs ; cou susceptible de se gonfler autant que la tête; pores
génitaux irrégulièrement alternes ; pénis court, tronqué et hérissé.
Dans l'intestin du coq domestique, de l'outarde, du canard et de l'oie.
28 , TÉNIA PROGLOTTIN1EN (T. proglottina, DavAINe).
Long de 0""",9; tête ovalaire (diamètre transversal , 0mm,18; longitudinal 0mm,10)
rostre remplacé par un infundibulum? (ou ventouse?) très large (0mm,08), armé
de plus de 80 crochets ayant la forme d'épingles, longs de 0mm,005, sur deux
rangs; quatre ventouses n'ayant que le tiers du diamètre de Yinfundibulum,
armées de crochets semblables, mais plus petits. Si robila ayant presque toujours
moins de quatre articles; le premier nettement séparé de la tète, beaucoup plus
petit que celle-ci, second article plus grand que la tête, troisième et quatrième
successivement beaucoup plus grands; pore génital à l'angle antérieur du troi-
sième article d'un côté et à l'angle antérieur du quatrième du côté opposé ; canal
déférent très long, flexueux ; pénis dans une gaîne armée d'épines, rétractile ;
zoospermes filiformes, très longs, en écheveau ; œufs relativement très grands
(0mm,05), pourvus d'un embryon très vivace (voy. la fig. 5).
Les articles se séparent presque aussitôt après qu'ils sont formés; ils vi-
vent et se développent libres, ils acquièrent alors jusqu'au double de la lon-
gueur totale du ténia (la tête et quatre articles) ; dans leur plus grande pro -
traction ils ont 'lmm,8 et la moitié de cette longueur dans la rétraction; ces
proglottis ont une grande vivacité, ils marchent, à la manière des sangsues
(voy. fig. 13), le côté antérieur en avant (il se reconnaît à la situation du
pore génital). Quelquefois deux articles séparés restent adhérents et marchent
ensemble (voy. fig. 5).
Les embryons nous ont offert le curieux spectacle du travail de leurs
crochets pour avancer dans les tissus, fait déjà vu dans une autre espèce par
xr SYNOPSIS.
M. Van Beneden ; mais la manière dont lo petit animal se servait de ses cro-
chets était un peu différente de celte qu'a décrite ce savant zoologiste. L'em-
bryon du proglottis de la poule, enfermé dans un magma placé sous le mi-
croscopo, s'efforçait d'en sortir: rassemblant ses six crochets en un faisceau
unique et dirigé en avant, il se précipitait sur l'obstacle placé devant lui,
puis, les deux crochets moyens formant la proue, les deux crochets latéraux
de chaque côté étaient ramenés en arrière comme l'auraient fait des rames
(?oy. fig. 5, n° 7) ; à peine ce mouvement était-il terminé que l'embryon re-
culait, rassemblait de nouveau ses crochets et se précipitait encore en avant.
Nous avons pu observer ce travail singulier pendant plus d'un quart d'heure,
sans que des efforts précipités et incessamment renouvelés ralentissent l'ar-
deur du petit ôtre.
Nous avons trouvé ces proglottis, en nombre considérable, dans le duo-
dénum de toutes les poules que nous avons examinées, en octobre IS^a, à
Saint-Amand (Nord). Nous avons obtenu les têtes, en fort petit nombre tou-
tefois, en raclant la membrane muqueuse du duodénum.
Les proglottis libres ont été vus et ligures, mais non décrits, par M. Du-
jardin, qui n'a pas observé le ténia auquel ils appartenaient (4).
La disposition de Yinfandibulum, la forme des crochets, leur existence au-
tour de chaque ventouse, doivent faire ranger ce
ténia dans un genre distinct.
29. Plusieurs autres ténias, encore indéterminés,
ont été observés chez le coq domestique. — Chez le
pigeon, existe le T.enia crassula; chez l'oie et le coq
domestiques, le Taenia malleus; chez plusieurs pal-
mipèdes domestiques et chez les espèces sauvages
correspondantes, le Taenia lanceolata, le T.*:su
SKTIGERA, le T.ENIA SINUOSA, le T.ENIA FASCIATA.
TRIBU DES BOTHRIOCEPHALES.
Cestoïdes ayant une tête ou scolex et des an-
neaux pourvus d'organes sexuels mâle et
femelle ; orifices des organes sexuels ouverts
sur la ligne médiane de l'une des faces des
anneaux.
Etal embryonnaire?
État de larve : inconnu.
Fig. 20.— i, 7i, Iclc du bo-
thriocéphale de Ylwmme
grossie G fois et vue sous
doux aspects. — fc, tête du
liolhrioccphale du turbot
grossie 12 fois; coupe en
travers faisant voir la
disposition des ventouses
latérales.
(I) Dujardin, Ann des se. nat., 1843, t. XX, 2e série, p. 342.
SYNOPSIS.
xu
GENRE BOTHRIOCÉPHALE (Dibolhrius, Rodolphi).
Corps mou, déprimé, fort allongé, composé d'un très grand nombre d'articles;
léte oblongue, pourvue de deux fossettes latérales, allongées longitudinale-
ment, point de crochets ; proglottis restant réunis.
Le genre bothriocéphale comprend un grand nombre d'espèces, qui vivent
presque toutes chez les poissons ; celles, en très petit nombre, qui ont été
trouvées chez des mammifères et des oiseaux sont encore très peu connues,
excepté toutefois l'espèce qui vit chez l'homme.
Les bothriocéphales existent dans le tube digestif,
30 BOTHRIOCÉPHALE DE L'HOMME (Bolhriocephalus latus, Bremser).
Long de 6 à 20 mètres, filiforme en avant, large jusqu'à 2" millimètres en
arrière, ordinairement de couleur foncée, d'un
gris roussàtre (nous en possédons un parfaite-
ment blanc) ; tête oblongue, avec deux ventouses
latérales allongées; cou presque nul ; premiers
articles en forme de rides, les suivants courts,
subcarrés, ensuite plus larges transversalement,
les derniers toujours plus larges que longs, offrant
un épaississement plus foncé au milieu, quelque-
fois perforés; orifice màlc situé sur la ligne mé-
diane, près du bord antérieur de l'anneau ; pénis
court, lisse, faisant saillie par cet orifice; porc
génital femelle situé un peu en arrière. Œufs
ovoïdes, longs de 0ml",068, larges de 0,nln,044,
pourvus d'un opercule; embryon inerme?
Le bothriocéphale de l'homme est probable-
ment de tous les cestoïdes celui qui atteint, la
plus grande longueur ; ses anneaux ne se sépa-
rent point en cucurbitins comme ceux du ténia
solium , en sorte qu'on trouve souvent après
la ponte les derniers segments encore adhérents
au strobila ; la sortie des œufs s'effectue ordi-
nairement par la rupture des parois de la ma-
trice, il en résulte que les anneaux sont fréquem-
ment perforés (voy. Palh., fig. 3), quelquefois
ils sont divisés longitudinalement et constituent
deux cordons latéraux en forme de queues, sou-
vent ils font simplement, ratatinés. Le bothrio-
céphale, ne donnant point de cucurbitins, se
(*) Bolliriocépliale de l'homme, grandeur naturelle; fragmentspris.de dislance en dislance :
l'ordre des lettres indique leur situation relative, de la tète à l'extrémité postérieure; ei
c, d, e, f, le pore génital mâle est "visible ; g, derniers anneaux ratatinés après la ponte.
Ftr. 21 (*).
XLII SYNOPSIS.
brise en fragments presque toujours considérables et qui ne sortent qu'à des
intervalles éloignés.
La tête du bothriocéphalo vivant prend des formes variées par la grande
conlractilité dont elle est douée ; elle est toujours très distincte de celle du
ténia. Les anneaux séparés de la télé sont aussi très faciles à distinguer de
ceux du ver solitaire, par l'absence d'un pore génital à la marge, en outre
par un épaisissement central souvent plus coloré qui a fait comparer la chaîne
des anneaux du bothriocéphale à un raclas, d'où la dénomination donnée à ce
ver par Andry (ténia à épine), enfin par les autres caractères donnés ci-
dessus.
La fécondité du bothriocéphale, comme celle des cestoïdes en général, est
prodigieuse ; M. Eschricht a compté sur un seul individu dix mille anneaux,
or, attribuant mille œufs à
iîtt-i.'--- -•'•■■ -•■■■?:'•■•;•'•%•? chaque anneau, ce qui est au-
dessous de la réalité, on porte
à dix millions le nombre
d'œufs fournis par ce bo-
thriocéphale (<l ) ; il faudrait
ajouter encore ceux que four-
niraient les anneaux à venir.
Chaquesegment est pourvu
d'organes génitaux mâle et
femelle. L'orifice, par lequel
fait saillie le pénis, existe au
sommet d'un mamelon peu
apparent, situé sur la ligne
moyenne de l'une des faces.
Le pénis, d'après M. Es-
chricht, est munid'unegaîne,
et est en rapport avec un ca-
nal déférent long, ramassé et
terminé par une vésicule sé-
minale sacciforme. Le testi-
cule, formé de granulations
blanchâtres , communique
avec la vésicule par plu-
sieurs conduits. L'orifice de
la vulve situé en arrière de
l'orifice mâle n'est point proéminent; l'appareil femelle est composé d'un
oviducle long et souvent replié, d'une matrice constituée par deux poches
divergentes, de plusieurs ovaires volumineux.
(i) Eschricht, Ânatomiseh physiologische untersuchungen ueber die bothrioce-
phalen (Act. Acad. nat. cur.} 1840, vol. IX, suppl, u).
FlG. 22 (d'après Gervais et Van Beneden). — Trois anneaux
du bolhriocéphale de l'homme grossis. — En a se voient
le mamelon et l'orifice génitaux mâles ; au-dessous, l'ori-
fice femelle. Au troisième anneau le pénis est saillant; il
est rentré dans les premiers.
SYNOPSIS. XLIII
L'orilice femelle n'est pas toujours apparent ; il en est de môme du pénis,
ce qui a fait supposer que l'hermaphrodisme pour chaque anneau n'est pas
constant; mais peut-être ces variations dépendent-elles de l'époque à laquelle
se fait l'examen ; l'organe femelle pouvant devenir apparent plus tard que
l'organe mâle et celui-ci pouvant disparaître après l'accomplissement de sa
fonction, comme chez les ténias dont nous avons parlé.
L'œuf du bothriocéphale de l'homme est grand et muni d'un opercule ;
nous n'avons jamais pu y décou-
vrir d'embryon ni l'indice d'un
fractionnement. D'après un dessin
laissé par Schubart, d'Utrecht,
l'embryon serait cilié et en outre
muni de six crochets (1).
Mayor a distingué dans le bo-
thriocéphale de l'homme deux va-
riétés ou espèces, d'après les di-
mensions relatives des anneaux ;
mais on sait que c'est là un carac-
tère fort incertain. Personne jus-
qu'aujourd'hui n'a vérifié la distinction qu'a voulu établir le médecin de
Genève.
Le bothriocéphale existe chez l'homme dans l'intestin grêle (voy. Palh.,
p. 70, 76, 78, 87, 111).
Fie. 23. — Œuf du bothriocéphale de l'iiomme. —
a, grossi 70 fois; b. grossi 340 fois; c, traité
par l'acide sulfurique concentre qui fait voir
l'opercule.
31
BOTHRIOCÉPHALE DU CHAT (Dibothrium decipiens, Diesing).
Tète ovale, oblongue; ventouses latérales, béantes en arrière, et fermées dans la
plus grande partie de leur longueur par suite du rapprochement des lèvres;
cou long, mince; articles antérieurs parallélipipèdes, les moyens très longs, les
postérieurs presque carrés, le dernier arrondi; longueur de la tête 3 millimètres,
largeur 1 millimètre; longueur des anneaux moyens 9 millimètres, des posté-
rieurs i millimètres; longueur totale 1 mètre 60.
L'adulte ressemble beaucoup pour la forme et la couleur au bothriocéphale large.
Trouvé par Créplin, à Greifswald, dans l'intestin grêle d'un chat ; par Nat-
terer, au Brésil, dans le raton et dans d'autres animaux du genre chat ; par
Diesing, à Vienne, dans l'once; à Gœttingue, par Leuckart, dans le léopard.
'AU
BOTHRIOCÉPHALE DU CHIEN (Dibolh. serralum, Diesing).
Tête linéaire, arrondie au sommet; ventouses latérales allongées; cou court, fili-
forme; articles antérieurs très courts, les suivants trois fois plus larges que longs,
(1) Dans un allas sur les vers intestinaux fait par Schubart, et qui est devenu,
après la mort de l'auteur, la propriété du docteur Verloren, on voit un œuf du
bothriocéphale de l'homme contenant un embryon cilié et dans celui-ci un appareil
hexacanthe (Gervais et Van Beneden).
\I.1V SYNOPSIS.
ayant les angles postérieurs proéminents, le dernier arrondi. Longueur totale
50 centimètres; articles longs de 2 millimètres, larges de G millimètres; tète
longue do - millimètres, large de 0""","j.
Fragments rendus par un chien en l'oméranie, examinés par de Siebold.
Vivant, au Brésil, dans l'intestin grêle du renard du Brésil ou aguaracliai
(Canis azarœ, — Natierer).
TYPE III. — TRÉMATODES (RuDomu).
Animaux solitaires, inarticulés, plus ou moins allongés et déprimés;
pourvus d'un ou plusieurs organes d'adhérence ou de ventouses,
d'un tégument mou, non revêtu de cils vibratiles, d'une bouche,
d'un intestin ordinairement bifurqué, quelquefois simple, quelque-
fois ramifié, toujours terminé en csecum et sans anus ; possédant
un système nerveux représenté par une masse centrale et deux
cordons latéraux, un système de canaux excréteurs (urinaires?);
dépourvus d'appareil circulatoire; généralement hermaphrodites,
et très rarement à sexes séparés sur deux individus; orifices géni-
taux distincts ou réunis; testicules multiples ; pénis plus ou moins
long, rétractile ; ovaires complexes ; oviducte ou utérus ordinai-
rement tubuleux , très long; œufs elliptiques, ordinairement
pourvus d'un opercule.
Les trémadodes offrent deux types secondaires bien tranchés par
leur organisation, leur mode de développement et leur genre de vie.
1° Le type ou sous-ordre des Polystomides, ou trèmatocles mo-
nogênèses de Van Beneden, comprend des trématodes pourvus de
plus de deux organes d'adhérence ou ventouses. Ils ont un dévelop-
pement direct; l'embryon, nu et sans cils au moment de l'éclosion,
possède déjà la forme de l'adulte. Tous vivent en parasites ex~
ternes, sur la peau ou les branchies des animaux aquatiques, drs pois-
sons principalement ; ils ne sont jamais renfermés dans un kyste.
Aucune des espèces de cette grande division des trématodes ne
doit nous occuper.
2° Le type ou sous ordre des Distomides, ou trématodes dùjè-
nèses de Van Beneden, comprend les trématodes qui n'ont pas plus
de deux organes d'adhérence ou ventouses. Us ont un développe-
ment indirect, l'embryon ne ressemblant nullement à l'individu qui
l'a produit. Tous, à la période adulte, vivent en parasites internes
des animaux vertébrés.
SYNOPSIS. XLV
Les Distomides n'atteignent jamais une grande taille; leur forme la plus
ordinaire est aplatie, foliacée ; ils sont revêtus d'une couche épidermique lisse
ou recouverte de spinules dirigées en arrière; ils n'ont point de cavité géné-
rale; le tissu de leur corps paraît formé d'une substance homogène dans cer-
taines espèces ou de fibres qui se croisent en divers sens ou de cellules con-
tractiles? possédant un noyau bien distinct. Le tube digestif ou ses ramifica-
tions jouissent d'une contractililé grande au point d'effacer souvent com-
plètement leur cavité dans une partie de leur étendue (voy. fig. 26); il en
est de même des canaux excréteurs qui paraissent souvent interrompus ça
et là.
La locomotion de ces trématodes est assez bornée ; elle se fait principale-
ment, au moyen des organes d'adhérence, à la manière de celle des sang-
sues ; ces organes d'adhérence sont des excavations plus ou moins profondes
revêtues d'une couche musculaire épaisse (ventouses). Le plus souvent l'une
des ventouses, située à l'extrémité antérieure, constitue en même temps la
bouche; l'autre est imperforée et sert uniquement à fixer l'animal ; elle est
placée à la face ventrale, plus ou moins rapprochée de la première, ou bien à
l'extrémité caudale; elle n'existe pas dans toutes les espèces.
A l'exception de deux espèces, tous les distomides sont hermaphrodites.
Les appareils générateurs mâle et femelle sont construit sur un type uni-
forme; leur disposition la plus générale est la suivante :
V appareil mâle se compose de deux (rarement moins, quelquefois plus) or-
ganes formateurs du sperme ou testicules, qui sont situés en arrière ou au-
tour de la ventouse ventrale ; d'une vésicule séminale externe, communiquant
avec chaque testicule par un canal déférent distinct ou rarement réuni en
un seul tronc avec son congénère; d'un organe allongé, creux, nommé poche
du cirrhe qui est en rapport avec la vésicule séminale d'un côté et qui se
prolonge de l'autre en un tube long, flexueux, terminé par un cirrheou pénis
lubuleux, lisse ou hérissé, saillante l'extérieur, ou rétraclile dans la poche du
l cirrhe ; l'orifice externe de celte poche est commun aux appareils mâle et
femelle. Les spermatozoïdes sont très petits, filiformes et très vifs.
L'appareil femelle se compose d'un réservoir creux (ovuligène, ovaire) dans
i lequel naissent les vésicules germinatives, d'un organe formé par une réunion
de caecums dans lesquels se forme le vitellus (vitellogène.) ; un conduit de l'ovu-
ligène et un autre conduit commun aux ceecums du vitellogène, s'abouchent et
constituent un canal plus considérable qui est l'oviducle; celui-ci est un tube
simple, formant un très grand nombre de circonvolutions, qui remplissent
plus ou moins toute la partie postérieure du corps ; il conserve un calibre assez
uniforme dans tout son trajet et aboutit à l'orifice génital externe. L'oviducte
reçoit d'une part les vésicules germinatives, de l'autre le vitellus, qu'il revêt
de leur coque.
Il existe un autre organe, la vésicule séminale interne, dont nous n'avons
pas parlé, qui relie les deux appareils; c'est une poche ou réservoir appar-
tenant par sa fonction à l'appareil mâle, par sa situation à l'appareil femelle
XLVi SYNOPSIS*
et qui s'ouvre dans l'oviducte avec les conduits de l'ovuligène et du viiello-
gène; cetlo poche communique d'un autre côté directement avec l'un des
testicules par un conduit spécial qui y verse la semence. Il
résulte do cette disposition que les parties constitutives de
l'ovule, le vitellus et la vésicule germinalive, se forment dans
des organes distincts et qu'avant d'être revêtues par la coque,
elles sont en rapport avec les spermatozoïdes qui arrivent de
la vésicule séminale interne. L'œuf peut donc être fécondé
avant d'être complètement constitué.
Le développement de l'œuf se fait quelquefois complètement
dans l'oviducte. L'embryon qu'il renferme est ordinairement
revêtu de cils vibratiles; il est quelquefois armé de crochets
(voy. Pathn p. 261 , note 2) ; il diffère toujours beaucoup par
sa forme, et par son organisation de l'individu qui lui a donné
naissance.
C'est par une génération alternante que reparaît le type de
l'individu qui a produit l'embryon; celui-ci, semblable à un
infusoire, n'a point d'organes internes distincts; il est géné-
ralement recouvert de cils vibratiles au moyen desquels il
nage dans le liquide ambiant ; il ne subit point ordinairement
de métamorphoses, mais il périt après avoir produit une ou
plusieurs P gemmes qui se sont développées dans son intérieur.
Ces gemmes jouissent d'une vie propre et continuent à se dé-
velopper ; leur organisation diffère de celle de l'embryon qui
les a produites; elle n'est point non plus celle d'un distomide parfait. Ces
gemmes deviennent souvent un simple sac ovoïde ou cylindrique , pourvu
d'une ventouse rudimentaire, ou des tubes ramifiés plus ou moins longs sans
organes internes appréciables; d'autres fois elles acquièrent des organes, un
tube digestif, une ventouse buccale.
Ces organismes qui procèdent de l'embryon forment une seconde phase de
génération. L'embryon, après l'éclosion, vivait à l'état de liberté, l'individu
qui lui succède vit toujours en parasite à l'intérieur d'animaux mollusques.
On a désigné par le nom de sporocystes les individus de cette seconde géné-
ration dont l'organisation est la plus simple et par le nom de rédies ceux dont
l'organisation est plus complexe. Les sporocystes se multiplient quelquefois
sous la même forme, comme les hydatides, soit par scission, soit par gemma-
tion externe ou interne (1 ). Les sporocystes ou les rédies ne sont point des-
(*) (D'après Van Beneden) sporocyslc grossie do cercaria echinata, contenant des gemmes et des
cercaires plus ou inoins développées ; à l'extrémité antérieure existe une ventouse, à l'extrémité posté-
rieure une sorte d'appendice caudal ; vers celle extrémité une cercaire s'est prématurément enve-
loppée d'un kyste.
(l) Ces gemmes semblables ne doivent pas être considérées comme constituant
uue nouvelle phase de génération , ainsi qu'on l'a fait, à tort croyons-nous
(voy. Synops, p. ni, note).
Fie. 24 (*)..
/ 7,
SYNOPSIS. XLVII
tinées à devenir des distomides parfaits ; elles sont douées, dans les premiers
temps, de vie et de mouvements très actifs, puis il se forme dans leur intérieur
des gemmes qui s'accroissent rapidement; ces gemmes distendent par leur
accumulation le corps de leur mère qui, perdant graduellement sa vitalité et
ses mouvements, se trouve enfin réduite à l'état d'un sac membraneux et
complètement inerte.
Les gemmes développées dans la sporocyste constituent une troisième
phase de génération qui ramènera le dislomide parfait; elles forment d'abord
des individus auxquelles on a donné le nom de cercaires et qui ne sont point
semblables aux individus adultes : leur corps est ovoïde, très contractile, or-
dinairement pourvu d'organes transitoires, tels qu'une queue plus ou
moins longue qui sert à la locomotion, un ou plusieurs crochets qui
servent à pénétrer dans les tissus, et d'organes définitifs comme des
ventouses, un tube digestif, un appareil excréteur. Après que les
cercaires ont eu acquis un certain développement dans leur mère ou
sporocyste, celle-ci se déchire et laisse sa progéniture en liberté. La
cercaire devenue libre nage à la recherche d'un nouvel hôte ; elle pé-
nètre, au moyen de son armature buccale, à travers les téguments d'un
animal aquatique, larve d'insecte ou mollusque principalement, perd
sa queue dans le passage, et s'enveloppe aussitôt d'un kyste; là,
elle revêt la forme du distomide parfait, mais elle n'acquiert point
d'organes génitaux; ce n'est que lorsque l'hôte devient la proie d'un
vertébré, que le jeune distôme, parvenu dans l'organe et chez l'animal
qui lui convient, acquiert définitivement les attributs de l'adulte de son
espèce.
Ainsi, les diverses phases du développement d'un dislomide sont au nombre
de trois : l'embryon est une grand1 nourrice, la sporocyste une nourrice, la
cercaire une larve qui ramène l'état adulte par métamorphose. Toutefois, le dé-
veloppement des distomides offre suivant les espèces des variations que les
étroites limites d'un synopsis ne permettent pas d'indiquer.
Les distomides adultes ne vivent jamais libres ; extraits des organes qu'ils
habitent et placés dans l'eau, ils se décomposent et périssent très vite. lisse
trouvent principalement dans le tube digestif, dans les cavités respiratoires,
dans les canaux biliaires, chez les animaux vertébrés. Ils sont plus répandus
chez les animaux aquatiques ou chez ceux qui vivent dans le voisinage de
l'eau que chez les animaux qui vivent dans les lieux secs ; comme on le re-
marque parmi les reptiles chez les amphibiens, parmi les oiseaux chez les
échassierset les palmipèdes, parmi les vertébrés chez les poissons.
Les espèces des distomides ne paraissent point limitées à certaines parties
du globe, elles sont aussi moins exclusivement que d'autres entozoaires, pro-
(*) (D'après Van Beneden) cercaire du disloma retusum, très grossie; elle est pourvue de deux
ventouses, d'un tube digestif rudimentaire, d'une queue. Dans l'épaisseur de la ventouse buccale exiS|e
iln crochet unique ou stylet, dont elle se sert pour pénétrer à travers les téguments.
\,.\HI SYNOPSIS.
près à un animal déterminé ; elles se trouvent, on effet, souvent sur deux ou
dois et même Bur un beaucoup plus grand nombre d'espèces différentes d'a-
nimaux.
Les distoinidi's offrent quatre formes qui se distinguent par le
nombre et par la position des ventouses et qui constituent quatre
genres. Deux sont caractérisés par l'existence d'une seule ventouse,
ce sont les genres monostome et amphistome de Rudolphi. Chez les
monotonies la ventouse est située à l'extrémité antérieure, chez les
amphistomes à l'extrémité postérieure. Les deux autres genres, dis-
tome etholostome, ont une ventouse antérieure buccale et une ven-
touse abdominale.
Les genres tétrastome et hexathyridium, qui font aussi partie de
l'ordre des trématodes, concernent des animaux fictifs ou devant
rentrer dans d'autres genres d'entozoaires.
GENRE MONOSTOME (Rudolphi).
« Corps plus ou moins allongé et aplati; bouche située à l'extrémité anté-
rieure et entourée d'une masse musculaire urcéolée, formant une ventouse;
deux orifices génitaux distincts, et quelquefois un orifice postérieur respira-
toire ou excrétoire, mais sans ventouse ventrale. » (Dujardin.)
Le genre monostome comprend plusieurs espèces qui se trouvent principa-
lement chez les oiseaux, les reptiles et les poissons, dans l'intestin ou dans
d'autres organes.
33 MONOSTOME DE L'HOMME (Monostoma lenlis, NORDMANN).
Corps déprimé, long de 0m,n,21 .
Trouvé dans un cristallin atteint de cataracte, chez l'homme (voy. Puth.,
p. 735).
?>U Plusieurs espèces de monostomes ont été observées chez les animaux
domestiques; une exceptée, elles appartiennent aux oiseaux.
Chez le lapin, existe le monostomom leporis; chez l'oie, les monostomum muta-
bile, M. YARIAB1LE, M. TRISERIALE ; chez le Canard, les MONOSTOMUM ATTENUATUM,
m. caryophillinum : chez le canari, le monostomum faba.
Le monostome du lapin n'a encore été rencontré qu'une fois, par Kuhn ; il
est long de 7 millimètres et large de 2, ovale, déprimé; il habite le péritoine.
Le monostome changeant (M. mulabile) habite les cavités sous-orbitaires de-
l'oie et d'autres oiseaux aquatiques. Il produit des œufs dont l'embryon se dé-
veloppe avant la ponte; dans cet embryon, apparaît un corps vivant, un
animal qui, lors de sa découverte, excita au plus haut point la surprise des
SYNOPSIS. XLI»
naturalistes, car il fut pris pour un parasite de l'embryon et, comme il existe
constamment, il fut regardé comme un parasite nécessaire; mais ce parasite
est une gemme qui se développera en sporocyste. La fonction de ce parasite
nécessaire, comprise enfin par Steenstrup, éclaira d'une lumière soudaine les
phases successives et jusqu'alors inconnues du développement des dis-
tomides.
Le monostome fève est un autre parasite non moins intéressant; il a la
forme que désigne son nom; il existe chez plusieurs oiseaux renfermé dans un
kysle des téguments; mais chaque kyste contient toujours deux individus
appliqués l'un contre l'autre par leur face ventrale.
GENRE DISTOME(Retzius).
Corps déprimé ou cylindrique, armé ou inerme, muni de deux ventouses dis-
tinctes et isolées, l'une antérieure contenant la bouche, l'autre imperforée et
située à la face ventrale entre le milieu et le premier sixième de la longueur;
intestin divisé en deux branches simples [rameuses chez le distome hépatique);
ouvertures génitales rapprochées ou réunies
et confondues en un cloaque, situées en avant,
très rarement en arrière de la ventouse ven-
trale ; un orifice postérieur contractile, don-
nant entrée dans une cavité intérieure, quel-
quefois ramifiée et se distribuant dans toutes
les parties du corps.
Le genre distome forme un groupe considé-
rable et très naturel d'animaux dont les nom-
breuses espèces vivent toutes en parasites, soit
dans des cavités communiquant plus ou moins y
directement avec l'extérieur, soit, dans des ca-
vités closes, soit dans des kystes. A l'état de
larve, elles existent chez des crustacées, des
mollusques, et libres dans l'eau ; à l'état par-
fait, elles se rencontrent chez les animaux ap-
partenant aux quatre classes des vertébrés.
35 DISTOMË HÉPATIQUE (Distomum hepaticum
Abildgaard).
Fie. 26. — Distome hépatique (non
encore adulte) grossi 8 fois. Il pro-
vient d'un abcès, chez un homme.
— a, ventouse buccale ; b, ventouse
abdominale; c, œsophage; d, d, d,
d, ramifications de l'intestin ; elles
ne sont pas apparentes partout à
cause de leur contraction.
Corps blanchâtre, long de 18 à 31 millimètres et
large de 4 à 13mm,5 chez l'adulte, n'ayant en-
viron que la moitié de ces dimensions chez les
jeunes; ovale-oblong ou lancéolé, obtus; plus large et arrondi en avant où il se
rétrécit tout à coup et forme une sorte de cou conique ; rétréci en arrière et aplati
DAVA1NE. d
T. SYNOPSIS.
ci) forme de Feuille; tégument couvert d'épines plus ou moins aplaties, longues
de 0 , 08 ; ventouse antérieure terminale, arrondie; ventouse postérieure à
orifice triangulaire, située très près de la première; intestin ramifié distribué
dans loul le corps, plus ou moins apparent suivant l'état de contraction de ses
divisions; orifices génitaux contigus, situés au milieu de l'intervalle des deux
ventouses; pénis cylindrique, saillant, contourné en spirale; ovaires blaucs, en
grappe; oviducte formant des circonvolutions nombreuses, contenant des œufs
plus ou moins colorés en jaune, ovoïdes, pourvus d'un opercule, longs de 0""",13
à 0""", II, larges de <iu"",07 à O""",(>0; — embryon inconnu.
FîG. 27.— Ovule du ili.-lunic hépatique, grossi 107 fui» et traité par
la potasse caustique pour séparer l'opercule.
Le dislome hépatique appartient aux ruminants, car c'est généralement
chez ces animaux qu'on le rencontre, mais ce ver est du nombre assez res-
treint de ceux qui peuvent vivre dans des animaux très différents : il a été
trouvé chez l'homme, chez le bœuf, le mouton, la chèvre, le cheval, l'âne, le
chameau, le porc, l'éléphant, le lapin ; et, parmi les animaux sauvages, dans
le daim, le chevreuil, le cerf, l'antilope, l'écureuil, le lièvre, le kanguroo
(voy. Path., p. 235, 238, 246, 250).
Le distome hépatique vit généralement dans les conduits et dans la vési-
cule biliaires, mais il ne fait pas son séjour exclusif de ces organes; on le
trouve assez fréquemment dans l'intestin ; on l'a vu dans les vaisseaux san-
guins chez l'homme, et môme dans des tumeurs inflammatoires situées sous
la peau ; peut-être dans ces dernières conditions n'atteint-il jamais l'état
adulte (voy. Palh., p. 315).
06 blSTOME LANCÉOLÉ (Dis!, lanceolatum, Mehlis).
Corps demi-transparent, plus ou moins taché de brun par les œufs, long de 4 à
9 millimètres, large de 2""", 2, lancéolé, obtus en arrière, aminci en avant, et
termine par la ventouse buccale; tégument lisse ; ventouse ventrale orbiculaire,
Fie. 28. — Ovule du distome lancéolé. —
a, grossi 107 fois (même grossissement
que la fig. 27} ; b. grossi 340 fois; c, le
même traite par la potasse caustique pour
en séparer l'opercule.
plus grande que la buccale; intestin divisé en deux branches longitudinales,
droites, simples; orifices géuitaux contigus, situés entre lesdeuxventouses; pénis
long, généralement droit; trois testicules dout ttu plus petit; ovaires blanchâtres,
ramifiés ; oviducte très long, replié un grand nombre de fois en arrière des tes-
SYNOPSIS. Ll
licules et coloré eu jaune, en brun et en noir d'arrière en avant, par lc> œufs;
œuf mûr noirâtre, long deOmm,037 à 0UUU,04, pourvu d'un opercule très grand
(le développement commence dans l'oviducte et, lorsque l'œuf est expulsé dans
l'intestin, l'embryon est déjà formé) (I); orifice caudal distinct, communiquant
avec des canaux excréteurs.
Variété de l'homme.
Plusieurs des distomes observés chez l'homme appartiennent au dist. lan-
céolé; tels étaient, d'après la détermination de Rudolphi, les distomes trouvés
par Buchholz et ceux de Chabert.
Les distomes rencontrés par M. Busk, non dans les canaux biliaires où il
n'en existait aucun, mais dans le duodénum, doivent être rapportés au dis-
tome lancéolé. Ils possédaient la constitution de ce dernier, le double conduit
alimentaire non ramifié, et tout l'intervalle compris entre ses deux branches
était rempli par les circonvolutions de l'oviducte ; mais ces individus étaient
beaucoup plus considérables que le distôme lancéolé, ils avaient depuis un
pouce et demi (Ûm, 038) jusqu'à presque trois pouces de longueur (0™, 075) et
ressemblaient au distome hépatique pour la forme.
L'individu chez qui existaient ces distomes, était un Lascar (matelot origi-
naire de l'Inde) (voy. Palh , p. 254).
Le distome lancéolé se trouve généralement avec le distome hépatique dans
les conduits biliaires des ruminants; il a été trouvé aussi chez le lièvre, le
lapin, le cochon et le chat domestique (voy. Path., p. 238).
87 DISTOME HÉTÉROPHYE (Dist. heterophyes, de SiEbold).
Corps ovale, oblong, déprimé, plane en dessous, légèrement convexe en dessus ;
tégument couvert d'épines petites, dirigées en arrière; ventouse buccale presque
terminale, infundibuliforme, petite ; ventouse ventrale située un peu en avant
du milieu du corps, grande (douze fois la ventouse buccale) ; pharynx museuleux,
globuleux; tube digestif se divisant en avant de la ventouse ventrale, en deux
branches terminées en csecum ; gaine du pénis située en arrière de Cette ventouse
et réunie avec sa partie gauche, globuleuse, en forme de cupule, couronnée par
un cercle incomplet de 72 soies très petites et pourvues de 5 barbes; deux
testicules avec une vésicule séminale interne globuleuse; œufs à coque rouge;
organe excréteur s'ouvrànt sur la ligne moyenne de la face ventrale. Longueur
1 millimètre à lmm,5, — largeur 0,mn,5.
Trouvé deux fois, en Egypte, par flilharz (1 851), dans l'intestiri grêle d'un
enfant, où il en existait un très grand nombre. On ignore s'il occasionne quel-
que phénomène pathologique.
(1) Voyez ce développement dans un excellent mémoire de M. .T. -.T. Moulinié:
De la reproduction chez les trémalodes endoparasites (extrait du tonie III des Ment.
de l'Institut genevois; Genève 1856).
LU
SYNUl'SlS.
06
DISTOME HjEMATOBIE (Dis*, lunnohibium, BlLHABz).
Distome à sexe distinct.
Miilc. — Corps mou, blanchâtre, (ilifornic; partit- antérieure (tronc) distincte, for-
mant le huitième ou le neuvième de la longueur totale du corps, déprimée, lan-
céolée, plane ou concave en dessous, légèrement convexe en dessus, lisse; partie
postérieure (queue) cylindrique, six à sept fois plus longue que l'antérieure; en
arrière de la ventouse ventrale, la marge infléchie de chaque côté sur la face ven-
trale, forme de cette manière un canal longitu-
dinal (canalis gynœcophorus); extrémité posté-
rieure amincie ; surface externe couverte de
papilles pili fèves; surface intérieure (du canal)
lisse sur la partie moyenne et couverte d'é-
pines très petites sur les côtés ; ventouse buc-
cale située à la face inférieure, terminale, trian-
gulaire; ventouse ventrale située près de la
limite des deux parties distinctes du corps (tronc
et queue), orbiculaire, de la même dimension
que la buccale; surface de chaque ventouse cou-
verte de granules serrés et très petits; tube
digestif dépourvu d'un pharynx musculcux, di-
visé, en avant de la ventouse ventrale, en deux
parties qui sont réunies de nouveau en arrière
en un canal unique et terminé en cœcum; porc
géuital situé entre la ventouse ventrale et l'ori-
gine du canal longitudinal (gyneecophore); lon-
gueur totale 7 à 9 millimètres.
FlG. 29. — D'après Billiarz. — Dis-
tome liœmatobie ; mâle et femelle
fortement grossis ; a, b, la femelle
en partie contenue dans le canal
ijjjnœcophore ; a, l'extrémité an-
térieure ; c, l'extrémité posté-
rieure ; rf, le corps vu par trans-
parence ilans le canal. — e, f, g,
h, i, le mâle ; e, f, canal gynx-
cophore enlr'ouvert en avant et en
arrière de la femelle, qui a été
en partie extraite de ce canal
pour en bien faire voir la disposi-
tion ; 3, h, limite vers le dos de
la dépression de la face ventrale
constituant le canal ; j, ventouse
buccale; h, ventouse ventrale;
entre i et II, le tronc ; en arrière
de h, la tpjcuc.
Femelle. — Différant du mâle par la forme, très
mince et grêle; corps rubané, lisse, transparent,
très aminci en avant, dépourvu d'un canal lon-
gitudinal; ventouses et tube digestif comme
chez le mâle; pore génital réuni avec la marge
postérieure de la ventouse ventrale ; œufs ovales,
prolongés en pointe d'un côté.
Le maie, surpassant de beaucoup la femelle en
grosseur, porte celle-ci placée longitudinalement
dans le canal gynœcophore , réalisant ainsi, en
quelque sorte, l'hermaphrodisme du genre distome
auquel ce ver déroge exceptionnellement.
L'embryon encore contenu dans l'œuf est cou-
vert de cils vibratiles; devenu libre, sa forme est
celle d'un cylindre allongé, plus large en avant et terminé en arrière obliquement
en coin ; il est pourvu en avant d'une émineuce en rostre qui porte une em-
preinte de ventouse?; à l'intérieur du corps, existent deux corpuscules pyri-
formes (gemmes de sporocyste?), réunis, situés en avant. L'embryon nage au moyeu
SYNOPSIS. LUI
de ses cils vibraliles. Dans l'eau ordinaire, il perd au bout d'une heure son'pouvoir
de locomotion et se dissout bientôt.
Le distome hœmatobie n'a encore été trouvé qu'en Égyple ; il vit chez
l'homme, dans la veine porte et ses ramifications, et dans les parois de la
vessie urinaire. Dans les veines mésaraïques, les mâles ont leur femelle en-
fermée dans le canal gynœcopliore ; dans les veines des parois de l'intestin , du
foie et de la rate, ils en sont toujours séparés (voy. Palh., p. 31 2).
39 DISÏOME OPHTHALMOBIE (Dist. ophthalmobium, Diesing).
Corps ovale-lancéolé, déprimé, variable; cou court, subcylindrique; bouche ter-
minale, orbiculaire; ventouse ventrale presque centrale, circulaire, d'un tiers
plus grande que la buccale; longueur 0mm,5 à 1 millimètre; largeur 0mm,t4 à
0mm,3.
Trouvé dans l'œil d'un enfant affecté d'une cataracte congéniale (voy,
Palh., p. 735).
I\0 DISTOME DE LA BOURSE DE FABRICIUS (Dht. ovatum, Rubolphi).
Corps ovale, plane; ventouse buccale terminale, orbiculaire ; ventouse ventrale
deux fois plus large, circulaire ; pénis assez long, peu flexueux, situé derrière la
ventouse antérieure; œufs elliptiques, très petits, longs de 0mm,02.
Dans la bourse de Fabricius d'oiseaux de différents genres, rapaces, pas-
sereaux, gallinacés, palmipèdes. Il remonte quelquefois dans l'oviducte, et
s'introduit sous la membrane coquillière de l'œuf (voy. Palh. , p. 9).
41 Parmi les animaux domestiques, on a rencontré encore:
Le Distome linéaire (dist. lineare Zeder) ; le Distome élargi (dist. dilala-
tum Miram), dans le gros intestin, chez le coq domestique.
Le Distome du canard (dist. ecbinatum Zeder) ; le Distome oxycépiialf. (dist.
oxycephalum Rudolphi), dans les intestins du canard et de l'oie.
GENRE HOLOSTOME {Holoslomum, Nitzch).
Deux ventouses petites, peu accusées, l'une buccale, l'autre abdominale. — Corps
divisé en deux parties dont l'antérieure est séparée par un étranglement ou
considérablement élargie et comme membraneuse, faisant tout entière les
fonctions de ventouse; la postérieure est plus épaisse et presque cylindrique.
Toutes les espèces appartenant à ce genre, à l'exception d'une seule, se
trouvent, dans l'intestin chez des oiseaux.
42 L'Holostomum alatum a été trouvé dans l'intestin du chien.
|i\ SYH0PS1S.
GENRE AMlM1ISTOME(/<n»p/i»8fo»ia, Rbdolphi).
/ /m seule ventouse, située à l'extrémité postérieure. — Corps musculeux, assez
épais, étroit en avant, plus large et obliquement tronqué en arrière où il se
termine par la ventouse, toujours très large ; bouche orbiculaire, suivie d'un
sac œsophagien ovoïde ; intestin bifurqué ; système nerveux distinct; système
de canaux excréteurs très développé; orifice génital situé au-dessous de
l'œsophage; œufs elliptiques, assez volumineux • embryon cilié.
Les espèces du genre amphistome se trouvent surtout chez les mammifères.
43 AMPHISTOMUM CONICUM (Rudolphi).
St trouve chez le bœuf, le mouton, le cerf, le chevreuil, le daim ; dans la
panse et le feuillet.
hl\ AMPHISTOMUM CRUMEMFERUM (Creplin).
Se trouve chez le bœuf.
ho AMPHISTOMUM EXPLANATUM (Creplin).
Se trouve chez le bœuf; dans les conduits et la vésicule biliaires.
46 AMPHISTOMUM TRUNCATUM (Rudolphi).
Se trouve chez le chat domestique.
GENRE TETRASTOME [Tetrastoma Delle Chiaje).
Corps oblong, déprimé; bouche antérieure; quatre ventouses situées à l'extré-
mité postérieure ; ouverture génitale rapprochée de la bouche.
Genre qui n'est pas suffisamment établi.
hl TETRASTOME DU REIN (Delle Chiaje).
Corps ovale, oblong, déprimé, légèrement convexe en dessus, long de 5 millimètres,
large de 2 millimètres.
Trouvé à Naples, dans les urines d'une femme (voy\ Palh., p. 292).
GENRE HEXATHYRIDIUM (Treutler).
Corps oblong ou lancéolé; bouche sublerminale, antérieure; six ventouses ran-
gées en arc de cercle; ouvertures génitales rapprochées, ventrales.
Genre qui n'est pas suffisamment établi.
SYNOPSIS. I.V
48 HEXATHYRIDIUM PINGUICOLA (Treutler).
« Corps jaunâtre, long de 18 millimètres, large de 6""", 7 environ, oblong, déprimé,
rétréci ou acuminé en avant, tronqué en arrière, où se trou- ^^^^^^
vent les six ventouses orbiculaires rangées en arc de cercle »
(Dujardin), «..
Treutler seul a trouvé cet helminthe que personne n'a vu
depuis. Le ver se trouvait dans un tubercule du tissu grais-
seux qui entourait l'ovaire d'une femme de vingt-six ans,
morte à la suite d'un accouchement laborieux. Son existence
est donc très problématique.
49 HEXATHYRIDIUM VENARUM (Treutler).
Corps obtus, lancéolé; ventouses disposées en deux séries lon-
gitudinales; longueur, 6 millimètres.
Fig. 30 (*).
Trouvé par Treutler, dans une plaie de la veine tibiale
antérieure; c'est probablement un dislome hépatique jeune ou bien un disloma
lancéolé (voy. Path., p. 324).
TYPE IV. — ACÀNTHOCÉPHALES (Rudolphi).
« Animaux ovoïdes-oblongs ou cylindriques, plus ou moins al-
longés, revêtus d'un tégument élastique, résistant, et pourvus
d'une trompe rétractile, armée d'aiguillons , mais sans bouche et
sans tube digestif; se nourrissant par absorption; à sexes séparés;
ovipares » (Dujardin).
GENRE (unique) ÉCHINORHYNQUE (Echinorhynchus, Muller).
ce Helminthes à corps sacciforme, plus ou moins allongé, ordinairement (lasque
pendant la vie, gonflé par absorption après la mort, quelquefois hérissé en
partie d'aiguillons ; trompe rétractile, plus ou moins allongée, cylindri-
que, clavi forme ou presque globuleuse, armée d'aiguillons quelquefois ca-
ducs, formant une à soixante rangées transverses; cou ordinairement court,
quelquefois allongé ou filiforme, et plus rarement renflé à ï 'extrémité .
» — Mâle ayant à l'intérieur un, deux ou trois testicules, avec des vésicules
séminales complexes; souvent terminé par un appendice copulatoire, en
forme de vésicule membraneuse, quelquefois rétracté en partie, et figurant
(*) Heœatlujridium venarum ; d'après la figure donnée par Treutler. — a, grandeur nalurclle ;
6, grossi six fois.
I.VI SYNOPSIS.
alors soit une capsule, finit une cloche ou un tube court, épais; pénis
simple, entoure d'une gaine membraneuse.
„ — Fomello ayant à l'intérieur un oviducle lubuleux et musculeux élargi en
avant, aboutissant à l'extrémité postérieure et soutenu dans l'axe du corps
par tin faisceau membraneux ou ligament qui part du fond du réceptacle
de la trompe. Ovaires libres, isolés, naissant à la paroi interne de la
cavité viscérale ou de la couche musculaire ; œufs elliptiques ou fusifor-
mes, flottant librement dans l'intérieur du corps jusqu'à ce qu'ils soient
saisis par les contractions alternatives de l'extrémité dilatée de Voviducle »
(Dujardin).
Le genre échinorhynque comprend un grand nombre d'espèces qui vivent
chez les animaux vertébrés, principalement chez les oiseaux et les poissons ;
une seule espèce existe chez les invertébrés. Les échinorhynques habitent
généralement dans l'intestin, et quelquefois, mais rarement, dans des kystes
du mésentère.
51 ÉCHINORYNQTJE DU COCHON (Echin. gigas, Goeze).
« Corps blanc ou un peu bleuâtre, lisse ou ridé transversalement, très allongé,
cylindrique, un peu aminci en arrière; trompe petite, presque globuleuse,
armée de cinq à six rangées transverses de crochets en quinconce, assez forts ;
cou très court, imaginé. =i)M/e long de 60 à 86 millimètres, large de 3 à 4mm,5 ;
terminé par un appendice membraneux en forme de cloche ou de cupule servant
à la copulation. = Femelle longue de 80 à 320 millimètres, large de 4 à 7 mil-
limètres; œufs oblongs, presque cylindriques » (Dujardin).
Ce ver se trouve fréquemment chez le porc et le sanglier en France et en
Allemagne. Il vit dans les intestins aux parois desquels il se fixe solidement
par sa trompe (voy. Path., p. 230).
TYPE V. — NÉMATOIDES (Rudolphi).
» Animaux à corps filiforme ou fusiforme très allongé, revêtu d'un
tégument résistant, avec une bouche terminale ou presque ter-
minale et un anus presque terminal ou précédant une queue
très amincie; intestin droit; sexes séparés.
» — Appareil génital mâle formé d'un long tube filiforme replié à
l'intérieur et aboutissant à l'anus ou très près de l'anus, avec une
ou plusieurs pièces copulatoires souvent dures, cornées et souvent
aussi accompagnées à l'extérieur par des expansionsmembraneuses
latérales en forme d'ailes, ou par une gaine ou par des papilles ou
des ventouses.
>. — Appareil génital femelle formé d'un ou plusieurs ovaires fili-
SYNOPSIS. i/vn
formes, très longs, repliés à l'intérieur et venant
aboutir à la vulve située en avant de l'anus, plus
ou moins rapprochée de la tête.
■• — Œufs ronds ou elliptiques, éclosant quelque-
fois dans le corps de la mère « (Dujardin).
Les nématoïdes sont toujours pourvus d'un tégument
distinct, constitué par un tissu cellulaire dont les fibres
très égales, parallèles, disposées sur plusieurs plans, se
croisent d'une manière régulière. Sous les téguments existe
une couche musculaire, qui forme une enveloppe générale
aux viscères. Les fibres les plus apparentes sont longitu-
dinales et disposées dans toute la longueur de l'animal en
deux, quatre ou huit bandes ; ces fibres sont lisses, quel-
quefois plissées transversalement, quelquefois striées ? (4) ;
elles sont quelquefois pourvues, de distance en distance,
d'un noyau très apparent, et même le noyau peut cor-
respondre à une division de fibres en cellules distinctes.
Nous n'avons jamais pu voir le système nerveux décrit
par les auteurs, même chez le slrongle géant (voy. Sy-
nops., n° 99) ; mais, chez quelques nématoïdes, nous avons
aperçu des amas de cellules qui, par leur situation, nous
paraissaient appartenir à ce système. Ces cellules, assez
apparentes chez les trichocéphales, sont surtout très visi-
bles chez le trichosome de la poule, au centre de chacun
des articles en lesquels l'intestin paraît divisé.
Le système circulatoire , chez les nématoïdes qui en
possèdent manifestement un, est toujours rudimentaire. Le
trichosome de la poule est pourvu d'un canal longitudinal
rougeâtre qui nous a offert, dans sa partie antérieure, des
contractions rhythmiques pendant lesquelles cette partie
disparaît complètement. Quelques autres vers de cet ordre,
tels que la filariapiscium, Tanguillule delà nielle, etc., pos-
sèdent un système circulatoire analogue.
L'appareil respiratoire n'a pu être déterminé chez aucun
de ces animaux.
Un ou deux canaux longitudinaux, plus ou moins longs ,
(*) Ascaride lombricouie mâle, grandeur naturelle, ouvert clans une partie fie sa longueur. —
fl, tête; 6, extrémité caudale; e, c', l'intestin enlevé entre ces deux points pour montrer les replis
multipliés du tube génital flottant dans la cavité abdominale ; testicule et conduit déférent continus
s'insérant, en d, sur une vésicule séminale très allongée et graduellement atténuée en arrière;
b, extrémité caudale grossie montrant le double pénis.
«(1) Nous avons vu des stries manifestes dans des filtres musculaire-; de l'ascaride
mégalocéphale, et autant qu'on en peut juger vu leur politesse, dans cdlcs de l'an-
guillule de la nielle.
LVJIJ SYNOPSIS.
el qui s'(ui\ rciit non loin de la boucha, a la face ventrale, représentent sans
(Joule un appareil excréteur. Il est très apparent chez quelques strongyles,
chez quelques ascarides el chez l'anchyloslome duo-
dénal.
L'appareil digestif est toujours trèssimple. Laboucho
diffère quant à sa conformation suivant les genres de
némaloïdes ; elle est souvent armée de pièces cornées ou
de véritables crochets ; l'œsophage ou le ventricule est
souvent aussi renflé et musculeux, ou muni de pièces
cornées; le reste de l'intestin est généralement droit et
n'offre rien de particulier, excepté chez les tricho-
somiens et dans les genres voisins où il est régulière-
ment annelé ou moniliforme ; chez quelques espèces,
sinon chez toutes, il est revêtu intérieurement d'un
épilhélium cylindrique ; l'anus est quelquefois imper-
foré et la partie postérieure de l'intestin atrophiée. Le
tube digestif, dans certaines espèces, est entouré d'un
amas de substance grenue, contenant des noyaux de
cellule, subslance qui représente peut-être un tissu
hépatique.
Les organes génitaux offrent constamment un déve-
loppement considérable ; dans les deux sexes, ils sont
constitués sur un type uniforme. Ils consistent en un
tube allongé, simple, ou double sur une portion de
son trajet, et terminé en caecum. On distingue géné-
ralement chez le mâle, le testicule, le canal déférent,
la vésicule séminale, le conduit éjaculateur, le pénis ;
chez la femelle, l'ovaire, la trompe, l'utérus, le vagin
et la vulve. Les différentes parties qui constituent le
tube génital ne sont point toujours distinctes les unes
des autres. Le tube génital est constamment simple
chez le mâle et constamment il aboutit à l'extrémité
postérieure ; chez la femelle, il s'ouvre en des points
très différents de la ligne médiane ventrale , quel-
quefois la vulve est tout auprès de la bouche. L'ap-
(*) Ascaride lombrieoïde femelle, grandeur naturelle, ouvert dans
toute sa longueur. — n, tête avec les trois valves à la naissance de
l'œsophage, on voit un faisceau fibreux transversal qui a été regardé,
par quelques auteurs, comme un filet nerveux ; b, extrémité caudale ; de a
en b, intestin droit fixé aux parois par des fibres transversales dans la
portion antérieure et postérieure où n'existe pas le tube génital ; d, d,
ileux lignes latérales indiquant la division des fibres musculaires en
bandes longiludales; c, orifice vaginal très peu apparent; e, e, ovaire
et trompe continus formant deux tubes repliés un grand nombre defois
autour de l'intestin et s'ubouchant en un tube commun ou matrice, qui ne se distingue point, chez
celte espèce, par une forme nu par un rendement particuliers.
FlG. 32 {*).
SYNOPSIS. LIX.
pareil copulàteur chez le mâle offre des différences considérables dans diffé-
rentes espèces. Le pénis est simple ou double, parfois d'une extrême lon-
gueur, revêtu par unegaîne à forme très variée; ou bien il est pourvu d'une
bourse, ou d'ailes latérales, ou de papilles, etc., qui servent à assurer l'union
des individus dans la copulation ; il arrive à certaines espèces que cette union
devient permanente,
Fig, 33. — Développement de l'œuf de Vasiaride lombricoïde. — Œufs grossis 200 fois. L'ordre
des lettres indique la succession du développement. — En a, l'œuf n'est point encore fractionné ;
en m, n, o, il contient un embryon ; p, embryon ayant atteint lotit le développement dont il est
susceptible dans l'œuf, grossi 200 fois.
Le tube génital chez le mâle et la femelle est constitué par une enveloppe
externe très mince, sans structure appréciable, par une enveloppe muscu-
laire très apparente en certains points et chez certains nématoïdes; cette der-
nière enveloppe est formée par des cellules pourvues d'un ou de plusieurs
noyaux que l'acide acétique rend apparents. Enfin à l'intérieur existe une nou-
velle couche épaisse de cellules dont la fonction est sans doute de sécréter
soit le vitellus, soit la coque de l'œuf. Le pénis est de nature chitineuse et
possède des muscles distincts.
Le mode de formation des ovules n'est pas uniforme chez tous les néma-
toïdes; sous ce rapport ces vers peuvent être rangés en deux catégories: chez
l'une les ovules sont groupés, dans la partie ovarienne, autour d'un rachis
central ; chez l'autre, il n'y a pas de rachis. L'ovule se forme dans le cul-de-
IA SYNOPSIS.
gac du Lube génital; il n'est constitue d'abord que par la vésicule germina-
tivo (l)qui s'entouro de vitellus en cheminant; la coque de l'œuf est sécrétée
dans la matrice et le vagin.
La formation des spermatozoïdes procède, comme celle de l'embryon, d'un
ovule; cet ovule naît dans le cul-de-sac du tube génital mâle; parvenu a un
certain point d'évolution, il se résout en corpuscules séminaux, tandis que
l'ovule femelle, arrivé au point correspondant do formation, continue son
évolution et parcourt de nouvelles phases de développement.
Les spermatozoïdes, d'après les travaux récenls de plusieurs savants, ont
une constitution toute particulière : ce sont des corpuscules qui projettent des
expansions comme les amibes ; et les œufs offriraient un micropyle par lequel
s'introduiraient les spermatozoïdes; mais cette dernière opinion est infirmée
par le résultat des nombreuses et importantes recherches de M. Ed. Clapa-
rède (2).
Les œufs des nématoïdes se développent généralement par segmentation, à
la manière ordinaire ; mais dans quelques espèces, il se forme à l'intérieur du
vitellus des cellules embryonales qui se multiplient par division et absorbent
peu à peu toute la substance vitellaire, sans qu'elle se soit fractionnée.
L'embryon mûr est réduit au tube digestif et à l'enveloppe générale du
corps ; la bouche n'est point encore munie d'un appareil plus ou moins com-
plexe comme chez l'adulte; l'anus est rarement visible; il n'y a aucune
trace d'organes génitaux externes ou internes ; les embryons mâle et femelle
ne sont distincts l'un de l'autre par aucun caractère.
L'embryon possède la forme générale de l'adulte et il atteint tout son dé-
veloppement sans subir de métamorphose. Les changements qui s'opèrent
pendant la seconde évolution ont été peu étudiés ; mais il paraît que quel-
ques-uns au moins des vers nématoïdes éprouvent, avant d'être complète-
ment adultes, de véritables mues et que leur appareil buccal, par exemple,
est remplacé successivement plusieurs fois, par un appareil de plus en plus
complet; c'est ce que l'on voit dans le sclérostome du cheval.
La femelle, chez les nématoïdes, atteint généralement des dimensions beau-
coup plus grandes que le mâle ; elle existe en nombre plus considérable.
Les nématoïdes forment un très grand nombre d'espèces qui, pour
la plupart, vivent en parasites soit dans les organes creux, soit dans
les tissus des animaux vertébrés et invertébrés; il en est qui vivent
à l'état libre, dans les eaux douces ou salées, la terre, les mousses,
le blé, la colle de farine, le vinaigre, etc.
Le mode de transmission et de propagation de ces vers n'est
(1) Il nous a paru, chez l'anguille du blé niellé, que la membrane vitelline se
forme avant le vitellus. (Voy. mem. infra cit., p. 28.)
(2) Edouard Claparède, De la formation et de la fécondation des œufs chez les
versnématoides, in-4. Genève, 1859.
SYNOPSIS. t.Xl
connu que pour un petit nombre : chez les uns, les embryons se dé-
veloppent à côté de leurs parents dans l'organe où ceux-ci dépo-
sent leurs œufs; chez les autres, ils se développent au dehors et doi-
vent, pour atteindre l'état parfait, rentrer dans leur séjour naturel
à l'état d'embryon renfermé dans l'œuf ou de larve libre; dans ce
dernier cas, la larve jouit quelquefois de propriétés vitales distinctes
de celles de l'adulte; elle résiste à l'action d'agents qui font rapide-
ment périr celui-ci.
Les nématoïdes sont conformés d'après un certain nombre de types
secondaires distincts : la forme générale du corps, la constitution
de la bouche, celles des organes génitaux externes ou internes et
même celle de l'œuf ont de grands rapports chez un certain nombre
de genres dont le rapprochement pourra constituer des familles très
naturelles : ainsi les oxyuriJes, les trichpsomiens, les ascaridiens, .
les strongyliens, etc., sont formés d'après des types particuliers
bien distincts, communs à un grand nombre d'espèces ou à plusieurs
genres ; mais les connaissances acquises sur l'organisation des di-
verses espèces de vers nématoïdes ne sont pas encore assez précises
pour qu'on puisse grouper en familles avec quelque certitude les
genres qui doivent les constituer.
.Section A. — Ncniatoïilcs à l'état de larve.
5'ô
NÉMATOIDE TRACHÉAL (...? Rainey cl Bristowe).
Corps long de 0m,n, 50, large de 01,im, 016, oblus en avant, graduellement aminci
en arrière; œsophage? occupant plus
d'un tiers de la longueur du corps; in-
testin droit ; apparence d'anus un peu
en avant de l'extrémité postérieure ;
point d'organes génitaux externes ou
internes. Vers souvent enroulés après
leur mort.
Trouvés une fois, libres dans la tra- Fig.34t. — Mhatuïdetrachédigrossïiiofoh,
çhée artère et le larynx d'un homme d'après l,n dessin tle M" Brislowe- ~ a< lête ;
(voy. Path. , p. 21).
b, extrémité caudale.
5/4
NÉMATOIDE DU HEIN DU CHIEN (VulpiAn).
Corps long de 0u,m, 3 environ, cylindrique dans la première moitié, régulièrement
atténué d'avant en arrière dans la seconde; tète tronquée ^transversalement ;
IAII SYNOPSIS,
bouche large, très apparente; œsophage indiqué; intestin entouré d'une sub-
stance grenue?; anus?; queue brusquement amincie; point
d'organes génitaux externes ou internes.
Trouvé une fois dans un kyste du rein chez le chien
voy. Path., p. 29 4).
D'autres vers nématoïdes à l'état de larve qui
peuvent être rapportés par quelque caractère à
un genre déterminé, comme la trichine, ou qui
ont été rapportés arbitrairement à quelque genre
par les auteurs, trouveront leur place lorsqu'il
sera question des vers dont ils peuvent être ou
dont ils ont été rapprochés.
Kig. 35. — Ver du rein
observe par M. Vulpian
grossi environ 1 50 fois
Section B. — Nématoïdes à l'état parfait.
GENRE OXYUIŒ (Oxyuris, Rudolphi).
Corps cylindrique ou presque fus* forme, subulé en arrière chez les femelles; télé
inerme ; bouche ronde dans l'état de
contraction, triangulaire quand elle
est saillante, trilabiëe ; œsophage
musculeux, traversé par un canal
triquèlre; ventricule globuleux ou
turbiné, présentant une cavité trian-
gulaire; anus situé à l'origine de
la queue chez la femelle , dans
le centre de cet appendice chez le
mâle.
— Mâle très petit, plus ou moins
contourné en spirale; spicule sim-
ple.
— Femelle à queue aiguë ; vagin situé
à la partie antérieure du ver, utérus
biloculaire, deux ovaires.
Fjg. 30. — Oxyure vermic'ulaire femelle. — \ ,
individu de grandeur naturelle; — 2, extrémité
Les oxyures se trouvent dans la
dernière partie de l'intestin de quel-
éphaiique grossie; l'œsophage et l'estomac ques mammifères et de quelques
sont apparents; — 3, extrémité caudale grossie: ., . .. , , .
- 4 tête fortement grossie.-n, bouche munie reptiles ; les mâles sont généralement
de trois lèvres; b, 6, renflements latéraux du très rares,
derme ou ai!cs latérales.
SYNOPSIS.
LMI1
55
OXYURE DE L'HOMME. — (Oxyuris vcrmiciïaris, Bremser).
Blanc; tète ailée, c'est à-dire montrant deux rcnflcmcuis latéraux vésiculeux du
tégument; oesophage en massue;
cavité de l'estomac revêtue d'une
armure pliée angulairement. =
Mâle long de 2"un,5 à 3""",3; à
queue enroulée eu spirale ; extré-
mité de la queue pouvant former
une cupule ou ventouse; pénis
simple, recourbé vers le sommet
eu hameçon. = Femelle longue de
9 à 10 millimètres, large de 0mm,4 à 0mm,5; corps très aminci postérieurement
en forme de queue; œufs lisses, oblongs, non symétriques; longs de 0""",053,
larges deOuim,028.
Se trouve dans le gros intestin, surtout dans le rectum, chez l'homme
(voy. Path., p. 209).
t'm. 37. — Œuf de l'oxyure verniiculairc
a, orossi 70 fois: b, 3 40 fois.
56
OXYURE DU CHEVAL. — (Oxyuris curvula, RudolpHi).
Tète un peu amincie, trouquée, sans ailes latérales; corps blanc, atténué aiu deux
extrémités, coudé ou infléchi en avant; = Longueur du mâle, 9 millimètres à
16min,6 ; extrémité caudale subulée droite et presque de la longueur du corps.
= Longueur de la femelle, 29 millimètres (et jusqu'à S0 millimètres?, Rud );
extrémité caudale presque subulée, droite et presque de la longueur du corps.
Se trouve dans le caecum et le côlon du cheval eL de l'âne (voy. Path.^
p. 228).
GENRE ASCARIDE (Ascaris, Linné).
d'au-
Vers ordinairement blancs ou jaunâtres, cylindriques, amincis de pari
ire, ayant quatre lignes longitudinales opaques, diamé-
tralement opposées , correspondant aux divisions de la
masse musculaire; tégument strié transversalement ; tête
munie de trois valves distinctes, presque semblables, con-
vexes ou semi-globuleuses, dont une supérieure et deux la-
térales inférieures, fendues intérieurement, et pourvues
de dentelures microscopiques; bouche située entre les valves;
œsophage musculeux, cylindrique ou en massue, ou en forme
de pilon, pourvu d'un canal triquètre; ventricule peu
apparent, quelquefois non distinct de l'œsophage; intestin
muni quelquefois d'un cœcum ou appendice pylorique.
— Mâle plus petit que la femelle; queue recourbée ou enroulée, nue ou pourvue
Fig. 'Si. Extrémité
céplialique de l'as-
caride lombricoïde
fortement grossie.
|.\|\ SYNOPSIS.
do deux ailes latérales membraneuses, ou de deux séries de papilles, plus
rarement d'une ventouse; deux spicules plus ou moins arqués.
— femelle à queue plus droite et plus longue; vulve située en acunl du milieu
ou même du premier tiers; vagin simple, utérus simple, puis divisé en deux
ou plus de deux branches longues, filiformes, enroulées uulour de l'intestin, el
formant l'oviducle et l'ovaire; œufs elliptiques ou globuleux , éclosant quel-
quefois dans le corps de la mère.
l'u,. :j',i. Dentelures îles valves de l'ascaride mégaloccpliale, grossies 3i0 fois.— a, vues de profil;
b, \iies de face.
Le genre ascaride est très nombreux en espèces, qui se trouvent presque
toujours dans l'intestin chez les vertébrés des différentes classes.
57
Tclc
ASCARIDE LOMBRICOÏDE (Ascaris lumbricoides, Limné).
nue, bouche petite, pourvue de trois valves finement denliculécs eu dedans;
corps atténué vers les deux extrémités, strié transversalement.
= Mâle, long de 15 à 17 centimètres; extrémité caudale co-
nique, infléchie; deux spicules courts, aigus, légèrement arqués.
= Femelle longue de 20 à cj5 centimètres; vulve située en
avant du milieu du corps; deux ovaires filiformes; œufs longs
de 0mm,075, larges de 0,nm,05S ; à coque mince, lisse, recou-
verte d'une enveloppe transparente, muriforme, blanche; demi-
opaque et brunâtre après la ponte.
l-iu. 40. — Dou-
che de l'asca-
ride lombricoïde
grossie, vue de
face.
(Voy. asc. lombric, mâle et femelle, et tête vue de profil, fig. 31 ,
32, 38. L'œuf et l'embryon, fig. 33, a, p.)
L'œuf de l'ascaride lombricoïde ne se développe pas dans l'intestin ; il est
toujours expulsé avec les garderobes avant qu'il ne se manifeste en lui aucun
phénomène de segmentation (voy. fig. 33, a). Celle-ci se fait à la manière
ordinaire, c'est-à-dire que le vitellus tout entier prend part au fractionne-
ment : les sphères de segmentation se subdivisent de plus en plus, successi-
vement comme nous l'avons figuré (de b en k) ; le vitellus, ayant acquis un
aspect muriforme, se déprime sur un côté et devient réniforme; on aperçoit
ensuite les linéaments de l'embryon qui bientôt se meut lentement dans la
coque de l'œuf.
L'embryon (p) est cylindrique; sa longeurestde 0m,n,2ë ; l'extrémité anté-
rieure est obtuse ; les valves de la bouche ne sont pas apparentes; l'extrémité
caudale est brusquement amincie et terminée en pointe.
Le développement de l'œuf de l'ascaride lombricoïde demande toujours un
SYNOPSIS. LXV
long espace de temps ; cet œuf traverse l'automne et l'hiver avant que la seg-
mentation ne commence; il peut même rester un an dans son état d'inertie.
En été, le développement commence plus tôt, quoiqu'il soit toujours très lent.
L'embryon reste renfermé dans la coque dont il ne sort jamais spontanément;
il y vit plus-d'un an, en sorte que dans les cas où l'œuf s'est développé tar-
divement, il peut s'écouler plus de deux ans entre la ponte et le terme de la
vie embryonnaire.
D'après nos observations et des expériences faites sur le chien, nous croyons
pouvoir établir que l'embryon reste renfermé dans la coque jusqu'à ce que
l'œuf soit rapporté dans l'intestin, et que là, l'action des sucs intestinaux ra-
mollissant cette coque, l'embryon la perce et se trouve dans l'organe qu'il ne
doit plus quitter pour atteindre l'étal adulte (1) (voy. Pa/h., p. 128).
L'ascaride lombricoïde vit dans l'intestin grêle de l'homme, et probable-
ment aussi chez le bœuf (voy. Path., p. 120, 233)
G S ASCARIDE DU COCHON (Asc. Suilla, DujARDm).
Très semblable à celui de l'homme; différences : stries plus étroites; œufs plus
petits; deux utérus quatorze fois plus longs que dans l'ascaride lombricoïde;
ovaires autrement disposés ; spicules du mâle moins aigus.
59 ASCARIDE DU CHEVAL (Ascaris megalocephala, Cloquet).
Tête pourvue de trois valves arrondies, saillantes, très fortes ;=mâle long de 24 cen-
timètres ; queue pourvue de deux ailes latérales ; = femelle longue de 20 à 32 cen-
mètres ; queue conoïde, mucronée; vulve située au quart antérieur; œufs rouds,
diamètre Omm,09 à Omm,10.
Très commun dans l'intestin grêle du cheval ; il existe aussi chez l'âne, le
mulet, le zèbre (voy. Path., p. 228).
60 ASCARIDE AILÉ (Ascaris alala, Bellingham).
\
Femelle longue de 88 millimètres; l'extrémité antérieure infléchie, munie de deux
ailes membraneuses demi-transparentes, longues de 3mm,lG, plus larges en
arrière ; extrémité caudale conique, marquée d'une tache noire.
Deux femelles ont été trouvées une seule fois dans l'intestin de l'homme, par Bel-
lingham, en Irlande. Cet auteur croit que la même espèce avait déjà été observée
une fois auparavant par le docteur J.-V. Thompson.
Ces vers ressemblent à l'ascaride du chat (Duj.).
(1) C. Davaine, Recherches sur le développement et la propagation du trichocé-
phale de l'homme el de l'ascaride lombricoïde. (Comptes rendus des séances de V Aca-
démie des sciences, t. XLVI, séance du 21 juin 1858.; — Id., avec un complé-
ment (Journal de la physiol. de l'homme et des animaux, par lSiowu-Séquard, t. 11,
p. 295, 1859).
Davaine. e
Lxvi
SYNOPSIS.
61
ASCARIDE DU MOUTON (Ascaris ovis, RUDOMHl).
Ascaride indéterminé, trouvé une seule fois, à Vienne, dans l'intestin du
mouton.
G'2 ASCARIDE DU CHAT (Ascaris myslax, Zeder).
Tête infléchie, pourvue de deux ailes membraneuses semi-ovales ; valves de la
bouche arrondies, petites. = Mâle, long de 3 à
6 centimètres ; partie postérieure pourvue de deux
ailes peu saillautes et de deux rangées de treize à
quinze papilles ; spicules recourbés ; = femelle longue
de 5 à 10 centimètres; vulve située vers le quart
antérieur ; deux oviducles et ovaires ; œufs presque
globuleux, revêtus d'un épaississemenl réticulé ou
alvéolé.
Ce ver existe dans l'intestin grêle du chat do-
mestique et sauvage, du lynx, du guépard, du tigre?
Variété chez le lion (voy. Palh., p. 231).
63 ASCARIDE DU CHIEN (Ascaris marginala, Linné).
Tête à lobes convexes, portant chacun une papille sail-
lante au milieu de leur convexité et une mince
bordure denticulée sur leur contour; deux ailes la-
térales semi-elliptiques; = Longueur du mâle,
5 à 9 centimètres; extrémité caudale portant deux
ailes étroites avec quinze papilles de chaque côté ;
= Iongueurde la femelle, 9 à 12 centimètres; vulve
située en avant du quart antérieur; œufs presque
globuleux, réticulés à la surface.
Ce ver existe communément dans l'intestin grêle
du chien et du loup (voy. p. 231).
Fie. 41 (d'après Gémis et
Van Beneden). — Asca-
ris mystax (du guépard).
— a, le mâle ; b, la fe-
melle; c, d, expansions
aliformes de l'extrémité
antérieure, \ucs de face el
de profil.
(SU On trouve encore parmi les animaux domes-
tiques: 1' Ascaris vesicularis chez le coq domestique
et le dindon ; I'Ascaris dispar chez l'oie domestique;
I'Ascaris inflexa chez le coq domestique; I'Ascaris maculosa chez le pigeon;
I'Ascaris perspigillum chez le dindon ; I'Ascaris gibbosa? chez le coq domes-
tique.
GENRE SPIROPTÈRE {Spiroplera, Rbdolphi).
« Vers blanchâtres ou rougeatres, à corps cylindrique, aminci en avant ou de
pari et d'autre; télé nue ou munie de quelques papilles; bouche ronde,
SYNOPSIS. LXVll
quelquefois suivie d'un pharynx; œsophage simple, long, charnu, cylindri-
que ou en massue, quelquefois suivi d'un petit ventricule globuleux à côté
duquel l'intestin envoie en avant, un appendice en cœcum plus ou moins
long ; tégument à stries transverses ; anus en avant de l'extrémité caudale.
« — Mâle à queue ordinairement enroulée en spirale, munie d'expansions mem-
braneuses ou vésiculeuses , avec deux spicules inégaux.
» — Femelle à queue conique, droite ; ovaire simple ou double. »
Les spiroplères vivent chez les animaux vertébrés, principalement chez les
mammifères et les oiseaux ; ils habitent souvent entre les tuniques de l'esto-
mac ou dans des tubercules de cet organe et de l'œsophage ; rarement dans
d'autres régions ; un très petit nombre est libre clans la cavité de l'intestin.
65
SPIROPTÈRE DE L'HOMME {Spir. hominis, Rudolpm).
Corps blanchâtre, mince, très élastique, aminci aux deux extrémités et roulé eu
spirale; tête tronquée, paraissant munie d'une ou deux papilles; queue de la
femelle plus épaisse, terminée puivuue pointe très courte, obtuse, mince et dia-
phane; celle du mâle terminée par une pointe plus mince, plus longue, à la base
de laquelle se voit une aile mince et très courte et un petit tube médian, cylin •
drique, qui est peut-être la gaîne du pénis. = Mâle long de 18 millimètres.
= Femelle longue de 22mm,5.
Trouvé une seule fois à Londres, dans les urines, chez une femme qui en
expulsa longtemps et en grand nombre.
Espèce probablement fictive (voy. Path. ,
p. 289).
66 SPIROPTÈRE MÉGASTOME {Spir'
megasloma, Rudolphi).
Corps inerme, droit, atténué également aux
deux extrémités; tète séparée par uiv
étranglement, munie de quatre lobes élar-
gis, opposés par paires ; bouche grande.
= Mâle long de 7",m,5 ; partie postérieure
fortement enroulée une ou deux fois ; queue
obtuse, munie d'ailes membraneuses; deux
spicules arqués inégaux. = Femelle longue
de 11 millimètres; vulve située vers le
tiers de la longueur; œuf oblong, presque
linéaire, sans enveloppe visible, devenant
un embryon replié en deux.
Vivant dans des tubercules de^OjLoma^
du cheval (voy. Path , p. 691)-
Fio. H (d'après Bayer). — I, tubercule ver-
mineux de l'çesqphage du chien, demi-
nature; — 2, spirôp'lère ensanglante
demi-nature. — a, femelle; b, mâle.
tfcViII SYNOPSIS.
07 SPIROPTÊRE ENSANGLANTÉ („S'/jiV. sanguinolente) , Rudolmii).
Corps inerme, rougeâtre ; tète nue, plus étroite que le corps; bouche grande, entourée
de papilles ou ù bord ondulé. =Mdle, long de iû à 54 millimètres, à queue con-
tournée une ou deux fois et munie de deux ailes vésiculeuses striées et de deux
rangées de papilles rétractiles ; deux spicules inégaux et dissemblables.
Vivant dans des tubercules de l'œsophage et de l'esLomic du chien el du
loup (voy. Path., p. 684).
08 SPIROPTÊRE STltONGLE (Spir. strongylina, lU'uoU'lii).
Corps inerme; tète non ailée; bouche nue. = Mâle long de 11"1"1, 3 à l3min,S.
Spicule très long. = Femelle longue de la""", 8 à 20""", 3.
Dans l'estomac du cochon et du sanglier, en Allemagne (voy. Path.,
p. 229).
69 On connaît' encore parmi les animaux domestiques : chez le coq le
Spiuoptera hamulosa qui se trouve dans des tubercules à la surface du
ventricule, et chez l'oie le Spiuoptera uncinata, dans des tubercules de
l'œsophage.
GENRE TRICHINE (Trîchina, Owen).
Genre créé par M. Owen, pour un petit ver nématoïde troiné dans les
muscles de l'homme; mais ce ver, imcomplélement développé, appartient au
genre trichosome ou trichocéphale.
70 TRICHINA SHRALIS (Owen).
Corps enroulé en spirale, formant ordinairement deux tours, aminci régulièrement
d'arrière en avaut; extrémité antérieure plus amincie, extrémité postérieure
obtuse, arroudie; tube intestinal toruleux dans sa première partie; ventricule
petit, pyriforme, accompagné de deux appendices indéterminés ; anus terminal.
Tube? situé dans la seconde moitié du corps, parallèle à l'intestin, borgne aux
deux extrémités (organe génital interne rudimentaire?). Longueur du ver 0,nin,8
à l,m",ll ; largeur de l'extrémité antérieure 0,nm,008, de l'extrémité posté-
rieure 0mm,02. (Voy. la trichine dans son kyste, Path., fig. 24, 23, 26.)
La trichine existe chez l'homme dans les muscles à fibres striées, ren-
fermée dans un kyste (voy. Path , p. 672).
Suivant M. Kuchenmeister. ce ver serait un trichocéphale dispar incom-
plètement développé (■!). Son organisation le rapproche, en effet, destrichxé-
(1) Il serait plus rationnel de supposer que la trichine est la larve d'un tricho-
céphale ou d'un trichosome, qui devient adulte chez un autre animal et qui, ne
trouvant pas dans le canal intestinal de l'homme des conditions d'existence, le
quitte en s'engageanlà travers les parois intestinales; mais il est bien plus probable
que la trichine est la larve d'un trichosomien qui acquiert un développement corn-
SÏ'NOPSIS. l.XIX
phales ou des trichosomes auxquels, à l'étal adulte, il devrait être rapporté;
mais il y a toute raison de croire qu'il n'est pas la larve du Irichocéphale dis-
par: les œufs de ce dernier ver se développent hors du |
canal intestinal de l'homme, longtemps après leur expul-
sion; lorsque l'embryon, développé et encore enfermé
dans l'œuf, revient dans le tube digestif de l'homme, il
se trouve dans son séjour normal, et ne doit point être
sollicité à énigrer de l'organe où il deviendra adulte.
Plusieurs espèces de Trichines? trouvées dans des
kystes chez quelques animaux, n'ont été rapprochées de
celle de l'homme que par le fait de leur existence dans
un kyste, de leur enroulement, de l'absence d'organes
génitaux, et de leur petitesse; pour que le rapproche-
ment fût justifié, il eût fallu qu'on eût reconnu dans ces
vers les caractères organiques propres aux trichosomes
ou aux trichocéphales.
71 GENRE TRICHOSOME.
Vers filiformes, très minces, très allongés, composés de deux
parties: l'antérieure plus courte, très amincie en avant,
contenant l'œsophage ou l'intestin toruleux; la posté-
rieure égale, contenant l 'intestin plus ou moins bosselé,
et les organes génitaux ; extrémité postérieure obluse,
anus terminal.
— Mâle pourvu d'un long spicule simple, renfermé dans
une gaine membraneuse extensible.
— Femelle, vulve située à la jonction de la partie antérieure et postérieure,
munie quelquefois d'un appendice saillant en forme d'entonnoir; ovaire et
oviducle simples ; œufs oblongs, prolongés aux extrémités et terminés par un
boulon translucide, comme chez les trichocéphales.
Les trichosomes sont ordinairement d'une extrême ténuité, et relativement
1res longs; ils vivent généralement dans le tube digestif des animaux verté-
brés ; quelques espèces habitent la vessie urinaire, la trachée-artère et même
les parois du tube intestinal .
(*) Trkhina spiralis, fortement grossie. — a, légumcnls; b, couche musculaire; c, extrémité cé-
plia^iquo ; d, extrémité caudale cl anus; e, oesophage; /', /', lulie intestinal; i, h, luhc génital rudi-
mcnlaire; en i, dépôt indéterminé, à l'intérieur de ce luhc (d'après Brislowc et Rainoy).
plet dans les tissus chez d'autres animaux et qui chez l'homme est égaré et ne peut
devenir adulte. On connaît plusieurs espèces de trichosomes qui vivent dans les
tissus et qui y sont adultes ; tels sont : le trichosome {calodium) de la musaraigne,
dans la rate ; les trichosoma obtusiusculum, dispar, contorlum, qui vivent dans les
tuniques de l'œsophage et de l'estomac chez plusieurs oiseaux. D'autres vivent dans
la trachée-artère, les bronches, la vessie.
LXX SYNOPSIS.
Parmi les animaux domestiques, on trouve: chez le chien, le Tmch.plica
dans la veBsie urinaire ; chez l'oie, le Tmcn. biievicolle dans le cfscum ; chez
es gallinacés, le Tmch. longicoue dans lo gros intestin.
GENRE TRICHOGÉPHÀLE {Trtchocephulus, Goeèb).
« Corps trèsallongé, formé dedeux parties, V antérieure plus longue, filiforme t très
amincie en avant et contenant
seulement l'œsophage ou une
première portion tondeuse de
l'intestin; l'autre partie ou la
postérieure, subitement renfilée,
contient le reste de l'intestin et
les organes génitaux. L'ànùs
est à Vexlrèmité qui finit en
pointe obtuse.
— Mâle, avec un spicule simple,
tubuleux , contenu dans une
gaine renflée ou vésiculeuse, de
forme variable, et sortant à
l'extrémité postérieure.
— Femelle, à ovaire simple, re-
plié dans la partie postérieure,
terminé en avant par un ovi-
Fic. 44. — Tricliocépliulc de l'honinio. — 1, mâle,
grandeur naturelle ; — 2, femelle, grandeur natu-
relle ; — 3, extrémité céphalique grossie ; — 4, extré-
mité caudale du mâle grossie. — a, anus ; b, b spi-
cule ; c, c, gaine du spicule.
ducte charnu qui s'ouvre au point de jonction des deux parties du corps ;
œuf oblong, revêtu d'une coque résistante, prolongée en un goulot court,
arrondi, translucide aux deux extrémités » (Dujardin).
L'organisation des Irichocéphales ressemble beaucoup à celle des tricho-
somes; les premiers diffèrent des seconds principalement par le renflement
brusque et la plus grande épaisseur de la partie postérieure du corps ; le tube
digestif, l'organe copulateur du mâle et l'œuf sont conformés sur un même
type dans les deux genres qui constituent une famille très naturelle.
Les Irichocéphales vivent, pour la plupart, dans le cœcum ou dans le gros
intestin de l'homme et des mammifères; ils sont inconnus dans les autres
classes des vertébrés.
1-2
TRICHOCÉPHALE DE L'HOMME (Trich. dispar, Rudolphi).
Tégument strié transversalement à l'exception d'une bande longitudinale hérissée
de petites papilles; cou très long, capillaire. = Mâle, long de 37 millimètres;
partie postérieure enroulée ; spicule long, contenu dans une gaine cylindrique
renflée et vésiculeuse à l'extrémité, hérissée de pointes ; — femelle, longue de
SYNOPSIS. LXX1
34 à 50 millimètres; partie amincie formant les deux tiers delà longueur totale,
partie postérieure , ou renflée,
droite ou arquée ; queue en pointe
mousse; œuf long de 0mœ,053,
large de Qlum,024.
Les œufs du trichocéphale, pon-
dus dans l'intestin, sont évacués avec
les fèces; ils ne se développent que „ , _ ~ , , ... , , , , ' ,„
rr H Fig. 45. — Œuf du trichocepnala do llionime. —
plusieurs mois après. L'embryon fl, grossi 70 fois; 6, 340 fois.
reste longtemps enfermé dans la
coque et vivant; il n'est mis en liberté que lorsque l'œuf rentre dans le tube
intestinal de l'homme, apporté par les aliments ou les boissons. Le développement
du trichocéphale et les conditions de sa propagation, sont en tout semblable à ceux
de l'ascaride lombricoïde (voy. ci-dessus, p. lxiv).
Le trichocéphale dispar existe dans le caecum chez l'homme; plus rarement
dans l'intestin grêle ou le côlon.
73 TRICHOCÉPHALE VOISIN (Trich. afflnis, Rudolphi).
Tète avec deux renflements latéraux vésiculeux, en forme d'ailes; papilles de la
bande longitudinale plus fortes sur les bords. = Mâle long de 80 millimètres;
spicule pointu , très long; gaîne tubuleuse, cylindrique, très longue. = Femelle
longue de 60 à 70 millimètres, à queue obtuse; œuf long de 0rara,07.
Vivant dans le caecum chez les ruminants des genres cervus, anlilope, ovis
et bos. Le trichocéphale du chameau et du dromadaire est probablement delà
même espèce. Le trichocéphale voisin aurait encore été trouvé dans l'amygdale
chez l'homme, d'après une observation probablement erronée (voyez Path.,
p. 206).
lk TRICHOCÉPHALE DÉPRIMÉ {Trich. depressiusculus, Rudolphi).
Dans le caecum chez le chien et le renard.
75 TRICHOCÉPHALE CRÉNELÉ (Trich. crenatus, Rudolphi).
Dans le gros intestin du cochon et du sanglier. Il ne diffère pas assez du
Trich, dispar pour qu'on puisse le regarder sûrement comme une espèce dis-
tincte. •
GENRE FILAIRE (Filaria, Muller).
« Versblancs, jaunâtres ou rouges, élastiques, cylindriques, filiformes, très longs,
de quatre-vingts à cinq cents fois plus longs que larges, quelquefois un peu
amincis vers une des deux extrémités; tête continue avec le corps, nue ou
munie de papilles saillantes, ou de pièces cornées constituant une sorte d'ar-
mure externe ou interne; bouche ronde ou triangulaire ; œsophage court,
i.Wll SYNOPSIS.
tubuleux, plus étroit que l'intestin; anus terminal ou suivi d'une queue;
tégument lisse ou finement strié en travers.
» — Mfilo, à queue souvent obtuse et quelquefois munie d'une dite membraneuse
entourant l'extrémité ; spicule principal très long,
plus ou moins tordu; spicule accessoire ordinaire-
ment tordu et obliquement strié.
» — Femelle, à vulve située très près de l'extrémité
antérieure; œufs elliptiques ou presque globuleux,
ordinairement lisses, longs de 0""",02 à 0""",06;
éclosant quelquefois dans le corps de la mère »
(Dujardin).
Les filaires se trouvent chez les animaux verté-
brés, principalement chez les mammifères et les
oiseaux, plus rarement chez les reptiles. Elles exis-
tent dans des organes très différent;:, à l'exception
du canal digestif.
Les filaires des poissons appartiennent probable-
ment à d'autres genres.
76
FILAir.E? DE L'OEIL HUMAIN.
Variété ou espèce A,
(Diesing).
Film
1 enfin
FlG. 4G. — Embryons de la
Blaire de l'homme. — 1 , vus
au grossissement de G5 dia-
mètres ; — 2, tète vue au gros-
sissement de 350 diamètres ; Corps filiforme, égal, blanc ou rougeâtre , bouche
inerme ; anus distinct, terminal; vulve située à l'ex-
trémité caudale; mâle? beaucoup plus petit que la
femelle.
— 3, fragment présentant la
naissance de la queue, même
grossissement ; en a, l'anus.
Trois fois des vers nématoïdes ont élé trouvés dans le cristallin chez
l'homme ; leur description laisse beaucoup à désirer, mais il est probable que
tous ces vers appar enaient à la même espèce: — 1° deux individus examinés
parNordmann (Graefe) étaient longs de 1n,m,63; la bouche, le canal intes-
tinal, l'anus, l'utérus ? ont été reconnus ; — V un individu examiné par Nord-
mann (Jiïngken) avait 1 3 millimètres de longueur ; non décrit ; — 3° trois indi-
vidus examinés par Gescheidt avaient : l'un 1imn,G3 ; les deux autres 4n,m,30
environ. Le premier, considéré comme le mâle, vu sa petitesse, était d'un blanc
rougeâtre, et contourné en spirale. Les deux autres étaient des femelles ;
elles étaient blanches, assez droites, avec la queue un peu recourbée en
dedans. Chez ces nématoïdes, le corps est égal, la bouche petite, ronde, sans
papilles; le canal intestinal égal, droit; l'anus terminal ; les ovaires distincts,
cylindriques, contournés en spirale ; la vulve formant un cloaque avec l'anus,
l'extrémité caudale renflée et garnie d'une pointe fine, courte et crochue.
SYNOPSIS. LXXTM
Trouvée dans l'humeur de Morgagni chez des individus affectés de cala-
racle (voy. Palh., p. 734).
Variété ou espèce B. — Filaire de la chambre antérieure.
Ver nématoïde observé chez un homme dans l'humeur aqueuse de la
chambre antérieure de l'œil, par le docteur Quadri ; non décrit (voy. Palh.,
p. 738).
Variété ou espèce C. — Filaire de l'orbite [Loa, Guyot).
Vers cylindrique, très blanc, plus dur, et moins long proportionnellement que la
filaire de l'homme; longueur, 32 millimètres; grosseur un peu moindre que
celle d'une chanterelle de violon ; organes génitaux?; mouvements très vifs
(Guyot).
Espèce de filaire appointie à l'une de ses extrémités, obtuse à l'autre et longue de
30 millimètres; sa bouche est inerme (Lestrille).
Vers observés sous la conjonctive des nègres au Congo et au Gabon (voy.
Palh , p. 750).
77
FILAIRE DE L'HOMME (Filaria Medinensis, Gmélin).
M aie inconnu.
Femelle, longue de 50 centimètres à 4 mètres, large de 1 millimètre à lmm,1S,
filiforme, un peu amincie en arrière, blancbc avec deux lignes longitudinales oppo-
sées, larges, correspondant à l'intervalle de deux masses musculaires longitudi-
nales; bouche orbiculaire, pourvue de quatre poils opposés en croix?; queue
subaiguë, recourbée en crochet; œuf éclosant a l'intérieur du corps de la mère.
= 2?m'j)'2/onlongde0,mi\75, épais de Omn,,OI ; cylindrique, à tégument finement
strié en travers; extrémité antérieure un peu atténuée; extrémité postérieure
terminée en une queue très longue et très effilée ; anus visible à la naissance de
la queue (voy. fig. 46).
La filaire de l'homme a été rencontrée aus<i chez le chien. Elle n'existe
FlG. 47. — Coupe en travers du corps de la filaire
de l'homme, grossi 20 fois. — a, a, la peau ;
6, 6, masses musculaires longitudinales formées
de fibres aplaties, longitudinales, insérées à la
peau comme des feuillets au dos d'un livre;
c, c, deux lames musculaires minces, offrant une
disposition de cellules à noyau, revêtant les té-
guments dans l'intervalle des masses muscu-
laires longitudinales. La portion des téguments
revêtue par cette lame, apparaît extérieurement
comme deux lignes larges, longitudinales, plus
foncées.
que dans les contrées intertropicales ou chez des individus qui ont récem-
ment visité ces contrées, en sorte que les vers nématoïdes trouvés dans l'œil
ou dans les bronches? chez des habitants de nos contrées ne peuvent être rap-
1AX1V SYNOPSIS.
portés à celle filairc. Elle vit dans les tissus qui forment les parois de la tête
du tronc et les membres (voy. Path., p. G96).
78 FILAIRE HÉMATIQUE (F. immitis, Leioy).
Corps cylindrique, arrondi-obtus aux extrémités; bouche pelite, ronde, inerme.
= Longueur du mule, 12 centimètres; épaisseur, 0""", 50; extrémité caudale en
spirale, avec un rang de cinq papilles et une aile étroite de chaque côté; pénis
saillant à une petite distance de l'anus. = Longueur de la femelle, 25 centi-
mètres; épaisseur, 1 millimètre.
Trouvée dans le cœur chez le chien (voy. Palh., p. 338).
Des vers nématoïdes microscopiques qui circulent dans tous les vaisseaux
chez certains chiens, sont probablement les larves de cette filaire (voy. Palh.,
p. 344).
78 bis. FILAIRE A TROIS ÉPINES (F. trispinulosa, Gescheidt).
Corps blanc, égal, plus fort relativement à la filaire de l'œil humain, sensiblement
aminci en arrière; bouche arrondie, avec trois petites papilles rondes; pharynx
assez large; canal intestinal étroit; anus terminal. = Femelle, longue de
7 millimètres.
Trouvée par Gescheidt dans le corps vitré sous la membrane hyaloïde, chez
le chien (<l).
79 FILAIRE DES BRONCHES. — (Hamularia hjmphalica, Treutler).
Ver filiforme, cylindrique, long de 27 millimètres plus ou moins, un peu aminci en
avant, un peu comprimé latéralement, brunâtre, varié de blanc et presque trans-
parent en arrière, avec la tète et la queue obtuses; deux crochets saillants à la
face inférieure derrière la tète (spicules de l'extrémité caudale du maie, suivant
Rudolphi).
Trouvée une seule fois, par Treutler, dans les ganglions bronchiques chez
l'homme (voy. Path., p. 692).
80 FILAIRE LACRYMALE (Filaria lacrymalis, Gurlt).
Bouche orbiculaire, inerme; corps filiforme, atténué aux deux extrémités. =Mdle
long de 15 h 16 millimètres; queue formant un demi-spirale. = Femelle longue
de 20 à 22 millimètres ; vivipare.
Trouvée par Boneti, Gurlt, Gescheidt, Gerber, Creplin, Van Beneden,
dans les conduits lacrymaux ou entre les paupières du cheval et du bœuf
(voy. Path., p. 753).
(1) Ammon's zeitschrift fur ophthalmologie, t. III, p. 37, — Froriep's nolizen,
t. XXXIX, p. 55. — Rayer, mém. cit., p. 130.
SYNOPSIS. LXXV
81 FILAIRE DU CHEVAL (Filaria papillota, Rudolphi).
Ver long de 5 à 18 centimètres ; tète obtuse avec huit papilles opposées et par paires
à diverses distances de la bouche qui est très petite, terminale. == Mâlek queue
recourbée et munie de deux ailes membraneuses étroites entre lesquelles sort le
spicule; —Femelle, vulve située très près de la tête. Vivipare.
Vivant dans la cavité abdominale du cheval et de l'âne (et chez le bœuf, sui-
vant Gurlt); on dit l'avoir trouvée dans la cavité thoracique, dans l'œil, entre
les enveloppes du cerveau, et une fois dans l'intestin, d'après Rudolphi.
81 bis. FILAIRE? DE L'OEIL DU CHEVAL (Sanp, Kennedy;.
Ver ressemblant à un bout de fil de soie blanche, long de 22 millimètres plus ou
moins, d'un blanc grisâtre, demi-transparent, un peu plat; offrant cinq places
lumineuses (au microscope) disposées en cercle près d'une des extrémités qui est
arrondie, plus volumineuse que l'autre (probablement la tête) ; au-dessous cercle
lumineux irrégulier presque du diamètre du ver, d'où partent deux lignes d'une
apparence semblable qui s'étendent dans toute la longueur du corps ; extrémité
caudale? aplatie (ïwining). Nageant par un mouvement analogue à celui de la
sangsue.
Ce ver se trouve fréquemment dans l'œil du cheval aux Indes; il est
probable qu'il diffère de ceux qu'on a quelquefois observés en Europe et en
Amérique, et qu'il ne doit pas être rapporté à la filaria papillosa (voy. Palli. ,
p. 745).
GENRE DOC H MIE (Dochmius, Dujardin).
« Vers à corps blanc, cylindrique, mince; lële obliquement tronquée en dessus,
contenant une large cavité pharyngienne anguleuse; bouche latérale; œso-
phage musculeux, renflé en arrière; tégument finement strié en travers.
» — Mâle, extrémité postérieure tronquée, terminée par une large expansion
membraneuse rapprochée en forme de bourse ou bien ouverte etcampanulée,
formée de deux lobes latéraux soutenus par des côtes rayonnantes et réunies
en arrière par la pointe caudale, qui est élargie elle-même en un lobe aigu,
recourbé en dedans; deux spicules longs et grêles.
» — Femelle à queue amincie, droite, conique, obtuse ou mucronée; vulve située
en arrière du milieu, aux deux tiers environ de la longueur » (Dujardin).
Les espèces du genre dochmie vivent dans l'intestin de quelques mammi-
fères carnivores, et, d'après Diesing, d-e quelques ruminants.
82 DOCHMIE HYPOSTOME (Doch. hypostomus, Diesing).
Mâle long de 15 millimètres. = Femelle de 20 millimètres.
Vivant dans l'intestin du mouton, de la chèvre et de quelques autres rumi-
nants.
I..WVI SYNOPSIS.
83 DOOHMIE DES CHATS (Dochmius tubœformis, Dujarmn).
Boucha ouverte en dessous et en travers comme celle d'un serpent, garnie de chaque
côté d'une forte dent à trois pointes. = Mâle long de 7 millimètres. = Femelle
longue de 10 millimètres.
Trouvée dans le duodénum du chat domestique el de quelques autres
chats, en Europe et en Amérique.
8'i DOCHMIE TRIGONOCÉPHALE (Doch. Irigonocephalus , Dujardin).
Variété ou espèce A (du tube digestif).
Tète obliquement tronquée, irrégulière; bouche latérale, vaste, enveloppée par
deux larges lobes ; œsophage claviforme, musculeux. = Mâle, long de C à 7 milli-
mètres, ayant le corps terminé par deux lobes latéraux assez larges, formant une
bourse ou une cloche. = Femelle, longue de 13 à 14 millimètres, à queue amincie,
mucrouée ; œufs longs de 0"un,07; larges de 0""",04.
Vivant dans l'estomac et l'intestin, chez le chien, le loup, le renard.
Variété ou espèce B (des cavités droites du cœur).
« Vers cylindriques, filiformes, un peu atténués à chacune des extrémités, longs
de 14 à 17 millimètres, larges de 28 à 30 centièmes de millimètre ; corps blan-
châtre ou rosé, marqué chez quelques-uns d'une sorte de spirale rougeatre sou-
vent interrompue et qui dessine le tube digestif à travers les téguments. Tète
pourvue de deux lobes peu saillants; ouverture de la bouche circulaire, un peu
latérale, béante; œsophage à peu près cylindrique dans la plus grande partie de
son étendue, se renflant un peu avant son insertion à l'intestin : celui-ci environ
trois ou quatre fois plus large que l'œsophage, décrivant un trajet sinueux ; anus
pas tout à fait terminal. = Mâle, deux spicules assez longs, très grêles, presque
égaux ; une bourse caudale, à deux lobes, soutenue par des côtes. (Il ne m'a pas
été possible de bien voir le testicule, qui cependant m'a paru formé par un seul
tube s'étendant jusque vers les deux tiers antérieurs du corps. Ces vers étaient
conservés depuis plusieurs mois dans l'alcool lorsque j'ai pu les étudier.) =
Femelle, queue amincie terminée par une pointe, grêle; œufs ovuïdes. (Je n'ai
pas pu bien voir les ovaires ni l'oviducte qui, à travers les téguments, apparais-
sent sous formes de tubes repliés.) «
» Ces vers sont indiqués comme existant dans l'estomac et l'intestin du
chien, où je ne les ai point encore rencontrés, malgré des recherches assez
nombreuses (l ). »
Trouvés dans l'oreillette et le ventricule droits du cœur et l'artère pulmo-
naire d'un chien, par M. Serres, à Toulouse (voy. Path., p. 339); examinés
par M. Baillet.
(1) Baillet, Journ. desvctérin.du Midi, 2e série, t. Vil, p. 72, Toulouse, 1854.
SYNOPSIS.
LXXVIJ
GENRE SCLÉROSTOME (Sclerostoma, Dojardin)
Versa corps blanc ou brunâtre, cylindrique, assez épais et assez roide ;
tête globuleuse, tronquée, soutenue à l'intérieur par une bulbe ou capsule
cornée, dont l'ouverture terminale, tenant
lieu de bouche, est large, orbiculaire, di-
rigée en avant et en dessous, limbe garni
quelquefois de dentelures ; œsophage épais,
musculeux, renflé postérieurement ; intes-
tin large; tégument strié en travers .
— Mâle muni d'une bourse caudale large,
membraneuse, formée de deux lobes laté-
raux, soutenus par des côtes et réunis en
arrière par un lobe plus ou moins pro-
noncé, représentant la pointe caudale;
deux spicules longs et grêles.
— Femelle ayant l'extrémité caudale amin-
cie, conique; vulve située vers les deux
tiers de la longueur en arrière ; œufs ellipti -
ques ou presque globuleux.
Ces vers ne sont connus que chez quel-
ques mammifères, solipèdes, ruminants, et
chez divers reptiles exotiques. Ils habitent
dans l'intestin , aux parois duquel ils se
fixent par leur appareil buccal. Quelques-
uns vivent dans les tissus et les vaisseaux
sanguins ; une espèce, qui devra sans doute être rapportée à un autre genre
(le S. syngamus), vit dans la trachée de quelques oiseaux.
Kig. 48 (d'après Rayer). — Scléroslome
armé anévrysmatiqnc. — 1 , mâle,
grandeur naturelle ; — 2, femelle,
grandeur naturelle ; — 3, extrémité an-
térieure fortement grossie. — a, cap-
sule buccale complète ; 6, œsophage ;
c, l'intestin entouré d'une substance
grenue, foie? — 4, extrémité cau-
dale du mâle ; a, spiculo et pièce
accessoire? b, bourse.
85
SCLÉROSTOME DU CHEVAL (Sclerost. armalum, Dl'JaîidiN).
Variété ou espèce A (intestinal).
Corps gris-rougeàtre ou brunâtre, strié en travers et longituditialement; tête glo-
buleuse, plus grosse que le corps, tronquée en avant ; bouche largement ouverte
et bordée par un ou plusieurs anneaux garnis de dentelure fines ou de franges
convergentes; intestin entouré d'une substance brunâtre (foie?). = Mâle, long
de 27 à 30 millimètres; bourse caudale assez étalée, longue de 0lnm,7. = Fe-
melle, longue de 35 à 55 millimètres ; queue droite et émoussée, anus non ter-
minal ; utérus bicorne ; ovaires longs enroulés autour de l'intestin ; œufs longs de
0m,",09.
LXXVlll SYNOPSIS.
/ arié/ê ou espèce B (anévrysmatique).
Corps blanc ou grisâtre avec les extrémités quelquefois d'un muge vif; tégument se
séparant facilement de la tunique musculaire sous-jacciitc ; tête sphéroïdale,
tronquée en avant; ouverture de la bouche petite, circulaire, bordée de dente-
lures en forme de cils ou d'aiguillons ; intestin rempli d'une matière rougeâtre
ou brunâtre. = Mâle, long de li à 16 millimètres; organes génitaux formés de
deux? longs tubes disposés en spirale; pénis long terminé en forme de stylet;
toujours double ?. = Femelle, longue de 18 à 20 millimètres; vulve à la réunion
des trois quarts antérieurs avec le quart postérieur ; utérus bicorne, transversal
au vagin; œufs très petits; peut-être rudimenlaires ? .
Ces sclérostomes subissent, à mesure qu'ils grandissent, de véritables
mues, par suite de chacune desquelles une armure buccale plus simple est
remplacée par une armure plus complexe, jusqu'à ce que l'animal ait atteint
tout son développement. Chez les plus jeunes, l'armure ne se compose que
d'un simple anneau écailleux ; plus tard, il se développe en arrière une cap-
sule très petite d'abord et successivement plus grande à chaque mue (Du-
jardin).
Les sclérostomes de l'intestin et des artères existent chez les solipèdes : les
premiers principalement dans le caecum et le colon (voy. Path., p. 228) ; les
seconds principalement dans l'artère mésentérique et ses divisions (voy.
Path., p. 329).
86 SCLEROSTOME QUADRIBENTÉ (Sclerost. telrachantum, Diesing).
Corps plus petit que chez le précédent; bouche ayant quatre papilles ou dents di-
rigées en avant, opposées; == bourse du mâle très grande. = Femelle, ayant à
la queue une substance amorphe, noirâtre. Fréquemment accouplés.
Dans le caecum et le colon chez les solipèdes.
87 SCLEROSTOME DENTÉ (Sclerost. denlalum, Rudolphi).
Ver long de 10 à 15 millimètres.
Vivant chez le porc et le sanglier dans le caecum et le côlon.
88 SCLEROSTOME SYNGAME (Sclerost. syngamus, Diesing).
Ver ordinairement accouplé d'une manière permanente ou par soudure des tégu-
ments; corps droit, cylindrique, coloré en rouge vif par un liquide interposé
entre les viscères. = Mâle beaucoup plus petit que la femelle, à queue tronquée,
qui se soude autour de la vulve de celle-ci et qui n'eu peut être détachée sans
déchirure. = Longueur du mâle 4 millimètres à 4:'"",5, épaisseur 0m"',i. =
Longueur de la femelle 13 millimètres, épaisseur 0mm, 85 à 1 millimètre.
SYNOPSIS. LXXIX
Ce ver a élé trouvé dans la trachée ou les bronches chez le coq domestique,
le dindon, la pie, le martinet, l'étourneau, le pic- vert, la perdrix et la cigogne
FlG. 40. — Sclérostome syngamc. — 4, deux individus accouplés, grandeur naturelle;
— 2, parlie antérieure grossie; a, le mâle; b, tête de la femelle ; c, ventouse du mâle
appliquée ù la vulve de la femelle ; d, tête du mâle; e, l'intestin. — 3, extrémité cau-
dale de la femelle montrant les circonvolutions du tube génital ; — 4, a, b, fragment
du mâle; e, f, de la femelle; a, bourse ; 6, b, téguments; c, intestin ; d, tube génital;
e, e, portion antérieure du corps de la femelle; f, l'intestin.
noire. M. Leidy l'indique comme très commun chez les poules en Amé-
rique (voy. Palh., p. 36).
GENRE STRONGYLE (1) (Strongylus, Muller).
Vers souvent rouges, à corps filiforme, ordinairement très mince, atténué en
avant ou de part et d'autre; télé petite, nue ou munie de deux expansions
latérales, membraneuses ou vésiculeuses ; bouche petite, nue ou entourée de
plusieurs papilles, orbiculaire ou triangulaire, non cornée ; œsophage muscu-
leux, renflé en massue; tégument finement strié en travers.
— Mâle muni d'une bourse caudale, terminale ou obliquement tronquée, et
soutenue par le prolongement de la pointe caudale, entière ou formée de
plusieurs lobes, multiradiée ; pénis filiforme , dans une gaine formée de
deux pièces.
(l) M. Diesing a séparé du genre Strongylus, pour en former un nouveau genre,
plusieurs nématoïdes qui ont des caractères particuliers; il a désigné sous le nom
d'Euslrongylus, ce genre nouveau, daus lequel est compris le Slrongle géant. Ap-
peler en français ce ver du nom d'Eustrongle, c'est lui donner une consonuance
qui prête à la confusion ; d'un autre côté, il n'est pas sans inconvénient de changer
la dénomination d'un ver aussi important et aussi généralement connu; nous
avons donc préféré, en adoptant la division très rationnelle de M. Diesing, faire
porter le changement de dénomination sur le genre qui ne comprend pis le
Slrongle géant, genre auquel nous conserverons son nom actuel, mais avec la dési-
nence latine : Strongyle.
l.WX SÏNOPMS.
— Femelle, ayant l'extrémité caudale amincie, conique; vulve située en avant
du milieu delà longueur, plus rarement en arrière. Ovipare ou vivipare.
[.es strongles se trouvent plus particulièrement chez les mammifères, quel-
quefois chez les oiseaux ou chez les reptiles; dans l'in-
testin, ou dans des kystes annexés au tube digestif, dans
la trachée-artère et les bronches.
89 STRONGYLE RADIÉ (Slrong. radiatus, Kudolphi).
Tète non ailée ; bouche nue. = Mâle long de 12 millimètres;
bourse bilobée, lobes multiradiés. = Femelle, longue de
14 à 20 millimètres; vulve près de la queue.
Vivant dans l'intestin grêle et dans le côlon du bœuf
et de plusieurs autres ruminants.
90 STRONGYLE VEINEUX {Slrong. venulosus, Rudolphi).
Tète non ailée, limbe de la bouche uu. = bourse du mâle bilo-
bée, multiradiée. — Femelle longue de 27 millimètres.
Vivant dans l'intestin de la chèvre.
91 STRONGYLE FILAIRE (Slrong. filaria, Dcdolphi).
Fie. 50 ('). Corps filiforme, très long , un peu aminci aux extrémités,
blauc. Tête obtuse non ailée ; limbe de la bouche pourvu
de trois papilles petites. = Longueur du mâle 65 millimètres; bourse entière,
avec dix rayons bifides ou trifides. = Longueur de la femelle 90 millimètres;
vulve située aux trois cinquièmes de la longueur; vivipare.
Vivantdans la trachée et les bronches chez le mouton, le mouflon, la chèvre,
l'antilope, le chameau et le dromadaire (voy. Palh., p. 34).
92 STRONGYLE MICRURE (Slrong. micrurus, Mehlis).
Corps filiforme ; tête arrondie, uon ailée; limbe de la bouche pourvu de trois pa-
pilles petites. = Longueur du mâle, 40 millimètres; bourse entière, avec cinq
rayons fendus profondément. = Longueur de la femelle, 80 millimètres plus ou
moins; extrémité caudale pointue, vulve située en avant du milieu du corps.
Vivipare.
Vivant dans la trachée et les bronches chez le bœuf, le cheval, l'âne et le
daim (voy. Palh., p. 21).
(*) Strongvle paradoxal. — 1, le mâle, grandeur naturelle; — 2, la femelle, grandeur natu-
relle; — 3, extrémité antérieure de la femelle grossie; a, l'œsophage, b, l'intestin; e, tube
génital. — 4, extrémité caudale de la femelle; a, le vagin se terminant par une vulve saillante ;
b, l'intestin aboutissant à un anus papilliforme ; — 5, extrémité caudale du mâle; a, b, les deux
lobes de la bourse ; c, spicules,
SYNOPSIS.
LXXXI
93 STRONGYLE A LONG FOURREAU (Strong. longevaginatus, Diesing).
Tête tronquée, conique, non ailée ; limbe de la bouche pourvu de quatre à six pa-
pilles ; corps égal, droit, d'un blanc jaunâtre. = Mâle un peu aminci en avant ;
extrémité caudale infléchie; bourse subcampanulée, bilobée, chaque lobe tri--
radié ; gaine du pénis formée de deux parties (cruribus) très longues et
linéaires, ayant presque la moitié de la longueur du corps, de
couleur orangée, striée transversalement et très finement; lon-
gueur du corps 13 à 15 millimètres, épaisseur 0™m,54. = Femelle
amincie de part et d'autre; extrémité mucronée ; vulve située
au-dessus de l'extrémité caudale ; vivipare. Longueur 26 milli-
mètres, épaisseur 0"lin,"2.
Trouvé une fois dans le parenchyme du poumon d'un enfant
(voy. Palh., p. 21).
94 STRONGYLE PARADOXAL [Strong. paradoxus, Mehi/.s).
Tète non ailée; corps blanc ou brunâtre, filiforme; limbe de la
bouche pourvu de trois papilles; œsophage musculeux, régulière-
ment renflé en massue; anus un peu en avant du sommet de la
queue, formant une papille saillante. = Longueur du mâle,
15 millimètres; bourse bilobée, chaque lobe avec cinq rayons,
les latéraux divisés, le médian simple. == Longueur de la femelle,
32 à 35 millimètres; vulve près de l'anus, saillante ; vivipare.
Vivant dans la trachée el les bronches du porc et du sanglier
(voy. Path., p. 35).
95 STRONGYLE CONTOURNÉ (Strong. conlortus, Rudolphi).
Corps filiforme, effilé aux deux extrémités, plus aminci antérieure-
ment; tête pourvue de deux ailes semi-elliptiques; limbe de la
bouche pourvu de trois papilles petites. = Longueur du mâle,
18 à 20 millimètres; bourse bilobée, chaque lobe avec huit?
rayons divergents ; gaine du pénis très longue. = Longueur de
la femelle, jusqu'à 1 0 centimètres.
Vivant dans l'intestin grêle du mouton.
Fie. 51 (*)
9G STRONGYLE F1LIC0L {Strong. fiUcôîlts, Rudolphi).
Corps capillaire, le plus souvent blanc, rarement rougeâlre; tête pourvue de deux
(*) Anchylostomemdle;—l, grandeur naturelle ; —2, fortement grossi ; a, spicnle rentré ■ h la
bourse caudale ; c, ouverture de l'organe excréteur située près dé l'œsophage ; d, organe excréteur
avec un noyau de cellule apparent (cette lettre est mal placée) ; e, circonvolutions du tube génital
(d'après Bilharz).
r.xwn SYNOPSIS.
ailes très petites ; limbe de la bouche pourvu de trois papilles; bourse du mâle
bilobée, six rayons à chaque lobe; longueur 9 ù 21 millimètres.
Vivant dans les intestins grêles du mouton.
97
STRONCYLE NODULAIRE (Slrong. nodularis, Rudolphi).
Vivant dans le tube digestif ou dans l'épaisseur du gésier, chez l'oie et le
canard.
GENRE ANCHYLOSTOME [Anchyloslomum, Dubini).
l'ers cendrés, à corps cylindrique ; tète un peu amincie; bouche en forme de
ventouse, subcornée, dont l'ouverture est ample,
circulaire, tournée vers la face dorsale; dents
situées dans la bouche, en dedans de la marge infé-
rieure, au nombre de quatre; pharynx infundi-
buli formes, à parois résistantes; œsophage mus-
culeux s élargissant en arrière; tégument strié
en travers , deux éminences coniques ou papilles
opposées situées à la limite du premier sixième
de la longueur totale du corps; anus latéral,
un peu en avant de l'extrémité de la queue.
— Mâle, pourvu d'une bourse caudale terminale,
entière, excisée en dessous, mulliradiée, exappen-
diculée; pénis double et très long.
— Femelle à queue obtuse ; vulve située en arrière.
Vivipare.
Vers existant dans l'intestin chez l'homme.
98 ANCHYLOSTOME DUODÉNAL {AnchyL
duodenale, Dubini).
Tète arrondie au sommet ; limbe de la bottche muni de
papilles coniques inégales, deux plus petites, cro-
chets terminant les papilles convergeant par leur
sommet; corps droit ou légèrement courbé, trans-
parent en avant; ventricule globuleux noirâtre vi-
sible par transparence; partie postérieure jaune-
rougeàtre. = Mâle aminci en avant ; long de 6 à
8 millimètres; extrémité caudale infléchie, bourse cyathiforme, formant deux
lobes à cinq rayous, disposés par quatre de chaque côté et trois au milieu ;■ tous
les rayons simples, excepté le médian qui est bifurqué au sommet. = Femelle
(*) Anchyloslome femelle. — 1, grandeur naturelle. — 2, fortement grossie; — a, cavité buc-
cale; b, anus; c. ouverture commune aux organes d'excrétion; d, vulve. Les circonvolutions dli
tube génital sont visibles à l'intérieur du corps.
Fie. 52 (d'après lii.lurz) (*).
SYNOPSIS. LXXXIII
longueur 8 à 10 millimètres ; épaisseur 0""n,27 ; extrémité postérieure terminée
en pointe conique ; vulve située vers le quart postérieur.
Le mâle et la femelle se trouvent dans la proportion de I à 3.
Vivant dans le duodénum et le jéjunum chez l'homme, à Milan et en Égyple
(voy. Path., p. 117).
GENRE STRONGLE (Euslrongylus, Diesing).
Corps subeyiindriquc, aminci de part et d'autre régulièrement ; léle continue
avec le corps; bouche terminale, orbiculaire, munie de papilles ; système
nerveux très distinct?
— Mâle: bourse caudale terminale, entière, sans rayons ni appendices; spiculc
filiforme, long, sans gaine.
— Femelle : vulve siluèe en avant ou en arrière ; ovipare ou vivipare.
Parasite chez les mammifères et les oiseaux, dans divers organes, excepté le
tube digestif.
FlG. 53. — Strongle géant mâle, provenant d'un cliien, demi-nature. — a, têle; a, a, œsophage ;
a, b, inteslin ; d, d, d, tube génital commençant près de l'anus où il est fixé ; e, e, téguments ;
f, bourse caudale ; g, pénis.
99 STRONGLE GÉANT {Eustrong. gigas, Diesing).
Corps généralement rouge, cylindrique, très long, un peu aminci départ et d'autre,
présentant des stries rapprochées, transverses, interrompues par des stries lon-
gitudinales profondes et huit faisceaux de fibres musculaires longitudinales ; tète
obtuse , bouche petite, orbiculaire, entourée de six nodules ou papilles planes,
rapprochées; œsophage grêle, plus étroit que l'intestin, tourné en s chez la fe-
melle. = Mâle long de 14 à 40 centimètres, large de 4 à 6 millimètres;
queue obtuse, terminée par une bourse patelliforme , membraneuse, entière,
large de 3 millimètres, tronquée, d'où sort un spicule simple, très grêle. = Fe-
melle longue de 2 décimètres à 1 mètre, large de 4""", 5 à 12 millimètres ; queue
plus droite et obtuse; anus triangulaire oblong, situé sous l'extrémité caudale ;
ovaire et oviducte simples, repliés longitudinalement; matrice oblongue-, vulve
très rapprochée de la bouche ; œuf ovoïde, brunâtre, long de 0mm,07 à 0ram,08;
large de 0ram,04. Ovipare?,
Le strongle géant est le plus grand des vers nématoïdes ; il est ordinaire*
l.x.Ulv ôVNOt»stâ.
* menl rouge, coloration qui dépend sans} doute du liquide dans lequel il est
plongé et dont il se nourrit, car Chabert a trouvé un strongle blanchâtre dans
une collection de liquide purulent. Le strongle, placé dans l'euu ordinaire,
absorbe après sa mort,, par endosmose, une grande quantité, à Ici point
Fie 54. -- Strongle géant femelle, provenant d'un chien. — d, individu demi-nature; le tube
génital a été étalé en dehors pour faire voir sa disposition et celle du tube digestif. — a, bouche ;
b, anus ; a, c, œsophage recourbé en s; c, b, intestin fixé aux parois par des brides transversales ;
f, f, ovaire et oviducte formant un tube continu, naissant près de l'anus, suivant le bord de l'in-
testin, et fixé par les brides transversales ; g, g, oviducte avec quelques dilatations h, h; i, i, ma-
trice; i, /i, vagin; k, vulve. — 2, extrémité antérieure, grandeur naturelle, montrant les huit
stries longitudinales de la peau (les papilles labiales ont été omises).
que les téguments éclatent et projettent au loin le liquide qui les distendait.
La peau chez la femelle, est épaisse, fibreuse et doublée intérieurement par
une couche de papilles arrondies, très serrées. L'intestin est large, noirâtre, à
parois très minces et fixé de chaque côté aux téguments par des brides cellu-
laires ou musculaires. L'extrémité libre de l'ovaire ou du testicule est fixée près
de l'anus. L'ovaire et l'oviducte qui lui est continu ou le testicule et le conduit
déférent formant un tube simple, se dirigent de là en avant jusqu'à une cer-
taine distance de la tête, et se trouvent fixés, dans tout leur trajet, par les
brides qui se portent des téguments à l'intestin. Le tube génital se dégage
ensuite et forme librement dans la cavité générale un grand nombre de cir-
convolutions, mais sans s'enrouler autour du tube digestif qui est fixé aux
parois dans toute son étendue. Le vagin très étroit s'engage aussi sous les
brides de l'intestin en continuant le trajet suivi par l'oviducte et s'ouvre à la
face ventrale, auprès de la bouche. Noue avons vainement cherché un sys-
tème nerveux. Le cordon nerveux vu par Otto était très probablement la
portion du tube génital fixée par les brides intestinales, et ces brides mêmes
SYNOPSIS. LXXXV
constituaient, sans doute, les Blets secondaires; mais le plus simple examen
suffit à montrer l'indépendance de ces fibres et du cordon qu'elles fixent
aux parois. L'accouplement se
fait probablement d'une manière
assez prolongée, car Drelincourt
a trouvé chez le chien deux stron-
gles accouplés. Le strongle géant
est-il ovipare? l'œuf expulsé
contient-il un embryon? Wedel
dit avoir vu un de ces animaux
rempli de vermiculeê vivants .
>
mais il ne donne sur les dimen-
sions des vermioules aucun dé-
tail ; il ne dit même pas s'il les
a vus avec un instrument gros»
pissant.
Fie, 55. — Ovule du strongle géanl (du chien). —
0, grossi 340 fois. >— b, le même au même Gros-
sissement, traité par l'acide sulfuriqite concentré qui
rond le vieillis apparent.
Le strongle géant existe chez l'homme? le cheval, le bœuf, le chien, le
loup, le vison, la marte, le putois, etc. Il se trouve ordinairement dans le
rein, rarement dans la vessie, dans le tissu cellulaire sous-péritonéal, etc. On
n'en rencontre ordinairement que deux ou trois (voy. Path., p. 267, 286).
On dit l'avoir trouvé dans le cœur (Paih., p. 340).
GENRE DACTYLIUS (Curling).
Corps cylindrique, élastique, aanelé, atténué de part et d'autre; tête obtuse ;
bouche orbiculaire ; anus trilobié.
Genre d'entozoaire très probablement fictif.
100 DACTYLIUS ACULEATUS (Curling).
Tête obtuse ; corps armé dans toute sa longueur de plusieurs séries d'épines ;
queue obtuse, annelée.
Dans la vessie urinaire chez l'homme.
Ce ver, rencontré une seule fois, appartient très probablement à la famille
des lombricidés et se sera trouvé, accidentellement, dans l'eau avec laquelle
on avait nettoyé le vase de nuit (voy. Path., p. 291).
101 D'autres vers nématoïdes? de genres indéterminés ont encore été ren-
contrés chez l'homme et chez les animaux domestiques, ce sont :
I ° Chez l'homme :
a. — Un ver filiforme rendu par le vomissement, observé par Degland.
II s'agit d'un ver rendu par un enfant de huit ans, à la suite de l'adminis-
LXXXV1 SYNOPSIS.
Iration d'un vomitif. Ce ver avait le corps cylindrique, nu, lisse, résistant au
toucher, égal et noirâtre dans presque toute son étendue, long de 15 à
16 centimètres, sur un millimètre et demi de diamètre, L'extrémité antérieure?
un peu amincie était arrondio et terminée par un point noir ; l'autre extrémité,
un peu plus grosse, présentait une bifurcation distincte au microscope. La peau
était parsemée de petits points sphériques, saillants, disposés en cercle. A
l'intérieur, ce ver n'offrit qu'un canal cylindroïde qui s'étendait d'une extré-
mité à l'autre.
Ce ver vécut dans l'eau ordinaire pendant un mois (1).
Par tous les caractères décrits ci-dessus, ce nématoïde appartiendrait au
gordius aqualicus, comme l'auteur de l'observation l'a reconnu; mais un tel
ver vivrait-il dans l'estomac? Il est probable qu'il s'est trouvé accidentelle-
ment dans le vase où l'enfant a vomi.
b. —■ Des vers trouvés par Pruner, à la surface du foie ou de l'intestin, et
renfermés dans des kystes; probablement des pentastomes (voy. n° 102).
2° Chez le cheval :
c. — Des vers semblables à la trichine existant dans les parois du gros
intestin (Diesing).
CL. — Un nématoïde trouvé, à Dresde, dans les parois de la veine saphène
(Diesing),
3° Chez le mouton :
e. — Un ver nématoïde long de 1b centimètres, roulé en spirale, atténué
aux extrémités et dont l'habitat n'est pas indiqué (Diesing).
f. — Un ver cylindrique, graduellement aminci en arrière et qui existait
dans un kyste du poumon (Diesing).
4° Chez le chien :
g. — Des vers très minces, cylindriques, longs de 5 à 7 centimètres,
trouvés par Warren à Malle, dans l'œsophage de chiens morts de la rage.
Probablement des spiroptères ensanglantés (Rudolphi).
TYPE VI. ~ ACANTHOTHÈQUES (Diesing).
Animaux solitaires, ayant un tube digestif complet; bouche située
en avant, à la face inférieure, et accompagnée par deux paires
de crochets rétractiles; anus terminal ; système nerveux distinct j
sexes séparés.
(1) C. D. Degland, Description d* un ver filiforme rendu par le vomissement (Re-
cueil des travaux de la Société d'amateurs des sciences, de l'agriculture et des arts de
Lille, 1819-1822. Lille, 1823, p. 166).
TABLE DES FIGURES
INTERCALÉES DANS LE TEXTE.
SYNOPSIS.
Fig. Pag.
1. Cercomonas de l'homme vr
2. Scolex du cysticerque ladrique vin
3. OEuf du ténia solium armé ix
4. Proglottis du ténia solium armé ix
5. Ténia proglottinien de la poule x
6. Hydalide de l'homme xiu
7. Échinocoque de l'homme xiv
8. Cœnure xvui
9. Cerveau de mouton avec des traces de cœnure xix
10. Disposition des parties d'un cysticerque xx
1 1 . Cysticerque ladrique xxi
1 2. Cygticerques altérés xxn
13. Mode de progression d'un proglottis xxiv
14. Ténia solium armé xxv
15. Tête du ténia solium armé xxvi
16. Ténia solium fragile , , , , xxvii
17. Ténia solium inerme xxx
18. Télé et œuf du ténia inerme xxxi
19. Tœnia echinococcus , xxxvi
20. Tête de bothriocéphale xt,
21 . Bothriocéphale de l'homme xli
21. Articles grossis du bothriocéphale xlii
23. OEuf du bothriocéphale de l'homme xuu
24 . Sporocyste de la cercaria echinata xtvi
25. Cercaire du distoma retusum xlvii
26. Distome hépatique , , , xlix
27. OEuf de distome hépatique L
28. OEuf de distome lancéolé i,
29 . Distome haematobie j,u
30. Hexathyridium venarum LV
31 . Ascaride lombricoïde mâle , LVn
32. Ascaride lombricoïde femelle lvih
33. Développement de l'ascaride lombricoïde ux
34. Nématoïde trachéal LX[
35. Nématoïde du rein LX\i
36. Oxyure vermiculaire lxii
davaike, b
xviij TABLE DlîS FIGURES.
Fie PA«-
37. OKnf de l'oxyure vcrmiculaire lxhi
38. Tête de l'ascaride lombricoïde lxiii
39. Vulves de l'ascaride mégalocépbale i.xiv
40. Bouche de l'ascaride lombricoïde i.xiv
41. Ascaride du chat lxvi
42. Spiroptère ensanglanté i.xvii
43. Trichina spiralis lxix
44. Trichocéphale de l'homme lxx
45. OEuf du trichocéphale de l'homme lxxi
40. Embryon de la filaire de l'homme lxxii
47. La filalro de l'homme adulte, coupe , lxxiii
48. Sclérostome armé anévrysmatique lxxvu
49. Sclérostome syngame lxxix
50. Strongyle paradoxal lxxx
51. Anchylostome mule. lxxxi
52. Anchylostome femelle lxxxii
53. Strongle géant mâle lxxxiii
54. Strongle géant femelle lxxxiv
55. OEuf du strongle géant lxxxv
56. Pentastome ténioïde lxxxvi
57. Pentastome dentteulé lxxxvh
PATHOLOGIE (1).
1 . Nématoïde de la trachée * 22
2. Tableau des œufs des vers de l'intestin et des voies biliaires 51
3. Bothriocéphale perforé 76
4. Trichocéphale de l'homme * 206
5. Ovule du trichocéphale * 209
6. Oxyure vermiculaire * 210
7. Ovules du distome hépatique et lancéolé * 243
8. Corps oviformes du foie du lapin 259
9. Strongle géant femelle * 269
10. Strongle géant mâle * 271
11 , OEuf du strongle géant * 275
\ 2. Nématoïde du rein du chien , * 294
13. Distome hœmatobie * 313
14. Distome hépatique * 322
15. Hexalhyridium venarum * 324
16. Anévrysme vermineux 331
17. Échinocoque de l'homme * 359
.18. Hydatide de l'homme * 360
19. Kystes hydatiques pédicules 364
20. Fragment de membrane hydatique; crochets d'échinocoque 392
21. Cysticerque ladrique du porc * 621
(1) Los figures marquées d'un * sont déjà dans le Synopsis.
TABLE DES FIGURES. Xl'x
FlG. l'AG.
22. Cœnurc du mouton * 627
23. Tête de mouton dont le cerveau contient un cœnure 639
24. Muscle contenant des kystes de trichina spiralis 672
25. Kyste et trichine ayant subi un commencement d'altération 676
26. Kyste et trichine plus altérés 678
27. Kyste de trichine envahi par la graisse 679
28. Kyste de trichine presque complètement détruit 679
29. Tubercule vermineux de l'œsophage du chien G87
30. Embryon de la filaire de l'homme * 707
31. Cyslicerquc du corps vitré q*e l'œil humain. ,...,.,,,.,,,,.,,.,., "41
FIN DE LA TABLE DES GRAVURES,
ERRATA.
Page xxxvn, ligne 4, après paru, ajoutes avoir leur lalon.
24, lignes 16 et 40, au lieu de Leuckaert, Usez Leuckart
50, li, ûlez le mot tous.
"fi, G, ûlez le second mot été.
121, 12, aulieu de rondo, Usez toudo.
175, H, au lieu de fait, lises fort.
187, 13, aulieu de perforation, lisez péritonite.
199,' 1, au lieu de Boire, lisez Boirel.
201 , 1 1 , au lieu de D'Olaus, lisez Olaus.
204, 24, au lieu de Peyre, lisez Lapeyre.
237, 33, au Heu de sangsues, lises sangsues ordinaires.
251, 30, au lieu de infectis, lisez infestis.
256, 6, ôtez les »
261, 26, au lieu de 0mm,55, lisez 0"'"1,055.
299, 9, ajoutez »
328, 27, au lieu de strongle, lises sclérostome.
341, au titre de la page, au lieude dans le sang, lises chez le chien.
429, ligne 3, au lieu de xxxv, lises xxxvi.
524, 30, au lieu de 1856, lisez 1656.
622, 3, au lieude n" 6, lisez n° 9.
679, 27, au lieu de 27, lises 28.
681. 29, note (1) se trouve au verso de la page.
698, 17, au lieu de medena;, lisez niedeme.
707, 24, au lieu de 65, Usez 350.
■729, 4, au lieu de soient, lises sont.
"~i2, 32, aulieu de principia, lisez principes.
SYNOPSIS, Ï,XXXV1{
Les acanthothèques offrent des rapports avec les crustacés; leurs
embryons ont une analogie évidente avec ceux des lerné'jdes, crus-
tacés qui vivent en parasites chez les poissons.
GENRE PENTASTOME,
Le corps est oblong, cylindrique ou comprimé, plissé transversalement ou presque
annelé, atteignant le plus souvent la grosseur d'une plume d'oie el jusqu'à 6 à
8 centimètres de longueur; la [été est obtuse el l'extrémité postérieure allé-
nuée; les deux paires de crochets, simples ou doubles, situées
près de la bouche, sont rétractiles dans autant de cavités
distinctes; le système nerveux est constitué par un ganglion
sous-œsophagien volumineux, el deux filets principaux qui se
dirigent le long du corps; les muscles ont leurs fibres striées;
il existe un vaisseau dorsal plus ou moins manifeste ; l'intestin
simple se dirige en droite ligne de la bouche à l'anus.
— Chez le mâle, l'appareil génital se compose d'un long testicule
cylindrique, étendu depuis la queue jusqu'au milieu du corps
où il se continue par deux canaux déférents qui embrassent
l'intestin; le pénis simple, papilliforme, est situé en avant,
derrière la bouche.
— Chez la femelle, l'appareil génital se compose d'un long
ovaire cylindrique, divisé en deux branches, entourant l'in-
testin, recevant le produit de deux glandes accessoires, el se
réunissant, en un oviducle unique, très long et formant de
nombreuses circonvolutions autour de l'intestin j vulve située
auprès et en avant de l'anus. Ovipare.
Les penlastomes vivent dans les sinus frontaux, dans le
larynx, la trachée, dans les poumons, ou dans des kystes à la
surface des organes. Ils se trouvent chez l'homme, chez les
mammifères, mais surtout chez les reptiles; on en connaît
aussi chez les poissons. Ces parasites paraissent plus communs fig. 56.(*)
au Brésil que dans les autres pays.
Section A. — Pentastoines à l'état «le larve,
102 PENTASTOME ÉTREINT (Pentastomum conslricium, de Siebo^d).
Corps allongé, cylindrique, annelé en apparence par des constrictions transversales,
arrondi antérieurement, terminé postérieurement en cône obtus ; dos convexe
(*) Pentastome ténioïde, provenant d'un chien, grandeur naturelle. A l'intérieur du corps
apparaissent les circonvolutions de l'oviducte.
I.XX.VVIH SYNOPSIS.
ventre aplati; tégument sans épines ; long de 13 millimètres, large de 2 mil li -
mètres.
Trouvé en Egypte, par Prunar, chez deux nègres et chez la girafe.
Des deux nègres l'un était mort d'une péritonite, l'autre d'une colite : chez
l'un les vers étaient vivants, chez l'autre ils étaient morts. Ils étaient situés
dans des kystes, de la dimension d'un kreulzer, plus elliptiques que ronds,
d'un tissu en apparence cartilagineux, qui faisaient saillie à la surface du foie,
chez l'un des individus; chez l'autre, le parasite avait quitta son fojsl': et so
trouvait dans le duodénum, a Quand nous avons visité, en 1833, dit Pruner,
le musée d'anatomie pathologique de hologne, nous avons trouvé deux échan-
tillons de ce môme animal , sans kyste, conservés entro deux verres do
montre, avec cette inscription; « insectes trouvés dans le foie d.'un,
homme (1). »
Bilharz a de nouveau trouvé ces parasites en Egypte, à la surface du foie
chez des nègres, .
103
PENTASTOME DENTICULÉ (P. dentlculatum, RUDOLPHl).
Corps plane, oyale-allougé, déprimé, à dos un peu convexe, à ventre aplati, atténué-
en arrière, plus ou moins échancré aux deux extrémités,
annelé ou présentant des franges transverses très nom-
breuses (70 à 80, Kùcbenm., près de 200, Duj.), formés
de lames lancéolées à pointe multiple. Lamelles ou épines
des franges longues de 0",m,025, implantées dans le tégu-
ment au moyen d'un pédoncule tubuleux. Longueur 4
àginm, iargeur en avant 1 millimètre à lmi»,35 (Duj.).
Longueur jusqu'à 3 millimètres; largeur en avant, 0mm,4,
en arrière 0mni,16 (Kûchenm.). Point d'organes génitaux.,
Larve du pentaslome ténwïde ? (voy. Path., p. 24),
Trouvé dans des kystes des organes parenchymateux,
surtout à la surface du foie, chez la chèvre, le bœuf, le
cochon d'Inde, le lapin, le porc-épic, le chat.
Dans ces dernières années, il a été trouvé assez fré
quemment chez l'homme. M. Zenker, prosecteur à l'hô-
pital civil de Dresde, est le premier observateur qui ait
signalé l'existence de cet entozoaire chez l'homme; il l'a
rencontré dix fois (huit hommes et deux femmes; âge,
vingt et un à soixante-quatorze ans); on l'a trouvé en-
suite à Leipsick et à Vienne: à Dresde, dans la propor-
tion d'un sur dix-huit autopsies; à Leipsick dans celle
d'un sur dix, et d'un sur quatre à Vienne.
(*) Pentastome denticult fortement grossi. — Un Irait placé à côté marque la grandeur natu-
relle (d'après Zenker).
(I) Pruner, op. infrà cit., p. 249, 250,
Fie. 57 (
PSEUDHELMINTHÈS. LXXXIX
Dans tous les cas (sauf un), c'est à la surface du foie que les penlastomes
denticulés ont été rencontrés chez l'homme; ils étaient renfermés dans un
petit kyste fibreux ; un seul existait à la surface du rein (voy . Path., p. 293) .
Cet entozoaire paraît ne causer aucun trouble dans les fonctions de l'or-
gane qui le recèle ; aucun phénomène ne fait soupçonner son existence pen-
dant la vie ; sa petitesse constante le rend tout à fait inoffensif pour son hôte.
Section B, — Pcntastomes à l'état adulte.
lO/i PENÎASTOME TÉNlOlDE {Peut. Tàniaides, P.udolphi).
Corps déprime, lancéolé, très allongé et rétréci en arrière, plissé transversalement,
crénelé au bord; bouche presque orbiculairc; crochets rangés en demi-cercle. =
Mâle blanc, long de 18 millimètres, large en avant de 2:nul,5, et en arrière
de 0,n,n,i5. = Femelle gris-blanchàtre , rendu plus ou moins brun-iougcàtrc
par l'oviducte plein d'oeufs dans la partie moyenne où le tégument est mince
et demi-transparent ; longueur 50 à 100 millimètres ; largeur en avant, 4,n"V>,
en arrière lmin,12 (voy. fig. 56).
Vivant dans le larynx, les fosses nasales, les sinus elhmoïdaux et frontaux,
chez le chien, le loup, le cheval, le mulet et le mouton (voy. Palh., p. 23).
PSEUDHELMINTHES.
§ I. — Les entozoaires décrits dans le synopsis sont loin de comprendre
tous les parasites internes qui ont été attribués à l'homme et aux animaux
domestiques. Des cas de vers dont, souvent, le plus simple examen démontre
la fausseté, se sont succédé dans les recueils scientifiques depuis les temps les
plus reculés jusqu'à nos jours.
Les helminthologistes ont dû accorder quelque attention à ces entozoaires
fictifs : Brera en a parlé sous le nom de vermi metastatici, Rudolphi sous celui
de entozoa ficla; Bremser les a appelés des pseudohelminthes ; M. Moquin-
Tandon en a parlé dans un chapitre spécial de son excellent traité de zoologie
médicale, sous la désignation de faux helminthes (4).
Les cas d'entozoaires fictifs se trouvent le plus souvent rapportés dans les
auteurs avec la simple désignation de vers ; d'autres fois on a établi sur leurs
caractères organiques un genre ou une espèce auxquels on a donné une déno-
mination particulière. Les corps qui ont fourni matière à ces interprétations
erronées sont très nombreux ; ce sont quelquefois de véritables animaux, quel-
quefois des végétaux; enfin de simples fragments de corps organisés.
(1) A. Moquin-Tandon, Eléments de zoologie médicale. Paris, 1860, p. 386.
\c PSEUDHËLMiHTHIiS.
$ il. — Les cas de pseudhelminthes sans indication générique ou spéci-
fique sont les plus nombreux :
I" Lis larves de mouche en ont fourni beaucoup, soit que, introduites dans
une cavité naturelle comme le nez, l'œil, l'oreille, elles aient apporté leur
tribut aux vers rhinaires, ophtliulmi<iues, auriculaires, soitquc, nées à la sur-
face de plaies, d'ulcères, à l'ombilic chez les pelils enfants, elles aient été re-
gardées comme des vers elcophagrs, cutanés, ombilicaux, etc. Les observa-
tions do larves de mouche dans les pustules de la petite vérole sont 1res com-
munes; un fait qui leur appartient manifestement se trouve rapporté sous le
litre de sueurs de vers (I). Les larves de mouche arrivées accidentellement
dans les urines ou dans les garderobes ont fourni de nombreux cas aux vers
fictifs. Enfin des larves semblables développées dans des cadavres ont encore
été considérées comme de vrais enlozoaires; tels sont les vers dans le fœtus
humain observés par Kerckring et dont nous avons parlé (voy. Palh., p. 8,
note). Tels sont ces autres vers déterminant la rage et trouvés en grand nom-
bre par P. Desault dans le cerveau d'un chien (2).
2" Des œstres des cavités nasales ont été regardés comme des vers du
cerveau: Dianchi rapporte une observation détaillée et incontestable de deux
vers trouvés, à Yaulopsie d'un rnoulon malade, dans la substance cérébrale. La
description les rapporte exactement aux œstres (3). Il est évident que la scie
qui a ouvert le crâne, avait arraché ces œstres aux sinus éthmoïdaux et les
avait portés dans la substance cérébrale adjacente. Un autre fait du même
genre a donné lieu à un mémoire intitulé : Chenille trouvée dans le cerveau
d'un mouton (4). Une semblable erreur s'explique chez les animaux dont les
fosses nasales sont très développées et prolongées à la base du crâne; celle
de Desault a été due manifestement à cette cause, comme celle dont nous
avons parlé à propos du pentastome ténioïde (voy. Path. , p. 24).
3" Des animaux, des insectes surtout trouvés accidentellement dans les
organes, dans les__déjections des malades, ou dans les linges qui leur ont
servi, des chenilles, des scolopendres, des cloportes, des scarabés même ont
été souvent considérés comme de véritables parasites; on trouve encore des
histoires de ce genre qui concernent des crapauds, des couleuvres, etc. (5).
4° Des entozoaires sortis des organes qu'ils habitent normalement ont été
pris pour des vers propres à d'autres organes, tels sont des ascarides lom-
(1) Collect. élrang., t. IU, p. 251.
(2) « Nous ouvrîmes le crâne de cet animal, dit Desault, et nous fûmes surpris
d'admiration d'en voir sortir une infinité de petits vers dont les uns étaient en-
tassés en pelotons, et les autres fourmillaient visiblement. » (P. Desault, ouvr.
cit.). Ces vers qui fourmillaient ne provenaient-ils pas d'œufs de mouche déposés
daus les fosses nasales, et qui se trouvaient, non dans la cavité du crâne, mais
dans celle de l'ethmoïde? — Voy. un autre cas semblable, Palh., p. 216.
(3) Bianchi, op. cit., p. 348.
(i) Journ. de méd. chir. pharm. de Corvisart, etc., 1811, t. XXII, p. 370.
(5) Voy. Path., p. 255, 304, 328, 752, 762.
PSEUDHELM1NTHES. agi
bricoïdes trouvés dans les conduits biliaires ou sorlis par le nez, par le canal
nasal ; des oxyures trouvés dans les urines ou dans le vagin, qui ont été pris
pour des vers du foie, des narines, de l'œil, de la vessie ou de la matrice (1).
5° Des concrétions fibrineuses plus ou moins anciennes trouvées dans le
cœur ou les gros vaisseaux ou sorties par la saignée ont été rapportées aux
vers ; des caillots sanguins qui avaient passé à la Dliaire de l'urèthre ont été
considérés comme des strongles ; des concrétions de mucus rendues avec les
garderobes, ou même des portions de la muqueuse intestinale, ont été regar-
dées comme des vers ténioïdes ou autres, des fragments d'aliments non di-
gérés comme des cucurbitins (2).
6° Des produits pathologiques, tels que les vésicules choriales, les corps
riziformes, les comédons, etc. (3), ont été rapprochés des vers intestinaux
par suite d'une ressemblance de forme, ou par des appréciations erronées de
leurs propriétés vitales.
7° Des parties de végétaux qui avaient résisté à la digestion, des graines
de mûrier, de fraisier, des semences de jusquiame, des ulricules vides
d'orange, etc., ont aussi été regardés comme des vers.
8" De véritables vers ou des corps quelconques présentés par la fourberie
comme provenant d'un organe auquel ils n'appartenaient pas, ont trompé
la bonne foi de quelques observateurs.
§ III. — De nouveaux genres et de nouvelles espèces d'entozoaires ont
été formés sur des corps analogues à ceux dont nous venons de parler ; nous
nous bornerons à énumérer les principaux :
Acephalocystis racemosa, H. Cloquet, vésicules choriales.
Ascaris conosoma, Lenz et Jbrdens, larve de la mouche domestique.
Ascaris stephanostoma, Lenz et Jbrdens, larve de la mouche carnassière.
Cercosoma, Canali et Brera, larve de l'erystalis pendulus.
Diacanthos polycephalus, Stiebel, rafle d'une grappe de raisin.
DiTRAciiYCERos rudis, Sultzer, graine de mûrier.
Filaria zébra, Mongrand, concrétion fibrineuse.
Ophyosîoma Pontieri, H. Cloquet, gordius aquaticus?
Physis intestinale, Scopoli, trachée d'oiseau.
Sagittula, Ea&liani, appareil hyo*Iaryngien d'oiseau.
Stomachide, Pereboom, ascaride lombricoïde altéré.
Striatule, ? nervure de salade.
Thélazie, Rhodes et Bosc, larve d'insecte sous la paupière
d'un bœuf.
(1) Voy. Path., p. 165, 206, 295, 302, 760.
(2) Voy. Palh., p. 75, 301, 325, 327. — Fragments de la membrane muqueuse
intestinale, p. 62. — Voyez encore une observation rapportée par M. Cruveilhier,
et qui concerne une longue portion de l'intestin expulsée par une femme après des
symptômes d'étranglement interne {Bull. Acad.deméd., 1851- 1852, t. XVII, p. 786).
(3) Voy. Path., p. 357.
XCII l'SEUDHELMtNTIIliS.
D'aulres genres ou espèces dont il a été question dans le synopsis appar-
tiennent vraisemblablement encore aux pseudhelminthes; ce sont : le dacty-
lius aculeatus, le spiroptera hominis, le letrastoma rénale, le polystoma san-
guicola. Yhexalhyridium pinguicola, etc.
§ IV. — Les pseudhelminthes ont été rapportés aux cntozoaires d'après la
considération de leur provenance, de leur forme ou de leurs mouvements. Ce
dernier caractère est souvent aussi illusoire que les deux premiers ; il ne suffit
pas en effet qu'un corps ait des mouvements spontanés pour qu'il appartienne
aux animaux ; d'un autre côté, il faut souvent une attention soutenue, pour
distinguer des mouvements communiqués d'avec des mouvements spontanés.
D'après une observation de Percy qui a vu des hydalides se mouvoir sur sa
main, on a généralement admis que ces corps sont des animaux, et les hyda-
lides de Percy étaient des vésicules choriales! Dupuylren penche à regarder
les corps riziformes des synoviales comme des animaux, parce qu'il croit leur
avoir vu des mouvements. Les corps desséchés qu'on humecte , ceux qu'on
place dans un liquide nouveau et d'une densité différente sont d'abord agités
de mouvements hygroscopiques plus ou moins vifs qui en ont imposé à plu-
sieurs observateurs.
La connaissance de l'organisation des entozoaires, l'examen attentif des
caractères extérieurs, la recherche histologique des tissus constitutifs met-
tront presque toujours à l'abri de l'erreur. L'existence de trachées et de cel-
lules végétales, la coloration bleue obtenue par l'acide sulfurique et l'iode
montreront que le corps observé appartient aux végétaux ; la présence de
vaisseaux contenant des corpuscules sanguins, ou ces corpuscules isolés,
celle d'un tissu adipeux, d'un tissu cellulaire à fibres inégales, celle de tra-
chées aériennes ne conviennent point aux entozoaires. Les téguments consti-
tués par des fibres semblables et régulièrement croisées chez les nématoïdes ,
les corpuscules calcaires chez les cestoïdes, les ovules chez presque tous offri-
ront des caractères très précis sur la nature de l'individu observé et même
sur la classe et sur l'ordre auxquels il appartient.
Tous les entozoaires connus et qui ont été recherchés dans un nombre im-
mense d'animaux vertébrés sont organisés suivant les six types distincts que
nous avons décrits ; ainsi l'on peut conclure que les vers intestinaux qui se-
ront découverts à l'avenir chez l'homme ou chez les animaux domestiques ne
nous présenteront point de type nouveau ; si donc on rencontre chez ces
animaux ou chez l'homme quelque corps qui ne rentre point par son orga-
nisation dans l'un des types connus, on pourra sans crainte le rejeter du
groupe des entozoaires.
(9?
JAN 1 8 1917
TRAITÉ
DES ENTOZOAIRES
ET DES
MALADIES VERMINEUSES
CONSIDERATIONS GENERALES.
Importance attribuée anciennement aux vers intestinaux. — Répartition des
entozoaires dans les organes. — Conditions de l'existence et de la fréqueuce des
vers : contrées, climats, saisons, humidité, genre de vie, régime, âge. Vers
chez le fœtus, l'œuf et l'embryon, chez les enfants à la mamelle et les animaux
en lactation, dans l'eufanceet la vieillesse. — Sexe, race, nationalité, hérédité;
contagion, épidémie ; état de santé, constitution (helminthiase). — Phénomènes
et accidents occasionnés par les vers.
Les vers intestinaux ont joué longtemps un rôle considérable dans
la pathologie de l'homme. Aux siècles derniers, un diagnostic incer-
tain, une ignorance presque générale de l'anatomie pathologique,
laissaient souvent couverte d'un voile impénétrable l'origine ou la
cause des symptômes observés. Alors les médecins, disposés à cher-
cher des relations entre un état morbide mal déterminé et quelque
phénomène apparent, attribuaient aux vers les maladies dans les-
quelles l'existence de ces parasites avait été constatée. Les faits mal
interprétés, accumulés par la suite des temps, leur fournirent de
nombreux exemples des maladies les plus diverses dont Ja nature
vermineuse n'était point contestée. Les nosologistes antérieurs à
notre époque font à peine mention des désordres occasionnés par les
entozoaires des organes parenchymateux, mais ils admettent une
apoplexie, une pleurésie, une goutte vermineuses, des fièvres vermi-
neuses, etc., donnant à ces affections pour point de départ l'intestin,
"1 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
et pour cause l'ascaride lombricoïde. Depuis le commencement de
notre siècle, des observateurs plus judicieux soumirent les faits à
une critique éclairée, et portèrent, dans ces questions obscures de la
pathologie de l'homme les lumières de la pathologie comparée.
Aujourd'hui les progrès de nos connaissances en helmintbologie et
dans le diagnostic des maladies, les investigations anatomiques fré-
quentes, ont fait disparaître de nos traités de pathologie les affec-
tions vermineuses qu'on appelait universelles. Il n'en est pas de
même des affections vermineuses locales; les travaux des médecins
modernes ont montré qu'elles ne sont que trop réelles et trop fré-
quentes.
Chez les animaux vertébrés, aucune partie du corps n'est à l'abri
de l'invasion des entozoaires; à ne considérer que l'homme et les
animaux domestiques, on en a rencontré dans presque tous leurs
organes. Les parties les plus inaccessibles, comme l'intérieur de
l'oeil, le cerveau, le canal rachidien, aussi bien que les cavités qui
communiquent avec le dehors, en sont quelquefois le siège; la cavité
médullaire des os même en a offert des exemples.
En général, des organes différents ne donnent point asile à des
entozoaires de même espèce : l'intestin grêle de l'homme est le sé-
jour de l'ascaride lombricoïde, du ténia solium, du bothriocéphale
large, etc., mais aucun de ces vers ne vit normalement dans l'esto-
mac ou dans le gros intestin. Les principaux organes ou les princi-
paux appareils ont leurs vers spéciaux : le cœcum est habile par le
trichocéphale, le rectum par l'oxyure, les voies biliaires ont le dis-
tome hépatique, les voies urinaires le strongle géant, etc. Comme
les organes, les systèmes ont des vers qui leur sont propres : dans
les muscles de la vie animale se trouve le trichina spiralis, dans le
système nerveux central le coenure, dans des cavités séreuses natu-
relles ou adventives le cysticerque et l'échinocoque.
Un très petit nombre d'entozoaires n'ont point de séjour fixe;
généralement, chez les parasites intestinaux, l'espèce est subor-
donnée à tel organe ou à tel système, dont elle ne change qu'en
changeant d'état. Cette subordination s'observe chez les vers des
animaux vertébrés avec une constance telle qu'elle peut être regar-
dée comme une loi générale; aussi les cas, en apparence contradic-
toires, observés chez l'homme, et rapportés parles médecins, eussent
été pour la plupart rectifiés par un examen plus attentif ou plus
judicieux; une critique éclairée eût montré, tantôt une erreur dans
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 3
la détermination de l'espèce, tantôt une migration accidentelle de
l'entozoaire observé, tantôt une erreur plus grave encore sur la
nature d'un prétendu ver. Soit par défaut de notions en helmintho-
logie, soit par défaut de critique, on a confondu l'ascaride lombri-
coïde avec le strongle des reins, les vésicules choriales avec les
hydatides, des concrétions fibrineuses avec des vers, etc., et l'on a
accumulé dans les livres de médecine une foule de faits erronés.
Le développement dans les organes et la multiplication des ento-
zoaires sont favorisés par des conditions diverses, qui sont tantôt
extérieures, comme des influences de contrées, de climats, de sai-
sons, et tantôt propres à l'animal affecté, comme l'âge, le sexe, etc.
Ces conditions sont permanentes ou transitoires, et dans ce dernier
cas les entozoaires peuvent apparaître par épidémies : rien n'est
mieux établi que la subordination des entozoaires à certaines cir-
constances extérieures ou propres à l'individu affecté ; cependant
rien n'est plus obscur encore que le mode d'action de la plupart de
ces circonstances. Nous nous bornerons ici à signaler les faits sans
chercher à les interpréter.
De toutes les influences sur la production des entozoaires, celle
des contrées est la plus, manifeste. Les anciens avaient déjà remar-
qué, au rapport de Pline, que les vers n'étaient pas aussi fréquents
dans certains pays que dans d'autres (1). D'après Théophraste, les
habitants de la Thrace et de la Phrygie, et même ceux de l'Attique,
étaient tout à fait exempts de vers (2). Il nous est impossible de
contrôler cette assertion par quelque fait analogue et contemporain ;
mais on peut établir aujourd'hui, pour certaines contrées, la vérité
de la proposition inverse ; en Abyssinie, par exemple, tous les habi-
tants sont attaqués du ténia.
La question de l'existence des entozoaires dans les divers pays
peut être considérée à deux points de vue :
1. Il existe dans certaines contrées des vers qui ne se trouvent
point ailleurs :
2. Le nombre des individus affectés de vers est plus considérable
dans certains pays que dans d'autres.
1° La filaire de l'homme se développe dans les contrées tropi-
(1) C. Pline, Hist. nat., lib. XXVII, § 120.
(2) Théophraste, De hisloria plànlar., lib; IX, cap. xxu.
/l CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
cales exclusivement; l'anchylostome duodénal n'a encore été observé
qu'en Italie (Milan) et en Egypte; le Tœnia nana et le Distomum
hœmaiobivm ne l'ont été que dans ce dernier pays; l'existence du
bothriocéphale n'a été constatée avec certitude qu'en Europe ; il en
est de même pour quelques entozoaires des animaux domestiques et
sauvages. Nous nous bornerons à rappeler le fait remarquable d'un
ver nématoïde vivant dans l'œil des chevaux, fait très commun dans
l'Inde, et si rare en Europe et en Amérique.
Beaucoup de vers sont, au contraire, cosmopoli/es, si l'on peut
s'exprimer ainsi : le ténia, l'oxyure, l'ascaride lombricoïde, ont été
signalés chez tous les peuples.
2° Quant à la fréquence des vers suivant les contrées, on connaît
généralement celle du ténia dans certains pays, en Egypte, en
Abyssinie, etc.; celle du bothriocéphale dans plusieurs parties de la
Suède, de la Russie et de la Suisse; celle de l'ascaride lombricoïde
chez les nègres de nos colonies; enfin, celle des hydatides chez les
Islandais.
L'influence des contrées sur la production des entozoaires tient à
des conditions dont la détermination est généralement très incertaine ;
toutefois le climat paraît la condition principale de l'existence de la
filaire de l'homme, peut-être est-il aussi une condition d'existence
pour l'anchylostome duodénal et le distome hématobie.
Une influence moins permanente, mais qui tient à quelques égards
de celle du climat, est l'influence des saisons. Les saisons apportent
avec elles des variations de température, d'humidité, de nourriture
qui doivent favoriser la transmission et le développement de telle ou
telle espèce de ver, et rendre, par conséquent, ces espèces plus ou
moins communes, suivant les diverses époques de l'année. C'est, en
effet, ce que l'on observe pour les entozoaires d'un grand nombre
d'animaux. Par exemple, suivant Bloch, on trouve la ligule chez les
poissons, en automne et en hiver, rarement au printemps et en
été (1). On ne trouve point de tricuspidaires dans les brochets en
automne, au rapport deBremser, tandis que ces poissons en sont
remplis au printemps (2) . •< Dans le Cotto scorpio que j'ai examiné
(1) Dloch , Traité de la génération des vers des intestins, trad. Strasbourg,
1788, p. 4.
(2) Bremser, Traité soologique et physiologique sur les vers intestinaux de
l'homme, trad. par Grundler, p. 196. In-8, Paris, 1824.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 5
'• très souvent, dit Rudolphi, je n'ai trouvé de ténias qu'au prin-
» temps et jamais en automne (1). » — « Toutes les taupes que j'ai
» disséquées à Rennes en février et mars, au nombre de soixante-
» huit, dit M. Dujardin, contenaient abondamment des Spiroptera
» strumosa... Dans d'autres saisons, à Rennes, j'avais cherché
» vainement les spiroptères dans les taupes (2). »
Le développement des vers dans l'œil des chevaux, aux Indes,
est propre aux mois froids. M. Gibb n'a jamais vu de cas de vers
dans l'œil avant le commencement d'octobre ou après le commence*
ment de mars (3). L'apparition des vers des bronches chez les bêtes
bovines a lieu généralement en été et en automne.
Quant à la fréquence des vers, suivant la saison, chez l'homme, les
médecins anciens déjà en avaient parlé : la plupart ont dit que les
lombrics sont plus fréquents en automne, assertion que vient confir-
mer le développement de la larve au printemps et en été , au moins
dans nos climats. La filaire de Médine apparaît le plus communé-
ment à l'époque des grandes chaleurs. A l'égard du ténia, ou plutôt
du bothriocéphale, Rosen rapporte que dans Biœrneborg, dont un
quart des habitants est attaqué du ténia, ce ver se manifeste prin-
cipalement en septembre et en octobre; or, ajoute-t-il, c'est le temps
où finit la pêche (4). Quoi qu'il en soit de cette remarque, c'est le
seul fait que nous connaissions touchant l'apparition des vers
cestoïdes chez l'homme à une époque déterminée de l'année.
Parmi les conditions favorables au développement des entozoaires
qui dépendent du climat ou de la saison, l'humidité est une des plus
manifestes. Nous verrons que les pluies prolongées dans les climats
tropicaux peuvent donner lieu à de véritables épidémies du dragon-
neau, et que, dans l'Inde, les vers de l'œil dont nous venons de faire
mention deviennent beaucoup plus communs chez les chevaux,
lorsque, dans la saison froide, il y a des pluies abondantes. On con-
naît l'influence de l'humidité des pâturages sur la fréquence du
distome hépatique chez le mouton ; de sorte que l'état atmosphé-
(1) Entosoorum sive vermium intestin alium historia naluralis, autore Carolo
Asmundo Rudolphi, 1. 1, p. 422. In -8, Amsterdam, 1808.
(2) Félix Dujardin, Histoire naturelle des helminthes ou vers intestinaux, p. 87.
In-8, Paris, 1845.
(3) P. Rayer, Archives de médecine comparée, p. 139. In-4, Paris, 1843.
(4) Nils Rosen de Rosenstein, Traité des maladies des enfants, trad. Paris, 1778,
p. 376, note.
6 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
rique normal ou anormal de la saison, la différence dos années, ont
une action très prochaine et très grande sur l'apparition, la fréquence
ou la disparition de certains entozoaires.
On a accordé au genre de vie une grande importance dans la pro-
duction des vers; on trouve, en effet, quelquefois chez des animaux
d'espèce différente, mais vivant dans des conditions semblables, des
entozoaires de même espèce : c'est ainsi que le distome hépatique,
qui appartient plus particulièrement aux ruminants, se trouve quel-
quefois aussi chez les autres herbivores, et s'est rencontré chez
l'homme et même chez le chat domestique, quoique ce ver soit tout
à fait inconnu chez les carnivores sauvages.
Le strongle géant que l'on a rencontré aussi dans des animaux
d'espèces et même de genres différents, se transmet probablement
des uns aux autres, ainsi qu'à l'homme, par des circonstances de
vie commune; car ce ver, généralement rare, semble apparaître
plus fréquemment à certaines époques et dans certaines localités.
Les marins paraissent être très rarement affectés d'hydatides (1).
Les peuplades qui mènent une vie errante sont, d'après Pallas,
fort peu exposées aux vers intestinaux : « Dans les contrées désertes
» de l'empire russe, dit le célèbre observateur, et en Sibérie où la
.. population est nouvelle et clair-semée, ainsi que chez les peuples
» pasteurs qui changent souvent de résidence, toutes les espèces de
» vers qui habitent l'intestin sont rares. Chez les animaux sauvages
» de ces contrées, c'est à peine si ces vers se rencontrent une fois
» sur cent, comparativement à ceux d'Europe (2) . »
D'après une opinion généralement reçue, c'est le régime de vie
qui rend les oxyures et les lombrics plus communs chez les enfants
que chez les adultes ; opinion qui semble confirmée par ce fait que
les enfants à Paris sont plus rarement qu'à la campagne attaqués de
ces derniers vers. D'après mes propres informations, la fréquence
comparativement plus grande des vers à la campagne est certaine,
mais on verra que ce n'est ni aux fruits, ni aux légumes verts, ni
aux aliments farineux qu'il est rationnel d'attribuer ce fait, c'est à
la qualité de l'eau qui sert aux boissons.
La fréquence du bothriocéphale aux bords de certains lacs ou de
(1) George Budd, On Diseases of the liver, p. 440. Id-8, London, 1852.
(2) P. S. Pallas, Neue nordische Beilr'dge, etc., erst. Band, S. 43. Petersburg,
1781.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 7
certains fleuves a été généralement attribuée au poisson dont les
habitants font usage, et toutefois Reinlein rapporte que, médecin
des Chartreux pendant dix ans, lesquels faisaient leur nourriture
presque exclusive de poisson, il n'a jamais observé chez eux le
bothriocéphale (1).
Pour le ténia, le bon ou le mauvais régime ne paraît avoir aucune
' influence sur sa fréquence : il existe aussi bien, dit Werner, dans
les palais que dans les chaumières (2). Tous les malades dont
M. Louis rapporte l'histoire dans son mémoire sur. le ténia faisaient
habituellement usage d'une bonne nourriture (3). Ce n'est donc ni à
l'usage du poisson, ni au bon ou au mauvais régime qu'on doit rap-
porter la présence des vers cestoïdes chez l'homme; mais nous ver-
rons qu'une circonstance accessoire au régime, l'usage de viande
crue, paraît avoir une action réelle sur la production du ténia.
L'âge est une des conditions les plus' évidentes de la fréquence
ou de la rareté des entozoaires. Chez l'homme aux différentes pé-
riodes de la vie, les diverses espèces devers sont inégalement com-
munes ; dans la première enfance et clans l'extrême vieillesse les
vers sont rares.
Vers chez le foetus humain.
Par une vue théorique, on a longtemps admis que les vers sont
innés, et l'on a cru trouver la confirmation de cette opinion dans des
observations de vers chez le fœtus ; mais, outre que ces observations
se réduisent à quelques-unes, le plus simple examen les montre fort
incertaines. Le premier fait remonte, dit-on, à Hippocrate ; or, voici
comment s'exprime à ce sujet le père de la médecine : » Aussitôt
» après la naissance des enfants, les femmes leur font prendre les
» mêmes médicaments, afin que les excréments sortent des intestins,
» ne s'y calcinent pas, et en même temps afin que l'intestin soit
» élargi. Après cette administration, beaucoup d'enfants ont rendu
» des vers ronds et plats avec les premiers excréments ; s'ils ne vont
» pas à la selle, les vers se développent dans le ventre (4). >» Il est
(1) Bremser, ouvr. cit., p. 346.
(2) P. Ch. Frid. Werner, Vermium intest, prœsert. tceniœ humanœ brcvis expo-
sitio, p. 106. Lipsiœ, 1782.
(3) P. Ch. A. Louis. Du ténia et de son traitement, dans ses Mémoires sur diverses
maladies, p. 54-8. Paris, 1826.
(4) Hippocrate, Des maladies, liv. IV, trad. par Ë. Liltré, t. VII, p. 597.
Paris, 1851.
S CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
évident que l'auteur du quatrième livre des maladies n'émet qu'une
simple assertion, une opinion, mais non un fait, car il ne l'eût pas
dit aussi commun.
Trois cas seulement de vers chez le fœtus humain ont été rapportés
par divers observateurs :
'1° Cas de Kerckring. — « Alterum (I) etiain occurrit in foetu sex men-
» sium et medii, qui ventriculum habebat triplo majorent quam soient alii,
» qui tanlo tempore lucem vitalem, in uleri malerni vitali carcere expectave-
» runt, in hac auterh lanti ventriculi capacitate membrana, et in il Ici vernies
» erant, iis quibus pueri s»pe laborant similes (2). »
2° Cas de Dolée. — « Nec ipse fœtus in utero ab iis (vermibus) liber est,
» quemadmodum mihi videre licuit in fœtu mortuo, statim a parlu expirante,
» et a me exenterato, in quo glomum vermium inveni (3). »
3° Cas de Brendel. — « Divus Brendelius auditoribus narrare solebat se
» in fœtus immature partu editi intestinis tenuibus lumbricellorum glomerem
» reperisse, quem etiam in preparato asservabat, Hœc summi viri recentis-
» sima observatio magnum prioribus addit pondus (4). »
Le nombre des cas de vers chez le fœtus humain passe pour être
plus considérable; il se réduit à trois, et dans ces trois cas on a
omis de mentionner, non-seulement les caractères, mais même l'es-
pèce des vers observés. Si l'on tient compte de cette omission, de
l'époque à laquelle remontent ces observations , des nombreuses
erreurs commises, même de nos jours, relativement à des caillots
fibrineux, à des concrétions de mucus pris pour des vers, on aura
lieu de croire que ces faits sont le résultat de quelque erreur du
(1) Un autre fait observe par Kerckring, et moins généralement connu, est rap-
porté par cet auteur en ces termes :
« Imô fœtus eujusdam humani intestina semel inveni vermibus exiguis qui vix
» acûs aciem magnitudine excedebant, ita scatentia, ut nihil in illis prœter hos
» conspiceretur, manifesta lamen dabant in tanla parvilate vitaî indicia, quales
» sœpe apparent in caseo, durn ille ex siccitate verminat. »
Kerckring ne parle point de l'âge de ce foetus. D'ailleurs la description des vers
ne se rapporte à aucun des entozoaires du corps humain: les oxyures sont plus
grands que des pointes d'aiguille; en outre, on ne les eût point trouvés vivants
lors de l'autopsie. Il est à croire qu'il s'agit ici de larves de mouche récemment
écloses dans un cadavre exposé à l'air depuis quelques jours.
(2) Th. Kerckringii Spicilegium anal., obs. "79, p. 154. Amsterdam, 1670.
(3) J. Dolœus, Encyclop. medicinœ, lib. IV, cap. x. - De infantum et puerovum
morbis. Francofurti, 1684-1691, in-4.
(4) P. S. Pallas, Dissert. med. inaug. de infeslis viventibus inlra viventia, p. 59.
Lugduni Batav., 1760.
CONSIDÉRATIONS GÉlNÉRALES. 9
même genre (1). A ces raisons, qui nous portent à ne point admettre
comme vrais les cas cités ci-dessus, nous ajouterons que les vers
dont il s'agit ont été rapportés à des nématoïdes ; or, le mode de
transmission, aujourd'hui connu, de ces entozoaires ne permet pas
d'admettre qu'ils arrivent dans l'intestin autrement que par l'eau
des boissons. S'il s'agissait des entozoaires que l'on trouve dans les
tissus chez l'adulte, comme la trichine, la filaire, les hydatides, etc.,
ou des vers dont la larve est probablement armée, comme le distome
hépatique , on n'aurait point les mêmes raisons d'en repousser
l'existence chez le fœtus humain : de tels vers peuvent sans doute
arriver dans l'œuf à travers les organes de la mère, comme ils arri-
vent chez celle-ci dans les muscles ou dans le foie.
Vers dans l'oeuf, l'embryon ou le foetus des animaux.
Chez les animaux, on a signalé aussi des vers, soit dans l'œuf, soit
dans l'embryon ou le fœtus 5 mais ces cas, bien que peu nombreux,
sont plus certains que les précédents.
"Vers dans l'oeuf. — Le distome de la bourse de Fabricius (Dislomum
ovatum, voy. Synopsis, n° 40) a été trouvé dans l'œuf de la poule par Ha-
now, Purkinje, Eschholz, Schilling (2).
Le séjour de ce ver dans 'a bourse de Fabricius, d'où il peut faci-
lement remonter dans l'oviducte , explique son introduction dans
l'œuf.
Vers chez l'embryon. — Cas de Fromsiann. — Lors d'une épizootie meur-
trière, qui régna principalement sur les moutons en 1663, Frommann ob-
serva dans le foie des bêtes qui succombaient un grand nombre de dis-
tomes {pislorna hepaticum), et, ajoute-t-il, le foie de leurs petits encore dans
la matrice en contenait de même (3).
(1) C'est encore à une erreur semblable qu'il faut rapporter les cas cités par
Vander-Wiel d'une sage-femme de sa connaissance, qui avait vu un ver d'un quart
d'aune de longueur enveloppé le long du cordon ombilical d'un enfant, et dans une
autre occasion un ver plus petit dans le placenta môme. [Observ. rares de méde-
cine, etc., t. II, p. 302, obs. xxix. Paris, 1758.)
(2) Car. Maur. Diesing , Sxjslema helminthum. Vindobona;, 1850, vol. I,
p. 335-336.
Je mentionnerai ici simplement le cas observé par Aldrovande (Hist. monslr.,
p. 339) d'un œuf de poule dont le blanc contenait un serpent ou une espèce de
ver, et celui de Fabrice ab Acquapendente, d'un grand ver trouvé par lui dans un
œuf qu'il mangeait. (Cités par Vander-Wiel, ouvr. cit., t. II, p. 4G7.)
(3) Ephém. de l'Académie des curieux de la nature, dec. I, ann. 6 et 7, obs. 188,
1675 et 1676, et Collecl. acad., part, étrang., t. III, p. 292.
10 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES;
('as dr Vu.entin. — Après avoir parlé des œufs de distome que l'on trouve
dans la vésicule du fiel des ruminants, et avoir donné leurs caractères, l'au-
teur rapporte le fait suivant : « Après avoir fait des recherches sur la btruc-
lure de la vésicule du fiel, j'avais appris à connaître exactement les œufs de
distome, lorsque, dans le courant de cet hiver (1 8 40), j'en rencontrai de
nouveau: c'était en faisant des recherches microscopiques sur la moelle épi -
nière encore entourée de son liquide chez un embryon de mouton long de
six pouces. Ils étaient d'un brun jaune, munis d'un opercule et renfermaient
une masse granuleuse semblable à celle des œufs que j'avais vus dans la
vésicule. Leur nombre, à la vérité, n'était pas aussi considérable que dans la
bile des ruminants, mais cependant il était assez grand. Leur siège était
limité à la région du canal vertébral, dans laquelle la moelle allongée devient
la moelle épinière('l). »
Ce sont là les seules observations de vers dans l'œuf ou l'embryon
des animaux qui nous soient connues (2). Les premières s'expliquent
facilement par le séjour même des entozoaires; les secondes appar-
tiennent à des vers que l'on a rencontrés quelquefois, soit dans les
vaisseaux, soit dans les tissus (voy . Vers du système sanguin), et don.t
on peut concevoir par ce fait la pénétration jusqu'à l'embryon. Si
beaucoup d'auteurs ont dit, et si Rudolphi lui-même, ordinairement
fort exact, a dit que « dans le fœtus nouveau-né des vers sont sou-
vent observés » (3), c'est manifestement une assertion irréfléchie.
L'absence des vers chez le fœtus humain a été constatée par
Rœderer et Wagler dans l'épidémie de fièvre muqueuse qu'ils ont
(1) G. Valeutin, OEufs de distome dans la cavité du canal vertébral d'un fœtus
[Archives de Millier, 1840, p. 317).
(2) Bloch, Werner, Brera, parlent d'un cas de distomes observés chez le fœtus
du mouton par Hartmann; mais, d'après l'indication bibliographique, il est évi-
dent que ces auteurs ont fait une confusion avec le cas de Frommann. Bloch
ajoute : « et Rousseus a trouvé des ascarides chez des animaux qui n'étaient pas
encore nés. » Il s'agit évidemment deRonsseus, car il n'a point existé de Rousseus.
L'assertion de Bloch est inexacte; nous avons inutilement cherché le fait dans les
œuvres de Ronsseus. Cet auteur dit bien, dans son livre intitulé Venatio medica,
p. 78, que les vers vienneut aux enfants encore renfermés dans le sein maternel ,
mais il ne cite aucun fait. Dans le livre De morbis mulieribus, p. 221, il dit qu'il
a rapporté, d'après Hippocrale, que les vers sont communs chez les enfants nais-
sants (Balduini Ronssei Opuscula medica, Lugduni Batavorum, 1618). L'ouvrage
de Bloch renferme un grand nombre de fautes typographiques et des faits déna-
turés, qui ont passé successivement dans les traités ou les articles d'helmintho-
logie jusqu'à nos jours.
(3) Rudolphi, Entos., hist. nat., t. I, p. 407.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 11
décrite, épidémie dans laquelle on sait que les vers étaient extrê-
mement communs : » Nous avons vu, disent ces observateurs, plu-
» sieurs femmes enceintes périr de la fièvre muqueuse compliquée
» de la présence des vers, tandis que leurs fœtus présentaient seule-
» ment des traces de l'affection muqueuse dans son état de simpli-
» cité, sans complication de vers (1). »
Rudolphi rapporte qu'il a vainement cherché des entozoaires dans
les embryons de divers animaux, tels que le hérisson, la taupe, le
rat, le cheval, le bœuf et la poule (2).
M. Chaussât, ayant examiné le sang d'une femelle du rat noir en
état de gestation, trouva dans ce sang un grand nombre d'hémato-
zoaires filiformes, mais il ne put rencontrer aucun de ces vers dans
celui des cinq fœtus qu'elle portait (3),
D'après ces faits, on doit admettre que l'existence de vers chez
le fœtus humain est fort incertaine, et qu'elle est extrêmement rare
dans l'embryon des animaux.
Vers chez l'enfant a la mamelle, l'animal en lactation, l'oisead ad nid.
Chez les enfants à la mamelle et chez les animaux en lactation,
les vers ont été plus fréquemment observés. On a vu des nématoïdes,
des trématodes et plus souvent des cestoïdes, qui déjà avaient acquis
une grande longueur chez des enfants ou chez des animaux âgés de
quelques mois seulement. Ces faits pouvaient avoir un grand intérêt
lorsqu'on y cherchait un argument en faveur de la théorie de la géné-
ration spontanée ou de l'opinion qui voulait que les vers fussent
transmis des parents aux enfants ; ils ne peuvent en avoir pour nous
d'autre que de donner, en quelque sorte, la mesure de la rapidité de
la croissance de certains entozoaires.
4° Nématoïdes,
Chez l'enfant. — De Lille rapporte que sa fille, âgée de onze semaines et
qui n'avait encore pris que le lait de sa mère, rendit des vers (inlegros ver-
mium nidos). Il ne dit pas que cet enfant n'eût jamais bu d'eau (4).
Chez le chat. — Wepfer rapporte avoir vu l'intestin iléon d'un petit chat
plein de vers lombricoïdes (5).
(1) Rœderer et Wagler, Tractalus de morbo mucoso, sect. I, § ix, p. 294, trad.
Paris, 1855.
(2) Rudolphi, Entoz., hist. nat., 1. 1, p. 387.
(3) J.-B. Chaussât, Des hématozoaires, thèse, p. 26. Paris, 1850.
(4) Christ. Everh. De Lille, De palpitalione cordis, p. 133, iu-8. Zwollœ, 1755.
Ce cas est rapporté par Bloch sous le nom de Linné.
(5) De cicuta aquatica, p. 383. Basileœ, 1679, cité par Brera.
12 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
Chez le veau. — Vallisneri observa un cas semblable chez un jeune
veau (I ).
2° Cestoïdes.
Chez l'enfant. — Gaspard Wolpliius rapporte qu'un enfant à la mamcllo
rendit un ver plat (bolhriocéphale) de trois aunes de longueur (2).
« M. Heim nie certifia, dit Bloch, qu'il connaissait le cas où l'on avait trouvé
)■> un ténia dans un enfant nouvellement né (3). »
« Ifufeland fait mention d'un enfant de six mois qui avait rendu peu à peu
» trente aunes de ténia, sans éprouver la moindre altération dans la santé (4),»
Chez le chien. — « Le professeur Blumenbach a vu le canal intestinal d'un
jeune chien rempli, aussitôt après sa naissance, d'une quantité innombrable
de ténias (5). »
Darelius, d'après Rosen, a observé un ténia dans un chien nouvellement
né (6).
Chez l'agneau. — « Il n'y a que peu de jours qu'on m'apporta, dit Raulin,
» un morceau de ténia qui avait vingt six pieds de long. On l'avait trouvé
» dans le ventre d'un agneau qui n'avait pas encore trois mois (7). »
« Mon respectable ami, M. Goeze, à Quedlinbourg, me marqua qu'il avait
» retiré un ténia fort long d'un agneau à la mamelle (8). »
Rudolphi dit avoir trouvé plusieurs fois des ténias dans des agneaux à la
mamelle (9).
3° Trématodes.
Chez l'agneau. — Bloch dit avoir trouvé des douves du foie chez un agneau
à la mamelle, qui n'avait pas encore bu d'eau et qui n'était pas encore sorti
de l'étable (-10).
Chez les oiseaux. — Rudolphi rapporte avoir vu plusieurs fois des distomes
chez des oiseaux qui étaient encore presque sans plumes (11).
Chez l'homme, c'est vers l'âge de deux ans que les entozoaires
deviennent communs. L'enfance et la jeunesse y sont plus sujettes
(1) Opère fisico-mediche, t. I, p. 271, cité par Brera.
(2) De observ. propriis, cité par Schenck.
(3) Bloch, ouvr. cit., p. 84.
(4) Journal, M. XVIII, St. 1, p. 3, cité par Bremser, ouvr. cit., p. 181.
(5) Handbuch der Naturg., ou Manuel de i'hist. naturelle, p. 21, cité par Blocli,
p. 86.
(6) Rosen, ouvr. cit., 386.
(7) Joseph Raulin, Lett. conlen. des observ. sur le ténia, 1751, à la suite de :
Des maladies occasionn. par les promptes variât, de l'air, p. 4 i-i. Paris, 1752.
(8) Bloch, p. 85.
(9) Rudolphi, Enloz.hist.nat., t. I, p. 387.
(10) Ouvr. cil.,, p. 86.
(11) Rudolphi, Entoz. hist. nat., t. I, p. 387.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 13
que l'âge mûr et que la vieillesse; mais cette proposition, prise clans
sa généralité, n'est vraie que par la rareté des vers cestoïdes dans
nos contrées ; elle cesse de l'être dans les pays où ces vers sont très
communs. Chez les animaux domestiques, chez le chat et le chien
surtout, si les entozoaires sont plus fréquents à l'âge adulte, c'est
parce que ces animaux sont rarement exempts de ténias. La ques-
tion de la fréquence des vers suivant les âges ne doit point être envi-
sagée d'une manière générale. Chez l'homme et chez les animaux,
certains vers sont plus fréquents à telle période de la vie, et d'autres
se rencontrent également dans toutes. L'oxyure et l'ascaride lom-
bricoïde sont plus communs dans l'enfance; le ccenure envahit sur-
tout les agneaux ; le strongle des bronches n'atteint guère que les
veaux âgés de moins d'un an; le sclérostome anévrysmatique, très
rare chez le poulain, est très commun chez les vieux chevaux. D'un
autre côté, le ténia en Abyssinie, le bothriocéphale dans plusieurs
localités, le trichocéphale et la filaire de l'homme se rencontrent à
tous les âges.
Le sexe a une influence remarquable sur la fréquence du ténia; ce
fait singulier a été constaté par plusieurs observateurs. Les recher-
ches de Pallas et de Wawruch ne laissent point de doute à cet égard.
D'après les relevés de ces deux observateurs, les cas de ténia chez
la femme sont proportionnellement aux cas de ténia chez l'homme
comme 3 est à 2. Plusieurs auteurs, qui ont écrit sur les maladies
des nègres, ont fait une remarque semblable quant à la fréquence
des lombrics plus grande chez les négresses.
Si l'âge et le sexe ont une influence sur la fréquence de plusieurs
vers, la race et la nationalité ne peuvent- elles avoir une influence
analogue? Cette question a dû être résolue affirmativement, lorsque
l'on voyait dans un ver le produit d'une génération spontanée, et
que, d'un autre côté, on remarquait chez certains peuples des vers
particuliers. C'est sous l'inspiration de cette théorie touchant l'ori-
gine des vers que Bremser a dit : Celui qui est né d'une mère suisse
n'a peut-être jamais été incommodé par un ténia; et qu'il s'est
demandé si l'existence du ténia chez les Suédois et celle du bothrio-
céphale chez les Russes ne tiendraient pas à la différence d'origine
des deux peuples (1). La même question a été faite pour la filaire de
(1) Bremser, ouvr. cit., p. 345.
là CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
Médine ; niais depuis longtemps déjà on sait que toutes les races
d'hommes sont également sujettes aux atteintes de ce dernier ver.
Quant au bothriocéphale, on sait de même aujourd'hui que son
existence tient à des circonstances locales, et que, dans les contrées
où il est endémique, les étrangers en sont atteints comme les gens
du pays; d'ailleurs on a vu le ténia et le bothriocéphale ensemble
chez le même individu.
Le développement des vers par hérédité a été indiqué par quel-
ques médecins ; nous verrons, à propos du ténia et du bothriocéphale,
sur quelles raisons cette opinion s'appuie. Le seul fait bien avéré de
l'hérédité d'un entozoaire a été signalé chez le chien : ceux de ces
animaux, en effet, qui ont des hématozoaires proviennent ordinaire-
ment, d'après MM. Gruby et Delafond, d'un père ou d'une mère
qui en étaient atteints.
La transmission par contagion nous paraît établie pour la filaire
de l'homme; elle existe vraisemblablement aussi pour le strongle
des bronches qui, chez les moutons et les bœufs, occasionne des
épizooties meurtrières.
L'apparition des vers par épidémie ou par épizootie est un fait des
mieux avérés.
La constitution ou l'état actuel de santé passe pour être une
cause de l'existence ou de la fréquence des vers : de ce fait que
certains épizoaires envahissent les téguments des animaux mal
nourris, malades et misérables, on peut inférer qu'il se passe quel-
que chose d'analogue pour les entozoaires. On voit, en effet, dans
la cachexie aqueuse, les moutons envahis par un grand nombre de
distomes hépatiques ; mais on voit aussi chez des animaux qui
offrent toutes les apparences de la meilleure santé , un nombre
immense de parasites internes (1) ; et quant à la présence des di-
stomes chez les moutons cachectiques, on ne sait encore précisément
si elle est l'effet ou la cause de la maladie, ou si l'existence des vers
( I ) Plusieurs auteurs rapportent des cas d'accumulation extraordinaire de vers chez
des animaux bien portants. On peut voir un cas de ce genre observé par Rudolphi
[Op. cit., t. I, p. 457); une autre observation par Nathusius (Wiegmann's Archiv,
1837) ; enfin le suivant, rapporté dans ces mêmes Archives (t. II, p. 196, 1840)
par Krause de Belgrade: Un cheval de deux ans et demi contenait 519 Ascaris me-
galocephala, 190 Oxyurus curvula, 214 Strongylus armalus, plusieurs milliers de
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 15
et celle de la cachexie ne sont pa«, indépendamment l'une de l'autre,
le résultat des conditions dans lesquelles a vécu l'animal affecté. On
ne doit point oublier que les mêmes conditions qui sont favorables à
la propagation des helminthes peuvent agir en dehors de ces para-
sites sur la constitution des animaux : on sait, par exemple, que
les chevaux mis au vert dans des pâturages humides sont bientôt
envahis par un grand nombre de lombrics et de ténias, et que, lors-
qu'ils sont ramenés à l'écurie et soumis à un régime sec, ces
entozoaires sortent avec les fèces et disparaissent peu à peu d'eux-
mêmes. Si les chevaux, dans ces prairies, sont mous, amaigris, s'ils
sont sujets à la diarrhée, n'est-ce pas à la nourriture aqueuse et
débilitante qu'ils le doivent, plutôt qu'aux entozoaires qui, de leur
côté, trouvent dans l'humidité des conditions favorables à leur
transmission ou à leur propagation \
Pour ce qui concerne les vers de l'homme, on a dit qu'ils sont plus
fréquents chez les individus délicats et débiles, chez les malades
atteints d'affections asthèniques, chez les scrofuleux, etc., que les
ivers cystiques sont plus fréquents chez les hydropiques ; mais aucune
Ide ces assertions n'a été établie sur des faits bien observés. Il fau-
drait voir si la détérioration de l'économie n'a pas été consécutive
à l'invasion des entozoaires dans les cas de ténia, par exemple; si
l'hydropisie n'a pas été la conséquence plutôt que la cause d'une
hydatide du foie ; si le malade n'est pas atteint de vers, parce qu'il
vit dans une condition qui les rend communs autour de lui, comme
on le voit dans certaines localités pour l'ascaride lombricoïde. Je ne
sache pas, d'ailleurs, que dans un établissement hospitalier où les
conditions de vie sont les mêmes pour tous, je ne sache pas, dis-je,
que dans un tel établissement on ait jamais fait un relevé comparatif
des cas de vers chez des scrofuleux et chez des individus d'une
constitution ordinaire.
Plusieurs auteurs,|surtout parmi les plus récents, ont donné le nom
(['helminthiase à l'état de l'économie qui favoriserait ou qui déter-
minerait la formation des vers, ainsi qu'à l'état pathologique que la
présence de ces parasites entretient. Suivant les différentes espèces
Sirpngylus telracanlhus, 69 Tœniaperfoliata, 287 Filaria papillosaet 6 Cysticercus
fëslularis. « D'après cela, ou peut se demander, dit M. Dujardin qui rapporte ce fait,
si les helminthes sont véritablement nuisibles aux animaux dans lesquels ils habi-
tent? Je suis pour la négative, tant j'ai vu d'exemples d'animaux bien portants
,qui contenaient plus d'helminthes que d'autres individus de chétive apparence. »
(Ouvr. cit., p. 13.)
16 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.
d'entozoaires dont on est atteint, ces auteurs ont décrit un état
d' 'helminthiase particulier : on possède Y helminthiase cystoïde,
tèniacèe, lombricoïdienne, irichocéphalée, etc., lorsque l'on aie cys-
ticerque, le ténia, l'ascaride lombricoïde, le trichocéphale ; et l'on
pourra se trouver dans un état d' helminthiase compliquée, lorsque
l'on aura plusieurs vers différents.
L 'helminthiase a trouvé sa raison dans la croyance à la généra-
tion spontanée des entozoaires. Suivant cette hypothèse, le ver est
le produit et l'expression, en quelque sorte, d'un état particulier de
l'économie , état qui méritait donc une désignation distincte (1) ;
mais loin qu'il en soit ainsi, la présence des vers est, dans la plu-
part des cas, accidentelle comme celle des parasites de nos tégu-
ments. Nos entozoaires viennent tous primitivement du dehors ;
bien plus, ils sont, pour la plupart, incapables de se propager en
nous-mêmes, et chacun des individus qui nous atteint nous est véri-
tablement étranger. On a des vers lorsqu'on est exposé à leur
invasion par des boissons, par des aliments qui nous apportent leurs
• (1) L'expression d'helminthiase, helminthiasie, helminthiasis, n'est pas nouvelle,
mais elle n'avait pas été généralement reçue dans nos traités de pathologie, lorsque
Requin s'en empara, en quelque sorte, et la vulgarisa. Je la rejette, parce qu'elle
est presque dans tous les cas fausse ou sans précision. Requin croyait à la généra-
tion spontanée des vers: « Je ne dissimulerai pas, dit-il, que, pour mon compte,
» je suis, avec Rudolphi, Bremser, Richard, etc., un partisan déterminé de l'hypo-
» thèse de la génération spontanée des helminthes c'est là ma croyance, ma
» ferme croyance Au lieu de maladie vermineuse, terme complexe, pourquoi
» n'adopterions-nous pas celui d1 'helminthiasis... .'? » (Éléments de pathologie médi-
cale, t. III, p. 193. Paris, 1852 ) Mais Requin ne reste point fidèle à sa définition
de V helminthiase; ce n'est pas seulement une maladie qu'il désigne par ce nom,
c'est le fait simple de la présence dès vers. Cela résulte de la lecture de tout son
chapitre des maladies vermineuses, et se résume dans cette phrase : « h 'helminthiase
» Irichocéphalée ne paraît guère être de nature à jamais constituer une maladie pro-
«prement dite. » (Ouvr. cit., p. 218.) Voilà donc une maladie qui ne peut jamais
constituer une maladie ; mais ceci s'explique, et n'est que la conséquence de l'hy-
pothèse relative à la génération des vers adoptée par l'auteur. Un ver, naissant
spontanément dans le corps humain, doit être, suivant la théorie de Requin, le pro-
duit d'un état particulier, anormal de l'économie; sa présence devient le symptôme
de la disposition à laquelle son existence est liée. L'homme atteint de vers est donc
daDs un état anormal, pathologique ou d'helminthiase prouvé par le produit, par
l'entozoaire observé. Avoir un ver ou avoir une maladie vermineuse, c'est au fond
la même chose. Cependant il y a une helminthiase sans accidents, et une helmin-
thiase avec accidents, et c'est sans doute dans ce dernier cas que V helminthiase
devient une maladie proprement dite.
Il est évident que le mot helminthiase, introduit dans la pathologie des vers,
n'est d'aucuu avantage. Si l'on parle de l'existence de tel ou tel ver, du ténia ou des
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 17
larves, par des conditions extérieures qui permettent l'introduction
de ces larves à travers nos téguments, fait aujourd'hui reconnu pour
le ténia, l'ascaride lombricoïde, le trichocéphale, la filaire de
l'homme. L'oxyure seul, une fois introduit en nous, se propage dans
nos intestins, et reconnaît peut-être, clans sa ténacité et dans sa
persistance chez certains individus, une influence individuelle à
laquelle on peut donner sans doute une désignation particulière ;
mais c'est le seul cas où l'expression à' helminthiase puisse être
appliquée avec quelque apparence de raison ou avec justesse.
Chez l'homme et chez les divers animaux, la présence de vers
dans les organes est compatible avec l'intégrité de ces organes :
souvent aucun phénomène ne vient déceler l'existence des entozoaires
soit dans les cavités, soit dans les parenchymes, quoiqu'ils puissent
en renfermer un nombre considérable. La structure ou les fonctions
des parties qui donnent asile à ces parasites ne reçoivent générale-
ment de leur présence aucune atteinte, et la santé de l'individu qui
les porte n'est nullement troublée. L'innocuité des entozoaires est
lombrics, est-ce rendre le langage moins lourd, moins embarrassé, de dire : J'ai une
helminthiase léniacée ou lombricoïdienne, plutôt que : J'ai le ténia ou des lombrics ?
Si l'on parle des accidents que les vers déterminent, dira-t-on plus convenable-
ment ceux qui résultent de la présence d'un lombric dans le larynx, dans les voies
biliaires, dans le péritoine, etc.? Comment exprimer avec le mot helminthiase les
accidents sympathiques que les entozoaires occasionnent? Je ne vois pas ce que le
langage médical gagne en clarté, et surtout en concision, par l'introduction de cette
expression qui, d'un autre côté, manque de justesse. La présence des vers est
généralement accidentelle, et l'état de l'économie n'est le plus souvent pour rien
dans l'existence de ces parasites : le ténia, une fois chassé, ne se reproduit plus;
les lombrics ne viennent point chez l'individu qui n'introduit point leurs larves
dans ses intestins; pourquoi se servir d'une expression qui implique une relation
de cause à effet entre l'hôte et le parasite? Les conditions et les circonstances de la
propagation des vers sont pour presque tous ces parasites extérieures à l'homme;
V helminthiase se trouverait dans la viande ou dans l'eau dont il fait usage; et
quelle complication d'helminthiases ! On trouve très communément ensemble le tri-
chocéphale et l'ascaride lombricoïde ou l'oxyure ; il est assez commun de voir à la
fois trois vers intestinaux différents; on en voit quelquefois quatre chez le même
individu, qui serait alors affecté de trois ou de quatre espèces d'helminlhiases. Dans
certains pays tous les habitants seraient malades de Y helminthiase téniacée ou lombri-
coïdienne ; à Paris, le plus grand nombre des habitants souffriraient de Vhelmin-
thiase trichocéplialée ; enfin, la plupart des animaux vertébrés sont toujours dans
un état d'helminthiase fort compliqué. 11 faut donc laisser une expression sans
précision, et qui portera presque toujours avec elle une idée fausse, en tant qu'elle
exprimera une relation entre l'existence d'un ver et une disposition de l'économie.
C'est à tort qu'elle est adoptée aujourd'hui par un grand nombre de pathologistes.
davaine, 2
18 division de l'ouvkagl:.
presque constante chez les poissons et les reptiles ; les nombreux
parasites de ces animaux semblent quelquefois s'identifier avec leurs
organes et vivre avec leur hôte en communauté d'existence. Chez les
oiseaux et les mammifères, les entozoaires amènent plus fréquem-
ment des altérations pathologiques; les phénomènes qu'ils produi-
sent sont surtout locaux, et c'est principalement en déterminant le
développement de tumeurs plus ou moins volumineuses ou nom-
breuses, c'est en mettant obstacle aux fonctions des organes, qu'ils
leur deviennent nuisibles. Chez l'homme, sans doute à cause de la
sensibilité plus grande dont il est doué , à cause de sympathies
organiques plus développées, les entozoaires donnent lieu fréquem-
ment à des phénomènes que l'on n'observe point ou que l'on observe
très rarement chez les animaux.
DIVISION DE L'OUVRAGE.
Dans l'étude des affections vermineuses, nous considérerons les
helminthes à leurs différentes phases de développement comme des
helminthes différents, ainsi qu'on l'a fait jusqu'à nos jours. On ap-
porterait une confusion inévitable dans cette étude, si l'on s'occu-
pait successivement des phénomènes morbides qui peuvent être
occasionnés par certains entozoaires dans leurs différentes périodes
de développement et dans leurs différents séjours ; on ne possède,
d'ailleurs, sur les états successifs des entozoaires de l'homme que
des présomptions ou des notions trop incomplètes pour que l'on puisse
rapporter avec quelque certitude tel ou tel ver imparfait au ver adulte.
Au reste, que le cysticerque, par exemple, soit un premier état de
ténia, cela importe peu au pathologiste qui rencontre l'un dans les
muscles, l'autre dans la cavité de l'intestin, et qui observe des phé-
nomènes pathologiques d'un ordre tout différent pour chacun d'eux.
Nous étudierons les affections vermineuses dans l'ordre suivant :
I. Un premier livre comprendra celles que déterminent les vers
existant à l'état de liberté dans des cavités ou des conduits qui com-
muniquent immédiatement ou médiatement avec l'extérieur, savoir :
1° Les voies respiratoires ;
2° Les voies digestives ;
3° Les voies biliaires ;
4° Les voies urinaifes.
DIVISION de l'ouvragi;. 19
II. Un second livre comprendra les affections déterminées par
les vers contenus dans les cavités closes naturelles ou accidentelles,
savoir :
1° Les vaisseaux sanguins ;
2° Les cavités séreuses naturelles ou accidentelles.
III. Dans un troisième livre nous étudierons les lésions causées
par des vers qui appartiennent spécialement à un système orga-
nique, savoir :
1° Le système nerveux ;
2° Les muscles de la vie animale ;
3° Les ganglions lymphatiques ou les glandules (tubercules ver-
mineux) ;
4° Le tissu cellulaire inter organique.
IV. Un quatrième livre comprendra les affections vermineuses de
certains organes complexes ou appareils, tels que :
1° L'œil;
2° Les organes génitaux.
V. Nous donnerons en appendice :
1° Un aperçu sur les maladies vermineuses fictives qui ont été
appelées vermineuses universelles, sur celles qui ont été attribuées à
des vers invisibles ou microscopiques ; enfin, sur d'autres maladies
qui n'ont probablement jamais existé que dans l'imagination des
hommes.
2° Un complément au traitement des entozoaires intestinaux où
seront rappelés les principaux médicaments et les principales mé-
thodes de traitement proposés à diverses époques pour l'expulsion
des vers.
LIVRE PREMIER.
VERS A L'ETAT DE LIBERTÉ DAMS LES CAVITES
QUI COMMUNIQUENT AVEC 1/ EXTÉRIEUR.
PREMIERE PARTIE.
AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES RESPIRATOIRES.
Les voies respiratoires, chez beaucoup d'animaux, donnent asile à
des vers particuliers : les mammifères, les oiseaux et les reptiles en
offrent de nombreux exemples. Généralement, et chez les reptiles
surtout, ces vers ne déterminent dans les parties qu'ils occupent au-
cune lésion appréciable et dans les fonctions aucun trouble apparent ;
ils ne deviennent nuisibles que par leur multiplication excessive.
PREMIERE DIVISION.
VEI\S-1>ES VOIES RESPIRATOIRES CHEZ L'HOMME.
Nos connaissances sur les entozoaires des voies respiratoires chez
l'homme sont encore à peu près nulles.
a. Un ver décrit par Treutler, et désigné dans les traités les plus
modernes d'helminthologie (Rudolphi, Dujardin, Diesing) sous le
nom defilaria hominis bronchiaïis, ne rentre point dans la caté-
gorie de ceux dont nous nous occupons ici, car cet entozoaire a été
trouvé dans les ganglions bronchiques (1) ; son existence d'ailleurs
est très contestable.
b. Un autre ver, observé par Diesing, ne paraît pas non plus ap-
partenir aux entozoaires libres dans la cavité des bronches. Voici
(1) Voyez Vers des glandes (tubercules vermiaeux), et le Synopsis, u° 79.
VERS DES VOIES RESPIRATOIRES CHEZ I.'HOMME. 21
dans quels termes le fait est rapporté par le savant helminthologiste
de Vienne :
Strongylus longevaginalus. (Voyez pour la description, Synopsis, n" 93.)
Hamtaculum : Homo, in pulmonum parenchymate.
Nota. — Cl. JorLsits, medicuscastrensis, anno 1845, Claudiopoli in Transyl-
vania, in pueri sex annorum, nescio quo morbo confecti, substantia pulmonali
vermiculos legit bene multos, quorum alios liberos (1 ), alios pulmonis frustulis
adhuc inhserentes benevolentissimè mihi communicavit cel. Rokitansky (2).
Le nombre de ces entozoaires et l'examen qni en a été fait par
M. Diesing ne laissent point de doutes sur leur nature, mais on
doit regretter l'absence de détails sur les rapports de ces vers avec
les parties dans lesquelles ils étaient contenus et sur l'état du paren-
chyme pulmonaire environnant; peut-être étaient ils renfermés, non
dans le tissu pulmonaire même, mais dans les petites ramifications
des bronches: les vers, en effet, qui appartiennent au même genre
et que l'on observe dans l'appareil respiratoire chez les animaux su-
périeurs, ont pour siège la trachée ou les bronches.
c. Dernièrement des vers nématoïdes à l'état de larves et dont
l'espèce, par conséquent, ne peut être déterminée, ont été trouvés
libres dans le larynx et la trachée d'un homme. Ces vers étaient en-
core vivants et en nombre suffisant pour qu'on puisse croire qu'il n'y
a pas eu là simplement une migration accidentelle. Voici le fait :
M. Rainey écrit : « En examinant des membranes muqueuses, à
la requête du Board of health, je rencontrai un individu qui était
mort à la suite d'une affection des extrémités inférieures. Le larynx
et la trachée de cet individu contenaient un certain nombre de petits
entozoaires vermiformes, différents de tous ceux que j'avais encore
vus. Comme j'aimerais à avoir l'opinion des membres de la Société
pathologique sur ces animaux et à savoir si quelqu'un des mem-
bres en a rencontré de cette espèce soit dans la trachée, soit dans
un autre organe, j'ai prié le docteur Bristowe de les présenter à la
société.
» Au moment où ils sont recueillis avec l'épithélium de la mem-
brane muqueuse et placés sous le microscope entre deux lames de
(1) Alios liberos se rapporte- t-il à des vers qui étaient primitivement en dehors
du parenchyme pulmonaire, c'est-à-dire dans les bronches, ou bien à des vers
qui avaient été précédemment extraits de ce parenchyme?
(2) Diesing, Syslema helminthum, cit., t. II, p. 317.
22 VEUS DIS VOIES RESPHUTOIKES CHEZ L'HOMME.
verre, ces animaux ont des mouvements très forts. L'extrémité la
plus grosse du ver commence toujours ses mouvements avant la plus
petite, en sorte qu'on ne peut conserver aucun doute sur celle de ces
extrémités qui est l'antérieure et celle qui est la rostérieure. Après
quelque temps, les mouvements deviennent
plus lents, s'affaiblissent, et enfin ils cessent
tout à fait. Alors quelques-uns de ces vers
restent enroulés et ressemblent beaucoup à la
trichine renfermée dans son kyste; d'autres
sont beaucoup moins enroulés ou presque
droits. Le dessin (ci -joint) de M. Bristowe
est une bonne représentation d'un de ces ani-
maux tel qu'on le voit avec une lentille d'un
huitième de pouce de foyer. Ils ont un cin-
quantième de pouce de longueur (0mm,5) et
un quinze- centième d'épaisseur (0mm,016). »
Fig. i. — ver (lu larynx de (Suit la description des vers que nous avons
l'homme, d'après le dessin de ,
M.Bristowe, grossi 110 fois, rapportée byncpsis, n° 5o) (1).
-Mête; &, extrémité eau- d D-autres entozoaires que l'on a trouvés
quelquefois dans le larynx, la trachée ou les
bronches chez l'homme, ne s'étaient point développés dans ces
parties, mais ils s'y étaient introduits du dehors, soit par l'ouverture
supérieure du larynx, soit par une perforation de quelque rameau
bronchique. Ce sont, dans le premier cas, des ascarides lombricoïdes
venus de l'intestin ; dans le second , des hydatides développées
primitivement dans l'un des organes du thorax ou de l'abdomen.
Nous nous occuperons ailleurs de ces entozoaires erratiques.
DEUXIEME DIVISION.
VERS DES VOIES RESPIRATOIRES CHEZ LES ANIMAUX.
Chez la plupart des animaux domestiques, on observe des en-
tozoaires qui se développent dans les voies aériennes, et qui, quel-
quefois, se multiplient beaucoup ; ils apportent alors un obstacle
(l, Docteur Rainey, Entozoon found in the larynx, iu Transact. of the palho-
logicat Society of London, vol. Vf, p. 370, pi, xvit, fig. 1. Loudou, 1855.
VERS DES VOIES RESPIRATOIRES CHEZ LES ANIMAUX. 23
plus ou moins complet à l'acte de la respiration et déterminent des
désordres graves, souvent mortels. Ces vers se montrent fréquem-
ment par épizooties.
On a constaté l'existence d'entozoaires dans les voies respira-
toires chez le chien, le porc, le cheval, l'âne, le chameau, le dro-
madaire, la chèvre, le mouton, le bœuf, le coq ordinaire, le dindon.
Ces entozoaires sont :
Le Pentastomum tœnioldes, chez le chien, le cheval, le mouton;
Le Strongylus par adoxus, chez le cochon;
Le Strongylus filaria, chez le mouton, la chèvre, le chameau, le
dromadaire;
Le Strongylus micrurus, chez le bœuf et le veau, le cheval,
l'âne ;
Le Sclerostomum syngamus, chez le coq, le dindon.
Le pentastome teenioïde habite principalement les parties des
voies respiratoires antérieures au larynx; les autres vers se trouvent
dans la trachée et les bronches : il résulte de cette différence dans
l'habitat des différences importantes dans l'expression symptoma-
tique de l'affection que ces parasites déterminent.
PREMIERE SECTION.
VERS DANS LES FOSSES NASALES.
(Pentastome ténioïde chez le chien et le cheval, Synops., n° 104.)
Chabert découvrit à Paris, en 1787, le pentastome ténioïde dans
les sinus frontaux du cheval et du chien (1) ; il confondit cet ento-
zoaire avec les ténias, et le nomma ténia lancéolé. D'autres observa-
teurs l'ont rencontré ensuite chez le mulet, le loup et le mouton.
Le pentastome ténioïde a été observé dans diverses contrées de
l'Europe, mais partout un très petit nombre de fois. « Cet animal,
.. au moins clans notre pays, est d'une extrême rareté, dit M. Blan-
» chard, je l'ai cherché en vain dans un nombre considérable de
» chiens la collection helminthologique du Jardin des plantes
(1) Chabert, Traité des maladies vermineuses dans les animaux, 2e éclît. , p. 39.
Paris, 1787. (Dans l'édition de 1782, Chabert ne fait point mention de ce ver.)
2k VICIîS DANS LUS FOSSliS NASALES.
" n'en possède que deux individus (1). » Le pentastome a été trouvé
par Grève chez un mulet, à Oldenbourg (2) ; par Rudolphi chez un
chien, à Berlin (3); par Bremser chez le loup, à Vienne (4) ; par Colin
chez un chien et chez un loup, à Auxerre (5); par Miram chez ces
deux animaux, à Wilna (6) ; par Dujardin chez le chien, à Paris (7) ;
parRhind chez le mouton, en Ecosse? (8).
M. Rayer m'a rapporté un cas peut-être unique par les circon-
stances du fait. Pendant son internat dans les hôpitaux, M. Du-
méril, son chef de service, lui montra un pentastome qui avait été
expulsé, en sa présence, par un chien, dans un éternument. Der-
nièrement, j'ai eu l'occasion de voir un pentastome ténioïde, qui
avait été envoyé à M. Rayer et qu'on disait avoir été extrait du
cerveau d'un chien ; mais nous pûmes nous convaincre qu'une per-
sonne étrangère aux études anatomiques l'avait retiré des fosses
nasales, en arrachant l'ethmoïde.
Tout récemment M. Leuckaert a observé le pentastome ténioïde
chez des chiens, dans les narines desquels il avait introduit le pen-
tastome denticulé du lapin [Synops., n° 103). D'après les expé-
riences de cet observateur, le pentastome denticulé, qui vit enkysté
dans les viscères de plusieurs espèces d'animaux, serait une larve
qui, à sa période adulte, devient le pentastome ténioïde (9).
Le pentastome ténioïde habite ordinairement les cavités nasales,
où il est fixé par ses crochets; on l'a trouvé aussi dans le larynx;
mais il siège principalement dans les sinus frontaux et les cellules
(1) Em. Blanchard, Recherches sur l'organisation des vers, dans Annales des se.
nat., 3e série, t. XII, 1S49.
(2) B. A. Grève, Exp. et obs. sur les maladies des animaux domestiques comp.
aux maladies de l'homme, t. 1, chap. xvn. Oldenbourg, 1818. (C'est probablement
par une faute de typographie que M. Dujardin attribue cette observation à Gceze.)
(3) Rudolphi, Enloz. hist. nat., t. II, part. 1, p. 444.
(4) Bremser, Icônes helminthum, tab. X, fig. 14-16. Viennœ, 1824.
(5) Colin, Observ. sur des vers trouvés dans le larynx et les cavités nasales d'un
chien et d'un loup, dans Rec. de méd. vétérin., t. I, p. 399. Paris, 1824.
(6) C. Ed. Miram, Recherch. sur V 'anatomie du pentastome ténioïde, dans Mém.
cur. nat. de Bonn, t. XVII, et Ann. se. nat., 2e série, t. VI, p. 135. Paris, 1836.
(7) Dujardin, ouvr. cit., p. 304.
(8) Rhind, in Edinb. Journ. of nat. and geogr. se., t. I, p. 29. Cité par
Diesing.
(9) Démonstration par voie expérimentale de l'identité spécifique du Pentasto-
mum denticulatum et du Penlastomum taenioides, par Rud. Leuckaert, dans Bull.
de l'Acad. roy. des sciences, etc., de Belgique, 2e série, t. II, p. 30; t. III, p. 4,
163, 352. Bruxelles, 1857.
VERS DANS LES FOSSES NASALES. . 25
de l'os ethmoïde; sa tête est toujours dirigée du côté de la partie
postérieure de cet os. Il est rarement solitaire, surtout chez le chien;
Chabert en a vu jusqu'à six dans les cellules de l'ethmoïde, répon-
dant à l'un des côtés des naseaux. Il est très rare qu'on en trouve
dans les deux fosses nasales à la fois.
Chabert attribue à la présence du pentastome dans les cellules
ethmoïdales la production de phénomènes violents et des plus graves
chez le cheval et le chien; Rudolphi, toutefois, fait remarquer que
le chien chez lequel il a trouvé un de ces vers se portait parfaitement
bien ; Grève, Colin, Miram, M. Dujardin, ne font aucune mention
de phénomènes particuliers chez les animaux qu'ils ont observés. La
description que donnent nos auteurs contemporains des symptômes
déterminés par le parasite des fosses nasales paraît n'être qu'une
simple paraphrase de celle de Chabert, en sorte qu'il est permis de
concevoir quelques doutes sur la gravité de la présence du penta-
stome et sur l'exactitude de l'opinion du célèbre vétérinaire français.
« Le cheval affecté du pentastome mange avec voracité, et plus il
mange, plus il semble dépérir, dit Chabert. Cet appétit vorace
est souvent interrompu par un état d'anxiété; l'animal gratte le
sol, le frappe avec un des pieds de devant; il regarde son flanc;
l'inquiétude augmente, il se couche et se relève subitement; le flanc
s'agite, les naseaux s'ouvrent de plus en plus, les yeux deviennent
hagards.. » Ces symptômes sont communs à plusieurs maladies,
mais « l'irritation augmentant à mesure que les vers acquièrent plus
de force, les signes qui annoncent leur présence cessent d'être
équivoques. Ils consistent dans des ébrouements fréquents, des
secousses convulsives de la tête, des actions effrénées qui portent
l'animal à heurter avec la plus grande violence le crâne contre tous
les corps durs qui sont à sa portée. Quelle que soit la force de ces
heurts, l'ébrouement s'effectue toujours, il s'opère même avec une
sorte de fureur de la part de l'animal 5 souvent il s'abat, plie son en-
colure et porte la tête sur les côtés, la rejette sur le sol avec colère,
la renverse en arrière, la ramène en avant, et plonge le nez dans le
poitrail (1). » Ces paroxysmes sont suivis d'abattement et d'une soif
ardente. Après un certain nombre d'accès qui se rapprochent de plus
en plus, si l'animal ne se tue pas violemment, il dépérit rapidement,
tombe dans le marasme et succombe.
(1) Chabert, ouvr. cit., p. 77.
26 VERS DANS LA TUAGftÉE BT LliS BRONCHES
Le chien est également sujet à des paroxysmes pendant lesquels
il s agite, court, se heurte la tête, se roule, se frotte le nez sur le
sol, éprouve des secousses convulsives dans les mâchoires ; il dévore
tout ce qui se trouve à sa portée : la terre, la paille, le bois, le linge, etc.;
il laisse échapper une grande quantité de salive, urine involontaire-
ment, éternue sans cesse; il court sans intention et succombe dans
les convulsions.
Dans les parties envahies par le pentastome, la membrane mu-
queuse est rouge, noirâtre, épaissie, ecchymosée,. couverte d'ulcéra-
tions ; les sinus sont plus ou moins remplis de pus; l'ethmoïde est quel-
quefois en partie carié.
Chabert conseille, pour détruire le ténia lancéolé , de pratiquer dans
les fosses nasales des injections d'huile ernpyreumatique étendue (huile
ernpyreumatique, 30 grammes ; infusion de sarriette, 300 grammes) ;
ou bien de faire l'extraction des vers par la trépanation de l'os
frontal; mais il est très rare, ajoute-t-il, que cette opération soit
nécessaire, surtout si les injections sont lancées et dirigées avec
art (1). L'extraction par le trépan offrirait probablement de grandes
difficultés chez le cheval, à cause de la situation profonde des cellules
ethmoïdales, et chez le chien, à cause de l'étroitesse des parties ;
d'ailleurs, l'incertitude dans le diagnostic d'une affection obscure et
fort rare ne permettra pas, sans doute, d'entreprendre une opération
difficile et d'un succès douteux.
DEUXIÈME SECTION.
VERS DANS LA TRACHÉE ET LES BRONCHES.
Dans son Thésaurus anatomicus , Ruysch donne une indication de
vers qui étaient probablement des strongles des bronches du veau (2).
Le premier observateur qui ait parlé, d'une maladie occasionnée par
ces entozoaires est Frank Nicholls. Ce médecin observa en Angle-
(1) Chabert, ouvr. cit., p. 182.
(2) « Vermes in bronchiis pulmonum reperti, qui admodum tenues. » (Fred.
Ruysch, Thés, anat., t. Vllt, n° 95, p. 24. Arast., 1744.) (Dans le n° 94, il est
question d'une pièce anatomique provenant d'un veau, ce qui fait présumer à
Rudolphi que les vers du n° 95 proviennent du même animal.)
CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 27
terre, en 1755, dans le comté de Lincoln, une affection qui faisait
périr les jeunes bœufs, et principalement les veaux âgés de moins
d'un an. A l'ouverture des cadavres, il trouva la trachée-artère et les
bronches pleines de petits vers d'environ deux pouces de lon-
gueur (J). Daubenton, en Bourgogne, fut témoin d'une épizootie ana-
logue qui régna sur les moutons en 1668. P. Camper, en 1778, vit
en Hollande une maladie semblable à celle qu'avait observée Frank
Nicholls ; elle attaquait les veaux et respectait les vaches, les che-
vaux et les moutons qui paissaient dans les mêmes prairies ; toutes
les bêtes attaquées périssaient : on perdit au delà de mille têtes de
bétail, dit Camper. Les vers existaient principalement dans la
trachée-artère ; on les y voyait par milliers ; il n'en existait pas
dans les vésicules pulmonaires. Cette maladie cessa au commence-
ment de l'hiver, et ne reparut pas dans les mêmes prairies l'année
suivante. D'après des informations ultérieures, l'illustre anatomiste
apprit que cette affection vermineuse apparaissait épizootiquement
tantôt dans un canton, tantôt dans un autre (2).
La présence de vers dans les bronches chez les bêtes bovines a été
assez fréquemment observée depuis Camper, soit épizootiquement,
soit sporadiquement.
Adolph. Modeer, en 1791, signala l'existence de vers du même
genre [Sirongy lus paradoxus) dans les bronches chez le porc ; obser-
vation qui, depuis lors, a été renouvelée plusieurs fois. Chez le
cochon, les entozoaires des bronches n'ont été observés qu'à Y état
sporadique ; dans ces dernières années, le Strongylus paradoxus
apparut épizootiquement sur les sangliers de la chasse royale de
Grunewald près de Berlin (3).
On a signalé encore chez des oiseaux de basse-cour des épizooties
occasionnées par des vers dans la trachée ; mais c'est chez le bœuf et
chez le mouton que l'on observe le plus communément les vers delà
trachée-artère ou des bronches, et c'est chez ces animaux qu'ils pro-
duisent les effets les plus désastreux.
(1) Frank Nicholls, An account ofworms in animal bodies, in Philos. Transact.,
vol. XLIX, part. I, for the year of 1755, n° 39, p. 246. London, 1756.
(2) Pierre Camper, Des vers pulmonaires, dans OEuvres d'hisl. nat., etc., t. III,
p. 190. Paris, 1803.
(3) Spinola, Rec. de méd. vétérin., t. XXVII, p. 938, Paris, 1850.
28 AFFECTION VERMINEUSE DES BRONCHES
CHAPITRE PREMIEH.
affection vermineuse des bronches chez le boeuf, le veau, le cheval,
l'ane(I).
(Slrongylus micrurus, Synops., n° 92.)
Le ver qui envahit les voies respiratoires chez les bêtes bovines
est le Strongylus micrurus ; il existeaussi chez le cheval, l'âne et le
daim. Ce ver détermine une irritation vive de la trachée et des
bronches, le dépérissement des animaux, et la mort par épuisement
ou par asphyxie.
L'affection vermineuse des bronches apparaît le plus ordinaire-
ment par épizootie ; elle s'est montrée dans diverses contrées de
l'Europe. Nous avons parlé de celles qui ont été observées en Angle-
terre par Frank Nicholls et en Hollande par Camper.
Aux environs de Sion, en 1803, les veaux périrent de cette ma-
ladie, qui régna aussi plusieurs fois dans les cantons de Berne et de
Fribourg. En 1795, une épizootie semblable enleva cinquante-cinq
veaux sur la montagne du Soladier (Ain); elle apparut de nouveau
en 1811, dans les mêmes parages (2). Morier parle d'une épizootie
de vers des bronches qui régna en 1812 à Aigle (Suisse) (3) . Vigney
en observa plusieurs dans le Calvados (4); M. Reynal en vit une dans
la vallée de la Meuse, en 1845 (5).
Ce n'est pas seulement dans les pâturages que l'affection vermi-
neuse des bronches fait son apparition ; elle envahit aussi bien les
(1) Dénominations diverses : maladie vermineuse pulmonaire (Morier); pneu-
monie vermineuse ; bronchite vermineuse ; hâtis ou refray, en Normandie (Vigney);
the husk, en Angleterre (F. Nicholls) ; la toux, en Hollande (Camper).
(2) Despallens, dans Compte rendu de l'École vétérinaire de Lyon, prononcé le
22 mai 1812 par Rainard, et dans J.-B. Gohier, Mém. et obs. sur la chir. et la
méd.vétérin., t. II, p. 432. Lyon, 1816.
(3) Morier, Malad. verm. pulm. obs. sur des chevaux et des veaux, dans
Gohier, ouvr. cit., t. II, p. 423.
(4) Vigney, Obs. sur le développ. de vers fllaires dans les bronches, etc., dans
Mém. de la Société vétérinaire du Calvados, ann. 1, p. 99. Paris, 1830.
(5) Reynal, Nouv. Diclionn. de méd.chir., etc., vétérinaires, art. Bronchite ver-
mineuse. Paris, 1856: t. II, p. 627.
CHEZ LE BOEUF, LE VEAU, LE CHEVAL, L'ANE. 29
étables, comme l'a constaté M. Delafond, en 1844, aux environs
de Gournay et de Forges -les-Eaux (1), et M. .Tanné, en 1855, à
Ruremonde (Belgique) (2).
On a généralement remarqué que les vers des bronches n'atta-
quent que les jeunes sujets, et que les vaches et les boeufs qui paissent
avec ceux-ci sont épargnés; toutefois M. Michels vit périr de cette
maladie une vache de six ans (3), et M. Fischer une autre âgée de
dix ans (4).
On a attribué à l'humidité des pâturages le développement de ces
affections vermineuses : Vigney n'a trouvé leur cause ni dans le ré-
gime, ni dans la sécheresse ou l'humidité, ni dans le froid ou la cha-
leur. Si certaines épizooties ont envahi les pâturages des vallées
humides, d'autres se sont montrées dans les montagnes.
La constitution, le bon ou le mauvais état des bêtes ne paraît pas
non plus avoir une grande influence sur l'invasion de la maladie, car
ordinairement tous les veaux d'un troupeau ou d'une étable la con-
tractent presque simultanément.
L'apparition des vers des bronches a lieu généralement en été et
en automne. Camper parle de faits observés au mois d'août et de
septembre, Despallens à la fin de juillet et août. Morier dit que les
épizooties, dans sa contrée, commencent au milieu ou à la fin des
étés très chauds. Ce qu'il y a de particulier dans cette affection, dit
Vigney, qui en a vu plusieurs épizooties, c'est qu'elle se développe
constamment depuis le mois de juillet jusqu'au commencement d'oc-
tobre (5). M. Janné l'observa au mois d'octobre.
Le jeune âge et la saison sont donc jusqu'ici les deux seules con-
ditions appréciables du développement de la maladie vermineuse des
bronches; mais il en est une troisième qu'on ne peut aujourd'hui
révoquer en doute: c'est la cohabitation des animaux malades avec
les animaux sains. Une fois développée sur un veau, la maladie ne
tarde pas à atteindre tous les autres veaux de l'étable ou du trou-
peau auquel il appartient. Vigney a le premier signalé ce fait.
(1) 0. Delafond, Recherches sur l'élève et V engraissement des veaux dans le
Gdtinais (Rec. de méd. vétérinaire, t. XXI, p. 252, Paris, 1844).
(2) A. J. Janné, Bronchite vermineuse observée sur des veaux d'élève, dans Ann.
deméd.vélérin., publiées à Bruxelles, ann. 4, p. 653 (1855).
(3) Michels, Journ. vétérin. et agricol de Belgique, ann. IV, p. 406. Bruxelles,
1845.
(4) Eug. Fischer, même journal, ann. 5, p. 486 (1846).
(5) Vigney, Mém. cit., p. 104.
30 AFFECTION VERM1JNEUSE DES IJRONCHES
« Lorsqu'il y a un individu attaque dans le troupeau, dit ce vétéri-
naire, il est rare que tous ne soient pas attaqués en même temps; et
si l'on en introduit d'autres parmi eux, ils ne tardent pas à être
infectés, même avec plus de véhémence que les premiers, sans dis-
tinction de sexe(l) Le même propriétaire peut avoir, dit-il encore,
deux troupeaux, l'un sain et l'autre malade, pourvu qu'ils ne com-
muniquent pas ensemble (2). .»
Déjà Despallens avait observé que tous les jeunes animaux d'un
troupeau sont pris à la fois (3). M, Delafonddit avoir constaté dans
le Gâtinais le fait de la contagion indiqué par "Vigney, sans toutefois
qu'il ait pu se l'expliquer (4). Ce fait trouve une nouvelle confirma-
tion dans une observation de M. Janné: cinq veaux d'élève compo-
sant une étable furent attaqués de l'affection vermineuse des bron-
ches: « La toux, premier symptôme qu'on avait observé, dit le vété-
rinaire belge, s'était d'abord déclarée sur un veau acheté dans une
ferme voisine, et, peu de temps après, les autres furent également
atteints (5). »
Les animaux infectés rendent une bave abondante qui se répand
sur l'herbe des prairies ou sur les ustensiles qui servent à abreuver
les bêtes dans les étables. La bave contient avec des débris de stron-
gles de nombreuses larves; car ces vers vivipares se reproduisent
par myriades. Les larves du Strongylus micrurus peuvent vivre en
dehors de l'animal qui recelait leurs parents adultes, pendant plu-
sieurs jours|encore après que ceux-ci ont été expulsés et ont péri (6) ;
propriété particulière à certaines larves dont nous avons signalé
déjà l'importance au point de vue de la propagation des vers néma-
toïdes parasites (7) .
Ainsi s'explique la transmission facile et prompte de la maladie
des animaux infectés aux animaux sains.
(1) Mém. cit., p. 100.
(2) Mém. cit., p. 104.
(3) Dans Gohier, Mém. et obs. cit.^ p. 432.
(4) Delafond, Mém. cit.
(5) Janné, Mém. cit., p» 653.
(6) J'ai trouvé l'indication de ce fait dans la remarque suivante de Camper :
« Je tâchai de conserver ces vers de différentes manières, mais ils moururent tous
le troisième jour; cependant leur corps fourmillait de petits vers qui vécurent
quelque temps dans le corps de leur mère morte depuis plus de quatre jours, et à
laquelle ils ressemblaient parfaitement. « (P. Camper, ouvr. cit., t. III, p. 192.)
(7) Davaine, Recherches sur l'anguillule du blé niellé, p. 61, Paris, 1857, e
Mém. Soc. biologie, ann. 1856, p. 254.
CHEZ LE BOEUF, LE VEAU, LE CHEVAL, L'ANE. 31
La bronchite vermineuse chez le veau offre dans sa marche et
dans ses symptômes des différences qui sont en rapport avec le
nombre des strongles renfermés dans les voies respiratoires.
Lorsque les vers sont en grand nombre, ils occasionnent une
toux forte, sonore, et plus tard déchirée et avortée ; elle est très fré-
quente, accompagnée d'accès de dyspnée et de suffocation. Pendant
les paroxysmes, l'animal a la respiration précipitée, les flancs agités,
le pouls accéléré, la conjonctive rouge et injectée ; il allonge fré-
quemment la tête sur l'encolure, ouvre la bouche, sort la langue, et
la salive s'écoule par les commissures des lèvres. Dans les crises les
plus fortes, il tombe sur le flanc; les yeux saillants et hagards, la
bouche béante, la langue pendante, il se débat dans les angoisses île
l'asphyxie. Ces paroxysmes se renouvellent quatre, cinq et même
dix fois par jour. Quelques animaux succombent dans l'une de ces
crises.
Lorsque les strongles sont moins nombreux, les symptômes n'ont
point cette acuité : la toux est plus rare et moins quinteuse ; elle
est petite et grasse, avortée, accompagnée de la sortie par la bou-
che d'une bave épaisse, écumeuse et de glaires par les naseaux. Le
veau s'affaiblit et maigrit ; les yeux s'enfoncent dans leur orbite; la
conjonctive et les lèvres pâlissent; les poils tombent par places; des
parasites envahissent les téguments ; l'appétit, conservé d'abord, se
perd; la diarrhée survient, quelquefois l'hémoptysie; les forces
s'épuisent ; enfin l'animal succombe dans le marasme.
Les mucosités expulsées pendant les quintes de toux, par la
bouche ou par les narines, sont quelquefois striées de sang; elles
contiennent fréquemment des vers isolés ou réunis en pelotons qu'on
peut facilement distinguer à leurs mouvements, surtout lorsqu'on les
place dans de l'eau tiède.
La bronchite vermineuse est, dans la plupart des cas, une maladie
lente, mais sa marche et sa durée peuvent différer beaucoup chez
les individus d'un même troupeau : lorsqu'une pneumonie, ou une
hémorrhagie pulmonaire n'en abrège point le cours, lorsqu'une accu-
mulation excessive de strongles ne vient point déterminer l'asphyxie,
elle peut durer de deux à trois mois. Morier a vu quelques sujets
vivre un an.
La violence et la fréquence des accès de toux, la durée de la ma-
ladie, l'amaigrissement progressif, peuvent faire présumer l'existence
de la bronchite vermineuse que la présence de vers dans les matières
expectorées rendra tout à fait certaine.
32 AFFECTION VERMINEUSE DES BRONCHES
L'affection vermineuse des bronches chez le veau est généralement
grave; elle enlève toutes les bêtes qui en sont atteintes, lorsqu'elles
ne sont pas soumises à un traitement convenable.
A l'autopsie, on trouve des strongles dans la trachée et dans les
principales divisions des bronches; ils y sont souvent enroulés en
pelotons plus ou moins volumineux. Camper ne les a jamais trouvés
dans le tissu pulmonaire même ; Vigney en a vu jusque dans les
dernières ramifications des bronches ; dans un cas observé par lui,
les plus petites bronches en étaient comme bourrées, tandis que la
trachée n'en contenait pas. Morier rapporte que, chez un cheval,
« le lobe droit du poumon avait à sa superficie, entre la plèvre pul-
» monaire et le tissu même de cet organe, quantité de pelotons de
» ces vers cheveux qui étaient, pour ainsi dire, aux derniers ramus-
» cules des bronches ; il n'en existait point dans les grosses divisions
» ni dans le tissu même des poumons (1). •<
La membrane muqueuse des bronches envahies par les strongles
est le siège d'une inflammation vive ; sa surface est çà et là poin-
tillée, rouge, ecchymosée; son tissu est épaissi dans certains points,
aminci, ulcéré ou détruit dans d'autres points. ■• Il existe aussi sur
» la muqueuse des grosses divisions bronchiques, des élevures, des
» boursouflures formées par des nids de strongles semblables, à part
» leur volume, à ceux qu'on observe sur la muqueuse de l'intestin
» grêle du cheval (2). » Enfin des portions plus ou moins considé-
rables du parenchyme pulmonaire sont hépatisées et le poumon en
totalité est emphysémateux.
La transmission par contagion des strongles des bronches doit,
avant tout, faire retirer les animaux sains d'avec ceux qui sont déjà
malades, et les éloigner pour quelque temps des prairies qui ont été
pâturées par des bêtes infectées; dans les étables il y aura à prendre
des précautions particulières que chacun comprendra.
Le traitement de cette maladie est simple et généralement effi-
cace : il consiste principalement dans l'administration de substances
volatiles qui peuvent être portées dans les voies respiratoires avec
l'air inspiré, ou dans l'emploi de médicaments qui contiennent quelque
principe analogue, lequel est exhalé à la surface des bronches. Les
émanations d'éther employées par Despallens, les fumigations
(1) Morier, Mém. cit., p. 426.
(2) Reynal, omit, cit., p. 622.
CHEZ LE BOEUF, LE VEAU, LE CHEVAL, L'ANE. 33
d'asa fœtida par Morier, d'huile empyreumatique par Vigney,
d'essence de térébenthine et d'éther par M. Delafond, de goudron
et de tabac par M. Read (1), ont été généralement suivies de bons
effets. Ces fumigations peuvent être pratiquées plusieurs fois par
jour au grand air; mais il est préférable qu'elles soient faites dans
un local clos, comme l'ont pratiqué Vigney et Read, avec la précau-
tion toutefois d'opérer le dégagement des vapeurs au moyen de
cendres chaudes ou d'un fer rougi, et non sur des charbons qui pour-
raient déterminer l'asphyxie. Ce traitement externe peut être secondé
par l'administration des mêmes substances à l'intérieur.
Une médication interne seule suffit même pour amener la guérison
de la. maladie. M. Janné, après la mort de l'un des cinq veaux dont
nous avons parlé, éclairé par l'autopsie sur la nature de l'affection
dont ils étaient atteints, obtint la guérison des quatre autres par le
traitement de Reynders (d'Utrecht), qui consiste dans l'administra-
tion de la mixture suivante :
Asa fœtida 30 grammes.
Huile empyreumatique de Chabert. ..... 60 —
Décoction mucilagineuse. ......... 500 —
Une cuillerée par jour dans un verre de lait.
Chez un propriétaire d'Utrecht, qui avait déjà perdu quatorze
veaux, Numann prescrivit cette médication à neuf autres qui res-
taient et qui guérirent tous. Le traitement fut continué pendant qua-
rante jours (2).
L'administration d'ail, d'asa fœtida, d'essence de térébenthine,
d'huile empyreumatique, etc., s'est montrée généralement utile;
celle des eaux sulfureuses le serait sans doute aussi. L'action de
ces substances s'explique par l'exhalation de quelqu'un de leurs
principes volatils qui se fait à la surface des bronches; on comprend
moins l'action des anthelminthiques fixes, tels que la fougère, le
calomel, le kermès, qui ont été administrés intérieurement avec
succès : il est vrai qu'on a fait usage en même temps de fumigations
i empyreunmtiques, et que les bons effets qu'on a obtenus peuvent
i être attribués à ces fumigations.
(1) Read, in The Velerinarian,\o\. XXII, p. 3?. London, jan. 1849.
(2) Numann, Vee Arlsenykundig Magasyn^ 1848, cité dans Remeil de méd.
Vêlcrin., ann. xxm, p. 951. Paris, 1846.
Davaine. 3
34 AFFECTION VERMINEUSE DES BRONCHES
CHAPITRE II.
AFFECTION VERMINEUSE DES BRONCHES CHEZ LE MOUTON.
(Srongylus /llaria, Synops., n° 91.)
Le mouton est fort sujet à l'affection vermineuse des bronches ;
elle est causée chez cet animal par le strongle filaire qui attaque
aussi la chèvre, le chameau et le dromadaire.
Daubenton en a observé une épizootie meurtrière en 1768 : « Il
»> mourait, dit le célèbre naturaliste, un très grand nombre de bêtes
» à laine dans le canton de Bourgogne où ma bergerie est située.
» Ces bêtes avaient dans la trachée-artère et dans le poumon une
» multitude de vers qui n'étaient pas plus gros que des fils, mais
» qui avaient jusqu'à trois ou quatre pouces de longueur. Je les ai
« vus dans l'animal dont je viens de faire mention (le seul qu'il ait
» perdu pendant l'hiver), qui était mort de cette maladie, et dans un
» grand nombre d'autres bêtes à laine mortes de la même maladie
» dans la ville de Montbard et dans les villages circonvoisins. Il a
» péri plus de la moitié d'un troupeau de cinq cents bêtes dans le
» village de "Villiers, qui n'est distant de ma bergerie que d'un tiers
» de lieue ; cependant, au milieu de cette mortalité parmi les bêtes
» à laine de l'Auxois, celles de la même race qui étaient parquées
» jour et nuit en plein air dans ma bergerie se sont toutes main-
» tenues en très bon état ; un troupeau arrivé du Roussillon s'est
» conservé pendant tout l'hiver (1). »
Les bêtes à laine sur lesquelles sévissait l 'épizootie observée par
Daubenton étaient renfermées la nuit dans des bergeries; celles qui
appartenaient à ce savant, et qui furent épargnées, passaient les
nuits et les jours dans des parcs, exposées à toutes les intempéries.
Daubenton attribue à cette circonstance la préservation de ses mou-
tons; mais il est probable qu'elle tenait à une autre cause, et peut-
être à l'isolement où vivait son troupeau.
Outre leur apparition par épizooties, les vers des bronches se
montrent encore très communément à l'état sporadique chez les
bêtes atteintes de la cachexie aqueuse.
Rudolphi rapporte, sans donner de plus amples renseignements,
qu'il a reçu de Sick, célèbre vétérinaire, des strongles trouvés dans
la trachée-artère du mouton, et du professeur Florman des vers sem-
(1) Daubenton, Instruction pour les bergers, 3% édit. Paris, an X, p. 269.
CHEZ LE COCHON. 35
blables trouvés dans les bronches (1). Waldinger, d'après le même
auteur, a traité savamment de ces vers (2). J. Peterka a vu et décrit
la pneumonie vermineuse èpizootique du mouton (3).
CHAPITRE III.
AFFECTION VERMINEUSE DES BRONCHES CHEZ LE COCHON.
(Strongylus paradoxus, Synops., n° 94.)
La présence de strongles dans les bronches du porc a été signalée
pour la première fois par Modeer, qui observa ces vers en Suède (4).
M. Rayer en a rencontré plusieurs fois à Paris (5), et Bellingham en
Irlande (6).
D'après les recherches de M. Chaussât, il paraîtrait qu'il est très
commun de rencontrer des strongles dans les bronches des porcs que
l'on amène à Paris, au moins dans certaines saisons de l'année. Si
l'on en juge par le silence des vétérinaires et des agriculteurs, les
accidents que ces entozoaires déterminent sont moins fréquents et
moins graves que ceux qui sont occasionnés chez le veau et le mou-
ton par d'autres espèces du même genre d'entozoaires. Les poumons
et les bronches des porcs examinés par M. Chaussât n'offraient
point de lésions pathologiques notables (7).
M. Vulpian trouva aussi, à Paris, un grand nombre de strongles
[Strongylus paradoxus) dans les petites bronches d'un cochon âgé de
sept mois, qui fut sacrifié pour des études physiologiques, et dans
le poumon duquel il y avait en outre de nombreuses tumeurs épithé-
liales [èpithèliomas) (8).
(1) Rudolphi, Enloz., hist. nat., t. II, part. 1, p. 219.
(2) Hieronymus Waldinger, Abhandlung ùber die Wiirmer in den Lungen und
der Leber und das Klauenweh der Schaafe. Wien, 1818, 125 pages in-12, cité par
Rudolpbi, Synopsis, p. 616.
(3) J. Peterka, Versuch einer syslematischen Darslellung der Dreh-hom und
Lungenwurm Krankheit der Schaafe, etc. In-8, Prague, 1826.
(4) Adolph. Modeer, Aty journ. cité. Hushâlln, 1791, p. 75-83, cité par Rudolphi,
Bibl., n°435.
(5) Dujardin, ouvr. cit., p. 127.
(6) Bellingham, Ann. of nat. History, 1844, p. 104, cité par Dujardin, même
ouvr., p. 128.
(7) Chaussât, Sur le strongle des bronches du porc, dans Comptes rendus des
séances et Mémoires de la Société de biologie, 1. 1, p. 85, ann. 1849. Paris, 1850.
(8) Vulpian, Compt. rend. Soc. biol,, 2e série, t. III, p. 48,anu. 1856, Paris, 1857.
36 AFFECTION VERMINEUSK DES BRONCHES
La présence des vers dans les bronches n'est pas toujours inoffen-
sive pour le porc; Deguillème, vétérinaire à Saint-Denis-de-Pille
(Gironde), en vit un, âgé de trois mois, qui périt asphyxié par ces
entozoaires (1).
M. Perrin observa dans les bronches, principalement dans celles
du poumon gauche, chez un porc âgé d'un an, des strongles dont il
évalua le nombre à plus d'un millier. Ces vers, réunis en faisceaux
par cinq, dix, vingt, trente individus et plus, remplissaient complè-
tement les tuyaux dans lesquels ils étaient renfermés. Les moyennes
et les plus petites bronches étaient seules envahies.
Les deux poumons ayant été insufflés, le droit se dilata à peu près
complètement; le gauche, au contraire, resta en grande partie
affaissé sur lui-même ; quelques lobules disséminés se laissèrent seuls
pénétrer par l'air. — Les portions du poumon imperméables à l'air
correspondaient aux bronches obstruées par les vers ; — ces portions
de parenchyme, comme splénijièes , n'étaient le siège que d'une
simple congestion sanguine ; des fragments jetés dans l'eau restèrent
à la surface du liquide. — La membrane muqueuse des bronches
dans toute son étendue, et dans les points mêmes où existaient les
strongles, n'offrait aucune trace de rougeur ou de quelque autre alté-
ration morbide.
Le porc qui fait le sujet de cette observation n'avait fourni,
malgré des soins convenables, qu'un produit médiocre et réfractaire
à l'engraissement; suivant un terme consacré, il avait toujours été
dur d'amendement; cependant il n'était point malade, et il fut tué
pour être mis au saloir (2).
CHAPITRE IV.
AFFECTION VERMINEUSE DES BRONCHES CHEZ LES OISEAUX DE BASSE-COUR.
(Scleroslomum syngamus, Synops., n° 88.)
On a observé chez les gallinacés des épizooties meurtrières occa-
sionnées par des vers développés dans les voies respiratoires. Ces
entozoaires, qui ont été longtemps rapportés aux distomes, appar-
tiennent probablement au Sclerostomum syngamus, ver nématoïde
(1) Observ. sur des vers trouvés dans le poumon d'une truie (181 3), dans Gohier,
Mém. et obs. cit., t. II, p. 434.
(2) Perrin, Comptes rendus Soc. biologie, 1850, t. II, p. 158,
CHEZ LES OISEAUX DE BASSE-COUR. 37
auquel la soudure permanente du mâle avec la femelle donne une
physionomie particulière qui a pu tromper les premiers observateurs.
Le docteur Wiesen thaï fit le premier mention, en 1799, de cette
maladie qu'il ob-erva à Baltimore (Amérique) sur les poules et sur
les dindons (1). George Montagu, en 1S06, 1807 et 1808, vit des
épizooties semblables sur des poulets en Angleterre (2). Il paraît que
cette maladie, mais non le ver qui la cause, était connue depuis
longtemps dans le pays, où. elle porte, comme en Amérique, le nom
de gape (bâiller). Ce nom vient du symptôme principal, qui est un
bâillement fréquent, suivi d'une extension du cou, comme dans la
suffocation.
Cette affection vermineuse attaque les poulets âgés d'un mois ou
six semaines ; elle s'étend fréquemment à toute une couvée. Suivant
Montagu, la poule seule parmi les oiseaux de basse- cour y serait
sujette : en effet , les dindons et les canards qui vivaient avec les
poulets infectés en ont été exempts. Mais Wiesenthal a vu cette
maladie chez le dindon (3) ; elle a été observée encore d'une manière
épizootique par Montagu lui-même chez les jeunes faisans, à l'épo-
que où ils revêtent la livrée qui distingue le sexe, et chez la perdrix.
Cette maladie vermineuse a régné aussi bien dans les localités
élevées que dans celles qui sont basses et humides.
Les vers, dit Montagu, occupent la trachée et s'étendent quel-
quefois au pharynx, mais ils ne vont jamais jusqu'aux poumons. On
en trouve jusqu'à vingt qui sont fixés à la membrane muqueuse;
celle-ci est enflammée, ainsi que le poumon même. Ces entozoaires
finissent par apporter un obstacle absolu au passage de l'air et déter~
minent la mort par asphyxie.
G. Montagu administra, dans plusieurs occasions, un remède
vulgaire dans le pays, mais auquel il n'avait d'abord, nulle foi; à
son grand étonnement, tous ses poulets malades guérirent prompte-
ment. Ce remède consiste à délayer le grain dont on nourrit les pou-
lets avec de l'urine au lieu d'eau, et à renouveler cette pâtée trois ou
quatre fois par jour. En Amérique, d'après Wiesenthal, on introduit
dans la trachée une plume qu'on y retourne pour la dégager des vers.
(1) Wiesenthal, in Médical and physicalJournal, 1799, t. II, p. 204.
(2) George Montagu, Account ofa species of fasciola whichinfests the tracheaof
the poullry , with a mode of cure {Transact. ofthe Wernerian nat. Hist. Society,
t. I, n° xii, p. 194, ann. 1811).
(3) Rudolphi (Synopsis, p. 415), et les auteurs qui l'ont suivi, disent par erreur
que Wiesenthal a vu cette maladie chez le canard : c'est chez le dindon.
38 AFFECTIONS VEKMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES
DEUXIÈME PARTIE.
AFFECTIONS VERMINELSES DES VOIES DIGESTIVES.
Les entozoaires des voies digestives [lumbrici alvi) sont les pre-
miers qui aient été observés, et, si l'on excepte \&filaire de l'homme,
ils ont été presque les seuls connus jusqu'au xvne siècle, époque à
laquelle on commença d'attribuer aux vers une grande importance
pathologique, époque à laquelle aussi les parasites renfermés dans
divers organes chez les animaux attirèrent l'attention de plusieurs
médecins naturalistes. Dès lors les entozoaires des voies digestives
furent désignés par un nom particulier : on les appela vers intesti-
naux ou entêraux. Quant à ceux qui existent ou que l'on supposait
exister dans les autres organes, ils furent désignés de même par le nom
de leur séjour : on disait les encéphales, les cardiaires , les hépatiques,
les vésiculaires , etc., en parlant des vers du cerveau, du cœur, du
foie, de la vessie ; ou collectivement on les appelait les exentéraux.
Lorsque les entozoaires de l'homme et des animaux, plus fréquem-
ment observés et mieux connus, commencèrent à être classés d'après
leurs caractères zoologiques, on cessa de les désigner par le nom de
leur habitat, mais alors l'expression de vers intestinaux reçut une
plus grande extension et fut donnée à tous les entozoaires, quel que
fût leur séjour.
Les Grecs, qui n'avaient observé que les vers intestinaux propre-
ment dits, les désignaient par le mot s>./*(vGeç, et les Romains par
celui de lumbrici (1) .
(1) Le mot ftyuv; ou èXp-if? ne s'appliquait qu'aux vers intestinaux, é'Xjj.iv? oTpoypXïi
(l'ascaride lombricoïde ), EXfuv'ç wXaTsTà (le ténia).
Les Latins et les auteurs qui écrivirent en latin rendirent le mot sXu.iv; par celui
de lumbricus. Ils désignèrent par cette expression tous les vers intestinaux indis-
tinctement, et de plus le ver de terre, qui était pour eux un animal du même genre.
Le mot lumbricus était donc un terme générique qu'ils appliquaient avec une épi-
thète pour désigner les espèces*: lumbricus teres, lumbricus latus, lumbricus ierrenus.
Le mot grec <7x<6Xvi£ et le mot latin vermis ont la même signification que le mot
français ver; on désignait par ces mots, d'une manière générale, les animaux
libres ou parasites que nous appelons vulgairement des vers.
Les médecins grecs désignaient encore le ténia ( é'Xjjuvç jrXaTÊta) par le mot raivta,
et l'oxyure par le mot àa*a.pî; ; ils ont aussi quelquefois employé le mot ô/ipî&v comme
synonyme de é'Xy-w;. Enfin, Pline et les médecins qui ont écrit en latin ont quel-
quefois pris dans une autre acception que ténia le mot tinea, par lequel ils dési-
gnaient aussi les vers ronds ; tineœ rotundœ.
CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. 39
PREMIÈRE DIVISION.
VOIES DIGESTIVES CHEZ L'HOMME.
Généralités: connaissance des anciens, des Arabes, de leurs successeurs. —
Opinions sur l'origine des vers intestinaux. — Examen de leur organisation. —
Leur utilité. — Influence de la lune. — Association de diverses espèces de vers.
— Conditions de leur fréquence. — Phénomènes qu'ils déterminent. — Expli-
cation de ces phénomènes. — Symptômes. — Diagnostic. — Nature et marche
des affections vermineuses. — Craintes exagérées qu'elles inspirent. — Consé-
quences fâcheuses de cette crainte. — Tableau synoptique des entozoaires
intestinaux.
Les anciens ont connu trois des espèces qui vivent dans les
intestins de l'homme : l'ascaride lombricoïde (l^tvç urpoyyukn, lum-
bricus teres) ; l'oxyure vermiculaire (àoeapeçi ascaris), et le ténia
solium ( sXpvç irXarsTa, raivia, lumbricus lalus, tœnia).
Dans l'un de ses aphorismes, Hippocrate fait mention des deux
premiers de ces vers, et l'on trouve des notions sur ces mêmes vers
et sur le ténia dans quelques-uns des traités qui lui ont été attri-
bués. Aristote fait également mention de ces trois espèces
d'entozoaires. Celse se borne à indiquer l'existence de vers plats
[lalî] et de vers ronds [teretes). Pline ne mentionne aussi que ces
deux sortes de vers. Galien distingue avec précision les trois espèces
mentionnées ci-dessus, et indique quelle portion de l'intestin chacune
d'elles occupe. Les autres auteurs grecs ou latins sont restés à peu
près dans ces mêmes termes sur les vers intestinaux.
Hippocrate (OEuvres par Foës, Genève, 1657). — Génération des vers,
ténia, asc. lombricoïde, sect. v, De morbis, lib. IV, p. 511. — Asc. lombri-
coïdes et oxyures communs chez les enfants, sect. vu, Aphor., lib. III, aph.
26, p. 1248. — Vers en automne, oxyures incommodes le soir, sect. vin,
De morb. vulg., lib. II, p. 996. — Oxyures chez les femmes, traitement,
sect. v, De morb. mul., lib. II, p. 666. — Pronostics tirés des vers, sect. n,
Prœnot. liber, p. 40 ; De judicat. liber, p. 52. — Fistule vermineuse, sect. vu,
Demorb. vulg., lib. VII, § 129, p. 1239.
Aristote. ■ — Histor. de animal, (édil. Scaliger, Tolosee, 1619), lib. V,
cap. ccxin, p. 597 .
Théophraste. — De historia plantarum, lib. IX, cap. xxu (édit. Med. art.
princ, 1567, p. 128).
A..-C. Celse. — De re medica libr. oct., lib. IV, cap. xvu, De lumbricis
alvum occupanlibus (édit. Med. arl. princ, 1567, p. 78).
ZlO AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES D1GESTIVES
t'. Pline. — Histoire naturelle (irad. Littré, Paris, 1850), ténia de trente
pieds, lib. XI. § 558 (33). —Vers suivant les nations, lib. XXVII, § 120.—
Médicam., lib. XX, § 1 9, lib. XXIII §§ 60 ei 70, lib XXVI, § 28, lib. XXVII,
§ 5b, lib. XXVIII, § 59, lib. XXXI, § 45.
Scribonius Largus. — De compos. med. liber., cap. xxxvi, § 140, ad
tineas et lumbricus necandos (édit. Med. art. princ, 1567, p. 2I7).
Eu/roprffta Pcd. Dioscoridis Anarzabei ad Andromachum : hoc est de
curationibus morborum fer medicamenla paratu facilia libri duo, in-8, Argen-
torati, 1565. — Remèdes contre le ver plat (mûrier, fougère, grenadier),
lib. II, cap. lxxi, p. 707. — Remèdes contre les lombrics, les oxyures, les
vers des enfants, lib. II, cap. lxxii, p. 710, 711. — Topique contre les
oxyures, lib. II, cap. lxxiii, p. 714.
Galien (OEuvres complètes, Bâle, 4562). — Tomus I, Isagogici libri, in-
troductio $eu médiats, p. 114. Énumération, caractère, séjour, dénomination
des vers. ■ — Tomus III, In Aphorism. Hippocr. commentarius III, aph. 26,
p. 49. Génération. — TomusII, De differ. morb., cap. vin, p. 8. — Tomus III,
lib. XIV, cap. xix. Traitement. — Tomus III, De simpl. medicam. ; De filice,
p. 84; De moro, p. 87 verso.
Ctelius Aurelianus. — De morbis acut. et chron., lib. IV, cap. vin : De
lumbricis. Amstel., 1722, p. 533.
Orlbasii Sardiani ad Eunapium, tomus tertius. Basilese, 1557. — De
virt. simpl., lib. II : racine de mûrier, p. 84; fougère, p. 89 ; autres médi-
caments, p. 66, 67, 70, 76, 83, 93.— De loc. affect. curât., lib. IV, cap. xc,
Ad lumbricos.
IHarcellus Empiricus. — De medicamenlis liber, cap. xxvm, Lum-
bricis et tineis, etc., remédia (édit. Med. art. princ, 1567, p. 372 et suiv.,
et p. 387).
Aetius. — Medic. letrabiblos (édit. Med. art. princ, 1567). — Tetr. III,
Serm. I, cap. xxxix, De lumbricis ex Herodoto, p. 490. — Cap. xl, De lato
lumbrico, p. 492- — Cap. xli, De ascaridibus, p. 492. — Médicam. contre
les lombrics et oxyures, tetr. I, serm. I, p. 20, 26, 27, 30, 35, 41 , 43, 52 ;
serm. II, p. 65, 68, 92: serm. IN, p. 147. Tetr. IV, serm. I, cap. xevi,
p. 652, cap. xcvn, p. 654. — Médicam. contre le ténia, tetr. I, serm. I,
p. 7, 35, 44, 49, 58; serm. H, p. 92; serm. III, p. 147. Tetr. IV,
serm. I, cap. xevi, p. 652, cap. xcvn, p. 654.
Alexandre de Tralles. — De lumbricis epistola, nunc primum grœcè et
latine édita, Venetiis, 4 570, et Hier. Mercurialis tract, varii, lib. III, p. 178,
Lugd., 1623.
Paul d'Égine. — De re medica, lib. IV, cap. lvii, De lumbricis, p. 531.
Lumb. rotund., lumb. latus. — Cap. lviii, De ascaridibus, p. 533 (édit. Med.
art. princ, 1567).
Nieol. flUyrepsns. — De compos. medic opus (édit. Med. art. princ,
4 567). — Le déclin de la lune favorable au remède, sect. I, De ant.,
cap. ccxcvm, p. 421, — Médicam., sect. III, De ung., cap. lvii, lviii, lix,
CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. hi
lx, p. 482. — Sect. VIII, De drosat., cap. xlviii, p. 521. — Sect. XIV,
Deiis qnœ lumb. exprll., etinterim mèdic., p. 595, 596. — Sect. XXXVIII,
Ad lumbricos, cap cxlii, Ad lumbr. lalos et oscar., cap. cxnn, p. 770.
Actuarius. — Opéra (édit. Med. art. princ, 1567). — Medic. sive de
melh. medendi, lib. I, cap. xxi, p. 164, 165.
La plupart des auteurs arabes ne parlent que de trois espèces de
vers ; mais ils ne s'accordaient point précisément avec les anciens,
car ils ne considéraient point le ténia comme un ver : les anneaux
libres du ténia, regardés par eux comme une espèce distincte et
appelés cucurbitins , formaient leur troisième espèce de vers intes-
tinaux. Toutefois Avicenne parle de quatre espèces, dont rémuné-
ration peut être ainsi interprétée : 1° le ténia , 2° l'ascaride lombri-
coïde, 3° le cucurbitin, 4° l'oxyure.
J. Sérapion, auteur arabe du vme ou du ixe siècle, parle de trois es-
pèces devers : « Species vermium sunt très; quidam enim eorum sunt longi
» et rotundi, et quidam lati parvi, et quidam parvi graciles, qui grœcè nomi-
» nantur ascarides (1). » Il est clair qu'il est question ici des lombrics, des
cucurbitins et des oxyures, les cucurbitins étant regardés comme une espèce
distincte. Quant au ténia, l'auteur arabe le regarde comme une membrane
formée par l'intestin, membrane qui renferme les cucurbitins : « Et fit hoc
» corpus ex panniculo mucoso qui est in parte interiori intestinorum, quando
» dimittitur naturœ suse et pulrefit ; tune enim efficitur iste panniculus circum-
« volvens et continens istos vermes (cucurbitinos). » Nous reviendrons ailleurs
sur cette manière de voir relativement au ténia qui fut partagée par plusieurs
autres médecins.
Le texte que nous venons de rapporter ne laisserait aucun doute sur l'opi-
nion de Sérapion quant à la distinction des trois vers de l'intestin, si, dans la
suite de ce passage même, on ne trouvait une confusion qui le rend tout à
fait inintelligible. En effet, les parvi graciles ayant élé dits être les ascarides
des Grecs, les ascarides sont ensuite confondus avec les cucurbilins : « Asca-
» rides seu cucurbitini et graciles non possunt occullari neque permanere, etc.»
Toutefois cette confusion ne doit point être imputée à Sérapion, mais à son
traducteur, comme nous le montrerons, ci-après.
Avicenne parle de quatre espèces de vers intestinaux (2); il est difficile
d'interpréter exactement l'énumération qu'il en fait. Voici sa phrase d'après le
texte latin : « Species vermium sunt quatuor : longi et lati et rotundi; et lati;
»et sunt ascarides et parvi (3). » Les savants commentateurs Manard, Gabu-
cinus, Mercurialis, etc., ont cherché à éclaircir le sens de cette phrase , mais
leurs interprétations ne sont nullement satisfaisantes.
(1) Tract. III de œgritud. slomachi et intestinorum, cap. xxx.
(2) Avicennœ libriin remedica omnes Veucliis, 1574, p. 839-840.
(3) Lib. III, fen. 16, tractât. S, cap. î et h.
£|2 AFFECTIONS VERM1NEPSES DES VOlliS DIGESTIVES
D. Leclerc, ayant eu recours au texte arabe, en réforma la traduction de la
manière suivante: « Species vermium sunt quatuor: longi magni et rotundi;
» et lati atque hi grana cucurbitaî; et parvi (1). » Le sens dans cette dernière
traduction ne nous paraît pas douteux, malgré l'opinion contraire de Leclerc:
ce savant écrivain n'y trouve que l'indication de trois espèces de vers, et il
pense avec Gabucinus que le mot quatuor a été mis par erreur pour le mot
très. Nous ne saurions être de cet avis. En effet, il ne peut y avoir de doute
sur la signification du mot lati , laquelle se trouve fixée par hi grana cucur-
bitœ. Avicenne parlait évidemment du cucurbitin qu'il regardait comme une
espèce de ver distincte; par cela même, le sens du mot parvi se trouve déter-
miné: il ne peut s'appliquer qu'aux oxyures. Restent les expressions longi
magni et rotundi, qui, suivant Leclerc, désignent un seul ver. Mais, si l'on
considère qu'il y a ici une redondance de mois; qu'Avicenne, dans les autres
passages où il parle des entozoaires, n'emploie ordinairement qu'un mot pour
les désigner, et que les auteurs antérieurs ou contemporains n'en ont jamais
employé aussi qu'un ou deux pour caractériser un ver, comme longi, graciles,
lati, ou bien longi et rotundi, parvi et lati, etc., on sera disposé à croire qu'il
s'agit ici de deux vers différents, il suffit, en effet, de l'interposition d'une
virgule entre les mots longi et magni pour leur donner deux désignations
distinctes, et pour donner en même temps aux expressions longi, magni et
rotundi un sens clair, précis et parfaitement en rapport avec le sens général
de la phrase ; car, en désignant deux espèces de vers différentes, elles com-
plètent l'énumération des quatre espèces qu'annonce Avicenne. Nous dirons
donc : « Il y a quatre espèces de vers : les longs, les grands et ronds et les plats,
semblables aux graines de courge, et les petits, » Ou autrement : a. Il y a quatre
espèces de vers : les ténias, les ascarides lombricoïdes, les cucurbitins et les
oxyures. » Cette interprétation nous paraît d'autant plus juste, que si l'on
admettait avec Leclerc que les mots longi magni et rotundi désignent un seul
ver, Avicenne n'eût fait aucune mention du ténia.
La principale difficulté de la première leçon du texte latin d'Avicenne pro-
vient de l'introduction du mot ascarides pour hi grana cucurbitœ. Or, à l'époque
où les œuvres des Arabes furent traduites, le premier de ces mots ne désignait
point les vers du rectum, que les Grecs nommaient à^axapiStç, et que nous ap-
pelons oxyures ; ceux-ci étaient appelés alors parvi et graciles ou parvi et ro-
tundi, ou simplement parvi, et les expressions cucurbilini et ascarides étaient
synonymes. La synonymie de ces deux derniers noms se retrouve, en effet,
fréquemment dans les ouvrages de l'époque où vivaient les traducteurs et les
commentateurs des écrits arabes. Pierre de Abano (le conciliateur) dit : « El lati
» cucurbitae seminibus similes, undè et cucurbilini dicuntur, primo etiam in-
» testinorum instar seminum cucurbitae filo uniusin alterum conjunctorum, qui
» ascaridesei buffones secundùm quosdam dicuntur (2).» Dans les commentaires
(1) Danielis Clerici hist. nat. et med. latorum lumbricorum, etc., p. 14. Genevœ,
1715.
(2) Differentia, 101.
CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. 43
du neuvième livre de Rhazès à Almanzor par Sillanus,on lit cette phrase : « Sci-
» licet in intestinis mediis generantur vermes curli et lati et vocantur ascarides
» vel cucurbitini, quod idem est (1 ). » Or, l'auteur, en confondant les noms, ne
confondait point les choses ; il connaissait les oxyures qu'il venait de désigner
clairement dans cetie phrase : a ... Recto generantur quidam (vermes) parvi
» et rotundi, sicut sunt vermes qui reperiuntur in caseo. » Bernard Gordon, au
commencement du xrve siècle, désignant les oxyures sous le nom de curli
graciles, et les cucurbitins sous celui de curli lati, dit : « Curli lati, alias cw-
curbitini vel ascarides (2). » Pour citer encore un exemple pris parmi beaucoup
d'autres, on trouve la confirmation de cette synonymie dans un passage qu'il
n'est pas hors de propos de rapporter ici. Après avoir cherché à retrouver
dans la phrase d'Avicenne, citée ci-dessus, les trois vers connus des anciens,
Manard, le plus savant commentateur de son temps, s'exprime ainsi : « Unus
» adhuc superest scrupus circa lumbricorum species, qui me ssepenumero non
» mediocriter perturbavit, nam qui cucurbiiini vocantur ad nullam trium die-
» tarum specierum videntur pertinere, et propterea quartam per se speciem
» putari possunt constituere. Quod ex recentioribus nonnulli prodiderunt, latos
» in duas species distinguentes, longos videlicet et brèves : illos ascarides, hos
» cucurbitinos nominantes (3). »
C'est donc d'après les errements de son époque que le traducteur d'Avicenne
a remplacé les mots M granacucurbitœ par celui de ascarides, principale cause
de l'obscurité et de la confusion de l'ancien texte latin d'Avicenne qui, avec
ces données, peut être traduit de la manière suivante : « Il y a quatre espèces
de vers : les longs et plats, et les ronds, et les plats qui sont les curcubitins
(ascarides), et les petits; c'est-à-dire les ténias, les lombrics, les cucurbitins et
les oxyures. »
Au reste, Avicenne, dans plusieurs passages, énumère de nouveau quatre
espèces de vers. En parlant des parties qu'ils habitent, il les désigne par les
mots longi, rotundi, lati, parvi (4). En parlant des signes des vers, il dit î
« Deindè longos significant commotio oris stomachi et mordicatio ipsius....
» cum lalis autem et rotundis appetilus secundum plurimum multiplicatur
» parvos autem significat pruritus ani (5). »
Il est important, pour l'intelligence de plusieurs passages d'Avicenne et des
auteurs delà même époque, de connaître exactement la valeur des expressions
par lesquelles les traducteurs ont désigné les vers. Nous avons déjà signalé
dans Sérapion une contradiction qui s'expliquera facilement maintenant. Cet
auteur n'a pu dire ascarides seu cucurbitini et graciles dans le sens que nous
attachons aujourd'hui aux deux premiers de ces mots. Ascarides est certaine-
(1) Almanzoris Mb. nonus cum exposit. Sillani, 1490, cap. De verm., etc.
(2) Leclerc, op. cit., cap. h, p. 17.
(3) Joannis Manardi FerrarieDsis epist. medicin, Ubri, lib. IV, epist. î, p. 43.
Lugduni, 1549.
(4) Op. cit., cap. ii, p. 840, 1. 28.
(5) Op. cit., cap. in, p. 841, 1. 40.
hh AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGEST1VES
ment un mot mal rendu ou surajouté par lo traducteur, qui, comme celui
d'Avicenne, prenait pour synonymes les expressions cucurbitini et ascarides.
On voit, en résumé : 1° que les auteurs arabes ont regardé le cucurbitin
comme une espèce de ver particulière; 2" que ceux qui admettaient trois
espèces de vers ne s'accordaient qu'imparfaitement avec les anciens, qui ne
regardaient pas le cucurbitin comme une espèce distincte ; 3" que d'autres
auteurs arabes ont admis les trois espèces des anciens, et qu'ils y ont ajouté
une quatrième espèce fictive, le cucurbitin.
Parmi les médecins des siècles suivants, les uns ne parlèrent que
des trois vers connus des anciens; les autres, ainsi qu'Avicenne,
regardèrent les cucurbitins comme une quatrième espèce. Ce n'est
qu'à dater de Plater que l'on acquit des notions exactes sur l'exis-
tence d'un quatrième ver de l'intestin. Félix Plater (1602) reconnut
qu'il y a deux espèces de vers plats, fait que les recherches d'Andry
et de Bonnet confirmèrent dans la suite. La connaissance du tricho-
céphale est du siècle dernier, et celle de l'anchylostome duodénal, du
ténia nana et des protozoaires intestinaux est toute récente.
Les médecins se sont beaucoup occupés de l'origine des vers de
l'intestin ; à cet égard, les naturalistes ont partagé longtemps leurs
opinions et leurs erreurs. La plupart des nombreuses hypothèses qui
ont été imaginées en vue d'expliquer l'origine des animaux dont la
génération sexuelle n'était pas évidente, ont pris leur source ou puisé
des arguments dans la considération des vers intestinaux. Quelques-
unes de ces hypothèses, malgré leur singularité ou leur absurdité
même, ont eu des adhérents jusqu'à nos jours : beaucoup d'auteurs,
avec Hippocrate, ont pensé que les vers se forment dans le fœtus et
préexistent à la naissance ; d'autres ont imaginé que leurs germes
sont transmis des parents aux enfants, et se sont préoccupés d'en
faire remonter l'origine primitive au premier homme ; un plus grand
nombre ont supposé que les vers proviennent des matières contenues
dans le tube digestif, et que la force qui leur donne la vie, c'est la
putréfaction, la coction ou la chaleur. Pour Aristote, la matière qui
devient ver est celle des excréments ; pour Galien, ce sont les ali-
ments; ce sont, pour Oribase, toutes les humeurs : d'une humeur
noire naissent les oxyures ; d'une humeur bilieuse les lombrics ; d'une
humeur pituiteuse le ténia. Pour Spigel, le mélange de la pituite et
d'une matière terreuse et stercoraire produit, avec l'aide d'une cha-
leur convenable, les oxyures ; celui de la pituite et de la bile forme
CHEZ L'HOMME. — GÉNÊUALirÉS. t\5
les lombrics; d'une pituite épaisse et visqueuse naît le ténia (1).,
Pour d'autres auteurs, la différence dans la chaleur de l'organe fait la
différence dans l'espèce de l'entozoaire : Gabucinus explique la for-
mation du tér.ia par le refroidissement de l'intestin (2) ; suivant Mon~
tano, les oxyures ont besoin pour se former de plus de chaleur que
les autres vers ; Mercurialis pense prouver qu'au contraire, les grands
vers réclament plus de chaleur que les oxyures (3).
Pendant des siècles, l'étude des entozoaires de l'homme consiste
dans l'interprétation des opinions de maîtres. On consulte l'autorité
et non la nature. Il s'agit de mettre d'accord Hippocrate avec
Galien, Galien avec Avicenne, Paul d'Égine et Alexandre de Tralles
avec eux-mêmes. Si ces derniers auteurs ont dit, d'une part, que les
vers viennent d'une humeur crue, et, d'une autre part, qu'ils vien-
nent des aliments corrompus, c'est qu'il y a deux matières forma-
trices des vers : l'une immédiate (l'humeur crue), l'autre médiate
(les aliments) ; celle-ci, parla coction ou par la corruption, produit la
première. D'après ces doctrines, on discute et l'on explique l'in-
fluence de tel ou tel genre d'alimentation, celle de l'âge, du repos,
de la fièvre, etc., sur la production des vers intestinaux.
Ces opinions, plus ou moins modifiées, arrivèrent jusqu'à nous.
Les helminthologistes les plus éminents de notre temps, tels que Ru-
dolphi, Bremser, etc., regardaient encore les vers intestinaux comme
le produit d'une génération spontanée 5 toutefois, depuis longtemps
déjà, plusieurs savants, Hartzoeker (4), Wolff (5), Van Doeveren (6),
Rosen (7), Pallas (8), etc., avaient cherché à prouver que les ento-
zoaires s'engendrent et se propagent comme les autres animaux :
mais cette opinion, contre laquelle s'élevaient de sérieuses objections,
n'a pu s'établir que par la connaissance récemment acquise de quel-
ques-unes des conditions de la transmission des entozoaires.
(1) Adriani Spigelii de lumbrico lato liber, p. 25. Patavii, 1618.
(2) Hieronymus Gabuciuus, De lumbricis alvum occupanltbus commenlarius.
cap. m, p. 6, vcr.-o. Venetiis, 1547.
(3) Hieron. Mercurialis, De inlernis puerorum rnorbis, lib. Ht, cap. vit, p. 164
dans Tractatus varii, Lugduui, 1623.
(4) Nicolas Harizoekcr, Lettre à Andry, 1699, dans N. Andry, De la généra
lion des vers dans le corps de l'homme, 1" cdit. Paris, 1700, p. 340.
(5) Ido. Wolfii observ. chirurg. medic. libri duo, lib. II, p. 184, in Scholiis
Quedlimburgi, 1704.
(6) Van Doeveren, Observations phyf.-médic. sur les vers. Paris, 176 i, p. 110
(7) Nils Rosen de Roscnstein, ouvr. cit., p. 374. Paris, 1778.
(8) Pallas, N, Nord-, etc., cité. Petersburg, 1781.
46 AFFECTIONS VERM1NEUSËS DES VOIES DIGESTIVES
Les médecins anciens se sont bornés à l'examen extérieur des vers
intestinaux ; ils ne soupçonnaient pas l'organisation complexe de ces
êtres, qui étaient pour eux une pituite, une humeur, une abrasion de
l'intestin douée de la vie : « Lumbricus nihil aliud est nisi animal
» seu substantia animalis formam referens, » dit Mercurialis (1). Ce
n'est que vers la fin du xvn' siècle que l'on reconnut dans ces ani-
maux une organisation véritable. Les recherches de Redi (1684),
médecin du grand-duc de Toscane Cosme III, celles de Tyson et de
Vallisneri, firent connaître les organes de la génération et de la
digestion de l'ascaride lombricoïde. Vers la même époque, la consti-
tution du ténia attira l'attention de Tyson, de Malpighi, de Nicolas
Andrv, etc. : les crochets regardés comme des dents, les ventouses
comme des yeux ou des narines, les pores latéraux comme autant de
bouches, et les canaux longitudinaux, furent dès lors observés. Les
interprétations erronées des premiers observateurs ne tardèrent pas
à être rectifiées parles recherches des naturalistes du siècle suivant;
alors les entozoaires, mieux étudiés et mieux connus, sortirent, pour
ainsi dire, du domaine de la médecine, et formèrent une branche im-
portante de l'histoire naturelle.
Quelle est l'utilité des vers intestinaux'? Cette question s'est pré-
sentée fréquemment à l'époque où l'on s'occupait de la cause finale
des choses : suivant Avicenne, ils ont pour but de débarrasser l'in-
testin des matières putrides dont ils se forment et qu'ils continuent
de détruire en s'en nourrissant. Il est surprenant de voir de sem-
blables opinions partagées, jusqu'à un certain point, par des savants
éminents et presque nos contemporains. Rœderer et Wagler, Goeze,
Abildgaard, etc., regardèrent les vers de l'intestin non-seulement
comme inofiensifs, mais même comme salutaires. Suivant ces au-
teurs, les vers se nourrissent du résidu des substances alimentaires,
débarrassent l'économie de ces matières et des mucosités surabon-
dantes, stimulent le tube digestif par leurs mouvements, et favorisent
l'exercice de ses fonctions.
Enfin, il n'est pas jusqu'à la croyance à l'influence des astres qui
n'ait trouvé crédit auprès de quelques bons esprits et qui ne soit
arrivée jusqu'à nous : » Le ténia se fait sentir surtout au déclin de
la lune et à son renouvellement, dit Rosen. Ce n'est pas que je rap-
porte ce phénomène à l'influence directe de la lune; mais je parle
(1) Mercurialis, op. cit., lib. III, cap. i, p. 154.
CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. 47
d'après mon expérience constante, quelle que soit la cause de ces
événements. Nombre d'enfants me les ont montrés avec un ordre si
réglé, que sans almanach, je savais, à ces révolutions, la date du
mois, et l'on doit me croire (]). »
« Les morceaux de ténia, dit M. Wawruch, professeur de cli-
nique à Vienne, partent à une époque indéterminée, ou, ce qui arrive
le plus souvent, à une époque déterminée, et ordinairement pendant
la lune décroissante ou pendant la nouvelle lune, et alors il y a aussi
une exacerbation des autres symptômes indiqués (2). » Ces auteurs et
beaucoup d'autres recommandent, en conséquence, d'entreprendre la
cure des vers intestinaux à l'époque de la lune décroissante (3).
Les diverses espèces de vers de l'intestin ne s'excluent pas mu-
tuellement: chez beaucoup d'animaux, on trouve souvent à la fois
dans le tube digestif plusieurs vers différents; cette association est
peut-être moins commune chez l'homme. Rosen rapporte le cas d'un
enfant âgé de quatre ans, qui rendit à la fois dix ascarides lombri-
coïdes, une quantité innombrable d'oxyures et quatre aunes de
(1) Rosen deRosenstein, ouvr. cité, p. 400.
(2) Wawruch, Réflexions tirées de deux cent six observations de ténias {Gaz. méd.
de Paris, 1841 , t. IX, p. 633, extrait de Medizin. Jahrb. des OEsterr. Staates).
(3) Nicolas Myrepsus, médecin grec du xme siècle, est le premier auteur qui, à
ma connaissance, ait parlé de l'influence de la lune sur les vers; il conseille d'ad-
ministrer les anthelminthiques au déclin de cet astre (De anlid., sect. i, cap. 298).
— Beaucoup d'auteurs ont partagé ce sentiment, et même ont rapporté des obser-
vations à l'appui. Tels sont : Frédéric Hoffmann, qui prescrit les anthelminthiques
aux époques de changement de phase de la lune (Opéra omniaphys. medic, t. III,
part. IV, cap, vu, obs, 3, p. 250, Genève, 1748) ; Zimmermann, qui rapporte une
observation curieuse relative au ténia (l'railé de l'expérience, chap. m, p. 380,
édit. Paris, 1855).— Baumes croit à l'influence de la lune, et rapporte une obser-
vation à l'appui (Ane. jourri. de méd., t. LVI, p. 432, Paris, 1781). Prestat dit
que l'ascaride lombricoïde paraît au déclin de la lune^ï'/ièses de Paris, n° 35, p. 13,
1821). Rosen cite Bisset (Constit. méd. de l'Angleterre, p. 332), et van Phelsum
(p. 150) comme partageant cette opinion. Tout récemment, M. Kuchenmeister,
attaqué d'oxyures, a recherché les époques de leur expulsion spontanée compara-
tivement aux phases de la lune. Dans l'espace de 329 jours, 93 oxyures sont sortis
pendant le déclin de cet astre, et 57 pendant son accroissement; les premiers sont
sortis en 49 fois, ou jours, et les seconds en 36 fois. Il y aurait , suivant
M. Kuchenmeister, des phases plus favorables à l'expulsion des oxyures, mais il n'y
a pas lieu d'en tenir compte pour le traitement, non plus que des éclipses du soleil
ou de la lune (ouvr. cit., 2e édit., art. Oxyuris vermicularis). Dans un temps moins
éclairé que le nôtre, Nie. Pechlin avait dit que, dans l'administration des médica-
ments anthelminthiques, il n'y a pas plus à s'occuper des phases de la lune que de
celles du soleil et des autres astres (op. infra cit., lib, I, obs, 64).
Zt8 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTlVES
ténia (1). Des faits semblables sont assez rares; mais la présence
dans l'intestin de deux espèces de vers différentes est très commune.
Les enfants sont proportionnellement plus sujets aux vers néma-
toïdes, les adultes aux cestoïdes, du moins dans nos pays. Les
femmes sont plus fréquemment atteintes de vers intestinaux que les
hommes. En général, on ne souffre de ces parasites que pendant un
temps limité; néanmoins on voit des personnes qui ne peuvent
jamais s'en débarrasser complètement.
La présence des vers dans l'intestin ne donne pas toujours lieu à
des phénomènes appréciables : elle est compatible avec la santé la
plus parfaite; mais dans des cas assez fréquents, elle se manifeste
par des phénomènes très variables qui sont locaux et plus souvent
peut-être sympathiques.
1° Les phénomènes locaux consistent dans le dérangement des
fonctions intestinales, dans les douleurs abdominales, clans le prurit
à l'anus; bien rarement on observe des lésions anatomiques de
quelque importance.
2° Tous les organes, pour ainsi dire, peuvent ressentir l'influence
sympathique des vers du canal intestinal : la fausse perception des
odeurs, la dilatation de la pupille, l'amaurose permanente ou pas-
sagère, l'exaltation de l'ouïe, la perversion du goût, le prurit et les
fourmillements à la peau témoignent de l'action sympathique des
vers sur les sens; d'un autre côté, la somnolence ou les vertiges,
les rêves fâcheux, les spasmes, les douleurs vagues, la toux, la dys-
pnée, les palpitations, les intermittences du pouls, la faim insatiable
ou l'anorexie, la salivation, la qualité des urines, l'amaigrissement,
témoignent également de leur action sur le système nerveux, sur les
organes de la respiration, de la circulation, de la digestion, sur les
sécrétions, enfin sur la nutrition.
La croyance exagérée aux effets pernicieux des vers intestinaux
fut suivie, à Paris au moins, d'une reaction qui amena presque à
nier l'influence de ces parasites sur la plupart des fonctions dont la
relation avec le tube digestif n'est pas évidente. Cependant l'in-
fluence sympathique des vers du tube digestif sur des organes éloi-
gnés n'est pas aussi étrangère aux phénomènes ordinaires de la vie
qu'on serait porté à le croire au premier abord : en effet, le rire,
les pleurs, l'éternument, le vomissement, ne sont-ils pas déterminés
(1) Bosen, ouvr, cit., p. 389.
'CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. Z|9
par certaines excitations physiques appliquées loin du siège de ces
phénomènes? ne voit-on pas une blessure de l'iris, un calcul rénal,
une irritation de l'utérus provoquer des vomissements ?
Les effets sympathiques de la présence des vers sont évidemment
des phénomènes réflexes, dont la variété et la complexité échappe-
ront à toute explication tant que les actions réflexes du système
nerveux de la vie organique ne seront pas mieux connues. Une expé-
rience récente de notre savant et illustre ami, M. Claude Bernard,
expérience qui démontre qu'une irritation physique portée dans l'es-
tomac excite la sécrétion salivaire par l'intermédiaire du nerf grand
sympathique, explique l'un des phénomènes les plus fréquents occa-
sionnés par la présence des vers dans le tube digestif, à savoir : la
formation surabondante de salive qui a été remarquée par tous les
médecins (1). Nous nous garderons donc de repousser absolument
des faits maintes fois observés, par cela seul que nous n'en voyons
pas la relation avec leur cause présumée.
Si l'on ne peut nier l'influence sympathique des vers de l'intestin
sur des organes plus ou moins éloignés, et les désordres fonctionnels
qu'ils occasionnent, on doit néanmoins faire la part de l'ignorance
et des préjugés d'une autre époque, et ne point accepter sans exa-
men toutes les histoires qui nous ont été transmises, même par des
hommes considérables. On ne peut admettre aujourd'hui l'exis-
tence d'une pneumonie ou d'une pleurésie en relation avec la pré-
sence des vers dans le tube digestif, et quoique les accidents les
plus graves puissent incontestablement être déterminés par la pré-
sence des entozoaires intestinaux, le doute et la réserve devront sus-
pendre notre jugement dans bien des cas où l'existence des vers et
la maladie peuvent n'être qu'une simple coïncidence.
Remarquons toutefois que la rareté des vers à Paris nous porte au
scepticisme à l'égard des accidents qu'ils occasionnent; mais, sans
tenir compte d'observations plus ou moins imbues des préjugés d'un
autre temps, si nous acceptons ce que des médecins éclairés de nos
jours observent dans d'autres pays, nous pourrons sur ce point rec-
tifier nos impressions et nos jugements : car, dans des contrées où
les vers attaquent, pour ainsi dire, toute la population, les accidents
les plus variés sont attribués à la présence de ces parasites dans
l'intestin ; ils sont traités et guéris par les vermifuges.
L'absence ou l'apparition des troubles fonctionnels, leur fréquence
ou leur intensité variables ne s'expliquent point par la différence de
(I) Claude Bernard, Expérience faite devanl la Société de biologie, 1858.
DAVAINE. *
50 AFFECTIONS VERU1NEUSES DES VOIES D1GESTIVES
nature des vers de l'intestin : le ténia, le bothriocéphale, l'ascaride
lombricoïde ou l'oxyure peuvent tous donner lieu à des phénomènes
semblables. Le nombre ou la grandeur de ces entozoaires n'est pas
sans influence, sans doute, sur le développement des phénomènes
pathologiques; leur présence paraît aussi moins bien supportée dans
l'estomac que dans l'intestin ; mais, dans certains cas, ni l'espèce de
ces vers, ni leur nombre ou leur volume, ni la partie de l'intestin
qu'ils occupent ne rendent compte des variations ou de l'intensité des
symptômes; souvent elles dépendent d'une disposition actuelle par-
ticulière et de l'impression nabilité plus ou moins grande de l'indi-
vidu affecté : en effet, les femmes éprouvent ordinairement dans leur
santé des troubles plus nombreux, plus variés et plus graves, et les
individus affaiblis et nerveux sont aussi plus éprouvés que ceux qui se
trouvent tous dans des conditions meilleures. ^
On se ferait une idée erronée des affections vermineuses si l'on
jugeait ces affections d'après le tableau des symptômes que les
auteurs se sont transmis. La plupart des phénomènes dont ils ont
parlé ne surviennent que dans des cas rares, et jamais on ne les
trouve tous réunis. En voici le sommaire :
« Couleur du visage altérée, tantôt rouge, tantôt pâle, tantôt
plombée 5 demi-cercle azuré sous les yeux, ceux-ci moins vifs et fixes ;
paupières inférieures gonflées, pupilles très dilatées, paupières et
conjonctives quelquefois jaunâtres; prurit insupportable vers les
narines; hémorrhagie nasale, céphalalgie très fréquente et très in-
tense; bouche remplie de salive, haleine fétide; grincements de
dents; sommeil inquiet et agité, soif considérable ; somnambulisme,
défaillances, vertiges, tintement des oreilles; toux sèche, convulsive,
quelquefois stertoreuse et même suffocante; respiration difficile,
hoquets, paroles entrecoupées et dans quelques cas entièrement in-
terceptées; bouche écumeuse ; palpitation de cœur, pouls dur, fré-
quent; intermittent; abdomen tuméfié, borborygmes, rots, nausées;
appétit tantôt nul, et tantôt très augmenté; coliques; sentiment de
piqûre et de déchirement qui n'est point fixe, mais vague dans toute
la cavité de l'abdomen, qui augmente par l'état de vacuité de l'es-
tomac et diminue quand on a pris des aliments; cardialgie ; diar-
rhée ou constipation, urine limpide et rarement fétide ; amaigrisse-
ment ; démangeaison violente à l'anus ou ténesme ; ennui, anxiété, i
négligence^es^P^ftgaftC^dans les actions (]). » }j
I
l. III, p. 573, 5cédit. Paris, 1813. g
CHEZ L'HOMMK. — GÉNÉRALITÉS.
Fie. 2.— Tableau des ovules qui peuvent se rencontrer dans les garderobes, pour
diagnostic de la présence des vers dans l'intestin ou dans les voies biliaires.
Tous les ovules de la première colonne sont
au grossissement de 70 à 107 diamètecs;
ceux de la seconde et do la troisième colonno
sont au grossissement de 340 diamètres.
i • Ascaride lombricoïde. — a, ovule grossi
■107 fois; 6, 340 fois. — Ces ovules expulses
avec les fèces sont d'un jaune brunâlre, mûri-
formes ; souvent leur coque n'est plus visible à
travers l'enveloppe extérieure albumineuset
(enveloppe transparente chez l'œuf pris dans
l'oviducle) qui s'est imbibée des liquides intes-
tinaux après la ponte, et qui est ainsi devenue
plus ou moins opaque. — Longueur, 0°"",075;
largeur, 0""",058.
Ces ovules sont expulsés avec les garderobes
chez les individus atteints d'ascarides lombri-
coïdes adultes. On les trouve facilement.
2. Trichocéphale dispar. — a, ovule grossi
70 fois; b, 340 fois.— Longueur, 0""",053;
largeur, 0""",024. — On les trouve très facile-
ment et très communément dans les selles.
3. Oxyure vermiculaire. —a, ovule grossi
70 fois; b, 340 fois. — Longueur, 0""",053;
largeur, 0"'",028. — Je l'ai cherché vainement
dans les selles chez des individus atteints
d'oxyures.
4. Ténia solium armé. — a, ovule grossi
70 fois ; b, 340 fois ; c, même grossissement,
traité par la solution de potasse caustique con-
centrée.— Diamètre, 0mm,033. — J'ignore en-
core si les oeufs de ténia se présentent dans
les selles lorsque ce ver est intact ; il doit en
être ainsi dans les cas de Tœnia fenestrata;i'en
ai trouvé chez un individu qui rendit des frag-
ments déchirés. De nouvelles observations sont
nécessaires pour qu'on sache ce que la recher-
che des ovules peut donner d'éclaircissements
au diagnostic.
5. Bothriocéphale large. — a, ovule grossi|
70 fois ; b, 340 fois ; c, traité par l'acide sul-
furique concentré qui fait apparaître l'opercule.
— Longueur, 0n"°,068; largeur, 0°™,044.
Mêmes remarques que pour le ténia solium.
6. Distome lancéolé. — a, ovule grossi
107 fois; b, 340 fois ; c, traité par la potasse
caustique qui rend la séparation de l'opercule
plus facile. — Couleur brun noirâtre; lon-
gueur, 0""",04 ; largeur, 0n"",02. — Ces ovules
se rencontrent chez le mouton dansles matières
fécales ; ils indiquent avec certitude la présence
du distome lancéolé dans les canaux biliaires
ou dans l'intestin. S'ils se rencontraient dans
les garderobes chez l'homme , ils seraient
également un signe certain de la présence du
distomo lancéolé dans les voies biliaires ou
digestives.
7. Distome hépatique. — a, ovule grossi
107, fois et traité par la potasse caustique pour
en séparer l'opercule. — Longueur, 0"™|13 ;
largeur, 0""",09. — Mêmes remarques que pour
le distome lancéolé.
51
52 AFFECTIONS VERMINEUSES DliS VOIES DIGESTIVES
Aucun de ces symptômes n'est pathognomonique, et leur associa-
tion même ne peut faire reconnaître d'une manière certaine la pré-
sence des entozoaires dans l'intestin.
L'évacuation de quelques oxyures ou de quelque portion de ténia
peut être regardée comme un signe pathognomonique de l'existence
de vers de cette espèce dans le tube digestif ; la sortie spontanée de
quelque ascaride lombricoïde ne peut donner que des présomptions
sur l'existence d'un certain nombre d'autres dans l'intestin ; mais
l'examen microscopique des matières évacuées par le malade pourra
donner une certitude à cet égard. Quant au trichocéphale, cet examen
est le seul moyen d'en reconnaître la présence : pendant l'épidémie
du choléra, en 1853, nous avons trouvé plusieurs fois, dans les garde-
robes des individus atteints de cette maladie, les ovules des tricho-
céphales qui décelaient la présence de ces entozoaires dans l'intestin.
Nous avons observé depuis lors, dans les matières évacuées par des
individus affectés de lombrics, les ovules de ces vers, en quantité telle
que chaque parcelle de matière grosse comme une tête d'épingle en
renfermait plusieurs (1).
La recherche des œufs des entozoaires intestinaux dans les ma-
tières fécales est donc un moyen précieux de diagnostic, au moins
pour un certain nombre d'entre eux.
L'apaisement ou la cessation des phénomènes observés qui suit
l'expulsion des entozoaires est un indice généralement assuré de la
subordination de ces phénomènes à la présence des vers.
Les maladies vermineuses ne sont autres que les phénomènes énu-
mérés ci-dessus qui ont acquis de l'intensité et de la durée; les plus
communes sont des attaques convulsives qui reviennent par accès
plus ou moins fréquents et qui se rapprochent par leurs caractères
de l'épilepsie, de la catalepsie, du tétanos, de l'hystérie, de l'hydro-
phobie même. On a vu se produire sous l'influence des vers, et dispa-
raître avec eux, le strabisme, l'amaurose, l'aphonie, la toux, la
paralysie, l'anesthésie, l'hyperesthésie, le coma, la folie. Dans
quelque's cas, les désordres fonctionnels ont acquis assez d'intensité
pour amener une mort rapide.
(1) C. Davaine, Sur le diagnostic de la présence des vers dans l'intestin par l'in-
spection microscopique des matières expulsées (Comptes rendus Soc. biologie, 2'' série,
1857, t. IV, p. 188).
CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. 53
Cas d'affections sympathiques causées par les vers de l'intestin.
LÉSIONS DE L'INTELLIGENCE.
Ténia. — Wepfer. Cas d'une fille de sept ans, cataleptique, puis épileptique
et imbécile pendant plusieurs années, guérie par l'expulsion d'un ténia. (Cité
par Baumes, ouvr. cité, p. 268.) — Girardin. Cas de manie, guérie par l'ex-
pulsion du ténia. [Acad. de méd., séance du 23 septembre 1834.) — Ferrus.
Homme atteint de folie et mis à Bicêtre; expulsion d'un ténia, guérison de la
folie. — Fourreau de Beaur égard. Penchant au crime guéri par l'expulsion
d'un ténia. — Esquirol. Manie aiguë guérie par l'expulsion d'un ténia; un
an après, récidive de la manie, guérison définitive après une nouvelle expul-
sion de ténia. Autre cas : Femme aliénée et hystérique; expulsion d'un ténia,
cessation du délire; expulsion d'un second ténia, guérison de l'hystérie.
[Acad. de méd., même séance. Ârch. gén. de méd., p. 278, 2e série, t. VI.)
— J.-B. David. Aberration mentale, ténia. (Gaz. méd., 1843, t. XI, p. 39. J
— Docteur Wood. Cas de folie guérie par l'expulsion d'un lénia. [The Lancet,
1851, et Bull, thérap., t. LX, p. 282.)
Lombrics. — Prost a cru pouvoir déduire de ses autopsies que les affections
mentales dépendent souvent de la présence des vers dans l'estomac ou l'in-
testin. — Enfant de onze ans, slupide dès son bas âge, convulsions fréquentes ;
expulsion d'un grand nombre de vers par suite d'un empoisonnement, gué-
rison des convulsions et retour de l'intelligence. [Gaz. salut., année 1761,
cité par Baumes.) — Esquirol. Aliénation mentale avec fureur par des lom-
brics et des oxyures. [Journ. de Sédillot, t. XIX, p. 133; et Huvelier, Thèse,
1820, p. 17.) — Docteur Michel. Fille de dix ans, épilepsie depuis cinq ans,
symptômes graves, idiotisme; expulsion pendant plusieurs jours d'ascarides
lombricoïdes, retourà la santé et à la raison. [Bull, thérap., t. XXII, p. 375.)
— Rolland. Manie furieuse guérie après l'expulsion de vers lombrics par le
vomissement. [Journ. de méd. de Toulouse, mars 1845, et Bull, thérap.,
t. XXVIII, p. 468.) — P. Frank. Terreurs sans cause, délire violent; ver-
mifuge : expulsion de quatre-vingts lombrics, guérison. [Ouvr. cit., t. V,
p. 379.) — Exaltation des facultés intellectuelles. Zimmermann cite l'obser-
vation de Pechlin, d'un enfant affecté de vers et d'une faim insatiable : « Il
eut pendant toute sa maladie une mémoire extraordinaire et un génie plus
que médiocre; mais il perdit l'un et l'autre dès qu'il fut rétabli. » [Traité de
l'expérience, chap. xv.)
Oxyures. — Giraudy. Mélancolie; jeune homme de seize ans, guéri après
plusieurs évacuations d'ascarides vermiculaires. [Observ. sur les mal. vermin.
dans Journ. Sédillot, 1806, t. XXI, p. 150.)
HYDROPHOBIE.
Serres. Enfant de treize ans mordu par un chien jugé enragé; six mois
après, agitation, horreur des liquides; mort. Prodigieuse quantité de lom-
5& AFFECTIONS VERMINliUSES DES VOIES DIGEST1VES
bries dans l'intestin grêle. (Joum. Boyer, Corvisart, ete., t. XXV, p. 258.)
t— Garçon de neuf ans (Gênes, 1 787), atteint de convulsions, de fièvre, d'hy-
drophobie très caractérisée, quoiqu'il n'eût pas été mordu par un chien ou par
quelque autre animal; mort. Sortie par les narines de vers lombrics; tout le
tube digestif est plein de ces vers. (Dicl. des se. mecJ., art. Cas rares, p. 242.)
HYSTÉRIE.
Ténia. — Delius. Cas d'hystérie vermineuse. (Amœnitates acad,, p. 341 .)
(Mondière.)
Lombrics. — Dufau. Cas d'hystérie grave chez une jeune fille de neuf ans,
ayant persisté plus d'un an; guérison par l'évacuation d'un immense nombre
d'ascarides lombricoïdes et d'oxyures. (Joum. de méd., t. XXIX, p. 120,
1768.) — Un autre cas, même journal. (T. XXXVI, p. 38.)
CATALEPSIE, TÉTANOS, COMA.
Van Sivieten. (Op. infrà cit., t. III, p. 316.) — Bourgeois. Enfant cata-
leptique; expulsion de douze lombrics, guérison. (Rev. méd., t. II, p. 451.)
— Lupieri, cité par Baumes. (Ouvr. cité, p. 258.) — Plusieurs cas de convul-
sions tétaniques d'après divers auteurs : Baumes, ouvr. cité, p. 256. — De Sau-
vages, Nosol. méth. morb., classis IV, ord. n, vu, § 8. — Crommelinck.
Fille de sept ans, attaques calaleptiformes; expulsion de cent lombrics, gué-
rison. (Gaz. méd. Paris, 1843, t. XI, p. 432.) — Darwin. Coma, ténia;
expulsion, guérison. (Joum. universel, t. VII, p. 114.) (Mondière.)
CONVULSIONS GÉNÉRALES. — ATTAQUES ÉPILEPTIFORMES.
Ténia. — Wepfer. Fille de trois ans, épileptique pendant plusieurs mois,
guérie après avoir rendu trois aunes de ténia. (Baumes, p. 268. J — De Melle.
(Diss. de vi vilali, § 1 07.) (Baumes.) — Consolin. Attaques épileptiformes de-
puis deux ans; expulsion d'un ténia cucurbitin; guérison. (Ancien Joum. de
méd., 1764, t. XX, p. 4 45.) — Siblot. Fille âgée de neuf ans; agitation '
convulsive des bras et des jambes qui, depuis huit jours, ne cessait pas, même
la nuit; difficulté à prononcer les mots, contorsions du visage, gêne de la
respiration; guérison par la sortie d'un ténia. (Joum. de méd., 1783, t. LX,
p. 22.) — Bremser. Garçon de neuf ans, épilepsie depuis deux ans; expulsion
d'un ténia, guérison. (Ouvr. cilé, p. 374.) — J.-B. David. Attaques épilepti-
formes, ténia. (Gaz. méd., 1843, t. XI, p. 39.)
Lombrics. — Wahlbom. Convulsions violentes sans perte de connaissance;
vermifuges, expulsion de lombrics et d'oxyures, guérison. Deux cas. (Rouen,
p. 394.) — Mangon. Enfant de trois ans, convulsions générales, tétaniques,
avec perle de connaissance; ânthelminthiques , expulsion de trente-quatre
lombrics, guérison. (Mém. infrà cit., p. 72.) — Gaultier de Claubry père.
Enfant de trois ans, convulsions répétées; huile de ricin, expulsion d'un
grand nombre de lombrics , guérison. (Mém. infrà cit., p. 301 .) — Le même
auteur rapporte plusieurs observations semblables, (Joum. Sédillot, t. XI,
CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. 55
p. 286.) — Ménard, Convulsions; expulsion de trente à quarante lombrics,
guérison. (Berne médicale, 1 829, t. I, p. 226.)
Oxyures. — Th. Bartholin. Épilepsie entretenue par des oxyures. (Baumes,
p. 265.) — Slahl. Épilepsie chez un enfant de six ans. (Baumes, p. 265.)
(Pour Bartholin, voyez op. infrà cit., cent. IV, obs. vu. — Cent. VI, obs. xx,
— Pour Sthal, voyez Theoria medica vera, p, 4 04 8.)
DÉSORDRE DES MOUVEMENTS, CHORÉE, TREMBLEMENTS.
Gaub, Krammer, Présynger. (Cités par Baumes, p. 257.)
Ténia. — Mondière. Fille de quatorze ans ; chorée très intense, même la
nuit ; inutilité de tous les traitements ; racine de grenadier, expulsion d'un ténia
et de trente-deux lombrics, guérison. (Mém. cit., Gaz. hop., 4 843, p. 24 0.)
Lombrics. — Fille de douze ans, grimaces, rires involontaires; expulsion
de lombrics, guérison. (Journ. de mèd. et de chir. pratiques, 4 833, p. 332.)
(Moudière.) — Autre cas : Expulsion de huit lombrics; guérison. (Même jour-
nal, 4 834, p. 269.) (Mondière.) — Autre cas par Hufeland. (Biblioih. mèd.,
t. LXV1I, p. 4 49.) — Chorée vermineuse, fille de six ans; évacuation de
lombrics, guérison. (Journ. mèd. chir. pharm. Corvisart, 4 84 0, t. XIX,
p. 77.) — Tremblements universels chez un enfant de quatre ans. (Wechers
dans Schenck, cité par Baumes, p. 257.)
Oxyures. — Léveillé. Convulsions de la face chez un enfant ; oxyures expul-
sés, guérison. (Journ. Séd.., 4 804, t. XIX, p. 368.) ■ — Baumes. Mouvements
spasmodiques très forts de tous les membres, dans le cours d'une fièvre pu-
tride bilieuse; expulsion d'un grand nombre d'oxyures, guérison des mouve-
ments spasmodiques, continuation de la fièvre. (Ouvr. cit., p. 266. J
PHÉNOMÈNES SINGULIERS", PERVERSION DES SENS.
Hufeland parle d'un homme atteint de vers, et qui voyait, étant à jeun,
pendant même un quart d'heure, tous les objets teints en jaune, quoi-
qu'il ne fût nullement affecté d'ictère et que les humeurs de ses yeux conser-
vassent leur couleur naturelle. Cette illusion d'optique disparut par l'expulsion
des vers. (Journ., Band IV, p. 252, cité par Bremser et P. Frank.) — Un
cas de rire extraordinaire chez un soldat, observé par Van Doeveren, guéri
par l'évacuation de vers lombrics. (D'après Rosen, p. 390.) — Krause. Cas
semblable (probablement le même) chez un homme âgé do trente et un ans.
(Bremser, ouvr, cit., p. 368.) — Le docteur I) agler raconte qu'un jeune
homme incommodé par un ténia cucurbitin devenait inquiet et impatient lors-
qu'il entendait de la musique , et qu'il était obligé de se retirer (cité par
Brera, p. 4 74). (Goeze, Versucheiner Naturgeschichte der Eingeiveideivitr-
mer, etc., p. 278.) Dans le même ouvrage, Goeze parle de plusieurs per-
sonnes attaquées de ténia, chez lesquelles la musique produisait des sensations
désagréables. — Delisle, observation semblable. (Cité par Bremser, p. 370.)
Odeur insupportable ressentie par le malade seul. (P. Frank, ouvr. cit., t. V,
p. 383.)
56 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES D1GESTIVES
PARALYSIE.
Ténia. — Moll (de Vienne). Femme de trente-six ans, paralysie des exlré-
milés supérieures; durée, trois mois; expulsion d'un ténia long de trente
pieds, cessation immédiate de la paralysie. [OEsterr. med. Jahrb., Bd.XIX,
St. 2. etExpér., 4 840, t. VI, p. 47.)
Lombrics. — Haïmes. Fille de onze ans, impossibilité de parler et de mar-
cher; expulsion de vers intestinaux, guérison. (Bremser, p. 370.) — Man-
gon. Garçon âgé de neuf ans, perte de connaissance, syncope, vomissements,
convulsions; retour de la connaissance, paralysie du côté droit; anthelmin-
thiques : deuxième jour, deux lombrics vomis ; troisième jour, quinze lom-
brics par les selles; quatrième, cinquième, sixième jour, plus de soixante et
dix lombrics sont expulsés; amélioration progressive, guérison de la paraly-
sie le douzième jour. (Mém. infrà cit., p. 76.) — Mœnnich. Enfant de trois
ans, paralysie des extrémités inférieures et strabisme ; dix-huit lombrics ex-
pulsés, guérison. [Biblioth. méd., t. LXI, p. 269.) (Mondière.)
DOULEURS VIOLENTES ET GÉNÉRALES.
Daquin. Enfant de douze ans pris de fièvre et de douleurs vives dans
toutes les articulations, dans les os des hanches, les vertèbres du cou et du
dos ; impossibilité de supporter le poids de ses couvertures, ou de faire aucun
mouvement; évacuation de quarante ascarides lombricoïdes, suivie bientôt
d'une nouvelle évacuation de ces vers qui remplit tout un pot de chambre;
disparition rapide de tous les symptômes. [Ancien journ., 1770, t. XXXIV,
p. 157.)— Douleur semblable à la sciatique. Cas rapporté par Darelius.(Rosen,
p. 398.) — Mareschal de Rougère. Enfant de six ans, douleurs violentes au
moindre mouvement, immobilité forcée; expulsion d'un grand nombre de
vers, guérison. [Ancien journ., 1759, t. XXX, p. 46.) — De Sauvages. Fille,
engourdissement douloureux de tous les membres, assoupissement profond;
expulsion de quarante-quatre lombrics, guérison. [Nosolog.méd., t. II, p. 32.
Amsterdam, 1768, in-4.) — Mondière. Fille de douze ans, douleurs géné-
rales, exaltation de la sensibilité; expulsion de douze lombrics; guérison.
(Gaz. hôp., 10 févr. 1844.)
APHONIE, BÉGAYEMENT, SURDI-MUTITÉ.
Schenck. Mulisme par des vers. (Lib. III, p. 358.) — D. Caroli Schrœ-
teri. De puero per quatuordecim dies ob vermium copiam muto, postea vocali.
Guérison après l'expulsion devers lombrics? (Decuriœ annorum quartœ miscell.
med. phys., 1697, dec. III, ann. 4, obs. 67, p. 4 25.) — De Borne. Mili-
taire muet; expulsion d'un grand nombre de vers, guérison. (R. de Hauter-
sieck, hec. d'obs., t. II, p. 475). — Lindelslope. Mutisme momentané; ver in-
déterminé. (Rapporté par Rosen, p. 397.) — Bégayement. [Mém. de l'Acad.
de Suède, 1747, p. 141, cité par Rosen, p. 394.) — Hannœus. Fille de
quatre ans, perte de la parole et de la vue; vermifuges, guérison. (Bremser,
p. 370.) — Fréd. Hoffmann. Enfant de onze ans, pris tout à coup d'une
CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. 57
aphonie ; après plusieurs semaines de durée, expulsion de lombrics ; remèdes
anthelminthiques, guérison. (Tom. III, part. IV, cap. vu, obs. 3, Genève,
1748, p. "250.) — Heister. Aphonie chez une femme de trente ans, suivie de
convulsions et mort. (Wahrnchmungen, n° 372, p. 614.) — Mondière. Jeune
fille, aphonie de quinze jours; traitements divers sans succès; vermifuges,
expulsion de soixante lombrics, guérison immédiate. [Mém. cit., p. 208.) —
Docteur Schleifer. Surdi-mutité, enfant de neuf ans ; expulsion de quatre-
vingt-sept lombrics et d'un grand nombre d'oxyures , guérison. (OEsler-
reichische, etc., et Gaz, méd., Paris, 1843, t. XI, p. 682.)
SURDITÉ.
Ténia. — Laborde. Surdité et autres symptômes chez une fille qui rendait
depuis longtemps des cucurbidns;' guérison avec l'expulsion d'un ténia.
(Journ. de médecine de Roux, 1769, t. XXX, p. 436.)
Lombrics.— Itard. Enfant, six ans ; surdité, durée trois jours, disparaît et re-
vient; expulsion de onze lombrics, guérison soutenue. Autre cas: Enfant, onze
ans; surdité incomplète; traitements sans succès; purgatifs, expulsion de
douze lombrics, guérison. (Traité des mal. de l'oreille. Paris, 1821, t. II,
p. 338 et 340.) — Houzelot. Accidenls fréquemment répétés et de longue
durée, consistant en perte de la vue, de l'ouïe et de la parole ; convulsions
tétaniques et épileptiformes, etc. ; expulsion d'environ deux cents lombrics,
guérison. (Journ. Sédillot, 1804, t. XIX, p. 353.) — Giraudy. Cécité,
surdité, mutisme successifs; délire, folie; jeune fille de douze ans guérie par
l'évacuation d'oxyures et de lombrics. (Journ. Sédillot, 1 806, t. XXI, p. 1 51 .)
CÉCITÉ, AMAUROSE, TROUBLES DE LA VUE.
Ténia. ■ — Watoruch. Un cas de cécité périodique par le ténia. (Mém. cité.)
Lombrics. — Fille de quinze ans. atteinte de cécité pendant quatre jours.
(Baumes, ouvr. cit., p. 258.) — Docteur Fallot. Enfant de sept ans, cécité
subite et presque complète pendant un mois; traitements divers sans succès;
vermifuges, expulsion de vingt-huit lombrics, guérison. (Rev. thérap, du Midi,
et Bull, de thérap., 1853, t. XLV, p. 520.) — Pétrequin. Amaurose chez
une jeune fille de quatorze ans ; expulsion de soixante lombrics, guérison im-
médiate. (Gaz. médic, 1838, p. 4, feuilleton.) — Revolet. Canonnier, amau-
rose; expulsion de lombrics, guérison. [Bibliolh. méd., t. VII, p. 118.) —
Laprade. Enfant, cécité complète; expulsion de lombrics, guérison. (Soc. de
méd. de Lyon, 1841, p. 38.) — Remer. Deux cas de guérison d'amaurose
par l'expulsion d'ascarides. (Bremser, p. 371.)
PALPITATIONS, SYNCOPES.
Ténia. — P.Frank. Salivation abondante, lipothymies, palpitations ; expul-
sion d'un ténia, guérison. (Ouvr. cit., t. V, p. 385, obs. 1 .) — Andral. Jeune
dame espagnole, palpitations violentes entendues à plusieurs pieds du lit de
la malade ; expulsion spontanée d'un grand nombre de lombrics, guérison
très prompte. (Bull, thérap., 1838, t. XV, p. 17.) — Autres cas: Hufeland,
58 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES
Biblioth. méd., t. LXVII, p. 149; Revest Thèse, 1831, Montpellier,
n" 72; Kùhnbollz, Éph. méd. Montpellier, 1827, t. VI, p. 121. (Mon-
dière.) — Robert, médecin à Langres. Fille de vingt-quatre ans, syncopes
répétées, délire, hystérie, chorée; expulsion d'un grand nombre d'oxyures,
guérison. [Journ. méd. Corvisart, t. V, j. 232,)
TOUX, ASTHME.
Ténia. — Toux. Cas de Bremser (voy. Ténia). — Docteur Giscaro. Asthme
datant de quinze ans; ténia solium reconnu par des cucurbitins rendus de-
puis environ trente ans; expulsion du ténia, guérison de l'asthme. [Gaz. hôp.,
1855, p. 482.)
Lombrics. — Delarroque. Toux vermineuse, lombrics. [Arch. gén. de méd.,
t. II, 2e série, p. 592.) ■ — Mondière. Fille de dix-neuf ans, quintes de toux
fatigantes; rien à l'auscultation; palpitations, essoufflement; traitements inu-
tiles; expulsion de soixante lombrics et d'un grand nombre d'oxyures , gué-
rison. [Mém. sur les accidents que peut produire chez l'homme la présence des
vers intestinaux, dans Gaz. des hôp., 1844, t. VI, p. 66.)
FAIM INSATIABLE, EXTRAORDINAIRE.
Ténia. — Voyez un cas rapporté au chapitre Ténia. — Eugenius Horatius.
Homme de vingt-six ans, appétit violent; même en sortant du repas, il n'est
pas rassasié; deux heures après, il tombe en faiblesse s'il ne mange pas ; ex-
pulsion d'un ténia cucurbitin long de vingt coudées, guérison. (Debry, Sur le
ténia humain. Paris, 1817, thèse n° 75, obs. 3, p. 9.) — Leroux. Faim
vorace, homme de dix-neuf ans, né à Genève , ver cesloïde (bothriocéphale?)
expulsé, guérison. [Ouvr. cit., t. IV, p. 323.) — Lagasqwie. Homme, faim
vorace, vols pour la satisfaire; ténia; instruction judiciaire. [Gaz. des hôp.,
1844, p. 216.)
Lombrics, — Marcellus Donatus. De canina famé ex lumbricis alimentum
assumptum depascentibus ; guérison par un vermifuge. (Bonet, t. II, p. 13.)
— Jeune homme tourmenté d'une faim insatiable, produite par des vers lom-
brics? [Curieux de la «ai., déc. II, an 6, obs. 33, p. 88.)
VOMISSEMENTS, COLIQUES, DYSENTERIE.
Delacroix. Vomissement presque continuel accompagné de hoquets et de
convulsions, guéri après l'expulsion de sept lombrics par la bouche. (Cité par
Bremser, p. 374). — Drelincourt. Coliques violentes suivies de mort; homme
de quarante ans; grand nombre de vers dans le côlon. [Biblioth. méd., t. XXVI,
p. 315.) — Bricheteau. Fille, vingt ans, coliques, sangsues; mort par hé-
morrhagie causée par les sangsues ; grand nombre de lombrics dans les intes-
tins. (Arch. de méd., 1832, t. XXX, p. 327.) — Baumes. Dysenterie rebelle;
expulsion d'une énorme quantité de lombrics, guérison rapide. [Ancien Journal,
1786, t. LXIX, p. 257). — Dysenterie mortelle causée par des vers,
en 1608, chez l'enfant de du Périer. (Bonet, Sepulcr,, t. II, p. 174.)
CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS, 59
HÉMORRHAGIES.
Docteur Putello. Épistaxis chez un enfant ; lombrics. (Mem. délia med. con-
lemp., 1839, t, I, p. 272.) (Mondière.) — Daulioulle. Femme, vingt-sept
ans ; hémoptysie revenant à plusieurs reprises ; expulsion de douze lombrics,
guérison. [Journ. universel, t. XLV, p. 374.) (Mondière). — Ehrard. Entéro-
hémorrhagie guérie par l'expulsion de vingt et un lombrics. (Medicin. chirurg.
Zeitung, 184 8, t. I, p. S83.) — Schmidlmann. Femme trente-neuf ans,
violentes coliques depuis plusieurs semaines, deux entéro-hémorrhagi'es très
graves; trois mois après, nouvelle entéro-hémorrhagie ; expulsion d'un frag-
ment de ténia; vermifuge, expulsion de trois lombrics et de deux ténias pour-
vus de ïeurtête ; guérison complète. (Summa, 06s. méd., vol. III, p. 43, § x,
rapporté par Gendrin, Traité de méd. prat., t. I, p. 230.) — Gaube.
Homme de trente-cinq ans , hématurie depuis trois semaines ; convalescence
après l'expulsion d'un ténia. [Revue méd., 1826, t. III, p. 91).
SUEURS, SALIVATION, INCONTINENCE D'URINE.
Manget. Biblioth. méd., liv. XVI , t. IV, p. 597, eiid., liv. IV, p. 880.
— Salivation : cas observé par Mondière. (Mém. cité, p. 90.) — Docteur
Suender. Incontinence d'urine chez un enfant, traitée avec succès par les ver-_
mifuges, oxyures. (El porvenir medico, et Bull, thérap., t. XLV, p. 276.) —
Mondière. Incontinence d'urine par des oxyures chez un enfant. [Presse mé-
dicale, 1837, t. T, p. U5.)
ACTION SYMPATHIQUE SUR LES ORGANES GÉNITAUX.
1° Chez l'homme, (voyez le chap. des Oxyures). 2° Chez la femme.
P. Frank. Deux cas de fureur utérine guérie par l'expulsion du ténia. [Ouvr.
cité, t. V, p. 395.) — Rosen dit que les vers causent aux femmes la réten-
tion de leurs règles. (Ouvr. cité, p. 394.) — Wuivruch signale plusieurs cas
de dérangements de la menstruation et l'aménorrhée causés par le ténia.
(Mém. cité.) — Olombel. Fille de dix-huit ans, suspension des menstrues;
expulsion de fragments de ténia, guérison. [Remarques sur la maladie vermi-
neuse, p. 124. Paris, 1816.) — Aménorrhée due à la présence des vers dans
les intestins. (Bull, thérap., t. XXXVII, p. 86.) — Ténias excitant l'avorte-
ment à trois ou quatre mois. (Leclerc, p. 78.) — Rosen dit en parlant des
vers: « Ils font couler trop tôt le lait des nourrices. » [Ouvr. cité, p. 394.) —
Andry. Cessation de la sécrétion du lait : 06s. /. Nourrice guérie delà perte
de son lait par l'expulsion de vingt-trois vers. — 06s. //. Nourrice guérie par
l'expulsion dé vers pendant plusieurs jours. (Ouvr. cité, 1reédit.,p. 123
et p. 124.)
AFFECTIONS OU ACCIDENTS INTERMITTENTS.
Perrault. Violente convulsion chaque jour à la même heure, expulsion de
vers. [Journ. des savants, 1675, t. IV, p. 154.) — Louyer-Villermay . Enfant,
manie intermittente disparue après l'expulsion d'un paquet delombrics. (Acacl.
60 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTLVES
de méd., séancedu 23 septembre 1834, cl Arch. de méd. 1834,1. VI, p. 279.)
— Mondière. Deux cas de fièvre intermittente guérie par l'expulsion de lom-
brics. [Gaz. hop., 1843, Mém. cité, p. 303.) — Crommelinck. Fièvre inter-
mittente, enfant de buit ans; expulsion de plus de soixante lombrics, guéri-
son, [Gas, méd. de Paris, t. XI, p. 433.)
MOUT SUBITE OU RAPIDE.
Bajon. Négresse, coma, mort. (Ancien Journal, Mêm. elle, p. 69.) — Obser-
vations sur les vers lombrics par Courbon-Pérusel. (Journ.méd. chir. pharm.
de Corvisarl,t. XII, p. 3, et t. XIII, p. 315. Paris, 1806 et 1807.) — Eber-
maier. Enfant, mort inopinée avec les convulsions; autopsie judiciaire, tous
les organes sains, un grand nombre de lombrics dans l'intestin. (Gaz-, méd.,
1834, p. 615). — Docteur Slerz. Fille de huit ans: convulsions pendant
sept heures, mort; instruction judiciaire, Ireize lombrics dans l'estomac, plu-
sieurs centaines dans l'intestin grêle. (Med.Jahrb.des OEslerr. Slaats, 1 837,
Bd. XXII, p. 547, et Arch. de méd., 3e série, t. I, p. 480.)
Les affections vermineuses n'ont point, en général, une marche
régulière. Souvent l'apparition des accidents est subite, et suivie de
rémissions plus ou moins longues, plus ou moins complètes. Souvent
aussi il existe quelque phénomène prédominant qui survient et dis-
paraît sans cause appréciable et sans périodicité régulière. Parfois les
accidents ont quelque chose d'insolite, de bizarre même, et s'ils sem-
blent liés à la lésion de quelque organe, ils ne sont pas accompagnés
des symptômes ordinairesd'une affection de cet organe. Fréquemment
les phénomènes n'ont entre eux aucun rapport, aucun lien 5 leur
réunion ne constitue point une] maladie déterminée : ainsi, on ob-
serve à la fois le prurit des narines, la salivation, les palpitations,
des coliques ; ou bien il existe un désaccord marqué entre les trou-
bles locaux et les phénomènes généraux ; ou bien l'individu languit et
maigrit sans maladie apparente.
Quant aux affections qui consisteraient dans quelque lésion ana-
tomique d'un organe éloigné du siège des vers, nos connaissances
plus approfondies des lésions pathologiques et des symptômes corré-
latifs ne permettent plus aujourd'hui de les attribuer à ces ento-
zoaires ; et, quant aux fièvres continues dans lesquelles la présence
des ascarides lombricoïdes et des trichocéphales a souvent été signalée,
elles en sont sans doute toujours indépendantes : cependant la coïn-
cidence fréquente de ces - fièvres avec les vers mériterait peut-être
plus d'attention qu'on ne lui en accorde généralement aujourd'hui.
Lorsque les vers quittent les intestins et se portent dans d'autres
organes par des voies naturelles ou accidentelles, ils provoquent
CHEZ L'HOMMIi. — GÉNÉRALITÉS. 61
souvent des symptômes ou des accidents nouveaux. Eu général, c'est
la migration de l'ascaride lombricoïde qui seule détermine des acci-
dents sérieux.
La crainte des vers intestinaux, et celle du ténia surtout, préoc-
cupe beaucoup certains esprits. Elle peut aller jusqu'à l'obsession ;
elle porte les malades à faire abus des anthelmintbiques et de médi-
caments intempestifs qui détériorent leur santé. Bremser rapporte le
cas suivant, parmi plusieurs autres aussi peu raisonnables :
Un prêtre pour lequel il fut consulté avait rendu un ténia trois
ans auparavant ; depuis lors cet homme avait essayé tous les remèdes
connus pour se débarrasser du ver qu'il croyait avoir encore. Aucun
de ces remèdes administrés soit par des médecins, soit par des charla-
tans, n'avait fait rendre un seul morceau de ténia. Cet homme,
jadis robuste, avait tellement maigri, qu'il ressemblait à un squelette
couvert de sa peau, et sa faiblesse était telle qu'il pouvait à peine se
tenir sur ses jambes (1) .
Chez quelques-uns de ces malheureux la crainte des vers est une
forme de la monomanie.
Les médecins, quant aux questions de pathologie vermineuses, ne
sont pas non plus toujours très éclairés, ni exempts de préjugés;
des faits trop nombreux prouvent cette assertion. Je citerai les deux
suivants, qui montreront tout le mal que de semblables préjugés peu-
vent causer:
« M. Noël. . . était affecté de phthisie pulmonaire au dernier degré,
et il éprouvait depuis plus de six mois des douleurs très vives dans
l'abdomen, toutes les fois qu'il prenait une substance solide ou
liquide. Il ne voulut pas suivre les sages conseils donnés par le pro-
fesseur Pinel, et il appela le docteur Genens, qui lui assura qu'il
avait le ver solitaire. Il lui administra d'abord desanthelminthiques
tirés du règne végétal, et ensuite plusieurs préparations mercurielles,
et le bol de la veuve Nouffer. Ces médicaments furent sans effet
pendant plus de trois mois et lui occasionnèrent les angoisses les plus
cruelles; il mourut au bout de ce temps dans le plus grand épuise-
ment, avec des douleurs affreuses. »
L'autopsie, faite par le professeur Thillaye, montra qu'il n'y avait
pas île vers dans l'intestin (2).
(1) Bremser, ouvr. cit., p. 379.
(2) J.-B.-E. Sorbier, Dissert, sur les vers des inles'ins (Thèse, n1 109, p. 12,
Paris, 1813).
62 AFFECTIONS VLKMINLLSLS ))LS \OlES DIGLSTIYliS
L'an passé, un médecin vint consulter M. Rayer pour son fils,
âgé de vingt-trois ans, et sujet depuis plusieurs années à des atta-
ques épileptiformes qui se renouvelaient très fréquemment. Le ma-
lade avait consulté à Londres, au mois de septembre 1854, un mé-
decin qui le jugea atteint du ténia solium. Dès lors le malheureux
subit tous les traitements imaginables; il rendit enfin avec les selles
des lambeaux que je reconnus, à la simple vue et par l'examen mi-
croscopique, pour des débris de la membrane muqueuse de l'in-
testin. Ces lambeaux réunis bout à bout avaient une longueur de
quinze pieds ; on les avait pris pour des fragments de ténia, et comme
les attaques épileptiques continuaient toujours, comme la tête du
ver n'était pas rendue, on avait continué les remèdes jusqu'au jour
où le malade se présenta à M. Rayer (octobre 1857), c'est-à-dire
après plus de trois années de traitements successifs et non inter-
rompus (1).
TABLEAU SYNOPTIQUE DES ENTOZOAIRES DE l' INTESTIN.
Les entozoaires de l'intestin observés chez l'homme appartiennent
aux protozoaires, aux cestoïdes, aux trématodes et aux nématoïdes.
Plusieurs de ces entozoaires n'ont été observés qu'une seule fois ou
un petit nombre de fois, et l'on ne sait s'ils occasionnent des phéno-
(1) Voici uu aperçu des divers traitements : — 1854, septembre. Cinq doses de
4 gros de kousso; deux doses de 6 gros; deux doses de 3 gros de fougère mâle.
Octobre, le :1er et le 3, une once essence de térébenthine avec huile de ricin ; les G,
8, 11, 13, une once et demie essence de térébenthine chaque fois, avec huile de
ricin; les 14, 16, 26, 29, deux onces de térébenthine avec huile de ricin; lavement
d'une once et demie d'essence de térébenthine chaque fois. Décembre, vermifuge
de Raspail pendant plusieurs jours ; le 20, une dose de décoction de racine de gre-
nadier.— 1855, janvier. Plusieurs doses de térébenthine; calomel et jalap. Fé-
vrier, du 4 au 19, une dose de décoction de racine de grenadier chaque jour. Le
2 avril, une iufusion de fougère mâle avec 10 grammes de poudre de fougère,
10 grammes de racine de grenadier, 20 de semeu-contra et 10 de valériane; une
heure après, 50 centigrammes de calomel et 50 de scammonée. Les 16, 17, 20,
26 mai, nouvelles doses de grenadier, fougère, etc. En juin, un remède prussien ;
en juillet, uu vermifuge nouveau ; en septembre, Kousso. Le 17 octobre, vermifuge
et quatre gouttes d'huile de croton; le 18 et le 19, même remède et huit gouttes
de croton; le 23, kousso. — Pendant l'année 1856, on essaye de nouveau du gre-
nadier de diverses provenances, la fougère, le kousso, des pilules de Gardiner (de
Londres). — Pendant l'année 1857, on administre des pilules avec l'huile éthéréc
de fougère mâle, des pilules de Martinet, le grand remède de Martinet, de nouveau
la racine de grenadier, le kousso de Boggio, enCu, le 19 et le 20 septembre, 4 gros
d'huile éthéréede fougère mâle.
CHEZ L'HOMME. — PROTOZOAIRES. 63
mènes pathologiques : nous ne ferons que les mentionner ici ; leur
description se trouvera dans le Synopsis.
Aux Protozoaires appartiennent : 1° le vibrion du choléra et de la diarrhée;
2" la cercomonade de l'homme; 3° le paramecium coli.
Aux Cestoïdes : 1° le ténia solium ; 2° le bolhriocéphale large; 3° le ténia
nana (en Egypte) (voy. Synopsis, n° 15).
Aux Trématodes : le distomum heterophyes (Egypte) (voy. Synopsis,
n° 37).
Aux Nématoïdes : 1° l'anchyloslome duodénal; 2° l'ascaride lombricoïde;
3° l'ascaris alata (voy. Synopsis, n° 60); 4° le trichocéphale dispar;
5° l'oxyure vermiculaire.
Dans l'intestin grêle vivent : le vibrion du choléra, la cercomonade de
l'homme, le ténia solium, le bothriocéphale large, le ténia nana, le distome
heterophyes, l'anchylostome duodénal, l'ascaride lombricoïde, l'ascaris alata.
Dans le cecum vit le trichocéphale dispar.
Dans le gros intestin se trouvent le paramecium coli et l'oxyure vermicu-
laire.
Il n'y a pas de vers, si ce n'est accidentellement, dans la partie
du tube digestif qui s'étend de la bouche au pylore.
On a rencontré dans les intestins, mais erratiquement, des hyda-
tides, le distome hépatique, le Peniastomum constrictum ?
. ',, _,,. PREMIÈRE" SECTIOJN.
•~" t 113 PROTOZOAIRES INTESTINAUX.
Il se développe, dans les substances végétales et animales qui
entrent en putréfaction à l'air libre, des protozoaires ou infusoires de
diverses espèces. On pourrait croire que ceux qui vivent dans les
matières encore renfermées dans l'intestin s'y sont développés par
suite de la putréfaction; car, dans ces matières mêmes évacuées
depuis quelque temps , on voit apparaître des bacterium , des
vibrions, des monadiens, etc. , comme dans les substances qui se
décomposent à l'air libre : mais il existe une différence importante
entre ces protozoaires développés à l'état libre et ceux qui doivent
être appelés intestinaux. Les protozoaires qui existent dans les
matières fécales au moment de l' évacuation périssent dès que ces
évacuations se sont refroidies ; on ne peut donc regarder ces derniers
I animalcules comme des infusoires qui se produisent dans une sub-
M AFFECTIONS VEKMINEUSES DES VOIES DIGESTIVKS
stance quelconque en décomposition ou en putréfaction : ce sont de
véritables parasites qui trouvent dans les intestins des conditions
indispensables à leur existence. Ce fait que nous avons établi pour
des cercomonades observées par nous, en 1853, dans les selles des
cholériques (1), nous l'avons vérifié de nouveau pour des vibrions
des selles d'un phthisique, et dernièrement il a été signalé par
M. Malmsten pour une autre espèce de protozoaire.
La disparition des injusoires intestinaux avec le refroidissement
des matières qui les contiennent mérite d'être connue des obser-
vateurs, car on chercherait vainement ces animalcules dans les
matières intestinales au moment de l'autopsie (2), ou bien plusieurs
heures après leur évacuation.
Il n'existe point ordinairement de protozoaires intestinaux dans
les évacuations des individus sains. Ces parasites ont été rencontrés
dans les garderobes des malades atteints de flux de ventre, comme
dans le choléra, la diarrhée des phthisiques, la lienterie.
L'existence de ces animaux est-elle la cause ou l'effet des maladies
dans lesquelles ils s'observent \ Les faits sont trop peu nombreux
encore pour qu'on puisse juger cette question, et nous croyons pré-
maturées les conclusions que M. Malmsten a tirées de deux obser-
vations qui lui sont propres.
Les premiers protozoaires intestinaux dont il soit fait mention
ont été observés par Leeuwenhoek dans ses propres déjections :
atteint depuis quelques jours d'une diarrhée qui se manifestait sur-
tout trois ou quatre heures après le repas, il rencontra dans les
matières évacuées des infusoires de plusieurs espèces, infusoires qu'il
ne retrouva plus, lorsque ces matières eurent repris leur consistance
normale (3). M.Pouchet, de Rouen, signala ensuite (18A9) l'existence
de vibrions en nombre considérable dans les garderobes des malades
atteints du choléra. En 1853, j'ai observé dans ces mêmes garde-
(1) C. Davaine, Sur des animalcules infusoires trouvés dans les selles de malades
atteints du choléra et d'autres maladies (Comptes rendus Société de biologie, 2e série,
1854, t. I, p. 129).
(2) Ceci doit s'entendre de notre pays où l'autopsie ne peut être pratiquée que
vingt-quatre heures au moins après le décès; il n'en serait pas de même si elle
était pratiquée quelques heures après la mort et avant le refroidissement du
cadavre. C'est ce que l'on remarque dans une observation de M. Malmsten, que
nous rapportons ci après.
(3) Antonii a Leeuwenhoek opéra omnia, t. I, Analomia et conlempbUiones,
p. 37. Lugduni Batavorum, 1722.
cfeEZ l'homme. — protozoaires. 65
robes des infusoires appartenant à un autre genre; et, l'année sui-
vante, MM. Rainey et Hassall, à Londres, signalèrent -de nouveau
l'existence d'un nombre considérable de vibrions dans les garde-
robes des cholériques. Enfin, M. Malmsten vient de publier deux
observations concernant d'autres prolozoaires qui vivent également
dans les matières intestinales (1).
Les infusoires intestinaux signalés jusqu'aujourd'hui, en excep-
tant quelques-uns de ceux dont parle LeeuAvenhoeck, qui ne peuvent
être déterminés, appartiennent à trois genres distincts :
§ I. — Yibrioniens [Vibrio rugulaî). Voy. Synops., n°2.
A. Choléra. - — Aux vibrions appartiennent les infusoires observés
par M. Pouchet, Rainey et Hassall chez des cholériques. Ces pro-
tozoaires existaient en immense quantité dans les déjections de
quatre cholériques observés par Je premier de ces savants qui les
rapporta au vibrio rugula de Muller : « M. Pouchet n'a trouve ces
animalcules que dans les selles caractéristiques ayant l'apparence
d'eau de riz ou de petit-lait et lorsqu'elles étaient examinées très
peu de temps après avoir été rendues. Il n'en a point encore ren-
contré dans les vomissements (2). »
La découverte de vibrions dans les garde-robes ayant l'apparence
d'eau de riz, parut d'abord à M. Rainey une circonstance digne de
fixer l'attention. Ce médecin trouva des vibrions dans les matières
aussitôt après leur évacuation ou dans celles des diverses parties de
l'intestin jusqu'au duodénum, peu de temps après la mort et lorsqu'il
n'y avait encore aucun signe de putréfaction. Désireux de connaître
si ces animalcules ne se rencontraient que chez des individus morts
du choléra, il examina les matières de l'intestin chez des individus
qui avaient succombé à d'autres maladies, et il y trouva également
des vibrions ; d'où il conclut que ces êtres n'étaient point en relation
avec le choléra (3).
Le docteur Hassall trouva aussi des vibrions dans les selles des
cholériques et même dans les matières intestinales douze heures
après la mort. Il conclut de ses recherches que les vibrions existent
(1) P. H. Malmsten, lnfusorien als intestinal canal thiere beim menschen. (Arch.
fur palh. anat., etc., von Virchow, p. 302, 1857).
(2) Pouchet, Comptes rendus de VAcad. des sciences, 23 avril 1849.
(3) General Boardof health, Appendix lo rep. of Ihe committee forscient. inquif*
in relat. to the choiera épidémie of 1855-, p. 137. Lomlon, 1855.
Davmne. fi
66 AFFECTIONS VEUMINEUSES DES VOIES DIGtSTIVES
constamment dans les matières ayant l'apparence d'eau de riz et
qu'ils s'y développent pendant la vie des malades. Il croit possible
que ces animaux s'introduisent dans l'estomac et les intestins par le
véhicule de l'atmosphère ou par l'eau des boissons (1), et que, trou-
vant des conditions favorables, ils se développent et se propagent
avec une inconcevable rapidité.
Dans les garderobes des individus bien portants, le docteurHassall
a trouvé des vibrions également, mais en nombre comparativement
fort petit. La considération que les vibrions sont extrêmement ré-
pandus dans la nature, qu'ils se développent dans toutes les infusions
végétales et animales, dans toutes les saisons, suffit, suivant cet
auteur, pour établir qu'il n'y a point de connexion essentielle entre
l'existence de ces infusoires et celle du choléra; cependant la pré-
sence invariable de ces animalcules en nombre considérable dans les
selles ayant l'apparence d'eau de riz lui paraît un fait très intéres-
sant, et si ces animaux ne sont point la cause du choléra, on peut
au moins croire qu'ils ne sont pas sans influence sur l'apparition et
l'aggravation des symptômes. Suivant le même auteur, les vibrions
ne se répandent point dans l'atmosphère avec les vapeurs qui s'élè-
vent des déjections des cholériques, fait qu'il a constaté expéri-
mentalement par la distillation de ces matières. Leur existence
dans l'atmosphère pourrait néanmoins être due à quelque autre
procédé (2).
Les observations des trois savants cités ci-dessus, prouvent que des
vibrions se développent dans les matières qui ont l'apparence d'eau
de riz, et pendant qu'elles sont encore renfermées dans l'intestin,
c'est-à-dire qu'ils se développent pendant la vie du malade. Il est à
regretter qu'on n'ait pas déterminé la durée de l'existence de ces ani-
malcules; car s'ils périssent après le refroidissement du milieu qui
les renferme, on eût déterminé, de la sorte, sinon leur relation avec
le choléra, au moins la subordination de leur existence à la vie de
leur hôte, et l'on eût prouvé, en même temps, que ces vibrions
n'étaient pas des particules quelconques agitées du mouvement
brownien.
B. Diarrhée. — Il faut encore rapporter aux vibrioniens l'une
(1) General Board,, cit. p. 119, Report on the examinalion of certain atmo-
sphères during ihe épidémie of choiera, by Dr R. D. Thomson.
(2) Dr Arthur Hill Hassall, môme recueil, p. 289 et suiv., Report on the
microscopical examinalion of the bloocl and excrétion of choiera patients.
CHEZ L'HOMME. — PROTOZOAIRES. 67
des espèces observées par Leeuwenhoek dans ses excréments, lors-
qu'il était atteint de diarrhée.
J'ai vu aussi clans les garderobes diarrhéiques d'un phthisique un
nombre immense de vibrions, et cela pendant plusieurs semaines de
suite. Ils disparaissaient avec le refroidissement des matières.
§ IL — Cercomonadiens [Cercomonas /wmviis). Yoy. Si/nops., n°4.
Pendant l'épidémie du choléra de 1853-1854, j'ai vu souvent chez
les malades des salles de M. Rayer, à la Charité, des cereomonades
qui ont été l'objet des observations dont j'ai parlé ci-dessus. Dans
quelques cas, ces animalcules étaient en quantité assez considérable
pour que chaque goutte de liquide en contînt plusieurs. Ces pro-
tozoaires disparaissaient avec le refroidissement des matières. Je
n'ai pu déterminer s'il y avait une relation entre la présence de ces
infusoires et l'existence du choléra.
J'ai vu, en outre, chez un malade atteint de fièvre typhoïde, des
monadiens très analogues à la cercomonade des cholériques; cepen-
dant ils ne lui étaient point identiques (1).
§ III. — Paraméciens ( Par amecium coli). Voy. Synops., n° 6.
C'est aux paraméciens que M. Malmsten rapporte les protozoaires
qu'il a rencontrés dans deux cas. Peut-être l'un des infusoires
observés par Leeuwenhoek dans ses propres déjections, appar-
tient-il au même genre.
Cas observés par M. Malmsten.
1° Il s'agit d'an marin âgé de l ente-huit ans, entré à l'hôpital de Stock-
holm le 22 mars 1856. Atteint du choléra deux ans auparavant, cet homme
avait conservé depuis lors, des désordres des fonctions digestives tels que
sensations désagréables à l'épigastre, ballonnement du ventre, diarrhée et
constipation alternantes, coliques, selles composées en partie d'aliments non
digérés. Lors de son entrée à l'hôpital, il est amaigri, sans fièvre ; il a de la
diarrhée, de la soif; on constate à la partie inférieure du rectum une petite ul-
cération fournissant un pus sanguinolent dans lequel l'examen microscopique
montre une masse d'infusoires (Paramecium coli). Par des cautérisations au
nitrate d'argent et quelques médicamens, l'ulcère fut cicatrisé en mai; cepen-
dant l'état du ventre ne fut pas amélioré. L'examen microscopique des selles
fit découvrir alors une énorme quantité d'infusoires semblables aux précédents
qui, pendant deux mois consécutifs, furent observés dans les matières pwï-
sécs dans le rectum même. Tous les remèdes administrés jusqu'alorsn'avaient
(I) M cm. cil.
0,8 AFFECTIONS VERMINËUSÊS DUS VOIES DIGKSTJVES
produit aucune amélioration; des lavements avec addition d'acide nitrique
ayant été enfin prescrits, l'état du malade s'améliora de jour en jour , les forces
et l'embonpoint revinrent; il n'y avait plus que deux selles dans vingt-quatre
heures lorsque le malade quitta l'hôpital, le 28 août. On eut ensuite plusieurs
fois encore l'occasion d'observer chez ce malade, dans les garderobes qui
avaient repris le caractère de la diarrhée, la présence des mêmes infusoires.
Il a été constaté que, hors du tube intestinal, les paramecium vivaient
quelques heures à peine ; néanmoins, on avait pu les garder en vie pendant,
vingt-quatre heures en maintenant les garderobes à la température du corps
humain par le bain-marie.
2° Une femme âgée de trente-cinq ans, ayant joui d'une bonne santé jus-
qu'en septembre 1854, fut prise d'une douleur au côté gauche, de coliques,
d'une diarrhée séreuse dans laquelle des aliments non digérés pouvaient être
facilement reconnus. Après une guérison apparente et plusieurs récidives du
même mal, elle entre le 2 mai de l'année 1856, dans un hôpital de Stock-
holm. Elle offre alors un amaigrissement et. une prostration considérables, le
pouls régulier, petit et faible, à 92 ; inappétence, soif ardente, nausées, vo-
missements rares, hoquet continuel, ventre contracté, gargouillements à la
pression, borborygmes, selles fréquentes, aqueuses, jaunâtres, excessivement
fétides. L'examen microscopique y constate la présence de pus et d'infusoires
[Paramecium coli) très vifs et très nombreux. Les jours suivants, la diarrhée
continue, on y retrouve toujours les mêmes protozoaires. Les forces s'épuisent
et la malade succombe le 1 3 mai à dix heures du malin.
L'autopsie est pratiquée le même jour à cinq heures après midi (sept heures
après la mort). L'estomac et l'intestin grêle offrent quelques lésions peu im-
portantes ; le côlon présente çà et là des ulcères grangréneux de la dimension
du petit doigt. On. trouve aussidans l'intestin un pus ichoreux et fétide.
On constate, par l'examen microscopique, l'absence d'infusoires dans l'es-
tomacet l'intestin grêle, et leur existence dans le caecum elle côlon. Ces ani-
malcules étaient surtout nombreux dans le mucus qu'on enlevait en grattant
la membrane muqueuse avec un scalpel. Le mucus pris sur les parties les
plus saines, contenaitde ces infusoires par milliers; ils étaient moins nombreux
sur les parties les plus malades.
Des matières renfermant les protozoaires ayant été recueillies pour être
montrées à l'Académie des sciences de Stockholm, aucun de ces animalcules,
pleins de vie au moment de l'autopsie, ne put être retrouvé vivant à sept
heures et demie, c'est-à-dire deux heures et demie plus tard
En présence de ces deux faits, M. Malmsten se demande quel
rôle jouent ces infusoires et quelle influence ils exercent sur l'orga-
nisme. Suivant lui, ces animalcules, vivant dans la muqueuse
même entre les villositès^ doues d'une motilitè et d'une vivacité
CHEZ L'HOMME. — CESTOÏDES. 69
grandes, assez nombreux pour qu'on en trouve vingt à vingt-cinq
dans une gouttelette de mucus, doivent augmenter la sécrétion
intestinale et le mouvement pèristaltique ; ce qui explique, jusqu'à
un certain point, la diarrhée avec le caractère de lienterie dont étaient
atteints les deux malades.
Les lavements, acidulés avec l'acide nitrique, lui paraissent les
seuls moyens de détruire les Paramecium coli et de guérir la
diarrhée qu'ils occasionnent.
DEUXIÈME SECTION.
VERS CESTOÏDES DE L'iNTESTIN DE L'HOMME.
CHAPITRE PREMIER.
HISTORIQUE.
Trois vers cestoïdes existent dans l'intestin de l'homme : le
ténia solium, le bothriocèphale large, le ténia nana. Ce dernier
n'a encore été observé qu'en Egypte (voy. Synops., n° 15). Nous ne
nous occuperons ici que des deux premiers.
Le ténia a été connu dès les temps les plus reculés ; nul animal n'a
donné lieu à plus d'hypothèses, de discussions et d'erreurs. « Ce
ver, dit avec raison Bloch, fournirait assez de matière à l'esprit phi-
losophique qui voudrait observer judicieusement la marche des erreurs
humaines. » Nous n'entreprendrons pas cette longue et difficile his-
toire ; il suffira, pour en faire apprécier toute l'étendue, d'exposer en
peu de mots les diverses questions qu'à soulevées parmi les méde-
cins, l'observation du ténia et du botriocéphale chez l'homme : quelle
est l'origine du ténia1? Est-ce une production ou une excroissance de
l'intestin? Est-ce un animal? Si c'est un animal, est-il simple ou
agrégé? a-t-il une tête ou vit-il sans tête? quelle est l'extrémité qui
est la tête ou qui supporte la tête? Comment est organisée cette tête?
a-t-elle une bouche ? chacun des anneaux est-il pourvu d'une bouche ?
Le ténia est-il un animal primitivement agrégé dont les anneaux
deviennent libres ? Les anneaux sont-ils primitivement libres et for-
ment-ils le ténia par leur agrégation ? y a-t-il plusieurs espèces de
ténias? Le cucurbitin est-il un ver distinct du ténia? Comment le
70 AFFECTIONS VEUMINLUSES DES VOIES DI6ESTIVES
ténia csl-il organisé! Comment se nourrit-il 1 Se régénère-t-il après
avoir été rompu? Combien de temps vit-il? est-il toujours solitaire?
quelle partie de l'intestin occupe-t-il ? pourquoi est-il si difficile à
expulser, etc.?
Telles sont les questions que les médecins ont cherché à résoudre
par la simple observation de ces entozoaires chez l'homme; aussi
chacune d'elles a-t-elle donné matière à des hypothèses et à des dis-
cussions sans nombre. La plupart de ces questions seraient restées
sans réponse, si l'on n'en avait enfin cherché la solution dans l'ob-
servation des cestoïdes des animaux.
C'est vers la fin du xvne siècle que le jour commença de se
faire sur ces diverses questions; mais ce n'est que vers la fin du
xvme siècle que l'on acquit des connaissances précises sur l'orga-
nisation des cestoïdes. En donnant ici un aperçu de l'histoire de
ces vers, nous ne traiterons que de ce qui intéresse plus particu-
lièrement la littérature médicale.
Nous avons dit que Félix Plater (1602) a reconnu l'existence de
deux vers plats chez l'homme; quoique la description qu'il adonnée
de ces vers soit fort incomplète et en quelques points erronée, elle
suffît cependant à faire reconnaître que, dans le ténia dont il a parlé
d'abord {tœnia prima), Plater avait en vue le botriocéphale, et que,
dans le second {teenia secundo), dont les anneaux se séparent facile-
ment et forment les cucurbitins, il avait en vue le ténia solium.
Quelques années plus tard, Spigel reconnut aussi l'existence de deux
ténias distincts chez l'homme et, comme Plater, il en donna une
description fort incomplète et des interprétations erronées. Un siècle
après, Nicolas Andry indiqua quelques-uns des caractères généri-
ques de ces deux vers, et mit leur existence hors de toute contestation.
La distinction des deux espèces de vers cestoïdes qui affectent l'homme
dans nos pays, ne se fit que tardivement et la vérité se trouva longtemps
mêlée de beaucoup d'erreurs. Plater, exerçant la médecine à Bàle où le
ténia solium existe (Herrenschwands n'a observé que ce ver à Bâle, au rap-
port de Ch. Bonnet et de Yan Dœveren), tandis que généralement en Suisse
se trouve le bothriocéphale, Plater a pu facilement voir les deux espèces de
cestoïdes ; aussi paraît-il en avoir établi la distinction d'après ses propres ob-
servations.
A l'époque ou vivait ce médecin , l'animalité du ténia était en question, et
même elle ne fut mise hors de doute que dans le siècle suivant : Hippocrate,
Aristote, Galien, etc., regardaient le ver plat comme un animal, mais quel-
CHEZ L'HOMME. — CESTOÏDES. 71
ques auteurs grecs furent déjà d'une opinion différente. îElius dit : « Est autem
<> latus lumbricus, si ita dicere liceat. permutalio pelliculse intrinsecus intes-
» tina ambianlis, in corpus quoddam vivum, etc. (1). » Paul d'Egine dit aussi :
« Lumbricus latus transmulalio, utitadicam, est membranœ inlestinis intrin-
» secus agnalœ in corpus quoddam animatum (2).» Le ver plat n'était donc
point pour ces auteurs un véritable animal. Cette opinion fut reprise et mênie
exagérée par quelques-uns de leurs successeurs: J. Sérapion, médecin arabe
que nous avons déjà cité (p. 41), parle en termes assez obscurs de la gé-
nération des cucurbitins dans une sorte de membrane (pamiiculo mucoso)
qui se forme dans l'intestin. Avicenne et Arnauld de Villeneuve, dont nous
parlerons ci-après, disent quelque chose de semblable. H. Gabucinus (I 547),
quelques années avant Plater, écrivait : « Ego verô nil aliud latum lumbri-
» cum esse existimo, quam, ut inquit Hippocrates, abrasionem veluti intesti-
» norum albam tota complectentem intestina : intra quam cucurbitse semini
» similes animantes procreantur : et quidem vitam sensilem viventes quo
» factum est ut latum lumbricum nihil aliud esse existimem quam mucos intra
» intestina congenitos, vel mucosam pituitam intestinorum frigiditate adden-
» satam (3). »
Beaucoup d'autres auteurs, dont i! est inutile de faire ici mention, ont par-
tagé cette manière de voir. Ainsi, pour beaucoup de médecins devanciers ou
contemporains de Plater, la question n'était point de savoir s'il y a plusieurs
espèces de ténias, mais si le ténia est réellement un animal.
L'opinion relative à la pluralité des espèces de ténias paraît avoir été émise
d'abord par les Arabes, mais alors elle reposait sur une erreur. Nous avons
dit qu' Avicenne a probablement regardé comme formant deux espèces dis-
tinctes de vers plats, ceux qu'il appelle les longs et ceux qu'il appelle les
plats, c'est-à-dire le ténia et les cucurbitins. Quant à la mention de plu-
sieurs sortes de ténias (tineœ) , que l'on trouve encore dans quelques anciens
ouvrages, leurs auteurs n'ont point voulu désigner plusieurs espèces de vers
plats, mais ils ont employé l'expression de tinea comme synonyme de tXfuvj;
ou lumbricus.
Arnauld de Villeneuve, qui vivait vers l'an 1300, est le premier auteur qui
ait parlé d'une manière bien nette de plusieurs espèces de vers plats : « Ex
» phlegmatedulci, dit Arnauld de Villeneuve, fiuntlongi et lati; ex phlegmate
« naturali fiunt brèves et lati et isti dicuntur cucurbitini et quidam dicunt quod
» isti cucurbitini generantur in ventre cujusdam maximi lumbrici qui aliquando
» emittitur longior uno vel duobus brachiis qui solium sive cingulum dicitur (4). »
La distinction de ces trois espèces de ténias est tout à fait erronée ; cepen-
dant, à part ce ver appelé solium, qui est purement fictif, le ver plat et long
(1) Op. cit., tetrab. III, sermo I.
(2) Op. cit., lib. IV, cap. lvii.
(3) Ilieron. Gabucinus, Op. cit., p. 6 et 7.
(4) Breviar, lib. II, cap. xxi.
72 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES
et lover plat et court, c'est-à-dire le ténia et le cucurbilin, sont deux étreâ
réels, quoique non spécifiquement distincts. La manière de voir d'Arnauld de
Villeneuve relativement à ces deux espèces de vers plats, qui para'it avoir été
aussi celle d'Àvicenne, eut par la suite beaucoup d'adhérents.
Si l'on ajoute à ces opinions relatives à la nature ou a la distinction des vers
plats, celle qui consistait à faire du ténia une chaîne formée par la réunion de
vers cucurbitins momordicùs inhœrenles, on comprendra qu'à l'époque où
vivait Plater, la plus grande obscurité régnait sur la nature et la constitution
du ver plat, et que la distinction qui avait été faite avant, lui de plusieurs
espèces de ténias n'était que le résultat d'erreurs grossières.
Voici comment s'exprime F. Plater au sujet des ténias de l'homme : « Per
» podicem talia corpora etiam, sed raro, rejiciuntur diversorum generum :
» 1° E quibus unum fasciam quamdam refert, membraneam, intestinorum
» tenuium substantise similem, eorum longitudinem adaequantem, minime
» lamen, uti illa, cavam, sed digitum transversum latam, quam latum lumbri-
» cum appellant, rectiùs tœniam intestinorum, siquidem cum lumbrico nullam
» habeat similitudinem, nec, uti lumbricus, vivat, aut loco moveatur; sed
» tamdiù, donec, nunc integrum, magno impetu aut terrore patientis existi-
» mantis intestina omnia sic procidere, vel abruptum, elabatur. In qua fascia
» plerumque lineee nigrse transversœ, spatio digiti, ab invicem distantes, per
» totum ipsius longitudinem et ad formam vertebrarum, inintervallis illis ex-
» tuberantes, apparent.
» 2° Aliàs verô aliter formata ejusmodi taenia longissima, veluti ex portio-
» nibus multis coheerentibus et quœ ab invicem abscedere possunt, constare
» videtur, quas portiones, cum cucurbitae semina quadrata nonnihil référant,
■» cucurbitinum vermem vocant, qualis rarius integer, sed plerumque in plura
» frusta divisus, rejicitur; quee singula privatos vermes esse, cucurbitinos
» dictos, crediderunt licet tantum fascise illius abruptae sint particulae (1). »
Cette description indique suffisamment le bothriocéphale et le ténia de
l'homme. Une seule erreur notable s'y rencontre, c'est celle qui attribue au
premier de ces vers l'absence de vie et de mouvements.
Plater n'a point donné de nom à ces deux espèces de ténias, c'est pourquoi
les médecins qui en ont parlé après lui, 'les ont appelées tœnia prima ou secunda
Plaleri,
Le tœnia prima (bothriocéphale) n'est pas resté tout à fait inconnu jusqu'aux
écrits de Plater : Thaddœus Dunus(2) parle d'un ver de plus de vingt-cinq aunes
qu'il observa en Suisse, en 4 571, et dont la description se rapporte au bo-
thriocéphale. Gaspard Wolphius (3) à Zurich, vers la même époque, en fit rendre
par un enfanta la mamelle deux longs fragments qui appartenaient évidem-
ment au bothriocéphale; mais ces auteurs n'ont point pensé que le ver qu'ils
observaient fût différent du ténia solium.
(1) Praxeos medicœ opus, t. II. Deanim. excrel., 1602.
(2) Miscel. dere medica, cap. xv, 4592.
(3) Observ. cit.
CHEZ L'HOMME. — CESTOÏDES. 73
Adrien van der Spiegel, ou Spigel (1618), après Plater, mais probable-
ment sans connaître ses écrits, reconnut l'existence de deux espèces de ces-
toïdes chez l'homme. Spigel parle d'abord en ces termes d'un ver qu'il avait
vu rendre par une femme : ce Nostram vidimus prorsùs candidam, lineis seu
» incisuris, more insectorum, quibusdam eequaliter a se invicem distantibus,
» per transversum praedilam, in quarum spatio intermedio habebat qutedam
» velutiinternodia, lenticulse figura (1).i> Dans les diverses circonstances
du fait, dans la description et la figure du ver, on ne peut méconnaître
un bolhriocéphale que Spigel, à tort, prit pour le ténia des Grecs. Dans le
chapitre suivant, à propos du ténia solium qu'il reconnaît être un ver diffé-
rent, il s'exprime ainsi : « Neque ex multis vermibus, ut somniant auc-
» tores, sibi invicem adhgerentibus catenatim, conflatam ; sed ex multis nodis,
» veluti articulis, semen cucumeris referentibus, unum vermem esse compo-
» situm, qui, quôd non habeat fascise aliquam similitudinem, non débet pro
» veterum lato lumbrico sumi, et si longitudine par ei aliquando esse videatur,
» sed pro suse speciei lumbrico, quem Arabes fortassîs cucurbitinum vermem
»a figura ejus articulorum appellare voluerunt ego nihilominus fasciam
» potius seu lœniam degenerem nominabo, de hac apud antiquos Graecos fateor
» ingénue me nullam reperiisse factam mentionem (2). »
Spigel, ayant cru reconnaître le ténia des Grecs dans celui dont il a parlé
en premier lieu, ne pouvait le retrouver dans son tœnia degener. La première
erreur causa la seconde ; toutefois ces erreurs ne touchent point le fonds de la
question, et l'on reconnaît, par le texte et par les figures qu'il a jointes à son
ouvrage, que l'auteur avait distingué deux vers ces toïdes^ chez l'homme : le
bolhriocéphale dont il parle, et dont il donne la figure d'après ses propres
observations, et le ténia solium [degener), qu'il représente d'après Cornélius
Gemma.
La question de la pluralité des vers cestoïdes de l'homme resta jusqu'à la
fin du xvne siècle au point où l'avaient laissée, au commencement de ce même
siècle, Plater et Spigel. Nicolas Andry, dans la première édition de son Traité
de la génération des vers (1700), admet l'existence de trois espèces ou varié-
tés de ténias : « L'un qui retient le nom du genre et qui s'appelle proprement
tœnia, lequel n'a point de mouvement ni de tète formée; et l'autre, qui se
nomme solium et qui a du mouvement et une tête ronde, fort bien formée,
faite comme un poireau (3). » Celui-ci a deux variétés principales : « L'un a
le long du milieu du corps, par-dessus, comme une longue épine; c'est ainsi
que Spigel le représente.....; l'autre n'a point cette épine, etc. (4). »
La première espèce rappelle le tœnia prima de Plater, qui n'a pas de mou-
vements; la seconde, comme l'auteur le dit lui-même, est le ténia des Grecs
(1) De lumbrico lato lib., cap. v, p. 13 ; Patavii, 1618.
(2) Ouvr. cit., p. 17.
(3) Ouvr. cit., p. 78, 1™ édit.
(4) Ouvr. cit., p. 80.
Hl AFFECTIONS VERMINEUSES Dl-S VOIES DIGESTIVES
de Spigol ; la troisième appartient à l'auteur, qui la décrit d'api es ses propres
observations.
Dans la seconde édition du même ouvrage ('174 4), Andry reconnaît qu'd
n'y a que deux espèces de ténias chez l'homme; il donne quelques-uns de
leurs caractères dislinclifs d'une manière précise : « 11 y a deux sortes do
tœnias, dit-il, l'un a le long du milieu du corps en dedans une espèce d'épine
qui s'étend depuis un bout jusqu'à l'autre (par épine, Andry entend un
rachis qui est constitué par la série des proéminences qui existent au centre
de chacun des anneaux chez le bothriocéphale); l'autre n'a point cette épine,
mais on y remarque au bord, après chaque article, une espèce de mamelon
au bout duquel paraît une ouverture, dans laquelle on discerne un vaisseau
bleuâtre qui traverse jusqu'à la moitié de la largeur du corps; l'un et l'autre
ont une tète ronde et un cou extrêmement mince (4 ). »
Plater et Spigel avaient indiqué déjà l'apparence de rachis que présente le
bothriocéphale (Tœnia prima, ténia des Grecs) ; mais les caractères distinclifs
du ténia solium appartiennent entièrement à Andry.
Dans sa troisième édition (4 744), l'auteur confirme ces faits et donne à
l'un de ces vers, le premier qu'il ait observé, le nom de ténia de la première
espèce ou ténia sans épine, c'est le ténia solium; à l'autre le nom de ténia de
la seconde espèce, ou ténia à épine, c'est le bothriocéphale (2).
Charles Bonnet (de Genève), après Andry, fit une nouvelle étude des vers
plats de l'homme : il signala entre les deux espèces un caractère distinctif
nouveau : la longueur relative des anneaux. En conséquence, il proposa d'ap-
peler l'un (le bothriocéphale} ténia à anneaux courts, l'autre (le ténia solium}
ténia à anneaux longs (3).
D'autres espèces de ténias se trouvent encore indiquées dans les
livres de médecine : F. Plater, outre celles dont il a été question ci-
dessus, parle d'une troisième espèce dont les individus ne sont point
aplatis, mais cylindriques , comme les lombrics, semblables dans
toute leur longueur, . . . privés de mouvements , rares chez les hommes,
mais fréquents chez les chiens. Il ne peut être question ici de l'un
des ténias du chien; il est possible que Plater ait observé, comme
le pense Rudolphi, quelque ver nématoïde altéré ; mais, à notre avis,
il s'agit plutôt de ces concrétions membraniformes formées d'un mucus
condensé, que rendent certains individus avec les selles et dont nous
allons parler immédiatement.
(1) Ouvr. ci7.,2'édit., p. 73-74.
(2) Ouvr. cit., t. I, p. 194-195.
(3) Ch. Bonnet, Diss. sur le ténia, sav. élrang., t. I, p. 478, 1730, et
compl, t. II, p. 65. Neufchâtel, 1779.
CHEZ L'HOMME. — CESTOÏDES. 7f>
Ch. Dionis, prenant pour un tégument une enveloppe formée pur
Idu mucus qui entourait un ténia soumis à son observation, crut avoir
découvert une nouvelle espèce de ce ver et lui donna le nom de ténia
à enveloppe (1) . Le mucus condensé sous forme de membrane, qu'il
n'est pas absolument rare de voir sortir avec le ténia, et que l'on
reconnaîtrait aujourd'hui généralement pour ce qu'il est, avait depuis
longtemps fixé l'attention des médecins. Un assez grand nombre en
avaient fait mention, soit qu'il eût consisté uniquement dans une con-
crétion membraniforme prise pour un ver, soit qu'il eût enfermé des
fragments du ténia. C'est cette enveloppe de mucus qu'Arnauld de
^Villeneuve dit être un grand ver nommé solium ou c/nc/ulum, que
■Sérapion, Avicenne et d'autres auteurs ont appelée pannicutus
mucosus, que Gabucinus dit être une abrasion de l'intestin formée
par le refroidissement de cet organe, que d'autres ont appelé leciulus
vermium.
C'est sans doute à des corps de ce genre qu'il faut rapporter le
ténia de la troisième espèce de Plater, et ce ver rond de trente pieds
de longueur qu'un jeune homme, au rapport de Baglivi, rejeta par
(e vomissement (2) et cet autre dont parle Zacutus Lusitanus, qui
fut évacué par un enfant de trois ans, après de violentes coliques.
" Membranam latam, tœniamdiceres, longam palmos viginti quinque,
» crassiusculam, quatuor digitorum latitudine (3). •>
Vallisneri parle d'une femme juive qui rendit plusieurs fois de ces
concrétions membraniformes remplies de vers cucurbitins, concré-
tions prises par la malade pour une portion de ses intestins : " Erat
» hœc substantia, dit Vallisneri en parlant de l'une de ces concrétions,
"< velut fascia qusedam duplicata, omni parte clausa, crassa, lubrica,
» splendente, diaphana, mucilaginosaque membrana contexta, duos
» pollices lata, duobusque cubitis longior, cava interiùs, in siphonis
» modum... in ejns verô cavo innumeri continebantur vermes cucur-
•> bitini (4). » Quant à lanature de ces tubes, Lancisi, les comparant
aux concrétions polypiformes du cœur, émit l'opinion qu'ils sont
(1) Charles Dionis, Dissert, sur le ténia ou vert plat, p. 5- Paris, 1749.
(2) Andry, ouv. cit., 2e édit. , Lettre de Baglivi, p. 438. (Baglivi dit lumbricum
'erelem, expression que, dans sa troisième édition, Andry rend inexactement par
"elle de un vert plat.)
(3) Zacutus Lusitanus, De princip. meclicor. Mst., lib. II, hisl. 68; et Leclerc,
pp. cit., p. 111.
(4) Antonio Vallisneri, Opère fisico-mediche, t. I, p. 14G [Dell' origine de' vermi
mrdinari nel corpo umano). Venezia, 1732, in-fol., trad. par Leclerc, op. cit.,
)p. 86.
76 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGKST1YES
formés d'un suc concrescible fourni par l'intestin. Vallisneri partagea
ce sentiment; il se demanda, toutefois, si ces tubes ne seraient pas
en partie l'œuvre des vers, qui les formeraient
ou les consolideraient pour y déposer leurs
œufs (1). L'opinion que les vers forment eux-
mêmes ces membranes avait été déjà été
émise par Houllier (2) ; elle fut reproduite par
plusieurs auteurs ensuite à l'égard des con-
crétions membraniformes qui ont été quelque-
fois observées autour des pelotons d'oxyures
ou de lombrics.
On a encore regardé comme appartenant à
une nouvelle espèce de ténia, les cestoïdes
dont les anneaux sont perforés [Tœnia fenes-
trata) (3) , par suite de la rupture des parois
de l'ovaire qui laissent sortir par cette sorte
de ponte les ovules arrivés à maturité. Les
individus dont les anneaux mûrs sont ainsi
perforés dans une étendue plus ou moins
grande, appartiennent le plus souvent sans-
doute au bothriocèphale , car les segments di,
ténia solium se séparent généralement avant
d'avoir acquis un degré suffisant de maturité ,
Une femme qui était, en 1843, dans le service,
de M. Rayer à la Charité, rendit trois bo-
thriocéphales à la fois, après avoir pris deu>
gouttes d'huile decroton ; l'un de ces vers avai
les derniers anneaux perforés assez régulière-
Fig. 3. — Bothriocèphale per- ment. Un ver cestoïde perforé, dont parh'
foré, observé par M. Rayer. _. , , . . , . , M
m. rievet, était aussi un bothriocèphale (a) :
cependant Rudolphi a vu deux ténias solium, dont l'un au musée d(,
(1) Leclerc, op. cit., p. 110.
(2) « Nonnullis quoque contigit ut multitude- vermium tunicam sibi contexeri,
» extensam toto intestine-. » (Holler, Demorb. internis, lib. I, cap. liv.)
(3) Masars de Cazéles , Sur le ténia ou ver solitaire , et plus particulier
rement sur un ténia percé à jour (Journal de Roux, t. XXIX, p. 26
1768).
(4) J.-C. Fiévet, Quelques mots sur les helminthes de V homme (Thèse, Paris
n° 255, p. 11, 1855).
CHEZ L HOMME. — CESTOÏDES. 77
Wienne, qui avaient leurs anneaux les plus grands perforés (1), et
Bremser en a fait rendre à deux malades (2).
Aux erreurs des médecins sur la détermination des espèces de
cestoïdes propres à l'homme, quelques naturalistes, d'après des carac-
tères insuffisants ou mal interprétés, en ajoutèrent d'autres soit en
indiquant comme appartenant à de nouvelles espèces de simples va-
riétés, soit en attribuant à l'homme des cestoïdes propres à d'autres
uni m aux.
Enfin, nous avons vu que les segments libres du ténia (cucurbi-
Ëns) ont été regardés par les Arabes comme une espèce de ver dis-
tincte ; des connaissances exactes sur l'origine et la nature de ces
•segments ne furent acquises qu'avec beaucoup de lenteur et de
iifnculté.
Hippocrate, à propos du ver plat, parle de ses anneaux séparés
jjui sont expulsés sous la forme de semences de concombre ; mais ces
ndications, qui se retrouvent dans quelques auteurs grecs, ont été
négligées et oubliées jusqu'à Félix Plater. Plusieurs auteurs posté-
rieurs aux Arabes, regardant aussi les cucurbitins comme des vers
oarticuliers, pensèrent que ces vers, primitivement libres, se réunis-
sent quelquefois en nombre plus ou moins considérable, et consti-
tuent le ténia par leur enchaînement ou par leur rapprochement dans
une membrane détachée des intestins ; quelques-uns, confondant les
cucurbitins avec les ascarides ou oxyures, crurent que le ténia est une
chaîne formée par la réunion de ces entozoaires qui habitent le
t'ectum (3).
(1) Rud., Synops., p. 522.
(2) Bremser, ouvr. cit., p. 197.
(3) L'opinion que le ténia est formé par uue série de cucurbitins accideulellc-
îment réunis, est fort ancienne. On sait aujourd'hui que chacun des anneaux du
tlénia est produit par la tête comme un bourgeon, que ce bourgeon s'accroît et finit,
ichez quelques cestoïdes, par se détacher pour vivre encore quelque temps à l'état
Ide liberté. Les bourgeons ou anneaux, chez le bothriocéphale, restent constamment
adhérents les uns aux autres; mais chez le ténia solium, ils se séparent assez ordi-
nairement el forment ce que les naturalistes aujourd'hui appellent un progloltis, et
se que les médecins appelaient autrefois un cucurbitin. Les anciens ne se rendaient
pas compte comme nous du mode de formation d'une chaîne de proglottis ou
cucurbitins. Les uns, nous l'avons dit déjà, ont pensé que les cucurbitins étaient
maintenus par une. membrane enveloppante (panniculo mucoso) ; les autres, qu'ils
étaient simplement collés (mediante humiditate flegmatica) ; un plus grand nombre
*>nt cru que les cucurbitins s'accrochaient les uns aux autres par leur bouche :
'« Cucurbitinos vernies ejecit, dit Benivenius, qui ita inter sese (dum scilicet
78 AFFECTIONS VERMINEOSES DES VOIES WGESTlVliS.
Les anneaux libres du ver solitaire ont encore été regardés connue
les œufs de ce ver, accrus et en voie de développement ; Anclry pro-
fessa cette opinion, mais il reconnut ensuite son erreur et revint au
sentiment d'Hippocrate, de Plater et de Tyson qui avaient indiqué
déjà la véritable nature des cucurbitins. En comparant la forme et
la constitution de ces segments libres avec celles des anneaux du
ténia, il reconnut et établit définitivement que les cucurbitins sont
les anneaux du ténia, qui, après s'être détaches de ce ver, jouissent
encore pendant un certain temps du mouvement et de la vie.
CHAriTRE II.
RAPPORTS DU TÉNIA AVEC LE BOTHRIOCÉPUALE. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE
DE CES VERS.
Les deux vers cestoïdes de l'homme, le ténia solium et le bothrio-
céphale large, existent dans des contrées diverses et semblent s'ex-:
« alter alleri mordicus inhœreret) jungebanlur, ut » (Ant. Benivenii, De abdilis
morborum causis, cap. 87).
Pierre de Abano paraît avoir le premier (1250) émis l'opinion que le ténia
est formé par une réunion de vers cucurbitins (filo unius in allerum conjunc-
lorum) (voyez p. 42). Thadée, Michel Savonarola, Fernel, Al. Benedetli et beau-
coup d'autres adoptèrent cette manière de voir, qui fut repoussée par Plater et
Spigel. Elle fut ensuite reprise par Vallisneri. Aucun auteur, avant ce célèbre na-
turaliste, n'avait entrepris d'apporter des preuves à l'appui de cette opinion ;
Vallisneri le fit. Il se fondait: 1° sur la vitalité des anneaux isolés; 2° sur l'absence
de communication vasculaire entre leur série; 3" sur la présence de deux crochets
au bord de chaque anneau, qui servaient à le fixer à l'anneau voisin {Bel origine
de' vermi nel corpo umano): la seconde et la troisième de ces propositions sont
fausses.
L'opinion de Vallisneri et de ses prédécesseurs n'est pas tout à fait dénuée de
vérité; l'erreur a été de croire que les cucurbitins sont primitivement libres.
Plus tard, Steph. Coulet eut la même manière de voir relativement à la consti-
tution du ténia; mais cet auteur pensait que les ascarides (oxyures) ne sont point
différents des cucurbitins. Celte confusion qui se trouve, avons-nous dit, chez les
auteurs du xiue et du xivc siècle, n'existait pour eux, probablement, que dans
les expressions ascarides vel cucurbilini. Il n'en est pas de môme pour Coulet, qui
dit de l'oxyure : « ascaris est vermiculus planus. » (Diss. inaug. de ascaridibm
et lumbrico lato, 1729).
Les derniers partisans de l'opinion de Vallisneri furent, parmi les médecins,
Postel de Francièrc (Journ. de méd., t. XVIII. p. 416, 1763 et t. XXVI.
p. 415, 1767), et Blumenbach parmi les naturalistes (Gœll'mgsche Anzeigen von
gelehrlen Sachen. St. 164, 177 4).
RAPPORES DU TÉNIA AVEC LE BOTIIRICGÉPHALE. 79
dure mutuellement; car, généralement, dans les régions où l'un
de ces vers est très commun l'autre n'existe pas, ou du moins, il y
est très rare. Cependant, il n'y a point d'incompatibilité entre ces
deux vers; l'un et l'autre peuvent atteindre le même individu à la
fois ou successivement ; l'un peut exister avec l'autre dans la même
contrée ou, suivant des circonstances nouvelles, se montrer fré-
quemment dans une localité qui semblait le domaine exclusif de
l'autre. C'est ce qui ressortira des faits que nous allons exposer.
On rencontre souvent chez les animaux des vers cestoïdes d'es-
pèces différentes vivant ensemble clans l'intestin. L'association du
ténia avec le bothriocéphale chez l'homme n'aurait donc rien d'inso-
lite ; quoiqu'elle ait été fort rarement observée, l'on en possède des
exemples certains.
Dionis dit qu'un de ses malades a rendu un morceau de ténia à
épine et huit jours après un morceau de ténia à nœuds (1).
Van Doeveren rapporte qu'il a observé un ténia de la première
espèce [bothriocéphale) , brunâtre, avec son extrémité antérieure, et
de plus une portion d'un autre ver fort blanc dont les articulations
n'étaient point de la même conformation que celle du premier (2).
A l'autopsie d'une femme de Fiesole (Toscane), morte quelques
jours après avoir rendu un ténia solium, le professeur Lorenzo Nan-
noni trouva un autre ver cestoïde, long de 3 mètres à peu près, et
qui différait du précédent par ses anneaux plus courts et par sa
couleur (3).
Le docteur Breton rapporte qu'une petite fille évacua, après avoir
pris l'écorce de racine de grenadier, un ténia large vivant et long de
4 pieds 9 pouces, et le lendemain un ténia solium mort, de 9 pieds
10 pouces de longueur (4).
(1) Dionis connaissait parfaitement les deux espèces de vers plats distingués par
Andry, et si les expressions de ténia à épine et ténia à nœud ne s'accordent pas pré-
cisément avec les dénominations d'Andry, ils expriment cependant deux vers dif-
férents, car Dionis ajoute : « que peut-on conclure, sinon que le malade avait ces
deux espèces de ténia? » (Ch. Dionis, Dissert, sur le ténia ou ver plat, p. 26. Paris,
1749.)
(2) Vau Doeveren, ouvr. cit., p. 181.
(3) Guidelti, Deivermi humani in générale, etc. Firenze 1783, cité par M. Raikem
[Rapport à l'Acad. royale de médecine de Belgique, Bulletin, t. XII, p. 213.
Bruxelles, 1853.)
(i) Breton, Medic. chirurg. Transactions o[ London, 1821, t. XI, p. 307, cité
par Mi Raikem, rapp. cit. p. 216.
80 AFFECTIONS VlillMINEUSIiS DES VOIES DIGESTlVES.
Ces observations sont certainement très contestables ; il leur
manque à toutes l'indication de quelque caractère précis qui autori-
serait à regarder les deux vers de chacun de ces cas comme appar-
tenant à deux genres différents; mais il n'est permis de conserver
aucun doute à l'égard du fait suivant .
« Il y a quelques années, dit Rudolphi dans son ouvrage de phy-
siologie, je recueillis plusieurs vers solitaires qui avaient été éli-
minés par une femme ; il y en avait en même temps de deux
espèces munies de leur tête. C'est là le seul exemple bien avéré
de ce genre que je connaisse (1). »
On possède aussi plusieurs exemples de bothriocéphale et de
ténia, pris successivement par le même individu dans des contrées
différentes :
» Un Suisse, établi à Bologne depuis deux ou trois ans, dit Brera,
offrit les symptômes de la présence du ténia. Un traitement con-
venable fit évacuer en entier un très beau tcënia inerme, espèce en
quelque sorte indigène chez les habitants du Nord et chez ceux de
son pays ; malgré cette expulsion, les symptômes s'aggravèrent;
l'on dut reprendre le traitement et recourir même à des anthel-
minthiques très puissants qui procurèrent l'évacuation de plusieurs
ténias armés (2). >>
Le docteur Wawruch rapporte le cas d'un orfèvre de Genève qui
s'était établi à Vienne : cet homme avait expulsé un bolhriocépliale
dans son pays; après deux ans de séjour à Vienne, il rendit un
ténia soîium (3).
Le bothriocéphale est moins universellement répandu que le
ténia ; il occupe des régions restreintes, principalement au bord de
la mer, de certains lacs ou de certains fleuves. Il n'est bien connu
qu'en Europe.
Le ténia solium a été observé en Europe, en Asie, en Afrique et
en Amérique. Il existe probablement chez tous les peuples du
monde. On dit que les Malais n'ont pas de vers cestoïdes (4) ; mais
(1) Phys., II Bd., II Abth., p. 239 (1821), cité par J. Frank et Raikem, rapp. cit.
(2) Valeriano Luigi Brera, Memorie fisico-med. sopra i princip. vermi del corp.
umano. Grema, 1811. Mem. prim., p. 58.
(3) Wawruch, Mém. cit.
(4) Schmidtmuller, cité par M. Boudin (Traite de géographie et de statistique
médicales, t. I, p. 336, Paris, 1857).
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DU TÉNIA ET DU BOTHRIOCÉPHALE. 81
nos renseignements sur ce peuple sont trop incomplets pour qu'on
puisse accorder quelque créance à cette assertion.
Europe. • — Le ténia solium domine ou se trouve à l'exclusion
du bothriocéphale : en Grèce, en Italie, en Espagne, en France, en
Autriche, en Prusse, en Angleterre.
Le ténia et le bothriocéphale sont plus ou moins communs en
Hollande, en Suède.
Le bothriocéphale domine ou se trouve à l'exclusion du ténia : en
Suisse, en Russie.
Grèce. — Les descriptions du ver plat par les anciens Grecs désignent suf-
fisamment le ténia solium.
Malte. — Le ténia solium existe seul à Malte (Monlgomery-Martin, History
ofBritish Colonies. Cité par M. Boudin).
Italie. — D'après Vallisneri, Brera, Délie Chiaje, le ténia solium existe en
Italie. D'après Baglivi (lettre à Andry), le ténia n'est pas aussi commun à
Rome et en Italie qu'en Hollande.
Espagne. — Les auteurs arabes n'ont observé que des ténias cucurbitins.
France. — Le ténia solium existe généralement en France. Le bothriocé-
phale s'observe cependant dans les déparlements voisins de la Suisse. Dujar-
din a vu ce ver à Saint-Malo (ouvr. cit., p. 612).
Autriche. — A Vienne, Geischlager ne vit que le ténia solium (Rud. Eut.
hist. nat., t. I, p. 345). — Bremser ne trouva le bothriocéphale que chez
des étrangers. — Wawruch, sur 206 cas de vers cestoïdes, ne vit que trois
bolhriocéphales, tous les trois d'importation étrangère. ^
Dans le Tyrol, d'après Bremser, on n'observe que lé ténia solium (Ouv.
Cit., p. 345).
Prusse. — D'après Rudolphi, on ne trouve ordinairement à Berlin que le
ténia solium. Il a observé le bothriocéphale chez une jeune fille de Poméranie
(Rud. Ent. hist. cit., t. I, p. 345).
Angleterre. — Carlisle (cité par Rud., p. 345) dit qu'on ne trouve guère
en Angleterre que le ténia solium. M. Owen, à propos d'un fait que nous rap-
porterons ci-après, confirme cette assertion relativement à Londres.
Hollande. — D'après Van Doeveren (ouvr. cit., p. 132), les deux espèces
de cestoïdes existent en Hollande, mais il a observé plus fréquemment le bo-
thriocéphale.
Belgique. — Les deux cestoïdes existent en Belgique. C'est à Bruxelles que
Spigel a observé le bothriocéphale. Le docteur Lombard dit que le ténia est
très commun à Liège (Bull. acad. deméd. de Belgique, t. XIII, p. 32, 1853).
Suède. — Rudolphi rapporte (ouvr. cit., p. 345) que tous les vers cestoïdes
qu'il reçut de Suède appartenaient au ténia solium. D'un autre côté, Linné
avait dit que le tœnia vulgaris (bothriocéphale) est très commun dans cepays,
Pavaine. 6
82 AFFECTIONS VEltMINEUSES DES VOIES DIGESTIVËS.
D'après M. Huss, le bolhriocéphale est très commun sur les cotes de la pro-
vince de Nordbolten, dans la Finnmark et dans d'autres parties de la Suède
à l'embouchure des fleuves. Le ténia s'y trouve rarement. (Huss, Krankh. d.
Schwed. Extrait dans Arch. gén. de mèd., 5e série, t. VII, p. 349. Paris,
4856.)
Islande. — D'après M. Huss, les Islandais sont rarement attaqués de
ténias. (Mém. cit.).
Danemark. — Les Danois sont très rarement attaqués de vers cestoïdes au
rapport de 0. Fr. Mùller (Goeze Nalurgesch., p. 22. Cité par Rud., ouvr. cit.,
p. 344).
Russie. — Le bolhriocéphale est endémique en Finlande d'après M- Huss
(cité ci-dessus). Erdmann rapporte que le bothriocéphale est très commun en
Livonie, aux environs de Dorpat et de Riga ; le ténia solium y est d'impor-
tation étrangère. (Zeilschr. fur Nalurund Heilkunde, t. V, n" 1 , p. 160, et Bull,
se. méd., t. XVI, p. 65, 1829.) « Le botriocéphale large est endémique
en Russie, en Pologne, en Prusse jusqu'à la Vistule aussi bien qu'en Suisse,
dit de Siebold, tandis que dans les autres pays de l'Europe, le ténia solium
prend sa place » (art. Parasites du Dictionnaire de physiologie de R. Wagner,
t. II, p. 652). Récemment, M. Weisse a observé plusieurs cas de ténia so-
lium à Saint-Pétersbourg.
Suisse. — Le bothriocéphale paraît généralement répandu en Suisse, à
l'exception de quelques localités restreintes. Leclerc [ouvr. cit., p. 121), dans
l'espace de quarante ans, n'a vu à Genève qu'un seul cas de ténia solium;
c'était chez une femme étrangère au pays. Odier signale l'extrême fréquence
du bothriocéphale dans cette ville (Méd. pratique). Guillaume Fabricius
(Leclerc, p. 121) a vu communément ce ver à Berne, Herrenschwands à
Morat. Bremser (ouvr. cit., p. 173) l'a vu chez une fille de Glaris. Un ver
cestoïde que Thaddseus Dunus a vu chez une jeune femme du canton de
Zurich (Leclerc, ouvr. cit., p. 124) et celui que Gaspard Wolphius a vu chez
un enfant de cette ville (cas cité), appartiennent certainement au bothriocé-
phale ; cependant, M . Lebert dit : « Nous avons le tœnia solium à Zurich et
dans une bonne partie de la Suisse orientale, tandis que dans la Suisse occi-
dentale et dans le canton de Vaud surtout, je n'ai observé que le bothriocé-
phale » (Traité d'anat. pathologique gén. et spéciale, 1. 1, p. 408. Paris, 1 857).
Herrenschwands n'a vu que le ténia solium à Bâle (Bonnet, ouvr. cit., t. II,
p. 69, et Van Doeveren, ouvr. cit., p. 132).
Ces données générales souffrent quelques exceptions locales ou
accidentelles, et l'on observe quelquefois, par suite de son importa-
tion de l'étranger, le ténia ou le bothriocéphale dans une contrée
qu'il n'habite pas naturellement : ainsi, nous voyons assez fréiruern--
ment à Paris le bothriocéphale chez des individus venant de la
Suisse ou des départements limitrophes ; ainsi Bremser et Wawruch
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DU TÉNIA ET DU BOTHRIOCÊPHALE. 83
ont observé ce ver à Vienne , Brera à Bologne, et Leclerc a vu le
ténia solium à Genève.
Le ténia et le bothriocéphale sont loin d'être répandus avec
quelque uniformité dans les contrées que nous venons d'énumérer ;
mais les observateurs s'étant bornés à signaler leur extrême fré-
quence sur quelques points, leur rareté sur d'autres, nous n'avons
pas de documents suffisants pour apprécier leur répartition d'une
manière générale.
En France, aucune donnée statistique ne nous permet d'apprécier
la proportion du ténia par rapport au nombre des habitants; toute-
fois nous possédons dans le rapport des médecins militaires sur les
cas de ténias dans l'armée, un document précieux, s'il est complet.
Sept cas de ce ver seulement, dans l'espace de huit ans (1840-1848),
ont été signalés dans la partie de l'armée qui séjournait en France,
et qu'on peut estimer en moyenne, suivant M. Boudin, à deux cent
cinquante mille hommes : or, l'armée étant disséminée sur toute la
surface de l'empire, peut donner, jusqu'à un certain point, la mesure
de la fréquence du ténia en France. Ce serait donc moins d'un cas
par an sur 250 000 individus. En supposant la vie moyenne de
trente ans, il y aurait en France un individu atteint du ténia par
8300 habitants environ. Cette moyenne est certainement trop faible
pour Paris ; elle pourrait être trop forte pour d'autres localités : un
praticien distingué d'Agen, le docteur Chaulet, m'a dit n'avoir traité
que deux malades du ténia dans l'espace de vingt- deux ans ; d'un
autre côté, aux portes de la France, à Liège, le docteur Lombard
dit connaître quarante personnes atteintes de ce ver.
Le ténia solium est commun en Angleterre, si l'on en juge par un
relevé que nous avons fait des cas consigés dans le rapport de Bate-
man touchant les malades traités par lui à Londres, de 1804 à 1816.
Le nombre de ces cas a été de vingt-sept sur 14 685 malades, c'est-
à-dire un cas de ténia sur 543 malades (1).
Le bothriocéphale est tellement commun à Genève, qu'un médecin
célèbre de cette ville, Odier, a dit : « Le tcenia lala est si fréquent
(1) Thomas Bateman, Report on the diseases of London and the state of the
weather from 1804 to 1816. London, 1819.
De 1804 à 1810, les cas de ténia, de lombrics ou d'oxyures ayant été le plus
souvent confondus ensemble sous le nom de verminatio, nous n'avons fait partir
notre relevé que de Tannée 1810 où l'indication est devenue plus précise et
régulière.
H.'l AFFECTIONS VEItMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES.
chez nous qu'au moins le quart des habitants l'a, l'a eu ou l'aura (1).»
Ce ver est également très commun clans les contrées baignées par
la mer Baltique : « Dans Biœrneborg (ville située sur le golfe de
Bothnie), dit Rosen, un quart des habitants en est incommodé.
Selon M. Faxe, le ténia (bothriocéphale) se manifeste chez les
habitants principalement en septembre et en octobre; or, c'est le
temps où finit la pêche (2). » D'après les recherches de M. Huss,
c'est le tœnia lata (bothriocéphale) qui existe dans ces contrées. « Le
ténia, dit ce savant médecin , est endémique sur les côtes de la
province de Nordbotten, confinée à la Laponie. A mesure qu'on
s'éloigne de la mer, les ténias (bothriocéphales) sont moins nom-
breux, et dans l'intérieur des terres, à huit ou neuf lieues de la
côte, on n'en trouve plus d'exemples. Peut-être parmi les familles
qui habitent la côte n'en trouverait-on pas une seule ou plusieurs
membres ne soient atteints de cet helminthe ; on le rencontre chez
les riches comme chez les pauvres, les jeunes comme les vieux ;
on l'a observé même chez des enfants à la mamelle. La fréquence
des ténias remonte à une époque très reculée, comme l'indiquent
les traditions populaires. Le ténia (bothriocéphale) est endémique
aussi bien en Finlande qu'en Suède, le long du golfe de Bothnie;
il n'est pas moins répandu dans la Finnmark Les individus
qui viennent d'autres contrées se fixer dans la province en sont
affectés après un séjour plus ou moins long Les médecins
l'attribuent à la nourriture composée exclusivement de poisson, de
lait et surtout de petit-lait. Les montagnards, qui se nourrissent
presque exclusivement de viande, en sont complètement exempts ;
on a supposé que les eaux potables n'étaient pas sans influence.
» Le tœnia lata s'observe dans d'autres parties de la Suède, et il
est remarquable que ce soit toujours à l'embouchure des fleuves,
où le saumon est l'alimentation principale , qu'on le rencontre :
ainsi, dans la ville de Gefle, où ces conditions se trouvent réunies,
un habitant sur cinquante au moins en est affecté (3). »
Lever dominant à Saint-Pétersbourg est aussi le bothriocéphale;
il y était tellement commun dans le siècle dernier que, d'après des
renseignements reçus par Gaubius et Winter, sa présence y consti-
tuait la maladie la plus fréquente (4). Généralement, dans la partie
(1) L. Odier, Manuel de médecine pratique, 3e éd., p. 222. Genève, 1821.
(2) Rosen, ouvr.cit., p. 376, note.
(3) Huss, Me'm. cit.
(4) Van Doeveren, ouvr. cit., p. 128.
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DU TÉNIA ET DU BOTHRIOCÉPHALE. 85
de l'Europe qui comprend la Russie et l'Allemagne, le bothriocéphale
existe à l'est de la Vistule et le ténia à l'ouest ; toutefois, le premier
de ces vers se trouve encore à l'ouest de ce fleuve dans des contrées
assez voisines, en Poméranie par exemple, pour qu'on ne puisse
admettre avec M. de Siebold que la Vistule forme une ligne de démar-
cation très tranchée dans le domaine de l'un et de l'autre entozoaire.
Asie. — L'existence du bothriocéphale n'a point été signalée en
Asie d'une manière certaine (1). M. G. Balfour assure avoir constaté
souvent cet entozoaire à Londres chez des orphelins militaires venus
deCeylan (2); or, comme le bothriocéphale est très rare à Londres,
il est à croire que dans ces cas le ver était importé de Ceylan.
Le ténia solium existe dans un grand nombre de contrées d'Asie
et probablement dans toutes ; comme en Europe, il est plus ou moins
commun suivant les localités; il a été signalé en Syrie, en Arabie,
dans l'Inde. D'après le docteur Anderson, le ténia est très commun
chez les Européens qui servent dans le Punjab, ainsi que dans la
population musulmane de cette province, et chez les Hindous qui
font usage d'une nourriture animale ; tandis que ce parasite est in-
connu dans plusieurs régiments d'insulaires, chez les Hindous cipayes
et chez les domestiques qui tous font usage d'une alimentation exclu-
sivement végétale (3) .
Parmi les soldats cantonnés àPeshawur, le ténia est très commun,
dit le docteur Gordon ; on estime que dans les deux années de séjour
du régiment un homme sur trois en est atteint (4) . D'un autre côté
ce ver est, dit-on, inconnu chez les Malais.
A Java, d'après Schmidtmùller, le ver solitaire est commun chez
les soldats nègres et rare chez les Européens.
Afrique. — Le bothriocéphale est inconnu en Afrique (5) ; le ténia
paraît au contraire généralement répandu sur tout ce vaste conti-
(1) Boudin, Traité de Géographie médicale, t, I, p. 337.
(2) Bull, de thérapeutique, t. LIV, p. 316. Paris, 1858 (extrait d'une note de
M. Hunsbry sur le kamala).
(3) Même note, p. 17.
(4) Boudin, ouvr. cit., t. I, p. 337.
(5) On ne peut ajouter aucune foi à ce que l'on rapporte de l'existence du
bothriocéphale dans l'Afrique centrale. Voici comment en parle Diesing : « Ejusdem
in Africa ccntrali apud Tumalos proventus (quibus Ndàk'-n audit, teste Djalo
Djodan Are, apud Tutschek) magna nounisi cum ha'sitatione veri existimandus. »
(Diesing, op. cit., t. I, p. 586.)
86 AFFECTIONS VF.liMINF.USF.S DFS VOIES DIGEÈTIVEg.
nent . " Hasselquist dit dans son 7 '•àyngè en Palestine, que le ténia est
très commun en Egypte et qu'au Caire le quart des habitants, sur-
tout les juifs, en sont très tourmentés (1). »
Nous verrons ci-après que presque tous les Abyssins sont affectés
du ténia. Ce ver a été signalé au cap de Bonne -Espérance par
Hodgkin (2) et Kùchenmeister (3) ; au Sénégal par Montgomery-
Martin (4) ; dans l'Afrique centrale, au royaume de Tumale, il existe
mais plus rarement, d'après le rapport de Tutschek (5). Il a été très
souvent observé en Algérie par les médecins militaires français.
De 1840 au 1er avril 1846, il y eut dans l'armée d'Algérie 34 cas
de ténia, savoir :
Province d'Alger 18
— d'Oran 7
— de Constantine 9
D'après les rapports des médecins militaires, on a signalé dans
l'armée française, de 1840 au 31 mars 1848, soixante et onze cas
de ténia, savoir :
En France 7
En Algérie 64
•• Or, dit M. Boudin, en admettant que pendant la période dont il
s'agit, l'armée d'Afrique ait été constamment de 100 000 hommes,
l'armée de l'intérieur seulement de 250 000 hommes, on trouve
que le ténia s'est montré 23 fois plus fréquent en Algérie qu'en
France (6). »
(1) Hasselquist, Reise nach Palàstina, S87-590, cité par Rosen, p. 428, et Rud.,
Ent. hisl., t. I, p. 243.
Primer n'est pas d'accord avec Hasselquist : « Le tœnia lala n'est pas endémique
en Egypte, dit-il, mais bien dans les montagnes de Syrie, dans les environs d'Alep,
dans la montagne Assyre, en Arabie, en Abyssinie et dans les pays des nègres.
On ouvre peu de cadavres de nègres sans y trouver de ténias. >> (Pruner, ouv. cit.,
p. 245.) On doit prendre pour le ténia solium ce que Pruner dit du ténia lata,
car il est généralement reconnu que c'est le ténia solium qui règne dans les pays
dont parle Pruner; il est également reconnu qne ce ver est très commun chez les
Égyptiens.
(2) Hodgkin, dans Schmidt's Jahrbiicher der gesammt. Mediz., p. 179, 1845, cité
par Boudin, t. I, p, 336.
(3) F. Kùchenmeister, Die in und an demKorper des lebenden Menschen vorkom-
menden Parasiten, p. 93. Leipzig, 1855.
. (4) Mém. cit.
(5) « Tumale in Africa centrali rarius, teste Djalo Djondam Are apud Tutschek :
Medic. Zuslande in Tumale. Mûnchen, 1845, 15. » Cité par Diesing, t. I, p. 516,
(6) Boudin, ouvr. cit., t. I, p. 338.
CONDITIONS DE LA PROPAGATION DES CESTOÏDES DE L'iIOMME. 87
« A l'Ile de France, le ténia est extrêmement commun, dit
Chapotin, surtout chez les noirs ; des enfants très jeunes, même des
hommes qui se nourrissent bien en sont affectés, quoique plus rare-
ment (1). »
Amérique. — L'existence dubothriocéphale n'a point été signalée
dans l'Amérique méridionale ; le ténia solium s'y trouve au contraire
très communément. Au Brésil, d'après M. Sigaud, il affecte surtout
la race noire. Il est plus commun chez les négresses que chez les
nègres (2).
« Le bothriocéphale est très rare aux États-Uunis, m'écrit M. le
docteur Shattuck, médecin distingué de Boston ; les médecins que
j'ai interrogés à ce sujet m'ont dit n'avoir jamais rencontré ce ver
chez des individus qui avaient toujours habité le pays; le ténia, au
contraire, s'y voit très fréquemment. »
M. J. Leidy, dans le Synopsis des entozuaires observés par lui-
même aux États-Unis, ne donne pas le bothriocéphale de l'homme (3).'
Dans le catalogue du musée de Boston, il ne se trouve que deux
spécimens du bothriocéphale : l'un provient d'un Anglais, l'autre
d'un enfant âgé de dix-neuf mois, qui avait été sevré à six mois ; cet
enfant rendit son ver entier et spontanément, sans avoir éprouvé
dans sa santé aucune altération qui eût fait soupçonner la présence
du parasite ; on ne dit pas que cet enfant fût étranger au pays (4).
En résumé, le ténia paraît universellement répandu sur la surface
du globe ; le bothriocéphale n'existe que dans des régions déterminées
et relativement assez restreintes.
CHAPITRE III.
CONDITIONS DE LA PROPAGATION DES CESTOÏDES DE L'HOMME.
On a fait depuis longtemps la remarque que les contrées dans les-
quelles le bothriocéphale est endémique avoisinent la mer, des lacs
(1) Ch. Chapotin, Topographie médicale de l'Ile de France, p. 1 45. Paris, 1812.
(2) J.-F. Sigaud, Bu climat et des maladies du Brésil, p. 133 et 428. Paris, 1844.
(3) Synopsis of entozoa and some of their ecto-congeners observed by the author.
by Joseph Leidy. Philadelphia, 1856.
(4) A descript. catalogue of the anatomical Muséum of the Boston Society, by
J.-B. Jackson, nos 901 et 903. Boston, 1847.
88 AFFECTIONS VEHMINEIJSÉS IlliS VOIES 1MCEST1YES.
ou des fleuves. 11 était naturel de chercher clans quelque condition
commune à ces diverses contrées la cause de l'existence et de la fré-
quence du bothriocéphale ; on a cru la trouver dans le régime de
poisson dont usent largement leurs habitants ; mais les arguments
n'ont pas manqué pour infirmer cette manière de voir (1) ; toutefois,
comme il y a une relation évidente entre l'existence du bothriocé-
phale et la situation particulière des contrées où il existe ; comme le
saumon et la truite sont propres à la mer, aux lacs ou aux fleuves de
ces diverses contrées, en cessant d'attribuer les causes du botriocé-
phale aux poissons en général dont se nourrissent les habitants, c'est
au saumon et à la truite qu'on les attribua. Un fait encore venait à
l'appui de cette opinion : il existe communément dans ces poissons
des bothriocéphales qui, bien que spécifiquement différents de celui
de l'homme, sont toutefois encore mal déterminés; mais, malgré ces
considérations, l'opinion très répandue aujourd'hui, qui attribue la
cause du bothriocéphale large à la présence du saumon et des truites
dans les contrées où ce ver cestoïde existe chez l'homme, ne peut
se soutenir devant ce fait que le bothriocéphale large est très rare et
même n'existe pas dans des pays ou la truite et le saumon sont très
communs : tel est le Danemark où, d'après Mùller, l'on ne verrait pas
de gens affectés de vers cestoïdes [tœniosos], tels sont l'Angle-
terre (2), l'Irlande et les États-Unis, pays dans lesquels le saumon
et la truite entrent pour une part très notable dans l'alimentation du
peuple.
(1) Voyez à ce sujet Bremser, ouvr. cit., p. 346.
(2) Une observation de botriocéphale manifestement développé à Londres a
paru mériter une attention particulière: il s'agissait d'une petite fille sevrée à
douze mois, et qui était devenue très malade à l'âge de dix-huit mois; elle avait
évacué alors et elle évacua plusieurs fois depuis de longues portions de bothriocéphale.
Elle fut débarrassée complètement de son ver par l'huile de fougère mâle. Le doc-
teur Withey Gull, qui traita cet enfant, se livra à des investigations soigneuses
pour reconnaître l'origine de ce ver, et sa conclusion fut que la malade ne pouvait
l'avoir pris qu'en Angleterre. A cette occasion, M. Owen rapporta à l'auteur qu'à
Londres, dans la collection d'un médecin très connu pour s'occuper spécialement
des vers (Collection made by a celebrated ivorm-doctor in Long-Acre), il ne trouva
que trois bothriocéphales : deux provenaient d'individus qui avaient voyagé en
Suisse ; on n'avait point de renseignements sur le troisième. D'après ce fait et les
considérations qui l'accompagnent, on peut conclure que les médecins anglais con-
sidèrent le bothriocéphale comme étranger à leur pays. ( Bolhriocephalus Mus
occurring in an english child, by Dr W. Withey Gull. The child vias admitted into
the children's ward, on the 20"1 feb, 1852.) — The Lancet, Aug. 14, p. 148,
1832.
CONDITIONS DE LA PROPAGATION D!£S CESTOÏDES DE L'HOMME. 89
La présence du bothriocéphale dans des contrées déterminées,
celle du ténia dans les contrées les plus diverses, au bord de la mer
comme au centre des continents, dans des déserts arides, sous
toutes les latitudes, et par des altitudes diverses, témoigne d'une
différence profonde dans le mode ou les moyens de propagation de
ces deux vers cestoïdes.
On a toute raison de croire que la transmission et la propagation
du ténia solium se fait dans des circonstances particulières d'alimen-
tation. Il y a longtemps (1804) qu'un helminthologiste français,
Fortassin, enlevé jeune à la science, a fait l'observation « que ceux
qui sont occupés à des préparations de matières animales fraîches
ont plus souvent le ténia que ceux qui ont une autre profes-
sion (1). >.• Ce fait trouve en quelque sorte une confirmation dans les
remarques suivantes du docteur Deslandes : » Je consignerai ici, dit
ce médecin, à propos d une femme atteinte du ténia, une remarque
trop singulière pour que je l'omette. Madame Saint-Aubin était
charcutière; le mari de cette dame a rendu, à diverses époques, de
longues portions de ténia; le sujet d'une autre observation, que j'ai
lue à l'Athénée et qui a été insérée clans son Bulletin de novembre
1824, était aussi charcutier. Ces personnes connaissent et m'ont
cité un certain nombre d'individus de la même profession qui sont
affectés du ténia; on m'en a, d'autre part, désigné plusieurs autres.
L'opinion existe parmi les charcutiers qu'ils sont, ainsi que les bou-
chers, très sujets au ver solitaire. On ne s'attend pas sans doute à
ce que je recherche les rapports entre leur profession et le dévelop-
pement du ténia, rapports qui sont peut-être purement fortuits (2). »
Le docteur Merk (de Ravensburg) a signalé aussi la fréquence du
ténia chez les charcutiers (3). Sur les deux cent six malades traités
par M. Wawruch, plus d'un quart appartenait à la profession de
cuisinier; enfin, nous avons rapporté que dans l'Inde les individus de
certaine caste, usant d'une alimentation exclusivement végétale, ne
sont point atteints du ténia qui est cependant très commun autour
d'eux. Ces considérations n'ont pas grande importance par elles-
mêmes, sans doute, dans la question qui nous occupe, mais elles ne
sont pas sans intérêt étant rapprochées des suivantes :
(1) L. Fortassin, Considérations sur l'histoire nat. médic. des vers du corps de
Vhonrne, p. 34, Thèse de Paris, an XII, 1804.
(2) Deslandes, Observation sur l'emploi de l'écorce de racine de grenadier contre
le ténia (Nouv. Biblioth. med., t. IX, p. 76, I82S).
(3) Arck. gcn. demcd., 3e série, t. X, p. 96. Paris, 1841.
90 affections vi:i!MiM;isr..s des VOIES dkjkstives.
Le ténia solium, cQmrae chacun sait, est extrêmement commun
en Abyssinie : M. Rochet cl'Héricourt rapporte que tous les Abys-
sins sont affectés de ce ver (1). » On peut juger si l'infirmité du ténia
est générale dans le pays, disent MM. Ferret et Galinier. Les Abys-
sins le regardent comme une incommodité inhérente à une bonne
constitution. Hommes et femmes, depuis l'âge de six ou sept ans,
tous les Abyssins sans exception, sont infectés du ténia. Mainte-
nant d'où vient ce mal ? quelques voyageurs en voient la cause dans
la qualité des eaux, d'autres accusent l'usage de la viande crue, de
ce broundou qui est le mets le plus recherché des Abyssins (2). » Cette
dernière opinion était celle de J. Bruce qui l'appuie sur les raisons
suivantes : ■• Quelques personnes croient que c'est à l'usage du leff
(graine dont on fait du pain) qu'on doit attribuer cette maladie vermi-
naire dont j'ai parlé dans l'article Cusso ; mais je pense autrement,
car les Gibbertis, ou les mahométans qui vivent en Abyssinie, man-
gent tout autant de teff'qae les chrétiens et n'ont jamais de vers. Je
crois plutôt, comme je l'ai déjà dit, que cette maladie vient de l'habi-
tude de manger la viande crue dont les seuls mahométans ont grand
soin de s'abstenir (3). » Un médecin qui a séjourné en Abyssinie,
M. Louis Aubert, dans un Mémoire publié par l'Académie de méde-
cine (1841), s'exprime de la même manière sur les causes du ténia
chez les Abyssins. Comme Bruce, il attribue la fréquence du ver
solitaire à l'usage de la viande crue, et, comme le célèbre voyageur,
il signale l'absence de ce ver chez les habitants qui suivent la reli-
gion de Mahomet et qui mangent la viande cuite; il rapporte, en
outre, quelques observations de ténias chez des Européens habitant
l'Abyssinie, qui confirment ses vues (4).
(1) Rochet d'Héricourt, Second voyage sur les deux rives de la mer Rouge.
Paris, 1846.
(2) Ferret et Galinier, Voyage en Abyssinie, t. II, p. 109. Paris, 1847.
(3) James Bruce, Voyage en Nubie, en Abyssinie, etc., pendant les années 1768-
1773, trad. de l'anglais, t. IX, p. 167. Paris, 1791.
(4)« Les musulmans ont laviaude crue en horreur; seuls parmi les habeschs ils
n'en mangent pas, et seuls ils sont exempts de ténia, tandis qu'ils mangent du
pain de teff. Pour appuyer ce fait, je citerai tous les blancs (dans ce pays on ne
distingue que la couleur) que j'ai connus. Beaucoup ont eu le ténia, mais aussi
beaucoup en ont été exempts; ce sout ceux qui n'ont pas mangé de viande crue et
qui ont continué à vivre à l'européenne le plus possible. L'épreuve et la contre-
épreuve de l'inlluence de la nourriture sur la production du ténia a même été faite
par un missionnaire protestant nommé Gobât. Dans un premier voyage, comme il
vivait à l'abyssinienne, il a contracté le ténia dont il ne put se débarrasser en
Europe. De retour en Abyssinie pour sa mission et avec une jeune femme, il se
CONDITIONS DE LA PROPAGATION DES CESTOÏDES DE L'HOMME. 91
Dans un pays du Nord où le bolhriocéphale règne à l'exclusion du
ténia solium , un fait intéressant s'est produit depuis quelques
années : pour guérir une dysenterie généralement mortelle, qui sévit
sur les enfants à Saint-Pétersbourg, un médecin éminent de cette
ville, M. Weisse, a eu l'heureuse inspiration de nourrir ces petits
malades de viande de bœuf crue. Grâce à ce mode d'alimentation,
ces malades guérissent généralement ; mais on n'a pas tardé à s'aper-
cevoir que plusieurs de ces petits enfants avaient contracté le ténia
solium (1).
débarrassa du ver par le cousso, vécut à l'européenne et depuis ne l'a plus ressenti.
Trois autres missionnaires, une femme et deux Allemands, vivant à l'européenne,
ont été exempts de cette affection, ainsi qu'un Arménien qui habitait le pays depuis
douze ans. Au contraire, deux Européens, deux Grecs, un Arménien, mon com-
pagnon de voyage et moi qui vivions à l'abyssinienne, nous avons eu tous le ténia. »
(^Mémoire sur les substances anthelminthiques usitées en Abyssinie, par M. L. Aubert,
dans Mém. de l'Acad. roy. de méd., t. IX, p. 698. Paris, 1841.)
Il importe de remarquer que M. Aubert, comme Bruce, dit que les Abyssins
mangent de \&viande crue, sans spécification, ce qui ne peut s'entendre que de la
viande de boucherie, c'est-à-dire celle du bœuf et du mouton. Cependant MM. Gervais
et Van Beneden disent, en parlant de M. Aubert : « Ce médecin attribue la fré-
quence de ce ver à ce que les Abyssins catholiques mangent non-seulement de la
viande cuite, mais aussi de la viande crue, et que cette viande est celle de porc. »
(Ouv. cit., t. II, p. 257.) MM. Gervais et Van Beneden ont fait cette citation d'après
des souvenirs infidèles, car dans aucun passage de son mémoire, M. Aubert ne parle
de viande de porc. Dans la description d'un repas auxquels MM. Ferret et Galinier
ont assisté, ces voyageurs parlent du bœuf et du mouton qu'on leur servit, mais il
n'est pas question de porc : « En entrant dans l'enceinte de la demeure (de Ato-
Réma), nous vîmes qu'il s'apprêtait à nous bien recevoir. Deux bœufs énormes
étaient là encore vivants; mais on n'attendait que notre venue pour les immoler...
on apporte le broundou, le mets favori des Abyssins qui n'est autre chose que la
viande crue; nous allions écrire la viande vivante, car elle est chaude, car elle
fume encore et celui qui la mange la seut palpiter et tressaillir entre ses doigts.
Les deux bœufs venaient d'être abattus, éventrés, découpés dans leur sang... »
(Ferret et Galinier, ouvr. cite', t. II, p. 172 et suiv.)
On voit ici que le broundou auquel, disent MM. Ferret et Galinier, les voyageurs
attribuent la fréquence du ténia chez les Abyssins, est la viande du bœuf crue et
non celle du porc.
(1) M. Weisse a bien voulu me donner les renseignements suivants : « Cher
monsieur, il y a dix-sept ans que j'ai recommandé pour la première fois la viande
crue comme un remède presque infaillible contre la diarrhée des enfants sevrés
(diarrhœa ablactatorum). L'emploi de ce médicament s'est répandu peu à peu chez
nous, eu Allemagne, en France et en Angleterre; et partout on a vanté son utilité.
Cependant plusieurs médecins à Saint-Pétersbourg, avaient observé qu'après l'em-
ploi de la viande crue, il se montre le ver solitaire chez des enfants guéris par ce
moyen. Mais tous ces collègues disaient que c'était le tœnia solium, l'espèce qui
92 AFFECTIONS VEBMI'REUSES DES VOIES DIGESTIVES
Ainsi, dans une contrée dont les habitants sont généralement
atteints du ténia, ceux-là seuls qui s'abstiennent de viande crue sont
exempts du ver solitaire; dans une autre contrée, dont les habitants
sont généralement exempts du ténia, ceux-là seuls qui mangent de
la viande crue contractent ce ver, et ce sont de jeunes enfants chez
lesquels le ver solitaire est si rare.
Le rapprochement de ces faits ne permet pas de méconnaître l'in-
fluence du régime sur la production du ténia, et l'on est porté à
conclure que la chair du bœuf renferme le germe du ténia solium.
Ce germe est-il, comme le disent généralement les helminthologistes
de notre époque, un C3'sticerque ladrique? Nous examinerons cette
question à propos de l'histoire naturelle du ténia; nous nous borne-
n'existe pas chez nous comme indigène ; nous avons ordinairement chez nos ma-
lades le bothriocephalus latus. Et, en effet, je me suis assuré dans six de ces cas,
par l'examen de ces vers, de la vérité de leur assertion.
» A peine de retour de mon dernier voyage, j'ai eu l'occasion de confirmer ce
fait intéressant dans deux nouveaux cas : l°,on m'a apporté quelques morceaux d'un
tœnia solium évacués par un enfant de deux ans, à qui j'avais recommandé, il y a
huit mois, l'emploi de la viande crue. Il est à remarquer que dans ce cas le mé-
decin ordinaire avait averti les parents de l'apparition possible du ver solitaire ;
2° une dame, arrivée de Pleskov à Saint-Pétersbourg, m'a consulté pour sa fille,
âgée de quatre ans, incommodée depuis deux ans par ce ver. En prenant des infor-
mations sur le passé, j'ai appris que l'enfant avait consommé beaucoup de viande
crue pour une diarrhée qui s'était manifestée à l'époque du sevrage. Quelques jours
après, on m'a apporté plusieurs morceaux du ver, et j'ai reconnu derechef le tœnia
solium.
» A la fin de ma lecture à Bonn, qui a été très bien accueillie, M. le professeur
Woutzer s'est approché de moi en m'invilant à venir voir sa fille guérie par l'em-
ploi de la viande crue. Chez cette petite fille s'est montré aussi le tœnia solium
quelque temps après la guérisou. Le ver est conservé à l'amphithéâtre anatomique
de Bonn.
» M. le professeur Charles de Siebold a fait mention de ces faits dans son Traité
sur le ver solitaire (Leipz., 1854). Il s'exprime dans les termes suivants : « C'est
m pourquoi il ne faut pas s'étonner si des médecins rapportent que le ver solitaire
» s'est montré après uue cure par la viande crue. La circonstance qu'on a dans ces
» cas toujours trouvé le tœnia solium soutient justement l'opinion que cette espèce
» de ver solitaire, extrêmement rare à Saint-Pétersbourg, est importée par les bêtes
» de boucherie (souvent sans doute bourgeonnées), qui viennent des contrées où le
» tœnia solium seul est indigène, et que son scolex se couve dans l'intérieur des
» malades traités par la viande crue. »
« N. B. Les bêles à cornes consommées dans notre capitale viennent en plus
grande partie de la Podolie.
» Agréez, etc.
a Saint-Pélersbourg, 31/19 jany. 1858. »
CHEZ L'HOMME. — TÉNIA SOLIUM. 93
rons ici à quelques remarques desquelles il nous semble résulter que
la question est moins avancée qu'on ne le croit. La théorie des
générations alternantes a jeté une vive lumière sur les moyens de
transmission et de propagation de plusieurs vers intestinaux; elle a
été accueillie avec une grande faveur et chacun s'est empressé d'ap-
porter des faits à son appui; mais peu d'hommes ont examiné la
valeur de ces faits, en sorte que dans des cas particuliers, l'on a
admis trop facilement, sans doute, des preuves fort contestables.
Le cysticerque du tissu cellulaire ou ladrique qui, dit-on, se
développe en ténia solium dans l'intestin de l'homme, est très com-
mun chez le porc, mais il est inconnu chez le bœuf.
M. Virchow fait observer que le cysticerque ladrique est commun
à Berlin et le ténia également (1) ; mais à Vienne aussi le ténia
solium est très commun : cependant, si l'on s'en rapporte aux re-
cherches de Bremser, le cysticerque ladrique y est très rare (2).
On a fait observer, avec quelque complaisance, que parmi les
deux cent six malades du ténia traités à Vienne par M. Wawruch,
il n'y avait pas de juif; mais Hasselquist rapporte qu'au Caire le
ténia, qui attaque le quart de la population, est surtout commun chez
les juifs. Vallisnieri dit avoir vu plusieurs femmes de cette nation
atteintes du ver solitaire.
Concluons donc que si la chair du bœuf qui ne contient pas le
cysticerque ladrique propage le ténia; que si ce dernier ver se
développe chez des individus qui ne mangent pas la viande du porc,
le cysticerque ladrique n'est point le scolex ou la tête du ténia so-
lium, ou, tout au moins, que le ténia solium possède un autre mode
encore de propagation.
CHAPITRE IV.
ténia solium (Synopsis, n° 14).
DÉNOMINATIONS.
ËXu.w; ■kXv.tv.x , Hippocrate, Aristole, Théophraste, Oribase, AI. de Tralles.
Taivîa, Galion.
Ksipia, Kïipîa, Erotianus, Galien.
Lumbricus Mus, Celse, Foës in Hip., Aétius trad., Paul d'Egine trad., etc., Ga-
bucinus, Mercurialis, Spigel, Sennert, Tyson, etc.
(i) R. Virchow, Notices helminlhologiques (Arch. fiirpathol. Anal., et Gas. mêd.
Paris, p. 443, 1858).
(2) Bremser, ouvr. cit., p. 289.
M AFFECTIONS VERMINLUSKS DES VOIES ffiGÊSTlVES
Lumbrietts longUS, Avirennc.
L. longvs et latUS, Arnauld <Ji' Villeneuve. — L. long et large, Ambr. Paré.
Tœnia, tinea, l'iine, Scribooius Largus. Marcellua Empir. — Tinia, Malpighi.
Tinea lala, Acluarius trad. — Tenta lata, Primer.
Tœnia (secundo), Plater. — Tœnia de la seconde espèce, Van Doeveren (p. 174).
Tœnia degener, Spigel.
Tœnia de la première espèce, tœnia sans épine, Andry.
Tœnia à longues articulations, Ch. Bonnet, Van Doeveren, Cuvier.
Tœnia cucurbilina, Pallas, Bloch, Goeze, etc. — T. cucurlitin, De Lamarck,
Ténia artnala umana, Brera, délie Chiajc. — Ténia armé, les médecins français
au commencement du xixe siècle.
Tœnia solium, Linné, (dénomination généralement usitée aujourd'hui).
Solium ou cingvAum, Arnauld de Villeneuve.
Le ver solitaire, Andry, Van Doeveren, Bloch, etc. (nom vulgaire français).
Vermis cucurbilinus, Plater. — Vermi cucurbitini, calena de cucurbilin, Vallisneri.
Noms vulgaires.
En Allemagne, der Kellenwurm, der Kurbisbandwurm, Bandwurm.
En Angleterre, Tape worm.
En Flandre, Linlworm.
A Tumale, Afrique centrale, Ling ditg (Tutschek).
Anneaux libres.
Cucurbitini, Arnauld de Villeneuve, Abano, Gordon, Sérapion , Sillanus, Ma-
nard, etc.
Lali, Pierre de Abano, Aviceune.
Curti lati, Bern. Gordon, Sillanus. — Lali parvi, Sérapion.
Brèves et lali, Arnauld de Villeneuve.
Buffones, Pierre de Abauo.
Ascarides, Bern. Gordon, Pierre de Abano, Avicenne, Sérapion, Sillanus, Manard.
St. Coulet, etc.
Cucurbilins, cucurbitaires, noms vulgaires français, — Kiïrbiswurmer en allemand.
Proglotlis, moderne.
Séjour du ténia (autopsies). — Nombre. — Age. — Sexe. — Hérédité. — Épidé-
mies. — Expulsion par l'anus, par la bouche. — Durée; succession de deux
ténias. —Phénomènes chez l'adulte, chez l'enfant. — Symptômes. — Gravité. —
Observations: attaques épileptiformes; tremblements périodiques; accidents
singuliers; faim extraordinaire; toux rebelle; troubles des sens. — Diagnostic.
— Expulsion et réapparition du ver.
L'intestin grêle est le séjour ordinaire du ténia solium, qui, sui-
vant sa longueur, en occupe une étendue variable et s'y trouve plus
ou moins replié sur lui-même. Dans le cadavre d'un nègre dont
Primer fit l'autopsie, cinq ténias, mesurant ensemble environ deux
cents aunes de longueur, occupaient tout l'intestin grêle qui en
CHEZ L'HOMME. — TÉNIA SOLlUM. 95
paraissait comme rembourré dans le sens propre du mot (1). Lors-
que le ténia est très long, il s'étend même jusque dans le gros
intestin : Robin raconte qu'il a trouvé dans le cadavre d'un homme,
immédiatement au-dessous du pylore , un ténia formant dans le
duodénum un peloton gros comme une pomme de reinette et qui
s'étendait, en outre, dans toute la longueur des intestins jusqu'à
7 à 8 pouces de l'anus (2).
La situation du ver est telle que la partie antérieure se trouve
la plus rapprochée du pylore ; c'est un fait dont Pruner a souvent
eu l'occasion de s'assurer en ouvrant, en Egypte, des cadavres de
nègres qui, dans ce pays, ont pour la plupart des ténias. La tête
du ver est fixée dans la paroi de l'intestin, comme on le voit chez
les animaux que l'on ouvre aussitôt après leur mort : Brendel a
vu dans le cadavre d'un enfant de dix ans un ténia cucnrbitin
attaché à l'iléon (3). Salathé rencontra dans le cadavre d'un bou-
cher, âgé de quarante ans, « huit ténias armés qui occupaient
toute l'étendue des intestins grêles. Ces vers avaient tous la tête
tournée vers l'estomac Quelques-uns de ces ténias avaient
encore la tête fixée dans la membrane interne, cachée sous les val-
vules et donnant des signes de vie (4) . - Bremser rapporte avoir vu
dans le cadavre d'un enfant un ténia vivant et fortement implanté
par son orifice buccal à la paroi interne de l'intestin (5). M. Lom-
bard (de Liège), en examinant le cadavre d'un centenaire, trouva un
ténia fixé à la paroi de l'intestin (accroché suivant l'expression de
l'auteur) (6). Si, dans les autopsies, on ne trouve pas plus fréquem-
ment (7) le ver solitaire fixé par sa tête à l'intestin, c'est qu'il s'en
détache lorsque le cadavre se refroidit.
La fixation du ténia à la paroi intestinale explique comment la
portion antérieure avec la tête n'est, pour ainsi dire, jamais expulsée
(1) Pruner, ouvr. cit., p. 245.
(2) Robin, Lettre sur le ver solitaire. Journ. de méd., t. XXV, p. 222. Paris, 1766.
(3) Pallas, Thèse citée, p. 47. (Dans ce cas le corps du ver était dirigé vers le
duodénum, en sens inverse du cours des matières intestinales.)
(4) Salathé, Dissert, inaug. Strasbourg, 1803, cité par Raikem, Rapp. cité,
p. 212, 1850.
(5) Bremser, ouvr. cit., p. 399.
(6) Bull, de l'Acad. roy. de méd. de Belgique, t. XIII, p. 33, 1853.
(7) Les cas de ténias rencontrés à l'autopsie ne sont pas rares; aux précédents
on peut ajouter les suivants: celui d'une jeune fille présumée d'être enceinte, à
l'autopsie de laquelle on trouva un ténia. (Rapporté par Spigel, op. cit., p. 49.) —
Le cas d'un homme de Francfort, chez lequel J. Rocca vit m» ténia? qui occupait
toute la longueur des intestins. (Th. Donet Sepulc, liv. IV, sect. x, obs. XIV, § 2,
96 AFFECTIONS VERMINEUSESDES VOIES DlGESTIVF.S
par les seuls efforts de l'intestin, tandis que des portions considé-
rables séparées de la tête sont souvent rendues spontanément.
Le ténia solium est ordinairement solitaire; plusieurs auteurs grecs
semblent avoir connu ce fait, car ils ont dit que le ver plat, expulsé
en entier, n'est plus régénéré. Actuarius en a fait le premier une
mention explicite : « Porro tinea vna lata in intestino gignitur. »
Spigel ensuite a cherché à établir que le ténia n'existe jamais qu'à
l'état solitaire (1) ; opinion qui fut généralement acceptée et qui valut
à ce ver son nom vulgaire; mais un grand nombre de faits prouvent
que chez l'homme, comme chez les animaux, plusieurs ténias peuvent
exister ensemble dans le tube digestif (2). Ces vers forment quelque-
t. III, p. 527) . — Le cas du duc de Brunswick, chez lequel Adam Luchtenius trouva
dans le côlon un ver plat, long de 5 aunes. (Actes de Copenhayue, 1673, Collect.
acad., p. étrang., t. VII, p. 199.) — Sur 300 cadavres, dit Pallas [Thèse, p. 46),
Roederer a trouvé une fois un ténia long de 10 pieds (Rcederer, Programma de
tœnia. Gœttingue, 1760). — J. Raulin (Lettre citée, p. 424) a vu un ténia de 16 pieds
dans un cadavre. — - Rudolphi a vu, à Berlin, dans un seul hiver, trois cadavres
avec le ténia (Synopsis, 522). — M. Forget (de Strasbourg) a trouvé dans un cadavre
un ténia étendu depuis la On du duodénum jusqu'à quelques pouces du cïecum.
(L'Expérience, t. II, p. 575. Paris, 1838.) — M. Bilharz dit que sur 200 cadavres
qu'il a ouverts en Egypte, il a trouvé trois ou quatre fois le ténia solium ; l'un de
ces cadavres était celui d'un nègre, un autre était celui d'un Galla; dans l'un il y
avait à la fois cinq ténias. (Mém. infràcit., p. 54.)
(t) Spigel, op. cit., p. 31 .
(2) On connaît aujourd'hui un assez grand nombre de cas de ténias multiples
dans l'intestin de l'homme. Ce fait est très ordinaire chez les nègres de l'Egypte.
Outre les cas déjà cités, nous indiquerons les suivants : Werlhove rapporte le cas
d'une femme enceinte qui rendit cinq vers plats tout vivants (Commerc. lilter.,
p. 371, 1734). — Dozy, médecin hollandais, fit évacuer par une servante trois
ténias à la fois. Ces vers étaient munis de leur tête; ils avaient 2, 5 et 7 aunes de
longueur (Van Doeveren, ouv. cit., p. 183). — Duhaume a lu dans une séance de
la Faculté de médecine l'observalion d'une femme de quatre-vingts ans qui avait
rendu deux ténias (Journ. méd., etc., t. L, p. 275. Paris, 1778). — Gérard Nitert,
médecin hollandais, traita une femme de trente ans, qui rendit dix-huit ténias
dans l'espace de quelques jours. Us étaient vivants et tous terminés par un fil très
mince. Leur longueur était de 3 à 6 aunes (De Haen, Rat. meiendi, pars XII,
cap. v). — Werner a observé une femme qui, dans l'espace de six mois, a expulsé
vingt et un ténias (Op. cit., p. 44). — Forlassin parle d'une grande quantité de
ténias qui provenaient du même individu (ouv. cit.). — Rudolphi possédait quatre
ténias, pourvus de leur tête, qui avaient été rejetés à la fois par un malade (Ent.,
t. II, pars ii, p. 163). — Bremser dit avoir vu plusieurs ténias chez le même
individu. — M. Louis rapporte le cas d'une femme à laquelle le remède de
Darbon fit rendre sept ténias pourvus de leur tète [Du ténia et de son traitement,
pbs. III, 1826). — Délie Chiajc a connu une dame qui en a rendu deux à la fois
CHLZ L'HOMME. — TÉNIA SOLIUM. 97
fois alors une masse très considérable qui distend tout l'intestin grêle,
comme nous l'avons vu dans un cas rapporté par Primer; ou bien ils
donnent lieu à une expulsion extraordinaire de fragments. Il y avait
probablement plusieurs ténias chez cette jeune fille dont parle
Strandberg, qui, depuis le milieu de juin 1759 jusqu'au milieu de
septembre 17(54, évacua sept cent quatre-vingt-treize aunes trois
quarts de ténia par morceaux (environ 470 mètres) (1).
En Europe, c'est chez les adultes qu'on observe le plus ordinaire-
ment le ténia, mais aucun âge n'en est exempt. On a vu le ver soli-
taire chez des enfants à la mamelle. Nous avons mentionné déjà le
cas observé par Hufeland, d'un enfant de six mois qui avait rendu
en plusieurs fois 20 mètres de ténia, sans avoir éprouvé la moindre
altération dans sa santé, et les cas assez communs qui se sont offerts
depuis quelques années à Saint-Pétersbourg chez des enfants nou-
vellement sevrés. A partir de l'âge de trois ans, les cas de ténias
ne sont pas rares (2) : sur les deux cent six malades observés par
M. Wawruch, vingt- deux étaient âgés de moins de quinze ans ; le plus
jeune avait trois ans et demi. D'un autre côté, le ténia a été observé
non moins souvent chez les vieillards : nous avons cité le cas de
M. Lombard qui trouva le ver solitaire chez un centenaire, et celui
de Duhaume qui vit deux ténias chez une femme âgée de quatre-
vingts ans. De Thomas observa ce ver chez une femme de quatre-
(0p. infra cit., p. 19). — M. Mûngeal a fait rendre à une femme de trente-deux
ans, par la racine de grenadier, douze ténias avec leur tête, et ayant ensemble une
longueur de 48 mètres (Arch. gén. de méd., 3e série, t. VIII, p. 310, 1840). — Six
ténias avec leur tète expulsés par une jeune fille (Barth, Soc. anal., ann. XIX,
p. 38, 1844). — Quatorze ténias expulsés en une fois (Escallier, interne du ser-
vice de M. Monod, Soc. anat., ann. XXII, p. 38, 1847). — Sept ténias expulsés
par une femme (Arm. Moreau, Sue. anat., ann. XVII, p. 53, 1852). — Vingt-cinq
ténias avec leur tête expulsés par un homme en huit heures (Kubyss., in Froriep's
Noliz., t. XLIV, p. 352, cité par Diesing). — Enfant, trois ténias expulsés par le
kousso, pas de tête (Marlin-Solon, Bull, thérap. et Gaz. hôp., p. 194, 1850). — >
Homme, vingt ans, expulsion de trois ténias solium entiers (Brasseur, rapp. de
Raikem, Bull. Acad. roy. de méd. de Belgique, t. IX, p. 210. Bruxelles, 1850). —
Expulsion de quarante et un ténias par un homme (docteur K (de Gorlitz),
Deutsche Klinick von Al. Gœscken, 1853, cité par Gervais et Van Beneden).
(1) Cité par Rosen, p. 383.
(2) Gabucinus, d'après Sennert, a vu un ténia chez un enfant de deux ans. —
J.-H. Brechtfcid rapporte le cas d'un Qëf plat rendu par une petite fille de deux
ans {Actes de Copenhag e, obs. 71, 1674-1675). — Andry, celui d'un enfant de
quatre ans (ouvr. cit., t. I, p. 730). — Rullier, celui d'un enfant de trois ans {Arch,
PiVAlSB. '
98 AFFECTIONS YF.HMJNEUSES DES VOÎIS D1GESTIVES
vingt-six ans (1). L'époque de la vie dans laquelle on rencontre le
plus ordinairement le ténia est, d'après M. Wawruch, de quinze à
quarante ans; d'après Mérat de vingt à trente ans (2).
En Abyssinie, d'après M. Louis Aubert, le ténia est de tous les
Les femmes sont plus sujettes au ténia que les hommes : sur 164
observations rassemblées par Pallas, 90 appartiennent à des femmes
et 74 à des hommes (3). P. Frank estime que, pendant cinquante-
cinq ans de pratique de la médecine, les individus du sexe masculin
n'ont formé guère que le tiers des malades atteints du ténia qu'il a
traités (4). M. Wawruch, dans l'espace de vingt ans, a traité du ténia,
à Vienne, soixante et onze hommes et cent trente-cinq femmes (5).
Nous avons vu qu'au Brésil les négresses sont plus souvent que les
nègres atteintes du ver solitaire (voy. p. 87). Toutefois Mérat, dans
les faits qu'il a rassemblés, a compté un peu plus d'hommes que de
femmes (6).
« Ne pourrait-on pas croire, dit Rosen, que le ténia est un insecte
quelquefois inné, d'autant plus que ce ver s'est trouvé dans la grand'-
de méd., t. XXV, p. 570, 1831). — Burt, observation d'un enfant de quatorze
mois (Mérat, Mém. cit., obs. 4).
Le docteur Legendre, de regrettable mémoire, a fait dans divers auteurs un
relevé de 27 cas de téuias cbez des enfants âgés de moins de quinze ans. Ces cas
se répartissent d'après les âges de la manière suivante :
14 et 15
mois. .
2
1
2
2
3
cas.
6
7
8
9
ans. .
. 3
. 4
. 1
. 1
cas.
10
11
12
14
ans. .
. 2 cas
. 4
3 . .
. 1
4 . .
. 1
F.-L. Legendre, Note à propos de plusieurs cas de ver solitaire observés pendant
l'enfance {Arch. gén. de méd., 1854, t. IV, p. 642).
(1) De Thomas, Observ. sur le ver solitaire {Journ. de méd., t. XXIII, p. 68.
Paris, 1765).
(2) F.-V. Mérat, Du ténia ou ver solitaire et de sa cure radicale par l'écorce de la
racine de grenadier, p. 145. Paris, 1832. ,
(3) Pallas, Thèse citée, p. 61.
(4) P. Frank, Traité de médecine pratique, trad., t. V, p. 39S. Paris, 1823.
(5) Mém. cit.
(6) Mérat, Mém. cit., p. 145.
CHEZ L'HOMME. — TÉNIA SOLIUM. 90
mère, la fille et la petite-fille (1). » Le fait dont parle Rosen et qu'il
ne dit point avoir observé lui-même, a fait croire à plusieurs méde-
cins que le ténia peut se transmettre héréditairement ; mais les cas
aujourd'hui connus de ver solitaire chez des parents et des enfants
sont peu nombreux, et l'on doit plutôt en tirer une conclusion
contraire (2). D'ailleurs, d'après ce que nous pouvons présumer
du mode de transmission du ténia solium, il paraîtra tout naturel
que plusieurs membres d'une famille, soumis au même régime,
contractent ce ver, sans qu'on doive invoquer une cause d'hérédité.
C'est encore à quelque circonstance du genre de vie qu'il faut attri-
buer ces épidémies atteignant toute une famille ou même plusieurs
familles d'une localité ; épidémies dont les auteurs ont rapporté quel-
ques exemples : le professeur Laneri (de Turin) connaissait une
famille d'un village appelé Ganelli, dont tous les membres étaient
atteints du ténia (3) . Le docteur Samuel Budd (d'Exeter) , observa le
fait suivant : « Il y a quelque temps, deux personnes vivant dans la
même maison, mais membres de familles différentes, me consultèrent
pour le ténia; peu de temps après, deux sœurs d'une autre famille,
dans le même hameau, demandèrent mes soins pour le même ver, et
dernièrement une autre personne de ce hameau, mais qui n'avait
point de rapports avec les précédentes, me consulta pour la même
maladie. Il ne peut y avoir d'erreur sur ce fait, car toutes ces per-
sonnes ont évacué leur ver (4) . »
Les individus atteints de ténia rendent de temps en temps par les
selles des portions plus ou moins considérables de ce ver, soit spon-
tanément, soit par l'effet des remèdes, ou bien ils rendent fréquem-
(1) Rosen, ouvr. cit., p. 386. (Ce fait a été généralement attribué à Rosen ; mais
c'est sans doute à tort, et peut-être concerne-t-il le bothriocéphale, dont des familles
entières sont atteintes dans certaines parties delà Suède?)
(2) Voici les cas de ténia chez des parents, que nous avons relevés dans divers au-
teurs: Deux sœurs ayant le ténia observées par Spigel (ouvr. cit., p. 47). — Un homme
et sa fille observés par Gandolphe (Acad. roy. des sciences, p. 32, 1709). — Une
mère et sa fille observées par P. Frank (J. Frank, Prax. med., t. XIV, p. 328). —
Un père et son fils, par M. Louis (Mém. cit. , obs. VII et VIII). — Une femme et son
fils, par le docteur Caspeer (Journ. complém., t. XXXIII, p. 42, 1829). — Une
femme et sa fille, par Wawruch. — Un homme et son fils, par Wawruch (Mém.
cit.). — Autre fait, par Martin-Solon (Journ. des connaissances médico-chirurg.,
1850). — Un homme et son fils, par Lavalette (de Meaux) (Mérat, Mém. cit.,
obs. 142).
(3) Brera, Mém. cit., p. 407.
(4) George Budd., ouvr. infra cit., p. 439, note»
100 AFFECTIONS VERMINEISES DES VOIES DIGEST1VES
ment, ou même presque tous les jours, quelques anneaux libres et
vivants (cucurbitins) ; ceux-ci sortent parfois aussi spontanément
dans l'intervalle des selles et se retrouvent dans les vêtements ou
dans le lit du malade.
Il est rare que le ténia soit rendu par le vomissement ; on en
connaît cependant quelques exemples :
J. Rodriguez [Amatus Lusitanus) parle d'une femme qui rendit par
la bouche, après une quinte de toux, un ver dont la description se
rapporte au ténia (1).
Schenck donne l'observation qui lui est propre, d'une femme qui
vomit, au grand péril de suffoquer, un ténia rassemblé en boule et
long de trois aunes (2) .
Vallisneri dit d'une femme juive qui avait le ténia, qu'elle en
avait rendu des fragments par la bouche (3).
Van Doeveren rapporte l'histoire d'un paysan auquel on avait
administré l'émétique et qui vomit un ténia : « Comme il vomissait,
on aperçut sortir de la bouche un corps blanchâtre, long, pendant,
qui ne finissait point et qui se manifestait de plus en plus par l'irri-
tation du gosier à mesure qu'il vomissait et que ses efforts redou-
blaient... Le chirurgien, reconnaissant que c'était un ténia, se mit à
en faire l'extraction avec toutes les précautions possibles pendant
que le malade vomissait; mais ce paysan, s 'imaginant qu'on lui
ôtait tous ses intestins, mordit le ver et ne songea plus qu'à avaler
ce qui en restait et à l'empêcher de sortir. On mesura ce qu'on en
avait tiré et on en trouva quarante aunes (4). »
Le docteur Lavalette (de Meaux), parle d'une femme de trente
ans, qui, bien que grosse et vermeille, éprouvait du dégoût pour
les aliments et rendait des cucurbitins par la bouche (5),
(1) Amat. Lusit, Op. infra cit., cent. VI, curât. 1i.
(2) Joannis Schedckii a Grafenberg, Observaliones medictê rariofes, lib. III, De
lumbricis, p. 360. Lugduni, 1644.
(3) Observ. cit.
(4) Van Doeveren, oui»\ cit., p. 61?.
(5) Communiqué à l'Académie de médecine (13 mai 1828), et cité par Mérat
(Mém. cit., obs. 142).
Mérat (art. Ténia du Diclionn. des se. méd.) rapporte que Bosc dit avoir vu une
femme rendre un ténia par le vomissement. Je n'ai point trouvé ce fait dans
l'Histoire naturelle des vers de Bosc. — Le docteur Cassan parle d'un homme affecté
du ténia depuis dix ans qui, dans une violente indigestion, rendit (par le vomisse-
ment?) un ténia tout entier {Archives générales de médecine, t. XIII, p. 77,
1827).
CHEZ L'HOMME. — TÉNIA SOLIUM. 101
La durée du ténia est quelquefois très longue; les observations
de malades qui en ont évacué des fragments pendant dix et douze
ans ne sont pas rares. M. Wawruch rapporte quelques cas où la
maladie a persisté pendant quinze, vingt-cinq ans, et une fois trente-
cinq ans. Souvent le ténia reparaît plusieurs mois et même plusieurs
années après qu'on s'en est cru délivré. Ce n'est que par un examen
attentif des fragments expulsés que l'on peut reconnaître si l'on a
affaire au même ver régénéré ou bien à un ver nouveau. Brera donna
des soins à un malade qui rendit, en hiver, un ténia solium avec la
tête reconnaissable à ses crochets, et l'été suivant un autre ténia
muni également de sa tête et de ses crochets (1).
L'ignorance où l'on est de la durée de la vie du ténia et la certi-
tude qu'il peut en exister plusieurs ensemble ou successivement dans
le tube digestif de l'homme, autorisent à penser que, dans les cas de
longue durée ou de réapparition tardive de cet entozoaire, plusieurs
vers se sont succédé. On ne peut guère admettre, après la dispari-
tion de toute trace du ténia pendant dix, douze et même vingt ans,
on ne peut guère admettre, disons-nous, que des fragments nou-
veaux qui viennent à être expulsés, proviennent de la régénération
du ténia primitif.
Un homme de quarante ans apporta à Dionis différentes portions
de ténia qu'il venait de rendre. A l'âge de quinze ans, cet homme
en avait déjà rendu de semblables, mais il n'en avait plus évacué
depuis (2).
Dehaen rapporte l'histoire d'un étudiant en médecine, âgé de vingt-
quatre ans, qui souffrait du ténia ; ce malade en avait déjà été atteint
à l'âge de douze ; mais dans l'intervalle, c'est-à-dire pendant douze
ans, il en avait été complètement exempt (3).
P. Frank rapporte également l'histoire d'un homme qui, ayant
rendu cinq aunes d'un ténia, n'en évacua de nouveaux fragments que
dix ans après (4) .
La présence du ver solitaire inspire généralement beaucoup d'in-
quiétude aux malades ; elle jetait autrefois extrêmement redoutée.
Postel de Francière, qui attribuait aux lombrics les accidents les
plus graves, s'éleva cependant contre les terreurs que le ténia inspi-
(1) Brera, Malad. verni., cit. p. 9.
(2) Dionis, ouvr. cil., p. 26.
(3) De Haen, Ratio medendi, pars. XII, cap. v, § 2, t. VII, p. 153. Paris, 1771.
(i) P. Frank, ouvr. cil., t. V, p. 391.
102 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES
rait de son temps et chercha, par des exemples, à prouver que ce
vit esl mains dangereux qu'on ne le disait généralement alors (1).
En effet, la présence du ténia dans le corps de l'homme n'est pas
toujours accompagnée de phénomènes pathologiques appréciables.
Quelquefois les individus qui en sont atteints jouissant d'une santé
parfaite, ne connaissent l'existence de ce ver que parce qu'ils en
rendent des fragments. Bloch , Rudolphi , Bremser , Brera ,
P. Frank, etc., ont observé des cas d'innocuité absolue du ténia,
innocuité plus fréquente qu'on ne le croit généralement. D'autres
fois les dérangements de la santé sont peu marqués ; néanmoins, chez
le plus grand nombre des personnes atteintes du ver solitaire, il
existe une sorte de malaise général, d'anxiété, des dérangements
plus ou moins prononcés, plus ou moins persistants dans les fonc-
tions de la digestion, de la nutrition ou du système nerveux. Ces
individus ne savent à quoi attribuer le dérangement de leur santé ;
ils en accusent successivement tel ou tel organe, jusqu'à ce que
l'expulsion de quelque portion du ténia vienne révéler la cause de
leurs souffrances.
La fréquence, la variété et l'intensité des phénomènes déterminés
par la présence du ténia sont, en général, dans un rapport marqué
avec la constitution de l'individu affecté. Les symptômes sont plus
apparents, plus pénibles chez les hommes nerveux et doués d'une
grande sensibilité; aussi les femmes, qui sous ce rapport l'emportent
sur les hommes, offrent-elles, lorsqu'elles sont atteintes du ténia,
des symptômes beaucoup plus nombreux, plus variés et plus intenses.
Certaines femmes à constitution hystérique, ressentent et décrivent
les mouvements d'ondulation, de reptation du ver solitaire, son
enroulement en peloton ; il est vrai qu'elles peuvent prendre pour de
telles sensations des phénomènes hystériques, ou que leur imagina-
tion, frappée par la pensée d'un animal qui leur inspire de l'hor-
reur, se reporte constamment sur ces sensations et en accroît la
perception.
Chez les petits enfants, la présence du ténia paraît souvent tout
à fait inoffensive. Nous avons mentionné plusieurs cas dans lesquels
la santé s'était maintenue parfaite jusqu'au moment de l'expulsion
totale de l'entozoaire. Dans la plupart des faits connus, ce n'est
(1) Postel de Fraucière, Observations sur le ver tœnia (Joum. de me'cl,, t. XVIII,
p. 416. Paris, 1763, et t. XXVI, p. 415, 1767).
CHEZ L'HOMME. — TÉNIA SOLIUM, 103
point l'altération de la santé de l'enfant, mais l'expulsion de quelques
fragments du ténia qui a fait reconnaître la présence de ce ver dans
l'intestin.
Les principaux symptômes du ténia sont : des étourdissements,
des bourdonnements d'oreille, des troubles de la vue, le prurit au nez
et à l'anus, la salivation, des désordres de l'appétit et des digestions,
des coliques, des douleurs à l'épigastre et clans différentes régions de
l'abdomen, des palpitations, des lipothymies, la sensation d'une
boule ou d'un poids dans le ventre qui se déplace et suit les mouve-
ments du corps, des douleurs et des lassitudes clans les membres,
l'amaigrissement.
Chez certains malades, les phénomènes morbides, les sensations
pénibles ou douloureuses de l'estomac, les anxiétés, les défaillances
se font sentir à des époques de la journée assez régulières qui ont
du rapport avec les heures des repas et qui se calment par l'ingestion
de quelque aliment ou de quelque boisson.
Les douleurs de l'abdomen causées par le ténia sont tantôt des
coliques, tantôt de la gastralgie; quelquefois leur caractère est diffi-
cile à bien apprécier. Elles ont leur siège dans diverses parties du
ventre, dans les flancs; elles sont plus ou moins fortes, quelquefois
très vives, intermittentes; elles ne sont pas ordinairement accom-
pagnées ni suivies de diarrhée. Elles constituent le symptôme le
plus fréquent du ténia.
Le prurit de l'anus est encore un phénomène des plus ordinaires.
Si, dans quelques cas, les démangeaisons doivent être, comme celles
du nez, attribuées à une influence sympathique, dans le plus grand
nombre, elles sont produites par l'irritation qu'occasionnent à la
membrane muqueuse de l'extrémité inférieure de l'intestin, le contact
et les mouvements des cucurbitins. Le prurit du nez est moins fré-
quent; mais il est rare qu'un individu atteint du ténia ne souffre pas
de démangeaison soit au nez, soit à l'anus.
L'appétit est souvent augmenté, quelquefois insatiable ; d'autres
fois il est tout à fait nul ou sujet à des alternatives d'augmentation
et de diminution.
Il existe encore fort souvent, chez les personnes atteintes du ténia,
un brisement général, des lassitudes, des crampes, des douleurs dans
les extrémités, douleurs assez fortes pour empêcher les malades de
se livrer à leurs occupations habituelles.
L'amaigrissement est très ordinaire chez ces malades lorsqu'ils
lOi AFFECTIONS VEItMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES
souffrent depuis assez longtemps ; quelquefois il s'accompagne de la
bouffissure et de la distension du ventre.
La plupart de ces phénomènes ne constituent pas des affections
très sérieuses pour les individus qui en sont atteints ; mais il n'en est
pas de même de certains symptômes convulsifs qui se développent
sous l'influence du ténia : ils consistent dans des attaques plus ou
moins rapprochées, qui offrent les caractères de l'épilepsie, de l'hys-
térie, de la chorce, etc. ; ils acquièrent, dans quelques cas, une grande
intensité et beaucoup de gravité. Ces désordres fonctionnels sont les
plus fréquents parmi ceux que détermine la présence du ténia ; ils
disparaissent avec cet entozoaire, et cette coïncidence, la guérison
qui persiste, ne peuvent laisser de doute sur la cause qui les entre-
tenait. Il ne sera pas sans intérêt de trouver ici quelques exemples
de ces affections :
Cas de Bremser. — Accès épileptiformes.
« On me présenta, en 4 816, un enfant de neuf ans, du sexe masculin,
qui avait depuis deux ans des accès 1res violents et très fréquents d'épilepsie ;
il rendait en même temps des morceaux de ténia. Je fus assez heureux pour le
débarrasser du reste de l'animal, et, dès ce moment, il n'eut plus d'accès
d'épilepsie. — Le même enfant est venu me voir le 4 février 1 821 ; il a tou~
jours joui depuis mon traitement d'une santé parfaite (1). »
Cas de Leroux. — Affection spasmodique .
« La fille Colas (Marie-Louise), âgée de dix-neuf ans, blanchisseuse, fut
prise de mouvements convulsifs, au printemps de 1809. Il se fit une contrac-
tion subite, involontaire et tétanique des muscles qui font fléchir la tête en
avant comme lorsqu'on veut saluer; la roideur des muscles l'empêchait de
relever la tête pendant quelques minutes, quelquefois pendant un quart
d'heure, pendant une demi-heure. Cette contraction se renouvela plus ou
moins fréquemment pendant tout l'été, et Marie-Louise vint à l'hospice cli-
nique, le 12 septembre de la même année.
» Toutes les fonctions s'opèrent comme dans la plus parfaite santé. Il y
a de l'embonpoint et de la fraîcheur; le pouls est régulier et consistant; on
ne sent point les battements du cœur; la respiration est fort libre; l'appétit
est très bon; les digestions se font à merveille; les garderobes, les urines
sont dans l'état naturel; les menstrues n'ont pas cessé de couler régulière-
ment ; la jeune fille n'a d'autre incommodité que le mouvement spasmodique
que nous venons de décrire. Marie- Louise salue plusieurs fois par jour : son
menton s'appuie sur le haut de la poitrine; on essaye vainement de l'en déta-
(I) Bremser, ouvr. cit., p. 374.
CHEZ L'HOMME. — TÉNU SÛL11M. 105
cher, la contraction est trop forte; mais il n'y a ni douleur, ni perte de con-
naissance, ni roideur d'aucune autre partie du corps; seulement, lorsque le
relâchement s'est opéré de lui-même, la malade éprouve dans le col un sen-
timent de lassitude qui se dissipe promptement.
» Reconnaissant pour toute maladie une affection nerveuse dont on ignorait
la cause, on ne fit que la médecine du symptôme. On appliqua à plusieurs
reprises des sangsues le long du col et sur l'apophyse mastoïde ; on fit prendre
constamment des bains presque froids ; on ordonna successivement les eaux
distillées aromatiques, l'élher, la valériane sauvage, l'asa fœtida, les fumi-
gations avec des substances d'odeur fétide, les martiaux, etc., etc. Ce traite-
ment réussit, sinon complètement au moins de manière à rendre les convul-
sions beaucoup moins fortes et moins longues, et à les éloigner tellement
qu'elles ne se renouvelaient que tous les cinq ou six jours. Marie-Louise, se
contentant de cette cure palliative, et s'ennuyant du séjour de l'hôpital, sortit
de l'hospice le 1 8 décembre.
» Pendant le reste du mois, elle n'eut qu'une convulsion, et pendant le
mois de janvier et février 1 81 0, elle n'en eut que deux extrêmement légères
et très courtes ; ce qui ne l'empêcha pas de continuer assidûment ses travaux
ordinaires.
ï Au commencement de mars, les convulsions revinrent; elles étaient d'un
genre différent. La malade en était avertie par un hoquet violent et précipité;
ensuite elle sentait comme une espèce de tournoiement dans la région ombi-
licale; cette sensation remontait vers la gorge et y produisait de la constric-
lion. Bientôt il s'établissait une roideur générale dans tous les membres, qu'il
était impossible de fléchir. En même temps on entendait comme un mouve-
ment que l'on ferait pour avaler avec peine.
» A la suite d'une de ces convulsions, Marie- Louise rendit par les selles
plus de 63 centimètres de ténia cucurbitin.
» Un médecin qui fut appelé, saisissant l'indication, administra l'éthersul-
furique à la manière indiquée par M. Bourdier ; il fit faire usage de la rhu-
barbe, du quinquina, des pilules de Belloste, des pilules drastiques avec la
scammonée, la gomme gutte, le mercure doux. Ces divers moyens firent
rendre encore plusieurs portions de ténia et quatre à cinq vers lombricoïdes.
» Les symptômes nerveux existaient avec la même intensité et la même
fréquence; ils se renouvelaient deux ou trois fois par jour, ce qui détermina
la malade à revenir à l'hospice clinique, le 1 1 mai. Les attaques avaient lieu
cinq à six fois dans la journée; il existait constamment dans l'estomac un
sentiment de plénitude et de soulèvement qui allait jusqu'à la nausée. L'ap-
pétit était perdu en partie; toute la face était pâle et plombée; l'air était lan-
guissant et souffrant; des démangeaisons continuelles se faisaient sentir au-
tour des narines; le ventre était un peu bouffi; la région ombilicale était
douloureuse; la diarrhée survenait de temps en temps; on ne remarquait
aucun trouble dans la circulation ni dans la respiration; seulement le pouls
était irrégulier, tremblolynl, vibralile.
106 AFFECTIONS YERMINEUSI'S BES VOIES D1GESTIVES
ï On tenta inutilement, à plusieurs fois, le remède do M. Bourdier; la
malade ne rendit pas un seul morceau de ténia ; tout ce que l'on obtint, c'est
que les attaques nerveuses furent moins fréquentes, et ne revinrent que tous
les trois ou quatre jours. On administra le remède de madame Nouffer, qui
n'eut pas plus do succès. EnBn, on soumit Marie-Louise au traitement quo
l'on oppose à la colique de plomb. Le jour où elle avait pris les six grains de
tartrale de potasse antimonié, elle rendit une masse blanchâtre, pelotonnée,
plus grosse que le poing. On déroula cette masse ; c'était un ténia de plus de
vingt-quatre mètres de long, dont on crut reconnaître la tête.
» Dès cet instant, les accidents nerveux cessèrent. Pendant plus d'un mois,
la malade ne rendit pas une seule portion de ténia; l'appétit et l'embonpoint
revinrent ainsi que les couleurs, et Marie-Louise sortit de l'hospice, le 1 4 juil-
let 1810.
» Quatre ans après, je l'ai revue à Boulogne, près Paris, qu'elle habitait ;
elle était mariée, avait eu déjà un enfant, et ne s'était ressentie ni de son
affection nerveuse, ni du ténia (1). »
On observe, principalement chez les malades naturellement ner-
veux ou qui le sont devenus par suite de dérangements produits par
le ténia, des phénomènes sympathiques différents de ceux que nous
avons indiqués. Ces phénomènes sont très variés, quelquefois bi-
zarres, et consistent dans des désordres de quel que sens ou de quelque
fonction; tantôt ils persistent avec ténacité, tantôt, au contraire,
ils sont mobiles et variables. Chaque cas a sa physionomie propre,
se rattachant en apparence à quelque état morbide déterminé, ou
formant une affection sans analogue. Malgré tout l'intérêt que peut
avoir la connaissance de ces faits, nous ne pouvons en donner ici
que quelques exemples :
Cas de Quettier. — Tremblement périodique.
« En 1 802, un homme de quarante-cinq ans éprouvait depuis un an un
tremblement périodique extraordinaire de la tête et des extrémités; il durait
quelquefois sept à huit heures. Cet homme conservait l'usage de ses facultés
intellectuelles pendant les intervalles qui étaient de deux à trois jours. Je
jugeai à la dilatation des pupilles qu'il avait des vers » L'administration
du remède de Bourdier fit rendre un ténia et la maladie disparut (2).
Cas de Legendre. — Symptômes nerveux singuliers.
« Un homme, aujourd'hui âgé de vingt-sept ans, fut pris, à l'âge de qua-
torze ans, sans cause connue, d'une espèce de chatouillement presque conti-
(1) J.-J. Leroux, Cours sur les gén. de la méd. prat.} t. IV, p. 316. Paris, 1826.
(2) Quettier, Thèse de Paris, n° 97, p. 13. 1808.
CHEZ L'HOMME. — TÉNIA SOLIUM. 107
nuel, ayant pour siège la peau du bord externe du petit doigt de la main
gauche ; ce chatouillement était semblable à celui qui serait déterminé par la
marche d'un insecte sur la peau, d'une mouche, par exemple; cette sensation
morbide persista huit jours; elle s'accompagnait de peu de sûreté des mouve-
ments de la main gauche, qui, même à deux ou trois reprises différentes,
s'engourdit complètement en même temps que les doigts s'ouvraient involon-
tairement ; c'est ainsi qu'une fois étant sorti tenant plusieurs sous renfermés
dans la main gauche, il arriva au bout de sa course, la main ouverte, et ayant
perdu sans s'en douter l'argent qu'il avait emporté. Avec ces troubles de la
sensibilité tactile, existaient de la diplopie, de fréquents éblouissements et
des visions bizarres ; ainsi, il croyait voir une autre tête à côté de la sienne,
et il lui semblait que ses bras ne lui appartenaient pas.
» Après un certain temps de durée de ces phénomènes, le malade fut pris
d'une attaque épileptiforme, précédée d'une sorte à! aura avec perte complète
de connaissance qui dura plusieurs heures.
» Huit jours après cet accès, il s'en manifesta un second à peu près sem-
blable; dans l'intervalle, la sensation de chatouillement au petit doigt ne se
reproduisit plus, mais les troubles de la vision persistaient toujours; le ma-
lade continuait à voir une tête à côté de la sienne, et, à de nombreuses re-
prises, les globes oculaires étaient agités de petits mouvements convulsifs
dans les orbites; en même temps, il n'était pas complètement maître de se
diriger là où il voulait, et, par exemple, de suivre un trajet en ligne droite;
il avait une tendance invincible en marchant à incliner sur sa gauche. C'est
ainsi qu'un jour, en voulant traverser droit devant lui une rue, alors qu'une
voiture venait vers lui de gauche à droite , il alla donner de l'épaule gauche
contre le poitrail du cheval, entraîné d'une manière invincible vers cet obsta-
cle qu'il voyait parfaitement et par lequel il fut renversé bien qu'il eût fait
tous ses efforts pour l'éviter. »
Les attaques convulsives continuèrent pendant trois années. De dix-sept a
vingt-quatre ans, la santé fut meilleure ; il ne restait guère que des mouve-
ments spasmodiques de différents muscles et principalement de l'orbiculaire
des paupières qui se reproduisaient tous les jours, surtout le matin. A vingt-
quatre ans, il éprouva le soir des douleurs pongitives très vives à l'épigastre;
elles se reproduisirent fréquemment et pendant les huit derniers mois tous les
jours; elles devinrent tellement fortes que le malade redoutait le moment de
se coucher.
L'évacuation d'un ténia de 5 mètres de longueur, à la suite de l'adminis-
tration de 1 ecorce de racine de grenadier, fit disparaître tous les symptômes.
Deux mois après, la guérison s'était maintenue complète (1).
Cas de Billard. ■ — Faim extraordinaire.
Il s'agit d'un matelot, âgé de vingt-huit ans, qui éprouva peu de temps
(1) F.-L. Legendre, Observ. propres à éclairer les symptômes nerveux que déter-
mine le ténia, obs. 1, p. 188 (Archiv. gén. de méd., 4e série, t. XXIII. Paris, 1850).
'108 AFFECTIONS VEBMINBDSES DES VOIES DIC.ESTIVES
après son embarquement, une faim dévorante; il n'était occupé nuit et jour
qu'à chercher les moyens do l'assouvir. Il fut forcé d'implorer la pitié de ses
camarades, qui lui livraient, après leur repas, les restes de soupe, de pain ou
de biscuit, et ces secours ne lui suffisaient pas; il vola enfin et vendit ses
vèloments pour se procurer à manger. Condamné pour ces faits, il finit par
être envoyé à l'hôpital. Là, on augmente sa portion d'une ration tous les dix
jours sans pouvoir le rassasier; après cinq mois, il passe dans la salle des con-
signés, confiée aux soins du docteur Billard : « Le premier jour, je lui signai
un bon de vingt-deux rations ordinaires, et malgré cela Émery éprouva de
violentes agitations. J'accordai une ration de plus, et je fis tous mes efforts
pour reconnaître quelle était la cause de cette maladie, sans pouvoir établir
un diagnostic. Le voyant après qu'il eut copieusement mangé, je lui trouvai
la région épigastrique élevée ; une demi-heure après elle était très affaissée.
La figure était pâle; les sécrétions se faisaient comme dans l'état de la santé;
le pouls était petit et serré dans les paroxysmes et naturel hors des accès.
Le malade, qui était gai pendant la plénitude de l'estomac, était triste dans
sa vacuité et extrêmement agité. » N'espérant plus trouver de remède à ses
maux, le malade cherche à se suicider ; quatre jours après cette tentative,
on remarque dans ses garderobes une portion de ténia; l'administration du
remède de Bourdier fait évacuer en masse un ténia ; tous les symptômes dis-
paraissent. « La simple ration suffit désormais à Emery, qui jouit d'une par-
faite santé (1). »
Cas de Bremser. — Toux rebelle.
<i Une jeune fille de onze ans était tourmentée par une toux sèche et presque
continuelle. Ayant observé qu'elle rendait des articulations de ténia, on lui
fit faire usage d'anthelminthiques; elle évacua un grand morceau de l'animal,
et la toux se calma pendant deux mois, époque à laquelle elle reparut de
nouveau. Une nouvelle évacuation d'un morceau de ténia eut lieu et la toux
cessa encore une fois momentanément. Cette fille éprouva encore par la suite
les mêmes accidents trois ou quatre fois, jusqu'à ce qu'enfin je parvins, il y
a à peu près huit ans, à détruire complètement son ténia, et depuis ce temps
la toux n'a plus reparu (2). »
P. Frank rapporte l'observation d'un homme âge de quarante ans,
qui éprouvait une puanteur insupportable des narines; l'odeur
n'était sensible que pour lui ; il n'y avait aucun signe d'altération
morbide des fosses nasales. Cet homme rendait des anneaux de
ténia; par un traitement convenable le ver fut expulsé en entier et
le malade se trouva aussitôt délivré de l'odeur infecte qu'il éprou-
vait (3). Le même auteur rapporte deux autres faits (obs. 3 et
(1) Debry, Sur le ténia humain (Thèse, n° 73, observ. IV, p. 11. Paris, 1817).
(2) Bremser, ouvr. cit., p. 374.
(3) Ouvr. cit., t. V, p. 383.
CHEZ L'HOMME. — TÉNIA SOL1UM. 109
obs. 4), clans lesquels cette perversion de l'odorat et d'autres phé-
nomènes déterminés par la présence du ténia furent guéris par l'ex-
pulsion de ce ver.
Dans d'autres cas c'est une perversion de l'ouïe qui consiste dans
l'impression douloureuse ou désagréable occasionnée par la mu-
sique.
Parmi les troubles de la vue signalés par les auteurs nous ne par-
lerons ici que de l'amaurose. Ce phénomène se montre quelquefois
dans les cas de ténia, mais non d'une manière permanente. Parmi
les malades dont P. Frank rapporte l'histoire (1), celui de l'obser-
vation 4 eut une amaurose momentanée; la fille qui fait le sujet de
l'observation 6, fut atteinte d'une amaurose complète, mais mo-
mentanée qui affectait tantôt l'œil droit, tantôt l'œil gauche; chez
le malade de l'observation 7, l'œil gauche fut frappé d'amaurose
pendant un quart d'heure.
Outre le prurit de certaines parties, le sens du toucher peut offrir
des symptômes d'hyperesthésie ou d'anesthésie. Le malade de
l'observation 4 de P. Frank se plaignait d'un sentiment de formi-
cation dans les mains, dans les doigts, qui étaient privés de sensi-
bilité et de mouvement , ce qui l'empêchait de vaquer à ses occupa-
tions. Ces symptômes disparurent après l'expulsion d'un ténia de
huit aunes.
Beaucoup d'autres phénomènes insolites ont été observés chez les
malades atteints du ténia, tels sont : l'aphonie momentanée, la perte
de la mémoire, une insomnie persistante, des épistaxis fréquentes,
des vomissements répétés, une ardeur inaccoutumée dans les rap-
ports conjugaux, des désordres dans la menstruation, etc. Nous
avons donné dans les généralités sur les affections vermineuses des
voies digestives, l'indication d'un certain nombre de faits qui ont
rapport à ces désordres (voy. p. 53).
Il n'y a point, parmi les phénomènes dont nous avons parlé, de
symptôme pathognomonique de la présence du ténia, mais on peut
trouver dans l'association de quelques uns de ces phénomènes des
raisons de la soupçonner. Un long état de malaise avec l'amaigris-
sement et des désordres de l'appétit sans symptômes d'une maladie
organique, du diabète, etc , la gastralgie, des coliques fréquentes
sans diarrhée, avec le prurit du nez ou de l'anus, quelques-uns de
(l) Ouvr. cit., t. V, p. 383 et suiv.
110 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES
ces symptômes accompagnés de crampes, de douleurs dans les mem-
bres, d'un brisement général, etc., ou de quelque phénomène inso-
lite, extraordinaire, indiquent presque avec certitude la présence du
ver solitaire, s'ils datent de plusieurs mois ou de plusieurs années
et s'ils se produisent par accès irréguliers.
Si le malade, chez lequel existent plusieurs de ces symptômes,
n'a pas remarqué de fragments de ténia dans ses garderobes, il ne
tardera pas, en général, à en découvrir, lorsque son attention aura
été appelée sur ce point ; car, ainsi que nous l'avons dit, l'issue de
fragments ou d'anneaux libres du ver solitaire a lieu fréquemment
et quelquefois journellement. Néanmoins, dans quelques cas, il est
nécessaire de mettre de la persévérance dans cette recherche, l'ex-
pulsion des fragments du ténia n'ayant lieu, chez quelques malades,
qu'après un intervalle de plusieurs semaines ou même de plusieurs
mois ; au reste, l'administration d'un purgatif pourrait, dans un assez
grand nombre de cas, mettre l'existence du ver en évidence.
L'expulsion complète du ténia fait ordinairement cesser tous les
accidents ; celle d'une partie de ce ver les fait cesser pour un temps
dont la durée est probablement en rapport avec l'importance de la
portion expulsée. Lorsque la tête n'a conservé qu'un filament très
court, les accidents ne reparaissent qu'après plusieurs mois. C'est ce
que l'on peut inférer de l'étude d'un certain nombre de faits parmi
lesquels je me bornerai à citer les suivants :
M. Louis Aubert, atteint du ténia en Abyssinie, le chasse par le
cousso, mais la tête n'est pas expulsée. D'après l'inspection de l'ex-
trémité mince du ver, ce médecin estime qu'il ne doit rester avec la
tête qu'un filament de quelques centimètres de longueur. Les cucur-
bitins reparaissent au bout de trois mois (1).
Une fille de vingt-trois ans, observée par le docteur David', est
atteinte d'un ténia qui détermine une longue série d'accidents ; une
grande portion du ver est expulsée et les accidents cessent. Trois
mois après, les accidents reparaissent et en même temps des cucur-
bitins dans les selles (2).
Dans certains cas, assez rares cependant, les malades sans le se-
cours d'aucun remède cessent de rendre des fragments de ténia ; les
symptômes qu'ils éprouvaient disparaissent et la guérison arrive
spontanément.
(1) Mém.cit.
(2) David, Gaz. méd. de Paris, t. XI, p. 40, 1843.
CHEZ L'HOMME. — BOTHRIOCÉPHALE LARGE. 111
CHAPITRE V.
BOTHRIOCÉPHALE LARGE (SynojJS., n° 30).
DÉNOMINATIONS.
Les noms anciens et vulgaires du ténia solium ont aussi désigné j le bothriocéphale
large.
Tœnia prima, Plater.
Tœnia velerum, Spigel.
Tœnia de la seconde espèce, tœnia à épine, Andry.
Tœnia de la première espèce, Van Doeveren.
Tœnia à anneaux courts, tœnia à mamelons ombilicaux, Bonnet.
Tœnia lata, tœnia vulgaris, Linné.
Ténia inerme urnana, Brera.
Bothriocephalus latus, Bremser.
Ténia inerme des médecins.
En faisant l'histoire du ténia solium, nous avons, pour ainsi dire,
fait celle du bothriocéphale large. Comme le ténia , ce ver habite
l'intestin grêle auquel il se fixe par sa tête. 11 est plus fréquent chez
les adultes et chez les femmes? Les conditions qui déterminent son
développement sont inconnues. Il peut être inoffensif ou donner lieu
à des phénomènes plus ou moins intenses, analogues à ceux que pro-
duit le ténia, et à des accidents semblables. Nous n'aurons donc,
pour compléter son histoire, qu'à signaler quelques différences peu
importantes qui distinguent les deux vers cestoïdes de l'homme dans
leur existence pathologique.
Le bothriocéphale acquiert ordinairement plus de longueur que le
ténia; il prend quelquefois des proportions énormes; aussi les acci-
dents qu'il détermine sont souvent plus intenses et plus graves. Les
anneaux arrivés à maturité ne se détachent point isolément et ne
vivent point d'une vie indépendante ; le bothriocéphale, en un mot,
ne forme point de cucurbitins. L'évacuation des fragments de ce ver
se fait par portions plus considérables que celles du ténia et l'inter-
valle qui existe entre l'expulsion de chacune des portions du ver est,
en général, très long.
Un fait singulier qui a été signalé par Rudolphi et Bremser, c'est
que, à leur connaissance, jamais un bothriocéphale n'avait été trouvé
dans un cadavre humain (1).
(1) Il est probable que le cas d'un ver plat qui occupait toute la longueur des
112 AFFECTIONS VElUttlNEUSES OES VOU'.S DÏGESTIVKS
Comme le ténia, le bothriocéphale est ordinairement, mais non
toujours solitaire : Bonnet a vu deux bothriocéphales expulsés par
un malade Leur partie antérieure terminée par un fil très mince
prouvait que ces vers formaient réellement deux individus dis-
tincts (1). Le docteur Ronlet (d'Anvers) fit rendre à une fille de
trente-deux ans deux bothriocéphales munis de leur tête ; cette fille
n'avait d'autre symptôme de vers que les pupilles dilatées (2). Nous
avons rapporté déjà un cas de trois bothriocéphales observés chez
une femme par M. Rayer (voy. p. 76). Sur les côtes de la province
de Nordbotten (Suède) où le bothriocéphale est endémique, ce ver,
dit M. Huss, est rarement solitaire.
Dans la même Contrée, suivant l'opinion générale, le bothriocé-
phale serait héréditaire. On le rencontre chez les riches comme chez
les pauvres, les jeunes comme les vieux ; on l'a observé même chez
des enfants à la mamelle (3).
« Autant que nous pouvons en juger, dit P. Frank, par nos pro-
pres observations et celles des autres, nous reconnaissons que ces
deux genres de vers (ténia, bothriocéphale) n'ont point de signe qui
puisse les faire distinguer l'un de l'autre avant leur sortie du
corps (4). » Il est un symptôme fréquent de la présence du ver soli-
taire, symptôme que ne produit point ordinairement le bothriocé-
phale, c'est le prurit à l'anus ; en effet, quoique ce prurit puisse être
sympathique, comme celui du nez, il est bien plus fréquemment
déterminé par la titillation des cucuibitins.
» Les symptômes qu'd produit, dit Odier qui a souvent observé
le bothriocéphale à Genève, sont des gonflements dans différentes
parties du ventre, des selles irrégulières, des nausées, des vertiges,
intestins, petits et gros, ehez une femme dont parle Th. Bonet, se rapporte au
bothriocéphale. Cette femme succomba à Genève a la suite d'accidents nerveux très
violents (Bonet. Sepulc, lib. IV, sect. x, obs. XIV, § 1, t. III, p. 527).
(1) Ch. Bonnet, ouvr. cit., t. II, p. 125.
(2) Routet, Arch. gén. de méd., -1829, cité par Mérat (Mém. cit., obs. 148,
p. 130). L'indication bibliographique est inexacte, comme beaucoup d'autres de
cet auteur.
(3) MaguusHuss, Mém. cit.
Nous avons rapporté le cas d'un enfant à la mamelle atteint du bothriocéphale,
observé par Wolphius (p. 12); celui d'un enfant de dix-neuf mois, observé A
Boston (p. 87); un autre observé à Londres, d'une petite fille de dix-huit mois
(p. 88, note).
(4) P, Frauk, ouvr. cit., t. V, p. 3SI.
CHEZ L'HOMME. — nOTHRIOCÉPHAtE LARGE. H 3
des palpitations, des cris et des soubresauts pendant la nuit, de la
cardialgie, des défaillances, etc. (1). »
Dans la province de Nordbotten, dit M. Magnus Huss, les sym-
ptômes du bothriocéphale consistent, en général, dans une sensa-
tion désagréable de succion à l'épigastre, surtout à jeun, dans l'ap-
pétit d'aliments salés, dans les gargouillements du ventre, une douleur
avec pesanteur sus-orbitaire revenant et disparaissant par accès. Les
jeunes filles éprouvent souvent des accidents nerveux ; les hommes,
au contraire, ne ressentent ordinairement aucune incommodité.
Plusieurs auteurs ont dit que le ténia armé (ténia solium) occa-
sionne des douleurs plus vives, plus constantes que le ténia inerme
(bothriocéphale) ; mais il est visible que ces auteurs ont fait ici un
raisonnement par induction et qu'ils n'ont pas réfléchi à la petitesse
des crochets du ténia; il en est aussi qui, à raison de l'adhérence des
crochets à la membrane muqueuse intestinale, ont regardé le ténia
comme plus difficile à expulser; cependant un plus grand nombre
ont regardé le bothriocéphale comme plus tenace, plus difficile à
chasser que le ténia, et par cela plus fâcheux (2). Cette opinion, qui
est ancienne, vient peut-être de ce que les remèdes employés au-
trefois ne conviennent pas également aux deux vers cestoïdes de
l'homme, et que ceux qui expulsent le ténia ont été plus ancienne-
ment ou plus généralement employés. A ce point de vue, il impor-
terait de connaître à quel ver on a affaire, lorsqu'on se propose de
l'expulser. La fréquence ou la rareté de l'évacuation des fragments,
leur petit ou leur grand volume, l'existence ou l'absence de déman-
geaisons à l'anus, le pays qu'habite ou qu'a habité le malade, don-
neront des indications à cet égard; l'administration d'un purgatif
et l'examen des anneaux, s'il en est d'expulsés, ne laisseront au-
cune incertitude.
La durée du bothriocéphale ne paraît pas moindre que celle du
ténia; Bremser a vu ce ver, à Vienne, chez un Suisse du canton de
Glaris, qui avait quitté son pays depuis treize ans (3). Nous ne
connaissons aucun fait qui prouve que cet entozoaire disparaisse
quelquefois spontanément.
(1) Ouvr. cit., p. 222.
(2) «Nous avons vu constamment, dit P. Frank (ouvr. cit., t. V, p. 395), le
bothriocéphale occasionner les mêmes symptômes que le ténia; ils étaient seule-
ment plus opiniâtres. »
(S) Bremser, ouvr. cit., p. 173, 174.
DA VAINE. 8
\\l\ AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES
CHAPITRE VI.
CESTOÏDES ERRATIQUES.
Quelquefois les vers cestoïdes, comme les lombrics, sortent par une
lésion de l'intestin ; mais dans ce cas, d'ailleurs très rare, le ténia
ou le bothriocéphale n'est pour rien dans la production de la lésion
qui lui donne issue; sa tête, qu'il enfonce dans la membrane mu-
queuse de l'intestin, ne détermine aucune inflammation, aucun chan-
gement appréciable dans cette membrane, et ne peut en causer la
perforation. Nous parlerons avec quelque étendue, à propos de l'as-
caride lombricoïde, des lésions pathologiques occasionnées par les
entozoaires dans le tube digestif, nous nous bornerons ici à rappeler
les faits qui concernent les vers cestoïdes. On a vu ces vers sortir à
travers les parois abdominales ou pénétrer dans la vessie.
1° Cestoïdes sortant à travers les parois abdominales.
Ier Cas (Hildesius). — Abcès inguinal.
« Uxor cujusdam pisloris in hoc oppido, eodem in loco (l'aine) ulcus ha-
buit cùm autem adhibito emplastro aperiretur, lumbricum latum longitu-
dine ferè 2 spithamorum manu extraxit, ac posteà consolidatum est. ulcus (1 ). »
IIe Cas (H. D. Spqering). — • Fistule inguinale.
Il s'agit, dans cette observation, d'une fistule consécutive à une hernie in-
guinale du côté droit, de laquelle une portion de ténia fut extraite. La fistule
laissa suinter longtemps après la sortie du ver une matière jaune noirâtre,
fétide (2).
IIIe Cas (Moulenq). — Fistule inguinale.
Il s'agit, dans ce cas, d'une femme de quarante ans qui portait dans l'aine
droite, au-dessus du ligament de Fallope, une tumeur de la grosseur d'un
œuf de pigeon. Cette tumeur devint douloureuse et s'ouvrit par deux petits
pertuis, qui restèrent fistuleux. Quelque temps après, une portion du ténia se
présenta à l'une des ouvertures et fut extraite par le chirurgien, qui crut y
reconnaître la tête. Trois ou quatre jours après, un second ténia parut et fut
extrait par l'autre ouverture. Il était plus petit que le premier et ne fut point
examiné.
(1) De Joann. Franc. Hildesii Cameniceni observationibus , et J. Schenckius,
op. cit., lib, III, De lumbricis.
(2) Svensk, Vel.ac Handl., 1747, p. 103, et Rudolphi, Eut. hist,, t. I, p. 14-i.
CHEZ L'HOMME. — CESTOÏDES ERRATIQUES. i 1 5
La suppuration devint plus mauvaise et plus abondante ; les matières fé-
cales les plus liquides s'échappaient par le trou d'où était sorti le dernier ténia.
Au bout d'un mois, l'une des ouvertures se ferma, l'autre resta fistuleuse et
fut plus longtemps à guérir (1 ).
IVe Cas (Von Siebold). — Abcès ombilical. '
« En avril 4 841 , on reçut à la clinique (à Erlangen) un garçon de vingt-
deux ans. Celui-ci, issu de parents sains et bien portants, souffrait depuis
son enfance de la maladie scrofuleuse qui se traduisait surtout par la forme
d'abcès nombreux. À l'entrée du malade, il avait sur le corps un certain nom-
bre de ces abcès petits et ouverts; l'un d'eux siégeait immédiatement sur
l'ombilic, de manière à lui donner l'aspect de celui d'un nouveau né. Un peu
au-dessus de l'ombilic, il existait un dépôt assez considérable de matière scro-
fuleuse non ramollie. On mit ce malade à l'usage de la décoction de Zitlmann.
Un jour, après avoir pris environ 1 2 onces de ce médicament, on appela en
toute hâte le médecin assistant, parce qu'il semblait sortir quelque chose de
vivant par l'ombilic. En effet, on trouva en ce point une anse de tœnia solium
longue d'environ 6 pouces ; cette anse paraissait douée de vie ; elle était
blanche, et n'offrait aucun vestige de matière chyleuse ou excrémentitielle. On
exerça quelques tractions, et l'on put faire sortir une certaine quantité de ru-
ban verminenx ; celui-ci devint de plus en plus étroit, et l'on ne tarda pas à
extraire la tête du ver parfaitement conservée et reconnaissable. L'extré-
mité inférieure du ténia fut ensuite extraite avec facilité. Il était long de plu-
sieurs mètres ; dans l'eau tiède, il se remua longtemps avec toutes les appa-
rences de la santé; il était lisse, uni et parfaitement propre. 11 ne sortit par
l'ouverture qui lui avait donné issue aucune matière liquide ou gazeuse qui
pût faire soupçonner une perforation intestinale. Le malade fut mis à l'usage
de soupes légères et soumis à un repos absolu.
» Il ne survint aucun accident, et, quelques jours après la sortie du ver,
on put revenir au régime habituel. La plaie suppurante de l'ombilic qui avait
donné issue au ténia fut plusieurs fois et soigneusement examinée avec le
stylet, mais jamais l'examen ne put être complet, à cause des vives douleurs
qu'il déterminait. On ne put jamais porter le stylet à plus d'un demi-pouce de
profondeur. La plaie ne subit d'ailleurs aucune amélioration, et le malade
(1) Moulenq, Sur un ténia sorti de l'aine d'une femme (Journ. de méd., 1781.
t. LVI, p. 330).
L'examen de la seconde portion du ténia n'ayant pas été fait, on ne peut dire,
avec l'auteur et Rudolphi, qu'il y eût daus ce cas deux ténias.
Brera, à la page 172 de son Traité des maladies vermineuses, dit que la présence
du ténia peut occasionner la suppuration et la gangrène de l'intestin; il cite, à
l'appui de cette opinion , Syllogen observationum varii argument'^ Hauniœ, 1782,
p. 45. S'agit-il de l'observation de l'ancien Journal de médecine, 1781, qui aurait
été reproduit dans ce recueil? Je n'ai pu m'en assurer ; mais le rapprochement des
dates l'indiquerait.
116 AFFECTIONS VERM1NEUSES DES VOIES DIGESTiVES
mourut un an après, de phthisie pulmonaire. On ne put pas faire l'autopsie
du cadavre (I). »
2° Cestoïdes pénétrant dans la vessie.
Ve Cas (Bellacatus).
« Aloïsus Bellacatus, medicus Patavii sua œtate celebris, in schedis reli-
quit adolescentulumquemdam, Curtii presbyteri nepotem,postdifficilem quin-
que dierum mictionem cum insigni dolore pungente ad cervicem vesicse, pro-
pinata chelidonii aqua.moxconvaluissepostquam copioso lotii profluvio taeniam
reddidisset vivam (2). »
VIe Cas (Dakbon).
« M. T âgé de cinquante-six ans, éprouvait depuis quelque temps une
démangeaison insupportable à l'anus, lorsqu'il se vit atteint tout à coup de
violentes crampes à la verge, accompagnées de douleurs atroces qui lui firent
perdre connaissance pendant plusieurs heures. Revenu à lui, il éprouva une
grande difficulté d'uriner, bien qu'il en eût un besoin extrême. Au bout de
quelques minutes, il rendit par l'urèlhre quelques articulations de ténia, et
dès lors l'émission de l'urine eut lieu avec facilité. Les douleurs cessèrent
pendant sept ou huit jours, au bout desquels les mêmes symptômes reparurent
avec frissons, douleurs dans les membres, réLraction delà verge vers la racine,
ainsi que des testicules qui devinrent douloureux. Le scrotum prit une couleur
ardoisée, due sans doute à une transpiration gluante qui teignait le linge en
bleu. Le malade eut une attaque semblable à la précédente, qui se termina en
rendant de nouveaux fragments de ténia. Ces attaques reparaissaient tous les
huit jours et duraient de douze à quinze heures. Dans une, il en sortit par
l'urèthre un fragment de six pouces de long, et dans une autre, un de demi-
aune, ce qui causa un tel obstacle à l'émission de l'urine, que le malade se
trouva dans une situation très alarmante. Cet état persistait depuis un an,
lorsque M. A... se présenta au docteur Darbon. Ce dernier, après s'être con-
vaincu de l'existence du ténia, commença par injecter dans la vessie de l'eau
tiède, afin de la bien vider; il y introduisit ensuite, au moyen d'une sonde
creuse, sa potion contre le ténia, et y laissa cette sonde fixée, afin de favori-
ser l'émission des urines sans charrier aucune partie du ver. Il renouvela
pendant deux jours l'injection de sa potion, en y laissant la sonde fixée cinq
jours de plus. Le neuvième, l'ayant retirée, lemalade excréta, avec ses urines,
plusieurs aunes de ténia en grande partie désarticulé, et dans un grand état
de flétrissure. Depuis ce temps, M. A,., s'est vu délivré de tousses maux (3). »
(1) Med. Zeit. von Preuss, n° 17, 1843. — Arch. deméd. de Paris, 1844. —
Edinb. med. and surg. Joarn., 1845.
(2) Joannis Rhodii Obs. medic, cent. III, obs. xxxvr, p. 158. Patavii, 1657.
(3) Observation rapportée par Julia Fontenelle (Arch, de rnéd., 1824 t. V,
p. 351).
CHEZ L'HOMME. — ANCHYLOSTOME DUODÉNAL. 117
On ne peut admettre que Darbon se soit trompé sur la nature de
ce ténia; mais que ce ver ait existé pendant un an dans la vessie,
en dehors des conditions physiologiques dans lesquelles il vit ordi-
nairement, c'est ce que l'on ne peut non plus admettre. Il est pro-
bable qu'il y a dans les .circonstances de ce fait quelque omission ou
quelque erreur.
Cas VII, de Burdach.
« M. Burdach, à Senftenberg, a vu sortir de l'urèthre d'une femme deux
bouts d'un ténia de la longueur d'un doigt, et tout au plus d'un demi à un tiers
de ligne de large. On a très bien pu distinguer les articulations longues d'un
quart de pouce. Cette femme n'avait ressenti qu'une légère démangeaison
dans l'urèthre fi). »
TROISIEME SECTION.
ANCHYLOSTOME DUODÉNAL {Synops., n° 98).
L'ancbylostome duodénal appartient aux nématoïdes. Découvert
à Milan par Dubini, en 1838, il n'a point été observé depuis lors
dans d'autres localités en Europe (2). Pruner, quelques années après,
signala son existence en Egypte (3). MM. Bilharz et Griesinger,
d'après les indications de de Siebold, en rirent un objet de recher-
ches et l'étudièrent plus complètement que les observateurs précé-
dents (4).
L'anchylostome n'a que 6 à 9 millimètres de longueur, et peut-
être sa petitesse est-elle la cause pour laquelle il a été si tardive-
ment et si rarement observé en Europe. Sa bouche est armée d'une
capsule cornée, relativement très grande et obliquement tronquée;
elle porte sur la portion la plus saillante de la marge quatre fortes
dents au moyen desquelles l'animal s'attache à la membrane mu-
queuse.
C'est en mai, et ensuite en novembre, décembre et janvier, que
(1) Medizinische Zeitung, 1839, u° 1 3, et Arch. gén. deméd. de Paris, 3e série,
1840, t. VIII, p. 346.
(2) Dubini, in Omodei Annal, univers, de medic. di Milano, 1843, t. CVr, p. 5-13.
(3) Pruner, Krankheiten des Orients, 1847, p. 244.
(4) Vicrordt's Archiv. fur physiolog. Heilk., an XIII, liv. IV, p. 554 (cité par
Gaz. hebdom., 13 avril 1855), et Zeitschrift fur wissenschaftliche Zoologie, p. 55.
Leipzig, 1853.
118 AFFECTIONS VERM1NKUSES DES VOIES DIGESTIVES
Dubini l'a rencontré à Milan. En Egypte, il est tellement commun,
que dès que l'attention de MM. Bilharz et Griesinger a été appelée
sur ce ver par les lettres de de Siebold, il fut trouvé par ces observa-
teurs, au Caire, presque dans chaque cadavre, quelquefois en petit
nombre, d'autres fois par centaines. Il habite le duodénum, et sur-
tout le jéjunum.
D'après M. Griesinger, l'anchylostome s'attache avec force en
pénétrant dans la membrane muqueuse, et même dans le tissu sous-
jacent. L'endroit auquel le ver est fixé est indiqué par une ecchy-
mose de la dimension d'une lentille, au centre de laquelle apparaît
une tache blanche de la grandeur d'une tête d'épingle. La mem-
brane muqueuse est percée en ce point comme par un trou d'aiguille
qui pénètre jusque dans le tissu sous-muqueux. Par cette ouverture,
le sang se répand librement dans l'intestin, dont la cavité contient
quelquefois une notable quantité de ce liquide. Souvent la membrane
muqueuse offre un nombre plus ou moins considérable d'élevures de
la dimension d'une lentille, aplaties, livides et d'un rouge brunâtre.
Ces élevures sont produites par l'accumulation du sang qui s'é-
panche entre les membranes muqueuse et musculaire. Alors le ver,
ayant pénétré dans l'épaisseur de la paroi intestinale, est logé dans
la cavité même où s'est épanché le sang dont il est tout gorgé et
entièrement recouvert à l'extérieur.
D'après M. Griesinger, la présence du ver détermine l'anémie
par des saignées petites, il est vrai, mais incessamment renouvelées.
La maladie que cet auteur désigne sous le nom de chlorose d'E-
gypte, maladie qui, suivant lui, affecte à un degré plus ou moins
grave le quart de la population égyptienne, serait produite par l'an-
chylostome; toutefois l'opinion du savant helminthologiste allemand
s'étant formée dans les derniers temps de son séjour en Egypte, n'a
pas été suffisamment établie.
Chlorose d'Egypte. — Cette maladie est probablement une affec-
tion propre aux contrées africaines, et qui a été décrite par plusieurs
auteurs sous des dénominations diverses. D'après M. Griesinger,
elle attaque en Egypte toutes les classes de la société. Elle est ca-
ractérisée, dans les cas les moins graves, par la pâleur générale des
téguments, le bruit de souffle dans les jugulaires, des palpitations,
de l'accélération du pouls, des lassitudes des membres, de légers
dérangements des digestions, sans amaigrissement.
La marche de cette maladie est plus ou moins rapide; elle s'ag-
CHEZ L'HOMME, — ANCHYr.OSTOME DTJODÉNAL. 119
grave progressivement, et arrive enfin au plus haut degré, le ma-
rasme clïlorotique. Alors la maigreur se prononce; l'œdème survient
aux paupières et aux extrémités inférieures. La peau, qui, à l'état
normal, est fortement basanée, prend une teinte d'un jaune pâle
obscur ou d'un blanc verdâtre; elle est même plus pâle et plus grise
encore chez les nègres; elle est en même temps flétrie, fiasque,
sèche, écailieuse et froide. La conjonctive est d'un blanc bleuâtre;
toutes les muqueuses apparentes sont d'une pâleur cadavéreuse. On
observe en outre les phénomènes suivants : hébétude, apathie, fai-
blesse et épuisement général ; palpitations constantes et battements
violents du cœur augmentés par le moindre mouvement; pouls fré-
quent et petit; respiration fréquente et courte, dyspnée; à Yauscul~
tation, les deux bruits du cœur également forts, le second quelque-
fois retentissant et perceptible même à quelques pas de distance;
murmures et bruits morbides dans les principales artères et la veine
jugulaire, accompagnés d'un frémissement cataire sensible au tou-
cher; murmure respiratoire affaibli.
Le malade éprouve de la céphalalgie frontale et temporale, des
étourdissements, des bruits aigus dans les oreilles, des douleurs arti-
culaires et précordiales, une faim constante, des appétits bizarres,
de la dyspepsie avec de légers mouvements fébriles et de la sensi-
bilité du bas-ventre. La langue est recouverte d'un enduit visqueux;
la poitrine est quelquefois agrandie par emphysème, la rate hyper-
trophiée, le foie diminué de volume, l'urine abondante, pâle et très
rarement albumineuse.
Assez souvent la marche de cette maladie est très aiguë. Avec
des soins et un bon régime elle peut durer plusieurs années ; mais,
le plus ordinairement, même malgré de grands soins, l'individu reste
pâle, maladif et misérable; les affections les plus légères qui sur-
viennent sont très sérieuses; la dysenterie, dans la plupart des cas,
apporte un terme à la vie des malades; d'autres meurent d'hydro-
pisie sans albumine dans les urines.
Les toniques, le vin, le fer, sont impuissants à guérir cette affec-
tion ; les travaux fatigants , un traitement débilitant, antiphlogis-
tique, hâtent la fin des malades : mais un changement de climat et
de régime exerce une influence heureuse sur quelques-uns qui, excep-
tionnellement en quelque sorte, reviennent à la santé.
Les lésions cadavériques consistent dans des infiltrations séreuses
de diverses régions, la mollesse et la décoloration des muscles, l'a-
némie générale très apparente dans le cerveau, le poumon, l'estomac
120 AFFECTIONS VERMlNÉIÎSES DES VOUS MGESTIVES
et la membrane muqueuse de l'intestin. Le cœur, dont les couches
musculaires internes surtout sont très pâles et graisseuses, est géné-
ralement volumineux, hypertrophié; le ventricule gauche est prin-
cipalement dilaté ; l'endocarde et les valvules sont fréquemment
irrégulières et épaissies; les cavités renferment un caillot petit,
brunâtre, peu fibrineux; souvent elles ne contiennent qu'un liquide
séreux, jaunâtre, avec quelques corpuscules sanguins pâles et grands;
dans les veines principales se trouve un liquide semblable, ou bien
elles sont vides; la rate et les reins ont l'aspect de cire graisseuse;
le foie est uniformément atrophié.
Avant que la cause de la] maladie fût soupçonnée par M. Grie-
singer, le traitement consistant dans l'administration de prépara-
tions ferrugineuses, de quinquina et de phosphate de chaux, ame-
nait une amélioration marquée dans les cas légers; mais il était sans
effet dans les cas graves, et dans aucun il n'était suivi de guérison.
A l'autopsie d'un sujet mort de la chlorose d'Égypie, la découverte
de milliers d'anchylostomes fixés çà et là dans l'intestin grêle, cha-
cun au centre d'une petite ecchymose semblable à une morsure de
sangsue , l'épanchement dans le duodénum, le jéjunum et même dans
une partie de l'iléon d'une grande quantité de sang rutilant qui pro-
venait évidemment de piqûres de l'intestin, éclairèrent d'une lumière
soudaine la cause de l'affection qui, dans ce cas, avait déterminé la
mort. Il faut dire toutefois que cette autopsie fut la dernière que
pratiqua M, Griesinger avant son retour en Europe; l'opinion de cet
observateur, que la chlorose tient aux hémorrhagies déterminées par
l'anchylostome, demande donc d'être confirmée par de nouveaux faits.
Si elle se vérifie, les anthelmintiques, le calomel, la térébenthine, etc.
seraient, sans doute, comme l'indique M. Griesinger, les meilleurs
remèdes à opposer à la chlorose d'Egypte.
QUATRIÈME SECTION.
ASCARIDE LOMBRICOÏDE (Synops., Xï° 57).
DÉNOMINATIONS :
É'/uïvç cTpoyyôXvj , Hippocrate, Aristote, Oribase, Al. de Tralles, etc.
Tinea rotunda, Pline (lib. XXVI, § xxvm).
Lumbricus teres, Celse, Foës in Hipp , Spigel, Sennert, etc.
L. longus-el rotunâus, Sérapion trad., Arnauld de Villeneuve, Redi trad.
CHEZ L'HOMME. — ASCARIDE LOMBRICOÏDE. 121
L. rotundus, Caelius Aurelianus, Oribase trad., Avicenne trad. , /Etius trad.,
Foës in Hipp., Pierre de Abano, Mercurialis, Spigel, Sennert, Boer-
haave,vetc.
Le rond et long, Ambr. Paré.
Le slrongle, plusieurs auteurs du xvme siècle.
Le lombrical, la plupart des auteurs du xvme siècle.
Ascaris lumbricoides, Linné et la plupart des naturalistes.
Noms usités aujourd'hui en France : Yascaride lombricoïde, le lombric. —
En Allemagne, Rundivurm. — En Hollande, rondeivorm, menschenworm, kin-
derenworm. — Danemark, menneskeorm, spolorm, skolorm. — Suède, men-
nisko-mask, spolmask. — Angleterre, Ihe round ivorm, large round worm,
long round ivorm, round gui ivorm. — Italie, verme rondo, lombrico. — Es-
pagne, lombrlz. — Portugal, lombriga.
SOLS-SECTION I.
CONDITIONS DANS LESQUELLES SE PRÉSENTENT LES ASCARIDES LOMBRICOÏDES.
CHAPITRE PREMIER.
SÉJOUR, NOMBRE , CONDITIONS DE FRÉQUENCE.
Le séjour ordinaire des ascarides lombricoïdes est l'intestin grêle.
Ces vers se trouvent aussi quelquefois dans l'estomac ou dans le
gros intestin, mais ils n'habitent pas dans ces derniers organes, et,
lorsqu'ils y arrivent, ils ne tardent pas à être expulsés ou à périr.
Les lombrics peuvent encore se trouver erraiiquemenl dans des ca-
vités qui communiquent plus ou moins immédiatement avec le canal
digestif, ou bien ils arrivent, par suite d'une lésion pathologique,
dans des parties qui ne sont point en communication avec ce canal.
Les ascarides lombricoïdes que l'on rencontre dans un organe autre
que l'intestin grêle ne s'y sont pas développés, et, en général, ils
n'y vivent point au delà de quelques jours.
Le nombre des ascarides existant dans les intestins est très va-
riable : on n'en rencontre souvent qu'un ou deux et jusqu'à six ou
huit; quelquefois ils sont assez nombreux pour remplir et distendre
12'2 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES OIGESTIVES
l'intestin ; on les trouve alors, à l'autopsie, agglomérés en pelotons
volumineux (1).
M. Cruveilhier dit, en parlant de vers qu'il trouva chez.une fille
idiote : « Tout l'intestin grêle en était rempli; ces vers formaient,
en outre, des boules ou pelotes qui oblitéraient l'intestin. J'en rem-
plis un grand bassin; il y en avait plus de mille (2). » Ce chiffre
est probablement une manière de dire un nombre considérable.
Dans les cas suivants ce nombre a été précisé :
Brassavole fait mention d'un vieillard de quatre-vingt-deux ans,
qui rendit cinq cents vers après l'administration d'un médicament
composé de scordium et de coralline (3/.
Campenon rapporte qu'à l'autopsie d'un homme, qui mourut après
avoir éprouvé pendant vingt-quatre heures des coliques violentes,
il trouva le caecum et une partie du côlon remplis et distendus par
un peloton d'ascarides; il y en avait trois cent soixante-sept, de la
longueur de cinq à six pouces (4).
Marteau de Grandvillers a connu un soldat qui a évacué trois
cent soixante-sept ascarides dans l'espace de six jours (5).
Dali' Olio, médecin de Modène. raconte qu'il a rendu par la bouche,
dans l'espace de deux semaines, quatre cent cinquante lombrics (6).
Une femme atteinte d'une fièvre lente, qui vint, en 1804, à l'hô-
pital de Crema, évacua pendant vingt-sept jours de suite des lom-
brics dont le nombre variait de vingt-trois à quarante-neuf par
jour (7).
(1) Je n'ai jamais vu les ascarides agglomérés eu peloton dans les animaux que
j'ai examinés immédiatement après leur mort. Ces vers ne se réunissent proba-
blement eu peloton que lorsqu'ils commencent à ressentir le refroidissement du
cadavre, ou lorsqu'ils arrivent dans un organe qui ne leur offre plus des conditions
d'existeuce, tel que le gros intestin. Il est possible que la diète, la fièvre, certaines
conditions des substances contenues dans le conduit alimentaire, l'iugestion de
certains médicaments, comme l'émétique, agissent sur les ascarides de la même
manière ; mais, dans la plupart des cas, les lombrics que l'on trouvera réunis eu
peloton ne se seront ainsi agglomérés qu'après avoir pénétré dans le gros intestin, ou
bien après la mort de leur hôte, lorsqu'ils sont eux-mêmes languissants et
mourants.
(2) Dictionn. de méd. et chir. prat., art. Entozoaires, p. 332.
(3) Brassavole, in Simplic. examine, cité par Andry, ouvr. cit., t. II, p. 616.
(4) Campenon, médecin de Tonnerre, dans Richard de Hautesierk, Recueil d'ob-
serv., in-4, t. II, p. 472. Paris, 1772.
(5) Cité par Bremser, ouvr. cit., p. 383.
(6) Dali' Olio, Memorie délia Società italiana délie sciense, etc., t. XI, cité par
Brera (Mem. prim., p. 215).
(7) L. Brera, Mem. fisico-med. cit. (Mem. prim., p. 215.)
CHEZ L'HOMME. — ASCARIDE LOMBRICOÏDE. 123
» Le jeune Gay, fils d'un vétérinaire de Roanne, écrivait Petit
(de Lyon) à Prost, a rendu deux mille cinq cents vers lombricaux
dans l'espace de cinq mois, sans avoir éprouvé d'autres symptômes
fâcheux qu'un vomissement de sang. Ces vers sortirent tous par la
bouche et par le nez (1). »
Les auteurs rapportent un grand nombre d'autres cas dans les-
quels les ascarides lombricoïdes étaient au nombre de deux et trois
cents.
L'enfance est plus sujette aux ascarides lombricoïdes que tout
autre âge, néanmoins on voit bien rarement de ces vers chez les
enfants âgés de moins d'un an ; c'est vers l'âge de trois ans que ces
entozoaires commencent à devenir communs. A Paris, d'après Guer-
sant, on trouve à peine dans le premier âge un ou deux enfants
affectés d'ascarides sur cent, tandis que chez ceux de trois à dix ans,
il y en a au moins un sur vingt. Les ascarides lombricoïdes sont
peu communs chez les adolescents et rares chez les vieillards. Les
femmes, dit-on, y sont plus sujettes que les hommes.
Les ascarides lombricoïdes se développent principalement chez les
sujets faibles, lymphatiques, chez les scrofuleux, chez ceux qui se
nourrissent d'aliments de mauvaise qualité ou qui font leur nourri-
ture principale de légumes, de fruits, de laitage, chez ceux qui ne
font point usage de boissons fermentées comme le vin, la bière, etc.
Il convient de dire néanmoins que l'influence de la constitution et
du régime sur la production des vers n'est point suffisamment bien
établie.
La saison paraît avoir une influence sur le développement des
lombrics. La plupart des auteurs, depuis Hippocrate, ont dit que
ces vers sont surtout communs en automne; il est vrai que cette
opinion a été quelquefois basée sur l'action que l'on attribuait aux
fruits dans la production des vers |2) ; on a dit aussi que les lom-
brics sont plus fréquents au printemps (3) .
Ordinairement ces vers existent chez l'homme pendant un espace
de temps variable, mais assez limité; ils peuvent reparaître à plu-
sieurs reprises ; rarement on en est tourmenté pendant une longue
suite d'années.
(1) Troisième coup d'œil sur la folie (p. 28. Paris, 1807), cité par Mondière,
Gaz. des hôpit., 23 mars 1844.
(2) Avicenne, op. cit., cap. n, p. 840.
(3) Danielis Sennerti Vratislaviensis Operum tomus III. Parisiis, 1641, lib. III,
p. 38.
\1k AFFECTIONS VERMINE USES DES VOIES DIGESTIVES
CHAPITRE II.
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE.
On dit généralement que les habitants des pays froids et humides
sont plus exposés aux ascarides lombricoïdes que ceux des pays
chauds. Cette assertion est tout à fait erronée : si les vers sont très
communs en Hollande, en Suède, etc., ils ne le sont pas moins dans
les contrées tropicales. Il suffit, pour s'en convaincre, de consulter
les auteurs qui ont pratiqué la médecine dans ces contrées : d'après
Bajon, la maladie des vers, avec le tétanos, sont celles qui enlèvent
le plus de monde à Cayenne : « Il n'y a personne, dit-il, de ceux qui
sont dans le cas de faire l'ouverture à Cayenne de quelque cadavre,
qui n'ait trouvé, à son plus grand étonnement, un nombre prodigieux
de ces animaux (ascarides lombricoïdes) (1). - Pouppé-Desportes
s'exprime d'une manière analogue sur la fréquence des lombrics à
Saint-Domingue (2), et M. Sigaud sur celle de ces entozoaires au
Brésil (3). « La présence de vers lombrics dans les intestins, dit
Levacher, est un accident beaucoup plus fréquent aux colonies
(Antilles) qu'en Europe Il est commun de voir, dans l'espace de
quelques jours, des enfants encore en bas âge rendre par les vo-
missements et par les selles jusqu'à quatre et six cents lombrics.
Des autopsies cadavériques m'ont plusieurs fois révélé la présence de
ces animaux dans les intestins grêles par multitude innombrable (4).»
Nous possédons des témoignages semblables pour la Jamaïque (5),
l'île de France et Bourbon : « Nous avons déjà observé, ditDazille,
qu'à l'ouverture de tous les cadavres de nègres morts de maladie
quelconque dans plusieurs colonies (île de France , Bourbon, An-
tilles) , on trouve les intestins farcis de vers (6) . »
D'un autre côté, si l'on considère que dans la province de Sma-
(1) Bajon, Observ. sur quelques bons remèdes contre les vers de Vile de Cayenne
[Journ. méd. chir., 1770, t. XXXLV, p. 69).
(2) Pouppé-Desportes, Hist. des maladies de Saint-Domingue. Paris, 1770, t. I,
p. 35, 92; t. II, p. 271.
(3) J.-F. Sigaud, Du climat et des maladies du Brésil. Paris, 1844, p. 425 et suiv.
(4) Levacher, Guide médical des Antilles. Paris, 1834, p. 96.
(5) James Thomson, Remarks on tropical diseases, etc., Jamaica (Edinburgh mé-
dical and surgical Journal, 1822, t. XVIII, p. 43.)
(6) Dazille, Observ. sur les maladies des nègres. Paris, 1792, t. I, p. 106.
chez l'homme. — ascaride lombricoïdiï. 125
land (Suède), par exemple, presque tous les habitants ont des lom-
brics (1), il sera manifeste que l'influence du climat est nulle dans la
fréquence ou la rareté de cet entozoaire. Nous trouvons, au reste,
une nouvelle preuve de ce fait en France: à Paris, l'ascaride lombri-
coïde est rare, tandis que dans certaines provinces, l'Alsace, la Bour-
gogne, ce ver est très commun. Cette différence tient probablement
à certaines habitudes locales dont nous nous occuperons ci-après.
Dans les contrées où les lombrics sont très communs, tous les
âges y paraissent presque également sujets : « Dans le pays que
j'habite (Chambéry), a dit Daquin, il ne se présente pas de maladie
où les vers -strongles ne se montrent, qu'elles soient aiguës ou chro-
niques On ne voit pas que l'âge, la force ou la faiblesse du tem-
pérament y apportent une grande différence. Il nous arrive souvent
de voir des personnes de soixante et soixante et dix ans n'être ma-
lades que de vers (2)..» Il en est de même aux colonies; à ce sujet,
Bajon rapporte qu'il a connu à Cayenne une dame âgée de près de
cent ans qui prenait quelquefois du lait de figuier (vermifuge), et qui
rendait chaque fois une abondance énorme de lombrics.
D'après le témoignage unanime des médecins qui ont écrit sur les
maladies des nègres, ceux-ci sont beaucoup plus fréquemment atteints
de vers que les blancs. Bajon, Pouppé -Desportes, Levacher, sont
sur ce point très-affirmatifs. Ces auteurs n'ont pu discerner positive-
ment aucune cause de cette différence. Dazille l'attribue, il est vrai,
à la nourriture insipide, non fermentèe des nègres ; R. Dyer, à ce
qu'ils ne mangent point de sel; mais ce sont de simples hypo-
thèses. Daquin, qui a été également à portée d'observer un grand
nombre d'individus atteints de lombrics, rapporte qu'en commen-
çant sa pratique médicale par les pauvres, il a cru à l'influence de
la mauvaise nourriture sur la fréquence de ces vers; mais plus tard,
il renonça à cette explication en voyant les ascarides lombricoïdes
aussi fréquents chez les riches que chez les pauvres.
(1) Magnus Huss, Mém. cit. [Arch. gén. deméd., 1856, t. I, p. 351).
(2) Daquin, médecin de l'Hôtel-Dieu de Chambéry, Observ. sing. sur des affect.
verm. (Journ. de méd. chir., etc. Paris, 1770, t. XXXIV, p. 152).
12() AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES
CHAPITRE III.
ÉPIDÉMIES ET ENDÉMIE.
Sous des influences qui n'ont point été déterminées, les lombrics
peuvent apparaître par épidémies ou s'établir en quelque sorte en-
démiquement dans une contrée. Les auteurs du siècle dernier surtout
ont fréquemment fait mention d'épidémies de dysenterie et de fièvre
vermineuses. Tout en faisant la part des doctrines erronées qui ré-
gnaient à cette époque et de l'importance exagérée que l'on attri-
buait aux vers, il est impossible de ne pas être frappé de l'existence
presque générale des lombrics dans quelques-unes de ces épidémies,
et de n'y pas chercher plus qu'une coïncidence; il est au moins cer-
tain que ces entozoaires ont été quelquefois une complication fâ-
cheuse qui réclamait un traitement particulier.
En 1730, les ascarides lombricoïdes devinrent très communs à
Béziers. «Des personnes de tout âge, de tout sexe, de tout tempéra-
ment en ont été attaquées, dit Bouillet ; ils en ont rendu même par la
bouche; quelques-uns en sont morts, malgré tous les secours de la
médecine. » Bouillet attribue cette abondante génération de vers à
la grande douceur de l'hiver de L730 (1).
En 1757, il régna à Fougères (Bretagne) une dysenterie épidé-
mique; presque tous les malades avaient un grand nombre de vers.
Ils guérissaient par les anthelminthiques, et l'amélioration se manifes-
tait à mesure que les vers étaient expulsés (2).
A Clisson, le même fait se renouvela, mais d'une manière plus
durable : « Nous rencontrons toujours la disposition vermineuse dans
les maladies du peuple, dit du Boueix. J'ai vu rendre en trois ou
quatre jours, par le même sujet, jusqu'à cent cinquante lombricaux
très grands; il est très commun que les malades attaqués de mala-
dies aiguës en expulsent cinquante, soixante, quatre-vingts en peu de
jours — Un chirurgien très instruit, qui a pratiqué ici pendant trente
ans, m'a assuré que cette complication vermineuse, qui domine dans
toutes les maladies, n'était devenue dominante que depuis une épidé-
mie dysentérique qui ravagea ce pays en 1765 (3). » (Ecrit en 1788.)
(1) Bouillet, secrétaire de l'Académie de Béziers, dans Hist. de l'Acad. roy. des
sciences, année 1730, p. 42.
(2) Nicolais du Saulsay, Journ. de méd., 1757, l. VI, p. 380.
(3) Du Boueix, Topogr. méd. de la ville et de Vhôpilal de Clisson, en Bretagne
{Journ. de méd. chirurg,, etc. Paris, 1788, t. LXXV, p. 416.
CHEZ L'HOMME. — ASCARIDE LOMBRICOÏDE. 127
On a vu aussi les ascarides lombricoïdes attaquer les armées en
campagne :
" Entre les maladies contagieuses qui affligèrent l'armée danoise
dans la Scanie, la dysenterie fut la plus universelle et la plus fâ-
cheuse ; beaucoup de soldats avaient en même temps des vers aux-
quels on attribua la cause du mal (1). •«
Rosen dit qu'un grand nombre de soldats suédois, cavaliers ou
fantassins, qui revinrent, en 1743, de l'expédition de Finlande, ren-
daient une grande quantité de vers par haut et par bas (2).
Après avoir rendu compte des maladies qui attaquèrent l'armée
anglaise pendant la campagne de Flandre, en 1743, Pringle ajoute :
« Dans le cours de cette dysenterie et de cette fièvre (rémittente
d'automne, intermittente des camps), plusieurs rendirent des vers
ronds, et ce même symptôme s'est rencontré chaque campagne dans
ces deux maladies (3) . »
A propos de ce fait, Van Swieten dit avoir observé la même chose
dans son armée (autrichienne f) (4).
Dans des temps plus rapprochés de nous, les médecins militaires
ont signalé des faits semblables. Marie, chirurgien au 12e régi-
ment de dragons, dit que le cinquième de son régiment, cantonné
à Ravenne pendant l'été de l'an X, fut atteint d'une fièvre putride
vei mineuse (5). Savaresi rapporte qu'au mois d'août 1806, en
Pouille et en Abruzze, l'armée française fut atteinte d'une diarrhée
grave, compliquée de vers (6). Bourges, médecin à la grande
armée, dit que les lombrics se sont montrés fréquemment dans les
maladies des soldats français cantonnés, en 1807, dans la ville de
Bromberg (Pologne) (7).
Nous reviendrons ailleurs sur ces épidémies de dysenterie, de
fièvres, etc., dans lesquelles la présence des vers a été générale.
(1) Sur une dysenterie vermineuse, par Paul Braud, médecin de l'armée, dans
Act. de Copenhague, ann. 1677-1679, obs. xxxi, et Coll. acad., part, élrang.,
t. VII, p. 342.
(2) Rosen, ouvr. cit., p. 390.
(3) Pringle, Observ. sur les maladies des armées, part. I, chap. ni, p. 21, trad.
Paris, 1855.
(4) Gerardi Van Swieten, Comment. inHerni. Boerhaave aphor. Paris, 1765,
t. IV, § 1362, p. 620.
(5) Marie, Journ. de méd. de Sédillot, t. XXI, p. 250. Paris, 1806.
(6) Savaresi, Hisl. méd. de l'armée de Naples (Journ. de méd. de Corvisart.
Paris, 1806, t. XII, p. 337).
(7) Bourges, Journ. de méd'. de Sédillot, 1809, t. XXXVI, p. 184.
128 AFFECTIONS VER.UINEUSBS DES VOUS D1GLSTIVES
CHAPITRE IV.
CONDITIONS DE LA PROPAGATION DES LOMBRICS.
Si l'on recherche quelles sont les conditions ou les causes qui
déterminent, soit la rareté des lombrics dans certaines localités, et
leur fréquence dans d'autres, soit leur apparition en grand nombre
et, en quelque sorte, par épidémie, il faut avant tout se souvenir que
l'ascaride lombricoïde naît d'un œuf, et que cet œuf, déposé avec les
fèces à la surface du sol, doit, pour éclore, arriver dans le tube
digestif de l'homme (1). Il faut donc chercher par quelle voie et com-
ment l'œuf peut être transporté dans le tube digestif. Ce n'est évi-
demment, ni par les légumes, ni par les fruits ou le laitage, ni par
un mauvais régime, etc. , c'est par l'eau. Les œufs des lombrics sont
expulsés avec les fèces, qui en contiennent quelquefois par myriades.
Ces œufs peuvent rester dans l'eau d'une mare, d'un ruisseau, d'un
puits, etc., pendant six, sept mois et plus sans subir aucune altéra-
tion; l'embryon s'y développe et n'est mis en liberté que lorsque
l'ovule arrive dans le tube digestif de l'homme. Un filtre l'arrête en
chemin; une température élevée le tue.
Avec ces données, on pourra trouver, sans doute, la raison qui
lait ces vers rares à Paris et communs dans les campagnes : à Paris,
où l'on boit généralement des eaux puisées à la Seine et passées au
filtre, lequel retient les ovules des ascarides; à la campagne, où l'on
boit l'eau des mares et des puits non filtrée. Ces mares ou ces puits
sont alimentés ordinairement par les eaux pluviales qui tombent
autour des habitations ; or, l'usage des fosses d'aisances est assez
généralement négligé à la campagne, surtout par les enfants, qui
satisfont leurs besoins autour des habitations mêmes. On s'expli-
que donc, par l'action des eaux pluviales qui les entraînent, l'arrivée
des œufs des lombrics dans les mares, les ruisseaux, les puits, et
finalement dans les boissons. Ces considérations ne jetteront-elles
point quelque jour sur les causes de ces épidémies qui ont sévi dans
certaines armées (2), sur ce fait que les lombrics, si communs chez
(1) C. Davaine, Recherches sur le développement et la propagation du tricho-
céphale de l'homme et de l'ascaride lombricoïde {Comptes rendus Acad. des sciences,
t. XLVI, 21 juin 1858).
(2) On sait que dans l'épidémie de fièvre muqueuse qui sévit en 1 760-1761 , à
Gœttinguc, sur la population et sur l'armée française qui occupait cette ville, tous
les malades, presque sans exception, avaient des lombrics et des trichocéphales en
CHEZ L'HOMME. — ASCARIDE LOMBRICOÏDE. 129
les habitants de nos campagnes, sont très rares chez les peuples
nomades (1)'{ Ne diront-elles point pourquoi les nègres qui, dans les
colonies, ne sont pas généralement plus délicats dans leurs habitudes
que nos paysans, et qui font usage de l'eau qu'ils puisent autour des
habitations, pourquoi les nègres sont si fréquemment atteints de
lombrics et par centaines, tandis que les blancs, qui font plus géné-
ralement usage de boissons fermentées importées de l'étranger, de
thé et d'eau filtrée, sont beaucoup moins sujets aux vers?
Les conditions d'âge, de tempérament, de santé, etc., peuvent
avoir peut-être de l'influence sur le développement des ascarides
lombricoïdes, mais ces animaux ne naissent pas spontanément, et,
pour qu'ils se développent dans ie corps humain, il faut d'abord que
l'œuf y soit porté.
SOUS-SECTION II.
PHÉNOMÈNES ET ACCIDENTS CAUSÉS PAR LES ASCARIDES LOMBRICOÏDES
RENFERMÉS DANS LEUR SÉJOUR NORMAL.
CHAPITRE PREMIER.
SYMPTÔMES, SIGNES, ACCIDENTS SYMPATHIQUES.
§ I. — En général , lorsque les ascarides lombricoïdes ne sont pas très
nombreux, et lorsqu'ils n'ont pas quitté leur séjour normal, ils ne
déterminent aucune douleur, aucun dérangement fonctionnel appré-
ciables ; lorsque, au contraire, ils sont réunis en nombre considérable,
ils déterminent plus souvent dans les fonctions de la digestion, de
la nutrition, dans celles du système nerveux des troubles variés.
Les symptômes qui décèlent la présence des lombrics dans Fin-
grand nombre; or l'épidémie durait depuis plusieurs mois déjà, lorsque la compli-
cation vermiueuse se fit remarquer. Le passage suivant de Rœderer et Wagler ne
donne-t-il pas l'explication de ces faits ? « Dans la circonstance où nous étions, on
ne pouvait faire de la bière; en sorte que l'on ne trouvait pour satisfaire sa soif
que de l'eau troublée par les pluies el remplie d'ordures, ear les écoulements des
immondices et des fumiers amoncelés derrière chaque maison, faute de bêtes de
somme pour les enlever, se répandant sur la terre, pénétrèrent bientôt les fontaines
et les infectèrent. Nous avions beaucoup de cavalerie, de sorte que nos rues étaient
couvertes de fumier, et de chaque côté elles étaient bordées en forme de haies par
des excréments humains. » (Kœderer et Wagler, ouvr. cit., sect. I, §8.)
(1) Pallas, passage cité.
davaine. 9
130 AFFECTIONS VETIMINEOSBS DES VOIES DIGËSTTVES
festin sont les mêmes que ceux qui annoncent la présence des autres
entozoaires, et que nous avons énumérés dans les généralités sur les
vers du tube digestif. 11 n'en est aucun qui soit spécial aux vers dont
nous nous occupons. Les plus fréquents sont : des coliques qui se
font sentir principalement vers l'ombilic, des douleurs pongitives
quelquefois déchirantes de l'abdomen, la tuméfaction du ventre, des
désordres de l'appétit, la salivation, des nausées ou des vomisse-
ments, quelquefois de la diarrhée avec des selles contenant des ma-
tières glaireuses mêlées de sang, la démangeaison des narines, des
urines semblables à du petit-lait, laissant un sédiment blanchâtre.
On remarque en même temps les phénomènes extérieurs sui-
vants : la bouffissure de la face, la couleur bleuâtre des paupières,
la dilatation souvent inégale des pupilles, l'odeur aigre de l'haleine,
l'amaigrissement, et des phénomènes nerveux, tels que l'irrégularité
du pouls, de mauvais rêves, de l'agitation et des grincements de
dents pendant le sommeil, des douleurs vagues dans les membres.
§ II. — Tous ces symptômes pris séparément sont très incertains ;
leur association peut néanmoins faire présumer avec une grande pro-
babilité l'existence des lombrics dans le tube digestif. Lorsque des
coliques, des douleurs de ventre existent depuis un certain temps,
cessent et se reproduisent sans cause appréciable, si elles ne sont
point accompagnées de diarrhée ou si les selles contiennent des ma-
tières glaireuses et sanguinolentes, et si, en même temps, l'on re-
marque quelque symptôme qui soit sans rapport avec une affection
de l'intestin, tel que le prurit des narines, la dilatation des pupilles,
on aura tout lieu de croire à l'existence des vers dans le tube diges-
tif; car la réunion de symptômes aussi étrangers, pour ainsi dire,
les uns aux autres, ne se rencontre guère que dans les affections
vermineuses.
D'après Rosen, un signe des plus sûrs de la présence des vers
est le bien-être que sent un malade après avoir bu un verre d'eau
froide (I).
D'après Romans, l'existence de petits points rouges, saillants et
isolés sur les bords de la langue serait un caractère patbognomoni-
que de la présence des ascarides dans l'intestin |2).
L'expulsion des lombrics par les vomissements ou par les selles
(1) Rosen, ouvr. cil., p. 397.
(2) Ann. de la Soc. med. pral. de Montpellier, t. XXII; p. 110, 1810, cite par
Barlhczet Rilliet.
CIILZ 1,'lIOMMli. — ASCAIUD1- I.OMI>!UCOÏI)L. 131
est le seul signe qui soil regardé généralement comme pathognomo-
nique tle l'existence de ces vers; mais ce signe même est équivoque
en ce sens qu'il ne prouve pas leur existence actuelle dans le tube
digestif.
Nous avons dit déjà que la présence des oeufs dans les déjections
des individus" atteints de lombrics est un signe certain de la présence
de ces entozoaires du tube digestif. (Voy. p. 51, 52.)
§ III. — Les phénomènes sympathiques déterminés par la présence
des lombiics dans l'intestin, sont, comme ceux du ténia, très variés;
ils acquurent parfois une grande intensité, et constituent alors des
affections graves et même mortelles. Si leur fré puence et leur gravité
ont été fort exagérées à une autre époque, peut-être aujourd'hui ces
affections sont-elles quelquefois méconnues. Je parle deParis, où, par
leur rareté, les lombrics attirent peu l'attention ; il en est autrement
dans les contrées où ers vers attaquent toute la population : « Les
vers occupent une grande place dans la pathologie intertropicale, dit
M. Sigaud, car ils compliquent la plupart des maladies, causent
souvent de'graves lésions ... Chez les enfants, les vers donnent lieu
à uns série de phénomène? morbides, tels que convulsions, conges-
tion cérébrale, vomissements, diarrhée, appétit excessif et irrégulier,
toux opiniâtre, soubresauts des tendons et surtout à un refroidisse-
ment de la température des mains, des avant-bras, des genoux et
des pieds, avec ballonnement du ventre, sans s'accompagner de
réaction fébrile (1). » — « L'-s vers produisent chez les enfants, dit
Bajon, des maladies qui les font périr dans des convulsions affreuses
avant qu'on ait quelquefois le temps d'y apporter remède (2).»— « Le
sang des nègres, dit Pouppé-Desportes, est d'une qualité si propre
à la production des vers, qu'ils en meurent quelquefois subitement...
J'en ai fait ouvrir qu'on soupçonnait avoir été empoisonnés, et je
n'ai trouvé d'autres causes de mort que des paquets de vers entor-
tillés dans l'estomac et les intestins (3)... »
Les auteurs qui ont écrit sur les maladies des colonies sont una-
nimes sur la fréquence et la gravité des accidents déterminés par les
vers, et en particulier par l'ascaride lombrictiï.le. Nous avons en
Suède un témoignage semblable d'un médecin dont le mérite est
généralement reconnu : « Dans la province de Smaland, presque
(1) Ouvr. Cit., p. 425.
(2) Mcm. cil., p. G8.
(3) Ouvr. cil., t. II, p. 27 1<
i:*2 affections verminboses des voies digestives
tous les enfants qui habitent l;i côte do la mer jusqu'à sept à huit
milles dans les terres, sont ou ont été sujets aux ascarides. Jusqu'à
l'âge de douze ans, les deux sexes y sont également soumis, et la
position sociale des enfants est sans influence; après l'âge de douze
ans, les filles en sont beaucoup plus tourmentées. Les ascarides sont
si répandus, que les moindres accidents nerveux sont traités par les
vermifuges.
»Les ascarides sont également endémiques dans le nord de la pro-
vince de Hall an cl ; leur production tient évidemment à des causes
locales : les étrangers qui viennent s'établir dans la province et qui
n'avaient jamais éprouvé d'affections vermineuses, en sont bientôt
atteints; des symptômes nerveux très graves en sont fréquemment
la conséquence (1). »
§ IV. — Nous avons donné déjà l'indication d'un certain nombre
d'observations d'affections déterminées par les lombrics (voy. les
Généralités, p. 53); nous en rapporterons ici quelques-unes qui
offrent de l'intérêt à divers titres.
Ier Cas (MjSplain).
« Une fille de vingt-deux ans, après quelques prodromes, tomba dans l'état
suivant : Immobilité complète, paupières relevées, yeux fixes et humides,
pupilles resserrées, tête fortement renversée en arrière, mâchoires convulsi-
vement rapprochées sans qu'aucun effort puisse les écarter... ; roideur téta-
nique des membres, respiration presque inappréciable, pouls à peine sensible,
perte absolue de sentiment. — Aucun remède n'ayant pu être administré, ni
par la bouche, ni par l'anus, et la mort paraissant imminente, une injection
de quatre grains de tartre stibié fut faite dans la veine médiane du bras gauche.
Une demi-heure après, une pelote de huit vers lombrics, tous vivants, fut
expulsé* par le vomissement. La malade vomit ensuite, en plusieurs fois, sept
autres vers. Tous les phénomènes décrits ci-dessus ne tardèrent pas à s'apai-
ser, puis à disparaître, et quatre jours après, celte fille était complètement
rétablie (2). »
IIe Cas (G. Calvert Hollasd).
« Le 23 septembre 1 842, Harriet Blackburn, âgéede vingt ans, demanda
mes soins à l'infirmerie de Sheffield, pour une paralysie. Elle avait perdu
l'usage des extrémités inférieures et un peu aussi celui du bras. Ces mem-
bres, mais principalement les premiers, étaient insensibles à une piqûre
(1) Huss, Mém. cit.
(2) Méplain, médecin auDonjon (Allier), Journ. complémentaire, 1823, t. XVIf ,
p. 372.
CHEZ L'HOMME. — ASCARIDE LOMBBICOÏDE. 133
superficielle de la peau. Elle sentait, mais faiblement, lorsqu'on introduisait
une aiguille profondément dans les chairs. Trois semaines auparavant, elle
avait été prise d'un engourdissement des bras et des jambes, qui s'accrut
graduellement jusqu'à ce qu'elle perdit l'usage de ces derniers. (Vingt sang-
sues aux lombes.)
» ... Sa santé générale était bonne avant cette attaque, et l'on ne peut
découvrir aucun dérangement constitutionnel en dehors de la perte du mou-
vement et de la sensibilité. II n'y avait aucune douleur dans quelque partie
de l'épine, ni de tête, etc. Les fonctions intestinales étaient régulières. La
saignée générale, des sangsues, des rubéfiants le long de l'épine, le calomel à
l'intérieur, la poudre de Dower, etc., furent administrés depuis! e 24 sep-
tembre jusqu'au 4 octobre.
» Le 9 octobre, il y eut quelques signes de retour dans la sensibilité, mais
point dans l'usage des membres. Alors six drachmes d'huile de térébenthine
et deux d'huile de ricin furent prescrits avec de l'eau de menthe. Le jour
môme ou le jour suivant, la malade rendit par l'anus un ver rond (ascaride
lombricoïde) ; après quoi, le mouvement et le sentiment revinrent immédiate-
ment dans les membres. Dans le cours de deux ou trois jours, les symptômes
étaient entièrement dissipés; des purgatifs furent encore administrés, mais
aucun nouveau ver ne fut rendu (1). »
IIIe Cas (P. Fbank).
a Nous avons trouvé le tube intestinal, depuis le duodénum jusqu'au rec-
tum, entièrement rempli d'ascarides lombricoïdes et de matières fécales sur
le cadavre d'un homme qui mourut au milieu des convulsions les plus cruelles
et des cris les plus aigus, le second jour de son entrée à l'hôpital de
Pavie (2). »
IVe Cas (J. Leroux).
Il s'agit d'un jeune homme de dix-huit ans, cultivateur, très bien constitué.
« Je fus appelé auprès de lui, dit Leroux, vers midi; je le trouvai dans une con-
vulsion générale et tétanique. La tête était fortement renversée en arrière ; le
tronc et les membres étaient dans un état de roideur qu'on ne pouvait
vaincre; les yeux renversés , les mâchoires serrées; la respiration haletante
et la poitrine soulevée précipitamment ; le cœur battait avec force ; le pouls
était vibratileettrès agité; le ventre météorisé.
» J'appris que le malade avait été trouvé dans cet élat à dix heures du
matin. Cejeune homme était sans connaissance et ne pouvait parler. On me
montra huit vers lombricoïdes qu'on avait trouvés sur son lit, et qu'il avait
vomis avec beaucoup de matières verdâtres. On m'apprit aussi que depuis une
(1) G. Calvert Holland, A peculiar case of nervous disease or dérangement of Ihe
nervous System, in Edinburgh, med. and surg. Journal. London, 1845, t. LXIII,
p. 325.
(2) P. Frank, omit, cit., t. V, p. 348.
l.Vl AITKCTIONS VERM1SBBSES DES VOIES DIGBSTtVES
quin'/aino do jours, Possou se plaignait do vives Coliques, qu'il ne mangeait
nue liés peu et qu'il avait souvent dos envie? de vomir.
» Je jugeai facilement que la cause de la convulsion était la présence do
vers dans le canal alimentaire. Jo n'avais point do pharmacie à ma dispo-
sition, . . Je fis préparer un bain ; on y plongea lo malade ; on l'y retint pen-
dant une heure avec beaucoup de peine. En effet, je n'ai jamais vu de con-
vulsions plus effrayantes; il fallait trois hommes très Luis pour contenir co
malheureux patient On lépéta le bain à cinq heures ; pendant ce second bain,
un vomissement fit rejeter en deux fois cinq autres vers lombricoïdes. Je lis
faire avec de l'huile des frictions sur l'épigastre et sur l'abdomen, qui parais-
sait très douloureux ; je pratiquai une saignée du bras.
» Ces moyens procurèrent un peu de calme; vers huit heures du soir, les
convulsions devinrent horribles; le malade poussait des cris perçants; il
expira à neuf heures et demie.
» Autopsie. — Je ne pus ouvrir la loto. Tous les organes de la poitrine cl
de l'abdomen étaient parfaitement sains; mais, ayant fendu l'estomac, j'y
trouvai encore onze vers pareils à ceux que le malade avait vomis. Je liai le
duodénum et le rectum ; j'enlevai tout le paquet des intestins, qui étaient
remplis de vers, au point qu'on les sentait à travers les membranes.... J'en
comptai quatre-vingt-trois; ainsi, ce malheureux jeune homme avait nourri
cent sept ennemis, dont lès piqûres, en irritant la membrane muqueuse du
canal alimentaire, avaient causé des convulsions tétaniques et la moi t. L'es-
tomac, l'intestin grêle et le gros intestin offraient, dans un grand nombre de
places, des points qui paraissaient des piqûres entourées d'un polit cercle
rouge (I). »
CHAPITRE II.
LÉSIONS ANATOMIQUES , ACCIDENTS PHYSIQUES.
§ I. — Peu d'observateurs se sont occupés de l'étal anatoimijue
de l'intestin chez les individus affectés d'ascarides lombricoïdes.
MM. Barthez et liilliet, ayant fait des recherches à ce sujet chez les
enfants, ont ordinairement rencontré la membrane muqueuse de la
partie de l'intestin qui contenait des ascarides lombricoïdes dans un
état d'intégrité parfaite. Dans quelques cas, ils ont observé une fine
injection vasculaire, semblable à celle de l'entérite érythémateuse ;
très rarement la consistance de la membrane muqueuse était
diminuée. Comme ces légères altérations de tissu existaient seu-
lement dans le point où étaient rassemblés plusieurs lombrics et
(1) Leroux, ouvr. cit., t. IV, p. 307.
CHEZ L'HOMME. — ASCARIDE I.OMBRIGO'ÏDE. 135
manquaient ailleurs, ces observateurs ont conclu qu'elles étaient 1
résultat de l'irritation locale exercée par les vers(l).
Dans l'observation de Leroux, les lésions anatomiques de l'intestin
qui renfermait encore au moment de la mort quatre-vingt-trois lom-
brics, ne consistaient aussi que dans des 'points ayant V apparence
de piqûres entourées d'un petit cercle rouge.
Un enfant de dix à douze ans, observé par Daquin, mourut après
avoir éprouvé des coliques violentes, des vomissements répétés et
des phénomènes cérébraux : « Le duodénum était farci de vers gros
et petits à un point qu'il en était distendu, et avait acquis beaucoup
plus de volume qu'il ne doit en avoir naturellement, formant un
boyau dur et rénitent. Le jéjunum, l'iléum et le ceecum en étaient
si remplis, que je ne puis mieux les comparer qu'à des godiveaux. Il
semblait qu'on les y eût fait entrer par force... Ce qui me parut
extraordinaire, c'est qu'une irritation telle que dut la causer cette pro-
digieuse multitude de vers n'avait pas même produit la plus légère
phlogose dans les membranes des intestins (2). »
En présence de ces faits et de beaucoup d'autres semblables, on
ne peut accepter sans réserve l'observation suivante de M. Bre-
tonneau :
Il s'agit d'un enfant de huit ans, convalescent d'une angine ma-
ligne, qui mourut presque inopinément après avoir éprouvé quelques
mouvements convulsifs et des vomissements. « Deux pelotes de vers
distendaient l'intestin grêle : une surtout, qui surpassait en volume
le poing du sujet, était arrêtée dans le duodénum et formée par
l'entrelacement d'une vingtaine d'ascarides lombricoïdes dont les
mouvements avaient froissé et meurtri les tuniques de l'intestin au
point que, dans une grande partie de sa circonférence, la membrane
muqueuse était détruite par cette attrition. Le mucus ensanglanté qui
se trouvait au-dessus et au-dessous des pelotes de vers, attestait
que cet entrelacement qui subsistait encore, avait eu lieu pendant la
vie, en même temps qu'il était d'ailleurs évident que cette agglo-
mération était assez récente, puisque les tuniques de l'intestin n'of-
fraient aucune trace de véritable inflammation (3). »
Nous ne nions pas que de semblables lésions ne puissent se pro-
duire pendant la vie ; mais il est probable que les vers qui les auraient
occasionnées ne se trouveraient point, à l'autopsie, en rapport avec
(0 Barlhcz et Rilliet, Traité des maladies des enfants, Paris, 1843, t. III, p, G05.
(2) Daquin, Mém. cit., p. 137.
(3) P. Bretonneau, De la diphthérite. Paris, 1826, obs, II, p. 23.
\oC) AFFECTIONS VERM1NEUSES DUS VOIES DIGESTIVES
la partie contuse. 11 n'est pas admissible que les lombrics ne se fus-
sent pas séparés lors du refroidissement du cadavre, et fussent morts
eux-mêmes sans quitter l'attitude et la place qu'ils avaient dans
l'intestin vivant (1). Le fait d'avoir rencontré les vers en rapport
avec la lésion qu'ils avaient déterminée, prouve pour nous, contrai-
rement à ce qu'on en a conclu dans le cas actuel, que l'agglomération
des lombrics et l'attrition de l'intestin se sont produites après la
mort.
Si l'on ajoute, aux faits qui précèdent ceux qui résultent de l'ob-
servation des animaux, chez lesquels des ascarides existent souvent
en nombre considérable sans déterminer aucune lésion intestinale,
on sera disposé à croire que l'attrition, les meurtrissures de l'in-
testin occasionnées par les lombrics sont des faits au moins très
rares. Par les mêmes raisons, on n'admettra pas sans examen ces
cas de gangrène, d'ulcération et de perforation déterminées par les
lombrics dont les auteurs ont rapporté de nombreux exemples. La
plupart de ces observations remontent, il est vrai, à une époque où
l'on était porté à mettre sur le compte des lombrics les lésions les
plus diverses. Sans contester la réalité de ces faits, il est permis de
contester l'interprétation qui en a été donnée. Nous ferons plus loin
cet examen (2), et nous apporterons les raisons qui nous paraissent
prouver que les lombrics ne peuvent dilacérer ou perforer les parois
saines de l'intestin.
§ II. — Dilacéraiion des vaisseaux sanguins.; hémorrliagie . — Des
hémorrhagïes mortelles ont été attribuées à l'action des ascarides
lombricoïdes. On conçoit, à la rigueur, qu'un lombric puisse dé-
terminer la rupture -d'une artère dénudée par une ulcération, en
interposant sa tête entre cette artère et la paroi ulcérée ; mais les
mêmes raisons qui empêchent cet entozoaire de traverser un intestin
sain s'opposent à ce qu'il en dilacère les parois et consécutivement
les vaisseaux.
(1) Beaucoup d'auteurs oublient complètement que les vers vivent encore quelque
temps après la mort de leur hôte, et qu'ils sont doués d'un certain pouvoir de
locomotion. Ils décrivent avec soin la situation des vers au moment de l'autopsie,
comme si ces animaux n'avaient pas dû en changer depuis la mort du malade.
Ainsi Lepelletier, qui parle d'une large perforation de l'œsophage opérée par des
lombrics, dit, pour prouver qu'elle était bien l'effet de ces entozoaires : « Le ver encore
engagé dans cette même ouverture lève tous les doutes. » Il suffit de la plus simple
réflexion pour voir ce que valent de pareilles raisous.
(2) Voyez cbap. V.
CHEZ L'HOMME. — ASCARIDE LO.MBRICOÏDE. 137
Ior Cas (Charcellay).
Il s'agit d'un enfant âgé de sept ans, qui fut admis à l'hospice général de
Tours, le 7 février 1839. — Le 7 mars, on apprend qu'il avait du dévoie-
ment depuis plusieurs jours ; il a des coliques fortes, une fièvre modérée, la
langue blanche au milieu, rouge à la pointe et sur les bords. Le 8, même
état général, faciès douloureux, épreintes violentes, selles fréquentes et peu
abondantes ; matières formées par des mucosités rougeâtres. — Le 9 et le 10,
même étala peu près. « Le 11 , le malade est agité, s'inquiète et pousse sou-
vent des cris ; depuis la veille, il ne répond aux questions qu'on lui adresse
que par des plaintes... Pâleur du visage ; pouls petit et fréquent ; peau d'une
chaleur ordinaire; pupilles dilatées; regard fixe. Les matières sont rendues
presque involontairement ; chaque fois, elles sont fortement ensanglantées.
Depuis hier au soir, le sang est noirâtre ; un ver lombric non vivant a encore
été expulsé... Dans la journée, et surtout vers le soir, cet enfant rend par le
rectum une grande quantité de sang pur noir. Il s'agite beaucoup, pousse
des cris plaintifs et succombe enfin à dix heures du soir. »
Aulopsie. — « La muqueuse du gros intestin est fortement épaissie, irré-
gulière, granulée, nulle part ulcérée, offrant des taches verdâtres ou grisâtres
sur toute l'étendue de sa surface. Celte altération se prolonge dans l'iléon, à
un pouce au-dessus de la valvule iléo-caecale, dont la face supérieure offre le
même état que l'inférieure. La plaque de Peyerla plus inférieure est injectée,
turgescente, et comme boursouflée ; elle fait saillie au-dessus de la mu-
queuse; les deux plaques qui viennent après sont moins gonflées; autrement
la muqueuse est saine dans tout l'intestin grêle, où l'on trouve une énorme
quantité de sang noir liquide. »
Dans le jéjunum, on rencontre trente-sept lombrics réunis par pelotons.
Dans le duodénum, on trouve un peloton de lombrics encore plus considérable.
La muqueuse de cet intestin est saine. En dehors de la cavité du duodénum
et sur sa face postérieure, existe une toute petite ecchymose qui correspond à
une exulcération arrondie, de deux lignes d'étendue située dans cet intestin.
t En cet endroit, la membrane muqueuse et le tissu cellulaire sous-jacent
semblaient avoir été détruits par écartement. Dans cet espace étroit et comme
érodé, je suis parvenu à apercevoir, même à l'œil nu, après des recherches
réitérées, une arlériole blanche, d'un tissu résistant; son orifice est béant,
car elle est divisée complètement en travers (1 )... »
Parmi les raisons qui déterminent l'auteur à mettre la rupture de
l'artère sur le compte des lombrics, se trouvent celles que l'on donne
généralement pour prouver l'action de ces animaux dans les perfo-
rations ; nous verrons plus loin (2) que toutes ces raisons n'ont aucune
(1) Charcellay, Rec. des trav. de la Soc, méd. d' Indre-et-Loire, année 1839,
2e série, p. 16.
(2) Chap. V.
I3t> AFFECTIONS V ÎCHMINICHS i:.S DES VOIES PIGBSTIVES
valeur. La rareté des ulcérations dans le duodénum n'est pas non
plus un argument de grande valeur) il n'est pas sans exemple de
rencontrer des ulcérations isolées, surtout dans un cas comme celui-
ci qui était une fièvre typhoïde plutôt qu'une dysenterie, ainsi qu'on
en peut juger par les symptômes et par l'état des plaques de Peyer.
La division de l'artère en travers ne prouve absolument rien, d'ail-
lcuis, sur la cause de sa rupture j dernièrement, dans le service
de M. Hayer, chez un homme mort d'hémorrhagie intestinale, on
trouva une petite ulcération au fond de laquelle on apercevait très
distinctement, à l'œil nu, une artériole ouverte.- Ce vaisseau était
déchiré d'une manière très nette et les deux bouts s'adaptaient exac-
tement. Nous avons pu montrer le fait aux membres de la Société
de biologie (1). Cette artériole seule avait fourni tout le sang ; il
n'existait aucun lombric dans l'intestin pour expliquer la déchirure
du vaisseau ; suffit-il donc que l'on ait trouvé des lombrics auprès
d'une ulcération pour qu'on doive la leur attribuer (2)?
IIe Cas (Halmà-Grand).
11 s'agit d'un enfant âgé de six ans, qui, depuis quelque temps, offrait des
symptômes de bronchite et des douleurs de l'abdomen vers l'ombilic.
Le 13 mars 1856, pouls pas notablement élevé, faciès à peu près normal,
langue naturelle, coliques faibles. Le! S, l'enfant parait tout à fait bien.
Le IC, invasion de symptômes alarmants. Faciès cholérique, vomissements
répétés de matières verdâtres, parmi lesquelles trois lombrics sont rejetés ;
abdomen météorisé, douloureux à la pression; pouls petit et concentré; selles
légèrement sanguinolentes; agitation, refroidissement. Vers le soir du même
jour, tous ces phénomènes s'aggravent; selle considérable de sang pur et
vermeil ; mort inopinée.
A l'autopsie, le péritoine est normal, l'intestin grêle est météorisé. A l'in-
térieur de cet intestin, on trouve six ascarides lombricoïdes et un peloton
Jormé par dix-huit de ces vers.
« La muqueuse de l'intestin grêle ayant été lavée, nous la trouvâmes
(1) M. Dupuis, Hém. inlest., etc. {Comptes rendus Soc. biologie, décembre 18ô7.)
(2) M. Charcellay, eu rédigeant cette observation, était certainement préoccupé
de la théorie de Mondièrc sur les perforations que produiraient les lombrics (voyez
ci-après celte théorie); car il dit : « Le tissu cellulaire et la membrane muqueuse
semblent avoir été détruits par écarlement, » et une ligne après il ajoute : « dans
cet espace étroit et comme érodè. » S'il y avait érosion, il n'y avait pas écarlement
des libres. Quant aux arguments sur lesquels l'auteur appuie surtout son opinion
d'une déchirure opérée par les lombrics, il les prend dans la conformation de la
bouche du lombric et dans les nombreuses observations de vers efj'racteurs qui sont
reproduites un peu partout, mais qui sout reproduites ici sans aucune critique.
CHEZ L'HOMME. — ASCARIDE LOMBRICOÏDE. 139
ramollie, se déchirant par lambeaux et criblée d'idcéralions, dont la plus
grande avait la longueur d'une -pièce de deux francs. Une de ces ulcérations
fixa notre attention par sa profondeur, et, l'examinant à la loupe, nous trou-
vâmes les vestiges de vaisseaux ouverts qui auraient donné lieu à l'hémor-
rhagio intestinale. Nous ne poussâmes pas plus loin nos investigations (4). »
Après ce que nous avons dit des lésions anatomiques causées p ;r
les lombrics, il est inutile de faire remarquer que le ramollissement
de la muqueuse qui se déchirait par lambeaux, ne pouvait être le fait
des vingt-quatre vers trouvés dans l'intestin, et que les ulcérations,
surtout celle qui avait la largeur d'une pièce de2fr., n'étaient point
davantage le fait de ces vers; au reste, l'auteur n'a mis l'hémor-
rhagie sur le compte des lombrics que par la considération suivante :
« Le fait que nous indiquons n'est pas unique; il résulte d'une obser-
vation de M. Charcellay qu'une artériole peut être percée par un
lombric de manière à produire une hémorrhagie intestinale mortelle. »
Nous avens vu combien l'opinion de M. Charcellay est peu fondée.
§ III. — Obstruction, iléus, étranglement. — On a dit que, par
leur accumulation, les ascarides peuvent obstruer l'intestin, mettre
obstacle aux cours des matières et donner lieu aux accidents d'un
étranglement interne, ou de l'engouement et de l'étranglement
dans les hernies. Les cas, dont nous avons rapporté quelques-
uns, dans lesquels on a vu l'intestin rempli et comme bourré
par des lombrics, cas dans lesquels cependant on n'a point
observé de tels accidents, l'absence d'observations positives à cet
égard ne permettent point d'admettre que les ascarides puissent
apporter un obstacle sérieux au cours ordinaire des matières. Rudol-
phi, après avoir appuyé cette dernière opinion sur des exemples
d'accumulatiou extraordinaire de vers dans les animaux, ajoute :
« Entre les vers, quelque accumulés qu'ils soient, le chyme ou les
matières fécales circulent librement, et s'd entre dans le tube diges-
tif des matières dures, les vers les détruisent et les déchirent (2). »
Un fait observé par Requin semble en contradiction avec ces vues :
un homme âgé de cinquante ans mourut à l'Hô'el-Dieu (annexe),
après avoir eu, pendant plusieurs jours, des vomissements sterco-
raux et une diarrhée abondante. A l'autopsie, on ne trouva pour
expliquer celle sorte d'iléus imparfait rien autre chose que deux
(1) Halma-Grand, Union médicale. Paris, 1836, t. X, p. 202.
(2) Rudolplii, Hisl. nat. Enlozoarum, cit., t. I, p.45S.
l/lO AFFECTIONS VEBM1NEUSES DES VOIES D1GESTIVES
paquets de lombrics, l'un vers la partie moyenne de l'intestin grêle,
l'autre vers le milieu du côlon transverse. « Sur l'un et l'autre point
les helminthes, enchevêtrés les uns avec les autres, avaient évidem-
ment formé une espèce de barrière qui mettait obstacle au cours des
matières, sinon absolument et invinciblement, du moins assez pour
produire la maladie ci-dessus relatée ; d'autant mieux que l'intestin
se trouvait considérablement rétréci dans toute sa longueur, par suite
sans doute de l'abstinence forcée à laquelle la nature même des acci-
dents morbides avait réduit depuis longtevijos le pauvre malade (1).»
Encore une explication dans laquelle le lombric est considéré
comme un corps inerte et capable de rester un temps indéfini sans
mouvement. Si le rétrécissement de l'intestin avait été produit par
l'agglomération des lombrics, pendant combien de temps ces vers
eussent-ils dû rester réunis sans se déplacer, sans donner signe dévie?
et n'auraient-ils pas plutôt occasionné une dilatation (2)? Quoi qu'il
en soit, si les vers ont été pour quelque chose dans les phénomènes
observés, si leur réunion en peloton n'a pas été déterminée par le
refroidissement du cadavre, on ne peut leur attribuer que les acci-
dents des derniers jours, et l'obstacle au cours des matières n'est
survenu que parce que l'intestin était considérablement rétréci,
car un semblable fait devrait avoir lieu dans tous ces cas où les lom-
brics se comptent par centaines.
Morgagni suppose que les lombrics peuvent être une cause d'in-
vagination de l'intestin par suite des mouvements convulsifs qu'ils
déterminent dans cet organe en l'irritant; c'est une pure hypothèse
qui lui a été suggérée par quelques cas d'intussusception dans les-
quels il y avait en même temps des lombrics, cas observés par
Peyer, Ruysch, Heister et par lui-même (3).
Quant à l'accumulation des vers dans une portion d'intestin ren-
fermée dans une hernie, il est probable qu'elle a les mêmes inconvé-
nients que l'accumulation des matières fécales. Bremser pense que la
réduction des lombrics doit être facile, étant favorisée par les mou-
vements de ces entozoaires; quoi qu'il en soit, il ne peut résulter
de leur présence que les effets de l'engouement.
(1) A. -P. Requin, ouvr. cit., t. III, p. 214.
(2) Voyez ci-dessus (p. 135), une observation de Daquin, dans laquelle on a
noté, au contraire, une dilatation de l'intestin.
(3) J.-B. Morgagni , Lell. anat. sur le siège et les causes des maladies,
lettre XXXIV, §32, trad: franc. Paris, 18b3, t. II, p. 263.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 141
Wedekind, dans une dissertation intitulée : Des étranglement a
des hernies occasionnés par les vers (1), nous apprend que, dans
le comté deDiepholz, où il avait pratiqué la médecine, les cas de
hernie avec complication de vers étaient très communs et presque
endémiques. Suivant cet auteur, les lombrics occasionnent quelque-
fois l'étranglement, qui se produit de deux manières : 1° par le spasme
de l'intestin, lequel est consécutif à l'irritation que les vers détermi-
nent ; 2" par l'accumulation de ces vers et l'obstruction qui en
résulte.
G. Richter regarde aussi la présence des vers comme une cause
possible d etranglemeut des hernies (2). Les raisons que donne le
premier de ces auteurs à l'appui de ces opinions et que reproduit le
second, ont été réfutées par Bremser; il serait sans utilité de nous
en occuper davantage.
SOUS-SECTION III.
PHENOMENES ET ACCIDENTS CAUSES PAR LES ASCARIDES LOMBRICOlDES
SORTIS DE LEUR SÉJOUR NORMAL,
Les ascarides lombricoïdes quittent quelquefois leur séjour nor-
mal soit spontanément, soit chassés par les efforts de l'intestin. Ils
en sortent par une voie naturelle ou par une ouverture accidentelle ;
dans le premier cas, ils arrivent dans une cavité viscérale ou bien
dans un conduit excréteur en communication plus ou moins directe
avec le tube digestif ; dans le second, ils arrivent dans une cavité sans
rapport avec celle de l'intestin ou dans l'épaisseur des parois abdo-
minales ; dans tous ces cas, ils peuvent produire des phénomènes
variés et des accidents graves. Toutefois, il ne faut pas croire que
des vers rencontrés à l'autopsie dans un organe, s'y trouvaient néces-
sairement pendant la vie du malade, ni qu'ils avaient avant la mort
la situation dans laquelle on les trouve : les vers vivent encore plu-
sieurs heures après la mort de leur hôte, et leurs mouvements sont
assez énergiques pour qu'ils puissent ramper dans les intestins et
traverser des orifices qui ne leur opposent plus actuellement aucun
obstacle.
(1) Wedekind, dans Richter, Bibliolh. de chir., t. VIII, p. 79.
(2) G. Richler, Traité des hernies, trad. franc., 1788, p. 55.
\l\'2 AITEGTIONS VLRMlNlîUMiS DES VOtCS DIGBSTtVIiS
CHAPITRE PREMIER.
LOMBRICS DANS L'ESTOMAC, l.'OESOrUAGE, LES FOSSES NASALES, LOREILLE,
LES VOIES LACRYMALES.
§ 1. — Los lombrics parvenus dans le gros intestin n'y prolongent pas
longtemps leur existence et sont évacués sans causer d'accidents.
§ II. — Dans l'estomac les lombrics sont fréquemment chass6s par le
vomissement. En général, leur présence dans cet organe paraît être
difficilement supportée; ils y excitent des douleurs obscures ou
vives, des nausées et des vomissements.
Dans un grand nombre d'observations où des accidents sympa-
thiques ont paru l'effet des lombrics, 'on a constaté par le fait de
leur expulsion au dehors ou par l'autopsie, la présence de ces vers
dans l'estomac; néanmoins il faut observer que, dans certains cas,
les ascarides lombricoïdes peuvent être amenés dans la cavité gas-
trique et rejetés au dehors par suite de vomissements symptoma-
tiques d'une affection indépendante de leur présence. C'est ainsi que
dans la méningite chez les enfants, dans la péritonite des nouvelles
accouchées, etc., l'expulsion des vers contenus dans l'intestin a lieu
comme celle des autres matières intestinales; les vomissements,
aussi bien que la maladie, sont indépendants de l'existence de ces
entozoaires. C'est certainement à cet ordre de phénomènes qu'on
doit rapporter les vomissements vermineux consécutifs à l'opération
de la cataracte dont parle M. Alessi (1).
§111. — Les ascarides lombricoïdes sortis de l'estomac peuvent s'ar-
rêter dans l'œsophage; mais il n'est pas probable qu'ils fassent jamais
dans cet organe un long séjour. On n'a point signalé d'une manière
certaine d'accidents graves résultant de la présence des lombrics
dans le conduit œsophagien. M. Tonnelé rapporte le fait suivant :
•• Appelé un jour pour donner des soins à une petite fille âgée de
dix ans, je la trouvai dans un état d'oppression et d'angoisse inex-
(1) M. Alessi, oculiste napolitain, rapporte neuf observations de vomissements
d'ascarides lombricoïdes à la suite d'opérations pratiquées sur l'œil. Il se demande
si l'opération ne peut être la cause de {'helminthiase intestinale; si les lombrics, sur-
excités par l'opération, ne provoqueraient pas les vomissements par leurs mouve-
ments insolites; il donne enfin à ces vers une importance qu'ils n'ont certainement
pas eu cette circonstance [Mcm. cit., voyez Vers de l'œil).
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. lié
primables; le cou était tendu, la tête renversée, la face violette, les
yeux saillants, la respiration sifflante, convulsive. En abaissant la
langue pour m'assurer de l'état du pharynx, je déterminai de violents
efforts de vomissement et l'expulsion d'un énorme paquet de vers
lombrics entrelacés; la petite malade fut immédiatement guérie (1). »
Ces accidents étaient occasionnés, suivant M. Tonnelé, par la
compression du peloton de lombrics sur le conduit aérien.
§ IV. — Les ascarides arrivés dans le pharynx, occasionnent des
picotements, une constriction incommode, des efforts de vomisse-
ment qui expulsent ces entozoaires, sinon les malades les retirent
eux-mêmes avec les doigts. Quelquefois, au milieu des efforts de
vomissement, les vers sont chassés dans les fosses nasales et sortent
par le nez.
Du pharynx, les ascarides peuvent quelquefois aussi se porter
spontanément dans les organes voisins, les narines, la trompe d'Eus-
tachi, les voies lacrymales et le larynx.
§ V. -— L'issue des lombrics par les narines, chez des individus
vivants ou même après la mort, est un fait que l'on observe journel-
lement dans les contrées où ces vers sont très communs. La guérison
de maux de tête habituels a été quelquefois rapportée à ce fait;
mais il est évident que dans ces cas il n'y eut qu'une simple coïn-
cidence.
Martin Slabber a vu un homme rendre un lombric par les narines
en éternuant. Cet homme, âgé de cinquante-deux ans et sujet à de
violentes céphalalgies depuis son enfance, en fut dès lors délivré,
dit-on (2).
Brera rapporte qu'une femme, sujette depuis longtemps à des
vertiges, en fut guérie après qu'elle eut retiré de ses narines, au
moyen d'une aiguille recourbée, quatre lombrics encore vivants, et
qu'elle en eut évacué sept autres par l'effet de remèdes anthelrnin-
thiques (3). Bartholin, Bremser, etc. , rapportent des faits semblables.
§ VI. — Nous possédons deux cas de lombrics qui ont pénétré
dans la trompe d'Eustache : dans l'un de ces cas, le ver a pu être
extrait par le conduit auditif externe. Voici les faits :
(1) Tonnelé, Journ. heMom., 1829, t. IV, p. 290.
(2) Haarlem Yerhand, t. X, sect. n, p. 4G5, cité parRud.; Bibl.
(3) Brera, Aff. vermin., cit., p. 167.
\Uh AFFECTIONS VERMINEUSES DUS VOIES DIGESTIVES
I"1' Cas (Winslow).
« Vous avez souhailé quo je vous communiquasse l'observation que j'ai faite
autrefois d'un vor dans le cadavre d'une fille de trois ans ; voici ce que c'est :
En 1716, au mois d'octobre, comme je faisais l'anatomie de la tête de cette
enfant, je trouvai au bout du pharynx, derrière la luette, un ver long et rond
comme les vers ordinaires des intestins, lequel avait une de ses extrémités
dans le pharynx môme, et s'était glissé dans la trompe d'Eustachi, jusque
dans la cavité du tympan, où l'autre extrémité était engagée entre les osse-
lets de l'ouïe. Je ne doute point, monsieur, que ce ver ne vînt des intestins,
et ne fût monté par l'œsophage. Il avait environ cinq pouces de long, et
l'épaisseur d'une petite plume à écrire. Ce que j'ai trouvé de singulier, c'est
qu'ayant ce volume, il ait pu s'engager dans un passage si étroit, et je ne
saurais deviner ce qui peut avoir déterminé cet insecte à aller plutôt là que
dans la narine attenante, qui est bien plus spacieuse. Vous ferez là-dessus
vos réflexions. Je suis, etc, Winslow. Ce 4 septembre 1 736 (1). »
IIe Cas (Bruneau, médecin a Amboise).
« Une domestique de vingt à vingt-deux ans, fut prise pendant la messe de
convulsions, accompagnées de cris et de douleurs dans l'une des oreilles.
Arrivé près d'elle, Bruneau ne fut pas peu étonné d'apercevoir un lombric
sorti en partie du conduit auditif externe. II se hâta de le saisir avec pré-
caution, et, à l'aide de douces tractions, il parvint à le retirer tout entier.
Après avoir passé à cette espèce de filière, ce ver était sans vie, fort aminci
et allongé. Les accidents nerveux cessèrent aussitôt, et la malade fut promp-
tement rétablie ; mais ce ne fut que quatre à cinq mois plus tard qu'elle
recouvra l'ouïe ;car, quelques semaines avant son attaque de nerfs, elle l'avait
perdue d'un seul côté, en même temps qu'elle avait eu dans la gorge un dépôt
qui, après s'être développé lentement, se vida par la bouche. Deux vers lom-
brics morts s'échappèrent avec le pus (2). j
§ VII. — J. Rodriguez (Amatus Lusitanus) rapporte l'observation
d'un ver extrait par le grand, angle de l'œil, et qui ne peut être
qu'un lombric :
t Une petite fille de trois mois, se portant bien et ne sentant pas le moindre
mal, rendit par la partie antérieure de l'œil, appelée communément le grand
angle, un ver dont la tête commença d'abord à paraître. Des personnes qui
se trouvèrent là, voyant celte tête, se hâtèrent de tirer le ver avec les doigts
et furent fort surprises de voir sortir de l'œil de cet enfant un insecte vivant,
long d'un demi-palme, de la grosseur d'une ligne et tout blanc, sans que
(1) Andry, ouvr. cit., t. I, p. 93.
(2) Fait rapporté par M. Besnard dans le Recueil de la Soc. méd. du départent.
d'Indre-et-Loire, anu. 1839, p. 30.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES^ M\5
l'œil parût endommagé en rien. Le cas est surprenant et mérite d'être écrit.
Ona vu sortir des vers par le nez. et j'en ai vu plusieurs fois sortir ; mais
qu'il en soit sorti par les yeux, c'est un fait des plus rares (1). »
En disant que l'œil n'était endommagé en rien, l'auteur ne veut
parler, sans doute, que du globe oculaire. Andry rapporte un fait
semblable observé par Vrayet :
« Vrayet, dont nous rapportons ci-après deux lettres au sujet des vers
sanguins, me mande dans la dernière, qui est du 31 juillet 4736, avoir tiré,
il y a vingt ans, du grand angle de l'œil d'un enfant de six mois, un ver
strongle, c'est-à-dire long et rond, qu'il mit aussitôt dans l'esprit-de-vin,
et qu'il y a conservé pendant plus de six ans. Ce ver, dit-il, était de la lon-
gueur du doigt, de la grosseur d'une plume de pigeon, et venait certainement
des premières voies (2). »
En parcourant les observations, qui sont nombreuses, de vers
sortis des sinus frontaux, des narines ou de l'oreille, il est facile de
se convaincre que, dans la plupart des cas, il s'agit de larves d'in-
sectes ou de corps divers qui n'appartiennent nullement aux
entozoaires.
CHAPITRE II.
ASCARIDES LOMBRICOÏDES DANS LE LARYNX ET LA TRACHÉE.
Le nombre des cas d'introduction des lombrics dans les voies res-
piratoires observés jusqu'aujourd'hui est assez restreint. Aronssohn,
dans un mémoire sur ce sujet (3), en a rassemblé six exemples,
dont trois lui sont propres ; j'en ai recueilli huit autres. Dans neuf
de ces cas, des accidents de suffocation, évidemment provoqués par
l'entrée des ascarides dans le larynx ou la trachée, prouvent que
ces vers se sont introduits dans les voies respiratoires pendant la vie;
mais, sans doute, leur introduction peut avoir lieu quelquefois aussi
après la mort. Guersant, à ce sujet, s'exprime ainsi : » Nous avons
trouvé quelquefois de ces animaux (lombrics) dans la trachée -artère,
et jusque dans la dernière division des bronches ; mais il nous a été
(1) Amatus Lusitanus, Curalionum medicinalium centuriœ septem, cent. VII,
curât, lxiii.
(2) Andry, ouvr. cit., t. I, p. 90.
(3) L. Aronssohn, Mém. sur l'introduction des vers dans les voies aériennes (Arch.
gén. de méd., 2e série, 1836, t, X, p. 44,
davmne. 10
1A(i AFFECTIONS YEKMINEUSES DES VOIES IMCEST1VES
impossible de déterminer si cette introduction avait eu lieu avant ou
après la mort, celle-ci n'ayant été précédée d'aucuns symptômes
qu'on puisse attribuer au passage de quelques corps étrangers dans
l'intérieur des voies aériennes (1). »
Il importe que l'on sache que les vers peuvent s'introduire pen-
dant la vie dans le larynx, et causer une suffocation mortelle. L'at-
tention des médecins, appelée sur ce point, pourrait sans doute arra-
cher quelque victime à une mort certaine.
La connaissance de ce fait importe encore à la médecine légale :
un médecin qui occupe une position élevée dans un pays étranger
nous a dit avoir été témoin du cas suivant, qui donna lieu à une instruc-
tion judiciaire : Une femme, bien portante la veille, ayant été trouvée
un matin morte dans son lit, des médecins furent appelés à constater
la cause de la mort. Un ascaride lombricoïde fut trouvé dans le
larynx. Pensant qu'un pareil ver ne peut s'introduire dans cet organe
pendant la vie, les médecins furent d'avis qu'il y avait pénétré après
la mort de la femme, et l'instruction suivit son cours.
Sur les quatorze observations d'introduction d'un ascaride dans
les voies aériennes rapportées ci-après, huit fois l'accident est arrivé
chez des enfants âgés de quatre à dix ans; trois cas concernent des
adultes, les trois autres sont sans détails. Une seule fois la gué-
rison a eu lieu par l'expulsion du lombric dans un accès de toux.
Une autre fois on a trouvé, à l'autopsie, le larynx libre ; mais un
ascaride lombricoïde encore vivant, qui se trouvait dans le pharynx,
était probablement l'auteur des accidents.
Les ascarides, après avoir pénétré dans le larynx, y restent en-
gagés plus ou moins complètement, ou bien ils franchissent les lèvres
de la glotte et pénètrent jusque dans la trachée et les bronches.
Dans le premier cas, il survient de violents accès de toux accom-
pagnés de suffocation, d'anxiétés, de cris et de douleur au niveau du
larynx ; l'asphyxie fait de rapides progrès, et la mort survient au
bout d'un temps très court, à moins que le ver ne soit expulsé par
une violente quinte de toux.
Dans le second cas, on observe des phénomènes semblables; mais
lorsque, après avoir pénétré dans la trachée et les bronches, le ver a
(1) Dictionnaire de médecine. 1828, t. XXI, p. 245.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 147
laissé libre l'ouverture de la glotte, la toux devient moins intense,
la suffocation moins forte et moins continue; néanmoins la maladie
ne paraît pas s'être améliorée : la voix est étouffée ou abolie, ainsi
que la toux ; le malade porte la main au cou et à la partie supé-
rieure du sternum comme pour indiquer ou pour arracher l'obstacle
qui s'oppose à l'entrée de l'air; la dyspnée se reproduit par accès
avec une grande agitation, des vomissements, quelquefois de l'in-
continence d'urine et des convulsions. Enfin la mort arrive après un
temps qui, suivant les observations connues, varie de quelques
heures à trois jours.
Lorsque, par un violent effort de toux, le ver est rejeté à l'exté-
rieur, tous les accidents cessent aussitôt.
Le diagnostic de l'existence d'un ascaride dans les voies respira-
toires est fort incertain : l'œdème de la glotte, le croup, la laryngite
spasmodique, les corps étrangers venus du dehors, déterminent des
symptômes et des accidents analogues. Toutefois les accès de suf-
focation occasionnés par l'œdème de la glotte et le croup ne sur-
viennent point inopinément et sans avoir été précédés ou sans être
accompagnés des symptômes d'une affection du larynx. Ceux de la
laryngite spasmodique surviennent ordinairement pendant la nuit et
chez des enfants en général âgés de moins de huit ans. L'introduc-
tion dans le larynx de corps étrangers venus du dehors n'a lieu que
pendant certains actes, dont on peut ordinairement avoir la notion;
tandis que les accès de toux et de suffocation que produit l'introduc-
tion de l'ascaride dans le larynx surviennent inopinément, à n'im-
porte quel moment, chez des individus qui peuvent avoir les appa-
rences de la meilleure santé, dans l'enfance surtout, mais point
exclusivement chez les jeunes enfants.
C'est sur la considération de l'âge du malade, de l'habitude qu'il
pourrait avoir de rendre des vers, de l'absence des symptômes d'une
affection des voies respiratoires avant l'apparition des premiers acci-
dents, de l'heure h laquelle ils sont survenus, de leur apparition
subite, de l'impossibilité de les expliquer par l'introduction d'un
corps étranger venu du dehors, que l'on sera amené à présumer que
les accidents observés sont dus à l'entrée d'un ascaride dans le
larynx. L'inspection de la gorge et de la partie supérieure du larynx,
soit par la vue, soit avec le doigt, fera reconnaître la véritable cause
des accidents, si le ver est encore en partie dans le pharynx; fait
qui s'est présenté presque dans la moitié des cas.
1/lR AFFECTIONS VERMJNEUSES DES VOIKS DIGESIXVES
Est- il nécessaire de dire qu'un ascaride introduit en partie dans
le larynx, en partie dans le pharynx, devra être extrait le plus
promptement possible avec les doigts, avec une pince à panse-
ment ou à polype? Lorsque le ver ne sera plus accessible par la
bouche, on administrera immédiatement des sternutatoires, des
vomitifs énergiques et prompts, et l'on aura recours, enfin, à la tra-
chéotomie, si ces moyens restent sans succès et si l'asphyxie devient
imminente.
1" Lombrics introduits dans les voies respiratoires pendant la vie.
Ier Cas (H aller).
« Denique inter rariores mortis causas fuisse puto quam in puella decenni
» vidi ; eam reperimus cum omnibus visceribus sanissimis, unicè verminosam,
» et fauces atque os lumbricis plénum, duo verô de terele génère vermes in
» aspera arteria, ad cordis sedem , inque principio pulmonis reperti sunt , mani-
» festi suffocationis autores (1). »
IIe Cas (Pouppé Desportes).
« Un enfant de quatre ou cinq ans, jouant avec ses camarades, tomba
sans connaissance et en convulsion, et mourut au bout de deux ou trois heures.
Le chirurgien l'ouvrit, lui trouva toutes les parties internes saines et un ver
dans l'estomac. Il lui vint dans la pensée de couper la tête de cet enfant pour
en faire la dissection et la démonstration du cerveau à un apprenti qu'il
avait. En coupant la trachée-artère et l'œsophage dans la partie supérieure,
il découvrit un ver dans le dernier et un autre qui était à moitié passé dans la
glotte. Il connut par là la véritable cause de la mort de cet enfant (2). »
IIIe Cas (Aronssohn).
t Une petite fille, âgée de neuf ans, fut mordue par un chien, le 4 3 no-
vembre 1822. Aucun symptôme alarmant ne s'était manifesté, lorsque le
30 décembre (quarante-six jours après la morsure), il survint subitement de
la gêne delà respiration. Quelques heures après, cette petite fille se mit au
lit et refusa toute nourriture, se plaignant beaucoup de la difficulté qu'elle
éprouvait à respirer. La dyspnée augmenta pendant la nuit ; la petite malade
ne pouvait rester couchée et grinçait souvent des dents.
» Le deuxième jour, il se joignit à l'état précédent de fortes sueurs, résultat
de l'agitation perpétuelle que la malade ne pouvait maîtriser, bien qu'elle
jouît de toute sa présence d'esprit ; il y avait en outre suppression d'urines ,
plus tard elle fut prise de vomissements d'un liquide noirâtre.
» Le troisième jour, à six heuresdu matin, il survint des crachements conti-
nuels ; l'enfant rapportait tout son mal à la partie antérieure et moyenne de
(1) Haller, Opusc. pathol, obs. x. Lausannae, 1768, p. 26.
(2) Pouppé Desportes, oiitr. cit., 1770, t. IF, p. 248.
fcHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 149
la poitrine. A une heure de l'après-midi, ayant témoigné le désir de boire, on
lui présenta un verre d'eau sucrée, qu'elle vida avec avidité et par petites
portions, aussitôt après elle vomit ce liquide et se dit soulagée. Bientôt après
elle demanda des aliments qu'elle vomit aussitôt après leur ingestion. Puis il
survint un tremblement général dans les membres, suivi de convulsions et
de trismus. Enfin, à une heure et demie, la mort termina cette scène de
désolation; et cette enfant, qui, quarante-sept heures auparavant, paraissait
pleine de santé, périt au milieu des plus terribles angoisses.
«Autopsie. — Quarante-huit heures après la mort, nous fîmes l'examen du
cadavre avec la plus scrupuleuse attention, sans pouvoir rien découvrir
d'anormal, si ce n'est la présence de trente-sept strongles (ascarides lombri-
coïdes), dont l'un, environ de cinq pouces de longueur, se trouvait engagé en
partie dans la trachée-artère et en partie dans la bronche droite. La mem-
brane muqueuse de ce dernier conduit était injectée et recouverte de mucosi-
tés rougeâtres. L'estomac contenait deux de ces vers , le duodénum huit et
le jéjunum vingt-six (1). »
IVe Cas (Andral et Blandin).
« J'ai trouvé une fois, dit M. Andral, avec Blandin, àl'hôpital des Enfants,
un ascaride qui s'était engagé dans la cavité même du larynx ; il occupait
l'espace qui sépare les deux cordes vocales, et une partie de son corps était
encore dans le pharynx. L'enfant avait été pris tout à coup d'une dyspnée
extrême, et il était mort en fort peu de temps dans un état d'asphyxie (2). »
C'est probablement de ce fait que parle Blandin lorsqu'il dit :
« J'ai recueilli l'observation d'un malheureux enfant qui fut étouffé par un
énorme ver ascaride lombricoïde, qui, remonté de l'estomac, s'était placé
dans la trachée et s'avançait presque dans la bronche droite (3). »
Ve Cas (Tonnelé).
« Un jeune garçon, âgé de neuf ans et bien constitué, entra à l'hôpital, le
M mai 1828, pour y être traité d'une fièvre intermittente ancienne. Cet
enfant n'offrait d'abord rien de remarquable ; mais le 21 au soir, appelé pré-
cipitamment auprès de lui, je le trouve couché sur le dos, la tête renversée,
la face rouge, les yeux étincelants ; il pousse par instants des cris aigus, et
se plaint d'une vive douleur qu'il rapporte confusément à la partie supérieure
de la poitrine et à la région cervicale. La respiration est précipitée et convul-
sive ; la parole brève, presque impossible ; le pouls fréquent, petit et irré-
gulier. L'exploration des organes thoraciques ne fournit aucune lumière ;
l'inspection du pharynx est rendue impossible par l'agitation du malade et
(1) L. Aronssohn, Mém. cité.
(2) Andral, Analom. palh. Paris, 1829, t. H, p. 181.
(3) Blandin, Anatom. topograph. Paris, 1826, p. 215,
i;,0 Al'l'IiCriOiNS VKliMINliUSES DES VOIES DIGKSTIVES
parle serrement des mâchoires. Force fui do se borner à des moyens cm-
piriques, des sinapismes, un vésicatoire à la nuque, des potions antispasmo-
diques, que le malade ne put avaler.
« l,a nuit se passa dans un état d'agitation et d'angoisse difficile à décrire,
et le lendemain au matin nous eûmes la douleur do voir périr cet enfant,
véritablement digne d'intérêt, sans pouvoir lui porter aucun secours.
» h' autopsie fut faite dix-huit heuresenviron après la mort ; voilà ce qu'elle
nous apprit :
« Un ver lombric, d'un volume et d'une longueur considérables, était
engagé dans le larynx, dont il bouchait presque entièrement la cavité ; l'une
de ses extrémités s'avançait jusqu'aux premiers anneaux de la trachée-artère,
tandis que l'autre se reployait dans l'œsophage. Un second ver, un peu moins
volumineux, était placé entre le plancher de la bouche et la langue, dont il
entourait la base, en sorte qu'il se dérobait entièrement à la vue; une de ses
extrémités était engagée et comme étranglée entre le collet des deux dents
molaires.
» L'intestin grêle contenait six ou sept vers de même espèce et de même
volume ; la membrane muqueuse offrait une vive rougeur dans le point cor-
respondant. Les autres organes étaient parfaitement sains, à l'exception de
la rate, qui avait acquis un volume et une dureté beaucoup plus considé-
rables que dans l'état naturel (1). »
VIe Cas (Jobert).
« Un ver lombric peut remonter de l'estomac dans l'œsophage, relever
l'épiglotte, tomber dans la trachée, et, en produisant l'asphyxie, simuler
l'apoplexie, comme j'en ai vu un cas chez une femme de trente-cinq ans (2). »
VIIe Cas (docteur Bourgeois).
a En mars 1831, étant de garde à l'hôpital des Enfants, à Paris, la sœur
de salle vint me réveiller au milieu de la nuit, me disant de me rendre au
plus vite auprès d'un jeune enfant de quatre ans, admis pour une indispo-
sition sans gravité apparente, qui venait d'être pris subitement de suffocation
et lui semblait fort mal. Je m'empressai de me rendre auprès de ce petit
garçon; mais, à mon arrivée, je le trouvai mort. Je ne savais à quoi attri-
buer une terminaison aussi soudaine, et que rien chez l'enfant n'avait pu
faire présager.
» A l'autopsie, je ne fus pas peu surpris de rencontrer un énorme asca-
ride lombricoïde de 18 centimètres de long et gros en proportion, qui,
remontant dans l'œsophage, s'était engagé dans la glotte et avait amené
(1) Tonnelé, Réflexions et observations sur les accidents produits par les vers
lombrics {Journ. hebdom. Paris, 1829, t. IV, u° 47, p. 290).
(2) A. Jobert (de Lamballe), Thèse sur les he'morrhoides et quelques propositions.
Paris, 1828, p. 45.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 151
l'asphyxie. Une moitié de ce ver était passée dans le larynx et la trachée, l'autre
était encore dans l'œsophage ; de sorte qu'il était à cheval sur la partie pos-
térieure du premier de ces organes (4 ) . »
VIIIe Cas (docteur Hoering).
« Le sujet de l'observation est un homme âgé de cinquante-deux ans, cul-
tivateur, atteint de la miliaire. Le 26 octobre, le docteur Hœring trouva le
malade dans l'état suivant : Prostration extrême des forces avec douleurs et
engourdissement des membres ; alternatives fréquentes de froid et de chaud ;
langue chargée, anorexie, sécheresse de la bouche, céphalalgie ; soif très
grande, et surtout dyspnée. ("Limonade légèrement émétisée; sinapismes
volants.)
» Le deuxième jour, nuit très agitée ; sueur abondante et fétide, dyspnée
plus forte, incontinence d'urine ; soif inextinguible, constipation. (La limo-
nade émétisée n'avait pas été prise. Saignée du bras de douze à seize onces ;
huile de ricin, deux onces.) A deux heures de l'après-midi, cinq selles ; di-
minution considérable de la dyspnée, après la saignée, dont le sang ne pré-
sente rien de remarquable. Le soir, la dyspnée augmente de nouveau ; chaleur
et pouls fébriles.
» Le troisième jour, pendant la nuit, anxiété ; pesanteur de tête, vertiges,
bourdonnements d'oreille; symptômes qui subsistent encore le matin. (Douze
sangsues derrière les oreilles ; frictions à la base de la poitrine avec l'on-
guent mercuriel stibié, vésicatoires aux mollets, lavements et quelques grains
de calomel). Pendant la journée, légère amélioration ; la nuit, exacerbation
de tous les symptômes.
» Le quatrième jour, éruption pustuleuse àlarégionépigastrique; tête plus
libre ; urine rouge et en petite quantité, sueur abondante ; persistance de la
dyspnée. (Le calomel est continué à doses graduellement augmentées.)
» Le cinquième jour, pendant la nuit, la dypsnée a encore augmenté ; la
soif a été très grande, et il est survenu de la diarrhée et de l'incontinence
d'urine, tandis que les sueurs se sont supprimées. Dans la matinée, accès
très intense de dyspnée, agitation continuelle; plusieurs personnes ont de la
peine à retenir le maladedans son lit. (Potion calmante.) Le soir, le malade est
plus tranquille; mais plus tard la dyspnée s'aggrave de nouveau delà manière
la plus alarmante.
» Le sixième jour, agitation continuelle, suffocation imminente à plusieurs
reprises. Pendant la journée, difficulté extrême de la respiration, qui devient
sifflante ; déglutition pénible. Le malade ne perd pas connaissance ; il se fait
comprendre par gestes, ne pouvant plus parler ; il indique sans cesse la
partie supérieure du sternum comme le siège principal de ses souffrances.
Vers deux heures, la région épigastrique se tuméfie considérablement; la
dyspnée s'accroît de nouveau jusqu'à la suffocation, et le malade meurt subi-
(1) Docteur Bourgeois, Union médicale. Paris, 1856, t. X, n° 69.
15'2 AFFECTIONS VERMlNEUSES DES VOIES DIGESTIVES
tement à quatre heures du soir, au moment où l'on se disposait à lui donner
un vomitif.
» Autopsie cadavérique faite quarante-deux heures après la mort. — Habitus
extérieur ne présentant rien de remarquable ; nulle trace de l'exanthème
miliaire ; tous les viscères thoraciques et abdominaux à l'état normal, la rate
seule un peu plus volumineuse. Déjà M. le docteur Hœring était disposé à
attribuer cette mort subite, sans lésion cadavérique, à une paralysie des nerfs
pneumogastriques, due au principe miliaire, lorsqu'il lui vint à l'idée d'in-
ciser le larynx et la trachée-artère. Dans cette opération exécutée avec des
ciseaux, il coupa en deux un lombric qui s'était logé en travers sur la bifur-
cation de la trachée. La membrane muqueuse était injectée, et offrait dans un
point une érosion superficielle. L'endroit où était placé le ver correspondait à
celui auquel le malade rapportait la douleur et le sentiment de constric-
tion (1). »
IXe Cas (P. Aronssohn, fils du précédent).
« Etienne Desfourneaux, âgé de quarante-six ans, d'une constitution très
robuste, entra à l'hôpital pour des douleurs rhumatismales.
» Le 28 décembre \ 854, à huit heures et demie du matin, lors de la visite,
rien de particulier ne fut observé; toutefois, le matin, l'infirmier de la salle
avait remarqué un changement dans la voix du malade, qui l'attribuait à un
peu d'enrouement.
» Ce même jour, à dix heures du matin, je fus appelé en toute hâte : « Le
n° S va mourir, » me dit-on. Je me transportai immédiatement auprès du
malade et je constatai l'état suivant : décubitus dorsal, résolution des mem-
bres; face boursouflée, lèvres cyanosées, laissant baver des mucosités spu-
meuses, rougeâtres ; pupilles contractées; sueur froide abondante sur la face ;
absence complète de l'intelligence, pas de réponse aux questions qu'on lui
adresse; pouls normal ; bruits du cœur clairs et normaux ; aphonie, respira-
tion stertoreuse; pas d'évacuation, ni toux, ni vomissement. Le malade retire
ses membres quand on eu pince la peau ; c'est le seul signe de sensibilité
qu'on parvient à réveiller en lui. Cet état était survenu subitement, sans
cause connue ; je fis appliquer des sinapismes aux extrémités inférieures et
des compresses froides sur la tête, et j'attendis une heure pour voir si quelque
nouveau symptôme ne viendrait pas jeter quelque jour sur la cause de ces
graves accidents. A onze heures, aucun changement ne s'était produit. Je fis
appliquer six sangsues aux apophyses mastoïdes de chaque côté. Le malade
avait porté de temps en temps les mains vers le cou et le sternum et enlevait
même les compresses froides de sa tête. A partir de ce moment, il reste dans un
état d'insensibilité et de résolution complètes.
» A quatre heures, la scène était encore la même, avec aggravation des
(I) L. Aroussohu, Mon. cit., p. 49.
CHtZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 153
phénomènes asphyxiques. Vers sept heures du soir, il y eut quelques tenta-
tives de vomissement, après lesquelles le malade expira.
» A Y autopsie, le cerveau et la moelle épinière, le cœur, les poumons
n'offrent rien de particulier. En incisant de bas en haut le poumon droit en
place, je tombe sur l'extrémité d'un lombric faisant issue hors d'une bronche;
abandonnant alors cette incision, nous ouvrons le larynx et la trachée et nous
trouvons que ce lombric, qui mesure 0m,20 de longueur, correspond d'une
part à l'épiglotte et de l'autre à la troisième division bronchique du côté droit.
La muqueuse, dans toute l'étendue occupée par le lombric, est rouge et cou-
verte d'écume. Douze lombrics existaient dans l'intestin grêle. »
(La pièce pathologique est au musée anatomique de la Faculté de méde-
cine de Strasbourg) (4).
Les accidents qui ont été observés dans les deux cas suivants
doivent très probablement être attribués à des lombrics introduits
momentanément dans le larynx.
Xe Cas ( ?).
« Une jeune enfant de neuf ans, racbitique, d'un embonpoint considérable,
fut prise des prodromes de la rougeole. Elle éprouvait depuis deux jours de la
toux, des éternuments, des nausées, des vomissements, de la fièvre et une
vive anxiété précordiale, lorsqu'elle a été transportée à l'hôpital des Enfants.
Arrivée à midi, elle offrait une teinte violacée de la face et des lèvres, une
gêne très grande de la respiration; elle accusait une vive douleur de gorge,
portait la main à la partie antérieure du cou, comme pour en arracher l'ob-
stacle qui s'opposait au passage de l'air. L'exploration de la gorge ne fit rien
reconnaître d'anormal ; la toux et la voix n'étaient pas croupales ; cependant
la suffocation étant imminente, l'interne de garde fait appliquer huit sangsues
sur les parties latérales du larynx. Pendant cette application l'anxiété et l'agi-
tation augmentent ; la respiration est haute, costale, saccadée, inégale; la
malade fait de vains efforts de toux comme pour expulser un corps étranger
retenu dans les voies aériennes, se plaint toujours de douleur de gorge. L'as-
phyxie devient imminente, l'interne se décide à ouvrir la veine; mais à peine
s'est-il écoulé une once de sang, que la malade succombe. C'était environ deux
heures après son entrée à l'hôpital. »
A Y autopsie, on trouve sans altération la muqueuse du larynx, de la trachée
et des bronches, la glotte, l'épiglotte, les différents replis muqueux et les
ganglions bronchiques. On ne constate aucune lésion dans les organes encé-
phaliques et thoraciques ; rien de bien notable dans le tube digestif, si ce
n'est la présence de vingt lombrics : « On était dans l'impossibilité d'expli-
(1) Paul Aroussohu, Des corps étrangers dans les voies aériennes {Thèses de Stras-
bourg, 2* aérie, 1856, u" 372, p. 37),
154 AFFECTIONS VERMENEUSES DES VOIES DIGESTIVES.
quoi" la mort par los symptômes observés, lorsque pour n'omettre aucun or-
gane, on procède à l'examen du pharynx et de l'œsophage. A peine a-t-on
porté lo scalpel sur le premier de ces organes, qu'un ver lombric d'environ
6 pouces de longueur, encore vivant, s'échappe par l'ouverture supérieure de
l'œsophage.
» Quoique, dans ce cas, le ver n'ait pas été trouvé dans les voies aériennes,
nous ne doutons pas, d'après les accidents observés, que la mort n'ait été le
résultat de l'introduction de cet enlozoaire dans le larynx, qu'il aura aban-
donné pendant les vingt-quatre heures qui ont précédé l'ouverture du
corps (1). »
XIe Cas (Aronssohn). — Guérison.
« Mademoiselle Philippine L..., âgée de huit ans, jouissant de la meilleure
santé, fut prise tout à coup, sans cause connue, d'une toux qui devint très
forte, et continua d'augmenter en s'accompagnant de suffocation, malgré tout
ce qu'on pût faire pour la calmer. Cet état d'angoisse durait depuis deux
heures, et déjà des convulsions commençaient à s'y joindre, lorsque, à la
suite de grands efforts, la petite malade rendit un strongle vivant ; aussitôt
sa toux cessa complètement.
» On ne put avoir aucun doute sur la cause de cette toux violente avec im-
minence de suffocation, car l'effet cessa dès que la cause toute matérielle fut
expulsée des voies aériennes (2). »
2° Lombrics introduits dans les voies respiratoires, peut-être après la mort.
XIIe Cas (Cotogno).
Cotugno écrit, dit Délie Chiaje : « Mirum fuit lumbricum invenisse qui
» tracheam tranabatetin sinistrum bronchium erat intrusus, nulla édita tussi
» donec eeger vixit (3). »
XIII" Cas (Chassaignac) .
« M. Chassaignac fait présenter les voies aériennes d'un sujet chez lequel
se trouve un lombric occupant la trachée-artère et l'une des bronches. Les
poumons sont engoués et noirâtres, sans hépatisation. On n'a pas de rensei-
gnements sur ce sujet.
» M. Cruveilhier pense que c'est après la mort que ce ver s'est introduit
dans le larynx (4). »
XIVe Cas (Oppolzer).
« Un fait remarquable, dit Oppolzer, est celui d'une obstruction de la glotte
(1) Bulletin de thérap. Paris, 1835, t. VIII, p. 32.
(2) L. Aronssohu père, Mém. cit., p. 49.
(3) Délie Chiaje, Compendio di elminlografia umana, 2e éd. Napoli, 1833, p. 86.
(4) Bulletin Soc. mat., 13e anu., 3e série, 1838, t, IV, p. 305.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 155
par un ver lombric, chassé par le vomissement dans le pharynx, contournant
la luette et pénétrant dans le larynx; je n'ai pas, ajoule-t-il, observé ce fait
pendant la vie, mais seulement lors de l'autopsie (1). »
CHAPITRE III.
LOMBRICS DANS LES VOIES PANCRÉATIQUES.
On a quelquefois rencontré des ascarides lombricoïdes dans le
conduit pancréatique. On ne peut douter que ces vers ne viennent
de l'intestin, comme ceux que l'on observe dans les conduits biliaires,
et dont l'invasion clans ces conduits peut se faire pendant la vie des
malades.
Ier Cas (Thomas Bartholin).
« Vermes ubique gigni ac permeare posse testimonia rida non desunt, nec
» mea ad comprobandum déficit experientia cum et in pancreate nec parvum
» adinvenerim (2). »
IIe Cas (Fr. Gmelin).
» A l'autopsie d'une femme, on trouva un lombric mort, de trois pouces
environ de longueur, dans le milieu du conduit pancréatique. Un autre sem-
blable, mais un peu plus grand, se trouvait dans le duodénum. L'orifice du
canal pancréatique n'était point dilaté ni ulcéré (3). »
IIIe Cas (Hayner).
« In mulieris vesanse, mortem ex famé metuentis, ductibus hepatis biliferis
» valdè extensis septem ascarides lumbricoides, octava partim in duodeno,
» partim in ductu choledocho, undecim in ventriculo, in tenuibus, potissimum
» duodeno et jejuno triginta et quod excurrit, parva tandem in duclu pan-
» crealico repartse sunt. De contentis statuque intestinorum nihil refertur, sed
» asgra longiùs diarrhœa laboravit aquosafaeculenta, et causa certè peculiaris
» in intestino ipso aut ejus contentis quaerenda est, qua vermes omnes sur-
» sùm et in loca aliéna pulsi sunt (4). »
(1) P. Aronssohn fils, Thèse citée, p. 59.
(2) Thomœ Bartholini Epist. medicin., cent. I, epist. lxh, 1644, p, 254. Hagse
comitum, 1740.
(3) Dissert., Lumbrici teretes-bi ductu, pancreatico reperti,nec non aliorum prœter
naturam observatorum in fœmina autocheire historia et examen. Prœs. Burcard
David Mauchart, resp. Philipp. Frid. Gmelin. Tubing, 1738, 28, p. 4.
(4) Wurmer in der Leber einer Wahnsinnigen, eine Krankenrjeschichle nebst
156 AFFECTIONS VEUM13SEDSES DES VOIES DIGEST1VES
IV' Cas (Breiià).
« J'ai Irouvé le conduit pancréalique complètement obstrué par la présence
d'un volumineux lombric dans le cadavre d'une femme qui, pendant la vie,
avait donné des signes non équivoques de squirrhosité du pancréas (1). »
CHAPITRE IV.
LOMBRICS DANS LES VOIES BILIAIRES.
Les ascarides lombricoïdes introduits dans les voies biliaires ont
été rencontrés : 1° en partie dans le canal cholédoque, le reste du ver
étant encore dans le duodénum ; 2° dans le conduit cholédoque ou
dans la vésicule; 3° clans les conduits biliaires plus ou inoins dilatés
sans altération du foie ; 4° dans ces conduits rompus ; 5° dans le
tissu du foie plus ou moins altéré ; 6° dans le tissu du foie avec abcès;
7° dans un kyste hydatique du foie.
Ier Cas (Hayner). — Lombric en partie dans le conduit cholédoque.
Nous avons rapporté ce fait à propos des vers du conduit pancréatique
(cas III). Sept lombrics existaient dans les conduits biliaires très dilatés; un
huitième, introduit à demi dans le conduit cholédoque et à demi dans le
duodénum, montrait la route que les précédents avaient suivie pour arriver
dans les voies biliaires (2).
IIe Cas (Broussais). — Lombric en partie dans le conduit cholédoque.
« Un militaire souffrait beaucoup à la région hépatique et dans toute l'éten-
due de l'épigastre; il était jaune, la fièvre était violente, l'agitation à son
comble; le tout accompagné d'une respiration entrecoupée, suspirieuse et de
mouvements convulsifs. 11 péril au bout d'une quinzaine de jours.
» Je rencontrai un foie de couleur naturelle, quoique assez tuméfié par l'en-
gorgement sanguin ; mais ce qui m'étonna le plus, ce fut de découvrir dans le
duodénum un énorme lombric à moitié engagé dans le canal cholédoque, et un
autre non moins considérable qui s'élait introduit jusque dans le parenchyme
du foie, en suivant la même roule où s'était engagé le précédent (3). »
sectionsbericht, vou D' Hayner, in Nasse's Zeilschrift fur psychische, ^Erzte I, 4,
p. 514-520 (Rudolphi, Synopsis, p. 620).
(1) L. Brera, Mem. prim., cit. p. 207.
(2) Bremser(ouu/\ cit., p. 384, note) appelle l'auteur de cette observation Haguer,
et de Blainville {Appendice àBremser, p. 538) l'appelle Hagner.
(3) F.-J.-V. Broussais, Ilist. des phlegmasies chroniques, 4e édit. Paris, 1826,
t. III, p. 272.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 157
IIP Cas (Tonnelé), — Lombric en partie dans le conduit cholédoque.
«Une fois j'ai rencontré un de ces enlozoaires (ascaride lombricoïde) à
demi introduit dans le conduit cholédoque, qu'il remplissait en entier. Il n'en
était résulté aucun accident. La vésicule biliaire et le canal hépatique étaient
vides. Peut-être le ver ne s'élait-il engagé que depuis peu dans les voies
biliaires (1 ). »
Nous verrons encore, dans un cas observé par M. Forget
(cas XXXIII), un lombric occupant le canal cholédoque et faisant
saillie par une extrémité" dans le duodénum. D'après les faits pré-
cédents, on peut conclure à ceux qui suivent : Les lombrics ne se
développent pas dans les voies biliaires, ni dans le tissu du foie; ils
n'y sont point portés en germe, comme on l'a dit de nos jours, mais
ils y arrivent de l'intestin. Celte opinion, du reste, n'est pas nou-
velle, comme le montreront les deux observations suivantes :
IVe Cas (G. Wierus). — Lombric à l'orifice du conduit cholédoque.
« Intérim unicum illud, dum haec scribo, in menlem venit, quod in obser-
» vationibus tuis legi, exmeorelatu additum, devermein cysti fellis reperto,
» verissimum quidem illud esse, non unum sed duos fuisse vernies, qui in
» puella quadam hydrope mortua Monspelii, cujus cadaver in hospitio meo
» secui, sunt inventi : quorum unus adhuc inhœrebat poro cholagogo declivi,
» at alter penetrarat in hepar : quos ego non in vesica fellis genitos, sed ex
» intestinis per meatum illum expurgandœ bili destinatum ascendisse existimo,
» cysti fellis aquea bile vel aquoso potius humore, quam felle referta in cor-
» pore hydropico ; hinc etiam alterum vermem penuria alimenti ad hepar
» pénétrasse verisimile est Dusseldorpii , ann. 4 602 (2). »
Jean Wierus , père du précédent , rapporte que ce fait a été
observé en 1572 ; que l 'un des vers occupait le méat du conduit
biliaire inséré au duodénum, et que la tête de l'autre était placée
sous la membrane propre du foie (3).
Ve Ca» (Nebel). — Lombric dans le conduit cyslique.
«... Sed in cadavere militis, tam in ductu cystico quam hepatico, invenit
» lumbricum Nebelius et copiosos simul in intestinis; undè non sine ralione
(1) Tonnelé, Mém. cit., p. 292.
(2) Galenus Wierus, Lettre à Fabrice de Hilden, in Guilh. Fabricii Hildaui
Observ. centuriœ. Lugduni, 1641, p. 67, cent. I, obs. liv, epist. annexa, et p. 74,
obs. lx. — Th. Bonet, Sepulcr., lib. III, sect. xxi, obs. îv, § 30.
(3) Joan. Wierus, Deprœstig. dœm., lib. IV, cap. xvi, dans Schenclf, ouvr. cit.
lib. 111, De jecore : Vernies in hepale, observ I, p. 394.
158 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES.
i. Buspicatur, lumbricos ex duodeno per ductum choledochum in ductum
» cyslicum et hepaticum irrepsisse (I). »
VIe Cas (Hayner). — Lombric dans le conduit cholédoque.
« Incadavere fœminae periodicè maniacaa, idem auctor (Hayner) ascaridem
» in ductu cboledocho offendit (2). »
VIIe Cas (Lieotaud) . — Lombric dans le conduit cholédoque.
«Puer quatuordecim annorum in febrem acutam, variis torminibus stipa-
» tam, incidit. Ubertim fluebal saliva, lumebat abdomen et praesertim hypo-
» chondrium dextrum. Faciès et ipsimet oculi subicteritium colorem pree se
» ferunt, sœviunt cardialgise, pulsus ineequalis exploratur ; albicant dejec-
» tiones alvinee ac demùm ingruunt inter ferociores dolores, convulsiones
» lelhales.
» Hepar tumidum et croceum occurrit ; cystis fellea bile ultra modum
» turget. Ductus communis a lumbrico proceriori , hac educto, repletur et
» obturatur, Yentriculus et intestina vermibus scatebant (3). »
VIIIe Cas (Rqederer et Wagler). — Lombric dans le conduit cholédoque;
calcul dans la, vésicule.
Rœderer et Wagler, en faisant l'autopsie d'une femme de trente-trois ans,
morte d'une fièvre muqueuse, remarquèrent que le canal cholédoque était
dur, cylindrique, allongé; l'ayant incisé, ils y trouvèrent un lombric qui le
remplissait complètement, et dont l'une des extrémités faisait, dans la vési-
cule biliaire, une saillie d'environ 3 centimètres; un autre lombric existait
dans le duodénum. La vésicule du fiel contenait un calcul rond, irrégulier et
mobile dans son col (4).
IXe Cas (Buona-parte) . — Lombric dans le conduit cholédoque.
« Le célèbre médecin Buona-parte (dePise) trouva un lombric assez grand
dans le conduit cholédoque. Il attribua, avec toute raison, l'ictère auquel a
succombé le malheureux malade à la présence de ce lombric (5) . »
Xe Cas (Zeviani). — Lombric dans le conduit cholédoque.
« Zeviani a observé aussi un lombric dans une situation semblable (6). »
(1) VanSwieten, Op. cit., t. III, p. 89, d'après Nebelius, in Nova Aclaphysico-
medica, t. V, obs. cm, p. 392.
(2) Rudolphi, Synopsis (voy. ci-dessus, Lombrics du conduit pancréatique, cas III).
(3) Lieutaud, Hisloria anatomico-medica sistens, obs. 907 (Vasa biliaria lum-
Iricis obturata). Parisiis, 1767, 1. 1, p. 210.
(4) Ouvr. cit., sect. IV, ouvert, xin.
(5) Brera, Mem.prim., p. 207, d'après Guidetti (Dei vermi umani in générale,
Firenze, 1783, p. 10).
(6) Brera, Mém, et pag. cit., d'après Memorie délia Socielà italiana, t. III,
p. 473.
CHEZ L HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 159
XIe Cas (Heaviside). — Lombric dans le conduit cys tique et la vésicule
biliaire.
« Le docteur Heaviside conservait dans sa collection, à Londres, un lom-
bric dont la tête était entrée dans la vésicule du fiel, et une portion de la
queue se trouvait dans le conduit cystique (<l). »
XIIe Cas (Bloch). — Lombric dans la vésicule biliaire.
« Dernièrement j'obtins, dit Bloch, un ascaride blanc et mince de la lon-
gueur de cinq pouces (1 4 centimètres) que M. Macker, chirurgien-major,
avait trouvé à l'ouverture d'un cadavre dans la vésicule du fiel (2). »
XIIIe Cas (Carolo Lorry). — Trois lombrics dans la vésicule.
« Vidimus maniacum, exulceratione leviore nasi labiique superioris fere
» continua vexatum, qui primo vulgo sic dicto crampo admodum dolorifico
» unius hinc et alterius manus brachiique afficiebatur. Simili dolore haud
» ita longe post pes uterque atque crura corripiebantur. Hune statim exci-
» piebant convulsiones atrocissimse totius corporis et continuas per plures
» dies, inter quos summosque cruciatus ejulatusque seger magnam lumbri-
» corum vim sensim evomens, miserrimè exanimabatur.
» Cadavere aperto, inter alia notatu digniora, rarissimo et quantum sci-
> mus, nunquam antehac cognito exemplo, très quoque magnos lumbricos
» mortuos vesiculse fellece unà cum bile, halecum solilorum muriae, quoad
» colorem et consistentiam simillimainclusos sectione deteximus (3). »
XIVe Cas (Musée de Boston). — Lombric dans la vésicule.
« N° 882. Lombric de la vésicule du fiel d'un homme qui mourut d'une
dysenterie aiguë (Nov. 1836, Mass. gen. Hospital) (4). »
XVe Cas (docteur Treille). «-— Lombric dans les conduits cholédoque et
hépatique.
a Le docteur Treille m'a raconté, dit M. Fauconneau-Dufresne, qu'un
sapeur, âgé de vingt-huit ans, et fort, se trouvait, pendant l'été de 1806, à
l'hôpital d'Udine, éprouvant de la fièvre, des vomissements, une douleur vive
(1) Brera, Mém. cit., p. 207.
(2) Bloch, ouvr. cit., p. 66.
(3) De melancholia et morbis melancholicis, Carolo Lorry, dans les Comment, de
Leipsick, 1767, t. IV, p. 664 (cité par M. Bonfils, Mém. sur les lombrics dans les
canaux biliaires, dans Arch.de méd., juin 185 S). — Borsieri (t. IV, p. 365) attribue
cette observation à Ludwig. — Rudolphi (ouvr. cit., t. I, p. 139) la donne sous le
nom de censor anonymus (Comment. Lips., t. XIV, p. 664). Il se demande si ces
vers n'élaient pas des slrongles. Les observations rapportées ici répondent à cette
question.
(4) Catalogue du Musée de Boston, cité, p. 317,
160 AFFECTIONS VEttMINEUSlîS DES VOlLS DlGESTIVliS
à la région du foin et ayant un ictère. Il mourut, et M. Treille trouva Un
long ver lombric engagé clans les conduits cholédoque et hépatique (l). »
XVI" Cas (Croveiliiier.). — Lombrics dans les conduits hépatiques.
A l'autopsie d'une femme morte d'une pneumonie latente (1 820), M. Cru-
Veilhier a vu deux ascarides lombricoïdes remplissant les deux divisions du
canal hépatique qui occupent le sillon transversal du foie. Trois autres vers
étaient logés dans des divisions moins considérables. Du reste, il n'y avait
aucune trace d'inflammation, soit dans le foie, soit dans les conduits biliaires.
La malade n'avait éprouvé aucun symptôme du côté de l'abdomen (2).
XVIIe Cas (Tendemni). — Lombric dans un conduit biliaire.
« Le docteur Tenderini (de Carrare) écrit à la Société médico-physique
que, en 1852, en ouvrant le cadavre d'une femme morte des suites d'une
fracture du crâne, il trouva l'un des conduits biliaires occupé par un asca-
ride lombricoïde long de 13 centimètres. Le foie était augmenté de volume
et ramolli, le péritoine était enflammé (3). »
XVIIIe Cas (W. B. Joi). — Lombrics dans les conduits biliaires.
« W. B. Joi dit avoir vu des vers lombrics obstruer les conduits bi-
liaires (4). »
XIX" Cas (Leclehc, de Toul). — Lombrics dans les conduits hépatiques.
<i M. Leclerc père, médecin à Toul, a vu en 1828, chez un malade de
son service, des lombrics qui avaient pénétré jusque dans le foie (S). »
XXe Cas (Lobstein). — Lombrics dans les divisions du conduit hépatique.
Lombric noyau d'un calcul.
a Une femme d'une cinquantaine d'années mourut à la clinique de Lobstein.
» À l'examen du cadavre, on rencontra une énorme quantité de vers lom-
brics dans toute l'étendue de l'intestin grêle ; d'autres remplissaient toutes les
divisions du canal hépatique, et le canal cholédoque en était, pour ainsi dire,
farci : ce canal avait acquis, par sa distension, la grosseur du doigt.
» Mais ce qu'il y avait de plus remarquable, c'est qu'un calcul biliaire
pyriforme, qui correspondait par sa base à l'orifice duodénal qu'il obstruait
complètement, ayant été divisé, montra qu'il avait pour noyau un lombric
desséché (6). »
(1) Fauconneau-Dufresne, Précis des maladies du foie et du pancréas. Paris,
1856, p. 279.
(2) Dictionnaire de méd. etchir., art. Entozoaires, p. 340.
(3) R. Mattei, Discorso infrà cit., p. 4, note.
(4) Encyclop. délia med. prat., trad. del Michelotti, art. Vehmi, cité parMattei,
p. 2.
(5) Cité par Mondière, Gazelle des hôpitaux, 18i4, p. 130, d'après Bulletin
de la Soc. de méd. de Toul, 1S39, p. 30.
(G) Catalogue du Musée anatomigue de Strasbourg, n° 1987,
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERUATIQpS. ICI
XXIe Cas (Guersant). — Deux lombrics dans les conduits biliaires.
« Un enfant qui se plaignait de coliques légères, fut bientôt après pris de
convulsions qui furent suivies d'une mort prompte. À l'ouverture du cadavre
nous ne trouvâmes aucune altération dans le cerveau , dans le prolongement
rachidien et dans les organes contenus dans la poitrine et dans le ventre ; on
reconnut seulement que deux ascarides de 7 à 8 pouces de longueur avaient
pénétré par le canal hépatique et s'étaient introduits profondément dans les
canaux biliaires. Comme les convulsions avaient immédiatement suivi les co-
liques, nous avons pensé que l'introduction brusque el instantanée de ces deux
animaux dans les conduits biliaires avait été la véritable cause de ces con-
vulsions (1). »
XXIIe Cas (Estevenet). — Lombrics dans les divisions des conduits
hépatiques.
« M. Estevenet montre le foie d'un enfant de trois ans, sur lequel on ne
possède aucun renseignement et dont les conduits hépatiques sont remplis de
vers lombrics. Ces derniers occupent jusqu'aux dernières ramifications de ces
canaux, près de la superficie de l'organe. On n'en trouve aucun dans la- vési-
cule ; il n'y a du reste aucune altération du foie ni de ses vaisseaux (2). »
XXIIIe Cas ( )? — Lombrics dans les divisions des conduits
hépatiques.
« Un enfant de trente mois, élevé hors de Paris, est amené à l'hôpital
Necker, en janvier 1846, dans l'état le plus grave, et conduit par une
femme qui ne peut nous donner aucun renseignement. L'enfant était très
maigre et portait au cou, notamment du côté gauche, de grosses tumeurs gan-
glionnaires. II avait de la toux, des râles, de la faiblesse dans le bruit respi-
ratoire en certains points du poumon, de la diarrhée. Ses cils étaient fort
longs. L'amaigrissement était survenu graduellement. L'enfant fut jugé tu-
berculeux.
» Vers le milieu de janvier et dans les premiers jours de février, il rendit
environ une quinzaine de vers intestinaux ; puis, à partir de ce moment, il
tomba dans un état de morosité extraordinaire. Il était assoupi et ne pouvait
être éveillé malgré tous les efforts qu'on faisait pour le tirer de cet état. Le
pouls devint lent, irrégulier. La respiration prit le même caractère. Il sur-
vint, après une opiniâtre constipation, un peu de diarrhée, qui parut provo-
quée par l'administration du calomel. On constatait d'ailleurs dans le ventre,
(i) Guersant (père), Dict. de méd., 1828, t. XXI, p. 244.
Est-ce de ce fait que M. Andral {Anal, path., t. Il, p. 181) dit : « M. Paul
Guersant (fils) m'a montré un foie qui était comme labouré en divers sens par des
ascarides qui paraissent s'y être introduits en passant du duodénum dans le canal
cholédoque? »
(2) Bull. Soc. anal., ann XV. Paris, 1840, p. 396.
Davaine. Il
1G'2 AFFECTIONS VEKMINKUSES DKS VOlliS DIGE§ÎÏVES
cl surtout du côte droit, do nombreuses tumeurs qu'on regarda comme des
masses tuberculeuses. La stupeur continua avec le ralentissement du pouls,
et l'enfant mourut sans convulsions dans la matinée du 7 février. Ses dernières
"•arderobes avaient été diarrhéiques et contenaient deux vers intestinaux.
» A l'autopsie, pratiquée le lendemain matin, on constatait les lésions sui-
vantes : Les ganglions du cou forment une masse tuberculeuse en partie ra-
mollie- les ganglions bronchiques et mésentériques, le parenchyme pulmonaire,
la rate et les reins ne contiennent pas la moindre trace de matière tubercu-
leuse. La substance cérébrale, examinée avec le plus grand soin, est par-
faitement nette ; on ne trouve pas dans la pie-mère la moindre granulation ;
mais du côté de l'intestin, apparaissent les lésions les plus inattendues et les
plus insolites.
» Depuis le duodénum jusqu'à l'anus, l'intestin est littéralement rempli
d'ascarides lombricoïdes qui le distendent, entremêlés les uns dans les au-
tres ou allongés parallèlement. Dans les points ou la distension est la plus
forte, l'intestin est le siège d'une vive phlegmasie. Le caecum particulière-
ment, contient une énorme accumulation de vers qui en augmentent consi-
dérablement le volume. Un lombric est engagé dans l'appendice caecal qu'il
remplit. Ces masses formées par les ascarides sont précisément celles qui,
pendant la vie, faisaient croire, à la palpation, à des tumeurs mésentériques.
» Dans le canal cholédoque, dans le confluent des conduits hépatiques et
dans un grand nombre de canaux biliaires, on trouve des lombrics d'un vo-
lume considérable, aussi gros que ceux de l'intestin , distendant les canaux
dans lesquels ils sont logés et formant une espèce d'ampoule située profon-
dément dans l'intérieur même de l'organe. La vésicule biliaire ne renferme
aucun ver, elle ne contient que du mucus (<l). »
XXIVe Cas ( . . .) ? — Lombrics dans les divisions du conduit hépatique.
« Dans le University muséum (à Philadelphie?), il y a une préparation du
foie d'un enfant, dans lequel plusieurs ascarides lombricoïdes ont pénétré
jusque dans les divisions du conduit hépatique (2). »
XXVe Cas (Fontaneilles). — Perforation d'un conduit biliaire.
11 s'agit dans cette observation d'un garçon de seize ans qui mourut après
seize jours d'une maladie dans laquelle il éprouva surtout des convulsions, des
attaques épileptiformes, de la stupeur, un assoupissement profond.
A Vautopsie l'on trouva : « Un ver lombric de 6 pouces de longueur sur
2 lignes au moins de diamètre, qui avait passé dans le canal cholédoque et
qui, en le déchirant, avait pénétré jusqu'à la réunion du conduit cystique avec
l'hépatique qu'il avait percé et dont il était sorti de la longueur d'un pouce; la
vésicule du fiel très dilatée et pleine de bile visqueuse et d'un vert foncé ; les
parties environnantes fortement colorées par la bile et offrant des taches de
(!) Bulletin gén. de thérap. Paris, 1846, t. XXXI, p. 211.
(2) J. Leidy, Synops. cité, n° 108.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 1(io
couleur jaune foncé... » Il y avait dix-neuf lombrics dans les intestins. On ne
fait point mention de quelque lésion du foie ni du péritonite (l).
Nous ne pouvons admettre que la perforation ait été due à l'ac-
tion du lombric. La rupture s'est très probablement produite par
l'obstacle que la présence du ver apportait au cours de la bile, comme
on l'a vu plusieurs fois pour les calculs biliaires. Le docteur Wolf
(de Bonn) rapporte une observation de rupture spontanée du canal
hépatique ; des calculs contenus dans la vésicule et dans le canal
cystique donnaient la raison de cette rupture (2). M. Pigné (3) .et
M. Marjolin fils (4) ont observé l'un et l'autre un cas de rupture des
conduits biliaires par suite de leur obstruction causée par un calcul.
Le lombric a donc pu produire la perforation du conduit hépatique
d'une manière passive, comme le fait un calcul biliaire.
Les deux cas suivants donnent lieu aux mêmes remarques :
XXVIe Cas (Lorrentini). — Perforation du conduit cholédoque.
« On voit à Naples dans le cabinet du docteur Lorrentini, un foie conservé
dans l'esprit-de-vin avec le conduit cholédoque perforé par un ascaride lom-
bricoïde qui était en partie renfermé dans ce canal et en partie pendant hors
de ce canal par une perforation qui y existe (5). »
XXVIIe Cas ( ...)? — Perforation d'un conduit biliaire.
« Une pièce pathologique toute semblable se trouve à Vienne dans le ca-
binet du grand hôpital civil (6). »
XXVIIIe Cas (Dodrlen). — Lombric dans une cavité propre.
« Un jour, en incisant à 1 pouce environ de profondeur le grand lobe du
foie, près de la scissure horizontale, quelle fut ma surprise de voir sortir de
cette division deux parties d'un ver lombric long de 4 à 5 pouces. Il était
vivant. Sa loge était parfaitement circonscrite dans le grand diamètre de ce
viscère; nous ouvrîmes le sillon dans tout son trajet, il ne présentait à ses
extrémités aucune issue, aucune ouverture sensible par laquelle on pût soup-
çonner qu'il ait pu s'introduire.
» Depuis un an environ, le malade éprouvait une ou deux fois par jour des
(1) Fontaneilles, Observation sur une perforation faite par un ascaride lombri-
coïdequi a causé lamort (Rev. méd., septembre 1835, et Journ. compl., t. XXIII,
p. 188.
(2) Journ. complém., 1829, t. XXXIV, p. 267 (Extrait du Journal de Grœfe,
12e B.. S. 370).
(3) Bull. Soc. anat., ami. XI, 1836, p. 266.
(4) Bull. Soc. anat., ann. XII, 1837, p. 39.
(5) Fauconneau-Dufresne, ouvr. cit., p. 280 (communiqué par Guersant).
(6) Idem, ibid., p. 281 (communiqué par Guersant).
l()i AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOILS DIGESJIVES
douleurs si violentes dans la région du foie, qu'elles le jetaient dans une es-
pèce d'évanouissement qui durait quelques minutes. Lorsqu'il est entré à
l'hôpital, il se plaignait d'élancements vifs dans le côté droit; il vomissait une
quantité prodigieuse de bile noire et dégénérée ; les déjections par le bas étaient
fréquentes et de même nature... Il est mort au septième jour (1). »
XXIXe Cas (docteur Bourgeois). — Lombric dans une cavité propre.
« En 4 831, étant interne à l'hôpital des Enfants, j'ai rencontré dans le
foie d'un jeune garçon de sept à huit ans, vers le milieu de la largeur et
de l'épaisseur de la glande biliaire, un ver lombric de 5 à 6 centimètres de
long, d'un blanc presque pur, rond et ferme et ne paraissant mort que de-
puis fort peu de temps; il était enroulé sur lui-même à la manière de ces petits
cylindres d'extrait de réglisse, et occupait une dilatation considérable des con-
duits excréteursde la bile, communiquant évidemment avec ces canaux par des
ouvertures très appréciables. Il n'y avait, dans cette espèce de poche, dont
les parois étaient minces et nullement enflammées, aucun aulre corps étranger
que le vers lui-même. Il semblait s'être développé dans ce point des conduits
hépatiques, qu'il avait considérablement distendus en grossissant. Le reste
de l'organe n'offrait rien d'anormal (2). »
XXXe Cas (Laennec). — Lombrics dans les conduits hépatiques et le tissu
du foie.
« Le cadavre d'un enfant, âgé d'environ deux ans et demi, avait été apporté
dans un amphithéâtre pour y servir à l'étude de la névrologie. Il paraissait
avoir succombé à une maladie prompte, car il avait beaucoup d'embonpoint
et tous les viscères étaient sains, si l'on excepte l'estomac et le foie. L'es-
tomac était rempli de vers blancs, cylindriques, dont la longueur variait de-
puis 6 lignes jusqu'à 5 pouces, et qu'il (Laënnec) reconnut pour des asca-
rides lombricoïdes aux trois tubercules demi-transparents que présentait leur
tête examinée à la loupe.
» ...Au côté gauche [de l'estomac), et tout auprès de l'œsophage, s'ouvrait le
conduit cholédoque, qui avait en cet endroit environ un demi-pouce de dia-
mètre. Le conduit hépatique et ses ramifications offraient une dilatation pro-
portionnée. Tous ces vaisseaux étaient remplis de lombrics, et contenaient si
peu de bile, que les vers n'en étaient pas teints. La membrane muqueuse des
voies biliaires offrait par endroits des rougeurs très marquées et accompa-
gnées d'un peu d'épaississement. Dans quelques points cette membrane était
rongée et totalement détruite, et les vers se trouvaient en contact immédiat
avec le tissu du foie, dans lequel ils avaient creusé de petites cavités, dont
quelques-unes auraient pu loger une amande. Le foie présentait dans les
(1) Joum. de méd. chir., etc., de Leroux, t. IV, p. 346 (chapitre intitulé Ré-
capitulation générale), cité par M. Bonfils, Mém. cité.
(2) Docteur Bourgeois, Union médicale. Paris, 1856, t. X, n° 69.
CHEZ L'HO.MMli. - m LOMBRICS ERRATIQUES. 165
parois de ces excavations un tissu mollasse, fongueux et plus rougeâtre que
parlout ailleurs. La vésicule biliaire était pleine d'ascarides lombricoïdes. Le
conduit cystique n'était point dilaté; mais les membranes internes y for-
maient des replis qui semblaient annoncer que le conduit avait été précédem-
ment dilaté ; il ne contenait aucun ver. Le reste du canal intestinal n'en rece-
lait également aucun (1). »
Laënnec, en parlant de ce fait dans le Dictionnaire des sciences
médicales, suppose que les petites cavités avaient été produites par
les organes de succion des lombrics. L'action de la bouche des as-
carides est une hypothèse qui, reproduite à propos des perforations
intestinales, sera, ci-après, réduite à sa juste valeur (2). Nous allons
voir que la présence d'un lombric dans le foie suffit pour déterminer
des collections purulentes soit en rapport avec le ver, soit dissémi-
nées dans le parenchyme ambiant; et, comme dans ce dernier cas
l'on ne peut en accuser les organes de succion du lombric, on peut
expliquer l'autre cas sans faire intervenir ces organes. Le pus, accu-
mulé autour du ver, est retenu lorsque le conduit ne s'ouvre pas
largement dans le foyer purulent ; mais lorsque le conduit dilaté
communique largement avec le foyer, le pus trouve une issue dans
ce conduit et, s'écoulant à mesure qu'il se forme, il doit laisser une
cavité dont la surface est en apparence rongée. Ainsi s'expliquera le
fait de Laënnec.
XXXIe Cas (Tonnelé). — Lombric et trois abcès dans le foie.
« Durand (Louis), jeune garçon d'une bonne constitution et d'une santé
ordinairement excellente, éprouva vers la fin de janvier I 829 divers troubles
des fonctions digestives, particulièrement des diarrhées et des vomissements.
Il devint depuis lors languissant et perdit sa gaieté et^son embonpoint natu-
rels. Conduit à l'hôpital le 1 8 mars de la même année, il présentait les sym-
ptômes suivants : ventre lendu, volumineux, sensible à la plus légère pres-
sion, surtout dans la région du foie; quatre ou cinq selles liquides chaque
jour; vomissements rares, langue rouge et sèche, soif vive, pouls fréquent,
tiraillement des traits, air de souffrance et d'abattement. M. Jadelot fit
d'abord appliquer quinze sangsues sur le côté droit, etc. L'enfant ne retirait
aucun avantage de ces différents moyens ; chaque jour, au contraire, il s'af-
faiblissait davantage, lorsqu'il fut atteint de rougeole et en même temps de
tous les symptômes qui caractérisent le croup. Cette terrible affection de-
(1) Rapport sur une observation lue par Laënnec {Bulletin' de la Faculté de
médecine, n° 5, 20 nivôse an XIII). — Laënnec, art. Ascarides, Dict. des sciences
médicales, p. 344.
(2) Voyez chapitre V.
166 AFFECTIONS VERM1NKUSES DES VOlliS DKiESTlVES
vait entraîner une perte inévitable et prochaine; il n'en fut cependant rien:
les accidents se calmèrent, et le petit malade ne mourut que dix jours après
d'une pneumonie.
» Autopsia. — Le lobe antérieur droit du cerveau contenait, à la partie
moyenne, deux hydatides acéphalonjstes du volume d'une grosse noisette
chacune, et comme enchatonnées dans son tissu. Hépatisation rouge de la
moitié supérieure du poumon droit et de la base du gauche.
» L'intestin grêle contenait environ trente vers lombrics rassemblés en
plusieurs petites masses ; la membrane muqueuse élait fortement injectée
dans les divers points où ils séjournaient. Le foie avait conservé, à l'exté-
rieur, son aspect naturel; mais, dans son intérieur, existaient trois foyers
communiquant les uns avec les autres; deux plus petits, et pleins d'un pus
brun bien consistant; l'autre, beaucoup plus étendu et rempli partie par du
pus, partie par un gros ver lombric roule sur lui-même.
» Vainement nous cherchâmes, avec la plus scrupuleuse attention, s'il
n'existait point quelque communication entre ces cavités et les vaisseaux
biliaires, au moyen de laquelle le ver eût pu s'introduire dans le tissu du
foie, nous n'en trouvâmes aucun vestige.
» Nous pensâmes donc que, si le lombric était venu primitivement du tube
digestif, ce qui paraissait probable, il n'avait du moins été apporté qu'en
germe dans le parenchyme du foie; qu'il s'y était ensuite développé, accru,
et qu'il avait donné lieu, par sa présence, au travail d'inflammation et de
suppuration dont cet organe nous présentait les traces (1 ). »
L'examen de ce cas jette du jour sur le précédent : on ne son-
gera pas à attribuer les collections purulentes à l'action des organes
de succion du lombric, puisque deux des foyers étaient isolés de ce
ver. Il est assez clair qu'elles ont été déterminées par l'irritation du
foie produite par le corps étranger. Que fût-il arrivé si l'un des
conduits biliaires dilaté, comme dans le cas de Laënnec, eût com-
muniqué librement avec les foyers purulents? le pus eût été en-
traîné par la bile à mesure qu'il se fût formé et l'on eût trouvé en
rapport avec le conduit trois cavités dont on eût pu dire : la mem-
brane du conduit était rongée et détruite totalement dans quelques
points où le ver avait creusé de petites cavités. Quant à l'absence
d'une communication entre le foyer qui contenait le lombric et les
conduits biliaires, on ne peut l'admettre. Elle était sans doute in-
directe et peu apparente puisque le pus était retenu ; mais avec des
précautions convenables elle eût probablement été rendue évidente,
^comme il est arrivé dans le cas suivant :
(1) Tonuelé, Mêm. cit., p. 292.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 167
XXXIIe Cas (Pellizzari). — Deux lombrics dans h parenchyme du foie.
«Le 14 février 1 8S7 on reçoit à l'hôpital Sanla-Maria-Nuovo , dans le
service du docteur Gonnelli, un cordonnier âgé de quarante ans. Dès son
entrée, il présente les symptômes d'un accès convulsif de nature épileptique:
stupeur profonde; aspect d'un homme très gravement malade ; émaciation
considérable; réponses incohérentes; difficulté delà déglutition. Pouls petit,
fugace, déprimé; aucune lésion dans les régions thoracique et abdominale.
» La pensée du médecin s'arrête sur l'existence d'une congestion des mé-
ninges ou de l'encéphale, et il prescrit en conséquence des ventouses, des
sinapismes, une potion légèrement stimulante. Les jours suivants, on con-
state une amélioration momentanée ; mais bientôt la prostration augmente, et
le malade meurt le 25, sans avoir jamais pu fournir de données exactes sur
l'invasion et la nature de sa maladie. »
Autopsie. — Rien de bien notable dans la tête et la poitrine. « L'estomac
contient douze vers lombricoïdes, le duodénum cinq, l'iléon cinquante-huit,
le gros intestin quatre. Sur la muqueuse intestinale apparaissent de légères
arborisations sanguines; les reins et la rate sont gorgés de sang.
» A la surface convexe du lobe droit du foie, et dans sa partie la plus élevée
on aperçoit une aire blanchâtre de forme ovale (3 centimètres sur 1), ayant son
grand diamètre de droite à gauche. En pratiquant une incision, M. Pellizzari
met à découvert un lombric. Un examen attentif de l'organe en fait voir un
deuxième sur le côté gauche de., la face convexe du lobe droit. Le premier
ver est noué dans son milieu et entortillé sur ce centre ; le second est roulé
en grande partie, mais l'une de ces extrémités plonge dans le parenchyme
du foie. Les deux cavités qui les renferment contiennent une petite quantité
de liquide granuleux de couleur blancjaunâtre, dans lequel le microscope re-
connaît des globules de pus, des cellules épithéliales cylindriques, une grande
quantité d'œufs d'ascarides lombricoïdes. Leur capacité est exactement en
rapport avec le contenu ; leur surface est tapissée d'une couche de fibrine con-
crète. Quanl au parenchyme hépatique environnant, il est plus coloré, plus com-
pacte, plus dur, vu les transsudations de matière plastique ; en un mot, il a les
caractères de l'inflammation chronique, et, comme cette altération est néces-
sairement due à la présence des lombricoïdes, il était aussi évident que ceux-
ci existaient longtemps avant la mort.
» Pour prouver à ses élèves qu'en réalité les deux vers lombricoïdes
avaient pénétré dans le foie, en suivant la voie des conduits biliaires, le pro-
fesseur Pellizzari institue diverses expériences : Tout d'abord, il met à
découvert avec le plus grand soin le conduit hépatique, ses premières divi-
sions, le sinus de la veine porte, afin de reconnaître celui de ces vaisseaux
qui se trouvait en communication avec les cavités qui contenaient les lom-
brics. Cela fait, il remplit d'eau la cavité située à la partie gauche du lobe
droit, dans l'espoir qu'en s'écoulant le liquide indiquera le chemin suivi par
le ver dans sa pérégrination; l'eau n'ayant pas diminué de niveau, il fallut
1(iS AFFECTIONS VERMlNEUSES DES VOIES DlGESÏiVES
admettre ou une oblitération du conduit hépatique, ou son obstruction par
l'animal. Alors il porta l'extrémité d'une seringue élastique très mince le
long de la portion du lombric qui était cachée, et il l'insinua entre le ver lui-
même et la substance du foie. lin poussant le piston, on vit immédiatement
l'eau sortir par le conduit hépatique.
» Pour rendre la démonstration plus évidente, le professeur Pellizzari retire
le lombric de sa cavité; on aperçoit alors la partie jadis cachée teinte en
jaune (cette portion était la caudale). Deux nouvelles expériences mettent
l'opinion du docteur Pellizzari hors de doute.
» En versant de l'eau dans la cavité, comme pour la première expérience,
on la voit diminuer peu à pou et s'échapper par le conduit hépatique.
» En poussant, au moyen d'uue seringue, de l'eau dans le conduit hépa-
tique, le fluide surgit immédiatement dans la cavité et précisément sur le
point où plongeait la queue de l'ascaride.
» La présence des cellules épithéliales cylindriques dans le liquide qui
baignait les deux vers, prouve qu'elles provenaient de la membrane interne
des conduits biliaires, et fait supposer, à juste raison, que les deux cavités
n'étaient qu'une dilatation des conduits biliaires eux-mêmes.
» De ces faits on peut raisonnablement conclure que les ascarides lom-
bricoîdes ont pénétré dans le foie en suivant la voie des canaux cholédoque
et hépatique, d'autant plus que l'on a retrouvé dans le tube gastro-entérique
une quantité considérable d'helminthes de la même espèce (l). »
XXX1IP Cas (Forget). — Deux lombrics daus les conduits et le tissu
fjfcm, du foie. — Abcès multiples.
« Une femme âgée de soixante-cinq ans, couturière, est apportée à la Cli-
nique le 7 avril 185b. On ne peut en tirer que des renseignements très
vagues et très incomplets. Elle se dit malade depuis quinze jours; elle a
éprouvé de la fièvre avec toux, dyspnée, vomissements, bouche douloureuse.
.Nous constatons : prostration, état semi-comateux, narines pulvérulentes,
v^/ dyspnée, toux modérée , un crachat rouillé ; poitrine sonore en avant, en
A > arrière et à droite dans toute la hauteur du thorax, matilé, souffle tubaire,
» bronchophonie. Toutes les parois buccales sont recouvertes d'une matière
blanchâtre, pultacée ; déglutition difficile, douloureuse, soif vive, vomisse-
ments glaireux et bilieux, épigastre douloureux à la pression: pas de diar-
rhée. Pouls à 90, petit et mou ; point de chaleur à la peau. Le 8, nuit agitée,
orthopnée, crachats rouilles; état de la veille. Le soir, réaction assez vive.
Le 9, même état que la veille; enduit pultacé très abondant, soif vive, une
selle. Le 10, prostration, coma, bouche fuligineuse: pouls presque insensible;
une selle involontaire. — Mort à cinq heures du soir. »
Le traitement avait consisté dans des potions stibiées, des vésicatoires
volants, des sinapismes, vin, bouillon.
j (I) Di duc. lombricoiài penelrati nel fegalo durante la cita, dal prof. Giorgio
Y rtllizari, in Diswso dal doit. lia/}'. Maltci. Firenzc, 1857.
CHEZ, L'HOMME. — LOMÏiaiCS ERRATIQUES. 169
L'aulopsie, faite quarante-huit heures après, montra une hépatisation grise
de toute la moitié postérieure du poumon droit. Rien de notable dans la cavité
du crâne et dans les organes abdominaux, à l'exception du foie. Cet organe
est de volume et d'aspect normal ; le canal cholédoque est occupé par un
ascaride lombricoïde dont une extrémité fait saillie dans le duodénum, tandis
que l'autre parvient jusque dans la division gauche du canal hépatique. Le
ver qui remplit exactement les conduits biliaires offre une longueur de plus
de 20 centimètres; il n'est pas sensiblement altéré. En suivant avec la sonde
cannelée et le scalpel la division droite du canal hépatique on arrive dans
une cavité anfractueuse, du volume d'une noix, contenant du pus blanchâtre
et un ver lombricoïde pelotonné d'environ 8 centimètres de longueur ; ce ver
est mou, flétri, comme macéré et mort depuis longtemps. La cavité qui le
contient paraît -être une dilatation du conduit hépatique. Autour de cette
cavité, mais sans communication avec elle, on rencontre dans le tissu du lobe
gauche du foie une dizaine d'abcès ou kystes purulents de diverses gran-
deurs, depuis le volume d'un pois jusqu'à celui d'un marron, contenant une
matière grumeleuse, colorée par la bile et tapissée de pseudo-membranes
épaisses et consistantes, autour desquelles le tissu du foie est d'un rouge
foncé (1 ).
XXXIVe Cas (Lobstein). — Lombric dans un conduit biliaire. Abcès mul-
S^y- tiples du foie. Communication de l'un avec une vomique.
Il s'agit d'une femme de trente-huit an?, qui entra à l'hôpital le 4 mars
1829. Elle était dans un état de marasme général avec fièvre hectique, toux,
crachats muqueux, tension dans l'hypochondre droit, pouls petit et fréquent.
Plus tard, crachats puriformes, pectoriloquie au sommet du poumon droit.
Le 9 avril, diarrhée qui persiste plus ou moins jusqu'au 6 mai. Ce jour-là :
frissons, vomissements bilieux qui se répètent les jours suivants. Faiblesse
croissante, voix éteinte, lipothymies, dyspnée. Mort le 1 ii mai.
« Autopsie. — Le poumon gauche était parfaitement sain, celui du côté
droit contenait dans son sommet quelques tubercules ostéopierreux ; la partie
inférieure était adhérente à la plèvre costale, et renfermait une vomique
d'une très grande capacité. Cette vomique communiquait d'une part à l'exté-
rieur par une ouverture fistuleuse d'une étendue de trois lignes, placée entre
les cinquième et sixième côtes sternales, sans que les muscles pectoraux
ni les téguments de cette partie fussent endommagés ; d'un autre côté avec
la partie supérieure du grand lobe du foie, au moyen d'un abcès de près
de 2 pouces d'étendue, qui avait détruit le diaphragme dans cette partie.
» Le foie était d'une texture saine dans toute la moitié gauche et dans le
tiers inférieur de la moitié droite. Des brides celluleuses l'unissaient à la
petite courbure de l'estomac, au côlon transverse et aux autres parties voi-
sines. La partie supérieure de son côté droit, adhérente au diaphragme, con-
(1) Professeur l'orgct (de Strasbourg), dans Union médicale, 29 mai 1856.
170 AFFECTIONS VERM1NEUSES DES VOIES DIGEST1VES
tenait un grand nombre de tubercules blanchâtres et de vastes loyers puru-
lents Bemblablea à des vomiques, remplis d'un pus lié, blanc jaunâtre nt
communiquant par une ouverture fistuleuse avec la perte de substance du
diaphragme indiquée plus haut, et par ce moyen avec la vomique du pou-
mon. Le canal cholédoque et le ennui hépatique étaient suffisamment dilatés
pour permettre l'introduction du petit doigt ; l'un des conduits biliaires y
aboutissant, dilaté de même, renfermait un lombric long de 4à 5 pouces.»
Rien de particulier dans los autres organes (I).
XXVe Cas (Lebert). — Lombrics dans les conduits et le tissu du foie,
abcès multiples, l'un d'eux communiquant avec un abcès du poumon.
Une fille, âgée de quinze ans. habitant Zurich, est prise le 8 décembre
4854 d'un violent frisson, suivi de chaleur et de fièvre, soif vive, douleurs
vagues dans le côté droit de l'abdomen, diarrhée. Le '16 décembre, le foie est
le siège de douleurs assez vives augmentant par la pression, il dépasse les
fausses côles d'environ deux travers de doigt. Les jours suivants il y a de
l'amélioration dans la douleur, la fièvre et la diarrhée. Le 22 décembre, il sur-
vient de la tous avec expectoration muqueuse peu abondante, rien à l'auscul-
tation. Le 26, expulsion de lombrics par le vomissement et par les selles; la
toux a cessé. Le 2 janvier, douleurs dans la partie inférieure droite du
thorax; son mat à la percussion, depuis l'omoplate jusqu'en bas; respiration
bronchique et bronchophonie dans toute cette étendue ; pouls, 124; toux fré-
quente ; crachats gluants, légèrement sanguinolents; respiration 32 ; diarrhée-
Le 4, râle crépitant avec la respiration bronchique. Le 5, à 13 base du
poumon gauche matité qui diminue le lendemain et disparaît les jours sui-
vants. Les symptômes persistent à droite, respiration bronchique au sommet,
matité en haut et à droite jusqu'au mamelon. Le 10, persistance des sym-
ptômes et de la diarrhée, œdème au pied droit. Le 1 1, son tympanique dans
la partie antérieure et supérieure du côté droit du thorax et en arrière dans la
moitié supérieure, matité en bas; respiration amphorique autour du mamelon.
Matité (du foie) jusqu'à trois travers de doigt au-dessous des côtes. Crachats
non sanguinolents, dyspnée très forte. Le 12 tous les symptômes s'aggra-
vent. Mort le 13.
Autopsie trente-cinq heures après la mort. — On constate la présence de
gaz dans la plèvre du côté droit. « A l'ouverture du thorax on trouve le pou-
mon droit refoulé en arrière, mais fixé en bas au diaphragme. Un épanche-
ment séreux, légèrement trouble, occupe la partie antérieure jusqu'au sep-
tième espace intercostal, où il est délimité par des adhérences et des fausses
membranes. La principale altération est dans le foie. Déjà, en l'enlevant, on
voit les conduits cholédoque, cystique et hépatique dilatés; ils renferment
(1) Notice sur les maladies qui ont été traitées à la clinique de Lobstein, à Stras-
bourg, pendant le mois de mai 1829 (observation intitulée: Phlhisie pulmonaire cl
hépatique). Journ. complet»., 1829, t. XXXIV, p. 271.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 171
plusieurs lombrics. La partie convexe du foie est intiment adhérente au dia-
phragme, et en le disséquant, on ouvre un abcès du foie; on aperçoit à la
surface de l'organe un certain nombre de petits foyers purulents. La veine
porte est saine et montre seulement quelques caillots non adhérents, dans des
ramifications de troisième ordre. Les abcès se trouvent partout en dehors de
la veine, mais plusieurs d'entre eux communiquent avec des conduits biliaires,
et dans deux on trouve des lombrics très altérés, dont l'un surtout est pres-
que diftluent par macération. La plupart des abcès se trouvent dans le lobe
droit et varient entre le volume d'un petit pois et celui d'une pomme; tout
autour d'eux, le tissu hépatique est hypérémié, d'un rouge foncé, avec légère
diminution de consistance. Au microscope, on voit les cellules du foie nor-
males, peut-être leur contenu graisseux un peu augmenté.
» Le pus montre de fort beaux globules à noyaux. Le lobe gauche ne ren-
ferme pas d'abcès , mais également plusieurs lombrics dans les conduits
biliaires. Le foie dans sa totalité n'est que légèrement au-dessus du volume
normal.
» Un des abcès du foie a largement perforé le diaphragme ; son ouverture,
de plus de 1 centimètre de diamètre, communique avec la base du lobe pul-
monaire inférieur droit, non-seulement par une large ouverture, mais aussi
par un certain nombre de petits trous, et la partie correspondante du poumon
est comme criblée de ces petites ouvertures, qui conduisent dans des infiltra-
tions purulentes du parenchyme pulmonaire, et qui, par une communication
directe avec les bronches, ont provoqué le pneumothorax. La membrane mu-
queuse bronchique est généralement hypérémiée et couverte d'un mucus pu-
rulent; la partie supérieure du poumon droit est condensée et carnifiée; le
sommet gauche est œdémateux et renferme un seul tubercule crétacé (1). »
XXXVIe Cas (Kirkland). — Lombric sorti d'un abcès du foie.
Kirkland rapporte « un cas remarquable d'abcès qui s'était formé au
niveau delà dernière fausse côte du côté droit. Lorsqu'il s'ouvrit, il en sortit
un ver long et rouge et une grande quantité de pus. Par la suite l'abcès se
transforma en fistule par laquelle sortait chaque jour une certaine quantité
de bile. Sans doute la fistule communiquait avec la vésicule biliaire. Comment
ce ver avait-il pu pénétrer là? c'est ce qu'il est difficile d'expliquer (2). »
Les faits qui précèdent donnent l'explication de celui-ci ; il s'agit
évidemment d'un ascaride lombricoïde qui, s'étant introduit dans les
canaux biliaires, a déterminé la formation d'un abcès. On conçoit
qu'un tel abcès doive se faire jour dans des régions différentes suivant
la partie du foie qu'il occupe. Quant à l'écoulement de bile, il est
(1) H. Lebert, Traité d'anatomie pathologique gén. et. spéc. Paris, 1837, t. I,
p. 412.
(2) Richter, Chir. bïbl., B. X, S. 605 (extrait de : Kirkland, On inquiry into
the présent stale of médical surgery. London, 1786, l. II, p. 186).
I7'2 AFFECriONS VERMINEUSES DES VOIES D16ESTIVES
probable qu'il avait lieu par suite de la communication du conduit
biliaire dans lequel s'était introduit le ver, avec le foyer de l'abcès.
XXXVII" Cas (Rqedereb et Wagler). — Lombric dans un kyste hyda-
tique du foie.
Soldat, point de renseignements sur la maladie.
« Le foie se trouva d'un volume plus considérable que dans l'état ordi-
naire.. . le lobe droit ayant été incisé près de la vésicule du fiel, il jaillit une
humeur terne, aqueuse, du centre d'une tumeur enkystée, logée dans le pa-
renchyme de ce viscère et dont une partie paraissait à sa face convexe, cou-
verte d'une peau blanche, dure et épaisse. Cette tumeur renfermait une
grande quantité d'hydatides, mais sa cavité ne présentait aucun fluide; de
sorte qu'il parut que le fluide sorti sous le coup de bistouri appartenait à l'ou-
verture d'une hydatide un peu grande. Ces vésicules se trouvaient de diffé-
rents volumes : la plus considérable égalait en grosseur un œuf de poule,
d'autres étaient graduellement plus petites, les moindres étaient pisiformes et
linéaires, la figure des plus grandes était oblongue, les plus petites parais-
saient parfaitement rondes Ceshydatides enlevées de la poche qui les con-
tenait, il restait une concrétion membraneuse blanche, molle Aux environs.
de cette concrétion on découvrit un lombric, petit, terne, rougeâtre, lisse,
roide et dur. Quelques-unes de ces vésicules étaient marquées à leur surface
d'une ou deux taches anciennes jaunes et bilieuses.
» Le kyste commun irrégulier approchait à peu près de la forme sphérique.
Sa surface interne, déprimée çà et là, présentait par intervalles de petites émi-
nences, de sorte que les cavités intermédiaires les plus grandes répondaient aux
hydatidesles plus considérables La cavité de ce grand kyste présentait plu-
sieurs orifices, mais on ne put découvrir où ils aboutissaient. Sa paroi externe,
répondant à la face convexe du foie, avait au moins une ou deux lignes d'épais-
seur; elle était d'une dureté tenant le milieu entre celle des cartilages et celle
des ligaments Le conduit hépatique était ample, et, comme dans la dis-
section il avait été coupé près de son insertion dans le canal cholédoque, on
ne put savoir s'il se rendait dans ce kyste ou non. Cependant il est vraisem-
blable, et ceci est encore probable par les taches jaunes des hydatides, que le
ver trouvé dans le sac y était parvenu du duodénum au moyen des conduits
biliaires. »
Six vers lombrics existaient dans l'intestin grêle ; quant à celui du foie, les
auteurs ajoutent dans les réflexions annexées à l'observation : « Quoique ce
ver fût très petit, sans doute faute de nourriture, il paraît cependant qu'il a
joui de la vie jusqu'à la fin de la maladie ; ce que nous avons pu juger par sa
roideur et la vivacité de sa couleur (I ). »
(1) Rœdercr et Wagler, ouvr. cit., sect. iv, ouv. VIII.
D'autres cas de l 'Tons du foie opérées par les lombrics ont encore été rapportés,
mais les circonstances de ces faits ne nous permettent point d'en tenir compte:
Rosen dit que chez un homme âgé de vingt-huit ans on trouva, à l'autopsie, des
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 173
D'après tous ces faits, on voit clairement que les ascarides lom-
bricoïdes envahissent les voies biliaires pendant la vie de leur hôte,
en s'introduisant de l'intestin dans le conduit cholédoque, ils remon-
tentde là soit dans la vésicule biliaire, soit dans les conduits hépatiques.
Leur présence dans les voies biliaires détermine des lésions di-
verses ; elle occasionne ou elle entretient une dilatation des conduits
envahis et quelquefois leur rupture : la dilatation des conduits est
plus ou moins générale, ou bien elle est partielle, bornée à la partie
occupée par le ver qui paraît alors être contenu dans une poche
particulière. La rupture des conduits non plus que les érosions de
leur surface interne ne doivent être attribuées à la succion opérée
par les lombrics ; elles dépendent de l'obstacle apporté au cours de
la bile ou bien de l'irritation causée par ces corps étrangers.
Lorsque les vers ont pénétré profondément dans les voies biliaires
ou dans le parenchyme du foie, ils déterminent l'inflammation et la
suppuration des parties. Dans quelques cas le pus s'écoule par le
conduit biliaire dilaté ; dans d'autres, lorsque le foyer ne commu-
nique pas largement ou directement avec le conduit, le pus est re-
tenu, et, au lieu d'une cavité vide et érodée, on trouve en rapport
avec le lombric une véritable collection purulente. Parfois les foyers
sont multiples, comme ilaarrive assez fréquemment dans les suppu-
rations du foie ; ces collections purulentes communiquent entre elles
ou sont indépendantes les unes des autres, disséminées dans l'organe
hépatique ; elles peuvent devenir considérables et s'étendre vers le
poumon où elles entrent en communication soit avec la plèvre, soit
avec les bronches. Il se peut même qu'un tel abcès s'ouvre au dehors,
à l'épigastre ou dans l'hypochondre droit, et donne issue à des lom-
brics dont le trajet à travers l'organe hépatique ne pourrait être
soupçonné, s'il n'y avait en même temps un écoulement de bile par
la plaie.
Quelles sont les causes ou les conditions qui déterminent l'enva-
vers qui avaient percé plusieurs endroits des intestins ; l'estomac en avait trois
cicatrices, et le foie, le diaphragme, en étaient tout rongés (ouvr. cit., p. 392).
Dans une observation intitulée : Ver nourri dans le foie d'une femme dont il
causa la mort, il s'agit évidemment d'un cancer du foie ouvert dans l'intestin. Un
lombric expulsé avec les selles, quarante-huit heures avant la mort, provenait, dit-
on, du foie (Journ. de méd. chir., etc., 1759, t. II, p. 303).
Enfin, dans une observation de Godot, il s'agit d'un abcès situé à la région
épigastrique qui donna issue à plusieurs lombrics, et dans lequel le petit lobe du
foie était intéressé (Même journ., t, XL, p. 145).
17/i AFFECTIONS VEIIMINEUS1CS DES VOIES DICKSTIVKS
hissement des canaux biliaires par les lombrics '. Il est à présumer,
que les causes principales sont toutes celles qui déterminent une dilata-
tion de ces canaux ; telle pourrait être l'issue de quelque calcul biliaire
dans l'intestin. Nous avons vu, en effet, dans deux cas (VIII, XX)
la coexistence de l'affection calculeuse du foie avec les ascarides lom-
bricoïdes; dans un autre cas (XXXVII), un de ces vers avait pénétré
jusque dans un kyste hydatique ; or, nous verrons que lorsqu'un kyste
de cette nature entre en communication avec un conduit biliaire, les
bydatides peuvent s'engager dans ce conduit, puis, cheminant comme
des calculs par l'élargissement progressif du canal, elles arrivent enfin
dans l'intestin. Dans le cas de Rœderer et Wagler (XXXVII), le
kyste était en communication avec les conduits biliaires, la bile même
y avait pénétré ; d'un autre côté le conduit hépatique était ample.
N'est-il pas présumable que quelques-unes des plus petites hyda-
tides s'étaient engagées dans ces conduits, les avaient dilatés et que
le ver, trouvant leur orifice béant, s'y était engagé î Les cas rapportés
ci-dessus donnent environ la proportion de trois individus âgés de
plus de quinze ans pour un au-dessous de cet âge (1) ; or, si l'on con-
sidère que les accidents occasionnés par les lombrics sont générale-
ment beaucoup plus fréquents chez les enfants que chez les adultes,
on devra chercher la raison de la différence que nous signalons ici,
dans quelque condition anatomique ou pathologique des voies biliaires
aux différents âges. Nous n'en voyons point d'autre que la rareté
des affections des voies biliaires dans l'enfance et surtout celle de
l'affection calculeuse.
Les symptômes produits par la présence des lombrics dans les
conduits biliaires sont très variables ; dans aucun des cas connus la
présence des lombrics n'a été soupçonnée ; dans la plupart même,
l'affection du foie est passée inaperçue. Les phénomènes les plus
appréciables et les plus fréquents ont été ceux de l'hépatite; ils ont
consisté dans la fièvre, dans une douleur plus ou moins vive à l'hy-
pochondre, l'ictère, des convulsions, des vomissements, la diarrhée,
phénomènes qui, dans quelques cas, étaient permanents et qui, dans
d'autres, revenaient par accès.
L'introduction des lombrics dans les voies biliaires est probable-
(1) Les cas, rapportés ci-dessus, clans lesquels l'âge a été exprimé, ou ceux dans
lesquels on peut le déduire de quelque circonstance du fait, sont au nombre de
vingt et un pour des individus adultes ou âgés de quinze ans et au-dessus, et de
huit pour les individus âgés de moins de quinze ans.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 17f>
ment toujours un accident grave; une fois entrés clans ces voies,
les lombrics n'en peuvent, sans doute, plus sortir, en exceptant
cependant ceux de la vésicule qui pourraient, peut-être, retrouver
l'orifice du conduit cystique et reprendre le chemin de l'intestin.
Un cas de guérison d'un ictère, occasionné par l'introduction d'un
lombric dans le méat cholédoque, a été publié dernièrement; mais
en l'absence d'un signe plus. ou moins certain, plus ou moins pro-
bable de cette introduction, on ne peut regarder un ictère qui dis-
paraît rapidement après l'expulsion par la bouche ou par l'anus d'un
ascaride lombricoïde, comme étant le fait de ce lombric; aussi,
nous considérons comme fait incertain le cas observé par le doc-
teur Schloss (1).
CHAPITRE V.
MIGRATION PAR DES VOIES ACCIDENTELLES. — QUESTION DES PERFORATIONS.
Les ascarides lombricoïdes renfermés dans le tube digestif peu-
vent encore en sortir par des voies accidentelles, soit qu'une destruc-
tion gangreneuse d'une portion de l'intestin, soit qu'une ulcération
simple, tuberculeuse ou de toute autre nature leur offre une issue,
soit qu'ils aient eux-mêmes pratiqué cette issue par la pression de
leur extrémité céphalique sur une partie ramollie, amincie ou bien
ulcérée des parois du tube digestif.
Au sortir de l'intestin, les lombrics arrivent dans la cavité du péri-
toine, dans l'un des organes du ventre, comme la vessie, dans l'épais-
seur des parois abdominales ou dans une cavité accidentelle ; enfin
ils arrivent directement au dehors, si la perforation de l'intestin com-
munique avec une fistule ouverte à l'extérieur.
La migration des ascarides lombricoïdes à travers les parois abdo-
minales a été connue de tout temps. Hippocrate rapporte le fait sui-
vant : « Abderee Dinii puero ad umbilicum mediocriter pertuso, fistula
» parva relicta est interdumque lumbricus crassus per se pervasit;
>» cumque febricitaret (ut aiebat) biliosa quôd et ipsa hac prodibant.
» Huic intestinuminfistulamprolapsum est, ac velut fistula corrode-
(1) Schloss, Ictère paraissant symptomatique de la présence d'un ascaride lom-
bricoïde dans les voies biliaires (Bull. Soc. anal., ann. XXXI. Paris, 1856, p. 361).
17G AFFECTIONS VERM1NEUSES DliS VOIES DiGESTIVES
» batur rursùsque disrumpebatur, tussiculœ que intus permanere non
>• sinebant (1). »
On ne voit pas que l'auteur du septième livre des épidémies ait
attribué la perforation intestinale ù l'action des vers. Ce cas a été
néanmoins cité généralement comme un exemple de vers effvacicurs
Uumbricieffractores); c'est ainsi qu'on appelait les vers, qui, sortant
à travers les parois de l'abdomen, étaient supposés avoir perforé ces
parois. Dans des cas semblables, la plupart des auteurs des siècles
passés ne concevaient à cet égard aucun doute: « Maître Pierre
» Barque, dit Ambroise Paré, et Claude Legrand, demeurant à Ver-
» dun, naguères m'ont affirmé avoir pansé la femme d'un nomméGras
» Bonnet, à Verdun, laquelle avait une apostème au ventre, de la-
» quelle ouverte sortit avec le plus grand nombre devers, gros comme
» les doigts, ayant la tête aiguë, lesquels lui avaient rongé les intes-
» tins; en sorte qu'elle fut longtemps qu'elle jetait les excréments
n fécaux par l'ulcère et à présent est du tout guarie (2). »
Beaucoup d'auteurs rapportent sans plus de critique, des cas où
la perforation, attribuée à l'action des lombrics, a été précédée de
hernie étranglée, de contusion violente de l'abdomen, d'abcès ouvert
depuis longtemps, etc. Paul d'Égine, Alexandre de Tralles, Avi-
cenne, Spigel, Andry, Van-Dœveren, etc., avec la plupart de leurs
contemporains, ont admis sans conteste l'interprétation erronée de
faits semblables. Félix Plater toutefois, au ccmmencement du
xvne siècle, Bianchi clans le xvme, ont exprimé leur dissentiment à
cet égard; mais c'est aux efforts de Wichmann que cette question,
comme plusieurs autres de pathologie vermineuse, doit d'avoir été
plus généralement soumise à une saine critique.
Félix Plater, parmi plusieurs raisons moins bonnes, dit, que les
lombrics ne sont pas munis d'instruments perforants. Cet argument
est reproduit par Bianchi (3). La connaissance que nous avons aujour-
d'hui de l'organisation des entozoaires a confirmé cette assertion. En
effet, quoique les trois valves qui terminent la tête de l'ascaride lombri-
coïde soient munies d'un appareil corné et de dents aiguës, les parties
tranchantes de cet appareil ne peuvent agir que sur des substances
(1) Hippocrate, De morbis vulgaribus, edenle Foes, sect. VII, Iib. VII, § 127,
p. 1239.
(2) Amb. Paré, Œuvres complètes, nouv. édition, par J. F. Malgaigne. Paris,
1841, t. III, p. 37.
(3) J.-B. Bianchi, De nat. in hum. corp. viliosa morbosaque generatione hhl.
AugustœTaurinorum, 1749, pars III, p. 353.
CHEZ L'HOMME. — LOMBHIGS ERRATIQUES. 177
introduites entre les valves et nullement sur des parties situées en
avant.
Wichmann, étudiant les prétendues lésions opérées par les lom-
brics, établit qu'elles se présentent semblables dans bien des cas où
l'absence de vers ne permet pas de les leur attribuer (1).
Rudolphi s'occupa de la question d'une manière plus approfondie.
Aux raisons donnés ci-dessus, le célèbre helminthologiste ajouta les
arguments suivants : 1° Il n'a jamais vu d'ascarides fixés aux parois
intestinales; 2° dans plusieurs cas de perforations attribuées aux vers,
les ouvertures étaient tellement larges que ni le ténia, ni les ascarides
n'eussent pu les produire; 3° souvent les perforations ont été précé-
dées d'une hernie ; 4° dans des cas fréquents où des vers existaient
en nombre extrêmement considérable, on a trouvé, à l'autopsie, les
parois de l'intestin parfaitement intactes; tandis qu'au contraire
dans les cas de perforation attribuée aux vers, ces animaux étaient
le plus souvent peu nombreux; 5° les lombrics ayant pour séjour
ordinaire l'intestin grêle, le siège presque exclusif des perforations
devrait être cet intestin; or, dans beaucoup de cas, les perforations
existaient dans d'autres parties du tube digestif; 6° si les vers sortent
par l'ouverture qu'ils ont eux-mêmes pratiquée, pourquoi le plus sou-
vent les voit-on sortir plusieurs successivement par le même trou [2)1
Personne ne croit plus aujourd'hui que les lombrics déterminent
la gangrène, ou pratiquent de larges perforations dans l'intestin;
toutefois, beaucoup de médecins admettent encore que ces vers peu-
vent s'insinuer entre les fibres des parois du tube digestif et les
traverser, ou qu'ils les ulcèrent par leur contact prolongé. Ils
adoptent en ceci les théories de Mondière, médecin de Loudun, qui
s'est efforcé de les établir sur des raisonnements et sur des faits (3).
(i) Wichmann, loc.cit.,p. 85, d'après Rudolphi, 1. 1, p. 432,etRud.,t. t, p. 160.
(2) Rudolphi, Hisl. nat.cit., t. I, p. 429.
Bremser, Scoutetten, Cruveilhier, J. Cloquet, etc., ont adopté l'opinion de
Rudolphi. P. Frank dit que pendant cinquante-quatre ans de pratique, ayant
ouvert plusieurs milliers de cadavres, il n'a pas rencontré de perforation qu'on pût
avec raison attribuer aux vers (t. V, p. 369). Léon Dufour a trouvé dans l'obser-
vation des malades, dans l'examen anatomique des lombrics, dans la recherche de
ces vers chez le porc, des raisons de ne pas admettre la perforation pratiquée par
les vers (Journ. Sédillot, t. XCII, p. 332, 1825). Guersant père n'a jamais vu de
lombrics dans la cavité abdominale chez des individus dont l'intestin était sain
(Dict. rnéd., t. XXI, p. 247).
(3) J.-B. Mondière, Recherches pour servir à l'histoire de la perforation des
davawe, 13
17K AM'KCTIONS VERMINÉUSEà DES Vous DICMSTIMs
I. Examinons d'abord les raisonnements:
Mondière, admettant que les lombrics pratiquent la perforation par
le simple écartement des fibres de l'intestin, et développant une asser-
tion de DeBlainville (1), compare le mécanisme par lequel le lombric
accomplit son passage à travers les tissus à celui du ver de terre
s'enfonçant dans le sol. Mais, c'est à tort que ces auteurs ont assi-
milé les mouvements et 1 <iction des ascarides à ceux du lombric ter-
restre: l'ascaride avance par des mouvements de flexion et de redres-
sement, et non par l'allongement et la rétraction successifs des
diverses parties de son corps, comme le fait le ver de terre ; sa tête ne
peut s'effiler comme celle de ce dernier animal \ elle n'est point sus-
ceptible d'un mouvement de vrille ; elle ne peut donc s'insinuer
entre les fibres des tissus, après avoir pris, comme on l'a dit, la forme
d'une pointe acérée et résistante. Ces assertions n'eussent point été
avancées, si, au lieu d'examiner la progression d'un ver de terre,
on eût examiné celle d'un ascaride.
La perforation de l'intestin par le simple refoulement des fibres de
ses parois ayant été admise, on. a conclu que ces fibres, après le pas-
sage de l'entozoaire, reviennent sur elles-mêmes par leur élasticité
et leur contractilité propres et ferment l'ouverture laissée parle lom-
bric ; c'est de cette manière que Mondière explique l'absence de
perforation de l'intestin dans certains cas où l'on ne peut nier qu'elle
n'ait existé à un moment donné; en outre, par une sorte de cercle
vicieux, l'absence de la perforation de l'intestin dans ces cas, fournit
au même auteur la preuve que l'ouverture de sortie a été pratiquée
par l'action même du ver, car autrement elle ne se fût pas fermée
aussi facilement.
Si, dans les faits rapportés par Mondière à l'appui de son opi-
nion, on n'a point trouvé l'ouverture qui avait livré passage aux asca-
rides, c'est que, sans doute, entre le moment où la perforation s'est
opérée et celui où l'on en a fait la recherche, il s'est écoulé un espace
de temps assez long pour permettre à l'ulcération de se cicatriser, ou
bien c'est que cette recherche, faite généralement sur un individu
vivant et sensible, n'a pu être complète (2).
intestins par les vers ascarides et des tumeurs vermineuses des parois abdominales
{V Expérience. Paris, 1838, t. II, p. 65).
(1) De Blainville, Appendice à Bremser, ouvr. cit., p. 537.
(2) Nous donnons ci-après l'analyse des observations rapportées par Mondière
comme des exemples de perforations pratiquées activement par des vers, ce sont':
une observation de Hufeland (voy. Vers dans le péritoine, p. 182, cas III), une
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 17*)
Pour expliquer la formation de certains abcès vermineux des
parois de l'abdomen, le même auteur a supposé que •> des vers, agglo-
mérés en nombre plus, ou moins grand, séjournent dans un point
limité des intestins, le dilatent, l'enflamment,, lui font contracter des
adhérences avec les parois abdominales auxquelles se propage l'in-
flammation, qui se termine par la formation d'un abcès qui s'ouvre au
dehors au bout d'un temps plus ou moins long (1).»I1 ne s'agit plus de la
perforation active des intestins par les lombrics ; ces vers agissent ici
passivement. Ce mode de perforation est une simple hypothèse, qui
n'est basée sur aucune observation anatomique. Pour admettre cette
explication, il faut admettre aussi que des ascarides réunis en peloton
séjournent dans le même point de l'intestin pendant un temps très
long, car nous avons vu que leur contact, même quand ils sont accu-
mulés en grand nombre, est compatible avec l'intégrité du tube
digestif; or, pour déterminer l'inflammation des membranes de l'in-
testin, l'adhésion de la tunique séreuse aux parois abdominales, et
finalement l'ulcération, il faudrait que ce contact se prolongeât pen-
dant un assez grand nombre de jours. Des ascarides vivants res-
teraient-ils tout ce long espace de temps sans se déplacer sponta-
nément1? Vivants ou morts, ne seraient-ils pas déplacés et chassés
par les contractions de l'intestin? Dans tous les cas leur présence ne
produirait point d'autres effets, sans doute, que ceux qui résultent de
l'aecumulation des fèces.
Les observations que Mondière a rassemblées et rapportées à
l'appui de son opinion sur la formation des tumeurs vermineuses par
l'accumulation des ascarides lombricoïdes dans un point du tube di-
gestif, ne prouvent nullement que les choses se soient passées comme
ill'a supposé (2). Des faits nouveaux, observés sanssystèmepréconçu,
des recherches nécroscopiques surtout, mais non des suppositions
et des hypothèses, apporteront des lumières dans cette question.
IL Voyons maintenant les faits.
Les cas de perforation intestinale attribuée à l'ascaride lombri-
coïde se présentent dans deux conditions principales :
autre de Velpeau (voy. Vers sortis par un alcès par congestion, chap. vu, p. 204,
cas VI), et six cas de tumeurs vermineuses (voy. catég. I, p. 195 et suiv., cas IV,
V, VII, VIII, IX, X).
(1) Mondière, Mém.cit., p. 71.
(2) Nous donnons ci-après 1'aDalyse de ces observations, qui sont les cas XI,
XII de la catég. I, p. 196 et suiv.; X, XII, XV, XXXI, XXXII, XXXIII, XXXVII,
de la catég. II, p. 199 et suiv., et le cas III de ténia erratique, p. 114.
180 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VO/LS DIGESTIVF.S
1° Les vers, ayant traversé l'intestin, sont tombés dans la cavité
péritonéale ;
2° Ces animaux, ayant traversé l'intestin et la paroi abdominale,
sont arrivés au dehors.
§ I. — fers dnns la cavité du péritoine.
L'intestin grêle, à l'état sain, flotte librement dans le ventre ; tout
ascaride qui le traverse arrive donc nécessairement dans le péritoine;
il en est de même pour toute la portion de l'estomac et du gros in-
testin que revêt la membrane séreuse. Des accidents de péritonite et
une mort rapide suivront un tel accident. Lorsqu'on n'aura pas re-
connu, pendant la vie, les symptômes de là péritonite, ou, à l'au-
topsie, les caractères anatomiques de cette affection, on devra
conclure que l'arrivée de l'ascaride lombricoïde dans la cavité
abdominale s'est faite après la mort. C'est suivant ces vues que nous
allons examiner les faits rapportés par les auteurs.
A. — Absence de péritonite.
I" Cas (Jules Cloquet). — Perforation de Vinleslin grêle.
« J'ai rencontré plusieurs ascarides lombricoïdes dans la cavité du péri-
toine d'une jeune fille, âgée de dix ans, qui mourut à l'hôpital des Enfants,
vers la fin de l'année 4 81 3, à la suite d'une fièvre muqueuse. La membrane
interne des intestins était couverte d'ulcérations arrondies, grisâtres, qui
avaient dans quelques endroits détruit toutes les tuniques. Un lombric fort
volumineux était engagé et comme retenu par le milieu du corps dans une
des perforations de l'iléon ( I ). »
M. Cloquet n'attribue pas les ulcérations nombreuses ni les perfo-
rations à l'action des lombrics. Nous ne rapportons ce fait que pour
n'en omettre aucun; il nous fournit, d'ailleurs, l'occasion de donner
quelques explications sur des circonstances qui se présenteront
encore dans plusieurs cas.
Malgré la présence des vers dans le péritoine, il n'y avait pas de
péritonite, car, à défaut des symptômes de cette affection qu'il n'a
peut-être pas été à même d'observer, M. Cloquet en eût reconnu les
lésions anatomiques, et n'eût pas omis d'en faire mention. Si l'on
n'admet pas que les ascarides sont arrivés dans le péritoine après
la mort, on doit admettre qu'ils y sont arrivés fort peu de temps
(1) J. Cloquet, Anat. des vers intest, Paris, 1824, p. G.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 181
avant; en effet, on saitavec quelle rapidité se forment les adhérences
du péritoine et se produit l'épanchement purulent lorsqu'une perfo-
ration donne issue aux matières intestinales. Tous ces vers sont
donc sortis de l'intestin peu d'heures avant la mort du malade,
c'est-à-dire dans un intervalle de temps très court et presque simul-
tanément; cependant, les ulcérations arrondies, grisâtres, qui
avaient dans quelques endroits détruit toutes les tuniques, ne se
sont point formées aussi tardivement ; elles offraient depuis long-
temps, sans doute, aux lombrics une issue dans laquelle quelques-
uns eussent pu s'engager bien avant les autres, et donner lieu à la
péritonite. D'un autre côté, la présence de l'ascaride lombricoïde
dans le péritoine est un fait très rare, puisque nous n'en connaissons
que quinze exemples, et néanmoins l'on voit ici plusieurs de ces ani-
maux dans cette condition chez un individu. Pourquoi cette migration
de plusieurs ascarides à la fois, dans un moment donné et par une
sorte d'accord unanime \ Il faut que la cause qui les a portés à quitter
l'intestin, ait agi sur tous au même instant, à une époque très voi-
sine de la mort, si ce n'est pas après; cette cause que peut-elle être,
sinon la mort même du malade, le refroidissement du cadavre'?
Les vers, fuyant des organes qui ne leur offraient plus de condi-
tions d'existence, se sont engagés dans les perforations ou peut-être
dans les ulcérations qu'ils ont achevées ; l'un des ascarides retenu
dans une perforation qu'il n'avait pu franchir, témoigne assez qu'il
s'y était engagé lorsqu'il était déjà languissant et mourant.
Ainsi s'expliquent la présence simultanée de plusieurs vers dans
le péritoine et l'absence de péritonite.
IIe Cas (Van Doeveren). — Perforation de l'intestin grêle.
Van Doeveren attribue à l'action des lombrics les perforations qu'il ren-
contra chez un enfant dont il fit l'autopsie en 1752, et sur la maladie duquel
il n'eut point de renseignements. Il s'agit d'un enfant de deux ans apporté à
l'amphithéâtre pour des études anatomiques. On trouva, après avoir ouvert
le ventre, deux lombrics enlacés, dont l'un était dans la cavité du ventre et
l'autre, aux deux tiers seulement dans cette cavité, avait le reste du corps
engagé dans une ouverture de l'intestin grêle qui leur avait donné passage.
Par une seconde perforation, située à deux pieds de la précédente, sortait d'en~
viron trois pouces l'une des extrémités d'un lombric dont l'autre extrémité était
engagée dans une troisième perforation ; enfin , une quatrième ouverture con-
tenait encore un autre ver (1 ) .
(1) Vau Doeveren, ouvr. cit., p. 283,
1N2 UIKCHOIVS VJiRMINEUSIiS 1JKS VOIES DIGKS'JllVKS
III'' Cas ( ?). — Perforation de l'intestin grêle.
On trouve dans le Journal d'JIufeland le cas suivant :
« Une jeune fille, âgée de douze ans, meurt hydropique et au dernier degré
de lu diathèse scrofuleuse. Les intestins grêles étaient perforés en cinq ou six
endroits différents, et par ces petites plaies on voyait pendre autant de vers;
d'autres encore furent trouvés dans la cavité abdominale môme, au milieu de
la sérosité épanchée. Les orifices étaient ronds et répondaient entièrement à
la grosseur de ces vers. Il n'y avait pas à penser à une lésion de l'intestin par
le scalpel ; de plus, l'intestin n'était ni gangrené ni aminci , mais plutôt
épaissi (1). »
Voilà deux cas dans lesquels plusieurs vers se déterminent à la fois
à perforer l'intestin. Dans le premier, l'observateur a pu croire qu'un
lombric avait perforé les parois par les deux extrémités de son corps (2) .
L'auteur de la seconde observation n'y met pas plus de critique ; car
il est assez clair que chez cet enfant, mort dans le dernier degré de
la diathèse scrofuleuse, les vers sont sortis par des ulcérations
tuberculeuses, et la situation de quelques-uns des ascarides,
engagés encore dans les perforations intestinales, montre suffi-
samment qu'ils s'y étaient introduits lorsqu'ils étaient déjà mou-
rants.
IVe et Ve Cas (Gaultier de Claubrt). — Perforation de l'estomac.
Une jeune fille fut surprise de convulsions et succomba le sixième jour.
« A l'ouverture du cadavre, M. Gaultier trouva dans l'abdomen distendu onze
vers fort gros et très longs couchés sur la masse intestinale. L'estomac était
percé de trous, au travers desquels avaient passé ces vers; plusieurs y étaient
encore engagés à moitié. Ce viscère, incisé, en offrit dans son intérieur cin-
quante-deux autres. Les intestins n'en contenaient que deux.
» Chez un autre enfant, qui succomba le septième jour d'une affection
semblable, M. Gaultier trouva : 1° une grande quantité de sérosité épanchée
dans le cerveau et dans les ventricules ; 2° des vers lombrics disposés çà et
là sur la masse intestinale. L'estomac était lardé de vers; les uns étaient à
moitié sortis, les autres commençaient à le faire ou étaient près de sortir
(1) Hufelaud, Joum. der pract. Heilkunde, 1334, et Gaz. méd. de Paris, 1834,
p. 489.
(2) Voici une nouvelle preuve de la facilité avec laquelle les faits les plus
absurdes out été admis : « M. Antouucci, professeur de clinique à Naples, dit le doc-
teur Lini, rencontra une fois, à l'autopsie d'un homme mort à l'hôpital des Incu-
rables, l'intestin grêle percé sur six points par trois lombrics, qui, sortis dé ce tube
par trois points différents, y étaient rentrés par trois autres perforations distinctes
qu'ils y avaient faites. » (Il Filiatre sebezioyi831, cité ci-après.)
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 183
entièrement. En tout, il y en avait vingt-sept en cet état, c'est-à-dire engagés
dans ies parois de l'estomac, et trente-six sur les intestins. L'estomac, dur
et volumineux, fut ensuite ouvert; il contenait encore une masse de vers
lombricoïdes (1). »
Est-il besoin de signaler dans ces deux cas l'absence de périto-
nite, la multiplicité des perforations, le nombre des vers sortis \ Qui
donc, en y réfléchissant, croira que les vers ont perforé l'estomac?
Et cependant ces deux faits sont cités partout comme des exemples
irrécusables de perforations opérées par les lombrics. Nouveau témoi-
gnage de la légèreté quia été généralement apportée dans l'examen
de la question.
A l'appui des observations de Gaultier de Claubry, un médecin
de l'hospice civil de Carentan, s'empressa de publier les suivantes qui
peuvent être, en effet, rangées dans la même catégorie.
VIe Cas (Mangon). — Perforation de l'estomac.
Il s'agit d'un garçon âgé de huit ans, scrofuleux, atteint depuis un mois
de diarrhée et de coliques. Il mourut avec des symptômes cérébraux.
«. Autopsie. — Sérosité très abondante dans les ventricules, adhérence du
poumon droit, tubercule sans suppuration dans les deux poumons. Vingt-neu/
vers lombrics morts, disséminés sur la masse intestinale, onze plus ou moins
près de sortir de l'estomac, trente-cinq dans ce viscère et dix dans l'intestin,
qui paraît n'avoir été percé en aucun endroit (2). »
VIP Cas (Mangon). — Perforation de l'estomac.
Un homme de cinquante ans, sujet à la lienterie, est atteint de symptômes
qu'on rapporte à l'iléus. « Le malade meurt le lendemain, et l'ouverture du
cadavre dévoile la faute que nous avions commise : plus de soixante vers lom-
brics étaient morts dans l'estomac, dont quinze près d'en sortir à travers ses
parois percées en cent endroits (3). »
VIIIe Cas (Mangon.) — Perforation de l'estomac.
Un coureur, âgé de trente ans, meurt avec des symptômes cérébraux.
« Autopsie. Abdomen ballonné , couleur jaune de la masse intestinale sur
laquelle se trouvaient cinq vers lombrics sortis de l'estomac ; vingt-deux autres
sont contenus dans cet organe et quarante-sept dans l'intestin (4). »
(1) Gaultier de Claubry père, Nouveau Journ. de méd. chir., etc. Paris, 1818,
t. II, p. 269, et Journ. gén. de méd. chir., etc., de Sédillot. Paris, 1818, t. LXIII,
p. 299:300.
(2) Extr. de la correspondance de Ml le docteur Mangon, etc. [Journ. gén. de
méd. chir. Paris, 1819, t. LXVII, p. 74).
'(3) Mèm. cit., p. 73.
(à) Mém. cit., p. 75.
18'i AFFECTIONS VERMlftEUSES DES VOIES DIGESTIVES
IX» Cas (Fischer). — Perforation du cœcum.
Fischer rapporte l'observation d'une vieille femme qui, par superstition,
s'était privée de toute nourriture et de boisson pendant neuf jours, et qui
avait succombé lentement le dixième. Le cœcum était percé de deux ouvertures
assez larges, autour desquelles existait une inflammation assez étendue. On
trouva quatre ascarides dans les intestins, un cinquième engagé dans l'une
des perforations et un sixième dans la cavité du bassin (<l).
On ne voit pas non plus dans ce cas survenir de péritonite (la
malade avait succombé lentement), et l'on ne peut certes attribuer
les larges perforations et l'inflammation du cœcum aux ascarides
lombricoïdes.
Xe Cas (Becquerel). — Perforation de l'appendice cœcal.
« M. Becquerel communique un cas d'issue de vers lombrics dans la cavité
péritonéale à travers une perforation de l'appendice cœcal ; l'enfant avait
présenté quelques symptômes de fièvre éruptive, et était mort promptement.
On a trouvé plusieurs lombrics dans le péritoine; un d'eux était passé par
l'hiatus de Winslow, dans l'arrière-cavité des épiploons ; deux autres sont
restés comme étranglés dans la perforation que l'on voit à l'extrémité de l'ap-
pendice vermiculaire, et ont empêché l'épanchement des matières stercorales
dans le péritoine (2). »
Dans ce cas, comme dans les précédents, il n'est pas question de
péritonite ; cependant le lombric qui s'est trouvé dans l'arrière-cavité
des épiploons aurait pu, avant d'y arriver, donner lieu aux sym-
ptômes d'une péritonite intense. Nous remarquons encore ici la sortie
de plusieurs lombrics à la fois et, en outre, l'absence de matières
épanchées dans le péritoine. Faut- il attribuer ce dernier fait à
l'occlusion de la perforation par les ascarides? Non, sans doute, car
plusieurs vers l'avaient traversée successivement, et, dans l'inter-
valle, les matières eussent pu s'échapper de l'intestin. Ce fait doit
être attribué, suivant nous, à l'absence, après la mort, des contrac-
tions intestinales sans lesquelles les matières ne pouvaient s'épan-
cher au dehors, et sans lesquelles les lombrics pouvaient se porter
dans la cavité péritonéale. Quant à la cause de la perforation, en
supposant même qu'elle eût été le fait d'un ascaride lombricoïde, ce
(t) Jo. Fischer, Tœnice hydat. hist., 1789, p. 40.
Laënnec et H. Cloquet ont, à tort, rapporté les vers aux oxyures; c'étaient des
lombrics.
(2) Becquerel, Bull. Soc. anat., août 1841, p. 169.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 185
ver a pu la déterminer comme tout autre corps étranger. Pour ne
citer qu'un exemple, on trouve dans le recueil, dans le volume même
où l'observation de M. Becquerel est consignée, le cas d'un enfant
de quinze ans, mort d'uue péritonite déterminée par la perforation
de l'appendice caecal, perforation dont la cause était une graine
de melon qui avait pénétré dans cet appendice (1).
B. — Cas avec péritonite.
XIe Cas (Sédillot). — Perforation des intestins.
Un enfant de quatorze ans meurt de péritonite (?) survenue à la suite de
l'opération de la taille. «.( A l'ouverture du corps, on trouva les intestins per-
forés en différents endroits, et remplis d'une prodigieuse quantité de lombrics
rougeâtres rassemblés par pelotes; plusieurs d'entre eux étaient disséminés
dans la cavité péritonéale (2). »
XIIe Cas (docteur Chambert). — Perforation de l'estomac, péritonite (?).
« Une petite fille de huit ans éprouva une indisposition légère le 1 9 janvier
1 842 ; elle se remît rapidement; mais le 30 elle fut prise de vomissements,
et rendit une grande quantité de liquide noirâtre. L'estomac ne pouvait rien
garder, et l'enfant mourut le jour suivant à cinq heures du matin.
» A l'autopsie, on trouva les intestins complètement recouverts par une
grande quantité de sérosité sanguinolente, et en l'enlevant, la première chose
qu'on découvrit fut un ascaride lombricoïde placé sur l'épiploon. En pour-
suivant l'examen, on découvrit une perforation à la face antérieure de l'es-
tomac, à environ deux pouces de son extrémité pylorique. Toute la surface
péritonéale était injectée et d'un rouge vif (3). »
« L'absence de détails dans cette observation, dit le rédacteur des
Archives de médecine, empêche de déterminer la véritable nature
de la perforation de l'estomac, et de décider si cette perforation a
été réellement produite par le ver. » Nous en dirons autant du cas
de Sédillot ; ni l'un ni l'autre ne peuvent fournir un argument en
faveur de l'opinion qui attribue aux lombrics la faculté de perforer
l'intestin.
XIIIe Cas (Dcben). — Perforation de l'appendice cœcal.
« Un enfant de trois ans neuf mois est transporté à l'hôpital le 1 8 février.
(1) Bull. Soc. anal., janv. 1841, p. 382.
(2) Journ. gén. deméd. chir., etc., de Sédillot. Paris, 1817, t. LX,p. 18i.
(3) Obs. de perforation de l'estomac par un ver, dans Brilisk and foreing med.
Review, avril 1842, et Aich. de méd. Paris, 1842, 3e série, t. XV, p. 353.
tfifi Mll'.CI l()\S VKUMIiNKUSKS DES VQIES DIOESTIVKS
La maladie est caractérisée sous le nom du traohéo-bronchite chronique. Il se
remit assez promplemont, au point qu'il put se lever vers la fin de février
» Le 4 mars, il esl pris d'une fièvre violente, avec douleurs de l'abdomen ;
les symptômes d'une péritonite se développèrent de plus en plus les jours
suivants, et il mourut dans la soirée du 7, dans un état d'épuisement.
» On trouva des dépôts tuberculeux dans le cerveau, les poumons et Vin-
testin grêle. Le processus vermiforme était rongé dans tout sou pourtour par
un ulcère, et offrait une longue ouverture. On trouva dans l'abdomen, au mi-
lieu d'une exsudation séro-purulenle , quarante-sept ascarides de diverses
grandeurs (1). »
» L'auteur pense, dit le rédacteur de la Gazette médicale, que ce
sont les ascarides qui ont déterminé la perforation de l'appendice et
occasionné la perforation. Nous croyons que la déchirure de l'appen-
dice a été causée par l'ulcère qui l'entourait, et qu'il en est résulté
une ouverture suffisante pour livrer passage aux vers. »
a Nous n'avons rien à ajouter à ces remarques.
XIVe Cas (Pinnoy). — Perforation du jéjunum.
Il s'agit d'une malade âgée de quinze ans ; elle entra à l'hôpital le 7 jan-
vier 1856. « A son entrée, elle se plaignait de céphalalgie, de douleur de
ventre, d'inappétence et de soif; elleétait prise d'une fièvre légère, qui aug-
mentait cependant un peu vers le soir; les selles étaient retardées.
» Le 9, tous les symptômes, qui auraient pu faire croire à une fièvre mu-
queuse commençante, avaient cessé. Les jours suivants, l'amélioration con-
tinua, mais dans la nuit du 12 au 13, survinrent tout à coup dans le ventre
de fortes douleurs, des vomissements verdâtres avec fièvre très intense ; la
langue était chargée d'un enduit blanchâtre ; la soif vive. Le ventre était très
ballonné et douloureux à la pression, notamment à la région hypogastrique
(15 sangsues sur le ventre; cat. émoll. op.). Le 15, les douleurs abdomi-
nales avaient beaucoup diminué; les vomissements avaient cessé. Le 17, tout
allait bien.
» Le 18, cette jeune fille mourut presque subitement, alors qu'elle
semblait en pleine convalescence. De nouvelles douleurs abdominales extrê-
mement violentes et une grande gêne de la respiration avaient marqué ses
derniers moments.
» A l'autopsie, on trouva des signes bien manifestes de péritonite ; mais,
outre ces lésions, on observa un vers lombricoïde, long de 5 à 6 pouces,
"logé dans un repli de l'épiploon gastro-colique et engagé dans une petite ouver-
ture ronde pratiquée dans ce repli. » L'auteur ajoute que le paquet intestinal
(1) G. de Duben (de Stockholm), Journ. fur Kinderkrankhciten, et Gas, méd.
de Paris, 1857, n" 7, p. 109.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 187
ayant été enlevé, on y constata la présence de plusieurs lombrics. « On le
remplit ensuite d'eau, et l'on vit bientôt suinter quelques gouttelettes à tra-
vers une ouverture qui existait à la partie supérieure et antérieure du jéju-
num. A l'extérieur, cette ouverture était arrondie, comme si elle avait été
faite par un emporte-pièce; autour de ses bords, il n'existe ni ramollisse-
ment, ni aucune autre lésion. A l'intérieur, l'ouverture était également ronde,
et en tout semblable à l'autre. Le canal intestinal ne présentait nulle part
de traces d'une autre lésion; la muqueuse avait son aspect normal, sans
ramollissement d'aucune sorte (4). »
L'auteur attribue-t-il les symptômes de péritonite qui survinrent
le 12, à l'arrivée du lombric dans la cavité abdominale? Non, proba-
blement, car les phénomènes de la péritonite eussent nécessairement
persisté en s'aggravant. Attribue-t-il la mort à l'arrivée du lombric
dans le péritoine, le 18? alors comment se fait-il que cette mort ait été
presque subite ? Si nous cherchions à nous expliquer la marche des
phénomènes, nous pencherions à croire que dans une fièvre typhoïde
légère, il s'est fait une petite perforation qui a donné lieu le 12, aux
symptômes delà péritonite, et que six jours après l 'ascaride lombricoïde
s'étant engagé dans cette perforation, a déterminé des phénomènes
plus intenses qui ont occasionné la mort de la malade. Mais, malgré
cette explication, il reste dans la relation du fait beaucoup d'obscu-
rité autant par le défaut de précision des circonstances qui ont pré-
cédé la mort, que par les circonstances de l'autopsie. En effet, on.
devrait conclure de la lecture de cette observation que le lombric,
après avoir perforé l'intestin, a perforé encore un repli de l'épiploon
gastro-colique ! Il y a dans cette observation une absence de critique
qui lui ôte certes toute valeur.
XVe Cas (docteur Royer) . — Perforation de l'intestin grêle, 'péritonite.
« Gouvenot fils, à Joinville, âgé de douze ans, un peu maigre, mais assez
fort et habituellement bien portant, rendant de temps en temps par l'anus des
vers, prit, le 4 5 avril 4 848, du semen-contra qui lui fil mettre bas une
grande quantité de lombrics (au moins trente), lorsque, quatre jours après,
et sans cause appréciable, se portant bien, il survint tout à coup de violentes
douleurs abdominales, qui ne lui laissèrent pas de repos, puis des vomis-1
sements.
» Appelé près du malade, je constatai une tension et une très grande sen-
sibilité du bas-ventre, un faciès pâle, exprimant la souffrance, un pouls petit,
(1) P. Piunoy, Ann. de la Soc. de méd- d'Anvers, et Gaz. méd. de Paris, 1857,
nu 14, p. ,222» • •,
188 AFFECTIONS VEKMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES
fréquent, des vomissements bilieux, jambes et cuisses fléchies sur l'abdomen;
enfin, je diagnostiquai une péritonite violente qui, malgré le traitement éner-
gique quo je lui opposai, amena la mort en moins de vingt-quatre heures.
» Autopsie. 1° Épanchement de matières intestinales liquides dans le péri-
toine, facilement reconnaissables par leur odeur et leur couleur; 2° les signes
d'une péritonite aiguë générale commençante; 3° la présence d'un ascaride
lombricoïde dans le péritoine, au milieu de ce liquide. Ce ver, qui était mort
et de moyenne dimension, "correspondait à la portion inférieure de l'intestin
grêle, à l'iléon, ce qui me fit penser qu'il devait y avoir une perforation intes-
tinale dans les environs; 4° en effet, en examinant avec soin, je trouvai une
perforation de l'iléon en avant et à 3 centimètres de son union au caecum ;
cette ouverture est petite, directe (c'est-à-dire qu'elle ne rampe pas entre les
tuniques intestinales), et laisse encore échapper quelques matières liquides
de l'intestin ; elle ne semble pas produite par un emporte-pièce, comme si
elle était l'effet d'une ulcération ; elle paraît, au contraire, avoir été produite
par un instrument piquant, qui aurait agi en écartant les fibres plutôt qu'en
les coupant ou en les déchirant. Ses bords ne sont le siège d'aucun travail
inflammatoire, ce qui indique sa formation récente ; 5° la muqueuse intesti-
nale est normale; il n'y a ni ramollissement, ni ulcération dans ce canal,
qui renferme encore plusieurs lombrics dans son trajet (4), »
D'autres cas d'ascarides lombricoïdes dans le péritoine ont encore
été rapportés par quelques auteurs, mais nous n'en avons pu tenir
aucun compte dans la question qui nous occupe, soit parce qu'ils sont
complètement dénués de détails, soit à cause des circonstances mêmes
de ces faits (2). .
(1) Docteur Royer de Joinville, Bull. Acad. méd., 1855, t. XXI, p. 18.
' (2) 1° Dans un cas observé par/. Harderus, des vers furent rencontrés dans la
cavité du ventre sans qu'on eût trouvé de perforation des intestins (Joan. Jacob.
Harderus, Prodromiphys., cap. vu, p. 104, cité par Bonet, Sepulc, t. II, p. 267,
lib. III, sect. xiv, obs. IX).
2° Dans un cas de perforation intestinale qu'il attribue aux vers, Hunerwolf
rapporte que la malade en vomit, mais il ne dit point qu'où en eût trouvé dans le
péritoine (Bonet, Sepulc., t. II, p. 268).
3° Lazare Rivière parle de deux sœurs mortes des vers. Chez l'une, on trouva dans
le bas-ventre des vers qui avaient perforé les intestins, et surtout le côlon. Chez
l'autre, on trouva des vers qui non-seulement avaient percé les intestins, mais qui
avaient encore corrodé et excavé le foie et le cœur. Point de détails (Laz. Riverius,
obs. IV, cité par Th. Bonet, Sepulc., t, II, p. 219, lib. III, sect. xiv, obs. XII).
4° Dans un cas observé par Soye, un ulcère du côlon, large à laisser passer le
poing, était bouché par un peloton de vers plus gros encore. Il n'est pas dit qu'il
y en eût dans le péritoine (Collect. acad., part, étrang., t. VII, p. 29).
5° Laurent Heisler rapporte sous ce litre : De lumbricis in cavo abdominis repertis
inleslinisque ab lis perforatis, le cas d'un enfant de sept ans- chez qui l'on trouva à
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 189
Ainsi, sur quinze cas d'ascarides lombricoïdes dans le péritoine
dont on peut tenir compte pour juger la question des perforations
opérées par ces animaux, le siège de la lésion a été six fois l'es-
tomac, trois fois le cœcum et six fois l'intestin grêle ; d'où il résulte
que la perforation a eu plus fréquemment pour siège la partie de
l'intestin que les lombrics n'habitent pas naturellement.
Quant à l'existence de la péritonite, elle n'a été mentionnée que
dans trois cas (obs. XIII, XIV, XV) ; dans deux autres, elle n'a été
que très vaguement indiquée (obs. XI, XII) ; on a donc tout lieu de
penser que dans les sept cas où les lésions de la péritonite n'ont point
été remarquées, les lombrics sont arrivés dans le péritoine après la
mort. Le nombre, quelquefois très considérable de vers sortis dans
tous ces cas, vient confirmer cette vue, car il faut que la cause qui
les a fait sortir des intestins ait agi sur un grand nombre à la fois.
Cette cause nous la trouvons, avons nous dit déjà, dans le refroidis-
sement du cadavre; en effet, les parasites n'ont généralement point
de tendance à quitter la partie qu'ils habitent tant qu'ils y trouvent
l'autopsie des lombrics dans la cavité péritonéale, et dans l'intestin grêle une
tumeur ulcérée. « Tumor durus, rubens; aliquot foraminibus pervius se monstra-
« bat, per quœ foramina vermes sine dubio transieruut. »; [Acla physico-medica
Acad. cur. «ai., 1727, t. I, p. 391, obs. CLXX1I).
6" « Molinetti trouva, ditMorgagni, autant et même plus de lombrics; car, outre
ceux dont tous les intestins étaient remplis et farcis, il y en avait d'autres qui
étaient sortis du tube intestinal perforé comme un crible, et qui remplissaient de
tous côtés la capacité du ventre; mais ce fut après la mort que ceci fut observé. »
(De sed. et caus. morb., épist. XXXIV, § 36.)
7° « Bonnet, dit Baumes, rapporte l'histoire d'un enfant de deux ans qui mourut
dans des convulsions horribles, et dans le cadavre duquel on trouva le duodénum
percé par un strongle qui était encore vivant. » {Traité des convulsions, p. 256.)
8° Un homme meurt peu d'heures après avoir reçu dans le ventre un coup de pied
de cheval. La paroi abdominale est intacte, cependant l'on trouve à l'autopsie l'in-
testin grêle déchiré, et dans le péritoine des matières épanchées avec deux ascarides
lombricoïdes (cité dans Rudolphi, Flist. nat., t. I, 433).
9° Unenfantdedix-huitmois meurt dans le marasme ; à l'autopsie, on trouve une
perforation du diamètre d'une lentille dans l'intestin grêle, un petit épanchement
dans la cavité péritoniale et un grand ver lombric dans le eœcum. On attribue la
perforation à ce ver (cas observé par le docteur Jubim et rapporté par Sigaud,
ouvr. cit., p. 427).
10° P. Frank rapporte que, chez un individu âgé de quinze ans, il trouva le dia-
phragme gangrené, et dans l'oesophage une ouverture par laquelle cinq ascarides
lombricoïdes s'étaient glissés dans la cavité abdominale. Un de ces animaux avait
passé à travers le^diaphragme et s'était logé derrière les poumons {ouvr. cit.,
p. 370),
490 AFFECTIONS VERMINliUSUS DKS VOIES DIGESTÏVES
des conditions d'existence ; ils se hâtent, au contraire, de l'aban-
donner dès que ces conditions leur font défaut. Ce fait s'observe
chaque jour sur les nombreux épizoaires que l'on voit à l'extrémité
des plumes ou des poils chez les animaux récemment tués. Les ento-
zoaires, dans les mêmes conditions, cherchent de même bien certai-
nement à quitter l'organe qui se refroidit, et c'est dans leur agita-
tion qu'ils rencontrent ou qu'ils achèvent les perforations qui leur
livrent passage ; de là, la multiplicité des vers émigrés; de là, l'ab-
sence d'accidents consécutifs à leur migration. Combien de fois n'a-
t-on pas trouvé à Yautojjsie des vers dans l'œsophage, dans le pha-
rynx ou bien accumulés en grand nombre dans l'estomac, car, une
fois introduits dans ce viscère, ils n'en rencontrent pas facilement les
issues et ils y restent forcément ! Combien de fois n'en a-t-on pas vu
sortir spontanément, après la mort, par la bouche ou par le nez!
Enfin n'ai-je pas trouvé plus d'une fois dans la cavité péritonéale
d'animaux tués à la chasse, des vers qui étaient sortis de l'intestin
à travers des trous faits par des grains de plomb!
Si l'on ajoute à ces raisons, la largeur des perforations ou leur
multiplicité, on verra qu'aucun des onze premiers cas ne peut être
invoqué comme un argument en faveur de l'opinion qui attribue aux
lombrics la faculté de perforer les intestins. Parmi les quatre derniers
cas, les observations XII, XIII et XIV ne sont pas plus démonstra-
tives par des raisons que nous avons données déjà. Reste un cas
unique, celui que rapporte M. Royer. Quand toutes les circonstances
du fait eussent été bien observées, un seul cas dans cette question
ne peut être concluant. Examinons donc les autres, ceux de perfora-
tion intestinale avec issue des lombrics à travers la paroi abdo-
minale.
§ II. — Vers traversant les parois abdominales.
Nous ne ferons point l'examen particulier de chacun des cas dans
lesquels les observateurs ont supposé que des vers avaient eux-
mêmes produit la lésion qui leur avait livré passage. Plusieurs de
ces faits ont été relevés et réduits à leur juste valeur par Rudolphi (1),
Bremser (2), M. Cruveilhier (3). Nous nous bornerons ici aies con-
sidérer d'une manière générale.
(1) Rudolphi, Hist. nat. cit., p. 142 et 435.
(2) Bremser, ouvr. cit., p. 387.
(3) Cruveilhier, Dict. de mécl. etchir. prat. Paris, 1831 , t. VII, p. 341.
CHEZ L'HOMME. — LOMÎiRICS ERRATIQUES. 1<H
Le nombre des observations qui nous sont connues se monte à
quarante -neuf (1). Déjà, nous ferons remarquer que l'intestin grêle
étant entouré pour ainsi dire de toute part par le péritoine, que l'es-
tomac et le gros intestin étant en grande partie dans la même condi-
tion, le nombre des cas d'ascarides tombés dans le péritoine à la
suite d'une perforation que ces vers auraient pratiquée, devrait
dépasser de beaucoup le nombre des cas dans lesquels les lombrics,
pour traverser l'intestin et les parois abdominales, doivent sortir par
les parties du tube digestif non recouvertes de la membrane séreuse;
cependant, nous n'avons relevé que quinze observations de perfora-
tion de l'intestin avec des vers dans la cavité péritonéale, et vingt-
trois si l'on tient compte de celles que les auteurs attribuent à la
gangrène de l'intestin, à quelque violence extérieure, et de celles
qui sont dénuées de tout détail.
Les observations de vers sortant à travers la paroi abdominale
donnent par région :
A l'ombilic 19 cas.
 l'aine, 21
Dans d'autres parties 7
Or, si les vers renfermés dans l'intestin en pratiquaient la perfo-
ration, leur sortie devrait avoir lieu dans toutes les régions indis-
tinctement. Pourquoi donc généralement se fait-elle à l'ombilic ou
dans l'aine?
Ces cas se répartissent suivant les âges de la manière suivante :
A l'ombilic, individus âgés de moins de quinze ans. ... , 15
— individus âgés de plus de quinze ans 4
Dans l'aine, individus âgés de moins de quinze ans 2
— individus âgés de plus de quinze ans 19
Ainsi, généralement, les lombrics sortent par l'ombilic chez les
enfants, et par l'aine chez les adultes (2).
(1) Nous donnons ci-après plusieurs de ces cas in extenso, l'analyse ou l'indication
des autres (voy. chap. vi et vu) ; il en est dont nous n'avons pu tenir compte
dans les considérations qui suivent à cause de l'absence de détails.
(2) Voici les âges indiqués dans les cas où l'on ne s'est pas borné à dire un
enfanl, un homme, etc. :
Ombilic : 1, 3, 3, 5, 7, 7, 9, 11,12, 14, 14, 40 ans.
Aine : 14, 27, 33, 35, 36, 40, 44, 45, 50, 60, 70 ans.
192 AFFECTIONS YERMhNF.USES DUS VOIES DIGEST1VF.S
Ces faits parlent d'eux-mêmes : la sortie des lombrics à travers
les parois abdominales est en rapport avec le siège des hernies, plus
fréquentes à l'ombilic chez les enfants, dans l'aine chez les adultes.
Quelle est, en présence de ces résultats, la valeur de quelques faits
particuliers chez lesquels les lésions primitives n'ont pu être bien
appréciées pendant la vie ni déterminées par l'autopsie?
En résumé, d'après les considérations qui précèdent, la question
des perforations opérées par les lombrics ne peut être jugée que par
les cas ou ces vers sont arrivés dans le péritoine. Nous avons vu que,
généralement, cette migration s'opère après la mort et qu'une seule
observation, celle de M. Royer (obs. XV), peut supporter la critique;
mais pour établir un fait en contradiction avec le raisonnement et
l'expérience de chaque jour, il ne suffit pas d'une seule observation,
quelque probante qu'elle paraisse. Nous conclurons donc que les
ascarides lombricoïdes ne perforent pas les parois saines de l'intestin,
soit en les dilacérant, soit en écartant les fibres qui les constituent,
soit en les ulcérant par leur contact prolongé ; mais nous ne nous
refusons point à admettre que dans un intestin ramolli, aminci, ou
profondément ulcéré, la pression de la tête d'un ascaride ne puisse
opérer la déchirure et la perforation des parois.
CHAPITRE VI.
TUMEURS ET FISTULES VERMINEUSES.
Nous croyons avoir établi par les considérations qui précèdent, que
les tumeurs vermineuses se forment consécutivement à quelque lésion
intestinale, telle que l'inflammation, l'ulcération, ou la gangrène.
Leur siège, le plus ordinairement à l'aine ou à l'ombilic, doit faire
présumer que l'étranglement intestinal en est la cause la plus fré-
quente.
Ces tumeurs se présentent dans trois conditions:
I. Le ver, étant sorti de l'intestin, paraît l'unique cause de l'in-
flammation et de la suppuration des parties qui le recèlent. A l'ou-
verture du foyer, il sort un pus de bonne nature, un ou plusieurs vers
et point de matières intestinales ; il ne survient pas de fistules ster-
corales, et la guérison est facile et prompte.
II. Les vers et les matières intestinales sorties de l'intestin pren-
CHEZ L'HOMME. — LOMI5K1CS ERRATIQUES. 193
lient également part à la formation de la tumeur; l'ouverture du
foyer reste plus ou moins longtemps fistuleuse ; la sortie de matières
stercorales, quelquefois celle de nouveaux vers témoignent de la
communication du foyer avec l'intestin.
III. Le ver n'arrive dans un foyer purulent que consécutivement
à son ouverture au dehors.
1° Les cas appartenant à la première section sont rares ; c'est
pour les expliquer qu'on a dit que le lombric traverse la paroi de
l'intestin en écartant ses fibres, lesquelles reviennent sur elles-mêmes
et ferment l'ouverture dès que le ver a accompli son passage. On
peut expliquer d'une i.utre manière l'absence de matières intestinales
dans la tumeur vermineuse: une ulcération petite existe dans une
portion de l'intestin non revêtue par le péritoine ou fixée aux parois
par des adhérences ; le lombric s'engage dans cette ulcération et se
porte dans les parties adjacentes en suivant un trajet oblique, sem-
blable à celui que laisse un instrument qui a été introduit dans une
cavité par la méthode sous-cutanée, ou semblable au trajet de l'ure-
tère entre les tuniques de la vessie.
Dans aucun des cas observés , on n'a déterminé par l'autopsie quelle
portion du tube digestif avait été le siège de la perforation, et même
si cette perforation avait existé dans l'intestin grêle ou dans le gros
intestin.
On a dit que le malade éprouve dans la tumeur une sensation par-
ticulière de frémissement, de ponction ou de picotement, et que la
main y perçoit une sorte de crépitation. Les symptômes et la marche
de ces tumeurs sont ceux des abcès phlegmoneux. Dans tous les cas
connus la terminaison a été heureuse. Le traitement ne diffère point
de celui des abcès ordinaires.
Nous rangerons parmi les faits dont nous nous occupons, quelques
cas de tumeurs de la paroi abdominale accompagnées probablement
d'une faible réaction inflammatoire. D'après certains auteurs, les lom-
brics n'auraient point causé d'inflammation autour d'eux etse seraient
entourés d'un véritable kyste (1). Les deux seuls cas qui nous soient
connus, ont été observés chez des individus vivants. Dans l'un des
cas, la tumeur s'est ouverte spontanément, en l'absence du médecin,
qui a pu être mal renseigné sur les circonstances et les suites de la
rupture du foyer (cas XI); dans l'autre, elle a été ouverte par une
légère ponction (cas XII). L'examen du foyer n'a donc pas été suffi-
(1) Ntëra t-, art. Vehs, Dict. des se. méd. Paris, 182!, t. LVII. p. 217.
DA VAINE. 13
■|i|'i AIILCIIO.YS NLlï.UINLUSliS Dlib SOILS Di&liSTlVliS
saut [joui que l'on ait pu prononcer en connaissance de calice île
l'existence d'un kyste.
2° Les cas appartenant à la seconde section sont beaucoup plus
fréquents et généralement en relation évidente avec une lésion intes-
tinale primitive. La tumeur a pour siège ordinaire la région in-
guinale ou ombilicale. Dans la plupart des cas, elle offre, avant son
ouverture, les mêmes symptômes et la même marche que celle dont
nous venons de parler ; mais elle est quelquefois accompagnée de
phénomènes généraux plus intenses, des symptômes d'une hernie
étranglée; quelquefois il se forme au sommet une eschare plus ou
moins étendue.
L'ouverture spontanée ou pratiquée par le bistouri, donne issue à
du pus, à des matières intestinales, à des vers qui sortent à la fois ou
successivement. La sortie des vers peut avoir lieu plus ou moins im-
médiatement après l'ouverture du foyer, et durer pendant un temps
indéterminé. La plaie dégénère en une fistule qui donne issue aux
matières intestinales. Dans quelques cas, la fistule a paru être en-
tretenue par les lombrics qui s'y engageaient de temps à autre. Ces
sortes de fistules ont guéri souvent spontanément et, disent quel-
ques auteurs, après l'évacuation complète des vers ; mais lorsqu'elles
se sont fermées, on ignorait nécessairement s'il ne restait pas dans
l'intestin des vers dont la sortie ne se faisait plus par le fait même
de la guérison.
Dans certains cas, la fistule ne se guérit point spontanément.
La mort peut être la suite des accidents primitifs de la tumeur ver-
mineuse, ou bien elle survient à la suite des longues déperditions
d'une fistule intarissable.
Le traitement de ces tumeurs vermineuses est celui des abcès des
parois abdominales. Les cataplasmes, l'incision avec le bistouri, des
pansements simples sont les moyens ordinaires de traitement. Si la
plaie est devenue fistuleuse et donne issue à des vers, il est bon de
débarrasser l'intestin decesentozoaires par des purgatifs et des ver-
mifuges, car les lombrics qui s'engagent dans la fistule peuvent l'en-
tretenir et s'opposer à sa guérison. Si, malgré ces moyens, le trajet
fistuleux ne se ferme pas, on devra recourir au traitement ordinaire
des fistules intestinales.
3° On voit quelquefois apparaître parles fistules des parois abdo-
minales qui ont eu une certaine durée, des lombrics qui s'y sont
CHEZ L'HOMME. — LOMBWCS t BRAÎJOUES. 195
engagés comme les matières intestinales mêmes. Ces lombrics n'ont
pris aucune part à la formation du foyer qui a donné lieu à la fistule,
et tout au plus peuvent-ils entretenir celle-ci par leur passage plus
ou moins fréquent.
Les cas appartenant à cette section ne diffèrent point essentielle-
ment des cas de la section précédente ; il n'y a souvent entre eux
qu'une différence dans l'époque de l'apparition des vers au dehors;
nous ne les séparerons pas dans l'indication ou l'analyse que nous
allons faire des uns et des autres.
Première catégorie de faits. — Cas de tumeur vermineuse sans
communication apparente avec l'intestin.
Ier Cas (Ronsseus, 1584). — Hypochondre gauche.
Chez une femme, qui avait une douleur 1res vive dans l'hypochondre
gauche, il survint une tumeur semblable à un abcès ; elle s'ouvrit et il en
sortit immédiatement trois vers de la grandeur du doigt ; aussitôt la malade
se rétablit (1).
IIe Cas (Tulpius). — Aine.
« Sartoris uxori, vivus lumbricus ex inguinis ubi erupit abscessu; verilus
» fuit chirurgus, inde eventurum immedicabile intestinorum ulcus. Sed
» benedixit Deus tam clemenler... ut brevi evaserit, etc. (2). »
IIIe Cas (Willius). — Grossesse, aine droite.
Femme de trente-cinq ans, grosse de quatre mois. Abcès dans les muscles
du bas du ventre, situé entre le pubis et l'os desiles du côté droit. La tumeur
s'ouvrit 'd'elle-même et l'ouverture fut agrandie par le chirurgien; quelques
jours après on retira un énorme lombric de la plaie ; la malade guérit ensuite,
et son enfant vint vivant et à terme (3).
IVe Cas (Lebeau). — Aine droite.
Paysanne de quarante cinq ans; tumeur phlegmoneuse de l'aine droite;
résolution incomplète, puis réapparition de la tumeur; ouverture spontanée
par plusieurs pertuis ; issue d'un lombric long de 7 pouces par l'un de ces
pertuis ; dans l'espace de six semaines, issue de trois nouveaux lombrics. A
aucune époque il n'est sorti de matières intestinales. Guérison complète
quinze jours après la sortie du dernier ver (4).
(1) Balduinus Ronsseus, epist. X (Scftenck).
(2) Nicolai Tulpii Observât, medic., Mb. III, cap. xn, Lumbricus ex inguine. Amst.,
1672, p. 199.
(3) Nicolaii Willii, obs. I, De abscessu musculorum abdominis in fœmïna gra-
vida et lumbrico in abscessu reperlo, in Acla helvelica. Basileœ, 1751, vol. I, p. 73:
(4) Lebeau, Journ. deméd. ehin, elci Paris, 1757, t. VI, p. 96.
196 AFFECTIONS VERMINEUSES DES \UlliS DIGESTIVES
Ve Cas (Cuailly et Michaud). — Bas-ventre.
Enfant do deux ans. Tumeur phlegmoneuse au coté du bas-ventre; ou-
verture spontanée; issuo d'un strongle. Guérison au bout de quinze jours (I).
VI° Cas (Blanchet). — Ombilic.
Le curé de Cour-Cheverny est saisi un jour de violentes douleurs dans la
région ombilicale ; cette partie se tuméfie; au bout de huit jours, lUictualion
sensible dans la tumeur, qui présente à son sommet un point noir. L'ouver-
ture en est faite; un flot de liquide qui s'en échappe entraîne un ver lombric
vivant. Au bout de quinze jours, le malade est bien guéri (2).
VIIe Cas ( ).— Ombilic.
Nègre, âgé de onze ans. Dysenterie; tumeur phlegmoneuse près de l'om-
bilic ; expulsion par les garderobes de quatre-vingt-douze lombrics ; ouver-
ture de la tumeur par le bistouri ; issue de pus de bonne nature et d'un ver
à demi corrompu (3).
VIIIe Cas (docteur Heeb). — Ombilic.
Jeune fille ; vers rendus par la bouche et l'anus ; formation d'un abcès près
de l'ombilic. L'ouverture faite par le bistouri donne issue à du pus et à un
ver mort de 4 à 5 pouces. Une ouverture de communication avec l'intestin
est vainement cherchée. Guérison prompte et complète (4).
IXe Cas (Mondière) . — Abdomen.
Fille de treize ans ayant rendu plusieurs vers depuis quelques mois ; dou-
leur sourde dans un point de l'abdomen, puis tumeur dans le même point.
Incision, extraction d'un lombric vivant. Écoulement de pus sans matières
fécales. Des recherches faites avec un stylet mousse introduit dans le foyer,
ne trouvent point d'ouverture de communication avec l'intestin. Guérison assez
prompte sans accidents (S).
Xe Cas (Destretz).
Destretz est cité par Mondière comme ayant recueilli une observation sem-
blable à celle ci-dessus (6).
XIe Cas (Wanderbach) . — Aine gauche.
Il s'agit d'une femme âgée de trente-six ans, qui avait depuis quelque temps
(1) Chailly et Michaud, Nuovo Giornale, 1795, t. IX, p. 155, cité par Mondière.
(2) Acad. méd., séance du 9 octobre 1827.
(3) Journal des progrès, 1834, p. 382, cité par Mondière.
(4) Heer, Revue médicale, 1837, t. II, p. 450, cité par Mondière.
(5) Mondière, Mém. cil. dans l'Expérience, 1838, t. II. p. 67.
{G) Destretz, Propagateur des sciences médicales, 1825, n" 27, p. 81, cité pur
Mondière.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 197
dans l'aine gauche, un peu en dehors de l'anneau inguinal, une tumeur sans
chaleur, sans rougeur ni douleur, et qui était le siège d'un frémissement con-
tinuel. Après huit jours d'observation, la tumeur rougit au centre; elle se
ramollit et donne de la fluctuation au toucher ; après trois jours, il se forme
« une petite crevasse, assez forte néanmoins pour me laisser apercevoir une
masse de vers, dits lombrics, repliés les uns sur les autres. Je pus obtenir
alors d'agrandir l'ouverture, et je retirai quinze de ces animaux. Après avoir
vidé la poche qui les contenait, j'en examinai attentivement les parois afin de
découvrir s'il n'existait pas une ouverture dans leur épaisseur, et où elle
communiquait. Je voulais me rendre compte de la formation de cette poche
et de l'existence de ces vers; mais je n'en trouvai aucune: le kyste, loin de
paraître dépendre d'une rupture intestinale était, au contraire, très uni, très
lisse, ne contenait point de sérosité et ne portait aucune trace d'inflam-
mation. ...
» Le fond du kyste et la plaie extérieure furent traités méthodiquement.
La malade fut parfaitement guérie au bout de trois semaines, et pendant un
an que je fus à même de la voir, elle n'éprouva aucune apparence de
récidive (1). »
XIIe Cas (Mënard).
« Un homme, âgé de quarante ans, atteint d'une affection intestinale, por-
tait une tumeur rénitenle sur laquelle on appliqua des sangsues et des cata-
plasmes émollients. Le malade se trouva mieux; la tumeur mollit, et huit
jours après M. Ménard, ayant aperçu une crépitation emphysémateuse, acquit
la certitude que la tumeur contenait des vers.
» M. Ménard pratiqua une petite ponction qui donna lieu à la sortie d'une
humeur séro-sanguinolente lactée, puis à plusieurs ascarides lombricoïdes.
Deux jours après, une nouvelle ponction fit sortir plusieurs autres ento-
zoaires (2). »
Deuxième et troisième catégories de faits. — Cas de tumeur
vermineuse en communication avec l'intestin; fistules vermineuses.
A. — Région ombilicale.
Ier Cas (Caballaria).
« Bapt. Caballaria, vir doctus, in agro Mantuano... asseruit mihi se Hun-
» bricos vidisse qui ex ombilico eruperint cujusdam infantis annorum trinm
» plus minus (3). »
(I) Pierre Wanderbach, chirurgien aide-major, Recueil de méd. clnr.pharm.
milit., 1826, t. XVIII, p. 240.
(2! Mondière, Mém. cit., 76.
(3) Omnihonus, lib. IV, cap. xiii, art. Med. itifantwm (Sehenck).
|9H Ml ICI IONS VHUIINI USKS OI'.S VOIF.S MGESTIVES
IT Cas (Petçus Forestus).
Il s'agit (rime femme enceinte, âgée do quarante ans, qui avait un ulcère ii
l'ombilic ; il on sortit des matières comme fécales, plusieurs grands vers et
enfin un us mince, long ot large de doux travers de doigt; rien des suites (1).
IIIe Cas (Nicolas Florentin).
« Mini quideni relatum fuit a lide cligna persona quod a quodam nosiro
■> eomitativo vernies plures ex umhilico egressi simtet vixit (2). »
IVe Cas (TuiNCAviiLLA).
« Ego etenini vidi puerum quinquennem, in quo vermes lii rotundi, perfo-
» rato ventre, per umbilicnni exiere (3). »
V" Cas (Claudu's).
Il s'agit d'un homme qui, souffrant de l'ombilic, en vit sortir des vers après
y avoir mis un emplâtre (4).
V|e Cas (Tnop. Cneulinus).
Une fille de douze ans avait une tumeur à l'ombilic qui s'abeéda ; il en
sortit trois vers lombrics que l'on crut provenir du foie, la malade guérit (5).
VIIe Cas (Salmuthus).
Lombrics sortis par l'ombilic chez un enfant qui avait souffert* de cette
partie pendant quatre ans ; une tumeur s'ouvrit spontanément à l'ombilic, il
en sortit du pus, du sang et des vprs pendant longtemps (6).
VIIIe Cas (Lanzoni).
« Lanzonus in adolescente I k ann. qui post continuam febrem, bine dolorem
» ventris, postea tumorem ad latera umbilici in abscessum vergentem cum
» uberi putridse saniei atque ichoris effluxu, indeque in hac parte teretium
» plurium vermium egressu, summè tandem emaciatus emoriebatur aperto
» statim, ait, sublatum fuit dubium de loco ubi lumbrici fuerunt producti; fuit
» enim notatus et diligenter observatus canaliculus quidam membranosus,
» calami scriptorii magnitudinem et latitudinem adaequans, ducern originem
» a tunica interna inteslini ilei, usque ad peritonœum protensus : per quem
» vermes ab intestino transibant et per abscessum apertum sibimet ipsis pa-
* rabant (7). »
(1) Petrus Forestus, in Scholiis ad ubserv., 35, liv. VII (Schenck).
(2) Nicol. Florent, serm. V, tract. VIII, cap. liv (Schenck).
(3) Trincavella, De ralione cur. part. hum. corp. affeclus, lib. IX, cap. xr.
(Schenck).
(4) DeC. L. V. D. Claudii a S. Mauritio observationibus (Schenck).
(5) Thob. Cneulinus, De observ. propriis (Schenck).
(6) Salmuthus, cent. II, obs. LXI, cité par Bianchi, op. cit., p. 356.
(7) Ephem. nal. cur., ann. 1712, obs. CLXX , cité par Bianchi, op. cit.,
p. 356.
L'HESS L'ilOMMK. — LOMBRICS ERRATIQUES. 199
IXe Cas (Boire ).
Boirel rapporte « que M. Eude, son confrère, a vu sortir par le nombril
d'une petite fille, huit vers semblables à ceux qui s'engendrent dans les intes-
tins, sans aucun abcès dans cette partie ('1). »
Xe Cas (Marteau).
Fille de sept ans, tumeur phlegmoneuse à l'ombilic, ouverture spontanée,
issue de trois lombrics. Pendant six mois des matières chyleuses.du pus, et
treize vers sortent par l'ouverture. Guérison complète après deux ans (2),
XIe Cas (Hamilton).
Enfant de douze mois, plusieurs lombrics sortent par deux ouvertures a
l'ombilic (3).
XIIe Cas (Diego Girone).
Enfant de quatorze ans, douleurs brûlantes dans la région de l'ombilic,
tuméfaction, rougeur, fièvre, un abcès s'ouvre spontanément à l'ombilic. Cinq
jours après issue d'un lombric mort; dans les huit jours suivants, trois vers
sortent encore ; issue de matières fécales. Longtemps après issue d'un autre
ver. A la suite, la guérison se fit assez rapidement (4),
XIIIe Cas (Poussin).
Enfant, ulcère à l'ombilic à la suite de tractions pratiquées, cinq jours après
la naissance, sur le cordon ombilical pour hâter sa chute; fistule consécutive
donnant issue à des matières intestinales (?) ; à l'âge de trois ans, sortie par
la fistule de vers lombrics pendant plusieurs mois (5),
XIV Cas (A. W. Brilman).
Enfant d'un esclave à Batavia, point d'âge, indisposé et dépérissant; on
trouve quelques vers (lombrics) dans les langes pendant huit jours; à la suite
de remèdes anlhelminthiques, il en rendit quatre par les selles, trois par la
bouche, et quatre-vingt-seize par le nombril ; la plaie du nombril se referma
ensuite, et le malade se rétablit (6).
(1) N. B. Blegny, Les nouv. découv. sur toutes les parties de la médecine. Paris,
1679, p. 229.
(2) Marteau, Journ.deméd. Paris, 1756, t. V, p. 100.
(3) Rob. Hamilton, London,med. Journ., 1786, p. IV, n° 2, cité par Rudolphi,
Ent. hist.,t. I, p. 146.
(4) Ilfiliatre Sebezio, 1837, et Gaz. méd. Paris, 1838, t. VI, p. 23).
(5) Poussin, médecin à Lorient, Journ. Corvisart, etc., 1817, t. XL, p. 8J.
(6) Brilman, Vaderl. letter . offen. , 1827 , p. 480, et BuU. ?ç. méd. de Férussac,
1831, t. XXV, p. 340.
'JtMl AFFECTIONS VERM1NEDSES DES VOIES DIGESTJVES
\\ Cas(Lihi).
Enfant figé de sept ans, douleurs abdominales depuis un an. Tumeur rouge
et douloureuse à l'ombilic, ouverture spontanée, issue d'une humeur sanieuse
fétide suivie de celle d'un lombric mort; la plaie reste fisluleuse pendant long-
temps. Un jour il en sort quarante-quatre lombrics vivanls; plus tard, à plu-
sieurs reprises, onze nouveaux lombrics en sortent encore; l'ouverture a en-
suite acquis Ions les caractères des fistules stercorales (1).
XVIe Cas (Coppolà).
Enfant, neuf ans, tumeur douloureuse à gauche de l'ombilic, fièvre, fluc-
tuation, incision. Sortie immédiate de deux lombrics, puis de quarante-cinq
en quelques jours, fistule stercorale. guérison lente (2).
B. — Région inguinale.
XVIIe et XVIIIe Cas (Thomas a Veiga).
Deux individus, attaqués de vers, virent tout à coup sortir par l'aine, des
lombrics qui avaient perforé l'intestin et les parois du ventre. L'un guérit,
l'antre conserva toute sa vie une fislule stercorale (3).
XIXe Cas (Claudius).
Il s'agit d'une femme chez laquelle des vers lombrics sortirent par
l'aine (4).
XXe et XXIe Cas (Hildesids).
Un paysan, âgé de soixante et dix ans, avait un vaste abcès à la région de
l'aine qui fut ouvert, il en sortit d'abord du pus et ensuite quelques lombrics ;
le malade guérit.
Un enfant de dix ans, qui était dans le même cas, mourut quatre jours après
qu'on eut ouvert l'abcès (5).
XXIIe Cas (Cnedlinus).
Un paysan, âgé de quarante ans, eut un abcès dans l'aine qui s'ouvrit spon-
tanément ; il en sortit des matières fécales, et quelques jours après des lom-
brics; le malade mourut (6).
(i) Il filiatre Sebesio, et Gaz. méd. Paris, 1837, t. V, p. 428.
(2) Coppola, dans 11 filialre Sebesio, et Gaz. méd. Paris, 1843, t. XI, p. 192.
(3) Thomas a Veiga, Comment., ad cap. Y, lib. I, De loc. ajf. Gai. , dans Sclienck.
(4) De C. L. V. D. Claudii a S. Mauritio, observalionibus. dans Schenck.
(5) J. F. Hildesius, op. cit., dans Schenck.
(f!) D. Thom. Cneulinus, De suis observalionibus, dans Schenck.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 201
XXIIIe Cas (Reiner Soleîjander).
Il s'agit d'une femme des environs de Dusseldorf, chez laquelle, après de
longues douleurs du ventre, des vers lombrics sortirent par une ouverture
qui se fit dans l'aine droite. Les premiers qui sortirent parurent lumi-
neux (1).
XXIVe Cas (Wollgnad).
Femme qui, en faisant un effort avec les bras, sentit une douleur dans le
ventre, et aussitôt aperçut une tumeur dans l'aine qui acquit plus que le vo-
lume du poing; après de vives douleurs la tumeur s'élant ouverte, il en sortit
un lombric et des matières fétides; mort après trois semaines (2).
XXVe Cas (D'Olaus Borrichius).
11 s'agit d'une femme qui eut un abcès dans l'aine, d'où sortirent deux vers;
elle guérit (3).
XXVIe Cas (Boirel).
Boirel rapporte avoir vu sortir un ver d'un ulcère à l'aine, ulcère qui sem-
blait pénétrer jusqu'aux intestins, chez une femme à l'Hôtel-Dieu d'Ar-
gentan (4).
XXVIIe Cas (Fages).
Homme, vingt-sept ans, tumeur phlegmoneuse de l'aine droite, fièvre, point
de signes de hernie, ouverture par le bistouri, issue de pus fluide, fétide, et
des matières fécales. Quatre vers strongles, morts, assez longs, sortirent du
fond de l'abcès; le lendemain absence de matières fécales dans le pus: guérison
au bout de sept semaines (5).
XXVIIIe Cas (Courbon Perusel).
Garçon de quatorze ans, tumeur à l'aine, ouverture par la potasse caus-
tique, écoulement de pus, et le lendemain issue par la plaie d'un ver lombric:
expulsion par les selles d'un assez grand nombre de ces vers ; guérison (6).
(1) Reiner Solenander, sect. V, cons. 15, § 23, et Ephem. cur. nat., t. I, p. 35,
Supplém.
(2) D. H. Wollgnad, Ephem. nat. cur., 1670, ann. I, p. 283.
(3) Âct. de Copenhague, ann. 1676, obs. 46, et Collect. acad., part, étrangère,
t. VII, p. 315.
(4) Blegny, Nouv. découv., cité p. 230 et 277.
(5) Recueil périodique de la Société de méd., t. V, an VII, cilé par M. Char-
cellay, Mém. cit.
(6) Courbon Pérusel, Mém. cit., 1807, p. 317.
20'2 AFFECTIONS VKHMINEl'SES DES VOIES DIGBSTIVES
XXIX" Cas (Girard).
Femme âgée de cinquante ans ; tumeur à l'aine, eschare gangreneuse, issue
de cinq lombrics; guérison (1).
XXX1' Cas (Saint-Lacrens).
Homme, maire de sa commune, tumeur à l'aine, fluctuation, ouverture
spontanée, issue de pus, de matières stercorales et de deux lombrics.. Un
jour après, deux nouveaux lombrics ; guérison six semaines après (2).
XXXIe Cas (Josë Bicnio de Castro-Torreira).
Femme, quarante-quatre ans, rendant habituellement des vers depuis deux
ans ; tumeur dans l'aine droite du volume d'une noix : la tumeur devient phleg-
moneuse, une eschare gangreneuse se forme au centre; vomissements, fièvre;
ouverture de l'eschare; deux vers lombrics sont extraits de la tumeur; sortie
ultérieure d'ascarides et de matières fécales pendant deux mois environ, admi-
nistration des antbelminthiques ; guérison six semaines environ après la sortie
du dernier lombric (3).
XXXIIe Cas (Denarié).
Femme âgée de soixante ans, ayant souvent rendu des vers lombris depuis
son enfance ; coliques vives, tumeur récente dans la région inguinale gauche,
de la grosseur d'un œuf de poule, rouge et chaude ; ouverture spontanée, issue
de trente-six vers lombrics ; purgatifs, soixante et un lombrics sont rendus par
les selles; guérison prompte (4).
XXXIIIe Cas (Mondièrk).
Femme, âgée de trente-trois ans, qui rendait depuis son enfance de temps
en temps des vers par les garderobes; tumeur du volume d'un œuf de pigeon
dans l'aine; indolore d'abord, elle devient douloureuse au bout de quelques
jours. Sensation particulière dans la tumeur, que la malade compare au frémis-
sement que feraient éprouver des hannetons renfermés dans la main. Selles
faciles; la tumeur est peu douloureuse à la pression, sans fluctuation, petite
tache d'un rouge foncé au centre. Quatre jours après la tache est devenue
noire, gangreneuse; fluctuation obscure dans la tumeur; pulsations senties
par la malade ; incision de Ja tumeur, écoulement de pus de bonne nature ; le
(1) Girard, Journ. de méd. chir. pharm. de Corvisart, etc. Paris, 1810, t. XIX,
p. 312.
(2) J. Saint-Laurens, médecin de l'isle en Jourdain, Journ. gén. de méd., etc.,
de Sédillot, 1817, t. LX, p. 182.
(3) Diario gen. de las scienc. rned. Barcelona, mars 1827, et Archiv. gén. de
méd., 1828, t. XVII, p. 99.
(4) Reperlorio délie scien se mediche del Piemonle, et Ga:. méd. Paris, 1837, t. V,
"p. 571.
CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 203
lendemain douze vers lombrics sortent ou sont extraits par la plaie; dix-sept
vers sortent dans les trois jours qui suivent; issue de matières fécales; gué-
rison dans l'espace de quelques semaines (1 ).
C. — Régions diverses de l'abdomen.
XXXIVe Cas (Ch. Roesler). — Hypochondre droit .
Une femme vit sortir un ver assez grand, et ensuite du pus par une ouver-
ture qui se fit sous l'hypochondre droit. Dans les scolies de cette observation,
Winchler dit que le ver s'est formé dans l'abcès par l'action de la putré-
faction [2).
XXXVe Cas (Ch. Fr. Garmann). — Région pubienne.
La femme d'un boulanger eut sous l'ombilic, et près du pubis, un abcès de
la grosseur d'une noix qui s'ouvrit spontanément; il en sortit des matières
fécales, et peu après cinq vers lombrics; des anthelminthiques firent évacuer
plus de cent vers ; guérison en trois semaines (3).
Garmann prononce qu'il y eut là une perforation causée par les lombrics,
car, dit-il, Schenck a rassemblé plusieurs histoires semblables.
XXXVIe Cas (Boirel). — Partie inférieure du thorax .
« Un homme avait une plaie au côté gauche, sur la quatrième des côtes, à
compter de bas en- haut, et qui en montant transversalement, pénétrait la
capacité du thorax entre la cinquième et la sixième. Pendant les six premiers
jours cette plaie rendit une fort grande quantité d'eau claire... Un mois après,
un ver se présenta à l'entrée de la plaie, long de sept ou huit travers de doigt ;
la sortie de ce ver fut suivie de celle de quelques autres qui parurent quatre
jours après (4). »
XXXVIIe Cas (G. Guastamachia). — Ligne blanche.
Fille âgée de cinq ans, chute et contusion du côté droit du corps ; à la suite
état de maladie et de morosité pendant deux mois ; alors, coliques vives, expul-
sion de vers par les selles et le vomissement, tumeur rouge et douloureuse de
la ligne blanche, à quatre travers de doigt au-dessous de l'ombilic ; ouverture
spontanée, issue de pus et de vers lombrics vivants. L'ouverture reste fistu-
leuse, elle se ferme et se rouvre de temps en temps, et donne issue à des ma-
tières sanieuses et à de nouveaux vers, fièvre, dévoiement, amaigrissement,
mort dans le marasme (5).
(1) Mondière, Mém. cit. dans l'Expér., t. II, p. 71.
(2) Ephem. nat. cur., 1672, deç. I, anu. 3, p. 476.
(3) Ephem. nat. cur., 1670, dec. I, ann. I, p. 283.
(4) Extrait d'une lettre de Boirel, lieutenant des chirurgiens d'Argentan, dans
Blegny, ouvr. cit., lett. vu, p. 274.
(5) Giovanni Guastamacchia , dans II fttiaire Sebcsio, et Gaz. méd., 1837,
p. 570.
'20l\ AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGÈSÎtVES
CHAPITRE VII.
CAS DE LOMBRICS ERRATIQUES QUI NE SE RAPPORTENT A AUCUNE
DES CATÉGORIES PRÉCÉDENTES.
Ier Cas (Stoerck). — Parois de l'intestin.
Stoerck rencontra des lombrics dans l'épaisseur môme des parois de l'in-
testin chez une femme sujette aux vers, et qui péril de consomption (1).
IIe Cas (Brera). — Sac herniaire.
Brera dit avoir trouvé des lombrics dans un sac herniaire (2).
IIIe et IVe Cas (Lepelletier). — OEsopliage.
Sous ce tilre: Perforations organiques produites par les vers intestinaux,
Lepelletier rapporte deux cas dont l'un concerne un enfant de douze ans, chez
lequel l'œsophage offrait un ulcère inégal de six à huit lignes à peu près. Deux
vers lombrics occupaient la partie inférieure du lobe pulmonaire moyen, un
troisième était encore engagé dans l'ulcère, un paquet de six de ces vers se
trouvait dans le conduit, œsophagien. « Ces vers ont détruit l'épaisseur des
parois œsophagiennes, dit l'auteur... lever encore engagé clans celte même
ouverture lève tous les doutes qui pourraient s'élever à cet égard. »
L'autre cas est relatif à une fille de cinq ans dont l'œsophage offrait une
perforation d'un pouce nu moins d'étendue, dans laquelle se trouvait engagé un
lombric volumineux ; deux autres occupaient la partie correspondante du
rachis; trois étaient encore dans l'œsophage. La perforation ne peut être
expliquée, suivant l'auteur, que par l'action rongeante des insectes indi-
qués (3).
Ve Cas (Peyre). — Abcès lombaire.
Peyre trouva trois lombrics dans les muscles de l'épine d'un homme, qui
mourut avec un vaste abcès lombaire (4).
VP Cas (Velpeau). — Abcès par congestion.
Jeune homme de dix-sept ans ; carie vertébrale ; plusieurs ascarides lombri-
coïdes sortis par le trajet fistuleux d'un abcès ouvert à la partie supérieure de
l'aine gauche, point d'issue de matières fécales ; à l'autopsie, la perforation de
l'intestin n'a pas été retrouvée (5).
(1) An nus medicus, t. II, p. 228, cité par Brera, Mer»;, p. 208.
(2) Mém. prim. cit., p. 208.
(3) Lepelletier (du Mans), Journ. univ. et hebdom. de méd., etc., I83I, I. IV,
p. 365.
(4) Journ. de méd., 1785, t. LXV, p. 360, et Brera, Mal. verm., p. 208.
(5) Archiv. de méd., 182ri, t. VII. p. 329.
CHEZ L'HOMME. — • XRICHOCÉPHALE. 203
VIP Cas (Duret). — Abcès par congestion.
Mondière rapporte qu'un cas analogue au précédent a été observé par
Duret (I).
VIIIe Cas (Malacarne). — Région périnéale.
« Mon collège Malacarne, dit Brera, trouva des lombrics dans un abcès situé
entre la partie inférieure de l'intestin rectum et l'utérus (2).
IXe Cas (Jules Cloqdet). — Région sacrée.
a En 1808, j'ai rencontré sur le cadavre d'un enfant de cinq à six ans,
trois lombrics volumineux, qui s'étaient logés sur la face antérieure du sacrum,
dans l'écartement des deux feuillets séreux du mésorectum, et n'avaient
déterminé aucune inflammation dans cet endroit ; ils étaient sortis de l'intestin
par une perforation ulcéreuse du commencement du rectum (3). »
Les cas d' ascarides lombricoïdes ayant pénétré dans la vessie,
seront rapportés à propos des vers des voies urinaires.
CINQUIÈME SECTION.
TRICHOCÉPHALE DE L'HOMME (St/HOpS,, II0 7*2).
DÉNOMINATIONS :
Trichuride, Rœderer et Wagler, Wrisberg, etc.
Trichocephalus dispar, Rudolphi, Bremser, etc.
Tricocéphale sans pareil, Fortassin.
Trichoccphale de Vhomme, Gœze, Dujardin, etc.
En Italie, Tricocefalo.
Le trichoccphale n'est connu que depuis un siècle ; il fut découvert
pendant l'épidémie de fièvre muqueuse (1760-1761) dont Rœderer
et Wagler nous ont donné l'histoire. Morgagni cependant l'avait
déjà observé, comme l'a rappelé Rudolphi, mais ce fait était passé
inaperçu (4). Un élève de Rœderer, faisant une préparation anato-
mique de la valvule iléo-ceecale, aperçut quelques petits vers dans
les matières du csecum ; Wrisberg qui était présent, pensa que ces
(1) Thèse de Paris, ii" 14, 1814, citée par Mondière.
(2) Brera, ouvr. cit., p. 208.
(3) J. Cloquet, Mém. cit., p. 5.
(4) Morgagni, Epist. anat , xiv, § il, cité par Rud., Bibl., n" 51.
FlG. i. — Trichocépliale de l'homme. — 1. Mâle, gran-
deur naturelle. — 2. Femelle, grandeur naturelle.
— 3. Extrémité céphalique grossie. — 4. Extrémité
caudale du mâle, grossie ;.bb, spicule ; ce, gaîne du
spicule.
20(3 AFFECTIONS VERMINE/USES DES V01LS DIGESTIVES
vers appartenaient à une espèce nouvelle, niais Wugler, alors pro-
secteur, et quelques autres jeunes médecins les prirent pour des
oxyures ou pour de jeunes
lombrics. Rœderer interve-
nant dans la discussion, re-
connut avec Buttner que ces
vers étaient d'une espèce nou-
velle à laquelle ces savants
donnèrent le nom de trichu-
ris, car l'extrémité amincie
du ver avait été regardée
commerextrémitécaudale(l).
Gœze, en 1782, reconnut que
l'extrémité amincie est au
contraire la tête, ce qui fit
substituer au nom précédent
celui de trichocéphale .
L'erreur relative à l'extré-
mité céphalique de ce ver ne fut pas la seule commise par Rœderer,
Buttner et par beaucoup d'autres médecins ; les différences grandes
qui existent entre le mâle et la femelle firent croire que les individus
de l'un et de l'autre sexe appartenaient à une espèce différente.
Rœderer poursuivit ses recherches : trompé par la nouveauté de
la découverte, par la coïncidence d'une maladie jugée nouvelle aussi,
il attribua trop facilement à l'épidémie de fièvre muqueuse qui régnait
alors, la grande quantité de trichocéphales observés par lui dans tous
les cadavres (2).
Le trichocéphale de l'homme existe le plus ordinairement dans le
cœcu m, moins souvent dans le côlon; on en voit aussi quelquefois
dans l'intestin grêle. Wrisberg en a trouvé clans le duodénum ;
jamais il n'en a rencontré dans l'estomac.
Un trichocéphale trouvé chez un homme dans l'amygdale gauche,
a étérapporté au trichocephalus affinis (voy. Synopsis, n° 73) , espèce
qui vit dans le caecum chez le mouton et chez d'autres ruminants;
mais il est bien probable qu'il s'agit ici d'un trichocéphale dispar
chassé de l'intestin et de l'estomac par le vomissement (3).
(1) Rœderer et Wagler, ouït, cil., préface de H. Aug. Wrisberg, § 5, uute.
(2) Wrisberg, § 5, noie.
(3) « At a post rnortem examination of James Flack, of the 75"' régiment, at
CHEZ L'HOMME. — TRICHOCÉPHALE. 207
Ces vers sont probablement fixés pendant la vie aux parois intes-
tinales, par leur tête qu'ils enfoncent dans la membrane muqueuse ;
Wrisberg dit qu'ils font pénétrer l'une ou l'autre de leurs extrémités
dans Y orifice des glandes de Peyer ou des follicules muqueux ;
Bellingham dit, au contraire, qu'ils sont libres et que leur tête est
rarement appliquée contre l'intestin.
Le trichocéphale existe chez des individus de tout âge : Wrisberg
en a vu chez des enfants de deux ans ; chez les adultes il est extrê-
mement commun. Rudolphi, de même que l'auteur précédent, en a
trouvé dans presque tous les cadavres humains qu'il a examinés ; il
en a compté plus de mille dans le gros intestin d'une femme (1).
» Pendant dix ou douze années, dit Mérat, les cadavres que j'ai
ouverts à la clinique de la Faculté de Paris, m'en ont offert, et j'en ai
montré aux élèves toutes les fois qu'ils ont désiré en voir, même dans
ceux qui avaient succombé à une mort violente et dans l'état le plus
parfait de santé (2). » Beaucoup d'auteurs ont fait la même remarque;
pour nous, ayant examiné au microscope les garderobes d'un grand
nombre d'individus atteints de maladies diverses, nous avons ren-
contré des œufs de trichocéphale dans au moins la moitié des cas.
Le plus souvent, ces vers sont peu nombreux ; on n'en trouve quel-
quefois qu'un seul, mais, dans certaines affections, et en particulier
» the army gênerai hospital, Fort Pitt Châtain, one spécimen of this entozoon (tri-
«chocephalus afflnis) wasfound imbedded ou cutting ioto the left tonsil, wich was
» considerably enlarged and in a gangrenous sloughy condition. This species, first
» described by Rudolphi, has not, according to this observer, been hitherto disco-
» vered in the human subject. On submitting the spécimen to examiuation under the
;> microscope, it was found to be a female. It is preserved in the muséum, of Fort
» Pitt. « (Microscopic Journal. London, 1842, p. 94.)
On sait que les caractères qui distinguent le trichocephalus dispar d'avec le Iri-
vhocephalus affinis sont surtout apparents dans le mâle; quant à la femelle, elle
est fort semblable dans les deux espèceSj d'où l'on a même tiré la dénomination
de la seconde (trichocéphale voisin) ; or, lé spécimen observé dans une amygdale,
étant une femelle, peut avoir donné facilement lieu à une méprise, et nous pou-
vons d'autant plus le croire, qu'il n'est pas fait mention des caractères d'après les-
quels on a rapporté ce trichocéphale à celui que l'on ne connaît encore que chez des
ruminants. Quoique l'on n'ait point observé le trichocéphale dispar dans l'es-
tomac chez l'homme, il se peut cependant que le ver dont il est ici question, ait
été rapporté des intestins dans l'estomac par des efforts de vomissement, et ensuite
dans le pharynx, d'où il a pu facilement s'introduire dans les anfractuosités de la
tonsille.
(1) Rud., Hist. nat,, t. II, p. 91.
(2) Mérat., Dict. se. méd., art. Trichocéphale, p. 560.
208 AFFECTIONS VERMINEUSES DES \01iiS DIGEST1VES
dans la fièvre typhoïde, on les trouve ordinairement en plus grand
nombre que dans d'autres maladies.
Le trichocéphale paraît exister dans toutes les contrées du globe;
outre les observations précédentes qui prouvent sa fréquence en Alle-
magne et en France, nous citerons celles de Bellingham à Dublin,
qui trouva dans les cadavres de vingt-neuf individus (hommes ou
femmes), vingt-six fois le trichocéphale (1); celles de Cooper, chirur-
gien deGreenwich, qui le trouva onze fois, sur dix-sept sujets (2); celles
du docteur Thibault qui, ayant examiné à Naples les cadavres de.
quatre-vingts individus morts du choléra ou d'autres maladies, con-
stata chez tous la présence de ces vers (3). Pruner rapporte qu'en
Syrie et en Egypte, le trichocéphale est extrêmement commun chez
les enfants (4), et M. Leidy rapporte également qu'il est- commun
aux Etats-Unis chez les enfants des Anglo -Américains et des
nègres (5).
Le mode de propagation du trichocéphale est analogue à celui de
l'ascaride lombricoïde. Les œufs, expulsés avec les fèces, ne se déve-
loppent que plusieurs mois après, dans les eaux qui les ont entraînés
delà surface du sol; rapportés, sans doute, ensuite dans le tube
digestif par les boissons, leur coque est dissoute par les sucs intesti-
naux, et l'embryon est rendu libre (6).
Les phénomènes ou les symptômes déterminés par la présence
des trichocéphales dans le tube digestif sont tout à fait ignorés.
Un médecin connu pour avoir donné une édition des œuvres de
Chopart, Félix-Pascal, dit, dans un mémoire sur les trichocéphales,
que ces vers déterminent, lorsqu'ils sont très nombreux, les phéno-
mènes pathologiques suivants : le pouls est petit, concentré, irrégu-
lier, intermittent, la face rouge ; les yeux sont saillants-, il existe de
la céphalagie, des pincements dans le bas-ventre, etc. ; mais personne
depuis n'a vérifié ces assertions. L'auteur rapporte l'observation
d'une petite fille âgée de quatre ans, qui mourut avec des accidents
(1) O'B. Bellingham, Dublin Journ., 1838, et Arch. de méd., 3e série, t. II,
p. 104.
(2) Cité par Curling, Ment, infrà cit., p. 14.
(3) Eneyclographie des se. méd., août 1837, Soc. sav., p. 183 (cité par Curling).
(4) Pruner, ouvr. cit., p. 244.
{o) Leidy, Synops. cit., a" 142.
(t>_ C. Davaine, Mém. cit.
CHLZ L'ilOMMli. — OXYUlîE VERMICULAIKE. 209
cérébraux et chez laquelle il trouva, à l'autopsie, une quantité pro-
digieuse de trichocéphales occupant le caecum et le côlon (1).
On n'a possédé, jusqu'aujourd'hui, aucun signe qui pût faire dia-
gnostiquer l'existence de ces
animaux dans les intestins, car
il n'est pas ordinaire de les
voir dans les garderobes ; cela
n'arrive guère que chez des
malades atteints de diarrhée
grave ou de la dysenterie (2) , *»■ 5- jj£du l™»°c«Pliale- - «■ sr°ssi ™ f°is ;
mais l'examen microscopique
des matières fécales rend le diagnostic facile et certain. Les œufs de
ces vers se trouvent en grand nombre dans les matières évacuées (3).
SIXIÈME SECTION.
oxyure vermiculaire (SyriopT. \ n° 55).
DÉNOMINATIONS :
Aa»apî;, Hippocrate, Aristote, Galien, Oribase, iEtius, etc.
Ascaris. Pierre de Abano, Cœlins Aurelianus, Mercurialis, etc.
Parvus, Avicenne trad., P. de Abano. — Gracilis, P. de Abano.
Parvus gracilis, Sérapion. — Parvus et rctundus, Sillanus.
Parvus ac tenuis, Actuarius.
Curtus gracilis, Gordon. — Curtus et rotundus, Arnauld de Villeneuve.
Le petit et grêle, ascaride, Ambr. Paré.
Ascaris vermïcularis, Linné. — Ascaride vermiculaire, Cuvier.
Oxyure vermiculaire, Bremser.
Noms usités en Allemagne: Der Pfriemenschwanz, Kinderwurm, Masldarmwurm,
Madenwurm, die Arschmade, Darmschabe. — En Hollande, Aarsmade. — Dane-
mark, Smaa spolorme, Boerneorm. — Suède, Barnmask'. — Angleterre, Bots,
maw-worm, small thread like worm. — Italie, Ascaride vermicolare. — A Tu-
male (Afrique centrale), Humdéjen.
(1) Observ. sur des vers trichocéphales, par M. Pascal, médecin de l'Hôtel-Dieu
de Biie-Comle-Robert (Bull. Soc. méd., n° 3, p. 59 et suiv.).
(2) Bremser {ouvr. cit., p. 445) dit n'en avoir observé qu'une fois dans les
garderobes ; c'était chez une petite fille de six ans qu'il traitait du ténia. Cette enfant
avait à la fois le ténia, des lombrics, des oxyures et le trichocéphale.
M. le docteur Danet m'a remis des trichocéphales trouvés dans les garderobes
d'une malade qui en rendait de temps eu temps.
(S) Voyez pages 51, 52.
ZiO An i.mioy- \i'i:mini-.usi:s dès \oiis blGfeS'l'lViis
Lus oxyures Verihibuldifés ÈéjOilfnent dans le grdsiîitcstin cl prin-
cipalement dans le rectum. Ordinaircinent ils en occupent la partie
inférieure ; ils s'insinuent entre h s replis de l'anus et se fëpËtident
même uu dehors.
des vers existent généralement en nombre considérable, et se
trouvent quelquefois agglomérés en masses assez volumineuses.
(Quoique expulsés par centaines spontanément ou par l'effet des re-
mèdes, on les voit souvent, au bout de quelques jours, reparaître en
très grand nombre.
Les enfants sont beaucoup plus sujets aux oxyures que les adultes ;
toutefois l'on en est atteint à tout âge. On voit des vieillards qui en
souffrent ou qui en ont souffert, à plusieurs reprises, depuis leur
enfance.
On ne sait rien de précis touchant l'influence du régime sur le déve-
loppement de ces vers ; celle des
saisons est également fort peu
certaine. Beaucoup d'auteurs di-
sent les oxyures plus communs
au printemps et en automne;
P. Frank dit qu'ils sont plus nom-
breux et plus animés aux appro-
ches du printemps que dans
l'automne.
Les oxyures existent dans
toutes les contrées de l'Europe ;
d'après Pruner, ils sont très com-
muns chez les enfants en Syrie
et en Egypte (1) ; ils existent en
nombre considérable chez les
FlG. 6. — Oxyure vermiculaire.— 1. Individus de Egyptiens, au dire de Bilharz : il
grandeur naturelle. — 2. Extrémité céphalique _> j. 1 j. j
grossie. - 3. Extrémité caudale grossie. - n est PaS rare de trouver dans
4. Tête fortement grossie; a, bouche munie de \eS cadavres Qu'on OUVre au
trois lèvres ; b b, renflements latéraux. . \ -, c ■
Caire, a la fois cent anchylosto-
mes, vingt à quarante lombrics, dix à vingt trichocéphales, et quel-
ques milliers d'oxyures agglomérés en pelotons (2). D'après Tutschek,
(1) Pruner, ouvr. ciL, p. 244.
(2) Ein Beilragc ziïf Ilelminthog raphia humana ans brieflklien Êïïhh'é'dûngep
derD" Bilharz in Cairo, nébsl Bemèrïcùrigèn von prof. C. Th. v. Siebold('ieiischrif(
fur vbissenschafltïche Zoologie, viërter Band» p. 83. Leipzig, 1853).
CHEZ L'HOMME. — OXYURE VEIîMICULAIRE. 2ll
ils existent à Tumale (Afrique centrale) (1), et d'après M. Leidy ils
sont, chez les Anglo-Américains, les plus communs de tous les
vers (2).
La présence des oxyures se décèle par des phénomènes patholo-
giques plus fréquemment, peut-être, que celle d'aucun autre ver. Ces
entozoaires causent ordinairement dans le rectum une irritation
sourde, des douleurs lancinantes, du ténesme, et à l'anus un prurit
vif, intolérable, qui se propage quelquefois jusqu'aux organes génito-
urinaires. Ces phénomènes s'exaspèrent à certaines heures qui va-
rient suivant les individus ou, peut-être, suivant l'époque des repas.
Ordinairement les malades sont vivement tourmentés aux approches
de la nuit, et principalement lorsqu'ils viennent de se mettre au lit.
Il y a dans le retour de ces douleurs une périodicité si constante,
dans quelques cas, qu'on ne peut, suivant Lallemand, l'expliquer que
par le retour périodique des phénomènes digestifs qui se terminent
dans la dernière partie du gros intestin (3).
Chez un jeune malade observé par M. Cruveilhier, ces retours
étaient tellement réguliers que ce savant praticien crut avoir affaire
à une affection intermittente. Voici le fait:
» J'ai donné mes soins à un enfant de neuf à dix ans qui était
réveillé toutes les nuits à la même heure par des douleurs intoléra-
bles à la région de l'anus ; ce malheureux enfant poussait des cris,
se comprimait le fondement et se traînait dans l'appartement. La
périodicité de ces douleurs me fit d'abord penser à une fièvre inter-
mittente: je lui administrai le sulfate de quinine en potion, puis en
lavements, mais sans effet. J'eusl'idée que ces douleurs périodiques
pouvaient tenir à des oxjures ; je priai de m'envoyer chercher à
l'heure de la douleur; j'examinai l'anus et je trouvai au fond des plis
plusieurs de ces petits animaux qui s'agitaient avec beaucoup de
vivacité. Un peu d'onguent gris posé sur l'anus pendant plusieurs
jours, enleva les douleurs avec la cause. Quelques années après,
les douleurs s'étant reproduites, le même moyen les dissipa immé-
diatement (4). »
(1) Teste Djalo Djondan are apud Tutschek (Diesing).
(2) Leidy, Synopsis cite', n° 107.
(3) Malgré tout mon respect pour l'illustre professeur, je suis peu disposé à par-
tager cette opinion, par la considération que les heures des repas varient suivant
les provinces, et que partout on a signalé l'existence des démangeaisons aux appro-
ches de la nuit.
(4) Cruveilhier, art. Entozoaires, cité p. 337.-
2U AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIUESUVES
Le lait suivant est rapporté par Bianchi dans son Historia hepa-
tica :
» Un de mes amis, âgé de 1 route ans, souffre depuis longtemps
des ascarides (oxyures), mais seulement d'une manière périodique.
Chaque jour, à neuf heures du soir, une multitude de ces vers accu-
mulés au -dessus de l'anus, lui causent pendant une heure entière,
c'est-à-dire jusqu'à dix heures, une titillation si fâcheuse que pen-
dant tout ce temps i! ne peut vaquera aucune affaire. A toute autre
heure, il est parfaitement en repos. Ce phénomène existe constam-
ment à toutes les époques de l'année. >■ Bianchi, rapportant de nou-
veau ce Fait longtemps après, ajoute que le malade, alors d'un âge
avancé, souffrait encore quelquefois, mais très rarement de ces
oxyures (1).
Chez les individus atteints d'un certain nombre d'oxj-ures, les
selles sont ordinairement faciles, molles, fétides , enveloppées de
mucosités épaisses et teintes quelquefois de stries de sang. Chez
ces malades, la diarrhée est fréquente; souvent, ils sont tristes et
abattus.
Il est, en général, facile de s'assurer par l'inspection des parties
que les démangeaisons et les douleurs du rectum et de l'anus tien-
nent à la présence des oxyures. On trouve fréquemment quelques-
uns de ces vers entre les replis du sphincter ou dans les environs ;
il en sort aussi de temps en temps avec les matières fécales.
L'examen de la marge de l'anus ne fait reconnaître aucune affec-
tion cutanée dans le voisinage, mais la membrane muqueuse qui
tapisse le sphincter est injectée, rouge, gonflée, enduite d'un mucus
épais et quelquefois sanguinolent. Elle est parsemée d'une multitude
de petits points rouges qui, suivant Lailemand, sont dus ainsi que
la démangeaison, aux piqûres produites par la queue des oxyures.
Quoique l'examen de la marge de l'anus et celui des matières
fécales suffisent généralement pour faire constater l'existence des
oxyures, il arrive quelquefois que ces vers échappent à l'inspection ;
dans ces cas, leur existence peut être mise en évidence par l'admi-
nistration de vermifuges continuée pendant plusieurs jours, ou par
celle de lavements froids.
Outre les phénomènes locaux, qui sont les symptômes les plus
ordinaires de la présence des oxyures dans le rectum, ces vers occa-
(I) Bianchi, ouvr. cil., p. 25C.
CHEZ L'HOMME. — OXYURE VtP.MK'.L'LAIP.n. 213
sionnent encore des phénomènes ou plutôt des affections s\'mpathi-
ques plu>. ou moins graves. Noos ne parlons pas des attaques con-
vulsives, de la chorée, de l'épilepsie, de la catalepsie, etc., qui peu-
vent être produites parles oxyures aus^i bien que par le ténia ou par
l'ascaride lornbricoïde, et dont nous avons cité des exemples voyez
p. 53) ; nous voulons parler des désordres graves que ces vers pro-
duisent chez quelques individus, dans les fonctions des organes
génitaux .
Plusieurs observateurs ont fait mention de l'excitation que les
oxyures, bien que renfermés dans le rectum, occasionnent dans les
organes sexuels, excitation qui peut être portée au point de faire
naître, même chez des hommes d'un certain âge, l'habitude de la
masturbation. Wichmann rapporte un fait de ce genre, et le traduc-
teur du Traite des vers de Bremser, dit en avoir vu trois exemples
chez des hommes âgés de dix-huit, vingt, et quarante ans \\). 3Iais
c'est surtout dans le jeune âçre que l'on voit les oxyures produire
cette funeste habitude; en effet, les démangeaisons et les élance-
ments que ces vers, si communs chez les enfants, occasionnent à
l'anus et dans le rectum se propagent jusque dans les parties géni-
tales, provoquant des érections plus ou moins fréquentes et persis-
tantes, des sensations incommodes ou douloureuses dont ces petits
malheureux cherchent à se soulager par des attouchements perni-
cieux. Alors la masturbation s'établit, quoique les parties sexuelles
ne soient pas encore développées. Elle s'établit aussi de la même
façon chez les adultes qui n'ont point la force de résister à des exci-
tations dont ils ne comprennent pas toujours tout le danger; ces
derniers peuvent encore, sous l'empire de ces excitations, se livrer
à des actes vénériens excessifs et sans proportion avec leurs besoins
et leur puissance ; de là résultent bientôt des conséquences graves
pour leur santé.
Enfin, l'irritation consécutive à la présence des oxyures dans le
rectum produit quelquefois des pertes séminales involontaires: Lalle-
mand en rapporte plusieurs exemples dans son célèbre ouvrage sur
les perb s séminales [2). Ces pertes involontaires, souvent mécon-
nues, peuvent devenir assez fréquentes pour altérer profondément
la santé de l'individu qui en est affecté, et entraîner tout leur triste
(1) Bremser, ouvr. cil., p. 356, note.
(2) I.alleniand, Des pertes séminales involontaires. Paris, 1842, t. III.
"1\!\ AFFECTIONS VBRMINEUSES DES VOIES MGLSTIVIS
OQrtéfifd d'acoidenta et de misères. L'état de ces tabescents a quelque
eh se de particulier dont il importe de parler:
v Les malades dont les pertes séminales sont provoquées par les
ascarides, a dit le célèbre professeur de Montpellier, conservent seuls
des érections, des rêves erotiques, et des désirs vénériens dans les
dernières périodes de la maladie, quelles que soient la faiblesse et
l'altération de l'économie ; mais tous ces phénomènes ont quelque
chose de bizarre et d'irrégulier, qui ne permet pas de les confondre
avec ceux qu'on observe à l'état normal. Les érections sont énergi-
ques, opiniâtres pendant la nuit ; elles reviennent même souvent
dans la journée d'une manière importune, dès que le corps est en
repos, quoique l'imagination ne soit occupée d'aucune idée lascive,
mais elles ne reparaissent pas, du moins avec la même énergie,
lorsque ces malades le désireraient le plus ardemment. Ainsi, malgré
cette espèce de satyriasis, ils sont réellement impuissants... D'un
autre côté, si les rêves de ces malades ont rapport à la génération,
ils sont sales et dégoûtants plutôt qu'agréables. Ils rappellent sou-
vent des accouplements d'animaux qui ont été remarqués pendant la
veille, ou des rapports monstrueux, impossibles, des scènes de pédé-
rastie, de bestialité, etc., et c'est au milieu de ces images repous-
santes qu'ont lieu les pollutions nocturnes,
» Pendant la veille, l'attention de ces malades, leurs pensées habi-
tuelles, leurs préoccupations involontaires ne sont tournées que vers
des objets de même nature.. . J'ai toujours vu ces tabescents affligés
de la direction involontaire de leurs idées sans pouvoir les maîtriser
tant qu'ils étaient tourmentés par des ascarides ; ils ne m'ont plus
parlé de rien de semblable dès qu'ils en ont été délivrés (1).
" Un autre symptôme remarquable, c'est la fréquence d'élance-
ments douloureux qui partent de la base de la verge pour se terminer
à l'extrémité du gland, semblables à des coups de canif, entremêlés
d'une espèce de rongement continuel vers la fosse naviculaire. Ces
sensations ont de l'analogie avec celles que produit la présence d'une
pierre dans la vessie, et elles poussent aussi le malade à se tirailler
le prépuce pour les faire cesser ou du moins pour en diminuer l'im--
portunité.
» Il est clair que ces sensations ne peuvent être provoquées que
par la piqûre de la partie du rectum qui tapisse la prostate et la por-
tion membraneuse de l'urèthre. Je n'ai pas besoin de dire que les
(1) Lallemand, ouvr. cit., t. III, p. 116.
CHEZ L'HOMME. — OXYURES ERRATIQUES. 215
pollutions nocturnes et diurnes sont dues à la même cause, dont l'ac-
tion s'étend aux vésicules séminales.
» J'ai parlé ailleurs des érections importunes, des rêves erotiques,
des désirs vénériens qui persistent chez les tabescents malgré l'affai-
blissement général de l'économie, le trouble de toutes les fonctions
et même la perte delà virilité. Ces phénomènes ne peuvent se conci-
lier que par l'action des ascarides ; aussi n'existent-ils simultané-
ment que dans les cas où les pertes séminales sont entretenues par
les oxyures ; leur rapprochement doit donc faire soupçonner aux pra-
ticiens l'existence de ces parasites (l). »
Lallemand rapporte sept observations de pertes séminales pro-
duites par la présence des ascarides dans le rectum. Dans la plupart
des cas, les pertes existaient depuis plusieurs années et avaient pro-
duit sur l'état physique et moral des malades des effets désastreux.
Tous ont été guéris par un traitement dirigé contre les oxyures. Ces
faits et les réflexions du célèbre professeur qui les rapporte sont
d'un haut intérêt ; leur étendue ne nous permet pas de les donner ici.
Oxyures erratiques. — Le séjour des oxyures dans la partie infé-
rieure du tube digestif, explique comment ces entozoaires ne sont
jamais rejetés par le vomissement, et comment ils ne se montrent
point erraiiquement dans les organes où nous avons vu pénétrer l'as-
caride lombricoïde. Les oxyures remontent rarement jusqu'au caecum
et bien plus rarement encore dans la partie du tube digestif supé-
rieure à cet organe.
Le fait de Brera qui dit avoir trouvé plusieurs masses de ces vers
dans l'œsophage d'une femme morte d'une fièvre lente nerveuse, a
été généralement révoqué en doute par les helminthologistes (2).
P. Frank rapporte plusieurs faits semblables : « Une société médi-
cale d'Angleterre, dit-il, parle d'un malade qui en rejeta une grande
quantité par le vomissement. Un enfant nous présenta, à Vienne
en 1802, un cas absolument semblable ; chez un autre enfant du
même âge, qui venait de succomber à une violente cardialgie, nous
trouvâmes le ventricule rempli de cette espèce de vers ; ils étaient
encore adhérents aux parois de ce viscère ; nous déposâmes la pièce
anatomique au muséum de Vienne (3). »
Des faits aussi exceptionnels demanderaient, pour se faire accepter,
(1) Lallemand, ouvr. cil., t. III, p, 247.
(2) Malad. verm. cit., p. 45.
(3) P. Frank, ouvr. cit., t. V, p. 347.
216 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DI&Ë&TIVES
une description détaillée des entozoaires ; car on sera toujours dis-
posé à croire que l'observateur s'est trompé non seulement sur l'es-
pèce, mais même sur la nature de ces vers.
Quant aux parties voisines de l'extrémité inférieure du tube
digestif, elles sont, au contraire, assez fréquemment visitées par les
oxyures. Ces vers sortent de l'anus et se répandent quelquefois sur
le périnée et les cuisses. Chez les femmes et surtout chez les petites
filles, ils pénètrent dans la vulve et remontent dans le vagin.
Les oxyures qui ont pénétré dans la vulve ou le vagin y détermi-
nent un prurit violent, une inflammation vive, un écoulement leucor-
rhéiqùe opiniâtre, accompagnés de rougeur et d'excoriations duclitoris
et des petites lèvres. Par suite des démangeaisons irrésistibles qu'ils
occasionnent, ils conduisent les malades à des habitudes perni-
cieuses. On a même vu, sous l'influence de la titillation de ces ento-
zoaires, survenir des accès très intenses de nymphomanie.
D'après quelques observateurs, les oxyures pourraient encore s'in-
troduire et vivre dans l'utérus et dans la vessie ; mais les faits qu'on
rapporte sont peu vraisemblables ; nous en parlerons à propos des
vers des voies urinaires et de ceux des organes de la génération.
Enfin l'on a rapporté à des oxyures des vers d'un autre genre
ou des animaux qui n'étaient peut-être pas des vers ; tels sont
ces prétendus oxyures de l'estomac de l'homme qui auraient été
observés par Wulf, et qui sont des vers de l'estomac du chien ob-
servés par Wolff (l) ; tels sont encore ces vers semblables à ceux du
fromage que Biancbi dit avoir été trouvés dans le cerveau d'un jeune
homme (2) et dont quelques auteurs ont fait des oxyures.
SEPTIÈME SECTION.
TRAITEMENT DES ENTOZOAIRES INTESTINAUX DE L'HOMME.
Les moyens de combattre les vers sont préventifs ou curatifs :
A. La connaissance du mode ou des différents modes de propaga-
tion des entozoaires peut seule fournir les moyens de nous préserver
(1) Voyez Tubercules vermineux.
(2) Bianchi, op. cit., p. 346. — Ces vers étaient probablement des larves de
mouche.
CHEZ L'HOMMli. — TRAITEMENT. 217
do leurs atteintes. Les progrès récents de l'helminthologie, en dissi-
pant pour quelques-uns de ces parasites l'obscurité profonde qui
couvrait leur origine, nous permettront de donner quelques préceptes
à cet égard.
L'ignorance où nous sommes encore du mode de transmission du
bothriocéphale s'étend nécessairement aux moyens de prévenir son
invasion. Il n'en est pas de même du ténia; on connaît du moins
l'une des conditions de sa propagation, et l'on ne peut douter que
la cuisson des viandes ne soit la cause de la rareté de cet entozoaire
chez les peuples de l'Europe.
L'ascaride lombricoïde et le trichocéphale se développent en
dehors de l'homme, dans les eaux qui croupissent ou qui coulent
dans le voisinage des habitations ; c'est avec ces eaux que les œufs
déjà développés sont portés dans l'intestin ; on préviendra donc l'inva-
sion de ces vers par l'usage de boissons extraites des fruits, comme
le vin ou le cidre, ou préparées à une haute température, comme la
bière et le thé, par la cuisson des mets, des potages, etc., par
l'usage domestique d'eau filtrée ou, tout au moins, puisée dans les
grands cours d'eau, clans les puits artésiens, dans les sources vives,
et enfin par des habitudes de propreté, qui font souvent défaut chez
les habitants des campagnes, et surtout chez les enfants.
L'introduction des larves du lombric ou du trichocéphale dans
l'économie humaine est purement accidentelle ; leur développement
chez l'homme est donc un simple accident. Les théories anciennes
relatives à la génération de ces vers, la cachexie vermineuse, l'état
helminthiasique ne sont que des rêveries dont les inductions ne doi-
vent plus nous occuper. Bientôt personne ne cherchera plus dans un
état particulier des humeurs, dans les saburres des premières voies,
la cause de l'ascaride lombricoïde, et ne prescrira plus, pour prévenir
son invasion, l'évacuation de ces saburres par des vomitifs ou des
purgatifs fréquemment répétés; personne ne verra dans l'usage des
fruits, du laitage, des aliments farineux, une condition de son exis-
tence.
Il se peut que certains états de l'économie favorisent le dévelop-
pement des entozoaires; sous ce rapport, il en est, sans doute, des
parasites internes comme des parasites externes, et l'on sait, en effet,
que les femmes et les enfants sont plus souvent atteints de vers que
les hommes et les adultes; mais, comme l'on ne voit point l'acare de
la gale ou les pediculi envahir l'homme qui se tient éloigné du con-
tact de ces parasites, de même l'on ne verra point les vers se pro-
21S AFFECTIONS \ rmilNl'.Hsr.s dis VOIES QiftIÎSTIVES
pager chez les individus qui se mettront à l'abri des sondiiions ( j u i
les propagent. Toutefois, ces considérations ne sont probablement
point applicables à l'oxyure qui se reproduit dans l'intestin même.
Sa présence paraît, dans quelques cas, entretenue par une disposi-
tion particulière de l'économie ; on a cité bien des faits qui le prou-
vent; nous en connaissons plusieurs, et particulièrement celui d'un
homme, âgé de près de soixante et dix ans, qui, depuis l'âge de six
ans, est forcé de se purger fréquemment, tous les mois même, pour
se débarrasser de ces hôtes incommodes et sans cesse renaissants.
B. La thérapeutique des entozoaires intestinaux doit varier sui-
vant l'espèce du ver et la portion de l'intestin qu'elle habite, suivant
l'âge et l'état de santé de l'individu affecté.
Les médicaments anthelminthiques se comportent soit comme
excitants des sécrétions et des mouvements de l'intestin à la faveur
desquels les entozoaires sont expulsés, soit comme agents toxiques
à l'égard de ces animaux. Généralement tout anthelminthique agit
sur plusieurs des espèces qui habitent le tube digestif, mais il en
est qui possèdent une action plus marquée sur tel ou tel ver.
Les vermifuges peuvent être administrés de plusieurs manières
qui, suivant les circonstances, recevront une indication particulière.
Dans le plus grand nombre des cas, ces médicaments doivent
être administrés par la bouche; ils arrivent ainsi plus directement
sur les vers qui se trouvent accidentellement dans l'estomac ou sur
jeux qui habitent l'intestin grêle et même le csecum. Pour les vers
qui séjournent dans le gros intestin, les anthelminthiques auront
plus d'action administrés en lavement.
Chez les petits enfants, chez ceux qui, par suite d'une affection
intestinale, ne supporteraient pas les vermifuges à l'intérieur, on
trouvera quelque avantage à les appliquer extérieurement, soit en
fomentations, soit en onctions sur le ventre, soit en bains. Les anthel-
minthiques qui peuvent être administrés ainsi, sont : la santonine,
la tanaisie, l'absinthe, le camphre, etc.
Dans certains cas, comme ressource extrême, on pourrait in-
jecter le médicament dans les veines. Nous avons rapporté l'ob-
servation d'une femme qui, ne pouvant prendre aucun remède et sur
le point de périr, évacua un grand nombre de lombrics par l'effet
d'une solution de tartre stibié injectée dans la veine médiane, et qui
fut ainsi rendue à la santé (voy. p. 132, cas Ier).
CHEZ L'HOMME. — TRAITEMENT. 219
Lorsqu'il existe une maladie grave cïe l'intestin, lorsque l'éco-
nomie est profondément altérée et que les vers ne sont point la cause
de cet état, il faut s'abstenir de toute médication anthelminthique;
cependant, il sera souvent difficile de déterminer si la présence des
vers ne prend point une certaine part dans la production des phéno-
mènes observés, si elle n'est point une complication fâcheuse. Nous
avons vu que, dans certaines épidémies de dysenterie, la guérison
était plus facile et plus prompte après l'évacuation des lombrics ;
aussi ne faudrait-il point poser l'abstention en règle générale : des ten-
tatives faites avec circonspection, l'administration de vermifuges dé-
pourvus d'action irritante ou purgative, leur application extérieure
seront toujours très justifiables et seront quelquefois utiles. Enfin,
il faut encore, après l'expulsion des vers, remédier aux désordres
qui auraient persisté surtout dans les fonctions du système nerveux,
rétablir les forces et la constitution, lorsqu'il y a lieu.
§ I. — Cestoïdes.
On se sert aujourd'hui, contre les vers cestoïdes, d'un petit nombre
de médicaments ; on leur en associe quelquefois d'autres plus ou
moins actifs, ou l'on fait subir au malade quelque préparation par-
ticulière, ce qui constitue telle ou telle méthode de traitement.
Les médicaments les plus usités sont la fougère mâle, l'écorce de
la racine de grenadier et le cousso.
Ces remèdes ont été employés presque indifféremment contre les
deux vers cestoïdes de l'homme; toutefois la fougère mâle parait
avoir contre le ténia solium une action moins certaine que d'autres
vermifuges (1).
Il importe, après l'administration du remède, de s'assurer si le
ténia ou le bothriocéphale a été expulsé complètement ; il faut donc
faire recueillir toutes les évacuations du malade et les examiner avec
soin. On accordait autrefois, et avec raison, beaucoup d'attention à
l'expulsion de la tête du ténia ; en effet, comme ce ver vit ordinai-
rement solitaire, la tête étant sortie, la guérison, dans la plupart des
cas, est certaine. Peut-être aujourd'hui ne doit-on plus attacher la
(1) Odier (de Genève) dit que la fougère mâle, administrée suivant sa méthode,
ue manque jamais et fait presque toujours rendre le bothriocéphale par peloton
sans aucun inconvénient... Ce remède ne réussit qu'imparfaitement pour l'expul-
sion du ténia solium (ouvr. cit., p. 223). D'un autre côté, P. Frank dit: « Le
bothriocéphale oppose souvent une résistance opiniâtre aux remèdes qui chassent
ordinairement le ténia solium. » (Ouvr. cit., t. V, p. 382.)
220 AFFECTIONS VERM1NEBSES Di:S VOIF.S DIGESTIVE8
mémo importance à celle expulsion pur la raison qu'autrefois on
employait le plus souvent contre le ténia des purgatifs plus ou moins
énergiques qui le chassaient, mais ne le tuaient point, tandis que
les remèdes que l'on administre généralement aujourd'hui, sont des
substances toxiques pour le ver solitaire, et lors même que la tête
fixée à Ja paroi de l'intestin ne s'en détache pas et n'est point ex-
pulsée avec le reste du ver, il peut se faire qu'elle périsse et que la
guérison s'ensuive; aussi Bremser a-t-il pu dire : « Parmi plusieurs
centaines de personnes tourmentées parce ver, et traitées par moi,
il n'y en pas une seule qui ait vu sortir la tête de son ténia, et cepen-
dant je puis assurer que quatre-vingt-dix-neuf sur cent se trouvent
guéries (1). »
Il est toujours avantageux de constater l'expulsion de la tête (2),
c'est une sécurité pour le malade, et c'est, pour le médecin, une indi-
cation de cesser tout remède; mais il faut savoir aussi que la gué-
rison peut se faire sans que la tête ait été amenée au dehors, et qu'il
est bon de cesser le traitement, momentanément au moins, lorsque
l'on a fait quelques tentatives inutiles et fatigantes; dans ce cas, il
vaut mieux attendre, avant de reprendre le traitement, que la réap-
parition des symptômes ou l'expulsion des anneaux du ténia vien-
nent donner la certitude que ce ver existe encore. Au reste, lorsque
la plus grande partie du ver est sortie et que la tête ne possède
plus qu'un appendice de quelques centimètres de longueur, on fe-
rait souvent pour l'expulser des tentatives infructueuses. Plusieurs
médecins ont signalé l'insuffisance de tous les traitements dans ces
cas, et la facilité plus grande de ehasser le ténia lorsque l'on ob-
serve l'émission des cucurbitins (3); de là le précepte d'attendre
(1) Bremser, ouvr. cit., p. 196.
(2) « Il arrive dans beaucoup de cas que le ténia se rompt dans le voisinage de la
tête, et alors elle devient très difficile à découvrir dans les matières fécales. La
meilleure manière pour atteindre ce but est la suivante : on fait verser de l'eau
tiède en petite quantité sur les déjections, afin de les faire ramollir ; quelques
moments après, on laisse découler avec précaution tout ce qu'il y a de liquide; on
répète ensuite cette opération jusqu'à ce que le ver et ses parties détachées restent
seules au fond du vase. Je me suis procuré de cette manière la tête d'un ténia qui
se trouvait jointe à un morceau d'un pouce de long seulement. » (Bremser, p. 196).
(3) Ce fait, qui, au premier abord, paraît singulier, peut s'expliquer d'une ma-
nière assez satisfaisante : La tête du ténia, fortement implantée dans la membrane
muqueuse de l'intestin, ne s'en détache que par une forte traction; après l'admi-
nistration d'un authelminthique, cette traction s'opère sur le corps du ténia par
les mouvements péristaltiques de l'intestin qui le chassent vers le bas. Plus le
corps offre un grand volume, plus il donne de prise aux contractions intestinales;
CHEZ L'HOMME. — TRAITEMENT. 221
l'apparition, dans les garderobes, de fragments ou des anneaux du
cestoïde avant de recourir à un nouveau traitement (1).
Après l'expulsion complète du ténia ou dubothriocéphale, quelques
malades restent cependant nerveux, impressionnables, sujets encore
à des phénomènes semblables à ceux que leur faisait éprouver !e ver
cestoïde; leur santé ne redevient pas aussi bonne qu'elle était avant
l'invasion de cet entozoaire ; ce qui leur fait croire qu'ils en sont en-
core atteints. Ils sont portés à continuer • l'usage de médicaments
actuellement intempestifs et nuisibles. Le médecin doit s'attacher
alors à combattre par des remèdes appropriés les accidents qui per-
sistent, et surtout à rassurer l'esprit du malade. (Voir, pour le mode
d'administration des anthelminthiques, l'appendice au traitement.)
§ II. — Ascarides lombricoïdes.
Les principaux médicaments employés contre l'ascaride lombricoïde
sont la mousse de Corse, le semen contra, la santonine, le calomel. Ces
médicaments doivent être donnés pendant plusieurs jours de suite ; on
favorise l'action des premiers par l'administration de quelque purgatif.
Après plusieurs jours de l'usage des anthelminthiques, l'examen
microscopique des matières fécales pourra faire reconnaître si les
lombrics ont été tous expulsés, et s'il faut continuer ou cesser les re-
mèdes. Il n'y a pas à craindre que de nouveaux lombrics reparaissent
par suite d'une disposition particulière de l'économie, si le malade a
été mis à l'abri des conditions de transmission que nous avons .si-
gnalées. L'usage indéfiniment prolongé des anthelminthiques pour
prévenir une récidive, serait inutile et pourrait devenir nuisible (2).
mais s'il est réduit à un mince filet de quelques centimètres de longueur seule-
ment, l'intestin n'a plus sur lui aucune action. On pourrait objecter à cette ex-
plication qu'un purgatif devrait produire le même effet ; mais un anthelminthiquc
agit encore sur la vitalité du ver qui, malade et quelquefois mourant, résiste moins
aux forces qui le sollicitent.
(1) Gomez est, à ma conuaissance, le premier auteur qui ait donné ce précepte
à l'égard du ténia; Odier (de Genève) l'avait donné antérieurement à l'égard du
botriocéphale. Ce dernier auteur supposait qu'à certaines époques le ver est malade,
que son irritabilité est alors augmentée, ce qui se manifeste par sa rupture et l'expul -
sion de ses fragments, et c'est à ce moment, suivant lui, que les remèdes agissent.
(2) C'est d'après la croyance à la génération spontanée des vers que Requin
écrivait de nos jours, à propos du traitement de l'ascaride lombricoïde : « On peut
au besoin faire des anthelminthiques un usage quotidien pendant des mois, des
années entières... pour prévenir la reproduction de l'helminthiase (lombricoïA'iennc),
et détruire ce qu'on peut appeler, chez certains sujets, la disposition vermiueuse
Tl'l AFFECTIONS \ EUMINEUSES DliS VOIES M6EST1VES
Dans leSGas où les malades ne peuvent se soustraire complètement
;iux causes de l'invasion des lombrics, il faut attendre, avant de
recourir à un traitement nouveau, de nouveaux indices de la présence
de ces entozoaires dans l'intestin.
§ 111. — Triclioccplmlc dlspar.
On s'est peu occupé du traitement du trichocéphale ; l'incertitude
de l'existence de ce ver dans le tube intestinal ne permettait aucune
indication, soit sur l'opportunité d'un traitement, soit sur le résultat
qu'on en eût obtenu ; cet entozoaire passe d'ailleurs pour être inoffen-
sif. Aujourd'hui qu'il est très facile de reconnaître la présence ou l'ab-
sence du trichocéphale, peut-être trouveia-t-on que l'existence de ce
ver n'est pas tout à fait et toujours sans inconvénient; on peut, par
l'inspection microscopique des matières évacuées, s'assurer de l'effica-
cité des remèdes employés pour obtenir l'expulsion de cet entozoaire.
Les vermifuges proposés contre le trichocéphale sont ceux de l'as-
caride lombricoïde. Rœderer et Wagler ont remarqué que le mercure
cru, trituré avec du sucre, était le meilleur anthelminthique. Dans
l'épidémie qu'ils observèrent, ils employèrent aussi avec succès les
préparations de camphre, « mais, lorsque la fièvre était développée,
il fallait bien se garder, disent-ils, d'employer les mercuriaux ; les
malades ne supportaient pas impunément leur usage qui amenait
une prostration des forces marquée, et la maladie ainsi que la fièvre
s'exaspéraient évidemment (i). »
§ IV. — Oxyure.
Le traitement de l'oxyure consiste dans l'administration des ver-
mifuges conseillés contre les autres vers nématoïdes et de purgatifs;
mais ces moyens seraient insuffisants dans la plupart des cas, si l'on
n'attaquait en même temps l'entozoaire du rectum par des moyens
plus directs, tels que des lavements d'eau froide, salée, vinaigrée, ou
bien additionnée d'huile empyreumatique, d'huile camphrée, etc., ou
des lavements d'une décoction de plantes fétides, comme l'ail, l'ab-
sinthe, etc. On éloigne ces vers pour quelque temps de l'anus, et l'on
fait cesser les démangeaisons par l'application locale d'une pommade
mercurielle, par une injection d'huile d'olive ou d'amandes douces.
de la constitution; il faut que la viande entre pour une large part dans le régime
alimentaire, etc. » (Ouvr. cit., p. 215, 216.) Certes, s'il eût connu le mode de
génération et de transmission de l'ascaride lombricoïde, Requin n'eût point donné
de semblables préceptes.
(1) Rœderer et Wagler, ouvr, cil., p. 302.
CHEZ LUS ANIMAUX DOMESTIQUES. 2'2o
Lallemand conseille', comme l'un des meilleurs moyens, les
injections ou les douches ascendantes d'eau sulfureuse naturelle.
Le traitement doit être continué longtemps, quinze jours, un mois,
et même plus, car il importe de faire disparaître tous les oxyures à
mesure qu'ils sortent des œufs qui, vraisemblablement, sont déposés
dans l'épaisseur de la membrane muqueuse intestinale, ou dans le
mucus qui la revêt. Malgré des soins persévérants, on n'atteint pas
toujours ce but, et certains malades sont réduits à prendre de
temps en temps quelque purgatif pour se débarrasser momentané-
ment de ces hôtes devenus trop nombreux et trop incommodes.
DEUXIEME DIVISION.
VERS DES VOIES DIGEST1VES CÏIE2 LES ANIMAUX DOMESTIQUES.
Chez les animaux domestiques comme chez l'homme, les vers des
voies digestives ont été connus avant ceux des autres organes.
Aristote n'ignorait pas que le chien en est quelquefois atteint; il
dit, en effet, que cet animal, infesté de vers, mange le froment en
herbe (roi> crîtoo « Xrîïov) (1).
Columelle a parlé des vers du veau (ascarides lombricoïdes 1) et du
cheval (2).
Galien dit que les vers ne naissent pas chez l'homme seulement;
il signale l'existence fréquente des oxyures, celle des lombrics et
celle plus rare du ténia chez le cheval (8) .
Végèce signale aussi l'existence de lombrics et celle d'autres vers
(tineolas) chez les chevaux (4). .
Jusqu'à l'époque de Redi (1684), quelques auteurs encore, de
loin en loin, ont parlé des entozoaires intestinaux chez les animaux
domestiques : Spigel a vu le ténia du cheval, du chien et du bœuf (5),
mais, généralement, tous ces auteurs ne font qu'une simple mention
de l'existence des vers qu'ils ont observés.
(1) Aristote, Hist. ûnim. cil., lib. IX, § 103, p. 102$.
(2) Lucius Junius Moderatus Columella, De re rustica. — Vers chez le veau,
lib. VI, cap. xxv, p. 630. — Chez les chevaux, lib. VI, cap. xxx, p. 633 (Rud.).
(3) Galien, ouvr. cit., t. III, iuaph., Hipp., Comment., m, aph. 26, p. 49.
(4) Publius Vegetius, Mulomedicinœ, lib. I, cap. xliv, lu.
(5) Spigel, De lumb. lai. cit., p. 10.
22'i AFFECTIONS VERMINEUSES DUS VOUS DIGESTIVES
C'est à Redi que l'on doit les premières observations suivies sut
les entozoaires des animaux; c'est depuis son époque que ces ento-
zoaires ont appelé l'attention des savants, et c'est à leur étude que
l'helminthologie a dû ses progrès (1). Avant l'apparition de l'ouvrage
de Redi toutefois, Ed. Tyson avait publié ses recherches sur le ver
plat, dans lesquelles se trouve décrite la tête du ténia du chien ; celle
du ténia de l'homme était encore inconnue (2).
En 1712, Vallisneri eut l'occasion devoir fréquemment l'ascaride
lonibricoïde chez des veaux; on sait que ce ver est extrêmement
rare dans l'espèce bovine en France et en Allemagne ; il paraît s'être
montré épizootiquement dans la contrée qu'habitait Vallisneri
(Padoue). Les lombrics étaient accumulés en grand nombre dans les
intestins des jeunes veaux qui en mouraient quelquefois; leur chair
contractait une odeur forte et nauséabonde (3).
Chabert, le premier (4), considéra les entozoaires intestinaux au
point de vue de la pathologie. Les nombreuses recherches faites dans
le siècle dernier sur ces animaux parasites, ne l'avaient été qu'au point
de vue de l'histoire naturelle; le célèbre vétérinaire s'occupa des
désordres que les entozoaires occasionnent chez les animaux domes-
tiques, et de leur traitement (5).
Dans son traité ex professo, Chabert n'a pas suffisamment exposé
les caractères zoologiques des vers dont il a parlé, ce qui rend quel-
quefois pour nous leur détermination difficile ; en outre, il a confondu
plusieurs espèces ensemble, et même plusieurs genres: il rapporta
les diverses espèces de ténias des animaux domestiques au ver soli-
taire de l'homme ; il confondit, sous le nom de crinons, la filaire du
cheval, divers strongles, les sclérostomes et le spiroptère mégas-
tome ; sous le nom de strongle, l'ascaride lombricoïde, mégalocé-
phale, etc., le strongle géant; sous le nom d'ascarides, le dochmie
irigonocéphale (?) du chien avec les oxyures de divers animaux.
(1) Francesco Redi, Osservazioni inlorno agli animaîi vivenli che si trovano
negli animali viventi. Firenze, 1684.
(2) Edw. Tyson, Lumbricus latus, or a discourse of Ihe joinled worm, in Philo-
soph. Iransacl., 1683, p. 113, 141, tab. Il, et Lcclerc. op. cit., p. 37.
(3) Antoine Vallisneri, Nuove osservazioni... inlorno alV ovaja scoperla ne'
vermi tondi delV uomo e de' vitelli. Padoue, 1713, et Leclerc, op. cit., p. 222.
(i) Bourgelat avait déjà publié un mémoire sur les vers du cheval (1760), mais
il n'y est guère question que de larves d'eestre trouvées dans les sinus frontaux et
daus l'estomac.
(5) Chabert, Traitédes maladies vennineuses dans lesanimaux. Paris, 1782, iu-8.
Paris, 1787, 2e édit.
CHEZ f,i:S ANIMAI X DOMESTIQUES. 225
L'ouvrage de Chabert est le seul qui ait encore été publié en
France sur les maladies vermineuses des animaux domestiques. Les
articles relatifs aux entozoaires des intestins qui se trouvent dans les
ouvrages, même les plus récents, de médecine vétérinaire, ne sont,
en général, qu'une reproduction plus ou moins textuelle puisée dans
le traité de ce célèbre vétérinaire.
Les animaux domestiques sont atteints de vers intestinaux non
moins fréquemment que l'homme. Le cheval, le mouton, le chien, le
chat et le porc en sont fort souvent affectés; l'âne, le mulet en ont
plus rarement, et plus rarement encore la chèvre et le bœuf. Les
oiseaux de basse-cour sont peut-être plus fréquemment atteints des
vers du tube digestif; l'oie, le canard, la poule en ont presque con-
stamment, le dindon moins peut-être, et le pigeon plus rarement
que les autres.
Suivant qu'on observera les animaux dans une contrée différente,
ou bien suivant qu'ils seront soumis au régime de l'étable, des pâtu-
rages, etc., leur disposition aux entozoaires paraîtra sans doute
variable; on observera encore des variations, quant aux espèces dont
ils seront atteints; l'âge aussi peut apporter sous ce rapport quelques
modifications.
Considérés en général, les entozoaires des voies digestives existent
chez des animaux jeunes ou vieux, sains ou malades; ils existent
quelquefois en quantité considérable, néanmoins il est très rare qu'on
observe des affections que l'on puisse véritablement leur attribuer. Le
cheval, le porc, le chien et le mouton sont peut-être les seuls chez
lesquels on ait observé des phénomènes pathologiques déterminés
par la présence des vers dans le tube digestif.
Les animaux mal nourris, mal soignés, appartenant à des gens
pauvres, paissant dans des prés marécageux, humides, ceux qui sont
affaiblis par quelque maladie chronique, sont plus sujets que les
autres aux entozoaires intestinaux ; le nombre quelquefois prodigieux
de leurs vers, ne paraît généralement pas aggraver leurs maladies
ou en faire naître d'autres. Si ces animaux sont placés dans des con-
ditions hygiéniques plus favorables, si leur nourriture est améliorée,
si la maladie dont ils sont atteints se guérit, si les chevaux, par
exemple, qui paissent une herbe aqueuse et sans suc sont ramenés à
l'écurie et soumis à un régime sec et substantiel, les vers dont leurs
intestins étaient remplis diminuent de nombre et disparaissent peu
à peu .
Dmwc, (5
226 AFFECTIONS VERMlNEUSF.S DES VOIES DIGESTIVES
Quant aux oiseaux domestiques, les vers nématoïdes et les ténias
surtouL existent souvent en nombre considérable dans leur tube
digestif sans occasionner le moindre désordre dans leur santé, car
on trouve ces oiseaux, dont l'intestin est farci de vers, très sains et
très gras.
L'analogie seule peut nous donner quelques idées sur les sensa-
tions des animaux, aussi les phénomènes de douleur que les vers leur
occasionnent, doivent-ils souvent nous échapper ou nous laisser fort
incertains sur la cause qui les produit ; nous nous abstiendrons donc
de décrire minutieusement, comme l'ont fait plusieurs auteurs de
médecine vétérinaire, les douleurs colliquatives plus ou moins vives,
prolongées, intermittentes, les nausées, les épreintes, etc., que les
animaux affectés de vers peuvent éprouver.
Les phénomènes observas chez l'homme existent probablement
aussi chez les animaux ; toutefois ils sont certainement beaucoup
plus rares : les bâillements, l'appétit nul ou vorace, les goûts dé-
pravés, l'haleine fétide, des vomissements, la diarrhée, le ballonne-
ment du ventre, la dilatation de la pupille, le prurit du nez et des
lèvres, les grincements de dents, la toux, les horripilations, la tris-
tesse, l'amaigrissement, sont les principaux symptômes qui aient
été remarqués chez les chevaux, les chiens, etc., affectés de vers de
l'intestin.
On dit que ces entozoaires occasionnent chez les animaux des atta-
ques convulsives, l'épilepsie, le vertige, etc. ; ces accidents sont
extrêmement rares. Quanta l'introduction des vers lombricoïdesdans
lès conduits biliaires et dans le larynx , nous n'en connaissons
aucun exemple.
On a attribué, chez les animaux comme chez l'homme, des perfo-
rations intestinales à l'action des vers ; si l'on excepte celles que
cause l'échinorhynque géant chez le porc, les exemples qu'on en
pourrait citer sont fort peu nombreiix et tout aussi peu certains,
quant à leur cause, que ceux de l'homme.
Morgagni a vu, chez une poule, l'intestin perforé et un ver sorti
par cette ouverture, dans la cavité du ventre (1).
On trouve dans le Recueil dé médecine vétérinaire un cas de
perforation de l'intestin grêle par dés lombrics chez un cheval. La
(1) Morgagui, Epist, anat., xiv, § 44, et De sed. el causis, Epist. xxxiv, § 36.
CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 227
perforation communiquait avec une poche située dans le mésentère;
pas de ver dans le péritoine (1).
■ Dans le même recueil se trouve encore un cas de perforation de
l'estomac par des lombrics chez un cheval. Les lombrics étaient
dans le péritoine; la perforation avait un pouce de diamètre (2).
Rudolphi a trouvé, chez un chat dont l'intestin grêle était spha-
célé, un ténia dans la perforation et trois ascarides dans le mésen-
tère (3).
PREMIÈRE SECTION.
VERS CHEZ LES SOLIPÈDES.
1° Cheval. Tœnia plicata, estomac, intestin grêle (Synops., n° 19).
Taenia mamillana, gros intestin (Synops,, n° 20).
Tœnia perfoliata, intestin grêle, caecum, côlon (Synops., n° 21).
Oxyuris curvula, caecum, côlon, rectum (Synops., n" 56).
Ascaris megalocephala, intestin grêle (Synops., n" 59).
Spiroptera megastoma, estomac [erraticè?] (Synops., n" 66).
Scleroslomum armatum, duodénum, caecum, côlon (Synops., n° 85).
Sclerostomum letracanlhum, duodénum, caecum (Synops., n° 86).
2° Ane. Oxyuris curvula, caecum, côlon, rectum. - - 1
Ascaris megalocephala, intestin grêle.
Sclerostomum armatum, caecum, côlon.
Sclerostomum tetracanthum, caecum.
■ v i
3° Mulet. Oxyuris curvula, caecum.
Sclerostomum armatum, caecum, côlon.
Sclerostomum tetracanthum, caecum.
De tous les mammifères domestiques, le cheval est le plus fré-
quemment affecté de vers des intestins ; c'est chez lui que les espèces
en sont le plus nombreuses, et c'est chez lui que l'on trouve les in-
dividus de ces espèces en plus grand nombre.
L'âne et le mulet sont moins sujets aux vers intestinaux. Toutes
les espèces observées chez le cheval n'ont point encore été signalées
chez ces deux autres solipèdes ; il est probable, cependant, qu'elles
les atteignent également. Les phénomènes pathologiques déterminés
(1) Recueil de méd. vétérin., t. XIV, p. 70.
(2) ld., 1846, ann. XXIII, p. 949.
(3) Rudolphi, Hist. nat. cit., t. I, p. 435.
228 AFFECTIONS VERM1NEUSES DES VOIES DIÇEST1VES
par los entozoaires sont, sans doute, les mêmes chez le cheval, l'âne
et le mulet.
L'ascaris megalocephala (1), comme le lombric chez l'homme, fait
son séjour dans l'intestin grêle ; on le trouve aussi dans le crecum. Il
existe quelquefois en quantité prodigieuse; Grève signale l'existence
de ces vers par milliers chez les chevaux morveux et farcineux.
Les phénomènes qu'ils développent sont probablement analogues
ù ceux que déterminent les lombrics chez l'homme : le cheval affecté
de lombrics, se frotte le nez et les lèvres contre la mangeoire ou contre
tout objet dur, regarde souvent lentement du côté de son ventre, et
6e remet à manger sans autre manifestation de douleur'; d'autres fois,
il paraît éprouver des coliques vives et plus ou moins prolongées,
il a de la diarrhée, et dépérit. Quant à l'inflammation de la mem-
brane muqueuse intestinale, aux ulcérations, aux perforations, l'exis-
tence n'en est pas mieux établie chez le cheval que chez l'homme.
Grève, chez un poulain mort de colique avec constipation, a trouvé
un gros peloton de lombrics auquel il semble attribuer la mort de
l'animal. Ce peloton était formé de cent cinquante-sept ascarides
entrelacés, et bouchait entièrement l'intestin.
Uoxyuris curvula (2), analogue de notre oxyure, habite le csecum ,
la portion csecogastrique du côlon, le rectum; souvent on le voit à
l'orifice anal, hors duquel une partie de son corps fait saillie; on le
trouve encore à la surface des excréments, dans un mucus glaireux
ou strié de sang qui les enduit. Il occasionne évidemment de la
chaleur, du prurit, des ténesmes, ce que l'on peut constater par
l'inspection de la marge de l'anus, qui est rouge et gonflée, par
les mouvements de la queue et les actions de l'animal affecté.
Le sclèrostome armé du cheval (3) existe ordinairement dans le
caecum et le côlon, rarement dans l'intestin grêle et le duodénum ; on
l'a rencontré quelquefois dans le pancréas. Il est fixé par son arma-
ture buccale à la membrane muqueuse, qui forme au point d'adhé-
rence une petite papille de couleur foncée. On le trouve très commu-
nément à Paris. Le gros intestin du cheval est quelquefois hérissé de
(1) Strongle, Chabert; ascaride lombricoïde, Grève, Hurtrel d'Arboval ; lombric,
lombricos, vulg.
(2) Ascaride, Chabeit ; ascaride vermiculaire, Hurtrel d'Arboval.
(3) Crinon, dragonneatt, Chaberl; Strongylus armalus, Grève; strongle, Hur-
trel d'Arboval.
CHEZ LIS ANIMAUX DOMESTIQUES. 229
ces vers; Chabert en a compté plus de mille sur une surface de deux
pouces, de sorte qu'on peut estimer, dit-il, la totalité de ces insectes
à plus d'un million (1); ils ne déterminent néanmoins aucun sym-
ptôme qui puisse faire reconnaître leur présence; elle ne se manifeste
que par leur sortie avec les excréments. Le sclérostome ne passe pas
généralement pour être très nuisible aux chevaux, cependant Grève
dit qu'une expérience fréquente lui a enseigné que ce strong le cause
assez souvent la mort de ces animaux ; mais peut-être ce savant vé-
térinaire avait-il en vue le sclérostome anévrysmatique dont il con-
fondait l'espèce avec celle des intestins (2) ?
Les ténias sont très communs chez le cheval : Chabert en a compté
quatre-vingt-onze chez un seul individu, et Grève dit en avoir vu
des milliers dans l'intestin grêle, dans le cœcum et même dans l'es-
tomac des chevaux mis au vert dans des pâturages humides ; leur
canal intestinal en était bourré. La longueur de ces vers est généra-
lement chez les animaux beaucoup moindre que chez l'homme. Les
ténias, d'après Grève, n'occasionnent aux chevaux ni coliques, ni
maladies ; ils sont évacués et diminuent considérablement de nombre,
si les animaux sont remis à un régime sec.
DEUXIÈME SECTION.
VERS CHEZ LE PORC.
Echinorhynchus gigas, intestin grêle (Synops., n° 51).
Ascaris suilla, intestin grêle [Synops., n° 58).
Spiroptera strongylina, estomac [Synops., n° 68).
Trichocephalus crenatus, gros intestin [Synops., n" 75).
Scleroslomum dentatum, cœcum, côlon (Synops., n" 87).
Les effets des vers ne sont pas mieux déterminés chez le porc que
chez les autres animaux domestiques. On dit que les entozoaires
intestinaux entretiennent le cochon dans un grand état de maigreur,
qu'ils lui occasionnent une toux forte, une certaine inquiétude qui se
manifeste par des allées et venues indéterminées, des coliques qu'il
annonce par des cris, des convulsions, etc. De tous les vers, le plus
fâcheux pour le porc est l'échinorhynque géant.
(1) Chabert, ouvr. cit., p. 23.
(2) Grève, ouvr. cil., cliap. xvij.
230 AFFECTIONS VERMUNLUbES DES VOIES DIGESTIVES
Êchinoi'hyngue gèànl, — L;i connaissance île l'échinorhynque
géant est d'une date récente; toutefois ce ver avait été observé
avant d'avoir été reconnu comme appartenant à un genre distinct
des ascarides ou des ténias. Pechlin en parle évidemment dans le
passage suivant : « Et verô pro anni conditione, est saepè morbus ille
•> epidemius in porcis, quorum exenterata intestina, vermium lon-
n giorum agminibus obsita, curam non admittunt, quandô ità mem-
« branre inheerent, ut, non nisi vi et cum offensa membranœ, avelli
» possint (1). » Il y a environ un siècle que J.-L. Frisch a donné
une description de ce ver, mais sans le croire différent de l'ascaride
lombricoïde (2). Pallas l'observa ensuite et le prit pour un ténia;
bientôt après, Goeze, Frôlich, Blocb... reconnurent qu'il appartient
à un genre distinct.
A l'époque où ces naturalistes publièrent leurs observations, les
vétérinaires ignoraient encore l'existence de l'échinorhynque géant :
Chabert (1787) n'en fait point mention, quoiqu'il connût les lé-
sions que ce ver produit dans l'intestin du porc, lésions qu'il
attribua au strongle [ascaris suilla) (3). Cette erreur n'a point
été rectifiée par Hurtrel d'Arboval, qui, exprimant ses doutes à
l'égard de la réalité des perforations attribuées aux lombrics du
porc, n'indique point par quel ver elles sont produites, ver qu'il
connaissait toutefois (4).
L'échinorhynque géant est commun en France et en Allemagne :
à Vienne, on l'a trouvé chez un porc sur quatre à peu près (Duj.) ;
d'après M. Cloquet, les cochons qui sont envoyés du Limousin aux
échaudoirs de Paris, ont bien plus souvent des échinorhynques que
ceux qui viennent des autres provinces. Les docteurs Jeffries
Wyman et Leidy en ont trouvé chez le porc aux États-Unis (5).
Ces vers sont plus communs vers la fin de l'hiver que dans les
autres saisons (6). D'après Froelich, les cochons qui se nourrissent
de glands y sont fort sujets (7).
(1) J. N. Pechlin, Observ. physico-med. libri 1res. Hamburgi, 1691. lib. I,
obs. LXIV, p. 155.
(2) Frisch, in Miscell. Berolinens, t. III, p. 64 (Diesing).
(3) Chabert, ouvr. cit., 1787, 2eé"d., § 30, p. 54.
. (Zi) Hurtrel d'Arboval, Dict. de méd. chir., etc.,vëlér. Paris, 1839, 2* éd., t. VI,
pi 397, 401.
(5) J. Wyman, in Boston cabinet cit., § 890. — Leidy. Synops. cit., § 78.
(6) Jules Cloquet, Mém.cit., p. 64, note.
(7) Cité par Rud., Synops., p. 310,
CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES, 231
L'échinorhynque du porc se trouve dans les intestins grêles et
fort rarement dans le gros intestin. Il nage librement dans les ma-
tières intestinales liquides, ou bien il est fixé par sa trompe à la
membrane muqueuse. Quelquefois, après avoir percé complètement
l'intestin, il s'avance plus ou moins dans la cavité péritonéale. La
fixation de la tête de ce ver ne donne pas généralement lieu à l'in-
flammation de la partie à laquelle elle adhère, et les ulcérations ou
les perforations qu'elle laisse se cicatrisent facilement (1).
D'après Hurtrel d'Arboval, le porc dont l'intestin est envahi par
des échinorhynques, est maigre : « il a la région lombaire faible et
le train de derrière roide. Le matin et jusqu'à l'heure du repas, il fait
entendre un grognement continuel, et, s'il mange en commun avec
les autres, il mord ses voisins; mais, comme il est sans force, dès
qu'un de ceux-ci se défend, il tombe. Ses yeux sont enfoncés et
pâles; -ses excréments sont durs et fortement colorés; la débilité
allant toujours en croissant, elle conduit à une époque où l'animal
ne peut plus se lever ni se tenir debout (2). »
Les perforations causées par l'échinorhynque sont quelquefois
assez nombreuses pour rendre les intestins du porc impropres aux
usages auxquels on les destine généralement.
TROISIEME SECTION.
VERS CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT.
1° Chien. Hemistomwm alalum, intestin grêle (Synops., n° 42).
Tœnia serrata, intestin grêle (Synops.", n° 22).
Taenia cucumerina, intestin grêle {Synops., n° 23).
Tœnia echinococcus ? T. cœnurus? (Synops., n° 24).
Ascaris marginata, intestin grêle {Synops., n° 63).
Trichocephalus depressiusculus, caecum (Synops., n° 74).
Dochmius trigonocephalus , intestin (Synops., n" 84).
T Chat. Tœnia crassicollis, intestin grêle (Synops., a° 25).
Tœnia elliplica, intestin grêle (Synops., n° 26).
Dibolhrium decipiens (bothriocéphale), intestin (Synops., n" 31).
Ascaris mystax, intestin grêle (Synops., n° 62).
Les chiens affectés d'un grand nombre de vers sont tristes,
abattus, amaigris ; leur poil est sec, hérissé, terne, sale ; ils se tour-
(1) Rud., Hist. nat. cit., t. I, p. 428.
(2) Hurtrel d'Arboval, ouvr. cit., t. VI, p. 401, art. Veks.
232 AFFECTIONS VERMINËUSES DES VOIES DIGEST1VES
mentent, s'agitent, poussent des cris plaintifs, des hurlements ; ils
deviennent insociables et irascibles; ils meurent quelquefois dans les
convulsions : ces phénomènes sont principalement causés par l'accu-
mulation des ténias.
Les ténias sont plus fréquents et généralement beaucoup plus nom-
breux chez le chien que chez les autres mammifères domestiques ;
Chabert en a compté jusqu'à deux cent vingt-sept chez un seul indi-
vidu. Ils produisent des coliques que l'animal manifeste tantôt en se
traînant le ventre appuyé contre le sol, tantôt par des cris, des hurle-
ments, de l'agitation, par une course désordonnée, après lesquels il
reste triste et taciturne. D'autres fois, après l'accès passé, le chien
mange, boit et reprend sa gaieté jusqu'à l'invasion de nouvelles coli-
ques qui se traduisent de la même manière. Lorsqu'elles sont très
vives et répétées, elles peuvent amener des convulsions, des atta-
ques cataleptiques, le dépérissement et la mort. On reconnaît l'exis-
tence des ténias chez le chien à ce que l'animal en rend de temps
en temps avec les fèces.
Chabert rapporte avoir vu chez le chien une épizootie dans laquelle
ces animaux vomissaient des paquets d'ascarides [Strongylus trigo-
nocephalus ? Rud . , Dochm ie trigonocéphale ? Duj . ) de la grosseur d'un
œuf de poule. Ces chiens avaient des convulsions, des vertiges, des
attaques épileptiformes suivies de coma ; la bouche était pleine de
bave; ils mouraient dans la consomption ou dans des accès de ver-
tige connus sous le nom de rage-mue (1).
QUATRIÈME SECTION.
VERS CHEZ LES RUMINANTS.
4* Mouton. Amphistomum conicum, premier estomac (Synops., n° 43).
Tœnia expansa, intestin grêle (Synops., n° 16).
Ascaris ovis, intestin (Synops., n° 61).
Trichocephalus affinis, gros intestin (Synops., n° 73).
Dochmius hypostomus, intestin (Synops., n° 82).
Strongylus confort us, estomac (Synops., n° 95).
Strongylus filicollis, intestin grêle (Synops., n" 96).
(1) Chabert, ouvr.cil., p. 55.
CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 233
2° Chèvre. Tœnia caprœ, intestin (Synops., 'a0 16 bis).
Trichocephalus affinis, gros intestin.
Dochmius hypostomus, intestin.
Strongylus venulosus, intestin grêle, côlon (Synops., a' 90).
3° Boeuf. Amphistomum conicum, premier estomac.
Tœnia expansa, intestin.
Tœnia denticulata, intestin (Synops., n» 17).
Ascaris lumbricoides, intestin grêle [Synops., n° 57).
Trichocephalus affinis, gros intestin.
Strongylus radiatus, duodénum, intestin grêle, côlon (Synops., n° 89).
Chez les bêtes à cornes et chez les bêtes à laine, les signes de la
présence des vers sont toujours fort obscurs.
Le bœuf est moins fréquemment atteint de vers des intestins que
les autres animaux domestiques ; le ténia est moins commun chez lui
que chez le mouton. L'ascaride lombricoïde, dont Vallisneri a vu une
véritable épizootie chez le veau, est d'une extrême rareté chez cet
animal à Paris. Le bœuf affecté tl'entozoaires intestinaux offre des
désordres de l'appétit, des météorisations passagères, la cessation
de la rumination, la diminution de la sécrétion laiteuse, le dépérisse-
ment. L'issue des vers avec les fèces, très rare, est un signe qui
manque généralement au diagnostic.
Les bêtes ovines nourries dans des pâturages humides, celles qui
contractent la cachexie aqueuse surtout, sont très fréquemment
atteintes de vers de l'intestin, et principalement de ténias. Les sym-
ptômes que ces entozoaires produisent ne diffèrent point de ceux que
nous venons d'énumérer ; le mouton atteint d'un grand nombre de
vers est faible; il marche lentement, sort le premier de la bergerie,
y rentre le dernier; il maigrit, se décharné le long de l'épine; il a
les orifices du nez enduits de mucus.
Ces phénomènes pourraient reconnaître, sans doute, toute autre
cause que l'existence des vers; les ressources que le diagnostic des
entozoaires intestinaux trouvera dans l'inspection microscopique des
matières évacuées, permettront désormais, probablement, une étude
plus approfondie et plus certaine des affections vermineuses des
animaux domestiques.
234 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES.
CINQUIÈME SFXTION.
TRAITEMENT DES ENTOZOAIRES INTESTINAUX DES ANIMAUX
DOMESTIQUES.
1° Le traitement prophylactique des vers intestinaux des animaux
domestiques ne peut se déduire que de la connaissance des modes de
transmission et de propagation de ces vers ; il est donc aujourd'hui
presque impossible de rien prescrire à cet égard. Un régime sec et
substantiel, l'éloignement de prairies marécageuses habituellement
fréquentées par le bétail, comme le sont cer.tains communaux, sous-
trairont, sans doute, les animaux aux conditions principales de la
transmission de leurs entozoaires.
2° Les indications du traitement curatif ne diffèrent point de celles
que nous avons exposées à l'égard de l'homme. Chabert recommande
de mettre à la diète l'animal auquel on doit administrer un médica-
ment vermifuge, afin, dit-il, de laisser vider son estomac et les intes-
tins, et de faciliter l'action du remède.
Les médicaments employés chez les animaux domestiques, sont
des purgatifs énergiques, tels que l'aloès,lejalap, la scammonée ; les
préparations mercurielles; des substances anthelminthiques telles
que la racine de fougère mâle, l'absinthe, la valériane, la tanaisie,
l'ail, l'asa fœtida, le camphre, etc. Mais le remède le plus souvent
employé et le plus généralement efficace est l'huile empyreumatique
de Chabert ; ce médicament doit être administré neuf à dix jours de
suite. Les doses doivent varier suivant l'espèce des animaux et
suivant leur taille; chez les individus fins, vifs et irritables, elles
doivent être ménagées et éloignées si les effets sont trop énergiques.;
Les précautions sont surtout nécessaires chez les chevaux, poulains
et pouliches et chez les chiens (voyez l'appendice au traitement).
On doit s'abstenir de tout traitement vermifuge si le tube digestif
est actuellement atteint d'une affection aiguë, indépendante de la
présence des entozoaires. Après l'expulsion de ces parasites, un.
régime sec et substantiel, l'usage des toniques, des amers, des sti-
mulants, le sel marin, pourront être utilement employés pour relever
les forces digestives et la santé délabrée.
AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES BILIAIRES. 235
TROISIÈME PARTIE.
AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES BILIAIRES.
Les anciens n'ont pas connu les entozoaires des voies biliaires.
Gabucinus, en 1547, fit mention de vers semblables à des graines
de courge (distome hépatique) qui habitent dans le foie des brebis et
des chèvres (1). Quelques années après, Cornélius Gemma fit de
nouveau mention des vers du foie en ces termes: « Anno 1552...
» morbi a fluxionibus oriundi popularitergrassabantur supra modum,
» vermes, abortus, sicca puerperia, inflammationes subitse, dysen-'
« teriœ, lues quoque infanda pecoris in Hollandia, natis vermibus
» passim circahepatisregionem (2). » VolcherCoiter et Franc. Bona-
micus parlèrent aussi de ces vers (3) .
Dans le siècle suivant, les entozoaires des voies biliaires du mouton
et du bœuf furent assez fréquemment signalés: Pecquet, ayant ob-
(1) Gentilis Arnulphus est indiqué par plusieurs auteurs comme ayant le pre-
mier observé le distome hépatique. Ce fait se trouverait consigné dans une lettre
écrite en 1542, et jointe à l'ouvrage de Gabucinus sur les vers (Gabucini Hieron.,
De lumbricis alvum occupantibus comment, quibus accedit epistola Gentilis Arnul-
phi, etc. Venetiis, 1547). La lettre de Gentilis Arnulphus, ami et probablement
maître de Gabucinus, ne fait aucune mention des vers du foie. Celui-ci en parle
dans les termes suivants : « In jocinoris ovilli capillique venis sœpe mibi visa sunt
» aniniautia quœdam cucumeris seminibus haud omnino dissimilia. » (Op. cit.,.
cap. vin, p. 25). Gabucinus n'aurait pas manqué, sans doute, de citer son ami et
maître Gentilis Arnulphus, si cette découverte lui eût appartenu. D'un autre côté,
Marcellus Donatus, qui était presque contemporain, rapporte les observations de
Gabucinus et de Gemma, et ne parle nullement d'Arnulphus (Marcellus Donatus,
Demed. hist. mirab., cap. xxvi, p. 175. Venitiis, 1597).
L'erreur des auteurs qui ont attribué la découverte des vers du foie à Gentilis
Arnulphus vient sans doute d'une indication bibliographique qui se trouve dans
l'ouvrage de Gabucinus sur la marge, en regard de la phrase relative aux vers du
foie; mais cette indication se rapporte à la phrase précédente, et concerne Gentilis
Fulgina, médecin du xive siècle.
(2) Cornelii Gemmae, De natures divinis characterismis. Antuerpia?, 1575, t. II,
hh. II, cap. ii, p. 40.
(3) Volcherus Coiterus, Obs. anat. Franc. Bonamicus, II, De alimentis, XlVt
cités par G. H. Welsch, op. infra cit., p. 136,
236 AFFECTIONS VI! RM IMi USES DES VOIES BILIAIKES.
serve des distomes hépatiques, fit la remarque que ces vers sont com-
muns dans le foie des moutons malades (1). Willius, en 1674, ob-
serva une épizootie qui exerça des ravages considérables sur les
bœufs en Seeland: « le plus grand nombre avaient non-seulement
dans presque toutes les ramifications de la veine porte, mais encore
dans les conduits biliaires, une grande quantité de vers cucurbitaires
delà couleur du foie (2). » Frommann, Wepfer.Redi, P. Borel, Ant.
de Heide (3), Bidloo, Malpighi et, dans le siècle suivant, Leeuwen-
hoek (4), Ruysch (5), Kulm (6), Schâffer (7), etc., donnèrent sur ces
entozoaires des notions plus ou moins exactes ; mais les agriculteurs
et les bergers connaissaient ces vers avant que les savants ne s'en
fussent occupés, car, au rapport de Redi (1684), les distomes étaient
vulgairement désignés en Toscane sous le nom de bisciuole (8);
d'après Borel, ils portaient en Provence le nom de dalbères (9), et déjà
du temps de Pecquet, les bouchers attribuaient leur présence chez
les moutons à ce que ces animaux avaient mangé d'une certaine herbe,
la sideritis glabra arvensis. On sait que les gens de la campagne ont
encore aujourd'hui une opinion semblable sur l'origine de la douve.
Malgré le grand nombre d'observateurs qui avaient signalé l'exis-
tence du distome hépatique, la plupart des médecins, au commen-
cement du xvm0 siècle, ne connaissaient point encore ce ver : Andry ,
dans son Traite de la génération des vers (1741), n'en parle que
d'après la lettre de Pecquet et d'après des notions peu exactes qu'en
avait données P. Borel (10).
Les premiers observateurs n'eurent que des idées assez confuses
sur la nature des entozoaires des conduits hépatiques : Gabucinus,
(1) Extrait d'une lettre de M. P. à M. *** sur le sujet des vers qui se trouvent
dans le foie de quelques animaux, du 9 juillet {Journal des savants, 1668, p. 66).
— Mém. acad. des sciences, t. X, p. 476. — Collect. acad., 1. 1, p. 370.
(2) J. Valentin Willius, Collect. acad., part, étrang., t. VII, p. 287, et Act.
de Copenhague, 1674-1675.
(3) Ant. de Heide, Vernies in hepate ovillo, in Ejus experimentis. Amst., 1686-
1C88, p. 46-47 (Dryander).
(4) In Philos. Transact., ann. 1704, p. 1522-1527, n° 289.
(5) Ruysch, Op. cit., De valv., cap. iv, obs. 18.
(6) Joh. Ad. Kulmus, in Breslauer Sammlungen, 1721, p. 596 (Rud.).
(7) Schâffer, ibid., 1726, p. 57 (Rud.).
(8) P. Redi, De animalculis vivis quœin corporibus anim. viv. reperiuntur observ.
Amst., 1708, trad., p. 198.
(9) Petrus Borellus, Insectabaleniformiain sanguine humano, cent. III, obs. iv,
cit. par Leclerc, op. cit., p. 282.
(10) Andry, ouvr. cit., t. I, p. 62 et 105.
AFFECTIONS VERM1NEUSES DES VOIES BILIAIRES. 237
Willius, Redi, Malpighi, Borel et même Van Swieten (1) paraissent
les avoir confondus avec les vers cucurbitins ; Bonamicus, From-
mann (2) et Wepfer (3) avec les sangsues.
Le séjour de ces vers ne fut pas non plus exactement déterminé:
Gabucinus, Willius, Redi et P. Borel croyaient qu'ils existent dans
les vaisseaux sanguins; d'autres observateurs leur attribuaient pour
habitat la substance propre du foie; mais Bidloo, qui a donné sur
ces entozoaires des notions fort exactes sous beaucoup de rap-
ports, dit ne les avoir jamais rencontrés dans les vaisseaux san-
guins, et indique avec précision les conduits biliaires comme leur
séjour normal (4).
Certains animaux sont fort sujets aux entozoaires des voies bi-
liaires; d'autres en sont toujours exempts. Les herbivores et princi-
palement les ruminants sont dans le premier cas ; les carnivores, à
l'exception du chat domestique (5), sont dans le second.
Chez l'homme et chez les animaux domestiques, les entozoaires
qui vivent à l'état de liberté dans les voies biliaires appartiennent à
l'ordre des trématodes, et, à peu près exclusivement, au genre dis-
tome; on rencontre encore dans les voies bilaires [lapin, homme?)
des amas de corps oviformes d'origine inconnue, mais qui appar-
tiennent probablement aux helminthes ; nous en donnerons ici l'his-
toire.
Les nématoïdes que l'on a quelquefois observés dans la vésicule
et dans les conduits biliaires, étaient des vers de l'intestin arrivés
accidentellement dans ces voies. Les hydatides du foie peuvent aussi
(1) Van Swieten, Comment, in aphorismos. Paris, 1758, t. III, p. 89.
(2) Joh. Fromnianni, Obs. de verminoso in ovibus el juvencis reperto hepate, in
Ephem. nat. cur., 1676, dec. I, an 7, p. 219, 255. — ld., Obs. de salubrit.
car», animal, verm. laborant. Ibidem, p. 255, 262. — Th. Bonet, Sepulchretum,
lib. IV, sect. i, t. III, p. 249.
(3) Wepfer, en appelant ces vers des sangsues, comme les nommaient les bou-
chers de son temps, fait la remarque cependant qu'ils diffèrent beaucoup des
sangsues (Mise. nat. cur., 1688, dec. II, an 7, obs. xyt, p. 31).
(4) D'après Trcutler, le distome lancéolé se trouverait aussi dans la veine porte
[Mém. infra cit., Animadv. ad, obs. vi, 35).
(5) Creplin a trouvé dans la vésicule et les conduits biliaires d'un chat domes-
tique une grande quantité de trématodes qu'il rapporta aux distomes, et plus tard
aux amphistomes. — Rudolphi etSiebold ont trouvé dans le foie du chat le distome
lancéolé, suivant le rapport de M. Dujardin. — M. Finck a vu aussi dans le foie du
chat un grand nombre d'entozoaircs plats, probablement des douves (passage
infra cit.).
238 AFFECTIONS VERMlNEUSES DES VOIES BILIAIRES
arriver accidentellement clans les conduits biliaires par une perfora-
tion qui met ces conduits en rapport avec un kyste hydatique. Nous
n'aurons point à nous occuper ici de ces vers erratiques; nous ne nous
occuperons point non plus despentastomes [Pent. conslriclum et Penl.
deniiculatum), que l'on trouve à la surface du foie chez l'homme et
chez quelques animaux domestiques ; ces entozoaires ne sont point
spéciaux à l'organe hépatique, et d'ailleurs ils n'occasionnent aucun
phénomène pathologique appréciable (voyez Synops., n° 102, 103).
PREMIERE DIVISION.
PHÉNOMÈNES PATHOLOGIQUES OCCASIONNÉS PAR DES DISTOMES.
PREMIÈRE SECTION.
DISTOMES DES VOIES BILIAIRES CHEZ LE MOUTON ET LE BOEUF.
(Distome hépatique, Synops., n° 35; Distome lancéolé, Synops., n° 36).
DÉNOMINATIONS.
Noms vulgaires: France, fasciole, douve. — Angleterre, Liverfluke. — Allemagne,
Leberwurm, Schafegel. — Hollande, Botten, Leverworm. — Danemark, Faare-
flynder. — Suède, Levermask, — Italie, Bisciuola. — Espagne, Caracolillo,
Serilla.
. . On trouve dans les voies biliaires des moutons et des bœufs le
distome hépatique et le distome lancéolé ; ordinairement ces vers
existent ensemble ; le dernier, à cause de sa petitesse, pénètre plus
avant que le premier dans les conduits hépatiques. Ces entozoaires
se trouvent encore dans la vésicule du fiel , cependant moins,
fréquemment ou en plus petit nombre que dans les canaux hépa-
tiques.
Les moutons sains sont sujets aux distomes; mais chez ceux qui
sont atteints de l'affection connue sous le nom de cachexie aqueuse,
on trouve dans les voies biliaires un nombre considérable de ces ento-
zoaires et souvent les conduits en sont comme bourrés : Bidloo
estime à huit cents le nombre qu'il en a quelquefois vu dans un seul
foie, et Dupuy en a compté plus d'un millier chez un seul indi-
CHEZ LE MOUTON ET LE BOEUF. — DISTOMES. 239
vidu (1). Dans la maladie que nous venons de nommer, on compte
ordinairement par centaines les distomes renfermés dans les voies
biliaires.
CHAPITRE PREMIER.
LÉSIONS ANATOMIQUES.
Les conduits hépatiques et même la substance du foie éprou-
vent des changements remarquables par l'accumulation des dis^
tomes.
Les conduits se dilatent, leurs parois s'épaississent et les princi-
pales branches de ces conduits peuvent acquérir des dimensions con-»
sidérables, atteindre même la grosseur du pouce ; elles font alors
une saillie très prononcée sur la face concave du foie. Les branches
moyennes acquièrent le volume d'un gros tuyau de plume; elles sont
très apparentes vers le bord du foie, çà et là sur la face convexe et
à la surface des coupes pratiquées au travers du tissu hépatique. On
voit aussi de très petites branches qui ont participé de ces altéra-
tions. Les canaux occupés par les distomes sont remplis d'une ma-
tière verdâtre ou jaunâtre, gluante^ concrète, qui remplit leur calibre,
ou d'un mucus épais dans lequel se trouvent des œufs de distomes et
ces animaux mêmes réunis en pelotons.
Les conduits biliaires s'oblitèrent quelquefois en partie, ou cela
arrive aux petites branches qui concouraient à les former; alors la
partie qui reste perméable constitue un tube terminé en cul-de-sac ,-
rempli par du mucus et par des restes de distornés, lesquels péris-
sent probablement lorsqu'ils ont cessé de recevoir la bile dont ils se
nourrissent (2). On voit encore dans le foie envahi par des distomes,
des poches pleines de mucus, sortes de kystes produits sur quelques
points des conduits biliaires par une dilatation partielle et isolée.;
(I) Dupuy, Mém. lu à l'Acad. deméd., 3 septembre 1822.
. (2) Les distomes sont enroulés sur eux-mêmes en cornet dans les conduits d'un
petit calibre et fortement serrés. Les épines nombreuses qui revêtent la surface de>
leur corps et qui sont toutes dirigées en arrière, favorisent la progression du dis-
tome vers l'extrémité des conduits biliaires; mais, en même temps, lorsqu'ils sont
étroitement serrés, elles ne leur permettent point de retour en arrière ; aussi doi-
vent ils nécessairement y rester et périr lorsque ces conduits se terminent en cul-
de-sac.
2/iO AFFECTIONS VERMINEUSES des voies biliaires
Les altérations des conduits biliaires commencent généralement
par les plus grosses branches; souvent ces conduits, malades dans
une portion du foie, restent parfaitement intacts dans une autre,
mais, après un certain temps ou lorsque le nombre des distomes est
considérable, tous les conduits sont altérés. Les parois épaissies
deviennent dures, comme cartilagineuses et blanchâtres; plus tard
elles s'incrustent à leur face interne d'une matière terreuse" qui les
transforme enfin en de véritables tubes calcaires. On trouve aussi
dans la substance du foie de petits kystes remplis de matière cré-
tacée, qui se sont formés peut-être par l'envahissement des poches
isolées dont nous avons parlé. Les incrustations sont composées de
phosphate de chaux et d'une petite quantité de phosphate de ma-
gnésie alliés à une matière animale.
Les distomes périssent quelquefois après avoir occasionné tous
ces désordres, et, si le mouton survit, on rencontre par la suite dans
les conduits biliaires des altérations profondes, des ossifications
étendues, dont on chercherait vainement alors la cause.
Le tissu hépatique subit aussi fréquemment des altérations nota-
bles : il devient ferme, résistant; fa couleur passe au jaune brun; il
perd en partie ou complètement son aspect grenu ; dans certains
points, il éprouve une véritable atrophie ; ces points correspondent
aux conduits excréteurs oblitérés ; là , le tissu est pâle et comme rata-
tiné. Quelquefois les parties les plus malades sont recouvertes exté-
rieurement par une fausse membrane mince, qui établit des adhé-
rences avec les organes voisins.
La vésicule biliaire paraît généralement saine ; elle est peu volu-
mineuse, et la bile qu'elle contient est d'un brun fauve, épaisse et
visqueuse.
Telles sont les altérations que la présence des distomes occasionne
dans le foie chez le mouton et chez le bœuf. Des lésions aussi
profondes seraient-elles compatibles avec l'intégrité des fonctions
hépatiques, et avec le maintien de la santé générale? La constitu-
tion des bêtes qui offrent de tels désordres est ordinairement profon-
dément détériorée, mais, avant de chercher quelle peut être la part
des distomes dans cet état de l'économie, il convient de le connaître;
on lui donne généralement le nom de cachexie aqueuse.
CHEZ LES ANIMAUX DOMES HOUES. — DISTOMES. 241
CHAPITRE II.
CACHEXIE AQUEUSE.
Noms vulgaires : France, la pourriture, bête pourrie, le foie douve, la douve, la
douvette, la jaunisse, bouteille, boule, gamadure, goulouraon, ganache, etc.
Angleterre, Rot, Rot dropsy.
Hollande, Hot ongans.
Allemagne, Waserblase, Egeln (Frommann), Egelichte Lebcrn (id.).
Italie, Bisciuola, Marciaja.
La cachexie aqueuse est encore connue sous le nom de pourri-
ture. Le sang, dans cette maladie, est toujours profondément
modifié. La masse totale de ce liquide, sa densité, la proportion des
globules, celle de l'albumine ont diminué; sa température s'est
abaissée ; l'eau s'y trouve en proportion beaucoup plus considérable
que dans le sang normal ; aussi, quelques auteurs ont-ils donné à la
cachexie aqueuse le nom d'/iydrohémie.
Le mouton et le bœuf sont sujets à cette maladie; le cheval, le
chien, le lapin, les oiseaux de basse- cour, le ver à soie sont quel-
quefois atteints d'une affection qui n'est pas sans analogie avec la
cachexie des bêtes ovines et bovines, mais qui, chez les oiseaux de
basse- cour et chez les vers à soie, en diffère sans doute complète-
ment quant à sa nature. Parmi les animaux sauvages, le cerf, le
daim, le chevreuil, le lièvre, etc., paraissent exposés à contracter la
cachexie aqueuse.
Le bœuf est moins fréquemment atteint de la pourriture que le
mouton. Chez ces deux animaux, les phénomènes et la marche de
la maladie ne diffèrent point d'une manière bien notable. Nous nous
occuperons principalement du dernier.
Le mouton, au début de la cachexie aqueuse, perd sa gaieté, sa
force, sa vivacité; la marche est lente, l'appétit diminué, la rumi-
nation troublée, la soif vive; la teinte rosée et normale de la con-
jonctive, du nez, des oreilles et de la peau est remplacée par une
pâleur générale. Après un certain temps de durée, ces phénomènes
s'aggravent, la faiblesse augmente; l'animal se soutient mal et tombe
au moindre obstacle ou au moindre choc; la conjonctive devient
jaunâtre, plus tard elle s'infiltre et forme un bourrelet circulaire en
Davaine. 16
2/|2 UTICTIONS VKltMINEUSliS DUS VOlliS IULIAIHKS
saillie sur le bord des paupières : ce symptôme est caractéristique,
de la cachexie aqueuse. La peau, la membrane muqueuse des lèvres,
des gencives, sont d'un blanc mat, légèrement jaunâtre et sans aucune
apparence de vaisseaux sanguins; la laine sèche, cassante, terne,
se détache par une faible traction; le tissu cellulaire sous-cutané
s'œdématie, ce qui, dans les premiers temps de la maladie, donne
à l'animal une apparence d'embonpoint.
Après être restée un certain temps stationnaire, la cachexie
aqueuse reprend sa marche et se manifeste par de nouveaux sym-
ptômes : l'œdème général disparaît, mais il se montre particulière-
ment sur les parties déclives, surtout aux jambes immédiatement
au-dessous des jarrets. Lorsque l'animal, en paissant, maintient
quelque temps la tête penchée vers le sol, les joues, les parties laté-
rales du col et principalement l'espace intermaxillaire se gonflent
d'une manière très remarquable ; sur les autres parties du corps la
maigreur se prononce de jour en jour davantage, elle devient enfin
extrême. Le ventre est ballonné; l'urine est claire, abondante, non
albumineu.se; le pouls devient petit, accéléré, filiforme; les batte-
ments du cœur sont forts et retentissants ; la laine tombe sur de larges
surfaces ou même sur la totalité du corps; il survient à la peau des
taches plus ou moins larges, jaunes ou noires, formées probablement
par du sang extravasé. Les brebis pleines avortent fréquemment;
celles qui allaitent donnent un lait clair et séreux, insuffisant pour
l'alimentation des agneaux qui sont maigres, chétifs, exsangues. Une
diarrhée séreuse achève d'épuiser les bêtes cachectiques.
L'animal, réduit à l'état de squelette, meurt ordinairement de
deux à six mois après le début de la maladie ; cependant la pour-
riture n'est pas inévitablement mortelle ; des soins convenables
peuvent arrêter les progrès du mal et amener la guérison, mais ce
n'est guère qu'au début de la maladie que l'on obtient ce résultat;
lorsqu'elle est. bien confirmée, la plupart des bêtes cachectiques
périssent.
Lorsque la cachexie aqueuse a duré un certain temps, le diagnostic
s'établit facilement d'après l'apparence extérieure de la bête malade:
la teinte rose pâle et quelquefois légèrement jaunâtre de la conjonc-
tive, de la membrane muqueuse des lèvres, de la peau, la soif exa-
gérée, signalent généralement le début de la maladie. La présence des
distomes dans les voies biliaires pourrait être reconnue par l'inspec-
CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. — DISTOMES. 26.3
tion microscopique des fèces dans lesquelles on constate la pré-
sence des œufs de ces entozoaires.
A l'ouverture du corps, on remarque la pâleur et l'infiltration des
tissus, l'affaissement des vaisseaux, la rareté du sang (1). Les lésions
anatomiques qu'on peut attri-
buer à la cachexie, se résu-
ment, en général, dans la
décoloration , le ramollisse-
ment et l'état exsangue ; mais
on observe dans la plupart des
cas des désordres locaux qui
dépendent de l'existence d'un
grand nombre d' entozoaires
dans plusieurs organes : dans
les conduits biliaires, qui ont
plus ou moins subi les altéra-
tions que nous avons décrites,
se trouvent les distomes ; dans
la substance du foie et dans
d'autres organes, des vers vé-
siculaires ; dans l'intestin, des
ténias; dans les bronches, des
strongles; mais tous ces ento-
zoaires, que l'on rencontre
fréquemment aussi chez le mouton bien portant, sont moins constants
que les distomes dans le foie. Ceux-ci paraissent plus directement
liés, soit comme cause, soit comme effet> à l'état cachectique dont
nous nous occupons.
La pourriture exerce principalement ses ravages sur les jeunes
animaux. Dans plusieurs des épizooties qui ont régné sur l'espèce
(1) M. Andral a signalé depuis longtemps la diminution de l'albumine dans le
sérum et l'abaissement du chiffre des corpuscules sanguins (Ann. de chimie et dé
physique, t. V, 3e série). Les recherches plus récentes de M. 0. Delafond donnent
les résultats suivants : « Diminution notable de la température du sang, de sa den-
sité, du diamètre de ses globules et plus particulièrement de la masse totale de ce
liquide; abaissement du poids normal des globules, de son albumine et augmenta-
tion considérable de son eau. » ( Traité de la pourriture, ou cachexie aqueuse dés
Mtes à laine. Paris, 1854, p. 41; extr. des Mdm. de la Soc. impér. d'agriculture,
1853).
I?IC. 7. _ Ovules des distomes hépatique et
lancéolé.
A. — D. lancéolé. — a, ovule grossi 107 fois;
b, 340 fois ; c, traité par la potasse caustique qui
rend la séparation de l'opercule plus facile. — Couleur
brun noirâtre; longueur, 0"™, 04 ; largeur, 0°"",02.
— Ces ovules se rencontrent chez le mouton dans les
matières fécales ; ils indiquent avec certitude la pré-
sence du distome lancéolé dans les canaux biliaires
ou dans l'intestin.
B. — D. hépatique. — Ovule grossi 107 fois et
traité par la potasse caustique pour en séparer l'oper-
cule. — Longueur, 0"", 13 ; largeur, 0n"">09. —
Mêmes remarques que pour le distome lancéolé.
244 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES BILIAIUES
bovine, on a remarqué que les veaux étaient atteints les premiers et
que les bêtes de deux ans et au-dessous périssaient en proportion
plus considérable que celles d'un âge plus avancé. 11 en est de
même dans l'espèce ovine; toutefois, il n'est pas rare de voir la ma-
ladie atteindre et emporter tous les moutons d'un troupeau, quelque
soit leur âge.
La cachexie aqueuse règne en automne, à la fin de l'hiver et prin-
cipalement au printemps.
Parmi les causes qui favorisent ou qui déterminent l'invasion de
cette maladie, on a signalé la dépaissance d'une herbe chargée de
brouillard ou de rosée, la nourriture mauvaise, insuffisante, le séjour
dans des étables mal tenues et mal aérées, etc.
Les troupeaux qui vivent dans des contrées humides, maréca-
geuses, dans des lieux boisés, dans les prairies dont le sol ou le sous-
sol est argileux, imperméable, dans des terrains exposés aux inon-
dations, ces troupeaux sont surtout sujets à la cachexie aqueuse. Le
climat ne paraît pas tant avoir d'influence sur le développement de
cette maladie que la permanence de l'humidité; aussi la voit-on
régner en Angleterre à l'état d'enzootie, et se développer dans des
pays habituellement secs, après des inondations ou des pluies long-
temps prolongées.
La cachexie aqueuse est très universellement répandue; aucune
affection n'exerce dans l'espèce ovine d'aussi grands ravages : du
nord au midi de l'Europe, en Espagne comme en Nonvége, elle
règne quelquefois par épizooties désastreuses. Elle a été observée en
Egypte, dans l'Amérique du Nord, dans la terre de Van-Diémen,
en Australie, etc. On estime qu'elle fait périr annuellement en
Angleterre un million de moutons ; en France, dans certaines épi-
zooties, elle a enlevé la moitié et quelquefois la totalité des trou-
peaux atteints.
CHAPITRE III.
ÉPIZOOTIES DE CACHEXIE AQUEUSE.
La première épizootie dont l'histoire fasse mention est celle qui
apparut en Hollande en 1552, et que Gemma appella lues infanda
pecoris (1).
(I) Coruelius Gemma, op. cit.
CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. — DISTOMES. 2/j5
Frommann, en 1663, 1664, 1665, observa dans le duché de
Cobourg, une épizootie qui attaqua les brebis et les moutons de tout
âge, les veaux et les génisses jusqu'à Vâge de deux ans, mais point
les bœufs et les vaches. Les lièvres et les cerfs, dans les champs et
les forêts, mouraient de cette maladie. Les chevaux, les chèvres et
les cochons en étaient exempts. Des vers existaient dans le foie
des bêtes malades; dans quatre bergeries composées ensemble de
plus de trois mille moutons, il n'en est pas resté quarante (1).
En 1674, une affection caractérisée aussi par la présence du dis-
tome dans le foie, fut observée par Willius en Seeland ; cette affec-
tion atteignit presque tous les bœufs (2) .
La cachexie aqueuse règne fréquemment en France par épizoo-
ties; celles qui ont été décrites depuis un siècle se sont étendues,
pour la plupart, sur une grande surface comprenant plusieurs
départements et même la plus grande partie du pays ; elles se sont
montrées dans des années remarquables par des pluies abondantes et
de longue durée :
En 1743 et 1744, la pourriture enleva toutes les bêtes à laine du
territoire d'Arles;
En 1761, la même maladie enleva tous les troupeaux de
l'Aveyron;
En 1761 et 1762, dans le nord de la France, et principalement
dans le bas Boulonnais, les moutons furent décimés par la cachexie
aqueuse ;
En 1809, une grande partie de la France fut ravagée par cette
maladie ; dans le Beaujolais, des troupeaux de mérinos périrent sans
qu'il en restât un seul individu ;
En 1812, la cachexie régna dans le midi et principalement
dans les départements du Rhône, de l'Hérault et du Gard ; trois
cent mille bêtes à laine périrent dans le territoire d'Arles et
quatre-vingt-dix mille dans les arrondissements de Nîmes et de
Montpellier ;
En 1816 et 1817, elle exerça de nouveau de grands ravages dans
un grand nombre de départements ;
En 1820, elle régna avec intensité dans les environs de Béziers;
En 1829 et 1830, elle exerça ses ravages dans la plupart des
localités du département de la Meuse, et dans les départements voi-
(1) Frommann, Mém. cit.
(2) Willius, iléin cil
2h() AFFECTIONS Vi:r.MlNi:USHS DÉS VOIKS lilMAIRKS
sins; non-seulement les moutons, mais aussi les bœufs périrent en
gfandnotnbfe. Dans l'arrondissement de Montmédy, sur vingt-quatre
à vingt-cinq mille bêtes à cornes, on en perdit environ cinq mille;
parmi les bêtes à laine, il n'en resta pas la moitié. Certaines com-
munes ont perdu deux cents bêtes à cornes et quinze cents à dix-huit
cents bêtes à laine (1) ;
En 1853 et 1854, la cachexie régna de nouveau dans la plus
grande partie de la France, et principalement dans les départements
du centre; dans leBerry, le Gâtinais et la Sologne, des cultivateurs
ont perdu le quart, le tiers et les trois quarts des bêtes composant
leurs troupeaux (2).
CHAPITRE IV.
RAPPORTS DE LA CACHEXIE AQUEUSE AVEC INEXISTENCE DES DISTOMES.
L'existence des distomes dans les voies biliaires est-elle la cause
de la cachexie aqueuse ou n'est-elle qu'une simple complication 1
Cette question a été diversement jugée. Plusieurs raisons nous por-
tent à croire que la présence des distomes dans les voies biliaires est
une cause déterminante de la pourriture : on sait généralement que
la cachexie aqueuse est occasionnée par l'humidité des pâturages;
parmi le grand nombre de faits qui peuvent être invoqués à l'appui
de cette assertion, l'un des plus remarquables est le suivant, observé
par Dupuy : cinq cents moutons, qui avaient pâturé sur un terrain
humide où se trouvaient des fossés remplis d'une eau stagnante,
périrent de la cachexie aqueuse ; quinze brebis qui ne pouvaient
suivre le troupeau jusqu'à ces fossés parce qu'elles étaient boiteuses,
furent toutes préservées (3).
On comprend que l'herbe trop aqueuse d'une prairie humide puisse
à la longue avoir quelque influence sur l'économie du mouton, et
qu'elle détermine la détérioration de sa constitution ; telle était
peut-être la cause de la maladie des cinq cents moutons de Dupuy ;
mais cette explication ne peut plus être invoquée à l'égard des faits
suivants :
(1) Didry, De la cachexie aqueuse ou hydropisie des bêtes à grosses cornes (Re-
cueil de rnéd. vêt., ann. IX. Paris, 1832, p. 139).
(2) 0. Delafond, Mém. cit.. p. 3.
(3) Dict. de rnéd. chir. vélérin., de Hurtrel d'Aiboval, Paris, 1838, t. I, p. 255,
art. Cachexie.
CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. — MSTOMES. 2^|7
« 1° Un fermier, dans le voisinage de Wragby (Lincolnshire),
mena vingt moutons à la foire, et en garda six dans sa propriété. Les
vingt moutons, n'ayant pas été vendus, furent ramenés et remis dans
le champ où les six autres étaient restés. Dans le courant de l'hiver,
ces vingt moutons moururent de la pourriture, mais les six qui
étaient restés à la ferme, continuèrent à se bien porter. Il ne peut
y avoir de doute sur l'exactitude du fait, car les moutons envoyés
à la foire avaient reçu une marque que ne portaient pas les six
autres.
.» La perte de ces vingt moutons ne peut être expliquée que par
la supposition qu'ils avaient traversé quelque communal ou quelque
pâturage dans lequel ils ont contracté la pourriture (1). »
« 2° Un mouton, appartenant à un lot de vingt, ayant été atteint
d'une fracture de la jambe en sortant de la foire de Burgh (Lincoln-
shire), les dix-neuf autres furent parqués dans un communal à
l'extrémité de la ville, jusqu'à ce qu'on eût pu se procurer une voiture
pour emporter le mouton blessé; ces dix-neuf moutons moururent
tous de la pourriture, tandis que celui qui avait été blessé fut exempt
de la maladie (2)."
Si la cachexie aqueuse peut être contractée dans l'espace d'une
ou de deux journées, elle ne peut plus être expliquée par une influence
de régime ou de nourriture.
Il est aujourd'hui reconnu que le distome hépatique ne s'engendre
pas dans les voies biliaires, mais qu'il y arrive du dehors ; on sait
encore par analogie, qu'à l'état de larve, ce ver vit libre dans l'eau
ou parasite chez de petits animaux aquatiques; une seule journée de
pacage dans un lieu infesté de ces larves pourrait donc suffire pour
que le mouton en ingérât un grand nombre dans son estomac. Les
larves, une fois parvenues dans les viscères, trouvant un séjour
convenable, se métamorphosent, se développent, grandissent et
peuvent troubler profondément les fonctions de l'organe qui les re-
cèle. L'influence de l'humidité sur la constitution du mouton trouve-
rait de cette manière une explication nouvelle et plausible, car nous
savons que les distomes produisent de graves désordres dans les
canaux biliaires et dans la substance même du foie ; or, l'impor-
tance des fonctions hépatiques aujourd'hui bien connue, ne permet
(1) George Budd, On diseases of the lïver. Londou, 1852, p. 481. D'après Lib.
of useful knowledge. Trealise on the sheep, p. 453. Quoled fromParhinson, onlive
stock, vol. I, p. 421.
(2) Même ouvr.
'268 AFFECTIONS VERMlNIiUSIîS DKS VOIliS BILIAIRES
point do regarder de pareils désordres comme compatibles avec le
maintien de la santé générale. On conçoit que le sang, privé d'une
partie des principes qu'y déverse le foie, subisse une détérioration
graduelle, et que la cachexie aqueuse en soit la conséquence.
Ainsi l'apparition de la pourriture chez un animal qui n'a passé
qu'un court espace de temps dans de mauvaises conditions, la per-
sistance de la maladie malgré Péloignement de ces conditions, son
aggravation ultérieure et progressive, reçoivent une explication toute
naturelle par l'invasion des distomes qui se développent et séjour-
nent dans les voies biliaires.
Il se peut que la cachexie aqueuse, comme l'anémie, comme l'hy-
dropisie, reconnaisse des causes diverses, qu'elle soit quelquefois le
résultat d'une influence débilitante longtemps prolongée, d'autres fois
celui d'une altération des fonctions hépatiques par l'invasion des dis-
tomes; mais il est remarquable que dans certaines épizooties, des
animaux d'espèces différentes et des animaux qui sont peu sujets
à l'envahissement des distomes, offrent tous, dans les conduits
biliaires, de ces entozoaires en quantité considérable. Non-seulement
on voit fréquemment à la fois les bœufs et les moutons affectés de
la cachexie et des distomes, mais on a vu, et notamment dans l'épi-
zootie dont parle Frommann, les cerfs dans les forêts, les lièvres dans
les champs, offrant de nombreux distomes dans les voies biliaires,
périr comme les moutons et les bœufs.
En exposant ces vues théoriques, nous n'avons d'autre but que
d'indiquer aux recherches une direction qui nous semble devoir mener
à la connaissance de la cause la plus ordinaire de la pourriture. Si
ces vues se confirment par l'observation des faits, peut-être en res-
sortira-t-il un moyen de prévenir la désastreuse maladie dont nous
nous occupons ; trouver ce moyen, ce ne serait pas seulement rendre
service à l'agriculture, ce serait encore servir grandement l'intérêt
public. C'est aux hommes qui sont à portée d'observer les débuts de
la maladie qu'il appartient de déterminer les conditions de son déve-
loppement, le mode de transmission et de propagation des helminthes
qui paraissent jouer un grand rôle dans l'invasion, dans les progrès
et dansl'issue funeste delà cachexie aqueuse. Les hommes instruits,
les médecins, les naturalistes, aussi bien que les vétérinaires, pour-
raient faire de cette maladie un sujet de recherches dont le succès
ne paraît point au-dessus des ressources de l'observation et de l'ex-
périmentation.
CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. — D1STOMES. 2L\9
CHAPITKE V.
TRAITEMENT DE LA CACHEXIE AQUEUSE.
On ne connaît point de moyen de guérir la cachexie aqueuse
arrivée à un certain point; les cultivateurs doivent donc mettre tous
leurs soins à préserver leurs bestiaux de l'invasion de cette maladie.
Éviter de faire paître aux troupeaux une herbe chargée d'humidité,
soit après des pluies prolongées, soit pendant les brouillards du
matin ou du soir, les éloigner des prairies marécageuses, donner
aux animaux une nourriture substantielle et suffisante, assainir les
bergeries, drainer les terrains humides, etc., tels sont les moyens
généralement conseillés pour prémunir les bestiaux contre la pour-
riture.
Lorsque la maladie s'est déclarée dans un troupeau, le meilleur
moyen d'en arrêter les progrès est l'émigration dans une localité
élevée et sèche. L'usage de certains aliments ou de certains médi-
caments peut avoir encore quelques avantages : le tourteau de colza,
les feuilles d'arbres résineux, tels que le pin et le sapin, les tiges du
genêt, de l'ajonc, la gentiane, l'écorce de saule, la chicorée sauvage,
l'absinthe, l'armoise, les baies de genièvre, le poivre, etc., le sel
gemme que l'on fait lécher aux bêtes, le sel marin, à la dose de cinq
à six grammes par tête, mélangea de la farine d'orge, d'avoine, de
vesce, ou jeté en solution sur les fourrages, la limaille ou l'oxyde de
fer, le carbonate, le sulfate de cette base donnés à la dose d'un à
deux grammes et de la même manière, peuvent quelquefois ramener
à la santé des bêtes manifestement malades (1). La teinture d'iode,
(I) M Rey a conseillé l'usage d'un pain nutritif et médicamenteux dont il dit
avoir obtenu de très bons effets, et que M. Delafond a modifié de la manière
suivante :
Farine de blé non bluté 5 kilogrammes.
— d'avoine 10
— d'orge ' 5
Prolosulfate de fer pulvérisé )
„ . , , , 5 aa lbO grammes.
Carbonate de soude )
Sel marin i kilogramme.
Failes une pâte avec quantité suffisante d'eau, laissez fermenter et faites cuire au
four. On en donne à chaque mouton 250 grammes matin et soir. Une amélioration
notable se manifeste dans la santé des bêtes cachectiques après dix ou quinze jours
de l'usage de ce pain.
250 AFFECTIONS VfiRflfMfECSËS DES VOUS BILIAIRES
à la dose de 20 à 30 gouttes pour 2 à 3 décilitres d'eau, a été der-
nièrement préconisée par M. de Romand.
DEUXIÈME SECTION.
VERS DES VOIES BILIAIRES CHEZ L'HOMME.
Chez l'homme, les vers propres aux voies biliaires sont aussi des
distomes. Les ascarides lombricoïdes qui ont été quelquefois rencon-
trés dans ces voies, ne s'y étaient pas développés ; il en est de même
des échinocoques qui n'arrivent qu'accidentellement dans les con-
duits hépatiques (voy. Vers de l'intestin, p. 156 et suiv. , et Vers
des cavités séreuses) .
Les cas de distomes observés dans les voies biliaires chez l'homme
sont rares; quelques anciens auteurs ont émis à ce sujet des asser-
tions, sans rapporter d'observations positives:
" Amicus quidam, dit Pierre Borel, mihi asseruit in omnibus
» animalibus insecta heec reperiri et se in hominibus, porcis, etc.,
» eos vidisse (1). «
Malpighi, auquel on attribue d'avoir vu ces vers chez l'homme,
dit seulement: « In hepate fréquentes occurunt venues cucurbitini in
» homine et brutis, prsesertim in bove (2). »
Bidloo, après avoir parlé du distome hépatique du mouton, s'ex-
prime sur ceux de l'homme en ces termes : » Detexi aliquando in
» et circa humana jecinora diversse ab hisce animalculis fabriese et
» ut tune temporis mihi videbantur, alterius figurai animalia, sive
» vermes. Quanquam mihi persuadere jam ausim (penitiore videlicet
» instructus animalculi prœdicti cogitione atque expertus insuper
» quo sesemodo complicare possunt) me ea quoque in hepate vidisse
» humano : priusquam autem vel minimum quid uteertum affirmera,
» conabor, nulla neglecta opportunitate, ipsam hujus rei eruere et
» patefacere veritatem (3) . »
C'est à Pallas que l'on doit la première observation positive.
(1) P. Borel, cité par Leclerc, p. 283.
(2) Marcelli Malpighi, Opéra postuma. London, 1697, p. 84.
(3) Godefridi Bidloo, Observatio de animalculis in ovino, aliorumque animan-
tium hepate deteclis, dans Leclerc, op. cit., p. 119.
CHEZ L'HOMME. — DISTOMES. 251
CHAPITRE PREMIER.
CAS DE DISTOMES DANS LES VOIES BILIAIRES.
Ier Cas (Pallas).
« In hepate et biliario systemate abundant fasciolfe variée, inque hu-
» mano jecinore a se visos asserit Bidlous, quemadmodum ipse quoque Bero-
» lini easdem mortuas, contractasque ramo hepatici ductus incuneatas in fe-
» minée cadavere vidi (1). » Dans un autre passage, Pallas dit : « Et mea me
» denique docuit experientia in theatro anatomico Berolinensi, ubi in feminœ
» fibris fasciolam ramo ductus hepatici insertam vidi (2). »
IIe Cas (Buchholz).
« La nouvelle découverte de feu le conseiller des mines Buchholz, à
Weimar, éloigne ce qu'il y a de douteux dans cette observation (devers du foie)
et les autres pareilles ; en effet, il a trouvé, en -1790, dans la vésicule biliaire
d'un forçat, mort de la fièvre putride, une grande quantité de vers qu'il en-
voya au professeur Lenz, qui me les a communiqués, en les prenant dans la
collection ducale pour les dessiner et les introduire dans le présent mé-
moire Malheureusement, Buchholz nenous a rien ditdes circonstances par-
ticulières de la maladie de ce condamné et des changements contre nature
qu'il a trouvés dans le cadavre (3). a
Ce récit de Jordens est tout ce que l'on sait du fait observé par
Buchholz. Les vers conservés dans la collection de Weimar ont été
examinés aussi par Rudolphi (4) et Bremser (5).
IIP Cas (Fortassin).
En parlant des fascioles de l'homme d'après Bidloo et Montin, Fortassin
dit : « Il y a longtemps que j'en ai trouvé deux dans les pores biliaires d'un
homme (6). »
IVe Cas (Brera).
« Le cadavre d'un individu scorbutique et hydropique m'offrit, dit Brera,
un foie assez dur et volumineux, couvert à la surface de cysticerques (fine
(1) P. S. Pallas, Dissert, inaug. de infectis viventibus intra vivenlia. Lugduni,
Batav., 1760, p. 5.
(2) Idem, ibid., p. 28.
(3) J. H. Jordens, Entom. und Helminth des MenschUchen korpers, 1802, p. 65.
(4) Rud., Hist. nat. citée, 1. 1, p. 326, et t. II, part. I, p. 355.
(5) Bremser, ouvr. cit., p. 269.
(6) L. Fortassin, Consid. sur l'hist. nat, et méd. des vers du corps de l'homme.
Paris, an XII (1804), p. 19.
25*2 affections vebmineuses dus voies biliaires
epatiche) et rempli de fascioles (huis sa substance intérieure, lesquelles ici soli-
taires, là réunies en nombre plus on moins grand, se trouvaient principale-
ment dans les acini biliaires (-1). » Et plus loin il ajoute : « Nous devons à
Jôrdens l'excellente figure de la fasciole que Buchholz a trouvée à Weiimir...
Les fascioles que j'ai observées dans le cadavre d'un bomme scorbutique et
bydropique sont un peu plus grosses (2). »
Ve Cas (P. 1-junk).
« Antoinette Aragnoli. âgée de huit ans, fut reçue à l'hôpital de Milan le
27 novembre 1782 ; elle était réduite au dernier degré do marasme; elle avait
le pouls fréquent et très faible, la face cadavéreuse, l'abdomen météorisé. La
diarrhée la fatiguait depuis six mois et s'accompagnait d'une douleur à la ré-
gion hépatique. Cette douleur revenait quelquefois si vive que la malade l'ex-
primait par des contorsions et une anxiété violente ; malgré la longueur de la
maladie on n'observa jamais de nuance ictérique. La vie se soutint encore
quelques jours dans cet état fâcheux et la mort survint au milieu des convul-
sions.
» A l'ouverture du cadavre, on remarqua que le conduit hépatique avait le
volume d'une plume à écrire de médiocre grosseur ; il présentait de plus, à sa
naissance, une poche au milieu de laquelle étaient cinq vers roulés en peloton,
tous vivants, de couleur vert jaunâtre, de la grosseur d'une paille plate, de la
longueur d'un ver à soie (3). »
La description de ces vers est fort obscure; elle ne peut guère se
rapporter qu'au distome hépatique.
VIe Cas (Pautridge).
« Il y a peu d'années, dit M. Budd, un distome unique fut trouvé par mon
coliègue, M. Partridge, dans la vésicule biliaire d'un individu qui mourut à
l'hôpital de Middlesex.
» M. Partridge, présent à l'autopsie, fut frappé de l'apparence de la vési-
cule qui, au lieu d'être colorée par la bile comme ordinairement, était parfai-
tement blanche. Il enleva cet organe dans le but d'examiner sa structure et,
en l'ouvrant, il rencontra le distome. Le professeur Owen, auquel le ver fut
remis, ne le trouva nullement différent du distome hépatique du mouton. La
vésicule et le conduit cystique, qui étaient parfaitement sains, sont conservés
dans le muséum de Kmg's collège (4). »
(i) Bicra, Mém. prim. cit., p. 94.
(2) Idem,ibid., p. 96.
(3) P. Frank, ouvr. cit., t. V, p. 351.
(i) George Budd, On discases of the liver. London, -1S52, p. 484.
CHEZ L'HOMMIi, — DISTOMES. 253
CHAPITRE II.
DISTOMES ERRATIQUES.
Chabert et Mehlis ont encore observé chez l'homme des distomes
qui, originaires sans doute des voies biliaires, étaient arrivés acci-
dentellement dans l'intestin. M. Busk en a trouvé dans le duo-
dénum provenant aussi probablement du foie.
VIIe Cas (Chabert).
Le fait de Chabert n'est connu que par le rapport de Rudolphi dans Wiedem
Archiv., III, 2, p. 24 (1), et par ce qu'en a dit le célèbre helminlhologisle
dans son histoire naturelle des entozoaires, en ces termes : « Mirum autem
» est, in homine non nisi specimina juniora reperta esse, sic quae Jordens sub
» dislomatis hepatici nomine maie descripsit et quae celeb. Chabert olei sui
» empyreumatici ope a puella, copia maxima deorsum depulit. Utraque pos-
» sideo : omnia parvula sunt, ut pro specie nova olim vendilaverim (2).
» In ductibus biliariis reperiuntur, unde etiam in vesiculam felleam et
» per ductum choledochum in intestinum deferuntur, in quopassim reperi, uli
» etiam distomata plurima, olei empyreumatici ope a puella tenera depulsa a
» Chaberto accepi (3) . »
VIIIe Cas (Mehlis).
« Nec non Clausthaliae degit metallifossoris vidua, cujus hepar ab ulrius-
» que speciei distomatibus incolitur. Femina hœc, 31 annos nata, simplex
» atque proba, de morbo hepatis mihi jam ex aliquo tempore suspecta, alhitis
t> vere anni 1821 novem distomatibus hepaticis narravit, se aliquot diebus
» anteplura talia animalcula et isto ipso die ea, quae apporlasset, sub repetilis
» animi deliquiis cum multo sanguine coagulato evomuisse vermesque ejectos
» adhuc vivos manifesto se contraxisse et movisse. Alvum leniter purgavi, ut
» deducerenlur fasciolae, quae in intestinis forsan morarentur, seduloque fe-
» minam admonui, ut, dejectis quibusque attente perquisitis, quas reperiret,
» statim adferret. Proximis diebus nullae apparuerunt, excrementa naturalia
» ërant et aegrota satis bene se habebat. Post quatuordecim dies autem in
» silvam lignatum profecta, subito tenesmo ibi correpla, satis multos illorum
» vermium, ut postea retulit, in globum convolutos cum multo muco, sed
» nullis cum faecibus dejecit. Anno insequente fréquenter color faciei flaves-
» cens, saepius levis dyspnœa, ila ut eegra in eundo interdum consislere de-
(1) Bremser, ouvr. cil., p. 269, donne l'indication suivante : Rudolphi, BemerJc
Auf einer Reise, II, S. 37.
(2) Rud., Hist. nat., t. I, p. 327.
(3) Idem, ibid., t. II, p. 356.
!2:Vi AFFECTIONS VERMINliUSES DES VOlliS BILIAIRES
» béret, tussis brevis, angor, abdomon inflatum, hypoohondria dolentia et
» tensa et magna membrorum lassilulo; tum plerumque mox sub spasmis
» variis et animi do!i(]uiis vomilus lymph;c tennis, cruenlae, interdum san-
» guinis coagulati particulis comiuixla', qua eruclata slatim molestiao ill;c
» valdo levatîc ; ceterum valetudo corporis satis bona, ciboruni clesiderium
» illaesum et coclio, piicterquam quod tubera solani aliique cibi graviores ven-
» triculum oncrare et inllare solebant, intégra. Mense demum junio anni
» 1823, oppressio pecloris sensim auela, spiritus angustior, crebrior tussis
T> brevis etsicca, lassiludo membrorum gravior; tum, sensu omni intercepto,
» repente véhémentes totius corporis convulsiones iteralo revertentes, quas
» aphonia fere perfecla et plures dies protracta, tussis frequentissima, arida,
» respiralio valde laboriosa, dolor pectoris et hypochondriorum sœvus atque
» mira abdominis ne levissimum quidem attactum ferentis inflatio et tensio
» exceperunt, sub affectibus his et aliusmodi spasticis, nunc paullum remit-
» tentibus, nunc iterum aggravescenlibus, tandem vomitus iteratus, quo
» procter cibos comestos atque bilis vitiatœ, matériel membranosœ et san-
» guinis coagulali magnam copiam denuo plura distomata hepatica éjecta
» sunt. Quas itidem vixisse adseruerunt, qui adstiterant. Eorum partem exce-
ï perant, reliqua abjecerant. Jussi statim, ut vas purum ad manum ponerent
» et sollicite omnia, quas sequentibus diebus exspuerentur, asservarent. Ter
» adhuc vomuit aegra. In liquore eructato non solum illorum dislomalum
» iterum plura fragmenta et nonnulla intégra, sed etiam ad quinquagenta
» distomata lanceolata reperi. Alvo vero nulla dejecta visa. Symptomala dicta
» deinde paullatim plane remiserunt et œgrota sanitati restituta est. Tem-
» pore inde elapso in universum ea bene valuit, sed nonnunquam iisdem
» molestiis conflictata est ac priori anno, unde hepar ejus ab hospitibus istis
» nondum liberatum esse suspicor. Distomata, queeevomuit, ejusdemsunt ma-
» gnitudinis,quam ea, qua3 in animalium hepatibus reperiuntur, insignia esse
» soient, et omnibus partibus hisce aaqualia atque paria (4). »
IXe Cas (Bcsk).
« Dans l'hiver de '1843, dit JVL Budd, quatorze distomes furent trouvés
par M. Busk dans le duodénum d'un lascar (2), qui mourut au Dreadnought
(vaisseau hôpital sur la Tamise). Il n'y en avait point dans les conduits ni dans
la vésicule biliaires. Ces distomes étaient beaucoup plus épais et plus grands
que ceux du mouton, ayant depuis un pouce et demi jusqu'à presque trois
pouces de longueur. Ils ressemblaient au distome hépatique pour la forme;
mais ils étaient semblables au distome lancéolé quant à la structure, le double
conduit alimentaire, comme dans ce dernier, n'étant point ramifié^ et tout
l'espace compris entre ses branches, vers la partie postérieure du corps, étant
(1) Eduardus Mehlis, Observ. analom. de dislomale hepalico et lanceolato. Got-
linguc, 1825. p. 6.
(2) Matelot iudieu qui sert à bord dés vaisseaux anglais.
CHEZ L'HOMME. — DISTOMES. 255
occupé par les ramifications de l'utérus. Deux de ces distomes, qui m'avaient
élé donnés par M. Busk, sont conservés dans le muséum de King's collège,
Prep. 346 (1). s
CHAPITRE III.
CAS INCERTAINS OU FICTIFS.
D'autres cas de vers des voies biliaires sont encore mentionnés
par plusieurs auteurs, mais ces cas de vers réels ou fictifs n'appar-
tiennent point à la catégorie dont nous nous occupons ici, ce sont :
1° Un cas de Gaspar Bauhin ; il s'agit de vers indéterminés et
probablement fictifs qui existaient dans les rameaux de la veine porte
soit avant, soit après la pénétration de ces rameaux dans le foie ;
nous en parlerons à propos des vers du système sanguin.
2° Un cas de Bianchi, relatif à des animaux fictifs, à des insectes
trouvés dans la substance du foie et que des auteurs postérieurs ont
rapportés aux distomes (2).
3" Un fait rapporté par Perrault n'est pas sans analogies avec
celui de Mehlis, et peut-être les vers semblables à des sangsues et
blancs que la malade vomisssait, étaient-ils des distomes ; on ne
voit pas au moins à quels autres animaux ils pouvaient appartenir.
Ce cas pourrait donc être regardé comme un cas de distomes erra-
tiques.
Il s'agit d'une fille, âgée de vingt- trois ans, se disant tourmentée depuis
deux ans d'un vomissement de vers qui avait lieu tous les jours à la même
heure. Pendant une convulsion, elle rendit à l'heure ordinaire, enprésencede
plusieurs médecins et de Perrault, « vingt-huit à trente vers de la forme et de
(1) Budd, ouvr, cit., p. 484.
(2) Voici le fait : « Animalia quœ forte in humano hepate a nobis inspecta sunt,
» hic etjam referamus. Haec igitur animalcula non in bijiosis solum jecoris poris,
» sed in ipsa intima atquc parenchymatosa, ut dicunt, substantia invenimus ; in
» qua sepositas cellulas, tanquam distinctes cryptas et lustra, sibi excavasse vide^-
» bantur. Non ita exigua haec animantia fuere ut nudis etiam oculis facile intueri
» non possent, eorum color subvifidis; dorsum nonnihil concavum ; eaput parvum
« et nigricans, pedes minntissimi et numéro sex ; totius auimalis ambitus ad rotun-
« dum accedens; uno verbo, si colorem demas, non multum cimicjhus absiniiles.
» In homine hi vernies visi sunt melancholico qui prius gravi obstructione hepatis
« longoque ietero prehensus, cachexia poslmodum lentaque febre ac diariheea absu-
n mebatur. » (J. B. Bianchi, De nat. in hum. corp. vitiosa morbosaque gênera-
tïone hist. Augustes Taurinorum, 1749, pars tertia, p. 344);
256 AFFECTIONS VERMINEUSES DUS VOIES BILIAIRES
la grandeur des sangsues médiocres, tous fort vifs et ayant le mouvement de
raccourcissement et d'allongement quo les sangsues ont. Ils étaient dilîérents
dos sangsues seulement par la couleur qui était blanche. » Cetlo fdle vomis-
sait quelquefois plus de cent vers; deux vers placés dans uno boîlo de sapin
étaient oncoro vivants au bout d'une heure. Placés clans l'eau froide, ils mou-
rurent en quelques instants (l). »
4° Un cas de Moulin, dans lequel un ver indéterminé et désigné
sous le nom de Fasciola intestinalis a été rendu par une femme. Ce
ver, qui n'était probablement qu'un fragment de ténia ou de bothrio-
céphale, a été rapporté à tort par quelques auteurs au distome hépa-
tique (2).
5° Un cas de Deleau-Desfontaines où il s'agit d'un ver / dont la
description ne se rapporte à aucun des entozoaires connus (3).
6° Enfin Fortassin dit que Smezio a aussi trouvé des fascioles
dans l'homme (4).
i
Nous rappellerons, avant de terminer l'histoire pathologique du
distome hépatique, que ce ver qui a passé longtemps pour être tout à
fait spécial aux voies biliaires, a été rencontré encore dans la veine
porte et dans des tumeurs inflammatoires sous-cutanées. Nous rap-
porterons les cas qui nous sont connus lorsqu'il sera question des
vers du système sanguin.
(1) Rapport de Perrault, dans Mém. Acad. des sciences. 1675, t. X, p. 550 et
Collect. acad., t. I, p. 385.
(2) La cinquième espèce est celle du Fasciola inleslinalis, dit Rosen (ouvr. cil.,
p. 386). Le docteur Montin l'a chassé du corps d'une femme, et l'a bien décrit dans
les Mémoires de l'Académie royale de Suède de 1 7 6 3, page 113: « Ce ver est épais, etc. »
Suit une description donnée d'après des vers plus ou moins semblables trouvés
dans les poissons et qui ne sont point des distomes. C'est donc à tort qu'Hippolyic
Cloquet dit, en parlant du distome hépatique : « Lorcnz Montin a ob'servé l'exis-
tence de cet animal dans notre espèce. » (Faune médic, t. V, p. 134, art. Fascioliï
HEPATIQUE.)
(3) Chez un homme âgé de trente-trois ans, «on aperçut, vers le milieu de la
partie concave du grand lobe, une espèce de cavité d'environ six à sept lignes de
diamètre et de quatre à cinq de profondeur, remplie d'une humeur épaisse et noi-
râtre, du milieu de laquelle sortit un insecte encore vivant. » C'était un ver long
dequalre pouces, gros comme un ver à soie, rouge brun, composé d'auneaux ; poil
roide au milieu de chaque anneau; tête avec une trompe en suçoir; extrémité pos-
térieure large et plate (Deleau-Desfontaines, Obs. sur une maladie extraordinaire
suivie de la mort, occasionnée par la présence d'un insecte vivant trouvé dans la
substance du foie (Journ. gén. de méd. de Sédillol. Paris, an X, t. XV, p. 43).
(4) Fortassin, Mém. cit., p. 20.
CHEZ LE LAPIN. — CORPS OVIFORMES. 257
DEUXIÈME DIVISION.
phénomènes pathologiques occasionnés par des oeufs
d'helminthe.
(Corps oviformes des voies biliaires.)
PREMIÈRE SECTION.
CORPS OVIFORMES CHEZ LE LAPIN.
On voit très communément à la surface du foie chez le lapin domes-
tique, des traînées ou des amas blanchâtres formés de corpuscules
dont l'aspect, au microscope, offre une très grande analogie avec celui
des ovules de quelques vers intestinaux ; en effet, ils sont blancs,
ovoïdes, pourvus d'une coque épaisse, lisse, résistante et d'un con-
tenu granuleux. Cependant, l'absence constante d'un entozoaire qui
les eût déposés dans les voies biliaires, l'impossibilité d'expliquer
leur arrivée du dehors, couvrent leur origine d'une obscurité com-
plète.
En 1843, le docteur Herm. Nasse étudia ces corpuscules avec
soin. Il rapporte que déjà Carswell avait connu les dépôts qu'ils for-
ment et les avait considérés comme de nature tuberculeuse (1), que
Hake, en 1839, les avait rapportés au carcinome et qu'il avait re-
gardé les corpuscules oviformes comme des nucléoles de pus [Eiter-
kùgelcheri) faisant partie constituante du cancer (2) . Le docteur Nasse
rectifie sans peine ces opinions erronées, et cherche ensuite dans la
constitution des corpuscules et dans l'action des réactifs à reconnaître
leur nature. Il n'est pas éloigné de les regarder comme des cellules
analogues à celles du cartilage, et finalement il conclut que ces cor-
puscules sont des productions épithéliales anormales de la surface
des conduits biliaires (3).
(1) Carswell's, Illustrations of rnorbid analomy, fasc. tubercle, pi. Il, f. 6, cité
par Nasse.
(2) Hake, A T réalise on varicose capillaries, as consliluting the structure of car-
cinoma oflhe hepatic ducts, wilh an account af a new form of the pus globule.
London, 1839, cité par Nasse.
(3) Prof. doct. Herm. Nasse in Marburg, Ueber die Eiformigen zellen der luber-
kelahnlichen Ablagerungen in den Gallengangen der Kaninchen (Arch. de Millier,
1843, p. 209).
DA VAINE. 17
■2;>N AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES MLIAI1ÎES
Lo docteur Handfield Joncs, en 18-16, étudia de nouveau ces corps
et les considéra comme le produit de la transformation des cellules
normales du parenchyme du foie (1).
A la même époque, M. Rayer, ayant observé des dépôts blan-
châtres dans le foie chez plusieurs lapins, fut frappé de la ressem-
blance des corpuscules qui les constituaient avec des œufs d'helmin-
the, et en particulier avec ceux du distome lancéolé. M. Dujardin,
auquel il en envoya, crut même y reconnaître un opercule, et pensa,
vu l'absence d'une coloration noirâtre et leur moindre diamètre, qu'ils
étaient des ovules du distome lancéolé non parvenus à maturité.
M. Rayer reconnut encore que ces formations étaient contenues dans
des dilatations ovoïdes ou fusiformes des conduits biliaires, que les
parois dilatées de ces conduits étaient plus épaisses qu'à l'état normal,
et que le reste de l'organe hépatique paraissait n'avoir subi aucune
altération (2).
Mon ami, M. Brown-Séquard, fit en 1849 quelques nouvelles
recherches sur ces corps qu'il considéra aussi comme des ovules
d'helminthe (3).
En 1852, M. Kiichenmeister s'occupa de nouveau de cette ques-
tion. Il rapporte que M. Vogel prit ces corpuscules pour des œufs
de ténia, et que M. "Virchow lui écrivit qu'il trouvait fort difficile
de se prononcer sur la question de savoir si ces corps sont des œufs
d'entozoaire ou des formations psorospermiques ; au reste, M. Kiichen-
meister ne se prononce nullement sur leur nature (4). Enfin,
M. Kdlliker les considère comme des œufs de bothriocéphale (5).
On voit que les hommes les plus compétents ont eu sur cette
question les opinions les plus diverses.
Des corpuscules qui ont avec les précédents quelque analogie,
ont été rencontrés dans les glandes ou dans les villosités de l'in-
teslin. M. Remak a donné la figure d'un corps plus ou moins ana-
logue; il l'a regardé comme un parasite particulier qui se développe -
(1) HandDcld Jones, Examen microscopique d'un foie de lapin altéré (Archiv .
d'anal, générale et de physiologie. Paris, janvier^ 1846, p. 18).
ff (2) Rayer, OEufs de distome en quantité innombrable dans les voies biliaires du
lapin domestique, sans distome dans les mêmes parties {Archiv. d'anat., cit. p. 20).
(3) Brown-Séquard, Helminthes trouvés ches des lapins (Comptes rendus Soc.
biologie. Paris, 1849, 1. 1, p. 46).
(4) Kiichenmeister, in Arch fur palholog. Anal, und phys. von Virchow, 1852,
p. 83.
(3) KôHiker, Mikroskopische anatomie^ t. II; 2e division, 1" partie, p. 173, cit
par Finck.
FlG. 8. — Corps oviformes du
foie delapin, grossis 340 fois,
— a, variété minor ; b, variété
major ; c, le même après avoir
séjourné quelque temps dans de
la terre humide ; le contenu
(vitellus 1) s'est divisé ou frac-
tionné en quatre sphères.
CHEZ LE LAPIN. — COUPS OVIFORMES. 259
rait dans les cylindres épithéliaux des glandes de Lieberkuhn (1).
M. Finck a trouvé dans les villosités de l'intestin du chat des corpus-
cules, ordinairement réunis par deux, et qui ont aussi avec ceux
du foie du lapin une certaine analogie ; il les nomme corpuscules
géminés et les croit en relation avec Y absorption graisseuse (2).
On trouve constamment ensemble deux variétés de ces corps :
les uns plus petits, en forme d'olive, longs
de 0mm,032 et larges de 0o,n\015, ont un
contenu grenu (vitellus?) uniformément ré-
pandu dans la coque ; les autres plus grands,
régulièrement ovoïdes, longs de 0mm,04,
larges de 0mm,02, ont un contenu grenu
(vitellus 1) rassemblé en une masse sphéri-
que, ordinairement centrale.
Quelle est la nature de ces corps ? Ils
n'appartiennent évidemment ni au pus, ni
au tubercule, ni au cancer; ils diffèrent
complètement des psorospermies ; quant à
être des cellules du foie ou des conduits
biliaires dégénérées ou transformées, l'examen direct ne l'a point
montré, aucun fait analogue observé dans un animal ou dans un
(1) Remak, Diagnoslische und palhogenelische Unter&uchungen. Berlin, l§45j
p. 239, explic. de la fig. 7, cité par Finck.
(2) Voici comment s'exprime M. Finck à ce sujet :
« Sur le même animal (le chat) nous avons rencontré une autre forme bien plus
singulière (Bg. 22). Beaucoup de villosités, semblables du reste à celles chargées de
graisse, à la place de gouttes graisseuses, renfermaient, en quantité considérable^
des corpuscules que nous appellerons géminés, parce que le plus souvent ils étaient
réunis par paires. Tantôt une seule et même villosité offrait à la fois et des gouttes
huileuses manifestes et des corpuscules géminés, le tout entremêlé d'une manière
irrégulière; tantôt les corpuscules géminés remplissaient seuls le bout de la villo-
sité. Ils étaient pour la plupart elliptiques, et leur grand diamètre atteignait à
peine un centième de millimètre ; la plupart mesuraient 0mm,08 sur O'^.OT, ou
bien 0mm, 1 sur 0mm,09. Leur contour était fin, net, très noir; leur contenu variable,
occupant tantôt presque toute la cellule, plus souvent accumulé vers son centre.
C'était une matière granuleuse réunie en une ou plusieurs masses. Il nous a semblé
parfois voir une enveloppe commune pour deux corps géminés*
» Quelle est la nature de ces corps? Remak représente un corpuscule semblable
au premier aspect, seulement plus grand et non géminé. Il croit devoir le consi-
dérer comme un parasite particulier qui se développerait dans les cylindres épithé-
liaux des glandes de Lieberkuhn et dans ceux des conduits biliaires. Il cite Hake
et Nasse comme ayant trouvé des formes semblables, par masses, dans le foie du
2(30 AFFECTIONS VEWVilNEUSES DES VOIES BILIAIRES
organe quelconque, ne permet non plus de le supposer (1). L'ac-
tion des acides et des alcalis sur ces corpuscules est tout à fait sem-
blable à celle que ces réactifs exercent sur les ovules d'un grand
nombre de vers intestinaux; l'apparence de ces corpuscules a encore
la plus grande analogie avec celle de beaucoup de ces ovules, en sorte
que plus on examine les corps oviformes du foie du lapin, plus on
se persuade qu'ils appartiennent à quelque entozoaire. Ces ovules,
s'ils en sont en effet, n'appartiennent point au ténia dont l'œuf est
pourvu d'un embryon hexacanthe ; ils n'appartiennent point au
bothriocéphale ou à quelque distome dont l'œuf est muni d'un oper-
cule. L'action de l'acide sulfurique concentré par laquelle nous avons
toujours réussi à voir l'opercule des œufs de ces animaux, n'en a
point montré dans les corps oviformes dont nous nous occupons; il
y a donc tout lieu de croire que ces corps sont des ovules de quelque
nématoïde, d'autant plus que nous avons reconnu un fractionnement
en quatre du vitellus, dans plusieurs de ces corpuscules conservés
depuis huit jours dans de la terre humide (2).
apin. Kôlliker a observé la même chose. Selon lui, les corpuscules du foie du lapin
seraient des œufs de bothriocéphale ; ceux des villosités du même animal, 'plus
petits que les premiers, des œufs d'entozoaires, siégeant dans l'intérieur des villo-
sités, et peut-être aussi dans des cellules épithéliales distendues. Dans ce dernier
cas, ils ressemblent, selon lui, à de grosses gouttes graisseuses remplissant les cel-
lules épithéliales.
» Nous n'avons rien trouvé de pareil dans les cellules épithéliales de notre chat;
mais son foie renfermait des amas d'entozoaires plats, elliptiques, longs d'un milli-
mètre, probablement des douves. Ils élaient contenus dans des espèces de kystes.
» Quant à nous, tenant compte de l'énorme quantité des corpuscules en question,
de l'absence de toute forme semblable dans la cavité de l'intestin, de leur absence
dans toute vlllosité n'ayant point subi l'espèce de macération caractérisant les
villosités farcies de globules graisseux, enfin de certaines formes de transition entre
ces derniers et les globules géminés, nous croyons ne pas trop nous hasarder en
rattachant les corpuscules en question au fait du mécanisme de l'absorption
graisseuse. C'est tout ce que nous pouvons en dire quant à présent. » (Henri Finck,
Sur la physiologie de Vépilhélium intestinal, thèse de Strasbourg, 1854, 2e série,
n° 324, p. 17).
(1) Depuis que ceci est écrit, mon ami M. Vulpian a fait des recherches sur
ce sujet : il a vu des corps oviformes inclus dans des cellules du foie, et il serait
disposé à penser que ces corps ont pour origine le noyau de la cellule qui se déve-
lopperait anormalement (ces recherches seront publiées dans les Comptes rendus
de la Société de biologie 1859). L'opinion de M. Vulpian ne me parait pas encore
suffisamment établie par les faits, ce qui m'engage à ne rien changer à cet article.
(2) Ces ovales n'offraient aucune trace de fractionnement lorsqu'ils ont été recueillis
dans l'intestin. Leur petit nombre et la grande difficulté de les retrouver dans la
terre où je les avais déposés ne m'ont pas permis de pousser plus loin l'observation.
CHEZ LE LAPIN. — CORPS OVIFORMES. 261
La présence dans un organe d'œufs d'helminthe agglomérés ne
serait point sans analogue :
M. Dujardin a observé des tumeurs de la rate chez la musaraigne
(Sorex araneus), tumeurs qui étaient constituées quelquefois par
des ovules de calodium. Les faits observés par M. Dujardin don-
nent même le mode de formation de ces tumeurs : « Ce ver (le ca-
lodium), dit le savant observateur, vit d'abord dans l'estomac et
le duodénum ; puis il pénètre dans l'épiploon à travers les tissus,
et il arrive dans la rate, où il produit des tubercules blanc jau-
nâtre, d'un aspect crétacé, qui en augmentent considérablement
le volume. Ces tubercules finissent par n'être plus qu'un amas d'œufs,
de débris membraneux de Irichosomes [calodiums) et de la substance
gélatineuse dont les œufs sont entourés à l'instant de la ponte. Les
trichosomes, avant de disparaître, se sont allongés de plus en plus
par suite du développement dès œufs ; en même temps, l'intestin
s'est atrophié et il semble alors n'être plus qu'un tube membra-
neux rempli d'œufs (1). » La migration des calodiums hors de l'in-
testin a-t-elle été observée, ou n'est-elle admise que par une vue
théorique? C'est ce que M. Dujardin ne dit pas; quoi qu'il en soit,
l'atrophie progressive des organes du ver et leur disparition paraît
un fait acquis.
M. Rayer, de même, a observé l'accumulation d'un nombre con-
sidérable d'œufs d'helminthe à la surface du foie d'un surmulot, san3
qu'il restât de traces de l'entozoaire qui les y avait déposés. Un
certain nombre de ces ovules offrait un fractionnement déjà avancé.
Us étaient longs de 0mm,05 à 0°"n,55 et par leur forme, ils avaient
beaucoup de rapport avec ceux des trichosomes ou des calodiums,
helminthes de genres très voisins.
Nous avons donné la description d'une tumeur commune chez
Y aigle-bar dans laquelle sont contenus un nombre prodigieux d'œufs
déposés évidemment par un helminthe, quoiqu'il n'ait pas été pos-
sible de reconnaître cet helminthe, ni même à quel genre ou à quel
ordre il appartient (2) .
(1) Dujardin, ouvr. cit., p. 26.
(2) Ces tumeurs singulières de Yaigle-bar avaient été déjà décrites par notre
collègue et ami, M. Ch. Robin, lorsque nous en donnâmes une description nou-
velle dans les Comptes rendus de la Société debiologie, 1854. Nous déterminâmes
la nature des corps oviformes qu'elles contenaient, en démontrant dans ces corps
la présence d'un embryon armé de huit (?) crochets. Le nombre et la forme des cro-
chets ne permettaient pas de regarder cet embryon comme celui d'un ténia, et
262 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES BILIAIRES
Ces différents faits prouvent que des ovules peuvent être dé-
posés dans les organes par un ver qui se détruit et disparaît, et
l'on est, dès lors, autorisé à regarder les corps oviformes du foie
du lapin comme des ovules dans une condition analogue.
Les amas des corps oviformes constituent à la surface du foie chez
le lapin des élevures aplaties, blanchâtres, plus ou moins isolées et
irrégulières, semblables en apparence à des dépôts tuberculeux. La
matière qu'ils contiennent est molle ou solide, d'un blanc grisâtre
ou jaunâtre, et formée par les corps oviformes décrits ci-dessus, qui
sont tantôt parfaitement intacts, tantôt plus ou moins altérés, réduits
en détritus, et mêlés avec l'épithélium des conduits biliaires. Ces
amas ont pour siège les conduits biliaires dilatés et épaissis. Un
certain nombre de corpuscules, entraînés par la bile, arrivent dans
la vésicule du fiel ou dans l'intestin; ils sont ensuite évacués avec
les fèces.
Cette affection du foie est très commune à Paris chez les lapins
élevés dans des réduits étroits et obscurs. Au rapport de M. Hand-
field Jones, les éleveurs en Angleterre l'attribuent à la nourriture
exclusivement composée d'herbes fraîches. M. Brown-Séquard a ob-
servé des dépôts semblables en apparence chez des lapins nouveau-
nés. Ce fait témoignerait de l'existence des corps oviformes antérieu-
rement à la naissance, s'il n'y manquait l'examen microscopique. Le
même observateur n'a point vu cette affection chez les lapins domes-
tiques aux États-Unis.
Sur six lapins d'une même portée, M. Rayer constata la maladie
chez trois ; deux en étaient exempts ; chez le sixième les conduits
biliaires offraient des dilatations partielles, fusiformes et d'autres
dilatations terminées en csecum, remplies d'une matière grisâtre ou
jaunâtre. Dans cette matière examinée à un fort grossissement, on
l'existence même de crochets nous éloignait de le rapporter aux trématodes, quoique
l'existence d'un opercule rapprochât les ovules de ceux des trématodes. M. Vulpian
(Comptes rendus Soc. biologie, 1858) ayant rencontré depuis lors, dans la cavité
buccale d'une grenouille, quelques distomes dont les ovules renferment un em-
bryon pourvu de crochets , il nous est permis de penser aujourd'hui que les ovules
de la tumeur de Yaigle-bar appartiennent à un trématode. Il ne serait pas im-
possible encore qu'ils appartinssent à un bothriocéphale ; mais l'on ne connaît
aucun de ces vers vivant adulte hors de l'intestin. Dans son Mémoire sur les vers
intestinaux, qui a obtenu le prix des sciences naturelles pour 1853 et qui vient
d'être publié, M. Van Beneden décrit ce ver et le rapproche des trématodes.
CHEZ L'HOMME. — CORPS OVIFORMES. 263
ne distinguait point d'œuf ni d'autre corpuscule à forme bien déter-
minée. Il est probable que, chez ce lapin comme chez les autres,'
les dépôts avaient été originairement formés par des corps ovi-
formes qui s'étaient détruits ou qui avaient été évacués dans l'in-
testin.
Nous avons observé plusieurs fois de ces dépôts dans lesquels on
ne retrouvait plus qu'un détritus composé de matières amorphes et
de cellules altérées. Chez les moutons, les distomes des conduits
biliaires laissent quelquefois dans ces conduits des traces analogues
de leur existence antérieure.
Les lapins dont le foie offre des dépôts assez considérables, sont
généralement maigres. M. Claude Bernard a remarqué que la piqûre
du plancher du quatrième ventricule ne produit point chez eux le
diabète.
DEUXIEME SECTION.
CORPS OVIFORMES CHEZ L'HOMME.
Des corps oviformes, qui paraissent analogues à ceux du foie du
lapin, ont été observés dernièrement dans le foie de l'homme par
M. Gubler. Ces corps, que nous avons pu examiner, mais malheu-
reusement dans un état déjà avancé de putréfaction, nous ont paru
se rapprocher de la plus petite variété qui existe chez le lapin. Voici
le fait :
« Le nommé Jean-Nicolas M , carrier, âgée de quarante-cinq ans,
entre à l'hôpital Beaujon, n° 3, salle Saint-Jean, le 3 août \ 858.
» Cet homme se plaint de troubles dans les fonctions digestives depuis une
époque qu'il ne peut bien préciser. L'appétit , sinon supprimé , est très
amoindri ; il n'a pas de vomissements, mais des renvois acides ; la digestion
est lente et pénible ; il accuse dans la région hypochondriaque droite une dou-
leur obtuse que la pression exagère un peu. Sa constitution est robuste, il
n'offre pas d'amaigrissement mais seulement une teinte cachectique assez
prononcée, se rapportant bien plus à l'anémie qu'à toute autre diathèse.
» A la percussion, le foie présente une augmentation considérable de vo-
lume; la matité s'étend depuis 2 centimètres au-dessus du sein droit jusqu'au
niveau de l'épine iliaque antéro- supérieure en dehors, et de l'ombilic en de-
dans. La palpitation révèle dans la partie inférieure de cette région une tumeur
26/l AFFECTIONS YERMINEUSES DES VOIES MLIAIRES
globuleuse dont la plus grande saillie est situéo vers lo milieu de l'étendue du
lobe droit et correspond assez à la vésicule biliaire
» Rien de notable du côté de l'estomac ni dans la région des roins ; urines
ambrées ne s'éloignant pas do l'état normal; jamais de jaunisse ni de coli-
ques hépatiques. — M. Gubler s'arrête à l'idée d'un kyste hydatique.
» Il n'y a pas eu grande modification dans les signes fonctionnels durant le
séjour du malade à l'hôpital ; toutefois la teinte cachectique s'est prononcée
de plus on plus; les muqueuses sont complètement décolorées, à tel point
qu'il est difficile, par la coloration, d'établir une ligne de démarcation nette
entre la peau et la muqueuse des lèvres. L'examen physique, soit par la per-
cussion, soit par la palpation, ne révèle rien de nouveau.
. » Le 28 septembre au soir, le malade sort de son lit pour aller à la garde-
robe, et fait une chute pendant le trajet. Il ne peut se relever sans le secours
de l'infirmier, et, aussitôt après être couché, il est pris d'un frisson général
très intense et persistant.
» Le 29, à la visite, on constate: Douleurs vives dans le ventre, fièvre,
pouls petit, précipité, vomissements bilieux, dyspnée extrême, refroidisse-
ment des extrémités, décubitus dorsal, prostration complète; dans la nuit il
y a eu du délire. Le malade succombe à onze heures du matin.
» Autopsie. Coeur: hypertrophie excentrique portant surtout sur le ventri-
cule gauche. Péritoine : injection vive, inflammatoire. Rien à noter duYôté
de l'estomac.
» Augmentation considérable du volume du foie; à la face convexe de
ce viscère, on remarque un épaississement avec adhérence de la membrane sé-
reuse. De nombreuses tumeurs sont disséminées dans la substance hépati-
que, présentant la forme et le volume de marrons, avec l'aspect du cancer
encéphaloïde ; vers le bord extérieur existe un kyste énorme ayant environ 12
à 1 5 centimètres et s'enfonçant profondément dans le parenchyme. En arrière,
il est environné d'une masse de substance semblable à celle qui forme les tu-
meurs d'apparence encéphaloïde, et dont la limite atteint le quart postérieur
du diamètre antéro-postérieur du lobe droit. Ce kyste est rempli d'un liquide
filant, comme muqueux, mêlé à du sang altéré en assez grande quantité ; ses
parois sont organisées et anfractueuses. La tumeur est ramollie et laisse
suinter un pus concret, lorsqu'on la presse.
» Une incision pratiquée dans le milieu de la tumeur permet l'écoulement
d'un flot de liquide sanienx, bigarré de rouge et de blanc grisâtre ou jau-
nâtre, ayant généralement la consistance du pus et d'un mucus visqueux;
une partie ressemble au pus rouge des muscles dans les abcès farcineux, une
autre au pus phlegmoneux, mêlé de grumeaux de sang et de flocons caséi-
formes, de matière albumino-fibrineuse.
» Le foie est parsemé d'une vingtaine d'autres tumeurs plus petites; plu-
sieurs ont le volume d'un œuf, d'autres celui d'une noix. Toutes sont formées
au centre par une masse grisâtre, parfois déprimée en son milieu et un peu
mamelonnée, comme les marrons cancéreux ; mais elles n'ont pas la couleur
CHliZ L'HOMME. — CORPS OVIFORMES. 265
blanc rosé de ces derniers ni leur vascularisation spéciale, ni l'ombilic jaune
indiquant la transformation graisseuse rétrograde. Elles sont ordinairement
environnées d'une zone différente dans laquelle apparaissent des ampoules
demi-transparentes, d'où s'échappe, par des incisions, une matière excessi-
vement gluante, ambrée ou rouillée, assez semblable aux crachats de la pneu-
monie, dont nous dirons plus tard la composition microscopique. D'autres ca-
vités, creusées dans l'intérieur de ces masses, offrent en général les caractères
du kyste principal, tant sous le rapport du contenu que sous celui de la struc-
ture des parois, seulement la sanie rougeàtre y est plus abondante. L'une
des plus grandes de ces cavités présente une ulcération irrégulièrement circu-
laire, de 15 à 20 millimètres de diamètre, au fond de laquelle apparaît à
nu une partie de cette substance grise ramollie dont la masse ressemble
à de l'encéphaloïde. Quand on presse sur l'une quelconque de ces tumeurs
d'apparence cancéreuse, après l'avoir incisée, ou fait sourdre, par un
grand nombre de points, comme cela a lieu pour le poumon dans la pneu-
monie suppurée, une matière d'un blanc grisâtre, nuancée de vert ou de
jaune, n'ayant pas cet aspect blanc rosé ou crémor encéphaloïde, et douée
d'une cohésion plus grande que ce dernier; elle ressemble davantage au pus
concret.
» Examinée au microscope , cette matière crémeuse montre un grand
nombre de cellules épithéliales cylindroïdes, comme celles qui appartiennent
normalement aux canalicules biliaires, avec d'autres très larges munies de
noyaux parfois très gros et fortement granuleux. Celles-ci ne paraissent autres
que des cellules d'enchyme hypertrophiées et obèses, bien qu'elles offrent
alors les caractères assignés par quelques personnes aux seuls éléments can-
céreux. Il existe, en outre, des noyaux libres ou des globules puriformes, des
granules moléculaires, de nombreux corps granuleux et des gouttelettes de
graisse. Dans la sanie rouge on voit encore de la matière globulaire du sang
altéré. Mais l'élément le plus curieux est le suivant : on constate une propor-
tion assez considérable de cellules, colorables par l'iode en jaune, au moins
quatre fois plus grosses que les plus grosses cellules d'enchyme, les unes très
régulièrement ovoïdes avec un double contour parfaitement net, et remplies
exactement par un contenu finement granuleux, les autres plus ou moins apla-
ties, flétries et comme vidées. Les deux extrémités de ces ovoïdes ne m'ont
pas paru exactement semblables, l'une est un peu plus obtuse, l'autre offre
un étranglement très léger et peu visible sur plusieurs d'entre elles, et se ter-
mine par une petite surface un peu aplatie ou môme très légèrement dé-
primée, comme s'il existait là un opercule ou un micropyle. Dans quelques
cellules ayant subi un commencement d'altération, le contenu revenu sur lui-
même s'est séparé de la paroi désormais trop spacieuse pour lui ; il est en
même temps devenu plus opaque et se présente dans la cellule sous forme
d'une masse assez sombre, assez fortement granuleuse, ellipsoïde,' rappelant
le pollen en masse d'une orchidée, plus rapprochée d'une des extrémités de la
cellule, de celle qui offre l'apparence d'un léger étranglement à laquelle elle
266 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES URINAIRES.
semble adhérer. Dans un cas, cette masse m'a paru légèrement renflée à ses
deux bonis. L'acide sulfuriquo ajouté en petite quantité à une préparation
renfermant des cellules ovoïdes bien conservées, produit artificiellement la
modification indiquée en dernior lieu, parce qu'il exerce une corrugation plus
marquée sur le contenu que sur la paroi cellulaire.
» Les éléments que nous venons de décrire se retrouvent aussi avec des
globules graisseux, soudés par une sorte de mucus, dans la matière visqueuse
des petites ampoules qui régnent autour de quelques tumeurs, et môme dans
la raclure de la substance hépatique très loin des parties dégénérées De
quelle nature sont ces éléments ? Bien certainement ils n'ont aucun analogue
dans l'économie normale, et dès l'abord tous leurs caractères doivent les faire
considérer comme des œufs d'animaux inférieurs, œufs formés d'une coque
à double contour et d'un vitellus granuleux, c'est l'aspect sous lequel se pré-
sentent les œufs d'un parasite très fréquent dans l'appareil biliaire : je veux
parler du distome. Si nous avions réellement affaire à des œufs d'helminthes,
quel rôle devons-nous leur assigner dans les désordres anatomiques dont le
foie était le siège? Sont-ils un accident, un effet ou une cause (1)? »
QUATRIÈME PARTIE.
AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES URINAIRES.
Les voies urinaires, chez l'homme et chez les animaux domesti-
ques, sont très rarement atteintes par les entozoaires ; un seul ver
chez l'homme et chez ces animaux paraît spécial à l'appareil uri-
naire : c'est le sir ongle géant.
Les cas rapportés aux entozoaires des reins ou de la vessie qui
n'appartiennent pas aux strongles, concernent: 1° des protozoaires;
2° des vers d'espèce indéterminée ou mal déterminée, observés une
ou deux fois au plus, ou bien des corps vermiformes qui n'étaient
peut-être pas des animaux ; 3° des vers de l'intestin ou des hydatides
(1) A. Gubler, Tumeurs du foie déterminées par des œufs d'helminthe et com-
parables à des galles observées chez l'homme (Mém. Soc. de biologie, 2e série, 1858,
et Gaz. méd. de Paris, 1858, p. 657).
STRONGLE GÉANT. 267
erratiques ; 4° des concrétions sanguines formées dans les voies uri-
naires, des insectes ou des larves d'insecte tombés accidentellement
dans l'urine.
PREMIERE DIVISION.
VERS SPÉCIAUX AUX VOIES URINAIRES.
(STRONGLE GÉANT, Sy?lOpS., n° 99.)
Le strongle géant est le seul ver des voies urinaires qui soit bien
connu, c'est aussi le premier qu'on y ait signalé.
Au xvi° siècle, Jean de Clamorgan, dans son traité de la Chasse
du loup (1), dit avoir vu plusieurs fois des serpents dans les reins de
cet animal. D'après son rapport, on peut se convaincre qu'il s'agit
de strongles géants. L'opinion que ces parasites étaient des serpents
a fait croire alors que la morsure des loups qui les portaient devait
être venimeuse. Plus tard, lorsque la nature de ces entozoaires fut
bien connue, plusieurs auteurs attribuèrent néanmoins à leur pré-
sence dans le rein l'invasion de la rage dans l'espèce canine (2).
(1) La Chasse du loup, par Jean de Clamorgan. Lyon, 1S83, in~4, page 5, édi-
tions antérieures 1570, 1574.
La plupart des auteurs attribuent à tort le fait observé par J. de Clamorgan à
Jean Bauhin. Voici comment ce dernier s'exprime, répétant textuellement les
phrases de l'auteur précédent : « Les morsures des loups doivent être très veni-
meuses, suivant ce qu'en écrit Jean de Clamorgan, seigneur de Saave, en son livre
de la Chasse du loup ; disant : « Il y a une chose qui n'a esté écrite par aucun, au
moins que j'aye lue ou ouy dire, que dedans les rognons d'un vieil loup s'engen-
drent et nourrissent des serpents : ce quay veu à trois, voire à quatre loups : aucune
fois à un loup y a en un rognon deux serpents, l'un d'un pied, l'autre d'un
pouce de long, les autres moindres, et par succession de temps font mourir le
loup, et deviennent serpents et bêtes fort venimeuses... » (Jean Beauhin , Hist.
notable delà rage des loups advenue en Van 1590, p. 46. Montbéliart, 1591, in-8.)
Le fait de Clamorgan a encore été attribué par Gaspar Bauhin, Schenck, Rayger, etc.,
à Charles Estienne, auteur de la Maison rustique. C'est une nouvelle erreur qui
provient de ce que le traité de Clamorgan se trouve imprimé (avec un titre parti-
culier) à la suite de toutes les éditions de la Maison rustique depuis 1570; mais,
dans le texte d'Estienne non plus que dans la première édition de la Maison rus-
tique (1564), il n'est question de vers ou de serpents chez les loups.
(2) Hermann Boerhaave, Aphorism. de cur., etc. — Rabies canina, aphor. 1 134,
p. 270. Lugd. Batav., 1728.
268 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES URINAinES.
André Cœsalpin prit aussi le strongle géant pour un reptile : « Vidi
>• in renecujusdam canis macilentidiacunculum longissimumserpentis
•> magnitudine convolutum (1). » Mais dans le siècle suivant, Hege-
nitius, Th. Bartholin, Kerckring, Rayger, etc., ont reconnu des
vers dans les strongles des reins: » Je ne déciderai pas, dit ce der-
nier observateur qui en avait vu deux chez le chien, je ne déciderai
pas si l'on doit donner le nom de serpents à ces vers et si, par la
suite des temps, ils auraient pu devenir venimeux, ou si les loups
sont les seuls animaux dans lesquels les vers prennent la forme de
serpents; mon dessein n'a été que de faire observer qu'il se formait
quelquefois dans les reins des chiens des vers d'une très grande lon-
gueur (2). »
Le strongle a été observé encore dans l'appareil urinaire chez
d'autres animaux domestiques, tels que le cheval et le bœuf, et
chez plusieurs animaux sauvages, principalement chez des carnas-
siers.
Quelques cas de vers des reins chez l'homme paraissent se rap-
porter au strongle géant. Blaes est le premier observateur qu'on
puisse citer à ce sujet; cependant, il faut le dire, aucun des vers
observés chez l'homme ne peut être rapporté avec certitude au
strongle géant ; jamais l'organisation de ces vers n'a été recherchée;
jamais même l'examen des caractères extérieurs n'a été fait d'une
manière suffisante pour apaiser tous les doutes ; ce n'est que par la
considération de V habitai, du nombre, de la couleur, de la longueur
des entozoaires observés, qu'il est permis de les rapporter aux stron-
gles. L'existence de ces animaux chez l'homme n'est donc point
absolument certaine, et les cas dont nous parlerons dans la suite
demandent quelque réserve.
Les strongles qui ont été observés dans les voies urinaires chez
les animaux que nous avons cités, appartiennent à la même espèce
[Strongylus gigas). Ces vers ont été longtemps confondus avec d'au-
tres nématoïdes et surtout avec l'ascaride lombricoïde ; néanmoins
Redi avait reconnu que le ver du rein du chien diffère des vers ronds
qui sont dans l'intestin ou dans les tubercules vermineux de l'ceso-
(1) Andréas Csesalpinus, VII, Pr. med., XII, cité par Welsch, De vena medin.,
p. 13 S.
(2) Charles Rayger, Sur un serpent qui sortit du corps d'un homme après sa
mort (Ephem. nat. cur., dec. I, ann. 6 et 7 , obs. ccxv, 1675, et Coll. acad., part,
étrang., t. III, p. 309).
STRONGLE GÉANT. 269
phage du même animal (1), remarque faite de nouveau par Vallis-
neri; mais cette distinction resta généralement ignorée jusqu'à ce
que Collet-Meygret (1802) l'eût indiquée d'une manière plus posi-
tive, en donnant au ver du rein le nom de dioctophyme (2).
Le strongle géant a été observé dans diverses contrées de l'Europe
et de l'Amérique :
A Paris, par Rayger, de l'Etang, Du Verney, Méry, Moublet, etc.
En Hollande, par Hegenitius, Bartholin, Kerckring, Ruysch, Van Swieten, etc.
En llalie, par Redi, Vallisneri, Valsalva, F. Frank, etc.
En Allemagne, parSennert, Schelgvigius,Wedel, Hartmann, Schacher, Wolff, etc.
Au Canada, par Stratton.
Aux Etats-Unis, par Érasme Miller.
Au Brésil, par Natterer,
Au Paraguay, par Blas Noseda.
Les observations de strongle chez le chien et chez quelques autres
Fig. 9. — Strongle géant femelle, d'après un individu trouvé chez le chien, par M. Leiilanc, et
donné à M. Rayer. — 1 , figure réduite aux deux cinquièmes. Le corps de l'animal est ouvert ; le
tube génital est étalé au dehors. — a, extrémité antérieure; 6, extrémité postérieure. — 2, extré-
mité antérieure de grandeur naturelle. (Pour l'explication des lettres voir le Synopsis.)
animaux, sans avoir jamais été très communes, se sont assez mul-
(1) F. Redi, op. cit., p. 196, édit. Amst., 1708.
(2) G. F. H. Collet-Meyret, Mém. sur un ver trouvé dans le rein d'un chien
{hum. de physique, etc., par De Lamétherie. Paris, 1802, t. LV, p. 458.
270 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES URINA1RES.
tipliées avec le temps. C'est en Hollande et en France que le nombre
des cas connus est le plus considérable ; cependant à Paris, où ces cas
sont les plus nombreux, le strongle se rencontre très rarement :
M. Rayer a examiné plus de trois mille reins d'homme, et plus de
cinq cents reins de chien sans rencontrer une seule fois ce ver (1).
Mais sans doute ces animaux, comme plusieurs autres entozoaires
dont nous rapportons l'histoire, deviennent plus communs dans cer-
taines circonstances et dans certaines localités. Redi, Ruysch et
Drelincourt en ont rencontré plusieurs fois; Kerckring rapporte que
sur les quatre premiers chiens qu'il a disséqués, trois avaient des
vers dans un rein et qu'ensuite chez un grand nombre d'autres qu'il
a examinés, il n'en a plus trouvé (2). A Dorchester (Etats-Unis),
la présence du strongle dans le rein des visons [Putorius vison) est
assez commune pour que le docteur Érasme Miller en ait rencontré
six cas (3) .
Le séjour ordinaire du strongle géant est le rein ; il est probable
que ce ver occupe d'abord le bassinet ou les calices ; rarement on le
rencontre dans l'uretère ou dans la vessie. Chez un chien observé par
Kerckring, un strongle occupait toute la longueur de l'uretère (4);
chez un autre, observé par Redi, le ver occupait le rein et une partie
de l'uretère (5).
L'un des fils de P. Frank trouva un strongle à Pavie dans la vessie
d'un chien (6) .
Il n'y a jamais qu'un seul rein d'envahi.
Le strongle géant a été rencontré encore dans d'autres parties
que le rein ou la vessie ; généralement, c'est dans le voisinage
de ces organes qu'il a été trouvé, et selon toute apparence, dans
la plupart de ces cas, il s'était primitivement développé dans les
voies urinaires.
M. Leblanc a observé chez trois chiens vivants, une tumeur sous-
(1) P. Rayer, Traité des maladies des reins. Parïs, 1841, t. III, p. 728.
(2) Theod. Kerckringii Spicilegium, Anal. Amst., 1670, in-4, obs. 79, pt 153.
(3) Descript. Catalogue, etc.. of the Boston Society, §598, 889.
(4) Op. cit., obs. 59, p. 121.
(5) Redi, ouvr. cit., p. 41.
(6) François Frank, Ein Spulvurm in d.èr Urinblase eines Hundes, in Hufelandi
med. Journ., t. XVIII, part. Ij p. 11 i, et P. Frank, ouvr. cit., t. V, p. 349:
STRONGLE GÉANT.
cutanée, située dans le voisinage du pénis;
la tumeur avait été occasionnée par un
strongle géant qui a été extrait par une in-
cision, et la guérison s'en est suivie. Selon
M. Leblanc, •■ les trois vers dont-il s'agit
se sont développés dans les voies urinaires,
et, à une époque plus ou moins avancée de
leur croissance, ils en sont sortis par une
ouverture anormale produite à l'urèthre,
et sont venus se loger dans le tissu cellu-
laire voisin, arrêtés qu'ils se sont trouvés,
dans leur progression en dehors, par l'os
pénien, le long duquel le canal offre un ca-
libre de 1 à 2 millimètres au plus; en
effet, chez les trois chiens, la tumeur ver-
mineuse avait un pédoncule qui indiquait
manifestement que sa cavité avait commu-
niqué avec l'urèthre (1). ■>
A propos de ces faits, M. Leblanc en
rapporte un autre qui lui a été communi-
qué par M. Plasse, vétérinaire à Niort :
« Ce vétérinaire a trouvé chez un chien
trois strongles géants dont un avait pénétré
dans la cavité abdominale après avoir
rompu la coque du rein qui l'enveloppait
encore en partie ; les deux autres étaient
restés dans le rein ou plutôt dans la place
du rein qui avait entièrement disparu. »
Rudolphi observa un cas semblable :
« Duo specimina in canis lupi abdomine
« reperi mortua quee renem dextrum exca-
•» vatum et emollitum deseruerant (2). »
Il est probable que dans ces derniers cas
les strongles n'ont quitté le rein qu'après
la mort des animaux dans lesquels ils
271
chez ces trois animaux
PlG. 10. Strongle géant mâle,
d'après un individu trouvé cheis
le chien par M. Leblanc et
donné à M. Rayer. — i , figure
demi-nature. Le corps de l'ani-
mal est ouvert ; le tube génital
et l'intestin sont dans leur si-
tuation normale. — a, extré-
mité antérieure; g, extrémité
postérieure. — 2, extrémité
postérieure de grandeur natu-
relle. (Pour l'explication des
lettres voir le Synopsis.)
(1) Note sur une espèce particulière de tumeurs sous-cutanées chez le chien,
déterminées par la présencec du strongle géant, par M. Leblanc, médecin vétéri-
naire à Paris. Rapport de MM. Rayer, Bouley, Ségalas {Bullet. de VAcad> nation,
de méd. Paris, 1850, t, XV, p. 640).
(2) Rud., Synops., p. 261.
272 AFFECTIONS VEKMINEUSES DES VOIES l'IUNAIRES.
vivaient ; ainsi nous avons vu les vers de l'intestin chercher à quitter
cet organe après la mort de leur hôte. Les strongles qui ont été
trouvés clans la cavité abdominale du chien par Stratton au Ca-
nada (1), et de la loutre par Natterer au Brésil (2), étaient peut-
être aussi des vers du rein émigrés après la mort de leur hôte.
Rarement on observe plus de deux strongles chez le même animal ;
souvent il n'y en a qu'un, jamais on n'en a vu plus de huit. Chez le
chien, Sterck et Plasse (cité ci-dessus) en ont vu trois (3), Hegeni-
tius (4), et Du Verney quatre; Blas Noseda six dans le rein de
l'agouara-gouazou [Canis jubalus Cuvier) (5), et Klein huit (deux
femelles, six mâles) chez un loup (6).
La présence d'un strongle dans le rein amène de graves désordres:
la substance de cet organe est peu à peu détruite ; les vaisseaux
qui résistent un certain temps à la destruction donnent lieu à de fré-
quentes hémorrhagies. Le ver est ordinairement plongé dans une
masse sanguinolente. En dernier lieu, les vaisseaux disparaissent et
la capsule du rein seule forme une tumeur qui acquiert un volume
plus ou moins considérable. Le liquide que renferme cette tumeur
continue d'être sanguinolent ; mais quelquefois il est entièrement
formé par du pus; dans ce cas, le ver perd sans doute sa coloration
habituelle qui est d'un rouge vif; Chabert, en effet, dit à propos d'un
strongle qu'il trouva dans le rein gauche d'une jument : « Ce viscère
était gorgé, suppuré et d'un volume énorme: le ver était blanc (7). •>
La capsule du rein, acquérant un plus grand volume, se déforme,
(1) Stralton trouva à Kingston (Canada, 1841), dans la cavité périloncalc d'un
chien qui s'était noyé, quatre strongles encore vivants, quoique l'animal eût passé
quarante-huit heures dans l'eau glacée. Croyant que ces vers venaient de l'intes-
tin, il y chercha vainement une perforation. L'auteur ne dit rien de l'état des
reins (Edinb. rned. and surg. Journ. Edinburgh, 18i3, t. LX, p. 261).
(2) Cité par Diesing, t. Il, p. 328
(3) Sterck, Diss. de rabie canina. Lugd. Bat., 1740, § 10, cité par Pallas,
thèse, p. 19.
(4) Gothofredus Hegenitius, Itin. Fris. Holland, p. 15, cité par Welch, Devenu
medin.,p. 135.
(5) Noseda, dans Essais sur l'hist. nat. des quadrupèdes du Paraguay, par
D. Félix d'Azara. Paris, 1801, t. I, p. 313, et Voyages dans l'Amérique méridio-
nale, par le même, t. I, p. 297.
(G) Jacq. Théod. Klein (secrétaire de la ville de Dantzick), An analom. descript.
ofworms found in ihe kidneys ofwolves; in Philosoph. Transact. London, 1729-
1730, vol. XXXVI, p. 269.
(7) Chabert, ouvr. cit., 1782, 1" édit., p. 65.
STRONGLli GÉANT. 273
s'épaissit, et subit des transformations qui n'ont point été suffisam-
ment étudiées. Chez le chien dont parle Rayger, le rein était beau-
coup « plus gros que dans l'état naturel, et paraissait entouré de
tous côtés de graisse ; mais ce que je pris d'abord pour de la graisse,
dit cet observateur, était une membrane blanchâtre, double ou triple
et qui avait, en effet, tellement l'apparence de la graisse que du
premier coup d'œil on s'y trompait. Ayant ouvert cette membrane,
je ne trouvai dessous aucun parenchyme ; tout ce rein était extrê-
mement défiguré, blanchâtre, sans vaisseaux sanguins et ne res-
semblait à un rein ordinaire, ni par sa substance ni par sa
figure (1). »
L'accroissement du volume du rein, sa décoloration, sa transfor-
mation en une sorte de sac membraneux [marsupio ex crassiori
etrugoso corio similis, Pallas), ont été remarqués par la plupart des
observateurs. L'ossification partielle de la membrane interne de la
poche rénale a été signalée deux fois chez le pulorius vison par le
docteur Érasme Miller (2).
Le bassinet participe ordinairement de la dilatation du rein ; l'ure-
tère est aussi quelquefois plus ou moins dilaté. Tel était le cas ob-
servé par Du Verney. Généralement ce conduit reste perméable. Chez
un cbien observé par Drelincourt (3), et chez un autre observé par
Sperling (4) il était oblitéré ; dans un cas de Ruysch , outre deux stron-
gles, il y avait un calcul qui oblitérait complètement le bassinet (5).
Le rein resté sain acquiert ordinairement un volume plus consi-
dérable que le volume normal.
Il est à présumer que le strongle occasionne aux animaux de vives
douleurs et qu'il altère leur constitution 5 cependant Ruysch rap-
porte qu'un chien, dans le rein duquel il trouva un de ces vers, était
assez vigoureux, autant qu'il en avait pu juger par son agilité (6) ;
celui dont parle Hartmann était du reste sain ; celui de Sterck, qui
avait trois strongles dans le rein, était très bien portant; un autre,
(1) Mém. cit., p. 310.
(2) Musée de Boston, cité p. 185, n° 598.
(3) Caroli Drelincurtii Experim. anal, ex vivorum sectionibus petita, edit. pcr
Ern. Gottfried Heiscum. Leycle, 1681. — Manget, Bibl. anat., t. Il, p. 681, cani-
cidium III, §§ 10-15.
(4) Sperling, Disserl. de vermibus, § III, cité par Pallas, thèse, p. 18.
(5) Ruysch, Mém. cit., obs. Il, p. 14.
(6) l'red. Ruysch., Dilucid. valv., cap. iv, obs. anat. xi, in Op. ornrt., t. I,
p. 17. Amst., 1737.
Davaine. 18
27/i AFFECTIONS VERW1N&USES DES VOIES UUINAIRES.
donl parle Moublet (I), était grog et vigoureux, et celui de Collet-
Meygivt (Huit gras et bien portant. Les visons, au nombre de six,
dont les reins sont déposés au musée de Boston, paraissaient tous
bien portants.
Quelques auteurs rapportent des faits contraires : Le chien ob-
servé par Cœsalpin était maigre; un lévrier, disséqué à Mont-
pellier pardeSillol, était desséché, exténué et atrophié (2); le chien
qui avait un strongle dans l'uretère, au rapport de Kerckring, se tor-
dait et poussait des cris nuit et jour ; il en était de même de ceux qui
ont été observés parBoirel, par Liefmann (3) et par Heucher (-1).
Van Swieten dit qu'un chien, chez lequel il avait trouvé un strongle
du rein, avait été sacrifié parce que ses hurlements troublaient tout
le voisinage (5). De l'Étang rapporte le fait suivant: « Quondam in
» parisiensi medicorum schola inferiore, in dissecto cane quem vide-
» ramus eundo in sinislrum latus inclinanlcm, renis sinistri sub-
» stantia interior a duobus vermibus consumpta occurit ((5). »
Les animaux qui ont un strongle dans le rein rendent sans doute,
lorsque l'uretère est perméable, des urines sanguinolentes ou puru-
lentes. Un taureau observé par Grève souffrait depuis près d'un an de
rétention d'urine; dans les derniers temps, ce liquide sortait mêlé
de ilocons muqueux. Le rein gauche de l'animal fut trouvé transformé
en un énorme kyste rempli de pus et d'un liquide fétide ; il conte-
nait un strongle géant long de onze pouces (7).
Introduit dans l'uretère, ce ver occasionne la rétention de l'urine
et la distension du rein, comme l'a remarqué Redi ; dans la vessie,
il détermine des accidents analogues à ceux des corps étrangers de
cet organe. Le chien dans la vessie duquel François Frank trouva
un strongle, urinait avec beaucoup de difficulté et goutte à
goutte (8).
(1) Moublet, Journ. de méd. chir., etc., 1758, t. IX, p. 346.
(2) De Sillol, cas rapporté par Covillard, ouïr, (nfra cit.
(3) Liefmann, ap. Breslaciens., tentamen xxu, cité par Pallas.
(4) Heucher, Diss. errores circa causas mortis subitœ, § 22, cité par Pallas.
(5) Gerardi Van Swieten Comment, in Âphor. Paris, 1758, t. III, p. 540,
§1134.
(6) François de l'Étang, médecin de Montpellier, in Aclis med., Th. Bartholin,
ami. 1075. — Bonet, Sepu'c, t. III, lib. IV, sect. xi, obs. iv, § 7, p. 545. —
Collect. acad., part, étrang., t. VII, p. 255.
(7) Bernard Antoine Grève, Expe'r. et obs. sur les maladies des anim. domest.
comp. aux malad. de l'homme. Oldmbourg, 1818, t. I, chap. xvii.
(8) Mém. cit.
STRONGLE GÉ/tNT. 27ô
Chez l'homme, autant qu'on en peut juger par le petit nombre
d'observations que nous possédons, le strongle occasionne de vio-
lentes douleurs, des hématuries et des phénomènes graves, sembla-
bles à ceux des calculs rénaux.
Le diagnostic de la présence d'un tel ver dans les voies urinaires
ne pourrait être établi par la seule considération des symptômes, car
les corps étrangers formés dans
ces voies donnent lieu à des
phénomènes semblables il);
mais il est probable que, dans
les cas ou l'uretère est per-
méable, l'examen microsco-
pique des urines ferait recon-
naîtreaveccertitudel'existence
du strongle par la rencontre
des œufs de cet entozoaire.
Ces œufs sont volumineux,
ovoïdes, brunâtres; ils sont
longs de sept à huit centièmes
de millimètre et larges de quatre centièmes de millimètre ; la coque,
à l'extrémité du grand diamètre, paraît épaisse d'un centième de
millimètre ; ils existent en quantité telle qu'ils doivent être expulsés
en grand nombre avec les urines.
Fie. 11. — Ovule du strongle géant {Au chien). —
a, gio;si 340 fois ; b, le même au même grossisse-
ment, traité par l'acide sulfurique concentré qui rend
le vilellus apparent.
La détermination de la nature des œufs rendus avec l'urine et les
symptômes de la présence d'un corps étranger dans les reins ou
dans la vessie pouvant donner la certitude de l'existence d'un
strongle dans ces parties, la néphrotomie serait indiquée dans le pre-
mier cas, et, dans le second, le broiement à l'aide d'instruments
lithotriteurs.
(1) Voyez cependant ci-après l'observation vi, chap. i", dans laquelle des mouve-
ments particuliers pouvaient faire soupçonner l'existence d'un être vivant : « Dans
les six derniers mois, dit l'auteur de l'observation, la maigreur permettait de sentir
à travers les parois de l'abdomen et même de voir des mouvements dégonflement
et d'ondulation qui agitaient le rein droit. Le malade accusait la sensation d'un
mouvement de reptation dans la région du rein. » A l'autopsie, on trouva dans cet
organe un strongle vivant.
276 AFFECTIONS VEBM1NEUSES DES VOIES URINAMES
PREMIÈRE SECTION.
STRONGLE GÉANT CHEZ l'uOMME.
CHAPITRE PREMIER.
CAS PRORABLES.
Ier Cas (Blaiîs).
« l\enem huncillumve in canibus substanlia sua non solum privari verum
» et lumbricis sœpe plurimis, variisque, loco consumpto se exhibentibus, re-
» pleri, frequentissimum adeo anatomicis ut vix altentionem aliquam mereri
» videatur. Àt in homine talia evenire rarissimum, licet plurium disseclioni
» pnefuerim adfuerim ve, non nisi unica tantum vice in emaciato sene reperire
» mihi concessum vernies duos, ulnœ ad minimum longiludinem habentes,
» rubicondioris coloris, aquoso liquore scatentes, similes omninô iis quos in
d caninis renibus reperiri dixi. Adumbrat unum eorum fig. IX, licet annulos
» ipsos ex quibus videtur constare baud clare adeo exhibere queat (4). »
IIe Cas (Ruysch).
Après avoir dit qu'il existe des vers dans les artères chez les chevaux, dans
les conduits biliaires chez les moutons, Ruysch ajoute : « In renibus humanis
» semel eos me vidisse memini quales in canum renibus longé frequentius
» occurrunt (2). »
IIP Cas (Moublet).
« Moublet, chirurgien-major de l'hôpital de Tarascon, avait taillé avec
succès un enfant âgé de cinq ans, et lui avait extrait une grosse pierre.
Quatre années après, il fut encore appelé pour ce même enfant qui n'avait
point uriné depuis vingt-quatre heures, qui avait le hoquet, des vomissements,
beaucoup de fièvre et qui se plaignait d'une douleur vive avec élancements à
la région lombaire du coté droit. Il le sonda, et l'urine qui s'écoula fut trouble
et en petite quantité, et déposa un sédiment épais. Il prescrivit des fomen-
tations émollientes sur le ventre, des lavements, des boissons adoucissantes,
et le saigna deux fois dans l'espace de six heures. Le lendemain les accidents
parurent plus vifs. Le malade était inquiet, brûlant, altéré ; il avait le pouls
(1) Gerardi Blasii Observ. anat. inhomme, simia, equo, etc. Lugd. Batav., 1674,
p. 125. — Reproduit eu partie dans : Observ. med., Amst., 1700, pars v, obs. xn,
p. 80.
(2) Fred. Ruyschii Observ. analomico-chirurgicarum cent., ob's. lxiv, in Op.
omn., Amst., 1737, t. I, p. 60.
CHEZ L'HOMME. — STRONGLE GÉANT. 277
concentré, des coliques très fortes ; il rendit des urines rouges, briquetées et
en petite quantité. La région lombaire était tendue et la peau rouge. On réi-
téra la saignée et les mêmes remèdes, excepté qu'on appliqua sur les lombes
un cataplasme anodin. Vers le dixième jour, M. Moublet sentit un amas de
pus à la région lombaire ; la fluctuation était lente et profonde. L'enfant avait
moins de fièvre, il urinait sans peine, le ventre s'était amolli ; on appliqua un
cataplasme maturatif sur la tumeur lombaire qui était moins tendue. Le len-
demain la fluctuation de l'abcès paraissant plus sensible, M. Moublet se dé-
termina à l'ouvrir ; il y fit une incision profonde de deux travers de doigt, sans
qu'il en sortit du pus. Mais, portant le doigt dans le fond de la plaie et sentant
l'ondulation d'un liquide, il y enfonça le bistouri ; alors il sortit un jet de pus
mêlé de sang; il agrandit cette ouverture du côté des vertèbres, ce qui pro-
cura une grande évacuation purulente. Le malade pansé se trouva soulagé.
La suppuration fut très abondante pendant douze jours, ensuite elle diminua.
Mais la plaie, au lieu d'être vive, restait livide, pâle. Deux mois après, il n'en
suintait qu'une humeur fétide, tantôt jaunâtre, tantôt verdâtre; les chairs
étaient molles, fongueuses, comme dans un ulcère sanieux. Cependant après
l'usage d'injections détersives, cet ulcère se cicatrisa. M. Moublet vit l'enfant
quelques mois après ; il remarqua que la cicatrice était molle, gonflée , et que
les parties voisines étaient tendues et douloureuses. Cet enfant n'avait point
urino depuis la veille; il se plaignait de tiraillements et de déchirements dans
le ventre et surtout aux lombes ; il avait des mouvements convulsifs ; ses ex-
trémités étaient froides. M. Moublet incisa la cicatrice; il s'écoula du pus, et
les accidents cessèrent. Cet ulcère se referma et les douleurs recommen-
cèrent. On fut obligé de le rouvrir et il resta fistuleux. Les urines, dont
le cours était souvent interrompu, paraissaient quelquefois purulentes, et
toujours chargées de mucosités filandreuses. La persévérance de la fistule
et des douleurs aiguës vers le rein donnèrent lieu à des recherches plus
exactes avec la sonde, pour juger si cet ulcère n'était pas entretenu par une
pierre; mais M. Moublet n'en trouva point. Enfin la mère de cet enfant vit
remuer un ver dans cette fistule qui durait depuis trois ans. Elle le tira vivant
et le conserva pour le montrer à M. Moublet, qui, le jour même, en tira un
autre également en vie, mais plus petit. Ce ver avait quatre pouces de long, et
était de la grosseur d'une plume. On- maintint la fistule ouverte. Deux jours
après, l'enfant ne put uriner. On observa pour la première fois qu'il avait la
vessie tendue et gonflée. M. Moublet ne pouvant parvenir à y introduire la
sonde, injecta dans l'urèthre de l'huile pour faciliter la sortie de gravier qu'il
soupçonnait intercepter le passage de la sonde et de l'urine. Le malade fut
mis dans un bain ; il eut bientôt des mouvements convulsifs qui obligèrent de
l'en retirer. M. Motiblot voulant encore le sonder, aperçut au tout de l'urèthre
un corps étranger qu'il saisit avec des pinces. C'était un ver en vie qu il tira
facilement. Il avait la môme figure et la même longueur que le premier sorti
de la fistule. La nuit suivante l'enfant en rendit un semblable par l'urèthre.
Ces quatre vers sortis, il n'en parut plus. Les urines coulèrent sans douleur,
27S AFFECTIONS VEBM1MJHJSES DES VOII-S UniNAIItl'.S
sans peins, et chargées de filaments gomme membraneux; tous les symptômes
ont disparu; la Qstule lombaire s'est cicatrisée dans l'espace d'un mois. L'en-
fant a repris ses forces, a recouvré son embonpoint, et jouissait depuis cinq
années d'une santé parfaite, lorsque M. Moublet communiqua cette obser-
va lion (1 ). »
[V* Cas (Duciiateau).
Un homme délinquante ans, ayant passé dix-huit mois dans l'ilo de Val-
cheren pondant l'occupation françaiso, a été atteint quatre' fois dans cet in-
tervalle par des fièvres rémittentes ou intermittentes. Chacune de ces maladies
a été accompagnée de douleurs violentes dans la région lombaire, sur lo rein
droit et dans l'urèthre, et alors une hématurie considérable ne tardait pas à
se manifester. Rappelé à Paris, il fut atteint en route d'une douleur violente
dans le rein droit et dans tout le trajet de l'urèthre du même côté, suivie d'un
frisson prolongé, d'un accès de fièvre qui dura huit heures et d'une nouvelle
perte de sang avec les urines. Le malade arriva le surlendemain (4 décembre
1812) à Paris, où il fut pris aussitôt d'un nouvel accès de fièvre; Ja région
du foie était tendue; douloureuse, ainsi que la région lombaire droite au ni-
veau du rein. La douleur se prolongeait dans la région iliaque et jusqu'au col
de la vessie. Urine rare et brûlante à l'émission. Le 6, le 8, le 1 0, le 1 2 nou-
veaux accès de fièvre, le dernier plus violent que les autres ; le malade a rendu
plein un pot de chambre de sang liquide et de caillots qui n'ont pas été exa-
minés ; il urine de nouveau en présence du médecin : « J'examinai, dit Duciia-
teau, ce qui venait d'être rendu et qui consistait à peu près en un demi-selier
d'urine ou de sang. Je fis décanter doucement le liquide dans un autre pot.
J'aperçus quelque chose au fond du vase dont le malade s'était servi, j'exa-
minai de plus près et je vis un ver vivant ; je le mis sur une assiette avec un
peu d'eau froide, il s'agita Ceaver était d'un rouge brun, long, à peu près,
de quatre pouces, gros comme un lombric, ayant environ une ligne de dia-
mètre depuis l'une de ses extrémités jusqu'à la moitié de son étendue; le reste
se terminait en queue filiforme et plate très pointue vers la fin. Le gros bout
représentait une tête aplatie en dessous comme celle de la sangsue et des
suçoirs qui paraissaient encroûtés de sang : cette tête se terminait par une
espèce de trompe ou antenne, ayant au milieu du corps un appendice comme
une espèce de cordon vermiculaire. J'ai examiné ce ver au microscope; j'ai
aperçu plusieurs anneaux dans la partie la plus grosse de son corps »'
Le lendemain le malade urine beaucoup de sang dans lequel on trouve en-
core un ver semblable au précédent et .vivant, et un autre long d'un pouce et
gros comme un (il de Bretagne; il était frétillant; vu au microscope, il a paru
semblable aux deux gros.
(1) Analyse par Chopart, ouvr. cit., t. I, p. 139. — Sur des vers sortis des reins
et de l'urèthre d'un enfant, par Moublet, dans Joum. de méd. et de chirurg.,
juillet 1758, t. IX, p. 244. — Rapporté in extenso dans Rayer, Maladies des reins.
Paris, 18il, t. Ili, p. 732.
CHEZ L'HOMME. — STRONGLE GÉANT. 279
Les jours suivants, le malade se trouve mieux; il urine encore unc^fois du
sang, puis il se rétablit rapidement (I).
Il est bien probable que les trois vers observés par Duchateau,
étaient des strongles géants. Le malade avait habité la Hollande,
pays où ces vers ont été souvent observés chez le chien et quelque-
fois aussi chez l'homme, d'après Blaes et Ruysch ; en outre, la des-
cription des trois vers qui ont été vus vivants, se rapporte au strongle
géant mâle ; seulement l'auteur a pris la queue pour la tête. On peut
reconnaître, en effet, la bourse caudale dans la tête aplatie en dessous,
et le pénis dans la trompe ou antenne qui la terminait (voy. fig. 10).
Au reste, l'auteur donne ensuite des détails plus précis sur cette partie
qui caractérise le strongle mâle : « Lors de la sortie du premier ver,
j'aperçus, dit-il, au bout de sa grosse extrémité une pointe en ma-
nière de trompe et une tête assez grosse avec un méplat ou facette,
comme on le voit à la tête de la sangsue, du côté de ses bouches aspi-
rantes ou suçoirs. »
Ve Cas (Josephi).
« Cel. Josephi, professor Rostochiensis, entozoa magna ex hominis urethra
» dejecta vidit, amico qui mihi mitteret data, sed casu perdita, hue certe
» pertinentia (Ad Strong. gigant.) (2). »
VIe Cas (docteur Aubinais),
« Un cultivateur, âgé de soixante ans, homme robuste, adonné au vin....,
fut pris de douleurs aiguës et profondes dans la région du rein droit; ces dou-
leurs, qui ne pouvaient être confondues avec celles du rhumatisme, furent
attribuées à une néphrite; mais rien ne put les calmer L'opium, l'eau
distillée de laurier-cerise, l'éther sulfurique et l'essence de térébenthine,
données à haute dose, amenèrent toutefois un soulagement appréciable, mais
de courte durée. Après trois ans de douleurs atroces et incessantes, le ma-
lade, dont l'obésité était considérable au début du mal, se trouvait réduit à une
maigreur squelettique. Dans les six derniers mois, cette maigreur permettait
de sentira travers les parois de V abdomen et même de voir des mouvements de
gonflement et d'ondulation qui agitaient le rein droit. Le malade accusait la sen-
sation d'un mouvement de reptation dans la région du rein ; le péritoine sembla
rester sain jusqu'aux derniers instants de la vie; des eschares se manifes-
tèrent au sacrum et aux trochanlers et le malade succomba dans le marasme.
» L'aulopsie complète ne fut pas permise par les parents qui, seulement,
autorisèrent le médecin à inciser le flanc droit, pour examiner le rein. Vingt
heures après la mort cet organe fut extrait de l'abdomen et les mouvements
(1) Duchateau, Observ. sur des vers contenus clans les voies urinaires, etc.; dans
Journ. de méd. chir., etc., de Leroux. Pari?, 1816, t.vXXXV, p. 2i2.
(2) Rudolphi, Synopsis, p. 261.
280 AFFECTIONS VERMlNEtJSF.S DF.S VOIES UR1NA1RUS
ondulatoires qui s'y manifestaient prouvaient que l'oniozairo était encore vi-
vant. F.o rein étant ouvert, on y trouva un strongle d'un pou plus do 43 centi-
mètres de longueur sur 5 à (i millimètres de grosseur. Le tissu du rein était
profondément altéré, son parcncliymo détruit en grande partio et son poids
réduit de moitié (I). »
Quoique les caractères spécifiques n'aient pas été donnés, il ne
paraît pas douteux que ce ver ne fût un strongle géant. Le fait de
son inclusion dans le rein prouve qu'il appartenait bien à cet organe,
et d'ailleurs sa longueur surpassait celle des lombrics les plus grands.
D'après les symptômes observés, les mouvements ondulatoires delà
région rénale pourraient être regardés comme un signe de l'existence
d'un strongle dans le rein. Il est à regretter qu'on n'ait fait aucune
mention de l'état des urines.
VI P Cas ( ?).
« Il y a un très beau spécimen de ce ver (strongle géant), provenant du
rein d'un homme, dans le Muséum du collège royal des chirurgiens d'An-
gleterre (2). »
CHAPITRE IL
CAS TRÈS INCERTAINS.
I" Cas.
« Anno 1595, Krnestus, archidux, Belg. provinc. gub. gêner, nocle inler
» 20 et 21 febr. diem, anno aetatis 42, placide in Christo Bruxellis obdor-
» mivit; cum morluum ejus corpus aperiretur, cor, pulmo et jecur sana et
» intégra reperta sunt : in lumbis tantum calculus mediocris magnitudinis et
» in renibus vermis oblongus et vivus inventus est qui interiora principiseum
» in modum corroseral ut brevi tempore marcuerit, corporeque toto exte-
» nuatus, superesse diutius non potuerit (3). »
Hugo Grotius rapporte le fait à peu près dans les mêmes
termes (4). Toutefois, il n'est fait aucune mentiun de vers dans
l'histoire de la maladie et de l'autopsie de l'archiduc Ernest, que
Schenck rapporte sous ce titre : « Serinissimi archiducis Ernesti,
» archiducis Austria?, proregis Belgii, etc., morbi et symptomata :
(1) Aubinais, Journ. de la secl. de niéd. de la Soc. acad. du déparlement de la
Loire-Inférieure, liv. evi (rapporté dans Revue médicale, décembre 184G, p. 569.)
(2) Edwin Lankester, dans Kilchenmeister, ouvr. cit., trad., t. I, p. 379, note.
(3) U. M. Jansonius, tome II Mercurii Gallo-Belgici, cité par Sclicnck, op. cit.,
p. 441 et 445.
(4) Hugonis Grotii Ann. cl hist. de rébus Belgicis. Amst., 1G57, lib. IV, p. 209.
CHEZ L'HOMME. — STKONGL15 GÉANT. 281
» quaequœ ipsius cadavere dissecio inventa fuerint rara (1). » Il y
avait des calculs dans le rein gauche; on ne parle point de vers.
IIe Cas (Zaciuus Lusitaxus).
« Olyssipone in Xenocliio decumbebat juvenis robuslus, qui a pueritia ve-
» luti dolore renum fuerat oppressus, qui sensim ac sine sensu pedetenlim
» que ita accrevit et immaniter excarnificavit, ut spretis omnibus praîsitliis
» eum per duos annos ad mortis fauces deduceret. Extenualum est corpus
» cum febre jugi : insolenter illum vexarunt sitis, ardor sensatus in regiono
» renum, alvi nimia adstrictio, vigilia importuna : demum accedcnle nimio
» fastidio tabidus vitam finivit.
» Cadavere dissecto, in renibus (in quibus seger dicebat se lignum acutum
» aut cullellum portare inlixum) inventi sunt in utroque renum cavo ver-
» mes crassi, albi, vivi, dimidii digiti indicis longiludine qui interiora ita
» arroserant, ut lotum corpus contabefecerint (2). »
Si les vers avaient été trouvés morts, on pourrait croire à des
concrétions fibrineuses, rouges à des strongles; toutefois nous avons
vu qu'un strongle observé par Chabert dans un rein purulent, n'était
pas rouge, mais blanc. Quant à la longueur de ces vers, on conçoit
qu'existant dans les deux reins à la fois, ils ont dû faire périr le
malade avant qu'ils ne fussent parvenus à un grand développement.
Malgré ces considérations, ce cas nous paraît devoir être rangé parmi
les faits mal observés.
IIIe Cas (Albrecht).
En 1678, un soldat « était travaillé depuis longtemps d'une suppression
d'urine Il y avait déjà sept jours qu'il n'avait rendu une goutte d'urine.
Il se plaignait de grandes douleurs autour du nombril et de la vessie qui
était fort tendue Comme je me préparais à le faire sonder, la femme du
malade m'apporla un ver de la grosseur d'une plume à écrire et de la lon-
gueur de trois doigts. Après avoir rendu ce ver, il recouvra sa première fa-
cilité d'uriner. L'excrélion du ver fut suivie d'un écoulement de sang qui dura
pendant quelques jours. Le ver était vivant, mais il mourut peu après (3). »
TVeCAs(ENT.).
« Le ver, quand je l'ai rendu (à la seconde urine), était vivant; il avait la
(1) Schenck, op. cit., lib. III, p. 440.
(2) Zacutus, Prax. hist., lib. II, cap. xvi, observ. vi, et Bonct, Sepulchrelum,
t. Il, p. 568, lib. III, sect. xxn, § 5.
(3) J. P. Albrecht, Eph. nat. cur., dec. II, ann. 1, observ. lxxvii, 1682, et
Coll. acad., t. III, p. 497.
282 AFFECTIONS VHÏIMTNÈÙSES DES VOIES UlUNAII'.l.S
» télé d'un serpent et la queue mince ; il était d'une substance quelconque ad
j> milieu; il avait en longueur au delà d'une demi-aune. J'étais très malade
» avant de le rendre, et depuis lors j'ai toujours rendu quelque chose comme
» du sang. »
» Celle relation est faile dans les propres paroles du malade. Il est fort pro-
bable qu'il a eu une suppression d'urine pendant quelque temps ; à la pre-
mière émission le ver est arrivé des reins, dans lesquels il s'élait développé,
jusque dans la vessie, et ensuite de celle-ci dans le vase de nuit.
» Le ver étant mort et sec, était d'une couleur rouge obscur; il avait en
épaisseur environ un douzième de pouce (I). »
Ve Cas (Pechlin).
Il s'agit d'un enfant qui avait souffert longtemps de vives douleurs des
reins et de la vessie; un lithotomiste ayant jugé qu'elles étaient dues à un
calcul, bien qu'on n'en eût pas constaté la présence par le calhétérisme, pra-
tiqua l'opération de la taille et causa de grands dégâls dans les parties. On
ne trouva pas de calcul. Il survint une tumeur qui s'étendait des reins à la
vessie du côté droit. Lequatrièmejour, le chirurgien trouva dans l'appareil, en
rapport avec la plaie, un ver qui avait plus d'un empan de longueur (environ
20 centimètres); la tumeur du côté disparut, néanmoins l'enfant mourut.
A Yautopsie, Pechlin trouva la vessie saine, le rein droit d'un volume exa-
géré, le bassinet très- dilaté, ainsi que l'uretère; d'où il était évident, dit
Pechlin, que le ver avait suivi ce trajet (2).
VIe Cas (Raisin).
« Un homme d'environ cinquante ans fut attaqué, il y a deux ans, d'une
colique néphrétique très violente. Ses urines étaient teintes de sang et presque
noirâtres; quelques remèdes que je lui prescrivis calmèrent pour un temps
les douleurs. Elles l'ont repris l'hiver dernier avec plus de violence que ja-
mais, et ont persisté malgré tous les secours que j'ai pu lui donner, jusqu'au
4 0 juin, qu'il rendit par les urines un ver qui avait plus de trois pouces de
long. Depuis ce moment, il est parfaitement rétabli et ses urines ont repris
leur cours naturel (3). »
VIP Cas (Lapeyre).
Une fille de quarante ans entre à l'hôpital en 4 779 ; elle éprouve une dou-
leur forte et continue à la région lombaire droite ; il existe dans cette région
un engorgement œdémateux, douloureux à la pression. Fièvre modérée,
(1) Relation d'un ver rendu avec l'urine, communiquée par M. Ent., auquel il
avait été envoyé par M. Matthew Milford, in PHilosoph. Transact., for the months of
July and August. 1678, Vol. X, p. 1009.
(2) N. Pechlin, Vermis pro calculo {op. cit., lib. I, obs. iv, p. 8).
(3) Raisin, Observation sur un ver rendu par les urines (Joum.deméd. chir,,eic.,
1763, t. XIX, p. 458).
CHEZ L'HOMMli. — STRONGLfc GÉANT. 283
urines ordinaires, point de nausées ni de vomissements; ouverture spontanée
de la tumeur lombaire ; accidents variés ; douze lombrics évacués par l'admi-
nistration d'un purgatif. Mort deux jours après.
Autopsie. « Ayant enlevé le foie pour découvrir le rein, nous vîmes ce
dernier viscère adhérent au rein dans toute sa surface et faisant corps pour
ainsi dire avec lui ; le rein détaché et coupé en long formait un corps ferme,
entièrement graisseux et sans vaisseaux apparents. Dans le bassinet nous
trouvâmes une pierre grosse comme une fève de marais, dure et raboteuse —
Nous trouvâmes de plus, dans la substance du rein, trois vers en vie qui
avaient trois pouces et demi de long. En poussant nos recherches plus loin,
vers l'épine lombaire, notre élonnement augmenta encore en découvrant trois
autres vers longs de deux à sept pouces qui étaient fixés et comme lardés dans
la substance des muscles... . Les intestins étaient sains, le rein gauche aug-
menté de volume (1). »
VIIIe Cas (Arlaud).
« Le sujet de cette observation est une fille de Cherbourg, âgée de vingt-
six ans, bien constituée, bien réglée, bien portante jusqu'à l'époque où se
sont manifestés les premiers symptômes de l'affection vermineuse. M. Arlaud
la vit pour la première fois le 3 mars 1840; elle souffrait depuis dix-huit
mois; elle avait éprouvé d'abord les symptômes d'une néphrite; puis il s'y
était joint un sentiment de brûlure, de picotement dans la région des reins.. .
il y avait de loin en loin du hoquet, de la toux, des douleurs dans le membre
abdominal droit, des hématuries.
» M. Arlaud apprit, en outre, qu'après trois mois de souffrance, la malade
avait rendu spontanément par l'urèthre un ver ou quelque chose qui lui parut
être un ver et qu'on avait négligé de conserver. Les accidents ayant continué
malgré l'émission du corps étranger, un collègue de M. Arlaud, dans l'es-
pace de six mois, put constater la sortie de six vers, dont deux furent extraits
par lui avec la sonde de Hunter
» 3 mars. Faciès souffrant, un peu d'amaigrissement, douleur dans la
région rénale droite, engourdissement et douleur le long du nerf crural droit
jusque auprès de l'articulation fémoro-tibiale, ischurie — Le lendemain,
rétention d'urine complète. M. Arlaud pratiqua encore le cathétérisme et cette
fois il sentit un obstacle au col de la vessie. Cet obstacle vaincu, un flot d'urine
trouble et brunâtre s'échappa par la soude Remplaçant la sonde par la
pince de Hunier, il saisit, après quelques tâtonnements, un corps mou qu'il tira
avec lenteur et en causant des douleurs très aiguës, c'était un ver. Il était de
couleur rougeâtre, un peu aplati, avec deux dépressions longitudinales le
long du corps, atténué aux deux extrémités, long de 22 centimètres et de
4 millimètres d'épaisseur. Les vers extraits plus tard n'étaient pas tous de la
(1) Lapeyre, Abcès de la région lombaire (Journ. de méd-, t. LXV, p. 375 , et
Rayer, Mal. des reins, t. III, p. 740).
28A AFFECTIONS VERMINJEUSES DES VOIES URINAIRES
môme longueur ; la différence pouvait être de quelques millimèlres en plus ou
en moins. »
Il survint, à la suite de cette extraction, des accidents nerveux, des dou-
leurs, puis une amélioration; mais le 15 mars les accidents de rétention
d'urine reparurent.— «Le lendemain, M. Arlaud parvint à saisir avec la pince
à trois branches et à extraire un corps mou, rougeûtre, d'apparence charnue,
et du volume d'une amande. — Dans l'espace de huit mois, ce chirurgien
pratiqua ainsi l'extraction d'une quinzaine de ces corps de volumes différents,
et de sept nouveaux strongles.
» Un jour, tous ses efforts furent impuissants; il ne put faire franchir le col
vésical à un corps étranger dont le volume était fort considérable; il prit le
parti de dilater l'urèthre avec une grosse sonde. Après quatre jours d'acci-
dents divers et graves le chirurgien examina les parties génitales, vit un
corps mou, spongieux, ayant en partie franchi le méat urinaire, et en fit l'ex-
traction avec la pince à anneaux Ce corps se présentait sous la forme d'un
gros marron percé au centre et contenait cinq autres corps plus petits dans
sa cavité.
» Après son extraction, il y eut pendant deux heures alternativement des
syncopes et des accès hystériques violents ; ces symptômes furent suivis d'un
hoquet qui dura quatre heures, c'était le 1 9 novembre. Le 20, il y avait une
hématurie, un point douloureux au côté droit de la poitrine, une hémoptysie,
une réaction générale des plus intenses, du délire.
» Jusqu'au mois d'avril suivant, la malade éprouva des accidents variés et
pour la plupart analogues aux précédents.
» Au mois d'avril, les règles depuis longtemps supprimées, reparurent; une
membrane de 30 centimètres de longueur, formant un conduit cylindrique qui
pouvait admettre le pouce dans sa cavité, sortit spontanément de l'urèthre.
» Vers le milieu du mois de mai, l'état de la malade était assez bon; elle
pouvait marcher sans douleur et vaquer à ses occupations. Néanmoins trois
nouveaux strongles furent encore extraits après cette époque. »
Examen des entozoaires et des corps charnus, par MM. Duméril, Martin-Solon,
Ségalas, rapporteur, et M. Delafond, adjoint.
a ..... Leur corps se termine à une extrémité par une pointe mousse, por-
tant plusieurs renflements de papilles légèrement ovalaires, au centre des-
quels se montre une petite ouverture arrondie qui constitue la bouche. L'autre
extrémité, terminée également par une pointe mousse , mais plus allongée,
porte une petite ouverture ronde qui forme l'anus. Ces caractères ont fait
reconnaître que ces deux entozoaires appartiennent à V ordre des vers cavilaires,
et sont de l'espèce slrongle géant. » — Les commissaires de l'Académie de mé-
decine ont en outre reconnu des ovules dans le tube génital. Quant au tube
qui pouvait admettre Vindex dans sa cavité, il était formé de fibres longitu-
dinales et transversales blanches et nacrées. Il fut jugé être une portion d'un
CHEZ L'HOMME. — STliONGLE GÉANT. 285
énorme strongle. Les autres corps mous étaient formés de tissu cellulaire et
musculaire, et leur nature n'a pu être déterminée (1).
Il est à regretter que l'examen. des vers n'ait pas été plus com-
plet: Les caractères indiqués ne suffisent pas pour caractériser le
strongle géant. On a bien prouvé pour quelques-uns de ces corps,
qu'il s'agissait de vers, fait confirmé par la recherche des ovules,
mais on aurait dû indiquer le nombre des tubercules de la bouche,
et la disposition caractéristique de l'oviducte, car rien ne prouve
absolument que l'on n'avait pas affaire à des ascarides lombricoïdes.
11 y a dans ce cas plusieurs circonstances qui ne sont pas ordi-
naires dans les observations où l'on a constaté avec certitude la pré-
sence des strongles. Ce sont: 1° le nombre des vers qui n'aurait pas
été moindre que dix-neuf; or, dans les animaux, on en voit très ra-
rement trois, une seule fois on en a vu six et huit ; 2° la grosseur
extraordinaire du fragment de strongle; 3° la présence de corps
charnus d'une origine inconnue. On serait tenté de croire à quelque
communication de la vessie avec l'intestin, par laquelle tous ces
corps se seraient introduits dans le réservoir de l'urine. 11 est donc
fort à regretter que l'examen insuffisant des caractères spécifiques
de ces vers laisse des doutes sur leur détermination (2). »
(1) Sur une observation de strongles géants sortis des voies urinaires d'une
femme, par M. Arlaud, chirurgien de la marine ; rapport de MM. Duméril, Martin-
Solon, Ségalas {Huit, de l'Acad. roy. de méd., 1846, t. Xr, p. 426).
(2) Six de ces strongles, dit le rapport, ont été déposés au muséum d'anatomie
de l'hôpital. de la marine de Cherbourg. Il y a un an que M. Rayer a bien voulu, à
ma prière, demander à M. Fonssogrives, médecin en chef de la marine, la commu-
nication de quelques-uns de ces vers ; mais les recherches que ce médecin dis-
tingué s'est empressé de faire sont restées sans résultat : les vers n'ont pas été
retrouvés.
(Ce fait et nos remarques étaient livrés à l'impression, lorsque M. Ch. Robin com-
muniqua à la Société de biologie la lettre d'un chirurgien qui annonçait avoir re-
trouvé la malade du docteur Arlaud, et que cette femme rendait toujours des
vers. Un de ces vers, envoyé à M. Robin, a été reconnu par lui pour un intestin
de pigeon séparé de son mésentère. Cet intestin n'était pas cuit et n'avait pas
passé par le canal alimentaire de la femme. Les membres de la Société de biologie
ont vérifié le fait.
Une telle mystificalion doit faire présumer que les vers envoyés à l'Académie de
médecine étaient, non des strongles qui sont fort rares, mais des ascarides lom-
bricoïdes, qui auront été introduits dans les voies urinaires, ou peut-être simple-
ment dans le vagin, dans un but de simulation de maladie ou de mystification
dont on possède bien d'autres exemples non moins singuliers.)
286 AFFECTIONS VEttMWEUSES DE3 \ OIES UlUNAlliKS
SECTION II.
STRONGLE GÉANT CHEZ LES ANIMAUX.
A. Dans le hein.
1° Chez le chien,
André Cisalpin, 1593? Un strongle (cas cité) .
De Sillol, 1610. Uii strongle énorme; rein gauche. Montpellier (cas cité).
IIegenitius, 1616. Quatre strongles. Grouingue (cas cité).
Thomas Bautuolin, 1639. Deux strougles ; rein gauche. Leyde. (Episl. med., cent. I,
epist. n, p. 5, Haga; Comitum, 1740).
Sennert, 163":. Strongles? Wittcmberg. « Ipse in cane vidi totam unius renis
» subslantiam fuisse absumptam, superstite tantum tunica eum ambiente, quaj
» tota vermibus longis instar lumbricorum repleta fuit, a (Dan. Senncrti, op.,
t. III, lib. III, part, vu, sect. i, cap. vu, p. 359, Paris, 1641.)
Sperling, 16**. Un strongle; uretère oblitéré (cas cité).
Samuel Schelgvigius, 1654 octobre. Uu strongle; reiu droit. Wittcmberg (Simonis
Séhultzii, De vermibus in renibus. — Ephem. nat. cur., dec. 1, ann. 3,
obs. cclvi, p. 403, 1672).
Ruysch, 1664. Un strongle; rein droit. Leyde? (cas cité).
Id. 1665, juin. Deux strongles; calcul dans le bassinet; rein gauche. Leyde? (cas
cité).
Id. Rein contenant un ver (pièce conservée). (Thés, anat., t. VI, n° 113, in On.
omn., t. III, p. 49). Amsterd., 1744.
Kerckring, 1670. Trois cas , deux strongles dans chacun? Un autre cas? avec un
seul ver. Amsterdam (cas cité).
Wedel, 1675. Un strongle; reiu gauche. Le ver était rempli d'une infinité de
vermicules vivants (in Th. Bartholin, Acta med. phil., t. III, cap. lviii, ex
lilt., D. Georg. Wolff. Wedelii. — Andry, ouvr. cit., t. I, p. 64, Collect. acad.,
part, étrang , t. VII, p. 272).
De l'Étang, 1675. Deux strongles; rein gauche. Paris (cas cité).
Ch. Rayger, 1676. Deux strongles; rein droit. Paris (cas cité).
Boirel, 1679. Un strongle; rein droit. Argentan (Blegni, Nouvelles découvertes,
Paris, 1679, lelt. vi, p. 228, et Bonet, Sepulc, lib. III, sect. xxn, addit.
obs. n)-
Landouillette, 1679. Un strongle long de 3/4 d'aune. Caen (Blegni, ouvr. cit.,
lettr. vin, p. 358).
Drelincourt, 1681. Deux strongles unis par la copulation; rein droit. Leyde (cas
cité).
Id. 1681. Un strongle long de deux pieds un pouce et demi ; rein droit. Leydë
(op. cit., cauicid. 111, § 16).
Id. 1681. Un strongle long de 8 pouces; rein droit. Leyde (op. cit., canicidium XI,
§ 35, 36).
CHEZ LES ANIMAUX. — STRONGLE GÉANT. 287
Redi, 1684. Un strongle ; rein gauche. Florence (ouvr. cit., p. 40).
Id., 1684. Deux strongles; rciu gauche. Florence (cas ciié).
Hartmann (Ph. Jacq.), 1683. Un strongle; rein droit (Ephcm. nal. cur., dcc. II,
aun. 4, observ. lxxii, p. 149, 1683).
Du Verney, 1694. Quatre strongles, dont trois petits et un long de deux pieds
trois pouces. Uretère fort dilaté. Paris (Hist. de l'Acad. roy. des scierie, Paris,
1733, in-4, t. II, p. 213).
Mery, 1698. Un strongle long de deux pieds et demi et de quatre lignes de dia-
mètre. Paris (Mém. Acad. roy. des scierie., Paris, 1733, in-4, t. II, p. 338, et
J. B. Duhamel, Rcgiœ scient. Acad. historia, Paris, 1701, in-4., p. 503).
Wolff, 1704. Deu* strongles; rein droit (Ido Wolfii (Jo. Christ.), Observ. med.,
libri duo, lib. II, obs. iv, p. 185, Quedlimburgi, 1704).
Vallisneri (étant étudiant). Un strongle de plus de quatre palmes; rein. Bologne
(\nt. Vallisneri, Dell' origine de' vermi, etc., dans OEuvr. cit., t. 1, p. 148).
Schacher (Polycarp. Gottl.), 1719 (Panegyris medica, Lips., 1719, cité par Rud.,
Hist. nat., t. I, p. 83),
Valsalva, ann.? Un ver long de trois aunes; rein droit (cité par Morgagui, De sed.
et causis morb., etc., epist. xl, § 7).
Farcy, octobre 1722. Un strongle; rein droit. Paris? [Mém. de Trévoux, 1722, cité
par Pallas, Thèse, p. 19).
Moublet, 1726. Un strongle. Paris (cas cité).
Liefmann (cas cité).
Heucher (cas cité).
Van Swieten, 17**. Un strongle; rein gauche. Leyde (cas cité).
Sterck, 1740. Trois strongles, rein droit (cas cité).
Collet-Meygret, 1802. Un strongle. Paris (cas cité).
Godine, 1804. Un strongle, rein gauche (le strongle était situé en partie dans le
bassinet, en partie dans l'artère rénale (probablement l'uretère). Paris (Journ.
gén.deméd., Paris, 1804, t, XIX, p. 160).
Grève (B. A.), 1818. Un strongle long de 2 pieds; rein gauche. Oldenbourg
{ouvr. cit.).
2" Chez le cheval.
Chabert, 1782. Jument; un strongle; rein gauche. Paris (cas cité).
Rudolphi. Un strongle dans sa collection {Eut. hist. nat., t. II, part. 1, p. 213).
Leblanc. Strongle trouvé dans le reiu chez le cheval, décrit par Blanchard (Ann.
se. nat , Paris, 1849, 3° série, t. XI, p. 187).
3° Chez le bœuf.
Rudolphi? (ouvr. et passage cités).
Musée vétérinaiiie d'Alfort. Un exemplaire cité par Diesing, p. 328.
B. Grève, 1818. Taureau; un strongle long de onze pouces; rein gauche. Olden-
bourg (cas cité).
4° Chez les animaux sauvages.
Clamorgan. Trois cas chez le loup (cité).
288 AFFECTIONS VERMINKUSES DES VOIES URINAIRES
Klein. Huit strongles dans le rein chez le loup (cité).
Bi.as Noseda. Six stroDgles dans le rein de l'agouara-gouazou, au Paraguay (cite).
Cuvier. Slroogle long de trenlc pouces, du rein d'une fouine. Paris (Brcinser,
ouvr. cit., p. 25i).
De Blainville. Un stronglc long de 29 pouces, du rein d'une marte. Paris [Dkt.
scient, nat., art. Strongle, et Bremscr, p. 52i).
Érasme Miller. Six cas de stronglc dans lo rein, chez le Putorius vison. États-
Unis (cilé).
B. Strongle dans la vessie.
François Frank, 1790. Un stronglc long de deux auues et demie dans la vessie
d'un chien. Pavio (cas cilé).
C. Strongle dans la cavité abdominale.
Plasse. Un strongle dans la cavité abdominale, chez le chien ; deux dans le rein.
Niort (cité).
Stratton. Quatre strongles dans la cavité péritonéale du chien (cité).
Budolphi. Deux strongles erratiques dans la cavité péritonéale du loup (cité).
Natterer. Strongles dans la cavité abdominale de la loutre. Brésil (cité par Dic-
sing, t. II, p. 328).
D. Strongle dans le tissu cellulaire adjacent aux organes
URINAIRES.
Leblanc Trois cas chez le chien. Paris (cité),
E. Strongle dans le coeuh.
D' Jones. Chez le chieu (voy. Hématozoaires du chien).
DEUXIEME DIVISION.
VERS RARES, INDÉTERMINÉS, ERRATIQUES OU FICTIFS.
PREMIÈRE SECTION.
VERS MICROSCOPIQUES ( PROTOZOAIRES).
Il n'existe point de protozoaires dans l'urine normale ; il est
même très rare d'en rencontrer dans celle qui est altérée par
CHEZ L'HOMME. — PROTOZOAIRES. — SPIROPTÈRE. 289
une affection des voies urinaires. Les seuls animalcules qu'on
y ait observés jusque aujourd'hui sont des vibrions et des monades.
■1° Vibrioniens (Synops., n° 2).
L'urine glaireuse et fétide d'un homme affecté de cystite chronique, offrit
plusieurs jours de suite à notre examen un nombre immense de vibrions; le
malade, qui était à la Charité, dans le service de M. Rayer, urinait dans un
vase très propre et l'examen du liquide était fait très peu de temps après
l'émission. Pour nous assurer si les vibrions existaient dans la vessie même,
l'urine fut extraite par la sonde et examinée immédiatement après; elle con-
tenait néanmoins tout autant de ces animalcules.
2° Monadiens (Synops., n° 3).
Des monades d'espèce indéterminée ont été plusieurs fois rencontrées dans
l'urine des cholériques. Le docteur Hassall a relevé des observations de ce
genre faites dans plusieurs hôpitaux de Londres , pendant l'épidémie du
choléra de 1854 (1).
Sur vingt-neuf échantillons d'urine qui avaient été rendus au plus tôt vingt-
neufheures après la suppression, Thomas Richardson, à VliôpitalSainl-Nicolas,
trouva dix fois des monades.
Sur quinze échantillons d'urine, William Stevens, à Vh'ôpital Sainl- Thomas,
trouva sept fois un grand nombre de monades.
Dans un échantillon d'urine examiné par John Brandon, à Y hôpital Saint-
Thomas, il y avait un grand nombre de monades.
Patrick Reilly, à l'hôpital Saint-Bartholomé, trouva dans deux échantil-
lons d'urine un grand nombre de monades.
DEUXIÈME SECTION.
vers visibles a l'oeil nu (observés une seule fois).
CHAPITRE PREMIER.
VERS ÉVACUÉS AVEC L'URINE.
A. Spiroptère. — Observé par Barnett et Lawrence.
« Une fille, âgée de vingt-quatre ans, d'une bonne et forte constitution, fut
saisie dans l'hiver de 1806 d'une rétention d'urine qui nécessita l'emploi
(1) Besulls of Ihe microscopical and chemical examinalion of seventy-two samples
of the urine of choiera patients, in General Board of heallh. London, 1S55, p. 293
et suiv.
Davaine. 19
290 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES UllINAlRES
journalier du cathéter. Kilo so plaignait, d'un grand poids à la vessie, de dou-
leurs dans les aines, d'engourdissement dans les cuisses ; ello urinait rare-
ment, et chaque fois ello rendait quelques gouttes d'urine mêlées de sang. On
pensa qu'il existait un calcul dans la vessie, mais l'exploration par la sonde
n'en fournit aucun indice... Dans l'été de 1800, elle se confia aux soins de
M. Barnett. Alors sa constitution était épuisée, ello était très maigre, sa langue
était chargée et offrait souvent un aspect typhoïde ; elle se plaignait de douleurs
dans les aines et la vessie, et n'avait uriné depuis six mois qu'à l'aide du cathé-
ter. Elle était saisie de douleurs violentes si l'emploi du cathéter était suspendu;
alors la douleur et la chaleur brûlante de la vessie étaient très intenses.
» Après une nouvelle exploration de la vessie qui ne donna aucune lumière
sur le diagnostic, l'état de la malade s'aggrava de jour en jour; un nouvel
examen de la vessie fut suivi d'un violent accès de convulsions. Depuis cette
époque de semblables accès eurent lieu fréquemment. Une sonde ayant été
laissée à demeure, Barnett fut surpris, en la retirant, de trouver un corps qui
lui parut un ver engagé dans son ouverture ; il était du volume d'un fuseau
à dentelle, d'un pouce et demi de long, et de couleur blanche. Trois vers
furent encore expulsés les jours suivants. L'huile de térébenthine fut admi-
nistrée intérieurement : la malade rendit encore quatre vers, et sa santé parut
s'améliorer ; mais bientôt de violentes douleurs de tête, un érysipèle de la face
et du tronc forcèrent à suspendre l'emploi de ce médicament. Injecté dans la
vessie avec partie égale d'eau, il détermina de nouveaux symptômes fâcheux,
et l'érysipèle.
ï Ces moyens ayant échoué, M. Barnett introduisit, le 22 février, une
large sonde ouverte à son extrémité, mais garnie d'un stylet qui en remplis-
sait l'orifice pendant son introduction ; en retirant le stylet, un libre passage
était ouvert aux matières contenues dans la vessie. En moins d'une demi-
heure, neuf vers sortirent avec une cuillerée à café de matière sablonneuse.
Quatre de ces vers avaient cinq pouces et demi de long. Cinq vers sortirent
le 24, un le 25. La nuit suivante, la malade n'eut pas de repos, et les con-
tractions de la vessie furent assez douloureuses pour occasionner un accès.
Le 28, trois vers furent rendus. Le 2 mars, il en sortit neuf grands; le 6,
quatre ; le 9, cinq ; le 17, quatre ; le 23, deux ; le S avril, sept; le 6, sept;
le 1 2 avril, une liqueur composée de parties égales d'huile de térébenthine
et d'eau ayant été injectée, douze vers sortirent. Le 17, on injecta trois par-
ties d'huile de térébenthine et une d'eau, et treize vers furent expulsés.
Le 20, on injecta de l'huile de térébenthine pure, et dix vers sortirent. De
légers mouvements d'ondulation furent observés dans ceux-ci ; mais ces vers
étaient ordinairement morts. Quelquefois les vers qui sortaient par le cathéter
cheminaient dans le lit de la malade jusqu'à ses pieds. Elle continua à rendre
des vers de la même manière, et M. Barnett suppose qu'il y en eut plus de six
centsderendus.Unefoisilsortituneportionde mucus qui enveloppait plusieurs
petits vers d'un demi pouce à un pouce de long, qui vécurent trois jours dans
l'urine et s'y mouvaient vivement. »
CHEZ L'HOMME. — SPIUOPTERE. < — DACTS'LIUS. 291
En avril 1811, cette femme était dans le même état; les vers sortaient
toujours en plus ou moins grand nombre; des injections d'huile d'olive
procurèrent quelque soulagement dans l'irritation et dans la durée des
accès.
En juin, un large abcès se forma près du vagin ; il s'ouvrit dans cette ca-
vité et procura un grand soulagement ; il en sortit beaucoup de pus et huit ou
dix vers chaque jour.
En octobre, cette femme est passablement bien ; elle a bon appétit, mais
ne peut pas se mouvoir ; elle a parfois des accès comme autrefois et rend
encore des vers. Le nombre qui en a été rendu dépasse un millier (1).
Ces corps vermiformes, examinés par plusieurs helminthologïstes,
les ont laissés dans le doute relativement à leur nature. Rudolphi les
a rapportés au genre spiroptère (voyez le Synopsis, n° 65).
M. Diesing a commis une erreur en donnant l'indication d'un se-
cond cas semblable observé en Amériqne (2).
B. Dactylius aculeatus. — Observé par Curling.
« Une jeune fille de cinq ans, jusqu'alors bien portante, éprouva, en 1 837,
une pneumonie subaiguë ; à plusieurs reprises, elle avait rendu par les selles
de petits ascarides ; au commencement de mai, elle maigrit et fut prise de
toux ; la fièvre avait le caractère rémittent ; les urines étaient fort troubles.
Un traitement bien dirigé fit disparaître ces accidents et l'urine reprit sa cou-
leur normale. Le 26 mai, on trouva dans les urines quelques petits vers ; il
en fut de même les jours suivants. Le 1er juin, elle rendit par les selles quel-
ques ascarides, mais ce jour et les suivants les urines n'offrirent plus rien. On
(1) W. Lawrence, Cas d'une femme qui a rendu un grand nombre de vers par
Vurèthre, lu le 12 novembre 1812 (Medic. chirur. Transact., t. II, 3e édit. , p. 385,
— rapporté m extenso dans Rayer, ouvr. cit., t. III, p. 747 et Atlas, pi. XXVIII,
fig. 7).
(2) Diesing (ouvr. cit., t. II, p. 223) donne l'indication suivante : Var. B, ma-
jor? Brighton, in The Americ. Journ. of Ihe medic. scienc, 1837. — The medic.
chirur g. Review, 1837, n° 54, 495. — Froriep's, neue Notiz., VII, 224, etc.
Le fait, rapporté dans The American Journal, etc., comme l'indique Diesing, se
trouve encore dans London med. Gaz., 1837, vol. XX, p. 666, sous ce titre:
Worms in the urinary bladder, simulatling stone in thaï organ ; il a pour auteur
le docteur Brigham et non Brighton.
Il s'agit d'une femme âgée de trente-cinq ans qui offrait depuis plusieurs années
les symptômes d'un calcul de la vessie, mais le cathétérisme n'en fît point recon-
naître. «Quinze jours après cette exploration, cette femme rendit par l'urèthre un-
ver blanc de la longueur de six pouces, et dès lors tous les symptômes se dissipè-
rent. La malade s'est rappelée qu'à l'âge de quatorze ans, à la suite d'une fièvre
typhoïde, elle avait eu une rétention d'urine qui s'était dissipée après l'évacuation
par l'urèthre d'un ver long d'un pouce.
292 AFFECTIONS VERMINEB8ES DES VOIES URINAIRËS.
Constate do nouveau la présence des onlozoaires dans les urines, le 3 juin, et
quelques-uns s'étaient présentés seuls à l'orifice de l'urèlhre pendant le cou-
rant de la journée. Cette enfant se rétablit rapidement et n'eut aucune affection
des voies urinaires. L'urine qui conlonait ces vers, était très colorée et légère-
ment acide; lorsqu'ils s'échappaiont les premiers, ils flottaient séparément
dans l'urine; mais bientôt ils se réunissaient et se formaient en pelo-
tons (1). »
Ces vers n'ont été observés qu'une seule fois ; mais ils ont été
examinés par Owen et Quekett, dont les connaissances spéciales en
helminthologie nous ont engagé a ne pas ranger ce cas parmi ceux
qui appartiennent aux pseudhelminthes (voyez le Synopsis, n° 100).
C. Tétrastome du rein. — Observé par Lucarelli et Délie Chiaje.
«Dans l'été de 1826, une dame sexagénaire, demeurant au Capodimonle , fut
prise d'une très vive douleur du rein gauche. L'examen des symptômes me fit
croire que la cause du mal était dans quelque calcul ; je prescrivis donc les
moyens que l'art conseille en pareil cas ; mais, quoiqu'ils aient été suivis pen-
dant longtemps, ils le furent en vain. Les urines, à part une coloration plus
foncée, n'offraient rien de particulier. Un jour la malade crut avoir uriné du
sang, et j'aperçus au fond du vase des corpuscules de couleur de sang jau-
nâtre. Ils ne paraissaient pas être des grumeaux de sang, et ils étaient bien
distincts de l'urine qui ne participait pas de leur couleur. La régularité de
leur forme me parut tenir à une certaine organisation. J'en recueillis cinq
pour les examiner à loisir, d'autant plus que sur mes questions, on me rap-
porta qu'on avait observé quelques mouvements dans ces petits corps. Après
de minutieuses recherches, je pensai que ces êtres étaient des tétra-
stomes, auxquels je donnai l'épithète de rénaux, d'après leur séjour pré-
sumé.
» Au bout de deux mois la malade mourut... le rein gauche ne présenta à
mes investigations que de la mollesse et un volume plus grand que d'ordi-
naire. Les calices membraneux qui reçoivent l'urine de la substance tubuleuse,
étaient plus amples que dans l'état naturel (2). »
Délie Chiaje, qui fit aussi l'examen des entozoaires rendus avec
l'urine, les décrit sous le nom de Tetrastoma renalis. Il est à remar-
quer qu'il n'a pas été trouvé de ces vers à l'autopsie; c'est donc
(1) T. B. Curling, Case of a girl who voided from the urelhra a number of
entozoolic worms not hitherto described..., in Med. chir. transact. London, 1839,
t. XXIL (Arch.gén. de méd., 1840, et Rayer, ouvr. cit., t. III, p. 753).
(2) Lucarelli, Relas. manuscr. (Délie Chiaje, Compend. di elmint. umana. Napoli,
1833, p. 13 et p. 116).
ENTOZOAIRES A L'ÉTAT DE LARVE. 293
arbitrairement que ce dernier auteur dit qu'ils habitent dans des
fistules rénales (1), et que Diesing ieur donne pour séjour les tubes
urinifères (2) (voyez le Synojjsis, n° 47).
CHAPITRE II.
VERS TROUVÉS DANS LES REINS.
A. Pentastome denticulé. — Observé chez l'homme par E. Wagner
(voy. Synops., n° 4 03).
A l'autopsie d'un peintre, âgé de soixante-deui ans (le 24 septembre 1 856),
M. E. Wagner trouva sur le bord concave du rein droit, dans le tiers supé-
rieur, un petit corps blanchâtre, comme fibreux, faisant une saillie d'un demi-
millimètre à la surface de l'organe. II était irrégulièrement ovale; long de
4 millim., large de 3 millim., et épais d'un demi-millim. Situé sous la
capsule du rein qui ne lui adhérait pas, il avait des adhérences tellement
intimes avec le tissu propre de cet organe, qu'on ne pouvait l'enlever sans
déchirer ce tissu. Ce petit corps était creux en dedans; il contenait une masse
jaunâtre qui se brisa en plusieurs fragments lorsqu'on en pratiqua l'extrac-
tion. L'examen de cette masse permit d'y reconnaître un entozoaire identique
avec ceux qui ont été trouvés à la surface du foie et décrits par Zencker.
C'était évidemment un pentastome denticulé (3).
B. Ver nématoïde. — Observé chez l'ours par Redi.
« Chez un ours mort dans la ménagerie du grand-duc de Toscane, j'ai
remarqué entre la tunique adipeuse et la membrane qui, comme un sac, ren-
ferme les nombreux lobes du rein de cet animal ; j'ai remarqué, dis-je, entre la
membrane adipeuse et ce sac, un grand nombre de vésicules membraneuses
dont chacune contenait un ver allongé, très petit et blanc. Quelques-unes de
ces vésicules contenaient même deux, et d'autres trois de ces petits vers (4). »
C. Ver nématoïde. — Observé chez le chevreuil par Redi.
« Chez un chevreuil, une masse grande et dure de glandes s'était déve-
loppée dans le rein gauche. Cette masse recouvrait de toutes parts non-
seulement le rein, mais encore tous les vaisseaux les plus volumineux du
bas-ventre. Cette énorme masse de glandes pesait 5 livres; outre qu'elle cou-
(1) Délie Chiaje, ouvr. cit., p. 13.
(2) Diesing, ouvr. cit., 1. 1, p. 408.
(3) Docteur E.Wagner, Penlastomum denliculatum in der Niere, in Arch.fiir
Physiol., etc., von Vierord, 1856, p. 581.
(4) F. Redi, ouvr. cit., p. 200.
29fr AFFECTIONS VEItMINliUSLS DLS VOIES URINAIISES
vrait entièrement lé rein, elle renfermait six poches dont quelques-unes avaient
la grosseur d'une noix et les autres étaient beaucoup plus grandes. Elles con-
tenaient toutes dans la cavité d'une double tunique dont chacune était formée,
une matière de couleur noirâtre et d'une consistance approchant do celle du
beurre. Dans cette matière, j'ai trouvé des pelotons de vers très petits, d'une
longueur variable et en nombre tel que j'en ai compté quatre cents. Du reste,
les autres viscères de ce chevreuil étaient à l'état sain et le rein lui-même,
renfermé dans cette énorme masse de glandes, n'offrait aucune altération (1 ). »
D. Ver nématoïde. — Observé chez le chien par Vulpian (voy. Synops.,
n° 54).
« Chez un chien qui avait servi à des études physiologiques (mai 1856),
les reins offraient une assez grande quantité de petites
tumeurs blanchâtres. La plupart étaient situées sous
la capsule propre. J'estime leur nombre à 80 ou 1 00
dans chaque rein. Ces petites tumeurs, grosses, en
général, comme des graines de chènevis, étaient for-
mées par des tubes urinifères remplis en grande
partie de graisse granulaire ou vésiculaire. On voyait,
de plus, de la matière amorphe granuleuse et des glo-
mérules de Malpighi. Peut-être, ceux-ci étaient-ils dans
la petite partie de substance rénale qu'on enlevait avec
fig. 12. — Ver du rein ies tumeurs. Dans l'une de celles-ci, j'ai trouvé le
observé par M. Vulpian, . , T, . . ,
grossi 150 fois. 'ver ci-dessus. J avais cru a priori que toutes devaient
en contenir ; mais après avoir trouvé ce ver, j'en ai
cherché infructueusement dans plus de vingt autres petites tumeurs prises au
hasard dans l'un ou l'autre rein (2). »
Ce dernier cas a beaucoup d'analogie avec ceux qui ont été ob-
servés par Redi. Il est probable que des vers ont été la cause de la
formation des tumeurs : si M. Vulpian n'en a pas trouvé dans toutes,
c'est sans doute que ces vers, après un certain temps, périssent et
disparaissent (3).
TROISIÈME SECTION.
VERS ERRATIQUES.
Les hydatides et les vers de l'intestin pénètrent quelquefois acci-
dentellement dans les voies urinaires.
(1) V. Redi, ouvr. cit., p. 202.
(2) Vulpian, note communiquée.
(3) Quoique les faits observés par Redi n'appartiennent pas aux animaux dômes-
CHEZ L'HOMME. — VERS ERRATIQUES. 295
Chez la femme, il ne serait pas impossible que les oxyures arri-
vassent dans la vessie par le canal de l'urèthre; chez l'homme, les
entozoaires de l'intestin n'arrivent dans les voies de l'urine que par
une communication accidentelle. Une tumeur du rein qui s'ouvrirait
dans l'intestin, pourrait donner accès à des vers intestinaux qui pé-
nétreraient ensuite dans l'uretère, puis dans la vessie ; nous ne con-
naissons néanmoins aucun fait de ce genre. La lésion qui permet
aux entozoaires de l'intestin d'arriver dans les voies urinaires, existe
ordinairement à la vessie. Parmi les cas connus, la communication
avait pour cause : deux fois le passage d'une épingle du canal intes-
tinal dans les voies urinaires ; une fois l'opération de la taille ; dans
les autres cas, elle avait été occasionnée par un abcès ou par une
affection cancéreuse.
Les cas d'entozoaires intestinaux expulsés avec les urines appai>
tiennent au ténia, à l'ascaride lombricoïde et aux oxyures.
Les caractères spécifiques de ces entozoaires feront reconnaître
leur origine. Lorsque l'on aura affaire à de tels vers, il restera à dé-
terminer le siège de la lésion par laquelle ils ont pénétré dans la
vessie. La connaissance des phénomènes et de la marche de la ma-
ladie, l'examen des matières expulsées de l'urèthre ou de l'intestin,
l'introduction du doigt dans le rectum et de la sonde dans la vessie,
une injection poussée dans ce dernier'organe, seront les moyens du
diagnostic.
Le traitement de la fistule vésico-intestinale devra être accom-
pagné de l'administration de quelque vermifuge, afin de débarrasser
l'intestin des vers dont l'introduction dans la fistule pourrait nuire
aux moyens dirigés contre elle. Peut-être y aurait-t-il aussi quelque
avantage à pratiquer des injections d'eau froide dans la vessie,
comme on l'a fait avec succès dans un cas observé par Chapotin.
Nous avons rapporté déjà les cas de ténias expulsés par l'urèthre ;
nous parlerons ailleurs des hydatides erratiques dans les voies uri-
naires.
tiques, j'ai pensé que leur rapprochement du fait observé par M. Vuipian offrirait
un certain intérêt. Si l'on ajoute aux cas rapportés jusqu'ici ceux d'hydatides des
voies urinaires, dont il sera question plus loin, et les cas de trichosomes de là
vessie urinaire du renard, du chien, du loup et du rat, on aura l'histoire à peu près
complète des helminthes de l'appareil urinaire chez les mammifères.
296 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES URINAIRES
Ier Cas (Fabrice de Hilden).
« Anno 1591, vocalus in Garrad ad uxorem quant) inveni laboranlom
» vehementissimis circa imum ventrem doloribus, cum manifesta durilic. Hœc
j> urinam ot oxcrementa nonnisi cum gravissimis doloribus, parturientis simi-
» libus excernebat; febrim, quandoque eliam lypolhymiam patiebalur. Pur-
» gato autem loviter corpore ruptus est tandem in vesica abscessus,
» isque octo aut novem diebus excretus fuit. Quoties vero rcgra lotium red-
» débat (reddebat autem sœpius) simul etiam multum puris fsetidi, innumeris
» scatentibus vermibus (quales in caseo nascuntur) eminxit. Inde sedati sunt
» dolores aliaque symptomata multisque post annis incolumis vixit (1 ). »
IIe Cas (Blaes).
« Mulier 26 annorum, mense martio 1673, poslquam circa pudenda dolo-
s rem toleraverat summum, cum urina excrevit primo saniosa, hinc puru-
» lenta, tandem vermem, spithamse longitudinis, externa facie similem om-
» ninô iis quos per os et alvum quotidie excerni notamus, teretes vocalos;
» coloris erat flavescentis, ubi primo excernebatur vita adhuc gaudens (2). »
IIIe Cas (Claudinus).
Il s'agit d'un garçon âgé de sept à huit ans qui avait avalé, en jouant, une
épingle longue de deux travers de doigt. « Il souffrit de grandes douleurs de
reins et de vessie les deux premières années, car il garda celte épingle cinq
ans. Il jeta par les urines des graviers, de petites pierres, des vers vivants,
une matière puante et noire, après avoir fait usage d'eaux minérales chaudes.
Un jour qu'il avait beaucoup de peine à uriner, il retira de l'urèthre une
épingle dont la 'pointe paraissait à l'entrée du canal ; elle était enveloppée,
surtout par le milieu, d'une matière plâtreuse (3) »
IVe Cas (Alghisi).
« J'ai vu à Florence, dit Alghisi, médecin et lithotomiste savant, un enfant
âgé de sept ans qui, depuis un an, rendait des vers par le méat urinaire ; il
en était sorti par cette voie environ soixante ; les plus grands avaient la gros-
seur d'une plume à écrire; ils variaient pour la longueur, l'un atteignait celle
d'une aune de Florence; d'autres étaient très petits et appartenaient aux
oxyures ; en outre, cet enfant avait rendu par les selles un très grand nombre
de ces vers. Quelques médecins pensèrent que les vers qui sortaient de l'urè-
thre, s'étaient développés dans les reins ou dans la vessie. Pour moi, obser-
vant que tous les vers sortis soit par l'anus, soit par la bouche, ne différaient
(1) G. Fabrice de Hilden, op. cit., cent. I, obs. lvi, p. 69.
(2) Gerardi Blasii Observ. med-, obs. x (Vermis cum urina excretus. Amst.,
1700).
(3) Claudinus, Resp. med., xl, p. 147, cité par Vander-Wiel, obs. rares.
Paris, 1758, t. II, obs. xviu, p. 196. •,
CHEZ L'HOMME — VERS EBRAT1QUES. 297
point d'une manière notable de ceux qui étaient sortis de l'urèlhre, si ce n'est
que ceux-ci étaient plus lisses et plus polis, j'eus la pensée d'examiner l'in-
testin rectum avec un spéculum , et j'ai aperçu un trajet fistuleux allant
du rectum à la vessie; d'où j'ai même vu sortir l'urine : ainsi, j'ai acquis la
certitude que ces vers n'étaient point nés dans les reins ou dans la vessie. »
En remontant aux antécédents, Alghisi apprit que cet enfant avait eu une
petite vérole très grave quatorze à quinze mois auparavant et que depuis
lors les vers s'étaient montrés dans les urines (1).
Ve Cas (Pereboom).
Le ver rendu avec l'urine et dont parle Pereboom dans son mémoire relatif
au genre nouveau qu'il désigna par le nom de stomachkle, était certainement
un ascaride lombricoïde. Ce ver était vivant lorsque Pereboom l'observa, et
de couleur blanche. Le malade étant mort, on trouva, à l'autopsie, des lé-
sions profondes de la vessie qui était adhérente au côlon, au caecum et
confondue avec le rectum. Il y avait, en outre, des ulcères fistuleux entre la
vessie et l'intestin adhérent (2).
VIe Cas (Auvity).
Il s'agit d'un jeune homme de dix-huit ans, habitant Troyes, qui, ayant
rendu par l'usage de médicaments un grand nombre de lombrics, fut pris
tout à coup d'une grande difficulté à rendre ses urines ; elles ne sortaient
que goutte à goutte et avec douleur. Auvity ne fait aucune mention de dou-
leurs lombaires ou rénales. Après avoir pris six bains le malade rendit par le
canal de l'urèthre deux vers semblables à ceux qui avaient été rendus par
les selles, seulement un peu moins gros et moins longs; aussitôt tous les ac-
cidents disparurent (3).
VU" Cas (Chapotin).
Il s'agit d'un nègre âgé de vingt ans, esclave à l'île de France, qui ren-
dait depuis quelque temps avec l'urine du sang et des vers vivants. On fit
dans la vessie des injections d'eau froide et dès lors les vers ne sortirent plus
que morts. « Ils étaient longs de 3 à 4 centimètres et avaient une parfaite
analogie avec les lombrics. Le malade en rendit quinze dans l'espace de cin-
quante jours que dura ce traitement qui suffit à sa guérison ; six mois après,
il en sortit encore quelques-uns ; on parvint à le guérir en renouvelant les in-
jections d'eau froide dans la vessie. Deux ans et demi après cette indisposition,
ce noir existait, mais dans le dernier degré du marasme (4). »
(1) Ant. Vallisneri, Nuove osserv. int. ail. ovaja de' vermi, etc., in Opère fisico-
med. cit., 1. 1, p. 301.
(2) Pereboom , Descript. et icon. delin. nom generis vermium slomachidœ
dicti, etc., 1772, p. 24, rapporté in extenso dans Brera, Mal. verm. cit., p. 207.
(3) Auvity le jeune, Obs. sur des vers sortis par le canal de l'urèthre (Obs. sur
la physique, etc., de l'abbé Rozier. Paris, 1779, t. I, p. 379).
(4) Chapotin, Topogr. médic. de l'île de France. Paris, 1812, in-8, p. 99.
298 AFFECTIONS VERMINEUSES HES VOIES UR1NA1R.ES
L'analogie parfaite de ces vers avec les lombrics, leur nombre
bien plus considérable que celui des strongles géants, dont on ne ren-
contre chez les animaux qu'un ou deux, et dont on n'a vu qu'une
seule fois jusqu'à huit chez le même animal, l'état de marasme de
l'individu affecté font conclure qu'il ne s'agit point ici de strongles,
mais d'ascarides lombricoïdes parvenus dans la vessie par quelque
fistule intestinale.
VIIIe Cas (Bobe-Moreau).
Il s'agit d'une femme qui avait eu, douze ans auparavant, a la suite d'un
accouchement, des douleurs qu'elle rapportait à la région lombaire droite et
qui s'accompagnaient ds strangurie; elle était très amaigrie. Elle portait dans
l'abdomen deux tumeurs ; l'une arrondie, rénitente, pins grosse que le poing,
occupait l'espace compris entre l'hypochondre droit, l'ombilic et le flanc du
même côté; l'autre, qui surmontait la précédente, avait le volume, la forme et
la flexibilité du doigt auriculaire. La malade éprouvait des élancements doulou-
reux très fréquents vers le pubis et le périnée, du ténesme vésical; les urines
laissaient déposer un sédiment muqueux, épais, non purulent. Après de lon-
gues douleurs, une pleurésie, une fièvre quarte dont chaque accès s'accom-
gnait d'hémoptysie, une fièvre tierce ataxique-cholérique, la tumeur se dissipa
en partie ; les symptômes du côté des voies urinaires s'amendèrent et la ma-
lade devint enceinte. Après l'accouchement, qui fut heureux, nouvelle fièvre
ataxique-cholérique grave. Un an après, nouvelles difficultés d'uriner, accom-
pagnées des autres symptômes; tout à coup, douleurs] atroces avec ténesme
vésical, convulsions à plusieurs reprises; enfin, expulsion par l'urèthre d'un
corps que la malade croit être un caillot ; cessation subite des douleurs.
L'examen de ce corps montre un ver vivant : « Ce ver, que je reconnus pour
un lombricoïde (Ascaris lumbricoides) , dit Bobe-Moreau, avait 6 â|7 centi-
mètres de long, était de la grosseur d'une plume à écrire et aminci par ses
deux extrémités. » A la suite de cette expulsion, l'état de la malade s'amé-
liora, les urines devinrent plus abondantes et faciles; tous les symptômes
graves qui indiquaient la présence d'un corps étranger dans la vessie, dimi-
nuèrent, etc. (1).
IXe Cas (Chopaut).
« On m"a montré un ver ascaride sorti par l'urèthre d'un enfant de huit
ans, qui en avait rendu plusieurs par l'anus et qui avait une fistule uréthrale
pénétrant dans le rectum, à la suite d'une opération de la taille où l'on avait
incisé cet intestin avec le col de la vessie (2). »
(1) Bobe-Moreau, médecin à Rochefort, Observ, sur quelques espèces de vers
{Journ. gén. deméd. de Sédillot, 1813, t. XLVH, p. 3).
(2) Chopart, Traité des maladies des voies urinaires. Paris, 1821, 2e édit. t. II,
p. 114.
CHEZ L'HOMMK. — VERS ERRATIQUES. 299
Xe Cas (Duméril).
« M. Duméril m'a dit avoir vu un malade rendre par l'urèthreun ascaride
lombricoïde (1). »
XIe Cas (docteur William Kingdon).
Il s'agit d'un enfant de sept ans qui, au commencement de 1 836, souffrit
de rétention d'urine pendant plus de huit jours, après lesquels un ver lombric
se présenta au méat urinaire et fut retiré par l'enfant lui-même. Un an après,
le même fait se reproduisit et sa mère lui retira du canal de l'urèlhre un nou-
veau lombric. Des lombrics se présentèrent ainsi successivement au méat
urinaire six mois après, puis en octobre 1838, janvier et avril 1839. L'issue
de plusieurs lombrics par l'anus, les douleurs violentes de la région vésicale,
les urines purulentes qui enfin sortirent avec les selles, la fièvre vive et con-
stante, la perte de la vue, qui se rétablit cependant, la faiblesse extrême et
progressive, furent les symptômes les plus remarquables de cette maladie qui
se termina par la mort le 1 5 novembre 1 839.
« Autopsie. — V appendice vermiculaire, au lieu d'occuper sa place ordi-
naire, s'est enfoncé dans le petit bassin, à un pouce environ de sa termi-
naison ; il adhère intimement à la région supérieure et latérale de la vessie,
un peu au-dessus de la jonction del'urèthre avec cet organe. La vessie elle-
même était plus petite et resserrée à sa partie inférieure sur un corps dur,
qu'on reconnut être un calcul d'un pouce six lignes de longueur, et de deux
pouces neuf dixièmes de circonférence. Les parois vésicales étaient très épais-
sies, et s'opposaient presque entièrement au passage de l'urine dans cette
direction. La muqueuse de la vessie était ulcérée en deux endroits, et sur la
ligne médiane de l'orifice de l'uretère et un peu au-dessus de lui étaient deux
ouvertures fistuleuses, à cloison très petite, qui communiquaient avec l'inté-
rieur de l'appendice vermiforme ; les deux uretères étaient très élargis et
enflammés, et les deux reins, plus volumineux qu'à l'état normal, étaient si
complètement remplis de pus, qu'à peine restait-il trace du tissu sain.
» Le docteur Kingdon divisa avec soin le calcul, et il trouva dans son
centre une grosse épingle dont la présence peut expliquer les lésions décrites
ci-dessus. L'enfant a dû avaler l'épingle, qui, après avoir traversé l'intestin
grêle, se sera logée dans l'appendice vermiforme. De là l'irritation qui a
amené l'adhérence de celui-ci avec l'extérieur de la vessie, puis une ulcéra-
tion à travers laquelle l'épingle tomba dans le réservoir, où elle devint le
noyau d'un calcul méconnu pendant la vie (2). »
XIIe Cas (docteur Peter Clark).
« Un homme, âgé de trente-trois ans, rendit par l'urèthre un lombric (Lum-
bricus teres) long de onze pouces; depuis dix-huit mois environ, il avait
(1) J. Cloquet, Mém. cit., p. 9.
(2) London med. chir. Review, juillet 1842, et Ârch. gên. de méd. Paris, 1842,
3e série, t. XV, p. 323.
300 AFFECTIONS VERMINEUSES DliS Y011ÎS DRIMIRES
éprouvé les symptômes d'uno nialadio do vessie. Lo doclcur Clark pense
qu'une communication entre cet organe et le rectum s'est forméo par ulcéra-
tion, et il suppose cpjo le ver est arrivé de l'intestin dans lavossie(l). »
XIIIe Cas (Laugieii).
« M. Laugier a vu un ver lombric sorti par le canal de l'urethre et qui pro-
venait do la vessie où il avait pénétré par une double perforation pratiquée aux
parois de cet organe, au point correspondant d'une anse intestinale adjacente.
Le malade conserva longtemps après cet accident une fistule inteslino-vési-
cale qui finit par s'oblilérer (2).
XIVe Cas (Alexandre).
11 s'agit d'un garçon âgé de huit ans, qui, à la suite de la rougeole, évacua
beaucoup de vers et conserva une santé fort délabrée. Un jour, un lombric se
présenta au méat urinaire ; il en fut extrait par le père de l'enfant, puis on en
relira successivement trois autres; le médecin, appelé, en retira encore deux,
vivants et longs de 7 à 8 centimètres; l'enfant mourut le lendemain; l'au-
topsie ne fut pas faite. Point de détails sur l'état des urines, sur leur émis-
sion, etc. (3).
QUATRIEME SECTION.
PSEUDHELMINTHES DES VOIES URINAIRES.
Nous avons fait jusqu'ici l'histoire des vers qui s'engendrent ou
qui arrivent accidentellement dans les voies urinaires; parmi les cas
nombreux rapportés à ces entozoaires par les auteurs anciens ou mo-
dernes, il en est beaucoup qui ne concernent point les vers et qui
n'ont été rapportés aux entozoaires que par suite d'erreurs plus ou
moins grossières. Dans ces cas, il s'agissait soit de concrétions san-
guines ou fibrineuses, soit de vers qui n'avaient point passé par les
voies urinaires, soit d'animaux, d'insectes surtout qui s'étaient
trouvés accidentellement dans le vase avec l'urine; un autre genre
d'erreur encore a grossi le nombre de ces cas, c'est la fausse inter-
prétation de faits étrangers aux voies urinaires (4).
(1) Docteur Peter Clark, New-York Journal ofmedicine, may 1844, et The Edin-
burgh, med. and surg. journal, 1845, t. XXVIII, p. 526.
(2) Acad. de médecine, séance du octobre 1855 (Gaz. deshôp., 1855, p. 463).
(3) Alexandre, ofûcier de santé à Riancourt (Somme), V Abeille médicale. 1857,
p. 168.
(4) On cite généralement, depuis Hipp. Cloquet, comme appartenant aux vers
des voies urinaires un cas observé par Stromeyer ; mais voici ce cas : « Prœlerea
CHEZ L'HOMME. — PSEUDHELMINTHES. 301
§ I. — ■ Les concrétions sanguines, dans les cas d'hématurie, peu-
vent acquérir une grande consistance et une grande longueur en
passant par l'uretère ou par l'urèthre qui leur sert de filière. On
trouve dans les Mémoires de l'Académie des sciences pour 1735,
l'exemple d'un homme atteint de gravelle qui rendait par l'urèthre
des concrétions sanguines grosses comme une plume d'oie et dont
quelques-unes ont atteint jusqu'à la longueur de douze aunes. Jac-
ques Spon rapporte le cas d'un caillot fibrineux long d'un pied, qui
fut pris d'abord pour un ver, et dont un examen plus attentif fit re-
connaître ensuite la nature (1). Beaucoup d'observateurs qui n'ont
pas pris le même soin sont restés dans leur erreur.
On peut regarder comme appartenant aux concrétions tibrineuses
ou sanguines les cas suivants :
Cas de Tulp. — Ver d'un rouge de sang qui se résolut bientôt en ce li-
quide (Nie. Tulpii, Obs. med., Amst., -1672, obs. xux, p. 173).
Cas de Plantcovius. — Un religieux de Milan, après une rétention d'urine,
rendit avec ce liquide deux vers qui avaient environ une ligne de diamètre et
quatre pieds et demi de longueur (J.-L. Hannemann, Ephem. nat. cur.,
dec. II, ann. 6, 1687 et Coll. acad., part, étrang., t. VII, p. 424).
La longueur excessive de ces deux vers doit faire croire qu'il s'agit de con-
crétions sanguines.
Cas de Léautaud. — Il s'agit d'une rétention d'urine avec un ver velu, tiré
de l'urèthre d'un homme (Journ. de mëd. chir., etc. Paris, 1760, t. XII,
p. 151).
Cas de Decerf. — Homme âgé de cinquante ans, ayant eu des hématuries,
des douleurs abdominales et lombaires. En 1 807, il rend un ver tout couvert
de sang, de la grosseur d'un tuyau de plume et long de 40 centimètres. A la
suite et pendant plusieurs mois, il en rend plus de cinquante semblables à des
» puer, Jacob Reischlius filius, 9 anuorum , ex usu decocti cornu cervi usti uni
» cum syrupo citri , vesicam quamdam magnitudine nucis juglandis ejecit, quam
» dum aperui, lumbricum teretem, longitudine sua dimidiam ulnam superantem
» inveni. An hic casus sit rarior, an vero omnes lumbrici ita generentur, nondum
j> satis exploratum habeo. » {E-pist., Seb. Stromeyer, Phys. ulmensis, G. Horslio,
1623, in Greg. Horstii, Operum, tom. sec, p. 538, in-fol., Norimbergœ, 1660). 11
est donc question d'un ver rendu par les voies ordinaires et renfermé dans une poche
ou vésicule. Rudolphi (t. I, p. 77) rapporte ce fait en quelques mots (De lumbrico
vesicaincluso), dans lesquels Hipp. Cloquet (Faune, t. II, p. 118) a vu la mention
d'un ver renfermé, non dans une vessie ou vésicule, niais dans la vessie. L'origine
de l'erreur de Cloquet se reconnaît dans l'indication bibliographique transcrite avec
une lettre surajoutée, comme elle se trouve dans Rudolphi.
(1) J. Spon, Act. erudit. Lips. , mai 1684, cité par Choparl, t. I, p. 138.
.'502 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES ^BINAIRES
lombrics et variant en longueur depuis 4 jusqu'à 20 centimètres, Gué-
rison ()).
Ces corps vermiforraes, examinés par Bremser et Duméril, ont été reconnus
par ces savants pour n'être que dos concrétions fibrineuses (Decerf, Jown.
du méd. chir. pharm. de Corvisart, etc., Paris, 1809, t. XVII, p. 92; et
Bremser, otivr. cit., p. 256).
§ II. — Les oxyures ou même les ascarides lombricoïdes errati-
ques dans le vagin ou la vulve, balayés par l'urine, pourraient être
pris pour des vers venus de la vessie. La même méprise pourrait
être commise chez les petites filles relativement à des lombrics qu'on
trouverait dans le vase avec l'urine, quoiqu'ils n'auraient point été
rendus avec ce liquide. On peut regarder comme appartenant à cette
catégorie les cas suivants :
Cas de N. Àndry. — Jeune fille de sept ans qui rendit par les urines quatre
petits vers, après avoir pris de l'eau de fougère; ces vers étaient blancs, menus
et sans pieds (Andry, ouvr. cit., t. I, p. 123).
Cas de Guillaume Remer. ■ — Nous croyons devoir rapporter aux faits de
cette catégorie un cas observé par Guillaume Remer, malgré l'autorité de Ru-
dolphi qui le regarde comme appartenant au strongle géant (Rud., Hist. nat.,
t. I, p. 141).
Il s'agit d'une jeune fille de dix-huit ans, atteinte d'épilepsie, qui rendit,
le 12 novembre 1802, par l'urèthre trois vers (ascarides lombricoïdes) et
le jour suivant deux autres. La mère de la malade vint en aide à sa fille
pour extraire ceux-ci. Quelques jours après la jeune fille en rendit avec les
garderobes, sept, puis onze, plus tard encore d'autres, mais il n'en fut plus
rendu par les urines. Le bas-ventre avait été ballonné et résistant. Il n'est
point parlé de douleurs de reins, ni de rétention d'urine, etc. Guillaume
Remer chercha en vain une communication entre l'intestin et la vessie ; l'urine
est constamment restée claire.
L'examen anatomique qui a été fait des vers, démontre qu'ils appartenaient
aux ascarides, car la vulve était située vers le quart antérieur du corps et
l'oviducte se divisait en deux branches; or, on sait que la vulve, chez le strongle
géant, est située près de la bouche et que l'oviducte est simple. Il n'est donc
point question ici de vers développés dans les voies urinaires ; l'absence de
toute lésion apparente de la vessie, de matières intestinales dans les urines, et
de dysurie doit faire aussi conclure qu'il n'est point question d'un lombric intro-
duit accidentellement, dans ces voies. Nous présumons que des ascarides chassés
du rectum pendant une attaque d'épilepsie, se seront introduits dans le vagin à
(1) L'auteur de l'article Cas rares, du Dict, des se. méd., rapporte ce fait sous le
nom de Démet.
CHEZ L'HOMME. — PSEUDHELM1NTHES. 303
l'insu de la malade, et que celle-ci, comme sa mère, les trouvant hors de leurs
voies naturelles, aura pensé qu'ils étaient dans le canal de l'urèthre (Wilh.
RemeruEpilepsievonSpuhourmern und merlavurdige art der Ausleerung dieser
Wïtrmer; in Hufeland med. Journ.^t. XVII, part, n, p. 116).
Cas de Maceroni, — Il s'agit d'une petite fille, âgée de quatre ans, qui,
dans le cours d'une fièvre nerveuse, perdit la parole pendant quatorze jours ;
ayant rendu une grande quantité d'urine dans laquelle la mère trouva un ver
vivant, la malade se rétablit bientôt après. (Metaxà, Mem.zool. med. 72, cilé
par Délie Chiaje, ouvr. cit.', p. 108.)
Cas de P. Frank. ■ — « Une demoiselle de Vienne, âgée de sept ans, après
être sortie d'un typhus très grave, rendit avec l'urine une trentaine de ces
vers (oxyures); ils étaient encore vivants au fond du vase, nous les sépa-
râmes de l'urine en filtrant ce liquide... » (Ouvr. cit., t. V, p. 347.)
§ III. — Quant aux animaux différents des vers intestinaux qui
ont été pris pour des entozoaires venant des voies urinaires, les exem-
ples en sont nombreux. Le plus simple examen montre le défaut de
la plupart de ces faits, car, soit par la description, soit par les figures
que les auteurs ont données, on voit qu'il s'agit d'animaux tantôt
velus, tantôt pourvus d'antennes, d'yeux, d'ailes ou de pattes. On a
même pris de véritables coléoptères pour des vers de l'urine.
Une erreur de ce genre fut un instant commise par Valsalva qui
soumit à l'épreuve de divers médicaments de petits insectes noirs,
semblables à des scarabées, trouvés dans l'urine d'un malade atteint
• de gravelle. La rencontre d'insectes de la même espèce dans la
chambre du malade fit cesser les expériences (1).
Ruysch, ayant mis dans une capsule, pour les examiner à loisir,
des vers trouvés dans le vase de nuit d'un de ses malades, les vit,
deux jours après, transformés en mouches ; il ne restait plus des vers
que leur enveloppe de nymphe. Le célèbre anatomiste s'explique la
présence de ces nymphes dans les urines par l'introduction des larves
dans le méat et le canal de l'urèthre, larves qui se seraient transfor-
mées en nymphe au col de la vessie (2). Il n'est pas aujourd'hui de
médecin qui, en présence d'un pareil fait, ne reconnaisse que ces
vers se sont trouvés accidentellement dans le vase ou le malade a
uriné.
Les observations de vers de l'urine pourvus de pieds, d'antennes,
(1) Morgagni, De sed., etc., epist. xlh, § 6.
(2) Ruysch, Thés. anat. prim, arcula quarto, tab. m, fig. v, p. 32.
30/i AFFECTIONS VERMINBCSES DES VOIES URINAIRF.S
ou d'ailes ne sont que le produit d'erreurs semblables ; telles sont les
suivantes :
Cas d'Amd. Paré. — 4° L. Duret, interprète d'IIippocrato, rendit avec les
urines un animal rougo semblable à un cloporte. 2° Paré rapporte un cas ana-
loguo du comte de Mansfeld. (OEuvrcs de Para, édit. J. F. Malgaigne, t. III,
p. 35).
Cas de Guidi Guido. — Il s'agit d'un ver cornu. avec une cuirasse dure
(Vidus vidius junior, lib. X, cap. xiv, De curât, membralim, cité par Schenck).
Eh. Hagendorn rapporte qu'une petite fille de quatre ans, après avoir eu la
variole, rendit pendant quelque temps avec les urines des vers ailés et vi-
vants (Eph. nat. car., dec. I, ann. 3, p. 39).
Cas de Ronsseus. — Il s'agit d'un ver semblable à une sangsue, ayant
deux têtes, qui fut expulsé par un vieillard avec des urines sanguinolentes, et
qui, conservé dans de l'eau froide, vivait sept jours encore après son expul-
sion. (Bald. Ronss., in Epist. medicin., X, p. 41 , op. cit.)
Pierre Pacheco, médecin de Lunelle, vit rendre en 1626, par une dame
polonaise qui souffrait de violentes douleurs de reins, un grand nombre de
vers de la longueur d'une aiguille, noirs et cornus (J. Rhodius, ouvr. cité,
cent, m, p. 4 55; plusieurs histoires du même genre sont citées par Rhodius
dans les §35 et 36.)
Tdlp rapporte deux observations : 4° « Undevigenti vermicuii excreti. »
Vers ayant deux cornes et un grand nombre de pieds. 2° « Cottidianus ver-
» mium mictus. » Vers ayant des pieds (Tulpii, op. cit., obs. l, p. 4 73 et
obs. li, p. 4 74).
Cas de Bartholin. — Insecte ayant la forme d'un scorpion (Hist. anat.,
cent IV) .
Cas de Turberville. — Femme épileptique ayant rendu longtemps avec
les urines des vers courts et munis de pieds (Trans. philos., n° 4 67, 4 685,
et Coll. acad., part, étrang., t. VII, p. 82).
Cas de Ed. Tyson. — Nymphe de sauterelle (Collect. acad., part, étrang.,
t. VII, p. 878).
Cas de Barry. — Homme sujet à des hématuries qui rendit avec les urines
un ver dont on put voir la bouche, les yeux et les anneaux circulaires (Essais
d'Edimb., t. VI, p. 384, rapp. in extenso, par Chopart, ouvr. cil., t. II,
p. 138).
Cas de Bianchi. — Vieillard rendant avec l'urine des vers oblongs, sem-
blables à des oxyures, ayant une tête munie de cornes, six pattes, etc. (Op.
cit., p. 327, tab. m, fig. 4 7).
Cas de Harvey Campbell (vers dans la vessie urinaire). — Ces vers, rendus
CHEZ L'HOMME. — PSEUDHELMINTHES. 305
au nombre de trente, avaient un demi-pouce de longueur et des jambes dis-
posées en deux rangées (American Joitm. of the med, science et Gaz. mèd.
de Paris, t. VI, p. 125, 1838).
§ IV. — Cas incertce sèdis . Parmi les cas qui appartiennent pro-
bablement soit aux vers erratiques, soit aux concrétions fibrineuses
soit à des animaux autres que des vers, il en est que l'on ne peut
ranger avec quelque certitude dans l'une ou l'autre de ces catégo-
ries, les auteurs n'ayant point donné de détails sur l'état des ma-
lades ou sur la constitution des corps observés ; d'autres fois ils en
ont donné qui n'admettent aucune explication.
Scaliger attribue la mort d'un de ses malades à des vers qui s'étaient for-
més dans la vessie et qui avaient mis obstacle aux cours de l'urine. Ces vers
étaient lisses, blancs, avec des yeux de feu et un rostre aigu (J. Scaliger, in
Arist., Comment, cit., lib. V, § 213, p. 597).
Argenterius et Rondelet rapportent le cas d'un homme mort avec de vio-
lentes douleurs de reins, chez lequel on trouva un dragonneau de la longueur
du doigt index pourvu d'ailes et d'une queue (cilé par Leclerc, op. cit.
p. 276).
Gentilis a vu un homme qui eut la fièvre quotidienne avec une douleur
des reins et qui, dans la convalescence, rendit avec les urines des vers petits
et plats. La douleur alors cessa (Canon Avicen., Comment. , ad lib. III, fenn. I
tract. 2, cap. m, et Schenck).
Aloysus Mundella parle de vers rendus avec l'urine, longs comme le doigt,
semblables à ceux de l'intestin et rouges (Dialogo VI, cité par Marcellus
Donatus, op. cit., p. 155).
Thomas Mermann, médecin du duc de Ferrare, a vu une femme atteinte de
dysurie guérir après avoir rendu par les urines un ver long d'une coudée
(Andry, ouvr. cit., t. I, p. 295).
Ferkel dit avoir vu de petits vers nés dans les reins qui avaient été rendus
avec l'urine (Pathol., lib. VI, cap. x, et Schenck, obs., etc.).
Houillier dit avoir vu de longs vers rendus avec les urines après de
grandes douleurs des lombes (Hollerius, De morbis internis, lib. I, cap. liv,
p. 419, in Scholiis. Paris, 1664).
Th. Bartholin rapporte qu'un petit ver rouge, long comme une phalange
du doigt, a été rendu avec l'urine par un enfant atteint de strangurie (Act. de
Copenhague, obs. xxi, 1677-1679, et Colleet. acad., part, étrang. , t. VII,
p. 336).
«L'an 1633, dit Covillard, M. de Sillol me fit voir un enfant âgé
Davaine. 20
30(i AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES L'RINAIRES
d'environ cinq ans, lequel ayant été travaillé durant plusieurs jours de la ver-
mine avec fièvre ardente, tomba dans une légère suppression d'urine; et en-
suite la nature poussa dehors par la verge, avec les urines, un vermisseau
excédant un pied de sa longueur ; le lendemain lui étant arrivé pareille chose*
ces animaux, sortis extraordinairement par ce conduit, me jetèrent dans quel-
que élonnement » (J. Covillard, Obsero. iatro-chirurgiques, ouvr. publ.
en 1639. Strasbourg, 4 79-1, p. 119.)
Le R. P. Camerin rendit longtemps par les urines du sang, des flocons de
vers et enfin un animal qui ressemblait à une petite vipère, après quoi il fut
guéri (Blegny, Nouv. découv. cit., p. 135, 1679, rapporté in extenso dans
Rayer, Maladies des reins, t. III, p. 745).
Mauche a vu un garçon de six à sept ans rendre par la verge un ver velu,
long de sept à huit travers de doigt et gros à proportion, et cela après avoir
souffert près d'une année de grandes douleurs de reins qui durèrent jusqu'à
ce que le ver fut rendu avec du sang caillé qui sortit peu après (Elegny,
Nouv. découv., lett. VII, p. 317, 1679; et Bonet, Sepulc. , lib. III, sect. xxu,
addit. obs. h, t. II, p. 597).
Séger a vu un enfant de onze ans rendre avec les urines un paquet de
vers renfermés dans une sorte de sac (rapporté par S. Schultz, Ephem. nal.
cur., déc. I, ann. 8, 1677, et Collecl. acad., partétrang., t. III, p. 324).
Olaus Borrichius raconte qu'un homme atteint d'une fièvre quarte rendait
de temps en temps avec les urines des vers morts, plus longs et moins gros
que les vers de terre (Act. de Copenhague, 1677-1679, obs. lxx, et Coll.
acad., part, étrang., t. VII, p. 368).
Spechtius a trouvé un petit ver dans une vessie dont le bas-fond était
ulcéré (cité par Bonet, Sepulc, lib. III, sect. v, obs. xx).
Cousin rapporte qu'un soldat rendit par l'urèthre un ver rond de huit
pouces de longueur. Il en avait rendu beaucoup d'autres semblables depuis
plusieurs années (Acta helvet., t. VIII, p. 192, cité par Borsieri, Instit.
med. Lipsise, 1826, t. IV. cap. x, § 132, p. 366).
Du Monceau, médecin à Tournay, rapporte qu'un homme, âgé de cinquante
ans, expulsa deux vers avec une urine sanguinolente et deux autres le surlen-
demain, l'un de ces vers avait la longueur du doigt, l'autre était plus petit.
— Pas de caractères de ces vers ; absence de détails concernant une maladie
des reins ou de la vessie.
II parle d'un cas semblable observé chez une femme par un médecin de
sa connaissance (Journ. de mecf.de Corvisart. Paris, an XIII, t. X, p. 11).
Cas de Géron. — Femme, douleurs aiguës dans les lombes et dans les
parties voisines, ischurie. Un ver est rendu le 15 janvier (1788);" un autre
est tiré de l'urèlhre, le 22, par la garde-malade; nouveau ver le 26. Guérison
CHEZ L HOMME. — PSEUDHELMINTHES. 307
en quelques semaines. — Absence de détails propres à éclairer le fait; point de
description des vers (Ancien journ. de méd. , t. LXXX, p. 210, 1789).
Cas de Kuhn. — « Un garçon de six ans, d'une bonne constitution, avait
été attaqué tout à coup, en mangeant, d'un tétanos que des onctions antispas-
modiques ont dissipé facilement. Le malade, s'étant endormi ensuite profon-
dément, a eu une sueur qui s'est soutenue pendant six heures. A son réveil,
il a pris le pot de nuit et a rendu avec des douleurs interrompues une grande
quantité d'urine dans laquelle on a vu plus de deux cents ascarides (oxyures)
dont la plupart étaient encore en vie. L'urine était naturelle, claire, sans
glaires ni graviers; une poudre laxative n'a pas l'ait évacuer de vers. L'évacua-
tion finie, l'enfant a joui d'une bonne santé. » (Diss. de ascarid. per urin. emissis,
aut. J. A. Fried, Kuhn. Ienae, 1798, elJourn. deSédillot, 1. 1, p. 222, Paris,
an VII.)
Nous rapportons ce fait avec tous ses détails parce qu'il est généralement
cité comme un cas d'oxyures rendus avec l'urine, mais comment croire d'une
part que ces oxyures avaient vécu dans la vessie sans occasionner d'acci-
dents, et d'une autre qu'ils sont sortis, tout à coup, tous à la fois? Au reste,
d'où seraient-ils arrivés dans la vessie, puisqu'il n'en existait pas dans l'in-
testin? Ce cas concerne sans doute, comme celui de Ruysch, des larves de
mouche qui se sont trouvées accidentellement dans le vase de nuit.
« Ballakd a vu sortir de la vessie d'un homme vivant un ver long de
trente pouces, gros comme une première corde à violon, ne ressemblant à
aucun ver connu, si ce n'est un peu aux lombricaux, ce ver vivait encore au
moment de sa sortie. » (Journ. milit. et Nouv. journ. deméd., chir., etc., de
Béclard, 1819, t. IV, p. 168).
Fb. Pascal rapporte que « chez un jeune homme de vingt-deux ans qui
éprouvait de véritables accès d'épilepsie, l'usage du calomel à haute dose et
des boissons amères déterminèrent la sortie d'une grande quantité d'oxyures
vermiculaires par l'anus, et d'une trentaine de vers du même genre, mais
très petits, par le canal de l'urèthre. Les phénomènes nerveux cessèrent après
cette dernière évacuation. » (Traité des malad. des voies urin. de Chopart,
t. I, p. 141, note, 1821).
LIVRE DEUXIEME.
VERS BANS MES CAVITÉS CLOSES NATUREEEES
OU ACCIDENTELLES.
PREMIÈRE PARTIE.
AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME SANGUIN.
HÉMATOZOAIRES.
L'existence de vers libres dans les vaisseaux de certains animaux
est un fait constaté depuis longtemps. Ces vers ont été désignés sous
le nom & hématozoaires et réunis en un groupe distinct. Si cette
réunion permet d'embrasser dans une étude générale les questions
de physiologie et de pathologie que soulève la présence des ento-
zoaires dans le système sanguin, au point de vue de la zoologie elle
est purement artificielle.
On connaît des hématozoaires chez les mammifères, les oiseaux,
les reptiles, les poissons, et chez plusieurs invertébrés. La plupart
de ces entozoaires sont microscopiques, dépourvus d'organes géni-
taux, et circulent avec le sang dans tous les vaisseaux. Un très
petit nombre atteignent des dimensions plus considérables et sont
pourvus d'organes génitaux. Ceux-ci se trouvent généralement dans
une portion déterminée du système circulatoire. Les mieux connus
parmi ces derniers sont :
Chez l'homme, le Disiomum hcematobium, qui se trouve dans le
système veineux abdominal ;
Chez les solipèdes, le Sclerostomum aneurysmalicum, qui se
trouve dans le système artériel abdominal ;
Chez le marsouin, le Pseudaliusjïlum et le Stenurus inflexus, qui
se trouvent, le premier dans l'artère pulmonaire et ses divisions, le
second dans les sinus de la base du crâne.
Ces hématozoaires peuvent se rencontrer dans les vaisseaux de
plusieurs organes, mais c'est toujours dans le même système; ainsi,
la pseudalie n'a été rencontrée que dans des vaisseaux à sang vei-
AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTEM li SANGUIN. 309
lieux ; le sclèrostome anèvrysmatique ne l'a été que dans des artères,
au moins aucune observation ne prouve que les vers qui ont été
trouvés dans les veines, chez le cheval, appartiennent à cette espèce
d'entozoaire.
Il existe aussi chez le chien des hématozoaires adultes, mais leur
étude est encore fort incomplète ; ils paraissent appartenir à plu-
sieurs espèces ; la moins rare est l&Jilaire hêmatique, qui se trouve
dans les cavités droites du cœur.
Les entozoaires du sang appartiennent aux nématoïdes, aux tré-
matodes ou aux protozoaires. Il en est qu'on ne peut encore rap-
porter à un ordre déterminé.
L'origine de ces parasites, comme celle de la plupart des entozoaires,
est généralement inconnue. Si ceux qui sont pourvus d'organes gé-
nitaux se reproduisent dans la cavité qu'ils habitent, on se demandera
par quelle voie se transmettent-ils d'un individu à l'autre, et com-
ment se fait-il que leur nombre soit en général assez limité, quand
celui de leurs œufs ou de leurs larves est extrêmement considérable l
Quelques faits récemment observés permettent de penser que
plusieurs des hématozoaires dépourvus d'organes génitaux sont les
larves d'un helminthe qui vit dans les vaisseaux mêmes ou dans les
organes de l'animal envahi. Les petits vers nématoïdes du sang de
la grenouille, désignés sous le nom d' Anguillula intestlnalis par Va-
lentin qui les a découverts, sont, à n'en pas douter, les larves d'une
filaire que l'on rencontre, chez ce batracien, dans le voisinage des
gros vaisseaux de la poitrine. Ce fait, constaté par M. Vulpian,
jettera sans doute quelque clarté sur l'origine des larves des néma-
toïdes, qui circulent avec le sang dans les vaisseaux de plusieurs
autres animaux (1). Déjà Ecker avait vu un fait analogue, mais
moins probant chez le corbeau (2).
On comprend que l'on ne puisse trouver sur les tuniques des vais-
seaux la trace du passage de ces larves microscopiques; or, on ne
peut d'avantage espérer de reconnaître celle du passage des héma-
tozoaires adultes et relativement très volumineux qui habitent les
artères ou les veines de certains animaux ; car c'est à l'état de larve
que ces entozoaires ont dû arriver dans la place où on les trouve
(1) Vulpian, Noie sur les hématozoaires filiformes dé la grenouille commune
(Mém. Soc. biologie, 1854, t. I, 2e série, p. 123).
(2) Eckerj Mullêr's Afch. allât, phys., 1845, p. 501.
810 AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME SANCJl'lN
adultes. 11 se peut même que ces larves aient pénétré dans le sys-
tème sanguin par les vaisseaux capillaires et se soient arrêtées en-
suite dans la portion déterminée de ce système où elles doivent
prendre leur développement ultérieur; aussi nous ne serons point
surpris du résultat des recherches de MM. Trousseau et Leblanc,
sur le sclérostome des artères du cheval : « Nous avons recherché
avec soin, disent ces auteurs, des traces de cicatrice sur la mem-
brane interne, et nous n'en avons jamais rencontré. Nous voulions,
en effet, connaître la route qu'avaient suivie les entozoaires pour
arriver dans l'intérieur du vaisseau, et nous devons dire que jusqu'ici
nous l'avons cherchée sans pouvoir la trouver (1). »
Certains animaux reçoivent héréditairement la disposition aux
hématozoaires ; c'est ce qui a été reconnu pour le chien parMM. Gruby
et Delafond. On pourrait attribuer cette "prédisposition au fait de la
communication des hématozoaires de la mère au fœtus par la circu-
lation placentaire; c'est même de cette manière que quelques hel-
minthologistes ont expliqué la transmission des entozoaires en gé-
néral ; mais, si nos connaissances physiologiques relativement aux
communications de la mère avec le fœtus, n'infirmaient cette manière
de voir, un fait observé par M. Chaussât la détruirait complètement :
« Ayant examiné, dit M. Chaussât, le sang d'une femelle pleine du
rat noir [Mus rattus L.) dont le sang offrait un très grand nombre
de ces animalcules filiformes, je cherchai si le sang contenu dans le
cœur et les vaisseaux de cinq fœtus qu'elle portait en contenait éga-
lement. Je ne pus en découvrir un seul, et ce fait, au point de vue
physiologique, présente peut-être quelque intérêt (2). »
Les jeunes animaux sont moins sujets aux hématozoaires que les
vieux. Les observations de M. Rayer sur le sclérostome des artères
du cheval, celles de M. Chaussât sur l'hématozoaire du rat noir, et
celles de MM. Gruby et Delafond sur celui du chien, s'accordent sur
ce point.
Chez la plupart des animaux, les hématozoaires n'occasionnent
aucun phénomène appréciable dans la santé, aucun désordre dans
les organes. Leur présence paraît généralement compatible avec
l'intégrité de toutes les fonctions. Quelques-uns de ces vers cepen-
(1) Recherches anat. sur les malad. des vaisseaux (Arch. gén. de méd,, 1828,
t. XVI, p. 198).
. (2) J. B. Chaussât, Des hématozoaires (thèse, 1850, p. 26).'
CHEZ, L'HOMME. — HÈMATOZ.OAIKES. 311
dant ne sont point inoffensifs ; ils occasionnent des désordres locaux
et peut-être quelques troubles dans les fonctions du système ner-
veux doivent-ils leur être attribués dans des cas dont nous parlerons
bientôt.
Nous n'aurons à nous occuper ici que des hématozoaires de
l'homme et de ceux du cheval et du chien, les seuls animaux domes-
tiques chez qui l'on ait encore rencontré des hématozoaires.
PREMIÈRE SECTION.
HÉMATOZOAIRES DE L'HOMME.
L'opinion que le sang de l'homme contient quelquefois des vers
n'est pas nouvelle. On trouve dans les anciens auteurs plusieurs
faits qui s'y rapportent ; mais c'est de nos jours que l'existence d'en-
tozoaires dans le sang de l'homme a été mise hors de doute ; toute-
fois les faits qui concernent les hématozoaires réels de l'homme sont
bien différents de ceux qui ont été rapportés anciennement et ne les
confirment en aucune manière : les hématozoaires de l'homme ap-
partiennent généralement à l'ordre des trématodes, tandis que les
vers que nos devanciers croyaient avoir vus dans le cœur ou dans
les vaisseaux veineux et auxquels ils avaient donné le nom de vers
sanguins, appartiendraient à l'ordre des nématoïdes. Tous ces faits
ont été généralement regardés par les helminthologistes modernes
comme mal interprétés, et peut-être n'en est-il aucun qui mérite
d'occuper un auteur sérieux.
Plusieurs médecins ou naturalistes, nos contemporains, attribuent
à l'homme des hématozoaires microscopiques dont l'existence est tout
aussi contestable que celle des vers sanguins.
Klencke assure avoir vu dans le sang, chez l'homme, des animaux
semblables aux infusoires et rapporte à leur présence la manifesta-
tion d'accès périodiques de vertige (1). Gros dit qu'on en a rencontré
dans le sang d'individus atteints de syphilis (2) ; mais M. Chaussât a
vainement recherché des hématozoaires microscopiques chez des in-
dividus atteints d'affections syphilitiques récentes ou anciennes et
(1) Klencke, NeuePhysioU, Abhandl. Leipz., 1843, p. 163.
(2) Gros, Obs. et ïnduct. microsc. sur quelques parasites, 1845.
312 AFFECTIONS VliHMlNIiUSJiS OU SYSTÈME SANGUIN
dans un grand nombre d'autres maladies (1). Quoique les recherches
microscopiques soient aujourd'hui très communes, nous ne connais-
sons aucun observateur qui ait fait mention, depuis quelques années,
d'hématozoaires microscopiques chez l'homme (2).
Nous parlerons d'abord des hématozoaires vrais, ensuite des en-
tozoaires qui, vivant normalement hors du système sanguin, se
trouvent dans ce système accidentellement, en apparence au moins,
et comme par une erreur de lieu. Nous rapprocherons de ces héma-
tozoaires accidentels d'autres vers qui ont été trouvés dans des tu-
meurs et dont, suivant nous, le siège primitif a été les vaisseaux de
la partie affectée. En troisième lieu nous rappellerons les cas d'héma-
tozoaires fictifs.
CHAPITRE PREMIER.
HÉMATOZOAIRES VRAIS.
Distome kœmatobie (Synops. , n° 38).
On ne connaît point en Europe d'entozoaire qui fasse son séjour
normal dans les vaisseaux sanguins chez l'homme; mais en Egypte,
un ver du genre distome se trouve fréquemment dans les vaisseaux
des organes abdominaux. C'est en 1851 qu'il a été observé pour la
première fois. M. Bilharz, qui l'a découvert, et M. Griesinger nous
ont donné tout ce que l'on sait aujourd'hui de cet hématozoaire (3).
Le distome heematobie n'a encore été observé qu'en Egypte; il y
est très commun, car sur 363 autopsies, il a été trouvé 117 fois par
M. Griesinger. Il paraît plus commun de juin à août, et plus rare en
septembre, octobre et janvier.
Il existe dans la veine porte et dans les veines mésaraiques, hépa-
tique, liénale, intestinales et viscérales. 11 ne paraît point occa-
sionner de désordres dans les troncs principaux de ces vaisseaux,
mais il en détermine dans les capillaires et dans les membranes
muqueuses.
«» .
(!) Chaussât, Thcs. cit., p. 14.
(2) Toutefois on a considéré les globules blaucs comme doués d'une vie propre
(voyez le Synopsis, art. Protozoaires).
(3) Bilharz et V. Siebold, Mém. cit., p. 59s 71, Î2. — Bilharz, même ouvr.,
p. 454.
CHLZ, L'HOMME. — DISTOME 1I7EMATOBIK. 313
A. — La présence du distome hœmatobie dans les vaisseaux des
parois delà vessie occasionne des lésions variées. Dans le degré le plus
faible, la membrane muqueuse vésicale offre des taches plus ou moins
circonscrites, formées par une hypérémie très forte et par du sang
extravasé, avec du gonflement; en ces points adhèrent des mucosités
et des masses d'exsudation contenant des œufs de distome. Les taches
varient entre la dimension d'une lentille et celle d'un franc ; elles
existent habituellement sur la paroi postérieure de la vessie ; il est
rare que la muqueuse vésicale soit partout injectée et ecchymosée.
L'urine est pâle et claire, muqueuse, et contient quelquefois des œufs
du parasite. Dans un degré plus avancé,
la membrane muqueuse de la vessie offre
des élevures molles, fongueuses, d'un gris
jaunâtre , avec des taches pigmentaires ;
elles ont jusqu'à une ligne d'épaisseur et
renferment des extravasations sanguines;
ces élevures sont quelquefois recouvertes
d'une croûte calcaire formée en partie par
une agglomération d'œufs de distome, des
coques, et des sels de l'urine ; rarement on
trouve sous ces croûtes de véritables ulcé-
rations. Dans d'autres cas , ce sont des
excroissances ou des végétations isolées ou
bien agglomérées, de la grosseur d'un pois
à celle d'un haricot, jaunâtres et ecchy-
mosées, d'une à trois lignes de hauteur,
verruqueuses ou fongueuses, à forme variée fig. 13. — Distome h#mà'u>bïé,
et comparables aux condylomes; elles ont tSïwiï%îZïfcvivf™
pour baseletisSUSOUS-muqueUX. CetissU est plication des lettres, voir le
. j, . ,, n. j.f Synopsis).
souvent d un jaune grisâtre, ramolli, dil-
fluent, infiltré de sang coaguléou de pigment ; la membrane muqueuse
qui le recouvre est souvent épaissie, mais elle a sa consistance nor-
male. Dans les autres points, cette membrane est généralement un
peu hypertrophiée. Le péritoine vésical est quelquefois aussi le siège
d'excroissances verruqueuses ou semblables à des crêtes de coq. A
la base des excroissances, Bilharz a trouvé des distomes hasmatobirs
et leurs œufs dans les exsudations qui recouvrent la membrane
muqueuse.
B. — Des lésions semblables à celles de la vessie se trouvent aussi
3U AFFECTIONS VERM1NEUSES DU SYSTÈME SANUl'JN
sur la membrane muqueuse des uretères et, dans des cas plus rares,
sur celle du bassinet. Elles consistent dans des plaques irrégulières,
isolées, d'un gris jaunâtre, un peu élevées, recouvertes d'une couche
de graviers urinaires d'un noir foncé, ayant le toucher du sable. Ces
graviers sont constitués par une agglomération d'oeufs de distome
vides ou contenant un embryon, par du sang, des corpuscules d'ex-
sudation et des cristaux d'acide urique. ]1 existe en même temps un
épaississement du tissu sous-muqueux et quelquefois de la couche
musculaire, qui amène des rétrécissements et par suite des dilatations
plus ou moins considérables des uretères ; de là résultent îles réten-
tions d'urine et toutes leurs conséquences. La membrane muqueuse
du bassinet et des calices est injectée ; les reins sont généralement
volumineux et gorgés de sang. Ces organes finissent par subir une
dégénérescence graisseuse, ou bien l'on observe la pyélile, la dila-
tation du bassinet et des calices et l'atrophie de la substance rénale.
Il n'est pas rare de voir les ovules du distome hsematobie consti-
tuer le noyau de graviers ou de pierres dont les couches extérieures
sont formées d'acide urique. Ces graviers se trouvent dans le rein,
l'uretère ou la vessie. Peut-être est-ce à la présence fréquente du
distome hsematobie dans les voies urinaires qu'il faut rapporter la
fréquence des graviers ou des ulcères des reins dont les Égyptiens
étaient fort souvent affectés au temps de Prosper Alpin (1).
C. — Dans le gros intestin il se trouve assez fréquemment des alté-
rations semblables à celles de la vessie, telles que des épanchements
sanguins , des dépôts dans l'épaisseur et à la surface des tissus muqueux
et sous-muqueux, des excroissances verruqueuses et fongueuses et
des agglomérations d'oeufs dans les vaisseaux de la membrane mu-
queuse. Les œufs du distome hsematobie sont souvent fixés par ran-
gées dans ces tissus et dans des exsudations pseudo-membraneuses
qui recouvrent des ulcérations intestinales. Après la rupture des
vaisseaux, ces ovules sont mis en liberté à la surface de la membrane
muqueuse. L'existence de ce distome dans les vaisseaux des intes-
tins n'est point en relation avec les dysenteries aiguës ou chroniques
qui sévissent endémiquement en Egypte, car MM. Bilharz et Grie-
singer ont pu se convaincre que la dysenterie atteint des individus
tout à fait exempts de cet entozoaire.
D. — Le tronc de la veine porte est quelquefois rempli de dis-
(I) P. Alpini, De med. .Kgypliorum. Parisiis, 1645, lib. I, cap. xiv, p. 26, B.
CHEZ L'HOMME. — DISTOME HÉPATIQUE. 315
tomes htematobies adultes ; on trouve alors des œufs dans la sub-
stance hépatique même. Il se pourrait que la présence des ovules
clans le tissu du foie devînt une cause d'altération du parenchyme
de ce viscère, et le transport de ces ovules dans d'autres organes
par le sang, pourrait peut-être encore occasionner d'autres affections,
ce qui toutefois n'est jusqu'ici qu'une simple hypothèse.
E. — Lorsqu'une hématurie sans cause apparente, ou bien lorsque
les symptômes d'une affection de la vessie ou des reins aura appelé
l'attention du médecin, la recherche des ovules du distome hscma-
tobie fournira assez souvent des données certaines sur l'existence ou
sur l'absence de ce distome dans le système sanguin ; les ovules;
pourraient aussi être recherchés dans les matières fécales.
L'ignorance où l'on est du mode de pénétration de ces entozoaires
dans le corps humain ne permet pas de déterminer les moyens de
prévenir leur invasion. Quant au traitement curatif à leur opposer,
il n'est pas mieux connu. Les médicaments empyreumatiques ou
fétides, tels que l'huile deDippel, la térébenthine, l'asafcetida, etc.,
auraient sans doute une action sur ces vers comme ils en ont une sur
beaucoup d'autres entozoaires.
CHAPITRE II.
HÉMATOZOAIRES ACCIDENTELS.
Distome lièpatique (Synops., n° 35).
Le distome qui habite les voies biliaires chez les ruminants et
chez l'homme, c'est-à-dire le distome hépatique, peut vivre dans les
vaisseaux veineux des organes abdominaux. Nous allons en rappor-
ter un exemple incontestable observé chez l'homme.
Chez les ruminants et chez le mouton même, cet entozoaire n'a
point été rencontré dans les vaisseaux sanguins. D'anciens auteurs
disent, il est vrai, que ce ver existe, chez le mouton, dans les veines
du foie; mais il est facile de voir que cette assertion tient à une mé-
prise, et qu'ils n'ont point examiné d'assez près dans quel ordre de
canaux les distomes se trouvaient (1). Quant au fait observé chez
(1) Nous avons cité ces auteurs en parlant des vers des voies biliaires (p. 237).
Un observateur plus récent, Treutler (Mém. cit., Animadv., ad obs. vi, p. 35),
316 AFFECTIONS VEKMINKUSES DU SYSTÈME SANGUIN
l'homme, les circonstances qui l'ont accompagné, les détails dans
lesquels l'observateur est entré, ne permettent pas de le révoquer
en doute.
I" Cas (Uuval). — Uistomes dans la veine porte chez l'homme.
« Dans les premiers jours d'avril 1830, j'avais pour sujet de veinologie du
cours d'anatomie de l'École secondaire de médecine un homme âgé d'environ
quarante-neuf ans, venant de l'Hôtel-Dieu (Rennes); c'était un couvreur
nommé F. Faucheux, entré dans le service de médecine le 24 mars au soir
(1830), mort le 28 du même mois, et sur la maladie duquel je ne pus obtenir
aucun renseignement précis. Des informations prises sur son état antérieur
ne m'éclairèrent pas davantage, il ne s'était jamais plaint de rien de particu-
lier; ce fut tout ce que j'en appris.
» Ayant fait préparer pour la leçon le système veineux abdominal sans y
pousser d'injection, et le foie étant conservé intact, je commençai par dé-
crire les veines mésaraïques et la veine splénique. Arrivé au tronc de la
veine porte, je m'aperçus, en le décrivant, qu'un corps étranger placé dans
l'intérieur même de ce vaisseau glissait entre mes doigts. L'idée d'un ver
parasite, comme il en existe dans le foie de plusieurs animaux, me vint
aussitôt à l'esprit ; quoique je n'eusse pas eu encore l'occasion d'en observer
dans l'homme, j'ignorais également alors qu'on en eût nié l'existence dans
la veine porte. Je fis part de ma pensée aux élèves, et, prenant de suite
un scalpel, j'incisai avec précaution les parois de la veine sur ce corps,
que je tenais toujours entre les doigts de la main gauche, et je découvris
au milieu d'un peu de sang fluide que contenait le tronc de la veine porte
une douve du foie delà plus grande dimension. Après avoir terminé ma leçon,
que cette découverte avait interrompue un instant, je poussai mon examen
dans les divisions de la veine porte. Je ne trouvai rien dans les branches ab-
dominales qui concourent à les former ; mais deux ou trois autres distomes
semblables au premier furent rencontrés dans le sinus et les divisions sous-
hépatiques de ce vaisseau. Les branches de la veine furent ainsi suivies jusque
dans l'intérieur du foie, et je découvris alors d'autres entozoaires de la même
espèce, toujours dans les ramifications veineuses. J'en recueillis en tout cinq
à six. Je ferai remarquer que les parois des veines qui contenaient ces para-
sites n'avaient pas été ouvertes avant ma leçon; qu'elles étaient dans un état
tout à fait normal et ne présentaient ni traces d'inflammation , ni érosion ; le
foie lui-même paraissait dans un état naturel, et le sujet ne présentait ailleurs
rien de particulier.
» L'animal du distome hépatique est trop connu pour que je m'arrête à dé-
dit qu'il y a deux espèces distinctes de distomes chez le mouton, que les grands se
trouvent toujours dans les cauaux biliaires, mais que les petits se trouvent, en
outre, dans la veine porte. Nous ne savons si cette assertion a donné lieu à quelques
recherches véri6càtives.
CHEZ L'HOMMi:. - DISTOME HÉPATIQUE. 317
crire les individus que j'ai trouvés dans les veines de mon sujet; mais, afin
qu'on ne puisse avoir aucune incertitude sur l'identité de l'espèce, j'ajou-i
terai qu'étudiés avec soin le jour même de leur découverte et comparés
aux figures de l'Encyclopédie (Hist. nal. des Vers, pi. 79, fig. 1 à 9), je n'eus
aucun doute sur leur détermination ; ils furent mis alors dans l'alcool, où je
les ai conservés depuis et déposés dans le cabinet de l'École secondaire. Enfin,
les ayant soumis postérieurement à l'examen du doyen de la Faculté des
sciences de Rennes, M. Dujardin, dont le nom fait autorité en pareille matière,
il reconnut tout de suite le distome hépatique ; ce qui ajoute encore quelque
intérêt à notre observation , ce sont les dimensions remarquables de ces en-
tozoaires, car on ne les rencontre en général chez l'homme que beaucoup plus
petits (1). *
Il est donc évident, quoique ce fait soit unique, que le distome
hépatique peut vivre et sans doute se développer dans le système
sanguin.
D'autres faits, qui ne sont point sans analogie avec celui-ci, ont
été observés récemment. L'analogie consiste en ce que les vers
étaient aussi le distome hépatique, en ce que leur séjour était en
dehors des voies biliaires ou de l'intestin. Dans ces autres faits, le
siège du distome était la plante du pied, la paroi de la poitrine, la
région mastoïdienne, l'occiput ; mais il est à présumer que, primiti-
vement, les vers étaient libres dans les vaisseaux, et que, entraînés
avec le sang, ils se sont arrêtés dans les capillaires de la partie où
leur présence s'est manifestée par une tumeur. En effet, un distome
extrait des parois de la poitrine et qui a été confié à notre examen
était gorgé de sang jusque dans les dernières ramifications de son
intestin. Un foyer occupé par deux distomes trouvés dans le pied,
contenait, non du pus, mais un caillot sanguin. Dans un troisième
cas, la tumeur s'étant ouverte spontanément, il en sortit un liquide
séro-sanguinolent. Comment, d'ailleurs, expliquer la présence d'un
distome dans la région occipitale, par exemple, autrement que par
le transport de ce ver par les vaisseaux sanguins?
D'après ces considérations, nous rangerons les cas de tumeurs
sous-cutanées contenant des distomes, parmi ceux qui appartiennent
aux hématozoaires. A côté de ces faits, nous placerons celui de
Treutler, qui est généralement connu, et qui est généralement
aussi regardé comme un fait mal observé. Il a une grande analogie
avec les précédents ; et, si les animaux extraits de la veine tibiaîe
(î) Duval, Note sur un cas de présence du distome hépathique dans la veine
porte chez l'homme (Gazette médic. de Paris, 1842, t. X, p. 769).
.518 AFFECTIONS VEUMINETISES DU SYSTÈME SANGUIN
antérieure n'ont pas été rapportés aux distomes, c'est à un examen
trop peu éclairé qu'il faut sans doute l'attribuer.
IIe Cas (Gieskeh et Fiiey). — Deux dislomes renfermés dans une tumeur
de la plante du pied.
« Giesker fut consulté, le 20 décembre 1848, pour la femme du contre-
maître d'une manufacture de soie, près de Zurich. Depuis le milieu d'août, un
médecin traitait cette femme pour une inflammation située dans le milieu de
la plantedu pied droit. Il y avait là une espèce de tumeur d'environ 1 pouce
à 1 pouce 1/2 de diamètre, qui était quelquefois apparente vers le bord externe,
quelquefois vers le bord interne du pied, sans jamais s'ouvrir, et qui dispa-
raissait habituellement dans l'espace de six ou huit jours. Cependant, le milieu
de la plante du pied restait toujours plus ou moins gonflé et douloureux, en
sorte que cette femme ne pouvait marcher que sur la pointe du pied. Toutes
les tentatives faites pour déterminer l'ouverture de la tumeur furent vaines.
En décembre 1848 , la plante du pied présentait une enflure d'un rouge pâle
qui s'étendait obliquement depuis le côté interne du calcanéum jusqu'au cin-
quième métastasien, mais qui n'était pas en rapport avec les os, le périoste
ou les muscles de la plante du pied, puisque les orteils avaient conservé l'in-
tégrité de leurs mouvements. La tumeur avait en partie son siège sous l'apo-
névrose plantaire dans le tissu aréolaire. Elle n'était pas douloureuse au tou-
cher, elle paraissait céder longitudinalement et être logée dans une cavité
profonde. Il n'y avait pas de fluctuation. Un peu au-dessus du bord du
pied, directement sous la malléole interne, il y avait encore un léger gonfle-
ment arrondi de 1 pouce de diamètre et d'un rouge presque érysipélateux.
Sur ce gonflement il y avait une petite tache d'un rouge noirâtre , un peu
plus grande que celle qui est occasionnée par la piqûre d'une abeille ou de
quelque autre insecte. Aucune ouverture n'existait dans l'épiderme, aucune
écharde, aucun fragment de verre ou d'une substance quelconque n'était entré
dans le pied. De la partie externe de la cheville, le gonflement s'était étendu
graduellement à la partie inférieure de la jambe et à la plante du pied.
» Le docteur Giesker pensa que cette affection provenait d'un corps étranger
qui serait éliminé par l'inflammation des parties; en conséquence, il ouvrit la
tumeur sur le bord interne du pied, et il observa que la tache noire, qui se
trouvait au centre, menait à un petit canal qui était en rapport avec un plus
grand situé dans la plante du pied; celui-ci, dont la situation correspondait
au second gonflement, fut aussi ouvert ; il se dirigeait sous l'aponévrose plan-
taire, entre cette aponévrose et les fléchisseurs des doigts, et se terminait en
cul-de-sac vers l'éminence du cinquième métatarsien. Il ne contenait ni pus,
ni corps étranger, mais seulement du sang coagulé et du tissu cellulaire non
coloré et libre. Après que l'écoulement du sang fut, arrêté, on introduisit dans
la plaie de la charpie et on laissa l'appareil pendant huit jours. Lorsqu'on eut
levé les pièces du pansement pour la première fois, et après qu'on eut pra-
tiqué une forte compression de bas en haut , un animal semblable a un ver
chez l'homme. — distome hépatique. 319
qui, placé ensuite dans l'eau, eut des mouvements propres, sortit avec le pus.
Le médecin ordinaire crut d'abord à une illusion, il retira encore un second
corps semblable qu'il écrasa malheureusement entre ses doigts, supposant que
c'était du tissu cellulaire. Le 1 1 février, la guérison était complète.
» L'animal, ajoute M. Giesker, ne peut avoir été introduit dans la partie
malade par la charpie du pansement ; tout indique qu'il existait dans le corps
longtemps avant l'ouverture de la tumeur, et qu'il avait produit le canal et la
tuméfaction dont le siège était variable. L'animal avait six lignes de longueur
(13 millimètres); il a été reconnu par le professeur Frey, et aussi par Von
Siebold, pour un distome hépatique jeune. Il est plus que probable qu'il avait
pénétré directement sous la forme de cercaire, dans la plante du pied. La
femme a pu donner lieu à cette introduction en lavant du linge dans les
parties stagnantes du lac de Zurich, ou bien en baignant ses pieds ou son
corps entier dans le lac (1). »
Le distome est déposé dans la collection zoologique de Zurich.
IIIe Cas (Penn Harris). — Dislomes sortis d'un abcès situé à l'occiput
chez un enfant.
« William Bridge, âgé de vingt-cinq mois, était pâle, maigre, et avait le
ventre tuméfié ; d'ailleurs, il était bien portant et jouissait d'un bon appétit. Il
y a environ deux mois, sa mère observa une tumeur à la partie supérieure
de l'occiput, tumeur de la grandeur d'une demi-couronne et qui atteignit, en
six à huit jours, la circonférence d'une orange. Alors elle s'ouvrit spontané-
ment et rendit une grande quantité de pus. L'abcès continua à se remplir et
à se vider par intervalles pendant environ trois semaines, lorsqu'un jour,
après avoir enlevé le cataplasme et abstergé le pus, la mère aperçut, sur la
serviette destinée à cet usage, plusieurs entozoaires qui ne donnaient aucun
signe de vie ni de mouvement. Je vis l'enfant pour la première fois, et la mère
me montra les entozoaires (au nombre de six). J'examinai la cavité de l'abcès
mais je n'en découvris pas d'autre. La plaie se guérit en continuant l'usage
des cataplasmes.
» On n'a jamais remarqué que l'enfant eût rendu des vers, et j'en ai recher-
ché vainement en prescrivant des remèdes anthelminthiques. L'enfant avait
été sevré à l'âge de dix-huit mois ; sa nourriture , depuis lors , avait consisté
particulièrement en farineux, et les pommes de terre en avaient formé la base.
» Jusqu'à présent je n'ai trouvé aucun cas semblable dans les ouvrages de
médecine que j'ai consultés. Quant à ce qui regarde la classe à laquelle appar-
tiennent ces animaux , on pourrait les ranger parmi les trématodes, car ils
paraissent avoir de la ressemblance avec le distome qui se trouve dans le foie
du mouton (2). »
(1) Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Zurich, 1850, Bd. Il,
p. 89. — Kùchenmeister, ouvr. cit. — Lebert, Traité d'anatomie pathologique gé-
nérale et spéciale. Paris, 1857, t. I, p. 406.
(2) J. Penn Harris, Liverpool, octobre 183G, Lettre au professeur R. Owcn
320 AFFECTIONS VKRMINFUSES DU SYSTÈME SAINCI'IN.
IVe Cas (Fox). — Dislome dans une tumeur située derrière l'oreille.
« M. I âgé de trente-neuf ans, d'une bonne constitution et grôlé exces-
sivement, avait été marin pendant vingt ans, naviguant dans les Indes occi-
dentales, la Méditerranée, l'Amérique du Sud, etc. Pendant ces dernières huit
années, il a pris chargement à Cronsladt, dans la Baltique, et visité aussi
Amsterdam. Il y a onvironquatorze mois, pendant qu'il était à Cronstadt, il
s'aperçut d'un petit bouton placé à 3 pouces derrière l'oreille. Ce bouton
s'agrandit et atteignit la grosseur d'une petite noix. Une solution iodée fut
appliquée pour dissoudre la tumeur, mais sans succès. Quelque temps après,
pendant que cet homme était en mer, le bouton s'enflamma et s'ouvrit, ren-
dant par deux petites ouvertures un liquide séro-sanguinolent. Le bouton se
guérit alors, et, après quelque temps, se remplit de nouveau d'un liquide sem-
blable. On en fit l'ouverture et la plaie fut pansée avec de la charpie sèche.
Le lendemain, en examinant cette plaie, je crus voir quelque chose se mouvoir,
et, l'ayant extrait, je reconnus un dislome. En faisant le pansement le jour
suivant, des portions d'un autre ver parurent exister dans la plaie; mais elles
étaient dans un tel état de ramollissement, que je ne pus les reconnaître d'une
manière certaine. La couleur de ces vers était tout à fait semblable à celle
de la surface de la plaie. Celle-ci fut pansée avec un onguent résineux et de
la charpie; elle guérit doucement et resta en bon état depuis lors. Cet homme
est maintenant en mer et je n'ai pas appris qu'il eût eu d'autres tumeurs du
même genre (1). »
Ve Cas (Dionis des Carrières). — Distome extrait d'une tumeur située
dans la région hypochondriaque droite.
« Vers la fin de mai 1857, je fus consulté par un de mes amis, âgé de
trente-cinq ans, d'une assez bonne constitution, pour une tumeur très dou-
loureuse située dans la région hypochondriaque droite, qui le privait de som-
meil et l'empêchait de vaquer à ses occupations. Cette tumeur peu volumineuse,
de la grosseur d'un œuf de pigeon, était rapprochée un peu de la région épi-
gastrique et à 2 centimèt'res environ au-dessous des cartilages costaux. Elle
était non fluctuante, très dure; la peau, qui avait sa couleur naturelle, n'était
point mobile sur elle et se fronçait quand on cherchait à la pincer. Par sa base,
il était difficile de la limiter ; elle paraissait se perdre dans les organes
profonds.
» Le malade, qui a habité trois ans les Antilles, où il eut un accès de fièvre
intermittente, et six mois la partie marécageuse de la province de Constan-
tine, avait déjà éprouvé quelques douleurs vives dans le côté, à Bône, entre
autres, à la suite d'une longue course à cheval pendant laquelle il avait été
(Appendix B de la traduction anglaise du Manuel des parasites de Kùchenmeister,
par Edwin Lankester. London, 1857, t. I, p. 435).
(1) Charles Fox, de Topsham, Devoushire, 2 février 1857, Appendix B, cité,
p. 434.
CHEZ L'HOMME. — DISTOME HÉPATIQUE. 321
mouillé. Deux ans après, il fut obligé, par ses occupations, d'habiter sur les
bords d'un lac durant plusieurs semaines, à l'époque où commençaient les fortes
chaleurs de 1 857. Ce fut dans ce séjour humide qu'il ressentit les premières
atteintes de sa maladie, et qu'il s'aperçut de la tumeur qui existait dans la
région hypochondriaque.
» Une nuit il fut réveillé par une douleur vive, poignante, occupant (out
l'hypochondre et accompagnée de violents tiraillements du côté du sternum.
Un médecin des environs, appelé, lui prescrivit quelques calmants; mais les
douleurs n'en continuèrent pas moins; elles se manifestaient par intermit-
tences. La pommade camphrée, les cataplasmes laudanisés, paraissaient les
diminuer.
» Quelque temps après, il revint à Àuxerre. Grand fut mon embarras :
M. X... se portait assez bien ; il n'avait pas de nausées, pas de vomissements,
aucun accident du côté des voies digestive?, si ce n'est une teinte subicté-
rique et une anorexie qui persiste encore aujourd'hui ; il prétend n'avoir jamais
ressenti l'aiguillon de la faim. Le foie n'était pas hypertrophié et ne dépas-
sait pas le rebord costal. La tumeur correspondait bien à la vésicule biliaire,
mais elle était très dure, liée intimement à la peau, et il n'y avait aucun sym-
ptôme de colique hépatique. 11 y avait eu antérieurement des douleurs inter-
costales; le malade se plaignait de douleurs atroces derrière le sternum. Mon
attention se porta du côté d'un abcès par congestion, malgré l'absence de plu-
sieurs signes importants. Je prescrivis des pommades iodées, et, les accidents
augmentant, une application de sangsues. Ces moyens, loin de calmer les dou-
leurs, ne firent que les exaspérer. Mon malade s'en tint à sa pommade cam-
phrée et à l'usage d'un baume débité par un paysan du Morvan. Il se sentit
mieux... Sa tumeur ne laissait cependant pas que de le préoccuper, il n'y
ressentait plus de douleurs, mais des démangeaisons très vives. Enfin, dans le
mois d'août de la même année, il me la montra en me disant qu'elle voulait
percer, que depuis vingt-quatre heures il éprouvait des démangeaisons into-
lérables. Je l'examinai : elle n'était pas acuminée et n'offrait pas la moindre
trace de fluctuation ; la peau avait partout sa coloration normale , mais au
centre se voyait un petit point bleuâtre de la grosseur d'une tête d'épingle et
formé par une pellicule mince et transparente comme une pelure d'oignon,
derrière laquelle on distinguait facilement une gouttelette de sérosité de cou-
leur violacée. Je pressai à droite et à gauche avec les deux pouces, comme on
ferait pour une petite tumeur sébacée; une goutte de sérosité jaillit, et aussitôt
après s'échappa un helminthe très vivace, ayant à peine \ centimètre de lon-
gueur, dont le corps était aplati et tel que je n'en avais jamais vu. Des
pressions plus fortes et réitérées ne firent plus rien sortir. En quelques
jours la tumeur s'affaissa, et depuis ce temps, il y a bientôt un an, le
malade n'a plus rien ressenti. J'examinai avec une ioupe d'horloger l'hel-
minlhe provenant de la tumeur; je constatai très facilement, à une de
ses extrémités, une ouverture arrondie en forme de bouche, un cou court, un
DAVAWE. 21
322 AFFECTIONS VliHMINËliSIiS DU SYSTÈME SANGUIN
corps aplati ut une arborisation simulant assez bien les rudiments d'un tube
digestif. .. (I). »
L'entozoaire recueilli par M. Dionis a été présenté à la Société
de biologie par notre collègue et ami M. le docteur Gubler, qui a
bien voulu le confier à notre examen. Cet entozoaire, conservé dans
de l'huile, est intact, mais très durci; il
appartient au distome hépatique, dont il
aies principaux caractères, c'est-à-dire
le corps ovalaire, lancéolé, aplati; la
Lg bouche située en avant; une ventouse
triangulaire au sixième antérieur ; le té-
gument couvert d'épines microscopiques,
l'intestin ramifié. Il est long de 6 mil-
limètres, et ne possède point d'organes
génitaux externes ou internes. Il offre
donc une analogie complète avec celui
qu'ont observé MM. Giesker et Frey, et
peut-être aussi avec ceux qui ont été
\d observés par MM. Penn Harris et Fox,
et dont l'examen n'a pas été fait au
point de vue de l'absence ou de l'exis-
tence des organes sexuels.
Fie. ù. — Distome hépniique extrait L'intestin ramifié était gorgé d'une
d-Un ,bcès par m Dio„,s des car- substance d'un rouge foncé , concrète,
neres. — t>rossi nuit fois. — a, . °
bouche; b, ventouse postérieure; qui, macérée dans l'eau, nous a présenté
c, œsophage; d, d, d, ramifications 1 <.■> î 1 1
de l'intestin. >..™»"Wflon.! les caractères des corpuscules du sang
de l'homme plus ou moins altérés; il se
dessinait en rouge à la surface du corps, et non en noir ou verdâtre,
comme il arrive aux distomes extraits de la vésicule ou des con-
duits biliaires; dans aucun point il ne paraissait contenir de la bile;
d un autre côté, à l'ouverture delà tumeur, il ne s'est écoulé que de
la sérosité. Il y a donc tout lieu de croire que ce distome, avant de se
faire jour au dehors, a vécu dans les vaisseaux sanguins, et non dans
les.voies biliaires.
Chacun des faits que nou& venons de rapporter, isolé et inconnu
aux observateurs des autres faits, a dû soulever des doutes dans
(1) Cas communiqué par le docteur Dionis des Carrières, médecin à Auxerre,
3o septembre 1858.
CHliZ L'JIOMMIÎ. — DlSTOMJi HÉPATIQUE- 323
l'esprit même de ceux qui les ont observés, ou donner lieu à des
explications diverses. C'est ce qui est arrivé, et ces explications sont
toutes fort contestables; mais ces faits réunis se confirment et s'ex-
pliquent les uns par les autres : leur nombre et leur similitude ne
permettent pas de révoquer en doute la réalité de l'existence des
distomes dans certaines tumeurs sous-cutanées. Après des objections
exprimées par M. R. Ovven, qui a constaté que les vers observés
par M. Penn Harris étaient bien des distomes hépatiques, ce der^
nier s'est efforcé d'expliquer comment ces distomes avaient pu se
trouver accidentellement dans une serviette qui avait peut-être
servi à envelopper de la viande de boucherie; mais la mère de
la malade n'a cessé d'opposer à cette explication des dénégations
formelles. Celle de MM. Giesker et Frey, relativement à l'in-
troduction directe de leur distome sous les téguments, pendant que
la femme avait les pieds dans le lac de Zurich , n'est point non
plus acceptable, caries cas dans lesquelles distomes ont eu leur siège
à la tête n'admettent point une semblable explication. On ne peut
davantage admettre celle de M. Dionisdes Carrières, qui suppose que
l'entozoaire observé par lui se trouvait primitivement dans la vésicule
ou dans les canaux biliaires, et qu'il a perforé ces parties, ainsi que
la paroi abdominale correspondante. Un fait semblable devrait se
présenter souvent chez le mouton ; d'ailleurs, il est bien évident que
ce distome s'est trouvé dans la paroi de la poitrine de la même ma-
nière que les autres se sont trouvés à la plante du pied ou à l'oc-
ciput. Suivant nous, l'existence possible du distome hépatique dans
le système circulatoire, prouvée par le fait de M. Durai, autorise à
croire qu'un tel ver, entraîné avec le sang, pourrait arriver dans les
vaisseaux périphériques, où il s'arrêterait et deviendrait le point de
départ des phénomènes occasionnés par un corps étranger.
Vîc Cas (Treutler), ■*- Deux distomes dans la veine libiale antérieure
(Hcxalhyridium venarum, Treutler). Voy. Synops., n° 49.
" Jam igitur enarrabo historiam morbi adolescentis sedecim circiteranno-
» rum.... Hic nimirum adolescens sordidam fabri ferrarii arlem ediscens ad
» munditiem corporis servandam frequenti lavalione in flumine uti admonitus
» est. Is igitur cum aliquando pedetentim aquam intrâsset, vix per horse
» momentum ibi commoranti sponte rupta est vena tibialis antica dextri
» pedis, atque non lœvis hemorrhagia eam rupturam secuta est, qtiae modo
» intermisit, modo vehementior rediit. Quod sanguinis profluvium nec reme-
» diis stipticis, nec firmiori fascia cobiberi poterat ; in quod diligentius inqui-
» rendum ea prbptersum provocatus. Et dum huic cxamini prœessem, sanguis
32/| AFFECTIONS VERMINECJSES OU SYSTÈME SANGUIN
» modo lonliori, modo cilatiori (lumine promanavil, alque cum o vena male-
» riem aliquam dcnsiorem emincrc vidcrim, cam pro cruoro sanguinis coa-
» gulalo primum liabui, sed accuratiùs inluenti duo animalcula vivcndi et se
» movendi facullate instructa se obtnlerunt, quibus sine magna opéra e vena
» rupta extractis , confeslim sanguis effluero desiil : vulnus aulem ruplum
» post très fere septimenas coaluit... (1). »
Personne n'a révoqué en doute le fait observé par Treutler; mais
comme on ne connaît aucun animal libre ou parasite qui réponde aux
caractères que cet observateur a donnés de ces vers, on a pensé qu'il
s'agissait ici de quelque hirudinée ou de quelque planaire qui s'était
attachée aux téguments intacts ou accidentellement excoriés. Cepen-
dant une sangsue ne pénètre point dans les vaisseaux qu'elle atteint,
une planaire ne se nourrit point de sang. L'exis-
tence aujourd'hui connue de distomes dans les
vaisseaux de l'homme pourrait donner à penser
que ces deux animaux appartenaient aux dis-
tomes; et, en effet, lorsqu'on examine la figure
donnée par Treutler, on y reconnaît tout d'abord
le distome lancéolé ou un distome hépatique
jeune. La ventouse ventrale, bien dessinée, est
située normalement, et les six bouches antérieures
dont parle l'auteur ne sont pas rendues. Ces
animaux avaient, comme celui de M. Dionis,
6 millimètres de longueur ; les bouches n'ont pu
Fig. 15.— Hexatkyn- A , ■
dhtmvenarum, d'après être vues qu'à la loupe, et sans doute on a pris
Treùfier! — """^ran- Pour telles de simples dépressions des téguments.
deumaiureiie; 6, grossi L'intestin était ramifié, dit Treutler, ce qui se
rapporte au distome hépatique ; sur la figure qu il
en donne, les ramifications sont tracées en rouge, couleur qui ren-
dait sans doute leur coloration normale, et qui était aussi celle du
distome de M. Dionis.
Il nous paraît, d'après ces considérations, que le fait de Treutler,
dont la bonne foi n'a jamais été révoquée en doute, s'explique par les
faits rapportés ci-dessus. Ses hexathyridium étaient des distomes
lancéolés ou hépatiques jeunes; leur petitesse n'en a pas permis un
examen très exact, en sorte que leurs caractères auront été mal in-
terprétés.
(I) Fred. Aug. Treutler, Observ. path, anat. ad hetminthologiam huincln. corp.
Lipsiœ, 1793, p. 23.
CHEZ L'HOMME. — HÉMATOZOAIRES FICTIFS. 325
CHAPITRE III.
HÉMATOZOAIRES FICTIFS.
Les observations que nous allons énuraérer se rapportent sans
cloute à des concrétions sanguines que la crédulité, l'ignorance ou
l'amour du merveilleux ont transformées en vers du sang. Toutefois
quelques-uns de ces faits peuvent laisser des doutes dans l'esprit, et
peut-être des faits nouveaux permettront-ils un jour de les regarder
comme vrais.
Des cas de vers sortis par une saignée ne sont pas seulement rares
aujourd'hui, mais ils ont cessé d'être observés depuis tantôt un siècle;
ils ont été très fréquemment mentionnés, au contraire, au dix-sep-
tième siècle et dans la première moitié du dix-huitième. En suppo-
sant que tous ces vers aient été des caillots sanguins, d'où vient
qu'il n'en est plus question de nos jours ? Faut-il attribuer ce fait
aux saignées plus fréquentes autrefois, ou bien à quelque modifica-
tion dans le procédé opératoire? car les connaissances des médecins
praticiens touchant l'helminthologie ne sont guère plus avancées
aujourd'hui qu'autrefois, et ce ne serait point là la cause qui ferait
qu'on ne voit plus de vers sortir par la saignée.
A. — Observations se rapportant à des vers sortis par une saignée.
I. Renodœus rapporte avoir vu un ver long d'une palme, sortir de la veine
dans une saignée (1).
II. « J'ai plusieurs fois ici vu sortir des vers des veines par la saignée au
bras, dit Guy Patin ; mais quand ils ont été grands et morts, je n'ai vu per-
sonne qui en soit eschappé (2). »
III. Thomas Bartholin parle d'un cas dans lequel un ver fut extrait de la
veine ouverte parla saignée; en outre, le sang qui sortait était rempli de
vers (3).
IV. Ettmuller et Riolan , d'après Andry, parlent aussi de vers sortis par
une saignée (4).
(1) Joan. Renodœus, Pharmacopol. , lib. III, cap. xxxiu, cité par Rhodius, op.
cit., cent. III, obs. lxi, p. 180.
(2) Guy Patin, Lett. XCIV, t. I, p. 348, cité par Wolff.
(3) Th. Bartholin, Observ. de sang, vermin. (Ephem. nat. cur., dec. I, ann. 1,
p. 147, 1670, et dec. I, ann. 2, app., p. 23, 1671).
(4) Ettmuller Schrod., Dilacid. phis., class. II, De aceto; — Riolan, Encheir.
anat., p. 247, cités par Andry,
320 AFFECTIONS VliltMIMUISIiS DU SYSTÈME SANGUIN
V. « Il est à présumer qu'il s'engendre bien souvent des vers dans les
vaissaux sanguinaires par la corruption du sang; car, outre toutes les obser-
vations qui ont été données sur ce sujet, M. Dupuy, médecin résident à Fon-
tenay-le-Comte, faisant faire une saignée en sa présence, il y a environ deux
mois, sur une femme malade de fièvre, et ayant aperçu que le sang était arrêté
à l'occasion d'un corps étrange qui bouchait l'ouverture du vaisseau, en fit
tirer un ver gros comme le tuyau d'une plume à écrire et long de trois bons
travers de doigt (1 ). »
VI. « J'ai retiré, dit Boirel, un ver du bras de M. le marquis de Montecler,
long de deux travers de doigt , qui s'était présenté à l'ouverturo d'une
saignée (2). »
VII. « M. Mauclie.... (médecin dans le faubourg Saint-Jacques), dit que,
dans une saignée du bras qu'il fit a M. Masson, il y a quelques années, un ver
gros et long comme un moyen fer d'aiguillette sortit de la veine ouverte (3). »
VIII. Garossi, maître chirurgien à Paris, ayant ouvert la basilique du bras
droit chez un artisan atteint de pleurésie, « il se présenta à l'ouverture la tête
d'un animal quiarresta le cours du sang, et qui, après avoir été retiré, parut
de la figure d'une lamproie, gros comme un tuyau de plume à écrire et long
de six à sept travers de doigt (4). »
IX-XV. Andry rapporte sept cas de vers sortis de la veine pendant la
saignée; ces cas lui avaient été communiqués par divers médecins : le premier
par de Saint-Martin, chirurgien à Paris; le deuxième par Duval, docteur de
la Faculté de Paris; le troisième par Charollois, médecin de l'hôpital de Cha-
lon-sur-Saône; le quatrième par Vrayet, médecin à Compiègne; le cinquième
par Collasson, maître chirurgien à Vatan ; le sixième et le septième encore par
Vrayet, qui exerçait alors la médecine à Abbeville (5).
XVI. Leclerc dit qu'à sa connaissance, en Suisse, un ver a été extrait de
la veine d'un jeune homme pendant une saignée (6).
■ XVII. Dans un ouvrage allemand, cité par Chaussât (Thèse), se trouve l'ob-
servation d'un ver sorti par l'ouverture d'une saignée et que l'auteur assure
avoir conservé vivant pendant trois jours (7).
XVIII-XIX. Enfin, Baratte (8) et Bonsquier (9) disent avoir retiré eux-
(1) Nicolas Blegny, Le temple d'Esculape, ou Nouv. découv. Paris, 1680, t. H,
p. 211.
(2) N. Blegny, Notiv. découv., cité p. 277, 1679.
(3) N. Blegny, ouvr. cit., p. 221, 1679.
(4) N. Blegny, ouvr. cit., lett. xu, p. 534, 1679.
(5) Andry, Génér. des vers, 1741, 1. 1, p. 103.
(6) Leclerc, Hist.nat. lai. lumbric, 171"), p. 285.
(7) Fraenliïsche Sammlungen, Bd. VIII, p. 322, cum figuris.
(8) Baratte, Sur des vers sanguins (Recueil périod. d'obs. de méd. et de chir.,
1753, t. VI, p. 300).
(9) Bousquier, Sur les vers sanguins (Journal de Vandermonde, t. VII, p. 65).
CHEZ L'HOMME. — HÉMATOZOAIRES FICTIFS. 3'27
mêmes de la veine un ver qui interceptait le cours du sang dans une saignée.
Dans le premier cas, c'était une portion de strongle; dans le second, un ver
long de quatre pouces, qui l'un et l'autre firent des mouvements après leur
extraction.
B. — Ver extrait par une opération.
Un homme de cinquante ans, qui avait tous les jours un accès de fièvre
caractérisé par du frisson, de la chaleur et du délire, fut guéri par l'extraction,
d'un ver contenu dans la veine sublinguale (1).
G. — - Vers trouvés dans le cœur et les gros vaisseaux.
Un grand nombre d'anciens auteurs ont cru trouver des vers nématoïdes
dans le cœur et les gros vaisseaux. Les cas de ce genre observés par Welsch (2)
et Polisius (3) ont été souvent cités. Riolan , Zacutus Lusitanus, Pierre de
Castro, Vidius le jeune , Vidal, Lochnerus, Th. Bonet, Th. Cornelis , Hœl-
mius, Stoker, rapportent des faits semblables (4). Lochnerus et Hœlmius
disent même avoir vu les mouvements de ces vers. La plupart de ces cas
appartiennent certainement à des concrétions fibrineuses, et les autres à des
animaux qui se sont trouvés là accidentellement ou qui sont purement imagi-
naires : ainsi, les deux vers dont parle Polisius avaient des oreilles, des yeux
et une trompe!...
D. — Vers trouves à Vautopsie dans les veines.
I. Gaspard Bauhin rapporte le fait suivant :
« Anno 1 578, in Patavino Xenodochio a me observatifuere, adstantibus plu-
» rimis studiosis, tam Germanis quam Italis, imprimis verô viro Ex. D. Mm.
» Campolongo, prof. Pat., observati, inquam, fuere, in puero qui denos non
» excedebat annos, vermes inhepate... Puer hic cum morbillis laboraret et
» ratione eorum vita functus esset...
» Eo ergô aperto, habita primum ratione hepatis... invenimus vermes plu-
» rimos in ipsis venee portas ramis et quidem in ipsis hepatis ramis, quorum
» alii quidem viventes adhuc, alii verô emortui; hi rubri et pro ratione loci
» in quo continebantur, oblongi erant, satis item magni, sed molles ad tactum,
» gibbosi item quoad superficiem, ratione corporis concavi in quo geniti
» fuerant (5). »
(1) Ephem. nat. pur., dec. I, ann. 8, obs. c, cum fig., 1677.
(2) Chr. Lud. Welsch, Resp. J. Ant. Helwig, Disp. de verm. cordis. Lipsiœ,
1694.
(3) J.-S. Polisius, Observ. de vermibus in cordis venlriculo reperlis (Ephem. nat.
cur., dec. I, ann. 9, p. 51).
(4) Auteurs cités par de Senac (Traité des maladies du cœur, 1778, t. I, 248).
(5) C. L. V. Casparus Bauhinus, De observ. propriis, cité par Schenck (Obs.
med., lib. III, obs. i, p. 394).
328 AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTEME SANGUIN
II. Spigel dit avoir vu un ver remarquable, long do deux travers de doigl,
dans le tronc de la veine cave inférieure (1).
III. Le môme auteur rapporte avoir trouvé dans le tronc de la veine porto
du cadavre d'une femme dont il préparait le foie, quatre vers ronds (lumbrici
tereles) de la longueur do la paume de la main (2).
TV. « Hieronymo Fabricio ab Acquapendente, Patavii corporis dissectio-
» nem peragente, Joannes Prevotius in vena emulgente sinistra vermem
» conspexit (3). »
V. « M. Duverney a rapporté qu'un enfant de cinq ans, qui se plaignait
toujours d'une violente douleur à la racine du nez, avait eu pendant trois mois
une fièvre lente et à la fin de grandes convulsions. On lui trouva, après sa
mort, dans le sinus longitudinal supérieur du cerveau un ver d'environ 4 pouces
de long, semblable à ceux de terre. Ce ver vécut depuis six heures du matin
jusqu'à trois heures après midi (4). »
VI. Un autre exemple de ver trouvé dans une veine (la saphène) est con-
signé dans la Gazette médicale de Paris. Ce ver, qui a été soumis à mon examen
par M. Ch. Robin, auquel il avait été envoyé, n'était qu'une concrétion san-
guine (G).
E. — Vers trouvés dans du sang expectoré.
Délie Cliiaje rapporte que des vers (Polysloma sanguicola) ont été trouvés
dans des crachats sanguinolents d'un malade qui avait eu plusieurs hémo-
ptysies. Ces vers, dont la description est donnée d'après le récit du médecin
ftt non d'après l'inspection, sont sans doute des animaux fictifs (6).
DEUXIÈME SECTION.
HÉMATOZOAIRES DES SOLIPÈDES.
Il existe très fréquemment dans le système sanguin chez le cheval ,
1 âne et le mulet, des entozoaires du genre strongle ; on en a vu aussi
(1) A. Spigel, De human. corp. fabrica, lib. V, cap. xm.
(2) A. Spigel, De lumb. lat., 16 i 8, cap. v, nota, p. 71.
(3; J. Rhodius, op. cit., cent. III, obs. lxi, p. 180 (dans l'observation lx,i, il
s'agit d'un ver noir trouvé dans les vaisseaux iliaques, et qu'on peut juger, par les
détails, n'avoir été qu'un caillot sanguin).
(4) Histoire de V Académie royale des sciences. Amst., 1700, p. 39.
(5) Filaria zébra (Gazette méd., 1er févr. 1852, et Mém. Soc. Mol., t. IV,
1" série, p. 127).
(6) Délie Chiaje, ouvr. cit., p. 15.
CHEZ LES SOLIPÊDES. — ANÉVRYSME VERMINEUX. 329
chez l'hémione. L'homogénéité du groupe des solipèdes rend très
probable que toutes les espèces qui le composent sont atteintes de
ces entozoaires.
CHAPITRE PREMIER.
VERS DES ARTÈRES. — ANÉVRYSME VERMINEUX.
Ruysch est le premier observateur qui ait fait mention de vers
clans la cavité d'une artère . En 1 665 , il découvrit une quantité i nnom -
brable de petits vers dans une portion dilatée de l'artère mésenté-
rique d'un cheval ; ce fait se présenta encore trois ou quatre fois à
son observation (1). Soixante ans plus tard (1725), J. H. Schulze
observa un cas semblable (2), et de nouveau Chabert (1782) vit, dans
les artères d'un cheval, des vers auxquels il donna le nom de cri-
nons (3). Ces observations se sont beaucoup multipliées depuis lors.
Parmi les savants qui ont fait des recherches spéciales sur les ané-
vrysmes Vermineux du cheval, nous citerons : Rudolphi, Hodgson (4),
Grève, Trousseau et Leblanc (5), Hering, enfin M. Rayer, qui, dans
un examen historique et critique des travaux antérieurs, a rectifié
les interprétations erronées et les généralisations fausses dont les
faits rapportés par les premiers observateurs avaient été l'objet, et
qui, par ses propres observations, a fait connaître l'anévrysme ver-
mineux au double point de vue de la zoologie et de la pathologie.
L'exposé qui suit n'est en quelque sorte que l'extrait de ce savant
travail (6).
(1) Ruysch, Opéra omnia : Dilucidatio valvularum, accès. (Obs. anatom., 1737 ;
Obs. anatom., cap. iv, obs. 6, figures; Obs. anal. chir. cent., p. 61).
(2) J. H. Schulze, De anevrysmate verminoso in arteria mesocolica equœ (Act.
phys. med. nat. cur., t. I, p. 519, obs. ccxxix).
(3) Chabert, Traité des maladies vermineuses dans les animaux. Paris, in-8,
1782, p. 19.
(4) Hodgson, Engravings intended to illustrate some of the diseases of arteries,
London, 1815.
(5) Trousseau et Leblanc, Recherch. anatom. sur les maladies des vaisseaux
(Arch. gén. de médec, 1828, t. XVI, p. 193).
(G) Rayer, Recherches critiques et nouvelles observations sur l'anévrysme ver-
mineux et sur le Strongylus armatus rainor (Archiv. de médecine comparée, Paris,
1842, n" 1, p. 1).
330 AFFECTIONS VEKMINEUSES DU SYSTÈME SANGUIN
Les animaux chez lesquels on a observé l'anévrysme vermineux
sont le cheval, l'âne, le mulet et l'hémione (1).
L'artère mésentérique antérieure et ses divisions sont le siège
presque constant de cette espèce d'anévrysme. Hering a noté sur
soixante-cinq chevaux l'anévrysme du tronc de l'artère grande més-
entérique, sept fois ; de l'artère colique, cinquante-neuf fois ; de l'ar-
tère du cœcum, dix-huit fois; des artères de l'intestin grêle, seize
fois ; de la mésentérique postérieure, deux fois ; de l'artère cœliaque,
deux fois; de l'artère hépatique, trois fois; enfin de l'artère rénale,
une fois (2). Rudolphi fait mention d'une tumeur anévrysmale de
1 aorte du cheval, près de l'origine de la grande mésentérique, et d'un
autre anévrysme de l'aorte postérieure, qui l'un et l'autre conte-
naient des strongles ; ces pièces pathologiques étaient conservées
clans le cabinet d'anatomie d' Al fort (3). On n'a jamais vu d'ané-
vrysme vermineux dans les artères de la poitrine, de la tête ou des
membres,
L anévrysme vermineux des solipèdes consiste clans une dilatation
de l'artère qui en est le siège avec hypertrophie de ses parois. Il
ressemble à l'anévrysme vrai de l'homme par l'absence d'une déchi-
rure des tuniques interne et moyenne; mais il en diffère par la pré-
sence dans sa cavité d'un caillot adhérent.
Le ver qu'on rencontre dans sa cavité appartient au genre Sclé-
rostome de Dujardin. C'est le crinon de Chabert, le Sirongyïus
armalus minor de Rayer, le Sclèrostome armé anèvrysmaii que de
Diesing (voyez le Synopsis, nD 85).
L'anévrysme vermineux est ordinairement fusiforme; plus rare-
ment il est globuleux ou cylindroïde. Les dilatations fusiformes ont
ordinairement le volume du doigt, et les globuleuses celui d'une noix;
mais elles acquièrent quelquefois la grosseur du poing et même celle
d'une tête d'homme.
La membrane interne du vaisseau semble légèrement épaissie
dans certains points; elle offre quelquefois une teinte blanchâtre, lai-
teuse, au lieu d'être transparente et jaunâtre, comme à l'état nor-
(1) Mon ami le docteur Laboulbène a observé un anévrysme vermineux de
l'artère mésentérique chez un hémione, au Muséum d'histoire naturelle, à Paris.
(2) Hering, Mém. sur les anévrysmes internes du cheval [Rec. de mêd. vêler.,
Paris, 1830, p. 443).
(3) Rudolphi, Bemerkungen aus dem Gebiet, etc. Berlin, 1803, zweyler Theil,
p. 36.
CHEZ LES SOUPÈDES. — ANÉVRYSMIi YERMINEUX. 331
mal. Dans les cas ordinaires, elle ne présente point de perforation
ou d'ulcération.
La membrane moyenne est toujours hypertrophiée, et quelquefois
d'une manière extraordinaire. L'épais-
seur de cette membrane, qui dans l'état
normal est d'environ 1 millimètre,
peut s'élever à 12 millimètres. Lors-
que la tumeur n'est pas très ancienne,
ordinairement, l'hypertrophie occupe
tout le pourtour du tube constitué par
la membrane moyenne. Les fibres de
cette membrane , qui ont pris un dé-
veloppement remarquable , laissent
voir plus distinctement leur disposition
circulaire.
La membrane externe ou celluleuse
est le plus souvent épaissie. Lorsque
la tumeur a acquis un certain volume,
elle est indurée ; elle adhère fortement
aux parties voisines, et se confond plus
ou moins intimement avec le tissu
cellulaire ambiant.
L'hypertrophie de l'artère, surtout
celle de la tunique moyenne, ne tient
point à une infiltration des fibres par
des matières morbides: » Si l'on examine au microscope, dit
M. Rayer (1), une lame mince de la coupe des parois de l'artère,
on voit nettement la disposition des fibres en faisceaux incomplète-
ment circulaires; l'épaisseur de ces bandes est uniquement le ré-
sultat d'une hypertrophie. » Contrairement aux assertions de quel-
ques auteurs, M. Rayer n'a jamais vu de liquide purulent dans la
membrane celluleuse, ni de matière mélanique entre la tunique
interne et moyenne, ni de vers dans l'épaisseur des parois ané-
vrysmatiques.
Il se développe quelquefois dans la membrane interne, ou bien entre
celle-ci et la moyenne, des plaques crétacées ou de la matière athé-
l'omateuse, au niveau desquelles la tunique interne peut s'ulcérer ou
se perforer, et ce n'est même qu'à la suite du dépôt de ces matières
FlG. 16. — Anévrysme vermineux d'une
division de l'artère mésentérique anté-
rieure (cheval), d'après une figure de
M. Rayer ; demi-nature. — a, a, caillot
contenu dans l'artère; b, b, membrane
moyenne hypertrophiée; c, sclérostome
mâle; d, femelle; grandeur naturelle.
(1) Mém, cit., p.
332 AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME SANGUIN
étrangères que la membrane séreuse se perfore ou s'ulcère ; mais plus
souvent, peut-être, on voit la membrane moyenne remplacée par une
coque osseuse dont l'épaisseur est irrégulière, et qui affaiblit consi-
dérablement la résistance de l'artère. L'hypertrophie des parois de
l'artère malade, et notamment celle de la membrane moyenne, est
un des principaux caractères des anévrysmes vermineux. Dans les
dilatations anévrysmatiques non vermineuses qui ont pour siège les
artères pulmonaires, aorte, carotides, etc., chez le cheval, les tuni-
ques de ces vaisseaux acquièrent un épaississement bien moins con-
sidérable, souvent au contraire elles sont amincies.
Un autre caractère encore distingue l'anévrysme vermineux d'un
anévrysme vrai non vermineux, ou du moins de l'anévrysme vrai de
l'homme, c'estl'existence constante, clans la portion de l'artère dilatée,
d'un dépôt fibrineux adhérent à ses parois. Ce dépôt est plus ou
moins considérable; dans quelques cas il rétrécit la cavité de l'artère
au point de ne plus laisser au cours du sang qu'un très étroit pas-
sage. « Lorsqu'il n'y a qu'une couche très mince de fibrine déposée
à la surface interne de l'artère, dit M. Rayer, soit dans une partie
ou dans la totalité de sa circonférence, cette couche fibrineuse adhère
comme une fausse membrane, et la surface interne du vaisseau pa-
raît inégale. En raclant légèrement cette surface, on peut enlever
cette lame fibreuse, et reconnaître distinctement au-dessous la mem-
brane interne de l'artère, ou bien encore en incisant les parois du
vaisseau. Suivant leur épaisseur, on distingue au-dessous de cette
lame de fibrine une ligne qui, en deçà et au delà de l'altération , se
continue régulièrement avec la membrane interne...
» Un fait qu'il importe de noter, c'est que toutes les concrétions
fibrineuses, même les plus minces, situées dans l'intérieur de ces
artères anévrysmatiques, sont toujours plus ou moins adhérentes aux
parois du vaisseau, ainsi que cela a lieu dans l'artérite. Les dépôts
de fibrine les plus considérables sont très adhérents ; leurs couches
les plus externes sont denses et d'un blanc jaunâtre; les internes,
ou les plus récentes, sont moins denses et rougeâtres. On trouve le
Strongylus armalus minor dans les différentes couches (1) . » Ces
couches de fibrine ont été prises par Schulze pour des replis de la
membrane interne de l'artère, et comparées par lui et par d'autres
aux colonnes charnues du cœur.
Quant aux sclérostomes anévrysmatiques, les uns sont presque
(1) Mém. cit., p. 22-23.
CHEZ LES SOLIPÈDES. — ANÉVKYSME VERMINEUX. 333
entièrement libres dans la cavité de l'artère, les autres, et c'est le
plus grand nombre, sont comme enfouis dans le caillot flbrineux.
Le nombre des vers contenus dans le caillot est souvent considé-
rable, mais on n'en trouve quelquefois qu'un ou deux; il est très
rare qu'on n'en trouve aucun. « Lorsque le dépôt de fibrine est plus
considérable, dit M. Rayer, on rencontre toujours un plus grand
nombre de strongles. Il y a réellement une sorte de rapport entre
le volume et l'ancienneté des dépôts fibrineux et le nombre de ces
vers. Quant au rapport qu'on a cru remarquer entre l'existence de
ces vers et l'ossification de la poche anévrysmale, je dois dire qu'on
trouve aussi souvent des vers dans les artères simplement dilatées
et hypertrophiées que dans celles dont les parois offrent des incrus-
tations ou des lames d'ostéides (1). »
Généralement l'anévrysme vermineux n'est point grave; la grande
épaisseur de ses parois s'oppose à sa rupture, qui cependant a lieu
quelquefois, et surtout lorsque la tunique moyenne est ossifiée. C'est
ordinairement pendant un effort de l'animal que la rupture se pro-
duit, et la mort est instantanée. Grève a observé cinq fois cette ter-
minaison (2).
Cet anévrysme ne donne lieu à aucun phénomène appréciable, à
moins que, par exception, il n'ait acquis un grand volume. Dans
ce cas, quelques chevaux ont présenté des symptômes à' indiges-
tion, et d'autres de la faiblesse dans les membres postérieurs.
Les anévrysmes vermineux sont plus fréquents dans la vieillesse
des solipèdes qu'aux autres âges. On n'en a jamais rencontré chez
les poulains nouveau-nés, mais on en a observé chez des chevaux âgés
de un à deux ans et même de six mois. Les vieux chevaux en sont
presque tous atteints. M. Rayer en a vu quarante-huit fois sur cin-
quante individus, et non moins souvent chez les ânesses.
M. Mather, vétérinaire anglais, a observé chez des poulains plu-
sieurs cas d'anévrysme vermineux de l'aorte près de la naissance
des artères rénales ; mais, ce qu'il y a de plus intéressant dans le
fait, c'est que cette affection a paru régner d'une manière épi-
zootique (3).
(1) Mém. cit,, p. 22.
(2) Bern. Ant. Grève, Erfahrungen and Beobachtungen uber die Krankheiten
der Hausthiere in Vergleichmitden Krankheiten des Menschen, 1818.
(3) Mather, in The veterinarian, anu. 1857, janv.-juin, et Recueil de méd. vélér
Paris, 1858, p. 692. '
33/| AFFECTIONS \ KHMINLUSHS 1)0 SYSTÈME SANCJUtN
On a attribué la formation de l'anévrysme vermineux à diverses
causes : 1° à l'existence des vers dans les parois artérielles et à la
perforation de ces parois par l'action de ces entozoaires ou par la
pression delà tumeur qui les renferme; 2° à la position des artères
malades dans le voisinage de parties qui sont le centre de mouve-
ments étendus; 3° aux tiraillements résultant du poids des intestins,
ou des efforts occasionnés par le travail , etc. La première expli-
cation est fondée sur une erreur rectifiée par les recherches de
M. Ra}rer ; les deux autres ne peuvent se soutenir devant les objec-
tions de l'éminent auteur des Archives de médecine comparée : La
constitution différente de l'anévrysme par tiraillement ; l'existence
d'anévrysmes vermineux chez le poulain, l'hémione, chez des ânesses
laitières, et nous ajouterons l'absence d'anévrysmes semblables chez
le bœuf, qui sert aux travaux de l'agriculture, ne laissent subsister
ni l'une ni l'autre de ces explications.
M. Rayer, après avoir fait remarquer qu'on ne rencontre pas tou-
jours des vers dans les anévrysmes de l'artère mésentérique, ne
paraît pas disposé à regarder le Strongylus armatus minor comme
la cause de l'altération artérielle qui nous occupe. — Pour nous, la
présence presque constante du sclérostome armé dans l'anévrysme
des artères abdominales nous porte à regarder ce ver comme la cause
de la lésion artérielle, mais nous nous expliquons son action autrement
qu'on ne l'a fait jusqu'ici. La lésion pathologique des artères anévrys-
matiques nous paraît être le résultat d'une véritable inflammation
déterminée par le sclérostome; en effet, l'opacité de la membrane
interne, l'épaississement de la moyenne, la présence d'un caillot, l'ad-
hérence de ce caillot, sont des phénomènes propres à l'artérite; d'un
autre côté, la bouche du sclérostome est armée d'un appareil corné
pourvu de pointes acérées et résistantes, au moyen desquelles ce ver
peut exercer des piqûres, des titillations souventrépélées, et entretenir
une irritation constante dans la paroi artérielle (1). Dira-t-on que l'on
(1) La bouche du sclérostome est sans doute trop petite pour qu'elle puisse pro-
duire des pertes de substance appréciables sur la membrane interne des artères;
M. Rayer a d'ailleurs fait voir que les ulcérations qui existent quelquefois dans les
anévrysmes vermineux dépendent de productions crétacées ou alhéromateuses.
Mais ces vers peuvent entretenir une irritation constante dans les parties en y
enfonçant leur tête. Les scléroslomes de l'intestin, dont la bouche est conformée
comme celle du sclérostome anévrysmatique , « sont fixés solidement par leur
armure buccale à la muqueuse de l'intestin, sur laquelle chacun forme, en suçant,
une petite papille de couleur foncée, » dit M. Dujar lin. Il est probable qu'on pour-
rait constater le même fait dans les artères vermiueuses, si on les ouvrait peu de
mm LliS SOLIPÈDKS. — ANÉVHYSM1Î VERMINEUX. 335
ne trouve pas toujours de vers dans l'anévrysme des artères mésen-
tériques? Nous répondrons que, dans ce cas d'ailleurs très rare, il se
peut que les entozoaires aient abandonné la tumeur ou qu'ils aient
péri, comme on l'a vu pour les vers d'autres espèces de tumeurs ver-
mineuses. On pourra dire encore que l'artère pulmonaire, chez le
marsouin, contient souvent des vers beaucoup plus volumineux que
le sclérostome armé, et que cependant cette artère n'offre aucune
lésion pathologique. Le fait est vrai; mais la bouche de lapseudalie
du marsouin étant arrondie, très petite et tout à fait inerme (1), ce
ver ne peut en aucune manière piquer ou irriter la paroi qui le
renferme, et cette différence mérite sans doute d'être remarquée :
dans les artères du marsouin, ver inerme, absence de lésions patho-
logiques ; dans les artères du cheval, ver armé, existence de lésions
pathologiques.
L'anévrysme vermineux n'a jamais été observé que chez les soli-
pèdes. Si l'on a rencontré chez le chien des vers dans les parois de
l'aorte, dans aucun cas la poche qui renfermait les vers ne commu-
niquait avec la cavité du vaisseau ; chez les solipèdes, on n'a jamais
vu dans les parois des artères de tumeurs vermineuses semblables
à celles du chien ; c'est donc par une induction fautive, et non d'après
l'observation, que Morgagni d'abord (2), puis un grand nombre d'au-
teurs, Rudolphi (3), Scarpa(4), Hurtrel d'Arboval (5) , Otto (6), etc.,
ont admis dans les parois des artères du cheval l'existence de vers
et de tumeurs vermineuses, et que Sabatier (7). et Laënnec (8) ont
admis l'existence d'anévrysmes vermineux chez le chien (9).
temps après la mort du cheval. Ne voit-on pas d'ailleurs les oxyures, qui sont
moins grands et moins bien armés que les sclérostomes, occasionner une irritation
vive et même l'inflammation dans les organes qu'ils habitent!
(1) Davaine, Recherches sur les vers des vaisseaux pulmonaires et des bronches
chez lemarsouin (Mém. Soc. de biologie, 1854, 2e série, t. I, p. 117).
(2) Morgagni, Epist. analom., 176£|, epist. ix, §§ 45 et 46, in -fol.
(3) Rudolphi, Entosoorum Hist. nat., t. I, p. 438.
(4) Scarpa, SulVaneurisma, etc., trad., 1809, p. 106.
(5), Hurtrel d'Arboval, Dict. médec. vétérin., a-rt. Ceinon. Paris, 1824.
(6) Olto, Lehrbuchder palh. Anal., etc. Berlin, 1830.
(7) Sabatier, Médecine opératoire , \'e édit., 1796; et 3e édit., Paris, t. III, 1832,
p. 108.
(8) Laënnec, Dict. des sciences médicales^ art. Ciunon, 1843'.
(9) C'est encore par erreur qu'on a dit que les anévrysmes du pécari {Sus lajassu),
observés par Tyson et par Daubenton, renfermaient des vers; ces observateurs ne
font aucune mention de vers (Rayer).
336 AFFECTIONS VISQMINEUSES DU SYSTÈME SANGUIN.
CHAPITRE II.
VERS DES VEINES.
MM. Trousseau et Leblanc rapportent que l'on trouve des cri-
nons dans les veines mésentériques du cheval ; mais ils n'en ont
jamais observé. « M . Jobert, disent-ils, aide d'anatomie de la Faculté
de médecine de Paris (aujourd'hui professeur et membre de l'Institut),
a rencontré très souvent de ces entozoaires nageant dans le sang des
veines mésaraïques du cheval ; il me permet de citer ce fait cu-
rieux (1). » Valentin rapporte que, » dans l'hiver de 1841, on a
trouvé à l'école vétérinaire de Berne un strongle dans la veine porte
d'un cheval. On s'assura que le vaisseau n'avait point été mis en
communication avec l'intérieur du canal intestinal par suite de
quelque perforation (2). »
Les observateurs n'ont pas dit s'il y avait quelque lésion patho-
logique dans les veines.
TROISIEME SECTION.
HÉMATOZOAIRES DU CHIEN.
Chez le chien, les cas de vers du sang visibles à l'oeil nu sont
très rares; ceux qui concernent les larves microscopiques d'un ver
nématoïde, larves qui circulent dans tous les vaisseaux avec le sang,
paraissent devoir être beaucoup plus communs.
Les hématozoaires du chien appartiennent, autant qu'on peut le
présumer, à trois espèces distinctes : le dochmie'trigonocêphale (?) ,
observé par M. Serres ; le strongle géant (?), observé par M. Jones ;
\zfilaire hématique (?), par MM. Gruby et Delafond, Gervais, et
Jones.
Nous rapporterons simplement les faits connus, comme des docu-
ments devant servir plus tard à l'histoire des vers du sang chez le
chien .
(1) Mém. cit., p. 194, note.
(2) Valentin, Repertorium fur Ânalomie und Physiologie, S. 51, 1841, cité par
Rayer, Archiv. deméd. comp., 1842, n° 1, p. 42.
HÊMATOZOAIIUS CHEZ LE CHtElS. 337
CHAPITRE PREMIER.
HÉMATOZOAIRES SÉJOURNANT DANS CNE PORTION DÉTERMINÉE DU SYSTÈME
CIRCULATOIRE.
Ier Cas (Panthot). — Espèce indéterminée.
« J'ai ouvert une petite chienne vivante pour faire quelques démonstrations
anatomiques ; cette chienne était plus vieille que jeune, elle nourrissait cinq
petits chiens et n'avait aucune apparence de maladie ni de langueur. A l'ou-
verture du ventricule droit du cœur, on trouva trente et un vers ramassés en
peloton ; ils étaient chacun de la longueur du doigt et de la grosseur d'une
épingle médiocre (voy. fig. IV). » (Cette figure représente un trait de plume
fin, flexueux, aminci aux deux extrémités, et long de 75 millimètres.)
« Ces vers se séparèrent d'abord et sautèrent sur la table avec une grande
vitesse; mais ils ne vécurent pas trois minutes. Je ne trouvai aucune altéra-
tion dans la substance du cœur ni dans les autres parties du corps (-1). »
IIe Cas (De la Peyronie). — Espèce indéterminée.
« M. de la Peyronie m'a assuré que, dans plusieurs chiens, il avait vu des
pelotons de tels insectes (vers) entre la base du cœur et le péricarde, et même
dans les ventricules. Des anatomistes dont le savoir et l'esprit philosophique
rassurent contre toute illusion et lout préjugé, ont fait de semblables obser-
vations (2). »
IIIe Cas (docteur Peïsson). — Espèce indéterminée.
« Un chien de forte taille était depuis quelque temps triste et languissant,
il était presque toujours couché et mangeait très peu. Cinq ou six fois par jour
il était pris de convulsions de tous les membres et des yeux ; une sorte d'étour-
dissement paraissait précéder ces convulsions et faisait tomber l'animal. A la
fin de l'accès, qui durait une ou deux heures , il avait un peu d'écume à la
gueule.
» On le tua, et le docteur Peysson (de Montpellier), l'ayant ouvert afin d'ob-
server les mouvements du cœur, trouva dans le ventricule droit de cet organe
cinq ou six vers cylindriques, longs de 8 à <l 0 pouces et gros comme une chan-
terelle de violon ; leurs extrémités se terminaient en pointe, de manière qu'il
était difficile de distinguer la tête de la queue. Leur surface ne présentait pas
d'anneaux distincts, même à la loupe. Ces vers étaient courbés en spirale à
raison de l'étroitesse du lieu qui les renfermait; ils s'agitaient et opéraient
(1) Panthot, docteur en médecine et professeur au collège de Lyon, Journal
des savants, 28 août 1679, et Collect. acad., part, étrang., 1. 1, p. 284.
(2) De Scnac, Traité des maladies du cœur, 2e édit. Paris, 1778, t. I, p. 231.
Davaine. 22
M8 AFFECTIONS VRHMINEOSÊS Dl SYSTÈME SANC.UI,\.
divers mouvements qui cessèrent peu de temps après qu'on eut placé les vers
sur une table. Los parois du ventricule droit n'éi aient nullement altérées; seu-
lement les piliers charnus étaient plus prononcés qu'à l'ordinaire. Il n'y avait
de vers ni dans les autres cavités du cœur, ni dans les gros vaisseaux (1). »
IVe Cas (Zeviani). — Espèce indéterminée
Rudolphi rapporte en ces termes un cas observé par Zeviani :
« Auctor in canis ventriculo cordis sinistro quatuor reperissc vult vernies
» teretes, tenaces, glabres, llavicantes, tenues, quorum bini dimidium, bini
» integrum pedem longi fuerunt. Caput, collum, aliaeve partes discerni non
» potuerunt... (2). »
Ve Cas (Bobe-Moreau). — Espèce indéterminée.
A propos d'un cas de ver expulsé avec l'urine (voy. p. 298), Bobe-Moreau
ajoute : « Deux observations, dont l'une est relative à un lombricoïde rendu
avec les urines, et l'autre a des crinons (ascaris crino) trouvés dans le cœur
d'un chien, m'ont fait naître ces réflexions. » L'auteur ne donne aucun autre
détail (3).
VIe Cas (docteur Jones). — Filaria hœmatica (Synops., n° 78).
Philadelphie (États-Unis). Chien d'arrêt mâle; cinq Pilaires dans le ventri-
cule droit. Ce chien avait un appétit vorace et insatiable; il était très maigre,
quoiqu'il eut une nourriture abondante; il était très vif et toujours en mouve-
ment. Il avait été sacrifié pour des études physiologiques (4).
VIIe Cas (docteur Jones). — Filaria hœmatica.
Philadelphie. Chien bâtard. L'oreillette et le ventricule droits, l'artère pul-
monaire jusque dans ses dernières divisions, étaient littéralement bourrés de
filaires adultes. Le sang contenait un grand nombre de larves. Ce chien était
tellement maigre, qu'il ressemblait à un squelette; il était cependant très bien
nourri. Comme le précédent, il avait un appétit vorace; il était toujours en
mouvement et fut sacrifié pour des recherches physiologiques (5).
(1) Journ. deméd., chir.,pharm., deCorvisart, etc., 1806, t. XI, p. 441 (extrait
des Annales de médecine de Montpellier).
(2) Giov. Verardo Zeviani, Vermi del cuorevivi e veri, in Mem. di malem. et di
fisica délia Soc. ital., Verona, 1809, t. XIV, p. 2, cité par Rudolphi, Synopsis,
p. 628.
(3) Bobe-Moreau, MM. cit. Paris, 1813, p. 4.- J'ai cherché vainement dans les
recueils du temps si l'auteur avait publié le fait dont il ne donne ici qu'une simple
indication. Il est probable que c'est à ce fait que se rapporte la mention suivante
de Dujardin : « On l'indique aussi (le dochmie trigonocéphale) comme trouvé
à Paris, en 1813, dans le cœur même d'un chien. » (Catalogue du Musée de Vienne,
cité par Dujardin, ouvr. cit., p. 278.)
(4) Docteur Jones de Philadelphie, dans J. Leidy, Synops., a" 159, p. 55.
(5) J. Leidy, Synops, cit., a" 159.
HÉMATOZOAIRES CHEZ I.E CHIEN. 339
VIIIe Cas (docteur Livingston). — Espèce indéterminée.
« Le docteur Livingston a présenté, à un récent, meeting de la Société patho-
logique de New-York, le cœur d'un chien mort subitement et sans cause appré-
ciable.... A l'ouverture du thorax, on Irouva une déchirure de la plèvre pulmo-
naire et du feuillet du péricarde droits ; de plus, un épanchement considérable
de sang dans la cavité pulmonaire du même côté. Cette hémorrhagie était
due à une rupture de l'oreillette droite du cœur dans sa partie antérieure; la
déchirure était longue d'un pouce, à bords irréguliers, à travers lesquels pas-
saient trois ou quatre vers filamenteux ressemblant aux intestins d'un ver à
soie. Dans le cœur droit et dans l'artère pulmonaire, on rencontra dix de ces
parasites, dont la longueur variait de 6 à 1 0 pouces, et dont le diamètre mesu-
rait environ un tiers de ligne.
» Le professeur Dalton considère ces vers comme appartenant à une espèce
non classée de spiroptère; il a montré les organes génitaux du mâle consis-
tant en deux pénis et des testicules enroulés autour de l'intestin (1). »
IXe et Xe Cas ( ?). — Espèce indéterminée.
« Une préparation renfermant des helminthes semblables a été trouvée
dans le musée du Collège des médecins et des chirurgiens ; elle était classée
sous le titre de : Vers trouvés dans le cœur d'un chien venant de Hong-kong
(Chine).
» Le docteur Isaac cite un fait analogue à celui du docteur Livingston (2). »
XIe Cas (Serres). — Dochmie trigonocéphale? dans l'oreillette droite,
le ventricule correspondant et l'artère pulmonaire d'un chien
(Synops., n° 8 4).
a Le 12 mai 1853, un chien braque, âgé de deux ans, est conduit dans
nos hôpitaux. Cet animal est nourri avec de la viande; depuis quelques jours
il paraît triste, mange peu et a eu des vomissements.
î Les symptômes sont vagues, et ne permettent pas de bien établir le
diagnostic : l'inappétence, la chaleur et la sécheresse de la bouche, la dou-
leur témoignée par l'animal lorsqu'on lui comprime la région abdominale, la
constipation, les vomissements qui ont eu lieu, sont, il est vrai, des signes
suffisants pour admettre l'existence d'une gastro-entérite. Il y a néanmoins
dans le faciès, les attitudes que prend l'animal, l'état de sa respiration, quel-
que chose dont on ne se rend pas compte, mais qui fait croire à une lésion
plus grave qu'une gastro-entérite. Le traitement consiste en lavements mu-
cilagineux et tisane d'orge miellée. Lait pour nourriture.
v Le 4 6, l'animal est considéré comme guéri. Avant de le retirer, le pro-
priétaire désire lui faire couper un morceau de queue. Cette opération donne
(1) The veterinarian or Monthly Journ. of veterin. science, ann. 1857, janv,-
juin, et Recueil de méd. vélér., Paris, 1858, p. 688.
(2) Même journal.
340 AFFECTIONS VERMINEUSES i.U SYSTÈME SANGUIN,
écoulement à environ EiO grammes de sang. L'hémorrhagie est arrêtée avec
le cautère chauffé à blanc. Dans la journée, l'animal est vu plusieurs fois et
n'offre rien d'anormal. Le lendemain, peu ne fut pas grand l'étonnement de
trouver l'animal mort. Il n'y a pas eu d'hémorrhagie ; l'eschare produite par la
cautérisation est intacte ; l'extérieur de l'animal n'offre rien pouvant rendre
compte d'une mort si prompte.
» Autopsie. — L'estomac et l'intestin grêle offrent les traces d'une inflam-
mation légère. Trois ténias, mesurant ensemble environ 7 mètres, sont
trouvés dans l'intestin grêle. Le cœur est plus volumineux qu'à l'état normal.
Cette augmentation de volume est due à l'hypertrophie active du ventricule
droit. — L'oreillette et le ventricule droits renferment une infinité d'entozoaires ;
les plus longs mesurent environ 1 S millimètres, et ont la grosseur d'un fil de
soie. Les vers sont disséminés dans les cavités de l'oreillette et du ventricule
droits; on en trouve aussi par petits pelotons de la grosseur d'un pois ordi-
naire. L'orifice de l'artère pulmonaire est presque entièrement bouché par de
petits pelotons vermineux. On trouve enfin de ces entozoaires jusque dans
les dernières divisions de l'artère pulmonaire. — Rien d'anormal dans
l'oreillette et le ventricule gauches. Le ventricule droit, l'oreillette droite et
tout le système veineux, sont remplis de sang coagulé. Les vaisseaux de la
pie-mère sont fortement injectés.
» La mort subite à laquelle a succombé l'animal trouve parfaitement son
explication dans la présence du nombre prodigieux des entozoaires qui ont
mis un obstacle au passage du sang dans le cœur droit et l'artère pulmo-
naire (1). »
XIIe Cas (docteur Jones). — Strongle géanl? (Synops., n° 99).
« Un individu (strongle géant) de huit pouces de longueur a été trouvé
par M. J. Jones dans le cœur d'un chien, associé avec des Pilaires dont nous
parlerons autre part (2). » (C'est chez le chien du cas VI ou VII, rapporté
ci-dessus.
D'après les cas connus on peut inférer : 1° que les vers du sang
sont, sans doute, plus communs en Amérique qu'en Europe et qu'il
en existe aussi en Chine ; 2° que trois espèces se trouvent dans les
vaisseaux du chien ; 3° que la plus commune est la filaire ; 4° que
ce dernier ver habite, à l'état adulte, les cavités droites du cœur et
l'artère pulmonaire.
MM. Gruby et O. Delafond ont aussi trouvé dans les vaisseaux
du chien la filaire adulte, mais ils n'ont point décrit ses caractères;
ils ont reconnu que les hématozoaires microscopiques qui circulent
avec le sang sont des larves de cette filaire.
(1) E. Serres, chef de clinique à l'École de Toulouse {Journal des vétérinaires du
midi, Toulouse, 1854, 2e série, t. VII, p. 70).
(2) Leidy, Synops. cil., n" 152.
HÉMATOZOAIRES DANS LE SANG. 3M
f
CHAPITRE II.
HÉMATOZOAIRES CIRCULANT AVEC LE SANG.
[Filaria hœmatica, Synops., n° 78.)
C'est à MM. Gruby et Delafond que l'on doit la connaissance des
hématozoaires microscopiques du chien. Ces vers ont été observés
de nouveau en Amérique par les docteurs Leidy et Jones (cas cités),
à Montpellier par M. P. Gervais (1).
D'après les observations de MM. Gruby et Delafond, les héma-
tozoaires du chien, à l'état de larves, circulent dans tout le système
sanguin ; après avoir acquis un certain développement, ils séjour-
nent exclusivement dans le cœur et les gros vaisseaux. Ces vers ap-
partiennent au* genre filaire [Filaria papillosa hœmatica canis do-
mestici, Gruby et Delafond).
Le nombre des larves circulant dans le sang est quelquefois pro-
digieux et peut aller approximativement dans quelques cas jusqu'à
224 000. Alors une goutte de sang prise n'importe dans quelle
partie du corps renferme de ces petits hématozoaires; le nombre des
adultes est au contraire très peu considérable.
Les chiens qui possèdent des hématozoaires sont rares; d'après
une moyenne prise sur 480 de ces animaux, MM. Gruby et Dela-
fond ont trouvé un chien vermineux sur vingt à vingt-cinq qui ne le
sont pas. La race, le sexe, l'état de maigreur ou d'embonpoint, de
santé ou de maladie, n'ont aucune influence sur l'existence ou l'ab-
sence des hématozoaires. Mais ces parasites se rencontrent plus sou-
vent chez les chiens adultes et vieux que chez les jeunes. La con-
dition la plus apparente pour l'existence des hématozoaires chez le
chien, c'est l'hérédité :
« Un chien à sang vermineux donne avec une chienne à sang non
vermineux des descendants dont les uns, appartenant à la race du
père, ont le sang vermineux, et dont les autres, appartenant à la
race de la mère, ne l'ont pas.
» Une chienne à sang vermineux, donne avec un chien à sang
non vermineux, des descendants dont les uns, tenant de la race de
(1) Gervais et Van Beneden, Zoologie médicale. Paris, 1859, t. II, p. 302.
ii/fi AFFECTIONS VËUMIlNliUSliS DU SYSTÈMIi SANGUIN.
lu mère, ont des vers dans le sang, tandis que ceux de la race du père
n'en ont pas.
>• Une chienne à sang vermineux donne avec un chien également
à sang vermineux des descendants appartenant soit à la race du
père, suit à la race de la mère, ayant des vers dans le sang.
» Les filaires dansle sang des descendants n'ont étédécouvertes qu'à
l'époque où. les chiens ont eu l'âge de cinq à six mois. Le sang ver-
mineux des chiens ne présente point de modifications bien notables
dans les caractères physiques et dans la proportion en poids de ses
principes organiques ou inorganiques.
» Les hématozoaires, même en nombre immense, n'altèrent pas les
facultés instinctives des chiens et n'affaiblissent pas l'énergie mus-
culaire de ces animaux.
» Dix-neuf chiens, dont chacun avait, d'une manière approxima-
tive, depuis 11 000 jusqu'à près de 224,000 filaires microscopiques
dans leur sang, en outre un chien ayant aussi dans le sang six filaires
adultes de la longueur de 14 à 20 centimètres, n'ont point été at-
teints de maladies spéciales; cependant trois chiens ayant approxi-
mativement, le premier 17 000, le deuxième 25 000, et le troisième
112 000 filaires microscopiques dans le suc vital, ont été frappés
d'attaques épileptiformes. Deux de ces animaux sont morts de ces
attaques ; chez le troisième, elles ont disparu. La santé de ce dernier
chien est parfaite depuis plus d'un an, quoique le même nombre de
vers existe toujours dans le sang (1). »
(1) Gruby et O. Del a fond, Troisième Mémoire sur le ver plaire qui vit dans le
sang du chien domestique (Comptes rendus de VAcad. des se, 1852, t. XXXIV,
p. 9).
AFFECTIONS VERMINEUSKS DES CAVITÉS SÉREUSES. 343
DEUXIEME PARTIE.
AFFECTIONS VFRMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES NATURELLES
OU ADVENTIVES.
Généralités. — Quels sont les vers des cavités séreuses? — Vers vésiculaires: ils
existent dans des membranes séreuses naturelles ou adventives; ils produisent
dans les unes comme dans les autres les mêmes accidents; ils n'existent pas dans
les cavités muqueuses. — Historique : confusion des vers vésiculaires avec les
kystes; découverte de l'animalité des cysticerqucs, des hydatides; échinocoques
chez les animaux, chez l'homme; relation de l'hydatide avec les échinocoques.
— Corps inanimés pris pour des vers vésiculaires. — Dénominations. — Divi-
sion de la deuxième partie.
Les cavités qui sont revêtues d'une membrane séreuse peuvent
être envahies par les entozoaires aussi bien que celles qui sont revê-
tues d'une membrane muqueuse. Ces entozoaires appartiennent aux
nématoïdes et aux cestcïdes :
Les nématoïdes des cavités séreuses sont rares, on n'en a point
observé chez l'homme. De tous les animaux domestiques, le cheval
est celai qui en offre le plus fréquemment; mais, si l'on excepte les
vers de la chambre antérieure de l'œil dont nous parlerons autre
part, aucun de ces entozoaires nématoïdes n'occasionne d'accidents
ou même de phénomènes appréciables. Nous n'aurons donc point à
nous en occuper ici.
Les cestoïdes des cavités séreuses sont des vers vésiculaires qui,
soit par leur nombre, soit par leur volume, donnent lieu à des phé-
nomènes apparents ou même à des accidents graves.
Toutes les cavités séreuses naturelles ne sont point sujettes à être
envahies par des vers vésiculaires : on n'en a point signalé dans les
cavités synoviales; on n'en a point signalé non plus dans le péri-
toine chez l'homme, à moins qu'ils n'y fussent arrivés accidentelle-
ment par la rupture d'un kyste situé dans les organes abdominaux ;
il en est autrement chez plusieurs animaux qui offrent quelquefois
des cysticerques libres dans le péritoine.
Les cavités séreuses dans lesquelles on a vu des vers vésiculaires
libres sont celles des ventricules cérébraux et de l'arachnoïde, les
chambres de l'œil, la plèvre, le péricarde, la tunique vaginale, et,
chez quelques animaux, le péritoine.
3U'\ AFFECTIONS VERMINliUSES DES CAVITÉS SÉRLUSES
On rencontre assez fréquemment dans les ventricules cérébraux
et dans l'arachnoïde chez le porc le cysticerque ladrique; on l'a vu
plusieurs fois chez l'homme ainsi que des hydatides.
Dans l'humeur aqueuse de l'œil, on a vu plusieurs fois le cysti-
cerque ladrique chez l'homme et chez le porc.
La cavité de la plèvre et celle du péricarde en ont offert des exem-
ples non moins certains. Bremser a vu des cysticerques libres dans
la plèvre des campagnols (l). M. Andral rapporte que, sur un singe
dont il fit l'ouverture avec Magendie, en 1818, il trouva l'une des
plèvres remplie d'une grande quantité de sérosité, au milieu de
laquelle nageaient une quarantaine de petits corps sphériques, très
élastiques, delà grosseur d'une noisette, et qui, d'après les autres
détails, ne peuvent être rapportés qu'aux hydatides (2). « J'ai disséqué,
dit M. Reynaud, un rat de Pharaon dans lequel il existait des acé-
phalocystes libres et sans kyste dans les deux plèvres, en telle quan-
tité que les poumons se trouvaient refoulés vers la colonne verté-
brale ; l'intérieur du péricarde en contenait aussi un grand nombre
sans qu'il fût perforé (3). »
Obs. I (Andral et Lemaithe). — Hydalide dans la plèvre.
Une femme, âgée de quarante et un ans, entra en 1850 dans le service
de M. Andral. Elle avait éprouvé pendant dix-sept mois une gène dans la
respiration et une douleur dans le côté gauche de la poitrine, douleur qui
redoublait au moindre mouvement. Elle mourut peu de temps après son entrée
à l'hôpital, avec des phénomènes d'asphyxie. On avait constaté les signes d'un
vaste épanchement dans la plèvre gauche.
A Vaulopsie, M. Lemaître trouva le cœur repoussé à droite, le poumon
gauche refoulé en dedans et en arrière vers la colonne vertébrale et réduit au
volume du poing. « La cavité de la plèvre (gauche) est occupée par une
énorme poche fluctuante, dont les parois, blanches et opaques comme du
blanc d'œuf coagulé, sont entièrement semblables aux parois des vésicules
acéphalocystes. La surface externe de cette poche, partout lisse et énucléable,
est séparée de la plèvre par une matière gélatineuse jaunâtre peu consis-
tante; ses parois, épaisses de 3 millimètres, se composent de plusieurs feuil-
lets superposés; sa surface externe est un peu inégale et comme chagrinée; on
y aperçoit à l'œil nu une multitudede très petits points blancs; à l'intérieur, elle
contient trois litres d'un liquide transparent, légèrement jaunâtre, d'apparence
(1) Bremser, ouvr. cit., p. 31.
(2) Andral, Anal, palh., t. I, p. 382.
(3) A. Rrynaud, Dict. de méd. en 30 vol. Paris, 1837, t. XV, p. 428, article
Hydatipes.
NATURELLES OU ADVENT1VES. — GÉNÉRALÎÏÊS. 3-'l5
homogène. L'examen microscopique do ce liquide et de la surface interne des
parois de la poche permet de constater partout l'existence d'un très grand
nombre d'échinocoques. Cette poche est donc une énorme acéphalocysle dé-
veloppée dans la cavité même de la pleure. Le poumon droit était sain, le foie
renfermait un kyste du volume d'un gros œuf de poule, qui contenait une
hydatide solitaire avec des échinocoques (1). »
Au rapport de M. Guérault, on a vu des hydatides dans la tunique
vaginale chez les Islandais (2).
Dans la cavité des veines, dont la membrane interne n'est pas
sans analogie avec une séreuse, M. Andral a rencontré des hyda-
tides libres, et M. Wunderlich en a vu dans les divisions de l'ar-
tère pulmonaire.
On ne connaît point de fait certain qui établisse que les vers vési-
culaires sedéveloppent dans des cavités communiquant avec le dehors,
c'est-à-dire dans des cavités revêtues par une membrane muqueuse;
on a vu sortir, sans doute, par les voies naturelles, des hydatides in-
tactes, mais il est aujourd'hui généralement reconnu que les hydatides
expulsées dans des cas semblables proviennent d'un kyste qui s'est
ouvert dans ces voies. D'après le fait suivant toutefois, il semblerait
qu'il n'en est^ pas toujours ainsi : " Dans plusieurs poumons de
vache, de cerf, de gazelle, j'ai trouvé, dit M. Reynaud, des acépha-
lccystes renfermées dans l'intérieur des extrémités bronchiques. Une
dissection attentive des bronches m'a plusieurs fois permis d'arriver,
sans inciser autre chose que leurs parois, à un point de leur trajet
où l'instrument rencontrait à nu une poche hydatique adhérente par
simple contiguïté aux parois distendues, et se continuait par des
commencements d'embranchements dans deux ou plusieurs des divi-
sions suivantes. Ces acéphalocystes contenaient tantôt un liquide
aqueux, et tantôt une matière comme crémeuseou caséeuse (3). » Un
fait aussi exceptionnel eût demandé des détails plus circonstanciés
sur l'apparence des vésicules dont il est ici question. Nous verrons
que lorsqu'un kyste hydatique contient une matière crémeuse ou
caséeuse, cette matière ordinairement n'existe pas dans la cavité
de l'hydatide, niais extérieurement à elle, dans son kyste; en sorte
qu'il est à croire qu'il ne s'agit point ici de véritables hydatides,
mais de kystes séreux. Si, néanmoins, le fait est exact, nous nous
(1) Bull. Soc. anal., 25e ann., p. 106.
(2) Même infrà cit.
(3) A. Reynaud, art. cité, p. 4 29.
3/l6 Al'l'ECTlONS VEKMlNliUSIiS DES CAVITÉS SÉHliUSliS
rappellerons ce quç nous a enseigné Magendie : la membrane qui
revêt l'extrémité des bronches se rapproche par ses propriétés phy-
siologiques des membranes séreuses et du tissu cellulaire.
Si l'énumération qui précède montre que les vers vésiculaires
vivent librement dans les cavités séreuses naturelles, elle montre
aussi que les exemples n'en sont pas communs , surtout chez
l'homme ; et c'est, en effet, dans le parenchyme des organes que ces
vers font leur séjour ordinaire. Il est vrai qu'ils sont isolés de ce
parenchyme par une poche accidentelle ou kyste dont la structure
se rapproche de celle des membranes séreuses.
Dans quelque partie que se développe le ver vésiculaire, il n'a
d'action sur les organes que médiatement, à travers la membrane
séreuse naturelle ou adventive qui le renferme, et cette action ne
diffère nullement, qu'il soit renfermé dans une cavité naturelle ou
dans une cavité adventive, car les phénomènes que la présence de
l'entozaire détermine n'étant autres que ceux de la compression, il
importe peu, en définitive, que cette compression porte son action
sur les organes de dehors en dedans ou de dedans en dehors.
L'histoire pathologique des vers vésiculaires serait ici fort incom-
plète, si nous ne nous occupions que de ceux des cavités séreuses
naturelles; mais, l'analogie de la structure des poches accidentelles
qui renferment les entozoaires cystiques avec celle des cavités natu-
relles, l'identité des entozoaires, la similitude des phénomènes et des
lésions que ceux-ci déterminent, l'avantage de considérer ces phé-
nomènes et ces lésions dans leur ensemble, nous engagent à ne point
séparer l'étude pathologique des vers des cavités accidentelles de
celle des vers des cavités naturelles : ainsi, cette partie de notre ou-
vrage comprendra l'histoire générale des lésions occasionnées par
les cysticerques et les hydatides (mères des échinocoques).
Nous parlerons ailleurs du cœnure, car, bien que ce ver puisse
se rencontrer dans une cavité séreuse, il est toujours en rapport
avec le système nerveux central, et doit être considéré comme un
entozoaire spécial à ce système.
Historique. — Les anciens ont observé les vers vésiculaires,
mais ils ignoraient que ces êtres jouissent d'une vie propre. Jusqu'à
l'époque de la découverte de leur animalité, ces vers n'étaient point
distingués des kystes séreux, et de même que ceux-ci ils étaient re-
gardés comme des dilatations variqueuses des vaisseaux lympha-
tiques ou sanguins, ou bien comme un mode particulier d'altération
NATURELLES OU ADVENTIVES. —GÉNÉRALITÉS. 347
du tissu cellulaire. Les premières notions touchant l'animalité des
entozoaires cystiques furent acquises vers la fin du xvue siècle;
toutefois elles restèrent ignorées de la généralité des médecins jus-
qu'à la fin du xvme. C'est, au reste, vers cette époque seule-
ment que l'on reconnut d'une manière positive la nature de ces
entozoaires, qu'on distingua leurs genres et leurs espèces, et qu'on
put les séparer définitivement des produits pathologiques plus ou
moins analogues, quant à la forme et à l'apparence (1).
La confusion qui existait entre les kystes séreux, les hydatides et
lescysticerques, a subsisté presque jusqu'au commencement de notre
siècle. Les cysticerques ont été connus comme animaux bien avant
les hydatides.
Cysticerques. — Le cysticerque ladrique, ou plutôt la vésicule
caudale de cet entozoaire est désignée avec précision dans le passage
d'Aristote relatif à la ladrerie du porc (2), mais elle n'est point con-
sidérée comme douée de l'animalité. Le premier ver vésiculaire qui
ait été regardé comme un animal est le cysticerque fasciolaire : en
effet, en 1668, Pecquet parle des vers que M . Estienne a trouvés à
Chartres dans le foie des souris, et que Ton fit voir, dit-il, il y a
quelques jours, à la Compagnie (Académie des sciences), lesquels
vers sont une chose qui est ordinaire à ces animaux en ce pays là (3) .
Est-il nécessaire de faire remarquer toutefois que le cysticerque de
la souris n'est jamais invaginé dans sa vésicule caudale très petite,
et que la connaissance de cet entozoaire n'a pu servir en rien à celle
de l'animalité des autres vers cystiques qui, rétractés dans leur vé-
sicule, ne nous apparaissent ordinairement que sous cette dernière
forme?
(1) La confusion des vers vésiculaires avec les kystes avait cessé depuis long-
temps pour les helminthologistes, que beaucoup de médecins, refusant aux hyda-
tides une vie indépendante, cherchaient encore l'origine de ces êtres dans quelque
altération des liquides ou des solides de l'économie. Les opinions tant anciennes
que modernes relatives à la nature de ces vésicules sont très nombreuses : selon
Bartholin, Warthon, Bidloo, Dodard, Morand, etc., les hydatides doivent leur
origine à des dilatations des vaisseaux lymphatiques; selon Ruysch, à celles des
vaisseaux sanguins ; à une altération du tissu cellulaire, selon Monro et Schreiber;
des follicules, selon Boerhaave, Hallcr, etc.; du tissu adipeux, selon Grashuys. Elles
ont été considérées par d'autres comme de la gélatine disposée en membrane
(Merklin), comme une pituite épaisse et albumineuse (Ch. Lepois), comme des hy-
dropisies enkystées, comme un produit d'inflammation, etc.
(2) Voyez Ladrerie.
(3) Pecquet, lettre citée.
348 AFFECTIONS tfERMINEUSES DES CAVITÉS SÉRÉtJSËS
Redi (1684) paraît avoir observé plusieurs vers vésiculaires; il est
certain qu'il a connu au moins le cysticerque du lapin [C. pisi-
fermis): •• Vidi mesenterium leporis inter utramque tunicam undique
" distinctum hullis seu hydatihus pellucidis, aqua limpidissima re-
» fertis,peponissemen referentibus cum acumineabuna extremitate
» candido, nec pellucido (1). •• Il ajoute que des vésicules semblables
trouvées libres dans la cavité du ventre avaient un mouvement spon-
tané (quasi animalia forent proprio motu acta). 11 est disposé à
croire que la partie de ces vésicules qui ressemble à une semence de
concombre est un embryon de distome hépatique ; il fait ensuite la
remarque importante que le liquide contenu dans ces vésicules ne se
coagule pas par la chaleur.
La découverte de l'animalité des vers vésiculaires est générale-
ment attribuée à Hartmann, qui détermina d'une manière très pré-
cise la nature de ces êtres. Hartmann fit part de sa découverte
à l'Académie des curieux de la nature, en 1685. Ayant trouvé des
hydatides dans l'épiploon d'une chèvre, ■< j'essayai d'abord, dit -il,
d'introduire un stylet dans une de ces hydatides où était un appen-
dice, ou prolongement cannelé circulairement, et qui paraissait avoir
une petite ouverture ; mais ne pouvant y réussir, je pressai douce-
ment avec les doigts une espèce de mamelon rond et blanc qui était
à l'extrémité de l'appendice, afin de rendre plus apparent ce que je
prenais pour un conduit : je vis à l'instant que ce petit corps s'allon-
geait, qu'il avait la forme d'un ver rond, et je crus même y aperce-
voir quelque mouvement.
» Pour în'assurer si cette hydatide était véritablement animée, je
la plongeai dans de l'eau tiède, ets'étant précipitée d'abord au fond
du vaisseau, j'aperçus des mouvements d'ondulation vifs et très
marqués non-seulement dans l'appendice, mais dans toute la vessie,
et ces mouvements imitaient ceux de la systole et de la diastole du
cœur, par l'élévation et l'abaissement successifs delà membrane qui
formait cette vessie... (2) » D'après la description et la figure que
donne Hartmann, il est facile de reconnaître qu'il s'agit de cysti-
cerques. II parle de leur forme, du corps et de l'eau limpide qu'ils
contiennent, mais il ne parle pas de leur tête qui, à cette époque,
(1) F. Redi, ouvr. cit., trad. lat., p. 196.
(2) Collecl. acad., part, étrang., t. III, p. 657, obs. lxxiii. Dissection de deux
chèvres, dans l'une desquelles on trouva des hydatides vivantes, ou plutôt des vers
vésicu!aires renfermés dans l'épiploon, par le docteur Philippe Jacques Hartmann
(extrait des Mise. Acad. nul. cur., 1686, dec. Il, ann. 4, p. 152).
NATURELLKS OU ADVENTICES. — GÉNÉRALITÉS. 3Z|9
était encore inconnue chez les cestoïcles, sauf chez le ténia du chien.
Edward Tyson, quelques années après (1693), reconnut aussi
l'animalité des cysticerques d'aborl chez l'antilope, ensuite chez le
mouton. Il soupçonna que ces vésicules étaient des insectes ou bien
des œufs ou des embryons d'insectes, par les raisons suivantes :
1° Elles sont contenues dans une sorte de matrice renfermant un
liquide.
2° Il y a dans leur intérieur un cou plus opaque que le reste de
la vessie et une ouverture à l'extrémité. Ce cou a des mouvements.
Tyson ne parle pas de la tête; il prend l'ouverture terminale du cou
pour une bouche, et la vésicule pour un estomac; ayant trouvé de
ces vers dans des moutons pourris, il conclut que ces hydatides sont
des vers ou des insectes sui generis qui sont devenus Hydropiques
comme l'animal dans lequel ils existaient (1).
Malpighi, probablement sans connaître les découvertes des ob-
servateurs contemporains, arriva au même résultat pour le cysti-
cerque ladrique. Il décrivit avec exactitude les vésicules qui se
trouvent dans les chairs des cochons ladres [lazaroli). Il fit sortir
de ces vésicules un corps blanchâtre qui se développa comme les
cornes du colimaçon-, il reconnut à l'extrémité une petite tête [in
apice attolitur capitulum) ; il remarqua encore chez le hérisson des
vers annelés et blancs, renfermés dans des kystes (cysticerques'?) : la
tête sortait et rentrait alternativement ; elle était pourvue de cro-
chets ou d'aiguillons [styli, aculei) ; le corps était composé de douze
anneaux et parcouru par deux canaux latéraux, regardés par Mal-
pighi comme des trachées (2).
Pendant plus de soixante ans, les connaissances acquises sur l'ani-
malité des cysticerques restèrent ensevelies dans l'oubli, car Linné
seul en avait fait mention dans son Systema naturœ. En 1760, Mor-
gagni rappelle les recherches de Redi, de Hartmann et de Tyson,
sans se prononcer sur leur valeur; « il pense, néanmoins, que les
vésicules remplies d'eau qui se présentent aux anatomistes ne sont
pas toutes d'une seule espèce, que, par conséquent, leur origine doit
être différemment expliquée (3). »
(1) Lumbricus hydropicus or an essay lo prove that hydatides often met with in
morbid animal bodies, are a species of ivorms, or imperfecl animal, by Edward
Tyson, in Philosoph. Transact., vol. XVII, for thc year 1693, p. 506.
(2) Marc. Malpighi, OEuvres posth., édit. Lond., 1797, p. 84.
(3) J.-B. Morgagni , De sedibus et causis morborum per anatomen indagaiis
libriquinque, epist. xxxvm, § 4i. Venetiis, 1760, trad. franc., 1855, p. 395.
350 AFFECTIONS VBRMINKUSKS lîÈS CAVITÉS SÊBEOSES
Enfin, Pallas étudie la constitution de ces animaux (1766), il re-
connaît les rapports qui les lient aux ténias, et définitivement il met
leur existence hors de toute contestation (î). Quelques années après
(1786), Werner découvre chez l'homme le cysticerque ladrique.
Hydatides mères des échinocoques. — Hippocrate avait sans
doute en vue les hydatides dans l'aphorisme suivant: « Quand le
foie, plein d'eau, se rompt dans l'épiploon, le ventre se remplit
d'eau et les malades succombent (2). » Ces entozoaires sont assez
clairement indiqués dans le commentaire de Galien sur cet apho-
risme: » Le foie est bien propre à engendrer des hydatides dans la
membrane qui le revêt, car de temps en temps on trouve dans les
animaux que l'on égorge ce viscère rempli de vésicules pleines
d'eau (3). •> Enfin on ne peut les méconnaître dans le passage suivant
d'Arétee : » On connaît encore une autre espèce d'hydropisie; dans
cette maladie, des vésicules très petites, nombreuses, pleines d'eau,
se produisent dans le lieu où l'ascite existe ordinairement... D'où ces
vésicules sont-elles sorties ? La route n'en est pas facile à trouver, car
quelques-uns disent que de semblables ampoules sont passées par
l'intestin (4). »
Plusieurs observateurs du xvie et du xvir3 siècle rapportent
des faits dans lesquels les hydatides sont parfaitement désignées :
« Vidimus seepe jecur, dit Christ, a Vega, non in nobis tantum
.. sed et in animalibus occisis, plénum aqua, quoniam in mem-
» brana ipsum obvolvente continetur, plures efficiens vesiculas ; ha?
» quoque rumpuntur... (5)» — «"Vesiculas tenuissimas, dit F. Plater,
» pellucidas , aqua distentas, pomi magnitudinem nonnunquam
» œquantes, hepatis substantiœ accrevisse, in cachecticis seepe in-
» veni ; sed similes ex hepate et liene simiee. . . excepi. .. (6). »
Rivière et Wolckerus rapportent des observations intéressantes
de tumeurs hydatiques ouvertes pendant la vie des malades :
« Rusticus quidam, dit le premier, hydropicus factus, abscessum
» passus est in dextra parte abdominis ; eoque aperto, infinitus prope-
» modum vesicularum aqua repletarum numerus egressus est, ut
(-1) Pallas, Miscellanea zoologica, 1766.
(2) Aphor., sect. VII, n" 55 [OEuvres cTHyppocrale, trad. Littré, t. IV, p. 595).
(3) Comment, in Aphor., lib. VII, n° 54,
(4) De causis et notis diuturn. afj'ect., lib. II, cap. î : De hydrope.
(5) Christ, à Vega, Comment, ad aphor. 55, lib. VII, Aphor. Hipp., in Schenck,
lib. III, obs. i„ p. 395.
(6) L. V. Félix Platerus, De observ. propriis, in Schenck, loc. cit., obs, H.
NATURELLES OU AM'ËNTlVES. — GÉNÉRALITÉS. ?>r).i
» ducentarum numerum excederet, idque per plurium dierura spa-
» tiurn, et sic omnino curatus est (1). »
Une tumeur située près du cartilage ensiforme fut prise pour un
abcès. Wolckerus l'ouvrit : « Quo facto, magno impetu eruperunt
pluriir.se vesicœ partim disruptae, partim intégrée, tenui ac pellu-
cida aqua refertee; harum aliquot magnitudine erant ovi gallinacei
velovi columbarum,nonnullœ minores, quse inter tussiendum satis
longé protrudebantur. . . ;Vesicàfum fuisse ultra trecentascompertum
est... » Le malade vécut encore un an. A l'autopsie, on trouva trois
abcès: l'un dans le foie, contenant des hydatides; un autre dans les
poumons; le troisième, adhérent au côlon. Le méat biliaire était obli-
téré près de l'intestin (2).
D'autres faits, observés vers la même époque, sont encore rapportés
dans le Sepulcretum de Bonet (3); ils se multiplièrent ensuite beau-
coup; mais aucun des auteurs ou des observateurs antérieurs à Pallas
(1766 1767) ne soupçonna que ces vésicules jouissent d'une vie in-
dépendante. Dodart, en 1697, rapporte un cas intéressant d'hyda-
tides, dont il cherche l'origine dans la dilatation des vaisseaux lym-
phatiques (4); en 1723, Morand, s'efforçant de montrer aussi
comment ces vésicules peuvent être formées par des vaisseaux lym-
phatiques, ne fait nulle mention des observations de Hartmann, de
Tyson ou de Malpighi (5).
Pallas, ayant examiné, comme nous l'avons dit, la constitution
du cysticerque et reconnu les rapports de ce ver vésiculaire avec le
ténia, lui avait en conséquence donné le nom de tœnia hydatigena;
de plus, il avait remarqué dans le foie des moutons et des bœufs
des hydatides différentes de son tœnia hydatigena: elles ne conte-
(1) Riveriusap. Boneti Sepulcr., lib. III, sect. xxi, § 2, in scholiis.
(2) Wolckerus ap. Joachim Camerarium, De observ. propriis, et Schenck,
lib. III, obs. iv, p. 392.
(3) Bonet, Sepulcr., cit., lib. III, sect. xxi, obs. xxi, p. 429 etsuiv.
(4) Dodart (12 juin 1697), in Regiœ scient. Acad. historia, lib. V, cap. v, § 8,
p. 454, aut. J.-B. Du Hamel. Paris, 1701.
(5) Morand, Observ. sur des sacs membraneux pleins d'hydatides sans nombre
attachées à plusieurs viscères du bas-ventre, et découverts par l'ouverture du cadavre
{Mém. Acad. des sciences, ann. 1722, p. 158; continuation, ann. 1723, p. 23).
L'animalité des hydatides n'était point encore généralement admise au com-
mencement de notre siècle, car Pujol, dans son Mémoire sur les maladies propres
à la lymphe et aux voies lymphatiques, dit que les hydatides ne doivent pas leur
existence à des vers, mais à l'atonie de certaines portions du système lymphatique
dont les vaisseaux se dilatent (Journ. Sédillol, t. XIV, p. 137, an X).
352 AFFECTIONS VEUMlNEDSIiS DES CA.V1T1ÎS SÊRECSES
liaient point, comme celui-ci, un cou et une tète de ténia, mais un
grand nombre de corpuscules fort petits (molécules sinyulce ex alomis
innumeris ob/ongis compactée). C'étaient des échinocoques dont
Pallas ne reconnut point la structure ni la nature, parce qu'il les
examina à un trop faible grossissement. Il nomma les vésicules
qui contenaient ces corpuscules hydatides singu/ares , et partagea
dès lors les hydatides en deux groupes : les hydatides adhé-
rentes, et les hydatides sans adhérence; division féconde et vraie,
qui séparait définitivement les kystes séreux des vers vésiculaires.
11 y avait dans cette distinction plus qu'un fait anatomique ; la haute
intelligence du savant naturaliste ne le laissa pas échapper. Pallas
pressentit que les hydatides singulières, quoiqu'il n'eût reconnu
en elles ni mouvements ni organes distincts, sont douées de la vie
comme le ténia hydaligène ; il exprima très nettement cette opi-
nion en 1767, et, dans l'un de ses derniers ouvrages (1781), il en
parla de nouveau en ces termes : •• 11 est vraisemblable que les hyda-
tides non adhérentes, quelquefois observées dans le corps humain,
sont ou de l'espèce du ténia vèsicalaire proprement dit, ou de ces
hydatides singulières que j'ai remarquées et décrites dans le foie et
les poumons des veaux et des moutons malades, qui doivent certai-
nement être attribuées à une créature vivante, et qui sont évidem-
ment organisées (au moins d'après la pellicule interne parsemée de
granulations) (1). »
La justesse des vues de Pallas ne tarda pas à être confirmée :
en 1782, Goeze reconnut que les granulations remarquées par cet
observateur dans les hydatides singulières sont des vers. Des
kystes du foie d'un mouton ayant été ouverts, il en sortit, dit Goeze,
» des vésicules internes, calleuses, bleuâtres, qui étaient encore for-
mées d'une substance un peu plus molle que les vésicules externes,
mais cependant bien plus cartilagineuses (2) que les vésicules des
(1) Pallas, Neue Nord., cit., p. 83.
(2) Avant que l'anatomie générale et l'histologie eussent déterminé les carac-
tères de chaque lissu, l'expression de cartilage n'était pas prise dans un sens aussi
restreint qu'aujourd'hui ; elle s'appliquait aussi à des substances qui en avaient les
caractères extérieurs seulement. Bisson (1759) dit d'une hydatide du scrotum :
« Au premier aspect, on l'aurait prise volontiers pour être de nature cartilagineuse ;
sa polissure, sa blancheur et la dureté par le fluide comprimé qu'elle renfermait,
paraissaient l'indiquer. » Ce sont, sans doute, ces trois qualités que Goeze exprime
par l'expression de cartilagineuse. Au reste, cette expression se trouve appliquée,
presque jusqu'à nos jours, à des substances qui n'ont nullement la nature du car-
tilage. Bruguières désigne une variété du ténia solium par les mots cucurbith\
NATURELLES OU A.DVENTIVES. — GÉNÉRALITÉS. 353
vers vésiculaires glomèrides (cysticerques ou cœnures) ; en les ou-
vrant, il s'est trouvé en plusieurs endroits une matière granuleuse
d'un gris blanc, comme les plus petits œufs de poisson, qui était
combinée avec une membrane muqueuse très tendre. . . » Ces vési-
cules cartilagineuses sont nos hydatides, la membrane muqueuse
est notre membrane germinale, et quant aux granules (échinoco-
ques), dont la description très exacte vient ensuite, Goeze ajoute :
" lorsque je me suis servi du n° 1, j'ai vu distinctement que c'étaient
devrais ténias (1). »
Les hydatides singulières des moutons et des bœufs devinrent donc
le tcenia socialis [Echinococcus Rud.).
Les échinocoques ne furent point reconnus chez l'homme d'une
manière certaine avant 1821. Jusque-là Goeze (2), Zeder (3), Ru-
dolphi (4) et même Werner (5) eurent, il est vrai, des échinocoques
de l'homme sous les yeux, mais leurs observations furent très
inexactes ou très incoznplètes.
C'est Bremser qui décrivit le premier les échinocoques de l'homme :
après en avoir cherché inutilement dans des hydatides de divers
organes qui lui avaient été envoyées par Hildebrandt, Sœmmering
fils, Hieser, il en trouva enfin (le 21 févr. 1821) dans un kyste hyda-
tique de la grosseur d'un œuf de poule, que Kern avait extirpé de
la région sous -clavicul aire d'une femme. L'hydatide mère contenait
une trentaine d'autres hydatides ; la première lui montra des échi-
nocoques encore vivants : « les echinococci ne se rencontrèrent pas
uniquement dans l'hydatide primitive, mais aussi dans deux des pe-
cartilagineux blanc ; Leroux dit d'un bothriocéphale qu'il diffère du ténia par sa
consistance cartilagineuse (ouvr. cit., t. IV, p. 329); Bosc dit que les crochets du
ténia sont cartilagineux; M. Dujardin parle des enveloppes cartilagineuses du
mermis, quoiqu'elles n'aient du cartilage qu'une apparence très superficielle.
(1) J. A. E. Goeze, Versucheiner Naiurgesch., etc., 1782, p. 258, 264.
(2) Goeze aperçut dans des hydatides que lui avait envoyées Meckel de petits
corps olivaires armés d'une simple couronne de crochets (cité par Zeder, Erster
zur Naturgesch., etc., 1800, p. 308).
(3) Zeder, Hydatides du cerveau d'une jeune fille prises pour des cœnures (voy.
ci-après, liv. III, part, i, Cœnure chez l'homme).
(4) « Ipse hydatides humanas plurimas vidi; inter plures tamen , quas ab œgroto
dejectas am. Weigel spiritu vini servaias communicavit , altéra inlus pulvere
adspersa, qui sub microscopto vermiculos rotundos vel obovatos exhibuit, quorum
aulem capita retracta essent. » (Rudolphi, Ent. hist. cit., t. II, part, n, p. 248.)
(5) Werner parle des corpuscules blancs très nombreux qu'il rencontra à la sur-
face interne d'hydatides extraites de la région inguinale, et qui sont évidemment
des échinocoques (voy. obs. 231, infra cit.).
Davaine. 23
35/| AFFECTIONS VERMINEIJSES DES CAVITÉS SÉREUSES
tites ; quelques autres de ces dernières ne renfermaient que de l'eau,
ou tout au plus de petits globules dépourvus de crochets et de su-
çoirs (1). » Ce fait aurait dû faire comprendre qu'il n'y a point une
différence dénature ou d'espèce entre les hydatides qui contiennent
des échinocoques et celles qui n'en contiennent pas, mais on n'en tira
aucune conséquence ; l'observation de Bremser resta, il est vrai, à
peu près ignorée dans ses détails. Rendtorf, l'année suivante, publia
une observation d'hydatides du cerveau, dans laquelle l'existence
des échinocoques fut bien établie (2), et ce cas est donné par la plu-
part des auteurs comme le premier d'échinocoques chez l'homme.
Dans l'intervalle de temps qui sépare la découverte des échinoco-
ques dans les hydatides des animaux et dans les hydatides de
l'homme, celles-ci furent diversement interprétées et toujours d'une
manière erronée.
En 1789, James Lind observe des hydatides (échinocoques) expul-
sées par les selles chez l'homme, il les appelle des tœnia hydati-
gena, et dit qu'elles répondent au lumbricus hydropicus de Tyson (3).
C'est là la première notion, chez un médecin, des travaux des natu-
ralistes que nous avons cités ; mais c'est aussi une erreur, car le
tœnia hydatigena ou le lumbricus hydropicus est un cysticerque.
En 1790, la même expression est employée par Berthelot pour un
cas à peu près semblable (4), et par Lettsom pour des hydatides ré-
nales (5); on la retrouve ensuite dans plusieurs observations d'hyda-
tides et dans le mémoire de Lassus (6).
En 1804, un grand observateur, Laennec, ne confond plus les
hydatides (échinocoques) de l'homme avec les cysticerques ; mais,
n'ayant point vu dans ces hydatides les têtes de ténia qu'il connais-
sait dans celles du bœuf et du mouton, il les considère comme des
êtres d'une autre nature ou d'un autre genre; il leur reconnaît du
moins des caractères d'animalité, un mode particulier de reproduc-
tion et leur donne le nom à'acëphalocysies (7). Himly, après
(1) Bremser, professeur à l'Université de Vienne, Notice sur Vechinococcus ho-
ministJourn. complém. Paris, 1821, t. XI, p. 282).
(2) Rendtorf, Dissert, de hydatidibus, prœsertim in cerebro humano repertis.
Berlin, 1S22, cap. x, p. 22.
(3) Observ. 119, infra cit.
(4) Observ. 127, infra cit.
(5) Observ. 186, infra cit.
(6) Mém. infra cit.
(7) Laennec, mém. cit.
NATURELLES OU AOVENTIVES. — GÉNÉRALITÉS. 355
Laennec (1), s'efforce de prouver que l'hydatide de l'homme [hydalis
simplex] est un animal, et peut-être, dit-il, le plus simple de tous les
animaux (2) . Kuhn la range dans le genre Psychodiaire de Bory (3).
Jusqu'en 1843, l'hydatide contenant des échinocoques passe pour
être très rare chez l'homme; à cette époque, M. Livois, dans une
excellente thèse faite sous l'inspiration de M. Rayer, prouve que les
échinocoques, loin d'être rares, sont très communs dans les hyda-
tides ou les acéphalocystes de l'homme; il conclut que :
" Les hydatides doivent être rejetées de la classe des vers vési-
culaires dans laquelle les a rangées Laennec, en en faisant un genre
particulier sous le nom à' acéphalocystes ;
» Les hydatides..., sont de simples poches dans la cavité des-
quelles sont toujours contenus des échinocoques dont le nombre est
en rapport avec le volume des poches elles-mêmes (4). »
Ces conclusions sont aujourd'hui généralement acceptées par les
médecins, et le temps les a confirmées en partie; c'est-à-dire que les
échinocoques existent dans les hydatides aussi bien chez l'homme
que chez les animaux, et que les acéphalocystes ne sont que des
hydatides à échinocoques. Mais quelle est la fonction, quelle est la
nature de la vésicule hydatique? C'est ce que M. Livois ne dit pas.
« Les hydatides dépourvues, dit-il, de toute espèce de mouvement,
de toute espèce d'organes, ne sont pas des êtres doués de la vie, des
vers, comme on le croit encore généralement. »
Les opinions les plus diverses quant aux rapports des hydatides
avec les échinocoques, se trouvent dans les œuvres des auteurs con-
temporains : les uns font abstraction de la vésicule hydatique dans
leurs considérations sur l'échinocoque, ou réciproquement; les autres
(1) Everard Home, avant Laennec, avait dit que les hydatides de l'homme sont
des animaux ; mais cet observateur n'en a parlé que d'après les connaissances de
son temps, et n'a point fait sur les acéphalocystes de recherches particulières. En
effet, s'il établit que le cœuure est doué de mouvements, il ne dit pas que les acé-
phalocystes en sont complètement privées ; il ne les a donc point examinées de près,
et l'on ne doit point le citer comme ayant établi le premier, ou Vun des premiers,
l'animalité des hydatides acéphalocystes (voy. The Croonian lecture on muscular
motion, by Everard Home; read H nov. 1790, in Philosoph. Transacl., for the
year 1795, part. I, p. 204).
(2) Himly, HufelanaVs Journal, décembre 1809, p. 140, et Bremser, ouvr. cit.,
p. 295.
(3) Kuhn, mém. infra cit.
(4) Eug. Livois, Recherches sur les échinocoques chez l'homme et che: les ani-
maux [Thèse. Paris, 1843, p. 123).
356 AFFECTIONS VEItMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
croient que ces doux êtres n'en forment qu'un, correspondant au
cœnure, vésicule pourvue de plusieurs têtes (Gervais, 1845) ; pour
d'autres, l'hydatide n'est qu'un échinocoque qui a perdu ses crochets
et qui s'est développé (de Siebold? 1838;Diesing, 1850) ; ou bien c'est
une sécrétion produite par des larves de ténia qui ont subi une dé-
générescence hydropique (de Siebold, 1851); enfin c'est un produit
inanimé, une enveloppe protectrice des échinocoques (Rudolphi,
1810; Robin, 1854). Les auteurs qui nous ont donné les deux
traités les plus récents sur l'helminthologie, M. Kûchenmeister et
MM. Gervais et Van Beneden, ne paraissent pas non plus avoir,
touchant la question qui nous occupe, une idée bien arrêtée, nous
dirions même bien définie (1). /
Nous croyons avoir déterminé, dans un mémoire publié en 1856(2),
(l) M. Kûchenmeister, après avoir regardé, avec M. de Siebold, les hydatides
comme le produit de la dégénérescence hydropique d'une larve de ténia égarée,
change d'opinion et professe, dans son nouvel ouvrage, que les hydatides, ou tex-
tuellement, « que les acéphalocystes sont des embryons de cestoïdes à six crochets,
lesquels ont grandi sans obstacles, mais qui sont restés néanmoins stériles ou plus
correctement qui ne deviennent jamais prolifères et ne produisent point de scolex.»
Il admet ensuite trois sortes d'acéphalocystes provenant de trois ténias différents
(Kûchenmeister, ouvr. cit., trad. angl., t. I, p. 230). Si cette explication peut
rendre compte de l'origine des acéphalocystes privées d'échinocoques, elle ne donne
aucune raison des rapports d'uue hydatide avec les échinocoques qu'elle contient.
MM. Gervais et Van Beneden, dans l'ouvrage qu'ils viennent de publier, n'ont
pas traité cette question d'une manière plus claire : « On admettait encore un autre
genre d'hydatides, disent-ils..., c'étaient les acéphalocystes avec lesquelles il est
facile de confondre les échinocoques lorsque les têtes de ceux-ci font saillie en dehors
ou en dedans de la \vésicule, et qu'on les examine superficiellement, et c'est là sans
doute ce qui a donné lieu à la distinction des acéphalocystes exogènes et des acé-
phalocystes endogènes établie par Kuhn. » Il est difficile de comprendre comment
les auteurs envisagent l'acéphalocyste, car jamais un échinocoque ne fait saillie en
dehors de cette vésicule. Kuhn a parfaitement défini ses acéphalocystes endogène
ou exogène : la première produit par sa surface interne, la seconde par sa surface
externe, un bourgeon hydatique (voy. ci-après, p. 360, fig. 18), une hydatide et
non un échinocoque qui ne peut jamais être exogène, et que d'ailleurs Kuhn ne
connaissait pas ou ne connaissait que très imparfaitement. « Il n'eu existe pas
moins, disent ensuite MM. Gervais et Van Beneden, des acéphalocystes véritables,
c'est-à-dire des vésicules hydatiques encore sans têtes, sans crochets et saus su-
çoirs..., nous ne pensons pas qu'on doive les considérer autrement que comme un
état particulier et acéphale des échinocoques (Gervais et Van Beneden, ouvr. cit.,
t. II, p. 219). Évidemment les auteurs n'ont point sur les rapports de l'hydatide
avec l'échinocoque une opinion bien arrêtée.
(2) Davaine, Recherches sur les hydatides, les échinocoques et le cœnure et sur
leur développement (Mém. Soc. biologie, 1855, et Gaz. méd., 1856).
NATURELLES OU ADVENTIVEP. — GÉNÉRALITÉS. 357
la fonction des hydatides et les rapports qui existent entre ces vé-
sicules et les échinocoques : pour nous, l'hydatide correspond à une
phase de développement d'un animal qui vit un certain temps et
peut se reproduire un certain nombre de fois sous la forme vésicu-
laire; l'échinocoque offre une phase plus avancée du développement
de ce même animal. Des faits observés ultérieurement nous ont
confirmé dans cette manière de voir (voy. le Synopsis, n° 7, art.
Hydatide-èchinocoque) .
Les connaissances nouvellement acquises sur l'animalité de cer-
taines vésicules qui se développent dans les organes de l'homme et
des animaux, jetèrent de l'incertitude sur la nature de quelques au-
tres corps qui jusque-là avaient été confondus avec elles. Les vési-
cules choriales furent regardées aussi comme des vers cystiques, et
formèrent une espèce à laquelle H. Cloquet donna le nom de ace-
phalocystis racemosa (1). Laennec considéra, avec doute toutefois,
les corps riziformes des membranes synoviales comme des êtres
animés, et proposa de les appeler acephalocystis plana (2).
De plus, suivant des accidents de forme ou suivant des variations
pathologiques, les vers vésiculaires mêmes furent divisés d'une ma-
nière tout à fait fautive en plusieurs espèces ; dans d'autres cas, par
suite des transformations profondes qu'amène l'âge dans la constitu-
tion de ces vers, leur nature a été méconnue; la tumeur qu'ils for-
maient a été regardée comme le produit d'une affection particulière
(1) Laennec considère les vésicules choriales comme de véritables acéphalocystes
(mém. cit., p. 117), mais il n'en forme point une classe particulière; cette dis-
tinction appartient à Bremser {ouvr. cit., p. 312) et à Hipp. Cloquet {Faune citée,
art. Acéphalocyste, p. 133).
(2) Laennec reçut ces corps de Dupuytren, qui les trouva dans une poche située
au poignet; il en reçut aussi de Dubois, qui en trouva une cinquantaine dans la
même région. Laennec (mm. cit., p. 109) dit : « Si l'on parvient un jour à observer
en eux quelque signe évident de vie, on pourra les désigner sous le nom d'ace'pha-
locyslis plana. » Il ne les considérait donc point définitivement comme des animaux.
— H. Cloquet observa des corps semblables, 1° dans la capsule de glissement du
tendon du grand fessier sur le grand trochanter; 2° dans un kyste à l'insertion
cubitale du muscle triceps brachial ; 3" dans la gaîne du tendon du grand pal-
maire. Il resta dans le doute sur leur nature (art. Acéphal., cité page 179, note).
— Bosc et Duméril trouvèrent que des corps semblables, qui leur avaient été donnés
par Dupuytren , n'étaient point des animaux; néanmoins ce grand chirurgien per-
sista à les considérer comme des êtres animés. Aux raisons qu'il en donne, il ajoute:
« Je crois avoir aperçu des mouvements dans plusieurs de ces corps.» {Leçons orales,
t. III, p. 33.) Leur origine n'est peut-être point encore bien déterminée; toute-
fois, personne ne les considère plus aujourd'hui comme des hydatides.
358 AFFECTIONS VLKMINEUSIiS DliS CAVITÉS SÉlUiUSIÎS
du l'organe envahi. C'est ce qui arriva pour les tumeurs du fuie diteB
athéromateuses.
Dénominations . — Les dénominations données aux vers vésicu-
laires ont varié suivant les connaissances acquises sur la nature de
ces corps ou suivant les opinions qu'on s'en est fuites.
Hartmann appela vers vésiculaires les hydatides dont il avait dé-
couvert l'animalité [vernies vesiculares sive hydatodes ; hydacides
vu/i/o dictœ) ; Pallas, ayant remarqué les rapports de ces hydatides
avec le ténia', leur donna le nom de lœniahydatigena ; Gœze, par une
raison semblable, appela tcenia socialis celles qui contiennent des
éclnnocoques. Les hydatides de l'homme dans lesquelles des têtes de
ténia n'avaient point été observées, conservèrent généralement leur
nom primitif, jusqu'à ce queLaennec, démontrant en elles une vita-
lité propre, leur eut imposé celui à? acéphalocyste .
D'un autre coté, les produits pathologiques consistant dans des
vésicules pleines d'une eau limpide et adhérentes aux tissus am-
biants lurent rapportés aux kystes ou aux hydropisies partielles, et
le nom d'hydatide cessa de leur être donné ; ainsi, cette expression
eût été complètement abandonnée, si la plupart des médecins n'eus-
sent continué à l'appliquer aux vésicules mères des échinocoques,
c'est-à-dire aux acéphalocystes de Laennec. Nous suivrons leur
exemple pour plusieurs raisons :
1° Le nom à' acéphalocystes donné à des animaux très simples et
vésiculeux, sans tête, ne s'applique point avec justesse aux vésicules
mères des échinocoques, qui sont un état transitoire d'un animal
pourvu, à une certaine époque, d'organes complexes et d'une tête.
2° Le nom d' échinocoques a été donné plus particulièrement aux
corpuscules renfermés dans les hydatides.
3° Le nom d' hydatides exprime avec justesse l'apparence de ces
vésicules sans préjuger leur nature; il est ancien ; il est encore gé-
néralement usité; il ne désigne plus aucun autre produit patholo-
gique; enfin il n'est appliqué à aucun autre ver vésiculairc, même
chez les médecins qui désignent, comme les naturalistes, Yhydalide
cérébrale par le nom de cœnure, et Yhydatide à une seule tête par
le nom de cysticerque.
Division. — Nous étudierons d'abord les lésions occasionnées par
les hydatides, chez l'homme, puis chez les animaux ;
En second lieu, celles qui sont déterminées par les cysticerques.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 359
PREMIÈRE DIVISION.
LÉSIONS PATHOLOGIQUES OCCASIONNÉES PAR LES HYDATIDES.
SUBDIVISION I.
HYDATIDES CHEZ L'HOMME.
(Hydatide et échinocoque, Sy?iops., n° 7).
Les hydatides de l'homme, dar.s leur état d'intégrité, sont des vé-
sicules arrondies, formées d'une matière semblable à de l'albumine
coagulée, renfermant un liquide limpide, et libres de toute adhérence,
de toute connexion avec l'organe qui les recèle. Elles contiennent
des échinocoques adhérents à leur surface interne ou libres et flot-
tants dans le liquide hydatique; rarement elles n'en contien-
nent pas.
Fig. 17. — Échinocoques de l'homme (pour l'explication, voir le Synopsis).
Les hydatides de l'homme sont d'un volume très variable; il en
est d'à peine perceptibles à l'œil nu, d'autres égalent en grosseur la.
tête d'un fœtus à terme. Le plus communément, elles varient entre
le volume d'un pois et celui d'une orange. Leur forme, primitivement
sphéroïde ou ovoïde, se trouve quelquefois modifiée d'une manière
permanente par la pression des parties environnantes, qui ont op-
posé quelque obstacle à leur accroissement régulier. Leurs parois sont
360 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
généralement d'une épaisseur uniforme et proportionnelle au volume
de la vésicule; elles sont incolores et transparentes ou d'une teinte
opaline, soit en quelques points, soit dans une plus ou moins grande
étendue de leur surface. Des circonstances accidentelles, comme le
contact d'un liquide coloré, de la bile par exemple, en changent
quelquefois la couleur.
La substance des hydatides est homogène, friable, élastique, sans
Fie 18. — I. Fragment d'une hydatide de l'homme, grandeur naturelle. La tranche
montre les feuillets dont se compose son tissu ; la surface offre plusieurs bourgeons
exogènes plus ou moins développés. — 2. Un des bourgeons comprimé et grossi
40 fois. Il est formé, comme l'hydatide souche, do feuillets stratifiés ; la cavité
centrale ne contient encore ni échinococrue, ni membrane germinale.
fibres ou cellules, analogue pour l'aspect et la consistance à du blanc
d'œuf cuit. Cette substance constitue une membrane disposée en cou-
ches stratifiées ; les couches, d'une minceur extrême, se reconnaissent
au microscope jusque dans les plus petites hydatides et forment un
caractère distinctif de ce produit pathologique. Lisses et unies à leur
surface extérieure, les hydatides présentent souvent à leur surface in-
terne des inégalités ou des épaississements d'apparences variées,
sphériques ou irréguliers, transparents ou opaques, pleins ou creux.
Les plus petites hydatides sont constituées, quant à leurs parois,
comme les plus grandes. A moins qu'elles ne soient d'une petitesse
extrême, on peut constater toujours l'existence d'une cavité cen-
trale. Cette cavité renferme un liquide plus ou moins abondant, ordi-
nairement séreux et limpide. Elle est revêtue, chez les hydatides fer-
tiles, par une membrane d'une nature particulière [membrane ger-
minale) d'où naissent les échinocoques.
Quelquefois avec une grande hydatide on en trouve plusieurs pe-
tites, qui lui sont extérieures ; plus fréquemment une grande hyda-
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 361
tide en renferme plusieurs petites qui sont libres dans sa cavité ;
d'autres fois on en trouve de très petites adhérentes à la surface in-
terne ou externe d'une plus grande. Ces hydatides naissent, comme
des bourgeons, dans l'épaisseur ou à la superficie des parois de leur
mère, s'élèvent sur l'une ou sur l'autre de ses surfaces, grossissent,
deviennent creuses et ne tardent pas à se détacher.
Les hydatides, en général fortement distendues par le liquide
qu'elles contiennent, jouissent d'une élasticité remarquable, en sorte
que le moindre ébranlement se communique à toute leur masse,
et occasionne un frémissement particulier et prolongé qui, dans
quelques cas, devient un moyen de diagnostic des tumeurs qu'elles
forment. C'est sans doute cet ébranlement facile qui a fait croire
à plusieurs observateurs que ces corps sont doués d'un mouvement
spontané.
Les hydatides conservent leur vie pendant un temps indéterminé
et probablement assez long ; dans des tumeurs déjà anciennes, on en
trouve qui paraissent parfaitement intactes; plus fréquemment, il
est vrai, elles ont subi des altérations : les échinocoques qu'elles con-
tiennent ont disparu et les crochets qui persistent sont le seul indice
de l'existence de ces entozoaires. La membrane de l'hydatide a perdu
plus ou moins de sa transparence et de son homogénéité par le dé-
veloppement dans son épaisseur de granulations d'apparence grais-
seuse ; elle s'est plus ou moins affaissée, mais le liquide contenu con-
serve ordinairement sa limpidité ; quelquefois elle s est déchirée? ou
sa cavité est complètement effacée.
11 arrive que toutes les hydatides d'un kyste perdent simultané-
ment leur liquide; les vésicules s'affaissent et se plissent régulière-
ment, tandis que le kyste éprouve un retrait proportionnel; celui-ci
ne contient plus enfin que des membranes plissées et tassées comme
les pétales du pavot renfermés dans leur calice.
La substance de l'hydatide résiste longtemps à une résorption ou
à une transformation complète; aussi, dans de très anciennes tu-
meurs hydatiques, retrouve-t-on des débris membraneux et des cro-
chets d'échinocoque qui témoignent de la constitution primitive de
ces tumeurs.
Nous allons étudier :
Les lésions que les hydatides déterminent dans l'organisme en gé-
néral, les phénomènes locaux ou généraux qu'elles produisent, leur
diagnostic, etc.
362 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
Nous examinerons ensuite ces vers vésiculaires en particulier dans
chacun des organes qu'ils envahissent, à savoir ;
lg Les hydatides en rapport avec les organes de la circulation ;
2° Celles qui sont en rapport avec les organes de la respiration ;
3° Celles qui sont développées dans les oiganes ou dans les di-
verses parties de l'abdomen : foie, raie, épiploon;
4° Dans le petit bassin;
5° Dans les reins ou en rapport avec les voies urinaires ;
6° Dans les parties superficielles de la tête, du cou, du tronc ou
dans les membres ;
7° Dans le système osseux.
Quant aux hydatides des centres nerveux, de l'œil et des organes
génitaux, il en sera question à propos des affections vermineuses de
ces organes.
Enfin nous examinerons les divers moyens de traitement proposés
jusqu'aujourd'hui pour en délivrer l'économie.
PREMIERE SECTION.
CONSIDÉRATIONS PATHOLOGIQUES SUR LES HYDATIDES DE L'HOMME.
CHAPITRE PREMIER.
CONSTITUTION ANATOMIQUE ET TRANSFORMATIONS DES TUMEURS HYDATIQUES.
§ I. — Les hydatides développées dans les parenchymes sont ren-
fermées dans un kyste qui les isole des parties environnantes. Ce
kyste(Folliculus , Blalpighi, Wepfer,Lancisi, etc. ; Hydatis externa,
Rudolphi), est primitivement formé par le tissu cellulaire de l'organe
qui contient le ver vésiculaire, et ne paraîtpas différer de celui qui se
développe autour d'un corps étranger quelconque; aussi le kyste
hydatique présente-t-il des différences qui sont en rapport avec la
structure de l'organe dans lequel il a pris naissance: épais et con-
sistant dans le foie, il est très mince et très peu consistant dans le
cerveau. Les hydatides développées dans une cavité séreuse naturelle
ne s'enveloppent point d'une poche particulière, trouvant, sans doute,
dans la membrane qui revêt cette cavité des conditions de structure
analogues à celle des kystes celluleux. Il paraît en être de même
pour les hydatides développées dans les veines.
NATURELLES OU ADVENTICES. — HYDATIDES. 363
Les parois des kystes hydatiques sont constituées par le tissu
cellulaire plus ou moins condensé, et disposé en couches qu'on peut
séparer par lambeaux d'une grandeur variable, mais qui ne peuvent
être isolées en tuniques distinctes. Outre les différences que peu-
vent offrir ces parois suivant les différents organes dans lesquels
elles se sont développées, on en observe d'autres qui sont en rap-
port avec l'âge et l'évolution naturelle des corps qu'elles renfer-
ment. L'épaisseur des parois augmente suivant le volume qu'acquiert
la tumeur et plus encore peut-être suivant son ancienneté. Mince et
purement celluleux dans le principe, le kyste devient ensuite fort
et épais (1) ; plus tard, il acquiert la consistance d'une membrane
fibreuse et même d'un fibro-cartilage. Dans les kystes anciens, on
trouve fréquemment des noyaux disséminés et des plaques cré-
tacées et d'apparence osseuse formés de phosphate de chaux et
d'une faible proportion de carbonate de la même base. Ces produc-
tions n'envahissent pas les parois de la tumeur d'une manière uni-
forme; quelquefois ces parois sont minces et presque transparentes
dans certaines parties, fort épaisses, au contraire, et comme fibro-
cartilagineuses dans d'autres ; mais, quelquefois aussi, elles sont de-
venues complètement osseuses. Dans le Muséum de King's Collège
(prép. 332), il existe, au rapport de M. Budd, un foie qui contient
trois grands kystes hydatiques ayant subi complètement cette trans-
Jormation. Le savant médecin que nous venons de nommer, pense
que le dépôt de matières terreuses dans la paroi des kystes hydati-
ques a plus de tendance à se faire chez les vieillards que chez les
individus jeunes (2).
Le kyste est réuni aux parties environnantes, tantôt par un tissu
cellulaire assez lâche et l'on voit ramper des vaisseaux sanguins sur
sa paroi, tantôt par un tissu fibreux condensé qui établit des adhé-
rences solides et difficiles à détruire. Sur un cadavre dont les artères
avaient été injectées à la cire, M. Charcot ayant trouvé deux kystes
hydatiques situés dans le petit bassin, vit qu'ils recevaient des vais-
seaux artériels assez volumineux et que les petites ramifications de
ces vaisseaux pénétraient dans le tissu même de la poche fibreuse (3).
Lorsque les hydatides se développent à la surface d'un organe,
dans le tissu cellulaire sous-séreux, il peut se faire que le kyste re-
(1) M. Béraud a montré à la Société de biologie un kyste du foie en partie osseux
et dont les parois avaient un demi-centimètre d'épaisseur (Soc. Mot., t. I, p. 27).
(2) Budd, ouvr. cit., p. 422.
(3) Charcot, Mém. Soc. biologie, 1852, t. VI, p. 103.
36/| AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
pousse la membrane séreuse, se coiffe, en quelque sorte, de cette
membrane et ne reste en rapport avec son point d'origine que par
un pédicule plus ou moins allongé etaminci. C'est ce que nous avons
vu, M. Charcot et moi , dans un
cas ou de tels kystes pédicules
existaient en grand nombre à la
surface du péritoine; le pédicule
de quelques-uns de ces kystes
avait jusqu'à sept centimètres
de longueur et n'était pas plus
gros qu'un crin de cheval. 11 se
pourrait que ces minces pédi-
cules se rompissent et que les
kystes devinssent libres dans la
cavité péritonéale (1).
La face interne des kystes
hydatiques récents est blanche,
lisse, et ressemble, jusqu'à un
certain point, à celle d'une mem-
brane séreuse ; dans les kystes
anciens, elle est comme chagri-
née, rugueuse ou couverte d'ex-
sudations plus ou moins adhéren-
tes et épaisses ; les vaisseaux s'y
fig. 19. — Kystes hydatiques pédicules observés montrent aussi quelquefois avec
par les docteurs Charcot et Davaine. —a, a, in- 1lnpannarpnf.pvaT.jmlP1]<,p nll <,nr,f
teslin grêle ; b, b, mésentère ; c, c, kystes ayant UneapparenœV anqueUSe,0US0nt
un court pédicule ; d, autre kyste supporté par un entourés dans leur trajet par Une
pédicule e, très long et très aminci. . . ,
véritable sunusion sanguine (2).
Suivant M. Vogel, le kyste doit son origine à de la fibrine coa-
gulée qui s'est organisée peu à peu et qui a même acquis des vais-
seaux (3). Si tel était le mode de formation de cette poche, elle aurait
(1) Charcot et Davaine, Note sur un cas de kyste hydatique [Mém. Soc. biologie,
185", 2e série, t. IV, p. 103). Voyez ci-après, obs. 105.
Dans un cas de kyste du petit bassin observé par Lelouis, un kyste considérable
n'était aussi rattaché aux parties que par un pédicule relativement très mince
(voy. sect. v, Petit bassin, obs. 1S3).
(2) J'ai examiné dernièrement un kyste hydatique considérable, à la surface
interne duquel les vaisseaux étaient en quelques points très dilatés, et entourés eu
d'autres points par de véritables ecchymoses.
(3) Vogel, Traité d' Anal, palhol., Paris, 1847, p. -419.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 36j
probablement la même épaisseur, la même consistance dans tous les
organes, aussi bien dans le cerveau que clans le foie ; or c'est ce que
l'on ne voit pas. Suivant le même auteur, sa face interne est tapissée
d'un épithélium plus ou moins complet.
Le kyste hydatique est en général d'une forme globuleuse, régu-
lière ou plus ou moins bosselée, mais il est rarement composé de
loges distinctes ; ce cas peut provenir de la fusion de plusieurs
kystes. Lorsque la poche hydatique devient multiloculaire par suite
des obstacles qu'elle rencontre à son accroissement uniforme, l'hy-
datide, si elle est unique, envoie des prolongements dans les diverses
loges, comme M. Cruveilhier l'a observé (1).
§ II. — Un kyste renferme fréquemment chez l'homme plusieurs
hydatides ; leur nombre peut être très considérable, s'élever même
au delà de mille.
Boudet a vu un kyste hydatique qui contenait à peu près quatre
mille hydatides (2). «Pemberton a vu au foie, dit Bremser, un abcès
qui s'était étendu jusqu'aux poumons et qui contenait au moins
cinq cent soixante hydatides d'un diamètre de deux pouces et
demi à celui d'une tête d'épingle (3). » Ploucquet cite un cas de
Allen dans lequel on trouva sept à huit mille hydatides (4) et un
autre d'une tumeur globuleuse dans laquelle il y avait neuf mille de
ces vésicules (5). Nous avons rapporté le cas de Rivière ou l'on a vu
plus de deux cents hydatides sortir à l'ouverture d'une tumeur, et
celui de Wolcherus ou l'on en compta plus de trois cents ; nous rap-
porterons encore un cas de Tyson qui en a vu plus de cinq cents,
et un autre de Panaroli qui en a vu plus de mille dans des circon-
stances semblables. Les faits de ce genre sont trop communs pour
que nous nous y arrêtions davantage.
Dans ces cas, le volume de la tumeur est toujours énorme et atteint
jusqu'à la grosseur de la tête d'un homme.
Lorsque le kyste ne contient qu'une seule hydatide, celle-ci le
remplit ordinairement en entier, et tapisse immédiatement ses pâ-
li) J. Cruveilhier, Trailé d'analomie pathologique générale, 1856, t. III, p. 547.
(2) Observ. 224, infra cit.
(3) Chr. Rob. Pemberton, A pract. treal. on varions diseases of the abdom.
vise. London, 1811, cite par Bremser, p. 306.
(4) Allen, p. 294, cité par Ploucquet, aït. Hydatides.
(5) Comm., Nor., 1731, p. 271 (9000 hydatides in tumore globoso), cité par
Ploucquet.
361) AFFECTIONS VERMINÈUSÈS DES CAVITÉS SÉREUSES
fois; lorsqu'il en contient plusieurs, il se trouve quel [Uêfois dan? sa
cavité un liquide pinson moins abondant dons lequel nagent les
hydatides. Ce liquide est transparent et limpide connue belui des
vésicules; ou bien il est diversement coloré, trouble, épais, etc., ainsi
que nous le verrons ci-après.
§111. — Nous avons dit que les hydatides ont une existence
limitée, et qu'elles se détruisent tôt ou tard avec les échinocoques
qu'elles contiennent. Cette destruction est déterminée par l'action de
la poche qui les renferme; au moins la masse entière de la tumeur
offre-t-elle des transformations morbides qui ne paraissent point
procéder des hydatides.
Lorsque le ver vésiculaire est solitaire, ou lorsque, étant multiples,
ces vers ont leur vésicule appliquée au kyste sans interposition de
liquide, une matière d'apparence tuberculeuse ou sébacée, demi-
liquide et visqueuse, quelquefois épaisse et consistante, se dépose par
couches sur la face interne du kyste ; cette matière s'accumule et
enveloppe complètement la vésicule hydatique ou la refoule vers un
des côtés de la poche. Le liquide contenu dans l'hydatide reste ordi-
nairement limpide, mais il diminue de quantité, et la vésicule s'af-
faisse et se plisse; en même temps le kyste se resserre, au moins
d après toutes les apparences, et contribue de cette manière à
effacer de plus en plus la cavité du ver vésiculaire.
Avec le temps la matière sécrétée s'épaissit, se concrète, et prend
1 aspect du mastic des vitriers et quelquefois celui de la craie; l'hy-
datide se réduit à quelques lambeaux membraneux et finit même par
disparaître ; les échinocoques qui se sont détruits depuis longtemps
ne sont plus représentés que par leurs crochets. « L'hydatide se
transforme entièrement, dit Bremser en parlant de celle du bœuf, en
une masse calcaire que l'on peut quelquefois détacher aussi facile-
ment que l'hydatide saine de l'organe dans lequel elle se trouve (1). »
Dans d'autres cas, chez l'homme, la tumeur hydatique subit des
transformations différentes en apparence, quoique toujours de même
nature; la matière qui remplit le kyste est liquide et ressemble, pour
l'aspect, à du pus ou à du tubercule ramolli. Nous avons vu, avec
M. Duplay, un vaste kyste hydatique de la rate , qui contenait un
grand nombre de lambeaux d'hydatides nageant dans plusieurs litres
d'un liquide qu'il était impossible, à la simple vue, de distinguer du
(1) Bremser, ouvr. cit., p. 278.
NATURELLES OU ADVENTTVES. — HYDATIDES. 3G7
pus. Ce liquide n'offrit au microscope aucun globule purulent ; il
n'était certainement formé que par de la sérosité tenant en sus-
pension la matière dont nous avons parlé ci-dessus. La présence des
crochets d'échinocoque ne laissait, au reste, aucun doute sur l'ori-
gine de cette vaste collection d'apparence purulente.
Les matières du kyste peuvent encore avoir une teinle rougeâtre,
jaune ou verdâtre, par leur mélange avec les liquides de l'économie,
tels que le sang ou la bile.
§ IV. — Les tumeurs hydatiques ainsi transformées étaient appe-
lées autrefois athèromateuses ; il conviendrait de conserver ce nom aux
matières complexes qu'elles renferment, quel que soit leur aspect.
Les observations de kystes hydatiques suppures, transformés en
abcès, contenant une grande quantité de pus ou de matière tuber-
culeuse sont très communes dans les ouvrages de médecine. Nous
sommes persuadé, d'après nos recherches, que la plupart de ces ob-
servations, sinon toutes, concernent des kystes athèromateux . "L'état
puriforme, ou de tubercule, n'est probablement qu'un degré moins
avancé de la transformation athèromateuse dont l'état crétacé est le
dernier; aussi, dans des cas de kystes hydatiques multiples, on peut
voir plusieurs degrés de cette transformation chez le même individu :
M. Cruveilhier rapporte, dans son Anatomie pathologique, un cas
dans lequel un ky*te hydatique de la rate contenait une matière
semblable à du plâtre, tandis qu'un kyste du foie contenait dujtras.
Des faits analogues se trouvent consignés dans divers ouvrages
anciens, et nous aurons l'occasion dans la suite d'en rapporter plu-
sieurs, mais leurs auteurs n'avaient pas reconnu que les tumeurs
qu'ils observaient avaient toutes la même origine et la même nature ;
tel est le cas suivant observé par de Haen :
Obs. II. — Kystes hydatiques athèromateux du foie.
Un individu, âgé de vingt-quatre ans, avait une tumeur dans l'épigastre
et dans l'hypochondre droit depuis quatre ans ; pris tout à coup de fièvre et
de délire, il mourut le neuvième jour.
Le foie, d'une grosseur monstrueuse, contenait plusieurs tumeurs : l'une,
située dans le lobe droit, renfermait une énorme hydatide solitaire; une autre,
située dans le même lobe, contenait un grand nombre d'hydatides de diverse
grosseur, d'une ligne à un pouce et demi de diamètre; un troisième kyste,
situé dans le lobe gauche, contenait des vésicules semblables ; un quatrième
existait en dehors du foie; un cinquième, situé à la surface de cet organe,
était gros comme le poing : « Isque, dit de Haen, non, quemadmodum
368 AFFECTIONS VEItMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
» omncs pnecedente?,aqua limpidû, verùm amurcû nigrâ, lactuquo arenaceâ,
s rcplelus: membrana porro unica, explens tolum cavum, hanc amurcam
« continebat, lacera liinc inde ac complicata et ab asperâ amurcâ adliaîrenle
» valdè indurata. Pars dextra «uperiorque lobi dextri continebat sexlum cavum
» priore majus, biloculare, crassâ ilidem ac pingui amurcâ plénum... (1). »
Ruysch a reconnu le premier les transformations des tumeurs
hydatiques: « Hydatides in atheromata, steatomata et melicerides
» mutari nulla mihi ambigendi relinquitur ansa, dit-il; plures enim
» hoc anno istius modi offendi hydatides, in quibus aliquando mate-
» riam pulti, lacti, sero, coagulo, caseoque aamulam reperi (2). »
Laennec a reconnu de même ces transformations des kystes hyda-
tiques ; il a vu de plus qu'elles peuvent amener une terminaison
favorable de la maladie : « Je crois pouvoir établir, dit ce grand ob-
servateur, d'après quelques faits que j'ai vus, que, même sans sortir
du kyste qui les renferme, les acéphalocystes peuvent périr sponta-
nément : alors la partie la plus ténue du liquide dans lequel elles
nagent est absorbée, le kyste se resserre sur lui-même comme un ané-
vrysme après l'opération faite suivant le procédé de Hunter, et,
au bout d'un certain temps, un kyste très volumineux se trouve
réduit en une petite masse qui contient une matière de nature va-
riable, etc. (3). •>
Bremser fait des remarques semblables sur les hydatides du
bœuf. « J'ai souvent rencontré, dit-il, dans le foie des bœufs, à côté
des hydatides complètement développées et saines, tous ces degrés
de désorganisation. L'hydatide saine, remplie d'un liquide limpide,
forme à la surface de l'organe dans lequel elle séjourne, une protubé -
rance convexe et élastique; mais si, au contraire, cet animal s'est
déjà changé en une masse ossiforme, on trouve alors une dépression
entourée de rides (4). »
M. Cruveilhier a rapporté plusieurs faits intéressants qui ne lais-
sent point de doutes sur les transformations du contenu des kystes
hydatiques, sur le retrait de ces kystes, et sur ce mode de guérison
des tumeurs qu'ils forment (5). Nous avons examiné, il y a quelques
années, un kyste gros comme un œuf de poule trouvé par M. Charcot
(1) De Haen, op. cit., pars VII, cap. m, §2, p. 318.
(2) Ruysch, op. cit., observ. anat. XXV, p. 25.
(3) Th. Laennec, Mém. sur les vers vésiculaires, 1804 (Mém. delà Soc. de méd.
de Paris. Paris, 181 2, p. 120 et 142, note).
(4) Bremser, ouvr. cit., p. 278.
(5) Cruveilhier, Anat. pathologique générale, cité t, III, p. 5S0 et suiv.
NATURELLES 00 ADVENTIVES. — HYDATIDES. 369
dans le foie d'une vieille femme. Ses parois étaient très épaisses, et
sa cavité contenait une matière qui avait l'apparence du mastic des
vitriers, avec quelques lambeaux hydatiformes. L'existence de cro-
chets d'échinocoque ne laissa pas de doute sur sa nature. L'épaisseur
de ses parois, son petit volume relatif, son contenu, ne permettaient
pas de douter qu'il n'eût subi une transformation et un retrait sem-
blables à ceux dont il vient d'être question ci-dessus.
§ V. — Si la matière athéromateuse étendue de sérosité a été
prise souvent pour du pus, celle qui est concrète l'a été pour du
tubercule, et cette erreur a fait croire à plusieurs observateurs que
les tubercules doivent leur origine à des hydatides ; mais entre le
tubercule et la matière athéromateuse il existe des différences essen-
tielles, autant dans leur composition que dans leur mode de forma-
tion et dans leur nature. L'un est un produit primitif qui, en gros-
sissant, se ramollit et tend à la destruction, l'autre est un produit
secondaire, produit de sécrétion, qui tend à se concréter et à se
résorber.
Jenner, le premier, a cru trouver l'origine des tubercules dans les hydatides.
Il envoya à ce sujet au docteur Beddoes deux observations que celui-ci publia
dans son ouvrage sur les airs factices (1). « Ce tubercule naissant, décrit par
Starck, ne serait-il pas une hydatide? dit Jenner. Il est clairement démontré
que les hydatides forment des tubercules dans les poumons de la vache: j'ai
fait la préparation de ces parties » L'illustre inventeur de la vaccine
cherche expérimentalement la solution de la question ; il nourrit de jeunes
animaux de diverses manières: « Lorsqu'il les nourrissait avec certaines sub-
stances, on trouvait bientôt le foie rempli d'hydatides. En les examinant, à
différentes époques, il fut à même de tracer les diverses gradations déjà men-
tionnées, depuis la plus légère bulle de fluide jusqu'à l'épaississement de leur
enveloppe, et leur entière conversion en tubercules de volume et de consis-
tance divers (2). »
Vers la même époque (l 817), un savant vétérinaire français, Dupuy, fit à
plusieurs reprises des rapprochements entre l' hydatide et le tubercule qu'il
observait souvent chez la vache, sans cependant conclure que l'un dérivât de
l'autre: « Ces hydatides, dit-il, regardées et décrites par les zoologistes comme
des corps organisés et vivants, pourraient bien apporter quelque lumière sur
l'origine et la formation des tubercules, ou du moins prouver que ces corps
(1) Cité par John Baron, Recherches, observ. et expe'r. sur le développement
naturel et artificiel des maladies tuberculeuses, trad. par M. V. Boivin. Paris, 1825
p. 100.
(2) Baron, ouvr. cit. , p. 99.
Da vaine, 24
370 AFFECTIONS VEHMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
qui désorganisent les poumons de la môme manière, se développent sous
J'empire des mômes circonstances (I). »
John Baron, dans son ouvrage surlcs maladies tuberculeuses publié en I 81 9,
s'efforça de montrer que « les tubercules, à leur origine, sont de petits corps
vésiculaires, c'est-à-dire des hydatides contenant du fluide; que ces corps
éprouvent des transformations subséquentes, de la nature desquelles dépend
leur caractère tuberculeux... (2) » Qu'entend cet auteur par hydafide et tuber-
cule? Il ne définit ni l'un ni l'autre; mais il résulte clairement de la lecture
de son ouvrage que, pour lui, toutes les vésicules renfermant un liquide plus
ou moins transparent sont des hydatides : tels sont le cysticerque, l'hyda-
tide(mère des échinocoques), les vésicules choriales^ les kystes séreux, etc.,
et que par tubercules, il entend les produits non liquides renfermés dans un
kyste, quels que soient le volume du kyste et la nature des matières qu'il
renferme.
Enfin, en '1832, le docteur Kuhn a cherché à déterminer la part que les
hydatides (mères des échinocoques) prennent dans la production des tuber-
cules, et quoiqu'on lui attribue généralement l'opinion que le tubercule (pris
dans son acception ordinaire) doit son origine à des hydatides, c'est à la con-
clusion contraire qu'il est arrivé : « J'ai reconnu, dit-il, que sans être pour
quelque chose dans les affections tuberculeuses ordinaires, les acéphalocystes
pouvaient néanmoins déterminer la production d'un genre de tubercules tout
particulier (3). » Et plus loin il donne les caractères distinctifs de ce genre de
tubercules qui sont toujours enkystés, d'une couleur jaune foncé, renfermant
des débris de la pellicule de l'acéphalocyste, ayant une tendance à se durcir,
« tandis que les tubercules ordinaires finissent presque toujours par se ra-
mollir. » Ainsi donc Kuhn n'a point confondu le tubercule avec la matière
athéromateuse, il n'a point donné l'hydatide pour origine au premier de ces
produits pathologiques, il n'a fait qu'une confusion de mots.
D'un autre côté, ayant, après Laënnec, cherché à déterminer chez les ru-
minants le mode de génération des acéphalocystes et leur mode de destruc-
tion par l'envahissement de la matière tuberculeuse (athéromateuse), il a fait
connaître mieux qu'aucun autre la génération des hydatides par bourgeonne-
ment, et la production par le kyste de cette matière eoncrète qui refoule et
envahit l'hydatide, laquelle se ride, se plisse, perd son liquide, et finit même
par disparaître.
Malgré les différences essentielles qui existent entre la matière
athéromateuse et le tubercule, ces deux produits sont encore aujour-
(1) Dupuy, De l'affection tuberculeuse vulgairement appelée morve. Paris, 1817,
p. 2T1.
(2) Ouvr. cit., p. 286.
(3) Docteur Kuhn, médeciu à Niederbronn, Recherches sur les acéphalocystes et
sur la manière dont ces productions parasites peuvent donner lieu à des tubercules.
Strasbourg, 1832, p. 16.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 371
d'hui confondus par quelques observateurs; le l'ait suivant, qui, du
reste, est intéressant à plus d'un titre, en est la preuve.
Obs. III (Malherbe). — Hydatides du foie, alhérome, gangrène.
II s'agit d'un homme âgé de vingt-neuf ans, qui, ayant, fait une chute sur
un escalier six semaines avant son entrée à l'Hôtel-Dieu de Nantes, fut pris
de toux et d*oppression, et présenta, le jour de son entrée à l'hôpital (9 dé-
cembre -1856), des signes de pneumonie et de gangrène pulmoriaire ; il suc-
comba le 20 décembre.
A f autopsie, on trouva les lésions suivantes : Quelques tubercules ramollis
dans les poumons, gangrène pulmonaire à droite; abcès sous la pie-mère et
dans un hémisphère cérébral ; large abcès enkysté dans la région splénique;
abcès dans la rate, un autre avec gangrène dans un rein.
Il existe un kyste hydatique dans le lobe gauche du foie; sa paroi est cal-
caire en quelques points; à la face interne du kyste on voit « une couche
molle, jaunâtre, épaisse de 3 à 5 millimètres, de consistance de fromage, res-
semblante du pus concret ou à du tubercule jaune. Examinée au microscope,
je la trouve exclusivement constituée de granulations moléculaires et grais-
seuses, de rares cristaux de cholestérine, et surtout de corpuscules tuberculeux
types offrant tous les caractères donnés par les auteurs... pas la trace d'un
globule de pus. — Une quarantaine d'hydatides accolées à cette couche pul-
peuse, mais ne lui adhérant pas autrement que par contact, de la grosseur
d'une tête d'épingle jusqu'à celle d'une orange moyenne, les unes jaunâ-
tres, etc.. — Enfin ce fait est, je crois, unique jusqu'à présent, c'est la pré-
sence d'une couche de matière tuberculeuse intermédiaire au kyste fibreux
adventif et à la membrane propre des hydatides (1). »
CHAPITRE II.
CONSTITUTION CHIMIQUE DE LA TUMEUR HYDATIQUE ; PRODUITS ACCIDENTELS.
La connaissance de la composition chimique des membranes hyda-
tiques est sans importance pour nous ; il n'en est pas de même de
celle des liquides ou des matières qu'elles renferment.
Le liquide limpide des hydatides ne contient que des traces d'al-
bumine; il renferme en quantité assez considérable du chlorure de
sodium, dont les cristaux deviennent apparents au microscope lors-
qu'on laisse évaporer une goutte de liquide sur une lame de verre. Sa
(1) Docteur Malherbe, Gazette des hôpitaux, 1857, p. 130.
372 AFFECTIONS VERMIfJEUSES DES CAVITÉS SEKEUSLS
densité est de 1,008 à 1,01:3; il est neutre ou légèrement alcalin.
// ne se coagule pas pat' la chaleur ou pa?' les acides (1),
La matière athéromateuse est composée principalement de phos-
phate de chaux et d'une matière animale semblable à l'albumine;
elle contient aussi une petite quantité de carbonate de chaux, de la
cholestérine et d'autres matières grasses.
M. Berthelot, ayant fait l'examen des matières grasses renfer-
mées dans la substance puriforme d'un kyste hydatique de la rate (2) ,
obtint le résultat suivant:
" 100 parties de la substance contenue dans le kyste ont fourni :
Matière grasse totale 1,7
Cette matière renfermait :
Substances saponifiables 0,4
Cholestérine 0,9
Substance fétide particulière, non saponiGable, de
nature cireuse, soluble dans l'éther, presque inso-
luble dans l'alcoool 0,4
Principe colorant jaune qui a disparu pendant la sapo-
nification »
1.7
» D'après cette analyse, les matières grasses contenues dans le
kyste se rapprochent beaucoup de celles que renferme le pus, tant par
leur nature que par leur proportion. Ce qu'elles offrent de plus re-
marquable, c'est d'une part l'abondance de la cholestérine, d'autre
part la présence de la matière cireuse et fétide que j'ai signalée. »
(Berthelot.)
L'examen microscopique de cette même matière nous a montré
des granulations élémentaires et des particules amorphes, une énorme
quantité de lamelles de cholestérine, des crochets d'échinocoque.
L'abondance des cristaux de cholestérine était le fait le plus notable;
nous n'avons trouvé aucun globule de pus.
La présence de la cholestérine dans les kystes atheromateux est
probablement générale; nous avons trouvé cette substance dans trois
(1) Redi a fait, le premier, l'observation importante que le liquide d'un cysli-
cerque ne se coagulait pas par la chaleur; Dodart ensuite a fait la même remarque
pour des hydatides de l'homme. C'est Récamier qui le premier, je pense, a cherché
dans ce fait un signe diagnostique des tumeurs hydatiques.
(2) Kyste de la rate de l'homme observé par M. Duplay. (Voy. sect. iv, chap. iv.)
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 373
kystes hydatiques qui avaient subi la transformation athéromateuse
et nous l'avons vue signalée dans plusieurs cas où l'examen mi-
croscopique avait été fait.
On trouve encore dans les kystes hydatiques d'autres substances,
dont la présence est accidentelle. Ce sont : 1' ' hêmaloïdine , le sucre,
et quelques sels de l'urine.
Hêmaloïdine. — Toutes les tumeurs hydatiques dans lesquelles,
à notre connaissance, la présence de l'hématoïdine a été constatée,
appartenaient au foie :
I. Dans un kyste adhérent à cet organe, et qui avait subi la trans-
formation athéromateuse, M. Jones trouva des globules huileux,
des lamelles de cholestérine, des membranes hydatiques, des cro-
chets d'échinocoque et des cristaux d'hématoïdine. Cet observateur
ne fait point mention de l'existence de cristaux semblables dans des
kystes hydatiques qui, chez le même sujet, étaient situés dans d'au-
tres parties de la cavité abdominale (1).
II. Un kyste du foie observé par M. Leudet renfermait unehyda-
tide solitaire. Alasurfaceinternedu kyste existait un dépôt de matière
jaunâtre qui contenait des cristaux de cholestérine et de Yhèmatine
granuleuse (2).
III. Dans un kyste du foie également, le docteur Hyde Salter
trouva une matière rouge et cristallisée (hématoïdine) . Les cristaux
se trouvaient non-seulement dans le liquide qui entourait les hyda-
tides, mais encore à l'intérieur même de ces vésicules (3).
IV. MM. Robin et Mercier ont trouvé aussi des cristaux d'héma-
toïdine, et même une masse de la grosseur d'une noisette, dans un
kyste du foie. Dans ce cas, comme dans le précédent, les cristaux
existaient au dehors et dans la cavité de presque toutes les hydatides ;
il est vrai que celles-ci étaient ouvertes et affaissées. Plusieurs kystes
hydatiques existaient dans d'autres organes, mais aucun ne conte-
nait d'hématoïdine (4).
V. Dans un cas de kystes hydatiques multiples disséminés dans
(1) Voyez ci- après, obs. 161.
(2) Leudet, Bulletin Soc. anat., 1853, ann. xxvm, p. 185.
(3) Hyde Salter, Transact. ofpathol. Society. London, 1854, p. 304.
(4) Mém. de la Soc. de biologie, 1855, p. 117. Voy. ci-après, obs. 81.
37ft AFFECTIONS VERMINEUSK8 DES CAVITÉS SÉREUSES
plusieurs organes que nous avons observés, M. Charcot et moi, un
kyste situé dans le foie offrait de nombreux cristaux rhomboïdaux
d'hématoïdine. Ces cristaux existaient dans le liquide du kyste évacué
pendant la vie du malade. Chez tous les échinocoques renfermés dans
les hydatides évacuées en même temps , les corpuscules calcaires
offraient une coloration d'un rouge 1res intense, tout à fait analogue
à celle des cristaux d'hématoïdine ; ces corpuscules n'avaient éprouvé
d'ailleurs, dans leur forme ou dans leurs autres caractères, aucune
modification appréciable. Il y avait encore des cristaux d'héma-
toïdine sous la paroi de quelques hydatides intactes, mais aucun des
kystes situés dans les autres organes n'en renfermait (1).
Sucre. — La présence du sucre en grande quantité a été con-
statée dans le liquide d'un kyste situé à la région épigastrique et
probablement dans le foie. Ce liquide avait été extrait par une ponc-
tion exploratrice. Le kyste ayant été ouvert plus tard par des ap-
plications caustiques, le liquide qui s'écoula alors ne contenait plus
de sucre. MM. Ch. Bernard et Axenfeld, qui rapportent ce fait, disent
que M. Cl. Bernard avait déjà constaté l'existence du sucre dans le
liquide d'hydatides du foie, chez le mouton (2).
Sels de l'urine. — M. H. Barker rapporte avoir trouvé des cris-
taux d'acide urique, d'oxalate de chaux et de phosphate de soude
à l'intérieur de vésicules hydatiques rendues avec les urines par
un malade soumis à son observation. M. Quekett, ayant examiné
plusieurs de ces vésicules intactes, dit : » Dans la plus grande hyda-
tide, la couche la plus interne était couverte d'une grande quantité de
petits cristaux prismatiques ayant l'apparence générale du triple
phosphate. Dans l'une des plus grandes, des cristaux semblables
étaient adhérents à la surface externe ; les cristaux se voyaient mieux
dans les grandes hydatides nouvellement ouvertes que dans les pe-
tites, qui souvent n'en contenaient pas. En plaçant une portion de la
membrane interne entre deux lames de verre, pour examiner les cris-
taux en place, ceux-ci se détachaient si facilement, qu'il fallait de
grandes précautions pour les conserver dans leur situation... La pré-
sence de ces cristaux à l'intérieur des hydatides me paraît s'expli-
(1) Voyez ci-après, obs. 105.
(2) Ch. Bernard et Axenfeld, Présence du sucre dans le liquide d'un kyste hyda-
tique du foie {Comptes rendus Soc. biologie, 2e série, 1856, t. III, p. 90).
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 375
quer par la pénétration de l'urine à travers les parois par endos-
mose (1). »
Cette explication est confirmée par les faits rapportés précédem-
ment. Un cas observé par Fréteau prouve, d'ailleurs, que la matière
colorante du sang passe très facilement à travers la paroi des hyda-
tides; le médecin de Nantes, à la suite d'une observation que nous
rapporterons ci-après, ajoute: " Le plus grand nombre des hydatides
étaient du plus beau rouge... ; la plus grande partie des vésicules
rouges étaient de la grosseur d'un grain de raisin, quelques-unes de
la grosseur d'une lentille, un certain nombre de la grosseur d'un
grain de chènevis... Tous les kystes (hydatides) nous ont paru telle-
ment poreux, que les vésicules colorées en rouge, laissées pendant
quelque temps dans l'eau froide, y déposaient peu à peu leur matière
colorante (2). »
M. Cruveilhier a rendu la perméabilité' des hydatides très évi-
dente, en plongeant ces vésicules dans de l'encre. Le liquide qu'elles
contenaient ne tardait pas à devenir violet et noir (3).
CHAPITRE III.
ORGANES ENVAHIS PAR LES HYDATIDES; ALTÉRATIONS CONSÉCUTIVES
DE CES ORGANES.
Les hydatides se rencontrent chez l'homme dans tous les organes
parenchymateux, mais avec un degré très différent de fréquence: le
foie, à lui seul, offre plus de cas de cette affection que tous les autres
organes ensemble. Souvent lorsque des hydatides existent dans
quelque partie éloignée, il s'en rencontre en même temps dans le
foie ; le poumon vient en seconde ligne, sous le rapport delà fréquence
des hydatides; elles sont encore assez fréquentes dans la rate, les
reins, l'épiploon, le cerveau; on en possède quelques exemples dans
le canal rachidien, dans l'œil et même dans les os; il n'est guère
plus commun d'en rencontrer dans les membres et dans les parois
(i) T. Herbert Barker, On cystic Entozoa in Ihe human kidney. Londou, 1856,
p. 9 (voy. ci-après, obs. 192).
(2) Voyez ci-après, obs. 34.
(3) Dictionnaire de méd. et de chirurgie pratiques, t. I, p. 199, art. Acépha-
locystes.
370 AFFECTIONS VfcltMINEUSES DES CAVITÉS SÉltr.USLS
de la poitrine et de l'abdomen; le testicule, l'ovaire, la matrice et
la mamelle en sont fort rarement atteints (1).
Le kyste hydatique est assez souvent solitaire ; cependant il n'est
pas rare d'en voir deux, trois ou quatre existant dans le même
organe ou clans des régions différentes; leur nombre dépasse rare-
ment dix ou douze, quoique l'on en ait quelquefois vu plus de
cinquante et jusqu'à un millier (2).
Les tissus ou les organes au sein desquels se développent les
kystes hydatiques peuvent rester longtemps sans éprouver d'alté-
ration appréciable. Souvent ils s'atrophient plus ou moins; ils dispa-
(1) Voici approximativement le relevé des cas d'hydalides dont il est fait men-
tion dans cet ouvrage :
Foie. — Kystes faisant saillie dans le thorax 4 cas.
— s'ouvrant dans la plèvre 9
— — à la base du poumon ou dans les bronches.. . 21
— — dans les conduits biliaires 8?
— — dans le péritoine 8
— — dans le tube digestif 22
Kystes dans d'autres conditions 94
Corps thyroïde 2 cas?.
Parois du tronc 12
Poumons 40 cas.
Cœur 10
Artèreet veines pulmonaires. 2
Cerveau, cervelet, etc 20?
Moelle épinière 3?
Corps pituitaire 2
Reins 30
Capsule surrénale 1
Petit bassin 26
Globe de l'œil ... 3?
Orbite 9?
Face 2
Bouche 2
Col 5 ?
Bras (parties molles) 2
Avant-bras et main (parties
molles) 0
Cuisse (parties molles) 6
Jambe et pied (parties molles) 0
Système osseux 17
Testicule et scrotum 2?
Vésicule séminale 1
Ovaire 4?
Matrice (parois) 1
Placenta 1?
Sein 7 ?
Ce relevé est fort incomplet pour ce qui concerne le foie, car parmi les faits qui
se trouvent dans les recueils de médecine, nous n'avons mentionné que ceux qui
nous offraient quelque intérêt au point de vue des lésions concomitantes ou du trai-
tement, ou par quelque particularité. Il est plus complet pour l'encéphale, les pou-
mons, le cœur, les vaisseaux, les reins, les organes génitaux, les membres et les os.
Nous avons, en effet, cité tous les cas dont nous avons eu connaissance; mais, dans
un certain nombre de ces cas, il peut y avoir des doutes sur la détermination de la
nature des vésicules observées, comme aussi sur le siège primitif de ces vésicules.
(2) Cruveilhier, Anatomie pathologique du corps humain, livr. XIX, pi. 1 et 2.
NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDATIDES. 377
missent même quelquefois entièrement par les progrès incessants du
corps étranger qui les comprime. Ils peuvent éprouver aussi dans
leur structure des changements considérables, au moins pour ce qui
est de la portion en rapport immédiat avec l'hydatide; elle se con-
dense; plusieurs de ses éléments disparaissent, et elle subit dans sa
constitution une véritable transformation. Les organes voisins con-
tractent des adhérences avec les parties qui contiennent le kyste
et participent quelquefois à ces changements.
La partie de l'organe qui n'est pas en rapport immédiat avec le
kyste reste généralement normale; parfois, peut-être, elle acquiert
un plus grand développement. Dans plusieurs cas d'hydatides volu-
mineuses du foie, nous avons vu signalé un état granuleux, ou plutôt
granulé, du parenchyme resté sain. Évidemment, il n'était pas ques-
tion de cirrhose, mais probablement d'une hypertrophie de certains
éléments qui exagérait l'aspect grenu et normal du tissu hépatique.
Ne se produirait-il point dans les parties qui échappent à la compres-
sion du kyste une hypertrophie analogue à celle qui se produit dans
un rein, lorsque son congénère se détruit 1
Dans certains cas, à la suite de quelque violence extérieure ou
spontanément, l'inflammation s'empare des parties voisines du
kyste ; il s'y forme des collections purulentes diffuses ou disséminées
et ordinairement d'un petit volume. 11 est douteux pour nous que la
paroi interne de la poche hydatique devienne spontanément le siège
d'une suppuration, opinion que nous avons déjà exprimée.
On a vu la suppuration s'établir dans les veines de la partie
affectée, et l'inflammation se propagera des organes éloignés ; mais
ce fait n'arrive peut-être que consécutivement à la communication
accidentelle de ces vaisseaux avec la cavité du kyste. (Voy.HYDATiDES
du foie).
Dans d'autres cas, les parties anciennement ou nouvellement en
rapport avec la poche hydatique se détruisent et s'ulcèrent, ainsi que
la paroi correspondante de cette poche, qui se perfore et livre pas-
sage aux matières qu'elle renferme; alors le kyste hydatique s'ouvre
directement au dehors ou dans un organe qui communique plus ou
moins directement avec l'extérieur, comme les bronches, le tube di-
gestif, les canaux biliaires, les voies urinaires, ou bien dans une ca-
vité close comme la plèvre, le péritoine et même dans les veines.
La tumeur se met ainsi quelquefois en communication avec un or-
gane éloigné et sans connexion avec celui qui contient les hydatides :
les kystes du foie, par exemple, après avoir perforé le diaphragme
378 AFFECTIONS VERMINEU5ES DES CAVITÉS SÉREUSES
et le tissu pulmonaire, s'ouvrent quelquefois dans les bronches, et
par cette voie leur contenu s'échappe au dehors.
Ce n'est pas seulement sur les parties molles que les hydatides
exercent leur influence destructive ; lorsqu'elles sont en rapport avec
un os, elles peuvent en déterminer la résorption et la perforation:
M. Andral rapporte le cas d'un malade chez lequel des acéphalo-
cystes, logées dans la fosse sous-scapulaire, s'étaient fait jour dans
la fosse sous-épineuse, à travers l'omoplate dont elles avaient opéré
la perforation (1). Nous rapporterons plusieurs autres exemples ana-
logues.
Une communication peut aussi s'établir entre deux kystes hyda-
tiques par la perforation de l'un et de l'autre. Les cas de tumeurs
hydatiques contenant plusieurs loges séparées par un diaphragme in-
complet ne sont pas très rares. L'observation suivante suffit à prouver
que ces loges peuvent être produites par la réunion de plusieurs
kystes, dont les parois se sont perforées à leur point de contact ;
nous n'en donnerons que les circonstances qui ont un rapport plus
ou moins direct avec le sujet dont nous parlons.
Obs. IV (Neucourt). i — Hydatides du poumon et du foie.
A l'autopsie d'une femme morte de pneumonie à l'âge de soixante ans, on
trouva, à la base du poumon droit, un kyste renfermant une hydatide solitaire.
Ce kyste avait environ 15 centimètres d'avant en arrière, et 5 dans sa plus
grande largeur. Il paraissait constitué en partie par la base des poumons,
en sorte qu'il était difficile dédire s'il était véritablement creusé dans l'épais-
seur de cet organe, ou bien s'il lui était simplement accolé.
Toute la portion droite du foie était remplacée par des kystes, au nombre de
dix ou douze ; l'un avait le double du volume d'un rein. « Le diaphragme a
disparu dans la partie occupée par les kystes, de sorte que celui des poumons
et ceux de l'abdomen se touchent par leur face externe ; à la face inférieure
du foie, il y en a un gros comme le poing et étranglé à son milieu ; les autres
sont gros comme une pomme, une noix, une noisette ; quatre ou cinq de ces
derniers sont réunis entre eux et présentent un groupe de bosselures... — La
face interne de ces kystes est rugueuse, jaunâtre, remplie d'anfracluosités ;
plusieurs d'entre eux communiquent ensemble... — On distingue au milieu de
ces kystes une petite poche remplie d'une bile verte, qui paraît être la vésicule
biliaire (2). »
(1) Voyez ci-après, obs. 223.
(2) Neucourt, Bulletin Soc. anat., 1842, p. 235, et Livois, Thèse sur les Échi-
nocoques, p, 107.
NATURELLES OU ADVENTlVIiS. — HÏDATIDES. 379
CHAPITRE IV.
CONDITIONS DE L'EXISTENCE OU DE LA FRÉQUENCE DES HYDATIDES : AGE,
PROFESSIONS, RÉGIME ; CAUSES EXTERNES ; DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE.
Les hydatides existent principalement à l'âge moyen de la vie;
c'est de vingt à quarante ans que les cas en sont les plus communs.
Elles sont presque inconnues chez les petits enfants : M. Cruveilhier
croit avoir vu un kyste de cette nature, mais qui s'était vidé dans
l'intestin, chez un enfant mort, âgé de douzejours(l). Bodson a trouvé
des hydatides dans le foie chez une fille de quatre ans (2). Les vieil-
lards en sont aussi fort rarement atteints: M. Monod en a vu un cas
chezunhomme âgé de soixanteet dix-sept ans (3); le docteur Charvot,
dans une phalange du doigt indicateur, chez un homme âgé de quatre-
vingt-un ans.
Les hydatides ne paraissent point avoir de préférence pour l'un ou
l'autre sexe.
On ignore si les professions ont une influence sur la fréquence des
vers vésiculaires ; toutefois ils paraissent très rares chez les marins :
« Lorsque j'étais médecin au Dreadnought (4), dit M. Budd, j'ai
trouvé une tumeur contenant des hydatides dans le foie d'un nègre
de la côte occidentale d'Afrique... ; mais on ne connaît aucun autre
cas de cette affection qui ait été reçu dans cet établissement. M. Busk,
qui était resté dans l'hôpital presque depuis sa fondation, m'a dit
qu'il n'en avait vu aucun autre. Il est possible que le régime des ma-
rins, qui consiste pour la plus grande partie en salaison, soit con-
traire au développement de cette maladie (5). »
Suivant le même observateur, les pauvres en Angleterre paraî-
traient être plus fréquemment atteints de ces vers que les riches, cir-
(1) « J'ajoute une telle importance, dit M. Cruveilhier, à la structure des parois
du kyste, comme caractère d'un kyste adveutif acéphalocyste, qu'appelé à prononcer
sur la nature d'un kyste hépatique à parois denses, fibrineuses, cartilagineuses et
osseuses, observé sur le corps d'un enfant nouveau-né, âgé de douze jours, kyste
hépatique situé à la surface convexe du foie et communiquant avec le côlon ascen-
dant, je n'ai pas hésité à le considérer comme le kyste adventif d'une acéphalo-
cyste dont le contenu s'était complètement vidé dans l'intestin. » (Cruveilhier,
XXXVIIe livr., p. 6 du texte de la pi. 4, cité dans Anal, pathol., t. III, p. 557).
(2) Bodson, Bulletin se. médic, t. V, p. 75.
(3) Monod, Bulletin Soc. anat., et Cruveilhier, art. Acéphalocystes, p. 216.
(4) Vaisseau-hôpital sur la Tamise pour le service des marins.
(5) Budd, ouvr. cit., p. 440.
380 AFFECTIONS VEhMINEDSES DES CAVITÉS SÉREUSES
constance qu'il croit pouvoir expliquer par ce fait, que les pauvres
habitent des maisons basses el humides et se nourrissent en plus
grande proportion de végétaux. On sait que les hydatides sont très com-
munes chez les moutons et chez les bœufs qui paissent dans des prai-
ries marécageuses, et surtout pendant les années pluvieuses. L'in-
fluence du régime sur la production de ces vers vésiculaires est donc
assez manifeste ; toutefois son mode d'action est encore couvert d'une
profonde obscurité.
L'animalité des hydatides n'étant plus aujourd'hui contestée,
leur origine dans une génération spontanée n'étant pas admissible, la
cause de leur existence ne peut être attribuée à quelque violence ex-
térieure, ni à l'état particulier d'un organe ou de l'économie; il
existe cependant beaucoup de faits dans lesquels l'apparition des
hydatides a été précédée d'une contusion, d'une commotion, d'un
effort. Dans quelques-uns deces cas, la violence extérieure, ayant dé-
terminé quelque lésion clans la tumeur hydatique ou dans l'organe
qui la renfermait, n'a fait que révéler son existence auparavant ina-
perçue ; ou bien encore un effort musculaire a pu chasser le kyste de
la place où il s'était développe et l'a rendu apparent par le fait de
son déplacement (1). C'est probablement ainsi que les choses se sont
passées dans un cas rapporté par Dupuytren :
« Un homme, ayant été obligé de faire un effort plus grand que
de coutume, sentit une vive douleur dans le bras gauche, vis-à-vis du
corps du biceps ; il y porta la main, et y découvrit pour la première
fois une tumeur... :' elle avait le volume d'un petit œuf de poule;
elle était sans chaleur, sans changement de couleur à la peau, immo-
bile, et cependant la flexion de l'avant-bras sur le bras produisait
sur elle un mouvement d'affaissement. Au dire du malade, cette tu-
meur datait de huit ou dix jours au plus, mais elle était assurément
d'une époque beaucoup plus ancienne. » Dupuytren, ayant fait l'in-
cision de cette tumeur, en retira une hydatide musculaire (2).
Envisageant les causes de l'apparition des hydatides à un autre
point de vue, on peut se demander pourquoi ces entozoaires siégent-
ils ordinairement dans les organes abdominaux et thoraciques, fré-
(1) Lorsquej'étais élève dans le service de Sanson, il vint à l'hôpital une femme
chez laquelle une tumeur était apparue tout à coup à la vulve par suite d'un effort.
Sanson, ayant reconnu que cette tumeur n'était point une hernie, pensa qu'elle
pouvait être un kyste déplacé, et par ce fait devenu apparent. L'opération vériOa
le diagnostic : c'était un kyste séreux.
(2) Dupuytren, Leçons orales, t. III, p. 358.
NATÙUELLeS OU ADVENT1VËS. — HYDATIDES. 381
quence qui chez les moutons et les bœufs est extrêmement prédomi-
nante. Il se présente de ce fait une explication plausible, s'il est vrai
que les hydatides doivent leur origine à la transformation ou au dé-
veloppement d'un embryon de ténia. Cet embryon, introduit dans le
tube digestif avec les aliments ou les boissons, et ne pouvant vivre
ou se développer dans l'intestin avant d'avoir subi certaines trans-
formations, quitte cet organe en le perforant, et gagne les parties voi-
sines, soit directement, soit par l'intermédiaire des vaisseaux san-
guins, lesquels se rendent dans le foie ou dans les poumons.
On ne possède qu'un petit nombre de documents sur la fréquence
ou sur la rareté des hydatides, suivant les contrées ou suivant les
localités :
Inde. — Au rapport de M. BudJ, leur existence est à peine men-
tionnée par les médecins qui ont écrit sur les maladies de l'Inde (1).
Egypte. — M. Bilharz a vu trois cas d'hydatides du foie en
Egypte (2).
Amérique. — Elles sont très rares aux États-Unis. Ce fait m'a
été confirmé par M. le docteur Shattuck. M. Leidy, dans le Synopsis
des entozoaires qu'il a observés, ne fait mention que de deux cas
d'hydatides : 1° l'un concerne un kyste trouvé dans les muscles du
côté droit de l'abdomen, chez le fils d'un marin anglais; 2° l'autre
deux kystes trouvés dans le foie chez un Français; il ajoute qu'il
n'a jamais vu d'hydatides chez un Anglo-Américain (3). Il n'y en
a point de mentionnées dans le Catalogue du musée de Boston.
France. — Les hydatides, d'après les recherches de M. Leudet,
sont plus communes à Rouen qu'à Paris. « Une étude attentive des
vers vésiculaires chez l'homme, dit notre ancien collègue et ami, nous
a permis de nous convaincre, dans l'année 1855, de la fréquence de
ces tumeurs hydatiques à Rouen , et de leur existence sans symptômes
graves, même appréciables des malades. — Sur près de deux cents
ouvertures de cadavres des malades morts dans le service de clinique
chirurgicale placé sous la direction de mon père, et de celui de cli-
nique médicale qui m'est confié, j'ai rencontré six fois des kystes
hydatiques du foie, dont quatre avaient subi une atrophie spontanée.
— Pendant six années consécutives d'internat dans les hôpitaux de
Paris, nous avons pratiqué un grand nombre d'ouvertures de cada-
(1) Budd, ouvr. cit., p. 440.
(2) Bilharz, Mém. cit., p. 54.
(3) Leidy, Synops. cit., n° 43,
382 AFFECTIONS VEllMINEUSKS DBS CAVITÉS SÉREUSES
vres, sans néanmoins, rencontrer aussi fréquemment des kystes hy-
datiques que nous l'avons fait à Rouen dans l'année 1855. — Le ténia
ne nous a pas paru plus fréquent à Rouen qu'à Paris ; ainsi, en
1855, nous n'avons vu que deux cas de Tœnia armât a, et pas un
bothriocéphale (1). »
Allemagne. — D'après les recherches nécroscopiques de M. Vir-
chow, les échinocoques sont très communs à Wûrzburg aussi bien
qu'à Berlin (2).
En Islande, l'affection hydatique règne d'une manière endé-
mique. Le docteur Schleisner, qui a publié une topographie médicale
de cette contrée, a, l'un des premiers, fait connaître ce fait (3). D'après
des informations données à M. de Siebokl parle professeur Eschricht
(de Copenhague), le sixième de la population islandaise est atteint
de cette maladie (4). Le docteur Schleisner dit qu'elle est plus com-
mune à l'intérieur de l'île que sur le littoral.
Un chirurgien de marine, M. Guérault, a donné dernièrement
une nouvelle relation de cette endémie: » Les statistiques dressées
par ordre du gouvernement danois, dit ce chirurgien, et que le mé-
decin général de l'Islande transmet chaque année à Copenhague, éta-
blissent que cette maladie attaque actuellement le cinquième de la
population islandaise... L'affection hydatique islandaise [Livrar-
veiki) occupe presque toujours le foie, comme le témoigne le nom
qu'elle a reçu dans la langue du pays ; toutefois on y a trouvé des
hydatides dans les poumons et dans les reins, au-dessus comme au-
dessous du diaphragme ; on en a trouvé aussi sous la peau et même
dans la tunique vaginale (5). »
Il existerait des hydatides jusque dans la peau, suivant ce que dit
M. de Siebold. Le savant zoologiste ajoute que ce parasite est un
cysticerque, et qu'il doit son origine au Tœnia serrata; mais il est
aujourd'hui reconnu qu'il appartient aux échinocoques.
L'affection hydatique est peut-être plus commune en Islande au-
(1) E. Leudet, Comptes rendus Soc. biologie. Paris, année 1856, t. III, 2* série,
p. 59.
(2) R. Virchow, Notices helminthologiques citées.
(3) Schleisner, Forsôg til en nosographie of Island. Kjôbenhavn, 1849 (extrait
dans Janus, Dem central Magazin fur Geschichte... der Medizin, 1851, vol. I,
p. 300, cité par de Siebold).
(4) Cari. Theodor von Siebold, Ueber die Band und Blasenwurmer. Leipzig,
1854, p. 112.
(5) H. Guérault, Note sur la maladie hydatique du foie en Islande, et l'emploi de
V éleclro-punclure à la destruction des acéphalocystes (Société de chirurgie, 8 avril
1857, dans Gazette des hôpitaux, ann. XXX, p. 184).
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 383
jourd'hui qu'au siècle dernier, car il n'en est fait nulle mention
dans un ouvrage assez considérable publié dans ce siècle, sur l'état
physique et moral du peuple islandais, sur l'histoire naturelle du
pays, etc. (1).
CHAPITRE V.
MARCHE, DURÉE, TERMINAISON DES TUMEURS HYDATIQUES ; SYMPTÔMES,
SIGNES, DIAGNOSTIC ET PRONOSTIC.
§ I. — Les tumeurs hydatiques se développent ordinairement avec
une grande lenteur; leur durée est presque toujours de plusieurs an-
nées (2); il n'est pas très rare d'en observer dont les premiers sym-
(1) Voyage en Islande, fait par ordre de S. M. danoise, traduit du danois par
Gauthier de Lapeyronie. Paris, 1802.
Dans cet ouvrage, les maladies propres à chaque district sont indiquées avec soin
et souvent avec des détails suffisants pour qu'on puisse les reconnaître aisément.
Aucune maladie, aucune description ne se rapporte à l'affection hydatique du foie,
qui n'aurait pas été oubliée, vu sa gravité, si elle avait été alors aussi commune
qu'aujourd'hui. Toutefois, en parlant du district de Kiosar, l'auteur dit : « Le mal
hypochondriaque {malum hypochondriacum) y est très commun. Ne sachant com-
ment caractériser cette maladie, il lui donne le nom générique de briostveike
(maladie de poitrine). » (Ouvr. cit., t. [, p. 42.) — Le nom de mal hypochondriaque
donné par l'auteur pourrait bien se rapporter aux hydatides du foie; mais il ne
rend pas celui de briostveike, et celui-ci diffère beaucoup pour le sens de celui de
livrarveiki, lequel serait, d'après M. Guérault, le nom islandais de la maladie qui
nous occupe. Ces diverses considérations nous feraient croire que l'affection hyda-
tique n'était pas très commune en Islande, au siècle dernier.
L'auteur du Voyage en Islande dit aussi que les vers du corps humain sont moins
communs en ce pays qu'ailleurs (t. IV, p. 183).
(2) D'après vingt-quatre cas, dont les détails sont assez précis pour qu'on puisse
établir des données positives sur l'âge des tumeurs observées, M. Barrier a dressé le
tableau suivant :
Durée, Nombre de cas.
De moins de 2 ans 3
De 2 à 4 ans 8
De 4à6 4
De 6à8 3
De 8 2
De 15 1
De 18 1
De plus de 20 1
De plus de 30 1
Total 24
(F. M. Barrier, De la tumeur hydatique du foie. Thèse, Paris, 1840, p. 36.)
38/i AFFECTIONS VEUMiNEltSÉS DES CAVITÉS SÉREUSES
ptômes remontent à dix et quinze ans. Mais on en a vu de beaucoup
plus anciennes.
Nous rapporterons ailleurs le cas d'une femme chez laquelle une
tumeur datant d'environ trente ans s'ouvrit enfin dans l'intestin et
au dehors, et donna issue à des hydatides (1). Le docteur Thompson
a rapporté un cas semblable :
Obs. V (Thompson).
« Une femme morte à l'âge de cinquante-trois ans, d'une affection de
poitrine, portait depuis trente ans des hydatides à la région hépatique; ces
hydatides étaient apparues à la suite d'un coup reçu par la malade sur l'ab-
domen. Vingt-neuf ans avant sa mort, et à différentes époques depuis, elle
avait rendu par une ouverture qui s'établissait près de l'ombilic un grand
nombre de ces corps, accompagnés d'un liquide particulier qui offrait parfois
le caractère purulent. A l'autopsie, on trouva près de l'ombilic, deux tu-
meurs communiquant avec un conduit plein d'une matière mêlée de chaux,
et qui allait jusqu'à la partie supérieure du foie, avec lequel il paraissait avoir
autrefois communiqué (2). »
Le Journal médico- chirurgical d' Edimbourg rapporte le cas
d'une femme morte à l'âge de soixante et treize ans, dans le foie de
laquelle on trouva deux kystes complètement osseux. Ils contenaient
une matière gélatineuse épaisse et beaucoup d'hydatides. Il parut
probable, d'après les symptômes, que cette femme avait eu ces tu-
meurs dès l'âge de huit ans (3).
Dans le cas suivant, la tumeur hydatique datait de quarante-
trois ans, et cependant les hydatides étaient encore parfaitement
intactes.
Obs. VI (Reynal). — Hydatides de la face.
« La femme d'un berger portait à la partie latérale gauche du cou une tu-
meur énorme qui s'étendait jusque sur le tiers externe de la face; du volume
de la tête d'un enfant, presque indolente, sans aucun signe d'inflammation,
cette tumeur était le siège d'une fluctuation manifeste.
» La malade, ayant alors soixante ans, la portait depuis l'âge de dix-sept
ans, époque à laquelle elle avait commencé à se manifester sous un très petit
volume. On se décida à en faire l'ouverture dans toute son étendue, et aussitôt
il s'en échappa un flot d'hydatides dont le poids devait équivaloir au moins à
(1) Voyez Hydat. ouvertes dans l'intestin, observ. csxix.
(2) Thompson, Gaz.méd. Paris, 1844, et Cadet de Gassicourt, Thèse infrà cit.
(3) Edinburgh med. and surg. Journ., p. 286, octobre 1835, cité par Budd.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDAT1DES. 385
deux livres. Ces hydatides étaient parfaitement sphériques et avaient une teinte
opaline nacrée. Elles étaient enduites d'une humeur tellement visqueuse, qu'on
ne pouvait en saisir une entre deux doigts. Leur grosseur variait depuis celle
d'un petit pois jusqu'à celle d'un œuf de pigeon, et elles n'avaient contracté au-
cune adhérence entre elles, ni avec les parties voisines (1). »
§ II. — - Située dans un organe essentiel à la vie et qui ne peut se
déplacer ou se laisser distendre, la tumeur hydatique occasionne la
mort avant qu'elle ait acquis un grand volume ; mais lorsqu'elle se
développe dans d'autres conditions, elle ne porte point une atteinte
immédiate à l'existence. Dans ce cas, elle peut rester longtemps sans
être perçue, et devenir considérable avant de produire une gêne no-
table dans les fonctions, soit que les organes cèdent peu à peu à sa
pression et se déplacent, soit que, à raison de la lenteur du déve-
loppement de la tumeur, ils s'habituent en quelque sorte à sa pré-
sence.
Lorsque la tumeur, ayant acquis un certain volume, variable sui-
vant les cas, comprime un organe dans lequel circulent les liquides
de l'économie ou les substances alimentaires, comme les canaux uri-
naires, le tube digestif, des accidents graves et la mort même sur-
viennent par l'obstacle qu'elle apporte au cours naturel de ces liquides
ou de ces matières. Si la fonction de l'organe est nécessaire à la vie
de l'individu, à moins que cet organe ne puisse être suppléé par un
autre, comme il arrive pour le rein, par exemple, la santé générale
s'altère, le malade maigrit et tombe en consomption, expression qui
s'applique ici avec justesse. La fièvre, la diarrhée, les sueurs colli-
quatives surviennent, et la mort arrive sans qu'on puisse l'attribuef
à une autre cause que l'imperfection, l'insuffisance ou l'abolition
d'une fonction nécessaire. Dans d'autres cas, qui sont sans doute
les plus fréquents, avant que la consomption ait fait assez de pro-
grès pour amener la mort, une affection intercurrente, la pneumonie
plus souvent qu'aucune autre, emporte le malade.
§ III. — Le kyste hydatique n'est pas douloureux par lui-même ; il
n'est pas rare de rencontrer, à l'autopsie de personnes mortes d'une
maladie quelconque, des kystes de ce genre dont elles ne s'étaient
jamais plaintes. Il occasionne, lorsqu'il a acquis un certain volume,
un sentiment de distension, de plénitude, de gêne, de pesanteur
(1) Reynal, Bull des se. méd. de la Soc. du départ, de VEure, iilillet 1809, êi
Hipp. Cloquet, Faune ci[., t. I, p. 178;
DavAine. -5
386 AFFECTIONS VERMlNîiUSES DliS CAVITÉS SÉÈEUSliS
plutôt que de véritable douleur. 11 n'en est plus de même lorsque
L'inflammation ou la suppuration envahissent les parties voisines ;
alors surviennent des douleurs que la pression ou les mouvements
exaspèrent, des frissons, la lièvre, et tous les symptômes et les con-
séquences d'une suppuration intérieure.
L'ouverture de la tumeur dans une grande cavité séreuse y dé-
termine une inflammation instantanée et des plus graves; dans les
vaisseaux, suivant que la communication est large ou étroite et que
les matières du kyste s'y introduisent en plus ou moins grande
quantité, elle produit des désordres plus ou moins graves, mais qui
n'ont pas été suffisamment étudiés : tels sont sans doute la phlé-
bite, l'infection purulente, lapneumonie, et probablement encore l'in-
flammation des membranes séreuses, l'érysipèle, l'ictère, etc., ou
bien, dans certains cas, elle frappe de mort subite (voy. sect. n, et
sect. îv, chap. III). L'ouverture dans les cavités muqueuses offre une
voie d'élimination aux matières du kyste, qui assez souvent se vide
peu à peu et marche vers la guérison sans accident.
§ IV. — L'existence d'une tumeur dans une région quelconque,
les phénomènes de la compression d'un organe situé dans la même
région, l'évacuation par les voies naturelles ou par une ouverture
accidentelle de vésicules ou de fragments d'hulatides, sont les
symptômes ordinaires des affections causées par ces entozoaires.
Dans les premiers temps de leur développement, le diagnostic des
tumeurs hydatiquçs est en général fort difficile ou impossible; plus
tard, les signes qui permettent de les reconnaître deviennent plus
manifestes ; ils diffèrent : 1° suivant que le kyste est intact ; 2" sui-
vant qu'il s'est ouvert.
1° On aura lieu de croire qu'une tumeur est formée par des hyda-
tides, lorsque, existant depuis longtemps, développée lentement et
ayant acquis un grand volume, elle n'a occasionné ni douleurs, ni
fièvre, ni dépérissement dansl'économie. On considérera, en outre, que
la tumeur hydatique est ordinairement globuleuse, régulière, élas-
tique; qu'elle donne un son mat à la percussion, et que souvent ou
peut y sentir delà fluctuation. Quelquefois elle est le siège d'un fré-
missement parti 'ulier, qui peut être regardé comme un signe patho-
gnomonique.
Le frémissement hydatique a été découvert (1) et bien étudié par
(lj Lt découverte du frémissement hydatique appartient entièrement à
NATURELLES OU ADVENT1VES. -*- HYDATIDIiS. 387
M. Briançon, qui a compris toute l'importance de ce phénomène pour
le diagnostic:
" J'espère, dit ce médecin, que désormais ces difficultés (dans le
diagnostic) n'existeront plus ou qu'elles ne se présenteront que dans
des cas fort rares, si l'on a égard aux signes que fournissent la per-
cussion seule, et la percussion et l'auscultation réunies. Lorsqu'on
applique une main sur un kyste contenant des acéphalocystes, de
manière à l'embrasser le plus exactement possible, en exerçant une
pression légère, et qu'avec la main opposée on donne un coup sec et
rapide sur cette tumeur, on sent un frémissement analogue à celui
que ferait éprouver un corps en vibration : c'est le frémissement
hyJatique dont j'ai parlé dans le commencement de ce travail. Si
l'on réunit l'auscultation à la percussion, on entend des vibrations
plus ou moins graves, semblables à celles que produit une corde de
basse (1). »
M. Piorry en donne la description suivante : « Si l'on tient une
montre à répétition de telle sorte qu'elle repose par son boîtier sur la
paume de la main gauche, et si alors on percute légèrement sur le
verre avec les doigts de la main droite, on éprouve une sensation de
vibration due aux oscillations du timbre ; c'est précisément la même
impression que perçoit celui qui percute des hydatides renfermées
M. Briiiuçoi), qui, dans sa thèse, fit de ce phénomène une élude approfondie. C'est
à tort qu'on l'attribue à M. Piorry. Cet auteur dit, en effet, dans la première édition
du traité de la percussion médiate : « Ce malade, sur lequel M. Briauçon a trouvé,
le premier, le bruit dont il s'agit, était considéré par M. Récamier comme atteint
d'hydaliiles; malheureusement, il sortit de l'hôpital sans qu'on ait pu vérifier le
diagnostic. — Un autre malade, qui se trouvait aussi à la clinique de M. Récamier,
présentait le même bruit accompagné de la même sensation. » (P.-A. Piorry, De la
percussion médiate, et des signes obtenus à l'aide de ce nouveau moyen d'exploration.
Paris, 1828, p. 138). Chez ce dernier malade, la tumeur fut ouverte par la potasse
caustique; la sortie des hydatides donna la confirmation du diagnostic, et fit recon-
nailre l'importance du phénomène nouvellement observé.
Ce n'est pas, cependant, que le frémissement hydatique fût resté jusqu'alors
tout à fait inobservé. Il avait été signalé au commencementdusièclc. On irouve dans
une observation de blatin (1801), relative à une masse d'hydalides située dans l'ab-
domen, le passage suivant : « La percussion lui faisait éprouver un mouvement de
totalité avec tremblotement semblable à celui qu'eût présenté une masse de gélatine. »
(Voy. ci-après, obs. 131.) MM. Briançon et Piorry ont fait la même comparaison.
Ou pourrait doue faire remonter à Blalin la connaissance du frémissement hyda-
tique, mais la découverte d'un fait de cette nature appartient à celui qui a su en
saisir et qui en a signalé la valeur.
(1) P.-A. Briançon, de Tournon (Lot-et-Garouiie), Essai sur le diagnostic et le
trci'.ement des acéphalocyslcs (Thèse de Paris, 26 août 1828, n° 216, p. 18).
S88 AFFECTIONS VERMINBU8E6 DES CAVITÉS SÉRED8ES
en grand nombre dans un kyste commun. On peut encore s'en faire
une juste idée en frappant sur de la gelée de viande dont la consis-
tance est ferme (T). »
L'importance attribuée au frémissement, comme signe de l'exis-
tence des hydatides, n'était encore établie que sur un seul fait cli-
nique, lorsque M. Tarral publia l'observation suivante :
Obs. VII (Cl. Tarral).
« M. Laugier me permit d'assister, en ville, à l'autopsie fort curieuse d'un
homme affecté d'ascite, et que l'on supposait également affecté d'hydatides,
parce qu'il en avait rendu plusieurs fois par la bouche et par l'anus. Guidé
par ces soupçons, j'explorai avec le plus grand soin, à l'aide du plessimètre,
les diverses parties de l'abdomen, qui était d'un volume vraiment extraordi-
naire. Dans la paroi antérieure du ventre existaient des bosselures grosses
comme des œufs, et d'une forme plus ou moins régulière. A peine je les eus
percutées, que j'éprouvai sous les doigts une sensation toute nouvelle pour
moi, mais que je ne doutais pas être le phénomène décrit par M. Piorry et
que j'avais tant cherché, mais toujours infructueusement. Je fis sentir ce fré-
missement à MM. Laugier et Morette, qui le trouvèrent, comme moi, delà
plus grande évidence. Voici la manière dont je procédai pour le trouver. La
plaque d'ivoire appuyée avec plus ou moins de légèreté par la main gauche
sur la partie queje voulais explorer, je percutai l'instrument d'un seul doigt,
mais en l'y faisant rester jusqu'à ce que l'ébranlement produit par la percus-
sion eût entièrement cessé. Lors de l'existence du phénomène, le doigt perce-
vait très distinctement un tremblotement bien évident, d'une durée assez
longue, à la suite de chaque nouvelle impulsion. Cette sensation existait dans
la région hépatique, dans beaucoup d"autres points de l'abdomen, et dans
plusieurs des bosselures dont nous avons parlé. Dans quelques-unes, au con-
traire, il m'était impossible de la percevoir.
» L'ouverture du corps fit voir des sacs énormes d'hydatides développées
dans le foie et communiquant avec le lobe inférieur du poumon droit; dans le
mésentère, entourant partout les intestins; dans l'épiploon, et enfin dans les
bosselures décrites. La percussion à nu sur les sacs acéphalocystiques donnait
lieu au frémissement d'une manière remarquable. Mais les tumeurs ou bos-
selures superficielles qui ne le présentaient pas, contenaient seulement des
débris d'hydatides. Dans les autres, au contraire, les vers étaient entiers, isolés
les uns des autres, et nageant dans un liquide contenu dans un kyste (2). »
En 1834, M. Rayer observa le frémissement hydatique, avec
quelques modifications. La tumeur était située dans le petit bassin ;
(1) Piorry, Percussion médiate. Paris, 1831, 2e édit., p. 37.
(2) Claudius Tarral, Rech. propres à éclairer le diagnostic de diverses maladies
Uourn. hebdom. de méd., Paris, 1830, t, VII, p. 1 10).
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDAT1DKS. 389
la sensation de frémissement que l'on faisait naître ressemblait à
celle que fait éprouver un ressort que l'on percute ; \' auscultation et
la percussion combinées faisaient entendre un son analogue à celui
d'un tambourin (1).
Le frémissement ne se rencontre point dans toutes les tumeurs
hydatiques, et son intensité est très variable suivant les cas. On ne
connaît pas encore bien toutes les conditions qui le font paraître ou
disparaître. M. Briançon a cherché par des expériences (2) à se rendre
compte de ces variations : « De ces expériences, je conclus, dit-il, que
les kystes hydatifères sont d'autant plus faciles à diagnostiquer par
le moyen que j'indique, que la quantité des acéphalocystes par rap-
port au liquide dans lequel elles plongent est plus considérable ;
qu'il est nécessaire cependant, pour que le frémissement et la vibra-
tion hydatiques soient à leur summum d'intensité, qu'il y ait dans le
kyste une petite quantité de liquide; et que, si la quantité de celui-
ci est trop grande, le diagnostic finit par être impossible. »
On a dit que le frémissement ne se produit pas lorsque la tumeur
contient une hydatide solitaire; cependant l'existence de ce phéno-
mène a été constatée par M. Jobert dans un cas d'une hydatide soli-
taire qui formait une tumeur dans la région deltoïdienne(3). Il ne se
produit probablement jamais lorsque la tumeur est devenue athéro-
mateuse.
(1) Voyez Hydatides du petit bassin (obs. 166), cas rapporté par M. Brun.
(2) Voici dans quels termes M. Briançon rapporte ces expériences : « J'ai pris
une vessie ordinaire (de cochon) que j'ai remplie d'acéphalocystes entières et de
diverses grosseurs; j'ai ajouté une assez grande quantité d'eau pour remplir les
intervalles qu'elles laissaient entre elles, et je l'ai fermée très exactement: alors, en
agitant la vessie entre les mains, j'ai senti le frémissement hydatique de la manière
la plus prononcée. J'ai placé cette vessie sur une table, et tandis que je la frappais
légèrement à la surface, j'entendais d'une manière très distincte, avec le stéthoscope
appliqué sur elle, les vibrations dont j'ai parlé plus haut. J'ai diminué la quautité
des acéphalocystes et j'ai augmenté celle du liquide, de manière qu'ils fussent
eu parties égales; le frémissement et les vibrations étaient moins distincts que
dans le cas précédent. J'ai diminué encore les acéphalocystes, et j'ai augmeuté
la quantité de liquide ; l'intensité des vibrations et du frémissement est con-
stamment allée en diminuant. Enfin, lorsqu'il n'y a plus eu dans la vessie que
deux ou trois acéphalocystes et une très grande quantité d'eau, les signes dont je
parle ont entièrement disparu. J'ai fait l'expérience inverse : j'ai rempli la vessie
avec des acéphalocystes que j'ai tassées les unes contre les autres; le frémissement
et les vibrations n'ont point été aussi prononcés que lorsqu'il y avait une petite
quantité d'eau dans la vessie. » (Thèse citée, p. 19.)
(3) Cité par Barrier, Thèse infrà cit., p. 67, et Piorry, Traité de méd. prat,,
1844, t. IV, p. 522.
390 AFFECTIONS VEKMINKUSIÎS DBS CAVITÉS SÉREUSES
L'absence de la sensation du frémissement peut tenir à la manière
dont la percussion est pratiquée. M. Briançon veut qu'une main em-
brasse et comprime légèrement la tumeur, tandis que l'autre donne
un coup sec et rapide. M. Tarral percute d'un seul doigt, mais en
le faisant rester appliqué au plessimètre jusqu'à ce que l'ébranle-
ment produit par la percussion ait entièrement cessé. L'applicalion
de la main pendant et après la percussion est nécessaire à la per-
ception du phénomène dont nous nous occupons ; on doit de plus
exercer une certaine pression sur ia tumeur. Chez une jeune fille
que nous avons vue dans le service de M. Rayer, et qui portait dans
l'hypochondre droit une tumeur hydatique considérable, la sensa-
tion déterminée par la percussion était très distincte. La meilleure
manière d'obtenir ce phénomène nous a paru la suivante : appliquer
avec une certaine pression sur la partie la plus saillante de la tumeur
trois doigts écartés, et donner sur celui du milieu un coup sec et
rapide; les deux autres doigts perçoivent le frémissement d'une
manière très nette. Ce frémissement avait un grand rapport avec celui
que donne un siège à élastiques qu'on frappe avec la main. Chez
cette malade, l'auscultation et la percussion combinées ne donnaient
pas de sensation bien distincte.
Lorsque le frémissement existe, il détermine sûrement la nature
de la tumeur, toutefois il ne faudrait pas confondre avec ce phéno-
mène la crépitation qui se produit quelquefois dans les bourses syno-
viales, et dans les abcès froids divisés par des cloisons ou dont le
foyer est disposé en bissac. Nous avons été témoin, dans ce dernier
cas, d'une méprise de ce genre.
En général, l'absence de fièvre et de douleur permet de ne pas
confondre une tumeur hydatique avec un abcès, l'absence de batte-
ments et la lenteur de son développement avec un anévrysme, l'ab-
sence de douleurs et d'altération dans l'économie avec une tumeur
cancéreuse.
Le diagnostic devient plus difficile lorsque autour d'un kyste hyda-
tique il est survenu de l'inflammation ou de la~suppuration : alors la
douleur, les frissons et la fièvre peuvent faire croire à un abcès, le
dépérissement de l'économie à une tumeur cancéreuse; mais la
marche de la tumeur, son grand développement avant l'invasion de
la fièvre et de la consomption, qui n'a point d'ailleurs l'apparence par-
ticulière à la cachexie cancéreuse, éclaireront le diagnostic, que l'exis-
tence du frémissement hydatique peut rendre tout à fait certain.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HVDATIDES. ?,$ 1
Les signes physiques des hydatiques, tels que la tuméfaction, la
matité à la percussion, la fluctuation, le frémissement, ne peuvent,
en général, être perçus lorsque le kyste est situé dans les parties
profondes de la poitrine ou du bassin ; dans la cavité du crâne, dont
les parois osseuses mettent un obstacle à l'exploration, le diagnostic
est ordinairement impossible.
Les kystes hydatiques étant fréquemment multiples, lorsque l'on
aura constaté dans un organe l'existence d'une tumeur de ce genre, et
que des symptômes de compression se manifesteront dans un autre
organe inaccessible à l'exploration, il sera présumable qu'il existe
dans celui-ci un second kyste hydatique.
Dans les cas où la nature d'une tumeur volumineuse resterait in-
déterminée, le diagnostic pourra être éclairé par une ponction explo-
ratrice. Un liquide clair et limpide extrait d'un kyste, ne donnant
point de coagulation par la chaleur ou les acides, et laissant, par
l'évaporation d'une gouttelette sur une lame de verre, des cristaux
de chlorure de sodium reconnaissables' au microscope, appartient
généralement aux hydatides (1). Un liquide trouble, en apparence
s^ro-purulent, qui offre au microscope les caractères de la matière
athéromateuse, appartient encore aux tumeurs hydatiques. Dans
l'un et l'autre cas, on rencontre assez fréquemment des échinoco-
ques ou leurs crochets.
La ponction exploratrice, recommandée par Dupuytren dans les
tumeurs de nature douteuse (2), mise en pratique par Récamier
pour les kystes du foie, a été regardée par plusieurs médecins
comme dangereuse lorsqu'elle doit traverser une cavité séreuse ;
mais faite par un trocart capillaire , elle paraît généralement
exempte de danger (voy. le traitement).
2° Lorsque le kyste s'est ouvert, l'apparition par les voies natu-
relles ou par une ouverture accidentelle de membranes hydatiques
rend le diagnostic tout à fait certain ; mais pour prononcer que les
(1) Lorsqu'on fait dans ces kystes hydatiques plusieurs pouclions successives, le
liquide dans les dernières devient albumineux; ce fait, entrevu par Barrier (thèse
citée, p. 63) et indiqué depuis par plusieurs observateurs, n'a point reçu d'explica-
tion satisfaisante : nous pensons que la cause en est dans ce que la première ponc-
tion amène le liquide propre au ver vésiculaire, tandis que les autres amènent un
liquide produit par le kyste , lequel a laissé transsuder le sérum du sang pour rem-
plir le vide qui s'est produit dans son intérieur. — Le changement qui s'opère dans
le liquide du kyste fait que celui de la première ponction seule peut être pris en
considération pour le diagnostic.
(2) Dupuytren, ouvr, cit., t. III, p. 3"3.
392 AFFECTIONS VRRMINEUSES DES CAVITÉS SEREUSES
membranes expulsées sont des hydatides, il ne suffit pas toujours
d'un simple examen à l'œil nu. Un médecin distingué de Paris soi-
gnait une dame pour une tumeur située dans l'abdomen ; cette tu-
meur, qui existait déjà depuis longtemps, diminua tout à coup avec
rapidité, et l'on crut qu'elle s'était ouverte dans l'intestin, d'autant
plus qu'il survint de la diarrhée. On fit donc avec soin l'examen des
selles, et l'on y constata la présence de lambeaux membraneux qui
furent regardés, vu les circonstances, comme des hydatides. Ces
membranes, qui nous furent remises et que nous examinâmes au mi-
croscope, n'étaient que des membranes fibreuses provenant des ali-
ments non digérés. Les fragments d'hydatide ont des caractères par-
ticuliers: ils sont, comme nous
l'avons déjà dit, formés de lames
superposées de 2 à 4 centièmes
de millimètre d'épaisseur qui, au
microscope, se dessinent sur la
coupe transversale en lignes pa=
rallèles, semblables aux feuillets
d'un livre ou mieux aux fibres du
cristallin. Le diagnostic serait
confirmé de même par la pré-
sence de crochets d'échinocoque
dans les matières expulsées ;
enfin on aurait encore raison
de croire qu'une tumeur appar-
tient aux hydatides, si ces matières, ayant l'apparence de pus,
offraient au microscope les caractères que nous avons dit appartenir
aux substances renfermées dans les kystes athéromateux.
FlG. 20. — 1. Fragment de membrane hydaiique
légèrement comprimé et vu au grossissement de
350 diamètres ; les lames qui constituent le
tissu liydalique s'écartent plus ou moins, suivant
le degré de la compression. — 2. Crochets
d'échinocoque vus au grossissement de 350 dia-
mètres.
§ V. — Les tumeurs hydatiques ne constituent pas par elles-
mêmes une affection grave, car elles n'apportent dans l'économie
aucun trouble général, mais elles deviennent graves par leur situa-
tion ou par leur grand volume.
Le pronostic, étant nécessairement subordonné au diagnostic, ne
peut être établi dans les premiers temps du développement des vers
vésiculaires, ni lorsque ces vers existent dans des parties inacces-
sibles à l'exploration. Les kystes situés dans les membres, dans les
parois du tronc, dans des régions très accessibles aux moyens chi-
rurgicaux, ne deviennent point ordinairement la cause d'accidents
sérieux, et se guérissent facilement. Les tumeurs hydatiques qui,
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 393
ayant duré longtemps, ne s'accroissent plus ou même subissent un
retrait appréciable, pourront être considérées comme-en voie de gué-
rison. Il en sera de même lorsque, s'étant ouvertes au dehors ou
dans un organe en communication avec le dehors, elles n'ont point
déterminé d'accidents et que leur volume tend à diminuer.
Elles sont au contraire très graves lorsqu'elles occupent un orgar.e
important, qu'elles ont acquis un grand volume, et que les parois du
kyste sont devenues plus ou moins osseuses ou cartilagineuses ; lors-
qu'elles sont multiples; enfin lorsqu'elles ont causé l'amaigrisse-
ment, la consomption, ou qu'elles sont accompagnées de l'inflamma-
tion d'un organe important. Elles sont généralement mortelles lors-
qu'après leur ouverture dans un organe communiquant avec le
dehors, les symptômes généraux persistent et s'aggravent, lorsque les
matières expulsées prennent une odeur gangreneuse, lorsqu'il sur-
vient une pneumonie ou des signes d'une suppuration profonde, enfin
lorsque la poche s'est ouverte dans une grande cavité séreuse.
Les phénomènes pathologiques et les accidents que déterminent
les hydatides offrent, suivant les organes ou suivant les régions dans
lesquelles existent ces entozoaires, des différences qu'il importe d'in-
diquer avant d'exposer les moyens de les guérir.
DEUXIEME SECTION.
HYDATIDES EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME SANGUIN.
Les hydatides se rencontrent quelquefois dans les organes de la
circulation, soit qu'elles s'y soient développées, soit qu'elles y soient
arrivées accidentellement.
Parmi les cas d'hydatides rencontrées libres dans les voies cir-
culatoires, il en est un, observé par M. Andral (voy. obs. IX), qui
autorise à penser que ces vers vésiculaires se développent dans la
cavité même des vaisseaux. Plusieurs autres cas témoignent de la
possibilité de leur développement dans les parois du cœur ; mais nous
ne possédons aucun exemple d'hydatides renfermées dans la paroi
même des vaisseaux.
Nous rapporterons des observations d'hydatides introduites dans
les voies circulatoires par une perforation des parois ; ces vers
:59't AFFECTIONS \ LUMINEUSES DLS CAVJIÉS SÉREUSES
s'étaient développés primitivement dans les tissus du cœur ou dans
un organe étranger au système de la circulation.
Les faits concernant les vers vésiculaires des voies circulatoires
sont encore assez peu nombreux (1). Ceux qui ont été rapportes par
d'anciens auteurs appartiennent le plus souvent, sans doute, à des
tumeurs de diverse nature qui n'ont eu de commun que le nom avec
les vers dont nous nous occupons (2).
Les hydatides développées dans l'épaisseur dis parois du cœur
peuvent acquérir un certain volume avant de causer aucun trouble
dans les fonctions de cet organe ; souvent elles ne donnent lieu à des
phénomènes appréciables que lorsque le kyste se rompt et que son
contenu est versé dans les cavités ventriculaires ; les vésicules in-
tactes ou déchirées sont entraînées avec le sang, elles opposent un
obstacle plus ou moins absolu à la circulation, et déterminent des
accidents plus ou moins rapides, quelquefois la mort subite.
La mort, sans aucun phénomène qui l'annonce, peut même sur-
venir lorsque le kyste hydatique du cœur est encore intact.
(1) M. Griesipger, à propos d'une observation d'hydatides développées dans la
paroi du cœur, observation que nous rapporterons ci-après(obs. 18\ dit avoir re-
levé dans divers recueils quinze cas analogues :
3 fois les kystes étaient logés dans l'oreillette droite.
3 — — dans le ventricule droit.
1 — — dans la cloison inlervenlriculaire, avec rupture
du coté droit.
i — — dans la pointe du cœur droit.
1 — — dans la cloison interventriculaire, sans rupture.
2 — — dans la paroi du ventricule gauche.
1 — — à la face externe du ventricule gauche.
1 — — dans les substances musculaires, sans autre indi-
cation du siège.
1 — — dans le péricarde.
Plusieurs de ces cas n'appartiennent certainement point aux hydatides, car, parmi
les auteurs cités à la suite de ce relevé, il s'en trouve dont les observations ne con-
cernent point des vers vésiculaires.
(2) Plusieurs cas de vésicules renfermant un liquide plus ou moins limpide, et
désignées sous le nom d'Injdatides, sont rapportés dans Bonet [Sepulchretum) ou
sont cités par Ploucquet. Morgagni les cite également pour la plupart et en rapporte
quelques autres (voy. De sed. et caus. cit., epist. xvi , §44; xxv, § 15; xxxvm,
§ 33). L'un de ces cas, observé par Wepfer, concerne des cysticerques du cœur du
porc; d'autres concernent évidemment des kystes séreux ou même des tubercules
cancéreux. Un cas de Dupuytren (Journ. Corvisart, t. V, p. 1 39), rapporté aussi par
quelques auteurs aux hydatides, n'appartient très probablement pas à ces vers.
■NATURELLES OU ADVENTIYES. — HYDATIDES. 395
Gn ne connaît aucun signe qui indique la présence d'un ver vési-
culaire dans le cœur.
Les hydatides développées dans un organe étranger aux voies cir-
culatoires peuvent déterminer la perforation des vaisseaux avec
lesquels le kyste est en rapport ; de là résulte l'introduction dans
la cavité de ces vaisseaux du liquide contenu dans la poche, de la
matière athéromateuse, et sans doute des vésicules elles-mêmes ou
de leurs débris. Dans un cas rapporté ci-après (obs. X), des hyda-
tides en grand nombre, rencontrées dans l'artère pulmonaire et ses
divisions, provenaient très probablement d'un énorme kyste hy-
datique situé dans le foie ; une communication de ce kyste avec les
vaisseaux eût sans doute été trouvée, si elle eût été cherchée.
Le transport des matières d'un kyste hydatique dans le torrent de
la circulation doit nécessairement occasionner des accidents graves,
mais variés, suivant que la pénétration dans les vaisseaux est plus
ou moins rapide, ou suivant que ces matières sont le liquide hyda-
tique, la matière athéromateuse, ou bien les vésicules. Nous verrons,
à propos des hydatides du foie, que la bile même, versée dans un
kyste en rapport avec les canaux biliaires d'une part, et les veines de
l'autre, doit arriver par cette voie dans le sang. Les faits connus
suffisent à montrer que la communication d'un kyste hydatique avec
les vaisseaux veineux détermine des phénomènes de phlébite, d'in-
fection du sang, la pneumonie, peut-être même la gangrène pulmo-
naire et diverses affections aiguës des organes éloignés, affections
consécutives à la détérioration ou à l'infection de l'économie (1).
D'après les recherches que nous avons faites sur cette question,
la communication des vaisseaux avec les kystes hydatiques nous pa-
raît devoir être fréquente; on en trouvera plusieurs exemples inté-
ressants parmi les observations qui concernent le foie.
Nous nous occuperons d'abord des hydatides du cœur et des vais-
seaux, ensuite de celles du péricarde.
(I) Les hydatides ou leurs débris, entraînés par le sang jusque dans le cœur
droit et l'artère pulmonaire, doivent produire des phénomènes identiques avec ceux
que Virchow a étudiés dans son mémoire intitulé Thrombose et embolie, phéno-
mènes que M. Lasègue a exposés dans les Archives 1857, et sur lesquels mon ami
le docteur Charcot vient de publier un intéressant travail {Gaz. hebdom. de méd.,
Paris, 1858).
:59() AFFI'CTIONS VERMINKUSES DUS CAVITÉS SÊREtTSKS
CHAPITRE PREMIER.
HYDAT1DES DU COEUR ET DES VAISSEAUX SANGUINS.
Nous rapporterons les observations qui font le sujet de ce chapitre
dans l'ordre suivant : 1° hydatides libres dans les cavités du cœur ou
des vaisseaux, et dont l'origine au dehors de ces cavités n'a point
été constatée ; 2° hydatides dans les parois du cœur ; 3° hydatides
libres dans les cavités du cœur ou des vaisseaux provenant des pa-
rois du cœur ; 4° hydatides ou matières d'un kyste hydatique libres
dans les cavités du cœur ou des vaisseaux, et provenant d'un organe
étranger au système circulatoire.
A. — Hydatides développées? dans les cavités du cœur ou des vaisseaux.
Obs. VIII (docteur Broderille). — Hydatides dans le ventricule droit,
I. — a Le docteur Broderille fut appelé, en 1835, auprès d'une dame de War-
niinster, qui, après avoir passé une nuit tranquille, fut prise en s'habillant
d'une forte dyspnée. La respiration offrait une fréquence extraordinaire; la
figure était pâle, les lèvres livides. Elle avait conservé sa connaissance, mais
elle ne pouvait articuler, et quand on lui demandait si elle ressentait de la
douleur quelque part, elle se contentait de porter la main sur la poitrine. Le
pouls était très petit et donnait 130, mais sans irrégularité ni intermission
notable. La main, appliquée sur la région du cœur, sentait cet organe battre
avec beaucoup de force et de violence. Cet état continua en s'aggravant jus-
qu'à la mort, qui arriva trois heures après le début de l'attaque.
» Autopsie. — Le cœur est à l'état normal, à l'exception d'une hydatide
volumineuse qui remplit si complètement le ventricule droit, qu'elle semble
avoir dû empêcher entièrement le passage du sang dans l'artère pulmonaire.
En ouvrant, cette hydatide unique, on trouve qu'elle en contient huit ou dix
autres qui flottaient dans un liquide. Tous ceux qui ont vu la préparation qui
en a été faite et conservée ont reconnu les caractères de l'hydatide ordi-
naire (1). »
Obs. IX (Andral). — Hydatides dans les veines pulmonaires.
II. — « Un homme, de cinquante-cinq ans, s'était mal nourri depuis un an,
et avait souvent éprouvé toutes les angoisses de la misère. Pendant son séjour
à la Charité, ce malade ne présenta d'autre phénomène que les symptômes
ordinaires d'une affection de cœur: battements s'entendant avec bruit, mais
(i) Docteur Broderille, The Lancet, juillet et août 1838, et Gazette méd., Paris,
t. VI, p. 601.
NATURELLES OU AUVliNïlVES. — HYDATIDES. 397
sans impulsion, dans toute l'étendue du sternum et sous les deux clavicules ;
pouls ordinaire; face bouffie et violacée ; infiltration des membres; état d'or-
thopnée habituel. En plusieurs points des parois thoraciques, on entendait un
râle bronchique humide, et en d'autres il y avait absence complète de respi-
ration. Cependant la difficulté de respirer devint de plus en plus grande, et
le malade succomba dans un état d'asphyxie.
» Autopsie. — Les deux poumons furent trouvés remplis d'un grand nombre
d'hydatides. Nous crûmes d'abord qu'elles étaient logées dans le parenchyme
même des poumons; mais bientôt une dissection plus attentive nous décou-
vrit un fait qui a, jusqu'à présent, peu d'analogues dans les annales de la
science/savoir, l'existence des hydatides dans les veines pulmonaires. M. Bres-
chet a bien voulu examiner la pièce avec nous.
i> Plusieurs de ces hydatides étaient logées dans des poches à surface lisse, qui
nous parurent d'abord autant de kystes; d'autres, vides et plusieurs fois rou-
lées sur elles-mêmes, étaient contenues dans d'étroits canaux, dont elles avaient
pris la forme allongée. La surface interne de ces canaux était lisse comme celle
des grandes poches ; Us se ramifiaient comme des vaisseaux. Enfin, nous recon-
nûmes bientôt qu'à chaque poche aboutissait un vaisseau d'un petit calibre, qui,
pour la former, subissait une dilatation plus ou moins considérable . Nous dissé-
quâmes alors les veines pulmonaires à leur entrée dans le cœur, et nous les sui-
vîmes dans le poumon. Lorsque nous fûmes arrivés à leur division presque capil-
laire, nous commençâmes à voir plusieurs d'entre elles pirésenter un grand
nombre de renflements que remplissaient des hydatides ; après s être ainsi dilatée,
la veine reprenait son calibre primitif, puis un peu plus loin elle se dilatait
encore. Les poches les plus considérables auraient pu admettre une grosse noix,
et les plus petites auraient pu à peine recevoir un pois. Elles exislaient égale-
ment dans les deux poumons. Les deux hydatides qu'elles contenaient avaient
tous les caractères desacéphalocystes : plusieurs présentaient dans leur épais-
seur des petits points d'un blanc mat, d'autres offraient à leur surface interne
un grand nombre de granulations miliaires, la plupart étaient rompues. Autour
d'elles, le tissu pulmonaire était en plusieurs points sain et crépitant, en
d'autres fortement engoué et même hépatisé.
» Un vaste kyste hydatifère à parois cartilagineuses, pouvant admettre dans
son intérieur une grosse orange, existait au milieu du foie, dont il avait refoulé,
le parenchyme ; huit à dix acéphalocystes y étaient renfermées. C'est la
seconde fois que nous constatons l'existence simultanée des hydatides dans le
foie et dans le poumon (1). »
Obs. X (Wunderlich). — Hydatides dans l'artère pulmonaire et dans
plusieurs organes.
III. — C.N...,âgéde vingt-deux ans, entre à l'hôpital le 30 juin <I8f>7, après
avoir éprouvé de la céphalalgie, des vertiges, des bourdonnements dans les
(l) Aodral, Clinique méd. cit., t. II, p. 412, obs. 5.
398 AFFECTIONS VERMIîtElISES DES CAVITÉS SÉREUSES
oreilles, de la courbature, ries douleurs flans l'abdomen, de la diarrhée, une
épistaxis, enfin un frisson suivi de chaleur el de sueur.
En examinant l'abdomen, qui était sensible et recouvert, dans sa moitié
inférieure, d'un réseau de veines variqueuses, on y constate l'existence de
deux tumeurs occupant, l'une l'épigaslre, el l'autre la fosse iliaque droite. La
première était mate à la percussion, se déplaçait par les mouvements respira-
toires, et présentait quelques bosselures; la seconde était mobile, résistante ;
elle donnait à droite unematité complète à la percussion, à gauche on y per-
cevait un frémissement hydatique peu distinct. Le malade avait une fièvre
brûlante; un peu d'œdème aux pieds, et son urine, faiblement albumineuse,
contenait des cylindres fibrineux et des globules sanguins.
Les jours suivants, les tumeurs, la rate et le foie augmentèrent rapidement
de volume; la fièvre, toujours intense, s'accompagna d'ictère et d'épistaxis
répétées, qui semblèrent être suivies d'une amélioration sensible. Mais le mieux
ne se soutint pas. Le malade, outre des épistaxis, avait parfois des selles san-
guinolentes et des crachats striés de sang, presque toujours de la fièvre, et
s'affaiblissait de plus en plus. Les tumeurs continuaient à s'accroître. — Le
22 septembre, il survint un frisson suivi de chaleur et de sueurs. — Le 28,
des douleurs vives se firent tout à coup sentir à l'épigastre, s'accompagnant
d'une dyspnée intense. L'ictère, qui avait cédé, revint, et le malade mourut le
20 octobre, après être tombé rapidement pendant les deux derniers jours dans
un collapsus profond.
Autopsie. — Dans une branche de troisième ordre, fournie par l'artère pul-
monaire droite et correspondant au lobe inférieur du poumon, il y avait une
dilatation cylindrique du volume d'un œuf de pigeon ; la cavité de celle dila-
tation était remplie par une vésicule hydatique qui en oblitérait complètement
le calibre, sans toutefois adhérer à ses parois: cette vésicule avait environ un
demi-millimètre d'épaisseur dans sa paroi ; sa surface était lisse, gris jau-
nâtre ; elle contenait un liquide limpide et ne renfermait point d'autre hyda-
tide. Une bronche qui naissait de l'artère, au-devant du point où se trouvait
l'hydatide, était oblitérée par des caillots sanguins récents ; celles qu'elle four-
nissait au delà étaient remplies par des détritus d'hydatides, en masses gris
jaunâtre, friables, disposées en couches concentriques. Le tissu pulmonaire
où se rendait cette artère n'était pas altéré.
Le péricarde présentait tous les caractères d'une inflammation violente
(épanchement purulent abondant, etc.); il communiquait avec une tumeur du
volume d'une tête d'enfant qui occupait le lobe gauche du foie, par une per-
foration circulaire, dans laquelle était engagée une petite vésicule hydatique;
le diaphragme était perforé. La tumeur du foie était constituée par un kyste cen-
tral volumineux, qui présentait à sa surface une foule de diverlicules et de
poches surajoutées, et qui renfermait un liquide purulent, mêlé d'une grande
quantité de crochets d'échinocoques et d'un nombre incroyable de vésicules
acéphalocystiques des dimensions les plus variées. Le foie était seulement
refoulé par la tumeur, qui adhérait au diaphragme et aux parois abdominales.
NATUKtXLlS OU ADVENT1VES. — Il Yl) ATI DES. 399
Une tumeur hydatiquedu volume du poing occupait l'extrémité supérieure
delj rate, qui élait triplée de volume. Trois autres tumeurs, du volume d'une
pomme et à poche simple, occupaient le tissu cellulaire rétro-péritonéal,
depuis le diaphragme jusqu'au milieu de l'estomac. Six tumeurs semblables,
du volume d'une noix ou d'une pomme, se trouvaient dans le grand épiploon ;
une autre, du volume du poing, soulevait le caecum ; on en rencontrait encore
une dans le mésorectum. Le mésentère renfermait plus de cinquante kystes
acéphalocystiques en grande partie desséchés et d'un volume qui variait de-
puis la dimension d'un grain de chènevis jusqu'à celle d'un demi-pois. Deux
poches remplies d'une masse solide, jaunâtre, du volume d'un noyau de ce-
rise, occupaient l'extrémité libre de l'appendice vermiforme.
Les reins étaient volumineux et hypérémiés ; les autres organes ne présen-
taient rien de remarquable (<I ) .
B. — Hydalides dans les parois du cœur.
Ous.XI (David Price).
IV. — Il s'agit d'un garçon, âgé de dix ans, qui fréquentait une école gra-
tuite. Le matin du jour où il mourut, il alla à l'école avec les mains sales;
le maître le renvoya chez ses parents, priant la mère de le laver. Cette de-
mande, à ce qu'il paraît, ne fut pas exécutée, et dans l'après-midi, l'enfant
revint avec les mains non lavées. Le maître commanda à l'un des élèves
de le mener dans la cour et de le laver; mais l'élève outrepassa les ordres,
et, au lieu de le laver simplement comme il lui avait été ordonné, il lui ôta la
chemise et lui jeta de l'eau froide sur tout le corps. Le pauvre enfant parut
cependant assez bien après cette ablution ; il quitta l'école avec les autres éco-
liers, et en appa-ence content et bien portant. Quand il eut fait quelques
pas, il tomba soudainement sur les mains et les genoux ; quelques minutes
après il était mort.
Il a été constaté que cet enfant n'avait jamais éprouvé de difficulté à res-
pirer et qu'il ne s'était jamais plaint de palpitations; il n'avait jamais ressenti
de difficulté à monter rapidement un escalier, et il faisait avec célérité tous
les exercices des enfants de son âge.
Lri soudaineté de la mort détermina une enquête ; le corps fut examiné. Le
docteur Price dit: « En conséquence des instructions que j'avais reçues, j'ai
examiné minutieusement le cerveau, les viscères abdominaux et ceux de la
poitrine, et j'ai trouvé tout à l'état normal, à l'exception du cœur et d'une
portion du péricarde qui lui était adhérent. Dans sa cavité, il y avait deux onces
do liquide d'une couleur foncée ; dans le tissu musculaire du cœur, on trouva
-(1) C. A. Wunderlich, Fall von zahllosen Echinococcen in der Leber, de)' Mils,
dem I'eriloneum, dem Nelse, Mesenlerium, de m Relroperilonealraume, der Lungeit-
arteric; Perforation des ller-zbeutels (Archib. fur physiologische Heilkunde, 1858,
nouv. série, t. II, p. 283).
/|00 AFFECTIONS VERMhNEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
une grande liydatide. » Le docteur Price ne dit pas dans quelle partie du
cœur était logée l'hydatide, si elle était rompue ou non (I).
Obs. XII (B, Evans).
V. — « En -1832, un récit intérossant et complet du môme genre fut envoyé
à la Société médico-chirurgicale par M. Herbert R. Evans, de Hamstead, et fut
publié dans le dix-septième volume des Transactions de la Société.
» La malade était une femme non mariée, d'environ quarante ans, qui,
pendant quelques mois avant sa mort, [eut la respiration courte, et qui, par mo-
ments, sentait une douleur vive et subite dans la région du cœur. Le 20 avril,
après avoir monté et descendu assez rapidement les escaliers, elle fut prise
d'un violent paroxysme de dyspnée, accompagné de profondes inspirations et
de douleurs du cœur qui la forcèrent à prendre le lit; depuis ce temps, elle fut
constamment au lit, souffrant extrêmement d'abattement, de palpitations et
de suffocations qui étaient considérablement aggravés par le moindre mouve-
ment. Parfois, sans mouvement, des paroxysmes de dyspnée assez violents
pour faire craindre la mort survenaient et duraient pendant des heures. Il y
avait peu de sommeil, et le peu qu'il y avait était interrompu et ne reposait
pas. L'urine était rare, mais les extrémités n'enflaient pas; les jambes étaient
souvent le siège de crampes vives. Les forces diminuèrent graduellement, et
le 1er janvier, la malade mourut.
» Autopsie. — Le sommet du ventricule droit était occupé par une tu-
meur hydatique globuleuse, de trois pouces de diamètre, qui contenait un
certain nombre d'hydatides flottantes. La tumeur, faisant saillie dans le
ventricule droit de manière à occuper environ un quart de la cavité ventricu-
laire, était unie et polie, couverte par la membrane interne du ventricule;
extérieurement la tumeur s'étendait au delà du tissu charnu du cœur, et
le feuillet externe du péricarde adhérait sur la partie correspondante à la
tumeur.
» Le cœur est conservé dans le muséum AeBartholomeiv's Hospitalfô). n
Obs. XIII (Portal).
VI. — «J'en ai vu (des hydatidés) à la base du cœur d'un cadavre; une d'elles
était de la grosseur d'un petit œuf de poule, et, dans ce sujet, il n'y avait point
d'eau épanchée dans le péricarde (3). »
Obs. XIV ( )?
VII. — « Une acéphalocyste de la dimension d'un œuf de pigeon, située dans
la cloison interventriculaire du cœur, existe au muséum à'Universily Collège ?
(1) Lettre de D. Price à AstleyCooper (20 janvier 1820), in Medic.-chir. Trans.,
vol. XI, cité par Budd, Mém. infrà cit., p. 55.
(2) Cité par Budd, Mém. infrà cit., p. 56.
(3) Portal, Anat.méd. Paris, 1803, t. III, p. 29.
NATURELLES OU ADVENTlVES. — HYdATIDES. 401
(U. C. Muséum, n° 2293); elle provient d'une femme qui mourut subitement
pendant qu'elle vaquait aux soins de son ménage (1). »
Obs. XV (Carswell).
VIII. — « Parmi les dessins du docteur Carswell, appartenant au muséum
û'University Collège (U. C. Muséum, A. 9.), est la figure d'un cœur qui con-
tient, dans la partie postérieure du ventricule gauche, une acéphalocysle
intacte faisant saillie à sa surface.
» La malade avait succombé à la phthisie, et l'entozoaire avait élé trouvé
accidentellement à la dissection du cadavre. Comme cette femme est morte à
l'hôpital et que son cœur n'a point attiré l'attention du médecin, il est pro-
bable qu'il n'y eut aucun symptôme déterminé par l'existence de Phyda-
tide (2). »
Obs. XVI (Rokitanskv).
IX. — Le sujet était un soldat âgé de trente-cinq ans. « La partie postérieure
et supérieure de la cloison des ventiicules, et la portion contiguë de la paroi du
ventricule gauche, étaient occupées par une poche arrondie, du volume d'un œuf
de canard, ayant des parois dures, d'une ligne d'épaisseur, et faisant saillie
dans les cavités du ventricule et de l'oreillette droits. La poche contenait un
liquide brunâtre, épais, mêlé avec des concrétions fibrineuses mollasses,
ratatinées, et des restes gélatineux d'acéphalooystes (3). »
C, — Hydatides libres dans les cavités du cœur et des vaisseaux, provenant
des parois du cœur.
Obs. XVII (G. Budd).
X. — a SarahSheppard, âgée de vingt-trois ans, grasse et vermeille, fut reçue
dans King's Collège Hospital, le 23 décembre 1857. Depuis neuf mois, elle
travaillait dans les modes, auparavant elle était domestique; elle rapporta
que quatre ans auparavant, elie avait eu une pleurésie et une inflammation
des reins; depuis lors, elle avait gardé de la toux avec de la dyspnée et des
palpitations. Il y a deux ans, elle eut une attaque de pleurésie, à la suite de
laquelle sa santé s'est altérée ; la toux était accompagnée d'une expectoration
sanguinolente. Neuf jours avant son admission à l'hôpital, elle prit froid et
ses jambes s'enûèrenl.
» A son entrée à l'hôpital, elle avait de la toux, la respiration difficile, les
pieds légèrement œdémateux ; lorsqu'elle était couchée elle ne souffrait pas,
mais le moindre effort occasionnait une dyspnée considérable. Elle expecto-
(1) W. II. Walshe, A pract. Treat. on ihe diseases of the lungs and heart,
London, 1851, p. 497.
(2) Walshe, ouvr. cit., p. 497.
(3) Rokitansky, Palh. anal, translation of Sydenkam Soc, vol. IV, p, 208, cité
par Budd., Mém. infra ciL
Dwaine, S6
/|02 AFFECTIONS VEKMINEUSES DES CA.VIÎÊS SÉREUSES
rait des crachats muqueux plus ou moins opaques el striés de sang. L'auscul-
tation du cœur faisait entendre un bruit de râpe à la base de cet organe, se
propageant à droite. L'impulsion n'était pas forte et le pouls était petit et
faible; la langue était sale, l'appétit nul, la menstruation régulière. L'urine
trouble, avec un dépôt, d'acide urique et une petite quantité d'albumine, pe-
sait 1020.
o Le 28 décembre, il fut constaté que le bruit anormal du cœur était beau-
coup moins rude, et le 30 aucun bruit morbide ne fut perçu ; depuis ce temps
jusqu'à la mort de la pauvre femme, quoique j'aie souvent écouté le cœur, je
n'ai jamais entendu aucun bruit morbide de cet organe, mais le médecin ad-
joint, qui résidait dans l'hôpital et qui l'examinait plus fréquemment, me dit
qu'il avait parfois entendu un léger bruit de souffle.
» Depuis le 23 décembre, jour de l'admission, jusqu'au 9 janvier, il n'y eut
aucun changement dans l'état de la malade; la toux était très fatigante et
les matières expectorées constamment striées de sang. Le pouls donnait de
90 à 100 pulsations ; le nombre des inspirations était de 36 à 48 par mi-
nute ; il y avait delà crépitation dans les deux poumons en arrière.
» Le 9 janvier, la malade expectora presque la moitié d'une pinte de sang
mêlé de mucus, et pendant quelques jours, le pouls et les inspirations perdi-
rent de leur fréquence, la toux devint moins pénible et la respiration plus
facile.
» Le 27 janvier, nouveaux crachements de sang, mais moins abondants.
» Le 29, elle avait conservé sa force et son embonpoint ; depuis lors elle est
restée dans la même condition, tourmentée par la dyspnée et la toux, et cra-
chant du mucus strié de sang. La difficulté de respirer variait considérable-
ment suivant les jours : du 26 janvier au 9 février, le nombre des inspira-
tions fut de 30 à 48 ; le pouls, constamment petit, variait de 72 à 90.
« Le 1 9 février, la respiration était presque pure à la base des poumons,
et le 24, la malade quitta l'hôpital.
» Le 28 février, elle expectora une grande quantité de sang; la difficulté
de respirer s'étant beaucoup accrue, elle revint à l'hôpital le 3 mars. On
trouva un bruit respiratoire rude à la partie supérieure du poumon gauche en
avant et au niveau du lobe inférieur du poumon droit en arrière.
» Le 14 mars, l'œdème des jambes, qui avait disparu pendant quelque
temps, était revenu ; l'urine ne contenait pas d'albumine.
» Le 7 avril, il survint un mal de gorge, et un ulcère profond se forma sur
l'amygdale gauche; ce mal disparut en dix ou quinze jours.
» Le 12, la malade se plaignit beaucoup de douleurs lancinantes dans le
côté gauche de la poitrine; depuis lors, elle accusa souvent une douleur in-
tense à la région précordiale, qui était mate à la percussion et qui paraissait
agrandie, mais on n'entendait point de bruit de souffle anormal. L'impulsion
du cœur était passablement forte et son action était en tout régulière. Les
bruits propres à la bronchite s'entendaient à la partie supérieure du poumon
gauche en avant, et dans les deux poumons en arrière, mais dans-aucun point
NATURELLES OU ADVENTiVES. — HYDATIDES. Z|03
de la poitrine le bruit respiratoire n'était complètement absent. L'œdème des
jambes augmenta et l'ascite se manifesta ; la difficulté de la respiration devint
par moments une orthopnée extrême; le visage, qui élait uniformément rouge,
exprimait une grande angoisse. Les jambes, les cuisses et l'abdomen devin-
rent enfin extrêmement enflés.
» Dans l'après-midi du 4 mai, le docteur Duffin, médecin adjoint, ayant été
appelé près de cette femme, la trouva pâle, faisant à de longs intervalles des
inspirations profondes, le pouls était à peine perceptible et cinq minutes après
elle expira.
» Autopsie. — Les deux poumons offraient des adhérences pleurétiques ; le
péricarde contenait environ une once de liquide séreux : ses parois étaient
unies par d'anciennes adhérences ; le cœur avait une forme irrégulière, an-
térieurement aplati et bombé en arrière. Sa forme irrégulière dépendait d'une
tumeur hydatique de la grosseur d'une orange, située dans la pointe du ven-
tricule droit et faisant saillie dans sa cavité. L'oreillette et le ventricule droits
étaient remplis de sang coagulé; les cavités gauches étaient vides et les val-
vules saines.
» Sous l'une des valvules tricuspides existe une petite hydatide flasque et
libre ; dans l'artère pulmonaire, immédiatement au-dessus des valvules, il
s'en trouve une autre intacte, ayant plus d'un demi-pouce de diamètre, et
dans le tronc de cette artère, avant sa subdivision, il s'en trouve encore quel-
ques autres plus petites. En suivant les branches de l'artère pulmonaire, on
découvre quelques amas d'hydatides, et des membranes hydaliques affaissées
qui avaient en diamètre un huitième à un quart de pouce. Ces hydatides
étaient confinées exclusivement dans le poumon gauche et en particulier
dans le lobe supérieur. On n'en trouva qu'un petit amas dans le centre du
poumon, et une seule hydatide dans le lobe inférieur. Les amas d hyda-
tides étaient enveloppés d'une couche pâle de fibrine, mais non d'une poche
organisée.
» Les lobes inférieurs des deux poumons étaient ca.rnifiés, mais encore
un peu crépitants sous les doigts Les bronches et les veines pulmonaires
ne contenaient pas d'hydatides. Tous les auties organes examinés avec soin
étaient sains.
» L'examen de l'une des petites hydatides trouvées dans l'artère pulmo-
naire y montra des échinocoques bien formés.
» La tumeur située au sommet du cœur était remplie d'hydatides, et il était
évident que les vésicules qui furent trouvées dans le ventricule droit et dans
l'artère pulmonaire étaient sorties de ce kyste (4). »
Obs. XYTII (Griesinger).
XI. — « Une femme de trente-sept ans fut frappée, il y a quelques années,
dans une rixe, sur la région précordiale et sur la tête; depuis elle se plaignit
(1) G. Budd, An hydalid Tumour in the apex of the eight ventricle of Ihe
heart, etc., in Médical Times, n° 420, p. 54. London, 1858.
ftO'l AFFECTIONS VERMINf.USUS DES CAVITÉS SEREUSES
dé céphalalgie inlermitlento, n'accusa aucun symptôme du côté de la poitrine,
môme après les plus grandes fatigues. Le 30 octobre au matin, elle se plai-
gnit pour la première fois d'un sentiment d'anxiété et d'oppression sur la
poitrine ; une demi-heure après, elle fut trouvée morte dans son lit.
» Autopsie. — rorto adhérence de la dure-mère avec le crâne; sinus gorgés
de sang ; celui-ci très fluide dans tout le corps sans traces de coagulation;
cœur en apparence sain à l'extérieur, couvert de beaucoup de graisse ; ses
dimensions, ses parois, ses cavités à l'état normal. La cloison ventriculaire,
vue par la face droite au-dessous de la naissance de l'artère pulmonaire, pré-
sente une ouverture irrégulière, comme rongée, longue de trois lignes, et une
déchirure parallèle au grand diamètre du cœur conduisant dans une cavité
qui s'étend presque à toute la cloison ; le bord supérieur de cette cavité n'est
qu'un renflement transversal au-dessous de l'orifice pulmonaire; le bord infé-
rieur n'est indiqué que par un faible relief qui fait saillie dans le ventricule
gauche. La cavité pouvait contenir une grande noix, elle est tapissée d'une
membrane lisse, blanche, mate, plissée sur les fibres musculaires sous-jacenles
dont on peut facilement la détacher. Un sac d'acéphalocystes, ayant la môme
dimension que la cavité de la cloison interventriculaire, s'est trouvé implanté
dans la plèvre gauche en arrière, sur le diaphragme; ses parois sont dures
et épaisses, et ses bords renversés.
■n Cette pièce, envoyée à l'auteur par un de ses amis, M. le docteur Fabre,
est très curieuse, car il ne peut guère y avoir de doute que l'espèce de cavité
trouvée dans la cloison du cœur n'appartînt à une acéphalocysle qui s'est
rompue vers le cœur droit et qui a produit ainsi une mort subite par l'entrée
des vésicules dans l'artère pulmonaire; ce qui vient confirmer cette opinion,
c'est que parmi les détritus, il y avait des fragments de vésicules dont les bords
avaient de la tendance à se rouler (1). »
Obs. XIX (Rokitansky).
XII . — « Dans la collection de Vienne, on trouve le cœur un peu hypertrophié
d'une fille, âgée de vingt-trois ans, morte subitement. Dans la partie supé-
rieure de la cloison des ventricules se trouve un kyste fibreux, à parois
minces, plus grand qu'un œuf de poule. Ce kyste proémine dans les deux ven-
tricules, mais surtout dans le droit, vers le cône artériel ; il a tellement com-
primé les muscles, qu'il se trouve presque à nu ; il s'est ouvert dans le ventri-
cule droit. Une vésicule d'echinococcus du volume du kyste lui-même en était
sortie ; elle avait été poussée par le sang dans le cône artériel et l'artère pul-
monaire. Cette vésicule était pleine et distendue ; elle était si fortement tassée
dans le cône artériel et le tronc de l'artère pulmonaire, qu'elle atteignait
jusqu'à la branche gauche de ce vaisseau.
» Il y avait trois autres tumeurs hydatiques dans le foie (2). »
(1) Docteur Gricsinger, Arch. fur physiol. Heilkunds, 1846, et Gaz. méd.,
Paris, 1846, p. 862.
(2) Rokitansky, Lehrbuchder pa<h. Anat., vol. H, p. 283,
NATURELLES OU ÀDVEMlVES. — HÏDAT1DES, /i05
D. — Hydatides ou matières d'un kyste hydatique libres dans le cœur et les
vaisseaux et provenant d'un organe étranger au système circulatoire.
Obs. XX (Pjobry). — Kysle du foie ouvert dans la veine cave infé-
rieure.
XIII. — « Une femme septuagénaire éprouve tout à coup les symptômes sui-
vants : perte de connaissance, de mouvement et de sentiment ; Jes extrémités
supérieures présentent quelques convulsions et de la contracture ; bientôt la
respiration s'embarrasse, le râle survient; la mort a lieu deux ou troisheures
après les premiers accidents.
» La nécropsie montra l'encéphale et la moelle de l'épine exempts de toute
lésion. Le foie avait un énorme volume ; enlevé avec précaution en même temps
que la veine cave inférieure, on découvrit sur la face supérieure et sur le
bord postérieur du foie une tumeur de quatre pouces de diamètre, sphéroïde,
grisâtre, présentant sur quelques points une dureté osseuse, résonnant aussi
comme un os par la percussion médiate... On ouvrit cette tumeur avec pré-
caution et l'on ne tarda pas à découvrir qu'elle s'était ouverte dans la veine
cave inférieure ; accolée à cette veine, elle en avait ossifié la membrane moyenne ;
on ne put même découvrir la tunique interne du vaisseau, ni en détacher des
lambeaux de la paroi indurée de la tumeur; seulement la surface en rapport
avec le sang était lisse, polie ; c'était une véritable fracture qui s'était faite
dans les parois veineuses ossifiées et faisant partie de l'enveloppe du kyste. La
solution de continuité avait un demi-pouce de long, était rugueuse, inégale,
ossifiée sur les bords ; des concrétions nombreuses recouvraient toute la sur-
face en rapport avec la cavité de la tumeur. Le fluide dont celle-ci était rem-
plie présentait l 'apparence et la consistance du pus ; mais quelques portions de
kystes hydalifères (membranes d'hydatides) transparentes, analogues à de la
gelée, nageaient dans ce fluide. On retrouva une substance semblable (la ma-
tière puriforme?) dans la veine cave inférieure, dans le cœur droit, dans Var-
tère pulmonaire et dans ses divisions.
j Plusieurs autres kystes contenant des hydatides intactes existaient dans
le foie (4). »
Obs. XXI (Lhonneur). — Kyste hydatique ouvert dans la veine cave
inférieure.
XIV. — «Un homme de soixante ans, fort, n.'ayant jamais été malade, n'ayant
pas eu d'ictère ni reçu de coup sur l'hypochondre, éprouva dans cette région
une douleur qu'il attribuait à la fatigue, qui fut considérée comme une névralgie
intercostale, et traitée par une application de ventouses scarifiées. Huit jours
après, il entra à l'hôpital. On fut d'abord frappé du volume du ventre. Inter-
rogé avec soin, le malade disait avoir senti des élancements dans l'hypo-
(1) Piorry, Percussion médiate, 2e édit. , p. 169.
/lOfi AFFECTIONS VBRM1NEUSÉS DliS CAVITÉS SEREUSES
chondre droit depuis six mois, et des douleurs abdominales depuis deux mois
surtout. Par la percussion et la palpalion, on constata la présence d'une
tumeur mata, descendant à G centimètres au-dessous du rebord des fausses
côtes, s'élevant jusqu'à la quatrième côte, séparée, par un petit espace sonore,
de la raie à laquelle touchait son extrémité gauche, se confondant plus haut
avec la matité précordiale ; on avant, le foie semble remonter jusqu'à la
sixième côte. Le malade ne gardait pas le lit, ses fonctions digestives et autres
étaient en bon état.
» Dans la nuit du 2 juillet, il fut pris tout à coup de suffocation et de nau-
sées; appelé auprès de lui, l'interne ne trouva plus qu'un cadavre; la face
était pâle, les lèvres un peu bleuâtres.
î La percussion, faite au moment àeV autopsie, donna une matité moins
étendue que sur le vivant. Le ventre étant ouvert et le foie extrait, on trouva
à peine un peu de liquide dans le péritoine, et la surface du foie flasque, ridée,
comme grenue; cependant on ne voyait aucune rupture. Après avoir pra-
tiqué une petite incision sur la poche liquide, on y poussa de l'air et de l'eau,
et l'on vit ces fluides sortir par la veine cave inférieure qui adhérait au foie.
Une dissection attentive démontra, en effet, les particularités suivantes:
» 1 " Il existait vers le milieu et dans la partie gauche du foie, faisant saillie
6urlout vers la face interne de l'organe, un kyste hydatique ayant le volume
d'une tête d'adulte, adhérant au rein droit et renfermant, outre un liquide
transparent, quelques caillots sanguins mous et faciles à enlever par un jet
d'eau. Les parois de cette poche sont constituées par une couche blanche
d'apparence albumineuse, friable, dont quelques lambeaux flottent sous forme
de feuillets légèrement enroulés dans l'intérieur du kyste.
n 2" Vers la partie inférieure du lobe de Spiegel, la veine cave offrait une
déchirure irrégulière de 2 centimètres de longueur, déchirure qui s'est faite
sur une surface ulcérée, érodée. La face interne de ce vaisseau, au-dessous
de cette solution de continuité, présentait, dans une longueur de 5 centimè-
tres environ, des plaques grisâtres, athéromaieuses.
» 3° Enfin, il y avait quelques fausses membranes récentes, et une injec-
tion arbor^ée de plusieurs anses intestinales. L'aorte était saine, ainsi que le
cœur qui était vide de sang et de caillots (1 ). »
CHAPITRE II.
HYDÀTIDES DU PÉRICARDE.
Nous rapporterons les observations qui font le sujet de ce cha-
pitre dans l'ordre suivant : 1° hydatides développées dans la cavité
(1) Lhonneur, Bull. Soc. anal., ann. XXX, Paris, 1855, 7 juillet, et Hérard,
Union médicale, 1S55, 18 septembre.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 407
ou dans la paroi du péricarde ; 2" bydatides arrivées accidentelle-
ment dans cette cavité.
A. — Hydatides développées dans la cavité ou dans les membranes du péricarde.
Obs. XXII (Docteur Habebshon).
I. — «S. H.. ., âgée de seize ans, fut admise à Guy' s Hospilal, le 12 avril 1854,
dans le service du docteur Barlow ; elle avait eu un rhumalisme pendant
l'année qui a précédé son admission , elle souffrait actuellement de dyspnée
et de phénomènes ressemblant à ceux qui résultent d'une affection des val-
vules ; les bruits du cœur étaient sourds ; elle mourut le 28 avril.
» L'autopsie fut faite vingt-trois heures après la mort. La puberté n'était
pas complèle. Il y avait une congestion veineuse considérable de la face et
du cou, un œdème des membres inférieurs, e\r à un moindre degré, des mem-
bres supérieurs; il existait d'anciennes adhérences pleuréliques dans les deux
côtés de la poitrine, une congestion plus ou moins marquée de la trachée, des
bronches et de plusieurs lobules pulmonaires.
» Le péricarde était généralement adhérent ; en avant, il offrait une proé-
minence considérable qui faisait sur le reste de la surface une saillie d'un
demi-pouce, et qui occupait un espace de deux pouces et demi dans un sens,
et d'un pouce dans l'autre; il contenait environ deux onces d'un pus épais
(matière alhéromateuse) ; ce liquide élait entouré d'une membrane assez
épaisse et contenait de nombreuses vésicules qui variaient beaucoup en vo-
lume. Les plus grandes avaient environ un demi-pouce de diamètre; elles
contenaient de petites vésicules secondaires adhérentes à leur paroi interne,
et qui avaient de une à deux lignes de diamètre. Ces vésicules étaient demi-
gélatineuses, élastiques, et formées de couches nombreuses, parallèles, homo-
gènes dans quelques parties et couvertes par leur face interne d'une matière
granulaire. On ne trouva ni cysticerques, ni échinocoques. L'oreillette et le
ventricule droits étaient pressés par cette poche qui se projetait entre les
deux cavités; le cœur tout entier était agrandi et ses cavités étaient disten-
dues par un caillot, noirâtre.
» Les diverses parties du cœur offraient des lésions peu importantes et dont
la relation avec le kyste hydatique n'est pas très évidente; les autres or-
ganes ne présentaient rien de particulier à noter (1). »
Obs. XXIII. —(...?).
II. — D'après Laennec, une observation d'hydalides développées dans les
duplicatures du péricarde se trouve dans la Bibliothèque germanique (2).
(1) Docteur Habershon, Hydatids in the pericardium (Transact of the pathol.
Society of London, 1S55, t. VI, p. 108).
(2) Bibliothèque germanique, t. IV, citée par Laennec, mém. cit., p. 114.
^08 AFFECTIONS VEBMlNEUSES UÉ3 CAVITÉS SÊRÈtfsBS
li. — Hydatides arrivées accidentellement dans la cavité du péricarde.
OlIS. XXIV (ClIAUSSIEIt).
III. — « M Chaussicr met sous les yeux des membres de la Société (Faculté
de médecine) une pièce d'analomie pathologique sur laquelle il donne verbale-
ment quelques détails. Une femme mourut presque subitement; on trouva,
en ouvra ni son cadavre, le péricarde énormément distendu et rempli d'un véri-
table pus, sans que la surface du cœur offrît de traces d'inflammation. En
examinant la partie inférieure du péricarde, on découvrit une perforation qui,
traversant le diaphragme, conduisait dans un kyste ou abcès rempli d'hyda-
tides, et situé entre le foie et le diaphragme. M. Chaussier se propose d'écrire
l'observation dont il vienl d'entretenir la Société (I). »
OliS. XXV (Aubert).
IV. — « Il s'agit d'un homme âgé de trente-neuf ans, malade depuis trois ans,
qui éprouvait une douleur sourde dans le côté droit de la poitrine avec toux et
. dyspnée ; le côté droit, inférieumnent, était plus développé que le gauche, les
espaces intercostaux étaient élargis; dans celte région, la percussion donnait
un son mat, et l'auscultation l'absence de bruit respiratoire. Le cœur était
déplacé. Après une nuit d'anxiété extrême, avec battements du cœur tumul-
tueux, douleurs précordiales, etc., le malade mourut.
Autopsie. — » En divisant les cartilages costaux à gauche, le bistouri pé-
nètre dans la cavité du péricarde, d'où il s'écoule une assez grande quantité
de sérosité inodore, citrine et tout à fait limpide Le péricarde conserve sa
couleur, son épaisseur et sa transparence naturelles. Dans le côté droit du
thorax, entre le diaphragme, le poumon et le cœur con^dérablement déjeté à
gauche, il existe une hydatide de la grosseur de la tête d'un enfant d'un an.
Les parois de cette vaste poche ont environ une ligne d'épaisseur; elles sont
homogènes, d'un blanc laiteux, fragiles et résultent de la juxtaposition de
plusieurs feuillets très minces (il s'agit probablement ici de l'hydatide ren-
fermée dans le kyste). Le liquide que cette poche contient est limpide, et en
tout semblable à celui qui se trouvait dans le péricarde. La cavité du kyste
hydalique (2) communique avec le péricarde au moyen d'une ouverture toute
(1) Bull, de la Faculté de médecine, ann. 1811, n° 5, t. II, p. 08, cité par Cadet
de Gassicourt, Thèse infrà cit.
(2) On peut juger ici que l'expression de poche, employée antérieurement, s'ap-
plique à la vésicule hydatique. Beaucoup d'auteurs, en se servant d'expressions
mal définies, rendent leurs observations tout à fait inintelligibles. On voit souvent
l'expression de poche appliquée aussi bien à la vésicule hydatique qu'au kyste, et
même il n'est pas rare de trouver l'expression de kyste appliquée à la vésicule hyda-
tique (voy. p. 375, Fréteau; l'obs. 20 et l'obs. 29). Il est quelquefois impossible
alors, même par une lecture très attentive, de savoir de quoi les auteurs ont parlé.
Nous croyons qu'il serait importaut de n'appliquer à l'hydatide que l'expressiou de
vésicule, et de garder le mot poche comme synonyme de kyste.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. ftOÔ
récente, étroite, longue de quatre lignes et située derrière l'oreillette droite,
au-devant de la veine cave inférieure. Cette ouverture permet au liquide
contenu dans l'hydatide de passer librement dans la cavité du péricarde (1 ). »
V. — Nous avons vu, dans l'observation X, une hydatide sur le point de
pénétrer dans la cavité du péricarde à travers une ouverture qui faisait com-
muniquer cette dernière cavité avec celle d'un kyste hydatique du foie.
TROISIEME SECTION.
HYDATIDES EN RAPPORT AVEC LES ORGANES RESPIRATOIRES.
Les hydatides en rapport avec les organes de la respiration se
sont développées dans la cavité thoracique même, ou bien, déve-
loppées primitivement dans l'abdomen, elles ont envahi la cavité
du thorax par suite du grand volume qu'elles ont acquis.
CHAPITRE PREMIEK.
HYDATIDES DÉVELOPPÉES PRIMITIVEMENT DANS LA CAVITÉ THORACIQUE.
§ I. — Les hydatides développées dans la poitrine ne sont pas
très communes : M. Andral rapporte que sur six mille malades en-
viron, reçus dans les salles de Lerminier dans l'espace de six ans,
cinq seulement étaient atteints de cette affection (2).
§ II. — C'est ordinairement dans le parenchyme pulmonaire que les
hydatides existent. Nous avons rapporté une observation de laquelle il
est permis de conclure que ces entozoaires se développent quelque-
fois dans la cavité de la plèvre (voy. obs. I). L'inspection nécros-
copique n'a pas laissé de doute sur ce point. Les faits observés pen-
dant la vie du malade seraient loin de donner quelque certitude à
l'égard du siège du ver vésiculaire; il est impossible, en effet, de re-
connaître sur l'homme vivant si le siège d'une hydatide est dans la
(1) Alibert, Journ. hebdom. de méd., Paris, 1829, t. II, p. 264, et Bouill.iud,
Traité des maladies ducœur, Paris, 1841, t. II, p. 468.
(2) G. Andral, Clinique médicale. Paris, 1829, t. II, p. 406.
AtO AFFECTIONS VERMINEUSES DBS CAVITÉS SÉREUSES
cavité pleurale même ou dans les tissus voisins, car, le plus souvent,
entre la paroi de la poitrine et le ver il ne reste, du tissu pulmonaire
atrophié, qu'une laine extrêmement amincie et tout à fait imper-
méable à l'air. M. Cruveilhier rapporte un cas d'hyilatide dans
lequel « la plèvre pulmonaire soulevée avait été, en quelque sorte,
disséquée par l'entozoaire pour constituer la plus grande partie de
sa cavité de réception. Cette plèvre pulmonaire était tellement adhé-
rente à la plèvre costale, qu'elle s'est rompue lorsqu'on a voulu dé-
tacher le poumon, et que l'acéphalocyste est tombée dans la cavité
pleurale (1). ■■
Dans un cas observé par Geoffroy et Dupuytren, deux kystes
énormes paraissaient avoir leur siège dans les plèvres, mais proba-
blement, comme dans le fait que nous venons de citer, les.hydatides
existaient dans le poumon même; en prenant de l'accroissement, elles
avaient refoulé cet organe en dedans et la plèvre en dehors. Voici le
sommaire de ce fait :
Obs. XXVI (Geoffroy et Dupuytren).
Jeune homme ; à 18 ans, pneumonie; à 24 ans, rhumes opiniâtres, dou-
leurs fréquentes dans le côté gauche. En 1800, ictère qui dure trois mois;
fragments de ténia par les selles; quelque temps après, toux sèche et yio-
lente ; tumeur dans l'hypochondre droit. En 1803, amaigrissement, la tumeur
est énorme, dure, lisse, un peu mobile; battements du cœur dans la région
épigastrique, étouffement continuel ; les autres fonctions assez régulières. En
1804, suffocations fréquentes et mort dans un accès.
Autopsie faite par Dupuytren et Geoffroy. Kyste dans le lobe gauche du
foie, contenant un liquide brun et beaucoup d'hydatides. — Un kyste volumi-
neux dans chaque plèvre, étendus l'un et l'autre depuis le sommet de la poi-
trine jusqu'au diaphragme, adhérents aux côles et à la totalité du médiastin ;
constitués par une membrane mince, fibreuse, blanche; contenant l'un et
l'autre une hydatide solitaire énorme qui remplissait exactement leur cavité.
Chacune de ces hydatides contenait un liquide limpide évalué à cinq pintes et
demie (pour chacune). — Le cœur était repoussé en bas dans la partie supé-
rieure de l'épigastre ; les poumons comprimés, aplatis et réduits à un feuillet
très mince, étaient refoulés vers la partie antérieure de la poitrine, derrière
les cartilages des côtes (2).
" Il me paraît probable, dit Laennec à propos de ce fait, que ces
(1) Cruveilhier, Anal, palholog. générale. Paris, 1856, t. III, p. 545.
(2) Bulletin de l'École de médecine, 1805, an XIII, u" 12. — Laennec, Traité de
l'auscultation, t. II, p. 196. — Cruveilhier, article Acéphalocystes, p. 245. —
Dupuytren, Leçons orales, t. III, p. 375.
NATURELLES OU ADVENTICES. — HYDATIDES. Ml
kystes s'étaient développés primitivement dans le poumon, et qu'en
se développant, ils se sont portés à sa partie externe et l'ont refoulé
contre le médiastin. » Suivant nous, c'est par un développement
analogue que, dans presque tous les autres cas connus, on doit expli-
quer l'existence d'une poche hydatique en rapport avec la plèvre;
en effet, la mention de l'existence d'un kyste dans la plupart des
observations que rapportent les auteurs, ne permet pas de penser
que les vers vésiculaires se soient développés dans la cavité pleurale
même.
§ III. — Il serait encore impossible de déterminer pendant la
vie le siège d'hydatides développées entre la plèvre et les côtes ou
dans le médiastin ; ces cas, au reste, sont très rares.
Obs. XXVII (Cayol). — Hydalide sous la plèvre costale.
« M. Cayol, dit Laennec, a présenté depuis à la Société de la Faculté de
médecine une observation à peu près semblable à celle de M. Geoffroy, mais
elle n'a point encore été publiée. Dans le cas observé par M. Cayol, le kyste
hydatique était situé entre la plèvre et les côtes (1). »
Obs. XXVIII (Docteur Simon). — Hydalide dans le médiastin anté-
rieur .
Il s'agit d'une femme, âgée de trente-quatre ans, qui commença à ressentir,
en 4 837, de la gêne dans la respiration. En 1 839, il survint tout à coup une
oppression extrême que rien ne put calmer, et la malade mourut au bout de
quarante-huit heures, dans un état de véritable asphyxie.
A Vaulopsie, le larynx, la trachée- artère n'offraient qu'une légère injection
de la membrane muqueuse et un liquide spumeux abondant. Une vaste poche
était placée entre les deux poumons; elle contenait une grande quantité d'hy-
datides ; cette poche était ouverte et une partie des hydatides était répandue
dans la cavité thoracique, mais l'auteur attribue ce fait à un accident de
l'autopsie (2).
Nous avons vu déjà un kyste hydatique, dont le siège primitif a
sans doute été le médiastin, produisant des phénomènes analogues et
s'ouvrant spontanément clans la cavité du péricarde (voy. obs. XXV).
Lorsque les hydatides développées dans le médiastin ne forment
pas une tumeur extrêmement volumineuse, elles n'occasionnent point
(1) Laennec, ouvr.cit., t. II, p. 200.
(2) Docteur Maximilien Simcm, Journ. des connaissances médic.-chirurg., 1840,
p. 194.
/il 2 AFFECTIONS VliRMlNIiUSIÏS DF.S CAVITÉS SÉUEUSIiS
d'accidents et restent ignorées. Nous rapporterons le cas d'un homme,
îriort avec un grand nombre de kystes volumineux dont l'un occu-
pait le médiastin en avant du péricarde; l'existence de ce kyste n'a
été révélée que par l'autopsie (1).
§ IV. — Les hydatides du poumon existent ordinairement dans
le lobe inférieur et surtout dans le droit, on ne possède qu'un petit
nombre d'exemples de kystes développés dans le lobe supérieur ou
moyen.
Ous. XXIX (Sonnié-Moret). — Hydalide du lobe supérieur des pou-
mons.
11 s'agit d'une jeune fille, âgée de onze ans, qui entra le 25 février I 832 à
l'hôpital des Enfants. « Elle se plaignait d'éprouver depuis plusieurs jours
dans la fosse sous-épineu?e droite une douleur qu'exaspéraient la toux et les
fortes inspirations. La toux était d'ailleurs peu intense et sans expectoration ;
la respiration, un peu plus accélérée que dans l'état normal, s'entendait dans
toute l'étendue des deux poumons sans aucun bruit particulier; la soif était
assez vive; inappétence; paroxysme fébrile le soir... L'auscultation pratiquée
à cette époque (5 mars) fit reconnaître du retentissement de la voix dans le
lieu déjà indiqué; ce symptôme ne fit que s'accroître jusqu'à la sortie de la
malade qui eut lieu le 4 7 mars.
i> Le 31 du même mois, elle revint à l'hôpital: la face était pâle, le corps
émacié ; une diarrhée abondante était survenue ; il y avait des sueurs nocturnes,
et, quoique les crachats fussent simplement muqueux et les signes locaux peu
caractéristiques, on crut à l'existence d'une phthisie tuberculeuse. »
Le 3 avril, invasion du choléra-morbus ; mort le 6.
Autopsie... « Le lobe supérieur du poumon droit présente des adhérences
constituées par des fausses membranes assez épaisses. Une incision, faite sur
la paroi postérieure de ce lobe, donna aussitôt issue à un flot de matière séro-
purulente et à une masse globuleuse blanchâtre, d'apparence pseudo-mem-
braneuse, élastique et tremblotante, qui fut bientôt reconnue pour un kyste
hydatique. Ce sac avait été ouvert par la première incision, de manière que
le liquide qu'il contenait s'était presque entièrement écoulé. Le peu qui res-
tait était d'une couleur citrine et légèrement opaque, il n'y avait pas de vési-
cules hydatiques. L'épaisseur du kyste est d'environ une ligne; il paraît formé
de plusieurs couches superposées, il est absolument analogue à de l'albumine
concrétée par la chaleur. Les couches intérieures sont plus molles, légère-
ment jaunâtres ; la surface extérieure, dans l'état de vacuité, est ridée et
comme chagrinée.
» Une vaste caverne, occupant tout le lobe supérieur droit, loge l'acéphalo-
cyste. Les parois de cette caverne sont très minces en dehors, et ne paraissent
(1) Voy. Hyd, de l'abdom., observ. Cil, de Richter.
NATURELLES OU ADVENTiVCS. — HYDATIDES. 413
constituées là que par la plèvre seule renforcée par les fausses membranes.
Dans le reste de leur étendue, elles sont formées par le tissu pulmonaire re-
foulé et densifié de telle sorti? qu'une portion de ce tissu, jelé dans l'eau, se
précipite au fond. Dans l'intérieur de la caverne on trouve une certaine quan-
tité de pus analogue à celui que contiennent les cavernes tuberculeuses. Cette
cavité est tapissée par une fausse membrane épaisse, formant des sortes de
colonnes, et d'organisation déjà ancienne. A la surface de la pseudo-membrane
vient, aboutir le gros tuyau bronchique du lobe supérieur, qui pouvait ainsi
transmettre au dehors la matière contenue dans la caverne (1). »
Obs. XXX (Séguin). — Lobe supérieur du poumon. Hydatides du foie.
Il s'agit d'une jeune fille qui avait trois kystes hydatiques dans le foie, un
dans le cerveau et un au sommet du poumon droit (2).
Obs. XXXI (Trochon). — Lobe supérieur du poumon. Hydatides du fuie.
« M. Trochon fait voir des hydatides trouvées dans le poumon d'une femme
de soixante ans, journalière, qui fut traitée dans les derniers temps de sa vie
pour une double pneumonie et sur les antécédents de laquelle on manquait de
renseignements. On trouva les deux poumons criblés de petits abcès, ou, sui-
vant d'autres personnes, de tubercules ramollis ; en outre le poumon droit con-
tenait, au centre de son lobe supérieur, un kyste renfermant des hydatides au
nombre de trois, dont une du volume d'un œuf de pigeon. Une semblable alté-
ration se montrait aussi dans le lobe droit du foie (3). »
Obs. XXXII (Aobré). — Lobe supérieur du poumon gauche, inférieur et
moyen du poumon droit.
Le malade, Agé de dix-sept ans, avait été jugé atteint d'une phthisie pul-
monaire ; il avait eu de la toux pendant plusieurs mois, des hémoptysies, des
sueurs nocturnes, etc.
« Le 4 er juillet 1854, il fut pris de frisson, de fièvre et d'une vive douleur
dans le côté droit; cinq jours après, il entre à l'hôpital: expectoration de
matières mucoso-purulentes, blanchâtres, comparables à du mastic délayé
dans de l'eau. A l'auscultation, diminution du bruit respiratoire dans tout le
côté gauche; à droite, gros râles muqueux, caverneux à la base; au sommet,
respiration faible; vers la racine du poumon droit, un peu d'égophonie. Épan-
chemenl pleurélique léger. La fièvre persiste, 1 1 2 pulsations ; le malade, après
quelques alternatives d'amélioration et d'aggravation, succombe le 19 juillet.
» A l'autopsie, on ne trouve dans les poumons nulle trace de tubercules. Un
peu de pleurésie avec fausses membranes, et une pelite quantité de liquide à
droite. Dans chacun des poumons, on rencontre un vaste kyste hydatique ; à
gauche, la cavité admettrait au moins le poing ; à droite, il est un peu moins
(1) Sonnié-Moret, Bull. Soc. atiat., 183G, 3e série, t. II, p. 36.
(2) Voyez ci-après, liv. II, part. I, Cas d'hydatides du cerveau,
(3) Trochon, Bull. Soc. anal., 1840, ann. XV, p. 211.
I\ÏU AFFECTIONS VKRMINEUSËS DES CAVITES SÉREUSES
étendu. Dans le poumon droit, il occupe à la fois les deux lobes inférieurs, et
s'étend jusqu'à la plèvre diaphragmalique ; dans le poumon gauche, le kyste
occupe tout le lobe supérieur et empiète légèrement sur l'inférieur. Des deux
côtés, il existe des orifices de communication enlre les bronches et la cavité acci-
dentelle. Une matière purulente, mêlée à des débris d'hydatides, remplissait en
partie les cavités. Le kyste a pu être détaché presque en entier; il présente
les caractères ordinaires de ces sortes de produits morbides (1). »
Obs. XXXIII (Pillon). — Lobe supérieur du poumon droit.
Il s'agit d'un homme âgé de vingt-huit ans, qui entra à l'hôpital Saint-
Antoine le 4 février 1856, et chez lequel on crut reconnaître un épanchement
pleurétique; cet homme mourut après avoir eu des crachats purulents, et
avec un œdème général.
A l'autopsie, on trouva le poumon gauche adhérent à la paroi thoracique-,
sa base était réunie au diaphragme par des adhérences difficiles à détruire ;
son volume était considérable ; il donnait à la main la sensation d'une vaste
poche à parois minces et complètement remplie d'un liquide ; ce liquide était
du sang récemment coagulé, dont la quantité pouvait remplir les deux mains
rapprochées. Cinq ou six débris d'une hydatide rompue nageaient dans ce
sang. Tout le poumon, à l'exception d'une petite partie de son bord anté-
rieur, était réduit à l'état d'une poche d'une capacité d'un litre au moins et
dont les parois fibro-celluleuses avaient un demi-millimètre d'épaisseur. Cette
poche communiquait avec la première division supérieure de la bronche
gauche. Le poumon droit était sain. Pas d'hydatides dans le foie. Le kyste
fut jugé s'être développé dans le lobe supérieur du poumon (2).
Ces cinq cas et celui d'hydatides dans les veines pulmonaires
observé par M. Andral, sont les seuls que nous connaissions qui ne
concernent pas des kystes du lobe inférieur.
§ V. — Il est rare de rencontrer deux kystes dans un même pou-
mon, les cas d'un kyste dans l'un et l'autre poumon sont plus com-
muns. Souvent, en même temps qu'il existe des hydatides dans la
poitrine, il en existe dans le foie.
Maloët rapporte le cas d'un soldat invalide, clans le cadavre
duquel on trouva trois kystes volumineux ; ces kystes avaient deux
enveloppes ; ils étaient formés par couches qui se séparaient facile-
ment avec les doigts. L'un existait dans le foie et les deux autres dans
(1) Aubré, Bull Soc. anal. Paris, 1854, p. 241.
(2) A. Pillon, Kyste hydalique du poumon gauche (lobe supérieur), suppuration,
vomique, hémori hagie interne (Bull. Soc. anal., ann. XXXI, p. 309, Paris, 1856),
et Moutard-Martin, Gaz, des hôp., 1856, p. 50i.
NATURELLES OU ADVENTIVËS. — HYMTIDES. /jl5
les deux poumons. Le liquide contenu dans le premier était jaune
mêlé de vert, il était plus pur dans les deux autres (1). Quoique
Maloët ne parle point d'hydatides, m coexislence de kystes dans les
poumons et dans le foie, la constitution de leurs parois, ne peuvent
laisser de doute sur leur nature : ils appartenaient aux hydatides;
leur volume en est une autre preuve, car nous ne pensons pas qu'un
kyste séreux du foie ou du poumon atteigne jamais le volume d'un
kyste hydatique même de dimension moyenne.
§ VI. — Dans le plus grand nombre des cas, le kyste intra-thora-
cique contient une hydatide solitaire qui en occupe toute la capacité.
Ce kyste a des parois minces et lisses, à moins qu'd n'ait subi quelque
transformation ; il est quelquefois énorme, et occupe tout un côté de
la cavité thoracique: alors, la poitrine ou le côté affecté est agrandi
très notablement; les espaces intercostaux sont élargis dans une plus
ou moins grande étendue; le poumon revenu sur lui-même, aplati,
ou réduit à un mince feuillet, est refoulé vers sa racine, le long de la
colonne vertébrale ou vers le sommet du thorax, et, suivant les cas,
le cœur repoussé du côté opposé à l' hydatide, se trouve sous l'ais-
selle gauche, à l'épigastre ou vers l'aisselle droite. Le foie peut
aussi être déplacé et refoulé plus ou moins bas dans la cavité abdo-
minale.
§ VII. — Lorsque le kyste est considérable ou lorsqu'il est situé
près de la plèvre, la cavité de celle-ci est ordinairement effacée et
les feuillets séreux sont réunis par des adhérences. Le kyste hyda-
tique peut ainsi venir faire saillie et s'ouvrir au dehors, soit à tra-
vers les parois de la poitrine, soit à travers le diaphragme et la
paroi abdominale.
Obs. XXXIV (Fbéteao). — Kyste ouvert par le bistouri dans le côté
■ droit et spontanément dans les bronches. Guérison.
Il s'agit d'un homme âgé de vingt-huit ans, qui fut pris en janvier 4 8H
de douleurs rhumatismales, en août de douleurs de reins, principalement dans
le côlé droit de la poitrine, s'étendant au bras et à l'épaule. Fièvre, oppres-
sion, hoquet, urines rouges. — Le 2 octobre, douleur du côté, toux pénible,
empâtement de l'étendue d'une carte à jouer à la partie postérieure et infé-
rieure du côlé droit, son centre répondant à la hauteur du onzième espace
intercostal ; matité à la percussion. — Le <l % novembre, un demi-verre de pus
(1 ) Maloët, Sur des hydropisies enkystées dans les poumons et dans le foie (Mém;
Acad, roy. des sciences, 1732, p. 25J.
M 6 AFFECTIONS VliRilINEL'SES HtS CAVITÉS SÉREUSES
est rendu clans uno crise do loux ; une flucluation manifeste existe au centre de
l'empâtement, avec cette particularité qu'en pressant cette partie, on fait
rentrer le fluide en dedans de la poitrine, et qu'en faisant alors tousser le ma-
lade, la tumeur molle se reproduit aussitôt. Une incision longue de 18 lignes
est pratiquée au centre de l'empâtement, à la hauteur de l'intervalle des troi-
sième et quatrième fausses côtes et suivant leur direction; une hydalide est
mise à nu et ouverte, écoulement d'une eau limpide, puis d'une grande quan-
tité de pus jaunâtre. La membrane hydatique se retrouve le lendemain dans
les pièces du pansement; elle a le volume d'un œuf d'oie. Pendant dix jours
plusieurs hydatides plus petites sortent par la plaie, avec une grande quantité
de pus.
Dans la nuit du quinzième jour de l'opération, anxiété précordiale, toux
pénible, dix hydatides rougeûtres grosses comme des lentilles sont rendues
par expectoration; elles sont entières et plongées dans un mucus rougeâtre.
Vingt hydatides rovgedtres, avec du pus de couleur sirop de groseille, sortent
le lendemain par la plaie. — Le dix-septième jour de l'opération, toux intense
et expectoration de plusieurs hydatides rouges. — Le vingt et unième jour
(3 décembre), issue par la plaie de 81 hydatides rouges. — Le vingt-deuxième
jour, nouvelle issue d'une centaine d hydatides. — Le vingt-troisième jour,
4 50 hydatides sortent de nouveau, avec une grande quantité de matières
rougeâtres. — Le <l 0 décembre, expectoration de deux poches hydatiques,
longues de 6 à 7 lignes, avec menace de suffocation, syncopes. — Jusqu'au
26 décembre (quarante-cinquième jour après l'opération), des hydatides en plus
petit nombre sont rendues de temps en temps par expectoration.
Le 4 janvier l'expectoration d'hydatides a cessé. Le 24 la plaie, réduite à
une petite ouverture fistuleuse, n'offre qu'une légère suppuration de bonne
nature. L'état général s'améliore de jour en jour (1 ).
Obs. XXXV (Duputttren). — Kyste hydatique du poumon ouvert à
l'ombilic. Mort.
« Une femme vint, en 4 81 1 , à l'Hôtel-Dieu pour une tumeur inflammatoire
à l'ombilic. Dupuytren ne voulut pas d'abord y toucher; mais la fluctuation
étant devenue manifeste et la peau menaçant de s'ouvrir, une incision donna
issue à une grande quantité de pus et à quelques poches hydatiformes. Cette
femme mourut, et, à l'autopsie, Dupuytren trouva une communication entre
l'ouverture de l'ombilic et une cavité conienue dans lé poumon, par une es-
pèce de canal formé à travers le diaphragme, entre le foie et les parois abdo-
minales. La cavité du poumon contenait encore une grande quantité de po-
ches hydatiques. Il était évident que cet organe avait été le siège primitif de
la maladie (2). »
(1) Opération de Vempyème, suivie de la sortie de plus de 500 hydatides, par
Fréteau, médeciu à Nantes, janvier 1812, dans Journ. gén. de Sédillot, t. XL11I,
p. 121. Eu extrait dans Cruveilhier, art. Acéph., p. 2i9. — Voy. ci-dessus, p. 375.
(2) Dupuytren, Leçons ora'es, t. III, p. 379, et Cruveilhier, art. Acéph., p. 252.
NATURELLES OU ADVENflVliS. — HYDATIDES. 4t7
§ VIII. — D'après l'observation suivante, on pourrait croire que
les hydatides des poumons s'ouvrent quelquefois aussi dans le tube
digestif:
Obs. XXXVI (Laennec). — Kyste hydatique du poumon ouvert dans
l'intestin?
« J'ai été consulté, il y a environ quinze ans, dit Laennec, pour une jeune
personne qui éprouvait une grande dyspnée, avec toux, expectoration abon-
dante et amaigrissement notable. L'ensemble des symptômes qu'elle présen-
tait annonçait, en un mot, la phthisie pulmonaire. Un jour, elle éprouva des
douleurs très vives dans la région épigastrique, et, quelques heures après,
elle rendit par les selles une quantité considérable d'acéphalocystes, dont la
grosseur variait depuis celle d'une aveline jusqu'à celle d'un œuf de pigeon.
Dès ce moment la fièvre hectique, le catarrhe et la dyspnée cessèrent, et peu
de temps après, la malade avait repris son embonpoint et ses forces. Ne
peut-on pas penser que chez cette malade un kyste, placé dans le poumon
gauche, se sera ouvert, à travers le diaphragme, dans l'estomac ou le côlon
transverse (1) ? »
§ IX. — Beaucoup plus fréquemment les hydatides se font jour au
dehors en perforant les bronches ; à la faveur de cette perforation, la
poche se vide et la guérison peut en être la suite. La caverne qui se
forme après l'expulsion totale des hydatides se rétrécit et se cicatrise ;
elle est d'ailleurs ordinairement unique, car nous savons que le kyste
hydatique du poumon est ordinairement unique et de plus il n'existe
point ici, comme chez les tuberculeux, une disposition à la formation
de nouveaux produits pathologiques analogues. Toutefois lorsque la
tumeur hydatique est ancienne et considérable, elle ne se vide que
lentement, soit à cause de l'induration de ses parois, soit à cause de
la nature des matières qu'elle contient. Le malade, épuisé par la
(1) Laennec, ouvr. cit., t. II, p. 201.
Bayle parle d'un cas observé par Laennec, dans lequel la guérison d'une affec-
tion qu'on croyait être une phthisie pulmonaire fut guérie rapidement par l'expec-
toration d'un grand nombre d'hydatides. Il est probable qu'il s'agit du Tait rap-
porté ci-dessus, car il n'est point question dans les œuvres de Laennec de celui
que rapporte Bayle en ces termes : « J'ai vu une malade, âgée d'environ vingt-
trois ans, traitée par M. Laennec, qui, étant affectée d'une toux chronique avec
une expectoration abondante et un amaigrissement très remarquable, paraissait
dans le deuxième degré de la phthisie pulmonaire. Elle se rétablit complètement
après avoir rendu tout à coup, par l'expectoration, une innombrable quantité
d'hydatides du genre des acéphalocystes. » Toutes les circonstances se rapportent au
fait cité ci-dessus, sauf la voie d'élimination des hydatides. (G.-L. Bayle, Rech. sur
la phthisie pulm.,mém. et travaux divers. Paris, 1835, p. G32.)
Davaine, 87
AÏS AFFECTIONS VERMINËUSES DUS CAVITÉS SEREUSES
lièvre, par la toux et l'expectoration ou par quelque affection inter-
currente, succombe avant que la poche ne soit revenue sur elle-
même.
§ X. — Les hydatides dos poumons peuvent encore s'ouvrir dans
la plèvre ou le péricarde, circonstance rare, il est vrai, à cause des
adhérences qui existent ordinairement dans ces feuillets séreux. La
mort en est, sans doute, constamment la suite.
Obs. XXXVII (Fouquier). — Kyste ouvert dans la plèvre et dans les
bronches.
Une femme de trente-six ans, d'une bonne santé apparente, fut prise tout à
coup, à la suite d'une violente colère, de suffocation extrême, d'anxiété, de
douleur très vive dans le côté droit du thorax, avec toux fréquente et expec-
toration; elle mourut vingt-deux jours après, ayant éprouvé comme phéno»
mènes principaux, des quintes de toux très rapprochées, une expectoration
abondante, des vomissements et une dyspnée extrême.
A l'autopsie, l'on trouva un kyste hydatique du lobe inférieur droit, com-
muniquant d'une part avec deux bronches et de l'autre avec la cavité de la
plèvre par une ouverture arrondie, à bords relevés, dans laquelle on pouvait
facilement introduire l'extrémité de l'index (1).
§ XL — Les kystes hydatiques de la poitrine acquièrent quel-
quefois un volume énorme et déterminent la mort par suffocation.
Le poumon paraît n'avoir subi d'autre lésion qu'un retrait considé-
rable, et c'est uniquement au défaut de sa fonction que le malade
succombe.
Obs. XXXVIII (Andral). — Kyste dans le lobe inférieur de chaque
poumon.
a Un homme, d'un âge moyen, entra à l'hôpital dans un état de dépéris-
sement assez avancé. Depuis longtemps il toussait et avait la respiration
courte. La poitrine percutée rendit un son mat, dans toute l'étendue à peu
près des parois thoraciques correspondant à l'espace occupé par le lobe infé-
rieur de chaque poumon. Des deux côtés aussi, dans cette même étendue, le
bruit respiratoire ne s'entendait pas. Cet individu succomba peu de temps
après son entrée.
» Le lobe inférieur de chacun des poumons était transformé en une vaste
poche à parois minces, constituées par le parenchyme pulmonaire refoulé, et
(1) touquier, Clinique des hôpitaux, Journal analytique, n° 5, p. 204, et Cru-
veilhier, art. Acéphalocystes, cité p. 250).
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. h 1 9
tapissées par une membrane blanchâtre fibro-celluleuse. Chacune de ces po-
ches était entièrement occupée par une volumineuse hydatide acéphalocyste,
qui en contenait dans son intérieur deux ou trois autres petites. Cette hydatide
était remplie comme de coutume par un liquide incolore, limpide comme de
l'eau de roche (4 ). »
La mort paraît n'avoir été occasionnée que par l'atrophie du lobe
inférieur des deux poumons. La réduction du poumon est quelque-
fois si considérable, qu'il est difficile de comprendre comment la vie
a pu se prolonger assez pour permettre une telle atrophie de l'organe
de la respiration. Dans le plus grand nombre de cas, la pneumonie
ou bien la gangrène pulmonaire vient interrompre et terminer le
cours naturel de la maladie.
§ XII. — La durée des tumeurs hydatiques des organes de la
respiration est toujours longue. Dans un grand nombre de cas, on a
pu faire remonter leur existence à une ou plusieurs années avant
l'époque à laquelle les malades ont réclamé les secours de la méde-
cine, ou bien avant qu'il ne fût survenu des accidents sérieux. La
durée moyenne de ces tumeurs est de deux à quatre ans.
§ XIII. — Les malades qui ont un ou plusieurs kystes hydati-
ques dans la cavité du thorax n'éprouvent de dérangement fonc-
tionnel que lorsque ces kystes sont devenus considérables. Jusqu'à
la dernière période de la maladie, les digestions, les selles, les urines,
le pouls sont normaux, le sommeil n'est troublé que par la gêne
de la respiration, il n'y a pas de fièvre. Plus fréquemment que celles
d'aucune autre région, les hydatides de la poitrine sont accompa-
gnées de douleurs qui se font ressentir dans le côté, dans le dos
dans l'épigastre; elles sont vives, persistantes et sujettes à des ex-
acerbations. Le décubitus a lieu sur le dos ou sur le côté affecté.
Le symptôme le plus constant et le plus marqué est la dyspnée ;
elle offre des exacerbations fréquentes et va souvent jusqu'à la suffo-
cation ; il existe encore ordinairement une toux sèche ou accompa-
gnée d'une expectoration médiocre. Lorsque le kyste communique
avec les bronches, la toux est fréquente, vive et l'expectoration est
abondante, quelquefois énorme. Les matières expectorées sont un
liquide séreux, puriforme ou athèromateux avec des débris d'hyda-
tides : ces matières sont inodores ou fétides et même elles ont l'odeur
(t) Aadral, omit, cit., t. II, p. 407.
/|20 AFFECTIONS VERMINUUSF.S DliS CAVITÉS SÉRliUSES
de la gangrène, suivant l'état de la poche ou des parties dont elles
proviennent.
Les matières expectorées sont quelquefois teintes de sang ; dans
quelques cas, il y a des hémoptysies plus ou moins considérables.
Ons. XXXIX (Husson). — Expectoration d'hydatides. Hémoptysie.
« M. Husson montre des membranes rejetées par expectoration et dans
lesquelles on retrouve tous les caractères de débris d'hydatides. C'est la
douzième ou quinzième expectoration semblable, chaque fois accompagnée
d'une hémoptysie abondante (de 60 à 80 grammes). Chez le jeune homme
qui est le sujet de cette observation, l'auscultation ne fournit que des signes
négatifs, hormis les époques des hémoptysies où l'on entend des râles mu-
queux au sommet des poumons. Ces accidents ne paraissent avoir eu aucune
suite fâcheuse sur la nutrition et le développement physique (1). »
Les hydatides expectorées entières sont généralement petites, sinon
elles sortent par fragments d'un volume variable et enroulés sur
eux-mêmes; on en a vu dont le volume égalait celui de la coquille
d'un œuf d'oie; on a quelquefois constaté, avec ces fragments, des
échinocoques ou leurs crochets. L'expectoration de ces produits a lieu
à des intervalles plus ou moins éloignés, ordinairement de plusieurs
jours et quelquefois de plusieurs semaines. Lorsque l'hydatide ex-
pectorée est très volumineuse, il survient des phénomènes plus ou
moins graves et plus ou moins prolongés de suffocation qui peuvent
faire craindre pour la vie du malade.
L'espace de temps nécessaire à l'expulsion des hydatides varie
suivant la grandeur du kyste qui les contient et probablement sui-
vant le degré de consistance de ses parois ; cette expectoration peut
durer plusieurs mois.
§ XIV . — Les signes physiques des tumeurs hydatiques des poumons
sont prononcés en raison du volume, du nombre et de la situation de
ces tumeurs. On observe, plus ou moins, suivant ces conditions, un
élargissement d'un côté ou des deux côtés de la poitrine et des espaces
intercostaux, un déplacement du cœur ou du foie, la matité à la per-
cussion dans une certaine étendue, et, àl'ausculation, l'absence, dans
le même espace, du brait respiratoire, de bronchophonie ou d'égo-
phonie ; toutefois ces deux derniers signes pourraient exister, s'il y
avait un épanchement pleurétique du côté où siège l'hydatide. Le
(1) Husson, Bull. Soc. anat., ann. XV, 1840, p. 172,
NATURELLES OU AOVENTIVES. — HYDATIDES. «21
thorax peut être dilaté et déformé partiellement d'une manière qui
n'est pas ordinaire dans les vastes épanchements pleurétiques.
La fluctuation pourra se manifester lorsque la poche'se portera
vers l'extérieur. Il ne paraît pas que l'on ait constaté le frémissement
dans les hydatides de la poitrine.
On entendra probablement les bruits propres à l'entrée de l'air
dans une caverne, ou ceux du pneumothorax, lorsque le kyste com-
muniquera avec les bronches.
Obs. XL (Beaugendbe). — Hydatides expectorées.
a Laennec rapporte que le docteur Beaugendre lui a fait voir à Quim-
perlé, en 1821, une dame convalescente d'une affection de poitrine, dans
laquelle elle avait craché un grand nombre d'acéphalocystes. On reconnais-
sait encore un rhonchus caverneux dans le point occupé par le kyste. M. Beau-
gendre dit avoir entendu plusieurs fois un léger gargouillement indépendant
des mouvements respiratoires, et qui paraissait dû à la contraction automatique
des vers vésiculaires (1). »
§ XV. — Les hydatides de la poitrine ont été rarement reconnues
lorsqu'elles n'avaient point de communication avec l'extérieur. Les
médecins qui les ont observées ont cru, dans la plupart des cas, avoir
affaire à un épanchement pleurétique. La longue durée de la maladie,
les signes d'un vaste épanchement sans altération très notable de
l'économie, sans fièvre, la déformation de la poitrine consistant en
un changement de forme qui n'est pas ordinaire dans l'épanchement
pleurétique, le refoulement exagéré du cœur ou du foie, peuvent
mettre sur la voie du diagnostic. L'absence de tout bruit respira-
toire, d'égophonie ou de bronchophonie avec une matité correspon-
dante à la percussion, est probablement un signe pathognomonique
de l'hydatide intra-thoracique. Le diagnostic serait confirmé dans la
plupart des cas sans doute par une ponction exploratrice. Cette opé-
ration n'offrirait généralement ici aucun danger, car le plus souvent
les adhérences des deux feuillets de la plèvre ont oblitéré sa cavité.
L'observation suivante nous donne un exemple d'hydatide intra-
thoracique, dont l'existence a été reconnue pendant la vie du ma-
lade.
(1) Laennec, ouvr. cit., t. II, p. 202.
On sait aujourd'hui que les hydatides ne sont pas susceptibles de contraction
spontanée. L'expérience de Percy, qui croyait avoir vu des hydatides se contracter
dans sa main, a été faite avec des hydatides utérines, c'est-à-dire des vésicules
choriales qui ne sont point des animaux.
UÏ2 AFFECTIONS VEBMINEUSES DES CAVITÉS SÉHEUSES
OnsEitv. XL1 (Viiila). — [lyiUititle inlra-lhoracique ; ponction explora-
trice; injection iodée. Guérison.
« Le nommé Constant 11..., Agé de trente-deux ans, conducteur de bes-
tiaux, entre à la maison municipale de santé, salle 1, n" 5, le 20 novembre
1853... Il y a quinze mois, il fut renversé par un taureau ; les cornes de
l'animal labourèrent le scrotum, tandis qu'un pied frappa violemment le côté
droit de la poitrine. Depuis celte époque H., éprouve de la douleur dans
l'hypochondre droit, et une oppression qui a toujours été croissant; la
dyspnée est devenue considérable depuis cinq mois, et le malade a été forcé
de renoncer à ses occupations. D'ailleurs peu ou point de toux, pas d'expec-
toration, jamais d'hémoptysie; aucun symptôme fébrile actuel ou antérieur,
aucun désordre dans les fonctions autres que la respiration.
» La douleur dont se plaint le malade paraît assez intense; elle a son siège
sous le sein droit et ne s'étend pas fort loin; l'oppression, qui est constante,
devient extrême quand il veut marcher ou seulement quand il a parlé quel-
que temps ou fait des efforts exagérés de respiration ; il lui est impossible de
se coucher sur le côté gauche, il se lient habituellement, assis dans son lit et
peut se coucher sur le côté droit ou sur le dos. La voix est faible et altérée
comme celle des personnes dont la trachée ou les nerfs laryngés récurrents
sont comprimés. La forme de la poitrine présente quelque chose de très in-
solite : vue par la face antérieure, on trouve le côté droit beaucoup plus déve-
loppé que le gauche, avec voussure très prononcée et élargissement des
espaces intercostaux correspondants qui sont au moins aussi saillants que les
côtes; les veines sous-cutanées sont dilatées et très apparentes. En arrière,
on trouve l'inverse, le côté droit paraissant avoir la forme régulière et le
gauche présentant une saillie assez prononcée; la colonne vertébrale est lé-
gèrement déviée à gauche et convexe dans ce sens.
» La mensuration nous a donné les résultats suivants (le ruban n'étant que
peu serré) :
1° Circonférence totale suivant une ligne qui passerait par les ma- cent.
melons et l'épine de la 7e vertèbre dorsale. 83
„. ,, ,. ,, ( droite 43,4
Circonférence partielle. .......
gauche 39,6
Différence en plus pour le côté droit 3,8
2° Circonférence totale en suivant une ligne qui passe sous les
aisselles et à 4 centimètres au-dessus des mamelons 81,4
„. „, .. ,, j côté droit 41,5
Circonférence partielle | gauche 395
Différence en plus du côté droit 2
ï La percussion donne un son mat dans tout le côté antérieur droit de la poi-
trine, à l'exception du premier espace intercostal ; ce même son est obtenu,
sans changement appréciable, dans l'hypochondre et le flanc du même côté
jusqu'au niveau de l'ombilic. La matité, mesurée suivant une ligne parallèle
au sternum, donne une hauteur de 28 centimètres (la longueur de l'os sternal
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 423
est de '18 centimètres). Transversalement la matité dépasse le côté droit de
la poitrine et le sternum lui-même, de telle sorte que l'espace occupé par
elle se trouve circonscrit: inférieurement par une ligne qui, après avoir passé
par l'ombilic, se porte de là obliquement sous l'aisselle gauche de manière à
être distante du bord correspondant du sternum, de 4 centimètres au niveau
de la dixième côte, de 1 8 centimètres au niveau de la sixième ; supérieure-
ment par une ligne qui, suivant le bord supérieur de la seconde côte droite,
passe sur le sternum à 3 centimètres au-dessous de la fourchette de cet os,
et, décrivant une ligne courbe, va rejoindre sous l'aisselle gauche la ligne
inférieure, c'est-à-dire que la matité arrivée sur les limites du côté droit de
la poitrine et de la partie supérieure de l'abdomen qu'elle occupe entière-
ment depuis la seconde côte jusqu'à l'ombilic, se prolonge de ces deux points
extrêmes vers l'aisselle gauche de manière à dessiner une espèce de cône
tronqué, ou, si l'on veut une comparaison, les deux lignes qui circonscrivent
la matité se dirigent vers l'aisselle gauche comme les deux courbures de l'es-
tomac, de la grosse lubérosité vers le pylore. La matité occupe aussi tout le
côté latéral droit de la poitrine ; en arrière et à droite on la retrouve dans la
partie inférieure à partir de l'angle de l'omoplate, et elle empiète sur le côté
gauche par un prolongement analogue à celui de la partie antérieure, mais
moins étendu et limité entre la septième et la neuvième côte. D'une autre
part, on constate un son normal : '1° en avant, dans le premier espace inter-
costal droit et gauche; 2° dans la partie antéro-inférieure et dans toute la
partie latérale du côté gauche; 3° en arrière, dans presque tout le côté gauche ;
k° dans la partie postérieure droite, depuis la fosse sus-épineuse jusqu'à
l'angle inférieur de l'omoplate.
» Auscultation. En avant, soit à droite, soit à gauche, on n'entend le mur-
mure vésiculaire que sous les clavicules, encore est-il faible et mélangé de
quelques râles sibilants. Partout où il y a matité, on n'entend ni murmura
respiratoire, ni souffle bronchique; si l'on fait parler le malade, la main appli-
quée sur les mêmes points ne perçoit aucune vibration, et l'oreille ne dis-
tingue aucune résonnance. En arrière, bruit respiratoire exagéré dans tout 1©
côté gauche et dans les trois quarts supérieurs du côté droit; de ce même
côté, timbre amphorique de la voix et même du bruit respiratoire, semblable
à celui que l'on entend dans certains épanchements de la plèvre ; absence de
souffle et d'égophonie. Dans le quart inférieur, absence de murmure quand
le malade respire; absence d'égophonie et de vibrations thoraciques quand il
parle.
» Les bruits du cœur ne sontguère entendus que sous l'aisselle gauche, sans
aucune modification anormale et seulement dans une très petite étendue ; ce
fait établit, mieux que la percussion, le refoulement de cet organe à l'extrême
gauche de la poitrine et à un point de cette région plus élevée que cela n'a
lieu d'ordinaire. Aucun bruit de souffle dans la direction de l'aorte. Les côtes,
examinées pendant l'inspiration, restent à peu près immobiles ; les parois de
l'abdomen sont inégalement soulevées, la différence en plus du côté gauche
Uîk AFFECTIONS VLRMINEUSES DKS CAVITÉS SÉREUSES
étant 1res sensible; enfin la palpalion attentive des espaces intercostaux de
la partie antérieure droite de la poitrine donne aux doigts une sensation qui
approche beaucoup do celle de la lluctuation.
» Lo 9 décembre, à huit heures du matin, M. Monod fit, entre la sixième et
la septième cote droite, une ponction avec le trocart explorateur ; il s'en
écoula un liquide transparent comme de l'eau de roche, sans réaction sur le
papier de tournesol, qui ne perdit rien de sa transparence par son mélange
avec l'acide azotique, non plus que par l'action de la chaleur. On introduisit
alors une canule de Reybard, et on tira 2450 grammes d'un liquide sem-
blable au premier, et dont les dernières portions entraînèrent des débris de
membranes transparentes comme celles de l'œuf, et qui ultérieurement sou-
mises à l'examen de M. Ch. Robin, furent reconnues par lui de nature hyda-
tique. Le malade supporta cette opération sans fatigue, sans accidents; il
n'eut même pas ces quintes de toux convulsives habituellement observées à la
fin de la thoracocentèse. Alors M. Monod injecta environ 250 grammes d'une
solution composée comme il suit :
Eau distillée . 450 grammes.
Alcool 150
Iode 15
Iodure de potassium 15
La moitié environ du liquide injecté fut extraite quelques minutes après. La
canule fut alors retirée, un morceau de diachylon fut appliqué sur la piqûra
et maintenu par un bandage de corps.
» Immédiatement après celte opération, le cœur se rapproche sensiblement
de la ligne médiane, et la sonorité reparaît dans une étendue plus considérable
au-dessous des clavicules et dans le côté gauche du thorax; le calme du ma-
lade se soutient; le pouls marque 112. Une heure après, un peu d'ivresse
iodique qui se dissipe vers les trois heures de l'après-midi. Le soir, le malade
continue à avoir la respiration libre et en éprouve un bien-être dont il était
privé depuis longtemps; 132 pulsations, il n'y a pas eu de frissons dans la
journée, la peau est chaude, céphalalgie légère; le point décote dorsal droit a
complètement disparu, et le malade a toussé à peine deux ou trois fois dans
toute la journée.
» Le 10, la nuit a été calme, le malade a dormi trois heures; 120 pulsa-
tions, 23 respirations. — Respiration. Murmure vésiculaire distinct dans toute
la partie supérieure et antérieure du côté gauche ; les bruits du cœur sont
entendus au lieu que cet organe doit naturellement occuper; bruit respiratoire
normal dans toute la région latérale et postérieure de ce même côté gauche.
Du côté droit le bruit respiratoire manque encore dans toute la partie anté-
rieure, si ce n'est au-dessous de la clavicule où il est mélangé de râles sous-
crépitants et de craquements humides ; en arrière, absence de tout bruit dans
la partie inférieure ; murmure mêlé de craquements humides dans les fosses
sus- et sous-épineuses; retentissement normal de la voix; au-dessous de lais-
NATURELLES OU ADVENTIVES. — I1YDAT1DES. /l25
selle, mélange de craquements humides et de bruit respiratoire; absence
de tout bruit dans les deux tiers inférieurs de la région latérale droite. — ■
Percussion. En avant et à droite, sonorité depuis la clavicule jusqu'à la
quatrième côte, obscurité du son dans le tiers moyen de cette région, matité
dans le tiers inférieur; réapparition de la sonorité entre la base de la poi-
trine et la région ombilicale; réascension du foie derrière les côtes. Du côté
gauche et en avant, réapparition complète de la sonorité, si ce n'est vers la
région précordiale où la matité reste un peu plus considérable qu'à l'état
normal. Les côtes droites sont encore immobiles pendant les mouvements
respiratoires ; mais on observe déjà un peu de dépression des espaces inter-
costaux pendant l'inspiration ; à gauche, ce dernier phénomène a lieu d'une
manière beaucoup plus sensible et les côtes sont très mobiles; l'abdomen se
soulève également des deux côtés pendant l'inspiration. Le soir, état satis-
faisant; 412 pulsations, 19 respirations.
» Le 4 4 , 4 04 pulsations, 20 respirations ; nuit calme, pas de céphalalgie,
absence de douleur, un peu do toux.
:- » Le 4 2, le malade a dormi toute la nuit, a très peu toussé ; absence de
toute douleur ; 104 pulsations, 24 respirations; la respiration est libre et le
malade peut se coucher sur les deux côtés. — Respiration. Elle est très pure
et même puérile dans tout le côté gauche, tant en avant qu'en arrière et laté-
ralement. Du côté droit, en avant, mélange de murmure respiratoire et de
craquements humides dans presque toute la hauteur; en arrière, le mur-
mure vésiculaire et la voix ont un timbre amphorique assez marqué quoique
paraissant se produire un peu loin de l'oreille. La fluctuation thoracique ne
peut être constatée par la succussion hippocratique répétée plusieurs fois.
— La percussion de ce côté donne, en arrière, sonorité parfaite dans les deux
tiers supérieurs, incomplète dans le tiers inférieur ; en avant, sonorité depuis
la clavicule jusqu'au mamelon. — (Le malade prend dans la journée deux
bouillons et deux potages.)
» Le 13, un peu plus de toux que les jours précédents ; 96 pulsations, langue,
nette, pas de garderobes ; souffle voilé et égophonie à la base du côté droit
de la poitrine, en arrière; d'ailleurs absence complète de douleur. (Large
vésicatoire dans le dos ; deux bouillons et deux potages.)
» Le 4 4, sommeil la nuit ; peu de toux, quelques crachats muqueux, jaunâ-
tres; langue nette ; 84 pulsations; respiration très libre; souffle léger et égo-
phonie à la base de la poitrine en arrière, mais dans une moindre hauteur que
la veille , apparition dans les mêmes points de râles crépitants et de craque-
ments humides ; l'épanchement nous paraît avoir diminué.
» Le 4 3, état satisfaisant de la respiration, sommeil pendant la nuit. Plus de
souffle ni d'égophonie, mais persistance de la matité dans le tiers inférieur et
postérieur droit; 84 pulsations; deux selles liquides depuis la veille.
» Le 16, 92 pulsations, après une nuit assez bonne, avec sommeil. Dimi-
nution de la matité en avant, où elle a pour limite supérieure une ligne ho-
rizontale passant par les mamelons, ce qui établit dans ce sens une diminution
ft2G AFFECTIONS VliRMlNEUSFS DES CAVITÉS SEREUSES
de 9 ii 10 centimètres depuis l'opér^t^n, et, pour limite intérieure une ligne
suivant ii peu près la huitième l'ùte, ce qui donne dans ce sens une diminu-
tion de 'i à S centimètres. Total du retrait, du kyste suivant la hauteur, 14 ii 15
centimètres. Transversalement, la malité. ne s'étend plus qu'à 2 centimètres en
dehors d'une ligne fictive, abaissée de la clavicule et passant perpendiculai-
rement sur le mamelon, ce qui donne une autre diminution de 9 centimètros.
A l'auscultation, le murmure vésiculairo gagne un peu en force et en étendue
dans la partie postérieure droite de la poitrine.
» Le 17, sommeil la nuit précédente; 72 pulsations. Depuis comme avant
l'opération, la diarrhée a toujours de la tendance à reparaître; il y a eu deux
selles liquides dans les vingt-quatre heures. (Deux verres d'eau de Sedlilz.)
»Le19, 84 pulsations; respiration très libre; la disposition diarrhéique per-
siste, deux selles liquides depuis hier. Du côté gauche, sous l'aisselle, il y a
de la résonnance, mais pas de murmure vésiculaire; dans le tiers inférieur et
postérieur droit on entend de la crépitation pleurale; il n'y a plus d'égophonie.
» Le 21 , cessation de la diarrhée; le malade, qui jusque-là, suivant l'état du
ventre, n'avait mangé que des bouillons, des soupes et même avait gardé la
diète, est mis au premier degré d'aliments solides.
» Le 22, retour du bruit respiratoire dans toute la partie postérieure de la
poitrine ; le malade respire comme un homme en état de santé, tout au plus
peut-on remarquer un peu d'anhélation quand il parle.
» Le 26, la percussion permet de constater encore une notable diminution
dans la matité du côté gauche de la poitrine, qui ne s'étend plus qu'à 5 centi-
mètres en dehors de la ligne médiane du sternum...
» Le 29, vingtième jour depuis l'opération, le sternum occupe exacte-
ment la ligne médiane ; le côté droit de la poitrine est manifestement et réguliè-
rement bombé à partir de la troisième côte jusqu'à la fin de 1 hypochondre ; les
espaces intercostaux sont plus sensiblement déprimés à gauche qu'à droite...
Le développement de la région postérieure se maintient en sens inverse de
celui de l'antérieure. La colonne vertébrale présente une légère convexité
tournée à gauche, et ce côté de la poitrine est plus saillant que le droit... —
Mesuré en serrant fortement le ruban, le côté droit daine au niveau des
mamelons 37 centimètres et le côté gauche 35 centimètres. — En avant, la
poitrine est sonore tout le long du sternum jusqu'un peu au-dessous d'une
ligne qui réunirait les deux mamelons ; de la clavicule gauche au mamelon
du même côté, sonorité parfaite; à droite dans la même direction, sonorité
parfaite au niveau des deux premiers espaces intercostaux, un peu obscure
au troisième et mate à partir du quatrième, où se trouve le mamelon ; de là,
la matité, plus étendue que les jours précédents, descend jusqu'à l'ombilic.
— La région latérale gauche est sonore, la droite correspondante est sonore
sous l'aisselle même et mate à partir du cinquième espace intercostal. — En
arrière, sonorité parfaite dans tout le côté gauche et dans les deux tiers supé-
rieurs du côte droit, un peu obscure mais non complètement absente dans
le tiers inférieur de ce même côté.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATTDES. 427
» 4 janvier 4 854. Respiration puérile mêlée de râles sibilants aVs deux
côtés de la poitrine, en arrière. A gauche, en avant et sur le côté latéral cor-
respondant, respiration puérile, un peu sifflante, entendue aussi le long du
bord correspondant du sternum, et même tout le long de cet os lui-même;
dans tous ces points, son normal à la percussion. — Sonorité un peu exa-
gérée à droite en avant, entre la première et la troisième côte; diminution
de celle-ci entre la troisième et la quatrième ; à partir do cette dernière, ma-
tité se confondant inférieurement avec celle du foie, qui elle-même ne s'étend
pas au delà des dernières côtes. — Le cœur bat entre la cinquième et la
sixième côte gauche, un peu en dehors d'une ligne verticale traversant le ma-
melon .
» Le 9, 4 08 pulsations, langue sale, un peu d'augmentation de la matité,
environ de 3 centimètres en hauteur; respiration puérile., diminution des
râles.
!> Le 4 4 , à droite, il n'y a plus que les deux premiers espaces intercostaux
qui restent sonores; latéralement la matité s'est étendue jusqu'au bord gauche
du sternum, inférieurement jusqu'à l'ombilic. Le cœur est évidemment plus
à gauche que les jours précédents.
» Le 1 3, la saillie du côté droit du thorax est devenue plus apparente ; les
espaces intercostaux y participent sensiblement, et les veines sous-cutanées
sont très gonflées de ce côté. Nous constatons par la percussion que le kyste
a augmenté de quelques centimètres en tous sens, et à l'auscultation, que la
respiration manque dans toute l'étendue correspondante à la matité, mais
que dans tous les points sonores elle a généralement le caractère puéril ou
sibilant. — La mensuration de la poitrine faite avec soin, le cordon passant
en avant au-dessous du sein, et en arrière à un travers de doigt au-dessous
de l'angle de l'omoplate, donne pour toute la circonférence 78 centimètres et
pour chaque côté 39 centimètres. — La colonne vertébrale est devenue pres-
que droite; il faut une grande attention pour voir qu'elle est encore un peu
convexe du côté gauche. La poitrine examinée dans sa partie antérieure, on
voit que le côté droit est sensiblement plus développé, plus convexe que le
côté gauche, et comme placé sur un plan plus antérieur et obliquement di-
rigé de gauche à droite. Examinée dans sa partie postérieure, c'est tout le
contraire : le côté gauche est plus bombé que le droit, et semble placé sur
un plan postérieur un peu oblique de droite à gauche ; l'angle inférieur de
l'omoplate gauche est situé un peu plus bas et fait un peu plus de saillie que
celui du côté opposé. Examinée dans ses régions latérales, le côté droit pa-
raît plus plat que le gauche, mais présente un diamètre an téro -postérieur
un peu plus considérable, au moins à l'œil. »
Sortie de l'hôpital le 4 5 janvier.
Le malade s'étant représenté le 3 décembre 4 854, offre l'état suivant :
« Aspect extérieur de la santé ; embonpoint au moins égal à celui qu'il avait
avant l'accident qui paraît avoir été le point de départ de sa maladie, quoiqu'il
n'ait pas renoncé à ses habitudes. R... peut remplir facilement les exigences
ll'lS AFFECTIONS VEliMINEUSES DES CAVITÉS S1ÎREUSES
do son état. Sa respiration bonne, dit-il, est cependant un peu moins longue
qu'avant sa maladie, mais lui permettrait néanmoins de faire facilement une
dizaine de lieues par jour; il tousse un peu, mais il ne se rappelle pas qu'il
en ait jamais été autrement... La poilrinea repris son développement à peu près
égal des deux côtés • mais la conformation n'en est pas régulière, sans que je
puisse dire si celle-ci préexistait ou non à la maladie... Le sternum est un peu
dévié à gauche ; le côté droit de la poitrine présente en avant une légère vous-
sure dont le centre est un peu au-dessus du mamelon : elle mesure 6 à 7 centi-
mètres en tous sens; dans l'espace occupé par celle-ci, il y a un peu moins
de son que dans les autres régions, mais on y entend très bien le murmure
respiratoire, un peu plus faible cependant qu'ailleurs. Dans tous les autres
points, la percussion et l'auscultation constatent un état normal, une simili-
tude parfaite. Le foie ne dépasse pas les côtes (1). »
Dans les cas d'hydatides expectorées, le diagnostic sera, en gé-
néral, facile ; il suffira d'établir la nature des membranes expulsées,
quelquefois même on trouvera les échinocoques. Alors, d'après la
marche de la maladie, on pourra déterminer si le siège des vers vési-
culaires est dans le poumon ou dans le foie.
§ XVI. — Les hydatides développées dans le poumon, ou bien
en rapport avec cet organe, occasionnent constamment des phéno-
mènes graves. D'après les faits rapportés dans cet ouvrage, la mort
arriverait deux fois sur trois cas ; mais ces faits concernent pour
la plupart des kystes qui ne se sont pas fait jour au dehors ; lorsque
les kystes entrent en communication avec les bronches, après un
temps plus ou moins long, après des accidents divers, la guérison
arrive pour le plus grand nombre des cas.
§ XVII. — Les observations d'hydatides pulmonaires ne sont pas
très nombreuses, et, comme il n'est pas sans intérêt de connaître
les divers accidents qu'elles déterminent, leur marche, leur durée,
leur terminaison variables, nous rapporterons in extenso celles dont
nous n'avons pas encore parlé, ou nous en donnerons une analyse
sommaire.
1° Cas de guérison.
A cette catégorie appartiennent les cas rapportés ci-dessus:
(1) Docteur Vigla, Des hydatides de la cavité thoracique, obs. I (Arch. gèn. do
médecine,Ye série. Paris, 1855, t. VI, p. 282).
NATURELLES OU ADVLNTIVLS. — HYDATIDES. Z|29
I. — Obs. XXXIV (Fréteau). — Kyste ouvert à travers la paroi tho-
racique el plus lard dans lesbronches.
II. — Obs. XXXV (Laennec). — Kyste ouvert dans l'intestin.
III. — Obs. XXXIX (Husson). — Hydatides expectorées.
IV. — Obs. LX (Beaugendre). — Hydatides expectorées.
V. — Obs. XLI (Vigla). — Ponction, injection iodée.
Obs. XLII (Doubleday). — Hydatides expectorées.
VI. — En 1 776, le docteur Doubleday rapporta le cas d'une femme d'un
âge moyen, qui, après avoir éprouvé pendant deux années de la difficulté à
respirer et d'autres symptômes pulmonaires, avec de l'amaigrissement, expec-
tora tout à coup, en toussant, du sang mêlé d'une matière transparente et
visqueuse comme du blanc d'œuf. La matière expectorée remplit une cuvette;
elle contenait un certain nombre de vésicules transparentes, variant pour la
grosseur depuis un gros pois jusqu'à celle d'un œuf de poule, plus ou moins
déchirées, mais paraissant avoir contenu la matière glaireuse expectorée.
Après avoir rendu ces corps, elle recouvra un état de santé meilleur que celui
dont elle avait joui depuis longtemps. Elle parut tout à fait guérie quelques
années après (1 ).
Obs. XL1II (Johnson). — Hydatides expectorées.
VII. — En 1785, Johnson, chirurgien de Lancastre, publia l'histoire d'une
femme âgée de quarante-neuf ans, qui avait longtemps souffert d'une douleur
du côté droit, avec des symptômes d'une maladie du foie. En septembre 1779,
elle fut prise de toux et d'une grande difficulté de respirer. Dans le mois de
mars 1780, elle commença à expectorer des hydatides nageant dans une ma-
tière gélatineuse. Elle continua d'en expectorer chaque jour pendant près de
quatre mois et puis seulement de temps à autre. Au mois de janvier 1783,
tous les accidents prirent une nouvelle intensité et la malade expectora à la
fois une grande quantité d'hydatides. Elle recouvra bientôt après une santé
parfaite. Le nombre des hydatides rendues'était de plus de cent. Les plus
grosses étaient rompues, elles égalaient en grosseur un œuf de poule. Le
plus grand nombre avait le volume d'une noix muscade (2).
Obs. XLIV (...?). — Hydatides expectorées.
VIII. — On trouve dans le journal de médecine de Corvisart (1 801) le cas
d'un jeune homme qui expectora des hydatides. Le malade rapporte qu'ayant
atteint l'âge de vingt-sept ans sans avoir jamais souffert de maladie sérieuse,
(1) Médical observât, and inquiries, vol. V, p. 143.
(2) Johnson, in London medicalJourn., vol. VI, p. 293 (Doubleday); — Abrégé
des Transacl. philosoph., partie VI ou VII; — Anal, anirn , p. 180; — Transact.
philos, de Londres (Andral, sans nom d'auteur).
A 30 AFFECTIONS VEUMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
il fut pris d'une forte douleur dans le côté gauche après s'être exposé au froid
et à l'humidité; cetto douleur, quoique bientôt guérie, revint après un inter-
valle de deux mois et persista pendant trois mois. A cette époque le malade
expectora, en toussant, une grande quantité de liquide albumineux et d'une
couleur pâle. Il fut alors reçu à l'hôpital par Corvisarl? Peu de temps après
avoir rendu le liquide dont il est parlé ci-dessus, il commença à expectorer par
intervalles des lambeaux de membranes ressemblant à du blanc d'œuf
coagulé. Ces lambeaux continuèrent à être expulsés pendant quelques mois.
Le malade, étant réduit à l'état le plus grave, obtint un jour une amélioration
soudaine après avoir expectoré un lambeau d'hydatide grand comme la main.
Ayant remarqué qu'une position du corps dans laquelle la tête était en bas
favorisait la sortie des matières, il avait pris cette position qui avait aidé à
l'expulsion de cet énorme lambeau, non sans menace de suffocation. A partir
de ce moment, la santé continua de s'améliorer et le jeune homme paraissait
guéri à l'époque où il faisait la relation de sa maladie (1).
Obs. XLV (Baumes). — Hydatides? expectorées.
IX. — « Baumes rapporte qu'une dame de vingt-cinq ans, sujette à une
toux forte 'et convulsive, fut atteinte de dyspnée, de picotement dans l'inté-
rieur du thorax ; elle cracha du sang et de plus quelques lambeaux membra-
neux blancs et lymphatiques. La malade fut mise à l'usage du calomel et
guérit (2). >
Ôbs. XLVI (Duncan). — Hydatides expectorées.
X. — En 1841, un médecin de Londres communiqua au docteur Duncan
(d'Edimbourg) les détails de la maladie d'une femme de vingt-quatre ans, qui
fut d'abord prise des symptômes d'une pleurésie pour laquelle elle subit un
traitement actif; au bout de deux mois, il survint une toux accompagnée
d'expectoration de pus d'une odeur fétide ; bientôt après cette malade expec-
tora, à la suite de quelques accès de toux, des fragments de membranes trans-
parentes, consistant en plusieurs lambeaux qui étaient évidemment des mem-
branes d'hydatides. Cette expectoration procura un soulagement immédiat aux
douleurs de poitrine et aux suffocations. La toux et l'expectoration ayant per-
sisté pendant trois mois, elle recouvra enfin les forces, mais elle continua à
souffrir de symptômes pulmonaires pendant un an et demi (3).
Obs. XLVII, XLVIII (Laennec et Ribes). — Hydatides expectorées.
XI. XII. — Laennec rapporte avoir vu, en 1798, un malade qui expectorait
(1) Histoire d'une maladie singulière de poitrine observée à la clinique interne de
V École de Paris [Journal de Corvisarl, t. II, p. 195, an IX).
(2) Ann. de la Soc. de médecine de Montpellier (1803), numéro de thermidor
an IX, cité par Fréteau.
(3) Edinb. med. and surg. Journal, vol. VII, p. 490 (Doubleday).
NATURELLES OU ADVENIVES. - HYDATÏDES M
leSiydat',de,3' 6t qU'Un ^ SembIable 'Ui a Montré parRibes. L'un el l'autre
de ces malades se rétablirent (4). tre
Obs. XLIX (Andral). — Hydalides expectorées.
|P, T? If,°mme' Vin§t-huit ans 5 toux depuis quatre mois, hémoptysie dou
'eu habituelle sous le sein gauche, pâleur, maigreur, resp ratio co te 2~
ub.tusaro.te crachats muqueux, apyrexie, réson^ance'éga.e de a oi'tr e
dans tous les points, râle bronchique en arrière des deux côtés Le ro s Z
jour après son entrée à l'hôpital, expectoration d'un large fragment !
brane rou.ee sur elle même, ayant l'aspect caractéristique des'alé a 0Cys es"
«Cette membrane déroulée avait à peu près la largeur delà aum d a
main ; ainsi ,1 était bien évident qu'elle ne s'était point formée dans le bron
hes, , Les ,ours suivants, le malade cracha beaucoup de sang, abonda es"
saignées furent pratiquées, l'hémoptysie cessa, et le malades „
mieux, voulut quitter l'hôpital (2). ' lrouvant
Obs. L (Fouquier). - Hydalides expectorées.
i h/IVTr !; \ professeur ¥°n^ a bien voulu nous communiquer ver
balement, dit M Andral, l'observation d'un individu chez lequel avaien ex"
tons les symptômes rationnels d'une phthisie pulmonaire^rès va„ ée Ce
K T,°HVra Un6Parfaite Santé après avoir exPectoré une grande Tuan
. tite d hydatides rompues (3). » garnie quan-
Obs. LI (Hqering). ~ Hydalides expectorées.
XV. -Il s'agit d'un homme âgé de 42 ans, habituellement bien portant- il
m survint successivement à la poitrine deux petites tumeurs quT S
tnnerent issue pendant plusieurs mois à un liquide séreux' L 26 m
1835, M. Hœring observa tous les signes de la phthisie ; le 4 6 mai une T
fa» s ouvrit, avec expectoration de pus sanguinolent, puis \7sZ2'
le 19 i survint des accès violents de suffocation, à la u te de que s fe ma
lade rendit une assez grande masse membraneuse entourée de beaucol ^
pus Le soir, nouvelle expulsion d'une masse semblable qu'on reconnu l!r
»ne hydatide, sa dimension était à peu près celle d'un œuf oie Au b ut de
quelquesjours l'état du malade s'améliora; au mois de juillet l 1 JZ-*
*s occupations de bureau. L'automne et l'hiver e passer ^ bien P &
/elle expectoration d'hydatides (4). P '"' Sa"S nOU~
(1) Laennec, Traité de l'auscultation médiate, t. II, p 901 3. Mil ,tn '~.t
fans, 1819). ' ' v' ~m> à édlt- (Ie édit.,
(2) Andral, Clinique médicale, i. Il, obs, vi p 414
(3) Andral, Clin, cit., t. II, p ii6
ft32 AFFECTIONS VËÛ.MINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
2° Cas de mort.
A cette catégorie appartiennent les cas rapportés ci-dessus :
I. — Oiis. I (Andral). — Ilydalides libres dans la plèvre, un kyste hy-
datique duns le foie.
II. — Obs. IV (Nf.ucourt). — h'ysle hydalique à la base du poumon,
plusieurs dans le foie.
III. — (Cruveiliiier). — Hydatide sous-pleurale.
IV. — Obs. XXVI (Geoffroy f.t Dupuytren). — Hydatide solitaire dans
chaque poumon et dans le foie.
V. — Obs. XXVII (Cayol). — Hydatide sous la plèvre costale.
VI. — Obs. XXVUI (Simon). — Hydatide dans le médiaslin antérieur.
VII. — Obs. XXV(Alibert). — Hydatide dans le médiastm, ouverte dans
le péricarde.
VIII. — Obs. CII (Richter). — Kystes multiples, l'un dans le médiaslin
antérieur.
IX. — Obs. XXIX (Sonnié-Moret). — Hydatide du lobe supérieur.
X. — Obs. XXX (Séguin). — Hydalides du foie, du cerveau, du lobe su-
périeur du poumon .
XI. — Obs. XXXI (Trochon). — Hydatides du lobe supérieur.
XII. — Obs. XXXII (Aubré). — Kyste dans le lobe supérieur du poumon
gauche ouvert dans les bronches. — Kyste de la base du poumon droit.
XIII. — Obs. XXXIII (Pillon). — Hydalides du lobe supérieur.
XIV. — (Maloét). • — Kyste dans chaque poumon, un dans le foie.
XV. — Obs. XXXV (Dupuytren). — Kyste du poumon ouvert à Vom-
bilic.
XVI. — Obs. XXXVII (Fouquier). — Kyste ouvert dans la plèvre et
dans les bronches.
XVII. — Obs. XXXVIII (Andral). — Kyste dans le lobe inférieur de
chaque poumon.
Obs. LU (Lepois).
XVIII. — » Charles Lepois parle d'un jeune homme qui périt subitement de
suffocation par suite d'orthopnée invétérée et de fièvre lente: il avait de l'eau
dans la poitrine, mais l'un des côtés contenait en outre plusieurs hydatides ;
ces vésicules étaient transparentes et ressemblaient à de.? œufs (1). »
Obs. LUI (Leroux). — Vaste kyste contenant des hydatides multiples.
XIX. — Il s'agit d'un individu âgé de trente-cinq ans, entré à la Clinique
en 1815. Toux et dyspnée depuis plus de trois ans; parole lente, entre-
(1) CarolusPiso, Observ. méd., page 239, cité par Fréteau,
NaTDÎîELLES OU ADVENIVES, — HYDATIDES. k 33
coupée, batlemenls du cœur profond:?, toux continuelle sans expectoration,
essoufflement, anxiétés horribles. A la percussion, matité dans tout le côté
droit, membres thoraciques œdémateux, membres abdominaux non infiltrés.
Diagnostic : hydrothorax. Mort dans la suffocation.
Aulopsie. — Le côié droit de la poitrine est rempli par une hydatide qui
en occupe toute la capacité; le poumon, réduit au volume du poing, est refoulé
en haut et à gauche. Sac formé par l'hydatide mère de la capacité de six litres
environ, renfermant des centaines d'hydatides, refoulant le diaphragme en
bas et le médiastin à gauche; tous les organes sont à l'état normal (I ).
Obs. L1V (Andral). — Hydatides dans le poumon et dans le foie.
XX. — Homme, vingt-six ans, symptômes et phénomènes de la phthisie pul-
monaire ; mort. ■ — Autopsie: tubercules à divers étals ; dans le centre du lobe
inférieur du poumon gauche, poche de la capacité d'une grosse noix renfermant
un liquide puriforme ; à l'intérieur, hydatide unique, pleine d'un liquide lim-
pide; kyste hydatique dans le foie (2).
Obs. LV (Andral). — Kysle unique contenant des hydatides multiples.
XXI. — Femme, quarante-cinq ans, respiration libre, pas de toux, pas de
matité à la percussion. Inégalité d'intensité du bruit respiratoire entre les deux
côtés de la poitrine, plus fort à droite; mortpar un cancer utérin. — Aulopsie :
au centre du lobe inférieur du poumon droit, hydatide du volume d'une grosse
noix qui en contenait plusieurs autres; kyste fibro-celluleux, poumon sain (3).
Obs. LVI (docteur Watts, de Manchester). — Hydatides dans le poumon
et dans le foie.
XXII. — Homme âgé de quarante-sept ans, ayant toujours joui d'une
bonne santé jusqu'en 18 42. Alors dyspepsie, douleurs d'estomac et du dos sous
l'omoplate droite. En 1843, aggravation, douleurs d'estomac violentes, dys-
pnée; symptômes de gangrène pulmonaire; mort. — Autopsie : au centre du
lobe inférieur du poumon gauche, hydatide solitaire de la grosseur du poing;
une autre solitaire, grosse comme la tête d'un enfant, existe dans le foie. Le
lobe inférieur de chaque poumon, surtout du gauche, compacte, facile à écraser
entre les doigts, laisse échapper une matière opaque, épaisse, d'une odeur
gangreneuse (4).
Obs. LVII (Bouvier). — Kyste hydatique solitaire.
XXIII. — Femme de soixante ans, matité et absence de respiration dans une
grande étendue du poumon droit, crachats incolores, pas de dyspnée. Dia-
(1) Leroux, ouvr. cit., t. VII, p. 140.
(2) Andral, Clin, cit., t. II, p. 408, obs. ut.
(3) Andral, Clin, cit., t. II, p. 410, obs. iv.
(t) Budd, ouvr. cit., p. 427.
Davaine. 28
h'Mi AFFECTIONS VKKMINEUSKS DIS CAVITES SEHEUSKS
gnostic: épanchemenl plouréiiquo. Mort par la diarrhée. — Autopsie: poumon
droit, adhérent aux parois, acépharooyste du volume d'une grenade dans le
lobe Inférieur. Kysle libro-ntlluleux mince, lisse, très adhérent; à travers sa
paroi se dessinent en relief des branches vasculaires cl des rameaux bronchi-
ques, un do ces rameaux est ouvert dans le kyste. Tous les organes sains, à
l'exception do l'intestin (1).
Ob9. LVII1 (Bouvier). — i Kijstc hydalique solitaire.
XXIV. — Femme de soixante-cinq ans, morte de méningite; matité dans
toute la hauteur du poumon droit en arrière, et à la base du poumon gauche.
— Autopsie. Adhérences du poumon gauche avec les parois ; énorme acépha-
locysle solitaire, remplissant presque la totalité du lobe inférieur ; le tissu do
ce lobe réduit à une lame mince et comme membraneuse, entourant l'hyda-
tide; dans un point où le tissu pulmonaire a disparu, plaque cartilagineuse
assez large en contact immédiat avec l'hydalide. Kyste formé par une mem-
brane celluleu^e (ine, à travers laquelle se dessinent des branches vasculaires
dénudées et comme disséquées dans une partie de leur trajet (2).
Obs. LIX (Pinaut). — Hydatides dans les deux poumons, le foie et lu
rate.
XXV. — Il s'agit d'une femme, âgée de trente ans, qui éprouvait depuis deux
ans de la gêne à respirer, et qui offrait de l'œdème des jambes, les signes d'un
épanchement séreux dans l'abdomen et dans la cavité gauche du thorax.
A l'autopsie, on trouva un kyste hydatique dans le lobe droit du foie; un
autre kyste considérable dans la rate ; un kyste de la grosseur d'un œuf adhé-
rent au bord postérieur du foie, au diaphragme, et comprimant la veine cave,
ce qui explique l'œdème etl'ascite; un kysle considérable occupant la partie
antérieure du lobe moyen, la partie la plus inférieure du lobe supérieur, et la
partie supérieure du lobe inférieur du poumon droit; un autre très considé-
rable occupant tout le lobe inférieur et la plus grande partie du lobe supérieur
du poumon gauche ; enfin deux petits kystes, l'un du lobe inférieur du poumon
droit, l'autre du lobe supérieur du poumon gauche, appartenaientprobablement
aussi aux hydatides (3).
En résume : Sur les quarante cas rapportés ci-dessus, la guérison
a eu lieu quinze fois, et la mort vingt-cinq fois.
(1) Bouvier, Hydatide du poumon {Bull. Acad. royale de mc'd. Paris, 1841-
1842, t. VII, p. 933).
(2) Bouvier, Hydatide du poumon {Bull. Acad. royale deméd. Paris, 1842-1843,
t. VIII, p. 1244).
(3) Piuaut, Bull. Soc. anatom. Paris, 1854, p. 4 0 ( > , et Houël, Rapport sur celle
observation, p. 411.
NATURELLES OU ADVENTIVËS. — HYD.VTIDES. !\?,5
La guérison a été due :
A l'expectoration des hydalides 12 fois.
A leur évacuation par l'intestin 1
A la ponctiou avpc injection iodée 1
A l'ouverture par le bistouri à travers les parois de la
poitrine et à l'évacuation spontanée par les
bronches 1
Le siège des hydatides dans les vingt- cinq cas de mort a été :
La cavité de la plèvre 1 fois.
Le tissu cellulaire sous-pleural de la paroi thoracique. l
Le médiastin 3
Le lobe supérieur du poumon 5 ou 6 fois.
Le lobe inférieur 12 ou 13 fois.
5 fois il y avait un kyste dans chaque poumon.
8 fois il existait en même temps un kyste hydatique dans le foie.
Dans le plus grand nombre de cas, le kyste contenait une hyda-
tide solitaire.
CHAPITRE II.
KTSTES HYDATIQUKS ABDOMINAUX ENVAHISSANT LA CAVITÉ DU THORAX.
Les kystes hydatinues développés dans quelques-uns des organes
abdominaux, mais surtout ceux de la partie supérieure du foie, sou-
lèvent le diaphragme, refoulent les poumons et apportent un obstacle
au libre exercice de ces organes. Comme ceux qui se sont déve-
loppés dans la cavité thoracique même, ils peuvent se perforer et
verser leur contenu dans la cavité du péricarde ou de la plèvre, ou
bien entrer en communication avec quelque bronche, et se vider par
cette voie au dehors. Les symptômes, la marche et la terminaison
de ces kystes ont la plus grande analogie avec ceux des kystes hyda-
tiques intra-thoraciques ; nous en parlerons donc immédiatement à
leur suite.
A. — Kystes refoulant le poumon, médiatement à travers le diaphragme intact.
Les kystes développés vers la face supérieure du foie refoulent
fortement le diaphragme en haut et médiatement le poumon ; d'un
autre côté, le foie est repoussé en bas et dépasse le rebord des fausses
côtes. Le poumon peut ainsi être refoulé jusqu'à la troisième ou la
/|3G AFFECTIONS VERMINEUSES 1>KS CAVITES SÉHELSES
seconde côte, sans que le diaphragme soit perforé ; il en résulte une
grande gêne de la respiration et plusieurs des signes physiques d'un
épanchement dans la plèvre; aussi ht plupart des cas ont-ils été con-
fondus avec l'hydrothorax ou la pleurésie.
Ods. LX (Goocii).
I. — Il s'agit d'une petite fille, âgée d'environ neuf ans, qui avait une
grande tuméfaction au foie, laquelle élevait et repoussait les côtes de bas en
haut. La tumeur était fluctuante; une ponction y fut faite avec une lancette;
il en sortit un peu de liquide et l'enfant mourut le lendemain. A l'ouverture
du cadavre on trouva que le foie s'étendait presque jusqu'aux clavicules, re-
poussait et entraînait avec lui le diaphragme ; il avait comprimé le poumon
droit jusqu'au point qu'on ne put le gonfler d'air en soufflant par la trachée-
artère; il était adhérent au diaphragme ainsi qu'à la plèvre. Il y avait dans le
foie un kyste hydalique qui contenait environ cinq pintes de liquide (1).
Obs. LXI (Dolbeau).
II . — Un homme, âgé de cinquante-huit ans, avait eu une pleurésie à droite,
deux ans avant sa mort ; il avait la respiration courte, anxieuse ; il succomba
aux progrès de l'asphyxie.
Autopsie. Le foie n'était distant de l'ombilic que de trois travers de
doigt; un kyste hydatique existait à sa face supérieure; ce kyste, coiffé du
diaphragme, remontait dans le thorax et atteignait à droite la deuxième côte ;
le poumon, très comprimé, était réduit à une lame mince qui descendait en ar-
rière jusqu'à la quatrième côle ; le kyste dépassait encore le bord gauche du
sternum de cinq à six travers de doigt ; le cœur, repoussé à gauche et en haut,
occupait la paroi latérale gauche de la poitrine. Le poumon gauche était très
comprimé et la cavité de la plèvre gauche présentait les signes d'une pleurésie
récente (2).
Deux cas analogues sont rapportés l'un par Mercier (3), l'autre
par M. Combessis (4) : le premier avait été pris pour un hydrothorax,
le second pour un épanchement pleurétique. Nous rapporterons un
cas semblable de MM. Duplay et Morel-Lavallée (5).
Une observation non moins remarquable concernant un kyste dé-
(1) Gooch, Cases and remarks ofsurgery, p. 170. — Lassus, Mém. cit., obs. vir,
p. 128. — Cruveilhier, art. Acépu., p. 238.
(2) F. Dolbeau, Étude sur les grands kystes de la surface convexe du foie (Thèse,
n° 113, obs. m, p. 32. Paris, 1856).
(3) J. Mercier, Dissert, sur l'hydrothorax, thèse. Paris, 1810, n° 63, p. 21, et
L. Barrier, thèse cit., p. 69.
(4) Combessis, Bull. Soc. anal., 1851, p. 347.
(5) Voy. ci-après observation 112,
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDAT1DES. 437
veloppé dans la rate, a été rapportée par M. Rombeau : ce kyste
avait refoulé le cœur vers la troisième côte, et le poumon vers l'ori-
gine des bronches ; ce dernier organe avait à peine le volume du
poing ; le diaphragme, repoussé dans la poitrine, était intact (1).
Le diagnostic de ces tumeurs doit être souvent fort incertain ;
néanmoins il sera possible de les reconnaître lorsque l'on observera
des phénomènes semblables à ceux des kystes hydatiques de la
plèvre ou de la base du poumon droit, et qu'en outre le foie sera
plus ou moins abaissé. Peut-être pourra-t-on, dans certains cas,
sentir, sous le rebord des dernières côtes, la fluctuation ou même le
frémissement hydatique ; alors l'origine de l'affection ne serait plus
douteuse.
B. — Kystes perforant le diaphragme et s'ouvrant dans la plèvre.
Les kystes du foie développés vers la poitrine perforent, dans cer-
tains cas, le diaphragme par leur action propre ou par suite d'un
effort du malade, et leur contenu s'échappe dans la plèvre. Une dou-
leur de côté violente marque ordinairement cette invasion ; il en ré-
sulte une pleurésie aiguë et rapidement mortelle ; cependant la
marche de la maladie est quelquefois moins rapide, alors une com-
munication peut s'établir entre la plèvre et les bronches, et les
signes du pneumothorax succèdent à ceux de l'épanchement pleuré-
tique.
Le diagnostic d'un tel accident ne pourrait guère être établi que
si l'on avait préalablement constaté l'existence d'un kyste hydatique
dans un organe de l'abdomen.
Nous possédons huit observations de kystes du foie ouverts dans la
plèvre, or nous n'en avons rapporté qu'une seule de kyste du poumon
ouvert dans cette même cavité ; une telle différence tient, sans
doute, à ce que les hydatides intra-thoraciques déterminent ordi-
nairement des adhérences entre les deux feuillets de la membrane
séreuse.
Oiîs. LXII (Bianchi). — Rupture spontanée.
I. — «Talemsaccum, gelatinosa mater ta plénum, ad plureslibrasaccumulata,
» in gibba hepatis regione, in cadavere invenit Bianchus : ingens ille tumor
» diaphragma tandem laceraverat el in cavum dextrum tlioracis magnam par-
(1) Rombeau, Bull. Soc. anat., 1854, p. 341.
/|3K AI'I'ECTIONS VKI1MINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
» ii in contenue materiœ effuderat ci tandem suffocaverpt miserum homi-
• Di'lll (1). »
Ods. LXIII (Valsalva)? — Rupture spontanés.
II. — 1! s'agit d'une femme sexagénaire qui se plaignait depuis longtemps
d'uno douleur au-dessus de l'ombilic ; elle avait de la toux, de la dyspnée, et
quelques jours avant sa mort, son ventre se tuméfia tout à coup considéra-
blement et ses pieds s'œdéma ièrent.
A l'autopsie, on trouva le foie dur; la vésicule pleine de calculs; un amas
de vésicules pleines de séiosité, attachées au foie ; un abcès occupant plus du
tiers de cet organe; « la matière île l'abcès [athéromaleuse), après avoir perforé
le diaphragme, s'élait précipitée dans la cavité droite de la poitrine qui était
totalement remplie d'un pus sanieux, cependant le poumon était sain (2). »
Obs. LXIV (Cruveilhier). — Rupture spontanée.
III. — H s'agit d'une femme âgée de trente-six ans, atteinte d'une tumeur
du foie considérée comme un abcès, et qui mourut tout à coup suffoquée.
A l'autopsie, on trouva dans la plèvre droile deux ou trois pintes de sé-
rosité jaunâtre dans laquelle nageaient une multitude d'hydatides. Le poumon
était sain et libre d'adhérences ; le diaphragme et la plèvre étaient perforés
par une ouverture inégale, circulaire, du diamètre d'une pièce de vingt francs,
qui conduisait dans un kyste énorme, contenu dans l'épaisseur du foie; go
kyste avait des parois très denses, fibreuses, ossifiées en partie, et contenait
beaucoup de sérosité et des hydalides (3).
Obs. LXV (Cléhot). — Rupture spontanée.
IV. — Hôpital de Rochefort; matelot, quarante-cinq ans, n'ayant jamais été
malade, entré à l'hôpital pour des douleurs vagues survenues depuis peu, et
jugées rhumatismales. Le lendemain, suffocation imminente, extrémités froides,
anxiété extrême, pouls petit, concentré, précipité, langue naturelle, idées
nettes, immobilité et malilé du côté droit dans toute son étendue, pas d'ex-
pectoration ; mort le soir.
Âulopsie. Les viscères, à l'exception du foie, ne présentent rien de remar-
quable Cinq à six pintes de liquide séro-purulenl, avec une multitude d'acé-
phalocystes dans la cavité de la plèvre droite ; poumon comprimé, aplati,
réduit à l'épaisseur de deux doigts ; fausses membranes minces, recouvrant la
plèvre; dans le foie kyste à parois épaisses, communiquant avec la plèvre à
travers le diaphragme (4).
(1) Hisioria Hepatica, pars II, cap. v, § 12, t. I, p. 154, cité par Van Swieten,
op. cil., t. III, p. 88.
(2) Mprgagnj, Desedib. cit., épist. XXXVI, § 4.
(3) Cruveilhier, Dict. de méd. et de chirurgie pratiques, art. Acéph , p. 239.
(4) Clémot, Gaz. des hôp., 1832, t. VI, p. 30.
NATURELLES OU ADVI.MIVES. — HYDATIDES. '439
Obs. LXVI (Docteur Foucart) — Rupture spontanée.
V. — Femme âgée de trente ans; kyste liyda tique du foie ouvert dans la
plèvre; pleurésie avec, épanchement. Infiltration du membre supérieur droit,
surtout de la main et du tiers inférieur de lavant-bras, pas d'œdème des
antres membres (I).
Obs. LXVII (Fouquier). — Rupture spontanée.
VI. — Une femme âgée de quarante-deux ans entre à la Charité; elle avait
une tumeur dans la région du foie et des symptômes qu'on rapporte à l'hépa-
tite; il survient tout à coup des douleurs vives dans le côté droit de la poi-
trine, de la dyspnée, delà toux, des crachats spumeux... Matité à la base du
poumon droit, respiration amphorique; mort douze jours après l'invasion de
ces phénomènes.
A l'autopsie, kyste contenant de nombreuses hydatides, situé dans le lobe
droit du foie et communiquant à travers le diaphragme avec la cavité de la
plèvre, plusieurs fistules pleuro-bronchiques (2).
Obs. LXVIII (MonnereA — Kyste communiquant avec la plèvre ; un
autre avec les canaux biliaires; thoracocentèse.
VII.— «L.. . (Firmin), âgé de dix-sept ans, cordier, entre à l'hôpital Necker
le 1 8 août l 852. Il y a trois semaines, il éprouva tout à coup, au milieu de la
nuit, une douleur assez vive dans le ventre, et de la diarrhée. Le lendemain,
la douleur occupe l'hypochondre droit, et se transmet à l'épaule droite; la res-
piralion est fréquente et pénible. Les jours suivants, les symptômes augmen-
tent, mais en restant toujours les mêmes; il n'y a ni vomissements, ni jau-
nisse, ni épistaxis. Le malade se décide à entrer à l'hôpital.
» A son entrée, on constate en avant une maliLé complète de bas en haut,
jusqu'à la quatrième côte, en arrière jusqu'à la cinquième; la respiration est
rude dans le tiers supérieur du poumon, et nulle ailleurs. Dans un point, on
entend un frottement pleural; le foie a une hauteur de 25 centimètres; la
matité du lobe gauche va se confondre avec celle de la rate. Il existe une vous-
sure marquée de toute la région hépatique; le diagnostic porté le jour même
est celui-ci: acéphalocyste du foie, avec pleurésie consécutive.
» Le 20, dans la nuit, le malade ressent une douleur vive dans le côté
droit; cris, suffocation imminente.
» Le 21, le malin, on constate que la matité occupe toute la hauteur de
la poitrine ; la respiration ne s'entend plus nulle part. M. Monneret juge alors
que le kyste du foie s'est ouvert dans la plèvre, et il pratique immédiatement
la thoracocenlèse. La ponction laisse écouler quatre verrées d'un pus blanc,
séreux, qui contient de petites vésicules gélatineuses, transparentes, verdâ-
tres, reconnues aussitôt pour des hydatides.
(1) A. Foucart, Gaz. deshôp., 1851, p. 397.
(2) Fouquier, Clinique des hôpitaux, 4828, t. II, n° 82, et Barrier, thèse citée,
p. 47.
A'iO AFFILIIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
» A la suite do celle ponction, le malade se semant do mieux en mieux, on
ne fait rien du plus; mais, du ia au 10 septembre, L... est pris d'un ictère
léger, et bientôt d'uno bronchite très intense; en môme temps, un phlegmon
diffus se développe sur la hanche droite et gagne la cuisse. Malgré tous les
moyens que l'on emploie pour se rendre maître de ces accidents, le malade
mourt le 1 9 septembre.
» Autopsie. On trouve : 1° Une tumeur au bord postérieur du foie, qui lui
adhère intimement; cette tumeur a la grosseur d'une pomme; elle se com-
pose d'une membrane extérieure fibreuse, très épaisse, résistante, qui ren-
ferme dans son intérieur le détritus de nombreuses vésicules, de dimensions
variables et tout à fait vides, et des fragments de membranes gélatineuses,
hyalines, qui ont dû avoir un volume considérable. Ce détritus est fortement
teint en jaune d'ocre, et le microscope y montre tous les éléments de la bile.
En examinant de plus près l'intérieur du sac fibreux hydatifère, on y aperçoit
quelques ouvertures capables d'admettre un stylet, et qui laissent couler à la
pression une matière jaunâtre bilieuse. 2° Une seconde tumeur au-dessus, qui
n'a de communication ni avec la première ni avec le foie; elle a le volume du
poing, et refoule le diaphragme qui la coiffe; en un point, existe dans le dia-
phragme une perforation d'un centime! re, et la poche communique largement
avec la cavité droite de la poitrine ; une membrane gélatineuse est engagée
dans celte ouverture. Le kyste et la plèvre contiennent de nombreux débris
d'hydatides. qui nagent dans le liquide purulent de la plèvre. On [ne trouve
pas de bile dans cette seconde tumeur. — Le microscope ne fait apercevoir
nulle part ni échinocoques ni crochets (<l). »
C. — Kystes envahissant le poumon.
Les kystes du foie, plus rarement ceux des autres organes, tels
que la rate ou le rein, contractent des adhérences avec le dia-
phragme, puis avec le poumon même. Les fibres musculaires com-
primées disparaissent dans une étendue variable; une perforation se
fait qui met en communication l'intérieur du kyste avec la base des
poumons ; les matières s'y creusent une cavité nouvelle ; cette cavité
entre quelquefois en communication avec les bronches qui fournissent
une voie d'élimination au contenu de la tumeur hydatique.
On peut suivre dans les faits connus tous les différents degrés de
cette marche des poches hydatiques de la surface convexe du foie.
Ons. LXIX(Esqoirol), — Hydulides dans le foie et dans l'ovaire.
I. — Une fille folle et paraplégique depuis quatre ans, ayant recouvré tout à
(1) Monueret, Revue médico-chirurgicale, 1852, t. XII, p. 257, et Cadet de
Gassicourt, thèse citée, p. 54.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — I1YDATIDES. 4M
coup l'usage de ses jambes, alla se précipiter par une fenêtre. On trouva
dans le foie deux kystes hydatiques énormes : le plus grand avait conlraclé
des adhérences par la face supérieure avec le diaphragme qui adhérait lui-
même aux poumons, il y avait de cette manière communication entre le poumon
et le kyste du foie; l'ovaire gauche contenait aussi des hydatides (1).
Obs. LXX (Crdveilhier).
II. — Un kyste solitaire très volumineux, à moitié logé dans une excavation
de la face convexe du foie, avait fortement soulevé le diaphragme qui adhérait
d'une part au kyste, de l'autre à la base du poumon (2).
Obs. LXXI (Andral).
III. — « Un homme de cinquante ans environ, mourut dans notre service
(Andral) à la Maison royale de santé, après avoir présenté un ictère et d'autres
symptômes d'une affection du foie. Nous trouvâmes dans cet organe une vaste
poche remplie d'hydalides et qui communiquait à travers le diaphragme avec
une autre cavité, pleine de pus et d'hydatides, creusée à la base du poumon
droit (3). »
Une observation rapportée par le docteur Machaud, concerne une
tumeur dont le point de départ avait probablement été la rate, et qui
avait envahi le foie et le poumon droit ; mais il peut aussi se faire
que le kyste qui existait dans ces trois organes ne fût qu'une fusion
de trois kystes développés d'abord isolément; quoi qu'il en soit,
voici les principales circonstances du fait :
Obs. LXXII (Machaud). — Kyste envahissant le foie, la rate et le
poumon.
IV. — Il s'agit d'un homme mort à l'hôpital de Dôle, avec une tumeur à
l'épigastre et des symptômes qui rirent croire à l'existence d'un hydrothorax.
A l'autopsie, « on reconnut que la tumeur appartenait à la rate, dont le
volume était sextuplé et occupait l'hypochondre gauche, l'épigastre, une
partie de l'hypochondre droit, et descendait en outre jusqu'à la région ombili-
cale au-dessous de laquelle l'estomac venait faire une saillie remarquable...
Le foie, profondément caché dans l'hypochondre sous la portion antérieure
et droite de la rate, n'était pas sensiblement altéré dans sa couleur, mais il pa-
raissait atrophié... Quant à la rate, ses dimensions étaient extraordinaires et
sa couleur violacée... Une tumeur placée au tiers supérieur et à droite de cet
organe, et correspondant à l'extrémité inférieure du sternum, fut ouverte à
(1) Esquirol, Journ. géne'r. de médecine de Sédillot. Paris, 1819, t. LXVIl,
p. 363.
(2) Cruveilhier, art. Acéph., p. 237.
(3) Andral, Clin, cit., t. II.
!\'{'2 AFFECTIONS \ E8MINEUSE6 DES CAVITÉS SÉREUSES
son sommet, dans la longueur d'un pouce el demi, un grand nombre d'hyda-
Lides s'en échappèrent.. Le sternum ayant été enlevé, l'on reconnut un vaste
kyslo qui, iiyant fa il saillie a la partie supérieure et anlérieure do la raie à la
région épigaslriquo, avait envahi toute la cavité droite de la poilrine et une
partie du Foie. Qn tira environ trois litres d'hydalides et de fluide albumi-
neux... Le kyste ainsi vidé, on reconnut qu'il était composé de trois poches
distinctes, l'une formée par le poumon droit dont il n'existait qu'une faible
portion à la naissance des bronches ; do toutes parts, le parenchyme de ce
viscère avait été refoulé sur la plèvre pulmonaire, qui du reste avait contracté
d'intimes adhérences avec la plèvre costale, le mediaslin et aussi avec le foie et
la rate... La base du kyste offrait deux poches, l'une formée par la dépression
du parenchyme du foie, dans sa partie anlérieure et supérieure, près de ses
ligaments ; il existait dans celte partie des brides et des membranes frangées
et flottantes qui paraissaient provenir de la destruction de la partie membra-
neuse du diaphragme et des téguments du foie ; l'autre poche occupait la partie
supérieure droite de la rate, comme nous l'avons vu. Cette portion du kyste
était plus grande que celle du foie et sa surface plus unie; enfin les trois po-
ches ne formaient par leur union qu'un seul et même kyste, el réunissaient
les trois viscères, en laissant toutefois intacte la cavité gauche du thorax dans
laquelle se trouvait un poumon assez sain (4). »
Obs. LXXI1I (Rostan).
V. — Il s'agit d'une femme âgée de quarante-cinq ans, malade depuis six
mois et offrant les symptômes de la phthisie pulmonaire. Dans les derniers
jours de la vie, il était survenu une hématémèse causée par une ulcération
chronique de l'estomac.
A l'autopsie, on trouva une énorme collection purulente dans le poumon
avec des hydatides flétries. « Tout l'intérieur du lobe inférieur gauche est
occupé par une cavité anfractueuse avec des brides allant d'une paroi à l'autre,
parois qui sont formées parle parenchyme lui-même ramolli et infiltré de pus.
Il n'y a pas de membrane kystique. Cette cavité est remplie par des détritus
organiques réduits en bouillie grisâtre, par de la sérosité roussâtre et puru-
lente, par des hydatides flétries en très grande quantité. .'. Cette cavité cor-
respond à une perte de substance du diaphragme de la grandeur d'une pièce
de 5 francs, à bords taillés à pic, le doigt pénètre à travers ce trou presque
dans l'intérieur du foie. » Il existait dans le foie un kyste du volume de la tête
d'un enfant nouveau-né, en communication avec la base du poumon ; ce kyste
était rempli de substance puriforme, de pus, dit l'auteur, et d'hydalides (2).
(1) Observation sur un énorme kyste d'ace'phalocystes qui avait envahi le poumon
droit, le foie et la rate, par le docteur Machaud, médecin de l'hôpital de Dôle
(Journ. comptent., 1823, t. XV, p. 83).
(2) Devers, Cas recueilli dans le service de M. Rostan, à l' Hôtel-Dieu (Gas. des
hôpitaux, 1854, p. 346).
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATJDES. W3
La présence d'un kyste dans le foie et l'absence d'une membrane
semblable clans le poumon prouvent suffisamment que l'origine de
cette vaste collection athéromateuse ou purulente était dans le pre-
mier de ces organes.
D. ~ Kystes communiquant avec les bronches.
Les kystes dont nous venons de parler se sont ouverts à la base
du poumon dans laquelle les hydatides se sont creusé une cavité
plus ou moins profonde ; dans les cas suivants, après avoir causé des
désordres semblables, la tumeur hydatique est entrée en communi-
cation avec les bronches et son contenu à pu être expectoré.
Ces tumeurs hydatiques offrent une marche et des phénomènes
semblables à ceux des kystes intra-thoraciques qui se mettent en
communication avec les bronches; il y a, en outre, un abaissement
plus ou moins considérable du foie, ou bien une tumeur dans l'épi-
gastre ou dans l'hypochondre gauche. C'est d'après ces diverses
considérations que l'on pourra établir le diagnostic. Dans plusieurs
cas, on a vu le malade rendre de la bile avec les matières expec-
torées ; ce fait ne laisserait aucun doute sur le siège du kyste dans
le parenchyme hépatique.
La communication d'un kyste hydatique du foie avec les bronches
offre une voie d'élimination aux matières du kyste et aux hyda-
tides, et en même temps un moyen de guérison.
I9 Cas de mort.
Obs. LXXIV (Simmons).
I. — Une femme âgée de quarante-quatre ans, dont le docteur Simmons
rapporte l'histoire, avait dans l'abdomen une tumeur qui commença en 1772,
après un accouchement. En 1781, cette femme avait le ventre très luméGé;
elle éprouvait de la dyspnée, de la toux avec expectoration et de la fièvre hec-
tique. L'abdomen fut ponctionné, mais deux litres (two quarts) de liquide seu-
lement furent évacués. La malade mourut quinze jours après.
A l'autopsie, on trouva dans l'abdomen un vaste kyste plein d'hydatides
qui adhérait au foie, au pancréas, au mésentère et au péritoine. Le poumon
droit était refoulé en haut, et sain en apparence; mais le poumon gauche
était en grande partie détruit par la suppuration ; en outre, le côté gauche
de la poitrine était presque rempli par une tumeur qui communiquait avec
celle de l'abdomen par une ouverture creusée à travers le diaphragme et qui
s'ouvrait aussi dans le poumon malade en plusieurs endroits (1).
(1) Médical communications, vol. I, p. 101, cité par le docteur Peacock.
t\k'\ AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
Ohs. LXXV (docteuh Peàcock).
II. — » Marie Holland, âgée de vingt ans, fut reçue à l'hôpital (Royal-
Free) le 4 août 1848. Le jour de son admission, elle faisait remonter sa ma-
ladie à quinze jours, mais elle était trop abattue pour donner des renseigne-
ments satisfaisants ; sa manière de vivre avait été très irrégulière depuis plu-
sieurs années. Elle avait une légère jaunisse, de la douleur dans la région
du foie, accompagnée de diarrhée, de vomissements et de symptômes fébriles.
(Calomel et opium ; huile de ricin ; petites doses de mercure, etc.; vésicatoire
à l'épigastre).
» Le 16, elle est assez bien, mais le jour suivant, la jaunisse qui avait
presque disparu, devient plus intense.
» Le 20 au matin, la malade est prise subitement d'une douleur violente
dans la partie inférieure du côté droit de la poitrine, elle est très affaissée ; la
face est livide et tirée, la peau plus jaune; la toux continuelle, saccadée, avec
expectoration de pus d'une couleur jaune foncé et d'une odeur excessivement
fétide.
» Le2l, le décubitus devient impossible sur le côté droit; il existe une
douleur vive dans ce côté, dans le dos, et de la sensibilité dans l'hypochondre
droit ; la peau n'est pas très jaune, mais l'urine est très colorée, et les ma-
tières fécales consistent dans de petites masses blanchâtres. La malade est
très tourmentée de nausées et de vomissements ; elle a eu du délire pendant
la nuit, elle parle encore d'une manière incohérente. Le pouls est à 136 et
régulier ; la langue est recouverte d'un enduit épais, d'un blanc brunâtre. Il y
a de la toux avec expectoration d'une grande quantité de liquide très fétide
de la couleur du porter. A la percussion, le côté droit tout entier donne un
son moins clair que le normal ; en avant et en bas, il y a une matité com-
plète qui s'étend aussi dans l'abdomen. Un léger gargouillement s'entend
vers la partie inférieure du côté droit, en avant ; il y a aussi une espèce d'écho
métallique dans la toux et dans la voix. (Morphine, acide cyanhydrique dans
une potion, eau-de-vie avec de l'eau de Seltz glacée, jusquiame ; vésicatoire à
l'épigastre).
» Le 23, la malade est un peu soulagée; la jaunisse a presque disparu,
quoique les matières fécales soient encore d'une couleur grisâtre; la douleur
du côté a presque cessé ; le pouls est à 1 20 et faible; la langue est rouge au
centre et aux bords ; elle a une raie jaune de chaque côté, formée d'un enduit
épais. Face moins livide ; loux très fréquente, expectoration d'une grande
quantité de pus de couleur jaune vif; le décubitus à droite amène la toux et
l'expectoration ; matité complète en avant et en arrière, du côté droit, mais
dans la région latérale, la percussion donne une résonnance imparfaite, res-
semblant beaucoup au bruit de pôt fêlé; on entend la respiration, quoique
faible, dans toute la partie supérieure du côté droit, et quelques râles muqueux
en arrière ; inférieurement, dans la partie mate et dans la région latérale où
existe la résonnance tympanique, il y a une absence complète de respiration.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — I1YDATIDES. /j&5
» 28. Depuis la dernière date, l'amélioration avait continué, quoique la
toux et l'expectoration eussent persisté; niais hier, vers onze heures du
matin, l'état de la malade empira et à la môme heure, aujourd'hui, elle eut
une attaque semblable. Elle est extrêmement affaissée, elle a une toux sac-
cadée et elle expectore une grande quantité de matières d'une odeur très
fétide ; ces matières sont composées en partie d'une substance épaisse, légè-
rement teinte de bile, et en partie de masses ressemblant à des parcelles de
poumon gangrenées avec un liquide clair et mousseux. La toux et l'expecto-
ration reviennent par paroxysmes et la malade paraît alors sur le point de
suffoquer; elle est forcée de resler assise sur son lit, mais après quelque
temps ces symptômes se calment. Ces paroxysmes sont ramenés immédiate-
ment par le décubitus sur le côté droit. Le pouls est rapide et très faible ; la
peau est baignée de sueur; la langue est chargée d'un enduit jaune, épais ; il
y a du délire plus ou moins constamment ; la jaunisse est très légère, quoique
les matières soient pâles et les urines très colorées ; il survient de la douleur
dans la partie inférieure du côté gauche ; la respiration est courte et préci-
pitée. La percussion donne un son particulier de matité et tympanique dans
la partie inférieure de la région latérale droite ; et, dans un espace non beau-
coup plus grand que l'extrémité du stéthoscope, situé à trois pouces du côté
droit du cartilage xiphoïde sous le rebord des côtes, elle produit un son dis-
tinct de pot félê; l'auscultation fait percevoir un bruit de gargouillement et
un son tympanique pendant l'inspiration, dans toute la partie inférieure du
côté droit et surtout dans les parties mentionnées plus haut. Il y a dans la
partie inférieure, latérale et postérieure du côté gauche une matité à la per-
cussion, et une fine crépitation à l'auscultation. La malade accuse des palpi-
tations, mais les battements du cœur, quoique forts, sont naturels.
» 4 septembre. Depuis la dernière date, la malade est dans le même état ;
les paroxysmes de toux et d'expectoration, survenant par intervalles, l'ont
laissée dans un épuisement extrême. Les matières qu'elle a expectorées ont
varié: quelquefois elles ont paru n'être que de la bile pure, d'autres fois elles
ont consisté en totalité ou en partie "en une sorte de blanc d'œuf partiellement
coagulé. Délire presque continuel, agitation la nuit, nausées et vomissements,
urines involontaires. Aujourd'hui les crachats ressemblent davantage à ceux
de la pneumonie, étant très adhérents, d'une couleur roussâtre, et aérés. Le
décubitus se fait maintenant sur le côté droit et non sur le côté gauche. La
jaunisse est plus marquée; le pouls à 1 40 et très petit; la langue sèche et
couverte d'un enduit d'un jaune blanchâtre; matité dans la partie inférieure
du côté gauche de la poitrine , et respiration bronchique avec râles mu-
queux. A droite, persistance des phénomènes déjà décrits.
» Depuis ce temps, il n'y eut guère de changements jusqu'à la mort; l'ex-
pectoration est moins abondante, probablement par le manque de force; la
toux et les vomissements sont incessants, la prostration est extrême. Le S,
garderobe d'une couleur bilieuse foncée; éruption de taches purpurines sur la
poitrine ; mort dans l'épuisement le 8 septembre.
t\Uti AFFECTIONS VF.UMlNF.USFS l)FS CAVITÉS SÉREUSES
d L' autopsie eut lieu le jour suivant : Le foie, très volumineux, s'étendait
depuis le niveau du sein jusqu'à l'ombilic et môme dans le côté gauche. La
tumeur occupait particulièrement le lobe droit, qui était fortement attaché au
diaphragme dans une étendue considérable par d anciennes adhérences et
dans le reste par de la lymphe plastique récemment épanchée. En cherchant
à enlever ensemble le foie et le poumon droit, tout en maintenant leurs rap-
ports mutuels, une cavité qui occupait la partie inférieure de la région latérale
antérieure, fut ouverte. Cette cavité était constituée par une vaste excavation
creusée inférieurement dans le foie et supérieurement dans la base du poumon ;
la partie du diaphragme interposée enlre ces deux organes étaiL détruite; celte
cavité contenait au moins deux pintes d'une matière purulente, épaisse, opa-
que, d'une couleur blanchâtre, mêlée d'air, dans laquelle flottait une grande
acéphalocyste affaissée.
» Le kyste était compacte et fibro-cartilagineux, variant en épaisseur d'un
huitième à un quart de pouce; il était plus épais sur les côtés où les restes
du diaphragme le recouvraient, tandis qu'en haut, dans la portion limitée par
le poumon, il était incomplet par places, de sorte que son contenu était en
contact avec le parenchyme même du poumon. Son tissu consistait en fibres
fermes, entrelacées, et sa surface interne était tapissée de masses épaisses ou
de plaques d'une matière inorganique, brunâtre et calcaire. Ces plaques
étaient adhérentes au kyste ou libres dans les matières qu'il contenait. A la
surface du kyste, dans la partie en rapport avec le foie, on voyait un grand
nombre de petites ouvertures, à trajet oblique; dans l'une d'elles, une sonde
peut pénétrer d'un pouce au moins. Quelques-unes de ces ouvertures com-
muniquaient probablement avec les conduits biliaires, mais ce fait ne fut pas
distinctement établi. L'acéphalocyste affaissée était d'une couleur d'ambre
foncé.
» Le poumon droit avait été repoussé en haut par la pression du kyste, et sa
tunique séreuse était adhérente à celle des parois. Le poumon entier, à l'ex-
ception de la portion antérieure du lobe supérieur, était plus ou moins con-
densé, et dans son lobe supérieur le parenchyme était converti en une masse
compacte, contenant des portions gangrenées, ou passant à l'état de gan-
grène, et en outre des cavités irrégulières évidemment produites par la fonte
de masses gangrenées. Ces altérations existaient particulièrement dans la
portion du poumon en contact avec le kyste. Une sonde passait facilement
des grosses bronches dans les cavités gangrenées.
» Le poumon gauche était adhérent aux parois par de la lymphe plastique
récente, d'une épaisseur considérable, principalement à la partie inférieure.
Les parties inférieures et postérieures du lobe inférieur étaient condensées et
dans certains endroits passées en gangrène, dans d'autres elles étaient entiè-
rement réduites en une pulpe gangrenée et fluide.
» Les bronches, dans les deux poumons, contenaient un liquide écumeux
et foncé.
» Dans le foie, on trouva un second kyste de grosseur moindre que le pre-
NAÎURbXLLS OÙ ADVENTIVES. — HYDATIDËS. hhl
mier et situé en arrière. II était en tout semblable à celui-ci et contenait
aussi un liquide épais, d'une couleur blanchâtre, avec une hydalide affaissée.
Un troisième kyste plus petit existait entre le duodénum et le foie; il était
environ de la grosseur d'une petite orange; sa paroi était très condensée et
plus mince que celle des deux autres ; il était tapissé par des plaques sem-
blables et contenait une acéphalocysle unique et un liquide très chargé de
bile.
» Tous les autres organes de la poitrine et de l'abdomen furent examinés ;
on les trouva sains et normaux, à l'exception des reins qui étaient d'une cou-
leur pâle, mais sans apparence d'aucun dépôt de matières étrangères (1). »
Obs. LXXVI (Goupil). — Deux kystes du foie. Pondions. Rupture par
un effort?
III. — Il s'agit d'une femme âgée de trente ans, traitée, en janvier <I8S3,
pour une pleurésie qui persiste jusqu'au mois de juin ; on constate alors, en
outre, une tumeur volumineuse dans la région du foie. Le 11 août, ponction
exploratrice au dessous des fausses côtes gauches, issue de 1 500 grammes
d'un liquide incolore, nonalbumineux. Amélioration. Le 18, nouvelle ponction
sans résultat. En octobre, la tumeur a diminué de volume ; l'état général s'est
amélioré et la malade se croit presque guérie, lorsque, à la suite d'un effort,
une douleur vive est ressentie tout à coup au niveau des quatrième et cin-
quième côtes droites. Quatre jours après, nouvelle ponction à droite de l'om-
bilic, sans résultat; loux, suffocation, crachats liquides et visqueux, colorés
en jaune, respiration amphorique, tintement métallique diarrhée abon-
dante; mort un mois après l'invasion de la douleur de côté.
A l'aulopsie, kyste hydatique du lobe gauche du foie, diminué de son
volume primitif (kyste ayant reçu la première ponction); second kyste à la
face supérieure du lobe droit du foie, ayant perforé le diaphragme , refoulé le
poumon, et communiquant largement avec une caverne et deux tuyaux bron-
chiques (2)
Obs. LXXVII (Tubner). — Kystes multiples de l'abdomen; l'un du
rein ?
IV. — Femme, âgée de vingt-neuf ans ; expulsion de matières ayant l'appa-
rence de mucus, de pus et de sang avec des portions de membranes blanches,
durant depuis plusieurs années. Foie et rate hypertrophiés; tumeur volumi-
neuse, étendue de la région iliaque droite à l'ombilic ; plusieurs petites tu-
(1) Thomas Bevill Peacock, Case in which Hydalids were eœpectoraled, and
one of suppuration in a Bydalid cyst of the Liver, communicating wilh the Lungs
(Edinburgh med. and surg. Journ., J850, vol. LXX1V, p. 33).
(2) Ernest Cadet de Gassicourt, Hech. sur la rupture des kystes hydatiques du
foie à travers la paroi abdominale et dans les organes voisins [Thèse de Paris,
1856, n° 50, p. 46).
/|/i8 AFFECTIONS VËRMIN'EUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
meurs arrondies dans lo ventre; cavité du bassin remplie par une masse
volumineuse.
Trois applications de potasse caustique sur la tumeur du ventre, issue
d'une grando quantité de liquide et d'hydatides, affaissement du ventre.
Accidents nouveaux vers la poitrine ; mort.
Autopsie. « Un très grand nombre de kystes existent dans le péritoine;
l'un, très volumineux, situé en arrière du foie et au-devant du pilier droit du
diaphragme, avait aplati le rein droit et s'était fait, à travers le diaphragme,
une ouverture dans le poumon qui élait creusé d'une large cavité, tapissée
d'une membrane mince, transparente, dans laquelle venaient s'ouvrir de nom-
breux tuyaux bronchiques, dont l'un contenait encore une petite hydalide. Un
autre kyste existait dans l'épiploon gastro-splénique et s'était accolé la rate
et le pancréas; une autre tumeur occupait le bassin sans avoir de rapports
avec l'ovaire, elle était très volumineuse; chacune des hydatides mères pou-
vait peser de sept à huit livres....; un petit kyste, au lieu de renfermer
des hydatides et un liquide transparent, contenait une matière molle, bru-
nâtre, comme caséeuse; il était affaissé et comme revenu sur lui-même (l). »
Obs. LXXVIII (docteur Fuux). — Kyste du rein, ouvert dans les voies
urinaires et dans les bronches.
V. — « M. Fiaux expose les pièces anatomiques et donne les détails d'un cas
d'acéphalocystes d'un rein du côté droit, avec cette particularité qu'il y a eu
expulsion de ces acéphalocystes par les voies urinaires pendant la vie et for-
mation d'une fistule réno-pulmonaire, située en dehors du foie et accusée,
quinze jours avant la mort du sujet, par une expectoration purulente (2). »
Obs. LXXIX (Gros). — Kyste du foie.
VI. — Kyste hydatique du foie, perforation du diaphragme et du poumon,
expulsion d'hydatides parla bouche. Mort (3).
Obs. LXXX (docteur Kunde, de Berlin). — Kyste du foie.
VII. — Abcès du foie avec hydatides communiquant avec le poumon; ex-
pectoration de pus. Mort (4).
Obs. LXXXI (Robin et Mercier). — Kystes multiples.
VIII. — Kystes hydatiques du foie et du péritoine; pneumonie ; expectora-
tion de matières jaunâtres, abondantes, fétides; mort. A l'autopsie, kyste3
nombreux, avec hématoïdine et débris d'hydatides dans l'un d'eux qui com-
(1) Turncr, Bulletin ge'n. de thérapeutique, 1848, t. XXXV, p. 226.
(2) Fiaux, Comptes rendus Soc. biologie, t. IV, p. 8, ann. 1852.
(3) Bull. Soc. anat., ann. 1844, p. 133.
(4) Wochenschrift fur die gesammte, Heilkunde, v. dr Kasper; — Gaz. méd. de
Paris, 1837, t. V, p. 365; — Cadet de Gassicourt, Thèse.
Naturelles ou aLwentives. — hydatides. W9
muniquait avec une bronche ; deux kysles sous le péritoine qui revêt la
vessie (1).
2° Cas de guérison.
Obs. LXXXII (Collet).
I. — a M. Collet, médecin à Newbury, a fait part à M. Baker d'une ma-
ladie fort singulière :
» Une dame délicate, mais qui s'était bien portée jusqu'à l'âge de trente-
trois ans, sentit de l'abattement et de l'oppression ; il lui survint de l'enflure
au bas des jambes. Au bout de trois ans, elle commença à être tourmentée
d'une toux qui lui faisait cracher un phlegme épais et très visqueux. — Le
6 septembre 1771, elle cracha douze hydatides et, depuis ce temps, elle en
a craché cent trente-cinq ; elles étaient de différentes grosseurs, depuis celle
d'un pois jusqu'à celle d'un œuf. En général, elles sortaient avec facilité,
mais toujours précédées de la toux, elles venaient constamment rompues et
elles étaient suivies d'un phlegme épais. Cette dame avait en outre une tumeur
au-dessus du nombril, qui s'était déclarée depuis six mois ; son ventre était
distendu et on y sentait de la fluctuation. Les remèdes dont on lui a fait faire
usage sont des pilules composées de gomme ammoniaque, de myrrhe, de
fleurs de benjoin et de scille; elle a pris aussi du calomel ou mercure doux
sublimé sept fois, et elle parait se rétablir (2). »
Obs. LXXX1II (docteur Hill de Dumfbies).
II. — En 1784, le docteur Bill de Dumf ries rapporta deux cas dans lesquels
des hydatides furent expectorées : l'un de ces cas concernait une fille âgée
de dix ans, qui, après avoir reçu une contusion dans le côté, avait éprouvé
de la douleur et de la sensibilité dans la région du foie et dans l'épigastre,
avec de la difficulté à respirer et de la toux. Elle expectora ensuite du sang
et du pus mêlé avec des vésicules et des membranes d'hydatides. Cette expec-
toration fut suivie de l'apparition d'une tuméfaction dans l'hypochondre droit,
qui s'ouvrit et donna issue à de la matière contenant des restes d'hydatides.
Après quelques mois, les ouvertures se fermèrent et la jeune fille recouvra sa
santé. Elle continua d'être bien portante pendant treize ans ; alors de nou-
velles tumeurs se formèrent dans l'abdomen ou dans ses parois, les tumeurs
disparurent après l'expulsion de masses d'hydatides par l'intestin.
L'autre cas est incertain, il est rapporté d'une manière succincte: le ma-
lade, après avoir souffert d'une douleur de côté et de la toux, expectora de la
(1) Mém. sur Vhémaloidine (Mém. Soc. biologie, p. 116, ann. 1855).
(2) Journ. deméd. chir., etc. Paris, 1773, t. XXXIX, p. 121 (extrait de Medic.
Transact. Lonclon, 1772). — Med. Transact., vol. II, p. 486. — Commentant de
rébus in scient, natural., vol. XIX, p. 222 (Laennec) — Cruyeilhier, art. Acijph.,
p. 237. ,
Da vaine. ?9
AjO APl'KGTIONS VKKMlNIUJSliS OliS CAVITES sfvKUUSES
bile mêlée avec dos vésicules ressemblant à des peaux de groseilles el après
quelque temps il guérit (1).
J . Obs. LXXXIV (Smith).
III. — Il s'agit d'une femme âgée de vingt ans qui fut prise de fièvre, de
nausées, de vomissements, de toux avec expectoration muqueuse, etc.; il
existait en môme temps une tumeur à l'épigastre, sur la ligne médiane. Ces
premiers symptômes, s'étant dissipés, reparurent avec plus d'intensité un mois
après; la malade expectora alors dans des crachats sanguinolents des corps
vésiculeux, ovoïdes, reconnaissables pour des liydalides ; il y en avait de très
petits et d'autres gros comme une noisette. La quantité des matières et des
hydatides expectorées dans une nuit remplissait la moitié d'un grand pot de
nuit. Huit jours après, trois hydatides furent encore expectorées. La tumeur
de l'épigastre avait notablement diminué de volume. Un mois après, la malade
avait repris ses occupations et semblait guérie (2).
Obs. LXXXV (Husson).
IV. — « M. Husson présente une quantité considérable de débris d'hyda-
tides rendus par expectoration. Le sujet de cette observation avait offert tous
les symptômes d'une affection organique du foie ; il expectora sans effort
el sans éprouver de toux, ni aucune irritation dans la poitrine, un grand
nombre de lambeaux membraneux ; cette expuition dura pendant deux ou trois
jours. Guérison parfaite (3), »
Obs. LXXXVI (Nonat).
V. — Il s'agitd'un homme, âgé de vingt-cinq ans, malade depuis seize mois,
toussant fréquemment, entré à l'hôpital Cochin. Crachements de sang et de
mucosités depuis deux mois ; par des efforts pour vomir et par la toux, il ex-
pulse des fragments d'hydatide et une entière très volumineuse, mais rompue.
A la base du poumon droit, bruit de l'air traversant un liquide. Point d'au-
tres phénomènes notés. On présume que les hydatides viennent du foie (4).
Obs. LXXXVII (Bricueteau).
VI. — Il s'agit d'une femme, âgée de trente-deux ans, sujette depuis son
enfance à des douleurs du foie, à des vomissements, delà dyspnée, etc. — Le
% juin 185I , souffle el frottement pleural au côté droit; matité dans les deux
tiers inférieurs de ce côté ; égophonie, bruit de souffle au cœur et dans les
carotides, inappétence ; foie volumineux et dont le prolongement, ainsi
(1) J. flill de Dumfries, Account of singular appearances from a/feclions of the
liver, in Médical and philosophical Commentaries, vol. II, p. 303.
^2) Audral, Clin, cit., t. 11, sect. IV, observ. vu.
(Êi) Husson, Acad. de médecine, séance du 24 août 1824, dans Bull, des se.
médic, t. IV, p, 89, et Arch. de méd., 1824, p. 139.
[i) Gazelle des hôpitaux, 1847, p. 572.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDIiS. 451
qu'une tumeur qui lui est adhérente, s'étend jusqu'au bord antérieur du bassin
et rend un son très mat à la percussion qui est très douloureuse. Crachats
jaunes, d'une saveur acre et amère. — Le 10, épanchement diminué, égo-
phonie disparue, continuation de la dyspnée et de la toux. — Le 13, étendue
insolite du bruit respiratoire, bruit amphorique ou vibratoire en arrière dans
la région lombaire ou thoraco-abdominale et dans tout le poumon droit. Expui-
tion de petits kystes membraneux du volume d'un œuf de pigeon nageant
dans une expectoration bilieuse jaunâtre, c'étaient vraisemblablement des
hydatides. Le 14 et le 15, souffle amphorique dans la région du foie, dans le
poumon droit ; pectoriloquie très marquée dans la région hépatique, en avant
et en arrière. Accès de dyspnée, vomissements bilieux. — Les jours suivants,
amélioration progressive. — ■ Le 26, respiraiion rude en haut et à droite,
bronchophonie confuse, plus de bruit amphorique, état général satisfaisant ;
sortie de l'hôpital (1).
Obs. LXXXVIII (docteur Peacock) .
VII. — «Samuel Hewdibank, âgé de trente et un ans, tisserand en soie, fut
admis, le 18 juillet 1849, pour une maladie de poitrine dans l'hôpital de la
city of London, service du docteur Bentley.
» Quand je l'ai vu, le 1er septembre, il me dit que son indisposition durait
depuis quinze mois, mais qu'il avait été depuis longtemps maladif et avait
souffert quelquefois dans le côté droit de la poitrine. Sa maladie commença
par une très grande douleur dans l'épigastre, douleur qui survint subitement
et fut suivie de malaise et de vomissements ; les fonctions intestinales étaient
alors régulières, il souffrait aussi dans l'omoplate droite et était un peu jaune.
Pendant un mois environ la douleur revint par intervalles. Les attaques du-
raient généralement deux heures ; il y en avait quelquefois deux ou trois par
jour; d'autres fois, il n'y en avait que deux ou trois par semaine. Après un
mois environ, il reprit ses occupations habituelles, mais il fut bientôt plus
mal et dut les suspendre de nouveau pendant sept semaines. Son état devint
ensuite supportable jusqu'au moment où je l'ai vu, c'est-à-dire pendant onze
mois. Alors il avait été pris, un matin en s'éveillant, d'une grande douleur
sous le rebord des côtes droites, d'une difficulté à respirer, d'une forte toux
suivie peu après d'expectoration. Il vint à 1 hôpital et le traitement qu'il suivit
soulagea la douleur de côté, mais la toux continua et l'expectoration devint
plus considérable, allant quelquefois à une pinte par jour ; ses crachats
consistaient d'abord en une matière jaune, qui offrit plus tard des stries de
sang; quelquefois, après de fortes quintes de toux, des masses solides comme
de la gelée, et semblables à celles qui sont encore rejetées aujourd'hui, furent
expectorées.
» Le malade a la mine mauvaise, le teint pâle, jaunâtre, la voix voilée (husky),
(1) Bricheteau, Revue méd.-chirurg., août 1852, t. XII, p. 70, et Cadet rfe
Gassicourt, Thèse.
452 AFPECTIONS VEltMlNEUSËS DES CAVITÉS SÉREUSES
lu langue couverte d'un enduit jaune, blanchâtre, épais, le pouls à I 00 et
petit ; il est amaigri et se plaint surtout d'une forlc toux, accompagnée d'une
douleur dans le côté droit et suivie d'une expectoration abondante de matières
épaisses, d'une couleur jaunâtre, parfois très fétides et contenant des masses
de matières gélatineuses, évidemment des débris de vésicules (cijsls) d'hy-
dalides ; il ne peut rester sur le côté droit que quelques minutes de suite à
cause de la douleur et de la toux que cette position amène. Quand il est
coucbé sur le dos, il est aussi très tourmenté par l'expectoration. La toux
s'aggrave par intervalles ; il éprouve une sorte de suffocation dans la gorge
qui l'oblige à tousser violemment, et alors, après quelque temps, il expulse
des matières en masses, et ce phénomène se calme. Quelquefois la toux suffo-
cante survient une ou plusieurs fois dans la journée, d'autres fois elle se
suspend pendant plusieurs jours et même pendant une semaine, il ne reste
dans les intervalles qu'une toux légère et une expectoration peu abondante de
pituite pâle. La quantité des matières solides expectorées varie beaucoup ; par-
fois le malade rend seulement un ou deux petits lambeaux, en d'autres temps,
il en a observé quinze ou vingt; quelques-uns de ces lambeaux étaient d'une
grande dimension. Généralement la matière expectorée a une mauvaise
odeur.
» Le côté droit de la poitrine, particulièrement dans sa partie inférieure et
l'hypochondre, est élargi par comparaison avec le côté opposé, mais le mouve-
ment respiratoire semble également libre de chaque côté. A la percussion, la
poitrine résonne normalement partout à gauche; dans le côté droit, une matité
profonde commence presque à un pouce au-dessus du teton; et la matité
superficielle, partant d'un pouce au-dessous, s'étend jusqu'au près de l'om-
bilic et jusqu'au côté gauche. A l'auscultation, la respiration est bonne dans
ce côté et dans la partie supérieure du côté droit, jusqu'à un pouce au-des-
sous du teton; au delà de ce point, elle ne peut plus être entendue en avant,
et il existe une légère subcrépitation vers la partie inférieure du poumon. Aux
environs de l'angle inférieur de l'omoplate, la résonnance est celle de pot fêlé,
la respiration est caverneuse ainsi que la voix et la toux.
» Le 5 septembre, les matières expectorées sont visqueuses, d'une couleur
vert jaunâtre foncée et légèrement striées de sang ; leur odeur est fétide et il
y flotte de petits fragments d'acéphalocyste affaissée, d'une couleur d'ambre
foncée, ressemblant à ceux qu'on trouve dans des kystes hydatiques du foie
dans lesquels la bile a pénétré ; au microscope, les crachats se composent de
globules ressemblant aux globules de pus par leur apparence et par les chan-
gements que produit en eux l'acide acétique , et en outre de corpuscules d'ex-
sudation et d'épithélium, mêlés avec des portions d'acéphalocyste, avec des
restes et des crochets d'échinocoque.
» Le 15 décembre, l'état du malade paraît s'être amélioré. Depuis quelques
jours, il a ressenti fréquemment des coliques avec des flatuosilés, suivies de
l'expulsion de masses fécales dures, de couleur grisâtre. Les quintes de toux
ont été moins fortes dans les derniers jours, mais il continue d'expectorer de
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 453
temps en temps des hydatides, tantôt réunies en masses, tantôt isolées. Il
peut se coucher sur les deux côtés, mais il se trouve mieux sur le dos. Son
pouls est à 198, faible; la conjonctive a une teinte jaune pâle; la langue est
nette; la toux provoque de la douleur dans l'hypochondre droit et sous l'omo-
plate droite; l'épigastre est proéminent, le côté droit est un peu plus gonflé
que le gauche, particulièrement en bas. ' L'auscultation et la percussion don-
nent des résultats peu différents de ceux qui ont déjà été notés. Les crachats
consistent comme précédemment dans une matière visqueuse, opaque, muco-
purulente, jaunâtre, contenant des vésicules hydatiques colorées en jaune
avec des crochets d'échinocoque visibles au microscope. Les hydatides sont
généralement expectorées sous la forme de lambeaux membraneux, mais par-
fois elles sont presque entières et quelques-unes ont le volume de billes ou
de noix; les plus grandes sont généralement expulsées après de violentes
quintes de toux (quinine, fer, morphine, nourriture substantielle).
» Le 8 mars 1850, amélioration très notable dans la physionomie et dans
les forces ; la toux a presque cessé. L'expectoration beaucoup moins abon-
dante ne consiste pendant le jour que dans un mucus pâle qui devient dans
la nuit d'une couleur brunâtre, comme auparavant. Il y a neuf semaines qu'il
n'a expectoré des hydatides, et la toux suffocante ne l'a pas repris depuis ce
temps ; il peut se coucher sur le côté droit pendant quelques minutes et quel-
quefois pendant un quart d'heure, mais après un certains temps, la toux et
l'expectoration surviennent ; il se couche généralement sur le côté gauche.
L'appétit, la digestion, les évacuations sont à l'état naturel ; il n'y a pas eu
récemment de douleurs dans le côté droit et le sentiment de pesanteur con-
stant dans cette région a disparu; le pouls est à 88, et faible ; le sommeil bon ,
l'enflure des malléoles a presque cessé, et depuis un mois le malade a pu re-
prendre son ouvrage plus régulièrement que depuis deux ans. La base de la
poitrine du côté droit est un peu plus enflée que du côté gauche et le mouve-
ment des côtes y est moins libre. Quant aux phénomènes produits par la per-
cussion et l'auscultation, ils sont restés à peu près les mêmes. Il n'y a pas
d'apparence d'une affection du sommet de l'un ou de l'autre poumon, il y a
donc toute raison d'espérer que la santé se rétablira complètement (1). »
Obs. LXXXIX (docteur Bourgeois).
VIII. — Homme âgé de trente ans ; douleur du côté droit sans cause connue.
Flanc distendu, matité dans un grand espace, toux, expectoration subite d'une
grande quantité de matières purulentes, d'une teinte jaunâtre avec de nom-
breux débris d'hydatides. Quinze jours après, nouvelle expectoration de ma-
tières semblables et de débris d'hydatides. Trois ou quatre retours sembla-
bles, à des intervalles de dix à vingt jours. La santé se raffermit et la guérison
est complète après quelques années (2).
(1) Docteur Peacock, Mém. cit., obs. II, p. 3/
(2) P. Bourgeois, Ga2. des hôpitaux, 1857, p. 395.
/i.Vi AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SEKEUSES
l.\ résumé, d'après les faits rapportés dahs ce chapitre, on voit
que drs kystes livdatiques développés dans les divers organes de
l'abdomen, le foie, la rate, le rein, etc., remontent vers la cavité du
thorax, repoussent le diaphragme, compriment et atrophient les
poumons; ils donnent lieu alors à des phénomènes, semblables à ceux
des kystes intra-thoraciques et se terminent de même.
Le diaphragme restant intact, ils peuvent remonter jusqu'au ni-
veau de la troisième ou de la seconde côte et peuvent être pris pour
un épanchement ou pour une bydatide de la plèvre.
Le diaphragme étant perforé, ils peuvent se vider dans la cavité
de la plèvre, ou se creuser un foyer à la base du poumon ou bien
entrer en communication avec les bronches; alors leur contenu peut
être expulsé au dehors et la guérison en être la suite.
QUATRIÈME SECTION.
HYDATIDES DÉVELOPPÉES DANS LA CAVITÉ ABDOMINALE OU DANS l'(JN
DES ORGANES DE CETTE CAVITÉ.
On n'a point rencontré d'hydatides libres dans le péritoine, à
moins qu'elles ne provinssent d'un kyste dans lequel elles s'étaient
développées et qui, après sa rupture, avait versé son contenu dans
la cavité péritonéale. Les hydatides de l'abdomen se développent
dans le parenchyme de l'un des organes du ventre, ou bien dans le
tissu cellulaire sous-séreux; dans ce dernier cas les kystes sont fré-
quemment multiples; celles du foie sont les plus fréquentes.
Ordinairement, ces tumeurs hydatiques parcourent toutes leurs
périodes clans la partie même où elles se sont développées; quelque-
fois, par suite de leur grand accroissement ou accidentellement, leur
kyste se rompt et leur contenu arrive dans une cavité ou dans un
organe plus ou moins éloigné, ou bien à l'extérieur en perforant les
téguments; il en résulte tantôt des accidents variés et même mortels,
tantôt la guérison.
Nous nous occuperons en premier lieu des hydatides dans leurs
rapports avec la partie qui a été le siège primitif de leur dévelop-
pement.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. /|55
SOUS-SECTION PREMIÈRE.
HYDAT1DES DE L'ABDOMEN CONSIDÉRÉES DANS L'ORGANE OU ELLES SE SONT
DÉVELOPPÉES. fà&A
CHAPITRE PREMIER.
hydatides du foie; action sur le parenchyme de cet organe, sur
l'économie; marche, symptômes, diagnostic.
Les généralités par lesquelles nous avons commencé l'histoire des
hydatides, sont surtout applicables aux vers vésiculaires du foie;
nous n'aurons donc à indiquer ici que les particularités relatives à
leur siège spécial, c'est-à-dire celles qui résultent de la structure et
de la fonction de l'organe hépatique, de safsituation et de ses rap-
ports.
Il n'existe quelquefois qu'un seul kyste hydatique dans la sub-
stance du foie, assez souvent l'on en trouve deux ou trois et rare-
ment plus de cinq ou six ; en même temps il peut s'en trouver dans
d'autres viscères, niais, généralement, lorsqu'on en rencontre quel-
ques-uns dans d'autres viscères, il s'en trouve aussi dans le foie.
Les kystes hydatiques de cet organe se développent avec une
grande lenteur. S'ils sont solitaires, ils occasionnent rarement des
troubles dans les fonctions, avant qu'ils n'aient acquis un grand-
volume. La digestion, la nutrition s'accomplissent d'une manière
normale; il n'y a point de douleurs, ou s'il en existe, elles sont va-
gues et consistent plutôt dans un sentiment de pesanteur, de dis-
tension que dans une vraie douleur. Elles occupent la région épiga-
strique, l'hypochondre droit, quelquefois l'épaule du même côté.
Lorsque le kyste a acquis un grand volume, le foie subit une
atrophie plus ou moins étendue, plus ou moins profonde. S'il ne sur-
vient point d'accidents, l'amaigrissement et le dépérissement de
l'économie se manifestent, et le malade finit par succomber aux
progrès de la consomption dont la cause ne peut être attribuée qu'à
l'insuffisance de la fonction de l'organe sécréteur du sucre.
Obs. XC (Leroux). — Kysle énorme du foie ; tous les organes sains; mort
dans le marasme ; oblitération des canaux biliaires.
« Bougniol (Augustin), âgé] de quarante-deux ans, se disant homme do
ft5<» AFFECTIONS VERMINEUSES IJES CAVITÉS SEREUSES
lettres, est d'un tempérament éminemment bilieux... Il y a environ quatre ans
que Bougniol commença à senlir des picotements dans I'hypochondre droit ;
ensuite il y éprouva une douleur pongitive, sourde, mais peu fatigante. Il y a
à peu près dix-liuil mois qu'il s'aperçut quele foie acquérait plus de volume...
Ce malade, dans la détresse, endura ses maux, ne consulta personne, et ne
fit aucun remède. Cependant les accidents s'élant aggravés, étant portés au
comble, il se décida à venir chercher des secours à la clinique interne et il y
entra le 24 vendémiaire an X (16 octobre 1801).
» Toute la surface du corps est d'un jaune verdâtre et comme bronzé ; les
conjonctives sont restées blanches. La figure est singulièrement grippée ; elle
annonce plutôt la morosité que la grande souffrance. La maigreur est hor-
rible: sur tous les membres et sur la poitrine, il n'y a qu'une peau mince,
fiasque, terreuse et plissée. La région épigastrique, et encore plus I'hypo-
chondre droit, sont tendus par une tumeur énorme qui déforme le ventre.
Cette tumeur est douloureuse au toucher ; on y sent une fluctuation plus pro-
fonde, plus obscure que dans l'ascile, et même que dans les hydropisies en-
kystées. Il n'y a point de fluctuation dans le reste de l'abdomen, qui paraît
n'être tendu que par le. refoulement des viscères; on n'y produit aucune dou-
leur en le palpant. La langue est encore assez vermeille, mais elle est sèche
et rude ; l'anorexie est complète ; la constipation subsiste ; les urines, assez
abondantes, sont presque aussi foncées en couleur, aussi huileuses que chez
les ictériques. La fièvre lente, hectique est continue, avec des exacerbations
le soir ; la soif est inextinguible ; la respiration est extrêmement gênée ; il y
a une petite toux sans expectoration. Le malade dit sentir du mouvement dans
la tumeur et une espèce de ballottement; il se croit hydropique, et désire
qu'on lui fasse la ponction.
» Nous reconnûmes bien, Corvisart et moi, que le foie était le foyer d'un
épanchement considérable, mais nous ne pûmes constater de quelle nature
était cet épanchement, soit séreux, soit sanguin, soit purulent. D'ailleurs,
voyant le malade si près de sa fin, nous nous contentâmes de prescrire de
légers apéritifs... Bougniol languit jusqu'au 6 novembre, qu'il mourut à sept
heures du matin.
Autopsie. — » Dans le crâne, on ne trouva aucune désorganisation ; seu-
lement l'encéphale paraissait un peu desséché et consistant. Les poumons
étaient flétris, mais point altérés; le cœur était petit, mais sain. L'estomac
avait une fort petite capacité; le pancréas était comprimé; les intestins étaient
diminués d'étendue dans leur calibre, mais leurs membranes n'offraient aucune
lésion ; l'épiploon ressemblait à une toile d'araignée très mince et très dia-
phane; la rate, les reins, les uretères et la vessie ne présentaient aucune
affection morbide.
» Tous les désordres se trouvaient dans le foie. Le grand lobe de ce viscère
n'était plus qu'un large sac, à parois épaisses et formées par le parenchyme
refoulé et comprimé contre l'enveloppe périlonéale, au point de n'avoir pas
plus d'un pouce (27 millimètres) d'épaisseur. Ce parenchyme, de couleur
NATURELLES OU AUVENTIVES. — HYDATIDES. Z|57
brune, ainsi aplati et desséché, ressemblait à une portion de chair qu'on aurait
soumise à la presse ; on n'y distinguait plus aucun vaisseau. La vésicule bi-
liaire avait disparu; on ne retrouvait aucun vestige des canaux hépatique, ajs-
tique et cholédoque. Dans ce sac, à parois consistantes, était contenue une autre
enveloppe très molle, très blanche, très facile à déchirer, dans laquelle on au-
rait pu faire tenir huit à dix litres de fluide. Cette grande hydatide était pleine
d'une sérosité opaque, gluante, comme lactescente; elle renfermait plusieurs
centaines d'autres hydatides, quelques-unes de la grosseur d'un œuf de
poule, d'un œuf de pigeon, le plus grand nombre de la grosseur d'une noi-
sette et même d'un pois ; elles étaient toutes isolées et distinctes ; elles n'é-
taient unies entre elles que par une espèce de gluten ; on pouvait les enlever
séparément sans rompre la vessie et les faire couler dans la main lorsqu'on
les ouvrait, il en sortait une sérosité ^impide.
v De toutes les hydatides que j'ai été dans le cas d'observer, c'est une des
plus considérables que j'aie trouvées. Je n'en ai connu qu'une autre aussi
monstrueuse qui existait dans la poitrine (1). »
Il est rare qu'un kyste unique fasse éprouver au foie une atrophie
aussi complète ; le plus souvent une grande partie de l'organe
échappe à la compression et suffit à l'entretien des fonctions hépa-
tiques. Il n'en est plus de même lorsque plusieurs kystes hydatiques
envahissent le foie ; alors, le dépérissement de l'économie est plus
certain et plus rapide et, sous l'influence de l'état général, on voit
fréquemment survenir des complications graves telles que l'érysipèle,
la pneumonie, la pleurésie, la péritonite, etc., qui emportent le
malade.
Une disposition à la gangrène est probablement encore l'un des
effets des grands kystes hydatiques du foie ; il n'est pas très rare
de voir la gangrène du poumon enlever les malades atteints de ces
kystes (obs. LVI, LXXV); nous avons cité un cas (obs. III) dans
lequel des abcès gangreneux s'étaient manifestés dans plusieurs
organes.
Une disposition aux hémorrhagies paraît aussi la conséquence des
hydatides du foie; nous connaissons plusieurs cas dans lesquels il
s'est manifesté des épistaxis répétées et abondantes et d'autres dans
lesquels on a observé des métrorrhagies.
Les hydatides du foie ne produisent pas très fréquemment l'ictère ;
ce phénomène survient principalement dans trois conditions : lorsque
le tissu hépatique devient le siège d'une inflammation plus ou moins
étendue, lorsque les vers vésiculaires s'engagent dans les conduits
(1) Leroux, ouvr. cit., t. III, p. 18", obs. IX.
/lf>K AFFICHONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREU8KS
biliaire* par la communication de ces ('(induits ou tle la vésicule avec
le kyste, ou bien lorsque la tumeur comprime le canal cholédoque
ou l'un des trbncs principaux des conduits hépatiques. 11 est pro-
bable que l'ictère surviendrait encore si les canaux biliaires et les
veines communiquaient avec le kyste, la bile pénétrerait dans le sang
par cette voie. (Voy. obs. XCIII.)
Si la tumeur exerce une compression sur les principaux troncs
veineux qui sont en rapport avec le foie, il survient un œdème des
membres inférieurs, ou même un épanchement de sérosité dans
l'abdomen.
La présence du kyste bydatique occasionne quelquefois dans le
parenchyme hépatique une inflammation plus ou moins aiguë qui se
termine par suppuration; cette inflammation survient soit parce que
le kyste s'est accru rapidement, soit parce qu'il a acquis un grand
volume; mais l'action de ces causes est à vrai dire fort incertaine.
Elle peut survenir aussi par suite d'une violence extérieure et lorsque
l'existence des vers vésiculaires n'a encore été décélée par aucun
symptôme.
Obs. XCI (Budd). — Kyste du foie ; rupture par un coup.
«Un boxeur de profession reçut un coup de poing dans l'hypochondre droit,
sous les fausses côtes; la boxe se faisait avec des gants. Avant ce moment,
cet homme avait toujours joui d'une bonne santé, mais depuis lors il éprouva
des douleurs continuelles dans le côté droit, et, selon son expression, il ne fut
plus le même homme. Environ six semaines après avoir reçu le coup, il res-
sentit soudainement des douleurs très vives dans le côté ; cette exacerbation
fut bientôt suivie de céphalalgie et de nausées ; le malade perdit l'appétit, de-
vint faible, languissant, et. la diarrhée survint. Ces symptômes ayant persisté
pendant deux jours, la peau prit une teinte jaune; la diarrhée cessa, mais le
mal de tête et les nausées persistèrent et la jaunisse augmenta. Le 4 avril,
cinq jours après l'apparition de la jaunisse et environ sept semaines après
avoir reçu le coup, cet homme entra à l'hôpiial dans mon service (M. Budd).
» Alors il avait la peau très jaune, il se plaignait d'une douleur forte, avec
beaucoup de sensibilité au toucher dans l'hypochondre droit; le ventre était
ballonné ; le foie, considérablement, augmenté de volume, dépassait les fausses
côtes de cinq travers de doigt ; il y avait de la fièvre, plus de 1 00 pulsations
par minute ; la peau était chaude et sèche ; la langue sèche, fendillée et cou-
verte d'un enduit épais ; l'appétit nul et la soif vive avec de la céphalalgie et
des nausées. La maladie fut regardée comme une inflammation du foie causée
par le coup. (On appliqua des sangsues sur le côté qui furent suivies de quelque
soulagement dans les douleurs, plus tard on administra des sels, des pilules
bleues et quelques purgatifs.)
NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDATIDES. 459
fl Les pilules occasionnèrent de la salivation sans être suivies d'un soula-
gement appréciable. La douleur, la sensibilité à la pression, la fièvre, la jau~
nisse continuèrent, la tumeur du foie parut s'accroître, et le malade se plaignait
beaucoup de douleurs dans l'épaule et dans le bras droit. Le pouls était tou-
jours fréquent et la langue chargée et sèche ; malgré la jaunisse les selles
avaient une couleur bilieuse.
» Le 26 avril, douze jours après admission du malade à l'hôpital, le foie dé-
passait l'ombilic de deux ou trois pouces ; lorsqu'on appliquait la main sur le
côté droit, on sentait une crépitation distincte ; l'oreille appliquée sur cette
partie percevait un bruit de frottement analogue à celui de la pleurésie. Le
lendemain l'état du malade s'était beaucoup aggravé, il éprouvait une vive
douleur à l'épigastre ; la face était anxieuse, la respiration accélérée, le pouls
rapide et faible et la peau couverte d'une sueur froide. La mort arriva dans la
même journée.
» A l'autopsie, on trouva le foie considérablement augmenté de volume, des-
cendant dans l'abdomen jusqu'à l'ombilic. La surface était couverte d'exsuda-
tions molles, mais il n'y avait pas de traces de péritonite dans les autres par-
ties du ventre. En soulevant le foie, on trouva un caillot de sang dans la ré-
gion épigastrique, mais en le retirant j'amenai en même temps une hydatide
qui devait s'être échappée de son kyste, entièrement ou en partie avant la
mort. L'hydatide était affaissée et n'en contenait pas d'autres ; la poche qui
avait renfermé l'hydatide était située à la face inférieure du foie, entre les
lobes droit et gauche ; elle avait la grosseur d'un orange, et était remplie par
un caillot de sang. Le kyste avait des parois très minces relativement à son
volume. Dans la substance du foie étaient un grand nombre d'abcès, variant
de la grosseur d'un pois à celle d'une noix, le pus avait une couleur jaune
orange. Tous ces abcès existaient dans le voisinage du kyste hydatique et
dans la partie supérieure du foie entre le kyste et le diaphragme, il n'y en
avait pas dans la partie inférieure du lobe droit ; parmi ces abcès étaient dis-
séminées de petites taches brunes ou jaunes.
» En examinant sous l'eau des coupes pratiquées dans le foie, on voyait
clairement que la lésion pathologique, qui se terminait par la suppuration,
avait commencé dans les lobules. Au début, ces lobules étaient d'une couleur
brune foncée ; dans un état plus avancé, ils étaient d'un jaune foncé, couleur
qui persistait jusqu'à ce qu'ils fussent transformés en matière purulente. Les
conduits biliaires et les ramifications de la veine porte parurent normaux. »
L'examen microscopique démontra dans les plus grands abcès du pus en
grande proportion, de la matière jaune de la bile, des globules huileux et des
particules amorphes qui étaient probablement les débris de cellules hépatiques
et du parenchyme du foie (1).
Quelque forte qu'ait été la commotion, il est probable que le coup
(1) Budd, ouvr. cit., p. 90.
&60 AFFECTIONS VERMINEUSE8 DES CAVITÉS SÉREUSES
reçu clans l'hypochondre droit n'eût pas occasionné d'accidents sans
la présence du kyste hydatique.
M. Budd attribue les phénomènes inflammatoires survenus chez
ce malade au contact du liquide de l'hydatide avec le parenchyme
du foie ; suivant cet observateur, qui partage en ceci l'opinion de
M. Cruveilhier, le fluide hydatique, quoique clair et limpide, est un
irritant violent pour les tissus, et la preuve c'est que des kystes du
foie, qui contenaient une hydati.de solitaire, s'étant rompus et ayant
versé dans la cavité du péritoine le liquide du ver vésiculaire et les
échinocoques tout en retenant la vésicule elle-même, il s'en est suivi
une péritonite rapidement mortelle il).
L'inflammation du parenchyme hépatique peut survenir encore à
la suite des opérations pratiquées pour procurer l'évacuation du
kyste, et cette inflammation peut se communiquer aux veines,
comme il semble résulter d'un cas observé par M. Dolbeau (2). Nous
reviendrons, ci-après, sur les conditions de l'inflammation des
veines sus-hépatiques en rapport avec les kystes hydatiques. (Voj\
ci-après, chap. III.)
Lorsque le kyste est très considérable, il produit des désordres
dans les organes voisins : développé vers la face inférieure du foie,
il repousse en bas l'estomac, le côlon, et fait saillie jusqu'au niveau
de l'ombilic ou même jusqu'à la crête iliaque droite ; développé vers
la face supérieure, il repousse en haut le diaphragme et médiate-
ment le poumon droit et le cœur ; on l'a vu remonter, sans avoir
perforé le diaphragme, jusqu'au niveau de la deuxième côte et même
jusqu'à la clavicule. Nous en avons mentionné plusieurs exemples
(voy. sect. III, chap. II). Dans ces cas la respiration éprouve
une gêne qui peut être portée au plus haut degré et qui peut en-
traîner la mort, pour peu qu'une autre affection , même légère,
occasionne un nouveau trouble dans la respiration : M. Budd rap-
porte l'observation d'un homme, qui, atteint d'une tumeur du
foie, offrait comme phénomène le plus apparent une grande gène de
la respiration avec une ascite et de l'œdème des membres infé-
rieurs. — A l'autopsie, l'on trouva dans le foie un kyste hydatique
considérable et deux plus petits; tous les organes étaient à l'état
normal, à l'exception de la valvule mitrale qui était épaissie. Or, dit
(1) Budd, ouvr. cit., p. 42S.
(2) Dolbeau, thèse citée, p. 28. (Voyez ci-après, obs. 29C.)
NATURELLES OU ADVEISTIVES. — IlYDATIDES. AGI
M. Budd, la respiration et la circulation étaient certainement affec-
tées par cet état de la valvule mitrale, mais la mort n'a été déter-
minée que par l'obstacle additionnel apporte aux fonctions par la
tumeur volumineuse du foie (I). La réciproque est également vraie.
Le kyste hydatique du foie qui n'a pas acquis un grand volume
est d'un diagnostic fort incertain; mais, lorsqu'il est volumineux, la
présence dans l'hypochondre droit d'une tumeur très apparente,
égale, qui s'est accrue lentement, sans beaucoup de douleur, sans
jaunisse, sans ascite, sans fièvre, sans dépérissement général, ne
peut guère appartenir qu'aux hydatides. Celui qui, développé vers
la face convexe, aura fortement repoussé le diaphragme, sera dis-
tingué d'un épanchement dans la plèvre aux signes que nous avons
déjà indiqués (p. 437). La tumeur hydatique du foie ne pourra
guères être confondue avec un abcès qui acquiert rarement un grand
volume sans être précédé ou accompagné de douleurs et de fièvre,
ni avec un cancer qui n'atteint pas en général un volume aussi con-
dérable et ne forme pas une tumeur globuleuse et unie, mais qui
paraît résulter de la réunion d'un certain nombre de tumeurs; on
observe d'ailleurs ordinairement les phénomènes de la cachexie can-
céreuse.
La tumeur de la vésicule biliaire pourrait plus facilement être
prise pour une hydatide; elle est, en effet, globuleuse, arrondie,
dépressible, mais cette tumeur est constamment et presque au début,
accompagnée d'une jaunisse intense, de douleurs vives, et jamais on
n'y produit le frémissement hydatique.
On pourrait encore confondre avec une tumeur hydatique, un
anévrysme de l'aorte abdominale; en effet, cet anévrysme, de même
qu'une tumeur hydatique, est globuleux et sans douleur à la pres-
sion, il ne produit ni jaunisse, ni épanchement de sérosité dans
l'abdomen, ni troubles de la digestion, ni gêne de la respiration, à
moir. s qu'il n'ait aciuis un grand volume; mais, généralement, il
occasionne des douleurs vives, douleurs qui non-seulement se font
sentir au siège de la tumeur, mais qui se propagent aussi au loin;
en outre, des pulsations très distinctes, un bruit de souffle percep-
tible au niveau des dernières vertèbres dorsales ou des premières
lombaires, sont des symptômes caractéristiques de ces tumeurs ané-
vrysmales.
(1) Budd. ouvr, cit., p. 442.
/|(i'J AFFECTIONS VERMINE USES DES CAVITÉS SEUEUSES
Malgré tous ces signes distinctifs, il ost des cas dans lesquels le
diagnostic offre les plus grandes difficultés, c'est lorsque l'accrois-
sement de la tumeur hydatique plus rapide que d'ordinaire, est
accompagné de douleurs et de fièvre . lorsqu'une circonstance parti-
culière, comme une violence extérieure, est venue en changer la
marche, lorsque, par la compression qu'elle exerce sur les conduits
biliaires, sur la veine porte ou sur la veine cave, la tumeur produit
un ictère, une ascite ou un œdème des membres inférieurs qui chan-
gent plus ou moins la physionomie ordinaire de la. maladie, lorsque
plusieurs kystes donnent à la tuméfaction de l'hypochondre un
aspect inégal ; mais, dans ces différents cas, à défaut du frémisse-
ment hydatique, la ponction exploratrice avec un trocart capillaire
pourra donner des indications précises sur la nature de l'affection du
foie, autant qu'il sera établi que cette ponction est exempte de
dangers.
CHAPITRE IL
ACTION DES HYDATIDES DU FOIE SUR LES CONDUITS ET LA VÉSICULE
BILIAIRES.
L'un des points les plus intéressants de l'histoire des hydatides
du foie est la communication qui se fait dans certains cas entre le
kyste et les conduits biliaires.
Quelques auteurs ont pensé que la poche hydatique en commu-
nication avec un conduit biliaire, se développe aux dépens de ce
conduit et que la cavité qui renferme les vésicules est celle du con-
duit dilaté. Les hydatides, dans ce cas, se seraient développées
dans une cavité muqueuse, ce qui serait tout à fait exceptionnel;
l'examen des faits prouve qu'il en est autrement. Généralement les
kystes hydatiques perforent les parois et entrent en communication
avec les cavités qui sont dans leur voisinage , comme nous l'avons
constaté déjà pour les vaisseaux et les bronches. Nous verrons ce
fait se reproduire à l'égard de la trachée, du tube digestif, de la
vésicule biliaire, du bassinet, de la vessie, des trompes utérines.
Les conduits biliaires seuls feraient- ils exception 1 Non sans doute :
l'existence d'un véritable kyste, le grand nombre de conduits bi-
liaires ouverts dans sa cavité, ne s'accordent point avec l'idée d'un
développement dans la cavité même d'un conduit; or dans la plupart
des cas connus, on a signalé l'existence d'un kyste et des ouvertures
NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDATIDES. ft63
quelquefois nombreuses à l'intérieur de ce kyste; on a même vu les
ouvertures communiquer d'une part avec les canaux biliaires, d'une
autre avec les veines ; d'ailleurs une hydatide développée dans la
cavité d'un conduit biliaire serait nécessairement chassée dans l'in-
testin ou dans la vésicule par la bile qui s'accumulerait derrière elle.
Un fait observé par M. Cadet de Gassicourt nous montre un
kyste en communication avec deux points distincts du canal cholé-
doque, de telle sorte que la communication n'a pu être primitive en
ces deux points; il faut donc admettre qu'elle s'est faite par ulcé-
ration d'un côté comme de l'autre. Voici cette observation :
Obs. XCII (Cadet de Gassicodrt).
I. — Il s'agit d'un garçon âgé de sept ans qui, au mois de mai \ 854, fut
pris de jaunisse à la suite d'une impression morale vive; l'ictère disparut,
mais au mois de mars de l'année suivante, il reparut; le malade entra alors à
la Charité dans le service de M . Cruveilhier.
« A son entrée, outre l'ictère et les phénomènes présentés par les garde-
robes et les urines que l'acide nitrique verdissait fortement, on constata une
légère augmentation du volume du foie. Le foie remontait jusqu'au niveau du
mamelon droit; au-dessous des fausses côtes, on sentait parfaitement le bord
tranchant, qui ne descendait pas beaucoup plus bas que de coutume (à 4 cen-
timètres à peu près au-dessous des fausses côtes). Le malade, du resle, n'ac-
cusait aucune douleur dans la région hépatique ; il se plaignait seulement
d'épistaxis répétées, qui, après avoir à peu près complètement cessé depuis
le commencement de novembre 1854, jusqu'à la fin de février 1855, avaient
reparu en même temps que l'ictère, et amenaient une grande faiblesse.
M. Cruveilhier ordonna d'abord quelques légers purgatifs, mais il insista par-
ticulièrement sur le tannin et les préparations ferrugineuses destinées à com-
battre les hémorrhagies et l'anémie.
» Sous l'influence de cette médication, le malade sembla marcher vers une
guérison rapide: les saignements de nez devinrent moins fréquents ; l'ictère
diminua sensiblement; les selles, les urines, reprirent presque tout à fait leur
coloration normale, à peine si l'acide nitrique décelait quelque trace de bile
dans les urines. Cet état d'amélioration était très manifeste du 5 au 10 avril,
lorsque, à cette époque, les accidents reparurent avec une violence plus grande
que jamais. Tout à coup, presque du jour au lendemain, l'ictère reprit une
intensité remarquable; les selles redevinrent dures, sèches, décolorées; l'urine
prit une teinte jaune foncé, puis brune, et sembla se couvrir d'une couche
huileuse. En même temps, l'abondance, la fréquence des épistaxis redoublè-
rent, surtout par la narine droite ; un premier tamponnement fut fait le 17 avril
au matin ; le sang coula dans la journée, et surtout dans la nuit, par la narine
gauche; un second tampon fut appliqué, le lendemain 18, à la narine gauche.
Quelques instants après, le malade vomissait environ 1 litre de sang ; à dix
/|(i'i AFFECTIONS VERMINEUSES DUS CAVITÉS SÉREUSES
heures et demie, il rendait une selle entièrement sanglante ; à midi, une se-
conde garderobe, dans laquelle les matières, dures et décolorées, étaient en-
veloppées d'une couche de sang. Puis, à deux heures et demie du soir, il se
plaignit, pour la première fois, d'une vive douleur à la région hépatique. A
trois heures, il était mort. »
Autopsie. — Rien de bien notable dans les divers organes, si co n'est la
fluidité du sang contenu dans les vaisseaux.
« Le foie avait une couleur bronzée à sa surface, et, en le coupant longitu-
dinalement, on voyait que cette coloration se prolongeait dans toute l'épais-
seur du tissu; les vaisseaux biliaires n'étaient nullement dilatés. Sur le
trajet du canal cholédoque , entre la vésicule et le canal cystique d'une
part, et l'ouverture du canal cholédoque dans le duodénum de l'autre, se trou-
vait une poche, du volume d'un œuf de poule à peu près, qui était située sur
le trajet même du canal cholédoque ; cette poche n était pas distendue et se
laissait facilement déprimer par la pression. Elle fut fendue dans sa longueur
et par sa paroi opposée au trajet du canal cholédoque; l'incision donna issue
à quelques gouttes seulement de bile épaisse, et à une autre poche plus pe-
tite, affaissée sur elle-même, plissée et vide, colorée en jaune verdâtre, qui
fut aussitôt reconnue pour une hydatide. Cette hydatide avait une longueur
de 5 centimètres et une largeur de 4 ; elle était, comme je l'ai dit, entière-
ment vide, et présentait, dans un des points de sa p;iroi, une ulcération de
1 centimètre de longueur, dont la circonférence était brunâtre.
» La première poche étant ainsi vidée, et incisée dans sa longueur, voici ce
qu'on a pu constater:
» Les parois du kyste étaient résistantes, assez épaisses, de couleur blanc
mat extérieurement, et jaune verdâtre à l'intérieur. A l'extrémité supérieure
du kyste, du côté de la vésicule biliaire, on voyait une ouverture irrégulière-
ment ovalaire, longue de 15 millimètres, et dont la circonférence était en-
tourée d'une coloration brunâtre, presque noire. Cette ouverture, ou plutôt
cette ulcération, était probablement en contact avec l'ulcération que nous
avons décrite sur l'hydatide elle-même, et qui avait la même apparence. En
faisant glisser un stylet par la partie supérieure de l'ulcération, on arrivait,
d'une part, dans le canal hépatique, de l'autre, dans le canal cystique et la
vésicule biliaire; et de plus, on a pu constater, par la dissection de ces diffé-
rents canaux, que le point de jonction du canal cystique et du canal hépatique
était situé à 25 millimètres à peu près en deçà de la perforation. Ainsi il est
démontré que l'ulcération intéressait en même temps la paroi du canal cholé-
doque et celle du kyste ; que le kyste communiquait avec le canal cholédoque,
et que c'est en passant par ce canal que le stylet pénétrait, d'un côté dans le
canal hépatique, de l'autre dans le canal cystique et la vésicule.
»Un stylet introduit par l'extrémité inférieure de l'ulcération pénétrait aussi
dans un canal, mais il était arrêté dans un cul-de-sac après un trajet de 3 cen-
timètres. En disséquant avec attention cette portion du canal par la face ex-
terne du kyste, il était facile de voir qu'elle faisait suite au canal cholédoque,
NATURELLES OU ADVENTlVES. — HYDATIDES. 465
dont la paroi supérieure avait été en partie détruite par l'ulcération qui s'ou-
vrait dans le kyste.
» A l'extrémité inférieure du kyste, on trouvait une seconde perforation,
également ovalaire, longue de 1 centimètre, qui ne présentait pas de colora-
tion brune à sa circonférence. Cette seconde ulcération était distante de la
première de 5 centimètres, et elle était séparée de l'extrémité du canal cholé-
doque terminé en cul-de-sac, par un intervalle de 2 centimètres. Il semble
donc que, dans cet intervalle, le canal cholédoque a été détruit par compres-
sion; du moins on n'a pu constater sa continuité.
» Enfin, en faisant pénétrer un stylet par cette ulcération, on arrivait dans
le duodénum, à l'endroit où les canaux cholédoque et pancréatique réunis s'ou-
vrent dans cet intestin. La distance de cette seconde ulcération à l'ouverture
duodénale était de 15 millimètres (4). »
Lorsque le kyste s'est mis en communication avec les conduits
biliaires, les hydatides qu'il contient s'engagent quelquefois dans
ces conduits, comme celles du poumon s'engagent dans les bron-
ches. Nous verrons, dans les faits que nous allons rapporter, que
les canaux biliaires sont dilatés par les vers cystiques qui s'y intro-
duisent comme ils le sont par des calculs, que ces vers sont ex-
pulsés dans l'intestin ou dans la vésicule biliaire; enfin que la gué-
rison d'une tumeur hydatique du foie arrive probablement par suite
de l'évacuation du contenu du kyste dans le canal intestinal.
L'introduction dans les conduits hépatiques des hydatides d'un
kyste paraît, au premier abord, peu susceptible d'explication ; rien
de plus simple cependant, si l'on y réfléchit : un kyste hydatique
qui a perforé un conduit biliaire est en rapport d'une part avec les
branchés périphériques de ce conduit, et d'une autre part, avec la
portion inférieure ou le tronc de ce conduit qui se rend au canal cho-
lédoque ; le kyste reçoit donc la bile qui lui vient des conduits pé-
riphériques, et ce liquide s'écoule par le tronc en communication
avec le canal cholédoque;, les plus petites hydatides, d'abord, peu-
vent se présenter à l'orifice de ce dernier conduit ou tronc, entraînées
par la bile ; elles peuvent s'y introduire et le parcourir sans diffi--
culté, si elles sont fort petites 5 elles peuvent éprouver quelque
résistance, si elles sont plus grosses ; mais, pressées par le liquide
qui s'accumule dans le kyste, elles cheminent en dilatant les canaux
comme font des calculs. Ainsi, des hydatides successivement plus:
(i) E. Cadet de Qassicourt, thèse citée, obs. XIV, p. 36, et Bull. Soc. anal. 1855,.
p. 21i.
Dayainb, So
U6C) AFFECTIONS VERMINEOSÉS DES CAVITÉS SÉREUSES .
grosses peuvent s'engager dans le conduit excréteur du kyste et le
parcourir en le dilatant de plus en plus.
Nous rapporterons d'abord les faits qui concernent des hydatides
sorties d'un kyste et engagées dans des conduits ouverts dans ce
kyste; nous rapporterons ensuite d'autres faits dans lesquels plu-
sieurs circonstances doivent faire présumer que des hydatides ont
aussi traversé les canaux biliaires, et ces derniers faits emprunteront
une explication et un nouvel intérêt de leur rapprochement des pré-
cédents.
Obs. XCIII (Charcellay). — Kyste communiquant avec les conduits
hépatiques et les veines; pus dans les veines, hydatides dans les conduits.
II. — « Le nommé Léguey, âgé de cinquante et un ans, peintre en bâtiment,
brun, assez robuste, de tempérament nervoso-bilieux, entre à l'hôpital de la
Charité le 2 août 4 836, dans le service de M. Rullier, salle Saint-Ferdinand,
n° 30. Cet homme n'a jamais eu de colique de plomb, ni de jaunisse, et mène
une vie fort régulière.- Il y a quatre à cinq ans, il a gardé sept mois les
fièvres, dont il a été traité à l'Hôtel-Dieu ; il y a dix-huit mois, il a reçu un
violent coup de pied dans l'un des côtés, mais n'a point été indisposé à la
suite; il y a un an, séjour de trois mois à l'Hôtel-Dieu, pour fièvre tierce de-
venue ensuite quotidienne. Depuis longtemps il est sujet à avoir des faiblesses,
a se trouver mal.
» 3 août, le malade est jaune depuis hier; pas de diarrhée ni de vo-
missement; cependant il a vomi hier de l'huile d'olive qu'il avait prise
d'après l'ordonnance d'un médecin lequel avait diagnostiqué une colique de
plomb. Aujourd'hui, douleur des jambes, grandes coliques, pas de selles;
ventre sans tension, un peu douloureux ; légère teinte jaune des sclérotiques ;
pouls assez fréquent et développé ; peau un peu chaude et moite ; langue hu-
mide, un peu blanche, jaunâtre; pas de vomissements; face non grippée.
[Traitement de la Charité, du premier jour ; diète.)
» Le diagnostic porte : colique de plomb avec tégère fièvre et ictère.
» 4 août, toujours de la fièvre, pouls assez fort et fréquent; peau chaude,
langue blanche, humide; hier, selles fréquentes après le lavement purgatif ;
il a eu aussi quelques vomissements ; ventre douloureux ; peu de soulage-
ment. (Traitement du deuxième jour : bouillon, lait.)
» 5 août, a peu près le même état ; il a été souvent à la selle ; pouls assez
fort; la potion émétique a produit plusieurs vomissements; langue humide;
moins de douleurs du ventre. [Traitement du troisième jour: bouillon, lait.)
» 6 août , ictère plus prononcée ; pouls assez développé et fréquent ;
soif; langue blanche-jaunâtre, un peu rouge sur les bords, humide; quelques
selles ; ventre un peu développé, sonore, assez douloureux. [Traitement du
quatrième jour . bouillon, soupe, lait.)
» 7 août, l'état du malade avait été jugé le même que celui de là veille,
NATURELLES OU ADVENTIVES. — 1TYDATIDES. £|G7
et déjà le traitement du cinquième jour avait été prescrit, lorsque j'appelai
l'attention de M. Rullier sur de nouveaux symptômes qui rirent changer la
prescription. Face grippée; ictère assez intense; peau chaude, un peu sèche;
pouls assez dur et fort, un peu fréquent; langue blanche, jaunâtre, rouge sur
les bords et à la pointe; matité normale de l'hypochondre droit, qui n'est pas
douloureux ; pas de douleur à l'épaule droite ; ventre assez développé, sonore
et douloureux, plusieurs selles hier, et nausées. [Fomentations émollientes,
bain de siège, riz gommé, demi-lavement amylacé.)
» Mort le 7 août à six heures du soir.
» Autopsie le 8 à dix heures du matin. 4° Teinte ictérique assez prononcée-,
2° crâne, — arachnoïde un peu injecté; le cerveau, un peu petit, remplit à peine
la cavité crânienne ; la substance cérébrale est peu ferme, saine du reste ;
3° thorax, — plèvres saines ; la moitié inférieure des poumons est engouée ;
bronches remplies d'écume rosée, et leur muqueuse rouge, épaissie ; cœur un
peu gros, rempli de caillots en partie noirs et fibreux, jaunâtres dans les ca-
vités droites, noirs seulement dans les cavités gauches ; pas de traces de pus,
non plus que dans le tissu pulmonaire.
» 4° Abdomen tympanisé, sonore; à l'ouverture du péritoine, il sort une
grande quantité de gaz ; cette membrane séreuse est généralement rouge,
enflammée, elle offre en quelques endroits des fausses membranes pultacées,
jaunâtres, molles, récentes, surtout dans l'hypochondre droit et les fosses ilia-
ques; en outre, la cavité péritonéale contient quatre onces environ de sérosité
jaunâtre, purulente, un peu consistante ; vessie assez distendue par de
l'urine; rate saine ; les reins sains contiennent assez de graisse, de couleur
ictérique; intestins fort rouges à l'extérieur, assez distendus par un liquide
grisâtre dans lequel flottent quelques mucosités jaunâtres, ainsi que des gru-
meaux d'un détritus purulent.
» Pas de matières fécales; la muqueuse intestinale n'est pas rouge; pla-
ques ou glandes sans développement ; vers la fin de l'intestin grêle existe de
l'emphysème sous-muqueux, répandu par stries transversales dans l'étendue
de deux pieds environ .
» Le duodénum est rouge, brun, verdàtre dans l'étendue de deux pouces,
un pouce au-dessus et un pouce au-dessous de l'embouchure du canal cholé-
doque ; cette portion de duodénum est un peu friable, à parois épaissies, et la
muqueuse est piquetée en noir dans les orifices des glandes mucipares ;
estomac sain.
» Le canal pancréatique assez dilaté, contient un peu de liquide laiteux,
gris-blanchâtre; sa muqueuse épaissie, grise, jaunâtre; le pancréas lui-même
est très %'olumineux, injecté, friable, on y voit un grand nombre de points
jaunes, verdâtres plus ou moins ramollis, et même avec commencement de
suppuration en quelques endroits ; le foie un peu volumineux, est recouvert
de fausses membranes pultacées ; une énorme hydatide monoloculaire, ayant
trois pouces de diamètre, remplit le tiers moyen du lobe droit, en avant, où
elle est à nu, ainsi qu'à la face supérieure et inférieure ; elle est parfaitement
668 AFFECTIONS VERMINEUSES DLS CAVITÉS SÉREUSES
Bphérique ses parois assez épaisses, sont nacrées, d'un blanc-opalin, peu
consistantes, et le liquide qu'elles contiennent est transparent, clair et limpide
comme l'eau de fontaine.
» Le kyste qui environne cette poche solitaire est fibreux, assez épais, dur
et résistant, fortement uni au foie ; sa cavité est hérissée de fibrilles et en quel-
ques points tapissée par une légère exsudation pultacée; elle n'offre pas un
seul orilico de vaisseaux. Le foie ayant été coupé en plusieurs tranches, l'ex-
pression et divers mouvements nécessaires pour examiner cet organe font sortir
par les veines sus-hépatiques cl les canaux biliaires, en assez grande quantité,
du pus jaune-verddlre, crémeux. On trouve dans le tiers droit du lobe gauche
un foyer hydatique purulent, assez grand pour loger un œuf de poule; il con-
tient du pus jaune-verdâtre, des fausses membranes pultacées et des débris
de parois d'hydatides rompues dont les unes sont blanches-nacrées, et les au-
tres jaunes, verdatres ou brunâtres; l'une de ces dernières est engagée en
partie, par un prolongement d'un pouce et demi de long, dans un large conduit
biliaire, à peu de distance de la racine gauche du conduit hépatique. On
en trouve une autre semblable, longue de deux pouces et demi environ, dans
les trois quarts inférieurs du canal cholédoque dilaté, dont elle a pris la forme.
Le kyste fibreux, contenant ces acéphalocystes multiples, est fortement en-
flammé, ramolli et tapissé de couches pseudo-membraneuses jaunâtres,
molles ; et, chose bien remarquable, on voit à la surface de sa cavité un très
grand nombre d'ouvertures plus ou moins larges, qui, suivies avec soin, condui-
sent la plupart dans des veines sus-hépatiques, et quelques autres dans des con-
duits biliaires dilatés.
» La vésicule du fiel est distendue par de la bile verte, brunâtre, assez
consistante ; ses parois sont épaisses, un peu injectées ; la muqueuse offre une
altération assez rare ; elle est, en un grand nombre d'endroits, marquée de
taches vertes, brunâtres, étendues et de formes différentes. Dans ces points
la muqueuse est ramollie; on pense que ce sont de petites eschares de cette
membrane ainsi que du tissu cellulaire sous-jacent. On ne peut faire dispa-
raître ces taches qu'en enlevant la muqueuse, qui cède facilement. En d'au-
tres points cette lésion est plus avancée, et consiste en une véritable ulcéra-
tion ; là, on voit que la muqueuse manque et a été enlevée comme par un
emporte-pièce (1). »
Il ne peut y avoir de doute sur l'origine des hydatides rencontrées
dans les conduits biliaires, car l'une d'elles n'était qu'en partie en-
gagée dans le conduit excréteur du kyste. Ce conduit, comme le
canal cholédoque lui-même, était dilaté, et les vésicules qui se trou-
vaient dans ce dernier canal allaient être évacuées dans l'intestin,
si la mort ne fût survenue. La présence d'un kyste fibreux ôte
(1) Charcellay, Bull. Soc. anal., 1836, ann, XI, p. 317.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — I1YDATIDES. 469
l'idée d'une poche développée par la dilatation d'un conduit hépa-
tique ; les ouvertures, communiquant d'une part avec des conduits
biliaires, d'un autre avec des veines, prouvent bien que la commu-
nication de la poche avec les voies biliaires était le fait de la des-
truction des parties; d'ailleurs, si les hydatides se fussent dévelop-
pées dans la cavité même d'un conduit, elles eussent été entraînées
vers l'intestin, pendant qu'elles étaient petites, bien plus sûrement
et plus facilement qu'au moment où elles avaient acquis deux pouces
et demi de longueur. Il est à croire que le passage des matières du
kyste dans les veines n'a pas été étranger à la production de l'ictère
et de la péritonite qui enleva le malade.
Dans le cas suivant l'évacuation des hydatides était plus avancée;
il n'en restait plus dans le kyste où elles s'étaient développées.
Obs. XCIV (Charcot). — Kyste communiquant avec les conduits biliaires;
hydatides dans ces conduits; absence de ces vers dans le kyste.
III. — « Le nommé Platz (Christophe), âgé de quarante-sept ans, cui-
sinier, entre, le 20 juillet 1854, salle Saint-Charles, n° 9, à l'hôpital de la
Charité.
» Ce malade, extrêmement affaibli et très souffrant lors de son entrée à l'hô-
pital, peut à peine nous donner quelques renseignements sur son état anté-
rieur; nous apprenons cependant de lui qu'il dépérit et qu'il souffre depuis
quatre mois environ. Les symptômes qu'il a remarqués pendant cette période
de la maladie sont de l'oppression et une douleur sourde et profonde dans la
région du foie. Cette douleur s'étend parfois vers l'épaule droite et vers le flanc
droit, mais elle a toujours été presque continue, et ne s'est jamais présentée
sous forme d'accès capables de faire croire à l'existence de coliques hépati-
ques calculeuses. Il n'y a jamais de vomissements noirs, et la constipation est
l'état habituel. Il y a trois mois, une jaunisse très marquée est apparue. Au
début, cette jaunisse a été accompagnée de vomissements de matières ali-
mentaires; puis il s'est manifesté de la diarrhée. Elle a disparu au bout de
quelques semaines ; puis elle a reparu il y a une quinzaine de jours. Cette fois
elle a persisté jusqu'à la terminaison fatale de la maladie.
» Le 1 9 juillet, Platz est pris tout à coup de douleurs hépatiques beaucoup
plus vives que d'habitude, et qui se répandent dans toute l'étendue de l'ab-
domen. Presque aussitôt la physionomie est profondément altérée; la face est
grippée, bleuâtre ; les yeux sont enfoncés dans l'orbite ; les extrémités sont
froides, cyanosées comme dans la période algide du choléra. Le malade est
transporté à la Charité, quelques heures après l'apparition de ces nouveaux
symptômes. Nous l'y trouvons dans l'état suivant: ictère extrêmement foncé,
presque vert ; maigreur générale très prononcée. La face est grippée, violacée,
froide. Les extrémités sont également froides et cyanosées. Le pouls est à \ 1 0,
U10 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREIJSES
l 20, très fort, très dur, très plein. Constipation opiniâtre depuis deux jours;
d.ouleur très vive à la pression dans toute la région de l'abdomen, mais bien
plus prononcée à droite, sous les fausses côtes, que p;uiout ailleurs. Le ventre
n'esl pas volumineux ; il est plutôt rétracté, et les muscles droits antérieurs se
dessinent fortement sous les téguments. Il n'nd par la percussion un son
obscur. L'état de convulsion où se trouvent continuellement les muscles des
parois abdominales rend la palpalion impossible; mais par la percussion
des hypocbopdres, on obtient ce résultat que le bord supérieur du foie ne re-
monte pas plus haut qu'à l'état normal, et qu'il existe au niveau de la région
splénjque unematîté trèsétendueet trèsconsidérablequi n'estpasle résultald'un
épanchement pleural, ainsi qu'on s'en assure par l'examen du côté gauche de
la poitrine. Les poumons et le cœur paraissent complètement exempts de
lésion. Aucun phénomène du côté du cerveau. Les urines ne sont pas albumi-
neuses ; elles sont fortement chargées de la matière colorante de la bile. La
langue est sèche ; la voix est extrêmement faible. (On prescrit les opiacés à
haute dose et les lavements laxatifs.)
» Les jours suivants les symptômes vont en s'aggravant, et le malade
succombe le 23 juillet, trois jours après son admission dans les salles.
» Autopsie. — A l'ouverture de la cavité abdominale, on reconnaît l'exis-
tence d'une péritonite générale très intense. Le foie est refoulé directement
d'avant en arrière et de dehors en dedans, de telle sorte que les faces supé-
rieures du lobe droit et du lobe gauche présentent, chacune de leur côté, une
concavité qui regarde en avant et en dehors. Ces sortes de cavités ainsi com-
prises entre la face supérieure du foie et la paroi abdominale antérieure, sont
remplies par un liquide d'un jaune foncé, ayant tout à fait l'aspect de la bile,
et tenant en suspension des flocons albumineux.
» Les circonvolutions de l'intestin sont collées les unes aux autres par des
fausses membranes molles, de formation évidemment très récente, et teintes
en jaune par de la matière colorante de la bile. Le grand épiploon présente
une coloration d'un rouge vif, et il est comme pelotonné, recoquillé. Une
certaine quantité de liquide d'un jaune foncé se rencontre dans les parties les
plus déclives de la cavité abdominale, mais il y est peu abondant. Traité par
l'acide nitrique, ce liquide présente un dépôt albumineux très abondant, mais
en même temps il se colore en vert foncé, puis en rouge quand on y ajoute un
excès d'acide. A l'examen microscopique on y rencontre une grande quantité
de globules de pus fortement colorés en jaune.
» Les intestins, ouverts dans toute leur étendue, ne présentent aucune alté-
ration : ils sont remplis par une matière semi-liquide d'une couleur gris sale.
Ils ne contiennent rien qui ressemble à des fragments d'hydatides ou à des
calculs biliaires. L'estomacest normal, sa membrane muqueuse un peu injectée.
Rate normale.
» Le foie, à part l'aplatissement dû à la compression qu'il a subie et les
fausses membranes qui le recouvrent, ne présente aucune altération de tex-
ture. On le laisse en place, ainsi que l'estomac et le duodénum, et l'on dissèque
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 471
avec soin les conduits biliaires : Le canal cholédoque est extrêmement volumi-
neux; il parait distendu par une substance avant la consistance de la cire.
Quand on le comprime, on voit sortir par son orifice duodénal, d'abord une
gouttelette de bile verte, puis une sorte de membrane ridée, fortement teinte en
vert foncé par la bile, et qui, ainsi que nous le verrons, n'est autre chose qu'une
hydatide. Le canal cholédoque est alors ouvert avec précaution, et on le trouve
rempli par un grand nombre de débris d' hydatides baignés dans la bile. Ces
fragments s'étendent jusque dans la ramification principale gauche du canal
cholédoque qui. est très dilatée. La ramification du côté droit est également'
fort distendue, mais par de la bile seulement.
» Le canal cystique est tout à fait aplati par suite de la compression exercée
sur lui par le canal cholédoque distendu. La vésicule biliaire n'est pas plus
volumineuse qu'à l'état normal ; elle est pleine d'une bile épaisse, d'un noir
vert, beaucoup plus foncé que celle qui imprègne les hydatides dans le canal
cholédoque.
» En examinant avec attention la face intérieure du foie, on finit par décou-
vrir au niveau de l'origine œsophagienne de la petite courbure de l'estomac, plus
près du bord postérieur que du bord antérieur de l'organe hépatique, à 4 ou
5 centimètres environ à gauche du canal cholédoque, une cavité hémisphérique,
allongée dans le sens transversal, et qui, si elle était complète, pourrait loger
un gros œuf de poule. Cette sorte de poche s'ouvre largement dans l'arrière-
cavité des épiploons : cependant on la trouve limitée de ce côté, mais en partie
seulement, et d'une manière très incomplète, par une sorte de membrane
blanchâtre, déchiquetée, qui est libre et flottante du côté de l'extrémité gauche
du kyste, tandis qu'elle est adhérente à son extrémité droite. La cavité que
nous venons de décrire n'est autre chose qu'un kyste hydatique; elle est con-
stituée par une membrane propre, brune, dont la surface extérieure adhère inti-
mement au tissu du foie qui la loge, et dont la membrane flottante dont nous
avons parlé n'est qu'un débris. La face interne de ce kyste est tapissée par une
matière d'apparence caséeuse, teinte de bile. Sa cavité communique largement
avec la branche droite de bifurcation du canal cholédoque par deux pertuis ayant
environ 4 centimètre et demi de long chacun, sur un demi centimètre de large
seulement; mais ces orifices sont encore dilatables.
» La cavité du kyste ne contient pas de débris d' hydatides, on n'en apasren-
contré non plus dans le liquide épanché dans l'abdomen.
» // est hors de doute que les fragments membraneux contenus dans le canal
cholédoque sont bien des débris d'hydatides. D'abord, quand on les fait flotter
dans l'eau, on reconnaît les membranes anhistes, transparentes, et couvertes
de granulations qui caractérisent ces sortes de poches ; seulement ici elles sont
fortement teintes en vert par la bile. Enfin, l'examen microscopique fait recon-
naître, au milieu du liquide qui les baigne, l'existence des crochets qui sont la
preuve indubitable des échinocoques .
» Les autres organes n'ont présenté aucune altération (4). »
(1) Charcot, Comptes rendus Soc. biologie, 1854, 2e série, t. I, p. 99.
/|72 AFFECTIONS VERMIIŒI'SES Di:S CAVITÉS SÉREUSES
Les vers vésiculaires contenus dans le canal cholédoque prove-
naient évidemment du kyste hydatique comme ceux du cas précé-
dent. Ce canal étant obstrué, la Iule, qui affluait dans le kyste et
qui le distendait, en détermina la rupture, niais déjà toutes les hy-
datides étaient sorties de ce kyste, car on n'en retrouva ni dans la
poche même, ni dans la cavité du péritoine. Si cette poche eût résisté
plus longtemps, les débris des vers vésiculaires qui avaient parcouru
déjà un long trajet dans les canaux hépatiques dilatés, eussent été
évacués dans l'intestin comme des calculs biliaires et la guérison en
eût été sans doute la suite.
Obs. XCV (Leroux). — Plusieurs kystes athéromateux, communication
avec les conduits biliaires; dilatation des conduits, hydatides dans
leur orifice ; conduit cystique oblitéré; vésicule communiquant avec
un kyste.
IV. — Il s'agitd'un homme âgé de vingt-quatre ans, qui, ayant fait une chute
surl'hypochondre droit, y ressentait des douleurs depuis dix-huit mois que
cette chute avait eu lieu. A son entrée à l'hôpital (2 mai 1798), toute la sur-
face du corps était d'un jaune bronzé: le foie descendait jusqu'à la crête
iliaque ; le marasme était complet, et la mort arriva vingt jours après.
A l'autopsie, le foie seul offrit des lésions remarquables.
« Cet organe descendait jusqu'au bassin et remplissait presque toute la
capacité du ventre; il était adhérent de tous côtés aux parties environnantes,
et refoulait l'estomac, I'épiploon et les intestins contre le diaphragme ; il pa-
raissait rempli de liquide; on distinguait particulièrement à sa surface la vési-
cule du fiel, dilatée au point d'y pouvoir loger un corps plus gros que le
poing ; elle contenait un liquide moins jaune que la peau du cadavre. Le foie
étant incisé, offrit plusieurs cavités très considérables remplies d'un pus blanc
(matière athéromateuse?) dans lequel flottaient des flocons membraneux, des
débris d'hydatides qui bouchaient les canaux hépatique et cholédoque, lesquels
étaient plus dilatés que le cystique, dont on ne put parvenir à découvrir l'ori-
fice, mais dont le liquide s'échappait par une communication établie entre ce
conduit et un foyer purulent (alhéromateuxl) formé dans la substance du grand
lobe du foie. Une autre poche assez grande contenait une hydatide pleine d'une
sérosité très claire et qui ne communiquait avec aucune autre cavité (1). »
Cette observation nous offre plusieurs faits intéressants : 1° un
foyer purulent communiquant avec des conduits hépatiques dilatés;
ce foyer, dans lequel nageaient des membranes d'hydatides, était
évidemment un kyste athéromateux; 2° plusieurs des membranes
(1) Leroux, ouvr. cit., t. III, p. 45.
NATURELLES OU ADVLNTIVLS. — HYDATIDES. Ù73
introduites dans les canaux hépatique et cholédoque qu'elles bou-
chaient, comme dans les deux cas précédents ; 3° la vésicule biliaire
communiquant avec un foyer purulent qui était encore très proba-
blement un kyste hydatique athéromateux ; 4° l'oblitération du con-
duit cystique.
Obs. XCVI (Laennec). — Conduit ouvert dans an kyste hydatique? hyda-
tides dans la vésicule biliaire.
V. — Il s'agit d'un homme âgé de vingt-six ans, qui avait de la douleur
et une tumeur dans la région du foie; cette tumeur acquit tout à coup un
accroissement rapide; au bout de vingt jours, elle occupa presque la moitié
de la capacité du ventre. Le malade était jaune, amaigri; il avait la respi-
ration gênée, des nausées, des vomissements, etc.; un jour la tumeur s'af-
faissa et diminua considérablement de volume, néanmoins l'état général con-
tinua d'être très mauvais et le malade succomba huit jours après.
Autopsie. « L'ouverture du cadavre fit voir qu'il existait à la fois chez ce
malade une péritonite, une affection du pancréas assez analogue aux squirrhes
et des vers vésiculaires dans le foie
» Le foie, d'un volume très considérable, remplissait tout l'hypochondre
droit, presque tout l'épigastre et une partie de l'hypochondre gauche. Son
lobe droit surtout était extrêmement volumineux On y plongea le scalpel
et il en sortit environ trois pintes d'un liquide puriforme, d'un jaune un peu
verdàtre ce liquide contenait une grande quantité de vésicules aplaties
Le kyste adhérait intimement à la substance du foie, auquel il paraissait aussi
tenir en certains endroits par quelques vaisseaux biliaires, comme par des
racines. Il y avait même au dedans du kyste une ouverture au fond de laquelle
paraissait s'ouvrir un de ces vaisseaux. On oublia de vérifier le fait.
» La vésicule biliaire contenait environ quatre gros d'un liquide à peu près
semblable à celui du kyste, mais un peu plus vert et moins puriforme. Ce
liquide contenait trois acéphalocystes semblables aux précédentes et d'environ
1 pouce de diamètre; la membrane muqueuse de la vésicule biliaire, celle des
conduits cystique, hépatique et cholédoque étaient saines (1). »
Comment expliquer la présence de ces hydatides dans la vésicule
biliaire, car tout tend à prouver que ces entozoaires ne se dévelop-
pent jamais dans des cavités muqueuses? D'un autre côté, il est très
probable que l'action de la bile les altère et les fait périr prompte-
ment. Nous nous expliquons leur présence dans la vésicule , par la
pensée que ces hydatides se sont engagées dans un conduit biliaire
ouvert dans le kyste; et en effet Laennec signale l'existence d'une
ouverture au fond du kyste; les vésicules auront suivi ce conduit et
(1) Laennec, Mém. cit., obs III, p. 130.
klk AFFECTIONS VEIUHNEUSF.S DES CAVITES SEREUSES '
seront arrivées par le canal cyst.ique jusque dans la vésicule, pous-
sées sans doute par la Iule qui y refluait. Les faits rapportés <'i-
dessus, qui montrent que des hydatides peuvent cheminer dans les
conduits de la bile» rendent cette explication très admissible. Nous
ajouterons que Laennec fait la remarque que le liquide contenu dans
la vésicule était à peu près semblable à celui du kyste. Quant au
volume des hydatides, on sait que pour passer à travers des con-
duits tels que les bronches, l'uretère ou l'urèthre, ces vésicules s'al-
longent beaucoup et qu'elles reprennent ensuite leur forme sphérique.
Obs. XCVII (Rcederer et Wagler). — Kysle communiquant avec un
conduit biliaire, lombric dans le kyste.
VI. — Nous avons rapporté le cas observé par Wagler d'un kyste hyda-
tique communiquant avec un conduit biliaire. (Voyez cas XXXVII, p. 172.)
Un ascaride lombricoïde venu de l'intestin était arrivé par ce conduit jusque
dans le kyste; la voie lui avait très probablement été ouverte par'des hyda-
tides qui, s'étant engagées dans les conduits, les avaient dilatés, et, sans
doute, celles qui étaient encore contenues dans la poche eussent continué à
prendre la même voie, si le malade n'eût succombé à la fièvre muqueuse.
Le cas suivant nous montre des kystes communiquant avec plu-
sieurs conduits biliaires; dans chaque kyste, l'un de ces conduits se
rendait directement dans le canal hépatique; les autres étaient des
branches périphériques qui amenaient la bile dans le kyste. La di-
latation des conduits principaux, qui admettaient une sonde de
femme, et celle du canal hépatique, qui avait acquis le volume de
l'index, ne peuvent guère s'expliquer que par l'introduction et le
passage des hydatides dans ces canaux.
Obs. XCV1II (Saussier).
VII. — « Au mois d'août 1839, entre à l'Hôtel-Dieu, salle Sainte-Jeanne,
le nommé Hippolyte Shawliége, âgé de quarante à quarante-cinq ans, tail-
leur. Ce malade a eu, il y a quatre ans, une pleuro-pneumonie à droite, qui
céda au traitement antiphlogistique. Il s'était bien porté pendant deux ans,
lorsque, vers la fin de l'année 1838, il me consulta pour une tumeur volu-
mineuse, bilobée, fluctuante, qui avait son siège à la région épigastrique, et
se prolongeait dans l'hypochondre droit, en remontant au-dessous du rebord
des côtes. Croyant avoir affaire à une hydatide, je prescrivis des préparations
mercurielles localement et à l'intérieur; une salivation survint sans modifier
la tumeur; des préparations iodurées ne furent pas plus efficaces; cependant
le malade continua son travail, éprouvant des douleurs modérées à la région
épigastrique.
NATURELLES OL' ADVENTIVES. — HYDAT1DES. &75
» Au commencement de l'année 4 839, il éprouva des douleurs plus vives,
de la fièvre et des symptômes locaux de phlegmasie dans la région hépatique.
Les accidents, combattus antiphlogistiquement, se calmèrent, mais il sur-
vint un ictère des plus intenses ; le malade maigrit et tomba dans le ma-
rasme ; la tumeur avait acquis un nouveau développement. La mort semblait
prochaine, lorsque j'essayai l'application d'un large vésicatoire sur la tumeur.
Dès lors cette tumeur s'affaissa sensiblement, l'ictère disparut, les forces re-
vinrent, l'embonpoint se rétablit, le malade recommença à travailler. Au bout
de quelque temps de cette convalescence, la tumeur, qui avait diminué de
moitié environ, redevint douloureuse, l'ictère reparut, des frissons se mani-
festèrent; les mêmes moyens furent employés, mais sans succès.
» Au bout de quinze à vingt jours de cette rechute, le malade vint à l'Hôtel-
Dieu. La lésion importante semblait encore bornée à la région du foie. Cet or-
gane faisait, au-dessous des côtes, une saillie très prononcée, et descendait
de 6 pouces environ plus bas qu'à l'ordinaire. Il formait une tumeur princi-
pale, volumineuse, sur laquelle on apercevait immédiatement une tumeur se-
condaire, dont le contour était facile à dessiner, parce qu'elle s'élevait brus-
quement et en pointe. Celle-ci paraissait avoir 4 pouces de diamètre à sa base ;
son sommet, large et convexe, soulevait les téguments d'une manière très évi-
dente. Toute la région occupée par le foie rendait à la percussion un son
complètement mat. Dans la tumeur secondaire on sentait une fluctuation bien
caractérisée, sans crépitation ni frémissement, soit à l'oreille, soit au toucher.
— L'abdomen, au-dessous de la partie occupée par le foie, n'était' pas déve-
loppé et ne présentait rien qui méritât d'être noté. — L'état général du malade
était encore assez satisfaisant: l'ictère, qui avait paru dans les premiers temps,
avait disparu. — On employa, contre l'affection du foie, les moyens de trai-
tement qui avaient déjà réussi ; des vésicatoires sur la tumeur et des pur-
gatifs. Cette fois, on n'obtint aucune amélioration, même momentanée ; la tu-
meur augmenta, l'ictère reparut ; il survint ensuite une diarrhée abondante,
puis une ascite considérable, et le malade, déjà très affaibli d'autre part, finit
par succomber dans un état de dyspnée considérable. Les selles n'avaient pas
perdu tous les caractères qui annoncent, lorsqu'ils existent, que la bile con-
tinue à passer dans les intestins ; elles avaient une couleur légèrement jaune,
mais nous avions vu des matières fécales beaucoup moins colorées chez des
malades qui ne présentaient pas d'ictère.
» Autopsie. — L'abdomen seul nous présenta des phénomènes importants ; il
contenait environ six litres d'une sérosité limpide. La muqueuse intestinale
était pâle et excoriée en quelques points dans le gros intestin. — Le foie dé-
passait de 6 pouces le rebord des côtes, et s'étendait jusque vers l'hypo-
chondre gauche ; son volume nous parut augmenté de moitié. Sa couleur brune,
normale, était remplacée par une teinte jaune foncé. On constata sur sa partie
antérieure l'existence de la tumeur que l'on avait reconnue pendant la vie;
mais il en offrit aussi un grand nombre d'autres. — Ces tumeurs étaient de
deux natures ; les unes, très volumineuses, au nombre de trois, contenaient
&76 AFFECTIONS VEUMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
du pus et des kystes (c'est-à-dire des vésicule?) acéphalocystes; les autres,
dont les dimensions variaient d'une ligne à huit ou dix lignes de diamètre, ne
contenaient que du pus. — Les trois grosses tumeurs occupaient, l'une la
partio antérieure et inférieure, la seconde la partie supérieure, la troisième
la partie postérieure du foie. Leur diamètre était de 6 pouces environ ; elles
siégeaient toutes dans l'intériour do la substance du foie, mais faisaient à la
périphérie une saillie plus prononcée que vers le centre ; une couche de la
substance du foie les recouvrait là où elles auraient pu sembler n'avoir qu'une
membrane peu épaisse pour paroi, c'est-à-dire à la circonférence de l'organe.
— Ces tumeurs étaient remplies d'un pus très liquide, légèrement verdàtre,
et dans chaque kyste on trouvait en outre cinq ou six acéphalocystes très
volumineuses, dont les unes contenaient un liquide trouble, les autres une
espèce de sérosité transparente ; quelques-unes de ces acéphalocystes étaient
doublées par une couche très remarquable de matière biliaire concrète, brune,
facile à écraser entre les doigts, laquelle formait aux hydatides comme une
coque calcaire. — Les parois des trois tumeurs, constituées par un tissu
fibreux de 2 à 3 lignes d'épaisseur, étaient elles-mêmes recouvertes de cette
matière à leur intérieur, et, lorsqu'elles eurent été lavées, elles nous présen-
tèrent une face interne blanche, réticulée, analogue, sous ce rapport, à la face
interne des ventricules du cœur, et formée par des bandelettes fibreuses, de
différentes dimensions, lesquelles, s'entre-croisant à l'infini, produisaient la
disposition remarquable que nous venons de signaler, et que l'on rencontre
d'ailleurs souvent dans les kystes ovariques en particulier. — La face interne,
ainsi disposée, présentait une série d'enfoncements et de saillies plus ou moins
considérables, et en cherchant à apprécier la profondeur des enfoncements,
de ceux qui étaient les plus marqués surtout, nous fûmes frappés du résultat
auquel nous arrivâmes : Une sonde de femme, introduite dans ces enfonce-
ments, venait sortir à la face inférieure du foie; il en était de même de quel-
ques-uns des petits, qui ne pouvaient admettre qu'un stylet. En examinant le
point de la face inférieure du foie, par lequel les instruments se présentaient
au dehors, nous ne fûmes pas peu surpris de reconnaître que c'était le canal
hépatique qui avait acquis le volume de l'index. Nous fûmes certains de ne pas
nous tromper à cet égard, lorsque nous eûmes mis en évidence à la fois, la
veine porte avant son entrée dans le sillon transverse, la veine cave, le canal
cystique et le canal hépatique. La 'sonde et le stylet démontraient donc que le
canal hépatique communiquait directement, mais par des branches différentes,
avec l'intérieur des kystes : dans chacun d'eux on trouvait un tronc particulier
qui s'interrompait brusquement à son entrée, et dont le canal était remplacé
par la poche elle-même. Le stylet, introduit dans d'autres enfoncements, ne
sortait plus au dehors, mais se dirigeait vers d'autres points du foie, auxquels
aboutissaient des ramuscules du canal hépatique. — Les tumeurs les plus pe-
tites étaient en quantité innombrable; elles contenaient toutes un pus jaune
vert, qui était en contact avec la substance même du foie; cette substance
était généralement ramollie, surtout au niveau des abcès. En introduisant un
NATURELLES OU ADVtN TIVES. — HYDATIDES. 477
Stylet dans quelques petites ramifications, on pénétrait facilement dans l'intérieur
des abcès; mais comme la substance du foie était notablement ramollie, il
était difficile de savoir si la communication était directe, ou si le stylet ne dé-
chirait pas cette substance en pénétrant, quelques précautions que nous pris-
sions. — Le canal cystique avait son volume ordinaire; la vésicule contenait
un liquide jaunâtre, trouble, visqueux.
» Il nout fut impossible de savoir comment les canaux cystique et hépatique
se comportaient, soit relativement à eux-mêmes, soit relativement à l'intestin;
le foie avait été emporté pour être examiné à loisir, et les canaux se trouvaient
divisés avant leur jonction (1). »
Le kyste s'ouvre quelquefois directement dans la vésicule du
fiel ; une semblable communication existait dans le cas de Leroux
rapporté ci-dessus (obs. XCV). Nous en verrons deux nouveaux
exemples observés par MM. Bowman (obs. CI) et Budd (obs. CI II) ;
dans le premier cas, les hydatides renfermées dans la vésicule
avaient un diamètre plus considérable que celui de l'ouverture de
communication, mais ce fait n'implique nullement que les vers cys-
tiques ne provenaient point du kyste ; l'ouverture avait pu se ré-
trécir depuis le passage de ces corps, ou plutôt ceux-ci s'étaient
allongés pour la traverser, comme nous l'avons dit déjà à propos
d'une observation de Laennec.
L'introduction des hydatides dans la vésicule du fiel pourrait
avoir pour effet la rétention de la bile, mais elle pourrait fournir
aux vers par le canal cystique une voie d'élimination, surtout si, par
l'existence de calculs biliaires, ce canal avait subi préalablement
quelque dilatation. Le fait suivant ne nous paraît pas susceptible
d'une autre interprétation :
Obs. XCIX (docteur Perrin). — Tumeur dans la région du foie; hyda-
tides et calculs biliaires rendus par les selles.
VIII. — «Une demoiselle de cinquante ans, lymphatique, obèse, valétudi-
naire, éprouva, à la fin de janvier 1846, de vives douleurs partant del'épi-
gastre. Le 31 du mois suivant, elles reparurent subitement et avec violence,
accompagnées de nausées et de vomissements. Ventre météorisé, douloureux,
pouls petit, concentré. Des fomentations émollientes, huileuses, soulagèrent
peu; mais un laxatif produisit d'abondantes évacuations alvines qui firent du
bien. Cependant le foie dépassait les fausses côtes, et l'on croyait sentir une
fluctuation au-dessous de celles-ci. La douleur forçait la malade à se pencher
en avant. Trois semaines après, nouvelles douleurs plus violentes, plus lon-
(1) Saussier, dans F. M. Barrier, De la tumeur hydatique du foie {thèse, p. 22,
obs. I. Paris, 1840).
478 AFFECTIONS VERMlNÊU&Eâ DÈS OAVrTÉS SERF-USES
gues. Los urines sont couleur rhubarbe. Efforts expulsifs qui amènent d'abon-
dantes matières glaireuses, où se trouvent des hydatides et des concrétions
friables. Pendant quatre mois, tous les trois septénaires, à jour fixe, coliques
hépatiques, accompagnées d'évacuations abondantes dans lesquelles sont des
hydatides et des calculs biliaires au milieu d'une bile gluante. Le 4 avril, eut
lieu la dernière colique ; le foie restait douloureux et proéminent, ne pouvant
supporter la moindre pression ; pas de fièvre. Un traitement varié et enfin une
saison à Vichy, sur le conseil de M. Prunelle, amenèrent laguérison (1). »
L'ulcération des conduits biliaires dans les cas d'hydatides du
foie, et la communication de ces conduits avec le kyste sont sans
doute un fait très commun. Nous en avons rapporté quelques exem-
ples à propos des kystes du foie ouverts dans les bronches, et nous
aurons occasion d'en rapporter encore plusieurs autres.
Lorsque la bile a pénétré dans le kyste, on trouve souvent les
hydatides rompues, vides, et plus ou moins fortement teintes par
ce liquide. Dans le cas cité de Rœderer et Wagler (obs. XCVII),
toutes les vésicules étaient intactes, il est vrai, mais elles n'étaient
que légèrement colorées, et, sans doute, la communication du kyste
avec les canaux biliaires était assez récente. Il est probable que le
contact prolongé de la bile est une cause de mort pour les vers vési-
culaires, mais l'invasion de ce liquide produit-elle la suppuration du
kyste 1 c'est l'opinion de M. Cruveilhier, opinion partagée par
M. G. Budd (2). Ce dernier auteur rappelle, à l'appui de cette ma-
nière de voir, l'action irritante de la bile sur les membranes sé-
reuses, puis il ajoute que les kystes du foie suppurent même sans
qu'il y ait eu de pénétration de la bile dans leur cavité ; à ce sujet,
il rapporte une observation dans laquelle de nombreux débris d'hy-
datides nageaient dans un liquide puriforme et nullement teint par
la bile. Dans ce cas, comme dans d'autres observés par MM. An-
dral (3) et Cruveilhier (4), le liquide était sans doute de la matière
athéromateuse et non du pus. Quant à l'action de la bile sur le
kyste, nous avons vu une tumeur hydatique du foie communiquant
avec les conduits hépatiques, et nous n'avons point trouvé de cor-
puscules de pus dans les matières fortement colorées en jaune qu'elle
contenait.
(1) Trailé de Vaffeclion calculeuse du foie et du pancréas, par M. V. A. Faucon-
neau-Dufresne. Paris, 1851, p. 292 (Extrait ôe V Union médicale, 1849, 20 fëv.).
(2) Budd, ouvr. cit., p. 423.
(3) Andral, Clin, cit., t. IV, liv. Il, ehap. 1, § 13 ; liv. II, obs. XLV.
(4) Art. Acéphalocystes, cité p. 201, 208, 212, 215.
NATURELLES OU ADVENTIVËS. — llYDATIfoÈS. Ul9
Nous ajouterons que le contact de la bile a été considéré dans ces
dernières années comme favorable à la guéri son du kyste, et que
l'injection de bile de bœuf, pratiquée à plusieurs reprises dans un
kyste hydatique du foie, n'a pas donné lieu à la formation de pus
(obs. CCXCVIII).
Dans les cas où la tumeur hydatique du foie s'ouvre dans les
bronches ou bien à l'extérieur, l'apparition de la bile dans les cra-
chats ou par la plaie est un signe certain de la communication du
kyste avec les conduits biliaires. La diminution rapide et sans cause
apparente d'une tumeur hydatique du foie pourrait encore être un
signe de cette communication; nous avons vu, dans le cas de
M. Cadet de Gassicourt (obs. XCII), que la pression de la main, à
l'autopsie, déprimait un kyste qui communiquait avec le canal cho-
lédoque; et nous avons vu que dans les cas de Laennec (obs. XCVI)
et de Saussier (obs. XCVIII), un affaissement de la tumeur du foie
s'était opéré pendant la vie, fait dont les observateurs n'ont point
cherché l'explication. Dans l'un et l'autre cas, l'autopsie montra
une communication du kyste avec les conduits biliaires.
Les kystes hydatiques du foie déterminent encore l'oblitération
des conduits biliaires et l'atrophie partielle ou totale de la vésicule
du fiel.
Dans lecasdeWolcherus,rapportéparCamérarius (obs. CCLXXII),
le méat biliaire, près de l'intestin, était oblitéré. Ruysch rapporte
que chez un hydropique, dont le foie consistait entièrement en vé-
sicules, il ne retrouva plus de rameaux de la veine porte, de la veine
cave, de l'artère hépatique, ni des conduits biliaires (1). Dans un cas
de Leroux, non-seulement la vésicule avait entièrement disparu,
mais on ne trouva aucun vestige des canaux hépatique, cystique et
cholédoque (obs. XC). Dans celui de Cadet de Gassicourt (obs. XCII)
le canal cholédoque était en partie oblitéré ; dans un autre cas de
Leroux (obs. XCV), le conduit cystique ne put être retrouvé.
Quant à la vésicule du fiel, nous avons vu, dans le cas de Neu-
court. qu'elle était réduite à une petite poche remplie de bile verte
(obs. IV) ; Lassus n'en trouva point chez un individu dont le kyste
s'était ouvert dans le péritoine (obs. CVI) ; enfin nous constaterons
encore son absence dans un cas de M. Mesnet (obs. CCXCI).
(I) Ruysch, op. cit., Thés, anal., I, u° 12, p. 23.
Ruysch, conclut de ce fait que non-seulement les vaisseaux lymphatiques, mais
aussi les vaisseaux sanguins dégénèrent en hydatides.
/|80 AFFECTIONS VjEHMINEUSES DES CAVITÉS SKl'.EUSES
CHAPITRE III.
ACTION DES HYDATIDES DU FOIE SUR LES VAISSEAUX SANGUINS.
Nous avons vu que l'inflammation s'empare quelquefois des tissus
qui avoisinent le l<yste hydatique ; cette inflammation se commu-
nique, dans quelques cas, aux veines, ainsi que le démontre le pus
qui se trouve dans l'intérieur de ces vaisseaux; néanmoins, au lieu
d'être consécutive à l'inflammation du tissu hépatique, il se pour-
rait que la phlébite fût, au contraire, un phénomène primitif. Il est
rare, en effet, de voir les vaisseaux participer de l'inflammation
franche des tissus ambiants, mais cet accident est commun lorsqu'il
s'introduit dans ces vaisseaux quelque matière étrangère ou sep-
tique. Suivant nous, l'inflammation des veines des organes qui ren-
ferment un kyste hydatique reconnaît une cause semblable, et
survient par suite de la communication de ces veines avec la cavité
du kyste et de l'introduction dans leur intérieur des matières qu'il
contient. La possibilité d'une telle communication est établie par
plusieurs faits : nous avons rapporté déjà deux cas de kystes du foie
ouverts dans la veine cave inférieure (obs. XX, XXI) ; un autre cas
que nous avons également rapporté (obs. XCIII), montre que ce n'est
pas seulement avec les gros troncs de ces vaisseaux que les kystes hy-
datiques se mettent en communication , mais que les petites veines
sont également perforées : «Chose remarquable, dit M. Charcellay,
» auteur de cette observation, on voit à la surface de la cavité du
» kyste un grand nombre d'ouvertures plus ou moins larges, qui,
» suivies avec soin, conduisent pour la plupart dans les veines sus-
* hépatiques, et quelques autres dans des conduits biliaires dilatés.»
Le cas suivant est. un nouvel exemple de communication d'un
kyste hydatique avec les veines qui rampent à sa surface :
Obs. C (Dolbead).
« M. Dolbeau présente à la Société un foie très volumineux renfermant à
peu près quarante kystes hydatiques. A la périphérie se voient de nombreuses
bosselures ; à l'incision on trouve aussi plusieurs tumeurs dans le parenchyme
de l'organe. ■ — Dans ces poches se trouvent de la bile et des concrétions
biliaires.
» Une injection légère a été poussée dans les vaisseaux du foie, et cette
injection pénètre dans les tumeurs. A la périphérie de chaque tumeur se voient
des ramifications de la renie forte et de l'artère hépatique, ce qui explique
NAÎUliKI.U'S OU a'DVF.NTIVES. — HYuATlDËS. 481
parfaitement comment, on trouve du sang dans quelques-unes de ces tumeurs;
en effet l'hydalide usant petit à petit un des vaisseaux, l'écoulement sanguin
a lieu dans l'intérieur du kyste (l). »
L'auteur a négligé de dire dans quelles veines l'injection a été
faite, et quel était l'état de ces veines et du parenchyme du foie.
Un kyste hydatique de la grosseur d'une tête de fœtus à terme
que nous avons eu l'occasion d'examiner, était parcouru à sa face
interne par un grand nombre de veines dilatées, comme variqueuses
et entourées d'ecchymoses ou de suffusions sanguines assez larges. 11
était manifeste que le moindre travail ulcératifeût misées vaisseaux
en communication avec la cavité du kyste, comme il arrive aux
bronches, aux canaux biliaires, etc., qui sont en rapport avec de
semblables tumeurs.
L'ulcération des rameaux veineux qui parcourent le kyste doit
produire des effets différents, suivant que ces rameaux appartiennent
à la veine porte ou à la veine cave. Dans le premier cas, il doit en
résulter un épanchèrent de sang dans le kyste, et dans le second,
au contraire, l'introduction des matières du kyste dans les vaisseaux ;
de cette introduction résultera la phlébite qui n'aura pas lieu dans
le premier cas. Dans le fait observé par M. Dolbeau, il est probable
que les rameaux de la veine porte étaient seuls atteints.
Le cas suivant offre un exemple d'inflammation suppurative du
foie, accompagnée de phlébite; il se pourrait, et c'est notre opinion,
que tous les désordres aient eu pour point de départ ia communica-
tion d'une veine avec un kyste hydatique.
Obs. CI (Bowman). — Plusieurs kystes dans le foie ; l'un communiquant
avec les canaux biliaires et la vésicule; hydatides dans cette vésicule ;
suppuration du foie et des veines ; kyste ou abcès communiquant avec
une veine.
« Une domestique, âgée de vingt-cinq ans, fut admise dans l'hôpital de
Birmingham, le 24 février 1837. Selon son récit, elle avait joui d'une bonne
santé jusqu'à la fin du mois de décembre, lorsque, sans cause connue, elle fut
prise de frisson et d'autres phénomènes fébriles, de douleurs dans la région du
foie, et quelques jours après de jaunisse. Sa maladie fut regardée comme une
inflammation du foie. La saignée du bras, des sangsues, des vésicatoires, et le
mercure jusqu'à produire une légère salivation, furent les moyens de traite-
ment qu'on lui opposa. A la suite de ce traitement, la malade parut guérie;
cependant elle éprouvait encore une gêne dans le côté, de la lassitude et de la
(I) Dolbeau, Bull. Soc. anat. Paris, 185", p. 116.
Davaine, 51
682 AFFECTIONS YF.RMINI'USES DES CAVITES, SÉREUSES
faiblesse. A peine avait-elle repris ses occupai ions depuis une semaine, qu'elle
Fut saisie soudainement d'un frisson suivi de chaleur à la peau et de transpi-
ration. Le lendemain, trois jours avant son admission à l'hôpital, elle devint
jaune.
» A son entrée, elle présentait les phénomènes suivants : jaunisse assez
prononcée, démangeaisons, crampes dans les membres, peau sèche et fa-
rineuse , d'une température naturelle, pouls légèrement accéléré, respira-
tion naturelle; point de toux, pas d'appétit; soif, langue chargée, nausées,
céphalalgie, constipation, selles d'un brun clair, urine d'un jaune foncé, ta-
chant le linge et devenant d'un vert olive par l'addition d'acide muriatique,
malaise dans l'hypochondre droit particulièrement dans les mouvements et
par Je décubitus sur le côté gauche. Dans cette position, la malade sentait un
poids qui tirait le côté droit du ventre, et quelquefois elle avait des nausées ;
elle se couchait toujours sur le côté droit ou sur le dos, elle avait aussi par
moment une douleur dans l'épaule droite. L'examen des parties fit recon-
naître une plénitude considérable et un gonflement résistant qui s'étendaient
depuis les cartilages des côtes du côté droit et le cartilage ensiforme jusqu'à
l'ombilic. Autant qu'on en put juger, la partie gonflée était unie, résistante
et douloureuse à la pression ; la percussion y donnait un son mat et tympa-
niquedans le reste de l'abdomen. La face était très altérée. (Pilules bleues et
coloquinte chaque soir.)
» Le 4 mars, douleurs plus vives dans le côté droit (vésicatoire), la dou-
leur ne fut pas soulagée.
» Le 8 au matin, léger frisson, céphalalgie, soif, nausées; une inflam-
mation érysipélateuse apparaît autour du vésicatoire. (Tartre émétique à la
dose de trois quarts de grain toutes les deux heures, jusqu'au vomisse-
ment.)
» Le 9, l'érysipèle s'est étendu jusqu'à l'aisselle et des phlyctènes se sont
formées sur la partie premièrement affectée; soif moins vive ; pas de nausées,
langue couverte d"un enduit jaunâtre ; pouls à 88 . (Petites doses de tartre émé-
tique et d'acétate d'ammoniaque dans une mixture camphrée, lotions alcooli-
ques sur le côté.)
» Le 1 1 , l'érysipèle est guéri ; les fèces sont teintes par la bile ; la jaunisse
a presque complètement disparu ; mais l'urine est encore foncée, la physio-
nomie altérée; les forces diminuées, l'hypochondre n'est pas moins gonflé et
la sensibilité est la même. (Sulfate de quinine à petites doses, éther nitrique,
deux verres de vin par jour.)
» A partir de ce moment la tumeur grossit rapidement et vers la fin du
mois elle devint de nouveau très sensible. La malade avait des vomissements
fréquents qui continuèrent jusqu'à sa mort.
» Le 23 et encore le 26 mars, elle eut un frisson fort et prolongé La
fièvre hectique, les vomissements, la douleur de l'hypochondre persistèrent.
» Le o avril, la sensibilité de la tumeur s'était accrue ; une proéminence su-
perficielle et arrondie, était apparente entre les cartilages costaux et l'om-
NATURELLES OU ADVF.NTTVES. — HYDATIDES. 683
bilic ; la jaunisse avait complètement disparu ; l'urine déposait un sédiment
rose.
» Le 9 avril, la malade eut un autre frisson qui dura deux heures; la per-
cussion de la tumeur donna une sensation peu distincte de fluctuation. La
tumeur continua de s'élever, la fluctuation devint plus distincte ; le ventre
était météorisé ; la douleur de l'épaule droite s'était beaucoup accrue ; enfin
la malade s'affaissa graduellement et mourut le 4 2.
» Autopsie. — Le corps fut examiné vingt heures après la mort.
» Le foie, excessivement développé, arrivait jusqu'à l'ombilic etdansl'hy-
pochondre gauche ; il avait contracté des adhérences récentes avec le dia-
phragme, les parois du ventre, le côlon transverse et le rein droit ; le lobe
droit semblait transformé en une grande poche pleine de liquide; le gauche
était en grande partie sain. La poche du lobe droit contenait plus de trois
pintes d'un liquide opaque, coloré par la bile, et contenant environ un tiers
de pus dans lequel flottaient un grand nombre d'hydatides de grosseur va-
riable, depuis celle d'un pois jusqu'à celle d'un gros œuf de poule. La grande
cavité qui les contenait était revêtue par une membrane condensée, blan-
châtre et épaisse d'un huitième de pouce.
» Cette cavité était traversée en différents sens par de nombreuses brides,
restes des vaisseaux devenus imperméables. A la partie postérieure de la
surface interne de la poche étaient les restes d'un kyste cartilagineux très
épais, qui offrait quelques plaques crétacées. Il n'y a pas de doute que cette
poche ne fût un ancien kyste dans lequel les hydatides avaient été d'abord
contenues. Plusieurs conduits biliaires s'ouvraient dans sa cavité; mais, ce
qu'il y avait de plus remarquable, c'est qu'elle communiquait avec la vési-
cule du fiel. Cette vésicule contenait, au lieu de bile, un certain nombre
d'hydatides flottantes dans un liquide semblable à de l'eau de gruau. L'ouver-
ture de communication située près du conduit cystique, était circulaire et
avait le diamètre d'une plume d'oie ; les hydatides renfermées dans la vési-
cule étaient trop grosses pour pouvoir passer par cette ouverture ; l'une
d'elles avait la grosseur d'une aveline; toutes ces hydatides étaient globuleuses
et paraissaient plus minces que celles du kyste. La membrane muqueuse de
la vésicule biliaire était pâle et saine, même sur les bords de l'ouverture. Le
conduit cystique n'était pas coloré par la bile, mais il avait une communica-
tion libre avec le conduit cholédoque. Celui-ci et les conduits hépatiques
étaient normaux.
» En dehors de l'immense kyste, l'état du foie était différent dans diffé-
rents endroits : en certains points, le tissu hépatique était plus rouge qu'à
l'état normal et condensé, dans d'autres il était pâle et ramolli, tandis que,
dans une grande étendue, il était profondément altéré; là, le parenchyme, de
couleur brun clair, d'une odeur fétide, était presque détruit; rien ne restait
que des flocons celluleux et les ramifications des vaisseaux à moitié dissoutes.
» Dans le lobe gauche, près de la surface convexe adhérente au dia-
phragme, il y avait un abcès du volume d'une noix, entouré d'une membrane
/|S'i Ail IT.TIONS VliR.MINEtJ.SES DES CAVITES : KlilUSI.S
épaisse il ii" conlenan! que du pus; cet abcès était conligu à une des veines
h<i aliques, avec laquelle il communiquait par une ouverture ussez large pour
ij introduire un tuyau de plume d'o/è. Celle portion de hi veine, qui commu-
niquait ainsi avec l'abcès, contenait du pus , le pus était entouré par de la
lymphe qui, après avoic tapissé les parois du vaisseau, les abandonnait dans
la veine cave et se prolongeait en un long tube conique, dont la cavité était
ainsi continue avec celle de l'abcès.
» Plusieurs brandies veineuses du lobe gauche contenaient de petites col-
lections de pus circonscrites par de la lymphe. En incisant le foie dans diffé-
rentes directions, on remarquait de petites taches d'un vert vif, formées ap-
paremment par une petite quantité de bile sortie des conduits enflammés et
ulcérés. De quelques-uns des conduits, il sortait aussi un peu de pus. Toutes
les branches de la veine porte étaient saines.
» Le lobe inférieur du poumon gauche était condensé, lourd, d'une couleur
foncée et ne crépitait pas. Il était gorgé d'un sérum sanguinolent et dans
plusieurs endroits il était d'une couleur gris jaunâtre. Son tissu était très mou,
la plus légère pression des doigts suffisait pour l'écraser. Le~~poumon droit
it i ans un étal analogue, excepté que son lobe inférieur était simplement
gorgé d'un sérum sanguinolent et 1res cond nsé.
» L'étal des a ù 1res viscères paroi généralement normal (1). t.
L'inflammation qui envahit tout à coup le foie, est survenue sans
cause appréciable ; elle n'a pas été déterminée, sans doute, par le
grand développement du kyste hydatique, car nous en avons vu de
plus volumineux encore ne rien produire de semblable. Tous les dé-
sordres s'expliqueraient facilement, si le foyer qui communiquait
avec une veine et que l'on a regardé comme un abcès, avait été un
kyste hydatique athéromateux. L'introduction dans la veine de la
matière de ce kyste aurait été le point de départ de tous les acci-
dents. Nous savons que, jusqu'aujourd'hui, dans la plupart des cas,
la matière athéromateuse a été prise par les observateurs pour du
pus; n'en a-t-il pas été de même ici'? Examinons ce fait de plus
près : « Dans le lobe gauebe il y avait, dit M. Bowman, un abcès
du volume d'une noix entoure d'une membrane épaisse; cet abcès
était contigu à l'une des veines sus-hépatiques avec laquelle il com-
muniquait par une ouverture assez large pour y introduire un tuyau
de plume d'oie; cette portion de la veine qui communiquait avec
l'abcès contenait du pus, etc. » La communication d'un abcès du
foie avec une veine est certainement un fait très rare; nous n'en
connaissons aucun exemple. S'il est vrai que les collections puru-
(1) Budd, ouvr. cit., p. 434.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 685
lentes du foie s'entourent fréquemment d'une membrane épaisse, on
peut en dire autant des hydatides, en sorte qu'il est permis de con-
cevoir des doutes sur l'origine de cette membrane épaisse qui com-
muniquait largement avec une veine, et qui pouvait être un kyste
hydatique ancien et devenu athéromateux. Un kyste athéromateux
existait dans une autre partie du foie, raison pour croire qu'il pou-
vait en exister un second. Quant au pus, il pouvait être de la ma-
tière athéromateuse, car sa nature ne paraît pas avoir été déterminée
par l'examen microscopique. Dans le cas de kyste hydatique com-
muniquant avec la. veine cave inférieure observé par M. Piorry, " le
fluide dont la cavité de la tumeur était remplie présentait, dit l'in-
venteur de la percussion médiate, l'apparence et la consistance du
pus, mais quelques portions des hydatides transparentes nageaient
dans ce fluide; on retrouva une substance semblable dans la veine
cave inférieure, dans le cœur droit, dans l'artère pulmonaire et dans
ses divisions (1). » Dans ce fait, la présence des hydatides a dé-
terminé la nature de la collection puriforme, mais supposons que la
poche hydatique, plus avancée dans sa transformation , n'eût plus
contenu que la matière puriforme seule, l'observateur n'eût-il pas
pu dire, comme M. Bowman, qu'un abcès entouré d'une membrane
épaisse communiquait avec la veine qui contenait du pus ? Ces
considérations nous disposent à conclure que le cas de M. BoAvman
concerne un kyste athéromateux en communication avec une veine,
d'où sont résultés le passage de la matière athéromateuse dans les
veines sus-hépatiques, la. phlébite, l'inflammation et la suppuration
du parenchyme du foie, des poumons, etc.
Quoi qu'il en soit, au reste, de ce fait particulier, il est certain que
les kystes hydatiques du foie peuvent entrer en communication avec
les veines qui rampent à leur surface ou dans leur épaisseur ; alors,
les matières qu'ils contiennent sont versées plus ou moins rapi-
dement dans la cavité des vaisseaux et sont portés jusque dans les
dernières divisions de l'artère pulmonaire; de là doivent ou peuvent
résulter des accidents locaux ou généraux, les inflammations et les
suppurations locales du foie et du poumon, l'infection purulente, etc. ,
et, comme phénomène du début, les frissons, la fièvre, la cépha-
lalgie, les vomissements, etc. On conçoit que ces accidents, toujours
graves, seront plus ou moins rapides, suivant que la communication
des vaisseaux avec le kyste sera plus ou moins large, et suivant la
(1) Voyez obs, XX.
/*S() AFFECTIONS VF. KM1NLLSKS DES CAVITÉS SÉREUSES
nature du contenu de la poche hydatiqùe; lorsqu'il consistera en
de simples vésicules sans liquide interposé entre leurs parois et celles
du kyste, la communication pourra être inoffensive. 11 n'en serait
plus de même si ces vésicules venaient à se rompre ou s'il existait
au dehors d'elles un liquide plus ou moins limpide ou bien de la
matière athéromatétise. La bile déversée dans le kyste, lorsque les
canaux biliaires sont en communication avec lui, comme dans le cas
cité do M. Charcellay, la bile même devra arriver dans le sang des
veines sus-hépatiques; il est aisé de prévoir tout ce qu'un tel mé-
lange doit avoir de funeste pour l'économie.
Des phénomènes, des symptômes ou des altérations anatomiques
semblables à ceux que nous avons vus dans le cas de M. Bowman,
sont signalés assez fréquemment dans les cas d'hydatides du foie;
ils accompagnent l'hépatite dont la cause a été attribuée au déve-
loppement rapide, au grand volume de la tumeur hydatiqùe. La pé-
ritonite, la pleurésie, la pneumonie, qui surviennent aussi dans les
cas d'hydatides du foie, ont été attribuées à cette même cause ; mais,
lorsque l'on voit les kystes les plus considérables, tels que celui dont
nous avons parlé d'après Leroux (obs. XC), être exempts de ces
accidents, on est disposé à chercher leur cause dans une autre con-
dition : des investigations ultérieures montreront, sans doute, que la
communication du kyste avec les veines est une de ces conditions
et qu'elle est plus fréquente qu'on ne pourrait l'inférer des faits
connus. La fréquence d'une communication semblable avec les ca-
naux bronchiques ou biliaires qui, au voisinage des kystes hydati-
ques, se trouvent anatomiquement dans une condition analogue à
celle des vaisseaux sanguins, l'existence fréquente de l'hématoïdine
dans les hydatides du foie, substance qui doit sans doute son origine
à du sang épanché, nous confirment dans cette opinion.
CHAPITRE IV.
HYDATIDES DES ORGANES DE L'ABDOMEN AUTRES QDE LE FOIE.
Raie. — Les hydatides de la rate sont beaucoup moins com-
munes que celles du foie. Dans le plus grand nombre de cas, elles
coexistent avec des hydatides de cet organe ou de l'abdomen. Elles
se développent fréquemment dans le tissu cellulaire sous-péritonéal
ou dans le voisinage et n'envahissent la rate que consécutivement,
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 487
mais elles se forment, aussi dans l'intérieur du parenchyme spléni-
que. Dans an cas observé par M. Duplay, le kyste, d'un volume
énorme, avait séparé la rate en deux moitiés qui se trouvaient l'une
et l'autre, avec leur apparence presque normale, sur les deux côtés
opposés de la tumeur (1). Les kystes de la rate ont leurs parois plus
minces que ceux qui se développent dans le tissu hépatique ; le pa-
renchyme environnant reste ordinairement normal (2). Le dévelop-
pement de ces tumeurs, le volume qu'elles acquièrent et les trans-
formations qu'elles subissent n'offrent rien de spécial. — Leurs
effets pathologiques, si l'on excepte les phénomènes qui résultent
de la compression ou de l'ulcération des conduits biliaires, sont ana-
logues à ceux que produisent les kystes du foie; ils déplacent
comme eux les organes voisins, envahissent la cavité thoracique et
causent les mêmes accidents.
Les signes diagnostiques des hydatid.es de la rate sont analogues
à ceux du foie et ne diffèrent que par le côté affecté.
Mésentère; èpiploon; parois de l'intestin, de l'abdomen. — Les
hydatides se développent encore dans d'autres organes ou dans
d'autres régions de l'abdomen. On les rencontre en un point quel-
conque de la grande cavité viscérale, non dans la cavité du péri-
toine, mais dans le tissu cellulaire extérieur à cette membrane; elles
naissent soit de la face interne des parois du ventre, soit de la face
externe de l'intestin, de la vessie ou de quelque autre organe, soit
dans l'épaisseur du mésentère et des épiploons. Leur kyste est re-
vêtu extérieurement par le péritoine qui lui forme une enveloppe
plus ou moins complète, il s'isole quelquefois de la paroi qui lui a
donné naissance, et n'est plus maintenu que par un mince pédicule
(voy. p. 364, fig. 19). Plus fréquemment peut-être que celles d'au-
cune autre partie du corps, ces tumeurs hydatiques sont multiples
et en grand nombre. Elles peuvent acquérir séparément un très
grand volume ou former ensemble une masse considérable.
Obs. Cil (Richter).
Un tailleur âgé de cinquante ans, entra en 1797 dans un des hôpitaux de
Gœttingue et reçut les soins du professeur Richter. — Il portait dans l'ab-
(1) Duplay, Observation d'un kyste hydatique développé dans l'épaisseur de la
rate, et ayant divisé cet organe en deux moitiés latérales [Comptes rendus Société
biologie, 2r série, t. II, p. 11. Paris, 1855).
(2) Kyste hydatique dans le foie et dans la rate (Andral, Clin.médic, t. IV, liv. II,
obs. XLIII).
/|S,S AFFECTIONS VERMINEUSIÏS IH'.S CAVITÉS SÉREUSES
domen une tumeur volumineuse, obscurément lluctuante, formée de plusieurs
lobes. L'émission des urines et la défécation étaient libres. — La fièvre hec-
tique, le délire, la diarrhéo colliquative, la leucophlegmasie survinrent et
emportèrent le malade.
A V autopsie l'on trouva :
I" Un kyste hydatique dans la paroi abdominale s'étendant de la région
précordiale à l'ombilic; un second kyste d'un volume égal se trouvait à côté
du précédent et dans la région du foie, développé sous le péritoine, il con-
tenait une matière épaisse, grisâtre, comme graisseuse, et des hydatides; la
paroi abdominale contenait encore dans son épaisseur un certain nombre de
kystes hydatiques plus petits.
2° Dans la duplicature de l'enveloppe séreuse de l'estomac existait un
kyste hydatique volumineux.
3° Au voisinage de la vessie, on rencontra un sac volumineux, contenant
un liquide clair et plusieurs hydatides. — Ce sac était situé entre le péri-
toine et l'extrémité supérieure de la vessie ; on put l'énucléer complètement
et ce n'est qu'alors qu'on aperçut la vessie elle-même.
4° Le foie et la rate contenaient plusieurs kystes disséminés dans leur
parenchyme.
5° Un hyste hydatique volumineux existait encore dans le médiastin an-
térieur, en avant du péricarde (I).
Lorsque les kystes ont acquis un assez grand volume, on les
sent à travers la paroi abdominale ; ils pourraient être alors con-
fondus avec des masses cancéreuses ou avec des tubercules du mé-
sentère, mais pendant longtemps, ils n'occasionnent ni douleurs, ni
désordres dans les fonctions, ni trouble dans l'économie. S'ils ne
déterminent pas, par un accident quelconque ou par leur situation,
dans un organe voisin une affection aiguë qui emporte le malade,
ils finissent néanmoins par causer dans plusieurs fonctions une
gêne si considérable que l'individu maigrit, tombe en consomption
et périt.
Obs. CIII (Budd).
«Georges Berbick fut admis dans liïng's Collège Hospital,]e 31 août 1842;
il était âgé de vingt-huit ans, il avait toujours résidé à Londres, et avait été
d'une bonne santé avant les dix dernières années : alors, son ventre avait
commencé de grossir sans qu'il en souffrît, excepté que depuis il avait tou-
jours été tourmenté par la bile. Il y. a cinq ans, il eut une maladie grave
qui paraît avoir été la fièvre typhoïde et qui dura sept à huit semaines ; il
guérit parfaitement de cette maladie, mais le ventre continua de grossir
(l) Journal de chirurgie de Chreslien-Loder, 1797, t. I.
NAIURELIiES OU AlJVliN'llVfcS. — HYDATJDES. 689
jusqu'à il y a trois ans ; à dater de cette époque, il resta stationnaire. Depuis
sept ans, cet homme a été sujet à des spasmes, qui sont devenus moins fré-
quents depuis quelque temps. Il y a six semaines, il fut pris d'un mal de
gorge et d'un érysipèle à la tète qui dura quinze jours; depuis lors, il mai-
grit et vomit presque tout ce qu'il prit.
» Au moment de son admission à l'hôpital, il était très amaigri et son intel-
ligence était affaiblie au point qu'il ne répondait pas toujours aux questions
qu'on lui adressait; il vomissait tous ses aliments et avait de la diarrhée;
l'urine et les fèces étaient rendues involontairement; l'appétit était mauvais,
la langue couverte d'un enduit foncé; pouls à 84, très faible; ventre très vo-
lumineux; partie inférieure du thorax très élargie; un grand nombre de tu-
meurs dures, de la grosseur à peu près d'une orange, pouvaient être senties à
travers la paroi du ventre, mais il n'y avait pas de fluctuation ; la matité à la
percussion du foie s'étendait considérablement au-dessous des fausses côtes, le
son clair de l'intestin s'entendait suivant une ligne transversale passant par
l'ombilic ; dans le reste du ventre, la percussion produisait une résonnance
qui n'était ni tout à fait claire, ni tout à fait mate, donnant l'idée d'une
couche solide placée sous les muscles abdominaux et recouvrant les intestins.
La poitrine du côté droit était mate à la percussion, jusqu'à la hauteur du ma-
melon, et presque jusqu'à la même hauteur du côté gauche. Le cœur battait
au-dessus du mamelon gauche.
» Le malade s'affaiblit graduellement et mourut le 3 septembre.
» A f ouverture de l'abdomen, on vit un grand nombre de tumeurs globu-
leuses en rapport avec l'épiploon ; quelques-unes contenaient une hydalide
solitaire, pleine d'un liquide transparent, d'autres en contenaient de deux à
cinquante ou plus ; il y en avait de tout à fait solides, remplies qu'elles étaient
d'un grand nombre d'hydatides sans liquide et pressées dans leur kyste comme
des raisins secs. L'épiploon était soulevé par les tumeurs; l'intestin, au
dessous, était parfaitement sain ; le côlon passait suivant la ligne qui donnait
un son clair à la percussion observée pendant la vie.
» Quelques tumeurs de la même nature étaient en rapport avec le foie, lui
donnant un volume énorme ; le parenchyme de cet organe était tout à fait
sain. Quelques-unes des tumeurs étaient en partie enclavées dans sa sub-
stance et la vésicule biliaire communiquait avec l'un des kystes. Le plus grand
contenait environ une demi-pinte de liquide.
» Des tumeurs du même genre étaient aussi en rapport avec la rate et une
autre était adhérente au sommet de la vessie urinaire. Tous les grands kystes
étaient globuleux, comme aussi les hydatides contenues (1). »
Ces tumeurs multiples sont d'autant plus graves que si la nature
ou l'art amène la guérison de quelqu'une d'entre elles, les autres
n'en continuent pas moins leur marche et, soit parce qu'elles ne
(1) G. Budd, ouvr. cit., p. 43),
690 AFFECTIONS VERMINEÙSES DÉS CAVITÉS SÉItEUSES
sont pas toutes accessibles aux moyens chirurgicaux, soit parce que
l'économie souffre de plus en plus de leur présence, la mort en est
constamment la suite ; du moins on n'a point vu chez l'homme de
guérison bien constatée dans les cas de tumeurs hydatiques multi-
ples existant même en nombre peu considérable (1).
Nous avons rapporté (obs. LXXVI1) un cas de tumeurs hydati-
ques multiples de l'abdomen, dont l'une fut ouverte par la potasse
caustique et se vida; mais les autres n'en continuèrent pas moins
leur marche et firent périr le malade. L'observation suivante est un
autre exemple de tumeurs multiples de l'abdomen dans lesquelles
la nature et l'art semblent devoir rester toujours impuissants.
Obs. CIV (Guerbois et Pinatjlt).
Merlin, cordonnier, âgé de trente-cinq ans, ayant joui d'une bonne santé
jusqu'en août <l 824, fut pris à cette époque d'une douleur du côté droit, avec
toux, dyspnée, etc., dont il ne se guérit pas complètement; en octobre 1825,
il entra à l'hôpital Cochin.
« Sous les cartilages des côtes asternales droites existait une tumeur plus
volumineuse que le poing, indolente, fluctuante, acuminée; la peau qui ré-
pond au sommet est d'un rouge livide et paraît prête à se rompre. Le ventre
est très volumineux, très dur et peu sensible à la pression ; le foie se prolon-
geait au-dessous des fausses côtes.— Les fonctions digestives sont régulières,
amaigrissement, pâleur, point d'infiltration. — On applique des cataplasmes
émollients et deux jours après M. Guerbois ouvre la tumeur; il s'échappe
aussitôt un liquide séro-purulent et des hydatides une mèche est intro-
duite dans la plaie et, à chaque pansement qui se renouvelle tous les jours,
on trouve des hydatides dans les pièces de l'appareil. — Au bout de
cinq jours, la matité, l'égophonie et d'autres signes firent reconnaître l'exis-
tence d'un épanchement dans la plèvre droite. — Le lendemain, le malade
mourut.
» Autopsie. — A l'ouverture de l'abdomen, on trouva un foie très volumineux,
remplissant tout I'hypochondre droit, l'épigastre et l'hypochondre gauche; les
épiploons parsemés de kystes qui s'étendaient jusque dans le bassin. La face
convexe du foie adhérait intimement au diaphragme et aux parois abdomi-
nales des côtes asternales droites. L'incision faite à la tumeur conduisait
dans une vaste poche creusée dans l'épaisseur du foie. Ces premières obser-
vations faites, le foie, les épiploons furent détachés avec précaution, et pré-
sentés intacts à la Société anatomique ; nous vîmes quatre kystes hépatiques,
dont deux gros comme un œuf de dinde; le plus considérable, celui dans
lequel on avait pénétré, avait le volume de la tête d'un fœtus ; le quatrième
(1) Nous rapporterons un cas (obs. CCXCV1I), le seul que nous connaissions,
dans lequel deux kystes ont été opérés avec succès.
NATURELLES OU ADVENITVES. — HYDATIDES. 491
avail le tiers du volume du précédent. L'un des petits kystes contenait une
matière boueuse, jaune, d'odeur fécale (l). Un kyste acéphalocyste développé
dans l'épaisseur du petit épiploon comprimait la rate. Enfin l'épiploon gastro-
hépatique, le grand épiploon, contenaient dans leur épaisseur plus de cin-
quante kystes hydatiques dont le volume variait depuis celui d'une noix jus-
qu'à celui des deux poings, et qui formaient une sorte'de chapelet étendu de la
face concave du foie dans le petit bassin, où l'on voyait un grand kyste rem-
plissant la cavité pelvienne, situé entre le rectum et la vessie, adhérant à la
vésicule séminale droite aux dépens de laquelle il parait formé (2) . »
Le cas suivant, que nous avons mentionné déjà plusieurs fois,
est intéressant à divers points de vue :
Obs. CV (Chahcot et Davaine). — Tumeurs hydatiques du foie, du mé-
sentère, du petit bassin; kystes pédicules; absence remarquable des
échinocoques dans quelques-uns ; hématoïdine.
Il s'agit d'un homme, âgé de soixante-trois ans , entré à l'hôpital de Lari-
boisière, le 9 juin 1856. Il avait dans l'hypochondre droit une tumeur fluc-
tuante, sans frémissement hydatique, qui donna, par une ponction explora-
trice, un liquide limpide, non albumineux.
Une application de caustique de Vienne est faite le 23 juin ; elle est renou-
velée tous les deux jours; après la quatrième, l'eschare s'ouvre et laisse
échapper une grande quantité de liquide avec des vésicules hydatiques du vo-
lume d'une tête d'épingle à celui d'un œuf de poule.
Le liquide était trouble, de couleur jaunâtre et contenait de petits grumeaux
d'une matière rouge vif, qui, examinés au microscope par MM. Sénac et
Heurtaux, internes de l'hôpital, offrirent de nombreux cristaux rhomboïdaux
d'hématoïdine. Les hydatides renfermaient toutes des échinocoques dont les
corpuscules calcaires, bien que normaux dans leur forme et dans leurs autres
caractères, avaient une coloration d'un rouge très intense, tout à fait sem-
blable à celle des cristaux d'hématoïdine. Quelques-unes des hydatides
offraient à l'intérieur des taches de couleur rouge, formées par des cristaux
de cette dernière substance.
Jusqu'au 9 juillet, il sort chaque jour par la plaie quelques hydatides en-
tières ou déchirées ; le malade est dans un état satisfaisant, il se lève plusieurs
heures tous les jours; la tumeur a diminué et son bord inférieur est remonté
(1) C'est probablement de ce kyste qu'il est question dans celle phrase de la
relation donnée par M. Pinault (Bull, de la Soc. anat., 1826, t. I, p. 23): « Il
(le kyste) était uni au foie par un tissu cellulaire dense : la veine cave lui adhé-
rait intimement, et contenait un grand nombre d'hydatides opaques, affaissées, et
une matière comme une boue. » C'est sans doute le kyste et non la veine cave qui
contenait ces substances, car le fait eût été assez remarquable pour que M. Cru-
veilhier, dont j'emprunte la relation, ne l'eût pas omis.
(2) Pinault, Bull. Soc. anat., et Cruveilbier, art. Acéphalocystes, p. 226.
/l'J2 AFFECTIONS VERM1NEUSES DES CAVITÉS SÈltELSKS
à deux travers de doigt au-dessus de l'ombilic; l'hypochondre droit s'est
affaissé et, dans la région correspondante du côté gauche, une tuméfaction
fluctuante est devenue apparente.
Une injection d'une grande quantité d'eau est faite malin et soir dans le
kyste, et sa cavilé, après chaque lavage, est maintenue pleine de ce liquide ;
deux fois on injecte une solution iodée très étendue.
Jusqu'au 4 5 juillet l'état du malade est satisfaisant, mais alors l'appétit et
les forces diminuent, l'affaiblissement fait de rapides progrès; un érysipèle
paraît au bras et à la cuisse et laisse après lui des taches de purpura ; le
liquide du kyste devient purulent et fétide et le malade succombe le 3 août,
dans le marasme.
Autopsie. — Fausses membranes de formation récente dans le péricarde ; ad-
hérences presque générales dans les deux plèvres; base du poumon gauche
adhérant intimement au diaphragme, enlin adhérence du diaphragme au foie
dans toute son étendue.
Un grand nombre de kystes hydaliques plus ou moins volumineux existent
à la face inférieure du foie, en partie contenus dans le parenchyme de cet
organe, le reste fait saillie au dehors.
En outre, à l'intérieur du foie, un kyste athéromateux contenant de nom-
breuses hydatides, existe vers la face supérieure du lobe gauche; sa paroi su-
périeure adhère au diaphragme et au péricarde. — Un autre kyste, très vaste,
existe à la face supérieure et antérieure du lobe droit ; il adhère au diaphragme
et à la paroi abdominale; c'est ce kyste qui a reçu la ponction. — Un troi-
sième kyste d'un volume moyen existe dans lelobedeSpigel en partie détruit.
Dans l'épiploon gastro-hépatique se trouvent deux tumeurs hydatiques,
égalant le volume d'un œuf de poule. — Dans l'épiploon gastro-splénique s'en
trouve une autre plus volumineuse.
A la surface du mésentère, on remarque un très grand nombre de kystes
du volume d'une noix à celui d'un pois ; ils sont situés dans le tissu cellulaire
sous-péritonéal, le long de l'intestin grêle et du gros intestin ; beaucoup de
ces kystes sont pourvus d'un pédicule plus ou moins long et plus ou moins
aminci. (Voy. p. 364, fig. 19.)
Dans le petit bassin, entre le rectum et la vessie, existe un kyste hydatique
du volume du poing; il adhère à la face extérieure du rectum et postérieure de
la vessie; sur ses côtés rampent les uretères ; il contient un liquide puri-
forme et des hydatides rompues.
Tous les kystes situés dans le foie et dans les replis du péritoine avaient
des hydatides pourvues d'échinocoques, mais les hydatides des kystes pédi-
cules n'avaient pas d'échinocoques.
Aucun des kystes hydatiques situés en dehors du foie ne contenait d'hé-
matoïdine (1).
(1) Charcot et Davaiue, Note sur un cas de Imjstes hydatiques multiples (Mém.
Soc. biologie, 2e série, t. IV, p. 103, ann. 1857, — et Sénac, Bull. Soc. anal.,
ann. XXXI, p. 357. Paris, 1856).
NATuniit r.r.î ou Àbviî'XTiVE*'. — uVdatidks. /i93
SOUS-SECTION II.
HYD.VT1DES DES ORGANES ABDOMINAUX OUVERTES DANS UNE GRANDE
CAVITÉ NATL'UELLE.
Assez fréquemment les kystes hydatiques du foie ou des autres
organes abdominaux s'ouvrent dans les cavités séreuses ou mu-
queuses voisines, soit par suite de quelque violence extérieure, soit
par suite d'un effort du malade, soit par un excès de distension du
kyste, lorsque, par exemple, la bile y pénètre, soit enfin par les
progrès mêmes de la tumeur.
CHAPITRE PREMIER.
TUMEURS HYDATIQUES s' OUVRANT DANS CSG CiVITÉ SÉREUSE.
Lorsque le kyste liydatique de l'un Hês organes de l'aBaouien
s'ouvre dans une grande cavité séreuse, iintlamniation en quelque
sorte instantanée qui survient, a une marche rapide et se termine
toujours par la mort. On a vu cet accident entraîner la perte du ma-
lade en quelques heures, d'autres fois après plusieurs jours. La diffé-
rence dans la marche de la maladie peut tenir à l'étendue de la per-
foration et à la nature du liquide épanché : dans un cas observé 'par
Chomel, le malade vécut encore douze jours après la rupture de la
poche bydatique dans le péritoine, la perforation était étroite; dans
un cas observé par MM. Duplay et Morel-Lavallée, le malade suc-
comba en quelques heures, cependant le liquide seul de l'hydatide
avait envahi la cavité péritonéale.
L'affaissement d'une tumeur abdominale, quelquefois précédé ou
accompagné d'une sensation de rupture, l'a coïncidence de douleurs
violentes et les signes de la péritonite ou de la pleurésie doivent
faire présumer que la tumeur s'est ouverte dans la cavité séreuse du
ventre ou de la poitrine.
Nous avons rapporté déjà les cas de kystes abdominaux ouverts
dans la plèvre ; il ne sera donc question ici que des kystes ouverts
dans le péritoine.
Obs. CVI (Lassds). — Rupture par une chute.
I. — Lassus rapporte qu'un homme qui suivait un traitement pour Une
/lîHl AFFECTIONS VEUMlNEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
obstruction du l'oie, mourut six heures après avoir fait une chute de. cheval. Un
kyste hydatique situé à la partie inférieure du foie s'était rompu et trois
pintes d'eau étaient épanchées dans le ventre; la vésicule du fiel ne fut point
trouvée (1).
Obs. CVII (Roux). — Rupture par un effort.
II. — Une jeune fille entrée à l'hôpital pour une tumeur volumineuse de
l'hypochondre droit, pouvait néanmoins se livrer à quelques occupations. Elle
éprouva tout à coup, en faisant un effort, une vive douleur; la tumeur s'af-
faissa, le ventre acquit du volume et devint le siège d'une fluctuation évidente.
Une incision pratiquée à la partie inférieure de la ligne blanche évacua un liquide
transparent et un très grand nombre d'hydatides. La malade étant morte, on
trouva des hydatides dans la cavité abdominale, et dans le foie, un kyste qui
s'était rompu et qui avait versé ses hydatides dans la cavité du péritoine (2).
Obs. CVIII (Roux de Brignolles). — Rupture par un effort.
III. — Homme, vingt-cinq ans, effort en travaillant aux champs, douleur
vive dans le ventre ; mort dans la journée. Rupture d'un kyste hydatique du
foie ; nombreuses hydatides dans le péritoine (3).
Obs. CIX (Chomel). — Rupture par un effort.
IV. — Homme, quarante-cinq ans; tuméfaction excessive du ventre sans dé-
rangement des fonctions. Exercice forcé porté à l'excès, sentiment de déchi-
rement dans le ventre, suivi de fréquentes évacuations alvines, de vomisse-
ments, etc. Mort quinze jours après. Liquide brunâtre et trouble avec un
grand nombre d'acéphalocystes dans le péritoine. « A la face inférieure du
foie existait une poche à demi pleine d'un liquide semblable à celui dont il
vient d'être parlé et dans lequel nageaient encore quelques hydatides. Cette
poche flasque était percée d'un trou peu considérable par lequel l'épanche-
ment s'était effectué (4). i
Obs. CX (Lassus et de la Porte). — Rupture spontanée.
V. — Il s'agit d'une fille de douze ans, qui avait deux kystes bydatiques
énormes dans le foie; l'un des deux s'était ouvert dans le péritoine; point de
détails sur les circonstances (5).
Obs. CXI (Andral). — Rupture spontanée.
VI. — Femme de vingt-sept ans, phthisie pulmonaire avancée; tout à
coup, sans cause connue, vive douleur abdominale ; mort quatre jours après.
(1) Lassus, Recherches et observations sur l'hydropisie enkystée du foie, obs. II
(Journ. deméd. chir., etc., de Corvisart, t. I, p. 121, an. IX).
(2) Roux, Clin, des hôpitaux, t. II, p. 46, cité par Cruveilhier, art. cité p. 220.
(3) Roux de Brignolles, Gaz. des hôpitaux, 1855, p. 491.
(4) Chomel, Journ. deméd. de Sédillot, 1821, t. LXXVII, p. 223.
I (5) Lassus, Mém. cit., obs. VIII.
NATURELLES OU ADVENIVES. — HYDAT1DËS. Ù95
Membranes hydatiques dans le péritoine, et lésions de la péritonite; kyste
hydatique du foie offrant une rupture qui pouvait admettre trois doigts
réunis (4).
Obs. CXII (Duplay et Morel-Lavallée). — Rupture spontanée.
VII. — Homme, quarante-cinq ans. Épanchement pleurétique présumé.
Tout à coup, sans cause connue, violente douleur dans le ventre. Mort cinq
heures après. — «Épanchement sanguinolent dans le ventre et, du reste, aucune
trace de péritonite ; crevasse à la partie inférieure du foie qui refoule en s'éle-
vant dans la poitrine le diaphragme et le poumon droit jusqu'à la deuxième
côte, et il ne dépassait point la base du thorax. On pénètre dans son paren-
chyme par l'hiatus qu'offre la face inférieure, il conduit à une cavité énorme
occupée par la coque d'une hydatide unique énorme et vide ; sans doute le
liquide hydatique et le sang provenant de la déchirure composaient l'épan-
chement (2). »
Obs. CXIII (Nicolaï). — Rupture par un coup.
VIII. — Il s'agit d'un garçon, âgé de vingt-huit ans, qui souffrait dans
l'hypochondre droit où il existait une tumeur dure et arrondie; l'état général
était bon. Un jour, en luttant avec un camarade, il reçut un coup de poing
dans le côté droit ; il s'affaissa et mourut peu de temps après.
A l'autopsie, on trouva deux kystes hydatiques volumineux dans le foie ;
l'un était déchiré et son contenu s'était échappé dans le péritoine (3).
IX. — Voyez aussi l'observation XCIV dans laquelle la rupture d'un kyste
du foie causa une péritonite mortelle.
CHAPITRE II.
TUMEURS HYDATIQUES S'OUVRANT DANS UNE CAVITÉ MUQUEUSE.
Lorsqu'un kyste hydatique de l'abdomen s'ouvre dans une cavité
revêtue par une membrane muqueuse, les hydatides intactes ou
rompues sont évacuées au dehors, soit par expectoration, soit par
le vomissement, soit par les garderobes, soit avec les urines. Nous
ne nous occuperons ici que de celles qui, pénétrant dans le tube di-
gestif, sont évacuées par le vomissement ou par les garderobes.
L'ouverture de communication qui se fait entre le kyste et l'es-
tomac ou l'intestin est généralement assez étroite et donne issue aux
(1) Andral, Clinique médicale, t. IV, p. 314, et Cruveilhier, art. Acéph.
(2) Vigla,l/em. cit., p. 552.
(3) Docteur Nicolaï, Allg. rnedic. centr. zeit., 1855, n° 15, et Gaz. hebdom.,
1855, t. II, p. 709.
,'|Ç)fi AFFI'.C.TION!) \ I.P.MIM! Si S |ll S CWIITS Sl':i!Kl SI'.S
vésicules avec beaucoup de lenteur; celles-ci sont évacuées au de-
hors par intervalles plus ou moins éloignés et souvent pendant plu-
sieurs mois. La perforation ne suffit pas toujours à l'évacuation
complète du kyste qui s'ouvre encore dans un autre organe ou bien
à l'extérieur.
L'introduction des liydatides ou des matières du kyste dans le
tube digestif ne donne point lieu à des phénomènes inflammatoires
de la membrane muqueuse, et l'on ne voit point ordinairement sur-
venir une diarrhée difficile à arrêter.
La rupture du kyste dans l'estomac- ou l'intestin peut être re-
connue à divers signes : à la sensation de rupture éprouvée, dans
quelques cas, par le malade, à l'affaissement plus ou moins rapide
de la tumeur, à l'apparition au dehors de vésicules intactes ou rom-
pues, reconnaissables à l'œil nu ou bien au microscope et contenant
quelquefois des crochets d'échinocoque.
Cet accident amène ordinairement une terminaison favorable de
la maladie.
A la suite de l'invasion des hydatides el de leur? èçhinocoque^
dans l'eslotnaç et dans les intestins, aucun observateur p'a sjgnalé
l'apparition d'un grand nombre de ténias, malgré, les craintes expri-
mées à ce sujet par quelques auteurs.
A. — Kyste s'ouvrant dans l'estomac.
1° Cas de mort, avec autopsie.
Obs. CXIV (Cleyer). — - Hydatides trouvées dans l'estomac.
I. — Un nombre considérable de vésicules dont la description se rapporte
aux hydatides furent trouvées dans l'estomac d'un cadavre : point de détails
sur l'état des organes voisins, ni de l'estomac; point de relation de la ma-
ladie (1).
Obs. CXV (Portai.). — Hydatide trouvée dans ï 'estomac.
II. — Portai dit simplement avoir trouvé une hydatide grosse comme un
œuf de pigeon, qui était libre dans la cavité de l'estomac (2).
Obs. CXVI (Cruveilhier). — Kyste communiquant avec l'estomac.
III. ■ — Une femme qui avait une tumeur saillante au-dessous de l'appen-
dice xyphoïde, raconta qu'avant son entrée à l'hôpital, elle avait vomi, à plu-
(1) Audreœ Cleyeri , De corporibus spliericis permultis in ventriculo kumano
invenlis (Ephem. nat. cur., dec. II, ann. I, obs. XVIII, p. 40).
(2) Portai, Anatomie médicale, t. V, p. 198. Paris, 1803.
NAÎUttEr.r.ES OU ADVENTlVtS. — HYDATIDES. /i97
Sieurs reprises, des membianes semblables à du blanc d'œuf cuit ; elle suc-
comba peu de jours après son enlrée.
A l'autopxie, on trouva lu lojje gauche du foie converti en une vaste poche
hydatique, adhérente à l'estomac, et qui s'ouvrait assez largement dans ce
viscère (4J.
Obs. CXVII (Ducbaussoy).
IV. — « Une femme, chez laquelle existait depuis longtemps une lumeur
volumineuse à la région épigastrique, rendit, le 27 décembre 1853, des hy-
datides mêlées à ses matières fée des. Avant cette époque, el e n'avait pus de
dévoiement; depuis le 27, ses silles étaient jaunâtre-; et semblables aux ma-
tières contenues dans le kyste du foie. L h .leine était fétide : il n'y eut jamais
de vomissements. Le 30 janvier, une péricardite se déclara ete.nporta bientôt
la malade.
» A Vautopsie, on trouva : 1° une péricardite ; 2° un vaste kysle à l'union
du lobe droit et du lobe gauche du foie ; ce kyste était rempli de liquide et
de détritus jaunâtre; il communiquait avec l'estomac à 3 centimètres à
gauche du pylore ; l'orifice de communication était assez large pour laisser
passer le doigt; 3° entre l'estomac et le foie, dans l'épiploon gastro-hépati-
que, existaient plusieurs petits kystes kydatiques; on en trouvait un aussi
dans un des reins; 4° la muqueuse de l'estomac n'était pas hypertrophiée,
mais elle offrait une teinté noirâtre, comme dans les phlegmasies chro-
niques (2). »
V. — Voyez aussi l'observation VII.
2° Cas de mort, pas d'autopsie.
Obs. CXVIII (Balme). — Hydalides rendues par le vomissement et par
les selles.
VI. — Une femme, âgée de trente-cinq ans, fut prise, quinze jours après
son accouchement, d'une fièvre et de divers symptômes qui furent attribués à
une humeur laiteuse. Six semaines environ après, la malade rendit, sans
grands efforts et comme spontanément, une foule de corps ronds ou ovales,
qui se déchiraient au passage de l'œsophage ou en tombant dans le vase. La
matière dont ils étai nt remplis était une humeur bilieuse ; il y avait vingt-
trois de ces vésicules rompues, trois ou quatre étaient de la grosseur d'un
œuf de poule, quelques-unes ressemblaient a du blanc d'œuf cuit. Dans la
soirée, la malade en rendit encore trois ou quatre d'un grand volume par les
selles; le lendemain, nouveau vomissement de vésicules. Les phénomènes
graves n'en persistèrent pas moins : les vomissements étaient fréquents ; la
diarrhée survint et ne put être arrêtée ; des vésicules furent encore expuloées
(1) Cruveilhîer, art. Acépu.,obs. XXIII, p. 241.
(2) Duchaussoy, Bull. Soc. anal., lSSi, p. 17, et Cadet de Gassicourt (thèse),
DWAIN'E. 52
^l98 AFFECTIONS VËRMÏNEUSES DUS CAVITÉS SÉREUSES
uno fois par les selles ; enfin, après plus d'un mois d'alternatives de mieux être
et de rechutes, la malade succomba dans la consomption. L'autopsie ne fut
pas faite (1).
3° Cas de guérison.
Obs. CXIX (Lind). — Hydatides rendues par les vomissements et par les
■ selles; abcès ouvert spontanément à l'épigastre.
Vil. — « Vers la fin d'octobre '1786, je fus appelé pour une dame âgée
d'environ trente ans, qui depuis quelque temps se trouvait incommo.lée. —
Elle avait alors une tumeur douloureuse au creux de l'estomac et dans la ré-
gion du foie. Le mal présentait l'apparence d'un lieputilis, et il semblait que
le foie était menacé de tomber promplement en suppuration... (traitement
mercuriel poussé jusqu'à la salivation) . Au bout de dix jours, la malade rendit
par les selles et par le vomissement une quantité incroyable de tœniœ hyda-
tigenœ ou hydatides. Il s'en trouva plus de mille; elles avaient presque
rempli deux grands pots de chambre. Ces hydatides avaient depuis la gros-
seur d'un petit pois, jusqu'à un pouce el demi de diamètre... plusieurs étaient
fortement teintes de bile. Un peu de cette bile était aussi mêlé avec la lymphe
gélatineuse dont les hydatides étaient remplies, etc (d'où l'auteur conclut
qu elles viennent du foie], li n'étaii pas douteux non plus qu'elles ne fussent
la cause de la maladie présente du foie, et des douleurs d'estomac dont cette
dame avait été tourmentée depuis enviion deux ans, pendant lequel temps
elle avait, par intervalles d'à peu près six mois, rendu quelques-uns de ces
animaux par les selles » Il s ouvrit ensuite près du creux de l'estomac un
abcès par lequel s éboulèrent des matières fétides et purulentes; il sortit aussi
un calcul biliaire, gros comme un haricot, et la malade finit par guérir (2). »
Obs. CXX (Becker). — Hydatides rendues par les vomissements et par
les selles.
VIII. ■ — ■ Il s'agit d'une femme Agée de quarante et un ans, malade depuis
longtemps. Douleurs à gauche de l'épigastre et pesanteur de ce côté. Expul-
sion instantanée par les selles de seize vessies, de la grosseur d'un œuf de
pigeon a celle d'un œuf de poule, les unes entières, les autres crevées; cin-
quante enviion sont rendues en plusieurs fois. Vomissements lépétés dans
lesquels se trouvent des vésicules semblables. A partir de cette époque, amé-
lioration et guenson (3).
(1) Balme, médecin au Puy, Fièvre hectique laiteuse pendant laquelle furent
rendues des liydtaiiles par les selles el par le vomissement Journ. de méd. chir., etc.,
t. LXXXIV, p. 339*. Paris, 1790).
(2; James Liud, Observ. sur des tœniœ hydatigenœ traitées avec succès par l'usage
du mercure [Journ. de méd. chir., t. LXXIX, p. 345. Paris, 1789, trad. du
Journ. de méd. de Londres, t. XXX, p. 96).
Ce cas est rapporté sans nom d'auteur par P. Frank, t. V, p. 360.
(3) Journ. yen. de médecine de Sédillot, t. XLI, p. 109, 1811 (Extrait du Jour-
nal de Hufcland).
NATURELLES OU ADVENTlVES. — HtDATIDËS. 499
Obs. CXXI (Clémot). — Hydatides vomies; kyste ouvert par le bistouri.
IX. — Un homme, en 1824, avait un dépôt au foie, dont l'ouverture fut
faite par un chirurgien et donna issue à plusieurs pintes de liquide purulent,
dans lequel nageaient une quantité considérable d'hydatides. Après un mois,
l'ouverture se ferma ; quelque temps après, vomissements de matières sem-
blables à celles qui sortaient par la plaie et de lambeaux d'hydatides. Plus
tard, les vomissements ayant cessé, la santé se rétablit. Huit ans après, elle
était encore parfaite (1).
Obs. CXXII (Chomel). — Hydatides rendues par les vomissements et
par les selles.
X. — Femme, cinquante ans, amaigrissement, tumeur du côté droit s'é-
tendant depuis les fausses côtes jusqu'à la crête iliaque. — Invasion de la
maladie, il y a trois ans; tumeur développée de haut en bas; ictère deux fois
depuis un an ; point de frémissement hydatique. Tout à coup, vomissements
abondants, deux pintes environ d'un liquide trouble, très fétide, tenant en
suspension une vingtaine d'hydatides dont le volume varie depuis celui d'un
pois jusqu'à celui d'un œuf de pigeon ; immédiatement après l'abdomen s'est
affaissé. La malade a rendu aussi des hydatides par les selles et a quitté l'hô-
pital (2).
Obs. CXXIII (Vitrac). — Hydatides rendues par les vomissements et par
les selles.
XI. — « Un peintre, marié depuis cinq à six mois, fréquemment dérangé
du ventre, présentait une teinte ictérique ; deux mois s'écoulent sans amélio-
ration ; amaigrissement, vomissements incessants, douleur dans la région du
foie. La coloration jaune se prononce de plus en plus; perte complète d'appétit,
constipation; il n'y a point de tumeur cancéreuse à la région de l'estomac,
mais une espèce de bombement qui part de l'appendice sternal et occupe une
circonférence de 15 à 20 centimètres il se plaint de quelque chose
qui lui remonte au gosier et rejette par haut ou rend par les selles un certain
nombre d'hydatides. Dans l'espace de quinze jours, il en a rendu une cin-
quantaine; les trois quarts ont été expulsés par l'anus; la guérison n'a pas
tardé à venir (3). »
B. — Kyste s'ouvrant dans l'intestin.
1° Cas de mort.
Obs. CXXIV (Falloord). — Kyste communiquant avec le duodénum?
I. — Une femme, âgée de trente-huit ans, éprouvait depuis longtemps des
(1) Clémot, Gaz. des hôpitaux, t. VI, p. 31, 1832.
' (2) Chomel, Gaz. des hôpitaux, t. X, p. 597, 1836.
(3) Vitrac, Union médicale de la Gironde et Gaz. des hôpitaux, 1857, p. 220, et
1858, p. 28.
M)0 AFFECTIONS VERMINHUSES DliS CAVITÉS SÈREUSIÎS
douleurs lancinHntes à !<■ région <lu foio qui était augmenté de volume. Après
quelques garderobes de couleur noire, elle évacua des hydatides rompues ou
intactes, au nombre de sept ou de huit dans chaque selle. Ces garderobes fu-
rent suivies d'un grand soulagement, le l'oie diminua de volume; cet étal se
maintint pendant six jours ; mais alors la malade mourut empoisonnée par
une méprise.
A l'autopsie, faite incomplètement, on reconnut dans le fuie une tumeur
contenant trois pintes de pus avec des centaines d'hydatides. De plus M. Fal-
loord remarqua un canal rempli de pus qui se dirigeait en bas vers le duo-
dénum (i).
2° Cas de guérison.
Ons. CXXV (Lossi).
II. — « Une veuve quadragénaire avait une maladie du foie avec douleur
et tension dans les hypochondres. On lui conseilla un purgatif; elle évacua
par l'anus une quinz.ine de vésicules; les unes avaient le volume d'un œuf
de pigeon, les autres étaient plus grosses, d'autres l'étaient moins. La malade
fut et demeura guérie (2). »
Obs. CXXVI (Vivarès). — Hydatides du foie?
III. — Il s'agit d'une femme qui souffrit, de coliques, le 27 novembre 1774 ;
le 16 décembre, ces coliques revinrent plus violentes, avec fièvre, soif, etc.
Trois tumeurs considérables existaient dans le ventre vers l'hypochondre
droit. A la suite de l'administration d'un lavement, il y eut plusieurs évacua-
tions séreuses dans lesquelles se trouvaient cent trente corps semblables à des
œufs sans coque, de grosseurs différentes depuis celle d'un œuf de moineau
jusqu'à celle d'un œuf de poule; leur couleur était aussi différente, il y en
avait de noirs, de rouges, de jaunes et de gris. Les tumeurs du bas-ventre
disparurent après ces déjections. Au bout de quinze jours, la santé se ré-
tablit (3).
Obs. CXXVII (Berthelot). — Hydatides de la rate?
IV. — Il s'agit d'une femme âgée de quarante-six ans, qui avait depuis
dix-huit ans des obstructions squirrheuses dans presque tous les viscères du
bas-ventre. Depuis quelque temps elle avait une fièvre lente hectique, elle s'é-
puisait de jour en jour et semblait loucher à sa fin, lorsque, pensant aller à la
garderobe, « elle rendit un nombre prodigieux d'hydatides entières, les unes
(1) Falloord, The médical Times, 184G, et Gaz. med. de Paris, 1846, t. I,
p. S68.
(2) Frederici Lossii, Obs. med., lib. IV. London, 17G2, cité par Barrier
'Thèse cit.).
(3) Vivarès, Sur des tumeurs enkystées rendues par les selles à la suite d'une
colique violente [.hum. de méd. ch.ir. pharm. de Houx. Paris, 1775, t. XLIV,
p. 3iO).
NATURELLES OU ADVENTiVES. — HYDAT1DES. 501
grosses comme des œufs de pigeon et d'autres plus petites elle a ainsi
continué de rendre des hydalides pendant six semaines, au nombre de 1 000
à 1200 La fièvre a cédé peu à peu et le venlre, qui avait acquis un vo-
lume et une dureté considérables, s'est affaissé avec le temps. Le squirrhe de
larate est diminué en proportion; la convalescence a été pénible et longue(l).»
Obs. CXXVITl (W. Musgrave). — Hydalides rendues par les selles; une
par le vomissement.
V. — Il s'agit d'une femme de Tiverlon, âgée de trente ans, qui souffrait
dans son corps et qui fut prise de fièvre quatre mois avant la visite de
W. Musgrave; cette fièvre dura trois semaines et s'accompagna de vomisse-
ments et de douleurs d'estomac. Il y avait trois semaines que la malade avait
été prise de jaunisse et qu'elle avait rendu, par les selles, plusieurs vési-
cules ; elle avait continué à en rendre tous les jours ou bien tous les deux
ou trois jours. Ces vésicules étaient de dimensions variées, depuis la grosseur
d'une tête d épingle jusqu'à celle d'un œuf de poule; leur couleur était variable
aussi du blanc au jaune, suivant celle du liquide contenu.
Avant de rendre ces vésicules, la malade avait des douleurs d'estomac, de
fréquentes envies de vomir, des suffocations hystériques, qui disparurent en-
suite. Ces vésicules étaient évacuées sans douleurs, les unes entières, d'autres
rompues; les premières grosses comme des noix de galle ou des billes de
marbre, les secondes semblables à des peaux de groseilles ou de prunes.
Une seule de ces vésicules fut rendue par le vomissement ; elle était rompue
et avait dû être de la grandeur d'un œuf d'oie; son contenu était plus épais et
fétide. Le nombre des vésicules évacuées par les garderobes peut être estimé
à plusieurs vingtaines.
On ne trouva dans ces vésicules aucune partie, aucun organe, qui ait
appartenu à un insecte; aucun animal n'existait clans le liquide; il est viai,
dit l'auteur, que n'ayant point de microscope, on n'en fit l'examen qu'à
l'œil nu.
La malade se remit, recouvra l'appétit et cinq mois après la première visite
de Musgrave, elle p3rut guérie (2).
Obs. CXXIX (Brillov t, Leroux, Mérat). — Hydalides rendues par les
selles ; ouverture à l'extérieur par la potasse et spontanée.
VI. — Il s'agit d'une femme âgée de cinquante-cinq ans. qui entra à la
clinique interne, en 1803. Elle portail dans l'hypochondre droit, depuis plus
de trente ans, une tumeur de la grosseur des deux poings réunis, qui, depuis
un an, était devenue douloureuse; à la suite d'un lavement, elle rendit des
(1) Berlhelot, Obsnrv. sur des tœniœ hydatigcnae ou hydalides [Journ. de méd.
chir., 1790, t. LXXXIV, p. 48).
(2) A letler from D' W. Musgrave to D' Flans Sloane, conceming hydatides
voidedby slool. in Philosoph. Transact., vol. XXIV, fortheyearilOi, 1705, n" 2!>5,
§111, p. 1797.
502 AFFECTIONS VEUMINEÙSES DES CAVITÉS SÉREUSES
hydatides au nombre de quatre ou cinq, do la grosseur d'un œuf de pigeon.
BIlèB étaienl intactes ou crevées; chaque garderobe en amenait autant. La tu-
meur de l'hypochondre s'affaissa ; il survint une nouvelle tumeur à 1 epigastre,
qui fut ouverte par le chirurgien Brillouet, avec la potasse caustique; il en
sortit du pus et des hydatides en grand nombre ; le foyer se vida peu à peu et
cinq mois après, la malade parut guérie. Une nouvelle tumeur apparut près
de l'appendice sternal ; elle s'ouvrit spontanément. Il survint encore un autre
abcès auprès de ce dernier; il en sortit du pus sanieux et beaucoup de bile,
puis deux esquilles, qui parurent venir du sternum ; enfin la guérison se fit.
— Celte femme passait dans son quartier pour pondre des œufs (I).
Obs. CXXX (Blatin). — Masse d'hydalides? rendues par l'anus. — Fré-
missement hydatique (1 801 ).
VII. — U s'agit d'une femme âgée de vingt-huit ans, qui, après avoir
éprouvé pendant quelque temps des dérangements dans les menstrues, fut prise
de refroidissement des extrémités, de crampes, etc. (1801). « Abdomen du
volume d'une grossesse de sept mois, sans fluctuation ; la percussion lui fai-
sait éprouver un mouvement de totalité avec tremblotement semblable à celui
qu'eût présenté une masse de gélatine. Le toucher n'indiquait ni gestation, ni
augmentation quelconque du volume de l'utérus » La malade éprouvait
des nausées, des coliques atroces, des syncopes, une constipation opiniâtre, etc.
A la suite d'un lavement purgatif, « elle rend par l'anus, dans l'espace d'une
heure et demie, environ dix-sept livres d hydatides mêlées à une grande quan-
tité de sang et d'excréments... les plus grosses avaient le volume d'une petite
noisette, les plus petites celui d'un pois; elles adhéraient les unes aux autres
par un tissu filamenteux lâche et très abreuvé ; elles étaient blanches, formées
par une membrane d'un blanc argentin, remplies d'une sérosité limpide et
incolore, dans quelques-unes ce liquide étaitjaunâtre »
Immédiatement après cette évacuation, la malade éprouva des syncopes et
une hémorrhagie intestinale assez copieuse, elle se rétablit ensuite complè-
tement (2).
Obs. CXXXI (docteur Deciedx). — Hydatides rendues avec les selles;
incision du kyste; guérison.
VIII. — « Un homme avait depuis plus de vingt ans des obstructions; il
y a sept ans il rendit des hydatides par l'anus. Les trois quarts de la partie
(1) Ce cas a été rapporté par trois auteurs différents avec quelques variantes ;
mais les circonstances de l'âge, de l'année, de l'hôpital, etc., ne laissent point de
doute qu'il ne s'agisse du même cas. — Brillouet, Observ. sur la sortie d'un grand
nombre d'hydalides par l'anus, suivie d'accidents graves (Journ. de Corvisart,
Boyer, etc., t. VII, p. 237, an XII. — Leroux, ouvr. cit., t. III, p. 193, obs. X.
— Mérat, Dict. des se. médic, art. Foie).
(2) Blatin, médecin à Clermont (Puy-de-Dôme), dans Mcm. de la Soc. médic.
d'émulation, 1802, ann. VI, p. 165.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 503
supérieure de l'abdomen étaient occupés par une lumeur bosselée dont le
siège était difficile à déterminer. Deux mois environ avant l'époque où celte
observation est écrite, le malade ressentit de vives douleurs dans l'abdomen
et un mouvement fébrile s'alluma. Sept semaines après l'apparition de ces
nouveaux symptômes, une des bosselures les plus saillantes de la tumeur de-
vint fluctuante ; le malade y éprouvait de très vives douleurs. Une incision
fut pratiquée sur le sommet de la tumeur: il en sortit par jet une assiette
de pus et un liquide brun semblable à celui que l'on rencontre quelquefois
dans les kvsles de l'ovaire; il en sortit de plus des membranes de plusieurs
pouces de longueur, molles, friables, que M. le docleur Decieux, auteur de
cette observation, regarda comme des débris d'hydatides. Tendant les quatre
jours suivants, du pus et des hydatides s'écoulèrent d'abord en abondance. A
l'époque où ceci est écrit du pus seulement s'écoule sans mélange d hydatides;
l'abdomen est souple, peu douloureux, toutes les bos-elures ont disparu ; le
malade est très faible, mais sans fièvre; les évacuations sont libres (1). »
Obs. CXXXII (docteur Th. Thompson). — Hydatides rendues avec les
selles; ëchinocoques dans les hydatides.
IX. — Un homme âgé de vingt-sept ans, avait depuis six mois (nov. 1 845)
les symptômes d'une maladie du foie. Cet organe distendait le côté droit de
la poitrine et descendait jusqu'à l'ombilic. Des vésicules, qui furent reconnues
pour des hydatides, sortirent avec les selles et le foie diminua rapidement de
volume. Des échinocoques furent reconnus dans quelques-unes des hydatides.
Le malade était alors amaigri et jaune, mais sans fièvre ; l'expulsion des vési-
cules n'était point accompagnée de vomissements ni de diarrhée; d'où l'on
peut conclure, dit M. Budd, que le liquide des hydatides n'est pas un irritant
violent pour la membrane muqueuse du tube digestif comme il l'est pour
d'autres membranes. L'expulsion des hydatides continua encore quatre ou
cinq semaines ; elle cessa alors et l'état du malade s'améliora. Quatre mois
après, l'état général était très satisfaisant; il restait sous les fausses côtes
droites une douleur qui revenait par intervalles; mais le foie ne faisait point
de saillie sous le rebord des côtes et l'on n'y sentait point de tumeur (2).
Obs. CXXXIII (Guillemin).
X. ■ — Homme âgé de soixante ans; tumeur de l'hypochondre droit; ex-
pulsion d'un grand nombre d'hydatides par les selles ; disparition de la tu-
meur; guérison (3). v
(1; Andral, Clin, cit., t. IV. liv. II, obs. XLV, in Scholiis, 1827, p. 321.
(2) Docteur Theophilus Thompson, in Budd, ouvr. cit., p. 443.
(3) V. Guillemin, Note sur un bruit particulier produit par les acéphalocystesau
moment de leur expulsion, du sac qui les contient, dans la cavité intestinale (Gaz.
méd. Paris, 1847, p. 770).
506 AFFECTIONS VliRMINEl'SES DES CAVITÉS SÉREUSES
Ons.CXXXIV ( ?).
XI. — Homme âgé de vingt-quatre ans. Coliques clans la région du foie,
il y a quatre ans; nouvelles coliques, il y a deux mois, puis à l'époque de son
entrée à l'Hôtel- Dieu Douleur au foie par la pression, rénitence, point de
fièvre: apiè- quelques jours, coliques extrêmement violentes accompagnées
de cris, diarrhée avec évacuation d'hydatides, cessation des coliques ; les hy-
datides ont la grosseur d'un pois à celle d'une noisette, la plupart sont ou-
vertes. Le lendemain et deux jours après, nouvelles évacuations semblables.
Sortie quinze jours après, guérison apparente (1).
Obs. CXXXV(R. Thompson).
XII. — « Un cordonnier âgé de trente-six ans, d'habitudes tempérées,
consulta M. Thompson en novembre 1848, étant souffrant d'une affection
chronique du foie ; cet organe était un peu augmenté de volume Il con-
tinua depuis lors à aller de pis en pis, le foie devint énormément hyper-
trophié, se prolongeant en bas jusqu'à l'ombilic, à gauche jusqu'à l'hypo-
chondreet soulevant fortement les côtes à gauche et à droite; la respiration
était accélérée la jaunisse finit par se déclarer et les fèces prirent une
teinte argileuse.
» Le 7 février dans la matinée, ML Thompson fut appelé en toute hâte par
cet homme qui disait que quelque chose venait de se rompre au dedans de lui ;
quand il arriva il trouva qu'une grande quantité d'hydatides étaient sorties
par le rectum. Le foie diminua de volume et le malade, quoique ayant été très
épuisé sur le moment, se sentit mieux au bout d'une heure. Maintenant il
reprend une physionomie plus naturelle: aucun symptôme fâcheux ne s'est
manifesté jusqu'ici (2). »
Obs CXXXVI (Dupont).
XIII. — « Une femme, jeune encore, était affectée depuis quatre mois
d'une tumeur hydatique du foie qui augmentait très rapidement de volume
et qui menaçait de causer l'asphyxie; l'oppression était extrême; il y avait
un peu de bronchite, dont on put heureusement se rend'e maître. Le foie
pré.-entait d'abord trois bosselures, puis ces trois bosselures disparurent,
t la distension de la tumeur devint extrême. Le docteur Dupont, qui avait
diagnostiqué un ky<te hydatique du foie, proposa p'usieurs fois la ponction
de la tumpur ; elle fui toujours repoussée. C'est alors, et quand la malade
semblait à toute extrémité, que cette femme, en allant à la selle, entendit
tout à coup un bruit sourd dans son abdomen, et vit sa tumeur s'affaisser
rapidement. Le docteur Dupont reconnut, pour la première fois, la présence,
(1) Bulletin général de thérapeutique, 1848, t. XXXIV, p. 153.
(2) R. Thompson, Sur une tumeur hydatique du foie évacuée par le canal intes-
tinal (The Lance!, janv.-mars 1849, extrait dans Gaz. méd. Paris, 1849, t. IV.
p. 681"!-
NATURELLES OU ADVtNTiVES. — HYDATIDES. 505
dans les garderobes, d'hydatides flétries. Les matières continrent de nom-
breuses hydatides pendant quatre jours. A partir de cette époque, elles dispa-
rurent, et une convalescence franche se déclara ; cinq semaines plus tard,
cette femme put reprendre ses travaux. Deux ans et demi après le début de
la maladie, les règles, supprimées depuis la première apparition de la tumeur,
se rétablirent. La guérison ne s'est pas démentie (4). »
XIV-XV. — Voyez encore les cas précédemment rapportés de Laennec
(obs. XXXVI) et du docteur Perrin (obs. XCIX).
3° Cas dont la terminaison n'est pas indiquée.
Obs. CXXXV1I (Bidloo).
XVI. — Bidloo rapporte qu'un médecin (Cossonius) avait donné des soins
à un malade qui rejeta par l'anus des hydatides ; la quantité de ces vésicules
s'élevait à plusieurs livres. Bidloo ne donne aucun détail sur la maladie, mais
il donne la figure des hydatides (2).
Obs. CXXXVIII (Portal).
XVII. — Portal dit qu'un malade dont il a parlé dans son Trailé de la phthisie
rendait quelquefois par les selles des hydatides qui avaient le volume d'un
œuf de poule. Point de détails (3).
Obs. CXXXIX (We.gel).
XVIII. — Hydatides rendues par les selles et provenant probablement du
foie, conservées dans l'alcool et communiquées à Rudolphi. Point de détails
sur la maladie (4).
Obs. CXL (Casini).
XIX. — Femme, tuméfaction de l'hypochondre droit, sensation de déchi-
rement avec expulsion par l'anus d hydatides ou acéphalocystes ovoïdes et
granuleuses; mouvement deformicalion accompagnant cette expulsion donné
comme signe de l'existence des hydatides (5).
Obs. CXLI (Le Houx). — Hydatides rendues par les selles; tumeur de
lu fosse iliaque gauche.
XX. — Fille de trente-sept ans, tumeur dans la fosse iliaque gauche ;
évacuation d'hydatides par les garderobes, affaissement de la tumeur. Réap-
(1) Dupont, Gaz. méd. de Paris, 1853, p. 66, et Cadet de Gassicourt, thèse
cit., p. 19.
(2) G. Bidloo, Exercil. anal, chirurg. decas. Lugduni-Batavorum, 1704, p. 18.
(3) Portal, Anat. med.ciL, t. V, p. 198.
(4) Rudolphi, Enl. hist., t. II, pars 2, p. 248.
(5) Antologia. giorn. di .<**., etc. Fironzc, 1827, et .lourn. des Progrès, t. V,
p. 253.
506 AFFECTIONS \ï, mu m; ti. si: s DES CAVITÉS SÊRÈOSES
paritions et affaissements successifs de la limiour. Point de terminaison in-
diquée (1).
G. — Hydatides rendues par le tube digestif et d'autres voies.
Obs. CXLII (Goyrand d'Aix). ■ — Hydatides évacuées par les bronches
et par le tube digestif.
I. — «Trois kystes hydatiques du foie s'ouvrant spontanément, le premier
en 1833 dans les bronches, le second en 1845 dans l'estomac, et le dernier
en 1848 dans l'intestin. Guérison (2). »
II. — Voyez encore le cas précédemment rapporté de Hill de Dumfries
(obs. LXXXII1).
Obs. CXLIII (Pascal). — Hydatides rendues par les selles et par l'urèthre.
III. — Homme; phénomènes variés, douleurs des lombes; évacuation
d'hydatides par l'anus, précédée de plusieurs selles très sanguinolentes;
évacuation par l'urèthre d'une hydatide grosse comme un œuf de poule; gué-
rison après une longue convalescence (3).
Obs. CXLIV (Barthez). — Hydatides rendues par les selles et par
l'urèthre?
IV. — Il s'agit d'une femme âgée de trente-neuf ans, qui ressentit, après
un effort, une douleur violente dans le flanc droit ; la douleur persista en
diminuant. Apparition de phénomènes plus aigus, nécessité de garder le lit;
tumeur au point douloureux, augmentation graduelle de la tumeur; peu à peu
possibilité de se lever, de marcher; entrée à l'hôpital ; dépérissement notable.
Tumeur dans le flanc droit recouverte par le foie; après quelques semaines
évacuation d'hydatides par les selles, diminution de la tumeur; pendant
quinze jours, évacuations semblables de temps à autre, frissons répétés ; rejet
par les selles d'une certaine quantité de pus avec une dernière hydatide.
Vésicule hydatique? et pus rendus par les urines; cessation graduelle des
symptômes, disparition de la tumeur. Guérison après neuf mois et demi de
maladie (4).
V. — Voyez encore le cas de Brun (obs. CLXVII), hydatides du petit
bassin évacuées par les selles et par les urines.
(1) Docteur le Houx, Tumeur hydatique abdominale, ruptures spontanées et pé-
riodiques du kyste suivies de l'excrétion de son contenu par la voie intestinale
(Jow-n. de la sect. de méd. de la Loire-Inférieure, 1856. et Gaz. <méd. de Paris,
1856, t. XI, p. 783).
(2) Gazette des hôpitaux, 1850, p. 100.
(3) Fourcioy, Médecine éclairée par les sciences physiques. Paris, 1791, t. I,
p. 87, cité dans Chopart, ouvr. cit., t. I, p. 153, note, et Kayer, ouvr. cit.,
p. 554, note.
(4) Barthez, Cas observé dans le service de Chomel, 4 janvier 1844 (Cadet de
Gassicourt, thèse citée, p. 20).
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 507
Les auteurs suivants sont encore cités comme ayant observé des
hydatides évacuées par les vomissements ou par les selles, ou comme
ayant fait mention de cas de ce genre.
Wm. Scott of Hawick. Account of lujdatid discharged b\j stool (Médical
commentaries, 1773-1795, vol. V, p. 183).
Bonomo. Hydatides évacuées par l'intestin (Transact. philosopli., n" 295,
cité par H. Cloqnet).
Powel. London med. journal, VI, p. 139. (Ploucquet.)
Astrdc. Traité des tumeurs, t. I. (Ploucquet.)
Baldinger N. mag., IV B., p. 556, XB, p. 345 et vaginam. (Ploucquet.)
— Arzneykundige Beobachiungen eines arztes, in Amsterdam, n° 1 8.
(Ploucquet.)
Barthomn, epist. IV, p. 491, 503. (Ploucquet.)
Ettmuller, Pr. de vesiculis e recto erumpenti bus. Lipsise, 1731 .(Ploucquet.)
Gilibert, Advers. pract. prim., p. 28S. (Ploucquel.)
Heuermann, Vermischte Bemerkungen, II, p. 227. (Ploucquet. 1
Lambsma, Fluxus ventris multiplex, c. 12. (Ploucquet.)
Nashuys, in Verhandel van Vlissingen v. aiis. abh. fur pr. Aerzte, V. B.,
p. 51 1 . (Ploucquet. )
Riedlin, Lineœmedicœ, 1696, p. 232. (Ploucquet.)
Riveriïïs, Observ., cent. III, n° -17; IV, n° 48. (Ploucquet.)
Tieffenbach, in Act. mat. Balth. 1703, decemb. (Ploucquet.)
Tode, Med. chir., Bibl. II, B. 3, p. 198, in icterico. (Ploucquet.)
Vallisneri, Raccolta di varie osservazioni, etc. (Ploucquet.)
CHAPITRE III.
TUMEURS HYDATIQUES S'OUVRANT A TRAVERS LA PAROI ABDOMINALE.
Les hydatides du foie ou celles qui se développent en dehors de
cet organe dans les viscères de l'abdomen, s'ouvrent quelquefois
spontanément à travers les parois du ventre ; les vésicules et les
matières contenues dans le kyste sont évacuées au dehors et la gué-
rison peut en être la suite ; d'autres fois l'ouverture se ferme pour
se rouvrir plus tard, ou bien la tumeur s'ouvre de nouveau dans
l'intestin.
Des tumeurs hydatiques de l'abdomen, prises pour des abcès, ont
SOS AFFECTIONS VERMINEUSES DLS CAVITÉS 6ÉREUSES
aussi été quelquefois ouvertes par l'instrument tranchant ou par la
potasse caustique à travers les parois abdominales.
A. — Ouverture spontanée.
1" Cas de guéri sou.
Ons. CXLV (Plateb).
I. — « Plater parle d'une fille âgée de vingt ans, qui, après avoir éprouvé
longtemps une tension douloureuse dans l'hypochondre droit, vit s'y former
une tumeur qui fut prise pour un squirrhe et s'ouvrit spontanément. Il sortit
à diverses reprises de la sérosité limpide et des hydatides qui étaient lancées
au loin. La malade guérit parfaitement (l). »
Ons. CXLVI (Guattani).
II. — « Un homme âgé de quarante ans, avait dans la région du foie une
tumeur dure, rénilente, circonscrite, avec tension, et qui se prolongeait vers
la ligne blanche et l'ombilic. En touchant celte tumeur, on sentait assez dis-
tinctement dans son centre une fluctuation sourde, obscure ; du reste, le ma-
lade ne souffrait point et son teint était bon. Cet examen ne donnant pas une
idée bien précise de la maladie, Guattani crut plus convenable de temporiser
que d'agir et conseilla seulement un régime de vie très exact, que le malade
observa pendant, plusieurs mois Au bout de neuf mois, il y avait dans
l'épigastre une tumeur ovale, légèrement enflammée, un peu douloureuse,
avec fluctuation. La peau était amincie dans le centre de la tumeur qui pa-
raissait devoir s'ouvrir prochainement quelques jours après, elle se creva
dans un accès de toux assez vive et il sortit avec impétuosité par une très
petite crevasse des téguments, capable de recevoir, au plus, un tuyau de
plume médiocre, plus de trois cents hydatides entières, qui furent lancées à
une très grande distance. Un stylet introduit dans cette ouverture fil distin-
guer un grand vide dont il ne fut pas possible de parcourir l'étendue, mais
qui se dirigeait vers la face concave du foie. Pendant quelques jours on fit
des injections qui résinaient au dehors. La crevasse ne se ferma point, elle
devint fisluleuse et donna issue à une très petite quantité de séro.-ité, sans
que le malade en fût sensiblement incommodé. Il fut même assez fort pour
reprendre son état de domestique. Au bout de six ans, la fistule se ferma com-
plètement et ce malade se trouva radicalement guéri, sans qu'il se soit jamais
fait aucune exfoliation du kyste (2). »
Obs. CXLVII (Roux).
III. — a M. Roux m'a raconté, dit M. Cruveilhier, qu'il fut appelé auprès
(1) Observ. sélect., observ. XVIII, p. 44, cité par Cruveilhier, art. Acéph.,
p. 223.
(2) Guattani, De extemis aneurysmatibus. Romae, 1772, p, 119, rapporté par
Lassus, Mém. cit., obs. X, et Me'm. Acafl. roy. des sciences, 1767.
NATURELLES OU ADVENfïVES. — HYIMTIDËS. 50(J
d'une dame qui avait à l'ombilic une tumeur qu'on avait prise pour une
hernie et sur laquelle, je crois, on avait appliqué un bandage. La peau qui
recouvrait la tumeur s'ouvrit spontanément; suivirent quelques accidents
qu'on crut devoir attribuer à 1 étranglement. Une surface convexe, blanche,
proéminail à travers l'ouverlure de la peau, on la prit pour le sac herniaire.
M. Roux fait quelques débridemenls qui lui paraissent nécessaires pour lever
l'étranglement. Quelle n'e?t pas sa surprise, lorsqu'il voit que ce prétendu
sac herniaire n'était autre chose qu'une acéphalocyste ! La malade guérit par-
faitement (1). »
IV, V, VI, VII. —Voyez encore les observations V, LXXXIII, CXïX,
CXXIX.
2° Cas de mort.
Obs. CXLVIII (Lecat).
VIII. — « Le 20 septembre 1739, mourut à l'hôpital de Rouen une
femme qui avait un abcès dans l'hypochondre droit, par lequel sortirent des
hydatides; elle avait de plus une tumeur très volumineuse dans l'hypochondre
gauche. Son corps fut ouvert: l'abcès de l'hypochondre droit était sous la
membrane propre du foie. La tumeur du côté gauche était presque aussi volu-
mineuse que la tète d'un adulte et deux fois aussi longue, elle était située sur
la rate, s'étendait sur les parties flottantes du bas-ventre, les avait déplacées
et soulevait en dehors les téguments. Cette tumeur était un grand kyste
épais, rempli d'hydatides, d'eau très claire et de fausses membranes (2). »
Obs. CXLIX (Veit).
IX. — Il s'agit d'une femme, d'un âge moyen, chez laquelle un abcès dans
la région du foie s'ouvrit spontanément entre ta dixième et la onzième côte.
Cet abcès donna issue à plusieurs centaines d'hydatides de la grosseur d'un
pois à celle d'un œuf de pigeon ; la malade mourut en très peu de temps.
On trouva, à Yautopsie, une inflammation purulente du péritoine. Le siège
de l'abcès était en avant et à droite, entre la face inférieure du diaphragme qui
était refoulé jusqu'à la septième côte et la partie supérieure du foie (3).
B. — Ouverture par l'instrument tranchant ou les caustiques (voy. le traitement).
(1) Cruveilhier, Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, art. Acépha-
locystes, cité p. 224.
(2) Philosopha transact., ann. 1739 et 1740, vol. XLI. p. 712, rapporté par
Lassus, obs. IV.
(3) D. Veit, Einige Bemerkungen iiber die Entstehnng der Hydaliden, in Arch.
fur die physiol. von Reil, Zweiter Band. Halle. 1797, S. 486.
51 0 AFFECTIONS VFUMINEUSES DES CAVtTÊS SEREUSES
CINQUIÈME SECTION.
HYDATIDES DL' PF.T1T BASSIN.
Si les hydatides de la cavité abdominale n'occasionnent d'acci-
dents que lorsqu'elles ont acquis un grand volume, circonstance qui
tient à la laxité des parois de cette cavité et au déplacement facile
des organes, il n'en est plus de même lorsque les vésicules se sont
développées dans le petit bassin : l 'inextensibilité des parois, en
donnant un point d'appui à la tumeur ou bien en s'opposant au dé-
placement des viscères, détermine la compression des organes pel-
viens et consécutivement les accidents les plus graves. Le docteur
Charcot, qui a fait sur ces tumeurs un bon travail, en a rassemblé
douze observations (1), nous en signalerons encore plusieurs autres;
cette affection n'est donc pas tout à fait rare.
Les hydatides de la cavité pelvienne se développent ordinairement
dans le tissu cellulaire extra-péritoneal qui revêt les organes con-
tenus dans cette cavité. Chez l'homme elles n'ont pas d'autre siège
primitif; mais chez la femme un kyste développé dans l'ovaire peut
tomber dans le cul-de-sac recto-vaginal et amener les mêmes acci-
dents que s'il s'était développé primitivement dans cette région. Les
deux cas suivants, dont nous ne donnerons qu'une analyse sommaire,
en offrent des exemples :
Obs. CL (Basset). — Hydatides de l'ovaire; constipation, ischurie.
Mort.
I. — Une femme âgée de trente ans, avait à la région hypogastrique une
tumeur qui faisait saillie dans le vagin et le rectum, et qui élait très appré-
ciable par le toucher rectal et vaginal. Constipation, rétention d'urine; ca-
thétérisme difficile, quelquefois impossible. Mort dans un état adynamique.
Autopsie. Un des ovaires, transformé en un kyste hydatique de la grosseur
d'une tête d'adulte, était tombé dans le cul-de-sac recto-vaginal et avait con-
tracté des adhérences avec les organes voisins. Liquide purulent et hydatides
volumineuses dans la tumeur. Une autre kyste hydatique dans l'épiploon
grstro-splénique (2).
(1) Charcot, Mém. sur les kystes hydaliques du petit bassin (Mém. Soc. biologie,
1852, t. IV, p. 101.)
(2) Bull. Soc. anat., 1828. Cruveilhier, art. Acéphal., et Charcot, Mém. cit.
NATUftELtES OU AOVENTIVES. — HYDATIDES. 511
Obs. CLI (P. Dubois et Boivin). — Hydatides de l'ovaire, incision par le
vagin. Mort.
II. — Femme; tumeur remontant jusqu'à la face inférieure du foie, et
soulevant les parois postérieures du vagin ; incision à travers les parois
vaginales ; issue de 20 litres de matière analogue à de la bouillie; mort un
mois après. — La tumeur appartenait à l'ovaire gauche et contenait des hy-
datides et de la matière tuberculeuse (1 ).
Les kystes du petit bassin ou ceux de l'ovaire qui tombent dans
cette cavité contractent souvent des adhérences plus ou moins éten-
dues et plus ou moins fortes avec les organes voisins ; ils compri-
ment le rectum, la vessie, le vagin, repoussent en haut et en avant,
contre le pubis ou contre la paroi antérieure de l'abdomen, l'utérus
ou la vessie qu'ils aplatissent et déforment plus ou moins.
Obs. CLII (Perrin). — Kyste hydalique développé dans le petit bassin;
autre kyste dans la capsule surrénale; hernie de la vessie.
III. — Dans le cadavre d'un homme âgé d'environ soixante ans, on trouva
un kyste hydatique considérable qui remplissait presque toute la capacité du
petit bassin. « L'une des extrémités de son grand diamètre reposait sur le
rectum, vers le niveau de la troisième pièce du sacrum , et prenait des adhé-
rences solides sur l'aponévrose périnéale supérieure, par l'intermédiaire d'une
bande fibreuse disposée transversalement dans une étendue de 8 centimètres.
L'autre extrémité, dirigée en haut et en avant, avait franchi le détroit supé-
rieur du petit bassin, et remontait jusqu'à 5 centimètres au-dessous de l'om-
bilic. Par la palpalion et la percussion, on pouvait, malgré l'épaisseur des
parties, la découvrir et la limiter dans la région hypogastrique avec la plus
grande facilité. Ainsi, comme on le voit, sa direction et sa situation étaient
tout à fait celles de l'utérus, à cette époque de la grossesse où, trop à l'étroit
dans la cavité du petit bassin, il s'élève dans la cavité abdominale.
» En cherchant à apprécier les rapports du kyste, j'ai trouvé un très re-
marquable déplacement de la vessie sur lequel j'appelle toute l'attention , car
il ne s'est pas encore présenté en pareil cas. La moitié antéro-supérieure de
la vessie a abandonné le petit bassin pour venir se loger dans la cavité scro-
tale du côté gauche, de telle façon que la forme totale de l'organe est celle d'un
bissac contourné en fer à cheval et embrassant dans sa concavité l'os du
pubis.
» La portion herniée forme une tumeur volumineuse, allongée et parfaite-
ment semblable à une hernie inguinale ordinaire. En pratiquant le taxis,
l'urine s'écoule par le canal ; la tumeur s'affaisse et ne représente plus qu'une
(1) Revue médicale, 1838, et Cbarcot, Mém. cil.
512 AH'IICTIONS VIIUMI.M.ISKS nl.S CÀVlTÉS SÉatûsÈs
masse ovoïde, dure et rénitente au toucher. A la dissection, je la trouve com-
posée de la peau, du dartos, d'un tissu grais-eux très abondant, au milieu
duquel se trouve une poche vésicale à tuniques hypertrophiées et pouvant
contenir environ 150 grammes de liquide. Le testicule, le cordon, recou-
verts de la tunique vaginale, sont rcjelcs en arrière et en dehors.
» La portion non herniée est constituée par le bas- fond de la vessie, soulevé
et entraîné derrière la symphyse pubienne; enfin la portion rétrécie du bissac
appuie sur la branche horizontale du pubis, en dehors de l'épine de cet os,
et y prend de nombreuses adhérences. Les uretères descendent jusqu'au fond
du petit bassin, s'accolent sur les faces latérales du kyste, comme on peut le
voir sur la pièce, et remontent de bas en haut et d'arrière en avant pour ga-
gner le bas-fond de la vessie.
» Le péritoine ne pénètre plus dans le petit bassin en arrière; au niveau
de la symphyse sacro-iliaque, il quitte la face antérieure du rectum, se porte
sur la tumeur, qui en est coiffée dans toute sa portion abdominale, puis re-
descend vers les pubis, touche à peine en ce point à la vessie, et se coutinue
avec le péritoine pariétal derrière l'anneau inguinal externe. »
Le kyste avait la grosseur d'une tête de fœtus à terme ; ses parois étaient
fibreuses et en un point cartilagineuses; il contenait de nombreuses hydatides
dans lesquelles se trouvaient des échinocoques.
Il existait un autre kyste volumineux dans la capsule surrénale droite; il
n'y en avait dans aucun autre organe (1).
Soit par la compression, soit par le déplacement de la vessie, soit
par la compression de la prostate, de l'urèthre ou par le change-
ment de direction qu'elles donnent à ce canal, les tumeurs hyda-
tiques mettent souvent obstacle à l'émission des urines ; la réten-
tion de ce liquide est quelquefois complète et le cathélérisme
impossible.
Obs. CLIIl (Lelouis). — Ischurie; ponction hypogastrique. Mort.
IV. — « Un charpentier, âgé d'environ quarante ans, après 3voir éprouvé
des dificullés d'uriner, eut une rétention totale d'urine. On ne put le sonder,
mais après lui avoir donné les soins ordinaires, comme saignées, fomenta-
tions, etc., on parvint à lui passer une sonde dans la vessie. Il en fut sou-
lagé d'une manière si efficace, qu'on le crut guéri et qu'on lui ôta cet instru-
ment au bout de deux jours. Peu de temps après il eut encore de la peine à
uriner; nouvelle rétention ; il resta deux jours sans uriner; il prit peu de
boisson, et, naturellement dur au mal, il continua de travailler de son état.
Le troisième jour, comme il faisait très chaud, il ne put résister à la soif et
il but abondamment. La vessie, plus distendue par l'amas de l'urine, s'éleva
(1) Perrin, Kyste hydatique du petit bassin ayant déterminé une hernie de la
vessie {Comptes rendus Soc biologie, ann. 1853, t. V, p. -155).
NATURELLES OU ADVENTlVES. — HYDATIDES. 513
davantage au-dessus des pubis; les douleurs pour uriner augmentèrent, et
après de grands efforts il sortit de l'urine par l'urèthre. Le malade ne fut pas
beaucoup soulagé par cette évacuation, les urines continuèrent à s'écouler
par regorgement, enfin elles s'arrêtèrent tout à fait. On le transporta à
l'hôpital de Rochefort. Le chirurgien en chef de cet hôpital, ne pouvant par-
venir à faire pénétrer des sondes de différentes espèces dans la vessie, fit
mettre le malade dans un bain; il essaya ensuite de le resonder, et cette
tentative fut encore sans succès : il lui fit ensuite une ponction au-dessus du
pubis. Cette opération procura l'évacuation d'environ une pinte et demie
d'urine, et de suite le soulagement du malade. On put alors passer une sonde
par l'urèthre dans la vessie, et l'on retira sur-le-champ la canule du tro-
cart. La plaie de la ponction se guérit en deux jours ; tous les accidents se
calmèrent. Le sixième jour, le bon état du malade détermina à ôter la sonde.
C'était moins prématurément que la première fois, mais encore trop tôt ; le
ressort de la vessie ne pouvait pas être rétabli en si peu de temps, aussi la
rétention de l'urine ne tarda-t-elle pas à se faire sentir. Le malade, qui était
sorti de l'hôpital, y fut reconduit deux jours après. Il avait les symptômes les
plus alarmants de la rétention d'urine. On ne put le sonder ; il eût fallu
faire une autre ponction à la vessie, on ne la fit pas ; le malade mourut dans
la nuit.
» M. Lelouis fit l'ouverture du corps. Il trouva la vessie soulevée par une
tumeur située entre ce viscère et le rectum. Cette tumeur ovalaire. du vo-
lume d'un boulet de douze livres, était libre et mobile entre ces parties. Elle
ne tenait que par un pédicule de la grosseur du petit doigt. Ce pédicule
était fixé au repli du péritoine qui forme le ligament postérieur et inférieur de
la vessie. Cette tumeur étant ouverte, il s'écoula une sérosité limpide et ino-
dore. On trouva dans la cavité dix hydatides de la grosseur d'une noix, sans
adhérences entre elles ni avec la poche commune qui les renfermait. Elles
étaient remplies de sérosité; leurs parois membraneuses étaient plus minces
que celles de la poche extérieure. On conserve ces hydatides dans le cabinet
analomiquede l'hôpital de Rochefort. Il ne parut aucune affection particulière
à la vessie, à lurèthre, nia la prostate (1). »
Obs. CLIV (John Hunter). — Rétention d'urine. Mort.
V. — Homme, quarante-six ans, difficulté plus ou moins grande d'uriner
pendant quatre ou cinq semaines; mort subite. — Vessie contenant environ
six pintes d'urine. — Tumeur volumineuse située entre son col et le rectum,
remplissant complètement le bassin et repoussant la vessie en avant et en
haut; beaucoup d'eau et d'hydatides dans la tumeur. Deux ou trois kystes
hydatiques plus petits au voisinage du col de la vessie, plusieurs kystes hy-
datiques adhérents à la rate et réunis en une tumeur volumineuse (2).
(1) Acad. de chirurgie, novembre 1789. — ■ Chopart, ouvr. cit., t. II, p. 144.
(2) J. Huoter, Medic. and chirurg. Transact., 1793, vol. I, p. 35, et Charcot,
Mém. cit.
Davaink, 35
51 'l AFFKCI IONS VF.HUIMISI.S DES CAVITÉS SÊUKL'SFS
Obs. CLV (Lesauvàge). — Ischurie, ponction de la vessie. Mort.
VI. — Homme, soixante et un ans, premiers symptômes d'une tumeur
abdominale datant de vingt ans. En 1811, ischurie, cathélérisme difficile.
En 1812, renouvellement des mêmes phénomènes, existence d'une tumeur
du petit bassin constatée par le toucher rectal. Ponction de la vessie par le
rectum, issue parla canule d'un liquide limpide et incolore.' — Aussitôt l'urine
s'écoule très facilement par la verge ; Lesauvage diagnostique alors l'existence
d'un kyste situé entre la vessie et le rectum. — Péritonite, fièvre aihjnamique;
mort.
A un pouce du col de la vessie, ouverture conduisant dans une cavité qui
aurait pu contenir un verre de liquide. Cette ouverture fait communiquer la
vessie avec une arrière-cavité qui s'étend jusqu'au rectum. — Kyste hyda-
tique énorme dans le foie, plusieurs autres dans l'épiploon (1).
Obs. CLVI (BlondeauJ. — Ischurie, ponction hypogaslrique. Mort.
VII. ■ — Homme sujet à la rétention d'urine. Les bougies les plus fines ne
pouvaient pénétrer jusqu'à la vessie. Ponction hypogastrique ; mort. Hydalides
remplissant tout le petit bassin ; rectum et vessie comprimés, fibres muscu-
laires des deux organes hypertrophiées. Autre kyste hydalique adhérent au
caecum (2).
La compression que la tumeur hydalique exerce sur le rectum
détermine la constipation d'abord et plus tard la suspension com-
plète du cours de matières.
Obs. CLVII (docteur Obre). — Rétention des matières fécales. Mort.
VIII. — « Une femme, qui reçut les soins du docteur Obre, mourut après
avoir présenté les symptômes d'un obstacle au cours des matières : absence de
garderobes, tympnnite, vomissements, etc.
» A l'autopsie, on trouva de nombreuses tumeurs sous-péritonéales de la
grosseur d'un haricot à celle d'une orange; elles contenaient des hydatides
multiples et des échinocoques. La plus grosse tumeur était située sous le mé-
sorectum et comprimait si fortement le rectum, près de son origine, que non-
seulement, elle empêchait le passage des matières, mais encore elle avait
causé la destruction de ses parois (3). »
L'obstacle que le kyste hydalique apporte au cours des matières
dans le rectum, détermine quelquefois l'hypertrophie des fibres
musculaires de cet organe au-dessus du point comprimé ; le même
(1) Bull, de la Faculté de méd., 1812, et Çharcpt, Mém. cit.
(2) Blondeau, hull. Soc. anal., 1S49, et Charcot, Mém. cit.
(3) Obre, Tranaact. oflhepathological Society. London, 1854, p. 302.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATJDES. 515
effet s'observe pour la vessie; enfin la compression qu'il exerce sur
les uretères, cause la dilation de ces conduits, des bassinets et des
calices, et consécutivement leur inflammation, sans doute, et celle
des reins.
Obs. CLVIII (Guarcot).
IX. — Dans le cadavre d'une femme qu'il disséquait, M. Charcot trouva
deux kystes hydatiques situés dans le petit bassin, l'un adhérant à la face
antérieure du rectum, l'autre adhérant au col de l'utérus. Le premier, ouvert
dans le rectum, contenait encore des hydatides; le second, intact, renfermait
environ quinze de ces vésicules avec des échinocoques. Les fibres musculaires
du rectum étaient hypertrophiées. Anatomie des kystes faite avec soin. Pas
de renseignements sur les antécédents et sur la maladie de cette femme (1).
Obs. CLIX (Leudet).
X. — Femme âgée de soixante-douze ans; rétention d'urine; tumeur si-
tuée derrière le col utérin, attribuée à une rélrofiexion ; mort dans le ma-
rasme. Kyste hydatique du foie; kyste du volume d'une tête de fœtus à
terme entre l'utérus et le rectum. Utérus relevé ; parois de la vessie épaissies,
uretères et calices dilatés (2).
Obs. CLX (Tyson).
XI. — Tyson rapporte un cas dans lequel un kyste hydatique avait évi-
demment comprimé les uretères avant de s'ouvrir dans la vessie qui conte-
nait encore douze hydatides.
« Les uretères étaient aussi larges que les intestins grêles d'un enfant, de
sorte qu'on introduisait facilement deux doigts dans leur cavité; ils étaient
l'un et l'autre pleins d'urine qui, lorsqu'on les pressait, coulait vers les reins,
mais il n'en passait pas une goutte dans la vessie. Les reins avaient la figure
et la grosseur ordinaire; ils étaient si maigres qu'ils semblaient être de larges
sacs membraneux, plutôt qu'une substance charnue; la cavité du bassinet
était assez ample pour contenir trois onces d'urine (3). »
Obs. CLXI (docteur Jones, de Londres).
XII. — « Chez un malade mort à l'hôpital Saint-Thomas, M.Jones trouva
cinq grosses tumeurs hydatiques et plusieurs petites. L'une de ces tumeurs
était située dans la cavité du bassin, entre le rectum et la vessie, et avait
contracté des adhérences avec ces deux organes. Elle avait repoussé le der-
nier contre la paroi antérieure de l'abdomen, et par sa pression, elle avait
déterminé la dilatation des uretères, du bassinet et des calices dans les deux
(1) Charcot, Mém. cit., p. 102.
(2) Comptes rendus Soc. biologie, 1856, 2e série, t. III, p. 59.
(3) Transact. philosoph., an 1687, n° 188, art. I. — Cuopart, ouvr. cit., t. II,
p. 1*9.
516 AFFECTIONS VERMINEtJSES DES CAVITÉS SÉRtCSES
reins. Le kyslo élait rempli par une grande hydalide qui en contenait plu-
sieurs autres flottantes dans un liquide clair et limpide. Parmi les autres tu-
meurs, l'une, située près du foie et très considérable, contenait une matière
semblable à du pus, dans laquelle flottaient une centaine d hydatides dont le
liquide était limpide. Le kyste, divisé en deux parties par un diaphragme in-
complet, paraissait formé de deux kystes réunis ; un autre kyste adhérent à la
surface du foie avait le volume d'une noix et était rempli d une matière sem-
blable au mastic des vitriers, avec quelques membranes d'hydatides. Par l'exa-
men microscopique, l'on constata dans cette matière la présence de lamelles
de cholestérine, de cristaux A'hémaloïdine (hœmaloid.) et des crochets d'échi-
nocoque (1). »
Ce cas nous offre un nouvel exemple de l'influence des tumeurs
du petit bassin sur la production des maladies des reins. Les tumeurs
du petit bassin, quelle que soit leur nature, agissent sur les reins par
l'obstacle qu'elles apportent au cours de l'urine dans les uretères ou
dans la vessie, et par la rétention consécutive de ce liquide dans le
bassinet, les calices et les reins. Depuis longtemps déjà, M. Rayer
a appelé l'attention sur cette cause de maladies des reins et sur les
accidents graves et souvent mortels qui en résultent et qui viennent
précipiter l'issue d'une affection bénigne en elle-même ou de longue
durée. Outre l'intérêt qu'elle a au point de vue pathologique, cette
observation en offre un autre encore au point de vue des transfor-
mations qu'avait subies le contenu des poches hydatiques : dans
l'une le liquide du kyste était limpide, dans une autre il était puri-
forme, pendant que la sérosité des hydatides était restée limpide ;
dans une troisième il était semblable au mastic des vitriers , et celle-
ci nous présente un exemple de guérison par résorption du contenu
des kystes devenus athéromateux.
Les accidents qui résultent de la compression du rectum ou de la
vessie sont presque les seuls auxquels le développement des hyda-
tides du petit bassin expose l'homme; mais la femme est exposée
en outre à tous ceux qui peuvent être produits par la compression
du vagin ou de la matrice.
Dans un cas remarquable observé par Park et dans un autre ob-
servé par M. Blot, une tumeur appartenant évidemment aux hy-
datides, comprimait le vagin et s'opposait à l'accouchement ; voici
les faits :
(1) D' Jones, Transact. of pathol. Society, 1854, vol. V, p. 298.
NATURELLES OU ADVENTIVliS. — HYDATIDES. 517
Obs. CLXII (Park).
XIII. — « Park fut appelé, avec le docteur Lyon, auprès de madame S...,
primipare et dont l'accouchement semblait devoir bientôt se faire. Au premier
examen, il trouva le vagin presque entièrement rempli par une tumeur dure,
située entre le vagin et le rectum. Ce ne fut qu'après une certaine difficulté
que le doigt put être introduit entre la tumeur et le pubis, et pénétrer jus-
qu'au col. Park désespérait de voir l'accouchement s'accomplir par les seuls
efforts de la nature; cependant il s'effectua naturellement; toutefois ce ne fut
pas sans un travail long et pénible.
» Par la suite, madame S... eut deux grossesses gémellaires terminées pré-
maturément : la première au quatrième mois, la deuxième à la fin du sep-
tième. Les enfants de sept mois furent, expulsés s;ins accident.
«Pendant ces grossesses, la tumeur en comprimant l'urèthre, occasionnait
de temps à autre la rétention de l'urine dans la vessie et nécessitait l'emploi
du cathéter, et cependant le toucher ne faisait, reconnaître aucune modifica-
tion dans le volume de la tumeur. Un jour Park, en la refoulant par hasard
avec le doigt, détermina l'émission des urines. Il instruisit le mari de cette
manœuvre, et le cathéter devint dès lors inutile, ce fut là, d'ailleurs, le seul
incident notable de ces grossesses.
» Une nouvelle grossesse eut lieu. Le terme arriva; Park fut appelé pour
prendre des mesures décisives à l'égard de la tumeur. La dilatation du col
était complète, et déjà les membranes s'étaient rompues. Toute la nuit se
passa dans le travail le plus pénible, et cependant, rien n'avançait. La tète
appuyait sans cesse contre la partie supérieure de l'obstacle, mais sans pou-
voir descendre le moins du monde dans le bassin.
» Alors il fut décidé qu'une incision serait pratiquée. L'instrument choisi
fut une lancette cachée oupharyngotome. Park le conduisit sur son doigt jus-
qu'au point où les enveloppes de la tumeur lui parurent le plus minces, et v
pratiqua cinq ou six incisions très légères et non pénétrantes ; puis, forçant
avec le doigt, il pénétra dans une large cavité, qu'il crut remplie par une ma-
tière gélatineuse. Aussitôt il s'en écoula un liquide séro-sanguinolent entraî-
nant avec lui un certain nombre de fragments membraneux, ayant l'apparence
de morceaux de trippe (Strippings of tripe). Quelques-uns de ces lambeaux
atteignaient en dimension le quart d'une feuille de papier ordinaire.
» La première douleur qui suivit cette opération évacua complètement le
contenu de la tumeur ; celles qui suivirent terminèrent bientôt l'accou-
chement.
» Ce ne fut que très lentement que madame S... se rétablit. Une suppura-
tion abondante et extrêmement fétide se manifesta ; des douleurs de reins
assez vives, de la fièvre, une grande prostration, furent les principaux sym-
ptômes observés, et ce ne fut qu'au bout de huit ou dix semaines que la ma-
lade se rétablit complètement.
» Il est probable que le travail de cicatrisation qui suivit cette opération
■"•In AFFJBCTidfoé vi-ii.uiniuj.sks d£9 CAVITÉS séreuses
amena un certain degré de rétrécissement; car, dans l'accouchement qui
suivit, alors que le col utérin étajt complètement dilaté et les niembranes
rompues, ce ne fut qu'après un travail 1res pénible, de sept ou huit heures
de durée, que la tête franchit le bassin. Un autre accouchement eut encore
lieu par la suite, il. s'agissait d'une présentation du bras a la fin du huitième
mois, Park éprouva beaucoup de difficultés à introduire sa main pour aller à
la recherche des pieds, et l'obstacle, dit-il, ne résidait certainement pas dans
le col utérin (1). »
Obs. CLXIII (Blot).
XIV. — Chez une femme en couches, âgée de vingt-quatre ans, une tu-
meur, située dans la cloison recto-vaginale, oblitérait le vagin et mettait un
obstacle absolu au passage de la tôle du fœtus. L'accouchement languissait
depuis trois jours; la ponction de la tumeur fut faite par le vagin avec un
troeart courbe; tout le liquide fut évacué; au bout de vingt minutes, l'enfant
vivant franchissait la vulve.
Le liquide évacué fut présenté à la société de biologie; il était transparent,
la chaleur et l'acide nitrique ne donnaient point de précipité. L'exemen mi-
croscopique n'a pas fait découvrir d'échinocoques (2).
Une tumeur semblable qui aurait pu amener les mêmes accidents
si la femme fût devenue enceinte, a été observée par le professeur
Roux ; — elie faisait obstacle à l'émission des urines et des ma-
tières fécales :
Obs. CLXIV (Rocx).
XV. — « Madame B..., âgée de trente-huit ans, avait eu, huit ans aupa-
ravant, un accouchement long et pénible. L'aceoucheur'reconnut la cause de
la difficulté dans une tumeur existant au côté gauche du vagin, et ne dissi-
mula pas à la malade l'obstacle qu'elle pourrait apporter à un accouchement
ultérieur. Cette tumeur s'accrut, mais sans déterminer aucune espèce d'acci-
dent pendant cinq ans. Pendant les trois années qui suivirent, l'émission des
urines et des matières fécales devint difficile, et le mari de la malade était
forcé de la sonder trois ou quatre fois par jour.
» A l'hôpital de la Charité, on constata, en effet, l'existence d'une tumeur
dure, située à gauche, s'étendant de la marge du bassin à la grande lèvre.
Le vagin était déjeté du côté droit et paraissait immobile. La malade éprou-
vait un sentiment de pesanteur, de distension douloureuse dans le bassin,
un engourdissement du membre pelvien gauche. M. Roux se décida à pra-
tiquer une opération : croyant, à l'existence d'une tumeur solide, il voulait
(1) Transact. medico-chirurg . Londres, 1817. — Charcot, Mém- Soc biologie,
1852, t. IV, p. 105.
(2) Comptes rendus Soc. de Biologie, avril 1359.
NA.TUH!'I,LKS OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. M9
inciser le vagin dans toute sa hauteur; mais au premier coup de bistouri, il
s'écoule une grande quantité de liquide diaphane, de couleur citrine. Le doigt
introduit dans l'ouverture pénètre dans une vaste poche aux parois de laquelle
paraissent adhérer des flocons membraneux. On extrait avec une pince à
polype une membrane d'un grand volume d'un blanc nacré, qu'on reconnaît
être une grosse hydatide. On remplit la plaie debourdonnets de charpie. Les
jours suivants on fait des injections. Le troisième jour, hémorrhagie considé-
rable qui va jusqu'à la syncope et qu'on attribue à l'introduction maladroite
delà canule à injection. Le sixième et le septième jour on finit d'enlever les
bourdonnets de charpie ; la suppuration diminue chaque jour et la guérison
complète ne tardera pas à s'opérer (1). »
Le kyste hydatique du petit bassin, aussi bien que eelui des
autres régions, détermine l'ulcération des organes voisins et se
met en communication avec leur cavité ; nous en avons rapporté
plusieurs exemples. Les hydatides arrivées dans la vessie, ou dans le
rectum, peuvent être évacuées complètement et la guérison en est la
suite; toutefois cette heureuse terminaison n'arrive pas fréquem-
ment. La tendance à revenir sur lui-même et à se vider est moins
grande, en effet, pour le kyste du petit bassin que pour celui des
autres régions, ce qui tient à la disposition an atomique des parties
qui ne se prêtent point au rapprochement des parois du kyste, ou
même qui s'y opposent lorsque celui-ci a contracté des adhérences.
Nous ne connaissons point d'exemple de kyste hydatique ouvert
spontanément dans la cavité du péritoine ou du vagin, ni dans celle
de l'utérus.
La rigidité des parois de ce dernier organe s'opposerait sans doute
à l'évacuation des hydatides qui arriveraient dans sa cavité.
Il existe un cas dans lequel la cavité utérine était en communi-
cation avec celle d'une tumeur hydatique par le moyen des trompes,
mais il ne paraît pas qu'aucune hydatide fût sortie du kyste. Voici
le fait :
Obs. CLXV (Barré).
XVI. — « M. Barré lit l'observation d'un kyste kydatique d'un volume
énorme développé dans le bassin. L'utérus est appliqué sur sa face antérieure
et lui est intimement uni. Les trompes et les ovaires sont en grande partie
confondus avec les parois du kyste ; la cavité de ce dernier et celle de l'utérus
(1) Roux, Tumeur hydatique formée dans le petit bassin et guérie par l'opéra-
lion (Journ. de méd. de Séd.iltot, 1828, t. CIII, p. 287; — Clinique des hôpitaux,
t. H, n" 46; — Cruveilhier, ait. Acéphalocyste, p. 257; — Charcot, Mém. cit.).
520 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉltEUSES
communiquent ensemble au moyen des trompes. Le rectum est adhérent à la
partie postérieure et gauche de la tumeur. Le kyste contient un nombre im-
mense d'acépbalocystes, dont le volume varie de celui d'un œuf de dinde à
celui d'une noisette; le liquide a l'aspect du pus séreux. Un kyste hydatique
semblable, mais beaucoup moins volumineux, existe dans la rate (1). »
Le kyste hydatique du petit bassin peut encore s'ouvrir au de-
hors; circonstance rare, il est vrai, à cause de l'épaisseur des parois
de cette région. Nous n'en connaissons qu'un seul cas :
Obs. CLXVI (Sibille).
XVII. — « Un régisseur de terres, âgé de quarante-huit ans, attaqué
d'une rétention complète d'urine, fil appeler M. Sibille pour y remédier : il se
plaignait d'épreintes, de douleurs violentes à la vessie et au fondement; il
avait le hoquet, des envies continuelles de vomir, et faisait de vains efforts
pour uriner et pour aller à la selle. Au moment où M. Sibille se disposait à le
sonder, il fit un cri perçant avec de grands efforts, et se plaignit d'une espèce
de déchirement à la région inférieure du bassin, où il porta la main pour
résister, disait-il, à ce qui poussait de dedans au dehors. Une tumeur de la
forme d'un cervelas se manifesta en cet endroit ; elle s'étendait de la tubéro-
sité de l'ischion du côté droit vers la racine du scrotum. Les douleurs cessè-
rent aussitôt; les urines s'écoulèrent naturellement, en abondance et sans
peine, puis la tumeur fut moins saillante; quelques heures après elle reparut
dans le même état ; elle diminua encore lorsque le malade eut uriné.
» M. Sibille, pensant que c'était une hernie de vessie, tenta la réduction et
appliqua un bandage ; le malade ne put le supporter longtemps. La tumeur
resta fixée an périnée; pour qu'elle fût moins comprimée lorsque le malade
montait à cheval, on fit faire une cavité à la selle. Malgré cette précaution,
les téguments qui recouvraient la tumeur devinrent d'un rouge livide, et il
s'y fit une ouverture par laquelle M. Sibille aperçut et toucha un corps rond,
blanchâtre, mou, qui proéminait au dehors, mais qui était adhérent aux par-
ties voisines. Ce chirurgien agrandit l'ouverture, en incisant du côté de l'anus
et vers le scrotum ; après avoir séparé les adhérences latérales, il vit sortir
une hydalide de la grosseur d'un œuf, qui, s'étant crevée, laissa écouler une
humeur semblable à du petit-lait clarifié. Nombre d'hydalides sortirent en-
suite par la même ouverture, en différents temps et dans l'espace de plusieurs
semaines; les unes étaient de la grosseur d'un petit œuf de poule, d'une noix,
et elles se crevaient ordinairement en passant par l'ouverture du périnée ;
d'autres, de la grosseur d'avelines ou de pois, sortaient entières. M. Sibille en
a fait voir plusieurs à M. Petit, médecin de Soissons , et en a envoyé une
grande quantité à l'Académie; par un calcul aussi exact qu'il a pu le faire, il
a pensé qu'il en était sorti environ douze cents. Il n'a jamais passé d'urine
(1) Barré, Bull. Soc. anal-, 24 avril 1828, p. 91- Paris, 1831.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 521
dans le périnée, et le cours de ce liquide a toujours été libre et naturel par
l'urèthre depuis l'apparition de la première tumeur. L'ouverture du périnée
s'est fermée ; et, quelque temps après la guérison, M. Sibille sentit encore
des hydatides en cet endroit, lesquelles étaient mobiles et pouvaient être re-
poussées dans le bassin. Comme le malade n'en était pas incommodé, et
qu'elles ne l'empêchaient pas de vaquer à ses affaires, ni de monter à cheval,
il ne voulut point qu'on en facilitât l'issue par une nouvelle incision (1). »
La situation plus ou moins profonde du kyste dans le petit bassin
est sans doute la condition principale qui détermine des accidents
plus ou moins prompts et plus ou moins graves : certains kystes,
bien que peu volumineux, ont apporté un obstacle au cours des urines
ou des matières fécales, tandis que d'autres, beaucoup plus con-
sidérables, n'avaient occasionné ni douleurs, ni désordres dans
les fonctions des organes pelviens , lorsque leur existence a été
révélée par l'autopsie. Parmi ces derniers, l'on compte surtout des
kystes développés vers le sommet de la vessie ou vers le détroit
supérieur du bassin.
Une autre condition , qui doit déterminer des accidents assez
prompts, se trouve dans les adhérences que contracte le kyste,
adhérences qui s'opposent à son ascension vers la cavité abdomi-
nale.
Le kyste hydatique du petit bassin ne pourrait guère être confondu
avec un abcès de cette région ; il le serait plus facilement chez la
femme avec une tumeur sanguine, mais la formation de cette tumeur
s'accompagne ordinairement de malaise , de troubles menstruels, de
métrorrhagie ou de suppression des règles, de douleurs dans le bas-
ventre, qui s'exaspèrent par les mouvements. En outre, il y a dans
l'économie de la malade un trouble général qui se manifeste par un
amaigrissement rapide, par la pâleur de la face, l'altération des
traits, la mollesse et la flaccidité des chairs, et par la teinte que
prend ordinairement la peau après une hémorrhagie abondante.
Les tumeurs fibreuses ou cancéreuses seront facilement distin-
guées par leur consistance. La ponction exploratrice pourra seule,
dans la plupart des cas, établir la distinction entre un kyste séreux
et un kyste hydatique; à défaut de la sortie des échinocoques, de
leurs crochets ou de quelque portion du ver vésiculaire, la compo-
sition du liquide extrait établirait cette distinction.
(1) Communiqué à l'Académie de chirurgie, en février 1755, par Sibille, chi-
rurgien à Long-Pont, près de Soissons. — Chopart, ouvr. cil., t. II, p. 146-
522 AFFECTIONS VliRMlNEU'SES des (;\vni:s sÊREtfSES
Lorsque le kyste a acquis un grand volume, il peut, faire saillie
au dessus du pubis et être reconnu par la palpatiori H la percussion
de lu paroi abdominale; eu même temps, le toucher rectal ou vagi-
nal l'ait reconnaître une lumeur lisse, arrondie, indolente dans la,
cavité pelvienne. La lluctuation ou le frémissement liydatique pour-
ront quelquefois être perçus, et ce dernier signe sera pathognomo-
nique. Dans le cas suivant, observé' par M. Rayer et rapporté par
M. Brun dans sa thèse inaugurale, le diagnostic a été établi d'après
l'existence de ce phénomène :
Obs. CLXVII (Brun).
XVIII. — « Le nommé Kurth, âgé de quarante ans, cordonnier, d'une
bonne constitution et d'un tempérament sanguin et lymphatique, éprouva
sans cause connue, en 1828, de la pesanteur dans le bas-ventre accompa-
gnée parfois de coliques. On reconnut dans la fosse iliaque gauche, l'exis-
tence d'une tumeur grosse comme le poing, indolente à la pression. Les bains,
l'onguent mercuriel employés alors, ne purent la dissoudre. Les choses en
restèrent là jusqu'en 1834 ; à cette époque, Kurth fut pris de fièvre, de soif,
d'inappétence et de douleur à l'endroit de la tumeur, qui jusqu'alors ne l'avait
guère tourmenté.
» A son entrée à l'hôpital de la Charité, le 7 avril, on constate en effet
dans la fosse iliaque gauche l'existence d'une tumeur plus volumineuse que
le poing, s'étendant jusqu'à l'hypogastre. Elle est arrondie, immobile, fluc-
tuante, un peu douloureuse à la pression ; elle est d'ailleurs séparée nette-
ment du foie, qui paraît entièrement sain. Quand on percute la tumeur, il
semble qu'on frappe sur un ressort élastique, et l'on provoque en même temps
une sorte de frémissement ou de collision. L'auscultation et la percussion
combinées font entendre un son analogue à celui d'un tambourin. Le lende-
main, à la suite de coliques vives suivies d'un pressant besoin d'aller à la
selle, le malade rend par l'anus un liquide purulent mêlé de déhris hydali-
ques; les hydatides entières avaient probablement le volume d'une noix.
Peu après cette évacuation, les coliques cessent, la douleur diminue, la
tumeur s'affaisse incomplètement; des hydatides déchirées sont encore ren-
dues pendant plusieurs jours. Le malade, complètement soulagé, demande
bientôt à sortir de l'hôpital; à cette époque, chose à noter, la tumeur n'avait
pas complètement disparu, malgré les pressions réitérées qu'on avait exercées
sur l'abdomen.
» Kurth resta un mois hors de l'hôpital, sans éprouver aucun accident no-
table. Mais, au bout de ce temps, la tumeur augmente, reprend son premier
volume et devient de nouveau douloureuse. (Saignées locales et générales,
bains.) A cette époque aussi, delà constipation se manifeste; une urine trouble,
blanchâtre, laissant déposer un précipité purulent, est rendue avec difficulté;
des gaz sortent en même temps par l'urèthre. L'ischurie cède au bout de
NATURELLES OU ADVENTIVKS. — HYDATIDES. 523
quelques jours, sous l'influence d'émissions sanguines locales, et avec elle la
douleur à la pression dans la région du kyste, laquelle s'était de nouveau ma-
nifestée. Les urines redeviennent normales, les hydatides cessent de repa-
raître dans les selles et le malade sort vers le milieu de juin. Il porte encore
dans la fosse iliaque une tumeur dure et indolente (1 ). »
Nous ne ferons qu'une simple énumération des cas dans lesquels
les hydatides du petit bassin n'ont donné lieu à aucun accident et
n'ont été reconnues que par l'autopsie, ainsi que de ceux qui ont été
trouvés à la dissection du cadavre.
Obs. CLXVIII (Beacvais).
XIX. — Homme; point de renseignements sur la maladie; un kyste hy-
datique dans le foie, un autre dans la rate ; deux kystes dans le petit bassin,
l'un en arrière, l'autre à droite du rectum (2).
Voyez les cas rapportés ci- dessus de : Turner (obs. LXXVII), kyste dans
le bassin ; — Wunderlich (obs. X), kyste dans le mésorectum ; — Guerbois
et Pinault (obs. CIV), kyste du tissu cellulaire qui revêt les vésicules sémi-
nales; — ■ Robin et Mercier (obs. LXXXI), un kyste sous le péritoine de
chaque côté de la vessie; : — ■ Richter (obs. Cil), sous le péritoine qui revêt la
partie supérieure de la vessie; — Budd (obs. CI1I), même situation ; — Charcot
et Davaine (obs. CV), kyste entre la vessie et le rectum.
Le cas de Mesnet, dont |nous parlerons au traitement (obs. CCXCI), kyste
de la grosseur d'un œuf de pigeon dans le cul-de-sac recto- vésical, sous le
péritoine de la vessie.
Parmi ces vingt-sept cas de kystes hydatiques, plusieurs n'ont été
reconnus qu'à l'autopsie, chez des individus qui n'en avaient proba-
blement pas souffert; d'autres ont été trouvés sur des cadavres que
l'on disséquait.
Dans la plupart des cas, dix-sept fois au moins, il existait plu-
sieurs kystes, soit dans le petit bassin même, soit aussi dans
d'autres organes; — deux fois les kystes semblent s'être développés
primitivement dans l'ovaire; — une fois de la vésicule séminale ; —
cinq ou six fois de la vessie, dans le tissu cellulaire extra-périto-
néal. Quelques-uns avaient acquis un volume considérable.
Dans vingt deux cas, les kystes étaient intacts , sur lesquels trois
ont été ouverts dans le vagin par le bistouri, un par le trocart.
(1) Brun, Thèse de Paris, 1834, n° 238, p. 37 ; — Rayer, ouvr. cit., t. III,
p. 552, note. — Charcot, Mém. cit.
(2) Bull. Soc. anal., 1845, p. 73, et Charcot, Mém. cil.
52i AFFECTIONS VERMINE USES DES CAVITÉS SÉREUSES
Cinq fois, les kystes se sont ouverts spontanément, l'un à travers
le périnée, deux dans la vessie, un dans le rectum et un autre dans
ces deux derniers organes successivement.
Cinq malades seulement ont été guéris : trois femmes dont le
kyste a été ouvert par le vagin ; les deux autres malades n'ont obtenu
qu'une guérison incomplète.
On voit, d'après ces faits, que les hydatides qui ont pour siège
le petit bassin doivent être comptées parmi les plus graves.
SIXIEME SECTION.
HYDATIDES DE L'APPAREIL URINAIRE.
Les hydatides des reins sont rares; M. Rayer, dans son Traité
des Maladies des reins, en a fait l'histoire et en a rapporté plusieurs
observations nouvelles (1).
L'un des reins est ordinairement seul affecté. Le kyste est géné-
ralement unique et , dans sa cavité, les hydatides sont presque tou-
jours multiples. Les parois du kyste sont fermes et fibreuses, quel-
quefois fibro-cartilagineuses ou crétacées; son contenu peut subir
les transformations et les altérations dont nous avons déjà parlé.
La poche hydatique , en se transformant , s'arrête quelquefois
dans son accroissement, et même elle subit un retrait considérable
dans son volume, ce qui en amène la guérison ; mais, plus souvent,
elle continue de s'accroître et forme une tumeur considérable, qui
produit une distension générale ou partielle du rein et l'atrophie
plus ou moins complète de la substance de cet organe. La partie du
rein occupée par un kyste hydatique volumineux, prend quelquefois
une teinte jaunâtre chamois; souvent alors le bassinet est confondu
et réuni avec le kyste par des pseudo-membranes organisées , par-
courues d'un grand nombre de vaisseaux. La coupe de la tumeur
montre ordinairement les dispositions suivantes : à l'extérieur, elle
est formée par les subtances rénales atrophiées et anémiques, dis-
tinctes encore dans quelques points et, en quelques autres, réduites
à une simple trame celluleuse infiltrée ça et là d'une matière jau-
nâtre accidentelle; à l'intérieur, par un kyste à parois fermes, dont
M) P. Rayer, Traité des maladies des reins. Paris, 1841, t. III, p. 54.
NATUHELLES OU ADVENTIVtiS. — HYDATIDES. 525
la surface interne est un peu inégale et jaunâtre, et offre quelquefois
des brides celluleuses plus condensées que les parois.
Les kystes hydatiques du rein peuvent rester longtemps sans déter-
miner de lésions autour d'eux, mais ils finissent presque toujours par
causer l'inflammation ou l'ulcération des parties voisines et par se per-
forer; quelquefois ils s'ouvrent une issue à l'extérieur dans la région
des lombes, d'autres fois dans l'intestin sans doute, mais nous n'en
connaissons pas d'observation certaine; ils pénètrent dans la poitrine
et s'ouvrent dans les bronches. Dans ces différents cas, les hydatides
sortent par une fistule lombaire , par les garderobes , ou bien elles
sont expectorées par des efforts de toux. Le plus souvent, les kystes
hydatiques des reins contractent des adhérences avec les parois du
bassinet et s'ouvrent dans sa cavité. •■ Alors les plus petites hyda-
tides ou les débris des plus grandes , et une certaine quantité de
l'humeur séreuse ou séro-purulente du kyste , sont rendus avec
l'urine. L'expulsion des hydatides n'a jamais lieu sans quelque acci-
dent; il survient de la douleur dans la région rénale, et parfois une
rétention d'urine , occasionnée par l'obstruction du bassinet , de
l'uretère ou de l'urèthre, dans lesquels un ou plusieurs de ces corps
étrangers se sont arrêtés (Rayer). » Par suite des rétentions d'urine
passagères et répétées ou plus ou moins continues, l'uretère et le
bassinet se dilatent , les mamelons de la partie du rein restée saine
s'affaissent et une poche d'une autre nature peut ainsi se former à
côté de la première.
Les kystes hydatiques intacts n'occasionnent point ordinairement
d'accidents ou de gêne autre que celle qui résulte de leur volume
plus ou moins considérable. Lorsqu'ils se sont ouverts dans les ca-
lices ou le bassinet, les hydatides qui s'introduisent dans l'uretère,
l'obstruent momentanément et déterminent les accidents communs
aux corps étrangers engagés dans ce conduit, c'est-à dire l'ischurie,
les coliques néphrétiques, les hoquets, les nausées, les vomisse-
ments ; par fois elles causent, en s'arrêtant dans l'urèthre, la réten-
tion d'urine , des douleurs vives dans la vessie, dans son conduit
excréteur , phénomènes qui cessent par l'expulsion des hydatides
avec l'urine. Plus ou moins longtemps après leur expulsion, s'il
survient de nouvelles douleurs, soit dans la région rénale, soit dans
le trajet des uretères ou de l'urèthre, il est à présumer que de nou-
velles vésicules ou que des caillots fibrineux sont la cause de ces
accidents.
Les kystes hydatiques intacts, développés dans le rein ou dans le
f)26 AITKCIIONS VKHMINI.OSK.S DKS CAVll'KS SKKKIJSKS
voisinage, forment une tumeur qui a beaucoup d'analogie avec celle
de la pyélite chronique ou d'une bydro-néphrose ; le frémissement
hydatique, s'il existait, pourrait les en distinguer. 11 n'est point tou-
jours possible de reconnaître si ces kystes appartiennent au rein ou
au foie; •• il est à remarquer cependant que ces derniers sont plus
ordinairement situés plus en avant et qu'ils sont plus évidemment
continus avec le bord tranchant du foie ; néanmoins les kystes acé-
phalocystiques des reins sont quelquefois tellement soudés avec le
foie par leur partie supérieure qu'ils paraissent faire corps avec cet
organe. Dans les cas obscurs, quelques circonstances particulières,
l'existence antérieure d'un ictère ou d'un dérangement fonctionnel
des reins, pourront quelquefois éclairer le diagnostic; mais il faut
convenir que, hors les cas où la tumeur rénale forme une voussure
aux lombes et se prolonge vers la fosse iliaque , il est difficile de
préciser le siège de la tumeur (Rayer). «
L'expulsion des hydatides détermine la nature de la tumeur lom-
baire; elle indique encore que cette tumeur n'appartient point au
foie; néanmoins il est nécessaire d'observer que les hydatides
expulsées avec l'urine peuvent venir d'un kyste situé dans d'autres
parties que le rein.
« Si l'on en juge par la marche de la maladie, dans la plupart des
cas de kystes acéphalocystiques des reins qui ont été publiés jus-
qu'à ce jour, le pronostic de ces espèces de tumeurs serait générale-
ment moins grave que celui des tumeurs rénales formées à !a suite
des py élites. Les kystes acéphalocystes des reins ont , comme ceux
qui se développent dans les autres organes, une grande tendance
à se perforer et à revenir sur eux-mêmes lorsqu'ils se sont complè-
tement vidés; aussi les exemples de guérison de tumeurs rénales,
après l'évacuation d'hydatides par les voies urinaires, ne sont-ils
pas très rares; mais, dans un cas donné, on ne peut préjuger l'épo-
que à laquelle une semblable évacuation aura lieu (Rayer). »
Les auteurs qui ont observé des hydatides rendues avec les urines,
se sont souvent bornés à une simple mention du fait; il est à croire
que, dans le plus grand nombre de ces cas, les vers vésiculaires pro-
venaient des reins. Les observations les plus intéressantes ont été,
pour la plupart , relevées et rapportées in extenso dans l'ouvrage
cité de M. Rayer. Nous n'en donnerons ici qu'une indication som-
maire ; celles qui sont d'une date plus récente seront rapportées avec
plus de détails.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDËS. 527
CHAPITRE PREMIER.
HYDATIDES DES REINS AYANT DÉTERMINÉ LA MORT.
A. — Kyste du rein sans communication avec le bassinet ou l'uretère.
Obs. CLXIX (Baillie).
I. — a Baillie cite le cas d'un soldat dont le rein, converti en un sac ca-
pable de contenir au moins trois pintes de liquide, était rempli d'hydatides de
diverses dimensions, depuis celle d'une tête d'épingle jusqu'à celle d'une
orange; une partie du rein avait conservé sa structure naturelle (4). »
Obs. CLXX (Duncan).
II. — « Duncan a trouvé, à l'ouverture du cadavre d'un homme âgé de
quarante-huit ans qui était sujet à des douleurs néphrétiques et à la gravelle,
les reins très volumineux et remplis d'un grand nombre d'hydatides (2). »
Obs. CLXXI (Rippault).
III. — « M. Rippault présente des acéphalocystes développés dans un
kyste appartenant au rein droit. Elles sont en nombre considérable; quelques-
unes sont très volumineuses. Le kyste dans lequel elles étaient renfermées,
formait dans la fosse iliaque droite une tumeur qu'on avait regardée comme
étant due à un kyste de l'ovaire. Le malade urinait abondamment (3). »
Obs. CLXXII (Rayer).
IV. — Kyste contenant un grand nombre d'acéphalocystes, développé dans
la partie supérieure du rein gauche et ne communiquant ni avec le bassinet,
ni avec l'uretère (4).
Obs. CLXXIII (Lrvois et Rayer).
V. — Fille âgée de vingt-deux ans; douleurs et tumeur dans le côté
gauche ; plus tard épanchement pleurétique; mort. Tumeur énorme dansl'hy-
pochondre gauche, développée entre la capsule et le tissu propre du rein. —
Vaisseaux volumineux dans la paroi du kyste. 143 hydatides globuleuses, du
volume d'une noisette à celui du poing, contenant des échinocoques (5).
Obs. CLXXIV (Livois et Rayer).
VI. — Femme âgée de soixante-quinze ans ; gangrène sénile de la jambe
(1) Baillie, Anal, pathol., trad. par Guerbois. Paris, 1815, p. 226, et Rayer,
ouvr. cit.
(2) Duncan, The médical Repository. vol. VII, juin 1817, et Rayer, ouvr. cit.
(3) Rippault, Bull. Soc. anat., 1334, ann. IX, p. 74.
(4) Rayer, ouvr. cit., obs. I, p. 560.
(5) Livois, Ihèse citée, ob. VI, p. 111.
528 AFFliCTION'S VERMINECSES DES CAVITÉS SÉREUSES
et du pied droits; tumeur volumineuse dans l'hypochondre gauche, jamais de
douleurs dans la tumeur; sentiment do gêne. Mort par les progrès de la
gangrène.
Rein gauche transformé en un vaste kyste sur lequel l'uretère vient, se ter-
miner en cul-de-sac; immense quantité d'hydalides du volume d'un grain de
millet à celui d'un œuf de poule ; échinocoques à l'intérieur de toutes celles
qui étaient intactes (1).
VII. — Voyez encore l'observation de Duchaussoy (obs. CXV1I).
B. — Kyste du rein communiquant avec le bassinet. (Point d'expulsion d'hydatide»
pendant la vie?)
Obs. CLXXV (Desault).
VIII. — Enfant âgé de quatre ans, taillé trois jours avant sa mort, hyda-
tides et calculs rénaux (2).
C. — Kyste du rein communiquant avec le bassinet; expulsion d'hydalides
pendant la vie?
Obs. CLXXVI (Bonfigli).
IX. — « S. Bonfigli rapporte le cas d'une femme qui portait dans le flanc
droit une tumeur rénale et qui rendit, pendant l'année qui précéda sa mort,
une matière lymphatique concrète avec l'urine, matière dont les caractères
sont les mêmes que ceux des parois des hydalides. Le kyste acëphalocystique,
après s'être vidé en partie dans le bassinet, était revenu sur lui-même et était
en partie ossifié (3). »
Obs. CLXXVII (Fleuret et Desadlt).
X. — Douleur dans la région lombaire gauche ; symptômes de coliques né-
phrétiques depuis vingt ans; évacuation d'hydalides par l'urèthre, favorisée
par des pressions sur le ventre; nouveaux accidents; mort. — Rein trans-
formé en une poche membraneuse, contenant des hydatides (4).
Obs. CLXXVIII (Desault).
XI. — Douleurs dans la région rénale gauche et à la vessie, membranes
hydatiques rendues avec l'urine; mort. — Dépôt de pus dans le rein gauche;
point d'hydatides (5).
Obs. CLXXIX (Blackburne).
XII. — « Hydatides rendues avec l'urine; mort quatre ans après. — Point
(1) Livois, thèse cit., obs. VII, p. 115.
(2) Chopart, ouvr. cit., t. I, p. 144, et Rayer, ouvr. cit., obs. XII.
(3) S. BonOgli, Ephem. nat., cw., cent. IX, p. 9, obs. IV, et Rayer, ouvr. cit.
(4) Chopart, ouvr. cit., t. I, p. 148, et Rayer, ouvr. cit., obs. III.
(5) Chopart, ouvr, cit., t. I, p. 150, et Rayer, ouvr. cit., obs. IV.
NATUr.ELL!iS OU ADVtNTlVES. — HYDA I JDliS. 529
de rein droit ni d'uretère de ce côté. Rein gauche très gros; bassinet conte-
nant une pierre et plusieurs hyrlatides (1 ).
Obs. CLXXX (Mélot).
XIII. ■ — Il s'agit d'un homme âgé de cinquante-neuf ans, chez lequel on
trouva un nombre considérable de petites tumeurs sous-cutanées ou dissé-
minées dans plusieurs organes. Elles paraissaient d'une nature cancéreuse.
« Le rein gauche est converti en une espèce de coque membraneuse rem-
plie d'hydatides; l'uretère correspondant est fort dilaté, ses parois sont in-
filtrées de sérosité ; le malade avait rendu, pendant la vie, des hydatides avec
les urines. Le rein droit est sain, la vessie ne contient pas d'hydatides (2). »
D. — Kyste en rapport avec le rein et communiquant avec les bronches.
XIV, XV. — Nous avons rapporté un cas remarquable, observé par
M. Fiaux, d'un kyste du rein qui s'ouvrit en même temps dans l'uretère et
dans les bronches (obs. LXXVIU).
Dans le cas observé par Turner (obs. LXXVII), d'un kyste hydatique qui
atrophiait le rein, ce kyste s'était aussi ouvert dans les bronches.
CHAPITRE H.
HYDATIDES DEVELOPPEES PROBABLEMENT DANS LES REINS. — CAS OBSERVÉS
PENDANT LA VIE OU GUÉRIS.
A. — Kyste ouvert dans la région lombaire.
Deux observations, l'une de Jannin, l'autre de Farradesche, ont
été considérées comme des cas de kyste hydatique du rein ouvert
dans la région lombaire; mais il est probable que les kystes étaient
situés dans la paroi du tronc. (Voy. ci-après obs. CCXXVI,
CCXXVII).
B. — Kyste ouvert dans les conduits urinaires.
Obs. CLXXXI (Davis).
I. — Femme, quarante-cinq ans; douleurs néphrétiques; expulsion de
douze hydatides en plusieurs fois, hématurie. Rien sur les suites (3).
(1) Blackburoe, Lond. med. Journ., 1781, vol. I, p. 126. — Meckel, Pathol.,
anat., vol, II, sect. Il, p. 428, et Rayer, ouvr. cit., obs. XI.
(2) Mélot, Bull. Soc. anat., 1832, t. Vil, p. 49, 2" édit.
(3) Davis, Philos, transact., vol. XXII, n° 272, p. 897, et Rayer, ouvr. cit.
Va vaine. 34
530 AFFECÎIOISS VlUlMlNKUSES DES CAVITES SÉREUSES
Obs. CLXXXIi (Lossi).
II. — Homme, trente ans; grandes douleurs de reins; expulsion avec
l'urine de quinze liydatides. Rien des suites (1).
Obs. CLXXXIII (Russel).
111. — Homme, vingt-quatre ans; douleurs dans le côté gauche du ventre;
sable rouge expulsé avec l'urine ; urine sanguinolente et purulente; expulsion
d'hydatides précédée de vives douleurs. Guérison (2).
Obs. CLXXXIV( ?).
IV. — Homme; gonorrhée et douleurs néphrétiques, hématurie; expul-
sion d'hydatides avec l'urine. Rien des suites (3).
Obs. CLXXXV (Letssom).
V. — Homme, trente-deux ans; douleurs dans le rein gauche; tumeur
peu douloureuse dans l'hypochondre, fluctuation ; expulsion d'hydatides par
les urines; disparition progressive de là tumeur. Guérison (4).
Obs CLXXXVI (Leitsom).
VI. — Homme; douleurs dans le rein droit; expulsion d'hydatides par
les urines pendant dix ans. Amélioration, guérison probable (5).
Obs CLXXXV1I (Laennec).
VII. — « Une fille d'environ trente ans, d'une forte constitution, éprou-
vait depuis quelque temps des douleurs dans la région des reins, lorsqu'un
jour, en urinant, elle sentit que le jet de l'urine s'arrêtait tout à coup à plu-
sieurs reprises et ne se rétablissait que lorsqu'elle changeait de position. Le
même phénomène se manifesta le lendemain et les jours suivants. Au bout de
trois ou quatre jours, la malade rendit par l'urèthre, avec de grands efforts,
plusieurs vésicules entières et un grand nombre de fragments de vésicules
mêlés aux urines. »
Suit la description des vésicules, dont la plus grosse avait le volume d'un
œuf de poule. Rien des suites (6).
Obs. CLXXXVIII (Aulagnier).
VIII .—Homme ; difficulté d'uriner depuis longtemps ; urines fétides et glai-
reuses : douleur dans la région lombaire; gonflement à la région du rein
(1) Lossi, op. cit., lib. IV, obs. LVIII, et Rayer, ouvr. cit.
(2) Medic. observ. and inquir. London , 1767, t. III, p. 146, et Rayer, ouvr.
cit., obs. V.
(3) Collect. académ., t. X, p. 65, et Rayer, ouvr. cit., obs. VI.
(4 et 5) Letlsom, Two cases of hydatids rénales, in Mem. of the med. Society
of London, 1789, vol. II, p. 33.
(6) Laennec, Mém. cit., obs. III, p. 148.
NATURELLES OU AbVËNTlVËS. — HVDATIDJiS. 531
gauche; traitement antisyphilitique ; évacuation d'hydatides avec les urines.
Guérison (1).
Obs. CXXXIX (Moreâu).
IX. — Homme, vingt-six ans ; douleurs depuis deux ans dans la région
lombaire droite ; expulsion d'hydatides par l'urèthre. Guérison par l'emploi
de la térébenthine (2).
Obs. CXC (Bérard).
X. — 25 juin 1 831 . Homme âgé de quarante ans, rendant depuis trois ans
par les urines des acéphalocystes, précédées par des douleurs vives dans
la région lombaire gauche. Expulsion à des époques variées, dépassant rare-
ment un mois. Les plus petites ont trois lignes de diamètre, les plus grosses
ont le volume d'un œuf de pigeon. Ces dernières sortaient ordinairement
rompues ou fort allongées. Point de rétention d'urine. Expulsion souvent pré-
cédée de douleurs dans la région lombaire gauche. Point de tumeur appré-
ciable. Les diurétiques amenaient l'expulsion d'une plus grande quantité
d'hydatides. Rien des suites (3).
Obs. GXCI (H. Barker).
XI. — « A. F..., âgé de vingt-huit ans, plombier, peintre et vitrier,
reçut mes soins le 17 décembre 1 853 ; il avait une douleur sourde dans les
reins, particulièrement du côté gauche, des envies fréquentes d'uriner et une
légère difficulté dans cet acte. L'urine n'était pas très foncée et ne déposait
pas par le refroidissement ; sa densité était de 1 020. Traitant ce cas comme un
lumbago, je prescrivis simplement dix doses d'eau légèrement alcaline
» Le 22 décembre, le malade me dit qu'au commencement de la nuit, il
avait éprouvé une difficulté à uriner plus grande que jamais et. que, pendant
plusieurs heures, il n'avait pas rendu une seule goutte d'urine ; enfin que le
matin il avait rendu quatre vessies gélatineuses, ce qui lui avait produit un
soulagement instantané: c'étaient des hydatides. Il se rétablit au point de re-
prendre ses travaux pendant l'été de 1854, n'ayant d'autre souffrance qu'une
envie fréquente d'uriner.
» Le 1 0 septembre, il rendit six de ces vésicules, mais avec moins de don-
leur et de difficulté que la première fois, résultat qu'il attribuait à dix gouttes
d'huile de térébenthine que je lui avais prescrites et qui avaient beaucoup
accru la diurèse. L'urine, après le passage des vésicules, étant légèrement
teinte de sang, je recommandai la continuation du médicament déjà prescrit,
(1) Aulagnier, Journ. gén. de méd. de Sédillot, 1816, t. LVI, n° 236, p. 168 et
173, et Rayer, obs. VII.
(2) Moreau, médecin à Vitry-le-Français, Biblioth. méd., sept. 1820. — Journ.
gén. de méd. de Sédillot, t. LXXV, p. 226, et Rayer, obs. VIII.
(3) Gaz. det hôpitaux, 1832, t. VI, p. 297.
f>32 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
njoulant seulement à chaque dose un demi-scrupule de sesquicarbonate do
soude.
» Le K) novembre, il rendit quatre vésicules; l'urine no devint pas rouge
à la suilo. Le passage de ces vésicules était cependant précédé par une forte
douleur dans la région du rein gauche, par l'émission de plusieurs caillots de
sang et par une diflicullé considérable à uriner. En cette circonstance, il prit
dix-neuf gouttes de térébenthine en deux heures, mais à doses fractionnées.
Bientôt après avoir pris ce médicament, la douleur du rein gauche cessa sou-
dainement et en même temps le malade éprouva une sensation de quelque
chose qui se brise dans le rein. Il se plaignit ensuite d'une douleur dans la
région iliaque gauche qui persista pendant plusieurs heures et qui cessa aussi
soudainement que la première. Après cela, toutes les émissions d'urine furent
accompagnées de douleurs dans l'urèthre qui annonçaient l'expulsion de vé-
sicules par ce canal. Celles qui passèrent alors étaient plus volumineuses que
les précédentes ; après leur expulsion toute douleur cessa, le malade revint à
la santé et ne conserva plus qu'une douleur passagère dans la région lom-
baire, particulièrement du côté gauche, depuis la date indiquée (1 6 novembre)
jusqu'au 9 décembre de la même année.
» Le 9 décembre, il rendit cinq vésicules toutes d'une plus petite dimen-
sion que les précédentes ; il n'en évacua plus d'autres jusqu'au 31 décembre;
ce jour-là, il s'éveilla avec une douleur aiguë dans la région des reins et avec
tous les symptômes qu'il avait déjà éprouvés le 1 6 décembre. Dans la journée,
il ne rendit pas moins de vingt vésicules, savoir : une à huit heures du matin,
onze à une heure du soir, cinq à sept heures du soir, et trois à onze heures
du soir. Auparavant et depuis lors le nombre des vésicules rendues n'a jamais
été de onze à la fois. Ces corps qui se succédaient rapidement avaient quel-
quefois la grosseur d'une petite noix. L'urèthre resta sensible pendant quel-
ques jours, mais la douleur des reins était beaucoup moindre.
» Le 1er janvier 1 85S, une seule vésicule fut rendue le matin. Le 2, il en
sortit deux autres, une le 3, et deux le 10. Depuis celte date (10 janvier)
jusqu'au 23 juillet, tous les phénomènes décrits ci-dessus n'ont jamais com-
plètement cessé. Le nombre des hydatides rendues dans cet intervalle fut de
soixante et dix à quatre-vingt. Le 23 juillet, le malade rendit une grande vési-
cule ; le 9 novembre, il rendit une membrane qui parut être une portion d'une
grande hydatide; le 1 1 , il en rendit une entière et de grosseur moyenne. Depuis
cette date jusqu'aujourd'hui (8 décembre) aucune autre vésicule ne fut rendue.
Le malade continue à prendre des médecines diurétiques, et lorsque la dou-
leur est plus violente que d'habitude, il prend une dose de térébenthine.
» Avant le 23 juillet, la douleur dans la région iliaque que le malade com-
parait à quelque chose qui se détache, et que j'attribue au passage des vési-
cules de l'uretère dans la vessie, cessait quelquefois tout à coup. Elle était
toujours restée confinée dans le côté gauche; depuis cette date, le soulagement
n'a pas été aussi fréquent ni aussi complet, en sorte que le malade s'attend
journellement à rendre de nouvelles vésicules. Dernièrement, il ressentit des
NATURELLES OU ADVEM1VES. — HYDATIDES. 533
douleurs dans la région du rein droit; mais l'examen le plus attenlif ne fit
découvrir aucune tuméfaction des parties (1). »
Obs. CXCII (J. J. Évans).
XII. — « M... S .., âgée de vingt-six ans, fille et couturière, de stature
petite et délicate et dont les parents étaient morts jeunes, me consulta pour la
première fois en novembre 1 847, après avoir eu les soins d'un autre médecin.
Elle se plaignait d'une douleur aiguë dans le côté droit, au-dessous du rebord
des côtes; cette douleur était par moments très vive et par moments obtuse.
Elle avait des envies de vomir presque continuelles et ne pouvait supporter la
moindre compression ni sur le côté, ni à l'épigastre. D'après l'examen et la
nature des sécrétions, je pensai qu'il s'agissait d'une affection bilieuse. En
conséquence je prescrivis des purgatifs mercuriaux. Je ne trouvai qu'un léger
gonflement du côté malade. Un ou deux jours après, la douleur et les nausées
ayant diminué, elle quitta le lit et reprit ses occupations ordinaires. Le jour
suivant, elle éprouva beaucoup de difficulté à rendre ses urines, dont la quan-
tité avait diminué depuis quelques jours, et eile observa que cette urine était
légèrement opaque au moment de l'émission et qu'elle contenait des lambeaux
de membranes. L'examen de ces lambeaux me fit découvrir des fragments de
vésicule appartenant à une grande hydatide, tandis que beaucoup de petites
flottaient dans l'urine ; ces dernières étaient entières et variaient de la dimen-
sion d'une tête d'épingle à celle d'un grain de raisin; elles étaient libres et
isolées. D'après la grandeur des lambeaux, je dois conclure que quelques-
unes des hydatides étaient de la grosseur d'un œuf. La malade paraissait
assez bien et je cessai de la traiter, lui ayant expliqué la nature de sa ma-
ladie et la possibilité d'une récidive.
» En février 4 850, je la trouvai souffrant d'une forte douleur dans le côté-
l'examen me fit constater l'existence d'une tumeur lobulée, ayant en appa-
rence 8 pouces de longueur sur 4 de largeur et d'épaisseur, tumeur située
dans la région du rein droit. — Après l'usage de médicaments anodins et
émollients, elle dimii ua graduellement, quoique là douleur du côté persiflât.
Le jour suivanl, plusieurs centaines d'hydalides furent rendues avec les
urines.
» En mai 1854. la malade eut u> e nouvelle at'aque, mais ell-' ne rendit
que quelques hvdali les. En nirirs 1853, en fé.rier et juillet I Soi, ell« eut
d'autr s • eclmle-i. Celte dernier* f« i>, elle rendit \ giand no-i l>ie o hyda-
tides dn1 quelques-unes avaient u"e gros.-eur cotK-idérab'e. I. ui.e d'eues
avait lel'ement obsln.é l'uièihrp q'nl f ail- . en .ai.e l'extia.t on. La tumeur
située dais lecôéavaii comp éte.nent di-paru et n'a pas repaïuj sju'a ( ré-
senl (novembre 1855) (2); »
(I) T Hcrlrrt Barker, On cyslic eiUozoï in Ihs human kid..ey, read before Ihe
med. Suc. ol Londun, 15 décembre 18j5.
(2j J.-J. Evans, in Herbert Barker, Mém. cit., p. 10.
f>34 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
C. — Kyste du rein ? ouvert dans les conduits urinaires et l'intestin.
XIII, XIV. — Voyez le cas de Pascal (obs. CXLIII) et celui de Barthez
(obs. CXLIV).
D. — Kyste ouvert dans la vessie.
(Voyez section V. — Hydatides du petit, bassin.)
E. — Hydatides rendues avec l'urine ; origine inconnue.
Obs. CXCIII et CXCIV (Warthon ; — Houillier).
XV, XVI. — < Houillier dit avoir vu un homme qui, après plusieurs
jours de vives souffrances, rendit avec les urines des globules transparents en
forme de gelée ; Warthon a vu aussi des hydatides être rendues avec
l'urine (4). »
Obs. CXCV (Duncan).
XVII. — Ouvrier, vingt-sept ans ; sentiment de faiblesse dans la région
lombaire droite; fragments d'hydatides rendus avec l'urine, il y a un mois;
plusieurs sont rendus dans le cours du mois suivant ; une vésicule intacte en
contenait une autre à l'intérieur. Urines normales. Rien des suites (2).
Obs. CXCVI (Brachet).
XVIII. — « Un homme, âgé de vingt-huit ans, ayant jusque-là joui d'une
bonne santé, fut tourmenté de douleurs hypogastriques et d'ischuries qui se
terminaient par un gros jet d'urine. M. Brachet constata que ce gros jet
d'urine qui terminait les ischuries était une émission d'hydatides. Une fois, une
douleur très vive étant causée par une hydatide arrêtée dans le canal, ce mé-
decin perça la poche membraneuse avec une sonde à dard, et l'émission
d'urine se fit librement (3). »
Obs. CXCVII (Barthez).
XIX. — « M. Barthez fait voir des lambeaux d'hydatides rendus avec le*
urines et venus probablement des reins (4). »
Obs. CXCVIII (Mùller et Hecker).
XX. — Miïller a vu un cas où des échinocoques, venant sans doute des
(1) Warthon, Adenographia, 1856, in-8. — Hollerii, Op., lib. I, De morbis
internis. Paris, 1664, cap. 50, et Rayer, ouvr. cit., p. 558.
(2) Duncan, Liverpool medic. Journ., juillet 1834, et Gaz. des hôpitaux, 1834,
t. VIII, p. 605.
(3) J.-L. Brachet, Obs. sur une émission d'hydatides avec les urines (Revue mé-
dicale, 1831, t. IV, p. 105; extrait des Transactions médicales, septembre 1831).
(4) Barthez, Bull, Soc. anal., 1836, p. 172.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 535
reins, furent rendus avec l'urine. Le malade était traité par le professeur
Hecker. Point de renseignements sur la maladie (I).
Obs. CXCIX (docteur Jones, de Londres).
XXI. — «M. Jones montre à la Société pathologique de Londres des hy-
datides expulsées avec l'urine, les unes entières et grosses comme des noi-
settes, les autres rompues; elles contenaient des échinocoques. Les hydatides
parurent après neuf jours de phénomènes graves ; quatre jours après, il en
parut une autre; il ne reste plus maintenant dans l'urine que de l'oxalale de
chaux. » Absence de détails sur la maladie (2).
Obs. CC (Fleckes).
XXII. — Hydatides de la vessie? (3).
F. — Hydatides (ou cysticerques?} rendues avec l'urine.
Obs. CCI (Parmentier).
XXIII. — « Parmentier a publié un cas d'hydatides des reins rendues
par l'urèthre, observé chez un jeune homme de vingt ans qui finit par se ré-
tablir après l'évacuation d'un grand nombre d'hydatides La pression de
ces vers avec le doigt, dit M. Parmentier, en faisait saillir la tête dont il me
fut facile de distinguer au microscope la forme et les annexes (4). »
Obs. CCII (Weitenkampf).
XXIV. — «Une jeune fille de vingt-deux ans, bien réglée, qui souffrait depuis
longtemps d'un catarrhe chronique de vessie, fut prise subitement, par suite
d'un refroidissement, d'une aphonie complète avec douleur dans le larynx et
dans la trachée, sans fièvre. Des moyens révulsifs puissants la réiablirent
complètement, mais à cette maladie succéda une très grande difficulté dans
l'émission de l'urine, avec strangurie, phénomènes qui persistèrent jusqu'à ce
que la malade rendît tous les quatre ou cinq jours une quantité notable d'hy-
datides par l'urèthre. Elles variaient, depuis la grosseur d'un pois jusqu'à
celle d'une noisette, et leur nombre était de 50 à 60: l'inspection avec la
loupe prouva qu'elles étaient vivantes . Après chaque éjection, la strangurie
cessait pour reparaître bientôt après, et persister jusqu'à ce qu'une nouvelle
quantité d'hydatides eût été rejetée. Cela dura plusieurs mois, et les forces
de la malade diminuèrent considérablement. Un régime fortifiant combiné avec
(1) J. Mûller, Archiv fur Anatomie und Physiologie, 1836, et Livois, thèse cil.,
obs. II.
(2) Jones, Mém. cit., p. 311.
(3) Fleckes, Wiener medicinische Wochenschrifl, 1855, n° 3, 9, indiqué dans
Gaz. hebdom., avril, 1855.
(4) Parmentier, Nouv. Biblioth. méd., 1829, t. IV, p, 412. cité par Rayer,
p. 558, 559.
536 AFFECTIONS VERMINLUSF.S DES CAVITES SÉREUSES
les anthelminthiques Fut employé avec succès, et la malade guérit tout à
fait par l'usage de l'huile de Chabert (l). »
t Le docteur Créplin, dit M. Rayer, frappé de celte dernière circonstance
(qu'elles étaient vivantes), demanda des renseignements plus précis au doc-
teur Weitenkampf, desquels il sembla résulter que ces hydalides étaient des
cysticerques (2). »
Les cysticerques développés dans le parenchyme des organes,
chez l'homme, étant généralement isolés dans un kyste, il serait
difficile de comprendre qu'ils se présentassent en grand nombre dans
les urines.
SEPTIÈME SECTION.
HYDATIDES DES ORGANES SUPERFICIELS.
Les hydatides se développent rarement dans les parois du tronc
et plus rarement encore dans les membres; elles sont également
très rares dans les organes placés superficiellement, tels que ceux de
la face et les organes génitaux extérieurs.
A. — Hydatides des annexes de l'œil.
Nous rapporterons, à propos des affections vermineuses de l'œil,
plusieurs observations d'hydatides développées dans l'intérieur
même du globe oculaire. Les cas de ces vers, observés dans l'orbite
ou dans les paupières, sont rares, et probablement quelques-uns de
ceux qui ont été rapportés aux hydatides appartiennent aux cysti-
cerques ou aux kystes séreux. Les accidents déterminés par les
hydatides intra-orbitaires sont analogues à ceux que déterminent des
tumeurs d'une autre nature qui se développent dans la même région.
Obs. CCÏII (Adam Schmidt). — Glande lacrymale.
I. — « Adam Schmidt a observé une hydatide dans h glande lacrymale, »
dit Bremser (3).
(1) Wochenschrift von Casper, 1836, n°45, et Arch. de méd., 1837, 3° série,
t. I, p. 367.
(2) Muller's Archiv fur anal, etc., Heft II, S. 149, 1840, cité par Rayer,
p. 559.
(3) Joh. Adam Schmidl, Ueber die Krankheiten des Thraenenorgans. Wien,
1803, lab. II, S. 73, cité par Bremser, p. 305.
NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDATIDES. 537
Obs. CCIV (Lawrence). — Orbite,
H — « Le malade qui se présente à cette infirmerie, se plaignait d'une dou-
leur et d'une tension violente au fond de l'orbite : il y avait une légère
exophlhalmie; c'est ce qui me fit croire qu'il existait une tumeur nu fond de
l'orbite... Le malade quitta l'infirmerie; il n'y revint qu'au bout d'un an,
offrant, alors une projection plus prononcée du globe oculaire et une saillie évi-
dente derrière la paupière supérieure; je reconnus facilement que la tumeur
était fluctuante, j'y pratiquai une ponction pour voir ce qu'elle contenait ; il
s'en écoula une cuillerée d'un fluide aqueux, dont l'issue soulagea le malade.
Au bout d'une semaine, je remarquai que quelque chose faisait saillie à tra-
vers l'ouverture ; je saisis ce corps avec des pinces, et je vis sortir une hyda-
tided'un volume considérable. Les jours suivants, il en sortit encore d'autres
et alors j'injectai de l'eau tiède par l'ouverture faite à la paupière, et je fis
sortir environ plein la moitié d'une tasse à café d'hydatides de différents vo-
lumes. Le kyste étant venu à s'enflammer suppura et ne tarda pas à se fermer
et à se cicatriser; l'œil reprit sa place dans l'orbite, mais il ne recouvra pas la
faculté de voir ; du moins le malade se trouva délivré des douleurs atroces
dont l'orbite et la tête étaient le siège, et sa santé se rétablit parfaite-
ment (1) »
Obs. CCV (Goyrand). — Orbite.
III. — Chez un enfantdeonze ans, l'œil gauche repoussé en avant vers le nez,
est saillant hors de l'orbite, immobile, son axe dirigé en dehors; les paupières
distendues ne recouvrent l'œil qu'en partie, et leur bord libre renversé en
dedans tourne les cils contre cet organe. La conjonctive est injectée, la cornée
légèrement opaque, la vue affaiblie. Les douleurs paraissent le résultat de la
compression et de la distension des parties. Le début de l'exophlhalmie re-
monte à deux ans. L'œil a son volume normal ; une tumeur qui le déplace fait
saillie au côté externe de la base de l'orbite; elle est dure, rénitenle, avec
une fluctuation obscure. Incision de la tumeur, issue d'un liquide limpide;
excision d'un lambeau du kyste, extraction d'une hydatide solitaire, fléirie,
du volume d'une noix. L'œil rentre dans l'orbite, application d'eau froide, gon-
flement considérable, écoulement purulent, abondant; retour des parties dans
leur situation normal'", >auf la persistance d'un léger strabisme. Guérison de
la ronj nciivite. de l'opacité de la cornée ; vue notablement améliorée (2).
Obs. (XVI (Ansiacx). — Orbite.
IV. — Il s'agit d'un garçon, âgé <\r huit ans. qui avait une tumeur à la | artie
externe et inférieure de 1 orbiie gauche. E le existait depuis six mois, et était
(1) W. Lawrence, Traité pratique sur tes maladies des yeux, trad. Paris, 1822,
part. III, cliap. 14.
(2) Goyrand, chirurgien d'Aix, Ann, de la chir. franc. , 1843, et Bull, thérap.,
t. XXV, 230.
538 AFFECTIONS VEKMINEIISES DES CAVITÉS SÉREUSES
située entre les muscles droit inférieur et droit externe; l'œil était dévié en
haut et en dedans ; ses mouvements étaient f^énés, la conjonctive était en-
flammée. Une incision donna issue à une hydatide du volume d'une noisette:
point de détails sur sa structure (1).
V. VI. VIL — A la suite de cette observation, M. Ansiaux faitmention de cas
semblables observés par Welden, Delpech, Garcia Romeral (Madrid, 1 845).
VIII. IX. — M. Velpeau,à l'article Oruite du Dictionnaire de médecine, parle
de deux autres cas observés l'un par Gutlirie et l'autre par Travers (2).
Obs. CCVII (J. Cloquet). — Paupière.
X.' — « M. J. Cloquet a fait l'extirpation, chez une petite fille de quatre ans,
d'une tumeur développée sous la paupière supérieure de l'œil, vers le grand
angle, ayant le volume d'une petite noix et qui s'est trouvée être une hydatide
contenue dans un kyste fort mince. Derrière ce premier kyste s'en trouvait
tin deuxième plus épais, fibreux, rempli d'un liquide albumineux (3). »
B. — Hydatides de la face.
Obs. CCVIII (Ph. Ricord). — Hydatide? de la fosse canine.
I. — Un enfant âgé de deux ans, offrait, depuis l'âge de six mois, une tumeur
régulière, dure, élastique, mobile, indolente, située dans la fosse canine; cette
tumeur causa de l'inflammation dans les parties voisines. Une ponction fut
faite avec la lancette, il sortit du pus et « un kyste blanchâtre se présenta
entre les lèvres de la plaie... C'était une hydatide acéphalocyste, de la gros-
seur de l'extrémité du petit doigt, parfaitement sphérique, composée d'une
membrane très mince, d'un blanc opalin, demi-transparente, offrant sur une
partie de sa circonférence un point épaissi, blanc, opaque, et renfermant dans
son intérieur un liquide aqueux, incolore... » La poche contenait encore du
pus qui fut évacué par la compression, et cinq jours après la plaie fut
fermée (4). »
II. — Voyez l'observation VI (Reynal).
(1) Ansiaux de Liège, Cas d'hydatide solitaire de l'orbite {Médical Times et Gaz.
des hôpit., 1854, p. 514.
(2) Guthrie, Maladies des yeux, p. 148-157.. — Travers, Maladies des yeux,
p. 229-235 (cités par Velpeau, art. Orbite, Dict. de méd. en 30 vol., 1840,
p. 309).
(3) Acad. roy. de méd. , séance du 25 janv. 1827 (Archiv. gén. de méd., t. XIII,
p. 293).
(4) Philippe Ricord, Observ. d'une hydatide acéphalocyste développée dans la
fosse canine [Arch. yen. de méd., 1825, t. VIII, p. 327).
Le poiut épaissi, blanc et opaque, qui se trouvait sur la paroi de la vésicule,
pourrait faire croire qu'il s'agit d'un cysticerque.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 539
C. — Hydatides de la bouche.
Obs. CCIX (Lefoulon). — Gencive.
I. — « Il y a deux ans environ que M. C. s'était fait extraire la troisième
dent molaire inférieure qui était cariée ; trois mois après, une petite tumeur se
montre sur la gencive de la dent enlevée ; elle est douloureuse, incommode
durant la mastication ; son volume est progressif au point d'égaler par la
suite un petit œuf de perdrix, et obliger le malade à rester souvent la bouche
béante. Sa présence a déjeté la quatrième molaire en arrière et en dehors, la
deuxième en avant et en dedans; cette dernière dent est cariée. La tumeur
est couverte par la muqueuse gengivale qui paraît saine; elle offre de la fluc-
tuation à son centre.
» M. Lefoulon extrait l'une des dents déplacées, et la tumeur se vide sur-
le-champ, l'opéré crache avec du sang trois petits corps arrondis et parfaite-
ment transparents. Us avaient chacun le volume d'un gros pois; leur consis-
tance était comme gélatineuse ; ils contenaient un liquide incolore et transpa-
rent comme de l'eau; examinés attentivement par plusieurs médecins, ces
corps ont été reconnus pour des acéphalocystes (1). »
Obs. CCX (Robert). — Amygdale, incision, mort.
II. — « Un homme éprouvait une grande gêue dans la déglutition, l'arti-
culation des sons et même la respiration, causée par une tumeur développée
dans l'amygdale gauche. Cette tumeur n'avait acquis que peu à peu le volume
qu'elle présentait au momenl de l'observation. On crut à l'existence d'un
abcès chronique; une large incision est pratiquée; aussitôt avec un flot de
liquide transparent s'échappe une membrane blanche, élastique, arrondie en
poche, qui présentait tous les caractères d'une acéphalocyste solitaire. — Cet
individu succomba bientôt aux suites de cette opération. Sa mort fut occa-
sionnée, dit-on, par une gastro-entérite.
» A l'ouverture, on trouva une vaste poche creusée au niveau de l'amyg-
dale qui avait disparu ; il existait dans l'abdomen une tumeur absolument sem-
blable (2). »
D. — Hydatides des parties antérieure et latérale du cou (hydatides du corps
thyroïde? }.
Obs. CCXI (Laennec). — Kyste hydatique du col, ouvert dans la trachée.
I. — « Un portier, âgé de cinquante ans, entra à l'hospice de l'École, le
(1) Lefoulon, chirurgien-dentiste, Jour», hebdom. de méd., 1836, t. IV, p. 151,
et Gaz., méd., t. IV, p. 778.'
A propos de ce fait, le rédacteur de la Gazette médicale cite des observations de
kystes hydàtiques développés dans plusieurs organes, la langue, l'ovaire, la ma-
trice, etc. ; mais l'auteur confond évidemment des kystes de nature diverse.
(2) Cité par Cruveilhier, Dictionn. de médecine, art. Acéphalocystes, p. 264.
540 AFFECTIONS VERMINEUSE5 OF.S CAVITÉS SÉREUSES
30 pluviôse, an xi. Il avait au côté droit du cou une tumeur, du volume et à
peu [nés de la figure d'un œuf d'oie. Cette tumeur s'étendait transversalement
depuis la partie inférieure do la ligne médiane antérieure du cou jusque vers
l'angle de la mâchoire inférieure. Le professeur Dubois reconnut qu'elle était
enkystée.
» Vers le soir on s'aperçut que le malade éprouvait de l'oppression ; un
moment après il perdit connaissance, la respiration et le pouls devinrent
presque insensibles, et le malade expira sans agonie au bout de deux ou trois
minutes.
» Autopsie. La tumeur, de forme ovoïde, longue de sept travers de doigt,
épaisse de quatre vers sa partie moyenne, recouvrait par sa partie interne et
postérieure le côté droit et un peu la partie antérieure du larynx et des pre-
miers cerceaux cartilagineux de la trachée-artère, les vaisseaux et les nerfs
profonds du cou; antérieurement elle était recouverte par le muscle sterno-
mastoïdienet un peu inférieurementparles sterno-hyoïdien et sterno-thyroïdien
du côté droit; elle refoulait à gauche le lobe droit de la glande thyroïde qui
était petit et allongé. Cette tumeur était formée par un kyste qui renfermait
une acéphalocyste du volume d'un œuf de poule, une seconde de la grosseur
d'une noix, et plusieurs petites.
» Le kyste qui contenait ces vers vésiculaires était épais d'environ deux
lignes dans toute son étendue.
» A l'endroit où la tumeur recouvrait le larynx et la trachée, on voyait
une ouverture ronde de 4 lignes (8 millim.) de diamètre, qui pénétrait dans
la trachée-artère, de manière qu'une partie du cartilage cricoïde, le premier
cerceau cartilagineux de la trachée et une partie du second, étaient détruits
et comme usés en cet endroit. Le kyste adhérait fortement au contour de
cette ouverture, la membrane muqueuse de la trachée y formait de petits
lambeaux. Elle était d'un rouge écarlaie foncé, depuis la glotte jusqu'à la
division des bronches (il régnait alors un catarrhe épidémique). Cette rougeur
occupait toute l'épaisseur de la membrane muqueuse... Les autres parties du
corps n'offraient aucune lésion remarquable (1). »
Obs. CCXII (Lieutaud). — Kyste hyda tique du col, ouvert dans la tra-
chée. — Hydatides du ccrjis thyroïde ?
II. — « Une jeune fille, âjiée de dix-huit ans, s'ap°rçut d'une tumeur
placée à la région antérieure et inférieure du col Celle tumeur augmei le peu
à peu pendant dix an», au bout des :u;ls elle devient -i considérable, ou plutôt
caus- des riccide- ts Je suff.>c lion si graves, que la malade se dé ide à venir
chercher du secours à l'nôp t • I de Versailles, dont Lieulaud éiaU alors mé-
decin La situation de la tumeur ne lui permit pas de douter que la glanJe
thyroïde n'en fût le ;-iége. Cette glande était très saillante, mais peu doulou-
reuse; la respiration était extrêmement gênée; la malade ne pouvait respirer
(t) Lacnnec, Mém. cit., obs. II, p. 144.
NATURELLES OU ADVENÎ1VES. — HYDATIDES. 5A1
qu'en portant la tôle fort en avant, et n'osait depuis quelques jours se cou-
cher horizontalement de peur d'être suffoquée II était évident que cette dys-
pnée extrême n'était pas uniquement du fait de la tumeur extérieure. On
soupçonna un vice quelconque dans l'intérieur des voies aériennes, et l'on eut
bientôt la triste occasion de s'en assurer ; car, le sixième jour de son entrée,
la malade mourut en causant avec sa compagne.
» Lieutaud trouva le corps thyroïde d'un volume très considérable..., et
au-dessous du larynx un corps membraneux, blanchâtre, très irrégulier, fai-
sant cinq ou six lignes de saillie, flottant et tenant par une base assez large
à la face interne de la trachée, laquelle était perforée pour le recevoir.
» Restait à découvrir l'origine de cette tumeur. Lieutaud incise le corps
thyroïde avec beaucoup de précaution ; mais à peine l'a-t-il entamé, qu'il jaillit
par l'ouverture un flot de liquide parfaitement transparent et insipide ; la poche
qui le contenait étant ouverte, il vit que cette poche, d'un volume assez con-
sidérable pour admettre une orange, renfermait un grand nombre de vessies,
véritables hydatides remplies d'eau.. . Ayant vidé la poche, Lieutaud reconnut
aisément qu'elle communiquait avec la cavité de la trachée par une ouver-
ture exactement circulaire, de cinq lignes de diamètre ; c'était par cette
ouverture que s'étaient engagées plusieurs hydatides vides qui constituaient
le corps mollasse et flottant dont nous avons parlé. La suffocation a été le ré-
sultat, soit de l'ouverture des acéphalocystes et de l'épanchement du liquide
dans la trachée, soit de l'espèce de bouchon qu'aura formé la tumeur indiquée
et qui se sera engagé dans la glotte.
» Le corps thyroïde lui-même était parfaitement sain dans son tissu,
mais la compression à laquelle il avait été soumis l'avait fait se mouler sur
la poche (1). »
Obs. CCXIII (De Haen). — Hydatides? du corps thyroïde.
III. — « In cadavere horrendam mole thyroidaeam glandulam nactus,
publiée dissecui. Mecum auditores mirabantur nullum fere genus tumorum
dari, quin in hac sola thyroidsea inveniretur. Hîc enim steatoma, ibi athe-
roma, alio in loco purulentus tumor, in alio hydaticus, in alio erat coagulatus
sanguis, fluidus ferè in alio, imô hinc glutine loculus plenus erat, alibi calce
cum sebo mistâ, etc., haec autem omnia in una eademque thyroidaea glan-
dula (2). »
Cette tumeur du corps thyroïde appartenait peut-être à des hyda-
tides qui avaient subi une transformation plus ou moins avancée.
Quant aux cas de Laennec et de Lieutaud, le premier était en rap-
(1) Lieutaud, Observation sur les suites d'une suppression et sur les hydatides
formées dans la glande thyroïde (Mém. Acad. roy. des se, 1754, p. 71. — Analyse
par Cruveilhier, art. Acéph., cité p. 263. )
(2) Ant. de Haen, op. cit., t. 111, pars VU, cap. 3, § 4, p. 323.
542 AFFECTIONS VlillMlNUUSKS BeS CAVITÉS SKItliÙSÈS
port nvec le corps thyroïde, mais il s'était développé en dehors de
cet organe; sans doute il en était de même pour le second.
E. — Hydatides des régions postérieure et latérale du cou.
Obs. CCXIV (Hewnden). — Région de lu nuque.
I. — « Une femmede Londres, âgée do vingl-cinq ans, avait une tumeur
goitreuse considérable, dont, la base était située à la partie inférieure de l'oc-
ciput, s'élendant sur la nuque jusqu'aux deux jugulaires et jusqu'aux omo-
plates; elle était surmontée d'un phlegmon. J'ai placé en travers sur cette large
tumeur un caustique, afin de séparer la peau d'avec le kyste ; mais, sur la
partie phle^moneuse, la peau était si mince que je dus ouvrir en même temps
le kyste, duquel j'ai extrait soixanle hydatides de la grosseur d'une petite noix.
Plusieurs étaient rompues ; ces hydatides nageaient dans un liquidé de la con-
sistance du blanc d'œuf. Dans ce kyste, j'ai trouvé une grande quantité de
matières alhéromateuses et sléatomateuses, et à la base un grand sarcome
dont j'ai enlevé la plus grande partie ; mais, craignant de toucher aux mus-
cles du cou, j'ai attendu au pansement suivant pour achever, nie proposant
d'enlever le reste du sarcome et la base du kyste par les caustiques. J'ai en-
suite appliqué ces caustiques sans succès, car ils ne produisirent point d'es-
chare, la base du kyste étant cartilagineuse. Cherchant avec la sonde à trouver
un interstice, je pénétrai plus profondément, et, touchant une partie mem-
braneuse ou nerveuse, le malade poussa un cri violent. Je plaçai dans cet
instertice un morceau de vitriol romain d'une dimension convenable, et qui
sortit le lendemain dissous avec une partie de la base du kyste. En conti-
nuant ces applications, toute la base fut enlevée et la guérison s'ensuivit.
» Je ferai deux remarques importantes: l'une, c'est que cette tumeur était
presque aussi grosse sept ans auparavant ; l'autre, c'est que le premier caus-
tique appliqué, qui était le précipité rouge, produisit une salivation abondante
pendant cinq semaines (1 ) . >
Oiss. CCXV (Bidloo). — Région sterno-mastoïdienne.
II. — Bidloo rapporte qu'en I 699, il fut consulté par un homme, âgé de
trente-deux ans, qui portait une tumeur très volumineuse, uniforme, dure,
peu douloureuse, très pesante, étendue depuis la région de l'oreille jusqu'à la
partie supérieure de l'épaule droite. Cette tumeur datait d'environ six ans.
On y fit une incision qui comprenait le muscle trapèze ; pendant qu'on cher-
chait à isoler le kyste, celui-ci s'ouvrit ; il en jaillit une grande quantité de
liquide, et l'on en retira au moins trente-six hydatides; il s'écoula aussi beau-
(1) An observ. of a tumor on the neck, full of hydatids, cured by Anthony
Hewnden, surgeon : commun, by D' Edw. Tyson, in Philosoph. Iransact., vol. XXV,
for Ihe year 1706, 1707, n° 308, § 6, p. 2344.
NATURÊLtÈS OÙ ADVENTlVES. — HYDATIDES. 5&5
coup de sang. La cavité fut remplie de charpie et, huit semaines après, la
guérison était parfaite (1).
Obs. CCXVI (Rossi). — Région stemo-mastoïdienne.
III. — Une femme, âgée de quarante ans, portait depuis trois ans, à la
partie postérieure du cou, une tumeur qui s'étendait de l'apophyse mastoïde
gauche à la partie inférieure de la région cervicale ; elle avait 5 pouces de
longueur et 3 de largeur. Cette tumeur étant devenue douloureuse, on ht une
application de potasse caustique, et l'eschare fut incisée par le bistouri; il en
sortit un grand nombre d'hydatides. Du nitrate d'argent fut appliqué à la face
interne du kyste; des injections avec l'acide nitrique étendu d'eau furent pra-
tiquées ;. la cavité se remplit de pus auquel une nouvelle incision procura une
issue plus facile ; la guérison fut. prompte Cl).
Obs. CCXV1I (Defrance et Roux). — Région sterno-masloïdienne.
IV. — « M. Defrance présente une tumeur hydatique enlevée par Roux.
Cette tumeur, qui était située au bord postérieur et à la face externe du sterno-
mastoïdien du côté droit, contenait plusieurs hydatides d'une blancheur par-
faite, et placées au milieu d'une substance analogue à de la gelée de colle de
poisson (3). p
F. — Hydatides développées dans les parois du tronc.
Obs. CCXVIII (Kern et Bremser). — Région sous-claviculaire.
I. — Il s'agit d'une hydatide de la grosseur d'un petit œuf de poule, située
sous la clavicule d'une femme, et qui fut extirpée. Elle contenait plusieurs
hydatides et des échinocoques (4).
Obs. CCXIX (J. Baron). — Muscles intercostaux.
II. — J. Baron dit avoir vu « trois grosses hydatides développées dans les
muscles intercostaux, et qui égalaient en volume un œuf d'oie; elles écartèrent
les côtes et vinrent former des tumeurs à l'extérieur du thorax ; elles s'étaient
également développées du côté de la région thoracique ; l'une d'elles située
entre la huitième et la neuvième côte du côté droit, avait laissé sur la face
convexe du foie une dépression profonde (5). »
Obs. CCXX(Velpeau). — Région axillaire.
III. — U s'agit d'une fille, âgée de dix-huit ans, qui portait sur la partie
(1) Bidloo, Exercil. anat., cit. p. 14.
(2) Rossi, chirurgien de l'hôpital de Rivarolo (liepertorio medico-chirurg. di
Torino, 1825, n" 72, p. 529, et Bull, des sciences méd., 1826. t. VIII, p. 158).
(3) Bull. Soc. anal., 1834, ann. IX, p. 4.
(4) Voyez cas cité, p. 353.
(5) John Baron, ouvr. cit., p. 94.
544 AFFECTIONS VEUJHNEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
postérieure droite do l'aisselle, une lumeur à peu près du volume du poing ;
cette tumeur datait d'environ un an. Une ponction pratiquée avec un trocart
donne issue à un liquide limpide et à un fragment d'hydalide ; une injection
est faite dans le kyste (1/3 teinture d'iode, 2/3 eau), presque toute l'injec-
tion est laissée dans la tumeur, point d'inflammation consécutive. Nouvelle
ponction vingt jours après; issue d'un liquide grumeleux jaunâtre ; incision
du kyste dans toute sa hauteur. Des boulettes de charpie sont placées dans
sa cavité; pansement simple. La plaie entre en suppuration, et la cicatrisa-
tion s'opère sans accidents ; guérison et sortie de l'hôpital vingt-cinq jours
après l'incision (I).
Ods. CCXXI (Velpeau). — Région axillaire.
IV. — Fille de vingt-deux ans, douleurs vagues depuis six mois au-des-
sous de la région axillaire ; existence d'une petite tumeur constatée depuis peu
de jours, incertitude du diagnostic; extirpation par une incision transversale.
Situation sous le bord interne du grand dorsal et sous les faisceaux contigus
du grand dentelé: guérison.
Examen de la pièce : kyste fibreux à parois minces et transparentes, pou-
vant contenir une petite noix. Hydatide solitaire à parois stratifiées, point
d'échinocoques (2).
Obs. CCXX1I (Velpeau). — raroi postérieure du thorax.
V. — Il s'agit d'un homme, qui s'aperçut d'une tumeur dans la région dor-
sale, elle était située à droite du rachis, au niveau des septième, huitième et
neuvième côtes, et elle avait à peu près le volume d'un œuf de poule; dans
certains mouvements du bras, elle disparaissait sous l'omoplate. L'incision de
la tumeur fit sortir au moins une centaine d'hydatides, offrant le volume d'une
tête d'épingle à celui d'une noix. — L'examen fait par M. Robin constate l'ab-
sence d'échinocoques. — Le kyste exploré avec le doigt se prolonge à la face
interne des côtes et en avant de la colonne vertébrale. Quelques injections
iodées ont été pratiquées dans le sac ; au bout de deux mois la plaie s'est com-
plètement cicatrisée (3).
Obs. CCXXIII (Andral). — Région scapulaire.
VI. — « Un homme entra à la Charité, portant au niveau de l'une des
omoplates une tumeur dont le diagnostic paraissait assez obscur; de cette
tumeur il sortit un grand nombre d'acéphalocystes. Le malade ayant suc-
combé, on trouva un paquet de ces entozoaires logé dans la fosse sous-épi-
neuse, et un autre dans la fosse sous-scapulaire ; ces deux paquets commu-
(1) Velpeau, Kyste hydatique de la paroi postérieure de l'aisselle (Moniteur des
hôpitaur, 1853, t. 1, p. 571).
(2) Velpeau, Gasette des hôpitaux, 1857, p. 396.
(3) Velpeau, Gazette des hôpitaux, 1855, a" 46, p. 181.
NATURELLES OtJ ADVENÎIVES. — HYDATIDES. 545
niquaienl ensemble par un Irou pratiqué clans l'épaisseur même du scapulum,
non loin de son épine. »
La tumeur fut ouverte par une incision, au rapport de M. Cruveilhier, et le
malade fut enlevé par des accidents consécutifs à l'opération (1).
Obs. CCXXIV (Boudet). — Paroi abdominale.
VII. — « Boudet a rencontré, entre les muscles abdominaux et le péri-
toine, un sac qui contenait à peu près quatre mille vessies remplies d'eau (2). »
Obs. CCXXV (Laennec). — Paroi antérieure de l'abdomen.
VIII. — Il s'agit d'un homme, âgé de vingt-huit ans, qui mourut avec les
signes d'une obstruction des intestins.
A l'autopsie, on trouva deux kystes hydatiques dans le foie, un kyste du
volume du poing dans le tissu cellulaire qui sépare le caecum des muscles
abdominaux ; il refoulait les téguments de la paroi antérieure de l'abdomen,
en bas et en avant, et formait une tumeur très appréciable extérieurement un
peu au-dessus et au dehors de l'aine. Un autre kyste hydalique existait entre
les lames de l'épiploon gastro-colique; enfin trois kystes conligus les uns aux
autres, mais sans communication entre eux, étaient situés entre les tuniques
péritonéale et musculaire du côlon ascendant et les muscles abdominaux.
Ils étaient placés de manière qu'ils entouraient presque entièrement cet in-
testin et qu'ils produisaient en cet endroit un véritable étranglement. Cet
étranglement avait été très probablement, dit Laennec, la cause de la passion
iliaque qui avait emporté le malade (3).
IX. — Laennec rapporte une autre observation de kystes hydatiques dé-
veloppés dans différents organes; l'un de ces kystes était situé entre le péri-
toine et les muscles de la paroi antérieure de l'abdomen (4).
X. — Leidy parle d'un kyste hydalique trouvé dans les muscles du côté
droit de l'abdomen chez un enfant anglais (5).
Obs. CCXXVI (Jannin). — Région lombaire.
XI. — Fille de vingt ans ; vaste collection d'hydatides dans les muscles de
la région lombaire; incision ; expulsion d'un grand nombre d'hydatides ; in-
jections vineuses et alcooliques; guérison (6).
(1) Aodral, Anat. path. cil., t. I, p. 516, et Cruveilhier, art. Acépualocystes,
p. 267.
(2) Giornale di medicina practica oompilato da V . L. Brera, t. II. Padua, 1812,
cité par Bremser, p. 307.
(3) Laennec, Mém. cil., obs. I, p. 137.
(4) Laennec, Mém. cil., obs. IV (voyez ci-après, liv. IV, part. II, Hydatides de
la matrice).
(5) Cas cité ci-dessus, p. 381.
(6) Jannin, chirurgien a Vallièrcs, Jour», de fnéd. Sédillot, 1805, t. XXIII,
p. 254 — Diblioth. méd., t. X, p. 111. — Rayer, oMi\ cit., t. III, p. 578.
D A VAINE. 35
6'i6 \FII.CllO\s Vl.lîMIM.LlSI-S nr:s CAVITÉS SKKilisrs
Ohs. CCXXVII (Fabradesche). — Région lombaire.
XII. — Homme do soixante-huit ;ins; gonflement à l'aine gauche ; douleurs
dans la région lombaire, abcès dans celte région; ouverture spontanée; issue
de pus et d'hydatides en grand nombre; guérison en six semaines (1).
Obs. CCXXVIII (Soulé). — Région lombaire.
XIII. — Tumeur dans les muscles de la région lombaire droite; incision;
issue d'un grand nombre d'hydatides; accidents graves ; guérison. Siège pré-
sumé du kyste dans le carré des lombes (2).
G. — Hydatidcs développées dans les membres supérieurs.
Obs. CCXXIX (Dupuytben). — liras (cas rapporté page 380).
Obs. CCXXX (docteur Soulic). — Bras.
II. — Homme; tumeur de la partie interne du bras gauche; inflammation
et suppuration des parties voisines ; ouverture spontanée; issue d'une grande
quantité de pus ; fistule consécutive ; oblitération de la fisiule ; persistance de
la tuméfaction; nouveaux accidents inflammatoires; ouverture de la tumeur
par le bistouri ; cicatrisation impossible; issue d une hydatide de la grosseur
d'une noix; guérison rapide. Point de description del'hydatide (3).
H. — Hydatides développées dans les membres inférieurs.
Obs. CCXXXI (Webneb). — Région inguinale.
1. — Il s'agit d'une femme de trente-quatre ans qui avait, depuis six ans,
à la partie supérieure et interne de la cuisse gauche, à quatre doigts de
l'aine, une tumeur indolente, assez dure, de la grosseur d'un œuf de poule.
Étant devenue douloureuse, cette tumeur fut prise pour un abcès et incisée assez
largement; il en sortit très peu de pus et plus de quarante hydatides delà
grosseur d'un pois à celle d'un œuf de pigeon ; les lèvres de la plaie étaient
renversées et comme carcinomateuses. Toute cette partie indurée fut excisée;
on vit alors la veine crurale à nu et deux trajets qui se dirigeaient vers le
ligament de Poupait desquels la pression faisait sortir une sanie fétide. On y
pratiqua des injections d'une décoction de quinquina. La guérison futcomplète
au bout de srpl semaines.
Werner, ayant recherché dans ces vésicules des têtes de taenia hydaligena,
dit: « Interiorautemtunica sublilisbima externe etiam glabra, inlus veto innu-
» merisfere minimisalbidisque, unum hemisphaerium occupantibuscorpusculis
(1) J.-B. Farradescne-Chaurasse , médecin à Allanches, Bibl. medic, 18M,
t. XLIII, p. 111, et Rayer, ouvr. cit., t. III, p. 579.
(2) .Docteur Soulé, de Bordeaux, Gazette des hôpitaux, 18 52, p. 141.
(3) Docteur Soulé, de Bordeaux, Gasettedes hôpitaux, 1852, p. 141.
NATURELLES OU ADVENTfVES. — HTOATIDES. 5^7
» conspersa erat. » Ces corpuscules étaient certainement des échinoçoques ,
mais Werner ne les reconnut pas, quoiqu'il les eût examiné» au microscope,
sans doute parce qu'il y cherchait, comme il le dit, les têtes décrites par
Leske, c'est-à-dire celles du cénure qui sont beaucoup plus volumi-
neuses (<l).
Obs. CCXXXII (Larrey). — Hanche.
II. — « Un militaire était entré au Val-de-Grâce, en 4 853, pour une
tumeur de la hanche droite, siégeant au niveau même du grand trochanter,
attribuée à une cause mécanique déjà ancienne, parvenue à peu près au vo-
lume du poing, doublée de parois épaisses et offrant une fluctuation profonde,
tout à fait indolente. Le diagnostic douteux de cette tumeur m'engagea à y
faire une ponction exploratrice d'où s'écoula un liquide incolore, transparent
comme l'eau la plus pure, et reconnu ensuite incoagulable par l'analyse chi-
mique. Après cette simple ponction, il se reproduisit promptement; une ponc-
tion nouvelle, suivie d'une injection iodée, donna lieu à une inflammation non
pas adhésive, mais suppurante, qui me décida aussitôt à ouvrir la poche par
une large incision. Le kyste ? se présenta de lui-même sur les bords de la plaie
d'où il fut détaché sans peine et tout d'une pièce; ses parois étaient d'une
-épaisseur considérable, et son fond contenait une masse d'hydatides tassées
ensemble; la cicatrisation s'effectua ensuite sans incident notable (2). »
Obs. CCXXXIII (Dubois). —Cuisse.
III. — « Le professeur A. Dubois, dit Laennec, conserve aussi des acé-
phalocystes que j'ai vues, et qui ont été extraites par l'incision d'une tumeur
à la cuisse (3). »
Obs. CCXXXIV (docteur Held) — Cuisse.
IV. — Jeune fille; tumeur située sous le fascia lata, ayant paru à la suite
d'un coup violent ; ouverture par la potasse caustique ; issue d'un grand
nombre d'hydatides de la grosseur d'un grain de chènevis à celle d'un œuf de
poule (4).
Obs. CCXXXV (Demarqpay). — Cuisse.
V. — « M. Demarquay avait, il y a huit mois, opéré dans le service de
M. Monod, un kyste hydatique de la cuisse. La ponction avait donné issue à
des hydatides et avait été suivie d'une injection iodée. Le malade qui était sorti
de la maison de santé dans un état satisfaisant, revint dernièrement avec sa
(1) Werner, op. cit., p. 68. .
(2) Société de chirurgie, séance du 18 mars 1857 {Gaz. des hôpitaux, 1857,
p. 148).
(3) Laennec, Mém.' cit., p. 115, note.
(4) Held à Franzbourg, daus Hecker's litterarische Annalen, avril 1832, p. 426,,
et Gaz. méd. Paris, 1833, t. I, p. 290.
SdH AFFECTIONS FERMINEUSES »LS CAVITÉS SÉBECSES
tumeur qui s'élail reproduite. Sons la partie superficielle, on sentait une por-
tion dure qui lit décider l'extirpation de la tumeur.
» Avant de procéder à l'opération. M. Demarquay fit une ponction explo-
ratrice qui donna issue à du pus mêlé d'hydatides; alors il se contenta
d'agrandir l'ouverture et de vider la tumeur. La base dure qu'on avait sentie,
était formée par une accumulation d'acéphalocystes rassemblées à la partie dé-
clive. Les hydatides étaient vivantes, quoique plongées dans le pus (1). »
Obs. CCXXXVI (docteur Casini). — Jarret.
VI. — « Un homme se plaignait de la sensation d'un liquide qui semblait
s'écouler du dos vers les extrémités inférieures, à la suite de quoi se déve-
loppa une tumeur au jarret droit; à l'ouverture de cette tumeur, on la trouva
pleine d'hydatides acéphalocystes (2). »
Obs. CCXXXVI I (Legendre). — Jarrel.
VII. — Il s'agit de deux kystes trouvés en disséquant le cadavre d'une
femme, âgée d'environ vingt-cinq ans et sur laquelle on n'eut point de ren-
seignements. Les deux kystes étaient situés dans le jarret gauche, en arrière
des vaisseaux et des nerfs poplités. Ces -kystes, accolés l'un à l'autre, avaient
à peu près 8 centimètres de longueur ; ils contenaient un grand nombre
d'hydatides (3).
HUITIÈME SECTION.
HYDATIDES DÉVELOPPÉES DANS LE SYSTÈME OSSEUX.
On possède aujourd'hui vingt cas environ d'hydatides développées
dans le système osseux ; ces vers vésiculaires envahissent aussi
bien les os plats que les os longs. Les faits qui nous sont connus
concernent :
L'humérus 2 fois.
Une phalange 1
Le fémur 2
Le tibia 6
Le temporal ? 1
Le frontal 2
Le sphénoïde 1
Le bassin. 2
(1) Société de chirurgie, séance du 18 mars 1857 (Gaz. des hôpitaux, 1857,
p. 1i8).
(2) Docteur Casini, Mém. cil.
(3) Legendre, Bull. Soc. anal., 1850, p. 60.'
NATCREIXES OU ADVENTLVES. — HYDATIDES. 5&9
Généralement, dans les os plats, les hydatides occupent le diploé,
et, dans les os longs, la partie spongieuse; toutefois, on en a vu se
développer dans la diaphyse et envahir toute l'étendue de la cavité
médullaire. Quelquefois, les hydatides occupent des loges distinctes
dans le tissu spongieux; plus souvent les vésicules, en nombre plus
ou moins grand, sont renfermées dans une poche unique. Le déve-
loppement de cette poche est lent, et sa durée est, dans la plupart
des cas, de plusieurs années. Elle peut acquérir le volume du poing.
A l'intérieur, elle est lisse, au moins dans les premiers temps, et
consiste dans une membrane mince, distincte du tissu osseux environ-
nant ; on y remarque des impressions digitales, laissées par les hy-
datides, impressions analogues à celles de la face interne du crâne.
Le kyste subit des modifications de forme en rapport avec les
obstacles qui s'opposent à son accroissement dans tel ou tel sens;
il subit encore des modifications de structure analogues à celles des
kystes des autres parties. Les parois osseuses qui le renferment
acquièrent d'abord un accroissement proportionnel à celui de la
poche hydatique; elles se distendent, s'amincissent, en sorte que
cette partie de l'os forme une tumeur assez régulière; plus tard,
certaines portions plus amincies se résorbent, se perforent et le kyste
vient en contact avec les parties molles, qu'il refoule en continuant
de se développer; alors les organes voisins comprimes ou déplacés
sont plus ou moins gravement compromis. Les hydatides situées
dans les parois du crâne finissent par déterminer les mêmes désor-
dres que celles qui se développent dans le cerveau ; celles des parois
de l'orbite amènent l'exophthalmie et la perte de l'œil ; celles qui
se développent dans les os longs peuvent envahir consécutivement
une cavité articulaire et déterminer une arthrite grave.
L'affection hydatique des os est ordinairement indolente à son
début; dans quelques cas, elle s'annonce par des douleurs fixes et
profondes. Une tumeur apparaît sur la partie malade, lisse, régu-
lière et delà consistance, du tissu osseux; elle s'acc oît lentement et
régulièrement; elle offre enfin de la mollesse en certains points, une
apparence de fluctuation, et l'on peut sentir quelquefois un rebord
dur, osseux, à la base des parties ramollies. Si la tumeur est pro-
fondément située, entourée d'une couche épaisse de parties molles,
elle peut rester longtemps inaperçue; l'os aminci dt vient fragile, et,
dans un effort musculaire, il se rompt inopinément.
Le kyste ouvert, soit spontanément, soit par le bistouri, soit par
tout autre moyen, donne issue aux hydatMes; il s'enflamme et
550 AFFECTIONS VEKMINEUSES DES CAVITÉS SEIIEUSES
suppure. Il survient alors des accidents généraux ordinairement
graves; la suppuration est de longue durée, car la rigidité des pa-
rois s'oppose au rapprochement des parties; elle affaiblit graduelle-
ment le malade et le conduit souvent au tombeau.
M. Dezeimeris, à la suite d'une observation d'hydatides dévelop-
pées dans les os du bassin, et rapportée par Fricke, a fait le relevé
des cas observés jusqu'alors. " Van Vy et Vander Haar paraissent
être les premiers, dit ce savant, qui aient observé ce genre de ma-
ladie et l'aient décrite comme affection spéciale; mais l'ouvrage du
premier n'est point à notre disposition , et Vander Haar s'est borné
à quelques considérations générales de peu d'étendue, sans rapporter
aucun fait particulier (1). •■
A. — Hydatides dans les os longs..
Obs. CCXXXVIII (...?)•— Humérus.
I _ « H existe dans la collection de V hôpital Saint-Thomas un humérus
dont le tissu compacte a subi une expansion considérable. Le périoste y est
épaissi; et, à la place du tissu spongieux, existent plusieurs kystes hydaliques
qui ont déterminé le gonflement de l'os, aussi bien que l'accroissement de ses
cavités intérieures (2). »
Obs. CCXXXIX (Dupdttren). — Humérus, résection; mort.
II. — Il s'agit d'un homme âgé de vingt-trois ans, qui se fractura le bras
dans un effort. La consolidation ne put être obtenue; résection d'une portion
du fragment supérieur; cavité médullaire du fragment inférieur doublée et
même triplée de volume, renfermant un nombre considérable de vésicules
hydatiques, les unes très petites, les autres du volume d'une noisette. Sup-
puration abondante, affaiblissement du malade, diarrhée; mort six semaines
après l'opération.
Toute la cavité médullaire de l'humérus, depuis la tête jusqu'à l'extrémité
inférieure, est dilatée, ses parois sont amincies et perforées en quelques en-
droits (3).
(1) J.-E. Dezeimeris. Noies additionnelles {l'Expérience. Paris, 1838, t. I,
p. 531).
(2) Astley Cooper, Œuvres chirurgicales, trad. franc., 1835, p. 593, et Sur-
gical Essays. part. I, p. 161.
(3) Dupuytren, Journ. hebd. deméd. et chirurg., 1832, t. IX, p. 446; et 1833,
t. XII, p. 97. — Bull. Soc. anal., 1833, p. 64. — Gaz. hôp., 1833, t. VII, p. 257.
— Dezeimeris, Mém. cit., p. 534.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 551
Obs. CCXL (docteur Charvot). — Phalange du doiijt indicateur, ampu-
ta lion; guérisoii.
III. — Homme, âgé de quatre-vingt et un ans, entré à l'hôpital de Nîmes,
le 1 6 juin 1 856. Coup reçu à l'indicateur de la main gauche, il y a deux ans ;
quatre mois après, douleurs vives, gonflement, tummir d'abord dure, puis
ramolli et acquérant le volume d'un œuf de poule, douleurs intolérables; peau
de couleur normale ; pas de douleurs à la pression, ni de frémissement à la
palpation ; état général satisfaisant ; amputation du doigt, guérison vingt et
un jours après.
Examen de la tumeur. — Kyste fibreux, lisse intérieurement, et rappelant
par son aspect une pseudo-séreuse; parties molles environnantes contenant
des aiguilles calcaires et des débris osseux. Liquide séreux avec des hydatides
qui contiennent de petites granulations (probablement des échinocoque*).
Première phalange, en partie boursouflée, transformée en un tissu stalacti-
forme, hérissé de fines aiguilles; extrémité inférieure détruite, canal médul-
laire conservé dans la partie supérieure, mais élargi ; extrémité supérieure de
la deuxième phalange légèrement érodée (1 ).
Obs. CCXLI (Rame et Escarraguel). — Fémur.
IV. — « Un scieur de long, nommé Teisset, âgé de trente-quatre ans,
éprouvait depuis quelques mois une douleur dans la cuisse gauche ; un soir,
une exaspération soudaine du mal le força de se laisser choir; il ne put se
relever et on le transporta à l'hôpital de Narbonne ; là, on reconnut une frac-
ture du fémur gauche, et on l'y traita par divers appareils, mais sans succès.
Vers le mois de mai suivant, il se forma, sur le côté externe de l'articulation
du genou, un vaste abcès qui s'ouvrit et donna issue à de nombreuses acé-
phalocystes. Quatre mois après, il fut admis à l'hôpital Saint-Éloi de Mont-
pellier.
» Le membre inférieur gauche était alors beaucoup plus court que le droit ;
l'articulation du genou était ankylosée. Vers le tiers inférieur de la cuisse
existait une tumeur considérable qui se prolongeait jusqu'à l'article et, en de-
hors, on remarquait une ouverture en cul-de-poule par laquelle s'échappaient
du pus et des hydatides. On soulagea ses souffrances par des embrocations
opiacées. . Alors l'état du sieur Teisset parut des plus satisfaisants. . . Lorsque
des douleurs vives se déclarent tout à coup sur toutes les parties du corps;
des stries rouges sillonnent la cuisse et annoncent une angéioleucite. Les
fonctions cérébrales, les idées se perdent ; une teinte jaune s'étend sur la con-
jonctive ; la vue s'affaiblit ; une suppuration prodigieuse s'empare de la
partie; enfin les évacuations sanguines auxquelles on soumet le nommé Teisset
et qui le soulagent d'abord, finissent par l'affaiblir avec la suppuration à un
tel point qu'il tombe dans le marasme et meurt.
(1) Docteur Charvot, Montpellier médical, décembre 1858, p. 6S6.
552 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
» Nécropsie... Membre : le fémur a conservé son élat normal jusqu'au ni-
veau du petit trochanter; au-dessous, son diamètre est beaucoup augmenté et
son canal médullaire aussi, mais sansdiminutionde ses parois. La fracture réside
au-dessus du tiers moyen de l'os; le fragment inférieur est très renflé, sa ca-
vité médullaire, dilatée d'une manière remarquable, se continue dans l'épais-
seur des condyles. Son bord libre est très inégal et embrasse, par une sorte
d'emboîtement, l'extrémité voisine de l'autre fragment. Derrière ei entre les
deux condyles existe une ouverture faisant communiquer l'articulation avec la
cavité osseuse d'une part, et de l'autre avec l'extérieur au moyen du conduit
fistuleux dont nous avons parlé plus haut. La cavité elle-même est remplie de
pus et de vers acéphalocystes. Les fibro-cartilages qui encroûtent les condyles
du fémur ont disparu, et les surfaces osseuses qu'ils recouvrent sont rugueuses,
ramollies et baignées d'une matière purulente fétide (1). »
Obs. CCXLII (Eoyer et Roussi*). — Fémur, amputation.
V. — « M. Roussin montre des hydatides du fémur. Cet os, d'un volume
ordinaire, offrait une cavité médullaire plus considérable qu'à l'état normal ;
les cellules osseuses sont détruites, et l'on trouve seulement une large cavité
s'étendant en bas jusqu'à l'épiphyse.
i L'amputation de la cuisse a été pratiquée à l'Hôtel-Dieu par M. Boyer. La
cavité morbide se prolongeait encore dans la portion de la diaphyse située
au-dessus delà section. Les hydatides pourvues d'une double poche-mère
remplissent toute la cavité; vers la partie moyenne de l'os, les parois étaient
tellement minces que le fémur s'est fracturé pendant l'opération (2). »
Obs. CCXLIII (Cullerier). — Tibia, guérison.
VI. — Homme de vingt-trois ans ; tumeur indolente à la partie antérieure
et supérieure de la jambe; bord osseux et inégal à la circonférence de la
tumeur: durée deux ans. Ouverture parla potasse caustique et le fer rouge ;
issue de pus et d'hydatides, foyer situé dans le tibia ; cicatrisation lente.
Ulcère fistuleux persistant encore quatre mois après (3).
(1) A. P. Escarraguel, de Pauillac (Gironde), Des hydatides du tissu osseux
(Thèse de Montpellier, 1838, n° 51, obs. II, p. 7).
M. Esearraguel dit avoir pris cette observation dans la thèse de M. Rame, et il
ajoute quelques nouveaux détails donnés par M. Dubrueil, auquel la pièce anato-
mique avait été remise : « la portion inférieure était ramollie au point de se laisser
facilement diviser par l'instrument tranchant; la partie supérieure de l'os était,
au contraire, augmentée dans sa substance compacte qui avait acquis une densité
et une résistance supérieure à celle qui est naturelle. » (p. 9.)
Ant. Dugès, qui examina les hydatides au microscope, y reconnut la seconde
espèce d'acéphalocystes admise par Laennec, racéphalocyslc granuleuse (acepha-
loeyslis granulosà) (p. 10).
(2) Roussin, Bull. Soc. anal., 1851, ann. XXVI, p. 134.
(3) Cullerier, Journ. deméd., chir. etpharm. de Corvisart, etc., t. XII, p. 125.
— Biblioth. mcd., t. XIV, p. 80, et Dezeimeris, Mém. rit.
NATURELLES OU ÂOVENTIVES. — HYDATIDES. 553
Obs. CCXLIV (Astley Cooper?). — Tibia, amputation.
VII. — Homme, entré à l'hôpital de Guy, service de M. Forster, pour une
tumeur volumineuse de la partie supérieure du tibia; emplâtres agglutinatifs,
diminution de la tumeur ; sortie du malade, rentrée quelques semaines après,
senice de M. Lucas. Incision de la tumeur; issue de plusieurs hydatides.
Phénomènes graves, amputation. Cavité dans le tibia contenant des hydatides;
fracture consolidée, mais d'une manière irrégulière (<l).
Obs. CCXLV (Webster). — Tibia, amputation; mort.
VIII. ■ — Jeune matelot, fracture du tibia sous la rotule ; tumeur faisant de
rapides progrès, indolente ; elle s'amollit et diminue de volume, fluctuation,
incision, issue de sanie et d'une grande quantité d'hydatides; phénomènes
graves; amputation, mort. Cavité dans le tibia remplie d'hydatides et de
sanie ; tête et partie supérieure de l'os d'un tissu raréfié; fracture non conso-
lidée (2).
Il y a dans ce fait plusieurs circonstances si semblables à celles
du précédent, qu'on serait disposé à croire qu'il s'agit du même
malade.
Obs. CCXLVI (Wickham). — Tibia, résection; guérison.
IX. • — Femme, fracture de la jambe dans un mouvement brusque ; six ans
auparavant coup de faux à cette jambe, pénétrant dans l'os, suivi d'une tu-
meur du volume d'un œuf de poule ; celle-ci diminuant par la compression.
el. reprenant son volume aussitôt après; point de réunion de la fracture au
bout de trois mois. Incision sur la tumeur ; issue d'un grand nombre d'hyda-
tides, provenant d'une cavité du tibia. Fracture transversale ; parois de l'os
amincies, résection de 4 pouces de la partie antérieure du tibia, guérison (3).
Obs. CCXLVII (W. Coulson). — Hydatides dans le tibia.
X. — « Sarah G... âgée de vingt-cinq ans, fut reçue dans l'hôpital de
Sainte-Marie, le 20 octobre 1857. H y a huit ans, la malade reçut un
coup à la partie antérieure du tibia de la jambe droite, un peu au-dessous du
ligament rotulien ; il survint une tumeur qui s'accrut graduellement, jusqu'à
ce qu'elle atteignit la gro.^seur d'un œuf de poule. Le développement de cette
tumeur se fit sans incommoder la malade jusqu'à il y a quatre ans ; alors
des douleurs vives étant survenues, cette femme fut reçue à l'hôpital (Métro-
(1) Astley Cooper, Surgical Essays. London, 1818, part. 1, p. 163, et trad.
cit. p. 59".
(2) F. W. Webster, New England Journ. of medicine and Surgery, etc , 1819,
t. VIII, et Dezeimeris, Mém. cil.
(3) W. J. Wickham, Case of hydatids in the tibia, etc., iu The London médical
and physical .tournai, juin 1827, p. 530, ni Pezeimeris, Mém. cit.
5.V| AFFECTIONS VERM1NEUSES DES CAVITÉS SKnF.USES
politan hospital), Le traitement consista uniquement dans l'application de vé-
sicatoires; la douleur diminua, mais la tumeur resta la même jusqu'à l'entrée
de la malade dans mon service, il y a dix semaines. A celte époque, la tu-
meur s'était ouverte spontanément, et de la matière avec des acéphalocystes
en était sortie, ce qui détermina le docteur Dauueney, qui lui donnait des soins,
à lui conseiller d'entrer à l'hôpital Sainte- Marie.
» Le jour de son admission, il y avait une tumeur de la grosseur d'une
orange à la partie supérieure du tibia, immédiatement au-dessous de la tubé-
rosité. Au centre de la tumeur existait une petite ulcération et les téguments
étaient rouges et gonflés aux environs. Les matières, en petite quantité, qui
en sortaient, contenaient quelques acéphalocystes et par là on reconnut la
nature du mal.
» L'existence dans le tibia d'une cavité qui contenait des hydatides n'étant
pas douteuse, je résolus de l'ouvrir et d'en évacuer le contenu.
» Le 4 novembre, ayant fait une incision cruciale et détaché les téguments,
j'enlevai avec la scie et la gouge, une lame mince et large de l'os qui formait
la partie antérieure de la tumeur. Dans cette tumeur était renfermée une
grande hydatide dont une partie s'était échappée. La cavité qui s'étendait
depuis un demi-pouce au-dessous de l'articulation du genou, et qui avait trois
pouces de profondeur, était maintenant à découvert et des hydatides en nombre
considérable en furent retirées ; toute la cavité était revêtue par une mem-
brane blanche et luisante. Après l'extraction de toutes les hydatides que je
pus atteindre, je touchai cette membrane avec du nitrate d'argent solide, et je
remplis la cavité, de charpie. Les vésicules (ihe cysls) consistaient en une
membrane friable, transparente, qui se séparait en lames distinctes...
L'examen microscopique montra évidemment qu'il s'agissait de membranes
hydatiques, mais on ne trouva pas d'échinocoques.
» Le 7, la charpie fut enlevée et la cavité fut lavée avec une solution de
chloride de soude; plusieurs hydatides en sortirent. Depuis ce temps, la plaie
fut. pansée chaque jour de la même manière. — Le 1 4 , deux hydatides en
sortirent encore. — Le 18, des bourgeons sains se montraient à la surface
d'une grande partie de la cavité, mais la partie supérieure du fond dé cette
cavité présentait un aspect noirâtre, et l'on y découvrit une portion d'os né-
crosée. — Le 30, ce séquestre qui était devenu libre, fut extrait avec une
pince, il avait environ deux pouces de longueur et un pouce et demi de lar-
geur; il était couvert sur les deux faces par de petites hydatides de la dimen-
sion d'une tête d'épingle. Ces hydatides étaient en si grand nombre que
l'os en paraissait comme revêtu par une couche de lymphe plastique ; cepen-
dant, en examinant de près, elles pouvaient être facilement reconnues.
Quelques-unes étaient tassées ensemble comme des grains de raisin sec,
d'autres isolées étaient adhérentes à l'os par de minces particules [by fine par-
ticles) .
» L'extraction du séquestre produisit immédiatement un bon effet ; les
bourgeons charnus commencèrent à pousser sur la partie dont il avait été en-
NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDATIDES. 555
levé; la cavité se combla rapidement, et le S février, la malade fut renvoyée
de l'hôpital presque guérie (1). a
Obs. CCXLVIII (... ?). — Hydatides dans le tibia.
XI. — Nous mentionnerons en outre un cas d'hydatides du tibia dont Ja
pièce pathologique se trouve dans le musée de Hunter à Glasgow (2).
Un cas de tumeurs hydatiques? disséminées sous les téguments,
observé par M. Borchard (3), est rapporté à tort par plusieurs au-
teurs aux hydatides du tibia.
B. — Hydatides dans les os plats.
Obs. CCXLIX (Dupdytren). — Temporal?
« I- — Une jeune fille vint, il y a vingt ans, à ma consultation avec une
tumeur à la tempe qu'on attribuait à un violent coup de fouet. Je fis une ponc-
tion exploratrice, ce qu'on doit toujours pratiquer, quand la nature du mal n'est
pas bien déterminée ; un jet de liquide séreux s'élança aussitôt. En agrandis-
sant l'ouverture, je pressai sur les deux côtés ; il sortit un grand sac blanc,
c'était une hydatide qui s'était développée dans le corps du temporal (4). »
Obs. CCL (R. Keate). — Frontal.
II. — Fille âgée de dix-huit ans; tumeur sur le frontal, principalement
au-dessus de l'orbite du côté gauche, de nature osseuse, grosse comme les
trois quarts d'une orange, datant de six ans, ayant fait de rapides progrès de-
puis trois ans; depuis lors douleurs de tête violentes, vertiges, tintements
d'oreille, maux de cœur.
« Le 3 avril, elle fut opérée pour la première fois : on mit à nu la tumeur
tout entière par une incision cruciale, et l'on commença à scier la partie sail-
lante de l'os, au niveau de la surface du frontal. On était parvenu au tiers de
cette opération, lorsqu'on crut remarquer une forte pulsation dans la tumeur;
(1) William Coulson, Case of hydatids of the tibia, in Medico -chirurgical Transact.
publish. by the royal med. and chïrurg. Society of London, 1858, vol. XLI, p. 307.
(2) Dezeimeris, Mém. cit., p 53t.
(3) Il s'agit d'un homme « qui portait sur les extrémités supérieures, ainsi que
sur les inférieures, surtout dans le voisinage de l'articulation numéro-cubitale, de
nombreux kystes à parois très épaisses et très dures, dont quelques-uns avaient
presque le volume d'un œuf de pigeon. Ayant incisé une de ces tumeurs, je vis
jaillir de nombreuses vessies de la grosseur d'une petite noisette. Il y avait en
outre sur le tibia de la jambe gauche un ulcère sordide et à bords calleux et très
élevés, dans lequel tout changement de température atmosphérique provoquait de
vives douleurs. » {Expérience, t. I, p. 531, note)
L'observateur ne fait évidemment nulle mention d'hydatides dans le tibia.
(4) Dupuytren, omit, cit., t. III, p. 360. Peut-être ne s'agit-il ici que du muscle
temporal ?
55b' AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SEKEUSES
on laissa alors la scie, ot l'on emporta au moyen d'un élévatoire, un fragment
de la tumeur osseuse. On découvrit alors une vessie à parois minces, qui
se déchira et laissa écouler un liquide incolore. La cavité osseuse ainsi vidée
présentait de toutes parts une surface raboteuse, dont le fond descendait évi-
demment au-dessous du niveau naturel de la table interne du frontal ; la fai-
blesse de la malade mit dans la nécessité d'interrompre l'opération.
» On espéra que le reste des parois de la caverne osseuse pourrait être dé-
truite avec le caustique ; des accidents inflammatoires assez graves suivirent
l'opération, mais cédèrent à un traitement approprié; on cautérisa l'os avec
de la potasse pure pour en hâter l'exfoliation. Des granulations se développè-
rent rapidement dans la cavité de la tumeur ; la malade sortit de l'hôpital au
mois de juillet, mais le même traitement fut conhnué dehors. La plaie fut
guérie au mois de septembre. Au mois de janvier 1817, il se développa au
même endroit une nouvelle tumeur qui eut bientôt acquis le volume de la
première; elle se déchira ; il en sortit un fluide terne, ses parois s'affaissèrent
et elle guérit de nouveau. Les mêmes alternatives se reproduisirent à plusieurs
reprises.
Au mois de février, elle fut de nouveau plus volumineuse et plus élevée
qu'elle n'avait jamais été ; des symptômes généraux se développèrent et la
malade rentra à l'hôpital. Robert Keate appliqua le caustique sur la tumeur ;
il sortit une hydatide de la cavité ainsi ouverte. Ayant mis complètement à
découvert cette cavité par l'emploi répété de la potasse, on découvrit une
quantité d'hydatides, qu'on essaya vainement de détruire par des causti-
ques de toute espèce, et l'on dut se déterminer au mois de décembre à prati-
quer la première opération qu'on avait tentée. La tumeur fut mise complète
ment à nu et sciée au niveau de la surface du frontal, ce qui mit à découvert
le fond de cette cavité, qui n'avait pas moins de six pouces et demi de profon-
deur; cinq à six hydatides s'y trouvaient logées ; on les enleva avec soin,
et la table interne du crâne fut mise entièrement à nu. On pansa avec de la
charpie imbibée de sulfate de cuivre ; la guérison marcha lentement et ne fut
complète qu'au bout de quelques mois (1). »
Obs. CCLl (Langenbeck). — Frontal.
III. — Il s'agit d'une fille âgée de dix-sept ans, qui, étant tombée à l'eau,
en 1802, parut avoir quelques jours après une rougeole irrégulière; et qui
reçut, dans le courant de la même année, un coup violent à la rég'on frontale
droite. Peu de temps après apparut, vers la région du sinus frontal du côté
droit, une tuméfaction indolore, qui s'étendit, vers la région temporale. L'œil
fut poussé en bas et en dehors, et peu à peu la vup se perdit.
« En 1 818, la tumeur avait un volume considérable. En dehors elle s'éten-
dait jusqu'à la suture coronale ; le rebord orbitaire du frontal, le globe de
(l) Robert Keate, Medico-chirurg . Transact., 1819, vol. X, part. II, et Dezei-
meris, Mém.cit.
NATURELLES OU ADVENTJVES. — HÏDATIDES. 557
l'œil et l'orbite étaient repousses en bas ; l'œil était recouvert naturellement
par les paupières et n'était point expulsé de l'orbite, de sorte qu'il n'y avait
point à proprement parler d'exophlhalmie; l'orbite et le globe de l'œil étaient
simultanément repoussés en bas et en dehors, de sorte que l'œil était presque
au niveau de la pointe du nez. L'ouverture des paupières était semi-lunaire;
le globe de l'œil pouvait à peine être un peu dirigé vers le nez, il était du
reste dans son état naturel, point atrophié, mais complètement amaurotique.
Quoique la tumeur fût en général résistante, en plusieurs points de la région
temporale et au-dessus de l'œil elle cédait sous l'impression du doigt, mais
elle revenait sur elle-même dès que la pression venait à cesser, comme fe-
rait le couvercle d'une boîte de fer-blanc. La tumeur était complètement indo-
lore, mais si on la pressait fortement au-dessus du nez, la malade y éprou-
vait de la douleur. On jugeait que cette tumeur ne s'étendait pas vers le cer-
veau par l'absence de tout symptôme de dérangement des fonctions de cet
organe : il n'y avait ni douleur de tête, ni vomissements, ni vertiges, ni in-
sensibilité, ni état soporeux ; la malade jouissait, du reste, d'une santé par-
faite. »
Langenbeck pratiqua l'opération le 2 décembre 1818. Les téguments
furent divisés sur la tumeur par une incision cruciale; la table externe du
frontal fut ouverte au moyen du trépan perforatif. On introduisit une pince
dans cette ouverture et on l'agrandit en brisant quelques fragments de cette
table externe, ce qui se fit sans difficulté ; à l'ouverture du sinus, il s'en écoula
une humeur lymphatique, claire et visqueuse, et l'on vit une vessie à parois
brillantes qui remplissait tout le sinus et d'où s'écoulait une humeur lympha-
tique, car elle avait été déchirée lors de l'ouverture de la cavité osseuse ;
l'hydatide fut saisie avec la pince et arrachée par lambeaux.
La cavité avait 3 pouces de diamètre dans un sens et 3 4/2 pouces dans
un autre sens; le kyste était partagé en un grand nombre de cellules pleines
d'un liquide jaunâtre et ses parois étaient épaisses et presque cartilagi-
neuses.
On pratiqua des injections détersives, puis des injections de sublimé qu'on
dut abandonner a cause de l'invasion de la salivation. La tumeur diminua de
volume, mais ne fut pas guérie.
Un an après environ, « la tumeurétait encore dans le même état et l'écou-
lement de pus encore aussi considérable. Pour diminuer celte sécrétion, Lan-
genbeck passa deux sétons à travers la tumeur ; l'effet en fut remar-
quable : la sécrétion purulente diminua bientôt, ainsi que le volume de la
tumeur (1). »
Obs. CCLI1 (Fricke). — Os du bassin.
ÏV. — Un homme, âgé de soixante ans, avait fait, dix-neuf ans avant d'être
vu par le docteur Fricke, une chute sur le derrière ; depuis lors il avait con-
(t) Langenbeck, Neue Bibîiothek fur die Chirurgie une Ophthalmologie, t. II
p. 365-372, publié par le docteur Barckhausea. — Dezeimeris, Mérn. cil.
5M affections vkrmineusks des cavités SÉKECSES
serve des douleurs dans la hanche ci la tubérosité sciatique; il survint une
tumeur ii la fesse, à une époque qui n'a pu être précisée.
Il existait à la région de l'articulation ilio-fémorale une grosse tumeur avec
fluctuation qui gênait la marche sans la rendre absolument impossible, et qui
n'était pas douloureuse au toucher, bien que le malade y éprouvât fréquem-
ment des douleurs spontanées qui se faisaient sentir aussi plus profondément
dans le bassin et vers le sacrum. En apparence le membre pelvien droit était
allongé, mais en réalité il était raccourci, la fièvre hectique mil fin aux jours
du malade. Le diagnostic avait été : abcès par congestion.
Autopsie. A la partie supérieure de la cuisse droite, il y avait une tumeur
volumineuse qui descendait depuis la région de l'épine iliaque antérieure et
supérieure jusqu'au commencement du second tiers de la cuisse, et s'étendait
en dedans jusqu'au delà du pli crural interne, en arrière jusque sur la fesse
du côté malade; il s'écoula par une ponction une grande quantité de liquide
semblable à de la soupe aux pois, avec de nombreux petits corps blanchâtres,
demi transparents et de grandeur différente. Une incision montra, près du
grand trochanter et s'étendant jusqu'aux muscles fessiers, plusieurs cavités,
parmi lesquelles une plus grande était remplie par une poche du volume du
poing qui contenait beaucoup d'hydatides très grandes; des cavités plus pe-
tites existaient autour du ligament capsulaire ; celui-ci était désorganisé. La
cavité cotyloïde renfermait une grande quantité de petites hydatides plongées
dans un liquide jaunâtre. A trois quarts de pouce au-dessous de l'épine iliaque
antérieure et supérieure, existait encore une poche transparente dont l'inci-
sion donna issue à une quantité prodigieuse d'hydatides; cette poche com-
muniquait dans le bassin, et deux ouvertures plus petites communiquaient
avec la cavité cotyloïde ; entre les deux épines iliaques, il y avait une autre
ouverture, qui laissa échapper un grand nombre d'hydatides par une pression
exercée sur le bassin. A la face interne du muscle iliaque interne et du grand
psoas existait une caverne remplie d'hydatides et d'un liquide jaune, cette
caverne communiquait avec la bourse synoviale du muscle iliaque et celle-
ci avec l'articulation. Une grande cavité, formée dans le tissu spongieux entre
les deux lames de l'iléon droit, fut ouverte par une incision; elle avait le vo-
lume du poing, et contenait une masse considérable d'hydatides ; elle com-
prenait, outre, l'iléon, la plus grande partie de l'ischion et la branche horizon-
tale du pubis. La voûte de la cavité cotyloïde était détruite et l'articulation
communiquait avec la caverne par une grande ouverture; la tête du fémur
était rugueuse et cariée.
Les hydatides, véritables acéphalocystes, étaient d'un volume variable de-
puis celui d'une petite perle jusqu'à celui d'un œuf de pigeon (1 ).
V. — Dezeimeris rapporte que, dans le musée de Hunier à Londres, sous
(1) Fricke, in Zeilschrift filr die gesammte Medicin, etc., 7* vol., 3* cahier,
p. 383, rapporté dans V Expérience, 1838, n° 34, p. 529, et Arch. gén. de rnéd.,
1839, 3e série, t. VI, p. 493.
Naturelles ou alhentives. — hydatides. 559
le n° 521, se Irouve l'os iliaque d'un bœuf, renfermant une grosse hyda-
tide(l).
C. — Hydatides dans les os courts.
Obs. CCLIII (Gcesnard). — Corps du sphénoïde.
« Aun" 30,salle^>aint-PauI, était couché Buixon (Simon), âgé de sept ans,
né à Vaugirard.
» Le 4 e1" janvier, sans cause connue, sans aucun symptôme précurseur, la
paupière supérieure tomba sur le globe oculaire (du côté droit) ; mais la santé
générale est toujours conservée. Le 13 janvier seulement, l'enfant, qui, la
veille, s'était couché bien portant, est pris de céphalalgie, de frissons, et
vomit, à six heures et demie du matin, après l'ingestion d'un, peu d'eau de
fleurs d'oranger; plus tard encore, un demi-verre de vin sucré rappelle les
vomissements. Le même jour, son père l'amène à l'hôpital.
i) A notre première visite, il s'offrit dans l'état suivant : légèrement as-
soupi, s'irritant à la moindre contrariété, sa face est un peu colorée, la vue
paraît, éteinte, surtout du côté droit, et le globe oculaire de ce côté est re-
couvert par la paupière supérieure qui est paralysée; il est en même temps
plus saillant que celui du côté opposé. La pupille, très dilatée, est immobile ;
l'œil n'est nullement sensible à 1 impression de la lumière, ni même au con-
tact d'un agent matériel, d'une plume par exemple, qui vient irriter la con-
jonctive.— Du côté gauche, l'œil est ouvert; la pupille, plus dilatée que
dans l'état normal, l'est moins cependant que du côté opposé et se con-
tracte légèrement; mais la sensation de la lumière n'est pas perçue,
tandis que la sensibilité tactile persiste, que les paupières se ferment dès
qu'elles sont irritées par un corps étranger. Du reste,, il n'y a pas de stra-
bisme ; les yeux paraissent se mouvoir de chaque côté dans leur orbite.
Les autres organes des sens sont conservés dans leur intégrité, l'enfant en-
tend parfaitement, a la conscience des saveurs et des odeurs. La sensibi-
lité cutanée est partout dans son état nurmal. Le système locomoteur n'offre
aucun phénomène morbide, si ce n'est que le malade s'agite assez souvent,
et grince quelquefois des dents. L'intelligence est parfaitement conservée.
Les réponses sont justes, mais faites avec impatience. Le malade accuse de
la céphalalgie, sans préciser l'endroit douloureux. Aucun trouble ne se re-
marque du côté des organes digeslifs. La langue est humide, l'abdomen n'est
nullement douloureux, les vomissements n'ont pas reparu, les évacuations
alvines sont normales; la respiration est franche, régulière, de temps à autre
suspirieuse ; le pouls est petit, à peine sensible, et offre 114 pulsations par
minute ; la chaleur cutanée n'est pas élevée.
» Des sinapismes sont appliqués aux jambes du petit malade, qui les sent
impatiemment, et, les 1 3 et 1 5 janvier, on lui administre, dans une potion,
trois gouttes d'huile de croton qui déterminent plusieurs selles liquides. Pen-
(1) Dezeimeris, note cit. p. 521.
550 AFFECTIONS VbllMLYKUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
daul les trois jours, les mêmes symptômes se remarquent. La face se colore
de temps à autre; il y a un peu d'agitation. La commissure des lèvres du
côté droit s'élève légèrement: cette élévation coïncide avec une élévation
légère de tous les traits du môme côté.
» Le 1 6 janvier, le pouls est moins fréquent, plus sensible, le malade pa-
raît mieux, et demande à manger, il avale avec avidité du sucre et un biscuit
qu'on lui donne La respiration cesse d'être suspirieuse.
» Le 18, l'enfant n'attirait presque plus notre attention que par l'expres-
sion de sa physionomie, la vivacité de ses paroles, et la médecine paraissait
n'avoir plus rien à faire chez lui, si ce n'est à chercher a guérir son amau-
rose double et la légère hémiplégie qu'il présentait, lorsqu'il fut pris d'une
scarlatine. L'éruption s'en fit d'une manière assez bénigne, et se termina bien,
au bout de quatre jours, sans aucun accident ; mais, le 23 janvier, notre petit
malade, qui n'avait pas été vacciné, fut pris d'une variole. L'éruption eut une
marche irrégulière, et l'enfant succomba, le 1er février, après une courte
agonie.
» Autopsie. — Le crâne parut être d'une conformation normale, et n'offrit
rien de notable sous le rapport de son volume. Après en avoir scié la voûte,
je voulus la détacher, et fus fort étonné de voir, dans cette opération, s'échapper
un jet de liquide de son intérieur.
» Il existait du côté droit un kyste placé entre la dure-mère et les parois
latérales du crâne (c'est-à-dire le temporal et le pariétal). Ce kyste, contenu
dans une vaste excavation creusée aux dépens de la substance cérébrale,
s'étendait aussi jusqu'à la base du cerveau, qui se trouvait de cette manière
refoulée fortement en haut dans son hémisphère droit: c'est sa déchirure qui
avait donné lieu à l'écoulement du liquide précité. Cette tumeur, dont le vo-
lume peut être comparé à deux fois celui d'un œuf de poule, occupait toute la
fosse cérébrale moyenne, traversait en avant, par une extrémité aplatie, comme
étranglée, la fente sphénoïdale, et là, se prolongeait d'un travers de doigt
dans la cavité orbitaire: en dedans, elle soulevait l'extrémité antérieure de
la tente du cervelet, pour pénétrer dans un enfoncement creusé au-dessus de
la fosse pituitaire dans le corps même du sphénoïde.
y> Ce kyste se trouvait accolé à une vésicule de même nature, de la gros-
seur d'une noix, placée dans le foyer pituitaire, entre la portion osseuse du
corps sphénoïdal et la dure-mère qui l'environnait de tous côtés. Du côté
gauche, elle avait fortement écarté les sinus caverneux ; du côté droit, les
sinus, déjà soulevés par la première tumeur, ne lui offraient plus de limite, et
lui permettaient d'être en contact avec celle-ci. Outre ce deuxième kyste, il
en existait d'autres du volume d'une lentille, placés dans de petites excava-
tions osseuses qu'offrait le corps du sphénoïde, ; d'autres (vésicules) miliaires
existaient plus profondément, et furent prises avec des pinces; elles étaient
contenues dans les aréoles du tissu osseux: j'en trouvai une vingtaine.
» Ces kystes sphénoïdaux sont remplis d'un liquide qui, par l'incision de la
poche, s'écoule en jet, comme si la membrane qui le renferme revenait sur
NATURELLES OU ADVENTIVES. — I1YDATIDES. 561
elle-même en verlu de son élasticité. Transparent au moment de l'autopsie, ce
liquide devint, au bout de quelques jours, nébuleux: les nuages sont dus à
une séparation d'une partie des membranes.
» La poche vésiculaire présente une surface lisse, uniforme, nullement
adhérente ; la membrane qui la forme, lor.-qu'elle est pleine de liquide, paraît
mince, transparente ; mais, dès que ce liquide s'écoule, elle revient sur elle-
même, et, triplant presque d'épaisseur, devient demi-opaque, opaline, c'est
tout à fait l'apparence de blanc d'œuf coagulé, ou encore de fausses mem-
branes récentes. Elle est composée de plusieurs feuillets, dont 1 interne, plus
mince, plus transparent, semble mieux organisé; les autres paraissent être
des lames de tissu cellulaire bien moins condensé. La dure- mère, détachée
des os par les tumeurs, offre, dans quelques endroits, des plaques opaques,
comme osseuses, dans d'autres points, elle est amincie, légèrement éraillée.
» La substance céréiirale n'est ramollie dans aucun point, sa consistance, sa
couleur sont normales; l'hémisphère droit est remarquable pur la compas-
sion qu'il a éprouvée, fortement exca\é à sa base et sur les côtés de son lobe
moyen, ses cii convolutions ont en partie disparu, et ses anfra>'tuosités sont
bien moins éiendues. Le plancher du ventricule latéral droit s'élève un pouce
plus haut que celui du côté opposé, et touche au plafond du même ventricule.
La couche optique et le corps strié sont légèrement applatis. Du reste, aucun
liquide; n existe dans les cavités du cerveau. Les nerfs optiques sont à I état
normal jusqu'à leur chiasma ; mais là ils commencent à être soulevés par la
tumeur jusqu'à leur entrée d,<ns le trou optique, où ils sont, pour ainsi dire,
étrangles par la limite supérieure de ce trou. Celui du côté droit offre, en
outre, des points aplatis, d'autres rétrécis, et, à son entrée dans la scléro-
tique, il a moins de volume que celui du côté opposé. D ailleurs, les nerfs ne
paraissent pas autrement altérés dans leur texture. Les filets nerveux, qui
rampent dans la pjroi externe du sinus caverneux, ont subi tous une disten-
sion et une compiession remarquables. Mais cet effet est marqué surtout pour
la branche ophtlialmique de la cinquième paire, qui se trouve d'autant plus
tiraillée, que la tumeur soulève la dure-mère, à partir même de son point de
Séparation du ganglion de Gasser, qui se trouve accolé à la base du crâne.
» L'altération la plus remarquable est celle des os, assez semblable à celle
que leur font éprouver les tumeurs anévrysmatiques. Ils sent rugueux, offrent
des saillies entrecoupées d'enfoncements. Toute la fosse cérébrale moyenne, le
corps du sphénoïde et son apophyse il Ingrassia^, ne sont plus recouverts par
la dure-mère, et ont perdu dans certains points leur lame interne ; dans d'au-
tres, ils sont réduits à leur lame externe; enfin, ça et là le temporal paraît
réduit à une sorte de feuillet transparent, crépitant comme le parchemin.
C'est une altération analogue a celle qu'éprouvent les os du crâne, lorsqu'ils
sont en contact avec un fongus de la dure-mère. Le trou maxillaiie supérieur
est rugueux et présente trois fois son volume ordinaire.
• » La voûte orbitaire est beaucoup plus saillante du côté droit que du côté
i gauche. Les globes oculaires offrent un volume normal. L'œil gauche est dans
f>Ô2 AFFECTIONS VEIlMINRUSKS DKS CAVITÉS SÉREUSES
un médiocre dt^ré do dilatation, sa cornée est transparente; mais celui du
mu' droit est fortement dilaté, sa cornée est opaque (altération ancienne
causée par un accident), comme flétrie, la conjonctive y est fortement
injectée.
» Le foie, sain d'ailleurs, présente dans son centre une tumeur vésiculaire,
semblable à celle que nous avions vue dans la cavité crânienne ; elle est du
volume d'une noix (1 ). »
NEUVIÈME SECTION.
TRAITEMENT DES TUMEURS HYDATIQUES.
CHAPITRE PREMIER.
TRAITEMENT MÉDICAL.
L'efficacité du traitement médical des hydatides est fort incer-
taine. On peut affirmer que la plupart des médicaments qui ont été
proposés jusqu'aujourd'hui sont restés sans effets dans plusieurs cas
où l'existence des hydatides a été bien déterminée, tandis que l'on
ne citerait peut-être aucune observation bien constatée de guérison
que l'on puisse, dans des cas semblables, attribuer au médicament.
Il est vrji que, da'S ce dernier cas, le diagnostic peut rester incer-
tain par suite de la guérison même, et que, dans le premier, au
contraire, les progrès ultérieurs du mal ou l'autopsie démontrent la
nature de la maladie. Il y a donc quelque raison de ne pas condam-
ner absolument tous les agents thérapeutiques qui ont été proposés
jusqu'aujourd'hui, et qui n'ont point été expérimentés suffisamment.
C'est ici surtout que l'expérience acquise sur la thérapeutique des
affections vermineuses , chez les animaux domestiques , pourrait
rendre des services chez l'homme.
Article premier. — Prophylaxie. — En l'absence de connais-
sances positives sur le mode de transmission des hydatides et sur les
circonstances qui favor^ent leur développement dans l'espèce hu-
maine, on ne peut établir les indications prophylactiques de ces
affections.
(J) Guesnard, Observation d'acéphalccystes développées dans les os du crâne
(Journ. hebd. des progrès des se. méd., 1836, t. I, p. 271).
Naturelles ou âdventives. — hydatides. 563
Article II. — Agents thérapeutiques. — D'après la nature
et le séjour des hydatides, il semble que les médicaments appli-
cables à leur destruction doivent être des substances solubles dans
les liquides de l'économie, substances qui, étant absorbées et circu-
lant avec le sang, arrivent au contact de la poche hydatique dans
laquelle elles pénètrent par endosmose; il faut encore que ces sub-
stances, toxiques pour les hydatides, ne le soi nt point pour les
organes de l'homme. Aucune expérience directe n'a été faite à ce
sujet, et l'on ne peut dire si les médicaments qui ont été proposés
remplissent ces conditions.
§1. — Baumes a fait connaître plusieurs observations qui ten-
draient à prouver que le protochlorure de mercure jouit de quelque
efficacité contre les hydatides (1), mais les auteurs du Compendium
de médecine pratique (art. AcÉphalocyste) disent avoir vu employer
ce médicament sans succès dans des cas où ï existence des hyda-
tides n'était pas douteuse, puisqu'elle fut confirmée par l'autopsie.
Chez plusieurs malades dont l'observation est rapportée dans cet
ouvrage, l'administration du mercure a été poussée jus ju'à la saliva-
tion, et cependant la marche de la maladie n'a paru en avoir éprouvé
aucune modification (voy. obs. XCVIIÏ.CXIX (2). CCLXXI).
§ II. — Le chlorure de sodium a été conseillé par Laenm c sur
cette considération que les moutons qui paissent dans les prés salés
sont exempts d'hydatides, et que l'on guérit, en les conduisant dans
ces pâturages, ceux qui, dans les prairies marécageuses* offrent les
symptômes déterminés par les vers vésiculaires. « J'ai employé
plusieurs fois avec succès, dit cet observateur, les bains salés chez
des personnes qui avaient rendu des acéphalocystes ou qui portaient
des tumeurs qu'on pouvait soupçonner être dues à ces vers. J'ai vu
plusieurs fois des tumeurs volumineuses s'affaisser sous l'influence
de ce moyen. Dans un de ces cas, un kyste hydatique se fit jour dans
les intestins et la malade qui présentait des symptômes propres à
faire craindre une mort piochaine, rendit par leg selles un grand
nombre d'acéphalocystes, après avoir pris trois ou quatre bains, qui
contenaient chacun six livres de chlorure de sodium ; cette évacua-
tion fut suivie de la guérison de la maladie (3). » On ne peut ad-
(1) Ann. deméd prat. de Montpel'ier.
(2) On ne peut attribuer h guérison du cas de Lind (obs. CXIX) à l'action du
mercure; elle a été déterminée par l'é\acuation des hydatides.
(3) Laennec, ouvr. vit., t. II, p 203.
Ce cas est probablement celui que nous avons rapporté obs. XXXVI.
56A AKFI'.CTIONS VERMINEU3BS DES CAVITÉS SÉREUSES
mettre avec Laennec que les bains salés employés chez cette malade
aient été pour quelque chose dans l'expulsion des hydatides à laquelle
seule on doit attribuer la guérison. Le chlorure de sodium existe
dans le liquide des hydatides en grande proportion ; il est donc peu
probable que ce sel puisse déterminer la mort des vers vésiculaires.
S'il favorise la guérison, c'est sans doute en agissant sur l'économie
du malade, comme peut-être il le fait sur celle des marins pour les
en préserver ; mais l'absence des hydatides chez les matelots et chez
les animaux qui paissent dans les prés salés pourrait tenir à d*es cir-
constances qui empêchent la transmis>ion de ces vers. Quoi qu'il en
soit,l'efficaciié du sel marin administré à l'intérieur ou bien à l'ex-
térieur est loin d'être constatée aujouid'hui, efles espérances de
Laennec ne se sont point réalisées.
§ LU. — L'iodure de potassium a été employé contre les hyda-
tides; il a été préconisé surtout par les médecins anglais, mais son
efficacité n'est pas mieux constatée que celle du chlorure de sodium.
M. Hawkins rapporte le cas d'un malade admis à l'hôpital Saint-
Georges, chez qui une tumeur hydatique, une ascite et d'autres sym-
ptômes graves parurent céder à l'influence d'un traitement par
l'iode, mais environ un an après, la maladie se termina d'une manière
fatale (1).
L'usage intérieur de l'iodure de potassium pourrait être secondé
par l'application sur la tumeur de pommades iouurées. Les hautes
doses auxquelles on peut porter ce médicament sans nuire au malade,
la facilité de son absorption et de son passage dans les liquides ex-
crétés, font présumer qu'il arrive dans le liquide des hydatides, et
l'on pourrait en espérer une action favorable.
§ IV. — Nous passerons sous silence les autres médicaments pro-
posés contre les vers vésiculaires, car ils n'ont pour eux ni la raison
de l'induction, ni celle de l'expérience.
§ Y. — Le traitement médical reçoit de nouvelles indications
lorsque la tumeur hydatique occasionne des accidents, tels que
l'inflammation et la suppuration des organes voisins ; alors la
saignée, les sangsues, les bains, les cataplasmes pourront, suivant
les cas, être employés utilement. Quelques médicaments internes
peuvent aussi être administrés dans des cas spéciaux : les narcoti-
ques pour calmer les accès de toux que détermine le passage dans
les bronches des matières d'un kyste hydatique; les mercuriaux
;i) Cit*4 par Budd, p. 449.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 565
contre les symptômes d'inflammation du foie, néanmoins le mercure
est resté sans efficacité dans deux cas dont nous avons donné la re-
lation (obs. XCI, Cl) ; la térébenthine lorsque les kystes des reins
se sont ouverts dans le bassinet, médicament qui se recommande
par deux faits dans lesquels il a paru utile.
Article III. — Agents physiques. — § I. — L'application de
r électricité à la destruction des hydatideset.par suite, à la guérison
des tumeurs qu'elles forment, a été proposée il y a plusieurs an-
nées déjà, au rapport de M. Budd (1). Elle a été essayée en Islande
et avec succès, à ce qu'il paraît: " Dans ces dernières années, dit
M. Guérault, on a songe à faire appel à l'électricité ; M. le docteur
Thorarensen, médecin du canton de l'Est de l'Islande, a eu l'idée de
tuer les ac^phalocystes dans le (oie, au moyen de décharges élec-
triques et à l'aide de longues et fines aiguilles d'acier obliquement
introduites aux deux pôles de la tumeur. Il y a six ans déjà que ce
moyen thérapeutique fut, pour \& première fois , employé chez un né-
gociant Glandais, M. Simpson, et, dans cette expérience unique, le
succès fut prompt et complet, la tumeur s'affaissa peu à peu, et les
hydatides, probablement résorbées, ne reparurent pas (2). ■<
§ IL — Le froid appliqué s>ur une tumeur hydatique pendant
un temps suffisant pour qu'il en pénétrât la masse, pourrait tuer
peut-être les échinocoques ou la vésicule qui les renferme, et em-
pêcher par là l'aci-roissement de la tumeur ou favoriser sa résorption.
Ce moyen mériterait d'être expérimenté dans certains cas où l'ap-
plication de la glace pendant un temps assez long ne pourrait avoir
d'inconvénients pour les organes voisins du kyste hydatique.
CHAPITRE IL
TRAITEMENT CHIRURGICAL.
Les moyens chirurgicaux proposés pour obtenir la guérison des
tumeurs hydatiques peuvent se ranger sous trois chefs :
1° Ceux qui procurent l'évacuation du contenu de la tumeur ;
2° Ceux qui procurent la modification ou la résorption des ma-
tières contenues dans la tumeur ;
, (1) The médical Gazette, 9 oct. 1846, p. 643, cité par Budd.
(2) Guérault, Mém. cit.
>06 ArPIXTIONS VhRMINEUSES DES CAVITÉS SEREUSES
3° L'extirpation du kyste.
Plusieurs méthodes ou plusieurs procédés ont été mis en pratique
pour obtenir soit l'évacuation, soit la résorption du contenu de la
tumeur, soit l'extirpation du kyste.
Article premier. — \J évacuation des madères contenues dans
la tumeur s'obtient par plusieurs procédés, qui sont : la ponction
simple, les ponctions successives, l.i ponction avec ouverture perma-
nente, l'incision simple, l'incision à deux temps, l'application d'un
caustique.
A. — Ponction simple.
La ponction a été pratiquée dans le but de reconnaître la nature
de la tumeur observée ou pour arriver à sa guérison. Nous n'avons
point à nous occuper ici des indications que cette opération peut
donner au diagnostic ; mais nous devons examiner ses avantages et
ses inconvénients.
L)t>qu'un trocart n'aura à traverser, pour arriver au kyste, au-
cun organe important, aucune cavité séreuse, l'opération sera inof-
fc-nsive, et c'est ce que montrent les faits que nous avons déjà rap-
portés (1); mais lorsqu'elle traverse pour arriver au kyste unegrande
cavité séreuse, la ponction, lût-elle faite avec un trocart capillaire,
peut occasionner des accidents graves, mortels même; d'un autre
côté, cette opération a suffi quelquefois à déterminer la guérison.
1° Cas de ponction suivie d'accidents.
Oes. CCLIV (Goyrand d'Aix). — Hydatide de la rate; ponction; péri-
tonite.
I. — « Énorme kyste acéphalocyste de la rate, ponction exploratrice suivie
d'une péritonite grave. Ouverinre du kyste pir incision des couches exté-
rieures et cautérisation des couches profondes de la paroi abdominale.
» Mort p ir suite de la rétraction trop rapide du kyste qui s'est détaché du
parenchyme de la rate (2). »
Obs. CCLV (Rombeau). — Kyste de la rate, ponction, accidents con-
sécutifs.
II. — Il s'agit d'une femme, qui entra, en 1854, à la Charité, pour une
(1) Plu-ipurs observations prouvent que la ponction pratiquée dans le tissu
sain du foie est imit a fait inoflVpsive.
(2) Société rie chirurgie, séance du 13 février 1850 {Gaz. des hôpitaux,
ann. XX11I, 1850, d° 25, p. 100).
NATURELLES OU ADVENTIVES. W HYDATIDES. 567
tumeur considérable située dans le côté gauche de la poitrine et le flanc du
mêmecôié. ' •
« Le 31 août, M. Velpeau pratique une ponction exploratrice, qui donne
issue à un litre et demi d'un liquide limpide, salin, ayant un goût analogue à
celui du bouillon gras.
» Le 1er septembre, consécutivement à cette ponction la malade éprouve des
accidents assez inquiétants : vomissements, céphdalgie, mouvement fébrilç
très intense, frissons, douleurs assez vives dans la région malade qui pré*
sente qne'ques caracières d'inflammation, une augmentation dans la tempé-
rature, une assez grande sensibilité à la pression.
» Le 23 septembre, on constate un épanehement dans la poitrine, dans la
moitié inférieure de la plèvre gauche ; douleur vive sur la tumeur.
» Le 4 octobre, nouveaux accidents. — Le 10 octobre, l'état de la malade
s'amende d'une manière notable; le kyste reprend ses premières limites ; les
signes d'épanchement dans la poitrine s'observent toujours.
j> Le 6 novembre, après quelques frissons, quelques tremblements, survient
une mort subite. »
A l'autopsie, on trouva au centre delà rate un énorme kyste hydatkjue
dont nous avons parlé (voy. p. 436) ; il contenait du pus et une hydatide soli-
taire. La plèvre gauche renfermait environ un litre de sérosité. Il n'est point
parlé de lésions du péritoine (1 ).
Obs. CCLVI (Moissenet). — Kyste du foie, ponction exploratrice ; mort.
III. — 11 s'agit d'un homme âgé de quarante-deux ans, très affaibli, qui
portait une tumeur considérable dans l'hypochondre droit.
« Le malade étant placé dans le décubitus dorsal, M. Moissenet fait la ponc-
tion avec un trocart explorateur du plus petit diamètre dans le point le
plus culminant ; il retire le trocart et il jaillit aussitôt par la canule un
liquide très limpide, incolore, et dont le jet n'a pas été interrompu, bien
qu'aucun aide ne comprimât en ce moment la tumeur. Voyant la tumeur exté-
rieure s'effacer et le jet faiblir, M. Moissenet retire bientôt lui-même la ca-
nule avec le plus grand soin. La plaie extérieure est pansée avec un morceau
de diachylon et. un bandage de corps est fixé, sans la moindre pression, au-
tour du ventre du malade. On a retiré en tout 3S0 grammes de liquide.
» Cinq minutes se sont à peine écoulées que le malade est pris d'une syn-
cope... A midi, deux heures après, se déclare un frisson intense, avec cla-
quements de dents, profonde altération des traits, pâleur de la face, nez
effilé, yeux caves, hoquet, nausées, vomissements verts, porracés, abon*
dants: cependant aucune douleur à la pression du ventre (potion avec extrait
d'opium 0,4 0 ; eau de Sellz, glace, etc. ; lavement laudanisé). , i
» Les symptômes vont en s'aggravant; le pouls est à 1 20, 125, petit, filir
(t) Rombeau , interne des hôpitaux (Bull. Soc. anal. , ann. XXIX, 18&4.
p. "341). .
56S AFFECTIONS VURMINEUStS DES CAVITÉS SEREUSES
forme; le* extrémités se refroidissent; l'altération des traits est plus mar-
quée, le m:ilad* commence à accuser de la douleur dans !e ventre, et il suc-
combe dans la nuit, dix-huit heures après la ponction. »
A l'autopsie on constate que l'ouverture pratiquée par le trocart est cica-
trisée à la peau, ainsi qu'à la surface du foie; cet. organe n'a pas contracté
d'adhérences avec la paroi abdominale. Il existe dans le lohe droit du foie un
kyste hyrlatiqne, qui peut contenir cinq litres de liquides, aucun organe n'offre
de lés on qui puisse expliquer la mort.
« Le petit bassin renferme environ un verre et demi d'un liquide citrin, un
peu rougâlre, dans lequel nage un paquet floconneux jaunâtre, du vo'ume
d'un œuf; le< anses intestinales inférieures, qui occupaient la partie déclive de
l'abiomen, étaient injectées, vascularisées, poisseuses; quelques-unes étaient
déjà même réunies par des fausses membranes (1). »
IV. — Dans un cas de kyste hydatique du foie observé par M. Robert
(obs CCXCIV) une ponction exploratrice avec un trocart très tin détermina
de la fièvre, des vomissements, une sensibilité exquise du ventre.
V. — Dans un cas semblable observé par M. Demarquay (obs. CCXCV),
une première et une troisième ponction ne déterminèrent aucun accident,
mais la seconde fut suivie de frissons erratiques, de fièvre, avec altération de
la physionomie.
VI. — Dans un cas de kystedu foie, rapporté par M. Dolbeau (obs. CCXCVI),
une ponction pratiquée avec une aiguille à cataracte détermina des douleurs
épigastriques, de la dyspnée, des vomissements, la fréquence du pouls, etc.
VII. — Dans un cas observé par M. Jobert, une ponction avec séjour de
vingt-qeatre heures de la canule dans le kyste, n'a point occasionné d'acci-
dents ; tandis qu'une autre ponction dans laquelle la canule paraît avoir été
retirée immédiatement, quelques accidents ont suivi cette opération (voy.
obs CCI XVI).
2" Cns de ponction suivie delà gué ri son.
Os. O'LVII (Récahieb). — Kyste 'lu foie.
I. — « Une eune femme portait depui- plusieurs années une tumeur située
dans l'hypo hondre dot, laquelle s'étei dail jusqu'à la ligne blanche et fa t-ait
saille à Texte ieur; cette tumeur était arrondie dure, et i e dé eloppait pas
de douleur par la pression Récami-r y ayant reconnu de la fluctuation, h re-
garda comme dépendant d'une hydro( i-ie enkystée du foie, et se décida à pra-
tiquer une ponction; à cet effet, il enfonça dans la partie la plus déclive un
trocart très fin, qui donna issue à un liquide aqueux et limpide. Celte opéra-
(1) J. Moissenet, De la ponction avec le trocart capillaire, appliquée au traite-
ment rfe.« kystes hydatiques du foie (Archiv. gén. de me'rt., fév. 1859, p. 144, obs. !)..
NATURELLES OU ADVENT1YES. — HYDATIDES. 569
tion fut suivie d'un plein succès. Tous le.-; accidents qui avaient été la suite du
développement de l'abdomen se dissipèrent complètement, et le malade sortit
de l'hôpital parfaitement guérie ■» L'analyse du liquide constata l'absence de
l'albumine, une grande quantité de chlorure de sodium, etc. (1).
Obs. CCLVIII (Hawkins et Brodie). — Kyste du foie.
II. — « Un garçon, âgé de douze ans environ, fut admis à l'hôpital Saint-
Georges dans le service du docteur Chambert, au mois d'août 1822. Il avait
une tumeur considérable dans l'hypochondre droit. Les côtes étaient soule-
vées par la tumeur qui était évidemment fluctuante. II n'y avait aucun déran-
gement dans sa santé, dans les fonctions du foie, ni aucun signe d'abcès dans
cet organe ; la peau était mobile et sans inflammation ; le malade ne se plai-
gnait que d'une gêne occasionnée par la grosseur et la pression de la tumeur.
Après quelque temps de séjour à l'hôpital, Brodie introduisit un trocart plat
sous les côtes, dans l'endroit où la fluctuation était le plus distincte; il en
sortit une pinte et demie d'un liquide incolore et transparent, et qui parais-
sait ne pas contenir d'albumine, car la chaleur n'y produisit point de coagu-
lation. Un bandage compressif fut appliqué après l'opération qui parut avoir
produit l'oblitération complète du kyste : la plaie se guérit promptement. L'en-
fant n'eut aucune fièvre, ni aucun symptôme fâcheux, et il quitta l'hôpital
parfaitement guéri (2). »
Obs. CCLIX (Hawkins et Brodie). — Kyste du foie.
III. — « La malade était une jeune femme, âgée de vingt ans, elle avait
une tumeur plus volumineuse que celle du cas précédent ; cette tumeur l'em-
pêchait de prendre le moindre exercice et la forçait de dormir dans une posi-
tion particulière ; elle n'était pas exempte d'inflammation, car elle avait été
accompagnéededouleursau début, unanoudeux auparavant, douleur qui s'ac-
crut quelque temps avant l'opération ; la malade eut encore une toux inces-
sante et fatigante qui persista deux ou trois semaines après. Trois pintes du
même liquide que dans le cas précédent furent évacuée- ; ce liquide éiait in-
COiigiiIablu par la eha'eur et ne contenaii qu une très p tite quantité de ma-
tièie animale. Cette femme se rétablit et six ans après elle n avait eu aucune
rechute (3,. »
Obs. CCI X (W. Travers Cox). — Kyste hydatique du foie (ponction) ?
guérison; autopsie.
IV. — Il s'agit d'un individu chez lequel on crut reconnaître une hydro-
pisie ascite. La ponction évacua vingt et une pintes d'eau bilieuse ; après la
ponction on reconnut une hypertrophie considérable du l'oie. Le malade se
(1) Récamier, Revue médicale, 1825, t. I, p. 28; — Cruveilhier, art. Acepha-
loctstes; — Barrier, thèse cit., p. 57.
(2) Med. chir. tram. XVIII, p. 118, cité par Budd., ouvr. cit., p. 451.
(3) Med. chir. trans, XVIII, p. 1 19, cite par Budd., ouvr. cit., p. 451.
570 AFFUTIONS VERMINEUSES DES CAVITES SÉREUSES
trouva, au boni dp quelque temps, en état de reprendre ses occupations habi-
tuelles Si <anté fut parfaite pendant trois ans, alors il succomba à des hémop-
tysies répétées.
A l'autopsie, outre des lésions graves du poumon, on trouve dans l'ab-
domen, et adhérent au foie, un kysle hydalique ayant quatre fois le volume
de la vé-icule biliaire ; il confient à son intérieur une matière gélatineuse et
un liquide qui paraissent appartenir à une hydatide en voie de tran-forma-
tion alhéromateuse. L'auteur pense qu'au lieu de ponctionner la cavité du
péritoine, il a ponctionné un énorme kysle hydalique, dont le retrait et la
guérison ont été déterminés par l'évacuation du liquide (1).
Obs. CCLXl (Rouert). — Kysle hydalique du foie.
V. — « M. Robert fit à un malade une ponction exploratrice qui donna
issue à un liquide transparent, légèrement salé, incoagulable par la chaleur
et l'acide nitrique, caractéristique, en un mot. des kvsteshydatiques. En con-
séquence M. Robert était décidé à traiter ce malade par la méthode de Réca-
mier, mais le malado quitta l'hôpital par crainte du choléra. Il revint un an
après, la tumeur n'avait pas reparu, et, après plusieurs années, la guérison
ne s'est pas démentie (2). »
VI. — « Depuis cette époque, M. Robert a observé un fait semblable sur
une femme (3). »
Obs. CCLXII (Boinét). — Kyste du foie?
VII. — Il s'agit d'une fille, âgée de dix-neuf ans, qui offrait une tumeur
dans la région épigastrique; du reste sa santé était parfaite. Une ponction
pratiquée avec un trocart très fin donna issue à 750 grammes d'un liquide
clair comme de l'eau de roche; il ne survint aucun accident. La tumeur dis-
parut, et trois ans après elle n'avait pas reparu (4).
Obs. CCLXIII (Boinet). — Kysle du foie?
VIII. — Il s'agit d'une femme, âgée de trente-cinq à quarante ans, qui
entra en 1856, à la Charité, dans le service de M. Briquet : elle avait une
tumeur apparente entre l'ombilic, le foie et l'estomac. Une ponction explora-
trice avec un trocart capillaire ayant été pratiquée, on en retira 100 grammes;
d'un liquide limpide. La tumeur disparut et n'avait pas reparu trois ans
après (5).
(1) William Travers Cox, Tumeur hydalique au foie traitée avec succès à l'aide
de la ponction {The medico-chirurgical Review et Gaz. méd. de Paris, 1838, t. VI,
p. 741).
(2) Société de chirurgie, 18 mars 1857 {Gaz. des hôpitaux, 1857, p. 147).
(3) Même Journal.
(4) A.-A. Boinet, Traitement des tumeurs hydaliques du foie par les ponctions
capillaires et par les ponctions suivies d'injections iodées. Paris, 1859, obs. V, p. 13f
et Revue de thérapeutique.
(5) Boraet, Métn. cit., obs. VI, p. 14.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 571
Obs. CCLXIV (Demarquay). — Kyste du foie.
IX. — a Un malade, âgé d'environ quiranle-cinq ans, avait une tumeur du
foie, du volume d'une petite tête, d'enfant; elle élait fluctuante. Un trocart
explorateur, plongé au centre, donne issue à un demi-crachoir de liquide lim-
pide, ne voulant pas vider entièrement la poche pour savoir quel en serait le
reirait. Au bout de six jours, nouvelle ponction avec un trocart un peu plus
gros. Me proposant d'injecter de la teinture d'iode, je fus fort étonné de ne
voir sortir aucun liquide, alors que j'étais certain de n'avoir pas vidé com-
plètement le kyste à la première ponction ; la face convexe du foie avait donc
été traversée par le trocart, et cela à une assez grande profondeur. Il n'est
survenu aucun phénomène fâcheux après cette opération, ni douleur ni
réaction, et le malade est sorti guéri de la tumeur hydalique (I). »
X. — A l'autopsie d'un individu, observé par M. Goupil (voy. obs. LXXVI),
un kyste, qui avait reçu une ponction capillaire, parut en voie deguérison-,
la mort avait été déterminée par des accidents étrangers à ce kyste.
D'après les cas rapportés ci-dessus, il est manifeste que la ponc-
tion simple d'un kyste hydatique suffit quelquefois à en déterminer
la guérison ; on voit aussi que la ponction peut causer des acci-
dents. Les seuls qui soient à craindre seraient déterminés par le
passage du liquide du kyste dans la cavité du péritoine. Ces acci-
dents seraient rarement mortels, si l'on s'en rappoite aux faits cités
ci-dessus; nous ne connaissons, en effet, qu'un seul cas où cette
fatale terminaison ait pu être attribuée au passage du liquide hyda-
tique dans la cavité péritonéale. On ne peut donc condamner abso-
lument, d'après ce seul fait, la ponction capillaire pratiquée dans les
kystes intra-abdominaux.
D'après M. Boinet, au moyen de certaines précautions, on évite-
rait toujours l'introduction du liquide hydatique dans la cavité ab-
dominale; ces précautions sont les suivantes: •< Lorsqu'on retire la
canule du kyste et de la paroi abdominale, il faut, avec le plus grand
soin, appliquer les doigts de la main gauche sur le point où le tro-
cart a été enfoncé, afin de refouler la paroi abdominale vers le
kyste, et de la tenir tellement rapprochée de la tumeur qu'il n'existe,
au moment où la canule abandonne le kyste, aucun intervalle entre
celui ci et la paroi abdominale Ces précautions bien prises, on re-
tire la cmu'e du trocart, et, cette canule retirée, on continue encore
pendant une minute ou deux la pression, afin que la petite piqûre
(1) Boinet, Mém. cit., p. 30.
572 ArFliCllONS VKRMINEUSKS DBS CAVITÉ» SEMEUSES
faite au kyste par le trocart puisse se resserrer complètement et
s'opposer au moindre écoulement dans le péritoine ; puis on établit
une légère compression sur le kyste à l'aide de compresses graduées
et d'un bandage de corps. Il faut encore recommander au ma-
lade de rester couché sur le dos pendant trente-six ou quarante- huit
heures (1). »
B. — Ponction avec séjour de la canule.
Dans des cas où la ponction a dû traverser une grande cavité sé-
reuse, M. Jobert a laissé la canule pendant vingt-quatre heures en
place dans le kyste. On détermine ainsi une inflammation adhésive
de la membrane séreuse, et l'on s'oppose à l'épanchement des ma-
tières du kyste dans la cavité péritonéale. Dans le premier cas où
M. Jobert ait employé cette méthode, la potasse caustique avait
préalablement été appliquée sur la tumeur; mais il est clair qu'elle
n'avait pas pénétré profondément, et que le succès de l'opération a
été dû à la ponction.
Obs. CCLXV (Jobert). — Kyste hydatique du foie; guérison.
I. — « Le 10 novembre 4 836, entre à l'hôpital Saint-Louis, dans le ser-
vice de MM. Richerand et Jobert, salle Saint- Augustin, le nommé Triboulet,
âgé de quinze ans, tourneur en enivre.
» Le jour de son entrée à l'hôpital, on reconnaît, par la percussion, que le
foie s'étend jusqu'auprès de la fosse iliaque ; le flanc droit présente une du-
reté et une voussure manifestes. A deux pouces environ au-dessous du rebord
des côtes, existe une large tumeur saillante de quelques lignes, élastique, im-
mobile, paraissant s'étendre très profondément, et du volume présumable du
poing d'un adulte. En palpant cette tumeur avec les deux mains, et comme
pour y chercher la présence d'un liquide, elle fait entendre très distinctement
le bruit de chaîne de montre que donnent les tumeurs hydatiques du poignet.
Cependant ce bruit est peut-être un peu plus humide ; il semble résulter du
passage d'une partie du liquide dans une poche accessoire.
» Le 1 3 novembre, M. Richerand fait appliquer, sur le milieu de la tumeur,
un morceau de potasse caustique et, dès le lendemain, M. Jobert incisa circu-
lairemeut l'eschare avec le bistouri. Une ponction faite dans le milieu de la
perte de substance donne issue à une demi-pinte environ d'un liquide parfai-
tement limpide, dans lequel l'ébullilion ne fait naître aucun c»agulum. Une
sonde de gomme élastique, placée dans le foyer jusqu'au lendemain, donne
issue à un verre environ du même liquide.
• » Le i 6 et les trois jours suivants, de vastes lamelles membraneuses, blan-
(I) Boinet, Mêm. cit., p. 6.
NATUUliLI.ES OU ADVF.NTIVES. — HYDATIDES. 573
ches, demi-transparentes, friables, s'échappent par la plaie; réunies, elles
formeraient une poche plus volumineuse que le poing d'un adulte. Une in-
flammation érysipélateuse légère envahit le pourtour de la plaie ; des cata-
plasmes émollienls dissipent peu à peu cette irritation.
» Le 28 novembre, il se développe quelques symptômes généraux, dont la
cause est inconnue, ou peut-être dissimulée par le malade. Il est survenu du
hoquet, des vomissements bilieux ; langue couverte d'un enduit jaune et sale,
dévoiement, peau chaude et âpre au toucher, pouls fréquent (diète, eau de
Sellz). Les accidents n'ont aucune suite, et l'état du malade redevient très
satisfaisant.
» Peu à peu le foie est remonté vers l'hypochondre, le foyer hydatique s'est
rétréci; la peau qui recouvrait la tumeur s'est déprimée, de manière à pré-
senter un enfoncement de quelques lignes. Le 30 janvier, la plaie est cica-
trisée ; mais, jusqu'à la fin de février, elle se rouvre et se referme à plusieurs
reprises. Enfin la fistule paraît définitivement guérie. On sent un cordon
noueux qui s'étend de la peau vers le foie. Ce cordon est solide et résistant ;
il attire fortement la peau en dedans, et produit à la surface une dépression
en forme de cul de poule. Le malade, qui avait maigri pendant le traitement,
a déjà repris son embonpoint habituel. 11 quitte l'hôpital le 29 février (1). »
Obs. CCLXVI (Jobert). — Kyste hydatique du foie; ponction avec séjour
de la canule; ponction simple suivie d'accidents ; potasse caustique,
ponction à travers l'eschare, séjour de la canule; guérison.
II. — « Agathe Descornil, âgée de trente-quatre ans, est admise à l'hô-
pital Saint-Louis, dans le service de M. Jobert, le 29 décembre 4 839.
» On trouve, au-dessous du rebord des fausses côtes droites, une tumeur
arrondie, dure, élastique, soulevant la paroi abdominale derrière laquelle elle
forme une saillie dont le volume peut être comparé à celui de la tête d'un
fœtus à terme. Cette tumeur s'enfonce profondément dans la région du foie, et
présente des connexions fort intimes avec cet organe. Elle présente une fluc-
tuation assez évidente, et, pendant les manœuvres qu'on fait pour la recon-
naître, on sent à l'intérieur de la tumeur une espèce de mouvement vibra-
toire, accompagné d'un bruit analogue à celui que fournissent les kystes
hydatiques du poignet, quoique moins évident. La percussion fait bien recon-
naître les limites de la tumeur qui descend à trois pouces au moins au-dessous
du rebord des fausses côtes. Elle siège évidemment dans le lobe droit du foie.
D'après tout ce qui précède, M. Jobert diagnostique une tumeur hydatique
du foie.
» Le 31 décembre, une ponction faite avec un trocart très fin, amène
l'issue d'un liquide limpide, incolore, semblable à de l'eau de roche. Cette ap-
parence du liquide fortifie M. Jobert dans le diagnostic qu'il a porté. La tu-
meur a diminué de volume par l'écoulement de cinq à six onces de ce
(l) Barrier, thèse cit., p. 90.
57fi Affections vermineuses des cavités séreuses
liquide Qn \ame\a ennuie in plans juaqu' nu lendemain |\I. Jobert fait, le
7 mars, une seconde ponction exploratrice ; on relire six à huit onces d'un
liquide analogue à celui qu'on a oblenu la premièie fois, et dans lequel ni
l'acide nitrique ni la chaleur ne produisent aucun coagulum a'bumineux.
» Le 9 mars, la inal.ide est prise dans la journée de frisson et de douleur
dans la région épigastrique, celle douleur est vive à la pression; la piroi ab-
dominale e>l tendue, l'abaissement du diaphragme est douloureux, de là vient
une certaine gône dans la respiration. Il y a quelques nausées, la fièvre s'al-
lume, la face est congestionnée et la tôle douloureuse (quarante sangsues
disséminées sur l'épigaslre et l'hypochondre droit; cataplasmes émollients,
tisane délayante).
» Le 1 0 mars, amélioration. — Lell, état excellent comme avant la ponc-
tion.
» Le 25 mars, on applique un morceau de potasse caustique à un pouce en-
viron au-dessous du rebord costal et à deux pouces à droite de la ligne
blanche. Le surlendemain on enlève l'eschare, et l'on met au fond de la plaie
un petit morceau de potasse...
j Le 30 mars, on pratique une troisième ponction à travers l'eschare pro-
duite par la potasse. Celte fois on se sert d'un trocart ordinaire à hydrocèle
de moyen calibre, préalablement humecté avec de l'huile. Cette introduction
est douloureuse et rencontre une assez grande lésistance de la part des lissus
profonds que là potasse n'a pas détruits. Le irocart étant retiré, il s'écoule par
la canule un liquide d'apparence séreuse, mais non plus limpide et transpa-
rent comme les deux premières fois; il a une couleur brunâtre avec un reflet
particulier qui lui donne un aspect bilieux ; ce liquide semble évidemment
résulter du mélange d'un liquide séreux avec un pus mnl élaboré, sanieux,
contenant quelques flocons plutôt suspendus que dissous dans la sérosité.
Nul doute que ce changement dans les qualités du liquide ne provienne de
l'inflammation, d'abord liés aiguë, ensuite sourde et chronique, qui a suc-
cédé à la seconde ponclion. On laisse écouler environ huil à dix onces de ce
liquide, sans exercer de pression sur l'hypochondre, et on laisse la canule en
place pour mieux s'opposer à un épanehemenldans le (éritoine dans le cas où
des fausses membranes ne ïeraienl pas encore organisées. On ne bouche pas
la canule, afin que le liquide continue a couler à mesure que le kyste reviendra
sur lui-même; mais on place sur le ventre un large cataplasme laudanisé,
qu'on renouvellera fréquemment. La malade est mise à une diète rigoureuse
et à l'usage d'une tisane délayante.
» Le soir, la malade est dans un état satisfaisant; le pools est calme et la
peau bonne; il n'y a qu'une douleur 1res modelée dans la région du foie et
autour de l'ouverture, soit dans l'état de repos, soit lorsqu'on exerce une
pression légère.
» Le 3 1 , il n'y a pas eu de sommeil, c'est la difficulté de la toux et la dou-
leur qui l'accompagne qui s'y sont opposées ; d ailleurs il n'est survenu aucun
accident ; le pouls offre a peine quatre-vingts pulsations ; la peau est bonne ;
Naturelles od adventives. — hydatioes* 575
les symptômes locaux n'annoncent point l'augmentation du léger état inflam-
matoire déjà signalé ; on enlève la canule par laquelle il s'est encore écoulé pen-
dant la nuit un peu de liquide. On ne met rien dans la plaie, mais on recom-
mande, si le soir elle paraît fermée, de la désobstruer avec une sonde de femme.
» Le soir, la plaie s'étant un peu fermée, j'introduis une sonde de femme
à une certaine profondeur dans le ky.4e ; il son à peine quelques gouttes de
liquide. L'éiat de la malade est très satisfaisant.
» Le 1er, état très satisfaisant; la nuit a été très bonne. Depuis l'ablation de
la canule, la malade a pu tousser un peu plus librement ; elle est sans fièvre,
l'état local est bon. Afin de maintenir la plaie béante, on introduit une sonde
de femme ; puis, dans le but de l'y laisser, on place une sonde de gomme
élastique qui entre facilement jusqu'à la profondeur de quatre à cinq pouces;
comme la malade éprouve par sa présence une sensation désagréable, on la
relire.
» Le 2 et jours suivants, l'ouverture se ferme promptement et l'écoulement
est complètement suspendu. (On continue les cataplasmes.)
» Le 6, dans la nuit, la malade a éprouvé un peu de frisson suivi de cha-
leur à la peau, une douleur profonde et plus vive que les jours passés dans la
région malade. 11 y a, ce matin, quatre-vingt-dix pulsations, la peau est
chaude et un peu humide ; il y a céphalalgie et congestion de la face ; la pres-
sion à l'épigastre et au-dessous des fausses côtes droites est douloureuse ; il y
a quelques nausées, du météorisme, respiration gênée (quarante sangsues,
diète absolue). Le lpndemain, amélioration ; les symptômes locaux d'inflamma-
tion sont à peine appréciables ; la fièvre est nulle ; la malade s'est sentie dans
un état meilleur, aussitôt que l'écoulement sanguin a été un peu considérable;
le palper de la région du foie ne détermine que très peu de douleur. On re-
marque que le kyste, dont l'ouverture est cependant fermée depuis quelques
jours, ne tend point à reprendre son volume primitif.
t> Les jours suivants, 1 état de la malade va de mieux en mieux : on lui rend
les aliments; la plaie se cicatrise ; le kyste n'augmente point de volume, au
contraire, il semble diminuer un peu.
» Vers là fin d'avril, il paraît probable que la guérison est achevée ou
presque achevée, car ld palpation permet à peine de reconnaître les traces de
la tumeur, et ensuite la malade n'éprouve aucune gêne notable dans l'exercice
de ses fonctions.
» Mai. On ne garde plus la malade que pour s'assurer que la guérison se
soutient et est bien complète.
s La malade quitte 1 hôpital le 23 mai. A cette époque, on ne sent aucune
tuméfaction dans la région du foie; cet organe ne fait plus aucune saillie au-
dessous des côtes. La santé de la malade est parfaite.
» Depuis sa sortie, j'ai revu la malade deux fois, le 30 mai et le 8 juin ; son
état est excellent; elle a même déjà repris en partie son travail (l). »
(1) Barrier, thèse cit., p. 83. .. ..
576 AHKCT10NS VKUMIM-ISKS DfeS Cft VITES* SÊRÉrfékS
C. — Ponctions successives.
C'est encore a. M. Jobert que l'on doit la méthode des ponctions
successives, qui a pour but de diminuer graduellement le \olume de
la tumeur, de laisser au kyste le temps de revenir sur lui-même et
aux organes voisins celui de reprendre peu à peu leur situation nor-
male.
I. — Cotte méthode a été mise en pratique par M. Jobert dans l'observa-
tion précédente (ol>s. CCLXVlj.
Obs. CCLXVI1 (Hilton et Owen Rees). — Kyste du foie ; guèrison.
II. — « Un homme, â„é de trente et un ans, entré à l'hôpital de Guy le
•13 octobre 4 847, portail à la région de l'hypochondre droit et à l'épi—
gastre une tumeur dont la fluctuation n'était pas douteuse. Le 4 décembre,
M Hilton lit une ponction dans la tumeur avec un petit trocartet retira liente-
huit onces d'un liquide clair et transparent. Nouvelle ponction le 7 janvier ;
cette fois, on ne retira que dix onces de liquide d'une odeur assrz fet de. Troi-
sième ponction deux jours après, mais celte fois avec un trocarl volumineux;
on retira vingt-quatie onces d'un pus fétide avec des débris membraneux et
des hydatides en parlie détruites L'ouverture fut maintenue avec une sonde
de gomme élastique, et du pus fétide de temps en temps, même des hydalides
continuèrent à s'échapper jusqu'au commencement d'avril. Depuis ce jour, la
tumeur diminuait de volume; le 4 1 avril, lorsque la petite ouverture fut
fermée, on ne trouvait plus qu'un corps du volume d'une noix au-dessous du
lobe droit du foie (1). »
Obs. CCLXVIII (Boinet). — Kyste du foie ; guèrison.
III. — Il s'agit d'un homme âgé de vingt ans, qui avait une tumeur
élastique et fluctuante à 1 epigaslre. Une ponction capillaire donna issue à
4 700 grammes d'un liquide clair comme de l'eau de roche; pendant quelque
temps la guèrison parut radicale ; toutefois quatre mois après on put con-
stater de nouveau l'existence de la tumeur. Une nouvelle ponction donna issue
à 400 grammes environ de liquide limpide. Cette fois la guèrison parut com-
plète (2).
Obs. CCLXIX (Dumont-pallier). — Kyste du foie? guèrison.
IV. — Je possède, dit M. Cadet de Gassicourt, une autre observation re-
cueillie par M. Dumont-Pallier, dans le service de M. Bernutz: la guèrison
(1) Soc. médico-chirurg . de Londres, et Guy's Hospital reports, oct. 1848, t. VI.
— Bull, de thérap., 1848, t. XXXV, p. 331. — Arch. gén. de méd. de Paris,
juillet, 1849, p. 346.
(2) Boinet, Mém. cit., obs. VIII, p. 18.
NATURELLES 00 ADVENTIVES. — HYDAT1DES. 577
fut produite par deux ponctions successives, sans que pour cela on ait eu à
observer aucun accident du côté du péritoine (<l). »
V. VI. — Des ponctions successives ont encore été pratiquées dans deux
cas rapportés ci-après (obs. CCXCII et CCXCV) ; mais elles ont été insuffi-
santes pour amener une guérison complète.
D. — Jncision simple.
L'incision a été pratiquée principalement lorsque la tumeur hyda-
tique, faisant saillie à l'extérieur, menaçait de s'ouvrir, ou lorsque,
par suite d'une erreur de diagnostic, on a cru avoir affaire à une tu-
meur d'une autre nature.
Dans un grand nombre des cas, l'issue de la maladie a été heu-
reuse ; il est vrai de dire que dans la plupart de ces cas, on n'a pas
eu à traverser une cavité séreuse pour atteindre le kyste, ou bien
des adhérences établies entre la tumeur et les parties voisines avaient
mis à l'abri de l'accident le plus redoutable d'une opération prati-
quée sur une tumeur hydatique, c'est-à-dire l'épanchenient du
liquide ou des matières du kyste dans la plèvre ou dans le péri-
toine.
Nous avons rapporté déjà la plupart des cas dans lesquels l'inci-
sion a été pratiquée, nous en donnerons ici l'indication :
1° Cas de guérison.
A. — Kystes situés dans les parties superficielles.
I. — Retnal (obs. VI). — Face; incision.
H. — Lawrence (obs. CCIV). — Orbite, incision étroite.
III. — Goyrand (obs. CCV). ■ — Orbite ; incision et excision.
IV. — Ansiaux (obs. CCVI). — Orbite; incision, guérison?
V. — Ricord (obs. CCVIII). — Fosse canine; incision étroite.
VI. • — BiDLOo(obs. CCXV). ' — Région sterno-mastoïdienne ; incision.
VII. — Velpeau (obs. CCXX). ■ — Région axillaire ; ponction avec injection
iodée, sans succès; incision.
VIII. — Velpeau (obs. CCXXII). — Paroi postérieure du thorax; incision.
IX. — Jannin (obs. CCXXVI). — Région lombaire; incision, injections
vineuses et alcooliques.
X. — Soulé (obs. CCXXVIII). ~~ Région lombaire; incision,
XI. — Dcpuytren (obs. CCXXIX). — Bras ; incision.
(1) Cadet de Gassicourt, thèse cit>, p. 1S.
DAVAINE. 57
.">7K aitkctions vi-.hmim:i'si's ms cavités sf.ni.tsis
Ml. — SoiM.i (dlis. (!('.\\\). — Bras,- ouverture spontanée; ûébrtde-
wcut ; guérison tardive.
Mil. Wmhm.ii (obs. CCXXX1). — Aine; incision et excision d'une
portion du kyste.
MV. — I.arrey (obs. CCXXX1I). — Hanche]; ponction et injection iodée,
sans succès; incision; guérison.
XV. — Antoine Dubois (obs. CCXXXIII). — Cuisse; incision; guérison?
XVI. — Dkmarouay (obs. CCXXXV). — Cuisse; ponction et injection
iodée, sans succès; incision; guérison.
B. — Kystes développés dans les parties profondes.
XVII. — Fréteau (obs. XXXIV). — Hydalides intra-lhoraciques, faisant
saillie à l'extérieur ; incision; communication avec les bronches.
XV11 1 . — Rivière (voy. p. 550). — Voie ? incision ? issue d'un grand nombre
d' hydalides.
XIX . — Clémot (obs. CXXI) . — Hydatides vomies ; tumeur de l'abdomen ;
incision.
XX. — Brillouet (obs. CXXIX). — Hydatides inlr a- abdominales ; inci-
sion ; ouverture spontanée ; accidents variés.
XXI. — Decieux (obs. CXXXI). — Hydatides intra-abdominales ; inci-
sion; issue de vésicules par les selles.
XXII. — Roux (obs. CXLVII). — Tumeur hydatique prise pour une hernie
ombilicale ; débridement.
XXIII. — Park (obs. CLXII). — Petit bassin; incision par le vagin.
XXIV. — Roux (obs. CLXIV). — Petit bassin; incision par le vagin.
Obs. CCLXX (Tyson). — Kyste du foie? incision. Guérison.
XXV. — Tyson dit que chez une femme actuellement bien portante, il
avait fait ouvrir, dix ans auparavant, le côté droit un peu au-dessous des
fausses côtes. Il était sorti par l'ouverture une grande quantité d'eau lim-
pide, et plus de cinq cents hydatides dont le plus grand nombre étaient in-
tactes ; les autres, trop volumineuses pour franchir la plaie, étaient déchi-
rées (<l).
Obs. CCLXXI (J . Russel). — Kyste du foie ; incision ; issue de 2000 hyda-
lides. Guérison.
XXVI. — « Au mois de mai 1 833, G. Arams, maître tailleur du 63e régi-
ment, âgé de trente-six ans, entra à l'hôpital de Hobart-Town. Il seplaignit d'une
douleur obtuse, ou plutôt d'une sensation incommode à la région épigastrique,
qui augmentaient a ia pression. On sentait une tumeur qui, partant de der-
(I) Edw. Tyson, Mém. sur le ver hydropique, cit. p. 509.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — IlYDATIDES. 579
rière les côtes droites, s'étendait à 2 pouces à gauche du cartilage cnsiformc,
et descendait un peu au-dessous de l'ombilic, ayant à peu près la forme du
lobe gauche du foie tuméfié. L'affection datait de plusieurs mois ; mais comme
elle n'était point douloureuse, le malade n'y fit pas attention... On prescrivit
divers remèdes, entre autres le calomel jusqu'à salivation, la scille, la digitale,
des lotions sur la tumeur, avec une solution d'acide nitro-muriatique, des ca-
taplasmes, etc. Malgré tout, la tumeur grossit peu à peu, commença a s'étendre
au-dessous de l'ombilic, et à donner au toucher une sensation de fluctuation
peu distincte d'abord, puis marquée, a laquelle se joignait en outre un peu
d'élasticité.
» Enfin au 1 4 juillet, la tumeur s'était encore accrue, et était plus conique
et moins circonscrite; elle avait la forme d'une soucoupe renversée. On sen-
tait une partie de son bord inférieur tendu comme une corde dure de 2 pouces
au-dessous de l'ombilic jusque vers l'épine iliaque antérieure et supérieure
du côté droit. Les téguments sont tendus et unis ; il y a de la constipation ;
la face est pâle, la faiblesse extrême ; les nuits sont agitées ; le malade est
fort inquiet. A sa sollicitation, et presque convaincu de l'existence d'un liquide
dans la tumeur, je fis, en présence de MM. Bohan, Scoltet et Seccomb, une
incision de deux pouces de longueur entre l'ombilic et l'appendice xiphoïde
sur le point le plus saillant. Après l'ouverture des téguments et d'un kyste
mince, il s'échappa un flot considérable d'hydatides parfaitement formées,
qui continua pendant longtemps à l'aide d'une douce pression. Leur volume
variait depuis celui d'un œuf d'oie, jusqu'à celui d'un pois. 11 s'en échappa
près de deux mille; mesurées avec le fluide qui les entourait et qui était en
grande partie le résultat de la déchirure de quelques hydatides à leur sortie,
elles remplissaient un gallon et demi... On mit une bandelette de linge dans
la plaie, et on la recouvrit d'un léger appareil (vin rouge X gros, à prendre par
gorgées). Le doigt introduit dans l'incision pour écarter quelques hydatides
qui bouchaient le passage, me fit reconnaître distinctement à la partie posté-
rieure de la cavité la saillie de l'épine et un corps que je pris pour le pan-
créas.
» Le 1 9 juillet, plus de quarante hydatides sortirent au moment du panse-
ment; leurs tuniques semblaient plus épaisses et plus opaques que celles des
premières. Sommeil plus calme, de même que le moral; appétit excellent,
selles régulières (continuer les anodins et le vin ; pudding). — Le 22, issue de
douze hydatides dont la surface est couverte d une matière visqueuse jaune
qui ressemble à la bile. — Les 26 et 27, sortie de six autres si jaunes qu'elles
ressemblent à des jaunes d'œuf. Affaiblissement (sulfate de quinine gr. iij,
trois fois par jour).
» Le 1 8 août. Depuis une quinzaine, il s'écoule chaque jour une matière
trouble, d'une odeur extrêmement fétide, avec des lambeaux d'hydatides et
de membranes. Aujourd'hui pour la première fois, il sort trois gros de pus.
» Jusqu'au 20 septembre, il continua a s'écouler chaque jour une assez
grande quantité (une pinte et demie) d'un liquide, d'abord séreux, puis puni-
580 AFFECTIONS VERM1NEUSES DES CAVITÉS SINUEUSES
lent, môle d'une matière visqueuse, de couleur noire et d'une odeur d'abord
très fétide, puis do moins en moins désagréable. La santé générale s'améliore ;
le malade se promené de temps en temps dans le quartier. Appétit, selles
libres (mémo traitement).
» Au 18 novembre, la quantité du liquide qui s'écoule n'est que de deux
onces à chaque pansement. Amélioration do toute manière. Le malade cepen-
dant reste paie avec une légère apparence d'œdème.
» Le I 3 décembre. On doit changer l'appareil chaque jour, bien que l'écou-
lement soit très peu considérable. L'appétit est bon ; le malade se promène
au dehors ; mais comme il est incapable d'un service actif, on le meta la re-
traite avec une pension. J'en ai entendu parler depuis peu; il est vivant, et
jouit d'une assez bonne santé. Trois ans se sont écoulés depuis l'opération
pratiquée pour sa guérison (l). »
2° Cas de mort.
A. — Kystes développés dans les parties superficielles.
1. — Robert (obs. CCX). — Hydalides de l'amygdale ; incision.
II. — Andral (obs. CCXXIII). — Kyste situé dans la fosse sous-scapulaire,
ayant perforé l'omoplate; incision.
B. — Kystes développés dans les parties profondes.
III. — Gooch (obs. LX). — Tumeur énorme du foie ; ponction avec une lan-
cette ; issue d'une petite quantité de liquide aqueux ; mort le lendemain.
IV. — Dupuytren (obs. XXXV). — Tumeur inflammatoire à l'ombilic com-
muniquant avec un kyste hydatique du poumon; incision.
V. — Goerbois et pinadlt (obs. CIV). — Tumeur dans l' Iiypochondre droit;
incision; kystes hydatiques dans divers organes.
VI. — Dddois et Boivin (obs. CLI). — Hydatides du petit bassin; incision
par le vagin .
Obs. CCLXXII (Wolcheros). — Hydatides intra-abdominales et intra-
thoraciques ?
VII. — Tumeur à l'épigastre prise pour un abcès; incision; issue d'une
grande quantité d'hydaîides, suivie de celle d'un liquide épais et visqueux,
semblable à du suif fondu ; plus tard pus fétide et visqueux ; marasme; fièvre
hectique ; mort un an après. — A l'autopsie on trouva trois abcès (probablement
des kystes athéromateux) ; l'un dans le foie contenant des hydatides ; un autre
dans les poumons; un troisième adhérent au côlon (2).
(1) J. Russel, Dublin Journ. of the med., nov. 183", et Arch. gén. de méd.,
•1838, t. 1, p. 106.
(2) Voyez ci-dessus, p. 3ol. Cette observation est la première du mémoire cité
de Lassus ; elle est donnée sous le nom de Camerarius.
NATURELLES OU ADVENTIVES, — HYDATIDES. 58t
Obs. CCLXXIII (Mailly et Dodard). — Hydatides inlra-abdominales ;
caustique; large incision. Mort au bout de huit jours.
VIII. — Femme âgée de quarante-cinq ans, tumeur dans la région épi-
gastrique datant de dix-sept ans ; devenue très douloureuse ; fièvre. Ouverture
parla potasse caustique; issue d'un grand nombre d'hydatides. Application
d'un second caustique; réunion des deux plaies par une incision, qui s'éten-
dait depuis l'épigastre jusqu'à l'hypochondre gauche. Le lendemain, autre
incision logitudinale de l'épigastre vers l'ombilic, « afin, disent les consultants,
de mieux voir le fond de l'abcès ; on vit, en effet, un kyste épais rempli d'hy-
datides dont on procura l'expulsion pendant sept à huit jours ; cette femme
alors succomba à un traitement aussi absurde, dit Lassus. » A l'ouverture du
cadavre on trouva trois kystes qui communiquaient ensemble (1 ).
i& Dodard qui rapporta ce fait à l'Académie des sciences, fit la remarque que
le liquide contenu dans les vésicules n'était pas coagulable par la chaleur (2).
Obs. CCLXXIV (Panaroli). — Hydatides du foie.
IX. — « Un jeune homme, dit Panaroli, se présenta à l'hôpital du Saint-
Esprit à Rome, ayant une tumeur située sur la région du foie. Persuadé que
c'était un abcès, j'en fis l'ouverture avec l'instrument tranchant; mais aussitôt
qu'elle fut faite, il sortit à mon grand étonnement, plusieurs hydatides les
unes entières, les autres ouvertes. Pendant l'espace de quinze jours, il en sortit
par la plaie environ mille avec une petite quantité de pus ; le malade s'affai-
blit de plus en plus, et'mourut après cet espace de temps (3). »
Obs. CCLXXV (Ruysch). — Hydatides du foie.
X. — Un chirurgien fit à une femme, qu'il croyait atteinte d'une hydro-
pisiede poitrine, une ponction entre les dernières fausses côtes du côté droit ;
il en sortit aussitôt des hydatides; une tente fut ensuite introduite dans la
plaie.
Cette femme étant morte très promptement, on vit, à l'autopsie, que les
organes thoraciques étaient sains, mais le foie était en grande partie détruit
par un kyste hydatique (4).
Obs. CCLXXVI (Sue). — Hydatides du foie.
XI. — « Sue... dit qu'il avait fait depuis peu à un homme une incision à
la région épigastrique, croyant ouvrir un abcès et qu'il s'était écoulé par cette
incision environ deux pintes de sérosité limpide. Le malade mourut deux jours
(1) Mailly, médecin à Reims, Journal des savants, ann. 1698. p. 282 , rapporté
par Lassus, mém. cit., et Chopart, ouvr. cit., t. N, p. 148.
(2) Dodard, observation citée ci-dessus, p. 351 et 372.
(3) Panaroli, latrologism. pentecoste 5, obs. xvi, cit. par Lassus, mém. cit.
(4) Ruysch, Observât, anat.-chirurg., obs. lxv, p. Cl, cit. par Lassus, mém.
cit., obs. v.
>S2 Ali ICI Kins VERMINEUSES DKS CAVlfÉS SliKEUSES
après : pendant ces deux jours, l'eau continua à couler par la plaie et en assez
grande quantité, pour mouiller les matelals. Le malade ne cessa d'avoir des
hoquets, des nausées cl vomissements, rejetant lout ce qu'il buvait.
» A l'ouverture du cadavre, on trouva une hydropisie enkystée du foie [h). »
Obs. CCLXXVII (Kécamikr). — Hydntides du fuie.
XII.— « En 1826, il y eulau n" 35 delà salle Sainte-Madeleine, à l'Hôtel-
Dieu, un homme âgé de soixante-deux ans, qui portait un développement très
considérable de l'hypochondre droit ; la suffocation était imminente: Dupuytren
et Breschet appelés en consultation par Récamier, ne purent reconnaître, ni
même soupçonner la fluctuation dans la tumeur. Une ponction exploratrice,
faite avec un trocart très fin, fit présumer que ce développement de l'hypo-
chondre dépendait, d'un kyste hydatique énorme, développé dans le foie à une
profondeur peu considérable, on pratiqua avec le bistouri une incision d'un
pouce d'étendue, par laquelle sortirent un grand nombre d'hydatides et beau-
coup de liquide purulent jaunâtre. Le malade mourut trois jours après l'opé-
ration .
» A l'ouverture du cadavre, nous trouvâmes une poche immense, creusée
dans le t'oie très près de sa face convexe (2). »
En résumé, on voit que l'incision pratiquée sur des kystes hyda-
tiques situés à la face, au cou, dans les parois du tronc, ou dans les
membres, est ordinairement suivie de la guérison (16 guérisons,
2 morts) .
L'incision pratiquée sur des kystes développés dans les organes
internes a donné autant de guérisons que de morts (10 guérisons,
10 morts). Mais il faut remarquer que dans un grand nombre des
cas, la tumeur menaçait de s'ouvrir spontanément, ou qu'elle a été
prise pour un abcès: de sorte que des adhérences, qui existaient
entre les parois du tronc et le kyste, avaient mis à l'abri d'un épan-
chement dans une cavité séreuse.
E. — Incision à deux temps.
C'est pour prévenir la pénétration dans le péritoine, du liquide ou
des matières contenues dans un kyste hj'datique du foie, qu'on a
proposé d'en opérer l'incision en deux temps; il n'existe qu'un petit
nombre d'observations de kystes hydatiques opérés par cette mé-
thode.
(1) Lassus, Mêm. cil., obs. ix.
(2) Bnaucou, tliese cit., n. l(j.
NATURELLES OU ADVENÏIVES. — HYDATIDES. 583
Obs. CCLXXVIII (Rayer et Velpeau). — Kystes multiples, athéromateux
du foie ; incision à deux temps. Mort.
I. — Il s'agit d'une femme, âgée de quarante-sept ans, qui entra à la
Charité le 14 octobre 1843. Depuis six ans, elle avait commencé à éprouver
des douleurs et une gêne habituelle dans l'hypochondre droit ; elle était affectée
depuis quelque temps d'un catarrhe pulmonaire qui l'amenait à l'hôpital.
M. Rayer ayant reconnu une tumeur hydatique dans l'hypochondre droit, en
confia l'ouverture à M. Velpeau.
Après avoir fait une ponction exploratrice au moyen d'un trocart extrê-
mement fin, ponction qui donna issue à un liquide mucilagineux, M. Velpeau
incisa les téguments jusqu'au péritoine; il porta le doigt au fond de la plaie
et sentit manifestement la fluctuation. La plaie fut pansée avec de la charpie,
et depuis le 2 décembre jusqu'au 6, rien de nouveau ne fut tenté. « M. Vel-
peau pensant alors que des adhérences avaient eu le temps de s'établir, a pro-
cédé au second temps. Un bistouri à lame étroite a été plongé dans la tumeur
fluctuante qu'on sentait au fond de la plaie, et aussitôt un flot d'un liquide
jaunâtre très abondant s'est élancé par l'ouverture, puis sont venues des
masses filantes qui ont interrompu le jet et, après leur sortie, le jet a recom-
mencé. Un stylet porté dans l'ouverture a pénétré d'abord dans une vaste
poche, puis a été arrêté par une paroi ; mais en l'inclinant un peu il s'est
trouvé dans une autre large cavité. En résumé, il est sorti de ce kyste du
pus, des matières comme muqueuses et un liquide analogue à du sérum ; en
un mot, c'était un liquide hydatique. On a placé une mèche dans l'ouverture
et l'on a pratiqué à diverses reprises des injections détersives dans l'intérieu
du kyste, il a continué à couler une quantité de matières séro-purulentes ou
purulentes ; mais la fièvre s'est développée ; des accidents locaux sérieux se
sont manifestés et la malade a succombé.
» A l'autopsie, on a constaté qu'il n'y avait pas un kyste unique, qu'il y en
avait plusieurs et de différentes natures; deux de ces kystes communiquant
l'un avec l'autre avaient été vidés, les autres étaient intacts et renfermaient
la matière que nous avons décrite et des acéphalocystes (1). »
Obs. CCLXXIX (Jarjavay). — Kyste hydatique du foie; incision à deux
temps. Guérison.
II. — Il s'agit d'une femme âgée de vingt-neuf ans, qui portait à la région
du foie une tumeur, qui fut jugée être un kyste hydatique.
« Le 8 juillet 1850, le chirurgien incise couches par couches et avec pré-
caution, la peau, le tissu cellulaire sous-cutané, le muscle droit antérieur et
enfin l'aponévrose profonde, sur une sonde cannelée ; arrivé au péritoine, on
garnit de charpie le fond de la plaie, dont l'étendue longitudinale, parallèle à
l'axe du corps, est de 5 centimètres.
(1) Kyste hydatique du foie ouvert avec l'instrument tranchant par la méthode
en deux temps (Bull. gèn. delhérap., 18 ii, t. XXVI, p. o8).
5 8/l AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
» Le surlendemain 10 juillet, on lave les pièces superficielles du pansement;
la plaie présente un très bon aspect, le pourtour seul est un peu sensible. Le
malade qui a vomi le premier jour, n'a eu que quelques nausées le lendemain,
la charpie est maintenue en place.
» Le 1 I , on enlèvo la charpie, la plaie est sanieuse, un peu de pus.
» Le 1 3, on sent au fond de la plaie une tumeur résistante, élastique, fluc-
tuante, contenant manifestement du liquide ; le chirurgien fait verticalement
alors une ponction avec un bistouri très aigu, et introduit par l'ouverture une
sonde de femme qui s'y perd, tant le kyste est étendu; il s'écoule hors du
kyste une grande quantité, environ 400 grammes, d'une sérosité citrine,
transparente. Une mèche est placée dans l'ouverture.
» Le lendemain, un peu de fièvre, vive douleur abdominale au moindre
contact exercé sur la plaie. Le liquide qui sort est brunâtre.
» Le 4 6, on commence à retirer avec des pinces introduites dans la plaie,
des fragments d'acéphalocyste.
» Le 17, on amène au dehors une poche épaisse de plus de 4 millimètres,
dont l'expulsion est accompagnée de vives douleurs ; par des efforts de toux,
le malade favorise la sortie de ces poches hydatiques.
» Le 28, mauvaise nuit, agitation, sortie par la plaie d'un liquide jaunei
bilieux, vomissements, amaigrissement évident ; le 21, pouls à 84-88. Le
liquide expulsé par les quintes de toux à travers l'ouverture, dont les bords
sont écartés par les mors d'une pince à pansement, sort en jet abondant ; il
s'en échappe environ 200 à 250 grammes chaque matin. L'état général de la
malade est assez satisfaisant.
» Le 20 août, le foie a subi un retrait extrêmement prononcé, le gonflement
des régions épigastrique et hypochondriaque droite a beaucoup diminué, la ca-
pacité de l'abcès est bien moins grande ; l'état général est satisfaisant; la
maladie marche vers la guérison.
» A partir du huitièmejour on a fait chaquejour une injection abondante d'eau
de guimauve, dans la cavité de la tumeur, le liquide chargé de pus d'abord,
finissait par ressortir clairet transparent. Dans les premiers jours, le liquide
ne ressortait transparent qu'après l'injection d'un litre et demi environ ;
vers le 20 août, ce liquide ressort clair après l'injection d'un quart de
litre (1). »
F. — Ouverture par un caustique.
L'ouverture des tumeurs hydatiques par un caustique a été pra-
tiquée anciennement ; nous en avons rapporté plusieurs observations ;
mais dans ces cas le chirurgien, par l'application du caustique,
n'avait d'autre but que de procurer une issue aux matières contenues
dans la tumeur. Récamier, dans l'emploi de ce procédé, s'est pro-
(1) Gasetledes hôpitaux, 1850, n" 89, p. 353, et n° 100, p. 397.
NATURELLES OU ADVEJNTIVES. — HYDAT1DES. 585
posé un but plus important, celui d'ouvrir un kyste situé dans un
organe interne sans déterminer d'épanchement dans la cavité séreuse
adjacente.
C'est surtout dans les cas de kyste hydatique du foie que l'appli-
cation méthodique du caustique a été faite.
1* Cas de guéri son.
Oes. CCLXXX (Récamier). — Kyste du foie.
I. ■ — « Damange, peintre en bâtiment ; vingt ans, assez fortement con-
stitué, sujet à des coliques depuis plusieurs années ; bonne santé d'ailleurs. Le
26 avril 1827, un plancher s'écroule sous lui ; il tombe dans une cave de dix
à douze pieds de profondeur et perd connaissance. Le lendemain il ne se res-
sent pas de sa chute, seulement il est jaune ; il reprend ses travaux le 28 ;
mais le 30, douleur gravative dans l'hypochondre droit, décubilus impossible
de l'un et de l'autre côté, en sorte que le malade est obligé de se tenir sur le
ventre ; rétraction du testicule droit ; soif, fièvre.
» Le 3 mai, il entre à l'Hôtel-Dieu ; voici dans quel état : teinte ictérique
légère ; l'hypochondre droit est soulevé par une tumeur non bosselée, qui
s'étendait en bas jusqu'à trois travers de doigt au-dessous de l'ombilic, et à
gauche jusqu'au niveau de l'appendice xiphoïde. Le malade ne s'en était
jamais aperçu, la pression ne déterminant aucune douleur. On crut sentir
plusieurs corps, qui semblaient immobiles, assez durs, saillants, inégaux, dans
plusieurs points une fluctuation obscure. La percussion de l'abdomen rendait
dans toute cette région un son mat qui se prolongeait jusque dans le petit
bassin. En frappant d'une main sur un des points de l'abdomen, tandis que
l'autre était appliquée sur la tumeur, on ne donnait lieu à aucune impulsion ;
la percussion sur la tumeur ne faisait sentir aucun frémissement, et combinée
avec l'auscultation elle ne permettait d'y découvrir aucun bruit particulier.
L'épaule droite n'est le siège d'aucune douleur ; peu de fièvre, langue blan-
châtre, constipation depuis quatre jours (saignée, diète).
» Le 1 5 mai, point de fièvre, point de douleur. Afin de s'assurer de la nature
de la tumeur, on y fait une ponction avec untrocart très fin dans le point où
la fluctuation paraît la moins douteuse. Une ventouse est appliquée sur la ca-
nule, et quelques gouttes d'un liquide fort limpide s'écoulent par son ouver-
ture ; le jour suivant, la santé de ce jeune homme est parfaite, l'ictère diminue.
Application d'un large morceau de potasse caustique sur le point le plus sail-
lant de la tumeur; le lendemain, incision de l'eschare au centre de laquelle on
insinue un second morceau de potasse. Depuis ces applications la tumeur pa-
raît diminuer de volume.
» Quelques jours après, chute de l'eschare, ouverture spontanée de la tu-
meur ; des flots de liquide jaunâtre et limpide, mêlés d'un grand nombre
d'acéphalocystes de toutes les grosseurs, sont chassés avec force au dehors.
Trois bassins, chacun de la capacité de deux litres, furent remplis à l'instant.
586 AFFECTIONS VERM1NEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
L'abdomen perdit Considérablement de son volume ; le môme jour, une injec-
tion d'eau d'orge miellée fut faite dans le kyste, dans l'intention de prévenir
l'introduction de l'air. Les trois jouis suivants, un nombre considérable d'hy-
datides continuent à sortir. Le malade n'avait point de fièvre, et la santé
n'avait soulTert en aucune manière. A l'eau d'orge on substitue l'eau salée,
le liquide qu'on injecte sort fétide. (Décoction d'orge et de quinquina, puis solu-
tion de chlorure de chaux en injection ; un grain d'extrait gommeux d'opium,
la nuit.) La capacité du kyste diminue tous les jours.
» Trois semaines après la chute de l'eschare, il ne pénétrait que quatre onces
de liquide dans la poche, au lieu d'une pinte et un quart qu'elle recevait dans le
principe. Au bout d'un mois et demi, il ne reste qu'une ouverture fistuleusepar
laquelle s'échappe pendant la toux un liquide purulent et fétide. Tout à coup la
matière est plus abondante, verdâtre, d'une odeur slercorale, semblable à celle
qui appartient au dernier intestin grêle. Bientôt on y reconnaît des fragments
de pois que le malade avait pris à dîner, et cependant sa santé n'a pas été un
instant troublée ; on reconnaît des épinards et autres herbes. Bientôt les ma-
tières fécales ne passent plus; l'ouverture de communication est évidemment
cicatrisée. Une fistule purulente existe toujours. On essaie à plusieurs reprises,
mais inutilement, d'obtenir la guérison au moyen de la suture entortillée. Le ma-
lade sort le 30 juillet; c'était le 19 mai que s'était vidée la tumeur. Il restait
encore une fistule étroite qui donnait issue à une petite quantité de pus fétide
et verdâtre. Une espèce d'eschare noirâtre se fait jour à travers la fistule qui
marche rapidement vers la guérison (1). »
Obs. CCLXXXI (Récamier). — Kyste du foie.
II. — Marion, âgé de trente-trois ans..., s'aperçut, il y a quatre ans, qu'il
portait une tumeur dans l'épigastre. Celle-ci fit de rapides progrès, et par
son développement, elle gênait les mouvements du malade... Trois semaines
après son admission, la tumeur, jusque-là indolente, était devenue doulou-
reuse, l'abdomen sensible, et depuis douze jours une douleur vive à l'épigastre,
des vomissements de matière alimentaire s'étaient manifestés. A son entrée, il
présentait une tumeur dure, rénitente, douloureuse à la pression, occupant
l'épigastre depuis les cartilages costaux jusqu'à l'ombilic, et s'étendant surtout
vers l'hypochondre droit; cette tumeur inégale et bosselée n'adhérait point
aux parois abdominales, qui glissaient facilement sur elle ; sa partie moyenne
présentait une fluctuation obscure. La percussion rendait un son mat dans
toute la région correspondant à la tumeur; l'auscultation n'y faisait entendre
aucun bruit. Le malade avait une fièvre légère, vomissait les aliments et les
boissons, et éprouvait une dyspnée qui paraissait être l'effet mécanique de la
(1) L; Martinet, Clinique médicale de V Hôtel-Dieu de Paris (1827). Observation
d'un kyste hydatique du foie. {Revue médicale, t. III, p. 436, 1827. — Dupuytren,
ouvr. cit., t. 111, p. 390. Cruveilhier, art. Acéphalocystes. — Barrier, thèse cit.,
•p. 58.)
NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDAT1DES. 587
pression de la tumeur (15 sangsues, cataplasmes, bains., chiendent et ré-
glisse; le quart). Les jours suivants, nouvelle application de sangsues; les
vomissements et la fièvre se suspendent.
» Le 27 juin, application de potasse caustique à un pouce et demi au-
dessous de l'appendice xiphoïde. — Le 29, nouvelle application de causti-
que.— Le 1" juillet, malaise général, douleur et tension de l'abdomen, consti-
pation, pouls accéléré (sangsues et cataplasmes émollients). — Le 7 juillet,
accidents disparus ; incision longitudinale du kyste faite au fond de l'escharre,
issue d'une pinte d'un liquide limpide, qui continue à couler pendant la nuit
(injection émolliente dans le kyste, pansement simple, cataplasmes émol-
lients). — Le 8 juillet, un peu de fièvre depuis hier, ventre douloureux, pas
de sommeil ; la tumeur a diminué (même prescription que la veille). — Le 9,
même état (sangsues autour de la tumeur). — Le 12, moins de douleur, mais
diarrhée (riz édulcoré, décoction blanche, œufs frais, injections). — Les jours
suivants, même traitement, le kyste diminue de volume de plus en plus. L'état
général serait satisfaisant sans le retour d'un paroxysme fébrile chaque nuit.
— Le 4 août, abattement ; le malade se plaint d'une douleur horrible dans le
ventre qui est tendu et tuméfié; constipation, chaleur à la peau, soif vive
(grand cataplasme sur le ventre, lavement, ventouses sur les côtés, julep avec
le sirop de pavot blanc). — Le 5 août, ventre ballonné, distendu; la tumeur
paraît refouler en haut le diaphragme, ce qu'on reconnaît à l'imminence de la
suffocation ; c'est pourquoi on se décide à agrandir la première incision qui
avait commencé à se rétrécir. Issue d'une grande quantité de gaz fétides et de
quelques gouttes de sérosité purulente ; on s'assure, en remuant la canule,
qu'elle est dans le kyste. — Deux jours après, les accidents furent calmés, et
la plaie laissa sortir une membrane que l'on reconnut, malgré l'altération
qu'elle avait subie, pour être la membrane interne du kyste ; mais le liquide
qui s'écoula par la plaie devint plus considérable et était de couleur jaunâtre,
ce qui fit penser qu'il contenait de la bile. Dès ce moment, les symptômes
graves disparurent pour jamais, et à la fin de mai, le kyste ne contenait plus
qu'une once de liquide ; quinze jours après, le malade sortit totalement
guéri (1). »
Obs. CCLXXXII (Jobert). — Kyste du foie; potasse caustique; injections
alcooliques. Guérison?
III. — Il s'agit d'un jeune homme, âgé de dix-huit ans, qui avait dans l'hy-
pochondre droit et à l'épigastre une tumeur considérable datant de trois ans.
(1) Debouis, Thèse de Paris, 1828, n" 263, et Barrier, thèse cit., p. 81 .
C'est probablement de ce malade que M. Cruveilhier dit : « Il existe en ce mo-
ment dans les salles de Récamier un jeune homme excessivement nerveux qui a été
soumis au même traitement, 'savoir : 1° à une ponction acupuncture exploratrice;
2° à l'application de la potasse caustique; 3" à des injections émollientes d'abord,
puis légèrement stimulantes. 11 est en voie de guérison. » (Cruveilhier, art. AcÉ-
PHALOCYSTES, p. 236.)
588 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
Une ponction exploratrice ayant été faite avec un trocart, il en sortit un liquide
séreux. Huit jours après, une incision fut pratiquée sur le sommet de la tu-
meur, à quatre travers de doigt au-dessous du rebord des fausses côtes et à
deux travers de doigt à droite de la ligne blanche. Le foie, incisé à la profon-
deur d'un pouce à un pouce et demi, parut sain dans son tissu ; le bistouri
porté de nouveau dans la plaie, pénétra dans un kyste à parois épaisses, il
contenait un liquide séreux et une quantité considérable d'hydatides. Des
injections d'eau distillée et d'alcool furent faites dans l'intérieur du kyste, et
une sonde de femme y fut laissée à demeure pour faciliter l'écoulement du
liquide et la sortie des hydalides. — Deux mois après l'opération, les hyda-
tides sorties à chaque pansement pouvaient être estimées à 60 ou 80. L'ab-
domen était souple, peu douloureux, la plupart des bosselures du foie avaient
disparu; le malade était faible, mais sans beaucoup de fièvre ; les évacuations
étaient libres (1).
D'après les renseignements qu'a bien voulu me donner M. Jobert, la potasse
caustique avait préalablement été appliquée sur la partie où l'incision fut
pratiquée.
Obs. CCLXXXIII (Laeoulbène). — Kyste du foie.
IV. — Fille C. . . Louise, âgée de seize ans, domestique, née à Soissons, en-
trée le \ 8 juin 4 855, à la Charité, salle Saint-Basile n° 32, dans le service
de M. Rayer.
Louise C... est malade depuis deux ans; elle s'était toujours bien portée
avant cette époque. Elle dit avoir éprouvé une vive douleur dans la région
du foie, après avoir soulevé des bottes de foin qu'elle chargeait sur une voi-
ture à l'aide d'une fourche. Le point d'appui était pris sur l'hypochondro
droit. La région hépatique s'est développée peu à peu.
Etat actuel. — Teint pâle, mais sans teinte ictérique des conjonctives ou
des téguments. Constitution ordinaire. L'hypochondre droit présente une
tuméfaction très marquée, mais sans bosselures et offrant une résistance
égale sur tous les points. Fluctuation obscure; frémissement hydatique très
manifeste. Santé générale non altérée, embonpoint, digestions assez faciles,
pas de vomissements, constipation. Jamais d'ascite ni d'enflure des jambes,
ni de bouffissure du visage, dyspnée légère, quelquefois palpitations, mais
de peu de durée. Souffle léger à la base du cœur et au premier temps de ses
bruits, se prolongeant dans les vaisseaux du cou. Menstruation assez peu
régulière. Urines n'offrant rien de particulier.
Diagnostic. — Kyste acéphalocystique du foie.
Dans les premiers jours de juillet, j'applique, suivant l'ordonnance de
M. Rayer, un cautère avec de la potasse caustique sur le point central de
la tuméfaction. Le lendemain de l'application de la potasse, l'eschare est
(1) Gazette des hôpitaux, août 1833, p. 383.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 589
fendue et une nouvelle application de potasse est faite entre les deux lèvres
de la plaie. Nouvelles applications caustiques les jours suivants.
La malade avait supporté difficilement et avec une impatience croissante
ces cautérisations douloureuses pratiquées tous les deux jours. Elle quitte la
Charité, le 11 juillet, sur sa demande expresse; mais elle rentre à l'Hôtel-
Dieu dans le service de M. Horteloup, le 1 4 du même mois.
Le 1 6, ponction exploratrice de la tumeur. Il sort un liquide limpide, clair ;
On en laisse couler deux cuillerées environ.
Le 17 et les jours suivants, on applique de nouveau sur la plaie de la po
tasse, comme je l'avais fait précédemment.
Le 28, ponction avec un gros trocart qui traverse un centimètre environ
de tissu hépatique ; il s'écoule trois litres d'un liquide clair, limpide, non
albumineux.
Le 29 juillet, vomissements bilieux ; vives douleurs en dehors du point où
la ponction a été pratiquée, mais pas de douleurs dans le reste de l'abdomen.
Le soir, le faciès est grippé, les yeux cernés ; \ 1 2 pulsations. Il est sorti des
fragments d'hydatides par la plaie. (Pansement avec l'éponge préparée pour
agrandir l'ouverture produite par le trocart.)
Le 30 juillet, écoulement par la fistule d'un liquide manifestement teint
par la bile; 120 pulsations. La douleur hépatique ne s'est point étendue: gêne
dans la respiration, appétit perdu.
Le 6 août, 90 pulsations. Les symptômes des jours précédents se sont
amoindris peu à peu. Douleur hépatique nulle; oppression légère. Il est sur-
venu de la diarrhée. Le liquide du kyste devient purulent. La malade a mangé
un œuf sans nausées. On fait une injection iodée dans le kyste, il y a eu de
nombreux fragments d'hydatides qui sont sortis. Les jours suivants, il y a pa-
reillement issue de petites vésicules hydatiques.
Le 14, odeur infecte quand on retire l'éponge préparée. Injection dans
la cavité du kyste avec un liquide contenant de l'azotate de plomb.
Le 16, coliques vives. On remplace les injections précédentes par deux in-
jections par jour d'eau chlorurée (chlorure de chaux liquide). Jusqu'à la fin
du mois, il y a chaque jour de nombreux fragments hydatiques sortis du kyste
ouvert.
Septembre. La malade revient à la santé. Elle digère facilement, et l'em-
bonpoint reparaît. La tumeur hépatique diminue de plus en plus.
Dans les premiers jours d'octobre elle demande son exeat. La fistule ne
donne plus en vingt-quatre heures que des gouttes de sérosité. La dépression
de l'hypochondre droit est très notable.
Deux mois après, Louise C... est revenue parfaitement guérie, faire voir
à l'Hôtel-Dieu et à la Charité qu'il ne restait plus de plaie dans la région
hépatique. Celle-ci est encore plus affaissée qu'à la sortie de l'hôpital.
V. — Cas observé par Richard. — Kyste hydatique du foie ; sept appli-
cations coup sur coup de caustique de Vienne; ouverture spontanée de l'es-
590 AFFRETIONS VF.RMINF.USF.S DES CAVITÉS SÉREUSES
charo ; issue do trois litres et demi do pus et d'hydatides ; amélioration rapide ;
fistule pendant cinq mois ; guérison (Voy. obs. CCXCVII).
VI. — Cas observé par Robebt. — Kysle kydaticpiedu foie; six applications
de potasse caustique; accidents; incision de l'eschare, amélioration; injection
iodée nuisible ; guérison (Voy. obs CCXCIV).
2° Cas de mort.
Obs. CCLXXXIV (Récamieb). — Kyste du foie ; frémissement hydatique.
I. — « Un homme âgé de trente-quatre ans porte depuis dix-huit mois
une tumeur à la région du foie. Cette tumeur est complètement indolente à la
pression et sans la pression ; toutes les fonctions de l'économie s'exécutent,
dans l'état le plus régulier, mais la tumeur l'incommode par son volume et
l'inquiète pour l'avenir. Quelques personnes ont cru reconnaître par l'explora-
tion ce bruit de crépitation, de collision que donnent les hydatides en les frottant les
unes contre les autres ; mais cette sensation n'a pas paru assez distincte au plus
grand nombre pour qu'on puisse en tirer quelque induction ; M. Récamier a donc
eu recours au moyen d'exploration qu'il a le' premier employé. Le 22 avril
1828, un trocart extrêmement délié a été enfoncé dans la partie la plus sail-
lante de la tumeur ; il s'est échappé un liquide, limpide comme dans les cas
rapportés plus haut. Ce liquide ne se coagule pas par la chaleur, de même que
celui précédemment obtenu. Il y a donc presque certitude d'analogie, aucun
accident n'a suivi la ponction, on a attendu que la tumeur fût de nouveau dis-
tendue par la sérosité, pour appliquer la potasse caustique. Cette application
a été faite le 29 avril, il paraît qu'elle a été faite trop haut ou que le caustique
s'est déplacé, car son action a porté sur les dernières côtes.
» Ce malade a succombé vingt-cinq jours après la ponction, à la suite d'ac-
cidents nerveux qu'on a qualifiés de tétaniques (1). »
Obs. CCLXXXV (Cbuveilhier). Deux kystes dans le foie.
II. — Homme, vingt-cinq ans, kyste hydatique du foie; deux applications
de caustique de Vienne ; ponction à travers la plaie, issue d'un liquide lim-
pide. Guérison de la plaie, réapparition des accidents, ponction nouvelle,
issue de membranes hydatiques et de pus, affaiblissement, diarrhée, vomisse-
ments, mort. Kyste hydatique de la grosseur d'une tête d'adulte dans le foie,
un second plus petit dans le même organe (2).
Obs. CCLXXXVI (Lebret). — Kyste du foie.
III. — Il s'agit d'un enfant, âgé de neuf ans, « admis le 1 8 octobre 1848
dans le service de chirurgie. Il présentait une tumeur peu développée au ni-
veau du foie, mais où le frémissement particulier à la présence d'hydatides
(1) Cruveilhier, art. Acéphalocïstes, p. 235.
(2) Cruveilhier, Gaz. des hôpitaux, 1842, 2e série, t. IV, p. 3J7.
Naturelles ou adventives. — hydAtides. 591
dans cet organe se percevait manifestement par la percussion légère ; d'ail-
leurs, un état général satisfaisant, un peu de maigreur, mais habituelle.
» A partir du 10 octobre, on a appliqué successivement le caustique de
Vienne et la potasse caustique sur le point le plus saillant de la tumeur ; un
hiatus assez profond a été ainsi formé très lentement, de manière à favoriser
l'adhérence du péritoine aux parois et aux parties voisines.
» Ce n'est que vers les premiers jours du mois de mars que le ventre de-
vint plus flasque; le frémissement n'était plus appréciable en aucun point;
l'excavation fistuleuse étant suffisamment profonde, on ponctionne alors avec
un trocart explorateur, et il sort environ 200 grammes de sérosité citrine,
sans trace de débris hydatiques, de nature albumineuse ; le microscope n'y fit
découvrir que quelques conferves, mais formées peut-être après l'issue du
liquide. On agrandit l'ouverture pratiquée, au moyen d'épongé; pendant trois
jours, il fallut combattre les signes d'une péritonite circonscrite, tendant à se
généraliser.
» Le 12 mars, l'état général se relevant, on voyait des hydatides, de mé-
diocre volume, se présenter à l'orifice interne de la fistule ; nous en enlevâmes
quatre le matin et autant le soir.
» Les jours suivants, même sortie d'hydatides, au milieu d'un liquide trouble,
jaunâtre et très fétide ; les forces de cet enfant faiblissaient sensiblement, sous
l'influence d'un état fébrile rémittent qu'on put vaincre avec la quinine.
» A partir du 20 courant, la plaie fut maintenue ouverte avec de l'éponge,
puis par une mèche cératée ; des hydatides, de grosseur variable, ont été reti-
rées journellement, mais, depuis ce moment, fortement colorées de matière
bilieuse, la plupart en lambeaux, tant leur consistance est molle et facile à
diviser. Malgré une déperdition de bile assez notable, puisque les pièces du
pansement, la charpie, en étaient tout à fait imprégnées chaque jour, les forces
se sont soutenues; peu d'appétit, mais digestions faciles; pas de vomisse-
ments ni de diarrhées; visage gai ; pouls régulier, quoique faible. Depuis
quelques jours, le foyer paraissait tari ; à peine sortait-il du liquide fétide en
question.
» Le.2S, l'élève chargé du pansement voit saillir un lambeau plus résistant
que d'habitude, le saisit et amène les débris considérables d'une poche d'ap-
parence fibreuse, résistante, lisse sur une surface et chagrinée sur l'autre,
laquelle, dans son étendue presque complète, nous paraît la paroi même du
kyste ; cette extraction fut suivie de frissons, avec vomissements, accidents
promptement enrayés par l'administration d'opium à dose élevée.
» Le surlendemain, 30 courant, en étant la mèche de la fistule, nous
voyons jaillir un véritable flot de liquide trouble, jaunâtre, extrêmement fétide,
dont on a recueilli près d'un litre et demi ; en même temps, de volumineuses
hydatides s'échappaient, sous forme de poches translucides renfermant une
sorte de gelée jaunâtre ; on peut en évaluer le nombre à six ou sept.
» Depuis ce moment, aucun accident n'est survenu ; l'état général se sou-
tient. Ce matin, il n'est sorti que très peu de liquide d'apparence séreuse. »
f>9i> AFFECTIONS VERMINEUSES M'.S CAVITÉS SÉllEUSIiS
a M. Le Breta présenté ù la Société les pièces analomiqucs d'un enfant qui
a déjà fait le sujet d'une note dans le précédent compte rendu, comme offrant
l'exemple d'une poche hydatique du foio entièrement attirée au dehors, con-
tenu et contenant, à travers une fistule artificielle. La santé générale se soute-
nait parfaitement depuis lors ; dii pus fétide sortait par l'orifice extérieur de
la petite plaie, mais sans que le malade manifestât la moindre souffrance, et
tout portait à croire qu'un travail réparateur s'effectuait à l'intérieur de la
poche. Une injection destinée à en nettoyer les parois et à exciter l'inflamma-
tion a amené la rupture du kyste sur un point peut-être aminci préalablement;
et une péritonite aiguë, survenant immédiatement, s'est terminée en quarante-
huit heures par la mort de l'enfant.
» A f autopsie, les anses intestinales étaient reliées ensemble par de fausses
membranes baignées de pus; d'ailleurs on ne pouvait plus retrouver de trace
du liquide épanché. Le foie avait subi une augmentation remarquable de vo-
lume, surtout dans sa portion gauche ; à droite, on rencontrait une cavité
parfaitement en rapport avec la fistule pratiquée, et limitée en haut et en
avant par la portion droite du diaphragme dans laquelle elle faisait saillie, en
dehors par la paroi abdominale, y compris les cartilages et les huitième, neu-
vième et dixième côtes, en bas et en dedans par le parenchyme même du foie,
au milieu duquel le kyste semblait s'être en partie creusé. La capacité de
cette poche était environ égale au volume des deux poings du sujet, enfant de
neuf ans : un liquide purulent et surtout coloré de matière bilieuse s'en est
écoulé abondamment; une membrane facile à détacher le tapissait, et au-
dessous d'elle on voyait nettement un réseau vasculaire sur toute la surface
interne. Inférieurement et en avant, presque au-dessous de la fistule, a eu
lieu la rupture, là où l'on aperçoit une solution de continuité, à bords
mousses, de 2 à 3 centimètres de diamètre, là aussi où la paroi est fort mince
et facile à déchirer. L'état des autres organes était sain ('I). x>
IV. — Cas observé par Turner. — Tumeur volumineuse de l'hypochondre
droit ; trois applications de potasse caustique; issue d'une grande quantité de
liquide et d'hydatides ; mort. Kystes hydatiques nombreux, l'un communiquant
avec les bronches (Voy. obs. LXXVII).
V. — Cas observé par Caarcot et Davaine. — Tumeur de l'hypochondre
droit ; quatre applications de caustique en sept jours; ouverture spontanée de
l'eschare ; accidents variés, marasme ; mort. Kystes hydatiques très nom-
breux ^Voy. obs. CV).
3° Terminaison non indiquée.
Obs. CCLXXXVII (Rayer et Pidom). — Kyste du foie.
Il s'agit d'un homme âgé de quarante ans, qui entra à la Charité, dans le
(1) Lebret, Expulsion d'hydatides et de la poche hydatique par une ouverture faite
au niveau de la région hépatique (Comptes rendus, Soc. de biologie, 1 849, 1. 1, p. 54
et 68, et Gas. des hôpitaux, 1849, p. 269).
NATURELLES OU ADVËNT1VES. — HYDATIDES. 593
service de M. Rayer, pour une tumeur hydalique du foie. Un caustique fut
placé sur le point le plus saillant de la tumeur ; trente jours après une ponc-
tion avec un trocart de petite dimension fut pratiquée au centre de la partie
cautérisée, il s'écoula environ un quart de litre d'un liquide jaunâtre, à peine
opalescent, tout à fait semblable A celui que l'on rencontre dans les kystes hy an-
tiques non enflammés. Point d'accident immédiat; diminution notable delà
tumeur (il n'est rien dit des suites) (I).
L'application des caustiques a été faite encore clans plusieurs des
observations consignées dans cet ouvrage ; mais dans ces cas, le
caustique n'a été généralement qu'un moyen accessoire, et dans
plusieurs même il a été au moins inutile. Voyez les observa-
tions : CCXIV, Hewnden; CCXVI, Rossi ; CCXXXIV, Held;
CCLXXIII, Mailly et Dodard ; CCLXV, CCLXVI , Jobert;
CCLXXXIX, Cadet de Gassicourt ; CCXC, Chassaignac; CCXCV,
Demarquay ; CCXCVI, Dolbeau; CCXCVIII, Voisin.
Enrèsumè, les cas dans lesquels l'application de la potasse caus-
tique ou du caustique de Vienne a constitué le moyen principal du
traitement, sont au nombre de 12. — La guérison a eu lieu 6 fois,
la mort 5.
Si l'on examine la cause de la mort dans ces cinq cas, on trouve
dans l'un des accidents nerveux indépendants du traitement ; dans
un autre des accidents déterminés par un défaut de soins dans le
pansement; et dans deux autres des kystes en si grand nombre,
que tout autre traitement eût été de même inutile.
On a objecté à la méthode de Récamier; 1° qu'elle agit lente-
ment ; 2° qu'elle a une action difficile à limiter ; 3° qu'elle peut dé-
terminer une péritonite ; 4° qu'elle ne produit pas toujours des adhé-
rences.
La première objection qui a quelque valeur lorsqu'il s'agit de
l'ouverture d'un abcès, n'en a plus lorsqu'il s'agit d'une tumeur hy-
ùatique; on peut d'ailleurs accélérer l'ouverture de la tumeur par
des applications du caustique très rapprochées. Dans l'observa-
tion CV, le kyste s'est ouvert après quatre applications faites en
sept jours; dans l'observation CCXCVII, il s'est ouvert après sept
applications coup su?' coup.
La seconde objection ne convient pas au caustique de Vienne que
l'on emploie généralement aujourd'hui au lieu de la potasse.
(1) Rayer et Pidoux, Gaz. des hôpitaux, 1849, p. 382.
DàVAlNE. 38
;")<l/i AFFECTIONS VlïRMINEOSES DES CAVITÉS SÉREUSES
Quant au risque de causer une péritonite, ce reproche qui a été
Eut autrefois à la méthode de Récamier, n'a été justifié par aucun fait.
Le danger de ne pas déterminer des adhérences entre les parois
abdominales et la tumeur est une objection beaucoup plus sérieuse.
Parmi les observations consignées dans cet ouvrage, il en est deux
t|iii prouveraient que l'application d'un caustique ne détermine pas
toujours des adhérences suffisantes pour mettre à l'abri d'un épan-
chement dans le péritoine. Toutefois l'examen attentif de ces deux
cas ne peut mènera une conclusion défavorable à la méthode de Ré-
camier: ainsi, dans le cas rapporté par M. LeBret (obs CCLXXXVI),
les adhérences ne faisaient point défaut, et ce n'est que par une
manœuvre maladroite qu'elles ont été détruites. Dans un cas rap-
porté par M. Dolbeau (obs. CCXCVI), l'autopsie a montré qu'il
n'y avait pas d'adhérence au niveau de l'eschare; mais trois appli-
cations seulement de caustique de Vienne avaient été faites, et il ne
paraît pas que l'eschare ait été enlevée ou incisée avant chaque ap-
plication nouvelle ; d'un autre côté, on ne dit pas que cette eschare
eût pénétré toute l'épaisseur des parois abdominales; enfin la péri-
tonite, dont on reconnut les lésions ne doit point être attribuée au
caustique, car les phénomènes de cette affection ont coïncidé avec
une ponction faite au moyen d'une aiguille à cataracte.
Dans un assez grand nombre d'observations, le caustique n'a été.
appliqué qu'une ou deux fois, et l'ouverture a été achevée par la
ponction ou l'incision à travers l'eschare; mais il est probable que
deux ou trois applications du caustique sont souvent insuffisantes
pour traverser toute l'épaisseur des parois abdominales et par con-
séquent pour produire des adhérences du péritoine. C'est ce qu'on
peut inférer des expériences faites sur le lapin par M. Cruveilhier :
la potasse caustique fut appliquée en deux points de la paroi ab-
dominale, et à six jours d'intervalle ; quinze jours après, on fit
l'examen cadavérique de l'animal. Dans le lieu delà première appli-
cation, l'arc du côlon adhérait aux parois ab Jominales et offrait une
eschare blanche, circulaire; l'autre application n'avait porté son ac-
tion que jusqu'à la face externe du péritoine ; il y avait une injection
vasculaire de cette membrane, sans adhérence (1).
Il faut évidemment, pour déterminer des adhérences, que l'action
du caustique ait atteint la tumeur même; le nombre des applica-
tions devra donc se régler sur l'épaisseur des parois à traverser.
(1) Cruveilhier, art Acéphalocystes, cité p. 236.
NATURELLES OU ADVElNTIVES. — HYDATIDES. 595
L'incision ou l'excision de l'eschare, avant chaque application nou-
velle de caustique, favorisera le cheminement vers les parties pro-
fondes, en même temps qu'elle donnera des indications sur celles
qui restent à traverser.
Article II. — La tumeur hydatique se forme par l'accroissement
ou la multiplication de vésicules vivantes; il est donc rationnel de
conclure que ia mort de ces vésicules suspendrait .l'accroissement de
la tumeur et même qu'elle déterminerait son retrait et sa guérison.
C'est d'après ces considérations que l'on a proposé l'application de
l'électricité et celle du froid (voyez chapitre I, article III), et que
l'on a pratiqué dans la tumeur l'injection de liquides capables de dé-
truire les hydatides.
Les liquides qui ont été expérimentés sont la solution d'iode, l'al-
cool et la bile.
On a encore cherché dans l'injection de ces liquides et de quel
ques autres un moyen de modifier la surface interne du kyste, de
s'opposer à la décomposition putride des matières qu'il contient, etc.
A. — Injections iodées.
On sait tout ce que la pratique des injections iodées doit à
M. Boinet ; c'est ce médecin distingué qui en a fait le premier l'ap-
plication à la cure des kystes hydatiques.
Les injections iodées ont été pratiquées, soit par une simple ponc-
tion, soit par une ponction ou une incision à travers une eschare,
soit après l'incision simple de la tumeur hydatique. Dans certains
cas elles ont été le moyen principal ou unique du traitement ; dans
d'autres, elles ont été employées comme moyen secondaire ou acces-
soire.
1° Injections iodées comme méthode de traitement.
Obs. CCLXXXVIII (Aran). — Kyste hydatique du foie; fonction avec
un trocart capillaire ; injection iodée . Guêrison?
I. — « Fourneau (adolphe), âgé de trente-sept ans, peintre en bâtiments,
entre à l'hôpital Saint-Antoine, le 27 juin 1854, dans le service de M. Aran.
Cet homme souffrait depuis deux ans d'une douleur dans le côté droit... le
foie dépassait le rebord des fausses côtes à l'épigastre de trois à quatre tra-
vers de doigt. Le malade éprouvait profondément dans le foie des douleurs
vives qui le forçaient à rester couché la plupart du temps. Ces douleurs re-
montaient vers l'épaule ; elles s'irradiaient dans le dos et descendaient vers
la région externe du foie. Pas d'altération des fonctions nutritives.
S96 AFFECTIONS VERMIBEBSES DliS CAVITÉS SKUEUSI S
Le i" août, après avoir de nouveau constaté la fluctuation dans le foie,
M. Ar.ni plongea un Irocart capillaire dans L'hypochondre droit, à 2 centimè-
tresdola ligne blanche, et à 3 centimètres environ du rebord des fausses côtes
droites. L'instrument fut dirigé de bas en liaut et de gauche à droite; lorsqu'il
lui parvenu a 5 centimètres de profondeur, M. Aran retira l'aiguille, rien ne
s'écoula ; il replaça l'aiguille, et poussant le trocarl dans la même direction,
à 8 ou 9 centimètres de profondeur, il vit s'écouler, en retirant l'aiguille, un
liquide incolore comme de l'eau déroche; 750 grammes sortirent; ils ne
contenaient ni débris organiques ni albumine. M. Aran injecta immédiatement
teinture d'iode, 50 grammes; eau distillée, 50 grammes; iudure de potassium,
■1 gràmme'è. L'injection fut abandonnée dans le kyste. Celte injection ne dé-
termina aucune douleur. Une heure après, quelques phénomènes d'iodisme,
accompagnés d'une réaction générale assez intense, se manifestèrent et durè-
rent jusqu'au 6 août. A partir de cette époque, l'amélioration fit chaque jour
des progrès ; le foie diminua de volume, l'hypochondre cessa d'être doulou-
reux. Le <Tr septembre, il ne restait qu'un peu de sensibilité à la pression
entre les dernières fausses côtes en dehors, saillie de l'hypochondre très peu
marquée, état général très satisfaisant, bon appétit (1). »
Obs. CCLXXXIX (Cadet de Gassicourt). — Kyste hydalique du foie;
potasse caustique ; ponction à travers Veschare; sonde à demeure, in-
jection iodée. Guérison.
II. — Il s'agit d'un homme âgé de trente-six ans, qui portait, depuis en-
viron un an, une tumeur considérable dans la région du foie.
« Le 27 mars 'l 854, on appliqua la potasse caustique sur le point saillant
de la tumeur, et dix jours plus tard, lorsque les adhérences entre le foie et la
paroi abdominale furent établies, M. Nélaton enfonça d'abord une aiguille à
cataracte, et, après avoir vu sourdre quelques gouttelettes de pus, donna un
coup de trocart dans la tumeur. Il sortit bientôt par la canule une quantité
considérable de pus (1 litre environ), entraînant avec lui des corps vésiculeux
reconnus aussitôt pour des hydatides. Après avoir laissé couler le pus et lavé
l'intérieur de la poche avec un courant d'eau tiède, M. Nélaton fit immédiate-
ment une injection iodée qui dut être renouvelée le soir, et remplaça la canule
du trocart par une sonde en gomme à demeure dans l'orifice fistuleux. Cette
sonde s'enfonçait de 1 1 centimètres et demi.
» Le 6 avril, issue de pus mêlé de débris d'hydatides. — Injection d'iode
matin et soir.
» Le 7, le matin, en débouchant la sonde, on s'aperçut que le pus qui
s'échappait du foyer était mêlé de bile.
» Le 8,1a quantité débile fut plus considérable encore.
(I) Dr Aran, Des injections iodées dans les kystes hydaliques du foie (Bull.
thérap., sept. 1854, t. XLVII, p. 218. — Arch. gén. de méd., 5e série, t. IV,
p. 477. — Boinet, lodolhérapie. Paris, 1855, p. 396).
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 597
» Le 9, la bile sortit pure et sans aucun mélange de pus (un quart de litre
environ). M. Nélaton supposa qu'il s'était fait dans la poche un travail ulcé-
ratif correspondant à un canal hépatique ou à la vésicule biliaire. Il est pro-
bable que la bile était versée au dehors presque en totalité par cette voie
nouvelle, car les matières fécales étaient gris-blanchâtre, semblables à de l'ar-
gile. Cependant les fonctions digestives s'accomplissaient avec régularité, et
le malade ne se plaignait nullement.
» Cet état se prolongea pendant huit jours, du 7 au 1 5, et pendant ce laps
de temps, il ne sortit pas de pus par la sonde ; le kyste ne semblait contenir
que de la bile. — Du 7 au 1 5, les injections d'iode furent interrompues.
» Le '15 au soir, en débouchant la sonde, on vit sortir un mélange de bile
et de pus, et le lendemain on ne trouva que du pus. — Les injections iodées
furent reprises immédiatement.
» Le 18, le même phénomène qui s'était présenté le 7 se reproduisit ; le
pus était mêlé de bile.
» Le 'l 9, la bile était pure, et elle coula ainsi jusqu'au 27. A cette époque,
le pus reparut, et le phénomène ne se reproduisit plus.
» De cette époque jusqu'à son départ, qui eut lieu à la fin du mois de mai,
le malade marcha assez rapidement vers la guérison. On employait conjointe-
ment les injections chlorées et iodées. Enfin, quand il sortit de l'hôpital,
sans avoir présenté d'autre symptôme intéressant, il n'avait plus qu'une pe-
tite fistule, profonde de 4 centimètres à peine, d'où s'écoulait encore un peu
de pus.
» J'ai revu ce malade au mois d'octobre 1854. La fistule était fermée, et la
plaie entièrement cicatrisée. La santé générale était excellente (1). >>
Obs. CCXC (Chassaignac). — Kyste hydaliquedu foie; caustique; ponc-
tion; injection iodée. Guérison.
III. — Homme, tumeur dans la région du foie, ponction exploratrice, issue
d'un liquide limpide, non coagulable par la chaleur. Deux applications de
caustique de Vienne en huit jours; ponction avec un trocart un peu gros,
issue d'un liquide coagulable par la chaleur; injection iodée, réapparition de
la tumeur quelques jours après; inappétence, accès fébriles pendant plusieurs
mois; amélioration tardive. Guérison (2).
Obs. CCXCI (Boinet et Mesnet). — Kystes multiples du foie, ouverture
de l'un d'eux dans le poumon droit ; traitement d'un des kijstes par
des injections iodées. Mort.
IV. — « Un homme de trente-trois ans entra à la Charité le 28 octobre
1851, dans le service de M. Briquet. Voici dans quel état il se présente :
(1) Cadet de Gassicourt, thèse cit., obs. in, p. 13.
(2) Soc. de chirurgie, 18 mars 1857, dans Gaz. des hôpitaux, 1857, p. 147 ,
et Leçon clinique, même journal, p. 36G.
598 AFFECTIONS v kiîmi si usi.s m;s cavuI'.s SÊfcEUSÊS
» Maigreur remai |uable; ictère foncé occupant toute la surface du corps;
leu urines contiennent |e la bile. Pas de souille, ai au cœur, ni dans les caro-
tides ; /"s de toux ni de crachats L'abdomen, comme la poitrine, est
élargi du côté droit ; on trouve sur la ligne médiane quatre tumeurs, deux à
droite ci deux a gauche; tout a fait à droite de l'abdomen, une tumeur très
volumineuse, qui soulève la paroi thoracique; elle est douloureuse à la pres-
sion et ûuctuante. On ne perçoit pas le frémissement hydatique.
» Le 29, M. Boinet est chargé par M. Briquet de faire l'opération, qui est
jugée indispensable. — Ponction avec un trocart à paracentèse dans le kyste
de droite, qui est le plus volumineux, et dans lequel on perçoit manifestement
la fluctuation La ponction donne issue à quelques cuillerées de pus et à une
hydatide; mais l'écoulement du liquide cesse bientôt. M. Boinet fait alors,
avec le bistouri, une incision de 3 centimètres à la paroi abdominale, et ouvre
le sac dans uni- étendue de 1 centimètre à peu près. L'introduction d'un dila-
tateur donne issue à 1050 grammes de pus, mêlé de membranes hydatiques.
— Injection iodée. A la suite de l'opération, l'état du malade est satisfaisant
et se maintieni ainsi jusqu'au 6 novembre : ce jour-là, il y a un peu de frisson
et de fièvre le soir.
» Le 7, le pansement est à peine taché, et la petite quantité de matière
qui a coulé a une odeur fort désagréable. Une membrane hydatique bouchait
l'ouverture du foyer. Une sonde en gomme, glissée jusqu'au fond delà poche,
donne issue à environ 50 grammes de pus épais, jaune-verdâtre, très odo-
rant, et à quelques débris d'hydatides. — Injections iodées.
» Du 7 au 10, l'état est satisfaisant; ni frissons, ni fièvre, ni toux, ni dé-
voiement. Le teint semble beaucoup moins jaune.
» Le 18, nouvelle injection d'iode.
» Le 21, une hydatide qui bouchait la plaie est retirée avec les doigts, et
il s'écoule immédiatement un flot de liquide séro-purulent légèrement rous-
sàtre, mélangé de grumeaux blancs, et d'une odeur épouvantablement infecte.
Le malade dit avoir rendu quatre ou cinq crachats qui avaient un goût pro-
noncé d'iode; mais il ne peut montrer ces crachats, qui ont été jetés, et le
phénomène ne se reproduit plus.
» Le 25, même état général. Hier soir, frisson. Chaque jour, deux ou trois
selles trè* fétides, de matières semblables à celles qui sortent de la plaie.
Rien de changé dans les phénomènes d'auscultation de la poitrine; point de
râles, point de toux Pouls, 100 à 110.
» Du 25 novembre au 10 décembre. L'état va chaque jour s'aggravant,
l'appétit, se perd, l'amaigrissement va croissant. Un peu de fièvre le soir.
Respiration facile, pas de toux. Toujours deux ou trois selles fétides chaque
jour. Bouche mauvaise; langue pâteuse, quelquefois un peu sèche.
» Le 1 0, 'e malade a peine à se remuer dans son lit; parole difficile, langue
embarrassée, douleur sourde et continue à l'hypochondre gauche.
« Le 12, mort à trois heures après midi.
» Autopsie. — Le foie est rempli de kystes hydatiques nombreux, une
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 599
vingtaine à peu près dans le lobe droit. Parmi ces kystes, les uns contien-
nent du liquide et des poches hydatides plus ou moins nombreuses, les autres
sont solides et n'offrent autre chose que des membranes minces, les unes
transparentes, les autres opaques, imbriquées les unes avec les autres, et pré-
sentant la coupe transversale d'un bourgeon ou d'un pavot avant le dévelop-
pement de ses pétales.
» Kyste ponctionné. Il occupe le lobe droit du foie, et contient un liquidé
jaune brunâtre, floconneux , et deux hydatides mortes. Par sa partie supé-
rieure, il communique avec un autre kyste, occupant presque tout le lobe
droit du foie, et qu'on a pu suivre jusque dans le tissu du poumon droit. Ace
niveau, le diaphragme a disparu, et le tissu du poumon, recouvert d'une
membrane mince, grisâtre, baignée de pus, formait la limite de la poche
(explication du goût d'iode et des crachats iodés notés dans l'observation). »
La vésicule biliaire avait disparu; sa place était occupée par quatre kystes
hydatiques situés à la face inférieure du foie. Deux autres kystes existaient
dans le grand épiploon. Un autre kyste hydatique de la grosseur d'un œuf
de pigeon existait dans le cul-de-sac recto-vésical, dans le tissu cellulaire
interposé an péritoine et à la tunique musculaire de la vessie (1 ).
V ■ — Vigla. — Hydatide intra-thoracique; ponction, injection iodée; gué-
rison (voy. obs. XLI).
VI. — Velpeau. — ■ Hydatide de la paroi thoracique ; injection iodée sans
succès; incision, guérison (voy. obs. CCXX).
VII. — Larrey. — Hydatide de la hanche; injection iodée sans succès,
incision, guérison (voy. obs. CCXXXII).
VIII . — Demarquay. — Hydatide de la cuisse ; injection iodée sans succès -,
incision, guérison (voy. obs. CCXXXV).
2° Injections iodées accessoires au traitement.
Obs. CCXCII (Aran). — ■ Kyste hydatique du foie; dix ponctions succes-
sives avec un trocart capillaire ; injection iodée après la dixième ponc-
tion. Guérison.
IX. — « Brandon (Adolphe), âgé de trente et un ans, moulineur, entra
le 1 1 août 4 852 dans le service de M. Aran, à la Pitié. Il souffrait depuis
deux ans, à la suite d'une chute de trente-deux pieds de haut sur le pavé, et
d'une contusion à la base de la poitrine du côté droit. Lorsque M. Aran put
l'examiner, il se plaignait d'un malaise dans la partie droite de la poitrine et
(1) Mesnet et Boinet, Considérations sur les kystes hydatiques du foie, suivies
de la description d'une maladie des voies biliaires (Revue médicale, 15 février 1853.
Bull. Soc. chirurg., 1852. — Boinet, ouvr. cit., p. 387. — Cadet de Gassicourt,
thèse cit., p. 76).
GOO AFFECTIONS VERMIKEUSBS Oi'S CAVITÉS fifililïtiSES
d'une gêne dans lu respiration. La matité du foie se constatait dans une han-
teor de 19 à 20 centimètres. Cet organe dépassait de cinq travers de doigt les
laisses mies, cl. s'étendait largement dans l'hypocliondre gauche; les fausses
côtes droites étaient repousséesen dehors, et une voussure très marquée se
montrait au-dessous du mamelon droit ; on ne pouvait point trouver de fré-
missement hydatique, mais il existait un bruit de frottement péritonéa).
» Une première ponction exploratrice, faito le 1 7 août avec un trocart ca-
pillaire portée 8 centimètres de profondeur, laissa couler 360 à 380 grammes
d'un liquide transparent et clair comme de l'eau de roche. — Le lendemain,
cet homme se trouvait bien soulagé. La voussure avait beaucoup diminué, le
foie no mesurait plus que 13 à 14 centimètres; mais au bout de quatre
jours, de la douleur reparut au niveau du mamelon. — Le 5 septembre, nou-
velle ponction avec une issue de 250 à 300 grammes de liquide trouble teint
de quelques gouttes de sang qui se coagule par la chaleur, soulagement très
grand, diminution de la voussure; mais le déplacement par en bas n'a point
beaucoup varié. — Le 20 septembre, troisième ponction; sortie de 100 à
125 grammes d'un liquide un peu trouble. Quelque temps après, il se mani-
feste des douleurs profondes dans la partie antérieure de l'hypochondre gau-
che. M. Aran, pensant à un second kyste, pratiqua une ponction dans le lobe
gauche du foie. Cette ponction ne donna issue qu'à quelques gouttes de sang
d'un beau rouge, elle ne fut suivie d'aucun accident. — Le 1 8 octobre, qua-
trième ponction dans le lobe droit; issue de 125 grammes d'un liquide un
peu trouble , séreux . — Le 27 octobre, cinquième ponction; sortie de 750 grammes
d'un liquide trouble, jaune rougeâtre, paraissant contenir du pus et des ma-
tières grasses. Sixième ponction le 1 1 novembre. La canule se fausse en l'in-
troduisant ; il ne sort que 60 grammes d'un liquide trouble, jaune rougeâtre.
— Septième ponction le 20 novembre; 125 grammes d'un liquide trouble,
légèrement sanguinolent ; les matières grasses y sont plus abondantes. —
Huitième ponction sans résultat le 10 décembre. — Neuvième ponction le
1 8 décembre. Cette fois, par des efforts énergiques du malade, aidés par le re-
foulement des organes abdominaux, on parvient à retirer 400 grammes d'un
liquide toujours trouble, un peu sanguinolent et chargé de matières grasses.
» Dixièmeeidernière ponction le 5 janvier 1 853 : évacuation de 250 grammes
d'un liquide semblable aux précédents. Cette fois M. Aran injecta dans l'in-
térieur du kyste un mélange de 50 grammes de teinture d'iode et autant d'eau
distillée avec addition de 4 grammes d'iodure de potassium. Il abandonna le
liquide dans le kyste, et appliqua un bandage serré autour de l'abdomen : pas
de douleur pendant ni après l'injection. Le malade éprouva pendant quarante-
huit heures quelques phénomènes d'iodisme, mais au bout de quatre jours,
tout était rentré dans le calme. L'iode a été éliminé peu à peu par la salive
et les urines.
» Toutes ces ponctions ont été faites avec le trocart capillaire, le malade
couché sur le dos et préalablement endormi avec le chloroforme. L'instrument
était plongé obliquement en dehors et à droite de l'épigastre, puis dirige de
NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDATIDES. 601
haut en bas et de gauche à droite, à une profondeur de 7 à 8 centimètres.
» La première ponction avaitétésuivied'unegrande diminution dans la vous-
sure et dans la hauteur de la matité hépatique, mais la modification fut peu
marquée après les deux autres ; ce fut seulement à partir de la quatrième ponc-
tion qu'on put constater une nouvelle et sensible rétraction du foie dans le
sens vertical. Après l'injection iodée, et lors de la sortie du malade de l'hô-
pital, le 4 0 mars, le foie continuait à dépasser le rebord des fausses côtes de
deux et demi à trois travers de doigt. Quoi qu'il en soit, à partir de l'injection
iodée, cet homme a cessé entièrement de souffrir dans la région du foie ; en
même temps, les forces et l'embonpoint sont devenus des plus remarquables,
et le malade, gardé jusqu'au mois de mars à l'hôpital, n'a point vu la guérison
se démentir (1). »
Obs. CCXCIII (Robillier). — Kyste hydatique de l'abdomen ; incision ;
injection iodée. Guérison.
X. — « Le nommé Bomelard, marin, âgé de trente-six ans, portait depuis
longtemps une tumeur énorme dans la région ombilicale. Elle faisait des pro-
grès rapides, et avait déjà 70 centimètres de diamètre. Percutée, elle offrait un
son mat; ses alentours, occupés par les intestins, étaient sonores ; le nombril
était effacé ; la peau, très amincie dans cet endroit, menaçait de faire rupture,
et cette rupture pouvait avoir lieu dans le ventre. Ces considérations me déter-
minèrent à faire la ponction avec un trocart ; il en sortit une grande quantité
de sérosité limpide. Après avoir retiré la canule du trocart, un lambeau du
kyste hydatique se présenta à l'ouverture, je l'agrandis, et je pus attirer une
grande portion du kyste semblable à des fausses membranes, une grande
quantité d'acéphalocystes sortirent pendant plusieurs jours et je pus extraire
jusqu'à la dernière portion du kyste hydatique. J'établis alors une compression
pour rapprocher les parois de cette tumeur ; je fis tous les jours une injection
iodée, et peu après le diamètre de la tumeur diminua. Deux mois après elle
était réduite à un très petit volume, et l'ouverture que j'avais entretenue avec
une mèche se cicatrisa ; on ne sentait dans le ventre qu'un peu de dureté qui
a disparu avec le temps. Depuis, ce marin se porte bien et a fait plusieurs
voyages en mer (2). »
Obs. CCXCIV (Robert). — Kyste hydatique du foie; applications réité-
rées de potasse caustique ; incision de l'eschare; injection de teinture
d'iode nuisible. Guérison?
XI. — Un garçon boucher, Léonard Thérembe, âgé d'une trentaine d'an-
nées, est couché au n° 25 de la salle Saint-Vincent-de-Paul, à l'hôpital
Beaujon. M. Robert constate l'état suivant : tuméfaction uniforme non circon-
(1) D'Aran, Mém. cit.
(2) Robillier, de Dunkerque, Hevue médico-chirurgicale de Paris, 1851, t. X,
p. 247, et Boiuet, ouvr. cit., p. 390.
f)02 AFFECTIONS «BRUINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
scrile de l'hypochondre droit, BUrtopl au niveau des dernières vraies côtes; le
foie dépasse de 3 centimètres le bord des dernières fausses côtes; la mutité
de la région hépatique s'élond verticalement depuis la partie moyenne du car-
tilage de la cinquième côte jusqu'à une ligne horizontale passant à G centi-
mètres au-dessus de l'ombilic Toutes les fonctions sont en bon état, il n'y
a pas eu et il n'y a pas d'ictère.
» Une ponction exploratrice avec un trocart très fin, qui ne pénétra tout
au plus qu'à 3 centimètres do profondeur, donna lieu à l'évacuation par la
canule de 1 30 grammes d'un liquide tout à fait semblable à de l'eau et d'une
saveur salée. Cette tentative détermina de la fièvre, des vomissements, une sen-
sibilité exquise du ventre. Il fallut faire une application de 20 sangsues et
employer pendant quelques jours des cataplasmes émollients. Lorsque l'orage
fut cilmé, un morceau de potasse caustique fut appliqué sur le point le plus
élevé de la tumeur, et le lendemain leschare ayant été fendue, on fit une
seconde application du caustique au fond de l'incision. A trois jours d'inter-
valle chaque fois, on répéta, quatre fois encore et de la même manière, l'em-
ploi de la potasse caustique. A partir de cette sixième application de la po-
tasse, les accidents deviennent plus sérieux, la tumeur est le siège d'une dou-
leur vive et constante ; elle augmente de volume. Il y a de l'insomnie, de la
fièvre, des vomissements fréquents. Des sangsues à l'épigastre et des ven-
touses scarifiées aux lombes sont nécessaires. Malgré ces moyens et les cata-
plasmes, au huitième jour depuis la dernière application du caustique, il n'y
a pas d'amélioration L'hypochondre continue à être tendu et douloureux ;
fièvre, nausées, diarrhée. Un bistouri est enfoncé dans la tumeur à travers
leschare. Il s'écoule par jet un litre d'une sérosité trouble, jaunâtre, extrê-
mement fétide et sanguinolente. La tumeur s'affaisse, une réaction assez vive
a lieu ; mais le malade se trouve soulagé. Chaque jour, à travers la mèche
qu'on introduit dans la plaie, et qu'on recouvre de cataplasmes, il s'écoule
une sérosité abondante et fétide qui mouille les pièces d'appareil et le lit.
L'hypochondre s'affaisse de plus en plus, mais l'état général du sujet est mau-
vais ; il y a des sueurs et de la diarrhée. On met une sonde en gomme élas-
tique dans le kyste, et l'on évacue la sérosité, d'abord transparente, puis
verdâtre, enfin semblable à de la bouillie jaune. On injecte plusieurs fois par
jour de l'eau tiède dans le kyste, et on lave son intérieur à grande eau. L'on
panse toujours avec la mèche les cataplasmes et le bandage de corps, et l'on
donne du bouillon. Les accidents généraux diminuent, la fièvre tombe.
» Jusque-là il n'avait point été donné issue à des hydatides; M. Robert
introduit dans le kyste une sonde assez volumineuse en gomme élastique, et
au moyen d'une seringue qui y est adaptée, il pompe le liquide contenu dans
la poche. Cette manœuvre fait engager dans la sonde des hydatides, ce que
l'on reconnaît, au défaut d'aspiration de la seringue. On relire la sonde que
l'on vide, et l'on recommence à plusieurs reprises. On parvient à retirer des
vingtaines d'hydatides pendant plusieurs jours, à chaque séance: on obtient
même la sortie d'une membrane opaque blanche et molle, grande comme la
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 603
main. L'on continue le lavage du kyste à grande eau tiède. Le liquide qui sort,
par une sonde laissée à demeure est toujours infecte. Bientôt le kyste revient
sur lui-même, et la saillie des côtes suit son retrait. L'amélioration de l'état
général est notable. On ajoute un peu de chlorure de sodium et de décoction
de quinquina à l'injection. Il n'y a plus de douleurs; l'appétit et le sommeil
renaissent. Le liquide excrété perd chaque jour de son odeur; il change de
nature, et il renferme une assez grande quantité de pus. Le malade se lève et
mange avec plaisir; la marche est favorable à l'évacuation du pus qui coule
par la sonde. La tumeur a disparu, et les côtes sont affaissées.
» Le 30 avril 1843, trois mois juste après la première application de la
potasse, ce malade a repris ses forces et son embonpoint ; le kyste est
affaissé, la sonde est inutile, ainsi que les injections; on les supprime. Il ne
reste qu'un trajet fistuleux qui a I 4 centimètres de profondeur et oblique de
bas en haut et de gauche à droite, trajet par lequel il s'écoule une petite
quantité de pus. Le pansement consiste en une mèche de charpie et un plu-
masseau de cérat; toutes les fonctions se font bien.
» M. Robert, voyant, au bout de quarante jours , que ce trajet fistuleux ne
faisait aucun pas vers la guérison, voulut tenter d'en obtenir l'oblitération au
moyen d'une injection de teinture d'iode fortement étendue d'eau. Cette ten-
tative ne fut pas heureuse. L'inflammation fut vive, la fièvre s'alluma, une
suppuration sanguinolente se fit jour au dehors, et, ce qui n'avait pas été ob-
servé depuis le commencement de la maladie, l'ictère se manifesta. Il fallut
dix jours de soins, le retour aux cataplasmes, aux injections émollientes et
chlorurées pour ramener le malade à son état antérieur. Ce sujet est du reste,
en ce moment, dans un état général parfait, il s'écoule du pus, mais en petite
quantité, par l'orifice de la fistule. — Guérira-t-il de cette incommodité?
c'est probable ; car, quoique cette fistule se resserre très lentement, elle se
resserre néanmoins (1). »
Obs. CCXCV (Demarquay). — Kyste hydatique du foie; trois ponctions capil-
laires ; suppura tion du kyste ; caustique de Vienne, incision de feschare;
injections iodées et de perchlorure de fer. Guérison.
XII. — Une femme, âgée de trente-quatre ans, était souffrante depuis ud
an; parmi d'autres phénomènes, elle eut des épistaxis très abondantes. De-
puis quatre mois, elle s'était aperçue de l'existence d'une tumeur dans la
région du foie. Sa constitution ne paraît pas détériorée ; la tumeur de l'hypo-
chondre est très appréciable, mais mal limitée; son point culminant est au-
dessous du rebord des fausses côtes et au dehors du bord externe du muscle
droit de l'abdomen. La fluctuation est manifeste, mais il n'y a pas de frémis-
sement.
Le 6 juillet (1 858), ponction exploratrice au point culminant de la tumeur,
/\\) Kyste hydatique du foie vidé au moyen de la potasse caustique et du bistour
(Bull. gén. de thérap. Paris, 1843, t. XXV, p. 379).
()0/| AFFECTIONS VERMINEUSES OES CAVITÉS SÉKEUSES
issue (ii1 1 500 grammes d'un liquide transparent, d'une saveur salée et très
albumineux. Point d'accidents. — Lo 26 juillet, nouvelle ponction dans la
tumeur qui s'était roproduite; issue do 1800 grammes d'un liquide semblable
au premier. A la suite, frissons erratiques, fièvre, altération do la physionomie.
— Le I i août, troisième ponction, issue de 1200 grammes d'un liquide pu-
rulent.
Croyant à l'insuffisance des ponctions capillaires, on se détermine à ouvrir
le foyer par le caustique de Vienne. Trois applications, à trois jours d'inter-
valle, sont faites sur une surface de la dimension d'une pièce de 2 francs et
l'eschare est chaque fois excisée à son centre. Après la troisième applica-
tion, sans que le kyste soit ouvert, la tuméfaction disparait presque complè-
tement; mais elle ne tarde pas à reparaître et avec elle les phénomènes gé-
néraux qui avaient aussi presque complètement cessé.
Le 22 septembre, une ponction est faite au centre de l'eschare avec un
bistouri à lame étroite; issue de 2 000 grammes d'un pus bien lié ; injection
iodée, portée a l'intérieur du foyer au moyen d'une sonde de gomme élastique.
Quelques jours après, apparition de phénomènes graves , fièvre, diarrhée colli-
quative , amaigrissement rapide, sueurs profuses, etc. — Le 18 octobre,
l'ouverture est agrandie par le bistouri ; il sort du pus, des fragments mem-
braneux, des débris d'hydatides. Ecoulement de sang abondant. Une injection
au perchlorure de fer très étendu est pratiquée deux jours de suite ; elle est
remplacée ensuite par l'injection iodée pratiquée deux fois par jour.
Le 12 novembre, la sonde de gomme élastique étant maintenue à demeure
pour pratiquer les injections iodées, le foyer commence à se rétrécir d'une
manière appréciable ; il diminue de jour en jour. — Le 26, on retire la sonde
et on cesse les injections. — Le 20 janvier 1 859, la malade est dans un état
très satisfaisant et peut être considérée comme guérie (1).
Obs. CCXCVI (Dolbeau). — Kyste hydalique du foie; caustique de
Vienne; ponction; injection iodée. Mort. — Absence d'adhérences;
suppuration du kyste; pus dans les veines.
XIII. — Il s'agit d'une femme, âgée de vingt-sept ans, qui avait dans
l'hypochondre droit une tumeur s'étendant depuis la troisième côte jusqu'au
niveau de l'ombilic. Respiration pénible; gêne et tension dans le côté; point
de douleur.
Le 28 février (1854) application du caustique de Vienne au-dessous du
rebord des côtes. Seconde application le 4 mars.
« Le 20 avril on continue les applications de caustique. La malade qui
d:abord allait assez bien, présente une altération notable dans sa santé. Des
frissons se montrent de temps en temps. Il y a huit jours, M. Nélaton a
plongé une aiguille à cataracte, afin de juger de la distance séparant le kyste
des téguments ; cette exploration a été le point de départ des accidents :
(1) Demarquay, Gazette des hôpitaux, 19 février 1859, p. 82.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYMTIDES. 605
dyspnée, douleurs épigastriques, vomissements, pouls très fréquent, petit,
irrégulier. On diagnostique une péritonite de la surface diaphragmatique.
(Vésicatoires, onctions mercurielles.) — Le 23, on a fait une ponction à
travers l'eschare et elle a donné issue à 2 litres 4 2 cent, d'un liquide un peu
louche, renfermant des pellicules blanchâtres et d'une odeur très fétide. —
Le 25, la ponction n'a déterminé aucun accident; le pouls est un peu moins
fréquent, mais la matité remonte toujours jusqu'à la troisième côte. — Le 27,
la canule a été laissée en place, ce qui permet de faire écouler le liquide ;
celui-ci est plus épais, plus fétide, plus jaune que la première fois. Du reste
la voie n'est pas bien établie ; la canule est trop fine et l'écoulement se fait
mal. Injection iodée. — Le 30, l'injection n'a pu être évacuée; la canule est
sortie. Une nouvelle ponction ne donne pas issue au liquide du kyste. — Le
3 mai, la malade qui semblait mieux a été prise de nouveaux accidents; elle
se plaint de douleurs à la gorge, avec sécheresse extrême ; elle ne peut rien
avaler. — Le 6, l'état général est plus grave. — Le 7, la malade suc-
combe. »
Autopsie. En aucun point de la paroi abdominale on ne trouve d'adhé-
rences; il y a seulement quelques brides très faibles au niveau des piqûres. Il
y a des traces d'une péritonite à la face inférieure du diaphragme, qui est
adhérente à la tumeur, l'épiploon qui était plissé au-devant de la tumeur a
été traversé par le trocart. Un kyste situé dans le foie, remplit les deux hy-
pochondres, il refoule le diaphragme et atteint la troisième côte à droite, la
quatrième à gauche ; il renferme plus de trois litres de sérosité purulente et
des hydatides.
Dans le voisinage du kyste, la dissection attentive a montré la présence
du pus dans quelques ramifications des veines sus-hépatiques, une com-
munication entre ces veines, et la surface interne du kyste a été vainement
cherchée (1).
XIV. — Laboulbène. — Kyste hydatique du foie; ouverture par la potasse
caustique ; une injection iodée, sans modification des phénomènes ; injections
chlorurées, etc. (voy. obs. CCXXXIII).
En résumé, sur les quatorze cas, huit fois l'injection a été prati-
quée comme moyen principal de traitement. — 'Parmi ces huit cas,
quatre fois la guérison peut être attribuée à l'injection iodée (n° I,
II, III, V). — Trois fois l'injection est restée sans succès et l'inci-
sion a été pratiquée (n° VI, VII, VIII). — 'Une fois la mort en a été
la suite; cependant elle ne peut être attribuée au traitement (n° IV).
Dans les six cas où. les injections ont été pratiquées accessoire-
ment, deux fois elles l'ont été après des ponctions successives , une
fois après l'incision de la tumeur, trois fois après l'application des
(1) Dolbeau, thèse cit., obs. i, p. 25.
C0() AFFECTIONS VEHMUNEUSES DES CAVITES SÉREUSES
Caustiques. — Trois fois, elles ont paru utiles (n° IX, X, XII); une
fois elle a causé des accidents (n" XI). — Une fois la mort est sui
venue (n° XI11).
B. — Injections alcooliques.
Les injections alcooliques ont été pratiquées par M. Jobert dans
des cavités séreuses et dans des kystes. Nous avons rapporté un cas
de tumeur hydatique du foie (obs. CCLXXXII), dans lequel, après
avoir appliqué la potasse caustique et incisé l'eschare, le savant
chirurgien fit dans le kyste des injections d'eau distillée et d'alcool ;
le malade guérit.
Dans un cas semblable, M. Richard injecta de l'alcool, sans mé-
lange d'eau; cette pratique peut avoir pour effet immédiat de tuer
l'hydatide et de déterminer sa résorption. Voici le fait :
Obs. CCXCVII (Richard). — Kyste du foie, applications de caustique de
Vienne; guérison prompte. — Second kyste du foie ; ponction, injection
d'alcool. Guérison.
« Madame M., âgée de quarante ans, pleine de force et de santé, avant ces
deux dernières années, fut opérée en août 1853 à l'hôpital Saint-Louis d'une
énorme poche hydatique du lobe droit du foie, l'opération consista en applica-
tion coup sur coup de caustique de Vienne sur le centre de l'hypochondre
droit, jusqu'à ouverture du kyste. Celle-ci eut lieu leseplièmejour;il s'échappa
trois litres et demi de pus fétide contenant un nombre considérable de poches
acéphalocystes de tous les volumes, dans lesquelles les échinocoques, bien que
morts depuis longtemps, furent observés et décrits. La malade se rétablit très
promptement. conservant néanmoins la plaie fîstuleuse pendant cinq mois.
» La région supérieure du ventre, en s'affaissant, nous laissa découvrir
dans le lobe gauche une autre poche hydatique d'un petit volume.
> Après six mois cette tumeur avait fait des progrès jelleélait facile à limiter
dans tous les sens, sauf en haut, où elle se perdait dans la masse hépatique,
du volume de la tête d un jeune enfant, très fluctuante, indolore.
» Le <I4 novembre 1854, le trocart explorateur fut enfoncé au centre de
la tumeur correspondant à deux travers de doigt au-dessous du point le plus
inférieur du rebord cartilagineux costal gauche. 11 s'écoule 970 grammes d'un
liquide louche. La poche fut vidée très exactement, et, à mesure que les
parois s'en affaissaient, la malade accusait une douleur croissante, mais sup-
portable. Sans désemparer, je poussai dans la poche huit grammes d'alcool
à 36° (aréomètre Baume) ; puis, les y abandonnant, je retirai rapidement la
canule. Le liquide irritant provoqua une souffrance vive, qui, au bout de cinq
minutes, finit par s'éteindre presque entièrement, le soir elle était très bien,
la face un peu rouge et amincie, la peau moite, sans fièvre (86 pulsations) ;
point de douleur dans le lieu qu'occupait la tumeur.
iNATUKKLLES OU ADVENIVES. — HÏDAT1DES. 607
» Le 1 5 novembre, nuit sans sommeil ; la palpation ne constate aucune
saillie anormale.
» Le 1 6, la tumeur commence à reparaître et offre à peu près la moitié de
son volume primitif; elle esta peine douloureuse, douleurs dans les orteils des
deux pieds, pouls 80, appétit conservé.
» La nuit du 17 au 4 8 (trois jours et demi après l'opération), vomisse-
ments aqueux très pénibles, accès de toux quinteuse ; perte d'appétit, point
de fièvre. Le 18, amélioration.
» Le 19, nouveaux vomissements (grand bain prolongé, limonade au citrate
de magnésie). Le 20, sentiment de mieux, apparition d'un ictère.
» Le 22 (grand bain) amélioration marquée, sommeil ordinaire ; la malade
reprend ses occupations; la jaunisse disparaît en cinq jours.
» A cette époque, la tumeur avait repris tout son développement. C'est à
dater du commencement de décembre qu'il est possible d'apprécier la dimi-
nution. Celle-ci dès lors marche si promptement, qu'après dix jours, il ne
reste plus de traces sensibles du kyste opéré.
» Trois mois après, vers le milieu de mars, il est impossible de retrouver
aucun vestige de la tumeur (1 ). »
C. — Injections de bile.
Les injections de bile à l'intérieur des kystes hydatiques ont été
récemment proposées d'après deux considérations différentes:
1° Dans la pensée que le contact de la bile tue les hydatides,
M. Leudet proposa, en 1853, de déterminer l'afflux de ce liquide
dans les poches hydatiques du foie, en déchirant leurs parois avec
une aiguille (2).
2° M. Cadet de Gassicourt remarqua, chez un malade traité par
les injections iodées (voy. obs. CCLXXXIX), que, la bile, à deux
reprises, ayant coulé abondamment dans le foyer, à deux reprises le
pus disparut. 11 conclut donc de ce fait que la bile peut avoir une
action antiseptique et rappelé , à ce propos, la proposition de
M. Leudet (3).
D'après les considérations qui précèdent , M Dolbeau appela
l'attention sur les injections de bile, comme moyen de traitement
des tumeurs hydatiques (4). Cette opération fut pratiquée l'année
suivante par M. Voisin : les injections de bile ne provoquèrent au-
cune douleur ; il ne se manifesta aucun phénomène d'infection pu-
(1) Adolphe Richard, Bull. gén. de thérap , 1855, t. XLVI1I, p. 414.
(2) Leudei, Bull. Soc. anat. Paris, 1853, ann. XXVIII, p. 185.
(3) Cadet de Gassicourt, thèse cil., p. 14.
(4) Dolbau, thèse cit., p. 24.
Ô08 AHFJÎCTIONS VI4UM1M1SUSES DES CAVITÉS SfiRELSi:S
tride ; le malade succomba à une affection qui parut étrangère à la
tumeur hydatique. A l'autopsie, la surface interne du kyste était
lisse et de très bon aspect ; sa capacité était considérablement ré-
duite.
Malgré la terminaison fatale.de la maladie, les injections de bile
ont eu sur la tumeur hydatique une action curative très réelle ; la
propriété antiseptique de ce liquide a été surtout manifeste. 11 y a
déjà longtemps que M. Claude Bernard a reconnu que la bile est
douée de propriétés antiputrides ; il est donc à espérer qu'on trou-
vera dans l'emploi de ce liquide un moyen efficace d'empêcher la
putréfaction îles matières de la tumeur hydatique et l'infection con-
sécutive de l'économie.
Obs. CCXCVIII (Adg. Voisin). — Kyste hydatique du foie; caustique de
Vienne, ponction à travers l'eschare, injection de bile; pneumonie.
Mort.
Il s'agit d'une femme âgée de cinquante-trois ans ; atteinte, il y a quatre
ans, d'ictère et de douleurs dans l'hypochondre droit ; plus tard d'hématuries.
Tuméfaction du côté droit du thorax ; espaces intercostaux plus élargis qu'à
gauche ; point de frémissement hydatique, mais fluctuation manifeste ; ma-
tité commençant à la quatrième côte et finissant à deux travers de doigt au-
dessous du rebord des fausses côtes droites. — Diagnostic: kyste hydatique
de la surface convexe du foie.
« Le 17 janvier 1857, application du caustique de Vienne dans l'espace
intercostal de la huitième et de la neuvième côte.
» Le 19, ponction avec un trocart explorateur dans le milieu de l'eschare,
sortie d'un liquide tout à fait transparent comme de l'eau claire. Dans le
liquide sont contenus de petits grains blancs qui ont été examinés trop tard
au microscope. Le soir, la malade est prise de vomissements; la dyspnée est
plus grande.
» Le 22, l'état est satisfaisant. Nous faisons par le milieu de l'eschare une
ponction avec un gros trocart à canule assez longue. Nous recueillons deux
litres d'un liquide séreux, mais bien différent du liquide recueilli par la ponc-
tion exploratrice en ce qu'il est teint de sang. Le liquide sort en jet, le jet est
projeté plus loin pendant les mouvements d'expiration et la toux. Pendant
l'inspiration, le liquide coule d'abord moins fort, puis cesse de couler. Il se
fait alors une sorte d'aspiration, et on entend l'air pénétrer dans la cavité
kystique. Aussitôt la sortie du liquide, la malade se dit soulagée. Nous injec-
tons dans la poche de la bile de bœuf. Nous n'employons que la quantité de
bile contenue dans une vésicule biliaire. La présence de la bile dans la poche
hépatique ne provoque chez la malade aucune douleur. Nous laissons la plus
grande quantité du liquide dans le kyste; nous laissons la canule en place et
NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYOATIUES. 609
nous bouchons son orifice, en la maintenant, au moyen d'un fil enroulé autour
du thorax et d'une ceinture de diachylon.
» Le 23. Quelques douleurs dans la portion sous-xiphoïdienne de la tu-
meur; <M2 pulsations Injection de bile.
» Le 24. Le murmure respiratoire s'étend en arrière, à partir de la sep-
tième côte. Le liquide qui sort du kyste après vingt-quatre heures a une
odeur fade, non fétide, et ne contient pas de trace de pus. Injection de
bile.
» Le 23. Etat satisfaisant. Injection de bile.
» Le 26. La percussion du thorax en arrière permet de reconnaître que la
sonorité est normale jusqu'à la dixième côte. Pouls à 100 pulsations. Peau
fraîche. La malade ne souffre que de son eschare. Elle reprend de l'appétit. Le
liquide que nous recueillons après vingt-quatre heures a une odeur fade, très
supportable, ne contient pas de gaz et est légèrement trouble. Injection de
bile. Le 27. Injection de bile.
» Le 28. Ce liquide manquant aujourd'hui, nous injectons de l'eau tiède.
» Le 29. Diarrhée. Le liquide qui sort du kyste a une odeur très fétide.
Nous injectons de la bile matin et soir. Le liquide que nous recueillons le soir
a très peu d'odeur.
» Le 30. Le liquide du kyste a peu d'odeur. Injection de bile.
■» Le 4er février. Le liquide contient beaucoup de pus , il est jaunâtre et
continue à avoir une odeur exempte de fétidité. La diarrhée qui continue pa-
raît affaiblir la malade. (Lavement au ratanhia, 4 grammes ; potion avec ex-
trait de ratanhia, 4 grammes. Décoction blanche. Injection de bile.)
» Jusqu'au 4 8 février, même traitement, consistant en injections de bile,
en astringents et calmants contre la diarrhée. Ce jour les accidents que nous
avions constatés dans le poumon gauche s'aggravent ; nous y entendons du
souffle de pneumonie.
» Depuis dix jours il sort par la canule des flocons jaunâtres, des débris de
membranes qui s'opposent souvent à la sortie du liquide.
» Le 24. Les accidents pulmonaires se sont aggravés, malgré deux vési-
catoires et le traitement stibié. Les lèvres deviennent violacées, et cependant
le liquide qui sort du kyste a encore bonne apparence : couleur jaunâtre ;
odeur fade, non fétide. Le traitement est continué.
» Le 26. La malade meurt.
» Autopsie. — Le foie descend jusqu'au niveau d'une ligne transversale
passant par l'ombilic. On aperçoit, débordant son bord inférieur, la vésicule
biliaire distendue par la bile. Le foie occupe les deux hypochondres. Il a l'as-
pect d'un foie hypertrophié. Entre la paroi costale et la surface du foie exis-
tent, au niveau de l'espace qui sépare la huitième de la neuvième côte, des
adhérences très résistantes. Le trajet fistuleux qui faisait communiquer le
kyste avec l'extérieur est parfaitement organisé. Le kyste remonte jusqu'à la
sixième côte. Le diaphragme coiffe en tous points la tumeur. Il est adhérent à
la membrane extérieure du kyste; mais, malgré son adhérence, en appa-
Dayaine. 59
010 AFFECTIONS YKRM1NEUSES DBS CAVITÉS SÉBEU8ES
renco intime, il est facile de les isoler l'un do l'autre. Dans son ensemble, le
kyste a l'aspect d'une poche incomplètement distendue.
» Après avoir agrandi l'ouverture fistuleuse et avoir vidé la tumeur, nous
l'avons remplie d'eau, et nous avons pu y introduire tout au plus trois quarts
de litre. Nous avons ensuite ouvert entièrement la poche; nous y avons
trouvé une membrane acéphalocyste mère, encore à peu près entière, mais
ramollie, prête à se diviser en lambeaux. Cette membrane est uniloculaire. La
surface interne du kyste, celle qui est en rapport avec l'acéphalocysle, est
lisse et ne présente pas ces plaques épaisses que l'on trouve à la suite des
injections iodées. Dans la vésicule biliaire existent quelques calculs. Pneu-
monie à l'état d'hépatisation rouge dans le poumon gauche ; ulcérations dans
le duodénum et l'intestin grêle. Rien dans les autres organes (1). »
Article III. — h' extirpation des kystes hydatiques situés super-
ficiellement était pratiquée à l'époque où l'on ne connaissait pas la
nature des produits renfermés dans ces kystes; elle l'a été encore
dans des temps plus rapprochés de nous, par suite d'erreur dans le
diagnostic.
Les observations CCVII, CCXVII, CCXVIII, CCXXI se rap-
portent à des kystes hydatiques enlevés par le bistouri ; dans l'ob-
servation CCXV l'extirpation a été inutilement tentée et l'incision
a suffi à la guérison ; dans les observations CCV et CCXXXI une
portion du kyste seulement a été excisée. Dans les observations
CCXIV, CCXVI, on a obtenu l'exfoliation du kyste par l'applica-
tion de divers caustiques. Tous ces cas ont guéri; mais l'évacuation
complète des hydatides suffisant à la guérison de la tumeur, il est
évident que l'incision simple du kyste devra toujours être préférée
dans les cas où l'extirpation serait praticable.
Lorsque les hydatides ont leur siège dans un os, l'extirpation
peut bien être la seule ressource du chirurgien.
Article IV. — Traitement consécutif. — Après l'ouverture de
la tumeur, il importe d'empêcher le séjour de l'air dans la cavité du
kyste, de s'opposer à la putréfaction des matières qui n'ont point
été évacuées et de prévenir les conséquences de leur résorption.
Deux conditions sont nécessaires pour obtenir ce résultat : la pre-
mière, c'est de procurer aux matières une issue facile. Si le kyste ne
contient qu'un liquide limpide, l'ouverture primitive, fût-elle capil-
(1) Auguste Voisin, Kyste uniloculaire de la surface convexe du foie; traite-
ment far les injections de bile [Bull. Soc. anat. Paris, 4857, ann. XXXIl, p. 132).
NATURELLES OD ADVENTIVES. — HYDATIDES. 611
laire, peut suffire; mais, si les parois sont dures, crétacées, si les
matières sont devenues athéromateuses, l'ouverture doit être rendue
suffisante pour en procurer l'évacuation. Dans l'observation CCXCV,
nous avons vu des phénomènes graves, la fièvre, la diarrhée colli-
quative, les sueurs profuses, etc., disparaître bientôt après que l'ou-
verture eût été agrandie ; dans l'observation CCXCVI, qui n'est
pas sans analogie avec la précédente, les phénomènes graves ont
persisté, et sans doute, comme l'a reconnu l'observateur lui-même,
par l'insuffisance de l'ouverture du kyste.
La sortie des matières pourrait encore être favorisée par des la-
vages à grande eau ou par aspiration, comme M. Robert l'a fait
avec succès (obs. CCXCIV).
La seconde condition serait de substituer un liquide antiseptique
aux matières putrescibles contenues dans le kyste. Dans ce but,
Récamier' maintenait sa cavité remplie par un liquide émollient
d'abord, puis détersif, enfin tonique et légèrement stimulant. La
décoction d'orge, de guimauve, l'eau tiède, la décoction de quinquina
(obs. CCLXXIX, CCLXXX, CCLXXXI, CCXCIV), le vin, l'eau,
alcoolisée (obs. CCXXVI , CCLXXXII) , l'eau chlorurée (obs.
CCLXXXIII, CCLXXXIX) ont été employés dans plusieurs cas.
La bile a été employée de même (obs. CCXCVIII) et si ses pro-
priétés antiseptiques se confirment, elle offrira sans doute le moyen
le plus précieux dans le traitement des kystes athéromateux.
Quant aux injections iodées, si l'on ne peut leur contester une
action curative, on peut leur contester une action antiseptique. Nous
avons vu dans plusieurs observations, que les matières contenues
dans le kyste avaient une odeur infecte, malgré les injections
iodées (obs. CCLXXXIII, CCXCI).
L'injection d'une solution de perchlorure de fer paraît avoir été
utile dans un cas d'hémorrhagie interne du kyste ? (obs. CCXCV).
Article V. — Indications des méthodes et des procèdes chirurgi-
caux. — On croyait, naguère encore, que l'ouverture d'un kyste
hydatique situé dans un organe interne, et particulièrement dans le
foie, amène toujours la mort du malade ; aujourd'hui que cette opi-
nion n'est plus admissible, quelques médecins se demandent si, en
présence d'une tumeur hydatique qui n'occasionne aucun phénomène
grave, aucune gêne à l'individu qui la porte, il n'est pas préférable
d'abandonner le mal à lui-même, plutôt que d'entreprendre, pour le
guérir, une opération grave et qui peut devenir mortelle. On dit, en
G12 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
faveur de l'expectation, que le malade vivra peut-être avec sa tu-
meur dix, quinze et vingt ans, et que le terme naturel de son exis-
tence pourra arriver avant que la tumeur n'ait eu aucun effet lâcheux.
I! est vrai qu'on risque, par une opération, d'abréger les jours du
malade; mais on ne doit point compter sur dix, quinze ou vingt ans
d'existence pour les individus chez lesquels une tumeur hydatique
interne est reconnaissable. Cette longue durée de la maladie est
exceptionnelle. Si l'on prend la moyenne de la vie dans les cas de
ces tumeurs devenues apparentes et dont le diagnostic est possible,
c'est de quinze mois à quatre ans, au plus, qu'il faudra fixer les
limites de l'existence du malade ; d'un autre côté, il est facile de re-
connaître que plus un^ tumeur de cette nature est ancienne, plus le
succès du traitement devient incertain et que le danger de l'opéra-
tion est incomparablement plus grand, lorsque les parois du kyste ont
perdu leur élasticité et sont devenues cartilagineuses ou osseuses,
lorsque sa cavité s'est remplie d'une substance athéromateuse, enfin
lorsque les organes comprimés sont devenus impropres à remplir
leurs fonctions. En outre, l'individu qui porte une tumeur hydatique
dans le thorax ou dans l'abdomen est exposé au danger de la rup-
ture de cette tumeur, soit par un effort, soit par quelque violence ex-
térieure, soit par les progrès mêmes du mal, au danger, toujours im-
minent, de l'inflammation grave d'un organe important, ou d'une
grande cavité séreuse. Nous croyons donc que, si l'opération est
praticable, il faut opérer les tumeurs hydatiques dès qu'on a pu les
reconnaître; toutefois, lorsque la tumeur a cessé depuis longtemps de
s'accroître, ou lorsque son volume paraîtra diminuer spontanément,
il ne faudra pas se hâter de pratiquer une opération qui pourrait en-
traver sa guérison spontanée.
L'état de la tumeur, sa situation et ses rapports, l'état des or-
ganes voisins dirigeront le médecin dans le choix de la méthode ou
du procédé opératoire :
1° Lorsque le kyste contient un liquide limpide, que ses parois
sont milices, souples et élastiques, la ponction simple évacuera com-
plètement le liquide, si l'hydatide est unique, et la guérison pourra
être ainsi obtenue. Les ponctions successives, lorsque la tumeur est
très volumineuse, seraient également indiquées. Si les hydatides sont
multiples, la ponction simple serait probablement insuffisante; alors
l'injection d'alcool, de teinture d'iode, en déterminant la mort des
vésicules, déterminera peut êtie aussi la guérison.
NATURELLES OU ADVENU VES. — HYDATIDES. 613
On pourra présumer que l'hydatide est solitaire d'après la quan-
tité relative du liquide évacué.
2° Si la tumeur renferme une matière épaisse, athéromateuse, de
nombreux restes d'hydatides, si les parois sont dures, cartilagineuses
ou osseuses, il sera indiqué de fournir aux matières une issue large
et facile ; alors la ponction avec un trocart volumineux, l'incision ou
la cautérisation par le caustique de Vienne devront être préférable-
ment employés.
L'aspiration à l'aide d'une seringue, les lavages à grande eau,
les injections iodées ou mieux sans doute celle de bile devront con-
stituer les soins consécutifs.
On pourra présumer qu'un kyste hydatique a subi des transfor-
mations et que son contenu est devenu athéromateux d'après l'âge
de la tumeur, peut-être aussi d'après celui du malade, la transforma-
tion crétacée paraissant plus fréquente chez les vieillards ; la ponc-
tion exploratrice, dans les cas douteux, donnerait des indications
précises.
3° Les hydatides de la face, du cou, des parois du tronc et des
membres devront être ouvertes par l'incision : « Notre expérience
nous a appris, dit Dupuytren, qne dans ceux de ces kystes qui at-
taquent les parties externes du corps, l'incision a ordinairement des
résultats heureux (1). •• Nous avons vu, en effet, dans ces conditions
seize guérisons sur dix-huit cas.
Il importe d'ouvrir promptement les kystes situés à la région an-
térieure du cou; en effet, nous avons rapporté deux cas de kystes
hydatiques en rapport avec le corps thyroïde qui se sont ouverts
dans la trachée-artère (ohs. CCXI, CCXII). L'incision d'un kyste
hydatique en rapport avec le corps thyroïde, a été faite avec succès
par M. Jobert.
Lorsqu'une tumeur hydatique développée primitivement dans un
organe interne se porte à l'extérieur et que la saillie, l'empâtement,
la sensibilité, la rougeur des téguments font juger que le kyste a
contracté des adhérences avec les parois de la grande cavité qui le
renferme, l'incision est encore indiquée.
4° L'opération des kystes hydatiques intra-tboraciques a été trop
rarement pratiquée pour qu'on puisse juger, d'après les faits, de la
meilleure méthode de traitement Ceux qui ont été rapportés dans cet
ouvrage nous ont montré que des adhérences réunissent ordinairement
(I) Dupuytren, ouvr. cit., t. HT, p. 381,
6itl AFFECTIONS VEBMINEU8BS DES CAVITÉS SÉREUSES
les feuillets de la plèvre en rapport avec la tumeur, et qu'un épanche-
ment dans la cavité séreuse serait rarement à craindre. Nous con-
naissons cinq cas d'hydatides intra-thoraciques opérés ; trois ont été
rapportés déjà, voici les deux autres :
Obs. CCXCIX (docteur Brugnon). — Thoracentèse. Guérison.
Il s'agit d'un homme chez lequel existaient des signes d'un épanchement
considérable dans la plèvre gauche; il y sentait des ondulations au moindre
mouvement; la succussion de la poitrine ne donnait aucun signe; au-dessous
des fausses cotes on sentait une tumeur fluctuante à la circonférence et dure
au centre ; la dyspnée était extrême. Une aiguille à selon fut introduite entre
la cinquième et la sixième côte ; elle fut remplacée par une sonde de gomme
élastique; il s'écoula d'abord sept livres de sérosité; l'écoulement continua
pendant plusieurs jours; enfin il sortit aussi de petites hydalides globuleuses.
Quinze jours après l'opération, le malade fut assez bien pour entreprendre
une excursion de plusieurs milles (<1 ).
Obs. CCC (Caron et Soubeiran). — Hydatide intra-thoracique et du foie.
Mort.
Il s'agit d'un homme de trente-six ans, qui entra, le 4 8 octobre 1852, à
l'hôpital Sainte-Marguerite, dans le service de M. Barthez. Il avait eu, au
mois de janvier 1848, un vomissement de sang abondant, à la suite duquel il
lui était resté une douleur dans la poitrine. Deux ans après, il lui survint une
oppression qui augmenta graduellement.
A son entrée à l'hôpital, cet homme offrait les symptômes d'un épanche-
ment considérable dans le côté droit du thorax. — Le 25 octobre, on pra-
tiqua la thoracentèse. La poitrine perforée au lieu d'élection laisse écouler à
travers la canule 2 à 3 onces d'une sérosité limpide. 11 s'ensuit un accès
violent d'étouffement ; la quantité du liquide, à la percussion, ne paraît pas
diminuée. — Le 28, on constate que le côté droit du tronc, de la face, et le
membre supérieur droit sont œdémateux. La face est violette et les veines
du cou sont distendues à droite et à gauche. Ces phénomènes se prononcent
davantage le lendemain, ainsi que les autres symptômes graves ; la mort
arrive le 30.
Autopsie. — Le côté droit de la poitrine contient environ trois litres de
liquide, dont une partie est extraite d'abord par une ponction et dont le reste
s'écoule à l'ouverture de la poitrine. Au niveau du lobe supérieur du pou-
mon, existe un épanchement dans la plèvre ; au-dessous de cet épanche-
ment se trouve un kyste à parois fibreuses et résistantes, épais de 2 à 4 milli-
mètres et renfermant une hydatide affaissée du volume de la tête d'un enfant
(1) Giornale per seruire ai progressi délia patologia e délia terapeutica, 1838,
t. IX, fasc. XXV, cité par Valleix, Archiv. deméd., 3e série, t. V, p. 80, 1839.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 615
de dix ans (4). Le poumon droit, complètement revenu sur lui-même, est re-
foulé contre la colonne vertébrale. Le diaphragme est intimement adhérent au
kyste et à la face supérieure du foie ; un second kyste du volume d'un petit
œuf est situé dans cet organe ; il est séparé du grand kyste par une sorte de
membrane rougeâtre qui, examinée au microscope par M. Laboulbène, parut
constituée par des fibres musculaires striées, d'où il résulte que le grand kyste
s'était développé dans la cavité du thorax (2).
Sur les cinq cas d'hydatides intra-thoraciques, deux ont été ou-
verts par le bistouri (obs. XXXIV, XXXV) ; deux opérées par la
ponction; un par la ponction avec injection iodée (obs. XLI). L'in-
cision, la ponction simple et l'injection iodée ont donné chacune une
guérison.
5° C'est aux kystes bydatiques de la cavité abdominale et spécia-
lement à ceux du foie que se rapporte surtout ce que nous avons dit
des diverses méthodes et des divers procédés de traitement ; le danger
d'un épanchement dans le péritoine en est toute la difficulté. La
ponction ou l'incision simple pourrait être pratiquée sur ces
kystes, s'ils étaient réunis aux parois abdominales par des adhé-
rences; dans le cas contraire, c'est à la ponction avec séjour de la
canule ou à la méthode de Récamier qu'il faudrait avoir recours.
Mais comment reconnaître qu'il existe des adhérences entre les
kystes et les parois abdominales, si les signes dont nous avons parlé
(voy. p. 613, § 3), c'est-à-dire la tuméfaction, la rougeur, etc.,
n'existent pas? deux moyens de s'éclairer à ce sujet ont été donnés
par les auteurs :
a. — Le malade étant couché sur le côté gauche, on trace avec de
l'encre une ligne qui suit le bord inférieur du foie ou de la tumeur ;
alors, faisant varier de diverses manières la position du malade, lui
faisant exécuter de grands efforts de respiration, on remarquera,
s'il n'y a pas d'adhérence, des variations dans la situation relative
de la ligne tracée sur les téguments avec celle du rebord du foie oU
de la tumeur (3) .
(1) L'existence d'un kyste indique suffisamment que l'hydatide ne s'est pas
développée dans la cavité de la plèvre même et que le titre Observation de kystes
hydaiiques de la plèvre droite et du foie, donné par les auteurs à leur observation,
n'est pas exact.
(2) Ed. Caron et J.-L. Soubeiran, Comptes rendus Soc, biologie, t. IV, p. 171,
1852 et Gaz. méd. de Paris, 1853, n° 5, p. 72.
(3) G. Budd, ouvr. cit., p. 453.
•
616 AFFECTIONS VERMlNEtJSES DES CAVITÉS SÉREUSES
h. — Le malade étant couché sur le côté opposé au siège de la
tumeur, si celle-ci ne s'éloigne pas du point où elle est le plus sail-
lante et où elle semble adhérer, si la fluctuation y reste aussi sensible,
des adhérences existent entre le kyste et la paroi abdominale (1).
Ces procédés de diagnostic donnés l'un par M. Budd, l'autre par
M. Boinet, sont sans doute très rationnels, mais l'expérience seule
peut décider de leur valeur.
6° Pour les hydatides du système osseux, il ne suffit pas ordinai-
rement de pratiquer l'ouverture de la poche qui les renferme; la dé-
sorganisation de l'os, les désordres des parties voisines, l'impossibi-
lité du rapprochement des parois du kyste nécessitent quelquefois la
résection ou l'amputation. Lorsque le siège des hydatides est dans
un os plat, l'extirpation totale de la tumeur est de même quelquefois
nécessaire, car les hydatides des os ne sont pas toujours réunies
dans un kyste unique ; souvent elles occupent des loges séparées et
disséminées, comme l'autopsie l'a fait voir dans un cas observé par
M. Guesnard (obs. CCLIII) et comme on peut le conclure des diffi-
cultés que l'opérateur a éprouvées dans plusieurs des observations
rapportées ci-dessus (obs. CCL, CCLI).
7° La compression que les hydatides exercent sur les organes
voisins, ou l'invasion de ces vers vésiculaires dans ces organes, peu-
vent mettre obstacle à l'accomplissement des fonctions ou déter-
miner des accidents graves auxquels il importe de remédier promp-
tement. L'obstacle que la tumeur apporte au cours des urines, des
matières intestinales, à l'accouchement pourra être levé prompte-
ment par l'évacuation du contenu du kyste ; deux fois l'accouche-
ment a été rendu possible par la ponction et l'incision du kyste,
tandis que la ponction de la vessie a été pratiquée vainement dans
plusieurs cas de rétention d'urine causée par une tumeur hydatique
(obs. CLIV, CLVI, CLVII) L'opération eût été suivie d'un meil-
leur succès, si elle se fût adressée à la cause de la rétention.
8° L'introduction dans la trachée des hydatides d'une tumeur du
cou nécessiterait l'incision immédiate de cette tumeur; celles qui au-
raient pénétré dans la vessie pourraient être extraites par un instru-
ment lithotriteur.
9° Quant aux kystes ouverts dans les bronches ou dans l'intestin,
(1) Buiuet, niciii. cit., \>. :>,
NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 617
il sera préférable, dans la plupart des cas, sans doute, de les aban-
donner à eux-mêmes ; en effet, ces tumeurs hydatiques guérissent
dans une proportion plus considérable que celles qui ont été opérées.
10° Lorsquele kyste s'est ouvert dansle péritoine, le malade paraît
voué à une mort certaine, car aucun chirurgien, sans doute, ne sera
disposé à renouveler l'épreuve de Roux et à ouvrir le péritoine pour
en extraire les hydatides qui s'y seraient répandues (voy. obs. CVII).
La tumeur qui s'ouvrirait dans la plèvre offrirait plus de ressources,
si l'on en juge d'après un fait semblable observé par M. Monneret
(obs. LXVIII).
SUBDIVISION II.
HYDATIDES CHEZ LES ANIMAUX.
(Hydatide et Échinocoque, Synopsis, n° 7.)
Les animaux chez lesquels des hydatides ont été rencontrées
sont : le singe, le bœuf, le mouton, l'antilope, le chamois, le che-
vreuil, la girafe, le cheval, le chameau et le dromadaire, le porc, le
kanguroo.
Les hydatides des animaux ont une constitution semblable à celle
des hydatides de l'homme; plus souvent elles sont solitaires dans
leur kyste. Cet isolement s'observe ordinairement chez les hyda-
tides des ruminants, mais non constamment comme on le croit;
Breinser rapporte qu'en incisant un kyste du foie d'un bœuf, il en
sortit une quantité considérable de vésicules de différentes grosseurs,
les plus petites moins grosses qu'un pois, et les plus fortes de la
grosseur d'une noix; celles-ci en contenaient d'autres plus petites,
clans lesquelles existaient des échinocoques (1). Les hydatides, en
apparence solitaires, des ruminants sont souvent accompagnées
d'autres hydatides très petites, qui se forment par bourgeonnement
de la surface externe de la vésicule primitive ; c'est à ces hyda-
tides que Kuhn a donné le nom d'exogènes. D'après cet obser-
vateur, les vésicules exogènes restent ordinairement petites : « Il
m'est cependant arrivé quelquefois, dit-il, de rencontrer dans le foie
du bœuf des acéphalocystes exogènes où les individus secondaires et
£ (1) Bremser, omit, cil:, p. 109.
618 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÈKEUSES
môme tertiaires étaient parvenus ou même volume que les individus
primaires chaque jeune individu avait entraîné une portion du
kyste primitif, et ces portions de kyste s'étaient si bien moulées sur
les jeunes acéphalocystes qu'on aurait pu croire à l'existence d'au-
tant de kystes particuliers et distincts, mais, en les ouvrant, je n'ai
pas tardé à m'apercevoir qu'il n'y avait qu'une seule cavité divisée
en plusieurs compartiments (1). «
Les hydatides des ruminants sont donc quelquefois endogènes
comme celles de l'homme ; mais ordinairement elles sont exogènes
et leurs rejetons n'acquièrent point un grand volume.
Chez le cheval et chez le porc ces vers vésiculaires sont endo-
gènes et multiples dans une poche commune comme chez l'homme (2) .
Les hydatides des animaux subissent très fréquemment la trans-
formation athéromateuse; c'est surtout chez celles des ruminants
(1) Kuhn, mém.' cit., p. 13, fig. 2, 6, 8.
(2) Chez le singe, le cheval, le chameau et le dromadaire? le porc, le kauguroo,
les hydalides sont endogènes et semblables à celles de l'homme; telles étaient :
1° Les hydatides observées dans le Simia cynomolgus, par Blumenbach (Hand-
buch der Nalurgesch., éd. 8, p. 431. n° 4, cité par Rudolphi), dans le Simia
inuus, par Gervais (Annales d'anatomie et de physiologie, t. II, 1838).
2° Le chameau (Camelus baclrianus L.), par Bremser (ouvr. cit., p. 303).
3° Le cheval, par Goubaux. Le kyste contenait un nombre considérable d'hyda-
tides; il était situé entre la paroi du thorax et les attaches du diaphragme {inédit).
4° Chez le porc, par Dupuy. Cet auteur rapporte l'observation d'une truie de
deux ans qui était paraplégique; on trouva des kystes hydatiques dans plusieurs
muscles des lombes, du dos et de la cuisse, dans les poumons, le foie et les reins;
les uns ne renfermaient qu'une hydatide, les autres en contenaient plusieurs
(Journ. de méd. de Sédillot, t. XCII, p. 63, 1S25). —Rudolphi dit que Chabert, que
lui-même et Liiders ont observé des hydalides dans le foie du porc et qu' Abildgaard
en a vu dans le péricarde; il ne dit pas si les vésicules étaient solitaires ou mul-
tiples dans leur kyste (Ent. hist. cit., t. II, part. II, p. 252). — Girard a vu un
foie de porc qui pesait 110 livres, et qui contenait des hydatides grosses comme les
deux poings (Hurtrel d'Arboval, Dict. cit., art. Hydatide, p. 132). — Cartwright rap-
porte un fait semblable : il s'agit d'une truie qui avait été vendue comme pleine;
une tumeur énorme occupait les trois quarts de la cavité abdominale et se portait
très haut dans le thorax; elle était formée par le foie qui ne pesait pas moins de
50 livres, et qui contenait un amas d'hydatides tellement nombreuses que le paren-
chyme de l'organe était atrophié [The i 'eterinarian , juillet 1849 et Rec. de méd.
vétér., 1850, p. 279). — Pour les hydatides observées chez le porc, voyez encoreGluge
(Journ. l'Institut, 1838; et Ann. se. nal.); Rayer (ouvr. cit., t. III, p. 550etatlas
pi. XXX, fig. 8 et 9) ; R. Owen (The Cyclopœdia ofanat., etc., 1839, t. II, p. 118).
5° Je possède des hydatides provenant d'un kanguroo qui a été disséqué dans le
laboratoire de M. Rayer; les vésicules existaient en nombre considérable dans un
kyste commun.
NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDATIDES. 619
que l'on a étudié cette transformation qui a été confondue avec la
tuberculisation (voy. ci-dessus, p. 368-370).
Chez les ruminants plus fréquemment que chez l'homme, les
■kystes hydatiques envahissent plusieurs organes à la fois, et plu-
sieurs points dans le même organe. Souvent leur nombre est très
considérable 5 ils occupent principalement le foie et les poumons.
Dans le premier de ces organes les parois du kyste acquièrent une
épaisseur plus grande que dans le second. Le parenchyme interposé
aux kystes reste quelquefois parfaitement sain, dans d'autres cas il
se condense et devient fibreux (1).
Les tumeurs hydatiques du poumon, chez les ruminants, s'ou-
vrent fréquemment dans les bronches, et leur contenu est évacué
par cette voie ; alors la surface interne de la poche prend l'appa-
rence d'une membrane muqueuse et sa cavité offre les caractères
d'une caverne pulmonaire (2).
Les tumeurs hydatiques sont aussi très communes dans les reins
chez les ruminants , et surtout chez le mouton . La surface interne
du kyste est ordinairement parcourue par des rides saillantes ou des
brides qui donnent à l'intérieur de la poche un aspect multilocu-
laire ; l'hydatide solitaire se moule exactement sur les anfractuo-
sités. La paroi du kyste s'encroûte fréquemment d'une matière cré-
tacée, blanchâtre, qui est déposée en grains ou en petites masses à
sa surface, ou qui l'infiltré quelquefois entièrement; dans quelques
cas elle paraît ossifiée dans une étendue variable. Les hydatides
sont flétries, ratatinées et refoulées par la matière athéromateuse.
Le kyste s'ouvre quelquefois, à la surface du rein par une ou plu-
sieurs ouvertures fort étroites ; très rarement il s'ouvre dans le bas-
sinet (3).
On connaît chez le bœuf un cas d'hydatides développées dans un
os (l'os iliaque). La pièce pathologique se trouve dans le musée de
Hun ter à Londres, sous le n° 521 (4).
Le mouton, quoiqu'il ait de nombreux kystes hydatiques dans le
foie et les poumons, conserve souvent toutes les apparences de la
santé. La tumeur hydatique ne cause point généralement de graves
désordres dans ses organes, probablement parce qu'elle n'atteint pas
(1) Cruveilhier, art. Acéphalocystes, p. 248.
• (2) Cruveilhier, art. Acéphalocystes, p. 252.
(3) Rayer, ouvr. cit., t. III, p. 549 et atlas, pi. XXIX, fig. 3, pi. XXX, fig. 1-7.
(4) J.-E. Dezeimeris, mém. cit., p. 531.
620 AFFECTIONS VEKMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
un grand volume et parce qu'elle s'atrophie et se résorbe avant
d'avoir eu une longue durée. Il en est de même, sans doute, chez le
bœuf. L'affection hydatique du poumon de cet animal a été con-
fondue avec la phthisie tuberculeuse par quelques auteurs, et dé-
signée sous le nom de pommelière , ou sous celui de phthisie ver-
mineuse.
Chez le bœuf et le mouton l'humidité des pâturages paraît favo-
riser la production des hydatides. On a remarqué qu'elles sont plus
communes pendant les années pluvieuses et dans des prairies maré-
cageuses ; dans certaines prairies la maladie existe à l'état d'enzootie
et tous les moutons qui y paissent en sont plus ou moins atteints.
Lorsque la cachexie aqueuse règne par épizooties, on observe
quelquefois en même temps des vers vésiculaires en grand nombre :
c'est ce qui arriva dans celle qu'observa Willius dans la Seeland,
en 1674; presque tous les bœufs avaient un grand nombre d'hyda-
tides; il y en avait dans le foie, dit Willius, qui en contenaient
d'autres plus petites (1).
L'affection hydatique des ruminants a été peu étudiée ; des con-
naissances plus exactes sur cette maladie fourniraient, sans doute,
à la pathologie de l'homme des renseignements utiles.
DEUXIÈME DIVISION.
LÉSIONS PATHOLOGIQUES OCCASIONNÉES PAR LES CYSTICERQUES.
Le cysticerque ladrique est le seul dont nous nous occuperons ici;
comme les hydatides, il est ordinairement renfermé dans un kyste
formé par du tissu cellulaire plus ou moins condensé, suivant l'organe
qui le contient; il y est ordinairement solitaire.
Le kyste [hydatis externa, Rud.) peut subir des déformations,
acquérir, plus de consistance et d'épaisseur par suite de sa durée ;
le ver vésiculaire lui-même éprouve avec le temps des transforma-
tions ou des altérations diverses ; il finit probablement par se dé-
truire, tandis que son kyste vide et plus ou moins dénaturé persiste.
Laennec ayant observé des vésicules dans le foie d'un sujet qui avait
des cysticerques dans plusieurs organes, regarda ces vésicules comme
(I) J.rV. Willius, mém. cit.
NATLllELLliS Ull ADVKNTiVfS. — CYSTtCEltQtTES; 021
des kystes de cysticerque (1). Les faits analogues observés chez les
hydatides et chez certains vers nématoïdes qui laissent leur kyste
après eux, les altérations profondes que nous avons signalées dans
quelques cysticerques vieillis (voy. Synopsis, n° 9), donnent à cette
manière de voir toute apparence de vérité.
Le cysticerque ladrique se rencontre le plus souvent dans le tissu
cellulaire intermusculaire du tronc et
des membres, du cœur et des intes-
tins, dans le cerveau, dans ses mem-
branes, dans le poumon, l'œil, etc. ;
il se trouve aussi quelquefois dans une
cavité séreuse, et alors il peut n'être
pas renfermé dans un kyste. Florman Fic- "2i- ~ Ww-que ladrique. —
1 * Grandeur naturelle. — a, corps el lete
3, VU dans le Ventricule droit du Cerveau sorlis de la vésicule caudale; 6, c, corps
,, i .. ii ICXx et tèlc invaçinés.
I un porc des cysticerques libres (2).
Ces vers existent quelquefois en nombre prodigieux ; ils détermi-
nent, dans ce cas, un état pathologique grave. Toutefois, à moins
qu'ils ne soient développés dans les centres nerveux, dans l'œil, ou
dans le larynx, ils ne donnent point lieu à des phénomènes patho-
logiques particuliers. Hors les cas ou leur présence peut être con-
statée par l'inspection directe (sous la langue ou dans l'œil), on ne
connaît aucun signe pathognomonique de leur existence dans telle
on telle partie du corps.
Les causes qui déterminent ou même celles qui favorisent le dé-
veloppement du cysticerque ladrique nous sont encore inconnues. Les
travaux modernes qui ont jeté quelque jour sur la propagation d'un
certain nombre de vers intestinaux, ne peuvent encore conduire
qu'à des présomptions, quant à celles des vers dont nous nous occu-
pons.
Les animaux chez lesquels on a constaté l'existence du cysti-
cerque ladrique sont : le singe, le chien, l'ours, le porc, le rat, le che-
vreuil, enfin l'homme même.
(1) Laennec, mém. cit., obs. i, p. 12".
(2) A. -H. Florman Kongl,vet. ac. Handlingarfiir, 1815, 8, p. 132-36. Stockholm
i;ité par Rudolphi. Synopsis, p. 620.
022 AFFECTIONS VERM1NEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES
PREMIÈRE SECTION.
CYSTICERQUE CHEZ LE PORC. LADRERIE.
(Cysticerque ladrique, Synopsis, n° 6.)
Ladrerie. — Noms vulgaires : — Latin, morbus glandulosus.
France, — lazardrerie, mal de Saint-Lazare, nosélerie, mezélerie, lèpre, mal-
mort, glandine, pourriture.
Hollande, — gortigheid. — Allemagne, — finnen.
Italie, — ledreria, lebbra, elefantiasi.
De tous les animaux, le porc est le plus exposé à l'envahissement
des cysticerques et à leur multiplication excessive qui produit chez
lui la maladie connue sous le nom de ladrerie. Le sanglier, quoiqu'il
ne diffère pas spécifiquement du porc, est bien moins exposé que ce
dernier à l'invasion des vers vésiculaires. On a rarement rencontré
le cysticerque ladrique chez cet animal sauvage, et l'on n'a point
signalé chez lui l'envahissement excessif qui constitue la ladrerie (1).
Les anciens ont observé la ladrerie : Aristote en donne les prin-
cipaux phénomènes, et parle des vésicules (yâlaZot., grando) qui exis-
tent dans diverses parties chez les cochons atteints de cette maladie,
vésicules dont il ignore la nature (2).
Malpighi, le premier, reconnut que ces vésicules contiennent un
(1) Doebelius paraît avoir le premier fait la remarque que le sanglier n'est pas
sujet à la ladrerie (in Pralica venatoria, édit. 3, Lips., p. 24, 178.3, cité par Rud.,
Syn., p. 547). L'opinion que cet animal est exempt de ladrerie a été ensuite géné-
ralement reçue; mais Niemann a observé des cysticerques chez le sanglier {Han-
buch der slaatsarzneywissenschaft, th. II, Leipz. 1813, 8, p. 366, cité par Rud.
même art.) ; Dupuy en a trouvé chez deux marcasiins (Hurtrel Darboval, Dict. me'd.
vét., t. III, art. Ladrerie, p. 483. Paris, 1838). — Néanmoins, il est certain que si
le sanglier n'est pas exempt du cysticerque ladrique, il est très rarement atteint de
la ladrerie.
(2) La première notion de la ladrerie chez les Grecs remonte à Aristophane;
ensuite Aristote et Oribase (voy. infrà, p. 624, note), ont donné sur cette maladie
des détails précis : Grandinosi sues sunt, dit Aristote, quibns caro humida tùm in
cruribus, tùm in collo atque etiam armis. Quibus in locis, plurima quoque grando
est. Ac sanè paueœ si sint, dulcior caro ; sin mullœ, humida valde, atque insipida
est. Grandinis indicia sumunlur ex Unguœ parle inferiore, ubi gran dines sunt.
tum ex jubâ setas si quis vellat, apparent subcruentœ. Proptereà qui sic sunt
affecti, poslerioribus pedibus nequeunt quiescere. Tantisper carent grandine dum lac
sugunt dumtaxat. Tolluntur grandines lipha (petit épeautre). {Op. cit., lib. VIII,
§245, p. 963.)
Les savants traducteurs d'Oribase, MM. Daremberg et Bussemaker, ont relevé
NATURELLES OU ADVENTIVES. — CYSTICERQUES. 623
ver (1), Hartman et Otto Fabricius firent des observations sembla-
bles (2) ; toutefois c'est aux travaux de Goeze que l'on doit la con-
naissance exacte de la nature de la ladrerie (3). Ignorant les obser-
vations, très incomplètes, il est vrai, de Malpighi, de Hartmann et
de Fabricius, le célèbre helminthologiste crut avoir observé le pre-
mier le ver vésiculaire du porc ladre ; il le décrivit avec beaucoup de
précision et d'exactitude.
Le cysticerque chez le porc ladre envahit presque tous les organes ;
le tissu cellulaire interposé entre les diverses parties, surtout le
tissu intermusculaire, en est particulièrement rempli. Rudolphi a vu
de ces vers vésiculaires dans les trabécules du cœur, dans l'épais-
seur des valvules semi-lunaires, dans l'œsophage, la langue, les mus-
cles des yeux, autour du nerf optique ; en outre il en a vu en grand
nombre entre les circonvolutions du cerveau, sous la dure-mère, sous
la pie-mère, dans la substance corticale (4). M. Andral, chez deux
codions ladres, a trouvé des cysticerques dans les divers replis du
péritoine, dans le foie, dans les poumons, dans le cœur, etc. (5).
Wepfer dit avoir trouvé, dans toutes les parties du cœur d'un porc,
un grand nombre de vésicules (grandines) qui contenaient un corps
vermiforme ; ces vésicules étaient évidemment des cysticerques (6).
tout ce que l'antiquité nous a donné sur la ladrerie : « On voit dans Aristophane
(Ep. 375-381), disent ces auteurs, que les cuisiniers ouvraient la bouche des porcs
avec un levier pour voir s'ils avaient des grêlons sous la langue (voy. aussi le
Scholiaste, lequel a été transcrit par Suidas sub voce xaXaÇà,. C'est là à peu près
toutceque l'antiquité nous a légué sur la ladrerie descochons; Columelle, qui con-
sacre un chapitre spécial (VII, 10) aux maladies des cochons, ne dit pas un seul
mot de cette maladie-là. Pline (VIII, 77. al. 51) et Didymus [Geop. XIX, 7, 2) en
parlent très passagèrement, comme il résulte de la comparaison de ces auteurs avec
Aristote, mais sans le nommer. En outre, Arétée (Sign. diut., II, 13) et Archigène
(Ap. Ael., XIII, 120), comparent les gens affectés d'éléphantiasis aux cochons
ladres (JElius Tetrab. IV, serm. I, cap, CXX, p. 664. D., edit. suprà cit.), et
Androsthène (ap. Athen.,Ul. p. 93, c.) compare les perles aux grêlons de ces ani-
maux. » {Œuvres d'Oribase, traduites en français, Paris 1851, t. I, p. 617 note du
livre IV, chap. 2.)
(1) Malpighi opéra poslhuma. London, 1797, p. 84.
(2) Ph. Jac. Hartmann, in Ephem. nat. cur., dec. 2, ann. VII, p, 58 59. —
Otto Fabricius, Tinteormen (vesicaria lobala) in danske vidensk. selsk. skrivt. nye
saml. 2, deel, p. 287-295, cité par Rudolphi. Bibl. n» 400.
(3) J. A. Goeze, Neueste Entdeckung dass die Finnen, im Schweinefleisch keine
Drusenkraukheit, sondem wahre Blasenwurmer sind, etc. Nebst I Kupfert. Halle
1784, 40, pages 8 (Rudolphi. Bibl. 401).
(4) Rudolphi, Entos., hist. cit., t. II, pars, h, p. 230.
(5) Andral, Anal, path., cit., t. I, p. 518.
(6) Job. Jacob. Wepfer, Ephem. nat. cur. dec. H, ann. X, p. 314,
(i'2/| AFFECTIONS VERMINEUSJiS l>LS CAVITÉS SÉREUSES
Dupuy en ;i vu un très grand nombre dans les parois du cœur d'un
jeune porc ; plusieurs de ces cysticerques n'étaient séparés du sang
que par la mince membrane séreuse des cavités (1). Le nombre de
ces vers est quelquefois véritablement prodigieux ; tous les muscles
en sont comme farcis, et les kystes sont rapprochés au point de se
toucher.
La présence des cysticerques détériore la chair du porc, laquelle
est molle et fade, désagréable sous la dent par les concrétions cal-
caires qui s'y rencontrent ; elle se corrompt facilement et prend mal
le sel; enfin elle se réduit considérablement par la cuisson. Quoi-
qu'elle ne paraisse pas malsaine, la chair du porc ladre constitue
une mauvaise substance alimentaire qui, souvent, doit être complè-
tement rejetée (2).
Les phénomènes de la ladrerie varient suivant le nombre des cys-
ticerques dont l'animal est affecté : au début de la maladie ou lorsque
les vers ne sont pas extrêmement nombreux, le cochon est plus stu-
pide, il est faible et languissant, cependant les fonctions ne sont pas
troublées, l'appétit est conservé, quelquefois même il est augmenté.
Lorsque les cysticerques sont très nombreux, le porc devient triste,
indifférent, insensible aux coups (3), il marche avec lenteur et non-
(1) Dupuy, mém., infrà cit., p. 66.
(2) Oribase parle de la viande du porc ladre : « On doit admettre, dit-il, que les
grêlons [ladrerie) qu'on trouve dans les chairs et qui se forment chez les porcs,
rendent, s'ils sont en petit nombre, la viande plus agréable, mais que, s'ils sont
plus nombreux, ils la rendent plutôt humide et désagréable. Il faut donc tAcher
d'éviter de se servir de viandes pareilles; si on est obligé parfois de les employer,
il faut y ajouter un peu de cire, ou, lorsqu'on les fait rôtir, graisser la broche de
cire. On reconnaîtra chez l'animal vivant s'il y a des grêlons, en inspectant le voi-
sinage de la langue, car c'est là que ce révèle la maladie, ainsi qu'aux pieds de
derrière, parce qu'ils sont toujours en mouvement. » (trad. franc, cit., t. I, p. 271.)
(3) Grève rapporte qu'il a observé sur un grand nombre de porcs ladres un phé-
nomène singulier; c'est une exagération très prononcée delà sensibilité du groin;
lorsque ces animaux fouillent la terre, quoique celle-ci soit molle et sans corps
durs ou pointus, souvent ils s'arrêtent tout à coup en poussant un cri de douleur;
lorsqu'ils sont très ladres, ils cessent tout à fait de fouiller. Lorsqu'ils mangent du
grain répandu sur un sol dur, ils ne frottent point leur groin pour le prendre
comme font les cochons sains, mais ils relèvent les narines et la lèvre supérieure,
sortent la langue et le saisissent en léchant. Le groin des cochons très ladres est
plus ou moins enflé, mou et flasque au toucher. D'après la sensibilité exagérée de
cette partie on peut, dit Grève, diagnostiquer la ladrerie : le porc sain qu'on
frappe légèrement sur le nez avec une baguette ne s'en aperçoit guère et ne fait
point entendre de grognements, tandis que celui qui est ladre fait entendre un cri
douloureux au moindre attouchement (ouvr, cit., chap. xvn, art, Cvsticercusfinna).
NATURELLES OU ADVENTIVES. — CYSTICERQUES. 625
chalance; dans un troupeau il reste parmi les derniers. Les yeux sont
ternes; la membrane buccale est blafarde, quelquefois parsemée de
taches violettes non saillantes ; le pouls est petit et inégal, la respi-
ration ralentie, l'air expiré, fade ; les soies peu adhérentes se déta-
chent facilement et viennent quelquefois avec un peu de sang, la
peau paraît plus épaisse et plus consistante, l'animal perd enfin
complètement les forces; il devient mal assuré sur les membres pos-
térieurs qui se paralysent; le tissu cellulaire se soulève par places;
des tumeurs surviennent aux ars et à l'abdomen; les extrémités
s'infiltrent de sérosité, et la mort vient terminer la maladie.
L'invasion des cysticerques dans les organes de la poitrine ou du
ventre ne donne point lieu à des phénomènes particuliers ; il n'en est
pas de même dans le cerveau ou dans l'oeil (voy. vers du cerveau ;
vers de l'œil). Lorsqu'il en existe dans le larynx, la trachée ou
même en arrière de la langue, le cochon prend une voix enrouée.
Les cysticerques qui se développent à la base de la langue, peu-
vent être reconnus par l'examen de cette partie; c'est en constatant
l'existence de ces entozoaires dans cette région que les experts,
dans les foires et les marchés, prononcent sur le fait de la ladrerie.
Cette pratique, au dire d'Aristophane et d'Aristote (1), était usitée
de leur temps ; en France, autrefois, les experts chargés de constater'
la ladrerie en avaient pris leur nom [langueyeurs); mais la présence
sous la langue de vésicules de cysticerque, à laquelle l'on s'attache
exclusivement pour reconnaître la ladrerie, est un signe incertain et
souvent insuffisant (2) ; l'enflure des ganaches qui a été donnée
comme un symptôme de quelque valeur serait un signe encore plus
incertain d'après Hurtrel d'Arboval (3).
La ladrerie est lente et obscure dans sa marche ; elle reste quel-
quefois longtemps stationnaire, et peut durer deux ans et même
davantage; elle est toujours mortelle.
On ignore quelles sont les conditions qui déterminent la ladrerie;
(1) Voy. p. 622, note.
(2) Grève dit qu'il a quelquefois trouvé des cysticerques sous la membrane muqueuse
de la langue chez des porcs, qui n'en avaient pas dans d'autres parties du corps, et qu'il
n'en a pas trouvé là chez des individus qui en avaient, au contraire, un très grand
nombre dans d'autres parties; néanmoins il est assez ordinaire d'en trouver sous
la langue chez les porcs ladres. 11 ajoute que les marchands allemands extirpent
avec habileté les cysticerques de la langue, de telle sorte qu'il n'en reste aucune
trace (ouvr. cit.).
(3) Hurtrel d'Arboval, ouvr. cit., t. Ht, p. 480, art. Ladrerie.
davaime. 40
62fi AlEECTiONS VliKMIMUSKS DES CAVITÉS SÉREUSES
aucun fait ne prouve que cette maladie soit contagieuse, et sa trans-
mission par hérédité n'est pas mieux établie. Si l'on a vu, comme on
le dit, des cochonnets naître avec des cysticerques, cela n'implique
pas que d'autres apportent en naissant un germe qui se développe
plus tard.
Nous n'avons pas de données suffisantes pour établir que cette ma-
ladie soit plus fréquente dans certains pays ou dans certains climats ;
elle a été signalée dans presque toutes les contrées de l'Europe.
D'après Macquart, la ladrerie serait au moins très rare en Russie (1) ;
on a dit qu'elle est inconnue dans l'Amérique espagnole (2); elle
existe aux États-Unis, au moins le cysticerque du tissu cellulaire
s'y rencontre chez le porc (3).
Il nous paraît qu'en France cette maladie est moins commune au-
jourd'hui qu'autrefois : les ordonnances de nos rois qui défendaient
ou qui autorisaient sur les marchés de Paris la vente de la chair de
porc ladre (4), la création d'agents spéciaux pour constater la ma-
ladie [les jurés langueyeurs de 'porcs), prouvent qu'alors les porcs
ladres étaient fréquemment présentés aux marchés de Paris. Les
vastes forêts de l'ancienne Fiance dans lesquelles vivaient de nom-
breux troupeaux de porcs, fournissaient sans doute une grande pro-
portion de ces animaux ; mais peut-on attribuer la ladrerie, dont ils
étaient si communément atteints, à leur nourriture ou à leur vie sau-
vage, lorsque le sanglier, qui vit dans les mêmes conditions, paraît
en être exempt \
On ne connaît aucun moyen d'arrêter la marche de la ladrerie ou
de la guérir. Il est probable qu'une fois cette maladie développée,
les médicaments, le temps nécessaire au rétablissement et ensuite
à l'engraissement de la bête, entraîneraient des frais que ne com-
penserait pas sa valeur; le mieux est sans doute de la sacrifier dès
qu'on reconnaît son état.
(1) Dict. Hurtrel d'Arboval, art. cit., p. 483.
(2) Dict. Hurtrel d'Arboval, art. cit.
(3) Joseph Leidy, Synopsis, cité a0 40.
(4) Ordonnances de 1375, 1403, 1604, 1767.
NATURELLES OU ADVENIVES. — CYSTICERQUES. 627
DEUXIÈME SECTION.
CYSTICERQUE CHEZ L'HOMME.
(Cysticerque ladrique, Synopsis, n" 9.)
Deux ans après que Goeze eut incliqué la nature des vésicules du
porc ladre, Werner découvrit chez l'homme des entozoaires sem-
blables (1786). En disséquant les muscles d'un soldat bien constitué
et mort par submersion, Werner observa sous le grand pectoral deux
petits kystes dont chacun contenait un ver vésiculaire. Il désigna
ce ver par le nom de Finna, rappelant ainsi son rapport avec celui
de la ladrerie, maladie qu'on appelle finnen en allemand (1).
Dans l'espace de quelques années ensuite, Fischer, Treutler, et
Brera rencontrèrent des cysticerques dans les plexus choroïdes.
En 1802, Steinbuch et Loschge en trouvèrent vingt dans les mus-
cles du dos, du col, de l'épaule, et cinq dans les plexus choroïdes du
même cadavre (2).
En 1803, Laennec rencontra, chez un homme âgé de soixante
ans, des cysticerques ladriques dans les muscles grands et petits
pectoraux, dans les petits obliques de l'abdomen, dans les muscles
des jambes, dans le biceps du bras droit et le deltoïde du bras
gauche , dans le médiastin, dans la couche optique gauche et dans
l'hémisphère droit du cerveau ; en outre, il trouva dans le foie des
vésicules qu'il crut être des restes de cysticerques (3).
L'année suivante , Dupuytren trouva un cysticerque dans le
muscle grand péronier d'un homme âgé de trente ans (4).
Sur un sujet mort d'un cancer de la face, Himly (1809) remarqua
de petites tumeurs, reconnaissables au toucher et du volume d'une
lentille, qui faisaient saillie à la surface de la poitrine et du ventre;
leur siège était dans le tissu cellulaire sous-cutané. 11 reconnut, en
les incisant, que chacune d'elles contenait un petit corps blanc,
semblable au cysticerque du porc. L'autopsie du cadavre en fit ren-
{1) Yermium intcslinaltum brevis exposilionis continuatio secunda. Aucl. P. Ch.
Fi Werner, Lipsiœ 1786, p. 7.
(2) Steinbuch, CommenUttio de tœnia hydaligena anomala, etc. Erlangen, 180'J.
(3) Laennec, mém. cit., obs. i, p. 124.
(i) Laennec, mém. cit., et Dupuytren, Leçons orales, etc., t. III, p. 367
628 AFFECTIONS VliRMlNbUSIiS DliS CAVITÉS SÉREUSES
contrer plusieurs centaines dans les muscles, dans les poumons et
dans le cerveau. Il n'en existait pas dans le foie (1).
Depuis lors lescysticerques ont été fréquemment rencontrés chez
l'homme; il ne se passe pas d'année qu'on n'en rapporte quelque
observation dans les recueils scientifiques. Isenfiam, Mascagni,
Florman, Rudolphi, Grève, Lobstein, Cruveilhier, Demarquay,
Follin et Robin, Follin et Davaine , Leudet, etc., en ont rencontré
dans le tissu cellulaire intermusculaire ; d'autres observateurs en ont
vu dans les organes encéphaliques ou dans l'œil (voy. liv. III,
part, i, et liv. IV, part. i).
D'après les faits que nous avons relevés, les parties qui sont le
plus fréquemment envahies par les entozoaires sont : 1° le tissu
cellulaire intermusculaire du tronc et des extrémités; 2° le cerveau;
3" l'œil.
A. — Cysticerques dans les parois du cœur.
Ier Cas (Morgagni).
Il s'agit d'un vieillard, âgé de soixante-quatorze ans, chez lequel on n'avait
remarqué aucun symptôme de maladie du cœur.
A Yaulopsie, on trouva à la surface postérieure du ventricule gauche du
cœur, à un intervalle de deux travers de doigt au-dessus de la pointe! un
tubercule de la grosseur et de la forme d'une cerise moyenne, dont une moitié
formait saillie et dont l'autre moitié s'enfonçait dans la substance du cœur.
Après qu'il eut été piqué, il laissa écouler un peu d'eau, on l'ouvrit ensuite
et l'on en retira une petite membrane, dont quelques endroits étaient blancs et
muqueux et dont une partie présentait, une dureté comme tendineuse. Cette
petite membrane parut tenir lieu d'une tunique interne dans le tubercule, car
il y en avait une autre extérieure, qui était dense et blanchâtre.
Laennec, avec raison suivant nous, rapporte ce cas au cysticerque lacîii—
que (2).
IIe Cas (Rudolphi).
Dans le cadavre d'une femme très grasse, Rudolphi et Knape trouvèrent
trois cysticerques dans les trabécules du cœur. Il y en avait plusieurs dans
les muscles du corps, dans le cerveau, dans le corps strié, dans la moelle
allongée aussi bien que clans la substance médullaire, et entre les circonvo-
lutions du cerveau (3).
(1) Karl Himly, Beobachtung und Beschreibung des Finnenwurms, dans le Journal
de Hufeland, t. XXIX, déc. 1809, p. 116.
(2) Morgagni, De sedibus et causis morborum, epist. XXI, § 4, et Laennec, De
l'auscultation médiate, t. III, p. 175.
(3) Rudolphi, Enlozorum Synopsis, p. 540'.
NATURELLES OU ADVENTIVES. — CYSTICERQUES. 029
IIIe Cas (Andral).
« On a quelquefois rencontré dans le cœur l'espèce d'entozoaire connue
sous le nom de cysticerque Une fois, à la Charité, j'ai trouvé dans le
cœur trois petites vésicules, ayant chacune la grosseur d'une noisette, trans-
parentes dans toute leur étendue, et présentant à leur intérieur un point
blanc, plus dur que le reste de la vésicule, que par la pression on faisait sortir
de l'intérieur de la vésicule comme une tête (I). »
IVe Cas (docteur Ferrall).
« M. le docteur Ferrai a présenté à la société pathologique de Dublin un
exemple de cette rare affection. Le septum des ventricules contenait six ou
sept hydatides appartenant à la classe des cysticerques; plusieurs autres
étaient contenues dans les parois des ventricules Le malade, qui avait
fourni cette pièce, avait joui d'une bonne santé jusqu'à trois mois avant son
entrée à l'hôpital Saint- Vincent, mais il ne pouvait donner des renseigne-
ments clairs et précis sur l'origine et les progrès de sa maladie. Lors de son
entrée, il avait une anasarque, une ascite et un œdème des poumons avec des
palpitations de cœur et l'urine albumineuse. On constata dans les reins les
altérations propres à (a maladie de Brighl (2). »
Ve Cas (Leudet).
M. Leudet a présenté à la société anatomique un cœur, remarquable par la
présence de cysticerques dans ses parois. Le malade était mort d'une endo-
cardite. A la base du ventricule droit existaient trois cysticerques ; un autre
était dans la paroi du ventricule gauche; il y avait en tout onze cysticerques
dans les diverses parties du cœur. Point de détails sur les symptômes de la
maladie et sur l'état des autres organes (3).
B. — Cysticerques dans les poumons.
Ier Cas (Wepfer).
Wepfer rapporte l'observation d'un individu mort de phthisie, dans le ca-
davre duquel il trouva un grand nombre de vésicules (grandines) ; elles exis-
taient surtout dans le poumon, le foie, l'épiploon, etc. Les muscles ne furent
pas examinés. D'après la description de ces vésicules on pourrait les rap-
porter aux cysticerques (4).
(1) Andral, Anal. pathologique, t. II, p. 332.
(2) Dublin, Journ. ofmed. se, juillet 1839, en extrait dans le Reperl. un'm. de
clinique, par Cottereau, 1840, p. 412.
(3) Leudet, Bull. Soc. anat. Aon. XXVtl, p. 469, Paris, 1852.
(4) Nepfer, Grandines pulmonum aliarumqiie partiwm cumphthisi (Ephem. nat.
cur. dec. II, Ann. IX, 1690, p. 440.
<>3<> AFFECTIONS VFJîMINI'.USliS DES CAVITÉS SÉREUSES
IIe Cas (Himly).
Dans le cas de Himly, des cysticerques existaient, à la fois dans les pou-
mons, dans les muscles et dans le cerveau (1).
III" CaS (BoNNAFOX DE Ma«.LF,t).
« Bonnafox dit avoir trouvé trois hydalides dans les poumons d'un enfant
de cinq ans, mort du croup. Elles étaient dans les lobes supérieurs des pou-
mons ; deux étaient à gauche à quelque distance l'une de l'autre. Elles n'étaient
pas plus grosses qu'un grain de chènevis. La troisième était à droite; elle
présentait le volume d'une grosse noisette (2). »
IVe Cas (Démarquai et Gervais).
Dans le cadavre d'une femme âgée de cinquante à soixante ans, M. De-
marquay trouva un grand nombre de cysticerques ; il y en avait dans presque
tous les muscles du tronc et des membres. Il y en avait deux dans le poumon
droit et d'autres dans les membranes du cerveau (3).
La rate et les reins, jusque aujourd'hui, paraissent exempts du
cysticerque ladrique; le foie également, caries vésicules rencontrées
par Laennec et les vers vésiculaires observés par Brera dans cp der-
nier organe, ne peuvent être rapportés avec quelque certitudp au cys-
ticerque ladrique (4).
Les cj'sticerques du tissu cellulaire, comme les hydatides, ont une
tendance à se généraliser. Dans les observations que nous avons re-
levées, nous les avons vus fréquemment exister à la fois dans plu-
sieurs parties tant superficielles que profondes, et, si les cas de cys-
ticerque intéressant des organes divers ne sont pas proportionnelle-
ment les plus nombreux, on doit l'attribuer sans nul doute, à ce que
le plus souvent tous les organes, à l'autopsie, n'ont pasété examinés.
(1) Himly, obs. cit.
(2) Bonnafox de Mallet, Traité de la nat. et du trait, de la phthisie pulm.,
Paris, 1804, p. 24. Extrait dans Bayle, ouvr. cit., édit. 1855, p. 632.
(3) Demarquay, Bull. Soc. anat., ann. XX, 1845, p. 112 et Gervais, Bull. Soc.
philom. de Paris, 4 janv. 1843, dans Journ. l'Institut, n" 576, p. 16, 1845.
Ce cas est rapporté parPigné dans la Gaz. des hôpitaux, 1844, p. 592. La rela-
tion diffère, sous plusieurs rapports, de celle de MM. Demarquay et Gervais ; elle est
inexacte.
(4) Brera"mentionne deux cas de cysticerque dans le foie chez l'homme ; le pre-
mier à propos du distome hépatique (in : mem. sop. i pnneip. vernit, etc.,
Crema, 1811, p. 94), il n'en fait qu'une simple mention ; le second est rapporté
ayee quelques détails, mais tout à fait insuffisants; on ne peut dire s'il s'agit de
cysticerques du tissu cellulaire, ou même s'il s'agit de vers vésiculaires (même
ouvr., p. 159).
NATURELLES OU ADVENTÏVES. — (1YSTICERQUES. 63l
Nous savons que les hydatides aussi sont assez fréquemment
multiples et disséminées dans plusieurs organes ; mais il est remar-
quable que ces deux espèces de vers vésiculaires ont une tendance
en quelque sorte inverse dans leur dissémination : les hydatides sont
communes clans le foie, le poumon, les organes abdominaux; les cys-
ticerques sont rares dans ces parties et communs, au contraire, dans
les parois du tronc, dans les membres, le cerveau, l'œil; organes
rarement envahis par les hydatides.
Le cysticerque chez l'homme, comme chez le porc, a été observé
dans des contrées et des climats divers : en Italie, en France, en Al-
lemagne, en Suède, en Amérique.
Rudolphi rapporte que, sur deux cent cinquante cadavres en-
viron qu'il avait examinés chaque année depuis neuf ans, à Berlin,
avec le professeur Knape, il avait trouvé chaque année quatre ou
cinq cas de cj^sticerques chez l'homme (1); d'un autre côté Bremser
dit: " J'ai fait mes efforts depuis dix ans, mais en vain, pour m'en
procurer dans le grand hôpital de Vienne et dans l'amphithéâtre
anatomique de la même ville (2). » D'après ces investigations faites
à la même époque, on doit présumer que le cysticerque ladrique
n'est pas partout également commun. Cette observation a été con-
firmée par les recherches récentes de M. Virchow : pendant un
séjour de sept ans à Wûrzburg, cet observateur n'a vu qu'un seul
cysticerque, tandis qu'au bout de deux mois et demi à Berlin, il
en avait déjà vu trois individus, deux dans le cerveau, et un dans le
muscle biceps, et pendant un séjour antérieur dans cette ville, il a eu
l'occasion de s'assurer de la fréquence de ce ver (3).
Le cysticerque ne paraît pas plus fréquent dans l'un ou l'autre
sexe. On l'a vu chez l'enfant non moins fréquemment, que chez le
vieillard.
Suivant Rudolphi, les cadavres des leucophlegmatiques offre?) t
plus fréquemment que les autres des vers vésiculaires (4).
Aucun symptôme particulier ne décèle la présence des cysticer-
ques dans les organes; leur kyste forme quelquefois sous la peau
(1) Rudolphi, Synopsis, p. 546.
(2) Bremser, p. 289.
(3) Archiv. fuer patholog. Analom., t. Met Gaz. mM., Paris, 1858, n° 28, p. 443.
(4) Rud., Synops., p. 546.
<>3:> AFFECTIONS VERMINEDSES DES CAVITÉS SÉREUSES
une petite tumeur dont la ponction pourrait déterminer la nature.
Les muscles dans lesquels ces vers existent, malgré l'assertion con-
traire de Werner, conservent leur apparence normale. Le volume
constamment petit de ces entozoaires les rend généralement inoffen-
sifs pour les parties qu'ils occupent ; ce n'est que par une multipli-
cation excessive, qui ne paraît pas avoir été observée à ce point chez
l'homme, qu'ils donneraient lieu aux phénomènes de la ladrerie;
toutefois, clans le cerveau et dans l'œil, ils occasionnent un état pa-
thologique grave (voy. liv. III, part, i, liv. IV, part. i).
CAS DE CYSTICERQl'ES DANS DIVERS .ORGANES.
A. — Sous la conjonctive.
Baum de Dan tzig, 3 mars 1838. Homme de vingt-trois ans; cyslicerque
extrait de l'angle interne de l'œil droit. Cas rapporté par de Siebold. [Gazette
de la réunion médicale de Prusse, Berlin, 1838, n° 16, 18 avril.)
Estlin de Bristol. Fille âgée de six ans ; tumeur grosse comme un pois
sous la conjonctive oculaire de l'œil droit; incision, issue d'un cysticerque
pourvu de quatre suçoirs et d'une double couronne de crochets. Guérison.
[Gazelle médicale de Londres, 2o août 1838, p. 839. — Mackensie, Mala-
dies des yeux, trad., p. 720, rapporté aussi dans Froriep.)
Hôring de Ludioigsburg, juin 1838. Fille âgée de sept ans; cysticerque de
l'angle externe de l'œil droit. [Correspondenzblall du Wurtemberg, t. IX,
n° 25, p. 169. — Journal d'Ammon. — Gaz. mèd., Paris, 1839, p. 636.)
Estlin, 2e cas? [Gaz. méd., Lond., 27 mars 1840, p. 35.)
Cunier, Bruxelles, 20 août 1841. [Ann. d 'oculislique , t. VI, p. 271, mars
1842.)
Sichel, Paris, 22 juin 1842. Cysticerque développé sous la conjonctive de
l'œil gauche, chez une fille de sept ans. Extirpation, guérison. [Mém. pratique
sur le cysticerque observé dans l'œil humain, Joum. de chirurg. de Malgaigne,
1843, p. 404.)
Sichel, 2e cas, Paris, 27 janvier 1843. Cysticerque sous la conjonctive de
l'œil gauche, chez un homme de quarante-six ans. Extirpation, guérison.
(Mém. cit., p. 405.)
Sichel, 3e cas, Paris, 3 octobre 1843. Cysticerque sous la conjonctive
chez une fille de six ans et demi, œil droit. Extirpation, guérison. (Mém. cit.,
p. 407.)
Sichel, 4e cas, Paris. Garçon de sept ans et demi; conjonctivite il y a
trois mois. CEil droit ; tumeur datant de deux mois existant à la partie supé-
NATURELLES OU ADVENTIVES. — CYSTICERQUES. 633
rieure interne de la conjonctive, à 3 millimètres de la cornée, globuleuse, un
peu allongée transversalement, indolente, opaline, transparente, avec un
point opaque, blanc grisâtre, au centre; extirpation. Cysticerque pourvu de
vingt-six crochets. (Gaz. des hôpitaux, 27 décembre 1 845, p. 625.)
Sichel, 5e cas, Paris, 23 avril 1852. Fille de sept ans; tumeur à la partie
inférieure externe de la conjonctive de l'œil droit. — Issue spontanée d'un
cysticerque. (Sichel, Iconographie ophtalmologique, 1859, obs. CCLXIX,
p. 705, pi. LXXir, fig. 2, 3.)
Edwin Canton. Londres, 4 848. Enfant âgé de deux ans sept mois; tumeur
du volume d'un petit pois, attachée au globe oculaire, près de l'angle interne
sous la paupière inférieure. Excision de la conjonctive; issue d'un cysti-
cerque. Guérison en trois jours. (The lancet, juillet 1848, et Archiv. gén. de
méd., 4e série, t. XIX, p. 218, 1849.)
Voyez pour les cysticerques du globe oculaire, liv. IV, part. i.
B. — Langue,
Chabert, au rapport de Rudolphi, a observé un cysticerque dans la langue
d'un enfant; il l'avait fait enlever par son collègue Chaumontel. (Rud. Ent.
hist.,t. II, pars n, p. 230.)
C. —Face.
Grève rapporte qu'une vieille femme avait quelques cysticerques à la
garde interne des joues. Un chirurgien, qui les avait pris pour des boutons
cancéreux, les extirpa. (Ouvr. cit., chap. xvn, art. C. Finna.)
W. Berend observa un cysticerque dans la lèvre chez un enfant d'un an;
il formait une tumeur du volume d'un haricot. Une petite incision donna
issue au ver; la réunion de la plaie eut lieu par première intention. (Medic,
Vereins Zeit. et Gazette des hôpitaux, p. 171, 1855.)
D. — Paroi du tronc et membres.
Voyez les cas rapportés ci-dessus de Werner (1786). — Steinbuch et
Loschge (1802). — Laennec (1803). — Dupuytren (1804). — Himly(1809).
Isenflam. Un cysticerque dans le creux de l'aisselle. (Rudolphi, Ent. hisl.,
t. II, pars n, p. 230).
H. Florman. Deux cysticerques dans le grand pectoral d un homme de
soixante ans. Stockholm. (Vetensk. acad. nya Hadlingar, t. XXXI, p. 179,
1810, et Rud. Syn.,p. 620.)
Mascagni. Cysticerques en nombre prodigieux dans les muscles des deux
bras d'un jeune homme. (Cité par Brera, Mém. prim. cit., p. 153.)
Grève, Oldenbourg, 1 81 8. Jeune homme; cysticerques dans les muscles du
bassin, trois dans ceux du cou. (Ouvr. cit., chap. xvn, art. C. Finna.)
63'i AFFECTIONS YERMINEUSKS DES CAVITES SÉKEUSES.
Lobstein dit avoir rencontré plusieurs fois des cyslicerques dans le tissu
cellulaire interrausculaire j point d'observation particulière* (Traité d'ana t.
pathologique, I s 2 9 , t. 1, p. 530.)
Crdveilhier. Trois cas : 1° muscle couturier; 2" et â° courte portion dn
biceps humerai. (Art. Entozoaire, cit., 1831.)
(ii- m acii, Mayence, 1844. Vieille femme ; cyslicerques dans presque tous les
muscles, surtout dans ceux des bras et des cuisses. (Gaz. hôpitaux, p. .'IÇMi,
I844.)
Démarquât et Gervais. Cysticerques dans presque tous les muscles. (Cas
rite, p. 630.)
Follin et RoniN. (Bull. soc. philom., novembre 1846, et Richard, liist. nat.
méd., 4° édît. , 1849, t. I, p. 501.)
Jeffries Wyman, Boston. Douze à quinze cysticerques dans les muscles et
les téguments; un autre libre à la surface interne de la dure-mère, près de
l'apophyse crisla- galli, chez un femme de cinquante ans, morte phlhisique.
Chez le même sujet, il y avait un grand nombre de trichina spiralis dans les
muscles. (Boston, Catal. cit., p. 321, n° 904, 1847.)
Follin et Davaine, Paris. Trois cysticerques dans un seul kyste situé à la
face interne du muscle droit de l'abdomen. Tête pourvue de trente-deux cro-
chets. (Comptes rendus Soc. biologie, t. IV, 1852, p. 19.)
0. W. F. Ude, Braunschiveig. Homme. Tumeur du volume d'un œuf de
pigeon, située à la partie inférieure du cou et supérieure du thorax, près du
sternum. Incision, issue de pus et d'un cysticerque gros comme une petite
noisette, pourvu de quatre ventouses et de trente-deux crochets. (Nordame-
rikanischer monatsbericht fur natur, und Heillcunde redigirt von W. Keller et
H. Tiedemann. — Philadelphia, janvier 1852, p. 10.)
Leudet, Paris. Femme, vingt-huit ans ; une vingtaine de cysticerques
dans les muscles des membres inférieurs et supérieurs et dans les pectoraux ;
vingt-deux dans le cerveau. (Voy. ci-après, liv. III, part, i, div. i, sect. n,
ch. h. obs. IX.)
Raikem, Bruxelles. Un grand nombre de cysticerques trouvés à l'autopsie.
Journ. de méd, chir. de Bruxelles, sept. 1845, p. 543, 555, et Bull. acad.
roy. de méd, de Belgique, 1853, p. 199.)
Béraud, Paris, 16 janvier 1855. Kyste ovoïde du volume d'un gros pois,
situé sur le bord du fléchisseur superficiel, dans un cadavre en dissection.
Vésicule contenant un corps blanchâtre du volume d'une grosse tête d'épingle,
pourvue d'une tête, de quatre ventouses et d'une double couronne de cro-
chets. (Ce corps est considéré par l'auteur comme un échinocoque ; mais, vu
son volume et les autres détails, il appartient évidemment aux cysticerques.'
(Gaz. des hôpitaux, 1857.)
LIVRE TROISIEME.
VERS DANS LES OitCANHS PAREMCilAMATEUX.
PREMIÈRE PARTIE.
AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL.
L'envahissement du système nerveux central par des entozoaires
n'est pas rare chez l'homme et chez les mammifères herbivores. Ces
entozoaires sont exclusivement des vers vésiculaires qui appartien-
nent aux trois types connus. L'un de ces vers, le cœnure, n'a pro-
bablement jamais été rencontré chez l'homme ; nous n'en connais-
sons au moins aucun exemple certain. On ne l'a point rencontré non
plus chez les animaux carnivores; il attaque fréquemment les rumi-
nants ; on l'observe aussi, mais plus rarement, chez d'autres herbi-
vores, tels que le chameau, le cheval, le lapin.
Bien que le cœnure, comme les hydatides et les cysticerques,
puisse être renfermé dans une cavité séreuse, la poche qui le contient
n'existe jamais que dans l'un des organes encéphaliques, et cette
considération doit le faire regarder comme un ver propre au sys-
tème nerveux. C'est le seul entozoaire connu qui ait pour habitai
exclusif les centres nerveux. A ce titre, il devrait seul nous occuper
ici; toutefois, il peut être intéressant, au point de vue de la patho-
logie, de rapprocher les cas d'affections des organes encéphaliques
occasionnés par les différents entozoaires qui s'y rencontrent.
Ainsi donc, après avoir exposé les phénomènes pathologiques dé-
terminés par le cœnure chez les animaux domestiques, nous nous oc-
cuperons de ceux qui résultent de la présence des hydatides et des
cysticerques dans l'encéphale chez quelques animaux et chez
l'homme.
636 AFFECTIONS VERM1NE0S1ÏS DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAI,
PREMIÈRE DIVISION.
VERS EN RAPPORT AVEC LA PORTION CÉPIIAL1QLE DE L'ENCÉPHALE.
PREMIÈRE SECTION.
VERS CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES.
Les vers vésiculaires autres que le coenure doivent se rencontrer
quelquefois dans le cerveau chez les ruminants, mais, soit qu'ils s'y
trouvent très rarement, soit qu'ils aient été confondus avec le coe-
nure, les auteurs modernes de pathologie vétérinaire n'en font point
mention ; quant aux auteurs plus anciens, on sait qu'ils confondaient
tous les vers vésiculaires sous le nom d'hydatides et que VJtydatide
cérébrale désigne chez eux le cœnure. Le cysticerque ladrique est
très commun dans le cerveau chez le porc; peut-être a-t-il été ob-
servé aussi chez le chien.
CHAPITRE PREMIER.
LE COENURE DU MOUTON ET DU ROEUF. — TOURNIS.
(Cœnure, Synops., n° 8.)
Tournis. — Noms vulgaires.
France. — Avertin, tournoiement, étourdissement, .vertigo, vertige lourd,
lourdaine, lourderie, hydrocéphale.
Allemagne. — Das Drehen.
Le développement du cœnure occasionne dans les centres nerveux
une maladie grave, ordinairement mortelle, qui a reçu le nom de
tournis, de l'un de ses symptômes les plus constants et les plus re-
marquables.
La nature du tournis et les causes qui le produisent ont été, comme
beaucoup d'autres questions de pathologie vermineuse, le sujet d'une
foule d'opinions diverses. Cette affection a été regardée par les uns
ou par les autres comme une apoplexie séreuse, comme une hydro-
pisie des ventricules, un engorgement séreux du cerveau, et le cœnure
CHEZ LES RUMINANTS. — COENURE. 637
comme un kyste, comme le produit d'une métamorphose d'œuls
d'insecte déposés sous le crâne, etc. On a cherché sa cause dans le
régime, le chaud, le froid, l'humidité, l'obésité précoce, les contu-
sions, etc. ; mais le tournis apparaît dans des conditions très di-
verses, dans les étables ou les bergeries comme aux champs, sur les
montagnes comme dans les vallées, dans toutes les saisons, dans
toutes les contrées.
Un naturaliste allemand, mort jeune, mais déjà célèbre, Leske
(1 779) , reconnut un ver
cystique dans la vési-
cule aqueuse que l'on
rencontre toujours en
quelque point de l'en-
céphale des bêtes at-
teintes du tournis (1),
vésicule dont l'exis-
tence était alors connue,
mais dont la nature était
ignorée (2). Goeze, de
son côté, fit bientôt
après la même observa-
tion (3).
Malgré la connais-
sance de la nature de
l'affection qui nous oc-
cupe , les causes ou
conditions du dévelop-
pement du cœnure sont
restées jusqu'ànos jours
enveloppées d'une obscurité profonde. On sait que les expériences
F;g. 22. — Cœnure du mouton. — 1, vésicule grandeur nain-
relie ; — 2, groupes de têtes grossis ; — 3, tète fortement
grossie (voy. le Synopsis).
(1) Nat. God. Leske, von dem Drehen der Schaafeund dem Blasenbandwurme in
Gehirne derselben. Leipzig, 1779.
(2) Avant Leske, teshydalides du cerveau étaient connues et Guetebriick, Hastfer,
Ranftler leur avaient attribué le tournoiement des brebis. Ce dernier, en 1776,
avait signalé l'existence de petits corpuscules à la surface de Vhydalide (les têtes du
cœnure) et avait soupçonné qu'il en naissait des vers, mais ces auteurs n'ont nul-
lement reconnu l'animalité de Vhydalide ou des corpuscules qui en naissent.
(Guetebriick Gesammelter Unterricht von Schœfereyen, t. 1, p. 277. — Hastfer,
Vnlerricht von Zucht und Warluncj der Schaafe, p. 93. — Ranftler, Anzeige der
Leipz. Okonom. Sociel., 1776, p. 20, cités par Bloch.)
(3) J. A. E. Gceze, Neuesle Enldeclcung,dass die Finnen,elc, Halle, 1784, p. 2j.
63.S AFFECTIONS VbttAUNliUSliS DU SYSTEME NERVLUX. CENTRAL
des helminthologistes modernes tendent à prouver que ce ver vêsi-
culaire provient du transport et du développement dans le cer-
veau de la larve d'un ténia qui vit dans l'intestin du chien (voy. Sy-
nopsis, n° 8).
Parmi les animaux domestiques, on n'observe guère le tournis
que chez le mouton et le bœuf; il est beaucoup plus fréquent chez
le premier de ces animaux ; il fait périr presque la totalité de ceux
qu'il attaque et cause de grands préjudices aux agriculteurs.
C'est surtout pendant la première année de leur vie que les mou-
tons sont exposés à l'invasion du cœnure ; les agneaux à la mamelle
en sont souvent atteints fl). Ce ver devient plus rare chez les bêtes
de deux ans, et beaucoup plus rare encore chez les adultes.
Chez le bœuf, le cœnure est aussi beaucoup plus commun dans le
jeune âge.
Beaucoup de vétérinaires pensent que le tournis est hérédi-
taire (2).
Le cœnure, dans la plupart des cas, est solitaire ; il n'est cepen-
(l) « Riern rapporte le fait d'un agueau né avec une hydatide dans le quatrième
ventricule (Feuille du cultivateur, t. V, p. 213). — Hering cite des auteurs allemands
qui ont trouvé des cœnures dans le cerveau de nouveau-nés; lui-même assure en
avoir vu de un à cinq, de la grosseur d'un pois, dans le cerveau d'agneaux de
quelques jours (Hering, Pathologie, art. Tournis).— Nous -même (M. Reynal), nous
en avons trouvé chez des agneaux âgés de quatre, de six et de vingt-cinq jours. »
(Reynal, mém. cit., p. 898.)
(2 L'hérédité, comme cause du tournis, a été indiquée, en 1810, par Fromage
de Feugré [Correspond, sur la conserv. et V amélior . des anim. domesl., Paris, 1810,
1. 1, p. 78); et en 1817, par Dupuy [Affect. tub. cit., p. 342). Cette opinion a été
reproduite en 1820, avec plus de développements par GiroudeBuzareingues [Feuille
villag-. de VAveyron, 1822, et Mém. Soc. roy. d'agriculture, 18241; Maillet n'a
jamais constaté que l'hérédité exerçât aucune influence sur la production du tour-
nis chez le bœuf (Recueil de méd. vetér., t. XIII, 1836,. M. Reynal adopte pleine-
ment l'opinion que cette maladie est héréditaire; il a recueilli vingt et un faits
qui attestent, suivant son expression, la transmission du tournis de la mère à son
produit. Il admet également la transmission du tournis par le père; il cite à ce
sujet: 1° un cas dans lequel un propriétaire perdit plus de 30 pour 100 de ses
agneaux, provenant d'un bélier atteint du tournis; 2° un cas où la perte, dans des
circonstances semblables, fut de 50 pour 100 (Reynal, Essai monographique sur le
tournis des bêles ovines, dans Recueil de méd. vétérin., 1857, p. 895).
Dans une discussion sur les affections qui doivent être considérées comme vices
rédhibitoires, M. U. Leblanc a rapporté que, chez son père, tout un troupeau a été
infesté du tournis par l'influence des mâles reproducteurs. — Le tournis chez les
béliers reproducteurs a été déclaré vice rédhibitoire par la Société de médecine
vétérinaire (Recueil de méd. vétérin., 1859, p. 297).
CHEZ LES RUMINANTS. — COENURE. 639
dant pas très rare d'en trouver deux, trois et quatre ; on en a vu jus-
qu'à trente dans diverses régions de l'encéphale. Dans le premier
cas, le ver vésiculaire peut acquérir un grand volume avant de dé-
terminer la mort. Chez le mouton, il acquiert celui d'un œuf de poule
et le liquide qu'il contient peut s'élever à soixante grammes, chez le
bœuf à cinq cents grammes.
Le cœnure refoule et atrophie la substance du cerveau, dans
lequel on trouve, à l'autopsie,
une cavité profonde. Cette ca-
vité est constituée par des" cou-
ches de substance cérébrale
condensée (1) , et quelquefois par
une membrane de tissu cellu-
laire , très mince , souvent ou
peut-être toujours incomplète,
qui la revêt intérieurement.
Chaque cœnure, lorsqu'il y en a
plusieurs, possède sa cavité
propre.
Le siège primitif du ver vé-
siculaire est fréquemment une ,
des anfractuosités de la surface
du cerveau ou l'un des ventri-
cules ; peut-être se développe-
t-il plus rarement dans la sub-
stance même de l'encéphale.
Lorsque la vésicule du cœnure
est placée superficiellement, elle
arrive par son accroissement en
contact avec la paroi du crâne dont elle détermine la résorption. La
paroi osseuse s'amincit progressivement à tel point que le pariétal,
par exemple, devient flexible, cède et s'affaisse sous la pression du
doigt ; dans quelques cas même, l'os se perfore et le ver vésiculaire
fait saillie sous les téguments.
(1) La paroi de la poche qui loge le ccenure est constituée, d'après les recherches
de M. Ch. Robin, par des tubes nerveux flexueux, interrompus ou brisés, moins nom-
breux que dans la substance normale, par des corpuscules ressemblant aux cellules
nerveuses ou ganglionnaires, par une substance amorphe et des granulations molé-
culaires, par une quantité considérable de petits grains calcaires, pulvérulents,
enûn par des vaisseaux capillaires, continus avec ceux de la substance cérébrale
Reynal, mém. cit., p. 869).
Fig. 23.— fête de mouton. — Demi-nalure.
— Cœnure dans le lobe antérieur droit du
cerveau.
640 AFFECTIONS VBRMlKEUSIiS DU SYSTÈME NERVAUX CENTRAI
La présence du cœnure ne détermine point ordinairement dans le
cerveau de lésions autres que celles dont nous venons de parler ;
néanmoins elle peut causer l'inflammation et la suppuration des par-
ties environnantes, comme nous l'avons observé une fois.
Les phénomènes que détermine la présence du cœnure varient
suivant le siège ou le volume de la vésicule, suivant qu'il y en a une
seule ou plusieurs, et suivant la période à laquelle la maladie est par-
venue.
Les premiers symptômes ne sont pas, en général, caractéristiques
de la présence du ver vésiculaire (1) ; ils consistent, comme dans
plusieurs autres maladies des animaux, dans la perte de la vivacité,
de la gaîté, de l'appétit. L'animal devient lourd, hébété, ses pas sont
incertains et chancelants ; bientôt il perd la faculté de se guider, il
marche à l'aventure en dehors du troupeau, et ne se détourne point
des obstacles qu'il rencontre. Il porte la tête basse, inclinée à droite
ou à gauche, quelquefois relevée; il a l'œil hagard, bleuâtre; l'or-
bite est en apparence aggrandie ; la vue est troublée ou perdue ;
enfin, et cela arrive quelquefois dès l'apparition des premiers sym-
ptômes, l'animal, en marchant, tourne et décrit des cercles concen-
triques.
Le tournoiement n'est pas un symptôme constant, mais il existe
dans la plupart des cas ; il apparaît par accès à des intervalles plus
ou moins éloignés, persiste pendant un temps variable et quelque-
fois très long. La marche est plus accélérée, et le cercle du tournoie-
ment est d'un rayon plus petit lorsque la maladie est plus ancienne.
Pendant l'accès, l'animal tient la tête basse et penchée du côté où il
tourne; il va précipitamment suivant des cercles concentriques,
quelquefois pendant des heures entières, jusqu'à ce qu'il tombe; ou
bien il fait enfin quelques pas dans une autre direction, puis s'arrête
et bientôt il recommence à tourner.
(1) Chez les très jeunes agneaux, on observe d'autres phénomènes , d'après
M. Reynal ; ce sont tantôt des contractions spasmodiques violentes, des mouve-
ments particuliers des yeux et des mâchoires, d'une courte durée; tantôt des
crampes accompagnées de bâillements prolongés; tanlôt des frayeurs soudaines,
une fuite précipitée au moindre bruit, à l'approche de quelque personne, suivies
de tremblements convulsifs qui rappellent la maladie connue sous le nom de trem-
blante. Celte forme de tournis, qui se remarque chez de très jeunes agneaux, est
occasionnée par des vésicules de la grosseur d'une tête d'épingle ou d'un grain de
millet (Reynal, mém. cit., p. -ï90).
CHEZ LliS RUMINANTS. — CŒNURE. GM
L'animal tourne ordinairement toujours du même côté, mais dans
quelques cas il le fait alternativement d'un côte et de l'autre.
Le sens suivant lequel a lieu le tournoiement est déterminé par le
côté où siège le cœnure. Il a lieu à droite si l'entozoaire occupa l'hé-
misphère droit, et inversement, s'il occupe le gauche (1). Lorsqu'il y
a un cœnure dans chaque hémisphère, le tournoiement a lieu alter-
nativement à droite et à gauche, ou bien il n'existe pas. Dans le
cas où le ver vésiculaire a son siège entre les hémisphères ou sur la
ligue médiane de l'axe cérébro-spinal, il n'y a point de tournoiement.
Si le cœnure est en avant vers la base du crâne et entre les deux
lobes antérieurs, l'animal, dit-on, porte la tête basse, marche devant
lui, ne tourne pas, s'encapuchonne ; il a des mouvements précipités
et raccourcis, il avance peu ou point, et semble toujours près de
tomber; au contraire, si le cœnure est placé en arrière dans la scis-
sure transversale ou dans le ventricule du cervelet, l'animal porte la
tête élevée, le nez au vent, il marche droit devant lui, vite, et se
jette sur tout ce qu'il rencontre.
A mesure que la maladie fait des progrès, le tournoiement devient
(I) Yoy. Girou de Buzareingue, Symptômes qui résultent de la présence des hy-
datides dans différentes parties de l'encéphale (pas de faits particuliers ; l'animal
lourne du côté de l'hémisphère lésé, mais il perd la vue du côté opposé;. — Extrait
de V Analyse des travaux de l' Académie des sciences pendant l'année 1828; dans
Recueil de méd. vétérin., t. VI, p. 597. 1829.
Quelques auteurs ont rapporté assez récemment plusieurs observations qui con-
tredisent l'opinion généralement acceptée relativement au côté vers lequel se fuit le
tournoiement : on voit dans les comptes rendus des travaux de l'école vétérinaire
de Lyon, le cas d'un mouton tournant tantôt à droite, tantôt à gauche et qui avait
un cœnure dans le plan médian, à la partie supérieure du cerveau; un autre cas
de mouton tournant à droite et qui avait un cœnure dans le ventricule gauche
(Recueil de méd. vétérin., t. XV, p. 554, 1838). — M. La fosse a vu, chez une chèvre
qui tournait à gauche, un cœnure situé dans le ventricule droit (Journ. vétérin. du
Midi et Recueil, 4e série, t. IV, p. 290. 1847). — M. Reynal a aussi rapporté plu-
sieurs observations relatives à l'absence ou à l'existence du tournoiement et à sa
direction par rapport au siège du cœnure (Recueil de méd. vélér., vol. XXXI,
p. 429, juin 1854). — Dans un nouveau mémoire, il rapporte que, ayant observé
soixante moutons environ affectés de tournis, il a vu que presque un tiers tour-
naient du côté opposé au cœnure; il est arrivé aux conclusions suivantes :
1° Le tournoiement a lieu du côté où siège le cœnure lorsque ce ver occupe exclu-
sivement les couches qui forment le plan supérieur du cerveau ou les ventricules,
en laissant leur plancher intact.
2° 11 a lieu du côté opposé, lorsque le travail destructeur du ver intéresse les
couches les plus profondes du plan inférieur du cerveau, les corps striés, les couches
obliques, le trigone cérébral, elc. (Reynal, mém- cit., p. 494, 563).
Davaine. ^*
(i'l2 AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAI.
plus fréquent et do plus longue durée, jusqu'à ce que la paralysie des
membres vienne y mettre un terme. De temps en temps l'animal
éprouve des attaques convulsives pendant lesquelles la respiration
est très difficile, stertoreuse, et la sensibilité généralement abolie.
Enfin la vue se perd totalement, la pupille reste largement dilatée ;
la mastication est lente et incomplète; la marche, la station même
deviennent difficiles et impossibles; l'amaigrissement qui s'est pro-
noncé dès le début, fait des progrès rapides, et la bête succombe
dans le marasme.
Lorsque le cœnure est luge dans un hémisphère et que la para-
lysie survient, quel est le côté qui se paralyse? Les observateurs se
sont à peine occupés de cette question. Voici ce que l'on en a dit re-
lativement au bœuf : « Une époque arrive à laquelle l'animal de-
vient tout à fait paralysé du côté affecté, il est comme fixé au sol
par la contraction des muscles du côté opposé (l). » Quant au
mouton, M. Reynal dit avoir observé trois fois la paralysie du côté
ou siégeait le cœnure; elle existait, il est vrai, à un faible degré. Le
savant vétérinaire ajoute que, quand les désordres du cerveau étaient
considérables, la faiblesse et la paralysie existaient du côté opposé
au ver vésiculaire (2).
Le diagnostic de cette affection est ordinairement facile : le tour-
noiement qui existe presque dans tous les cas, l'aspect bleuâtre de
l'œil sont deux signes caractéristiques de l'existence du cœnure;
la faiblesse de quelque partie du crâne, qui cède sous la pression
des doigts, est encore un signe que l'on peut fréquemment con-
stater.
Le vertige, ou vertigo, les accidents causés par les œstres ren-
fermés dans les sinus frontaux seront facilement distingués du tour-
nis. Cette dernière affection est lente, apyrétique et de longue durée,
tandis que le vertige est une maladie aiguë, fébrile et de courte durée.
Les accidents nerveux occasionnés par les œstres sont des convul-
sions et non le tournoiement ; on observe en outre une inflammation
de la membrane pituitaire, un écoulement nasal, phénomènes in-
connus dans le tournis.
La marche de l'affection déterminée par le cœnure est lente, et les
phénomènes morbides s'aggravent progressivement. La durée est de
six semaines ou deux mois au moins chez le mouton, et rarement
(1) Hurtrel d'Arboval, Ziitl. de médecine vétérinaire, t. VI, art. Tournis, p. 149.
(2) Reynal mém. cil., 496.
CHEZ LES ANIMAUX. — VERS VÉSICULALRES. 0/j3
de moins de trois mois chez le bœuf. La mort en est la terminaison
naturelle.
On ne connaît point jusqu'aujourd'hui de traitement prophylac-
tique du tournis. Les savants qui regardent le ccenure comme la larve
d'un ténia propre à l'espèce canine, conseillent d'éloigner les chiens
des étables et des bergeries, d'administrer des vermifuges à ceux qui
sont indispensables à la garde des troupeaux, enfin d'avoir soin de
ne pas leur livrer la tête ou le cerveau des bêtes mortes avec le
tournis.
Quant à un traitement curatif, l'extraction du cœnure est le seul
que l'on connaisse. Si le ver vésiculaire est solitaire, s'il est super-
ficiellement placé, l'opération peut donner de bons résultats. Dans
ces conditions, le siège du cœnure peut être déterminé quelquefois
par l'examen du côté vers lequel l'animal tourne, et par l'affaisse-
ment de la paroi correspondante du crâne sous la pression.
Chez le mouton, on pratique la perforation du crâne au moyen du
trocart; le cœnure sort de lui-même, sinon l'on favorise sa sortie par
des tractions ménagées sur la partie qui se présente. Cnez le bœuf,
la perforation se pratique le plus ordinairement parle trépan.
La proportion des animaux guéris par cette opération n'a point
été suffisamment établie. Souvent les bêtes opérées, lorsqu'elles ne
périssent pas en peu de jours, restent faibles, languissantes, et les
bœufs sont impropres au service de l'agriculture. Ce n'est donc que
dans les cas les plus simples, dans ceux que nous avons spécifiés,
que l'on devra tenter l'opération.
Peut-être l'injection dans la vésicule du cœnure de quelques
gouttes d'un liquide iodé, dont le contact tue instantanément les
vers cystiques, serait-elle préférable à l'extraction 1
CHAPITRE II.
CYSTICERQUES DU CERVEAU CHEZ LE PORC ET LE CHIEN.
(Cysticerque ladrique, Synops., n° 9.)
Porc. — Les cysticerques sont très communs dans l'encéphale
chez le porc ladre. Nous en rapporterons un exemple remarquable
(voy. ci-après, sect. III, p. 665). C'est à la présence de ces ento-
(i'i'i WlïXim.ss VËRMINËUSES DÛ SYSTÈME NlîRVKCX CENTRAL
zoaires dans les centres nerveux qu'il faut attribuer les phénomènes
de paralysie qui se manifestent tôt ou tard chez le porc affecté de
ladrerie.
Chez des cochons atteints de convulsions épileptiformes et de phé-
nomènes qui ont été désignés sous le nom d'accès de rage, Rehrs,
vétérinaire belge, trouva une énorme quantité de cysticerques dans
le cerveau, le cervelet et les autres parties du corps. L'auteur at-
tribue à la présence de ces vers dans le système nerveux, les
phénomènes singuliers qu'il observa (1).
Chien. — ■ Dupuy a vu chez le chien, à la surface du cerveau, une
grande quantité <X hydatides, que Rudolphi rapporte aux cysticer-
ques^).
DEUXIÈME SECTION.
VERS CHEZ L'HOMME.
(VEKS VÉS1CILAIRES DE LA. PORTION CÉPHALIQUE DE L'ENCÉPHALE. )
Les entozoaires cystiques que l'on observe dans l'encéphale, chez
l'homme, sont des hydatides et des cysticerques.
On rapporterait à tort aucœnure \epolycephalus hominis trouvé,
dit-on, dans le cerveau d'un homme, et que Meckel communiqua à
Goeze (3). Quoique le rapprochement entre ce ver et le cœnure du
mouton ait été indiqué par le savant helminthologiste qui en fit
l'examen, on reconnaît par la description qu'il s'agit d' hydatides et
d'échinocoques, et d'ailleurs, il n'est pas bien certain que ces vers
provinssent du cerveau (4).
C'est encore sans doute aux échinocoques qu'appartient le fait
suivant rapporté par Zeder :
Il s'agit d'une jeune fille : « La maladie dont elle mourut commença par des
maux de tête et des vertiges, qui augmentèrent graduellement au point qu'elle
perdit la mémoire; bientôt elle ne put plus supporter la lumière. Lorsqu'elle
voulait rester debout, elle se heurtait contre les objets environnants, à peu
près comme les moutons qui ont le tournis.
(1) Rehrs, Journ. vétérin. de Belgique, t. I, p. 568. Bruxelles, 1842.
(2) Rudolphi, Enloz., hist. cit., t. II, pars n, p. 235.
(3) Goeze, Zeder, Nachtrag zur Naturgeschichte der Eingeweidewurmer, 1800,
p. 309, tabl. n, fig. 5-7.
(4) Voyez à cesujet Rudolphi, Enloi ctc.,t. II, p. il, p. 247 et Li vois, Th. cil., y. 21.
Clll.2, L'HOMME. — VEKS VÉSICULAIReS. C'i'i
» A l'autopsie, faite par le professeur Roe?ch, les ventricules latéraux du
cerveau furent trouvés distendus par une grande quantité de sérosité; le
troisième et le quatrième ventricule contenaient une douzaine de vessies de
diverse grandeur et dont quelques-unes avaient le volume d'un œuf de poule.
Ces vessies étaient pleines d'une sérosité limpide; la membrane qui les for-
mait était comme coriace ; à sa face externe adhéraient de petits corps dont le
nombre était très variable ; ils étaient en plusieurs endroits rapprochés les uns
des autres et formaient divers groupes ; il en existait aussi à la face interne
des vessies caudales, où ils formaient de petits tubercules comme dans l'espèce
précédente. Ceux de ces corps qui étaient les mieux développés avaient une
forme semblable à celle d'une poire; assez étroits vers la partie par laquelle
ils adhéraient à la vessie caudale commune, ils s'élargissaient vers la tête qui
n'était munie que d'un seul cercle de crochets, on n'y distinguait point de
suçoirs (\). »
Cette description ne se rapporte ni au ccenure, ni exactement aux
échinocoques ; les vésicules sont certainement des hydatides : leur
multiplicité dans une poche commune, et leur consistance coriace
ne conviennent point au cœnure. Mais que sont ces petits corps ex-
térieurs? probablement des bourgeons hydatiques, tandis que les
corps de la face interne étaient probablement des échinocoques.
Quoi qu'il en soit, on remarque dans la description de ces petits
corps intérieurs (échinocoques) des erreurs qui ont été commises
aussi par Goeze dans le fait dont nous avons parlé.
Aucune observation de cœnure chez l'homme, à notre connais-
sance, n'a été publiée depuis ces faits; or, par toutes ces considéra-
tions, nous devons regarder les cas de Goeze et de Zeder comme ap-
partenant aux hydatides. Au temps où* vivaient ces observateurs,
la connaissance du cœnure était très récente et assez incomplète,
les échinocoques des animaux étaient à peine connus, ceux de
l'homme ne l'étaient pas encore ; il faut donc rapporter les inexacti-
tudes et l'obscurité des descriptions aux connaissances peu précises
de l'époque où elles ont été faites.
Les phénomènes pathologiques déterminés par les hydatides ou
par les cysticerques offrent des différences importantes. L'accroisse-
ment en quelque sorte indéfini des premières, le volume considérable
qu'elles atteignent, produisent tôt ou tard des accidents graves et
mortels. Les cysticerques, n'atteignant jamais un grand volume,
peuvent rester longtemps et, dans certains cas, peut-être toujours
(1) Zeder, Ersler Nachlrag, etc., p. 313.
B/|6 AFFECTIONS VfcRjIlNEUSES DU SYSTÈME NlïRVEtîX CENTRAL
inoffensifs. Ces enlozoaires ont leur sirge tantôt en dehors, tantôt on
dedans de la masse encéphalique, et sur toute l'étendue de l'axe
cérébro-spinal.
CHAPITRE PREMIER.
PHÉNOMÈNES ET LÉSIONS DÉTERMINÉS PAR LES HYDATIDES.
Le kyste ou plutôt la poche hydatique du cerveau est solitaire dans
le plus grand nombre des cas. Son volume, très variable, peut égaler
celui d'un gros œuf de poule et même le surpasser: dans un cas ob-
servé par Headington, cette poche contenait une livre de liquide ;
dans un autre observé par Rendtorf, elle contenait une masse d'hy-
datides du poids de deux livres et demie. La poche hydatique du
cerveau renferme, comme celle des autres organes, tantôt une seule
hydatide volumineuse, tantôt un grand nombre de ces corps de vo-
lume variable.
Lorsque les poches qui renferment les hydatides sont multiples,
l'individu périt nécessairement avant qu'elles n'aient acquis un
grand volume, aussi dans les cas, rares au reste, où ces poches sont
nombreuses, les a-t-on trouvées pour la plupart très petites. C'est
ce que l'on voit dans le fait fort intéressant, rapporté par M. Cal-
meil, d'un individu chez qui s'éteignirent successivement les facultés
intellectuelles, la sensibilité, la puissance musculaire, etc. Voici ce
fait:
« Un officier d'infanterie entra à Charenlon au mois de juin 1833. Cet
homme, d'un caractère très doux et d'une constitution très forte, ne présentait
d'abord aucune lésion des mouvements; mais il urinait dans son lit et sem-
blait privé, dès qu'il était livré à lui-même, de l'exercice des principales
facultés intellectuelles. Il marchait volontiers, ne témoignait jamais ni peine
ni plaisir, répondait avec lenteur aux questions qu'on lui faisait sur sa santé.
Indifférent sur sa maladie, sur son avenir, sur l'état des personnes qui l'en-
tourent, à peine s'il a retenu le nom du lieu où il habite; la mémoire n'est pas
cependant totalement abolie ; il rapporte qu'il a ressenti autrefois de violents
maux de tête, dont il est délivré maintenant. Enfin l'intelligence qui semble se
réveiller lorsqu'on la stimule, s'efface en grande partie dès l'instant où cette
stimulation cesse. Pendant quatre mois, la santé physique n'éprouve aucune
altération importante, et la démence seule se prononce de plus en plus; mal-
propreté excessive, sorte de vie automatique. Au commencement du cinquième
mois, le malade se tenait difficilement debout ; tous les mouvements s'exécu-
CHEZ L'HOMME. — VËfiS VÊSfGUI.AlRIiS. C)hl
laient lentement et avec peine; les déjections étaient involonlahes ; sorte de
somnolence, séjour au lit, peau chaude, pouls fébrile, tremblements muscu-
laires, surtout lorsque les membres cherchent à se déplacer ; sensibilité
émoussée, stupeur morale; coma prolongé pendant plusieurs jours; mort. •
A l'autopsie, on trouva des acéphalocysles d'un volume médiocre dans l'in-
tervalle des pédoncules cérébraux, sur le trajet des deux grandes fentes céré-
brales, sur le corps pituitaire, les éminences mammillaires, le chiasma des
nerfs optiques ; les deux scissures de Sylvius étaient remplies d'hydatides
grosses comme des grains de raisin et placées les unes à la suite des autres ;
les deux ventricules latéraux étaient dilatés et comblés de vésicules entassées
sans ordre dans leur cavité ; d'autres étaient dispersées dans la profondeur
des circonvolutions cérébrales ; une acéphalocyste de la grosseur d'un œuf de
pigeon s'était creusé une loge dans le lobule antérieur gauche, enveloppée
par la pie-mère qui lui formait un kyste ; une autre moins volumineuse exis-
tait dans le lobule antérieur droit ; plusieurs petites existaient encore dans les
replis du cervelet (1).
La poche hydatique du cerveau, autant qu'on en peut juger
d'après des observations ordinairement très incomplètes, est consti-
tuée par une dépression de la substance cérébrale qui est revêtue
d'une mince lame de tissu cellulaire, laquelle peut être regardée
comme un vrai kyste; cependant il paraît dans plusieurs cas que
les hyclatides se sont développées librement, soit dans la cavité de
l'arachnoïde, soit dans celle des ventricules. Les hydatides qui se
développent dans la substance cérébrale même paraissent aussi man-
quer d'une enveloppe de tissu cellulaire et être en rapport immédiat
avec cette substance. Quant à celles qui ont eu pour siège primitif la
pie-mère ou les plexus choroïdes, elles sont enveloppées d'un kyste
plus ou moins complet. Le kyste est toujours très mince, très peu
consistant, plus épais dans sa portion libre que dans celle qui est
enfermée dans la substance du cerveau.
Les hydatides, en se développant, compriment et atrophient les
parties du cerveau avoisinantes qui finissent par être réduites quel-
quefois à une mince membrane. Les nerfs qui, dans leur trajet, se
trouvent en rapport avec le kyste, sont également amincis et atro-
phiés ; enfin l'on a vu, dans quelques cas, les parois du crâne éprouver
l'action de l'accroissement du ver vésiculaire, et subir une dilatation
partielle, un amincissement ou une résorption de la partie qui est en
rapport avec la vésicule.
Dans un cas semblable, des hydatides rapprochées de la surface
(i) Calmeil, Dict. de méd. en 30 vol., art. Encéphale, t. XI, p. 588. Paris, 1835.
6/|fi AFPlCTÎONS VlihMlNEUSliS 1)U SYSTEM ii NERVEUX CENTRAL
du cerveau ou de la dure-mère, pourraient trouver une issue au de-
hors, et la guérison d'une maladie, qui semble devoir être toujours
mortelle, pourrait être ainsi obtenue. Un fait observé par M. Mou-
linié ne laisse point de doute à cet égard :
Jeanne Cazeaux, Agée de quinze ans, est entrée à l'hôpital Saint-André
de Bordeaux, le 1L' septembre 1835.
a Cette fille avait une perforation au crâne, recouverte d'une cicatrice cru-
ciale, ce qui a fait croire qu'elle avait subi l'opération du trépan; mais on
n'eut aucun renseignement à cet égard. On sentait des bosselures vers le
point du crâne où étaient des traces de lésion ; il s'y forma de la fluctuation,
une petite ponction fut pratiquée, d'abord du pus s'écoula.
» La malade était plongée dans un sommeil comaleux dont elle ne sortait
que lorsqu'on l'agitait en lui parlant; elle avait une céphalalgie perpétuelle
très intense; ses yeux étaient tournés et comme frappés de strabisme; elle
paraissait sous l'influence d'une compression cérébrale. Le chirurgien pensait
à pratiquer la trépanation, lorsque l'on vit sortir avec le pus des hydatides
acéphalocysles du volume d'un grain de raisin. On en recueillit en quelques
jours une vingtaine; dès lors les accidents de compression cessèrent, la cé-
phalalgie se dissipa, les yeux reprirent leur rectitude; la malade put quitter
son lit, marcher, et elle sortit bientôt après de l'hôpital, en bon état de
santé (I). »
La compression progressive et lente déterminée par les tumeurs
hydatiques ne produit point d'abord d'autres effets que ceux qui
viennent d'être dits; mais, tôt ou tard, il survient des lésions nou-
velles qui sont locales et se développent principalement autour du
corps étranger, comme la congestion, l'inflammation, le ramollisse-
ment, l'endurcissement ; ou plus générales, comme une infiltration
sous-arachnoïdienne, un épanebement séreux dans les ventricules ou
dans la cavité de l'arachnoïde, etc. ; l'hémorrhagie cérébrale a été
fréquemment observée.
En considérant la marche des symptômes et les résultats des au-
topsies, on reconnaît que la poche hydatique a dû quelquefois ac-
quérir un volume assez grand avant d'avoir causé quelque désordre
fonctionnel notable. Sous ce rapport, comme sous celui des lésions
anatomiques qu'elles déterminent, les hydatides des centres ner-
veux ne diffèrent point de toute autre tumeur intra-crânienne dont
le développement est lent et dont le volume devient considérable.
(l)Moulinié, Gaz. des hôpitaux, 1836, t. X, p. 303.
CIIIZ L'HOMME. — VERS VÊSICULA.IKES. (>49
Les symptômes principaux et les plus fréquents sont la cépha-
lalgie, des attaques convulsives, des vomissements, des évanouisse-
ments, des lésions des fonctions motrices et sensorielles, et celles de
l'intelligence.
La céphalalgie est un phénomène très fréquent, souvent initial;
elle est quelquefois continue, plus souvent elle a lieu par accès ; dans
quelques cas elle est d'une violence extrême ; sa marche est géné-
ralement progressive, maison voit aussi l'inverse. Des douleurs se
manifestent encore dans d'autres parties, dans les muscles, sembla-
bles à celles du rhumatisme, à la peau avec les caractères de l'hyper-
esthésie.
Le vomissement a été souvent un phénomène du début, et l'un
des plus persistants, des plus incoercibles. Des évanouissements ou
des syncopes répétées, des vertiges, des attaques convulsives, se
sont montrés aussi avec les premiers symptômes de la maladie, et
ont persisté pendant toute sa durée. Souvent les convulsions ont
pris l'apparence de l'épilepsie et se sont manifestées à des intervalles
variables.
Les lésions du mouvement offrent tantôt les caractères de l'hé-
miplégie, tantôt ceux de la paraplégie ; elles surviennent quelquefois
subitement avec une grande intensité ; mais plus souvent elles con-
sistent au début dans une faiblesse des membres, faiblesse qui va
s'aggravant de jour en jour. On observe en même temps l'abolition
partielle ou totale des fonctions de quelques sens, tels que l'ouïe, la
vue, ou bien la perte de la parole.
La paralysie est le phénomène le plus général : lorsque les hyda-
tides, d'un petit volume, sont disséminées dans diverses parties de
l'encéphale, elle ne survient que dans une période assez avancée de
la maladie. L'ensemble des phénomènes paralytiques diffère ordinai-
rement de celui qui accompagne une lésion aiguë de l'un des hémi-
sphères ; en effet, par sa situation, par son grand développement, ou
par sa multiplicité, le kyste hydatique exerce une compression sur
l'un et l'autre hémisphère ou bien en outre sur quelque nerf; de là
un ensemble de symptômes variables, et qui sont rarement associés
comme ils le sont dans les maladies du cerveau, que l'on observe
journellement. Les lésions accidentelles qui surviennent tôt ou tard,
comme l'épanchement sanguin ou séreux, le ramollissement, etc.,
viennent encore faire varier l'expression symptomatique de la ma-
ladie.
Dans plusieurs cas, les troubles de l'intelligence, l'hébétude, la
65fl AFFECTIONS VERMINKUSES DU SYSTEME NERVEUX CENTRAL
manie ou In démence, !e délire, ont accompagné la présence des hy-
datides, ont marqué le début ou n'ont paru qu'à la fin de la ma-
ladie; dans d'autres cas, l'intelligence s'est constamment conservée
intacte.
La marche de cette affection, lorsqu'il ne survient point quelque
lésion nouvelle du cerveau, est toujours lente. Sa durée, qu'il n'est
pas possible de préciser, est de plusieurs mois; elle peut être de plu-
sieurs années. La situation delà tumeur doit apporter des différences
très grandes dans la durée de l'affection, comme elle le fait dans la
marche des phénomènes. Dans le cas suivant on peut faire remonter
à quatre ans le début de la maladie :
Un garçon âgé de sept ans fut pris d'un affaiblissement progressif des
membres du côté gauche, affaiblissement qui persista sans changement no-
table pendant deux ans. Alors des douleurs de tête se rirent sentir dans le
côté droit, violentes et revenant à des intervalles irréguliers; elles s'accom-
pagnaient de vomissements répétés, sans perte de connaissance, ni trouble
des sens. Environ un an après, la céphalalgie revint avec une nouvelle vio-
lence, l'intelligence disparut, ainsi que la faculté d'articuler les mots. La pa-
role ne devint assez facile qu'environ deux mois après ; à cette époque, la
vue commença à se troubler, puis se perdit complètement. Elle resta dans cet
état pendant environ deux mois, après lesquels elle se rétablit un peu de l'œil
gauche.
Entré à l'hôpital des Enfants, dans le service de M. Blache, un mois en-
viron avant sa mort, et alors âgé de onze ans (quatre ans donc après le début
de la maladie), cet enfant présentait l'état suivant : intelligence nette, cécité
presque complète, pupilles dilatées, yeux hagards, strabisme divergent du
côté gauche, distorsion de la bouche, abaissement de la commissure gauche
des lèvres, la pointe de la langue déviée à droite; exaltation de la sensibilité
cutanée du bras et de la jambe gauches, affaiblissement musculaire du même
côté, sans roideur ni contracture; céphalalgie modérée, fonctions digestives
normales, selles et urines involontaires. Dans le cours du dernier mois, il se
manifesta à plusieurs reprises une céphalalgie intense, des vomissements,
perte de connaissance, ré-olution des membres gauches, puis contracture de
ces membres, convulsions, serrements des mâchoires, écume à la bouche non
sanguinolente, etc. ; mort dans le coma.
A l'autopsie, on trouva un kyste de la grosseur du poing, renfermant un
grand nombre d'acéphalocystes dont le volume variait depuis celui d'un pois
jusqu'à celui d'un œuf de pigeon. Il était situé à la partie supérieure et ex-
terne de l'hémisphère droit, ayant intéressé le corps calleux, la couche
optique, -la voûte à trois piliers, le septum lucidum, et ayant déterminé un
ClIliZ L'HOMME. — VERS VÉSICULAIRES. 654
épanchement abondant de sérosité dans les ventricules et autour du cer-
veau (I).
Généralement les symptômes s'aggravent, se multiplient progres-
sivement, et le malade s'éteint dans le coma; d'autres fois, le ra-
mollissement cérébral, l'apoplexie, l'épanchement séreux, etc.,
abrègent le cours de la maladie. La guérison est tout à fait excep-
tionnelle.
Les observations d'hydatides développées dans le cerveau ou dans
la cavité du crâne ne sont pas encore très nombreuses: nous donne-
rons ici une analyse sommaire de celles que nous connaissons (2).
A. — Hydatides développées dans le cerveau ou le cervelet.
1° Kyste unique.
Ier Cas (Mobrah).
Fille âgée de dix-neuf ans; pertes de connaissance subites et fréquemment
renouvelées ; abolition de l'ouïe, de la vue, de l'odorat ; hémiplégie du côté
droit ; stupeur apoplectique pendant six jours ; mort, deux ans après le début
des premiers phénomènes de la maladie.
Une hydatide longue de trois pouces et large de deux, dans l'hémisphère
droit (3).
(1) Faton, Bull. Soc anal, de Paris, 1848, ann. XXIII, p. 344.
(2) Un grand nombre de cas d'hydatides des centres nerveux sont rapportés par
d'anciens auteurs, mais la plupart de ces cas, sans doute, concernent des kystes
séreux, d'autres concernent peut-être des cysticerques.
" Aux hydatides appartiennent, probablement, un cas d'hydatides observées dans
le cerveau d'un enfant hydrocéphale, par J. P. Wurfbain [È.phem. nat. cur., déc. 2,
ann. IX, p. 427); — un cas de Lanciu, rapporté sans détails (De sub. mort. 1709,
liv. I, ch. xi, p. 50).
Aux cysticerques appartiennent peut-être un cas de Conrad Brunner, qui trouva
un grand nombre de vésicules? de la grosseur d'une tête d'épingle dans les corps
striés d'un enfant hydrocéphale (Ephem. nat. cur., déc. 3, ann. I, p. 252); — un
cas de Weikard, qui trouva des vers vésiculaircs dans les plexus ehroroïdes d'un
homme qui avait été sujet à de fréquents vertiges (Vermischte medizin. Schriften,
4° stiick, p. 102, cité parBrera); — deux cas d'hydatides de la pie-mère et plusieurs
cas d'hydatides grosses comme un pois situées dans les plexus choroïdes chez des
maniaques, par Ludwig (A dversaria med. pract., t. II, p. 480, Lipsiae, 1771).
M. Rostan rapporte une observation intitulée hydatide développe'e dans le lobe
moyen ; mais la description de cette hydatide ne se rapporte guère à un ver vésicu-
laire (Recherches sur le ramollissement du cerveau, 1823, obs. 95).
M. Andral rapporte un cas de kystes séreux développés dans la pie-mère (clin,
cit., t. III, p. 59), qui a été donné à tort par d'autres auteurs comme appartenant
aux hydatides.
(3) Obs. d'une hydatide dans le cerveau par Michel Morrah, chirurgien à Wor-
()52 AFFI.CTI0N5 VKHMIM.USKS DU SYSIK.MK M'.IiVKHX C1NT11AI.
II'' Cas (Milcknt). — Surface du cerveau.
Homme épileplique, mort dans une attaque.
Kyste hydatique entre deux circonvolutions du cerveau (1).
III1' Cas (Blacqe). — Surface du cerveau.
Il s'agit d'un homme âgé de trenle-quatre ans, sujet, depuis l'âge de cinq
ans, à des attaques d'épilepsie ; les accès, légers dans les premières années,
ne duraient que quelques minutes et se reproduisaient tous les huit ou dix
jours; leur fréquence et leur intensité augmentèrent progressivement. Depuis
trois mois, ils se reproduisaient plusieurs fois par jour: enfin, attaques vio-
lentes se succédant sans interruption, stupeur profonde; mort.
Kyste hydatique du volume d'une noix, sur la convexité de l'hémisphère
gauche, entre les méninges et la substance du cerveau, qui était saine par-
tout (2).
IVe Cas (Becquerel et Séguin). — Lobe antérieur et moyen.
Fille âgée de treize ans. Accès de céphalalgie, de convulsions épilepti-
formes; perte de l'intelligence, de la vue; vomissements, hallucinations, ra-
lentissement du pouls, paraplégie, coma ; mort après six mois de maladie.
Kyste hydatique volumineux dans l'hémisphère gauche du cerveau, occupant
tout le lobe antérieur et la moitié du lobe moyen, formant une cavité longue
de quatre pouces et large de deux.
Kystes hydaliques volumineux dans les poumons, le foie et le mésen-
tère (3).
Ve Cas (Faton). — Rapporté ci-dessus, p. 650.
VIe Cas (Guérard). — Lobe moyen.
Hémiplégie incomplète. — Hydatide de la grosseur d'un œuf de poule, au
centre du lobe moyen du cerveau (4).
VIIe Cas (Barth). — Lobe moyen.
Femme, vingt-cinq ans; paralysie du bras droit depuis quatre mois, parole
altérée, céphalalgie à gauche, hébétude ; mort presque subite.
Hydatide unique au-dessus du ventricule droit du cerveau (5).
thing, communiqué par J. Yelloly (Medico-chirurg . transact., vol. II, 1813, et
Journ. gén. deméd. de Sédillot, t LII, p. 342, 1815).
(1) Milcent, Bull. Soc. anat., ann. XVIII, p. 9, 1843.
(2) Bull. gén. de thérapeutique, t. XXXII,p. 237, 1847.
(3) Becquerel, Gazette méd. de Paris, 1837, p. 406 ; Séguin, Bulletin Soc. anat.,
ann. XII, 1837, p. 37 ; Aran, mém. cit., p. 87.
(4) Guérard, Bull. Soc. anat., ann. X, 1835, p. 4.
(5) Barth, BuU. Soc. anat., ann. XXVII, 1852, p. 108.
CHEZ L'iJOMMr. — VEKS VÉSKHXAIRES. 653
VIIIe Cas (Zeder). — Ventricules (rapporté ci-dessus, p, 644).
IXe Cas (Rendtorff). — Ventricule latéral.
Fille âgée de huit ans; douleurs rhumatoïdes dans les membres, intelli-
gence diminuée, vomissements, attaques épileptiformes, affaiblissement para-
lytique du côté gauche, cécité, perte de l'odorat, hémiplégie et refroidisse-
ment des membres gauches; mort.
Hémisphère droit d'un tiers plus volumineux que le gauche, masse énorme
d'hydatides dans le ventricule latéral ; échinocoques dans les hydalides (1).
Xe Cas (Headington). — Ventricule latéral.
Enfant âgé de onze ans ; obscurcissement de la vue, suivi de cécité complète
en un an ; affection choréique, perte de la parole, hémiplégie du côté droit cé-
phalalgie, intelligence nette, coma pendant cinq semaines; mort un an après
l'attaque d'hémiplégie, deux ans après le début de la maladie.
Hydatide contenant 500 grammes de liquide, dans le ventricule latéral
gauche (2).
XIe Cas (Cazeaux). — Plexus choroïde.
Hémorrhagie cérébrale considérable. — Kyste hydatique dans le plexus
choroïde (3).
XII0 Cas (Martinet). — Lobe postérieur.
Homme; céphalalgies fréquentes, vertiges ; mortsubite. — Hydatide grosso
comme un œuf de poule, dans le lobe postérieur droit du cerveau (4).
XIIIe Cas (Leroux). — Lobe postérieur et cervelet.
Homme, vingt-cinq ans; céphalalgie continue; vomissements fréquents,
faiblesse extrême, défaillances, syncopes. — Masse d'hydatides de la grosseur
d'un œuf de poule, vers les lobes postérieurs du cerveau et du cervelet (5).
XIVe Cas (Carrère). — Lobe moyen? et postérieur.
Il s'agit d'un homme, âgé de vingt-quatre ans, atteint de maux de tête
habituels depuis quatre ans. Le 21 avril 4 824, la vue se trouble; il chan-
celle sur ses jambes; le lendemain, agitation perpétuelle de la tête, regard
fixe, yeux troubles, hébétation, délire; il tourne dans son lit ; application de
la camisolle de force ; mort le matin.
(1) Rendtorff, Dissert, de hydat. prœsertim in cerebro humano repert., cap. 10,
p. 22, Berlin, 1822 ; — Breniser, ouv. cit., p. 538; — Livois, Rech. sur leséchino-
coques, p. 100, Thèse, Paris, 1843.
(2) Headington dans Abercrombie. Mal. de l'encéph., trad., p. 482, 2e éd.,
Paris, 1835.
(3) Cazeaux, Bull. Soc. anat., ann. VIII, 1833, p. 106.
(4) Martinet, Revue méd , t. III, 1824, p. 20, et Aran, mém. cit., p. 94.
(5) J.-J. Leroux, Cours sur les gêner, de méd. prat., t. II, p. 12, Paris, 1825.
G.Vi AFFECTIONS YKIt.MINEUSES DU SYSTEME NEHVEUW CENTRAL
Ilydatido de la grosseur d'un œuf de poule d'Inde à la partie postérieure
el un peu latérale du lobe droit du cerveau au-dessous du ventricule la-
téral (1).
XV0 Cas (Blin). — Cervelet.
Femme âgée de vingt-trois ans ; céphalalgie depuis neuf mois, marche dif-
ficile sans paralysie, bourdonnements d'oreilles, vomissements ; mort presquo
subite. — Kyste hydatique du volume d'une petite noix à la face supérieure
du lobe gauche du cervelet (2).
2° Kystes multiples.
XVIe Cas (Tonnelé). — Deux, kystes; lobe antérieur.
Le lobe antérieur droit du cerveau contenait, à la partie moyenne, deux
hydatides acéphalocystes, du volume d'une grosse noisette, comme enchalon-
nées dans son tissu.
Les symptômes de la maladie n'avaient point fait soupçonner d'affection céré
brale ; la mort a été occasionnée par des lombrics et des abcès dans le foie (3)
XVIIe Cas (Chomel). — Deux kystes? hémisphère droit.
Couturière, vingt-cinq ans; douleurs de tête intolérables; dix jours après,
engourdissement du membre inférieur gauche ; au bout de six semaines, para-
lysie du membre supérieur gauche ; entrée à l'hôpital quatre mois après. Hé-
miplégie gauche, dilatation de la pupille droite avec affaiblissement de la vue,
accès épileptiformes irréguliers, état comateux; mort cinq mois après l'en-
trée à l'hôpital. — Deux hydatides dans l'hémisphère droit du cerveau (4).
XVIIIe Cas (Calmeil). — (Rapporté ci-dessus, p. 646).
XIXe Cas (Léveillé). — Kystes nombreux.
Homme, vingt-sept ans ; céphalalgie habituelle, exaspération des douleurs
mort prompte.
Hydatides nombreuses dans les méninges et à la surface du cerveau, dan:
le corps calleux, le lobe moyen gauche, la couche optique droite, etc. (5).
XXe Cas (Montansey). — Kystes nombreux dans le cerveau, le cervelet
la moelle épinière.
Femme idiote et épileptique. — Un grand nombre d'hydatides à la surfac<
(1) Carrère, Dict. de médecine, de chirurgie et d'hygiène vétérinaire par Hurlre
d'Arboval cit., 1839, t. VI, p. 157, art. Tournis.
(2) Blin, Bull. Soc. anat., ann. XXVI, 1851, p. 158.
(3) Cas d'hydatides du cerveau avec lombrics dans le foie ; voyez ci-dessus
p. 165, cas XXXI.
(4) Gaz. des hôpitaux, t. X, 1836, p. 619.
(5) Léveillé, Àrch. gén. deméd., t. XIII, 1827, p. 443, extrait des Séances d
l'Acad. roy. de méd., 6 févr. 1827.
CHEZ L'HOMME. — VERS VÉSICULAIRES. . 055
et dans l'épaisseur du cerveau et du cervelet; une vingtaine dans l'épaisseur
de la moelle épinière (I).
XXIe Cas (Aran et Michéa). — Kystes nombreux.
Homme âgé de vingt-trois ans ; accidents variés, céphalalgie, somnolence,
accès épileptiformes, hébétude, affaiblissement de la vue, puis cécité presque
complète ; mouvements lents. — Hydatides multiples, situées dans différentes
régions du cerveau, l'une en rapport avec le nerf optique gauche (2).
XXIIe Cas (Forget). — Kystes nombreux.
Homme, vingt-quatre ans; fatigue dans les membres depuis six mois, at-
taques d'épilepsie, céphalalgie, faciès hébété, surdité, faiblesse de la vue, pu-
pilles dilatées; point de paralysie ni de contracture des membres; douleurs
dans les membres, marche mal assurée ; urines involontaires, diarrhée.
Autopsie. La surface du pont de Varole, de la partie supérieure de la moelle
allongée et de la face inférieure des deux lobes du cervelet, est couverte d'hy-
datides nombreuses dont le volume varie depuis celui d'un grain de chènevis
jusqu'à celui d'une aveline. Les hydatides sont libres ou légèrement adhé-
rentes à la pie-mère, le tissu de l'encéphale est exempt d'altérations (3).
B. — Hydatides développées ou situées en dehors des méninges.
Ier Cas (Dupuytren, Rostan, Gendrin, Choisy).
Homme âgé de trente-six ans ; accès de céphalalgie, atrophie de la moitié
de la langue, douleurs et fourmillements dans les membres, aphonie, déglu-
tition difficile; intelligence nette; mort inopinée.
Kyste hydatique de la grosseur d'un œuf d'oie dans la fosse occipitale
gauche; un prolongement du kyste faisant hernie dans le trou condylien an-
térieur gauche, et un autre dans le trou déchiré postérieur du même côté ;
compression des nerfs glosso-pharyngien, pneumo-gastrique et hypoglosse;
usure des os en rapport avec l'hydatide (4).
IIe Cas (Lagoht).
Femme âgée de quarante-cinq ans ; œil droit altéré, ramolli ; narine et
cavité buccale du même côté insensibles ; langue non déviée, coma ; mort.
(1) Montansey, Bull. Soc. anal, de Paris, ann. II, 1827, p. 188.
(2) Aran, Mém. sur les hydatides de l'encéphale, dans Arch. gén. de méd.,
3esér., t. XII, 1841, p. 98, etMichéa, Gaz.méd.de Paris, t. VIII, n° 47, 1840, p. 747.
(3) Forget, Gaz. méd. de Strasbourg, 1846 et Gaz. méd. de Paris, t. I, p. 975,
1846.
(4) Dupuytren, Leç. de clin, chirurg., 1. 1, p. 403 et t. III, p. 364, Paris, 1832-
1833. —Choisy, Bull. Soc. anat., ann. VII, p. 114 et ann. VIII, p. 6, 1833.
— Gendrin, dans Abercrombie, ouvr. cit., p. 627.
(>f>() AFFECTIONS VERM1NEUSE3 nu SYSTÈME .\KU\I.IX CENTRAL
Hydatido se prolongeant sous la dure- mère avec le nerf de la cinquième
paire ; destruction du ganglion de Gasser (<l ).
III0 Cas (Giikgoryj.
Homme âgé du vingt et un ans ; attaques épileptiformes, perte de la vue,
de la mémoire, etc. — Tumeur de la grosseur du poing contenant un grand
nombre d'hydatides, située entre la dure-mère et le crâne.
Le même auteur rapporte deux cas d'hydatides multiples du cerveau, qui
sont probablement des cyslicerques (2).
IVe Cas (Moulinié). — (Rapporté ci-dessus, p. 648).
V Cas (Guesnard). ■ — (Rapporté ci-dessus, p. 559).
C. — Hydatides en rapport avec la glande pituitaire.
Ier Cas (Soemmemng) .
« Je possède, dit Bremser, quelques échinocoques provenant do la glande
pituitaire, que je dois à la bonté de M. Soemmering ; ces vers sont encore
plus petits que les graines de sénevé (3). »
IIe Cas (Guesnard).
Une vésicule hydatique était placée dans le foyer pituitaire, entre la portion
osseuse du corps du sphénoïde et la dure-mère (4).
IIIe Cas? (Esquirol).
Des hydatides existaient dans toute la longueur de la moelle épinière ; un
kyste rempli d'un fluide brun rougeâtre était contenu dans la glande pitui-
taire (5).
CHAPITRE II.
PHÉNOMÈNES ET LÉSIONS DÉTERMINÉS PAR LES CYST1CE RQUES.
Le volume constamment petit du cysticerque laclrique, sa multi-
plicité habituelle apportent dans les phénomènes pathologiques qu'il
détermine, dans la succession et la marche de ces phénomènes, des
différences importantes, si on les compare avec les effets pathologi-
ques que déterminent les hydatides.
(1) Lagout, Bull. Soc. anat., ann. XX, 1845, p. 300etann. XXI, 1846, p. 13.
(2) G. Gregory, The médical Times et Gaz. méd. de Paris, t. IV, 1849, p. 665.
(3) Bremser, ouvr.cit, p. 304.
(4) Voy. ci-dessus, liv. II, part, n, obs. ccliii.
(5) Voy. ci-après, 2e division, Vers de la moelle épinière, p. 669.
CHEZ L' HOMME. — VERS VÊSICULAIRES. 657
Les cysticerques du cerveau existent quelquefois en grand
nombre, soit accumulés dans une seule région, soit, mais plus sou-
vent, disséminés. Dans la plupart des cas, les cysticerques sont logés
dans la substance cérébrale, la pie-mère ou dans les plexus cho-
roïdes, plus rarement dans la substance médullaire du cerveau et,
dans ce dernier cas même, souvent il en existe aussi dans les mé-
ninges.
Comme les hydatides, les cysticerques sont revêtus par une mem-
brane mince de tissu cellulaire qui leur forme un kyste; dans la
substance du cerveau, le kyste est très mince ou réduit à quelques
trac/us filamenteux.
On trouve fréquemment les cysticerques du cerveau dénaturés ou
ayant subi des altérations profondes. Les altérations portent, d'une
part, sur la vésicule qui est devenue plus ou moins globuleuse, plus
volumineuse, sans jamais cependant avoir acquis un grand volume,
irrégulière, quelquefois divisée en lobules ou même double; d'une
autre part, elles portent sur la tête dont le rostre et les ventouses
sont envahis par une matière noirâtre, pigmentaire. Les crochets
sont recouverts à leur base par cette matière. Dans une période
plus avancée on les trouve en désordre, diminués de nombre ou
même ils ont disparu. L'ouverture de la vésicule rétrécie ou obli-
térée ne laisse plus sortir le corps; la tête invaginée dans celui-ci
ne peut non plus en être extraite par une pression ménagée ; sa
présence ne peut être reconnue que par la dilacération des parties
(voy. le Synops., n" 9).
Ces altérations sont en rapport avec l'ancienneté des cysticer-
ques. Les différences qu'elles apportent dans l'apparence et dans la
constitution de ces êtres ont été regardées comme normales par plu-
sieurs helminthologistes, qui, d'après ces caractères, ont établi des
espèces nouvelles. Elles ont fait méconnaître à quelques patholo-
gistes la véritable nature des corps observés.
Ces altérations, que l'on retrouve chez des cysticerques provenant
de certains individus qui ont offert des phénomènes cérébraux appa-
rents dans les derniers jours seulement de leur existence, ces altéra-
tions, disons -nous, témoignent que ces vers vésiculaires peuvent
exister longtemps sans déterminer des accidents notables ; et l'on
conçoit que, situés dans la pie-mère, dans les plexus choroïdes, limités
à un petit volume, ils n'ont qu'une action fort restreinte sur la sub-
Davaine. ' 42
$58 AFFECTIONS VEKMiNEUSES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL
stance même tle l'encéphale; on conçoit surtout que, à moins qu'ils
ne soient accumulés en grand nombre en un point, ils n'exerceront
pas sur le cerveau une compression suffisante pour abolir ses fonc-
tions. L'observation s'accorde avec la théorie, et nous nous plaisons
à rappeler que M. Calmeil avait déjà signalé ce fait (1). Dans
aucun cas de cysticerque, nous n'avons vu signalée une paralysie
des membres ayant une longue durée; dans les cas d'hydatides mul-
tiples et disséminées, nous avons fait la même remarque.
Les phénomènes pathologiques déterminés par la présence des
cysticerques sont chroniques ou aigus : dans l'état chronique, on a
vu des attaques épileptiformes apparaissant de loin en loin , un dé-
lire monomaniaque, l'hébétude, ou la démence. Après une durée de
plusieurs années, même sans changement notable, ces phénomènes
ont été tout à coup interrompus par l'apparition de nouveaux sym-
ptômes déterminés, soit par l'irritation, par l'inflammation du cer-
veau ou des méninges, soit par un épanchement sanguin ou séreux.
Ces symptômes consistaient dans des secousses convulsives géné-
rales ou partielles, clans le délire, l'agitation, la fièvre, le coma, etc. ,
qui entraînaient en quelques jours la perte du malade.
Dans d'autres cas, la présence des cysticerques ne s'était mani-
festée par aucun signe, lorsque les symptômes d'une affection aiguë
du cerveau sont apparus. Chez ces malades, la céphalalgie, des
tremblements des membres et des mâchoires, des attaques convul-
sives, le délire, l'agitation, l'accélération du pouls, la difficulté de
la respiration, la prostration, le coma, etc., surviennent, se suc-
cèdent, s'aggravent, et l'individu succombe après quelques semaines
ou quelques jours seulement de maladie apparente.
Il se peut que plusieurs des observations rapportées aux hydatides
multiples, disséminées dans plusieurs parties de l'encéphale, n'aient
été que des cas de cysticerques ; les phénomènes pathologiques ob-
servés dans ces deux affections sont très analogues,
A. — Cysticerques situés principalement dans la substance du cerveau.
Ie1' Cas(Laennec).
Homme, soixante ans; lassitudes depuis six semaines ; absence de para-
lysie, de délire ; céphalalgie.
1) Dict. de médecine, cit.. art. Enceph. , p. 585.
CHEZ L'HOMME. — VERS VÉS1CULAIRES. 659
Un cyslicerque dans la couche optique gauche, un autre à la partie pos-
térieure inférieure de l'hémisphère droit, plusieurs dans les muscles (1). J
IIe Cas (Laennec).
Homme de cinquante ans ; attaque d'apoplexie; mort quatre jours après.
Un cysticerque dans une partie non indiquée du cerveau (2).
111" Cas (Himly).
Homme mort d'un cancer. — Grand nombre de cyslicerques dans les mus-
cles et dans le cerveau (3).
IVe Cas (Calmeil).
Homme âgé de quarante-sept ans ; somnolence, tremblements des mâ-
choires, délire, faiblesse, agitation, pas de paralysie.
Plusieurs cyslicerques à la surface de l'hémisphère gauche du cerveau,
quatre dans la substance de l'hémisphère droit (4).
■ Ve Cas (Nivet et Maiuolin). '.
Homme âgé de cinquante-six ans; attaques d'épilepsie; érysipèle phleg-
moneux grave à la jambe, gangrène ; mort en peu de jours.
Huit cyslicerques dans la pie-mère et la substance grise des hémisphères,
un cyslicerque dans la substance blanche (5).
VP Cas (Bouvier).
Femme âgée de quatre-vingt trois ans ; léger affaiblissement de l'intelli-
gence ; faiblesse du membre inférieur (ou supérieur?) gauche; pneumonie.
Grand nombre de cysticerques à la surface des hémisphères cérébraux,
au-dessous de la pie mère et dans la substance grise; plusieurs dans
les couches optiques et surtout dans celle du côté droit, dans le bord posté-
rieur du corps calleux, entre les lames du cervelet. Chacun est renfermé dans
un kyste (6).
VIP Cas (Aran el Michéa).
, Homme âgé de cinquante- trois ans; attaque d'hémiplégie à droite disparue
promplemenl; cinq mois après, nouvelle attaque d'hémiplégie à gauche rem-
placée le lendemain par de la faiblesse de ce côté; sensibilité et intelligence
(1) Laennec, obs.cit. ci -dessus, p. 627.
(2) Laennec, mém. cit., p. 61.
(3) Himly, obs.cit. ci-dessus, p. 627.
(4) Calmeil, Observ. de cyslicerques dans l'encéphale {Journ. hebdom. de méd.
Paris, 1828, t. I, p. 44).
(5) Nivet, Observ. de cyslicerques du, cerveau, dans Arch. gen. demed., 3eséi\,
t. VI, p. 480, Paris, 1839.
(6) Bouvier, Bull. Acad. roy. de médecine, 1840, t. IV, p. 536.
660 AFFECTIONS VERMINEUSES DU SÏSTÈME NERyEUX CENTRAL
intactes, puis délire, liallucinalions, agitation, attaques épilepliformes, etc. ;
mort huit jours après la seconde attaque.
Une douzaine do cysticerques ? dans la pie-mère; plusieurs disséminés
dans la substance grise et la substance blanche des hémisphères, dans la
couche optique gauche, les corps striés . la protubérance ; deux dans les
plexus choroïdes, un autre libre dans le ventricule latéral (1).
VIII1' Cas (Louis).
Homme âgé de cinquante-quatre ans; intelligence et fonctions cérébrales
intactes ; phthisie pulmonaire et laryngée, léger délire la veille de la mort.
Une vingtaine de cysticerques (altérés) ? à la surface du cerveau oa dans sa
substance (2).
IX'' Cas (Leudet).
Femme âgée de vingt-huit ans , attaques épilepliformes pendant les trois
dernières années de la vie, céphalalgie habituelle, expulsion d'un ténia V, gros-
sesse; affaiblissement considérable de la vue; pas do paralysie du sentiment
ni du mouvement; accidents cérébraux aigus; mort.
Dix-sept cysticerques dans la pie-mère ou la substance grise de la surface
du cerveau, le corps strié, la couche optique gauche; trois dans le cervelet.
Une vingtaine de cysticerques dans les muscles des membres supérieurs (3).
Xe' Cas (Davaine et Duplay).
Vieillard en démence depuis environ dix ans. — Huit ou dix cysticerques
disséminés dans les méninges et dans la substance du cerveau.
XIe Cas (Bouchut).
Tille âgée de dix ans; hémichorée droite, avec hémianalgésie gaucho.
Scarlatine, albuminurie; mort, subite.— ■> La partie postérieure de l'hémisphère
droit du cerveau offre à sa surface, mais contenu dans l'épaisseur même de
sa substance, un petit kyste de la grosseur d'une petite noisette contenant
deux cysticerques ; aucun dans les muscles (4). »
B. — Cysticerques situés principalement dans les méninges.
XIIe Cas (Caljieil).
Jeune homme, épilepsie, délire monomaniaque, absence de paralysie, phlé-
bite suite d'une saignée; mort.
Trois cysticerques à la surface de l'hémisphère droit (5).
(1) Aran, Mém.surles hydalides, cité, obs. v, et Michéa, Mém. cil., p. 746,1841.
(2) P. C. Louis, Recherches sur la phlhisic, 2e édit., obs. 8, p. 162, Paris, 1813.
(3)E. Leudet, Comptes rendus Soc. biologie, 1" série, t. V, p. 24, ann. 1S53,
Paris, et Bull. Soc. anat., ann. XXVIII, p. 91.
(4) Bouchut, Gaz. des hùpilaux, 1857, p. 81.
(5) Calmeil, Dict. deméd. en 30 vol., t. XI, p. 584, art. Ekcéujale, Paris, 1835.
CHEZ, L' HOMME. — VEKS VÉSKIÙT:. AIRES. 6fil
XIII0 Cas (Lebert).
Homme sujet à de longs évanouissements. — Cysticerques à l'extérieur du
cerveau (pas de détails) (I).
XIV Cas (Nivbt).
Homme âgé de quarante-trois ans; coliques, agitation, délire, bourdonne-
ments d'oreille, parole lente, sensibilité intacte, pas de paralysie; mort après
douze jours de maladie. — Quatorze cysticerques (altérés) disséminés dans !a
pie-mère et dans la substance grise des hémisphères (2).
XVe Cas (Drewry-Ottley).
Femme âgée de quarante ans; étourdissements remontant à deux ans, en-
gourdissement et demi-paralysie du membre supérieur droit, troubles de l'in-
telligence, difficultés dans la prononciation , attaques épileptiformes fré-
quentes, céphalalgie permanente.
Un grand nombre de kystes dans la pie-mère, s'enfonçant un peu dans
la substance "grise. Cysticerque dans chaque kyste; nombre des kystes plus
considérable à gauche. Aucun dans la substance blanche, ni dans les plexus
choroïdes; substance cérébrale partout saine (3).
XVIe Cas (Frédault).
Femme âgée de quatre-vingt- quatre^ans; point de céphalalgie habituelle ;
point d'affaiblissement musculaire, ni de paralysie du sentiment ou du mou-
vement; attaque d'apoplexie; mort en quelques heures.
Une vingtaine de cysticerques dans le tissu sous-arachnoïdien, ou plus ou
moins enfoncés dans la substance grise; ces cysticerques avaient subi un com-
mencement d'altération sénile (4).
XVIIe Cas (Bouchut).
Fille âgée de six ans ; fièvre typhoïde, méningite suppurée. — Deux cysti-
cerques dans une anfractuosité de la surface du cerveau, sous l'arachnoïde;
aucun dans les muscles (5).
XVIIP Cas (Jeffries Wyman).
Un cysticerque libre à la surface interne de la dure-mère, près de l'apo-
physe crista galli (cas rapporté, p. 634).
(1) Lebert, Bull. Soc. anal, de Paris, 1837, ann, XII, p. 38.
(2) Nivet, Observ. de cysticerques ladriques du cerveau; Areh. gén. de méd.,
3e série, t. VI, p. 478, Paris, 1839.
(3) Docteur Drewry-Ottley, London medic. chir. Trans., t. XXVII, 1844; —
Arch. gén. de méd., 1848, t. XVI, p. 372; — Gaz. hôp., 1848, p. 149.
(4) Frédault, Note sur un nouveau ver vésiculairc trouvé dans le cerveau (Gaz.
méd. de Paris, 1847, p. 311).
(5) Bouchut, Gaz. des hôpitaux, 1857, p. 77.
662 AFFECTIONS VEUMINEUSES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAT,.
C, — Cysticerques dans les plexus choroïdes.
I"' Cas (Imsciikr).
Jeunohomme, mort du typhus en 1788. — Vingt-trois cysticerques attachés
aux plexus choroïdes (4).
II" Cas (TnEUTLEit).
Femme âgée de vingt-huit ans, morte d'hydropisie avec des symptômes
d'une affection cérébrale ancienne. — Dix-sept cysticerques dans les plexus
choroïdes ; désorganisation étendue du cerveau ; excroissances osseuses de
la base du crâne (2).
IIIe Cas (Brera).
Il s'agit d'un homme âgé de cinquante ans, sujet aux fièvres intermit-
tentes depuis trois mois. « Il fut attaqué en route, dans la matinée du 26 no-
vembre '1797, d'une violente torpeur des extrémités inférieures; s'étant traîné
chez lui d'un pas incertain et vacillant, il fut tout à coup pris d'une douleur
violente dans la partie supérieure de la lête, et à l'instant qu'il appelait du
secours, il tomba par terre sans connaissance, » il mourut dans la nuit sui-
vante sans avoir repris connaissance.
Deux grappes de cysticerques s'étendaient le long des plexus choroïdes (3).
IV0 Cas (Steinbuch et LoschgeJ. "
Cinq cysticerques dans les plexus choroïdes ; vingt dans les muscles (cas
rapporté ci-dessus, p. 627).
Ve Cas (Calmeil).
Homme âgé de soixante- cinq ans ; douleur à la jambe, sensibilité et mou-
vements intacls ; délire, prostration ; mort en quatre jours.
Un cyslicerque dans chaque plexus choroïde (4).
Voyez encore: 1° un cas de cysticerques du cerveau observés par M. An-
dral, cas rapporté dans la thèse de M. Fauconneau-Dufresne; 2° une obser-
vation de Romberg indiquée dans le Journal compîéménlàifè, t. XIX, p. 276.
(i)J.-L. Fischer, Tœniœ hydaligenœ in plexu choroideo nuper inventes hktoria,
Lipsiae, 1789.
(2) Treuiler, Mém. cit., p. 1, De nova specie tœniœ (albopunctatœ).
(3) Val. Louis Brera, Traité des maladies vermineuses, trad., p. 32, Paris, 180i.
(4) Calmeil, Observ. de cysticerques dans l'encéphale (Journ. hebdom. de m éd.,
t. I, p. 44, Paris, 1828).
VliRS YÉSICUr.AIRES. — TOURNIS. fif>3
TROISIÈME SECTION.
DU TOURNIS DANS SES RAPPORTS AVEC LES VERS VÉSICULAIRES.
Par la lenteur de leur développement, par les dimensions qu'il
atteignent, le cœnure et l'hydatide sembleraient devoir déterminer
des phénomènes pathologiques identiques ; sous plusieurs rapports,
en effet, ces phénomènes ont une analogie complète : avec l'un comme
avec l'autre ver vésiculaire, l'affection cérébrale a une marche lente,
une durée longue, une intensité progressive ; l'un et l'autre finissent
par produire une paralysie des organes du mouvement, des organes
des sens; l'un et l'autre entraînent nécessairement la mort. Mais ce
phénomène singulier qui constitue le tournis, c'est-à-dire le tour-
noiement tel qu'il existe chez le mouton affecté de cœnure, n'a été
signalé dans aucun cas d'hydatide ; et néanmoins, nous possédons
des observations déjà nombreuses de ce dernier ver, dans lesquelles,
outre le développement lent et le volume considérable-, le siège dans
l'un des hémisphères du cerveau, l'absence d'un kyste notable sem-
blent assimiler complètement dans ses rapports avec l'organe cen-
tral du sentiment et du mouvement, l'hydatide au cœnure.
La différence remarquable dans l'expression symptomatique de
l'affection déterminée par l'un et l'autre entozoaire cystique n'a point
été l'objet, que nous sachions, des méditations des pathologistes;
elle ne trouve point non plus une explication satisfaisante dans les
théories qui ont été données des phénomènes du tournis.
La plus généralement reçue consiste à regarder le tournoiement
comme un phénomène de paralysie, comme l'effet de l'hémiplégie
incomplète déterminée par la compression des centres nerveux.
Cette explication n'est pas admissible : si le tournoiement était oc-
casionné par un affaiblissement paralytique, il existerait chez l'homme
qui aurait une hydatide dans l'un des hémisphères du cerveau ; chez
le mouton et le bœuf, on observerait toujours la faiblesse ou la' pa-
ralysie du côté autour duquel se fait le tournoiement ; or, ces phéno-
mènes de paralysie sont très incertains et variables ; mais, en outre,
la tendance au tournoiement diminuerait à mesure que l'affaiblis-
sement augmenterait, et c'est le contraire qui a lieu: les accès de
tournis deviennent plus fréquents et plus longs, la marche dans le
tournoiement devient plus rapide, les cercles concentriques deviennent
de plus en plus petits, à mesure que le cœnure acquiert plus de dé-
66& AFFKCTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME NHRVFUX CENTRAL.
veloppement, à mesure que la faiblesse augmente, et jusqu'à ce que
la maladie ne permette plus la station ni la marche.
Le tournoiement nous paraît êlre un phénomène d'excitation, et
non un phénomène d& dépression des fonctions, et l'explication nous
paraît devoir être fournie par la constitution même du cœnure ; en
effet, ce ver vésiculaire est pourvu de têtes exsertiles dont le nombre
peut s'élever à plusieurs centaines et qui sont susceptibles de se
porter jusqu'à 4mm ,5 au dehors de la vésicule commune. Ces têtes
peuvent donc se plonger assez profondément dans la substance cé-
rébrale qui doit recevoir une vive stimulation dans les moments où
elles sortent en grand nombre de leur vésicule (1).
Avec l'âge du ver, le nombre des têtes du cœnure s'accroît et les
points de contact avec l'encéphale deviennent plus multipliés, en
sorte que si l'on explique les phénomènes du tournis par une incita-
tion portée sur l'un des hémisphères du cerveau, on expliquera en
même temps d'une manière satisfaisante la fréquence et la durée des
accès, l'accélération de la marche d'autant plus grande que l'affec-
tion est plus ancienne, c'est-à-dire que les têtes sont plus nombreuses ;
et l'on expliquera mieux que d'aucune autre manière le tournoie-
ment autour du côté affecté, car l'excitation de l'hémisphère où siège
le cœnure devra, dans bien des cas, communiquer son action aux
muscles du côté opposé, et, accélérant les mouvements et la marche
de ce côté seulement, la progression aura lieu en tournant autour du
côté non excité (2).
Une incitation semblable n'est jamais produite par une hydatide,
quel que soit son volume et quoiqu'elle puisse être, comme le cœnure,
en contact immédiat avec la substance cérébra'e même ; les iêles
des hydatides ou les échinocoques sont, en effet, toujours internes
et ne viennent, dans aucun cas, en contact avec la substance céré-
brale qu'elles ne peuvent par conséquent exciter en aucune ma-
nière.
D'après ces considérations, les cysticerques, dont la tête estexser-
tile comme celles du cœnure, pourraient donner lieu au tournoiement
et, c'est en effet ce que prouve le fait suivant observé par Florman
chez le porc :
(1) C. Davaine, DeVaclion du cœnure sur le cerveau (tournis) (Mém. Soc. biologie,
t. IV, p. 117, ann. 1857).
(2) It se peut que l'excitation de certaines parties des hémisphères cérébraux
n'ait point d'effet croisé, ce qui expliquerait le tournis du coté opposé au cœnure;
les observations de M. Reynal tendent à éclairer cette question (voy. p. 641, note).
VEl'.S VÉSrCULAIRKS. — TOUKNIS. 665
» Observatio maxime memorabilis, dit Rudolphi, suis scilicet annum nati,
» vertiginosi, sinistroçsum in circulosacti.qui semper minores describerenlur.
» Beslia se suadente mactata, amicus plurimos inter colli musculos, multos in
» pia matre et subslantia corticali, paucos in medullari, sed viginti cysticercos
» solutos, nullibi affixos in venlriculo Iaterali dextro reperit.
, » Yertigo suis hoc modo certè facile explicata (1). »
Si le tournoiement ne s'observe pas fréquemment chez le porc
ladre, cela peut tenir à ce que les cysticerques sont en général dissé-
minés dans tout l'encéphale, or dans les cas de cœnures multiples, il
n'y a pas toujours non plus de tournoiement; cela peut tenir encore
à ce que les cysticerques sont le plus ordinairement situés dans les
méninges et enveloppés d'un kyste fibreux; enfin le cysticerque est
pourvu d'une seule tête, tandis que lecœnure est pourvu d'un grand
nombre de têtes qui sont toujours en rapport avec la substance céré-
brale même.
Par des raisons semblables, on comprend l'absence du tournoie-
ment chez l'homme affecté de cysticerques du cerveau.
C'est en raisonnant d'après une fausse analogie ou par l'ignorance
des véritables phénomènes du tournis que quelques auteurs ont
admis l'existence de cette affection chez l'homme.
Le docteur Carrère a rapporté deux faits à l'appui de cette opi-
nion (2) : dans le premier de ces faits, observé par Brera, il n'est
nullement question de tournoiement (3) ; clans le second, le tournoie-
ment du malade n'avait point de rapport avec celui du mouton affecté
du tournis dont l'auteur ne connaissait sans doute point exactement
les phénomènes, car, voici en quoi ils consistaient chez son malade :
« C'est alors qu'il se livre, dit le docteur Carrère, à un nouveau
genre d'agitation que les personnes qui l'entourent ne connaissent
pas, il tourne dans son lit, se cache sous les couvertures ; le délire
redouble; application de la camisole de force (4). » Évidemment cette
manière de tournern'a point de rapport avec celle du mouton atteint
du ccenure.
(1) Rudolphi, Synopsis, p. 620, d'après A. H. Florman, in Kongl. vel. ac.
Ilandlingar for 1815, 8, p. 132, Stockholm, 1813.
(2) Docteur Carrère, Sur le tournis chez Vhomme comparé au tournis ches les
animaux (Rec. de méd. vel., t. 111, p. 491, Paris, 1 826).
(3) Voyez ci-dessus cette observation, p. 622.
(4) Docteur Carrère, me'm. cit., p. 498.
f)t)G AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL.
Attribuant le phénomène du tournis à la compression que le cœ-
nure exerce sur certaines parties de l'encéphale, le docteur Bellioinme
a pensé que, dans quelques cas de tumeurs intra-crâniennes, le
tournis devait se produire chez l'homme comme chez le mouton (1).
Mais nous avons montré que le tournis chez le mouton n'est pas
l'effet de la compression exercée par le cœnure; d'un autre côté lès
observations rapportées par l'auteur ne confirment nullement sa ma-
nière de voir (2).
DEUXIEME DIVISION.
vers en rapport avec la portion rachidienne de
l'encéphale.
Le cœnure, les hydatideset, sans cloute, les cysticerques, se déve-
loppant dans le canal rachidienoubien s'introduisant du dehors dans
ce canal, produisent tôt ou tard les phénomènes pathologiques que
détermine toute compression lente et progressive de la moelle épi-
nière. Ces phénomènes ne diffèrent point de ceux qui résultent du
développement dans la moelle ou dans le canal rachidien d'un corps
étranger quelconque. Ce sont la paralysie du mouvement et de la
sensibilité des parties situées au-dessous du siège du ver vésiculaire,
la constipation, la rétention de l'urine ou l'incontinence; phéno-
mènes ordinairement précédés de douleurs, de spasmes, de secousses
convulsives, et de fourmillements dans les membres.
Les douleurs peuvent être très vives, être fixées au siège même
du ver vésiculaire, ou suivre le trajet des gros troncs nerveux, appa-
raître par accès, être accompagnées de crampes ou de fourmillements
(1) Docteur Belhomme, Considérations sur le tournis chez les animaux et chez
l'homme comparé à V affection provenant de la lésion du cervelet et des pédoncules
(Bull, de l'Acad. de méd., 1837-1838, t. II, p. 880; — Rapport sur ce mém., même
recueil, t. III, p. 392, Paris, 1838-1839).
(2) Les faits rapportés par l'auteur sont les deux observations citées par le docteur
Carrère; une observation de M. Serres dans laquelle la lésion anatomique du cer-
veau ne consistait point dans une tumeur (E.-R. Serres, Anal. comp. du cerveau,
t. II, p. 623) ; enfin une quatrième observation qui lui appartient et dans laquelle
le tournoiement consistait dans une sensation éprouvée par le malade et dans le
roulement de l'individu assis sur une chaise. Ces phénomènes ne peuvent être
assimilés à ceux du tournis des ruminants atteints de cœnure.
MOELLE ÉPINIÈRE. — COENURE. 667
dans les parties qui perdent bientôt peu à peu la sensibilité et le
mouvement volontaire.
La paratysie occupe ordinairement les deux membres inférieurs,
la vessie, le rectum, et remonte plus ou moins haut suivant le siège
de la compression de la moelle. Un bras seulement peut être atteint,
au moins pendant un certain temps ; la respiration peut éprouver
une gêne qui devient de plus en plus forte.
Ces phénomènes surviennent nécessairement lorsque les vers vé-
siculaires sont situés à la région cervicale ou à la partie supérieure
de la région dorsale, mais ils peuvent manquer complètement lorsque
les vers sont situés à la partie inférieure du canal vertébral, dans la
région sacrée.
L'affection qui nous occupe dure plusieurs mois ou même plusieurs
années. La constitution finit par se détériorer, des eschares se for-
ment au sacrum et sur diverses parties du tronc et des membres, et
le malade succombe dans le marasme.
Les vers vésiculaires peuvent se développer dans l'intérieur de la
moelle même; M. Calmeil rapporte avoir vu un cœnure au centre de
la moelle lombaire d'un mouton. Ils peuvent se développer entre la
moelle et le canal osseux du rachis; peut-être alors dans la cavité de
l'arachnoïde spinale, comme le prouve un fait rapporté par Esquirol
en ces termes : » Des hydatides de divers volumes étaient contenues
dans le sac formé par l'arachnoïde, depuis le bulbe du cerveau jus-
qu'à l'extrémité lombaire du canal rachidien. » Mais plus souvent
les hydatides se sont développées en dehors du canal rachidien dans
lequel elles ont pénétré en élargissant les trous de conjugaison ou en
détruisant le tissu osseux même.
Il est arrivé aussi que des hydatides développées primitivement
dans le canal spinal, se sont portées à l'extérieur et sont devenues
accessibles à l'exploration et même aux instruments du chirurgien.
CAS DE VERS VÉSICULAIRES DANS LE CANAL. RACHIDIEN.
A. — Vers développés primitivement à l'intérieur de ce canal ou dans la moelle
épinière.
COENURE.
Ier Cas (Yvart).
Mouton ; pas de tournoiement ; paralysie des muscles du bassin et des
fi68 AFFECTIONS VERM1NEUSES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL.
membres postérieurs, — Cœnure de Fa grosseur d'une noisette dans le cerveau ,
un autre volumineux dans la moelle lombaire, ayant séparé les deux cordons
longitudinaux do cette moelle (l).
IIe Cas (Dupuy).
Dupuy présente à l'Académie de médecine un cœnure provenant d'un
agneau, âgé do dix-huit mois et atteint d'une paralysie des membros posté-
rieurs. Le cœnure, long de i pouces et de la grosseur du doigt, existait dans
la substance grise de la région lombaire. La moelle paraissait un peu rouge
autour de ce ver. Un cœnure semblable existait dans le cerveau do l'animal (2).
IIIe Cas (Calmeil et Delafond).
Mouton. — Cœnure volumineux au centre de la moelle lombaire. Hypérémie
de la substance nerveuse (3).
IVe Cas (Delafond et Valenciennes).
Agneau ; paralysie du membre postérieur gauche, et plus tard des deux
membres postérieurs ; tête inclinée vers la gauche. — Un cœnure dans l'hé-
misphère cérébral gauche ; un autre dans le cordon médullaire gauche do la
moelle épinière, à la hauteur de la troisième vertèbre lombaire (i).
V* et VIe Cas (Reynal),
Faiblesse du train postérieur, diminution de la sensibilité, paresse de la
vessie et du rectum, amaigrissement des muscles de la cuisse (5).
'(I) Yvart, Noie sur l'existence de cœnures cérébraux dans la moelle épinière du
mouton {Recueil de méd. vétérin., t. IV, p. 394, Paris, 1826).
(2) Acad. de méd. de Paris, 1827 ;■ séance du 25 septembre, dans Arch. gén,
de méd., t. XV, 458.
Un cas semblable, observé par le même auteur, est rapporté daus le Journal
pratique de médecine vétérinaire, 1830, et dans le Dict. Hurtrel d'Arboval, art. Hv-
datide,p. 131. D'après l'âge du mouton et la situation du cœnure, on peut juger
qu'il s'agit du cas observé en 1S27. Dans cet article il est dit que le cœnure était
de la grosseur d'une plume d'oie et long de 5 centimètres environ. Les têtes,
disposées par groupes, étaient au nombre de plusieurs centaines; les parties de la
moelle en rapport avec chacun de ces groupes étaient inégales, rugueuses, recou-
vertes d'une fausse membrane ; ces lésions de la moelle n'existaient pas sur les
parties en contact avec la vésicule lisse et unie du cœnure.
(3) Calmeil, Dict. de méd. en 30 vol., t. XX, p. 53, art. Moelle épinière,
Paris, 1839, et Valenciennes, cité ci-après.
(i) Valenciennes, Comptes rendus de l'Acad. des sciences, t. XI, V, p. 452,
oct. 1857, Paris.
(5) Reynal, Essai sur le tournis des bêtes ovines dans Recueil de méd. vét., 4e sér.,
1857, t. IV, p. 563.
MOELLE ÉPINIÈRE. — IIYDAT1DES. 0G9
UVDATIDES.
Ier Cas (Esquirol).
« Une femme est effrayée à l'âge de cinquante-trois ans; elle a des convul-
sions, reste épileptique. Les accès reviennent tous les deux ou trois jours et
sont très forts (cinquante-six ans). Depuis quelques mois les accès se rappro-
chent; cette femme meurt après un accès qui l'a laissée pendant cinq jours
dans un état comateux.
» Hydatides de divers volumes depuis le bulbe du cerveau jusqu'à l'extré-
mité lombaire du canal rachidien, contenues dans le sac formé par l'arach-
noïde-; ramollissement de l'extrémité lombaire de la substance médullaire. La
glande piluitaire contient un kyste rempli d'un fluide d'un brun ron-
gea tre (-1). »
IIe Cas (Rkïdellet).
Femme, vingt-deux ans. Pleurésie, douleur entre les épaules et au bras
droit, faiblesse de ce bras. Après trois ans, disparition de la douleur, persis-
tance de la faiblesse. Après quelques années encore, douleur dans la colonne
vertébrale. Extrémités inférieures insensibles, mouvements conserves. Para-
lysie de la jambe droite. Tumeur à la région lombaire, ouverture, issue d'un
grand nombre d'hydatides; canal vertébral ouvert, moelle à nu. Améliora-
lion. Suppuralion abondante, détérioration de l'économie, paraplégie. Mort
plus d'un an après l'ouverture de la tumeur (2;.
IIIe Cas (Mazet).
Homme. Abcès par congestion, point de paralysie. Mort. — Partie inférieure
du canal veilébral et canal sacré remplis d'hydatides. Carie du sacrum (3).
IVe Cas.(Cruveiliiier).
«j Une femme paraplégique portail sur la ligne médiane du dos, à la partie
supérieure des vertèbres lombaires, une tumeur grosse comme le poing, molie
et fluctuante. — A Vautopsie, je trouvai une poche hydatique, remplie d'acé-
phalocystes ; la tumeur, développée dans l'intérieur du canal rachidien, avait
érodé et écarté les lames vertébrales, faisait saillie sous la peau et comprimait
la queue de cheval (4). »
Ve Cas (Goupil).
Homme âgé de quarante ans. Faiblesse dans les jambes. Vingt-trois jours
(1) Esquirol, Journ. de méd. dé Sédillol, 1825, t. XCII, p. 58. Extrait de Bull,
de la Faculté de méd. de Paris, t. V, p. 426 ; — Ollivier, ouvr. cit., obs. CXV.
(2) Reydellet, Dict. des sciences médicales, art. Moelle, t. XXXIII, p. 564,
Paris, 1819, et Ollivier {avec complément à l'observation), ouvr. cit., obs. CXVI.
(3) Mazet, Bull. Soc. anal., ann. XXII, p. 226, Paris, 1837.
(4) Cruveilhier, Bull. Soc. anat-, 1850. p. 63.
070 AFFECTIONS VERMINEUSliS DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAI,
avant la mort, trajet à pied do Monl martre a l'hôpital Huaujon. Paraplégie
quelques jours après, perle delà sensibilité, escliare au sacrum. Mort.
Kyste hydatique dans le canal rachidien, région lombaire , en arrière delà
moelle et en dehors do la dure-mère. Os intacts (1).
Voyez encore un cas observé par Montansey, p. 654, obs. XX.
B. — Vers développés primitivement eu dehors du canal rachidien.
Ier Cas (Cuaussier).
Femme âgée de vingt-deux ans. Grossesse; paralysio du mouvement et do
la sensibilité des membres inférieurs; accouchement spontané sans douleur;
la sécrétion du lait a lieu comme à l'ordinaire, la malade allaite son enfant. Le
soir du quatrième jour, accès de lièvre, suppression des lochies, diminution de
la sécrétion du lait Mort le dixième jour après l'accouchement et cinq à
six mois après les premiers symptômes d'une lésion de la moelle.
Kyste hydatique développé dans le thorax. Hydalides ayant pénétré dans le
canal rachidien ; et comprimant la moelle depuis la première jusqu'à la qua-
trième vertèbre dorsale (2).
IIe Cas (Chaussier).
Femme âgée de vingt-six ans. Fourmillements, crampes dans les mem-
bres abdominaux, suivis de paraplégie. Mort neuf mois après l'apparition des
premiers symptômes.
Tumeur hydatique développée dans la région lombaire gauche. Hydalides
ayant pénétré dans le canal rachidien par les trous de conjugaison. Érosion
des première et seconde vertèbres lombaires (3).
IIIe Cas (Mélier).
Femme âgée de vingt-neuf ans. Douleurs dorsales anciennes qui s'étendent,
après trois ans de durée, aux membres abdominaux, accompagnées de
spasmes et de secousses convulsives ; plus tard, paralysie complète du senti-
ment et du mouvement. — Kyste hydatique dans la région dorsale ayant érodé
les lames des cinquième et sixième vertèbres dorsales ; hydatides dans le canal
rachidien, extérieures à la dure-mère (4).
(1) Goupil, Bull. Soc. anal, de Paris, ann. XXVII, 1832, p. 211.
(2) Chaussier, Procès-verbal de la distribution des prix faite aux élèves sages-
femmes de la Maternité, le 29 juin 1807, p. 28; Journ. de méd. de Corvisart, etc.,
t. XIV, 1807, p. 231 ; — Ollivier (d'Angers), Traité de la moelle épinière, obs. 92,
t. II, p. 784, Paris, 1827 ; — Journ. gén. de méd. de Sédillot, t. XCII, p. 45.
(3) Chaussier, dans Morgagni, De sedib. et caus. morb., epist. xi, t. V, p. 16'8,
uote; édit. de Chaussier, Paris, 1822; — Ollivier, ouvr. cit., obs. 113; — Journ.
gén. de méd., t. XCII, p. 51.
(4) Mélier, Observ. d'une paraplégie produite par des hydatides (acéphalocysles)
dans le canal vertébral (Journ. gén. de méd. de Sédillot, Paris, 1825, t. XCII, p. 33,
et Ollivier, ouvr. cit., obs. exiv.
MOELLE ÉP1N1ËRE. — HYDAïlDES. 671
IVe Cas (Dumoulin).
Homme, vingt-cinq ans. Douleurs dans le dos à la suite d'un coup, dix-huit
mois avant la mort, plus vives dans les quatre derniers mois; dans les deux
derniers mois, affaiblissement des jambes ; mouvements lents et difficiles,
marche impossible. Sensibilité des tégumènls diminuée aux membres infé-
rieurs. Paresse de la vessie et du rectum. Un mois avant la mort, paraplégie
complète: sensibilité abolie inférieurement à la cinquième côle; immobilité,
dans l'inspiration, des sept côtes inférieures; eschare au sacrum, accidents
variés. Mort. — Kyste hydatique situé entre les muscles et la gouttière verté-
brale de la région du dos. Amincissement des lames vertébrales. Douze hyda-
tides environ libres dans le, canal rachidien, en dehors de la dure-mère et dans
l'espace compris entre la seconde et la cinquième vertèbre dorsale (1).
Ve Cas (Dubois).
Fille âgée de vingt ans. Un an avant la mort, douleur dans les lombes ; au
bout de deux mois environ, faiblesse dans les membres inférieurs. Dans les six
derniers mois, paraplégie, sensibilité obtuse des membres inférieurs, douleurs
vives dans les lombes ; eschares aux trochanters, au sacrum. Mort.
Kyste hydatique de chaque côté et en dehors de la colonne vertébrale, au
niveau des dernières côtes; destruction du corps de la onzième vertèbre dor-
sale et en partie de la douzième (2).
L'observation des vers vésiculaires développés dans les centres
nerveux n'est pas indifférente aux progrès de la physiologie ; les
phénomènes variables déterminés par le cœnure suivant son siège
dans le cerveau, mériteraient d'être étudiés avec soin. Plusieurs cas
d'hydatides comprimant l'origine de quelques nerfs ont donné, tou-
chant les fonctions de ces nerfs, la confirmation des déductions de
l'expérimentation. L'observation des vers qui sont en rapport avec
la moelle épinière n'est pas sans intérêt non plus pour la phy-
siologie ; tel est le cas, observé par Chaussier, d'hydatides qui
comprimaient la moelle au niveau des quatre premières vertèbres
dorsales chez une femme enceinte et paraplégique ; l'accouchement
se fit naturellement, sans douleur, et la sécrétion du lait eut lieu
comme à l'ordinaire ; circonstance qui témoignerait que la sym-
pathie entre l'utérus et les mamelles ne s'établit que par la portion
dorsale ou lombaire de la moelle épinière.
(1) À. Dumoulin, Bull. Soc. anat. de Paris, 1847, ann. XXH, p. 321.
(2) Dubois dans Bull. Soc. anat. de Paris, 1848, ann. XXIII, p. 95.
G7-2
AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME MUSGULAIHE
DEUXIEME PARTIE.
AFFECTIONS VERMIKEUSES DU SYSTÈME MUSCULAIRE.
La trichine [trichina spiralis, Synops., n°'70.)
Il existe chez l'homme un ver que l'on peut regarder comme spé-
cial au système musculaire de la vie animale, car il n'a jamais été
rencontré que dans des muscles
à fibres striées, c'est la Trichina
spiralis.
Suivant Henle etDiesing, Tie-
demann avait probablement vu,
en 1822, les kystes qui renfer-
ment la trichine, mais non le ver
lui-même (1). En 1832, Hilton,
démonstrateur d'anatomie à Guy 's
hospilal, trouva chez un homme,
â.jé de soixante et dix ans et mort
d'un cancer, un grand nombre cle
petits corps ovoïdes, longs d'un
millimètre ; ces corps étaient si-
tués dans les muscles pectoraux
et dans ceux du thorax ; ils étaient
Hc. 24 (d'après M. Owi'ii). — i, norlion île , ± -r
muscle (cubital antérieur) couverte dP kystes transparents au milieu, opaques
de trichine (plusieurs de ces kysies ont été aux extrémités; examinés au mi—
dessines trop grands) ; — 2, kystejsolé ; —
3, Kyste grossi 20 fois, contenant une mu- Cl'OSCOpe, IIS parurent SailS Ol'ga-
lièrc calcaire; -4, kyste contenant deux njsalion . fa étaienl placc"s dang
vers; — 5, trichine vue a un grossissement ' -t
de 200 diamètres, a, extrémité ce'phaîique les interstices des fibres U1USCU-
(d'après Owen); b, extrémité caudale. , . , i t >, t
laires, leur grand diamètre di-
rigé parallèlement aux fibres (2). Ces corps, regardés par Hilton
comme de petits cysticerques, étaient très probablement des kystes
(1) Ticdemauu, in Froriep'snotlzen ans dem Gebiete der nalur und Heilkunrle,
•1822, Bd. I, p. 64 (vesiculœ), cité par Hcnle, in Archiv. fur anat. physiol. von
Millier, 1835, p. 528 note; et Diesing, t. II, p. 113.
(2) Notes of a peculiar appearence observed in human muscle probably depending
upon the formation of very small cyslicerci, by John Hilton, in the London médical
Gaz., vol. XI, p. 605, feb. 1833.
LA TIUCMNE CHEZ L'HOMME. 673
de trichine. A la même époque, Wormald, démonstrateur d'ana-
tomie à St.-Bartholomew's hospital, remarqua que les muscles de
certains cadavres étaient parsemés de petites taches blanchâtres.
M. Paget, alors étudiant au même hôpital, ayant observé un fait
semblable sur le cadavre d'un Italien, eut la pensée que les taches
étaient produites par de petits entozoaires. Son opinion s'étant
trouvée vraie, des portions des muscles affectés furent soumises à
l'examen de M. Owen qui étudia l'organisation de ces vers et leur
imposa le nom de trichina spiralis (].).
La trichine est un ver nématoïde, long deOnil",8 à 1 millim. , sans
organes sexuels ou pourvu de ces organes, mais à l'état rudimen-
taire, et par conséquent incapable de se reproduire. D'après plu-
sieurs observateurs, elle est douée d'une remarquable ténacité de
vie. La trichine est constamment renfermée dans un kyste dont elle
occupe environ le tiers, roulée en spirale et formant deux, trois et
même quatre tours. Elle est ordinairement solitaire; rarement deux
et beaucoup plus rarement encore trois vers se rencontrent dans le
même kyste.
Le kyste constitue généralement une vésicule ovoïde dont tantôt
l'un des pôles et tantôt tous les deux offrent extérieurement un pro-
longement plus ou moins long. Suivant les cas, l'une ou l'autre de
ces formes prédomine ; plus rarement, le kyste est sphérique, ou bien
en forme de tube ou de gourde. Ses dimensions sont fort variables :
en moyenne, il a 0"'m,33 de longueur; les parois très épaisses va-
rient entre 0n'm,03, et 0mm,014; elles ont plus d'épaisseur aux ex-
trémités.
Suivant Owen, Farre, Bischoff (2), Valentin (vers deKobelt) (3),
Luschka, Gairdner (4), Sanders et Kirk (vers de Gairdner), le kyste
(1) R. Owen, Description of a microscopic entoozoon infesting the muscles of
Vie human body, io Transact. of the zool. Societ. of London, et the London medic.
Gaz., april 1835, Vol. XVI, p. 125.
(2) BischolT, Heidelb, mediz. annal., t. VI, p. 232 et 485, cité par Diesing.
(3) Kobelt, iu Froriep's N. Notiz, t. XIII, p. 310, cité par Diesing.
Valentin a examiné les vers de Kobelt, conservés dans l'alcool. Ces trichines
avaient été trouvées dans tous les muscles à fibres striées, excepté dans ceux du
cœur et de l'oreille moyenne, chez un homme âgé de soixante-dix-neuf ans,
hydropique, et d'une intelligence affaiblie (Valentin's Repertorium, 1841, p. 194.
— Microscop. Journ., 1842, p. 147).
(4) Le docteur W. T. Gairdner a trouvé des trichines en grand nombre chez un
Davaine. 43
()lk AFFliCTIONS VEHMlNI'.USIiS DU SYSTÈME MUSCULAIRE.
de la trichine est formé de deux vésicules distinctes et emboîtées :
1° une vésicule externe qui lui donne son apparence fusiforme et qui
constitue ses prolongements; 2° une autre in terne, généralement ovoïde
et sans prolongements à ses pôles. MM. Bristovve et Rainey, d'après
des raisons que nous donnerons plus loin, pensent que le kyste est
simple.
Les parois des deux vésicules sont homogènes pour M. Owen qui
les dit formées de lamelles d'un tissu cellulaire condensé et serré
et qui les considère comme un produit de l'organisme humain.
M. J. Vogel, au contraire, regarde le kyste comme appartenant à
la trichine : « La capsule de forme régulière qui entoure le ver
me paraît, dit-il, ne point être un kyste secondaire produit par la
réaction de l'organisme comme dans les vers cystiques; je pense
qu'elle appartient à l'animal lui-même et qu'elle est le résultat d'un
reste d'état de nymphe (1). » M. Vogel ne veut pas dire, sans
doute, que le kyste est la dépouille du ver, mais un produit sécrété
par lui. — M. Bischoff regarde les deux vésicules du kyste comme
homogènes, mais il ne s'explique pas sur leur nature.
Pour MM. Valentin, Luschka, Sanders et Kirk, les deux vési-
cules ont une structure différente. La vésicule extérieure, dit
M. Valentin, est une véritable enveloppe organisée; la vésicule inté-
rieure montre quelquefois des lignes parallèles qui indiquent sa for-
mation par des couches concentriques. Les observations des doc-
teurs Sanders et Kiik s'accordent avec celles-ci ; ces savants ont
trouvé la vésicule extérieure constituée par du tissu fibreux et l'in-
terne formée d'une substance homogène qui, après l'action des réac-
tifs, n'offre point de structure distincte, mais seulement des lignes
concentriques.
M. Luschka a étudié cette question avec soin ; le kyste, suivant
cet observateur, est formé de deux couches distinctes dans leur com^
position et dans leur signification : 1° le tissu de la couche externe
consiste dans des fibres très fines, régulièrement disposées, qui s'en-
tre-croisent et forment un étroit réseau ; elles se comportent avec la
homme âgé soixante aos, mort d'une résorption purulente (mars 1853). Ces parasites
existaient dans tous les muscles à fibres striées, sauf le cœur; il y en avait dans
les muscles droits de l'œil, les constricteurs du pharynx, dans la portion supé-
rieure de l'œsophage. — Les docteurs Sauders et Kirk ont fait leurs recherches
sur des vers communiqués par M. Gairdner (Monlhly Journ. of mcdic. se, 1853,
vol. XVI, p. 473; — Ediub., Phyztol. Soc.).
(1) J. Vogel, Traité d'anal, path., trad., Paris, 1847, p, 409, note.
LA TRICHINE CHIiZ, L'HOMME. 675
potasse caustique et l'acide acétique comme le tissu ligamenteux ;
toutefois les fibres ne disparaissent pas entièrement et offrent une
résistance partielle à l'action de ces réactifs. Quoiqu'on puisse en
enlever des bandes plus ou moins distinctes, on ne peut cependant
reconnaître dans cette couche une structure véritablement lamel-
laire. Elle est pourvue d'un réseau vasculaire très distinct et facile
à constater. 2° La couche intérieure, presque homogène, formée de
fibres rares ou de lames granulaires, est très riche en corpuscules
calcaires; elle résiste à l'action de la potasse caustique, de l'acide
acétique, et muriatique; elle est plutôt accolée qu'unie à la couche
précédente, La première de ces couches, la vésicule extérieure, est
fournie, suivant M. Luschka, par l'organe envahi, et la seconde, la
vésicule intérieure, est fournie par le parasite (1).
Les docteurs Bristowe et Rainey considèrent le kyste comme
simple et comme le produit exclusif de la trichine : « Les parois du
kyste sont distinctement laminées, disent-ils, mais les lignes con-
centriques, indiquant cette disposition, ne sont pas aussi tranchées et
aussi bien marquées que celles qui caractérisent les membranes hy-
datiques ; de temps en temps, mais rarement comparativement, une
de ces lignes est distinctement tracée tout autour et le kyste de ia
trichine paraît alors être divisé en deux capsules plus ou moins dis-
tinctes. Cette apparence n'est qu'accidentelle et ne peut servir de
distinction organique, car elle est certainement absente clans la
grande majorité des kystes, et même, lorsqu'elle existe, la partie
extérieure et la partie intérieure présentent des caractères anatomi-
ques semblables. Généralement les lames sont partiellement séparées
çà et là et l'espace qui en résulte est plein de substance granulaire
ou de sortes de nucléoles dont il sera question plus tard.
» Des fragments de la membrane du kyste détachés accidentelle-
ment laissent voir leur structure. A première vue, ils paraissent
formés de fibres uniformes et parallèles, mais on doit les regarder
plutôt comme des portions d'une membrane marquée par des stries
parallèles et disposées à intervalles égaux, "car ils conservent
leurs caractères membraneux et ne se résolvent jamais en des élé-
ments anatomiques simples. Leur structure est certainement diffé-
rente de quoique ce soit que nous ayons vu dans aucune sorte de
fausse^membrane, et l'on ne peut les confondre avec ces formations. »
(1) fiocteur H. Luschka, ïur Nalurgeschichte der trichina spiralis, in Siebold
et Kolliker, Zeitschrifl fur Wissenschaftliche Zoologie, Leipzig, 185.1, p. 69.
676 AlFliCTiO.YS VERMINEUSÈS DU SYSTÈME MUSCULAIRE.
Cette description du kyste « ressemble sous plusieurs rapports à
celle qui a été donnée par le professeur Luschka, mais elle en diffère
en quelques points : ce professeur consi-
dère le kyste de la trichine comme double,
l'externe appartenant à l'homme, l'interne
au ver, et il décrit un arrangement parti-
culier de vaisseaux développés dans la
membrane extérieure. L'existence de vais-
seaux sanguins autour du kyste n'est pas
douteuse , mais ce sont ceux du muscle
déplacés par le kyste et étendus à sa sur-
face. Nous n'hésitons pas à affirmer que
le kyste est un, essentiellement, et qu'il est
la propriété du parasite lui-même (1). »
La paroi du kyste est formée par une
substance transparente , réfractant la lu-
mière , riche en granules élémentaires de
nature terreuse; ces granules, plus abon-
dants dans les couches superficielles et,
suivant d'autres, dans les couches profondes
du kyste, donnent à la capsule une consis-
tance rigide qui la fait crier par le grat-
tage du scalpel. Suivant MM. Bristowe et
Rainey, ces granules se dissolvent rapide-
ment dans l'acide chlorhydrique, sans au-
cune apparence d'effervescence et consistent
probablement en phosphate de chaux (2).
Les granules sont quelquefois assez abondants pour rendre le kyste
tout à fait opaque; une solution de potasse, l'acide acétique ou
I'ig. 23 (d'après MM. Bristowe et
Rainey). — Kyste et trichine
ayant subi un commencement
d'altération ; figure grossie
100 fois. — a, paroi du kyste
marquée de stries concentri-
ques, irrégulières, indiquant la
structure lamellaire, et par-
semée de granulations terreuses ;
b, cavité du kyste envahie par
une matière calcaire ; c, ver
ayant subi un commencement
d'altération ; d, d, graisse qui
b 'accumule aux pôles des kystes
eu voie de destruction.
(1) Bristowe and Rainey, Transacl, of the pathological Society of London
(mai 1854), t. V, 1853-54, p. 278.
(2) Pour M. Kuchenmeister, les granulations seraient formées par du carbonate
de chaux uni à une substance organique. L'acide chlorhydrique, en détruisant
le composé, rendrait le carbonate apparent par la production de bulles de gaz.
L'effervescence, dans les cas observés par M. Kuchenmeister, pouvait provenir non
des granules des parois, mais du carbonate calcaire qui se trouve quelquefois libre
dans la cavité des kystes, car M. Bristowe dit positivement que les granules ter-
reux des parois se dissolvent sans effervescence; d'ailleurs ils résistent à l'action
de l'acide acétique. Toutefois , l'absence d'effervescence et la conservation de la
l'orme du corps observé ne sont point un caractère absolu de la non-existence du
carbonate de chaux. J'ai fait observer, dans mes Recherchas sur la génération des
LA TRICHINE CHEZ L'HOMME. 677
l'ébullition dans l'éther ne rétablissent point la transparence, mais
l'acide chlorhydrique concentré produit ce résultat.
La quantité des granulations terreuses de la paroi du kyste n'est
pas en relation, suivant MM. Bristowe et Rainey, avec l'âge du
ver; suivant M. Kûchenmeister, ce dépôt est en rapport avec l'an-
cienneté de la trichine et de plus avec l'âge de l'hôte ; à l'appui de
cette opinion, ce savant rapporte que des kystes observés par
M. Zenker, kystes qui étaient transparents, provenaient d'un indi-
vidu d'un âge moyen, et que ceux de M. Luschka, qui étaient en-
tièrement calcifiés, provenaient d'un homme âgé de quatre-vingts
ans (1).
La cavité du kyste contient une substance souvent opaque , con-
sistant en des molécules ou globules réfractifs, de grandeur variée,
suspendus dans un fluide visqueux ; on n'y trouve jamais de cellules
ou de nucléoles; le ver est plongé dans cette substance.
Il n'y a pas de ver dans tous les kystes et ceux qui s'y trouvent,
se rencontrent souvent, soit en voie de développement, soit en voie
d'altération, ou tout à fait altérés et détruits. La mort de la tri-
chine est accompagnée du dépôt d'une matière terreuse dans le corps
du ver et dans l'espace qui l'entoure ; mais la paroi qui le renferme
reste souvent parfaitement intacte. « L'apparence anormale du con-
tenu des kystes, disent MM. Bristowe et Rainey, est déterminée
par une matière terreuse qui occupe tantôt le ver lui-même, tantôt
l'espace qui l'entoure, tantôt l'un et l'autre à la fois. Quand le ver
seul est affecté, il est devenu irrégulier et flasque ; son organisation
interne n'est plus distincte et son apparence annelée est en même
temps perdue ; son intérieur contient une matière opaque, en masses
irrégulières et disposées tantôt uniformément, tantôt en parcelles
séparées, entre lesquelles le corps reste transparent. La matière qui
forme ces dépôts est soluble avec effervescence dans l'acide chlo*
rhydrique. »
huîtres (1852), que le carbonate de chaux en petite quantité peut ne produire
aucune effervescence par l'action d'un acide, le gaz carbonique se dissolvant dans le
liquide ambiant à mesure qu'il est rendu libre. Dans ce cas, lorsqu'une matière
organique insoluble conserve sa forme au corps observé, on pourrait croire qu'il
n'existe point de sel de chaux; mais on peut reconnaître la présence d'un carbo-
nate, en traitant par l'acide concentré la substance préablement desséchée, ou
mieux en se servant d'eau préalablement saturée d'acide carbonique.
(1) Kûchenmeister, ouvr. cit., trad., p. 337.
IwS AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTEME MUSCULAIRE.
Bcauroup do kystes contiennent des fragments oblongs, restes de
la matière terreuse que renfermait
le ver dont ils retiennent jusqu'à
certain point la forme et la posi-
tion relative. Dans la cavité du
kyste, il existe souvent un dépôt de
cette substance terreuse en telle
quantité qu'elle cache complète-
ment les restes de la trichine. La
matière du dépôt, soit celle de l'in-
térieur du corps de l'animal , soit
celle du dehors, se dissout rapide-
ment et avec effervescence dans
l'acide chlorhydrique, ce qui montre
qu'elle consiste, au moins en partie,
en carbonate de chaux. Dans tous
les cas, cette matière diffère chi-
miquement de celle des granula-
tions élémentaires qui existent dans
les parois des kystes et qui ne don-
nent pas d'effervescence avec les
acides. Quand la matière terreuse a
disparu par l'action des réactifs, les
restes du ver sont presque toujours
visibles, et généralement il reste aussi une certaine quantité d'une
matière albumino-huileuse (Bristowe et Rainey).
Les trichines se rencontrent dans tous les muscles à fibres
striées, excepté dans le cœur. Le nombre de ces vers est, dans quel-
ques cas, véritablement extraordinaire ; ils sont si universellement
répandus, que même les muscles du tympan, de l'œil, du larynx, en
sont envahis. On en a rencontré clans les faisceaux musculaires de la
langue, du voile du palais, dans les constricteurs du pharynx, dans
l'œsophage jusqu'à la partie moyenne, dans le diaphragme, le con-
stricteur du vagin, le sphincter interne de l'anus. Les muscles su-
perficiels ont ordinairement des trichines en plus grand nombre que
les profonds ; le grand pectoral et le grand dorsal surtout en sont
plus atteints que les autres.
Les muscles envahis par la trichine sont parsemés de petites
taches blanches qui, au microscope, peuvent être facilement reCOn-
FiG. 20 (d/après MM. Brislowe et P.aincy). —
a, Kjslo contenant un ver, c, très altéré
qui commence à se briser en fragments.
En certains points, le ver est vide et aplati ;
en d'autres points, il est rempli île masses
terreuses opaques et de granules; sa partie
antérieure, c', est gonflée par un dépôt
calcaire, refraciif.
LA TIUCHfNE CHEZ L'HOMME. 679
nues pour des vésicules. Dans l'intérieur de ces vésicules, le plus
souvent, on aperçoit le ver enroulé sur lui-même. Les kystes sont
disposés dans le tissu musculaire, tantôt en groupes, tantôt en série
linéaires ; quelquefois ils sont isolés. Généralement, ils sont placé
à une certaine distance les uns des autres, mais ils peuvent aus
être en contact, comme le dit M. Owen.
Le grand diamètre des kystes est toujours parallèle à la direction
des faisceaux musculaires. Ces petites poches et des vésicules grais-
seuses qui l'entourent souvent refoulent simplement les fibres entre
lesquelles ils sont logés ; ils adhèrent au tissu cellulaire ambiant d'une
manière assez lâche, et plus fortement toutefois par leurs extrémités
prolongées. Les fibres musculaires, dans le voisinage immédiat des
kystes, sont souvent recouvertes d'une matière oléo-albumineuse ;
mais, sous tous les autres rapports, elles présentent l'apparence!
normale.
Dans la plupart des cas, le kyste est entouré d'un amas fusiforme
Fie. 27, 28 (d'après MM. Bris-
towe et Rainey), grossies
dOO fois. — Danslafig. 27,
le kyste de la trichine est
envahi par des vésicules
graisseuses, intérieurement
et extérieurement. Le ver a
disparu ; c'est un degré de
destruction plus avancé que
celui de là figure 25. —
Dans la figure 27, le kyste a
presque complètement disparu
sous l'amas de graisse qui
s'accumule en dedans el en
rleliors,
de graisse, très variable toutefois : tantôt il n'existe aux deux pôles
que quelques vésicules graisseuses, tantôt ces vésicules forment une
enveloppe complète ; d'autres fois elles forment un amas trois ou
quatre fois plus long que le kyste; dans quelques cas, elles ont en-
vahi sa cavité même. Le dépôt de graisse paraît, dans certains cas,
n'avoir aucune relation avec l'âge du parasite.
Les muscles envahis par la trichine offrent encore quelquefois,
entre leurs faisceaux, un grand nombre de collections anormales de
680 AFFECTIONS VEIM11NKUSES DU SYSTEME; MUSCULAIRE.
graisse qui n'ont pas de rapport avec la présence de cet ento-
zoaire. Bien qu'elles varient jusqu'à un certain point de forme et
d'étendue, ces collections graisseuses sont généralement fusifornies
et ressemblent, à quelques égards, à celles qui entourent les kystes
des trichines; peut-être sont-elles des restes de ces amas qui en-
vahissent des kystes anciens lesquels ont ici disparu.
Les collections graisseuses sont constituées par des vésicules sem-
blables à celles de la graisse normale; ces vésicules sont polyédri-
ques par pression mutuelle et contiennent un liquide transparent,
soluble dans l'éther, qui s'écoule en globules huileux après la rup-
ture de la paroi qui le renferme. Cette graisse se distingue parfois
de celle des parties saines du corps, en ce que la cavité des vésicules
contient de petits cristaux acidulés, constitués probablement par de
la stéarine, et en ce que quelques vésicules offrent une tendance à
la division et à la vacuolation (Bristowe et Rainey).
Les trichines ont été observées en Europe et en Amérique (1). Le
plus grand nombre des cas est en Angleterre,
Elles sont rares en France, si l'on en juge par l'absence d'obser-
vations publiées sur ces vers. M. Cruveilhier est, à notre connais-
sance, le seul observateur qui en ait fait mention : « Je les ai vues,
dit-il, en nombre très considérable dans les muscles des membres
supérieurs et principalement dans les muscles du bras (2). »
D'après les faits publiés jusqu'aujourd'hui, il est évident que la
présence de la trichine n'est pas en relation avec l'âge, le sexe ou un
état particulier de l'économie des individus affectés. On ignore complè-
tement les causes ou les conditions de l'invasion de cet entozoaire,
Les individus chez lesquels des trichines ont été trouvées n'avaient
(1) Europe. — En Angleterre, la trichioe a été observée par Hilton, Wormald,
Paget, Owen, Wood, Farre, Curling, etc.
En Ecosse, par Knox (Edinburgh medic. and surg. Journ., 1836, p. 91),
et Gairdner.
En Allemagne, parTiedemann, Henle, Kobelt, Bischoff, Vogel?Zcnker, Virchow
(deux cas, Not. Helminth., cit.).
En Danemarck, par Monster et Svitzer (in Bibliolhek for Lœger , Copenhague,
184.3, 2.336, et in Schleidens et Froriep's Noliz,,rG\heii, 1847,111, p. 194(Diesing).
En France, par Cruveilhier.
Amérique. — Boston, 1842, Bowdilch (Boston rned. and surg. Journ., 1842,
mardi 30, 6g.; et Boston Catal., cité p. 909; — 1845, JelTries Wyman, Boston
Catal., cil. p. 904).
(2) Cruveilhier, Anal, palhol., cit., t. II, p. 64.
LA TRICHINE CHEfc L'HOMME. 681
accusé aucune douleur, aucun symptôme particulier, qui dût être
rapporté à la présence des vers. Il est probable qu'ils n'avaient ja-
mais éprouvé de phénomène quelconque, qui eût pu leur donner la
conscience d'un état particulier des muscles envahis par une innom-
brable quantité de parasites ; l'existence des trichines paraît donc
exempte de tout inconvénient, car ces vers ne se reproduisent point
dans les muscles qu'ils envahissent et périssent toujours sans avoir
pris un développement plus considérable. Ils laissent après eux leur
kyste avec de la matière crétacée et des amas de graisse qui finis-
sent probablement par disparaître à leur tour.
Les premiers cas observés par M. Owen l'avaient porté à croire
que les trichines, malgré leur petitesse, doivent occasionner quelque
faiblesse, soit dans les muscles envahis, soit dans l'économie tout
entière : d'une part, en effet, leur nombre immense paraissait de-
mander une certaine dépense de nourriture, et d'une autre, ces vers
avaient été rencontrés d'abord chez des individus morts de maladies
chroniques et dans le marasme ; mais les faits vinrent bientôt con-
tredire ces vues en montrant des trichines en grand nombre chez
des sujets qui avaient succombé dans le meilleur état de santé, à la
suite de quelque accident.
Voici, d'après M. Owen, l'analyse des quatorze premiers cas qui
soient venus à sa connaissance (1) :
Ier Cas. — Homme âgé de soixante-dix ans, mort d'un cancer du
pénis (2).
IIe Cas, — Paul Bianchi, âgé de cinquante ans, fabricant de baromètres;
tubercules dans les poumons et dans le foie (3).
IIIe Cas. — Femme irlandaise, âgée de soixante et ans, morte de marasme
causé par un large ulcère placé au-dessous du genou et qui était dégénéré en
gangrène (1).
IVe Cas. — Un mendiant (jeune), mort de fièvre et d'épuisement causés
par la faim; tubercules dans les poumons.
(1) Faits communiqués par M. Owen à M. Bureaud Riofrey et publiés dans la
Revue médico-chirurgicale anglaise, rédigée par ce dernier, Paris, 1836, p. 33.
(2) C'est le cas observé en 1833 par Hilton; les kystes des trichines avaient été
pris pour des cysticerques. L'homme qui fait le sujet de cette observation, quoiqu'il
fût d'une grande propreté en entrant à l'hôpital, vit son corps envahi quelques
jours avant sa mort par une très grande quantité de poux.
(3) Ce cas est probablement celui de l'Italien, chez lequel les trichines furent
(582 AFFECTIONS VEHMIlNEUSES 1)11 STSTEME MUSCULAIRE.
V'' Ca>. — Un Anglais, ûgé de soixante-trois ans, apporté à l'hôpital Sainl-
Uarthélemy avec, une fracture comminutive de l'humérus; peu de jours avant
la mort, grande diminution des pouvoirs vitaux. Les trichines étaient très abon-
dantes ot se rencontraient, aussi dans l'œsophage et. In sphincter do l'anus.
VIe Cas. — Un homme apporté à l'hôpital de Londres, avec une fracture
du crâne, 11 était précédemment en bonne santé (2).
VIL' Cas. — Un homme mort à l'hôpital de Londres avec un anévrysme de
l'aorte.
VIII" Cas. — James Dunn, âgé de vingt-deux ans, entré à l'hôpital de
Bristol pour un rhumatisme très aigu; pneumonie au premier degré et péri-
cardite (3).
IX^-XIV Cas. — Dans les six autres cas, M. Owen n'a pu se procurer
aucun renseignement sur la santé ou la maladie des individus.
reconnues pour la première fois. Il y a sans doute une erreur dans l'âge qui était
de quarante-cinq ans.
(1) Ce cas est très probablement celui qui a été rapporté par Arthur Farre dans
The Londonmed. Gaz., 1835, vol. XVII, p. 382, cas très bien observé et rapporté
avec beaucoup de détails. M. Farre trouva des kystes sans ver; il trouva quelquefois
deux vers et une fois trois dans un même kyste ; ceux-ci étaient répandus dans les
muscles de tout le corps, principalement dans les muscles superficiels du thorax. Il
y en avait dans ceux des yeux, des oreilles, de la langue, du voile du palais, du
pharynx, dans l'œsophage, le diaphragme, l'élévateur et le sphincter de l'anus, dans
les muscles de l'urèthre, etc.
(2) Cas inséré par Curling dans la Gazelle médicale anglaise, 1836 ? Au dire de
M. Bureaud R., il y avait des trichines jusque dans les muscles du larynx.
(3) Cas observé par H. Wood (de Bristol), en octobre 1834. Ces trichines étaient
nombreuses, surtout dans les grands muscles, et particulièrement dans ceux de la
poitrine, et de l'épaule {The London med. Gaz., juin 1835; Gaz. méd. de Paris
23 juillet 1835).
AFFECTIONS VERMÎNEUSËS DES GLANEULES OU DliS GANGLIONS. 683
TROISIÈME PARTIE.
TUMEURS VERMINEUSES DÉVELOPPÉES DANS DES GLANDULES
OU DAMS DES GANGLIONS LYMPHATIQUES (TUBERCULES VERMiNEUx).
Nous réunissons dans cette partie des tumeurs vermineuses qui
ne sont pas constituées par un simple kyste celluleux. Ces tumeurs
ont des parois épaisses, consistantes, charnues, quelquefois dures et
comme cartilagineuses. Elles ont été désignées souslenom de tuber-
cules rermineux (]). Elles ne paraissent point, comme celles qui
renferment des hydatides, des cysticerques, etc., devoir leur origine
au tissu cellulaire de l'organe envahi, mais bien au tissu propre de
quelque glandule ou de quelque ganglion lymphatique qui s'est hy-
pertrophié ou qui a dégénéré pour constituer la poche vermineuse.
Ces tumeurs sont généralement situées dans l'épaisseur des parois
d'un organe creux, parois qui contiennent des follicules ou des glan-
dules ; ou bien, elles se trouvent dans des parties pourvues de gan-
glions lymphatiques. Soit à cause de ces circonstances, soit à cause
de leur aspect, les observateurs leur ont attribué souvent pour siégé
ces glandules ou ces ganglions ; ainsi, Redi désigne les tumeurs
vermineuses qu'il rencontra dans l'œsophage des chiens , des
loups, etc., parle nom de tubercula glanduïosa ; ailleurs, il dit
avoir trouvé chez plusieurs oiseaux aquatiques des vers dans les
petites glandes qui sont situées dans les parois de l'œsophage ("2).
Leclerc s'exprime de même à l'égard des vers qu'il a trouvés chez
le chien (in canum glandulis ad œsophagum silis) (3). Les points où
(1) Je continuerai ù les désigner ainsi, malgré la critique, judicieuse au reste,
de M. Ercolani (Observations sur le spiroptère mégastome du cheval; dans Giorn.
di vëterin., p. 41 ; Torino, 1852-53 et Recueil de méd.. vétér., 1853, ann. XXX,
p. 451). Ces tumeurs, à cause de leur constitution particulière et des organes
dans lesquels elles se développent, doivent être distinguées de celles qui sont
constituées par un simple kyste et qui se sont développées dans une partie
quelconque. L'expression de tumeur vermineuse proposée par M. Ercolani est trop
générale. En disant tubercule vermineux, personne ne croira sans doute qu'il
s'agisse d'une tumeur formée par de la matière tuberculeuse. S'il faut respecter
la nomenclature scientifique, il faut aussi quelquefois respecter les termes consa-
crés: c'est lorsqu'ils sont précis et qu'ils donnent des choses une idée plus vraie
que toute autre expression.
(2) F. Redi, Observ. circa anim. viv., etc., Amslel, 1708, p, 203 et 227, édit. lat.
(3) Leclerc, op. cit., p. 251.
684 AFFECTIONS VERMINEUSES DES GLANDULES
ces vers se développent, dit Morgagni, ne sont point limités à l'œso-
phage et aux glandes dorsales (1). Treutler, si son observation est
exacte, a vu chez l'homme un ver nématoïde dans les glandes
bronchiales. Rudolphi parle de vers dans les glandes mésentériques
chez le renard (2), etc.
Nous rapprocherons des tubercules vermineux d'autres tumeurs
contenant également des vers qui ont avec ces tubercules de l'ana-
logie sous plusieurs rapports, mais sur lesquelles nous n'avons en-
core que des connaissances bien imparfaites.
On a observé les tumeurs vermineuses des glandules chez des
animaux appartenant aux quatre classes des vertébrés; chez tous
ces animaux, c'est principalement dans la première partie du tube
digestif qu'elles existent et les vers qu'elles renferment appartien-
nent généralement au même genre, le g. spirvpière.
Il est douteux que l'on ait observé chez l'homme les tumeurs dont
nous nous occupons ; les mieux connues sont celles du chien et du
cheval.
Les tubercules vermineux ont été rencontrés dans les organes et
chez les animaux suivants :
OEsophage. — Chien, loup, renard, lion, blaireau, porc-épic, canard, oie.
Estomac. — Homme?, cheval, chien, loup, coq domestique, tortue, cro-
codile du Nil.
Intestin . — Cheval.
Aorte. — Chien.
Ganglions bronchiques? — Homme.
Ganglions de l'aine, — Chèvre?
PREMIÈRE SECTION.
TUBERCULES VERMINEUX DU CHIEN.
Spiroptère ensanglanté [Synops., n° 67).
Article premier. — Tumeurs de l'œsophage. — C'est chez le
chien surtout que l'on a rencontré des tubercules vermineux, le pre-
(1) Morgagni, Epist. anal., epist. ix, §§ 45 et 46, 1764.
(2) Rudolphi, Synopsis, p. 185, 266 et 554.
OU DES GANGLIONS. — TUBERCULES VERMINEUX. 685
mier observateur qui en ait fait mention est Henri Moïnichen, en
1655 (1).
Morgagni, ayant examiné plusieurs fois de semblables tumeurs,
en parle dans les termes suivants : » Je n'ai jamais vu d'in-
duration cartilagineuse dans les glandes qui, chez le chien, parais-
sent répondre aux dorsales et qui s'étendent quelquefois jusqu'au
milieu de l'œsophage; j'en ai cependant rencontré de cartilagineuses
près de la partie inférieure de l'œsophage. Ce sont ces petites glandes
dans lesquelles j'ai déjà dit autrefois avoir trouvé des vers et des
ouvertures communiquant avec le conduit œsophagien, et disposées
dételle sorte que, dans tous les cas, elles paraissent être des méats
dilatés quelquefois par les vers, plutôt que des conduits creusés par
eux au hasard. Ainsi je pensais que les vers, lorsqu'ils étaient plus
jeunes et par conséquent plus petits, se glissaient de l'estomac dans
l'œsophage, et delà pénétraient dans la substance même des glandes
par leurs conduits ouverts naturellement; ils pouvaient ainsi passer
et repasser alternativement de l'une des cavités à l'autre (car j'en
avais quelquefois trouvé dans l'œsophage non loin des petites
glandes) ; en un mot, ils ne se créaient pas eux-mêmes leurs voies,
mais ils n'avaient qu'à les agrandir.
Depuis ce temps mes opinions se sont bien modifiées ; en effet,
en disséquant un poisson-loup, je trouvai entre les tuniques de
l'estomac quelque chose de dur, et avec le scalpel je découvris
une glande du volume et de la forme d'une grosse aveline, formée
d'un tissu dur et au milieu de laquelle étaient logés de petits vers,
non pas rouges, mais cendrés, semblables à des ascarides. J'en
rencontrai aussi quelques-uns dans une matière comme pultacée
que contenait l'estomac. Or, l'estomac communiquait avec la glande,
non par une ouverture naturelle, mais par un petit ulcère rou-
geâtre, d'où il résultait clairement que les vers s'étaient creusé
un nid, et ouvert, en rongeant, un chemin pour y arriver ou pour
en sortir. Peu de temps après, étant revenu sur ces glandes du
chien dont il est question, je ne puis dire assez quelle similitude
parfaite je trouvai dans leur consistance, dans l'érosion inté-
rieure de leur tissu, et dans la forme ulcéreuse des ouvertures par
lesquelles elles communiquaient avec l'œsophage, forme qu'indi-
quait assez la rougeur et les fongosités qui les entouraient. Aussi,
de même que j'avais d'abord pensé que c'étaient des glandes anor-
(1) Henricus M. a Moinictaen, Epist. in Thomœ Bartholini, epist. medicin., cent. 2
ep. 56, p. 592, Hagœ comilum, 1740.
086 AFFECTIONS VlillM-NliUStS DliS GLANDLLliS
maies, niais pourtant bien des glandes, cette fois l'idée me vint sans
peine que ue pourrait bien n'être pas même des glandes, mais un
tissu calleux formé autour des érosions et des points ulcérés ; remar-
quant surtout qu'il se trouvait profondément placé dans] les parois
mêmes de l'œsophage, et qu'il faisait saillie plutôt au dedans qu'à
l'extérieur; tandis que dans d'autres circonstances, l'analogie avec
les glandes existe non-seulement par les formes arrondies, mais en-
core par la situation de ces tumeurs. Ainsi, chez deux chiens de
moyenne taille que j'ai disséqués dans le courant de ces dernières
années, il y avait une tumeur sur chacun d'eux : la première, qui
était à peu près grosse comme une noix, proéminait à l'extérieur,
recouverte seulement par la tunique externe de l'œsophage ; la se-
conde, qui ressemblait à une petite châtaigne, se trouvait au niveau
de la première division de la trachée au milieu de la tunique muscu-
laire. De sorte qu'en dedans et en dehors, elle était entourée de fibres
charnues, position que personne, que je sache, n'a attribuée jusqu'ici
à des glandes normales.
» Dans l'une et dans l'autre de ces tumeurs étaient des vers rouges,
enroulés ensemble, au nombre de trente, grêles, effilés aux deux
extrémités, la plupart longs de trois travers de doigt, lorsqu'on les
retirait entiers ; car ils se cachaient et se repliaient en partie dans
les sillons et les recoins qu'ils s'étaient creusés. La surface de ces
petites poches était d'une couleur jaunâtre, entourée d'un tissu blanc,
dense et induré. Un petit pertuis à bords inégaux et rougeâtres s'ou-
vrait dans la cavité œsophagienne, et laissait suinter une matière sa-
nieuse qui s'échappa par une ouverture que nous fîmes en plongeant
le scalpel dans la poche de dehors en dedans (1). »
M. Rayer, dans un mémoire dont nous avons extrait le passage
de Morgagni cité ci-dessus, rapporte l'observation suivante (2) :
« Le 2 octobre 1842, après avoir examiné avec M. le docteur Désir, au clos
d'équarrissage delà plaine des Vertus, l'œsophage d'une trentaine de chiens,
nous remarquâmes, sur l'un d'eux, dans la portion cervicale de l'œsophage,
à la réunion du tiers supérieur avec les deux tiers inférieurs, une tumeur
du volume d'une grosse amande, développée dans les parois de ce conduit.
L'œsophage ouvert suivant sa longueur, nous constatâmes, à l'œil nu et à la
loupe, qu'il n'existait aucune communication entre la tumeur et la cavité de
ce conduit.
(1) Morgani. Epist. anat., epist. ix, § H.
(2) Rayer, Sur les tubercules vermïneuoc de l'œsophage {Ai'vhic. de méd. comp,,
1843, fasc. 3, p. 174).
OU DES GANGLIONS. — TUIIEUCULES VERMINEUX. 687
» Cette tumeur, ayant été incisée suivant sa longueur, nous vîmes qu'elle
offrait intérieurement une cavité dans laquelle étaient logés plusieurs vers en-
roulés sur eux-mêmes. Ces vers extraits, nous pûmes constater que les parois
de la tumeur étaient très épaisses, et qu'il n'y avait aucune espèce de commu-
nication entre sa cavité et le tissu cellulaire, assez lâche, qui était immédiate-
ment en rapport avec elle; de sorte que tout autorisait à penser que les vers
s'étaient développés là où ils étaient logés, et qu'ils ne provenaient d'aucune
autre partie du corps. Dans la cavité de la tumeur, il y avait du pus, du sang
et des vers. La paroi de cette tumeur était formée, en dehors, par du tissu
cellulaire induré et des fibres musculaires ; en dedans par du tissu cellulaire,
des fibres musculaires, et la membrane
muqueuse de l'œsophage. S/il^WllllliMiIÉMIIffllt
» L'œsophage dans le reste de la lon-
gueur, l'estomac et l'intestin n'offraient
point, de semblables tubercules. Les au-
tres organes étaient sains. Le chien
avait été tué dans la rue. »
La seconde opinion de Morgagni
qui attribue à l'érosion pratiquée î]i f ,, |
par les vers la communication de la ' '* ' "
cavité de la tumeur avec celle de
l'œsophage, paraîtconfirméeparl'ob-
servation de M. Rayer ; néanmoins, 2 s
c'est la première opinion de Morga- m 29 _ ^ luberculc vemineux do
gni qui nOUS paraît le plus Conforme l'œsophage du chien, ouvert par une in-
, . , . , ~ cision longitudinale, d'après M. Rayer:
a la Vente: en ettet, nOUS avons demi-nature; — 2, spiroplère ensan-
examiné avec notre ami, M. Claude glanté, demi-nature; a, femelle ;&,mûlc.
Bernard, plusieurs tumeurs vermineuses de l'œsophage d'un chien
qui communiquaient avec la cavité de cet organe par une ouverture
étroite; cette ouverture n'était point érodée ni ulcérée; elle ne
paraissait autre que l'orifice dilaté du conduit d'une glande œsopha-
gienne. Les caractères de ces tumeurs et ceux des vers qu'elles
contenaient ne différaient point de ceux donnés par M. Rayer.
Les tumeurs de l'œsophage du chien observées par H. Moï-
nichen communiquaient toutes aussi avec l'intérieur de cet organe
par une petite ouverture (1).
Il nous paraît donc, d'après le rapprochement de ces faits, que les
tumeurs vermineuses de l'œsophage se développent comme Morgagni
l'a pensé d'abord ; que, dans certains cas, le conduit de la glande
(i) Eplst. cil.
688 AFFECTIONS VlîKMlNliUSIiS des ULANDILtS
œsophagienne reste perméable, et que dans d'autres, il s'oblitère,
peut-être par la compression de la tumeur même sur ce conduit, lors-
qu'il lui est plus ou moins oblique. La transformation en kyste d'un
organe sécréteur avec la persistance ou l'oblitération de l'orifice ex-
créteur s'observe, en effet, journellement dans les follicules sébacés,
dans les glandules des lèvres, etc.
Nous ajouterons que M. And rai, d'après des considérations sem-
blables, a attribué à des tumeurs analogues de l'estomac du cheval,
ce même mode de développement : « Dans l'examen même des cas
les plus compliqués, dit le savant professeur, une circonstance con-
stante frappe l'observateur, c'est l'existence d'un orifice au centre
des tumeurs; la régularité de cet orifice, sa position conforme, son
diamètre toujours le même, l'aspect de ses bords éloignent l'idée
d'une solution de continuité et portent déjà à soupçonner que l'ou-
verture est naturelle, que c'est peut-être l'orifice dilaté d'un follicule
agrandi ; cependant ce n'est encore là qu'une présomption ; mais si
l'on étudie des tumeurs plus petites, à parois plus simplement com-
posées, cette présomption devient une certitude; on voit, par in-
sensibles degrés, le follicule s'agrandir, ses parois s'hypertrophier;
sa cavité se dilate, des tissus nouveaux se développent autour de
lui... Parmi ces tumeurs, il y en a quelques-unes qui ne présentent
pas d'orifice, mais comme tout le reste est analogue, on doit en
conclure que cet orifice s'est oblitéré (1). »
M. Ercolani croit que les larves des spiroptères perforent la mem-
brane muqueuse, et se développent dans le tissu cellulaire sous-ja-
cent. La nature des parois des kystes, la présence presque constante
d'une ouverture qui aurait dû se refermer dans le cas d'une simple
perforation, ne nous permettent pas de partager l'opinion du savant
professeur de Turin (2) .
Toutes ces considérations nous font donc conclure que les tu-
meurs vermineuses de l'œsophage et de l'estomac chez le chien et le
cheval sont déterminées par la présence des entozoaires dans les
glandes des parois de ces organes, entozoaires qui se sont intro-
duits à l'état de larve dans les conduits excréteurs de ces glandes.
D'après les recherches de M. Rayer, le ver des tubercules vermi-
neux de l'œsophage du chien est un spiroptera sanguinolente/,.
(1) Andral, Sur une altération des follicules muqueux de l'estomac chez le cheval,
dans Recueil ou Journal de mëd. vétér., Paris, 1S26, anu. III, p. 391.
(2) J.-B. Ercolani, mém. cit., p. 457.
OU MES GANGLIOiSS. — TURERCUL1.S VERMINEUX. 689
Les tumeurs vermineuses de l'œsophage sont probablement beau-
coup plus fréquentes en Italie qu'en France. Morgagni en parle
comme d'un cas assez ordinaire. Il dit, en parlant d'une observation
de Courten: » C'était sur un chien, et comme il en sacrifiait plu-
sieurs pour différentes recherches, chez presque tous, il rencontra ces
tubercules anormaux de l'œsophage que nous avons décrits (1). » A
Paris, M. Rayer n'a trouvé de semblables tubercules qu'une seule
fois sur plus de cent chiens chez lesquels il en a fait la recherche.
Les tumeurs vermineuses de l'œsophage ne paraissent pas occa-
s:onner de dysphagie ni aucun symptôme appréciable.
Article IL — Tumeurs de l'estomac. — Des tumeurs vermineuseâ
très probablement semblables à celles de l'œsophage, quant à leur
constitution et aux entozoaires qu'elles renfermaient, ont été ren-
contrées aussi dans l'estomac du même animal: Wepfer (2), Hart-
mann (3), Dolœus [h), Wolff (5) en rapportent des exemples.
Les tubercules vermineux de l'estomac n'ont sans doute pas d'in-
convénient pour les fonctions de cet organe ; cependant plusieurs
des auteurs que nous venons de citer leur attribuent une faim vo-
race dont quelques-uns des animaux affectés avaient paru atteints.
Article III. — Tumeurs de V aorte. — Des tumeurs qui paraissent
semblables à celles de l'œsophage ont encore été rencontrées dans
les parois de l'aorte et dans la région rénale chez le chien. Celles des
parois de l'aorte ont été rapprochées des anévrysmes vermineux du
cheval par Morgagni, et par divers auteurs qui en ont parlé d'après
lui. M. Rayer a montré que ce rapprochement avait été fait à
tort (6).
Morgagni et Courten (7) sont les deux seuls observateurs qui aient
(1) Morgagni, epist. cit., § 45 et 46.
(2) J.-J. Wepfer, Venlriculi tumor verminosuscumfolliculo, in Ephem. nat. eut'..
1688, dec. 2, ann. VU, obs. xvi, p. 27.
(3) Phil. Jac. Hartmanni, Anatome canis morbidi, in Ephem. nat. cur., dec. 2
ann. VII, obs. xxxiv, p. 74., 1688.
(4) J. Dan. Dolœi, De sqirrhis ventriculi verminosis canibus admodum familiari-
bus, in Ephem. nat. cur., 1697-1698, dec. 2, ann. V. VI, observ. cclv, p 593.
(o) Ido. Wolfii (Jo. Christ), Observationum chirurgico-medicarum libri duo
Quedlimburgi, 170i; Cephalalgia a vermibus, in Scholiis,p. 185.
(6) P. Rayer, Archiv. de méd. comparée, Paris, 1842, fasc. 1.
(7) Saggio, delt. trans. délia Soc, R. T, t. III, p. 3.
DAVAIM.. ■ 4i
090 AFFECTIONS VJiRMlNKUSIiS DES GLANUULliS
vu île semblables tumeurs. •< Pour mon compte, dit M. Rayer, j'ai
ouvert plus de trois cents chiens, dont cent vingt-sept dans le but
particulier de rechercher ces vers dans les parois de l'aorte, et je n'ai
pas rencontré un seul exemple de tubercule vermineux de ce vais-
seau (1). » Morgagni ayant comparé l'une de ces tumeurs de l'aorte
avec une autre de l'œsophage du même chien, trouva identiques la
dureté des parois, les érosions de la cavité et les vers. « C'est au
point qu'en comparant ces deux tumeurs, les vers de l'une et les
Vers de l'autre, on reconnaissait qu'un œuf et un œuf, que deux
gouttes de lait ne sont pas plus semblables... et, soit à la face in-
terne, soit à la face externe de l'artère, il nous fut impossible de
trouver un point qui eût pu donner accès aux vers dans la tu-
meur (2). »
L'illustre anatomiste dit avoir rencontré cinq fois des tubercules
vermineux de l'aorte. Chez un chien, il y avait trois de ces tuber-
cules ; chez un autre, seize; enfin chez un troisième, l'aorte, depuis
son origine jusqu'au diaphragme, était criblée de tumeurs de la forme
et du volume soit d'une fève, soit d'un pois, isolées ou réunies par
trois. Tous ces tubercules renfermaient des vers. Chez les deux pre-
miers chiens les tumeurs étaient toutes arrondies et petites ; les plus
grosses ne dépassaient pas le volume d'une fève de médiocre gros -
seur. « Chez le chien où se rencontraient le plus de petits tubercules,
dit Morgagni, la face interne de l'artère présentait, à n'en pas douter,
un commencement de perforation. Une ouverture n'eût pas tardé à
se faire et l'on pouvait penser qu'une communication se serait éta-
blie qui aurait laissé les vers passer dans le sang, et le sang arriver
dans les poches vermineuses. » C'est d'après cette supposition, qui
n'a été confirmée par aucun fait, que le célèbre anatomiste a conclu
à l'identité des tubercules de l'aorte du chien avec les anévrysmes
vermineux de l'artère mésentérique du cheval.
Deux des chiens affectés de ces tumeurs de l'aorte étaient jeunes $
tin autre était âgé de trois mois.
Morgagni observa encore une tumeur vermineuse semblable à
celles de l'œsophage, qui était située au-dessous des vaisseaux ré-
naux, et qui n'adhérait ni à ces vaisseaux, ni à l'un des gros troncs
Voisins, ni à aucune autre branche vasculaire.
(i) Quvr. bit, p. 30.
(2) Morgagni, ouvr. cil.
0U DES GANGLIONS — TUIÎEKCULES VEfeMfJNEUX. 691
DEUXIÈME SECTION.
TUBERCULES VERM1NEUK DU CHEVAL.
Spiroptère mégastome (Synops., n° 66).
Article premier. — Tumeurs de l'estomac. — Schulze, à propos
do l'anévrysme vermineux chez le cheval, rapporte avoir vu dans les
parois de l'estomac de cet animal une tumeur contenant des vers (1) ;
Chaberten vit une qui était de la grosseur d'une noix (2) ; Rudolphi
étudia les entozoaires rencontrés dans des tumeurs de ce genre par
Reckleben, professeur de médecine vétérinaire à Berlin (3); M. An-
dral dit avoir souvent observé ces tumeurs ; nous avons rapporté
déjà l'opinion du savant professeur relative à leur mode de forma-
tion (4). M. Cruveilhier émet sur leur origine une opinion sem-
blable (5).
D'après M. Valenciennes, ces tumeurs ont leur siège ordinaire
dans la portion pylorique de l'estomac; elles sont contenues entre
les membranes muqueuse et fibreuse, d'où l'on peut facilement les
érmcléer. « Des ouvertures dont j'ai vu le nombre varier d'une à
cinq, dit M. Valenciennes, établissent une communication entre l'in*
térieur de la tumeur et l'estomac, et les helminthes peuvent s'intro-
duire facilement dans la cavité de cet organe. Ces trous, à travers
les muqueuses, n'altèrent pas cette membrane; aucune inflammation
n'est développée ni sur la tumeur ni autour des ouvertures. La
fausse membrane qui forme l'enveloppe du kyste a une assez grande
épaisseur, une apparence fibreuse. La tumeur est divisée par des
replis nombreux en plusieurs cavités qui communiquent toutes en-
semble, et elle est remplie par un mucus qui se concrète quelquefois,
tellement que la tumeur prend une dureté squirrheuse, résistante au
scalpel. Le mudis mou ou solide contenait toujours une très grande
quantité d'entozoaires (6). »
Des recherches de M. Valenciennes et de recherches semblables
(!) Schulze, rném. cit.
(2) Chabert, Traité des maladies ver mineuses, Paria, 1782, p. 51 et édit. 1787, p. 62.
(3) Rudolphi, Synopsis, p. 22, 236.
(1) Audral, mém. cil. et Précis -d'anal, paltïolog.i 1829, t. II, p. 185, ilote.
(5) Cruveilhier, art. Entozoaiées, cité p. 343.
(6) Valeucienries, Sur des tunleufs vermineuses de V estomac du cheval (Cotiipli
rendu de VAcad. des sciences, 1843, t. XVII, p. 71).
(,9J AFFECTIONS \ EHMIiNEUSES DES (JLArSDUl.LS
faites pur M. Rayer, il est résulte que onze chevaux sur vingt-cinq
ont offert des tumeurs vermineuses de l'estomac. Parmi ces onze
chevaux, un avait deux tumeurs, un autre quatre qui étaient d'iné-
gale grosseur. Aucune n'avait plus de 4 centimètres en diamètre et
3 centimètres en saillie sur la surface interne de l'estomac.
Les vers contenus dans ces tumeurs sont des spiroplera ?negasloma
(Rud.).
Article II. — Tumeurs de V intestin. — On rencontre encore chez
le cheval, d'après M. Valenciennes, des tumeurs vermineuses dans
l'intestin côlon ; lesentozoaires qu'elles renferment y vivent solitaires ;
ils appartiennent au genre strongle.
TROISIEME SECTION.
TUBERCULES VERMINEUX CHEZ L'HOMME.
Existe-t-il chez l'homme des tumeurs vermineuses analogues à
celles duchien et du cheval, tumeurs développées, soit dans les glan-
dules de la paroi d'un organe creux, soit dans quelque ganglion lym-
phatique? Les observations qui pourraient avoir quelque rapport
avec celles que nous venons de citer sont au nombre de trois ; elles
sont fort incertaines. L'une concerne l'estomac, les deux autres
appartiennent aux ganglions bronchiques.
Ier Cas (Bianchi). ■ — Ganglions bronchiques.
« Memini in pulmone cujusdam monachi, non provectae aetatis, qui dudum
» siccè tussiens, et constanter febricitans, demum tabidus animam reddi-
» derat, occurrisse mihi f.otas bronchiales glandulas, seu a prima majori ad
» usque postremas el minimas, ila exilibus agilibusque vermiculis scalentes,
» ut, quae saepiùs in canum aliorumve brutorum œsophagseis externis glan-
7> dulis, aut non tanlùm in eorum sed ipsius quoque thyroidseâ glandulâ,
j> horumee, aut similium insectorum ingens turba deprehenditur, non tanta
» sit. Pulmonis substantia impensè solum arida atque exsiccata fuerat:
» neque aliter laesa (1). »
II0 Cas (Tredtleb). — Ganglions bronchiques.
ti Vir viginti oclo annorum, manustupralione et veneris niniio exercilio.
(1) J.-B. Bianchi, De nat. in hum, corp. vitiosâ morbosdque generalione hisl.,
|iàrs tertia, Auguste Taurinorum, 1749, p. 339.
OU DES GANGLIONS. — TUBLRCULES VEUM1NLUX. 69?)
» atque diuturno et nimio mercurii sublimati usu emacialus, prœterea e fa-
» miliâ ortus, ex quâ plures jam tabe et hydrope interierant, hieme anni
» 1789,.ha3moptoe afficilur ; mox spula purulenta e pulmonibus ejicit, se-
» quuntur febres lentae, et nodos pulmonibus inesse indicantia symptomata.
» Anni 1790 initio, nova fit sanguinis e pulmonibus eruptio, et acida mine-
» ralia a medico adhibentur. E febre tandem et debilitate a sanguinis repetito
» dispensio effecta vernali tempore mortuus est.
» Aperto cadavere, corpus ipsum plané tabe confeclum reperiebatur, pul-
» monum irnprimis dexter tuberculorum plenus, ambo vero in utroque latere
» pleuras accreverant, exemtis e thoracis cavo pulmonibus cum adcrela tr
» chœa, ut accuratiùs eos examinarem, tubercula pulmonum in pus paululum
» abiisse, reperi. Glandulae branchiales, quae sunt ex conglobatorum cohorte
» in statu a naturali valdè abhorrente erant, scilicet ad lertiam partem ma-
» jores, quam a natura sunt, atque talis indolis, ut ad diligentiorem disqui-
» sitionem facile me invitare possent. Etenim vasa ipsarum absorbentia
» preeter modum dilatata inveni, per quorum tunicas et velarnina peregrina
» corpuscula translucebant, a quibus ex proprio situ in glandulis dimota
» erant. Quae cum nonnullas istarum glandularum dissecuissem, cum in vasis
» lymphaticis superficialibus, tum in média glandula corpuscula, filorum
» formam imitari, etvermes esse expertus sum... Irnprimis aegrotabant qua-
» tuor glandulae, quarum maxima antrorsum versus dextrum latus in con-
» finiis annulorum inferiorum arteriœ asperee sita erat. Hœc propemodum
» altéra parte major erat, quam alias esse solet, ex parte coloris naturalis,
» in universum tamen paululum pallidior. Reliquse glandulae, qnarum una
» sinistrée parti ejusdem lateris bronchiorum adjacebat. Altéra ramulis oppo-
» sitorum, tertia vero ramulis priorum interponebatur, forma minores, sed
» ejusdem natures erant. Quod Vero vasa earum lymphatica extensa, et per
» inhabitantes vermes in inusilatum silum tracta fuerant, id superiùs jam a
» me commemoratum est; sed etiam valvulee alias et irnprimis, si lympha
» turgent vasa, clarè apparentes, in his plané non erant conspicuse quoniam
» inhabilantia animalcula eas ita inverterant, ut officio suo ampliùs non fun-
» gerentur. Ex quo verisimile fit, istos vermiculos istorumque seminia per'
» ipsa vasa adferenlia illas glandulas intravisse, nam si contraria via et per
» efferentia se insinuassent, existimandum foret, valvulas istas non ita dc-
» letas atque immutatas fuisse, cum fluidorum cursus et vermium ingres-
» sus e directione valvulis opposita fieri nullo modo posse videatur. In his
» vasis duo interdum vermes juxta se invicem jacebant, sœpiùs unus post
» alterum, atque ita, ut unius caudam alterius rostrum attingeret. Singuli
» autem duos rostri hamulos tenui vaàs absorbentis membranse inOxerant :
» quo fiebat, ut rostrum vix unum non mutilatum protraherem. Jam de-
» scriptio vermis ipsa hase est » (voy. Sijnops., n° 79) (1).
(1) Frid. Aug. Treuller, De vermibus filiformibus (hamularia lymphatica) in,
glandulis conglobalis bronchiorum reperlis, dans Obs. path, anal., 1793, cit. p. 10.
69/4 AFPKCTIONS VIÎRMIISEUSKS DES GfcJtDDUMS
IIIe Cas (Hjwnemann). — Estomac.
t Quidam juvenis Homanus, teste prolaudalo D. Plancovio, circiter
» viginli quatuor annorum, sccpo premebatur famo penitùs insatiabili et nisi
» forù aemper ederet, in animi deliquium incidebat. Variis remediis per
!• quadriennium scd frustra usurpatis, tandem superveniente asthmate extin-
» guébatur. Cujus cadavere aperto, inveniebalur in ventriculo insignis con-
» glomeratorum vermium congeries, et duœ in inferiori orificio glandulai
» ad moschatœ ferè nucis magnitudinem accedentes et vermibus figurée
» colorisque varii repleUe (Riliâ 1687) (1). »
On pourrait rapprocher de ce dernier cas l'observation de vers
chez le fœtus dont nous avons déjà fait mention et queKerckring rap-
porte en ces termes : « In hac tanti ventriculi capacitate membrana et
» in illa vermes erant iis quibus pueri seepè laborant similes »
(voy. ci-dessus, p. 8). Mais ces deux faits ne sont point propres à
s'éclairer l'un par l'autre; la description des caractères et de l'orga-
nisation des vers contenus dans les tumeurs de l'estomac de
l'homme, pourrait seule établir l'exactitude des observations; celles
que nous venons de rapporter n'auraient de valeur que par le secours
de. faits nouveaux et plus certains.
Un autre cas de tumeur vermineuse de l'estomac de l'homme est
encore mentionné par quelques auteurs : Bloch, Bremser d'après
lui, et M. Kùchenmeister disent, à propos de l'oxyure vermi-
culaire, que Wulf en trouva une grande quantité dans une poche
entre les tuniques de l'estomac. Il y a dans cette assertion une
double erreur: le fait dont il s'agit est de Wolff; il concerne une
tumeur de l'estomac du chien et non de l'homme (2),
(1) Joh. Lud. Hannemanni, Bulimus a vermibus, m Êphem. nat, our,, dec, 2,
ann. VI, obs. xxxin, p. 88, 1687.
(2) Ce fait mentionné par Bloch, ouvr. cit., p. 70 et par Bremser, ouvr. cit.,
p. 151, serait consigné dans les Observ. chir. méd., liv. Il, obs. îv de Wulf. Mal-
gré beaucoup de recherches, je n'ai trouvé le nom de Wulf dans aucune biographie,
ni son ouvrage dans aucune bibliothèque; mais j'ai trouvé dans un ouvrage de
Wolff intitulé : Observ. chir. méd. et au liv. II, obs. îv, le cas d'une tumeur ver-
mineuse de l'estomac chez le chien. Il est clair qu'une faute de typographie, qui
n'a pas permis de vérifier la citation de Bloch, a laissé subsister sa méprise tou-
chant l'animal qui portait cette tumeur. M. Andral dans son Anatomie pathologique,
t. II, p. 185, mentionne aussi le fait de Wulf, mais en l'attribuant à Bloch
lui-même.
DU PKS GANGLIONS, — TUBERCULES VERMINEUX, 695
QUATRIÈME SECTION.
TUBERCULES VERMINEUX CHEZ DIVERS ANIMAUX.
Parmi les animaux domestiques autres que ceux dont nous avons
parlé, le canard et l'oie (1) sont quelquefois atteints de tubercules
vermineux de l'œsophage. Ces tumeurs ont été observées clans le ca-
nard tadorne par Bellingham, en Irlande (2), et dans le canard commun
par M. Chaussât à Paris (3). Les vers (spiroptères) renfermés dans
ces tubercules avaient la tête armée d'épines, fait très rare chez les
entozoaires de l'ordre des nématoïdes et qui existait chez le ver que
Treutler observa dans les ganglions bronchiques de l'homme ; enfin
Natterer, au Brésil, a vu des tumeurs semblables à la surface de
l'estomac du coq domestique (4).
Chez la chèvre, un tubercule vermineux paraît avoir été observé
dans l'aine par Bianchi. (5).
Chez les animaux sauvages, des tumeurs analogues à celles dont
nous nous occupons ont été assez souvent observées : Redi rapporte
avoir vu dans l'œsophage du loup, du blaireau, du porc-épic, du
lion, du chien, des tubercules glanduleux de diverse grandeur, dans
lesquels il y avait des vers petits et rouges ; mais chez le renard sur-
tout il en a observé des agglomérations considérables (6). Heyse a
trouvé des tubercules vermineux dans l'estomac de trois loups (7) ;
Rudolphi chez deux, et Otto chez un de ces animaux (8) ; Redi donne
des détails singuliers sur des vers qu'il a rencontrés dans les glandes
œsophagiennes de quelques oiseaux (9) ; Créplin a vu des tubercules
(1) Klug, à Berlin, Spiroptera uncinala, dans les tubercules de l'œsophage de
l'oie domestique (Rud., Syn. , p. 26-246).
(2) Bellingham (Spiroptera?), Ânn. ofnat. histor., 1844, p. 102.
(3) J.-B. Chaussât, Comptes rendus de la Soc. de biologie, 1849, 1. 1, p. 92.
(4) Diesing, Syst. helm., t. II, p. 217, n° 15, Spiroptera hamulosa.
(5) Bianchi trouva chez une. chèvre, une tumeur dont il rendit compte en ces
termes : « Inventus est in altéra inguinalium glandularum verrais unus, rubellus,
» vivus, agilis, crassitie mediocris aciculœ, longitudine lertice partis mediocris di~
» giti qui sinuosam ïbi sedem in illius partis substanlia velut lerébrasse videbatur. »
op. cit., p. 347.
(6) G. Redi, De animalculis vivis, etc., trad. la.t., Amst., 1708, p. 203.
(7) Wepfer, De vermibus ventriculi lupini, in Mise, nat, cm»*., dec. 2, ann. VIII,
obs. i, 1689.
(8) Rudolphi, Synopsis, p. 2U).
(9) Ouïr, cit., p. 226.
(396 AFFECTIONS VERM1NEUSES DU TISSU CELLULAIRE
vermineux sur le proventricule de l'alouette de mer [Tringa al-
pina) (1); enfin nous mentionnerons encore des tumeurs de l'es-
tomac trouvées par Braun (2) et par Rudolphi (3) chez la tortue
d'eau douce, par Tiedemann et par Lallemand chez le crocodile du
Nil (4).
QUATRIÈME PARTIE.
AFFECTIONS VERMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE INTER-
ORGANIQUE.
On observe chez l'homme un entozoaire qui ne se rencontre point
dans les organes internes, mais qui habite les régions superficielles
de la tête et du tronc et les extrémités, parties dans lesquelles il dé-
termine des lésions pathologiques plus ou moins graves; c'est la
filaire de Mèdine. Ce ver n'est point enkysté, il vit dans les tissus
et rampe librement sous la peau, entre les vaisseaux, les nerfs et les
muscles ou dans l'épaisseur de ces derniers.
Les entozoaires qui ont un séjour analogue chez divers animaux
sauvages ou domestiques, ne paraissent point pour ces animaux des
hôtes incommodes ou dangereux; chez le cheval seulement \&filaria
papillosa ? occasionne des accidents lorsqu'elle se développe dans
l'oeil (voy. livr. IV, part, i, Vers de l'œil). Nous ne nous occupe-
rons donc ici que de la filaire de l'homme.
La filaire de l'homme. — Filaria medinensis [Synops., n° 77).
DÉNOMINATIONS.
ApaxcvTiov, — Galien; = (S'paxovriov p.apov, — Plutarque.
Dracunculus, — les auteurs latins.
Ark, œrk, irk, erk almedini, — les auteurs arabes.
Vena Medenœ, medinensis ou civilis ; vena cruris; vena exiens ou egrediens; wna
saniosa, — les traducteurs des Arabes.
Nervus medinensis, — Kœmpfer et Cartheuscr; — penafamosa,— Gui de Cbauliac.
(1) Dujardin, ouvr. cit., p. 99.
(2) Rud., Enl. hist., t. Il, p. 1, 198.
V.i) fiud., Syn., p. 25 et 242 {Spiroptera coniorta).
(4) Rayer, Comptes rendus des séances et mémoires de la Soc. biologie cit., 1849,
t. I, p. 128.
11NTER0RGANIQUE. — LA FILAIRE DE L'HOMME. 697
Noms vulgaires,
Sénégal — Soungouf (Cezilly).
Guinée — Ickon (Blommers, Ksempfer).
Darfour, Sennar, Cordofan, Gedda — Fertit (Pruner, Ferrari, Gand).
La Mecque — Farenlil (Niebuhr).
Haleb — Aerck el insil (Niebuhr).
Perse ■ — Pejurûc, naru (Niebuhr, Cartheuser, Kœmpfer).
Inde — Narambo, nurapoa chalandy (Dubois) ; = nurapu chilendi (le père Martin).
Bucharie — Irschata (Gmelin).
France. — Le dragonneau, la veine de Mcdine, soye (Andry), le ver cutané (des
Marchais), le ver de Guinée, le filaire de Médine.
Angleterre. — The hairworm, Guinea-worm.
Allemagne. — Der Médina wurm, der Guitieische fadenivurm, haulwurm, bein-
wurm, pharaonswurm, der Guineische drache.
Hollande. — Huidworm, beenworm, traadworm, Guineeische draakje.
Suède. — Onda-betet, tagelmatk.
Italie. — Dragoncello,
Espagne. — Colebrilla.
Portugal. — Culebrilla.
CHAPITRE PREMIER.
HISTORIQUE.
La connaissance de la filaire de l'homme remonte à l'antiquité :
un géographe grec du deuxième siècle avant Jésus- Christ. Agathar-
chide, de Cnide, au rapport de Plutarque (1) , a parlé de ce ver comme
attaquant les peuples qui habitent les bords de la mer Rouge ; So-
ranus d'Éphèse (97 de Jésus-Christ) et Léonides d'Alexandrie, cités
par Paul d'Égine, en ont également fait mention dans leurs ouvrages
aujourd'hui perdus. Galien a parlé de la filaire sur le rapport de
voyageurs qui lui ont dit l'avoir vue, mais lui-même ne l'a point
observée (2). ^Etius donne sur cet entozoaire des détails très précis
qu'il emprunte à Léonides (3) : la nature de cet animal semblable
aux vers lombrico'ides , les pays qu'il habite, son siège dansles chairs.
(1) Agatarchidas apud Plutarchum, Quesl. conviv., lib. VIII, quest. 9, opp.
moral., edit. Dùben, Paris, t. I, p. 894, cité par Diesing.
(2) Galenus, De locis affectis, lib. VI, cap. 3.
(3) iEtii, Med. grœc. contractas ex vet. med. tetrabiblos per J. Cornarium, lat.
conscripti. tetrab. IV, sermo », cap. 85; De brachiorum ac crurwn dracunculis,
Leonidœ.
()98 AFFKCTIONS VEIIMINEUSES DU TISSU CliUUMIRE
des membres, les lésions qu'il détermine, les dangers de sa rupture,
le traitement qu'on doit lui opposer, lui étaient parfaitement connus.
Paul d'Egine, après en avoir parlé à peu près dans les mêmes termes,
nous apprend que Soranus était disposé à regarder le dragonneau
plutôt comme une substance nerveuse que comme un animal :
» Cœterum Soranus neque omnino animal, sed nervi alicujus concre-
» tionem, dracunculum esse putat, qui opinionem solum inducat
■• quod moveatur (1). » Enfin Actuarius dit aussi quelques mots de
ce ver (2) .
Plusieurs auteurs arabes, Rhazès, Avicenne, Albucasis, etc., ont
parlé de la filaire de l'homme; mais ils n'ont rien ajouté de bien
important aux détails donnés par iEtius et Paul d'Égine. Le passage
d' Avicenne, qui concerne la filaire de Médine, a été souvent cité (3),
toutefois Rhazès, qui écrivit longtemps avant Avicenne, n'est pas
moins explicite (4) ; ces deux auteurs, d'après la fréquence de la
filaire à Médine, ont désigné ce ver sous le nom de Vena Medeni
Vena Medence, ou Vena civilis.
Les Arabes paraissent avoir méconnu l'animalité de la filaire de
l'homme; en effet, Rhazès dit que les vers s'engendrent dans les
intestins seulement (5) et, quoique iEtius eût regardé, d'après Léo-
nides, la filaire comme un ver, quoiqu'il en eût, fait mention im-
médiatement à la suite des vers des intestins, l'auteur arabe n'en
parle qu'à propos des maladies des membres inférieurs. Avicenne
lie suit point non plus l'exemple d'iEtius, il ne parle de la filaire
qu'à propos des abcès et des tumeurs. Cet auteur rapporte que
quelques médecins considèrent le dragonneau comme un ver, et que
d'autres le regardent comme une portion de nerf, mais il ne se pro-
nonce point entre les deux opinions.
L'expression de vena , par laquelle le ver de Médine est dé-
signé dans les écrits arabes , indique assez que leurs auteurs n'ont pas
connu l'animalité de la filaire; toutefois il n'est pas probable qu'ils
aient regardé cet entozoaire comme une veine: l'opinion, rappelée
par Avicenne, que la filaire de Médine est un nerf, sa couleur
(1) Pauli iEginetse, De re medicâ; J. Cornario interp., lib. IV, cap. 59, De
dracimculis.
(2) Actuarii Medicus, sive de methodo medendi, lib. IV, cap. 16, De tumoribus
prœter naturam, et lib. VI, cap. 8, De ulceribus.
(3) Avicenna, ouvr. cit., lib. IV, sect. 3, tract. 2, cap. 21 et 22, p. 128.
(4) Continentem Rasis Venetiis, 1542, p. 297, 298.
(5) Op. cit., p. 280.
INTERORGANIQUE. — tA FILAIRE DE L'HOMME. 699
blanche indiquée par Albucasis (Alzaravius), dans les ouvrages
duquel elle porte néanmoins le nom de vena exiens, vena cruris,
ne permettent pas cette interprétation. L'expression Arc ou Erk
qui désigne la filaire chez les Arabes, répond aux mots latins sui-
vants : « radix, origa , vena, arteria, etc. (1); en choisissant
parmi ces synonymes le mot vena pour désigner la filaire, les tra-
ducteurs ont certainement commis une erreur, le mot radix eût été
plus exact (2) ; quoi qu'il en soit, cette dernière expression n'im-
plique pas plus que celle de vena l'idée d'un animal.
Les notions données par les Grecs et par les Arabes sur la filaire
ont reçu des interprétations erronées de beaucoup d'auteurs qui en
ont parlé à leur suite, tels sont Ambroise Paré, Gui de Chauliac,
Montano, etc. C'est depuis que les contrées intertropicales sont fré-
quemment visitées par les voyageurs européens, c'est-à-dire depuis
moins de trois siècles, que l'on a acquis des connaissances précises
sur la filaire de l'homme et sur les désordres qu'elle occasionne dans
les organes, Ka&mpfer, Dampier, Lind, LœfRer, Gregor, etc., ont
confirmé ou rectifié les faits rapportés par les anciens et les Arabes ;
toutefois les récits de ces auteurs ont été contestés par beaucoup de
médecins, leurs contemporains, et regardés comme entachés d'exagé-
ration ou d'inexactitude. Aujourd'hui que l'on ne conserve aucun
doute sur l'animalité du ver de Médine, et que les relations des voya-
geurs et des médecins qui l'ont observé peuvent être acceptées sans
conteste, la discussion des opinions de leurs contradicteurs serait
superflue. Nous n'examinerons pas non plus certaines opinions re-
latives au mode d'origine ou de transmission de la filaire, comme celle
de sa génération spontanée, celle qui fait de ce ver une larve d'in-
secte ou bien un gordius aquaticus, modifiés par leur habitat, celle
qui en fait un produit de l'usage ou de l'abus de certaines
liqueurs, etc., mais nous rappellerons dans la suite les vues qui ne
sont point en contradiction avec nos connaissances en helmintho-
logie.
(1) Freytagii Lexicon, Halis, 1835.
(2) M. le docteur Perron, aujourd'hui directeur de l'École arabe à Alger, qui a
acquis dans son long séjour en Egypte des connaissances approfondies sur la langue
arabe, m'a dit que le mot arc signifie proprement une racine longue et filiforme,
un filament et par extension une veine, un nerf, une artère, etc., en un mot, tout
ce qui est long, mince, filiforme; il eût donc été plus exact de dire le filament de
Médine,
700 AFFECTIONS VERMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE
CHAPITRE II.
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE.
La filaire de l'homme est propre aux régions tropicales, toutefois
c'est à peu près exclusivement dans l'ancien monde que cet ento-
zoaire existe. Dans l'Amérique méridionale, on a signalé l'appari-
tion de ce ver par épidémies (l), mais à l'état d'endémie il n'est
connu que dans l'île de Curaçao.
Bien qu'une grande étendue du continent américain soit située
sous les tropiques, on ne cite point de contrées dans lesquelles la
filaire existe d'une manière permanente. Les fréquentes importa-
tions de ce ver par les esclaves amenés de la côte d'Afrique eussent
pu cependant l'y propager aussi bien qu'à Curaçao où la filaire
paraît s'être introduite de cette manière. Dans cette île, les habi-
tants de race blanche y sont sujets comme les nègres : Dam-
pier rend témoignage de ce fait (2) et, d'après le baron de Ja-
quin, le quart de la population, tant noire qu'indigène, en est
atteint (3).
Dans les autres îles du groupe des Antilles, le dragonneau a été
fort souvent observé, et nous devons à quelques médecins de ces
pays des faits intéressants sur cet entozoaire; mais c'est sur les in-
dividus arrivant des contrées tropicales de l'Asie ou de l'Afrique
qu'ils ont vu la filaire. L'introduction dans les colonies d'Amérique
des esclaves venant de la côte occidentale d'Afrique est la circon-
stance qui a donné très fréquemment aux médecins du nouveau
monde l'occasion d'observer le ver qui nous occupe.
Hans Sloan's, Voyage to Jamàica, Modéra, etc., London, 1725, vol. II, p. 190.
P. Fermin, Descript. gén. hist. et géograph. de lacolonie de Surinam, Arast. 1769.
Pouppé Desportes (Saint-Domingue), ouvr. cit., 1770, t. II, p. 272.
Mongin (Saint-Domingue), Mém. cit., ci-après.
Péré (Saint-Domingue), Mémoire sur le dragonneau [Journ. de méd., etc., 1 774,
t. XLII, p. 123).
Bajoh, Mémoire pour servir à l'histoire de Cayenne et de la Guyane française,
Paris, 1777, t. I, mém. 10, p. 321 et suiv.
(1) Voyez ci-après une épidémie observée par Ferg dans la Guyane hollandaise.
(2) Guillaume-Dampier, Supplément du Voyage autour du monde, Rouen, 1715,
t. III, p. 340.
(3) Bremser, ouvr. cit., p. 214.
IMtROUGANIQUE. — LA F1LA1KE DE L HOMME. 701
Kunsemulleu (Surinam), De rnorbo Yaws diclo et de vena Medinensi,prœs. Curt
Sprengelio, Hal., 1797.
Sigaud (Brésil), ouvr. cil., p 134-135.
Dans l'Amérique septentrionale et en Europe, la filaire n'a
jamais été vue que sur des individus arrivant des contrées intertro-
picales.
Cas de filaire observée dans les contrées où ce ver n'est pas en-
démique.
Turquie d'Europe. = Cas de J. Rodmguez (Amatus Lusitanus) ; — Thes-
salonique ; esclave éthiopien âgé de dix-huit ans, amené de Memphis, ulcère
près du talon, extraction d'une filaire longue d'environ trois coudées. L'au-
teur se demande si ce corps était un nerf ou un ver, et il répond : « E°-o
» vero oculatus testis... testor morbum hune tanquam lumbricum conspici,
» album, subtilem, etc. (Amatus Lusitanus, op. cit., cent. vu. curât. lxiv).»
— Cas de Ficipio. — Constantinople ; jeune femme ; pèlerinage à la Mecque;
huit mois après, apparition de tumeurs aux jambes ; ulcérations, apparition
de filaires, extraction, guérison (jambe gauche quatre filaires, jambe droite
trois) (Gazette méd. d'Orient et Revue de thêrap. méd.-chirurg., 4 858,
p. 653).
France. = Cas de Guénot. — La Rochelle; Hollandais, ayant un ver à
chaque jambe; extraction, guérison.
— Autre cas de Guénot. — Montauban ; mort; autopsie (rapporté par G.- J.
Yelsch. Exerc. de vend Medinensi ad menlem Ebn Singe sive de dracuncuUs
veterum, p. 311 et 312. Augustae Vindelicorum, 1674).
— Cas de Maisonneuve. — Paris ; homme âgé de vingt-huit ans, ayant quitté
le Sénégal plus de quatre mois avant la manifestation des premiers sym-
ptômes. Deux filaires au pied gauche; embryons conservés vivants pendant
plusieurs jours ; rupture des vers, incisions ; guérison (Note sur un dragon-
neau observé à Paris, dans les Archiv. gén. de méd., 4e série, t. VI, p. 472,
1844).
— - Cas de Malgaigne et Robin. — Paris ; homme ayant quitté Bombay le
13 mai 4 854; filaire à la malléole externe ; incision le 27 juillet ; extraction ;
guérison (Bull. Soc. anat. de Paris, 1851, p. 311, et Soc. biolog. infrà
cit. ).
— Cas de Cezilly. — Toulon ; homme âgé de vingt-deux ans ; au Sénégal
en 1855, à Bombay en janvier 1857 ; en mars 1857, apparition de filaires
aux jambes (A. -H. Cezilly, Observ. sur le dragonneau, thèse n° 203, p. 21,
Paris, 1858.)
70"2 AtTliCTlONS VliHMlNliUSIiS DU TISSU CELLULAIHK
Hollande. — Cas do Kuyscii. — Enfant; ver de Guinée à la main (pièce
analomiquo) (op. cil., Ihès. anal., III, n° 14, p. 13).
— Cas de Houppe. — Navire de guerre revenu de Curaçao en Hollande, lus
deux tiers de l'équipage sont atteints de filaires après leur retour (Over de
zieklen der Scheeplvarendcn, p. 216, cité par Gervais et Van Beneden, ouvr.
cil., t. II, p. 141).
Suisse. == Cromer pris de la filaire en Suisse, après qu'il fut de retour de
ses voyages (voir Wepfer, in Ephem. nat. cur. decur. 2, ann. X, p. 315-
317).
Suède. === Un gordius medinensis? trouvé à Gottenburg, fut communiqué
à Linné par le roi de Suède (R. Pulteney, Revue générale des ouvrages de
Linné, t. I, p. 303).
Danemurck. — Cas de Jacobson. — Arabe, entré à l'hôpital de Copen-
hague ; ver près de la malléole, embryons observés (Acad. des se, 17 mars
1834).
Allemagne. = Reinuold Wagner parle d'un ver situé dans la jambe droite
d'un individu qui avait fait plusieurs voyages aux Indes ; mais ce ver, que
l'auteur regarde comme un di'agonneau, avait la grosseur du petit doigt
(in Novis litterariis maris Ballici, ann. 1698 ; mens, febr., cité par Leclerc,
p. 266).
Angleterre. — Cas de R. Mead. — Matelot revenant d'Afrique (OEuvr.
phys. etméd., trad., t. II, p. 265, Bouillon, 1774).
■ — Cas de ...? — Soulhampton ; matelot venant d'Afrique; il n'était des-
cendu à terre qu'une fois et pour trois heures seulement, il avait marché les
pieds nus (Journ. conn. médic, chirurg., nov. 1843, p. 310, d'après un
journal anglais).
— Cas d'OKE. — Matelot revenant de la côte d'Afrique; sept mois après,
extraction de plusieurs filaires; guérison (Provincial médic. journ., London,
1843, n° 1 51 , p. 146. — Wiegmanns Archiv, 1 845, p. 207. — Gervais et
Van Beneden, ouvr. cil., t. II, p. 139).
Etals-Unis. == Cas de Ch. Stedman; — Matelot revenu d'Afrique depuis un
an ; filaire sous les téguments de l'abdomen (Boston catalogue, cit., n° 884,
p.318).
Algérie. == Le docteur Guyôn. — 1° Cas d'un Maure de retour de la Mecque
depuis deux à trois mois ; 2° d'un matelot anglais revenant de l'Inde (Gaz.
mèd., 1841, p. 106).
Egypte. =Clot (Bey), ouvr. et obs. iiifrà cit., — Pruner, ouvr. cit., —
Perron, Comptes rendus de VAcad. des se, t. VIII, p. 801, 1839, méin.
inédit.
Ile de France. = CtUpotiN. — Observations sûr le dragonneau (Bull, dés
sciences médicales, 1810, t. V, p. 308).
iNIERORGANiQUE. — LA PILAIRE DE L'HOMMK. 703
En Asie et en Afrique, le ver de Médine est répandu sur un vaste
espace ; si les relations des médecins et des voyageurs signalent sur-
tout son existence dans les contrées qui avoisinent les mers, c'est
que la plupart de ces auteurs n'ont visité que le littoral, mais on
peut juger, d'après un nombre suffisant de faits, que les régions cen-
trales des deux continents ne sont pas moins infestées par la
filaire.
Côte occidentale d'Afrique.
Sénégal. = Très commune à Backel, d'après le docteur Margaia, chef du service
de santé à Saint-Louis du Sénégal {Rapport au minisire de la marine, cité par
Boudin, ouvr. cit., 1. 1, p. 344). — Très commune à Podor, chez les soldats venant
de Backel et Galam, d'après le docteur Amouretti [Rapport au ministre de la ma-
rine, dans Boudin, ouvr. cit., p. 345); — d'après Cezilly (Thèse cit., p. 31).
Cûte de Guinée. =Signalée au Cap-Corse, par Jo. Abrah. Heinzel (dans Velsch.,
ouvr. cit.> p. 314). — Très commune au château de Saint-Georges-de-Mina ,
d'après Michel Hemmersam (Hin. Guineens., c. 13, cité par Velsch, p. 313).—
Arthus (Gotardi Dantiscaui) (Indiœ orientalis, etc.,in-fol. 1604, Francofurti, c. 48,
p. 161, cité par Bremser). — A Saint-Georges-de-Mina et au château de Moures,
d'après Samuel Blommers (Velsch, p. 319). — Au château de Moures, d'après Fr»
Lachmund (in Miscellan. nal. curios. Decur. 1, ann. IV et V). — Ant. Cromer,
1652, cité ci-dessus. — Très commune à Cormantin et à Apam, d'après Guill. Bos-
man (Voyage de Guinée, Utrecht, 1705, Lett. 8, p. 116). — Gallandat, ancien
chirurgien-major de vaisseau, Lettre sur le dragûnneau ou veine de Médine (Jourm
de méd.i Paris, 1760, t. XII, p> 25). — Lœfflers Adolph. Fried. (Beitrage zur
Arsenei, etc., Leipzig, 1791, cité par Bremser). ■— - Lind (An Essay on diseases
incid. to Ëurop. in hol climates, London, 1758, in-8", p. 53; traduct. franc.,
1785, 1. 1, p. 71). — Isert (Paul-Erdmann), Voyages en Guinée, Paris, 1793, in-8°.
— Sierra-Leone, F.Moore, Voyages (dans Prévôt, Hist. des voyages, t. III, p. 103).
■— R. Clarck, Observ. de plusieurs dragonneaux sur un enfant (in The medico*
chirurg. Review, et Gaz. méd., Paris, 1840, t. VIII, p. 809).
CÔTE ORIENTALE D'AFRIQUE.
Le Sennar. a= Clôt (Bey), Aperçu sur le ver dragonneau observé en Egypte,
Marseille, 1830.
Afrique centrale.
Tumale? = Tutschek (Médis, 'iustande in Tumale, 1845, p. 12-13, cité par
Diesing).
Désert de Sahara. =D'après M. Guyon, commune chez les Touaregs (Note sur. les
Touarlks par M. Serres, Comptes rendus, 1856, 1" sem., p. 188); — commune à
Tuggurl (Bertherand, Hyg. et méd. des Arabes, p. 426, Paris, 1855, cité par Boudin);
Le Darjfour. = Glot (Bey), ouvr. cit., — observée daus le Cordofan, par M. Fer-
rari et le dobteur Maruchi (Relations dans Clol (Bey), ouvr. cit.).
7 (M AFFEOUQNS NEUMlNhUSLS DU TISSU CliLLULAIRE
Asie.
Arabie. = Les médecins grecs et arabes, — l'Hedjaz, Clôt (Bey), — l'Yemen,
Carslcn Niebuhr [llcschrcibung von Arabien, Copenhague, 1772, in-i", s. 133,
cite par Rudolphi).
Littoral du golfe Pcrsiquc. = Kœmpfer (Amœnitatum exolic. pol. phys. mcd.,
fasc. 5, etc., auct. Engclb. Kamipfero, Lcmgoviœ, 1712, in-4°, observ. IV, Dra-
cunculus in litlore sinus Persici, p. 52 i).
Ile d'Ormus. = Kîempfer, — Arlhus, — J. H. de Linshot [Hist, de la navi-
gation, Amstel, 1638, c. VI, p. 17, ? cité par Bremser).
Perse. — Commune à Lara (Auj. Lar), où il y a de mauvaise eau; au rapport
de D. de Bourges, (Description de l'itinéraire de l'cuëque de Beyrouth en Chine,
p. 101 cité par Velsch.,op. cit., p. 316).— Très commune entre Ispalian et Bendcr
Abassi, surtout dans un village appelé Benarou; le chevalier Chardin (Voyage en
Perse et autres lieux de l'Orient, Amsterdam, 1735, t. II, p. 213). — A Gambron
(Ben 'er Abassi) d'après Niebuhr (ouvr. cit.).
Indes orientales. — Commune chez les Tamouls (Lettre du P. Martin au P. Vil-
lette dans Lettres édif. et cur., éd. 1781, t. XII, cité parLaennec, art. Filaire, Dict.
se- mëd.). — Commune entre Delhi et Kaehmirc, d'après Fr. Bernier, docteur en
médecine de la faculté de Montpellier (Voyages contenant la description des États
du grand Mogol, de VHindoustan, etc., Amst., 1723, t. Il, p. 212). — A Latimun-
culum, Karnatik, Madura, d'après Dubois (Hist. of Guineaworm, and the method of
cure employed by the Hindoos, Edinb. med. and. surg. Journ., vol. II, fasc. 7,
p. 300. — A Bombay, James M. Gregor (Médical Skelches of theexpedil to Egypt
from India, London, 1804, in-8°, p.202,«t Edinb. med. and surg. Journ., vol. I,
p. 281). — Bruce (Ninian), Remarks on the dracunculus or Guineaworm, asit
appears in the Peninsulaof India, in Edinb. medic. a»d surg. Journ., 1806, vol. II,
p. 145. — Paton, Cases of Guineaworms, with observations (in Edinb. med. and
surg. Journ., 1806, t. II, p. 151). — Voy. encore M'CIelland, Morehead, etc.,
cités ci-après.
Tarlarie. — « Vesligia (dracunculi) inveni quoque in Tartaria déserta prope
flumen Jaccum quà Caspium subit, » dit Kajmpfer (ouvr. cit., p. 527). Aucun
auteur, à notre connaissance, n'a signalé l'existence de la filaire dans une contrée
plus rapprochée du nord.
La plus extrême limite du domaine de la filaire de l'homme vers
le nord est : en Asie, la côte septentrionale ? de la mer Caspienne ;
en Afrique, l'Egypte et le versant méridional de l'Atlas (Tougourt) ;
c'est-à-dire le 47e degré de latitude en Asie et le 33e en Afrique.
Vers le sud, les observations n'établissent pas avec certitude que
cet entozoaire existe au delà de l'équateur, quoiqu'il soit probable
qu'il se trouve dans la zone du tropique du capricorne comme dans
celle du tropique du Cancer (1).
(I) Je ne trouve dans aucun auteur la mention de l'existence de la Claire a la
INTERORGANIQUE. — LA FILAIRE DE L'HOMME. 705
De deux localités très rapprochées l'une peut être infestée clu dra-
gonneau et l'autre en être complètement exempte. Dans le château
appelé Saint- Georges-de-Mina (Guinée) la filaire est extrêmement
commune d'après Hemmersam, Blommers, etc., et à vingt-cinq
milles vers l'est, d'après Arthus et Blommers, on ne connaît pas cet
entozoaire. Il en est de même, d'après Gregor, entre Bombay où la
filaire est endémique, et l'île de Coulabah qui n'est éloignée de cette
ville que d'une lieue. Enfin, Morehead établit positivement ce fait à
l'égard de divers districts de l'intérieur de l'Inde (1).
CHAPITRE II[.
CAUSES ET CONDITIONS DE LA PROPAGATION DE LA FILAIRE.
Plusieurs conditions favorisent l'apparition ou la propagation de
la filaire : la plus évidente, c'est la chaleur qui est la condition domi-
côte orientale d'Afrique, au sud de l'équateur. 11 est vrai que ces régions sont peu
visitées par les Européens; toutefois, la filaire n'existe pas à l'île de France :
Chapotin, qui a pratiqué longtemps la médecine dans cette île, n'a observé
le dragonneau que sur des individus venant d'autres contrées; ce même auteur
ajoute qu'il n'a jamais vu de filaire parmi les esclaves apportés de Zanzibar, de
la côte d'Afrique ou de Madagascar (mém. cit.). — Quant à la côte occidentale,
l'existence de la filaire au sud de l'équateur n'est pas bien prouvée. Cromer (Brem-
ser, p. 217) dit qu'un général hollandais qui demeurait à Angola ne put s'en garan-
tir quoiqu'il fît exclusivement usage d'aliments et de boissons provenant de
l'Europe; mais d'un autre côté, Lceffler rapporte que parmi 600 esclaves achetés
à Angola, il n'y en avait aucun qui fût atteint par la filaire (Bremser, p. 212).
Sloaue prétend que les nègres qui arrivent à la Jamaïque, d'Angola et de Gamba,
n'ont jamais le dragonneau; enfin, un témoignage beaucoup plus certain est celui
de Guyot, chirurgien de marine, qui fit plusieurs voyages à la côte d'Angola. Ce
chirurgien ayant observé sous la conjonctive des vers dont nous parlerons à propos
des entozoaires de l'œil, s'exprime ainsi : « Je ne crois pas que ces vers soient de
» l'espèce du dragonneau, car ils sont très blancs, plus durs et moins longs à pro-
portion. Pendant sept voyages que j'ai faits à la côte d'Angola, je n'ai jamais
» vu de nègre attaqué de dragonneau ; plusieurs chirurgiens qui ont navigué sur
» ces côtes m'ont assuré n'en avoir jamais vu. Cette circonstance me porte à croire
» que les nègres de cette contrée n'y sont pas sujets. » Le général dont parle
Cromer avait peut-être gagné sa filaire dans quelque parage où il s'était arrêté
avant d'arriver à Angola.
(1) C. Morehead, in Transact. of the médical and physical Society of Calcutta.
vol. VI, p. 420, 1833.
DA VAINE. 45
706 AFFECTIONS VEKMIlSEUSES DU TISSU CÈLLtfMIïfe
nanlc dis climats dans lesquels vit le clragonneau, aussi n'est-on pas
surpris cTehtèndre «lire à Kœmpfer, en parlant de ce ver : « J'ai
trouvé que dans les années les plus chaudes il y en a davan-
tage (1). -
Une autre condition qui ne paraît pas moins nécessaire, c'est
l'humidité. La chaleur et l'humidité sont probablement les causes
de la grande fréquence de la filaire à certaines époques de l'année,
époques qui varient avec les conditions climatologiques des divers
pays. D'après Kœmpfer, le clragonneau apparaît à Ormus pendant
la canicule; dans les Indes orientales, d'après Dubois, il se montre
principalement pendant les mois de novembre, décembre et janvier;
mais, d'après les observations positives de Morehead, la filaire ne se
montre à Kirkee (Inde) que de mars en septembre (2). Dans le Cor-
dofan, le Sennar et le Darfour, d'après Clot-Bey, il est très com-
mun en avril, mai et juin, saison des pluies (3).
L'action de la chaleur et de l'humidité sur la propagation de la
filaire, sa limitation aux contrées tropicales doivent tenir, soit à des
conditions d'organisation, soit à des propriétés vitales particulières
de ce ver. Il importe, avant d'aller plus loin, d'examiner cette ques-
tion, dont la solution pourrait jeter quelque jour sur celles qui vont
suivre.
La filaire qui s'est développée dans le corps de l'homme, ne
donne, lorsqu'on en fait l'extraction, que quelques signes de vie et
périt bientôt 5 elle ne possède donc point en elle-même ses moyens de
transmission et de propagation. A l'époque où cet entozoaire cherche
â quitter l'organisme dans lequel il a pris tout son développement,
son corps est rempli d'une substance laiteuse signalée par plusieurs
médecins. Cette substance n'est autre chose que l'agglomération
d'une prodigieuse quantité d'embryons, isolément invisibles à l'œil
nu ; ils ont une longueur de 0min,75 et une épaisseur de 0mm,01. Ces
embryons vivent un temps indéterminé, plusieurs jours au moins, dans
de l'eau à la température ordinaire de nos contrées ; •• en outre, ils
(1) Kœmpfer, omit, cit., p. 529.
(2) Voy. infrà, p. 717, le tableau des cas observés par ce médecin.
(3) Il est nécessaire de remarquer que l'apparition de la filaire ne coïncide point
avec l'époque à laquelle elle se transmet ; si l'on cherchait les conditions extérieures
de sa transmission, il faudrait se reporter à plusieurs mois, peut-être même à une
année en arrière. Avant tout, il faut donc se préoccuper de reconnaître la durée
d'incubation du dragonneau.
iNTEliORGANIQUE. — LA FlLAIRE DE 1,'lluMME. 707
pouvaient, dit M. Robin qui observa ce fait, ils pouvaient être
abandonnés dans une goutte d'eau qui se desséchait et les laissait
sans mouvements, puis reprendre toute leur agilité et leur énergie
par addition d'eau , six à douze heures
après la dessiccation (1). »
Déjà M'Clelland avait vu que des em-
bryons de filaire, desséchés depuis vingt-
quatre heures sur une lame de verre, étaient
revenus à la vie après avoir été humectés
avec de l'eau (2), et Forbes avait conservé
de ces embryons en vie pendant quinze à
vingt jours, dans de la terre humide (3).
Combien de temps peuvent-ils vivre
dans l'eau, à la chaleur des contrées tropi-
cales ? combien de temps peuvent-ils rester
en état de dessiccation sans périr î C'est ce
qu'il serait important de déterminer. Quoi
qu'il en soit, on comprend que c'est à la
propriété que possède la larve, de vivre un
certain temps hors du corps de l'homme,
et à celle de ne pas être tuée par la dessic- FlG, 30.. 4- Embryons de in oiaiee de
cation, que la filaire doit ses moyens de rhomme •- d;. Vnj; ™ s~*-
' x •> ment de 65 diamètres; — 2, lete
transmission; en effet, les larves, vivant vue au grossissement de 65 dîamè-
t i i i • 1res; — 3.' fragment où se voit
dans les eaux des mares ou des ruisseaux, rftW(S? a . (môme grassement) .
transportées dans ces eaux à l'état de
poussière, ou revivifiées à la surface du sol par les pluies, peuvent
trouver après longtemps l'occasion de s'introduire dans les organes
où elles se développeront. Ce fait n'est pas aujourd'hui sans analo-
gues, par exemple :
Un ver nématoïde aussi, Y anguillule du blé niellé, ne peut vivre
adulte hors du blé, mais la larve passe plusieurs mois dans l'eau sans
périr, et, desséchée, elle reste en état de vie latente ; dans cette con-
dition, elle peut attendre plusieurs années même, que l'humidité
lui rende les manifestations de la vie, et lui permette de s'intro-
(1) Ch. Robin, Comptes rendus de la Soc. biolog., 2e série, 185S, t. Il, p. 33.
(2) John M'Clellaild, The Calcutta joum. of nalural historyt 1811, vol . I, p. 366,
'Remarks on dracunculus.
(3) Forbes, Trans. of Bombay, t. î, p. 216, cilé p.ir Vogelj ouvv. cit., p. 407,
note.
108 AFFECTIONS VEBMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE
(luire dans une nouvelle plante de blé, hors de laquelle elle ne peut
se développer et devenir adulte (1).
Un ver ncmaloïde qui vit chez les insectes comme la filaire chez
l'homme, le merm,is, se trouve, à l'état de larve, dans la terre ; si
cette larve rencontre l'insecte qui doit la nourrir, elle pénètre à tra-
vers ses téguments, séjourne et se développe dans ses tissus ; devenu
adulte, le inermis quitte enfin son hôte pour aller déposer ses œufs
dans la terre où ils éclosent.
Ainsi, comme l'anguillule du blé, dès qu'elle quitte son séjour nor-
mal, la filaire à l'état adulte périt, et comme cette anguillule, à l'état
de larve elle vit dans l'eau et se dessèche sans périr, et sans doute,
elle peut attendre longtemps aussi l'occasion de s'introduire dans
un séjour hors duquel elle n'arrive point à l'état adulte; comme le
mermis, elle s'introduit sous les téguments de son hôte et le quitte
lorsque, complètement développée, elle n'a plus qu'à verser au
dehors les embryons qui la propagent.
Le séjour que fait la larve hors du corps de l'homme rend donc
raison de l'influence des agents extérieurs sur la propagation de la
filaire : l'humidité est nécessaire aux manifestations de la vie, à la
locomotion; la chaleur est nécessaire, sans doute, à la prolongation
de la vie, à l'énergie de ses manifestations.
Ici se présente une question importante : les embryons expulsés
du corps de la filaire-mère ne peuvent-ils immédiatement s'intro-
duire dans les- chairs et s'y développer? Nous croyons devoir ré-
pondre négativement pour deux raisons : la première, c'est que la
rupture d'une filaire dans un membre n'est pas suivie d'une nouvelle
génération de filaires, nous en apporterons les preuves ci-après; la
seconde, c'est que ce -ver ne se propage pas dans les pays du Nord,
quoique la larve puisse y vivre dans l'eau pendant plusieurs jours.
Nous regardons comme probable, d'après ces faits, que la larve ac-
quiert un certain développement hors du corps de l'homme avant de
s'y introduire pour atteindre l'état adulte, et que la chaleur tropicale
est nécessaire à l'accomplissement du développement au dehors.
En général, les médecins qui ont eu sous les yeux la filaire de
l'homme ne l'ont point regardée comme un corps de nature inanimée,
et ceux qui l'ont observée dans les climats tropicaux ne l'ont point
considérée comme le produit d'une génération spontanée; plusieurs
(1) Davaine, Recherches sur l'anguillule du blé niellé, mém. couronné par l'In-
stitut, dans Mém. Soc. biologie, 1856.
INTERORGANIQUE. — LA FILAIRE DE L' HOMME. 709
ont pensé que ce ver s'introduit du dehors dans le corps humain,
mais ignorant la petitesse microscopique de la larve, ils se sont sou-
vent bornés à de vaines discussions sur la présence ou sur l'absence
du dragonneau dans les eaux des localités où il est endémique.
Lœfïïer dit qu'il n'a pas appris qu'en Afrique on l'eût jamais ob-
servé clans l'eau (1); Lind, qui a examiné celle de plusieurs con-
trées habitées par la filaire, n'y a jamais vu le moindre vestige de
ces vers (2).
Dans la plupart des contrées où règne la filaire c'est une opinion
accréditée qu'elle se gagne par l'eau, soit appliquée à l'extérieur du
corps, soit ingérée dans l'estomac.
Au cap Corse d'après Heinzel, à la côte de Guinée d'après Blom-
mers etBosman, à Sierra-Leone d'après Moore, à Ormus d'après
Kœmpfer, en Perse et surtout à Benarou d'api es Chardin, etc., la
mauvaise eau que l'on boit dans la saison des pluies ou celle que
l'on recueille dans des citernes est la cause de la fréquence du dra-
gonneau.
Niebuhr rapporte que dans l'Yemen on fait filtrer ce liquide à tra-
vers de la toile pour se préserver des atteintes de la filaire; Arthus
raconte que les habitants de l'île d'Ormus font, pour cette raison,
puiser de l'eau de mer à dix -huit toises de profondeur ; Gallandat
affirme que ceux qui ne boivent pas d'eau en Guinée ne sont pas at-
taqués de la filaire ; Bernier, voyageant dans l'Inde, emporte avec
lui de l'eau pure du Gange, pour ne pas faire usage de la mauvaise
eau de la route qui engendre, dit-il, des vers dans les jambes.
Dans les provinces du Sennar et du Cordofan, les personnes qui
sont le plus généralement affectées du dragonneau, sont, d'après
M. Ferrari, chirurgien-major au service de l'Egypte, celles qui se
baignent dans les eaux stagnantes qui couvrent le sol du pays ou qui
s'abreuvent de ces mêmes eaux (3). « Les habitants du Cordofan, du
Sennar et du Darfour, dit Clot-Bey, l'attribuent aux pluies abondantes
qui ont lieu en avril, mai et juin. Ils prétendent qu'on le contracte dans
(1) Mém. cil. et Bremser, Vers intestinaux de l'homme. Paris, 1824, p. 210.
(2) L'eau examinée au microscope par Lind, lui avait été envoyée du Sénégal, de
Gambie et de Sierra-Leone. Elle était très corrompue et Lind n'y trouva pas le
moindre vestige d'animalcules; il en conclut que la putréfaction les avait tués
(ouvr. cil.,l. I, p. 83). Ce genre de recherches ne pouvait évidemment mener à
rien, car il existe dans les rivières des anguitlules en grand nombre que l'observa-
teur aurait pu prendre pour de petits dragonneaux.
(3) Lettre de M. Ferrari, chirurgien-major, à M. Clôt, médecin en chef des armées ;
Clôt, mém. cit., p. 23.
710 AITKCTIONS VEBMlNEOSliS DU TISSU Clil.LULAIMi
certains lacs d'eau stagnante, et leur opinion est partagée par quel-
ques médecins qui ont voyage" dans cette contrée. Les uns et les au-
tres pensent que le ver dont nous parlons n'est autre chose qu'un
petit animalcule qui s'attache à la peau des individus qui se baignent
dans ces eaux, s'y introduit et s'y développe sous la forme et avec
l'étendue que nous lui remarquons. J'ai demandé si cet animalcule
avait été aperçu , mais tous se sont bornés à croire à son existence
sans chercher à s'en convaincre (1). » D'après Burckhardt, les nè-
gres dans le Schendi gagnent la filaire en se baignant dans le Nil (2) ;
enfin au Sénégal, c'est une opinion généralement reçue que les nègres
la gagnent en se plongeant dans l'eau du fleuve (3).
L'influence de l'humidité sur la propagation de la filaire est con-
firmée par l'observation suivante : « En 1820, Mohammet-Aly, dit
le docteur Maruchi, fit partir pour le Cordofan une expédition mili-
taire commandée par Mahomet-Bey Deftardar, son gendre. Je suivis
ce dernier en qualité de médecin particulier et séjournai trois ans au
Cordofan avec lui. J'avais lu plusieurs observations de dragonneau,
et j'espérais me trouver à même de le traiter chez nos soldats; mais
deux ans s'écoulèrent sans qu'il se manifestât chez aucun d'eux. Ce
ne fut que dans le courant de la troisième année, après des pluies
extraordinaires , que je le vis se déclarer, et en si grand nombre que
le quart des troupes en fut atteint ; j'en fus malheureusement attaqué
moi-même sur vingt-huit points du corps... » « J'observai, ajoute le
docteur Maruchi, (ce qui est constaté par l'expérience) que les indi-
vidus qui en sont le plus fréquemment atteints, sont ceux qui habi-
tent un sol couvert d'eau stagnante ; ceux qui ont leur demeure sur
les rives du fleuve Blanc sont rarement sujets à cette maladie (4). »
Comment concevoir l'apparition subite de toutes ces filaires autre-
ment que par la révivification des larves qui, desséchées, restaient
à la surface du sol en état de vie latente^ l'intervention de l'eau pour
rendre à ces larves leurs propriétés vitales est nécessaire, aussi re-
gardons-nous comme l'expression de la vérité l'opinion presque una-
nime des médecins qui ont visité les contrées tropicales, opinion qui
(1) Clôt, mém. cit., p. 7.
(2) Bilharz, mém. cit., p. 53.
(3) Au Sénégal, dit M. M'", les noirs qui se plongent le plus fréquemment dans
l'eau sont aussi ceux qui sont d'ordinaire atteints.... Galam et Backcl, d'où pro-
viennent ces noirs, sont situés aux cataractes du Sénégal, à 250 lieues de Saint-
Louis (Cezilly, thèse citée, p. 31).
(4) Lettre du docteur Maruchi, médecin de S. E. le Defiardar-Dey, à M. Clôt,
médecin en chef; Clôt, Mém. cit., p. 29-31.
INTERORGANIQUE. — LA ITLAIRE DE L'HOMME. 711
attribue aux pluies, à l'humidité, aux inares, aux ruisseaux et aux
fleuves l'apparition ou la fréquence de la filaire; toutefois ce n'est
probablement point par l'estomac et avec les boissons que la larve
arrive dans le corps humain.
Le siège ordinaire de la filaire dans les parois du tronc et princi-
palement dans les membres inférieurs nous dispose à croire que ce
ver s'introduit par les téguments ; ceci s'accorde autant avec les opi-
nions et les faits rapportés ci-dessus, qu'avec les observations dont
nous allons parler.
Le baron de Jaquin (1) et Cromer citent des personnes qui, n'ayant
pas bu de l'eau des pays infestés par la filaire, ont néanmoins été
atteintes de ce ver. Les docteurs Heath (2) et Anderson (3) disent que
les officiers qui ne se promènent pas et ne se couchent pas sur la terre
les pieds et les bras nus, ne sont pas affectés de la filaire. Enfin le
docteur Chisholm rapporte un fait que peut seule expliquer l'intro-
duction des larves par la peau : dans l'Inde les Bheesties (porteurs
d'eau) portent l'eau sur leur dos dans des sacs de cuir ; or, on a ob-
servé que ces hommes sont fort souvent affectés du ver de Guinée
dans les parties qui sont en contact avec le sac (4).
Quelques auteurs, parmi lesquels on peut citer Jordens et Cha-
potin, ont pensé que cet entozoaire, encore jeune et très petit, s'in-
troduit par les pores de la peau. Les connaissances actuelles rela-
tives à l'embryon de la filaire et à la structure de nos téguments
viennent confirmer plutôt qu'infirmer cette opinion : la larve de la
filaire ayant un centième de millimètre d'épaisseur, peut sans doute
s'introduire dans le conduit excréteur d'une glande sudoripare dont
le calibre est d'un centième de millimètre, et probablement plus con-
sidérable encore dans les pays chauds ; elle arriverait par ce canal
jusque sous le derme. Elle pourrait encore s'introduire dans la gaîne
des poils qui la conduirait également jusque dans les tissus sous-
dermiques (5).
(1) Bremser, p. 216.
(2) Thomas Heath, Observ. on the génération of guinea-ivorm, in Edinb. med.
andsurg. journ., vol. XII, p. 120, 1816.
(3) Voy. Dubois, Além. cil., et Brief and Anderson. Nebst dem anhoorlschreiben
etc., in Hufeland's journ., 1813, nov. und dec. S. 112, cité par Bremser, p. 215
et 559.
(4) Chisholm, in Edinb. Journ. ,\o\. II, cité par J. Johnson, omit, infracit., p. '266.
(5) Un poil de la jambe a huit centièmes de millimètre de diamètre, plus ou
moins; il est implanté dans le follicule assez lâchement pour que l'embryon delà
712 AFFECTIONS VERMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE
Plusieurs auteurs ont admis la transmission du ver de Médinc
par contagion : c'est l'opinion du docteur Rouppe, au dire deLind qui
conseille, en conséquence, aux Européens d'éviter toute communica-
tion avec les nègres atteints de ce ver (1). Gregor et Ninian Bruce
sont également portés à croire que cette maladie est contagieuse (2).
Le docteur James Johnson donne le conseil d'éviter le contact des
individus atteints de la filaire parce qu'il y a, dit-il, de grandes
raisons de croire que cette maladie se propage par contagion quand
elle a été produite par une autre cause (3) ; mais les faits qui ont
conduit à cette opinion, ayant été observés dans des contrées où la
filaire règne endémiquement, ne peuvent permettre une conclusion
rigoureuse.
Les observations faites en Egypte, où la filaire n'est pas endé-
mique, ont beaucoup plus de valeur dans la question qui nous oc-
cupe. « Je dirai d'abord sans émettre aucune opinion exclusive, dit
Clot-Bey, que les faits semblent nous autoriser à croire que cette
maladie se communique par contagion. Le dragonneau n'est pas
endémique en Egypte, et ce qui vient à l'appui de mon assertion,
c'est qu'on ne le voit se développer que chez les Arabes qui sont
en rapport avec les nègres et jamais chez les individus qui n'ont
pas de communication avec ces derniers... Il y a plus : j'ai re-
marqué que cette affection devient moins intense, moins fréquente et
cesse tout à fait à mesure qu'on s'éloigne de l'époque où les nègres
ont été incorporés dans les régiments arabes. Ces nègres eux-mêmes
cessent d'être sujets à cette maladie, lorsqu'ils sont acclimatés et
qu'ils ne sont plus en rapport avec ceux de leurs compatriotes ré-
cemment arrivés en Egypte. Nous n'avons pas vu depuis quelques
années un seul cas de dragonneau dans les hôpitaux, par la raison
qu'on a cessé d'incorporer des nègres dans l'armée (4). »
Plusieurs autres médecins qui ont vécu en Egypte ont cru à la
contagion de la filaire : « Le docteur Dussap, chargé en chef du
service médical de l'armée d'Egypte en 1822, donnait ses soins
filaire puisse s'introduire sans difficulté entre la gaîne et la racine; or, comme le
bulbe est souvent situé sous la peau, il s'en suit que la filaire pourrait arriver dans
le tissu cellulaire sous-cutané sans avoir besoin de perforer les téguments.
(1) Lind.oww. cit., t. I, p. 71.
(2) Mém. cit. et Bremser, p. 216.
(3) James Johnson, The influence of tropical climales on Européen constitu-
tion, etc., Loudou, 1821, p. 226.
(4) Clot-Bey, ouvr. cit., p. 12.
INTERORGAlNIQUE. — LA. FILA1RE DE L'HOMME. 715
clans l'hôpital de Souan à plus de quatre cents individus affectés
du dragonneau, il contracta lui-même leur maladie en les pansant.
L'affection que je viens de nommer et qui paraît être d'une nature
évidemment contagieuse parcourut ses périodes. . . », dit M. Cavalier,
chirurgien-major au service de Meheomet Aly, et plus loin il ajoute:
« Le dragonneau fut transmis des nègres aux Arabes-Égyptiens qui
vivaient avec eux. Le docteur Dussap croit à la contagion immédiate
du dragonneau, et il en cite entre autres preuves l'observation d'un
grand nombre de chiens errants qui, se nourrissant dans l'hôpital
des cataplasmes, etc., payèrent eux-mêmes tribut à cette ma-
ladie (1). »
Le climat de l'Egypte n'est pas tellement différent de celui de la
Nubie ou de l'Ethiopie d'où proviennent les nègres dont parle Clot-
Bey, que les larves de la filaire ne puissent y retrouver, dans cer-
tains cas ou dans certaines saisons, les conditions de température et
par suite de vitalité nécessaires à leur transmission ; mais ces con-
ditions sont sans doute trop peu durables pour que les larves puis-
sent vivre longtemps libres et pour que le ver se perpétue à l'état
d'endémie. Ces conditions, inconnues dans les climats septentrionaux,
ne permettraient jamais dans les pays du Nord la transmission par
contagion.
Dans les contrées où la filaire est endémique, on l'observe beau-
coup plus communément dans certaines années que dans d'autres.
Dans l'Inde, il se développe de véritables épidémies de ce ver qui
envahissent jusqu'à la moitié de la population d'un village ; nous
avons vu qu'une épidémie de ce genre atteignit le quart d'une armée
égyptienne en campagne dans le Cordofan.
Des épidémies de dragonneau ont été signalées non-seulement
dans des contrées où ce ver existe à l'état d'endémie, mais encore
dans des régions où ce ver n'existe point endémiquement. Ainsi
(1) CIot-Bey, ouvr. cit., p. 19, obs. vi, recueillie par M. Cavalier, chirurgien-
major.
M. Clôt (p. 8) dit avoir observé aussi la Glaire chez les chiens dans les mêmes
conditions.
Dœrssel, au rapport de Hussem, a vu la filaire chez le chien une fois à Buenos-
Ayres (est-ce bien la filaire de l'homme?) une autre fois à Curaçao (cité par Gervais
et Van Benedeu, ouvr. cit., t. II, p. 135). MM. G. et V. B. ne donnent pas l'in-
dication bibliographique du mém. de Hussem ; elle se trouve dans Rudolphi, bi-
blioth. n°214. — B. Hussem, Aanmerliïngen betreffende den Dracunculus, in Ver-
hand. van het Genootsch le Vlissïngen, 2, Deel. (Middelburg, 1771 , 8), p. 443 464.
71/i AFFECTIONS VKUMINF.USCS DU TISSU CELLULAIRE
Ferg rapporte que « dans l'année de 1801 à 1802 deux cents nègres
de l'habitation de Beninenbourg (Guyane) furent atteints el en moins
de cinq mois, des effets de ce ver, qui ne se manifesta que dans cette
seule habitation et dans aucune autre de la colonie. On y observa les
accidents les plus graves et qui devinrent mortels chez plusieurs su-
jets faibles. Un semblable phénomène avait déjà été remarqué dix
ans auparavant (1). » Cette épidémie, observée dans la Guyane
hollandaise, ne tiendrait-elle point à la contagion de quelque filaire
importée par un esclave arrivant de la côte d'Afrique? On conçoit
que, dans ce climat équatorial, le dragonneau puisse trouver des
conditions analogues à celle qui le propagent dans les climats tropi-
caux de l'ancien monde.
CHAPITRE IV.
CONSIDERATIONS SUR LA FRÉQUENCE, LE NOMBRE, LE SIÈGE, LA SITUATION
ANATOMIQUE, LA DURÉE DE LA FILAIRE.
Dans les climats oùla filaire se propage, tous les hommes, quel que
soit leur âge ou leur sexe, à quelque race ou à quelque pays qu'ils
appartiennent, y sont également sujets.
L'invasion du dragonneau est quelquefois un véritable fléau par la
proportion des individus qui sont atteints. Nous avons vu que dans
le Cordofan un quart de l'armée de Mahomet-Bey en fut subitement
frappé. A Latimunculum, dans le district de Karnatik et de Ma-
dura (Indes orientales), Dubois estime que la moitié delà population
de certains villages est attaquée de ce ver. A Bombay, d'après
Gregor, trois cents soldats du 86e régiment anglais furent atteints
du dragonneau à l'époque de la Mousson, et dans le 88e qui remplaça
le précédent, 161 hommes sur 360 en furent attaqués. D'après le
baron de Jaquin, à l'île de Curaçao, le quart de la population tant
noire qu'indigène est affecté du dragonneau (2).
Le nombre de filaires dont l'homme peut être atteint est très va-
riable; c'est une erreur, qu'il est à peine utile de relever, que celle
(l)Ferg, Remarques sur les insectes de Surinam dont la piqûre est nuisible, dans
Diblioth. méd., Paris, 1814, ami. XI, t. XL1II, p. 100. Exilait des Ann. de méd.,
de Harles.
(2) Bremser, ouvr. cit., p. 213 et 214.
INTERORGANIQUE. — LA FJLAIRE DE L'HOMME. 715
de Chardin qui attribue à ce ver d'être ordinairement solitaire (1).
Les faits contraires abondent et peut-être sont-ils les plus fréquents.
On trouve fort souvent dans les cas rapportés par les auteurs, la
mention de deux, trois ou quatre filaires siégeant soit dans un même
membre soit dans les deux membres inférieurs, ou quelquefois dis-
séminés clans diverses parties du corps. On en a vu trente, quarante,
et jusqu'à cinquante chez le même individu (2). Ces vers se dénon-
cent tous à la fois ou successivement, mais généralement dans un
espace de temps très court, ce qui permet de conclure qu'ils appar-
tiennent à la même génération.
La filaire envahit le plus ordinairement les membres inférieurs,
rarement les membres supérieurs, les parois du tronc ou la face. On
ne la rencontre point dans les viscères de la poitrine ou du ventre,
Dans le relevé de 181 observations fait par Grégor, ledragonneau
s'est montré :
Aux pieds 124 fois
Aux jambes 33
Aux cuisses 11
Au scrotum , 2
Aux mains , 2
La filaire a été observée dans le mésentère (cas unique jusqu'au-
(lj Chardin, ouïr, cit., t. III, p. 213.
(2) Kcempfer a extrait dix vers à un jeune homme ; il eu a quelquefois extrait
trois, quatre et cinq de la même jambe ; — suivant Bosman le nombre de filaires
chez un individu est quelquefois de neuf et de dix ; — Arthus en a souvent vu dix
à douze qui se présentaient à la fois sur différents points du corps; — Gallandat
rapporte le cas d'un matelot chez lequel il put en extraire successivement cinq; —
il est rare, dit Bajon, que ceux qui sont attaqués du dragonneau n'en aient qu'un ;
il en a vu souvent deux, trois, quatre. Chez un nègre qu'il traita, il y en avait
un si grand nombre que pendant un certain temps, douze vers sortaient à la fois.
— II n'est pas rare de rencontrer dix et douze dragonneaux chez le même indi-
vidu, dit Clot-Bey — Le chirurgien de marine Margain en a vu quatorze dans dif-
férentes régions du corps chez un noir récemment arrivé de Backel. — M. Amou-
retti, à Podor (Sénégal), en a extrait six d'une longueur moyenne de 25 centimètres;
tous les six de la main, qui a été ensuite frappée de gangrène. — Andry (ouvv.
cit., t. I, p. 130) cite le cas d'un soldat hollandais qui avait aux jambes vingt-trois
de ces vers, quelques-uns avaient plus de deux aunes de longueur. — Le docteur
Maruchi, dans le Cordofau, fut attaqué du dragonneau sur vingt-huit points du
corps différents. — Hemmersam cite un cas où il y enavait trente. — Rhazès a parlé
d'un malade qui avait quarante de ces vers. — Avicenne dit qu'on eu a quelquefois
vu chez un seul individu quarante ou ciuquaute. — Pouppé -Desportes a vu un
cas où il y en avait cinquante.
716 AFFECTIONS VKRMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE
jourd'Iiui) par Primer qui rapporte le fait en ces termes : » Une fois
seulement nous trouvâmes le ver dragonneau dans le cadavre d'un
jeune nègre, en arrière du foie, entre les feuillets du mésentère. La
partie postérieure était facilement reconnaissable; la partie anté-
rieure passait au-dessus du duodénum et s'étendait presque au
cœcum, en formant beaucoup de circonvolutions qui finissaient par
une sorte de peloton. Elle était entourée d'une masse noueuse,
presque cartilagineuse, ayant l'apparence d'une capsule (Kapsel) (1) . »
La filaire a été vue à la tête, au cou et au tronc par Peré ; dans
l'orbite, au nez, à la langue, à la verge, etc., par divers observa-
teurs.
Dans la plupart des cas la filaire est superficiellement située ; elle
occupe alors le tissu cellulaire sous-cutané et peut être distinguée à
la vue et au toucher, comme une petite corde tournée en spirale ou
serpentant sous les téguments de la partie affectée. Dans des cas
plus rares elle est profondément placée dans les parties charnues.
Lorsque ce ver est très long (il atteint souvent un et même deux mè-
tres et au delà), il apparaît sous la peau, s'enfonce dans les parties
profondes et reparaît plus loin sous les téguments. « Cromer, dans
des autopsies cadavériques, l'a vue entourer les nerfs et les ten-
dons. »
Guénot, médecin de Paris, a rapporté en ces termes le résultat de
l'autopsie d'un homme mort à la suite de la rupture de la filaire :
Aperto cadavere, periostium inflammatum deprehensum est, cui
plane adheerebat istud, quidquid fuerit, funiculi instar, juxta mal-
leolum in gyros quinque vel sex contorquebatur, inde recta ad genu
porrigebatur, quo in loco iterum in circulos refiexum tandem ad os
coccygis fere, aut saltem ischii, protendebatur (2). »
La filaire reste plus ou moins longtemps dans le corps humain
avant de donner aucun indice de son existence. Cette période latente,
d'après les observations que nous avons compulsées, ne paraît pas
d'une durée moindre que deux mois. Le 88e régiment dont parle
Gregor, venant remplacer à Bombay le 86e qui était décimé par le
dragonneau, n'eut qu'un seul homme atteint dans les deux mois de
séjour qu'il fit dans cette ville; mais, à partir de cette époque, le ré-
giment s'étant embarqué, 161 hommes sur 360 furent successive-
(1) F. Fruner, Die Kranhheiten des OrienVs, Erlangen, 1847, in-S", p 250.
(2) Velschius, op. cil., p. 312.
INTERORGANIQUE. — LA FIL AIRE DE L 'HOMME. 717
ment atteints. Lachmund dit que les soldats hollandais qui tiennent
garnison au château de Mourre ne sont généralement infestés de la
filaire que dans la seconde ou la troisième année de leur séjour.
Paton rapporte que le vaisseau sur lequel il était embarqué, ayant
quitté Bombay le 15 août (1804), aborda à Canton où l'on déposa un
homme atteint de la filaire le 5 janvier (1805) ; ayant mis à la voile le
même jour, aucun homme de l'équipage ne descendit à terre avant
l'arrivée à Sainte-Hélène, le 2 avril. Dans cet intervalle, aucun nou-
veau cas de filaire ne s'était déclaré. Le 2 mai, un homme en fut at-
teint et successivement vingt-cinq autres eurent la filaire. Or, cet en-
tozoaire, n'existant pas à Sainte-Hélène, n'avait pu être gagné qu'à
Canton ou à Bombay, mais très vraisemblablement dans cette der-
nière ville où la filaire est endémique. C'est donc un intervalle de
huit mois et demi à partir de Bombay et de quatre mois à partir de
Canton. Ces faits sont confirmés par les observations de Morehead,
qui a relevé pendant six ans, tous les cas de dragonneau, survenus
dans un régiment en garnison à Kirkee (Inde) (I).
(1) Le 4e régiment de dragons n'avait point eu de cas de Glaire à Kaira, où il
tenait garnison. Il arriva à Kirkee en février 1827 ; ce n'est que plus d'un an
après que les premiers dragonneaux apparurent. Le tableau suivant montre les épo-
ques de leur apparition :
1S27
1828
1829
1830
1831
1832
»
1)
»
3
2
3
1
»
3
»
1
))
S
5
2
1
»
»
1
2
1
1
5
7
57
64
48
26
Mai
Juillet
8
6
14
4
~2Û
Dans l'année 1832, sur les 211 malades, 72 furent admis pour la seconde fois
et 6 pour la troisième (Morehead, mém. cit., p. 425).
Quelle est la cause qui a donné tout à coup, en 1832, un aussi grand nombre de
malades? l'auteur dit n'avoir pu la reconnaître. Quoi qu'il en soit, on voit par ce
718 AlTKC.TIoNS VEttMÎNEUSES DU TISSU CEtXULAIttÉ
La filaire n'occasionne d'accidents que lorsque ses embryons sont
formés. Quelque rapide que soit le développement de la larve intro-
duite dans les chairs, ce n'est pas en peu do jours que les organes
génitaux se développent et que les ovules parcourent leur complète
évolution ; aussi ne pouvons-nous admettre l'assertion de M. Ferrari
qui prétend que les personnes qui ont gagné le dragonneau en se
baignant dans les eaux stagnantes du Sennar et du Cordofan res-
sentent, au bout de quelques jours, un sentiment de cuisson suivi
de rougeur et de tumeur dans la partie où le ver se développe (1).
Quant à la durée extrême du séjour de la filaire dans le corps
humain, elle peut être très longue : Blommers, Arthus, Cromer,
Bernier, Labat, etc , la portent à un an et au delà ; Clot-Bey parle
d'un individu qui avait quitté le Sennar depuis onze mois lorsque la
filaire se manifesta; Stedman, aux Etats-Unis, l'a vu paraître chez
un matelot qui avait quitté l'Afrique depuis un an ; Paton donne
l'histoire d'un malade chez qui elle ne parut qu'après quinze mois :
enfin Kœmpfer cite l'exemple d'un individu chez qui ce vern'apparut
que la troisième année. Suivant cet observateur, la filaire se déve-
loppe \Au$di/fîcilement (plus lentement sans doute) chez l'individu
qui en a emporté le germe dans d'autres régions (2).
CHAPITRE V.
PHÉNOMÈNES PATHOLOGIQUES.
Le premier phénomène par lequel s'annonce la filaire est généra-
lement une démangeaison désagréable de la partie occupée par le ver;
il s'y développe bientôt après une tumeur qui prend les caractères
d'un furoncle. Dans certains cas, la formation de la tumeur est pré-
cédée de malaise, de maux de tête ou d'estomac, et de nausées.
» Lorsque le dragonneau siège dana les endroits presque dépourvus
de parties molles, comme les doigts, les articulations, dit Clot-Bey,
il produit des douleurs vives ; quand, au contraire, il est profondé-
ment placé dans les parties charnues, il détermine un engorgement
indolent qui peut persister plusieurs jours et même plusieurs mois.
tableau que les cas de filaire n'ont paru qu'après plus d'un an dé séjour à Kirkéé
et d'un autre côté que les mois d'hiver en sont exerilpts.
(1) Clôt, lelt. cit., p. 23.
(2) Kœmpfer, ouvr. cit., p. 531.
INTERORGANIQUE. — LA FILAIRE DE L'HOMME. 719
Dans tous les cas, lorsqu'il est près de s'ouvrir une issue, les dou-
leurs deviennent intenses, des symptômes généraux se développent,
la partie s'enflamme, et il survient une petite tumeur qui s'abcèdc
au bout de quelques jours pour éliminer une portion plus ou moins
grande de l'animal. Quelquefois cette tumeur est plus volumineuse,
et le ver qui s'y trouve pelotonné sort en totalité; dans d'autres cas,
assez rares pourtant, il ne se présente pas d'abord et semble faire
douter de son existence ; mais il se montre peu de jours après, ou
donne lieu à un nouvel abcès peu éloigné du premier. La suppuration
qui en découle est séreuse (1). »
Le diagnostic de l'existence de la filaire est quelquefois fort diffi-
cile, et ce n'est que par l'apparition d'une portion du ver au dehors
qu'on reconnaît la nature du mal. Sous la conjonctive, la filaire se
laisse facilement apercevoir, et peut être reconnue avant d'avoir
occasionné aucun accident. Lorsqu'elle est superficiellement placée
sous la peau, à la verge, par exemple, et qu'elle détermine des dou-
leurs, elle pourrait être prise pour une veine ou pour un vaisseau
lymphatique enflammés; dans l'aine la tumeur qu'elle produit a pu
être confondue avec le bubon ; enfin dans certains organes comme le
nez ou la langue, la filaire n'a été reconnue que par son apparition
au dehors.
Des exemples de dragonneaux observés dans les parties les plus
rarement exposées à l'invasion de cet entozoaire, feront connaître
mieux qu'une description la physionomie que revêt la maladie dans
telle ou telle région du corps.
A. — Cas de filaire dans l'orbite et sous la conjonctive.
Ier Cas (Bajon).
« Dans le mois de juillet 4 768, le capitaine d'un bateau de la Guadeloupe,
amena chez moi une petite négresse, âgée d'environ six à sept ans, et me
pria d'examiner un de ses yeux, dans lequel on voyait remuer un petit ver de
la grosseur d'un petit fil à coudre ; je l'examinai et j'observai, en effet, un petit
animal, qui avait près de deux pouces de long; il se promenait autour du
globe de l'œil, dans le tissu cellulaire qui unit la conjonctive avec la cornée
opaque. En l'excitant à se mouvoir, je m'aperçus que ses mouvements n'étaient
point droits, mais tortueux et obliques ; la couleur de cet œil n'était point
changée, et la petite négresse disait ne sentir aucune douleur lorsque ce ver
s'agitait ainsi; elle avait cependant un petit larmoiement presque con-
tinuel.
(I) Clot-Bey, Mm. cit., p. 8-9.
720 AFFECTIONS VERMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE
» Après avoir réfléchi sur le moyen que je pouvais employer pour lo tirer,
je crus qu'en faisant une petite ouverture à la conjonctive, du côté do la tôle
de co petit animal, et en l'excitant ensuite à se mouvoir, il sortirait de lui-
même. J'exécutai ce projet, mais au lieu de s'engager par l'ouverture que
j'avais faite, il passa à côté, et fut à l'endroit opposé à l'incision. Voyant quo
celte tentative n'avait pu me réussir, je pris le parti de le saisir au milieu du
corps avec de petites pinces en même temps que la conjonctive, je fis ensuite,
avec la pointe d'une lancette, une fort petite ouverture à côté de son corps,
et, avec une aiguille ordinaire, je le lirai en double : après cette opération, la
négresse fut guérie sous vingt-quatre heures (1). »
IIe Cas (Bajon).
n Dans le commencement de 1771, une négresse ménagère de M. Frimond,
gouverneur, m'amena une négresse un peu plus grande que la première. La
conjonctive de celle-ci était enflammée et douloureuse ; je l'examinai de près,
et je vis un ver un peu plus grand que celui dont je viens de parler, et
qui, comme lui, se mouvait autour de l'œil, entre la conjonctive et la cornée
opaque; je proposai le moyen que j'avais déjà employé, mais on ne voulut
point y consentir, et je ne sais ce que cette négresse est devenue (2). »
IIIe Cas (Mongin).
« Je fus mandé par M. le comte de Cokburn, pour voir une négresse de son
habitation, qui se plaignait d'une douleur très piquante dans l'œil, sans presque
d'inflammation depuis environ vingt-quatre heures. Au premier aspect, je vis
un ver qui me paraissait serpenter sur le globe; mais, voulant le saisir avec
des pinces, je m'aperçus qu'il était entre la conjonctive et l'albuginée, et,
lorsqu'il s'approchait de la cornée transparente, les douleurs étaient plus vives.
Pour l'extraire, j'ouvris la conjonctive et il en sortit par cette ouverture. Il
avait un pouce et demi de long et la grosseur d'une petite corde à violon ; il
était d'une couleur cendrée, plus gros à un bout qu'à l'autre, et très pointu
par ses deux extrémités ; du reste, il n'avait rien de remarquable (3). »
IVe Cas(Clot-Bey).
« M. Clot-Bey assure avoir observé, en 1828, un dragonneau dans l'œil,
sur une négresse arrivée d'Afrique depuis cinq à six ans et esclave à Monpox,
ville située sur les bords de la Magdelaine. Le dragonneau était logé dans
l'orbite même de l'œil, et avait déterminé une inflammation bien moindre
qu'on n'aurait pu s'y attendre. On ne le voyait pas constamment ; de temps en
temps seulement il s'avançait de l'angle externe de l'œil vers la prunelle,
en glissant entre la sclérotique et la conjonctive ; arrivé à la cornée transpa-
(1) Bajon, ouvr. cit., t. I, p. 325.
(2) Même ouvr.
(3) Mongin, Observ. sur un ver trouvé dans la conjonctive à Mariborou (île Saint-
Domingue), Joum. de mcd., 1770, t. XXXII, p. 338.
'INÏERÔfeGANKjCE: — f.A. I^TLA-tRE DE L'HOMME. 724
renie, il se repliait en suivant le contour de cette dernière et en se dirigeant
en haut (1).
Ve Cas (Guyon).
Il s'agit de deux vers observés par le docteur Blot à la Martinique sur une
négresse originaire de Guinée. Ces vers se mouvaient avec agilité entre la
sclérotique et la conjonctive; ils furent extraits au moyen d'une incision pra-
tiquée sur cette dernière membrane (2). Le docteur Guyon reçut deux ans
après sur ce fait les nouveaux renseignements que voici : « la jeune malade
portait deux vers qui tous deux étaient logés dans la conjonctive de l'œil
gauche. La jeune fille assurait qu'ils passaient d'un œil à l'autre, ce qu'elle
sentait aux forts picotements qu'elle éprouvait alors dans le trajet qui existe
entre ces deux parties, à la hauteur de la racine du nez. Tout ce que je puis
assurer à cet égard, me mande le médecin qui a fait l'extraction des vers, le
docteur Block, c'est que lorsque je fus appelé par la malade pour lui examiner
les yeux, elle avait un ver dans chaque œil , que je procédai d'abord à l'extrac-
tion du ver de l'œil gauche et quelques heures après, m'étant présenté pour
faire l'extraction de l'autre, il n'y était plus ; il était passé, disait la malade,
dans l'œil gauche, où, en effet, j'en aperçus un autre, dont je fis l'extraction
par une petite incision que je pratiquai à côté de celle qui m'avait servi pour
la sortie du premier ver (3). »
VIe Cas (Sigaud).
Sigaud rapporte avoir vu au Brésil, avec le docteur Christ. Jos. dos Santos
une filaire dans l'orbite au-dessus de la sclérotique, chez une négresse (4).
Plusieurs cas de vers nématoïdes développés, soit dans l'œil, soit
dans ses annexes, ont encore été rapportés par différents observa-
teurs ; mais ces entozoaires ne paraissent pas appartenir à la filaire
de Médine (voy. liv. IV, part. i).
B. — Cas de filaire au nez.
Parmi les organes dans lesquels il rapporte avoir quelquefois observé la
filaire, Clot-Bey cite le nez (5). M. Perron nous a dit avoir vu en Egypte un
individu chez lequel la filaire se fit jour par le lobe du nez.
(1) Arehïv. gén. deméd., t. XXX, p. 373 et Séances de l'Acad. des sciences,
10 décembre 1833.
(2) Compte rendu Acad. des sciences, 1838, 2e semestre, p. 755.
(3) Note sur un ver trouvé dans le tissu cellulaire sous-cohjonclival, par
M. Guyon, méd.àAlger, Gaz. méd., Paris, 1841, p. 106.
(4) Sigaud, ouvr. cit., p. 135.
(5) ouvr. cit., p. 8.
DiYAlNE, 46
722 AFFECTIONS VERMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE
C. — Cas de iilairc à la laogue.
I. — n Un nègre âgé de douze à treize ans, dit Clot-Bey, fifre dans un
régiment, entra à l'hôpital d'Abou-Zabel le <I2 mai 1825. Ayant un gonfle-
ment douloureux sur la pointe de la langue, il salivait beaucoup et ne pouvait
user d'aucun aliment solide ; les gencives étaient gonflées et saignantes.
L'examen attentif des diverses parties de la bouche me conduisit à la décou-
verte d'une petite tumeur fluctuante située près du frein de la langue; j'y fis
avec la lancette une ponction qui donna issue à une petite quantité de pus
séreux, et, dans les efforts auxquels le malade se livra pour cracher, une por-
tion de dragonneau en sortit, pendant hors de la bouche, sans se détacher :
je saisis alors et retirai sans effort le ver dans toute sa longueur qui était de
quatre pouces. Huit jours de régime et l'usage des gargarismes émollients suf-
firent pour guérir le malade (1). »
II. — M. Cezilly rapporte qu'une sœur de l'hôpital de Corée avait eu un
dragonneau dans la langue (2).
D. — Région de la mamelle.
« J'ai présents à la mémoire, dit M..., chirurgien de'marine qui est resté
trois ans au Sénégal, deux dragonneauxqui séjournèrent longtemps sous une
des glandes mammaires, et amenèrent quelques accidents. Le sujet eut de la
fièvre, de l'anxiété, etc. (3). »
E. — Cas de filaire au scrotum.
Blommers dit que la filaire au scrotum cause quelquefois de très
grandes douleurs, et que d'autres fois elle y est tout à fait inoffen-
sive (4).
Ie', IIe Cas (Koempfer).
4° Filaire retirée du scrotum, en Afrique.
2° Filaire retirée du scrotum, en Perse.
Pas d'accidents, les vers avaient des mouvements spontanés, mais très fai-
bles (5).
IIIe Cas (Gallandat).
Il s'agit d'un dragonneau logé dans le scrotum chez un nègre; « le ver s'étant
(1) M*'° dans Cezilly, thèse cit., p. 31.
(2) Clôt, ouvr. cit., p. 15, obs. m.
(3) Cezilly, thèse cit., p. 30.
(4) In Velsch, op. cit., p. 328.
(5) Kœmpfer, op. cit., p. 526.
INTERORGANIQUE. — LA FÎI.AIRE DE L'DOMME. 723
rompu, il en périt d'autant plus misérablement que le mal en lui-même semble
n'avoir rien de fâcheux (<l). »
IVe Cas (Baillie).
« Baillie, dit Brera, a vu un testicule sur lequel il y avait une petite tu-
meur qui contenait un de ces vers (filaires) (2). »
Ve Cas (Clot-Bey).
« Un nègre du Darfour, âgé d'environ vingt-cinq ans, et incorporé dans les
troupes égyptiennes depuis sept mois, entra à l'hôpital d'Abou-Zabel, le
2 avril \ 825. Atteint d'un gonflement douloureux au scrotum, avec fièvre, il
fut placé dans la division des vénériens, dans la supposition que sa maladie
était syphilitique. Le lendenain de son entrée, il lui fut appliqué un cata-
plasme émollient et pratiqué une saignée au bras; les applications émollientes
furent continuées pendant dix jours, aprèi lesquels il se manifesta une tumeur
plus volumineuse sur le côté droit des bourses. Ayant ouvert cette tumeur
avec une lancette, elle donna issue à une petite quantité de pus séreux et, à
mon grand étonnement, j'en vis sortir une portion de ver dragonneau dont je
n'avais pas supposé l'existence. De légères tractions en firent sortir environ
quatre pouces. Je le liai et le roulai, comme d'usage, sur un morceau d'em-
plâtre. Les cataplasmes furent continués, et chaque jour de légères tractions
amenèrent de nouveaux fragments de l'animal. Le 1 8, le ver fut entièrement
extrait ; il avait vingt-trois pouces de longueur. La plaie se cicatrisa au bout
de quelques jours, et le malade sortit guéri le 7 mai (3). »
F. — Cas de filaire à la verge.
Ier Cas (Clot-Bey).
« Un nègre, âgé de vingt ans, en Egypte depuis sept mois, entra à l'hôpital
d'Abou-Zabel le 8 juin 1825, souffrant d'un gonflement douloureux de la
verge, qui fut pris d'abord pour une affection syphilitique ; mais un examen
attentif fit reconnaître l'existence d'un dragonneau qui entourait cet organe
en spirale et simulait une veine enflammée. Ce malade éprouvait une douleur
assez vive sur le trajet des cordons testiculaires. L'organe fut recouvert d'un
cataplasme émollient, et bientôt il se manifesta une tumeur vésiculaire à sa
partie postérieure et à l'union du gland avec le prépuce. Cette tumeur s'ab-
céda le I 8 du même mois, et présenta à son ouverture une portion de ver,
longue d'un demi-pouce. Elle fut liée et roulée autour de l'emplâtre, selon
l'usage ; les plus légères tractions produisaient des douleurs violentes, ce qui
retarda son extraction complète jusqu'au treizième jour. L'animal avait environ
(1) Gallandat, mém. cit., p. 26.
(2) Baillie (Matthew), Anat. des Krankhaften bancs, etc., Berlin, 1794, p. 206
(cité par Brera, mém., p. 244).
(3) Clôt, ouvr. cit., p. 13, obs. u
724 AFFECTIONS VERMINKDSES 1)1) TISSU CKl.l.rUlliK
cinq pouces et demi do longueur. Quelques jours après le malade était cniiè-
rement guéri (l). •>
II' Cas (Gand).
« Le dragonneau était primitivement à la partie supérieure et interne de la
cuisse droite. Le malade pendant la traversée avait éprouvé dans cette partie
des picotements douloureux, longtemps avant que le ver s'y manifestât ; de
là, il avait gagné la verge en sillonnant ; lorsque je fus appelé, celle-ci était
engorgée, douloureuse; le malade ne goûtait aucun repos, Mon premier soin
fut de combattre l'inflammation au moyen des bains et des applications émol-
lientes. Je pratiquai aussi quelques scarifications autour de la verge, ce qui
la dégorgea et calma beaucoup les douleurs auxquelles le malade était en
proie. Le quatrième jour, je remarquai au-dessus de la couronne du gland un
petit point abcédé par où suintait une matière visqueuse. Après quelques
recherches, je parvins à découvrir le dragonneau, que je saisis et fixai au de-
hors, de la même manière que le précédent. Le traitement fut continué pen-
dant près d'un mois; chaque jour j'en faisais sortir une portion, et, à l'époque
dite, l'extraction fut complète (2). »
G. — Cas de filaire dans l'aine.
Cas de Clot-Bey.
« Un nègre du Sennar, âgé d'environ dix-neuf ans, en Egypte depuis onze
mois, entre à l'hôpital, le 1 0 mai 4 825, se plaignant d'une douleur qu'il rap-
porte au fémur de la cuisse droite. Il la ressent depuis douze jours, mais jus-
qu'alors elle ne l'a point empêché de faire son service. C'est particulière-
ment dans le pli de l'aine qu'il souffre le plus vivement, et là même on ob-
serve une tumeur qui simule assez bien un bubon ; il y a fièvre et irritation
dans l'appareil gastrique. Le malade est mis à la diète et à l'usage des bois-
sons rafraîchissantes ; un cataplasme est appliqué sur la tumeur, et l'on insiste
sur ces moyens. Le 4 6, la tumeur s'abcède naturellement et donne issue à
une assez grande quantité de pus séreux, ainsi qu'à une portion de dragon-
neau; le ver est lié comme il a été dit dans l'observation précédente, et le
troisième jour, il est entièrement extrait. Sa longueur est de six pouces (3). »
H. — Cas de filaire à la main.
I; — Avicenne dit avoir observé un cas de filaire à la main.
II. — Ruysch conservait dans son musée anatomique une main disséquée
avec une filaire.
(1) Clôt, ouvr. cit., p. 16, obs. iv.
(2) Gand, chirurgien-major dans l'armée d'Egypte, Lettre à Clot-Bey, ouvr. cit.,
p. 27.
(3) Clôt, ouw. cit., p. 44, obs. il.
IJNTERORGANIQUE. — LA. FILAIRE DE L'HOMME. 725
III. — Àmouretli observa chez un nègre six Maires dans la main, qui fut
frappée de gangrène (1).
IV. — Dussap, dont nous avons parlé déjà, fut atteint d'une filaire à la
main, o Les premiers symptômes s'annoncèrent d'abord par un prurit dou-
loureux sur la face dorsale de la première phalange du doigt indicateur de la
main gauche; un gonflement vésiculeux avec douleur ardente succéda, et fit
de jour en jour de nouveaux progrès. Le membre correspondant à la partie
affectée fut envahi en entier. La main était surtout le siège de douleurs violentes
qui arrachèrent au malade, pendant plusieurs jours, les moindres instants de
repos. Personne ne soupçonnait encore la nature de la maladie, à laquelle on
n'opposa que l'application des cataplasmes émollients et narcotiques, un ré-
gime doux et des boissons propres à tempérer la fièvre. Quelques jours se
passèrent dans le même état, et la nature ouvrit enfin issue au ver que l'on
retira peu à peu et qui fit cesser graduellement, par sa sortie, tous les sym-
ptômes inquiétants (2). »
V. — M... rapporte que, dans un cas' de filaire à la main qu'il observa au
Sénégal, « un phlegmen diffus enleva presque toutes les parties molles, dé-
nuda les métacarpiens en respectant les muscles de Féminence thénar, il
n'y eut pas d'hémorrhagie. Le traitement dans ce cas dura près de deux
mois. »
VI. — a Dans un autre cas, un dragonneau plus petit que le précédent
s'était logé de telle sorte qu'il était contourné autour du petit doigt sous la
peau ; il fit son issue dans l'espace interdigital correspondant, sans accidents
inflammatoires (3). »
La maladie peut se terminer heureusement et assez promptement,
comme nous venons de le voir dans plusieurs de ces observations.
Quelquefois la filaire, après s'être montrée dans un abcès, s'enfonce
dans les chairs et ne reparaît plus avant longtemps; tel est le cas de
Drumont rapporté par Bremser: à la fin de novembre (1791) la
filaire qui s'était manifestée par de la douleur et de la gêne, déter-
mina un abcès qui s'ouvrit le 17 décembre, et l'on put y sentir la
présence du parasite; mais elle disparut bientôt et ne se montra plus
qu'au commencement de février, époque à laquelle on put la saisir
et l'extraire dans l'espace de vingt jours (4).
» Quand l'animal est situé profondément, dit le docteur Clot-Bey,
dans quelques cas, tout le membre se tuméfie, des abcès profonds se
(1) Cité par Boudin, ouvr. cit.
(2) Cas recueilli par M. Cavalier (Clot-Bey, ouvr. cit., p. 19, obs. vi).
(3) M*", chirurgien de marioe, dans Cezilly, thèse cit., p. 32.
(i) Bremser, Vers intestinaux de l'homme. Paris, 1824, p. 224,
726 AFFECTIONS VERMINliUSKS DU TISSU CELLULAIRE
forment et, après leur ouverture, il en résulte des conduits fistuleux,
d'où il s'écoule un pus séreux, pendant plusieurs mois, sans que le
ver paraisse. Chez deux individus, j'ai vu survenir des douleurs
atroces qui produisaient des crampes et des convulsions vainement
combattues par les antiphlogistiques, les antispasmodiques et les
narcotiques les plus puissants.
» J'ai vu plusieurs individus chez lesquels il s'était formé des
abcès profonds et des fistules d'où le ver n'était pas sorti, tomber
dans le marasme et périr (1). »
La gangrène survient quelquefois par suite de l'inflammation des
parties affectées, mais le plus souvent elle est produite par la rup-
ture de la filaire.
La rupture de la filaire encore engagée dans les chairs est un ac-
cident des plus graves, trop souvent mortel ; c'est à la suite de cette
rupture que Guénot eut l'occasion de faire l'autopsie que nous avons
rapportée.
Hemmersam, atteint de deux filaires à la jambe droite et d'une à
la gauche, put extraire les deux premières sans accidents ; la troisième
se fit jour sous le talon ; déjà sortie d'une demi-coudée, elle se rompit
et rentra dans la jambe qui se tuméfia d'une manière extraordi-
naire. Hemmersam fut quatre mois sans pouvoir ni marcher ni se
tenir debout (2) .
Cromer éprouva, par suite du même accident, des douleurs telle-
ment violentes qu'il dut garder le lit pendant un mois, sans pouvoir
dormir ni apaiser une soif ardente qui le décorait.
Le célèbre voyageur James Bruce, après la rupture d'une filaire
qu'il avait à la jambe, éprouva pendant trente-cinq jours les dou-
leurs les plus atroces, et fut une année entière à se rétablir (3).
Le docteur Maruchi atteint de vingt-huit filaires à la fois, après
avoir éprouvé les symptômes ordinaires de la maladie, parvint à les
extraire toutes à l'exception de quatre qui se rompirent : « cet acci-
dent me fit éprouver des douleurs atroces, dit-il, les parties se tumé-
fièrent dans toute l'étendue des membres; l'inflammation devint des
plus intenses, se généralisa, me donna une fièvre continue ; et, à deux
reprises, la gangrène se manifesta dans les plaies, sans amener d'au-
(i)Dr Ciot, p. II.
(2) Hemmersam, dans Velsch, ouvr. cit., p. 315.
(3) Au Rapport de Bremser, p. 244 ; je n'ai pas trouvé la mention de ces cir-
constances dans le Voyage en Abyssinie de J. Bruce.
ÏNTERORGANIQUE. — LA PILAIRE DE L'HOMME. 727
très conséquences qu'une suppuration abondante et de longue durée;
avec elle les vers se donnèrent issue par fragments et la cicatrice se
forma. Je n'ai employé d'autres topiques, pendant le cours de ma
maladie, que les cataplasmes émollients et des plumasseaux enduits
de cérat de Galien.
» La fièvre continue, les grandes pertes de substance, les dou-
leurs aiguës, et la diète que j'observai pendant le cours de cette
longue maladie, me jetèrent presque dans un état de marasme qui
m'empêcha de faire les expériences que j'avais projetées sur le dra-
gonneau, et ne me laissa d'autre désir que celui de retourner en
Egypte le plus tôt possible (1). »
A la suite des accidents de la rupture du dragonneau, Dubois ob-
serva le raccourcissement et des difformités des jambes (2).
La gravité de la rupture de la filaire est attribuée par Hunter à
la mort de l'animal qui agirait alors comme corps étranger (3). Cette
explication n'est pas admissible. Le filament que forment les tégu-
ments fibreux de la filaire ne peut agir autrement qu'un fil, qu'un
séton passé dans les chairs. Un séton n'occasionnerait probablement
point tant de désordres. Il n'est pas bien certain d'ailleurs que la
rupture de cet entozoaire en détermine la mort : plusieurs observa-
teurs rapportent qu'à la suite de sa rupture, ils ont vu le dragonneau
s enfoncer dans les chairs et disparaître ; Hemmersam le dit de celui
dont il souffrit si longtemps [disruptus retrocessit). La même chose
arriva au dragonneau dont Lister fut attaqué. •< Quand cinq quarts
d'aune de cet animal furent extraits, il se déchira par suite d'une
trop forte traction ; il s'enfonça alors plus profondément et produisit
au mollet une tuméfaction tellement considérable, que l'on craignait
la rupture de la peau à cet endroit. Lister avait en même temps des
insomnies accompagnées d'une forte fièvre et il fut obligé de garder
le lit pendant trente jours. Le dragonneau se montra dans différents
endroits du pied ; son chirurgien appliqua des remèdes qui causèrent
probablement la mort du ver, et la guérison eut lieu (4). »
Gallandat dit, en parlant d'un dragonneau qu'il traitait chez un
matelot : « Les plus grandes précautions n'ayant pu empêcher qu'il
ne se rompît à la distance d'un demi-pied de longueur, je fus tout
(1) Maruchi dans Clôt, p. 30, lett. cit.
(2) Mém. cit. et Bremser, p. 243.
(3) Hunter, cité par Bremser p. 245.
(4) Bremser, Fers intestinaux de t'hommc. Paris, 1824, p. 246.
728 AFFECTIONS VliRMINLUSliS DU TISSU CliLLULAIUK
étonné de le voir se procurer une seconde issue, quinze jours après,
sans presque aucune inflammation ; j'eus même la satisfaction, cette
fois, d'en faire l'extraction sans accident, et d'en voir remuer plu-
sieurs fois le bout (1). »
" Chez unenégresse, dit le même observateur, le ver situé au coude
se rompit; l'inflammation survint accompagnée d'une fièvre et d'un
délire si violents qu'il y avait tout à craindre pour la malade... Les
symptômes cessèrent entièrement sitôt que le ver se fui fait une
autre issue par laquelle je réussis à l'extraire d'un bout à l'autre (2). »
M.Maisonneuve, ayant rompu l'extrémité d'une filaire qu'il vou-
lait extraire, dit: » Un instant après le ver rentra complètement. »
Enfin, M. Cezilly donne une observation dans laquelle une filaire,
plusieurs fois rompue, s'est enfoncée chaque fois dans la plaie où
elle reparaissait quelques jours après (3) .
Ces faits ne sont peut-être pas suffisants pour permettre d'affirmer
que la déchirure du ver ne détermine pas sa mort, mais ils suffiront
pour laisser dans le doute l'explication de Hunter ; d'un autre côté,
quelques médecins ou des guérisseurs cherchent à obtenir la mort du
ver par des médicaments appliqués à l'extérieur, et prétendent que
la guérison se fait quelquefois sans la sortie de la filaire.
D'après toutes ces raisons, l'explication de Hunter ne nous paraît
pas admissible, et la cause des accidents redoutables qui suivent la
rupture du dragonneau est encore à trouver. Nous sommes disposé
à penser que les embryons de ce ver, dont le nombre est prodigieux,
se répandant parmi les chairs, provoquent une inflammation vive des
parties environnantes, et les désordres consécutifs.
Quant à la crainte exprimée par M. Dujardin (4) de voir ces em-
bryons se développer et infester le malade de nouvelles filaires, elle
est certainement chimérique. Dans les cas rapportés ci-dessus et dans
bien d'autres dont nous avons pris connaissance, on n'a point vu de
nouvelles filaires apparaître après un espace de temps suffisant à
leur développement, c'est-à-dire trois mois, six mois, un an après
la rupture de la première. Lorsque ces vers sont nombreux, ils se
(1) Mém. cit., p. 25.
. (2) Mém. cit., p. 26.
(3) Cezilly, Thèse cit., p. 23.
(4) M. Dujardin, ouvr. cit., p. 45, s'exprime ainsi : «Dans ce cas si l'on brisait
la filaire, le remède serait pire que le mal, puisque tous les petits vivants qui
remplissent le corps de cet helminthe se répandraient dans la plaie et pourraient
se développer ultérieurement en grand nombre, »
LMTEU0R(JAN1<>UE. — LA FILAIRK DE L'HOMME. 729
montrent tous ensemble, ainsi que l'observe Bajon (1), ou bien dans
un espace de temps très court, qui ne permet pas de supposer que
les uns ont été engendrés par les autres ; dans tous les cas de rup-
ture du 'dragonneau qui nous soient connus, la guérison, une fois
obtenue, s'est maintenue complète (2).
CHAPITRE VI.
TRAITEMENT.
L'extraction du ver par l'ouverture qu'il s'est formée ou par une
incision, a été pratiquée de tout temps. Ce mode de traitement a été
indiqué successivement par les médecins grecs, parles Arabes et les
modernes. Les médecins indiens emploient l'incision transversale de
la peau qui recouvre le ver ; les habitants du Sennar et du Cordofan
percent les téguments enflammés avec un fer aigu incandescent; les
uns et les autres saisissent ensuite le ver et l'enroulent sur un mor-
ceau de bois.
Le traitement doit varier selon les parties que le ver occupe, selon
sa situation dans ces parties, selon les symptômes auxquels il donne
lieu. « Dans les cas simples, dit le docteur Clot-Bey qui a acquis
une grande expérience de cette maladie, on peut laisser agir la na-
ture et attendre que le ver s'ouvre spontanément une issue ; mais
aussitôt qu'il s'en présente une partie, il faut la lier avec un fil de soie
qu'on attache à un petit cylindre de diachylon autour duquel on roule
le ver, en exerçant des tractions modérées jusqu'à ce qu'on éprouve
de la résistance ; les deux extrémités du rouleau sont aplaties et ser-
vent à le fixer au voisinage de l'abcès sur lequel on applique un
plumasseau enduit de cérat ou un cataplasme émollient, selon le
(1) Mém. cit.., p. 334.
(2) Il se peut que dans un certain nombre de cas, les malades aient été perdus de
vue par le médecin qui a rapporté le fait, mais souvent aussi ce fait a été rapporté
plusieurs années après l'accident, par le malade lui-même : tels sont les cas cités
ci-dessus de Hemmersam, Cromer, James Bruce, Lister, Maruchi, auxquels j'ajou-
terai le cas de Heinzel qui fut atteint au cap Corse de deux fllaires dont l'une se
rompit et occasionna des accidents sérieux; le fait fut rapporte plusieurs années
après à Velsch parle malade lui-môme; —le casdeDampier qui écrivit l'histoire de
son voyage longtemps après son accident {ouur. cit., t. III, p. 340); — le cas de
M. Dot, instructeur français au service du pacha d'Egypte, publié plusieurs années
après par Clot-Bey; — trois cas rapportés par M. Cezilly, dans lesquels les malades
guéris ont été revus environ un an après, etc.
730 AFFECTIONS VliRMINEUSKS DU TISSU CELLULAIRE
degré d'irritation. A chaque pansement on fait de nouvelles trac-
tions, et l'on continue jusqu'à la sortie entière de l'animal...
» Lorsque le ver ne s'est pas fait jour lui-même et qu'il se trouve
placé assez superficiellement pour être senti au toucher, on pratique
une incision sur son trajet, on le saisit aussi près que possible de son
centre, et on le lie comme il a été dit ; de cette manière, on amène
ses deux extrémités à la fois (1). »
Lœffler, Peré, Ninian Bruce avaient déjà indiqué et suivi cette
pratique avec succès.
La filaire peut être quelquefois extraite en peu d'heures. Dans le
plus grand nombre des cas, cette extraction n'a lieu qu'après huit,
quinze et vingt jours. Dans des cas assez rares, ce n'est qu'après un
mois et six semaines que l'on parvient à débarrasser complètement
le malade. Ces différences tiennent à la longueur du ver et à sa situa-
tion dans les parties.
Dans quelques cas le dragonneau produit des douleurs atroces ac-
compagnées de crampes et de convulsions que ne peuvent calmer les
antiphlogistiques, les antispasmodiques ni les narcotiques les plus
actifs. Ces accidents cèdent quelquefois, suivant M. Clot-Bey , à l'ap-
plication d'un bouton de feu.
Lorsque la filaire se rompt, les accidents graves qui surviennent
demandent un traitement énergique : des incisions profondes, de
larges débridements seraient sans doute les moyens les plus effi-
caces; ils auraient encore l'avantage, si les embryons répandus dans
les chairs sont la cause des accidents, de leur fournir une issue facile
et prompte.
M. Dot, instructeur français au service du pacha d'Egypte, atteint
au pied droit de plusieurs filaires qui furent déchirées, souffrit de
douleurs vives, de fièvre, etc. « Malgré l'emploi des cataplasmes,
l'état du pied et de la jambe devient de plus en plus alarmant. Le
gonflement est prodigieux, il s'étend jusqu'au-dessus de l'articula-
tion du genou. Les douleurs sont intolérables, la fièvre est très in-
tense, enfin l'ensemble des symptômes est tel qu'on pense que l'am-
putation est le seul moyen de salut ; elle n'est cependant pas prati-
quée, on se contente de faire de profondes incisions sur les divers
points où se trouvaient les dragonneaux, qui donnent issue à une
grande quantité de matière purulo-sanguinolente, ainsi qu'aux por-
tions de vers qui n'ont pu être extraites, et dont la longueur est bien
(1) Clot, ouvr. cit., p. 10.
INTERORGANIQUE. — LA FILA1RE DE L'HOMME. 731
différente. Il n'est resté du premier et du deuxième que quatre pouces
environ, du troisième sept, et du quatrième deux. Dès ce moment
tous les symptômes s'amendent ; l'état du malade s'améliore de jour
en jour par la seule application des cataplasmes et l'usage des bains.
Enfin, arrivé au quinzième jour à dater des incisions pratiquées,
M. Dot commence à mouvoir son membre et fait quelques pas, et se
trouve à même de reprendre ses fonctions (1). »
La rapidité de la guérison est remarquable, si l'on compare ce cas
à ceux dont nous avons parlé et surtout à celui du docteur Maruchi
(voy. p. 726). Les incisions multiples et profondes ne sont sans
doute pas étrangères à ce résultat.
De nombreux médicaments ont été conseillés et administrés au-
tant pour prévenir que pour guérir la maladie.
L'asa fœtida a été surtout préconisée comme moyen prophylac-
tique ; plusieurs auteurs disent que l'usage de cette substance pré-
vient l'invasion de la filaire (2), ou détermine son expulsion plus
prompte. D'après Dubois, les brahmanes, qui assaisonnent très for-
tement leurs mets avec de l'asa fœtida, ne sont jamais incommodés
parle dragonneau (3).
L'aloès, l'ail, le poivre, le camphre, le tabac, le soufre, les prépa-
rations mercurielles, soit administrés à l'intérieur, soit appliqués à
l'extérieur, ont été conseillés et employés ; mais tous ces médica-
ments sont restés inefficaces entre les mains d'observateurs judicieux.
Les nègres en Afrique et les Indiens, dit-on, font usage de quelques
plantes qui déterminent la mort du ver. Ces plantes n'ont point été
expérimentées par des hommes capables d'en apprécier l'efficacité ;
toutefois M. Ferrari dit avoir employé avec succès celle que l'on con-
naît dans le Cordofan sous le nom de sallala (4).
L'incinération des filaires, des linges et des pièces de panse-
ment, la préservation des pieds contre la poussière ou l'humidité
par une chaussure convenable, seraient des moyens prophylactiques
à mettre en usage dans les contrées où la filaire est endémique.
(1) Clôt Bey, ouvr. cit., p. 20, obs. vu, recueillie par M. Cavalier.
(2) Watson, Praticeofphysics, New- York, 1845.
(3) Mém. cit. et Bremser, p. 238.
(■i) Lettre à Clôt Bey, citée.
LIVRE QUATRIEME.
* lits dans »i<:s ob6«;a\i;s hhiiibais
PREMIÈRE PARTIE.
AFFECTIONS VERMINEUSES DE L'AFPAREIL DE LA VISION.
L'appareil de la vision, chez divers animaux, possède des vers
qui lui sont propres ; mais ceux que l'on rencontre le plus communé-
ment chez l'homme et chez les animaux domestiques, sont les ento-
zoaires qui vivent dans les cavités séreuses ou dans le tissu cellulaire
des autres parties du corps.
Nous nous occuperons successivement des vers du globe oculaire,
et de ceux des annexes de l'œil.
PREMIERE DIVISION.
VERS DANS LE GLOBE OCULAIRE.
La présence d'un ver dans l'intérieur de l'œil a été signalée pour
la première fois par Spigel, en 1622 (1); il s'agit d'une filaire dans
l'œil du cheval. En 1782, un nouveau cas de ce genre excita la curio-
sité publique aux Etats-Unis. On annonça dans les journaux qu'un
cheval avait un serpent dans l'œil; on le fit voir publiquement à Phi-
ladelphie. John Morgan (2), et Hopkinson (3) rapportent les circon-
stances du fait. Un ver semblable observé à Vienne en 1804, un
(1) Rhodius rapporte le fait en ces termes : « Vitreum oculi humorem non in-
flaramari tantum, sed etiam putrescere, argumento est, anno 1622, ab. Ad. Spi-
gelio reperlus in vitreo humore oculi equi vermiculus... » Joan. Rhodii, Observ.
méd., cent. I, obs. lxxxi, p. 53. Patavii, 1657. — Voy. aussi Bonet, Sepulc,
lib. I, sect. XVIII, obs. vi, t. I, p. 422.
(2) John. Morgan, Sur un serpent vivant dans Vœild'un cheval, in Transact. of
the American, philosoph. Society, held atPhiladelphia..., t. II, p. 383.
(3) F. Hopkinson, Account of a worm iw horse's eue. Transactions citées ci-
dessus, t. II, p. 183 et Med. comment, vol. XI, p. 166, 1784.
GLOBE OCULAIRE CHEZ L'HOMME. 733
autre en France en 1812, dans l'œil d'une vache, plusieurs mé-
moires publiés de 1815 à 1830 sur l'existence fréquente, aux Indes,
d'un ver dans l'œil du cheval et de l'âne, établirent dans la science
la réalité d'un fait qu'on eût volontiers relégué parmi les fables.
Jusqu'alors il ne s'agissait que d'une filaire dans la chambre an-
térieure de l'œil de grands animaux. En 1830, à Berlin, Nordmann
et Krohn, se livrant à des travaux anatomiques sur l'œil de quelques
poissons, remarquèrent, dans l'humeur vitrée, des corpuscules blan-
châtres qui semblaient se mouvoir. Ils ne tardèrent pas à reconnaître
dans ces corpuscules de véritables helminthes. Cette observation fut
pour Nordmann l'occasion de nombreuses et intéressantes recher-
ches. Le savant naturaliste reconnut qu'il existe des entozoaires dans
l'œil chez des mammifères, des oiseaux, des reptiles et des poissons,
et dans l'œil de l'homme même (1). Gescheidt, oculiste à Dresde,
rapporta ensuite sur ce sujet quelques faits nouveaux (2) ; M. Rayer
enfin, dans un important travail, réunit les observations publiées
jusqu'alors par divers auteurs, observations auxquelles il ajouta le
résultat de nombreuses recherches qui lui sont propres (3). C'est
dans ce savant mémoire que nous avons puisé le plus grand nombre
des faits dont il va être question.
PREMIERE SECTION.
VERS DE L'OEIL CHEZ L'HOMME.
Les vers observés dans l'œil chez l'homme sont des cestoïdes, des
trématodes et des nématoïdes.
Aux cestoïdes appartiennent :
h'echinococcus. [Synops., n° 7.)
Le cysticercus celluloses. [Synops., n° 9.)
(1) Alexandre de Nordmann, Mikrographische Beilrœge zur Naturgeschickle der
Wirbcllosen ihiere, 1" cahier avec planches in-4°, p. 1 à 5i, Berlin, 1832, et
Archiv. de inéd. comparée, par Rayer, fasc. 2, p. 67, 18i3.
(2) Gescheidt, Die Enlosoen des auges, eine naturhistorische ophthalmologische
skizse, in Zeitschrift fur die ophthalmologie, etc., von F. A. Aramon, t. III, 1833,
S. 40a.
(3) P. Rayer, Noie additionnelle sur les vers observés dans l'œil ou dans l'orbite
des animaux vertébrés (Archives de médecine comparée, fasc. 2, p. 113, Paris,
1813).
734 AFFECTIONS VERMINEUSES DE L'APPAREIL DE LA VISION.
Aux trématodes :
Le monostomum lentis. (Synops.,T\0 33.)
Le distomum ophlhalmobium. (Synops. n° 39.)
Aux nématoïdes :
Lafilaria lentis. [Synops., n° 76, A.)
\j*,fdaria oculi humant ? (Synops., n° 76, B.)
A l'exception du cysticerque, toutes ces espèces de vers n'ont été
observées qu'un petit nombre de fois. La filaire, le monostome et le
distome ont été trouvés dans le cristallin affecté de cataracte; une
autre filaire dans la chambre antérieure ; le cysticerque a été vu
dans toutes les régions de l'œil, excepté dans le cristallin. Depuis
l'invention de l'ophthalmoscope, la présence de ce dernier ver dans
l'œil a été signalée assez fréquemment.
Article premier. — Dans le cristallin , les cas aujourd'hui
connus sont au nombre de cinq :
Ier Cas (Nordmann). — Filaire.
En novembre < 831 , ayant reçu de Graefe deux cristallins affectés de ca-
taracte lenticulaire^qui avaient été extraits à un homme âgé, Nordmann trouva,
dans l'humeur de l'un de ces cristallins, deux anneaux fins et extrêmement
délicats où le microscope fit reconnaître distinctement des filaires en-
roulés (1).
IIe Cas (Nordmann). — Filaire.
En 4 832, Nordmann trouva dans un cristallin affecté de cataracte (cala'
racla lenticularis vîridis), un filaire vivant; il était enfoncé dans la capsule. Ce
cristallin avait été extrait de l'œil d'une vieille femme par le professeur
Jiingken (2).
IIIe Cas (Gescheidt). — Filaire.
« Chez un homme de soixante et un ans, affecté d'une double cataracte
lenticulaire molle et pulpeuse à l'intérieur, mais présentant à son centre un
noyau plus dur, le professeur Ammon fit l'opération par extraction du côté
droit et par abaissement du côté gauche; il me donna à examiner le cristallin
qu'il avait extrait; il était assez volumineux, coloré à l'extérieur en jaune brun;
il offrait la consistance d'une bouillie. La partie centrale était d'un jaune plus
(1) Nordmann, mém. cité, Ie' cahier, et Rayer, mém. cité, p. 72.
(2) Nordmann, mém. cit. 2'" Hep., t. IX, et Rayer, mém. cit., p. 114.
GtOBE OCULAIRE CHEZ L'HOMME. 735
clair et avait un reflet opalin particulier. Placée sous le microscope, la sub-
stance du cristallin présentait un aspect singulier: les fibres, qui dans l'état
normal du cristallin sont disposées par lamelles régulières, étaient plus mar-
quées que d'ordinaire, mais semblaient se confondre et se croisaient fréquem-
ment. Du côté interne du cristallin, où les fibres étaient plus confondues que
partout ailleurs, sans que Ton cessât cependant de pouvoir en reconnaître la
direction delà périphérie au centre, existaient trois Glaires... (1). »
IVe Cas (Nordmann). — Monostome.
Dans un cristallin affecté de cataracte que le professeur Jiingken avait ex-
trait chez une femme âgée, Nordmann trouva huit monostomes, qui étaient
logés dans les couches superficielles de la substance de la lentille. Dans ce
cas, comme dans le second de filaire rapporté ci-dessus, la cataracte était en
voie de formation; les cristallins n'éiaient pas encore obscurcis et leur sub-
stance avait encore de la mollesse (2).
Ve Cas (Gescheidt et Ammon). — Distome.
Chez un enfant de cinq mois, venu au monde avec une cataracte lenticu-
laire, accompagnée d'une opacité partielle de la capsule, le professeur Ammon
et Gescheidt trouvèrent des distomes au nombre de quatre ; ces vers étaient
logés entre le cristallin et la capsule ; en examinant celle-ci par sa face ex-
terne, on pouvait reconnaître, à de petites taches opaques, le lieu qu'ils occu-
paient (3).
L'enfant était mort d'une atrophie mésentérique. Le professeur Ammon a
publié les détails de la maladie et de l'autopsie (4).
Les vers dans le cristallin sont rares : nous ne croyons pas que
depuis 1834 on en ait signalé de nouveaux cas. Nordmann rapporte
qu'il a examiné encore plusieurs cristallins cataractes sans y trouver
de vers, et Gescheidt en a cherché en vain dans trois autres cas de
cataracte et dans quatre cas de trouble des humeurs de l'œil ; enfin
M. Rayer a examiné avec soin, à la loupe et au microscope, cinq cris-
tallins atteints de cataracte membraneuse et quatorze de cataracte
lenticulaire, sans y rencontrer d'entozoaire. Depuis la publication du
mémoire où ce fait est consigné, M. Rayer eut l'occasion, ainsi que
nous-même, d'examiner encore bien des cristallins atteints de cata-
racte, mais nous n'y avons jamais vu de vers.
Article II. — Dans la chambre antérieure de l'œil, on a observé
(1) Gescheidt, mém. cit., et Rayer, archiv. cit., fasc. 2, p. 115.
(2) Nordmann, mém. cit., p. ix, et Rayer, archiv., fasc. 2, p. 116. *
(3) Gescheidt, mém. cit., et Rayer, archiv. cit., fasc. 2, p. 116.
(4) Zeitschrift fur die ophlhalm., 3 Band s. 74.
73f> AFFECTIONS VRl!MINr.U:,i:S DE I.' A P.'A «l- 1 1. I)K r.A VISION.
une fois un ver nématoïde ot quatre fois? le cysticerqùe ladriqin''.
Dans ces quatre cas, le ver était libre, et n'a été reconnu qu'à la
suite d'une ophthalmie. Le troisième cas est incertain.
Ier Cas (Sœmhemng et Sciiott). — Cysticerqùe ladrique.
« Chez une jeune fille de dix-huit ans (182!)), d'ailleurs bien portante, se
montra dans la chambre antérieure de l'œil gauche un cysticerqùe (cysticercus
cellulosœ) de la grosseur d'un grain de vesce. Il paraît s'être développé après
une violente ophthalmie , du moins la petite tache trouble ou pellicule pour
laquelle on prenait ce ver au commencement no fut remarquée que peu de
temps après la maladie de l'œil. Je le vis et le dessinai environ deux mois
après cette inflammation, dont, au reste, les traces avaient si complètement
disparu que l'on remarquait seulement une légère coloration en rouge quand
l'œil était échauffé. En oulre ce ver n'excitait point de douleur ; à peine cau-
sait-il un léger sentiment désagréable lorsqu'il se mouvait un peu plus fort,
et il n'empêchait la vue que lorsqu'il s'avançait au-devant de la pupille. Ordi-
nairement il reposait au fond de la chambre antérieure, absolument comme une
capsule du cristallin non complètement dissoute et tombée dans cette
chambre, et il se présentait comme une boule passablement diaphane qui
n'offrait qu'en un point une saillie d'un blanc laiteux et non transparente. De
ce point, on voyait par fois sortir spontanément ou à l'aide d'un doux frotte-
ment pratiqué sur l'œil, la partie épaisse, plisséa du cou. Alors s'avançait
aussi la partie mince, filiforme de ce corps, laquelle se terminait par la tête...
Après être resté sept mois dans l'œil, et avoir cru du double pendant le temps
de l'observation, c'est-à-dire avoir acquis la grosseur d'un pois, le ver fut ex-
trait, encore vivant, par le docteur Schott au moyen d'une petite incision dans
la cornée et d'une petite pince... (1). »
IIe Cas (Logan). — Cysticerqùe ladrique.
« A. B...,âgé de sept ans, fut présenté au docteur R. Logan, vers le milieu
de janvier 1 833 ; il était affecté d'une violente ophthalmie scrofuleuse de l'œil
gauche, avec état nébuleux de la cornée qui menaçait de détruire complè-
tement la vue. Depuis le mois d'août 1 832, il avait eu plusieurs attaques de
cette maladie. Les symptômes inflammatoires diminuèrent graduellement
après l'application d'un vésicatoire derrière l'oreille et l'usage de quelques
purgatifs. Il resta cependant une légère opacité du segment inférieur de la
cornée suffisant pour obscurcir la vue, mais non pas pour la détruire entiè-
rement. Au bout d'une semaine, l'enfant fut amené de nouveau, et, en exami-
nant son œil, le docteur Logan fut fort étonné de voir un corps semi-diaphane,
ayant environ deux lignes de diamètre, qui flottait dans l'humeur aqueuse de
la chambre antérieure. Soumis à un examen minutieux, il parut presque par-
(1) Isis, von Oken, p. 717, 1830, et Nordmann, mém. cit.
GLOBE OCULAIRE CHEZ L'HOiMME. 737
faitement sphérique, poilant à sa partie inférieure un petit appendice blanc,
allongé, avec une extrémité légèrement renflée ressemblant beaucoup à la
trompe de la mouche commune.
» L'œil de l'enfant est actuellement dans un état d'irritation dû probable-
ment à la présence de ce corps étranger, qui exerce un frottement continuel
sur la surface si sensible de l'iris et sur la membrane délicate qui tapisse la
cornée. Quand cet animalcule est en repos, il occupe, comme on l'a déjà dit,
la moitié inférieure de la cornée, et s'élève jusqu'à la moitié du disque pupil-
laire, de sorte que l'enfant ne peut distinguer les objets qui sont situés en
bas et est obligé de les élever. Depuis la première fois,où ce petit être a été
remarqué, il n'a point varié dans sa grosseur. »
Le cysticerque n'a point été extrait (1).
L'auteur, à la suite de cette observation, fait remarquer que les
cas d'hydatides de la chambre antérieure de l'œil, rapportés par les
anciens auteurs, et entre autres celui d'hydatides dans l'œil qu'on
trouve dans jRnst's Magazine, ne sont probablement que des cas de
cristallin sorti de sa capsule (2).
IIIe Cas (Alessi). — Cysticerque Incivique?
« Un magistrat de l'Abruzze intérieure, âgé de trente ans, était atteint
d'une kératite chronique et rebelle de l'œil gauche, accompagnée de vascula-
risalion de la conjonctive. En examinant cet organe avec une loupe, on y vit
un ver, qui, de la chambre postérieure où il était logé, passa tout à coup dans
la chambre antérieure, en se plaçant devant la moitié inférieure latérale ex-
terne de l'iris, de manière que la pupille était dégagée. Lorsqu'on le regardait à
l'œil nu, il avait environ deux lignes et demie de longueur. Sa couleur était
d'un blanc terne dans ses deux tiers inférieurs, fusiforme, de couleur laiteuse
dans son tiers supérieur; dans cette dernière portion, le ver présentait quatre
prolongements : l'un supérieur qui était le plus long, l'autre inférieur qui était
le plus court et deux latéraux. » L'auteur se demande si ces prolongements
étaient des ventouses et si le ver était bien un cysticerque ; il ne peut en ré-
pondre vu les difficultés de l'observation, mais il affirme avoir constaté ses
mouvements spontanés, qu'il décrit avec soin, ainsi que son passage réitéré
d'une chambre oculaire dans l'autre.
Des remèdes internes, des vésicatoires autour de l'orbite pansés matin et
(1) Robert Logan. Animalcule dans l'œil d'un enfant {The Lancet, 30 mars 1 833.
— Archiv. gén. deméd., 2e série, t. I, p. 573. — Rayer, archiv. cit., p. 117).
Les deux faits dont il vient d'être question, attribués à tort le premier à Nord-
mann, le second à Mackensie, sont rapportés par M. Rognetta {Tr. d'ophthalm.,
p. 145, 146), avec des inexactitudes qui pourraient les faire prendre pour des faits
nouveaux.
(2) Cas rapporté par Neumann, dans Rust'smagas., t. XXXIII.
DAVA1NE. 47
738 AFFECTIONS VIÏRMINEUSI-.S DE I.'aPPAKEIL DE LA VISION.
soir avec uno pommade composée (Je parties égales de calomel et do sanlo-
nine lirait férir le ver, qui fui résorbé eu moins de quarante jours; la kéra-
tite et la conjonctivite ne lardèrent pas à disparaître ( I ).
Il est difficile de reconnaître un cysticerque, dans l'animal décrit
par M. Alessi, et même de rapporter cet animal à quelque enlo-
zoaire connu.
IVe Cas (Edwin Canton). — Cysticerque ladrique.
a Un enfant de dix ans fut présenté à l'auteur dans l'état suivant : dimi-
nution graduelle de la vue, résultant d'un état nébuleux de la cornée avec
injeclion des vaisseaux scléroticaux. Peu à peu la partie centrale de la cornée
fit saillie et devint plus opaque que la portion qui l'entourait. L'enfant, d'une
constitution délicate, se plaignait d'éprouver dans l'œil une douleur profonde
et constante et amaigrissait à vue d'œil. On pensa qu'il était utile de faire
une ouverture à la portion la plus saillante de la cornée, avec un couteau à
cataracte. Cette incision donna issue à une petite quantité d'humeur aqueuse
et à un cysticerque parfaitement reconnaissable ; elle fut suivie d'un soula-
gement immédiat, la petite plaie se cicatrica parfaitement. » Six mois après,
nouveaux accidents, nouvelle incision, issue d'un corps plus ou moins sem-
blable à un cysticerque. Plus tard, nouveaux accidents, M. Gulhrie pratique
une nouvelle incision ; il ne s'échappe que de l'humeur vitrée, et tout fait
présumer que le corps semblable à un cysticerque, sorti dans la seconde in-
cision, était le cristallin (2).
Ve Cas (Qi'adri), — Ver nématoïde.
M. A. Quadri de Naples a montré, au congrès ophthalmologique de
Bruxelles, le dessin d'un œil humain, dans la chambre antérieure duquel
existait un ver nématoïde (Blaire?) (3). Nous ignorons si ce fait, a été publié.
(1) Rapport sur le travail de M. Alessi relatif à l'helminthiase dans ses rapports
avec l'oculistique, par M. Raikem {Bulletin de VAcad. royale de méd. de Belgique,
t. XII, p. 197, Bruxelles, 1853. — Alessi, Bullellino délie scienze mediche, 1845,
et Gas. méd. de Paris, 1. 1, p. 491, 1846).
(2) Docteur Edwin Canton, Cysticerque de la conjonctive et de la chambre anlé.
fleure de Vœil. (The Lancet, juillet 1848, et Arch. gên. de méd., 4e série, t. XIX,
p. 219, 1849).
A la suite de son observation, M. Canton cite un cas de cysticerque dans la
Chambre antérieure de l'œil, publié par Warthon Jones (Manual of med. and.
surg. ophthalmy, 1847).
Dans uu voyage qu'il fit à Paris (octobre 1858), M. Graefe m'a dit avoir vu
plusieurs cas de cysticerque dans la chambre antérieure de l'œil, et plusieurs aussi
dans les paupières ; l'un de ceux-ci était très petit.
(3) Cité par Sichel, Iconographie ophthalmologique- Paris, 1S59, p. 707.
GLORE OCULAIUE CHEZ L'HOAlMIi. 739
Article III. — Dans les parties profondes de l'œil, le corps
vitré, la rétine, la choroïde, on a observé quelques cas d'hydatides
et depuis qu'on explore l'œil par l'oplithalmoscope, on y a vu assez
fréquemment des cysticerques.
A. — Les cas d'hydatides des parties profondes de l'œil sont au
nombre de trois; mais dans aucun de ces cas la nature du corps ob-
servé n'a été bien déterminée.
I"' Cas (Portal).
Portai se borne à dire : « J'ai trouvé des hydatides entre ces deux mem-
branes (la choroïde et la rétine) (1 ). »
IIe Cas (Rossi).
a Dans les cadavres de personnes mortes par suite d'un polype des sinus fron-
taux ou maxillaires, j'ai trouvé de nombreuses hydatides de la grosseur d'un
grain de millet qui occupaient la choroïde et la rétine; et ces individus n'éprou-
vèrent point la moindre altération dans la vue pendant leur vie (2). »
IIIe Cas (Gescheidt).
L'observation de Gescheidt concerne un individu âgé de vingt-quatre ans,
aveugle par suite d'une opbthalmie interne dont il avait été atteint dans son
enfance, et qui était mort d'une phthisie tuberculeuse.
L'œil droit ayant été incisé transversalement, on trouva la choroïde co-
lorée en brun, privée de son pigment et parsemée de vaisseaux variqueux.
La rétine paraissait unie et confondue avec le corps vitré en une substance
blanche, d'un bleu rougeâlre; au niveau de l'entrée du nerf optique, elle
semblait réduite à un cordon; l'intervalle existant entre la choroïde et la ré-
tine était rempli par une vessie blanche, qui fut aussitôt reconnue pour un
échinocoque (hydatide) . — La membrane externe de Yéchinocoque était blanche,
peu transparente et assez résistante; elle renfermait une seconde poche mem-
braneuse plus fine, d'un blanc bleuâtre, a Cette poche, ouverte à son tour,
laissa écouler du liquide séreux qui contenait une quantité de petits vers, les
uns ronds, les autres ovalaires et olivaires ; outre les vers sortis avec le
liquide, il s'en trouvait plusieurs adhérents aux parois du kyste. Quelques-
uns de ces animaux, examinés au microscope, présentèrent, surtout ceux à
forme ovale, de petits suçoirs ronds, Du reste, ils formaient une masse homo-
gène et l'on ne pouvait rien apercevoir de leur structure interne. On ne put
reconnaître l'existence d'une couronne de crochets (3). »
(1) Portal, Cours d'analomie médicale, t. IV, p. 418, Paris, 1803.
(2) F. Rossi, Osservazioni anal, e pal';. sulïorgano délia visla, p. 221, Gcnuajo,
1828.— Mem. délia Acad. di Torino, 1830.
(3) Qescheidt, méni. cit., et Rayerj arch. cit., fasc. u, p; 119.
740 AFFECTIONS VERMINEUSES DE l'aI'PAREJL DE LA VISION.
B. — Les cas de cysticerque sont plus nombreux et plus cer-
tains; c'est en considérant les mouvements des corps observés, la
marche de l'affection oculaire et par exclusion, que d'abord on a été
amené à regarder ces corps comme des cysticerques; récemment
leur nature a été constatée par l'extraction.
On doit la connaissance des faits publiés jusqu'à ce jour à
M. Grsefe (de Berlin) etLiebrich; ils ont été rapportés dans les
Archives ophthalmologiques rédigées par Grafe, Dondors et Arlt;
la plupart ont été donnés en français dans une excellente thèse faite
sous les auspices de M. le docteur Desmarres (1).
Il est à remarquer que tous ces faits ont été observés à Berlin,
ville où Rudolphi rencontrait, chaque année, quatre ou cinq cas de
cysticerque dans divers organes chez l'homme.
Les cysticerques occupent, suivant M. Graefe, le corps vitré, la
choroïde ou la rétine. Le premier cas est moins fréquent et moins
fâcheux. Le développement des entozoaires a lieu sans douleurs.
Quelques malades ont éprouvé une pression dans l'œil ou de la
céphalalgie qui avait peut-être une autre cause. La perte de la vue
est partielle, avant d'être complète. L'iris change quelquefois sa
couleur normale ; plus souvent l'œil ne présente aucune altération
apparente. Du reste les symptômes sont ceux de toutes les am-
blyopies et ne pourraient, sans l'examen ophthalmoscopique, faire
reconnaître la présence d'un cysticerque.
« On observe, au moyen de l'ophthalmoscope, une tumeur, en
général sphérique, au moins dans l'état de repos de l'œil et de l'en-
tozoaire, d'une couleur bleuâtre, verdâtre ou grise, qui affecte des
rapports divers avec les vaisseaux rétiniens, suivant les différents
lieux qu'elle occupe. Quand elle est située immédiatement en avant
de la rétine ou dans l'humeur vitrée, les vaisseaux rétiniens ne pas-
sent pas sur la tumeur; ils s'arrêtent tous à la circonférence/ou sont
complètement invisibles ; mais quand l'entozoaire se trouve logé dans
l'épaisseur même de la rétine ou entre cette membrane et les autres
du fond de l'œil, on voit les vaisseaux rétiniens passer sur la tu-
meur pour s'y ramifier, ou la croiser pour aller se ramifier plus loin,
comme à l'ordinaire (2). »
La tumeur du fond de l'œil est formée vraisemblablement par un
kyste dont la paroi mince et transparente laisse apercevoir l'ento-
(1) Louis de La Callc, De l'ophlhalmoscope, thèse, Paris, 1836.
(2) L. de La Calle, thèse citée, p. 66.
GLOBE OCULAIRE CHEZ I,' HOMME. 741
zoaire, reconnaissable à sa forme et à ses mouvements. Lorsque le
cysticerque est situé derrière la rétine, celle-ci s'ulcère quelquefois et
le ver arrive dans le corps vitré. Dans certains cas, le cysticerque
Fig. 31. — Cysticerque du corps vitré vu ù l'oplillialmoscope (d'après Grsefe). — a, Cysticerque
derrière lequel disparaissent les vaisseaux rétiniens; b, impressions laissées sur la rétine,
et causées peut-être par l'entozoaire.
périt et reste atrophié. Dans deux cas semblables, observés par
M. Graefe, l'œil a été conservé, mais la vue n'a pas été recouvrée;
dans les autres cas, l'œil a été complètement perdu.
Plusieurs cysticerques pourraient se rencontrer ensemble dans le
corps vitré, ce fait a été observé chez le porc.
Un seul œil est ordinairement envahi, en sorte que le pronostic
doit être en général moins grave que celui d'une amaurose ordinaire;
mais la multiplicité fréquente des cysticerques pourrait faire craindre,
dans certains cas, la présence de ces entozoaires dans les centres
nerveux.
1° Cas de cysticerque dans le corps vitré.
l"r Cas (Liebrich et Gr,efe).
Jeune homme de vingt-trois ans. Strabisme convergent; amblyopie de l'œil
gauche depuis l'enfance. Deux cysticerques dans cet œil; point de change-
ment pendant neuf mois (1).
(1) Arch. ophlhalm. de Grœfe, Donders et Arlt, t. I, part, n, p. 343.
742 AFFECTIONS VERMINEUSliS DB L APPWUII, DV. LA VISION.
II" Cas (Giuîfk).
Garçon de dix ans. Amblyopio do l'œil gauche. Cysticorque du corps vitré ;
point do changement au bout d'un mois (I).
2" Cas de cysticorque de la rétine ou extérieurs à la rétine.
Ier Cas (Gii.efe).
Femme. Amblyopie récente de l'œil gauche. Cysticorque dans cet œil ; trois
semaines après, accroissement du sac (un tiers environ). Cinq mois après, léger
affaissement, persistance du phénomène (2).
IIe Cas (GniEFE).
Fommo. Amblyopie do l'œil droit, depuis deux mois. Cysticerque au centre
de la rétine; neuf mois après, membranes flottantes dans le fond de l'œil, rem-
plaçant la tumeur (3).
IIIe Cas (Giuîfe).
Homme. Amaurose de l'œil droit, cysticerque (4).
IV" Cas (GniEFE),
Femme ; vingt ans, grossesse de cinq mois ; amblyopie de l'œil gauche de-
puis cinq mois, cysticerque (5).
Ve Cas (Giuïfe).
Femme; cinquante-huit ans ; depuis deux mois, diminution de la vue de
l'œil droit. Amaurose centrale; cysticerque vers le centre du fond de
l'œil (6).
VIe Cas (Gr^fe).
Femme ; vingt cinq ans ; amblyopie de l'œil droit depuis deux ou trois mois,
cysticerque. Membranes développées dans tout le fond de l'œil (7).
VIP Cas (Grjîfe).
Homme; quarante-six ans; perte partielle delà vision de l'œil droit, cysti-
cerque situé probablement entre la rétine et la sclérotique (8).
(1) Archiv. citées, t. H, part, i, p. 263.
(2) Archiv. cit., part. H, p. 457.
(3) Archiv. cit , t. I, part. i. p Z|63.
(4) Archiv. cit., t. I, part, i, p. 465.
(5) Archiv. cit., t. I, part, n, p. 326.
(6) Àrchiv. cit., t. H, part, i, p. 259.
(7) Arch. cit.. t. II, part, n, p. 335.
(8) Arch. cit., t, II, part, h, p. 339.
GLOBE OCULAIRE CHEZ LE PORC. 7/|3
Depuis la publication de ces faits en France, de nouveaux cas de
cysticerque dans les parties profondes de l'œil ont été observés par
M. Grsefe. Deux fois le savant oculiste de Berlin a tenté l'extrac-
tion de l'entozoaire :
Une première fois, en pratiquant une ouverture à la sclérotique ; le
cysticerque fut extrait par lambeaux; l'œil fut conservé, mais la vi-
sion resta abolie.
Une seconde fois, l'ouverture fut faite à travers la cornée, le cys-
ticerque fut extrait intact ; l'œil et la vision furent conservés. Lfe
cysticerque que M. Grsefe a bien voulu soumettre à notre examen,
offre les caractères du cysticerque ladrique, il est plus petit que ceux
qui se trouvent ordinairement dans le tissu cellulaire intermusculaire
ou dans le cerveau (1).
A l'époque où M. Grsefe nous a donné ces renseignements (24 oc-
tobre 1858), il avait déjà observé treize cas de cysticerque dans les
parties profondes de l'œil.
DEUXIEME SECTION.
VERS DE L'OEIL CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES.
CHAPITRE PREMIER.
VERS CHEZ LE PORC.
Les seuls vers que l'on ait observés dans l'œil chez le porc, sont
des cysticerques ladriques. De même que ceux dont nous venons de
parler, ils étaient situés dans les différentes régions de l'œil. Ils sont
probablement beaucoup plus fréquents que ceux de l'homme, et mé-
riteraient une étude approfondie au point de vue de l'anatomie pa-
thologique et de la thérapeutique.
Van der Hœven (2), Nordmann (3) et Gescheidt (4) en ont observé.
Nordmann en a rencontré quatre fois sur dix-huit yeux examinés;
(1) Voyez dans l' Iconographie ophlhalmologique de Sichel. Paris, 1859, p. 711,
pi. LXXII, fig. 9, une observation communiquée par Grsefe.
(2) Handboek der Dierkunde, D. I, bl. 115.
(3) Nordmann, mém. cit., et Rayer, archiv., fasc. 2, p. 77.
(4) Gescheidt, mém. cit., et Rayer, archiv., fasc. 2, p. 144.
Ikh AFFECTIONS VERMINEUSES DE L'APPAREIL DE LA VISION.
Gescheidt deux fois sur quarante-six yeux Sur chaque animal un
seul œil était envahi. A Paris, M. Rayer n'en a point trouvé sur
quarante-deux yeux examinés (1).
Parmi les quatre cas observés par Nordmann, dans trois, il n'y
avait qu'un seul ver situé : deux fois dans la chambre antérieure, une
fois dans la chambre postérieure. Dans ce dernier cas le cristallin
était affecté de cataracte.
Dans le quatrième cas le cristallin était affecté d'une cataracte
capsulo-lenticulaire. La partie postérieure de la tunique du globe
oculaire était épaissie, et formait, autour du point d'insertion du nerf
optique, un bourrelet qui donnait, au toucher, la sensation d'une
ossification. Dans l'opération de kératonyxis, essayée sur cet œil,
le cristallin no put être abaissé, il remontait en sa place dès que la
dépression cessait.
L'examen anatomique montra, dans le corps vitré, des corps irré-
guliers, brunâtres, qui n'étaient point des parcelles de pigment du
corps ciliaire, mais du sang coagulé qui avait dû sortir des vaisseaux
antérieurement à l'opération tentée sur l'œil. En outre, dans le corps
vitré se trouvaient six vers vésiculaires, dont deux flottaient près
du bord inférieur du cristallin, tandis que les quatre autres étaient
logés au fond du corps vitré. Il existait une ossification dans l'es-
pace compris entre la paroi interne de la sclérotique et la rétine.
Cette ossification occupait presque tout le fond du globe oculaire;
dans le milieu elle avait à peu près trois lignes et demie d'épaisseur,
laquelle allait en diminuant progressivement sur les côtés ; il n'y
avait pas d'altération dans la membrane artérielle et le surtout co-
loré, c'est-à-dire le tapis, non plus que dans la membrane vascu-
laire. L'ossification était constituée par plusieurs petites écailles en
forme de peigne, disposées par couches les unes sur les autres, et
ayant la consistance des écailles de poisson. Sous cette enveloppe se
trouvèrent six autres individus du cysticercus celluloses . L'ossifica-
tion adhérait non-seulement latéralement, mais aussi dans le fond,
à la membrane épaisse, opaque et dure du globe oculaire.
Parmi les deux cas de Gescheidt, une fois le cysticerque était dans
la chambre antérieure, une autre fois entre la choroïde et la rétine.
Dans ce dernier cas, le ver était entouré d'une légère exsudation
en forme d enveloppe , sur laquelle on pouvait voir à la loupe quel-
ques ramifications vasculaires fines , surtout du côté de la rétine.
(1) Rayer, mém. cit., p. 144.
GLORE OCULAIRE CHEZ LES SOL1PÈDES. 745
CHAPITRE II.
VERS CHEZ LES SOLIPÈDES.
Filaria papil!osa? [Synops., n° 81).
Nous avons dit qu'on a observé en Europe, en Amérique, et
très fréquemment dans l'Inde, un ver nématoïde situédans la chambre
antérieure de l'œil chez le cheval et l'âne. Ces vers, dans ces di-
verses contrées, appartiennent- ils à la même espèce ou forment-ils
des espèces distinctes ? S'ils sont de la même espèce, appartien-
nent-ils à la filaria papillosa que l'on rencontre dans les autres or-
ganes du cheval et de l'âne? Ces questions ne sont point résolues.
Nous nous occuperons donc séparément : 1° des vers de l'œil ob-
servés dans l'Inde ; 2° de ceux que l'on a observés en Europe_et en
Amérique.
Article premier. — Les vers de l'œil chez le cheval régnent en-
zootiquement dans certaines contrées de l'Inde. Ils sont connus au
Bengale sous le nom de sanp ou serpent dans l'œil des chevaux.
Souvent les animaux qui en sont affectés sont atteints aussi d'une
faiblesse des lombes que les habitants appellent kumree.
Cette maladie a été observée au Bengale, dans l'Inde supérieure,
à Madras, à Poosah, district de Tirhoot, à Ghazepore, à Sumbul-
pore, à Ceylan, etc.
Dans les localités basses et humides, suivant Twining et Gibb, dans
celles où les vents d'Est prévalent, on trouve la maladie appelée
kumree et les vers dans les yeux, et vice versa. Ces veis sont rares
dans les contrées élevées et sèches.
L'apparition de ces vers n'a lieu que dans une seule saison, dans
la saison froide. A. Poosah, pendant vingt-deux ans, Gibb n'a
jamais vu de ces vers que dans les cinq mois d'octobre, novembre,
décembre, janvier et février. En général, dans la saison froide, plus
les pluies ont été considérables plus il y a des cas de vers dansjes
yeux. Une année où les pluies avaient été à Tirhoot plus considé-
rables et plus persistantes que d'ordinaire, et où tout le pays avait
été inondé, l'observateur cité ci-dessus vit plus de cas de vers que
les années précédentes.
746 AFFECTIONS VERM1NEHSES DE i/APPAREir, DE I.A VISION.
Dans les localités où elle existe, cette maladie s'observe assez
fréquemment ; elle ne paraît pas cependant s'étendre jamais sur un
grand nombre d'animaux à la fois: Gilib en a observé' environ vingt
cas par an; à Poosah, dans la saison froide, on voit environ trente
cas de vers dans les yeux chez les poulains.
La cause de l'invasion de ces entozoaires est ignorée ; on n'a
point trouvé dans la nourriture ou dans les boissons l'explication de
ce phénomène.
Il existe un ou deux de ces vers dans l'œil, et quelquefois trois ;
il arrive aussi qu'un second ver paraît dans un œil dont on avait
déjà extrait un autre ver quelques mois auparavant.
Un seul œil paraît ordinairement affecté.
Le parasite est toujours situé dans la chambre antérieure; il y est
libre et nage dans l'humeur aqueuse. Ses mouvements sont plus ou
moins vifs et analogues à ceux d'une sangsue. Dans des cas rares le
ver reste faible, il périt et est résorbé.
Ordinairement, sa présence produit une vive irritation : l'œil est
larmoyant, les paupières à demi fermées, la conjonctive rouge, in-
jectée ; l'humeur aqueuse se trouble, prend un aspect laiteux; l'iris
s'enflamme; la cornée perd sa transparence, de la lymphe coagu-
lable et du sang se déposent entre les lames, elle devient complè-
tement opaque; alors, les phénomènes inflammatoires s'apaisent
graduellement, mais la vue est complètement perdue.
On reconnaît la cause de l'inflammation de l'œil à la présence d'un
ver derrière la cornée transparente.
Les chevaux affectés de vers dans les yeux sont sujels à la fai-
blesse des reins, et les deux maladies se succèdent ou coïncident
l'une avec l'autre si souvent que l'on croit généralement dans le pays
que la seconde est la conséquence de la première : l'une et l'autre
affection ont lieu dans les mêmes conditions, dit Gibb, avec cette dif-
férence que la faiblesse lombaire se manifeste en toute saison de
l'année, quoiqu'elle soit plus fréquente dans les mois froids.
On a supposé que, chez ces chevaux, des vers pénètrent dans la
moelle épinière, mais l'autopsie n'en a pas fait découvrir; on a
seulement constaté dans le canal rachidien une accumulation de
Le seul moyen que l'on connaisse de s'opposer à la perte de la
vue, c'est l'extraction du ver; il importe de la pratiquer dès le début
GLOBE OCULAIRE CHEZ LES SOLIPÈDES. Ihl
de la maladie, sinon une opacité plus ou moins étendue de la cornée
persiste après l'opération.
L'extraction se fait par une incision pratiquée vers le bord de la
cornée ; on se sert d'une lancette ordinaire ou d'un trocart d'un petit
volume (Molyneux). Un couteau à cataracte serait, sans doute, pré-
férable. Le cheval doit être opéré debout, attitude qui facilite la
sortie du ver (Grelies) ; on doit saisir le moment où il se rapproche
de la cornée.
Après l'opération, on a recours aux applications froides, à la pur-
gationet à la saignée.
PRINCIPAUX TRAVAUX SUR LES VERS DE l'ûEIL DANS L'iNDE.
M. Kennedy, Account of a now descripl ivorm [ascaris pellucidus) found in
the eyes ofhorses in India, in Transact of the royal Soc. of Edinburg, vol. IX,
p. 107, read feb. 1816, and nov. 1 81 8, et Bull, de Férussac, Se. nat.,
VII, -122.
Breton, Transactions of Ihe médical and physical Society oj Calcutta, vol. I,
p. 337, 1825.
Greues, Transact. of Ihe med. and. physical Society of Calcutta, vol. I,
p. 340, 1825.
Twining, Observations on Ihe filaria or thread ivorm found in the eyes of
horses in India, in Transact. of med. and surg. Society of Calcutta, vol. I,
p. 345, — Edinb. med. and surg Journ., n° 86, p. 240, I826; — Velerina-
rian for 1 828.
Gibb, Velerinarian, t. I, 1828, jun . , n° 6, 194.
R. Molyneux, On the ivorm in the eye of the horses and on the kumree, or
iveakness of the loins, in horses in India, in the Veterinarian, for 1828, t. I,
p. 309.
Percival, Diseuses ofhorses in India, in the Veterinarian, for 1828,
t. I, p. 5.
Article IL — A. — Le ver nématoïde que l'on a observé en Eu
rope et en Amérique, dans la chambre antérieure de l'œil chez les
solipèdes, ne paraît pas se rapporter exactement par ses caractères
à \&filaire observée dans l'Inde ; en outre il ne paraît pas que les
chevaux atteints de \afilaire de l'œil dans nos pays soient sujets à
la faiblesse des lombes ; les cas en sont d'ailleurs rares et n'ont été
signalés que de loin en loin. La plupart appartiennent à notre siècle.
Nous avons parlé du cas de Spigel observé en 1622, et de celui de
7/18 AFFECTIONS VliRMINÉUSES DÉ L'APPAREIL DE LA VISION.
Morgan et Hopkinson en 1782 ; deux autres cas ont été signalés dans
un ouvrage espagnol publié en 1773 : »On m'appela, dit l'auteur, pour
voir une mule de six ans (en Aragon), laquelle avait dans l'intérieur
de l'œil gauche une petite couleuvre grosse comme un cheveu, et
longue d'un pouce environ, ayant des mouvements très vifs, etc. »
Le même auteur dit encore avoir vu en France un ver semblable,
qui fut extrait de l'œil par la lancette ; le cheval conserva la vue (1).
A Vienne, un vétérinaire distingué, Sick, en a observé un cas
en 1804 (2) ; Bremser un autre cas en 1813 (3) et Diesing un nou-
veau, il y a peu d'années (4) ; à Oldenbourg, un entozoaire semblable
a été observé par Grève (5) ; un autre cas a été vu par Nordmann et
Gurlt à Berlin (6) ; un autre encore en Italie par un anonyme (7), enfin
un dernier cas par Boudgourd en France (8).
Les conditions qui amènent le développement des vers dans l'œil
sont tout à fait inconnues ; le cheval, l'âne et la mule y sont sujets.
Un seul œil est ordinairement affecté, et le nombre de vers est de
un à trois.
La présence de l'entozoaire dans la chambre antérieure produit
l'occlusion des paupières, le larmoiement, l'inflammation de la con-
jonctive, l'opacité delà cornée, enfin la perte totale et irrémédiable
de la vue.
L'extraction est le seul remède à lui opposer.
B. — Van Setten, vétérinaire à Onderdendam, province de Gro-
ningue, a observé un entozoaire qui diffère de ceux dont il vient d'être
question, et que M. Diesing rapporte au pentaslomum tœnioides
(!) Inslituliones Albeyteria, etc., 1773, trad. par Rodet (Recueil de méd. vét.,
t. VIII, p. 287, Paris, 1831 ; extrait du Journ. prat. de méd. vét., janvier 1S30).
(2) Cité par Rodolphi in Bemerkungeu aus dem gebiet der nalurgeschichte, etc.,
I. B, p. H.Berlin, 1804.
(3) Bremser, ouv. cilé, p. 18.
(4) Diesing, Systema helminthum, t. II, p. 274.
(5) Bern. Ant. Grève, Erfahrungen und beobachlungen ûber die krankheilen der
hausthiere im Vergleich mit den krankheiten des menschen, 1 Bœndchen, p. 174,
Oldenburg, 1818.
(6) Nordmann, mém. cilé, et arch. de méd. comparée, fasc. II, p. 76.
(7) Ver dans l'œil d'un âne, au rapport de Grève (mém. cité ci-dessus).
(8) Boudgourd, vétérinaire à Nîmes; trois vers (crinons) extraits de l'œil d'une
mule (Recueil de méd. velérin., t. I, p. 119, Paris, 1824, et Journal deméd. vét. et
comp., 1827, p. 573.
[Voyez d'autres indications dans Rudolphi, SynopsU, p. 213, 214; Rayer, arch.
cit., p. 136, note.]
GLOBE OCULAIRE CHEZ LE BOEUF. 769
(voy. Synops., n° 104). Le cheval qui en était atteint, avait l'œil
droit très sensible à la lumière, les paupières tuméfiées, la conjonc-
tive injectée, la cornée opaque. Cet état s'étant amélioré, on put
s'assurer de la présence, dans la chambre antérieure, d'un ento-
zoaire, qui fut extrait par la kératotomie; l'œil revint ensuite à un
état satisfaisant (1).
CHAPITRE III.
VERS CHEZ LE BOEUF.
A. — Au mois de septembre 1812, Déguillème, vétérinaire à Saint-
Denis de Pille (déparlement de la Gironde) , remarqua dans la chambre
antérieure de l'œil, chez une vache affectée d'un larmoiement consi-
dérable, un ver nématoïde qu'il rapporta à l'ascaride vermiculaire.
Les membranes et les humeurs de l'œil ne paraissaient point ma-
lades; le ver ne fut point extrait et les circonstances ultérieures de
ce fait restèrent inconnues (2).
B. — Chaignaud, vétérinaire à Monlmoreau (Charente), eut l'occa-
sion d'observer dans le département de laCharente plusieurs épizoolies
d'un ver semblable : « Toutes les fois que j'ai vu dans la contrée que
j'habite, dit ce vétérinaire, la maladie vermineuse des yeux du bœuf,
cette maladie commençait à régner au mois de juin et finissait au
mois de novembre; jamais je ne l'ai vue dans les autres saisons de
l'année. »
Le nombre des vers était ordinairement d'un, rarement de deux
ou de trois. Très rarement les deux yeux étaient à la fois afft ctés. La
présence des vers dans l'œil occasionnait le larmoiement, la tumé-
faction des paupières, l'inflammation de la conjonctive, l'opacité de
la cornée, etc., phénomènes semblables à ceux que nous avons vus
chez le cheval.
La saignée, les émollients et les calmants n'amenaient aucune
amélioration dans la maladie. La teinture d'aloès étendue de moitié
(1) A. Numan, Mém. sur les enlozoaires de l'œil chez l'homme et les animaux,
trad. du hollandais par S. Verheyen, dans Journ. ve'tér. de Belgique, t. I, p. 72,
Bruxelles,; I8i2. — Diesing, ouv. cit., 1. 1, p. 616.
(2) Déguillème, dans Mém. et observations sur lachir. et la méd. vétér., par J.-B.
Gohier, t. II, p. 435, Lyon, 1816.
750 AFFECTIONS VBItMlNEtJSfcB DE L'APPAULIL DIS LA VISION.
d'eau et instillée entre les paupières trois fois par jour, amenait une
guérison prompte. Après trois ou quatre jours de -ce traitement et
quelquefois dès le premier jour, le ver perdait le mouvement et tom-
bait dans \efond de la chambre antérieure de l'œil; il était ensuite
résorbé à une époque plus ou moins reculée (1).
C- — Roche-Lubin rapporte un cas clans lequel sept vers existaient
dans l'œil d'un bœuf âgé de quatre ans ; ils furent extraits par la
ponction de la cornée qui resta opaque (2).
DEUXIEME DIVISION.
VERS DANS LES ANNEXES DE L'OEIL.
La constitution anatomique des dépendances du globe oculaire
n'a rien de spécial, aussi doit-on s'attendre à trouver dans ces par-
ties les vers que l'on rencontre dans les muscles, dans le tissu cellu-
laire et sous les téguments des autres régions du corps.
A. — Chez l'homme, les vers qui ont été observés dans les dé-
pendances de l'œil sont : 1° la trichina spiralis ; 2° la filaire de Mc-
dine ; 3° un ver nématoïde indéterminé ; 4° le cysticerque ladrique ;
5° des hydatides.
Nous avons mentionné ailleurs les cas de la trichine, de la filaire
de Médine, du cysticerque ladrique et d'hydatides qui ont été rap-
portés par divers médecins (3) ; nous n'aurons à parler ici que d'un
ver nématoïde encore indéterminé qui paraît assez commun au Congo,
et peut-être au Gabon.
La filaire de l'orbite (Synops., n° 76).
Ce ver, d'api es Guyot, chirurgien qui a fait plusieurs voyages à la
côte d'Angola, ne serait point la filaire de Médine, car, suivant ce
médecin et suivant plusieurs autres, la filaire de l'homme n'existe
point au Congo.
(1) Chaignaud, D'une maladie vermineuse qui attaque les yeux de l'espèce bovine,
dans Journal ou Recueil de mcd. vétér., t. IV, p. 573. Paris, 1827.
(2) Roche-Lubin, Journ. deméd. vél. prat., t. I, el Recueil de méd. vit., t. XII,
p. 279, Paris, 1836.
(3) Voyez p. 678, 719 et suiv., 632, 536 et suiv.
ANNEXES DE L'OEIL. 751
Guybt rapporte que les nègres de cette partie de l'Afrique sont
sujets à des ophthalmies de deux espèces : les unes qui guérissaient
par un traitement approprié ; les autres qui résistaient à ce traite-
ment: « J'aperçus enfin, dit ce chirurgien, après avoir examiné plu-
sieurs fois et avec toute l'attention possible les yeux de ces .ma-
lades, sur le globe de l'œil d'une négresse un sillon à la conjonctive,
semblable à une veine variqueuse, qui me détermina à y faire de pe-
tites mouchetures, pour en procurer le dégorgement. Ayant attaqué
avec la pointe d'une lancette cette prétendue veine, je fus très sur-
pris de voir disparaître ce sillon. Cette malade me dit aussitôt qu'elle
sentait quelque chose qui remuait dans son œil et que ce mouvement
était profond. Je soupçonnai que ce ne pouvait être qu'un ver am-
bulant, qui paraissait quelquefois sous la conjonctive et quelquefois
s'enfonçait vers la partie postérieure de l'œil. Je demandai à plusieurs
nègres s'ils étaient sujets à avoir des vers dans les yeux ; ils m'ap-
prirent que cette maladie était assez commune dans leur pays et que
c'était un loa. C'est le nom qu'ils donnent à ce ver..., que ces vers,
après avoir disparu pendant un ou deux mois, reparaissaient et fai-
saient renaître l'inflammation et le larmoiement, et qu'après plusieurs
années de semblables alternatives, ils sortent de l'œil sans qu'on s'en
aperçoive et sans faire de remèdes. »
Guyot put voir encore plusieurs fois reparaître et disparaître au
moindre attouchement le ver de la négresse et constater chez plu-
sieurs autres malades l'inefficacité de tousses traitements. Il résolut -
donc, dans un nouveau voyage qu'il fit à la côte d'Angola en 1777,
d'extraire le ver par une incision de la conjonctive, mais, ayant
voulu le saisir avec une pince à disséquer, il ne put y parvenir.
« Dans une autre occasion, j'employai, dit-il, une aiguille à su-
ture de moyenne grosseur, avec laquelle je perçai la conjonctive à
côté du ver, et la fis passer entre lever et la cornée pour la faire sortir
par le côté opposé. De cette manière, je l'engageai dans la courbure
de l'aiguille en soulevant la portion de la conjonctive comprise avec
le ver dans la partie concave de l'aiguille. Je la divisai et tirai le ver
sans être tronqué, ni aplati et ayant encore assez de vigueur pour
se remuer. Il faut que cette opération soit faite très promptement,
autrement le ver s'échappe ; on le perd de vue quelquefois pour très
longtemps. De cinq nègres sur lesquels j'ai tenté cette opération, je
n'ai pu tirer ce ver qu'à deux; ils ont disparu chez les autres sans
qu'ils aient occasionné aucune lésion apparente à la conjonctive, et
ils n'ont pas reparu tout le temps que je suis resté avec ces nègres.
752 AFFiiCriONS VEUMINEUSES DE L'APPAREIL DE LA VISION.
Ceux à qui j'ai fait cette opération furent guéris en vingt-quatre
heures, sans aucun remède qu'un mélange d'eau de rose et d'eau
vulnéraire instillé dans l'œil. Les nègres attaqués de cette ma-
ladie n'ont ordinairement qu'un ver qui se trouve à l'un de leurs
yeux(l). "
M. Lestrille, chirurgien de la marine française, communiqua à
MM. Gervais et Van Beneden le cas suivant :
« Le 17 août 1854, un nègre appelé Chicou vint lui demander de lui
enlever quelque chose qui marchait dans son œil. Les phénomènes présentés
par le malade étaient les suivants : clignotement fréquent; sensation d'un
corps étranger gênant les mouvements de la paupière supérieure ; depuis le
matin seulement l'œil avait commencé à être douloureux ; les vaisseaux de la
conjonctive étaient légèrement injectés; il y avait du larmoiement. A la
partie supéro-antérieure du globe de l'œil, vers l'angle externe, la conjonctive
était soulevée par un corps allongé, flexueux, qui s'étendait dans le sens
transversal. A la première vue, ce corps ne paraissait pas se mouvoir ; mais,
en soulevant avec une pince à dissection la conjonctive qui était décollée dans
une assez grande étendue, des mouvements de reptation purent être aisément
aperçus. Une incision ayant été faite à la conjonctive avec des ciseaux courbes
sur le plat, le ver put être saisi avec des pinces (2). » (Voy. la description,
Synops., n° 76.)
Ce fait a été observé au Gabon, et selon M. Lestrille, les cas ana-
logues ne sont pas rares dans cettre contrée.
B. — Chez le chien, M. Cunier a observé un cysticerque ladrique?
sous la conjonctive (3).
C. — Chez le porc, le cysticerque ladrique a été fréquemment
rencontré dans les muscles de l'œil, sous la conjonctive, etc.
D. — Chez le bœuf, J.-B. Rhodes, vétérinaire à Plaisance, dé-
partement du Gers, a trouvé en 1818, sous les paupières, quelques
vers d'environ un centimètre de longueur et de deux tiers de milli-
mètre de diamètre. Ces vers, examinés par Bosc, furent regardés par
ce savant comme constituant un nouveau genre d'helminthes qu'il
(1) Mémoires, dissert, de chir. et obs. de chir., par J.-N. Arrachart, p. 228.
Paris, 1805, et Rayer, archiv. cit., n° 2, p. 122.
(2) Gervais et Van Beneden, zoologie médicale. Paris. 1859, t. II, p. 143.
(3) Cunier, Ann. d'-oculistique, vol. VI, p. 277, et Rayer, arch. cit., p. 130.
AFFECTIONS VERMINEUSLS DE L'APPAREIL DE LA GÉNÉRATION. 75S
appela fhélaziell); c'étaient évidemment des larves d'insecte. Chez
l'homme, les cas de larves de mouche développées sous les pau-
pières ne sont pas extrêmement rares.
E.—Chez le cheval et chez le bœuf, M. Gurlt a observé assez
fréquemment un ver, qu'il rapporte au genre filaire et dont l'habitat
est dans les conduits excréteurs de la glande lacrymale. Il n'occa-
sionne aucun accident fâcheux (2) ; toutefois, Kliem (3), vétérinaire à
Posen, a vu chez un cheval une ophthalmie avec opacité de la cornée,
qui a été déterminée par la présence sous la paupière supérieure de
cinq vers nématoïdes [filarialacrymalisl) (voy. Synops., n° 80).
DEUXIEME PARTIE.
AFFECTIONS VERMINEUSES DE L'APPAREIL GÉNÉRATEUR.
L'appareil de la génération, mâle ou femelle, est fort peu exposé
à l'invasion des vers. Chez la femme un parasite microscopique existe
dans le mucus vaginal ; c'est le seul entozoaire spécial aux organes
de la génération qui soit connu.
Les vers qui vivent dans le tissu cellulaire interorganique, ceux
des cavités séreuses naturelles ou accidentelles peuvent se rencontrer
dans les organes génitaux de l'homme et de la femme aussi bien que
dans d'autres parties, mais les cas en sont fort rares. Quant aux cas
de ces entozoaires développés dans l'appareil de la reproduction
chez les animaux, ils sont sans doute également très rares, car ils
n'ont pas attiré l'attention des observateurs.
(1) Rapport fait par M. Bosc sur un nouveau genre de vers intestinaux, etc. ,
journal de physiq., chim., hist. nat., 1819, t. LXXXVHF, p. 214, et Rayer, ar-
chiv. cit., p. 131.
(2) E.-F. Gurlt. Lehrbuch der palholog. anat. der Haussaiigethiere. 1 Band. S.
3i7. Berlin, 1831.
(3) Mag. fur die gesam. Thier Heilkunde,\on Dr Gurlt und Dr Hertwig, 1839,
p. 2i2; cité par Verheyen, Mém. de Numan, trad. p. 77.
Davaine, 48
7.V| AFFECTIONS VERMINEUSES DE L'APPAREIL DE LA GÉNÉRATION.
PREMIÈRE DIVISION.
AFFECTIONS VERMINEUSES DE l'aPPAREIL MALE.
Article premier. — La connaissance des filaments spermatiques
remonte à deux siècles. L'attention de Leeuwcnlioek ayant été
appelée sur des animalcules qu'un étudiant nommé Ham avait trouvés
dans la matière provenant d'un homme atteint de gonorrhée, le cé-
lèbre micrographe observa bienlôt après ces animalcules dans la se-
mence de l'homme sain et dans celle de divers animaux ; il fit part
de cette découverte à la société royale de Londres en novembre
1677(1).
Leeuwenhoek et les observateurs contemporains considérèrent les
filaments spermatiques comme des animaux ; toutefois, d'après
l'existence constante de ces filaments à l'époque du rut et leur dispa-
rition après cette époque, d'après leur absence avant la puberté et
dans la vieillesse, plusieurs savants eurent la pensée que ces êtres
ne sont point des animaux, mais qu'ils sont les agents de la fécon-
dation de l'œuf, le premier rudiment de l'animal qui s'y déve-
loppe (2) ; mais d'un autre côté, la spontanéité apparente des mou-
vements, l'action, sur ces mouvements, des agents chimiques et de
quelques substances toxiques confirmèrent le plus grand nombre des
observateurs et les plus autorisés, dans la pensée que ces êtres
jouissent d'une vie indépendante et qu'ils ne sont que des parasites.
Leur existence chez tous les animaux adultes, leur présence aux
époques du rut, leur absence hors de ces époques, s'expliquaient par
une fonction dont ces animalcules auraient été chargés : celle d'im-
primer à la semence une agitation nécessaire et de provoquer l'or-
gasme vénérien.
(1) Qbservaliones Antonii Leeuwenhoek de natis e semine genitali animalculis,
in Transact. philos., dec. 1677, n° 142, art. 3, p. 1040.
A. Leeuwenhoek, Aboul génération by an animalcule of ihe maie seed (Observa-
tions chez la grenouille), in Transact. philos., 1683, n° 182, art. 2, p. 347.
A. Leeuwenhoek, Lelter concerning génération by an insect. (Observations chez le
chien), in Transact . philos . , 1685, n° 174, art. 3, p. 1120).
(2) Andry, Dissert, sur la génération de l'homme par les vers spermatiques. — Si
l'homme lire son origine d'un ver (ouvr. cit., t. Il, p. 734). — Thèse composée
par Geoffroy de l'Acad. roy. des se.; soutenue le 13 uov. 1704. — (Journal des sa-
vants, t. XXIX, 1703. — Mém. de Trévoux, 1705, p. 1846.)
Lettre de Geoffroy à N. Andry, sur le système de la génération de l'homme par les
vers spermatiques (Andry, ouvr. cit., t. Il, p. 772).
ORGANES GÉNITAUX DE L'HOMME. 755
Jusque dans ces derniers temps les filaments spermatiques furent
considérés comme des animaux parasites ; on les rangea parmi les
microzoaires, ou les prothelminthes, à côté des cercaires ; on crut
même leur trouver des organes distincts. Enfin, il ressortit des re-
cherches de Wagner, de Kolliker et des travaux des physiologistes
modernes, une opinion plus saine concernant la nature de ces êtres.
Dérivés de l'organisme mâle, comme l'œuf de l'organisme femelle,
ils n'accomplissent aucune des fonctions animales. Ils transmettent
à l'œuf la vie dont ils sont doués, mais ils ne se reproduisent point
d'eux-mêmes; ce ne sont point des animaux.
Article II. — Les seuls entozoaires qui aient été observés dans
les organes génitaux de l'homme sont des hydatides et des filaires.
A. — Hydatides.
On rapporte qu'en Islande on a vu quelquefois des hydatides dans
la tunique vaginale (1).
Bisson, chirurgien du siècle dernier, fit l'extraction, par une in-
cision, d'une vésicule qui était située dans le scrotum ; elle était
libre, blanche et consistante, remplie par une eau très claire 5 on ne
peut douter qu'il ne s'agisse d'une hydatide (2).
Astley Cooper fait mention d'un testicule dont l'épididyme conte-
nait un kyste ; dans l'intérieur de ce kyste, se trouvait une hyda-
tide semblable à une perle; elle était parfaitement libre et sans adhé-
rence dans la poche qui la renfermait. Cette hydatide était remplie
d'un liquide aqueux. Le testicule était un peu plus volumineux qu'à
l'ordinaire (3).
Enfin nous avons rapporté les cas d'un kyste hydatique considé-
rable du petit bassin, qui s'était développé primitivement de la vé-
sicule séminale droite (4).
B. — Filaire.
Les cas de filaire observés dans les organes génitaux externes de
l'homme sont moins rares que ceux qui concernent les hydatides ;
(1) Voy. ci-dessus, p. 382.
(2) Bisson, Observation sur une hydatide survenue à la, suited'un circocèle(Journ.
deméd. chir,, etc., 1759, t. XI, p. 455).
(3) Astley Cooper, ouvr. cit. trad., p. 451.
(4) Voy. ci-dessus, obs. civ, p. 490.
756 AFFECTIONS VÉRMINÊUSES DU l'aPPAREIL 1>L: t.A GÉNÉRATION*
nous les avons rapportés et nous avons vu qu'ils ont quelquefois
donné lieu à des erreurs de diagnostic, soit que, située sous les tégu-
ments de la verge, la filaire ait été prise pour un vaisseau lympha-
tique enflammé (1), soit que, située dans les bourses ou dans l'aine,
elle ait occasionné des tumeurs ou des ulcérations attribuées d'abord
à la syphilis (2).
Article IN. — Les vers des intestins peuvent donner lieu, par
une action sympathique ou par une excitation de voisinage, à des
effets fâcheux sur les fonctions génitales. Nous avons vu que les
oxyures provoquent la masturbation, des pertes séminales involon-
taires et leurs graves conséquences. Nous connaissons un homme
chez lequel survinrent, sans cause appréciable, des désordres fâcheux
dans les fonctions génitales ; le malade s'aperçut enfin de l'existence
d'un ténia dont l'expulsion fut longue et difficile; cet homme, quoique
dans toute la vigueur de l'âge, ne retrouva pas complètement l'inté-
grité primitive de ses fonctions.
DEUXIEME DIVISION.
AFFECTIONS VERMINEUSES DE L'APPAREIL FEMELLE.
L'appareil génital de la femme n'est guère plus exposé que celui
de l'homme à l'invasion des entozoaires. Le trichomonas qui vit dans
le vagin, et les oxyures qui arrivent accidentellement dans cet or-
gane, sont les seuls parasites qui s'y rencontrent assez fréquem-
ment.
Article premier. — Vers spéciaux aux organes génitaux de la
femme.
Le trichomonas vaginal (voy. Synopsis, n° 5) a été découvert
dans le mucus du vagin par M. Donné (3). Plusieurs savants tels
que Gluge, Valentin, de Siebold, Vogel (4) ont émis l'opinion que le
trichomonas n'était que de l'épithélium vibratile, détaché de la ma-
- (1) Voy. ci-dessus, p. 723.
(2) Voy. ci-dessus, p. 722, 721.
(3) Al. Donné, Cours de microscopie, Paris, 1844, p. 157.
(4) J. Vogel., ouvr. clt , p. 395.
ORGANES GÉNITAUX DE LA FEMME. 757
trice ; mais récemment, M. Kolliker a confirmé l'exactitude du
fait annoncé par M. Donné (1).
Le trichomonas vaginal ne se rencontre jamais dans le mucus va-
ginal sain et normal, dit M. Donné; on ne le voit pas même lorsque
la sécrétion est augmentée sans altération appréciable des principes
constituants du liquide. Toutes les fois que cet animalcule existe, le
mucus vaginal renferme des bulles d'air qui lui donnent un aspect
écumeux; ce caractère est constant. La production du trichomonas
n'a aucune relation avec le principe vénérien ; on voit ce proto-
zoaire chez des femmes saines sous ce rapport.
Des injections répétées d'eau simple, ou mieux d'eau alcaline, suf-
fisent pour faire disparaître cet entozoaire.
Article II. — Vers vêsiculaires. — Les vers vésiculaires ne
sont pas communs dans les organes génitaux chez la femme ; le plus
grand nombre des cas rapportés à ces vers, par les auteurs, appar-
tiennent à la môle hydatique, d'autres appartiennent aux kystes sé-
reux.
Toutes les parties de l'appareil génital de la femme ont offert des
vers vésiculaires , mais il est remarquable que la matrice, qui dans
la grossesse acquiert un si grand développement et une si grande
vascularité, ne nous en offre qu'un seul exemple.
A. — Ovaire.
Méry... « a trouvé dans un enfant âgé de deux ans, fille de
cette même femme, un testicule (ovaire) rempli d'une espèce d'oeufs
d'une grosseur considérable; les plus gros avaient jusqu'à cinq ou
six lignes de diamètre. M. Méry croit que ce sont des hydatides
changées en abcès (2). »
Esquirol a vu des hydatides dans l'ovaire gauche chez une fille
qui avait deux kystes hydatiques énormes dans le foie (3).
P. Dubois et Boivin ont observé une tumeur énorme développée
dans l'ovaire, et qui paraît appartenir aux kystes hydatiques athé-
romateux. Elle fut incisée par le vagin ; la malade succomba (4).
(1) Comptes rendus Acad. des sciences, 30 avril 1855.
(2) Hisl. del'Acad. des sciences, 1695, Paris, 1733, ia-4°, t. II, p. 245.
(3) Voy. ci-dessus, p. 440, obs. lxix.
(4) Voy. ci-dessus, p. 511, obs. eu.
758 AFFECTIONS VLK.MlNliUSES DE L'APPAREIL DE LA GÉNÉllATION.
Basset rapporte un cas de tumeur hydatique de l'ovaire qui oc-
casionna la rétention des urines et des matières fécales, et qui dé-
termina la mort (1).
B. — Trompes utérines.
Barré rapporte l'observation d'une tumeur hydatique considé-
rable développée dans le petit bassin ; l'utérus appliqué sur sa face
antérieure lui était intimement uni ; les trompes et les ovaires étaient
en grande partie confondus avec la paroi du kyste ; la cavité de celui-
ci communiquait avec celle des trompes, en sorte que par cette voie
la cavité de l'utérus était en communication avec celle du kyste (2).
C. — Corps de l'utérus.
Laennec donne le résultat de l'autopsie d'une femme qui avait
plusieurs kystes hydatiques, l'un dans le foie, un autre dans le tissu
cellulaire interposé au péritoine et aux muscles de la partie antérieure
de l'abdomen, et d'autres dans le tissu de la matrice. Après avoir
donné la description des acéphalocystes renfermées dans les deux
premiers de ces kystes, il ajoute: « La matrice contenait dans ses
parois trois kystes, ayant chacun la grosseur d'une pomme et, du
reste, semblables aux précédents (3). »
D. — Col de l'utérus.
Charcot a donné la description d'une tumeur hydatique déve-
loppée dans le tissu cellulaire qui revêt le col de l'utérus ; le kyste
était très adhérent à cet organe ainsi qu'à la paroi postérieure et su-
périeure du vagin (4).
E. — Paroi du vagin.
Nous avons rapporté trois cas de kystes du petit bassin qui ont
été opérés par le vagin ; deux avaient mis obstacle à l'accouchement.
Tous les trois ont guéri. Il se peut qu'ils se soient développés primi-
tivement de la paroi du vagin (5).
(1) Voy. ci-dessus, p. 510, obs. cl.
(2) Voy. ci-dessus, p. 519, obs. clxv.
(3) Laennec, mém. cit., p. 150, obs. iv.
(4) Voy. ci-dessus, p. 515, obs. clviii.
(5) Voy. ci-dessus, p. 517 et suiv., obs. clxii, clxui, cuiv.
ORGANES GÉNITAUX DE LA FEMME. 759
F. — Mamelle.
I. — De Haen a observé des bydatides de la mamelle; la tumeur
ayant été prise pour un squirrhe, on procéda à l'extirpation: « Sub
operatione constitit pugni magnitudinis hydatida esse, quœ a.cîr-
cumcreia, compressuque indurata cellulositate inrcquali, squirrhi
inasqualitatem referret. Habebat pellem externam albam, cras-
» sam, lacerabilem, nihilomnino aut fibrosam, aut vasculosam, ea
de causa non fractam duntaxat, quantumvis debilem, quod ab ih-
tegumentis et circumcreta indurataque cellulositate œqualiter
premeretur. Prgeter lympham, qua turgebat, continuit quatuor
exiguas hydatidas, liberrimas, pedunculi vestigio omnino ca-
rentes (1). »
II. — Fréteau rapporte que le docteur Darbefeuille, chirurgien en
chef de l'hospice de Nantes, a trouvé des hydatides en grand nombre
dans un sein qu'il venait d'enlever (2).
III. — « Roux annonce ... avoir, il y a peu de temps, extirpé
une tumeur volumineuse du sein chez une femme de province, tu-
meur dans laquelle était une collection nombreuse d'hydatides. Des
signes particuliers avaient fait soupçonner à Roux cette circonstance
extraordinaire avant l'ablation de la tumeur que son grand vo-
lume, son poids, la gêne qui en résultait, forçaient à extirper,
mais qui, du reste, était bien reconnue pour n'être point de nature
cancéreuse (3). »
IV. V. — Astley Cooper rapporte qu'il existe dans le muséum
de l'hôpital Saint-Thomas, une hydatide qui a été rejetée à travers
une perforation de la mamelle; les parois du kyste s'étant enflam-
mées, la collection purulente qui en est résultée, s'est ouverte à
l'extérieur et a donné issue à l'hydatide.
Le même auteur rapporte une observation qui lui a été commu-
niquée par le docteur Bayfied ; elle concerne une tumeur hydatique
qui, s'étant accrue pendant onze mois sans douleur et sans altération
de l'économie, fut enlevée par l'instrument tranchant. Il n'y eut point
de récidive (4).
(1) De Haen, op. cit., t. III, pars Vil, cap. m, § 3, p. 322.
(2) Fréteau, me'm. cit., p. 145 (voy. ci-dessus, p. 416, l'indication de ce mé-
moire). __
(3) Journ. gén. de méd. de Sédillot, 1819, t. LXVII, p. 365.
(&) Astley Cooper, ouvr. cit. trad., p. 518,
760 AFFECTIONS YERluTNEUSES DE L'APPAREIL DE LA GÉNÉRATION.
VI. — Grsefe rapporte le cas d'une tumeur causée par des hydatides
delà mamelle, qui fut prise pour un squirrhe. Il s'agit d'une fille âgée
de vingt-cinq ans, chez laquelle une tumeur se développa dans la
mamelle gauche, tumeur qui acquit le volume d'un œuf de poule et
qui était accompagnée de douleurs très vives. Une incision ayant été
pratiquée, on parvint dans sa cavité qui contenait trois hydatides
grosses comme des noix et sept plus petites; les parois de la poche
étaient lisses et semblaient participer de la nature des membranes
séreuses. On introduisit dans sa cavité un tampon de charpie ; plus
tard on y fit des injections d'une solution de nitrate acide de mer-
cure. La malade ne fut complètement guérie que deux mois après
l'opération (1).
VII. — Cas de Malgaigne.
Femme âgée de quarante-deux ans, entrée à l'hôpital Saint-Louis le 31 mai
1 853 ; tumeurdatantdesixans à la partie inférieure externe du sein gauche: elle
est arrondie, oblongue, du volume d'un oeuf de pigeon, mobile sur les tissus
profonds, adhérente à la peau qui a conservé son apparence normale. Ablation
par une incision ; pénétration de l'instrument dans l'hydatide qui sort spon-
tanément à travers la plaie (2).
Voyez encore des cas de Warren, Saucerotte, et Benj. Cooper,
cités par M. Velpeau dans son Traité des maladies du sein (3).
G. — Placenta.
« Un passage de Gœze, dit Laennec, est relatif à des vésicules
trouvées dans un kyste développé dans un placenta. Ces vésicules,
qui très probablement étaient des acéphalocystes, n'avaient aucune
apparence de tête (4). »
Artice III. — Vers erratiques et fictifs. — A. — Les vers pour-
raient se porter de l'intestin dans le vagin ou la matrice\ par une
fistule qui établirait une communication entre les deux organes ;
(1 ) Observ. recueillie à la clin. chir. du prof. Grœfe de Berlin (Clinique des hô*
pitaux, t. II, n° 28. — Arch. gén. de tnéd., t. XVI, p. 593, 1828).
(2) Malgaigne, Hydatides du sein (Gaz. des hôpitaux, 1853, p. 356).
(3) Velpeau, Traité des maladies du sein, Paris, 1854, p. 316. — Warren, On
tumours, etc., p. 206, Tumeur de la mamelle pesant douze livres et contenant une
infinité de petits globules hydaliques. — Saucerotte, Mélanges de chirurgie. — Ben-
jamin Cooper, in Birkclt, p. 183.
(i) Goeze, Eingeweid, etc., p. 196; cité par Laennec, mém. cit., p. 77.
ORGANES GÉNITAUX DE LA FEMME. 761
peut-être le cas de Humelbergius, concernant un ténia rendu ^a»' la
matrice, doit-il être ainsi expliqué (1)?
Nous n'oserions dire qu'un fait observé récemment par M. An-
ciaux, peut être expliqué de la même manière, quoique l'auteur
propose cette explication : il s'agit d'une femme « qui se crut un jour
enceinte ; les règles avaient cessé ; puis elle s'imagina éprouver à
l'époque ordinaire les mouvements actifs de son enfant.... Après
avoir passé plus d'un an dans cet état.. . , la malade rendit spontané-
ment une grande quantité de lombrics, dont plusieurs sortirent des
parties génitales; la malade en retira plusieurs avec les doigts (2). »
B. — On sait que les oxyures se portent très fréquemment dans
le vagin chez la femme, qu'ils y produisent un prurit incommode et
quelquefois une excitation des plus fâcheuses; ils provoquent la
masturbation (3), et même ils donnent lieu à des accès de nympho-
manie (4). Enfin, ils déterminent une leucorrhée persistante chez les
femmes qui ne se soignent pas (5).
(1) Voici les paroles de Gabr. Humelbergius : « Et nos admirandœ longitudinis
» tœuias in superiore Rhetia, Veltkirchii, dum illic civium nostrorum archialrum
» ageremus, vidimus non semel, primo ex intestinis mulieris, deinde puellœ infanlis
» bis elapsa; et tertio ex mulieris utero, sive canali ejus, ut constantissima fide ad-
» firmabat, redditas; omnes in se glomeratas. » Commenlar. in Apideii demedica~
minibus herbar., cap. 1, cité par Leclerc, op. cit., p. 188.)
(2) H. Anciaux, Des accidents produits par les ascarides lombricoides et de leur
traitement (Bull, g en. dethérap., 1856, p. 246).
(3) Voy. Schneider, Annalen der Heilk., 1811, p. 491, cité par H. Cloquet,
ouvr. cit., t. II, p. 160.
(4) Lenlin, in Rufeland's Journ., etc., 14 B. , 3 S., p. 10, cité par H. Clo-
quet, loc. cit.
(5) Stô'rk parle d'une femme âgée de 26 ans, qui, ayant eu pendant sa grossesse
des flueurs blanches avec un prurit insupportable, rendit par la vulve un peloton
d'oxyures (Observ. clin., ann. vm, p. 463). — Des cas de prurit plus ou moins in-
tolérable de la vulve, avec écoulement abondant et fétide, guéris par l'expulsion
d'oxyures ont encore été rapportés par Jean de Tournemine {Forestus, lib. îv, part. I,
secl.H,cap. ix); — Th. Cockson (Commentar. medic, n°4, p. 88), (cités parBlalin,
Du catarrhe utérin, Paris, an x, p. 37 et suiv., — 2G édit., Paris, 1842, p. 457).
— Duval et Villeneuve (Bibliolh. méd., t. XLIV, p. 356). — Mondière (mém.
cit., p. 157).
Carteaux rapporte le cas d'une femme âgée de soixante- dix-huit ans, qui portait
depuis trente-cinq ans environ un pessaire. Ce pessaire ayant été oublié depuis
deux ans dans le vagin, il survint des douleurs et des accidents divers; la partie
inférieure du canal était remplie de mucosités et d'oxyures (Journ. de méd. et
chir. prat., t. II, p. 98. — Cité par felatiu).
762 AFFECTIONS vEHMlNEUSIiS DE [/APPAREIL DE LA GÉNÉRATION.
C. — Dans des cas semblables, quelques anciens auteurs ont cru
avoir affaire à des vers particuliers qui avaient pris naissance dans
l'utérus ou le vagin (1).
D. — On a encore attribué aux organes génitaux, comme à tous
les autres organes, des entozoaircjs fictifs ; ce sont : des vers trouvés
dans la matrice, et qui avaient détruit le fœtus (2) ; des vers trouvés
dans le délivre (3) ; il est même question d'un ver sorti du mamelon
d'une femme (4).
(1) Voy. un cas de Beckerus (dans les Ephem. nat. cttr., dec. I, ann. VIII,
obs. LXX1V, p. 121). — Un autre de Scharffius (Ephem. nat. cur., dec. I, ann. IX
et X, 1678, 1679, obs. vu, de vermibus uleri. — Théoph. Bonet, Medic. sept,
collect., lib. IV, sect. i, p. 18, Genevœ, 1687. — Collect. Acad. part, étrang.,
t. III, p. 366). — Voy. encore Benivenius (lib. De occult. morb. caus., cité par
Stalpart Vander-Wiel). — Lopius (Variar. med. lect., cap. xm, cité par le même).
— Lentilius [Ephem. nat. cur., 1712, appcnd. fol. 201, cité par Bianchi). —
Bianchi, Ascarides plus petits que ceux du rectum (ouvr. cit., p. 332). — Mauri-
ceau, Traité des maladies des femmes grosses, Paris, 1760, t. I, p. 427, et t. H,
p. 52).
(2) Stegmann rapporte qu'après un accouchement la sage-femme vit sortir
de la cavité du chorion qui était d'une épaisseur anormale, un grand nombre de
vers plats et rouges lesquels avaient dévoré le fœtus à l'exception de quelques petits
os (Stegm. mise, cur., decur. III, cité par Bianchi). — Tinueus dit qu'une femme
que l'on croyait enceinte et qui venait d'être tuée, fut ouverte pour sauver l'enfant ;
mais on ne trouva dans la matrice qu'une matière muqueuse et des vers (Cas.
méd., lib. IV, p. 204, cité par Vander-Wiel).
(3) Vander-Wiel rapporte qu'une sage-femme lui a affirmé avoir trouvé un ver
de plus d'un quart d'aune de long, enroulé autour du cordon ombilical ; et une autre
fois un ver plus petit dans le placenta même (Vander-Wiel, ouvr. cit., t. II,
obs. xxix, p. 302).
(4) Un homme qui tirait le lait trop abondant de sa femme, vit sortir du ma-
melon un ver qu'il retira avec la main. Ce ver était long de 4 pouces, composé d'an-
neaux, muni de deux rangées de pieds, etc. (Extrait d'une lettre écrite de Chartres,
le 11 avril 1666. Journal des savants, 17 mai 1666 et Collect. Acad-, 1. 1, p. 255).
PREMIER APPENDICE.
MALADIES FAUSSEMENT ATTRIBUÉES AUX VERS.
Nous avons parlé dans le synopsis, à l'article des pseudhelminthes,
de corps organisés ou non, qui ont été faussement considérés comme
des entozoaires ; nous parlerons succinctement ici des maladies qui
ont été faussement attribuées aux vers.
On peut ranger ces maladies dans quatre catégories :
1° Fièvres continues, affections inflammatoires ou autres des prin-
cipaux organes, qui seraient déterminées par les vers contenus dans
l'intestin, ordinairement l'ascaride lombricoïde.
2° Affections épidémiques ou contagieuses déterminées par des
vers invisibles qui infestent l'économie, circulent avec le sang, etc.
3° Affections causées par des vers localisés dans une partie du
corps autre que l'intestin.
4° Affections imaginaires causées par des entozoaires également
imaginaires.
Article premier. — Les anciens avaient reconnu que les vers de
l'intestin occasionnent des phénomènes ou des affections sympathi-
ques plus ou moins graves, mais ils ne leur attribuaient pas, comme
on l'a fait à une époque assez récente, la production de maladies in-
flammatoires dans les organes qui ne sont point le siège des vers,
ou celle de maladies plus générales comme les fièvres continues,
l'hydropisie, la goutte, etc. Ce n'est guère qu'au xvne siècle que l'on
commença de donner aux vers cette importance et qu'on leur attribua
dé causer des maladies qui ont été désignées sous le nom de vermi-
neuses universelles.
La mention des fièvres vermineuses ne paraît pas antérieure aux
ouvrages de Rivière, d'Hoffmann, etc. ; le premier de ces auteurs dit
que les vers occasionnent une fièvre intense et non réglée (1) ; le se-
cond qu'ils occasionnent des fièvres lentes et putrides, semblables aux
quotidiennes, mais sans type réglé (2).
Les médecins qui vinrent après eux reconnurent encore des fiè-
vres vermineuses hectiques, malignes, épidémiques, etc. ; alors les
(1) Lazari Rivcrii, Opéra medica universa, Lugduni, 1738, p. 310.
(2) Hoffmann, op. cit., 1. 1, p. 332, § 55.
76/t PREMIER APPENDICE.
épidémies de fièvre continue, de dysenterie, de pneumonie, avec
expulsion de lombrics, furent attribuées à la présence de ces para-
sites. On sait l'importance qui a été donnée aux lombrics et surtout
aux trichurides dans celle qu'ont décrite Rœderer et Wagler (1) ; à
la même époque, Van den Bosch donna l'histoire d'une constitution
épidémique vermineuse dans un ouvrage qui acquit delà célébrité (2).
Avant le xvin0 siècle, il est à peine question des maladies épidémiques
vermineuses :
Forest rapporte qu'en 1545, une fièvre pestilentielle (febris pestilens,
Trousse-Galant) enleva les jeunes gens les plus vigoureux en Savoie et dans
quelques localités de la France. Dans le cours de celte affection, les malades
vomissaient une grande quantité de vers vivants et souvent avec menaces de
suffocation (3).
En 1675, une fièvre épidémique fit périr plus de six cents personnes à
Bourg en Bresse ; on reconnut que. toutes avaient des vers, et dès lors les ma-
lades furent guéris par des remèdes qui tuaient ces parasites (4).
Ramazzini signale aussi l'existence pernicieuse des vers dans l'histoire do la
constitution épidémique de 1689 (5).
Jusqu'alors les lombrics avaient été regardés comme une complication ou
comme un accident de la maladie, mais au xvme siècle, les médecins de
toutes les parties de l'Europe rapportèrent, comme à l'envi, des histoires
d'affections épidémiques déterminées par les vers. Voici l'indication des prin-
cipales :
Farnèse (1705), pleurésie vermineuse, par Pedratti (6).
Béziers (1730), maladies diverses, par Bouillet(7).
Bergerac (1731), ... ? par Vieussens (8).
Modène (1739), fièvres, par Moreali(9).
(1) Ouvr. cil., sect. II, § 2, 6.
(2) J. Van den Bosch, Hist. const. epid. vermin., quae, annis 1760, 1761, 1762,
1763, per insulam Overflacqué, etc., grassata fuit, Lugduni Batavorurn, 1769.
(3) Pelri Foresti Alcmariaai, Opéra omnia; Rolhomagi, 1653, t. I, p. 196,
lib. VI, obs. vu.
Dans le même livre se trouvent plusieurs observations de fièvre pestilentielle
avec des vers, lib. VI, obs. h, iv, v, vi.
(i) Th. Bonet, Sepulc, lib. IV, sect. I, obs. lviii, t. III, p. 227.
(5) Cité par Raulin, Ancien journ. deme'd., t. IV, p. 236, 1756.
(6) Dans Morgagni, ouïr, cit., epist. XXI, § 43.
(7) Voy. ci-dessus, p. 126.
(8) Observations sur la maladie vermineuse de Bergerai, en 1731 (Van den
Bosch).
(9) Moreali, Des fièvres malignes et contagieuses produites par les vers, Mo-
dène, 1739 ,Sprengel).
MALADIES FAUSSlMENT ATTRIBUÉES AUX VERS. 765
Ccjlembourg (1741), fièvres, par Kloekhoff (l).
Ciialons (1744 à 1750), maladies, par Navier (2).
Provence (1748 à 1757), fièvres, par Darlue (3).
Provence (1 751 ), pleurésie, par Darlue (4).
Nyons? (1754), dysenterie, par Degner (5).
Seclin(1756), maladie épidémique, par Dehenne, de Cyssau, elc. (6).
Ham (1 756), fièvre putride, par de Berge (7) .
Saint-Jean d'ANGELi (1757), péripneumonie, par Marchand (8).
Fougères (1757), dysenterie, par Nicolais Dusaulsay (9).
Groningue (1 759), variole avec vers, par Van Doeveren (1 0).
Gûettingue (1760 à 1761), fièvre muqueuse, par Rœderer et Wagler (1 1).
Overflacqoe (1760 à 1763), constitution épidémique vermineuse, par Van
den Bosch (12).
Clisson (1765), maladies diverses, du Boueix (1 3).
Arbois (1766), fièvre putride, par Bonnevault (1 4).
Gros-Theil (1769), fièvre putride, par Lépecq de la Clôture (15).
Lille (1790), fièvre maligne, par Boucher (16).
(1) Kloekhoff, Historia febris epidemicœ, Culenburgensium, ann. 1741 (Van
Dœveren).
(2) Dissert, sur plusieurs mal. popul. qui ont régné à Châlons-sur-Marne, ab
ann. 1744 ad 1750 (Van den Bosch).
(3) Darlue, Fièvre putride et vermineuse, Journal de méd., 1757, t. VI, p. 64.
(4) Même journal.
(5) Hist. dysenteriœ bilioso-contagiosœ, Neomagensium, 1754, p. 27 (Van den
Bosch).
(6) Dehenne, de Cyssau, etc., D'une maladie épidémique qui a régné à Seclin
(Flandre) en 1756, Journal de méd., 1757, t. VII, p. 207.
(7) Fièvre putride vermineuse et épidémique observée à Ham en Picardie en 1 756,
Journal de méd., t. VII, p. 372, 1757.
(8) Pneumonies avec complication de fièvres vermineuses, Journal de méd.,
t. VII, p. 134, 1757.
(9) Voy. ci dessus, p. 126.
(10) Cité par Van den Bosch, p. 20, ouvr. cit.
(11) Voy. ci-dessus, p. 128 note.
(12) Op. supra cit.
(13) Voy. ci-dessus, p. 126.
(14) Observation d'une fièvre putride vermineuse épidémique qui affligeait la ville
d'Arbois en Franche-Comté pendant l'année 1766 (Recueil de Rich. de Haute-
sierk, etc., t. II, p. 228, cité par Bremser).
(15) Lépecq de la Clôture, Ep'démic du Gros-Theil dans le Roumois. Fièvre putride
vermineuse et maligne [Collect. d'observ. sur les mal. et const. épid. Rouen, 1778).
(16) Journ.de méd , 1790, t. LXXXII, p. 452, t. LXXXI1I, p. 428.
760 PREMIER APPENDICE.
Nous avons fait mention autre part des épidémies de fièvre et de dysen-
terie qui ont été observées sur les armées en campagne par Brand, Rosen,
Pringle, Van Swieten, Marie, Savaresi, Bourges (voy. p. 127).
Les fièvres vermineuses prenaient différentes formes : Van den
Bosch décrit des fièvres vermineuses continues putrides, inter-
mittentes, bilieuses et catarrhales, lentes, accessoires inflamma-
toires, etc. Ces formes se rapportent à celles que nous connaissons
dans la fièvre typhoïde ; les symptômes de la fièvre vermineuse
donnés par J. Frank nous offrent cette similitude d'une manière
évidente :
« La fièvre vermineuse, dit cet auteur, commence comme les
autres fièvres gastriques... La langue est couverte d'un enduit
blanchâtre ; il y a des nausées et quelquefois des vomissements ;
les forces se perdent de plus en plus; la face est blême, les
yeux entourés d'un cercle livide ; les joues sont alternativement
rouges et pâles; il se fait des hémorrhagies par le nez, auquel les
malades portent constamment les doigts pour en extraire les cail-
lots. Souvent les vers sortent par la bouche et par les narines. Il
existe une toux sèche, avec une douleur comme pleurétique ; le
ventre est tendu et douloureux; il y a tantôt de la constipation,
tantôt du relâchement, mais le plus souvent une diarrhée muqueuse,
ou mêlée de sang avec des lombrics vivants ou morts ; les fèces sont
excessivement fétides... La fièvre offre des rémissions de moins en
moins marquées jusqu'à ce que la maladie, dans les cas graves,
devienne une véritable fièvre typhoïde, aiguë ou lente (1). »
L'épidémie de fièvre putride vermineuse observée par Lépecq de
la Clôture, n'épargna ni les enfants à la mamelle, ni les vieillards
les plus caducs, ni la différence des sexes, ni celle des états ; sur
mille à onze cents habitants, il y en eut près de sept cents d'atta-
qués parla maladie. Du cinquième au sixième jour, les malades tom-
baient dans un délire permanent avec des soubresauts dans les ten-
dons ; du sixième au neuvième, il leur survenait à tous une éruption,
soit de taches pourprées et violettes, soit de grains lenticulaires mi-
liaires cristallins, ou de pustules rouges brunes , après l'invasion du
délire, les malades perdaient la vue et les autres sens ; ils mouraient
le onzième ou le treizième jour ; ceux qui arrivaient au vingt et
(1) Joseph Frank, Praxeos medicœ universœ prœcepla, t. I, p. 382, Tau-
rini, 1821.
MALADIES FAUSSEMENT ATTRIBUÉES AUX VERS. 767
unième guérissaient, s'il n'y avait point de gangrène dans les or-
ganes. Presque tous ces malades rendaient des lombrics vivants ou
morts, tantôt par les vomissements, tantôt par les selles. Sur qua-
rante-sept observations rapportées par Lépecq de la Clôture, trente-
neuf fois l'émission de vers est notée.
Cette épidémie meurtrière céda au traitement anthelminthique :
« J'ai cru reconnaître, dit Lépecq, aux accidents qui dominaient, la
présence réelle des vers; j'ai hasardé, avec précaution, quelques
grains de tartre stibié, que j'avais éprouvé cent fois comme un ex-
cellent anthelminthique, et l'effet m'a montré ce que je cherchais :
j'ai eu la satisfaction de voir des changements qui tenaient du pro-
dige ; j'ai vu que cinq ou six vers jetés vivants par la bouche et dans
les selles, enlevaient le délire, remettaient le ventre à l'aise et dissi-
paient l'étranglement suffocatoire...; j'ai rendu le plan de traitement
général, et l'épidémie a pris en peu de jours une face toute nou-
velle (1). »
Ces remarques du célèbre médecin normand ne peuvent être dé-
daignées, d'autant plus qu'elles sont loin d'être isolées; dans l'épi-
démie de dysenterie observée par Pringle, la présence des lombrics
aggravait considérablement les accidents et rendait la maladie plus
rebelle (2).
Il serait inutile d'apporter d'autres témoignages (ils sont nom-
breux) pour juger la question des accidents que déterminent les vers
dans certaines affections fébriles ou dysentériques. Nous concevons
que la présence de ces animaux dans l'intestin malade, enflammé,
ulcéré, ait une action plus vive et plus fâcheuse que dans l'intestin
sain; nous concevons que ces animaux, dans l'intestin privé d'ali-
ments et rempli de matières putrides, s'agitent plus que d'ordinaire
et se portent plus fréquemment dans l'estomac; de là les nausées, les
vomissements, les suffocations et les angoisses ; de là l'aggravation
des phénomènes nerveux ; de là l'utilité des médicaments qui ex-
pulsent ces hôtes incommodes et dangereux.
Dans les maladies dont il vient d'être question, l'irritation de l'in-
testin, les actions des vers rendues plus vives et plus sensibles, nous
expliquent les effets pernicieux de la présence de ces parasites, sans
admettre avec Avicenne, Coulet, Rosen, P. Frank et d'autres, que
du corps des lombrics sort une vapeur malfaisante qui s'élève vers le
(1) Lépecq, ouvr. cil., p. 185.
(2) Ouvr. cit. ci-dessus, p. 127.
768 Premier aMendïcë.
cerveau, ou que les excréments de ces êtres, absorbés avec le chyle,
passent dans le sang, dépravent les humeurs, etc.
D'où vient que dans ces épidémies, les lombrics apparaissent en
grand nombre , ce qui porte à penser que leur présence est en rela-
tion avec l'influence épidémiqueî Sans doute, comme le dit Under-
wood, que la fièvre détruit les vers (1), ou du moins on peut croire
que la privation des aliments, la putréfaction des matières intesti-
nales chassent ou font périr les lombrics. L'existence des vers qui,
sans la maladie, fût restée ignorée, se révèle alors et passe pour
la cause du mal .
La croyance aux affections épidémiques, aux fièvres ou aux phleg-
masies déterminées parles entozoaires intestinaux, en un mot, aux
maladies vermineuses universelles, était devenue presque générale
à la fin du siècle dernier et au commencent du nôtre; tel était alors
l'aveuglement des esprits à cet égard que l'on en vint à admettre des
affections vermineuses sans vers: « J'entends sous le nom de ma-
ladie vermineuse, dit Bremser, un dérangement ou bien une dispro-
portion dans les fonctions des organes destinés à la digestion et à la
nutrition ; pendant la durée de ce dérangement, il se produit ou bien
il s'accumule dans le canal intestinal des substances à l'aide des-
quelles il peut se former, dans des circonstances favorables, des vers;
mais cependant il n'y a pas nécessité absolue que cette formation
doive en résulter (2). » Toutefois, dans le siècle dernier déjà, quel-
ques médecins élevèrent des doutes sur la réalité de la nature ver-
mineuse des affections regardées comme telles : De Haen (3), Mus-
grave (4) , Butter (5) firent à leur sujet des réserves ou les nièrent
absolument. Wichmann, enfin, entreprit de relever les erreurs qui
s'étaient accumulées dans toutes les questions de pathologie vermi-
neuse et, par un examen judicieux, par des raisons solides, il im-
prima aux esprits une nouvelle direction touchant cette matière (6).
L'importance attribuée aux vers dans les affections fébriles ou in-
flammatoires se retrouve dans les écrits des médecins du commence-
(1) Underwood, Traité des maladies des enfants, traduction, Paris, 1786,
p. 226, note.
(2) Bremser, outir. cit., p. 338.
(S) De Haen, ouvr. cit., pars XIV, cap. iV, t. VlII, p. iOo.
(4) Essay on the nature and cure of the so called wormfcver. Loudon, 1776.
(5) Butter, cité par Underwood, loc. cit.
(6) Joh. Ernst Wichmann, Ifcen sur Diagnostik, Drittcr Tl'ieil. Hannover, 1802
(Rudolpbi).
MALADIES FAUSSEMENT! ATTRIBUÉES AUX VERS. 769
ment de notre siècle. Les relations d'épidémies vermineuses, de
constitution vermincuse des maladies régnantes occupent leur place
dans les publications périodiques jusque vers 1825; à partir de
cette époque, il cesse d'en être question, sans doute parce que nos
connaissances en pathologie sont devenues plus précises, et sans doute
aussi parce que les lombrics sont devenus beaucoup plus rares dans
les grandes villes, et à Paris surtout.
Article II. — On peut se figurer, suivant Bianchi.les causes des
maladies épidémiques comme des essaims invisibles d'insectes qui se-
raient apportés par les vents dans notre atmosphère. Ces essaims se
montrent çà et là, comme au printemps et en été les nuées de mou-
ches, de cousins, de papillons qui s'épandent par tourbillons, se por-
tent d'un endroit à l'autre ou s'ébattent longtemps à la même place;
ainsi les animalcules épidémiques se jettent sur l'homme... Mais de
quelle nature sont ces insectes? que font-ils dans le sang? c'est ce
que l'on ignore (1).
En effet, les insectes, les vers, les animalcules qui ont été accusés
depuis deux siècles, de produire les maladies épidémiques et conta-
gieuses, n'ont jamais été vus par personne.
Le père Kircher a, l'un des premiers, appelé l'attention sur ces
vers invisibles, qui auraient une action pernicieuse sur l'économie
humaine ; il expliqua la contagion de la peste par des vermicules nés
d'une putréfaction particulière, lesquels pénètrent dans le corps de
l'homme par les pores de la peau (2). Cette opinion fut adoptée avec
empressement par beaucoup de médecins.
En 1711, une épizootie désastreuse ravage plusieurs contrées de
l'Europe et se propage en Italie ; elle fait périr presque tout le gros
bétail de la Lombardie, du duché de Ferrare, de la campage de Rome,
du royaume de Naples; la peste bovine appelle l'attention des mé-
decins, des académies, des gouvernements; Congrossi, médecin de
Crème, s'appuyant du sentiment de Kircher touchant la peste de
l'homme, admet que le principe de la maladie consiste en une infi-
nité de vers invisibles. Ses raisons sont adoptées par Vallisneri qui
leur prête l'autorité de son nom ; et dès lors on combat la ma-
ladie par des fumigations sulfureuses, bitumineuses, par des onctions
(1) Bianchi, op. cit., p. 379.
(2) Athanasii Kircheri Scruiinwn physko-medicum conlaglosœ luis, <juce dicilur
peslis. Lipsiae, 1659.
Pavaine, 49
770 PREMIER APPENDICE.
d'huiles antivermineuses, destinées à éloigner les animaux invisibles
ou à les tuer (1).
Beaucoup de maladies épidémiques ou contagieuses auxquelles on
donna le nom de peste, celle de Marseille particulièrement, furent
attribuées par des médecins aux vers invisibles (2), et l'on sait que
de nos jours le choléra a été expliqué de la même manière (3).
D'autres maladies qui se transmettent par un virus et non par
des miasmes, ont été attribuées à des animaux du même genre.
La rage, suivant Desault, médecin de Bordeaux, est occasionnée
par de petits animaux qui se trouvent dans la bave, lesquels s'insi-
nuent dans les vaisseaux de la partie mordue, se multiplient et sont
transportés au cerveau, au gosier, aux glandes salivaires, etc.
A l'appui de son opinion, il cite un grand nombre d'auteurs qui
ont parlé des vermicules de la salive des animaux enragés, Avi-
cenne, N. Florentin, Valleriola , Mathiole , Salmuthus , Th. a
Vega, etc., Ethmùller enfin, qui rapporte qu'il existe dans la bave
des chiens enragés de petits animaux à tête de chien... Desault a
vu des vers plus ou moins analogues et par pelotons, dans le cer-
veau d'un chien mort de la rage (4); il ne donne point la description
de ces vers , mais il ne peut douter qu'ils ne soient la cause déter-
minante de la maladie (5).
(1) Vallisneri, Nuova idea del mal contagioso dei buoi ; t. II, p. 12, et suiv. —
Congrossi, Journal de Venise, t. X.
(2) P.-J. Faber, médecin de Montpellier, Pathologia spagirica , 1627
(Bianchi).
Haupraann, Epist.prœliminar. ad tract, de viva mortis imagine, 1650.
P. Lana, Prodromo alfartemaeslra, cap. vin (Bianchi).
Chrétien Lange, Miscellanea med. cur. quam prodrom, esse voluit novœ palho-
logiœ animatœ, Lipsiae, 1666.
Ch. F. Paullini, Disquisitio curiosa, an murs naturalis plerumque sit substanlia
verminosa?
S. P. Bocconi, Osservazioni nalurali. Bologne, 1684 (Bianchi).
Barth.Curlius, Letlera intorno ail' aria et vermiciuoli se cagioni délia peste, 1720
(Bianchi).
P. Sanguens, In systemale pestis physico, 1722 (Bianchi).
Le Bègue, Anpeslis Massiliensis a semine verminoso ? Besançon, 1721 .
GoifTon, observations faites sur la peste de Marseille et de Provence. Lyon, 1721.
Andry, examen et réfutation de ce mémoire, in ouvr. cit., t. II, p. 342.
(3) Voy. entre autres Bassi, Acad. roy.de méd.de Belgique, 1850, p. 334.
(4) Voir le Synopsis, art. Pseudhelminthes.
(5) P. Desault, Dissert, sur les maux vénériens. Bordeaux, 1733, 3 vol. in-12,
avec deux autres dissertations dont une sur la rage; et Paris, 1734.
MALADIES FAUSSEMENT ATTRIBUÉES AUX VERS. 771
La syphilis a été plus généralement encore attribuée à des ver-
micules : « Je crois, dit Hartsœker, que les vers causent la plupart
des maladies dont le genre humain est attaqué, et même que ceux
qui ont les maux que l'on appelle vénériens, nourrissent dans leur
corps une infinité d'insectes invisibles qui font tous ces ravages que
l'on sait (1). » Vers la même époque, Desault dont il vient d'être
question, Deidier, professeur de chimie à Montpellier, soutinrent
cette opinion dans leurs écrits; celui-ci surtout attribua aux vers
imperceptibles une très grande importance; car, dans le siècle der-
nier comme dans le nôtre, la pathologie animée eut des partisans
fanatiques (2).
On ne peut admettre que les maladies épidémiques et conta-
gieuses dont nous avons parlé, soient causées et se propagent par
des animalcules. On n'a jamais signalé la présence de ces animal-
cules dans le sang des malades, autrement que par des assertions
vagues et inacceptables; les observateurs sérieux qui les ont re-
cherchés, ne les ont point trouvés ; ainsi Vassalli et Buniva n'en
trouvèrent point dans le sang des bœufs atteints de la maladie
contagieuse dont nous avons parlé (3) ; M. Chaussât en a vaine-
ment cherché dans le sang d'un grand nombre d'individus atteints
de fièvres continues ou intermittentes, de fièvres éruptives, d'in-
flammations, de cancer, etc., enfin chez un grand nombre de malades
atteints de syphilis à différents degrés et sous différentes formes (4).
D'un autre côté, beaucoup d'animaux nous présentent dans leur
sang des hématozoaires de diverses espèces, dont le nombre est
quelquefois prodigieux (voy. liv. II, part, i, p. 308); chaque gout-
(1) Deuxième lettre àN. Andry. Amst., 1699, dans Andry, ouvr. cit., p. 716.
(2) Voy. Pathologie animée, de Chrétien Lange, citée.
Système d'un médecin anglais sur la cause de toutes les espèces de maladies, avec
les surprenantes configurations de diffâ'entes espèces de petits insectes, qu'on voit au
moyen du microscope, dans le sang et dans les urines des différents malades, et
même de tous ceux qui doivent le devenir, recueilli par M. A. C. D., Paris, 1726.
Suite du système... par lequel sont indiquées les espèces de végétaux et minéraux
qui sont des poisons infaillibles pour tous les différentes espèces de petits animaux
qui causentnos maladies, recueilli par M. A. C. D., Paris, 1727.
F.-V. Raspail, Histoire naturelle de la santé et de la maladie chez les végétaux et
chez les animaux en général, et en particulier chez l'homme, 3 vol. in-8° 2e ddit.,
Paris, 1846.
(3) Vassalli et Buniva, Bech. expérim. sur Vexistence supposée d'êtres vivantsl
microscopiques conlagifères (Journ. de physique, t. XLIX, p. 453).
(4) Chaussât, thèse citée, p. 13.
772 PREMIER APPENDICE.
telette de liquide en contient plusieurs, et cependant ces animaux
jouissent généralement d'une santé parfaite ; il n'est donc pas pro-
bable que des vermicules puissent avoir les mauvais effets qu'on
leur suppose.
Les corps organisés connus aujourd'hui qui causent des maladies
contagieuses, appartiennent exclusivement au règne végétal ; lamus-
cardine qui sévit sur les vers à soie, la maladie de la vigne, celle des
pommes de terre sont dues au développement et à la dissémination
d'un végétal. On sait avec quelle rapidité se propagent les plantes
cellulaires microscopiques, et quelle puissance de désorganisation
elles exercent sur les corps qu'elles envahissent ; on sait les trans-
formations chimiques que provoque le développement des spores du
ferment ; il y a donc lieu de croire que si les miasmes contagieux
appartiennent aux êtres organisés, c'est aux végétaux; mais avant
d'admettre l'influence pernicieuse de ces êtres, il faut au moins en
avoir reconnu l'existence.
Article III. — Plusieurs maladies locales ont été attribuées à
des vers particuliers ou à la dégénérescence de ces vers. Nous
avons vu que les tubercules ont été regardés par quelques observa-
teurs comme le résultat de la transformation des hydatides (1).
L'éléphantiasis, le molluscum ont été attribués aussi à des vers
vésiculaires [grandines, cysticerques) (2).
Le cancer, enfin, a été regardé comme une affection produite par
un développement primitif d'hydalides multipliées (3).
On a attribué aussi, à des vers développés dans un organe déter-
miné, des effets plus généraux: nous avons vu que la rage a été re-
gardée comme l'effet de la présence du strongle géant dans le rein
(et comme celui de vermicules circulant dans le sang) (4) ; cette ter-
rible maladie a encore été regardée comme déterminée par un ver
développé sous la langue de l'animal enragé ; il suffirait d'enlever
(1) Voy. p. 369.
(2) Aretœi, De causis et signis aculorum morborum, edit. mcd., art. Principia,
lib. H, cap. xiii, p. 51, F; — JStius, ouvr. cit., telrab. IV, serm. I, cap. cxx,
p. 664, D. — P- Frauk, ouvr. cit., I. V, p. 358.
(3) ci Le docteur Adams (On the cancerous breast, p. 77), pour expliquer les dif-
férents aspects de la maladie, a divisé les hydatides en espèces particulières; telles
que les hydatides lymphatiques, sanguines, et carcinomateuses, etc. » (Samuel
Cooper, DicL.de cldrurg. pral., art. Tumeur, p. 532, Paris, 1826.)
(4) Voy. p. 267, et p. 770.
MALADIES FAUSSEMENT ATruiBUÉES AUX VERS. 773
ce ver, de pratiquer Y éver ration, pour prévenir l'invasion de la ma-
ladie (1). Enfin plusieurs auteurs ont encore attribué la rage à des
vers situés dans d'autres parties (2).
Article IV. — On trouve dans les anciens auteurs la mention de
maladies attribuées à des vers dont une description exacte n'a jamais
été donnée. Ces affections même n'ont point été décrites d'une ma-
nière précise, et l'on reconnaît que l'imagination des auteurs ou
celle des observateurs dont ils tenaient les faits, a donné l'existence
à la maladie comme à sa cause.
Zacutus Lusitanus parle d'un ver appelé omao, qui s'attaque aux
enfants ; ce ver, aussi petit que celui du fromage, séjourne dans
l'intestin, s'empare de toute la nourriture, réduit l'enfant à l'état de
squelette et le fait périr dans la consomption. Heureux lorsqu'on par-
vient à le chasser, c'est la seule chance de salut (3).
Keufner, Montano, Ambroise Paré, Ettmùller, Reusner, Borelli (4)
font mention de vers qui étaient inconnus aux anciens, dit Andry,
les crinons (5), vers qui s'attaquent aux petits enfants. » Ils font sé-
cher leur corps de maigreur, en consumant le suc qui est porté aux
parties... Ils n'attaquent guère que les enfants à la mamelle; ils
s'engendrent à la faveur d'une humeur excrémenteuse arrêtée dans
(1) Voy. sur ce sujet: — Pline, ouvr. cit., liv. XXIX, § 32. — Morgagni, ouvr.
cit., lettre VIII, § 34. — Hist. de l'Acad. roy. des se. de Paris, 1743, p. 48
(Réaumur, liv. V, in-4°, p. 67 et suiv. pi. 9). — Recueil de méd. vétér., t. IV,
p. 143, 1827 et t. V, p. 55, 1828. — Virchow, Le ver de la langue du chien
(Archiv. fur, etc., Bd VII, s. 170, 1855, et Recueil de médecine vétér., t. XXXIII,
p. 832, 1856). — Ercolani, Sur le prétendu ver ou tendon de la langue du chien
{recueil cit., t. XXXIII, p. 897).
(2) Voyez à ce sujet Morgagni, lettre cit., § 33. — Pour la rage chez l'homme,
voy. ci-dessus, p. 53.
(3) Zacutus Lusitanus, Praxis admirand., lib. I, obs. cxxxiii, cité par Leclerc,
p. 335.
(4) Keufner, Scholia in pract. mcd. Leonelli de Faventini, 1574. Morb. puer.,
cap. xii. — Mont., De infant, febrib. — Paré, lib. VII, cap. xxi. — Ellmull., De
morb. infant. — Reusner, In disput. medica habita Basileas, ann. 1582. — Bo-
rell., Hist. et observ. med. phys., cent. I, obs. vin. — Cités par Andry, t. I,
p. 125.
(5) On a désigné par le nom de crinons, plusieurs vers nématoïdes, surtout des
strongles, des scléroslomes et des rîlaires ; on a donné aussi ce nom aux comédons.
11 est évident qu'il ne s'agit ici de rien de semblable.
774 PREMIER APPENDICE.
les porcs de la peau et qui est assez ordinaire en cet âge. Les enfants
attaqués de cette vermine tombent en Chartres, et cependant tettent
et dorment bien, leur maigreur ne venant, comme nous l'avons dit,
que de ce que ces vers dévorent presque tout le suc nourricier qui
est porté par le sang aux parties (1). »
La ftme infernale appartient à la Suède; c'est un ver qui vole
dans l'air; il se jette sur les hommes et sur les animaux et leur occa-
sionne une maladie redoutée, appelée dans le ipays skâll (coup); elle
se manifeste par une éruption furonculeuse très douloureuse. Linné
eut l'occasion de voir un de ces vers, mais il était tellement desséché
que le grand naturaliste ne put établir à quel genre il apparte-
nait (2). '
Le xèroquin, chez le cheval, monte de la queue en suivant la
moelle épinière et cause, en pénétrant dans le cerveau, des con-
vulsions et des vertiges; mais l'application d'un fer incandescent au
niveau de la deuxième vertèbre cervicale, tue le ver et délivre son
hôte (3).
On trouverait encore d'autres maladies semblables, si le sujet en
valait la peine; le besoin de scruter l'inconnu, l'amour du merveil-
leux, l'ignorance des choses de la nature ont fait naître dans les
esprits, à propos des êtres parasites, les idées les plus étranges; on
a pu discuter même et résoudre affirmativement cette question : An
mors naturalis plerumque sit substantiel- verminosa (4) \
(1) Andry, loc. cit.
(2) Voy. Solander, Linné, Hagen, Modeer, cités par Rudolphi, Biblioth.
n° 627.
(3) Dict. vétérinaire de Hurtrel d'Arboval cit., art. Vercoquin ou Veroquin.
(4) Voy. ci-dessus (p. 770, note). Faber, Haupmann, Lange, Paullini, et dans
Leclerc {ouvr. cit., p. 343). Kircher, Wedel.
DEUXIEME APPENDICE.
des médicaments vermifuges et de leur mode
d'administration.
Nous avons parlé, à propos de chaque ver, des indications de leur
traitement et des meilleurs médicaments à leur opposer ; mais les
remèdes employés à diverses époques contre les entozoaires intes-
tinaux, les différentes méthodes de leur administration, n'ont pu
être exposés avec les détails que comporte la question. Nous com-
blerons ici cette lacune.
Il serait inutile de rappeler tous les médicaments qui ont été suc-
cessivement administrés contre les vers intestinaux ; leur nombre
est considérable, et la plupart n'ont point de propriété vermi-
fuge(l).
Les purgatifs et surtout les drastiques expulsent les vers en aug-
mentant les sécrétions et en excitant le mouvement péristaltique de
l'intestin; ils ont constitué longtemps les principaux remèdes em-
ployés contre les vers et contre le ténia même ; on les associe fré-
quemment aux substances qui ont une action propre sur les vers
intestinaux.
Les vermifuges, c'est-à-dire les médicaments qui agissent sur les
vers mêmes, paraissent le faire, soit par une propriété véritablement
toxique pour ces animaux, soit en leur rendant leur séjour antipa-
thique, comme nous aurons occasion de le voir à propos de l'asa-
fœtida.
L'action des anthelminthiques ou vermifuges ne peut être bien
jugée que par l'expérimentation sur l'homme ou sur les animaux.
L'essai de ces remèdes sur les entozoaires retirés de leur séjour
normal, n'apporterait point de lumières dans la question, car ces
animaux, à l'état adulte, périssent très promptement alors ; ils éprou-
(1) Leclerc donne l'énumération des médicaments vermifuges simples connus à
son époque (ouvr. cit., p. 4 68) :
Médicaments simples tirés des végétaux 379
Médicaments simples tirés des animaux 27
Médicaments simples tirés des minéraux 13
776 DEUXIÈME APPENDICE.
vent, en effet, à la fois l'action du refroidissement et celle des liquides
étrangers qui les pénètrent promptement par endosmose, et qui altè-
rent leurs tissus.
Les expériences de Redi, de Baglivi, celles de Chabert, etc.,
toutes celles qui seraient faites dans les mêmes conditions, sont
restées et resteraient probablement sans résultat utile pour les indi-
cations du traitement (1).
Les moyens tbérapeutiques employés comme vermifuges n'ont
pas une action égale sur tous les vers; il en est qui n'agissent que
sur une espèce déterminée ou qui ont une action plus marquée sur
cette espèce; mais généralement ceux qui expulsent les vers ces-
toïdes expulsent aussi les autres vers.
Dans l'exposé qui va suivre, nous nous occuperons des médica-
ments usités aujourd'hui, de ceux qui, tombés en désuétude, parais-
sent néanmoins jouir d'une efficacité réelle contre les vers ; enfin de
ceux qui n'ont point encore été expérimentés suffisamment, et qui,
soit par eux-mêmes, soit par les principes qu'on pourrait en extraire,
offriront sans doute de nouvelles ressources à la thérapeutique des
vers intestinaux.
(1) Généralement, les vers des animaux à sang froid vivent plus longtemps dans
les organes de leur hôte, après sa mort, que les vers des animaux à sang chaud ;
il en est de même si on les retire de ces organes et si on les place dans un liquide
froid, pourvu que ce liquide n'altère pas leurs tissus. Outre l'influence du froid que
supportent difficilement les vers des animaux à sang chaud, tous ces eutozoaires
sont bientôt détruits par la densité différente des liquides nouveaux dans lesquels
on les place, quand même ces liquides n'agiraient pas chimiquement. L'eau pure les
pénètre promptement ; elle altère les tissus des cestoïdes et des trématodes ;
elle s'introduit par endosmose sous les téguments des nématoïdes, les gorge et les
crève. La glycérine produit un effet inverse, etc. Dans les expériences faites avec
des médicaments sur les vers extraits des organes, il faut donc tenir compte des in-
fluences étrangères à ces médicaments, ce qui n'est pas d'une appréciation facile.
Beaucoup d'observateurs ont fait des expériences qui, par ces raisons, n'ont aucune
valeur. Voyez: Redi, op. cit., trad. p. 187. — Baglivi, dans Andry, ouvr. cit.,
p. 455. — Pallas, ouvr. cit., p. 91. — Wagler, dans G ceze, op. cit., p. 292. —
Coulet, ouvr. cit., (cucurbitins dans l'huile d'amandes). — Justus Arncmann, Com-
ment, de oleis unguinoris, Gott., 1785; id. De virt. ol. unguin antihelm., cité par
Rud. — Chabert, ouvr. cit., lre édit., p. 78. — Rudolphi, Eut., hist. cit., t. I,
p. 483. — Gomez, Journ. complém., mém. cit., p. 33 (cucurbitins daDS la décoc-
tion de racine de grenadier). — Kûcheumeister, Archiv. f. physiot. Heilkunde,
t. IV, 1851, et Archiv. de med., Paris, t. XXIX, p. 205, 1852, — ouvr. cit.,
t. I, p. 420.
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'INTESTIN. 777
Article premier. — Médicaments fournis par les minéraux.
A. — Acide cyanhydrique.
L'acide cyanhydrique a été conseillé pour tuer le ténia en partie sorti de
l'intestin (1).
B. — Aistimoniaux.
Le tartre stibié, dans le siècle dernier, a été administré contre les vers in-
testinaux par un assez grand nombre de médecins; ce médicament a été for-
tement recommandé par Lépecq de la Clôture, dans les fièvres vermineuses.
Les lombrics se portant fréquemment dans l'estomac chez les malades atteints
de fièvres continues, le vomissement les débarrasse de ces hôtes fâcheux et
procure un grand soulagement (voy. p. 767).
On a aussi quelquefois obtenu par ce médicament l'expulsion du ténia (2).
Nous avons rapporté une observation dans laquelle le tartre stibié a été
injecté dans les veines pour obtenir l'expulsion des lombrics (voy. p. 4 32).
C. — Eau froide.
Perrault a, le premier, prescrit l'eau froide contre les vers intestinaux (3) ;
Pallas et Rosen en faisaient un grand usage. Voici suivant quelle méthode ce
dernier la prescrivait :
1" Choisir pour la cure le commencement ou le déclin de la lune; 2° prendro,
plusieurs jours d'avance, des aliments salés, fumés, assaisonnés d'ail,
d'oignon, etc.; 3° des pilules composées de tanaisie, d'asa-fœtida, de semen-
contra, etc.; 4° purger avec du jalap en poudre; le jour suivant on réitère la
dose. Entre chaque selle, un verre d'eau très froide pour un enfant ; deux verres
pour un adulte (4),
Van Swielen employait les lavements d'eau froide contre les oxyures. Ces
lavements calment, pendant un certain temps, l'irritation que les vers cau-
sent à l'anus, et ils en expulsent un certain nombre ; répétés pendant un temps
suffisant, ils peuvent même débarrasser complètement l'intestin de ces para-
sites incommodes.
La température des lavements doit être abaissée graduellement pour habi-
tuer l'intestin; elle sera d'abord de 25" cent, environ, et pourra descendre
progressivement jusqu'à 10°; la quantité du liquide doit être abondante.
(1) Joum. complém., t. XIX, p. 275. — Voy. aussi Brera, Nuovi comment, di
med. chirur., 1818.
(2) Ténia de 15 aunes, et 30 lombrics rendus ensemble; autre cas semblable
[Joum. de méd. de Sédillot, 1. 1, p. 483). —Voy. encore Rud. Aug. Vogel, Disserl.
de usu vomit, ad ejiciend. vernies; in-4. Gottingrc, 1765. — Mellin, Praktische ma-
teria medica, Frankfurt, 1789; — Bremser, ouvr. cit., p. 434. — Voy. ci-dessus,
p. 101, cas de Leroux.
(3) Perrault, Mém. Acad. des se, 1675, t. X, p. 550.
(4) Rosen, ouvr. cit., p. 425.
778 PF.UXlfcMK AI'PI'.INDICI-.
Donnée on douches ascendantes, l'oau froide aurait encoro plus d'efficacité.
Lallemand regarde ce mode de traitement comme l'un des meilleurs chez les
individus atteints de pertes séminales causées par les oxyures.
D. — Et ain.
L'étain a été employé comme anthelminthique, surtout en Angleterre ; il
expulse l'ascaride lombricoïde et le ténia ; on y a généralement renoncé au-
jourd'hui (1).
Mode d'administration.
On donne l'étain limé ou granulé à la dose de 1 à 30 grammes, sous la forme
de bols ou d'électuaire, à l'aide d'une poudre aromatique et d'une sufûsante quan-
tité de miel ou de sirop.
Méthode d'Alslon. — On purge le malade, un jeudi avant le changement de lune,
avec les follicules de séné et la manne; on lui fait prendre, le vendredi suivant,
30 grammes de limaille d'étain pur (passé au tamis), dans 125 grammes de sirop
simple; le samedi, 15 grammes d'élain dans 60 grammes de sirop, et autant le
dimanche. Ou purge de nouveau le lundi avec le s.éné et la manne (2).
Méthode dé Hufeland. — Les malades boivent tous les matins à jeun uue décoc-
tion d'ail dans du lait, et trois fois par jour, une cuillerée à bouche d'huile de
ricin. En outre, ils prennent chaque jour 15 grammes de limaille d'étain mêlée à
la conserve de roses. Frictions sur le ventre avec l'huile de pétrole; le soir lavement
de lait. La nourriture habituelle doit consister en substances salées. Le traitement
(1) L'étain a été considéré, dans le siècle dernier, comme l'un des anthelminthi-
ques les plus efficaces. Paracelse déjà lui attribue la propriété vermifuge {Bûcher
und schriften, herausgegeben durch I, Huscrum, Iîasel, 4, p. VI, 1590, p. 245, cité
par Murray). — Andry signale aussi cette propriété; — mais c'est Alstonqui, le pre-
mier, mit ce médicament en vogue ; il le prescrivait contre les lombrics et contre le
ténia; il en avait reçu le secret d'un Hollandais.' — Mead, Monro, Sibbern, Navier,
Goeze, Pallas, Bloch, etc., en faisaient usage. — Plusieurs thèses furent soutenues
sur son efficacité; voy. Ronssif, Dissert, de egregioet innocuo stanni in emungendis
vermibus primarum viaruin, imprimis tœniœ speciebus, cerlis sub caulelis usu; in-4,
Heidelbergœ, 1789. — Franc. May, Dissert, de stanni usu 'contra vermes ; in-4.
Heideiberga;, 1789. — Van Dœveren, toutefois, et Alix(06s. chir., Altenburg, 8,
fasc. II, 1770) le trouvèrent d'un effet incertain; — enfin Bremser y renonça
complètement.
Dans le Traité des vers intestinaux de Bremser, le traducteur a attribué au zinc
ce qui appartient à l'étain. Mérat qui s'est le plus souvent borué à copier la traduc-
tion de Bremser pour ce qui concerne les médicaments autres que la racine de
grenadier, Mérat a conservé cette erreur dans son Dictionnaire de matière médicale
et dans son Mémoire sur le traitement du ténia; de là elle a passé dans beaucoup
d'autres ouvrages.
(2) Alston (Charles) Observ. on the anthelmintic virtues of lin. (med. essays and
observ. by Soc. of Edinb., 1752, vol. V, part, i, p. 77 ; et Bremser., ouvr. cit.,
p. 455).
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'INTESTIN, 779
doit cire continué pendant plusieurs semaines, jusqu'à ce que la tête du ténia soit
expulsée (1).
Méthode de P. Frank. — Toutes les deux heures, prendre de l'électuaire suivant
gros comme une noix de muscade (2) :
2f Étain d'Angleterre, pur, granulé 30 grammes.
Extrait d'absinthe 12 —
Poudre dejalap 8 —
Miel, quantité suffisante pour faire un électuaire.
E. — Fer.
La limaille de fer a été employée contre les vers intestinaux.
Boerhaave, Rosen, etc. , administraient contre les lombrics et même contre
le ténia le sulfate de fer, en solution dans 1 00 fois son poids d'eau. On pre-
nait 500 grammes de cette solution à des intervalles peu éloignés et à'jeun.
La dose pour les enfants est de 0s"yl0 à 0sr,50
pour les adultes 2 à 4 grammes.
F. — Mercuriaux.
La décoction aqueuse de mercure coulant, l'oxyde noir, à la dose de 0sr,25
à 0gr,50, et le calomel ont été anciennement conseillés contre les vers intesti-
naux (3). Le calomel seul ou associé à d'autres vermifuges est encore fréquem-
ment employé contre les lombrics.
Dans la maladie muqueuse, Rœderer et Wagler employaient avec avantage
chez les enfants, lorsqu'ils étaient sans fièvre, le calomel uni à la rhubarbe et
au camphre, ou mieux le mercure cru broyé avec du sucre (4). Mais lorsque la
fièvre était allumée, il fallait être très circonspect, disent-ils, dans l'emploi
des anthelminthiques et surtout des mercuriaux (5).
L'introduction dans l'anus d'une petite quantité d'onguent gris suffit pour
faire cesser les démangeaisons et les douleurs causées par les oxyures; elle
ne suffit pas cependant pour expulser complètement ces entozoaires. Pour
arriver à cette fin, le professeur Dumas (de Montpellier) introduisait dans
toute la longueur du rectum des mèches enduites d'une pommade mer-
curielle qu'il y laissait séjourner pendant quatre heures, puis il injectait un
verre de décoction de cascarille ; cette injection était répétée trois fois par
jour; au bout d'un mois de ce traitement, la cure était achevée (6).
(1) Hufelanà" s journal, vol. X, cah. 3, p. 178; et Bremser. , ouvr. cit., p. 466.
(2) Journ. de méd. de Sêdillot, t. XXVII, 1806, p. 411.
(3) J. Burserius, Epist. de anthelminthica argenli vivi facullale, Florentiae,
1753. — Consolin, ver solitaire et attaques épileptiformes depuis deux ans, guérison
par le mercure doux à la dose d'un gramme, donné pendant dix jours (Journ. de
méd., 1764, t. 20, p. 445).
(4) Ouvr. cit., sect. II, art. 7.
(5) Ouvr. cit., sect. II, art. 4.
(6) Journ. de méd. et de chirurg. pratiques, 1859, p. 216.
780 DEUXIÈME APPENDICE.
L'onguent napolitain fondu dans un lavement a été employé avec succès
par M. Legroux, chez un homme qu'aucun remède n'avait pu délivrer de ses
oxyuros (1).
Méthode do Desault. -Pour chasser le ténia, Pierre Desault administrait le mer-
cure de la manière, suivante: le premier jour une dose de calomel à l'intérieur; le
lendemain une friction mercuricllc; le troisième jour calomel; le quatrième fric-
tion, et ainsi de suite.
G. — Pétrole.
Les propriétés anthelminthiques du pétrole sont depuis longtemps connues.
Leclerc en fait une mention spéciale (2). Hasselquist rapporte qu'au Caire
c'était le vermifuge le plus en usage contre le ténia dont le quart de la popu-
lation était atteint ; on prenait 20 à 30 gouttes de pétrole en une fois dans de
l'eau, les trois derniers jours du déclin de la lune, et l'on se purgeait le qua-
trième; si le ver ne sortait pas, on attendait le déclin prochain pour recom-
mencer la cure (3).
L'huile de Cajeput, l'huile animale de Dippel jouissent de propriétés ana-
logues et ont été administrées de la même manière contre les vers intestinaux.
H. — Sel marin.
La solution de sel marin, en lavement, est un excellent moyen de débar-
rasser promptement des oxyures le rectum et le vagin ; administrée pendant
plusieurs jours de suite, elle amène quelquefois une guérison complète. On
l'administre aussi par la bouche à la dose d'une cuillerée à café malin et soir
dans un verre d'eau ; on augmente cette dose progressivement.
I. — Soufre.
La Heur de soufre a été prescrite contre les lombrics et les oxyures ; elle
n'est plus employée aujourd'hui comme anthelminthique.
Les eaux hydrosulfureuses naturelles, prises en lavements ou mieux en
douches ascendantes, sont un excellent moyen contre les oxyures, et même le
meilleur de tous, suivant Lallemand (4) ; elles doivent être prises froides ou
presque froides.
K. — Zinc.
Le zinc est recommandé comme vermifuge dans plusieurs ouvrages ou
mémoires publiés depuis trente ans. Nous ne savons si ce métal possède une
propriété anthelminthique et même s'il ne serait pas nuisible, aux doses pres-
crites. Dans l'ouvrage de Bremser, par une erreur du traducteur, le mot sine
a été pris pour élain, en sorte que tout ce qui appartient à ce dernier médi-
(1) Gazelle des hôpitaux, 1859, p. 270.
(2) Leclerc, ouvr. cil., p. 383, p. 415.
(3) Cité par Rosen, ouvr. cit., p 429.
(4) Ouvr. cil., t. 111, p. 259.
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'INTESTIN. 781
Cament a été attribué au premier ; les auteurs français plus récents ont pour
la plupart copié servilement la traduction de Bremser.
Article II. — Médicaments fournis par les végétaux.
À. — Ail.
Les propriétés anthelminthiques de l'ail et celles de l'oignon étaient connues
des anciens ; on employait l'ail surtout contre l'ascaride lombricoïde, en décoc-
tion dans du lait, ou bien on faisait avaler les gousses entières trempées dans
de l'huile; on l'administrait dans un lavement contre les oxyures. Rosen rap-
porte plusieurs observations de guérison du ténia par des gousses d'ail man-
gées tous les matins.
Enfin on appliquait aussi, à l'extérieur en cataplasmes, en fomentations
ou en frictions, l'ail pilé dans le pétrole, le fiel de bœuf ou l'éther sulfu-
rique, etc.
B. — Aloès.
L'aloès, la gomme-gutte, le jalap, la scammonée, etc., étaient autrefois les
remèdes les plus fréquemment employés contre les vers intestinaux ; on les
associait ordinairement à d'autres médicaments. C'est sans doute à leur pro-
priété purgative que ces substances doivent leur vertu anthelminlhique ; tou-
tefois l'aloès paraîtrait posséder une action vermifuge distincte.
Ce médicament a été quelquefois employé en applications externes avec
succès, dit-on, contre les vers intestinaux. Le suc frais de la plante, en cata-
plasmes sur le ventre, est un excellent vermifuge, suivant Thomas de Salis-
bury, et nous avons vu que son application sur les paupières aurait déter-
miné, chez le bœuf, la mort de vers contenus dans la chambre antérieure de
l'œil (voy. p. 749).
C. ASA-FQETIDA.
Ce médicament est depuis longtemps en usage contre les vers intestinaux;
sans action sur le ténia, il peut être utile, pris en pilules, contre les lombrics ;
pris en lavement, contre les oxyures.
L'asa-fœlida jouit incontestablement d'une propriété anthelminthique pré-
cieuse contre les vers qui, chez les ruminants, séjournent dans les bronches
(voy. ci-dessus p. 33); or, celte substance, étant ingérée dans l'estomac, ne
peut agir sur les vers des bronches que par la transpiration pulmonaire. Des
expériences récentes tendent à prouver que ce médicament chasse aussi les
dislomes des conduits biliaires ; dans ce cas comme dans l'autre, l'asa-fcetida
n'agirait qu'en communiquant aux produits excrétés une qualité antipathique
aux vers. On connaît dans la térébenthine une propriété analogue relative-
ment aux épizoaires de quelques animaux. Dans ces différents cas, les para-
sites ne sont probablement pas détruits ; mais ils abandonnent des organes
devenus antipathiques par l'odeur ou la saveur qu'acquièrent les excrétions.
782 DEUXIÈME APPENDICE.
Ces faits doivent faire présumer que ce que l'on dit des brahmes, qui se pré-
servent des atteintes de la filairé par l'usage habituel de l'asa-fœtida, peut
être vrai ; la question mérite d'être examinée.
D. — Camphre.
Le camphre a joui dans le siècle dernier d'une grande vogue comme ver-
mifuge (1). Rœderer et Wagler, dans la maladie muqueuse, le donnaient après
les purgatifs, pour chasser les vers. Rosen le prescrivait en solution dans du
vinaigre ; Moscati et Rrera faisaient prendre par intervalles déterminés, une
cuillerée d'une eau composée de : camphre 3 grammes, gomme arabique quatre
grammes, eau 500 grammes. — On connaît l'usage et l'abus qui a été fait de
nos jours, des préparations camphrées. On attribue au camphre quelques
guérisons de ténia ; pris par la bouche, il peut être utile contre l'ascaride lom-
bricoïde et en lavement contre les oxyures ; toutefois, dans les cas de pertes
séminales, Lallemand conseille de choisir tout autre vermifuge.
E. — Cévadille.
La cévadille ou sabadille est le fruit du veratrum sabadilla; elle a été pré-
conisée par Seeliger ("2) et par plusieurs médecins du siècle dernier, pour com-
battre les vers intestinaux et principalement le ténia. C'est un médicament
dangereux auquel on a généralement renoncé aujourd'hui, quoiqu'il jouisse
d'une efficacité réelle contre les lombrics.
Mode d'administration.
Pour les enfants, 10 centigrammes matin et soir dans une cuillerée à café de
sirop de rhubarbe ; purgation le cinquième jour avec rhubarbe, 50 centigrammes.
Méthode de Smucker. — Purgation avec la rhubarbe et le sel de Glauber. Le
lendemain, 2 grammes de cévadille en poudre, mêlée à égale quantité à'oleo-sac-
charum de fenouil ; immédiatement après une à deux tasses d'infusion de sureau
ou de camomille, et une heure plus tard, une tasse d'eau d'orge. Le jour suivant,
même dose de cévadille. Si le malade ne rend pas de ver, il ne doit prendre, le
troisième et le quatrième jour, matin et soir, que Os1', 30 de cette substance. Il se
purgera de nouveau, le cinquième jour; le sixième, il prendra en se levant et en se
couchant trois pilules de Os1', 25 de cévadille incorporée dans du miel. On continue
alternativement une purgation et les pilules, jusqu'à ce que le malade rende le
ténia (3).
Méthode de Brewer. — Coque entière de cévadilleréduite en poudre, avec suf6sanle
quantité de miel, dont on forme des pilules contenant deux grains de la poudre.
Pour un adulte, six pilules tous les matins à jeun, pendant huit jours ; le neu-
vième jour, prendre à jeun une poudre composée de 0, 15 de gomme-gulte, et 0,60 de
(1) Prange, De camphorœ virlute anlhelminthica, Gottingue. 1759, dans Bal-
dioger, Silloge sélect, opusc.
(2) Seeliger, dans Schmucker, cité ci-dessous, 2 B, s. 312; 3 B. s. 1.
(3) Jeau Léberecht Schmucker, Vermischle chirurgische schrifften, etc., Berlin,
1782, analyse dans Journ. de méd., 1786, p. 353, t. LXVI.
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE LTNTESTIN. 783
racine de valériane sauvage. Si dans l'espace de quatre heures le ver n'est pas
rendu, on prend une seconde dose de poudre.
Quatre cas de succès (I).
F. — Charbon végétal.
On a dit que le charbon végétal pulvérisé agit mécaniquement sur les
vers et les expulse. Pallas rapporte qu'on s'en sert comme d'un vermifuge en
Islande et qu'il a lui-môme, par cette poudre, obtenu l'expulsion d'un long
morceau de ténia (2).
G. — Citrouille.
a. — La graine de citrouille et de concombre en émulsion a été adminis-
trée par Edw. Tyson, pour chasser le ténia. Le célèbre médecin naturaliste
rapporte qu'ayant fait prendre à un jeune homme un verre d'émulsion de
semences froides, un morceau de ténia long de 24 pieds fut expulsé. La res-
semblance de ces graines avec les cucurbitins a probablement donné l'idée de
chercher en elles un anthelminthique, car Tyson ajoute: « Ceux qui croient
que les simples portent le sceau des maladies qu'elles guérissent, trouveront
dans ce fait un argument en faveur de leur opinion (3). »
b. — Ce médicament a été employé de nouveau, il y a environ trente ans,
contre le ténia par le docteur Mongeny, qui administrait une pâte composée
de 90 grammes de graines fraîches de citrouille et 180 grammes de miel,
donnée en trois doses, à une heure d'intervalle (4).
Depuis 1 845, plusieurs médecins de Bordeaux ont prescrit, ces graine3
avec succès :
c. — Le docteur Brunet donne 4b grammes de graines dépouillées de la
grande citrouille (cucurbita rnaxima] avec autant de sucre (5). Vingt-cinq à
trente cas de succès.
d. — Dans un cas observé par le docteur Sarramea, le malade prit
30 grammes de semences pilées avec 4 0 grammes de sucre ; douze heures
après un ténia fut rendu.
e. — - M. Costes l'a essayé également avec succès.
Ce médicament s'est montré efficace dans des cas où le cousso et la racine
de grenadier avaient échoué; d'un autre côté, on a dû revenir dans certains
(1) Brewer, Observations sur l'usage de la cévadille administrée comme vermi-
fuge (Journal de Sédillot, t. III, p. 366, 1797, 1798); — suivies de réflexions par
Desessartz.
(2) IV. Nord., beilr. cit., t. I, § 64.
(3) Edw. Tyson, Lumbricus lalus, or a discourse of the jointed worm. iaphilo-
soph. Iransact., 1683.
(4) Voir le Journal universel des sciences médicales, cité par le Journal de Bor-
deaux, févr., 4852.
(5) Bouchardat, Annuaire de thérapeutique, 1847, p. 261.
7SZi DEUXIEME APPENDICE.
cas deux ou trois fois à la graine de citrouille pour obtenir un résultai défi-
nitif, et dans quelques cas même ce moyen a échoué.
Les expérimentateurs so demandent si les différences des résultalsne tien-
draient pas à l'espèce du ténia à laquelle on avait affaire; mais ils ne don-
nent aucune réponse à cette question (1).
/'. — Le docteur Cazin a publié un nouveau cas de guérison du ténia par la
semence do citrouille. Le malade était un enfant âgé de cinq ans, qui rendait
par les selles des fragments de ténia : 30 grammes do semences de citrouille
pilées avec aulanl de sucro furent administrées, le matin à huit heures ; à huit
heures du soir, un fragment de ténia de 40 centimètres est rendu dans une
selle. Le lendemain à neuf heures du matin, môme dose de semences de ci-
trouille, le soir à six heures expulsion de 5 mètres de ténia avec la tête (2).
g. — M. le docteur Suquet, médecin sanitaire en Orient, nous a envoyé
dernièrement deux ténias rendus à Beyrouth, l'un par un homme âgé de qua-
rante-huit ans, l'autre par la femme de cet homme, âgée de trente-cinq ans.
Le cousso avait été administré inutilement. Le ténia a été expulsé par une dose
de semences de courge (la tête manquait à l'un et à l'autre). Ces deux ténias
appartiennent à l'espèce inerme.
H. — Cousso.
Les fleurs de cousso sont un desanthelminthiquesles plus puissants contre
le ténia; elles paraissent presque dénuées d'action contre les lombrics; elles
n'ont été employées communément en Europe que depuis peu d'années.
Le cousso est encore appelé cusso, cosso, kousso, coasso, kwoso, ho,bbz, cabots.
Le célèbre voyageur James Bruce a, le premier, fait connaître ce médicament
en Europe (1768-1773, voyage cit., p. 154, etsuiv. Voy. aussi: Bruce's Account of
cusso flowers, in Médical commentaries, vol. XV, p. 184). Il dédia l'arbre qui le
produit à J. Baucks, président de la Société royale, en lui donnant le nom de
Bankesia Abyssinica. Le docteur Brayer, qui a résidé longtemps à Constantinople,
en apporta à Paris, en 1822, quelques parcelles, d'après lesquelles un botaniste,
collaborateur de Humboldt et Bonpland, Kunth donna la détermination de la fa-
mille et du genre auxquels appartient ce végétal, qu'il appela Brayera anlhelmin-
thica (Note sur une nouvelle plante de la famille des rosacées, employée avec le
plus grand succès en Abyssinie contre le ténia, et apportée de Constantinople par
M. Brayer; communiquée à la Société d'histoire naturelle de Paris; dans Arch. gén.
de méd., 1823, t. I, p. 434, cl Bremser, ouvr. cit., p. 483, noie du traducteur.
Rapport parMcrat, Arch. de méd., 1828, t. XVIII, p. 306). — Vingt ans plus
tard, le docteur Aubert Roche {Bull. Acad. de méd., 1840-1841, t. VI, p. 492,
et Méni. Acad. de méd., 1841, t. IX, p. 690) et Rochet d'Héricourt (voyage cit.,
et Comptes rendus de l'Académie des sciences, 18 mai, 1846) ont achevé de faire
connaître ce médicament, et dès lors l'usage en est devenu vulgaire.
(1) De la valeur de la pâle de semences de citrouille contre le ténia (Journ. de
méd. de Bordeaux, févr., 1852. — Bull, de Ikérap., 1852. t. XLII, p. 282).
(2) Bull, de Ihérap., et Gazette des hôpitaux, 1858, p. 539.
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'INTESTIN. 785
Mode d'administration.
Pour un adulte :
If Fleurs de cousso grossièrement pulvérisées. . . 20 grammes.
Eau tiède 250 —
Laisser infuser pendant un quart d'heure.
Le malade, étant à la diète depuis la veille, avale tout le mélange sans rien
laisser, et se rince la bouche pour diminuer le dégoût.
Pour un enfant de six à quinze ans, la dose de cousso sera de 10 à 12 grammes.
L'odeur et la saveur du cousso opposent un obstacle réel à l'introduction
de ce médicament dans la thérapeutique des enfants, il serait sans doute im-
possible de le faire prendre dans le premier âge.
La fleur de cousso doit être administrée en nature; l'infusion filtrée ne pro-
duit point un effet suffisant pour chasser le ténia. Quelques médecins font
prendre le médicament en deux ou trois fois, à un quart d'heure oaune demi-
heure d'intervalle; d'autres prescrivent 30 ou 60 grammes d'huile de ricin
quelques heures après l'ingestion du cousso.
Le cousso cause généralement du dégoût, des nausées, quelquefois il est
vomi ; il peut survenir ensuite un malaise général, de l'anxiété précordiale,
de la céphalalgie, de la soif, des coliques; mais quelques malades n'éprouvent
rien de tout cela. Une heure ou deux après l'ingestion du médicament, il
survient des garderobes, formées par les matières intestinales d'abord, et à
la fin par le cousso même. Dans la troisième ou quatrième selle se trouve
généralement le ténia.
Le cousso paraît jouir des mêmes propriétés contre le bolhriocéphale.
Ce médicament est assez souvent infidèle et nous ne le croyons pas préfé-
rable au grenadier.
PRINCIPAUX TRAVAUX PUBLIÉS SUR LE COUSSO '.
Bouchardat, Annuaire de thérapeutique, 1847, p. 255. Essais du cousso importé
d'Abyssinie par M. Rochet d'Héricourt, faits à l'Hôtel-Dieu. Plusieurs cas degué-
risou par Sandras ; un cas de bolhriocéphale complètement expulsé, par Chomel.
Même cas dans Bull, thérap., t. XXXII, p. 523, 1847.
Notice sur les principaux médicaments employés en Abyssinie contre le ver soli-
taire, publiée par le prof. Kirschleger, d'après les indications de M. Wilhelm
Schimpcr, gouverneur à Adoa (Gaz. méd. de Strasbourg, avril 1848).
Martin Solon, trois ténias, sans la tête, expulsés par un enfant de onze ans
{Bull, de thérap., 1850, t. XXXVIII, p. 299).
Strohl (Gaz. méd. de Paris, 1834, p. 303. mèm. cit. ci-après).
Vaughan, Des causes des rechutes après V emploi du cousso contre le lénia (The
Lancet,];in\. 1852, et Bull, thérap., 1852, t. XLII, p. 185).
Van Coetsem, Note relative à un cas remarquable d'helminthiase (Bull. Acad.
DAVA1NE. 60
786 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION,
rot/. île Belgique, t. XIII, p. 21, et sniv., 1853-1854}. L'infusion ou la décoction
filtrées sans efficacité; deux cas de guérison par la poudre en infusion non filtrée:
un ténia, un bothriocéphale.
George Paterson, Cases of tanc-ivorm unsuccessfulhj trèttled by Ihe exlracl of
maie [cm and housso (Monthly journ. of med. science, july, 1 854, p. 39), trois
observations.
F.-L. Legendre [mém. cit., p. 025), trois cas de cousso administré à des enfants;
deux guérisons; un incomplet.
Docteur Blancsubé, Notice sur le cousso (Bull, de la Soc. des se. nal. de Saint-
Etienne (Loire), 1856, p. 282), hist. uat, et trois cas d'après trois observateurs dif-
férents; tous résultats incomplets.
Koussine (Union méd., 1859, p. 147).
I. ÉTHEB SULFURIQUE.
L'éther sulfurique a été employé contre !e ténia par Bourdier, avec un
succès notable. Ce médecin donnait l'éther à la dose de quatre grammes dans
un verre de décoction de fougère maie (voy. ci-après, p. 790, la méthode de
Bourdier). Cetle décoction n'ayant point, en général, de propriété vermifuge
suffisante pour chasser le ténia, c'est à l'éther qu'il faut rapporter les avan-
tages de la méthode de Bourdier.
M. Delasiauve parait avoir employé l'éther avec grand avantage contre les
oxyures; il l'administre en lavement à la dose de 4 à 8 grammes (l).
On a encore conseillé, pour chasser les vers intestinaux, des frictions sur
le ventre avec un Uniment composé d'élher, d'ail et de camphre.
j, — Figuier de Cayenne.
Bajon parle du suc de figuier de Cayenne comme d'un excellent vermifuge,
et qui mériterait d'être généralement connu. C'est surtout contre l'ascaride
lombricoïde qu'il le prescrivait (2).
Le même auteur parle aussi delà vertu anthelminthique de la décoction de
simarouba à la dose de deux ou trois verres.
K. ÉCORCE DE GEOFFRÉE DE SURINAM.
Ce médicament n'est pas usité en France ; on l'administre à la dose d'un à
deux grammes, en pilules ou en électuaire, on le donne aussi en infusion; on
fait usage en lavement de la décoction aqueuse saturée. — La geoffrée de
Surinam prise par la bouche expulse des lombrics et même, dit-on, le ténia.
En lavement elle paraît être un très bon remède contre les oxyures (3).
(1) Gazette des hôpitaux, 1859, p. 270.
(2) Bajon, Observations sur quelques bons remèdes contre les vers de Vile de
Cayenne (Journ. de méd., 1770, t. XXXIV, p. 60) ; id., Description du figuier de
Cayenne (Journ. de méd., 1771, t. XXXVI, p. 241).
(3) Klingsoehr, Dissert. De geoffrœa inermi, etc., in-4. Erfordiœ, 1789. —
Eggert, Dissert. De geoffrœœ Surinam, virtule anlhelm., in-4, Marburgi, 1791,
SDPPLÊMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'INTESTIN. 787
L. — Fougère mâle.
La fougère mâle est l'un des anthelminthiques les plus anciennement
connus : depuis Pline, Dioscoride et Galien, elle n'a pas cessé d'être recom-
mandée contre les vers cestoïdes.
C'est la racine ou tige souterraine qui possède la propriété vermifuge,
mais pour que cette propriété soit complète, la racine doit être récoltée dans
des conditions qui ont été déterminées par Peschier, pharmacien de Genève.
C'est en été que l'on doit faire cette récolte; la souche offre alors des bour-
geons arrivés à maturité, dont la cassure est franche, la couleur vert-
pistache-clair et l'odeur nauséabonde. Il faut encore savoir que les racines
conservées sèches perdent leurs propriétés anthelminthiques en deux ou trois
ans (1).
On associe généralement à la fougère quelque substance drastique, ou l'on
fait suivre son ingestion de celle d'un purgatif.
Mode d'administration.
Pour un adulte :
% Poudre de rhizomes de fougère mâle 10 à 15 grammes.
Sirop simple, quantité suffisante pour faire un électuaire.
A prendre le matin ; la même dose doit être répétée le soir.
(1) <i Parmi les causes qui expliquent l'inconstance et la nullité des effets de la
fougère mâle, dit Peschier, surtout dans les contrées où elle n'est pas indigène, se
présentent principalement les suivantes :
a. — » Les rapports qu'ont avec cette espèce d'aspidium le pteris aquilina,
Vathyrium filix fœmina, l'aspidium orcopteris, le crislatum, l'aculeatum, qui sont
rangés parmi les polypodes de Linné, et auxquels la propriété de détruire le ténia
n'a pas été reconnue.
b. — » Le défaut de connaissance de ce fait chez la plupart des pharmaciens
et surtout des droguistes.
c. — i> Le point de maturité des principes immédiats réunis dans les bourgeons,
lequel, atteint en fin de juin, doit cesser d'être le même en automne.
d. — « La détérioration en deux ou trois ans du principe gras de bourgeons
recueillis dans le temps convenable, desséchés et conservés même avec soin, à la
suite de laquelle ils ne contiennent plus que le tannin, les acides gallique, acé-
tique et l'amidon, auxquels la propriété de détruire le ténia ne peut être accordée,
et sont arrivés à l'état où on les trouve habituellement dans le commerce, surtout
dans le nord de l'Allemagne. » (Herrn Peschier, Apotlieker in Genf Notiz ueber
die Eigenschafl eines fettartigen Princips der Farnivurzel, den Bandwurm abzu-
treiben. — Notice sur la propriété médicale du principe gras des bourgeons de la
fougère mâle ; Polypodium filix mas Linn. — Aspidium filix mas Schwarz. — Ver-
handlungen der allgemeinen Schweizerischen gesellschaftfur die gesavnmten natur-
wissenschaften in ihrer eilften jahresversammlung zu Solothurn, 1825, p. 61.)
7S8 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LiJUB MODIi D' ADMINISTRAI K>N.
On peut encore prendre celle poudre suspendue dans du un blanc ou dans
de l'eau.
If Racine de fougère mâle 30 à 45 grammes.
Eau bouillante 1 litre.
Faites infuser pendant trois heures, passez et décantez . A prendre le malin par
tasses rapprochées.
% Huile éthérée de fougère 2 grammes.
Mucilage et poudre de fougère q. s. pour dix bols.
A prendre le matin à une heure d'intervalle.
Dans tous les cas, avec la poudre, l'infusion ou l'huile éthérée, le malade
doit être mis à la diète douze à quinze heures avant la première prise et
doit être purgé, une heure ou deux après la deuxième prise, avec 30 ou
60 grammes d'huile de ricin.
Pour un enfant à la mamelle :
If. Racine de fougère 2 grammes.
A douner en deux fois le matin, à une heure d'intervalle, dans du lait ou de la
bouillie. Le lendemain , purgatif léger (Andry).
L'infusion de fougère ou sa décoction n'a pas do propriétés anthelmintlii-
ques aussi marquées que la poudre. Ce dernier remède est. d'un prix peu élevé,
mais son odeur et sa saveur le font prendre avec répugnance par beaucoup
de malades, beaucoup le vomissent ; il donne du malaise et des coliques plus
ou moins vives et quelquefois des spasmes violents.
La préparation la plus efficace et la plus fréquemment employée aujour-
d'hui, est l'huile élhérée de Peschier, qui paraît exempte de la plupart des in-
convénients de la poudre (I). M. Rayer la prescrit de la manière suivante :
ty Huile éthérée de fougère mâle 72 gouttes.
Poudre de fougère mâle q. s.
pour 18 pilules.
(I) Voici dans quels termes Peschier s'exprime sur ce médicament :
( Recueillie dans les mois d'été, la souche de la fougère mâle offre des
ourgeons qui ont acquis leur maturité, dont la cassure est franche, la couleur
vert-pistache-clair et l'odeur nauséabonde.
» Privés des squames fixées à leur base et de leur extrémité supérieure brune et
inerte, les bourgeons, desséchés convenablement, digérés à froid dans l'éther sul-
furique, le colorent en vert jaunâtre ; le liquide exprimé, filtré et concentré, fournit
un produit d'un vert obscur, composé d'un principe huileux, d'une petite quantité
de résine, de chlorophyle, soit du principe vert des végétaux; plus, des acides
acétique et galliquc, dont ou volatilise l'acide acétique par une chaleur douce. Le
produit ainsi obtenu, qui a une saveur acre et l'odeur vireuse des bourgeons,
donné à la dose de 8 à 10 gouttes, sous forme de pilules en deux fois, à derni-
neure de distance, en se couchant (le malade ne prenant pas de nourriture depuis
SIMPLEMENT AU ÎRAlTt-Ml'NT DES VERS DE L'INTESTIN. 789
Le malade, au lieu de dîner, prendra un bouillon; puis, à huit heures du soir,
il prendra six pilules; le lendemain, à su heures du matin, douze pilules; deux
heures après, 60 grammes d'huile de ricin dans une tasse de bouillon aux herbes.
Les préparations de fougère mâle chassent le ténia, mais beaucoup d'ob-
servateurs ont remarqué qu'e'les sont plus efficaces contre le bolhriocô-
phale.
L'efficacité incontestable de la fougère mâle contre les vers et contre les cestoïdes
en particulier, son insuffisance fréquente lorsqu'elle est administrée isolément, lui
ont fait adjoindre une foule de médicaments, ont donné naissance à une foule de
remèdes plus ou moins composés ou de méthodes de traitement dont les plus con-
nues sont les suivantes :
Méthode d'Alibert. — Pour boisson habituelle, le premier jour, décoction de
123 grammes de racine de fougère mâle dans 1500 grammes d'eau réduite à
1000 grammes, édulcorée avec 60 grammes de sirop de mousse de Corse; trois
heures après le repas, bol composé de: mercure doux, corne de cerf calcinée, de
chaque, 0sr,15; conserve de roses, q. s. pour un bol. Le second jour: scammonée
en poudre, 1 gramme ; racine de fougère mâle, 30 grammes ; gomme-gutte et
mercure doux, de chaque 0gr,60 ; à prendre eu une seule dose dans de l'eau sucrée
ou mêlée de vin.
Méthode de Bcck. — ty . Mercure doux, ls»',20 ; corne de cerf brûlée, cinabre,
antimoine, de chaque, Os1, 50; mêlez. Prendre ce mélange à quatre ou cinq heures
de l'après-midi, dans une cuillerée d'eau; le soir, après un potage, prendre
60 grammes d'huile d'amandes douces; le lendemain matin, prendre une dej trois
prises d'une autre poudre faite avec 4 grammes de racine de fougère; jalap, gomme-
gutte, chardon bénit, ivoire brûlé, de chaque, 2 grammes; mêlez et divisez en trois
paquets. Il y a souvent alors, dans l'espace de deux heures, deux ou trois vomis-
sements et des selles. On donne un second paquet deux heures après le premier,
si le ténia n'est pas expulsé, et le troisième, si les deux premiers ne produisent
pas reflet désiré. Lorsque le ver n'est pas évacué par ce moyen, on donne un
lavement fait de la décoction de plantes amères, à laquelle on ajoute du sulfate de
son dîner), et accompagne le matin à jeun d'un purgatif doux, détruit absolument
le ténia vulgaire, sans occasionner aucun dégoût ni aucune irritation. Or, quand
on sait que pour obtenir un effet semblable avec la poudre de fougère, le malade
est obligé d'en prendre la proportion de 3 drachmes en bol ou en potion, que ce
médicament a une saveur et une odeur repoussantes, que beaucoup de personnes
le rejettent, en même temps qu'il occasionne quelquefois des spasmes violents, on
peut se féliciter, j'espère, d'avoir reconnu et isolé le principe dans lequel réside
la propriété anthelminthique, et surtout de savoir que, pris de la manière indi-
quée, quoique dans un état d'isolement, il ne fait éprouver aucun malaise.
» Il est bon d'observer qu'administré sous forme d'émulsion, il n'a pas eu d'ac-
tion sur le ténia, quoique sa saveur ne fût pas trop marquée, ce qui parait indi-
quer que peu de chose, et surtout un corps gras, en atténue |a propriété. «
[Mém. cit.)
790 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LlîUll MQDE D'ADMINISTRATION.
magnésie; onfin on prescrit, pour jètrc administrée dans l'espace de trois heures, la
poudre suivante: jalap, i grammes; gratiole, ls',20; divisez en trois doses.
[Méthode de Beck, médecin de l'empereur de Russie, dans llufeland's joum.,
t. XVII, st. 2, p. 153 et Joum. de méd. de Sédillol, 1806, t. XXVII, p. 117.)
Méthode de Hourdicr. — Le matin, 4 grammes d'éther sulfurique dans un verre
de. décoction de fougère mâle; quatre à cinq minutes après, lavement avec la môme
décoction, dans laquelle on ajoute 4 grammes d'éther; à une heure de là, on
administre uu mélange de 60 grammes d'huile de ricin et de 30 grammes de sirop
de Heurs de pécher. On répète trois jours de suite les mêmes moyens et de la
même manière. On est souvent obligé de revenir à plusieurs fois à ce traitement,
vu ses insuccès fréquents (Joum. de mkl. de Sédillot, t. XIII, p. 176).
Ce remède avait' été indiqué auparavant par F. C. Médicus, dans son Traité des
maladies périodiques sans fièvre, page 284 de la traduction qu'en a faite Lefevre
de Villebrune (Mérat).
Méthode de Dubois. — La veille au soir, une panade; le lendemain matin, dans
une tasse de bouillon aux herbes, 15 grammes de racine de fougère mâle en
poudre; une heure après, on administre en trois fois la poudre suivante : jalap,
diagrède, scammonée, gomme-gutte, de chaque 0§r,30 ; mêlez et divisez en trois
paquets ; bouillon aux herbes dans le reste de la journée.
Méthode de Grahl. — La veille, soupe préparée avec 120 grammes de pain blanc
et autant de beurre, bouillis dans un demi-litre d'eau. Le lendemain, prendre un
bol composé de : racine de jalap, gomme-gutte, mercure doux, de chaque 0sr,35;
une heure après, poudre de racine de fougère mâle, 12 grammes; eau de fleurs de
tilleul, 90 grammes; à prendre en une fois (Gaz. méd. de Paris, 1840, t. VIII,
p. 507).
Méthode de Herrenschwands. — Le malade prend deux jours consécutifs, le matin
et le soir, 4 grammes de fougère mâle pulvérisée dans un liquide approprié, ou en
un bol, s'il l'aime mieux; le troisième jour il prend la poudre suivante : gomme-
gutte, Os1', 60; sel d'absinthe, 0sr,15; savon deStarkey, 0sr,10; pour un bol. Trois
heures après, 30 grammes d'huile de ricin d'Amérique, une autre dose semblable
à une heure de là, et une troisième, si deux heures après le ver n'est pas rendu.
Le soir, si le ver n'était pas sorti, lavement avec le lait et l'huile de ricin.
Dans quelques autres formules, Herrenschwands ajoutait de la gratiole, de la
scammonée, du mercure, etc. — L'auteur a reconnu que sou remède expulsait plus
sûrement le bothriocéphale que le ténia. (Voy. Ch. Bonnet, ouvr. cit., t. II, p. 68
et 69. — Van Doeveren, ouvr. cit., p. 349. — Tronchin, Biblioth. raison.,
vol. XXXIII, p. 280 et suiv. — Cramer, biblioth. cit., vol. XXXII, XXXIII. —
Rosen, ouvr. cit., p. 426. — Herrenschwands, Abhandl. von den vornehmslen, etc.,
in-4. Berne, 1788. — Bremser, ouvr. cit., p. 464.)
Méthode de Lagène. — Avant de se coucher, lavement avec la décoction de fou-
gère; le lendemain matin, prendre la poudre suivante délayée dans du vin blanc :
valériane récente, 4 grammes; coquille d'œuf calcinée et préparée, 1 gramme.
Rester couché et se couvrir bien pour suer; continuer trois jours de suite. Le
quatrième jour, purgatif composé ainsi : mercure doux, 0sr,50; panacée mercu-
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DUS VERS DE l'IjNTESTJN. 791
riellc, Os',20; diagrède sulfuré, Os1', 60, pour faire, avec quantité suffisante de
sirop de fleurs de pocher, des capsules qu'on prendra à jeun et de suite. Deux
heures après, boire une tisane préparée avec 15 grammes de séné bouilli dans
1 kilogramme d'eau, avec addition de Og',40 de sel de tartre. Une heure plus
tard, un bouillon gras. La tisane purgative est continuée ou suspendue, suivant
qu'il y a dévoiement ou constipation. Le soir, autre lavement de fougère.
Méthode de Mathieu. — Cette méthode consiste dans l'administration de deux
électuaires. Le premier, composé de : limaille d'étain, 30 grammes; racine de fou-
gère niàle récente, 24 grammes; semen-conlra, 2 grammes; jalap et sulfate de
potasse, de chaque, -i grammes; miel, suffisante quantité. Le secoud, préparé avec :
jalap et sulfate de potasse, de chaque, 2g1', 40 ; scammonée, lsr,20 ; gomme-
gutte, 0ôr,50; miel, quantité suffisante. On met d'abord le malade à un régime
sévère; on ne le nourrit que de bouillons maigres, de viandes salées, de potages
légers, de légumes; on administre toutes les deux heures une cuillerée à café du
premier électuaire pendant deux ou trois jours; on donue ensuite le second, aussi
par cuillerée à café et pendant le même espace de temps ; on alterne ainsi jusqu'à
ce que le ver soit expulsé.
Méthode tenue secrète et achetée par le roi de Prusse ; publiée dans les éphémé-
rides de Formey et le journal de Hufeland; voy. aussi : Rust magaz. 8lcr baud,
2'es heft IS20, p. 352 (Bremser).
Méthode de Nouffer. — Cette méthode de traitement, pratiquée pendant vingt
ans avec mystère à Morat, en Suisse, où les malades se rendaient de tous les pay»,
fut achetée en 1776 par le gouvernement français, moyennant 18 000 francs.
La veille du traitement, panade composée de 60 grammes de pain, 90 grammes de
beurre, un peu de sel et l'eau nécessaire; ou la mange à souper; uu quart d'heure
après, on boit un gobelet de vin blanc, avec uu biscuit. Si le malade est constipé,
il prend un lavement émollient avec ua peu de sel et 60 grammes d'huile d'olive.
Le lendemain, de bonne heure, il prend 12 grammes de fougère mâle en poudre
dans 200 grammes de décoction de fougère; si ce médicament est vomi, il faut
prendre de nouveau la même dose. Deux heures après, en une ou plusieurs fois,
prendre un bol composé de : panacée mercurielie, scammonée, de chaque 0sr,30;
gomme-gutte, 0§r,35 : mêlez, et faites un bol en ajoutant la confection d'hyacinthe ;
boire par-dessus une ou deux tasses de thé léger. Le malade se promènera ensuite
dans sa chambre, et reprendra du thé à chaque purgation, jusqu'à ce que le ver
soit rendu. Si quelque portion du bol a été vomie, ou si le ver ne sort pas, ce qui
arrive assez fréquemment, on purge au bout de huit heures avec le sulfate de ma-
gnésie à la dose de 8 à 30 grammes. On le donne aussi pendant l'action du bol, si
Je ver reste suspendu à l'anus. On recommence le traitement le lendemain, si le
premier a échoué.
Ce remède, d'après l'auteur, agit plus sûrement contre le bothriocéphale que
contre le ténia ; il réussit mieux dans les temps frais que dans les chaleurs de l'été.
D'après l'opinion des médecins français chargés de l'examen du remède de Nouffer,
le bothriocéphale exigerait des remèdes moins actifs que le ténia ; la fougère,
suivant eux, aurait une action presque spécifique contre le premier de ces vers.
(Précis du traitement contre les ténias ou vers solitaires, pratiqué à Moraïen Suisse,
examiné et éprouvé à Paris ; publié par ordre du roi, A Paris de l'imprimerie
792 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET Liait MODE D'ADMINISTRATION.
royale, 177'i. — Journ. de med. chir., etc. ., I"7:>, t. XI. IV, p, 222. — Bloch,
oitvr. cit., p. lis. — Vicusseux, Jour- de med. Çoroisart, etc., an XI, i. V, p. .".27.
— firemser, ouvr. cit., p. i"0.)
Méthode de lienaud. — Prendre avant le traitement un lavement d'eau chargée
de savon ; les cinq jouis suivants, 4 grammes de racine de fougère mâle, dans l'eau
de pourpier; peu de temps après, un bol composé de Os1', 30 de mercure doux,
d'autant de jalap et de rhubarbe, incorporés dans du miel ; la boisson ordinaire est
la décoction de fougère malo-
M. — Grenadier.
Le grenadier est l'un des meilleurs anthelminlhiques dont on se serve au-
jourd'hui. C'est l'écorce de la racine surtout qui possède la propriété vermi-
fuge; celle de la tige la possède à un moindre degré; celle du fruit n'on est
pas tout à fait dénuée.
La connaissance de la vertu anthelminthique du grenadier remonte à l'anti-
quité. Son usage était vulgaire au temps de Caton le Censeur (Calo, De re rus-
lica, cap. cxxvi. Le fruit macère dans le vin); ■ — Sa propriété vermifuge est
signalée par Pline (op. cit., lib. XXIII, § 60. La décoction de la racine tue le ténia);
— par Dioscoride (op. cit., lib. II, cap. lxxi, p. 707, la décoction de la racine) ; —
et par Marcellus Empiricus (op. cit., cap. xxvm, p. 373, le suc de la racine, la dé-
coction des feuilles contre le ténia). — L'écorce de la racine de grenadier tue les vers
plats,aditRhazès (op. cit., p. 282). — Ce médicament est resté ensuite complètement
dans l'oubli ; c'est à peine s'il est mentionné par Leclcrc (ouv. cit., p. 409 et 436,
écorce de la racine), et par Andry '(omit, cit., p. 612 et 613, fruit î ccorce). Dans
l'Inde, son usage est vulgaire de temps immémorial, et c'est de là qu'il est revenu
en Europe.
Buchanan publia en 1807 la formule dont il faisait usage à Calcutta, en annon-
çant qu'elle lui avait constamment réussi (Francis Buchanan, Indian cure of tape-
worm; Edinb. med. surg. journ., vol. III, p. 22). — En 1814-, un chirurgien au
Bengale, Adam Burt, appela de nouveau l'attention sur ce médicament (voy.
Pollock, Case of lœnia in an infant; Edinb. med. surg. journ. , vol. X, p. 420). —
Enfin en 1821, le docteur Breton, chirurgien aux Indes, publia plusieurs observa-
tions qui furent plus remarquées que les précédentes (voy. Roget, in Med. chir.
transact, ofLondon, vol. XI, 1821, p. 301).
En 1822, le docteur Gomez, médecin portugais, publia un mémoire important
sur l'efficacité de l'écorce de la racine de grenadier dans le traitement du ténia
(Mem. sobre a virtude lœnifuga do romero (grenadier) corn observ por B. A.
Gomez, Lisboa, 1822). L'auteur rapporte quatorze observations de succès plus ou
moins complet. Le mémoire de Gomez, traduit par Mérat et publié dans le Journal
complémentaire en 1823 (t. XVI, p. 24), fit connaître en France la propriété de
l'écorce de la racine de grenadier, et bientôt un grand nombre de faits vinrent en
montrer l'efficacité.
On emploie indifféremment le grenadier sauvage ou le grenadier cultivé ;
la racine fraîche est préférable à celle qui est sèche. Si l'on prescrit la pre-
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DLS VERS DE l/lNTESTIN. 793
mière, il est nécessaire d'observer que le grenadier, dans nos pays, ss greffe
quelquefois sur un pied d'une autre essence, et que, dans ce cas, on n'ob-
tiendrait de la racine aucun effet vermifuge. Lorsque l'on se sert do la se-
conde, il faut choisir celle qui vient de Portugal et qui a été recueillie dans
l'année même; il faut en outre, avant de la soumettre à la décoction, qu'elle
reste en macération pendant douze ou vingt-quatre heures.
Mode d'administration.
Pour un adulte :
2fi. Écorce de racine de grenadier 60 grammes.
Eau 750 —
Faites macérer pendant douze heures, puis bouillir et réduire à 500 grammes;
passez. — A prendre en trois fois de demi-heure en demi-heure.
Pour un enfant de six à quinze ans, la dose d'écorce de racine de grenadier sera
de 30 à 45 grammes.
Pour un enfant de moins de six ans, la dose d'écorce sera de 15 grammes. Eau
250 à 300 grammes, réduite à moitié par Fébullition.
Dans les deux cas, à prendre eu trois fois comme chez l'adulte.
Méthode du docteur Bourgeoise. — Le matin ou le soir 45 à 60 grammes d'huile
de ricin. — Diète sévère pendant toute la journée. Le lendemain matin prendre eu
trois fois, de demi-heure en demi-heure, le tiers de la décoction suivante :
If. Écorce de racine de grenadier 60 grammes.
Eau 1000 —
Faites macérer pendant vingt-quatre heures, puis bouillir et réduire à 500
grammes.
Méthode de Deslandes. — Ofi. Extrait aqueux et alcoolique de deux onces d'é-
corces de racine de grenadier.
Faites un électuaire, à prendre en trois ou quatre fois, de demi-heure en demi-
heure, dans du pain azyme.
Mômes effets qu'avec la décoction.
La dose d'écorce de racine de grenadier, pour un adulte, a été portée à
125 grammes, sans inconvénient; on peut la répéter le lendemain ou le sur-
lendemain, si le ver n'est pas chassé, en se conformant toutefois aux pré-
ceptes que nous avons donnés p. 220. Suivant Mérat, il faut s'abstenir de
purger le malade après l'administration de ce médicament.
L'ingestion de la décoction de grenadier n'est pas suivie d'accidents fà-
(1) Léop. Deslandes, Bull, thérap,, t. IV, et Archiv. gén. de méd., 1833, 1. 1,
p. 120. Trois cas de succès sur quatre.
794 MÉDICAMENTS \ liKMll'UCliS LT LEUR MODIi b'ADMINlSTliATION.
dieux ; quelques malades en rejettent une partie par le vomissement, d'au-
tres ont seulement des nausées; ils ont quelquefois de? coliques, des borbo-
rygmes, des déjections alvines, des verligos, un malaise général , quelquefois
des syncopes; mais ces phénomènes ne tardent pas à se calmer, La plupart
des malades n'éprouvent point d'effet notable. Le lénia est généralement
rendu le premier jour du traitement et quatre à six heures après l'adminis-
tration du remède.
La décoction de grenadier est peut-être le remède le plus fréquemment
efficace contre le lénia, cependant il échoue quelquefois; il ne paraît pas
moins efficace contre le bothriocéphale.
PRINCIPAUX TRAVAUX PUBLIÉS SUR LE GRENADIER.
Boiti (Ann. univers, di medic. da Onwdei, vol. XL, p. 559), — huit cas de gué-
rison.
Bourgeoise (Nouv. bibliolh. méd., t. VI, 1824, p. 397), — ciuq cas de succès.
Deslaudes (Nouv. bibliolh. méd., t. VI, 182i, p. 342), — un cas de guérison.
Deslandes (même recueil, t. IX, 1825, p. 76), — deux cas de guérison; l'un
ayant fait usage sans succès de la fougère.
Souza de Velho (Nouv. bibliolh. méd., t. VI, 1821, p. 344, — un cas de guérison.
Grimaud (Gaz. de santé, n° 27, 1824), — trente cas de succès avec la racine et
Técorce de la raciue.
Husson (Arch. gén. de méd., t. VI, p. 293 et t. VII, 1825, p. 603), —un cas
de succès incomplet, un autre cas complet.
Wolff de Bonu (Hufeîand's journ., août 1825. — Bull. se. médic., t. VII,
1825, p. 239. — Edinb. med. surg. journ,, 1828. — Archiv. de méd., t. XVIII,
1828), — dix cas traités par Técorce indigène : trois succès; ciuq incomplets; deux
cas de diagnostic incertaio.
Moulin (Archiv. gén. de méd., 1827, t. XIV, p. 285 et 374 ; t. XV, p. 124), —
un cas de guérison.
Raisin, de Caen (Archiv. gén. de méd., 1828, t. XVI, p. 298 et t. XVII, p. 130),
— un cas de guérison.
A.-L.-J. Bayle (Bibliolh. de Ihérap., Paris, 1828, t. I, p. 388), — neuf cas,
huit guérisons. — Un cas de Kapeler, guérison. — Trente cas? de Moulin, tous
guéris. — Chauffard (d'Avignon), deux cas de guérisou. — Insuccès par Choruel,
Duméril, Ollivier. — Gaube, observation d'épilepsie, datant de dix-sept ans, guérie
par l'expulsion du ténia.
Lavalette, d'Aussonne (Archiv. gén. de méd., 1829, t. XX, p. 597), — quatre
cas de guérison.
De Fermon (Bull. se. méd., t. XIX, p. 116, 1829), — plusieurs cas de guérison
cités.
Docteur Marchese (Giom. nap.med., vol. Il, fac. 2), — trois cas de guérison.
Rullier (Archiv. de méd., 1831, t. XXV, p. 570), — cas de guérison chez un en-
fant de trois ans.
F.-V. Mérat (Du, lénia el de sa cure radicale, par Vccorce de racine de grenadier,
in-8. Paris, 1832), — cent quarante-deux observations personnelles ou emprun-
tées à divers auteurs.
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'jNTESTJN. 795
Nous bornons ici cette revue bibliographique; les observations et les mémoires
postérieurs à l'ouvrage de Mérat, n'ont fait que confirmer l'efficacité du grenadier
déjà suffisamment établie.
N. — Huiles grasses.
Andry reconnaît une propriété vermifuge aux huiles d'amandes, d'olive et
de noix, prises à jeun. Il cite un cas d'expulsion du ténia par un malade qui
avait pris 60 grammes d'huile d'amandes douces; il préfère l'huile de noix
contre les lombrics (1).
L'huile d'amandes douces a encore été recommandée par d'autres au-
teurs (2) ; mais l'huile de noix, suivie de l'ingestion de vin d'Alicante, a réussi
plusieurs fois, dit-on , à chasser le ténia. La dose d'huile était de 1 50 grammes,
et celle du vin d'Alicante de 1 20 grammes, prise deux heures et demie après
l'huile (3).
L'huile de ricin a été surtout préconisée par Odier (de Genève). Ce médecin
administrait cette huile à la dose de 1 5 grammes toutes les demi-heures, jus-
qu'à ce que le malade en eût pris 90 grammes; il rapporte plusieurs obser-
vations d'expulsion de bothriocéphale par ce moyen (4).
Le même médecin donnait encore l'huile de ricin en même temps que la
poudre de fougère mâle.
0. — Kamala.
Le kamala ou kameela est. une substance résineuse produite par les cap-
sules du fruit du roulera linctoria, arbre qui croît dans l'Inde, en Chine, aux
îles Philippines, etc.; il forme une poudre rouge employée dans l'Inde pour
teindre la soie.
En médecine, on l'emploie à l'extérieur dans quelques maladies de la peau,
et surtout à l'intérieur comme anthelminthique.
« Si nous nous rapportons à ce qui a été publié, dit le docteur Hunsbry,
nous trouvons que les propriétés anthelminthiques du kamala ont été essayées
par les docteurs Mackinnon, Anderson, Corbyn et Cardon.
» Les essais de ce remède, en Angleterre, n'ont encore été que fort peu
nombreux. Le docteur Arthur Leared, qui a été un des premiers à le pres-
crire à Londres, a enregistré un cas suivi de succès, et depuis ce temps il
m'a dit qu'il avait fait quatre autres tentatives non moins heureuses.
(1) Andry, ouvr. cit., p. 507, 536.
(2) Journ. deméd., 1760, t. XII, p. 506, et 1770, t. XXXIII, p. 347.
(3) Passerat de la Chapelle, Journ. de méd., 1757, t. VI, p. 305. — Binet,
Journ. deméd., 1761, t. XV, p. 214. — Baumes, Journ. de méd., 1781, t. LVI,
p. 432.
(4) Odier, Observ. sur l'usage de l'huile douce de ricin particulièrement contre le
ver solitaire [Journ. de méd., 1778, t. XUV, p. 44, 49, 333, 450, et 1788,
\. LXXV, p. 416).
706 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION.
» Le docteur Mackinnon, chirurgien directeur du Medical-Eslablishmcnt,
au Bengale, ayant été conduit, à u.-cr de ce remède, rapporte co qui suit :
« Mon attention, dit-il, y fut d'abord appelée par un canonnier de la bri-
» gade affecté d'un ténia que ni la térébenthine, ni le kousso n'avaient réussi
t> à expulser. Il disait qu'un do ses camarades atteint do ténia avait pris le
» kamala avec succès. J'en envoyai chercher immédiatement, et, sans pré-
» paralion préalable du malade, je lui en administrai 12 grammes. C'était un
» homme robuste, chez lequel il ne se manifesta aucun effet ; aussi, quatre
» heures après, je lui fis prendre une dose semblable. Elle lo purgea avec
■» abondance et facilité; et à la quatrième selle, un énorme ténia do 18 pieds
» fut rejeté. Le résultat était si satisfaisant que j'ai continué à faire usage
» de ce remède toutes les fois que lo cas s'en est présenté ; et je l'ai employé
» aujourd'hui dans seize circonstances différentes, sans jamais éprouver d'in-
» succès. Autant que mon expérience me permet de l'affirmer, j'ai trouvé ce
» remède à la fois meilleur et plus certain que la térébenthine ou le kousso,
» et beaucoup moins désagréable à prendre que l'une et l'autre de ces deux
» substances.
» Dans tous les cas, à l'exception du premier, je n'ai jamais été au delà
» de 12 grammes. Cette quantité produit en général de cinq à six selles, et
» c'est vers la quatrième ou la cinquième que lo ver est rendu mort.
y> Dans deux des derniers cas où je l'ai administré à l'hôpital, mes deux
» malades se relevaient d'une fièvre qui les laissait encore très faibles, aussi
» la dose de 12 grammes les a-t-elle purgés très violemment de douze à qua-
» lorze fois. Dans trois cas suivants je réduisis la dose à 6 grammes, et comme
» elle ne produisait aucune action sur les intestins, j'administrai, six heures
» après, une demi-once d'huile de ricin. Il y eut quatre ou cinq selles, et
» dans chaque cas le ver fut rendu mort.
» Dans presque tous les cas, le cou long et mince du ver paraissait
» se mouvoir. Je donnai à un enfant du pays, âgé de cinq ans, une dose de
» 2 grammes, et le ténia fut complètement expulsé. Le remède purge ordi-
» nairement avec rapidité. Dans une moitié des cas, à peu près, j'ai observé
> quelques nausées et de légères coliques ; dans l'autre moitié, aucun incon-
» vénient ne s'est fait ressentir, et quelques malades déclaraient que c'était
» la purgation la plus facile qu'ils eussent jamais prise de leur vie. »
» Le docteur Mackinnon résume ainsi ce que lui a appris l'expérience :
» 1° Le kamala est un remède sûr et efficace contre te ténia, et d'un usage
» plus certain que la térébenthine ou le kousso.
» 2° Un Européen vigoureux peut très bien en prendre une dose de
» 12 grammes.
» 3° Chez une personne d'une faible constitution, ou chez une femme, la
» dose doit être de 6 grammes, avec une demi-once d'huile de ricin en sus,
» s'il est nécessaire. »
s Depuis que le journal d'où nous venons d'extraire les lignes précédentes
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'INTESTIN. 797 '
a été publié, la docteur Mackinnon a rapporté que dans d'autres essais du
kamala faits sur une plus vaste échelle et où il l'a administré à plus de cin-
quante malades, il n'y a eu que deux cas où le ver n'a pas été expulsé.
Le docteur Anderson, chirurgien sous-aide au i3c régiment d'infanterie
légère, rapporte que la présence du ténia est très commune chez les Européens
qui servent dans le Punjab, ainsi que dans la population musulmane de cette
province : « Les propriétés anthelminthiques du kamala, écrit le docteur Ander-
» son, sont aussi marquées que celles des vermifuges le plus en réputation,
» sans en excepter le remède abyssinien appelé kousso. La seule objection qu'on
» puisse élever contre lui, c'est que l'emploi de la poudre détermine des nau-
» sées considérables, mais dont le nombre ne surpasse certainement pas
» celles que produisent la préparation de la racine de grenadier, ou d'autres
» ténifuges. Après avoir pris 3 drachmes de la poudre, le ver est ordinaire-
» ment expulsé à la troisième ou quatrième selle. On le rend généralement
» entier, presque toujours mort, et dans tous les cas que j'ai examinés (quinze
» à peu près) il m'a été possible d'apercevoir la tête. Dans deux cas seule-
» ment, j'ignore si le ver avait été rendu vivant. L'avantage de la teinture
» sur la poudre consiste en ce que son action est plus certaine et plus douce,
i et en ce qu'elle occasionne rarenïent des nausées et des coliques. Dans deux
» ou trois cas, la dose ordinaire ne fut suivie que de deux ou trois selles, et
» à la seconde le ver fut expulsé. Chez un malade, une seule selle fut occa-
» sionnée par la médecine, et le ver fut rendu mort. »
» Le docteur Anderson fait allusion à quatre-vingt-quinze cas de ténia où
l'on prescrivit le kamala, et dans ce nombre il n'en connaît que deux où le
ver ne fut pas expulsé. Parmi ces quatre-vingt-quinze cas, quatre-vingt-six
s'observaient chez des soldats européens, huit chez des musulmans natifs, et
un sur un Hindou de la plus basse classe. Tous ces individus étaient dans
l'habitude de s'adonner aux excès et constamment à une nourriture animale;
aussi dans cette classe le ténia est-il commun. Ceux qui, au contraire, sont
soumis à un régime moins succulent, sont aussi moins sujets au ténia ; et au
dire du docteur Anderson, ce parasite est inconnu dans plusieurs régiments
d'insulaires, chez les Hindous cipayes et chez les domestiques, qui tous font
usage d'une alimentation entièrement végétale.
» Les expériences du docteur C.-A. Gordon sur l'efficacité du kamala
concordent entièrement avec celles des docteurs Mackinnon et Anderson. Il
observe « qu'avec le kamala, il n'y a point d'effet désagréable. Il n'est même
» pas nécessaire de se préparer à l'effet du médicament par une purgation.
» A part quelques nausées et coliques insignifiantes, on n'éprouve aucun effet
» désagréable, et le grand nombre des personnes auxquelles on l'a administré
» n'ont éprouvé, en aucune manière, plus d'inconvénient que ne leur occa-
» sionnerait une médecine ordinaire. »
» La dose de kamala peut être fixée de 1 à 1 2 grammes, suspendus dans
l'eau. Une seule dose est ordinairement suffisante, et, en général, il n'est pas
nécessaire d'employer d'autre médecine avant ou après. Dans quelques cas,
798 MEDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION.
cependant, où l'on n'a administré qu'âne petite dose do kamala cl ensuite do
riiuile do ricin, on a produit un bon effet.
» Le docteur Gordon a prescrit lo kaniala à la dose de 4 grammes, répéléo
à intervalles do trois heures.
» Le kamala peut se donner aussi sous forme de teinture, et voici la for-
mule que recommande lo docteur Anderson:
$£. Kamala 180 grammes.
Alcool rectifié 380 —
Faites macérer pendant deux jours et passez.
» On peut préparer une teinture éthérée, identique comme efficacité;
mais on dit qu'elle n'offre aucun avanlage particulier sur la teinture al-
coolique. La dose de teinture de kamala est de 4 à 4 6 grammes, diluée dans
un peu d'eau aromatique (1). »
M. Moore, médecin à Dublin, vient de publier cinq nouveaux cas de gué-
rison du ténia par le kamala; dans aucun cas, l'administration du médica-
ment n'a causé d'accidents ; ce médecin l'a trouvé également efficace contre
les lombrics.
Noies et mémoires publiés sur le kamala.
F Hunsbry, mém. cit. — Anderson, Edinb. newphilosoph. journ., avril 1855. —
Ramsgill, Halfi-yearly abstrait, etc., of Rankiug et Radcliffe, 1859, t. I, p. 136. —
Peacock, Med. Times and Gaz., 1858, t. II, p. 472. — Leared, ibid., 19 décemb.
1857 ; 15 janv. 1859. — Hosher, ibid., 1859, t. I, p. 203. — Moore, Dublin hos-
pital Gazette, 1er mai 1858; et Dublin médical Press, 6 juillet 1859 (cités dans
Archiv. gén. deméd., septembre 1859, p. 344).
P. — Mousse de Cobse, coralline officinale.
La mousse de Corse est devenue d'un usage vulgaire en France, depuis
qu'un médecin de Marseille, Sumeire, l'eût fait connaître, en 1779 (2). Tou-
tefois, au xvie siècle déjà, Mercurialis en avait fait l'éloge (3), et Leclerc ainsi
qu'Andry en parlent comme d'un excellent vermifuge (4).
La mousse de Corse, ou varec vermifuge, est formée par un mélange de
plusieurs espèces d'algues. Le fucus helminthocorlon entre environ pour un
(1) Hunsbry, Note pharmacologique sur le Icamala , nouvel agent ténifuge
(Bull, thérap., 1858, t. L1V, p. 310. Extrait de la Revue pharmac. de Dorvault).
(2) La mousse de Corse, ou helminthocorlon, était usitée en Corse de temps immé-
morial, lorsqu'un médecin grec qui avait été employé dans les hôpitaux militaires
de cette île, la fit connaître à Sumeire (Journ. de méd., 1779, t. II, p. 331).
(3) Mercurialis, Hist. d'un remède inconnu aux anciens; Corallina ou muscus
inarinus, iu Schenck, lib. III, p. 364, De lumhricis.
(4) Matthiole et Brassavole en avaient aussi fait usage avec beaucoup de succès.
Voy. Leclerc, p. 422, et Andry, p. 616,
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'iNTESTlN. 799
tiers dans ce mélange, le reste étant composé de diverses plantes, entre autres
de la coralline officinale. Celle-ci est quelquefois administrée isolément, mais
elle a moins de vertu que le fucus ; on la prescrit aux mêmes doses et de la
même manière que le varec.
Mode d'administration.
L'infusion ou la décoction de mousse de Corse se fait dans la proportion de
4 grammes de mousse pour 30 grammes d'eau ou de lait. La durée de l'infusion
doit être de douze heures, celle de la décoction de deux ou trois minutes (temps
de l'ébullition).
La dose est de 4 à 6 grammes de varec pour les enfants de moins de sept ans.
— de 8 à 15 grammes pour les enfants de sept à quinze ans.
— de 15 à 30 grammes pour les adultes.
La mousse de Corse peut encore se donner en poudre à la dose de 1 à 4 grammes
incorporée dans du miel ; en gelée, à la dose de plusieurs cuillerées à café.
Ces diverses préparations doiveut être administrées le matin à jeun , pendant
plusieurs jours de suite.
La mousse de Corse est l'un des vermifuges les plus efficaces contre l'as-
caride lombricoïde, mais il faut qu'elle ne soit pas altérée par une trop longue
conservation ou par un mélange frauduleux. Assez souvent nous avons pres-
crit ce médicament sans obtenir aucun effet, et nous doutions même de sa
grande vertu vermifuge, lorsque nous eûmes occasion de la reconnaître par
un envoi qui nous a été fait directement deCorse (4).
Q. — Mûrier.
Le mûrier, tombé complètement en désuétude, était, dans l'antiquité, un
desanthelminthiques les plus fréquemment conseillés. Pline, Dioscoride, Ga-
lien, Oribase, etc., le placent à côté de la fougère et de la racine du grena-
dier (2). Andry employait l'écorce de la racine de mûrier recueillie avant la
(1) Je citerai entre autres le cas d'une petite fille, venant de la campagne, pâle
et avec les yeux cernés, qui me fut adressée, il y a environ un an ; je trouvai dans
les matières fécales un grand nombre d'eeufs d'ascaride lombricoïde ; une dose
de varec, venant de Corse, lui ayant été donnée, elle rendait bientôt "après trois
lombrics. Au bout de quelques jours, je m'assurai par l'inspection microscopique
des matières fécales, qu'il ne restait plus de lombrics chez cet enfant. Depuis un
an qu'elle habite Paris, il ne s'est plus montré d'œufs d'ascarides dans ses garde-
robes et elle n'a plus rendu aucun de ces vers.
(2) Pline, op. cit., lib. XXIII, § 70 : le suc du mûrier contre le ténia et les au-
tres vers intestinaux. — Dioscoride, op. cit., lib. II, cap. lxxi, p. 707 : mûrier
contre le ver plat. — Galien, op. cit., t. III, p. 87 verso. — Oribase, op. cit.,
lib, II, p. 84 : la racine.
800 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION,
maturité du fruit, à la dose de 4 grammes (I); on la retrouve encore dans le-
remède de Lieutaud dont voici la formule :
If. Diagrède, crème de tartre, île chaque, 0e>',G0; — antimoine diaphoréliqùé
OB', 50; — fougère mâle, écorcede racine de mûrier, de chaque 2 grammes.
A prendre en une fois; contre le ténia.
Desbois (de Roehefort) dit que la racine du mûrier blanc est aussi efficace
contre le ténia que celle de fougère ; elle se donne en poudre à la même dose
et de la môme manière que ce dernier médicament ; on donne aussi la décoc-
tion à la dose de 90 à I 25 grammes dans trois litres d'eau, réduits à un par
l'ébullilion. L'amertume de celle préparation fait préférer la poudre (2).
R. MUSENNA.
« Parmi les huit ou dix remèdes les plus usités pour cette maladie (le
ténia), on ne connaît en France, écrit M. d'Abbadie, que le kosso. C'est un
purgatif drastique qui fatigue l'estomac et occasionne souvent des nausées si
fortes que le palient ne peut le digérer ; d'ailleurs il doit être réitéré tous les
deux mois, et enfin il n'elTectue jamais de guérison radicale. En outre, j'ai vu
l'usage du kosso produire des dysenteries toujours opiniâtres et quelquefois
mortelles.
» Le musenna est exempt do tous ces inconvénients. C'est l'écorce d'un
arbre qui croît près de la mer Rouge, dans les environs de Muçayvwa. La dose
est de 60 à 70 grammes, pulvérisés avec soin et administrés dans un véhi-
cule demi-fluide, par exemple du miel ou de la bouillie de farine. On prend le
remède deux ou trois heures avant le repas, el le ténia est expulsé le lende-
muin, généralement sans purgation, ni tranchées. Quelquefois la guérison n'a
lieu que le deuxième ou troisième jour.
» Rien qu'en Àbyssinie l'efficacité du musenna soit universellement ad-
mise, je n'ai pas voulu jusqu'ici en entretenir les savants de l'Europe, où la
diète habituelle et l'hygiène diffèrent tantdecelles des contrées interlropicales.
Il fallait d'abord voir l'effet du nouveau médicament sur les Européens, et à
cet effet j'ai donné plusieurs doses de musenna à M. le docteur Pruner-Bey,
qui pratiquait au Caire et qui a constaté dix-neuf guérisons dues à ce re-
mède (3). Dès mon retour en France, j'ai remis une dose de musenna à un
membre distingué de noire diplomatie qui avait vainement et successivement
essayé de tous les remèdes connus contre le ténia, sans même omettre le
kosso. Ses essais infructueux l'avaient rendu très défiant, et il eut soin d'at-
tendre plusieurs mois après l'usage du musenna avant de m'écrire qu'il se
(1) Dans Leclerc, ouvr. cit., p. 417.
(2) Deshois de Rochcfort, Cours éle'm. de mat. méd. Paris, 1789, t. H, p. -197.
(3) Pruner, Nouveau spécifique contre le ténia ; écorce de l'arbre musenna (ISeus
médian, chirurg. Zeilung, et Gaz. méd., Paris, décembre, 1851).
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'INTESTIN. 801
croyait radicalement guéri de sa longue et fâcheuse maladie. Malgré ce con-
cours de témoignages, je n'ai garde d'affirmer l'efficacité constante de ce re-
mède avant un nouveau et sincère examen dont je livre l'initiative à la Sa-
vante sollicitude de l'Académie. A cet effet je lui aJresse trois doses de
musenna (<l). »
Les doses de musenna, ayant été remises à M. Rayer, furent administrées
à trois malades de son service, à la Charité.
1° Une fille, Agée de vingt-huit ans, née à Damery (Loiret), habitant Paris,
éprouve des désordres dans sa santé depuis sept mois; il y a dix jours, elle
rendit spontanément uu long fragment d'un ver cestoïde; il y a trois jours, clic
prit un remède coutre le ténia, qui lui fit rendre de longs fragments d'un ver
annelé. — Elle entre à la Charité le 7 février 1852.
Le 13, la malade est mise au bouillon et potage comme préparation. — Le \i,
elle prend 15 grammes de poudre de musenna dans du sirop. Point de rapports ni
de nausées, douleurs abdominales légères, pas de selles. Le soir, céphalalgie. —
Le 13, 30 grammes de musenna pris avec dégoût; pas de vomissements, deux selles.
— Le 16, au matin, la malade rond deux longs fragments de bothriocéphale, sans
la tète.
La malade continue à se plaindre d'étourdissements, de battements de cœur,
d'envies de vomir, de sensations désagréables dans la tête. Elle sort de l'hôpital
le 28; elle n'a pas été revue.
2° Une femme, Agée de vingt-huit ans, habitant Paris depuis sept ans, est su-
jette à des attaques épiieptiformes depuis vingt-deux mois. Traitée par la racine de
grenadier et le Cousso, elle a rendu avec le premier de ces médicaments un frag-
ment de ténia, elle n'en a jamais rendu d'autre. Elle entre à la Charité le 10 fé-
vrier 1852.
Le 13, la malade est mise au bouillon et potage, comme préparation. — Le 14,
elle prend 15 grammes de poudre de musenna, sans dégoût et sans phénomènes
consécutifs notables; pas de selle. — Le 15, 30 grammes de musenna dans du
miel; pas de dégoût, pas de selle ; étourdissements plus marqués que d'habitude.
— Le 16, 60 grammes de musenna en une fois; une selle, trois dans la nuit sui-
vante avec quelques coliques. — Le 17, huile de ricin, i selles. Aucun fragment de
ténia n'a été rendu.
Le 26 la malade prend V huile éthérée de fougère mâle et ne rend aucun fragment
de ténia; elle sort de l'hôpital le 2 mars.
3° Une femme Agée de quarante-quatre ans, habitant Paris où elle est née,
n'éprouvant point de désordres notables dans sa santé, rendit spontanément, il y a
sept jours, un fragment de ténia solium, long de 50 centimètres environ. Elle entre
à la Chanté, le 26 avril 1852.
Le 28 avril, la malade prend 30 grammes de poudre de musenna dans du miel,
avec beaucoup de répugnance. Douleurs épigastriques, vomissements, pas de selles.
Le 29, huile de ricin 15 grammes; une selle le soir. Aucun fragment de ténia n'a
été rendu.
(1) A. d'Abbadic, Noie sur un nouveau remède pour le ténia (Comptes rendus
Acad. des sciences, 1852, i" sera., p. 167).
DAVAINE. 51
802 MÉDICAMENTS VERMIFUGES l.T LEUR MODE D ADMINISTRATION.
I.c ~i mai, la malade prend la décoction de la racine de grenadier; le 15, l'huile
éthérée de fougère ma.le ; aucun de ces remèdes n'a l'ait rendre de fragments de
ténia. Cette femme sort de l'hôpital le 24 mai.
M. Kuohenmeister a administré aussi sans succès le musenna ; il l'avait
reçu du professeur Martius. Chez son malade, des fragments ont été expulsés,
mais le ver est resté ; il a été chassé par la racine de grenadier (l).
Il se peut, comme le fait observer M. Kiicnenmeister que le musenna perde
ses propriété s par une longue conservation.
S. — Nitrate d'argent.
Les lavements d'une solution de nitrate d'argent, à la doso de 0s',!j0 à
0sr,75 sur 125 grammes d'eau distillée, sont, d'après M. Schultze(de Daides-
heim), d'une grande efficacité contre les oxyures. Le premier lavement est or-
dinairement rendu immédiatement avec des oxyures morts ou encore vivants ;
les autres amènent les oxyures morts. Deux ou trois lavements suffisent ordi-
nairement pour la guérison (2).
T. NOIX VOMIQUE.
Plusieurs médecins ont préconisé la noix vomique comme vermifuge ; on en
a porté la dose jusqu'à 0§r,5û. On a employé avec succès contre les lom-
brics l'essence spirilueuse à la dose de 50 gouttes quatre fois par jour (3).
U. — Papayer.
Le papayer (carica papaya) est un arbre originaire des Moluques, qui a
été propagé dans les Indes et aux Antilles. Sa tige fournit un suc laiteux,
amer et riche en substances azotées coagulables.
Chapotin dit que le suc laiteux du fruit du papayer est un bon vermifuge,
très usité à l'île de France (4). — R. Dyer dit aussi que le lait de papaya, em-
ployé à l'île de France, est un excellent vermifuge et exempt de tout danger
même lorsqu'il est pris à trop forte dose. Malheureusement ce médicament est
très altérable et ne peut être exporté (5). Au dire de Levacher, la racine du pa-
payer est en usage à Sainte- Lucie (Antilles) (6).
C'est principalement contre les lombrics qu'on fait usage de ce médica-
ment. Il serait à désirer qu'on pût en isoler le principe actif.
V. — Parka.
Le panna est une espèce de fougère propre à l'Afrique australe ; il est em-
(1) Kùchenmeister, ouvr. cit. trad., p. 156.
(2) Deutsche KUnick et Revue de thérap. medico-chir. , 1858, p. 629,
(3) Bayle, Bibliothèque de thérap. cit., 1830, t. II, p. 134. — Voy. aussi Journ.
de méd., 1786, t. LXVIII, p. 356.
(4) Chapotin, ouvr, cit., p. 144.
(5) R. Dyer, Asc. lomb. Rech. sur les causes de leur fréquence et leur traitement
à Vile Maurice {The London med. Gas,, et Cas. méd., Paris, 1834, t. II, p. 363).
(6) Levacher, ouvr. cit., p. 97,
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'INTESTIN. 806
ployé par les CaiTres pour expulser le ténia. Le docteur Behrens parle de
83 succès sur 90 cas.
Trois ou quatre jours avant le traitement on prescrit une demi-diète, l'ab-
stention de mets farineux et de boissons fermentées. On administre la racine
à la dose de <! gramme, ou 1 gramme 50, dans un peu d'eau, à répéter do
quart d'heure en quart d'heure jusqu'à la dose totale de 3 à 5 grammes.
Deux heures après, on donne l'huile de ricin.
Ce médicament provoque quelquefois des vomissements ou des congestions
de tête passagères, mais jamais d'accidents sérieux (1).
W. — Quinquina. — Sulfate de quinine.
Van Doeveren rapporte une observation de ténia et Une autre de lombrics
expulsés par le quinquina, sans pour cela attribuer à ce médicament une
vertu anlhelminthique très importante (2).
Le docteur Kunz (de Radebourg, Saxe) donne l'observation d'un homme at-
teint de fièvre intermittente qui, après l'administration du sulfate de quinine,
rendit un ténia de plus de cent aunes de longueur, avec la tête. La présence
de ce ver dans les intestins n'avait pas été soupçonnée (3).
Le docteur Delvaux (de Bruxelles) rapporte deux observations de bothrio-
céphales expulsés à la suite de l'administration du sulfate de quinine (4). Ces
faits tendraient à établir que le sulfate de quinine jouit d'une vertu anlhel-
minthique. Le médecin de Bruxelles affirme que ce médicament expulse com-
plètement les lombrics, et qu'administré en lavements, il jouit des mêmes
propriétés à l'égard des oxyures. Nous pouvons opposer à cette assertion le
fait de M. Cruveilhier, rapporté ci-dessus (p. 21 1 )• Toutefois, l'observation du
docteur Kunz, qui concerne peut-être lebothriocéphaIe,vu la grande longueur
du ver, et celles du docteur Delvaux réunies, peuvent faire espérer que l'on
rencontrera dans le sulfate de quinine un agent précieux contre le bothriocé-
phale.
X. — Santonine.
La santonine est une substance cristallisable qui existe dans plusieurs
plantes du genre artemisia, et notamment dans celles qui donnent le semen-
contra ; elle est inodore, presque insipide, presque insoluble dans l'eau
pure.
La santonine a été découverte, en 1830, par Kahler, pharmacien à Dùs-
seldorf, et d'un autre côté par Alms, de Mecklembourg (S). Bientôt après elle
(1) Behrens, La racine de pâma et son emploi en médecine (Deutsche Klinik,
1856, et Gaz. méd. de Paris, 1857, p. 826).
(2) Van Doeveren, ouvr. cit., p. 361.
(3) Kunz, Du sulfate de quinine contre le ver solitaire (Journ. complém.t 1833.
t, XLIV, p. 224).
(4) Delvaux, Presse méd. belge et Abeille méd., 1855, p. 152.
(5) Buchner's Repert. fiir die Pharm., t, XXXVIII, et Arch. gén, de méd,,
1832, t. XXIX, p. 414.
Sll'i MËDICAMENÎS VERMIFUGES liT I.EUIt MODE D'ADMIMISTRATÏON.
;i été étudiée au point de vuo chimique par Trommsdorff et Liébig. Merle, de
Dannstod, fit connaître ^e^ propriétés vermifuges qui ont été proclamées aussi
on France par M. Calloud, pharmacien à Annecy. L'usage de celte substance
comme vermifuge se répandit rapidement en Allemagne, en Italie, puis en
France ; on s'en servit aussi comme fébrifuge.
Mode d'administration.
La sanloniuc se donne à la dose de Os'',iO à 0gr,20 pour les enfants ; de 0sr,2"l
à OS',30 pour les adulles, divisée en plusieurs prises.
Ou la fait prendre mêlée avec du sucre, en poudre ou en pastille. M. Kiichcn-
meister s'est très bien trouvé de son administration, a fa dose de 0§r,lO à OS', 20,
dans 30 grammes d'buile de ricin.
Le docteur Baylet, médecin français très distingué, qui pratique depuis
dix. ans la médecine au Brésil, dans la province de San-Pedro de Itio Grande
du Sud, eut l'occasion d'expérimenter d'une manière très suivie l'efficacité
des vermifuges habituellement usités; en effet, dans la province de San-Pedro,
tous les habitants ont des vers, et les étrangers qui viennent se fixer dans lu
pays ne lardent pas à en être atteints. La santonine est le seul vermifuge qui
ui donna contre les lombrics de effets constants et tout à fait satisfaisants.
Voici les formules auxquelles le docteur Baylet s'est arrêté:
Pour un enfant Agé de moins de trois ans :
If. Santonine 0,10 centigrammes.
Calomel à la vapeur 0,20 —
Divisez en huit paquets.
Pour un enfant de trois à douze ans :
3^. Santonine 0,20 centigrammes.
Calomel à la vapeur 0,40 —
Divisez en huit paquets.
Pour un adulte :
rif. Santonine 0,40 centigrammes.
Calomel à la vapeur 0,10 —
Poudre de jalap 0,20 —
Divisez en huit paquets.
Le malade prend un paquet chaque matin, à jeun, dans une cuillerée à café de
miel; il boit immédiatement après une infusion légère d'une plante aromatique,
comme la menthe poivrée. S'il survient, ce qui est très rare, uu sentiment général
de lassitude, une impression de froid, la sécheresse et la rougeur des lèvres, la co-
oration en jaune des urines, la dose ordinaire est divisée en deux parties, pour
être prise en deux fois, le matin et le soir. — Le quatrième jour, trois ou quatre
heures après l'administration de la santonine, le malade prend un -laxatif, l'huile
de ricin de préférence à tout autre.
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'INTESTIN. 80:")
L'expulsion des lombrics commence généralement le deuxième jour du
traitement"; elle a lieu chaque jour jusqu'au sixième, au huitième, ou au
dixième, époque à laquelle la guérison est ordinairement complète.
Les légers accidents mentionnés par 51. Baylet, sont les seuls que déter-
mine quelquefois la sanlonino administrée aux doses ordinaires. Dans des
cas très rares, quelques médecins en ont noté de plus sérieux: chez un enfant
âgé de quatre ans, qui avait pris le double de la dose prescrite, le docteur
Spengler observa des vomissements, des coliques, des syncopes, de la dys-
pnée, des sueurs froides, etc. La chaleur appliquée à l'extérieur, du lait, de
l'eau de Seltz furent les moyens de traitement; après une nuit très agitée, le
petit malade entra en convalescence (1).
La sanlonine produit sur la vue et sur les urines des effets particuliers,
qui ont été signalés par plusieurs médecins. Ces effets qui se produisent
presque toujours lorsque le médicament est administré à forte dose, consis-
tent, pour la vue, en une coloration jaune ou verte des objets, et pour les
urines, dans la couleur jaune qu'elles acquièrent.
L'effet produit sur la vue a quelquefois été observé chez les malades qui
faisaient usage de semen-contra ; mais il se produit incomparablement plus
souvent avec la santonine. Le docteur Schmidt a publié deux cas où les ma-
lades voyaient les objets colorés en vert; le docteur Martini, qui a fait une
étude particulière de cet effet de la santonine, a signalé quelques variations
dans les phénomènes. Dans la plupart des cas, les objets sont vus colorés en
jaune-paille; ils le sont quelquefois en vert intense, quelquefois en bleu. La
perception de ces colorations n'est pas permanente, elle cesse et revient par
instants ; la différence des doses la fait aussi parfois varier : un malade qui
voyait les objets colorés en jaune, les vit, avec une dose double, colorés en
rouge, puis en orangé (2).
Les urines qui acquièrent une couleur citron ou orangé, ne doivent pas
celte coloration à la matière colorante de la bile, d'après les recherches du doc-
teur Zimmermann (3). Ce médecin a supposé que l'effet produit sur la vue
lient à la couleur jaune qu'acquerrait le sérum du sang ; le docteur Martini
l'explique par un état nerveux particulier de la rétine.
La santonine possède une propriété anthelminthique très sûre et très
prompte contre l'ascaride lombricoïde ; le docteur Spencer Wells lui attribuo
encore une action contre le ténia (4) ; mais celte assertion est infirmée par
les recherches du docteur Baylet : « J'ai reconnu, nous écrit ce médecin, que
(1) Bull, de thérapeutique, 1851, t. XLI, p. 183.
(2) Martini, Comptes rendus Acad. des sciences, séance du 9 août 1858.
(3) Zimmermann de Hamm, Deutsche Klinik, 1853, et Gaz. méd., Paris,
27 mai 1854.
(4) Un mot sur les propr. vermif. de la sanlonine et son mode de préparation
(London med. Gaz., 1848, et Bull, dethérap., 1848, t. XXXV, p. 140).
800 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION.
la santonine n'a aucune efficacité contre le ténia, ni contre les oxyures vermi-
culaires; son efficacité n'est évidente que contre l'ascaride lombricoïde; conlro
cet tnlozoaire, elle réussit toujours, et d'une manière complète. Jo signalerai,
entre autres, le cas dont j'ai été témoin, d'un mulâtre âgé de douze ans, au-
quel le docteur Pereira Goulart administra la santonine ; en sept jours, cet
enfant rendit 9 40 lombrics. »
Y. — Saoria.
Le saoria (sauarja) est le fruit mûr et desséché du maesa picla. D'après
M. Schimper (gouverneur à Adoa),on le trouve dans toute l'Abyssinie, à une
hauteur de 7000 à 9000 pieds.
« Ces fruits, rapporte M. Schimper, frais ou desséchés, sont le meilleur et
lepfiis sûr ténifuge; leur dose, à l'état dedessiccation, est de 32 à 44 grammes.
On les réduit en poudre que l'on administre dans une purée de lentilles ou
dans de la bouillie de farine. Ce médicament détermine des purgations, lue et
expulse le ver en entier, et n'exerce que peu d'influence sur la santé, ce qui
n'a pas lieu pour le cousso ; ce dernier ne lue le ténia que rarement et ne
l'évacué qu'en partie, quoique ce soit la presque totalité. Le cousso n'est pas
répandu partout, le saoria existe dans toutes les parties de l'Abyssinie, à la
hauteur indiquée, et pourrait probablement être cultivé en Europe et y devenir
indigène (1). »
Par les soins de M. Hepp, le saoria a été administré à Strasbourg par plu-
sieurs médecins à des malades atteints du ténia. Sur huit cas dans lesquels
l'existence du ténia était bien constatée, huit fois ce ver a été expulsé, mais
dans aucun la tête n'a été trouvée.
Les effets de l'ingestion du saoria se bornent, en général, à des nausées, à
quelques coliques et à une pnrgation modérée, jamais suivie de diarrhée ;
quelquefois ces symptômes manquent. Très rarement on a à constater des
accidents un peu sérieux tels qu'un malaise général, la petitesse du pouls, les
douleurs vives de l'estomac et du pharynx.
Le saoria exerce une action spéciale sur l'urine; il la colore en violet, sans
apporter de changement dans la quantité de ce liquide.
M. Strohl donne les conclusions suivantes : « Le saoria est un ténifuge
plus sûr que nos ténifuges indigènes. Son action est douce, rarement accom-
pagnée d'effets désagréables et il n'est pas difficile à avaler. On peut l'admi-
nistrer sans crainte et facilement aux petits enfants, aux femmes et en gé-
néral aux personnes à constitution détériorée et à tube digestif affaibli. Le
temps seul pourra prononcer si son action est radicale ou simplement pallia-
tive. »
(I) Sthrohl, Des principaux ténifuges actuellement employés, et de deux nou-
veaux médicaments de ce genre importés d'Abyssinie, le saoria et le talsé (il/em. lu
à la Soc. de méd. de Strasbourg, le 6 avril 1854). Gaz, méd., Paris, 1854, p. 405.
— Reprod. dans Bull, thérap., t. XLVII.
SUPPLÉMBNT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'LNTESTIN. 807
M. Kiichenmeisler a essayé deux fois ce médicament : dans un cas sans
: ésultal aucun, la malade n'avait peut-être pas de ténia ; dans un autre cas,
des fragments furent expulsés, mais non la tête; cependant le malade parut
guéri de son ver. Le docteur Zurn administra aussi le musenna à deux ma-
lades, une fois avec succès, une fois sans résultat (1).
Z. — Seme.\'-co>"tra.
Le semen-contra, ou sementine, a été préconisé par les médecins arabes ; il
est resté en usage depuis leur époque. Mélangé aux semences de tanaisie,
d'aurone et de santoline, il constitue un médicament vermifuge connu sous
le nom de barboline.
On le donne en poudre, à la dose de 2 à 8 grammes, incorporé dans du
miel, dans un sirop, ou dans du pain d'épice. L'infusion, ayant un goût fort
désagréable, n'est pas usitée.
Le semen-contra est un bon médicament contre les lombrics; il agit aussi
contre les oxyures. Le docteur Marchand le regarde comme un remède curatif
de ces parasites, lorsqu'il est administré d'après la méthode suivante :
Prendre chaque jour, dans de l'eau, trois cuillerées à café de semen-contra fraî-
chement pulvérisé.
Extrait d'opium, q. s. pour amener une légère constipation. Régime animalisé.
Durée du traitement : dix à douze jours (2).
Le semen-contra a donné lieu quelquefois à des phénomènes semblables à
ceux dont nous avons parlé à propos de la santonine; le docteur Wittcke rap-
porte que tous les membres d'une famille composée du père, de la mère et de
plusieurs enfants adultes, prirent le même jour, dans le but de se débarrasser
des vers, une dose de semen-contra remarquable par sa belle couleur verte.
« Outre l'évacuation de nombreux vers intestinaux, le remède produisit le
phénomène de changer pour chaque membre de celte famille le rouge en
orangé et le bleu en vert, effet qui cessa dès le lendemain (3). »
AA. — Spigélie.
La spigélie anlhelminîhique était vulgairement usitée, et de temps immé-
morial, au Brésil, où elle portait le nom de Yerba de lombrices. Le docteur
Browne en obtint le secret des Américains (1748) et en fit un grand éloge
dans son Histoire de la Jamaïque. Le docteur Linning, médecin à Charles-
lown, préconisa de son côté la spilégie de Maryland, dont il avait reçu le
secret des sauvages, en 4 7o4.
(1) Kûchenmeister, ouv. cit. trad., p. 154.
(2) Docteur Marchand de Sainte-Fois, Reme de thérap. médico-chirur., 1SS7,
p. 347.
(3) Med, seitung d, f. U. in Preusse, et Gazette des hôpitaux, p. 547, 1S56.
808 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION.
On donne la poudre des feuilles ou de In racine il la «losc de 0:;r,30 pour 1rs
enfants,; en infusion à la dose de 2 grammes.
La spigélie a été souvent proscrite dans le siècle dernier : Bergius, Dahlberg,
Brocklesby, Wliylt en ont fait usage. Van Swietcn proscrivit ce médicament
comme très dangereux; il [est aujourd'hui complètement abandonné (1). La
spigélie de Maryland est moins vénéneuse que la spigélie anlbelminthique et
devrait lui être préférée.
BB. — Tanaisiiî.
La lanaisie, la santoline, l'absinthe, l'armoise jouissent de propriélés
anthelmintliiques, principalement contre les lombrics et les oxyures; l'infu-
sion ou la décoclion de ces plantes, prise en lavement, peut être surtout
utile contre ces derniers vers. On se servirait peut-être avec avantage chez
les petits enfants et chez quelques malades qui ne pourraient prendre les an-
thelmintliiques à l'intérieur, de bains d'une infusion de ces plantes, ou de leurs
feuilles en cataplasmes sur le ventre.
CC. — Tatzé.
» Les fruits appelés latzé, zareh, sont produits par un arbuste de la
famille des myrsinées, le myrsina africana, L. Cette plante se trouve en
Abyssinie, sur les roches humides du cap de Bonne-Espérance, aux îles
Açores, en Algérie et dans d'autres parties de l'Afrique. D'après M. Schimper,
on la rencontre en Abyssinie à une hauteur de 9000 pieds
« M. Schimper dit que ces fruits frais ou secs sont un ténifuge puissant. La
dose ordinaire des fruits secs est de \ 5 grammes, tout au plus 24 grammes,
réduits en poudre et délayés dans de l'eau. La dernière dose ne doit être
donnée qu'à des personnes de constitution robuste. Cette plante est plus
répandue que la précédente (saoria) ; on pourrait en avoir de grandes quan-
tités presque dans toute saison, et elle s'acclimaterait probablement en Eu-
rope (2). »
Le tatzé a été administré à Strasbourg par différents médecins. D'après le
résumé de six observations, M. Strohl conclut que le tatzé est pris avec plus
de répugnance que le saoria, sa saveur étant plus acre et plus persistante. Il a
produit quelquefois des vomissements, jamais de coliques, une seule fois du
malaise et de la céphalalgie sans gravité. Dans tous les cas le ténia a été expulsé.
DD. — Térébenthine.
« Le peuple, dit Bosen, se délivre du ténia dans Bicerneborg avec l'huile de
térébenthine à forte dose (3). »
(1) Browne, Genl. magaz. for. 1731, p. 5i4 (H. Cloquet). — Linning, Estays
and observ. of Edinb. vol. I, p. 43G (Cloquet). — Linné, Amœn. acad., vol. V,
p. 133. — Rosen, ouvr. cit., p. 410. — Van Swieten, ouvr. cit., t. IV, p. 656. —
Gilibert, Journ. gcn. deméd., 17C8, t. LXXV, p. 338.
(2) Strohl, Mém. cit., p. 427.
(3) Rosen, ouvr. cit., p. 431.
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE 1,'lNTESTlN. 809
En 1804, un matelot anglais atteint du ténia, pensant se soulager de ses
maux, imagina de prendre en une seule fois, 30 grammes d'essence ds téré-
benthine; deux heures après, il rendit son ver entier et mort, sans é prouver
aucun inconvénient du remède(l). J. Hall, témoin de la cure et atteint du même
mal, suivit cet exemple et fut promptemenl débarrassé de son ténia ; il admi-
nistra ensuite avec succès la térébenthine à cinq autres personnes. Le doc-
teur Fenwick (de Durham) ayant appris les guérisons opérées par ce médica-
ment, l'administra avec le même succès à plusieurs malades et fit part do
ses observations, en 1809, à Matth. Baillie, président de la Société médico-
chirurgicale de Londres. Un grand nombre de médecins anglais, plusieurs
médecins de Genève essayèrent le nouveau médicament avec des succès di-
vers, mais généralement favorables. Ce remède est encore aujourd'hui
usité en Angleterre, et regardé comme l'un des meilleurs anthelminthi-
ques.
Mode d'administration.
L'huile essentielle de térébenthine s'administre à la dose de 15 à 90 grammes,
mais plus généralement à la dose de 30 à 60 grammes, prise en une ou deux fois.
On la donne pure ou dans quantité égale d'huile d'amandes douces ou d'huile
de noix.
Beaucoup de malades, à la suite de l'ingestion de ce médicament, ne ressen-
tent point de mauvais effets ; mais quelques-uns éprouvent une sensation dés-
agréable de chaleur à l'estomac, une sorte d'ivresse, des vertiges, etc.;
quelquefois le médicament est vomi ; dans aucun cas on n'a noté des acci-
dents sérieux. Généralement le ténia est rendu, au bout d'un temps très court,
après une ou plusieurs selles; il est presque toujours mort, pelotonné et muni
de sa portion cervicale filiforme. Rarement on retrouve la tête, néanmoins,
dans la plupart des cas, la guérison est radicale. Ce remède paraît expulser
aussi bien le bothriocéphale que le ténia.
D'après un relevé de M. Bayle, sur 89 cas de vers cestoïdes traités par
l'essence de térébenthine, il y a eu 77 cas de guérison, 8 cas d'amélioration,
4 cas d'insuccès (2).
L'essence de térébenthine est également efficace contre l'ascaride lombri-
coïde, et, administrée en lavements, contre les oxyures.
Malgré l'efficacité remarquable de ce remède, on y a généralement re-
(1) Ce matelot, auquel on rapporte l'origine de l'usage de la térébenthine contre
le ténia, avait, dit-on, l'habitude de se soulager de ses maux en buvant de l'esprit
de genièvre. Un jour, il lui vint à l'idée d'essayer dans le même but l'essence de
térébenthine. Lorsque ce matelot eut celte idée, il était en croisière dans la mer
Baltique; n'est-il pas plus probable que cette idée lui a été communiquée par les
habitants de la côte voisine, où Rosen nous apprend que la térébeuthine était en
usage contre le ténia.
(2) J. Bayle, Travaux thérap. sur l'huile de térébenthine ; dans Biblioth. de
thérapeutique, t. IV, p. 535.
810 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION,
nonce sur lo continent, a cause do son goût détestable, et peut-être parco
qu'il y est moins bien supporté qu'en Angleterre; onfin parce quo l'on pos>
sède d'autres vermifuges aussi bons et moins désagréables,
Travaux sur la propriété antuf.lmintiiique dis la térébenthine.
Fcnwick, Transaot. of the medico-chir. soc. of London, t. II, 1813. — Cura
"[ lœnia by oil of lurpentine; in Edinb. mod. surg. Journ., vol. VI, p. 253.
J. Laird, Case of lœnia cured by oil of lurpentine ; in Edinb. med. sur g. Journ.,
vol. VI, p. 37G.
Th. Bateman, Reports cit., p. 136, 116, 223, 238; et Edinb. med. surg. Jour».,
vol. VU et IX.
R. Hartle, Cases of lœnia cured by spiritus (erebinthinœ ; in Edinb. med. surg.
Journ., vol. XI, p. 299; vol. XIV, p. 481.
J. Clarke, Edinb. med. surg. Journ., vol. VIII, p. 218.
Marcet, Aubert, Butini, Peschier, Maunoir, Biblioth, de Genève, t. LXX, p. 245,
1815. (Bayle.)
Lettsom, Hancock, l'othergill, Birbeck, Saner, in Transacl. ofthe medico-chirurg.
Soc. of London, t. I; Extrait et trad. par L. Macartan, Journ. gén. de méd. de
Sédillot, t. L, p. 426, 1814.
Cross, Observ. et rapport par Chaumeton ; Journ. Corvisart, Leroux, etc.,
t. XXXV, p. 147, 1816, cl Biblioth. méd. cit., t. LU, p. 225.
Marc, Journ. Corvisart, loc. cit. et Biblioth. méd. cit., p. 229.
Anonyme, The London Repository, 1816, t. V.
Rob. Kuox, On the lœnia solium, etc., Edinb. med. surg. Journ., vol. XVII,
p. 384.
Wm Gibney, On the employ. of oil of lurpentine in Worms; in Edinb. med. surg.
Journ., vol. XVIII, p. 358.
Ozanu, Journ. d'Hufeland, sept. 1816. (Bayle.)
Kennedy, London med. Reposit., 1823, p/126 et Archiv, gén, de méd., t. III,
p. 608.
Mératet Delens, Dict. de thérap., art. Térébenthine.
Merk, mém. cil.
Article III. — Remèdes.
Un grand nombre de remèdes, composés de substances anthelminthiques
ou drastiques, ont joui pondant un certain temps ou jouissent encore d'une
répulation plus ou moins justifiée ; beaucoup de ces remèdes tels que la poudre
d'Amatus Lusitanus, celle de Simon Paul, de Nicolas Andry, de Jonston,
l'essence de Scharff, l'huile abacuch (1), etc. , ont été successivement dépos-
sédés par d'autres, et sont tombés dans l'oubli. La plupart de ceux qui sont
connus aujourd'hui ne méritent pas, sans doute, de leur survivre.
Plusieurs des mélhodes de traitement que nous avons mentionnées à propos
de l'étain, de la fougère, etc., auraient pu, vu l'adjonction d'un grand nombre
de médicaments, être rapportées ici comme remèdes.
(l) Voyez Leclerc, ouvr. cit., p. 416 et suiv.
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VMS DE LTNTESTIN. 811
Les médicaments simples dont l'efficacité est reconnue, et dont le nombre
augmente chaque jour, feront sans doute disparaître de la pratique médicale
ces méthodes compliquées de traitement, et les remèdes composés qui ont
joui naguère ou qui jouissent encore d'une certaine réputation.
A. — Remède de Chabert.
ïfi. Huile empyreumatique de coruc de bœuf ou de cerf. 500 grammes.
Essence de térébenthine 1500 —
Mêlez et laissez en digestion pendant trois jours, puis distillez au bain de sable
dans une cornue de verre pour retirer les trois quarts du mélange (1).
L'huile empyreumatique de Chabert est un excellent anthelminthique. Elle
chasse tous les vers du canal intestinal et peut-être agirait-elle encore sur
ceux des autres organes, comme le fait l'asa fœtida ; on possède du moins un
exemple de distomes hépatiques, chez une jeune fille, expulsés au moyen de
ce médicament, et d'un autre côté l'on sait que le lait des animaux auxquels
on l'administre acquiert une saveur désagréable, saveur qui se communique
sans doute aux autres sécrétions.
Bremser prescrivait l'huile empyreumatique contre le ténia chez l'homme,
à la dose de deux cuillerées à café, deux fois par jour. Après dix à douze
jours, il purgeait le malade, et si le ténia n'était pas chassé, il revenait à
l'usage de l'huile empyreumatique.
Par ce moyen le ténia est tué et s'en va en détritus, dit Bremser ; on a
quelquefois de la peine à le reconnaître dans les garderobes. Cet auteur affirme
avoir traité par ce médicament plus de cinq cents personnes des deux sexes
et de différents âges ; quatre seulement éprouvèrent une récidive de leur
ténia (2).
Le goût détestable et l'odeur persistante de ce médicament ont fait aban-
donner son usage chez l'homme.
Voici de quelle manière Chabert donnait l'huile empyreumatique aux ani-
maux chez lesquels c'est encore le vermifuge le plus généralement employé :
« Si vous soupçonnez des vers dans un cheval, de quelque espèce qu'il
soit, mettez-le à la diète pour laisser vider son estomac et ses intestins, et
faciliter l'action du remède; abreuvez-le souvent; donnez-lui peu de foin et
d'avoine, point do son, car cet aliment favorise l'évolution des vers, ainsi
que nous l'avons observé. Donnez quelques lavements d'eau chaude, et faites
prendre, deux ou trois jours après ce régime, l'huile empyreumatique à la
dose de quatre gros (16 grammes) pour un bidet, d'une once (32 grammes)
pour un cheval de moyenne taille, et d'une once et demie à deux onces pour
le cheval de la plus forte espèce (45 à 60 grammes), donnez ce médicament
(1) Chabert, ouvr. cit., lrcédit., art. XLI1I, p. 114.
(2) Bremser, ouvr, cit., p. 486,
S 1 2 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION,
le malin, l'animal riant à jeun et n'ayant pas on à souper ta veille. Vous
étendrez cette huile dans uno cornée d'infusion de sarriette (1), et agiterez
fortement ces deux liqueurs pour quelemélangc soit exact; vous ferez prendre
deux ou trois cornées de cetlo infusion par-dessus pour rincer la bouche do
cet animal. Vous le laisserez sans manger un espace do quatre à cinq heures,
et no lui donnerez sa ration d'avoino, ou de foin ou de paille, qu'après qu'il
aura rendu le lavement d'eau miellée que vous lui aurez administré trois
heures après avoir pris l'huile empyreumatique; si lo lavement restait sans
effet, administrez en un second et même un troisième.
» Répétez ce traitement avec les mômes précautions neuf à dix jours de
suite, remettez alors les animaux à la nourriture et au travail ordinaires, car
il est bon de les laisser reposer pendant ce traitement ; si néanmoins vous ne
pouvez vous dispenser de les faire travailler, employez-les, mais observez
une diète moins sévère, et continuez plus longtemps l'usage du remède.
b II est des chevaux qui se refusent à l'administration de tous breuvages
quelconques ; ils se gendarment, se fatiguent et se tourmentent plus ou
moins cruellement; la contrainte, en pareil cas, pour leur faire prendre le
liquide, est presque toujours suivie de danger, le breuvage passe dans la
trachée-artère, les fait tousser et les suffoque ; il faut, à l'égard de ces ani-
maux, leur incorporer l'huile empyreumatique avec du son ou des poudres
de plantes amères, et la leur faire prendre, sous forme d'opiat, par le moyen
d'une spatule de bois; nous l'avons donnée ainsi avec succès à des chevaux
de ce caractère, étant amalgamée avec la poudre d'aulnée.
» Observez le même soin pour le mulet et l'âne; la dose, pour celui-ci, sera
de trois gros (12 grammes) pour ceux de la forte espèce, de deux gros
(8 grammes) pour ceux de la moyenne, et d'un gros (4 grammes) pour les
petits; celle des mulets est la même que pour les chevaux.
» Quant aux poulains à la mamelle, on ne leur en donnera qu'un demi-gros
(2 grammes), même cinquante à soixante gouttes, étendues toujours dans une
cornée d'infusion de sarriette ; on leur continuera jusqu'à ce qu'ils ne rendent
plus de vers et qu'ils aient donné des signes de rétablissement; il sera bon
encore d'en faire prendre aux mères , pourvu toutefois que cette huile n'allère
pas le goût du lait, ce qui pourrait dégoûter le petit ; aussi fera-t-on bien de
commencer par traiter le jeune sujet, et de ne l'administrer à la mère que
lorsque sa production sera rétablie. Le jeune animal peut plus aisément alors
supporter la diète qui ne peut être longue, le goût naturel du lait pouvant
être rétabli le troisième jour après l'administration du remède. La dose pour
les poulains de trois ans, sera de trois gros (12 grammes), on pourra même
leur en donner quatre à cinq gros (16 à 20 grammes) s'ils sont de la forte
espèce; cette huile leur sera administrée le matin, trois ou quatre heures
avant de les mettre dans les pâturages.
(1) Au défaut de sarriette, on peut se servir de thym, d'hysope, de serpolet ou
autre plante aromatique, mais la sarriette doit toujours être préférée lorsqu'il sera
possible de s'en procurer.
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'iNTESTIN. 813
» Nous observerons, au surplus, qu'on ne doit pas révoquer en doute l'ef-
flcacilé du remède dans le cas où il ne ferait sortir aucun ver du corps des
animaux; nous nous sommes assuré, par [des expériences réitérées, que les
vers qu'il tuait étaient très souvent digérés ; on ne doit juger de l'effet de cet
anthelminthique que par le rétablissement de l'animal, et non par la cessation
de l'émission par l'anus.
i> Les veaux seront traités do la même manière et auront même dose.
» Les cochons auront une dose un peu plus forte, à moins qu'ils ne soient
très jeunes.
» Les bœufs et les vaches peuvent avoir des doses plus fortes que les che-
vaux, on leur en donnera quelques gros de plus, dans les proportions que
nous avons indiquées pour ces premiers animaux.
» La dose de cette huile pour les moulons est d'un demi-gros (2 grammes)
pour les forts, et de cinquante à cinquante-cinq gouttes pour les autres; il est
bon aussi de l'étendre dans l'infusion de sarriette.
» Les chiens étant en général très irritables, sont do tous les animaux ceux
qui exigent le plus de précautions dans l'emploi de ce remède. Leur taille
variant à l'infini suivant leurs différentes espèces, on sent que la dose doit
varier de même : on peut la donner depuis un gros (4 grammes) jusqu'à deux
grains (0sr10), toujours dans l'infusion de sarriette; au surplus, il vaut
mieux avoir. à augmenter la dose que de la donner trop forte; moins elle le
sera, plus il faudra continuer longtemps, en l'augmentant peu à peu suivant
la lenteur de ses effets.
o Une autre attention à avoir est le tempérament des animaux ; plus ils
sont fins, vifs, irritables, plus les doses doivent être ménagées et éloignées
les unes des autres, suivant que l'effet du remède sera tumultueux ; précau-
tions qui sont surtout essentielles dans les chevaux, poulains, pouliches et
dans les chiens ; toutes les fois que ce remède sera suivi de mouvements dés-
ordonnés et de convulsions, il importe d'en diminuer la dose et de l'éloi-
gner ('I). »
B. — Remède de Clossius.
Administrer 4 grammes de térébenthine pour s'assurer de la présence du ver par
la sortie de cucurbitins : dans ce cas, nourrir le malade pendant un mois avec du
poisson salé, du fromage, du jambon, etc.; lui faire boire plus de vin que d'habi-
tude; donner pendant plusieurs jours, le soir Os1', 03 d'opium, précédé d'une poudre
composée de mercure doux, yeux d'écrevisse, de chaque, 0sr,60; spécifique cépha-
lique OS',30. Le malade doit souper légèrement, puis avaler 30 grammes d'huile
d'amandes douces.' Le lendemain malin, étant au lit, il prend une dose de la
poudre drastique suivante: gomme-gutte, iS',25; racine d'angéliquc, 0sr,-40;
chardon bénit, poudre épileptique, de chaque. lsr,30; mêlez et divisez en trois
paquets égaux. Elle cause deux ou trois vomissements et quelques selles que l'on
facilite avec du thé faible; si deux heures après il n'y a rien dans les excréments,
(I) Chabert, ouvr. cit., p. 168 à 175.
Sl'4 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D* ADMINISTRATION,
on l'ail prendre la seconde portion de la poudre, cl deux heures et demie après, la
troisièmo , s'il est besoin.
L'auteur assure que ce remède ne manque jamais de faire rendre le ver.
C. — Remède de Darbon.
On ignore quelle était la composition de ce remède; le possesseur est mort sans
avoir divulgué son secret. Ce remède jouissait contre le ténia d'une efficacité réelle
et il était facilement supporté par le malade (1); Mérat a pensé qu'il n'était autre
ebose que la racin« de grenadier.
D. — Remède des demoiselles Garbili.on.
'#. Semen-contra eu poudre 120 grammes.
Aloès eu poudre 15 —
Pignons d'Iude en poudre 8 —
Mêlez exactement.
Dose 1 à 4 grammes le soir et le malin, immédiatement avant la soupe, en bol
ou délayé dans un peu d'eau.
Remède très usité àChambéry, contre les lombrics (2).
E. — Remède de Richard de Hadtesierck.
Le malade prend en une fois, et le réitère tous les buit jours, les deux bols sui-
vants : gomme-gutle, 0§l',50 ; coloquinte, OS1', 15 ; une amande amère; triturez et
mêlez avec suffisante quantité de sirop d'absinthe ; pour deux bols. Matin et soir,
les deux autres compositions suivantes : aloès, asa fœtida, de chaque, 30 grammes ;
sel d'absinthe, 15 grammes; huile de romarin, 2gr,40 ; faites avec q. s. d'élixir do
propriété, des bols du poids de 0sr,50. Boire par-dessus de la décoction de fougère
mâle. Dans la journée, on administre un opiat fait avec étain et mercure coulant,
de chaque 30 grammes ; ou fait liquéfier l'étain qu'on verse sur le mercure, et on
triture jusqu'à ce que ce dernier soit éteint ; on mêle cette poudre avec la conserve
d'absinthe.
F. — Remède de Meyer.
L'auteur veut tuer le ténia par le dégagement du gaz acide carbonique. On fait
prendre de 8 à 12 grammes de carbonate de magnésie en poudre, et aussitôt après
du tartrate acidulé de potasse; ce qui procure un dégagement considérable de gaz,
On prend ces sels d'heure en heure, par cuillerée à café.
6. — Remède de Ratier.
%. Sabine en poudre, 1 gramme; semences de rue, Os1', 75; mercure doux,
0Sr,50; huile essentielle de tauaisie, 12 gouttes; sirop de fleurs de pêcher, q. s.
Le malade doit eu prendre la moitié le matin, l'autre après flîner; il boira, après
chaque dose, un bon verre de vin dans lequel on aura fait macérer des noyaux
de pêche.
(1) Voy. Louis, mém. cit., et Expériences sur le remède de Darbon (Description
de l'apparence du remède et des phénomènes qu'il détermine), Archiv. de méd.,
t. V, p. 157, 1824.
(2) Bull, gén, de thérap., t. XLVIII, p. 168, 1855.
SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VEKS DE L'jNTESTJN. 815
II. — Remède de Storck.
%. Sulfate de soude, racine de valériaue, jalap, de chaque, 4 grammes; oxymcl
scillitique, 125 gramme?.
Incorporez les poudres au sirop, dont ou donne 1 5 grammes quatre fois par jour
aux adultes; 8 grammes aux enfants.
I. — Remède de Swaim.
%. Semencoutra,90 grammes; valériane, 45 grammes ; rhubarbe, 45 grammes ;
Spigélie, 45 grammes; agaric blanc, 30 grammes; essence de tanaisie, 2 grammes;
de girofle, 2 grammes.
Faites bouillir les cinq premières substances avec quantité suffisante d'eau pour
obtenir 3 kilogrammes de décodé; dissolvez les essences dans 1 kilogramme d'al-
cool; ajoutez au décodé et filtrez.
Remède très usité en Amérique (1).
K. — Remède de Weigel,
On fait dissoudre 15 à 30 grammes de sel de Glauber dans 1000 grammes d'eau
de fontaine et l'on en boit tous les soirs une tasse; le malade prend en outre, dans
la journée, trente gouttes de l'élixir vitriolique de Mynsicht, ou dix gouttes d'élixir
acide de Haller, dans une demi-tasse d'eau commune.
On continue ce traitement plusieurs mois, jusqu'à ce qu'on rende le ver.
(1) Bull, thérap., t. XXXIX, 1850, p. 5i3.
FIN.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
DES OUVRAGES, MÉMOIRES ET OBSERVATIONS CITÉS.
Cet index donne la page où se trouve l'indication bibliographique des ouvrages
ou mémoires cités. Il a pour but principal de faire arriver facilement le lecteur
au titre d'un travail qui n'est mentionné que par un loco citalo.
Lorsque le nom de l'auteur est suivi de plusieurs indications de page, chacune
correspond a un travail différent.
Abano (Pierre de), 42.
Abbadie (A. d'), 801.
Abercrombie, 1153.
Abildgaard, 40.
Acluarius, 40.
Adams, 772.
/Etius, 40.
Agatharchidas, 097.
Albrcchl (J.-P.), 281.
Aldrovandc, 9.
Alcssi, 738.
Alexandre, 300.
Alexandre de Tralles, 10.
Alghisi, 296.
Alibert, 409.
Alix, 778.
Allen, 365,
Alpin (P.), 314.
Alston (Charles), 778.
Amatus lusitanus. 145.
Ammon (von F.-A ), 733, 735.
Anciaux, 538, 701.
Anderson, 798.
Andral (G.), anat.path., 149.
— clinique, 409.
— trav. dlv., 57, 243, 688,
Andry (Nicolas), 45, 74, 754.
Antonucci, 182.
Aran, 596, 655.
Argenterius, 305.
Aristole, 39.
Arlaud, 285.
Arnauld de Villeneuve, 71.
Arnemann (Juslus), 770.
Arnulplius (Genlilis), 235.
Aronssohn (L.), 145.
Aronssolin (Paul), 153.
Arlhus(G.), 703.
Astley Cooper, 550.
Aslruc, 507.
Aubert (L.), 91.
Aubinais, 280.
Aulne, 414.
Aulagnier, 531.
Auvity, 297.
Avicenne, 41.
Axenfeld, 374.
Azara (D. Félix d'), 272.
n
Baglivi, 75.
Bailiie (M.), 5-27, 723.
Baillet ((.'..), xxxiv, lxxvi.
Bajon, 124, 700,780.
Ballant, 307.
Baldinger, 507.
Balfour (M. G.), 84.
Babnc, 498.
Baralle, 320.
Barnelt, 289.
Baron (John), 3G9.
Barré, 520.
Barder (F.-M.), 383.
Barry, 304.
Barth, 97, 652.
Barthez, 506, 53i.
Barthez cl Rilliet, 135.
Bartholin (Th.), 55, 305, 325
685.
Basset (CI.), 510.
Bassi, 770.
Bateman (Th.), 83, 810.
Bauhin (Gaspard), 327.
Bauhin (Jean), 267.
Baura, 632.
Baumes, 47, 53, 58, 189, 430,
563, 795.
Bayle, (A.-L.-J.), 794.
Bayle (G.-L.), 417.
Baylet, 804.
Beaugcndrc, 421.
Bcauvais, 523.
Beck, 790.
Becker, 498.
Bcckerus, 762.
Becquerel, 184, 652.
Bohrens, 803.
Bc'hoinmc, 006.
Bellacalus, 110.
Bellingham (O'B.), 35, 208.
Beneden(P.-J.van),xxrx, xxxiv,
xxxvir, 341.
Benivenius (Anl.), 78.
Bérard, 531.
Béraud,303, 63£.
Bérend (W.), 633.
Berge (de), 765.
Bernard (CI).), 374.
Bernard (Claude), 49, 203.
Dernier (l-'r.), 701.
Berllielot, 372.
Beillierand, 703.
Bcrtolus (Gabriel), XXIX.
Bianchi (J.-B.), 176.
Bidloo (Godefrid.), 250, 505.
Billiarz, 117, 210.
Binet, 795.
Birbeck, 810.
Bischoff, 073.
Bissel, 47.
Bisson, 755.
Blache, 652.
Blackburne, 529.
Blaes (Gérard), 276, 20 j.
Blainville (de), 178.
Blanchard (Em.), 24.
Blanchet, 196.
Blandin, 149.
Blancsubé, 786.
Blas Noscda, 272.
Blatin, 502,761.
Blegny (Nicolas), 326.
Blin, 654.
Blocb, 4.
Blommers (Samuel), 703.
Blondeau, 514.
Blot, 518.
Blumcnbach, 12, 78.
Ilobc-Moreau, 298.
Bocconi (S.-P.), 770.
Bodson, 379.
Boerliaavc (Herinann), 2G7.
Boinct(A.-A.), 570, 590, 599.
Boirel, 199.
Boili, 794.
Boivin, 511.
Bonamicus (Franc), 235.
Bonet(Th.), 112.
Bonfigli (S.), 528.
Bonfiîs, 159.
Bonnafox de Mallet, 030.
Bonnet (CI).), 74.
Bonnevault, 705.
Bonomo, 507.
Borchard, 555.
Borelli, 773.
Borellus (Petrus), 23C.
Borrichius (Olaus), 201. 300.
Bosch (J. Van ddn), 7C4.
Bosman (Cuill.), 703.
Boston, Catalogue du Musée, 87.
Boucliardal, 783, 784.
Boucher, 705.
Bouchot, 660.
Botidet, 545.
Boudgourd, 748.
Boucix (du), -126.
Bouillet, 126.
Bourdier, 790,
Bourgelal, 224.
Bourgeois, 54, 451, 453.
Bourgeoise, 794.
Bourges (D. de), 704.
Bourges, 427.
Bousquier, 326.
Bouvier, 434, 659.
Boyer, 552.
Bowdilch, 680.
Brachet, 534.
Brand (Paul), 427.
Brassavole, 422.
Brasseur, 97.
Brayer, 784.
Bremscr, Vers intest., 4.
— Jl/em.,354.
Brendel, 8.
Brera (T.-L.), Mêm., 80.
— Matai, verm-, 662.
Brelclitfeld, 97.
Breton, 747, 792.
Bretonneau(P.), 4 35.
Brewer, 783.
Briançon (P.-A.), 387.
Briclieleau, 58, 451.
Brigham, 294.
Briilouet, 502.
Brilman (A.-W.), 499.
Bristowe, 676.
Broderille, 396.
Brodie, 569.
Bioussais, 456.
Brown-Séquard, 258.
Browne, 808.
Bruce (James), 90, 784.
Bruce (Ninian), 704.
Brugnon, 614.
Brun, 523.
Bruneau, 444.
Brunet, 783.
Brunner (Conrad), 651.
Buchanan, 792.
Buchholz, 251.
Budd (George), 6, 403.
Budd (Samuel), 99.
Buniva, 774.
Buona-Parle, 158.
Burdach 417.
Bureaud Riofrey, 684.
Burt (Adam), 792.
Busk, 254.
Bussemaker, 622.
Butiui, 840.
INDEX BinOOfiBAMlIOtË.
C
Cahallaria, 197.
Cadet de Cassicourl, 447.
CKsalpinus (Andréas), 268.
Calle (Louis de la), 740.
Calmcil, 647, 659, 668.
Calvert-Holland (G.), 433.
Camerarius (Joach.), 351.
Campenon, 122.
Camper, 6, 27.
Canton (Echvin), 033.
Carlisle, 84 .
Caron (Ed.), 64 5,
Canère, 654, 665.
Carswell, 257, 404.
Carteaux, T61.
Cartwright, 648.
Casini, 505.
Caspeer, 99.
Cassan, 400.
Castro Torreira, 202.
Caton (le Censeur), 792.
Cayol, 441.
Cazeaux, 653.
Cazin, 784.
Celse(A.-C.),39.
Cezilly, 701.
Chabert, 23, 633.
Chaignaud, 750.
Chailly, 496.
Chambert, 485.
Chapolin (Cb.), 87, 702.
Cliarcellay, 137, 468.
Charcot, 363, 304, 395, 474
510.
Chardin, 704.
Charvot, 554.
Chassaignac, 4 54, 597.
Chaussai (J.-B.), 14, 35, 695.
Chaussier, 408, 07u.
Chaulel (Victor), 83.
Chaumeton, 810.
Chiaje (Délie), 4 '54.
Chisholm, 741.
Choisy, 655.
Cliomel, 494, 499, 654.
Chopart, 298.
Clamorgan (Jean de), 266.
Claparède (Ed.), lx.
Clarck (R.), 703.
Clark (Peter), 300.
Clarke (S.), 840.
Claudinus, 296.
Claudius, 498.
Clelland (John M'), 707.
Clémot, 438.
Cleyer (André), 490.
Cloquet (II.), 256.
Cloquel (J.), 480.
Clôt (Bey), 70?.
Cneulinus, 498.
Cockson (Th.), 701.
Cœlius Aurelianus, 40,
Cuelsem (Van), 785.
Colin, 24,
817
Collet, 440.
Collcl-Meyret (G.-F.-ll.), 209.
Columelle, 223.
Combessis, 436.
Congiossi, 770.
Consolin, 54.
Cooper (de Greenwich), 208.
Coopcr, voy. Aslley.
Coppola, 200.
Costes, 783.
Cotugno, 4 54.
Coulet (Steph.), 78.
Coulson (William), 555.
Courbon-Pérusel, 00.
Courlen, 689.
Cousin, 306.
Covillard (J.), 300.
Cromer, 702.
Crommelinck, 54.
Cross, 81 0.
Cruveilhier (J.), Anat. path.,
305.
— Art. Acéph., 375.
— Trav. div., xci, 422, 669.
Cullerier, 552.
Cimier, 632.
Curling (T.-B.), 292, 682.
Curtius (Barlh.j, 770.
Cuvier, 288.
Dampier (Guillaume), 700.
Danet, 209.
Daquin, 425.
Darbon, 116, 844.
Darelius, 42.
Daremberg, 622.
Darlue, 765.
Darwin, 54.
Daubenton, 34.
Daulioulle, 59.
Davaine (Casimir), IV, lxv, 30,
52,64,261,356, 364, 634,
660, 664.
David, 410.
Davis, 529.
Dazille, 424.
Debouis, 587.
Debry, 108.
Decieux, 502.
Defrance, 543.
Degland (C.-D.), LXXXVI.
Degner, 765.
Déguillème, 749.
Debenne, 765.
Delacroix, 58.
Dclafond (0.), 29, 243, 342,
608.
Dclaroque, 58.
Delasiauvo, 786.
De Lille, 4 1 .
Delius, 54.
Delvaux, ^ 03,
Demarquav, 547, 571, 604,
630.
m
818
Denarié, 202.
Desoplt (P.), 770.
Dos.mll (P.-Jos.), 528.
Desbois (de Rochefort), 800.
Ueslandes (L.), 89, 793, 71)4.
Despallens, 28.
Destrelz, 19G.
Devers, 442.
Dczeimeris (,I.-E.), 550.
Didry, 246.
Dicsing (Car. Maur.), 9.
Dionis (Charles), 75.
Dionis des Carrières, 320.
Dinscoriiles (Ped.), 40.
Dodarl, 351.
Doebelius, 022.
Doeveren (Van), 45.
Dolheaii (F.), 436, 481.
Dolœus (J.-Dan.), 8, 089.
Donatus (Marcellus), 58.
Donné (Al.), 756.
Doubleday, 429.
Dourlen,163.
Dozy, 96.
Drelincourt (Cb ), 273.
Drelincourt, 58,
Drewry-OUley, 661.
Duben (G. de), 186.
Dubini, 117.
Dubois, 704.
Dubois (A.), 547.
Dubois (P.), 511, 671.
Duchateau, 279.
Ducliaussoy, 497.
Dufau, 54.
Duhaume, 90.
Dujardin (Félix), XL, 5.
Dumas (de Montpellier), 779.
Duméril, 24, 299.
Dumont-Pallier, 576.
Dumoulin (A.), 671.
Duncan, 430.
Dunean (d'Edimbourg), 527.
Duncan (de Liverpool?), 534.
Dunus (Thaddseus), 72.
Du Périer, 58.
Duplay, 487, 495, 660.
Dupont, 505.
Dupuis, 138.
Dupuy, 370,618, 668.
Dupuytren ,394, 410, 550, 655
Duret, 205.
Dusaulsay (Nicolais), 765.
Duval, 317.
Duverney, 328.
Dyer (R.), 802.
Ebermaier, 60.
Ecker, 309.
Ehrard, 59.
Ercolani, 683, 773.
Erdmann, 82.
Escalier, 97.
Escarraguel (A.-P.), 552.
1NDKX niliT.lOflRAPllIQUK.
Eschhob, 9.
Eschricbt, xxxjy, Kilt,
Esquirol, 53, 441, 660.
Estevenet, 161.
Estienne (Charles), .267.
Esllin, 632.
Etlniuller, 400, 507.
Evans (R.), 400.
Evans (J.-J.), 533.
Faber (P.-J.), 770.
Fabricius ab Aquapendenlc (H)
9, 328.
Fabricius (Otto), 023.
Fages, 201.
Faîloord, 499, 500.
Fallot, 57.
Farcy, 287.
Farradesche-Chaurasse (J.-B.),
546.
Farre (Arthur), 082.
Faton, 651.
Fauconneau Pufresne, 160.
Fenwick, 810.
Ferg, 714.
Fcrmin (P.), 700.
Fermon (De), 794.
Fernel, 305.
Ferrall, 629.
Ferrari, 703.
Ferret, 90.
Ferrus, 53.
Fiaux, 448.
Ficipio, 701.
Fiévet (J.-C), 70.
Finck (Henri), 260.
Fischer (Eug.), 29.
Fischer (J.-L.), 062.
Fleckes, 535.
Florentin (Nicolas), 198.
Florman (A.-H.), 34, 633,
665.
Foès, 39.
Follin, 634.
Fontaneilles, 163.
Foreslus(Petrus),198, 764.
Forget, 96, 169, 655.
Fortassin (H). 89.
Fothergill, 810.
Foucart, 439.
Fouquier (L.), 418, 431, 439.
Fourreau de Beauregard, 53.
Fox (Charles), 320.
Frank (Fr.), 270.
Frank (Joseph), 700.
Frank (P.), 98.
Frédault, 661..
Fréteau, 416.
Frey, 318.
Fricke, 558.
Frisch (J.-H.), 230.
Frœlich, 230.
Fromage de Feugré, 638.
| Frommann (Joh.), 9, 237.
Gabucinua (llieronymus), 45,
235.
Gairdner, 074.
Galien, 40, 44.
Galinier, 90.
Gallandat, 703.
Gand, 724.
Gandolphe, 99.
Garbillon, 814.
Garmann(Ch. Fr.), 203.
Gaube, 59.
Gaultier de Claubry père, 183.
Gauthier de Lapeyronie, 383.
Geischlâger, 81.
Gemma (Cornélius), 235.
Gendrin, 055.
Gentilis, 305.
Geoffroy (Etienne-François), 7 54.
Geoffroy, 410.
Gerlach, 034. *
Géron, 306.
Gervais, 341, 618, 630.
Gescheidt, lxxiv.
Gibb, 747.
Gibney (W.), 810.
Giesker, 318.
Gilihert, 507,808.
Girard, 202, 618.
Girardin, 53.
Giraudy, 53.
Girone (Diego), 199.
Giron de Buzaraingue, 638,
641.
Giscaro, 58.
Gmelin (F.), 155.
Godine, 287.
Goeze (J.-A.-E.), 55,623,644.
Gohier (J.-B.), 28.
Goiffon, 770.
Gomez, 792.
Goocb, 430.
Gordon (Bernard), 43.
Goubaux, 618.
Godot, 173.
Goupil, 670.
Goyrand, 537, 566.
Grafe (fds), 741.
Grœfe (père), 760.
Grahl, 790.
Gregor (James M.), 704.
Gregory (G.), 650.
Greilies, 747.
Grève (Bern. Ant.), 24, 748.
Griesinger, 117, 404.
Grimaud, 794.
Gros (de Moscou), 311.
Gros, 448.
Grofius (Hugo), 280.
Gruby, 342.
Guastamachia (G.), 203.
Guattani, 508.
Gubler (A.), 266.
Guénot, 701.
Guérard, 652,
Guérault (H.), 382.
Guersantpère, 161 .
Guesnard, 562.
Gnidetli, 79.
Guidi Guido, 304.
Gmllemin (V.), 503.
Gurlt (E.-F.), 753.
Gulhrie, 538.
Guy Patin, 325.
Guyon, 703, 721.
Guyot, 751.
Haberslion, 407.
Haen (de), 101.
Hagendorn (Eh.), 304.
Hake, 257.
Haller, 148.
Halma-Grand, 139.
Hamel(Du), 351.
Hamilton, 199.
Hancock, 810.
Handfield Jones, 258.
Hannemann (Juh. Lud.), 694.
Hannes, 56.
Hannseus (Georg.), 56.
Hanow, 9.
Hans Sloan, 700.
Harderus (J.), 188.
Hartle (R.), 810.
Hartmann (Ph.Jacq.), 287, 348,
689.
Hartzoeker, 45, 771.
Harvey Campbell, 304.
Hassal, 66, 289.
Hasselquist, 86.
Haubner, XXXIV.
Haupmann, 770.
Hautersieck (Richard de), 56.
Hawkins, 569.
Hayner, 155.
Headington, 653.
Heath (Thomas), 711.
Heaviside, 159.
Heer, 196.
Hegenitius (Gothofredus), 272.
Heide (Ant. de), 236.
Heim, 12.
Heinzel, 703.
Heister, 57, 188.
Held, 547.
Hemmersam (Michel), 703.
Herbert Barker (T.), 533.
Hering, 330.
Herrenschwands, 790.
Heucher, 274.
Heuermann, 507.
Hewnden, 542.
Hildanus (Fabricius), 157.
Hildesius, 114.
Hill de Dumfries, 450.
Hilton, 576, 672.
Himly, 628.
Hippocrate, 7, 39.
Hodgkin, 86.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE.
Hoering, 151, 431, 632.
Hœven (Van der), 743.
Hoffmann (Frédéric), 47.
Hogdson, 329.
Home (Everhard), 355.
Hopkinson (P.), 732.
Horatius (Eugenius), 58.
Horne (De), 56.
Houël, 434.
Houllier, 534.
Houzelot, 57.
Hufeland, 182.
Humelbergius (Gabr.), 761.
Hiinervvolf, 188.
Hunsbry, 798.
Hunter (John), 513.
Hurtrel d'Arboval, 230.
Huss, 82.
Hussem (B.), 713.
Husson (fils), 420.
Husson (père), 450, 794.
Isenflam, 633.
Isert(Paul-Erdmann), 703.
ltard, 57.
Jackson (J.-B.), 87.
Jacobson, 702.
Janné (A.-J.), 29.
Jannin, 545.
Jansonius (D.-M.), 280.
Jarjavay, 583.
Jenner, 369.
Jobert de Lamballe (A.), 150
336, 389, 572.
Johnson (James), 712.
Joi (W.-B.), 160.
Jones (de Londres), 516.
Jones (de Philadelphie), 338.
Jôrdens (J.-H.), 251.
Josephi, 279.
Jubim, 189.
K docteur (de Gorlitz), 97.
Keate (Robert), 556.
Kennedy, 747, 810.
Kerckringïus (Theod.), 270.
Keufner, 773.
Kingdon (William), 299.
Kircherus (Athanas), 769.
Kirkland, 171.
Kirschleger, 785.
Klein (Jacq. Théod.), 272.
Klencke, 311.
Kliem, 753.
Klingsoebr, 786.
Kloekhoff, 765.
Knox (Rob.), 680,810.
Kobelt, 673.
Kœmpfer, 704.
819
Kôlliker, 258.
Krause, 14, 55.
Kubyss, 97.
Kùchenmeister (Frieder.), xxvii,
xxxiv, xxxv, 80, 258, 320.
Kuhn (J.-A.-F.), 307.
Kuhn (de Niederbronn), 370.
Kulmus (Joh.-Ad.), 236.
Kunde, 448.
Kunholtz, 58.
Kunsemuller, 701.
Kunth, 784.
Kunz, 803.
Laborde, 57.
Laboulbène, 330, 588.
Lachmund (Fr.), 703.
Laennec(Th.), Ause. méd., 431.
— Mém. vers vésic, 368.
— Trav. dw.,165, 335.
Lafosse, 641.
Lagasquie, 58.
Lagout, 656.
Laird(J.),810.
Lallemand, 213.
Lambsnia, 507.
Lana (P.), 770.
Lancisi, 651.
Landoiiillette, 286.
Laneri, 99.
Lange (Chrétien), 770.
Langenbeck, 557.
Lankester (Edwin), 280.
Lanzoni, 198.
Lapeyre, 283.
Laprade, 57.
Larrey, 547.
Lasègue, 395..
Lassus, 494.
Laugier, 300.
Lavalette (d'Aussone), 794.
Lavalette (de Meaux), 100.
Lawrence (W.), 291, 537.
Leared, 798.
Léautaud, 301.
Lebeau, 195.
Lehègue, 770.
Lebert(H.),171, 661.
Leblanc, 271, 287, 310, 638.
Lebret, 592.
Lecat, 509.
Leclerc (Daniel), 42.
Lcclerc (deTo'ul), 160.
Leeuwenhoek (Ant.), 64, 236,
754.
Lefoulon, 539.
Legendre(F.-L.),98,107, 548.
Legroux, 780.
Le Houx, 506.
Leidy (Joseph), 87.
Lelouis, 512.
Lemaître, 344.
Lentin, 761.
Leonides, 697,
8-20
Lépccq tic lu C loi lire, 765.
Lopollotier du Mans, 201.
Lepoia (Oharlt»), 432.
Leroux (I.-J ). 100.
Lesauvago, 51 4.
Lcstrille, 752.
L'Etang (François de), 274.
Letssoin, 530.
Leuckart, 24.
Leudet (E ). 373, 382 , 515
620, 000.
Levachcr, 124.
Leveillc, 55.
Leveillé, G54.
Lewalcl, xxxiv.
Lhonncur, 40G.
Lieberkiïhn, iv.
Liebricli, 741.
Lieimann, 274.
Lieutaud, 158, 541.
Lind (James), 498, 703.
Lindclslope, 50.
Lini, 200.
Linné, 702.
Linning, 808.
Linshot (J.-H. de), 704.
Litlré, 350.
Livingslon, 339.
Livois (Bug.), 355.
Lobslein, 160, 170, 634.
Lœfflers (Adolph. Fried ), 703.
Logan (Robert), 737.
Lombard, 81.
Lorrenlini, 163.
Lorry (Carolus), 159.
Lossi, 500.
Louis (P.-Ch.-A), 7, 660.
Louyer-Villermay, 59.
Lucarelli, 292.
Luchlcnius (Adam), 96.
Ludwig, 651.
Lupieri, 54.
Luschka (H.), 675.
M
Macarlan (L.), 810.
Maceroni, 303.
Macliaud, 442.
Maillet, 038.
Mailly, 581.
Maisonneuve, 701.
Malacarne, 205.
Malgaigne, 701,760.
Malherbe, 374.
Malmstun (I'. H ), 05.
Maloët, 415.
Malpighi (Marcell.), 250.
Manard, 43.
Manget, 59.
Mangon, 183.
Marc, 810.
Maiccllus Empiricus, 40.
Marcel, 810.
Marchand (de Saintc-Foix), 807,
Marchand, 765.
INDEX l'.llu.iociiAf'iilnrr.
Marcltcso, 791.
Mareschal de Rougèt'O, 56.
Mario, 127.
Marjolin, G59.
Marteau, 199.
Martin, 704.
Marlin-Solon, 99, 785.
Martinet (L.), 580, 053.
Martini, 805.
Maruchi, 710.
Masars de Cawlcs, 76.
Mascagni, 033.
Malher, 333.
Mathieu, 791.
Mallhiole, 798.
Mauchart (David), 155.
Mauche, 306.
Maunoir, 810.
Mauriceau, 762.
May (Franc), 778.
Mazet, G69.
Mead (I!.), 702.
Medicus (C), 790.
Muhlis (Gduardus), 254.
Mélier, 670.
Melle (de), 54.
Mellin, 777.
Mélot, 529.
Ménard, 55.
Méplain. 132.
Murât (P.-V.), 193, 207, 502,
794.
Mercier, 448.
Mercier. (J ), 436.
Mercurialis (Hieron.), 45, 798.
Merk, 89.
Mermann (Thomas), 305.
Mery, 287, 757.
Mesnet, 599.
Michaud 196.
Michel 53.
Michels, 29.
Milcent, 652.
Milford (Matthew), 282.
Miller (Erasme), 270.
Mirant, 24.
Modeer (Adolph.), 35.
Mœnnich, 56.
Mùinich.-n (H. M a), 635.
Moissenel (G.), 568.
Molinclli, 189.
Moll de Vienne, 56.
Molyneux (R.), 747.
Monceau (du), 306.
Mondière (J.-B.), 55, 5G, 177.
Mongeal, 97.
Mongeny, 783.
Mongin, 720.
Monncrel, 439.
Monod, 379.
Monsler, 680.
Montagu (Georges), 37.
Monlano, 45.
Montansey, 655.
Montgomery-Martin, 81.
Moulin (Lorenz), 250.
Mudro (.<".), 7H3.
Mooro (de Oubli ), 798.
Moquin-Tandon (\ ) t.xxxtx.
Morand, 351.
More.i!i, 764.
Moroau (Arm.), 97.
Moreaufde Vilry), 531.
Morehead (C), 705.
Morel-Lavallée. 495.
Morgagni (J.-B.), 140, 335,
349.
Morgan (John), 732.
Moricr, 28.
Morrah (Michel), 651.
Moublet, 274, 278.
Moulcnq, 115.
Moulin, 791.
Moulinié (.le Bordeaux), 048.
Moulinic (J.-J.), m.
Mûller (J.), 535.
Mùller (O.-Fr.), 82.
Mundella (Aloysus), 305.
Musgrave, 501, 708.
Myrcpsus (Xicol), 40.
N
Nashuys, 507.
Nasse (Herm.), 257.
Nalhusius, 14.
Nallercr, 272.
Navier, 765.
Neucourt, 378.
Nicholls (Frank), 27.
Nicolaï, 495.
Niebuhr (Carsten), 704.
Niemann, 022.
Nitert (Gérard), 96.
Nivet, 659, 661.
Nonat, 450.
Nordmann (Alexandre de), 733.
Noufler, 791.
Numan (A.), 33, 749.
Obre, 514.
Odier (L.), 84, 795.
Oke, 702.
Olio (DalP), 122.
Ollivier (d'Angers), 670.
Olombel, 59.
Oppolzer, 154.
Oribaze, 40,022.
Otto, 335.
Owcn (H.), 073.
Owen liées, 576.
Ozann, 810.
Pacheco (Pierre), 304.
Pallas (P. S.), 0, 8, 350.
Panaroli, 581.
Panlhot, 337.
Paracelse, 778.
l'arc (Ambr.), 304.
Park, 517.
Parnicnlicr, 535.
Parlridge, 252.
Pascal (Fr.), 209, 307, 50G.
Passerai de Lacliapellc, 795.
Palcrson (George), 780.
Talon, 704.
Paul d'JÉginc, 40, 45.
Paulli'nus (Cli.-F.), 770.
Pearock, 447, 798.
reclilin (J.-N), 230.
Peequct, 230.
Pelli nri (Giorgio), 108.
Pcmberton (Chr.-Rob.), 305.
Pcnn Harris (J.), 319.
Percival, 747.
Pore, 700.
Percbojni, 297.
Perrault, 250.
Pcrrin, 477.
Pcrrin, 30.
Pcrrin, 512.
Perron, 099,702,721.
Pescliier, 787.
Pelerka (.).), 35.
Pelit (de Lyon), 123.
Pélrcquin, 57.
Peyronie (De la), 337.
Peysson, 337.
Pidoux, 593.
Pigné, 103, 030.
Piïlon (A.), 414.
Pinault, 491.
Pinant, 434.
Pinel, 50.
Pinnoy (P.), 187.
Piorry (P.-A.), 387, 388.
Planlcovius, 301 .
Plaler (P.), 72, 350, 508.
Pline (G.), 40.
Plularque, 697.
Polisius (J.-S ), 327.
Porlal, 739
Porte (De la), 494.
Postel de Francière, 102.
Pouchet, 65.
Pouppé-Desportes, 124.
Poussin, 199.
Powel, 507.
Prange, 782.
Prcslat, 47.
Pricc (David), 399.
Pringlc, 127.
Prost, 53.
Primer (F.), 710, 800.
Pujol, 351.
Purkinge, 9.
Pulello, 59.
Quatrefages (de), XXXIV.
Qucttier, 100.
INDEX BIBUOGUAPHIQUE,
XL
r,aikem, 034, 738.
Rainey, 22, 05, 670.
Raisin (de Cacn), 794.
Raisin, 282.
Ramazzini, 704.
RamsgiH, 798.
Raspail(F.-V.). 771.
Rau'iii (Joseph), 12.
Rayer (P.), Mal. des reins, 270.
— Arch. méd. comp.. 5.
— Trav.div., 24, 35, 7G,
258, 329, 583, 593, 086.
733, 801.
Rayger (Cliarlc.-), 268.
Read, 33.
Récamicr, 509, 586.
Redi (Franccsco), 22 i, 683.
Rehrs, 644.
Reinlein, 7.
Remak, 259.
Renier (Guillaume), 302.
Rendtorff, 653.
Renodœus (Joan.), 325.
Requin, 10.
Reusner, 773.
Revest, 58.
Revolet, 57.
Rey, 247.
Rcydellet, 669.
Reynal, 385.
Reynal (d'AIforl), 28, 638.
Reynaud (A.), 344.
Reynders, 33.
Rhazès, 698.
Rhind, 24.
Rhodes (J.-B.), 752.
Rhodius (John), 732.
Ribes, 430.
Richard (A.), 607.
Richter (G.), 141, 487.
Ricord (Pli.), 538.
Riedlin, 507.
Riem, 638.
Rilliet, 135.
Riolan, 325.
Rippatilt, 527.
Rivière (Lazare), 188, 763.
Robert (de Lanyres), 58.
Robert, 539, 570, 601.
Robillier, 601.
Robin (Cli.), 448, 034, 707.
Robin, 95.
Roche-Lubin, 750.
Rocheld'Héricourt, 90,784.
Rodet, 748.
Rœderer, 11, 90, 200.
Roesler (Ch.), 203.
Rokilansky, 401, 404.
Rôll, xxxvt.
Rolland, 53.
Romans, 130.
Rombeau, 507.
Romberg, 602.
Rondelet, 305.
821
Ronsseus (Balduinus), 10.
Ronssif, 778.
Rontet, 112.
Roscn de Rosenstein, 5.
Rossi (?.), 543, 739.
Roslan, 442, 651.
Rouppc, 702.
Roussin, 552.
Roux, 519, 759.
Roux de Brignolles, 494.
Roycr (de Joinville), 188.
Rudolphi (Car. Asm.), Enl.
hist., 5.
— Eut. syn., 35,
— 7,rav.rfjy.,253,330,748.
Rullier, 97, 794.
Russel, 530.
Russel (J.), 580.
Ruysch (Fred.), 26, 273.
S
Sabalier, 335.
Saint-Laurens (G ), 202.
Salalhé, 95.
Salmulhus, 198.
Saller (H\de), 373.
Saner, 810.
Sanguens (P ), 770.
Sarramea, 783.
Saulsay (Nicolais du), 126.
Saussicr, 477.
Sauvages (de), 50.
Savaresi, 127.
Scaliger, 305.
Scaipa, 335.
Scliachcr (Polycarp. Gottl.),287.
Schàfler, 236.
Scharffius, 762.
Schelgvigius (Samuel), 286.
Sibenck, 100.
Schilling, 9.
Schimper, 785.
Schleifer, 57.
Srhleisner, 382.
Schloss, 175.
Schmidt (Adam), 536.
Schmidlmann, 59.
Sclimidtmiiller, XXXI.
Schmucker (J. Leberccht), 782.
Schneider, 761.
Schott, 736.
Schrœterus (Carol.), 56.
Schubart, XLIII.
Schultze (de Daidcsheim), 802.
Schulzc (J -H.), 329.
Scott (W.), 507.
Scribonius Largus, 40.
Sédillot, 185.
Seeligcr, 782.
Séger, 306.
Senac (de), 337.
Sénac, 492.
Sennert (Daniel), 123.
Sérapion (J.), 41.
X22
Serres (E. i\.),.\uai.ccrv.,nGG
— Trav. div., 53, 703.
Serres (B.), 340.
Setlcn (Van), 748.
Shatluck, 381.
Sibillo, 520.
Siblol, 54.
Sichel, 032.
Sick, 748.
Siebold (Cari. Theod. von), XXXIV
82, 115, 382.
Sigaull (8.-1''.), 87.
Sillanus, 43.
Sillol(de), 274.
Sinimons, 443.
Simon (Max.), 411.
Slabber, 143.
Scenimering, 736.
Solenander (Reiner), 201.
Sonnié Moret, 413.
Sorbier (J.-B -E.), 61.
Soubeiran (J.-L.), 615.
Soulé, 546.
Soye, 188.
Spechlius, 306.
Spencer Wells, 805.
Spengler, 805.
Sperling, 273.
Spigel (Adrien), 45, 328.
Spinola, 27.
Spoering (H.-D.), 114.
Spon(J.), 301.
Stahl, 55.
Stedman (Cli.), 702.
Stegmann, 762.
Sleinbuch, 627.
Sterck, 272.
Sterz, 60.
Sthrobl, 806.
Stoerck, 204.
Stork, 761.
Stromeyer (Seb.), 301.
Sue, 581.
Suender, 59.
Sumeire, 798.
Suquet, 784.
Swaim, 815.
Swieten (Van), 127.
Svitzer, 680.
Tarral (Claudius), 388.
Tenderini, 160.
Théophraste, 39.
Thibault, 208.
Thomas (De), 98.
Thomson (James), 124.
Thompson, 384.
Thompson (R.), 504.
Thompson (Th.), 503.
Thorarensen, 565.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE.
Tiedemann, 67i.
Tieffenbacn, 507.
Tocle, 507.
Tonnelé, 150.
Toumemine (Jean de), 761.
Travers, 538.
Travers Cox (William), 570.
Treille, 159.
Treutler (Fréd. Aug.), 324.
Trincavella, 198.
Trochon, 413.
Tronchin, 790.
Trousseau, 310.
Tulp, 195.
Turberville, 304.
Turner, 448.
Tulscbek, 86.
Twining, 747.
Tyson (Edw.), 224, 349, 515.
Ude (C. W. F.), 634.
Underwood, 768.
Valenciennes, xxxiv, 668,691
Valentin (G.), 10, 336, 673.
Vallisneri (Antonio), 75, 224
770.
Valsalva, 287.
Vander Haar, 550.
Vander-Wiel, 9.
Vassalli, 771.
Vaughan, 785.
Vega (Christ. A.), 350.
Végèce, 223.
Veiga (Thomas A.), 200.
Veit(D.), 509.
Velho (Souza de), 794.
Velpeau, Mal. du sein, 760.
— Trav. </m>.,204, 544
583.
Velschius(G.-J.), 701.
Verney (Du), 287.
Vieussens, 764.
Vieusseux, 792.
Vigla, 428.
Vigney, 28.
Virchow(R.), 93, 773.
Vitrac, 499.
Vivarès, 500.
Vogel (Rud.-Aug.), 777.
Vogel (J.), 674.
Voisin (Auguste), 610.
Volcherus Coiterus, 235.
Vrayet, 145.
Vulpian, 35, 260, 262, 2Q4
306.
Vy (Van), 550.
W
Wagler, 11, 206.
Wagner (E.), 293.
Wagner (Reinhold), 702.
Wahlbo.ii, 54.
Waldingcr, 35.
Walshe (W.-H.), 401.
Wanderbach (Pierre), 197.
Warthon, 534,
Warlhon Jones, 738.
Watson, 731.
Watts, 433.
Wawiuch, 47.
Webstdr, (F.-W), 553.
Wechers, 55.
Wedekind, 141.
Wedel, 286.
Weigel, 505.
Weikard,651.
Weisse, 91.
Weitenkampf, 535.
Welsch (Chr.-Lud.), 327.
Werlhove, 96.
Wepfer (J.-J.), H, 53, 237,
623, 629,689, 695.
Wemer (l'.-Ch.-F.), 7, 627.
Wichmann (Joh.-Ernst), 768.
Wickham (W.-J.), 553.
Wierus (Galenus), 157.
Wierus (Joan.), 157.
Wiesenthal, 37.
Willius (Nicolas), 195.
Willius (J.-Valenlin), 236.
Winslow, 144.
Wilhey Gull, 88.
Wittcke, 807.
Wolckerus, 351.
Wolff(Ido.), 689.
Wolff (Je Bonn), 794.
Wollgnad, 201.
Wolphius (Gaspard), 12.
Wood, 53.
Wood (H.) (de Bristol), 682.
Wurfbain (J.-P.), 651.
Wunderlich (C.-A.), 399.
Wyman (Jeffries), 230.
Yelloly (J.), 652.
Yvart, 668.
Zacutus Lusitanus, 281.
Zeder, 645.
Zeviani (Giov.-Nevardo), 338.
Zimmermann, 47.
Zimmermann (de Hamm), 805.
TABLE ALPHABETIQUE
DES MATIÈRES.
ABCÈS (distomes dans un), 317. — du
foie causé par des lombrics, 165. —
communiquant avec une vomique, 169.
— ouvert à l'extérieur, 171, 173. —
par congestion (lombrics sortant par
un), 204.
ABDOMEN (hydatides de 1'), 454.
ABDOMINALE (kyste hydatique ouvert à
travers la paroi), §07. Hydatides de la
paroi — , 545. Strongle géant dans la
cavité — , 288.
ABYSSIN1E (fréquence du ténia en), 90.
ACANTHOCÉPHALES (type des), lv.
ACANTllOTHÈQUES(Lype des), LXXXVI.
ACCOUCHEMENT naturel et sans douleur
dans la paraplégie causée par des hyda-
tides, 670. — rendu impossible par une
tumeur hydatique, 517.
ACCUMULATION de vers dans l'intes-
tin, 14. — des lombrics, 121. — de
différents vers, en Egypte, 210.
ACÉPHALOCYSTE (genre), XVI. — endo-
gène, exogène, xvi, 356, 617. —
historique, 354.
ACÉPHALOCYSTIS racemosa, xci, 357;
— plana, 357.
ADHÉRENCES (signes d') entre un kyste
du foie et la paroi abdominale, 613.
ADVENTICES (vers des cavités séreu-
ses), 343.
AFFECTIONS vermineuses suivant les
organes (voy. la Table méthodique). —
sympathiques causées par les vers des
intestins, 53, 104, 132. — vermineu-
ses, leur caractère, 60. — vermineuses
chez les animaux domestiques, 223. —
vermineuses imaginaires, 61, 773. —
universelles, 763.
AFRIQUE (vers cestoïdes en), 85. — Fi-
laire de l'homme en — 703, 704, note.
AGE condition de la fréquence des entozoai-
res, 7, 12, 48, 207. Vers des bronches
dans le jeune — , 29. Ténia solium
suivant 1' — , 97. Lombrics suivant
1' — ,123. Trichocéphale dispar suivant
1' — , 207. Oxyure vermiculaire suivant
1' — , 210. Fréquence des hydatides
suivant 1' — , 379. Anévrysmes vermi-
— neux suivant 1' — , 333. Cœnure suivant
1'—, 638.
AGNEAU (cas de vers chez 1'), 12.
AIGLE-BAR (tumeur vermineuse de 1'),
261.
AIL, 781.
AINE (hydatides dans 1'). Filaire dans
1' — , 724. Lombrics sortant par 1' —
191, 195, 200. Ténia sortant par 1'—
114. Tubercule vermineux de 1' — , 695.
ALBUMINE (absence d'), signe d'un kyste
hydatique, 372.
ALIBERT (méthode d'), 789.
ALIÉNATION mentale (voy. Intelligence).
ALIMENTATION végétale , non favo-
rable à la propagation du ténia, 89.
ALOÈS, 781. — contre les vers de
l'œil, 749.
ALSTON (méthode d'), 778.
ALTERNANTE voy. Génération.
AMAUROSE causée par les vers de l'in-
testin, 57. — causée par le ténia, 109.
— déterminée par des cysticerques de
l'œil, 740.
AMÉRIQUE (vers cestoïdes en), 87.
AMPHISTOME (genre), liv.
AMPHISTOMUM conicum, liv. — crume-
niferum, liv. — truncatum, liv.
AMYGDALE (hydatide de 1'), 539. Tri-
chocéphale dans 1' — , 206.
ANATOMIE pathologique relative aux
lombrics, 134; au distome hépa-
tique, 239, 317; au distome hœma-
tobie, 313 ; aux vers des artères, 330 ;
à l'anchylostome duodénal, 118; aux
tumeurs hydatiques, 362, 375, 618 ;
aux cysticerques, 620 ; au tournis, 639;
aux hydatides du cerveau, 647 ; au
strongle géant, 272 ; aux vers de l'œil,
734, 739, 744.
ANCHYLOSTOME (genre), LXXXU. —
duodénal, lxxxii, 117.
82/i
TABLE ALPHABÉTK
ANCIENS, leurs connaissances sur les vers
intestinaux, 39, 223, «22, 697. Ou-
vrages des — qui traitent des vers
intestinaux, 39, 223.
ANE (voy. Cheval, Solij)èdes.)
anévrysme vermineux, 329.
ANIMALCULES, causes de maladies con-
tagieuses, 769.
ANIMAUX domestiques (voy. la Table
méthodique). Traitement des vers de
l'intestin, 234, 811.
ANIMAUX sauvages ( liydatides chez
les), 618. Cysticerques chez les — ,
621 . Cœnure chez les — , 634. Stron-
gle géant chez les —, 287. Nématoïdes
du rein chez des — , 293. Tubercules
vermineux chez les — , 684, 695.
ANTAGONISME du ténia et du bothiïocé-
phale, 78 (voy. Association).
ANTHELMINTHIQUES , 218. Inutilité
des — contre un cestoïde réduit à un
court fragment, pourquoi, 220. Inuti-
lité des — comme moyen prophylac-
tique, 221 .Expériences sur la vertu
des — , 776 (voy. Vermifuges).
ANTIMONIAUX, 777.
AORTE (tubercules vermineux de 1'), 689.
APHONIE causée par les vers intesti-
naux, 56, 109.
ARABES, leurs connaissances sur les vers
intestinaux, il ; leurs connaissances
sur la fllaire de l'homme, 698.
ARMÉE (vers cestoïdes dans 1') française,
83; — d'Algérie, 86.
ARMÉES en campagne (lombrics dans
les), 127.
ARTÈRE (voy. Anévrysme vermineux,
Hématozoaires du chien). — Pulmo-
naire (hydatides dans 1'), 397.
ASA FOETIDA, 781, contre les distomes,
781 ; contre les vers des bronches, 33;
contre la filaire, 731.
ASCARIDE (genre), lxiii.
ASCARIDE LOMBRICOIDE, LXiv. Déve-
loppement de l'œuf de 1' — , lix,
LXW. Dénominations, 120. Histoire pa-
thologique de 1' — (voy. la Table mé-
thodique). Fréquence dans les pays
chauds, 124. Observations d'affections
sympathiques causées par 1' — , 53,
1 32. Hémorrhagie intestinale causée par
1' — , 137. Obstruction intestinale cau-
sée par ï — , 139. Question des perfo-
rations produites pari' — , 175. — dans
le péritoine, 180. — perforant le tube
digestif, 180. — dans les parois de l'in-
testin, 204. — dans des tumeurs, 192.
}UJE DES MATIÈRES.
— sortant par une fistule, 1 92. — erra-
tique dans les voies urina ires, 295. —
dans le vagin, 302. — dans un sac her-
niaire, 204. — dans un abcès par con-
gestion, 204. ■ — dans un kyste hyda-
tique du foie, 172. — dans les régions
sacrée et périnéale, 205. Traitement
de 1' — , 221, 775. ■ — vermiculaire
(voy. Oxyure).
ASCARIDES et cucurbilihi, synonymes,
42.
ASCARIS alata, lxv. — conosoma, slcplia-
nosloma, xci. — dispar, i.xvi. — gib-
bosa, LXVI. — inflexa, lxvi. — lum-
bricoides, lxiv. — maculosa, lxvi. —
marginata, lxvi. — megalocephata,
lxv, 228. — myslax, lxvi. — ovis,
lxvi. — perspicillum, lxvi. — suilla,
lxv. — vesicularis, lxvi.
ASIE (vers cestoïdes en), 85. Filaire de
l'homme en - , 704.
ASSOCIATION de vers d'espèces diffé-
rentes dans l'intestin de l'homme, 47,
210; chez les animaux, 14-
ASTHME causé par les vers de l'intes-
tin, 58.
ATIIÉROMATEBX (kystes), 367, 618.
AUTOMNE (voy. Saison).
AXILLAIRE (hydatides de la région),
543.
B
BACTERIUM (genre), V.
BASSIN (hydatides des os du), 557. Hy-
datides du petit — , 510.
BAYLET (méthode de), 804.
BECK (méthode de), 789.
BÉGAYEMENT causé par les vers intesti-
naux, 56.
BILIAIRE (lombrics dans la vésicule),
159. Hydatides dans la vésicule — ,
473, 481.
BILIAIRES (hydatides dans les conduits),
462. Lombrics dans les conduits — 156.
Oblitération des conduits — , 479. Vers
des voies, — (voy. la Tableméthodique) .
BOEUF (entozoaires du) (voy. Hydalide ;
Cœnure ; Cysticerque; Ténia ; Distonte
hépatique, Dist. lancéolé; Amphistome ;
Ascaride lombricoide ; Trichocéphale
voisin ; Filaire papillée, Fil. lacrymale;
Strongyle radié, St. Filaire, St. mi-
crure ; Strongle géant ; Pentaslome
denticulé). Cysticerque dans le cœur
du — , xxiii. Hydatides dans l'os
iliaque du — , 619. Vers des bronches
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
825
chez le — , 28. Vers des voies biliaires
chez le — , 235. Strongle géanl chez
le — , 274, 2S7. Vers du globe ocu-
laire chez le — , 749. Vers sous les
paupières chez le — , 752. Vers des
conduits lacrymaux chez le — 753.
Traitement des vers de l'intestin chez
le — 813 (voy. Ruminants).
BOTHRIOCÉPHALE (genre), XLI. — du
chat, XLin ; du chien, xlih ; de l'hom-
me, xli, 76, 11 1 . Dénominations, 111.
Répartition géographique, 80. Propa-
gation du — , 87. Sa longueur extraor-
dinaire, 111. — rarement rencontré
à l'autopsie, 111.— ordinairement soli-
taire, 1 12. — héréditaire, 1 12. Symptô-
mes, 113; durée, 113. Cas d'affections
sympathiques causées par le — (voy.
Affections sympathiques). — et ténia
chez le même individu, 79. Traitement,
219, 775.
BOTHRIOCÉPIIALÉS (tribu des), XL.
BOTHKIOCEPHALUSlatus,\u. — tro-
picus, xxxi-
BOUCHE (hydatide de la), 539.
BOURDIER (méthode de), 790.
BOURGEOISE (méthode de), 793.
BRAS (hydalides du), 546.
BREMSER (méthode de), 811.
BREWER (méthode de), 7 82.
BRONCHES (affections vermineuses des),
(voy. la Table méthodique). Kystes
hydaliques communiquant avec les —
chez l'homme, 418, 420, 429, 443;
chez les animaux, 619. Hydalides dé-
veloppées dans les — , 345.
BRONCHITE vermineuse, 31. Traitement
de la — 32.
C
CACHEXIE aqueuse, 241. Caractères de
la — ,241. Quels animaux elle atteint,
211- Symptômes de la — , 241. Causes
de la — ,244, 246. Répartition géogra-
phique, 244. Épizooties de — , 244.
Rapports de la — avec l'existence des
distomes, 216. Traitement de la — ,
248,781.
CAILLOTS fibrineux pris pour des vers,
301, 325.
CAMPHRE, 782.
CANAL nasal (lombric dans le), 144;
CANARD (voy. Oiseaux de tasse-cour).
CANCER occasionné par des hydatides,
77 2.
CANINE fhydatide de la fosse), 538.
CARTILAGE, valeur de ce mot appliqué
aux hydatides, 352.
CATALEPSIE par des vers intestinaux,
54.
CAUSTIQUES (ouverture des kystes hy-
datiques par les), 584.
CAVITÉS séreuses ( affections vermi-
neuses des) (voy. la Table méthodique) .
Nématoïdes des —, 343. — n'ont pas
toutes des vers vésiculaires, 343; — ■
adventives, 346.
CÉCITÉ causée par les vers intestinaux,
57, 109.
CELLULAIRE (affections vermineuses du
tissu), 696. Tissu — des entozoaires,
xcii.
CERCAIRE, XLVJ1.
CERCOMONAS (genre) vi. — de l'hom-
me, vi. Pathologie, 67.
CERCOSOMA, XCI.
CERVEAU (vers vésiculaires du), 636.
Cas d'hydatides dans le — 651. Cysti-
cerques du — chez l'homme, 656; chez
le chien et le porc, 643.
CERVELET (cas d'hydatides dans le),
653, 654.
CESTOÏDES (type des), vm; — de l'in-
testin de l'homme (voy. la Table mé-
thodique). — à anneaux perforés, 76.
Association de deux espèces réputées
antagonistes, 78. — erratiques, 114.
Traitement des — , 219, 775.
CÉVADILLE, 782.
CHABERT (remède de), 811.
CHAMBRE antérieure de l'œil (vers delà),
735, 744, 745, 747, 749.
CHAMEAU (voyez Echinocoque, Cœnure,
Dislome hépatique, Strongyle filaire).
CHARBON végétal, 783.
CHABCUTIERS sujets au ténia, 89.
CHARTREUX exempts de vers cestoïdes,
7.
CHAT (entozoaires du) (voyez Ténia,
Bothriocéphale, Distome lancéolé, Am-
phislome, Ascaris mystax, Dochmius
Tvbœformis , Pcntastomum denticulû-
tum). Transformations du tôniaduchat
en cystieerque de la souris, xxxvn.
Bothriocéphale chez le. — Corpuscules
géminés dans les villosités intestinales
du — , 259. Cas de vers chez un jeune
— , 11. Distomes dans les conduits
biliaires chez le — , 237. Vers des voies
digestives chez le — , 231.
CHEVAL (entozoaires du) (voyez Cysti-
eerque ; Ténia; Distome hépatique;
Oxyvris curvula ; Ascaride mégalocé-
82(5
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
plialc ; Spiroptère mégaslome ; Pilaire
lacrymale; Filaria papillosa; Sclé-
roslome armé, guadridenté ; Strongyle
micrure; Strongle géant; Nématoide
indéterminé; Pentaslome ténioide). Vers
dans les fosses nasales chez le —, 23.
Vers dans les bronches chez le — , 28.
Vers des voies digestives chez le — ,
227. Vers dans les vaisseaux sanguins
chez le — , 328. Strongle géant chez le
—, 272, 287. Hydatides chez le — ,
618. Tubercules vermineux du — , 69 1 .
Vers dans l'œil chez le — , 733, 745.
Vers des conduits lacrymaux chez le — ,
753.
CHÈVRE (entozoaires de la) (voyez Cys-
ticerque des ruminants, Distome hépa-
tique, Strongyle veineux, Sir. plaire,
Doclimie, Pentaslome denliculé). Tuber-
cules vermineux chez la — , 695.
CHIEN (entozoaires chez le) (voyez Cys-
ticerque ladrique ,• Ténia, Dolhriocé-
phale, Holostome, Nématoide du rein,
Ascaris marginala, Spiroptère ensan-
glanté, Trichosomum plica , Trichocé-
phale déprimé ; Filaria medinensis ,
trispinulosa, Filaire hémalique, Doch-
mie trigonocéphale ; Strbngle géant;
Nématoide indéterminé ; Pentaslome
ténioïde). Cas de vers chez un jeune — ,
12. Vers dans les fosses nasales chez le
— , 23. Vers des voies digestives chez
le — , 231. Épizootie vermineuse chez
le — , 232. Ver indéterminé dans le
rein du — , 294, Strongle géant chez
le — ,267,286. Hématozoaires chez
le ' — , 336. Anévrysme vermineux chez
le — , 335. Cysticerque ladrique dans
le cerveau chez le — , 643. Sous la
conjonctive chez le — , 752. Tubercules
vermineux chez le — , 684. Filaire de
l'homme chez le —, 715. Traitement
des vers chez le — , 813.
CHLOROSE d'Egypte, 118.
CHLORURE de soude , contre les hy-
. datides, 563.
CHOLÉRA (monadiens dans le), 289. Vi-
brioniens dans le- — , 65. Cercomona-
diens dans le — , 64, 67.
CHORÉE par des vers intestinaux, 55.
CITROUILLE, 783.
CLIMAT, influence sur l'existence ou la
fréquence des entozoaires, 4 ; sur l'exis-
tence de la filaire de l'homme, 705,
713; surlafréquence des lombrics, 124.
CLOSSIUS (remède de), 813.
COCHON (voy. Porc).
COECUM (perforation du) par des lom-
brics, 18i, 185.
COENUBE (genre), XVII. 634. Rapports
du — avec l'hydatide, xvm. Transfor-
mations du — en ténia, xix, xxxm. —
ohez l'homme, 64i. — dans la moelle
épinière, 667 (voyez Tournis).
COEUR (hydatides dans les parois et les
cavités du) , 393. Cysticerque dans
lu — chez les animaux, xxm, 623.
Cas de cysticerque dans le — chez
l'homme, 628. Strongle géant dans le
— , 288 (voyez Hématozoaires fictifs ;
Hématozoaires du chien).
COL (kystes hydatiques du), 539.
COLIQUES causées par les vers de l'in-
testin, 58.
COMA par des vers intestinaux, 54.
CONJONCTIVE (cysticerque ladrique sous
la), 632. Cas de filaire sous la — , 719.
Cas de cysticerque sous la — chez le
chien et le porc, 752.
CONSTITUTION, influence sur l'existence
ou la fréquence des entozoaires, 14 ;
influence sur la fréquence des lom-
brics, 123.
CONTAGIEUSES (affections vermineuses),
769.
CONTAGION, son influence sur l'existence
des vers, 1 4. — des vers des bronches,
29. — de la filaire de l'homme, 712.
CONTRÉES, existence ou fréquence des
entozoaires suivant les), 3. Lombric
suivant les —, 124 ; trichocéphale sui-
vant les — ,208; oxyure suivant les — ,
210; distome suivant les — , 244;
strongle géant suivant les — , 269 ; hy-
datides suivant les — , 3S1 ; cysticer-
ques suivant les — , 626, 631.
CONVULSIONS générales par des vers
intestinaux, 54. Observation des con-
vulsions générales par des lombrics,
132, 133.
COQ domestique (voyez Oiseaux de
basse-cour).
CORALLINE officinale, 798.
CORPS vitré (cysticerques du) , 740.
COUSSO, 784.
CRINONS, 224, 334. — chez les petits
enfants, 773.
CRISTALLIN (vers du), 734.
CUCURBITIN (voy. Progloltis).
CUCURBIT1NI et ASCARIDES syno-
nymes, 42.
CUCURBITINS regardés comme une es-
pèce particulière devers, 41. Opinions
des anciens, des Arabes, des moderne?
sur la nature des — , 77.
confondus avec les — , 237
confondus avec les — , 77.
CUISINIERS sujets au ténia, 89.
CUISSE (hydatides de la), 547.
CYANHYDRIQUE (acide), 777.
CYSTICERCUS fischerianus, xxi. — di-
cystus, xxi. — elongatus, xxm. —
fistularis, xxm. — pisiformis, xxm,
xxxiv. — tenuicollis, xxm, xxxiv. —
cellulosœ (voy. C. ladrique).
CYSTICERQUE (genre), xx. Altération
chez le — , xx. — des ruminants,
xxm. — du lièvre, xxm. — du cheval,
xxm. — du chien, de l'homme, du
porc, xxi. — historique, 347.
CYSTICERQUE ladrique, xxi, xxxiv.
Altérations du — , XXII, 657. Espèces
ou variétés du — , xxi. Expériences sur
la transformation du— en ténia, xxvn.
Historique du — chez le porc, 622 ; —
chez l'homme, 627. Fréquence suivant
les contrées chezl'homme, 631. — dans
divers organes chez l'homme, 632. —
dans le cœur chez l'homme, 628. —
dans le cerveau chezl'homme, 656. —
dans l'œil chez l'homme, 736, 740. —
dans les poumons de l'homme, 629.
Généralisation du — , 630. Lésions pa-
thologiques occasionnées par les — ,
620. — rendus avec l'urine, 535. —
Animaux sujets au — , 621. Distribu-
tion géographique, 626, 634.
D
DACTYLIUS (genre), lxxxv. — aculea-
tus, lxxxv, 291.
DAIM (vers des bronches chez le), 28.
DARBON (remède de) , 814.
DÉNOMINATIONS des vers intestinaux en
général, 38 ; chez les anciens, 39 ;
chez les Arabes et leurs successeurs,
41. — primitives des cestoïdes, 72,
74. — du ténia solium, 93. — des
cucurbitins, 94. — du bothriocéphale
large, 111. — de l'ascaride lombri-
coïde, 120. — du trichocéphale de
l'homme, 205. — de l'oxyure vermi-
culaire, 209, 636. — de la filaire
de l'homme, 696. — des vers intesti-
naux, d'après Chabert, 224. — du
distome hépatique, 238. — des vers
vésiculaires, 358. — de la cachexie
aqueuse, 241. — de la ladrerie, 622.
— du tournis, 636.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MAT1ÈKES
Distomes
Oxyures
827
DENTAIRE (bacterium du tartre), v.
DÉSAULT (méthode de), 780.
DÉSERTS, peu favorables à la propaga-
tion des vers, 6.
DESLANDES (méthode de), 793.
DIAGNOSTIC des hydatides, 386. — des
vers de l'intestin, 52. — du trichocé-
phale dispar, 209. — du strongle
géant, 275.
DIAGNOSTIQUES (signes) des adhérences
d'un kyste du foie avec la paroi abdo-
minale, 615.
DIARRHÉE (paraméciens dans la), 67.
Vibrioniens dans la — , 64, 66.
DIACANTHOS polycephalus, xci.
DIBOTHR1US (genus), xli. — decipiens,
xliii. — serratum, xliii.
DIGESTIF (tube) (voy. Estomac, Intestin).
DINDON (voy. Oiseaux de basse-cour).
DIOCTOPHYME, 269.
DISTOME (genre), xlix. — hépatique,
XLix, 235, 238. — lancéolé, L, 238.
Variété de l'homme, LI. — hétéro-
phye, li. — hœmatobie, LU, 312. —
ophthalmobie, lui. — de la bourse de
Fabricius, lui. — dans un œuf, 9.
— dans le fœtus du mouton, 9. —
dans le sang (voy. Hématozoaires).
— dans l'œil, 735. — dans les voies
biliaires (voy. Table méthodique). Chez
quels animaux existe le — hépatique,
237. Diagnostic de sa présence, 243.
— dans la veine porte, 315. — dans
des tumeurs, 317. Traitement du — ,
249, 781 . OEufs de — formant une tu-
meur, 261. OEufs de — dans la moelle
épinière, 10.
DISTOMIDES (sous-ordre des), xliv. Or-
ganisation des — , xlv. Génération
des — , xlvi. Mœurs des — , xlvii.
DISTOMUM ovatum , lui. — lineare ,
lui. — dilatatum, lui. — echinatum,
lui. — oxycephalum, lui.
DITRACHYCEROS rudis, xci.
DIVISION de l'ouvrage, 18.
DOCHMIE (genre), lxxv. — hypostome,
Lxxv. — trigonocéphale , lxxvi. —
dans le système sanguin, 339.
DOCHMWS tubœformis, lxxvi.
DOULEURS violentes et générales causées
par les vers intestinaux, 56.
DRAGONNEAU (voy. Filaire de l'homme).
DROMADAIRE (voy. Chameau).
DUBOIS (méthode de), 790.
DYSENTERIE causée par les vers de l'in-
testin, 58. — vermineuse épidémique
(lombrics), 126, 765.
828
TAW.Ii AU'lIAIilJTKH JE liES MATIKKKS.
e
EAU froide, 7~7 .
ECHINQCOQCE (genre?), jui. Rapports
de 1' — avec l'Iiydalide, xiv, 355. Hy-
da tiiles sans — , xvi, 354. Espèces,
xvu. Développement de 1" — en ténia,
XXXV. — dans l'intestin de l'homme
devient-il un ténia?, xxxvn.
EGHINOCOQUES (découverte des) chez
les animaux, 352. — chez l'homme,
353. Figure des crochets d' — , 392.
— dans des hydatides rendues par les
selles, 503. — dans des matières ex-
pectorées, 452.
ECHINORHYNQUE (genre), lv.
ECHYNORHYNQUE géant, LV1. Lésions
pathologiques), 230.
EGYPTE (vers observés en) (voy. Ténia
nain, Anchylostome , Distome hœmalo-
bie, I). hélérophye, Filaire de l'homme,
Pentaslomum conslrivtvm).
ÉLEP11ANTIASIS causé par des vers ,
772.
ÉLECTRICITÉ contre les hydatides, 565.
EMBRYON (cas des vers dans 1'), 9. —
de ténia, mode de progression, xxxix.
EMPYREUMATIQUE (huile), 811.
ENDOGÈNE, exogène (voy. Acéphalo-
cyste).
ENCÉPIIALE (cysticerque dans 1'), 623,
656. Vers en rapport avec la portion
céphalique de 1' — , 633. Vers en rap-
port avec la portion rachidienne de
1' — , 666. Hydatides dans 1' — , 646.
ENDÉMIE des vers cestoïdes, 83. —
d'hydalides, 382.
ENFANT à la mamelle (cas devers chczl'),
11. Cas de ténia chez 1' — , 97 .
ENFANTS nourris de viande crue con-
tractent le ténia, 91.
ENTOZOAIRES, définition, i. — intesti-
naux, traitement, 216, 234, 775.
ÉPIDÉMIES de ténia, 99. — de lom-
brics, 126. — delà filaire de l'homme,
713.
ÉPIDÉMIQUES (affections vermineuses),
764, 769.
ÉPILEPSIE (voy. Êfileptiforme, Intel-
ligence).
ÉPILEPTIFORMES (attaques) par des
vers intestinaux, 54. Observation d'ac-
cès — par le ténia, 104.
ÉPIPLOON (kystes hydatiques de l'J,
487.
ÉPISTAX1S causée, parle ténia, 109;
— par des hydatides du foie, 457.
épizootie d'anévrysmes vermineux ,
333. — de vers des bronches, 26, 28,
3i, 36. — vermineuse chez le chien,
232. — d'hydalides, 620. — causée
par des vers invisibles, 769.
ERRATIQUES (cestoïdes), m. _ (,|is.
tomes) chez l'homme, 253. lombrics ,
141, 296. oxyures— , 215. strongle
géant —, 271, 288. Vers — dans les
voies urinaires, 294.
ESTOMAC (lombrics dans I"), 1 42. Accu-
mulation de lombrics dans I' — après
la mort, 190. Perforation de 1' — par
des lombrics, 182, 185. Oxyures dans
1' — , 215, 694. Kyste hydatique ou-
vert dans 1' — , 496. Tubercules ver-
mineux de r— , 689, 691, 69i, 695.
ÉTAlN, 778.
ÉTÉ (voy. Saisons).
ÉTHER sulfurique, 786.
EUROPE (vers cestoïdes en), 81.
EUSTRONGYLUS (voy. Slrongle).
ÉVERRATION pour prévenir la rage, 773.
EXPECTORATION d'hydalides, 421,
429, 449.
EXPÉRIENCES sur la transformation des
vers vésiculaires en ténias, xxv, xxvn,
NXXIII, XXXVI, XXXVII.
EXPÉRIMENTATION des anthelminthi-
ques, 775.
EXPLORATRICE (ponction), 391, 566,
571.
EXTIRPATION des kystes hydatiques,
610, 616.
FACE (hydatide de la), 384, 538. Cysli-
cerques ladriques delà — , 633.
FAIM insatiable causée par les vers de
l'intestin, 53, 58 Observation de —
causée parle lénia, 107.
FASCIOLA inlesiinalis, 256.
FEMME (vers des organes de la généra-
tion delà), 7 56. — plus sujette au ténia
que l'homme, 98.
FEMELLE (affections vermineuses de
l'appareil), 756.
FÉMUR 'hydatides du), 551.
FER, 779.
FIÈVRE (voy. Intermittents) — vermi-
mineuse, 763. — putride vermineuse,
55, 127.
FIGUIER de Cayenne, 786.
FILAIRE (genre), LXXI. — du bœuf,
i.xxv — du chien (voy. Hématozoaires).
— hématique, lxxiv, 338. — des bron-
TAREE AKlMlAftÉTlQUE DES MATIERES.
ches, lxxiv, 692. — lacrymale, lxxiv.
— de l'œil du cheval, lxxv, 745. — de
l'œil humain, Lxxn, "34.
FlLAIRE de l'homme, lxxxiii , 696.
Dénominations de la — , 696. Histoire
pathologique (voy. la Table méthodique).
Cas observés dans les colonies et en
Europe, 700. Contagion de la — , 712.
Épidémies de la — , 713. — transmise
au chien, 713. Cas de — dans divers
organes, 719. Accidents causés par
la —, 725.
FJLÂRIA bronchialis, 20.
FJLAIUA lenlis , lxxii. — medinensis,
lxxiii, 696. — immilis, lxxiv. — tris-
pinulosa, lxxiv. — papi'losa, i.xxv.
— zébra, xci, 328.
FISTULES vermineuses, 114, 192.
FOETUS humain (cas de vers chez le), 7.
Hydatides chez le — , 379.
FOIE (corps oviformes dans le), 257.
Hydatides du — , 455. Cysticerques
du — , 623. Lombrics dans le — , 163.
FOLIE (voy. Intelligence).
FOSSES nasales (vers des), 23 (voy. Ca-
nine).
FOUGÈRE mâle, 787.
FRANK (méthode de P.), 779.
FRÉMISSEMENT hydatique, 386, 590.
Observation ancienne de — , 502.
FROID contre les hydatides, 565. (voy.
Eau froide).
FRONTAL (hydatides du), 555.
FRUITS, ne produisent pas les vers, 6. —
sans action sur la propagation des lom-
brics, 128.
FURIE infernale, 774.
GANGRÈNE (disposition à la) par des
hydatides du foie, 457.
GANGLIONS lymphatiques (voy. Tuber-
cules vermineux). Tumeurs des —
bronchiques, 692.
GARBILLON (remède de), 814.
GÉMINÉS (corpuscules) chez le chat, 259.
GENCIVE (hydatide de la], 539.
GÉNÉRATION (affections vermineuses de
l'appareil de la), 7 53. (voy. Génitaux). —
alternante, il. — des téniadés, x, xxv.
— des dislomides, xlvi. — des néma-
toïdes, Lix. — de l'ascaride lombri-
coïde, lxiv. — du trichocéphale de
l'homme, lxxi.
GÉNITAUX (action sympathique des vers
829
109,
de l'intestin sur les organes), 59
213.
GENRE de vie, influence sur la produc-
tion des entozoaires, 6 ; sur les vers
des bronches, 34; sur les lombrics, 1 23.
Influence sur les vers de l'intestin chez
lesanimauxdomestiques, 225. Influence
sur la cachexie aqueuse, 244.
GEOFFRÉE de Surinam, 786.
GÉOGRAPHIE. Distribution du ténia so-
lium et du bothriocéphale, 78. — de
l'ascaride lombricoïde, 124. — du tri-
chocéphale dispar, 208. — de l'oxyure
vermiculaire, 210. — du distome hé-
patique, 244. — des hydatides, 381.
— du cysticerque ladrique chez le
porc, 626 ; — chez l'homme, 631. —
de la trichine, 680. — de la filaire de
l'homme, 700,— dus trongle géant, 269.
GERMINALE (membrane), XIII.
GLANDE lacrymale (voy. Lacrymale).
— lymphatique (voy. Tubercules ver-
mineux).
GLANDULES (voy. Tubercules vermi-
neux).
GLOBE oculaire (vers dans le), 732.
GRAHL (méthode de), 790.
GRENADIER, 792.
H
HAMULARIA lymphatica,i,\\W , 692.
HANCHE (hydatides de la), 547.
HELMINTHIASE, valeur de cette expres-
sion, 1 5.
HÉMATOIDINE dans les kystes hydati-
ques, 373.
HÉMATOZOAIRES (voy. la Table métho-
dique). Hérédité des — , 310. — dans
les parois vésicales, 313. — dans la
veine porte, 315. — dans des tumeurs,
317. — chez le rat noir, 11.
HÉMATURIE causée par des hydatides,
529 (voy. Hématozoaires, Strongles).
HÉMIONE, 330.
HÉMOPTYSIE causée par les hydatides,
420, 431, 450.
HÉMORKHAGIES causées par les vers de
l'intestin, 59. Observations d' — causée
par des lombrics, 137. — causée par
des hydatides du foie, 457.
HÉRÉDITÉ des entozoaires, 14. — des
hématozoaires, 310. — des cestoïdes,
98, 112. — du tournis, 638.
HERMAPHRODISME du proglottis des
téniadés, xxiv.
herniaire (lombric dans un sac), 20 î.
830
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
hernies (étranglement ilos) par des
lombric!», 14 I .
HERllENSGHWANDS (méthode de), 790.
HBXAGANTHE (embryon), ix.
iiex \ i h v m ou vi (genre), liv. — pin-
guicola, i.v. — venarum, i.v, 323.
HOLOSTOME (genre), i.lii. — ailé, LUI.
HOMME (entozoaires de 1'). (voy. Pro-
tozoaires, llydalide, Cyslicerque ,
Ténia solïum, T. nain, Bolhriocéphalc,
Monoslome, Distorne hépatique, D. lan-
céolé, 1). hétérophye, D. hwmalobie,
D. ophthalmobie, Télraslome, Hexa-
thyridium, Némaloïde trachéal, Oxyure
vermiculaire , Ascaride lombricoïde ,
A. ailé, Spiroplère, Trichine, Tricho-
céphale dispar, Ftlaire de l'œil humain,
Filaria medinensis , Pilaire des bron-
ches, Strongyle à long fourreau (S. lon-
gevagivalus), Anchyloslome, Strongle
géant, Datlylius aculealus, Néma-
toïde indéterminé, Penlaslome étreint,
P. denliculé). Affections vermineuses
de divers organes chez 1' — (voy. la
Table méthodique). Corps oviformeschez
1' — , 263. Hématozoaires chez 1' — ,
311. Cœnure chez 1' — , 644. Tournis
chez 1' — , 665. Tubercules vermineux
chez 1'— , 692.
HUFELAND (méthode de), 778.
HUILE éthérée de fougère, 788. — em-
pyreumatique de Cbabert, 811. — eni-
pyreumatique contre le penlastome té-
nioïde, 26 ; — contre les vers des bron-
ches, 33.
HUILES grasses, 795.
HUMÉRUS (hydatides de 1'), 550.
HUMIDITÉ ; influence sur l'existence ou
la fréquence des entozoaires, 5, 225.
HYDATIDE (genre?), xn. Rapports de
1' — avec les échinocoques, XIV, 355.
Espèces d' — , xvi. — cérébrale, 636.
Sens donné par l'auteur au mot — ,
358. Opinions sur l'origine de 1' — ,
347, 351. Historique, 350. — : chez les
animaux, 617. — chez l'homme, 359.
— suivant l'âge, le sexe, la profes-
sion, etc., 379. Distribution géogra-
phique, 381 ; causes, 380, 620 ; con-
stitution anatomique , 359 , 617 ;
I nombre dans un kyste, 365, 578, 617;
constitution chimique, 371 ; transfor-
mations, 362, 619; kystes multiples,
487, 619; kystes pédicules, 491;
kystes suppures, 367, 377; kystes se
perforant, 377 ; kystes communiquant
ensemble, 378; phénomènes (voyez
Gangrène, llémorrhagie); durée, 383;
terminaison, 385; pronostic, 392;
diagnostic, 386; frémissement, 386 ;
ponction exploratrice, 391 ,571; examen
microscopique des matières évacuées,
392 ; ligures du tissu hydatique, cro
chets, 392 ; signes des adhérences en-
tre un kyste du foie et la paroi abdo-
minale, 615; fréquence suivant les
organes, 376, 619. — rendues par le vo-
missement, 496 ; — par les selles, 497 ;
par les urines, 529. — dans les divers
appareils ou les divers systèmes (voy.
la Table méthodique). — dans des or-
ganes ou des régions divers (voyez
Amygdale, Bassin (os du), Bras, Ca-
nine {fosse), Cerveau, Cuisse, Épiploon,
Fémur, Foie, Frontal, Gencive, Han-
che, Humérus, Jarret, Lacrymale
(glande), Mamelle, Mésentère, Moelle
épinière, Nuque, OEil, Orbite, Ovaire,
Paroi abdominale, de l'intestin, du tho-
rax ; Paupière, Phalange, Pituilaire
(corps), Rate ; Région axillaire, ingui-
nale, lombaire, périnéale, scapulaire,
sous-claviculaire, sternomastoïdienne;
Sphénoïde, Surrénale (capsule), Tem-
poral, Testicule, Thyroïde (corps), Ti-
bia, Tunique vaginale). — Traitement
prophylactique, 563; traitement médi-
cal, 562 (voyez Électricité, Froid, Io-
dure de potassium, Mercure, Sel marin,
Térébenthine). Traitement chirurgical,
565 (\oyezCauslique, Extirpation, In-
cision, Injections, Pondions, Thora-
centèse). Opportunité d'un traitement
prompt, 612. Indications des méthodes
et des procédés chirurgicaux, 611.
HYDROPHOBIE par des vers intestinaux,
53 (voyez Rage).
HYSTÉRIE par le ténia et par des lom-
brics, 54 (voyez Intelligence).
ICTÈRE produit par un lombric, 175.
IDIOTISME (voyez Intelligence).
ILÉUS causé par les lombrics, 139.
ILIAQUE d'un bœuf (hydatide de l'os),
558.
IMAGINAIRES (affections vermineuses) ,
763.
INCISION simple des kystes hydatiques,
577, 613. — à deux temps, 582.
INCUBATION (durée de 1') de la filaire
de l'homme, 716. — de l'embryon de
certains nématoïdes, lxv, lïxi.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
831
INGUINALE (hydalides de la région), 546
(voy. Aine).
INJECTIONS iodées dans les kystes hy-
tiques, 422, 595, 612. — alcooliques
dans les kystes hydatiques, 587, 606,
612. — débile, m!., 607, 613.— d'eau
chlorurée, ici., 611. — de perchlorure
de fer, id., 603. — émollientes, id.,
611.
INNOCUITÉ des entozoaires, 17.
INSECTES invisibles (voy. Animalcules).
— dans l'urine, pris pour des vers,
303. — pris pour des entozoaires, xc.
INTELLIGENCE (lésions de 1') causées par
le ténia, le lombric et l'oxyure, 53;
causées par des cysticerques , 658 ;
causées par des hydalides, 646, 649.
— surnaturelle, 53.
INTERCOSTAUX (hydalides des muscles),
543.
INTERMITTENTS ( affections ou acci-
dents) causés par les vers intestinaux,
59. Fièvres vermineuses — -, 127. Ac-
cidents — causés par les oxyures, 211.
INTESTIN ( entozoaires de 1' ) chez
l'homme, 39 ; chez les animaux, 223.
Perforation de 1' — grêle par des vers,
114, 180, 186,226. Lombric dans les
parois de 1'—, 204. Distomes de 1' —
chez l'homme, 253. Kyste hydatique
de la paroi de 1' — , 487. Kyste hydati-
que ouvert dans 1' — , 417, 495, 499.
Tubercules vermineux de I'— , 692.
INVAGINATION intestinale causée parles
lombrics, 140.
IODUKE de potassium contre les hydati-
des, 564.
ISCHURIE causée par des hvdatides ,
510, 512.
ISLANDE (hydatides en), 382. Rareté des
vers en — , 383, note.
JARRET (hydatides du), 548.
JUIFS (ténia chez des), 75. — au Caire,
très sujets au ténia, 66.
KAMALA, 795.
KYSTE adventifdu cysticerque ladrique,
620; du cœnure, 639; de l'hydatide
du cerveau, 647; de la trichine, 673.
Figures du — de la trichine, 672,
676, 678, 679. — séreux confondu
avec les hydatides, 347. — des hyda-
tides, 362. — hydatique pédicule, 304,
491. — hydatique communiquant avec
les conduits biliaires, 462. — hyda-
tique du foie contenant un lombric,
172. (voy. Tubercules vermineux).
LACRYMALE (vers dans les conduits de
la glande), 753. Hydatide de la glande
—, 536.
LADRERIE, 622; historique, 622. Phé-
nomènes de la — , 624. Diagnostic de
la —, 624, 625.
LAGÈNE (méthode de), 790.
LAIT (troubles dans la sécrétion du) cau-
sés par les vers de l'intestin, 59. Sé-
crétion normale du — après l'accouche-
ment, malgré une paraplégie, 670.
LANGUE (cas de filaire à la), 722. Cysti-
cerques à la base de la — chez le porc,
625; chez l'homme, 633. Ver sous
la — du chien, 772.
LAPIN (enlozoaires du) (voy. Cœnure,
Cysticerque, Polycéphale, Ténia, Mo-
nostome, Dislome hépatique , D. lan-
céolé ; Pentaslome denliculé). Corps ovi-
formes dans le foie chez le — , 257.
LARVES de mouche prises pour des en-
tozoaires, xc, xci.
LARYNX (nématoïdes du),21.Pentastome
ténioïde dans le — 24. Lombrics dans
le — , 145. Cysticerque dans le — ,
625.
LIEUTAUD (méthode de), 800.
LOA, 750.
LOMBAIRE (kyste hydatique ouvert dans
la région), 529, 545.
LOMBRIC (voy. Ascaride lombricoïde).
LOUP (pentastome ténio'ide chez le), 24.
LUMBRICUS, sens de ce mot, 38.
LUMBRICI e/fraclores, 1 76.
LUNE (influence de la), 46, 777.
M
MAHOMÉTANS en Abyssinie n'ont pas
le ténia, 90.
MAIN (cas de filaire à la), 724.
MALE (affections vermineuses de l'appa-
reil), 754.
MAMELLE (cas de filaire à la), 722.
Cas d'hydatides de la — ,759.Pseudhel-
minthe de la — , 762.
MANIE (voy. Intelligence).
MARCHAND (méthode de), 807.
MARINS peu sujets aux hydatides, 6, 379.
H .",2
TABLE ALPMAIIKTIGIË DES ÏIATJÈBES.
MABSOUIN (hématozoaires chez le), 308,
335.
MATHIEU (méthode de), 701.
masturbation provoquée par les
oxyures, 213.
MATRICE (voy. Utérus).
médiastin (hydalides dans le), 411.
membres (hydalides dans les), 547.
Cysticerques dans les —, 633.
MÉNINGES (hydalides en dehors des), 655.
Cysticerques situés dans les — , 660.
MENSTRUATION (troubles de la) causés
par les vers de l'intestin, 59, 109.
MERCURE (prolochlorure de) contre les
hydalides, 563.
MERCURIAUX, "79.
MÉSENTÈRE (kyste hydalique du), 487.
MEYER (remède de), 814.
MIGRATION des lombrics par des voies
naturelles, 141 ; par des voies acciden-
telles, 175.
MOELLE épinière (voy. Rachidien [ca-
nal]).
MONADIENS (famille des), Y.— dans l'u-
rine des cholériques, 289.
MONAS (genre), VI.
MONOSTOME (genre), xlyiii.
MONOSTOME de l'homme XLV1H ; du la-
pin, XLYIII.
MONOSTOMUMlentis, xlyiii.— mutaM/e,
xlviii. — variabile, xlyiii. — triseriale,
xlyiii. — attenualum, xlviii. — ca-
ryophillinum, xlviii. — faba, xlix.
MONOSTOME de l'œil, 735.
MORT naturelle, sa nature vermineuse,
774. — subite ou rapide déterminée
par les vers intestinaux, 60.
MOUSSE de Corse, 798.
MOUTON (entozoaires du) (voy. Hyda-
lides , Cœnure , Cyslicerque , Té-
nia, Disl. hépatique, D. lancéolé, Am-
phislome , Ascaris ovis, Tricliocéphale
voisin, Dochmie hyposlome, Strongyle
ftlaire. St. contourné, Sl.filicole, Néma
toïde indéterminé, Pentastome lénidide).
Pentastome lénioïde chez le, 24.
Strongle des bronches chez le — , 34.
iPTVers des voies biliaireschez le — , 235.
MOUVEMENTS, ne suffisent point pour dé-
terminer l'animalité, xcn.
MUCUS pris comme partie constituante
du ténia, 75.
MULET (voy. Cheval, solipèdes).
MULTIPLES (kystes hydatiques), 487.
MURIER, 799.
MUSCLES (voy. Tronc et membres).
MUSCULAIRE (affections vermineuses
iln sy-lème), 672. Ilydalidi: — sati
échinoco ,ues, xvi, note 3.
MUSENNA, 800.
mutisme (voy. Aphonie).
N
NARINES (lombrics dans les), 143.
NASALES (vers des fosses nasales), 23,
NATIONALITÉ, inlluence sur l'existence
des vers, 13.
NÉMATOIDES (type des), lvi ; organisa-
tion, lvii ; génération, Lix ; mœurs, i.x.
— trachéaux, XLI, 21. — du rein du
chien, XLI, 293. — indéterminés chez
l'homme, le cheval , le mouton, le
chien, LXXXV.
NERFS (hydalides comprimant des), 655.
NERVEUX central (affections vermineuses
du système) (voy. la Table méthodique).
NERVEUSES (affections) causées par les
vers, 48, 53.
NEZ (cas de fila ire au), 721.
NITRATE d'argent, 802.
NOIX vomique, 802.
NOMADES, rarement atteints par les
vers, 6.
NOUFFER (méthode de), 791.
NOURRICE (voy. Générations alter-
nantes).
NUQUE (hydatides de la), 542.
0
OBSTRUCTION intestinale causée par les
lombrics, 1 39.
ODORAT (perversion de 1') par des vers
de l'intestin, 55 ; par le ténia, 109.
OEIL (hydatides des annexes de Y),
536. Lombric extrait par 1' — , 144
(voy. Vision, Globe oculaire).
OESOPHAGE (lombrics dans 1'), 142.
Perforation de 1' — par des lombrics,
204. Oxyures dans 1' — , 215. Tuber-
cules vermineux de 1' — , 684.
OESTRES pris pour des vers du cerveau, xc.
OEUF de distome dans la moelle épinière,
10. Cas de vers dans 1' — , 9.
OEUFS d'helminthes formant des tumeurs,
261. — dans la moelle épinière, 10.
Tableau des — des vers de l'intestin et
des voies biliaires pour servir au dia-
gnostic , 51. — du ténia solium armé,
ix (voy. Ovi formes).
OIE. (voy. Oiseaux de basse-cour).
OISEAUX de basse-cour (voy. Tœnia,
infundibuliformis, proglottina, cras-
TABfcE At.PIlAllÉTl
sula, maliens, lanceolula setigcra, si-
nunsa,fasciata; Monostomum niulalile,
variabite, trisoriale, atlenuatum, caryo-
phillinum, faba ; Distomum ovatvm,
îineare, dilatatum, echinalum, oxyce-
phalum ; lloloslomum ; Ascaris vesicu-
laris, dispar, maculosa, perspicillum,
gibbosa; Spiroptèra hamulosa, uncina-
ta ; Trichosomuni brevicolle, longicolle ;
Sclerostome syngame; Strongyle no-
dulaire). Vers des bronches chez les — ,
36. Tubercules vermineuxchez les — ,
695. Cas de vers chez les — au nid, 12.
OMAO, 773.
OMBILIC (kyste hydatique ouvert à 1'),
416. Lombrics sortant par 1' — , 191,
195, 197. Ténia sortant par 1'— , 115.
OPHYOSTOMA Ponlhieri, xci.
ORBITE (cas de filaire de 1'), 750. Cas
de filaire de l'homme dans 1' — , 719.
Hydatides de 1'—, 537.
OREILLE (lombric sorti par !'), 1 44 .
OSSEUX (hydatides du système) (voy. la
Table méthodique).
OVAIRE (hydatides de 1'), 510, 51 1 , 757.
OVIFORMES (corps) chez le lapin, 257 ;
chez l'homme, 263; figure des corps — ,
259.
OXYURE (genre), LXII, Cas d'affections
sympathiques causées par les — (voy,
A/fections sympathiques) . — vermicu-
laire, dénominations, 209 ; séjour, 210.
— suivant les âges, 210. — suivant les
contrées, 210 Symptômes, 211 ; acci-
dents symptomatiques, 53, 213. Pertes
séminales causées par les — , 213. —
erratiques, 215, 296,302. — errati-
ques dans les organes génitaux, 761.
Traitement de 1' — , 222.
OXYURIS vermicularis, lxiii, 209. —
curvula, lxiii, 228.
PALPITATIONS causées par les vers de
l'intestin, 57.
PANNA, 802.
PAPAYER, S02.
PARALYSIE, par des vers intestinaux, 65.
Observation de — par l'ascaride lom-
bricoïde, 132. — dans le tournis, 642,
663. — par les hydatides du cerveau,
649. — par les cyslicerques du cer-
veau, 658. — par les vers vésiculaires
du canal rachidien, 666.
PARAMÉCIENS (famille des), vu.
PARAMÉCIE de l'homme, vu, 67.
DA VAINE, •
OU; Î)ES MATIÈRES. 833
PAROIS abdominales (voy. Cesldiiles erra-
tiques). Hydatides des — ,487, 545.
Perforation des — par des lombrics,
175, 190, 195. Hydatides dans les —
de l'intestin, 487. Hydatides dans les —
du thorax, 543.
PATHOLOGIE animée, 770, 771.
PAUPIÈRE (hydalide de la), 538. Cysti-
cerque ladrique de la — , 632.
PENTASTOME (genre), lxxxvii. — dans
le rein chez l'homme, 293. — denti-
culé, produisant le pentastome ténioïde,
24. — ténioïde dans les fosses nasales,
23. — dans l'œil chez le cheval. 748.
PENTASTOMUM conslrictum, lxxxvii.
— denliculalum, lxxxviii. — tœnioi-
des, lxxxix, 23.
PERCHLORURE de fer en injection dans
un kyste hydatique, 603.
PERFORATION des kystes hydaliques,
377.
PERFORATIONS (question des) causées
par les lombrics, 175. — intestinales
chez les animaux domestiques, 226.
— intestinales causées par l'échino-
rhynque géant, 231 .
PÉRICARDE (kystes hydatiques en rap-
port avec le), 407.
PÉRINÉE (abcès du) contenant un lom-
bric, 205. Kyste hydatique ouvert au—
520.
PÉRITOINE chez l'homme, n'est point
sujet aux vers vésiculaires, 343. Kystes
hydatiques ouverts dans le — , 493.
Lombrics dans le — , 180.
PÉRITONITE, suite de ponction des
kystes hydatiques, 566.
PERTES séminales produites par les
oxyures, 213.
PESTE de l'homme causée par des vers
invisibles, 769. — bovine, 769.
PÉTROLE, 780.
PHALANGE (hydalide d'une), 551.
PHARYNX (lombrics dans le), 143.
PHÉNOMÈNES déterminés par les vers
de l'intestin, 48. Leur explication, 49.
— singuliers, 55. Observation de
nerveux singuliers parle ténia, 106.
PHTH1SIE vermineuse, 620.
PHYSIS inteslinalis, xci.
PITWITAIRE (hydatides de la glande),
656.
PLACENTA (hydatides du), 760. Pseud-
helminthes du — , 762.
PLÈVRE (vers vésiculaires dans la), 344.
Cas d'hydatides dans la — , 314.. Hyda-
tides cous la — costale, 41 1. Hvda-
88à
TABLK ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
tides du poumon ouvertes dans la — ,
418. Hydatides abdominales ouvertes
dans la — , 137.
PLEXUS choroïde (hydatides dans le), 653.
Cysticerques dans le^ — , 662.
PNEUMONIES vermineuses, 761.
POISSON, son influence sur la production
des vers cestoïdes, 88.
POLYCÉPHALE du lapin, XVIII.
POLYSTOMA sanguicola, 328 — pin-
guicola, lv.
POLYSTOMIDES (sous-ordres des), xliv.
POMMELIÈRE, 620.
PONCTION simple des kystes hydaliques,
566. Manière de la rendre inoffensive,
571. — avec séjour de la canule, 572.
— successives, 576 (voy. Exploratrice).
PORC (entozoaires du) (voy. Hydalides,
Cyslicerque ladrique , C. tenuicolle ,
Distome hépatique, D. lancéolé, Échi-
norhynque, Ascaris suilla, Spiroplère,
Trichocephalus crenalus , Sclerosto-
mum dentalumH Strongyle paradoxal) .
Vers des bronches chez le — , 35. Vers
des voies digestives chez le — , 229.
Traitement des vers de l'intestin chez
le — , 813. Hydatides chez le — ,618.
— Cysticerque ladrique chez le — , 622;
dans le cerveau chez le — ■, 643; dans
l'œil chez le — , 743. Cas de tournis
chez le — , 665.
POTASSE caustique (voy. Caustique).
POULE (voy. Oiseaux de basse-cour).
POUMON (hydalides du), 409, 614, 619.
Hydatides du lobe supérieur du — , 412.
Cysticerques dans le — , 623. Cas de
cysticerques dans le — ■ chez l'homme,
629.
PRINTEMPS (voy. Sahon).
PROGLOTTINIEN (ténia), XXXIX.
PROGLOTTIS, VIII, X, XI, xxiv (voy. Cu-
eurbitins).
PROPAGATION (conditions de la) des
cestoïdes de l'homme, 87. — de l'asca-
ride lombricoïde, 128. — du trichocé-
phale dispar, 208. — des distomes,
244, 246. — de la filaire de l'homme,
705.
PROTOZOAIRES, définition, I. Organisa-
tion des — , H. — intestinaux IV, (pa-
thologie), 63. Sont de vrais parasites,
53. — des voies urinaires, 288.
PSEUDELMINTHES , lxxxix. — des
voies biliaires, 255. — des voies uri-
naires, 300. — du système sanguin,
325. — des organes génitaux, 760
(voy. 1er appendice).
QUINQUINA (sulfate de quinine), 803.
Il
RAGE , influence sur la fréquence des
vers, 13.
RACHIDIEN (œufs de distome dans le
canal), 10. Cœnure dans le canal — ,
667. Hydatides dans le canal — , 669.
Hydatides introduites du dehors dans le
canal — , 670. Hydatides du canal —
n'ayant point empêché l'accouchement
et la sécrétion du lait, 670.
RAGE occasionnée par des cysticerques,
644 ; par des vers dans le cerveau,
770 ; placés sous la langue, 772. —
attribuée au strongle géant, 267 (voyez
Hydrophobie) .
RAGE-MUE causée par des vers chez le
chien, 232.
RATE (kyste hydatique de la), 486. —
OEufs de vers dans la — 261.
RATIER (remède de), 814.
RECTUM (kyste hydatique comprimaot
le), 514. vers du — (voyez Oxyures).
REIN malade par la rétention des urines
causée par un kyste du petit bassin,
515. Hydatides du — , 524. Strongle
géant dans le — , 267, 286 (voyez Voies
urinaires) .
REMÈDES, 810.
RENAUD (méthode de), 792.
RÉTENTION des matières fécales par une
tumeur hydatique, 514. — des urines
par une tumeur hydatique, 512.
RICHARD DE HAUTESIERCK (remède
de), 814.
RUMINANTS (vers des voies digestives
chez les), 232. Vers des voies biliaires
chez les — , 237. Hydatides chez les — ,
617. Cœnure chez les — , 635, 667.
Entozoaires chez les — (voyez Cysti-
cerque, Cœnure, Hydatides, Ténia,
Distome hépatique, D. lancéolé, Doch-
inie hypostome, Strongyle radié, filaire,
micrure.
SACRUM (concavité du) contenant des
lombrics, 205.
SAGITTULA, xa.
SAIGNÉE (vers sortis par la), XCI, 325.
SAISON , influence sur l'existence ou la
fréquence des entozoaires, 4. — favo-
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
rable aux vers des bronches, 29. Lom-
brics suivant la — , 123. Vers de
l'œil des chevaux suivant la — , 745.
Filaire de l'homme suivant la —, 706.
SALIVATION causée par les vers de l'in-
testin, 57, 59.
SALLALA contre la filaire, 731.
SANG (globules blancs du), sont-ils des
entozoaires ? in. Matière colorante du
— dans les hydatides, 375 (voyez Sys-
tème sanguin).
SANTONINE, 803. Effets de la — sur
la vision, 805; sur les urines, 805.
SAORÏA, 806.
SARCODE, II.
SAUMON, cause du bolhriocéphale, 88.
SCAPULAIRE (hydatides de la région),
544.
SCLÉROSTOME (genre), lxxvii. — armé
anévrysmatique, lxxvii, 330. — armé
intestinal, lxxvii, 228. — denté, lxxviii.
— quadridenté, lxxviii. — syngame,
lxxviii, 36.
SCOLEX (voy. Générations alternantes).
SCROTUM (cas de filaire au), 722. Hyda-
tides du — , 755.
SÉJOUR nécessaire des entozoaires, 2.
SEL marin, 780.
SELLES (hydatides rendues par les),
497, 522.
SEMEN-CONTRA, 807. Effet du — sur la
vision, 807.
SENS (perversion des) par des vers, 55.
SERPENT dans l'œil, 733, 745. Strongie
géant pris pour un — , 267.
SEXE, influence sur la fréquence des vers,
13, 48 ; sur la fréquence du ténia, 98.
SINUS longitudinal (ver dans le), 328.
SMUGKER (méthode de), 782.
SOLIPÈDES(hématozaires chez les), 328.
Vers dans l'œil chez les — , 745. Vers
des voies digestives chez les — , 227
Traitement des vers de l'intestin chez
les—, 234, 811.
SOUFRE, 780.
SOUS-CLAVICULAIRE (hydatides de la
région), 543.
SOURIS (voy. Chat).
SPASMODIQUE (observation d'affection)
causée par le ténia, 104.
SPERMATOZOÏDES sont-ils des vers?
754.
SPHÉNOÏDE (hydatides du corps du),
559.
SPIGELIE, 807.
SPIROPTERA hamulosa, lxviii, 695. —
uncinata, lxviii, 695.
835
SPIROPTÈRE (genre), LXVI. — de
l'homme, lxvii, 289. — mégastome,
LXVH, 691. — ensanglanté, lxviii,
68 i. — strongie, lxviii.
SPOROCYSTE, XLVI.
STATISTIQUE des vers cestoïdes dans
l'armée française, 83. — des vers
cestoïdes à Londres, 83.
STERNO-MASTOIDIENNE (hydatides de
la région), 542.
STOMACHIDE, XCI.
STORCK (remède de), 815.
STRABISME par des lombrics, 56.
STRIATULE, XCI.
STROBILA, XXIV.
STRONGLE (genre), LXXXII1. — géant,
lxxxiii, 267. Figure de l'œuf du — ,
275. ■ — dans le rein, 286 ; dans la ves-
sie, 28S; dans la cavité péritonéale,
288 ; dans le tissu cellulaire, 288 ;
dans le cœur, 288, 340 ; chez le bœuf,
274, 287 ; chez le chien, 267, 286;
chez le cheval, 272, 287 ; chez les ani-
maux sauvages, 287 ; chez l'homme,
268, 275, 276 (voy. la Table métho-
dique).
STRONGYLE (genre), lxxix. — radié,
lxxx. — veineux, i.xxx. — filaire,
lxxx, 34. — micrure, lxxx, 21 . —
à long fourreau, lxxxi, 21, — para-
doxal, lxxxi, 35. — contourné, lxxxi.
; — fllicol, lxxxi. — nodulaire, lxxxii.
— dans des tumeurs de l'intestin du
cheval, 692.
STROXGYLUS longevaginatus, lxxxi, 21 .
SUCRE dans le liquide hydatique, 374.
SUEUR causée par les vers de l'intestin,
59. — de vers, XG.
SUPPURATION des kystes hydatiques,
367, 377.
SURDITÉ causée par les vers, 57.
SURDI-MUTITÉ causée par les vers, 56.
SURRÉNALE (hydatide de la capsule),
511.
SWAIM (remède de), 815.
SYMPTOMES déterminés par les vers de
l'intestin, 50.
SYNCOPES causées parles vers de l'intes-
tin, 57.
SYNOVIALES (corps riziformes des), 357.
— non sujettes aux vers vésiculaires,
343.
SYPHILIS occasionnée par des vers in-
visibles, 771. Vers dans la — , 311.
SYSTÈME musculaire (affections vermi-
neuse du) (voy. la Table méthodique).
Affections vermineuses du système ner-
s:s<)
TABLE ALPHABÉTIQUE 1>ES MATIÈRES.
VCUX contrai, ri du système sanguin
[voy. la Table méthodique).
TABLEAU synoptique des entozoaires de
l'intestin île l'homme, 62. — des ovules
des vers de l'intestin et des voies bi-
liaires, 51. — des cas d'hydatides sui-
vant les organes, 376- — des cas de
Pilaire observés par Morehead, 717.
T.KNIA albo-punclala, XXI, 662. —
cœnurus, xxxm. — crassicollis, xxxvn.
— crassula,\],. — cucumerina ,xxx\ . —
dcnliculaia,xxxn. — echinocoa:us,xxx\ .
— elliptica, xxxix. — expansa, xxxn.
— fasciala, xl. — fenestrala, 76. —
infundibuhformis,'xxx\x. — lanceolata,
xr,. — malleus, xl. — mamillana,
xxxm. — mediocanellata , xxx. —
iiana (hominis), xxxn. — nana (canis)
(voy. T. echinococcus). — peclinala,
xxxn. — perfoliata, xxxm. — plicata,
xxxn. — proglollina, xxxix. ■ • sorrala,
xxxm. Expériences sur la transfor-
mation de vers vésiculaires en — ,
xxxm — setigera, xl. — sinuosa,
xl. — solium, xxvi.
TANAISIE, 808.
TATZÉ, 808.
TEMPORAL (hydatides du), 555.
TÉNIA (mode de progression de l'embryon
du), xxxix. Mode de progression du pro-
glottis du — , xxiv. — du bœuf, xxxn.
— du cheval, xxxn, xxxm, '229. — du
chien, xxxm, xxxv.— du chat, xxxvn,
xxxix. Expériences sur la transforma-
tion du — en cysticerque de la sou-
ris, xxxviii. — de l'homme, xxvi. 93.
— armé, XXVI. — fragile, xxvi. Pro-
vient-il du cysticerque ladrique, xxvn,
92. Expériences sur la transformation
du — en cysticerque ladrique, xxix. —
inerme, xxx. — du cap de Bonne-Es-
pérance, xxxi. — des tropiques, xxxi.
— nain, xxxn. — et bothriocéphale
chez le même individu, 79. Répartition
géographique du — , 80. Propagation
du — , 88. Dénominations du — , 93.
Séjour du — ,94. Situation dans l'in-
testin, 95. — rencontré à l'autopsie,
95. — fixé par la tète, 95. — multiple
chez le même individu, 96. — suivant
l'âge, 97. — ■ plus fréquent chez les
femmes. 98. — héréditaire, 99. — épi-
démique, 99. — rendu par le vomisse-
ment, 100. Durée, 101. Phénomènes
el symptômes, 102. Diagnostic, luO.
Cessation temporaire des symptômes
après l'expulsion incomplète, 110, Cas
d'affections sympathiques, 53. Obser-
vations d'attaques épilcptiformes, 104;
d'affections spasmodiques, 1 0i ; de trem-
blement périodique, 1 06 ; île symptômes
nerveux singuliers, 106. — de faim
extraordinaire, 107. — de toux re-
belle, K'S. — erratique (voy. Ces-
ioïdes) . — du lapin, xxxn, — du mouton ,
xxxn. — des oiseaux de basse-cour,
xxxix, xl. — lancéolé (voy. Pentastotne
ténioïde) .
TÉNIADÉS (tribu des), IX.
TÉRÉBENTHINE, 808. — contre les
vers des bronches, 33. — contre les
hydatides des reins, 565.
TESTICULE (entozoaires du), 755.
TÉTANOS par des vers intestinaux, 54
(voy. Convulsions générales).
TÊTE du ténia fixée à l'intestin, 95, 220.
Piecherche de la — du ténia, 2^20.
TETRASTOME (genre), Liv. ■ — du rein,
liv, 292.
THÉLAZSE, XCI, 752.
TÎIORACOCENTHÈSE, 614.
THORAX (hydatides développées dans la
cavité du), 409. Hydatides de la paroi
du —, 34 i.
THYROÏDE [hydalide du corps), 539.
TIBIA (hydatides du), 552.
TINEA, tinta, sens de ces mots, 38.
TISSU cellulaire (slrongle géant dans le),
288 (voy. Cellulaire).
TOURNIS, 636. Dénominations, 636; his-
torique, 637. — chez le mouton et le
bœuf, 636. — chez l'homme, 665.
Hérédité du — , 638. Lésions anato-
miques du — , 639. Phénomènes du — ,
640. Marche du —,642. Du - dans ses
rapports avec les vers vésiculaires, 663.
Traitement du — , 643. Cas de — chez
le porc, 665-
TOIJX causée par les vers de l'intestin, 58.
Observation de — rebelle, causée par
le ténia, 108.
TRACHÉE-ARTÈRE , kyste hydatique ou-
vert dans la), 539. Lombrics dans la - ,
145 (voy. Larynx el bronches).
TRACHELOCAMPYLUS, xxn.
TRAITEMENT delà bronchite vermineuse,
32. — du pentastome ténioïde, 26.— des
vers des bronches chez les oiseaux, 37.
— des lombrics dans les voies respira-
toires, 148. — des entozoaires intesti-
naux de l'homme, 216, 77 5. — des ces-
TABLE ALPHABÉTIQUE DES M ATI EUES.
837
toïdes de l'homme, 219. — de l'ascaride
lombricoïde, '221. — de l'oxyure vcr-
miculaire, 222. — du trichocéphale
dispar,222. — des enlozoaires intesti-
naux chez les animaux, 234, 811. —
du tournis, 643. — médical des hyda-
lides, 562. — prophylactique des hyda-
tides, 563. — chirurgical des hydatides,
565. Opportunité d'un — prompt contre
les hydatides, 612. — de la filaire de
l'homme, 729. — des vers de l'œil du
cheval, 746.
TRÉMATODES (type des), xuv.
TREMBLEMENTS par des vers intesti-
naux, 55. Observation de — périodi-
ques par le ténia, 106.
TRÉPAN (opération du) contre le pentas-
tome ténioïde, 26 ; contre le cœnure,
643.
TRICHOCÉPHALE (genre), LXX. — de
l'homme, 205. Historique, 205 ; fré-
quence, 207 ; distribution géographi-
que, 20H ; diagnostic de sa présence,
209. Traitement du —, 222.
TIUCHOCEPHALUSdispar,hxx.])é\ehp-
pemenl du — , lxxi. — a/finis, lxxi. —
dans l'amygdale chez l'homme, 206.
— depressiusculus, lxxi. — crenatus,
LXXI.
TRICHOSOME (genre), lxix.
THICHOSOMUM plica, hw—brevicolle,
lxx. — longïcolle, lxx.
TRICIIINA spiralis, lxviii.
TRICHINE(genre), lxviii. — chez l'hom-
me, 672. Historique, 672, 681. Mus-
cles envahis par la —, 678. Dis-
tribution géographique de la — , 680.
Kystes plus ou moins altérés de la — ,
676, 678.
TRICHOMONAS (genre), VII. — vaginal,
VII, 756.
TROMPE d'Eustache (lombrics dans la),
143. Hydatides des — utérines, 758.
TRONC iliydalides des parois du), 543.
Cysticerques des parois du — , 633.
TUBERCULES, leur origine dans les hy-
datides, 369, 620.
TUBERCULES vermineux, 683. Figure
d'un —, 687. — du cheval, 691. —
de la chèvre, 695. — du chien, 684.
— de l'homme, 692. — des oiseaux
de basse-cour, 695. — des animaux
sauvages,* 684, 695. — de l'aine, 695.
—de l'aorte, 689. — del'estomac, 689,
691, 694, 695. — des ganglions bron-
chiques, 692. — de l'intestin, 692. —
de l'œsophage, 684, 695.
TUMEURS hydatiques (constitution des),
362. — alhéromateuses, 367, 619 —
formées par des œufs de dislome, 261,
— par des œufs de trichosome, 261. —
renfermant des distomes (voy. Hémato-
zoaires).— vermineuses, 114, 192.
TUNIQUE vaginale (hydatides de la),
755.
U
UNIVERSELLES (affections vermineu-
ses), 763.
URETÈRES (dilatation des) par la com-
pression d'un kyste hydatique, 515;
par le strongle géant, 27 3.
URINAIRE (hydatides de l'appareil), 524.
619. Hydatides ouvertes dans les con-
duits — ,529 (voy. Voies urinaires).
URINE (évacuation d'hydatides avec 1'),
529. Cysticerques? rendus avec 1' — ,
535. Coloration de 1' — par lasantonine,
le semen-contra, le saoria (voy. ces
mots). Sels de 1' — dans les hydatides,
374. Incontinence d' — causée par les
vers de l'intestin, 59.
UTÉRUS (cavité de 1') en communication
avec un kyste hydatique, 519. Hyda-
tides du corps et du col de 1' — , 758.
Vers nématoïdes erratiques dans 1' — ,
761.
VAGIN (oxyures dans le), 216. Hydatides
de la paroi du — ,758. Vers erratiques
dans le — , 761.
VAISSEAU, rupture par l'ascaride lombri-
coïde, 137.
VEAU (vers des bronches chez le), 28. As-
caride lombricoïde chez le — ,224.
VÉGÉTAUX, portions de végétaux prises
pour des vers, xci. Caractères distinctifs
des — , xcii.
VEINES (vers des) (voy. Hématozoaires.
Hydatides dans la — pulmonaire,
396. Kyste hydatique ouvert dans la
— cave inférieure, 405- Kyste hydati-
que comprimant la — , 434. - Inflam-
mation des — du foie autour d'un kyste
hydatique, 481, 604. — du foie com-
muniquant avec un kyste hydatique,
466, 480.
VER solitaire, d'où vient ce nom, 96.
VERGE (cas de filaire à la), 723.
VERMIFUGES 'action des), 775.
838
TAULE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
VERMINEUSES (affections) sans vers, 768
(voyez la Table méthodique).
VEHMIS, sens de ce mot, 38.
\i;i:ooiiv 77 i.
VERS intestinaux (voyez à la Table métho-
dique : Affections vermineuses des voies
digeslives). — Vers intestinaux chez
l'homme. Historique, 39. — Opinions sur
leur origine, 44. Connaissance de leur
organisation, 40. Utilité des — , 40.
Association de plusieurs espèces de — ,
47, 210, 14, note. Influence des astres
(voy. Lune). Phénomènes qu'ils déter-
minent, 48. Tableau des œufs des — ,
51. Affections sympathiques causées par
les — , 53. Crainte exagérée des — et
ses conséquences fâcheuses, 61. —
sanguins ( voy. Hématozoaires de
l'homme). — vésiculaires, l°urs rapports
avec les ténias, xxv ; leurs rapports
avec le tournis, 663. — vésiculaires,
pathologie, 343 ; historique, 346.
VERTÈBRES (voy. Rachidien).
VÉSICULAIRES (voy. Vers).
VÉSICULE biliaire (voy. Biliaire). Atro-
phie de la — , 479.
VÉSICULE séminale (liydatide de la) ,
755.
VESSIE (hernie de la) causée par un
kyste hydatique, 511. Hypertrophie des
fibres musculaires par un kyste hyda-
tique, 514. Hydatides dans la — ,515.
Cestoïdes pénétrant dans la — , 116.
Vers dans les parois de la — , 313.
Strongle dans la — , 274, 288 (voy.
Voies urinair es).
VIANDE crue, son influence sur la pro-
duction du ténia, 89. La — en Abys-
sinie, est celle du bœuf et non celle du
porc, 90.
VIBRION (genre), v.
VHIRIONIENS (famille des), v. — dans
l'urine, 289.
VISION (effets de la saulonine et du sc-
men-contra sur la), 805, 807. Affec-
tions vermineuses de l'appareil de la—,
733.
VITALITÉ de la trichine spirale, 673.—
des larves du Strongylus micrurus,
30 ; — de la filiaire de Médine, 706.
VOIES BILIAIRES (affections vermineuses
des) (voyez la Table méthodique). Hyda-
tides dans les— ,462. Lombrics dans
les —, 156.
VOIES DIGESTIVES (affections vermi-
neuses des) (voyez la Table méthodique).
Distomes dans les —, 253. Hydatides
dans les —, 495. Pseudhelminthes des
— , xc.
VOIES RESPIRATOIRES (affections ver-
mineuses des/ (voyez la Table métho-
dique). Hydatides dans les —, 409.
Lombrics dans les —, 145.
VOIES l BINAIRES (affections vermi-
neuses des) (voyez la Table méthodique
et Strongle géant). Hydatides dans les
— ,524.
VOMISSEMENTS causés par les vers de
l'intestin, 58, 109. Oxyures renduspar
les — , 215. Hydatides rendues par les
— ,497.
VUE (troubles de la) causés par les vers
de l'intestin, 57 (voy. Sens, Surdité).
VULVE (oxyures dans la), 216.
W
WEIGEL (remède de), 818.
ZINC, 780.
FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.
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