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Traité des gîtes minéraux et
m "etallifères, recherche, étude et ... K
Edmond Fuchs, Louis Launay H
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Digiti^fll
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REESE LIBRARY
UNIVERSITY OF CALIFORNIA
MAY 17 Î894
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TRAITE
DBS
GÎTES MINÉRAUX
MÉTALLIFÈRES
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Google
TRAITÉ
DES
GÎTES MINÉRAUX
ET
MÉTALLIFÈRES
RECHERCHE, ÉTUDE
ET CONDITIONS D'EXPLOITATION DES MINÉRAUX UTILES
DESCRIPTION DES PRINCIPALES MINES CONNUES
USAGES ET STATISTIQUE DES MÉTAUX
COURS DE GEOLOGIE APPLIQUEE
DE L'ÉCOLE SUPÉRIEURE DES MINES
PAR
Ed. FUCHS
iDgënieur en chef des Mines
Professeur à l'École supérieure des Mines
L. DE LAUNAY
Ingénieur au Corps des Mines
Professeur à l'École supérieure des Mines
TOME SECOND
0' THt
UKIV3i;BEîTÏ
^â^f^w?^ PARIS
UBRAIRIE POLYTECHNIQUE, BAUDRY ET G% ÉDITEURS
15, RUE DES SAINTS-PÈRES, 15
MAISON A LIÈGE, RUE DES DOMINICAINS, 7
1893
'Tout droits réserrét.
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â-Si^^
y
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TRAITÉ
DE
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
MANGANESE
Mn;Eq =27,50 ; P. at = 55.
Usages. — Les deux principaux usages du manganèse sont la pré-
paration du chlore^ destiné lui-même aux chlorures décolorants,
et la métallurgie (ferro-me^g^nè^ \ spiegel, fonte Thomas). Le
premier emploi a diminué considérablement d'importance par suite
de Tadoption générale des procédés de régénération (Weldon, etc.) ;
il peut même disparaître complètement si Tidée, récemment appli-
quée, d'extraire le chlore des chlorures magnésiens de Stassfurt
entre décidément dans la pratique.
On doit ajouter que le manganèse est utilisé, depuis long-
temps, à Fétat de bioxyde naturel, dans les verreries, sous le nom
de savon des verriers^ à cause de la propriété qu'il a de blanchir le
verre (coloré par le fer); en outre, on s'en sert dans \dL préparation
de t oxygène par le procédé Tessier du Motay. Il entre également
dans un certain nombre à' alliages. C'est ainsi que le cuivre raffiné
du Mansfeld, mélangé à 11 p. 100 de manganèse, donne le bronze
manganèse susceptible de résister à une forte tension. Avec un
mélange de 85 de cuivre, 6 d'étain, 3 de zinc et 3 de cupromanga-
nèse, on a un alliage qu'on peut courber à angle droit sans qu'il
y ait de fissure ; avec 80 de cuivre, 10 d'étain et 10 de manganèse,
* La fabrication du ferromanganèse est presque localisée en Angleterre. L*usine de
Saint-Louis près Marseille, une autre à Hambourg en produisent également.
céOLOGIE. — T. n. 1
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2 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
on a un métal très dur, mais encore facile à travailler. Enfin, les
poteries y les faïenceries^ les usines fabriquant des couleurs j des
piles électriques, absorbent une certaine quantité de minerai.
Suivant les usages auxquels on les destine, les minerais de man-
ganèse doivent remplir des conditions différentes :
Pour la fabrication de f oxygène, il faut du minerai peroxyde
renfermant plus de 73 p. 100 d'oxyde Mn* 0'; on paye, dans ce
cas, Tunité de 1,25 à 1,50.
Pour la métallurgie, le minerai est accepté à partir de 30 et même
de 20 p. 100 ; seulement, on demande qu'il contienne, en même
temps, 30 p. 100 de fer. On paye, dans ce cas :
0,60 Funité de métal pour une teneur de 30 p. iOO.
1,00 à 1,20 — — 30 à 40 p. 100.
1,20 1,50 — — 40 45 —
1,50 1,80 — — 45 50 —
2 francs — — au delà de 50 —
Par suite de leur forte teneur qui atteint jusqu'à 92 et 93 p. 100
de pyrolusite, les minerais du Caucase arriveraient à tuer absolu-
ment toute autre concurrence s'ils ne contenaient pas, presque tou-
jours, un certaine proportion de phosphore. Or les métallurgistes
deviennent de plus en plus exigeants pour cette question du phos-
phore. La dernière tolérance est de 0,100 p. 100 et encore, à cette
teneur en phosphore, les prix de vente sont fort réduits, de 10 p. 100
de ceux du minerai contenant moins de 0,050 p. 100. Les minerais
de manganèse, contenant de 0,250 à 0,750, sont à peu près inven-
dables à la métallurgie pour la fabrication des fontes manganésées :
il ne leur reste comme débouché que la fabrication des chlorures
et ce débouché devient, comme nous l'avons dit, de plus en plus
restreint par suite des procédés de revivification du bioxyde.
Enfin les fabricants de chlorures décolorants et d'eau de Javel
achètent d'après le titre chlorométrique, et diminuent leurs prix
suivant la teneur en matières étrangères , telles que carbonates ,
oxydes de fer et généralement toutes substances solubles dans
l'acide chlorhydrique. La teneur étalon pour les industries chi-
miques est de 70 p. 100 d'oxyde de manganèse (44, 25 de Mn).
On sait qu^un perfectionnement introduit par Weldon permet, en
traitant par la chaux le résidu de l'action de l'acide chlorhydrique
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USAGES ET STATISTIQUE DU MANGANÈSE 3
et soumettant à une oxydation, de régénérer un corps noir ayant
pour formule CaO MnO* qui peut être employé de nouveau.
Statistique. — La consommation annuelle de minerais de manga-
nèse de tout genre, à une teneur de 28 à 58 p. 100 de métal, a aug-
menté, depuis quelques années, dans une proportion assez forte.
La production se répartit entre les divers pays de la façon suivante :
MINBRAIS DE MANGANÈSE
1886
1888
1889 1
^ *
1^— .--
^
,- ^
^-^^
- --^
^
-— Il
Valeur
e
.2 t^
Valeur
e
Valeur
-ï
Tonnes
surplace
il
Tonnes
sur place
il
Tonnes
surplace
•
Russie (Caucase, etc.) .
60 000
»
tt
74 500
*
•
78 000
Prusse (Hetse et Nassau).
Î5 000
967 000
36
27 000
755 000
28
44 000
1 109 000
25
BUts-Unis
ao70o
1 430 000
47
25 900
1 313 000
51
24 600
1 046 000
42
France
7 700
266 000
35
H 000
304 000
28
10 200
1 305 000
30
Grande-Bretagne . . .
12 763
n
n
n
M
n
9 000
1 163 000
18
Suède
6000
w
•
9 700
•
«
8 600
»
■
Portural
Autridie
17 200
970 000
56
8 300
6C6 000
80
7 100
358 000
50
9 100
321000
35
6 600
240 000
36
3 900
169 000
43
Espagne
4000
80 000
20
2 800
73 000
26
»
•
lliîe.
1 000
1 620
56 000
215 000
31
132
4400
1 100
1 13 0 )0
•6
•
2 200
1 SOO
51800
165 000
24
125
Canada
NouTellc-ZélaDde . . .
600
>
»
310
23 000
74
1 100
65 000
51»
Chili (1885^
4 800
■
■
m
«
•
•
■
•
Belgique (prov.de Liège)
•
»
r>
227 000
206
•
•
.
Grèce
■
»
»
1 500
»
•
•
•
•
179 000
173 100
190 000
Gomme le montre le tableau précédeni;, près de la moitié de la
production totale est fournie par la Russie^ c est-à-dire par le
Caucase; ces minerais du Caucase arrivent jusqu'en France, par
TAUemagne, faire concurrence à nos minerais, généralement assez
pauvres. Leur teneur atteint 90 p. 100 de bioxyde.
En Prusse j la production se répartit ainsi, pour une année (1885) :
Wiesbaden (Hesse).
Coblentz (Nassau) .
Cassel (Hesse) • . .
11 825 tonnes valant 360 000 francs.
2 400 — — 43 000 —
500 — — 17 000 —
Aux États-Unis \ les statistiques ne comptent comme minerais
de manganèse que ceux qui renferment plus de 70 p. 100 de
bioxyde, soit 44,252 de manganèse métal, teneur exigée par les
* Minerai Retources, 1886, p. 180; 1887, p. 144; 1888, p. 123; 1889-90, p. 127.
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4 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
usines de produits chimiques d'Angleterre. Au-dessous de cette
teneur, les minerais sont comptés comme minerais de fer mangané-
sifères; ces derniers proviennent pour la plupart du lac Supé-
rieur, en particulier de la mine Colby, en Michigan. Cette région
en fournit 70 à 100 000 tonnes dont 40 à 60 000 à 7 p. 100 de
manganèse au plus et le reste à 9 p. 100. En outre, il existe, aux
Etats-Unis, dans les Montagnes Rocheuses (Montana et Colo-
rado), des minerais de fer manganésifères riches en argent aux-
quels la présence du manganèse donne une valeur spéciale en
agissant comme fondant ^ En 1887, la proportion en était de
66 000 tonnes, à 49 francs la tonne; en 1890, de 71 000 tonnes.
Les minerais de manganèse proprement dits se divisent entre les
Etats de la façon suivante :
1880
1882
1884
1886
1887
1888
1889
1890
Virginie
Àrkansas ....
Géorgie
Autres Etats. . .
Totaux . . .
3 722
1350
300
3 031
178
1016
381
9149
813
406
20 929
3 371
6141
273
20165
5 745
9174
14
17 940
4 383
5 630
1699
14 859
2 570
5 294
1875
12 910
5 427
761
7 011
5 852
4606
10 368
30 714
35 098
29 652
24 598
26 109
En France^ sur la production totale de 16 000 tonnes, en 1890,
les sept huitièmes sont fournis par les mines de Romanèche et du
Grand Filon (Saône-et-Loire), le Veste par quelques gisements de
TAude, rindre, TAriège *, etc. Voici d'ailleurs le relevé statis-
tique pour 1890 :
POIDS
en tonnes
PRIX MOYEN
en francs
VALEOn
en francs
Saône-et-Loire (Romanèche) . .
Aude (Caunes)
Indre
14114
1006
535
219
27,47
28,34
42,72
22,06
387 80i
28 524
22 861
4 832
Allier (Saligny)
Totaux
15 984
28,00
447 584
* Voir p. 266, le gisement de Granité Mountain en Montana.
* On exploite, dans TAude, de la pyrolusite à 3 kilomètres à TOuest de Caunes;
dans TAriège, à Rimont, du carbonate de manganèse (80 tonnes à 30 fr. en 1890).
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STATISTIQUE DU MANGANÈSE 5
En Angleterre^ la production de minerais de manganèse a varié
considérablement dans ces dernières années. En 1873, elle était
de 8 254 tonnes ; en 1875, de 3 725 ; en 1882, elle tombe à 1 548, à
1 287 en 1883, 1 688 en 1885 ; puis, en 1886, par suite de luti-
lisation de gîtes situés dans le cambrien du Merionetshire (11 285
tonnes), elle remonte à 12 763 tonnes, à 13 054 tonnes en 1887.
Mais l'Angleterre absorbe, en outre, pour son industrie, une
proportion de minerais de manganèse, qui a été : en 1859, de
25 536 tonnes; en 1869, de 51 517; en 1879, de 12 172; en 1886,
de 47 581 tonnes.
En Portugal^ les mines de manganèse, après avoir été un moment
assez nombreuses, ont une tendance à décroître.
En Espagne^ la région de Garthagène produit une assez forte
proportion de minerais de fer plus ou moins manganésifères à 10
ou 20 p. 100 de manganèse avec 20 à 35 p. 100 de fer, minerais
associés avec des hématites. Ils ne sont utilisés que lorsque la
teneur en silice ne dépasse pas 10 p. 100. Les minerais sont
exportés surtout en Angleterre, un peu à Cette.
La province de Huelva ' contient également, dans le silurien et
le carbonifère, autour d'El Alosno, Gastillejo, S. Bartolomé, àTEst
du R. Odiel, de très nombreux filons de manganèse.
En Sardaigne^ le gîte de San-Pietro (Capo-Rosso), aujourd'hui
abandonné, a produit en tout environ 50 000 tonnes (4 900 tonnes
en 1881).
En Nouvelle-Zélande j les premières exploitations de manganèse
ont été faites près de Russel et, plus au Nord, à Waiheki. Le
minerai, après triage à la main, contient 75 p. 100 d'oxyde de
manganèse.
La production a été :
1878 4879 1880 1881 1882 1883
2 576 t. 2170 t. 2 651t. 1277 t. 2 217 t. 390 t.
La Grèce produit, au Laurium, une certaine quantité de mine-
rais de manganèse à 18 ou 19 p. 100 de manganèse et 34 à
33 p. 100 de fer. D'après une statistique américaine, la produc-
tion, en 1885, serait montée à 29 000 tonnes.
* Voir une carte au chapitre du Cuivre (Rio-Tinto) et DavieSi p. 299.
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6 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Au CAiVt, on a découvert, depuis quelques années, de grands gise-
ments de manganèse : d'abord dans la province de Santiago (mines
aujourd'hui abandonnées) ; puis dans celle de Goquimbo qui a fourni,
en 1888, 4 000 tonnes à 50 p. 100 de manganèse exportées en Angle-
terre. Les minerais sont superficiels et d'une exploitation facile.
En 1886, on en aurait exporté, en Angleterre, 38 000 tonnes.
Prix du manganèse. — Les prix du manganèse ont assez forte-
ment varié.
Jusque vers 1840, on employait peu de manganèse, seulement
pour les verreries et pour la fabrication du chlorure de chaux.
Les sources étaient : Tavistock en Devonshire, Launceston en
Cornwall, un peu le Harz et le Piémont. L'exploitation, quoique
coûteuse, était, à ce moment, très rémunératrice ; mais la décou-
verte de grands gisements en Allemagne obstrua à tel point le mar-
ché, que les mines anglaises durent fermer. Le prix fut alors de
200 francs la tonne pour un minerai à 70 p. 100 d'oxyde (teneur
étalon pour les usages chimiques) ; puis il baissa peu à peu, avec
la découverte de gisements en Espagne, jusqu'à 74 francs la tonne
en 1865, et les mines allemandes durent fermer à leur tour. Ces.
gisements espagnols, limités et superficiels comme beaucoup de
gisements de manganèse, s'épuisèrent : en même temps, la
métallurgie commença à employer le manganèse; il y eut une
demande à laquelle les mines ne purent suffire, et, par suite, une
hausse. Mais le résultat naturel de cette hausse fut, d'une part,
qu'on chercha et trouva des mines de manganèse de tous côtés ;
d'autre part, qu'on s'efforça d'économiser le manganèse et qu'on
découvrit les procédés de régénération pour la fabrication du
chlore. En 1881, le minerai à 70 p. 100 valait, aux Etats-Unis *»
86,50, avec 2,60 par unité en plus. En 1886, le prix tomba à 80.
Minerais et gisements du manganèse* — Les minerais de man-
ganèse sont, avant tout, la pyrolusile (Mn 0*) ; puis la brauniie
(Mn* 0'), la hausmannite (Mn» 0*), Vacerdèse (Mn* 0» HO), la
psilotnélane (manganèse oxydé barytique) , la dialogite (carbo-
nate), la rhodonite (silicate) et la friedélite (silicate hydraté).
* Nous empruntons cet historique aux Minet^al Resourcês, 1886, p. 208.
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GISEMENTS DE MANGANÈSE 7
Le manganèse, par ses propriétés comme par son poids ato-
mique, se rapproche beaucoup du fer ; on retrouve quelque chose
de cette analogie dans ses gisements.
Ceux-ci, quoique assez variables, peuvent être rapportés à
quelques types principaux :
1® Filons de pyrolusite avec gangue calcédonieuse et dépôts de
silicate de manganèse (Hautes-Pyrénées) , ou de carbonate de
manganèse (Merionetshire, Ariège) : à rapprocher des filons d'hé-
matite, des épanchements ferrugineux de l'tle d'Elbe ou de la
Tahia et des gîtes de sidérose ;
2^ Couches sédimentaires : soit imprégnations, comme dans
certains gisements américains, soit minerais oolithiques ;
3"" Concentration locale dans des argiles, limons et dépôts récents
sous l'influence des infiltrations d'eau superficielles ou des actions
météoriques (Nassau, Amérique).
Nous ferons seulement remarquer que les gîtes du premier type
jouent peut-être, dans la nature, un rôle relativement plus impor-
tant que pour le fer ; cependant, aujçurd'hui, la grande produc-
tion est, comme pour le fer, donnée par des couches oolithiques,
celles du Caucase.
Ces divers gîtes de manganèse peuvent être d'âges très différents:
A Saint-Marcel, en Piémont, ils sont encaissés dans le gneiss ;
en Amérique, les hématites huroniennes du lac Supérieur, le
grès de Potsdam cambrien sont, en différents points, manganési-
fères ; dans les Hautes-Pyrénées, nous avons des couches dévo-
niennes ; le gîte de Romanèche, en Saône-et-Loire, et, sans doute,
beaucoup de filons du Plateau Central sont infraliasiques ; dans le
Caucase, ce sont des dépôts oolithiques éocènes ; à Ciudad-Réal
(Espagne), en Serbie, ce sont des formations miocènes ; au Capo-
Rosso, en Sardaigne, Tépanchement manganésifère s'est intercalé,
pendant le tertiaire, entre deux coulées de trachyte.
Quelle est V origine chimique de ces dépôts de manganèse?
Boussingault avait supposé, d'une manière générale, que le man-
ganèse provenait de sources ayant contenu des carbonates de
manganèse et fer en dissolution sous l'action de Tacide carbonique
en excès et les ayant précipités en perdant leur acide carbonique.
Grûner avait admis la même explication pour les gites des
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6 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Hautès-Pyrénées. Cette dissolution en carbonate peut être appli-
cable aux concentrations superficielles du manganèse et à ses
dépôts oolithiques en mers profondes; mais, pour les filons et
épanchements, il semble, au contraire, dans la plupart des cas,
que le manganèse ait été apporté par des eaux acides chargées de
silice et qu'il ne se soit précipité à Tétat d'oxyde, et surtout de
carbonate, que par la réaction d'une base, en particulier d'un
calcaire voisin.
M. Chamussy, directeur des mines de Romanëche, étudiant,
dans le laboratoire, l'action d'une base sur une liqueur acide de
sels de fer et de manganèse, a remarqué que la plus grande
partie du fer à l'état de sesquioxyde commençait par se précipiter
et qu'il s'écoulait ensuite un temps assez long avant le dépôt des
bases protoxyde et bioxyde (fer, manganèse) ; il en a conclu que,
dans un filon donné, la richesse en manganèse devait se trouver
surtout dans la partie supérieure, la dernière déposée, et que le
fer devait dominer en profondeur : ce qui semble fréquemment
se vérifier dans la pratique.
. Cependant, à côté des venues manganésifères acides, il a dû
se produire, parfois, de même que nous le constatons pour le
fer, des dissolutions à l'état de carbonate, suivant l'hypothèse
de Boussingault, et c'est peut-être l'origine à laquelle il faut
rattacher les gîtes du cambrien d'Angleterre, ainsi que certains
dépôts oolithiques. Â ce dernier point de vue, les résultats de
l'expédition du Challenger * ont donné des indications pré-
cieuses.
D'après Wyville Thomson, le peroxyde de manganèse en grains,
concrétions, nodules, etc., est très abondant dans les boues à
globigérines et à radiolaires formées au-dessous de 900 mètres,
ainsi que dans les argiles des mers profondes. Des concrétions
d'oxyde de manganèse entourent souvent, plus près du rivage, des
dents de squale, des éponges siliceuses, des radiolaires, etc. Ce
manganèse semblerait particulièrement abondant dans les endroits
où l'on trouve des débris de lave augitique. Il résulte là proba-
blement d'une dissolution de carbonate qui, au voisinage de la
Wyville Thomson. Challenger expedit,, 1878; cf. Ann.d, M., 7©, XIII, 505.
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MANGANÉSB DE SAINT-MAHCEL (pIÉMONT) 9
surface» a donné, en se décomposant, du peroxyde microscopique
resté longtemps en suspension et entraîné au loin.
GITE DE SAINT-MARCEL, EN PIÉMONT
[Amas manganésifères dans le gneiss.)
On exploite, depuis plus d'un siècles dans le Val-d'Aoste et le
Val-Tournanche, en Piémont, un groupe de gisements mangané-
sifères, situés dans une région fortement minéralisée, où les
Romains avaient déjà commencé à extraire de la pyrite de fer
cuivreuse.
Les principales mines sont : Saint-Marcel, bien connu des
minéralogistes pour les minéraux très spéciaux qu'on y rencontre ;
Tourgnon, Val-Tournanche et Bardonèche.
Le gisement de Saint-Marcel, décrit au siècle dernier par de
Saussure, est situé dans un massif de gneiss à bancs peu inclinés.
Le manganèse, dont Torigine est assez obscure, formait autrefois
un grand amas dont on recherche aujourd'hui les ramifications.
Cet amas se présente comme interstratifîé dans les couches de
gneiss : aux affleurements, il avait une épaisseur de 5 mètres ;
mais il diminue progressivement à mesure qu'on s'enfonce en
galeries et ne doit pas dépasser 100 mètres de longueur. Sa pente
est d'environ 20"*.
Le minerai se compose d'oxydes de manganèse, en particulier
de braunite (marceline), avec de la hausmannite et de la pyrolusite.
€es oxydes, souvent très bien cristallisés, sont accompagnés de
carbonate de manganèse rouge et de grenat (spessartine). En
outre, tous les éléments du gneiss au contact, mica, épidote, etc.,
ont été pénétrés de manganèse et ont recristallisé ainsi, sous forme
de minéraux manganésifères exceptionnels, tels que la rhodonite,
la piémontite (épidote manganésifère), etc.
* Au siècle dernier, ces gisements fournissaient du manganèse aux verciers de Venise
ei du Sud de la France.
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iO GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Bibliographie,
1796. De Saussure. — Voyage dans les Alpes, t. VIII, p. 229 (Neuchâtel).
Bareiti. — Stud. geol. sul gruppo del Gran Paradiso. — Mem, R, Ac.
Lincei, 3, i, 303. (Ce mémoire contient des analyses de Berthier, Berzelius,
Napione, etc.)
4882. De Launay. — Notes de voyage inédites.
M883. D'AcHiARDi. — l Metalli, etc., t. Il, p. 351.
1887. Davibs. p. 298.
MANGANÈSE DE BARMOUTH ET HARLECH
(mERIONETSHIRE, ANGLETERRE)
{Bancs de carbonate de manganèse dans le cambrien,)
On a commencé à exploiter sur une grande échelle en 1886,
dans le Merionetshire S des gisements importants de carbonate de
manganèse situés dans le cambrien.
Les terrains encaissants sont des quartzites et des grès gris,
parfois feldspathiques ; le minerai forme trois veines, dont Tune,
dirigée N.-S., a 3 kilomètres de long, les deux autres, plus
au Nord, 1 500 mètres. De 1835 à 1840, on avait exploité, aux
affleurements, de Toxyde noir de manganèse. En 1855, M. Halse
reconnut que les veines étaient composées, en réalité, de carbo-
nate de manganèse, minéral dont on ne connaissait jusque-là
d'autre gisement exploitable que dans le silurien supérieur de
Chevron, Belgique *.
A la mine de Harlech, le minerai est composé de bancs zones gris,
jaunes, bruns, formant, au milieu de quartzites, une veine d'en-
viron 0,60. A la mine Moelfre, l'épaisseur est plus faible, le
gisement extrêmement contourné ; à la mine Hafodty, la teneur
est de 30 à 32 de manganèse avec 18 à 19 p. 100 de silice. Le
prix, à Barmouth, est d'environ 38 francs la tonne.
Il est possible qu'il faille rapprocher ces gisements, sur les-
* Voir une carie figure 53, t. I, p. 360.
* Nons en signalerons un exemple dans TAriège, p. 12.
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MANGANÈSE DES HAUTES-PYRÉNÉES il
quels nous manquons de détails géologiques précis, de ceux des
Hautes-Pyrénées *.
Bibliographie.
1887. Ed. Halse. — The occurrence of Manganèse ore in the cambrian Rocks
of Merionetshire. (Transactions of the NoiHh of England Inslitute of mining and
mechanical Engineers, t. XXXVI, p. 103. Newcastle, upon Tyne, 1887.)
M886 et 1887. Minerai Resoitrces des États-Unis.
Nous noterons également ici, pour indiquer leur place dans la
série, les minerais américains de Virginie dont l'origine semble
deyoir être cherchée dans des grès de Potsdam (cambrien) décom-
posés, mais qu'on exploite, en réalité, dans des argiles quater-
naires et dont nous renvoyons, par suite, la description '.
MANGANÈSE DES HAUTES-PYRÉNÉES
( Veines de silicate de manganèse intercalées dans le dévonien.)
Il existe, dans les Hautes-Pyrénées, un certain nombre de gise-
ments de manganèse, aujourd'hui abandonnés, qui ont fait Tobjet
d'une étude récente de M. Beaugey. Les principales concessions
sont GetTn^ Loudervielle et la Serre cTAzet.
L'ensemble de la région est constitué de terrains dévoniens
dont la coupe serait, de bas en haut, d'après M. Caralp :
1^ Calcschites avec calcaires satinés ;
2^ Schistes argileux, parfois ardoisiers, à trilobites et schistes ardoisiers
' à néréites ;
3^ Calcaires à encrines;
4^ Calcaires à goniatites.
Les gîtes de manganèse se trouvent dans l'assise 2, parfois à ses
contacts avec les couches 1 et 3.
Ces schistes contiennent un certain nombre de bancs interstrati-
fiés d'une roche pétrosiliceuse appelée génite, composée de quartz
* Voir plus loin, même page.
• Voir page 30.
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12 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
calcédonieux avec un peu de rutile et d'apatite, dont l'épaisseur
varie de quelques centimètres à plusieurs mètres* Certains de
ces bancs, rigoureusement interstratifiés et probablement con-
temporains des roches encaissantes, se chargent de silicates de
manganèse , de rjiodonite et de friedélite finement rubanées.
L'une de ces couches de rhodonite et quartz affleure, par exemple,
à Barlesta et il est naturel d'attribuer sa formation à des dépôts
silicates manganésifères de l'époque dévonienne *. Au milieu de
cette rhodonite, les oxydes de manganèse remplissent des poches
accompagnées d*un peu de carbonate de manganèse cristallisé.
On admet que ce carbonate résulte de l'action de l'acide carbo-
nique de l'air sur le silicate. En outr^, comme dans tous les gise-
ments de manganèse, on trouve des poches d'argile.
A iffmon/(Ariège)', on exploite assez activement, depuis 1890,
des amas de carbonate de manganèse intercalés dans le dévonien.
Ce carbonate, qu'on avait d'abord pris pour un calcaire rose et jeté
dans les haldes, doit peut-être son origine à une décomposition
superficielle de rhodonite. Le gisement est à rapprocher de ceux
du Merionetshire décrits plus haut*.
Bibliographie,
GRiiNER. — (Ann. d. M., 4« série, t. XVIII, p. 61.)
Garalp. — Etudes géologiques sur les hauts massifs des Pyrénées-
Centrales.
•1889. Beadgey. — [B. S. G., 6 juin 1889, 3«, t. XVIf, p. 297.)
DEVONSHIRE, GORNWALL, NORTHWALES
{Veines dans le silurien^ amas dans le dévonien)
Nous avons parlé, plus haut, des manganèses anglais intercalés
dans le cambrien. Dans le Devon et le Cornwall, on trouve le
manganèse en veines dans le silurien ou en amas intercalés dans
le dévonien et paraissant contemporains de sa formation. Dans
' Comparer les silicates de manganèse argentifères du Monlana, p. 268.
* Renseignements communiqués par M. Lacroix.
» Page 10.
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MANGANÈSE DE ROMANÉCHE
13
le Northwales, un amas, exploité près d'Aberr/ele, est situé à la
base du calcaire dévonien, au-dessus des schistes siluriens de
Fig. 163. — Coupe théorique de la mine de manganèse et hématite de Nantuchai
près Abergele (Northwales).
Wenloch, dans des conditions qui rappellent les amas calami-
naires. Il est mélangé à de Thématite ^ .
MANGANÈSE DE ROMANÈGHE (saône-et.i.oire)
[Filons de psilomélane (Tâge infraliasique,)
Les gisements de manganèse de Romanèche ont été découverts
vers 4750; cependant les concessions de Romanèche et du Grand-
Filon ne datent que de i823 ; elles fournissent aujourd'hui la plus
forte partie du manganèse français. La mine de Romanèche
est située à la limite Est du massif granitique de Fleurie et de
terrains sédimentaires, infralias et calcaire à gryphées, qui reposent
sur lui et que recouvre eux-mêmes le tertiaire.
Le gisement comprend :
l"" Deux filons parallèles, dits petit filon, n"" 1 et petit filon n"" 2
dirigés N. So"" E. et complètement encaissés dans le granité;
2^ Un gîte de contact, dit le Grand-Filon, qui unit les deux petits
filons et qui est renfermé tout entier dans une faille entre le gra-
* De la Bêche. GeoL report of Comwall and Devoriy p. 609.
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14
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
nite et le terrain tertiaire, représenté, à son toit, par des ai^iles;
3* Divers amas d'allure différente, paraissant résulter d'épan-
chements latéraux et dont le plus important, découvert en 1847,
repose sur les grès arkoses de Tinfralias et a, comme toit : en cer-
tains points, le calcaire à gryphées ; ailleurs, des argiles ou sables
rattachés au môme étage.
Les petits filons sont exploités jusqu'à 120 mètres de profondeur
par le puits des Métériers et celui des Verchères. Leur largeur
est extrêmement variable. Us se réduisent quelquefois à l'état d'un
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. de» Métériers^
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des Boulon«
Fig. 164. — Croquis d'ensemble des mines de manganèse de Romanèche
(d'après M. Ghamussy).
simple joint stérile et atteignent, en d'autres points, 5 à 6 mètres
d'épaisseur. Le toit et le mur ne sont marqués que dans quelques
parties richement minéralisées ; le granité est généralement très
altéré au contact ; souvent le filon est composé d'une multitude
de veines formant, dans le granité, un véritable stockwerk : cette
irrégularité rend les travaux d'exploitation assez difficiles. L'incli-
naison varie de. 70 à 80"*.
En outre des ramifications du filon même, on rencontre, au
toit et au mur, un certain nombre de croiseurs minéralisés, parfois
exploitables, dirigés n^ 5.
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MANGANÈSE DE ROMANÉCHE
15
Le grand filon, au contraire, a un mur très régulier, en granité ;
son inclinaison est d'environ 70* vers l'Est ; le minerai a une
épaisseur assez forte de 5 à 8 mètres, mais il est de qualité bien
inférieure à celle des petits filons.
L'amas permet de préciser Tâge de la venue manganésifère,
certainement infraliasique, car c'est une formation contemporaine
des filons et non, affirme-t-on, un produit de leur démantè-
lement postérieur : on n'y a, en effet, jamais trouvé trace des
particules granitiques qui abondent dans les filons.
Ces amas ont été presque complètement dépilés avant 1878 ; le
puits, dit des Boulons, qui en cherche aujourd'hui le prolonge-
ment, a donné une coupe du tertiaire, du lias, de l'infralias et des
marnes irisées.
Le minerai des divers gisements est de la psilomélane (oxyde
hydraté barytifère). Il est, en général, très dur et raye souvent le
verre ; on y trouve fréquemment des géodes qui fournissent des
échantillons mamelonnés bien connus.
La teneur des minerais est la suivante :
OXYDE ROUGE
de mangaoèsc
OXYGÈNE
en excès
EAU
BARYTE
ce
M
ss
a
•<
5,60
<
s
1
Miaer&i moyen . .
70,30
(44.25 de nunga.
Bèt« métal)
6,70
4,60
12,80
Mioeniiafériear.
60,00
(«8,40 de manga-
iw«e métal)
il, 00
»
13,45
4.20
7,00
2,2i
0,60
0,60
Les gangues des minerais sont, en outre des roches avoisinant
et encaissant les gisements, du quartz, de la fluorine, de l'oxyde de
fer, de la baryte sulfatée, avec, accidentellement, de Tarséniosidé-
rite et des oxydes de manganèse arsénifères*.
Les mines de Romanèche occupent, en moyenne, une centaine
d'ouvriers. En 1888, elles ont, avec les mines du grand filon, pro-
duit 9500 tonnes, se répartissant comme suit : 400 tonnes à 45
p. 100 de manganèse; 3000 à 30 ou 35 p. 100 et 6100 a 15 p. 100*.
< Dont M. Lacroix a commencé Tétude.
* En 1881 la production était de 10 870 tonnes valant 365 632 francs.
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16 GË0L06I£ APPLIQUES
La proportion des roineraÎB pauvres tend malheureusement à
augmenter depuis quelques années.
Ces minerais sont employés : les meilleurs aux usines de produits
chimiques; les autres aux usines à fer pour la fabrication des
ferro-manganèses, du spiegel, dos fontes Thomas. Leur prix varie
beaucoup, suivant la teneur en métal, entre 15 et 95 francs; il est,
en moyenne, d'une trentaine de francs.
Bibliographie.
1796. DoLOMiEu. — (Journal des mines.)
1829. BoNNABD. — (Ann. des se. naf., p. 285, et i833, V. Leonhards Jahrb.y
p. 562.)
1862. Delafosse. — Cours de minéralogie, 3, 56.
1889. Davies, p. 302 (coupe théorique et profil en long).
1890. Chamussy. — Renseignements inédits.
On peut rapprocher du type filonien de Romanèche un grand
nombre de filons de quartz et pyrolusite, généralement sans im-
portance industrielle, qu'on rencontre dans le Plateau Central et le
Morvan.
C'est ainsi qu*aux Gouttes-Pommiers, prèsSaligny (Allier) ^ une
concession, abandonnée depuis quelques années, porte sur un
filon de pyrolusite avec quartz jaspé rouge et jaune, traversant
les schistes mâclifères de Saint-Léon et des marbres rattachés par
M. Michel Lévy au cambrien. Aux affleurements, des sables à
cailloux pliocènes, qui recouvrent la région, contenaient des con-
centrations de fer et de manganèse qui ont été autrefois exploi-
tées.
Près de Luzy (Nièvre), on a demandé, en 1886, la concession
d'un filon de pyrolusite de 0,40 de large traversant le granité, etc.
En Allemagne, le type filonien est également représenté, en
divers points, par des filons de pyrolusite, calcite et barytine
encaissés dans des roches très diverses et qu'il est, par suite,
difficile de considérer, avec V. Groddeck, comme des gîtes de
sécrétion.
* Sur les Gouttes 'Pommiers : 1882. Chamussy. — Gîtes de manganèse de Saiigny
(Allier).
1884-188». L. de Launay. — Notes de voyage inédiles.
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MANGANESE DU CAOCASE 17
Les plus importants sont ceux A'ilfeld ' (Harz), qui traversent
une nappe de porphyrite, intercalée au milieu du grès rouge et
qui, par suite, sont, au moins, triasiques. Les filons, dont la puis-
sance varie de quelques centimètres à O'^ySO, ont une forte incli-
naisoji, de 60 à SO"". Les minerais sont, tantôt compacts, tantôt
cristallisés : acerdèse dominante, souvent cristallisée; pyrolusite,
braunite, hausmannite, psilomélane et wad avec gangue de bary-
tine, calcite et braunspath.
Ces veines n*ont jamais pu être exploitées au-dessous de 20 mè*
1res de profondeur, parce qu'elles devenaient stériles. La porphy-
rite à'Ilfeld renferme, d'ailleurs, aussi des veines d'hématite rouge
et de barytine.
Dans le Thuringerwald^ ^ il y a également quelques gîtes assez
importants : Rumpelsberg et Mittelberg près d'Elgersburg. Les
filons, encaissés dans le porphyre, sont remplis de pyrolusite, psi-
lomélane, wad, etc., rarement d'arcerdèse, et contiennent de nom-
breux fragments des épontes. Quelquefois la disposition est net-
tement géodique ; il existe de fréquentes ramifications latérales
et Ton n'a pas encore observé que les filons soient limités en pro-
fondeur.
MANGANÈSE DU CAUCASE (kviril, tchiatoura) •
{Gîles oolithiques sédimentaires éocènes.)
Les principaux gisements de manganèse du Caucase se trou-
vent sur les deux versants de la vallée du Kvirila, au voisinage
!1853. Kerl. — {Berg. u, H. ZeiL, p. 148.)
1870. Erlauterung z. geol. Spécial Karte von Preussen (feuille de
Nordhausen).
1884. 6ix)ddeck, p. 207, et Gotta, p. 88,
{ 1843. Credner. — Geol. verh. d. Thûringerwaldes u. des
* SurleThitringerwald] Harzcs, p. 130.
( 1884. Groddeck, p. 207.
CL : Sur le Siebengebirge.— Z. d, d. geoL GeselL^ 1852, t. IV, p. 576, et B. u. H. Z.y
1853, p. 741 (loanganèse dans le trachyte).
Sur Sielberg, surla Rhon. — (B. u. H, Z., 1854, p. 62.)
Sur WiUichm (forêt Koire). — Sandberger : Neues Jahrb. f. Miner., 1869, p. 208
(manganèse dans le granité).
' CoU. Ecole des Mines, 1940.
GÉOLOG». — T. n. 2
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iB GÉOLOGIE APPLIQUÉE
du village de Tchiatoura (gouvernement de Koutaïs), en Trans-
caucasie.
La station de chemin de fer la plus voisine est ceOe de Kviril^
Fig. 165. — Plan de la région de Tchiatoura (Kviril).
sur la ligne de Tiflis-Poti, à 126 kilomètres de Poti. La distance
des mines à Kviril est de 42 kilomètres.
Fig. 166. — Coupe N»-E.-S.*0. des- gisements de manganèse de Tchiatoura.
Le minerai de manganèse jforme une série de lits dans des grès
et sables tendres éocènes à Lamna elegans *. Ces sables reposent
• Telle est, du moins, Topinion adoptée sur la carte géologique du gisement de Kou-
taïs ; MM. Abicb et Siminowitch classent, au contraire, la couche manganésifère à la
base de l'étage sarmatique.
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Fig. 167. — Carte des mines de manganèse
du Caucase.
Echelle au
282.000'
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âO GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sur des calcaires et des marnes sénoniens avec Ananchytes ovata
et sont surmontés par d'autres sables et bancs calcaires avec fos-
siles miocènes de Tétage sarmatique.
Les lits de manganèse, d*assez faible épaisseur, sont presque
horizontaux avec une pente de 2 à 3 degrés vers le Nord-Est.
On trouve, en allant de haut en bas :
1). Minerai de manganèse mêlé d'argile 0"^,40
2). •— en concrétions de 0"»,02. . 0 52
3). Manganite ou acerdèse- avec concrétions. ...» 0 52
4). Minerai oolithique 0 20
5). Sable argileux avec talc 0 09
6). Minerai oolithique fin avec beaux morceaux. . . 0 20
7). Principale couche de pyrolusite, très riche. ... 0 53
8). Manganite avec rares morceaux de bon minerai . 0 23
9). Couche dure de minerai de seconde qualité. . • 0 20
Total 2™,80
On voit donc que le minerai se compose d'une série de couches
dont la puissance varie de 0™,d5 à O'^jTS, formant un total de
2 à 5 mètres et composées, tantôt d'acerdèse et de pyrolusite
pulvérulente, tantôt de pyrolusite en grains oolithiques analogues
aux minerais de fer du Berry, tantôt enfln d'argiles avec rognons
de pyrolusite.
La composition de la couche résulte des analyses suivantes :
Eau
Silice
Alumine ....
Fe^^Qî
MnO»
MnO
CaO
MgO
BaO
SO»
PhD»
Total.
Mn
Ph
Cu
Résidu insoluble.
2,40
4,49
i,68
0,53
85,67
1,98
0,76
0,20
0,88
0,42
99,04
55,70
0,18
5,71
1,61
6,67
2,14
0,03
85,77
0,80
0,87
0,24
0,68
0,40
99,21
54,83
0,17
8,10
1,20
2,88
2,34
84,90
2,50
0,33
0,32
3,11
1,19
0,35
99,12
56,60
0,15
traces
7,17
0,74
0,74
1,12
94,32
1,82
traces
0,20
traces
0,06
99,00
61,05
0,03
traces
0,74
1,26
1,69
1,27
0,26
91,23
2,40
0,58
0,31
traces
0,08
99,08
59,53
0,035
traces
1,69
La couche a été reconnue sur 120 kilomètres carrés, donnant un
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MANGANÈSE DU CAUCASE 21
minimum de deux tonnes au mètre carré. Le quart île cette masse
serait 50 millions de tonnes.
En outre de ces couches, le minerai forme quelquefois des filets
intercalés dans les mêmes grès ou encore dans les calcaires.
L'origine de ce dépôt de manganèse, qui constitue la plus
importante réserve de ce métal actuellement connue au monde,
€st assez problématique.
Il semble falloir voir là un dépôt de précipitation chimique
analogue à celui qui a produit les fers oolithiques si abondants
dans d'autres régions. Les caractères de la faune et ceux mêmes
des couches sableuses ont fait considérer cette formation comme
étant un gisement de rivage (ce qui est, d'ailleurs, l'hypothèse
généralement admise pour les minerais de fer sédimentaires).
On a remarqué que les grains oolithiques .avaient un diamètre
croissant de bas en haut.
Au point de vue industriel, les gisements, absolument inexploités
encore en 1878 S se sont rapidement développés. En 1889, ils
ont fourni 70 300 tonnes de minerai de manganèse ; les années
précédentes, on avait eu : 56 000 tonnes en 1885 ; 60 000 en 1886 ;
53 000 en 1887 ; 30 000 en 1888; 70 000 en 1889. Nous donnons,
plus loin leur prix de revient ; ce qui le grève surtout, ce sont les
transports.
De la mine à la station de Kvirila, les minerais étaient amenés,
il y a peu dé teihps encore, par des caravanes de chevaux et de
chameaux qui suivaient, en hiver, la vallée de la Kvirila et pas-
saient, en été, sur les plateaux. Ces caravanes étaient composées
chacune de 150 à 200 animaux, les chevaux portant 160 kilo-
grammes au minimum et les chameaux 275 kilogrammes/ L'ex-
portation à laquelle on pouvait arriver par ces moyens primi-
tifs était de 8 000 à 8 500 tonnes. Aujourd'hui un chemin de fer
Decauville a réduit ce transport à 12 francs.
De Kviril à Poti, le transport coûte 6 francs. Puis le fret jus-
qu'à Marseille revient à 16 francs.
* La notice sur les ressources minérales de la Russie, publiée à propos de i^Ëxposî-
lion de 1878, déplore quMls n'aient attiré Inattention d'aucun capitaliste.
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22 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
On a donc :
Minerai sur le carreau de la mine 10,00
Transport de la mine à Tohiatoura 1 ,50
Transport de Tchiatoura à Kviril 12,00
Chargement en wagons 0,20
Chemin de fer de Kviril à Poti 6,13
Frais de chargement à Poti 4,09
Fret de Poti à Marseille 16,00
Frais généraux. 4,00
Commissions et divers . . . ^ i,i7
Total 53,09
D'après ce calcul, le prix de revient du minerai à Marseille, mal-
gré des frais 'd'extraction trop élevés, ne serait que de 55 francs. Les
pays consommateurs sont TAngleterre, la Hollande, la Belgique, la
France et TAllemagne. Les principaux exploitants sont français.
A la suite de ces gisements de Kviril, il peut être intéressant
d'en mentionner d'autres inexploités dans la même région.
C'est ainsi qu'à 50 kilomètres au S.-O. de Tiflis, on connaît, dans
un calcaire bréchoïde sénonien, une veine de manganèse de 0"*,70
d'épaisseur; de même, à Chroscha, on a trouvé du manganèse dans
les grès calcaires du jurassique supérieur.
Bibliographie
1878. Richesses de la Russie, p. 139.
16 juillet 1882. Rbulbaux. — Gisements de manganèse de la Transcaucasie.
(Soc. géoL de Belgique.)
1886. Minerai Resources des États-Unis, p. 204.
•1887. Chapuy. — Mémoire manuscrit à l'École des mines (2001).
PioT. — Notes manuscrites.
1891. Leproux. — Gisements divers du Caucase. (Mémoire manuscrit à
FÉcole des mines.)
MANGANÈSE de la province de ClUDAD-RÉAL (espagne)
{Couches de pyrolusite miocènes.)
On a découvert, assez récemment, dans les couches miocènes du
plateau de la Serena, au voisinage de la petite station de Val-de-
Penas, des gisements que nous rapprocherons de ceux du Caucase.
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MANGANÈSE DE GlUDAD-BÉAL
25'
Ce plateau, qui oscille entre les cotes 300 et 400, est une des
régions minières de l'Espagne.
La figure 169 montre sa coupe générale d'une façon schéma*
tique.
On y aperçoit, d'abord, une série de collines formées par des grèfi
^Manzanaro*
Fig. 1|S8. ^ Gaïao du gisement de manganèse de Ciudad-Réal.
à bilobites et des quartzites siluriens, avec poches de fer et filons
de plomb et argent alimentant les fonderies de Pefiaroya, sur les-
quels s'appuie <juelquefois un peu de dévonien 2, comme à Alma-
Fig. 169. — Coupe verticale théorique de la région des gisements de manganèse
de Ciudad-Réal.
1, grès à bilobitet. — 6, poches de minerai de fer. — 2, déTonien. — 3, calcaire carbonifère.
4, houiller. ^ 5, miocène. — 6, basalte.
den (les schistes à calymènes font généralement défaut). Puis
nennent des calcaires carbonifères (3) à Productus Giganteus et
Cora, souvent exploités pour la fabrication de la chaux et recoupés
par des veines de phosphates.
Le centre du synclinal est parfois occupé par du terrain houiller
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24 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
productif (4); c'est le cas, par exemple, du hoiiillerde Puertol-
lano, situé à la séparation des bassins de la Guadiana et du Gua-
dalquivir. C'est là également que se trouve le houiller de Belmès
avec les deux exploitations de Penaroya et de Belmès. Vers la
partie Nord-Est du plateau, on pénètre dans le terrain miocène (5)
du plateau de la Manche et de la vallée de TEbre ; ce miocène, en
couches horizontales, occupe des dépressions des terrains précé-
dents. Enfin, tous ces terrains sont recoupés par des pitons de
basalte (6).
C'est dans le miocène que se trouvent les couches de manga-
nèse, à l'état de bioxyde et de sesquioxyde, intercalées au milieu
des assises tertiaires sensiblement horizontales. La coupe est la
suivante de haut en bas :
10 Calcaire plus ou moins compact;
2® Argile rougeâlre, i™,50 à 5 mèlres;
30 Argile blanche, 0",30 à 0«,50;
4<> Couche de manganèse, 1"»,20;
50 Argile blanche contenant de 15 à 20 p. 100 de minerai, 5 mètres ;
6** Argile blanche non traversée.
La teneur des minerais est de 40 à 60 p. 100 en manganèse.
Ils contiennent, en outre : quartz, 1 à 20 p. 100; phosphore,
0,25 p. 100; fer et alumine, 3 p. 100.
Le prix de revient a été calculé comme suit par M. Fuchs :
Exploitation 3,00 à 5,00
Droits de surface 2,25
Indemnité de terrains 0,10
Transport jusqu'au chemin de fer . . . 5,00
Jusqu'au port embarquant 20,00
Frais d'embarquement 2,00
Transport par mer 15,00
Assurances 1,00
Commissions diverses 1 ,80
Frais administratifs 2à3 francs.
Amortissement 2.3 —
Imprévu 5
40 fr. environ.
Ces gîtes sont peu exploités par suite : d'une part, de la pré-
sence d'une certaine quantité de phosphore ; de Tautre, de Texis-
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MANGANÈSE DE SAN-PIETRO (sARDÂIGNb) 25
tence, au fond de ces cuvettes siluriennes, d*une nappe hydro-
statique qui limite assez vite les exploitations en profondeur.
Serbie. — En Serbie, on a trouvé, près de Kragobaschy du
minerai dans les mêmes conditions qu*à Ciudad-Réal, en couches
dans des calcaires d'eau douce remplissant eux-mêmes une vallée.
MANGANÈSE de l'Île de SAN-PIETRO (sardaigne)*
{Couche intercalée entre deux nappes de trachyte.)
Il existe, sur la côte S.-O de Sardaigne, dans Tlle de San-Piétro, un
gîte d'une formation géologique intéressante et qui eut, un moment,
avant la découverte des manganèses du Caucase, une réelle
importance industrielle, mais qui, depuis, a été abandonné. Cette
ile de San-Piétro joue d'ailleurs un certain rôle au point de vue
géographique; car sa rade de Carlo Forte constitue un des rares
points abordables de la Sardaigne dans la province d'Iglesias, si
riche, comme nous le verrons, en minerais métallifères.
L'île est constituée tout entière de roches Irachytiques et andé-
sitiques. La partie où elle contient du manganèse est le Capo-
Rosso.
En ce point, la falaise comprend des obsidiennes et des couches
d'argile et de jaspe intercalées dans la formation trachytique.
La coupe est, de haut en bas, la suivante :
i • Trachyte tufacé à divisions prismatiques ;
2. Argile blanche kaolineuse, 1 mètre à 1",20;
3. Argile rose kaolineuse;
4. Couche <f argile avec quartz et jaspe rouge ;
5. Argile avec lentilles d*ocre, 0",15 à 0",20;
6. Argile jaune ;
7. Ck>uche de manganèse surmontée d'une couche de jaspe très pur;
8. Argile blanche kaolineuse ;
9. Brèche trachitique.
c'est-à-dire qu'entre deux couches de trachyte, est intercalée une
formation d'argile, de 2"*,50 à 3 mètres, contenant des minerais
de manganèse.
"Coll. École det Mines, 1700.
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25 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
L'ensemble des couches a un plongement d'environ 10** vers le
Nord.
Le minerai, lui-même, composé d'un mélange de bioxyde et de
sesquioxyde, a environ 20 à 30 centimètres d^épaisseur. Les afOeu-
rements peuvent se suivre, sur une longueur de 2 kilomètres, le
long de la falaise.
Le rendement est d'environ 450 à 500 kilomètres de minerai de
manganèse humide par mètre carré d'abatage.
La formation de ce gîte semble pouvoir s'expliquer par la venue
de sources thermales siliceuses et manganésifères ayant donné un
dépôt chimique entre deux coulées de trachytes.
Au point de vue industriel, cegUe a fourni, vers 1881, de 8 à
10 000 tonnes de minerai de manganèse par an. Mais l'inclinaison
des concbes vers l'intérieur de l'Ile et la présence, au-dessus du
gîte, de trachytes fissurés ont donné des venues d'eau considérables
qui ont déterminé l'arrêt momentané de l'exploitation.
Bibliographie.
1881. FucHs. — Notes de voyage inédites.
1885. Halse. — On Ihe manganèse deposits of Ihe îslet of San Pietro, Sar-
dinia, {Trans. of the N. of England Itifitititte of mîning and mechan. engineers.)
1886. Minerai Resources des Etats-Unis, p. 202.
MANGANÈSE DU NASSAU
{Concentrations quatei^naires en poches superficielles.)
La production de manganèse dans la Hesse et le Nassau est
assez considérable ; elle est d'environ 25 000 tonnes par an et
porte sur plus de 200 mines.
Les gttes de manganèse du Nassau sont en relation avec les gîtes
de phosphorite décrits plus haut * et, comme eux, situés dans la
vallée de la rivière la Lahn, qui se jette dans le Rhin à 3 milles
environ de Coblentz. Ils s'étendent, depuis le village de Baldwin-
* Voir t. I, p. 362 et Ûg. 55. La phosphorite a été trouvée en cherchant le man-
ganèse.
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MANGANÈSE DU NASSAU
27
tein, entre Nassau et Dîez, au Nord-Est de Limbourg jusqu'à
Weilboui^ et Wetzlau. Les principales mines sont autour d'Elbin-
gerode. En 1886, on a annoncé, en outre, la découverte d'un
nouveau ^te important de minerais riches à Eckholshansen.
Les roches fondamentales de la région sont des grès et schistes^
appartenant au dévonien inférieur et moyen, surmontés d'un
calcaire dolomitique, au-dessus duquel viennent des schistes à
cypridines du famennien.
Ces terrains anciens sont recouverts par des dépôts d'argile assez
épais (15 mètres à Eckholshausen), souvent surmontés de détritus
de quartz, dépôts qui pénètrent en profondeur dans des poches de
corrosion plus ou moins irrégulières du calcaire. C'est dans ces
i'iit^'^'iit-nr, «iiii»^- ,M I 1.1 I
à et*'/ outttrt- . ÇuHi^
Fig. 170. — Coupe verticale de ht mine de manganèse d*£lbingerode (Allemagne)
(d'après Davies).
poches que l'on trouve le phosphate ; c'est là aussi qu'existe le
manganèse en veines associées avec des couches d'hématite.
Ces trois corps présentent l'aspect de concentrations superfi-
cielles d'éléments empruntés aux terrains sous-jacents ; nous
avons vu, par exemple, que le calcaire contenait une assez
forte proportion de phosphate ; il est également fréquemment
imprégné de manganèse * et contient, en outre, de petites cavités
remplies par des cristaux de calcito et pyrolusite. Peut-être les
dépôts exploités ne sont-ils que le produit du démantèlement et
de l'enrichissement, par les eaux de surface, de petites veines
fîloniennes existant en profondeur. Le gîte serait alors compa-
rable aux amas superficiels qu'on avait d'abord trouvés aux
Goutte-Pommiers (Allier)*, dans une épaisseur de 15 à 18 mètres
' * M. Dieulafait a montré la grande diffusion du manganèse dans les calcaires. Voir
plushaut, pageS^ ce que nous avons dil sur sa précipitation actuelle dans les boues
à globigérines.
• Voir page 16. •
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28
GÉOLOGIE ÂPÏ»LIQUÉE
de pliocène, avant d'arriver en profondeur au filon proprement
dit, et résulterait, comme eux, d'une érosion quaternaire.
Les minerais de manganèse, contenus dans largile, consistent
en pyrolusite, psilomélane, manganite et wad ; le fer associé est
^ l'état d'hématite.
-Voici quelques coupes de ces mines (fig. 171 à 175) :
^^
rrr
~T-^r
Fig. 171. — Coupe yerticale de la mine Rubin, près Niederttefenbach
(d'après Davies).
Dans la coupe de la mine Rubîn (fig. 171), nous voyons une
couche continue de manganèse, reposant sur une couche de sable,
suivre toutes les inflexions du calcaire.
Fig. 172. — Coupe verticale de la mine Fahrweg, près Niedertiefenbach .
Dans la mine Fahrweg (fig. 172), le manganèse est divisé en
deux couches.
Sur les coupes de Steeterwasen (fig. 173 à 17S), on peut remar-
quer que les deux dépôts de fer et de manganèse sont assez nette-
ment distincts.
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MANGANÈSE DU NASSAU 29
L'épaisseur de ces veines varie de 15 centimètres à plusieurs
Fig. 173. — Plan d'un dépôt d'hématite et manganèse dans la mine Stoeterwase»
près Niedertiefenbach.
Fig. 174. — Ck>upe AB, Est-Ouest, à Steeterwasen.
_r^— ~^~ ^^'
Fig. 175. — Coupe CD, Est-Ouest à Steeterwasen.
mètres ; mais la largeur ordinaire est de 0",15 à 0"*,30. La teneur
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30 6É0L0GIB APPLIQUÉE
moyenne est de 63 p. 100 de peroxyde de manganèse. L'exploi-
tation se fait, soit à ciel ouvert, soit par une série de petits puits.
Bibliographie.
1862. RiEXANN. — (Zeitschr, f, d. B. impveuss. St., 1862, t. X, p. 2.)
^863. 0. Hahn. — (Zeit. d. d. geoL GeseL, t. XV, p. 249,)
Odehnheimeb. — (D. B, u. H, im Herzogth. Nassau, t. II, p. 205.)
1884. Groddecx, p. 350.
M889. Davies, p. 292.
MANGANÈSE DES ÉTATS-UNIS
{Couches dans des argiles d'érosion sur des terrains anciens.)
La principale mine de manganèse des Etats-Unis se trouve en
Virginie ; c'est la mine Crimora, qui a produit, en 1887, 19 400 tonnes
de minerai (en 1886, 19 700).
Puis viennent, en Géorgie, le district de Cartesville, en parti-
culier les mines Dade, et enfin le district de Batesville, dans
TArkansas.
Ces divers gisements semblent, d'après les descriptions, pou-
voir être rapprochés de ceux du Nassau et résulter de la concen-
tration superficielle d'éléments disséminés dans des terrains
anciens.
Le bassin de Crimora est considéré par les géologues améri-
cains * comme un dépôt de lavage produit par une longue
érosion au milieu des grès de Potsdam (cambrien). Les mines,
exploitées par TAmerican Manganèse Company, n'ont commencé
à être attaquées avec quelque activité qu'en 1876 ; depuis, leur
production a presque constamment augmenté.
A côté de Crimora se trouve, en Virginie, la mine de M* Athos,
qui est aujourd'hui à 70 mètres de profondeur.
A Cartesville^ en Géorgie*, le minerai semble également dans
• Minerai Resources, 1886, p. 195. Cf. Dayies, p. 305.
* Minerai Resources^ p, i%6.
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MANGANÈSE DES ÉTATS-UNIS 31
une argile résultant de la décomposition de grès en place. Cepen-
dant il affecte, au milieu de cette argile, une certaine régularité
pouvant tenir à ce que le manganèse était primitivement concen-
tré dans des strates déterminées. L*àge des grès ainsi décom-
posés n'est pas encore connu. On exploite à ciel ouvert ou par
de petits puits avec des galeries et Ton extrait le manganèse de
l'argile par lavage dans des cylindres tournants.
Les minerais de l'Arkansas tiennent 50 à 60 p. 100 de manga-
nèse, 2 à 6 p. 100 de fer et 0, 12 à 0, 20 de phosphore.
Ailleurs, aux États-Unis, on exploite le minerai en place dans
les terrains paléozoïques eux-mêmes. Sans parler des hématites,
toujours manganésifères du lac Supérieur, nous citerons la région
dlron Mountain oti le silurien inférieur contient du manganèse
au-dessous des couches de fer.
Dans la Caroline du Nord, près des Warm-Springs, le manga-
nèse forme une veine au contact d'un calcaire dolomitique et
des grès de Postdam ; il est à l'état de pyrolusite *•
Bibliographie générale du manganèse,
1845. PoMEL. — Sur la form. du mang. amorphe des environs de Btioude
(Haute-Loire). (B. S. G., 2«, t. U, p. 390.)
1845. Delajïo'ue. — Sur les oxydes de mang. qui existent dans certaines
roches à TOuest du Plateau Central, (B. S. G., t. 111, p. 47 et 100.)
4845-1857. Delanoub. — Sur la formation du manganèse de Nontron (Dor-
dogne). (B. S. G., 2«, t. II, p. 388; t. III, p. 47 eiB, S, G., 2% t. XIV, p. 885.)
1852. Ville. — Sur le min. de mang. de la partie Ouest de la prov. d'Oran.
(B. S. G., 2S t. IX, p. 379.)
1857. Lambotte, — Sur Torig. des dépôts récents de mang. hydraté de la
prov. de Namur. {B, S. G., 2©, t. XIV, p. 791.)
1857. CoQUAND. — Sur les miner, de mang. allophanes de la Charente.
[B. S. G., 2% t. XIV, p. 889.)
1864. HA<RLé. — Sur la posit. des dépôts mang. de la Bordogne. (B. S. G.,
2S t. XXII, p. 33.)
1872. de Lapparent. — Sur un poudingue mang. observé dans le pays de
Bray. (B. S. G., 2«, t. XXIX, p. 331.)
DuNNiNGTON. — On tho formation of the deposits of oxyd of man-
ganèse. (The American J.of Se., vol. XXXVI, p. 175. New-Haven.)
1883. d'Achiardi. — Imetalli, etc., t. II, p. 351.
• Minerai Resources, p. 191.
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32 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1884. Mallet. — On lateritican manganèse ore. (Records of the geological
Survey of India, t. XVI, p. 116. Calcutta, 1884.)
1884. DiEULAPAiT. — Existence du manganèse à Tétat de diffusion complète
dans les marbres bleus de Carrare, de Paros et des Pyrénées, (G. R»,
t. XCVIU, p. 589. Paris, 1884.)
1884. DiEULAFAiT. — Manganèse dans les marbres cipolins. (G. R.,
t. XGVIII, p. 634. Paris, 1884.)
1885. DiBOLAPAiT. — Origine et mode de formation des minerais de manga-
nèse. Leur liaison au point de vue de l^origine avec le baryte qui les accom-
pagne. (G. R., t. G» p. 324. Paris, 1885.)
1885. DiBULAPAiT. — Applications des lois de la thermochimie aux phéno-
mènes géologiques. Minerais de manganèse. (G. R., t. G, p. 609, 644^ 676.
Paris, 1885.)
1885. Igblstrokm. — Braunite des mines de Jacobsberg en Wermland (Suède).
(BulL Soc. min. de France, t. Vlll, p. 421. Paris, 1885.)
1889. Promatha Nath. Bosb. — The manganiferous Iron and Manganèse ores
of Jabalpur. {Records of the geological Survey of India, t. XXII, p. 216. Galcutta.)
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CHROME
Cr; Eq = 26,75 ; P. at = 53,5.
Usages. — Le chrome a quelques emplois industriels dont le
principal est, depuis une quinzaine d'années, la métallurgie.
Dès 1821^ Berthier ' signalait et étudiait les alliages du chrome
avec le fer et Facier. Les progrès actuels de la chimie, en faisant
voir combien des doses infinitésimales de certains corps chan-
geaient les propriétés du métal obtenu, ont vulgarisé l'emploi du
chrome comme celui du manganèse, du tungstène, etc.
Introduit dans un acier, le chrome n'acière pas, ne remplace
pas le carbone, mais augmente la dureté : d'oti son application
pour la fabrication des projectiles, en particulier des projectiles
Hoeltzer. Son inconvénient est que Tacier chromé semble être
dans un état moléculaire instable qui occasionne parfois des rup-
tures subites ; aussi a-t-on une tendance à préférer Tacier dur ou
demi-doux.
C'est vers 1878 que la fabrication des aciers chromés a com-
mencé à se répandre ; à cette date, elle était spécialisée dans les
usines suivantes : aux Etats-Unis, à Brooklyn, New- York
(Chrome steel C**) ; en Angleterre, à Scheffield (Seebonne) ; en
France, à Unieux, et à l'aciérie Hoeltzer, de la Loire. A Brooklyn*,
on emploie des minerais de Baltimore, renfermant, les uns
37 p. 100 d'oxyde de chrome, 13 d'alumine et 11 de silice ; les
autres 60 p. 100 d'oxyde de chrome, et pas de silice. On pulvérise,
• Afin, d. M-, 1821, l*» série, t. IV, p. 573, et Ann. chim. et phy$,y 2* série, t.XVII,
p. 55.
« BoUand. {Ann. d. M., 7-, t. XIU, p. 152.) •
GÉOLOGIE. — T. II. 3
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34 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
mélange à du charbon et réduit dans des creusets en graphite en
présence d'un fondant : ce qui donne du ferrochrome & 4,29 de
carbone combiné et 48,70 de chrome.
D'autre part, on utilise également le fer chromé pour préparer,
en sole neutre, les aciers moulés soudables, les fers fondus sou-
dants par des procédés qui se sont perfectionnés depuis 1888 et
1889.
Dès 1867^ MM. Pochin et Hunt avaient essayé d'employer le
minerai de chrome comme produit réfractaire pour la construc-
tion de fours, creusets, etc. En 1876, M. Audouin, puis, en 1881,
M. Garnier reprirent l'idée en proposant d'appliquer les soles en
oxyde de chrome pour la déphosphoration.
En dehors de la métallurgie, les sels de chrome sont employés
en grand comme matières colorantes pour la fabrication des
papiers peints, des toiles peintes, pour la coloration en vert des
feuilles artificielles, la céramique, etc. On utilise, par exemple,
Toxyde de chrome anhydre Cr*0' dans la peinture sur porce-
laine ; le vert Guignet Ce*0' 2H0, préféré aux sels arsenicaux pour
rimpression des tissus et des papiers peints en raison de son
innocuité; surtout les chromâtes, tels que le jaune de chrome
(chromate de plomb), etc. Ces matières colorantes sont pourtant
un peu dépréciées, depuis quelques années, par Tusage croissant
des couleurs d'aniline et d'alizarine.
Le bichromate de potasse sert en photographie pour les tirages
au charbon et l'alun de chrome remplace parfois l'alun de potasse.
L'acide chromique a des emplois comme source d'oxygène ; en
dissolution dans Tacide sulfurique, on l'utilise, dans l'électrolyse,
où il combat efficacement la dépolarisation en abandonnant de
l'oxygène et revenant à l'état de sesquioxyde.
L'industrie des matières colorantes (chromâtes) exige généra-
lement des minerais à plus de 50 p. 100 de chrome ; ceux d'une
teneur inférieure vont à la métallurgie.
Les principales fabriques de chromâtes sont, en Europe, GlascoiTv
et Eberfeld, qui consomment, chaque année, environ 15 000 tonne:
de chromite de fer riche ; en Amérique, Baltimore *.
' Voir Garnier. Mémoire de 1887 sur la Nouvelle-Calédonie.
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STATISTIQUE DU CHROME 3S
Minerais. — Le chrome se 'présente, dans la nature, sous deux
formes principales : le fer chromé (Fe,Mg) 0, (Cr,Al)*0% minéral
cubique se rattachant à la famille des spinelles et le chromate de
plomb ou crocoïse^ trouvé d*abord en Sibérie à Bérésowsk dans des
filons quartzeux traversant les roches primaires, puis au Brésil
dans un granité. C'est de la crocoïse que le chrome fut d'abord
extrait par Yau'quelin en 1797; aujourd'hui, son seul minerai pra-
tique est le fer chromé.
Les principaux centres de production du fer chromé sont :
La Turquie d'Asie produisant
environ 7 000 l.
Les Etats-Unis (Californie), 1887. 3 000 t. à 70 fr. valant 210 000 fr.
La Nouvelle-Calédonie, 1888 . . 2 500 t. à 40 fr. — 100000 fr.
La Grèce (Eubée), 1878 1 500 t.
Le Banat 1 000 à 1 500 t.
La Slyrie 1000 t.
L'Oural, 1888 500 t. (1 900t. en 1883, 180 en 1884).
Le Canada, 1888 34 t. à 87 fr.
15 000 a 17 000 t.
Pour les États-Unis, nous avons les chiffres précis depuis quel-
ques années :
1882 1883 1884 1885 1886 1887
2500 t. 3000 t. 2000 t. 2700 t. 2000 t. 3000 t.
La consommation totale des Etats-Unis (production et importa-
tion) a été :
1884
1885
1886
1887
1888
CUROMATI ET BICHROMATE
DE POTASSE •
Poids
Tonnes
1153
745
900
786
772
Vtleur
Fnucs
1092 000
479 000
722 000
624 000
743 000
ACIDE
CHROMIQUE
Valeur
Francs
600
200
500
29 000
1450
MINERAI DE CHROME
Poids
Tonnes
2 803
12
3 500
1476
4650
Valeur
Francs
382700
1240
227 200
118100
242 800
VALEUR
totale
Francs
1 475 300
480 440
949 700
771 100
987 250
«Le bichromate de potasse valait, dans ces dernières années, environ 1 franc
le kilogramme.
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36 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
En Nouvelle-Calédonie y les chiffres sont :
1885 4886 1888
3 300 t. 1 800 l. à 75 fr. 2 500 t. à 40 fr.
Géologie générale des gisements de fer chromé. — Les gise-
ments de fer chromé, tous très analogues les uns aux autres,
forment, d'une façon uniforme, des grains ou des amas dans les
serpentines. Ces serpentines, elles-mêmes, résultent de l'altération
de roches à péridot et à enstatite où le microscope montre tou-
jours la dissémination du chrome à Tétat de picotite. Une concen-
tration, dont Tâge est difficile à préciser, a rassemblé, en certains
points, ces éléments de chrome en un minerai exploitable formé,
soit de grains de fer chromé cimentés par une pâte serpentineuse,
soit de masses assez volumineuses du même minéral, dans des
conditions comparables à ce que nous avons vu pour certains
gîtes de magnétite *. Au contact des amas de fer chromé, on trouve
fréquemment une grande abondance de silice opalescente et de
chrysotile qui ferait croire à l'intervention d'une circulation d'eau
assez récente.
Ces gisements, par leur constitution même, sont absolument
limités dans tous les sens, probablement concentrés au voisinage
de la surface et restreints ; il en résulte que les exploitations sont
très variables et forcées de se déplacer constamment.
FER CHROMÉ DE TURQUIE D'ASIE
ET DE GRÈGE'
La Turquie d'Asie et la Grèce fournissent une assez forte pro-
portion de fer chromé, qui n'est l'objet d'aucune statistique pré-
cise.
Les principaux gisements, situés comme toujours dans la ser-
pentine, se trouvent sur le versant Sud de l'Olympe de Bithynic
* Tome I, p. 655.
• Voir Sept. 1883. Elisée Droite. Sur le chrome de la Turquie d'Asie.
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Tyrouk
Dagh-Htrdi
0,80
0,23
5,50
8,00
0,25
0,25
0,75
3,00
0,30
0,30
FER CHROMÉ DES ÉTATS-UNIS 37
(non loin de Brousse), pays où le brigandage rend l'existence d'une
industrie sérieuse assez précaire.
Le plus important des amas exploités est celui de Dagh-Hardi
(commune de Guargueli) ; puis viennent ceux de Boz-Bélin (district
de Domanitsch), de Topouk (région d'Adranaz), etc.
Le prix de revient par tonne varie dans les proportions sui-
vantes :
Abatage
Transport à la mer
Embarquement
Droits d'exportation
Frais divers
7,60 11,78
On voit que les frais de transport entrent pour une proportion
prédominante dans ces chiffres et qu'il reste néanmoins, étant
donné le prix du fer chromé, une bonne marge pour les bénéfices.
Cette région produirait, dit-on, 7 à 8 000 tonnes.
Dans rile de Mételin^ en face de Smyrne, nous avons eu Toc-
casion de visiter un gisement inexploité de fer chromé dans des
péridotites transformées localement en serpentine *. Ce fer chromé
est accompagné d'opale et de chrysotile.
Dans VEubée, des nids, également dans la serpentine, ont pro-
duit, en 1878, 1 650 tonnes de fer chromé valant 180 000 francs *.
FER CHROMÉ DES ÉTATS-UNIS'
La Californie a produit, en 1887, 3 000 tonnes provenant surtout
de Shasta, Alameda, Placer et San-Luis-Obispo et embarquées
principalement pour Baltimore et Philadelphie ; San-Luis-Obispo
qui, dans les années précédentes, avait été un centre d'exploita-
tion important, a déchu, depuis 1886, par suite des frais croissants
' Description géologique des lies de Mételin et de Thasos. {Arch, des Missions Se.
de 1889.)
• Ann. d. J/., 7«, t. XIU, p. 589.
* Coll. Ecole des Mines, 1936.
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^ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
d'exploitation. Les minerais au-dessous de 50 p. 100 d*oxyde de
chrome trouvent difûcilement à se vendre dans ce pays. Des
gisements importants ont été entamés en 1886, près de Sim, dans
le comté de Shasta. Les minerais sont connus en Europe comme
minerais de Baltimore ; les échantillons qu'on en trouve dans
les collections contiennent, associés, du fer chromé, du chrysotile
et de Topale.
FER CHROMÉ DE NOUVELLE-CALÉDONIE i
Nous aurons, à propos du nickel et du cobalt de Nouvelle-
Calédonie, à revenir sur les gisements de fer chromé qui leur
sont associés'. Les serpentines de cette île, surtout celles du Sud,
sont, en général, très chromifères ; le fer chromé s*y est parfois
isolé en veines comparables à des filons : ainsi, d'après M. Levât,
à la mine Gasconne. En outre, de nombreuses fissures, dirigées
NE-SO, paraissent avoir livré passage à des sources qui ont altéré
la serpentine et produit, à la surface, des vasques remplies d'une
argile rouge de décomposition, où Ton retrouve, concentrés
et comme stratiûés, les éléments primitivement contenus dans la
serpentine ; c*est là qu'on exploite, à l'état de grains roulés et
arrondis, le fer chromé dit d'alluvion. La production de la Nou-
velle-Calédonie oscille, depuis 1884, entre 2 et 3000 tonnes.
FER CHROMÉ DU BANAT'
Dans la province d'Orsova, la serpentine traverse des calcaires
crétacés. Elle contient un certain nombre d'amas de fer chromé
d'au plus 3 à 400 mètres de longueur, toujours coincés en profon-
deur (on n'est descendu qu'une fois à 100 mètres). Ces amas ont
* Garnier. Gisements de cobalt, chrome et fer de la Nouvelle-Calédonie.
' Page 57; voir, au cbap. du Nickel, une carte géologique de Ttle, figure 176, page 50.
' 1873. Beschreibung des Chrombergbaues der GewerkschaU Hoffmann im Stuhl-
bezirke von Altorsova CWien).
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FER CHROMÉ DE l'OURAL 39
une direction générale NO parallèle à celle de la bande même de
serpentine. En outre, des cristaux de fer chromé sont disséminés
dans la serpentine.
Les minerais, toujours mélangés avec des argiles magné-
siennes et avec un peu de dolomie, ont une couleur habituelle
gris noirâtre. Leur teneur moyenne varie de 38 à 50 p. 400 de
chrome.
Une analyse donne :
Cr«0' 48,75
FeO 18,35
SiO« 5
AI«0^ 12
MgO 15
L'exploitation remonte à 4857. Elle fournit, par an, à peu près
1 000 à 4 500 tonnes de minerai.
FER CHROMÉ DE L'OURAL*
On exploite, dans TOural, un certain nombre d'amas et défilons
de fer chromé dans la serpentine. Les affleurements des amas ont
rarement plus de 20 mètres de large ; les filons plus de 40 mètres
de long avec 6 mètres de puissance. On n'a jamais exploité au-
dessous de 20 mètres de profondeur.
Ces gisements se trouvent surtout sur le versant Est de TOural.
Us commencent, au Nord, dans le district de Goroblagodatsk et
traversent les districts miniers. Les minerais ont, dans les parties
exploitées, une teneur moyenne de 50 p. 400 d'oxyde de chrome,
le reste de la masse étant formé de serpentine et de magnétite.
I Voir : Rose. Reise nach dem Ural., 1.111, p. 157.
Goffmann. Mater zur Anfertig. geol. Karte, p. 140.
1859. Eremeew. {Journal de* minet, 1859, t. II, p. 334.)
1860. Antipow. {Journal de* minesy 1860, t. 1, p. 25.)
1872. Dresdow. {Journal des minesj 1872, 1. 1, p. 415.)
1874. Lohtine. (Journal de* minet (liste des gisements), t. II, p. 315.)
1876. (Journal des mines (analyses), t. III, p. 219.)
1877. Mouchketow. Mater, pour l'étude de la structure géol. du district de Sla-
tooustr (Saint-Pétersbourg), pages 44, 71, 83, 102, 108, 111, 112.
1878. Richesses minérales de la Russie d'Europe, p. 106.
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40 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Jusqu'en 1864, Texploitation du chrome dans TOural était sans
importance; depuis, elle a pris quelque développemeat.
Les frais d'abatage sont très minimes, mais le transport est
coûteux, en sorte qu'au-dessous de 30 p. 100 d*oxyde de chrome
le minerai n'est pas exploitable.
 la suite de ces mines, nous nous contenterons de mention-
ner, dans d'autres pays, quelques gisements de fer chromé sans
importance, tels que : la Bas tide-les- Cascades dans le Yar, Rôraas
en Norvège, Kraubath et Krieglach en Styrie, Silberberg en Silé-
sie, etc. * .
* Kossmann. Neuere Aufschlûsse ûber das Vorkomraen der Chromeisenerze m
Niederschlesien. (65'«' Jahresbericht der Schleiischen Gesellschaft fur Vaterlandi'
tchen CuUur. Breslau.) — Cf. d*Achiardi, t. Il, p. 385.
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NICKEL
Ni ; Eq = 29,5. P. at = 59
Usages. — Le nickel a été découvert en 1751 par le minéralo-
giste suédois Gronstedt, dans la nickéline ou kupfernickel (sul-
fure d'arsenic et de nickel) que Ton considérait, jusqu'alors,
comme un minéral cuivreux parce qu'il a la couleur du cuivre
métallique.
Les usages du nickel ont été longtemps peu développés ; il y a
dix ans, on évaluait sa consommation à 400 tonnes de métal par
an en Europe et 60 en Amérique. A la suite de la mise en exploi-
tation des gisements de nickel de la Nouvelle-Calédonie, le
commerce de ce métal a été absolument transformé ; le kilogramme
de nickel affiné, qui a valu 40 francs et valait encore 12 francs
avant 1880, est tombé à 5,50, cours actuel; et, par suite, un grand
nombre d'usages nouveaux ont pu se créer pour utiliser les
propriétés spéciales de ce métal, qui sont de ne pas s'altérer à
l'air, de n'avoir pas d'odeur, d'exiger peu d'entretien, etc.
L'un des principaux et des plus anciens emplois est la fabrication
des monnaies (Tappoint, soit en nickel pur comme en Suisse, soit
au moyen d'un alliage de nickel et de cuivre à 25 p. 100 de nickel et
75 p. 100 de cuivre. La Suisse, la Belgique, la Serbie, TAllemagne,
les Etats-Unis d'Amérique, le Brésil, le Mexique, le Venezuela, le
Chili, etc., ont déjà des pièces de nickel; il est, depuis longtemps,
question d'en adopter en France.
Un alliage analogue à celui des monnaies sert, depuis 1886, pour
les étuis des balles du fusil à petit calibre. De 1886 à 1889, 2000
tonnes de cet alliage ont été consommées par l'administration de
la guerre.
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42 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
A Tétat de métal pur, ou allié à une proportion plus ou moins
grande de cuivre , le nickel tend également à se faire une place
pour la fabrication des instruments de cuisine en nickel pur, des
pièces d'orfèvrerie en nickel argenté, etc.. C'est ainsi que les
objets, dits « Ruolz », c Âlfénide » ou c Gristofle » sont en
maillechort recouvert d'argent par électrolyse. Mais, le plus sou-
vent, on se contente de nickeler superficiellement les objets de fer,
acier, etc., en particulier les armes, en les recouvrant d'une couche
mince de nickel par galvanoplastie ou rarement par placage, de
manière à les préserver de l'oxydation.
Lorsque le nickel doit être travaillé en feuilles, il est nécessaire
d'y introduire un peu de magnésium pour lui donner la ductilité
et la fusibilité nécessaires. Gela tient sans doute à ce que le nickel
commercial retient des traces d'oxyde de nickel que l'action
réductrice du magnésium fait disparaître.
Allié au cuivre et au zinc (cuivre 50, zinc 25, nickel 25), le
nickel forme lemailiechorty importé en France en 4827 par Ghorier
et utilisé dans la confection d'une foule de petits objets (coutellerie,
horlogerie, couverts, etc.). Il entre également dans la composition
de l'argent allemand (german silver), du packfong, de Félectrum^
du toutenague, de l'argentan, etc.*. Depuis 1884, on a créé les
ferromaillechorts (fer, cuivre, nickel).
Enfin un débouché important parait se créer, pour le nickel, dans
la métallurgie de l'acier*. Il résulte, en effet, d'expériences, faites
depuis 1885 en France, à Lizy, Montataire et Imphy ainsi qu'en
Allemagne et, en 1889, en Angleterre (ces dernières par Frédéric
AbeP) que l'acier nickelé^ contenant de 1 à 5 p. 100 de nickel, est
particulièrement propre à la confection des blindages des
constructions de navires, des grosses pièces de forge, etc.; l'acier
à 5 p. 100 de nickel, pour les outils, pièces de machines, abris
contre la mousqueterie, etc.; l'acier à 25 p. 300 pour la sellerie,
l'équipement, les pièces estampées et repoussées, les fils de résis-
tance électrique, les câbles, etc. *.
« Voir une note de M. Debette dans les Ann. d, M. de 1844, t. VI, p. 501.
• Voir Levât, p. 209.
' Voir le Temps du 26 mars 1891.
* Voir Iron and Steel institute ; réunion de mai 1889 ; brochure de la Société le
Ferronickel à TËxposition de 1889, etc.
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MINERAIS DE NICKEL 43
Aussi a-t-on recherché le nickel avec activité depuis 1890, et, les
sources de ce métal utilisées jusqu'ici n'en ayant donné que des
quantités momentanément insufQsantes, a-t-on vu son prix s^élever,
en même temps que Ton étudiait les moyens de traiter économi*
quement certains minerais pauvres de Norvège, du Canada, etc. \
■inerais. — L'industrie du nickel a passé assez rapidement par
une série de phases successives dans lesquelles on s*est, tour à
tour, adressé à telle ou telle catégorie de minerais :
l"" Il y a une cinquantaine d'années environ, les seuls minerais
de nickel exploités étaient les ai'séniures et arsénio-sulfures de
Saxe, Comwall, Suède, Norvège, Hongrie, Pensylvanie et les
minerais de cobalt :
D'une part, la nickeline ou kupfernickel (nickel arsenical) est
composée essentiellement de nickel et d'arsenic (40 à 55 p. 100 de
nickel) et forme des gisements importants en Saxe (Schneebei^,
Marienberg, Freiberg, etc.) ; à Allemont, en Dauphiné ; dans le
Cornwall, etc. Avec elle, on trouve le nickel arsenical NiAs*, le
nickel gris et Tarseniate *.
D'autre part, les minerais de cobalt contiennent, presque tou-
jours, une certaine quantité de nickel et la division qu'on peut
faire entre les mines de nickel et les mines de cobalt est, le plus
souvent, toute artiflcicUe ; pour extraire le cobalt qui est le pro-
duit essentiel, on soumet ces minerais à un grillage imparfait, au
moyen duquel on cherche à oxyder le cobalt seul, tout en n'enle-
vant qu'une partie de l'arsenic. Lorsque la matière, ainsi grillée,
est ensuite soumise, dans les pots de verrerie, à l'action dissol-
vante du silicate de potasse, les métaux autres que le cobalt,
combinés avec l'arsenic, se précipitent à la partie inférieure, sous
forme d'une poudre lourde et cristalline, d'aspect métallique, qu'on
appelle le speiss et qui devient alors un véritable minerai de
nickel ;
2^ Vers 4854, on a commencé à extraire une assez forte propor-
* Voir : 1867. KleDScbmidt. Métallurgie du nickel et du cobalt. (B, u. Hûl, Z.)
1877. Badoureau. Métallurgie du nickel. {Ann. d. M.)
1892. Levât. Progrès de la métallurgie du nickel. (Ann. d. M,, 9*, t. I, p. 141.)
* Nous rappellerons la présence du nickel dans certaines météorites.
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44
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tion de nickel des pyrites de fer magnétiques qui en renferment de
3 à 5 p. 100 et dont les principaux gisements sont en Suède, en
Ecosse, à Dillenboui^ dans le Hanau et à Yarallo, dans le Pié-
mont;
3* Puis, vers 1876, on a découvert et exploité (d'abord avec insuc-
cès) le minerai tout spécial de la Nouvelle-Calédonie, un silicate
de nickely qui fournit aujourd'hui une très forte proportion du nic-
kel employé dans le monde entier, en Europe, en. Amérique, aux
Indes, en Chine, au Japon. Ce minerai contient jusqu'à 8, 10 et
12 p. 100 de nickel et peut, par une fusion, donner une matte à
50 p. 100, tandis que les minerais précédemment connus n'en con-
tenaient pas plus de 2 à 4 p. 100 et exigeaient un traitement par
voie humide;
k"" Enfin, depuis 1889, nous assistons à un mouvement nouveau
dans lequel on tend à revenir aux pyrites nickélifères^ dont de grands
gisements viennent d'être découverts et ont bientôt pris un déve-
loppement considérable au Canada; dont des mines anciennes
existent en Norvège. Le problème à résoudre était d'en extraire le
nickel économiquement. On paraît y être arrivé par l'affinage au
convertisseur Manhès, adopté surtout en France et en Alle-
magne.
D'un autre côté, sir Abel faisait remarquer dernièrement que de
l'oxyde de carbone sec, amené sur du nickel impur en poudre fine,
chauffé à 100**, se charge de nickel sous forme d'un oxyde de car-
bone nikelé qui, en se refroidissant, dépose le nickel métallique
et il a vu là le point de départ d'un procédé industriel nou-
veau.
Le tableau suivant donne la composition d'un certain nombre
de minerais nickélifères :
Minerais sulfurés
Ni
Fe
S
GANGt'E
Inverary «Ecosse) ....
(ExcepUonDcUemenl riche.)
Valsesia.
22,00
i 20
44,10
20,00
20,00
30,00
28,00
28,00
3,20
51,50
51,08
1 '■'"
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COMMERCE DU NICKEL
Minerais arséniés
Minerais oxydés
45
Ni
Bi
Ou
AS
S
Go
Fe
Cufie
Minerai blanc.
Schneeberg . . .
28,14
2,19
0,50
71,30
0,14
m
■
>
Reichelsdorf. . .
20,64
»
•
72,64
»
3,37
3,25
»
Schladming . . .
13,04
»
w
60,50
5,40
5,00
13,30
»
Minerai gris.
SchiadmiDg . . .
38,42
•
»
42,52
14,22
»
2,09
1,87
m
11,00
•
0,20
38,00
3,00
1.00
10,00
•
r«^;A^»« i Vertémeraude
^Nn„Jûpf[ll?^„;.^i Vert jaunâtre
(Nouvelle-Calédonie) ^ y,^^ ^ bleuâtre
I
COMPACITÉ
Dur
Un peu friable
S'écrase sous les doigts
TENEUR
enNiO
20
12-15
6-8
TENEUR
en HO
5
10-15
20
Commerce du nickel. — La métallurgie du nickel ne date que
de 1824, époque où V. Gersdorff fonda, en Autriche, la première
usine.
Vers 1870, la consommation de nickel dans le monde était d'en-
viron 250 à 300 tonnes ; en 1878, elle n'était encore que de 400
tonnes. Jusqu'à ce moment, l'Angleterre et l'Allemagne avaient, à
peu près, comme nous Favons dit, le monopole de la production
de ce métal et, dans les premiers temps de l'exploitation des
minerais de la Nouvelle-Calédonie, l'abstention des usiniers
anglo-allemands qui les déclaraient intraitables, fut clause de
grosses pertes pour les exploitants et faillit même faire passer les
mines de Nouvelle-Galédonie à des capitalistes anglais. En 1880,
la Société le Nickel, créée par M. Higginson, centralisa, au con-
traire, ces mines entre des mains françaises. Un groupe d'action-
naires de cette société a fondé, en 1882, la Fonderie de Nickel et
Métaux blancs, devenue, depuis 1884, la Société le Ferronickel.
La consommation de nickel dans le monde a passé d^e 400 tonnes
en 1878 à 1200 en 1880, 2 000 en 1884, 3 000 en 1887 (à la
suite de l'application du nickel à l'armement).
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46
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
D'ici à peu de temps, on estime qu elle pourra s'élever à près
de 10 000 tonnes.
Dans ces dernières années, la production du nickel dans le
monde, d'après là statistique internationale française, a été la
suivante :
MINERAI EN 1890
MâTAL H
1886
1888
30
288
132
•
93
188Î)
1890
Nouvelle-Calédonie. .
Allemagne
Norvège
Suède
EUU-Unis
Grande-Bretagne . . .
Hongrie
19.700 t.àl25fr. (Nickel)
290— . - (Nickel et cobalt)
5.540— 46— Nickel et cobalt)
700- . — Nickel)
1.050- 192
85 _ 77 — (Nickel et cobalt)
176 _ . _ (Nickel et cobalt)
30
169
132
60
•
97
•
330 t. à 5.180 fr.
282 - 5.220 —
132 — 5.423 —
93- *7.100 -
Prix à Philadelpic
»
330
434
t
146
»
Mais ces chiffres ne donnent aucune idée de l'importance réelle
des deux principaux centres de production qui sont aujourd'hui
la Nouvelle-Calédonie et le Canada.
La Nouvelle-Calédonie est restée, de 1880 à 1888, le centre de
production presque unique. En 1888, elle produisait environ 2 600
tonnes. En 1889, elle a exporté 19 741 tonnes de minerai de nickel
d une teneur variant de 7 à 10 p. 100, soit environ 2 000 tonnes
de nickel métal* et, en outre, une certaine proportion de mattes à
50 p. 100 obtenues sur place. Aujourd'hui on s'y organise pour
produire 5 000 tonnes.
Quant au Cariada^ tout à fait inexploité avant 1888, il est
déjà en mesure, d'après M. Levât, de donner 4 500 tonnes
par an.
Dans le commerce du nickel, la France joue un rôle important.
Sa consommation propre s'est considérablemeut accrue depuis
dix ans.
En Allemagne, les pays producteurs de nickel sont surtout
TErzgebirge saxon où nous étudierons le gîte de Schneeberg et la
Silésie polonaise.
« Journal Officiel du 16 mars 1891.
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STATISTIQUE DU NICKEL
La statistique donne :
47
1881
1882
1883
1884
1885
1886
1888
1889
1890
Prusse
Saxe -
82
52
121
»
liO
16
126
56
144
20
16»
•
»
•
«
33
273*
Totaux . .
134
121
126
182
164
169
288
282
c06
En Suède et en Norvège^ on a, de même, en nickel métal :
1880
1881
1882
1883
1884
1885
Suède . .
46
8
34
104
29
46
31
»
60
132
Norvège .
Totaux ....
46
8
138
65
31
192
Hais ces chiffres sont loin de correspondre à la production
réelle de minerais, une grande partie de ces minerais étant
expédiée en Angleterre.
Nous décrirons, en Scandinavie, les principales mines qui sont :
en Norvège, Ringerike ; en Suède, Klefva et Sagmyra.
La production totale de la péninsule, qui était, en 1875, de
42 338 tonnes, a été en diminuant depuis la découverte des gîtes de
Nouvelle-Calédonie ; en 1889, elle était évaluée à 10 300 tonnes de
minerais de nickel et de cobalt pour la Norvège, 969 tonnes pour
la Suède.
En Autriche-Hongrie^ nous aurons à nous occuper des mines de
Dobsina en Hongrie, Schladming en Styrie, Leogang dans la
province de Salzburg.
Prix du nickel. — Les prix du nickel ont subi, nous l'avons vu,
des variations considérables. En 1830, vers les débuts de sa
fabrication, le métal valait environ 62 francs le kilogramme ' ; puis
il se tint longtemps vers 33 et tomba peu à peu à 15. De 1865 à
1873, le prix oscilla entre 12 et 15 ; mais l'adoption de ce métal
pour Tusage monétaire en un grand nombre de pays augmenta
* Miaerais de nickel, cobalt et bismuth à 2 188 fr. la tonne*
• VoirFiechner.(Ô«(. ZetU. f. B. 14 H,, t XXXV, 1887.)
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48 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
rapidement sa valeur jusqu*à 27 francs en 1872 et 40 en 1874 ;
après quoi, il retomba peu à peu à 10 francs en 1880 ; 6 fr. 20 en
1883; 5 francs de 1889 à 1892.
GÉNÉRALITÉS SUR LES GISEMENTS DE NICKEL
Le nickel, qui présente tant d'analogies avec le fer, et qu*on
retrouve comme lui à Fétat natif dans les météorites, semble
pouvoir être considéré comme un métal de profondeur arrivé au
jour, le plus souvent, avec le magma basique non scorifié, à Tétat
d'inclusions dans une roche ferrugineuse et magnésienne. C'est
ainsi que le gisement primitif du nickel parait être, dans un grand
nombre de cas, une roche verte comme la péridotite, le gabbro,
la diorite ou une roche qui dérive par altération des précédentes
comme les serpentines. Dans ces roches, le nickel existe associé
avec la chalcopyrite, la magnétite, le fer chromé, le platine, etc.,
mais en proportions trop faibles pour être exploitable.
Des phénomènes secondaires plus ou moins anciens, contempo-
rains ou non de la solidification de la roche, ont eu pour effet d'ex-
traire parfois de ces roches basiques les éléments nickélifëres plus
ou moins disséminés et de les concentrer au voisinage. C'est ainsi
qu'ont dû se former, assez récemment, les hydrosilicates de la
Nouvelle-Calédonie, de même que le chrome de la picotite se grou-
pait dans les serpentines en amas de fer chromé^ C'est ainsi que
précédemment s'étaient produites, autour de certaines serpentines
ou de certaine gabbros, des circulations d'eaux thermales sulfurées,
ayant particulièrement affecté les régions broyées et les ayant
imprégnées de sulfures divers, parmi lesquels la pyrrhotine nické-
lifère est industriellement la plus importante.
Enfin des parcelles de nickel se trouvent mélangées à celles de
tous les autres métaux dans les remplissages de champs de fractures
complexes comme ceux de Saxe et du Harz, et ce nickel, qui n'y
joue le plus souvent qu'un rôle secondaire, atteint parfois, au
contraire, une teneur assez forte pour être extrait avantageusement.
« Voir, page 36.
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NICKEL DE LA ffOUYELLE-CALÉDONIE 49
Dans la description des gisements, nous adopterons Tordre que
nous venons d'indiquer et qui correspond à un rapprochement
plus ou moins direct avec la roche mère supposée du métal, à
un départ plus ou moins complet. Cet ordre se trouve être, en
même temps, celui dans lequel on classerait les minerais par
teneur : les hydrosilicates de Nouvelle-Calédonie renferment jus-
qu'à 10 et 12 p. [100 de nickel ; les pyrrhotines nickélifères de
Suède et Norvège, dltalie, d'Allemagne, des Etats-Unis, de Nou-
velle-Zélande, etc., au plus 3 à 4 p. 100 ; enQn les Qlons com-
plexes à minéraux de nickel proprement dits, comme ceux de
Saxe, d'Espagne, de France, donnent à peine 0,5 p. 100. C'est
de la même fagon que Ton se trouverait encore classer les gîtes
par importance économique.
I. — NICKEL DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE'
{Veines de gamiérite dans la serpentine le long de vasques
argileuses.)
Géologie générale de la Nouvelle-Calédonie. — L'île de la Nou-
velle-Calédonie, qui mesure 300 kilomètres de longueur et
30 kilomètres de laideur en moyenne, se divise en trois régions
distinctes (fig. 176, p. 50) :
1"" Au Nord-Est, des terrains schisteux anciens, non fossilifères,
généralement de couleur claire, talqueux ou quartzeux, forment
le soubassement de Tile ;
2® Sur la côte Ouest, apparaissent des terrains secondaires et
tertiaires, à la base desquels se rencontrent, d'après M. Garnier,
un peu de trias, puis des schistes feldspathiques et porphyres de
l'étage houiller, enfin, autour de Nouméa, de l'infralias et du lias
inférieur avec couches de houille ;
S"" Sur lacdte.Est et dans le Sud, des schistes serpentineux et des
serpentines recouvrent à eux seuls près du tiers de la surface de
nie; c est au milieu de ces serpentines que sont exclusivement
concentrés les gîtes minéraux de nickel, de cobalt et de fer chromé.
« Coll. ÉcoU des Mines, 1942.
GÉOLOGIE. — T. II. 4
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50
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le contact des serpentines et des s<îhistes anciens est métamor-
phisé de telle façon par le phénomène même ayant produit la ser-
pentine, qu^on passe de la roche serpentineuse franche aux schistes
X^XC^ MÊÊ^f^miÊiif%»m>, ctiFn3rTtfi'€U.%/t&wtent
JbkÊJtmfJwtTpm
Fig. 176. — Carte géologique de la Nouvelle-Calédonie, d'après M. Garnier.
quarizeux par une série insensible de roches vertes plus ou moins
plissées qui forment le contact.
Enfin le flanc des montagnes est couvert par d'immenses nappes
d'argile rouge, que couronnent des amas de minerai de fer. Ces
argiles sont le résidu de la décomposition des serpentines et en
contiennent tous les éléments. De nombreuses cassures sont diri-
gées N.-E. S.-O.
Gisements de nickel. — Le nickel se rencontre exclusivement, à
la Nouvelle-Calédonie, sous forme d'un silicate hydraté magnésien,
d'un beau vert pomme quand il est pur, déposé sous forme d'en-
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NICKEL DE LA NOUYELLE-CALÉDONIB 51
dait OU de concrétions striées ou mamelonnées dans les fissures
de la serpentine le long de vasques argileuses. Cet hydrosilicate,
qui est une variété de piméliie nommée la gamiérite, ne résulte
pas de l'altération superficielle de quelque sulfure ou arséniure
de nickel, car il n'existe pas trace d'aucun de ces corps, mais
senible avoir été emprunté à la serpentine (ou à la roche mère
dont celle-ci dérive) par Faction des eaux. Le nickel, le cobalt
et le chrome se trouvent réunis dans les mêmes gisements que
nous commencerons par décrire, sans faire aucune hypothèse, afin
d'arriver ensuite à des conclusions sur leur mode de formation.
Nous venons de parler de couches d'argile rouge, qui sont un
des points caractéristiques de la géologie du pays et que Ton
aperçoit de fort loin en mer. Ces argiles partent d'un certain
nombre de vasques, disposées suivant des fissures N.-E. S.-O. qui
coupent la serpentine, et manifestement remplies par le produit
de la décomposition de ces serpentines. A la périphérie, la roche,
à demi dissoute, a pris un aspect spécial que les prospecteurs
appellent « sugar-rock », à cause de sa ressemblance avec du sucre
à moitié fondu.
Ces vasques d'ai^ile, que Ton peut comparer à celles où on
trouve les phosphates et les manganèses du Nassau, les minerais
de fer sidérolithiques dans le Berry, etc. *, présentent une certaine
allure stratifiée qu'indiquent ff^(^,
les figures 177 et 178 ci-
jointes. On y voit une ou
plusieurs nappes de manga-
nèse cobaltifère ; parfois, à '' ri»surt n£so. '^'^^w^($^
la superficie, des amas de
minerai de fer oolithique ; Légende
ailleurs, des couches renfer-
mant des grains roulés de
fer chromé que les mineurs
,, . . . j Fig. 177. — Coupe de la mine Persévérance
appellent improprement du près Houaîlon (Nouvelle-Calédonie) (d'après
chrome d'alluvion. Les élé- **• ^''^*^'-
ments compris dans Faillie rouge, à l'exception peut-être du
« Voir t. I, p. 361 et 796; t. U, p. 26.
S Smjfentèn^ dtoampar^^ tiu.'Caniaci'dikr tvyilAr^
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52 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
cobalt, viennent de la serpentine voisine ; le fer chromé ne s'y
présente que lorsque la serpentine en contient des grains, parfois
même des veines, comme à la mine Gasconne.
Le nickel, lui, est localisé dans certaines de ces vasques for-
mant des traînées N.-E. S.-O., de 600 à 800 mètres de large, dont
les principales sont : Honailou, Koua, Kouaoua, Ganala, Thio et
Brandy. Il se trouve uni-
a, ^jKnmr^ ^5aL quement sur leur pour-
A^ r-rr ^ -, — ^'làun^nnaù^, tour, principalement au
A ih,fm.abiyat.f^m^. iqi\^^ eutro la serpentine
et Targile, séparé géné-
ralement de l'argile par
un plan net, constituant,
Fig. 178. — Coupe à la mine Gasconne (Nouvelle- au contraire, souvent,
Galédonie), d'après M. Levât. « i ..
' ^ dans la serpentme, une
sorte de stockwerk. Les figures montrent : la figure 179, la coupe
d'un gisement symétrique, celui de la mine Poncelet, Tune des
plus importantes de Tîle; la figure 180, un stockwerk de 80 mètres
de large développé au toit et exploité en carrière; la figure 181,
une forme de stockwerk où, la serpentine, ayant été moins
... 20*».
Fig. 179. — Coupe de la mine Poncelet (district de Brandy), d'après M. Levât.
friable, s'étant mieux prêtée à des cassures francties, on a des
veines de plusieurs mètres de large.
Si Ton essaye de concevoir le mode de formation de ces gise-
ments, on est naturellement porté à supposer que le nickel pro-
vient, comme le chrome et le cobalt, plus ou moins directement,
de la serpentine encaissante. Les serpentines de Nouvelle-Calédonie
contiennent, en effet, presque toutes du nickel, et M. Levât en a
cité, qui ne présentaient pas trace de fissures, tapissées de minerai
et renfermaient jusqu'à 5 p. 100 de ce métal. Peut-être ce nickel
remplace-t-il partiellement le fer dont la proportion diminue quand
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NICKEL DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
53
la sienne augmente. Toujours est-il qu*une concentration facile a
pu, sous Faction des eaux, entraîner ce nickel disséminé et le
rassembler dans les fissures où on l'exploite. La magnésie, qui
entre dans la composition du minerai, a son origine bien nette
dans la serpentine.
Le fait que le nickel n^existe jamais, à la façon du manganèse,
Fig. 180.
Coupe de la mine Méfau.
Fig. 181.
Coupe de la mine Pauline (district de Thio).
du cobalt et du chrome, dans les argiles rouges qui résultent de
la décomposition sur place et évidemment superficielle de la ser-
pentine, a fait supposer à M. Levât que le dépôt des métaux avait
pu se produire en plusieurs temps :
l"" Dissolution de la serpentine, soit par les eaux d'infiltration,
soit, suivant lui, par des eaux thermales venant du fond et ayant
apporté le cobalt, et formation d'argile ;
2"" Dessiccation de cette argile et production d'un vide, dû au
retrait, à sa périphérie ;
3** Arrivée, dans ce vide et dans les fissures de la serpentine
voisine, d'eaux thermales apportant du nickel emprunté à la roche
en profondeur.
En tout cas, il semble vraisemblable que les dépôts de nickel
devront aller en se réduisant en profondeur à mesure que la
vasque d'argile se rétrécira, et, avec elle, la fissure due à son
retrait et disparaîtront finalement un jour pour ne laisser sub-
sister que de la serpentine intacte à nickel disséminé, ou, peut-
être même, la roche à hornblende et enstatite dont celle-ci a com-
mencé par dériver.
La seule mine, un peu profondément exploitée jusqu'ici, a été
celle de Santa-Maria, oii l'on est descendu à 84 mètres ; en
général, on exploite en carrière à ciel ouvert.
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54 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Ajoutons quelques mots sur les minerais exploités et sur les
mines en exploitation :
V Minerais de nickel. — Le minerai de nickel est, comme nous
Tavons dit, un hydrosilicate magnésien signalé, pour la pre-
mière fois, par M. Garnier, en 1873, au Mont-d'Or, dans le péri-
mètre de Boulari.
Des échantillons de minerai pur de nickel ont donné la compo-
sition moyenne suivante :
[ickel.
Magnésie.
Fer.
Silice.
Eau.
26
13
3
45
13
Mais c'est là une teneur exceptionnelle ; les minerais contien-
nent, en général, après triage et lavage, de 10 à 12 p. 100 de Ni,
la gangue étant d'ailleurs la serpentine plus ou moins décom-
posée.
D'après d'Achiardi, les minerais se rapportent à trois types :
1® Les minerais, verts d'émeraude, durs, tenant 20 p. 100 de NiO et 5 p. 100
d*eau ;
2o Les minerais, vert jaunâtre, un peu friables, tenant 12 h 15 p. 100 de NiO
et 12 à 15 p. 100 d'eau;
3' Les minerais blancs bleuâtres, s*écrasant sous les doigts, tenant
6 à 8 p. 100 de NiO et 20 p. 100 d'eau.
En voici deux analyses :
Si0«
FcH>«
AW
NiO
MgO
no
Analyse Douillet. .
38
7
—
18
15
22
Analyse Heurteau .
41,00
—
0,(^0
19,00
16,30
20,00
Exploitation. — La première demande en concession pour
nickel fut faite, en janvier 1874, dans la région du Mont-d'Or,
près Nouméa. Depuis cette époque, les découvertes se sont suc-
cédé sans relâche. Au 1" janvier 1890, le nombre des mines
âe nickel instituées était de 115, auxquelles il fallait ajouter 427
demandes en concession.
Les principaux districts exploités sont :
Sur la côte Est, ceux de Ny, de Brandy, de Mey, de Thio, de
v^akety, de Koua ; sur la côte Ouest, ceux de la Dumbéa, de Païla^
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NICKEL DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE 55
de la Toutouta, de la Ouenghi, de Poya, du Komambo, du
Kaila, etc.
L'intérieur de File, en dehors d'une bande littorale d'une
douzaine de kilomètres, est encore mal connu.
Le district le plus important est celui de Thio, qui, de 1876 à
1890, a exporté 59 448 tonnes de minerai d'une teneur moyenne
de 8 à 12 p. 100 et 228 000 kilogrammes de fonte de nickel.
Parmi les mines de Thio, on peut citer : Santa-Maria, Moulinet,
Rose, Belvédère et Benaucourt.
En dehors du district de Thio^ nous mentionnerons, dans la
région de Nakéty, les mines Boulangère, Ghio et Bienvenue;
dans la région de Kanaoua, la mine Dorée, etc.
Eu 1889, 22 exploitations ont occupé 1 1S8 ouvriers et exporté
19741 tonnes de minerai d'une teneur de 7 à 10 p. 100. Le recru-
tement de la main-d'oeuvre est une des questions difficiles dans
ces entreprises.
Traitement. — Les minerais de la Nouvelle-Calédonie, qui ont
l'avantage d'être très purs, sont particulièrement recherchés.
Au début cependant, nous rappellerons qu'on a été assez embar-
rassé pour les traiter, à cause de leur nature particulière. On les
fondait alors avec des pyrites arséniées pour avoir un speiss qu'on
soumettait ensuite aux opérations habituelles à Septèmes (Bouches-
du-Rhône). L'idée de passer le minerai au haut fourneau, de même
qae celui de fer, a amené une véritable révolution métallurgique.
Aujourd'hui, on traite, soit au haut fourneau, soit au cubilot.
De 1888 à 1891, une partie notable des matières extraites a été
fondue sur place, de manière à expédier en Europe des mattes à
30 ou 60 p. 100 et à économiser ainsi le fret qui, de Thio à
Glascow, est d'environ 50 francs par tonne. Les difficultés d'ap-
provisionnement du coke (venant d'Europe) ont fait, depuis 1892,
renoncer momentanément à la fusion en Nouvelle-Calédonie. La
plupart des minerais vont donc en Angleterre, où l'on trouve en
^ndance le fondant sulfurant nécessaire, sous forme de charrée
de soude; on emploie des waterjackets de dimensions médiocres
passant 25 à 30 tonnes par vingt-quatre heures.
2* Minerais db cobalt. — Le minerai de cobalt, associé au
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56 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
manganèse dans les vasques argileuses, ne contient, d'ordinaire,
après triage à la main, que 3 à 5 p. 100 d'oxyde de cobalt ; mais
il est très répandu et d'une exploitation généralement très facile,
consistant parfois en un simple ramassage.
On ne connaît, jusqu'ici, que deux sortes de minerais de cobalt.
Toutes deux sont des oxydes manganésifères ou asbolites. L'une
porte le nom de <c truffes » parmi les mineurs et présente quelque
peu la forme de ce champignon * ; l'autre sorte, la plus commune,
est informe et sa richesse moyenne relativement faible.
Voici une analyse qui donnera une idée de la composition
moyenne, la teneur en cobalt étant de 3 558 :
Partie insoluble {contenant un peu de fer chromé) • . 4 593
Perle à la calcination 25 600
Peroxyde de fer 14 531
Alumine 27 549
Chaux 1 400
Magnésie 0 956
Oxyde de manganèse 13 650
Oxyde de cobalt 4 519
Oxyde de nickel 2 691
Oxygène en excès 4 313
Ces minerais de cobalt, comme ceux de nickel, ont d'abord
présenté quelques difficultés de traitement, en particulier pour la
séparation du nickel et du cobalt. Le procédé, employé, dans ces
derniers temps, aux usines Malétra de Rouen, permet de traiter
par mois 150 tonnes de minerai donnant environ 4 500 kilo-
grammes de cobalt*.
La première demande de concession pour exploiter le cobalt
date de 1876 ; mais, comme pour le nickel, de nombreuses décou-
vertes ont eu lieu depuis cette époque, notamment dans les
régions de l'île Ouen, de la baie du Sud, d'Unia, de Nehoué,
dans les îles Yandé et Belep, etc.
Au 1" janvier 1890, le nombre de mines de cobalt instituées était
de 20 et le nombre de celles demandées'en concession de 117.
Actuellement, les exploitations les plus importantes sont
concentrées dans les régions de Nakety, de la baie Laugier,
* Ces minerais avaient été d'abord pris pour des rognons de pyrolusite.
• VoirPelatan ; Génie civil de 1891. — Causerie scientiflque du TempSy 14 avril 1891.
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NICKEL DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE 57
de la baie d'Uqué, de Mou, de Wagap, des lies Yandi et Belep.
En 1889, de ces diverses exploitations, au nombre de 12 et
employant 205 ouvriers, il a été exporté 2 185 tonnes de minerai
de cobalt, d*une teneur variant de 3 à 5 p. 100.
D'importants travaux d'installation sont, en outre, exécutés sur
différents points de TUe, notamment dans les régions de Goyeta
et de la baie d'OIand, où de nouveaux centres d'exploitation ne
tarderont pas à être créés, le minerai de cobalt calédonien étant
actuellement très demandé sur les marchés d'Australie et d'Europe.
Autrefois, le minerai de cobalt était tiré à grand'peine, comme
nous le verrons au chapitre consacré i ce métal, de certaines
mines de Saxe ou de Norvège qui ne contiennent que de 1 à
2 p. 100 de cobalt; aujourd'hui, grâce aux gîtes de la Nouvelle-
Calédonie, on a une moyenne de 3 à 5 p. 100. L'oxyde de cobalt,
qui se vendait de 60 à 70 francs le kilogramme, est tombé, par
suite, au prix, encore rémunérateur, de 15 à 20 francs.
Quoique le minerai de cobalt soit beaucoup plus pauvre que
celui de nickel, il possède cependant une valeur plus grande, et
actuellement, à Nouméa, la tonne de minerai, d'une teneur de
3,5 p. 100, est cotée de 90 à 95 francs et 115 francs à 4 p. 100.
3'' Minerais de chrome. — Le minerai de chrome est répandu
en abondance dans toute la formation serpentineuse de la Nou-
velle-Calédonie, et les minerais de fer associés aux serpentines en
contiennent une notable proportion (de 2 à 5 p. 100).
Les gîtes de chrome sont, comme nous l'avons dit\ de deux
sortes : soit en filons dans la serpentine, soit en couches strati-
fiées dans les vasques d'argile : le chrome de ces dernières est
appelé improprement chrome d'alluvion.
En voici trois analyses empruntées à M. Gamier :
Minerai riche Minerai d'alluvion
du Mont -d'Or ^^-^^^^.^^^ —
Sesquioxyde de chrome . . . . 61553 42,60 41,28
Peroxyde de fer 34 000 37,20 19,02
Alumine 0114 12,80 29,10
Silice 4 625 1,20 2,10
Magnésie, etc 0 028 5,10 5,10
Humidité 1,10 3,40
* Page 38.
V./VK-
V ■^^'^ MF c.g^^N^,\y Google
58 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les minerais, dits alluvionnaires, forment des couches de 0,80
d'épaisseur environ, qu'on enrichit par un lavage primitif. Leur
teneur, inférieure à 50 p. 100, empêche de les utiliser pour l'indus-
trie des chromâtes de potasse ; mais ils servent à la fabrication
des ferro-chromes.
La première demande en concession pour exploiter le fer chromé
fut adressée en 187S ; mais, depuis, des découvertes importantes
ont eu lieu, notamment dans la région du Mont-d'Or, de Plum, de
la baie des Pirogues, de la baie du Sud, etc.
Au 1" janvier 1890, le nombre des mines de chrome instituées
était de 15, représentant une superficie de 3 966 hectares; [à la
même date, le nombre de celles demandées en concession s'élevait
à 89.
Les plus importantes exploitations de chrome sont celles de la
rivière N'Go et de la rivière des Pirogues, qui sont reliées à la
mer par des voies ferrées ayant une longueur totale de 5 kilo-
mètres.
De ces diverses exploitations, au nombre de 7 et comprenant
150 ouvriers, il a été exporté, en 1889, 2 254 tonnes de minerai
de chrome, d'une teneur moyenne de 50 p. 100 de sesquioxyde
de chrome.
Actuellement, à Nouméa, la tonne de minerai de chrome, d'une
teneur de 50 p. 100, a une valeur variant de 40 à 45 francs et de
80 à 85 francs à Sydney.
L'exploitation des gisements de chrome n'a pas été, jusqu'à ce
jour, bien active ; mais elle ne peut que se développer par suite de
l'importance que prend ce minerai dans la métallurgie.
Bibliographie de la Nouvelle-Calédonie,
1867. Garnœr. — Essai sur la géologie et les ressources minérales de la
Nouvelle-Calédonie. i^Ann. d. M., 6% t. XII, p. 1.)
1874. LivERSiDE. — Trans. of the royal Society of New-Southwales.
1876. Heorteau. — Richesses minérales de la Nouvelle-Calédonie. (Ann. d,
Jf.,7*, t. IX, p. 235.)
1876. Mines de nickel de la Nouvelle-Calédonie. {Cuyper, t. XXXIX, p. 185.)
1877. Badoureau. — Métallurgie du nickel. {Ann, d. if., 7«, t. XII, p. 237.)
1878. Ratte. — Roches et gisements métallifères de la Nouvelle-Calédonie.
1880. Luc LÉO. — Le nickel en 1880 et la Nouvelle-Calédonie.
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NICKEL DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE 59
1883. d'Achubdi, t. Il, p. 32.
1885. PoRCHEEON.— Nickelen Nouvelle-Calédonie. {Ind.min., 2«, t. XIV, p. 89.)
1885. Garnikr. — Notice histor. sur la déc. du nickel en Nouvelle-Calé-
donie. {M. Min., 2», t. XIV, p. 126.)
1885. (inn. (2. Jf., p. 609, 665.)
1887. Garnikr. — Les gisements de cobalt, chrome et fer à la Nouvelle-
Calédonie. [Soc, des ing. civils,}
1887. {Ann. d. M., p. 544.)
1888. (Ann. d. M., p. 558.)
* 1889. Levât. — Association pour Tavancement des sciences, 29 septembre.
1889. Brochures de la Société le nickel et de la Société le ferronickel.
16 mars 1891, — (Journal Officiel.)
189i. Peutan. — Traitement des minerais de cobalt. {Génie civil,] Résumé
dans la causerie scientifique du Temps du 14 avril 1889.
1892. Levât. — Progrès de la Métallurgie du nickel. {Ann. d. M., 9«, 1. 1.)
Des minerais analogues à ceux de la Nouvelle-Calédonie ont été
reDcontrés en quelques autres points sans jamais présenter
d'importance industrielle :
C'est ainsi qu'aux Etats-Unis, on en a trouvé, en 1881, sur la
montagne Piney, dans le comté de Douglas (Orégon méridional).
Divers essais ont donné là une teneur atteignant 24 p. 100 de
nickel.
En Californie également, la pimélite (hydrosilicate d'alumine
et de nickel) est associée au cinabre dans les minerais de New-
Almaden, dont les filons traversent des roches identiques à celles
de la Noavelle-Galédonie : serpentines et schistes serpentineux.
EnEspagnCy près deMdaga, on a signalé, de même, des pimé-
lites tenant 9 p. 100 de nickel,
La pimélite (variété Rewdanskite) a été trouvée encore en
flume, à Rewdansk, près d'Ekaterinenbourg», dans l'Oural; elle
donne un rendement qui oscille autour de 12 p. 100 de nickel.
Là on a affaire à un filon vertical de 2 mètres de puissance,
traversant des chloritoschistes et de la serpentine, filon dont le
remplissage est formé de quartz carrié, pimélite et chrysoprase
(calcédoine teintée en vert par le nickel) : les cavités du quartz
renferment une argile plastique empâtant des nodules d'annaber-
gile (arseniate hydraté de nickel) qui peuvent atteindre la gros-
seur du poing.
'18G6.Mûllsr. B. u.H, Z,y p. 65, etGroddeck, p. 285. — D*Achiardi, t. II, p. 30,
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60 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Enfin, en Nouvelle-Zélande, M. A. Pond a dit avoir constaté la
présence du nickel dans un grand nombre de roches vertes du
district des Âuklandes, qui tiendraient, d'après lui :
Ni p. 100
1. Serpentine de Mahurangi 0,49
2. — de Manukau 0,47
3. Greenstone de Val Papakura 0,26
4. Argile verte onctueuse de Waipu 0,1 i
5. Serpentine de Coromandel traces
Ces minerais de nickel, disséminés dans une formation serpen-
tineuse, ont été comparés à ceux de Nouvelle-Calédonie.
IL — PYRRHOTINES NICKELIFERES
Il arrive souvent que certaines roches basiques à péridot,
pyroxëne, hornblende ou diallage, comme les péridotites, les dia-
bases, les diorites, les gabbros ou les serpentines qui en dérivent,
contiennent des traces de fer, cuivre, nickel, chrome, etc., à Tétat
oxydé ou sulfuré. La magnétite, la chalcopyrite, la pyrrhotine
(pyrite magnétique) souvent nickélifère, le fer chromé, etc., arrivent
à former, soit dans ces roches mêmes, soit à leur voisinage immé-
diat, des gisements industriellement exploitables, où le cuivre est
presque toujours associé au nickel.
En Norvège, en particulier, la concentration des sulfures autour
des gabbros, souvent à leur contact même, parfois dans des zones
de schistes broyés qu'on nomme fahlbandes, est particulièrement
nette. Les gisements, actuellement si importants, du Canada
rentrent dans ce type. Nous décrirons ensuite ceux de Scandi-
navie, dltalie, d'Allemagne, des États-Unis, etc.
PYRRHOTINES NICKELIFERES DU CANADA
Les gisements de nickel de la province d'Ontario sont situés
autour de la ville de Sudbury, station du Canadian Pacific Railway
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PTRRHOTINES NICKÉLIFÉRES DU CANADA
61
(voir flg. 182). C'est Touverture de cette ligne qui a permis de
les exploiter depuis 1888.
Le nickel s'y présente dans de grands amas lenticulaires de
pyrrhotine et de chalcopyrite, qui ont été tout d'abord exploités pour
cuivre. Ces amas sont intercalés dans le huronien, très plissé en
celte région, suivant une direction N.-E. S.-O. et en relation
Fig. 182. — Carte de la région de» gttes de nickel au Canada (d'après M. Levât).
manifeste avec des diorites au contact desquelles on les rencontre.
La diorite forme même souvent la gangue du minerai.
La teneur moyenne ne dépasse guère 3 à 4 p. 100 de nickel et
à peu près autant de cuivre. Voici une analyse moyenne d'un
minerai trié comme minerai de cuivre :
Soufre 26,717
CuiYre 12,610
Fer 29,820
Nickel 3,130
Protoxyde de fer 6,22
Chaux 4,84
Magnésie 2,61 \ Gangue . . 23,36
Alumine 2,64
SUice 13,06
L'exploitation se fait : soit à ciel ouvert, sur des affleurements de
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62 GÉOLOGIK APPLIQUÉE
pyrite massiveassez pauvresen cuivreet nickel (Slotbie, Creighton) ;
soit soutermnement, sur des lentilles restreintes, tenant 3 à 5 p. 1 00
de nickel et autant de cuivre (Gopper Gliff, Evans, Blezard).
Le minerai extrait revient à environ 15 francs la tonne dans les
exploitations souterraines; il subit ensuite un grillage qui coûte
2 fr. 50 et une fusion qui s'opère dans de grands water-jackets en
tôle d'acier de 3 millimètres, de forme elliptique et d'une seule
pièce, depuis le creuset jusqu'à la porte de chargement. La fusion
d'une tonne de minerai coûte de 8 à 9 francs , la consommation
de coke étant de une tonne pour une tonne de matte. On arrive
ainsi à une matte tenant de 16 à 18 p. 100 de cuivre et 19 à 23 p. 100
de nickel qui doit encore subir une séparation des deux métaux et
un affinage (réverbère ou convertisseur Manhès).
Au Canada également, la pyrrhotine nickélifère est connue
depuis assez longtemps, à Oxford, dans une roche serpentineuse,
et à Sterry-Hunt, dans un calcaire magnésien jugé de l'époque
huronienne. Ce dernier dépôt a près de 2™, 70 de puissance et
les minerais à gangue calcaire y tiennent de 3 à 4 p. 100 de nickel.
Le nickel est associé avec de la blende et du fer chromé.
Bibliographie.
1871. (Engineering a. mining J., t. XXV.)
1889. Davies, p. 287.
1890. Sudbury Nickel deposits. (Report hy experts to the TJ. S. govemement,)
1890. E. D. Peters. - Sudbury ore deposils. (T. Am. I. M. E., t. XYlil,
p. 278.)
* 1891 . Garnier. — Mines de nickel, cuivre et platine du district de Sudbury.
(Mém, de la Soc, des Ing. civ,, mars 1891.)
• 1892. Levât. — Progrès de la métallurgie du nickel. (Ann. d. M., 9*, t. I,
p. 164.)
PYRRHOTINES NICKÉLIFÈRES DE SCANDINAVIE'
(ringérike, etc.)
La péninsule Scandinave présente quelques gisements de nickel
dont la production, assez considérable jusqu'au moment où elle
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PTRRHOTINES NICKËLIFÈRES DE SCANDINAYIE 63
s'est trouvée arrêtée par la découverte des mines de Nouvelle-
Calédonie, tend à reprendre aujourd'hui. Les minerais sont sur-
tout des pyrrhotines nickélifëres, parfois en relation avec des
gabbros.
La première mine fut ouverte en Norvège en 1846, par une
compagnie anglaise, dans le val cTEspedaly district montagneux du
Sôndre-Gudbransdal ; elle fut fermée en 1851 par suite de manque
de voies de transport. Le gîte était caractérisé par des fablbandes,
c'est-à-dire des zones broyées et imprégnées de pyrrhotine nické-
lifère au voisinage de gabbros et d'amphiboliles. On commença
ensuite à exploiter les autres mines de Ringérike et de Bamble
près Skien ; puis, jusqu'en 1866, on en ouvrit neuf autres dont la
production totale fut d'abord de 3 450 tonnes de minerai par an et
atteignit 34 550 en 1875, en même temps que la Suède produisait,
en outre, 7 700 tonnes.
Ces minerais, comme tous ceux de pyrrhotine nickélifère, sont
généralement pauvres. Celui de Sagmyra dans le Kopparberg, en
Suède, avait pour composition dans deux filons voisins :
Soafre
Nickel
Cuivre
Cobalt
Fer
Silice
Premier ûlon . . .
31
0,50
0,60
traces
23
45
Deuxième filou .
11
0,80
1
»
7
80
Nous décrirons principalement la mine de Ringérike :
La mine de nickel de Ringérike est située au Nord de Skutterud,
où sont des gisements cobaltifères que nous étudierons plus loin *,
près de la station de chemin de fer de Naakerud.
Le minerai se trouve disséminé à Tétat d'imprégnation dans
des schistes amphiboliques et micaschistes verticaux (Telemarks-
chiefer) ; les imprégnations se succèdent les unes aux autres sous
forme de lentilles dans une direction constante et parallèle à celle
des schistes encaissants. Les schistes sont eux-mêmes très tour-
mentés, mais dirigés dans Tensemble à IS"". Suivant Otto Lang, la
pyrrhotine de Ringérike serait subordonnée à une roche comparable
à un gabbro et formée de feldspath, pyroxène, diallage et amphi-
bole.
* Page 86.
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64 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les minerais extraits sont : de la pyrite magnétiqu
2,5 p. 100 de nickel, de la pyrite de fer et de la pyi*ite (
On exploite, à ciel ouvert, trois lentilles principales, q
50 à 70 mètres de long et, au plus, 40 mètres en profoi
puissance de Timprégnation va jusqu^à 20 mètres.
Le minerai, au sortir de la mine, est grossièrement sel
obtient ainsi de la pyrite magnétique formant environ
du tout venant; 5 à 10 p. 100 de pyrite de cuivre et e
gangue. La pyrite magnétique est envoyée à une petit
3 kilomètres de là. Elle arrive avec une teneur de 2 à 2
de nickel ; mais, par une série de grillages en tas et de foi
on en retire un speiss enrichi, contenant jusqu'à 20 ;
nickel. Vers 1875, on extrayait environ 5 600 tonnes d<
donnant 112 tonnes de nickel.
Une autre mine norvégienne, celle de Ronsas dans le
est remarquable par la localisation des sulfures métaUic
rhotine, chalcopyrite, pyrite, etc..) à la périphérie d'un
gabbro recoupant des schistes et dans ce gabbro même. C
sition des sulfures divers est très fréquente en Norvèg
aurons Foccasion de la mentionner à plusieurs reprises
Sur la côte de Kragérô^ des filons de quartz, avec ]
nickélifère, fournissaient, en 1875, 8 à 10 tonnes de ni<
Vers Christiansand^ il existe également des veines
avec pyrrhotine nickélifère.
En Suède enfin, on peut citer Klefva, Sagmyra, etc.
A Klefva^ en Smaland, on a exploité de la pyrite magne
en amas, soit en imprégnations dans des gneiss. Le min(
en 1873, au plus 3 p. 100 de nickel et 1 à 1 1/2 de eu
moyenne, 1 1/2 de nickel et 1/2 de cuivre. En 1875,
produisait 3 246 tonnes de minerai, correspondant
46 tonnes de nickel.
Les exploitations de Sagmyra^ entre Fdun et le lac S
le district de Kopparberg, portaient surtout sur lei
Stàttberg et de Kusa. La pyrite magnétique tenait
berg, 1/4 de nickel et 1/2 de cuivre; à Kusa 3/4 p. 100.
ces mines produisaient 4 489 tonnes de minerai, soi
36 tonnes de nickel, dont 25 à Stàttberg et 10 à Kusa.
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PTRRHOTINES NICKÉUFÉRES DU PIÉMONT 65
Bibliographie.
1879. Nickel Vorkommen in Europa. (Berg. u. H. Z., 1879, p. 359.)
1887. Flbchner. — {Oestr. Zeils. f. B. u. H., t. XXXV.)
PYRRHOTINES NIGKÉLIFÈRES D'ITALIE
(SVARALLO, COPELLO, VAL SESIA, ETC.)
Lltalie présente, dans le Piémont, un assez grand nombre de
gisements de pyrrholine nickélifère qui ont eu quelque importance
avant 1880 ; ces gisements, en relation avec des serpentines, des
diorites, des euphotides, etc., contiennent souvent un peu de chai-
copyrite*. En Sardaigne, on a trouvé également le nickel à l'état
de pyrrhotine associée avec des arséniosulfures de nickel.*
I) une façon générale, dans l'Italie du Nord et lltalie Centrale^
les traces de nickel sont, en outre, fréquent^s dans les serpentines
et dans certaines ophites, comme celles de Bombiana (provipce de
Bologne).
Dans les Alpes Piémontaises, il existe quelques mines de nic-
kel, par exemple celle du Mont Cruvin (commune de Bruzolo) ;
celle de BesigheUo (commune de Balme), où se présentent, dans
ladiorite, deux filons quartzeux minéralisés de 0,50 de puissance ;
celles de Mezzenile, de Gabianca et quelques autres de moindre
importance. Da^s ces gîtes, on trouve une pyrrhotine tenant de
0,4 à 4,5 p. 100 de nickel, en relation avec des roches vertes
anlesiluriennes ; Baretti, dans son livre sur le Gran Para-
diso*, cite encore les mines de Usseglio et de Balme et montre
comment la pyrrhotine se trouve avec des serpentines et des
euphotides, tandis que la rammelsbergiteet la smaltine,^ au con-
traire, traversent des roches amphiboliques.
Dautres gisements comparables se rencontrent aussi dans la
province de Novara, au Val Sesia et à ses embranchements et
toujours dans cette même zone des roches vertes. Dans le haut
* Association du nickel et du cuivre déjà signalée plus haut, pages 00, 62, etc.
•Page 303.
6É0L0GIB. — T. II. 5
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66 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Val Sesia et plus particulièrement dans le Val Sorba
une branche, sont ceux du Val Barbina (commune de
de Varallo , de ValmaggiCy de Cevia, etc. ; dans le Val
rieur, ceux de Locarmo et de Parone,
Ces mines de Varallo, Scopello, Locarmo, etc., sont a
toutes abandonnées.
Le minerai qu'on trouve habituellement dans ces gl
Sesia est la pyrrhotine nickélifëre.
La pyrrhotine des deux principales mines de Varallo
A Valmaggia 3,32 de Ni.
A Cevia 3,01 de Ni et 1,75 de Ci
Mais cette teneur est un peu diminuée par le mélange
Tamphibole et d'autres minerais. L'analyse complète
vante :
Amphibole. Soufre. Ni. Cu. Co.
Cevia 50,00 28,00 1,20 0,50 i,00
Sella-Bassa (Varallo) . 50,00 28,00 1,44 0,72 0,36
Ce n^est qu'exceptionnellement que les minerais tienn
4 à 5 p. 100 de nickel.
Dans d'autres anciennes mines, telles que celle de I
Parone, la pyrrhotine était mêlée à du sulfure de ni-
chalcopyrite, de la magnétite et de la limonite ; sa te
plus élevée ; le minerai contenait :
Ni Co (
Parone 6,0 2,3 2
Locarno 5,5 0,6 2
Les roches encaissantes, dans les gisements du Val
la diorite et d'autres roches vertes, comme la serpentin*
versant elles-mêmes les gneiss et micaschistes. A Lo
Parone j comme dans les mines de Sella-Bassa^ les mici
les gneiss sont recoupés par un amas de roche vert
20 kilomètres et large de 4, dirigé N. 20 E. Cette ro
fiée de diorite très amphibolique par M. Lévy, comprc
Stelzner, des amphibolites pures, des gabbros à bronzite (
composée de hornblende, bronzite et olivine, etc. Ce
amas et à son contact avec le gneiss que se trouven
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PYRRHOTINES NICKÉLIFÉRES DU PIÉMONT
67
conditions analogues à celles des gisements Scandinaves, les filons
métallifères composés, en parties presque égales, de pyrrhotine
nickélifère et d'amphibole. Il n'est pas rare de voir cette pyrrho-
tine associée à la chalcopyrite, ce qui explique la présence du
cuivre dans les analyses.
D'après Y. Groddeck, Famas métallifère aurait 30 mètres de long
sur 5 à 10 de large.
Q y a une trentaine d'années, la production de ces mines du
ValSesia a été assez forte ; les mines de Cevia et de Sel/a Bossa
donnèrent alors 800 et 2000 tonnes de minerai par an. Pour le
seul district de Turin, la production, en 1875, atteignit le chifire de
2453 tonnes ; à la fin de 1876, elle y était encore de 1 460 tonnes.
Hais, depuis la découverte des mines de nickel de Nouvelle-
Calédonie, l'extraction du nickel y a été suspendue.
En Sardaigne, on a découvert du nickel vers 1880, dans
la commune de Gonos-Fanadiga, et on a exploité quelque temps
la mine de Fenegusibiri, dans un filon quartzeux qui traverse des
schistes siluriens.
Le minerai de ce filon se compose de nickéline (Ni As), de mille-
rite et d'arsénio-sulfures associés à de la pyrrhotine nickélifère,
qui contient, outre le nickel, du cobalt et du bismuth et dont la
richesse augmente d'abord avec la profondeur..
Teoeur aux araeoremeats.
(
7 p. 100 de Ni
.2 — de Co
( 1 — de Bi
Teneur à 20 mètres de profondeur
20 p. 100. de Ni.
5 -
5 —
de Co.
de Bi.
La production de l'Italie en minerais de nickel était, il y a une
quinzaine d'années, la suivante :
187o 1876 1877 1878
District d'Iglesias (Sardaigne) . 36 19 0 0 tonnes.
District de Turin 2 453 1460 1065 130 —
Total 2 489 1479 1065
Aujourd'hui toutes ces mines sont arrêtées.
130 —
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.68 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Bibliographie,
1869. M. LÉVY. — {Neue$ Jahrb. f. Minerai, i869, p. 77.)
1873. Jbrvis. — Tesori sott. dltalia, I, 139.
1876. Stelzbnr. — (Zeitsehr. d. d. geol. GeselL, 1876, p. 623.)
1877, BoMBicci. — Gontrib. miner, itâl., p. 39.
1877. Badoureau. — Métall. du nickel. (Ann. rf. M., 7«, t. XII, p.
* 1883. d'Achiardu — I metalli, etc., t. II, p. 22.
1884. Groddbck, p. 198.
PYRRHOTINES NICKÉLIFÈRES D'ALLEM
DES ÉTATS-UNIS, etc.
Allemagne.. — On peut mentionner, en Allemagne,
gisements de pyrrhotine nickélifère. C'est ainsi que, dans
de Bade, à Horbach et à UrberZy des schistes dioritique
ment de la pyrite, de la chalcopyrite et de la pyrrho
teneur de 5,6 p. 100 de cuivre, et 2,5 p. 100 de nickel, t(
s'élève parfois à 12 p. 100. Dans ces mines du duché
on rencontre les minerais communs de nickel et de
quelques variétés particulières, comme la Wolfachite |
3Ni (As Sb)] et THorbachite (Fe, Ni)'S', qui tirent leurs
localités où on les a découvertes.
Fleschner indique, en outre, la mine de Saint-Blasiei
Forêt Noire, qui, de 1870 à 1880, a donné de 15 à 16
nickel avec des minerais à 2 p. 100 de nickel et 0,7 de
L'association des pyrrhotines nickélifères avec des roc
de différentes natures est, comme nous Tannoncions plu
fait fréquent que nous retrouverons dans divers gisen
nous reste à indiquer : Etats-Unis, Argentine, Chili, e
Etats-Unis, etc. — Aux États-Unis, il existe des p
nickélifères à teneur très élevée. C'est ainsi que la min
sur le lac Huron, où Ton exploite des pyrites nickélifèi
d'arséniures, donne, dans ses meilleurs étages, des mi
tiennent jusqu'à 14 p. 100 de pyrite.
Les mines de Pensylvanie comptent parmi les plus iir
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NICKBL DES ËTAtS-UNIS e^^
celle de Lancaster'Gap produit des pyrites à 1 1/â et 2 p. lÔO de
nickel.
Près de Texas (comté de Lancaster), en Pensylvanie, et à Troy
dans le Vermont, on a rencontré lazaratite [Ni * (BO)* CO' + 4 Aq]
dans une roche serpentineuse, et associée à ses produits de décom-
position, comme le talc et la stéatite, ainsi qu'à la chromite.
Oh peut encore citer les mines de la Motte, dans le Missouri.
Enfin, nous indiquerons immédiatement Texistence aux États-
Unis de quelques mines qui produisent, non plus des pyrites, mais
des arséniures ou des minerais oxydés*.
La principale mine d'arséniures est celle de Chatam^ prèsMiddle- •
toun en Connecticut, où Ton exploite des minerais de nickel et de
cobalt tenant jusqu'à 9 p. 100 de chacun des deux métaux.
En dernier lieu, il faut ajouter que les minerais de cuivre du
Lac Supérieur contiennent un peu de nickel*. .
La plupart des mines qui obtiennent ainsi, comtne produits
secondaires, des speiss nickélifères les envoient à des usines
spéciales telles que celle de William Goffin et C**, à Gamden, près
Philadelphie.
La production annuelle des États-Unis est évaluée à 70 -
ou 80 tonnes de nickel.
L'Amérique du Sud, TAsie etTOcéanie contiennent également,
quelques gîtes nickélifères sans importance industrielle.
Dans la République Argentine ^ on connaît près de Jagûe,
dans la mine Solitaria (province de Rioja), des filons deniccolite,
et d'autres filons nickélifères de pyrrhotine et de chalcopyrite sur la
Sierra de Salamanque, à environ 156 kilomètres au Sud de
Mendoza.
Au Chili, t)n a trouvé des minerais de nickel dans les mines^
de THuasco, Ghanarchillo et Atacama.
En Sibérie, on obtient un peu.de nickel dans TOural et TAlta'L
Aux Indes, dans la région de TArvali , on a découvert de
grandes quantités de minerais de nickel, par exemple à Oodeypoore«
On en a rencontré dans la mine de Rajputana et, d'après M. Mallet,
* Voir pour ces minerais le paragraphe suivant, page 70. ,
* Nous avons déjà eu à signaler, dans bien des gîtes, le rapprochement du nicM
et du cuivre, p. 60, 62, 65, etc.
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70 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans la pyrrhotine de Khetri, ainsi que dans des minerais de fer
de Bhangarh.
Bibliographie.
1879-80. R. Bbéon. — Présence du nickel et du rutile dans le filon de pyrite
de ChizeuiL (B. S. G., 3« série, t. VIII, p. 291. Paris. i879-80.)
1887. Hbuslbr. — Ueber ein Nickelerz von der Grube Sicrch und Sehônsberg.
(Sitzungs berichte des rtaturhistorichen Vereines der prettssischen Bheinland. West-
falens und des Reg Bezirks Osnabmck. 5^ série, 4* année, p. 67. Bonn, 1887.)
1888. Glarke. — Some nickel ores from Oregon. (Bull, of ihe New-York
State muséum ofnaiural Histary^ Albany, 1888.)
1889. F.-H. Snow. — The Logau County nickel mines. (Transactions of the
20^ anJ 21 ^ annual meetings of the Kansas Academy of Science^ t. XI, p. 39.)
Uacut. ^ Useful. min. of Ihe Arvali reg. (6. sur. India^ 13, 4, 248.)
IIL — ÂRSENIURES DE NICKEL
ET MINERAIS DE NICKEL COBÀLTIFÈRES
Nous étudierons, dans cette catégorie de gisements, ceux d'Alle-
magne (Schneeberg et Dillenburg), d'Autriche (Dobsina, Schla-
dming, Leogang), d'Espagne, de France, de Suisse, d'Angleterre,
etc. ; nous rappellerons, aux États-Unis, la mine de Chatam, en
Connecticut, mentionnée avec les pjTrhotines*.
GISEMENTS DE NICKEL ALLEMANDS
Les gisements de nickel allemands ont encore une certaine im-
portance et en ont eu une très grande autrefois. Le nickel s'y
rencontre, soit à Tétat d'arséniures et sulfures, comme la niccolite,
la gersdorfite (Ni S» + Ni As*), la millérite (Ni S *), la chloanthite
[(Ni, Co, Fe) A S*] ; soit associé à du cobalt, souvent dans des
filons argentifères.
Les mines les plus productives sont celles de Saxe *, particuliè-
• Page 69.
' Coll. EcoU des Mines, 13&0.
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NICKEL D ALLEMAGNE 71
rement des environs de Schneeberg, Lindenan, Zschorlan et Neus-
tâttel, dont nous reparlerons quand nous étudierons, au chapitre
du Piomb, le champ de filons complexe de Freiberg. Il existe
là, dans une région montagneuse formée de micaschistes et
de phyllites, qui reposent au Sud sur le granité de TELbenstock,
près de 150 filons rapprochés sur 3S8 de large et 9 kilomètres de
long. Le nickel et le cobalt y sont associés avec des minerais de
plomb et d'argent.
Dans le RiesengebirgCy on retrouve des filons quartzeux nickéli-
fères au milieu de schistes micacés, près de Nieder-Regensdorf ,
dans le district de Liegnitz. Sur le bord oriental "du Harz, dans
le Mansfeldy près de Sangerhausen, Gerbstàdt et Hettstâdt, on
connaît des filons analogues.
De même, dans le pays de Siegen et d*autres parties de la
Westphaliej les minerais de nickel, associés avec ceux de cobalt,
plomb, cuivre et bismuth, se trouvent dans des filons qui recou-
pent le dévonien : le dévonien moyen près d'Altenrath (environs
de Siegen); le dévonien inférieur à Busenbach, Wingershardt et
Schônstein (arrondissement d'Altenkirchen), à Hiisen (Siegen) et
près de Rohnard (Olpe).
Dans les Vosges, près de Markirch ; à Schiltbach, dans la Forêt
Noire, des filons contiennent nickel, cobalt, argent, etc.
Un assez grand nombre d*autres gites rappellent, par leur allure,
ceux de pyrrhotine nickélifère, en relation avec des serpentines ou
des gabbros, que nous avons étudiés plus haut. Les péridotiles
calcaires anciennes que V. Groddeck a décrites sous le nom de
paléopicrites, contiennent presque toujours, dans leur masse, une
certaine proportion de nickel qui, à Dillenboui^ (Nassau), est de
0,160 à 0,666 avec du cuivre, du cobalt et du bismuth. Quand ces
péridotites se sont altérées et transformées en serpentine, le
nickel s'est parfois concentré en veines au milieu d'elles.
Ainsi à la mine Hûlfe Gottes, à Nanzenbach^ près de Dillen-
bourg (Nassau), on a exploité longtemps un gîte formé d'un mé-
lange de dolomie, de sidérose, de chalcopyrite, de millérite, de bismu-
thine, de pyrite de fer, d'hématite rouge et de quartz. L'exploitation
portait autrefois sur divers filons principalement cuprifères ; elle
amena, en 1841, la découverte d'un filon nickélifère qui ne se
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TE GÉOLOGIE APPLIQUÉS:
montra minéralisé que dans la serpentine et devint !
pénétrant dans le schalstein*
V. Groddeck a rapproché de ce gîte celui de Bellnhaus^
duché de Hesse), à trois lieues de Harbourg, et celui d(
(Hongrie).
GITES DE^NIGKEL DE DOBSINA, SGHLADMIN
Dobsina (Hongrie). <— A Dobsina\ on a, dans des cond
rappellent les gttes de Norvège, dés fiions de contact
gabbro émietté et broyé, partiellement transformé ei
tine et des phyllades verts quartzifëres. Les filons, qui
fient en stockwerk et ne sont jamais nettement âépa
roche encaissante, atteignent jusqu'à 8 mètres de larg
nent des minerais contenant jusqu'à 17 p. 100 de ni
5 p. 100 de cuivre, un peu de cuivre gris, de chalcof
cobalt, etc., et, comme gangues, de la sidérose et de
Bibliographie.
i863. V. Kœnbk. — Sur le gUe de Nangenbach. {Zeits. d. d.
U XV, p. 14.)
1868. G. Fallbr. — Sur le gtte de Dobsina. (B. «. H. Jakr. d.
Bergac.j t. XVII, p. 165.)
1879. PosKwiTZ. — {Verh. d. kk. g, R., io Wien, 3, 79.)
1884. Groddeck, p. 218, et d'Achiardi, t. II, p. 26.
1887. Flkschnbr. — {Oest. ZetUch. f. B. u. H. W., t. XXXV, p.
Schladming (St]rrie). — La mine de Schladming, en
été exploitée pour argent dès le xv* siècle ; puis, pour
cobalt, à la fin du dernier siècle ; enfin, depuis 1832, s
tive du Hofrath V. Gerdorff, on a commencé à extraire
le nickel, qui, jusque-là, était perdu dans les haldes.
Ce gisement présente un premier exemple de phénoi
nous aurons à étudier à Toccasion du gtte d'argent de \
* Ou Dobschau. Nous aurons à y revenir au chapitre du CobdH^
Fosewiu, le gabbro serait une diorite.
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NICKEL I>E SCHLADttING 73^
(Norvège) : la rencontre de filons avec des zones de schistes méta-
morphiques imprégnés de sulfures divers qu'on appelle ici des
brandes, ailleurs des fahlbandes et leur enrichissement , ici en
nickel, là en argent, à ces intersections. La région est formée de
schistes cristallins, schistes amphiboliques et gneiss. Les brandes,
au nombre de six principales qui se prolongent sur des kilomètres
de long, sont chargées de pyrite, pyrrholine et mispickël ; elles
-\'^-
s^vm
Fig. 1S3. — Vue perspective du gîte de Schiadming (d'après M. Flechner}.
ont de 0,50 à 30 mètres de large. C'est dans ces brandes/ parti-
culièrement dans la Vôtternbrande qui a 6 mètres de large et
la Neualpnerbrande qui en a 17, qu'on exploite les métaux,
précieux. Les filons, au nombre de 13, sont tous à gangue cal-
caire et contiennent des nids de cuivre gris, de mispickël et de
minerais argentifères ; à la traversée des brandes, ils se resserrent
et disparaissent presque et Ton voit, à leur place, des' nids de
minerais de nidcel ayant parfois plusieurs mètres de long et un
mètre de large. Parmi ces minerais, on peut citer la nickéline,
la cobaltine, la chloanthite, la smdtine, le cuivre gris, etc.
Les minerais triés, tels qu'ils viennent à l'usine, contiennent
environ 1 p. 100 de nickel, 1/2 à 1 p. 100 de cobalt et des traces
de cuivre.
Les minerais argentifères renferment, dans les parties les plus
riches, jusqu'à 14 p. 100 de cuivre, 0,4 p. 100 d'argent et 4 à
5 p. 100 de nickel et cobalt.
Ces mines de Schiadming (Y. Gersdorffschen Nickelwerke) ont
produit, avant 1880, au maximum, i2 à 14 tonnes de nickel par
ao, dans l'usine de fusion de la vallée d'Hopfrisn et l'usine de
raffinage de Handling. .
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74 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Bibliographie.
4860. Focns. — Métallurgie du nickel en Styrie (A^m. d. M,),
4860. AiGNKR. — (B. u. H. Jahrb. d. K. K. Ostr. Bergac, t. IX, p.
4876. Brochure de la Société de GersdoHT à Schladming.
4879. Nickel Vorkommen in Europa. (B. u. H. Z«, p. 358.)
4884. Y. Groddeck, p. 289.
4887. Flechner. — (Ôstr. Zeits, f. B. u. H., t. XXXV.)
Leogang (Salzbourg). — A Leogang, on exploite des arséi
nickel associés avec des pyrites nickéiifëres et cobaltiH
mines produisaient, vers 1880, de 2 à 3 tonnes de nickel
Espagne. — En Espagne^ aux deux extrémités de la p(
on rencontre des minerais de nickel : au Nord, près du
tegal en Galicie, où Ton trouve la zaratite (Ni" (HO)* CO'
et, dans les Pyrénées, à Gistain (province de Huesca);
près de Malaga, où Ton a signalé des pimélites à 9 p
nickeP.
France. — En France^ on connaît des minerais de nie
les Alpes, par exemple à AUemont, dans le Dauphiné', e
Pyrénées, sur le mont Ar près des Eaux-Bonnes ; les min<
la niccolite, la rammelsbergite, etc. Ces gisements ne
exploités.
Valais (Suisse). — En Suisse^ on peut rapprocher du
Schladming les minerais du Val d'Annivier, près de !
Valais. Là aussi, on retrouve, dans des schistes talqueux <
boliques, des fahibandes pyriteuses qui s'enrichissent
contre de filons transversaux de cobalt et de nickel c
eux-mêmes chloanthite, nickéline et sidérose. Il s'est <
des filons couches renfermant du mispickel cobaltifëre,
baltine, de la chloanthite, du bismuth natif, etc.
Les affleurements nickélifères sont nombreux sur
d'Omberenza, dans le Valais. La roche encaissante des
* Meissonnier.G. R.,4876, p. 229; cf. d*Achiardi, II, 24. Voir également pi
' 1855. Gueymard. Sur les gttes de nickel de Tlsère. (B. S. G. 2*, t. ]
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NICKEL DU VALAIS ET DES IlES BRITANNIQUES
75
un schiste vert et gris. Sur le Kaliberg^ où se trouvent surtout
ces gisements, on connaît 7 filons métallifères» explorés de 1874
à 1877 ; on en a découvert d'autres à PlantorenZy à une altitude
de 2 990 mètres au-dessus du niveau de la mer ; et enfin d'autres
afQeurements, qui ne sont que la continuation des filons précé-
dents, existent près de Zerbitzen, à Grand-Paz et à GoUyre, près
de Ayer dans le val d'Annivier.
Le minerai de ces gisements est un mélange de niccolite (Ni
As), de rammelsbergite (Ni As'), de cobaltine et autres espèces ;
la teneur en nickel de ces minerais semble être assez élevée,
comme l'indiquent les analyses suivantes dues à Heusler :
VAL D'
Pyrite nickélifère
rouge
ANMVIER
PTrite
nickélifère
blanche
Mélange
des deux
MINERAI DE KALTBERG
Ni
CO
Fe
Bi
AS
S
30,3
8,9
»
»
60,7
»
38,9
i,2
»
59,9
>
26,75
3,93
1,40
65*02
2,99
28,58
10,30
»
61,12
>
17, 5
10, 5
>
72,07
13,70
1,42
0*89
36*00
9,60
3,75
2*11
16*20
99,0
100,00
100,00
100,00
100,007
52,01
31,66
Bibliographie du nickel dans le Valais.
1869. A. OssKNT. — (B. u. H. Zeit., p. 13.)
1876. Heusler. — {Zeitschr, d. d. geol. Gesellsch.j t. XXVIII, p. 243.)
*Sept. 1881. Deshayes. — Cites métallifères des Alpes Valaisannes. {Génie
emi)
*1883. D^AcHiARDi. — I metalli, etc., t. H, p. 25.
1884. GaoDDBCK, p. 141,286.
Des Britanniques. — On exploite des minerais de nickel à Mer-
thyr-Tydrîl, en Angleterre, et à Craigmuir près dlnverary (Argy-
leshire), en Ecosse. En ce dernier point, on extrait un minerai
assez riche, la pentlandite (Ni S + n Fe S) qui, suivant divers
essais, donne un rendement de 7 à 22 p. 100 de nickel. En outre,
on a découvert, en 1810, de nombreux amas de cobalt nickélifère
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76 &ÉÔL06IE APPLIQUEE
dans le calcaire carbonifère du Flintshire et on a ouvert la mine'
de Yoel-Hiraddog dont nous parlerons plus loin* au chapitre du
cobalt. De 1870 à 188S, cette mine a fourni 675 tonnes de mine-
rai à environ 2 et'3 p. lÔO de nickel.
La production des Iles Britanniques en minerais de nickel et
cobalt a été :
1878 1879 . 1880 1881
•H)0»;5 123 30 64
Bibliographie.
1879. Mining Journal, 23 août 1879; 1880, p. 1043; 1881, p. 1161; 1882,
p. 1097.
1882. Le Neve Poster. — On the occurr. of cobalt ore in Flintshire. {Tram.
R, g, S. ofComwelL)
1883. D*AcHiARDi. -^ I metalli, etc., t. II, p. 28.
» Voir page 89.
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COBALT
Co ; Eq = 29,5. P. At = 59.
Usages. — Le cobalt est employé, depuis le xvi^ siècle, pour
la production de verres et d*émanx bleus d'une magniOque
nuance ; mais il n'a été distingué, comme métal particulier, qu'en
1733 par Brandt. Son nom vient, paralt-il, de celui des Kobbold,.
génies des mines.
A l'état métallique, il n'a encore que fort peu d'usages, quoi-
qu'on soit arrivé, dès 1862, à Birmingham (maison Evans et
Askin) à en préparer de beaux lingots fondus et qu'il puisse y
avoir là, pour l'avenir, le jour où le cobalt baisserait suffisam-
ment de prix, une source de débouchés sérieux.
Allié au bronze, le cobalt lui communique une certaine dureté;
des régules de cobalt et de cuivre, produits d'affinage de l'usine
de Septèmes, ont pu être employés pour faire des coussinets.
Toutefois le cobalt, même en faible proportion, rend, à moins de
précautions spéciales, le cuivre dur et difficile à travailler.
Le véritable emploi industriel de ce métal, c'est la préparation
du bleu de cobalt ou azur, formé par la dissolution de l'oxyde de
cobalt dans un verre à base de potasse.
On prépare l'azur ou smalt en grillant le minerai afin d'éli-
miner Tarsenic et de convertir le fer en sesquioxyde^ dont la cou-
leur jaune orange est neutralisée par le bleu, tandis que le pro-
toxyde donne un vert désagréable. Puis le minerai grillé est
chauffé dans un creuset de verrier avec du quartz et du carbonate
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78 GÉOLOGIE APPLIQUÉS
de potasse. La masse fondue, on écume, à la surface, le/îi
et on le rejette ; on reprend et on jette dans Teau la mi
fondue ; puis on la broie.
Pour avoir les qualités supérieures, au lieu de ]
minerai, on part de l'oxyde de cobalt purifié.
Le bleu le plus beau est le bleu (TEschel, qui sert po
le linge.
Le bleu Thénard, plus opaque que l'azur et couvran
s'obtient en calcinant un mélange d'alumine et de phos
cobalt.
En remplaçant Talumine par l'oxyde de zinc, on a un
solide, appelé vert de Rinnmann.
L'industrie du cobalt a eu à souffrir de la découverte d
mer (silicate de soude) ; plus récemment elle a été atte
outre, par la vogue de plus en plus grande des couleurs (
plus fraîches et moins coûteuses, maïs très rapidement al
Néanmoins la baisse de prix considérable résultant de 1
verte des minerais de Nouvelle-Calédonie, qui a eu poui
faire tomberle prix du kilogramme d'oxyde de 60 à 20 frj
permet de soutenir la concurrence des autres matières c(
bleues, incapables d'ailleurs de le suppléer dans un grand
d'emplois.
Minerais. — Les principaux minerais de cobalt sont :
▲. Minerais non oxygénés : \^ Cobalt natif.
29 Sulfures. Jaipurite : CoS; teneur : 64,8 p. 100 de Ce.
3® Arséniures. Smalline : CoAS*; teneur : 28,2 p. 100 de Co.
Chloanthite : (Co, Ni) As»; teneur ; de 0 à 28
de Co.
Skutteradite : Co As«; teneur : 20,7 p. 100 de (
4<> Arsénio-sulfures. Cobaltine : CoS As; teneur : 35,5 p. 100 d
B. MiNBRAis OXYGÉNÉS : Hétéroçénite : Co** 0' + 6 Aq; teneur : 57
de Co.
Erythrine : Co» [AsO*]« + 8 Aq; teneur ; 29
de Co.
Asbolite : (minerai de la Nouvelle-Calédonie
Voici les analyses de quelques minerais de cobalt * :
« D'Achiardi II, p. 43, etc.
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STATISTIQUE DU COBALT
79
I
II
III
IV
V
VI
Vil
VIII
IX
X
Co
Ni
Pe
S
A».
Sb
Bi
GaDgae ....
Cu
28,30
traces
7,83
19,46
43,87
0,80
•
21,21
11*00
0,49
06,06
»»
»
l'oo
13.95
1,79
11,71
0,66
70.38
«
•
1.39
20,31
3*42
0,88
74,21
t
o^6
19,73
•
4,27
1,53
74.47
•
t
20,01
1*51
0,60
77.84
m
m
33,71
1,63
19,35
43,31
•
•
•
30,37
5,75
19,75
44,13
•
«
m
9,62
M, 09
19.08
43.14
1.04
2,36
33,10
3*23
20,08
43,46
•
«
100, 2«
101,26
99,88
98,98 j 100,00
100,05
100,00
100,00
99,33
99.87
I. Jaiparite de Tlade. Analyse de Mallet. VI. Skiitterudite de Skuterad. An. Scheerer.
n. Smaltine (Safflorite) de Schneeberg. An. VU. Cobaltine de Morgenrolbe (Siegen). An.
Jickel. Schnabel.
m. Smaltine (Safflorite) de Scbneebtrg. An. YIIT. Cobaltine d'OraTicza (Banat). An. Hu-
Hormann. berdt.
rv. Smaltine de Riecbelsdorr. An. Stroneyer. IX. Ferrocoballitf> de Uamberg (Siegen).
V. Smaltine de Glucksbninn. X. (U>baltine de Skutterud. An. Stromeyer.
Centres de production. — La statistique internationale française
donne les chiffres suivants :
Nouvelle-Calédo
nie
Saxe
(Miotrmii de nickel
et cobelU)
Prusse . . . . .
Suède ,
Norvège . . . .
(MiaenU de niekal
et eebalt.)
Angleterre. . . .
(MiDeraii de nickel
et cobdt.)
Hongrie . . . .
(Mioeraia de nickel
et eobdl.)
Espagne. • . . <
ÉUts-Unis . . ,
1887
MineraU
3.000 t.
àSOfr.
231t.
176 t.
à 955 fr.
62 t.
à 339 fr.
Métal
4 t.
1888
Minerais
î
64 t.
33 t.
à 148 fr.
969 t.
154 t.
àl22 fr.
68 t.
à397fr.
Métal
438 1
3 t.
6 t.
1889
Minerais
2 185 t.
273 t.
à2 188f.
503 t.
à 27 fr.
157 t.
àl55fr.
Métal
499 t.
à 7 407
fr.
1890
Minerais
2 200 t.
à 100 fr.
651 t.
266 t.
5 540 t.
à 46 fr.
85 t.
à 77 fr.
Métal
40 t.
à2 425
fr.
6 t.
6 t.
La Nouvelle-Calédonie y devenue aujourd'hui le centre principal
de production du cobalt, a exporté, en 1890, 2 200 tonnes de mine-
rai d'une teneur variant de 3 à 5 p. 100 et ayant pu produire, par
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^0 'GËOLOGI^ APPLIQUÉS
suite, environ 80 000 kilogrammes. La première concession date
seulement de 1876.
La Saxe produisait, en 1867, 400 tonnes de minerai de cobalt par
an ; en 1879, nous voyons sa production réduite à 50 tonnes ; puis,
en 1888, nous trouvons 64 tonnes de minerai très riche (nickel,
cobalt et bismuth) estimées 11 663 francs et une production cor-
respondante de 438 tonnes de cobalt ; en 1889, 273 tonnes de
minerai à 2 188 francs la tonne et 499 tonnes de cobalt.
La mine principale est celle de Schneeberg.
\i Allemagne entière produisait, en 1870, 455 tonnes de minerai,
dont 212 tonnes, valant 258 000 francs, provenaient de Schneeberg ;
en 1879, 363; en 1880, 357, d'une valeur moyenne de 2200 francs
la tonne.
La Suède (Tunaberg, etc.) a donné : en 1876, 120 tonnes de
minerai ; en 1880, 70 tonnes ; en 1887, 231 tonnes; en 1888>
969 tonnes ; en 1890, 266 tonnes de minerai et 6 tonnes de cobalt.
La Norvège, avec les pyrites cobaltifères de Skutlerud, Snar-
rum, etc., a produit : en 1865, 7 800 tonnes de pyrites cobaltifères;
en 1870, 1 000 tonnes; en 1875, la mine de Skutlerud a été arrêtée,
puis reprise par une compagnie saxonne ; en 1882, la production
de minerai de cobalt calciné était de 86 tonnes. En 1890, il a été
extrait 3 540 tonnes de minerais de nickel et de cobalt à 46.
En Hongrie^ on peut citer la mine de Dobsina, qui produit
également du nickel ; en Autriche, Joachimsthal, qui a donné, en
1866, 448 kilogrammes d'oxyde de cobalt.
En Espagne, on a signalé récemment des gîtes dans les Asturies.
11 en existe dans le val de Gistain, dans les Pyrénées.
En Angleterre, on a produit, en 1878 : 100 tonnes ; en 1879,
118 tonnes; en 1881, 64 tonnes ; en 1889, 157 tonnes déminerais
de nickel et de cobalt ; en 1890, 85 tonnes. La seule toine exploi-
tée est celle de Voel Hiraddog, en Flintshine, etc.
Aux Etats-Unis^ on produit de 4 à 5 tonnes d'oxyde de cobalt
par an. On en consomme environ 17 tonnes dont les 95/100
vont à la coloration des poteries et le reste à celle des ver-
reries.
La consommation générale de cobalt dans le monde est évaluée,
au maximum, à 200 000 kilogrammes par an, dont la Nouvelle-
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GÉNÉRALITÉS SUR LES GÎTES DE COBALT 81
Calédonie produit au moins 80 000, la Saxe 49 000, la Suède et la
Norvège 37 000, les Etats-Unis 4 000, etc.
Le prix du cobalt oxydé était de 60 francs le kilogramme
vers 1875; il est aujourd'hui de 20 francs; en 1885, les statistiques
comptaient 15 000 francs la tonne de cobalt en Norvège ; en 1889,
7 400 francs la tonne de cobalt en Saxe.
GISEMENTS DE COBALT — GÉNÉRALITÉS
Lagrande analogie et Tintime liaison naturelle qui existent entre
le nickel et le cobalt font que les remarques générales, précé-
demment indiquées à l'occasion du nickel, s'appliquent également,
pour la plupart, au cobalt et qu'un grand nombre de gîtes, à la fois
coballifères et nickélifères, se trouvent avoir été déjà décrits au
chapitre du Nickel. Ces gîtes, nous l'avons dit, sont de trois
catégories :
1** Inclusions dans despéridotites, serpentines, paléopicrites, etc.,
donnant, sous des actions superficielles, des minerais oxydés;
2^ Sulfures et arsénio-sulfures concentrés à la périphérie des
massifs de gabbro oUv de diorite ;
3" Eléments du remplissage de filons complexes.
1° Comme exemple du premier type, nous rappellerons que
la paléopicrite de Dillenbourg (Nassau) contient de 0,162 à
0,666 p. 100 de nickel avec du cobalt, du bismuth et du cuivre.
Nous avons vu, de môme, que les gîtes de la Nouvelle-Calé^
donie\ qui fournissent aujourd'hui près de la moitié du cobalt
consommé dans le monde, le présentent sous forme d'oxyde
manganésifère dans des poches d'argile résultant de la décom-
position locale de serpentines.
2** A Dobsina^ en Hongrie*, des filons très ramifiés, qui sont, en
réalité, des imprégnations de zones froissées, à la façon des fahl-
bandes, dans des phyllades, au contact de gabbros, contiennent
un peu de cobalt en même temps que du nickel.
* Voir page 49.
* Voir page 72.
GEOLOGIE. — T. II. ^
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82 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Nous ne reviendrons pas sur ces divers gites qui ont été décrits
précédemment.
3^ Le cobalt, sous forme d'arsénio-sulfures et de sulfures divers,
entre, comme les autres métaux, plomb, zinc, fer, cuivre, bis-
muth, etc., dans le remplissage de filons complexes et particu-
lièrement, ce semble, dans ceux qui sont riches en argent. Nous
allons passer en revue les principaux gites de cette nature, dont
quelques-uns également ont déjà été étudiés comme gites de nickel
(troisième catégorie).
FILONS GOBALTIFÈRES A GANGUE DE QUARTZ
OU DE GALCITE
(SAXE, PIÉMONT, ESPAGNE, MANSFELD, ETC.)
L'un des meilleurs exemples de filons cobaltifères que Ton
puisse citer est celui de Schneeberg en Saxe. Tout en renvoyant,
pour les détails, à la description que nous en ferons, à l'occa-
sion du champ de fractures saxon, nous indiquerons, dès à pré-
sent, qu'il existe, dans TErzgebirge, à Schneeberg, Marienberg,
Annaberg, Joachimsthal , Johanngeorgenstadt , etc., un grand
nombre de filons de quartz ou de barytine cobaltifère et argen-
tifère encaissés dans le granité ou le gneiss et contenant de la
smaltine, de la nickéline, du bismuth natif, de la pyrite de fer, de
la galène, de Fargent rouge, de Fargyrose, de l'argent natif, etc.,
avec des minéraux d'urane. Ce sont les filons barytiques qui ont
surtout produit de Fargent aux xv' et xvi® siècles ; dans notre siècle,
on s'est plutôt attaqué aux filons quartzeux. Ces filons sont géné-
ralement peu puissants et paraissent s'appauvrir en profon-
deur *.
La même association du nickel, du cobalt et de Fargent dans
des filons quartzeux se retrouve en Allemagne, dans les Vosges,
près de Markirch; à Schiltbach^ dans la Forêt Noire, etc.*. En Sar-
* Voir Sandberger. (Neues Jahrb. f. Minerai, 1869, p. ^0.) — Groddeck, p. 291.
— Cotta, etc.
* Voir plus haut, page 71.
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FILONS GOBALTIFÈRES DU PIÉMONT, d'eSPAGNE, ETC. 83
daigne, à Monte Narbas on a indiqué aussi la présence du cobalt avec
les minerais d'argent.
Ailleurs on a signalé, quoique assez rarement, des filons de
quartz avec minerais de cobalt et de nickel sans argent. C'est,
d'après Mûller, le cas kRewdansk^ près d'Ekaterinenbourg (Oural)*,
où Ton a exploité, au milieu des chloritoschistes et de la serpen-
tine, un filon quartzeux de 2 mètres de large, contenant des nodules
d'annabergite (arséniate hydraté de nickel) avec des hydrosilicates
de nickel comme la pimélite et un peu de cobalt associé.
Plus fréquemment, les filons de cobalt, nickel et bismuth, sont
à gangue spathique (calcite, braunspath, sidérose) ; nous en avons
déjà étudié deux types à Schiadming, en Styrie, et au val d'Anni-
vier, dans le Valais'; nous en mentionnerons quelques autres.
Dans le Piémont^ à l'Ouest de Turin, sur la Sarda, au pas de Pas-
chietto, on rencontre, dans la diorite, deux filons de 0"',50 à peine
de puissance, de quartz, sidérose, rarement calcite, avec smaltine,
érythrine, annabergile, malachite et azurite; l'exploitation n'en a
jamais été durable. Dans la même région, les filons de Cruvin (Val
de Susa), aux environs du village de Bruzolo, sonl plus riches: ils
traversent des schistes chloriteux et de la serpentine et contien-
nent du quartz, de la dolomie, de la calcite, de la rammelsbergite,
de la lœllingite, du cuivre gris, de la chalcopyrite et de lachloan-
Ihite. On les a exploités au xiii« siècle et abandonnés en 1759*.
En Espagne, il existe quelques gisements de cobalt, générale-
ment de faible importance, parmi lesquels ceux des Asiuries^, à la
limite des provinces de Léon et d'Oviédo, ont attiré récemment
l'attention. Ce sont des filons recoupant les dolomies triasiques
et le calcaire carbonifère et contenant, aux affleurements, des
oxydes noirs à 15 p. 100 de cobalt.
Un peu à l'Ouest, dans les Pyrénées, à 15 kilomètres de la
frontière française, se trouve la mine de Gistain dans la province
de Huesca (haut Aragon) ouverte vers le milieu du siècle passé.
* Voir plus loin, au chapitre de VArgent,
* Voir : Mûller. {Berg. u. H, Z., 1866, p. 65) et Gioddeck. p. 285.— Cf., plus haut, p. 59,
' Pages 72 et 74.
* Voir : 1871. Struver. Neuet Jahtb. f. Minerai., p. 315 et Groddeck, p. 286. — - D'A-
chiardi, t. II, p. 52. — Jervis, Tesori sott. d'iulia, 1873; 1, 53.
' Voir Bull. Comm. Map, geol, Espana^ 1878, 5, et d'Achiardi, II, 52.
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84 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Dans cette mine, on a exploité de petits filons de puissance var
au contact de schistes siluriens et de calcaires xlévoniens
filons sont en relation avec des porphyres et ne contiennen
des minerais sulfurés et arséniés de cobalt et de nickel avec g;
de calcite. Les mines principales ont été celles de Baronia,
Pedro, San-Benito, Providencia, Emilia, Esperanza, There
Santa-Barbara. Ces mines ont été reprises en 1872; puis, e
une fois, abandonnées. Le minerai était envoyé en Saxe, à V
d'Oberschlema, après avoir subi un lavage et une préparatioi
canique; il contient 11 à 12 p. 100 do cobalt et 7 p. 100 de
kel et, pour le reste, de l'arsenic, du fer, du soufre, du q
et de la calcite. A Tétat brut, la teneur est de 1/2 à 3 p
avec un maximum de 5 p. 100. En 1876, on a obtenu 16 000
grammes de minerais '.
Au midi de TEspagne on a trouvé, des minerais de cobalt
les mines de Guadalcanal en Andalousie *, et il en existe quel
gisements dans la Sierra Cabrera et la Sierra Alhamilla. Cei
la Sierra Cabrera recoupent le calcaire carbonifère et contien
un mélange de braunspath avec millérite et nickéline '.
En Allemagne^ nous mentionnerons, comme gisements à ga
spalhique, ceux du Mansfeld, du Thuringerwald et de la Hesî
Dans le Mansfeld, le Thuringerwald et la Hesse, les failles
rejettent la couche de schiste cuivreux, ont quelquefois donné
à un remplissage filonien qui y a déposé des minerais de cobî
de nickel avec gangues de barytine et de calcite. Ce qui sen
rait prouver qu'il ne faut pas voir là une sécrétion latérale, coi
on Ta supposé, c'est que, dans les mêmes conditions par rap
à la couche, certaines failles sont remplies, d'autres stériles.
Dans le Mansfeld \ ces filons failles ont une direction à 121
une forte inclinaison. Les minerais de cobalt et de nickel ne
sont trouvés exploitables que sur deux points, au 23** chantie
Gerbstâdt où de la smaltine, parfois cristallisée, de la pyrite de
• 1878. Voir : Rapport de M. Jules Despecher, propriétaire des mines de Giî
Cf., plus haut, page 74.
• Voir au chapitre de V Argent.
» Voir : 1863. Ferberg. Berg. u, H. Z., p. 306. — Groddeck, p. 286, et d'Achi
IT, 53.
• Voir ; 1857. Bauraler. Zeit. d. d. geol, Ges.^ t. IX, p. 25, et Groddeck, p. 28
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FILONS GOBALTIFÉHBS DU MANSFELD ET DE LA HESSE 85
de la marcassite, plus rarement de la chalcosine, de la phillipsite et
de la chalcopyrite étaient associées à de la calcite, de la sidérose
et accidentellement de la barytine et, en second lieu, dans les dis-
tricts de Sangerhauser où la smalline était accompagnée de mispickel
cobaltifère et nickélifère, de chalcosine et de chalcopyrite, avec
gangue de barytine, rarement de calcite et de quartz. Ces filons
particuliers, désignés dans le pays sous le nom de rûcken^ ne sont
pas des fentes régulières, mais des systèmes de cassures étoilées qui
rejettent les couches en y produisant des plissements et des
brouillages tout spéciaux. Lies gangues et les minerais remplissent
des cavités irrégulières, de formes très variées ; leur nature est
massive, jamais symétrique et zonée.
Dans le Thùringerwald \ des filons analogues ont été productifs
à Glûcksbrunn et à Camsdorf. Le remplissage était le même. A
Camsdorf, il comprenait, dans les grès blancs (weissliegende) du
mur, des sulfures et arsénio-sulfures (smaltine, cuivre gris, cobal-
tine, chalcopyrite); dans les calcaires du toit (sans doute parce
que les fissures de ce calcaire avaient permis l'infiltration des eaux
superficielles), du cobalt oxydé noir pénétrant loin dans les
cassures. A Riechelsdorf* on a exploité, de même, des nids de smal-
tine, chloanthite et cobaltine avec barytine dans la couche des
schistes cuivreux et le grès rouge immédiatement au-dessous. On
a constaté là que la couche de schistes cuivreux était pauvre au
voisinage de ces filons qui, eux-mêmes, ne contenaient plus de
minerais, mais seulement de la baryte en s'approfondissant.
' Enfin, àBieber, en Uesse*, le zechstein cuprifère repose directe-
ment sur le micaschiste et les deux terrains sont traversés par des
filons de 0,07 à 0,10 de puissance qui les rejettent de 10 à 20 mètres.
On a trouvé, jusqu'à 60 mètres de profondeur, dans le micaschiste,
des nids de minerais (cobaltine, smaltine, bismuth natif, sidérose,
chalcopyrite, cuivre gris, pyrite de fer) avec barytine. Au delà, le
filon se réduit à un simple filet non minéralisé.
En Autriche, nous avons mentionné déjà les gîtes de Joachims-
thal dans TErzgebirge, de Schladmingen Styrie, de Dobsina en Hon-
« Colta. ErzlagerttdUten, t. II, p. 75. — Groddeck. p. 288.
' Erlauterung zurgeol. Carte y. Preu88en.(reuille Sontra).
• 1888. Schmidt. Newê Jahr. f. Min.^ p. 45. — Groddeck, 288.
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86 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
grie ; on a trouvé également un peu de cobalt àPrzibram (Bohême)
et Oravicza (Banal).
En Scandinavie j les mines de cobalt présentent, au contraire, une
réelle importance et le cobalt s'y trouve relativement distinct du
nickel. Nous étudierons spécialement : en Norvège, le gîte de Skut-
terud ; en Suède, ceux de Tunnabei^ et de Vehna (Oerebro).
Gîte cobaltifère de Skutterud'. — Les exploitations de Skut-
terud portent sur des fahlbandes cobaltifères qu'on peut rap-
procher des brandes de Schladming', des fahlbandes de Kongs-
berg, etc.. Nous aurons, d'ailleurs, l'occasion de dire que les
minerais sulfurés de Norvège se trouvent souvent ainsi dans des
zones d'imprégnation au milieu des schistes.
La mine de Skutterud est située dans la paroisse de Modum, au
Sud de la Norvège, un peu au Nord de Drammen et à faible dis-
tance de la station thermale de Saint-Olaf. Elle est exploitée
depuis 1772.
Le minerai est disséminé à l'état d'imprégnations dans les ter-
rains qui forment la roche encaissante et qui sont composés de
qnartzites, de schistes amphiboliques et de micaschistes.
Leur direction est celle du N.-S. magnétique ; l'inclinaison est
presque verticale.
Les imprégnations affectent la forme lenticulaire ; elles se pour-
suivent sur une longueur de plusieurs kilomètres et forment une
bande de 100 à 200 mètres de puissance.
Des liions de granité à grains assez gros traversent le gise-
ment sans influer sur la nature du minerai ; leur direction est
S.O.-N.E.
Des veines talqueuses ou skôlar semblent, au contraire, avoir
exercé une action sur la concentration du cobalt.
Le minerai de cobalt est du cobalt gris cristallin et souvent
cristallisé en dodécaèdres pentagonaux, et de la cobaltine. Il est
généralement mélangé à de la pyrite de fer, de la pyrite de cuivre,
du mispickel et de la pyrite magnétique. Le nickel fait à peu près
défaut. Gomme minéraux accessoires, on cite l'actinote^ la trémo-
« Voir : V. Cotta. Ezlagerst,, t. II, p. 516. — V. Groddeck, p. 142, et Davies, p. 264.
■ Voir plus haut, page 72.
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COBALT DE SUÉDE : TUNNABEH6, ETC. 87
lite, rantophyllite, le salite, Tépidote, la tourmaline» le grenat, le
sphène, le rutile, etc.
Les pyrites sont également disséminées dans les schistes encais-
sants.
On n'exploite que le cobalt gris, dont la richesse en cobalt
(33 p. 100) est bien supérieure à celle de la cobaltine (6 à 7).
Les travaux, commencés à ciel ouvert, se continuent mainte-
nant par galeries, suivant la méthode des gradins droits.
On enrichit le minerai jusqu'à une teneur de 11 p. 100 de
cobalt et on l'envoie en Allemagne.
L'exploitation, après des vicissitudes diverses, est aujourd'hui
dirigée par une société saxonne. En 1882, la production de mine-
rai de cobalt calciné a été de 80 000 kilogrammes.
Gîtes cobaltifères de Suède : Tunnaberg, Gladhamar, Vehna, etc.
— En Suède, les minerais de cobalt, souvent associés à des mi-
nerais de cuivre, sont assez abondants dans le grand district
métallifère qui s'étend de Nykôping à Westerwik, le long de la
Baltique.
Au Nord de ce district, se trouvent, à environ 15 kilomètres au
Sud de Nykôping, les mines*, autrefois importantes, de Tunnaberg.
Il existe là, au milieu des gneiss gris, un banc de calcaire sac-
charoîde dans lequel les minerais sont localisés dans des conditions
que nous retrouverons pour la galène argentifère de Sala. Ces
minerais forment, dans ce calcaire, des nids très irréguliers compo-
sés surtout de cobaltine avec un peu de chalcopyrite et de galène.
Comme corps accessoires, Erdmann a cité la phillipsite, la chalco-
siue, la pyrrhotine, la smaltine, la pyrite, le bismuth natif, la
niolybdénite, etc. Une analyse du minerai de cobalt a donné :
Cobalt Arsenic Fer Soufre Perte
36,66 49,i0 5,66 6,50 2,18
Les gneiss et le calcaire sont [traversés par des filons de gra-
nité qui, dans le calcaire, perdent leur continuité pour se diviser
en fragments indépendants.
L'exploitation de ce gisement a été très active dans la seconde
* V. Cotta. Erzlagerstàtlen, t. Il, p. 553. — Groddeck, p. 169. — Davies, p. 264.
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S8 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
moitié du xviii* siècle ; dans notre siècle, elle n'a été qu'intermit-
tente.
' Les autres gisements suédois présentent plus nettement l'asso-
ciation du cuivre et du cobalt qui, à Tunnaberg, n'est qu'acciden-
telle.
Tel est Gladhammar^y à 14 kilomètres au Sud de Westerwik, mine
exploitée d'abord au xV siècle pour fer, puis, à diverses reprises,
pour cuivre (le cobalt et le nickel étant alors une gêne) et enfin,
de nos jours, pour cuivre et cobalt. Les gisements se trouvent au
milieu des leptynites et forment des lits de différente largeur avec
ramifications latérales sur plus de 2 kilomètres de long. Les
minerais sont souvent accompagnés de hornblende, chlorite et
magnétite; ils se composent de cobaltine (à 30 p. 100 de cobalt),
d'érythrine, de pyrite de cuivre, pyrite de fer, exceptionnellement
de blende et de galène. Dans la partie N.-O. du champ métalli-
fère, à la mine Ryss, on a trouvé un peu de stibine avec la pyrite
de cuivre ; au Sud, de la molybdénite.
Les principales mines exploitées sont, du Sud au Nord :
La mine Bonde : minerais de cobalt et nickel avec blende et
galène, atteignant un mètre de large et reconnus sur 20 mètres de
profondeur ;
La mine Holtandare ou fiaggen : cobaltine avec pyrite de cuivre
et minerai de fer ;
La mine Svensk, la mine Odelmark, la mine Knut : cobalt blanc
et sulfure de cobalt, etc.
. Ces mines, en 1880, occupaient 130 personnes.
- D'autres mines de cobalt, en Suède, existent à Vehna (près d'Ôre-
bro)*; exploitées depuis 1809, en 4880 elles ont donné 30 tonnes
de minerai.
La production totale de la Suède oscille entre 50 et 75 tonnes
de minerai. Jusqu'ici, on a exporté les minerais d'une teneur
supérieure à 10 p. 100 et traité, surplace, les plus pauvres.
Gîtes cobaltifères d'Angleterre: Voel Hiraddog^ — Il existe, en
' Davies, p. 266.
" Davies, p. 264.
' Voir le Neve Fosler. Comwall. geoL Soc, 1880.— D'Achiardi, p. 53.— Davies, p. 261.
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COBALT DE VOEL HIRÀDDOG (fLINTSHIRE) 89
Angleterre, quelques gisements de cobalt dans le Cornwall, tels
que Gwennap où, dès 1754,
on exploitait le cobalt et le
bismuth ; Wheal Trugo^ près w/Wy^m^A \ rs,ir
de Saint-Columb Major, où,
au xviii* siècle, on rencon- ^^^^^. J^P^ .■.■■{^////zx//y//z
ira un nid de cobalt à Tin- ^^^^ 5 -^^^^^^^^^^^ -^^
tersection d'un filon de cui- "**^
vre, Botallacky Sainl-Aus-
tell, etc.; mais la seule mine
decobaltproductive se trouve
à Voel Hiraddog (ou Fael
Hiraddug) près de Rhyl dans
le Flintshire. Nous l'avons
déjà mentionnée à l'occasion
du nickel * . W////ymWA ■ >^3:.
Le calcaire carbonifère "^z^^^y^m^^ ^- ■■•-•■■• -^^^^^
de cette région contient de pig. 184. — Coune du frîte coballifère de
nombreuses crevasses ou ^'''' Hiraddog.
1, calcaire. — 2, argile. — 3, minerai.
poches (swallows ou poc-
kets) remplies de minerais de fer, où M. Gage a reconnu, d'abord,
la présence du manganèse et du cobalt sous forme de veines
oxydées noires. En examinant mieux ces minerais, on y décou-
vrit des noyaux cobaltifères dont voici la composition :
Cobalt oxydé 37,40 26,63
Oxyde de nickel 8,58 0,85
Oxyde de manganèse 23,12 39,50
Oxyde de fer. . . , 13,85 15.10
Silice 0,45 2,00
Alumine 0,10 0,50
Eau 16,00 15,00
La figure 184 montre une crevasse de 80 mètres de profon-
deur, 2 à 3 mètres de large et environ 27 mètres de longueur hori-
zontale. Cette crevasse, encaissée dans le calcaire, est remplie
d'aigile rouge avec des paquets d'hématite, des grains de wad.
• Page 76.
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90 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
d'asbolane et de minerais de cobalt et des fragments de calcaire ^
Ces grains, qui peuvent atteindre la dimension d*un œuf, sont
noirs et assez tendres. Ils sont irrégulièrement répartis dans la
masse qui est loin d*être partout cobaltifëre. La teneur en cobalt
est à peine de 1 p. 100 et celle en nickel de 0,4 à il. La produc-
tion a été, en 1881, de 63 tonnes valant 7 500 francs, soit environ
156 francs la tonne. On a supposé que ce cobalt venait de dépôts
pyriteux, assez abondants dans ce calcaire, qui contient, en outre,
fréquemment du fer et du manganèse.
Gîtes cobaltiféres de Russie, des Indes, etc. — En Russie y on
peut citer quelques gisements de cobalt autour de Nijni-Taguil^
dans rOural. Dans le Caucase, Siemens a ouvert, en 1865, la
mine de Daschkessan, au Sud de lelisawetpol. Le minerai y est
assez riche en cobalt et privé de nickel ; on Ta trouvé sous forme
de lentilles au contact d'un gisement de magnétite.
Aux Indes^^ on a signalé des minerais de cobalt à Babai, Bagor
et Singhana, dans TEtat de Jaipur, en Rajputana, et dans la région
de Népal et de Burma.
Les natifs connaissaient, depuis longtemps, un minerai de cobalt
dans les mines de cuivre situées près de Babai et de Bagor; ils
l'appelaient Saita ou Sehta ; Midleton Ta décrit, en 1845, comme une
espèce nouvelle (jaipurite) et, depuis, Mallet Ta déterminé : c'est de
la coballine. Cette saita est très usitée pour colorer en bleu les
émaux orientaux.
En Afrique, on a récemment découvert un gisement de cobalt
dans le Transvaal, près du fleuve Oliphant. Dans ce gisement, des
veines lenticulaires de minerai de cobalt courent parallèlement au
plan de contact d'un porphyre (felsile) et d'une dolérite granu-
laire. En 1877, on en avait envoyé environ 100 tonnes à Londres.
Dans V Amérique du Sud, on a trouvé du cobalt au Chili, h Tres-
Punclos, Huasco, etc., et dans la République Argentine.
Aux Etats-Unis^ on peut mentionner les gisements de Patapsco
' On peut rapprocher cette formation en poches superflcielles de celle que nous
vons décrite en Nouvelle-Calédonie, p. 56.
* 1881. Mallet. On cobaltite and Danaite from the Rhetri mine, Rajputana. {Re-
cords ofthe geological Survey of India, t. IIV, p. 190. Calcutta, 1881). — D'Achiardi,
I, 56. — Voir plus haut, p. 69.
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COBALT DES ÉTATS-UNIS 91
près Finksburg (comté de Carroll) * et de Minerai Hill dans le
Maryland ; de Ghatam dans le Gonnecticut*, où l'on a trouvé, dans
des micaschistes, des minerais divers, entre autres la chatamite ; de
Lovelock (Nevada) ; de Franconia dans le New-Hampshire ; de la
Motte dans le Missouri, etc.
La mine de* la Motte, en Missouri, fournit une quantité notable
de minerais de cobalt et de manganèse qui sont exportés en
Angleterre.
On a trouvé également, dans les rhyolites du Golorado', des
traces de cobalt et de nickel et, djBins le même territoire, plus
spécialement dans le comté de Gunnison, on a récemment décou-
vert, près de Gothic, une veine de calcite dans un granité, tenant
beaucoup de smaltine à 11-15 p. 100 de cobalt et d*autres mine-
rais de cobalt.
La production totale d'oxyde de cobalt aux Etats-Unis est en
forte décroissance depuis quelques années : 33 000 kilogrammes
en 1885; 18000 en 1886; 9 000 en 1887. Sur cette quantité, 6 000
kilogrammes, en 1887, étaient contenus dans les mattes de la
Motte.
Il existe, en outre, aux Etats-Unis, une mine de cobalt à Gam-
den (New-Jersey).
L*importation d'oxyde, en 1887, a été de 19 000 kilogrammes.
' Dana. A syst. of Mineralogy, 1868. — D*Achiardi, II, 56.
* Voir plus haut, p. 69.
• Loew. On ihe erupt. rocks of Colorado. [Tenth, an, rep. Un, Si. geol. Siirw., 1876,
p. 269.; — Malverne. W. I les. On the occ. smallite in Colorado. (Am. «/. Se, 1882,
23, 137, 180.)
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VANADIUM
Eq; V=5i,3; — P. At = 31,3.
Historiqae. — Le vanadium fut réellement découvert en 1803
par Del Rio ; mais, plus tard, ce chimiste crut s'être trompé ; c'est
seulement en 1830 qu'un autre savant, Sefstrom, le retrouva dans
un minerai de fer de Norvège, donnant dn fer d'une ductilité
extraordinaire, qu'on avait extrait de la mine de Taberg en Sma-
land. Dès ce moment, on reconnut la concentration du vana-
dium dans les scories d'affinage de la fonte de fer de Taberg.
Des scories de ce genre sont aujourd'hui la source industrielle
du vanadium.
Affinités chimiques. — Nous dirons plus loin que le vanadium
et le phosphore donnent des sels isomorphes, vanadinite et apa-
tite, etc.; de môme, tous deux sont diffusés, dans des conditions
analogues, dans divers minerais de fer. D'autre part, on a trouvé
du vanadium dans la pechblende, associé par suite à Turane.
Usages. — Pendant longtemps, le vanadium, étant très rare, a
eu peu d'usages, fierzelius en avait fait une première application
dans la préparation d'une encre noire formée d'une combinaison
de vanadate d'ammoniaque avec la noix de galle ou le pyrogallol.
Depuis quelques années, ses combinaisons ont trouvé un emploi
important dans l'industrie de l'impression des étoffes avec les
couleurs dérivées de la houille. Le vanadate d'ammoniaque sert
alors à transformer, en présence du chlorate de potasse et de
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94 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Tacide chlorhydrique, Taniline en noir d'aniline. De plus, dans
des conditions qui semblent encore assez mal connues, ses sels
peuvent donner de très belles couleurs sur porcelaine. Le bronze
de vanadium sert pour les enluminures. EnGn le vanadate d'am-
moniaque est employé dans les laboratoires comme réactif du
tannin.
Le prix du vanadium était, il y a quelques années, en raison
de l'extrême rareté qu'on attribuait à ce métal, très considérable ;
en 1880, le vanadate de soude de Joachimsthal se vendait encore
90 francs le kilogramme. Aujourd'hui le Greusot peut en fabriquer,
par an, comme nous le verrons, 60 000 kilogrammes et les prix
ont beaucoup baissé.
Minerais. — Le minerai où fut d'abord trouvé le vanadium par
Del Rio était un ch^opiovanadate de plomb 3 [PbO, V 0*+ PbCI]
isomorphe de l'apatite et du chlorophosphate de plomb correspon-
dant. Ce vanadate, pris d'abord pour un chromate, provenait de
Zimapan, au Mexique. Il existe encore, au Mexique, à Charcas
(San-Luis Potosi) une mine, exploitée pour argent, qui contient
des veines assez continues de vanadate de plomb cristallisé vert
cireux ayant de 5 à 8 millimètres d'épaisseur. Ce vanadate, asso-
cié à de la calcite, traverse un grès et s'est déposé tout d'abord
sur les épontes, la calcite étant dans Taxe du filon ^
De même, au Chili, M. Domeyko a signalé, en 1880, dans la
mine Grande (estancia de la Marquesa)% des vanadates de plomb
et de cuivre.
Pour extraire le vanadium du vanadate de plomb^y on traite
d'abord par Tacide nitrique ; on précipite le plomb par l'hydrogène
sulfuré et le sulfhydrate d'ammoniaque. La liqueur rouge res-
tante précipite, par les acides, du sulfure de vanadium brun foncé,
qu'on grille et fond avec du nitre. On a ainsi du vanadate de
potasse.
Mais, en dehors de ces minerais exceptionnels, le vanadium
existe, à l'état de diffusion, dans un grand nombre de terrains
* Coll. Ecole des Mines,
* Ann, d. M., 1881, p. 335.
* Parmentier. Le Vanadium^ p. 96.
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PRODUCTION DU VANADIUM AU CREUSOT 95
sédimentaires et peut, par des phénomènes de concentration
naturels ou artiGciels, arriver à y être exploitable.
C est ainsi que, depuis longtemps, on avait signalé sa présence
dans les minerais de fer de Taberg en Suède, dans les schistes
cuivreux du Mansfeld, dans la bauxite, dans Targile des environs
de Paris, dans certains grès du Gheshire (M. Roscoë). M. Dieulafait,
continuant des recherches dans cette voie, a montré que le vana-
dium, à Tétat infinitésimal, était très répandu dans les roches de la
formation primordiale et qu'il se concentrait dans les argiles ferru-
gineuses résultant de leur destruction; en particulier, que les
minerais de fer sédimentaires des bords du plateau central en con-
tenaient une certaine proportion. Suivant une remarque précé-
demment faites une concentration nouvelle de ce corps s'opère, par
suite de la fusion, dans les scories d'affinage. En soumettant
ces scories à un traitement approprié, M. Osmond et Witz sont
arrivés à produire aujourd'hui au Creusot 60 000 kilogrammes
d'acide vanadique.
Le procédé Witz et Osmond consiste à traiter les scories, pro-
venant des oolithes de Mazenay passées au convertisseur Ghilcrist.
Loolithe ferrugineuse de Mazenay*, qui est la base des fontes
communes du Creusot, contient quelques dix millièmes de vana-
dium empruntés sans doute au terrain primitif (gneiss granu-
litique) dont elle n'est séparée que par une faible couche d'arkose
triasique de 17 mètres d'épaisseur.
Quand on traite le minerai de Mazenay au haut fourneau, Tacide
vanadique est réduit comme l'acide phosphorique ; le vanadium
isolé se combine avec le fer et passe, à peu près entièrement,
dans la fonte, en se concentrant à la dose de 1 à 3 millièmes.
Lorsqu'on transforme ensuite cette fonte en acier, le vanadium
suit le phosphore dans la scorie et y arrive couramment à un cen-
tième. On peut même augmenter cette teneur par un fraction-
nement de l'opération après la décarburation ; le laitier de cette
première partie du travail retient alors tout le vanadium.
Ce sont ces scories que MM. Witz et Osmond concassent et
abandonnent au contact d'une faible quantité d'acide chlorhy-
• Voir page 93.
• Voir t. !•% p. 774.
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96 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
drique qui dissout le vanadium à Tétat de tétroxyde. Cette d
lution peut être utilisée telle quelle. Si on veut Tenrichir, on
tralise et on ajoute un acétate alcalin ; il se précipite aloi
phosphate de tétroxyde de vanadium.
Dans le Cheshire, Roscoë a extrait également des qua
importantes de vanadium de grès cuprifères du trias. Ces mil
étaient traités pour cobalt, nickel et cuivre. Il restait une '
lution bleue qui contenait 2 p. 100 de vanadium et d'où il a
à le retirer industriellement.
Enfin Tune des sources, d'où Ton tirait jusqu'ici le vana
est la mine de Joachimsthal, en Bohème.
La pechblende de Joachimsthal contient environ 0,1 p.
vanadium à un état mal connu. Ce vanadium se retrouve d;
calcaires rouges dolomitiques qui accompagnent ordinaii
les minerais d'urane.
Les premières tentatives faites, vers 1856, pour isoler le
dium, avaient surtout pour but de purifier les couleurs dont
rait les nuances. Elles furent assez vite abandonnées, l
vanadium trouva bientôt une importante application d
teinture en noir des cotons et des laines. Il augmente, e
l'éclat de la couleur et la netteté de l'impression ; il empèc
taque des cylindres et des cardes en fer ; enfin il permet d
plus facilement la période d'oxydation de Taniiine. Vers 1
fit alors des essais d'extraction en grand du vanadium
cipitant ce métal au moyen de l'acide gallique ; néanr
méthode était compliquée et, en 1880, le vanadate de \
vendait encore 90 francs le kilogramme lorsque fut in
procédé Witz et Osmond que nous venons de décrire.
Bibliographie.
1880. Lallemand. — L'urane et le vanadium à Joachimsthal. (Ann
t. XVII, p. 326.)
1881. Minéraux du Chili. (Ann. d. If., 1881, p. 35.)
1882. RiccTARDi. — Sulla diffusione del Vanadio nel regno minei
tali. (In-4<', 6 p. Exl. d. alti delCAcademia Givenia dise. nat. in Cala
* 1883. DiEULAFAiT. — (Revue Scientifique du 19 mai 1883, p, 613.)
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l
TITANE
Ti; Eq = 24,055 ; P. At. = 48,01.
Le titane n'a pas précisément d'emploi industriel *, mais on a
souTent songé à Tutiliser pour fixer Tazote de Tair. La facilité de
sa combinaison avec /Pazote, mise en évidence par Wohier et
Sainte-Claire Deville, est telle, en effet, qu'on peut se servir d'un
mélange d'acide titanique et de charbon pour protéger les creu-
sets contre l'introduction de l'azote, dans le cas où ce gaz risque-
rait de troubler les opérations. Un minerai de fer titane fondu
au haut fourneau donne, de même, une combinaison d'azoture et
de cyanure de titane. Mais ce qui empêche d^appliquer ces pro-
priétés, c'est que les minéraux du titane ne se présentent guères
qo a l'état de cristaux isolés et de petites dimensions.
Le seul qui existe en certaine abondance est le fer titane ou
ilménite (Tî, Fe)* 0*. Puis viennent les oxydes de titane, rutile,
brookite et anatase et le sphëne ou silico-titanate de chaux.
4' Le /(?r titane, qui est fréquent en cristaux de première con-
solidation dans les diorites, diabases, dolérites, gabbros, basaltes,
péridotites, s'est concentré parfois dans les mêmes conditions que*
la magnétite et avec elle.
La statistique des Etats-Unis mentionne, au Colorado, dans le
comté de Costilla, à Qrape-Creek, des magnétites avec fer titane
contenant 13 à 15 p. 100 d'acide titanique avec 4S à 50 p. 100
* Qaoique récemment (1892) on ait annoncé, en Amérique, avoir obtenu d'excellents
léiuluts avec un alliage (i*aluminium et de titane.
GÉOLOGIE. — T. II. 7
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98 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de fer et 5 p. 100 de silice. Près de Gunnison, dans le comté du
même nom, on rencontre aussi des magnétites à forte teneur en
acide titanique. Cette proportion diacide titanique et de silice est
même le défaut de beaucoup de magnétites du Colorado. Le fer
titane se rencontre aussi associé avec des magnétites dans le
Norwick Connecticut (Washington); dans le Minnesota (Misabi
Iron range) où il forme des masses considérables ; dans les comtés
d'Essex et de Clinton (New- York); dans le Wyoming (Iron moun-
tain, Albany County) ; puis à Kragerô (Tvedestrand) (variété hysta-
tite) et Egersund (variété menaccanite), en Norvège; aux Monts
Ilmen, près de Miask, dans TOural, etc.
Le fer titane de Kragerô est en relation avec des diorites < ;
celui de Tétat de New- York avec une serpentine; celui des Monts
Ilmen avec une miascite, etc.
2^ Les oxydes divers de titane jouent souvent, comme Ta montré
M. Daubrée, un rôle analogue à celui de Toxyde d'étain. M. Daubrée
a expliqué la formation des Qlons titanifères du Saint-Gothard
par des actions fluorées.
 Tétat d^échantillons minéralogiques, le rutile est disséminé
dans un assez grand nombre de roches, les granités, les gneiss, les
micaschistes, les syénites, les diorites et quelquefois les calcaires
métamorphiques. On en trouve fréquemment des cristaux en
inclusions dans le quartz ; d*autres, au contraire, implantés sur
des tables d'oligiste.
Au Saint-Gothard et dans l'Oisans, les oxydes de titane se ren-
contrent à l'état de véritables petits filons qui n'ont pas le caractère
d'une sécrétion de la roche, mais d un remplissage de fractures et
où Ton trouve, comme minéraux associés, de Tadulaire, de Talbite,
du fer oligiste, du sphène, de Tapatite, de Taxinite, du spath
fluor, des zéolithes, etc.
De beaux échantillons de rutile viennent de Rosenau en Hon-
grie, de Finbo en Suisse, Pickaranta en Finlande, de la Géoiçie
aux Etats-Unis, du Brésil, etc.
Quant aux cristaux un peu gros, ils proviennent souvent des
' A Oddegarden, le fer titane est fréquent au voisinage des filons d*apatite. (Voir
t. V% p. 331.;
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TITANE 99
régions du terrain primitif, où se sont développés également des.
filons d'apatite ; ainsi la côte d'Ârendal, en Norvège, le Canada,
certaines régions des Etats-Unis.
La statistique des Etats-Unis mentionne, dans chacune des
années 4885 et 1886, la vente de 260 kilogrammes de rutile pour
une somme de 10 400 francs. En 4887, on en a vendu 430 kilo-
grammes pour 15 600 francs.
Vanatase est plutôt en cristaux, généralement très petits, dans
les fentes des gneiss ou des micaschistes (Bourg d^Oisans), etc.;
exceptionnellement dans la dolomie.
La brookitCy variété arkansite, se rencontre aux Etats-Unis, avec
du rutile, de la perofskite (titanate de chaux), de la magnétite et
de Tapatite à Magnet Cove, Hot Spring County, dans TÂrkansas.
3"" Le sphène est assez fréquent dans les roches primitives, en
cristaux de première consolidation ; en particulier dans les syénites,
amphibolites et diorites, etc. Il existe aussi à l'état secondaire
dans certains calcaires, dans des produits de fumerolles volcaniques
et dans des enduits autour de grains de fer titane. M. Haute-
feuille Ta, comme on sait, reproduit par fusion au moyen de
silice, titane et chlorure de calcium.
M. de Lapparent a expliqué, dans le Tyrol, le développement des
cristaux de sphène par des actions métamorphiques ayant con-
centré du titane, d'abord isolé à Tétat de rutile dans des schistes.
Enfin, nous mentionnerons que la présence du titane été recon-
nue par M. Mazade dans les eaux minérales de Neyrac (Aveyron).
Bibliographie.
4834. Elib de Beaumont. — Faits pour servir à Fhisloire des montagnes de
rOisans. (Ann. d. M,, 3«, t. V, p. 3.)
WisBR. — Jahrbuch fur Minéralogie von Leonhard (Minéraux de la
Suisse).
KoKSCHAROw. — Sur Tilménite de l'Oural (Mém, Ac. Imp, Saint-Péters-
bourg, sér. 7, t. 22, no 3).
1879. Daubrée. — Géologie expérimentale, p. 41.
1883. D'AcHURDi. I. minerali, etc., t. Il, p. 109.
1884. Chapman. — On some deposits of titaniferous iron ore in the Goun-
ties of Hallburton and Hastings, Ontario, {Proceedings and transactions of the
royal Society of Canada for the year 1884, t. II, p. 159.)
1886. Parmentibr. — Le Titane. {Encyclopédie chimique.)
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ÉTAIN
Sn;Eq = 59. P. at = 118.
USAGES ET STATISTIQUE
Usages. — L*étain est un des métaux les plus anciennement con-
nus ; on sait, en effet, le rôle qu*a joué le bronze, alliage de cuivre et
d*étain, chez les peuples primitifs. C'était, pour les Chaldéens, un
métal sacré ; les Egyptiens Tout connu 4000 ans avant Jésus-Christ ;
Homère mentionne Tétain, Kassiteros, et Hérodote appelle les
lies Britanniques qui, avec la Gaule et TEspagne, ont dû fournir
Tétaia aux peuples méditerranéens, ties Kassiterides^
Aujourd'hui les usages de 1 etain sont assez importants pour
nécessiter, chaque année, la consommation d'environ 50 000 tonnes
de métal et, par suite de la rareté de ses gisements, le prix,
tout en ayant baissé depuis quelques années, en reste encore très
élevé, environ 2500 francs la tonne.
Les emplois de Tétain métallique tiennent surtout à ce qu'il
s'altère peu au contact de l'air et des acides et ne donne que des
sels non vénéneux à petite dose ; en sorte qu'on en fabrique, ou
tout au moins en enduit, beaucoup d'ustensiles destinés à contenir
les matières alimentaires. Il y a même eu une époque, au moyen
âge, où rétain jouait, dans la vie courante, un rôle considérable,
où on en faisait des plats, bassins, couverts, brocs, aiguières, où
' M. Berthelot a rapproché le nom turc de Tétain (qualai), appliqué par certains
auteurs arabes à la presqu'île de Malacca, de diverses dénominations grecques, telles que
chalcon kalainon (cuivre de Chalais) et a été conduit à se demander si Tétain primitif
ne viendrait pas de la Turquie d'Asie, du Sud du Caucase, ou deMéched en Khorassan
où des Toyageurs russes en ont signalA des gisements. Strabon parle de mines d'étain
dans la Drangiane.
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102 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
l'art s'en emparait pour rornementer, où les églises et les couvents
en utilisaient des quantités importantes. Le temps n'est pas bien
éloigné encore où la vaisselle d'étain était d'un usage habituel
dans les campagnes. De ce côté, la consommation de ce métal a
beaucoup décru ; mais on en fabrique encore quelques couverts à
bon marché et surtout on s'en sert pour étamer l'intérieur des
instruments de cuisine en cuivre ou en fer.
L'étain sert, en outre, à l'état de feuilles minces pour envelopper
le thé, le chocolat.
Le fer-blanc n'est autre chose que de la tôle de fer enduite
d'une couche d'étain ; attaqué par un acide, il donne les moirés qui
ont été], vers 1820, l'objet d'une industrie assez considérable,
aujourd'hui disparue.
Un grand nombre d'alliages d'étain ont des applications : le
bronze d'abord (cuivre et étain) pour cloches, statues, mon-
naies, etc. ; le laiton (cuivre et zinc, avec un peu de plomb et
d'étain) pour les épingles ; puis les alliages divers d'étain et de
plomb, tels que :
Plomb BUio
Soudure des plombiers 66 33
— ferblantiers 50 50
Alliage pour vaisselle et robinets 8 92
— flambeaux 20 80
Citons encore l'alliage des caractères d'imprimerie (20 d'anti-
moine pour 80 de plomb), auquel on ajoute souvent 8 à 10 p. 100
d'étain pour lui donner de la ténacité en même temps qu'un grain
plus fin ; l'amalgame d'étain qui, pendant longtemps^ avant la
découverte des procédés actuels d'argenture, a servi à étamer les
glaces, etc.
Quelques-uns des composés de l'étain ont également des emplois :
L'oxyde d'étain calciné est utilisé pour donner de l'opalescence
aux verres; il entre dans la composition des émaux et du vernis
de faïence. La potée (Tétain^ dont on se sert pour polir les objets
fabriqués avec des corps durs, se prépare en général, en calcinant
à l'air un alliage d'étain et de plomb.
L'étain entre dans quelques matières colorantes : le pinck colour^
stannate de chrome et de chaux de couleur rose, employé dans la.
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USAGES ET STATISTIQUE DE l'ÉTAIN
103
peinture sur faïence pour avoir à la cuisson un ton rouge sang ;
h laque minérale d'un beaulilas obtenue en calcinant un mélange
intime de 100 parties d'acide stannique et 2 parties de sesquioxyde
de chrome (papiers peints, faïence) ; le pourpre de CassiuSj
résultat de la réduction d'un sel d'or par le bichlorure d'étain, uti-
lisé pour la coloration du verre ou de la porcelaine, etc.
Le protochlorure d'étain sert dans la fabrication des toiles
peintes pour enlever au lavage, après les avoir rendus solubles par
réduction, des sesquioxydes de fer ou de manganèse, etc.
Tous ces divers usages absorbent une quantité d'étain qui aug-
mente peu à peu : 37 000 tonnes en 1880 ; 48 000 en 1890, etc.
Deux tableaux ci-joints (voir p. 104 et 105) donnent, pour les
dix dernières années, la production de minerai d'étain et d'étain
métallique d'après les statistiques officielles ; pour certains centres
des plus importants comme les détroits (Malacca, etc.), ces sta-
tistiques sont fort insuffisantes. Dans le tableau qui suit, nous
avons essayé de ranger les pays par ordre de production :
1888
UINERAIS
MÉTAL
HoUande et Détroits
Grande-Bretagne ^Cornwall) .
Australie
TORlfU
14 600
3 300
»
5 800
»
700
990
1000
600
63
TOnifM
30 000
10 960
4 744
4000
1000
220
■
300 ,
100
40
38
17
11
(D'après M. Ërrington de la
Croix.)
1 500 tonnes d'étain sur les
10 960 proviennent de mine-
rais importés du Pérou, de la
iiépublique Argentine, etc.
Les 3 300 tonnes de mine-
rais exportés doivent s'ajouter
aux 4 744 de métal produit.
Chiffre très approximatif.
Quantités exportées en An-
gleterre en 1888.
Production en 1885.
Exportées en Angleterre.
Chine
BoUvie
Tasmanie
Prusse
Saxe
République Argentine. . . .
Pérou !
Japon
Autriche
Russie
Chili
Possessions anglaises en Asie.
Total approximatif . . .
50 000
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104
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
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STATISTlOue DE l'ËTAIN
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106
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
On se heurte, lorsqu'on veut établir une statistique de Tétain à
d'assez grandes difficultés, provenant surtout des transports qu'on
fait subir, soit au minerai plus ou moins préparé, soit au métal,
pour l'amener au point où se tient le marché principal de ce
corps, c'est-à-dire en Angleterre.
Pour la production des Détroits et des Indes hollandaises, c'est-
à-dire Banca, Sumatra, Malacca, Billiton, Java, Pérak, etc., les
renseignements sont particulièrement incomplets. Les chiffres
de la statistique française (p. 104 et 105) ne correspondent qu'aux
exportations en Angleterre. D'après M. Errington de la Croix, la
production de la presqu'île de Malacca a été, en 1888 et en 1889,
de plus de 24 000 tonnes'; d'après la statistique américaine, elle
serait montée, en 1890, à environ 34 000 ; celle de Pérak a été,
en 1881, de 6139 tonnes.
Enfin on n'a aucun document précis pour la Chine où la produc-
tion de l'étain est certainement assez considérable, ainsi que sur la
frontière Nord du Tonkin. On a supposé que la province de
Yunnan pouvait produire 3000 à 4000 tonnes par an, après en
avoir produit autrefois 10 000.
Voici, sous une autre forme, la production du monde, d'après
les Ressources Minérales des Etats-Unis :
Exportations de Singa-
pour et Penang en
Angleterre, Europe et
Amérique
Dans rinde et en Chine.
Expéditions de Banca .
Expéditions de Billiton.
Exportation d'Australie
en Europe et en Amé-
rique
Production de l'Angle-
terre
Total. . . .
stock visible au 31 dé-
cembre
1880
13 288
I 190
J027
M48
20 024
1881
10 095
3 168
13 273
4 094
4 266
9 180
7 754
38 567
17 317
1882
10 894
3 483
14 377
3 960
3 780
9 270
8 2i3
39 630
16 132
1883
15 431
3 745
19 170
3 783
3 742
9 450
8 377
t518
17 357
1884
15 793
4 428
20 221
3 772
3 240
7 920
8 617
45 770
15 097
1885
15 4C4
3 500
18 964
3 780
3 384
7 650
8 398
42 176
14 505
1886
17 640
3 623
21 263
3 942
3 716
7 258
8 381
44 560
10 800
1887
21 580
3 945
4 481
6 975
8 354
45 336
1888
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8 317
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1889
25 466
3 703
4 372
6 120
8 021
47 682
1890
24 723
4 746
4 719
5 774
8 100
48 062
' Note sur la géogr.
1888.
polit* et la situation économique de la péninsule malaise en
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GËffÉRALlTËS SUR LES GISEMENTS d'ÉTAIN 107
En résumé, la production annuelle du monde, en chiffres ronds,
peut s'évaluer à 50 000 tonnes, dont une assez forte proportion
va aux Etats-Unis, où Ton n'a encore trouvé jusqu'ici, malgré
beaucoup de recherches, que quelques gisements peu importants.
GISEMENTS D'ÉTAIN, GÉNÉRALITÉS GÉOLOGIQUES
Minerais. — Le seul minerai d'étain est la cassitérile (Sn 0*)
qu'on exploite, comme nous le dirons, en filons ou en alluvions.
Les minerais de filons contiennent, en général, une certaine pro-
portion de wolfram et de mispickel qui est très gênante dans la
métallurgie. Ils exigent une préparation mécanique compliquée
avec intercalation de grillages pour volatiliser Tarsenic du mis-
pickel et une fusion au réverbère oxydant avec carbonate de
soude pour éliminer le tungstène. Dans les alluvions, le wolfram
fait, au contraire, généralement défaut.
Gisements. — La plupart des métaux que nous avons passés en
revue jusqu'ici étaient : soit à Tétat de sels directement soluhles
(potassium, sodium, lithium, etc..) ou bien donnaient aisément,
par simple action d eaux chargées d'oxygène et de quelques
acides faibles (acide carbonique, etc.), à la façon des eaux super-
ficielles, des sels solubles, précipitables ensuite par dégagement
de l'acide carbonique en excès ou par contact d'une base comme
la chaux; il en résultait, pour eux, Texistence de gîtes sédimen-
taires de précipitation chimique. Avec l'étain, de pareils gites
sont inconnus; après sa cristallisation à Tétatde cassitérite, soit
dans la roche éruptive même (granulite), soit dans des veines
filoniennes, aucune remise en mouvement chimique n'a eu lieu
et une concentration sédimentaire ne s'est produite à Tétat
d'alluvions que par le jeu des densités. Nous ne rencontrerons
donc rétain que sous trois formes : cristaux inclus dans une
roche, filons, alluvions.
Les alluvions qui, industriellement, sont aujourd'hui la princi-
pale source d'étain, puisque c'est la forme sous laquelle on exploite
les minerais des Détroits. d'Australie, etc., ne sont qu'un remanie-
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108 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ment mécanique des premières catégories de gisements qui, au
point de vue géogénique, sont donc, de beaucoup, les plus inté-
ressantes pour nous.
Les gisements d'étain en inclusion et filons présentent, pour la
plupart, malgré une certaine complication d'apparences, une ressem-
blance de caractères et d'allures ayant quelque chose de théorique.
Tout d*abord, ils sont, à peu près tous, en relation nette avec des
granulites, sauf quelques filons tertiaires rattachés à une venue de
roches acides comparable et se concentrent presque exclusivement
à la périphérie des massifs de cette roche, au lieu d'être, — comme
les filons de galène ou de blende par exemple — presque com-
plètement indépendants des roches avec lesquelles on peut leur
supposer une communauté d^origine et cristallisés dans des frac*
turcs quelconques de Técorce. Cela peut tenir au défaut de solu-
bilité des sels d'étain que nous mentionnions toutàTheure: au
lieu d'être emportés à une grande distance par les circulations
d'eaux profondes qui les avaient empruntés au magma fondu,
les sels d'étain ne se sont maintenus dissous que sous l'action des
minéralisatcurs énergiques provenant du bain granulitique et
accompagnés de pression ; les minéraux stannifères ont dû, par
suite, se concentrer principalement entre la granulite et les terrains
schisteux, disposés en dômes au-dessus d'elle ; pendant que cette
granulite cristallisait, ils y ont cristallisé eux-mêmes en éléments
disséminés ; au moment où elle s'est refroidie, ils se sont concen-
trés en fumerolles immédiatement saisies par les eaux, dans
toutes les fissures de retrait de la granulite ou des schistes voi-
sins, dans toutes les fractures ouvertes par les mouvements de
plissement, puis d'affaissement, qui ont dû précéder et suivre la
montée de la granulite.
Nous serions porté à faire intervenir encore une autre cause
pour expliquer ce rapprochement intime de l'étain avec la granu-
lite ; les travaux de MM. Sainte-Claire Deville et Fouqué ont montré
qu'une lave dégage d'abord tous ses chlorures et fluorures avec
une certaine proportion de sulfures, tandis qu'elle est encore très
chaude; puis, qu'avec le refroidissement, les chlorures disparaissent
pour faire place aux sulfures. Tout porte à croire, comme nous
le dirons, que l'étain est sorti du magma igné à son maximum de
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GÉNÉRALITÉS SUR LES GISEMENTS d'ÉTAIN 109
chaleur, à Tétat de chlorure ou de fluorure ; on comprend, dès
lors, comment on le trouve dans la zone d'action la plus immé-
diate de roches acides avec quelques minéraux sulfurés relative-
ment rares. Plus tard, les chlorures ayant disparu des émanations,
Tétain a disparu avec eux et les sulfures (plomb, zinc, etc.) sont
devenus prédominants. C est alors qu'en Gornwall, par exemple,
ont pu se produire, dans des réouvertures successives, les filons de
cuivre, puis de plomb qu'on rencontre au voisinage de Tétain.
Pour nous, la montée d'une roche éruptive, c'est-à-dire d'une
fraction d'un laccolithe interne, a toujours été la conséquence
d'un mouvement de plissement de l'écorce ; ce laccolithe contenait
des métaux ; le plissement ayant produit la pénétration, jusqu'au
magma fluide et réducteur, des eaux delà mer, avec les chlorures,
sulfates et sels divers qu'elle contient, les métaux, suivant leurs
affinités, se sont alliés au chlore, au soufre, etc., et dégagés en
fumerolles très chargées de vapeur d'eau, auxquelles d'autres eaux
superficielles ont pu encore s'ajouter ensuite ; ces fumerolles
aqueuses se sont alors condensées dans toutes les fissures où elles
avaient pénétré, et les eaux minérales qui en sont résultées, en
s'élevant vers la surface, dégageant leurs gaz en excès, et s'oxy-
dant, ont déposé les produits métallifères. La cristallisation, dans
un ordre constant, à chaque série éruptive, de l'étain d'abord
avant le plomb et le zinc, se trouve par là expliquée. Le quartz,
très spécial et riche en inclusions liquides, qu'on trouve avec
l'étain, parait prouver l'intervention des eaux, peut-être la décom-
position par l'eau d'un acide hydrofluosilicique.
On peut, après cela, se demander comment l'étain, en raison de
sa densité, ne s'est pas trouvé rester au fond du bain liquide,
comme le platine notamment, il faut, sans doute, l'attribuer à ce
que, d'une minéralisation plus facile à l'état de chlorure ou de
fluorure et assez volatil sous cette forme, il a dû monter à la
surface du bain. D'ailleurs l'étain se rencontre également, comme
on pouvait le prévoir, dans les silicates basiques : en 1833, Berzé-
lius a reconnu sa présence dans un péridot de météorite.
Nous ajouterons, comme dernière remarque, que l'intervention
des minéralisateurs énergiques, quoique, sans doute, généralement
réalisée, n'est pourtant pas absolument nécessaire pour produire
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110 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
la dissolution et la cristallisation de Tétain. M. Errington de la
Croix a, en effet, trouvé récemment, en Malaisie près de Chéras,
à Azer-Panas, des dépôts de source chaude formés principalement
d'opale analogue à la geysérite et contenant, diaprés M. St. Meunier,
de la cassitérite de formation contemporaine ^
Si nous nous occupons maintenant un peu plus en détail de la
constitution habituelle d'un gîte (Tétain, voici ce que nous trou-
vons.
L'étain, presque toujours en relation directe, comme nous
l'avons dit, avec une granulite, se trouve, tout d'abord, très fré-
quemment disséminé, à Tétat d'imprégnation, dans cette roche.
M. Sandberger a montré sa présence, à l'état microscopique, dans
certains micas lithinifères, dans les lépidolithes de Paris (Etat
du Maine), d'Uto (Suède). Dans ces micas, l'acide stannique peut
se substituer à la silice, tandis qu'il manque, au contraire, dans les
micas /onces*.
Même visible à l'œil nu, l'étain se rencontre souvent dans ces
roches, en particulier dans toutes celles qui ont des filons stan-
nifères à leur périphérie. Ainsi, à Montebras (Creuse), la masse de
la granulite en contient près de 1/2 p. 100.
Mais ce n'est pas là, sauf des exceptions très rares, le gîte
exploitable ; l'étain qui avait, au moment de la consolidation, une
tendance à se dégager en fumerolles, s'est concentré surtout, avec
les minéralisateurs, sous le couvercle schisteux de la granulite : on
le trouve donc déjà plus abondant dans la zone de cristallisation
périphérique de la granulite, qui a pris souvent, par l'action des
minéralisateurs, un aspect tout spécial (stockscheider, zwitter de
Saxe). Là il est fréquemment accompagné d'autres minéraux chlo-
rurés, fluorés, boriques ou ayant exigé l'intervention de chlore,
fluoré ou bore pour cristalliser.
Enfin, lorsque la granulite s'est refroidie, tout le réseau des
fissures où a cristallisé la pegmatite, toutes les fentes de retrait
de la granulite, toutes les dislocations des terrains voisins ont
donné passage à la circulation d'eaux contenant encore en dis-
* C. R. 27 mai 1890.
* 1878. Sandberger : Sitzungs berichte der K. K. Ak. der Wissensch. zu Mûds-
chen. — d. Revue de géol. {Ann. d. i/., 7% t. XVII, p. 73.)
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GÉNÉRALITÉS SUR LES GISEMENTS d'ÉTAIN 111
solution, par rintervention d'un acide quelconque, de la silice et
de Tacide stannique avec quelques sulfures, et ces dissolutions ont
alors rempli de Téritables filons d'incrustation en déposant
d'abord la cassitérite sur les parois, puis le quartz (d'un aspect
hyalin très spécial) au centre et métamorphisant la granulite ou
les schistes au contact, de façon à les transformer en un greisen,
un schorl, etc.
Il s'est formé, à ce moment-là, soit des stockwerks complexes,
comme c'est le cas général en Saxe, soit des réseaux de fissures
rattachés à une direction générale, comme à la Yilleder (tinfloors),
soit de grands filons prolongés, comme cela arrive souvent en
Cornwall (tinlodes).
Le mode de cristallisation de Tétain et l'intervention première
d'acides énergiques, en particulier de Tacide fluorhydrique, dans
son transport sont bien prouvés, comme l'a montré M. Daubrée,
par le rapprochement très constant qui existe entre un certain
nombre de minéraux bien connus et la cassitérite.
C'est ainsi qu'on trouvera, dans bien des gîtes stannifères, de
l'apatite, de la topaze, de l'émeraude; parfois (quoique plus rare-
ment qu'on ne l'a dit), de la fluorine, de la tourmaline ; en outre,
du sulfure de molybdène, du wolfram, du bismuth, des minéraux
d'urane, du mispickel et de la pyrite de fer \
On a fait cependant quelques objections pour certains de ces
corps : M. Lodin a remarqué, par exemple, pour la tourmaline,
qu'elle manquait, en général, en Cornwall (à Dolcoth, Tincroft,
Carn Brea, East-Pool), qu'au Michaels-Mount elle se trouvait,
non dans le stockwerk, mais dans la roche encaissante.
De même, l'axinite, parfois signalée comme un satellite de
l'étain, n'a été trouvée en Cornwall qu'à Botallak et dans une
veine perpendiculaire aux filons d'étain. Cependant, la tourmaline
est fréquente dans les stockwerks stannifères de Saxe. D'ailleurs,
à notre avis, la relation d'origine qui lie ces corps les uns aux
autres et qui les rapproche dans la zone périphérique des granu-
* Le kaolin est également abondant au voisinage de Tétain ; à Carclaze, en Corn-
wall, par exemple, il est devenu aujourd'hui un élément industriel important. Sa
présence peut résulter, comme nous l'avons vu, tome I, page 631, de l'altération pro-
duite (ou du moins préparée) sur les felspaths de la granulite par les minéralisateurs
fluorés.
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112 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
lites, n'est pas nécessairement une relation de cristallisation d
un même filon.
Nous avons vu que Tétain se déposait aujourd'hui dans i
source thermale à silicates alcalins ; il est possible que, dans
filons et surtout dans les grands filons, déjà assez éloignés de
granuhte, comme ceux du Cornwall, le fluor, qui avait d'ab*
servi de véhicule à Tétain, n'ait plus joué qu'un rôle secondai
Gela expliquerait des faits qu'on a opposés à la théorie de M. Di
brée : l'existence, par exemple, de blende entourée de cassitéri
alors que le fluorure d'étain aurait attaqué le sulfure de zinc,
rareté de la fluorine dans les filons du Cornwall, sauf dans
parties cuprifères, etc... Il n'en est pas moins vrai qu'on peut vo
à Garclaze, au mont Saint-Michel (Michaels-Mount), etc., c
cristaux de cassitérite qui se sont implantés par substitution da
les feldspaths* et qui n'ont pu le faire que par l'action de cor
capables de dissoudre le feldspath. En outre, la synthèse de to
les minéraux associés à l'étain et de la cassitérite elle-même
été obtenue par les fluorures.
Nous reviendrons sur quelques-uns de ces points en décriva
les divers gisements classiques de l'étain '.
ÉTAIN DU GORNWALL'
{Filons proprement dits et stockwerks au voisinage du contact de
granulite et du terrain dévonien, avec rapprochement du cuivre
de tétain dans les mêmes gisements.)
Historique. — Les mines d'étain du Cornwall (ou Cornouailles
connues dès la plus haute antiquité, et déjà fameuses àl'époqij
romaine, sont encore aujourd'hui le centre de beaucoup le plu
* Le phénomène de la transfoimation d*orthose en cassitérite a été étudié par Phi
lips. (Jahrsbericht fur Chimie^ 1875, p, 1249; cf. Ann. d. M., V série, t. XIII, p. 516
— On voit, au microscope, le mica, le quartz et la tourmaline pénétrer rorthose e
même temps que la cassitérite. Un phénomène de métamorphisme analo^e a irans
formé le granité ou la granulite en une roche spéciale aux gttes d'étain, le greisen
composé dequartz, de mica et de cassitérite, comme on a pu l'observer particulièremeD
à Cliffga, en Cornwall. {Ann. d. M., 7% t. Xlll, p. 522.)
' Voir en particulier, p. 126, 139, etc.
» Coll. Ecole des Mines, 1803.
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ÉTAIN DU CORNWALL
113
important d'exploitation de Tétain en Eu-
rope; elles ont produit, en 1877, 14000
tonnes de minerai valant 14 390 000 fr.;
depuis, leur production oscille autour de
8000 tonnes d'étain. Il y a plus de 180
mines en activité, dont 27 traitant les
minerais d'alluvions. Sur 183, en 1880,
9 seulement se trouvaient en Devon et
174 en Cornwall, dont 100, produisant
10501 tonnes de minerais, dans la moitié
Ouest de la province.
Géologie de la région. — L'arête du
Cornwall (fig. 186, p. 114), deLaunceston
au cap Landsend, est formée par quatre
grandes masses de granulite que prolon-
gent : à TEst, une cinquième, celle de
Dartmoor; à l'Ouest, une sixième, relie
des îles Scilly; la première est au Nord
de Bodmin, la deuxième entre Bodmin et
Saint- Austell, la troisième entre Re-
dnilh, Truro et Marazion ; et la qua-
trième au cap Landsend.
Une coupe N.-S.,du canal de Bristol
à la Manche (fig. 185), montre la dispo-
sition générale des terrains.
Cette granulite, appelée growan par
les mineurs du pays, est assez homo-
gène dans sa composition; parfois elle
devient porphyroïde ou se charge [de
cristaux de tourmaline. Elle est recou-
verte par un manteau de schistes mi-
cacés passant au gneiss par feldspathi-
sation et contenant des lits amphiboli-
ques. Ces schistes, dits killas^ ont subi,
de la part de la granulite voisine, un
métamorphisme profond que de la Bêche
céOLOGlE. — T. II.
n
4SS.
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Il ^11 i II ^ 1^
Fig. 186. — Carte géologique du Cornwall au ^ ^^ q^q
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ÉTAIN DU CORffWALL 115
a étudié, en particulier, dans le Dartmoor. Ils se sont, dans une
première zone, changés en des sortes de cornéennes ; un peu plus
loin, chargés de mica. La direction générale de ces schistes épouse
celle de l'axe granulitique, c'est-à-dire qu'elle estN. E. Les schis-
tes les plus inférieurs, généralement représentés comme dévoniens
sur les cartes, seraient cambriens d'après Davies et Foster ; au-
dessus, viendraient des niveaux amphiboliques avec serpentines,
qui seraient du sommet du cambrien ; puis des schistes argileux
passant au dévonien, parmi lesquels il faudrait comprendre les
grès et ardoises qui, dans le Devon, reposent directement sur la
granulite de Dartmoor.
Le mouvement de dislocation, qui a fait apparaître la granulite,
parait être du carbonifère. D'après Murchison, la granulite de
Dartmor traverse, en filons, le dévonien supérieur.
Cette granulite envoie, comme apophyses, un certain nombre de
filons d'elvan, c'est-à-dire de granulite à grain extrêmement fin,
ayant jusqu'à 120 mètres de puissance et dont une partie est
minéralisée par de la pyrite de fer, de la chalcopyrite, de la cassi-
térite. Au voisinage de ces filons d'elvan, comme de la granulite
elle-même, les schistes sont traversés par des veines de quartz et
remplis de quartz en nodules ; ils se chargent de feldspath, de
mica, de chlorite, d'actinote et, d'après Cotta, d'akmite, de preh-
nite, d'épidote, de top£tze...'La granulite elle-même contient,
d'ailleurs, comme toujours, des veines pegmatoïdes irréguliè-
rement ramifiées, ayant Taspect de veines de sécrétion, où l'on
trouve des minéraux : pinite, émeraude, tourmaline, topaze,
apatite.
Enfin, la masse entière paraît avoir été recoupée par deux
systèmes de filons : l'un, le plus ancien, oscillant à 25"" de part et
d'autre de la ligne Est-Ouest ; le second, qui a déplacé celui-ci, à
30** de part et d'autre de la ligne Nord-Sud. Le premier système
est le plus riche en minerais métallifères, particulièrement en
minerais d'or et d'étain ; on a remarqué que sa direction coïn-
cidait avec celle des dykes d'elvan.
On a distingué, dans le Cornwall, 5 dislocations successives :
1** La première au moment de l'intrusion de la granulite dans
les schistes ou peu après ;
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116 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
2^ La deuxième ayant donné passage aux dykes d'elvan et aux
filons traversant granulite et schistes ;
3"" La troisième comprenant les filons d*étain et de cuivre les
moins riches, Est-Ouest ;
4*" La quatrième, les filons Nord-Sud ;
o^ Les failles Est et Ouest dans les filons.
Chacun de ces systèmes présente des cassures secondaires diver-
geant autour de lui en tous sens, comme les cassures d'une vitre.
C'est à ce réseau que M. Moissenet a essayé, un peu théoriquement,
d'appliquer des lois mathématiques.
Gites métallifères. — Les grands districts miniers du Cornwall
et du De von sont groupés autour des massifs granulitiques ; les
mines les plus productives se trouvant sur les flancs Nord et
Sud de ces massifs entre Penzance et Dartmoor, toujours à une
dislance très faible (au plus 3 à 4 kilomètres) du contact des
schistes et de la granulite.
Un des caractères les plus remarquables de ces gîtes du Corn-
wall, c'est que Tétain et le cuivre y coexistent, tantôt isolés cha-
cun dans un district, tantôt réunis. Nous dirons plus loin com-
ment la proportion des deux métaux varie, dans un même filon,
avec la profondeur. Elle difi*ère également d'un filon à Tautre :
C'est ainsi qu'à partir du Nord, le bord Ouest du massif de
Dartmoor est cuivreux, Dartmoor lui-même stannifère;
Autour de la bosse de Callington, on rencontre le cuivre et
l'étain, tandis qu'au Nord-Est, à Sidfor et, au Sud, à Béer Alston,
on a des minerais d'argent;
Les mines autour de la masse de granulite située entre Laun-
ceston et Bodmin contiennent, en général, cuivre et étain ; on y
trouve aussi quelques filons de plomb argentifère.
Au S.-E. de la granulite de Saint-Austell, on trouve surtout du
cuivre (Fowey Consols Mine) ; sur le reste de la circonférence, on
.a affaire à l'étain.
Le district suivant, autour de Redruth et de Penryn, est le
grand centre de cuivre du CornwcJl, quoiqu'au N.-O. près de
Gwinnear, l'étain soit abondant et qu'on ait pu extraire un peu
d'argent à certaines époques.
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ÉTAIN DU CORNWALL 117
Enfin, entre Marazion et le cap Landsend, on exploite surtout
rétain. C'est à côté de Penzance que se trouve un gisement très
souvent cité au point de vue minéralogique, celui de Michaëls
Mount (ou mont Saint-Michel).
Si nous prenons une masse granulllique entourée des strates di-
verses, nous trouvons, en général (d'après Davies), sur son pourtour :
au voisinage des schistes micacés cambriens, un premier cercle
de mines d'étain ; puis, vers les couches amphiboliques, un cercle
de mines de cuivre et, plus loin, un cercle de mines de plomb.
Dans un même filon, on a quelquefois remarqué des variations
en profondeur paraissant obéir à certaines lois :
A la surface, se présente d'abord un chapeau de fer (gossan),
résultant d'actions superficielles sur les sulfures, oii, par suite
de la disparition de ces sulfures, la proportion d'étain oxydé est
assez forte ;
Plus bas, par une conséquence probable du même phénomène,
le cuivre augmente, au contraire;
Enfin, à une certaine profondeur, la plupart des mines du
Cornwall ont vu disparaître le cuivre pour faire place à Tétain.
Cette évolution, qui s'est produite vers 1870, a eu lieu à Dolcoath
et dans divers gites du district de Camborne et Redruth, à une
profondeur variant de 350 à 450 mètres. Au-dessous et jusqu'à
625 mètres, on a constaté un enrichissement sensible en étain.
En résumé, les principaux centres de cuivre sont situés : autour
de Tavistock, au N.-E. (Devon Great Consols et South Caradon
mines) ; et, autour de Redruth, au S.-O. (Carn Brea, Crémier et
Abraham, Crofty, Sonth Huel, East Pool, West Seton Huel et
West Tolgus).
Quant aux filons d'étain, on les distingue, au point de vue géo-
logique, d'après leur allure, en trois catégories :
a. Tiniodes. — Filons proprement dits recoupant killas, granu-
lite et elvan sur les bords de la granulite.
b. Tinfloors. — Réseaux de veines entrelacées, soit dans les gra-
nulites, soit dans les schistes, considérés par certains comme
contemporains de la granulite même, mais paraissant bien plutôt
postérieurs. On peut en voir, d'après Cotta, un bel exemple entre
Saint- Yves et le cap Cornwall.
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118
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
c. Stockwcrks. — Cas extrême du précédent, réunions de veîi
très rapprochées arrivant à former, ou un amas, ou un filon,
mont Saint-Michel en est un exemple classique. On en trouve df
lagranulite et surtout dans Telvan, ainsi à la mine de Wherry, en
Penzance et Newlin, à la mine de Madron, près Trewiddenball,
Aupointdevueindustriel,lesgrandsfilonssontsurtoutproducti
Lorsque nous étudierons la Saxe, nous trouverons, au contraii
presque uniquement des tinfloors et des stockwerks ; de même,
la Villeder en Morbihan, en Galice, on a des tinfloors, ce c
explique la pauvreté relative de ces gisements ; le réseau de vein
qui constitue le tinfloor étant toujours très irrégulier, et le pi
souvent, assez vite limité, tandis que les cassures nettes qui fou
I\iils Henri«tta
Fig. 187. — Coupe des anciens travaux de la mine Dolcoath sur le Counter Lodeî
(D'après Davies.) (La mine a été approfondie depuis.)
nissent les tinlodes se poursuivent et, parfois même, s'enrichisse:
en profondeur.
La nature des roches encaissantes a, sur l'allure et sur
richesse du gisement stannifère, une influence qui a été soignei
sèment étudiée par les mineurs du Cornwall et dont la figure 18'
en. montrant la proportion relative des dépilages dans le schisi
et dans la granulite, peut donner une idée.
D'une façon générale, on considère que les filons s'appai]
vrissent dans le greenstone et s'enrichissent dans les schistes o
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ÉTAIN DU CORffWALL
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dans les parties tendres et altérables de la granulite, ainsi qu
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128
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
voisinage de certains filons d'elvan. L'intersection de deux filons
produit un enrichissement du côté de Tangle aigu.
Nous allons maintenant décrire quelques types choisis de ces
gîtes et, en premier lieu, comme Tinlode, le « Great flat Lode »,
au Sud de Redruth et de Camborne (fig. 188, p. 127).
Ce filon s'étend, de la mine de Persévérance à TEst, à celle de
South Tolcarne à TOuest, et suit le bord Sud de la masse de granu-
lite de Carn Brea. Sa direction est N. SS"" £. Son pendage est d'envi-
ron 46® vers le Sud. Il contient, au centre, un remplissage constant
de quartz ferrugineux avec cristaux de cassitérite, au milieu d'un
schorl stannifère tenant de 1 à 3 p. 100 de cassitérite, c'est-à-dire
d'une roche de métamorphisme passant, par l'intermédiaire d'un
schorl-rock pauvre en étain, à la granulite ou au killas stérile.
M. Le Neve Poster, qui a étudié cette action métamorphique, l'a
comparée à celle qu'on observe dans de véritables amas slannifères
comme ceux * de Wendun et a émis l'avis qu'on avait affaire, avec
l'étain, non pas à de véritables filons d'incrustation, mais à des
w « zones d'imprégnation et,
en quelque sorte, de sub-
stitution, partant d'une
fracture primitive , qui ,
elle seule, a donné lieu à
des phénomènes d'incrus-
tation proprement dite.
Un plan de ce filon,
(fig. 188), que nous repro-
duisons d'après Davies,
indique son allure à tra-
vers les exploitations suc-
cessives de Persévérance, Wheal Uny, South Carn Brea, West
Basset, West Frances et South Condurrow. Ses caractères se
modifient un peu en ces divers points.
La figure 189 montre sa coupe à Wheal Uny Mine, à l'étage de
35 mètres. Là le filon a, pour toit, le schiste (killas); pour mur.
Fig. 189. — Section à Wheal Uny (niveau de
35 mètres). Echelle au ^.
* GeoL Soc, 9 janvier 1878; cf. Revue de géologie. {Ann. d. M., 1\ t. XV, p. 197.
e t. XVII, p. 296.) •
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ÉTAIN DU CORNWALL
121
la granulite. A représente la fente originelle ou leader, ayant
de 0,05 à 0,25 4e large, remplie par des fragments de schiste
chloriteux cimentés par du quartz et de la pyrite de fer. B est une
épaisseur variable de granulite à grain fin ou compact (schorl)
avec des veines nombreuses de quartz et cassitérite. H est une
veine d'argile contenant un peu de quartz et de pyrite. Il y a, de
part et d*autre, passage graduel : d'une part, au schiste ; de Tautre,
à la granulite.
Un plus loin, a la Mine
de West Basset^ on trouve
ce filon en pleine granu-
lite (voir fig. 190).
La fonte A, de 5 à 6
centimètres d'épaisseur ,
est remplie par des frag-
ments de la roche encais-
sante (Capel). B est la ^g. 190. _ section à West Wheal Basset (niveau
granulite stannifère d'un j, 30 ^^tres). Echelle au ±.
gris bleu passant à la
roche stérile. L'épaisseur du stockwerk est d'environ 3 mètres
d'un côté du filon et 2 mètres de l'autre.
A South Condurrow, on est encore dans la granulite, mais l'as-
pect change (fig. 191).
La fonte principale A est plus complexe ; elle est encore rem-
plie d'argile, de quartz et d'oxyde de fer avec des fragments de la
roche encaissante. B est la zone
métallifère, d'environ 1°',60,
formée de granulite stannifère
noirâtre traversée par de très
nombreuses veines de quartz de
toutes les directions, ayant de
5 à 6 centimètres de large, et
par des veines transversales,
contenant de la pyrite de fer.
On passe progressivement à la ^^^^^^^ ^e 20 mètres).
granulite intacte G.
A South Brea enfin, le même filon, à 350 mètres de profon-
Fig. 191 — Section à South Condurrow
Echelle au -— .
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122 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
deur, avait une largeur de 0°*,60 à l'^jSO et était chargé de mine-
rai de cuivre. Il était situé là entre la granulite et les schistes.
La production totale de ce filon est figurée ci-dessous pour
1876:
CONCESSIONS
MINERAI BRUT
MINERAI PRÉPARÉ
Wheal Uny
17 702 tonnes.
2 640 —
29 144 —
6 652 —
19 414 —
8 500 —
349 tonnes.
30 —
618 —
123 —
588 —
138 —
South Carn Brea
West Basset
West Wheal Francès
South Gondurrow
Wheal Grenville
83 452 tonnes.
1 846 tonnes.
On voit que la proportion de minerai préparé est environ
2,5 p. 100 de l'extraction et que la production de ce filon,
1 842 tonnes, est, à peu près, le 1/8 de la
production totale du Cornwall.
Passons à d'autres régions, où nous retrou-
verons des caractères analogues : filon central
ayant servi à l'arrivée de l'étain et impré-
gnation, à droite et à gauche, de la roche
encaissante.
La figure 192 représente la Mine East Wheal
Lovell, près Redruth. AB est la fente origi-
nelle, d'à peine 1 centimètre de large, remplie
de quartz et d'argile ferrugineuse. Autour de
cette fente, il existe une imprégnation stan-
nifère C qui passe graduellement à la gra-
nulite. La masse stannifère C est formée d'un
mélange de quartz, mica, gilbertite, fluorine,
pyrite de fer et de cuivre et cassitérite. Tantôt
elle s'étend plus d'un côté de la fente, tantôt de l'autre. La lon-
gueur de l'amas est de 4 à 12 mètres et sa largeur de 3 à 4 mètres.
On l'a suivi jusqu'à 220 mètres de profondeur. Par endroits, lors-
que l'étain valait 2 000 francs la tonne, on a extrait de 10 000 à
?. 192. — Plan du
âlon de East Wheal
Lovell Mine, près Re-
drulh, au ±.
AB, filon. — rx, inaue
imprégnée, — DD, granL-
lite.
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ÉTAIN DU CORNWALL
123
12 000 francs d'étain par mètre et généralement on obtenait 6 à
700 kilogrammes d'étain par mètre cube.
Là le minerai est dans la granulite. Ailleurs au Park of Mijies,
au Sud de Saint-Colomb, nous trouvons Tétaindans les schistes, au
voisinage de la granulite de Saint-Austell. L'élain forme, le long de
la schistosité, des lentilles étroites de 2 à 4 centimètres d'épaisseur,
reliées par des veines transversales'. La largeur totale de la masse
imprégnée est là de 14 mètres du Nord au Sud et 20 mètres suivant
la pente. Le minerai est associé avec du quartz, de la tourmaline
et du kaolin.
Enfin nous citerons, à Cligga Point (fig. 193), un exemple
^iZan^
Fig. 193. — Granulite avec veines de
cassitérite àCligga Point (Cornwall).
Echelle au ^.
Fig. 191. — Vue agrandie des veines
dans la granulite de Cligga Point.
Echelle au -^.
10
analogue au stockwerk classique de Geyer, en Saxe. C'est une
masse granulitique de 100 mètres de long, traversée par une
foule de veines parallèles déplacées par une faille. D'une manière
générale, on peut remarquer que ces filons du Cornwall témoi-
gnent d*une série de dislocations et de réouvertures successives
assez complexes, ainsi que d'un remplissage s'étant prolongé pen-
dant un temps très long'.
Le détail d'une veine est montré par la figure 194. C'est un filon
de quartz de 0™,08 d'épaisseur avec des cristaux perpendiculaires
à l'axe, laissant parfois un intervalle vide et contenant, outre
le quartz, de la cassitérite, du wolfram, du mispickel et de la
tourmaline. 2 y représente un greisen de couleur noire, ayant
1"*,50 environ de chaque côté du filon de quartz, formé unique-
• C'est un type assez analogue à celui que nous retrouverons en Galice. Voir p. 145.
* Von Cotta a insisté (p. 474) sur les exemples qui mettent ces réouvertures succes-
sivesld'un même Glon en évidence.
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124
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ment de quartz et mica et contenant de la tourmaline, de la gil-
bertite et de la cassitérite. Des baguettes de tourmaline remplis-
sent fréquemment des cavités qui paraissent résulter de la dispa-
rition de Torthose. On passe progressivement à la granulile.
On peut observer que, lorsque Tétain se trouve avec le cuivre
dans un même filon, il est généralement sur les deux parois et le
cuivre et Tétain sont séparés par des veines de quartz, d'argile et
d'autres minéraux. On en a conclu que les deux venues métalli-
fères étaient indépendantes.
La mine Old Huel Vivian nous fournira un exemple de mélange
du cuivre et de Tétain. Là le filon variait de 1 à 13 mètres de
large et contenait de grands fragments anguleux cimentés par des
minerais de cuivre et d'étain. Il était recoupé par 11 croiseurs
sur 350 mètres de profondeur et était surtout enrichi le long des
croiseurs. Ce gisement a été considéré par Davies comme ayant été
formé très postérieu-
rement à la venue
stannifère par un la-
vage des éléments de
la roche.
A Old Hewas mine
(fig. 195), on a un type
d'enrichissement à la
rencontre d'un croi-
seur.
En dehors de ces
mines, situées sur des filons, on exploite, en Cornwall, des allii'
vions : 200 personnes environ y sont occupées.
i/tenu' d'^taijvaèoiuîtmi
de txiim^eamc.wtùt^tt'^ùtin^
tCétain^aèvmdaf^- élT-
Fig. 195. — Coupe du filon de Old Uewas mine
(Cornwall).
Résumé théorique. — En résumé, l'étude du Cornwall met en
évidence les faits suivants, venant à l'appui de la théorie précé-
demment exposée * :
r La venue stannifère est en relation manifeste avec des con-
tacts de granulites et de schistes ;
2** L'étain se trouve, sous une première forme, en filons traver-
• Pages 107 à 112.
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ÉTAIff DU CORNWALL 125
sant la granulite et le schiste, au voisinage de leur contact. Ce
n*est donc pas dans de simples fentes de retrait de la granulite
qu'il s'est déposé; mais on doit admettre que, la granulite étant
déjà consolidée, au moins à la surface, un mouvement de disloca-
tion, continuation probable de celui qui avait déjà déterminé la
montée de la granulite, a occasionné, au contact des deux roches,
un craquement, une fracture ;
S"" Ce craquement n'a pas été unique, puisque nous trouvons
des exemples de réouvertures successives, mais parait avoir eu
des retentissements successifs pendant un temps très long ;
4"^ Au point de vue du temps de ce plissement, on peut admettre
qu*il a commencé, dans le Cornwall, après le dévonien; les schistes
dévoniens ayant subi, du fait de la granulite, un métamorphisme
intense. On considère généralement qu'il est antérieur au carbo-
nifère (quoique Lyell ait été d'un «ivis contraire) ;
Les filons d'étain du Cornwall sont tous postérieurs à la granu-
lite; ils paraissent, pour la plupart, postérieurs à Telvan, d'après une
remarque de de la Bêche ; mais ils sont traversés par des micro-
granulites plus récentes (comme cela a lieu à Freiberg), micro-
granulites qu'on a parfois confondues avec les elvans anciens et
qui sont, en réalité, plus jeunes. Ces microgranulites sont, elles-
mêmes, antérieures au houiller;
5"* Au point de vue du remplissage, nous reviendrons tout
d'abord sur un fait très en évidence dans le Cornwall et très
spécial à ce pays, c'est l'association du cuivre avec l'étain *.
On peut voir là une conséquence de cette remarque que les
mêmes fractures ont continué à rejouer pendant un temps assez long
et, en fait, les observateurs semblent tous d'accord pour admettre
que la venue cuprifère principale est postérieure à la venue
d'étaio. Cependant, il existe du cuivre associé à l'étain et on trouve
également, avec lui, d'autres sulfures, de la blende, même de la
galène. La venue chlorofluorée qui a produit l'étain n'a pas été,
en effet, si distincte des venues sulfurées suivantes qu'on l'a par-
fois prétendu. M. Lodin a même remarqué que, dans plusieurs
fllons d'étain, on trouvait, en profondeur, des sulfures d'étain,
* Voir, p. 136, des exemples de faits analogues en Saxe.
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126 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tandis qu*on avait de l'oxyde à la surface (la Villeder, en Morbihan);
6* En ce qui concerne les relations de Tétain avec le chlore et
le fluor, voici les faits sur lesquels nous pouvons nous appuyer
en CornwfiJl :
Nous constatons d'abord, pour les grands filons, qu'il existe,
autour de Taxe quartzeux, une zone de granulite imprégnée d'étain.
Gomment s'est faite cette imprégnation, c'est ce dont on peut se
rendre compte par le fait, très souvent cité, des cristaux d'orthose,
à Carclaze, au mont Saint-Michel, etc., transformés en cassi té-
rite. Il est certain que Tétain était accompagné d'un minéralisa-
teur capable de dissoudre l'orthose.
Ce minéralisateur, emportant de Tétain, a dû, peu à peu, péné-
trer dans la masse de la granulite et la transformer en un greisen,
d'où le feldspath a disparu et où le mica s'est chargé de fluor et
de lithine : il y a eu imprégnation progressive.
De même, pour les stockwerks, l'étain s'est répandu par une
multitude de fissures et, en dissolvant le feldspath, a progressive-
ment rempli la masse.
Quel était ce minéralisateur? M. Daubrée s'est appuyé, pour
croire que c'était le fluor, sur la présence d'un certain nombre de
minéraux spéciaux qu'on ne trouve, pour la plupart, en pareille
abondance que dans les filons d'étain et dont la synthèse a tou-
jours été réussie par l'intermédiaire des fluorures. Cette asso-
ciation des minéraux fluorés est cependant moins frappante en
Cornwall qu'en Saxe, sans doute parce qu'on a afl'aire à des filons
plus distincts, au lieu d'exploiter la zone périphérique et miné-
ralisée de la granulite.
Bibliographie.
1778. Phick. — Mineralogia cornubiensis.
1790. Reise von London in die Grafschaft Gornwall. {Kôhîers joum., 1790.)
1803. BoNNARD. — Sur Tétain du Cornwall. (Journ. de min, y XIV ^ p. 443.)
1811. Berger. — On the physical Structure of Devonshire and Gornwall.
(Trans, géol. Soc.)
1813. Thompsom. — Observations minéralogiques sur le Gornwall. {Annals of
philosophy, 11^ p. 247).
1832. Fox. — On metalliferons veins and their electromagnetic propr.
1839. DE LA BÊCHE. — Report on Devon and Gornwall. {Trans, géol. Soc.)
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ÉTAIN DK SAXE ET DE BOHÊME 127
1843. Hbnwood. — On Ihe metalliferous deposits of Cornwall and Devon
(Trans, géoL Soc.)
1845. Daubrée. —Gîtes d'élain. {Ann. d. If., 3% t. XX, p. 65.)
1858. MoissKNET. — Préparât, mécanique du minerai d'étain dans le Corn-
waU. (Ann. d. M., 5«, t. XIV, p. 77.)
'1861. CoTTA, p. 463. — On y trouve (Ganflfsiûdten, 1. 1, p. 482) une bibliogra-
phie très complète des ouvrages antérieurs à 1847.
186Î. MoissENET. — De rextraclion dans les mines du Gornouailles. (Ann, d. M.)
1863. MoissBNET. — Étude sur les filons du Gornouailles. (Ann. d. Jf.)
1876. C. Le Nevb Poster. — Note on the deposit of Tin-ore at Park of mines,
Saint-Colomb, Cornwall. {British association for thc advancement of Sciences.)
1877. The Chinaclay of Devon and Cornwall. (Crookes. journal ofSc, p. 53.)
M878. C. Le Nevb Foster. — On the great flat Iode South of Bedruth and
Cmbome and on some other Tin deposits formed by the altération of granité.
(0. /. G. Soc. Lond., t. XXXIV, p. 640. Londres, 1878.)
M878. C. LeNeve Poster. — On Some tin Stockworks in Cornwall. {Q. J.
g. Soc. Lond., t. XXXIV, p. 654.)
1879. Helmhaoler. — AUgemeines iiber das Zinnerz Vorkommen in Corn-
wallis. (Oestr. Zeitschr., 1879, p. 473, 500, 509, 524.)
1879. Die Bergwerke von Devoushire und CornwalL (B. u. H. Z., 1879, p. 374.)
1881 . CoLUNS. — Note on the occurrence of Staniferrous dur horns in the
lin gravais of Cornwall. {Royal geoL Soc. of Cornwall, t. X, p. 98. Penzance.)
1S84. Groddeck, p. 273.
Carkw. — Survey of Cornwall.
M888. Davies, p. 171.
ÉTAIN DE SAXE ET DE BOHÊME*
La région de rErzgebirge, aux confins de la Saxe et de la
Bohême', n'a aujourd'hui, comme centre de production stanni-
fère, qu'une importance presque nulle ; mais elle est classique par
les travaux géologiques auxquels elle a donné lieu.
Là nous ne trouverons qu*exceptionnellement le type des grands
filons continus qui constituent la richesse persistante du Corn-
wall (Graupen, Naundorf, etc.); en général, nous aurons affaire
à ce qu'on appelle un stockwerk ou un amas entrelacé, c'est-à-
dire à un réseau de veines si complexe et imprégnant si bien la
roche à leur voisinage qu'on est obligé d'abattre la granulite elle-
même comme un minerai stannifère, nécessairement très pauvre.
U existe, de cette façon, de véritables amas stannifères, dont les
* Coll. ÉcoU des Mines, 1340.
' Voir U carte géologique de rAllemagne Centrale, pi. 11, au chapitre du Plomb.
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i'28 GÉOLOGIE APPLIQUÉB
types sont ceux d'Altenberg (900 mètres de long et de large), de
Zmnwald (1 360 mètres de long et 480 mètres de large), d*Hu-
bertus près de Schlaggenwald en Bohême (120 mètres de profon-
deur, 600 mètres de circuit). Ces stockwerks sont souvent séparés
de la granulite encaissante par des brèches de friction, des schistes
talqueux, chloriteux, etc., appelés, par les mineurs saxons, stocks-
cheider.
En outre, on rencontre fréquemment : soit des fissures de retrait
de la granulite remplies de quartz stannifère (Zinnwald), soit des
injections dans les schistes voisins, contenant de Tétain avec du
quartz ou même de Tétain dans un elvan (Schlaggenwald).
Toutes ces formes de gisements ont ce caractère commun d'être
assez pauvres, irrégulières et généralement limitées dans tous les
sens : ce qui explique comment la presque totalité de ces mines,
si connues des géologues, sont aujourd'hui fermées.
Ces mines sont, du Nord au Sud : Altenberg, Zinnwald, Graupen,
Pobel, Seiffen, Marienberg, Ehrenfriedersdorf, Geyer, Buchholtz,
Âbertham, Sauersack, Platten, Johanngeorgenstadt^ Eibens-
tock, etc.
Commençons par le type le plus classique, celui d'Âltenberg :
ALTENBERG
{Stockwerk stannifère : réseau de veines de quartz stannifères au
milieu de la granulite transformée en zwitter.)
Le stockwerk stannifère d'Altenberg résulte, d'après les des-
criptions de Yon Gotta et Groddeck, d'un métamorphisme spécial
exercé sur un massif granulitique et l'ayant transformé, en partie^
en une roche spéciale, appelée zwitter (ou stockwerks porphyr),
qui forme le minerai d'étain. La granulite à grain fin, qui cons-
titue l'ensemble de la masse et qui a passé graduellement au zwitter
par Faction des dissolutions stannifères ayant circulé dans d'in-
nombrables fissures, est entourée d'autres roches : porphyre
quartzifère, porphyre granitoïde, granulite, etc., dont elle ne se
sépare pas, dit-on, nettement.
Le zwitter est une roche foncée, analogue à l'hyalomicte, com-
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ËTAlIf DE SAXE ET DE BOHÊME 129
posée essentiellement de quartz et de mica (avec chlorite secon-
daire) en mélange très intime et contenant des grains très fins de
cassitérite avec un peu de mispickel, de bismuth natif, de fluorine,
etc. La teneur en étain de ce zwitter est de un tiers à un demi
p. 400. Il est traversé, ainsi que les porphyres et granités voi-
sins, par un certain nombre de filons réguliers de quelques centi-
mètres de large, orientés, les uns à 45*, les autres à 435*, et ayant,
comme remplissage, la roche encaissante altérée et ferrugineuse,
de Targile rouge, un peu de quartz. Les épontes de ces filons sont
généralement assez riches en étain et ont pu parfois être
exploitées dans des conditions rappelant les filons du Gornwall. On
suppose, en général, que les venues métallifères sont arrivées par
eux et se sont répandues de là dans la masse voisine. Celle-ci, indé-
pendamment de son imprégnation générale, renferme d'ailleurs
un certain nombre de veines de quartz adhérant fortement à la
roche et contenant, outre les minéraux de celle-ci, de la molyb-
dénite, de la bismuthine, etc. U est assez difficile de se rendre
compte si Tétain est parti du filon pour se répandre dans la roche
déjà presque consolidée, ou si le filon a été produit, au contraire,
par une concentration secondaire des éléments d*abord dissémi-
nés dans la roche ; cependant la première hypothèse paraît plutôt
justifiée par ce fait, déjà signalé en Gornwall et retrouvé ici, qu'on
voit, en certains points, l'étain se substituer à du feldspath primi-
tivement formé ; par conséquent, làTétain n'émane pas de la roche,
mais s'y introduit : ce qui n'empêche pas, bien entendu, de consi-
dérer l'étain comme émanant primitivement du magma granuli-
tique. Nous avons expliqué plus haut notre pensée à ce sujets
Bibliographie,
1789. ScHÛTz. — Kurze Beschreibung des Zinbstockwerks zu Altenberg.
1823. Manès.— Mines d'étain de Saxe, (il nn. rf.lf.,VllI, p. 513, et IX, p. 463.)
1825. Nœggerath. — Ueber das Allenberg Stockwerk. {Jahb, f. Min., p. 562.)
*1848. Freibslkben. — Beitràge zur Gechichte, etc., des sàch9ischen Erz-
bergbaues (avec bibliographie).
*1861. GoTTA, p. 14. (Contient une bibliographie antérieure.)
1865. MÛLLER. — (Berg. u. Huit. m. ZeiL, 1865, p. 178.)
1884. Groddeck, p. 243.
* Pages 108 et suiv.
GÉOLOGIE. — T. II. 0
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430 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GEYER
{Veines de quartz et cassitérite au contact cTune granulite enve-
loppée d'une zone à grands cristaux {stockscheider) et du micas-
chiste.)
 Geyer, Tétain se présente dans un massif de granulite enclavé
au milieu des gneiss et micaschistes et qui présente cette parti-
cularité d*avoir, au contact des micaschistes encaissants, pris une
cristallisation spéciale à très grands éléments. Cette zone spéciale,
qualifiée de granité gigantesque ou de stockscheider, a environ
3 mètres de largeur et se reproduit, non seulement sur le pourtour
du massif, mais aussi, sur une petite échelle, au contact de tous
les fragments de gneiss enclavés dans la roche éruptive. Il paraît
manifeste que la granulite était là tout particulièrement chargée
de principes minéralisateurs, qui se seront concentrés à la surface
de la masse pâteuse et probablement là où la contraction, due au
refroidissement, amenait une tendance au vide.
Les veines de quartz et cassitérite, ayant de 0",006 à 0"*,10 de
puissance, traversent, à la fois, la granulite et le gneiss au voisi-
nage sans changer de direction ni d'inclinaison et ont, par suite,
dû cristalliser postérieurement au refroidissement de la granulite,
lorsqu'elle était, par rapport au gneiss, dans sa situation actuelle.
M. Daubrée a remarqué que, dans les gneiss, elles épousaient la
schistosité de la roche encaissante et s'appauvrissaient rapidement
(le centre d'émanation ayant été dans la granulite). Les filons
de Geyer contiennent, outre le quartz et la cassitérite, du mispi-
ckel, de Témeraude, du wolfram, de la topaze, de la molybdénite,
de Tapatite et de la fluorine. Â leur contact, la granulite est
modifiée et passe progressivement de son état normal au quartz
filonien. Là encore, nous retrouvons une preuve de l'imprégnation
postérieure de la granulite par les eaux siliceuses et stannifères,
au lieu que la granulite ait sécrété, après coup, le quartz et Tétain.
On peut remarquer qu'à Geyer, stockwerk, filons et micaschistes
sont également traversés par un filon de minerai de fer, appelé
le filon rouge.
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ËTAIN DE SAXE ET DE BOHÊME 131
Bibliographie de Geyer.
1778* Charpentier. — Minerai. Geogr. d. chursachs. Lande, p. 203.
1787. DcHAMBL. — Géométrie souterraine, p. 15.
1789. TôPE. — Dans le Bergm, journal^ t. n, p. 979. (Cf. Hawklns, dans les
Tram, ofthe roy. Soc, of Comw.^ t. II, p. 43.)
1805. MoHs. — Dans F. MoU's Annalen^ p. 353.
1815. De Bonnard. — Essai géognostique sur TErigebirge* (Ann. d. M.y
t. XXXVIII, p. 372.)
1816. Blod, — Dans XeonAords Tasehtnbwihj p. 3.
1823. Manès. — {Ann. d. M., t. VIII, p. 55.)
1838. Naumann. — Erlaûterung z. geogn. Karte yon Sachsen, cahier II,
p. 176 et 248.
•1861. CoTTA, p. 28.
Stelzner. — Beitrâge zur geognostichen Renntniss d. Erzgebirges.
1878. Credner. — {Zeitsch. d. d. gcol. Gesellch.^ t. XXX, p. 518.)
1882. LapparEiNT. — (GéoL, l»"* éd., p. 1173.)
1884. Groddege, p. 244.
WEISS ANDREAS
Au type de Geyer se rattache la coupe classique de Weiss
Andréas (fig. 196) où deux massifs de granulite (dont un seul
arrivé au jour) se trouvent enveloppés de micaschiste. Le plus
Fig. 196. — Coupe transversale théorique du gtte 8tannifère de Weiss Andréas.
(D'après V. Cotta.)
grand dôme de granulite (180 mètres sur 150 mètres) est, comme
à Geyer, recouvert d un slockscheider ayant, au sommet, une
puissance maxima de 4 mètres.
L'étain s'y trouve en veines, comme à Geyer.
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i32 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ZINNWALD
{Fentes de retrait stannifère$, concentriques à la périphérie du
dôme granulitique et filons passant de la granulite aux
schistes.)
A Zinnwald, la granulite stannifère forme, au milieu d'un felsite-
porphyre, un dôme surbaissé, dont le sommet a été coupé par
la surface du terrain. La section de ce dôme, à Taffleurement, a
environ 1 360 mètres sur 480 mètres. La granulite, à grain plus
ou moins fin, généralement fortement kaolinisée, contient des nids
et des mouches d'hyalomicte dont les dimensions peuvent aller
jusqu'à 100 mètres de diamètre.
Une série de filons, parallèles à la surface extérieure du dôme,
le divisent en une succession d^assises emboîtées les unes dans les
autres.
Ces filons couchés, d'une allure très particulière, et qui semblent
bien correspondre à des fentes de retrait, sont horizontaux sous
la partie supérieure du dôme granulitique et plongent ensuite dou-
cement dans tous les sens. Ils ont de 0",40 à 0"*,75 de puissance;
les intervalles qui les séparent sont de 6 à i2 mètres dans le
haut, de 20 à 40 mètres dans le bas. Ils sont, généralement, mal
séparés de la roche encaissante et leurs parties extérieures parais-
sent seulement une continuation recristallisée de la roche. Le
remplissage est symétrique et formé de quartz, mica lépidolithe,
fluorine, cassitérite, wolfram, galène, chalcosine, cuivre gris,
blende, scheelite, apatite, topaze, etc. ; on y trouve, dans des
géodes, des cristallisations splendides. Tous les caractères sem-
bleraient pouvoir s'expliquer par une circulation d'eaux ou de va-
peurs minérales s'étant infiltrées dans des fentes de retrait de la
granulite, presque au moment même où ces fissures se produi-
saient.
En dehors de ces filons couchés, l'amas est encore traversé par
des filons verticaux postérieurs et rejetant parfois, de un ou plu-
sieurs mètres, les premiers. Ces filons correspondraient peut-être
au remplissage des gisements d'Altenberg, etc., et prouveraient
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ËTAIN DE SAXE ET DE BOHÊME 133
que les venues stannifëres se sont continuées assez longtemps. Ils
sont généralement formés d'une hyalomicte décomposée; plus
rarement, de quartz, mica, fluorine, cassitérite et wolfram. Ils ont,
d'après Mûller, subi, comme les filons de Cornwall, plusieurs
réouvertures successives, en sorte qu'il n'y aurait rien d'impossible
à ce que le rejet des filons couchés par eux fût dû à une réouver-
ture postérieure au remplissage, et que ce remplissage eût eu lieu
simultanément dans les filons couchés et les filons droits.
Néanmoins, il semble bien qu'il y ait eu plusieurs phases dans
la formation stannifëre :
4"* La granulite monte imprégnée d'éléments minéralisateurs;
ces éléments se rassemblent sur le pourtour (Stockscheider de
Geyer) ; un peu d'étain , qui était réparti dans la roche , se con-
centre dans ce stockscheider ;
2^ Il se fait des fentes de retrait (ex : Zinnwald) intéressant
seulement la granulite;
3"" Des cassures traversent la granulite et les terrains encais-
sants, et se rouvrent à diverses reprises.
Bibliographie.
1823. Manès. — Les mines d*élain de Saxe. (Ann, d. M., 1823, t. VIII, p.5l3,
et 1824, t. XI, p. 463.)
1840. Reuss. — Dos Zinnwaider Stockwerk, in den Umgebungen von
Teplilz, 1840, p. 40.
• 1841. Daubrée. — Sur Zinnwald et Altenberg. {Ann. d. M., 1841, t. XIX, p. 61,
72 et 83.)
•1861. COTTA,p. 17.
1863. MiJLLBR. — (Berg. u. Hutten zeit., p. 179.)
1882. Lapparknt, p. 1173.
1883. ScuRÔDBR. — Uber die Zinnerze des Eibenstockes Granitgebiets.
(Leipzig. Zitgungs ber. der natur. GeseL^ p. 76.)
1884. Groddeck, p. 243.
A Johann Georgenstadt et Eibenstock la cassitérite se présente
en filons assez nets dans la granulite.
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134 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
SCHLAGGENWALD
{Veines de granulite elvanique stannifères et stockwerks.)
Jusqu'ici, nous avons trouvé Tétain de Saxe dans des veines
quartzeuses ou, au voisinage de ces veines , dans la granulile
transformée en zwitter, greisen, etc. 11 peut arriver que les rami-
Ocations granulitiques injectées dans les schistes, ramifications
elvaniques ou pegmatoïdes, soient elles-mêmes riches en étain.
Nous retrouverons quelque chose de ce genre en Galice ; nous en
avons un type à Schlaggenwald.
A Schlaggenwald, un massif important de granulite à gros
grains, situé au milieu des gneiss, envoie, dans ces gneiss, une
série de filons secondaires à grain fin, souvent elvaniques, conte-
nant de rétain. Ces liions stannifères, riches, sont composés de
quartz, mica blanc rare et feldspath, avec fluorine, stéatite, apatite,
wolfram, molybdène, cassitérite, pyrite de fer et de cuivre, mispickel.
L'étain se trouve surtout, d'après Jantsch, au voisinage de la
masse principale de granulite. Cette granulite stannifëre forme,
en outre, d'après Groddeck, au milieu des gneiss, trois grands
stockwerks principaux, alignés à 40** : Tamas Hubertus, ayant
600 mètres de périmètre ; le Schnodenstock et le Klingentock ;
c'est une granulite à grain fin, passant par endroits à un véri-
table quarzite, avec nids et mouches de cassitérite, wolfram, etc.
Des veines de quartz stérile traversent et rejettent les veines stan-
nifères.
Bibliographie.
i8o6. Jantsch. — {Zeilschr. d, monianislichen Vereins im Erzgehirgej n^ 7,
8,9.)
1857. Sternberger.'— {Ôstr. Zeitsch. f. B. u. H., 1837, p. 62.)
1858. Gluckselig. — (Amtl, Bericht der Vers, deutchs, ^aturf, und Aerzte.
Vienne, 1858, p. 66.)
M861. GoTTA, p. 199. (L'article donne une longue liste des minéraux de
Schlaggenwald.)
1862. (Zeilschr. f. d. B. H. u. S. im preuss. SL, 1862, t. X, p. 164.)
1864. Ant. Rucker. — (Jahrb. d, KK. geol. Reichs., 1864, t. XIV, p. 311.)
1882. LAPPARENT,p. 1173.
* 1884. Groddeck, p. 248.
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ÉTAIN DB SAX£ ET DE BOHÊME 135
GRAUPEN
{Filons de quarlz et cassitérite.)
A Graupen, Té tain se présente en filons quartzeux traversant
le gneiss gris, au voisinage de roches, classées par Groddeck dans
les porphyres et contenant elle-même des filons. Ce gisement
se rapproche, par son allure, du type du Cornwall. Ces filons
ont été classés en trois groupes suivant leur inclinaison :
r Filons principaux de 0,03 à 0,12 de puissance moyenne, de
IS à 53° d'inclinaison, remplis de quartz, cassitérite, fluorine,
oligiste et pyrite rare. La roche du mur est imprégnée de minerai
sur 5 à 7 centimètres ; celle du toit est stérile ;
2° Filons secondaires de i à 2 centimètres de puissance, de 29
à 41° d'inclinaison, remplis de quartz, kaolin et cassitérite;
3° Filons droits de 2 à 7 centimètres de puissance, de 70 à 80°
d'inclinaison, remplis par une brèche quartzeuse avec ciment sili-
ceux et kaolinique, contenant de la cassitérite et fréquemment
des mouches isolées de pyrites.
Bibliographie.
1844. {Jahrbuch, fur den sâchsigen, Berg. m. H., 18i4, p. 35.)
1858. JoKÉLY. — Jahrb. d. geoL Reichs., p. 562.
1861. COTTA, p. 19.
1864. Laube. —Jahrb. d. KK. geol. Reichs.f p. 159.
1884. Groddbck, p. 249.
On peut rattacher au type filonien le gîte de Martersberg.
A Martersberg, on exploite un filon, qui semble s'être réou-
vert postérieurement pour donner passage à une venue argen-
tifère. Le filon principal est, en eflet , composé de baryline,
fluorine, minerais de bismuth et d'argent sans trace de cassitérite,
tandis que la cassitérite imprègne toute la roche encaissante.
Enfin, Ton trouve en Saxe le véritable type du Cornwall, avec
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136 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
association du cuivre et de Tétain, à Schmiederberg^ Wiederpôbe/,
Naundorfet SalisdorfK
Il existe là des Glons, de 0,05 à 0,27, exceptionnellement de 3 à
4 mètres d'épaisseur, recoupant le gneiss gris et contenant
quartz, fluorine, chlorite, mica, étain, avec association de pyrite
de cuivre, de pyrite de fer, de mispickel, de galène, blende, etc.
Parfois, le cuivre devient prédominant. Il serait d'ailleurs possible
qu'il y eut là quelque phénomène de réouverture analogue à
celui que nous avons supposé à Martersberg.
GÎTES STANNIFÈRES FRANÇAIS
LA VILLEDER (Morbihan)*
Les gisements d*étain de la Yilleder (Morbihan) ont été récem-
ment décrits par M. Lodin. Leurs caractères semblent les rappro-
cher plutôt de ceux du Gornwall (tinfloors) que de ceux de Saxe.
Leur exploitation, qui avait été organisée il y a quelques années,
est aujourd'hui suspendue.
Il existe, dans cette partie du Morbihan, un massif de granu-
lite assez vaste qui s'étend à l'Ouest jusque vers Baud et Locminé.
Ce massif est entouré de schistes d'un gris plus ou moins foncé,
souvent lustrés et d'une fissilité très variable, qu'on a rattachés
au cambrien. Ces schistes ont subi, au contact de la granulite, un
métamorphisme très net et se sont chaînés de mica blanc et de
chiastolite. En outre, la granulite a injecté, dans les schistes, un
grand nombre de veines et la surface de séparation des deux
terrains est très irrégulière.
A travers cette granulite et ce gneiss, au voisinage du contact
des deux roches, du côté de la Yilleder et, le plus souvent, à peu
près parallèlement à ce contact, c'est-à-dire vers 460^, courent des
Glons quartzeux d'épaisseur variable, qui contiennent l'étain dans
« 1867. Mûller. — {Neues Jahrb. /. Minerai, 1867, p. 616. — 1884. Groddeck,
p. 251.)
• Coll. Ecole des Mines, 1679.
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ÉTAIN DE LA VILLEDER (mORBIHAN)
i37
des conditions semblant par suite tout d'abord très analogues à
celles du Cornwall, sauf que le cuivre ici fait défaut. Mais, si Ton
entre dans le détail, on trouve, au contraire, des différences assez
fortes avec les filons compacts et prolongés de Cornwall et des
rapprochements avec certains stockwerks, à minéraux nombreux
et cristallisés, de Zinnwald, Michaels Mount, etc. Les filons quart-
zeux forment, en effet, un faisceau dont Tallure générale est
assez régulière, mais qui, dans le détail, se ramifie en une série
de veines.
Ooest:
£Mt.
Fig. 197. — Coupe de la grande tranchée de la Villeder (d*aprè8 Renouf, 185^).
Fig. 198. — Coupe entre le puits Saint-Michel et le puits n* 8. ^Echelle au ^.j
Fig. 199. — Coupe à la traverse du puits n"* 5. ^Echelle au •^. j
La figure 197 montre le réseau de ces veines dans la granulite
décomposée à la grande tranchée de la Villeder et les figures i98
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138 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
et 199 dans rexploitation : 1® entre le puils Saint- Michel et
le puits n° 8 ; 2° à la traverse du puits n° 5.
Le faisceau est constamment à la limite même de la granulite
et des schistes micacés et, comme le montre la figure 200, passe
de la granulite au schiste sans déviation.
La granulite, assez fortement kaolinisée à la surface, au voisinage
des filons quartzeux, est,
à quelque profondeur ,
-S devenue entièrement so-
lide.
ff::jM///////M///////^^^^ Au point de vue du
remplissage, les filons de
la Villeder contiennent,
**^**-'^-*^^w^^^^l^^^^^^ en dehors du quartz do-
^^■^^^^^^^1 minant, la cassitérite,
VI c.. . n^ ^, Tapatite, la fluorine, la
Fig. 200. — Coupe (rtine tranchée faite près du ^ , ' r ' »
puils de Lédo (d'après Durocher, 1847;. la pyrite, la blende noire,
la chalcopyrite, la galène,
etc.; le wolfram ne paraît pas y avoir jamais été rencontré; quel-
ques minérau.x y sont très rares : ainsi la topaze, la phénakite,
trouvées seulement deux ou trois fois dans des géodes du rem-
plissage quartzeux ; la fluorine et la molybdénite signalées dans
les premières exploitations, disparues ensuite ; la galène et la
pyrite de fer, accidentelles dans le quartz.
Au sujet des autres minéraux, M. Lodin a fait les remarques
suivantes :
La tourmaline^ à la Villeder, est très rarement réunie à la cassî-
térite, quoiqu'il existe des cristaux d'oxyde d'étain portant, à la
base, des aiguilles de tourmaline; elle semble même se trouver
dans un quartz difl^érent de celui des veines stannifères, ne répan-
dant pas, sous le marteau, Todeur caractéristique de ce dernier.
Les satellites les plus habituels de la cassitérite sont : le mica
blanc, à 3,31 p. 100 de fluor, très peu lithinifère, Tapatite, Téme-
raude, qu*on a souvent confondue avec Tapatite et sur laquelle
Tétain s'est fréquemment moulé.
Le quartz est blanc laiteux et tout particulièrement chargé
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ÉTAIN DE LA VILLEDRR (mORBIHAN) 139
d'inclusions liquides ; il enveloppe la cassitérite, Témeraude,
l'apatite, le mispickel, la blende ; mais, dans sa masse, se sont
développées des géodes, où s'est formé un second dépôt de mica
blanc, cassilérite, émeraude et apatite. Les surfures ne se rencon-
trent jamais dans ces géodes, où Ton a, au contraire, comme
nous l'avons dit plus haut, observé la topaze et la phénakite.
Quant à la cassitérile elle-même, elle est souvent en cristaux
volumineux brun foncé et opaques, appliqués sur les épontes du
filon, dont ils sont séparés ordinairement par une couche de
mica blanc, quelquefois en cristaux disséminés ou en masses
irrégulières au milieu des remplissages quartzeux ; enfin, excep-
tionnellement, en cristaux bien formés au milieu des géodes.
La présence des sulfures mérite une attention particulière :
Le mispickei se présente un peu partout dans la masse et
pénètre même dans la granulite des épontes, quoique celle-ci ne
présente pas d'altération sensible. Il est parfois, au voisinage des
épontes, recouvert par de la cassitérite ; d'autres fois, au milieu
du quartz, jamais dans les géodes. Il contient une quantité d or
fort appréciable, 8 à 9 millièmes, qui a peut-être fourni l'or
des alluvions stannifôres du pays. La blende^ plus rare, se ren-
contre dans des conditions analogues. Elle a généralement suivi
la consolidation de la cassitérite ; cependant on a trouvé des
cristaux de blende et de mispickei sur lesquels la cassitérite
s'est moulée.
Si l'on cherche à déterminer l'ordre de consolidation, on trouve
que, dans le cas général, Témeraude a précédé la cassitérite, qui
a précédé elle-même les autres éléments : quartz, apatite, etc.. ;
mais l'ordre inverse peut se présenter. Le mica blanc a continué
à cristalliser pendant toute la durée de la formation.
M. Lodin s'est appuyé sur l'absence de la tourmaline ici et sur
la fréquence de la fluorine dans les filons sulfurés pour combattre
la théorie de M. Daubrée sur l'origine chlorofluorée de la cassité-
rite. Il a remarqué que, dans le Comwall, la fluorine accompagne,
non l'étain mais le cuivre, que la topaze est rare à la Villeder et
en Cornwall, que la présence d'inclusions liquides dans le quartz
semblerait prouver la présence d'un milieu hydrothermal analogue
à celui des formations plombifères.
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140 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Ces objections sont d'inégale valeur. Sans doute, tous les
minéraux fluorés, tourmaline, etc., ne se rencontrent pas dans
tous les gttes d etain, mais il n'en reste pas moins que ceux-ci
contiennent, presque toujours, une abondance toute spéciale de
minéraux à cristallisation difficile et paraissant ainsi nécessiter la
présence de fluorures. Sans doute aussi, il n'y a pas de distinction
aussi tranchée qu'on Ta quelquefois soutenu entre les filons
d'étain et les filons sulfurés, et les premiers contiennent déjà des
sulfures. Cela rentre dans ce que nous avons dit, à diverses
reprises, sur l'association, dans les fumerolles volcaniques les plus
chaudes *, des chlorures aux sulfures et aux carbures. La présence
de ces derniers, lors de la formation des filons d'étain, semblerait
même indiquée par l'odeur fétide du quartz et ses inclusions,
qui pourraient bien être du carbure d'hydrogène.
11 y a lieu de remarquer, au sujet de minéraux comme la
topaze, que souvent, lorsqu'ils ne sont pas visibles à l'œil nu, ils
le sont au microscope. C'est ainsi que la topaze microscopique
est très abondante dans la granulite à filons d'étain de Montebras.
Au point de vue industriel^ les mines de la Villeder, qui
paraissent avoir été, comme les gisements du centre de la France
dont nous parlerons plus loin, exploitées dans une antiquité très
reculée, dès la première époque du bronze, ont été repris en
1856, date de l'institution de la concession. Les premiers travaux,
faits à ciel ouvert, donnèrent de mauvais résultats et furent inter-
rompus en 1863. Â partir de 1880, l'exploitation a été organisée
sérieusement et en profondeur ; mais on constata d*abord que les
parties superficielles du filon avaient été enlevées par les anciens ;
puis, en profondeur, on se heurta, à une profondeur de 113 mètres,
à une région stérile. Des circonstances extérieures forcèrent à
mettre la mine en liquidation en 1886.
Un tableau ci-joint donne quelques résultats de l'exploitation :
• Voir noire travail sur la Formation des gtles métallifèret, (Encyclopédie Léaulé,
1893.)
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ÉTAIN DE LA YILLEDER (mORBIHAn)
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142 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Bibliographie.
i834. Blavibr et Loriêux. — {Ann, d. M,, 3« série, t. VI, p. 381.)
1834. AuDiBRRT. — Sur un gisement d'étain à Maupas (Morbihan.) (Ann, d,
Jf., 4«, t. VI, p. 181-186.)
1844. Blavier et Lorikux. — {Ann.d. M., 4«, t. VII, p. 181.)
1851. DuROCHER. — (C. R.,t. XXXII, p. 902.)
1838. Renocf.
1860. Simonin. — Mines d*étain de la Villeder. {B. S. G., 2<' série, t. XXIIl,
p. 37.)
1874. LiMOR. — Catal. raisonné des minéraux du Morbihan (Vannes).
1882. LiMUR. — Les mines d'étain de la Villeder. (Bull. Soc. hist. nal. de
Toulouse.)
* 1883-84. LoDiN. — Noie sur la constitution des gites stannifères de la Vil-
leder (Morbihan). (B. S. G., 3« série, t. XII, p. 645.)
* 1887. Daubrée. —Eaux souterraines, p. 148.
1887. Baudot. — Les mines d'étain de la Villeder (Morbihan). {Bull. Soc.
Ind. min. de Saint-Etienne ^ 3* série, t. I, p. 151. Saint-Etienne, 1987.)
ÉTAIN DU PLATEAU CENTRAL*
{Vaulrt/j Cieuxj MontebraSj etc.)
Le plateau central français contient un certain nombre de
gisements d'étain intéressants, dont un seul, celui de Montebras,
est repris de temps à autre et vient encore de Têtre en 1891.
Ces gisements, comme ceux de Saxe, se trouvent tous au voisi-
nage de granulite éruptive, recoupant à la fois les gneiss et un
granité pinitifère à très rares paillettes de mica blanc, qui parait
plus ancien que la granulite*. Sur le flanc Nord de la chaîne de
Blond, se trouve Vaulry ; sur le flanc Sud, Cieux ; sur une autre
chaîné, Montebras.
A Vaulry, il existe, dans la granulite, des veines quartzeuses
très multipliées, arrivant à former un véritable stockwerk et qui,
par un phénomène très général, comme nous l'avons vu, se pro-
longent dans les gneiss voisins. La direction est 10**. Les veines
de quartz contiennent, près des épontes, de la cassitérite. La gra-
• Col!. École det Minet, 1805.
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ÉTAIlf DU PLATEAU CENTRAL 143
nulite, auToisioage, a subi le même genre d'altération qu*à AUen-
bei^; le feldspath est dispara et il est resté une hyalomicte,
semblable au zwitter saxon, formée de cristaux de quartz et de
mica et contenant de la cassitérite.
On a trouvé à Vaulry : wolfram; mispickel; cuivre natif très
rare; fluorine dans quelques Glons riches en fer arsenical et
accompagnée d*urane phosphaté ; molybdène sulfuré ; chaux
phosphatée très rare ; traces d*or.
A CieuXy il existe, à la limite de la granulite et du granité, un
filon de quartz atteignant près d*un mètre avec druses de quartz
cristallisé au centre. L*étàin, peu abondant, se trouve surtout au
contact des épontes ; les minéraux sont les mêmes, maïs il s*y
joint de la tourmaline. La direction est N.40^E., c'est-à-dire
parallèle à la direction générale des filons de granulite.
En relation avec ces gisements, on trouve, dans presque toutes
les vallées qui descendent de la chaîne de Blond, des alluvions
stannifères.
Le gisement de Montebras (Creuse)* a été découvert, en 1839,
par M. Mallard, exploité de 1863 à 1877 et repris de 1891 à 1892.
Il existe, en ce point, un massif isolé de granulite stannifère,
entouré par du granité pinitifëre à rares paillettes de mica blanc
et en contact avec une granulite porphyroïde assez spéciale, à
quartz bipyramidés bien nettement isolés dans une pâle rose,
qu'on a souvent désignée sous le nom de porphyre.
Ce petit massif de granulite stannifère a 300 mètres de long
sur 40 de large. Il contient, en moyenne, 4 à 5 millièmes d^élain
tellement ténu qu'il flotte au lavage. A son toit et à son mur, il
s'est produit une certaine concentration de la cassitérite, particuliè-
rement au toit où Tétain est accompagné de parties verdàlres.
En outre de cet étain disséminé, il existe d^assez nombreux
filons recoupant, soit le granité, soit la granulite porphyroïde, en
bien des points au contact de cette dernière; enfln celle-ci est,
de plus, traversée par des failles, souvent tapissées d*un enduit
de phosphate d'urane et suivies par une roche elvanique jaunâtre.
Dans la granulite porphyroïde, on connaît 4 filons ; . on en a
* Notes de voyage inédites de Tauteur (1889-1892). Voir, sur Montebras et les
Colettes, t. I", p. 461 (litliiuro) et p. 618 (kaolin).
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144 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
trouvé jusqu'à 40 dans le granité. Leurs directions, qu'on avait
essayé de grouper théoriquement, sont très diverses.
Comme remplissage, ces filons se composent, tantôt de greisen
vert avec apatite bleue et cassitérite, tantôt d'une sorte de peg-
matite stannifère sans mica. Le quartz de ces veines, même
lorsqu'il a l'air le plus pur, contient toujours assez d'étain pour
être rendu impropre à la verrerie.
On a trouvé, à Montebras, un assez grand nombre de minerais
associés à la cassitérite : en particulier, l'amblygonite ^ et la
montebrasite, aujourd'hui exploitées pour litbine, la wawellite,
la turquoise, etc., l'urane, l'apatite, et, paralt-il, autrefois, quel-
ques mouches de cuivre.
Au contact des filons d'étain, la granulite est transformée en
kaolin qu'on utilise.
Aux Colettes (Allier), nous avons vu* également que le gise-
ment de kaolin exploité contient des traces d'étain.
On peut encore rapprocher de ces gisements d'étain les car-
rières de Chanteloube et de Saint-Léonard, en Limousin.
A Chanteloube^ sur la route de Limoges à Paris, entre Rozès et
Benine, existent des carrières fameuses où l'on exploite^ pour
émail de porcelaine, le feldspath d'un filon de pegmatite, situé en
veine dans la granulite.
Ces carrières, où les minéraux atteignent des dimensions con-
sidérables, sont remarquables par la présence d'un certain nombre
de minéraux rares, en particulier Témeraude, le malakon (hydro-
silicate de zircone), le mispickel, le wolfram, la colombite, la cas-
sitérite, l'apatite, l'urane, etc.
Là, la présence de la cassitérite semble directement liée à celle
de la pegmatite.
Saint-Léonard est un gisement de wolfram, consistant en un
filon quartzeux assez irrégulier de direction N.-E., où l'on trouve
du bismuth natif, du scheelin calcaire et de l'étain oxydé.
M. Mallard a insisté sur la présence, en tous ces points, d'an-
* L'amblygonite sert pour obtenir certaines couleurs vitrifiables brillantes, en parti-
culier le jaune et le rubis. Ou en utilise également un peu pour fabriquer du carbonate
de litbine.
» Tome I, page 618.
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ÉTAIN DE GALICE ET DE ZAMORA 145
cieDnes fouilles qui paraissent avoir eu pour but de rechercher
non seulement Fétain, mais surtout For.
Bibliographie.
1813. Cressac. — {Journal des mines de juin 1813, n® 198) ; sur Vaulry.
1815. Uber das Vorkommen yod Zinn am Puy les Vignes und im Gebirge
von Blond. (Jahrb. f. Min.j p. 560.)
Manès. — Descript. géol. et indust. de la Haute- Vienne.
1828. DuFRÉNOY. — Sur les filons d'étain de Vaulry. {Ann. d. Jf., 2«, III,
p. 65.)
* 1859. Mallabo. — Sur la découverte de Tétainà Montebras. {BulL Soc, Se.
ncU. de la Creuse.)
* 1865. Mallard. — Gîtes stannifères du Limousin et de la Marche. (Ann. d.
M., 6*, t. X, p. 321.)
1869. Dadbréb. — Sur le kaolin stannifëre de la Lizole et d'Echassières. (G.
R., 10 mai 1869.)
1871. DE Gbssac. — Sur Thomme préhistorique dans la Creuse (Caen).
1874. DE GouvENAiN. — Sur l'étain d'Echassières. (C.R., t. LXXIV, p. 1032.)
1889-1892. DE Launat. — Feuille de Montluçon au . — La vallée du
oUjvOO
Cher dans la région de Montluçon. (B. Carte géol.) — Le kaolin des Golettes.
[B. S. G., 1889.) — Notes de voyage inédites à Monlebras, etc.
ÉTAIN DE GALICE ET DE ZAMORA'
On exploite, depuis peu d'années, en Galice, à FEsl d'Orense et
autour de Viana del BoUo, des gttes d'étain assez pauvres mais
intéressants comme allure, qui se rapprochent du type saxon.
Des massifs de granulite ont exercé, dans cette région, un méta-
morphisme prononcé sur des gneiss et schistes siluriens. Sur la
périphérie de ces massifs de granulite, on voit s'en détacher des
veines granulitiques qui s'injectent dans les schistes en les recou-
pant plus ou moins. On peut observer facilement l'une de ces
veines presque horizontales de 8 à 10 mètres de haut, dans l'exploi-
tation de San Minuel. Recoupée par quelques petits rejets bien
nets, elle va en s'amincissant à mesure qu'elle s'éloigne de la gra-
i Renseignements dus à M. Baladin. Coll. École des Mines, 1944 à 1946. — - Pline
(XXXIV) mentionne déjà les alluvions stannifères de Galice et de Lusitanie.
Voir aussi : 1876. Manuel Garcia : Nota acerca de algunos ûl. estanir. de la prov.
de Salamanca. (Bol. eom. Map. Espana, 3, 91.)
1880. De Maestre : proT. de Salamanca. (Mem. com. Map. geol., 215.) — Cf.
d^Âchiardi, p. 541.
GÉOLOGIE. — T. n. 10
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146 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
nulite, devient presque uniquement quartzeuse et finit par se perdre.
Cette veine de granulite est recoupée, dans sa longueur, par une
série de fissures de retrait, plus ou moins irréguliëres, remplies
par une exsudation de quartz stérile et, sur les épontes de ces
veines de quartz, près de leur rencontre avec les schistes, ainsi que le
long du contact des schistes et de la granulite, l'étain a cristallisé,
souvent dans une gangue de feldspath à gros éléments. Les gale-
ries de mines s'enfoncent donc en suivant ces veines à épontes de
cassitérite et même de quartz stérile. Dans une autre exploitation
où les gneiss sont très redressés, on a affaire à un filon de granu-
lite kaolinisée bordé par une petite zone de mica et feldspath et,
entre la granulite et le gneiss, existe un filon de quartz stannifère
qui lance des ramifications dans la granulite.
La granulite en massif contient, elle-même, comme à Monte-
bras, une certaine proportion, très faible, d'étain.
Il est bien visible là, comme dans tous les autres gîtes stanni-
fères, que la granulite a été la roche mère de Tétain, et que celui-
ci s'est concentré, à la fin de sa venue, sur sa périphérie, dans
toutes les fissures produites par la montée de la granulite, soit au
milieu des schistes encaissants, soit dans les retraits de cette gra-
nulite même, et y a cristallisé avec un quartz spécial.
L'étain de Galice est accompagné d'un peu de mispickel, de
pyrite, de molybdène sulfuré et de wolfram.
Au Sud-Est, en Portugal, on exploite à Zamora des gîtes com-
parables :
Etain de Zamora. — L'angle N.-O. du Portugal est formé d'un
immense plateau de granité et granulite au milieu duquel se
trouvent les gîtes de Zamora.
Les gîtes sont remarquables par la multiplicité des veines très
ténues et individuellement peu développées. Nulle part mieux que
là, on ne voit la relation intime entre le mica et l'oxyde d'étain.
La cassitérite est entourée de véritables houppes de mica blanc.
Dans le reste de la péninsule espagnole, également, on a exploité
autrefois de l'étain dans les mines de San Isidoro et Marinera,
près Carthagène^ et dans celles de Terrubias, Santo Tome de
Rozados, etc., province de Salamanque.
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ÉTAIN DBS ETATS-UNIS 147
ÉTAIN DES ÉTATS-UNIS, etc.'
Les Etats-Unis, si riches en produits métallifëres de toutes
natures, sont très pauvres en étain ; cela peut tenir à ce que les
métaux y sont généralement associés à des roches tertiaires et
que rétain, quoique représenté en divers endroits dans la série
tertiaire, y est certainement beaucoup moins abondant que dans
la série ancienne.
Dans les Black Hills du Dakota, des recherches actives ont été
faites depuis 1886 à Nigger Hill (Laurence county) ; Hamey Peak
(Pennington county) et Warrens Gulch (Custer county). L*étain
s'y trouve, parait-il, dans des greisen, associés avec des roches
qualifiées de porphyres, au milieu de terrains anciens. On parle
d'une teneur de 3 p. 100. Des alluvions aurifères et stannifères
accompagnent le gisement du comté de Laurence. Celui de Pen-
nington se trouve dans un greisen à albite ; dans le district de
Bismarck, il est dans un quartz.
En Californie^ la mine de Temescal a pris un certain dévelop-
pement depuis 1890.
La production dqs États-Unis a été : en 1889, de 22 000 tonnes
de minerais pour le Sud du Dakota, de 5 000 pour la Californie,
1 000 pour la Virginie.
 Durango, au Mexique^ Tétain est associé à la topaze et à un
arsénio-fluorure, dit Durangite.
En Chine, on trouve cassitérite et wolfram avec mica blanc
dans les célèbres mines de topazes et d'émeraudes d'Adun Tschelon,
sur la frontière sibérienne. Le Sud de la Chine, vers la fron-
tière tonkinoise, parait, en outre, renfermer d'importants gise-
ments d'étain, encore mal connus.
* Cf. 1843. Jackson. Filons d'étain du New Uampshire. (Rep, of amer, geoL, 1843,
p. 346.)
1867. Le minerai d'étain dans TÂroérique du Nord. {Bull. Ann. d, J/., 6%
t. XVIII, p. 572.)
1879. Raymond. —Sur Vétain du Missouri Sud. {Engin, and. min. /., t. XXVIII,
P- 240.)
1886-1890. — Minerai resources of the United States.
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148 GÉOLOGIE APPLIQUÉB
ÉTAIN FILONIEN DE MALACCA
Nous aurons à décrire plus loin, en détail, les alluvions stanni-
fères de la presqu'île de Malacca. Il est intéressant de faire con-
naître, dès à présent, les liions dont elles dérivent.
Le premier gisement d'étain en filon*, découvert dans la pres-
qu'île de Malacca, Ta été en 1889, au lieu dit Mahlembû, état de
Pérak, district de Krlsta. En 1890, on a découvert les filons de
Guntang, Kekak, Kliang-Barû, Petai-Chabang-Pernibilan , et
Cleydang.
Le premier a été reconnu par MM. Taylor, ingénieurs anglais,
directeurs de Compagnies françaises qui exploitent des alluvions
stannifëres dans cette région. Tous les autres ont été explorés
par M. Charles Trelvar, autre ingénieur anglais, au service d'une
de ces Compagnies françaises (Compagnie des mines de Malacca).
Ces filons, sauf celui de Pétai, affleurent dans le calcaire ancien,
probablement carbonifère, qui repose directement sur la granulite.
Celui de Pétai affleure dans la granulite même. Ils sont groupés
dans une zone de quelques kilomètres (une douzaine) du Sud au
Nord.
Us présentent les mêmes caractères dans le calcaire et dans la
granulite, et leur ressemblance avec les filons du Cornwall est frap-
pante. L'étain y est à l'état d'oxyde, soit en cristaux assez gros
(jusqu'à la grosseur d'une fève), soit, le plus souvent, très fine-
ment disséminé dans une gangue de quartz, pyrite de fer et mis-
pickel. Ces pyrites sont décomposées et oxydées à la surface. La
pyrite cuivreuse est assez fréquente, mais, jusqu'à présent, ne
paraît pas abondante (1 à 2 p. 100). Habituellement, l'oxyde
d'étain est si fin et si intimement mélangé aux pyrites qu'il faut
griller, puis laver ces minerais sulfureux pour le reconnaître.
Les affleurements dans le calcaire sont, à la surface, tant
soit peu irréguliers, quoique nettement définis dans leur ensemble,
et forment de nombreuses branches. Us gagnent de la précision
' Note communiquée par M. Burthe, ingénieur civil des mines.
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ÉTAIN TERTIAIRE i49
ea profondeur. Le filon de Pétai, dans la granulite, est beaucoup
plus régulier. On Ta suivi déjà sur 80 mètres de longueur sans
interruption.
L'orientation est tantôt de 45** à l'Ouest et tantôt de 45« à TEst
du Nord magnétique. La première direction est à peu près paral-
lèle à celle de la chaîne granulitiqne, sur le versant oriental de
laquelle gisent les filons.
Ces filons sont puissants et riches, beaucoup plus riches que
les alluvions. Leur épaisseur varie de 1 mètre à 1"*,80. Dans un
puits foncé sur le fîlon de Mahlembû, le rendement en minerai '
lavé a été de 300 kilogrammes par mètre carré de filon. Cette
mine a expédié en Europe plusieurs centaines de tonnes de mine-
rai brut qui ont rendu à Fessai 10 p. 100 d'étain. Dans le filon
de Pétai, on a trouvé des blocs d'oxyde d'étain presque pur,
dont le poids dépassait 100 kilogrammes. On a enlevé, à ciel
ouvert, une tranche de ce fîlon, mesurant 2 mètres de hauteur
sur 35 mètres de longueur, qui tenait plus de 16 p. 100 de métal.
Il faut dire que ce fîlon est le plus riche de ceux qu'on a trouvés
jusqu'à ce jour.
Il est curieux que ces filons soient restés si longtemps mécon-
nus. On est parvenu à les découvrir en partant de cette idée, sug-
gérée par Taspect des minerais d'ail uvions, que ces minerais
n'avaient pas été roulés très loin de leur gisement primitif, et
qu'ils provenaient peut-être de crêtes de filons remaniés sur
place par les eaux. Généralement les exploitations d'alluvions
de Pérak s'arrêtent en profondeur à une couche d'argile blanche,
dure, tenace, assez pauvre et très difficile à laver. On a traversé
cette couche pour atteindre la roche sous-jacente en place et c'est
là qu'on a vu les filons.
ÉTAIN TERTIAIRE
(toscane, ILE d'eLBE, BOLIVIE, ETC.)
Nous avons insisté sur le rapprochement entre l'étain et la gra-
nulite dans la série ancienne. Ce rapprochement se retrouve avec
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150 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
les éruptions granulitiques de la série tertiaire, quoique Tétain y
soit beaucoup plus rare.
En Toscane, près de Campiglia Maritima^, à Cento Camerelle, il
existe un filon d'étain qui perce le terrain jurassique sous forme
d'une veine verticale de 0™,20. Dans le gisement, Toxyde de fer
domine, et c'est en voulant exploiter ce minerai qu'on découvrit,
en 1871, un certain nombre de boules de cassitérite.
Au voisinage, Blanchard, partant de cette idée que des restes
d'excavations antiques avaient dû avoir pour but la recherche de
l'étain, trouva également de la cassitérite (presque méconnais-
sable et semblable à une ocre rouge) à Monte Valerio, à la Cavina,
€tc. De 1876 à 1880, 134 tonnes de minerai d'étain furent extraites
de la région.
De même, dans Vile d'Elbe, des échantillons de cassitérite ont
été trouvés en relation avec les granulites tertiaires, et M. Daubrée
a reconnu que cette granulite stannifère récente renfermait de la
tourmaline, du mica lépidolithe et de l'émeraude.
En Amérique, Tétain entre dans le remplissage des gîtes si
complexes du serro de San-Luis-de-Poiosi. Il semble également
falloir rapporter à une venue récente les gisements d'un type
très spécial qu'on exploite aujourd'hui en Bolivie et dont la pro-
duction atteint 1 000 tonnes de métal par an.
L'étain de Bolivie, généralement associé avec du bismuth, souvent
avec de l'or, provient des mines de Chorulque, Oruro, Tazna, etc. ^
Ces mines sont presqu'au sommet des Andes : Chorulque à
^ 603 mètres, Tazna à 5 105 mètres. Les échantillons de Chorulque
sont formés d'une masse d'oxyde d'étain brun clair à grain fin
avec pyrite.
Il existe, paraît-il, des bancs stannifères presque horizontaux
ayant jusqu'à 1°*,S0 de puissance.
A Tazna, l'étain est en petites quantités [dans des filons riches
en sulfures de bismuth qui traversent des schistes, grauwackes,
etc..
* Coll. École des Mines, 1629.
* Nous y reviendrons, page 165, au chapitre du Bismuth,
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ÉTAIN DKS DÉTROITS 151
Bibliographie,
1876. F. Blanchard. — Sulla scoperta délia casitéritea Campiglia Marittima
{BolL del H. Com. geoL cTUalia^ t. VII, p. 52. Rome, et Proc, Verb. ac. Lincei,
6 fév. 1876.)
* 1878. Blanchard. — Sulle minière di stagno in Campiglia, (Atti délia R,
Aceademia dei Lincei, 3« série, Trausunli, t. II, n^ 6 et 7. Rome, 1878.)
Gharlon. Ann.d. Jf., 7» série, t. IX, p. 119.
1880. V. Rath. — Vortr. u. Mitth. Bonn (sur la Bolivie).
1882. Lapparent. — P. 1177.
1881. D'AcHiARDi. — II, p. 529 et 551.
ALLUVIONS STANNIFERES
Les alIuvioDs stannifëres, dont il nous reste à parler, sont, de
beaucoup, la source la plus importante de Tétain ; car c'est sous
cette forme qu'on exploite Tétain des Détroits, d'Australie, de la
Chine, etc. L'étain, provenant de granulites, greisens ou filons stan-
nifëres, s'est concentré, par suite de sa densité beaucoup plus forte
que celle du quartz et du feldspath, en couches de forme lenticu-
laire, plus ou moins étendues, au milieu desalluvions. Rarement, il
a été emporté bien loin ; quelquefois même, comme nous l'avons
vu plus haut, il est resté presque sur l'affleurement des filons ;
cependant ce n'est pas en général au pied des montagnes granu-
litiques qu'on trouve les beaux gîtes d'étain : là les cristaux de
cassitérite sont gros, mais ils sont peu abondants et irrégulière-
ment disséminés dans les graviers. Un peu plus loin, au con-
traire, généralement à 1 kilomètre à peu près des montagnes,
les sables stannifères plus fins atteignent une régularité et une
constance propices à l'exploitation.
GITES DES DÉTROITS
(bangka, billiton, pérak, etc.*)
Dans les îles de la Sonde et la presqu'île de Malacca, l'étain
est particulièrement abondant; on le trouve, du Nord au Sud, à
' Coll. École dcM Mina, 1520 et 1947.
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i52 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Pérak et Malacca ; puis, dans les deux petites lies de Bangka et
de Billiton, entre Sumatra et Bornéo; à Bornéo même; à Bata-
via, etc.
Bangka. — L'exploitation de Bangkay qui est la plus impor-
tante, date de 1710; la couche stannifère, de 1 mètre d'épaisseur,
repose directement sur le fond de roches anciennes, granité,
granulite et schistes métamorphiques et est recouverte par des
sables et des argiles.
L'étain est particulièrement pur :
étain. Fer. Plomb. Cairre.
99,961 0,019 0,014 0,006
Comme origine de cet étain d'alluvion, M. de Givot a découvert,
en 1852, 3 filons d'étain où le minerai est disséminé dans un elvan.
En 18S4, M. Akkeringe a retrouvé, au voisinage, un filon d'étain
avec tourmaline.
Billiton. — A Billiton^ les minerais d'étain sont exploités depuis
1852. Pendant dix ans, la Compagnie, qui s'était formée pour leur
mise en valeur, fit d^assez mauvaises affaires jusqu'au moment
où elle fut secourue par le frère du roi de Hollande, Guillaume IIL
La production, qui était à peine de 40 tonnes en 1853, passa
rapidement à près de 4 000 ; et, depuis Forigine jusqu'à 1891, les
bénéfices réalisés ont dépassé vingt fois la valeur du capital
engagé.
La concession, accordée en 1852, expire en 1892 et son renou-
vellement a donné lieu à de très vives discussions politiques.
Pérak. — Les exploitations de Pérak (Péninsule de Malacca),
depuis moins longtemps connues que les précédents, ont été
l'objet d'un rapport intéressant de M. Errington de la Croix qui
nous permettra d'y insister davantage.
Le royaume de Pérak occupe, sur la côte occidentale de la
presqu'île de Malacca, un peu au-dessous de Poulo-Pinang, une
région comprise entre S^'S' et 5M0' de latitude Nord, par 99*" de
longitude Est.
Trois chaînes de montagnes (de 1 000 à 2 500 mètres), parallèles
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ÉTAIN DES DÉTROITS 153
à la mer, traversent le pays et dominent trois longues plaines arro-
sées par de nombreux cours d*eau dont le plus important est le
Soungi Pérak (250 kilomètres), navigable pour les sampans malais,
abordable seulement jusqu'à Dourian-Sabatang pour des navires
de 600 tonneaux.
La géologie de la région est, en général, peu connue. Son ossa-
ture se résume en très peu de termes :
La granulite (peu de mica, tourmaline abondante), bien cristal"
Usée dans la région basse et passant à l'état porphyroïde dans la
montagne, forme presque tout le sol ou le sous-sol. Elle supporte
de rares Ilots de grès et de calcaire marbre (analogues, comme
aspect, au calcaire du Tonkin). La masse de granulite est tra-
versée par de très nombreux filons très ramifiés de quartz stan-
nifère et quelquefois aurifère.
On trouve aussi de rares affleurements de schistes chloriteux et
talcschistes.
Les terrains de transport contiennent, comme nous l'avons dit,
les véritables gttes d'étain, les filons n'ayant été que récemment
travaillés.
Dans la plaine, le dépôt stannifère offre une assez grande régu-
larité d'allure, mais non de richesse. On trouve, sous une couche
d'épaisseur variable (3 mètres) de terre végétale et d'alluvions
pauvres (argile, sable, gravier), une couche stannifère de
2 à 3 mètres d'épaisseur, reposant sur un sous-sol kaolineux
d'épaisseur variable. Ce dernier est supporté par les roches en
place (District de Larout).
Quelquefois (Djebong), toute l'épaisseur du terrain d'alluvions
est stannifère, mais alors ce dépôt est très pauvre.
A Pérak, la couche stannifère est à 7°,5S de la surface du sol;
elle a 2™,2S et contient beaucoup de quartz blanc.
Le maximum de richesse des alluvions de plaine ne se trouve
guère, suivant une remarque générale précédemment faite, qu'à
un kilomètre des montagnes. Près de celles-ci , on rencontre
des grains d'étain plus gros, mais les gîtes sont d'une richesse
moindre et moins régulière.
Les plus riches gisements sont au débouché, dans la plaine, des
ravines qui sillonnent la montagne.
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154 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Voici les teneurs de diverses terres :
BUin
Kong Loon. . ♦ 0,93 p. 100.
1,44 -
Toualan Lengo ] 1,B0 —
( 5,46 -
Les points les plus exploités sont : au Nord, les territoires de
Soungi-Kréan et Selama, sur la frontière de Keddah, la région de
Larout, les deux régions du Haut et du Bas-Pérak et enfin celle de
Soungi-SIim.
La teneur dépasse rarement 6 p. 100 et se tient à 1 p. 100 dans
toute la vallée de Lahat.
Vexploitalio7iy qui se fait à peu près partout de même dans
la région des Détroits, comprend d'abord un débroussaillement
exécuté à l'entreprise. Souvent, les bûcherons et charbonniers se
contentent, pour salaire, du bois coupé. On leur verse presque
toujours un surplus en argent. Le coût est :
Jungle faible, rheclare 30^ 00
- forte, — 51 10
Forêt vierge, — 69 70
Puis, on mène une tranchée à ciel ouvert, perpendiculaire à la
longueur de Tamas stannifère reconnu, ou à l'axe de la vallée;
on rejette les stériles par derrière, et on enlève le dépôt stannifère
jusqu'à la surface du sol où il est lavé.
Le prix du déblai des stériles, enlevés par les coolies, peut être
estimé, par mètre cube monté à 3 ou 4 mètres, à 0,65 à 0,75.
On compte , comme effet utile , 18 700 kilogrammètres par
homme et par jour (au lieu de 56 000 en France).
Avec du minerai à 1 p. 100, pris à 6 mètres de la surface, les
frais à' extraction (sans lavage) s'élèvent à 547 fr. 30 par tonne de
minerai à 66 p. 100 de produit, auxquels il faut ajouter 29 francs
pour l'épuisement, 28 pour le traitement mécanique. Le mètre cube
de terre remuée, dans cette exploitation, coûte 5 fr. 75 ; la tonne
de métal contenu revient, dans ces conditions, à 918 francs.
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ÉTAIN DES DÉTROITS 155
La maio-d'œuvre est surtout fournie par la race chinoise, les
Malais et Hindous travaillant peu.
Les coolies importés coûtent 6 à 800 francs de transport jusqu'à
Pérak ; puis 1 200 francs par an ; les coolies libres, engagés dans
le pays, coûtent environ ^ fr. 75 par jour et ne peuvent travailler
que pendant 6 heures et demie.
On a tout avantage à employer ces derniers avec lesquels on a
un meilleur travail et une plus grande sécurité contre les chances
de désertion, de maladie ou de mort.
Voici un exemple de prix de revient :
Par tonoe d*étain
Abatage, extraction, épuisement. Fr. 875,20
Frais spéciaux S Préparation mécanique — 4S,40
et généraux I Traitement métallurgique ... — 228,00
Arûnage à Pinang — 4,60
1 150,20 I 150,20
^ / Amortissement du capital de pre-
^ . . mier établissement — 10,60
financier ^ ... ... ^^' .
; Divers, extraction — 23,20
33,80 33,80
... ( Transport à Pinang — 16,00
^^®''' ( Redevances & ITtat — 320,00
336,00 336,00
Total — 1520,00
Pérak a produit, en 1880, 8 000 tonnes dont 4 500 de Larout et
i 500 du Bas-Pérak.
Bibliographie.
1865. Van Diest. ~ Bangka beschreven in Reistogen (traduit en anglais par
le Nbve Foster). Truro, 1887.
1879. E. Reyer. — Banka und Bilitong. (In-12, 16 p. Vienne, 1879. Oester.
Zeits. Berg. und HulL, t. XXVU.)
1879. P. Dotle. — On some Tin-deposits of the Malaccan Peninsula, {Q.
J. g. Soc. Lond., t. XXXV, p. 229, London, 1879.)
* 1882. Errington de la Croix. — Les mines d'étain de Pérak. {Arch, des
missions, 3® série, t. IX.)
1883. D*AcHiARDi, t. II, p. 546.
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1^ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
DE Morgan. — Carte de la vallée de Pérak (Malacca).
* 1886. J. DE Morgan. — Note sur la géologie et sur Tindustrie minière du
royaume de Pérak et des pays voisins (Malacca). (Ann» d. If., 8® série, t. IX,
p. 368. Paris, 1886.)
Th. Posewitz. — Die Zinninseln im indischen Oceane. (Miltheilungen
aus dem Jahrbuch der K, ungar, geol, Anstalt, t. VIII, p. 50. Budapest.)
St. Meunier. — Examen chimique d*eau minérale provenant de
Malaisie; minerai d'étain de formation actuelle. (G. R., t. CX, p. 1083.)
Th. Posewitz. — Géologie yon Banyka, {ïîitheUungen der K. ung, geol.
Anstalt., t. VII, p. 155. Budapest.
1888. RoEUER. — Ueber das Zinnstein Vorkommen auf Banca und BiUiton,
{Jahresbencht der Schlesischen Gesellschaft fàr Vaterlandischen CuHur.f t. LXVI.
Breslau, 1888.)
* 1888. Errington de la Croix. — Les mines d*étain de Selangor (presqu'île
malaise) et les concessions d'Ayer Itain.
ALLUVIONS STANNIFÈRES DIVERSES
(AUSTRALIE, FRANCE, ETC.)
Nous signalerons quelques autres régions où Tétain est exploité
en alluvions, en insistant surtout sur Torigine présumée de cet
étain qui, pour les géologues, est particulièrement intéressante.
Australie *. — La colonie de Victoria renferme des gîtes d'étain
avec quartz et greisen, situés dans le Sud de la province (comté
de Mornington), dans les masses de granulite à grain fin de Bee-
chenorth et de Bervick. L'exploitation, qui porte sur des allu-
vions stannifères, est encore restreinte.
Dans la Nouvelle-Galles du Sud^ Tétain est associé à un greisen
avec wolfram, béryl, topaze et tourmaline.
L'étain a été découvert, en 1871, au N.-E. de la rivière Macintyre.
A travers une granulite à très grands cristaux d'orthose, existent des
veines de pegmatite de 1",50 d'épaisseur contenant Tétain et passant
parfois à une roche plus chaînée de mica, analogue au greisen. Au
voisinage de ces veines de quartz, la granulite est traversée par
des veines d'une granulite formée, pour les trois quarts, de mica
avec peu de quartz, qui renferme de Tétain. On exploite les alluvions
* Voir une carte au chapitre de VOr,
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r
ALLUYIONS STANNIFÉRES DIVERSES 157
provenant de ces filons. En 1876, Textraction a été de 8 000 tonnes
de minerai.
Au Queenslandf la cassilérile, provenant de veines de quartz dans
une granulite, est située près de Ballandale Head station. Elle
est surtout accompagnée de mica blanc.
La découverte de Tétain remonte à 1872. Les exploitations se
font surtout dans les alluvions, le long de la rivière Severn. La
quantité d^étain exploitée a été» en 1878, de 6 000 tonnes.
Bibliographie.
1871 . Stephen. {Geol. soc,)
LivBRDSiGE. — Etain dans la Nouvelle-Galles du Sud.
Ulrich. — On some récent Tin ore dlscoveries in New South-Wales.
(O.J. g. Soc, Lond,, t. XXIX, p. 5.)
Grbgort. — On the Discovery of lin in Queensland. {Quarterly joum.
of geol. Soc, Yo\. XXIX, h. 1.)
Brocgh Smith. — Gold ûelds, etc., of Victoria.
Report of the départaient of mines of New South- Wales.
M883. d'Achiardi, t. II, p. 548.
18S6. Herbert Gox. — Tin deposits of New SouthrWales. (Journal and pro-
eeedings ofthe royal Society of New South-Wales^ vol. XX, p. 93, 1886.)
1884. Groddeck.
Zor Kenntniss der Zinnerzlagerstatten des Mount Bischoff iu Tasmanien.
(ZeiUch. der D. geol, GeseUschafty t. XXXVUI, p. 370.)
1889. Davies, p. 187.
France. — Nous avons dit, en passant, un mot des alluvions du
Comwall ; en France, il existé de semblables alluvions sur les
côtes de Bretagne.
kPiriaCj Fétain apparaît dans un gneiss kaolinisé avec zircon,
spinelle, tourmaline et émeraude.
A l'embouchure de la Vilaine, on a exploité des sables stanni-
feres qui se rattachent peut-être à ces gisements.
Bibliographie générale de Fétain.
* 1841. DACBRéx. — Mém. sur le gisement, la constit. et Torigine des mine-
rais d'étain. (Ann. d. M., 3% t. XX, p. 65 — 1849; — Ann. d. Jf., 4«, t. XVI,
p. 29; — Géol. expérim., p. 29.)
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158 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1881. DuFRÉNé. Sur Thisloire de la production et du commerce de Tétain.
(Afin, du génie civiL)
1883. d'Achiardi, t. Il, p. 522 à 559.
1884. FocLLON. — Uber die Zinnerze. (7. d. KK. geol H. in Wien., t. XXXIV,
p. 144.)
1884. G. Bapst. — Etudes sur rétain. (V. Masson.)
1886. FouLLON* — Uber kristallisirtes Zinn. (F. d, KK. geol. R., t. XXXIV,
no 2, p. 367.)
188 • Reillt. — Sur les gisements de Tétain au point de vue géologique.
(C. R., t. av, p. 606. Paris, 188 .)
1887. PosEwiTz. — Das Zinn Vorkommen auf den Inseln des Riouw-Lingga-
Archipel. (D' Fetermanns Mittheilungen^i, XXXIII, Gotha, 1887.)
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BISMUTH
Bi; Eq= 106,43; P. al = 210.
Historique. — Confondu pendant longtemps avec le plomb et
l'étain, le bismuth était connu des anciens chimistes. Stahl et
Dufay démontrèrent qu'il se sépare nettement de ces deux
métaux.
Propriétés. — Le bismuth se rapproche, par ses propriétés, de
Tantimoine; sa fusibilité est très grande ; on connaît les expé-
riences par lesquelles on montre son augmentation de volume en
se solidifiant, son diamagnétisme, etc.
Usages. — Le bismuth a quelques usages industriels, en parti-
culier à Tétat d'alliage. Ses combinaisons avec d'autres métaux
sont remarquables par leur fusibilité. L'alliage fusible le plus an-
ciennement connu est celui de Newton (8 de bismuth, 5 de plomb,
3 d'étain); il fond à 94*,5. L'alliage fusible proprement dit ou
alliage de Darcet est formé de 2 parties de bismuth, 1 de plomb
et 1 d'étain. On se sert de ces alliages pour clicher des médailles ;
on en a fait aussi des rondelles fusibles pour les soupapes de
sûreté de machines à vapeur.
En outre, on utilise quelques-uns de ses sels. Le chlorure de
bismuth forme le blanc de fard appelé blanc de perle et entre dans
la confection de la cire à cacheter. Le sous-nitrate de bismuth
a également des appUcations dans la préparation des fards et en
médecine, etc.
Pendant longtemps, la Saxe a eu le monopole de la production
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160 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
(lu bismuth (50 tonnes en 1877; 68 en 1881). Aussi le prix du
métal a-t-il été, à diverses époques, soumis à des fluctuations
considérables; après avoir valu 11 francs, il s*éleva, en 1869,
jusqu*à 55 francs le kilogramme et, pendant la guerre de 1870,
fut presque introuvable, même pour les usages médicaux. Depuis,
le prix a baissé par suite de la mise en valeur de mines de bis-
muth en Bolivie et en Australie. En 1888, l'Australie a fourni
18 tonnes de ce métal à 5 fr. 50 le kilogramme.
Minerais. — Le bismuth se présente surtout dans la nature à
Tétat natif; il est alors rarement pur ; le plus souvent, il contient
une certaine proportion d'arsenic; on Ta, en outre, observé allié à
du tellure, du sélénium et du soufre. Il forme généralement, non
pas des cristaux nets, mais des ramifications palmées que les
anciens minéralogistes appelaient tricotis.
Le bismuth oxydé (bismuthocre) n'est qu'un enduit superficiel
jaunâtre dans les mines de bismuth.
Le bismuth sulfuré oubismuthine (Bi' S') est d'un gris de plomb :
il forme des baguettes analogues à celles de la stibine, mais fusibles
à la bougie ; on le trouve à Schneeberg et à Bastnaes.
En outre, il existe un bismuth argentifère, un bismuth cuprifère
(wittichénite), un bismuth sulfuré plombocuprifère (nadelerz)
trouvé dans un quartz aurifère de Sibérie, un bismuth tellurifère
ou bornine, un carbonate (bismuthite) et un silicate (eulytine).
GISEMENTS. — GÉNÉRALITÉS
Les gisements de bismuth, connus jusqu'ici, se trouvent exclu-
sivement dans des roches de formation ancienne, tantôt sous
forme de filons de fracture, comme en Saxe, tantôt sous forme
d'amas de contact, comme dans le Banat.
Des filons de ce genre ont été trouvés, recoupant le granité à,
Meymac (France) et à Wittichen (Forêt Noire) ; le gneiss et les
schistes cristallins dans l'Erzgebirge ; les schistes en Bolivie.
Les minerais de bismuth sont toujours associés à d'autres
minéraux en grand nombre, et on obtient, le plus généralement, le
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BISMUTH DE FRANGE 161
bismuth comme produit accessoire dans des exploitations portant
sur des métaux différents.
Tantôt, et c'est le cas le plus fréquent, les minerais de bismuth
sont réunis à des minerais d'argent, de plomb, de nickel et de
cobalt, comme à Schneeberg, à Joachimsthal, etc.; tantôt c'est
à l'or, comme à Rezbanya, etc... On les trouve avec le fer, le
cuivre et l'étain à Cobar, à Ghorulque en Bolivie; avec l'étain en
Bohême, en Tasmanie, etc. Le tungstène, l'arsenic et le molybdène
se rencontrent également fréquemment avec le bismuth.
Les gangues des minerais de bismuth sont, en général, les
mêmes que pour les autres métaux : le quartz et, plus rarement,
la calcite, la barytine.
I. — GITES DE BISMUTH D'EUROPE
A- Gîtes de France. — Le bismuth a été trouvé à PouUaouen
et dans les Pyrénées; mais il n'a été exploité en France qu'à
Meymac (Corrèze).
Gisement de Meymac \ — Ce gite de Meymac, signalé en 1867
par H. Carnet, ingénieur en chef des mines, est situé au Sud et sur
Tune des ramifications de la chaîne granitique qui sépare les bas-
sins de la Vienne et de la Creuse de celui de la Dordogne et de
ses affluents. Le sol de la montagne, où ont été commencés les
travaux, est formé d'un granité porphyroïde, à mica noir et à
Rnmds cristaux de feldspath, renfermant des nids de tourmaline
radiée; le granité est peu solide et profondément raviné par les
eaux.
Dans le granité, court un filon quartzeux de puissance variable,
quelquefois de plusieurs mètres, qui contenait, aux affleurements,
dn wolfram, du mispickel avec quelques minéraux arseniatés et
phosphatés, mais qui, en profondeur, s'est chargé de minerais do
bismuth.
Ces minerais sont : le bismuth natif, le bismuth sulfuré,
c
* CoU. EcoU des Mines, 1Ô59.
6tOL06I£. — T. II. i\
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162 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
bismuth oxydé et hydrocarbonaté. Avec le bismuth, se trouvent,
outre le wolfram et le mispickel, la pyrite et l'oxyde de fer
hydraté. Quelques minéraux de plomb, le carbonate, le sulfate, le
chlorophosphate et le molybdate s'y sont également rencontrés.
Les seuls minerais de bismuth qui y soient en quantité importante
sont Toxyde et Thydrocarbonate. Dans les parties hautes, les
minerais de bismuth tiennent un peu d'arsenic, d'antimoine, de
plomb, de cuivre, de fer, etc., et, par contre, les minerais des
autres métaux contiennent tous du bismuth ; le mispickel, entre
autres, renferme de 1,62 à 6,58 p. 100 de bismuth.
D'après M. Garnot, le bismuth natif de Meymac tient :
Bi.
As.
Sb.
Pb.
Fe.
S.
99,00
0,09
0,13
0,41
0,10
0,06
Meymac est abandonné aujourd'hui.
B. Gîtes d'Allemagne. — Les premières mines d'Europe qui four-
nirent du bismuth et furent, pendant longtemps, les seules à en
produire sont en Saxe^ à Schneeberg, Annaberg, AUenberg^
Johanngeorgenstadt^ etc.* :
a. Schneebergy Annaberg, Johanngeorgenstadt. — Sans entrer
dans le détail, rappelons seulement que, sur le flanc méridional de
l'Erzebirge, sont des filons contenant de l'argent, du cobalt, de
Turane, du bismuth, etc., dont nous reparlerons, en étudiant
Freiberg et le Harz; ces filons traversent des roches anciennes :
le bismuth natif domine et est accompagné de bismuthine,
bismuthite, etc. Les mines les plus abondantes en bismuth sont
à Schneeberget à Johanngeorgenstadt. A Schneeberg, le bismuth
se trouve dans des filons cobaltifères rattachés à la formation
sulfurée récente.
Les autres mines bismulhifères d'Allemagne sont incompara-
blement moins riches ; on peut citer néanmoins celles de Witli-
chen et Sidzbach dans la Forêt Noire :
p. A Wittichen^ le bismuth se rencontre dans un filon d'ar-
gent et de cobalt qui traverse le granité.
y. Schutzbach, — Plus au Nord, près de Schutzbach, dans le
* Voir la carte géologique, pi. II, au chapitre du Plomb. — Nous empruntons à
d'Âchiardi une grande partie des renseignements suivants sur le bismutti.
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BISMUTH D'AUTRICHE, SUÉDE, ETC. 163
pays de Siegen, on trouve le bismuth associé à des sulfures de
nickel, fer et cuivre, dans des roches dévoniennes.
La production du bismuth dans les neuf mines de Saxe, où on
Tobtient comme produit secondaire, a été :
En 1877 de 50t. 65 valaQi 366 954 francs.
1878 — 69 05 — 283 258 —
1879 — 213 58 — 614 989 —
1880 — 76 28 — 297 903 —
1881 — 67 95 — 303 354 —
C. Gîtes d'Antriche-Hongrie. — a. Erzgebirge. — Sur le flanc
méridional de l'Erzgebirge^ se répètent les mêmes conditions do
gisement que sur le flanc septentrional; aussi trouve-t-on le
bismuth dans des filons argentifères (Prokopi, Hauer, etc.), près
de Joachimsthal et dans des gttes stannifères.
On rencontre également du bismuth dans quelques gîtes de
Styrie, de Garinthie et de Salzburg, et, en particulier, au Banat,
en Transylvanie.
^). Cava Theresia {Banat). — Les amas métallifères et bismu
thifères de Cava Theresia^ près de Gziklova, dans le Banat, sont
au contact de deux roches. Tune calcaire, Tautre syénitique.
y). Rezbanya {Transylvanie). — Dans les mines d'or et d'argent
de Rezbanya^ les métaux précieux sont à l'état de tellurures, et
ces tellurures d'or et d'argent sont associés à beaucoup d'autres
tellurures; entre autres, aux tullurures de bismuth.
De toutes ces mines, les seules qui produisent une certaine
quantité de bismuth sont celles de Bohème, qui étaient au nombre
de six en 1870, mais dont la production varie beaucoup d'une année
à l'autre.
D. Suède et Norvège. — La Suède possède des mines de bismuth,
près de Falun. La Norvège a les mines de Modum et Gzeile-
bac h.
Bléka. — Un gisement intéressant, situé à Bléka (ou Svartdal) *,
au Nord-Est deMogen, dans le Sud de la Norvège, appartient à la
' Description par Vogt : Norske erstforo Komster. — Coll. École des Minet ^ 1958.
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i64 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Société française des phosphates d'Oddegaarden ^ En ce point, il
existe des schistes anciens, très fortement et inégalement impré-
gnés de pyrite, que recoupent des Glons contenant un peu de
bismuth sulfuré et d'or natif * avec du quartz , des pyrites de
cuivre et de fer et de la galène accessoire. On a cru remarquer,
par un phénomène analogue à celui que nous signalerons à
Kongsberg, que deux colonnes d'enrichissement en or, constatées
dans les filons, correspondaient à une abondance plus grande de
pyrite dans les schistes recoupés.
La mine a été peu exploitée, jusqu'ici, par suite des difficultés
du traitement d'un minerai* assez pauvre, en un point où le coke,
nécessaire à la fusion, ne peut être apporté qu'à grands frais. Un
canal en construction d'UUfos à Strengen, mettant Strengen en
relation avec la mer, amènera peut-être un peu plus d'activité dans
cette industrie.
E. Iles Britanniques. — Sans parler des gites insignifiants dissé-
minés çà et là dans le Devonshire et le Gumberland, on peut citer
les deux mines de East Pool el Illogan^ en Cornwall, qui sont.
Tune une mine d'étain, l'autre de cuivre, et ont donné, en 1878,
environ 400 kilogrammes de bismuth. La production anglaise du
bismuth est insignifiante ; elle dépasse rarement une tonne et a
même été moindre dans ces dernières années.
II. — GITES DE BISMUTH EN AMÉRIQUE '
A. Chili. — Au Chili, les mines de San Antonio del Potrero
Grande abondent en minerais de bismuth ; on y a trouvé du bis-
muth natif, de la chilénite, etc.. et des minerais d'autres métaux
tenant un peu de bismuth.
B. Pérou. — Au Pérou, la mine Mathilde près de Morococa, çon-
• Voir tome I, page 329.
» L'association du bismuth et de Tor est fréquente comme celle de Fétain et de Tor,
de lor et de l'antimoine. Voir plus haut, p. 163, à Rezbanya; plus loin, p. 166,
aux États-Unis; p. 167, en Australie, etc.
* Coll. Ecole des Minet, n- 1804 et 1943.
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BISMUTH DE BOLIVIE ^65
tient du bismuth. C'est de là que provient Tespèce minérale décrite
par Rammesberg sous le nom de Mathildite.
C. BoliTie (Chonilque, Onuro). — Les mines de Bolivie, entrées
assez récemment en lice, sont aujourd'hui les plus productives en
bismuth de toute TAmériquedu Sud et même, on peut le dire, du
monde. Les principales mines sont celles de Chorulque, Oruro,
Tozna, et celles des environs de Sorata, Guaiana-Potosij etc. ;
le bismuth y a été trouvé associé à des minerais d'élain *, et
aussi d'or et d*ai^ent.
Les mines de Bolivie sont presque au sommet des Andes ; la
mine de Ghorulque est à une hauteur de 5 603 mètres, et celle de
Tazna, distante de celle-ci de 40 kilomètres au Sud-Èst, s'élève à
5105 mètres. Ce sont surtout ces deux mines qui envoient en
Europe une grande quantité de minerai. Celui-ci consiste en
un mélange de plusieurs espèces, entre autres de sulfures de cuivre
et de fer, contenues dans une gangue quartzeuse ; cette gangue
mise à part, ces minerais tiennent, d'après Valenciennes, dans
100 parties :
Bismolh de 22,80 à 30,05
Fer i0,20 16,90
Soufre 9,50 12,15
Antimoine, argent, plomb Traces.
La présence du cuivre et du fer, au lieu du plomb et de l'argent
comme en Saxe, rend ces minerais américains de qualité supé-
rieure, parce que la séparation de ces métaux est plus facile.
Aux environs de Tazna, d'après Forbes, il existe un grand dé-
veloppement de roches dévoniennes, que traversent des por-
phyres verts, dont la plus large étendue est atteinte aux Cerros
de Chorulque et de Espiritu-Santo. Dans ces porphyres et dans les
roches qui les traversent, principalement dans les schistes, et
à leur contact, courent des filons de diverse puissance.
Au Ceiro de Chorulque , on trouve, dans les porphyres, comme
gangue, du quartz, de la barytine et de la sidérose ; comme mine-
I Voir plus haut à VÉlain, page 150.
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1^^ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
rais métalliques, outre du bismuth natif, de la bismuthine qui
prédomine et dans les filons plus riches, de la chalcopyrité, de
la blende, de la galène et de la tétraédrite (cuivre gris).
Sur le mont Tazna^ au contraire, des filons riches en bismuth, de
près de 1 mètre de puissance, apparaissent dans des schistes, et
plus rarement, comme sur le flanc méridional, dans des grau-
wackes anciennes. Les sulfures de bismuth y dominent ainsi que
les produits de leur altération ; on y a découvert beaucoup de
nouvelles espèces minérales, la daubréite, lataznite, etc..
Les filons de Tazna contiennent également un peu d'étain.
D. Mexique. — On a trouvé des minerais de bismuth, entre
autres la frenzelite et la silaonitey dans les mines de Guanajato.
E. Etats-Unis. — On rencontre aux Etats-Unis le bismuth
associé à Tor et au tellure.
C'est surtout dans les États orientaux qu*on connaît le bismuth.
Il existe à Tétat de minerai tellure (tétradimite, etc..) dans les
mines de Virginie {Monroey Tellurium^ etc.), de Géorgie et de
la Caroline septentrionale ; à Tétat de bismuth natif et de bismuth
sulfuré dans le district de Cesterfield dans la Caroline méridionale.
Dans d'autres mines, il est uni au tungstène, comme dans la
mine de Lane au Connecticut.
Les mines des Etats occidentaux ont fourni plusieurs espèces
minérales nouvelles de bismuth (scirmérite, alascite, etc..);
elles sont situées au Colorado, dans TUtah et le Montana.
Au Colorado, on trouve les mines de bismuth à Tétat de filons
puissants, dans le porphyre habituellement, quelquefois dans le
calcaire silurien, comme près d'Ouray, ou d'autres roches.
III. - GITES D'AUSTRALIE
A. Queensland. — On a trouvé, à Cloncurry, du bismuth ren-
fermant des mouches d*or.
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BISMUTH D AUSTRALIE 167
B. Nouvelle- Galles dn Snd. — On exploite le bismuth, tantôt
dans des alluvions stannifères, comme dans la Nouvelle-Angleterre;
tantôt en filons, comme à Silent-Grove, The Gulf, Glen-Innes,
Elsmore, TenterQeld et Adelong. Les minerais consistent en bis-
muth natif et carbonate et en autres composés de ce métal, qui
accompagnent le molybdène et Tor, comme à Tenterfield, dans le
comté de Clive (minerais à 60,09 p. 100 de bismuth), ou le cuivre
comme à Gobar, dans le comté de Robinson (minerais de 2,11 à
2,58 p. 100 de bismuth).
Cette colonie a produit 4 tonnes et demie en 1881 ; 18 tonnes
en 1888.
C. Tasmanie. — Dans la région stannifère du mont Ramsay, il
existe de grands et riches filons de 6 à 12 mètres de puissance,
contenant du bismuth associé au wolfram.
Bibliographie du bismuth,
1850. Daubrée. — Sur la présence du bismuth natif dans le minerai de fer
de Framont (Vosges). (B. S. G., 2*, t. VII, p. 352.)
1874. MétaUurgie du bismuth. (A.nn. ch. etphys,, 1874, t. V, p. 1, 397.)
• 1874. Carnot. — Découverte d'un gisement de bism. en France. {Ann. ch,
phys., 1874 et C. R-, 19 janvier 1874, Ann, d. M., 1878.)
1874. Valknciennes. — MétaUurgie du bismuth. {Ann, Ch, et Phys,)
1875. WiNTLE. — Slannif. dep. of Tasmania, p. 92.
1876. DoxBYKO. — Gisements de bismuth au Chili. {Ann. d. M., 1876, p. 7,
10, 15.)
1877. Sur les minéraux du bismuth de Bolivie, Pérou et Chili. (Comptes
rendus, 1877.)
1877. Uber das Vorkommen von Wismuth und Zinnstein auf Tasmanien.
(Bonn. NcUurhist. Ver,, 4« série, t. VU, p. 63.)
1879. RoscoE et Schorlemmery. — (Chemistf*y, 1879.)
1881. Bismuth du Queensland, {Mining. Joum,, 1442.)
1882. Harrie Wood. — Miner, prod. oî New South Wales, p. 32.
1882. Liversioge. — Miner. N. S. Wales.
*1883. Antomo D'AqpiARDi. — I metalli, loro minerati e minière, vol. Il,
p. 599 à 604.
GoDBPROY. — {Encyclopédie chimique, t. III, 13® cahier, 1*^ partie.)
1884. V. FouLLON. — Ueber Zinnerze und gediegenen Wismuth. {Verhand-
Irnigen der KK. geologischen Reichscmstalt, t. XXXIV, p. 144. Vienne, 1884.)
1889. Davies. — MetalL min. and miner., p. 285.
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TUNGSTÈNE
Tu ou Wo ; Eq = 92 — P. al = 184.
Historique. — Le tungstène se rencontre surtout dans la nature
à Tétat de tungst&te de chaux ou schéelite et de tungstate de fer et
manganèse ou t^;o//ram. Scheele, en 1782, démontra, dans le premier
minéral, Texistence d'un acide particulier auquel il donna le nom
diacide tungstique ; les frères d'Elhuyart le retirèrent ensuite du wol-
fram et le réduisirent à Tétat métallique. Le mot de tungstène
vient de tungstein (pierre pesante), nom donné d'abord à la schéelite.
Les affinités chimiques du tungstène le rapprochent surtout du
molybdène, du chrome et, jusqu'à un certain point, de l'uranium.
11 fait partie de la classe des métaux acidifiables, intermédiaires
entre les métalloïdes et les métaux proprement dits. Minéralo-
giquement, le wolfram se rattache au groupe des minéraux
associés à la cassitérite.
Usages. — Le tungstène est, depuis longtemps, employé en assez
forte proportion dans la fabrication de l'acier, en particulier pour
Tartillerie, et cet emploi n'est restreint que par la rareté du métal
lui-même, très demandé dans les usines métallurgiques. On sait
combien l'addition de certaines matières, en doses presque infini-
tésimales, est entrée dans la pratique courante pour modifier la qua-
lité du fer, de la fonte ou de l'acier. A côté du phosphore et du
soufre, qui sont nuisibles, le carbone, le silicium, le titane, le chro-
me, le tungstène peuvent, suivant les cas, donner tel ou tel avan-
tage : le tungstène prête surtout de la ténacité.
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170 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Dans une série d'essais faits par le capitaine Garon, Taddition
de tunsgtène réduit à la fonte (1/8 à 1 p. 100 de tungstène) a aug-
menté la dureté et la ténacité du métal proportionnellement au
poids de tungstène introduit ; le grain de la fonte était régulier, fîn,
homogène.
Des essais de fonte ont donnés les résultats suivants :
Fonte pure (à o cent, d'eq), rupture 3 735*^^,00
— à 8«80 p. iOO de tungstène, cubilot chaud . . 5 413 87
— à 7,8 — — froid. . . 6689 5
Mais c'est surtout dans le cas de Tacier que le tungstène , à
doses très faibles, accroît la dureté et la ténacité. On a reconnu
que les véritables damas renfermaient du tungstène et Ton a
reproduit Tacier Wootz en fondant des aciers avec des wolframs.
Au cubilot, la proportion de wolfram absorbée est plus forte
qu'au réverbère dans les proportions suivantes :
Cubilot Réverbère.
8,2 2,4
10,4 4,0
une proportion de 4 à 6 p. 100 de tungstène est celle qui donne
les meilleurs résultats au point de vue de la ténacité. Au delà de
3 1/2 p. 100, la dureté de Tacier augmente seule.
Des rails au Bessemer à 1/2 p. 100 de tungstène ont donné, sous
un mouton de 300 kilogrammes tombant de :
i mètre, une flèche de 2
2— — 6
2",50, — 12
3 mètres, — 18
4 — — 26
4 — — rupture.
Cette influence du tungstène sur lacier et le fer parait tenir à
ce qu'il neutralise le phosphore, le soufre et Tarsenic contenus, en
se combinant chimiquement avec eux. Dans la fonte, il se réduit
aux dépens du carbone et communique, plus ou moins, au métal
la nature de Tacier.
Eu résumé, on ajoute le tungstène à lacier puddlé, à l'acier
au creuset, à l'acier au Bessemer» sous forme, soit de tungstène.
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USAGES DU TUNGSTÈNE i71
soit de wolfram, soit de ferro- wolfram, soit encore de tungstate de
chaux. Le commerce' fournit : le tungstène à 93 p. 100 de métal;
les ferro-wolfram à 30, 40 ou 50 p. 100, et le minerai de wolfram
en poudre.
On s*est également servi, à Imphy, de briquettes de tungstène
de chaux, chargées par couches alternatives, avec le coke et la
fonte et remplaçant le spiegeleisen.
Indépendamment de cette application principale, le tunsgtène
entre, en outre, dans certains bronzes ou laitons, qui deviennent
ainsi plus durs ,et susceptibles d*un beau poli ; avec Tétain et le
nickel, on obtient également des alliages d'un bel éclat argenté.
Enfin Ton en tire encore certains produits chimiques, parmi
lesquels nous citerons seulement le tungstate de soude utilisé
pour rendre les étoffes incombustibles et le tungstate de baryte qui
donne une belle couleur blanche (wolfram weiss), supérieure, dit-
on, à la céruse.
Les prix des produits du tungstène sont les suivants :
Minerai de tuagstèoe 7/16 p. 100. . . 200 francs les 100 kilogrammes.
Ferro- tungstène 40 — .. 400 — —
— 80 — .. 900 — —
Tungstène métallique 95 — .. 650 — —
Tungstate de soude — — . . 225 — —
Le tungstène , qu'on trouve dans le commerce , provient , en
grande partie, des mines d'étain du Cornwall. Ce pays a fourni, en
1888, 6i tonnes de minerai comptées à 672 francs par le service
de la statistique. On peut également citer, comme usines en pro-
duisant, l'usine Biermann à Hanovre, qui a, un moment, traité
quelques minerais français et Fusine de Roswein en Saxe.
Les usines consommant du tungstène sont, au contraire, assez
nombreuses ; en France, on peut citer Saint-Chamond, Taciérie
Hœltzer, etc., en Amérique, les usines de Philadelphie, New-York,
Pittsbourg, etc.,
Minerais. — Les minerais de wolfram, recherchés en raison de
ces diverses applications, sont fort rares.
Ils se présentent sous deux formes : tungstate de manganèse et
' Biermann Metall Industrie à Hannover, etc.
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172 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de fer ou wolfram; tungstate de chaux ou schéelUe, le premier
formant seul, en Europe, des gisements industriels exploitables,
tandis que la schéelite apparaît comme un produit d'altération
superGciel.
Le wolfram et la schéelite, le wolfram surtout, accompagnent
habituellement, en petites quantités, les minerais d'étain ; aussi,
une assez forte proportion du tungstène, que Ton utilise dans
l'industrie, provient-elle du traitement des minerais d'étain, par-
ticulièrement en Gornwall. Ce tungstène est généralement vendu
sous la forme de tungstate de soude et est obtenu par grillage au
réverbère des minerais d'étain additionnés de sulfate de soude.
Le grillage élimine le soufre et l'arsenic du mispickel. Après quoi,
on bocarde et on soumet à des courants d'eau qui dissolvent le
tungstate produit.
Depuis que le tungstène a pris de la valeur, on a, en outre,
repris, pour y chercher le wolfram, diverses mines d'étain aban-
données, soit en Gornwall, soit en Saxe ; le plus souvent, ces tra-
vaux ne consistent qu'en un triage des anciennes haldes et don-
nent, par suite, des quantités restreintes de minerai. Tel est le cas
à East'Pole, district de Redruth, en Gornwall où l'on a produit
55 tonnes de wolfram en 1881 ; tel est le cas aussi à Zinnwald en
Saxe, où Ton recherche, en même temps, les minerais lithinifères.
On peut citer, encore, comme mines de wolfram à l'étranger :
En Gornwall : Truro, Saint-Austell, Tavistock ; dans l'Erzgebirge
saxon, Altenberg, Graupen, Geyer ; en Bohême, Schlaggenwald.
Le Plateau central français contient quelques gisements de
wolfram qu'on a essayé à diverses reprises d'exploiter, mais qu'on
a été obligé d'abandonner, par suite, semf)le-t-il, du manque de
minerai.
Le principal est celui de Saint-Léonard^ en Limousin, où, par
extraordinaire, le wolfram était l'élément essentiel du filon,
l'étain oxydé ne se montrant qu'en échantillons rares. Décou-
vert en 1795^ ce gîte fut, vers 1809, l'objet de quelques recher-
ches faites par l'administration des mines, sous la direction de
M. de Gessac. Il consiste essentiellement en un filon quartzeux,
assez irrégulier, de direction N.-E. intercalé au milieu du gra-
nité. On y trouve, en assez grande abondance, le wolfram lamel-
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GISEMENTS DU TUNGSTÈNE 173
leux associé à du mispîckel. On y a, en outre, signalé le bismuth
natif, la barytine, les arseniates de cuivre et de fer, la schéelite et
la cassitérite ; enfin les pyrites y contiennent des traces d*or.
A Monde lisse y entre Limoges et Saint-Léonard, à Nepoulas
entre Beaune et Ghanteloube, toujours dans la Haute- Vienne ; au
Nord de Botirganeuf (Creuse), M. Mallard, dans son Mémoire sur
les gisements stannifëres du Limousin \ a signalé la présence du
wolfram et de la schéelite. Les célèbres carrières de Chanteloube^
près Limoges, contiennent également, avec les cristaux d'éme-
raude connus, du wolfram tantalifëre, de la tantalite, de la cassi-
térite, de Tapatite, des manganèses phosphatés, etc., au milieu
d'une pegmatite.
Les filons d'étain, inexploités, de Vaulry et Cietix, dans la même
région, renferment, de même, un peu de wolfram ; ainsi que les
filons, quelque temps exploités pour bismuth, de Meymac (Gor-
rèze)'; mais aucun de ces gisements n'a paru, jusqu*ici, suscep-
tible de donner, comme mine de wolfram, des résultats fructueux.
La seule mine de France, où Ton ait tenté récemment quelques
travaux pour chercher le wolfram, est Puy-des-Vignes, dans la
Haute-Vienne, reprise en 1884 et 1885, abandonnée de nouveau
en 1886.
Le quartz, qui contient des cristaux de wolfram disséminés, y
a on éclat gras caractéristique de tous les gisements de wolfram.
Cette mine de Puy-les- Vignes a cela de particulier, comme celle
de Saint-Léonard, que le wolfram s*y trouve sans étain, dans un
filon Je quartz.
En 1884, elle a fourni 13 tonnes de wolfram, comptées, pour les
redevances, à 1 162 francs la tonne sur le carreau de la mine ;
Talant, par suite, 13 000 francs; en 1885, 10 tonnes à 1 200 francs,
représentant 12 000 francs. Ces minerais ont été expédiés pour
être traités à Hanovre après avoir simplement subi un triage et
un broyage avec une réduction en creusets brasqués.
En dehors de l'Europe, l'Amérique du Nord, très pauvre, comme
on sait, en minerais d'étain, n'en contient pas non plus de tungs-
tène.
* Am. d. M.j 1865.
' Voir plus haut, page i%U
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174 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Au contraire, Y Australie renferme, dans la Grande Cordillère de
Victoria, dans la Nouvelle-Galles du Sud et le Queensland, des
gîtes d'étain très importants, découverts vers 1870, où, comme
dans la plupart des gîtes d'étain, le wolfram intervient comme élé-
ment accessoire.
En Nouvelle-Zélande f on cite les filons de schéelite de Waipori
et du lac Wakatipu.
Dans la presqu'île de Malacca, il semblerait exister des filons
du même genre : M. Ernest Garnot a rapporté, en effet, en 1892,
de la fonderie de Singapour qui traite les minerais d'étain de ce
pays, un fragment de schéelite assez volumineux, semblant avoir
été détaché d'une masse.
Bibliographie.
1852. Carrière. — Sur la découverte de la schéelite dans le gîte de Framont
(Vosges). (B. S. G., 2«, t. X, p. 15.)
1860. Alluaud. — Aperçu géologique et minéralogique sur le département
de la Haute- Vienne, 1860.
1872. Caron. — Des effets produits par Tintroduction du tungstène dans la
fabrication du bronze et de la fonte. (Ann. de chim, et phys,, (3), t, LXVlll,
p. 143, 1863.)
1863. Le Guen. — Amélioration des fontes par l'addition du Wolfram.
(Ann. de chim. et phys,, (3), t. LXIX, p. 280.)
•1863. Mallard. — Sur les gisements stannifères du Limousin, p. 338. (Am.
d. M., 6% t. X, p. 321.)
* 1874. Carnot. — Sur quelques minéraux de bismuth et tungstène de Meymac
(Corrèze). (C. R., t. LXXIX, p. 302, 477, 637.)
1877. SiLUiiAN. — On an association of gold with Schéelite in Idaho. (Ann.
j. ofSc, and arts, 3«, t. XllI, p. 451.)
1880. Philipps et Schwebel. — Sur le bronze de tungstène. (Deut, Chem. gesell.
t. XII, p. 2234, et Bull, de la Soc. chimique, t. XXXIV, p. 453.)
1882. Philipps. — Sur le bronze de tungstène. [Bull, de la Soc. chim.,
t. XXXVIII, p. 253.)
1882. — Wolfram de East Pool (Cornwall). (Mining, Journal, London, 966.)
1883. d'Achiardi, t. II, p. 610.
^886. (Minerai resources of United States, p. 218 et suiv.)
1888. Joly. — Le tungstène.
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MOLYBDENE
Mo; Eq = 48; — P. At. = 96.
Historique. — Le molybdène a été extrait, en 1778, par Scheele
de la molybdénîle ou sulfure de molybdène, MoS*.
Affinités. — Certaines affinités paraissent rattacher ce corps à
Tarsenic ; c'est ainsi que la molybdine, MoO', est isomorphe avec
la valentinite. D'autre part, les gisements du molybdène le rappro-
chent souvent de Tétain et du tungstène.
Usages. — Dans les fabriques de poteries, on obtient, au
moyen du molybdène, des tons bleus très brillants et très solides.
Pour cela, on verse, dans une dissolution de molybdate de soude,
du chlorure d'étain, qui produit un précipité bleu. Cette matière
colorante peut être fixée, quoique avec quelques difficultés, sur la
laine et sur la soie. D'autre part, on emploie aussi, pour teindre
la soie en bleu, une solution d'acide molybdique dans Tacide
sulfurique.
En Suède, le molybdate de soude a été essayé pour le traite-
ment de rhydropisie.
Enfin le molybdate d'ammoniaque est employé en chimie pour
précipiter l'acide phosphorique, en liqueur acide, en présence de
toutes les bases et acides minéraux.
Minerais. — Le principal minerai de molybdène est le sulfure,
MoS', ou molybdénite, corps si analogue au graphite qu'on l'a long-
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176 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
temps confondu avec lui (il s'en distingue immédiatement en ce
qu'il laisse une trace verte sur la porcelaine). Il se rencontre sur-
tout dans les granulites stannifères, syénites zirconiennes, etc.,
le plus habituellement en mouches dans un quartz compact et
laiteux. Les plus beaux cristaux viennent de Norvège. On trouve
également, quoique plus rarement, le molybdène dans la nature
à l'état d'oxyde ou de molybdate de plomb. Le molybdate de
plomb, ou wulfénite, existe en filons au Bleiberg, à Forstenkir-
chen, à Garmisch, etc.; on en exploite dans le haut Mexique.
Gisements. — Les gisements industriels de molybdène sont assez
rares. En Cornwall, on le rencontre assez souvent associé à
rétain et au cuivre, mais toujours en quantités très faibles. On
l'a exploité dans les schistes chloritiques à l'Est de l'Invemenshire
et à Galbocktell, en Gumberland.
En Norvège^ on le trouve, avec des minerais de cuivre, dans
un gneiss amphibolique, auprès d'Arendal. En Suède, on a
récemment commencé des exploitations dans le riche district
métallifère qui s'étend sur la côte de la Baltique. Voici, d'après
Davies, quelques détails sur ces mines peu connues :
Les mines de molybdène de Suède se trouvent dans l'île à'Ekhol-
men (Oak-Island), dans l'archipel de Westerwik, au Sud-Est de
la Suède, et à environ 20 milles au Nord de la ville de Wer-
terwik.
L'Ile est formée de gneiss à amphibole et de schistes micacés
que recoupent 7 filons distincts, ayant de 0,15 à 0,50 de large. En
un point, 4 de ces veines se réunissent et forment un amas de
1",50 de large. Le remplissage est composé de molybdénite, oxyde
de molybdène et pyrite de cuivre, dans une gangue de quartz et
de fesldpath. Les gttes ont 90 mètres de longueur reconnue et
ont déjà été explorés sur 10 mètres de profondeur. La molybdé-
nite très pure se trouve parfois en amas pesant jusqu'à 1 600
grammes ; quand elle est plus disséminée, on arrive à la trier
assez facilement. Dans l'été de 1880, entre le 2 juin et le 2 octobre,
trois hommes ont extrait 600 kilogrammes de molybdénite pure et
environ 4 000 kilogrammes de minerai de seconde qualité à
9 p. 100 de molybdène. Il n'existe ni apatite ni wolfram avec le
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MOLYBDÈNE (77
molybdène. Les minerais exportés en Allemagne y ont été ven-
dus 20 francs le kilogramme.
En Autriche, le molybdène sulfuré se trouve dans les quartz
slannifères de Zinnwald et de Schlangenwald.
En Hongrie^ on l'a rencontré parfois en petites masses conte-
nant une certaine proportion d'argent et même d'or, dans une
argile filonienne.
Nous citerons encore, comme gisements de molybdénite, Mac-
chetto, commune de Quittengo Biella et Traverselle, en Ilalie * ;
Auerbach, Altenberg et Ehrenfriedendorf, en Saxe; Chessy, en
France; Ghutia Nagpur, aux Indes; Elsmore, en Australie^ y où il
en existe de beaux cristaux dans une mine d*étain, etc.
Aux États-Unis^ on Ta signalée à Haddam et Saybrook, en Con-
necticut; à Blue Hall Bay, dans le Maine ; à Shutesburg et Burn-
field en Massachusetts ; près de Franklin-Furnace, à New-Jersey et
près de Warwick (New- York) ; en Westmoreland (N. Hampshire).
Dans le Haut Mexique on exploite, paraît-il, depuis quelque
temps, des mines de molybdate de plomb (wulfénite).
La wulfénite, à Tétat de cristaux isolés, accompagne habituel-
lement les produits d'oxydation superfîcielle des minerais de
plomb et se rencontre dans beaucoup des mines où Ton extrait
ce métal, telles que : Bleiberg, Wîndich-Kappel et Schwarzen-
bach, en Carinthie; Rezbanya, en Hongrie; Przibram, en Bohême ;
Moldava, au Banat; Annaberg, Schneeberg, etc., en 5ax^;Sou-
thampton, en Massachussets.
Avec la wulfénite, on a trouvé, à Leadhills, en Ecosse^ un
vanado-molybdate de plomb, nommé Teozite.
' 1877. Gossa. Sulla Molibdenite nel Biellesse. {trans. R. Ac, Lincei, p. 206.)
1883. D'Achiardi, II, 609.
' 1882. Mioei N. S. Wales. Ed., 2, 98.
GéoLOGiB. — T, n. 12
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URANIUM
U;Eq= 60 — P. at = 120.
Historique. — L'oxyde d'uranium a été découvert, en 1789, par
le chimiste allemand Klaproth, dans une analyse de pechblende.
Mais c*est en 1840 seulement que Péligot parvint à préparer l'ura-
nium métallique au moyen d'un chlorure anhydre chauffé avec
du potassium.
Propriétés chimiques. —Péligot avait proposé de prendre 60 pour
équivalent ou 120 pour poids atomique de Turanium. M. Men-
déléeff» pour le rapprocher du tungstène et du molybdène (U0%
MoO», WO'), aurait préféré 240. Cette opinion n'a généralement
pas été adoptée. D'ailleurs, si l'uranium a quelques analogies de
gisement avec le tungstène et le molybdène, d*autre pai*t, cer-
taines propriétés chimiques sont plutôt comparables à celles
du chrome.
Usages. — Les principaux usages de Turane sont la préparation
de matières colorantes.
L'azotate d'urane AzO* U*0', 6H0 est le sel d'urane qu'on ob-
tient le plus facilement à l'état pur et c'est, par son intermédiaire,
qu'on extrait Turanium de ses minerais. Il est d'une belle couleur
jaune. Divers autres sels de sesquioxyde donnent aussi des jaunes
superbes. Les uranates de soude, de potasse et d'ammoniaque, les
oxydes divers sont très employés pour les verres colorés et
pour la peinture sur porcelaine. Le sesquioxyde donne au verre
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iaO GÉOLOGIE APPLIQUÉE
des nuancer d*or et des teintes verdâtres très fines ; le protoxyde
sert à colorer en noir certaines porcelaines de grand prix.
L*urane pourrait, en outre, avoir quelques applications en pho-
tographie, en raison de certaines propriétés lumineuses de ses
sels constatées par Niepce.
Si l'uranium n'avait pas, jusqu'ici, un prix aussi élevé (60 francs
le kilogramme), il serait encore susceptible d'autres emplois. Sa
grande résistance électrique le ferait utiliser en électricité. On
pourrait enfin en faire, avec le platine et le cuivre, des alliages
ayant l'aspect de Tor et capables de résister aux acides. La
découverte récente (1889) d'une mine d'urane dans le Cornwall a
rappelé l'attention sur ces diverses propriétés.
Gisements d'uranium. — L'uranium est un métal peu répandu
dans la nature. Son principal minerai est la pechblende ^ substance
assez complexe qu'on regarde comme de l'oxyde vert d'urane
mélangé à d'autres corps. La pechblende est généralement fort
impure; à Joachimslhal, par exemple, elle contient seulement
40 centièmes d'oxyde d'uranium et le reste en arsenic, soufre,
molybdène, avec un peu de vanadium, de tungstène, de fer, man-
ganèse, aluminium, cobalt, nickel, cuivre, bismuth, plomb, argent,
magnésium et calcium.
On trouve la pechblende à Ipachimsthal^ à Georgenstadt et à
Przibram en Bohême, à Schneeberg en Saxe, à Resbanya en Hon-
-grie, à Vale en Norvège, avec des minerais de plomb et d'ar-
gent. On en rencontre également à Redruth dans le Cornwall
(400 kilogrammes en 1878) et près d'Andrinople.
Dans ces divers gisements, elle ne forme que des poches et des
amas assez restreints; mais, en 1889, oa en a découvert, en Corn-
wall, à Grampoundroad, une veine régulière qui contient, d'une ma-
nière constante, une proportion d'uranium allant de 12 à 30 p. 100.
A la fin de 1889, on avait déjà extrait là plusieurs tonnes de métal.
. En outre, on connaît Turane à l'état à'uranite ou autunite à
Autun (phosphate double d'uranium et de chaux) et sous un cer-
tain nombre d'autres formes rares. C'est ainsi que la samarskite^
minéral noir rencontré dans la granulite en Sibérie (Miask) et
dans la Caroline du Sud, est un niobate d'uranium. L'Yitrota/ita-
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URANIUM I8(
lile^ rencontrée à Finbo et Brodbo près de Falun en Suède, dans
des granulites, est un tantalate d'ytlria, de chaux, de fer et d'ura-
nium. La polya'ose^ trouvée dans le granité des mines d'Hitteroé,
avec de la gadolinite, est un niobotitanate de fer, d'yttrium, de
cérium et d'uranium.
Ces diverses combinaisons montrent de quels métaux l'ura-
nium est rapproché par ses propriétés.
Extraction. — Le seul point peut-être où l'on fabrique l'ura-
nium industriellement est Joachimsthal.
Les mines d'argent de Joachimsthal sont exploitées depuis le
xvi*" siècle. En 1853, on y installa la fabrication des sels d'urane qui,
bientôt, a pris des proportions assez importantes.
Quelques-uns des filons de Joachimsthal fournissent de la
pechblende qui est amenée à l'usine, soit sous forme de minerais
de triage broyés, soit à l'état de schlichs. Leur teneur moyenne
est d'environ 40 à 55 p. 100 d'oxyde d'urane U'O* ; ils contiennent,
en outre, du vanadium, de l'arsenic, du soufre, du molybdène, du
tungstène, du cobalt, du nickel, du cuivre, du bismuth, du plomh,
de l'argent, du fer, du manganèse, de la chaux, de la magnésie,
de l'alumine et de la silice.
Le prix d'achat des minerais est calculé d'après la formule
suivante :
n = 17,39 h.
h étant la teneur en oxyde d'urane, et n le prix d'un quintal du
minerai sec.
La formule du traitement comprend :
l"" Grillage des minerais avec addition d'azotate et de carbonate
de soude ;
2^ Lessivage des minerais grillés. Le vanadium, le tungstène,
le molybdène sont dissous, tandis que l'uranate de soude, insoluble
dans l'eau pure, reste dans les résidus, avec le cuivre, le cobalt,
le nickel, l'argent, etc.. La dissolution passe au traitement pour
vanadium ;
3^ Attaque des résidus par l'acide sulfurique; on dissout Turane
et le cuivre en laissant la silice, la chaux, le fer, etc. ;
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183 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
4*" Précipitation des métaux étrangers par le carbonate de soude
en excès ;
5"^ Purification de la liqueur en la chauffant au moyen de jets
de vapeur, de manière à chasser Tacide carbonique libre qui tenait
en dissolution du fer et de la chaux ;
6'' Enfin, précipitation de Turanium par la soude ou par Tacide
sulfurique, suivant qu'on veut avoir de l'uranate de soude jaune
clair ou orangé.
On fabrique les sels suivants :
Uranate de soude, jaune clair valant. 57,50 le kilo (en 1880)
— orangé 57,50 —
— orangé vif ... . 63,50 —
Uranate de potasse, — .... ^3,75 —
— d'ammoniaque, jaune clair . 62,50 —
Oxyde d'uranium, noir 80,00 —
La production annuelle s'élevait, en 1880, à environ 4 500 kilo-
grammes, dont la plus grande partie en uranate de soude, servant
pour la fabrication des verres colorés et pour la peinture sur por-
celaine.
Bibliographie.
A5TH0N. — Extraction de Turanium de ses minerais. {Dinglers Polyt.
Journal, t. CLVI, p. 207.)
1865. LiESEGANG. — Procédé de virage à Turane. (Bull, Soc, chim., t. III,
p. 259 ; Moniteur de la photogr., {«f janvier 1865.)
NiLsoN. — Recherches sur Turanothorite d*Arendal (découverte en
1876 par Nordienskiold). (C. R., t. XCV, p. 784.)
Patera. — Sur la préparation du jaune d*urane. {Journal fur prakt,
CAem.,t. CXI, p. 397.)
Peligot. — Sur la préparation de l'uranium. (C. R., t. LVII, p. 73 ;
Ann. de Ch. et Phys,, 4«, t. XVII, p. 369.)
WôHLER. — Extraction de Turanium de la pechblende. (Traité pra-
tique d'analyse chimique,)
Wysocki. — Fabrication des jaunes d'urane à Joachimsthal en Bo-
hème. (Dinglers polyt. Journal, t. CLXXVl, p. 448 ; Bull, de la Soc. chim.y t. VI,
p. 494.)
* 1880. Lallexand. — L'urane et le vanadium à Joachimsthal. {Ann. d.
M,, 7«, t. VII, p. 326.)
1883. d'Adhiardi. — I metalli, etc.. Il, 569.
* 1884. Ditte. — L'uranium et ses composés. (Cet ouvrage contient une
bibliographie chimique.)
1889. Vernier. — Chronique scientifique du Temps (8 oct. 89).
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ANTIMOINE
Sb; Eq = 122; — P. al. = 122.
Historique. — Le sulfure d'antimoine, ou stibine, est connu
en Orient depuis les temps les plus reculés'. Dioscorides Ta men-
tionné sous le nom de stimmi et Pline de stibium en indiquant
l'usage qu'en faisaient les femmes d'Asie pour se noircir les sour-
cils. Dans le Currtis triomphalis antimonii^ à l'époque de la Renais-
sance, on trouve l'indication du vin stibié et de Témétique. Au
xv"" siècle, Basile Valentin cite le verre d'antimoine obtenu par la
fusion de Tantimoine naturel dans des vases de terre, le soufre
doréy le kermès, le beurre d'antimoine. On avait, dès lors, remarqué
que l'antimoine donnait de bons eCets dans la nourriture des ani-
maux à l'engrais. On en abusa tellement en médecine qu'en 1566,
sur une décision de la Faculté de Paris, le Parlement en proscri-
vit l'usage, et cette défense ne fut levée qu'un siècle après, en
16S0.
Usages. — Aujourd'hui l'antimoine est utilisé, soit sous forme
d'alliage, soit comme base de certains produits chimiques et
pharmaceutiques.
Alliages. — L'antimoine, en s'alliant à la plupart des métaux,
leur donne de la dureté. L'alliage des caractères d'imprimerie con-
somme une assez forte proportion de ce métal; en voici quelques
compositions :
1 M. Berthelot a fait cette observation bien curieuse {Rei\ Archéol, 18S7, 3% t. IX),
qu'un vase, trouvé à Teilo en Ghaldée par M. de Sarzec, était en antimoine métal-
lique fondu.
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Sb
Bit
Pb
( 20,00
»
80,00
22,23
50,00
'"® • • • 5,82
\ 33,34
29,58
65,10
»
66,66
( 14,29
>
85,71
( 15,00
15,00
70,00
^84 ' GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Alliage pour caractères d'imprimerie
ARiage pour planches stéréotypes
Allié au plomb, rantimoine le rend susceptible d'être laminé en
feuilles minces, à la condition qu'il ne contienne pas d'arsenic.
Ces deux usages, caractères d'imprimerie et plomb antimonieux,
sont, avec la fabrication des enveloppes de cartouches dont nous
parlerons plus loin, les principaux.
Le métal anglais est un alliage d'antimoine et de zinc ; Tanii-
moine entre également dans la composition du Pewster anglais,
qui sert à faire des brocs et des vases à boire (87 d'étain, 8 d'an-
timoine, 4 de cuivre, 1 de bismuth) ; dflins celle du métal de la
Reinây du métal cT Alger ; de Valliage de Réaumur (70 d'antimoine
et 30 de fer), de Valliage de Sérullas obtenu en fondant 6 parties
d'émétique (tartrate double de potasse et d'antimoine) avec une
partie d'azotate de potasse et utilisé pour la préparation des radi-
caux organo-métalliques de l'antimoine ; dans la fabrication d'un
bronze d'antimoine qui a donné, en Angleterre, de bons résultats
pour les coussinets de wagons, etc.
Une application plus importante, qui a été cause d'une augmen-
tation de prix notable pour l'antimoine, depuis quelques années,
est celle qui a été faite dans certaines parties des nouvelles car-
touches usitées dans l'armée.
Pharmacie. — En médecine , on emploie le kermès (oxysul-
fure d'antimoine), le sulfo-antimoniate, l'émétique, le chlorure
(Sb C^) ou beurre d'antimoine, la poudre d'algaroth (SbO*Cl), l'an-
timoniate de quinine. On désigne, d'une façon générale, tous ces
remèdes sous le nom d'ahtimoniàux.
Industries chimiques. — Le beurre d'antimoine (Sb* 0') sert à
bronzer le cuivre et les armes pour les préserver de l'oxydation ;
il se produit, en effet, par l'action du fer ou du cuivre sur le chlo-
rure, un dépôt superficiel d'antimoine peu altérable.
L'oxysulfure d'antimoine (SbS*0) entre, sous le nom de ver-
millon d'antimoine, dans la fabrication des toiles et des papiers ;
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MINERAIS D ANTIMOINE i85
c est une couleur qui couvre bien, se mêle parfaitement à la céruse
et a Tavantage d*ètre inaltérable à Tair, à la lumière, aux éma-
nations sulfureuses, etc.
L*antimoine lui-même, en poudre très fine, comme celui qu'on
obtient par précipitation d*un de ses sels par le zinc ou le fer, est
connu dans l'industrie sous le nom de noir de fer ; il sert à
bronzer les métaux et à donner aux statuettes de plâtre un aspect
métallique (Konig). On emploie également des dépôts galvaniques
d'antimoine.
Le jaune de Naples est un antimoniate basique de plomb préparé
en fondant 1 partie d'antimoine avec 1 partie de plomb, 3 de sal-
pêtre, 6 de sel marin, pulvérisant le produit et lavant à l'eau
chaude. Le jaune minéral de Mérimée et le jaune Pinard sont des
produits de composition analogue.
■inerais. — Le principal minerai d'antimoine est le sulfure ou
stibine (Sb* S'). Généralement ce sulfure est disséminé en aiguilles
très unes dans une gangue de quartz et difficile à séparer par
broyage. Exceptionnellement, on a exploité, dans la province de
Gonstantine, à Hammimat, un peu de sénarmontite et de valenti-
nite (Sb» 0»)*.
En outre, Tantimoine entre dans la composition d'un grand
nombre déminerais : sulfoantimoniures complexes de cuivre, zinc,
aident, fer, mercure, etc., tels que les divers cuivres gris (Pana-
base, Freibergite, Schwatzite) ; sulfoantimoniures d'argent et de
cuivre, tels que la Polybasite (Ag' Sb S*) ou d'argent seul comme la
Psaturose (Ag^^SbS^), l'Argent Rouge (Ag* SbS'), etc. ; sulfoantimo-
niures de cuivre et de plomb, comme la Bournonite (Gu Pb SbS'),
ou de plomb seul comme la Uoulangérite (Pb'Sb* S^), etc. Il y a
lieu d'insister particulièrement sur l'affinité qui existe souvent
entre l'antimoine et le mercure ou l'or; nous y reviendrons à
l'occasion de ces deux métaux.
En raison de ces associations, on obtient une certaine propor-
* Depuis 188S, la proportion des minerais oiydés vendus a beaucoup augmenté. En
1889, on a expédié de Srayrae un tonnage notable de minerais oxydés, pulvérulents,
titrant de 35 à 38 p. 100. On a signalé également, en Asie Mineure, en face Mètelin,
UQ antimoniure de cuivre à 73 p. 100 de cuivre et 27 p. 100 d'antimoine qui serait,
paralt-il, assez abondant.
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186
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tion d'antimoine comme produit secondaire de la métallurgie de
ces divers métaux ; ainsi l*usine d'arsenic de Freiberg donne un
peu de p]omb antimonieux; mais la plus grande partie va se
perdre avec les produits volatils que donne le grillage et, dans
bien des cas, la présence de l'antimoine dans les minerais n'est,
en fait, considérée que comme une gène, particulièrement dans
les minerais d'or et d'argent.
PRODUCTION D'ANTIMOINE
HON-
(JDC
ERE-
ÉTATS-
AUSTRA-
FRANCE
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AUTRICHE
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1881
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1 163
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797
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»
»
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1 550
161
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»
•
•
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»
»
•
•
•
54
•
1884
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•
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»
»
•
22
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»
1889
316
1 560
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570
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»
•
»
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•
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France
Japon
Portugal. . . .
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Espagne. . . .
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Canada ....
Prusse
Grande-Bretagne
Etats-Unis. . .
Australie . . .
MINERA! EN 1889
Tonnes Francs
2 230
»
2 060
500
440
380
S 340
240?
310
?
68
239
176
184
291
132
50
414
285
296
61
9
334
?
240
MÉTAL EN 1889
Tonne» Francs
316 1 560
500
Minerais exportés
en grande partie
en Angleterre,
?
9
?
847
781
?
?
221
236
»
161
34
103
19
570
1490
1332
1675
MINERAI EN 1886
Tonnes Francs
300
800
180
150
680
390
2 300
600
370
157
384
295
45
193
220
174
272
314
MÉTAL EN 1886
Tonnes Francs
171
240
2o5
120
>
31
203
775
î
870
747
»
600
»
1000
674
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STATISTIQUE DE L'aNTIMOINE 187
Les deux tableaux ci-dessus donnent, le premier d après la
statistique internationale française', la production d'antimoine
métallique dans les divers pays; le second, le classement des
pays d'après l'importance de leur production.
Ces tableaux mettent bien en évidence la hausse considérable
qui s*est produite, en France, sur Tantimoine, de 1886 à 1889, par
suite de son application au matériel de guerre et l'augmentation
notable qui en est résultée, sinon dans la consommation d'antimoine
en France, au moins dans la production des mines françaises.
En 1885 et 1886, l'antimoine sulfuré n'avait été exploité en
France que dans la Haute-Loire et dans la Corse. La production
avait été, en 1886, de 171 tonnes, y compris une certaine quantité
de métal venant de minerais de Sardaigne, fondus en même temps
que ceux de la Corse à Alais; en même temps, on avait importé
533 tonnes d'antimoine en 1885, 537 en 1886 : ce qui portait, à
ce moment, la consommation annuelle d'antimoine en France à
environ 710 tonnes. En 1888, la production de minerais n'était encore
que de 789 tonnes; en 1889, elle a atteint 2229 tonnes, et l'on voit
figurer, en outre, à l'exportation, 1 923 tonnes de minerai contre
une importation de 70 ; cette année-là, on a obtenu, dans les usines
de la Haute-Loire, d'Alais et du Cantal, 316 tonnes d*antimoine
contre 240 en 1888; mais Timportation d'antimoine métallique
n'a été que de 248 tonnes contre 33 à l'exportation ; en sorte que
la consommation ressort à peine à 550.
Les départements producteurs sont :
La Corse (Méria^ près du cap
Corse'), donnant 12791. de minerai trié. . . . à 236 francs
LaHaute-Loire avec 6 mines, j 2101. — lavé et trié, à 277 —
donnant ( 576 t. — trié. ... à 77
Le Cantal avec 1 mine, don-
nant 121 1. — brut. ... à 28 —
La Lozère avec une mine,
donnant. 45 t. — brut. ... à 20 —
Autrefois, en France, on ne traitait que les minerais à plus
de 25 p. 100 ; aujourd'hui, on descend beaucoup au-dessous.
« Complétée pour les États-Unis, d'après les Minerai Resources de 1890.
* Coll. École des Mines, 1956. Voir Hollande : Gttes métall. de Corse. (B. S. G.,
3% IV, 30; 1876.)
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i88 GÉOLOGIE A1»PLIQUÉE
Les fonderies françaises sont au nombre de trois : une à Alais
et deux à Brioude. Elles traitent même des minerais pauvres à
7 et 8 p. 100. Une grande partie des minerais français est expor-
tée en Angleterre.
Parmi les pays étrangers, le Japon, qui avait une production
considérable, estimée, d'après la statistique française de 1889,
à 500 tonnes de métal pour Tannée 188S, et, d'après une revue
anglaise, à 200 tonnes de minerais à 73 p. 100 pour 1887, a réduit
son extraction depuis ce moment.
Le Portugal, avec les mines de Tapada, de Lixa et de Gondo-
mar près d'Oporto, produit des minerais riches à près de 70 p. 100 ;
avec celle de Corcega, des minerais de 20 à SO p. 100 ^
En Italie, nous étudierons le gîte de Pereta (Toscane). On peut
■citer encore Cettine di Cotorniano et Tocchi (province de Sienne) :
San-Basilio, Ballao, Yillasalto dans le district des Lanusei en
Sardaigne.
En Allemagne, nous mentionnerons celui de Arsnbergen West-
phalie ; ceux de Hoffnung, près de Brûck sur TAhr, cercle d'Adenau ;
•de Goldronach dans le Fichtelgebirge ; en Hongrie, celui de Ma-
gurka, dans la chaîne granitique de Gumbir et celui de Kremnitz.
En Espagne, on a, paraît-il, découvert récemment des mines
importantes dans la province de Badajoz, à Zalamea de la
Serena et dans TEstramadure.
En Angleterre, on consomme environ 6000 à 8000 tonnes de
minerai à 50 p. 100 ; les prix des produits ^ntimonieux étaient,
.à Londres, en 1889* :
Régule d'antimoine l 950 à 2 000 fr. la tonne.
Régule du Japon . . 2 000 —
Oxyde du Japon, à 50 p. 100 ... . . 515 —
Sulfure de Portugal, à 60 p. 100 .... . 750 —
Minerai portugais de Gorcega, à 30 p. 100. 700 —
La production de TAngleterre est nulle; mais on connaît des
gîtes à Wheal Boys (Devonshire), à Salstath (Cornwall), à Glen-
dinning, paroisse de Westkirk (Dumfrieshire).
' Les minerais portugais sont fréquemment aurifères.
• Revisla miniera, 1889.
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STATISTIQUE DE L ANTIMOINE i^9
Enfin, en dehors des pays producteurs mentionnés plus haut, il
y a lieu de citer Bornéo, FAustralie, les États-Unis, le Canada et
TAsie Mineure aux environs de Smyrne.
jBorn^o (district de Sarawak supérieur) était, il y a quelques
années, une source importante d'antimoine. En 1881, on en a
exporté pour une valeur de 1 800 000 francs ; cette production a
beaucoup décru.
En Australie, les minerais d'antimoine sont fréquemment auri-
fères. L'exploitation en est irrégulière. La province de Victoria,
qui fournissait 2 627 tonnes en 1878, n'en produisait que 35
en 1883 ; de 1831 à 1876, la valeur de sa production, tant en
minerai qu'en métal, a dépassé 3 millions, de francs. En 1883,
la Nouvelle-Galles du Sud a produit 357 tonnes de minerai et le
Queensland 508, valant environ 270 000 francs.
Aux États-Unis, la production a été, en 1890, de 116 tonnes
valant 212 000 francs. Les gisements connus sont surtout à l'Ouest
du Mississipi : dans TArkansas (comté de Sevier) et dans le
Nevada (comté de Humboldt, minerai bismuthifère) ; puis, en
Californie (comté de Kern), dans TUtah (comté de Iron), etc.
En 1890, le Nevada a produit 800 tonnes de minerai dont 200
fondues à San-Francisco.
Le Canada exporte son minerai (5 à 600 tonnes) en Angleterre.
Les mines sont celles de Westgore, comté de Hauts, Nouvelle-
Ecosse ; de Prince-William, comté d'York, Nouveau-Brunswick.
Commerce de Tantimoine. — Le marché de Tantimoine métal-
lique, ou régule d'antimoine, est à Londres. Le cours du métal
y est coté, en livres sterling, par tonne de 1 015 kilogrammes.
C est en Angleterre également que les minerais ont le plus large
débouché. Les ventes se font à l'état de sulfure naturel plutôt
qu'à l'état de sulfure liquaté (ou antimoine cru). Les minerais
à 50 p. 100 d'antimoine sont considérés comme de première
qualité ; ceux au-dessous de 30 p. 100 trouvent difficilement
preneur. Les minerais oxydés, moins riches, plus coûteux et plus
difOciles à réduire, sont payés* moins cher à teneur égale. En fait
d'impuretés, l'arsenic et le plomb sont considérés comme très
nuisibles ; la pyrite de fer l'est moins.
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190 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Dans les minerais pauvres, le 1/100 de métal se paye, en
moyenne, 3,50 à 4 francs; un minerai à 10 p. 100 vaudrait ainsi
35 ou 40 francs. Le prix de Tunité augmente rapidement avec la
richesse pour atteindre 8 ou 10 francs dans les minerais de pre-
mière qualité. On arrive ainsi à des produits qui valent de 5 à
700 francs la tonne et qui n^ont subi d'autres frais que ceux de
l'extraction et d'un triage assez sommaire. En 1890, le régule a
valu environ 1 800 francs la tonne, le sulfure 1 000 francs, le
minerai à 50 p. 100, 600 francs.
D'après M. BurtheS les conditions de vente peuvent être déflnies
par la formule • /^ = fôô (* — "ô") (^ — /)* ^^P représente le prix
de la tonne de minerai ; t la teneur en centièmes constatée par
voie sèche ; — le déchet de fabrication ; c le cours du régule en
francs par tonne ; / les frais de fusion et le bénéfice du fondeur
par tonne. En Anghtfif re , / est d'environ 450 francs ; — varie
entre 9 pour une teneur de 60 p^ 100 et 50 pour une teneur de 20.
On admet en Auvergne que Texploîlation des petits filons n'est
plus rémunératrice, quand le sulfure IlqMtté descend au-dessous
de 400 francs la tonne (soit 800 francs pour le métal).
GISEMENTS D'ANTIMOINE
Les gisements de stibine se présentent généralement sous la
forme de filons quartzeux avec mouches irrégulièrement dissémi-
nées de minerai ; parfois ces mouches arrivent à constituer des
lentilles assez longues ; mais les veines de stibine réellement
continues sont rares. Au contact, on remarque souvent l'exis-
tence d'une roche analogue à celle qui accompagne les filons
d'étain, roche à mica blanc et à minéraux verdâtres. Le cas se
présente, par exemple, pour le filon de Magurka en Hongrie
encaissé dans le granité et, dans cette mine, on peut présumer,
d'après les descriptions, que l'aspect spécial de la roche aux
« Ann. d. J/., 9«, t. II, p. 172, 1892. Aiticle très complet sur le commerce de Tanti-
moine.
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GISEMENTS D ANTIMOINE 191
épontes, la transformation du mica noir en mica blanc et celle
du feldspath en un corps cireux verdàtre, sont dus, comme dans
le cas des gîtes d^étain, au métamorphisme exercé par les eaux
acides qui ont apporté Tantimoine. A Bresnay, à TEst de TAIlier
et à Montignat, à TOuest de Montlugon, nous avons constaté un
phénomène du même genre. Là il semblerait même y avoir, non
pas seulemejit une action métamorphique, mais une association
d'origine entre la stibine et la roche à mica blanc, comme si Tanti-
moine avait été directement emprunté par les eaux à ses fume-
rolles, ainsi qu'on est conduit à le supposer pour Tétain.
On peut en dire autant pour les exemples cHés par Grûner,
dans le Plateau Central, de filons de granulite à axe formé de
quartz et de stibine.
D'autre part, quelques filons de stibine dans le Plateau Central
(à Villerange, Creuse, etc.) recoupent la grauwacke du culm, ce
qui porterait à leur assigner un âge plus récent que celui généra-
lement attribué à la granulite et à les rapprocher des microgra-
nulites avec lesquelles d'autres gîtes antimonieux de la même
région semblent en relation.
Pour expliquer la formation de la stibine en filons, il y a lieu
de rappeler sa synthèse opérée par Sénarmont (1851), en chauf-
fant en vase clos, à 300'', un mélange d'antimoine et de soufre en
présence d'eau pure, ou, à 230*, en présence du bicarbonate de
soude.
D'autre part, nous dirons que certains gisements d'antimoine,
comme celui d'Arnsberg en Westphalie, semblent se présenter
sous une forme sédimentaire. Dans ce cas, nous citerons la remarque
faite par M. Daubrée de la présence de Fantimoine et de Tarsenic
dans les combustibles minéraux, dans la mer, aussi bien que dans
certaines roches éruptives comme le basalte du Kaiserthal et dans
les émanations des solfatares de Pouzzoles et de la Guadeloupe'.
Enfin il ne faut pas oublier le rôle joué par Fantimoine dans
bien des filons métallifères complexes d'or, d'argent, de cuivre, etc.
Au point de vue de Vâge^ on doit admettre qu'il y a eu plusieurs
venues distinctes d^antimoine ; nous étudierons successivement :
' Eaux souterraines, t. II, p. 133, et Ann, d. M., 4« série, t. XIX, 1850 et 1851,
p. «7.
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192 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
D*abord rantimoine de Magurka, en Hongrie, encaissé dans le
granité ; puis les gisements du Plateau Central français, générale-
ment compris, de même, dans le granité ou dans le gneiss, mais
dont certains, encaissés dans la grauwacke du culm, sembleraient
prouver que la venue antimonieuse a été, au moins, carbonifère.
Le gisement de Casa Branca en Portugal, celui de Sala en
Suède, sont également compris dans le terrain primitif ; ceux du
Fichtelgebirge et de la Forêt Noire, sont dans le silurien ; ceux
de la province de Barcelone (Espagne), et de la Nouvelle-Galles
du Sud recoupent le dévonien.
Après quoi, nous mentionnerons les gîtes de Bornéo, de Victoria,
des Etats-Unis et d'Angleterre dont nous ignorons Fâge et ceux
d'Algérie, de Felsobanya (Hongrie), de Pereta Toscane), etc.,
qui semblent tertiaires.
Comme gîtes d'allure sédimentaire, nous étudierons celui de
Arnsbei^ (Westphalie), dans la grauwacke du culm, à rappro-
cher des filons recoupant cette même grauwacke dans le Plateau
Central ; Tépanchement de Charmes (Ardèche) dans la dolomie
triasique; les gîtes de Djebel Hamimat dans le néocomien de
la province de Constantine considérés par Coquand (d'une façon
très hypothétique, à notre avis) comme contemporains des
couches encaissantes, etc..
Ce dernier gisement nous fournira un exemple, de mines d'anti-
moine oxydé comme il en existe au Japon et en Asie Mineure et
comme on a commencé à en exploiter récemment dans le Plateau
Central français.
ANTIMOINE DE MAGURKA (hongrie) *
Magurka, en Hongrie, se trouve sur le versant Nord de la
chaîne granitique de 1 200 à 1 800 mètres de hauteur, qui sépare
le comital de Sohl de la Leptau, en même temps que les bassins
« 1861. Cotta. B, u. H, Z,, p. 123.
1868. Meier. Jahrb, d, KK.geol. Reichst., p. 257.
1884. Groddeck,p. 241 et 70.
Cf. Coll. Ecole des Mines, 1314 et 1951.
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ANTIMOINE DU PLATEAU CENTRAL 193
hydrographiques de la Gran et de la Waag. Le granité y contient
plusieurs filons de stibine, quartz et or natif, dont Tun est exploité.
La puissance de ce filon varie de quelques centimètres jusqu'à
4 mètres ; son inclinaison, également très variable, descend par-
fois jusqu'à 25 ou 35 degrés. Plusieurs failles transversales y pro-
duisent des rejets importants. Au voisinage du filon, le granité a
pris un aspect spécial que l'on retrouve souvent près des gîtes d'an-
timoine. Le feldspath est transformé en un minéral jaune verdàtre,
d'aspect cireux et le mica noir est devenu blanc.
Le remplissage consiste principalement en quartz et stibine ;
le quai*tz contient de fines imprégnations, des fils et des grains
d'or argentifère. Comme éléments accessoires, on trouve de la
galène, de la blende, de la pyrite, de la chalcopyrite, du brauns-
path et de la calcite. Aux points les plus riches, la stibine a
2 mètres de puissance ; mais elle diminue ensuite très rapidement.
En plan, on peut remarquer que, dans le filon primitif composé
de quartz avec axe de stibine, il s'est fait, le long, d'une éponte,
une réouverture ayant amené du braunspath.
Nous rapprocherons de la mine de Magurka, également en
Hongrie, celles de Bisztra et Botza près Bries dans le granité;
d'Aranyidka, près Kaschau, dans les schistes.
En dehors de ces filons, ceux de Felsobanya en Hongrie, de
Chemnitz et Kremnitz en Autriche, produisent de l'antimoine, mais
semblent d'âge tertiaire et seront étudiés plus loin'. Nous avons
vu que l'Autriche-Hongrie et Allemagne étaient deux centres
importants d'extraction de ce métal.
ANTIMOINE DU PLATEAU CENTRAL»
Le Plateau central comprend un grand nombre de filons de
stibine, dont la plupart ont été, à diverses reprises, exploités. En
raison de l'intérêt particulier qui s'attache actuellement à ce
métal en France, nous donnerons, sur eux, quelques détails •.
1 Voir page 202.
* CoU. Ecole de$ Minet, 1718 et 1597.
' Cette description a été faite diaprés des renseignements inédits communiqués par
GiOLOGS.— T. u. 13
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i94 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Si nous partons du Nord, nous trouvons, d'abord, en Bour-
bonnais, la mine de Nades, au Sud du massif de granulite des
ColettesS dans les micaschistes qui forment un manteau autour
de ce massif. Elle est située dans la commune de Nades *, à environ
1 kilomètre à TOuest du bourg de ce nom.
La découverte du gisement remonte à 1825, sa concession est
du 23 avril 1829; il a été exploité, à ce moment, jusqu'en 1837,
abandonné longtemps, repris il y a une quinzaine d'années et, de
nouveau, abandonné.
La stibine s'y trouve dans deux filons dirigés à 150 degrés* : le
premier de 1",20 d'épaisseur et le second, dit filon de la Tranchée,
un peu moins épais. La gangue est quartzeuse.
Plus à TEst de l'Allier, à Bremay, canton de Souvigny *, on a
fait des recherches en 1763. Le gisement formait deux filons dans
le granité, à une certaine distance l'un de l'autre, le premier à
Montmalard, dirigé à 160 degrés et oublié depuis 1776; le second
aux Berger ats, dirigé à 140 degrés, concédé en 1783 et également
abandonné bientôt après. Le minerai, accompagné par une sorte
de granulite à mica blanc analogue à celle que nous avons signa-
lée à Magurka en Hongrie, était formé de quartz et stibine avec
passablement d'oxyde à la surface.
Enfin, à l'Ouest du département de l'Allier, au Sud de Mont-
luçon, dans la commune de la Petite-Marche, à Montignaty on a
exploité, vers la fin du siècle dernier, un filon d'antimoine sulfuré,
abandonné en 1783. En 1817, Yauquelin analysa un minerai d'anti-
moine dont il n'indique pas la provenance exacte, mais qui parait
avoir été extrait du même filon et qu'il signala comme très pré-
cieux, par suite de l'absence de soufre et de fer. Depuis, cette mine
a été, à diverses reprises, réexplorée. Une dernière tentative y a été
faite, en 1888, sur un filon situé près de la limite du granité et
du gneiss, dans le gneiss, et où le minerai semblait aussi accompa-
M. de Béchevel pour la Haute-Loire, le Gaulai, etc., ou recueillis par nous-même
pour le Bourbonnais» la Creuse, etc.
« Voir tome I, page 618.
* Voir Boulanger. Description de TAllier, p. 355.
* Nous rappelons que les directions sont comptées du Nord yers l'Est de 0 à 180**.
* Boulanger, p. 359.
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ANTIMOINE DU PLATEAU CENTRAL 195
gné par une roche granulilique du côté du mur. Le filon de Mon-
tignat est dirigé à 30 degrés avec pendage vers l'Est à 45
degrés.
Si nous poursuivons versTOuest, nous trouvons, dans la Creuse,
à Villerang€j des filons d'antimoine intéressants parce qu'ils recou-
pent la grauwacke du culm et sont, par conséquent, d'âge assez
bien déterminé.
A Yillerange, une exploitation, depuis longtemps abandonnée,
avait été placée sur un filon de quartz et stibine, dirigé Est-08est,
inclinant vers le Nord et traversant le terrain anthracifère. Les
échantillons, provenant de ce point, montrent les veines d'anti-
moine, tantôt recoupant le quartz et tantôt recoupées par lui.
Une concession régulière a été instituée le 24 mars 1824.
Ailleurs, Gruner * a signalé la présence fréquente d'antimoine
sulfuré dans des veines de quartz qu'il considère comme en relation
directe avec la granulite.
Ainsi, au Sud de Saint-Yrieix (Haute-Vienne), sur la route de
Juilliac, entre Olandon et le pont de la Rouchouse, les schistes
micacés ou amphibob'ques sont recoupés par de nombreux filons
de granulite à 45 degrés, de 0™,50 à i mètre, dans l'axe desquels on
trouve souvent, d'après lui, une veine de quartz chargée d'anti-
moine sulfuré. L'une a été exploitée à Coussac-Bonneval. Dans
une autre, à l'Est de la forêt de Biaz (commune de Glandon), on
voit nettement, toujours suivant le même auteur, au centre d'un
6Ion de granulite de 1 mètre, deux zones d'un quartz gris laiteux
de 0",08 à 0™,10, légèrement imprégnées de stibine et, entre les
deux, une tranche mince d'antimoine sulfuré de 0*,01 à0",02.
A Chanac^y à 10 kilomètres au Sud de Tulle (Corrèze), M. Carnot
a décrit, en 1878, des veines de stibine, de 0",40 à 0*,70, encais-
sées dans des schistes argileux noirâtres.
Enfin, à Valfleury (Loire), on a exploité, vers le milieu du siècle
dernier, des veines de quartz antimonieux dans le gneiss, que
Gruner rattache, de même, à la granulite.
Des gisements plus importants dans le Plateau central sont
* Classification des filons du Plateau Central, p. 10.
« CoU. ÉcoU de$ Mines, 1957.
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196 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ceux que Ton exploite kFreyceneij la Licoulne^ etc., dans le Puy-
de-Dôme, le Cantal et la Haute-Loire.
Les concessions d'antimoine sont assez nombreuses dans ces
trois départements ; mais aucune n'a donné lieu, jusqu'ici, à des
observations géologiques bien précises. La plupart étaient inexploi-
tées, en 1887, quand la hausse du métal les a fait reprendre ; quel-
ques-unes paraissent renfermer des gisements d'une grande
richesse, notamment la concession de Freycenet, dans la Haute-
Loire. Les exploitations portent surtout sur l'arrondissement de
Brioude (concessions de Freycenet, La Fage, Marmeissat, Cha-
zelles) et sur le canton de Massiac (Cantal) (concessions de Luzes
et d'Ouche). La Licoulne (Haute-Loire) donne lieu à une exploi-
tation restreinte. On fait, en outre, des recherches sur un grand
nombre de points.
Ces gisements sont tous encaissés dans le terrain primitif, gneiss,
micaschistes ou granité. Us se présentent sous forme de filons
quartzeux verticaux contenant des lentilles de minerai (stibine),
séparées par des intervalles stériles. On trouve, par exemple, une
veine de sulfure compacte, de 20 à 30 centimètres d'épaisseur,
continue sur une dizaine de mètres, puis 10 à 15 mètres de ter-
rain à peu près stérile. L'épaisseur moyenne du remplissage utile
dans les exploitation fructueuses est de 15 à 30 centimètres.
Quelquefois aussi le sulfure est intimement mélangé avec la
gangue quartzeuse.
Presque toujours, le sulfure d'antimoine est accompagné de
sulfure de fer Fe* S', dont la proportion est fort importante à
déterminer par l'analyse ; en effet, ce sulfure donne au minerai un
aspect entièrement métallique, qui peut faire croire à une forte
teneur en antimoine.
Aux affleurements, ces filons contiennent souvent, sur quelques
mètres, de l'oxyde d'antimoine en masses cristallines ou amorphes
de couleurs variées. Ces oxydes, autrefois négligés, ont été recher-
chés avec activité, depuis 1889, et expédiés soit à Brioude où se
trouvent deux usines métallurgiques, soit en Angleterre, ou en
Allemagne par Bordeaux.
Nous décirons seulement trois de ces gisements : Freycenet,
la Licoulne et Malbosc.
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ANTIMOINE DE LA LICOULNB (hAUTE-LOIRe) 197
A Freycenet^ le filon quartzeux contient de superbes lentilles de
minerai, ayant jusqu^à 30 et 40 centimètres d'épaisseur et présen-
tant une étendue horizontale d'une quinzaine de mètres. Ces len-
tilles donnent du minerai presque pur à 8 ou 10 p. 100 de quartz.
Dans les intervalles, on trouve encore du quartz imprégné d'anti-
moine pouvant atteindre un rendement de 25 p. 100 de métal.
Les mines d^antimoine de la Licouln£ (Haute-Loire) ^ ont été
l'objet, en 1876, d'un rapport de M. Fuchs que nous résumerons.
Ces mines ont été concédées en 1807 ; elles sont situées dans
la Haute-Loire, près du village de Mercœur et à petite distance du
département du Cantal.
Les filons sont compris dans un grand plateau gneissique dont
Taltitude moyenne est de 980 mètres et dans lequel des vallées
abruptes tracent des sillons profonds de près de 200 mètres. Les
gneiss de cette région présentent tous les faciès, depuis celui d'un
granité à peine orienté, jusqu'aux micaschistes de la vallée de
Coudros. Ils sont coupés par de nombreuses veines de sulfure
d'antimoine qui peuvent être classées, au point de vue de leur
direction, en deux systèmes, de teneur en argent différente, Tun
N. 26^ E., l'autre N. 54^ E.
Au point de vue topographique, ils forment 4 groupes: 1* Mer-
cœur, 2° Montel, 3** Valadon, 4° la Licoulne.
A. Groupe de Mercœur. — Le plus important des filons de ce
groupe est celui de laBissade, dont les affleurements sont visibles,
sur plus de 2 500 mètres, à l'Est de Mercœur. Ce filon, assez
sinueux, a, en moyenne, une direction N. 26". Son remplissage
est formé de stibine massive avec peu de quartz. Les épaisseurs
ont atteint, parait-il, 0,30 à 0,60 pour la partie métallique,
quelquefois sur une cinquantaine de mètres.
En certains points, le filon se bifurque en plusieurs veines. En
général, il forme de grandes lentilles qui se terminent en veines et
se remplacent l'une l'autre. Le minerai est nettement séparé de la
roche encaissante. Il n'y a pas d'épontes, mais les gneiss ont été
altérés, sur une certaine épaisseur, au contact du filon, et il s'est
< Coll. École des Minée, 1718.
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198 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
formé une salbande agileuse, où de la stibine est fréquemment
disséminée. La stibine contient une petite proportion de plomb et
de faibles traces d'argent, mais parait tenir peu d'arsenic. Une
prise d'essai a donné en 1876 :
Antimoine. Arsenic. QuaHx. Argent.
69,50 0,18 30 Iraces.
B. Le groupe de Montel a fort peu d'importance et n'a pas été
exploré.
C. Groupe du Valadou. — Le filon du Valadon est, en moyenne,
N. 54"* E. ; on Fa recoupé par un certain nombre de galeries en
direction, échelonnées sur 110 mètres de haut.
La roche encaissante se compose de schistes anciens très résis-
tants et inaltérés au contact. Le minerai forme une série de
colonnes, dont l'épaisseur peut atteindre 30 centimètres, mais qui
sont séparées par des parties absolument stériles. Il semble plus
argentifère que celui de Mercœur.
Ce filon de Valadou est recoupé par un croiseur quartzeux à
mouches d'antimoine, dirigé N. 30** E.
D. Groupe de la Licoulne. — Les filons sont assez nombreux
et se recoupent irrégulièrement. Les deux plus importants ont
été explorés sur près de 300 mètres de hauteur. Leur minéra-
lisation est moins forte qu'à la Bissade.
Le prix de revient d'une tonne de sulfure d'antimoine a été
estimé, comme suit, par M. Fuchs, pour une épaisseur de 2S cen-
timètres et pour une production de 1 000 tonnes.
Exploitation 30 francs.
Transport à Tusine 6 —
Transport à la gare de Brioudc 10 —
Frais généraux 20 —
Amortissement des installations 10 —
"tô" —
Si l'épaisseur n'était que de 12 centimètres, les frais d'exploita-
tion passeraient à 45 francs et les dépenses à 91 francs ; à 121 francs
si on n'extrayait que .500 tonnes.
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ANTIMOINE DE PORTUGAL i99
Malbosc (Ardëche)<. — Le gîte de Malbosc, dans l'Ardëche, a
été autrefois l'objet d'une étude d'Elîe de Beaumont.
11 se compose de filons quartzeux NO.-SE., recoupant des mi-
caschistes qui reposent eux-mêmes, à une petite distance de la
mine, sur le granité de la Lozère.
Ces filons contiennent une faible proportion de calcite et de
barytine. La stibine y est disséminée, soit en mouches rayonnées,
soit en veines très irrégulières ayant, au plus, 0,20 à 0,10 d'épais-
seur. L'allure de ces veines est très variable : tantôt elles se
portent au toit, tantôt au mur du filon quartzeux ; parfois elles
se divisent où se perdent complètement. Cette irrégularité a fait,
depuis longtemps, abandonner l'exploitation.
Bibliographie de Vantimoine dans le Plateau Central.
1817. Vacquelin. — Sur un minerai d'antimoine près de Montluçon (Allier).
(knn. de phys. et chimie, t. VU, p. 32.)
1821. P. F. Jabin. — L*extration et le traitement des minerais de Malbosc.
(Afin. d. M., 2«, 1. 1, p. 3.)
1829. Description de Malbosc. (Karsten. Arch., XVllI, p. 158.)
1830. DELAMorrB. — Mémoire sur Malbosc. (Manuscrit à Técole des Mines.)
1841. El. DE Beaumont. — Explic. de la carte géologique, p. 173.
1844. Boulanger. — Description de FAllier, p. 355.
1855. Grîjxer. — Classification des filons du plateau central et description
des anciennes mines de plomb du Forez. (Soc. d'agriculture de Lyon, 23 nov.
1835.)
1860. DuFRéNOY. — Minéralogie, 2, 384.
1861. CoTTA, p. 417.
1870. BuRAT. — Géologie appliquée.
1878. Carnot. - Gîte de Chanac (Corrèze). (Ann. d. M., 7«, t. XIII, p. 394.)
1883-4892. L. de Launay. — Notes de voyages inédites.
1891 . DE BÉCHEVBL. — Rapports de service.
ANTIMOINE DE PORTUGAL, ALLEMAGNE
AUSTRALIE, etc.
Portugal. — Gtle de Prata {Casa Branca), — Le Portugal est un
assez fort producteur d'antimoine. Nous avons déjà cité les gîtes
* Voir : Elie de Beaumont. Explic. de la carte géologique, 1841, p. 173^ et Cotta, p. 41 1 .
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200 GÉOLOGIE APPLIQUÉB
de Tapada et de Gondomar comme produisant des sulfures riches
à près de 70 p. 100, ceux de Gorrega donnant des minerais de 25
à 50 p. 100. Nous ajouterons quelques détails sur le gîte de Prata
(Gasa Branca), situé, dans TAlemlejo, à 1 200 mètres àTOuest de
la station de Gasa Branca (Santhiago).
Ge gUe est décrit' comme suivant le contour d'un massif de
granulite et d'un granité que cette granulite recoupe et formant
grossièrement une sorte de cône tronqué à sommet émoussé avec
des ramifications latérales du côté Ouest. Le remplissage est formé
de quartz et de stibine, et la puissance réduite varie entre 0,05
et 0,20.
Allemagne. — On peut rapprocher, de ces ^tes dans les roches
primitives ou les terrains anciens, un certain nombre de filons
allemands cités par V. Gotta :
Dans le Fichtelgebirge, ceux de Gold Kronack et de Wolfsherg^
près Schleiz, recoupant des schistes siluriens; dans la Forêt Noire,
ceux de Salzbowrg dans les schistes anciens; puis les mines du Harz,
de TErzgebirge, de Joachimsthal, Andreasberg, Przibram, etc.,
^i donnent de l'antimoine comme produit secondaire.
Angleterre. — De même, en CornwalP^ il existe de Tanti-
moine en plusieurs points ; au siècle dernier, on en a extrait
dans le Nord de la province, en particulier près d'Endellyon, à
Trevatham; à Padstow, etc.. Vers 1856, on en a trouvé près de
Saint-Kew, puis près de Liskeard; mais aucune exploitation
n'a aujourd'hui d'importance.
Suède. — En Suède, la mine de Sala dans le Westmannland '
fournit de la stibine, avec un peu d'antimoine natif, associée à des
minerais de plomb très argentifères, dans des filons qui recoupent
le calcaire primitif et que nous décrirons au chapitre du Plomb,
A GladhammoTy près de Westervik, on trouve de la boulan-
gérite dans des filons de cobalt et de cuivre.
' Notes de M. Fuchs. — Cf. Min,Journ., London, 1882, 278; et d*Achiardi, II, 586.
• Oavies» p. 279.
* Davie8,p. 281.
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ANTiiioiifE d'Australie^ de bornéo, etc. 201
Espagne. — La commune de Saiot-Martin de Yillalonga, dans le
district de Bach et Abella, auprès de BarcelonCy contient quelques
gisements de stibine dans des ûlons quartzeux très analogues à
ceux d'Auvergne.
On en retrouve des filons minces, au milieu de schistes dévo-
niens, dans TEstramadure.
Asie Mineure ^ — Aux environs de Smyrne, il existe de beaux
filons de stibine avec quartz ; nous en avons retrouvé de sem-
blables dans rtle de Mételin, au milieu des micaschistes. En face
de cette ile sur la côte, on exploite un antimoniure de cuivre
signalé plus haut*.
Australie. — De 1871 à 1881, la Nouvelle-Galles du Sud a pro-
duit 300 000 francs d*antimoine. Les minerais se trouvent sur la
baie de Munga, près de la rivière de Macleay. Ils consistent en
filons d'oxyde et sulfure traversant le dévonien. La gangue est
quartzeuse. A Armidal, on y trouve un peu d'or natif.
La province de Victoria a eu, jusqu'en 1880, une production
assez forte •.
Bornéo \ — Bornéo était, il y a quelques années, une source
importante d'antimoine. En 1881 , on en a exporté pour une
valeur de 1 800 000 francs.
Les principales mines sont, dans la partie anglaise, au Nord de
nie, à Sarawak, celles de Tambusan et de Tagui. On en retire,
outre la stibine, beaucoup d'oxyde d'antimoine expédié en Angle-
terre, à Hambourg ou à Boston, pour être raffiné. On y trouve
aussi de l'antimoine natif.
Les gisements se composent, d'après Grôger, de nids de stibine
dans des filons de quartz, traversant des calcaires etargiloschistes
au contact ou à proximité de porphyres.
' Coll. École det Minet, 1949.
' Page 185.
» Voir plus haut, page 189. — Cf. : 1875. Liversidge,theMin. of N. S. Wales. (Tr,
andproc. R. Soc,, N, S. Wales, 9, 181.)
* Coll. École des Mines 1520. — Voir 1876, Gruger : das Àntimonwerk in Sarawack
auf Bornéo (Ver. d. k. k. geol, Reichs,, Wien, 4, 87) et d'Achiardi, il, 588.
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202 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Mexique. — Il existe, d'après Cox^ dans la Sonora, à 50 kilo-
mètres du golfe de Californie, d'importants filons de quartz et sti-
bine, de 1 à 6 mètres, encaissés entre des quartzites et des calcaires,
et présentant, aux affleurements, de grandes quantités d'oxyde.
ANTIMOINE TERTIAIRE
(ALGÉRIE, HONGRIE, TOSCANE, ETC.)
Comme filons d'antimoine récents, nous citerons ceux d'Algérie,
de Hongrie et de Toscane. Nous aurons d'ailleurs l'occasion de
reparler de ce corps à propos du mercure des gites de Bosnie,
Serbie, Hongrie, Mexique, etc., contenant stibine ou panabase
avec cinabre.
Algérie. — Dans la province de Coustantine, on a extrait à
Ani-Bebbouch, d'assez grandes quantités de stibine et de sénar-
montite expédiées en Angleterre. De même, au Djebel-Taia, il
existait de la stibine associée avec un peu de cinabre. En outre,
lorsque nous parlerons des gites d'antimoine d'allure sédimen-
taire, nous étudierons ceux de Sidi-Rgheiss ou Djebel Hamimat,
au Sud-Est de Constantine.
Hongrie. — En Hongrie, à Felsobanya', il existe, à la limite
d'un trachyte amphibolique et d'un trachyte plus récent, un
conglomérat de frottement métallisé qui contient du quartz avec
de la pyrite, souvent du réalgar et de la stibine, avec galène,
blende, argyrose, etc. V. Groddeck a fait remarquer la présence
de tables de barytine enveloppant des baguettes de stibine et a
signalé ce fait comme une preuve entre mille que les filons
n'avaient pu se former par fusion (la stibine étant, comme on sait,
très fusible).
L'antimoine de Chemnitz et de Kremnitz semble du même âge.
* Am, Journ,y 1880, 20, 119, 421. Cf. d*Achiardi, II, 590.
* Groddeck, p. 224 et 398.
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ANTIMOINE SÉDIMBNTAIRE d'aANSBERG (wESTPHALïe) 203
Pereta (Toscane) *. — Au milieu de la zone de Talbaresc, c'est-
à-dire des calcaires de Téocène supérieur, on trouve, d'après
Burat et V. Cotta, une masse irrégulière de calcédoine avec des
nids de stibine. Les roches encaissantes ont subi un métamor-
phisme assez actif et sont imprégnées d'émanations sulfureuses
qui ont transformé Talbarese, en partie, en gypse et anhydrite* Il
n'est d'ailleurs pas certain que Tantimoine soit en relation avec
ces vapeurs de soufre.
A la stibine sont associés des minéraux d'altération, tels que :
kermésite, cervantite, etc.
Cette mi;ie, aujourd'hui abandonnée, produisait, vers 1844,
66 tonnes de stibine par an.
Près de Monte-Auto, dans la vallée de Tafone, on rencontre
de même la stibine dans l'albarese, mais sans quartz calcédonieux
associé.
Enfin, dans la province de Sienne, on exploite également l'an-
timoine à Cettine di Cotorniano et à Tocchi; mais là, le gise-
ment, plus ancien, est associé à des quartzites triasiques, comme
celui de Charmes (Ardèche), dont nous parlerons plus loin*.
Bibliographie,
1B45. Burat. — Gîtes métallifères, 275.
1848. CoQUAND. — Descr. des solfatares, des alunières et des lagoni de la
Toscane. {B. S. G., 2«, 6, 91.)
• 1853 et 1856. Haupt, — B. u. H. Z.
4861. V. CoTTA, — Page 380.
1872. o'AcuiAROi. — Mincralogia délia Toscana.
1879. Pantanblli. — Nuova miniera d'aatimonio nella prov. di Siena. [Soc
ÎVxc. Se. Nat., t. II, p. 4.
1883* d'Achiardi. — I metalli, etc., II, p. 584.
GITES D'ANTIMOINE D'ALLURE SÉDIMENTAIRE
. Nous rangeons, dans cette catégorie, des gîtes qui ont été con-
sidérés par les observateurs comme d'origine sédimentaire. Il y a
lieu cependant de remarquer qu'une imprégnation hydrothermale
' Coll. ÉcoU des Mines, 1720 et 1950.
" Page 204.
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204 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
postérieure expliquerait, dans la plupart des cas, les faits décrits.
C'est ainsi qu'au voisinage du premier glle dont nous parlerons,
celui d'Arnsberg, en Westphalie, intercalé dans le culm, on trouve,
d'après Cotta, entre Arnsberg et Nuttlar, à Bruck, près Adenau,
des filons de stibine dans le même terrain de culm. De même,
dans la province de Constantine, le gite de Djebel Hamimat, que
Goquand regarde comme contemporain des couches néocomiennes
encaissantes, est à proximité de filons recoupant le crétacé.
Cependant, suivant la règle générale que nous avons adoptée, nous
donnerons les faits tels qu'ils sont énoncés par ceux qui les ont
examinés sur place.
Arnsberg (Westphalie)*. — A Arnsberg, en Weslphalie, on
trouve un gite d'antimoine sous forme sédimentaire.
La stibine s'y présente dans cinq petites couches, de 0,07 à
0,20, intercalées dans les schistes siliceux du culm et plissées de
manière à former un anticlinal. Sur les deux flancs du pli, on
retrouve les couches dans le même ordre et avec les mêmes
allures caractéristiques.
La stibine y est accumulée par petits nids dans un schiste
teinté en noir par des parties charbonneuses et qui ne repasse au
schiste normal qu'à une distance assez grande du gite. Le minerai
le plus homogène occupe le milieu de la couche ; il se bifurque
au toit et au mur en masses bacillaires isolées qui ne sortent
jamais de la couche. On indique la blende, la calcite et la fluorine
comme accompagnant rarement la stibine. La pyrite est fréquente.
Ces couches sont connues à la mine Caspari, à Arnsberg, sur
une surface de 80 hectares.
On peut rapprocher, du gîte d'Arnsberg, celui de Nutlar, dans la
même région, qui paraît également interstratifié, et les filons de
Bruck, près Adenau, mentionnés plus haut.
Cévennes. — Dans les Cévermes^, il existe, au voisinage de
Charmes (Ardôche), une région où la dolomie triasique, recou-
vrant le granité sur une faible épaisseur, a été imprégnée de silice
1 1870. Slmmersbach. B, u. H. J, autrichien^ U XIX, p. 344.
1884. Groddeck, p. 135.
• R. de géol. Ann. d. if., 7«, t. XVII, p. 294.
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ANTlliOINE DE LA PROVINCE DE CONSTANTINE S05
et stibine, comme, plus fréquemment, on trouve des terrains du
même âge chargés de galène. Cette dolomie présente des amas
irrégulîers et sans allure déterminée consistant en silex brun,
accompagné de barytine et de stibine, formant tantôt des veines
et tantôt des nodules radiés. Il y a aussi des mouches de pyrite
de fer et, près de là, à Soyons, cette pyrite donne même lieu à
une exploitation importante'.
Djebel Hamimat (Sidi-Rgheiss), province de Constantine '. — Le
gile de Djebel'Hamimat se trouve au milieu des calcaires noirs
et des argiles néocomiennes inférieures, dans le mont Hamimat.
Exploité de 1850 à 1852, puis abandonné après une insurrec-
tion arabe, il a été repris vers 1880.
Il fournissait au commerce, en 1852, quatre variétés de minerai
d'antimoine oxydé : 1* compact; 2"* grenu; 3^ cristallisé; 4"^ dis-
séminé.
Le minerai compact est d'un blanc laiteux et d^aspect pierreux.
Il ressemble à la céruse du commerce.
Le minerai grenu contient des géodes de cristaux octaédriques
ayant parfois plus de 3 centimètres de diamètre.
Le minerai disséminé forme des cristaux libres au milieu des
argiles.
En dehors de l'oxyde, il existe du sulfure d'antimoine peu
répandu, en petites houppes soyeuses, parfois converties partielle-
ment en oxyde sulfureux, et alors d'un brun rouge.
Le minerai est en amas irréguliers, parallèles aux couches, dans
les terrains, en ce point-là, verticaux et de direction 150**. Fréquem-
ment, du calcaire est empâté dans le minerai ; ce que M. Coquand
attribuait à une précipitation simultanée analogue à celle des mi-
nerais de fer jurassiques. Il n'y a, en effet, aucune espèce de
gangue, et le parallélisme est complet entre amas et terrains.
Si l'on admettait l'existence de filons couches de stibine transfor-
* Voir tome 1*, page 299.
* 1852. Coquand. — Sur les mines d'antimoine oxydé des environs de Sidi-Rgbeiss,
au Sud-Est de Constantine. {B, S. Cr., 2% t. IX, p. 342.)
1S55. Foumet. — Sur les gttes d'oxyde d'antimoine du pays des Haractas en Algé-
rie. {B. S, G., 2% t. XII, p. 1039.)
1869. Ville. — Gttes min. de l'Algérie. [Ann. d. J/., 6% t. XVI, p. 161.)
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206 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
mes poslérieurement en oxyde, il serait, d'après M. Coquand,
difficile d'expliquer comment, au centre de calcaires compacts, se
seraient formés des cristaux octaédriques d*oxyde d'antimoine. Il
y a lieu cependant de remarquer que cette théorie est en contra-
diction avec les faits observés dans tous nos gîtes français, où
Tantimoine oxydé des affleurements fait toujours place à la stibine
en profondeur. D'autre part, l'allure verticale des terrains semble
s'être particulièrement bien prêtée à la formation de filons cou-
ches, peut-être accompagnés de phénomènes de substitution ma-
nifestés par la présence des fragments calcaires dans le minerai.
L'oxydation serait alors, comme pour tant de gîtes de plomb et
de zinc, la eonséquence de cette nature calcaire des roches encais-
santes, qui a permis la facile pénétratioQ des eaux superficielles.
Bibliographie générale de V antimoine*,
Monnet. — Sur les mines de plomb antimonié. {Ann. phys. et chim.^
t. V, p. 169.)
1851. Daubrbe. — Sur la présence de Tantimoine et de rarsenic dans les*
combustibles minéraux, dans diverses roches et dans Teau de mer. (B. S, G.,
2«, t. VIII, p. 350.)
1860. Campbell (Dugald). — Présence de ranlîmoine et de Tarsenic dans
le sable des sources et rivières. (Bull, chim, appliq,, t. II, p. 370 ; Chemical
news, 1860, p. 218.)
1874. Helmhaker. — Der Antimon Bergbau Mileson bei Krasnakora in Bôh-
men. {B. u, H. Jahrb, d'Auti-ichey t. XXII, p. 540.)
1876-77. S. Herbert Cox. — Report on Antimony mine^ Endeavour. Queen
Charlotte Sound, N. Z. {Geological Sursey of N, Z., Beports of geological explo-
ration during 1874-76. Wellington, 1876-77.)
1881. Mallet. — On a Spécimen of native antimony obtained at Pûlo-Obin,
near Singapore ofindia. (Records of the geological Survey, t. XIV, p. 303. Cal-
cutta, 1881.)
1885. Criper. — Note on some Antimony Deposits in the Maulmain district.
(Records of ihe geological Sui-vey ofindia, vol. XVIII, p. loi. Calcutta, 1885.)
1886. George Kobiz. — Native Antimony and its associations at Prince Wil-
liam York O* New- Brunswick. (Amencan association for the advancement of
science^ W^ meeting, p. 237. New-York, 1886.)
* 1892. — BuRTHË. Sur la vente des minerais et du sulfure d'antimoine.
(Ann. d. M,, 9«, t. II, p. 163.)
Généralités et gîtes non décrits.
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ARSENIC
As; Eq=75; — P. at = 75.
Usages. — Les quatre produits industriels de Tarsenic sont :
1** Tarsenic métallique; 2TdLciàQ arsénique; 3* l'acide arsénieux ;
4"* le réalgar.
L'arsenic, réduit en poudre, constitue le produit connu dans le
commerce sous le nom de cobalt ou de poudre aux mouches qui,
dissous dans Peau, donne de Tacide arsénieux. Il entre dans la
composition de quelques verres étrangers et de certains alliages,
tels que le tain des miroirs de télescope ou le plomb de chasse,
auquel Tarsenic permet de se séparer plus facilement en grains
dans la coulée, etc.
L'acide arsénique est utilisé en assez grande quantité dans
rimpression des toiles peintes pour faire des enlevages et surtout
dans la fabrication du rouge d aniline. A faible dose, il est em-
ployé en remède contre Tasthme ; à plus haute dose, il devient
un poison violent. Comme produits pharmaceutiques, Tacide
arsénique fournit également Tarséniate de soude (liqueur de Paer-
son), Tarséniate de quinine, celui d'ammoniaque, etc.
L'acide arsénieux, qui est adopté dans les verreries, pour obtenir
certaines apparences porcelaniques, sert pour la fabrication du
' Coll. École des Mines, 1948.
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208 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
vert de Scheele (arsénite de cuivre) et on remploie pour chauler
les blés, pour empoisonner les rats, etc. Il entre dans le savon de
Bacœur, au moyen duquel les naturalistes conservent les animaux
empaillés. La liqueur de Fowler (pharmacie) a pour base Tarse-
nite de potasse, etc.
L'un des principaux usages de Tarsenic, qui tend à disparaître,
était la fabrication des couleurs jaunes et vertes. Ces couleurs
avaient Tinconvénient d'être vénéneuses. L'orpiment (sulfure
d'arsenic) est une couleur jaune assez belle, mais peu stable, et
incompatible avec un grand nombre d'autres couleurs : c'est le
jaune de roi. Le réalgar (sulfure rouge) sert en pyrotechnie.
L'arsénite de cuivre forme le vert de Mitis, le vert de Scheele,
le vert Paul Véronèse.
Minerais. — L'arsenic est très fréquent dans les gisements filo-
niens et, aujourd'hui encore, un grand nombre de sources ther-
males en contiennent en dissolution, parfois même en déposent
comme celle de Saint-Nectaire dans le Puy-de-Dôme, sous forme
de réalgar; mais ce corps est plus souvent considéré comme une
gêne que comme un produit utile. C'est ainsi que, pour les
pyrites, il diminue fortement la valeur du soufre contenu. La plus
grande partie de l'arsenic provient, comme produit secondaire,
des chambres de condensation placées à la suite des fourneaux
où l'on grille les arséniosulfures de cobalt et de nickel, les pyrites
arsenicales de cuivre, l'argent arsénio-sulfuré et divers autres
minerais.
Cependant, il existe dans quelques contrées, notamment en
Angleterre, en Bohême (Joachimsthal), à Freiberg et à Altenberg
(Saxe) et à Reichenstein (Silésie) des établissements pour lesquels
les composés arsénieux sont le véritable et l'unique but de la
fabrication. Le minerai d'arsenic est, dans ce cas, le mispickel,
qui n'en renferme pas moins de 45 à 75 p. 100.
Le mispickel contient, assez fréquemment, des traces d'or. On
connaît, en outre, comme minerais arsenicaux, le réalgar (AsS),
l'orpiment (AsS*), la smaltine, la nickeline, le cobalt gris, le
nickel gris, etc.; enfin l'arsenic natif.
Statistique. — La statistique internationale française ne men-
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GISEMENTS DE MISPICKEL
lionne, comme pays producteurs de minerais d'arsenic en 1890,
que les Iles Britanniques, la Prusse et le Canada :
MINERAIS D'ARSENIC
ILES BRITANNIQUES
PRISSE
CANADA H
ANKÉES
.-.- -—^1^'
^-^- -
^* -^
J
Tonnes
Francs
Tonnes
Francs
Tonnes
Francs
4881
6 2i8
182
442
74
»
>»
1882
»
>
>
>
H
1883
9 000
163
225
74
M
4885
10 200
147
1 500
80
»
1886
10100
101
670
82
>
1887
9 100
99
3J3
76
»
1888
10100
99
1 200
70
26
2M>
18S9
12 600
91
1900
67
»
>
1890
12 600
130
2 200
62
27
224
En dehors de ces pays, nous citerons la Bohême, la Transyl-
vanie, la Norvège et la Suède, la France, la Russie, TEspagne,
lltalie et les Etats-Unis.
Angleterre. — En Angleterre, l'arsenic vient surtout du Devon
(2 mines) et du Cornwall (12 mines). En Cornwall, la principale
mine est celle de Greenhili (1 628 tonnes en 1881) ; en Devon, la
mine Devon Great Consols Copper mine (2 851 tonnes). Les
gisements qui fournissent, en mè(ue temps, du cuivre et parfois
de Tétain, donnent du mispickel de composition moyenne
(arsenic : 42,88; fer : 30,04; soufre : 21,08). On commence par
calciner le minerai dans des fours tournants inclinés ; en géné-
ral, on purifle ensuite le produit obtenu au moyen de sublimations
successives de façon à obtenir de l'acide arsénieux très blanc.
Bohême. — En Bohême^ à Joachimslhal, on traite de même,
des mispickels avec lesquels on rencontre parfois de Tacide arsé-
nieux.
Allemagne. — En Allemagne, on trouve un peu de mispickel
et d'acide arsénieux dans les mines de plomb du district du Harz ;
mais les véritables centres de production d'arsenic sont les mines
GÉOLOGIE. — T. II 14
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210 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de galène argeatifère de TErzgebirge Saxon (Freiberg, Alten-
berg, elc). A Freiberg, on rencontre de larsenic nalif en masses
mamelonnées, formées de couches concentriques et contenant
plus de 4 p. 100 d'argent. Le sulfure d'arsenic et le mispickel se
présentent en divers points des filons.
L'usine de Freiberg a produit, en 1878, 1 020 tonnes de pro-
duits arsenicaux valant 334 237 francs. Cette usine fournit, en
même temps, un peu de bismuth et d'alUage de plomb et d'anti-
moine pour caractères d'imprimerie.
Transylvanie. — En Transylvanie^ on a trouvé une veine de
réalgar de 0,30 de large ^u milieu d'un calcaire dolomitique.
Près de Nagyag, le réalgar accompagne les minerais d'or et
d'argent ; il existe, de même, près de Felsobanya.
En même temps que le réalgar, l'orpiment se présente dans
toutes ces mines de Transylvanie, parfois sous forme de masses
foliacées ; ailleurs, comme à Tayoba, en groupements de cristaux
au milieu de l'argile.
Norvège et Suède. — En Norvège, on trouve des pyrites arse-
nicales mélangées avec du cobalt à Skutterud*. En Suède, il existe
aussi des mispickels aux environs de Falun, près de Norkôping
et Nykoping, sur la côte de la Baltique et, plus au Sud, sur la
même côte, à Gladhammar, où ces mispickels sont associés avec
des minerais cobaltifères.
France, etc. — En France^ on a trouvé de l'arsenic nalif à
Sainte-Marie, en Lorraine; en Sibérie, le même minerai se ren-
contre par grandes masses, ainsi qu'aux États-Unis^ à Haver-Hill
et à Jackson. En Espagne , l'oxyde d'arsenic est associé au cobalt
dans la vallée de Gistain (Pyrénées) ', le réalgar se trouve avec
le cinabre à Oviédo dans les Asturies.
Enfin, le réalgar et l'orpiment sont connus dans le Kurdistan ^
en Turquie d'Asie et en Chine.
' Voir plus haut, page 86.
* Voir plus haut, page 83.
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CUIVRE
Cu;Eq = 3i,75; — P. at = 63.
USAGES ET STATISTIQUE
Les usages du cuivre sont assez connus pour qu'il soit suffi-
sant de les rappeler ici sommairement. On utilise : soit le métal
lui-même; soit ses alliages (bronze, laiton, maillechort, tom-
bac, etc.) ; soit ses sels, en particulier le sulfate de cuivre.
Le cuivre proprement dit est désigné dans le commerce sous
le nom de cuivre rouge; le cuivre jaune n'est autre chose que du
laiton.
Le cuivre rouge est vendu brut, en plaques et lingots ; travaillé,
en planches laminées, en barres, en tubes, en coupoles pour dis-
tilleries, raffineries, sucreries, en plaques de foyer de locomo-
tives, en plaques de doublage pour la marine, en ceintures d'obus
à balles, en fils pour Télectricité, etc.
La marine, la guerre et les installations électriques sont les
trois grands consommateurs de cuivre rouge, le dernier usage
ayant une tendance très notable à s'accroître.
Parmi les alliages de cuivre^ nous citerons, avant tout, le laiton.
C'est un alliage de cuivre et de zinc, moins altérable à l'air que
le cuivre rouge et contenant, presque toujours, de petites quan-
tités de plomb, de fer et d'étain qui lui communiquent des qua-
lités particulières.
Le laiton destiné au tour est composé de :
Cu = 61 à 65; Zn = 36 à 38; — Pb = 2ii 2,5 ; Sn= 0,20;
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212 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
le plomb et Tétain sont destinés à lui donner de la sécheresse, aQn
qu'il ne graisse pas Toutil.
Le laiton des tréQleries, qui doit surtout être tenace, contient
plus d'étain et moins de plomb :
Cu = 64,2 ; Zn = 35 ; Pb = 0,40 ; Sn = 0,40.
Le laiton pour le travail du marteau contient :
Cu = 70 ; Zq = 30.
Près de la moitié du laiton fabriqué en Europe est employée à
la confection des épingles, fabrication représentée par une somme
de 75 millions de francs (soit plus de 225 milliards d'épingles).
Parmi les autres grands usages du laiton, nous citerons le dou-
blage des navires, les tubes (pour appareils à gaz, suspensions
de lustres, de candélabres, ornementation des appartements, etc.),
les fils, etc.
Le laiton est livré par les usines en planches, barres, fils et
tubes.
D'autres alliages de cuivre et de zinc sont :
Le similor; le métal du prince Robert, employé pour la fabri-
cation des faux bijoux, contenant de 80 à 88 p. 100 de cuivre et
de 20 à 12 p. 100 de zinc suivant le ton de jaune plus ou moins
vif qu'on veut obtenir ;
Le chrisocale (bijoux faux) :
Ca = 92 ; Zn = 6 ; Sn = 2.
Le tombac ou cuivre blanc (instruments de physique) :
Cu = 97 ; Zn = 2 ; As = 1.
Le maillechort ou argeiitan est un alliage de cuivre, de zinc et
de nickel ayant la couleur et la sonorité de l'argent et contenant :
Cu = 50 ; Zn = 25 ; Ni = 25.
On l'utilise pour la fabrication de couverts argentés par voie
galvanique ; de réflecteurs, d'ustensiles de cuisine, cafetières,
plats, couverts, etc., de garnitures de couteaux et de porte-plumes,
de boîtes de montres communes, d'objets de sellerie, etc. Le service
de la guerre emploie des bandes de maillechort.
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USAGES DU CUIVRE 213
Le bronze est un alliage de cuivre et d'étain ayant les compo-
sitions suivantes :
Cuivre EUin Zinc
Bronze des canons 100 11
Bronze des cloches 78 22
Bronze des tamtams et cymbales. 80 20
Alliage des télescopes 67 33
Bronze des monnaies 94 à 96 4 à 6 1 à 0,5
On en consomme pour les monnaies, cloches, statues et objets
d'art, etc.
Enfin l'on fabrique des bronzes d'aluminium tenant de 5 à 10
d^aluminium et 95 à 90 de cuivre, extrêmement tenaces et suscep-
tibles d'un beau poli.
Pour donner une idée de la proportion dans laquelle quelques-uns
de ces divers produits entrent dans la consommation, nous cite-
rons la production des usines de la Société de smétaux en 1889 :
Cuivre rouge 9 000 tonnes.
Laiton 10 500 —
Maillechorl 775 —
Parmi les sels de cuivre^ il en est un qui est aujourd'hui l'objet
d'un commerce important, c'est le sulfate de cuivre. Son applica-
tion, très répandue contre les maladies de la vigne, fait qu'on en
consomme actuellement, par an, près de 60 000 tonnes en France.
Ce sulfate est généralement obtenu, non plus comme autrefois en
faisant agir directement Tacide sulfurique sur le cuivre avec
brassage à Tair, mais en remplaçant, dans des piles Bunsen, le zinc
par le cuivre : ce qui donne, comme sous-produit, de l'électricité
livrable à très bon marché. Le sulfate sert, en outre, à chauler le
blé, à produire le noir, des lilas et des violets dans la teinture ;
la galvanoplastie en consomme d'assez fortes proportions.
Comme autres sels de cuivre, nous nous contenterons de citer :
le vert de Brunswick (oxychlorure : CuCl, 3 CuO + 4 HO) employé
en peinture ; le vert de Scheele qui est un arsénite de cuivre ; le
veri de Schweinfurty combinaison d'arsénite et d'acétate ; le vert
minéral, carbonate bibasique et la cendre bleue^ carbonate sesqui-
basiqae qui était très employé pour les papiers peints avant que
routremer artificiel ne fût descendu à bas prix.
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214
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
PRODUCTION DE
QUANTITÉS EN TONNES
1
FRANCE
ILES
BRITANNIOL-ES
PRUSSE
AUTRICHE
HONGRIE
ITALIE
SUÈDE
RUSSIE
5
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Tonnes
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Tonnes
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8 640
17
52 900
91
515 400
33
»
»
,
„
32 299
75
29 300
»
1881
22 875
39
53 344
90
515 400
33
4445
139
103 500
27
a
»
29 300
•
1882
23 966
35
53 304
90
558 850
32
4 154
136
»
»
24 100
S2
25 800
85 700
1883
16 600
59
47 600
77
604 009
32
4 500
134
»•
1
■
»
25 700
98 800
1884
15 000
67
43 300
67
584 000
38
6 700
103
•
»
27 500
80
24 100
151 000
1885
13 800
37
37 000
55
611 000
38
6 200
100
»
»
27 200
58
il 500
124 000
1886
10 470
29
19 000
55
487 000
36
6 100
103
»
•
25 162
44
•
100 000
1887
11 010
34
9 500
64
408 000
35
6 400
128
•
«
44 000
28
21 000
108 000
1888
15 006
23
15 400
100
522 000
41
6 600
135
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■
47 000
34
19 200
133 000
1889
9110
30
9 200
73
564 000
39
7 100
109
•
.
48 000
28
20 000
»
1890
12 015
33
12 300
57
588 000
41
7 500
113
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•
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PRODUCTIO
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1880
3 582
1 726
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1 719
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3 395
1 871
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482
1924
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188i
3 627
1 744
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600
47 053
1 696
14 836
1 707
1 800
1 663
483
1924
976
18S3
3 257
1511
35
446
53 800
1 690
18 200
1667
1 800
1663
580
1 974
1 000
1
1884
3 800
1 424
58 700
1500
17 000
1 470
2 100
1 423
680
1745
800
18îo
3 600
1 183
67 300
1 218
18 000
1202
3 000
1 368
600
1 696
800
188G
3 500
1 001
52 700
1 104
18 300
1 043
2 400
1 015
750
1413
370
1 ^
1887
2 100
1 000
58 400
1 067
18 800
1 195
■
.
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1480
340
1 ,
1888
2 200
1 500
74100
1 975
19 900
1 728
3 200
1 745
890
2 000
340
1 ,
1889
1 600
1 553
76 600
1 370
21 900
1390
3 500
1417
860
1676
300
1 ^
1890
2 300
1 564
70 300
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22 600
1 414
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1 477
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STATISTIQUE DU CUIVRE
215
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108
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487
3 604 000
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7 000
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23 478
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42 000
50 000
71 000
■
785
814
856
857
670
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900
722
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25 900
37 200
65 800
77 500
71 000
71 000
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119 000
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2:7 000
254 000
291 000
341000
371 000
349 000 •
yndicat des producteurs en 1889.
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216 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le carbonate bibasique naturel, sous la forme de malachite^ est
employé comme pierre d'ornement.
Poursubveniràla consommation de cuivre motivée parcesdiverses
applications, consommation qui a été, en 1890, de 314 700 tonnes
dans le monde entier, il existe un certain nombre de centres de pro-
duction dont un tableau ci-joint (p. 214 et 215) donne le résumé,
d'après les statistiques de Tindustrie minérale publiées en France.
Si nous groupons ces différents centres, d'après la production
de cuivre correspondante à leurs minerais traités sur place ou
exportés, par ordre d'importance en 1890, nous obtenons, pour les
années 1879 à 1890, le tableau de la page 217 *.
Les divergences qui existent entre ce tableau et le précédent
tiennent surtout à ce que, dans le premier, on a compté brutale-
ment la production de cuivre de chaque pays, quelle que fût la
provenance des minerais, tandis que, dans le second^ on a cherché
à apprécier, pour chaque pays, la quantité de cuivre réellement
extraite des minerais de ses propres mines.
En 1891, la production a été : aux Etats-Unis, de 124 179 tonnes;
de 151 410 tonnes dans les autres pays ; soit, en tout, 275 589 tonnes.
Dans le troisième trimestre de 1892, à la suite d'une entente
entre les mines de cuivre, la production a été : pour les États-Unis
de 32 599 tonnes (2 333 tonnes de moins que le maximum auto-
risé); pour TEurope, de 13 246 tonnes (8 000 tonnes de moins que
le maximum).
Les importations en Europe, pendant le trimestre, ont été de
6 453 tonnes.
Dans le même temps, la consommation des cuivres en Angle-
terre s'est réduite de 15 839 tonnes, soit 30 p. 100, par suite
d'une crise dans la construction des navires, d'une diminution
dans la fabrication du sulfate de cuivre, etc.
En novembre 1892, on estime le stock de cuivre visible à
54 000 tonnes.
Entrons maintenant dans quelques détails statistiques sur les
mines de chaque pays :
^ Les données qui nous ont servi pour composer ce tableau sont empruntées aux
Minerai Resources des Etats-Unis, 1887, p. 87; 1890, p. 59.
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STATISTIQUE DU CUIVRE
217
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218
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La répartition entre les diverses parties du monde est la sui-
vante :
1879
1880
1881
1882
1883
1884
1885
1886
1887
1888
1889
1890
Amérique
du Nord*
23 849
29 413
35 104
43 554
55 03
65 786
78 049
74 560
86 764
109 850
111570
126 776
Kurope. .
Amérique
54 725
00 320
66 044
67 845
73 327
74 228
76 036
76 438
80 512
89 985
86 200
83 81C
du Sud .
54 076
A» 378
45 099
51 926
48 245
49 041
45 286
40 729
34 107
87 683
3t 495
33 8i3'
Asie. . .
3 962
3 962
3 962
4 877
7 722
10 160
10 160
10 160
H 176
11 176
15 240
15 240
Australie.
9 652
9 855
10 160
8 648
12 467
14 326
11582
9 835
7 823
7 671
8 433
7 620
Afrique .
4 905
5 323
4 132
6 417
6 680
5 844
5 791
6 223
7 418
7 671
7 986
6 675
Aux États-Unis^ la production se divise, entre les diverses
régions métallifères, comme le montre le tableau ci-dessous :
PRODUCTION DU CUIVRE (EN TONNES DE 1000 KILOGRAMMES)
1882
1883
1884
1885
1886
1887
1888
1889
1890
Monlana
4 123
11226
19 615
30 859
26 22.'ï
35 821
44 476
44 707
51 425
Lac Supérieur . . .
25 937
27 275
31 568
32 839
36 831
34 605
38 860
39 307
45 856
Arizona
8 385
10 867
12 168
10 335
7 116
8 066
14 473
14 377
15 858
UUh
276
155
120
57
227
1 138
970
29
457
Colorado
680
525
916
521
185
915
738
532
402
Californie
375
729
399
213
195
728
715
69
10
Dans le Montana, qui a pris la tète depuis quelques années, la
principale mine est celle ie TAnaconda C".
Dans la région du Lac Supérieur, nous avons, par ordre d'im-
portance *.
1882
1883
884
1885
1886
1887
1888
1889
1890
r.alumet and Hecla .
14 580
15 078
18 422
21 506
22 995
20 945
22 893
22 152
27 250
Quincv
2 577
2 736
2 571
2 661
2 680
2 550
2 898
2 915
3 670
Franklin
1 485
1 582
1 706
1 823
1 041
1780
1 664
1 978
2 566
Osceola
1 901
1 9^7
1 930
86i
1621
1 627
1 891
2 064
2 409
Atlantic
1 080
1 221
1 439
1 642
1594
1 657
1 809
1 693
1 647
Central
6Î6
758
577
6:<8
989
1 143
1 061
827
578
643
Alloue» *. .
796
867
988
785
403
14i
802
640
Les frais d'extraction moyens ont été les suivants, en 1890 :
* Comprenant, outre les États-Unis, le Canada, Terre-Neuve et le Mexique.
• Minerai Resources, 1890, p. 59.
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STATISTIQUE DU CUIVRE
210
ÉTATS
TENEUn
en cuivre
FRAIS
par tonne de cuivre
FRAIS
par tonne de
minerai
Michigao
p. 100
1,797
7,002
10,079
Francs
900
350
382
Francs
16,00
23,80
38,32
Montana
Arijona
Il faut ajouter les frais de broyage, fusion, raffinage, etc., mon-
tant, dans le Montana, à 1 150 francs par tonne, mais en déduire
la valeur de largent contenu.
En Espagne et Portugal^ la région qui produit le cuivre est la
province d'Huelva et la partie contiguë de TAlemtéjo avec les
mines de :
1879
1880
1881
1882
1883
20 800
1884
1885
1886
1887
1888
1889
29 972
1890
Rio Tinto. . . .
13 971
16474
16933
17 667
21909
2-1860
25 095
i7090
32512
30 4f 0
Tliarsif
11505
0 297
10306
9144
9957
10 973
11684
11176
11176
11684
11176
10465
San Doniinços
(UaMinetBarr;/
4 768
6 709
8301
81i8
8 128
7 620
7112
7112
7H2
7112
5 334
5 690
Pod^rosa ....
81
%\A
813
8i:<
10«6
i287
2 463
X617
4 470
4064
4064
8128
SevilU
1 382
1732
1361
1915
2058
2 032
1829
2169
2 337
1727
1880
884
Tandis que les mines des Etats-Unis et de TEspagne sont en pro-
gression constante, celles du Chili ont baissé de près de moitié,
de 1879 à 1889. L'une des plus importantes est le Cerro de Ta-
maya. On peut encore citer Copiapo, Panulcillo. Les principales
fonderies sont Lota et Guyacan, puis Coronel, la Serena, etc..
En 1889 et 1890, la guerre civile a eu pour effet de diminuer
notablement les exportations de cuivre do ce pays. En 1891, la
production n'a même été que de 16 000 tonnes.
La presque totalité de la production allemande vient du Mansfeld
où les minerais, à faible teneur en cuivre, sont en même temps
ai^entifères. C'est ce qui résulte d'un tableau suivant (p. 220).
Dans le reste de l'Allemagne, on doit compter, tout d'abord, les
mines du Harz (Rammelsberg, etc.); dans le N.-O. du Nassau, à
Dillenboui^, il y a eu quelques exploitations de cuivre.
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220
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1879
8 534
615
1880
9957
1016
1881
11175
1771
1882
11711
3 609
1883
12836
3645
1884
12783
2 032
1885
12649
2845
1886
12 797
1900
1887
13233
1880
1888
13 594
1880
1889
15 748
1880
1890
16053
2032
llansfcld. . . .
Reste de l'AUe-
magne. . . .
Le Japon est en progression rapide ; il a passé de 3 900 tonnes,
en 1879, à \i 000 en 1887 et 15 000 en 1890.
C'est, en Asie, le seul pays qui fournisse du cuivre. Les mines
les plus importantes sont au Nord de Nippon, dans la province de
Rikuchu et dans Tîle de Shikoku *. La principale est celle d'Ashio
(150 kilomètres Nord de Tokio), qui donne, à elle seule, plus de
la moitié de la production de Tempire (8 000 tonnes de cuivre).
Cette mine exploite une colonne riche d'un filon. Le minerai
brut tient 18 p. 100 de cuivre. Le nombre des ouvriers est
de 10 000 «.
En Australie*, la production de cuivre a été, en 1889, de 13 mil-
lions de francs :
Australie méridionale 7 382 000 tonnes.
Nouvelle-Galles du Sud 5166 000 —
Queensland 300 000 —
Dans TAustralie méridionale, la mine de cuivre, Burra-Burra, a
été ouverte en 1842, fermée en 1877 et a donné, dans cet intervalle,
120 millions de cuivre, 20 millions do dividendes.
La mine Wallaroo a produit, de 1860 à 1887, pour SI millions
de minerai à 10 p. 100 ; la mine Moonta, de 1861 à 1886, pour
112 millions. En 1887, la mine Moonta a donné environ 5 000 tonnes
de cuivre (9 170 tonnes de minerai à 21 1/2 p. 100 de cuivre, dans
la seconde moitié de Tannée).
Dans la Nouvelle-Galles du Sud, la mine la plus importante
a été Great-Cobar qui, de 1876 à 1889, date de sa fermeture, a
donné 23 000 tonnes de cuivre raffiné.
Au Cap de Bonne-Espérance^ les minerais sont produits princi-
' Voir Davies, p. 162.
• Ann. d. M., 9«, t. I, 383, 1892. (Note de M. de Billy.)
• Ann. d. M,, 9% t, 1, p. 384.
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STATISTIQUE DU CUIVRE
221
paiement par la c Cape Copper Mining Company >, qui les fond
dans ses usines en Angleterre. On cite surtout les gisements du
Namaqualand : Okatiep près de Springbok et Spectakee.
Au Venezuela, le gisement important est celui de Quebrada.
La Rîissie produit du cuivre : l**dans le gouvernement de Perm;
2* dans TOural (Medjnoroudiansk, Bogoslovsk, etc.); 3^ au Cau-
case (Kiadébek, etc.); 4"* dans l'Altaï. Sa production, de 1879 à
1887, a passé de 30 00 à 50 00 tonnes.
Voici d'ailleurs les chiffres :
ANNÉES
OURAL
CAUCASE
KIRGHISES
ALTAÏ
FINLANDE
TOTAL
Ton nef
Tonnes
Tonnes
Tonnes
Tonnes
Tonnes
1879
1308
820
509
478
38
3 153
1884
3199
1459
575
400
194
5 827
i887
2717
1880
4
270
203
5 074
1888
2 613
i 556
5
303
205
4 682
1880
2 632
1509
5
351
384
4 881
Les mines de l'Altaï, dont nous ne reparlerons pas, sont surtout
Tschoudak et Songatof. Elles appartiennent à l'Etat et sont
depuis longtemps en perte, mais la construction du chemin
de fer transsibérien pourra leur redonner de la vie. Celles de Fin-
lande sont à Pitkarant, dans le gouvernement de Viborg. Dans
rOural, les seules vraiment prospères sont celles de Bogoslovsk ;
nous décrirons, en outre, plus loin, celles de Nijni Taguil * ; dans le
Caucase, celles de la Compagnie Siemens à Kiadébek donnent des
bénéfices, après avoir exigé une mise de fonds considérable ^
La production mexicaine provient surtout de la basse Cali-
fornie, c'est-à-dire des mines du Boleo, qui ont pris, depuis 1887,
un grand développement.
Au Canada, la production de cuivre augmente assez fortement
sur le rivage Nord du lac Supérieur depuis 1885; en particulier
par le fait de la Canadian Copper C° de Sudbury (Ontario).
En Italie, les gisements du Monte-Catini ont aujourd'hui une
production très faible.
* Voir plus loin, paj^e 247.
• Cf. Ann, d. M., 1892, t. I, p. 267. Voir plus loin, page 247.
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222 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
A Terre-Neuve, les gisements sont à Bettslove.
En Scandinavie^ le cuivre est extrait des pyrites de Rôraas,
Vignaes, Falun, etc.
\j' Autriche produit un peu de cuivre.
La Hongrie en extrait de ses mines du Banat, etc.
\j' Angleterre qui est, comme nous le dirons, le centre du com-
merce du cuivre, extrait, de ses propres mines, en particulier
du Gornwall, une quantité de plus en plus faible de ce métal :
1 471 tonnes en 1886 ; des minerais de cuivre se trouvent, en
Angleterre, dans les grès du Cheshire et de Salop, les calcaires
de Salop, du Northwales, du Staffordshire et du Derbyshire; enfin,
aux mines Parys, à Anglesea.
La production de la Bolivie est représentée par la grande mine
de Corocoro.
IS Algérie a produit, en 1888, 15 000 tonnes de pyrite cuivreuse
mélangées de blende et de galène. La majeure partie vient de Kef-
Oum-Theboul. Une concession de cuivre à Tadergount, dans le
département de Constantine, est encore à peine installée.
En dehors de l'Algérie, le France ne produit pas de cuivre;
quelques gisements ont été exploités à diverses reprises à la
Prugne (Allier), à Chessy, en Corse, dans les Basses-Pyrénées, à
Cerisier (Alpes-Maritimes), mais ont dû être abandonnés.
hdi Nouvelle-Calédonie en extrait environ 300 tonnes, provenant
des mines de Nemon et de Pilou, dans la région du Diahot.
Le Pérou^ qui produisait 2 800 tonnes de cuivre avant la guerre
de 1879, est tombé à 50 en 1887 ; les minerais se trouvent
presque tous dans la province dlca.
COMMERCE DU CUIVRE
Les minerais de cuivre, dont nous venons d'énumérer les prin-
cipaux gisements dans le monde, étaient autrefois souvent traités
sur le point d'extraction ; avec le développement de l'emploi des
combustibles minéraux, il s'est produit, au contraire, une ten-
dance de plus en plus marquée à la concentration des minerais
en des ports de mer reliés à de grands bassins houillers. La
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COMIIERCE DU CUIVRE 223
majeure partie est aujourd'hui transportée : soit en Angleterre à
Swansea, etc., où est, depuis longtemps, le principal marché du
cuivre ; soit en France, où Ton a fait, dans ces dernières années,
des efforts sérieux pour développer cette industrie; en Belgique,
à Hemixen, près d'Anvers ; à Hamboui^, etc. Les Etats-Unis, qui
étaient jadis pour TAngleterre un client important, se sont mis,
depuis quelque temps, à traiter eux-mêmes leurs minerais.
Le marché du cuivre pour l'Europe est surtout en Angle-
terre et en France. L'Allemagne et la Russie, qui exportent un
peu, importent également d'Angleterre.
Il est facile de comprendre la raison de cette localisation com-
merciale :
Les usines à cuivre anglaises et, dans une mesure moindre,
toutes celles de l'Europe occidentale, achètent l'unité métallique
contenue dans les minerais \ à des prix très élevés, dès que la
teneur s'élève à 25 p. 100 et lorsque les minerais ne renferment
aucun principe nuisible à la qualité finale du métal, tel que l'arse-
nic et l'antimoine. Cela tient au besoin qu'elles ont de minerais
riches et purs pour la composition de certains lits de fusion com-
plexes.
Le bénéfice que peut faire une usine placée en dehors de l'An-
gleterre en traitant directement des minerais de cuivre à teneur
élevée résulte donc presque uniquement de l'économie réalisée
sur les transports, chaque fois que le marché du produit de
l'usine est le marché anglais ou même, jusqu'à un certain point,
les marchés français, belge ou allemand. Or, ce bénéfice est rapi-
dement compensé, et généralement bien au delà, par la plus-value
des combustibles en dehors de l'Angleterre ou de quelques districts
privilégiés de la France, de la Belgique et de l'Allemagne.
Aussi peut-on affirmer qu'il est, pour chaque district minier, un
maximum de teneur, obtenu soit par voie d'enrichissement méca-
nique dans le minerai même, soit par voie métallurgique dans une
matte, au delà duquel il y a tout intérêt à vendre le minerai,
enrichi ou concentré, aux usines anglaises.
' Les achats se font, à Swansea, d*après des essais par i^oie sèche qui, pour los
minerais pauvres, occasionnent généralement des pertes très fortes. (Ann. d. M.,
5' série, t. XIII.)
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224
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Pour le bassin de TOcéan Atlantique, ce maximum est, en
Europe, de 12 à 15 p. 100 ; il est de 17 à 20 p. 100 pour le bassin
méditerranéen; et ainsi de suite : la teneur s élevant à mesure que
l'on s'éloigne de la mer.
On ne peut donc songer à installer une usine sur place que lors-
qu'on est en présence de quantités très grandes de minerai à
faible teneur et encore cette usine n'est-elle généralement qu'un
atelier d'enrichissement.
La conséquence naturelle de cette sorte de monopole qu'a la
compagnie des fondeurs anglais pour le commerce du cuivre a
été d'amener, au détriment des mines, la dépréciation des minerais
et de permettre d'obtenir, dans le prix du métal lui-même, des
variations brusques aussi nuisibles aux industriels que favorables
aux spéculateurs.
L'histoire du commerce du cuivre depuis vingt ans a été la
suivante :
Si l'on remonte vers 1870, la consommation de ce métal n'était
encore que d'environ 100 000 tonnes ; le Chili était alors le prin-
cipal centre de production avec l'Allemagne, Rio-Tinto, etc. ; le
prix du cuivre oscillait entre 2 000 et 2 300 francs.
Depuis 1873, le développement énorme de l'industrie cuprifère
dans la province d'Huelva ainsi que dans l'Amérique du Nord (où
les minerais avaient l'avantage d'être très riches et ai^entifères
au voisinage de la surface), a amené une dépréciation progressive
dont le tableau ci-après, qui résume la valeur moyenne du cuivre
en Angleterre, de 1880 à 1890, permettra de juger:
AXICÉES
BARRES DU CHILI
MINERAI
CUI\-RE
à 25 p. 100 par unité
précipité par unité
1880
1 552,50
16,00
46,14
1881
1 537,50
15,62
16,08
1882
1 671,25
16,87
17,27
1883
1 582,29
15,45
16,04
188'*
1 361,30
12,10
14,80
1885
1101,04
10,41
11,26
1886
10il,56
9,68
10,32
1887
1096,14
10,62
H,14
1888
1 998,80
n,70
20,30
1889
1 341,50
11,83
»
1890
1 356,75
12,30
>
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COMMERCE DU CUIVRE 223
Ce tableau met en évidence la baisse considérable qui se
produisit dans le prix du cuivre jusqu'en 1887; il en résulta,
dans cette année-là, une diminution assez forte de la production
des mines et, par suite, une réduction des stocks^ qui atteignit
20 000 tonnes dans Tannée. A ce moment, un incendie qui fit
arrêter, pour quelque temps, la principale mine du lac Supérieur,
Calumet and Hekla produisant près de 50 000 tonnes par an,
donna Tidée d'une vaste spéculation ayant pour but, en accapa-
rant le cuivre, d'en faire monter le prix et d'en ramener le marché
en France.
En effet, à la fin de décembre 1887, on était arrivé à conduire
le cuivre au prix de 2 140 francs, soit exactement au double de la
valeur fin décembre 1886.
Pendant toute Tannée 1888, le prix du cuivre resta très élevé ;
mais, en janvier 1889, les cours s'efiTondrèrent tout à coup et
retombèrent à peu près à leur ancien taux. Depuis ils se sont
élevés peu à peu, en raison de Tépuisement des stocks visibles.
En novembre 1892, on cote à Paris :
Cuivre du Chili en barres. Premières marques i 225
— minerai de Corocoro (les 1 000 k. de cuivre contenu) . 1 225
— rouge en planches 1625
— rouge en (Ils i 900
— rouge en tuyaux sans soudures 2 050
— jaune en feuilles et fils 1525
— jaune en tuyaux sans soudure 1 800
Nous allons maintenant donner, pour les divers pays, quelques
renseignements statistiques sur le mouvement des minerais de
cuivre et du cuivre métallurgique.
Angleterre*. — Les importations se décomposent en minerais
proprement dits, pyrites cuivreuses, cuivre précipité et régule,
cuivre en lingots et barres; voici les chiffres correspondant à
chacun de ces éléments :
^^ Minerais. — L'importation, en 1887, est résumée par un
tableau suivant* :
* Minerai statislia of great Britain et Minerai Resources des Etats-Unis, 1887,
p. 90 ; 181M), p. 75.
GÉOLOGIE — T. II. 15
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226 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Italie 9 2341. à 113 francs.
Venezuela 17 835 — 89 —
Bolivie 315 — 2!5 —
Chili 453-429 -
Cap de Bonne-Espérance 30 602 — 270 —
Canada 3 453—162 —
Etats-Unis * . . 224—392 —
Autres pays 27 531 — 137 —
89 647 t.
Ces 89 647 tonnes, d'une teneur moyenne de 16,89 p. 100, conte-
naient 15 148 tonnes de cuivre, contre 13 749 tonnes en 1886. £n
1890, il a été importé 18 000 tonnes de cuivre à l'état de minerais.
2° Pyrites. — L'importation a été, en 1886, de 556 988 tonnes^
ainsi réparties :
Espagne 521 718 tonnes.
Portugal 28 656 —
Norvège , 4117 —
Autres pays 2 497 —
556 988 —
Après calcination de ces pyrites, 393 699 tonnes ont donné, par le
procédé Claudet, 14 380 tonnes de cuivre, 50 kilogrammes d'or et
8 848 kilogrammes d'argent.
3** Cuivre précipité et régule. — Les importations ont été, dans
ces dernières années :
Espagne. . •
Portugal. . .
Etats-Unis. .
Chili ....
Autres pays .
Totaux. .
1886
MINERAIS
39 285
6 764
13315
1662
5 324
CUIVRE
OBTENU
66 350
24 417
11026
749
1798
37 990
1887
1888
1889
1890
CUIVRE OBTENU
25 150
15 280
729
2 329
30 601
21 084
746
4 432
28 608
27 006
1 950
6 537
43 488
56 863
64 101
28 466
19 199
2 156
8 46S
58 283
« Kn 1884, Pimportation des États-Unis était de 31 316 tonnes; elle est tombée
jusqu'à zéro en quelques années.
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IMPORTATIONS DE CUIVRE EN ANGLETERRE
4** Cuivre en lingots et en barres.
227
1887
1888
1889
1890
Chili
17 796
5 499
2 045
4193
21879
5 484
4 755
13198
17 913
5 656
3 860
11761
20 031
5 441
1289
23 491
Australie
Etats-Unis
Autres pays
Totaux
29 533
45 316
39 190
50t52
En additionnant, on trouve, pour les importations de cuivre en
Angleterre dans ces dernières années :
1886
1887
1888
1889
1890
Cuivre en minerais. .
— en pjrrites . .
— précipité . . .
— régule ....
— en lingots et en
barres . . .
Totaux
13 967
14127
19 632
18 358
43 657
15 390
15 179
22168
22 336
29 665
19 763
15 695
26 788
30 075
45 317
22 575
16 355
25 512
38 589
39193
18 288
16 685
25 972
32 302
50 252
109 741
104 738
137 638
142 224
143 499
Si Ton décompose maintenant cette importation de cuivre à
Liverpool, Swansea et Londres, entre les principaux pays produc-
teurs, on obtient, en laissant de côté environ 10 000 tonnes de
cuivre précipité importées à Newcastle et Cardiff sur lesquelles
les renseignements font défaut :
1886
1887
1888
1889
1890
Espagne et Portugal. .
Chili
30 037
27 625
13 699
3 629
7192
10 258
3104
246
903
3 962
33 660
20 328
16 799
203
8 403
6144
2 297
62
1072
2 641
37 522
24 871
26142
4 541
8 970
6 854
3 651
161
1075
>
39 094
22 423
31221
2 563
11691
6 386
4 368
4001
1060
>
40 695
23 276
20 494
10 845
10 086
6 666
5 329
3 378
968
»
Etats-Unis
Japon
Cap de Bonne -
rance ....
Espé-
Australie. . . . - -
Venezuela (New
brada). . . .
-Que-
Mexique ....••.
Italie
Terre-Neuve
Totaux .
• • •
100 655
91609
113 787
122 807
121 737
* Y compris 1 170 tonnes de barres du Chili transportées de France en Angleterre.
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228 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La balance des importations et des exportations s'établit de la
manière suivante :
Importations
Export&tians
Coiifomniation
i860 ....
. . . 27 287
26 335
732
1870 ....
. . . 58673
54 768
3 905
i880 ....
. . . 94218
60 434
33 744
1886 ....
. . . 409 845
61478
48 367
1887 ....
. . . 104 738
70 663
34 073
1888 ....
. . . 137 638
73 219
64419
1889 ....
142 223
76 837
65 386
1890 ....
. . . 146 357
91183
55 374
La consommation de TAngleterre est de 60 à 70 000 tonnes.
France. — La production de cuivre en France n'est aucunement
comparable avec celle de l'Angleterre; en 1887 et 1888, on a
traité environ 5 000 tonnes de minerai donnant 2 200 tonnes de
cuivre; en 1890, 6 000 tonnes donnant 2 300 tonnes de cuivre/
La fabrication du cuivre, au moyen de minerais du Chili,
de Bolivie, etc., se fait surtout dans le Pas-de-Calais et, en
proportion moindre, dans la Loire-Inférieure; puis à Florimont
(Ardennes), Biache Saint-Waast et Vaucluse. Il existe*, en outre,-«ii
assez grand nombre d'usines recevant des minerais à un état d'éla-
boration plus ou moins avancé et livrant du cuivre fabriqué : en
particulier, celles de l'ancienne Société des métaux à Dévîlle, près
Rouen (Seine-Inférieure) ; à Givet (Ardennes) ; Sérifontaine (Oise) ;
Bornel (Oise); Saint-Denis, près Paris, etc.
Les importations de cuivre (ou laiton) en France ont atteint,
en 1888, 48 158 tonnes contre 6 250 tonnes exportées, soit 41 968
restées en France; mais cette année était exceptionnelle par suite
des efforts qui ont été faits, à ce moment, par un syndicat pour
attirer en France le marché du cuivre. En 1890, on a eu 29 870
tonnes importées, contre 5 060 exportées. Précédemment, ou
avait : en 1879, 24 706 contre 3 300; en 1880, 25 210 contre 4 173 ;
en 1881, 29 144 contre 4 293; en 1886, 23 226 contre 5 051. La
consommation, année moyenne, peut, par suite, être évaluée à.
environ 25 000 tonnes.
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COMMERCE DU CUIVRE AUX ÉTATS-UNIS
229
Etats-Unis. — Aux Etats-Unis, la production et l'importation
du cuivre sont représentées par les chiffres suivants * :
nODUCTlOH
CCIVHB
COITKBDUKSOCLB
TIBCXCUIVRB
TOTAL
ANNÉES
dci mines
DBS aimniAis
XT CDITBB nOIB
à retrBTsiller
américaines
importés
importé
importé
Tonnes
Tonnes
Tonnes
Tonnes
Tonnes
1886
71081
1390
»
16
73 000
1887
82 060
1682
»
18
83 000
1888
102 671
2 085
2
16
105 000
1889
102 533
1621
26
8
104 000
1890
117 520
1542
95
122
120 000
Les exportations ont été :
1887 1888 1889 1890
Minerai et matte. . . 25 464 40 408 46 596 24 759
Lingots, barres, etc. 5 290 13 600 7100 4 400
En 1890, les Etats-Unis ont produit 117 520 tonnes, dont ils
. ont consommé 88 000 tonnes et exporté 29 000 tonnes.
On arrive donc à répartir ainsi la consommation moyenne :
Etats-Unis 90 000 tonnes.
Angleterre 70 000 —
France 25 000 —
Allemagne 30 000 —
Autres pays 105 000 —
300 000 —
Quant aux stocks de cuivre disponibles, stocks sur lesquels on
n'est nécessairement qu'imparfaitement renseigné, ils ont été :
r'JAN\1ERl889
1" JANVIER 1890
X'" JANVIER 1891
1" JUIN 1892
Tonnes
104 000
Tonnes
États-Unis. 29200
Europe . . 100800
Tonnes
Etals-Unis. 34 300
Europe . . 63 200
Tonnes
Europe. 53 965
130 000
97 500
' La proportion de cuivre et de laiton travaillé importée est presque insignifiante.
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230 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La progression étonnamment rapide des mines américaines pas-
sant, en dix ans, de 1880 à 1890, de 27 000 tonnes àll7 500 aurait
certainement eu une influence encore plus grande sur le marché,
si, dans la même période, l'Amérique du Sud n'avait pas restreint
sa production, presque nulle aujourd'hui au Pérou, en République
Argentine, faible à Corocoro et à peu près complètement suspen-
due au Chili, de 1889 à 1891, par la révolution.
MINERAIS DE CUIVRE
Les minerais de cuivre sont :
1° Le cuivre natif (lac Supérieur, Corocoro, etc.) ;
2'' Les oxydes, carbonates, etc. (Boléo, Oural); tels que la
cuprite Cu*0, la malachite H* Cu* CO», Vazurite H« Cu" G* 0^ etc.
3® Les minerais sulfurés, considérés comme purs lorsqu'ils ne
renferment que du cuivre ou du fer ; comme impurs quand, à ces
métaux, s'ajoutent l'arsenic, l'antimoine, le plomb à forte dose, le
zinc au delà d'une certaine limite.
Les minerais sulfurés purs sont : surtout la chalcopyrite (Cu'S
Fe* S'; 34 p. 100 de cuivre), puis la phillipsite (3Cu« S, Fe» S» ;
55, 6 p. 100 de cuivre), enfin \bl chalcosine (Cu*S; 79, 8 p. 100 de
cuivre), généralement en petite quantité.
Les minerais impurs sont : les cuivres gris tenant de 15 à 48 p. 100
de cuivre avec de Farsenic, de l'antimoine, du fer et souvent une
assez forte proportion d'ai^ent; tels que la panabase^ la freiber-
gite^ la tennantite etc.; la bournonite (3 Cu* S, Sb* S* + 2PbS
Sb'S), minerai assez rare, mais recherché pour sa richesse habi-
tuelle en argent, etc
GÉOGÉNIE DU CUIVRE
Avec Tétain, nous avons eu affaire à un métal dont la relation
habituelle avec une roche éruptlve, la granulite, n'est pas dou-
teuse. Avant d'aborder des corps, comme le plomb ou le zinc, le plus
souvent isolés dans des fractures profondes de Técorce à une grande
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GÉNÉRALITÉS SUR LES gItES DE CUIVRE 231
distance des roches qui peuvent les avoir fournis, nous allons nous
trouver, pour le cuivre, dans un cas intermédiaire, le cas des gttes
de départ. Les gisements de cuivre inclus à proprement parler dans
une roche éruptive sont assez rares, nous n'en citerons guère
que quelques exemples dans des serpentines ou gabbros ; mais on
trouve, en outre et si fréquemment, les minerais de cuivre concen-
trés au voisinage immédiat ou même au contact de roches comme
les mélaphyres, les diorites, les diabases, etc., qu'il est bien permis
de supposer qu'originellement ils en proviennent. Les roches en
relation avec le cuivre ne sont plus des roches acides comme
celles qui contenaient Tétain, mais bien des roches basiques, le
plus souvent des roches magnésiennes, parfois des roches ferru-
gineuses et ces roches correspondent à une phase postérieure de
l'activité éruptive, à un second stade d'ascension du magma interne.
En même temps, au lieu des chlorures, nous avons, comme
roioéralisateurs, des sulfures; si nous nous reportons à l'ordre de
dégagement des fumerolles volcaniques, tel qu'il a été établi par
MM. Sainte-Claire Deville et Fouqué, nous pouvons présumer que
le départ du cuivre, plus accentué que pour Tétain, tient à ce qu'il
est sorti de la roche en ignition, alors qu'elle était déjà plus refroidie,
alors que les chlorures avaient fini de se dégager. Le plomb et le
zinc correspondraient, dans cette hypothèse, au moment du refroi-
dissement presque complet, au commencement de la période des
solfatares et des mofettes, et c'est pourquoi, au lieu de rester con-
centrés dans des fissures réticulées au voisinage d'une roche, ils
n'ont pu s'élever à travers l'écorce terrestre que par les grandes
fractures qui ont terminé chaque période de plissement : d'où leur
allure typique en filons concrétionnés.
Cette forme nettement filonienne, nous la trouverons d'ailleurs
paiement pour le cuivre, comme nous l'avions rencontrée même
pour rétain, mais à un degré plus prononcé que pour ce dernier
métal : le cuivre est déjà l'un des éléments des filons concrétionnés
complexes *, et parfois il y domine.
' Le cuivre a été constaté dans quelques eaux minérales (Teplitz, Mondorf, etc.) ainsi
que dans les dépôts cuivreux d'un {crand nombre de sources ; M. Dieuldfait Ta retrouvé
dans les eaux-mères des marais salants, dans toute la formation primordiale, dans les
dolomies et marnes noires qui accompagnent le gypse. Dans les eaux-mères des ma-
rais salants, on peut constater sa présence sur 5 centimètres cubes. Il y a cependant
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232 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Enfin les sels de cuivre étant facilement solubles, nous aurons
à étudier des gisements importants de cuivre sous la forme sédi-
mentaire, gîtes nettement contemporains du terrain encaissant.
Il est nécessaire, avant d'aller plus loin, de comparer à cette
théorie celle qui a été souvent adoptée en Allemagne et dont von
Groddeck s'est fait l'interprète autorisé.
Pour lui, comme pour nous, il y a relation entre le remplissage
des filons métallifères et les roches éruptives et cette relation
tient à ce que les éléments du remplissage ont été empruntés à
la roche correspondante par la circulation des eaux ; la présence
dans la roche des éléments métalliques à un état de division
extrême en est la preuve ; mais il a une tendance à considérer
cette sécrétion comme s'étant faite très postérieurement à l'érup-
tion et indépendamment d'elle, simplement par lessivage superfi-
ciel des minéraux cristallisés, tandis que, pour nous, elle est un
corollaire de la venue éruptive et une conséquence des fumerolles
qui Font accompagnée '.
Avec le cuivre, nous avons également à aborder un autre ordre
de questions. Quelle est l'origine des modifications que Ton constate,
d'une façon générale, dans la hauteur d'un filon, modifications in-
contestablement liées au voisinage de la surface et disparaissant
en profondeur? Ces modifications ont-elles pu quelquefois se pro-
duire au moment même du remplissage du filon ou sont-elles
toujours, comme cela est incontestable dans bien des cas, le résultat
d'actions très postérieures, en particulier de l'introduction, jusqu'à
une certaine zone dite hydrostatique, des eaux superficielles?
Assurément, la première hypothèse n'a rien d'invraisemblable
et qui ne se puisse concevoir à priori ; le milieu interne étant,
comme tout nous l'indique, un milieu réducteur, il a dû, lorsque
les eaux métallifères, qui en provenaient, se sont élevées jusqu'à
la zone où pénétrait l'oxygène de l'air, se produire des oxydations
ayant pour effet, par exemple, de précipiter les sulfates insolubles.
Il est très possible que la diminution, généralement constatée.
Heu de se méûer un peu de beaucoup de ces expériences, les instruments en cuivre,
lampes ou bains-marie, n'ayant pas toujours été soigneusement exclus.
• Pour le développement de ces idées, nous renvoyons à notre travail sur la For-
mation des gîtes métaltifères. (Encyclopédie Léauté, 1893 )
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GÉNÉRALITÉS SUR LES gItES DE CUIVRE 233
du sulfate de baryte progressivement remplacé par du quartz en
profondeur, tienne à cette cause. De même, pour les sels qui
n*étaient maintenus en dissolution qu'à la faveur d'un excès
d'acide carbonique, le phosphate de chaux, la calcite, etc.. ; cet
acide carbonique, se dégageant en raison de la diminution de
pression produite par le voisinage de Tatmosphère, ces sels ont
pu ne commencer à se précipiter que dans les parties hautes.
Une diminution de température, amenée par le voisinage de la
surface, a dû également causer, dans ces eaux thermales, certaines
précipitations.
Mais si de pareils phénomènes se sont produits originairement,
nous avons, sans doute, bien peu d'occasions de les observer en
réalité; la surface ancienne, à l'époque de la formation des filons,
devait être singulièrement différente de celle que nous avons sous
les yeux (les profondeurs maxima atteintes par les travaux de
mines n'étant guère supérieures aux épaisseurs enlevées, en cer-
tains points, par les érosions). Ce n'est assurément pas une raison
pour nier la possibilité de modifications initiales ; c'en est une au
moins pour ne les invoquer comme explication d'un fait constaté
qu'après démonstration. Au contraire^ les modifications secondaires
sont des plus nettes.
Pour les filons de cuivre, voici d'habitude ce qui se passe :
A la surface, on trouve une première zone de minerais oxydés
ou carbonates, parfois chlorurés, dus sans conteste à un méta-
morphisme superficiel. Au-dessous, on peut avoir une seconde
zone de cuivre gris très argentifère, parfois avec de la chalcosine
et du cuivre natif, qui passe d'abord à la phillipsite et, plus bas, à la
chalcopyrite ; c'est-à-dire que la richesse en cuivre et, du même
coup, en métaux précieux associés, diminue assez vite lorsqu'on
s'enfonce. Est-ce le résultat d'une sorte de cémentation naturelle,
c'est ce qu'il est assez difficile d'affirmer. Cependant, lorsqu'on
examine un gisement comme celui du Monte-Catini *, il arrive sou-
vent que l'on trouve, pour chaque amas métallifère d'une certaine
taille, de la périphérie au centre, la même succession de zones :
chalcosine et cuivre natif à l'extérieur ; au-dessous, cuivre pana-
* Voir plus loin, page 236.
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234 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
cho; au centre, chalcopyrite, tandis que les boules plus petites
sont entièrement en chalcosine; là, Faction métamorphique semble
assez probable. De même, si Ton étudie un fragment de cuivre
ayant séjourné, pendant des siècles, au contact d'une eau thermale,
comme c'est le cas pour des pièces de monnaies trouvées dans la
source de Bourbon TArchambault, on observe, à partir du centre,
cuivre, chalcosine, phillipsite, chalcopyrite; c'est-à-dire que les
eaux sulfatées et, ferrugineuses de la source ont, sous Tinfluence
des matières organiques réductrices^ opéré la transformation
inverse de celle qu'auraient produite, pour un affleurement de filon,
les eaux douces de la surface. Nous surprenons la possibilité du
passage d'un minéral à un autre par des actions très simples qui
ont dû vraisemblablement jouer un rôle dans les parties hautes
des filons.
Ceci posé, nous allons examiner tour à tour, comme pour les
métaux précédents :
1** les gîtes d'inclusions dans des roches éruptives ;
2** les gîtes de contact ;
3"" les gîtes filoniens ;
i*" les gîtes sedimenlaîres.
1" GITES DE CUIVRE
DANS DES ROCHES ÉRUPTIVES
Nous avons signalé, au chapitre du F^r«, un certain nombre
d'amas de magnétite contenant des veines de cuivre pyriteux.
L'association des deux substances, dans ces gîtes en boules ou len-
tilles, est fréquente. On la retrouve aussi bien à Nijnî-Taguil
dans rOural, qu'à Taberg ou Dannemora, en Suède. Parfois la
chalcopyrite, toujours associée à la magnétite, arrive à être en
quantités assez fortes pour être exploitable, comme à Traverselle,
en Piémont. Dans d'autres cas, et ce sont ceux qu'il nous reste à
examiner, la chalcopyrite, accompagnée de phillipsite, chalco-
sine, etc., constitue, à elle seule, le minerai.
Tome I, pages 655 et suiv.
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CUIVRE DE MONTE-CATINI 235
Ces gisements lenticulaires de sulfures de cuivre plus ou moins
complexes se trouvent généralement dans des roches basiques,
telles que des gabbros^ des serpentines, des euphotides, ou des
syénites, diabases, etc. Presque toujours, la pratique des mineurs
a permis de constater une tendance à la concentration des mine-
rais sur la périphérie de la roche (en Toscane, par exemple). C'est
là une transition aux gisements formés de zones de contact sul-
furées, que Ton trouve fréquemment autour des mêmes roches
et qui prennent une réelle importance industrielle. Le gabbro, par
exemple, est considéré, en Norvège, comme la roche mère de
la plupart des gisements sulfurés (nickel, cobalt, pyrite de fer
cuivreuse, etc.). Les minerais du Banat, dont nous avons étudié
quelques-uns à propos du fer<, mais qui renferment également
des sulfures divers, sont localisés autour de la banatite (syénite,
diorite, etc.). Dans TOural, le cuivre parait provenir de syénites;
au Chili, de diorites ; au Nassau, de diabases.
Lorsque nous étudierons ensuite les gîtes filoniens, nous retrou-
verons, principalement pour les grands amas pyriteux non inter-
stratiOés, une association analogue, quoique moins nette, avec des
diabases, etc., souvent situées, comme à San-Domingos, au contact
même de l'amas.
GITES DE MONTE-GATINI, SIESTRO LEVANTE, PONTE
ALLE LEGCHIA, etc.
[Amas de chalcopyrite dans les serpentines d'Italie et de Corse.)
Les deux versants des Apennins renferment, depuis Gènes jus-
qu'aux sources du Tibre et du Metaure, de nombreux pointements
de serpentines, de gabbros (plagioclase et diallage), d'euphotides,
d'ophites, d'hypérites et de roches analogues aux mélaphyres,
parfois amygdaloïdes, au milieu desquelles on exploite divers gise-
ments de cuivre '. D'après M. Mojsisowics, cette formation, dite
ophiolithique, s'étend en Illyrie et en Serbie.
Voir tome I, page 660.
• Voir Revue de Géol. Ann, d. J/., 7-, t. XVII, p. 122.
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336 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Ces roches traversent le crétacé et la'base du tertiaire et sont
considérées comme de Téocène supérieur : ce qui précise Tftge
de la Tenue cuprifère associée. Leur contact avec les terrains sédi-
mentaires est marqué par le gabbro rosso, assimilé à un tuf
boueux par M. Taramelli. En outre, à leur voisinage, les argiles
sont rubéfiées et transformées en jaspe, les calcaires en dolomies
et en marbres serpentineux.
Diaprés Cocchi, il y aurait lieu de distinguer, de ces serpentines
en grandes masses, généralement caractérisées par la présence du
diallage, d'autres serpentines plus récentes, sans diallage, toujours
en filons et veines minces dans les précédentes et où se trouve-
raient concentrés les minerais sulfurés, principalement les sulfures
de cuivre; moins souvent ceux de plomb, de fer et de zinc. Il est
toujours assez difCcile, quand on a affaire à une roche essentielle-
ment métamorphique, comme Test la serpentine, de faire la part
des transformations contemporaines de la venue éruptive et de
celles postérieures.
Parmi les gîtes italiens, les principaux sont ceux de Toscane,
disposés sur deux zones N. S^'O : la première assez voisine de la
côte avec Monte-Gatini et Catellina Maritima; la seconde plus loin
(Terriccio*, Ripparbella, Quereta, Miciano, Libiano).Un autre gîte,
celui de Rocca Tederighi, est situé dans la province de Grosseto.
En outre, entre Gènes et la Spezia, on exploite quelques mines,
vers Siestro-Levante.
Honte-Catini ^ — Monie-Catini di val di Nievole (province de
Lucques) est situé à 46 kilomètres Ouest de Florence.
Il existe là, à travers une roche vulgairement appelée gabbro-
rosso et considérée par von Rath comme un mélaphyre (y), un filon
assez complexe aux proportions parfois gigantesques (fig. 201) .
Le remplissage de ce fllon, dirigé en gros de l'Est à TOuest, est
formé, tantôt de serpentine (ô), tantôt d'un conglomérat (c) de
fragments associés et altérés de mélaphyre et de serpentine reliés
par un ciment talqueux.
1 Coll. École des Mines, 1948.
• Coll. École des Mines, 1806.
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CUIVRE DE MONTE-CATINI
237
Ce filon est séparé de la roche encaissante par des surfaces
de glissement et par une zone de fragments pierreux sans consis-
tance. Les minerais sont répartis d'une manière très irrégulière
Slonter
ncmte ai Capom
A
SSonlomtne
' / ' . . . * s * < *-\ «
^■- '' -^ •* SeJuHma atyilmttay ttyJUtwnMa cidotwtj .
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^^^'■^■^ © ^^f»'»*^''^ du^mila^^y^ tCftrpmUÙ**^.
WÊÊÊÊ Mm
3i'J
Fig. 201 • — Coupe d'ensemble du gisement de Monte-Catini.
Fig. 202. — Coupe verticale du gisement de Monte-Catini, d*après Â. Schneider.
g. mélapiiyre. — 6. lerpcnUne. — e. conglomérat de mélaphyre et de lerpcoUne.
dans le remplissage ; tantôt ils sont empâtés dans la serpentine,
tantôt ils se trouvent au contact de la serpentine avec le conglo-
mérat et le mélaphyre. Ils se présentent en amas de toutes
formes, isolés les unes des autres ou reliés par des veines métalli-
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238 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
fères. Le volume de ces masses peut atteindre plusieurs mètres
cubes.
Le minerai le plus fréquent est la chalcopyrite, qui forme par-
fois des masses pures de 6 à 10 mètres cubes ; la chalcosine pure
est en boules, de la grosseur d'une tète d*homme. Les boules
d'un fort diamètre sont composées ordinairement : dans Tinté-
rieur, de pyrite de cuivre ; vers la surface, de cuivre panaché ;
la surface extérieure est assez souvent recouverte de chalcosine
et de cuivre natif.
D'après von Rath, et c'est la théorie que nous adopterons, la
serpentine serait le produit de Faltération d'une péridotite cupri-
fère et ce métamorphisme, accompagné de dérangements et de
glissements le long des épontes, aurait amené la concentration en
boules du cuivre primitivement répandu dans la masse. Il paraî-
trait, d'après ujie note manuscrite d'un ancien directeur des tra-
vaux M. Mayn, qu'au voisinage des amas, la serpentine friable
qui forme la masse est imprégnée de minerai.
La serpentipisation et la concentration métallifère, qui en a
été la conséquence, semblent d'ailleurs s'être produites en plusieurs
phases, peut-être à partir du moment même où la roche est venue
au jour.
Pour M. Fuchs qui avait eu l'occasion de visiter ce gisement,
il y avait lieu de distinguer, dans sa formation, plusieurs phases
successives : 1** venue du mélaphyre, 2® d'une péridotite devenant,
à mesure que le temps de l'éruption s'écoule, de plus en plus
hydratée (serpentine) et boueuse et passant ainsi, par transitions, à
une argile magnésienne, isolée dans des fissures de retrait, qui
contient le produit de la concentration des sulfures de cuivre.
La différence entre ces deux théories est celle que nous avons
eu déjà l'occasion dlndiquer plusieurs fois ; car le même problème se
pose pour le fer chromé, la magnétite etc. Pour l'un, le métamor-
phisme, est postérieur à la formation ; pour l'autre, contemporain.
Le fait que ces amas cuivreux, limités en tous sens, sont à une
faible distance de la surface, et qu'il se produit un appauvrissement
notable en profondeur, la présence d'un conglomérat qui indique
un mouvement mécanique postérieur ayant pu livrer passage aux
eaux, l'existence dans ces amas de zones concentriques de plus en
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CUIVRE DK MONTE-CATINI 239
plus chargées de cuivre à mesure qu'on approche de Textérieur,
nous ont conduit à admettre de préférence Thypothëse de von
Rath.
Dans la pratique des mineurs, on considère comme particulière-
ment favorables les zones de contact et les parties couchées
situées au-dessous d'une strate horizontale, comme cela est arrivé
au quatrième niveau de Monlc-Catini ; on peut expliquer le pre-
mier fait par la circulation d'eaux qui a dû nécessairement s'éta-
blir de préférence le long de ce contact.
Enfin, ce qui parait également justifier l'idée d'actions posté-
rieures, c'est qu'on a cru constater à Monte-Catini la loi énoncée
par nous plus haut pour les filons en général ' et expliquée par un
métamorphisme : à savoir l'abondance, à la partie supérieure, du
cuivre natif et de la chalcosine avec la phillipsite ; puis la dis-
parition des deux premiers minerais, la cessation de la phillip-
site à son tour et alors, en profondeur, la prédominance de la
chalcopyrite qui, dans certaines mines, a même parfois passé à la
pyrite de fer cuivreuse.
Au point de vue industriel, on voit de suite ce qui résulte d'une
constitution de gisement semblable, l'irrégularité absolue de la
minéralisation et, par suite, la nécessité de faire des recherches
continuelles, les amas seuls étant exploitables. De là, beaucoup
de mécomptes pour quelques-unes de ces mines.
Lorsqu'on est tombé sur un amas important, on a, par contre,
l'avantage d'avoir un minerai très homogène et très riche.
On divisait, il y a quelques années, les minerais en deux caté-
gories : ceux de la mine ou minerais riches à 7 p. 100 de cuivre
environ; ceux provenant d'anciens déblais retraités ne dépas-
sant pas 1,25 à 1,50 p. 100.
Rocca Tederighi '. — Un autre gisement analogue est celui de
Bocca Tederighi (province de Grosseto) où se trouvent les deux
mines de Poggio Alto et de Fossato.
La région comprend des terrains éocènes, des trachytes et des
« Page 233.
• Visité par M. Fuclis en 1876. — Coll. École des Mines, 1620.
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240 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
roches serpentineuses. Le gisement est dans une veine d'argile ma-
gnésienne au milieu des serpentines. La direction générale est,
paralt-il, à peu près du Sud au Nord, et le filon stéatiteux a été
reconnu sur une longueur d'environ 2 kilomètres.
Le cuivre forme, tantôt des veines compactes de 20 à 25 centi-
mètres, tantôt une imprégnation irréguliëre sur 2 à 3 mètres
d'épaisseur ou encore de gros blocs compacts. On a cru remarquer
que les gros blocs se trouvaient principalement au contact de la
serpentine avec les roches encaissantes qualifiées de gabbros et
c'est sur cette zone de contact qu'ont porté toutes les recherches.
L'exploitation de ce gisement a été commencée en 1876; son
irrégularité Ta fait, croyons-nous, abandonner.
Siestro Levante. — Dans la province de Gènes, on exploite,
près de Siestro Levante^ quelques gîtes de chalcopyrite et phillip-
site situés de même au contact de serpentines et de tertiaire
métamorphique. L'une de ces mines produit, par an, 11 à
12000 tonnes de minerai à 17 p. 100 de cuivre.
Honte-Calvi (Toscane)'. — Le gîte de Monte-Calvi, en Toscane,
ne se rapproche des précédents que parce qu'il est également situé
dans une roche éruptive. Mais cette roche est là très différente
et tout à fait spéciale. Deux systèmes de filons parallèles très con-
tinus traversent, en ce point, des marbres blancs liasiques. Ces
filons, en relation avec des augitophyres, sont eux-mêmes formés
à peu près exclusivement d'augite, soit d'un vert noirâtre, soit
grise, soit rosée, comprenant des veines d'ilvaite, de la chalco-
pyrite, de la pyrite de fer et, plus rarement, de la galène ou de
la blende brune. Les minerais sont généralement au centre de
boules d'augite ayant jusqu'à 2 mètres de diamètre. Les inter-
valles entre ces boules sont remplis par une gangue de quartz
et de calcite.
* Voir von Rath. Zeit, d. d. g. G., 1868, t. XX, p. 307, et Groddeck, p. 202.
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CUIVRE DE PONTE ALLE LECCHIA (cORSe) 241
Bibliographie.
1845. BuRAT. — Giles métallifères, p. 208.
1845. Pilla. — Comptes Rendus, t. XX, p. 811. (Cf. Leonhards Jahrb., 1846,
p. 627.)
1846. BuRAT. — Mines d'Algérie et de Toscane.
1857. BoRNEMANN. — Sur les mines de cuivre sises à l'Est de Gènes. (JB. 8.
G., 2«, t. XIV, p. 642.)
1858. Caillaux. — (Berg. «. Hutm, Zeit., p. 372 et 421.)
1861. Cotta, p. 374.
1865. V. Rath. — {Zeitsch. d. d, geoL Gesdlsch,, t. VIII, p. 282.
Théod. Haupt. — Traité sur les mines de Toscane.
Sur les serpentines cuprifères. (Rev. de géol. Ann. d. H., 7*, t. XVII,
p. 122.)
1876. FucHS. — Notes de voyage inédites.
1876. Parodi. — Rapport manuscrit sur Roccatederighi.
1878. Parodi. — Notice sur la mine de Roccatedecighi à Toccasion de l'Ex-
position Universelle.
1882. Zaccagna. — Sui terreni secondari di Monsummarso e Montecatini in
val di Nievole. {Processi verbali délia Societa toscana di Scienze naturali, t. III,
p. 107. Pise, 1882.)
1882. d'Achiardi e A. Funaso. — - Il gabbro rosso. (Processi verbali délia
Societa toscana di Scienze naturali^ t. III, p. 142. Pise, 1882.)
*18S3. d'Achiardi. — I metalli, etc., t. II, p. 335. (Contient la description
d'autres gisements italiens.)
* 1884. LoTTi. — - La miniera cuprifera di Monte Catini (val di Cecina) ei suoi
dintomi. (Bolletino del H. Comitato geologieo d*Italia^ 1884, p. 359. Rome, 1884.)
1884. GuGci. — Sopra un prodotto di decomposizione del gabbro rosso.
(Atti délia Societa di Scienze naturali . Processi verbali, t. IV, p. 118. Pise, 1884.)
18Ho. Mazzdoli. — Sul giacimento cuprifero délia Gallinarda. [Liguria onen-
taie.) [Bollettino di R. Comitato geologieo d'Italia, 1885, p. 193. Rome, 1885.)
1889. B. LoTTi (Trad. par A. Cocheteux). — La genèse des gisements cupri-
fères des dépôts ophiolitiques tertiaires de Vltalie, (Bull, Soc, geoL Belgique.
Mémoires. Bruxelles, 1889.)
Ponte Aile Lecchia (Corse). — En Corse, on connaît, à Ponte
Aile L€cchia\ dans deà gisements aujourd'hui abandonnés, une
formation tout à fait analogue à celle Monte-Gatini.
Ces gisements se rattachent, de même, à une puissante éruption
magnésienne qui occupe une grande partie de la moitié Est de
nie. On trouve là, au-dessus des calcaires et schistes compris
dans le jurassique, une série de roches vertes, des euphotides,
de la chlorite compacte, un gabbro rosso identique à celui du
' Coll. Éc^le det Minet, 1583.
GÉOLOGIB. — T. II. 16
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242 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Monte-Catini (considéré lui-même comme un méiaphyre) et des
serpentines. Dans les euphotides, qui semblent plus anciennes,
le minerai parait être en véritables fractures filoniennes remplies
de quartz, chalcopyrite et phillipsite. Au contraire, dans les
chlorites et serpentines, le minerai est extrêmement disséminé.
Par endroits, dans les parties plus argileuses, il se concentre,
comme au Monte-Catini, en nodules ; mais ces nodules sont, en
ce point, trop peu importants pour qu*une exploitation sérieuse
ait pu s'établir jusqu'ici.
Suivant M. Fuchs, qui avait visité le gisement en 1876, les
poches d*ai^e métallifère correspondraient à une dernière phase
boueuse de l'éruption.
Epidaure (Grèce). — Un gîte analogue existe sur la côte orien-
tale de la Morée, à environ 12 kilomètres de l'ancienne ville
d'Epidaure et au voisinage du village de Dimaina; ce gisement,
exploité jadis par les anciens, a été repris sans succès vers 1870.
Le sol de cette partie Nord-Est de la Morée est formé d'alter-
nances de schistes et de calcaires que traversent un piton de
dolérite et des serpentines.
Ces serpentines sont, tantôt interstratifiées dans le gisement et
tantôt paraissent en relation avec la dolérite, dont elles seraient,
d'après un observateur, la dernière période d'éruption. Le cuivre
se trouve dans des fentes remplies de serpentine friable au voisi-
nage ou dans les masses même de la dolérite. Il se présente en ro-^
gnons de chalcopyrite, parfois chargés de sulfure noire de cuivre.
Dans les autres parties du gisement, on trouve des amandes de
quartz ou calcite avec mouches de pyrite de fer et de pyrite de
cuivre. Les masses métallifères ont paru trop peu abondantes
')our être exploitées.
La Pnigne (Allier)'. — Au Sud-Est du département de l'Allier,
il existe, le long de la grande faille du Forez, un certain nombre
de lambeaux carbonifères dont l'un, auprès de la Prugne, con-
tient un gisement de cuivre qui a eu une certaine réputation.
* Notes de voyage de Tauteur (1885-1890).
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CUIVRE DE LA PRU6NE (aLLIER) 243
Le bassin carbonifère de la Prugne, isolé entre quatre failles,
est formé surtout de schistes d'un brun olivâtre, analogues à ceux
que Ton rencontre à Cusset, près Vichy, et où Murchison a décou-
Fig. 203. — Coupe yerticale de la mine de la Prugne.
(Projection des amas sur CD, voir le plan.)
PS* Chaire a
Fig. 204. — Coupe verticale de la mine de Prugne. (Projection des amas sur AB.)
A B
Vi
piS^Charies^'^î'
Fig. 205. — Plan de la mine de la Prugne.
vert des fossiles, schistes alternant avec des quartzites et des grès
ou grauwackes. Au Nord affleurent des schistes et quartzites pro-
bablement cambriens, influencés par le granité.
Aux environs de la mine, les schistes ont une direction à SO'^O
et, sont recoupés très nettement par un certain nombre de filons
de microgranulite.
Dans cette région de schistes et microgranulites, se trouve un
grand filon cuivreux dont la direction, d'après les anciens travaux,
est à 135^ La gangue de ce filon, au voisinage au moins de la surface,
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244 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
est composée d'une roche verte, à grain fin, qu'on a décrite comme
une serpentine, etc., et qui, en réalité, d'après Texamen miscrosco-
pique, est uniquement composée d'une chloritedela famille de la
pennine avec un peu d'opale et quelques zircons invisibles à l'œil
nu. Il est possible que sa nature résulte seulement d'un méta-
morphisme exercé sur des schistes anciens amphiboliques. Cette
roche qui, lorsqu'elle est fraîche, est d'un vert sombre avec de
très flnes paillettes brillantes, devient, en se décomposant, d'un
vert ocreux. Elle contient, en général, beaucoup de cuivre dissé-
miné ; mais, par endroits, ce cuivre s'est concentré et forme alors
des amas considérables de chalcopyrite avec phillipsite.
Deux de ces amas, absolument limités en profondeur, ont été
dépilés et ont fourni pour 930 000 francs de cuivre et 560000 francs
d'argent. Faute, peut-être, de travaux de recherche suffisants, on
n'en a pas retrouvé d'autres.
L'un des amas, exploité à découvert dans une grande tranchée
N.-O., est très nettement recoupé par un certain nombre de filons
minces de galène et barytine.
La région est d'ailleurs assez fortement minéralisée, et Ton trouve,
au voisinage, plusieurs filons de pyrite de cuivre avec quartz.
Les travaux avant l'obtention de la concession ont commencé,
vers 1870, par une grande tranchée à ciel ouvert N.-O., dans le
sens de la longueur de l'amas, avec un puits à l'extrémité destiné
à déterminer la profondeur. Cette tranchée a fourni environ 80 000
tonnes de minerai généralement riche. Dans le prolongement du
filon, à un kilomètre environ, on a creusé le puits Sainte-Marie,
qui a retrouvé du cuivre sulfuré.
Cette mine est aujourd'hui abandonnée.
Bibliographie.
Vicaire. — Rapport autographié.
1873. Deshayes. — Gisement du cuivre de Charrier, près la Prugne. {B, S.
G., 3°, t. I, p. 504.)
1883. d'Achiardi. — I melalli, p. 341.
1888. Olivier. — Mines de cuivre de Charrier. (Revue du Bourbonnais.)
1890. L. DE Launay. — Notes de voyages inédites.
1890. Le Verrier. — Formations géologiques du Forez et du Roannais, p. 33.
{Bull, du serv. de la Carte.)
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CUIVRE DE L OURAL 245
2^ GITES DE CUIVRE
AU CONTACT DES ROCHES ÉRUPTIVES
CUIVRE DE L'OURAL*
L'Oural contient un certain nombre de gisements de cuivre,
dont on peut considérer la forme initiale comme un filon de con-
tact entre des diorites ou syénites et des calcaires. Ces filons ren-
ferment souvent, avec la chalcopyrite, de la magnétite prédomi-
nante comme à Nijni-Taguil ou de la pyrite de fer. A la surface,
les minerais oxydés dominent, accompagnés parfois d'un peu de
cuivre gris et il est arrivé que le cuivre (à Mednoroudiansk, etc.)
ait subi, sous l'action des eaux superficielles, une concentration
par transport qui Ta accumulé sous forme d'oxydes, carbonates,
phosphates, etc., dans des poches argileuses qui constituent, en
réalité, le gisement le plus riche.
Ces gisements de TOural sont groupés, soit dans la chaîne
même, soit sur son versant oriental. Les principaux districts sont
ceux de Bogoslowsk, Nijni-Taguil (Mednoroudiansk) et Ekate-
rinenbourg.
La production totale est de 2600 tonnes de cuivre environ par
an.
DISTRICT DE BOGOSLOWSK»
Parmi les gisements de cuivre du Nord de l'Oural, les plus
renommés sont ceux de Tourinsk, à 12 kilomètres de Tusine de
Bogoslowsk.
Le minerai se trouve dans des calcaires du silurien supérieur, à
leur contact avec des filons de diorite, recoupés eux-mêmes par
des porphyrites. Le calcaire contient des veines de grenat et de
' Voir t. P'i p. 664, la description des gttes de fer associés à ces gttes de cuivre.
* Coll. École des Mines, 1950.
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246 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
réclogite certainement dues à une action métamorphique analogue
à celles décrites dans le Banat pour le fer'. Le minerai est en
veines très irrégulières, formées de pyrite de fer et de cuivre, de
chalcosine, de phillipsite, d'un peu de cuivre gris, avec quelques
minéraux oxydés (cuprite, azurite, malachite), du cuivre et de
l'argent natifs, de la blende, de Thématite, du fer oxydulé. La
gangue est un mélange de quartz et de calcite ; souvent on trouve
le cuivre à Tétat d'imprégnation dans le calcaire silurien chargé
de grenats.
Les mines exploitées à Tourinsk sont surtout celles de Frolow,
Wasiliewsk, Sukhodoïsk, Saint-Michel Archange, Bogoslowsk.
Elles présentent, avec des caractères analogues, toute la série
possible des combinaisons de roches calcaires, diorites, porphy-
rites, etc.
A la mine Bogoslowsk, par exemple, il existe deux filons paral-
lèles, très réguliers. Le filon supérieur, d'une épaisseur d'environ
6 mètres, a, pour mur, la diorite et, pour toit, un filon de porphy-
rite qui la recoupe. A 40 mètres de profondeur, les travaux ont
trouvé le calcaire. Le second filon, d'une épaisseur de 2 mètres, est
situé dans la diorite qui forme le mur du premier filon à une dis-
tance de 30 mètres de celui-ci. Le cuivre est à l'état de pyrite
accompagnée de pyrite de fer et de quartz ; la teneur en cuivre
avant triage ne dépasse pas 3 p. 100.
A la mine Frolow^ de même, on trouve une série de filons reliés
entre eux par de petits filets, présentant des renflements qui
atteignent parfois 16 mètres d'épaisseur et situés entre le calcaire
et la veine de grenats. Le remplissage est formé de pyrite de fer
et de cuivre avec une teneur de 6 à 8 p. 100 de cuivre.
A la mine Wasiliewsk^ le minerai est, tantôt entre le calcaire et
la diorite, tantôt dans la diorite même ou entre la diorite et les
grenats.
D'une manière générale, tous ces filons ont présenté, à la partie
supérieure, des parties riches en minéraux oxydés et contenant de
10 à 15 p. 100 de cuivre. En profondeur, les filons se sopt appau-
vris.
« Voir tome I", page 660.
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CUIVRE DE L OURAL 247
Ces mines, très anciennement exploitées, ont été vendues en 1877
par le gouvernement russe et se sont développées peu à peu.
En 1889, le prix de revient moyen était de 30 francs la tonne de
minerai grillé sur le carreau de la mine. Ce minerai tenait de 3
à 4,5 p. 100 de cuivre. D*aprës les statistiques, la teneur a
diminué progressivement de près de moitié, de 1889 à 1891, par
suite de Tappauvrissement de la mine en profondeur.
Les minerais sont traités à Bogoslowsk où, depuis 1886» on
obtient de bons résultats avec le procédé Manhès.
DISTRICT DE NIJNI-TAGUIL
Hednoroudiansk. — On exploite, à Mednoroudiansk, au voisinage
du grand gîte de fer de la Visokaya Gora (district de Nijni-Taguil),
des argiles riches en minerais de cuivre oxydés emplissant une
sorte de poche ou d'entonnoir de 120 mètres de large, au contact
de lambeaux très disloqués de calcaire silurien. Quelques schistes
métamorphiques, plus ou moins talqueux, sur Tâge desquels on
n'est pas fixé, se montrent en divers points des épontes du gtte.
Les minerais sont de la malachite, de Tazurite, de la cuprite,
du phosphate et du silicate de cuivre, parfois du cuivre natif, de
la covelline, etc.. On a trouvé là de grand blocs de malachite
utilisés comme pierre d'ornement, dont l'un, rencontré en 1836,
pesait près de 330 tonnes. Avec les minerais proprement dits se
présentent quelques minéraux rares : brochantite, libéthénite,
tagilite et ehlite.
Ces minerais de cuivre oxydés semblent, ainsi que nous l'avons
dit à propos du fer de Taguil % résulter d'une action des eaux
superficielles sur la pyrite de cuivre contenue dans le fer magné-
tique des environs, fer magnétique formant lui-même, comme
nous l'avons vu, un filon de contact entre la syénite et le calcaire.
On leur trouve associés également, à un état d'oxydation plus
ou moins avancé, tous les corps inclus dans ce fer magnétique :
le fer magnétique lui-même en fragments souvent assez volumi-
neux, le zinc en calamine ; le vanadium ; le cobalt et le manganèse
Voir tome I*', page 670.
GÉOLOGIE. — T. II. 16*
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248
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
à Tétat d'oxydes noirs contenant en même temps du cuivre.
Fig. 206. — Plan à la profondeur
de 95 mètres (46 sagènes) *.
Fig. 207. — Plan à la profondeur
de 170 mètres (82 sagènes).
Millier et V. Groddeck, qui ont décrit ce gîte, en ont fait un
1 Les figures 206 à 210 sont extraites du Gomi-Journal de M. Gladki (d*après
M. Coste).
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CUIVRE DE L OURAL
249
gîte massif, genre Taberg. On aurait affaire, suivant eux, à un
filon de diorite de 60 mètres de
puissance renfermant, en pro-
fondeur, delà pyrite de fer cui-
vreuse qui, à la surface, aurait
donné, par son altération, lar-
gile rouge à minerais oxydés,
mais qu'en s'enfonçant on re-
trouverait intacte avec des in-
clusions, des nids et des traînées
de chalcopyrite.
En réalité, les travauxactuels
(fig. 206 à 210), poussés à 200
mètres de profondeur, consta-
tent la persistance de la préten-
( Médnorouclian sk )
Fie. 209. — Coupe à 20 mètres au Nord
du puits Novo Anatolski (yoir fif?. 208),
perpendiculaire à la longueur du gtte.
\jt ùnoruudiansk )
Fig. 208. — Plan à la profondeur
de 199 mètres (93 sagënes).
Fig. 210. — Coupe par le puits Temmo
Pavlowsk, perpendiculaire à la^lon-
gueur du gtte.
^Atmùmê.
nzia
df Chimpm.
.f%myit>0/^ù'tul^.
due altération superficielle de cette diorite de Mûller, qui, d'ail-
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250 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
leurs, diminue de plus en plus d'extension à mesure que Ton s'en-
fonce. Elle continue & se présenter sous forme d'une matière
terreuse vert sombre contenant du feldspath décomposé et de la
chlorite (roche argilochlori tique du prof. Carpinsky) àl à2 p. 100
de cuivre, telle que celle qui pourrait résulter de la décomposition
des syénites du pays, et le cuivre se trouve surtout dans les argiles
rouges très étendues autour de cette prétendue diorite, principa-
lement près des calcaires corrodés, au voisinage du contact.
On admet donc que ces poches auraient été remplies par des
eaux acides ayant agi sur quelque gtte de fer magnétique à pyrite
de cuivre et apatite, associé à la syénite, comme celui de la Yiso-
kaya-Gora, ayant corrodé le calcaire et précipité leur cuivre en
présence d'un excès de chaux.
Il est facile de comprendre que les eaux, agissant sur le mine-
rai de fer cuivreux, ont dû contenir des sulfates de fer et de cuivre
et dissoudre, à la faveur de Tacide sulfurique, une proportion
plus ou moins forte d'apatite.
Ces eaux, arrivant sur le calcaire, Font attaqué et le résidu de
leur action a été le limon rouge des poches de Mednoroudiansk,
au milieu duquel on retrouve, en effet, des fossiles du calcaire'
moins attaquables par les acides. Sous Faction de la chaux, ces sul-
fates ont donné de la malachite (2 Gu 0 GO*) et du gypse. Le phos-
phate de chaux a pu produire du phosphate de cuivre ' ; d'où la
formation d'échantillons à couches alternatives de carbonate et de
phosphate de cuivre. En même temps, l'attaque des silicates a
donné du silicate de cuivre qu'on leur trouve associé.
Gomme confirmation de cette théorie, on a remarqué que le
cuivre se présentait surtout dans une zone d'ai^ile de 2 à 4 mètres
de large au contact du calcaire ; là on en trouve de 5 à 6 p. 100,
tandis que le reste est relativement pauvre.
Enfin, l'on a expliqué, de la même façon, certains minerais acci-
dentels : par exemple, dans les niveaux supérieurs de la région
Sud, des argiles rouges particulièrement riches en sesquioxyde
de fer, avec oxyde de manganèse, contenant de beaux échantillons
d'oxyde de cuivre et de la poussière de cuivre natif comme celle
^Constaté dans les expériences récentes de M. Gladki.
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CUIVRE DE L OURAL 25t
qu*une dissolution de sulfate de cuivre dépose sous des influences
si diverses ou encore certaines argiles bleu foncé chargées de covel-
line (CuS).
La teneur moyenne du minerai est évaluée à 2,3 p. 100 de
cuivre. L'extraction annuelle est de 1 240 tonnes de cuivre.
De 1814 à 1877, on a sorti de cette mine 2 600 000 tonnes de
minerai
Au point de vue du traitement, on a aflaire à un mélange de
minerais oxydés et sulfureux qu'on passe directement à la fonte
pour matte dans des fours Rackette, quelquefois avec addition de
pyrite de fer quand la proportion des oxydes est trop forte, de
manière à avoir assez de soufre pour que les mattes ne tiennent
pas au delà de 50 p. 100 de cuivre. La matte bronze est grillée en
cases, fondue pour cuivre brut au four à cuve, affinée et raffinée
au réverbère anglais.
DISTRICT D'EKATERINENBOURG'
Le district à'Ekaterineîibourg comprend quelques gisements
peu ou point exploités au voisinage de Tusine de Kamensk et
celui, assez remarquable, de Gumechewsky près de 1 usine de
Polewsk, sur le versant occidental de TOural, tout près de la
ligne de faite.
Là encore, un puissant filon de diorite métallifère, incliné à
40 degrés, traverse des calcaires et schistes chloriteux ou talqueux.
Des veines de grenat, d'une épaisseur de 6 mètres, se trouvent au
contact de la diorite et du calcaire. En outre, aux affleurements,
des poches d'ai^ile, provenant, d'après V. Groddeck, de la décom-
position de la diorite, s'interposent à ce contact. Cette argile
forme une poche de 160 mètres de largeur à la surface qui se
coince assez rapidement en profondeur (sa largeur, à 60 mètres,
n'est déjà plus que de 80 mètres) ; c'est là que se sont concen-
trés des minerais oxydés provenant des imprégnations de pyrite
de fer et de chalcopyrite que contient la diorite dans toute sa
* Coll. École de$ Mines, 1951.
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252 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
masse. On y trouve de la malachite (un bloc de 2 800 kilo-
grammes a été rencontré), de la cuprite, des carbonates et oxydes
divers, de Thématite brune, de la brochantite, etc..
En résumé, il n'y a guère, dans TOural, d'activement exploitée
que la mine de Mednorondiansk.
Bibliographie,
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1789. Hbrmann. — Versuch ein. minerai. Beschr., p, 112.
1826. Menguê. — Trav. de la Soc. minér., t. I.
1826. Beger. — {Gomot- journal,)
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1842. Rose. — Reise nach dem Ural, p. 381.
1841. Chtchoorowski. — L*Oural. Moscou, 1861, p. 362.
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1848. MuRCHisoN, de Verneuil and Keysbrling. — {Geol, of Bussia, p. 362.)
Meglizky et Antipow. — Descr. géogr. de TOural du Sud, p. 133.)
1850. Erman. — {Arch. f, wissenschaft Kundc RusslandSf t. VIII, p. 380.)
1859. Eremeew. — {Journal des mines, t. IV, p. 76.)
1860. Antipow. — {Journal des mines, t. IV, p. 28.)
1861. Helhersen. — (Leonh, jahrb,, p. 573.
1861. CoTTA, p. 541 sur Bogoslowsk; p. 544, sur Njni-Tagnil.
1862, LuDwiG. — Geol. und geog. Stud., p. 166.
1866. MiJLLER. — {Berg. u. Hulten. Zeit,, p. 160 (Bogoslowski) ; p. 186
(Nishné Tagilsk).
1867. Mines de cuivre de rOural. (Ct/j/per, t. XXII, p. 421.)
1868. Mostowesso. — {Journal des mines, t. I, p. 53.)
1868. RoMANOwsKY. — {Journal des mines, t. III, p. 181.)
Hoffmann. — Mater, z. Anfert. ein geol. Karte des Uralgeb.
1870. BuRAT. — Geol. appl., p. 217.
1873. ÏCHouPiN. — {Journal des mines, t. II, p. 88, 318.)
Maier. — {Journal des mines,)
1877. MoNCHKETOw. — Mater, pour Tétude de la struct. géogn. et des rich.
min. du distr. de Slatoouste,
1878. Aperçu des rich. min. de la Russie d'Europe.
1878. G. V. Rath. — Erinn. Pariser Weltausst., 1878. — Bonn., 1879,
p. 116.
1881. Groodeck, p. 355.
Gruner. — Métall. du cuivré, p. 131 (sur Nishné Tagilsk).
1883. d'Achiardi, II, 358.
Beaogbt. — Journal de voyage manuscrit à TEcole des mines.
^1888. Goste. — Mémoire manuscrit àTEcole des mines.
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CUIVRE DU CHILI 253
CUIVRE DU CHILT ET DE LA BOLIVIE
Le Chili et la Bolivie comptent parmi les pays grands produc-
teurs de cuivre, quoique, depuis quelques années, des révolutions
et des guerres civiles aient fait diminuer, dans une forte mesure,
leur extraction. Les gîtes appartiennent à deux classes assez dis-
tinctes, que nous réunirons ici pour conserver l'unité géogra-
phique :
A. — Les premiers sont situés dans le Nord du Chili, entre
Antofagasta et Valparaiso, dans la Cordillère de la Côte. Ils se
trouvent dans des roches éruplives : diorites, syénites, labrado-
rites, hypersthénites, etc., et sont en relation avec ces roches
qui, indépendamment des filons, contiennent souvent de petits
grains de minerai. Leur direction est Est-Ouest.
Le remplissage des filons est caractérisé par Tabondance de la
pyrite de cuivre et de la pyrite de fer, cette dernière arrivant
parfois à former toute la masse. La gangue est habituellement
quartzeuse. On n'y trouve ni cuivre natif, ni oxyde de cuivre,
ni calcite, ni manganèse ; l'arsenic et l'antimoine font toujours
défaut, mais l'or est parfois assez abondant, surtout dans les
affleurements, pour devenir le but de l'exploitation. Les parties
supérieures contiennent une grande abondance d'oxyde de fer
avec des carbonates, silicates et oxychlorures de cuivre.
Les principales mines de ce groupe sont Carrizal, Tambillos,
Tamaya, Antofagasta, Chanaral, Higuera, Brillador, Panulcillo,
San-Juan, Punitaque, Paposo, Taltal, Cobra, etc.
L'une des plus importantes est celle du Cerro de Tamaya^
près de Tongoy, le premier port notable au Nord de Valparaiso.
La montagne est formée de diorite avec épidote et magnétite
comme minéraux accessoires. Le filon principal a de 2 à 3 mètres
de puissance; son mur, uni et régulier, est caractérisé par un
enduit provenant de la décomposition de la roche encaissante,
avec laquelle le filou se confond graduellement du côté du toit.
■ Coll. École des Mines, 1953; 1348 à 1354 et 1578.
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254 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les minerais sont le cuivre panaché et la chalcopyrite qui for-
ment, dans le filon, des parties riches étendues et très pures. La
phillipsite contient, en mélange, de l'or natif en houppes fines. La
pyrite de fer manque ou est très rare. Au voisinage des parties
riches, le filon est rempli d'une matière pulvérulente, très fer-
rugineuse, de couleur foncée (polvorilla) contenant de petites
particules de phillipsite, qui provient certainement de la décom-
position du remplissage primitif. A Taffleurement, et jusqu'à
10 mètres de profondeur, on trouve des minerais oxydés (métal
de color).
En dehors des filons de Tamaya, on peut noter, d'une manière
générale, à Remolinos, à Chacay, etc., que Ton a, à la surface, des
parties aurifères, puis des carbonates et des oxydes, puis des
sulfures et pyrites cuprifères. La mine de Tamaya est une des
rares où l'exploitation se soit maintenue dans les minerais de
teneur élevée.
B. — La deuxième classe de minerais du Chili se trouve à
une certaine distance de la côte, entre 10 et 30 lieues, à de
très grandes hauteurs dans les terrains stratifiés secondaires, et
en relation avec des porphyres augitiques. C'est une catégorie de
filons dont nous aurons l'occasion de reparler au chapitre de
V Argent. Leur direction est généralement Nord-Sud. Le minerai,
assez complexe, comprend des sulfures de cuivre, de plomb, de
zinc, d'argent avec ou sans antimoine. La galène et la blende
sont généralement négligées ; le minerai de cuivre lui-même, n'est
extrait que lorsque sa teneur dépasse 7 p. 100; la gangue est
un jaspe coloré par les oxydes de fer et de cuivre, rarement de la
calcite. On exploite de très nombreuses mines, parmi lesquelles
nous citerons celles de : San Antonio, Cerro Blanco (Copiapo),
Ghingoles, Machetillo, Porotos (Goquimbo), Rapel, San-Lorenzo,
Parral (Gombarbala), Nuncaballo, Quiroga et Calabazo (lUapel),
Puquios, Arqueros, etc. Les pyrites de Talca, Curico et Rancagua
sont extraites spécialement pour l'or *.
L'ensemble de ces minerais est très riche ; on ne les traite
guère à moins de 12 à 15 p. 100 de cuivre.
' M. Rémaury (Prod. du cuivre, 1888) donne la liste complète des minerais de
cuivre du Chili avec leur provenance.
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CUIVRE DU CHILI 255
D'une façon générale, on peut dire que le Chili est un des pays
du inonde qui renferment le plus de cuivre. Malheureusement la
difficulté des transports a, en général, forcé à abandonner tous
les minerais pauvres sur le carreau de la mine pour ne traiter
que les minerais riches et comme, pour arriver à ces zones riches,
il faut généralement traverser de longues zones de minerais
mouchetés, dits rameoSy il en résulte une perte assez considérable.
Aussi existe-t-il, dans les régions cuprifères, en particulier dabs
la province de Goquimbo, d'immenses haldes qu'on a tenté de
préparer mécaniquement ; mais les procédés de lavage mécanique
ne s'appliquent qu'avec des pertes énormes aux schlamms et aux
minerais oxydés. Aussi la méthode toute indiquée serait-elle
celle par cémentation, comme en Espagne, si Teau était plus
abondante. On a cependant essayé d'introduire ce procédé.
Fonderies du Chili. — On compte, au Chili, environ 150 fon-
deries de cuivre et d'argent.
Les principales sont :
Au Sud : Goronel (Minas y fundiciones Schwager) ; Lota
(C** explotodora de Lota y Coronel).
Au Nord : Guayacan, la Serena, Culebra, Tamaya, AndacoUo,
Sapos, Tambillo, Diaguito, Gogoti, Carrizal, Chaftaral, Taltal,
Antofagasta, etc.
Les fonderies du Sud sont établies sur les bords de la mer,
dans des centres charbonniers, pour utiliser les charbons de
moindre choix et les déchets.
Les fonderies de Lota ont produit 10 000 tonnes de cuivre
en 1882; celles de Coronel 6 000 tonnes en 1884. La production
totale du Chili variait, il y a quelques années, avant la réduction
amenée par des événements politiques , de 35 à 45 000 tonnes,
ainsi divisées :
g , i Lota 10 000
( Coronel 6 000
Centre
Guayacan 8 à 10 000
La Serena 4 000
<"^ \ l^JI. : .•;:;:.:::: ; j ■"'»»»
45 000
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256 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le résumé des opérations comprend :
a. — Mélange en proportions convenables des minerais oxydés,
sulfurés, etc., et de scories riches; fonte pour malte commune
(eje) à 50 p. 100 ;
b. — Broyage de Teje. Mélange avec de Teje plateado à 70 p.
iOO de cuivre, résultant d'une opération suivante;
c. — Galcination ;
d. — Fonte pour cuivre.
Bihliogra'phie,
1863. Mines de cuivre et d'or de Remolinos au Chili. [Bull, Ann. ci. lf.,6«,
t. V, p. 510.)
1877. LiPKEN. — {Berg. u, Hûttenm. Zeit,, 1877, p. 1Î9.)
1884. Groddeck, p. 212.
Henwood. — Metalliferous deposils.
1888. RÉMADRY. — Prod. du cuivre, p. 14.
1889. Davies, p. lo8.
1890. Washington Lastarria. — L'industrie minière au Chili.
On peut, d'après V. Groddeck, rattacher aux gisements du
Chili, les filons de la baie d'Algodon^ en Bolivie^ sur la lisière du
désert dAtacama\
Ces filons ont de 1 à 2 mètres de puissance et contiennent de
la chalcosine, de la chalcopyrite, de la pyrite de fer. On y trouve
de Tatacamite, qui parait avoir été produite par Faction de Teau de
mer sur les minerais de cuivre, mais jamais ni azurite ni mala-
chite.
CUIVRE DU NASSAU
[Filons de chalcopyrite dans des diabases,)
Il semble permis de rapprocher des premiers gîtes chiliens et
de ceux de l'Oural, ceux du Nassau. Là, Y. Groddeck a fait
remarquer S d'après les travaux de Sandberger', que les filons de
' 1866. BiDRA. — Neues Jahrb., p. 27. (Compte Rendu.)
1881. Groddeck, p. 213.
* Page 211.
» Berg'u, H. Zeit, 1877, p. 390.
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CUIVRB DE NEW-JBRSET «57
chalcopyrite se trouvent dans des diabases et des schalsteins (tufs
de diabase) dont les cristaux d*augite contiennent toujours du
cuivre ; il remarque que la chalcopyrite est plus abondante dans
ces veines lorsque la roche est altérée. On peut assurément en
conclure, comme il le fait, que le cuivre résulte d'une sécrétion
qui a altéré la roche; mais nous préférons admettre que la
venue de la diabase a été terminée par des phénomènes hydrother-
maux ayant puisé leur cuivre dans les fumerolles profondes de la
roche encore chaude et que l'altération de la diabase, autour
des filons, résulte de la circulation de ces eaux. Y. Groddeck
remarque, il est vrai, que les filons s'appauvrissent rapidement
en pénétrant, au contact des diabases, dans les schistes à cypri-
dînes et les grès ; mais cela s'explique, de toute manière, si l'on
admet une relation entre les diabases et le cuivre. Certaines
mines du Nassau (Fortunatus, Gnade Gottes et Goldgrube) con-
tiennent d'ailleurs, à côté de la chalcopyrite, de la galène et de
la blende et V. Groddeck lui-même est bien forcé de recon-
naître en terminant que, dans un grand nombre de cas, la miné-
ralisation des sources n'a pu venir des roches voisines, mais de
fort loin.
CUIVRE DE NEW-JERSEY*
{Phillipsite au contact de diorites dans les grès du trias.)
A New-Jersey, des éruptions de diorite et de mélaphyre traver-
sent le new red sandstone triasique. Au voisinage, les grès méta-
morphisés contiennent des minerais de cuivre, souvent avec
barytine, tantôt dans des fentes réticulées remplies de phillipsite,
tantôt en concrétions arrondies, dont le noyau est formé de
cuivre natif recouvert d'une couche de cuprite et, au-dessus, d'une
couche de chrysocole mamelonnée. Ces gisements ont donc quel-
que rapport avec des gîtes de contact étudiés précédemment; mais,
d'autre part, ils semblent présenter une certaine analogie avec les
1 1866. Gredner. — (B, u. //. s., p. 4 et 143.)
1884. Groddeck, p. 277.
GÉOLOGIE. — T. H. M
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2o8 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
fameux gîtes de cuivre natif du lac Supérieur*, situés de même
dans des grès et conglomérats huroniens (série de Kewcenav),
auprès des venues mélaphyriques précambriennes.
CUIVRE DU BANAT ET DE LA SERBIE
Enfin, nous rattacherons encore à cette catégorie de gîtes les
gîtes de sulfures complexes observés au contact de certaines dio-
rites dans le Banat.
Nous avons dit, à propos du fer^ qu'il existait, dans le Banat
et la Serbie, une bande de 300 kilomètres de long, dirigée du
Nord au Sud, de roches éruptives désignées par Y. Cotta sous le
nom de banatites et dans lesquelles Niedzwieski a reconnu des
diorites. Ces roches traversent les schistes cristallins, le juras-
sique et peut-être le crétacé. A leur rencontre, les calcaires sont
devenus saccharoïdes et se sont chargés de grenat, de wollastonite
et d'idocrase. Il s'est, en outre, formé des amas de contact métal-
lifères contenant des sulfures métalliques, de la magnétite, etc.
Les principaux sulfures sont la pyrite de fer, la chalcopyrite et
la blende, en proportions très variables. Les districts miniers les
plus connus de cette zone sont Rezbanya, Morawicza, Dognaczka,
Orawickza et Cziklowa.
Les gîtes de Rezbanya ont été décrits par Poszepny, comme des
fractures du contact remplies par les émanations ' métallifères.
La liste des minerais qu'on y a trouvés est extrêmement complexe :
Or, argent, cuivre natif, bismuthine, chalcopyrite, blende,
wulfénite, crocoise, galène, céruse, anglésite, etc.
Von Groddeck a rapproché de ces gîtes ceux de Rodna et Offen-
banya dans le Siebenburgen.
A Rodna, le minerai est au contact de l'andésite avec des mica-
schistes et calcaires grenus. C'est un mélange de pyrite de fer,
blende et galène qui, d'après Poszepny, se seraient succédés dans
1 Voir plus loin p. 309.
« Tome I, page 660.
* Voir Groddeck, p. 309.
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CUIVRE FILONIEN 259
Tordre suivant : 1** pyrite de fer et de quartz ; 2^ galène, blende,
mispickel; 3* dolomie et calcite.
A Offenbanya^ les minerais sont au contact de trachytes amphi-
boliques, dans des calcaires grenus.
Bibliographie,
1798. EsMARCK. — Minerai Reise durch Ungam, p. 60.
1823. Martini. — In Leonhards laschenbusch, p. 530.
1846. Ghâncourtois. — Fabrication du cuivre à Szaszka et Tsikiova (Banat).
(Ann. d. M., 4«, t. X, p. 555 et 577.)
1846. FucHs. — Sur Oravitza, (Beitr, z, Lehre d. Erzlagei'stâtten^ p. 28.)
1855. BocÉ. — Sur les mines de cuivre de Matdan-Pek en Servie. {B. S, G*^
- 2«, XIII, 63.)
1855. V. Hauër et Fôtterle. — Ubersicht der Bergbaue der ôsterreischichen
Monarchie, p. 50.
1857. V. Zepharovich. — ijester. Zeitsch., p. 12.
1862. Peters. Sur Rezbanya,— {Bei*g, u. Hùt. Z., 1862, p. 269. Compte rendu.)
1864. V. CoTTA. — (Berg.u, H. Z., p. 118) et [ErzlagerstdtUn, p. 281 et 675).
• 1867. Castkl. — Sur les mines et usines métalliques du Banat, (Ann. d.
M., 6«, t. XVI, p. 405.)
1873. TscHERMAK. — Minerai Mitlheil., 1873, p. 254 (sur la banatite).
1875. PoszEP^Y . — {Jahrbuch, d. KK, geoL Reischsamt., 1875, Verhandl. p. 40.)
1886. B. Sjôgren. — Beitriige zur Kennstniss der Erzlagerstatten von Mora-
vicza und Dognacska im Banat und Vergleichung derselben mit den Schwedis-
chen Eisenerzlagerstatten. (Jahrbuch der KK. geolog. Reichsanstalt Band XXXVI,
p. 575. Vienne, 1886.)
3° GITES DE CUIVRE FILONIENS
Les filons de cuivre ou, tout au moins, les filons dont le remplis-
sage contient du cuivre sont extrêmement nombreux. Le cuivre
peut s'y présenter sous quatre formes principales :
1** A l'état de chalcopyritey à gangue généralement quartzeuse,
avec phillipsite et, accidentellement, chalcosine dans les parties
hautes, galène et blende, etc... Pour ces minerais, on n'obtient
guère, par la préparation mécanique, une teneur en cuivre supé-
rieure à 33 p. 100, et même 25 p. 100, lorsque la gangue est
quartzeuse.
Rarement ces filons — comme les autres filons de cuivre,
d'ailleurs, mais à un degré plus notable, — renferment seulement
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260 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
du cuivre ; en général, le remplissage comprend également du
plomb et du zinc *, parfois des métaux précieux. Au Pérou, par
exemple, la répartition de ces métaux se présente d'une façon cons-
tamment la même en profondeur, due sans doute à des actions de
métamorphisme postérieur. C'est un point sur lequel nous revien-
drons au chapitre de Y Argent.
Aux affleurements sont concentrés les métaux précieux ; on a
des minerais oxydés argentifères (4 à 5 kilogrammes à la tonne)
qu'on peut amalgamer directement. Ces minerais oxydés sont asso-
ciés avec des sulfures de cuivre (phillipsite, chalcosine, etc.), qui
dominent un peu plus bas, minerais bariolés qu'on nomme les
pavonados et qui contiennent peu de plomb.
En profondeur, on tombe dans des masses de galène dites negros
encore un peu argentifères, mais qu'il faudrait traiter par un pro-
cédé analogue à celui de Leadville (Colorado) au lieu de l'amal-
gamation directe, en sorte que ces masses ont été longtemps con-
sidérées comme sans valeur. Le cuivre les accompagne à l'état de
chalcopyrite en faible quantité.
. Comme filons de chalcopyrite, nous décrirons ceux de TArizona,
qu'on peut encore rattacher à la classe précédente des gisements
de contact : ceux du Montana, de Burra Burra en Australie, de
Kef-oum-Theboul en Algérie, du Telemark, du Kupferbei^ en
Silésie, de la Lombardie.
Assez souvent, ces filons contiennent une faible proportion d'or
(Namaqualand, Styrie, Colorado), que toutes les actions secon-
daires ont eu pour effet de concentrer, en raison du manque de
solubilité de ce métal et qu'on peut, par suite, exploiter dans les
parties hautes, lorsque ces parties hautes n'ont pas été enlevées
par les érosions et démantelées en alluvions ou, comme cela arrive
le plus souvent en Europe, exploitées depuis une très haute anti-
quité.
Enfin, certains filons couches, du Tyrol et de Hongrie qui,
arrivent à former de véritables amas, ont, non plus une gangue
quartzeuse, mais une gangue de sidérose.
2"* Une seconde forme sous laquelle le cuivre est exploité, c'est
» Voir à Ker-oum-Theboul, etc., p. t69.
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GUIVBK FILONI£N 261
la pyrite de fer cuivreuse à faible teneur en cuivre (2 à 3 p. 100);
cette pyrite forme parfois, des amas considérables, comme à
Rio-Tinlo, Agordo, au Rammelsberg, à Rôraas, etc.. Les mines de
la province d'Huelva, qui rentrent dans celte catégorie, comptent
aujourd'hui parmi les principaux centres de production du
cuivre.
3*" Le cuivre peut exister à Tétat de cuivre gris^ souvent avec
gangue de fer spathique. Ces filons de cuivre gris sont recherchés,
à cause, non seulement de leur forte teneur en cuivre, mais encore
de leur richesse habituelle en métaux précieux. Cependant la
gangue de sidérose est gênante pour la préparation mécanique et
force à un triage à la main après lequel la scorifîcation reste diffi-
cile. En outre, on a toujours constaté, dans les filons de cuivre
gris, un appauvrissement rapide en profondeur, avec passage du
cuivre à Tétat de chalcopyrite, en sorte que bien souvent ces gites
de cuivre gris ne doivent être considérés que comme les parties
supérieures de gîtes de chalcopyrite avec sulfures complexes sem-
blables à ceux de la première catégorie.
Nous nous bornerons à décrire quelques gîtes où Ton n'a
exploité que du cuivre gris (Sierra-Nevada, Mousaîa, Djebel-
Telouine, Bosnie, Mexique, etc.).
4** Le cuivre se présente à l'état de cuivre natif. On sait avec
quelle facilité les sels de cuivre se réduisent sous des influences
diverses, chimiques ou électriques ; ainsi une solution de sulfate
de cuivre, laissée dans une cuve de bois, déposera, sur les joints
des douves, des mamelons de cuivre métallique ^
Par suite, le cuivre natif se présente fréquemment, accompa-
gnant les oxydes, aux parties hautes des filons. Mais il existe, en
outre, des gîtes, — et c'étaient, il y a peu de temps encore, les plus
importants du monde, ceux du lac Supérieur, — où Ton n'exploite
en profondeur absolument que du cuivre natif avec gangue de
calcite.
' Ann. chim, et phys., t. XXVII, p. 440.
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262 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Aa. — FILONS DE GHALCOPYRIÏE A GANGUE
QUARTZEUSE
GROUPE DE L'ARIZONA*
(Filons de chalcopyrite, oxydés à la surface^' au contact du trachyte
vert et du calcaire^ à rapprocher des gites de contact précé-
demment décrits.)
Les gisements de cuivre de TArizona, comme ceux du Montana
dont nous parlerons plus loin, sont d'une exploitation assez récente.
L'éloignement de toutes voies de communication et la préférence
de la spéculation pour les gisements d*argent et d'or les faisaient
négliger. Aujourd'hui, ils fournissent environ 16 000 tonnes de
cuivre par an, quoique les frais de transport à supporter soient en-
core tels qu'on ne peut fondre, à Old Dominion, des minerais tenant
moins de 15 p. 100. Le coke anglais revient sur place à 260 francs
la tonne. Aussi s'accumule-t-il de grandes quantités de haldes ((ai-
lings), à faible teneur, qu'on pourra, sans doute, traiter plus tard.
Le cuivre de l'Arizona est d'ailleurs très recherché, à cause de
sa pureté et de sa conductibilité, pour tous les emplois relatifs à
l'électricité.
On a exploité principalement les mines de Old Dominion, Copper-
Queen, Arizona, Détroit, etc. En 1887, plusieurs des mines secon-
daires étaient arrêtées et les principales avaient réduit leur extrac-
tion *; mais la hausse sur le cuivre, qui s'est produite à ce moment,
en a déterminé une certaine reprise.
Au point de vue géologique, on a là un exemple de filons s'in-
sinuant le long de surfaces de moindre résistance, au contact de
calcaires qui forment l'ensemble de la région et de trachytes verts
amphiboliques qui les recoupent. Les filons traversent nettement le
calcaire, mais seulement au voisinage de ces roches, qui peuvent
* Coll. Ecole des Mines, 1777.
* A Coppci'-Queen, les lrav:inx étaient interrompus; la mine crArizona était en perte.
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CUIVRE DU MONTANA (aNACONDA) 263
se comparer aux roches vertes et serpentines (satellites habituels
du cuivre en Europe), avec un degré d'acidité plus grand. Les
filons eux-mêmes, qui ont de 3 à 5 mètres de large, sont remplis,
à la surface, d*argiles de décomposition, contenant des masses
de minerai qui paraissent avoir une tendance à diminuer en
profondeur. Les minerais, dans ces parties supérieures, sont sur-
tout des oxydes, carbonates, etc., avec une gangue ferrif ère, man-
ganésifère et un peu calcaire.
La teneur d'un minerai moyen a donné, à la mine de Copper-
Queen :
Silice 25
Alumine 20
Peroxyde de fer 14
Oxyde de manganèse 6
Chaux 5
Magnésie 3
Oxyde de cuivre 14,40
Acide carbonique et perle par caicination 12
99,40
En profondeur, on trouve de la chalcopyrite.
Une particularité de ces mines, c'est l'exploitation par le système
du Comstock ou des cathédrales. On a développé là, en en faisant
une véritable méthode, le principe de consolider les vides au moyen
de blocs artificiels ; on prépare des cubes en maçonnerie de
2 mètres de côté, avec charpentes formant des arêtes, qu'on juxta-
pose de manière à remplir les excavations. C'est un procédé coû-
teux, mais, en somme, assez simple, dont l'inconvénient est dans
les éboulements que peut provoquer, soit la pourriture des bois
par Teau, soit le feu.
Bibliographie.
1870. (Engineering /idJiy. 1878.)
1888. Rémaury, prod. du cuivre [Génie civil), p. 20.
1889. Davies, p. 156.
CUIVRE DU MONTANA (ANACONDA)
Dans le territoire de Montana (États-Unis), on a découvert ♦
depuis quinze ans, des filons de cuivre, d'argent «t d'or d'une
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264 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
richesse extraordinaire et qui ont rapidement pris rang parmi
les centres de production les plus importants du monde. Leur
fortune a été telle qu'en huit ans, de 1882
à 1890, la production des seules mines de
cuivre de ce district s'est élevée de 4 500
tonnes à 52 000 et a dépassé même celle
du lac Supérieur. En 1890, on estimait les
frais par kilogramme de cuivre à 0,60, le
bénéfice à 1,40. Nous commencerons par
donner, sur cette région, quelques rensei-
Fig. 211. — Ci-oquis de la gnements généraux.
région do Butte Cily. "^ _ ^ . , -n j r» .. /r» n
Le centre en est la ville de Butte (Butte
City) qui date de 1877 et, en 1890, avait déjà 35 000 habitants.
En 1890, le nombre d'hommes employés à Butte dépassait 6000,
dont 3000 à TAnaconda. En cette même année, les usines métal-
lurgiques, que Ton peut diviser en Silvermills (moulins d'amal-
gamation) et Smelters (usines de fusion), avaient une capacité
journalière de 6 750 tonnes pour les premiers, de 3 500 pour les
seconds. La production de métaux qui était de 5 millions et demi
en 1881, a atteint près de 500 millions en 1890 (plus de 1 200 mil-
lions depuis l'origine).
Les trois principales mines de cuivre, d'argent et d'or que nous
aurons à étudier successivement sont : pour le cuivre, YAna-
conda (Silver Bow County) ; pour l'argent, Granité Mountain
(Deer Lodge County, près Philipsburg) ; pour l'or, Drun Lummon
(Lewis and Clarke County, à Marysville).
Ces deux dernières sont situées au Nord de Butte, près de la
ligne du Northern Pacific. R.
D'ailleurs, le cuivre et l'argent sont souvent réunis dans les
mêmes minerais ; c'est ainsi que les usines de fusion (smelters),
où l'on traite spécialement, par préparation mécanique, grillage
et fusion pour matte, les minerais cuprifères, produisent, en même
temps, de l'argent. A l'Anaconda, par exemple, les minerais avaient
en 1887, une teneur en cuivre de 11,3, donnant, après concentra-
tion, 69 p. 100. On y séparait alors et Ton fondait isolément ceux
qui renfermaient plus de 1 kilogramme d'argent. Cette mine,
achetée 150 000 francs il y a dix ans, est estimée aujourd'hui
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CUIVKE DU MONTANA (aNACONDA) 265
plus de 130 millions. Elle est exploitée jusqu'à 300 mètres de
profondeur, éclairée à Télectricité, etc.
La géologie de la région a été étudiée en 1886 par M. Em-
mons :
Butte City se trouve dans une dépression drainée par le Silver
Bow Creck, entre des massifs de granité au Nord et au Sud, des
roches éruptives récentes (parmi lesquelles des rhyolites) à l'Ouest.
Au milieu de cette dépression se trouve la « Butte » qui a donné
son nom à la ville, un monticule de rhyolite conique de quelque
cent pieds de haut. A Butte City même, la roche est du granité ;
au voisinage, on trouve des porphyres quartzifères et des
rhyolites.
Le granité de Butte est un granité à pyroxène (avec hornblende
secondaire) et plagioclase abondant; M. Emmons Ta qualifié de
granité diori tique ; une autre variété, qu'on trouve à Blue Bird,
est, au contraire, uniquement formée de quartz et d'orthose avec
un peu de biotite.
Le porphyre quartzifère, d'étendue très restreinte, se présente
uniquement sur la colline d'Anaconda. Les rhyolites semblent
avoir formé des coulées assez importantes, dont la butte serait
un des centres d'émission.
Tous les gisements métallifères ont été trouvés dans le granité,
jamais dans la rhyolite, mais souvent au voisinage de dykes d'une
sorte de rhyolite. On a pu distinguer, à l'Est de la butte, deux
zones principales composées de filons Est-Ouest avec des inflexions
plus ou moins prononcées :
La première, située au Sud, est celle des mines de cuivre. Butte,
Gagnon, Parrott, Anaconda, Mountain View, suivant une ligne
générale Est-Ouest, passant par le sommet de la Butte et par la
partie Nord de la ville de Butte City. Les filons, toujours quartzeux,
y ont été, dans les parties hautes, formés presque exclusivement
de sulfure noir de cuivre (mattite) avec gangue de quartz friable;
la teneur était alors, en moyenne, de 14 à 16 p. 100; à mesure
qu'on s'est approfondi, la chalcopyrite est devenue prédominante
et, à 180 mètres de profondeur, la teneur utile s'est réduite à
10 p. 100, en même temps que les scories devenaient plus acides.
La mine Parrot^ au Sud de Lexington, exploite, à 230 mètres
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266 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de profondeur, deux veines parallèles de 4 à 4 mètres qui se
rejoignent à TEst et semblent prolonger le gîte d'Anaconda.
L'extraction est d^environ 300 tonnes par jour et fournit
plusieurs classes de minerai : 1^ du minerai massif à 35 p. 100 de
cuivre et au delà, en sulfure gris et cuivre panaché ; 2** du minerai
à concentrer tenant de 10 à 12 p. 100. La teneur en argent est
proportionnelle à la teneur en cuivre et varie de 6 à 60 onces
(200 à 2 000 grammes).
Ce qui distingue, en général, ces filons, c'est leur puissance et
lar^ularité des fractures; ce sont des « true fissure veins ». Le
filon de TAnaconda, qui mesure 13 mètres d'épaisseur, a pu être
reconnu sur 600 mètres de long, 300 de profondeur.
Au Nord de cette zone cuprifère, on trouve une autre zone Est-
Ouest de mines d'argent avec peu de cuivre, dont les principales
sont : Belcher, Risingstar, Moulton, Alice, Lexington, Magna
Carta, Valdemar, Granité Mountain, etc. Là les minerais com-
prennent des sulfures divers d'argent, plomb et zinc, avec une
gangue quartzeuse et une proportion assez forte de silicate de man-
ganèse, qui prend facilement une teinte noirâtre. Aux affleure-
ments, le manganèse avait donné des oxydes noirs, l'argent du
chlorure et le plomb du carbonate. La présence du manganèse
semble caractéristique de la venue argentifère.
Les variations en profondeur sont analogues à celles qu'on
peut observer au Mexique et que nous étudierons au chapitre de
VArgent.
Au S.-O. de la Butte, dans le granité de Bluebird, cette gangue
manganésifère des filons de quartz était tout à fait prédominante
dans le remplissage, et la teneur en argent n'était que de quelques
onces ; aussi se contentait-on d'exploiter les affleurements comme
fondant pour la fusion. Les travaux de la mine de Bluebii*d ont
montré l'existence, en profondeur, d'un minerai de teneur très
constante à l^«f,5 d'argent et amené ainsi le développement d'une
troisième zone minière.
Tous ces filons présentent des caractères communs :
D'une part, les cassures sont remarquablement nettes et très paral-
lèles en général, de direction Est-Ouest, avec une inclinaison de
quelques degrés sur la verticale. Dans le détail, elles présentent
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CHALCOPYRITE DE BURRA-BURRA (AUSTRALIE) 267
d'ailleurs toutes les inflexions et les bifurcations d'un champ de
fractures obtenu par* torsion. Le phénomène dynamique qui les a
ouvertes semblerait connexe de la venue rhyolitique dont plusieurs
dykes sont suivis par les ûlons.
D'autre part, les phénomènes d'imprégnation^ peut-être même de
substitution, auraient, d'après M. Emmons, joué un rôle notable.
Il n'y a pas, en eflet, suivant lui, de véritables épontes; lorsqu'il y
en a d'un côté, il n'en existe pas deTautre, mais on observe un pas-
sage progressif du minerai à la roche de moins en moins pénétrée
de pyrites; la limite assignée par les mineurs aux filons ne dépend
que des conditions d'exploitabilité ; M. Emmons suppose même
que le granité a été attaqué à partir d'une première fissure étroite,
ses éléments basiques dissous d'abord, puis ses éléments feldspa-
thiques.
Bibliographie du Montana,
1869. Kleinschmidt. — {Berg. u. Huit. Zeit.y p. 98 et i 85.)
1878. {Engineering and mining joum. of New-York, janv. 1878, p. 53.)
1884. Groddeck, p. 306.
*1887. Emmons. — Notes on the geology of Butte, Montana. (Trans, of the
amer. ins. ofminbig engineers,)
1888. Rémaury. — La prod. du cuivre, p. 31.
1889. Davies, p. 51.
1&89-90. Butte City. (Album souvenir.)
1891. DE BiLLY. — Notes de voyages inédites.
CHALCOPYRITE DE BURRA-BURRA (Australie),
DU NAMAQUALAND, etc.
Bnrra-Burra (Australie) *. — Les filons de Biirra-Bxirra, en Aus-
tralie, célèbres pour leur richesse en minerais de cuivre, sont situés
dans des roches sédimentaires anciennes et métamorphiques. Ils
ont de 10 à 14 mètres de puissance ; quatre d'entre eux sont dirigés
« CoU. ÉcoU des Mines 1956.
Sur Burra-Burra : 1875. Gurlt. — (Vei^handl, d, nalurh. Verh, d. Prov. RheinL
u. Vetlph,, 1875, p. 60.)
1884. Groddeck, p. 272.
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268 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Nord-Sud et trois Est-Ouest, ils forment, entre eux, de nombreux
croisements. On trouve souvent la serpentine aux salbandes.
A la surface, il existe un chapeau de fer hydroxydé ; plus bas
des oxydes de cuivre : cuprite, malachite, azurite, atacamite,
cuivre natif avec quartz ; plus bas encore, au filon Allons, de la
phillipsite et de la chalcopyrite avec gangue quartzeuse.
Namaqualand ^ — Il existe, dans le petit Namaqualand, des
filons de chalcopyrite aurifère à gangue de quartz, qui rentrent
dans le groupe des filons de chalcopyrite dont nous nous occu-
pons en ce moment. Ces filons traversent des schistes et des
granités ; dans les schistes, ils ont Tallure de filons couches et
forment, en certains points (Springbokfontein), des amas à
aspect interstratifié; dans les granités, ils prennent une direction
presque perpendiculaire. Ils sont souvent recoupés par des filons
de granulite plus récente :
Les minerais sont la chalcopyrite, la phillipsite et la chalcosine,
souvent aurifères ; on y trouve, comme produits accessoires, l'or,
natif, la pyrite de fer, le cuivre gris, la molybdénite, etc.. La
gangue est quartzeuse avec un peu de calcite et rarement de
barytine ; la sidérose et la fluorine manquent absolument. Une
ai^iie blanche kaolinique accompagne souvent les minerais. A la
surface, les filons sont recouverts d'un chapeau de fer.
On peut rapprocher, de ces filons de chalcopyrite aurifère, ceux
d'Utica (Colorado) et ceux de Kritz; ceux de Waschgang^
de Grossflagrant^ etc., dans là haute Carinthie.
Waschgang (Carinthie) *. — Les mines de Waschgang sont
situées près de Dôllach, dans la vallée du Môll. Ce sont des filons
de quartz, avec mouches plus ou moins abondantes de chalco-
pyrite , contenant une certaine proportion d'or , variable avec
celle du cuivre. Un minerai à 17 p. 100 de cuivre renferme
0,005 d'or à la tonne ; un minerai à 3 p. 100 de cuivre donne
0,002 d'or à la tonne.
1 Sur le Namaqualand : 1861. Knopf. Neues Jahr. f. Min., p. 51 .
Groddeck, p. 275.
* Notice de M. llochata en 1876.
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CUIVRE DE KEF-OUM-THEBOUL (ALGÉRIe) 269
Les gites de Gro$s Flagrant sont situés à trois lieues de la gare
de Saxenbourg dans la même région. Les minerais jaunes à
20 p. 100 de cuivre renferment 0,005 p. 100 d'or et 0,06 p. 100
d'argent; ceux à 9 ou 10 p. 100 de cuivre, 0,0024 d'or et 0,02
d'argent; enfin ceux à 4 p. 100 de cuivre, 0,001 d'or et 0,01 d'ar-
gent.
Nous aurons à les rappeler, au chapitre de l'Or, comme indices
d'une venue aurifère en Europe, à l'époque permo-triasique.
CUIVRE DE KEF-OUM-THEBOUL (algérie)*
{Filons complexes de pyrite de cuivre^ blende et galène
argentifère.)
La mine de Kef-Oum-Theboul est située en Algérie, près de la
frontière tunisienne, à 5 kilomètres environ de la mer et à 12 kilo-
mètres à l'Est de la Galle. C'est un type de gisement filonien
récent de pyrite de cuivre associée à des sulfures complexes.
La montagne du Kef, composée de marnes schisteuses et grès
KefBonnda
Fig. 212. — Coupe giiulugique de la région de Ref-oum-Theboul.
tertiaires (fig. 212), est traversée par un filon ramifié, dirigé E.-O.,
incliné vers le Nord à 65"*, et recoupant les schistes sous im angle
assez faible. On distingue, dans ce filon, trois principales veines :
veine du toit connue seulement à l'Est, veine principale et veine
de mur. A l'Est, le filon vient buter et s'arrêter contre une autre
veine N.O.-S.E., dite la veine du cuivre. (Voir fig. 214.)
Le remplissage est formé de pyrites de fer et de cuivre, blende
i Coll. École des Mines, 1786. — Cf. gites du cap Tenez, Oued Allelali et Oued Merdja
(Algérie) : Coll. École des Mines, 1952.
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>70
GÉOLOGIE APPLIQUER
et galène argentifère avec quartz dominant, baryline acciden-
telle et argile blanche. Ces minerais sont toujours mélan-
gés intimement (ce qui rend la préparation mécanique difficile) et
semblent faire partie d'une même venue métallifère ; pourtant on
trouve isolément de la pyrite de fer ou de la galène; mais le
minerai cuivreux est toujours complexe. On a cru remarquer que
la pyrite de fer avait cristallisé avant la pyrite de cuivre et celle-ci
avant la blende. La teneur en argent diminue rapidement en pro-
fondeur.
Les parties riches du filon présentent la forme de colonnes
plongeant légèrement de TOuest vers l'Est, comme le montre une
coupe théorique Est-Ouest (fig. 213) dans le plan du filon. Ces
colonnes, au nombre de 3, se rejoignent près des affleurements,
formant là une zone riche continue, depuis longtemps épuisée.
La colonne de TOuest se prolonge, sans accident jusqu'à
80 niètres au-dessous du 10' niveau; la colonne du centre se
bifurque assez vite; celle de l'Est, ou Grand-Large, est formée de
la réunion de la veine principale avec la veine du mur et la veine
de cuivre; cette dernière, résultant d'une cassure un peu oblique
sur le filon Est-Ouest principal, paraît avoir été remplie en même
temps.
l^ïCr^f
Fig. 213. — Coupe verticale (théorique) de la région de Kef-oum-Theboul.
Les minerais extraits se répartissent (1888) de la façon sui-
vante :
Galène : 1 p. 100.
Pyrite cuivreuse, n^ 2 : 1 p. 100.
— no2 6is : 1,5 p.-lOO.
— n« 3 : 40 p. 100.
Blende ) ^
— galénifère. . \
Complexes lavés ... 30 —
— en roche (ne se vemdant pas;, 7 p. 100.
Stérile : 17,5 p. 100.
En général 1 000 kil.
de minerai brut
donnent 717 kU. de
minerai de fusion.
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k
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ED. BiiMu PT nïT. T.AnNAY. — Géologie appliquée.
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CUIVRE DE KEF-OUM-THEBOUL (ALGÉRIE) 271
Ces minerais ont, à leur tour, la composition moyenne suivante :
, 47.6 pour 100 plomb.
Galène J 1 238 gr. d'argent, par tonne.
( i gr. 953 d'or, par tonne.
no 2 ( Cuivre . 14 p. 100.
i Argent . 33 onces par 1 015 k.
Pyrite 1 o o /,• i Cuivre . 4 p. 100. ( contient
cuivreuse j ' \ Argent48oncespar 1 015 k. ( de la galène
( Cuivre . 2,45 p. 100.
n® 3 . ' ^
Argent . 13 onces par 1 015 k.
Blende < ''^^'^^ ^' *^ ^* ""''^
\ *2C0 gr. d'argent par tOHue.
„, , / 33,7 p. 100 de zinc.
^^'°îf 9 p. 100 de plomb.
galenUère ^ 3^^^^ d'argent par tonne.
/ Cuivre. . 1,76.
Complexes \ , , .^ . ^. „,.,/., , , .
lavés ) Argent 10 onces, par 1 015 kil. (le plomb et le zinc ne sont
' pas payés).
/ Cuivre 9»%87.
Matte J Argent 50 onces par 1 015 kil.
( Or. . 0,9 —
Le prix de revient, par tonne de minerai brut, est en moyenne
Abatage 5,91
Sortage 1,41
Triage 0,90
Surveillance 0,46
Boisage 0,57
Remblayage 0,24
Voies de chemins de fer 0,36
Galeries et matériel 1,70
11,02
Le rendement du mineur (et aide) est de 1^4S8 par jour
(0'",293). Cette mine qui est, après les mines de fer, la plus impor-
tante d'Algérie, a fourni, en 1888 : 14 400 tonnes de minerai
valant 337 000 francs et transportées, soit à Anvers, soit à Swan-
sea.
Bibliographie.
* 1877. Ledoux. — Rapport sur les mines du Kef-oum-Theboul. (Marseille,
chez BouissoD.)
• 1890. Friedel. — Journal de voyageinédit à l'Ecole des mines, p. 91.
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272 GÉOLOGIK APPLIQUÉE
CHALCOPYRITE DU TELEMARK
Le district métallifère du Telemark se trouve en Norvège, à
15 kilomètres à l'Ouest de Kongsberg *. Il est formé de quartzites
et schistes amphiboliques, traversés par des filons des granulite
avec lesquels les minerais de cuivre seraient d'après V. Groddeck,
en relation. Ces filons de granulite, dont la puissance varie
depuis 0,05 jusqu'à 8 mètres, sont très riches en quartz et très
pauvres en mica et contiennent accessoirement de la magnétite,
du grenat, de l'apatite, du béryl, etc. Le cuivre, associé à du quartz,
s'y trouve, paraît-il, en nids, en sécrétions et en veines qui res-
semblent à des fentes de retrait de la roche. Néanmoins, en géné-
ral, les filons se prolongent dans les quartzites voisins du granité
sans changer d'allure. Le remplissage est formé de quartz gras, chal-
cosine et cuivre panaché, avec molybdénite, chalcopyrite, magné-
tite, oligiste, or et argent natif, parfois un peu de bismuth tellure
(ces derniers minéraux plus rares).
En profondeur, tous les filons du Telemark sont devenus inex-
ploitables.
Bibliographie.
1845. Th. Schberer. — (B. u. H. Z., p. 8o4.)
1863. Th. Scheerbr. — (B. u. H, Z., p.'lo7.)
1871. Herter. — (ZcUschr. d, d, geoL GcselL, t. XXIU, p. 377.)
1884. Groddeck, p. 267.
CHALCOPYRITE DU KUPFERBERG (silésie)^
Dans le Kupferberg silésien, on trouve également des filons de
quartz et chalcopyrite traversant des schistes cristallins, gneiss,
micaschistes et amphibolites, au voisinage de filons de porphyre.
* Nous empruntons cette description, ainsi que la suivante, à V. Groddeck, p. 267.
• 1870. Roemer. Geol. v. Oberschlesien, p. 3.
1884 Groddeck, p. 271.
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gItES des VALS TROMPIA, SABBIA ET 5ASSINA 273
On distingue^ dans cette région très minéralisée, des filons cui-
vreux, des filons plombifères, et enfin des filons barytiques, qui
paraissent s'être succédé dans Tordre où nous venons de les
énumérer.
Parmi les filons cuivreux, il y a également plusieurs catégories :
!•' groupe : E. 0. (le plus développé), quartz avec nids de chal-
cosine, cuivre panaché, chalcopyrite et blende ;
2* groupe : N. 150 à 165^ E. — première formation : quartz, chal-
copyrite, mispickel; puis feldspath blanc ou rose; enfin, calcite,
fluorine et braunspath ;
3' groupe : N. 120 à 135* E. — quartz avec chalcopyrite, pyrite
de fer, mispickel, chalcosine, cuivre gris. Ces derniers filons ont
la même direction que la roche encaissante.
GÎTES DES VALS TROMPIA, SABBIA ET SASSINA'
(lombardie supérieure)
M. Fuchs a consacré un mémoire à quelques gisements filo-
nien's inexploités, d'âge postriasique, peut-être tertiaire, et com-
posés de minerais de cuivre et de galène, qu'il avait visités dans la
Lombardie septentrionale; nous en résumerons ici les principaux
éléments géologiques.
La Lombarbie septentrionale, c'est-à-dire la partie du versant
méridional des Alpes comprise entre le lac Majeur et le lac de
Garde, présente, au point de vue des gisements métallifères, un
certain intérêt.
Ces gisements sont concentrés dans le trias, le permien et les
schistes situés au-dessous. Le trias lui-même comprend :
l'^Le grès bigarré : assises schisteuses très repliées avec quelques
lentilles ferrugineuses activement exploitées autrefois;
2"^ Le muschelkalk : assises calcaro-schisteuses avec amas de cala-
mine à Fontanellr (val Sabbia) et filons de galène à Provaglio di
Sotto et couches puissantes de dolomie avec gisements de galène^
au lac de Côme (Ballabio, Laorca) ;
« Coll. École des Mines, 1521.
GÉOLOGIE. —T. II. 18
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274 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
3"* Marnes irisées à structure schisteuse et très contournées.
Le permien, à l'état de grès rouge de 5 à 600 mètres d'épaisseur,
est traversé par la plupart des filons métallifères, qui s'y appau-
vrissent en général; mais c'est surtout au voisinage de son contact
avec des schistes anciens subordonnés que se trouvent les gise-
ments métallifères.
Comme roche éruptive, on doit citer à Nozza (val Sabbia) une
roche porphyrique verdàtre au-dessus de laquelle le jurassique
inférieur est placé et que recouvrent des grès du tertiaire moyen.
Dans le val Trompia, on trouve des porphyres pyroxéniques et
des mélaphyres auxquels on a attribué un âge analogue et rat-
taché les filons de plomb. Les serpentines, venues postérieure-
ment aux mélaphyres et peut-être accompagnées de cuivre, n'ont
qu'une importance des plus restreintes.
Les gisements du val Sabbia se rapportent à deux formations
distinctes, Tune de cuivre, l'autre de plomb argentifère.
Les filons de cuivre, considérés par M. Fuchs comme les plus
récents, forment des fentes nettes à travers les mélaphyres. On y
rencontre, aux affleurements, un mélange d'oxyde, de carbonate,
de chalcopyrite et de cuivre gris avec de la calcile et de la baryte
sulfatée. Le plomb se trouve dans quelques filons, avec de la blende
noire en mouches zonées, au milieu d'une gangue composée : de
baryte sulfatée à Dosselli, de calcite à Provaglio di Sotto. Aucun
travail sérieux n'y a été fait.
Dans le val Sassina, on a des filons de galène, blende et chalco-
pyrite avec gangue de dolomie, sidérose, quartz et barytine.
A l'extrémité occidentale du val Sassina, près du lac de Côme, les
minerais sont disséminés dans une assise dolomitique du muschel-
kalk à l'état de veinules de galène avec calcite, sans autres sul-
fures métallifères*.
Le val Trompia est la partie la plus minéralisée de la région :
Dans la vallée de Pezzaze, les mélaphyres sont recoupés par
des roches vertes serpentines qu'on a comparées à celles de
« 1868. Fuchs. Ann. d. M,, 6«, t. XIII, p. 411.
On peut rapprocher ces gisements de ceux que nous étudierons à Raibl, en Silé-
sie, etc., au chapitre du Plomb. Le muschelkalk de l'Europe centrale est fréquemment
métallifère.
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CHALCOPYRITE AVEC SIDÉROSE DE KITZBUCHEL (tYROL) 275
Monte-Catini. On a trouvé là quelques filons de sidérose ex-
ploités pour les fabriques d'armes des environs de Brescia et con-
tenant des mouches de chalcopyrite et cuivre gris paraissant
résulter d'une réouverture; àNavazzeetTorgola, les filons semblent
assez nets et continus ; celui d'Augusto contient de la galène avec
du spath-fluor ; celui dei Kemmi, le plus important de tous, qui
n'a pas moins de 3 mètres d'épaisseur, renferme un remplissage
double : au toit, quartz, pyrite et sidérose ; au mur, galène, fluorine
et calcite. Il recoupe le grès rouge.
Dans Tensemble, on paraît avoir affaire à deux groupes détermi-
nés : filons cuivreux, filons plombeux. Ces derniers, dirigés en géné-
ral N. 15** 0., ont été remplis par deux venues distinctes : 1*" galène,
blende, spath-fluor, calcite, quartz ; 2*" sidérose et chalcopyrite.
Les tentatives de recherches, qui ont été faites il y a une ving-
taine d'années, n'ont pas donné de résultats favorables.
A ?. — CHALCOPYRITE A GANGUE DE SIDÉROSE.
KITZBUCHEL (TYROL); KOTTERBACH (HOxNGRIE), ETC.
{Filons couches de sulfures divers^ en particulier de chalcopyrite y avec
gangue de sidérose^ et parfois de cinabre * , imprégnant des schistes.)
Les filons de chalcopyrite que nous avons étudiés jusqu'ici
avaient tous une gangue quartzeuse. Il existe, au contraire, dans
le Tyrol, quelques gisements où la gangue est de la sidérose. Ces
gisements, qui présentent une certaine analogie avec les fahlbandes
norvégiennes, dont nous aurons à parler à diverses reprises*, se
trouvent auprès de Kitzbiichel, de Kupferplatten, de Kelchalp, de
Rôrobuchl, etc., et sont compris dans des phylladesetgrauwackes
siluriens ; ils ont été décrits par Schmidt comme des amas strati-
fiés, par Stapff comme des filons-couches en relation avec des
ramifications filoniennes coupant transversalement la stratifica-
tion et nous semblent résulter assez nettement de l'imprégnation
• Noos aurons à revenir sur des gîtes comparables quand nous nous occuperons du
cuivre gris (p. 307) et, plus tard, au chapitre du Mercure.
• Voir plus haut, au Nickel^ p. 63, 73, etc.
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276 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
filonienne de schistes anciens par des dissolutions ayant apporté
les sulfures de fer et de cuivre associés avec la sidérose.
Les schistes métamorphiques qui contiennent la pyrite for-
ment, au milieu des phyllades inaltérés, une grande masse de
900 mëtrea de long sur 300 mètres de large. La description de
ces gîtes et de quelques autres analogues en Hongrie pourra donc
nous servir de transition pour arriver aux amas de pyrite de fer
cuivreuse que nous aurons à examiner ensuite.
A Kupferplatten^ on connaît huit filons-couches parallèles, su-
perposés, de 1™,50 à 2 mètres, exceptionnellement de 4 mètres
d'épaisseur, contenant des noyaux et sécrétions de chalcopyrite
ou plus rarement de pyrite de fer avec de la doloitoie ferrugineuse
et du quartz. Au voisinage des parties riches, on trouve un
schiste encaissant dur et clair {lagerschiefer) ; au voisinage des
parties pauvres, un schiste sauvage foncé, fissuré et irrégulière-
ment schisteux.
A Mitterberg^ à 8 kilomètres à TOuest de Bischofshofen, aux
environs de Werfen, on exploite, de même, un filon couche de 2 à
3 mètres de large dans les phyllades siluriens. Ce filon, composé de
concentrations pyriteuses dans le schiste, est accompagné, des deux
côtés, sur quelques mètresde large, pardes schistes métamorphiques
de couleur claire, qui passent graduellement au schiste normal,
dit schiste bleu. Le schiste altéré, dit lagerschiefer, est imprégné de
pyrite de fer et de cuivre, qui se groupent, avec du quartz et de la
sidérose, dans une série d'amas lenticulaires. Tantôt quartz, sidé-
rose et pyrite sont mélangés sans aucun ordre ; tantôt la sidérose
et la chalcopyrite sont enveloppés de quartz. On rencontre parfois
un peu de cinabre, de tennantite et des traces de nickel.
Le métamorphisme des roches encaissantes semble être, comme
a ans la plupart de ces gisements, en relation avec des actions de
surface et cesser en profondeur.
Bibliographie,
1865. Stapfp. — (Berg, u. Eut. Zeit., 1865, p. 18 et 29.)
1867. ScHMiDT. — (Berg, u. Hût. Zeit,, 1867, p. 401 et 1870, p. 174.)
1879. GfiODDECK, p. 261.
1890. Von Friesb. — Bilder von dea Lagerstatten bei Kitzbiichel (Vienne).
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GHALCOPTRITE AVEC SIDÉROSE DE HONGRIE (kOTTERBACH, ETC.) 277
En Hongrie, à Kotterbach, Szlovinka et Gàllnitz^^ dans les schistes
de Gomor Zipse, le caractère (ilonien est mieux accusé, pour des
liions couches analogues, par la présence de véritables filons trans-
versaux.
A Kotterbach, les deux filons exploités, fllon Grobe et filon
Drozdziakow, contiennent de la chalcopyrite, du cinabre et du mer-
cure natif avec de la sidérose, du quartz et de la barytine. Les
intercalations de schistes encaissants dans le gite sont constantes
et en élèvent la puissance jusqu'à 40 mètres.
A Szlovinka^ les deux filons principaux, le filon Grobe et le
filon Kahlehôb, se croisent et sont accompagnés de ramifications
secondaires. Le filon Grobe est parallèle à la stratification et con-
tient essentiellement des lentilles de chalcopyrite dans la sidérose
avec un peu de cuivre gris argentifère, de chalcosine et de cinabre,
du quartz et de la calcite. Le filon Kahlehàh, lui, est essentielle-
ment quartzeux et contient peu de fer spathique. On y trouve des
lentilles de chalcopyrite et, près de la surface, de Tor natif.
V. Groddeck rapproche de ces gisements :
Les filons de cuivre du Venezuela^, ceux de TAlp, dans la vallée
de la Romanche (Dauphiné^), les filons couches de cuivre gris et
chalcopyrite de Sierre en Valais *, ceux de Baigorry près Saint-
Etienne en Navarre ^j ceux d'Eivas en Alentejo^, enfin ceux de
Mùrtschenalp, canton de Claris '.
« 1867. Faller. Berg. u. HuL Jah*b. der osir. Berg. acad., t. XVIÏ, p. 132.
1879. Groddeck, p. 264.
• Sur le Venezuela : Klemm. Berg, u, Hut. Zeit.y 1859, p. 281 et 289.
» Sur la Romanche : Grafl. B. u. HiXt. Z., 1866, p. 346.
• Sur Sierre en Valais : Ossent. B, u. Hût, J?., 1868, p. 245.
• Sur Saint Etienne : Cotta. EszlagerslàUenj t. II, p. 439.
• Sur Eivas : Braun. N. Jahrb. fur Miner,, 1876, p. 385.
•^ ^ Slohr. .V. Jahrb, fur Miner,, 1865, p. 351.
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278 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
B. — AMAS DE PYRITE DE FER CUIVREUSE
GÉNÉRALITÉS
11 arrive fréquemment que la pyrite de fer contienne une certaine
proportion de cuivre. Lorsque cette pyrite forme des amas impor-
tants, il suffit que cette teneur atteigne 2 à 3 p. 100 pour que le gise-
ment puisse être exploitable. Quelques amas de ce genre ont été
trouvés successivement à Fahlun en Suède ; RÔraas, Vigsnaes, etc..
en Norvège; Agordo en Vénétie; au Rammelsberg dans le Hara ; à
Rio-Tinto, Tharsis, San-Domingos en Espagne et Portugal, etc..
Tous ces amas se présentent, à certains points de vue, dans des
conditions analogues : 1*" ils sont toujours au milieu de schistes ;
2^ ils affectent une forme lenticulaire et se sont souvent terminés
en profondeur, sans qu'on ait cherché à vérifier si, au-dessous
d'un amincissement, on ne retrouverait pas une seconde lentille
minéralisée; 3° ils ont une teneur en cuivre assez uniforme, d'envi-
ron 2 à 3 p. 100 ; i"* ils sont signalés à la surface par un chapeau
de fer hydroxydé correspondant à la zone où les eaux superfi-
cielles ont pu exercer leur action métamorphique.
Leur origine est assez obscure. Dans certains cas, comme au
Rammelsberg, la pyrite, intercalée au milieu de schistes fortement
plissés, en épouse, par sa forme extérieure, toutes les inflexions et
présente elle-même une allure zonée correspondant à une schisto-
site ancienne. Alors, en dépit d'objections graves que nous pré-
senterons plus loin, nous admettrons, avec les géologues allemands
qui ont étudié le gîte sur place, qu'on a affaire à un dépôt sédi-
mentaire sous-marin, analogue par exemple aux schistes cui-
vreux du Mansfeld * et postérieurement plissé. Nous renverrons
donc la description du Rammelsberg au chapitre des GÙes de
cuivre sédimentaires.
Dans d'autres cas, au contraire, comme à Rio-Tinto, l'amas pyri-
teux, tout en s'interstratifiant grossièrement au milieu des schistes,
les recoupe en des points nombreux, ne présente aucune espèce de
stratification interne, mais est accompagné par des veines quart-
* Voir plus loin, p. 329.
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AMAS DE PTRITK DE FER CUIVREUSE 279
zeuses et associé avec des roches éruptîves ainsi qu'avec des amas
semblables situés, au voisinage, dans des terrains d'âge diiïérent,
en sorte qu'on est contraint d'admettre, pour lui, une origine filo-
nienne.
Enfin, les amas intercalés dans le terrain, dit primitif, de Scandi-
navie, àFahlun, Rôraas, Foldal, Vigsnaes, etc., présentent souvent
un cas intermédiaire : des apparences d'interstratiflcation assez
prolongées, associées à des fractures nettement Qloniennes. Pour
nous, qui ne croyons en aucune façon que le terrain primitif se
soit déposé du premier coup sous son aspect actuel, mais qui sup-
posons qu'il a été formé d'abord de schistes, grès, calcaires, etc.,
transformés ensuite par métamorphisme en gneiss, leptynites,
amphibolites, etc., l'explication parait être que la venue pyriteuse
filonienne est là très ancienne et contemporaine de ce métamor-
phisme lui-même.
Il y aurait, à coup sûr, quelque bizarrerie, alors que nous trou-
vons, en divers points, des gisements de sulfure de cuivre nette-
ment sédimentaires comme ceux du Mansfeld, de Perm, etc., à
nier absolument (en dehors du Rammelsberg, cité plus haut) la
possibilité que des gîtes de pyrite de fer cuivreuse, plus ou moins
renflés en amas, puissent avoir une origine semblable; mais préci-
sément nous sommes frappé de constater, en général, combien les
caractères de ces amas diffèrent des fines interstratifications cui-
vreuses si régulières, si intimement mélangées à la masse, du
schiste du Mansfeld, etc. ; en outre, nous ne comprenons pas, s'ils
sont d'origine sédimentaire, pourquoi nous n'en trouvons jamais
dans des terrains horizontaux et tranquilles, mais seulement dans
des couches redressées, percées de roches éruptives ou métamor-
phisées. C'est pourquoi, dans la majeure partie des amas pyriteux,
nous admettrons l'origine hydrothermale et profonde.
Mais comment s'est produite cette venue hydro thermale, qui a
laissé des dépôts de telle dimension (550 mètres sur 100 en coupe
horizontale à Rio-Tinto) et qui n'a marqué son empreinte par
aucune structure zonée et concrétionnée, c'est ce qu'on se figure
malaisément ^
* La formation de ces masses énormes, non stratifiéeSy par des phénomènes de sédi-
mentation, serait encore moins explicable.
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280 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Pour notre part, nous serions porté à en chercher Tinterpré-
tation dans les phénomènes qui se passent au griffon d*une source
thermale sulfureuse suintant au milieu de schistes, comme celles
de Bagnères-de-Luchon, par exemple.
Une semblable source qui, dans le granité ou dans toute roche
compacte, sortirait par une fracture unique et mince, s'éparpille
au milieu des schistes, s'inGllre par tous les interstices laissés
par la stratification, par toutes les cassures, et, comme elle se
chaîne d'acide sulfurique en présence de l'oxygène de l'air, elle
attaque ces schistes, les transforme peu à peu en une boue qu'elle
entraîne, et substitue à eux un dépôt qui remplit tous les vides.
Son émergence une fois ainsi obstruée par elle-même, elle change
de trajet dans l'intérieur du sol et va sortir un peu plus loin. Le
phénomène le plus simple et aux proportions les plus restreintes
est ainsi susceptible de constituer un dépdt d'une certaine étendue.
Nous croyons que quelque chose d'analogue a dû se produire
à la suite de certains grands mouvements de plissement de
l'écorce terrestre, ayant amené au jour des roches basiques
(diabases de San-Domingos, gabbros de Norvège, etc.). Les eaux
de la mer, chargées de sulfates en même temps que de chlorures,
ont été, à ce moment, introduites en masse jusqu'au magma
interne ou, du moins, jusqu'à ses fumerolles réductrices qui
apportaient du fer avec d'autres métaux. Remontant au milieu des
schistes, elles ont dû y trouver des zones brouillées, froissées,
peut-être aussi de grands vides ; loin du contact de l'air qui au-
rait oxydé leurs dépôts, elles ont alors, partie par simple précipita-
tion chimique, partie par substitution aux schistes, formé les dépôts
sulfurés divers, que nous appelons en Norvège des fahlbandes
lorsqu'ils sont peu étendus et très allongés*, que nous avons
décrits comme filons couches à Kupferplatten, Mitterberg, etc.*,
lorsqu'ils ont bien ménagé l'allure primitive du schiste, que nous
étudions enfin ici sous le nom d'amas pyriteux. C'est pourquoi,
croyons-nous, ces amas se trouvent uniquement dans les schistes,
qui seuls se sont prêtés à la formation de semblables vides et de
' Voir page 63, et, plus loin, au gite d^argent de Kon{?sberg.
•Page 273.
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AMAS DE PYRITE DE FER CUIVREUSE 281
semblables phéoomènes de substitution. C*est pourquoi aussi,
puisque Tapparition au jour de ces amas sulfurés lenticulaires
n'a pu se faire, à notre avis, que très postérieurement à leur
cristallisation et par érosion, il est parfaitement possible qu'au-
dessous d'un amas terminé et d'une exploitation abandonnée, on
ait chance de trouver, après un amincissement stérile, un nouvel
amas, aussi bien et dans les mêmes conditions qu'en plan hori-
zontal 011 ces formations en chapelet sont fréquentes et bien
connues.
Nous irons plus loin et dirons que, pour nous, l'interstratifica-
tion de la pyrite dans des couches plissées n'est nullement une
preuve que la venue de la pyrite ait été antérieure au plissement et
serait même, lorsqu'on ne constate pas, dans cette pyrite, de plans
de fracture et de zones de brouillage postérieurs, une preuve du
contraire. En effet, si une roche aux zones alternantes nettement
plissées, de pyrite et de quartz et feldspath par exemple, roche
massive et compacte, avait été d*abord, avec sa compacité actuelle,
formée de ces zones alternaùtes horizontales, puis soumise à
une action de plissement, elle se serait rompue et fragmentée, mais
non plissée comme une pâte molle sans fractures. Au contraire, si
Ton admet que des schistes tendres aient été d'abord soumis à ce
phénomène mécanique ; puis, que la venue pyriteuse, passant à tra-
vers les interstices sinueux, y ait cristallisé et, alors seulement, ait
fait de ces schistes flexibles une roche solide, tout devient parfaite-
ment clair et compréhensible. Nous aurons à revenir sur cette idée
qui peut, croyons-nous, être invoquée aussi comme un argument
en faveur de l'origine métamorphique des gneiss, à propos des
gîtes de blende d'Ammeberg.
Ces remarques faites, nous allons décrire les principaux amas
pyriteux dans l'ordre des terrains où on les trouve encaissés :
1^ Dans la partie supérieure des gneiss : Fahlun en Suède ;
29 Dans le huronien, peut-être même dans le précambrien : Rôraas et
Foldal en Norvège.
3^ Dans les schistes anciens (?) : Vigsnaes en Norvège.
4^ Dans le carbonifère : Hio-Tinto en Espagne; San-Domingos en Portugal.
5^ Dans le trias : Agordo.
^ -bigitizedbrVjOOgle
282 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
AMAS PYRITEUX DE FAHLUN (suède) ^
Les gisements de pyrite de fer cuivreuse de Fahlun* sont situés
au voisinage de la ville du même nom, au Nord-Ouest de
Stockholm.
Leur exploitation est fort ancienne; elle était déjà commencée
au xiv" siècle (1347), et, pendant longtemps, Fahlun a été le
centre le plus important de la production du cuivre en Scandi-
navie (3 300 tonnes, en moyenne, au xvu° siècle) ; aujourd'hui
encore, c'est la mine qui produit la plus grande quantité de pyrite,
comme le montre le tableau suivant :
MINES DE CUIVRE DE SUÈDE
moyenne de
l'extraction annuelle
1870-79
MAXIMUM DE LA
PROFONDEUR VERTICALE
en 1875
Fahlun
Atvidaberg
Bjelke
Kafveltorp
Frôa
Solstad
LjusDanberg
Tunaberg
Extraction annuelle moyenne des
mines précitées
» de la totalité du pays..
24 438
9 261
2 240
1 040
663
177
355
286
356
409
72
92
60
320
113
180
38 760
40 638
Mais, au point de vue de la production du cuivre métal, Atvida-
berg a pris le premier rang.
Voici les chiffres pour Fahlun, il y a quelques années :
1882 . . 17 656 t. déminerai 535 t. de cuivre 456 kil. d'argent.
1883 . . 16 251 t. — 532 1. — 374 —
1884 . . 459 t. — 443 —
Après 1884, la production de cuivre a continué à osciller
autour de 500 tonnes par an.
Depuis 1876, une transformation radicale s'est opérée dans le
traitement métallurgique ; il y a eu substitution de la voie humide
* Coll. École des Mines, 1538. Notes de voyage de Tauteur en 1890.
• Ou Falun.
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AMAS PYRITEUX DE FAHLUN (sUÈDE) 283
à la voie sèche. En outre, en 1881, on a découvert, dans le gise-
ment cuivreux, de Tor natif, dont on extrait environ 70 kilo-
grammes par ao.
Le nombre des ouvriers est de ISO à la mine.
Géologie générale. — Les environs de Fahlun, comme le montre
une carte géologique due à M. Tornebohm, comprennent :
1** gneiss gris fin, quartzites et micaschistes; 2^ leptynites
(appelées granulites par les géologues suédois) ; 3"* gneiss-granite
rouge ; 4** granité rouge ; 5"" granité gris ; 6^ diorite et gabbro-
diorite ; T diabases.
Le terrain primitif présente, aux alentours immédiats de Fah-
lun, des gneiss gris, des schistes micacés passant à des quartzites
et des alternances feldspathiques analogues aux roches que nous
appelons leptynites dans le plateau central français et que les
géologues suédois désignent sous le nom de granulites. Ces divers
terrains, par suite des plissements qu'ils ont subis, forment des
bandes successives, dirigées dans l'ensemble Est-Ouest, avec un
plongement presque vertical, mais présentant, dans le détail, une
série d*inflexions qui sont particulièrement sensibles aux environs
les plus proches de Fahlun. Du côté Nord, vers Stennaset, ces
terrains sont bornés par un massif de granité gris, du côté Sud
par du gneiss-granite.
Comme roches accessoires, on trouve, vers TOuest, un certain
nombre de massifs de diorite et de gabbro-diorite alignés suivant
la direction générale de la schistosité et qui paraissent très com-
parables aux amphibolites à structure dioritique de notre plateau
central. Cette idée semble confirmée par l'allure d'autres diorites
et de felsites que nous rattacherons, aussi bien que les granulites,
à notre série des leptynites et qui, autour de Fahlun, suivent les
moindres inflexions de la schistosité.
Dans l'ensemble, nous croyons donc que l'on a afi'aire, à Fah-
lun, à la série du terrain primitif intermédiaire entre les gneiss et
les micaschistes où nous avons déjà eu l'occasion de montrer
plusieurs fois (à propos du graphite, du fer, du zinc, etc..) une
abondance particulière en intercalations de roches cristallines et
de couches métallifères, probablement contemporaines, sinon de
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284 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
la formation, tout au moins du métamorphisme ayant produit la
structure considérée comme primitive.
A travers tout cet ensemble, on constate, à l'Ouest, plusieurs
filons de diabase N.-O.-S.-E. et quelques veines talqueuses plus ou
moins bréchiformes et à feuillets irrégulièrement enlacés fréquentes
dans les gisements de Scandinavie (voir, plus loin, Kongsberg,
Sala), que les géologues suédois appellent schol ou skôlar. Ce
schol renferme beaucoup de beaux cristaux de magnétite, de
gahnite, de grenat et de fahlunite. On y trouve, assez souvent,
des lentilles pyriteuses irrégulièrement disséminées et, pendant
longtemps, on a cru que le grand amas principal de Fahlun en
était entouré.
D'après M. Tôrnebohm qui a entrepris une étude opprofondie de
ce gisement, étude rendue très difficile par l'antiquité des travaux
et la disparition ou reffondrement de la majeure partie de l'amas,
le fait serait loin d'être démontré. Le schol serait, suivant lui,
dans de véritabjes fentes et l'amas lui semblerait 'plutôt encadré
entre deux failles.
Gisement métallifère. — L'amas principal de minerai, où se
trouve la Slorrgrufva, a été exploité, pendant très longtemps, à
ciel ouvert et a fourni la majeure partie du cuivre extrait depuis
plus de cinq siècles. Il peut être comparé grossièrement à un sac,
largement ouvert en haut et fermé en bas, dont on a trouvé le
fond depuis déjà soixante-dix ans. Ses dimensions sont : à l'affleu-
rement, du N.-O. au S.-E., 240 mètres et, du N.-E. au S.-O.,
160 mètres ; en profondeur, 350 mètres. Des veines rectilignes
de pyrite de cuivre le traversent. Il serait fort difficile ici de dire
s'il y a, ou non, interstratification. Néanmoins les caractères du
gîte, la schistosité qu'on y rencontre fréquemment, l'intercala-
tion de lamelles micacées et amphiboliques, l'abondance du
quartz, surtout l'allure des amas voisins indiquent, tout au
moins, une pénétration très intime des schistes encaissants par
les sulfures métalliques*.
1 Nous reviendrons sur cette question d'origine à propos des gttes de Rôraas
(p. 290), de Vigsnaes (p. 295), de llio-Tinto (p. 296), etc.
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AMAS PTRITEUX DE FAHLUN (sUÉDe) 285
II est, d'ailleurs, visible que le terrain primitif a été fortement
plissé dans cette région et il ne serait pas surprenant que, dans
ce plissement, les amas de pyrite, quelle qu'ait été leur allure
primitive, eussent joué le rôle d*un coin plus résistant brisant les
strates à leur voisinage. Le schol, qui entoure une partie du gite,
nous a paru, partout où nous Tavons vu, ressembler beaucoup à
un remplissage de faille.
En dehors de Tamas principal, il existe un grand nombre
d'autres lentilles pyriteuses généralement brisées, quelques-unes
très nettement interstratifiées et passant graduellement à la roche
encaissante ; d'autres, au voisinage, se présentant comme de véri-
tables filons.
Minerais. — Le minerai lui-même peut se diviser en deux
catégories :
V Minerai tendre (blotmalm ou weicherz) ; pyrite de fer à 2 ou
3 p. 100 de cuivre, avec divers sulfures associés (pyrite magné-
tique, galène, blende, etc.), et très peu de quartz. C'est le minerai
qui remplissait tout le grand gite et dont la proportion tend à
diminuer. On peut le comparer au minerai de Rio-Tinlo.
2^ Minerai dur (hardmalm ou harderz) tenant 5 à 6 p. 100 de
cuivre. On trouve surtout ce hardmalm à l'Est et au S.-O. du
grand amas, dans les parties nommées Ostra Hardmalmerna et
Sednare Adolfs ou Luisa Malmerna. 11 se présente là en couches
de direction N. 45* 0. avec plongement Est. La pyrite de cuivre
y domine avec du quartz ; on y trouve également un peu de chal-
copyrite.
Enfin un point intéressant, c'est la présence de l'or dans
quelques parties de ces amas.
Depuis longtemps, on savait que le minerai de Fahlun était auri-
fère et, dès 1790, on en avait extrait un peu d'or (environ 2 kilo-
grammes par an).
En octobre 1881, on découvrit l'or natif dans le minerai dur
d'un chantier, nommé Menkas, ouvert dans la région d'Ostra
Hardmalmerna (minerais durs de l'Est).
Le hardmalm de Menkas consiste, comme tout le minerai de la
région environnante, en quartz gris plus ou moins imprégné de
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286 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
pyrite cuivreuse avec un peu de pyrite magnétique ; il contient
aussi, çà et là, des bandes de quartz blanc, ressemblant au quartz
blanc qu'on rencontre souvent à Fahlun en ûlons, mais pré-
sentant un aspect plus laiteux. C'est dans ce quartz blanc que se
trouve l'or, soit sous forme de grains qui atteignent exception-
nellement quelques millimètres de diamètre, soit, plus souvent,
à Tétat invisible.
Avec lui, se présente fréquemment un minéral d'un blanc
d'argent très brillant, qui, d'après les analyses de M. Nordenstrom,
aurait pour formule Pb (S. Se) Bi* (S. Se'), c'est-à-dire serait
un sélénio-sulfure de bismuth et de plomb. C'est ce minéral à
forme bacillaire qui permet aux mineurs de reconnaître et de
trier les fragments contenant de l'or invisible.
Le gîte de Menkas, où Ton extrait l'or, est assez restreint.
En 1884, on en a tiré 43 tonnes de quartz aurifère; en 188S, 50;
aujourd'hui, environ ISO tonnes. Ce minerai est divisé en deux
catégories : minerai riche où on voit l'or, tenant 130 grammes
à la tonne; minerai pauvre, tenant 30 grammes à la tonne.
Mais, en outre de ce minerai d'or proprement dit, on a constaté,
depuis, que tout le minerai de la région de Fahlun contenait une
proportion d'or atteignant en moyenne 2 à 3 grammes par tonne
et c'est de ces minerais, bien plus que des minerais aurifères pro-
prement dits, que provient l'or produit à Fahlun (72 kilogrammes
par an).
Métallurgie. — Le minerai tendre va à la fabrique d'acide
sulfurique qui produit environ 2 000 tonnes d'acide par an.
Le minerai dur est grillé en stalles avec addition de sel, pms
grillé au réverbère et passe à un lavage qui dissout le cuivre et
l'argent en chlorure. Après quoi, on dissout l'or par un lavage
à l'eau de chlore.
La liqueur cuivreuse est traitée par de Tiodure de zinc, pour
précipiter l'argent, puis cémentée pour extraire le cuivre. La
liqueur de chlorure d'or est précipitée par le chlorure de fer.
On fabrique, à Fahlun, outre le cuivre, l'argent et l'or, du sulfate
de cuivre (comme matière colorante) et une couleur rouge spéciale
très usitée pour la conservation des bois dans toute la Scandi-
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AMAS PYRITEUX DE RORAAS (nORVÈGe) 287
navie*, couleur obtenue eu lavant une terre, imprégnée de fer par
décomposition des pyrites, qu'on extrait des skôlar et des vieux
travaux.
Bibliographie.
i818. Haussmann. — Reise durch Skandinavien, t. V, p. 55.
1826. HisiNGRR. — Minerai Geogr. von Schweden. (Trad. v. Wôhler), p. 36.
1841 . RussEGGER. — (V. Leonhards Jahrbuch^ p. 82.)
1845. Tjadbr. — Karlaôfver Fahlueller Stora Kopparbergs Gmvor.
1846. Daubrée. — Minerais de Scandinavie.
1855. DuROCHBR. — {Ann, d. M.)
4861. V. COTTA, p. 525, 679, 707.
1861. Stapff. — (Berg. und hûttenm. ZeitunÇy p. 195.)
1879. Groddeck, p. 149.
Geologiska foreningens i Stockholm forhandlidgar, févr. 1882.
1883. LoNQuÉTY. — Journal de voyage manuscrit à TEcole des mines.
1886. ToQOÉ. — Journal de voyage à l'Ecole des Mines, p. 25.
1888. Davibs, p. 123.
1889. ToRNEBOHM. — Etude géologique sur Fahlun.
Août 1890. L. DE Launay. — Notes de voyage inédites.
AMAS PYRITEUX DE RORAAS (norvège).
Les mines de pyrite de fer cuivreuse et de pyrite de cuivre de
Roraas font partie d'une bande cuprifère commençant en Suède
au lac de Kalln et à TAreskuttan et s'étendant, en Norvège, jus-
qu'au Sognefiord, avec une direction générale N.-E.-S.-O.
La ville de Roraas, centre des mines du même nom, est située
un peu au Sud de Throndhjem, sur la ligne de Throndhjem à
Christiania. L'exploitation date de 1646 ; elle est aujourd'hui con-
centrée dans neuf mines, dont la plus importante, au point de vue du
cuivre, est Storvarls Grube^ à 9 kilomètres au N.-E. de Roraas,
occupant 50 à 60 ouvriers et produisant 2 SOO tonnes de minerai
cuivreux par an. Puis viennent Ny Solskim Grube^ à côté de
Storvarts Grube, faisant 1 000 tonnes; Muy Grube, à 22 kilo-
* 15 000 barriques de 150 kilogrammes à 15 à 20 francs la barrique.
' Coll. École de% Mine%^ 1539. Notes de voyage de Tauteur en 1890.
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288
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
mètres : 2 000 tonnes; Christians Grube récemment reprise, etc.;
enfin, Kongens Grube^ aujourd'liui surtout exploitée pour pyrite
de fer, et qui en extrait près de 20 000 tonnes par an.
La production de toute la région a été, en 1889, de 8 129 tonnes
de minerai àS, 35 p. 100 de teneur moyenne en cuivre, ayant donné,,
à l'usine de Roraas, où se trouvent aujourd'hui concentrées les opé-
rations métallurgiques, 435 tonnes de cuivre. En outre, on a exporté,
par Throndhjem, soit en Angleterre, soit en Belgique à Hemixen,
20 000 tonnes de pyrite de fer provenant surtout de Kongens
Grube et valant environ 21 francs la tonne rendue à Throndhjem
(3 fr. 50 de transport jusque-là). La mine de Kongens Grube occupe
aujourd'hui 5 à 600 ouvriers, tandis que Storvarts Grube en emploie
seulement 100 et Muy Grube 90; les autres mines, 40 à 60.
Description des gisements. — Ces divers gisements, quoique en
relation manifeste les uns avec les autres, se présentent dans des
conditions très variables de Tun à Tautre : ce qui a peut-être
contribué à causer les contradictions qu'on rencontre chez tous
les auteurs qui en ont parlé.
Tous sont situés au milieu des schistes micacés, chloritoschistes
et talcschistes huroniens ; mais, suivant les cas, on a affaire à un
amas interstratifié qui semble très net (à Muy Grube par exemple),
fou à un filon à peu près incontestable
comme à Kongens Grube. En outre, la na-
ture et la proportion des divers sulfures
associés est extrêmement difTérente d'un
gîte à l'autre. Comme on a généralement
insisté sur le caractère interstratifié de
ces gites, nous commencerons par un
cas moins connu où Tamas pyriteux
Fig. 2i5. — Coupe verticale tranche très visiblement les couches de
iintp'^lJnivl^^^^^^^^ schistes; c'est celui d'une mine dont
pyrite cuivreuse a noraas '
(Kongens Grube). l'exploitation sur une grande échelle est
assez récente : la mine de Kongens Grube ; à cette mine, la coupe
schématique du gîte reconnu lors de notre visite était à peu près
celle que représente la figure 215.
A Taffleurement, Tamas pyriteux est dirigé Est- Ouest et
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AMAS PTRITEUX DR RORAAS 289
plonge vers le Nord avec un pendagetrèsraide. A 15 ou 20 mètres
de profondeur, nous l'avons vu recoupant, tout le long du mur, les
schistes assez faiblement inclinés, dans lesquels il lançait de courtes
ramifications qui, elles, étaient interstratifiées. Plus bas, le gîte se
recourbe, au contraire, vers le Sud et, peu à peu, prend l'appa-
rence d'un gîte interstratifié.
Ces faits ne peuvent s'expliquer que de deux façons, soit par une
véritable venue filonienne postérieure aux schistes, soit par un
phénomène mécanique ayant refoulé violemment à travers les
schistes une masse primitivement interstratifiée. Celte dernière
explication paraît peu compatible avec l'ensemble de la coupe du
gîte et la présence des ramifications qui en divergent.
Du côté du toit, le filon est constamment accompagné par une
roche amphibolique, appelée là haardart^ qu'on a traversée sur
60 mètres d'épaisseur et qui joue, peut-être, un rôle comparable à
celui des diabases que nous trouverons à San-Domingos.
L'amas de Kongens Grube a de 2 à 6 mètres d'épaisseur. Il est
principalement composé de pyrite de fer assez homogène, mais
contenant fréquemment des intercalations de schistes pénétrés de
pyrite. Nous avons cru remarquer, dans la partie supérieure
du gîte, qu'au mur les schistes étaient intacts ; au toit, au con-
traire , ils sont très métamorphisés avec cristaux de pyrite au
milieu de la masse. En dehors des sulfures, on trouve, surtout
dans les veines latérales, un peu de quartz.
Le minerai extrait renferme pyrites de fer et de cuivre, pyrite
magnétique, parfois blende; la galène y manque à ce point qu'on
ajoute du plomb dans le raffinage. On le divise en plusieurs caté-
gories :
1* Minerai à 5 à 6 p. 100 de cuivre, fondu sur place ;
2* Pyrite de fer n® 1, de teinte jaune, contenant de 2 à 3 p. 100
de cuivre et exportée ;
y Pyrites n*" 2 et 3 appauvries par la blende ;
ht" Haldes, abandonnées jusqu'à nouvel ordre, renfermant beau-
coup de pyrite magnétique.
Le gisement de Storvaris Grube^ qui a été surtout décrit par tous
les anciens visiteurs, suit, au contraire, la schistosité des couches
GÉOLOGIE. — T, II. 19
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290 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
encaissantes, dont l'inclinaison est assez faible (environ lO*). Ces
couches sont : des schistes chloriteux, parfois grenatifères, dans
^^^^^^^^^^^^^ lesquels les amas semblent s'enrichir ;
O.S.O. -J^^ * ^■^■^' dôs micaschistes plus quartzeux, où
^''"^ \ ils passent, au contraire, pour pauvres.
\¥-'-^' Ils sont recoupés, près de la mine, par
^•^ I -^ un massif de gabbro. La puissance du
^s£. gîte est assez variable, depuis 20 ou
Fig. 216. - Plan et coupe sché- 30 centimètres jusqu'à 4 ou 5 mètres,
manques à Rciraas (Storvaris avec des bifurcations nombreuses, des
Grube). '
renflements et des serrées. En somme,
on a affaire à une succession de petits amas sur lesquels, paraît-il»
les schistes se moulent exactement. L'étendue exploitée est d'envi-
ron 100 à 150 mètres en direction. En inclinaison, on s'est enfoncé
aujourd'hui à 1 500 mètres de l'affleurement en AB (fig. 216).
Depuis quelques années, on a reconnu, en sens contraire de AB à
partir de Taffleurement, le prolongement du gîte en CD avec un
pendage en sens inverse.
Dans ce gisement, la proportion de pyrite de fer est beaucoup
moins grande qu'à Kongens Grube. Au contraire, la chalcopyrite
est plus abondante. On trouve, en outre, de la blende, de la galène,
de la pyrite magnétique et un peu de nickel (0,25 p. 100 des
minerais). Dans les échantillons provenant de cette mine, on voit
constamment, au milieu de la pyrite, des lamelles de schiste
intercalées.
AMuyGrube^ le gisement est, dit-on, également tout à fait intert-
stratifié avec une inclinaison assez faible, et ne comprend que
pyrite de cuivre et pyrite magnétique.
En résumé, si Ton cherche à se rendre compte du mode de for-
mation de ces gîtes, on est conduit à supposer : ou bien qu'il s'est
produit, pendant le dépôt des schistes huroniens, des venues sul-
fureuses qui ont pris la forme de gîtes sédimentaires comme au
Rammelsberg et qui, se continuant encore après la solidification de
ces couches, ont rempli alors de véritables filons; ou bien, que les
cas dlnterstratification apparente sont le simple résultat d'une cir-
culation d'eaux sulfureuses entre les feuillets des schistes, ayant
donné des veines pyriteuses intercalées.
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AMAS PYRITEUX DE FOLDAL (NORYÉGe) 29i
Nous retrouverons les mêmes conditions de gisement et les
mêmes difficultés à Foldal, à Yigsnaes, etc. Nous sommes plutôt
porté à voir là un remplissage hydrothermal très ancien, peut-être
contemporain du métamorphisme des terrains encaissants, affec-
tant, suivant rinclinaison, comme, suivant la direction, une forme
lenticulaire. Il y a lieu, d'autre part, de remarquer que les exploi-
tants ont souvent une tendance naturelle à considérer les forma-
tions de ce genre comme sédimentaires, la conclusion de cette
hypothèse étant, en principe, sa continuité presque indéfinie à un
même niveau géologique.
Bibliographie.
1818. Hausmann, — Reise durch Skandinavien, t. V, p. 268.
1846. Daubrée. — Mines de Scandinavie.
1853. DucHANOY. — Gisements de cuivre de Norvège. {Ann. d. If., 5«, t. V,
p. 181.)
1855. DuROCHBR. — (Ann. d. M.)
1861. V. CoTTA, p. 522.
* 1873. Helland. — Layers of Pyrites in certain States in Norway. Christiania.
1879. V. Groddeck, p. 15, 18, 78, 151.
1883. LoNQUÉTY. — Journal de voyage à l'École des Mines, p. 27.
1885. Toqué. — Journal de voyage manuscrit à l'École des Mines, p. 85.
1890. L. DE Launay. — Notes de voyage inédites.
AMAS PYRITEUX DE FOLDAL (norvège)
Au Sud-Ouest de Riiraas, à Foldal, on a autrefois exploité des
amas de pyrite intercalés dans |jv,
les mêmes terrains : schistes et - •
leptynites. Les imprégnations
pyriteuses se succèdent là sans
continuité et en passant d'une
strate à Tautré sur environ
1 kilomètre de long. L'amas le
plus important a été reconnu, ^. ^.^ ^^ . a f^ - — f^n i
^ ^ Fig.217. — Carte de la région de Foldal.
sur 220 mètres de long et (I^ amas pyrîtcux sont représentés par ua trait noir.)
120 mètres de profondeur, avec une épaisseur moyenne de 4 à
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292 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
5 mètres et des renflements atteignant 13 mètres. Le minerai
est de la pyrite de fer contenant environ 2,2 p. 100 de cuivre
et pas darsenic. Des exploitations» commencées en 1748,
if
^
-.'X^j^iMZe/
•8
1
~ '--V- v-j-'^^^^i^î^-r-^^v--"--"'- '->"---'-">" -'"-::-■'-'''--'
Fig. 218. — Plan et coupe du gîte de Foldal.
en ont autrefois retiré près de 300 000 tonnes comme minerai
de cuivre. On cherche aujourd'hui à reprendre la mine comme
minerai, à la fois de soufre et de cuivre; mais la difficulté des com-
munications n'a pas encore permis de donner suite à ce projet «.
AMAS PYRITEUX DE VIGSNAES (norvège)*
Il existe, en Norvège, à Vigsnaes, un gisement de pyrite de fer
cuivreuse qui présente quelque analogie avec ceux de Roraas.
Ce gisement, situé dans Tîle de Karmo, sur la côte Ouest,
entre Bergen et Stavanger, a été découvert en 1863 et exploité
avec activité jusqu'en 1890 par une compagnie minière belge qui
faisait le traitement des minerais à Ilemixen, près d'Anvers.
Dans les premières années, Textraction montait à 4 800 tonnes
de minerais riches et non arsenicaux; on a extrait ainsi pour
près de 30 millions de francs de minerai ; mais, peu à peu, les par-
ties connues du gîte se sont appauvries et finalement épuisées ;
« 1889. Vogt. Description de Foldal.
• 1881. Génie civil, 1. 1, n» 10.
1881 . Chesueau. Mémoire manuscrit à TEcole des mines.
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AMAS PYRITEUX DE VIGSNAES (nORVÈGe) 293
depuis 1889, on a annoncé, à diverses reprises, la fermeture de la
mine.
Situation géologique. — Le gisement de Vigsnaes est compris
20 60 M W> 30 20 10 0 70 00 50 %0 30 20 .10 0 10 20 30 10 SO^
— I 1 1 1 1 1 1 1 — — 1 1 1 I I 1 1 I r— I 1 1 »
N?2
K?3
Gxxpe TCrticalc ((héanque )
du gîte deV^snaes d'après W Paskc.
Fig. 219. — Coupes du gîte de Vigsnaes.
Coapes horizontales (thktiqoM)
da gîte de X^gmaes
dans une zone de schistes anciens et de quartzites bleus d*âge
mal déterminé, dirigés à peu près S.E.-N.O. et fortement dislo-
qués par de nombreuses roches cristallines, parmi lesquelles
domine le gabbro à saussurite, qui paraît avoir une certaine rela-
tion avec la formation métallifère. Le pendage général des schistes
est dirigé vers le Nord-Est avec une forte inclinaison.
Gisements. — Aux affleurements, on avait rencontré d'abord,
dans une bande de schistes serrée entre deux éruptions de gabbro
à peu près parallèles à la stratification, un chapeau de fer de
petites dimensions, imprégné de cuivre. Le travail en profondeur
a conduit ensuite à un amas de pyrite de fer chargée de chalco-
pyrite, dont les dimensions ont commencé par surpasser, de
beaucoup, celles de l'affleurement. Cet amas a la forme d'une
colonne aplatie plongeant de 70 à 73^ vers le Nord. Sa largeur en
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294 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
direction est comprise entre 45 et 90 mètres (voir les coupes,
Cig. 219). En profondeur, la couche qui, jusqu'à 40 mètres, a une
puissance assez constante comprise entre 3 et 5 mètres, se rende
subitement jusqu'à une épaisseur de 15 mètres et, un peu plus
bas, se subdivise en 3 rameaux parallèles d'épaisseur variable,
séparés par des couches de schistes. A la profondeur de 100 mètres,
le rameau le plus puissant se bifurque, à son tour, en deux couches.
La masse du minerai fînit donc par former 4 couches distinctes.
Les schistes, au contact du minerai, sont imprégnés de pyrite
de fer et un peu de quartz jusqu'à une certaine distance, 18
mètres au Sud. De ce côté Sud, ces schistes sont recoupés, à
18 mètres du gtte, par le gabbro à saussurite contenant de nom-
breux fragments de schiste. Au Nord, ils s'arrêtent à une bande
de quartzite, au delà de laquelle on retrouve le schiste non impré-
gné.
En direction, les ramifications interstratitiées de l'amas se ter-
minent toutes par des étranglements.
Minerai. — Dans ce gisement, le minerai dominant est la pyrite
de fer saccharoïde plus ou moins finement imprégnée de chalco-
pyrite et de blende ; tantôt cette pyrite est mal a^lomérée (mine-
rai friable), tantôt très compacte.
Aucune loi précise ne paraît présider à la répartition du cuivre
et du zinc dans le minerai; toutefois, on a remarqué souvent que
la partie supérieure d'un amas est plus riche en cuivre que la
partie inférieure.
La teneur en cuivre varie de 0 à 34 p. 100 ; en moyenne, elle
était de 3 à 4 p. 100 avec 43 à 45 p. 100 de soufre ; on y a trouvé
(rarement il est vrai), des boules de chalcopyrite pure; mais celles-
ci, de même que la blende pure, se rencontrent uniquement en
dehors des gites, sous forme de petites veines remplies par un
phénomène de sécrétion.
Les gangues normales associées aux minerais sont l'amphibole
plus ou moins fibreuse ou altérée, le talc, la chlorite, le carbo-
nate de chaux et le quartz.
D'une façon habituelle, on trouve le plus souvent : au toit, de
a pyrite de fer blendeuse avec de petits amas de chalcopyrite ; au
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AMAS PYRITEUX DE YIGSNAES (nORYÊGe) 295
centre, de la pyrite de fer intimement mêlée de chalcopyrite ; au
mur, de la pyrite de fer non cuivreuse.
Le minerai est, surtout vers ses épontes, mêlé d'une assez forte
proportion de chlorite.
On a admis une certaine relation d'origine entre les sulfures
et le gabbro qui, on le sait, était, pour Kjérulf, la roche mère de
la plupart des minerais norvégiens.
Les gabbros de Norvège sont de plusieurs natures : gabbro
ordinaire de Kongsberg et Kongsvinger souvent accompagné de
pyrites magnétiques nickelifères ; gabbro labradorite de Loerdal,
du SognGord et du Jotanfield ; gabbro à hornblende, entouré, à
Meinkjœr près Bamble, d'une zone pyriteuse contournée de l^ySO
de puissance; enfin gabbro à saussurite, souvent chaîné de pyrite
de fer, qu'on trouve au voisinage de beaucoup de gîtes de cuivre :
Yigsnaes, Storvarts (Roraas), Ytterô, etc. Dans cette théorie, les
gîtes de Yigsnaes, assimilables aux fahlbandes de Kongsberg et
de beaucoup d'autres mines, seraient le résultat d'une injection
sulfurée ayant terminé l'éruption du gabbro. Un phénomène
d'exsudation postérieure, qu'on retrouve dans la plupart des amas
pyriteuxy aurait déterminé le remplissage de fissures minces par de
la chalcopyrite, etc. Ce qui semblerait confirmer cette idée, c'est
l'existence, à Yigsnaes, d'assez nombreuses fractures minéralisées
dans les schistes, fractures reliant les principaux amas et la pré-
sence, dans la masse pyriteuse, de fragments abondants de quartz
englobés.
On sépare par triage :
l"" Les minerais de pyrite de fer non cuivreuse et massive uti-
lisés comme minerais de soufre ;
2^ Les minerais de cuivre en roche expédiés directement en
Belgique;
3"" Les minerais de cuivre quartzeux, allant sur place à une
laverie ;
4^ Les minerais de cuivre riches fondus sur place pour matte;
5"" Les minerais blendeux non utilisés.
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296 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
AMAS PYRITEUX DE RIO-TINTO, THARSIS, etc.
(ESPAGNE)* ET SAN-DOMINGOS (PORTUGAL)
La province d'Huelva, en Espagne, et la partie contiguë du Por-
tugal renferment des gisements de pyrite de fer cuivreuse exploités
depuis la plus haute antiquité, repris avec activité depuis vingt
ans et qui produisent aujourd'hui près de 45 000 tonnes de cuivre
(2 400 000 tonnes de pyrite) ; soit environ 1/6 de la production de
cuivre du monde.
Ces gisements se présentent dans une longue bande métallifère
Est-Ouest, allant de San-Domingos à Séville, et large d'environ
20 kilomètres, bande qui comprend, à la fois, des terrains siluriens
et carbonifères : ce qui suffirait seul et tout d'abord pour faire
admettre leur origine filonienne. Leur alignement est parallèle à
la grande direction de plissement des terrains anciens du Sud de
l'Espagne et comprend, en même temps que les amas de pyrite,
une série de pointements de roches éruptives, diabases et micro-
granulites, allongés dans le même sens qu'eux et très vraisembla-
blement en relation avec eux (voir fig. 220).
Les principales mines sont, de l'Ouest à l'Est : dans une
première zone Nord, San-Domingos, Huertade la Romanera, Glo-
riosa, El Carpto, San-Telmo, La Zarza, Cueva de la Mora, Aguas-
Tenidas, San-Miguel, la Concepcion, la Poderosa, Chaparrito, la
Pena, Rio-Tinto, El Castillo de las Guardias au Nord de Séville,
et, dans une bande un peu plus au Sud, Lagunazo, Tharsis, El
Guto, la Coronada, Azarosa, Menacillo, Buitron, las Herrerias.
En outre, plus à l'Ouest, cette zone se prolonge en Portugal
par les amas de la Caveira (province d'Alemtéjo) ; à l'Est, on
retrouve, dans sa direction, les exploitations de Cerro-Muriano
• Coll. Ecole des Mines, 1699.
Nous renvoyons, pour les détails sur ces gisements, à un mémoire que nous avons
fait paraître en 1889, dans les Annales des mines.
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ma
Siiîil
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298 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
(province de Cordoue) et de Barrancanës près de Séville. Les
mines les plus importantes sont ^ :
1887 1890
Rio-Tinto . . 1 182 438* de pyrite ou 27 090» de cuivre. 30 480» de cuivre.
Tharsis . . . 568193 — 11176 — 10 465 —
San-Domingos 350 000 — 7 112 — 5 690 --
Tous ces gisements se présentent dans des conditions très ana-
loguesy en amas allongés, généralement parallèles à la direction
des feuillets de schistes (qui est aussi celle des filons de por-
phyre), quelquefois légèrement obliques sur elle. Il paraît vrai-
semblable que les trois phénomènes : 1*" de plissement des terrains
encaissants, silurien et culm ; 2° d'éruption porphyrique ; 3** de
formation métallifère, sont en relation les uns avec les autres et
représentent les trois phases successives d'une même action.
Géologie générale de la région. — Le silurien (étage bohémien)»
qui affleure de San-Domingos jusqu'aux environs de Tharsis, a
pour coupe :
i^ Ampélites avec graptolites ;
2<^ Schistes plus ou moÎDs feuilletés avec grauwackes ;
3^ Phyllades argileux souvent micacés avec ou saus uéréites.
La mine de San-Domingos est dans les schistes à néréites. Au-
dessus, le carbonifère, représenté par l'étage du culm, est formé
de schistes argileux olivâtres à feuillets plus ou moins épais alter-
nant avec des grauwackes. Il a, au voisinage des gisements métal-
lifères, subi un métamorphisme très prononcé; à Rio-Tinto, on y
a trouvé des fossiles.
Un plissement, postérieur au carbonifère, dont la trace se mani-
feste jusque dans les Asturies, a fait émerger la région jusqu'au
tertiaire et précédé la venue des diabases, microgranulitcs, ortho-
phyres, etc.
Les roches éruptives comprennent, dans la partie métallifère du
pays, de très nombreux pointements de microgranulites passant au
porphyre pétrosiliceux , de diabases à structure ophitique (par
* Voir un tableau statistique, p. 219.
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AMAS PTRITEUX DE EIO-TINTO (bSPAGNE) 299
exemple sur Téponte Sud de Tamas de San-Domingos) et de por-
phyrîtes pyroxéniques. Nous allons décrire quelques-uns des prin-
cipaux amas :
Rio-Tinto. — La coupe Nord-Sud du gîte de Rîo-Tinto pré-
sente (fig. 221) : au Nord, des phyllades carbonifères ; puis, en
se dirigeant vers le Sud, un premier massif de porphyre 3 ; un
laDeheM
Fig. 221. — Coupe Nord-Sud à Rio-Tinto.
1, Phylladet Iu»trte ; S, Schistes et phyllades argileux fotsiUrèrefl ; 3, 3', 3", Porphyres ; 4, 4', Pyrite
avec chapeau de fer ; 0, Couche ferrugioeuse tertiaire.
premier amas de pyrite i' dit Glon Norte ; une autre masse de
porphyre 3' ; le filon San-Dionisio prolongé à l'Est par le filon
du Sud (grand amas exploité à ciel ouvert) ; des schistes carbo-
nifères fossilifères 2 ; enfin une dernière masse de porphyre 3''.
Une couche ferrugineuse de 3 à 4 mètres d'épaisseur est indiquée
au-dessus du Cerro de las Yaccas et de la Mesa de los Pinos ;
elle est d'âge tertiaire.
Les roches que nous venons de désigner par le terme général
de porphyres comprennent : en
3' des orthophyres ; en 3" des
roches diverses : porphyrite py-
roxénique à l'Ouest ; microgra-
nulite plus à l'Est et diabase du
côté de Naya.
Le principal amas, dont l'ex-
ploitation se fait dans des propor-
tions gigantesques à ciel ouvert,
est l'amas du Sud. En plan, ses
dimensions sont de 550 mètres sur 120 ; en profondeur, il a été
reconnu sur 160 mètres de haut (fig. 222).
C'est une masse confuse exclusivement composée de pyrite sans
quartz ni schiste intercalé, qui n'offre ni direction de cristalli-
Fit
. 222. — Coupe verticale Nord-Sud
u filon du Sud à Rio-Tinto. Échelle au
10 000
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300 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sation, ni signes de concrétion sur les épontes. Elle est formée
de pyrite de fer à 2,5 p. 100 de teneur moyenne en cuivre avec
un peu de chalcopyrite, de blende et de galène, et traversée par
des veines de chalcopyrite et phillipsite résultant probablement
d'une sécrétion, soit contemporaine de la formation, soit posté-
rieure. Ces veines très riches en cuivre sont devenues plus
abondantes en profondeur ; mais cela semble résulter simplement
de ce que, dans les parties supérieures, elles avaient déjà été
enlevées par les travaux des anciens.
Cet amas est enclavé entre des schistes carbonifères, métamor-
phisés et blanchis sur une assez faible épaisseur, au Sud, et un
orthophyre souvent tout à fait méconnaissable (tant il est décom-
posé, pénétré de quartz et de pyrite), au Nord. Du côté Est, Tamas
s'amincit et se termine assez rapidement ; à l'Ouest, il se pro-
longe en un filon plus mince (Qlon San-Dionisio), attaqué souter-
rainoment.
Le filon du Nord, exploité d'abord souterrainement et, depuis
1892, à ciel ouvert, a une longueur reconnue de 2 kilomètres, une
largeur de 150 mètres. Entre les filons du Nord et du Sud, toute
la masse rocheuse, que Ton a traversée par une galerie de recon-
naissance, est à peu près partout imprégnée de pyrite.
En outre, il faut noter que cet amas de pyrite était, comme tous
cevLT du pays, couvert par un chapeau de fer hydroxydé d'une
vingtaine de mètres d'épaisseur, résultant de son altération super-
ficielle, que l'on a aujourd'hui fait disparaître.
Tharsis. — Le gîte de Tharsis se compose de quatre amas : le
filon del Norte exploité sur 600 mètres de long et atteignant
140 mètres de largeur maxima ; le Criadero délia Sierra de
600 mètres de long, 100 mètres de largeur maxima, très aminci
à son extrémité Ouest ; le filon del Medio et le Criadero del Sud
(inexploité).
San-Domingos. — A San-Domingos, en Portugal, l'exploitation
porte sur un grand amas de 500 mètres de long et 60 mètres de
large, dirigé N. 110*" E. et absolument vertical.
Sa constitution est la même que celle du gîte de Rio-Tinto ;
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AMAS PYRITEUX DE EIO-TINTO (eSPAGNe) 301
mais la pyrite englobe des esquilles importantes de schistes
restées au milieu du remplissage. Sur son éponte Nord, on trouve
des schistes métamorphiques, avec une brèche de quartz cimentée
par de la pyrite qui apparaît seulement vers Textrémité Ouest. Au
Sud, il s'intercale, entre la pyrite et les schistes, une diabase ophi-
tique contenant, dans quelques Assures, du cuivre natif et trans-
formée en une argile blanche au contact de la pyrite. L'existence
de la brèche quartzeuse de Téponte Nord et surtout celle, dans
le corps de la pyrite, de grandes faces de glissement polies ou
miroirs, prouvent nettement que des mouvements mécaniques,
postérieurs à la consolidation, ont continué ceux qui avaient
provoqué la venue de la diabase et des métaux.
Lagnnazo. — A Lagunazo, Texploitation, faite à ciel ouvert,
porte sur un amas de 15 mètres sur ISO mètres, entre des schistes
très altérés au Nord, intacts au Sud ; un nerf de schistes est
intercalé dans la pyrite.
Confessionario. — L'amas de Confessionario a 500 mètres de
long sur 100 de large. Il est à peu près vertical et situé entre les
schistes anciens au Sud, le porphyre au Nord. Il présente cette
particularité de ne pas contenir de cuivre ni d'arsenic, mais seu-
lement de la pyrite de fer à 51 p. 100 de soufre. Il est accom-
pagné, au Nord et au Sud, par des venues de pyrite à peu près
parallèles qui, elles, contiennent du cuivre et qu'on a cru pouvoir
considérer comme un peu postérieures.
La Zarza, Aguas Tenidas, etc. — En dehors de ces grands amas,
il existe, encore, à peu près partout dans le pays, des imprégna-
lions pyriteuses plus ou moins étendues. C'est ainsi qu'à la Zarza^
on se contente d'exploiter des schistes imprégnés sans amas.
Ailleurs, on trouve une allure en filon plus ou moins mince :
ainsi, à Aguas Tenidas, où les filons, de 8 à 10 mètres de puissance,
sont remarquables par leur forte teneur en cuivre atteignant, en
moyenne , 5 p. 100 de cuivre ; puis , aux deux extrémités de la
zone métallifère, à Caveira (Alentejo) et près de Séville,
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302 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Minerais. — Comme remarque générale, nous ajouterons que
ces pyrites contiennent presque toujours quelques traces de
métaux précieux, généralement insufQsantes pour valoir les frais
d'une extraction et toujours, même lorsqu'on les extrait, comme
à Tharsis, de peu d'importance pour la valeur du minerai.
Ce minerai, une fois extrait de la mine, est généralement divisé
en plusieurs catégories destinées à subir un traitement différent :
1** Les minerais au-dessous de 3 p. 100, traités sur place;
2** Les minerais de 3 à 6 p. 400, exportés en Angleterre ou en
Allemagne ;
3** Les minerais au-dessus de 6 p. 100 fondus à Rio-Tinto ;
4^ Les minerais plombo-cuivreux, mis de côté jusqu'ici à cause
des inconvénients du plomb dans le traitement ordinaire.
Les minerais au-dessous de 3 p. 100 sont soumis : soit à une
cémentation simple comme à San-Domingos (dissolution du cuivre
par arrosage à Teau et précipitation par le fer), soit à une cémen-
tation artificielle, après grillage chlorurant, en tas additionnés de
sel marin, comme à Rio-Tinto.
Les minerais riches sont fondus à Rio-Tinto dans des fours à
manche rappelant le type américain.
Bibliographie,
4883. CuMENGK. — Notes sur Rio-Tinto (Chaix).
1883. Pernolet. — Rapport sur les mines d'Aguas Tenidas.
1885. CoLUNs. —On the geology of the IMo Tinto mines. (The quaterly
Journal ofthe geological Society, vol. XLI, p. 245. London, 1885.)
1887. Deumié. — Sur les gisements de pyrite cuivreuse de la province
d'Huelva. ilnd, min., 1887.)
* 1887-1891. GoNZALO y Tarin. — Description de la province d'Huelva, 3 vol.
1889. L. DE Launay. — Industrie du cuivre dans la région d'Huelva. {Ann.
d. If., noY. 1889.) Nous avons inséré, dans ce mémoire, une bibliographie
détaillée.
AMAS PYRITEUX D'AGORDO (vénétie)
Le célèbre amas de pyrite de fer cuivreuse d*Agordo dans les
Alpes de Vénétie, exploité par les ingénieurs du gouvernement
italien, est d'une époque géologique mal déterminée. Il est situé
aa Sud d'Agordo, dans le val Imperia et enveloppé de schistes
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AMAS PYRITEUX d'aGORDO (vÉNÉTIe) 303
argileux qu'entourent complètement des roches triasiques. Suivant
les uns, son origine serait en relation directe avec ces roches ;
suivant d'autres (V. Groddeck), il n'existerait aucun rapport entre
ces deux phénomènes.
Cotta compare la forme extérieure du gîte à celle d'un saucis-
son renflé et aplati, dont le grand axe, très couché, plongeant de
20** vers le N.-E., représenterait la direction générale de l'amas
connu, suivant cette direction, sur une longueur de 254 mètres.
En profondeur, d'après Schmidt, il se termine en coin vers
150 mètres. La puissance varie de 4 à 80 mètres. Le minerai est
un mélange à grain très fin de pyrite de fer, de pyrite de cuivre
et d'un peu de quartz. La teneur moyenne en cuivre n'est guère
que de 1,70 p. 100. Comme éléments accessoires, on trouve de
la galène argentifère, de la blende, du cuivre gris argentifère, de
la pyrite arsenicale et de la calcite. En somme, on constate beau-
coup d'analogies avec Rio-Tinto ; ce qui a fait supposer que les deux
gîtes étaient du même âge. Ce rapprochement se poursuit dans le
détail : les schistes, au contact, sont pénétrés de pyrite et altérés ;
des esquilles de schiste subsistent dans le gîte; de nombreuses
faces de glissement polies, ou miroirs, traversent la pyrite, etc..
Au point de vue industriel, ce gîte, qui paraissait colossal avant
la découverte de Rio-Tinto, est aujourd'hui condamné. Il y a quel-
ques années, on estimait que son volume total avait dû être de
176 000 mètres cubes. La mine, étant exploitée par l'Etat, doit
nourrir toute une population d'employés ; on est forcé de vendre
le fer, le cuivre, réglementairement, à heure fixe, etc.
Bibliographie.
1846. Haidinger. — Analyse des minerais de cuivre d'Agordo. (fi. S. G., 2®,
t. IV, p. 164.)
1855. Haton de la Godpillère. — Mémoire sur Agordo. {Ann. d. M,, 5«,
t. VIII.)
1868. Pellati. — Relaz. Ind. Miner. (Stattist. Regno Italia.) Firenze.
1879. Mazzuou. — Traitement des minerais par voie humide à Agordo.
(Ann. d. Jf., 7«, t.lX, p. 190.)
1883. d'Achiardi. — • I minerali, etc., t. I, p. 331.
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304 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
G. — FILONS DE CUIVRE GRIS
Les filons de cuivre gris, qui donnent souvent de grandes espé-
rances au début de leur exploitation en raison de leur richesse
en cuivre et souvent en métaux précieux, ne se prolongent, le plus
souvent, que fort peu en profondeur ; bientôt, la chalcopyrite se
substitue au cuivre gris ; la teneur en argent diminue ; parfois même
le filon se coince et le gîte devient inexploitable. Cependant nous
décrirons, au chapitre de Tilry^n/, des gîtes de cuivre gris argenti-
fère très riches, comme ceux de Bolivie. Le cuivre gris est fré-
quemment ai^entifère ; quelquefois, il est aurifère, quand il est
antimonieux. Sa gangue habituelle est la sidérose qui représente
peut-être, sous une autre forme, le fer que Ton retrouve plus bas
dans la chalcopyrite. C'est le cas des gîtes de la Sierra-Nevada en
Espagne, de la Mouzaîa en Algérie, etc.
Parfois aussi, la gangue est barytique ; c'est, en particulier, ce
qui arrive pour certains cuivres gris antimonieux faisant partie
d'un remplissage complexe où Ton trouve du mercure, rattaché
à l'antimoine par certaines affinités obscures : dans le Tyrol,
par exemple, et en Bosnie. Les filons dlluanchaca (Bolivie), dont
la richesse a été constatée jusqu'à SOO mètres de profondeur,
rentrent, au moins dans leurs parties hautes, dans le groupe
des cuivres gris à gangue barytique, associés avec de Tantimoine
(stibine) un peu aurifère. En profondeur, la baryte y a été rempla-
cée par du quartz.
Enfin, nous citerons un exemple de cuivre gris à gangue
quartzeuse au Mexique, quand nous reviendrons sur les cuivres
gris argentifères de ce pays au chapitre de VArgenl.
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CUIVRES GRIS DE LA SIERRA-NEVADA 305
CUIVRES GRIS DELA SIERRA-NEVADA*
{Filons de cuivre gris à gangue de sidérose.)
La Sierra-Nevada, qui forme une ride Est-Ouest entre le
Guadalquivir et la Méditerranée, est constituée principalement
de schistes anciens et de micaschistes, dirigés environ E.-O.
comme la plupart des grands accidents de la péninsule. Au pied
de la chaîne, sont des lambeaux de jurassique redressés, puis des
terrains tertiaires miocènes avec des couches de lignite, un peu
de soufre et des efflorescences nitreuses ; enGn, des alluvions
et des poudingues quaternaires s*étendent au bord du fleuve,
près de Grenade, poudingues qui semblent avoir une inclinaison
plus forte que celle compatible avec les phénomènes de dépôt
torrentiel, en sorte qu*on a supposé un mouvement d'affaissement
très récent. Ces alluvions sont assez fortement aurifères (4 à
5 grammes par mètre cube) ; mais on manque d'eau pour les
exploiter.
Les gîtes cuivreux sont concentrés autour de la région des
grandes cimes de la Sierra-Nevada, Muley-Hacen (3554 mètres),
la Velata (3480 mètres), Alcazaba (3 330 mètres). Ce sont des
filons dont le remplissage est formé exclusivement de 1er
spathique, de chalcopyrite et de cuivre gris et où Ton trouve
souvent, aux affleurements, 8 à 10 kilogrammes d'argent par tonne
de cuivre gris. Malheureusement, ces filons ont été disloqués posté-
rieurement à leur formation, avec les couches qui les encaissent,
et sont devenus absolument discontinus. Cette irrégularité d'allure,
jointe à la substitution habituelle, en profondeur, delà chalcopyrite
peu argentifère au cuivre gris, a causé de grandes déceptions.
Aujourd'hui, presque tous les gîtes du versant Nord sont aban-
donnés; c'étaient: Guadiz, Trebelez, Santa- Constanza et Lan-
tegra.
Un second groupe, qui sera sans doute exploité lorsqu'on aura
* Coll. Ecole des Mines, 1645. —Rapports inédits de MM. Fucbs et Gumenge.
g£ologii. — T. ji. 20
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306 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ouvert la ligne de Grenade à Alméria, se trouve autour de Santa-
Félicia.
Enfin, près des sources du Génil, sur le versant Sud, se trouve
le groupe de Guéjar-Sierra. Dans ce dernier groupe, les filons sont
généralement assez pauvres et inexploitables, à l'exception peut-
être de ceux des environs de San-Andrès. Là, il existe un fllon
de chalcopyrite avec veines de cuivre gris, renfermant aux affleu-
raments environ 6 à 7 p. 100 de cuivre et 150 grammes d'argent
à la tonne, soit de 70 à 75 francs par mètre carré de surface de
filon.
CUIVRES GRIS D'ALGÉRIE'
(mouzaïa, milianah, djebel-téliouïne)
L'Algérie produit une certaine quantité de pyrites cuivreuses
(8 700 tonnes en 1889) dans la mine à remplissage complexe de
Kef-Oum-Theboul*. On y a, en outre, tenté quelques exploita-
tions, aujourd'hui abandonnées, sur des gîtes de cuivre gris.
Il existe, en effet, à l'Ouest d'Alger, entre le cap Ténès et la
Mouzaïa, sur une distance d'environ 150 kilomètres, une zone
cuivreuse, depuis longtemps signalée et décrite par Burat, que pro-
longe, au Sud de Bougie, une autre zone reconnue entre Aït-Abbés
et Djebel-Babor, sur environ 50 kilomètres de long.
1** La première zone, qui comprend le massif de Milianah, est
formée surtout de terrain crétacé recoupé par des roches éruptives,
ophites, etc. On y a fait d'assez nombreuses recherches aux environs
de Mouzaïa, à Milianah et près de Ténès. Les résultats, peut-être
par suite de la dissémination trop grande des travaux, ont donné
des résultats peu favorables.
• Coll. Ecole des Mines, 1664 et 1762.
1869. Ville. Notices sur les gîtes minéraux d'Algérie. {Ann. d. M,, 6% t. XVI, p. 144.)
1879. Czyszkowski. Explic. sur les gttes récemment déc-ouveils au SuddeBougie.
Simonin. Not. sur les usines à cuivreetà antimoine des Bouches-du-Rhône.
{Ind. min,, t, III, 4* liv.)
1883. DUchiardi, t. I, p. 365.
* Voir, plus haut, page 269; cf. : 1892. Dorion. Cuivre du cercle d*Aîn-SefJra (Sud-
Oranais). (Impr. Schiller.)
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CUIVRE GRIS A GANGUE DE RARTTINE DE ROSNIE 307
D*une manière générale, on peut dire que les gîtes sont en filons
bien caractérisés, presque verticaux, contenant de la pyrite cui-
vreuse et du cuivre gris argentifère avec une gangue de sidérose,
barytine et calcite. A Mouzaïa^ Ton a constaté que la proportion de
cuivre gris et d'argent diminuait assez vite en profondeur pour
faire place à la chalcopyrite ; en revanche, de petites veines rami-
fiées à la surface se sont réunies plus bas.
2^ La zone au Sud de Bougie forme le prolongement de la pré-
cédente ; elle est située dans les massifs montagneux de Bou-
Amran, Téliouïne et Babor.
Les crêtes de ces massifs sont composées de calcaires reposant
sur des schistes et calcaires jurassiques ; plus près de la mer, on
observe le crétacé et le nummulitique. Ces terrains sont recoupés
par desophites, diorites, etc., analogues à celles de la Mouzaïa, qui
ont exercé un métamorphisme notable sur les terrains au contact.
Ces gîtes se présentent, de même, sous forme de petites veines
de cuivre gris argentifère, à gangue de sidérose, barytine et
calcite. Ces filons, qui paraissaient riches à la surface, se sont,
comme à la Mouzaïa, rapidement coincés en profondeurs. Les
seuls qui aient donné quelques résultats sont ceux de Téliouïne.
CUIVRE GRIS A GANGUE DE BARYTINE
ET PARFOIS ACCOMPAGNÉ DE CINABRE
DE KRESEVO ET PROZOR (BOSNIE), KLEINKOGL (tYROL), ETC..
Le village de Kresevo est situé en Bosnie à la même latitude
que Serajevo et à 32 kilomètres de cette ville.
Le gouvernement autrichien y a exploré en détail, dans ces
dernières années, des gisements de cuivre gris très anciennement
connus. Quoique ces travaux niaient pas conduit à un résultat
pratique, ils n'en sont pas moins intéressants au point de vue géo-
logique.
Les gîtes sont situés à l'extrémité Sud d'un grand Ilot
de terrains triasiques et paléozoïques recoupés par des trachytes.
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308 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Dans la partie minéralisée, on a affaire à des calcaires et dolomies
du trias et à des schistes analogues aux schistes de Werfen. On
y trouve un grand nombre de filons de barytine renfermant des
veines et mouches de cuivre gris irrégulièrement disséminées.
Généralement le long d'une fracture, quelquefois très mince et dif-
ficile à retrouver, les calcaires ont été irrégulièrement rongés et les
vides remplis de barytine ; c'est surtout dans Taxe de ces poches
que se trouve le cuivre gris, parfois oxydé à la surface.
Tous les minerais ont une composition analogue qui est, pour
les échantillons purs triés avec soin au laboratoire :
Cuivre 35 à 40 p. 100.
Argent 5 à 6 kilos à la tonne
Mercure 2 à 3 p. 100.
Antimoine 29 à 30 —
Arsenic 2à3 —
La valeur contenue dans un mètre carré de filon par chaque
millimètre d'épaisseur est d'environ 10 francs, tandis qu'il faut
compter, pour lexploitation et le traitement du même volume,
près de 150 francs.
Dans la même région, le M. Inac, au N.-O. de Kresevo, ren-
ferme, dans le calcaire dolomitique, un filon de cinabre très régu-
lier, mais également d'une richesse insuffisante.
Les deux substances, cinabre et cuivre gris, avec gangue de
barytine , se trouvent encore associées dans le même filon , à
Prozor^ toujours en Bosnie, au voisinage d'un filon de cuivre
gris argentifère à 200 grammes d'argent par tonne avec sidérose
et barytine, encaissé dans les schistes de Werfen. Nous revien-
drons sur ces gîtes au chapitre du Mercure.
Dans le Kleinkogl, sur le versant Sud de la vallée de l'Unterinn,
au Sud-Ouest de Brixlegg, on trouve des minerais de cuivre ana-
logues, traités dans l'usine à cuivre de Brixlegg, minerais dont la
gangue, au lieu d'être spathique, est également barytique; ce sont
des cuivres gris antimonieux contenant du mercure, du cobalt et
du nickel avec de la barytine, de la sidérose et de la calcite.
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CUIVRE NATIF DU LAC SUPÉRIEUR 309
D. — GISEMENTS DE CUIVRE NATIF
LAC SUPÉRIEUR*
Nous avons mentionné plus haut diverses mines où le cuivre
natif se présentait comme rareté minéralogique, San-Domingos
par exemple ; nous avons même signalé des gisements de New-
Jersey où le cuivre natif, associé à la phillipsite, finit par former
un véritable minerai au contact de diorites avec des grès du trias.
Mais le véritable type des gisements de cuivre natif, ce sont les
fameuses mines du lac Supérieur, qui étaient encore, en 1886,
avant le développement énorme des mines du Montana, le prin-
cipal centre de production du cuivre dans le monde et qui
peuvent, d'un jour à l'autre, reprendre leur proéminence. •
Géologie de la région. — La région du lac Supérieur, qui est,
depuis longtemps, un centre industriellement très important, est
aujourd'hui fort bien connue, au point de vue géologique, grâce
aux beaux travaux de M. Irving.
On y rencontre un exemple remarquable, méconnu avant
M. Irving, de roches précambriennes appartenant à la série acide,
roches que M. Irving a pu comparer, malgré quelques divergences,
aux roches tertiaires et post-tertiaires. La coupe de la région (voir
fig. 223) est la suivante :
n« Royale Pomu de Kewevnow
L. Super
S£.
Fig. 223. — Coupe NO. -SE. de la région du lac Supérieur. U. Huronien.
H. buronien (qoartzite* et minerai de fer). — 1 , diabases, gabbros et mélaphyres. — S, porphyre*
Îaartzifêres. ~ 3 et 5, diabases et mèlapbyres amygdaloides. — 4, grès et conglomérats intercalés. —
, Khisles et gr^ rouges. — 7, grès de Postdam (Cambrien discordant).
 la base, le huronien avec schistes micacés, quartzites et
Coll. Ecole des Mines, 1526. Voir 1. 1, p. 719, les minerais de fer de la môme région.
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310 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
minerais de fer, emplit, dans le gneiss, une série de cuvettes
isolées ; puis vient la série cuprifère, également précambrienne, de
Keweenaw, qui forme, autour du lac Supérieur, un bassin syn-
clinal de 100 000 kilomètres carrés ; le centre en était occupé par
les grès du silurien inférieur et correspond à la cuvette lacustre
actuelle. Des deux côtés, on retrouve symétriquement la môme
série, composée de plus de 10 000 mètres de couches, dont le
tiers, au moins, est formé par des roches éruptives (diabases,
gabbros, porphyres quartzifères, mélaphyres, etc.). Une faille très
accentuée met, au Sud, cette série éruptive en contact avec les grès
cambriens de Postdam , surmontés plus loin horizontalement
par des buttes de calcaire de Trenton. Il y a discordance nette
entre le cambrien et le keweenaw de même qu'entre le huronien
et le gneiss, tandis qu'en France et dans l'Europe centrale, la
concordance est toujours absolue entre les micaschistes, schistes
à séricite et phyllades, la première discordance, lorsqu'elle existe
(Plateau central et Bohème), se trouvant entre les phyllades et le
système silurien.
La série éruptive est nettement contemporaine des couches
précambriennes de Keweenaw, où on la trouve intercalée et dont
elle épouse toutes les inflexions. Elle résulte, d'après M. Irving,
de coulées analogues à celles des laves et rarement d'injections
postérieures ; sa composition est la suivante :
A la base, viennent des diabases, des gabbros à gros grains,
avec et sans olivine, et quelques roches uniquement formées
d'anorthite. Plus haut, apparaissent des diabases à grains fins,
passant à des porphyrites et à des mélaphyres av€fc lits amygdalins ;
les amygdales, en général disposées à la partie supérieure des
coulées, sont souvent remplies, par ime action secondaire, de cal-
cite, chlorite, quartz et cuivre natif. Des lits de conglomérats, plus
rares à la base, alternent avec ces roches.
Puis on trouve une coulée puissante de porphyres quartzifères,
en partie pétrosiliceux, dépassant 1000 mètres d'épaisseur. Au-
dessus, des diabases et mélaphyres amygdaloïdes (3 et 5) alternent,
de nouveau, avec des sables et conglomérats (4) ; enfin, la partie
supérieure est composée de grès, schistes et conglomérats, attei-
gnant encore 5 000 mètres de puissance et présentant des variétés
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CUIVRE NATIF DU LAC SUPÉRIEUR 311
de grès rouges très analogues aux grès rouges des séries plus
récentes de l'Europe.
Les lits détritiques, qu'on trouve intercalés à divers niveaux
dans la série, mais particulièrement à son sommet, sont formés
surtout, d'après M. Irving , de fragments de roches acides et
paraissent résulter souvent d'une destruction presque contempo-
raine de leurs coulées sous -marines. Leur production est en
rapport avec le mouvement d'affaissement du fond du synclinal
du lac Supérieur et avec le phénomène de rapprochement de ses
bords qui s'est poursuivi pendant tout le dépôt de la série.
En résumé, M. Irving a comparé ces épanchements de roches
précambriennes aux coulées de roches tertiaires, avec cette diffé-
rence que Tordre de succession des coulées acides et basiques
paraît beaucoup plus confus que dans les éruptions récentes et que
les cinérites font défaut. Nous allons voir quel lien rattache, à
ces roches, les gîtes métallifères.
Gîtes métallifères. — Le fer se trouve, comme nous Tavons dit,
au voisinage du lac Supérieur, interstratifié dans les couches
huroniennes de la base du bassin ; le cuivre apparaît, au contraire,
exclusivement dans la série de Keweenaw, habituellement sous
forme de cuivre natif, rarement à l'état d'oxyde et de sulfure, et
toujours en relation avec les roches basiques vacuolaires ou altérées,
jamais avec les roches acides. D'une façon générale, on peut dire
qu'il résulte, au milieu de ces roches et des conglomérats associés,
de venues aqueuses, légèrement postérieures à leur épanchement,
venues ayant, soit rempli des fissures, soit pénétré par porosité
dans la pâte même des roches et surtout dans leurs vacuoles. Sa
présence, comme nous le montrerons bientôt plus en détail, est
en rapport avec un métamorphisme de ces roches qui y a déve-
loppé de la chlorite, de l'épidote, etc., et provient nettement
d'actions secondaires. Peut-être est-il permis d'établir un certain
parallélisme entre celte association ancienne de cuivre et de coulées
de roches et celle que nous retrouverons, sous une forme com-
parable, à l'époque tertiaire, au Boleo et au Caucase.
Les plus importantes régions cuprifères sont :
1* Avant tout, la pointe de Keweenaw (fig. 224). Là se trouvent,
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312
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
au Nord de la baie de Keweenaw : Portage; Calumet andHecla^
la plus grande mine du lac Supérieur, produisant 18000 tonnes par
an; Quincy produisant 2 200 tonnes; Osceola (près de Calumet),
'!•
^'■^rf:;i^--^
So J*»
^ùeJSJ//
Fig. 224. — Carte géologique de la région du lac Supérieur (d'après M. Imng).
1, Copperfels. — 2, North West, etc. — 3, Gliff. — 4, Minnesota. — 5, Toltek. — 6, Adventare.
7, Ridge.
1 600 ; Central Mine (la mine où Ton trouve les plus grandes
masses de cuivre natif); puis Copperfels (partie Nord); Cliffmine;
South'Cliffe ; Norih-Westem; etc. : mines pour la plupart alignées
(sauf Quincy et Copperfels) sur une zone dediabases et mélaphyres
avec conglomérats intercalés ;
2*" La région d^Otonagon, plus au Sud, comprenant la mine
Minnesota, où le cuivre se trouve disséminé dans les mélaphyres
en bancs généralement parallèles à la stratification ;
3^ Utle Royale et le bord Nord canadien du lac.
Credner, et Groddeck à sa suite, ont distingué quatre gisements
différents du cuivre :
1** Filons de fracture (Copperfels : filon Owl-Creck) ;
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CUIVRE NATIF DU LAC SUPÉRIEUR 313
2*" Ciment ou élément accessoire du ciment grenu d'une
brèche de porphyre pétrosiliceux, située dans les mélaphyres ;
3"" Éléments accessoires des épidotites intercalées en lits irré-
guliers dans le mélaphyre (Concorde) ;
4^ Remplissage complet ou partiel des amygdales des bancs de
mélaphyres amygdaloïdes.
M. Irving, que nous suivrons de préférence, classe les trois
derniers types en un seul groupe :
V Filons de fracture. — Les filons de fracture ont été seule-
ment exploités pour cuivre dans la pointe de Keweenaw. Ils s'y pré-
sentent avec des largeurs très variable^, pouvant atteindre jusqu'à
10 mètres, mais habituellement restreintes entre 1 et 3 mètres. Au
filon Cliff, la largeur est de 0,30 à l mètre ; au filon Owl-Creck de
la mine Copperfels, elle atteint 8°*,50. Les parties riches s'y ren-
contrent uniquement dans les diabases amygdaloïdes ou à texture
lâche, tandis que les roches compactes et massives contiennent
à peine de cuivre ; et cette relation de la richesse avec la poro-
sité des roches encaissantes se retrouve, jusqu'à un certain point,
à l'intersection des bancs gréseux. Les filons, souvent presque
verticaux, ne se présentent pas, en général, sous forme de fractures
nettes, mais sous ferme d'une imprégnation progressive des
épontes partant d'un réseau de fissures plus ou moins complexe
et affectant, par suite, l'allure d'un stockwerck. Le remplissage
comprend : quartz, calcite et prehnite, avec débris des roches
voisines ; les veines uniquement formées de calcite sont générale-
ment stériles. Le cuivre natif, associé avec un peu d'argent, est,
soit en veines, soit en masses, qui peuvent atteindre de très grandes
dimensions.
L'origine et le rôle de ces veines filoniennes dans la formation
cuprifère ont été l'objet de grandes discussions. On les a souvent
considérées comme de véritables filons, ayant servi de chenaux
d'arrivée au cuivre, qui se serait répandu de là dans les terrains
encaissants. C'était la théorie exposée, tout au début des exploi-
tations, par Rivot; suivant lui, l'action électrique des diabases
(trapps) avait été la cause de la précipitation du cuivre apporté
par ces fractures, à la rencontre de ces roches. M. Irving est d'un
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314 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
avis différent ; pour lui, le remplissage de ces veines résulte uni-
quement, comme celui des amygdales des diabases dont nous par-
lerons plus loin * et par un phénomène connexe, de la circulation
d'eaux ayant produit, par remise en mouvement secondaire, le
dépôt du cuivre. Les veines, à son avis, correspondent assurément
à des fissures préexistantes du terrain que les eaux ont suivies,
au lieu d'épouser, comme ailleurs, les plans de stratification; mais
le filon que nous voyons aujourd'hui n'a pas les dimensions de cette
fente préexistante : il est le résultat d'une imprégnation partie
d'une fissure mince pour se répandre dans les roches encaissantes.
Et il en donne comme preuves : l'existence de fragments nombreux
de ces roches restés au milieu du réseau du stock werck ; la façon
dont ces roches se sont altérées en se chargeant de cuivre ; surtout
la plus large extension des filons en même temps que leur richesse
plus grande à la rencontre des roches poreuses et attaquables ; enfin
la coïncidence, à la traversée des mêmes bancs, entre le dévelop-
pement des veines et celui des amygdales cuprifères. Tous ces argu-
ments prouvent assurément que ces filons sont, en grande partie,
des filons de substitution et non d'incrustation, et qu'ils ont été pro-
duits par la même circulation d'eaux qui a déposé le cuivre dans les
couches stratifiées; ils nous semblent ne fournir aucune présomp-
tiouy ni sur la venue première de ce cuivre, ni sur celle des eaux.
2"^ Dépôts stratiformes. — Les grès et conglomérats, où l'on trouve
du cuivre natif, sont à peu près uniquement les bancs minces inter-
calés au milieu des couches de diabase ; cependant, on connaît un
banc cuprifère unique dans les couches purement détritiques de
Keweenaw supérieur ; c'est celui de Nonesuch dans les montagnes
Pourcupine. Ce banc, qui a été suivi sur 200 kilomètres, contient
du cuivre en plusieurs points.
D*une façon générale, le cuivre se présente dans ces terrains,
soit comme un cimerU (Calumet and flecla), soit comme un pro-
duit de substitution dans le corps des grains cimentés et, toujours
incontestablement, comme un produit secondaire apporté par
des eaux. Il semble rarement avoir rempli^des interstices, mais,
< Page 316.
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CUIVRE NATIF DU LAC SUPÉRIEUR 315
le plus souvent, avoir remplacé des éléments préexistants : c'est
ainsi que, dans le grès de Nonesuch, on trouve fréquemment, au
cœur du cuivre, des grains de magnétite.
Lorsque le métal existe dans les grains ou galets eux-mêmes,
il se trouve surtout dans les feldspalhs altérés dont il a d'abord
suivi les directions de clivage.
Quelquefois aussi la venue métallifère a été accompagnée d'une
altération des roches encaissantes qui a produit des épidotites
(Concorde) ; ou encore le cuivre a pu pénétrer par porosité dans
les amygdales des diabases et mélaphyres (lac Portage, Copper-
fels) : c'est-à-dire qu'en résumé, nous retrouvons, dans une cer-
taine mesure, la classification de Credner mentionnée plus haut',
et c'est Tordre que nous allons suivre dans la description.
Commençons par le cas d'un ciment métallifère : il se présente,
par exemple, à la fameuse mine de Calumet and Hecla où l'on
exploite un conglomérat cuprifère renfermant de très nombreux
fragments de porphyre pétrosiliceux peu altérés, avec un ciment où
la plupart des feldspaths ont été remplacés par du cuivre. Cette alté-
ration, comme Ta montré Pumpelly, a eu pour corollaire un déve-
loppement de chlorite et d'épidote toujours fréquentes au voisinage
du cuivre et finissant par former parfois les épidotites considérées
par Credner comme une troisième classe de gisements.
Le gîte de Concorde est un excellent exemple de cette altération
en épidoie poussée à Textrême. Il s'agit là d'une couche de dia-
base amygdaloïde, remplie d'amandes et de cordons de quartz, de
calcite et de laumonite, qui est souvent remplacée par une épi-
dotite, c'est-à-dire par un mélange d'épidote et de quartz. Ce
mélange est pétri d'amygdales et traversé par des veinules de
quartz, de calcite et de pistazite (épidote vert bouteille) finement
cristalline. Le cuivre natif se trouve, dans l'épidotite, en forme
de houppes, de grains, de feuilles, de cordons anguleux et souvent
ramifiés, et aussi en masses de plusieurs quintaux. Il est accom-
pagné d'argent natif. La puissance du gîte de Concorde varie
entre 0,30 et 9,30.
Enfin le cuivre se présente fréquemment à l'état de remplissage
« Page 113.
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3i6 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
partiel ou complet à' amygdales des diabases; en particulier, autour
du lac Portage où ces amygdales sont l'objet d'une grande exploi-
tation.
Comme Ta montré Pumpelly, le cuivre a été introduit là, pos-
térieurement à la consolidation, dans une roche amygdaloïde
analogue à celles qu'on trouve dans toutes les coulées volca-
niques. Il y a pénétré par porosité, en suivant les clivages des
minéraux, en s'introduisant dans tous les vides et y a cristallisé
par substitution, à la place souvent d'amygdales de calcite. C'est
pourquoi, lorsqu'on ne trouve que de la calcite intacte dans les
amygdales d'une roche diabasique peu altérée, on a peu de
chances de rencontrer du cuivre. En même temps qu'il se dépo-
sait du cuivre, il s'est, en effet, développé de la chlorite, de
l'épidole, de la prehnite, etc., qu'on trouve associées à une portion
de la calcite non décomposée, aujourd'hui gangue du minerai. Le
cuivre n'existe pas d'ailleurs que dans les amygdales ; il a pénétré
également dans la pâte de la roche, partout où son altération le
lui permettait.
Dans la région d'Ontonagon, en particulier à la mine autrefois
fameuse de Minnesota^ on trouve des masses de cuivre avec épidote
et calcite se rapprochant, jusqu'à un certain point, du caractère de
fissures transversales précédemment décrites ^
Les amygdales de la mine Copperfels, qui peuvent nous servir
d'exemple, sont souvent entièrement remplies de cuivre natif. Le
cuivre, provenant de ces cavités arrondies, dont le diamètre varie
depuis celui d'une tête d'épingle jusqu'à celui d'un pois, est dési-
gné par les mineurs sous le nom de cuivre en grains. Ces grains
sont, tantôt isolés les uns des autres dans la pâte du mélaphyre,
tantôt réunis par de petits ûls de manière à former comme des
grappes de raisin. On connaît aussi, à la même mine, des cavités
courbes de 5 à 8 centimètres de longueur entièrement pleines
de cuivre, produisant ce qu'on appelle des clous de cuivre. Làr
où les amygdales ne sont pas complètement remplies de cuivre
natif, le minerai y est accompagné d'argent natif, de calcite, de
quartz, de chlorite, de laumonite rouge, de prehnite, d'analcime,
* Page 313.
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CUIVRE NATIF DU LAC SUPÉRIEUR 317
d'épidote, de datolite, d*oligiste, etc. Les zéolithes, qui y sont fré-
quentes, sont une des preuves de Tintervention des phénomènes
aqueux dans leur remplissage. D'ailleurs l'argent et le cuivre
natif , d'une fusibilité très différente , n'auraient pu cristalliser
ensemble dans une action ignée.
Comme conséquence pratique de cette description, M. Irving
indique les règles suivantes pour la recherche des gisements de
cuivre :
1^ On doit s'attacher de préférence aux diabases altérées et
amygdaloîdes contenant surtout de l'épidote, de la prehnite et de
la chlorite ; celles où l'on trouve la laumonite sont rarement
riches, et celles où la calcite prédomine presque toujours stériles ;
2* Parmi les grès et conglomérats, on doit toujours s'attacher
aux bancs minces intercalés au milieu des diabases;
3* Le Keweenaw supérieur, à l'exception des grès de Nonesuch,
n'est pas cuprifère.
Mode de formation des gisements. — Sur l'origine même du
cuivre, on a émis deux hypothèses : la première que nous préfé-
rons, c'est qu'il provient du magma qui a donné les diabases,
sinon de ces diabases mêmes et résulte, par suite, d'une activité
hydrothermale (ilonienne ayant pris une allure spéciale ; la seconde,
c'est qu'il a commencé par se déposer sédimentairement sous
fotmes de sulfures dans les conglomérats et grès du haut de la
série de Keweenaw comme dans le permien de Russie, et que la
circulation superBcielle des eaux l'a emprunté postérieurement à
ces terrains sous forme de sulfate, carbonate et silicate. Pumpelly,
qui a émis celte dernière hypothèse, a eu le mérite de montrer que,
si l'origine du cuivre était douteuse, la cause de sa précipita-
tion était certainement un phénomène de cémentation produit
par la magnétite contenue dans la pâte augitique des diabases ; la
peroxydation de cette magnétite est, en effet, en relation avec le
dépôt du cuivre ; mais sa théorie sur l'origine du métal parait
difficilement admissible en raison de la rareté extrême du cuivre
sulfuré dans les couches d'où il proviendrait, selon lui.
Maintenant faut-il admettre, avec Rivot, que la venue cuivreuse
soit postérieure aux diabases, arrivée par les filons, épanchée par
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318
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
porosité dans les diabases et conglomérats, et que le dépôt s'est
produit particulièrement dans les diabases, sinon à cause de leur
action électrique, comme le supposait Rivot, au moins à cause
de leur richesse en fer oxydulé. C'est ce que les géologues amé-
ricains, auxquels nous devons nous fier, semblent peu disposés à
admettre. Peut-être est-il permis de croire que la venue des dia-
bases et leur coulée au fond d'un bassin sédimentaire ont été sui-
vies d'abondantes intrusions de Teau de la mer dans le magma igné
subsistant en profondeur, intrusions ayant déterminé la remontée
presque immédiate d'eaux cuprifères qui ont ensuite agi, soit sur
les fissures de la roche, soit sur ses vacuoles, par porosité.
Exploitation. — Au point de vue industriel, le tableau suivant
montre le développement de ces mines depuis vingt ans' :
PRODUCTION DU CUIVRE AU LAC
: SUPÉRIEUR
PRODUCTION
PRODUCTION
ANNÉES
toUle
DBt XTATt-0ni8
LAC SUPÉRIEUR
ANNÉES
totale
DBS KTATS-VNIS
LAC SUPÉRIEUR
Tonnes
Tonnes
Tonnes
Tonnes
i845
100
12
1868
11600
9 346
1846
150
26
1869
12 500
11886
1847
300
213
1870
12 000
10 992
1848
500
461
1871
13 000
11942
1849
700
672
1872
12 500
10 971
1850
650
572
1873
15 500
13 433
1851
900
779
1874
17 500
15 327
1852
1100
792
1875
18 000
16 089
1853
2 000
1297
1876
19 000
17 085
1854
2 250
1819
1877
21000
17 422
1855
3 000
2 593
1878
21500
17 719
1856
4 000
3 606
1879
23 000
19 129
1857
4 800
4 255
1880
27 000
22 204
1858
5 500
4 088
1881
32 000
24 303
1859
6 300
3 985
1882
40 467
25 439
1860
7 200
5 388
1883
51574
26 653
1861
7 500
6713
1884
63 555
30 916
1862
9 000
6 005
1885
75 500
32 839
1863
8 500
5 797
1886
71081
36 831
1864
8 000
5 576
1887
82 060
34 605
1865
8 500
6 410
1888
102 671
38 860
1866
8 900
6 138
1889
102 533
39 307
1867
10 000
7 824
1890
117 520
45 856
1 Voir page 218, d'autres tableaux statistiques.
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CUIVRK NATIF DU LAC SUPÉRIEUR 319
Quant Rivot a visité le lac Supérieur en 1856, la production
était de 2 000 tonnes de cuivre; elle s'est élevée, en 1890, à
4S 856 tonnes. Cependant l'exploitation y est fort ancienne, car
elle remonte à plus de six cents ans ; mais les indigènes étaient arrê-
tés par les neiges qui, en hiver, atteignent 1™,50 d'épaisseur et ne
pouvaient arriver à fendre les énormes blocs de cuivre natif. Les
blocs les plus gros, extraits jusqu'ici, sont sortis de lamine Cen-
trale; l'un d'eux a atteint 1 000 tonnes. La mine Tharin a fourni
un bloc de 600 tonnes et plusieurs autres de 100 tonnes ^
Le dépècement de ces masses métalliques reste d'ailleurs, même
avec les procédés modernes, assez difficile ; presque toujours, on
les fait sauter à la poudre : on dispose, le samedi soir, jusqu'à
25 barils de poudre dans un seul chantier d'exploitation, on y met
le feu et on abandonne ces travaux à eux-mêmes jusqu'au lundi
afin de les ventiler. La dynamite ne donne pas, parait-il, d'aussi
bons effets que la poudre de mine.
Les blocs dégagés, on les découpe ; 3 hommes travaillent
ensemble, 2 frappeurs et 1 teneur de tranche. Ils ne découpent,
dans leur poste, sur 30 centimètres de profondeur, qu'une longueur
de 20 centimètres. Un bloc de 800 tonnes, à la mine Minnesota, a
exigé dix-huit mois de travail continu ; pour un bloc ordinaire de
50 à 60 tonnes, il faut encore, à 3 hommes relayés sans cesse,
plus de trois mois.
Les morceaux, une fois sortis, sont débarrassés de leur gangue
de carbonate de chaux en les chauffant au rouge, puis les étonnant
à l'eau froide.
Nous donnons ci-joint deux prix de revient par tonne de mine-
rai broyé, l'un (A) relatif à TAtlantic Mining G*", extrait de YEngi-
neering (21 mars 1885), l'autre (B) tiré de renseignements fournis
par M. Eggleston à M. Roswah.
A TAtlantic Mining Company, on avait obtenu pour l'année
en question (1884) les résultats suivants :
' M. Hautefeuille a trouvé, comme composition du cuivre du lac Supérieur :
Cuifre 69,280
Argent 8,452
Mercure (dont on ne toapçonnail point la prétence) .... 0,619
Gangue. . 25.::48
100,000"
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320 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Minerais extraits 209 510 tonnes.
Cuivre brut 2 200 —
Cuivre raffiné 1581 —
Teneur des minerais en cuivre : 0,755 p. 100.
Voici les prix de revient * :
A B
BngiaeeriDg. Ros-wag.
Extraction, triage ) , „„ ( 3,74
4,75
( 3,^
( i4,S
Abatage ) ' ( 14,50
Transport au moulin 0,20 0,31
Lavage 2,00
Préparation mécanique 3,72
Représentation 1,13
Frais généraux de la mine 6,95 23,38
Transport à New- York (par tonne de
minerai) 4,10
8,35
Frais commerciaux 0,50
'8,85
Valeur du cuivre contenu 9,01
Bénéfice net par tonne de roche traitée 0,50
(Il faut retrancher de ce bénéfice les frais commerciaux.)
Bibliographie.
1772. Relation de ce qui s'est passé à la Nouvelle-France dans les missions
de 1632 à 1772.
1809. Henry. — Voyage au lac Supérieur.
1821-1824. Cass, Long. — (Am. Jowm. of Se.)
1845. Jackson. — Lettre sur le gisement de cuivre et d'arg. nat. des bords
du lac Supérieur. (B. S. G. y 2», t. II, p. 317, et 2% t. VII, p. 667.)
1849. Message du président des Etats-Unis aux deux chambres du Congrès
à Touverture du 31° Congrès, 24 déc. 1849.
1850. FosTER et Whitney. — Carte géologique du lac Supérieur.
1850. FosTER et Whitney. — Rapport sur la géol. et la topogr. d'une partie
du lac Supérieur.
1850. Agassiz. — Lac Supérieur; ses caract. physiq. ; sa végétation et sa
faune.
* En 1884, les grès imprégnés de cuivre à 4 p. 100 de Calumet and Hecla donnaient
le prix de revient suivant, par tonne de cuivre, d'après un rapport de M. Çumenge :
Eitraction 7,30
Fusion S.I8
Frais généraux 0,51
9,»1
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CUIVRE NATIF DU LAC SUPÉRIEUR 321
1854. Whitney. — La richesse minérale des Etats-Unis (Philadelphie).
{Metallic, weallh of the United $UUe$.)
•1855. RivoT. — Voyage au lac Supérieur. (Ami. d. M., 5«, t. VU, p. 173.)
1860. GREDNEa. — Neues Jahrb. f. Minerai, p. 1.
1871. Rœmer. — Berg. u. Huttenro. Zeit., p. 322. (Ck>mpte rendu.)
1872. Raphiel Pompblly. — (Am. Journal, 3« série, t. Il, p. 194-243 et 347.)
Jackson. — (Ann. d. M., 4% série, t. XVII, p. 104.)
LoGAN. — Geology of Canada, p. 67 à 86.
1874. Neues Jahrb. f. Min., p. 743.
1874. T. V. Irving. — The Copper bcaring Rocks of lake Superior, {Mono-
graphs of the geological Survey of U. 5., T. V. ; et New Haven Amer, joum. of
se. and arts, 3% t. VUI, p. 46.)
1877. MosLBR. — (Zeitschr. f. Berg. u H. im preuss.. St. t. XXV, p. 212.)
1877. GiLPiN. — Récent discoveries of Copper in Nova Scotia. (Q. J. (^ soc.
London, nov. 1877.)
1877. HoNT. — {Eng. and min. journal of New-York, aug. 1877, p. 109.)
1877. Haochecorne. — l^ber gedigen Kupfer aus der Grube Calumet and
Hecla. (Geol. QeseL, t. XXIX, p. 846.)
• 1878. PoMPKLLY. — Metasomaticdevelopment of the Copper bearing.... {Pi*oc.
Am. ac., 1878, t. XIU, p. 253-309.)
1877 à 1880. MosLER. — Kupfer Bergbau am Obern See {Zeitschrift, t. XXV,
p. 203; t. XXVU, p. 77 ; t. XXVUI, p. 210.)
1880. Dana. — (Am.joum., t. XX, p. 330.)
1881. E. Wadsworth. — Notes on the geology of the Iron and Copper dis-
tricts of the lake Superior. {Bull, of the Muséum of comparative Zoology. Geolo-
gical séries, n® 1. Cambridge (Etats-Unis); et Froc, of Boston natur history,
t. XXI, p. 3.)
Irving. — On the Copper bearing rocks of Lake Superior. (Science,
t. V, p. 299. Cambridge Mass. U. S.)
** J883. Irving. -- The copper bearing rocks of Lake Superior. (Un. St. geol.
Se., 3® année). (Voir p. 14 une bibliographie complète de$ travaux antérieurs.)
Egleston. — Copper mining in Lake Superior.
1883. T. G. Chambkrlin. — The copper-bearing séries of lake Superior.
(Science de Cambridge, U. S. A., vol. I, p. 453. Cambridge, 1883.)
1883. Sterry Hunt. ■— The geology of lake Superior.
1884. WoosTER. — Transition from the Copper-bearing séries to the Pots-
dam. (Am. J. of Se, 3« série, t. XXVIII, p. 463. Newhaven, 1884.)
1885. (Engineering du 21 mars.)
1887. Daubrée. — Eaux souterraines anciennes, p. 17, 274, 319.
1888. CuMBNGB et La Bonglisb. — Rapport sur la mine Calumet and Hécla.
1888. Remaury. — La prod. du cuivre. (Génie civil.)
1888. Bertrand. — Distribution des Roches éruptives en Europe. (B. S. G,,
p. 577 et 600.)
géologie. — T. II, 21
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322 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
4» GITES DE CUIVRE SÉDIMENTAIRES
Les gisements sédimentaires se présentent, en général, dans des
conditions d'exploitation particulièrement favorables à cause de
leur constance dans la teneur, de leur régularité relative et des
facilités qu'on trouve habituellement pour les exploiter sans aller
constamment en s'approfondissant. Cette forme de gisements,
habituelle pour le fer, assez anormale pour le plomb et le zinc, est
relativement fréquente pour le cuivre.
Le cuivre entre, en effet, dans des combinaisons très solubles,
en particulier le sulfate que des influences très simples, par
exemple la présence de matières organiques ou celle de dégage-
ments hydrocarbures, suffisent à réduire et à précipiter ; il est
assez naturel qu'à certaines époques spéciales où nous trouvons
des filons de cuivre abondants et des roches éruptives contenant
une certaine proportion de cuivre dans leur masse, il se soit pro-
duit, dans certains bassins marins, soit par lavage des roches
encaissantes, soit plutôt par épanchement de sources, des disso-
lutions de cuivre très étendues ayant déposé de minces couches de
sulfure de cuivre.
Peut-être faut-il voir, dans le lac Supérieur, un exemple pré-
cambrien de sédiments cuivreux ayant accompagné ou suivi des
coulées sous-marines de diabases et dont les produits secondaires,
emportés par les eaux, se seraient d'abord introduits par porosité
dans ces roches ou dans les grès connexes, puis précipités par
cémentation. Nous renvoyons, pour l'examen de cette hypothèse,
à ce que nous avons dit plus haut*.
Le Rammelsberg, que nous allons étudier, serait, d'après les géo-
logues allemands, un type dévonien de gisements de pyrite de fer
cuivreuse et autres sulfures métalliques sédimentaires.
A la fin du plissement herynien correspondent :
Dans le Rothliegende, les grès cuprifères de Perm (oxyde de
cuivre), de la Bohême du Nord, de Corocoro (cuivre natif) ;
i Page 317.
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GITE CUPRIFÈRE DU RAMMELSBER6 323
Dans le Zechstein, les schistes du Mansfeld (sulfure de cuivre),
de la Westphalie et de la Hesse ;
Dans le grès bigarré ceux, associés à de la galène, de Saint-
Avold, Commern et Mitschernich en Prusse rhénane.
Enfin, aux plissements et éruptions tertiaires se rattachent les
gites du Caucase et du Boiéo.
GITE CUPRIFÈRE DU RAMMELSBERG (bas harz)*
L'amas de sulfures complexes (pyrite cuprifère et galène) du
Rammelsberg, à 2 kilomètres an Sud de Goslar, dans le bas
Harz', a été lobjet d'un grand nombre de descriptions où on Ta,
tour à tour, considéré comme un filon, un stockwerk, un amas, etc.;
RnameUxTl
Fig. 225. — Ck)upe de la montagne du Rammelsberg.
aujourd'hui, MM. Wimmer, von Groddeck, Kôhler, etc., sont
d'accord pour y voir une couche interstratifiée. C'est leur théorie
que nous exposerons ici.
Quelques mots de description tout d'abord.
A mi- hauteur de la montagne du Rammelsberg, affleure, au
milieu des terrains dévoniens renversés, une couche de pyrite
dont la figure 225 représente la coupe. Cette couche, d'une épais-
seur maxima de 15 mètres en général, atteint 30 mètres en un
point où elle présente une bifurcation latérale appelée le Han-
* Coll. Ecole des minesy 1958.
* Voir la carte géologique en couleurs, pi. II.
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324 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
gende Tfmmm, En direction, la longueur reconnue exploitée est
de 1 300 mètres ; la profondeur des travaux actuels n'est encore
que de 300 mètres, bien que les travaux remontent déjà à plus
de mille ans.
Les terrains qui contituent la montagne sont, par ordre d'an-
cienneté, les suivants :
^^ Grès à spirifères {Spirifer macropterusj Chotieies sarcinu"
lata^ Ctenocrinus^ etc.);
2" Schistes à cdcéoles{Ctf/cco/«5anrfa/ma,»S)otrt/(pr52oeci65W5,etc.);
3"* Schistes de Wissenbach {Orthoceras muUiseptatm^ Goniatites
Jugleri,,.).
Ces terrains sont renversés, comme nous l'avons dit, et les
schistes de Wissenbach, qui encaissent le gisement, sont situés au-
dessous des schistes à calcéoles et des grès à spirifères constituant
le sommet de la montagne.
Un fait important au point de vue théorique, c'est que le mur
du gîte, formé des couches qui étaient en dessus au moment du
dépôt, est stérile, tandis que le toit (c'est-à-dire les couches infé-
rieures) est assez imprégné de pyrites pour être exploitable sur
une forte épaisseur et traversé par de petites fractures filoniennes
qu'on a considérées comme les griffons d'arrivée des sources
sulfureuses. Lorsqu'on va du mur au toit, on trouve d'abord
les Leitschichty schistes tendres et tourmentés traversés par un
grand nombre de fissures avec remplissage de quartz et de calcite ;
ces Leitschicht sont séparés, par une sorte de petite fissure remplie
de schmierigen letten, des couches de schistes compacts.
Puis le mur du gite métallifère est formé d'une masse pyriteuse
à grains fins avec galène et blende, pyrite et sulfate de baryte.
C'est le minerai de plomb proprement dit qui est divisé en deux
catégories : grauerze où domine le sulfate de baryte, braunerze
où domine la blende.
Au milieu du gîte, viennent les melirte-erze^ fines stratifications
de pyrite et de galène ; plus loin, une masse compacte de pyrite
avec pyrite de cuivre et un peu de mispickel ; et enfin, le toit est
formé par les schistes imprégnés ou kupferhiiest.
Au point de vue de Yorigine du gîte, on a remarqué, en outre,
une concordance parfaite entre les stratifications de la pyrite et
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GITE CUPRIFÈRE DU RAMMELSRBRG
325
celles des schistes encaissants^ : tous les plissements des schistes
se trouvent reproduits dans le zonage de la pyrite voisine. Ceci,
joint à l'allure de THangende Trumm, c'est-à-dire de la ramifica-
tion latérale bien limitée et complètement enveloppée de schistes,
parait exclure la possibilité d'une injection pyriteuse, postérieure
au renversement qui a imprimé aux couches leur allure actuelle.
S'ensuit-il immédiatement et sans conteste que le gîte du
Fig. 226 et 227. Echantillons minéralogiques du Ranimelsb'erg montrant la structure
zonée des minerais (d*après M. Babu).
Rammelsberg est un gîte véritablement interstratifié ? Pour que la
preuve absolue en eût été faite, il eût fallu, de l'autre côté du pli
anticlinal de la montagne, retrouver la couche pyriteuse à sa
place, ce qui n'a pas lieu. A défaut de cet argument concluant, on
remarque que la masse pyriteuse présente une fine stratification
très nettement visible dans les échantillons à plis intérieurs com-
plexes (fig. 226 et 227). Pour nous, nous l'avons dit déjà \ un sem-
blable raisonnement, qui peut sembler au premier abord péremp-
toire, ne l'est nullement, quand on y réfléchit, dans la totalité des
cas. Car un aspect comparable peut aussi bien être obtenu par une
injection et substitution pyriteuse postérieure au plissement des
schistes et en ayant rempli tous les vides, que par une interstrati-
fication antérieure. Il semble même qu'un noyau de pyrite com-
pacte, placé au milieu de schistes soumis à une action mécanique,
* Le contraste est absolu entre les masses de pyrite massive de Rio-Tinto et les
pyrites finement stratifiées du Rammelsberg qu'on peut, au contraire, rapprocher des
schistes cuprifères du Mansfeld.
> Page 281.
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326 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
aurait dû jouer le rôle d'un coin résistant autour duquel on consta-
terait, aux pointes, par exemple, et le long des parties les plus dures,
une discordance de straliflcalion et des phénomènes de rupture
résultant de ce que les zones intérieures de la pyrite n'ont pas bougé,
tandis que celles des schistes encaissants ont été courbées. Cepen-
dant, avec des schistes pyriteux, comme ceux du Rammelsberg vers
le toit actuel, passant graduellement de la pyrite au schiste stérile,
cette objection perd de sa valeur et l'hypothèse d'une injection est
bien difficile à poursuivre dans certains cas de détail comme ceux
représentés par les figures 226 et 227.
En outre, l'observation du toit (autrefois le mur) montre l'exis-
tence de petits filons nets avec axes géodiques et drusos tapissées
de cristaux, filons renfermant pyrite de cuivre, pyrite, cuivre gris,
galène, blende, barytine, calcite, sidérose, quartz et calamine, qui
se prolongent parfois dans la pyrite même, sans jamais y occa-
sionner de rejets. Au contraire, au mur (autrefois le toit), la
métallisation cesse brusquement.
On suppose donc que des eaux sulfureuses, arrivant par ces
fractures au fond d'un golfe marin, y ont cimenté de fines pous-
sières résultant de l'érosion des côtes et formé un dépôt de pyrite
sédimentaire dont les fissures ont continué quelque temps à livrer
passage aux eaux minérales. La consolidation une fois faite, les
plissements postérieurs ont produit le renversement actuel, ren-
versement dans lequel la partie, autrefois au toit du gîte a, comme
on pouvait le prévoir suivant une remarque précédente, subi
l'effort violent et le coincement de la masse métallifère à son con-
tact. En sorte qu'il en est résulté, au mur actuel du gîte, une
sorte de rupture par faille avec un broyage des leitschicht cimentés
plus tard par de la calcite.
Bibliographie.
1789. Lasius. — BeobachtuDgen ûber die Harzgebirge, 2« P., p. 297-412.
1834. ZiMMERMANN. — Das Harzgebirge. (Darmstadt).
* 1877. WiMMER. — {Zeit. f. B. fl. U, S. im. preuss., t. XXV, p. 119.)
1879. Groddecr. — Page 158.
* 1880. STELZNEa. — Die Ërlagerst&tte von Rammelsberg (Z. d, d. gcol, G.
32, 4, 808).
1883. D'AcHURDi. — I, p. 350.
* 1887. Babu. — Noie sur le Rammelsberg. (Ann. d. M., ocl. 1887.)
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GRÉS CUPRIFÈRES DE RUSSIE 327
GRÈS CUPRIFÈRES DE RUSSIE ET BOHÈME
{Oxydes de cuivre dans les grès du rothliegende.)
Russie. — En Russie, les grès cuprifères paraissent appartenir
à divers niveaux allant du Rothliegende supérieur au trias. Le
gisement de Santagoul (district de Belebei) est nettement permien;
celui de Kargalinsk, au contraire, contient des fossiles du trias.
Les roches encaissantes, quel que soit leur niveau, ont une
forme analogue ; ce sont des grès généralement gris ou blan-
châtres, contenant principalement des minerais oxydés, avec du
cuivre natif très rare, mais accessoirement des sulfures ; tantôt le
minerai forme le ciment de la roche arénacée, tantôt il s'y pré-
sente en poussière ou en nodules et sur les parois des fentes.
Les grès renferment beaucoup de restes de plantes (calamités, etc.)
autour desquels le minerai, spécialement la chalcosine, se con-
centre volontiers ; on trouve, dans les troncs d'arbres, de
longues tiges rondes ou elliptiques de chalcosine, entourées de
malachite, d'azurite, de limonite cuprifère et de cuprite ferrifère;
à quelque distance des troncs , les grès ne renferment plus que
des minerais de cuivre oxydés. En dehors de la chalcosine et de
la malachite, le cuivre se présente à l'état de phillipsite, de chry-
socole (silicate hydraté de cuivre), de cuprite, de volborthite
(vanadate hydraté de cuivre et chaux), rappelant la présence du
vanadium reconnue par Kersten dans le Mansfeld et invoquée,
comme nous le dirons, dans certaines théories de M. Dieulafait.
Les couches permiennes de Russie s'étendent en stratification
très régulière, presque horizontale, sur une surface de près de
900 000 kilomètres carrés; les parties cuprifères se trouvent dans
les districts de Perm et d*Ekaterinenbourg et dans les provinces
ouraliennes d'Ufa et d'Orenbourg. Le minerai est généralement
très inconstant comme qualité et comme quantité ; il forme des
couches peu étendues horizontalement et disparaissant souvent;
leur épaisseur varié entre 6 et 70 centimètres et, contrairement
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328 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
à ce qui se passe dans le Mansfeld, on trouve parfois 2, 3 ou
4 couches de minerai superposées.
Ordinairement, l'exploitation d'un gisement est terminée au bout
de deux à neuf ans ; rarement elle en dure dix. La profondeur
à laquelle se trouve le minerai est généralement inférieure à
60 mètres ; sa teneur moyenne, comme dans le Mansfeld, d'à peu
près 3 p. 100.
Les mines les plus riches sont celles de Kargalinsk (40 kilomètres
d'Orenbourg) ; une faible partie des gisements connus est en
exploitation ; cependant le minerai est pur et le cuivre produit
d'excellente qualité. En 1875, les gisements de cuivre en couches
ont donné 20 000 tonnes déminerais, d'où Ton a extrait 800 tonnes
de cuivre.
Bibliographie,
1848. MoRCHisoN. ~ GeoL des europâischen. Russlands (trad. en allem. de
Lkonhard), p. 167, 177.
1843. G. VON Helmersbn. — Ueber ein Yorkommen von Kupfererzen und
Knochenbredzie in den silurischen Schichten des GouverDeroeois St-Petersburg.
(BulL Ac. I. d. Se. de Saint-Pétersbourg^ et phys. mat,, t. I, p. 161.)
1861. CoTTA, p. 548. — Cf. Àrch. d'Erdmann, t. II et VII.
1863. NauBERT. — Berg. u. H. Zeit, p. 141 et 169.
1868. FoRSTER. — Berg. u. H. Zeit., p. 193.
1878. Rich. min. de la Russie d^Europe^ p. 96. — Bibliographie, p. 89.
1879. Groddeck, p. 126.
Bohême. — En Bohême septentrionale, le cuivre se trouve éga-
lement dans des grès du Rothliegende et sa richesse est en relation
avec la présence de plantes. On a trouvé de ces gîtes de cuivre,
toujours dans des conditions semblables, à Starkenbach et Hohe-
nelbe, à Eipel, à Radowenz, près de Nachod, entre Bohmischbrod
et Kaurim, etc..
GRÈS CUPRIFÈRE DE COROCORO (bolivie)
{Niveau du rothliegende.)
Le gîte de Corocoro, en Bolivie, département de la Paz, au Sud
du lac Titicaca, paraît d'origine et d'allure identiques à ceux de
Perm. Le cuivre s'y trouve, d'après Groddeck, dans des argiles et
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SCHISTES CUPRIFÈRES DU MANSFELD 329
des grès gypseux qui semblent les équivalents du Rothliegende
allemand. Elles ont de 0, 50 à 12 mètres de puissance et sont
formées de grès d'un gris cendré, à grain tantôt fin, tantôt gros-
sier et de conglomérats à grains fins, avec minerai de cuivre et
principalement avec cuivre natif en grains, en nodules, en masses
d'épaisseur très variable, imitant parfois la forme de cheveux, de
fils, de mousses, de feuilles, etc... comme le cuivre déposé par
électrolyse. Le cuivre natif est toujours accompagné de gypse,
entre les lamelles duquel il dessine de fines dendriles et il miné-
ralisé fréquemment des fragments de bois. On le trouve associé
avec des sulfures et surtout des oxydes : chalcosine, azurite,
malachite, cuprite, chalcophyllite, argent natif, etc.
L'association du gypse et des restes organiques avec le cuivre
peut être en relation avec une théorie de M. Dieulafait, admettant
que la précipitation du cuivre résulte de la présence de sulfures
provenant du sulfate de chaux. Les actions électriques ont pu
également jouer un rôle.
Bibliographie.
1864. Recr. — Berg. u. Hûtten. Zeit., p. 93 et 113.
1871. NoGGERAT. — Yerhandl. der oaturh. V. d. p. Rheinl. u. Westf. Corresp.,
p. 88.)
1879. Groddeck, p. 127.
SCHISTES BITUMINEUX CUPRIFÈRES
DU MANSFELD*
{Couche de O^ySO d'épaisseur de schistes du Zec/istein à 3 p. iOO
de cuivre, produisant 16 000 tonnes de cuivre et 60 tonnes
(f argent par an,)
Les gisements de cuivre du Mansfeld présentent un grand inté-
rêt géologique aussi bien qu'industriel ; aussi nous y arrêterons-
nous un peu longuement.
» Coll. École des Mines, 1959.
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330 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Géologie générale de la région ^ — Le bassin des schistes cui-
vreux du Mansfeld occupe les versants Sud et S.-E. du Harz infé-
rieur (Unler Harz) et fait partie de la bordure de terrains per-
mien et triasique qui vient s'appuyer contre les terrains plus
anciens (silurien et carbonifère) du Harz inférieur.
A l'Est, le terrain permien affleure, sur une vaste étendue, sous
la forme d'un U dont les deux branches se dirigent vers TEst jusqu'à
la Saale. Elles sont limitées, au Sud, par une chaîne de collines
assez importante, dernier contrefort du massif principal, d'Anna-
rode à Hornbourg ; à l'Est, par une suite de hauteurs séparant les
deux branches de TU et s'étendant jusqu'à la Saale.
Ces deux lignes de hauteurs entourent une profonde vallée
renfermant les deux lacs du Mansfeld et se terminant par l'étroit
défilé de la Salze, affluent de la Saale.
Mentionnons, en outre, la Wipper, affluent de la Saale, qui des-
cend du massif du Harz et traverse le terrain permien vers le fond
de ru caractérisé plus haut.
Les terrains qui constituent le bassin du Mansfeld sont très
régulièrement disposés (fig. 228 et 229). Ils sont formés, à la
base, de Pei*mien divisé en ses deux termes :
Le Rothliegende (grès rouge permien) ;
Le Zechstein {schistes cuivreux et calcaires).
Au-dessus, commence une vaste formation de grès bigarré qui
s'étend largement autour du Harz et va constituer notamment, un
peu plus au Nord, la partie inférieure du bassin de Stassfurt*.
Le grès bigarré est, à son tour, partiellement recouvert par des
lambeaux de terrain tertiaire (oligocène) renfermant des couches
•de lignite.
La nature sédimentaire des schistes cuivreux nous force à com-
mencer par décrire rapidement les trois groupes du RothliegendCy
■du Zechstein et du grès bigarré, tels qu'on les rencontre dans le
bassin du Mansfeld ; après quoi, nous nous occuperons spéciale-
ment de la partie exploitée.
A. — Le Rothliegende^ représente, au-dessousdu zechstein marin,
\Voir la carte géologique en couleurs de rAUemagne centrale, pi. II.
^ Voir tomel, p. 429.
* Voir la coupe d'ensemble, p. 337, et les coupes de puits, fig. 228.
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SCHISTES CUPRIFÈRES DU MÀNSFELD
331
un faciès d'eau douce. Son nom est une corruption du mot « Roih-
todtliegende » (mur rouge stérile), ancien nom donné par les
mineurs à Tensemble des grès et des conglomérats permiens for-
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332
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
niant le mur de la couche de schistes cupro-argentifères si caracté-
ristique du Mansfeld.
La puissance du Rothliegende atteint 1 000 mètres. Cette forma-
tion présente un faciès très caractéristique et peut se distinguer
immédiatement des formations similaires.
Sa couleur est rouge ou violet rouge, ses éléments plus arron-
dis que ceux des grès plus anciens et il ne renferme pas, comme
eux, des grains de feldspath plus ou moins altéré.
Par contre, son grain est, en général, plus grossier que celui du
grès bigarré et Ton rencontre, dans les parties un peu consolidées,
des paillettes brillantes de mica, ce qui ne se présente pas dans le
grès bigarré.
Son épaisseur, qui atteint 2 000 mètres en Bavière, est de 500
en moyenne.
Les études de M. Yeltheim, ancien directeur des établissements
du Mansfeld, ontpermis d'établir, dans le Rothliegende, trois étages
assez nets, surmontés d'une quatrième assise, le Weissliegende^
qui se rattache intimement au Rothliegende :
h'élage inférieur, qui repose immédiatement sur la formation
houillère du Harz inférieur, est constitué par des argiles rouge vif
que surmontent des grès et un conglomérat quartzeux.
là'élage moyen est caractérisé par cinq ou six lits de calvaire
alternant avec des argiles marno-sableuses et des conglomérats
grossiers. Les calcaires sont, en général, rouges; plus rarement,
gris bleuâtres. Ils sont alors grenus, presque cristallins et quel-
quefois imprégnés de bitume comme les calcaires fétides du
Zechstein.
Liéiage supérieur^ qui est le mieux connu, est formé par des
grès à grain plus fin, à ciment argileux, et exploité avec succès
pour la fabrica tion des meules et les pierres de construction.
Dans les assises inférieures, on rencontre fréquemment des
galets roulés de mélaphyre, qui font place à des galets de quartz
laiteux et bientôt à un conglomérat porphyrique formé de galets
de quartz laiteux, de porphyre et de fragments de schiste siliceux
noir (Phtanite), le tout réuni par un ciment quartzeux qui lui
donne une compacité remarquable.
Enfin le Weissliegende est une formation de 1 à 2 mètres de
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SCniSTES CUPRIFÈRES DU MANSFELD 333
puissance qui recouvre le Rothli^ende d'une façon très régulière
au mur des schistes cuprifères.
C'est un grès à ciment calcaire d'un aspect presque marneux
et de couleur grisâtre. II renferme fréquemment des galets de
quartz, mais il est surtout caractérisé par des imprégnations métal-
liques qui établissent ainsi la transition entre le Rothliegenie et
la couche métallifère.
Le Rothliegende est pauvre en restes organiques. On peut citer
quelques Walchia (Walchia piniformis) et des troncs de calamités
(Calamités Gigas) qui permettent de le séparer nettement du ter-
rain houiller.
B. — Le Zechstein marin repose, dans les contreforts du Harz et
du Thuringer Wald, en stratification discordante, sur les couches
des terrains plus anciens: la discordance s'observe notamment entre
Mansfeld et Seesen, à Camsdorf, SaaKeld, Ilmenau, etc. On le
retrouve ensuite, dans des conditions de gisement identiques, sur
les bords des massifs de schistes anciens du bassin du Rhin, près
de Stadtbei^e, en Westphalie et à Frankenberg, dans la Hesse
électorale, etc. Les couches triasiques remplissent l'espace com-
pris entre ces divers affleurements du Zechstein qui paraissent se
relier en profondeur.
Cette formation du Zechstein peut se subdiviser en deux étages,
dont l'inférieur est assez constant d'allure et de composition et
renferme la couche des schistes cuivreux. L'étage supérieur est,
au contraire, beaucoup plus variable.
a, — Vétage inférieur comprend, à son tour, quatre termes : la
couche des schistes cuivreux^ le Dachklotz, la Faille et le Zechstein
proprement dit.
V L'assise des schistes cuivreux est un mince ruban noir, de
C,50de puissance, imprégné de bitume encore plus régulièrement
que de cuivre et dont le faciès est absolument caractéristique sur
les pentes du Harz et du Thuringerwald et à Riechelsdorf.
Le minerai y est disséminé en fines parcelles, surtout dans les
10 centimètres de la base, et donne à la cassure un éclat métal-
lique.
C'est tantôt de la pyrite cuivreuse (jaune d'or), tantôt du cuivre
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334 GÉOLOGIE APPLIQUÉE ]
panaché (violet rouge irisé), tantôt du sulfure de cuivre (gris
sombre).
On trouve encore de la pyrile de fer, de la galène, de la blende,
du sulfure d'argent, du nickel arsenical, du cobalt arsenical et
quelques combinaisons rares de manganèse, de molybdène et de
sélénium.
Cette couche de minerai, malgré son peu d'épaisseur, est divi-
sée, particulièrement dans les districts de Hettstadt et de Gerbs-
tedt, en trois zones :
La zone inférieure, de 0,05 à 0,06 de puissance, comprenant la
liegende Schaale, le Lochen et la Lochschaale;
La zone moyenne, de 0,10, comprenant le Schieferkopf infé-
rieur et supérieur, la Kopfschaale et la Kammschaale ;
Enfin la zone supérieure, de 0,22 à 0,30, la Lochberge^ la Nober-
berge ^i VOberberge,
Les assises inférieures de la couche sont généralement les plus
riches. Les sulfures y sont disséminés en fine poussière appelée
speise (nourriture) par les mineurs. En outre, on y rencontre la
phillipsite et la chalcosine en filets interstratifiés de l'épaisseur
d'une lame de couteau, en enduits sur les cassures transversales
ou en rognons et grains isolés. La teneur en cuivre varie de
2 à 3 p. 100. La proportion d'argent, qui atteint au Mansfeld
500 grammes aux 100 kilogrammes de cuivre, y rend l'exploita-
tion fructueuse.
Au milieu du minerai, les débris organiques : poissons (Paleo-
niscus Freieslebeni, Platysomus gibbosus), rameaux et feuilles de
VUlmannia Bronni, etc., sont très abondants. Nous aurons à y
revenir.
2^ Le Dachklotz (pierre du toit) se distingue, par sa couleur
plus claire, de la couche de schistes. C'est un banc de calcaire
marneux de 0™,15 à 0°,30 de puissance, se divisant à l'air en blocs
polygonaux, qui contient parfois des minerais et spécialement de
petits rognons de galène, mais renferme rarement les inclusions
pulvérulentes dites speise.
3"* La Faûle (pierre pourrie) est un calcaire marneux bleu foncé,
de 0™,75 à 1 mètre de puissance, très fissuré, sans aucune soli-
dité, et qui crée de grandes difficultés à l'exploitation.
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SCHISTES CUPRIFÈRES DU MANSFELD 335
Enfin 4^ le Zechstein proprement dit est le terme le plus régu-
lier de toute la formation.
Il est constitué par un calcaire compact dont la couleur varie
du jaune clair au gris enfumé. Il est divisé en bancs de 0",10 à
0",30 d'épaisseur et se casse en fragments parallélipipédiques,
très propres à la construction, couverts de dentrides manganésées.
b. — Quant kY étage supérieur y il peut, de son côté, se subdiviser
en cinq termes qui sont, de bas en haut : le Gypse et VAnhydrite^
la Rauchwackej la Cendre^ le Rauchstein^ le Stinkstein.
1® Gypse et anhydrite du Zechstein. — On rencontre, et c'est là
un fait important à noter, le sulfate de chaux à tous les niveaux
de la formation du Zechstein, tantôt en fragments isolés, tantôt
en couches ou en amas ou simplement comme remplissage de
fractures dû à la circulation des eaux.
L'albâtre blanc est rare. Le gypse est plutôt de couleur grise
et même noire, par suite de son mélange avec le calcaire fétide.
On lui donne alors le nom de Stinkgyps (gypse fétide).
Partout où l'on a recoupé le gypse, on a trouvé, au centre de la
masse, de Fanhydrite. Le passage est parfait de Tune de ces
substances à l'autre.
L*anhydrite est grenue et sa couleur varie du blanc au bleu
pâle avec des teintes grises intermédiaires provenant de son
mélange avec le Stinkstein.
Dans le voisinage des massifs gypseux, on a toujours rencontré
de vastes fissures remplies d'eau salée, qui font éprouver de
sérieuses difficultés à l'exploitation.
Cette eau salée est le résultat de la dissolution de masses de sel
gemme qui constituaient un gisement subordonné au gypse et
dont on ne trouve plus que des lambeaux.
2*" hdi Bauchwacke qui a quelque importance au S.-O. du Harz et
dans la forêt de Thuringe, n'atteint au Mansfeld qu'une puissance
de 1 à 2 mètres. Elle est irrégulière et disparaît même entière-
ment. C'est une formation magnésienne, oùlaDolomie compacte
d'un gris noirâtre fait place parfois à une marne magnésienne
jaunâtre. Nous verrons quel rôle théorique on a voulu faire jouer
à cette dolomie.
La texture en est caverneuse avec filets de calcite et parfois
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336 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
masses sphéroïdales de Limonite ; Ips fossiles sont les mêmes que
ceux du Zechstein proprement dit.
3** La Cendre est un calcaire dolomitique marneux, jaune bru-
nâtre, qui recouvre la couche précédente avec assez de constance.
4** Le Rauchstein, qui se présente souvent entre la Rauchwacke et
la cendre, est de couleur gris noirâtre, de texture caverneuse. On
lui donne le nom de VerKàrtete Asche (cendre durcie).
5** Le Stinkstein (calcaire fétide) est constitué par un calcaire dur,
feuilleté, d'un gris enfumé. Au contact de Tair, il tombe en pla-
quettes en prenant une couleur plus claire, et perd son odeur
fétide.
Fréquemment, il est recouvert par une couche de marnes bleues
passant à des argiles rouges et renfermant des fragments de Stink-
stein et de Rauchstein.
En résumé, la coupe est la suivante :
G. Grès bigarré
/ gypse-
' I slinskstein.
I . > . \ rauchstein.
6. — supérieur,' ,
l ^ J cendre.
! rauchwacke.
'\ gypse.
(zechstein proprement dit.
fàule (calcaire) : 0,75 à 1 mètre,
dachklotz (calcaire marneux) : 0,25.
5 à 10m. ] ^ . , ... / supérieure : 0,22
/ Couche de schistes S ^ »,.
1 cuivreux (flutz) : 0,50. "°r""°*' = „"'*« , „„
l \ ^ \ inférieure : 0,05 à 0,06
Weissliegende : 1 a 2 mètres.
/ supérieur : grès à grains fins avec conglomérats à la base.
A. Rothliegende \ moyen : bancs calcaires, argiles et conglomérats.
\ inférieur : argiles rouges et conglomérats.
Houiller.
Allure de la couche exploitée. — La couche des schistes cupri-
fères du Mansfeld présente une surface de 500 kilomètres car-
rés ; elle est ondulée et la ligne de plissement afiecte une largeur
de 18 kilomètres. Elle est fermée presque entièrement au Nord,
à FEst et à TOuest, et ne se prolonge en profondeur que vers le
S.-E., dans la direction de Halle.
6. Zechstein
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SCHISTES CUPRIFÈRES DU MANSFELD 337
L'ensemble forme une sorte de cuvette dont les bords sont
relevés et plongent : du côté Ouest , de 5 à 6** vers l'Est ; du
côté Est, de 10 à 20^ vers TOuest; du côté Nord, de 5 à G*» vers
le Sud.
L'exploitation s'est, jusqu'ici, maintenue dans le Nord, et son
axe est sensiblement une ligne passant par Eisleben, Mansfeld et
aboutissant à Friedebourg sur la Saale.
EcheUe des LonraeuBS au loiaoo
L'échellt dM liAatoun triple d» edlt des longueur»
Fig. 229. — Coupe transversale du bassin du Mansfeld.
Plus au Sud, la couche n'est pas assez riche pour être rémuné-
ratrice.
On exploite le gîte du Mansfeld depuis Tannée 1200 environ;
mais, en raison de la grande extension des affleurements (35 kilo-
mètres), on a pu longtemps se maintenir dans le voisinage de la
surface. En 1830, on avait à peine atteint 140 mètres de profon-
deur. Le développement de l'exploitation a fait descendre les tra-
vaux actuels entre 200 et 230 mètres de profondeur.
La couche de schistes cuivreux a, d'ailleurs, subi de nombreux
rejets par des failles, dont quelques-unes sont restées stériles et
dont d'autres, à Riechelsdorf, à Bieber, etc.. sont de véritables
filons de nickel et cobalt avec gangues de barytine et de calcite^
Ces filons minéralisés (dits rucken) sont généralement très irré-
guliers et occasionnent de forts brouillages; en deux points, à
Gerbstâdl et à Sangeraûser , on a pu exploiter la smaltine avec
* Voir plus haut, page 84.
GÉOLOGIE. — T. II.
22
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338 GÉOLOGIE APPLIQUÉB
de la pyrite, de la marcassite et de la phillipsite dans le premier
cas; du mispickel, de la chalcosine et de la chalco pyrite dans le
second. Au voisinage, la couche cuivreuse est parfois imprégnée
de cobalt et nickel.
Origine du gisement. — L'origine et le mode de formation des
gisements du Mansfeld ont donné lieu à un grand nombre de
théories que nous devons résumer ici :
Un premier point sur lequel tout le monde est d'accord, c'est
le caractère nettement sédimentaire du gîte. Le cuivre s'est déposé
en même temps que les boues marneuses et bitumineuses qui ont
formé les schistes encaissants. Il n'a pu arriver postérieurement
par quelqu'une des failles qui disloquent la couche ; car, alors, on
ne le trouverait pas concentré dans une couche unique de 0™, 50
d'épaisseur, et il y aurait une augmentation de richesse au voisi-
nage de cette faille. Donc le cuivre se trouvait en dissolution
étendue dans l'eau d'un bassin marin et cette eau était en
train de s'évaporer, proche de son point de saturation, puisque,
peu après le dépôt du cuivre, il s'y est précipité du gypse, du sel
et des calcaires imprégnés de sels magnésiens.
En second lieu, on peut admettre que les matières organiques,
poissons et plantes, ont joué, pour précipiter le sulfure de cuivre,
leur rôle réducteur habituel. Les hydrocarbures contenus dans
ces schistes bitumineux , qu'ils proviennent de la décomposi-
tion de ces matières organiques ou de salses, ont eu la même
action.
Si l'on veut aller plus loin et chercher qu'elle était l'origine du
cuivre en dissolution dans l'eau de mer, on sort du domaine des
faits précis observables et les hypothèses sont divergentes.
M. Dieulafait en a soutenu une, il y a une dizaine d années, qui
est fort ingénieuse*. Il est parti de celte observation que les eaux
de la mer renfermaient une faible proportion de tous les métaux,
aussi bien d'ailleurs que les terrains sédimentaires et les roches
auxquelles ces métaux ont été tout d'abord empruntés. Cette pro-
portion, dans une eau assez concentrée pour déposer du gypse, se
« 1879 (G. R., t. f .XXXIX et R. Se).
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SCHISTES CUPRIFÈRES DU MANSFELD 330
trouve décuplée. Dès lors, pour lui, le Mansfeld était, au moment
du dépôt des schistes bitumineux, une lagune analogue au Kara-
bogaz' et formée d'eaux déjà si saturées^ que tous les poissons qui
s'y trouvaient introduits y mouraient et étaient préservés de la
destruction par la salure même. Les hydrocarbures, produits par
leur décomposition, ont, en réduisant le sulfate de chaux de Feau
de mer, produit des sulfures qui ont précipité le cuivre et les
autres métaux, en particulier le vanadium. Puis, la lagune conti-
nuant à se saturer, il s'est déposé, d'abord 4 à 5 mètres de dolomie,
c'est-à-dire de calcaire imprégné de sels magnésiens et, aussitôt
après, du gypse.
Cette théorie, toute spécieuse qu'elle ait pu paraître à un
chimiste, nous semble géologiquement insoutenable.
La couche du Mansfeld, avec ses 0",50 d'épaisseur à 3 p. 100
de cuivre, correspond à une épaisseur de 0", 015 de cuivre métal.
En supposant même que les roches formant le pourtour du bassin
eussent contenu, en moyenne, ^^^ ^ de cuivre et que le cuivre
de toutes les parties érodées par la mer fût entré en dissolution
dans l'eau, il faudrait encore, pour en faire venir le cuivre de gise-
ment, admettre une érosion de 1 500 mètres de hauteur sur une
surface comparable à celle du bassin lui-même ; et, comme cette
érosion ne portait en réalité que sur les rivages du bassin, c'est-
à-dire sur une superficie infiniment plus faible, on arrive à un
cube d'érosions tout à fait invraisemblable.
D'ailleurs le Mansfeld n'est pas la seule région où une mer soit
arrivée à saturation ; pourquoi, si, à l'époque permienne, on a
quelques types de gîtes de cuivre sédimentaires, n'en a-t-on pas
au-dessous des gîtes de sel tertiaires des Carpathes, par exemple;
et, d'autre part, le cuivre n'est pas le seul métal dont on puisse
constater la présence dans les roches ni surtout le plus abon-
dant. Pourquoi le cuivre domine -t -il sur le zinc et le plomb
dans le Mansfeld et pourquoi, d'autre part, trouve-t-on ailleurs
des types de gîtes sédimentaires de plomb ne renfermant pas de
cuivre ?
* Voir tome I, page 450.
* Le rotbliegende du Harz, qui est d*eau douce, n*est pas cuprilëre, tandis que celui
de Perm qui contient du cuivre, est marin.
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340 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Enfin, on a constaté, au Mansfeld, des variations dans la propor-
tion des dififérents métaux pour lesquelles une autre explication est
nécessaire. C'est ainsi que la richesse en argent n'existe que dans
rintérieur du fond de bateau du Mansfeld, alors que la couche de
schistes cuprifères est beaucoup plus étendue. De même, il existe
des filons postérieurs, contenant du nickel et du cobalt; là on est
bien forcé d'admettre une venue de la profondeur, puisque le
lessivage des terrains encaissants aurait dû remplir ces fentes
principalement de cuivre.
Il nous semble donc beaucoup plus vraisemblable d'admettre,
avec von Groddeck, l'arrivée, dans le bassin saturé du Mansfeld,
de sources chargées de cuivre auxquelles la mort et la préserva-
tion des poissons seraient attribuables.
L'expérience prouve, d'ailleurs, que des sulfures peuvent se
former encore de nos jours par des actions semblables de sources
minérales. C'est ainsi qu'à Roisdorf, près Bonn , NOggerath ' a
trouvé, à 2 mètres de la surface, dans un sol tourbeux, des galets
roulés de quartz enduits de pyrite de fer, pyrite formée par une
source minérale du voisinage chargée de sulfate de soude et de
carbonate de fer.
De même, sur la côté de l'île de Bomholm *, Forchammer
a observé une formation de pyrites contemporaines. Il existe
des sources ferrugineuses sortant de l'oolithe inférieure qui
se trouvent en contact avec des fucus dont la souche contient
beaucoup de sulfates. Les galets se recouvrent là d'une couche
de pyrite qui demeure intacte tant qu'elle est recouverte d'eau
salée.
La conclusion à en tirer, c'est qu'il peut très facilement se former
des sulfures métalliques au fond de bassins salés, sans même pour
cela que les métaux aient été préalablement à l'état de sulfates ; ils
ont pu, par exemple, être amenés par des eaux chlorurées. La pré-
sence de corps réducteurs semble seule nécessaire ; elle existe dans
les gisements de cuivre du Mansfeld, Perm, etc., où l'on ren-
contre plantes et poissons; dans ceux de stibine d'Arnsberg en
* Neu. Jahr. f. Miner,, 1836, p. 58.
• Voir Bischof. Lehrb. d. chem, u. physik Geolog., 1847, t. I, p. 925.
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SCHISTES CUPRIFERES DU MANSFELD
341
Westphalie^ compris dans des couches charbonneuses et bitu-
mineuses, carbonifères ; dans ceux de cinabre dldria, en relation
avec des matières bitumineuses.
Exploitation. — Nous terminerons par quelques détails statis-
tiques relatifs aux gisements cuivreux du Mansfeld '.
Statistique de la production de schistes cuivreux en tonnes :
i862
62000
i879
375000
1880
395000
1882
490000
1885
500000
Production du cuivre en tonnes :
1879 I 1880 1881 1882 1883 1884 1885 1886 1887 1888 1{89 1890
8534 19957
11175
11 721
12 836
12 783 12649
12 797
13233
13 694
15748
16 053
Détail pour l'année 1880.
SCHISTES
cxlraiU
DÉPENSES
PRIX DE REVIENT
par tonne
Districts supérieurs ou d'Eisleben.
Districts inlerieurs ou d*Hettstedt.
Totaux
Tonnes
275 000
120 000
Francs
8 570 000
4 430 000
Francs
31,12
37,12
395 000
13 000 000
32,94
Stériles extraits en 1880 : 1 200 000 tonnes.
Per«ow«c/ employé en 1880, aux mines . . 10 000 ouvriers,
— — aux usines . . 3 800 —
Total 13 800 ouvriers.
La population totale vivant des mines au Mansfeld était, en
1880, de 38 000 personnes.
1 Voir, plus haut, page 204.
' Voir page 220, un tableau de la produclion du cuivre.
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342
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Traitement des minerais. — La composition des schistes du
Mansfeld est la suivante :
Silice
Alumine. . . .
Chaux
Magnésie ....
Acide carbonique
Fer
Cuivre
Argent
Soufre
Bitume
PUITS OTTO
38,42
15,93
10,93
3,53
7,02
1,81
2,01
0,015
3,18
14,03
97,475
PUITS ERNST
33,15
12,90
14,39
2,32
10,47
3,31
2,90
0,016
2,15
9,89
91,496
PUITS GLUCKHILF
29,22
11,76
12,66
2,25
9,43
2,97
2,88
0,021
4,97
17,21
91,371
La teneur en cuivre varie donc de 2 à 3 p. 100. Celle en argent
est assez fixe à 150 grammes par tonnes.
Les opérations du traitement des schistes sont les suivantes :
10 Grillage des schistes ;
2® Fusion pour matte pauvre ;
3<* Grillage de la matte pauvre ;
4® Fusion pour matte pauvre ;
5^ Désargentation de la matte deuxième ;
6^^ Fusion des résidus, affinage, raffinage.
La production du Mansfeld en métaux a été, en 1880 :
Cuivre raffiné, i^ quahté 8 934 tonnes.
— 2« — 785 —
Argent 66 560 kilogrammes.
Or, Textraction du minerai élant, en 1880, de 395 000 tonnes, le
rendement moyen industriel est sensiblement 2,46 p. 100.
La valeur produite a été, en 1880, de 12 330 000 fr. de cuivre
et 9 980 000 fr. d'argent.
Par contre, le prix de revient est, en moyenne, de 33 francs
par tonne; ce qui fait, pour 39 300 kilogrammes à 33 francs,
12 933 000 francs. U en résulte que le cuivre ne serait pas
exploitable s'il n'était pas argentifère*.
1 Voir la bibliographie plus loin, page 344.
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TERRAIMS CUPRIFÈRES DE LA HESSE 343
TERRAINS CUPRIFÈRES DE LA HESSE
ET DE LA WESTPHALIE
La couche de terrains cuivreux du zechstein, que nous venons
d'étudier dans le Mansfeld, se retrouve dans la Hesse et en WesU
phalie, avec des caractères un peu différents.
A Frankenberçj en Hesse, les minerais sont dans une argile cal-
caire grise à lamelles de mica ayant de 0°*,30 à 0"*,35 d'épaisseur.
La minéralisation est très intimement liée à la présence de restes
de plantes, appelés graupen ; Tespèce la plus répandue est FUU-
mannia Bronni (Gôppert) (troncs, branches, etc.) ; puis il existe
des restes assez fréquents d'araucaria et de fougères. Tous ces
restes de plantes sont transformés en une masse qui ressemble à
du jais et qui est chaînée de galène, de pyrite, de cuivre gris,
de cuivre panaché, avec un peu d'argent natif et de l'aident rouge
très rare. L'abondance de ces minerais est proportionnelle à celle
des plantes et Ton n'en trouve ni au toit ni au mur.
A Bieber, en Hesse, le zechstein repose directement sur les
micaschistes. La puissance de la couche cuivreuse varie de 0",30
à 1",50. C'est une couche de schistes marneux et bitumineux gris
noirâtre en feuillets minces. Les minerais n'y sont pas en sécré-
tions suivant la stratification, mais en enduits minces sur les
parois des fentes (cuivre gris, chalcopyrite, galène et pyrite de
fer).
Là, comme dans tout le Mansfeld, il existe des failles assez fré-
quentes de direction 105 à 135**, qui rejettent les couches, et les
failles sont devenues, sur beaucoup de points, des filons métallifères,
tandis que d'autres sont restées stériles. Leur remplissage est
généralement formé de minerais de cobalt et de nickel avec
gangues de barytine ou de calcite, et, dans le voisinage, la couche
cuivreuse contient également un peu de cobalt.
Enfin, à Stadtberg, en Wesiphalie, les minerais de cuivre, au
lieu d'être localisés dans la couche de schistes, se trouvent aussi
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344 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans le zechstein du toit dont la puissance est de 10 à 12 mètres,
mais là inexploitables. Dans cette région, schistes cuivreux et
zechstein sont traversés par des filons qui sont cuprifères, non
seulement dans ces couches, mais dans les niveaux sous-jacents
de grauwackes et de schistes siliceux et, au voisinage de ces
filons, les terrains inférieurs sont minéralisés. Il est donc possible
que nous ayons là un point d'émergence des sources cuivreuses
ayant métallisé les terrains ; cependant il est assez difficile de
déterminer si ce n'est pas au contraire, comme le suppose Grod-
deck à qui nous empruntons la description de ce gisement, un
produit de recristallisation, dans des fentes, de cuivre emprunté au
zechstein.
En France, il existe, dans le Var^ à peu près au même niveau,
un petit horizon cuivreux parfaitement régulier, qui devient plus
épais dans les Alpes-Maritimes où il a été exploité. Le cuivre
s'y trouve, comme toujours, concentré autour de plantes.
Bibliographie du Mansfeld et de la Hesse.
1808. ScHMiDT. — Schistes cuivreux de Bieber en Hesse. {2\reues/aAr. A Miner.,
p. 45.)
Frbiesleben. — {Geognostiche Arbeiten, U III.)
1826. V. Vbltheim. — Dans Karsten's Arch,, 1877, t. XV, p. 89.
1837. Baumler. — Nickelerze im Mansfelder Kupferschiefer. (Zeit. d.d, geol.
Ges., p. 25.)
1844. Plumicke. — Dans Karsteri's Arch., 1844, t. XVIII, p. 139.
1864. Peltzer et Greiner. — Ezpl. du schiste cuivreux argentifère au Mans-
feld. {.Cuyper, t. XV, p. 424.)
V. COTTA, p. 106.
1867. WuRTEMBERGER. — Sur Ics miuerais de Frankenberg (Hesse). (Neiies
Jahrb. f. Miner, ^ p. 10.)
1869. ScHRADER et Zeuscher. — (Zeitsch, f, d. Berg, Huit. u. Sal. im preuss,,
t. XVII, p. 251.)
1879. Groddeck, p. 122 ei passim,
1879. DiEULAFAiT. — (Rev. Se)
Erlàuterung z. geol. zpecial Karte v. Preussen u. d. Thûr Staaten.
1881 . Notice imprimée sur les mines du Mansfeld.
1882. Termier. — Mémoire manuscrit à TEcole des mines.
1884. Janet. — Mémoire manuscrit à l'Ecole des mines.
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CUIVRE DU CAUCASE (kIADÉBEK, AKHTALA) 345
GRÈS PLOMBIFÈRES ET CUPRIFÈRES
DE SAINT-AVOLD (trias)
La région comprise entre Sarrelouis et Aix-la-Chapelle ren-
ferme d'assez nombreux types de minerais de plomb sédimen-
taires*, parfois accompagnés d'un peu de cuivre. Au voisinage de
Saint-Avold, le cuivre devient assez abondant dans la couche
dite de Hochwald, à la partie supérieure des grès bigarrés. On
en retrouve en veines dans les cassures des bancs de grès qui
reposent au-dessus. Cependant, il semble bien que la minérali-
sation soit contemporaine du dépôt de la couche. L'enrichisse-
ment, au voisinage des cassures, s'exphquerait par des phénomènes
de redissolution. Ces minerais de cuivre, comme ceux de Perm,
sont toujours des oxydes, jamais des sulfures comme au Mans-
feld ; ils se trouvent en inclusions pulvérulentes ou en nodules
variant de la grosseur d'un pois à celle d'une noix.
CUIVRE DU CAUCASE*
(KIADEBEK, AKHTALA, TCHAMLOUK, ALLAHVERDI, ARTANE, KATAR)
{Amas et couches de quartz cuivreux et plombifère en relation
possible avec des dacites,)
Les couches de cuivre tertiaires du Caucase (Akhtala) et du
Boléo qu'il nous reste à étudier, semblent, quoique se présentant
sous forme stratifiée, présenter une relation très nette avec des
roches éruptives récentes. Par un phénomène que nous rencontre-
rons pour la plupart des métaux, les éruptions tertiaires, en raison
de leurs caractères beaucoup plus nets et moins troublés par des
actions postérieures, sont de nature à nous faire présumer ce qui a
pu se passer dans les temps anciens et nous fournissent un argu-
< Nous aurons à y revenir au chapitre du Plomb,
' Coll. Ecole des Mines ^ 1786.
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346 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ment pour combattre les théories hostiles à Tintervention des
roches ignées dans la formation des gisements métallifères.
Dans le Sud du Caucase, il existe, en Géorgie, sur les contre-
forts septentrionaux du petit Caucase, des gisements de cuivre
exploités depuis très longtemps par des procédés primitifs et
qui, repris récemment par des méthodes vraiment scientifiques,
sont peut-être appelés dans Tavenir à un grand développement,
bien que le manque de combustible et le caractère accidenté du
pays ne permettant d'y établir une industrie qu'en risquant de
gros capitaux. Le centre principal est, à TEst, Kiadébek à 60 kilo-
mètres au Sud-Ouest d'Elisabethpol, appartenant à la Compagnie
Siemens qui y a construit une usine importante ; on peut, en outre,
citer, à TOuest, Akhtala à 80 kilomètres au Sud de Tiflis, ayant
appartenu à une compagnie française et abandonné momentané-
ment, depuis 1889, malgré la grande richesse des minerais. La
difficulté de la mise en valeur des richesses naturelles de ce pays
est le manque absolu de voies de communication.
Nous n'avons, sur Kiadébek^ que des renseignements assez in-
complets : il en résulte que le cuivre est dans des amas ramifiés
d'une roche quartzeuse * avec rognons de pyrite cuivreuse et de
cuivre oxydé noir. A la place des quartzites, on trouve souvent,
au toit du minerai, des sables quartzeux très friables ; souvent
aussi, le quartzite est imprégné, jusqu'à une certaine distance
du gîte, de cristaux de pyrite. Les deux amas principaux sont
ceux d'Esel et de Werner; on en a trouvé, de plus, un troisième ;
tous trois sont alignés suivant une même direction.
L'amas Esel est formé : au centre, de cristaux de pyrite de fer
et de blende cimentés par de la pyrite de cuivre, la proportion
totale de cuivre étant de 3 à 5 p. 100 ; au mur, la teneur en cuivre
diminue ; au toit, elle augmente jusqu'à 12 p. 100. En outre, il
existe des nids de galène avec pyrites de fer et de cuivre.
L'amas Werner est formé de quartz assez régulièrement im-
prégné de pyrites diverses tenant de 5 à 10 p. 100 de cuivre et
accompagné par du gypse. Le prix de revient de la tonne de
minerai rendue à l'usine est de 18 fr. 70 environ la tonne.
< Cette roche apparaît, au mici-oscope, formée de grains de quartz avec feldspaths,
pyroxène, amphibole, mica, cic.
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CUIVRE DU CAUCASE (kIADÉBEK, AKHTALa) 347
La production était, vers 1880, de 5 à 600 tonnes. En 1890, on
a produit 1 13i tonnes à Kiadebek, plus 6S9 à Halakent et
81 tonnes de cuivre électrolytique.
Sur Akhtala^ nous sommes beaucoup mieux informés par une
note de M. de Morgan, ancien directeur des travaux*.
La compagnie française possède là trois gisements : ceux
d'Akhtala, Allah- Verdi et Tchamlouk situés au pied du mont
Lelwar, près de la rivière la Khram, affluent de la Koura, qui se
jette dans la Caspienne, et peut-être en relation les uns avec les
autres.
Le mont Lelwar a sa base formée de granité recouvert par du
jurassique supérieur et du crétacé inférieur. Postérieurement au
crétacé, il a été, ainsi que les montagnes voisines, TAUa-Ghenz et
FArarat, un centre d'importantes coulées volcaniques qui se sont
répandues sur ses flancs.
C'est entre deux coulées de dacite (andésite quartzifère à amphi-
bole et pyroxène) que les gîtes de cuivre paraissent, d'après
M. de Morgan, avoir été formés par des épanchements hydrother-
maux riches en silice qu'on peut rapprocher de ceux ayant formé
le manganèse du Capo-Rosso, le fer de Tîle d'Elbe, de la Tafna
ou de Tabarka, ou, à une époque plus ancienne, la galène des
couches calcédonieuses du Morvan.
Les premiers dépôts, ceux du mur, par un phénomène peut-
être analogue à celui de l'amas Esel de Kiadebek, sont pauvres en
cuivre; ils sont formés de calcédoine et calcite avec quelques
rares mouches pyriteuses. Plus tard, c'est-à-dire dans les couches
du toit, les sulfures augmentent d'importance et constituent dans
la masse quartzeuse, une imprégnation de chalcopyrite, pyrite de
fer, blende et galène avec un peu de barytine et de gypse. A la fin de
l'épanchement, il paraît être arrivé, dans certains gîtes, une
coulée surtout plombeuse tenant des traces d'argent et d'or
(Tchamlouck, Akhtala*).
1 Les résultats de ce travail ont été discutés ; les gisements ont été considérés, par
d'autres géologues, comme des amas ûloniens.
* A Saint-Avold on trouve aussi le cuivre (Hochwald) au-dessous du plomb (Cas-
lelberg, Bleiberg); de même, dans l'ensemble, le cuivre (permien) paraît être venu
généralement avant, c'est-à-dire à une température plus chaude, que le plomb (tria-
sique).
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348 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Ces quartz métallifères ont été recouverts par une nouvelle
coulée de dacite qui semble les avoir surpris avant leur consolida-
tion; car le toit des nappes quartzeuses présente de très fortes
ondulations. Puis sont venus, au-dessus, des basaltes.
Quelques, failles ont disloqué les couches, et des érosions ont
mis à jour, en divers points, la nappe métallifère qu'il est ainsi
possible d'exploiter à ciel ouvert.
Si nous entrons dans le détail, à Akhtala, les minerais sont con-
centrés au toit du gîte et forment deux étages bien distincts :
rinférieur chaîné de sulfures (pyrite, chalcopyrite et phillipsite),
d'une épaisseur variant entre 0,50, et 4,50; d'un teneur moyenne
de 12 p. 100; le supérieur, séparé du premier par un lit de quartz,
renfermant dos galènes, des blendes et des pyrites cuivreuses par-
fois argentifères.
Le gîte de Tchamlouk diffère du précédent par la présence de
bancs épais de gypse et par l'absence de galènes pures.
Enfin, à Allahverdi, les parties minéralisées sont beaucoup plus
épaisses et l'on a exploité les affleurements d'une couche continue
ayant jusqu'à 16 mètres d'épaisseur moyenne.
L'exploitation, reprise vers 1886 par une société française, a
eu un moment de développement; après quoi, on a dû l'inter-
rompre de nouveau. La fusion pour mattes s'y faisait dans un
waterjacket chauffé par des résidus de pétrole (80 francs la
tonne) et la transformation de la matte en cuivre métallique par
le procédé Manhès.
La main-d'œuvre est, dans ce pays, presque exclusivement
grecque, sauf quelques ouvriers piémontais pour diriger. Le
Italiens reviennent à 4,30 par jour, les Grecs à 2,50.
Le transport à Tiflis se fait actuellement par fourgons attelés
de chevaux et de mulets et coûte de 20 à 25 francs par tonne.
Bibliographie,
1878. Richesses minérales delà Russie, p. 117.
1885. Le cuivre en Transcaucasie. (Ann. d. Jlf., 1885. Bulletin^ p. 533.)
* 1888. DK Morgan. — Conférence sur les mines d*Akhtala.
1892. Leproux. — Gisements minéraux àxt Caucase. {Ann, d. if., 9«, t. II,
p. 510.)
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CUIVRE DU BOLÉO (BASSE CALIFORNIE) 349
CUIVRE DU BOLÉO (basse Californie*)
Le gîte cuprifère du Bolée est situé sur la côte Est de la basse
Californie, sur le golfe de Californie, en face le port de Guaymas
(rive mexicaine) où aboutit le chemin de fer de la Sonora com-
muniquant avec les lignes des États-Unis.
La région du Boléo forme un vaste plateau presque horizontal,
légèrement incliné vers la mer, découpé par quatre grands ravins
et surmonté par quelques rares pitons isolés. Elle est géologique-
ment constituée d'un certain nombre d'assises très régulières de
tufs et de conglomérats trachy tiques, andésitiques ou labradoriques,
avec intercalations de couches cuivreuses. A TOuest, ces couches
s'appuient sur une double chaîne discontinue, parallèle à la côte,
L
La I^oomAe est enïrm
Z^s 3 couches en place ! La2': etlmST subsistent
Fig. 230. — Coupe schématique de la région cuivreuse du Boleo (d'après M. Fuchs.
de trachytes peu acides voisins des dacites, et l'ensemble de la for-
mation est recouvert par une puissante coulée de lave basaltique à
péridot.
Si nous entrons dans le détail, nous avons à décrire les tufs, les
conglomérats et les couches cuivreuses.
Les tufs sont argileux et légèrement feldspathiques avec de
fines paillettes de mica ; leur couleur varie du gris jaunâtre au
rose vif. La cristallinilé semble diminuer de bas en haut et aug-
menter au voisinage des pitons trachytiques. Pour M. Fuchs, ces
couches représentent des éruptions boueuses sous-marines dont
1 Coll. ÈcoU des Mines, 1960. Voir la carte géologique de l'Amérique du Nord, 1. 1,
p. 73. Ce paragraphe est le résumé d'un mémoire publié par M. Fuchs.
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350 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
rintensité a été en s'atténuant avec le temps. Les couches supé-
rieures contiennent quelques fossiles miocènes d'espèces littorales.
Les conglomérats sont formés de fragments roulés de roches
éruptives ; ils se présentent à quatre niveaux seulement et, sauf le
plus élevé, sont tous surmontés par une des couches cuivreuses.
Dans le conglomérat inférieur, les fragments sont formés de
dacites et de labradorites ; dans le deuxième et le troisième, de
roches plus riches en silice, de trachytes avec quelques rhyolites
exceptionnelles; enfin, dans le conglomérat supérieur, on retrouve
des roches basiques, des basaltes accompagnés de phonolite et
d'obsidienne.
Le cuivre se présente dans trois couches, Tinférieure de 0",60
à 3 mètres, la deuxième de 0™,80 à 2"*,30, la supérieure en
moyenne de 1 mètre. Il est à peu près exclusivement sous forme
de minerais oxydés, tantôt isolés, tantôt associés ou combinés
avec le fer, le manganèse, Tacide carbonique, parfois la silice.
C'est Toxyde noir et Toxydule de cuivre, avec un peu d'ata-
camite (CuCl + 3CaO + 3H0), puislazurite, la malachite, le chjry-
socole (hydrosilicate), la crednérite (2Mn*0'3CuO), la chlorite cui-
vreuse, etc. Ces minéraux sont enveloppés dans une gangue d'argile
tufacée d'un gris lilas assez clair, renfermant de 0,1 à 6 p. 100 de
chlorure de sodium, avec un peu de carbonate et de sulfate de
chaux. Ils sont en mouches, en veinules ou en petites boules ooli-
thiques et présentent toujours une concentration vers la base où le
minerai forme un lit compact atteignant 15 à 20 centimètres.
La couche supérieure est la moins importante et a été peu
explorée.
La seconde couche est particulièrement riche en silice, surtout
dans le voisinage d'une grande faille située à l'Ouest dont la for-
mation paraît avoir été suivie d'une venue hydrothermale. C'est là
surtout qu'on trouve le minerai de cuivre sous une forme parti-
culièrement recherchée à cause de sa richesse, à l'état d'oolithes
d'oxyde et de carbonate atteignant plusieurs centimètres de dia-
mètre et appelées boléos.
Ces boléos, irrégulièrement disséminés dans le tuf et faciles à
séparer par un criblage à sec, tiennent de 2o à 40 p. 100 de cuivre.
Enfin la couche inférieure contient la plus grande variété de
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CUIVRE DU BOLÉO (bASSë CALIFORNIE) 351
minéraux, en particulier deux sulfures (chalcosine et covelline), qui
apparaissent au-dessous du niveau hydrostatique des eaux et dont
il faut peut-être rapprocher d'importants amas de gypse situés au
Nord-Est de la région métallifère et considérés comme du même
niveau.
L'analyse moyenne des minerais de toutes les mines a donné :
UINE
de l'Olvido
Silice
Alumine
Peroxyde de fer
Oxyde rouge de manganèse
Gai'bonate de chaux ....
Sulfate de chaux
Oxyde de plomb
Oxyde de zinc
Oxyde de cuivre
Chlorure de sodium. . . .
Perte par calcination . . .
Total
Cuivre métallique
23,00
10,60
12,00
9,66
>
0,55
traces
6,60
26,60
6,40
10,00
99,41
21,18
IIINR
Sontag
UINE
PrOBpcridad
16,30
7,00
8,00
24,00
4,00
15,83
0,20
24,00
28,00
14,30
4,00
7,00
2,00
1,30
1,20
19,00
0,83
22,00
99,33
12,66
99,63
15,20
22,00
10,50
8,65
14,75
1,85
0,55
traces
0,60
18,45
2,20
19,55
99,10
15,00
La géogénie du gisement a été résumée par M. Fuchs de la
manière suivante :
Vers l'époque éocène aurait eu lieu l'éruption des trachites qui
forment Tossature de la presqu'île californienne.
A ce moment, la région actuelle du Boléo aurait été occupée
par une mer peu profonde où se seraient produits, à quatre époques
successives, des affaissements caractérisés par les bancs de con-
glomérats à gros blocs intercalés, à quatre niveaux, dans la for-
mation.
La preuve de ces affaissements se trouve : d'une part, dans Tin-
clinaison générale des couches vers la mer et, d'autre part, dans
ce fait qu'il y a une légère discordance de stratification entre les
diverses couches, l'inclinaison allant en augmentant très sensi-
blement du sommet à la base. Une grande fracture parallèle au
rivage, qui coupe les terrains à TOuest, paraît en relation avec ces
mouvements et a servi de passage à des eaux riches en quartz,
qui ont silicifié les roches au contact.
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352 GÉOLOGIB APPLIQUÉB
D'après M. Fuchs, il faudrait voir, dans les trois gîtes cuivreux
régulièrement superposés aux trois conglomérats inférieurs et
dans les tufs qui les accompagnent, le résultat d'épanchements
boueux sous-marins ayant succédé à chacune de ces dislocations
et étant montés à la surface par les fractures qu'ils avaient pro-
duits.
L'exploitation de ce gisement, qui date de 1884 seulement, est
dans sa période ascendante mais n'a pas réalisé toutes les espé-
rances qu'on avait d'abord conçues ; cependant la production a
déjà dépassé 3 500 tonnes de cuivre par an. La difficulté est la
nécessité d'importer des ouvriers assez chèrement payés (5 à 7 francs
par jour, jamais au-dessous de 4 francs pour les Indiens). Le trai-
tement métallurgique se fait sur place dans des w^ater-jackets.
L'épuisement rapide des minerais siliceux, qu'on avait d'abord
rencontrés, a causé, de ce côté, quelques déboires. On songe à
installer, pour les minerais pauvres, des appareils de cémentation.
Bibliographie.
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50, t. VIII, p. 186.)
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géologie. — T. II. 23
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ZINC
Zn; Eq = 32,5 — P. a< = 65
USAGES ET STATISTIQUE
Le zinc est un métal dont les emplois, généralement assez
récents , tendent à se développer d'une manière progressive.
On ne croit pas qu'il ait été connu des anciens, quoi qu'on
ait su, dès Tépoque athénienne, obtenir directement du laiton.
C'est Albert le Srand, au xiii® siècle, qui paraît le premier
en avoir fait mention et, jusqu'au xviu® siècle, il était uni-
quement importé de Chine où on le distillait par une méthode
spéciale dite pe7* descensiim^. Au xvni® siècle, on établit quelques
usines en Angleterre et, vers 1798, en Silésie. Enfin, en 1803,
l'abbé Dony découvrit le procédé belge et Mosselmann, continuant
son œuvre, fonda la grande industrie belge du zinc. Depuis cette
époque, sa consommation s'est constamment accrue. En 1809,
Héron de Villefosse l'évaluait à 7 750 tonnes; en 1881, elle était
de 260 000 tonnes*; en 1890, de 360 000 tonnes.
Les principaux emplois du zinc sont fondés : 1* sur son peu
d'altérabilité à l'air; 2** sur la possibilité de le réduire en feuilles
très minces *. Aussi s'en sert-on beaucoup pour la couverture des
toits, les gouttières et la fabrication d'ustensiles domestiques.
* Aujourd'hui la Chine et le Japon sont de très grands consommateurs de zinc.
* (Voir Lensberg, Dinglers polytecthn. Journal, CCLVI p. 346.)
' On obtient, en Silésie, par le laminage, des feuilles de zinc de 0*^,025 qui trouvent
un débouché dans la fabrication des jouets de Nuremberg, des harmonicas, etc. A
Angleur (Belgique) les épaisseurs varient entre 0"",1 et 2"" ,6.
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356 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Il doit cependant être proscrit des vases culinaires; car il est at-
taqué, surtout à chaud, par le sel de cuisine, Tacide acétique, etc.
et donne alors des produits vénéneux.
La facilité avec laquelle on peut le mouler permet de s'en
servir pour divers objets d'ornementation qui, recouverts de
cuivre par galvanoplastie ou simplement vernis, s'efforcent
d'imiter économiquement les bronzes d'art.
On utilise une quantité de zinc assez forte pour la fabrication
du laiton, du maillechort, de divers bronzes, pour les piles, pour
la désargentation du plomb par Pattinsonage ; on a recommandé
son emploi pour empêcher le dépôt du tartre dans les chaudières *.
LéL marine en consomme pour obtenir de l'eau douce par voie
galvanique. L'imprimerie zincographique demande également du
zinc en feuilles très planes.
Il est encore employé dans les laboratoires, pour préparer l'hydro-
gène ; dans l'industrie chimique, pour la réduction de l'indigo en
présence de la chaux ; pour la préparation des hydrosulfites ; pour
la fabrication du blanc de zinc (qui couvre moins que la céruse
mais a l'avantage de ne pas noircir par les émanations sulfurées) ;
pour la composition de divers produits pyrotechniques, etc.
Mais l'usage de beaucoup le plus important du zinc, ce sont les
toitures, où on l'adopte, de plus en plus, de préférence au plomb ;
il présente, en effet, entre autres avantages, celui qu'en cas d'in-
cendie il ne coule pas, comme le plomb, en rigoles, mais se vaporise
assez rapidement. Cependant, dans cette application, on a rencontré,
au début, quelques difficultés; lorsque les toitures de zinc étaient
fixées par du fer sur des traverses de chêne, il se formait, en effet,
sous l'action de l'acide pyrogallique du chêne, une pile intense
qui rongeait le zinc; le remède a été de les fixer sur du sapin avec
des clous zingés '.
Uindustrie du zinc se présente dans des conditions tout à fait
spéciales ; Thabileté professionnelle des ouvriers entre comme un
facteur tellement important dans sa métallurgie qu'elle s'est
4 P. Lesueur. Ann. de chim. et de phys,^ 5* série, t. VI, p. 136.
• Le zinc pour toiture est façonné en feuilles planes ou en feuilles ondulées et géné-
ralement expédié (jusqu'à une épaisseur de i^^fi) en rouleaux dans des tonneaux de
bois.
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USAGES ET STATISTIQUE DU ZINC 357
trouvée longuement concentrée et monopolisée en un très petit
nombre de centres (la Silésie, Liège, Swansea), et que les efforts
pour la développer ailleurs de toutes pièces ont souvent échoué.
C'est ainsi que, dans le midi de la France, on a fait, il y a quelques
années, une tentative intéressante pour établir une usine à zinc au
Bousquet-sur-rHérault. L'usine avait été acquise par un des grands
propriétaires de la Silésie ; il fit venir des équipes d'ouvriers de
ses usines, employa les mômes méthodes, etc. Après beaucoup
d'efforts, on arriva à des résultats à peu près normaux comme
production par four et par jour, et comme consommation de
charbon ; on eut toujours des pertes inadmissibles sur la teneur et
des dépenses exagérées en terres réfractaires et en main-d'œuvre...
Le résultat de l'expérience fut qu'il était plus avantageux de trans-
porter les minerais à Liège que de les fondre sur la mine <. La
raison de ce fait est dans les pertes de zinc très considérables et
facilement variables avec Thabileté des ouvriers qu'occasionne la
métallurgie de ce métal. Ces pertes, qui étaient en 1865, en Bel-
gique, de 35 p. 100, sont encore aujourd'hui de près de 20 p. 100.
Dans le traitement, la teneur initiale des minerais joue un très
grand rôle ainsi que la nature des impuretés contenues. Aussi des
variations fréquentes dans la composition sont-elles une gène
notable et peuvent-elles déprécier un gisement. Il y a lieu de
connaître notamment la proportion de carbonate et de silicate de
zinc, de plomb, de peroxydes de fer et de manganèse, de chaux
et de magnésie.
L'achat des minerais de zinc est souvent réglé par les formules
suivantes :
Calamines V = 0,9o P x 0,8 T — F.
Blendes V = 0,9oP(0,8 T—l) - F.
OÙ V représente la valeur ; P le prix du zinc brut au cours du
jour ; T la teneur du minerai marchand ; F (variable de 60 à 80
* Cependant il existe, dans le Nord et TAveyron, un certain nombre d'usines à zinc ;
ainsi Auby dans le Nord, Viviers et Panchot dans TAveyron appartenant à la Société
de la Vieille-Montagne. Ces dernières usines traitent surtout des minerais de Sar-
daigne, de Grèce, etc. : Viviers fait la distillation, Panchot le laminage. À Saint'
Âmand, dans le Nord, il s'est formé vers 1891, une usine spéciale pour la distillation
des vieux zincs. L'Autriche et la Russie ont également quelques usines à zinc, etc..
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358
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
francs) les frais de transport k l'usine et de traitement déterminés
dans chaque cas. Le facteur 0,95 est destiné à assurer un béné-
fice de 5 p. 100 au fondeur; 0,8 à tenir compte de la perte
moyenne au traitement qui est de 20 p. 100. Ces formules peuvent
être figurées par des graphiques donnant, pour chaque teneur,
dans une usine donnée, le prix maximum à payer. On stipule
d'ailleurs, en outre, certaines conditions relatives aux diverses
impuretés.
Les frais de traitement F, variables suivant les usines, sont
particulièrement faibles en Silésie, en raison du bas prix du char-
bon (5 à 8 francs la tonne à Tusine), du bon marché de la main-
d'œuvre et surtout de l'habileté des ouvriers. Ils s'élèvent environ
à 20 francs en Belgique, tandis que, dans THérault où, propor-
tionnellement, ils auraient dû être de 48, ils ne sont jamais des-
cendus au-dessous de 80 et même 100 francs.
Deux tableaux ci-joints (p. 339 et 360), résument, d'après la
statistique internationale française, la production de minerais de
zinc et de zinc métal dans le monde de 1880 à 1890.
Les pays producteurs de zinc sont, dès lors, par ordre d'im-
portance, les suivants :
PRODUCTION DE MINERAIS DE ZINC
1889 1890
Prusse (Silésie et pro-
vince du Rhin) . . 708 000 t. à 31 francs. 758 000 t. à 38 francs.
Etats-Unis ? ?
Italie (Sardaigne) . . 97 000 t. à 85 — 110 926 t. à 110 —
Espagne (Santander-
Carthagène). . . . 74 000 t. à 26 —
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France et Algérie. . . 46 000 1. j ^^ 000 à 85 fr.
Suède (Ammeberg) . 59 000 t.
Russie 46 000 t.
Grèce 43 000 t.
Autriche 30 000 t. à 36 francs.
Grande-Rretagne . . 23 000 t. à 103 —
Relgique 21 000 1. à 61 —
1 123 000 tonnes.
74 000 1.
61 000 1.
59 000 1.
46 000 1.
43 000 1.
33 000 1.
22 400 1.
15 000 t. à 80
1211 000 tonnes.
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STATISTIQUE DU ZINC
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STATISTIQUE DU ZINC 361
La production de zinc métal se répartit ainsi :
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Prusse (Silésie et pro-
vince du Rhio). . . 136 0001
Belgique 82 500
États-Unis 58 000
Grande-Bretagne . . 19 400
France 18 000
Espagne 5 100
Autriche 4 800
Russie (Pologne) . . 6 400
Nous allons passer successivement en revue les divers pays
producteurs de minerais de zinc.
En Allemagne, le principal centre de production du zinc est la
haute Silésie autour de Beuthen, Tarnowitz*, etc.
En 1887, 34 mines y étaient exploitées et ont produit : 490 790
tonnes de calamine (contre 449 374 en 1876), avec 193 826 de
blende, 28 580 tonnes de galène et 2 930 tonnes de pyrite. Elles
occupaient 7 423 hommes et 2 672 femmes. 22 usines ont pro-
duit 82 640 tonnes de zinc, 7 321 kilogrammes de cadmium et
827 tonnes de plomb en employant 4 513 hommes et 1 592 femmes.
En 1890, la production de zinc à atteint près de 89 000 tonnes.
Le reste de la production allemande est fourni par :
Prov. du Rhin 56 428 t. de minerai en 1881
Westphalie (30 mines) 30 320 — .—
Nassau (7 mines) 13 245 — —
Hanovre (2 mines) 5 731 — —
Cette production a fortement augmenté dans ces dernières
années. En 1872, elle n*était que de 419 543 tonnes.
Les Etats-Unis sont devenus, depuis 1875, un centre de produc-
tion du zinc de plus en plus important'.
La production de métal se divise entre les régions de la manière
suivante :
* Voir plus loin, page 449.
' Voir Minerai Resources de 1890, p. 89, un mémoire de C. Kirchhofl.
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362
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
PRODUCTION DU ZINC AUX ÉTATS-UNIS DE 1882 A 1890 (EN TONNES), PAR ÉTATS
ÉTATS
1882
1883
1884
1885
1886
1887
1888
1889
1890
Illinois
16 506
15 241
15 958
17 620
19 117
20 207
20 358
21641
23 802
Kansas
6 681
8 172
7 126
7 711
8 093
10 843
0 462
12 388
13 785
MisMuH
2 2C8
5 197
4 7U
4 242
5 324
7 855
12 213
10 047
11906
EUUderBstctduSud.
Totaux. . .
5 168
4 843
7 130
7 330
6 132
6 753
8 672
9 310
8 266
30 62J
33 453
84 958
36 903
38 666
45 658
50 705
53 386
57 759
Dans rillinois, on peut citer la mine de Péru à la compagnie
Illinois Zinc C*, la Matthiesen and Hegeler Zinc G", à la Salle, les
mines de Collinsville, etc. ; dans le Kansas, qui se rattache au
Missouri, les mines de Moseley, près Neosho, etc., où la produc-
tion de minerai a été, en 1886, de 28 000 tonnes. Dans le Missouri,
les principales mines sont celles de Glendale (3 000 tonnes de
minerai), celles de Joplin, qui ont fourni, de mars 1886 à mars
1887, 17 000 tonnes de minerai ; le district de Webbcity et Carter-
ville : 22 000 tonnes ; Granby : 8 000.
Les silicates de zinc sont vendus seulement SI francs la tonne,
tandis que les carbonates atteignent 112 et 120.
Dans le Wisconsin, on trouve encore ShuUsbui^h, Benton, etc.
En Italie, les minerais de zinc proviennent presque uniquement
de laSardaigne (99400 tonnes à 119 francs en 1890) ; une petite
quantité de la Lombatdie (11 487 tonnes à 34 francs). Ces mine-
rais, d'une teneur moyenne de 50 p. 100 après calcination, sont
expédiés principalement en Belgique et à Swansea, un peu dans
FAveyron.
En Espagne, les provinces productrices de minerais de zinc
étaient, il y a quelques années :
1869
Santander 67 647 tonnes.
Murcie 32 600 —
Almeria 5 993 —
Grupuzioz i 450 —
Biscaye i 330 —
Teruel 1 200 -
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STATISTIQUE DU ZINC 363
La Société Asturienne a produit, en tonnes de zinc métal :
1885 1887 1889 1800
15 090 16 250 17 100 18 550
En Suèdey il existe un seul gisement important de zinc, c'est
celui de blende d'Ammebei^, donnant environ 40 000 tonnes de
minerai et 20 p. 100 de zinc.
En France j on peut citer :
1891
r.- A /i— M r— \ < *** tonnet à 5i.30 calamiiie et blende brute.
Gard (le» Malioes) , 23.662 à i36.69 blende et caUnine calcinée.
Yar (les Bormettes). 1885 188Ô 1888 1889 ( 20 168 à 99.29 calamine calcinée.
1730 t. 2608 t. 7 433 t. 13 100 1. ^ 500 à 37.00 — brute.
iw-«. /lf•.^l««^ ' 42 à 40 00 blende et galène.
Drome (Merglon) , 3 ^3 ^ j,g gg calamine calcinée.
Basset-Pyrénéet 1.232 à 130.60 blende préparée.
Hautes-Pyrénées 1540 x 81. 00.
. ., .e f • \ * S92 à 170.42 de galène argentif.
Anège (Senlein) , ^326 à 79.88 blende et calamine.
Tarn 400 x 95 blende.
Ille-et-Yilaine (Pontpéan) 2.100 à 58.29 blende.
Ardècbe 1.429 à 118.74 blende et galène.
/ / Blende pure etplorobeufc brute. 4.036 x 97.41.
Ai.^.:. \ Alger (Sakamody et Guerrouma). . . . , Blende pure et plombeuse lavée 6.069 x 109.41 .
Algérie, j «» ( ci.roine préparée 1680 x 05.00.
( Conttantine Calamine préparée. 1.827x43.91.
Les principaux gisements exploités dans ces dernières années
ont été ceux des Matines (Gard) ; des Bormettes (Var) ; de Saka-
mody et Guerrouma (département d'Alger) ; Hammam n'bails
(Constantine) ; Merglon (Drôme), etc
La France a importé, en 1889, 27 786 tonnes de zinc venant sur-
tout de Belgique contre une exportation de 5 606 ; soit une diffé-
rence de 22 180 qui, ajoutée à la production des usines françaises
(18 000 tonnes), donne une consommation d'environ 40 000 tonnes
de zinc.
En Grèce^ le zinc vient du Laurium ; en Russie^ de la Pologne
au voisinage de la Silésie ; en Autriche^ de la Garinthie (Cilli,
Sagor, Sierrza-Niedzieliska, etc.).
En Grande-Bretagne, il existe une soixantaine de mines dont
la production se répartit ainsi par région :
Ile de Man 9 000 tonnes (gisements dans le Silurien).
Cornwall 5 000 — —
Montgomeryshire 2 800 — —
Denbighshire 2 400 — (carbonifère).
Cumberland 1 800 — —
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364
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les mines principales sont : dans Tîle de Man, Great-Laxey ;
dans le Cornwall, West Chîverton ; dans le Montgomeryshire,
Van ; dans le Denbighshire, Minera ; dans le Cumberland, Nen-
thead, etc. Les minerais, sauf ceux du carbonifère, sont, en géné-
ral, de la blende.
Nous donnerons bientôt la répartition du zinc entre les
usines.
Enfin, en Belgique, on achève d'exploiter les gisements de la
région de Moresnet, Welkenraedt, etc.
Quant aux pays producteurs de zinc métal, voici comment se
fait la répartition :
En PrussCy la plus grande partie de ce zinc métal provient de
la Silésie, Beuthen, Tarnowitz dans les usines de Silesia hutte,
Hohenlohe hiitte, Wilhelminen hutte, etc.
Nous en donnerons le détail quand nous nous occuperons de
ce bassin *.
En Angle terre y le centre principal est Swansea; parmi les fon-
deurs, nous citerons :
PRODUCTION DU ZINC EN ANGLETERRE
1885
1886
1887
1888
1889
1890
Vivian and Sons ....
English Crown Spelter C»
(limited)
Dillwyn and C^
Swansea Vale Spelter 0>.
Villiers Spelter C^ . . .
Pascoe, Grenfell and Sons
Nenthead and Tynedale Co
John Lysaght (limited).
Stafrordshire Knot . . .
Minera mines
H. Kenyon and C«. . .
6 711
5 024
3 993
1641
1920
1179
1554
4 521
356
2 205
508
6 951
5 061
4613
2 196
2215
1292
1531
5196
1118
620
508
6 614
5 060
3 966
2184
2 025
1351
1540
3 809
152
508
4 917
4 071
2 888
1827
1839
1142
1338
1626
»
508
7 507
3 301
3 063
2 093
1910
739
1212
1237
»
508
8177
3 556
3 014
2220
2017
1099
1402
1983
711
>
508
29 612
31301
27 209
20157
21570
24 687
'Page 449 etsaiv.
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STATISTIQUE DU ZINC
365
En Belgique et dans le bassin du Rhin, une statistique améri-
caine donne, comme principaux producteurs :
Vieille- Montagne * .
Slolbeg Qo
Austro-Belge. . . .
G. Dumont et frères
Rhein-Nassau C^. .
1885
51520
14 690
9 750
7 200
7 800
1887
52 370
14 300
9 400
8 500
7 700
1889
52 870
14 700
9 360
9 000
7 600
1890
53 730
15 090
9 360
8 500
8100
Puis viennent L. de Laminne, Escombrera Bleyberg, Grillo,
Mârk-Westf, Nouvelle Montagne, Berzelius, Eschger, Prayon, etc.,
qui produisent chacun de 4 à 7 000 tonnes
En France, la production de zinc se répartît entre le Nord (usines
d'Auby): 11 820 tonnes, etl'Aveyron (usinesde Viviers, 6 162 tonnes).
Ces usines ont passé à peine 2 000 tonnes de calamines indigènes
contre 33 000 tonnes de calamines étrangères ; le reste des
minerais français a été expédié, soit à Swansea, soit surtout à
Anvers pour être traité dans les usines belges.
Une grande partie des zincs obtenus passent au laminage, aussitôt
après avoir été raffinés, c'est-à-dire débarrassés du plomb, du fer,
du cadmium, de Tarsenic et de l'antimoine (ces deux derniers
très difficiles à séparer) qu'ils retenaient encore. Les frais de
laminage sont d'environ 25 à 30 francs par tonne.
Pour TEspagne, nous avons donné la production de TAstu-
rienne'.
Les prix du zinc étaient : en 1886, pour le zinc de Silésic rendu
au Havre, de 387 fr. ; en juillet 1889, de 510 fr. ; en 1890,de 623 fr.
Vers cette époque, un syndicat s'est formé entre les principales
usines pour restreindre la production et, jusqu'au milieu de 1892,
on a réussi à maintenir les cours assez élevés. Mais la création
de nouvelles usines et le malaise général de l'industrie de la
contruction ont ramené la baisse depuis septembre 1892. En dé-
cembre 1892, le cours du zinc à Londres est d'environ 470.
1 Parmi les usines de la Vieille Montagne en Belgique, nous citerons celles d'An-
gleur, Flône et Valentin Cocq.
" Page 363.
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366 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
MINERAIS DE ZINC
Le zinc se présente sous deux formes principales dans la na-
ture : la blende ou sulfure de zinc et la calamine qui» dans le
langage industriel, comprend, à la fois, le carbonate de zinc ou
smithsonite etThydrosilicato ou calamine minéralogique\ hdizinco-
nise, ou calamine terreuse, est un hydrocarbonate ; la zincite, un
protoxyde toujours mélangé de fer et de manganèse, et la fran-
klinùe, associée à la zincite à New-Jersey, un spinelle de fer, zinc
et manganèse.
Les teneurs calculées en zinc sont : pour la blende, 66,9; pour la
calamine, 53,7 ; pour la smithsonite, 52 ; pour la zincite, 80,2 p. 100.
Les gîtes calaminaires ont fourni longtemps le seul minerai
employé ; outre que les calamines sont d*un traitement plus facile
que les blendes, elles sont moins mélangées de plomb, ce qui,
pour la fabrication du blanc de zinc, est d'une grande importance.
La calamine contient souvent un mélange de carbonate et de sili-
cate. Le carbonate pourrait être soumis à la réduction sans gril-
lage préalable. On commence cependant toujours par le calciner,
tant pour éviter, au moment de la réduction, un dégagement
d'acide carbonique qui refroidirait les appareils que pour obtenir
une perte de poids de 25 à 30 p. 100, avantage considérable pour
un minerai presque toujours transporté à grande distance. Le
silicate se réduit comme l'oxyde, mais exige une température
plus élevée ; on ne le calcine pas, en sorte que la teneur du mine-
rai expédié est plus faible, donc le fret proportionnellement plus
considérable. Par cette double raison, c'est un minerai de valeur
moindre.
Les calamines sont un minerai toujours superficiel, localisé dans
des gîtes très limités, dont on doit, par suite, prévoir l'épuisement
dans un temps relativement restreint. On sera alors forcé de
recourir aux blendes qui, depuis quelques années, entrent dans
une proportion déjà assez forte dans la production de zinc.
1 Le silicate se reconnaît pratiquement à son bruit métallique.
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GÉNÉRALITÉS GÉOLOGIQUES SUR LES gItES DE ZINC 367
La blende a rincoavénieat d'exiger un grillage préalable tout
particulièrement soigné, faisant passer tout le zinc à l'état d'oxyde ;
la plupart des métallurgistes considèrent, en effet, comme perdue
toute trace de zinc qui entre dans les creusets, soit à Tétat de
sulfure, soit à l'état de sulfate. Ce traitement est aujourd'hui
très perfectionné dans un certain nombre d'usines : Silésie,
Swansea, usines de la vieille Montagne à Oberhausen (Allemagne *),
Flône (Belgique), Ammcberg (Suède), etc. En même temps qu'on
prépare la blende pour la réduction, on utilise le soufre dégagé
pour produire de l'acide sulfurique.
GÉNÉRALITÉS GÉOLOGIQUES SUR LES GITES DE ZINC'
Aux deux grandes catégories de minerais de zinc indiquées plus
haut (blendes et calamines) correspondent des types de gisements
différents.
La blende^ à la façon des autres sulfures métalliques, tels que les
sulfures de fer ou de plomb avec lesquels nous la trouvons fréquem-
ment associée, peut exister, soit à Tétat filonien, soit, quoique plus
rarement, à l'état de couches sédimentaires. Dans les deux cas,
mais surtout dans les filons, elle se trouve presque toujours en
connexion si intime avec la galène que nous nous verrons, plus
d'une fois, forcé, pour ne pas rompre Tunité d'un district métal-
lifère, de parler du plomb à propos du zinc, de même que certaines
mines reportées au chapitre du Plomb fournissent une certaine
proportion de zinc.
Comme type de filons de blende, on peut citer ceux de l'île de Man
et du Cornwall et ceux de Sardaigne, post-siluriens ; de Brilon
et d'Iserlohn en Westphalie, post-dévoniens ; les filons de blende
et galène ai^entifère des Bormettes (Var), peut-être triasiques ;
ceux de Santander et Picos de Europa (Espagne), de Sakamody
(Algérie) post-crétacés. Les filons, plus ou moins minces, contenant
1 Â Oberhausen, on grille les minerais provenant des bords du Rhin (Bensberg, etc.)>
minerais qui sont ensuite fondus à Borbec, près Essen.
* Dans la discussion qui va suivre, nous nous séparerons légèrement des idées de
M. Fuchs qui admettait, d'une façon générale, la formation immédiate et primitive
des calamines.
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368 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
une certaine proportion de blende, sont, d'ailleurs, très abondants
dans certaines régions, comme le versant Sud-Est du Plateau Cen-
tral (Gard à Clairac, Lozère à Meyrueis etc.), comme la Saxe, etc.
En fait de gisements subordonnés à des terrains sédimentaires,
nous citerons : dans le gneiss, Ammeberg (en Suède) ; dans le
silurien, Auslin (en Amérique) ; dans le permien, les schistes
micçicés avec lentilles de blende de la province de Carthagène dont
nous parlerons au chapitre du Plomb ; dans le trias, les couches
blendeuses de la Haute Silésie. Notons, de suite, que, dans tous les
gisements à allure vraiment sédimentaire, c'est la blende qui
domine sur la calamine. Celle-ci ne semble résulter que de la
décomposition superficielle du sulfure : en Silésie par exemple.
La formation de ces gisements de blende par les eaux est un
fait qui, étant donnée l'insolubilité du sulfure de zinc, demande
quelque explication.
Faut-il admettre que le sulfure déposé dans les filons résulte de
la réduction d'un sulfate, comme nous constatons que cela se passe
encore pour certaines formations secondaires de blende dans de
vieux travaux de mines, formations résultant d'une première
dissolution à l'état de sulfate suivie d'une réduction par les boi-
sages. Mais, outre que l'hypothèse d'éléments oxydés, tels que
les sulfates venant de la profondeur, est contraire à tout ce que
nous observons dans les fractures métallisées, on ne voit pas
non plus, à moins de faire intervenir les carbures d'hydrogène,
quel aurait pu être l'agent réducteur. Il est plus probable que le
sulfure métallique était maintenu en dissolution, soit par un
acide, soit par un excès de sulfures alcahns * .
Dans le cas des gîtes sédimentaires également, Faction d'eaux
acides semble manifestée par le creusement accidentel dans les
bancs calcaires, de véritables poches comme celles de Raibl *, où
se sont déposées des zones concentriques de blende et de galène.
On peut, en outre, dans ce cas, supposer ' la précipitation de dis-
solutions étendues de zinc sous une forme quelconque par des
i Cf. Sénarmont : sur la formation des minéraux par voie humide dans les gttes
métallifères concrétionnés. Voir également.les travaux de Poszepny.
• Voir plus loin, page 425.
* Voir plus loin, p. 425 et ûg. 262. Il faut bien distinguer ces poches antérieures au
dépôt de celles qui résultent du métamorphisme secondaire en calamine.
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GËNËRALITËS GÉOLOGIQUES SUR LES GÎTES DE ZINC 369
sulfures provenant du gypse. D'ailleurs, bien souvent, nous
sommes disposé à penser qu'on n'a pas affaire, comme on est
porté à le croire d'abord, à un véritable gîte de sédimentation
contemporain des couches encaissantes, mais à un gîte de substi-
tution * et qu'en particulier, des bancs calcaires, antérieurement
formés, ont dû ètre^ au voisinage de certaines fissures, pénétrés
de blende, de proche en proche, avec transformation (immédiate
ou postérieure) de la blende en calamine.
Ceci nous amène à discuter l'origine de la seconde catégorie
de gîtes de zinc : les calamines. Celles-ci, sauf aux affleurements
des filons de blende, sont absolument localisées dans les roches
calcaires et résultent toujours d'un phénomène de substitution qui
peut être simple ou double suivant que la dissolution zincifère a
directement agi sur le carbonate de chaux pour former de la cala-
mine, ou bien que du sulfure de zinc, ayant primitivement impré-
gné le calcaire, soit par porosité simple, soit à la suite d'une
attaque acide, a, plus tard, et par l'intervention des eaux su*
perfîcielles, été, au voisinage de la surface, transformé en cala-
mine.
Le fait de la substitution est mis en évidence, dans un très grand
nombre de cas, par la présence de fossiles transformés en cala-
mine, de pseudomorphoses de calcite en calamine, etc. (Malfîdano
et Monteponi en Sardaigne, Iserlohn en Westphalie, etc.), par la
présence de gypse au voisinage *. Les pseudomorphoses de calcite
en calamine peuvent même rendre assez difficile à admettre, là,
une première substitution en blende, suivie d'une transformation
en calamine '. Mais quel est, précisément, l'âge et le mode de cette
substitution calaminaire, contemporain de la venue zincifère ou
secondaire et récent ; c'est un problème assez délicat que nous
nous sommes spécialement attaché à étudier dans deux voyages
récents en Sardaigne et en Silésie.
Remarquons d'abord que, quelle qu'en soit la solution, la cala-
* Cependant, de même que certains bancs de quartz carié, intercalés dans le trias,
contiennent de la galène contemporaine, de même certains terrains paraissent con-
tenir de la blende incluse originairement dans leurs strates.
* Ainsi à Bergish-GIadbach (Groddeck, p. 326); au Laurium, etc.
' A Planu Sartu (Sardaigne), on a trouvé, de môme, des tables de barytine pseudo-
morphosées en cérusite.
GéoLOGiB. — T. II. 24
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370 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
mine parait, d'une façon générale, n'être qu'un minerai de surface
au-dessous duquel on trouve la blende et dont l'existence est donc
intimement liée au voisinage des eaux superficielles, chargées
d'oxygène de l'air. C'est un fait que nous allons commencer par
bien établir.
On le constate, en premier lieu, aux affleurements des filons de
blende presque toujours transformés en calamine, même lorsqu'ils
sont encaissés dans des schistes, comme ceux de Sakamody (Al-
gérie). De plus, dans les régions à filons de zinc, comme la Sar-
daigne par exemple, on trouve, à la surface du sol, le long des
diaclases élai^ies des terrains calcaires, des poches, absolument
limitées en profondeur, de calamine et d'ai^ile rouge, qui peuvent
très bien résulter de l'action superficielle, sur ces calcaires, d'eaux
ayant commencé par dissoudre, à l'état de sulfate, la blende des
affleurements filoniens voisins.
On expliquerait ainsi comment ces poches présentent une termi-
naison brusque, au-dessous de laquelle on ne trouve parfois même
pas de fente ayant pu livrer passage aux eaux venant d'en bas.
Mais nous irons plus loin ; les grandes formations calaminaires
elles-mêmes font, le plus souvent, en profondeur, nettement
place à de la blende. On l'a constaté notamment à Iserlohn, dans
des conditions assez intéressantes ; car la blende, qui domine au-
dessous de la calamine a, comme celle-ci, minéralisé des coraux
et pseudomorphosé de la calcite. Par conséquent, il s'est produit
une substitution directe du sulfure de zinc au carbonate de chaux
sans qu'il y ait eu double décomposition des deux sels et
précipitation du carbonate de zinc. A Wclkenraedt, à Moresnet,
aux Picos de Europa, etc., la présence de blende et galène au
contact des calcaires donnerait lieu à la même remarque. Au
Banco sin nombre près d'Andara, dans la région des Picos
de Europa, en Espagne, on trouve, au milieu du calcaire car-
bonifère, un filon contenant, à la fois, de la blende avec de la
calamine paraissant résulter de la décomposition de celle-ci. A
Austin, en Vii^inie, la calamine cesse à 18 mètres de profondeur
pour faire place à de la blende. Dans la haute Silésie, nous décrirons
des gîtes situés au-dessus du muschelkalk inférieur et formés, au
voisinage de la surface, de calamine surmontée par du miserai de
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GÉNÉRALITÉS GÉOLOGIQUES SUR LES gItES DE ZINC 371
fer. Quand on s'enfonce dans ces gisements, on voit, à la cala-
mine, se substituer d'abord une calamine à veines blendeuses,
puis de la blende pure, déposée avant la galène et avant le mine-
rai de fer dans un ordre de succession qui semble assez constant
toutes les fois que Ton remonte à la formation originelle. A la
mine Cécile, par exemple, la blende a commencé à 50 mètres du
jour *. En Sardaigne enfin, les observations donnent lieu à des
conclusions identiques.
Malgré certains cas, en apparence un peu contradictoires, comme
celui de la Vieille-Montagne ' où Ton n'a trouvé que fort peu de
blende et où la calamine s'est maintenue jusqu'au fond de Tamas,
les exemples de ce genre sont tellement nombreux qu'il est diffi-
cile de ne pas y voir une loi générale.
Mais il reste, comme nous l'avons dit, à se demander si ce phé-
nomène tient à ce que, dès l'origine, les eaux métallisantes, réduc-
trices en profondeur, se sont chargées d'oxygène au voisinage
de la surface d'alors (sans doute très différente de celle d'aujour-
d'hui) et ont réagi sur le carbonate de chaux des terrains encais-
sants, ou, bien plus tôt, si l'on n'a pas affaire là à des phénomènes
secondaires et relativement récents. La première hypothèse peut
être admissible dans certains cas ; mais la seconde nous parait
d'une application beaucoup plus souvent exacte.
Pour nous, il y a eu, à des époques diverses, venues d'eaux ther-
males chargées de sulfure de zinc qui, dans les terrains résistants,
ont donné des dépôts concrétionnés sur des fractures nettes, dans
les schistes se sont éparpillées en veines, dans les terrains poreux
comme les grès ou attaquables aux acides, comme les calcaires,
ont produit une imprégnation blendeuse (que l'exemple, précé-
demment cité, des pseudomorphoses de calcite, non en calamine
mais en blende, à Iserlohn, aide à comprendre). Il en est résulté,
dans ces calcaires, particulièrement au-dessous de bancs imper-
' De même, au Launum, on trouve de vraies stalactites de calamine associées à des
cristaux de gypse, stalactites qui ne résultent pas d'une action de substitution directe
au calcaire, mais qui prouvent, tout au moins, une remise en mouvement du zinc,
peut-être une première cristallisation à Tétat de blende dans des cavités calcaires avec
transformation postérieure.
* A Welkenrœdt, dans la même région belge, les sulfures ont été, au contraire^
abondants (voir p. 420).
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372 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
méables prolongeant le séjour des eaux et le long de failles ou
diaclases, la formation de grandes zones lenticulaires englobant
souvent des fragments de calcaire plus compact, souvent aussi con-
servant la structure du calcaire remplacé ' et formées de calcaire
blendeux'. Puis, beaucoup plus récemment, les eaux de surface,
pénétrant dans ce calcaire et s'y chargeant de sulfate de zinc avec
excès d'acide sulfurique, ont, par double décomposition, donné de
la calamine qui a pu, suivant la distribution de ces eaux, s'étendre
beaucoup plus loin que ne l'avait fait d'abord la blende, qui a dû
également, par suite de cette extension même, donner parfois des
dépôts secondaires venus d'en haut et non d'en bas.
A l'appui de ces idées, on peut remarquer à Malfidano, en Sar-
daigne, que le rôle actif des eaux superficielles est très nettement
accusé par l'existence, au-dessus de l'amas principal situé dans le
fond d'une vallée, d'une épaisse couche d'alluvions de 6 à 10 mètres
d'épaisseur contenant des galets déroches assez éloignées, en par-
ticulier de granité. En ce point, l'amas supérieur, ou de Caïtas,
est aujourd'hui entièrement composé de calamine; l'amas, situé
plus bas, de Malfidano (près Bruggeru) contient, au contraire, tous
les passages depuis un calcaire compact imprégné de sulfures
divers jusqu'à la calamine même par l'intermédiaire de calcaires
plus fissurés, où l'on voit, d'abord, la pyrite se changer en oxyde
de fer, puis la blende en calamine, enfin la galène en carbonate.
Certaines pailies testacées et concrétionnées de calamine ren-
ferment encore de la galène presque intacte et, dans la calamine,
de nombreux vides cellulaires prouvent la dissolution. En outre,
des argiles, toujours magnésiennes', qui accompagnent la cala-
mine dans les terres calaminaires, semblent, dans toute hypothèse,
le résidu de cette dissolution chimique.
Au-dessous de cet amas calaminaire inférieur de Bruggeru, on
1 AMonleponl (Sardaijirne), on peut observer tous les passages du calcaire intact au
calcaire calaminaire ayant gardé sa structure et enOn à la calamine.
' Ce calcaire blendeux est visible en bien des points à Malfidano (Sardaigne). Nous
avons observé un fait analogue dans de nombreux gisements de zinc, en particulier, à
Boreslaw (Pologne).
* On a attribué à la magnésie, qui existe, en général, dans les calcaires métallifères
de Sardaigne et se retrouve dans les dolomies de Silésie ou de la Vieille-Montagne,
un rôle cbimique pour la précipitation du zinc.
Voir plus loin Wieslocb, page 427; Santander, page 437.
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GÉNÉRALITÉS GÉOLOGIQUES SUR LES GÎTES DE ZINC 373
ne sait pas ce qu*on rencontrerait, car on n*est descendu qu*à
une faible profondeur ; mais, dans la concession voisine de
Mazua, où Ton est allé plus bas, on a trouvé de la blende.
En Silésie, un métamorphisme superficiel du même genre,
agissant sur un mélange de blende et pyrite de fer a, dans la
zone d'affleurements, produit la concentration distincte du fer en
hématite, du zinc en calamine blanche ; plus loin, les deux
métaux sont restés associés dans la calamine rouge.
Maintenant, d'où vient ce zinc; c'est la même question que nous
retrouvons à chacun des chapitres de ce livre et à laquelle on peut
donner, comme nous Tavons vu, deux solutions contradictoires.
M. Dieulafait a remarqué que le zinc se présentait à Tétat de
diffusion dans presque toutes les roches anciennes, porphyres,
granités, gneiss, micaschistes, qu*il en existe dans Teau de mer
(près d'un milligramme par mètre cube dans la Méditerranée).
Il en a même trouvé dans des grains de blé et d'orge. Sa conclu-
sion était que le zinc des gisements anciens provenait du lavage
de ces terrains et de la concentration de ces eaux. Nous avons
déjà eu l'occasion de dire, à propos du cuivre, combien cette hypo-
thèse nous paraissait inadmissible. Une couche de blende d'un
centimètre seulement correspond à environ 7 millimètres de zinc
pesant 0,7 x 7 = 4,9 grammes par centimètre carré de surface ou,
par mètre carré, 49 000 000 milligrammes; c'est-à-dire que, pour
déposer cette mince couche de zinc, il aurait fallu (à la teneur
de la Méditerranée) Tévaporation d'une hauteur d'eau de
49 000 kilomètres. D'ailleurs, étant donnée cette proportion de
zinc (plus forte que celle de cuivre) dans l'eau de mer et le rai-
sonnement de M. Dieulafait, on se demande pourquoi les schistes
cuprifères du Mansfeld, auxquels il a spécialement adapté sa théo-
rie, ne sont pas plus riches en zinc. Notre avis, nous avons à
peine besoin de le répéter une fois de plus, est, au contraire, que
le zinc a été emprunté, comme les autres métaux filoniens, aux
fumerolles de certaines roches (qui en contiennent encore des
traces), alors qu'elles étaient encore à l'état igné. Le zinc qu'on
retrouve aujourd'hui dans ces roches est, non pas la source du
métal des filons, mais leur résidu.
Cette remarque faite, nous passerons à la description des gise-
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374
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ments de zinc sans essayer, en raison du caractère local des
amas de calamine, de les séparer des gites de blende et en y ratta-
chant également certains minerais de plomb tout à fait connexes,
comme ceux de Sardaigne.
Le type du gisement de zinc en roche éruptive n^étant pas repré-
senté, non plus qu'il ne le sera pour le plomb, nous commence-
rons, comme d'habitude, par les gttes filoniens classés d'après
l'âge du terrain encidssant, et continuerons par les gîtes sédimen-
taires. On peut établir le tableau de comparaison suivant :
GItES HLONIENS ET Dl SUBSTITUTION
TERRAINS ENCAISSANTS
Gneiss.
Silurien supérieur.
Silurien.
DéTonien moyen.
CARACTÈRES DBS gItES
Carbonifère.
Houiller.
Permien.
Tria8(muschelkalk).
Trias à TOxfordien.
Crétacé.
Eocène ?
Laurium (Grèce) (Âge dou-
teux) : calamine, galène
Sardaigne : filons de galène
et blende , amas de cala-
mine.
He de Man, Comwall, Mont-
ffommeryshirc : fiions de
blende.
Prusse Rhénane (Bens-
beg).
Brilon et Iserlohn (West-
Khalie) : calamine avec
lende en profondeur.
Denbighshireet Cumberland,
bords du Rhin.
Vieille Montagne, etc...
Carthagène : amas calami-
naires.
Raibl (Carinthie).— Bergame
^Lombardie). — Wiesloch i
(duché de Bade) '.calamine i
et galène.
Lozère, Gard, etc.
Blankenrode (?).
Santander, Algérie, etc.
OtTES SUBORDONNÉS
A DES TERRAINS SÉDIMBNTAIRES
Âmmeberg (Suède) : blende.
Âustin (Virginie) : blende et
galène au-aes»us.
Carthagène : blende en len-
tilles dans les schistes mi-
cacés.
Silésie.
Si nous nous restreignons à l'Europe, où l'étude des plissements
est plus avancée qu'ailleurs, nous voyons (l'âge des terrains encais-
sants étant, pour la première catégorie de gîtes, un minimum)
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GÎTES DE ZINC DU LAURIUM (aTTIQUE) 375
que les venues de zinc peuvent, comme celle de la plupart des
autres métaux, se rattacher aux grandes périodes de métamor-
phisme ou de dislocation suivantes: terrain primitif; dévonien;
permien à Tinfralias ; tertiaire. Dans le détail, les gisements de
zinc semblent généralement plus récents que ceux de cuivre, plus
anciens que ceux de plomb ; de même, lorsque la blende et la
galène coexistent dans un filon d'incrustation ou dans deux couches
superposées, on observe, le plus souvent, que la blende s'est
déposée avant la galène.
A. AMAS CALAMINAIRES ET FILONS DE BLENDE
GÎTES DE ZINC DU LAURIUM (attique) '
Historique et production. — Les gisements du Laurium ont
été très activement exploités pour plomb et aident à Fépoque
athénienne et, dès Tannée 520 avant notre ère, ils sont men-
tionnés dans le budget d'Athènes. Ils ont été repris pour zinc
et plomb en 1876 par la Compagnie française du Laurium, cons-
tituée, le 1" septembre 1875, au capital de 13 500 000 francs,
porté depuis, en 1879, à 16 300 000 francs par l'achat des con-
cessions d'une autre société dite la Périclès. À côté de cette so-
ciété, une autre entreprise grecque, dite Société grecque des
usines métallurgiques du Laurium, a commencé le traitement
des scories argentifères qui avaient été découvertes par M. Ser-
pieri et qui avaient été le premier point de départ de Tentreprise,
La production a été :
1888
1889
1E9D
1891
Minerais complexes. .
59010 t.
49 394 t.
89856 t.
41 699 t.
Plombs d'œuvres. . .
4784 t.
5074 t.
6021 t.
7014 t.
Minerais de zinc . . .
»
»
>
.27 838 t,
De 1877 à 1888, les expéditions faites ont atteint 570 000 tonnes,
soit 22 000 tonnes de plomb d'œuvre et 548 000 tonnes de
1 GoU. Ecole des MineSt 1681.
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376 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
minerais. Le tonnage des matières traitées sar place s'élève à
643 000 tonnes. La mine a produit, pendant ces douze années,
tout près de 1 200 000 tonnes de minerai.
De 1885 à 1891, on a produit, en plomb d'œuvre :
18*5
1M«
IWT
1««8
188»
1890
t«9l
^mb d'œofrc. . .
1827*
2818*
3081*
4784'
5074*
602r
7104'
Teneur moyenne
en argent 175<r 1925»' iSS^" 175(r 1785^ 1 92(r 1720^
Peu à peu, on a ajouté à la mine 22 fours pour la calcination
des calamines, capables de produire annuellement 40 000 tonnes
de calamine calcinée; 3 laveries pour la séparation des sulfures
mixtes et Tépuration des matières, pouvant traiter de 450 à
600 tonnes de minerai par jour ; enfin une usine à plomb compo-
sée de fours de grillage et de 9 fours de fusion pour le traitement
sur place des minerais pauvres, produisant par mois de 350 à
450 tonnes de plomb d'œuvre, d'une teneur moyenne en argent
de 1 800 grammes.
La principale difficulté rencontrée par Tentreprise, c'est la pré-
sence d'un niveau hydrostatique, partout représenté dans la col-
line un peu au-dessus du niveau de la mer. L'avenir de l'exploi-
tation se trouve donc limité, pour le moment, à la quantité de
calamine et galène située au-dessus de cet horizon.
Géologie générale de la région. — Le sol du Laurium, comme
celui de toute TAttique, est composé d'une alternance de schistes
phylladiens d'âge encore indéterminé avec des calcaires saccha-
roïdes. Ces terrains, reposant probablement sur le granité qui
affleure en quelques points, sont recouverts, en partie, par des
formations récentes : terrain tertiaire à lignites dans le fond des
vallées (comblées elles-mêmes par des alluvions considérables)
et poudingues quaternaires couronnant quelques hauteurs.
Tous ces terrains ont été profondément disloqués et mélamor-
phisés : ce qui rend, les fossiles faisant défaut, leur reconnais-
sance difficile. On les considère généralement comme d'âge ancien,
probablement silurien. Cependant certains observateurs, parmi
lesquels Neumayr, sont, au contraire, portés à les rattacher au
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GÎTES DE ZINC DU LAURIUM (aTTIQUe) 377
crétacé avec tous les schistes mîcacés, gneiss et marbres de TAt-
tique. Le point de départ de cette idée est la présence de quelques
fossiles dans certains calcaires métamorphiques de TAttique : des
hippurites à Salamine, une nérinée à Tacropole d'Athènes, etc.
et le passage progressif que Ton remarque, en quelques points,
entre le crétacé à faciès normal et celui à faciès très ancien ; mais,
d*autre part, il existe, dans le bassin de la mer Egée, des restes
incontestables de terrains paléozoiques et, dès qu'on arrive au
Penlélique, ce n'est plus que par une assimilation très aventurée
qu'on veut rattacher au crétacé les terrains métamorphiques. Nous
préférons donc, jusqu'à preuve du contraire, repousser cette
hypothèse*.
La partie de ces couches exploitée pour zinc et plomb au
Laurium comprend les terrains suivants :
40 Calcaire supérieur (en grande partie enlevé par les érosions] : C,
2<> Schiste supérieur ou premier schiste (60") : Sj — premier contact.
30 Calcaire moyen ou deuxième calcaire (55™) : C, — deuxième contact ;
40 Schiste inférieur ou deuxième schiste (120") : S, — troisième contact, le
plus riche ;
50 Calcaire inférieur ou troisième calcaire (100™) C3.
Cette série, d'après les ingénieurs du Laurium, se continuerait
probablement par un troisième schiste et un quatrième calcaire.
Elle a été plissée, comme l'indiquent deux figures ci-jointes (231
Est ** * FtaiU tfilarioD Ouest
''i^ " Echelle de» hauteura ^ ^ ,K1.
Echelle de> longueur» ^^UL
Fig. 231. — Coupe Est-Ouest du Laurium, montrant les épanouissements des dépôts
métallifères aux contacts inférieur et moyen du calcaire et du schiste (d*après
MM. Uuet et Daubrée).
et 232), suivant une direction moyenne N. 15^ 0. et plonge, d'un
côté vers l'Est, de l'autre vers l'Ouest.
' Voir sur cette question, notre mémoire sur la géologie des lies de Mélelin et Thasos.
(Archives des missions scientiûques, 1889.)
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378 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La séparation entre ces diverses couches est tantôt très nette,
tantôt, au contraire, se fait par un passage progressif, marqué dans
Fig. 232.— Coupe N.-E.-S.-O. du Laurium (diaprés M. Huet).
les schistes par des intercalations de lentilles calcaires et, dans
les calcaires, par des feuillets schisteux. De plus, chaque couche
n'est pas toujours constituée uniformément par la même roche.
Ainsi, dans le calcaire moyen, on rencontre, à plusieurs niveaux,
des bancs schisteux peu épais et, dans le troisième calcaire, il
existe, à Gamaresa, une couche mince de schiste dont la présence
a donné naissance à un gîte métallifère important.
Ces diverses roches présentent les caractères suivants :
V Le calcaire supérieure^ est cristallin, zone parallèlement à la
stratification par des bandes quartzeuses et ocreuses, et présente
un clivage facile suivant ces bandes.
Il forme, au sommet des collines schisteuses, des îlots isolés de
peu d^épaisseur. A la surface, il est ordinairement rouillé et divisé
en fragments tabulaires de grande dimension.
2® Le schiste supérieur S, se présente en feuillets fortement plis-
sés avec bandes alternatives de quartz laiteux compact, de pâte
argileuse noirâtre imprégnée de talc et mica et de calcaire noir
fissile (surtout au voisinage des calcaires). Sa couleur est ordinai-
rement noire ou vert foncé. Il occupe la plus grande partie de la
surface du Laurium et se distingue nettement du calcaire.
3* Le calcaire moyen C, est compact, sans clivage, avec une sur-
face rugueuse et mamelonnée ; il se rapproche des calcaires litho-
graphiques et est traversé parfois dans sa masse (Saint-Elie) par
des veines rougeâtres.
Il constitue une couche épaisse de 4S5 mètres sous le schiste S^.
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GÎTBS DK ZINC DU LAURIUM (aTTIQUe) 379
4* Le schiste inférieur S, est très micacé ; il contient une propor-
tion d'argile permettant de l'utiliser pour la fabrication des briques
réfractaires. Les lentilles calcaires y sont nombreuses au voisi-
nage des calcaires.
5** Le calcaire inférieur C, est saccharoîde et très dur. H se pré-
sente, aux affleurements, sous forme de grandes tables séparées
par des lits micacés et ferrugineux.
La puissance de ces diverses formations est variable, mais
croit sensiblement du Sud au Nord.
Ainsi, au mont Saint-Elie, les épaisseurs sont :
Calcaire supérieur . . . . C| 20 mètres.
Schiste supérieur. ... S, i50 —
Calcaire moyen C, 60 —
Schiste inférieur Sj 70 —
Calcaire inférieur C,; plus de 80 —
Plus au Nord, dans la chaîne des Rijari, on a :
Calcaire moyen 80 mètres.
Schiste inférieur 150 —
Des accidents locaux nombreux modifient d^ailleurs ces épais-
seurs.
Toutes ces formations ont été, en effet, profondément disloquées
par de nombreux plissements ; d'où une série de fissures qui ont
pu servir d'évents aux sources minérales venues de la pro-
fondeur.
Parmi ces plissements, nous en citerons un N.-S. qui tra-
verse la partie inférieure de l'Afrique et se termine au Sud
à la grande faille de Korphona.
A l'Est de ce pli, le pays n'a pas subi de déformations ultérieures ;
la partie occidentale, au contraire, est plissée fortement; dans
le Laurium septentrional, la montagne de Keratea est orientée
N. 55^ 0.
Enfin, des éruptions d'un âge différent ont amené au jour une
roche euritique généralement très décomposée dont nous dirons,
plus loin, l'influence sur Tallure de la formation métallifère.
De nombreux filons de cette roche ont été reconnus; ils sont
orientés É.-O.
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380
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La roche est minéralisée faiblement ; elle renferme une certaine
proportion de cuivre et, partout où on Ta trouvée, on a constaté
des traces de ce métal.
Description des gisements. — Les gisements du Laurium se
présentent sous deux aspects différents :
1*^ Les amas interstratifiés ;
2*^ Les filons ou griffons.
Les premiers se rencontrent tous, sans exception, à la surface
de contact des schistes et des calcaires.
Les seconds traversent les calcaires, et accidentellement les
schistes.
Les types les plus parfaits de ces deux modes de gisements se
trouvent réunis dans les exploitations de la Société Française, au
groupe des puits Serpieri et Jean-Baptiste.
1* Amas interstratifiés. — Ces amas (fig. 233 et 234) se pré-
Cou 06
» 3o è9 So
Coupe èa. jilateaa de Cmiaresa (LauHam) dni^ N. i&* 0. à S.i&*£.p«raUâon0nt a
Fig. 233.
Ccmàus^.
Cote&o
rc CàZcairt^ vr^Umjctcr
Coupe suhrant A. 6. de la Bgure précédente et selon la directioo des griflÔM
Slli^monlrt>ipM^iÊryr0Snté6tCdcaninêfyindinmtL,éhnst^
Fig. 234.
sentent aux trois contacts successifs des calcaires et des schistes.
Particulièrement, au contact du troisième calcaire avec le schiste
inférieur, les anciens ont trouvé et exploité d'immenses amas de
plomb argentifère en ne laissant que de rares piliers pour
soutenir les vides immenses qu'ils ont creusés.
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GÎTES DE ZINC DU LAUBIUM (aTTIQUe) 381
Ces amas du troisième contact forment, au-dessus du calcaire,
des zones allongées orientées N. 30® 0.
Le minerai s'y compose de blende et de galène disséminées en
zones puissantes dans une gangue de carbonate de fer.
La blende est très pure. La galène tient jusqu^à 2 500 grammes
d'argent à la tonne de plomb. Elle a été presque entièrement
enlevée par les anciens.
Les premier et deuxième contacts sont moins importants.
Cependant on y trouve également, entre les schistes et le calcaire,
un mélange assez intime de blende à veines de galène et de mine-
rais oxydés de plomb et de fer.
Dans le premier contact, on a rencontré une certaine variété
de minéraux, en particulier des sulfures de cuivre et même du
cuivre natif avec des calamines nickélifères.
2® Griffons. — Sous la troisième couche de contact, se trouvent.
Régkn arténie
Région slénïâ
Fig. 23d. — Croquis montrant, en plan, la disposition générale des griffons vers le
croisement des deux systèmes de diaclases qui traversent le cadcaire (d'après
MM. Potier et Daubrée).
enclavés dans les calcaires, les griffons ou filons calaminaires.
Les filons sont disposés (dans les concessions de la Société
française) transversalement à la direction de Tamas superposé.
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382
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Leur orientation est E.-O. en certains points, et N. 70^ E. en
d'autres points.
Les griffons (fig. 236) sont, comme les couches de contact, dans
SdusUf ùjfhxêMir
S^Cmiaatf. /Tramais
Crijhnt eaJanvàuurm»
Fig. 236, — Coupe des griffons du Laurium (d'après M. Huet).
des conditions très différentes, suivant qu'on se trouve dans les
contacts supérieurs ou dans le troisième contact. Les premiers
(fig. 237 et 238) ne renferment,
en général, que de la calamine et
présentent souvent, à la partie su-
périeure, un vide où Ton peut voir
l'effet de Faction corrosive des eaux
acides sur le calcaire, à moins que
le vide ne soit dans Tamas calami-
naire lui-môme, le calcaire ayant
été recouvert d'un enduit calami-
naire ; généralement on aperçoit, au-
dessus de ces cloches, les fissures
par lesquelles ont continué à circuler les eaux.
Les griffons du troisième contact, plus complexes, contiennent,
dans Taxe de la calamine, un amas de galène recouvert d'un
enduit ferrugineux (fig. 239).
Enfin un dernier type de griffon, rencontré au puits Jean-
Baptiste, a montré, au-dessous d'une fissure mince, un élargis-
sement considérable (fig. 240).
Dans ce troisième contact, on trouve, par exemple entre les
Fig. 237 et 238.
(La calamine a été représentée par hachure
croisées.)
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GÎTES DE ZINC DU LAURIUM (aTTIQUE) 383
puits Serpieri et Saint-Jean-Baptiste, un amas de galène, blende,
calamine et pyrite qui paraît mettre en évidence Tordre de succes-
sion des dépôts métallifères. Là, une âme en galène est entourée,
comme dans la figure 239, de fer oxydé, lui-même recouvert
par la calamine ; d'où il résulterait que le dépôt aurait com-
mencé par la calamine, continué par le fer, fini par le plomb.
Cfft*^^.
- (h n i'w>yy . 'j;^^:r~
Fig. 239.
Fig. 240.
Ce zinC) dissous en sulfure, s'est transformé en calamine dans les
griffons. En même temps il est arrivé souvent que galène et pyrite
de fer aient subi une oxydation correspondante avec formation
de cristaux de gypse par Faction du sulfure sur le calcaire. On
a alors des cristaux de gypse, couverts parfois d un enduit d'hé-
matite. La calamine ne se trouve jamais que dans le calcaire et
fréquemment on a association de feuillets calaminaires et gyp-
seux : ce qui prouve nettement l'arrivée des minerais à l'état de
sulfures. Bien des faits tendent d'ailleurs à montrer que ce gisement
métallifère est, comme beaucoup d'autres du même genre, sous
l'action des eaux, en transformation continuelle. Il existe, au
Laurium, comme à la Vieille-Montagne, etc., des stalactites de
calamine formées par une redissolution du dépôt primitif.
Aspects des calamines. — On peut distinguer les minerais de
surface et les minerais de profondeur.
Les calamines de surface, généralement pauvres, affectent sou-
vent la forme d'un calcaire blanc crayeux plus ou moins com-
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384 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
pact, parfois d'une limonite caverneuse ou cariée, parfois d'une
roche schisteuse et grisâtre qui n'a de remarquable que sa den-
sité. A Plaka, on dirait des éponges aplaties d'un blanc jaunfttre.
Au contraire, dans le troisième contact, on trouve des cala-
mines très pures : les unes, en roche, comparables à un calcaire
jaune ou à une meulière, d'autres colorées de blanc, de vert,
de jaune, analogues à des calcédoines ou à des agates, certaines
à cassure variée et brillante. On en rencontre de blanches et de
compactes qu'on a comparées à un registre de papier pétrifié ;
d'autres qui ressemblent, à s'y méprendre, à des poteries an-
ciennes, etc.
La teneur des calamines diffère suivant le niveau où on les
recueille :
Dans le troisième calcaire, cette teneur, assez constante, oscille
entre 60 et 65 p. 100 de zinc.
Dans le deuxième calcaire, la teneur, très variable, ne dépasse
pas 56 p. 100. En moyenne, elle oscille autour de 40 p. 100 et
Ton a, en outre, une grande quantité de calcaires zincifères tenant
20 à 25 p. 100. Ces teneurs se rapportent au minerai calciné.
Mode de formation du gisement. — Si Ton veut se rendre compte
du mode de formation du gisement, il faut remarquer la concen-
tration des amas calam inaires : 1*" au-dessous de chaque contact
de schistes, le troisième contact seul ayant paru d'abord mériter
d'être exploité, mais les deux autres renfermant également de la
calamine ; 2** au mur des filons d'eurite, comme le montre la
coupe 236 prise au puits Serpieri. On peut constater que ces
filons d'eurite sont rejetés de quelques mètres en passant du
calcaire au schiste et que les amas calaminaires s'interrompent
au contact. Ces derniers gisements s'appellent, au Laurium,
couches des roches filoniennes.
Un autre point important à noter, c'est la diminution de richesse
des contacts de bas en haut. Au troisième contact, se trouvent
tous les travaux anciens. Les calamines y forment des masses con-
sidérables tenant de 50 à 55 p. 100 de métal, accompagnées de
minerais de plomb à 2 kilogrammes d'argent par tonne. Au
deuxième contact, les calamines sont généralement calcareuses et
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GÎTES DE ZINC DU LAUBIUM (atTIQUe). 385
contiennent, en moyenne, 30 p. 100 de zinc; au premier contact,
on trouve surtout du fer carbonate avec blende et galène, du
plomb carbonate, une gangue de silice, fluorine et barytine.
Enfln la localisation, en une seule région, de couches métalli-
fères à des niveaux très distincts, en relation constante avec le
degré d'attaquibilité des terrains encaissants, exclut la possibi-
lité d'une formation sédimentaire.
L'hypothèse très vraisemblable qu'a faite M. Huet et qui a été
généralement adoptée est la suivante : Un liquide minéralisateur,
surgissant au fond par des fissures, est venu s'arrêter sous un
toit de schistes ou d'eurile résistant, et, corrodant le calcaire au-
dessous dans un séjour prolongé, a produit un dépôt d'incrusta-
tion et de substitution. Puis il a traversé les schistes par des
fissures minces sans laisser de dépôt, parce qu'il ne trouvait pas
d'élément attaquable et est venu s'arrêter plus appauvri sous le
contact supérieur, etc.
Il est d'ailleurs manifeste que les cassures, ou diaclases, du
calcaire ont donné au phénomène hydrothermal sa direction,
(voir fig. 235), et il ne faut pas oublier non plus les réactions
secondaires qui ont dû, sous l'action des eaux superficielles,
transformer, jusqu*à une certaine profondeur, ce qu'il avait pu se
déposer tout d'abord de blende, en calamine.
Données économiques. — Pour terminer, quelques renseigne-
ments économiques :
Le prix de vente de la calamine au Laurium peut s'évaluer, en
appelant : V le prix de vente ; P le prix du zinc ; T la teneur
p. 100, par la formule :
V = 0,95 P. (0,8 T — 1) — 65
D'autre part, le prix de revient était évalué par M. Fuchs de la
façon suivante :
A. V exploitation comprend : 1® Extraction, 2 fr. 50 à 5 francs
par tonne, suivant que l'abatage a lieu au jour ou dans la pro-
fondeur ;
2^ Poudre et outils, 2 fr. 20.
GÉOLOGIE. — T. n. 25
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386 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Donc le prix de revient par tonne de Texploilation est de 4 fr. 70
à 1 fr. 20.
B. Triage. — Un ouvrier, payé à raison de 3 francs par jour,
peut trier trois tonnes de minerai par jour en faisant deux caté-
gories : stérile et calamine.
Le prix de revient de la tonne de calamine est donc variable
avec la teneur du minerai dont on l'extrait.
Ainsi une tonne de calamine, pour une teneur du minerai en
calamine de
73 p. 100 50 p. 100 25 p. 100
Coûtera 8,91 13,40 26,80 d'abatage ;
Plus 1,33 2,00 4,00 de triage sur place.
Au total . . . 10,24 15,40 30,80
G. Calcination. — Les calamines de Kératea perdent de 25 à
40 p. 100 à la calcination.
Donc, l tonne de calamine calcinée correspond à l*-,33 abat-
tue. Le prix de revient de la calcination s'établit ainsi :
Ck)mbustible : 10 p. 100 à 18 francs lfr.80
Manipulation 1 10
Intérêt et amortissement du four 0 20
Surveillance 0 70
3rr.80
et on produit 0 t. 75 de calamine grillée ; 1 tonne grillée coûtera
donc
1S33 X P + 3 fr. 80.
D. Transport au port. — 11 varie suivant le mode de trans-
port. On peut admettre 7 francs en moyenne par tonne calcinée,
en supposant 20 000 tonnes de production annuelle.
E. Embarquement et magasinage, — En moyenne, par tonne
calcinée, 4 fr. 33.
F. Frais généraux. — En supposant 50 000 tonnes de produc-
tion pai' an, on a, par tonne calcinée, 1 fr. 50.
G. Transport à Anvers. -^ Par tonne calcinée : 18 francs.
En résumé, on obtient pour le prix de revient de la tonne de
minerai calciné rendue à Anvers :
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GISEMENTS DE ZINC ET PLOMB EN SABDAI6NE 387
MINERAI
à 75 p. 100
MINERAI
à 50 p. 100
MINERAI
à 25 p. 100
Extraction et triage
GalcinatioD
Francs
13,50
3,80
7,00
4,33
1,50
18,00
Francs
20,49
3,80
7,00
4,33
1,50
18,00
Francs
40,96
3,80
7,00
4,33
1,50
18,00
Transport au port
Embarquement
Frais généraux
Transport à Anvers
1 Prix de revient par tonne. . .
48,13
55,12
75.59
Bibliographie.
1869. CoRDELLA. — Le Laurium. (Marseille).
1869. CoRDELLA. — Berg. u. H. Z., 1869, p. 209. (Compte rendu.)
1871 . CoRDELLA. — Description des produits des mines et usines de Laurium.
1871 . Affaire du Laurium. (Cuyper, t. XXXI et XXXII.)
1871. Baldadf. — (B. u. H. Z., p. 318.)
1873. Nasse. — Mittheilungen uber den Bergbau von Laurium. {Zeitsehr. de
B. u. A. preuss.j t. XXI, p. 12.)
1875. CoRDELLA. — Description des produits de Laurium et d'Oropos.
1872. Ledoux. — Le Laurium. (Revue det Deux-Mondes, en février.)
1878 et 1886. — Huet. — Mémoires de la Société des Ingénieurs civils.
1878. CoRDBLLA. — La Grèce sous le rapport géologique et minéralogique*
1879. Groddeck, p. 321.
* 1880. Potier. — Rapport sur les mines du Laurium.
1880. Neumayr. — {Denschrifl der K. K. Akademie in Wien,)
1883. B. SiMONNET. — Le Laurium. Etude sur les dépôts métalliques. (Bull,
de la Soc. de l'industne minérale, 2® série, t. Il, p. 641. Saint-Etienne, 1883.)
* 1886. Huet. — Gisements du Laurium. (Mém. Soc. Ing. civils.)
* 1887. Daubrée. — Eaux souterraines (passim).
1889. Rapport pour l'Exposition universelle.
GISEMENTS DE ZINC ET PLOMB EN SARDAIGNE*
Géologie générale. — La constitution géologique de la Sar-
daigne est des plus complexes; on peut dire qu'elle offre un
spécimen de la presque totalité des formations de Téchelle sédi-
* Coll. École des Mines, 1549, 1607, 1967, 1968.
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388
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
mentaire et éruptive. Elle a été étudiée autrefois par le général La
Marmora qui, pénétré des idées d'Elie de Beaumont, avait cru
pouvoir y retrouver tous les divers soulèvements de montagnes.
Récemment, MM. de Castro, Zoppi, Testori, Mazetti,Traverso,ont
publié, sur elle, d'importants travaux, auxquels nous aurons
recours.
On peut constater, dans ce pays, la trace d'au moins 4 disloca-
tions successives * :
M^Che&neau.dt). *
Fig. 241.
Un premier mouvement s'est produit à la fin du dévonien ; le
calcaire carbonifère et le permien manquent dans Tile. Puis le
jurassique est séparé du crétacé par une discordance. Plus tard,
à la fin de Tépoque nummulitique, les assises secondaires ont été
redressées (époque probable de la venue des serpentines de Corse).
' La description des mines de Sardaigne a été écrite principalement d'après les notes
4*un voyage fait par nous en 1891. Nous avons également utilisé les travaux des géo-
Uguefi italiens elle journal de voyage inédit de M. Friedel, ingénieur des mines.
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CARTE
GÉOLOGIQUE ET IVUMÈRE
de l'Iilesienle (Sardaiônf
d'après
W Tesitnr, Zoppi . Lambert et Defcrrari
Cip /w».
^^
Camtlûnada
LECEIVDE
...... Mon^ He. por^/iA^f^
''^<5iyii^
C'^mttAfZfhJUwf.-JtL4»èé^tt4i:pêa,^
Fig. 242.
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390 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
EnGn, àTépoque du soulèvement des Alpes, une ^ande disloca-
tion est caractérisée par la formation du détroit de Bonifacio.
Les mouvements dévonien, permien et tertiaire , semblent,
comme dans la plus grande partie de TEurope, avoir été accompa-
gnés de formations métallifères. Toutefois, dans cette lie et prin-
cipalement dans la province dlglesias (fig. 242), les gisements
métallifères sont, pour la plupart, concentrés dans le terrain
silurien, principalement dans les calcaires de cet âge et peuvent
être, par suite, considérés probablement comme de formation
ancienne '.
On a distingué, d'une manière générale, trois districts miniers
en Sardaigne (fig. 2i2) :
1** Au Sud-Ouest, la province d'Iglesias, de beaucoup la plus
importante ;
T Sur la côte Nord-Ouest, la région, très secondaire, de la
Nurra (mines d'Argentière) près d'Alghero ;
3*" A l'Est de l'île, les massifs] du Sarrabus (argent, galène
argentifère et blende), (fig. 241) dont nous parlerons à l'occasion
de l'aident, de l'Ogliastre et Lulla.
Nous nous bornerons à une description un peu détaillée de la
province d'Iglesias, qui est le grand centre de production du zinc
et du plomb en Sardaigne.
Cette région comprend, au Nord, le massif granitique d'Arbus,
enveloppé de schistes et grauwackes siluriens, dans lesquels se
sont ouverts les fllons de Montevecchio, Gennamari, etc.; plus au
Sud, des grès, quartzites et schistes cambriens, entourés par la
formation de calcaires métallifères, où sont presque tous les amas
calaminaires et qu'on rapporte au silurien. Un lambeau de trias
apparaît à l'Ouest, d'Iglesias à Fontanamare.
A travers ces formations, les filons de galène argentifère et de
blende sont extrêmement nombreux ; souvent ils épousent les con-
t Nous nous contenterons de mentionner un fait, encore mal étudié, qui pourrait
modifier 8inguliè4*ement les idées reçues sur Tàge des zincs sardes. A Lullay près du
mont Albo, d*après M. Mazzetti, Ingénieur des mines italien, on a trouvé de la cala-
mine dans une dolomie à la base du crétacé, entre le crétacé et les schistes cristallins ;
la dolomie zincifère étant concordante avec le crétacé, très discordante avec les
schistes. Ajoutons encore, pour ceux qui persistent à soutenir U formation contem-
poraine du minerai de zinc et d'un certain calcaire silurien dit métallifère, qu'en
plusieurs points, notamment à Canal grande, la calamine se trouve dans le cambrien.
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GISEMENTS DE ZINC ET PLOMB EN SARDAI6NE 391
tacts entre les calcaires et les schistes, ou entre deux calcaires de
compacité différente ; d'autres fois, ils forment, dans l'intérieur
d'une couche, de véritables fractures. A ces filons sont associés
fréquemment des amas calaminaires, contenant encore parfois un
peu de galène.
D'une manière générale, la connexion entre les gisements de
galène argentifère et de calamine* est tellement intime (l'un ou
l'autre des deux corps pouvant se développer presque exclusive-
ment dans telle concession, mais, en général, les deux étant mélan-
gés) ; en outre, la relation d'origine entre la calamine et la galène
est si manifeste à notre avis que nous ne séparerons pas ces
substances dans la description et que nous traiterons, dès à pré-
sent, des mines de plomb de la province.
Conformément à une loi déjà énoncée, l'allure des gîtes est en
relation nette avec la nature des terrains encaissants. Dans les
terrains imperméables, on ne trouve pour le zinc, que des filons
d'incrustation minces, pour la plupart inexploités ; tous les beaux
gisements de zinc sont dans des calcaires.
Parmi ces gîtes, on peut encore distinguer les filons proprement
dits, soit de fracture, soit de contact, où le remplissage est, le plus
souvent, formé par de la galène, et les amas calaminaires. Nous
commencerons par les premiers qui permettent d'expliquer plus
aisément les seconds. On y remarque quelques lois d'ensemble :
D'abord la disposition des minerais plombifères dans les
filons par colonnes riches est des mieux développées et peut être
étudiée fructueusement en plusieurs points (San-Benedetto, Mon-
teponi, etc.) ; on a cru remarquer, en outre, que, dans un filon
donné, la proportion d'argent était d'autant plus forle que l'irré-
gularité était plus grande (?) ; puis la teneur en argent semble,
d'une façon constante, diminuer en profondeur, en même temps
que la proportion de blende augmente souvent : par suite, au
voisinage de la surface, on trouve les beaux amas calaminaires
(carbonates et silicates), qui d'ailleurs n'affleurent pas toujours ;
« Le développement des amas calaminaires est en relation incontestable avec la
présence de terrains calcaires et le voisinage de la surface; une part essentielle
revient, dans leur production, à l'action des eaux superficielles sur un dépôt initial de
blende.
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392 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
plus bas, ces amas se terminent souvent par une simple fissure
argileuse et Ton a des filons de galène où le zinc reprend sa place
sous la forme de blende.
Si nous examinons Tallure des principaux filons, nous trouvons,
d'abord, au Nord, un filon de galène recoupant tout le terrain
schisteux ancien, et exploité, sur plus de 3 kilomètres de long,
sous différents noms, dans les concessions de Montevecchio, Per-
dixeddosu, Ingustosa, Gennamari, etc.. Ce filon, sur la description
duquel nous reviendrons tout à Theure, contient très peu de
blende.
Au Sud du massif granitique, on rencontre un autre groupe de
filons N. 45*» à 65** 0.
Ces deux groupes de filons semblent, en quelque sorte, enve-
lopper la masse de granité : ce qui s'explique assez bien. Au
moment des soulèvements successifs, ce granité résistant a dû, en
effet, provoquer, dans les schistes adossés sur lui, des fractures,
en général parallèles à son bord mais accompagnées nécessaire-
ment de déchirures obliques. Il est arrivé, comme toujours, que
chaque système de cassures nouvelles faisait rejouer les anciennes
et les compliquait de plus en plus. D'ailleurs le mouvement de
dislocation étant, bien entendu, la conséquence de celui de plisse-
ment et les plans de schistosité offrant des lignes de moindre
résistance, il s'est produit très fréquemment que les déchirures
aient eu une tendance à suivre, plus ou moins longtemps, la direc-
tion des schistes ; en sorte que, tout en ayant affaire à des filons
incontestables, on a souvent des apparences d'interstratifications
locales qui peuvent nous mettre en garde contre une fausse inter-
prétation donnée à des phénomènes du même genre, moins clairs
dans d'autres régions.
Aux environs presque immédiats d'Iglesias, nous citerons,
comme gisements de galène filoniens, San-Giovanni au Sud, San-
Benedetto et Malacalzetta au Nord. A l'Ouest, les mines de Nebida
et de Monteponi nous offriront Tassociation des colonnes de
galène et des amas de calamine. Enfin, au N-0 d'Iglesias, nous
insisterons sur la grande zone d'amas calaminaires de Malfidano,
et nous terminerons par quelques mots sur divers autres amas
de calamine.
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MINE DE MONTEYEGGHIO (sARDAIGNe)
393
MINE DE MONTEYEGGHIO
{Filom de galène argentifère et blende dans les schistes.)
La mine de Montevecchio, ainsi que les exploitations de
moindre importance qui s'échelonnent sur le prolongement de ce
beau gisement, se trouve à 30 kilomètres au Nord d'Iglesias, au
Nord du massif granitique d'Arbus. Elle correspond au premier
groupe de filons de galène du Nord que nous avons signalé.
Le gisement comprend 3 filons, à peu près E.-C, de pendage N.
65*^, recoupant des schistes dont la direction est environ la même ;
ce sont le filoncillo, le filon secondaire et le (ilon principal.
La figure 243 montre commentées filons se prolongent sur les con-
cessions voisines. Dans la première concession, le filon principal,
seul exploité, a 60 mètres
de puissance et son affleu-
rement forme une énorme
muraille de quartz. On y
trouve, en général, deux
veines minéralisées au
toit et au mur ; certaines
lentilles de galène pure
S^Camomùaa 2lCoii»Mkn F^CooeeMλ
BeUi ?>-!««ti Levant» . ..
t
Fig. 243. — Plan des filons de Montevecchio.
atteignent 8 mètres de puissance ; les lentilles, en chapelet,
à l'Est, deviennent irrégulières à TOuest. La galène de première
qualité tient 80 p. 100 de plomb et 800 grammes d'argent à la
tonne*. Ce filon a été rejeté par une cassure argileuse ouverte
dans son plan même.
En profondeur, la blende augmente et enveloppe la galène; les
filons, par une loi qu'on retrouvé* dans la plupart de ces exploi-
tations, diminuent constamment de teneur en argent à mesure
que l'on s'enfonce.
En 1888-89, Montevecchio a produit 12 100 tonnes de galène à
200 francs, tenant en moyenne : 750 grammes d'argent à la
* Saur indication contraire, les teneurs en argent qui seront indiquées dans ce cha-
pitre sur la Sardaigncy se rapporteront toujours à la tonne de minerai.
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394 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tonne de minerai pour la première concession; 450 grammes
pour les deux autres.
Le nombre des ouvriers a été de 1360 ; le bénéfice net imposé
de 300 000 francs.
En 1890, Textraction a été de 12 000 tonnes à 75,57 de plomb
et 600 grammes d'argent par tonne de minerai.
MINE DE SAN-GIOVANNI
(Filons de galène argentifère dans les calcaires ou à leur contact
avec les schistes.)
La mine de San-Giovanni est située dans la vallée qui descend
d'Iglesias à la mer, sur le versant Sud, presque en face de Monte-
poni. Elle a été exploitée en grand par les Pisans au xiv® siècle.
La société « italienne et espagnole i>,qui en est concessionnaire,
Ta donnée en entreprise pour dix ans (1885-95) à la Societa per
imprese mineralie.
La formule de vente des plombs argentifères à Tusine est :
V = ^-^^5^ + Ag. p. - FP - fp - transport.
(V, valeur du quintal en francs ; /, teneur p. 100 de plomb ; a,
constante valant de 6 à 8, suivant les cas ; P, prix à Londres
des 100 kilogrammes de plomb; Âg, prix courant de Targent;
/>, poids d'argent (l'argent se paye à toutes teneurs) ; FP, frais
de fusion (60 francs en général et exceptionnellement 45) ; / jo,
frais de la désargentation pour le plomb payé; -^7 frais allant de
45 à 60 francs.
A San-Giovanni, les schistes siluriens et le calcaire dolomitique
ont un contact presque vertical, dirigé Est-Ouest. Un premier filon
est à ce contact; un second (le principal) se trouve entre le calcaire
dolomitique rouge et un calcaire bleuâtre qui lui succède, au voisi-
nage d'un dyke de quartz qui sépare les calcaires de schistes ai^i-
leux ; enfin, dans le calcaire bleuâtre, on trouve un troisième filon
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gIte de san-giovanni (sardaigne) 395
de fracture N.30^O. Le filon de contact entre le schiste elle calcaire,
pour lequel la concession a été instituée d'abord, a été épuisé jus-
qu'au niveau d'eau ancien, 70 mètres, abaissé à 6 mètres par une
nouvelle galerie d'écoulement de Monteponi ; il y reste 64 mètres
de hauteur à prendre. Ce filon contenait des galènes à 70 p. 100
de plomb et 150 grammes d'argent à la tonne de minerai.
Le gisement, situé entre les deux calcaires, est formé d'un filon
assez sinueux où l'on distingue vaguement des colonnes de
galène argentifère à gangue de quartz, calcaire et argile. La richesse
en argent est grande. x4.35 p. 100 de plomb (Normann), le minerai
tient 1 800 à 1 900 grammes d'argent ; à 50 p. 100 (Umberto), il en
tient 1 200. On a cru observer en Sardaigne, et en particulier à
San-Giovanni, que l'irrégularité du filon se rattachait à une plus
forte teneur en argent. En raison de celte teneur en argent, on
ne peut pas pousser plus loin l'enrichissement, rendu difficile par
l'intimité du mélange avec le quartz. Au quartier Normann (Ouest)
et dans toute la partie supérieure exploitée par les Pisans, le filon
a une allure bréchiforme : il contient des morceaux de calcaire
entourés d'une zone de quartz, puis de galène, avec de nom-
breuses poches d'argile rouge. On peut remarquer qu'il renferme,
à la partie supérieure, de la barytine qui disparaît lorsqu'on s'en-
fonce. Toutes les fracture sont remplies de calcaire à larges lames,
parfois d'argile à pisolithes calcaires ; en outre, le calcaire est cor-
rodé et percé de grandes grottes à concrétions calcaires, souvent
postérieures au minerai dont elles ont suivi les lits.
En un point, en particulier, un filon de galène et blende s'est, à
la rencontre d'une de ces grottes, transformé en calamine sur une
certaine largeur sans s'étendre dans la grotte. On peut en con-
clure que les mêmes eaux superficielles qui ont creusé la grotte
ont transformé en calamine la blende préexistente.
Dans les parties riches, des géodes renferment de beaux cristaux
d'anglésite, de leadhillite, de cérusite, etc. Il existe quelques poches
de calamine.
Quant au filon N. 30^*0., ilest formé de galène quartzeuse répartie
en 6 colonnes.
En 1888-89, on a extrait 3 300 tonnes de galène à 35 p. 100 de
plomb et 1 500 grammes d'argent, valant 250 francs ; puis, 286 tonnes
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396
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
à 600 grammes d'argent et 78 tonnes à 650 grammes : soit, au
total, 3 664 tonnes de galène à 35 p. 100 de plomb en moyenne.
MINE DE SAN-BENEDETTO
(Filons de galène argentifère avec colonnes d'enrichissement.)
La mine de plomb de San-Benedetto est située à 7 kilomètres au
Norddlglesias; elle appartient à la Vieille-Montagne, ainsi que les
gisements de calamine de la Duchessa, à 5 kilomètres environ de
là, à l'Est de Malacalzetta.
Les calcaires métallifères plongent sous le cambrien, composé de
NE.
Fig. 244. — Coupe de la mine de San-Benedetto, suivant la direction du filon.
grès, grauwackes, etc.. On y exploite un filon nommé San-Gio-
vanni avec quelques veines parallèles au mur.
La galène du filon San-Giovanni est à gangue siliceuse et cal-
caire ; les parties autrefois exploitées tenaient 1 300 grammes
d'argent; au troisième niveau, où l'on est descendu maintenant,
la teneur en argent n'est plus que de 400 grammes. La figure 244
montre comment les colonnes riches sont disposées dans le plan
du filon. Le remplissage renferme également un peu de cala-
mine et de carbonate de plomb. Aux affleurements, on avait même
rencontré quelques beaux amas de calamine. Dans les veines du
mur, on trouve de Targile avec boules de galène à 70 p. 100 de
plomb et 500 gran^mes d'argent.
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gIte de malacalzetta (sardaigne) 397
L'exploitation actuelle donne environ, par an, 2 000 tonnes de
galène, valant 384 000 francs, et à peu près autant de calamine.
En 1888-89, on n*avait fait que 1 350 tonnes de galène et 1 068
tonnes de calamine à 35 p. 100 (65 francs la tonne).
A la Duchessa^ Tallure fîlonienne est, paratl-il, assez nette ; on
exploite, au milieu d'un calcaire blanc saccharoïde, plusieurs amas
où le zinc silicate domine. En 1890, on y a reconnu, en outre,
un beau filon de galène.
MINE DE MALACALZETTA
{Filons de galène argentifère dans le calcaire.)
Les exploitations de Malacalzetta, voisines de celles San-Bene-
detto, comprennent actuellement trois filons dans le calcaire :
Monte-Novo, E.-O., abandonné ; Monte-Cuccheddu, N.-S., en
recherches; Malacalzetta, N.TO'^E., en travail.
Le filon de Monte-Novo, exploité par les anciens à ciel ouvert,
se compose de diverses ramifications avec remplissage de galène,
calcite et quartz.
A Monte-Cuccheddu, on a trouvé une lentille de 30 mètres de
long sur 2°*,50 d'épaisseur formée de galène avec calcaire et quartz
intimement mélangés ; d'anciens travaux jalonnent l'affleure-
ment de ce filon sur 2 kilomètres de longueur. Enfin Malacal-
zetta est minéralisé par colonne3 de peu de continuité en profon-
deur, de 100 mètres au plus en direction et de 1 mètre à 1",50
de puissance.
Les saibandes sont très nettes, mais on ne distingue jamais de
filets de minerai concrétionné ; toujours le mélange de gangue et
de minerai est intime. Le remplissage est formé de galène, car-
bonate de plomb, traces de carbonate de cuivre, quartz, calcile,
sidérose, argile, très peu de baryte. Le carbonate de plomb est
plus riche en argent que les galènes. On considère comme exploi-
tables les parties qui donnent au moins 250 à 300 kilogrammes
de galène à 70 p. 100 par mètre carré de galerie.
On doit, en outre, mentionner, dans des alluvions, des galets
abondants de galène que Ton commence à recueillir.
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398
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Enfin, tout le calcaire des environs est criblé de petites poches
de calamine à la surface.
En 1888-89, Malacalzetta a fait 2 600 tonnes de galène à
67 p. 100 et 1 000 grammes d'argent, valant, en moyenne, 250 francs
la tonne et 250 tonnes à 45 p. 100 et 500 grammes. Le nombre
des ouvriers était de 400.
MINEDENEBIDA
{Filons de galène et imprégnations calaminaires,)
La mine de Nebida est située sur la côte, au Nord de la plaine
marécageuse où aboutit la
vallée qui descend d'Igle-
sias vers la mer. Elle
présente, dans les mêmes
calcaires si souvent miné-
ralisés en Sardaigne , une
grande variété de gise-
ments :amas de calamine,
colonnes et imprégna-
tions plombifères et cala-
minifères, filons vérita-
bles de fracture, contacts
minéralisés.
Les couches de terrain
sont dirigées N.-S. ; leur
coupe, depuis la mer,
présente : des schistes pen-
dant vers TEst sous des
calcaires, de nouveaux
schistes en forme de fu-
seau, des calcaires et enfin
Fig. 245.
Plan théorique de la mine de Nebida
(d'après M. Friedel).
le cambrien renversé par-dessus. Vers le Sud, du côté des gise-
ments, la lentille de schistes intermédiaires disparaît.
Certains amas de calamine forment de grandes colonnes verti-
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GÎTE DE NEBIDA (sARDAIGNe) 399
cales où l'on a cru voir un remplissage de grottes antérieurement
formées. Une galerie de recherches, menée au-dessous d'un affleu-
rement, n'a, en effet, rencontré qu'une immense grotte tapissée de
stalactites avec d'énormes cristaux de calcite.
La principale colonne, de 20 mètres sur 20 mètres, formée de
calamine à 45 p. 100 crue, a été reconnue sur 180 mètres de pro-
fondeur. Ailleurs, existe une colonne de galène riche de 8 mètres
de puissance, parallèle aux strates, qu'on a épuisée sur 100 mètres
de haut.
Vers le Nord, se trouvent quelques filons de fracture qui ont
été, en général, dépilés par les anciens. L'un d'eux , le filon San-
Giovarmiy donne encore de bons résultats. Il est très régulièrement
concrétionné, contenant quartz, sidérose, quartz, galène riche.
Ce filon, très net dans les calcaires, disparaît dans les schistes
siluriens ; à l'Est, dans les schistes cambriens, il ne subit aucune
modification, mais, au bout de quelques mètres, se perd à un
rejet. Un autre beau filon, situé à l'Ouest, se nomme la For-
tune ; n'affleurant pas, il n'a pas été exploité par les anciens. La
galène y est très riche, elle tient, en moyenne, 7 SOO grammes
d'argent par tonne et jusqu'à 1,1 p. 100 au maximum. Cette galène
est accompagnée de cérusite terreuse.
Enfin, le long du contact Est de la lentille de schistes, on a
trouvé quelques imprégnations de contact.
Des travaux tout récents portent sur un exemple très net de
substitution calaminaire ayant suivi des diaclases. On a là un
croiseur Est-Ouest recoupant, en direction, un certain nombre de
bancs calcaires de compacité variable. Sur 150 mètres de long, on
observe que les parties les plus perméables de ces calcaires ont
élé, de part et d'autre du croiseur, transformées en calamine sur
une longueur de & à 10 mètres. Tantôt le calcaire est simplement
devenu zincifère (10 à 15 p. 100 de zinc); tantôt, tout en gardant
nettement sa structure et ses zones, il s'est changé en calamine ;
tantôt enfin, on a un véritable banc de calamine riche et massive.
C'est un fait intéressant à rapprocher de ceux que nous étudierons
à Malfidano.
La production a été, en 1889-90, de 3 800 tonnes de calamine
(valeur moyenne 67 francs) ; 1 000 tonnes de galène tenant, après
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400 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
lavage, 35 ou 40 p. 100 de plomb avec 7 000 grammes d'argent par
tonne de plomb d'œuvre (valeur moyenne 791 francs) ; enfin
200 kilogrammes de plomb d'œuvre résultant d'un traitement sur
place des minerais pauvres.
Le nombre des ouvriers était de 542.
MINE DE MONTEPONI
{Filon de galène avec colonnes riches et amas calaminaires,)
La mine de Monteponi, la plus ancienne des exploitations
modernes de Sardaigne, est située à 2 kilomètres environ au Sud-
Ouest d'Iglesias. Elle a été exploitée activement pour plomb et
argent par les anciens, les Carthaginois d'abord, puis les Romains
et, au moyen âge, les Espagnols, comme le montrent une multi-
tude de petits puits de 100 mètres de profondeur, percés aux
affleurements de colonnes de plomb argentifères . qui accom-
pagnent, comme nous le verrons, la calamine.
Jusqu'en 1851, elle resta entre les mains de l'état, qui en tirait
300 tonnes de galène par an. Donnée alors à bail pour trente ans,
moyennant 32 000 francs par an, puis concédée à la Société de
Monteponi, elle a produit d'abord, pendant quelques années,
1 000 à 1 500 tonnes de galène valant 2 à 3 millions sur le
carreau. C'est en 1867 qu'on attaqua, en outre, les calamines ;
mais, jusqu'en 1887, on ne vendit que les minerais riches triés à
la main, en accumulant les menus. Aujourd'hui, ces minerais
riches sont à peu près épuisés ; mais une laverie, mise en marche
en juillet 1887, traite avec fruit les menus.
La mine est dans une montagne arrondie de 360 mètres de
hauteur au-dessus de la mer. Cette montagne est formée de cal-
«aires métallifères N.-S. sur lesquels reposent, par l'intermédiaire
de calschistes à débris de trilobites, des schistes siluriens. Le
gisement se compose de deux parties bien distinctes : la zone
des colonnes plombifères au Sud, la zone des calamines au Nord.
Les colonnes plombifères suivent les plans de stratification des
calcaires qui plongent légèrement vers l'Est (fig. 247 et 248). Dans
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GItE de MONTBPONl (sABDAIGNb) 401
ces plans, elles pendent avec des angles divers (de 35 à S5^)
vers le contact des schistes. Elles présentent une continuité remar-
quable dans le sens de la longueur avec beaucoup de variations
X
%
Fig. 246. — Plan de la mine de Monteponi (d'après M. Zoppi).
Echelle au ^^* .
10.000
comme puissance et richesse. Généralement elles sont plus larges
dans le sens des plans des couches calcaires que dans le sens per-
pendiculaire. Leur remplissage est principalement de la galène avec
un peu de calamine disséminée. Cette galène se présente en lentilles
de minerai compact et pur à 82 p. 100 de plomb et 250 grammes
GioLOGIK. '— T. If. 26
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GÉOLOGIE APPLIQUÉE
C-^
.\"^'
JvV«
\
e^^
\
Fig. 247. — Coupe de la mine de Monteponi, normale à la direction des filons, mon-
trant Tallure des colonnes plombifères (d*après Ed. Sella, .1873).
Fig. 248. — Coupe verticale CD, suivant la direction des colonnes plombifères
à Monte poni (diaprés M. Zoppi).
Échelle -au rr-^-
10.009
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GÎTE DE MOKTEPONI (sARDAIGNE) 403
d'argent en moyenne par tonne de minerai ' ; la seule impureté
qui s'y rencontre consiste dans quelques noyaux de pyrite de fer.
Chaque lentille de galène est entourée d'une zone d'oxyde de fer
jaune ou d'argile ferrugineuse ; parfois pourtant, cette enveloppe
n'existe pas et la galène touche le calcaire ; c'est dans ces points
que l'on trouve les beaux cristaux de cérusite, anglésite et phosgé-
nite bien connus. Les calamines se présentent en veinules dans
les calcaires environnants ; mais elles sont peu développées. La
véritable zone des calamines est plus au Nord; de ce côté, les
calcaires prennent un aspect décomposé particulier et l'on voit la
calamine apparaître par filets interstratifiés ou suivant les dia-
clases, en mettant en évidence, de la façon la plus nette, les phé-
nomènes de substitution qui lui ont donné naissance. Quelques
échantillons, rapportés à TÉcole des mines', montrent la formation
de véritables brèches à veines calaminaires englobant du calcaire
plus dur. Ainsi se sont constituées des masses de calamine qui
atteignent 40 mètres de puissance. Elles s'appauvrissent et se
terminent en pointe vers le bas. La plupart sont épuisées et la
principale des exploitations anciennes présente aujourd'hui l'as-
pect d'un grand entonnoir vide de 200 mètres sur 120.
Ces calamines ne sont pas très riches ; elles contiennent, en
moyenne, 35 p. 100 de zinc et arrivent à 45 ou 47 après calcina-
tion. Elles sont accompagnées de beaucoup d'oxyde de fer qu'on
en sépare au moyen d'électro-aimants après l'avoir fait passer à
l'état de fer magnétique. En outre, la proportion de manganèse est
assez forte. On en distingue deux sortes : carbonate concrétionné
ou cristallisé en très petits cristaux ; silicate très léger, sonore, fer-
rugineux*. La calamine des colonnes de plomb se trouve également
sous ces deux formes, mais le silicate y est plus fréquent, surtout
* La teneur atteint 1/2 p. 100 en argent par endroits. Ce sont des parties riches de
ce genre que les anciens avaient exploitées aux affleurements. 11 est à noter que, là où
la galène a été changée en carbonate à la surface, plus elle est friable et passe à
rétat de grains fins dans le triage, c*est-à-dire plus elle a été décomposée, plus elle
est argentiPère. On l'explique par une action analogue à celle de la cémentation, Tar-
gent des parties superficielles, transformées en carbonate, s'étant concentré sur le
noyau de galène.
* Coll. 154V.
' A la surface des amas de ^Monteponi, Thydrocarbonate de linc blanc était abon-
dant.
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404 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans les parties ai^ileuses. Enfin, dans les amas calaminaires du
Nord, se trouve mélangé intimement du carbonate de plomb avec
les calamines carbonatées. La difficulté de séparer ce mélange a
été, avec Tabondance des venues d'eau, un grand obstacle à l'ex-
ploitation.
Ce gisement semble, comme celui du ravin de Malfidanos en
relation avec des brèches calcaires et ferrugineuses qui se pro-
longent avec régularité en profondeur. Dans ces bancs de brèche,
on trouve des morceaux de galène et pas trace de calamine;
comme, en outre, lorsque les deux minerais sont réunis, la cala-
mine enveloppe souvent la galène, il semblerait en résulter que
la galène est antérieure à la calamine. Ces bancs de brèche ont pu
jouer un rôle de direction sur les eaux minéralisantes. Il existe, de
plus, à Monteponi, des fentes profondes remplies par la surface,
contenant de l'argile que les compressions ont rendue schisteuse,
avec des fragments de lignite. Ce lignite, et les fossiles qu'on
trouve avec lui, semblent prouver que la mer éocène a recouvert
le gisement.
L'exploitation se fait à ciel ouvert. Elle fournit environ
4 000 tonnes de calamine riche allant à 5o p. 100 après calcination ;
de plus, la laverie en produit 10 à 12 000 tonnes. En 1889, cette
calamine valait (à 45 p. 100 de zinc) 95 francs rendue à bord,
plus ou moins 4 francs par unité. Une calamine à moins de
25 p. i 00 n'a aucune valeur.
Le plomb est un peu négligé à cause de son bas prix ; on fait
seulement 4 500 tonnes de galène (à 172 francs environ).
Cette production se décompose comme suit :
2 700 tonnes galène à 80 p. iOO Pb et 200 grammes Ag.
1 700 — à 60 — Pb et 300 à 350 grammes Ag.
( i 550 t. en roche à 45-50 p. 100. Zn.
15 300 t. calamine calcinée \ 12 142 t. laverie à 45-47 —
( 1 650 t. en roche à 4045 —
L'épuisement était très difficile autrefois : une galerie d'écoule-
ment de 6 kilomètres, commencée en 1881, achevée en 1889^
débite aujourd'hui 120 000 mètres cubes par jour; elle a coûté
« Voir plus loin, page 406.
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gItES CALAMINAIRES de MALFIDANO (sAHDAIGNE) 405
2 millions et fait gagner SO mètres de hauteur. Depuis 1890, on
a, en conséquence, approfondi les travaux.
Le personnel est d'un millier d'hommes.
GITES CALAMINAIRES DE MALFIDANO
Les exploitations de la Société de Malfidano comprennent
actuellement trois groupes près du village de Bugerru : Planu-
Sartu sur la côte, Malfidano et Caïtas à TEst, plus une petite
mine secondaire à Genna Arenas.
APlanU'Sartu^ les calcaires métallifères, dirigés N. 20''E. , pendent,
Fig. 249. — Carte des exploitations de Malfidano
avec une inclinaison régulière, de 50 à 55"* vers TOuest. Ils forment,
au-dessus de la mer, une falaise dépassant 100 mètres de hauteur.
La calamine s'y trouve en veines exactement interstratifiées,
veines au nombre de cinq principales qui se prolongent sur une
longueur de 340 à 350 mètres en direction. Par endroits, le gîte
prend l'apparence d'un véritable filon avec deux épontes bien
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406 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
nettes. Le plus souvent, il est formé de bancs alternés de calamine
et de calcaire. La calamine est lamelleuse, ou compacte et car-
riée. Sa teneur est très élevée, 45 p. 100 en moyenne, et atteint
50 p. 100.
A l'Est, une couche de minerai de fer (appelée filon de fer), qui
est interstratifiée de la même façon que les calamines, limite le
gite. Dans le gite lui-même, abondent des veines d'argile rouge
ferrugineuse et calaminifère qui recoupent les couches en tous
sens ; on y trouve, en outre, des veinules de quartz et galène.
Dans la calamine, les mouches de galène sont fréquentes. Un filon
de galène ' puissant et quartzeux a été exploité depuis le deuxième
niveau jusqu'au sixième ; il semblait également interstratifié.
Planu-Sartu, qui a été pendant un moment la mine la plus
riche du district, ne fournit plus environ que 7000 tonnes de gros
trié* par an, sur 56000 pour toute la Société de Malfidano.
Dans le ravin de Malfidano et Caïtas*y les calcaires métallifères,
dirigés N. 20** 0., plongent à 80* vers l'Est et sont, par suite, symé-
triques de ceux de Planu-Sartu, comme l'expliquerait, d'après
M. Friedel, la coupe ci-jointe (fig. 250).
L'importance masse de Gaïtas, qui est, en ce moment, l'avenir de
ces exploitations, est située
dans la montagne qui domine
au Sud le ravin de Malfidano.
Elle ne contient jamais de
Fig. 250. - Coupe schématique de la blende et fort peu de galène ;
région de Malfidano. ^ ^^ périphérie, elle passe pro-
gressîvement, par un calcaire décomposé et calamineux de plus
en plus pauvre, au calcaire stérile. Les amas de Malfidano pro-
prement dits affleurent, au contraire, au fond du ravin, parallè-
lement à la direction des couches et renferment une certaine pro-
portion de blende. Tout le long de cette suite d'amas, on trouve
toujours une grande cassure de 30 mètres de large, remplie par
une brèche calcaire et argileuse, cassure qui a déjà été reconnue
* Galène à i 700 grammes d'argent par tonne.
* Non compris les terres de la laverie.
* Voir, plus haut, page 372, quelques remarques générales sur la genèse de ces gîtes.
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GtTBS CALAMINAIRBS DE MALFIDANO (SARDAIGNE) 407
sur 900 mètres de IoDg\ Cette fente a deux épontes bien nettes
et épaisses d'argile rouge, et passe entre les amas situés presque à
son contact, les uns à TEst, les autres à TOuest (Gg. 251).
Ce fait intéressant parait devoir rattacher la formation des amas
à la présence de cette brèche argileuse ; peut-être, parce que le
remplissage d'argile aura joué le rôle d'obstacle imperméable le
long duquel seront montées les eaux.
Les amas calaminaires de ce groupe sont de puis-
santes colonnes, dont les unes ont l'aspect d'un
cône renversé la pointe en bas, les autres, comme
celui deCaïtas, la forme de fuseaux n'afQeurant pas.
Sur Tamas de Gaïtas, on peut remarquer un coude
brusque, au-dessous duquel une masse, dite de
Malfidano, vient affleurer au jour. Cet amas atteint
80 à 100 mètres de large, 15 à 20 mètres dans le
sens perpendiculaire. Les autres, qui ont tous, Pig. 201. — pian
1 . j . 1 1VT j ^ schématique
comme lui, un pendage marqué vers le Nord, sont des amas caïa-
de dimensions variables. Les exploitations de Caï- Maifldàîio! ^^
tas sont souterraines ; celles de Malfidano, qu'on
considère depuis près de vingt ans comme touchant à leur fin,
sont aujourd'hui exclusivement souterraines.
L'amas de Malfidano, dirigé N.-S., est traversé par des filons
de galène quartzifère E.-O. ainsi que par un grand filon ferru-
gineux décomposé, contenant de la galène plus ou moins carbo-
natée.
Il est, comme nous avons déjà eu l'occasion de le dire, situé
au fond de la vallée, et recouvert par une épaisse couche d'allu«-
vions de 10 mètres d'épaisseur, prouvant l'existence, en ce point,
d'un ancien lac qui aura creusé son bassin dans la calamine plus
friable que les calcaires environnants*. Il est possible que ce
séjour des eaux ait été pour quelque chose dans la production
secondaire de la calamine. En tout cas, plus on s'enfonce, plus on
trouve de blende, surtout dans les parties compactes; dans les
< Les éléments, non roulés, de calcaire qui remplissent la fente, semblent avoir
subi une sorte de classement par grosseur, sous Taction des eaux, les plus gros
étant au fond.
* Les blocs roulés tiennent environ i p. 100 de zinc.
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408 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
parties fissurées et attaquables, on suit, au contraire, de proche
en proche, les progrès d'un métamorphisme qui a d'abord trans-
formé la pyrite en oxyde de fer, puis la blende en calamine, enfin
partiellement la galène en cérusite. La calamine est constamment
mêlée de calcaire et présente fréquemment on aspect cloisonné,
celluleux, qui met en évidence le phénomène de dissolution. Il
Ilg. 252. — Coupe Terticale de la mine de Malfidano, normale à la direction
du gisement (d'après M. Zoppi).
Echelle au rr^rr.
10.000
est évident que les eaux, qui s'étaient chargées de zinc au contact
du sulfure et acidifiées, ont, de proche en proche, attaqué le
calcaire encaissant et produit, par substitution, des amas cala-
minaires toujours plus étendus que le dépôt primitif de blende.
Les minerais de Malfidano contiennent passablement de galène
et, surtout en profondeur, comme nous venons de l'indiquer, des
filonnets de blende grise compacte et riche ayant tout l'aspect
d'un calcaire gris. Les calamines ont un faciès très variable ;
tantôt elles sont terreuses, celluleuses, ailleurs compactes et
semblables à un calcaire (seulement plus dense), rarement concré-
tionnées.
En 1889, Caïtas a fourni 17 000 tonnes de calamine crue, plus
les terres de laverie. Malfidano et Caïtas font ensemble de 40 à
42 000 tonnes.
Les minerais sont transportés à Anvers. Les terres calaminaires
sont, en vertu d'un contrat qui expirera en 1893, lavées dans
la laverie de la Société austro-belge.
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GÎTES DE BAUEDDU, PLANU-DENTIS, ETC. (sARDAIGNe) 409
Les dépenses de la Société de Malfidano ont varié avec Textrac-
tion dans les proportions suivantes :
Anaéet
TWkUf
FrMCt
Anaéet
Toooet
Fnioct
Ânoées
Tonnes
Francs
18M
3 132
20 437
1875
35 118
693 168
1883
51191
1009 900
1867
25 260
293 705
1876
42 364
787 938
1884
50 002
978 640
1868
35 966
349 047
1877
45 5U8
885 150
1885
52 243
955 932
1869
33 967
450 632
1878
39 280
695 607
1886
48 808
1 013 287
187^
16 287
277 782
1879
41057
658 725
1887
49 049
1 068 955
1871
15 289
289 080
1880
42 155
769 456
1888
55 000
•
1872
26 877
484 542
1881
47 291
867 362
1889
56 000
•
1873
29 073
565 279
1882
51059
961401
1890
60 000
»
1874
31458
606 615
En 1889, les mines ont produit, en outre, 319 tonnes de blende.
Il y avait alors 1 700 ouvriers payés, en moyenne, 1 000 francs
par an chacun. Les minerais ont eu, dans cette même année, une
valeur moyenne d'environ 150 francs, donnant un bénéfice net de
près de 3 millions ^ Actuellement ils bénéficient, comme tous
les minerais riches, des conditions dans lesquelles s'est formé le
syndicat des zincs, limitant non la production en zinc, mais le
nombre des fours, c'est-à-dire la quantité des minerais traités.
GITES DE BAUEDDU, PLANU-DENTIS, ETC.
Nous ajouterons seulement quelques mots sur un groupe de
gisements ayant appartenu à la Société des zincs du Midi, que
M. Fuchs avait eu l'occasion de visiter et d'étudier : Baueddu^
Planu Dentis^ Sedda-Cherchi et Cucuru-Taris.
La plupart de ces gîtes présentaient la forme habituelle aux amas
calaminaires, c'est-à-dire un épanouissement vers la surface et ont
été assez rapidement dépouillés de leur affleurement superficiel,
en sorte que les exploitations ont été, pour quelques-uns, très
vite interrompues.
Le gîte de ffaueddu^ qui appartient aujourd'hui à la Société
de Malfidano, est un gîte de contact situé entre les schistes et les
calcaires siluriens, offrant un développement en direction d'en-
< Quoique le bénéfice nel déclaré, au point de Tue des redeTances, ne fût que de
250 000 francs.
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410 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
viron 400 mètres et une épaisseur très variable, depuis quelques
centimètres jusqu'à des renflements de 40 mètres dans sa partie
centrale. Sa direction moyenne est Nord-Sud et son inclinaison
oscille de 30 à SO"". Sa composition est aussi très inégale. Dans la
zone Nord, ou trouve, généralement, au contact des schistes for-
mant le mur, une partie quartzeuse granulaire empâtant des frag-
ments de calamine carbonatée d'une puissance atteignant au plus
1 mètre. Viennent ensuite des calcaires intermédiaires plus ou
moins corrodés et imprégnés de zinc et enCn la partie importante
du gîte composée de carbonates jaunes ou rouges entrecoupés par
des masses ferrugineuses très compactes. Le toit est généralement
formé par des calcaires décomposés au contact du gtte, puis par
des calcaires durs. Dans la zone centrale, après un rétrécisse*
ment, Taspect du gisement change; il devient plus argileux et,
en même temps, apparaît, au contact des schistes, le silicate de
zinc en lentilles d'une puissance de 2 à 3 mètres. Dans la
zone Sud, les silicates disparaissent près des schistes et sont
remplacés par une partie argileuse et quartzeuse très pauvre en
zinc.
La partie Nord est la plus riche et consiste seulement en
carbonate de zinc. Une coupe, dans cette partie Nord, donne de
haut en bas :
Calcaires décomposés avec argiles et un peu de calamine . . ^^fiO
Gala^nine carbonatée avec oxyde de fer et calcaire 4 00
— pure 3 00
Oxyde de fer avec un peu de calamine 3 00
Calcaire décomposé 2 00
Oxyde de fer avec un peu de calamine 2 00
Calcaires décomposés 10 50
Le rendement par mètre cube du gisement calaminaire était
de 500 kilogrammes de calaniine.
On exploite aujourd'hui, sur cette concession, de petites poches
superficielles de calamine rendant 2 à 3 000 tonnes par an.
Le gîte de Planu-Dentisy situé au sommet du col placé entre les
deux sommets de Planu-Dentis et de Pira-Roma, se trouve dans
le calcaire silurien, non loin du contact de ce calcaire avec le
schiste. Il consiste en un réseau de fentes parallèles occupant la
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GÎTES DE BAUKDDU, PLANU-DENTIS, ETC. (SARDAIGNe) 411
place des lignes de stratification des calcaires, avec des masses
principales formées par le renflement de ces couches et consti-
tuant des colonnes calaminaires qui diminuent d'épaisseur en
profondeur. Les parties les plus riches se trouvent au contact
même avec les schistes. La longueur totale minéralisée est de
250 mètres, mais 60 seulement sont réellement utilisables. La
production a été autrefois de 6 500 tonnes de calamine en roche
et 2 000 tonnes de terres calaminaires, plus les terres à laver.
Le gîte de Sedda-Cherchi est très analogue. Sa production a
été de 3 500 tonnes de calamine en roche et 1 500 tonnes de terre
calaminaire. Il s*est très rapidement appauvri et, au lieu de cala-
mine en roche, on n'a plus trouvé que des terres calaminaires.
Celui de Cucuru-Taris est situé également au contact des
schistes et des calcaires ; il comprend, au voisinage de ce contact,
des amas à parois verticales correspondant à d'anciennes fractures
et qualifiés de filons. Sa production a été de 7 000 tonnes de
calamine en roche et 1 000 tonnes de terres calaminaires.
En résumé, la production des districts que nous avons étudiés
est la suivante (1888-89) :
Galène
Montevecchio 12 100 tonnes
San-Giovanni 3 660 —
San-Benedetto
Malacalzetta
Nebida
Monteponi
Mallldano
Baueddu
Calamine
1350 —
1 068 tonnes.
2 900 —
1500 -
3800 —
4 400 —
15 300 —
>
60 000 -~
>
3 000 —
25 910 tonnes
83 168 tonnes
En 1890, 77 mines en activité en Sardaigne ont produit :
99 400 tonnes de minerai de zinc à H fr. 21 et 31 705 tonnes de
galène à 202 fr. 82. Le nombre des ouvriers était de 9 622.
En 1889, la production n'était que de 83 000 tonnes pour le zinc,
26000 pour le plomb, en 1885, par contre, de 100000 et 37 000.
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412 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Bibliographie.
1839. La Mabmor.v. — Description de la Sardaigne.
1857. BoRNEMANN. — Mioes dc plomb argentifère de Sardaigne. {B.S,G,^
2«, t. XIV, p. 642.)
1872. Sella. — {Zeitsch. d... preuss,,i. XX, p. 24.)
1879. Brochure sur Malûdano pour TExpos. univ.
1879. FacHs. — Rapport inédit sur les mines de la Société des zincs du
Midi.
1879. Groddeck, p. 325.
1882. Ferraris. — Sulla formaz. metallifera délia miniera di Monteponi
(Torino).
1883. d'Achiardi, p. 450.
Brau.n. — Rapport sur la Sardaigne.
1890. Frieoel. — Journal de voyage inédit à l'Ecole des mines, p. 129, etc.
1891. L. DE Launay. — Notes de voyage inédites.
1892. Relazione sul servizio minerario nel 1890 (Firenze).
GITES DE LA PRUSSE RHÉNANE. — BENSBERG
(mines APPEL, COLUMBUS, LUDERICH, ETC...)*
La Société de la Vieille-Montagne possède, dans la Prusse
Rhénane, deux groupes de gisements de zinc : le premier près de
Bensberg, le second, dansTEifel, près de Mayen et de Konigswinter.
Les gisements métallifères de la Prusse Rhénane sont à peu près
exclusivement encaissés entre les assises plissées et redressées
du dévonien moyen.
Le premier groupe, celui de Bensberg, se trouve au contact
des schistes dévoniens, dits Lenne schiefer^ avec les calcaires de
TEifel situés au-dessus et surmontés eux-mêmes par les schistes
et psammites bariolés qui constituent le terrain stérile à
Moresnet.
Le second groupe est situé dans les schistes, grès et grau-
wackes à spirifères du Coblentzien (spiriferen sandstein) séparés
des précédents par les schistes dits de Wissembach.
Ces deux catégories de terrains encaissants, les Lenne schiefer
1 Coll. Ecole des Mines, 1699.
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GÎTES DE ZINC DE LA PRUSSE RHÉNANE 413
et le Coblentzien, présentent de grandes analogies de structure.
Ils sont, tous deux, composés de schistes, tantôt argileux, tantôt
micacés, alternant avec des grès plus ou moins cimentés et pré-
sentant tous les degrés d'agglutination depuis le grès arénacé
presque entièrement meuble jusqu'à la grauwacke la plus com-
pacte. Cependant les gitesnes'yprésententpasdans des conditions
semblables ; le premier possède des dépôts métallifères importants
d'une exploitation durable, le second ne semble contenir que
des gisements superficiels.
On sait, d'une manière générale, que les fractures filoniennes
sont d'autant plus nettes que les terrains présentent une schis*
tosité et une plasticité moindres et que les amas calaminaires sont
d'autant plus importants que les terrains traversés sont plus faci-
lement attaquables. Nous retrouverons, dans la Prusse Rhénane,
une preuve nouvelle de cette vue théorique.
Un premier type de gisements dans les schistes nous montre
de nombreuses veinules pauvres et difficiles à poursuivre : c'est
le cas à Silbersand et à Luderich ; quand le schiste acquiert une
certaine cristallinité, nous avons les filons plus nets du district
à'Apfel Columbus.
La grauwacke est trop résistante pour donner ainsi des frac-
tures éparpillées; mais sa perméabilité permet, en revanche,
souvent, aux épanchements métallifères, de s'étendre hors de la
fissure (qui passera inaperçue) pour minéraliser, au voisinage,
toute la masse, et ce phénomène est d'autant plus marqué que le
terrain recoupé a un pendage plus voisin de celui de la fracture.
La gangue (et en particulier le quartz) joue alors le rôle d'un
ciment qui augmente la compacité de la grauwacke, tandis que
les métaux, s'infiltrant dans la roche, y forment des concrétions de
toutes grandeurs, depuis les mouches très fines de Luderich et
d'Altglûck jusqu'aux rognons de plusieurs décimètres de dia-
mètre trouvés à Franciska au Sud-Est de Luderich. Lorsque la
grauwacke a été ainsi imprégnée après coup et non à l'époque
du dépôt même, la zone d'imprégnation est toujours très
restreinte.
Quant au rôle joué par les calcaires dans ces formations, nous
en avons assez longuement parlé au Laurium ou en Sardaigne
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414 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
et nous aurons assez l*occasion d'y revenir à la Vieille-Montagne
pour ne point nous en occuper ici.
On a cru remarquer, dans le district de Bensberg, une direction
de fracture N. 100 à 110^
Le remplissage présente, dans tout son ensemble, une unifor-
mité assez remarquable : blende brune, galène et quartz avec
parfois un peu de fer spathique, de chalcopyrite et de cuivre gris.
Quand ce dernier fait défaut, il parait remplacé par des miné-
raux arséniés ou antimoniés de plomb. C'est notamment le cas
à Silbersand, où Ton a constaté, dans toute la partie Sud du
filon, la présence de la boulangérite (antimonio-sulfure de plomb).
On peut remarquer que le carbonate de fer et ses associés anti-
monieux, lorsqu'ils se rencontrent, sont généralement nettement
cristallisés et probablement antérieurs à la blende et à la galène
qui les enveloppe. En outre, il s'est produit postérieurement des
phénomènes de réouverture et de recristallisation qui ont amené
pour la blende, beaucoup plus soluble que la galène, la formation
de belles concentrations géodiques dans les mines de Columbus,
Ludericb et Silbersand.
Les teneurs en argent par tonne de plomb d'œuvre sont à peu
près les suivantes :
Altglûck 400 à 450 grammes
Castor 500 —
Silbersand 500 —
Luderich 550 à 600 —
Examinons maintenant quelques gisements en détail.
1** Groupe du Siebengebirg : Altglûck. Ariadne. — Le gisement
à'Altglûck, intercalé, comme nous l'avons dit, dans le coblent-
zien, présente, dans la partie actuellement exploitée, une direction
N. 40*" E. Les premiers travaux portaient, au contraire, sur une
grauwacke imprégnée. On remarque que les schistes ont, au voi-
sinage du gîte, perdu leur cristallinité pour prendre une texture
argileuse et une couleur grise, sans doute due à la présence d'un
peu de pyrite. C'est un fait qui se retrouve à Silbersand. Le mi-
nerai est presque exclusivement formé de blende avec un peu de
galène; la gangue est quartzeuse. Vers l'extrémité S.-O., le filon
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GItES de zinc de la PRUSSE RHÉNANE 415
a été recoupé par un dyke trachytique, au delà duquel il se pour-
suit en son allure normale, mais en devenant rapidement trop
pauvre pour être exploitable. En profondeur, le gisement, dont la
partie riche se trouvait dans la grauwacke, entre dans le schiste
à 10 mètres environ au-dessous de la galerie d'écoulement et se
disperse en une série de ramifications sans valeur. Le gisement
à"Ariadn€y situé à 1 kilomètre environ de celui d'Allglûck, a été
peu exploré.
2** Groupe de CEifel et de la Moselle; Silbersand, — Le gisement
de Silbersand est, comme celui d'Altglûck, enclavé dans le
coblentzien. Il comprend une série d'amas métallifères que
M. Fuchs regardait comme produits par deux filons distincts.
C'est à rintersection des deux filons ou amas du Nord-Est
qu'avaient été placés les travaux anciens sur des affleurements
de blende, galène, cuivre gris, quartz, fer spathique et boulangé-
rite. La galène et la blende paraissent provenir de Tun des
filons, les minéraux arséniés et antimoniés de l'autre. Les filons
proprement dits sont, en général, éparpillés dans les schistes
pauvres et inexploitables, et ne se sont enrichis qu'à ce croisement
ou à la rencontre de fractures secondaires ayant formé l'amas du
Sud-Ouest. Après épuisement des amas, cette mine a dû, croyons-
nous, être abandonnée.
En dehors de ces gisements plus particulièrement étudiés par
H. Fuchs, on en trouve quelques autres semblables dans la
même région : ainsi à Eiringhauseriy près Altena, des amas calami-
naires de contact entre les schistes et les calcaires, des amas ana-
logues sur le Wupper, dans le district de Diisseldorf , et à Ràsenbeck
dans le district d'Arnsberg.
Le type des filons de blende minces dans les Lenneschiefer se
présente en plusieurs points du pays de Siegen, de Mulheim et
autres : ainsi (en dehors de Bensberg), à Overath, Immekeppel,
Altenbruck.
Nous rappellerons, d'ailleurs, à cette occasion, que ce genre de
filons contenant, soit de la blende, soit delà galène, et plus géné-
ralement de la galène, est abondant en divers points de FAUemagrie
dans les terrains plus anciens, les granités et les gneiss : parmi
ceux où la blende est exploitée avec fruit, on peut citer Wies-
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410 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
baden et Arnsberg sur le Rhin ; Schonau ; Johannengeorgenstaclt
et Freibei^ en Saxe.
Le dévonien moyen comprend encore, en Westphalie^ des
gisements de zinc dont nous devons dire quelques mots : ce sont
ceux de Brilon et Iserlohn.
A Brilon,, les calcaires dévoniens sont traversés par des fentes
très irréguliëres qui s'épanouissent parfois, fentes remplies
d'argile et contenant de la calamine, de la galène, de la blende
et de la pyrite. X Iserlohn, les minerais les plus riches se trouvent
toujours au contact du calcaire de TËifel avec les schistes de la
Lenne sous-jacents. La présence de fossiles transformés en cala-
mine, et de pseudomorphoses de calcite en calamine, établit très
nettement la formation de ces gttes par substitution. Le remplissage
des poches est composé de calamine avec galène, blende, pyrite,
calcite et résidu chimique argileux. Les parois calcaires sont
toujours arrondies, friables, comme rongées. En profondeur, la
blende devient prédominante et, comme la calamine, minéralisé des
fossiles ou pseudomorphose de la calcite. A Bergish Gladbach *, la
calamine se trouve dans des entonnoirs ayant jusqu'à 22 mètres
d'épaisseur et dont elle tapisse les parois sur 1 mètre d'épaisseur,
avec imprégnations de galène. Elle est associée, comme cela arrive
souvent, avec du gypse. L'entonnoir lui-même est rempli par une
argile grise oligocène contenant du lignite.
Bibliographie,
1846. RivoT. — Sur la houillère et les mines de zinc de Stollberg (Prusse
Rhénane). (Ann. rf. Jf ., 4®, t. X, p. 469.)
1849. Rivière. — Filous de blende et galèue dans la grauwacke (Prusse
Rhénane). (B, S. G,, 2«, t. VI, p. 17.)
1850. Castendyck. — Sur Brilon. — (Berg. u. H. Zeit., 1850, p. 089.)
1860. Traîner. — Sur Iserlohn. — (Verhandl. d. naturh Verein d. preuss. u.
Westf.,1860, p. 261.)
1871. Gallds. — (16îd., p. 63.)
1873. Von-Dechen. — Die nutzb. Mineralien u. Geb. inDeuts:h., p. 524.
1879. Groddbck, p. 325.
FucHs. — Notes de voyage inédites.
1883. D*Acnii^Di, p. 458.
1 Huet. ZeiUch. d. d. geol. Gesellsch., t. IV, p. 571.
1879. Groddeck, p. 326.
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CALAMINES DE LA VIEILLE-MONTAGNE, ETC. 417
GISEMENTS DE ZINC DANS LE CARBONIFÈRE
PRUSSE RHÉNANE, DENBIGHSHIRE ET FLINTSHIRE
L'Allemagne comprend quelques gisements de zinc, situés dans
le calcaire carbonifère, qui se rattachent assez directement à ceux
post-houillers que nous étudierons bientôt en Belgique. Aux
environs d'Aix-la-Chapelle, à Nerim et à Eupen, on exploite
la calamine ; des filons de blende existent aux environs de Haste-
tenrath^ Busbach^ Hassenberg y Walheim^ WalhotTi, Lontzen^
Lauersberffy sur la rive gauche du Rhin.
En ^ngleterrey le calcaire carbonifère produit également une
certaine proportion de calamine : à Minera, dans le Denbigshire
et à Neuthead dans le Cumberland.
CALAMINES DE BELGIQUE
VIEILLE-MONTAGNE, WELKENRAEDT, ETC.»
Les gisements de zinc et de plomb, groupés autour de Moresne
en Belgique, dans une zone de 150 kilomètres de long comprise
entre Aix-la-Chapelle et Philippeville et dont le fameux amas
calaminaire, successivement nommé Vieille-Montagne, Altenberg^
et Kelmisberg^ forme le centre industriel, présentent des appa-
rences très diverses ; aussi les a-t-on souvent classés en un cer-
tain nombre de catégories distinctes. En réalité, leur mode de
constitution s'explique très aisément, comme pour tous les dépôts
de même genre, par Faction d'eaux thermales amenées par des
fractures sur des terrains inégalement résistants composés de
grès, schistes et calcaires, et, plus tard, par un métamorphisme
superficiel.
Si Ton examine une carte géologique du district, on voit (fig 233)
qu'il est formé d'un certain nombre de plis de dévonien, de car-
bonifère et de houille recouverts par du crétacé discordant. Ces
1 Coll. Ecole des Mines, 1565.
GÉOLOGIE. — T. II. 27
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418 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
plis, qu'on doit rattacher au grand plissement du Hainaut, sont si
multipliés qu'une droite allant de la mine Rudolpb à celle du Blei-
berg en recoupe 8 en 10 kilomètres. En outre, des érosions pos-
térieures, ayant creusé des vallées à travers ces terrains crétacés,
ont fait, en quelques points, reparaître, au-dessous d'eux, les
terrains anciens minéralisés. Il est évident, d'ailleurs, que ces
creusements de vallées n'ont pu mettre à découvert qu'une faible
16nc Alfred
Fig. 253. — Coupe N.-O. S.-E. de la Vieille -Montagne (d*après Max Braun).
A, bouiller. — c, carbonifère. — d, dévoniea.
proportion des amas de calamine cachés au-dessous, et que la
plus grande partie de ceux-ci se trouve, par suite, perdue pour
l'industrie humaine.
Les gîtes métallifères sont en relation avec un certain nombre
de fractures dirigées N.N.O.-S.S.E. qui traversent les terrains
anciens et qui paraissent avoir donné passage aux eaux miné-
rales. Max Braun a depuis longtemps remarqué que les amas se
concentraient de préférence sur les points d'intersection dç ces
failles avec les limites des terrains «.
Quelquefois les failles elles-mêmes sont métallifères dans le
calcaire, et le filon du Bleiberg, un des plus importants du pays,
en est un exemple, ainsi que les fiions du Breiniger-Bei^, près de
StoUberg. Dans le terrain bouiller, les grauwackes et les schistes,
les fractures sont, au contraire, stériles. On peut admettre que,
lors des mouvements du sol qui ont préparé la venue des sources
métallifères, les roches plastiques, comme les schistes houillers
et dévoniens, ont subi plutôt des froissements de détail que des
dislocations d'ensemble, tandis que les roches résistantes, calcaires
et grès, étaient obligées de se fracturer. Grès et calcaires ayant
opposé eux-mêmes une inégale résistance, les fentes se disloquent
en passant de l'un à Tautre; ainsi, au Bleiberg, on voit une faille,
1 Au Laurium, en Sardaigne, etc., nous avons, de même, fait ressortir le rdledes dia-
clases.
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CALAMINES DE LA VIEILLE-MONTAGNE, ETC«
419
N. 35 à 38*» 0. dans les grès houiilers, devenir N. 45^ 0. dans les
calcaires carbonifères.
C'est sous la forme d'amas et de couches de substitution que
se présentent les principales masses calaminaires exploitées. Nous
reproduisons ici, pour l'amas de Welkenraedt près d'Aix-la-Cha-
pelle, quelques-unes des figures, devenues classiques, de Max Braun
(fig. 254 à 256).
Fig. 254. — Coupe horizontale du gîte de Wellcenraedt (d'après Max Braun).
FIg. 25o. — Coupe verticale suivant a p. Fig. 256. — Coupe verticale suivant y ^«
Les gîtes de cette région peuvent fournir d'excellentstypes, d'au-
tant plus complets qu'une exploitation, très avancée sinon terminée,
les a fait généralement connaître dans toutes leurs parties.
Cet amas de Welkenraedt s'étend sur 230 mètres de long, au
toit du calcaire carbonifère qu'il a totalement remplacé et au-
dessous d'une couche imperméable de schistes houiilers, dans des
conditions qui rappellent le Laurium. Il a, comme les couches
encaissantes, une très forte inclinaison et participe à leurs con-
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420 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tournements et plissements, les eaux qui ront formé ayant cons-
tamment suivi la bande calcaire. La partie inférieure du gîte, au
voisinage du calcaire, est de la calamine tantôt homogène, géo-
dique, lamellaire, testacée, tantôt terreuse, devenant ferrugineuse
près de la surface et passant à du minerai de fer ou à une masse
argileuse avec inclusions d'hématite brune. La partie supérieure,
qui confine au schiste, est formée d'une argile noire contenant des
rognons et des veines de sulfures métalliques, blende, galène et
pyrite. Cette zone de sulfures métalliques du toit, qui représente
la forme originelle du dépôt des eaux minéralisatrices, là où elles
n'ont pas trouvé un calcaire à corroder, se prolonge, comme il
est naturel, au delà de la zone des calamines ; elle forme le toit
du carbonifère sur 2 000 à 2 400 mètres. Nous avons trouvé, de
même, auLaurium, au-dessous des calamines du troisième contact,
une zone imprégnée de sulfures que M. Huet nous parait avoir
bien expliquée, dans ce cas, parlarrèt prolongé des eaux thermales
et leur épanchement en direction le long d'un toit de schistes qui
leur résistait.
A Philippevilley en Belgique, on rencontre, également, la cala-
mine sur 3 ou 4 kilomètres de longueur, entre le calcaire dévonien
et les phyllades. Les minerais se présentent sous forme d'inclu-
sions de galène et de blende dans le calcaire. Us ont été quelquefois
décrits comme des couches contemporaines du dépôt. Le fait que
ces couches se retrouvent, en tant de gîtes différents, entre des
calcaires et des schistes, nous paraît contraire à cette hypothèse.
Le gisement de Moresnet, successivement désigné sous les noms
de Vieille- Montagne j Altenberg, Kelmisberg, se présente dans des
conditions tout à fait spéciales : on y trouve, en effet, la calamine
à l'extrémité Nord d'une cuvette de calcaire carbonifère, entre un
toit de calcaire dolomitique et des schistes dévoniens, avec inter-
calation épaisse de dolomie quartzeuse,* schistes reposant eux-
mêmes sur une granulite compacte (fig. 237 à 261).
La dolomie quartzeuse, qui forme le bassin inférieur dans lequel
s'adapte la cuvette calaminaire, est extrêmement poreuse, et sa
perméabilité aux eaux d'infiltration de tout ordre a même apporté
parfois, en profondeur, quelques difficultés aux travaux de lamine.
Le calcaire dolomitique, qui est au toit de la calamine, est plus corn-
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CALAMINES DE LA VIEILLE-MONTAGNE
421
paci et sa dolomitisation parait, jusqu'à un certain point, en rela-
tion avec la formation métallifère. Il semble net que, dans ce gise-
ment, la calamine s'est substituée localement à des bancs de
calcaire dolomitique.
La ligne d'ennoyage ou thalweg de ce bassin a un plonge-
lî Fig. 257. — Coupe verticale du gtte de la Vieille-Montagne.
Fig. 260. — Coupe
verticale suivantee.
Fig. 258.— Coupe verticale
à 18 mètres de profondeur
(Vieille-Montagne).
Fig. 259. ~ Coupe
horizontale à 50 m.
de profondeur.
Fig. 261. — Coupe
verticale suivant
99-
ment qui varie de 10 à {&". Les bords sont, au contraire, à peu
près verticaux (fig. 257, 260, 261). Vers l'extrémité septentrionale,
le bassin est occupé presque tout entier par la formation métalli-
fère. Au centre, au contraire, on rencontre une intercalation de
calcaire dolomitique déforme irrégulière et rognonneuse, en sorte
qu'on a distingué, dans Texploitation, deux amas : gîte Nord et
gîte Sud de Moresnet, dont le premier, mesurant 340 000 mètres
cubes, a produit près de 1 000 000 tonnes de calamine.
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422 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le remplissage de ce gîte est formé par de la calamine, c'est-à-
dire, dans ce cas, par un mélange compact, grenu et faiblement
cristallin de silicate hydraté et de carbonate de zinc dans lequel le
silicate a un rôle prépondérant; généralement, le carbonate est
superposé au silicate. La galène, la blende et la pyrite ne sont
qu'à Tétat de traces. Dans les parties supérieures du gite, la cris-
tallinité est assez développée, on y a trouvé beaucoup de géodes
contenant des cristaux de smithsonite, willémite, calamine et cal-
cite. Très accidentellement, on a rencontré, soit dans le gîte lui-
même, soit dans les fissures de la dolomie, quelques cristaux de
gypse. Les calamines terreuses présentent souvent une structure
fragmentaire qui peut faire penser que le remplissage ne s'est pas
fait en une fois, mais par réouvertures successives.
Gomme dernière matière de remplissage, il faut mentionner,
dans les gîtes de Belgique, une argile verdâtre, la Moresnetite, qui
renferme du zinc en proportions assez diverses et atteignant jus-
qu'à 18 p. 100. Il est possible qu'elle représente le résidu de la
dissolution du calcaire.
Ce gîte de la Vieille-Montagne a commencé par une véritable
colline de calamine pure exploitée à ciel ouvert. En 1882, on en a
retiré les dernières bennes de minerai.
Le gîte de Bleiberg est intéressant, parce qu'on a pu suivre le
filon au delà du calcaire et l'exploiter pour blende, galène et
pyrite dans le terrain houiller.
Enfin, à Diegenbusch^ on peut signaler l'application, plus théo-
rique que pratique, que l'on a voulu faire de la loi autorisant à
concéder, sur le même point, à des personnes différentes, des métaux
divers. On s'était imaginé que la calamine et la blende pouvaient être
exploitées d'une manière indépendante, la première devant se trouver
au-dessus de la seconde comme un résultat d'action superficielle.
Il s'est trouvé qu'en réalité la calamine existait, en bien des
points, concentrée au fond delà cuvette calcaire, au-dessous de la
blende et il en est résulté d'inextricables complications. Ce résul-
tat, qui s'est trouvé juridiquement constaté, présente quelque
intérêt au point de vue géologique.
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ZINC DES ALPES (rAIBL^ BERGAME, ETC.) 423
Bibliographie.
1821. Manès. — (Afin. d. M., t. VI, p. 499.)
1826. BouESNBL. — (Ann. d. M., 1826, t. XII, p. 243.)
1841 . Omalius d'Halloy. — (BulL géoL, p. 242.)
1844. PioT. — (Ann. d. M., t. V, p. 165. (Cf. v. Leonk.jahrb., 1845, p. 366.)
1846. RivoT. ~ Sur la houillère et les mines de zinc de Stollberg (Prusse
Rhénane). (Ann. d. Jf ., 4% t. X, p. 469.)
1846. BuLAT. — Eludes sur les giles calaminifères en Belgique.
ÛEunhausen. —Dans Noggerath's Rkeinlind Westphalieny t. lll, p. 200.
1850. Delanoue. — Géogénie des gtles calaminaires. (Ann. d. 1/., 4«, t. XVII,
p. 456.)
1853. RuBLOOX. — (Karstens Arch., t. XX, p. 677.) Cf. Ann. d. trav. publ.
de Belg., 1849, l. VH, et 1851, t. X.
♦ 1857. Braon. — (ZeiiscAr. d, d. geol. Gesellsch,, t. IX, p. 354.)
1863. Legtte calaminaire de la Vieille-Montagne. (Bull. Soc. geoL, t. XX»
p. 311.)
1873. PoNNET. — On the zinc and lead mines à la Vieille-Montagne. (Trans.
of the geol. Society of Cornwale, t. VII, p. 239.)
1874. BuRAT. — Géologie appliquée, II, 157.
1879. — Groddbck, p. 327.
1881. Dewalqub. — Réunion de la Société géologique à Verviers.
1883. d'Achiardi, p. 456.
GISEMENTS DE ZINC PERMOTRIASIQUES
(CARTHAGÈNE, RÉGION ALPESTRE, WIESLOCH, GARD, VAR)
Les terrains permotriasiques comptent, dans un gtànd nombre
de régions d'Europe, en particulier le long de la chaîne hercy-
nienne, parmi les plus minéralisés ; les gisements de zinc, en par-
ticulier, y sont fréquents, gisements qui, suivant une remarque
plusieurs fois énoncée déjà, prennent, dans les roches primitives ou
les schistes, Tallure de filons de blende plus ou moins complexes,
passent parfois, dans les grès, à des couches d'imprégnation assez
étendues et s'étendent, dans les calcaires, en amas calaminaires.
Quand nous parlerons, plus tard, des gisements subordonnés aux
terrains sédimentaires, nous aurons à mentionner : dans le per-
mien, ceux de Garthagëne; dans le muschelkalk, ceux de la haute
Silésie. Nous nous contenterons de décrire, pour le moment, ceux
de la région alpestre : Raibl en Carinthie, Bergame en Lombar-
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424 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
die, Wiesloch dans le duché de Bade ; puis nous passerons à
ceux de la bordure Sud-Est du Plateau Central français dans le
Gard, la Lozère, etc., qui s*étendent à tous les terrains de la
région jusqu*à Toxfordien.
GiTES DE ZINC DE LA RÉGION ALPESTRE
» (raibl, cilli, sagor, bergame)
On connaît, dans les Alpes orientales, au Nord et au Sud de la
grande chaîne de roches cristallines Est-Ouest qui constitue les
Tauern, deux groupes de gîtes plombo-zincifères d'inégale impor-
tance, appartenant aux calcaires triasiques.
Le premier se montre dans les Alpes septentrionales, dans le
Tyrol bavarois; il peut être observé sur 90 kilomètres de longueur
en passant par Nassereit, Inspruck, etc.
Le second se trouve dans les Alpes méridionales ; il s'étend, sur
225 kilomètres environ, à travers la haute Italie, la Garinthie, la
Styrie, la Carniole et la Croatie et comprend les exploitations de
Ponte di Nossa (près Bergame), de Greifenburg, de Raibl, du
Bleiberg carinthien, deVillach, de Klaggenfurth, etc.
Le plus important et le mieux connu de ces gîtes, grâce aux
beaux travaux de Poszepny, est celui de Baibl en Garinthie*.
Le trias, avec une légère inclinaison générale vers le Sud, com-
prend, dans cette région, de haut en bas :
Dolomie principale ;
Schiste marneux ou argileux de Raibl ;
Formation métallifère :
Tufs de Kaltwasser.
Des failles Nord-Sud y produisent des rejets de 40 à 60 mètres
et paraissent, comme à la Vieille-Montagne, avoir joué un rôle
dans la formation du gisement ; les minerais se trouvent souvent
à leur voisinage^ au-dessous des couches schisteuses de Raibl qui
* 1873. Poszepny. Jahrb, d. AT. AT. geol. Reichs.^U XXin,p. 317.
1879. Groddeck, p. 334.
Daubrée. Eaux souterr., p. 10.
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ZINC DES ALPES (rAIBL, BERGAME, ETC.)
425
ont opposé à Tascension des eaux un obstacle imperméable. Ils
sont répartis dans une formation complexe, de 1 000 mètres
environ, appelée par Poszepny calcaire métallifère et qui com-
prend^ en réalité, des calcaires, des calcscbistes, des dolomies et
des schistes dolomitiques.
Poszepny a distingué : 1** les gîtes de galène et de blende ;
2'' les gites de calamine.
Les premiers se trouvent principalement dans une dolomie
voisine des schistes du toit, à
l'état de remplissages irrégu-
liers le long des failles. Sur la
paroi de la cavité, on observe,
en général, des couches con-
centriques de blende d'abord,
puis de galène et, au centre,
de dolomie (fig. 262). La bary-
tine est rare ; la smithsonite et
la céruse se présentent comme
produits de décomposition.
Enfln, des stalactites de ga-
lène et de blende prouvent
que le remplissage a bien été
opéré par la circulation de so-
lutions métalliques dans des
cavités en forme de grottes
préexistantes.
Les gîtes calaminaires, au contraire, se présentent comme pro-
duits de substitution le long de fentes. Souvent des fragments
calcaires subsistent au milieu de la calamine; d^autres fois, celle-ci
a conservé la structure caractéristique du calcaire : c'est ainsi
qu'on retrouve la forme si spéciale des cargneules (rauchwacke)
du trias avec leurs parois transformées en calamine et les cel-
lules remplies de limonile zincifère et terreuse (moth).
La calamine de Raibl est formée principalement de carbonate
de zinc anhydre (calamine rouge), plus rarement de carbonate
hydraté (calamine blanche), et, très rarement, de silicate.
La même région présente un certain nombre d'autres gise-
Fig. 262. — Remplissages de grottes à
Raibl (d'après Poszepny).
a, dolomie «pathique ; — b, blende ; — c, galène.
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426 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ments^ de zinc comparables, dont les minerais sont traités en
grande partie dans des usines à zinc établies à Sagor et à Cilli,
sur la ligne du chemin de fer de Laibach à Marbourg, au voi-
sinage des grandes exploitations de lignite de Trifail, Sagor, etc.
C'est ainsi que Tusine de Sago7* consommait, en 1883, lors de
notre visite :
20 tonnes de calamine venant de Jauken en Garinthie.
12 40 — à 30 p. iOO de zinc (58 après calcination) d*Auronzo (près
Toblach), en Italie.
12 50 — à 40 p. 100 (après calcination) de Raibl.
60 — — — du Bleiberg allemand.
3 30 — de blende à 54 p. 100 (après grillage) de Raibl.
4 00 — du Bleiberg.
11 00 — de Deutschfeistritz en Styrie.
A ce moment, la tonne de minerai de Raibl coûtait 55 francs
rendue à Tusine.
Les minerais consommés à Cilli venaient surtout de Raibl, et
un peu du Bleiberg.
Dans la partie italienne de cette zone métallifère alpestre, nous
avons eu l'occasion de visiter des gisements de calamine à Ponte
di Nossa^ au voisinage de Bergame. Ces mines de Ponte di Nossa,
exploitées par une compagnie anglaise, comprennent plusieurs
districts, Oneta, Dossena, Oltro il Colle, Gorno et Premolo.
A Oneta, la calamine est concentrée dans les fractures et les
poches d'un calcaire dolomitique à Gervillia Biplicata de 1 200
mètres de haut, situé, dans le trias, entre les couches de Raibl et
les calcaires de Dachstein ; elle est accompagnée d'un peu d'argile
blanche zincifère analogue à la Moresnetite et d'argile brune qui
parait le résidu d'une action chimique. Les principaux amas de
calamine se trouvent souvent, comme au Laurium, comme à
Raibl, etc., au-dessous d'une mince couche de schistes.
En 1890, les mines du val Seriana et du val Brembana (Vaca-
reggio et Arera) près Bergame, ont produit H 487 tonnes de
calamine.
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GÎTES DE ZINC DE WIESLOCH, ETC. 427
Bibliographie.
1850. Krcg von Nidda. — (Zet/s. d. d. geoï. Gesellsch.y t. II, p. 206.)
1853. Carnall. (Zeitsch. f, d, B, H,., prussien. , t. 1, 1853, p. 3.)
1857. Websky. — (Zet(5cA. d. d. geoL Gesellsck,, t. IX, 1857, p. 7.)
1870. RuNGE et Rœmer. — Geolog. von Oberschlesien, p. 545 et 556.
1873. PiETscH. — (Zeits. f. d. B. H. etc. prussien,, t. XXI, 1873, p. 292.)
1873. PoszEPNY. — {Jakrb. d. K.K. geol. Reichsanst., 1873, t. XXIII, p. 317,
contient une bibliographie antérieure.)
1879. Groddeck, p. 337.
GÎTES DE ZINC PERMOTRIASIQUES
DE L'ALLEMAGNE OCCIDENTALE
(MUNSTER, WIESLOCH)*
Le permien et le trias des régions rhénanes comprennent éga-
lement un certain nombre de gisements de zinc.
Dans le permien, on peut citer ceux des environs de Kûmper,
Holtkamp et Overmeier dans le district de Munster, où le minerai
de zinc, en amas informes, contenant de la dolomie et de l'argile,
repose sur de^ schistes cuprifères, et ceux de Osnabriick où le
minerai est associé à du minerai de fer et se présente dans la
même dolomie du Zechstein.
Dans le trias, plus riche en calcaire que le permien, les gi-
sements calaminaires sont en plus grand nombre ; particulière-
ment dans Tétage calcaire du Muschelkalk. C'est à ce niveau qu'on
rattache les mines de Wiesloch^ dans le pays de Baden, aussi bien
que celles de la Silésie supérieure.
A Wiesloch dans la Forêt-Noire (Grand-Duché de Bade), la
calamine se trouve dans des fentes transversales presque verti-
* 1852. Leonhards Jahrbuch, p. 907. — Cotta, p. 182. — Groddeck, p. 343. — Dau-
brée : Eaux août., p. 110. — D'Achiardi, l. Il, p. 459.
1881. 8chmidt.Di6 Zinkerzlàg. v. Wiesloch. (Verh. d. Nat. Med. Ver. Heidelberg,1881.
25, 122 : Am. J. Se., 1881, 21, 126,502, etc..)
V. Dechen, Slu. Nat. Ver. preuss. Rheinl, u. Westf. (4) 8,2,94.
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428 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
cales traversant le calcaire du Muschelkalk. On y trouve de nom-
breux fossiles transformés en calamine. La calamine est accom-
pagnée de blende, de limonite, de marcassite et de galène qu'on
avait, comme cela est arrivé dans bien des gisements de zinc,
commencé par exploiter.
La calamine est toujours plus ou moins ferrifère et ordi-
nairement de couleur brune ; elle est quelquefois cadmifëre,
comme la variété dite cédrine, qui contient 3,36 p. 100 de car-
bonate de cadmium. Elle est tantôt en cristaux limpides comme
ceux des géodes, tantôt granulaire, soit compacte, soit en stalac-
tites et portant souvent des traces visibles de pseudomorphose
postérieure : on trouve, en effet, parfois des masses de calamine
conservant, au centre, un noyau inaltéré de blende qui en montre
bien la dérivation. La blende est ordinairement concrétionnée ;
c'est surtout la variété appelée par les Allemands schaalenblende,
qui forme de petites couches de diverses couleurs, de teintes
pâles, dans lesquelles s'intercalent de la galène et de la pyrite
et qui contient parfois, paraît-il, des restes organiques observés
par Ad. Schmidt au microscope : preuve, entre bien d'autres, de
son origine aqueuse.
Ces minerais, indépendamment des fractures originelles, se
rencontrent encore à divers niveaux dans des calcaires dits iro-
chitenkalky en particulier entre deux couches de calcaire à
•encrines et y forment des lits et des bancs d'une extension irré-
gulière et d'une pureté variable ; on y trouve de Targile et de
la limonite, outre les autres minerais cités plus haut, qui s'y
associent en proportions variables. La roche est dolomitique à
proximité de la masse métallifère, dont la puissance est de 6
à 7 mètres et quelquefois plus. Le plus petit dépôt a une lon-
gueur de 140 mètres, une largeur de 70 mètres; le plus grand
a 6 à 700 mètres. Les exploitations actuelles portent sur trois
niveaux métallifères situés immédiatement au-dessous de la couche
supérieure à encrines, qui forme là le toit ou Deckstein.
En dehors de Wiesloch, on trouve encore des minerais de zinc,
sans qu'on les y utilise, en beaucoup [d'autres points de la Forêt
Noire et de l'Odenwald, par exemple à Untergrombach^ SU-
berhelle près Bruchsal^ Eschelbronn^ etc...
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GÎTES DE ZINC DE l'aRDÉCHE ET DU GARD 429
GÎTES DE ZINC DE L'ARDÈCHE ET DU GARD
(MERGLON, ALAIS, LES MALINES, ETC.)
Les départements français, Drôme, Ardèche, Gard, Hérault, qui
longent la bordure Sud-Est du Plateau Central, bordure si recli-
ligne et si fortement marquée par des failles, comprennent de très
nombreux gisements de métaux divers, plomb, zinc, fer, etc., en
relation presque toujours bien visible avec les dislocations qui ont
affecté le pays. Ces gisements se trouvent souvent dans les ter-
rains triasiques qui longent immédiatement les roches primitives,
mais ils ont pénétré également dans hes terrains jurassiques : oxfor-
dien à Merglon, bajocicn aux Malines, infralias près d'Alais, etc.
Beaucoup d'entre eux ont été concédés et exploités. Autrefois,
un petit nombre Tout été d*une façon fructueuse. Parmi les gîtes
de zinc, le seul réellement prospère est aujourd'hui celui des
Malines. Les minerais extraits, qu'on avait essayé jadis de
traiter dans les usines de la Pise et du Bousquet dépendant de la
société des zincs français, sont actuellement, pour la plupart, trans-
portés en Belgique. Il existe cependant, dans TAveyron, deux usines
à zinc, dépendant de la Vieille-Montagne, celle de Viviez qui fait
la distillation des minerais de Sardaigne et de Grèce, celle de
Panchot qui fait le laminage.
Nous allons passer successivement en revue, du Nord au Sud,
les principaux groupes de gisements, qui sont : dans la Drôme,
Merglon, en Ardèche ; Saint-Cierge ; dans le Gard, Alais, Saint-Lau-
rent-les-Minier, les Malines, etc.
Merglon (DrAme) *. — La concession de Merglon date du 1®' jan-
vier 1889. Les gîtes exploités s'étendent sur le versant occidental
de la montagne de Piémart qui forme, en face du boui^ de Châtil-
lon-en-Diois, la rive gauche du Bez, affluent de la Drôme. La
montagne est constituée par des marnes et calcaires oxfordiens
ayant leur pendago vers TEst, les marnes dominant au pied, les
^ Renseignements communiqués par M. Prost.
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430 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
calcaires prenant plus d'imporlance à mesure que Ton s'élève. Dans
ces derniers, on trouve, vers les cotes 310 à 320 au-dessus du Bez,
de nombreuses poches calaminaires dont les travaux de recherche
ont malheureusement montré Tarrêt en profondeur. Mais quatre de
ces amas, ont, au contraire, un caractère filonien et ont permis à
l'exploitation de se développer. Ils sont groupés dans un grand
filon dirigé N.IS^'E. avec une inclinaison à peu de chose près
verticale, tantôt vers le Nord, tantôt vers le Sud et dont la puis-
sance, très variable, atteignait iO mètres à l'avancement en 1889.
Ce filon est bien caractérisé avec épontes nettes et solides, quel-
quefois même un peu de salbandes. Il est formé de calcite à
laquelle se substitue, par places, la calamine (carbonate) disposée
sous forme de colonnes inclinées, c'est-à-dire que la minéralisa*
tion se suit en bandes inclinées vers l'Est à 35° environ (incli-
naison plus forte que celle des terrains encaissants). La blende et
la galène s'y rencontrent, mais, jusqu'ici, à l'état très accidentel.
La coupe ci-jointe (fig. 263)
/ montre la disposition des quatre
/ amas reconnus jusqu'à aujour-
.a.^A^^L fts^m^/a.A/»i^ L'amas 1 est irrégulier et
*X %^^^ ^k^k pauvre ; il contient , sur 25 cen-
/ ^ ^^fe^ timèlres d'épaisseur à peine , un
/ J^^ minerai ferrugineux, peu riche
^ MontSiàne àa Piemart ° , ,
® en zmc, légèrement plombifère.
Fig. ^63.- Coupe verticale du ffîte de L'amas 2 est le plus riche de
zinc de Merglon, faite suivant le plan , ^
du liion. (Cotes au-dessus du Bez au la concession. Il a été rencontré
pont de Merglon ) .
à tous les niveaux avec une puis-
sance variable de 0,50 à 4 mètres et une longueur assez constante
d'environ 20 mètres.
L'amas n"* 3 n'atteint pas le niveau supérieur ; il a 12 à
-13 mètres de large au niveau de la seconde galerie où sa traversée
a été de 21 mètres.
Quant à Tamas n^ 4, il est très irrégulier, ne fournit guère
comme minerai que des terres calaminaires, et sa puissance
dépasse à peine 20 à 25 centimètres avec des étranglements nom-
breux.
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GItES de zinc du GARD 431
La calamine^ certainement reconnue en 1889, est évaluée à
25 000 tonnes.
Les terrains encaissants sont, dans les travaux actnds^ presque
uniquement calcaires.
En résumé, il s'agit là d'un gisement, calaminaire comme com-
position, filonien comme allure, les eaux chargées de zinc ayant
docilement suivi la fracture du filon sans corroder les roches
encaissantes.
La proportion de minerais extraits a été, en 1889 :
Minerais bruts. Blende. Galène. Stérile. Calamine crue.
5 715 U 62 L 28 t. 342 l. 5 390 t.
Le personnel ouvrier comprend 18 mineurs et 26 manœuvres.
Prix de revient. — La calamine grosse triée, à 50 p. 100 de
zinc, vaut, sur le carreau de la mine, environ 45 francs. Il faut y
ajouter :
Frais de calcination • 4,20
Transport à Pont de la Deule 31/25
35,45
Pour les autres catégories, il faut admettre, comme pertes au
lavage : 20 à 23 p. 100 pour la calamine moyenne, 55 p. 100 pour
les terres calaminaires ; d'où se déduisent les valeurs, 33 et 20.
Enfin la perte à la calcination étant de 30 p. 100, on trouve
pour la valeur des produits à l'extraction :
Gros. . . 31,50 Menu . . 24,50 Terres . . 14,00
Groupe d'Alais et de Saint-Laurent-le- Minier (Gard) '. — Les
environs d'Alais sont assez fortement minéralisés, sans que les
gisements présentent, en général, une bien grande importance.
Cette minéralisation a porté sur des couches perméables ou atta-
quables d'âge assez différent, en particulier sur une dolomîe infra-
liasique située au-dessous d'un calcaire liasique plus siliceux,
dolomie que certains sondages, destinés à rechercher le prolonge-
ment du bassin houiller du Gard, ont recoupée sur près de
« D'après des notes manuscrites de M. Fuchs. Voir la carte, fig. 44, t. f, p. 292.
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432 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
300 mètres. L'altération superGcielle des pyrites, abondantes dans
cette couche, lui donne souvent une teinte rouge caractéris-
tique qui tranche nettement sur les escarpements blancs du terrain
jurassique et les teintes grises du houiller. Plus au Sud, on retrouve
des gisements de zinc semblables jusque dans le bajocien (aux
Matines).
Le Groupe de Clairac* est situé au Nord d'Alais, près de
Bessèges. Il est formé d'une série de filons très nets, orientés
N. 43 à 50"" 0, sur la rive gauche du Gardon d'Alais. Les roches
encaissantes sont des calcaires noirs siliceux liasiques, d'aspect
ruiniforme, qui ont résisté à l'imprégnation calaminaire. Ces filons
sont 4ous situés dans le voisinage d'une grande faille qui suit les
marnes du lias en contact avec les dolomies siliceuses de la base
de cette formation. Le remplissage est formé de blende brune
cristallisée avec mouches de galène. La calamine n*est qu'acci-
dentelle. La longueur reconnue de ces filons était, en moyenne,
de 80 mètres; leur puissance, très inégale, de 0, 15 à 1 mètre.
A Clarpon, près de Bessèges, on a exploité de la blende mélan-
gée de calamine. Tout le groupe d'A/ais proprement dit, qui a
alimenté autrefois l'usine de la Pise, est assez pauvre. On est sur-
tout gêné, pour le traitement, par le continuel changement de
teneur des minerais et par la présence de la barytine, qui donne
du sulfure de barium et perce les creusets.
D'une manière générale, on peut dire que, dans les remplissages
sulfurés, la blende est rare et que la pyrite de fer domine de beau-
coup ; nous avons parlé des • gîtes de Saint-Julien ', Saint-
Florent, etc..
A CendraSy près d'Alais, la Yieille-Montagne a fait exploiter
une assez belle couche de calamine ferreuse dans une colline dont
la coupe serait, de haut en bas :
1 . Calcaires jarassiqaes ;
2. Marnes brunâtres caractéristîsques ;
3. Couche ferreuse avec calamine ;
4. Calamine et blende ;
5. Marnes irisées.
< Coll. École des Mines, 1972.
* Tome I, page 296. Voir Coll. Ecole des Mines, 1974.
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GÎTES DE ZINC DU GARD 433
Le groupe de Rousson est situé à 4 kilomètres de la station de
Salindres et à 12 kilomètres environ d'Alais. C'est un des gîtes
les plus complexes de la région :
.A A la Croix de Fauri, la partie métallifère est située à l'Ouest
d'une grande faille qui met en contact le néocomien et Toxfor-
dien, ce dernier étant seul minéralisé. L'aspect des gisements a été
comparé par M. Fuchs à celui des phosphorites du Quercy ; même
irrégularité dans la forme et dans la teneur, même variété dans
les poches, même appauvrissement rapide en profondeur.
B, Landas est à l'Ouest de la Croix de Fauri. Les gîtes sont
en relation avec une grande cassure accompagnée de dénivellation ,
dans des calcaires d'âge très différent, oxfordien, bajocien, lias
moyen. Le minerai est essentiellement formé par de la calamine
cloisonnée d'un rose grisâtre, tantôt compacte, tantôt feuilletée^
contenant accidentellement quelques mouches de galène et de
blende.
Les terres calaminaires sont toujours fréquentes dans ces
poches.
Le groupe de Pallières est situé à 600 mètres environ à l'Est du
Mas d'Etzas, près du village de Saint-Félix-des-Pallières et à
4 kilomètres environ au Nord de celui de Coste Durfort, dont nous
parlerons ensuite.
On y trouve deux filons recoupant les calcaires siliceux du lias à
gryphées arquées reposant sur des quartzites, eux-mêmes en con-
tact avec le granité. Ils sont accompagnés d'amas et comprennent
galène, pyrite, blende et calamine.
Le groupe de Saint-Laurent-le-Minier se trouve à l'Ouest de
Ganges, sur la rive gauche de la Visse, affluent de l'Hérault, et
comprend une série de gisements, dont le seul vraiment sérieux
est aujourd'hui celui des Malines, concédé en 1883. Les autres, qui
ont donné lieu un moment à de grandes espérances, conservent,
tout au moins, un intérêt géologique : ce sont les Avinières, Fons
Bouillans, Mas Rigal, Maudesse, etc., pour la plupart abandonnés
ou près de l'être. L'allure filonienne s'y juxtapose, comme dans
toute cette région, à l'allure d'imprégnations postérieures ou même
contemporaines.
GÉOLOGIE. — T. II. 28
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434 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les MalinesK — Cette concession, qui date de 1883, et qui a
acquis récemment une grande prospérité, se compose de deux
parties distinctes :
i'^ Une série d'amas sont situés à la montagne des Malines, à quel-
ques kilomètres des Avinières (voir plus loin) dans les dolomies de
l'oolithe inférieure : horizon caractéristique de l'arrondissement
du Vigan et des régions voisines de la Lozère et de FAveyron.
Ces amas, très variés d'allure, de nature et d'épaisseur, tantôt
s'infiltrent dans les cassures de la roche, tantôt font corps avec
la masse calcaire dont ils englobent des blocs de volume divers.
D'après M. Lodin, les amas trouvés dans ces dernières années
seraient de véritables remplissages de grottes comparables à ceux
de Raibl.
Ils renferment trois minerais : la calamine, la plus abondante,
avec toutes ses variétés; la blende, orangée, rouge-brun ou brune;
la galène à petites ou à larges facettes. On rencontre encore la
smithsonite, Thydrozincite, la pyromorphite, l'anglésite. Ce minerai
est riche et argentifère.
2"^ Un grand filon, dit de Castelnau, traverse les calcaires du
terrain primitif sur lesquels reposent les dolomies des Malines. Ce
filon, de direction E.-O., plonge vers le Sud et présente des
affleurements sur 500 mètres. Il est formé d'un faisceau de cas-
sures étroites et parallèles se soudant les unes aux autres et ren-
fermant de la barytine, de la galène, de la blende et de la pyrite.
Les anciens connaissaient ce filon, dont ils ont commencé l'exploi-
tation en creusant l'excavation connue sous le nom de groUe des
Malvies. Il est probable que ce filon a servi de passage aux
matières épanchées dans les dolomies.
On a retiré des Malines 4 à 5000 tonnes en 1886. Avec les
Avinières, c'est aujourd'hui le gîte le plus important du Gard; on
y a trouvé, vers 1889, des amas considérables.
Les Avinières, — Le gisement des Avinières est situé à une
quarantaine de mètres au-dessus de la vallée qu'il surplombe. Il
est limité, à l'Est, par une faille qui met en contact le calcaire ox-
fordien avec celui du lias. Il est formé par l'imprégnation et
1 Coll. Ecole des Minet, 1971.
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GiTKS DE ZINC DO GAMD 435
même par la substitution de la calamine dans une couche dolomi-
tique faisant partie de la base du lias (fig. 264). Cette couche est
comprise entre une dolomie
quartzeuse et une marne ar-
gileuse, toutes deux stériles.
La couche marneuse, à son
tour, repose directement sur le
terrain ancien sans interposi-
tion dlnfralias ni de trias : su- ^
perposition toute locale et due Fig. 26l. — Coupe do gisement de tinc des
1 .1 .j. Avinières (d'après M. Fuctis).
au plongement plus considéra-
ble des terrains schisteux contre lesquels ces assises inférieures
viennent buter en profondeur. Plus au Nord, infralias et trias
arrivent jusqu'au jour.
L'imprégnation calaminaire paraît d'autant plus intense que
la largeur de la bande de terrain comprise entre la faille de TEst
et les micaschistes est plus faible. Elle atteint son maximum
aux Avinières où l'on a même, à l'origine, considéré la substitu-
tion comme complète. On a trouvé, au milieu de la masse, non
seulement beaucoup de terres calaminaires, mais encore d'impor-
tants blocs de dolomie non transformée. Les parties les plus
riches paraissent concentrées à Tintérieiir et dans le voisinage
d'une série de fissures dirigées sensiblement N. 5" à 6® 0.
Ce gisement, entamé en 1873, est aujourd'hui épuisé.
Maudesse et Mas-RigaL — Le gisement des Avinières a pour
prolongement, vers le Nord, d'abord le Mas-Rigal (peu exploré),
puis Maudesse.
Au Mas-Rigal^ on trouve également la calamine à l'état d'impré-
gnation et de substitution dans la même couche de dolomie du
lias reposant sur les marnes bleues stériles ; mais la transfor-
mation a été moins complète, la proportion de terres calami-
naires pauvres et de blende est beaucoup plus élevée, en sorte qu'on
n'a fait aucune exploitation.
A Maudesse\ le terrain imprégné n'est plus le lias, mais la
partie inférieure des dolomies quartzeuses de l'infralias reposant
* Coll. Ecole des Minesy 1973.
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436 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
directement sur les marine irisées. De plus, le minerai est presque
exclusivement composé de blende renfermant de 47 à 50 p. 100
de zinc et accidentellement de 5 à 8 p. 100 de plomb.
Ce gisement a été exploité un moment par la Vieille-Montagne,
qui en a retiré environ 2500 tonnes de minerai, puis est passé à la
Société des zincs du midi et revenu à la Vieille-Montagne.
Fons Bouillans. — Le groupe de Fons Bouillans forme, à
rOuest du gisement des Aviniëres, un système de filons dirigés
N. 12 à IS"*, afQeurant au milieu des terrains anciens formés de
schistes avec intercalations de calcaires cristallins. Les travaux
de la Grise étaient situés sur un épanchement calaminaire de ce
genre.
Au Mas de Beaugts, on a un filon de calamine cloisonnée
englobant des blocs de barytine ; ces deux substances ayant
sensiblement la même densité, leur triage ne peut se faire qu'à
la main et est toujours fort incomplet.
Le filon complexe du Mas la Combe contient, au N.E, de la cala-
mine, de la blende, du cuivre carbonate, du quartz et de la bary-
tine; à Blakauzel (au Sud), il s'élargit et prend la forme d'un amas
calaminaire.
Les gisements de la Coste Durfort forment une série d'amas
alignés dans les couches calcaires du lias, sur les deux rives du
petit ruisseau de Vassagues.
Les minerais sont : 1"" de la galène, qui a été autrefois le but
exclusif des exploitations et qui entre pour 5 à 8 p. 100 dans la
masse totale; 2*^ de la calamine et de la blende jaune claire en
petites mouches.
Bibliographie.
18o6. Lan. — (Ann. d. Af., 5^ t. VI, p. 401.)
1859. Parran. — (Am. d, Af., 5« série t. XV, 1859, p. 47.)
1862. Ck)TTA, p. 418.
1877. FucHs. — Notes de voyage inédites.
1879. Groddece, p. 313.
1887. Daubréb. — Eaux souterraines, p. 110.
1875-1887. Sarran d'Allard. — Carte géologique de la région d'Alais et
mémoires divers.
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gItes de zinc de santander (asturies) 437
GISEMENTS DE ZINC POST CRÉTACÉS
(blankenrode, santander, Algérie)
Dans la région de la Drôme et du Gard, nous venons de voir
les gisements de zinc traverser et imprégner tous les terrains
jusqu'à Foxfordien, sans qu'on puisse, d'autre part, donner une
limite supérieure de leur âge et affirmer, par exemple, qu'ils ne
sont pas post-crétacés.
Ce type de gites de zinc postcrétacés se rencontre nettement
en un certain nombre de points qu'il nous reste à étudier.
Blankenrode ^ — A Btankenrodey près de Stadtberge, Groddeck
décrit des Glons de calamine avec galène, limonite, blende, pyrite
de fer et calcite traversant une marne crétacée au-dessus du grès
bigarré. Les filons, stériles dans le grès, sont métallifères dans la
marne.
Santander?. — Il existe, de même, dans les Asturies, dans les
provinces de Guipuzcoa et de Santander, un certain nombre de
gisements de calamine importants, exploités à Réocin, Udias,
Mercadal, Gomillas, la Nestosa, etc. Ces gîtes se trouvent en amas
irréguliers dans un calcaire crétacé. Une partie du minerai est de
la smithsonite blanche en masses concrétionnées, testacées, stalac-
titiques et parfois oolithiques. On trouve, en même temps, de la
zinconise (hydrocarbonate) d'un blanc de neige et du silicate. Les
minerais sont parfois entourés d'argile et le noyau des gros blocs
est très souvent encore composé de dolomie, ce qui indique le mode
de formation de la smithsonite. La blende cristallisée, d'une belle
* Sur Rlankenrode : 1850. Rœmer. Verhandl. d. naturh. Verein. d* preuss. Rheinl.
u. Wesif., p. 1.
1853. Amelung. Ibid., p. 217.
1879. Groddeck, p. 344.
* Sur Santander : Coll. Ecole des Mines, 1976 à 1978. — 1863. Schonichen. (Berg.
u.H.Z.,p. 163.)
1870. Burat : Géol. appl., t. II, p. 207.
1879. Min. Joum.708.
1879. Groddeck, p. 3U.
1883. D^Achiardi, t. Il, p. 452.
1879. Daubrée (Baux Sout), p. 114.
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436 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
couleur jaune claire, apparaît en profondeur ; elle est souvent
sillonnée de fissures remplies de calamine. Elle se rencontre aussi
en rognons et en boules recouvertes de couches concentriques de
barytine et partieUement transformées en calamine.
Il existe, dans ces mines, une très grande variété de faciès cala-
nuinaîres.
PicosdeEuropa*. — On retrouve, de même, àTOuestde Santan-
der,daD8 la partie orientale des Picosde Europa (Asturies), districts
d*Andara et d'Aliva, des gisements de calamine très étendus, situés
ànsms le calcaire carbonifère. Ce calcaire est traversé, sur une lar-
geur d^eoTÎron 3 kilomètres et sur une longueur notable, par une
série de fentes parallèles, parfois élargies en amas et reliées par
de nombreuses fentes transversales. Le calcaire est, paraît-il,
dolomitîsé au voisinage des gîtes. Les fentes sont souvent minérali-
sées, d^autres fois vides et même élargies en forme de grottes. La
calamine, qui forme l'élément principal du remplissage, e^t tantôt
blanche et translucide, tantôt homogène comme un calcaire^ mais
un peu fibreuse. La blende remplit une série de veines et parfois
(filon Banco sîn nombre) se trouve à 1 état de rognons cristallisés
à la surface dans une argile. On a admis que la calamine s*était
formée par décomposition de la blende.
On a remarqué, en outre, dans le minerai, la présence acciden-
telle d^un peu de cinabre et d'oxyde rouge de plomb.
Sakamody, Guerrouma, etc. (Algérie). — La chaîne du Petit Atlas
présente quelques gisements de zinc exploités. Cette chaîne est cons-
tituée par des terrains cénomaniens composés de marnes, schistes
et calcaires plus ou moins argileux, se succédant dans un ordre
quekonq,ue en passant parfois de l'un à l'autre. Tous ces terrains,
par suite de leur composition même, ont été fissurés d'une façon
extrêmement complexe et on n'y trouve pas un seul filon net.
Pn premier gîle, celui de Sakamody^, recoupe Tun des contre-
« Sur Picos de Europa : Coll. Ecole des Mines. 16H. — 1877. Kôhler. Berg u. But.
Zeit., p. 217.
1879. Groddeck, p. 331.
» Notes de voyage de l'auteur en 1891. — Coll. Ecole des Mines, 1699.
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gItKS de zinc de SAKAMODY (ALGÉRIE) 439
forts septentrionaux qui se détachent de la ligne de crêtes séparant
rOued-Hamidou de TOued-Arbatach. Il représente plutôt une
zone de métallisation, un système de fissures alignées suivant
une direction générale, qu'un véritable filon.
On a là, sur une assez grande longueur, une zone blendeuse qui
se prolonge sur les concessions de Sakamody, R'arbou (au voi-
sinage), Guerrouma et jusqu'à Palestro. Les roches encaissantes
sont des schistes crétacés. Par suite de Tabseuce de calcaires, les
calamines ne sont qu'un élément tout à fait accessoire, rencontré
seulement aux affleurements : jusqu'à 25 ou 30 mètres de profon-
deur à Sakamody, jusqu'à 90 mètres à R'arbou. Le remplissage
principal est formé de blende et galène. La gangue est souvent
calcaire à R'arbou, chargée de sulfate de baryte et de fer spathique
à Guerrouma ; à Sakamody, on a affaire uniquement à une brèche
de débris des schistes encaissants cimentés par de la blende qui,
par endroits seulement, devient massive avec très peu de galène
disséminée.
Le filon ne présente pas de salbandes, quoique, après le remplis-
sage, il y ait eu un certain glissement sur le toit. L'irrégularité,
dans ce terrain de schistes peu consistants, est assez grande en
profondeur comme en direction.
La production de Sakamody est d'environ 10 000 tonnes. A
Guerrouma, on sort, à peine, de la période des installations.
Le gîte de Gharbo\ situé près du petit village arabe de Souk el
Génine, ceux de VArbatach, de Sidi Dayem et à'Azeron^ dans la
même région, sont assez analogues.
Le calcaire nummulitique contient, en outre, dans Idt province de
Constantine, près de la source thermale du Djebel-Nador^ à 60 kilo-
mètres au Sud de Bône, un gîte de calamine important, dont les
géodes présentent des combinaisons remarquables d'antimoine
et de plomb (nadorite, etc.).
C'est la mine de Hammam N^bails, située sur la ligne Bône-
Guelma, qui produit, par an, environ 2 500 tonnes de calamine
calcinée.
• 1871. Flajolol. Afin. d. lf.,6« série, t. XX, p. 21.
1879. Groddeçk, p. 345.
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4i0 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
B. — GITES DE ZINC
SUBORDONNÉS AUX TERRAINS SÉDIMENTAIRES
ZINC DE AMMEBERG (suède)'
Situation. — Les mines de zinc d*Ammeberg, appartenant à la
Société de la Vieille-Montagne, se trouvent dans le gouvernement
d'Orebro, à 12 kilomètres au N.-O. du lac Wettern et aux envi-
rons de la petite ville d'Askersund. Un chemin de fer à large voie
relie les mines aux ateliers de préparation mécanique sur les bords
du lac Wettern. Les navires viennent charger le long de quais
et transportent le minerai à Gottembourg, où la Compagnie pos-
sède de grands magasins. De là, le minerai se rend à Rotterdam
et, par le Rhin ou la Meuse, aux différentes usines de la Société.
Géologie. — Le gîte d'Ammeberg est constitué essentiellement
par des imprégnations et lentilles de blende au milieu d'un gneiss
rubané (Hàlleflinta), schisteux, que Ton rapporte à Tépoque lauren-
tienne. Ce gneiss repose directement sur le Jemgneiss caractéris-
tique de la Scandinavie, lequel, en certains endroits, contient du
fer magnétique ou de la pyrite magnétitc massive et le Jcrngneiss
à son tour, est superposé au Urgneiss rouge.
Au voisinage des couches blendeuses, les terrains anciens
d'Ammeberg forment un pli (fig. 265) suivant Taxe duquel
apparaissent des grauwackes et quelques lambeaux discontinus
de calcaires avec fossiles du silurien tout à fait inférieur. En
outre, le hàlleflinta comprend des couches d'amphibolite.
Les parties minéralisées du gneiss rubané affectent la forme de
lentilles irrégulières peu épaisses mais s'étendant beaucoup en
* Coll. Ecole des Mines, 1548. — Notes de voyage de Tauteur enJ890.
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gIte de blende d'amiieberg (suède) Ul
profondeur et suivant toutes les ondulations de la schistosité des
gneiss.
Les exploitations sont concentrées autour de deux centres prin-
Fig. 265. — Carte géologique de la région d*Ainmeberg.
cipaux : Nygrufva occupant 300 mineurs (fig. 266 à 271) :
Knalla, 200 (fig. 273 à 275). Dans TOuest de Nygrufva, le plan
médian des lentilles est sensiblement vertical et représente assez
bien le plongement du gneiss qui a subi des actions de plisse-
ment et de redressement énergiques, postérieurement à sa forma-
tion. A Knalla, on a eu parfois, dans le plongement, des coudes
brusques (voir fig. 273 et 275), donnant, à une profondeur
variable, une couche presque horizontale.
En général, ces lentilles ont une épaisseur moyenne de 8 mètres,
qui peut aller à 13 mètres et se poursuivent, en profondeur, sur
une longueur qui atteint 200 mètres. Elles sont reliées par des
inclusions blendeuses dans le gneiss.
Les figures 266 à 270, qui donnent, de 50 en 50 mètres, les
plans de la mine de Nygrufva, et les figures 271 qui représentent
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442
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Fig. 266. — Mine Nygrufva (Ammeberg). — Plan au jour.
î
'i
A-=a
Fig. 267. — Mine Nygrufva (Annmeberg). — Plan au niveau de 50 mètres.
Fig. 268. — Mine Nygrufva (Ammeberg). — Plan au niveau de 100 mètres.
Fig. 269. — Mine Nygrufva (Ammeberg). Plan au niveau de 150 mètres.
Légende des fi goret 2M à 275.
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gIte de blende d'ammeberg (suède) 443
les coupes verticales correspondantes, mettent en évidence Tallure
du gisement de blende dans cette région et la façon dont la galène
s'associe à Toccasion au sulfure de zinc.
ltS«7,
Fig. 270. — Mine Nygrufva (Ammeberg). — Plan au niveau de 200 mètres.
Coupe CD Coupe E F
Cotq>e GH
Cmxpe JK
iiii...i6o
Fig. 271. — Mine Nygrufva (Ammeberg). — Coupes transversales.
(Ces coupes se rapportent au lignes CD, EP, GH, JK, des figures S66 à 270.)
Les autres figures, 272 à 275, montrent des cas particuliers :
ainsi, 272, la disposition en V des veines minéralisées dans un
Fig. 272. —Ammeberg (région Sinçay).' Fig. 273. — Coupe transversale à
Coupes transversales. Knalla, puits le Hon.
des chantiers du puits Sinçay; 274, la multiplicité des veines
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Vti GÉOLOGIE APPLIQUÉE
blendeuses dans les parties hautes au puits le Hou et l'apparition
de la galène à 100 mètres ; 273 et 275 : la forme courbée de la
veine de blende en section verticale.
Les affleurements des lentilles de blende s'étendent sur une
Fig. 274. Fig. 275.
Coupe au puits le Hon. Coupe au puits le Hon.
ligne sinueuse demi-circulaire, qui n*a pas moins de 3*™, 500. Cette
ligne constitue, à peu près, Taxe d'une zone de gneiss rubané, plus
schisteux, intercalé au milieu de quartzites plus résistants dans
la formation gneissique.
La composition de ces lentilles est souvent à peu près celle
de THàlleflinta où la blende remplacerait le mica, comme cela
se passe pour la magnétite de Suède ou le graphite de bien des
pays.
C'est donc un mélange de feldspath (orthose en général), de
quartz et de blende; mais il existe des parties exclusivement
composées de blende.
Parfois le feldspath domine de beaucoup, ce qui est aussi le cas
de la roche encaissante ; parfois aussi il est remplacé par des
bandes de woUastonite ; enfln la blende renferme presque toujours
un peu de galène et de pyrite.
Au toit, on rencontre quelques lambeaux de calcaire silurien
contenant des orthocères. Comme minéraux adventifs, on peut
mentionner la tourmaline, Thornblende, le grenat, le talc,
Tépidote, la chlorile, et même, en certains points, de Tozokérite
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gItb de blende d'âiiiieberg (suède) 445
qui se rattache, sans doute, aux émanations hydrocarburées, dont
le graphite abondant des micaschistes nous a semblé être la
preuve à cette époque *. Ce bitume a été rencontré, vers 50 mètres
de profondeur, dans des veines de calcite coupant le minerai.
Les géodes manquent complètement.
Citons enfin un grand filon de Diabase qui traverse la région
au Sud, et des pointements de Diorite.
h' extension des lentilles blendeuses en profondeur n'est pas
connue. On a exploré le gîte jusqu'à 200 mètres.
Teneur du minerai. — Le gneiss rubané renferme jusqu'à
53 p. 100 de zinc et 7 p. 100 de galène ; mais ce sont des maxima.
On a cependant rencontré de petites lentilles entièrement for-
mées de galène pure et ayant jusqu'à 3 mètres de puissaqce.
Au-dessous de 20 p. 100 de zinc, le minerai ne peut plus s'ex-
ploiter avec bénéfice.
Voici quelques exemples de teneur en zinc.
!»«rtie Ett da gîte
Partie centrilo
Partie Ouest
48,36 p. 100
31,17 p. 100
45,32 p. 100
25,78 —
44,56 —
45,01 —
35,90 —
49,13 —
31,51 —
51,02 —
53,57 —
52,08 —
52,49 —
52,93 —
La moyenne est environ de 43 p. 100 de zinc.
Géogénie des gisements. — Si Ton essaye de se faire une idée
exacte du mode de formation et de Fâge du gisement, on se trouve
en présence de grandes difficultés.
Nous avons dit, en effet, que la blende formait souvent, au milieu
du gneiss, des veines interstratifiées suivant toutes les inflexions
de la schistosité. Quand on examine, en détail, des plissements
semblables, on a peine à se rendre compte comment la blende
aurait pu exister dans la roche massive telle qu'elle se présente
aujourd'hui, avant le phénomène mécanique qui a agi sur elle, et
* Tome I, pages 41 et suiv.
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446
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
se prêter ensuite, sans aucune rupture, à une action aussi éner-
gique ; ce n'est pas là d'ailleurs une objection spéciale à Ammebei^
et nous avons déjà eu l'occasion de l'indiquer à propos du Ram-
melsberg * .
 notre avis, la blende est, à Ammeberg, postérieure au dépôt
de schistes et grès qui ont été plissés violemment avant d'être
transformés en gneiss par métamorphisme. La blende, arrivée,
à la suite de ce plissement, dans les schistes, et infiltrée au milieu
d'eux, en a rempli tous les vides, tandis que les quartzites
voisins résistaient à l'imprégnation : ce qui expliquerait la pré-
sences d'esquilles d'hàlleflinta semblant flotter dans la blende, les
bifurcations des veines de blende etc.. Cette venue blendeuse,
étant à peu près contemporaine de l'action métamorphique qui a
trai^sformé les terrains en gneiss, s'est comportée de la même
façon qu'elle, remplaçant seulement les cristaux de mica par des
cristaux de blende. Après quoi, lorsqu'il y a eu mouvement du
terrain postérieur, l'hàlleflinta blendeux s'est brisé ou courbé en
masse (mais non plissé intérieurement).
C'est peut-être à un mouvement de ce genre qu'il faut attri-
buer l'existence, au toit de la plus grande partie des gisements
d'Ammeberg, d'un plan brusque de
séparation ressemblant à un plan de
faille.
Quoi qu'il en soit, un point intéres-
sant, qu'on peut constater à Amme-
berg, c'est que la roche blendeuse
était constituée sous sa forme actuelle
avant l'arrivée des gros filons de gra-
nulite*. Ces filons de granulite, qui
contiennent de beau microcline vert,
sont fréquents dans la mine et il n'est
pas toujours facile de voir leurs rela-
tions avec les couches de blende. Mais une des tranchées de la
276. — Plan de détail à
Ammeberg
ABC : filon de granulite.
UN PSRC : amat de blende.
1 Voir plus haut, pages 281 et 325.
* Nous rappelons que, dans un gneiss feldspathisé et granulitisé, on peut souvent
constater la trace d'au moins 3 ou 4 venues granuiitiques successives.
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GÎTE DE BLENDE d'aMIIEBERG (sUÈDE) 447
surface donne le plan suivant (fig. 276). Un grand filon de gra-
nulite ABC traverse, en ce point, Tamas de blende et les gneiss
encaissants en lançant des injections à droite et à gauche. L'amas
de blende exploité est MNPC; RS est fait d'un hàlleflinta peu
blendeux, très contourné en S. Là la relation d'âge de la granulite
et de la blende est bien mise en évidence.
Exploitation. — L'exploitation s'est longtemps faite à ciel
ouvert.
Elle est actuellement souterraine et très facilitée par la grande
résistance du hàlleflinta qui permet de se passer à peu près com-
plètement de remblai.
Le gite est partagé en 4 étages de 50 mètres chacun, dont le
« premier a été entièrement enlevé à ciel ouvert, le second à peu
près complètement souterrainement et dont les deux autres sont
entamés. Chaque étage est divisé en tranches qui sont prises par
la méthode des gradins renversés suivant la longueur du gite.
Le gîte d'Ammeberg est le premier en Suède où Ton ait prati-
qué le remblayage.
L'épuisement, qui a présenté longtemps de grandes difficultés à
cause de la nature de la surface, coupée de lacs et de marais, se
fait, depuis une quinzaine d'années, à l'aide d'une galerie d'écou-
lement (Schwartzmann) de 4 kilomètres de longueur qui assèche
la mine jusqu'à la profondeur de 223 mètres. Au-dessous de ce
niveau, l'eau est extraite par des pompes.
La production a été :
1865 10 200 tonnes.
1875 29 061 —
1876 . . . • 32 948 —
1877 35 768 —
1878 37 735 —
1879 40 880 —
1880 41 873 —
Actuellement, on passe à la préparation mécanique environ
40 000 tonnes de minerai à 20 p. 100 de zinc^ et l'on ajoute, en
* Le minerai, pour être exploitable, doit tenir, au moins, 20 p. 100 de zinc.
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448 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
outre, 6 à 7 000 tonnes de minerai en bloc n'ayant pas besoin de
lavage. Enfin, la mine produit 700 tonnes de galène riche tenant
près de 800 grammes d'argent à la tonne.
h' atelier de scheidage comprend des trommels, des spitzkasten,
des cribles du Harz, des tables tournantes, etc., qui permettent
de classer les sortes. On obtient les résultats suivants, pour une
production de 40 000 tonnes environ :
Blende en roche (à laver) à 40 p. 100 de zinc .... 6 000 tonnes.
Minerais blendeux en roche à 24-25 p. 100 de zinc. . 30 000 —
Menus riches à 30 p. 100 de zinc 1 500 —
Menus pauvres à 23 p. 100 de zinc 700 —
Galène en roche à 20 p. 100 de plomb traces
Menus plombifères à 25 p. 100 de plomb 2 000 —
Total 40 200 tonnes.
De tous ces produits, la blende en roche est seule assez riche
pour être traitée directement. Les autres catégories sont soumises
à une cuisson préalable.
Bibliographie.
1861. Stapff. — Berg. u. H. Z., p. 252.
1866. TuRLEY. — Berg. u. H. Z., p. 405, etc.
1867. FucHS. — Rapport manuscrit.
1868. Blende d'Ammeberg. (Cuyper, t. XXII, p. 421.)
1870. BuRAT. — Géol. appl., Il, 214.
1879. Groddeck, p. 145.
1879. QppBRMANN. — Sur la préparation mécan. des minerais de zinc à Am-
meberg. (Ann, d,M., 7«, t. XI, p. 261.)
1879. V. RÂTH. — Erinn. der Pariser Weltaust.
1883. d'Achiardi, II, 456.
TÔRNEBOHM. — Brochure pour le jerncontor.
1888. D. Krrnner. — Zinkblende aus Schweden. (Fôldtani Kôszlôny, t. XVIII,
p. 151. Budapest, 1888.)
1890. L. DE Launay. — Notes de voyage inédites.
Au type d' Ammeberg appartient Etkis, en Finlande, près d'En-
niskilen, gisement autrefois exploité uniquement pour les mouches
de galène que contenait la blende et où on a repris, il y a quelques
années, les vieilles haldcs de blende entassées.
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gIte de blende de sterzing (ttrol) 449
GITE DE BLENDE DE STERZING (tyrol)*
{Amas blendeux dans les micaschistes.)
Von Groddeck rapproche également du gîte d'Ammeberg celui
de Sterzing (Tyrol), interstratifié de même dans des micaschistes.
Il est formé d'un mélange compact de blende et de galène de 6 à
10 mètres de puissance avec accompagnement de pyrite de cuivre
et de fer, de fer magnétique, d'ankérite (dolomie ferrifère), de sidé-
rose, d*amiante et parfois de grenat.
D'ailleurs, en dehors des gisements de zinc proprement dits,
nous pouvons rappeler que la blende se trouve assez fréquem-
ment, dans des conditions analogues, à Tétat de simple association
avec d'autres sulfures : ainsi dans le gneiss à cordiérite de Boden-
mais {Bavière) *, avec de la pyrrhotine nikélifère, des pyrites de
cuivre et de fer, de la galène, etc. Il convient de ne pas oublier que,
dans les gîtes décrits plus spécialement comme gîtes de fer, de
cuivre, de zinc ou de plomb, l'association du sulfure dominant
avec les trois autres est extrêmement fréquente.
C'est ainsi qu'on trouve de la blende avec la pyrite cuivreuse
de Fahlun, comme avec la galène de Sala, etc..
ZINC ET PLOMB DE LA HAUTE SILÉSIE*
(Imprégnations de blende et galène dans le muschelkalk^ avec cala-
mine et minerai de fer au voisinage des affleurements.)
Conditions économiques. — Le gisement zincifère le plus impor-
tant d'Allemagne est, de beaucoup, celui de la haute Silésie qui
occupe, à lui seul, près de 9 000 ouvriers.
Le bassin, situé aux confins des trois empires d'Allemagne, d'An-
« Sur Sterzing: i870. V. Beust. Jahrb. d. K. K. Geol. Reichs. in V^ien, p. 505.
1879. Gioddeck, p. 146.
• Gixiddeck, p. 147,
> Nules de voyage tle Tauteur en 1892. Voir t. i, p. 7G5 et 768, sur le Fer en Siiésie.
€É0L0G1B. — T. U. 29
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450
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
triche et de Russie, n'a guère été exploité jusqu'ici qu'en Prusse
où il commence à s'appauvrir ; mais en Russie, où il a été encore
peu attaqué, il semble réserver pour l'avenir des richesses consi-
dérables.
La production de zinc a été dans ces dernières années, en Prusse :
1880
1885
1886
1887
1888
1889
1890
65 530 t.
80 953 t.
82 990 t.
82 730 t.
84 760 t.
86880 t.
88 930 1
Les principales mines de zinc prussiennes' sont situées dans le
cercle de Beuthen : ce sont :
Neue Hélène. .
Wilhems glûck.
Gdcilie
Samuels glûck .
Rudolf
Maria
PRODUCTION
de calamine
en 1882
ToniXfS
115 751
28 084
16 958
11594
PRODUCTION EN 1886
Calamine
Tonnes
91533
35 097
25 867
37 005
20 203
1444
Blende
Tonnes
49 626
9
31094
35 238
11254
Galène
Tonnes
10 286
1316
2 973
589
480
1914
NOMBRE
d*ou Triera
en 1886
1838
457
889
819
328
665
Les usines à zinc correspondantes occupent plus de 6 000 ou-
vriers ; les principales sont :
Silésia Hutte, II, à Lipine près Morgenrolh (Schles.
Aclien Gesellschaft) 12 199 tonnes.
Hohenlohe Hutte (Herzog von Ujest) 11 090 —
Silésia Hutte, III (Schles. Actien Ges.) 10 800 —
Wilhelminen Hiitte (Georg von Giesche's Erben). 10 500 —
La production de zinc en Silésie s'est répartie entre les princi-
* En Russie, les seules exploitations actuelles sont celles de Boleslaw (à 6 kilo-
mètres de Slawkow, 15 kilomètres N.-E. de Dombrowa), qui ont fourni, dans ces der-
nières années, environ 50 000 tonnes de calamine par an et que le gouvernement vient
d'affermer (1892) pour soixante ans. Nous en dirons un mot plus loin (p. 459).
D'autres tentatives d'exploitation avaient été faites à Bobrowniki et Zychcice, ainsi qu'à
Olkusz ; elles ont été abandonnées.
* L'une des principales mines était, jusqu'à ces dernières années, celle de Scharley
qui exploitait un amas calaminaire de 200 mètres de lonji^, sur 15 mètres d'épaisseur
et a produit, en 1882, 58 595 tonnes de calamine ; en 1886, 52 678, mais est aujour-
d'hui épuisée. Au voisinage, Bleischarley a fourni 35 125 tonnes en 1882 et 41 000 en
1886.
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ZINC ET PLOMB DE LA HAUTE SILÉSIE 451
pales sociétés, dans ces dernières années, de la manière suivante :
Schlesische Actien Gesellschaft .
Héritiers G. von Giesche ....
Duc von Ujesi
Comte U. Henckei von Donnersmarck
Comtesse SchalTgotsch
Comte G. Uenckel von Donnersmarck
1885 1886 1887
22110
17 060
15 860
11860
6 380
4150
23 090
17 790
15 870
11500
6500
4100
23 317
17 900
16100
11750
6 540
4180
1888
23 317
17 900
15710
11750
6 540
1650
1889
24 065
18 500
16 470
9 500
6 650
1700
1890
25 250
18 860
16 630
9 840
6194
1700
La Schlesische Actien Gesellschaft emploie seule 5 000 ouvriers,
dont 2 000 dans ses usines à zinc.
Parmi les autres producteurs de zinc, nous venons de citer la
Comtesse Schafigotsch (mine de zinc de Mariagrube, de charbon de
HohenzoUerngrube, usines de Godullahûtte et de Paulshtitte ; le
Comte Hugo Henckei von Donnersmark (usines de Liebehoffnung,
de Hugo et de Luzyhutte), etc...
En même temps, l'extraction connexe de la galène s'est élevée,
en 1882, à 25 000 tonnes (à 180 francs la tonne), dont 22 000 pour
la circonscription de Beuthen et 3 000 pour celle de Tarnowitz.
Les concessions de plomb étant indépendantes de colles de zinc,
quoique superposées, la galène extraite dans la plupart des mines
de zinc de la région, y compris la Neue-Helene Grube, est recé-
dée au prix de revient à la Friedrichs Grube de Tarnowitz (ap-
partenant à TEtat), dont la concession de plomb couvre tout le
pays et traitée à la Friedrichshûtte. La mine de Friedrichsgrube
proprement dite n'a qu'une extraction insignifiante.
Les usines où Ton traite le plomb sont surtout :
Friedrichshiitte, près Tarnowitz, qui a produit, en 1882, 8 683
tonnes de plomb, 1 077 tonnes de litharge et 5 245 kilogrammes
d'argent; et Walter Cronek (Schoppinitz) près Rosdzin.
D'une façon générale, il y a lieu de noter que, dans la Silésie
prussienne, la majeure partie des amas calaminaires, qui fournis-
saient des minerais riches et économiques, sont aujourd'hui épui-
sés et que les mines travaillent, soit sur une zone mixte de cala-
mine et de blende, soit sur de la blende seule \
i Dans beaucoup de mines, on a, en outre, installé des ateliers de préparation
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452 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les minerais de zinc sont pauvres, d'une teneur moyenne d'à
peine 20 p. 100 rendus au four, ce qui a conduit à employer des
moufles de grandes dimensions; leur préparation mécanique est
diffîcile à cause des vides qui font varier constamment la densité;
et le fer et le plomb, qui y sont constamment mélangés, percent
rapidement les terres réfractaires. Mais la vieille habileté des fon-
deurs, le bas prix de la main-d'œuvre et celui du charbon, que le
même bassin produit en quantités considérables \ ont néanmoins
permis à Tindustrie de prendre un grand développement.
En 1882, le prix des salaires était, dans la Silésie prussienne, de
2'',15 pour les piqueurs ; 1 ^^,75 pour les ouvriers rouleurs au fond ;
1 ^fil pour les ouvriers du jour ; 0'',78 pour les gamins. Depuis celte
époque, les prix ont augmenté ; en Russie, ils sont plus élevés.
Géologie générale de la région ^ — La haute Silésie comprend,
sous des alluvions qui occupent presque toute la surface, un grand
bassin houiller dont l'extension reconnue est un triangle ayant,
pour sommets, Tarnow^itz au Nord, Kônigsberg au Sud-Ouest, Nova-
gora à l'Est, mais qui, vers l'Ouest, se prolonge sans doute jusqu'à
une ligne droite tirée de Hultschin à Tost.
Ce houiller repose, soit sur le culm, soit sur le dévonien ; il est
recouvert, en stratiûcation discordante, par le trias (parfois avec
interposition d'un peu de rothliegende). Ce trias, à son tour, présente
ses trois termes habituels du grès bigarré, du muscheikalk et du
keuper; et le muscheikalk, qui est le niveau métallifère, peut se
subdiviser comme suit :
Muscbelkalic supérieur — Cale, de Rybna.
— moyen — marne dolomilique.
inférieur
dolomie mêlai Urère (Sckaumkalk).
\ Sohlenkalkstein (calcaire du mur
) ou calcaire bleu).
[ Wellenkalk.
mécanique très perfectionnés pour laver de vieilles haldes qui tiennent encore 7 à
8 p. 100 de xinc ; ainsi à Mariagrube, etc.
< Les couches de houille de haute Silésie sont très régulières, peu inclinées, non
grisouteusKs et «l'une épaisseur qui dépasse fréquemmeut 6 mètres, en sorte qu*un
piqueur abat couramment 8 tonnes par jour et puriois jusqu'à 11. L*épuisement tftul
est assez co&tnux en raison de la superposition fri'qiieiite de mines de zinc sur celles «le
houille. Le bassin a produit, en 1886, 16 millions de iuiinesdeliouilleavec9500ouvners.
• Voir la carte ci-jointe, flg. 277.
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ZINC ET PLOMB DE LA HAUTE SILÉSIE
45^
Fig. 277. — Carte géologique de la région de Beuthen (haute Silésie).
Echelle au 555—5-
La dolomie métallifère a, pour mur, un lit argileux assez mince;
pour toit, de la dolomie stérile et compacte. C'est dans son épais-
seur et surtout au voisinage de ses affleurements, qu'on exploite
le zinc, le plomb et le fer \
* Pour le fer, voir t. I, p. 765 et 768.
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454 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Généralités sur les gîtes métallifères. — La dolomie zincifère ^ de
haute Silésie semble être un type bien net de couche sédimentaire
à imprégnation contemporaine du dépôt, les gisements exploités
et qui, comme nous Tavons dit, ont présenté leur richesse
maxima aux affleurements, paraissant toutefois dus à une concen-
tration secondaire sous Tactioç des eaux superflcielles. La miné-
.iW^Sœ Aj»Z-
Fig. 278. — Coupe théorique des gisements de zinc de Silésie.
ralisation primitive s'était faite sous forme de sulfures de zinc,
plomb et fer, qu'on est aujourd'hui amené à extraire en s'appro-
fondissant ; les dépôts de surface, longtemps les seuls connus,
consistaient, au contraire, en amas calaminaires avec galène et
hématite.
Cette couche de dolomie zincifère, qui a subi un plissement de
large amplitude, présente, par suite*, un grand pli synclinal E.-O. à
pente assez douce ou une cuvette métallifère principale ayant une
largeur de 2 à 4 kilomètres entre Beuthen au Sud et Scharley au
Nord et une longueur de 22 kilomètres environ dans une direction
E.-O., depuis Miechowitz, près de Beuthen, à TOuest jusqu'à Cze-
ladz et Bendzin en Pologne à TEst.
Au Nord de Scharley, l'affleurement de la couche devient N.-S.
vers Tarnowitz et Georgenberg, puis se retourne, de nouveau, au
S.-E., dans la direction des exploitations russes de Boleslaw.
La répartition des minerais dans cette couche parait assez va-
riable lorsqu'on s'en tient aux régions altérées superflcielles qui
* Nous remarquerons que le zinc est là, comme à la Vieilie-Moutag^e, dans une
dolomie, c*est-à-dire dans un calcaire magnésien, dont la magnésie a été considérée
par M. Dieuiafait comme un indice de la saturation très avancée des eaux. (Voir
page 372.)
• Voir lacATte, fig. 277.
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ZINC ET PLOMB DE LA HAUTE SILÉSIB
455
ont, jusqu'ici, présenté, pour les exploitants, une importance pré-
pondérante. Cependant cette altération même obéit à une loi que
la figure 278 met en évidence :
Près des affleurements, c'est le fer qui domine sous forme
d'hématite brune ; plus bas, en suivant le pendage de la couche,
la calamine augmente : au début, c'est de la calamine blanche (sans
doute purifiée de son fer par le phénomène qui a concentré celui-
ci un peu plus loin); puis, superposée à cette calamine blanche.
^tomi^ I
A^-rui^ piim/kijfSr*..
Fig. 279.
Coupe des gttes de fer, plomb et zinc de haute Silésie
à la mine Bally-Castle, d'après Sage.
qui va en s'amincissant, c'est de la calamine rouge. Celle-ci,
d'abord continue et remplissant des poches de corrosion plus ou
moins irrégulières et volumineuses, ne forme bientôt plus que
des amas isolés et de plus en plus mélangés de blende. Enfin,
lorsqu'on est descendu suffisamment, on trouve le gîte sous sa
forme sulfurée primitive : c'est alors une ou deux couches de
blende avec un peu de pyrite et de galène, ou plutôt une série de
lentilles de ces minerais alignées à un ou deux niveaux relative-
ment constants, près de la base de la dolomie. Suivant les points,
galène, blende et pyrite se présentent en proportions diverses.
La calamine blanche, dont nous venons de parler, repose, en
général, directement sur le calcaire du mur (ou Sohlen Kalkstein)
dans lequel elle pénètre irrégulièrement (fig. 279 et 280).
La corrosion, à laquelle a été soumis ce calcaire lors du méta-
morphisme calaminaire, est manifestée par la transformation en
argile de ses parties supérieures. Dans cette argile, qui est d'un
jaune sale, la calamine blanche forme des cordons, des lits et des
nodules plus ou moins irréguliers. En même temps, on y trouve de
la sphérosidérite, de la céruse, de la pyromorphite et des peudo-
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456
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
morphoses de céruse en chlorure de plomb cristallisé (par exemple,
aux mines Thérèse et Elisabeth à Miechowiz).
La masse de la calamine blanche accuse parfois, dans la cassure,
une certaine schistosité.
La calamine rouge, qui a eu jusqu'à 16 mètres d'épaisseur près
de Scharley et de Miechowitz, est généralement séparée de la
couche blanche par un banc rougeâlre d'argile ferrifère. Elle-même
•"•■'.;.' '■■ 'l' v^f^-^^^J-
-^^^^^^^^g^
Fig. 280. — Coupe verticale du gtte calaminaire de There^ia und Âpfel Grube,
d'après Sage. Echelle au -j^* — c, calamiQe rouge; dy calamine blanche.
est formée d'un mélange de limonite zincifère et de dolomie avec
un peu de céruse et de galène. La teneur en zinc y a atteint au-
trefois 45 p. 100; mais, les parties riches ayant été épuisées, la
teneur moyenne ne dépasse guère aujourd'hui 10 p. 100.
î^Tori Sud
Puits HnSo
Fig. 281. — Coupe N.-S. à travers les travaux deN. Hélène, Scharley etGrube Cecilia.
Les coupes ci-jointes montrent diverses allures de la calamine
(fig. 279 à 282).
Sur la figure 280, on voit, à Theresia und Apfel Grube, la cala-
mine pénétrer en pointe dans le calcaire. La figure 281 montre
des amas calaminaires, aujourd'hui épuisés, de N. Hélène grube :
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ZINC ET PLOMfi DE LA HAUTE SILÉSIE 457
amas situés à une certaine hauteur dans la dolomie au-dessus du
Wellenkalk et divisés en deux bancs, Tinférieur discontinu. Ces
amas se sont arrêtés complètement en profondeur. La figure 282
correspond à un cas plus général : on a là deux bancs de blende,
pyrite et galène* (3 à 4 mètres d'épaisseur en profondeur), qui, en
s'approchant de la surface, se transforment progressivement en
calamine, en même temps qu'ils s'élargissent et finissent par se
réunir dans un grand amas résultant du métamorphisme.
En profondeur, nous avons dit que la calamine passait à de la
\f:-^^}^:M^^::;:^yy^^^^^
Fig. 282. — Coupe à travers les travaux de Geciiia Grube, etc.. (La figure a été
coupée en A et B pour diminuer sa longueur.)
blende. Cette blende, imprégnant le plus souvent une couche de
3 mètres de puissance, a été rencontré près de Gross Dombrowka,
à Samuels Gluck, à Scharley, près de Miechowitz, etc. En certains
points, comme à la mine Cécilia, il est facile d'observer la tran-
sition de la calamine à la blende (voir fig. 282) : à partir d'une
profondeur de 50 mètres, on voit, en effet, apparaître dans la cala-
mine, des inclusions de blende avec galène de plus en plus abon-
dantes.
AMariagrube^ où l'on a dépilé autrefois un bel amas calaminaire
de 10 à 12 mètres de puissance, on est également aujourd'hui
dans la couche blendeuse. On doit remarquer que celle-ci est
loin de former un banc continu, comme pourraient le laisser sup-
poser des coupes schématiques, mais se présente, au contraire, à
l'état d'imprégnations lenticulaires avec noyaux et veines de do-
lomie stérile. Les sulfures, très irrégulièrement mélangés, ne pré-
sentent aucune espèce de stratification, comme celle qu'on cons-
1 Dans certaines parties de la Cecilia Grube, il en existe même trois.
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458 GÉOLOGIE APPLIQUÉB
tate, par exemple, dans les minerais cuivreux du Mansfeld. Dans
les galeries situées sur la zone intermédiaire entre calamine et
blende, on a parfois la partie haute en calamine, la partie basse
en blende. La présence fréquente de cristaux de vitriol vert (sul-
fate de fer) fait comprendre comment les eaux superficielles, au
contact des sulfures divers, ont produit des sulfates, celui de zinc
immédiatement précipité, par substitution au calcaire, à l'état de
calamine, celui de fer entraîné vers la superficie où une oxyda-
tion a amené son dépôt en hématite. C'est dans cette attaque
acide que le calcaire, intercalé entre les lentilles blendeuses, a été
dissous, de façon qu'il donne lieu à des amas calaminaires plus
volumineux que les mouches de blende primitives.
Nous n'avons fait que mentionner, jusqu'ici, la présence de la
pyrite et de la galène à côté de la blende. La pyrite passe pour
assez rare dans le gisement parce qu'on néglige les parties où elle
tend à dominer. Quant à la galène, dans la région de Scharley,
elle donne environ une teneur moyenne de 2 à 3 p. 100 de
plomb pour le minerai préparé. En certains points toutefois, par
exemple dans la Gecilia grube, la galène domine sur la blende.
Du côté de la Friedrichsgrube (de Tarnowitz), où le gisement s'ap-
pauvrit beaucoup, la galène se présente presque exclusivement.
Là, on a un banc dur de 0'",60 d'épaisseur au plus, tantôt et le plus
souvent formé de dolomie avec joints de galène, rarement com-
posé de galène compacte, et un banc tendre^ de 0"*,25 à 2 mètres,
formé de dolomie fissurée et divisée en blocs par des veines
d'ocre brune ou jaune contenant la galène en rognons informes.
Dans les travaux actuels, la galène n'atteint même que 3 à 6 cen-
timètres au maximum; elle est accompagnée de pyrite, presque
jamais de blende. La teneur moyenne en argent est de 0,04 p. 100.
Pour terminer, nous ajouterons seulement quelques mots sur
les gisements de calamine de Boleslaw, à Sosnowice, en Pologne
russe ^ où les travaux, encore très voisins de la superficie, pré-
sentent cet intérêt de nous montrer ce qu'étaient les gisements
silésiens avant l'épuisement, désormais accompli, des parties
riches superficielles.
« Coll. Ecole des Mines, n' 970.
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ZINC ET PLOMB DE LA HAUTE SILÉSIE 459
A Boleslaw, on s'est borné, jusqu'ici*, à exploiter un mamelon
saillant de dolomie calaminaire, mamelon de 600 mètres de dia-
mètre, dès à présent recoupé par d'innombrables puits de 15 à
25 mètres de profondeur reliés par un réseau de galeries et d'exca-
vations. Au Nord et à TEst, des galeries se prolongent encore
pendant près d'un kilomètre, souvent dans le minerai.
L'imprégnation est irrégulière et assez pauvre en général, mais
très étendue. La calamine prend volontiers un aspect bréchiforme
et englobe des noyaux de dolomie inaltérés ; la présence fr^équente
de blende blanche subsistante aide à se rendre compte comment
le métamorphisme s'est produit suivant un réseau de fissures.
11 est assez curieux que la galène se présente également suivant
un système de veines complexes du même genre.
Bibliographie,
1781 . V. Cabosi. — Reisen durch verschiedene polnische Provinzen.
1794. Kapf. — Skizzen aus der Geschichte des Schlesischen Mineralreichs.
1802. L. DK BucH. — Geogn. Beobacht. auf Reisen.
1813. ScflULTz. — Vorkommen des Bleiglanzes und Galmey bei Tarnowiz.
1818. Karsten. — Zustand der Bergbau und Hiitt. in Scbleisen. (KarsVs
Arch., 1. 1, cahier 2. Breslau.)
1822. V. Okynhausen. — Versuch einer geognost. Beschr. von Oberschlesien ;
1856. V. Carnall. — Bergwerks Verhâltnisse im preuss. St. (Arch. f, Lan-
deshunde der preuss. Monarchie. Berlin.)
1857. Steinbeck. — Geschichte des Schleischen Bergbaus. Berlin.
• 1860. V. Carnall. — Oberschlesiens Gebirgsschichten. (Wochens, des Schle-
sisch. Ver.f. B. u. H. Breslau.)
1865. Ege. — Die Formationen des bunten Sandsteins und des Muschelkalks
in Oberschlesien (Berlin).
1866. V. Krog. — Erzlagerstâtlen des Obersch. Muschelk. (Z. d. d. geol.
Ges.y t. U, p. 206.)
1866. Websry. — Die Bildung der Galmeylagerslâtten in Obersch. (Z. d. d.
geol. Ges., l. IX, p. 7.)
• 1870. RoEiiER. — Géologie von Oberschlesien. (Breslau, 2 vol et allas)
avec appendice sur les substances minérales utiles par Runge.
1879. V. Groddeck, p. 33.
1881 . DK BécHEVEL. — Suf l'industrie du zinc en Silésie. (Mémoire manus-
crit, n** 1013, à rËcole des Mines.)
1885. Pelle. —Sur le zinc en Silésie. (Mémoire à Técole des Mines.)
1887. V. Steinhausz.— Das Zink und die Zink. industrie. (Oestr. ZeiU, p. 344.)
' Faute de moyens d*épuisement qui deviennent aujourd'hui nécessaires.
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460 GÉOLOGIE APPLIQUÉE. — ZINC ET PLOMB
1887. Cappkl. — Uberdie Erzfiihrung des Oberschlesischea Trias nordlisch
von Tarnowitz. {Oest. Zeit., p. 99.)
KosiNSKi, — Carte géologique de la région de Boleslaw. (Pologne).
1888. Oberschlesien; sein Land und Industrie. (Glûckauf,, p. 609, 617,626.)
1889. V. Bernhardi.— Uber die Bildung der Erzlagerlâtten in Oberschlesien.
(Z. Obersck. B. u. IL F., p. 47.)
1890. V. Bernhardi. — Uber die Lage der Oberschleisisch. Bergwerk und
Hutten Induslr. (Z. Obersch, B. u. H. F., 1890, p. 249.)
1880-1892. {Zeits. f, d. B. H. u. S. im preuss. St, (passim).
GûRicH. — Geol. Ubersichts Karte Schlesiens mit Erlâuterung. Breslau.
Degenhaadt. — Der obschles. polnische Berg District. Ùbersicht carte.
1892. L. DE Launay. — Notes de voyage inédites.
Bibliographie générale du zinc,
1867, Fdchs. — Le zinc à l'Exposition de 1867.
1876. Laur. — Les calamines. (Ind. min., 2«, t. V, p. 275 et 413.)
1879. Streckkr. — Die Zinkhùtten der Ver. Saatten. {Leoben /., 1879,
p. 282 ; et B. u. H. Z., 1879, p. 395.)
1880. CszYKOwsRi. — La blende dans les Pyiénées-Orientales et la région du
Canigou. [Ind, min., t. II, p. 8 et 369.)
1881. Mallet. — On the occurrence of zinc ore with Barytes in the Karnul
districts oî India (t. XIV, p. 196. Calcutta, 1881).
1884. Bkco. — Zinc et cuivre aux États-Unis. (Cuyper, t. Il, p. 129.)
1885. DiEULAFAiT. — Explication de la concentration des minerais de zinc
carbonate dans les terrains dolomitiques. (C. R., t. C, p. 815. Paris, 1885.)
1886. Ball. — Zinc and zinc ores. {The scientifie proceedings of the royal
Dublin Society, t. V, p. 321. Dublin, 1886.)
188 . V. ScHWARZE. — Ueber die Zinkblende und Bleierz Vorkommen zu Sel-
beeh. {Verhandlungen des naturhistorichen Vereines der preussischen Rheinland .
Westphalen des Regieiimgs Bezirks Osnabruck, 3® année, p. 7o. Rome, 188 .)
1887. GoRGEx. — Sur la production artificielle de la zincite et de la willé-
mite. {Bull, de la Soc. française de minéralogie, t. X, p. 36. Paris, 1886.)
1890. W.-H. Seamen. — Zinciferous Clay of Southwest Missouri and a
Theory as to the growth of the Calamine of that Section. {The Am. J, of Soc,
t. XXXIX, p. 38, New-Haven, 1890.)
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CADMIUM, ZIRCONIUM
ET AUTRES MÉTAUX RARES
Cd; Eq= 57 — P. at = H2
In; Eq= 37,80 — P. at = H3,4
Gai; Eq = 34,9 — P. at = 69,8
Tl; Eq = 204 — P. at = 203,6
Zr;
Eq =
44,75
— P. at = 89,6
Nb;
Eq =
47
— P. at = 94
Ta;
Eq =
91
— P. at = 182
Ce;
Eq =
46
— P. at = 141,2
U;
— P. at = 138,2
Di;
— P. at = 145,4
Yt;
— P. at = 89,6
Er;
— P. at = 170,6
Nous nous proposons, dans ce chapitre, d'étudier quelques
métaux secondaires : les uns se rapprochant du zinc, comme le
cadmium, Tindium, le gallium et le thallium; les autres se rat-
tachant plutôt à la famille de Tétain et du titane, comme le
zirconium, le niobium, le tantale, le cérium, le didymc, le lan-
thane, etc.
Cadmiums — Le cadmium, que ses propriétés chimiques et ses
gisements rapprochent du zinc, est surtout utilisé à l'état de jaune
de cadmium ou jaune brillant (sulfure), obtenu en précipitant les
sels de cadmium par l'acide sulfhydrique.
Le sulfure est également recherché pour la parfumerie, où on
l'emploie sous forme de pâte broyée à l'huile, pour donner aux
savons de toilette une nuance jaune vif; il sert en pyrotechnie à
obtenir des feux bleus, etc..
Le cadmium métallique, qui se dépose bien sur le fer par
l'électrolyse, a été quelquefois adopté par la marine pour recou-
vrir des chaînes qui résistent mieux ainsi à l'eau de mer.
* 1873. Wagner. (Chim. /nrf.)
1882. 0. MûQGE : GreHnockit von Kilpatrik in Schottland (M /. Min.^ 2, 1,18.)
1883. D'AcHiARDi, i. mineraii, elc... II, p. 471.
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^2 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Son sulfate et son iodure ont quelques applications en médecine
(l'iodure comme collyre astringent) ; Tiodure et le bromure
servent aux photographes pour la sensibilisation du collodion.
Enfin, le cadmium entre dans la composition de plusieurs
alliages , tels que Talliage fusible de Wood (plomb, étain, bis-
muth, cadmium), Talliage des clichés d'imprimerie (50 de plomb,
36 d*étain, 22, 5 de cadmium) ; son amalgame est utilisé par les
dentistes, etc.
Le cadmium est livré au commerce en baguettes du poids de
60 à 90 grammes ; il vaut de 12 fr. 50 à 16 francs le kilogramme.
Ses minéraux sont : la Greenockite (CdS), tenant 77,8 de
cadmium, isomorphe avec la wurtzite ou sulfure de zinc rhomboé-
drique d^Oruro (Bolivie) et assimilable également avec d^autres
sulfures tels que la pyrrhotine ou la nickéline ; puis TEggonite
(Cd" Si' 0*'+"), etc. Le cadmium se trouve, de plus, et surtout,
dans un grand nombre de blendes, carbonates et silicates de zinc.
La calamine de Silésie en renferme jusqu'à 5 p. 100 ; la blende
d'Ëaton (Etats-Unis), 3, 2 p. 100; la calamine de Wiesloch',
3 p. 100, etc.
On l'extrait toujours, comme produit accessoire, de gisements
de zinc, le cadmium, plus volatil que le zinc, passant dans les
premiers produits de la distillation qui arrivent à en renfermer
14 p. 100. Parmi les mines fournissant du cadmium, nous citerons
celles de la Silésie (7 321 kilogrammes en 1887), et celles de la
Vieille-Montagne (3 à 400 kilogrammes, extraits de minerais
d'Espagne). Aux Etats-Unis, on a signalé la greenockite dans le
S.-O. de TEtat de Missouri, dans les mines de zinc de Friedens-
ville, comté de Lehig, en Pensylvanie, etc.
Indium'. — Nous nous contenterons d'ajouter que Vmdium
est, de même, associé au zinc et a été découvert, en 1863, par
Richter dans la blende de Freiberg qui en contient 0,00025 à
0,0004 en poids. On en retrouve des traces dans les minerais de
Norvège : il n'a aucun emploi.
« Voir page 428.
» Eq = 37,80 ; P. at = ii3,4. Voir Richter (Notes «or rindium), C. R. 64,82. — Wleu-
Kel, Uber das Vork. Ton Indium in Norvegiscben Mineralien (Mag. f. Nature, 24, 333).
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CADMIUM, INDIUM, GALLIUM, ZIRCOMUM, ETC. 463
Gallium ^ — Le gallium, qui est aussi un métal rare des gîles
de zinc, a été trouvé en 1873 par Lecoq de Boisbaudran dans la
blende de Pierrefllte (Pyrénées), dans celle des Asturies et dans
celle de Bensberg. Cette dernière, qui est la plus riche, en ren-
Thallium'. — Le thallium a été découvert, en 1861, par
Crookes, dans un résidu sélénifère d'une fabrique d'acide sulfu-
rique, à Tilkerode (Uarz), et préparé à Tétat métallique, en 1862,
par Lamy.
De Kobell a reconnu sa présence dans les blendes du Brisgau
et de Westphalie, ainsi que dans les minerais de zinc de Raibl
en Carinthie. On le retrouve dans diverses pyrites de fer ou de
cuivre; mais le seul minéral qui le renferme en proportion
notable est la Crookésite^ signalée par Nordenskiold dans la mine
de cuivre de Skrikerum en Suède, et qui contient :
Se = 33,28; Cu = 45,76; Tl = 17,25; Ag = 3,71.
Zirconium. — Le zirconium, dont nous n'avons également que
quelques mots à dire, se rapproche, par ses propriétés, du silicium,
du titane et de Tétain. 11 est associé, dans ses gisements, à d'autres
métaux rares, tels que le cérium, ryttrium, etc.
Pendant longtemps, il n'a eu d'autre application que de former,
à l'état de zircon (Zr 0 *, SiO *), une gemme d'assez peu de valeur.
Récemmenit (sept. 1892) on a eu l'idée d'utiliser un de ses sels,
l'oxalate de zircone, pour obtenir un bel éclairage par incandes-
cence. A cet effet, on place, au-dessus d'un bec de gaz disposé
en brûleur Bunzen, un cône de coton imbibé d'oxalate qui se car-
bonise en une trame fragile donnant une clarté très vive.
Le minéral du zirconium est le zircon (67 p. 100 d'oxyde de
zirconium), qui est, lui-même, un élément essentiel des syénites
* Eq =34,9; P. at = 69,8. Voir CR. t. LXXXI, p. 493 et 1100. — Cf. [d'Achiardi,
II, 414, et Nature, 1878, n» 250, p. 241.
• Tl; Eq = 204 — P. at = 203,6 — 1861. Crookes : On the existence of a new élé-
ment. (Chem, News, 1861, 3, 193.) — 1862. Lamy : Soc. imp. des Sciences de Lille.
— Nordenskiold : Ann. Chem, Pharm., 145, 127. — 1878. De Kobell : Silzungsber. der
kk. Akadem., IV, 552; résumé dans Lapparent : Revue de géologie. {Ann. d, M.
7% t. XVII, p. 73.)
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464 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
éléolithiques, qualifiées, pour cette raison, de zirconiennes. On
en connaît de beaux gisements en Norvège (Brevig, etc.) ; dans
les monts Ilmen, près de Miask (Oural) ; à Matura et SafTragan
(Geylan) ; à Madras, dans Tlnde, etc. D*ailleurs le zircon est un
minéral beaucoup plus commun qu'on ne le croyait jadis et dont
l'analyse microscopique a révélé la présence fréquente à Tétat
d'inclusions entourées d'auréoles polychroïques, dans les silicates
magnésiens et ferrugineux d'un grand nombre de roches éruptives
ou métamorphiques.
Niobium et Tantale ^ — Le niobium et le tantale se rencontrent
presque toujours associés dans les minéraux complexes qui les
contiennent.
En 1801, Hatchett découvrit le tantale dans un minéral de
Colombie (la Colombite), qui a la forme cristalline du wolfram.
L'année suivante, Ekeberg le retira de deux autres minéraux : l'un,
tantalite de Finlande; l'autre yttrotantalite d'Ytterby en Suède.
La tantalite a été retrouvée au Groenland, à Haddam (Connec-
ticut), à Bodenmais (Bavière), à Ghanteloube dans la Haute-
Vienne, etc.
Elle se présente, suivant les points, avec des différences consi-
dérables de densité, tenant à l'association du tantale et du niobium,
reconnue, en 1864, par Marignac, et est isomorphe avec les tungs-
tates de fer et de manganèse.
En dehors de cette affinité avec le tungstène, on peut remarquer
l'association constante de l'acide stannique et de l'acide titanique
aux minerais niobifères. Les niobides (nom réservé aux tantalites
les plus riches en niobium) contiennent constamment des acides
titanique, stannique, tungstique et quelquefois de la zircone.
Inversement, le wolfram et la cassitérite renferment généralement
de l'acide niobique.
Cérium, Didyme et Lanthane; Tttrium, Erbium, etc. — En 1803,
» Nb; Eq = 47 — P. at = 94. — Ta; Eq = 91 — P. at = 182. —Voir : 1802. Hal-
chetl. PhWis Traru.f 49. — bkeberg. Ann.der Chemie, 43, 276. — Kose. Pog. Ann.^
63, 307 et 693, 69, 118. — Biomstrait. Sur ies métaux des minéraux tanta ilKre8.(^fiii.
der Chemie u. PA., t. CXXXV, p. 168.) — 1883. DAchiardi, H, 565. — 1888 Joly. Le
Niobium et le Tantale. {Encyclopédie chimique.)
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CADMIUM, INDIUM, GALLIUM, ZIRGONIUM, ETC. 465
Berzélius, Hésinger, et ELlaproth, découvrirent simultanément,
dans la cérite de la mine de fer de Bastnas, une terre, d'où
Mosander, en 1839, parvint à extraire le cérium, le lanthane et
le didyme.
Ces trois corps 3ont à peu près inséparables dans leurs gise-
ments et se rapprochent également de lyttrium, del'erbium, etc.,
qui forment des oxydes analogues. On les trouve dans un certain
nombre de minéraux, surtout développés en Scandinavie, au mi-
lieu des syénites éléolithiques riches en zircon : minéraux parmi
lesquels nous nous bornerons à citer, outre la cérite, la mona-
zite, Teukrasite, la mosandrite, Torthite, Tallanite, etc.. Dans les
mêmes gisements, se rencontrent la gadolinite,où le docteur Gadolin
découvrit Tyttria; la thorite ou orangite, etc.. On en a retiré, au
"moyen de l'analyse spectrale, toute une série de métaux : Yttrium,
Erbium,Terbium, Itterbium,Philippium, Decipium, Scandium, etc.
Sans insister sur ces métaux sans emploi, nous remarquerons
seulement leur association avec des métaux du groupe stannifère,
et spécialement avec les métalloïdes qui caractérisent ce groupe,
le silicium (avec le titane ou l'étain), le phosphore et le fluor. Les
minéraux qui les produisent sont, pour la plupart, des combinai-
sons complexes, où entre au moins Tun de ces éléments.
M. Cossa a reconnu la présence, relativement fréquente, du
didyme dans des apatites ou des scheelites; suivant lui, il en exis-
terait même dans les os des animaux et les cendres des plantes*.
En 1891, la statistique suédoise mentionne l'extraction de 13^5
d'allanite (cerium).
« Voir : Rev. de géol. {Ann. d. M., 7-, t. XVII, p. 73.) - Cf. d'Achiardi, II, 417.
GÉOLOGIE. — T. II. 30
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PLOMB
P6; Eq =103,5; P. at = 207
USAGES ET STATISTIQUE
Le plomb est utilisé dans Tindustrie, soit sous forme de plomb
métallique, soil à l'état de composés divers : oxyde, sulfate, car-
bonate, etc.
Les usages du plomb métallique sont fondés principalement sur
ce qu'il est facilement laminable, tendre, dépourvu d'élasticité,
dense (11,35), inattaquable à Tacide sulfurique, fusible à basse
température (vers 330°), etc.. Il a Tinconvénient de s'altérer au
contact des eaux et de donner des sels toxiques.
On l'emploie sous forme de feuilles servant à recouvrir les toits
ou l'intérieur des réservoirs, de tuyaux obtenus par compression
et pouvant se plier à la main sans effort, de fils moins altérables
que ceux de fer et faciles à couper pour les travaux du jardinage,
de balles, de plomb de chasse*, etc. Gomme toiture, il a deux
défauts qui lui font préférer le zinc : son poids et sa fusibilité (qui
constitue un danger en cas d'incendie.) On s'en sert également pour
garnir les chambres destinées à la fabrication de l'acide sulfurique.
Uni à l'antimoine, il donne l'alliage des caractères d'imprimerie ;
avec l'étain , il compose des soudures diverses et des alliages
fusibles.
1 Le plomb de chasse contient 1 à 2 millièmes d'arsenic, qui lui donnent la por-
priété de se mettre en granules, quand on le fait couler de très haut.
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468
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
PRODUCTION DES
QUANTITÉS SN TONNES.
1880
1881
1882
1883
1884
1885
1886
1887
1888
1889
1890
1891
Tonoes Fr.
13 990
14 112
13 778
14 300
Il 700
Il 000
15 870
17i00
19 650
Î0 720
26 000
26 000
231
220
242
254
237
234
208
223
215
219
205
183
ILES
BRITANHIQUES
Tonnes Fr.
73 329
65 673
64 559
52 000
55 000
52 000
54 000
52 000
52 000
49 000
46 000
45 000
281
252
252
212
184
198
220
207
212
221
221
ÎOi
PRUSSE
Tonnes Fr.
148 800
157 225
149 000
141000
140 000
140 000
142 000
143 000
144 000
149 000
140 000
153
152
141
129
127
135
135
138
140
144
140
SAXE
Tonnes Fr.
3 800
1 7i0
4600
3 400
28 900
18 000
m
26 000
30 000
30 000
»
31 500
195
207
188
145
221
296
»
197
169
169
»
18S
BAVIÈRE
Tonnes Fr,
300
>
1562
2400
3 800
120
1600
3400
4400
»
4 400
110
•
144
144
83
86
97
•
86
94
AUTRES PAYS
ALLEMANDS
Tonnes Fr.
2 400
2 300
2 600
2 300
2 000
3 000
7 600
94 I 5 500
229
221
212
212
180
200
133
164
BELGIQUE
Tonnes
5 434
3 721
3 631
1 750
1 800
1 300
1 300
500
400
200
150
70
Fr.
m
ITô
IJT
ITt
143
144
150
lôé
110
100
10<
115
PRODUCTION
QUANTITÉS EN TONNES.
09
U
•M
FRANCE
ILES
BRITANNIQUES
PRUSSE
SAXE
BAVIÈRE
AUTRES PAYS
ALLEMANDS
BELGIQDE
.— <»^^^-^
.-^^^
^ .
...'-^^—
'— -
-^<*^^*^-.
--^.^s^^--
,-^w^
-^-^
-*^.-x— ^
Tonnes
Fr.
Tonnes
Fr.
Tonnes
Fr.
Tonnes
Fr.
Tonnes
Fr.
Tonnes
Fr.
Tonnes
Fï
1880
6 467
371
57 803
416
n
»
n
»
»
B
7 934
ZU
1881
7 097
367
49 286
373
»
n
4 900
347
»
2 600
316
7 651
347
1882
8 196
325
49 286
373
89 551
334
1 800
334
»
2900
329
8645
340
1883
7 830
284
56 000
325
88 700
296
4 160
314
»
3 200
300
8400
3«
1884
6 400
265
64 900
280
92 000
202
4 000
272
«
3 700
258
7 800
266
1885
4 900
262
59 000
285
90 000
257
4 500
291
•
2 000
280
8 700
ÎU
1880
3 900
302
54 400
334
90 000
294
•
M
•
»
»
8 700
310
1887
6 000
300
52 800
319
92 500
291
4 400
330
n
2 000
300
10 000
318
1888
6 400
309
52 200
350
93 000
314
4 200
338
»
B
w
11 000
3Î9
1889
5 400
303
47 800
333
93 000
313
6 000
318
2 000
282
«
»
9 400
311
1890
4 600
338
49 800
333
94 000
309
»
■a
»
»
■
9 600
326
1891
6 700
312
4 9 100
309
87 000
297
5 500
326
»
»
•
42 700
3Ô7
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STATISTIQUE DU PLOMB
469
■ INERAIS DE PLOMB
VALBURS EN FRANCS
AUTWG
BE
Fr.
ITAU
Tonnes
E
Fr.
SUÈDE
RUSSIE
ESPAO
Tonnes
NE
Fr.
ÉTATS-
UNIS
TOTAL
approximatif
du
monde entier
Tonnes
Tonnes
Tonnes
Tonnes
Tonnes
»
»
37 555
242
12 988
«
320 889
87
»
796 807
13 542
190
1*
*
11 800
»
367 623
136
74 000
770 766
14 765
196
46 300
177
13 700
33 300
364 000
137
823 364
13 000
182
»
«
14 000
28 500
305 000
128
737 000
15 900
163
47 400
152
15 900
29 000
357 000
115
607 000
13500
173
41700
140
15 000
30 000
287 000
118
749 000
13 800
190
39 841
178
»
•
365 000
130
671 000
15 200
192
38 000
183
15 600
38 000
306 000
138
748 000
12 500
2i5
35 000
197
Il 700
37 500
540 000
124
781 000
12 800
219
37 000
191
16 600
»
»
»
\ 023 000
11300
211
»
»
»
>
-
V
1 065 000
13 300
197
32 000
212
15 000
30 000
464 000
81
1 036 000
DU PLOMB
iTALEURS EN FRANCS
AUTRICHE
ITAUE
SUÈDE
RUSSIE
ESPAGNE
ÉTATS-UNIS
TOTAL
approximatif
du
monde entier
Tonnes
Fr.
Tonnes
Fr.
Tonnes
Tonnes
Tonne»
Fr.
Tonnes
Fr.
Tonnes
••
»
»
»
197
»
7980 8
2U
9
M
3035 83
9 382
446
n
»
380
>
90 672
333
n
*
262 777
11 889
419
15 000
370
243
573
88 300
310
120 531
II
281 584
11000
376
»
»
90
540
99 300
298
130 568
»
417 000
12 100
354
15 000
300
400
630
88 300
289
127 000
430
452 000
11800
252
16 500
209
270
700
8)000
291
117 000
463
414 000
Il 100
370
19 508
330
200
800
106 000
270
123 000
530
422 000
10 700
382
17 800
309
210
1 000
J27 000
261
146 000
510
474 000
10 700
413
17 500
337
330
580
235 000
343
164 000
500
517 000
10 500
416
18 200
340
2b0
»
»
•
186 000
504
630 000
10 200
410
»
»
M
»
191 200
•
164 000
504
616 000 .
10 300
390
17 800
>
299
800
. »
»
147 000
504
581 000
470 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
L'oxyde de plomb anhydre constitue la litharge; Toxyde Pb* 0*,
le minium dont les emplois sont, à leur tour, assez divers : le mi-
nium sert comme matière colorante; fournit, à Tétat de mélange
avec la céruse, un mastic destiné à Juter les orifices des machines à
vapeur; entre surtout dans la composition du cristal, etc.
Le sulfate de plomb est utilisé dans la fabrication des papiers
peints, du vernis des cartes dites porcelaine, etc.
Le carbonate de plomb, ou céruse, donne une matière colo-
rante d'un blanc très pur et très opaque qui couvre bien, mais
s'altère rapidement, etc.
Les minerais de plomb commerciaux sont : avant tout, le sul-
fure et, accessoirement, le carbonate.
Production du plomb. — Deux tableaux, insérés plus haut, aux
pages 468 et 469, résument, d'après la statistique de l'industrie
minérale française, la production des minerais de plomb et du
plomb dans ces dernières années :
Par ordre d'importance, on en déduit :
PRODUCTION DES MINERAIS DE PLOMB
1889 1890 1891
Espagne 540 000 1. à 124 fr. 300 374 à 55,83 464 000 81
Etats-Unis — — —
( Prusse. ... 149 000 — 140 — 149 000 — 144 140 000 — 140]
àîi^mnr^no ) ^axc 30 000 — 169 — 30 000 — 31 500 — 182(
Allemagne^ 3^^.^^^ ... u 400 - 94 4 400 — 94 4 400 — 94i
[ Autres pays . 17 600 — 133 7 600 — 133 5 500 — 164;
Australie j 12 600 — ( 48 000 — 134 500 — 505
(plis 20 900 de métal.^ plu 50 000 de méUl.
Hongrie gg ooo — 42 — 89 000 — 90 500 — 33
Grande-Bretagne 49 000 — 221 — 46 000 — 221 45 000 — 202
( France ... 20 000 — 219 — 26 000 — 205 26 000 — 183)
France. . ] «"•-Calédonie 500 — 150 — 2 500 — 150 2 500 — 150'
(Algérie. ... 720 — 196 — 400 — 174 550 — 156}
Italie 37 000 — 197 — 32 187 — 202,16 32 000 — 212
Russie 38 000 — 37 500 — 30 000 —
Suède 16 600 — 16 600 — 15 000 —
Grèce (Laurium) 15 000 — 15 000 — —
Autriche 12 800 — 219 - 11 300 — 211 13 300 — 197
Chili 3 300 — 2 100 — —
Bolivie, Pérou, Républi-
que Argentine 2 600 — 2 600 — —
Belgique — — 70 — 115
Total approximatif. 1 000 000 tonnes. 1 065 000 tonnes. 1 036 000 tonnes.
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STATISTIQUE DU PLOMB
471
PRODUCTION DE PLOMB MÉTAL
1889
1890
1891
Espagne (1888).
235000
i. à
343 fr.
191200
191200
États-Unis < . .
186 000
—
504 —
164000
147 000 à 504
Prusse
93 000
—
313 —
94 000 à 309
i 87 000 à 297
Grande-Bretagne
(11 500 impor-
tations) . . .
47 800
—
333 ~
49 800 à 333
49 400 à 309
Italie
18 200
—
340 —
17 768 h 320
17 800
Belgique. . . .
9400
—
311 —
42 700 à 307
12 700 à 307
Grèce(export. en
Angleterre). .
11000
—
12000
42000
Autriche. . . .
10 500
—
416 -
10 200 à 410
10000 à 390
Saxe
6 000
—
318 —
5 oOO à 326
5 500 II 326
Bavière et au-
tres pays alle-
mands. . . .
6 000
—
318 -
5 400 à 291
5 400 à 291
France
5 400
—
303 —
4 600 à 338
0 700 à 312
Australie. . . .
20 900
—
924 —
50 000
2 100 à 699
Hongrie ....
3 035
—
305 —
3 033
1 300 à 355
Russie
1000
tonx
les.
800
630 000
646 000 tonnes.
581 000 tonnes
Comme le montrent les tableaux précédents, VEspagne es
aujourd'hui le grand centre de production du plomb dans le
monde. C'est elle, en particulier, qui fournit la presque totalité
de ce métal consommé en France.
Espagne. — Les provinces d*Espagne qui produisent du plomb
sont celles de Murcie, Jaen, Almeria, Badajoz, Grenade, Ciudad
Real, Gordoue, etc..
Quelques chiffres donneront une idée de l'importance de leur
extraction* :
1 Environ 30000 tonnes de plomb sont extraites, aux Etals-Unis, de minerais mexi-
cains.
> Les chiffres, empruntés aux statistiques ofQcielles espagnoles, sont notoiremest
mexacts et ne peuvent être considérés que cooame un minimum.
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472
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
DISTRICTS
Morcie (Garthagène et Mazarron) . . .
Jaen (Linarès)
Badajoz (Pefiarroya, etc.)
Almeria (Sierra-Àlmagrera)
Grenade
Giudad Real (Horcajo, la Uomana) . .
Gordoue (Casiano de Prado, etc.) . . .
Total (y compris divers gîtes accessoires)
1861
Gai. arg.
283 503
18 006
3 300
38 659
7 286
755
218
357 519
1869
Gai. arg.
164 513
67 271
4 560
56182
4 072
5148
3400
312 775
1888
Gai. arg.
140190
81 815
21528
9 394
3 782
3 267
1968
265 379
1890
Gai. arg.
116911
116 240
28 712
57 845
464 000
PRODUCTION DE MINERAIS DE PLOMB DANS LE DISTRICT DE
LINARÈS-LA-CAROLINA
1881. . 118 325 t. 1885. . 101535 t. 1889. . 112500 t.
1882. . 110720 t. 1886. . 115730 t. 1890. . 116240 t.
1883. . 111738 t. 1887. . 119987 t. 1891. . 115 000 t.
1884. . 117 485 t. 1888. . 114 300 t.
Quant à la production de plomb métal, qui occupe 1 819 ouvriers
et 337 femmes, elle se décompose ainsi, en 1888 :
Murcie (29 usines) 38 247
Gordoue (3 usines) 35 740
Jaen (usines de la Fortuna, la Tortilla et la Cruz à Linarès). 32 558
Guipuzçoa (usine de Capuchinos à Renteria) 8 520
Almeria (9 usines) 6 700
Malaga (usine de Heredia) 3 352
Giudad-Réal (usine de Puertollano) 1 409
Total (25 386
L'exploitation des mines s'est développée en Espagne à la suite
de la loi de 1825, qui leva l'interdit existant jusqu'alors sur cette
industrie, et, tout d'abord, dans les sierras de Gador et d'Alma-
grera, connues de longue date pour les exploitations antiques
dont les restes y subsistaient. Les provinces de Murcie et d'Alme-
ria (Garthagène, Aguilas, etc.) se couvrirent alors d'un très
grand nombre de concessions et il en résulta un gaspillage qui,
de 1860 à 1870, alors que les autres mines de plomb espagnoles
commençaient à se développer, arrêta l'essor de ces centres
plus anciens. Jusqu'en 1877, on voit les chiffres d'extraction de
la province de Garthagène décroître fortement; à partir de 1877,
au contraire, la production du plomb y a augmenté de nouveau,
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STATISTIQUE DU PLOMB 473
maïs surtout par Timportation des minerais des régions voisines,
en particulier de Linarès.
Cependant la province de Murcie, c'est-à-dire le district de
Carthagène avec les exploitations voisines, reste encore, après le
district de Linarès, la région la plus productrice de plomb.
C'est là, en particulier, que se trouve Timportant district de
Mazarron (C*** de Aguilas, de la Union, etc.), qui a produit, en
1890, 88 520 tonnes de minerai de plomb argentifère.
Le districtde Linarès (Jaen), d'une importance croissante, prod"^^
à peu près H5 000 tonnes de minerai de plomb à 75 p. 100 par an.
Dans la province de Badajoz, Peûarroya (la Oscuridad, etc.),
arrive à 12 000 tonnes de plomb et environ 20 000 kilogrammes
d'argent*. D'autres exploitations appartiennent à la Société de
Aguilas, au baron d'Eichthal, etc.
Dans le district d'Almeria, les mines sont celles de la Sierra
Almagrera.et de la Sierra de Gador.
Dans la province de Ciudad-Réal, THorcajo (Nuevo Peru y sus
Aumentos) extrait 70 000 tonnes et occupe 1 500 ouvriers. La
Romana est comptée pour 300 tonnes en 1888.
En 1891, on a commencé, en outre, des exploitations nou-
velles à Yillalba del Alcor (Huelva), à El Galayo (Se ville), etc.
Dans cette même année, l'Espagne a exporté 140 000 tonnes
de plomb.
Etats-Unis. — Après l'Espagne, viennent les Elats-Unis, où la pro-
duction de plomb a passé de 1 350 tonnes en 1825, à 20000 tonnes
en 1871, 88 000 en 1880, 186 000 en 1889 et 47 000 en 1891.
La presque totalité de ce plomb provient de minerais argentifères.
Les échanges constants de minerai, qui se font entre les diffé-
rents États des Montagnes Rocheuses, rendent assez difficile d'éta-
blir la répartition de la production par mines. Idaho fond peu de
ses minerais et les expédie à TUtah, au Montana, au Colorado;
rUtah en reçoit d'autres sources et expédie, par contre, certains
de ses minerais.
En gros, on peut donner la répartition suivante :
' La statistique de 1888 mentionne, dans cette province, une seule usine en activité,
à lo8 Almadenes, ayant donné 270 tonnes de plomb métal.
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474
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1880
1887
1889
Tonnes
Tonnes
Colorado (Leadville) .
U 000
57 000
63 700
Missouri et Kansas. .
28 000
26 400
»
Idaho
1 800
48 000
22 400
Utah
15 000
22 000
45 000
Montana
»
40 000
9 400
New-Mexico
..
•
4 300
Arizona
»
»
28 800
Nevada
16 000
3 500
4 800
Les fondeurs du Colorado ont obtenu, en 1887, 67 000 tonnes
de plomb, dont 57 000 tonnes environ venant de la province même
et 10 000 tonnes d'États voisins.
Le grand centre minier du Colorado, et même des Etats-Unis
entiers, est Leadville qui a produit : en 1887, 31 000 tonnes de
lingots fondus et 35 000 tonnes de minerais siliceux ou sulfurés;
eu 1890, 45 500 tonnes de plomb. Il arrive, d'ailleurs, à Leadville,
une forte proportion déminerais d'autres centres.
Dans le district de Monarch, la mine Madonna est tombée de
40 600 tonnes de minerai en 1886, à 15 300 en 1887; la mine
Eclipse a passé en tète avec 36 600 tonnes.
Le Missouri et le Kansas, où les minerais de plomb sont généra-
lement associés à des minerais de zinc, ont été en progrès notable
jusqu'en 1887; depuis, ils sont restés assez stalionnaires. Au S.-O.,
l'Aurora et la Dwight smelting C** ont produit 8 600 tonnes; la
Saint-Joseph Lead C^ à Bonne Terre, environ 13 700 tonnes : en
tout, environ 26400 tonnes de minerai. En 1887, le Kansas tx pro-
duit 2 200 tonnes de plomb.
làUlah a produit, en 1887 :
Germania lead works 3 269 tonnes
Hanauer 5 465 —
Mingo furnace Company 2 363 —
40 097 tonnes.
Plomb contenu dans les minerais expédiés au dehors 9 595 —
Total 20 692 tonnes.
Les mines d'Ontario, Daly et Cresceut expédient, à peu près,
20 000 tonnes de minerai; Ontario : 9 900, soit 2 050 tonnes
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STATISTIQUE DU PLOMB 475
de plomb ; Daly, 3 300 tonnes, soit 790 tonnes de plomb ; Cres-
cent, 5 900 tonnes de minerai.
Le district de Bingham Gaflon arrive à 24 400 tonnes de minerai,
avec Brooklynled, Lead mine, etc. Ces minerais tiennent, en
moyenne, 36 p. 1 00 de plomb, 12 onces d'argent et 10 à 15 francs d'or.
Le district de Tintic, avec les deux grandes mines de Eurêka Hill
et Beck and Bullion, arrive à 32 500 tonnes, dont 11 200 de fondant
fernigineux. On atteint ainsi, pour TÉtat : 66 000 tonnes de minerai,
ou 22 000 tonnes de plomb en 1887; 15 000 tonnes de plomb en 1889.
là'Idaho a produit : en 1887, environ 18 000 tonnes de plomb;
en 1889, 21 000, dont un tiers fondu sur place, le reste expédié
en minerais en Montana, Colorado, Californie, etc.
Dans ce tolal, la région de Wood River entre pour environ
6400 tonnes de plomb; la Viola Mining and Smelting Company
à Nicholia, comté de Lemhi, pour 4 400. Puis, dans la région de
Cœur d'Alêne, la Bunker Hill and Sullivan a produit 9 000 tonnes
de plomb argentifère.
En 1888, on avait :
Bunker Hill and Sullivan 7 800 tonnes.
Tiger 6 200 —
Poorman 3600 —
En Montana^ la principale mine est THelena Mining and
Réduction Company de Wickes, qui a produit, en 1887, environ
6 600 tonnes de plomb; puis vient THécla Cons. Min. C*
de Glendale qui a produit, en 1887 : 2 400 tonnes de plomb,
476 719 onces d'argent et 60 tonnes de cuivre.
La production totale de TEtata été, en 1889, de 9 000 1. de plomb.
Dans le Nevada^ les deux mines importantes sont Richmond
Consolidated : 2 000 tonnes, et Eurêka Consolidated : 1 120 tonnes.
En tout, on atteint 3 500. Jusqu'en 1880, la production de cet
État était beaucoup plus forte : 31 500 tonnes en 1878, 22 400 en
1879,16 200 en 1880.
En dehors de ces États, V Arizona^ qui, jusqu'ici, ne fond pas
de plomb, a produit, en 1889, des minerais qui en contenaient
2 800 tonnes.
Les régions qui se sont développés récemment sont le Cœur
d'Alêne en Idaho et le Missouri.
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476
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
En outre, le Mexique expédie, dans la province de New-Mexico,
des minerais de plomb argentifères, provenant surtout de la Sierra
Mojada dans Tétat de Coahuila et produisant, à peu près, 15 000
tonnes de plomb par an.
Allemagne. — En Allemagne, la production de minerais pré-
parés se divise ainsi par régions :
Rhin (Gobleoz , Dûsseldorf, Cologne, isso
Trêves, Aix-la-Chapelle) 61 352 t. de min.
Harz (Clausthal) 42 165 —
Silésie (Breslau, Oppeln) 17 766 —
Nassau 24 687 —
Westphalie (Àrnsberg) 8 048 —
1890
60 080 t. de min.
33 711 —
32 503 —
12 055 —
10 262 —
134 018 t. de mÎD.
Saxe
147155 t. de min.
31 500 t.
La production totale a passé de 105 290 tonnes en 1870, à
154 018 en 1880 et 179 000 en 1890.
La production de plomb métal, se répartit ainsi, en 1890 :
District de Bonn (Province Hhénane).
Districts de Breslau et Halle (Silésie).
District de Clausthal (Harz)
District de Dorlmund (Westphalie) .
60 228
19 713
11147
43_
91132
Autriche-Hongrie. — V Autriche-Hongrie produit environ 100 000
tonnes de minerai, mais dont la majeure partie (90 000 t.), prove-
nant de la Hongrie, se compose de minerais bruts de valeur minime.
La répartition, par provinces, peutse faireen Autriche, commesuit:
MINES
8
33
8
1
2
AUTRICHE
1870
1880
1891
Bohême (FiuVib, ■!••)
CariQthie(liikl,ff4lijsck«-€«i.). .
Galicie •
Tyrol (8chif«ker|, likMtoit, T«Mt) .
Carniole (L uiij
Moravie (Atlii4«rf,Birikai). . . .
Styrie
Tonnes
1 014 fil.
....,^.«1.
5147
558
1996
47
»
>
Tonnes
1 867 fil.
. .fal.irf.
6 927
665
587
»
Tonnes
2 474fal.
14 538|al.arf.
8216
1909
456
202
72
32
Totaux
10 456
10 482
103 861
En Hongrie, on a eu, en 1890, pour les minerais de plomb :
Be8zterczebanya(SchemDitz) 86 552 t. de gai. argent.
Zalatna (Transylvanie). . . 2918 — et
Nagybanya » —
4274 t. de galène-
5830 —
Total 89 470 t. de gai. argent, et 10 104 1. de gaIène^
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STATISTIQUE DU PLOMB
477
pour le plomb métal et le litharge
Nagybanya. . .
Zalatna ....
Beszterczebanya
819 tonnes de plomb et
274 —
171 —
197 t. de litharge
» —
Total 1 264 tonnes de plomb et 197 t. de litharge
Angleterre. — En Angleterre^ la production de minerais de plomb
a varié» comme suit :
ANNÉES
1856
1870
1872
1874
1876
UINERAI DE PLOMB
103 609 tonnes
99 747 —
82 869 —
77 379 —
80 361 —
ANNÉES
1878
1880
1881
1889
1890
UINERAI Dl PLOMB
78 588 tonnes
73 412 —
62 737 —
49 000 —
46 000
Elle se répartissait, vers 1880, de la manière suivante, entre
les divers districts :
MiirsEAi ra noMB amskht
16 869 tonnes 58 318 onces.
Northumberland (30 mines) . . .
(Cale. carboDifère de la chaîne pennine).
Montgomeryshire (13 mines). . . 9 041 —
(Gamorosilunen).
Shropshire (7 mines) 7 713 —
(GambrosUurien). (5 955 je plomb).
Denbighshire et Flintshire (45 mi-
nes) 5 963 —
(Carbonirère).
Cardiganshire (31 mines) .... 5 850 —
* (Silurien).
Yorkshire 4 198 —
Uc de Man 3 920 —
Cornwall 2 727 —
Cumberland 2 667 —
Derbyshire 2 264 —
Carnarvonshire 2 144 —
Westmoreland 1 581 —
2 748 —
26 397 —
47 284 —
En 1891, on a
Angleterre
Ecosse . .
Irlande. .
Durham 7 709 tonnes de minerai.
Flintshire 5 233 —
Derbyshire 4 582 —
Northumberland 3 264 —
Cumberland 2 609 —
Cardiganshire 2 184 —
Shropshire 1893 —
Yorkshire 1 523 —
Westmoreland 1 476 —
Denbighshire 1223 —
Lamarkshire 2117 —
Dumfriesshire ' 2047 —
Wicklow 10 —
lie de Man 6 789 —
Total pour le Royaume-Uni. 44 570 -—
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478
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ftussie. — La Russie (Pologne) a produit, en 1889, 38 000 tonnes
de minerai et seulement 1 000 tonnes de plomb.
De 1867 à 1876, la production moyenne n'était que de 1 387
tonnes par an.
Italie. — là'Italie produit environ 35 000 tonnes de minerai de
plomb par an. La majeure partie vient de la Sardaigne : district
dlglésias et Sarrabus*; un peu de la Toscane et de la Calabre.
La production de lltalie a été :
ANNÉES
ITAUE
-" ^1
IGLESIAS 1
Tonnes Francs
Tonnes Krsnrs
1860
10 407 minerai valant 3 015 000
9165 minerai valant 2 750 924
1870
26 352 — 6 577 000
25 000 — 6 310 000
1880
37 555 — 9 096 000
36143 — 8 934 000
1890
32187 — 6 507 69*
31705 — 6 430 607
Une usine, située à Lerici (Pertusola), dans la province de Gènes,
a produit, en 1890, 17 768 tonnes de plomb et 34 248 kilogrammes
d'argent.
Australie. — V Australie n'avait, jusqu'en 1880, qu'une produc-
tion insignifiante de quelques tonnes de plomb. En 1889, elle
a produit 20 900 tonnes de plomb métal, plus 12 600 tonnes
de minerai exporté ; en 1891, 134 000 tonnes de minerai.
France. — En France, les minerais de plomb, généralement
argentifères, ont été exploités principalement à Pontpéan, dans
rille-et- Vilaine et aux mines appartenant à la compagnie de Pont-
gibaud, dans le Puy-de-Dôme ; ensuite, à Villefranche et à As-
prières, dans TAveyron ; à Sentein et à Moncoustans dans
TAriège : à Pierrefitte dans les Hautes-Pyrénées ; aux Bormettes,
dans le Var (mines très développées depuis 1889) ; à Vialas, dans
la Lozère; aux Malines, dans le Gard, etc.
1 Voir plus haut, pag^ 387, pour la province d'Iglesias et plus loin, à VArgent, pour
le Sarrabus.
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STATISTIQUE DU PLOMB
479
r
MINERAIS DE PLOMB ET ARGENT, 1886
ToDOM Francs
Pontpéan 6 364 à 184, 30
Traité à Couëroii (Loire-
Inférieure) et Selai-
irneaux (Belgrique).
y We franche t-t Atprières. 2 000 à 389, 15
(Angleterre, Pont gibaud).
Péfugibaud ....... 24î3à2l6,48
(Pontgibaud et Stolbcrg
en Allemagne).
Pierrefitte 669 à 237,42
(Angleterre).
^orm«?«e» (Var) 500 à 230,00
(Traité à Anvers).
Sentein et Atoneotutans . . 676 à 2 1 9, 63
(France, Swnnsea).
Vinlas 317 à 312. 00
Matines 18i à 191.00
Total 14 672 à 208,00
MINERAI DE ZINCf1886
Tonnu Franc* Francs
748 à 17,59 = 13 158
182 à 44, 22 a 8 048
2 10ià60,00=^ 131 520
1069 à 35,00= 37 415
MINERAIS DR PLOMB ET ARGENT
1891
TooMs Francs
Francs
8 133 à 163,39
=
1 328 850,87
6 114 à 208,70
=
1 275 994, 00
2 423 à 213,10
=
516 769.00
1 994 à 260.84
=
521 120,00
1 660 à 172,22
=
285 881,20
592 à 170,42
=
100 891,00
203 à 326, 50
111 à 110,00
~
66 452,00
li 210.00
21 232 à 193,50
4 108 172,07
La France consomme environ 36 000 tonnes de plomb par an,
dont un dixième seulement provient des gisements français.
Belgique. — La Belgique, qui, en 1880, produisait encore
6 434 tonnes de minerai de plomb, n*en a plus produit que 70 en
1891 ; mais, par suite de l'importation de minerais étrangers, elle
arrive encore (1891) à 12 700 tonnes de plomb métal.
Prix des minerais de plomb. — U estimation d'un minerai de
plomb dépend, avant tout, du prix du métal qui a varié, de 1860
à 1892, comme l'indique le tableau suivant, donnant les prix
moyens par 100 kilo;jrammes à Marseille :
Francs
Francs
Francs
Francs
1860
50, 50
1869
44,00
1878
44,70
1887
31,50 1
1861
49,00
1870
44,00
1879
35,50
)888
35,40
18Ô2
46,60
1871
46,00
1880
38,50
1889
32,00
1863
47,70
1872
45,00
1881
35,50
1890
32,00
186i
49,00
1873
51,00
1882
34,00
1891
28,00
1865
48,00
1874
53,50
1883
32,00
1892
27,00»
1866
47,00
1875
51,80
1884
28,20
1^67
47,00
1876
52,20
1885
28,20
1868
45,50
1877
50,50
1886
31.70
Elle dépend également, la plupart des galènes étant argentifères,
du cours de l'argent.
* On cote, en janvier 1893, 26 francs les 100 kilogrammes.
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480 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Ceci posé, pour avoir la valeur d'une tonne de galène à 60 p. 100
de plomb et 750 grammes d'argent à la tonne, par exemple, on
fera le calcul suivant :
Déduisons, pour le traitement métallurgique, 7 unités de la teneur
en plomb et comptons, en moyenne, 65 francs de frais de fusion,
nous avons, le plomb étant à 0,32, 530 x 0,32 — 65 = 101 ;
750 grammes d'argent à 192 francs, moins 60 francs de désargen-
tation, donnent 84 francs. Du total (185 francs) , il reste à retran-
cher 5 p. 100 pour l'escompte commercial et les frais de trans-
port.
Cette formule dépend naturellement des usages locaux : c'est
ainsi qu'à Linarès (Espagne), on compte les frais de fusion à
56,25 ; et, pour l'évaluation rapide de la valeur d'un minerai, on
a adopté une sorte d'étalon de 8 francs par quintal castillan de
46 kilogrammes pour une galène à 75 p. 100 de plomb *, le cours
du métal à Londres étant de 325 francs ; pour chaque livre sterling
de variation sur le marché anglais, il suffît d'ajouter ou de retran-
cher 0,75 du prix du quintal.
Pour les carbonates on estime, en moyenne, à Linarès, 3 francs
à 3 fr. 50 centimes le quintal castillan à 45 p. 100 de plomb pour
le même cours du plomb.
En Sardaigne, nous avons donné* une formule de vente:
V = ^^~o ^ + Ag. p - FF - fp - transport
où V représente la valeur du quintal en francs; t la teneur en
plomb; a, une constante qui varie de 6, 7 à 8; P, le prix du quin-
tal de plomb; Ag, le prix courant de l'argent; p, le poids de l'ar-
gent; FP et fp, les frais de fusion et de désargentation.
L'évaluation de la valeur cTun filon est nécessairement plus
complexe. Elle comprend : d'une part, l'appréciation de l'épais-
seur réduite du filon, ou de sa valeur par mètre carré de sur-
face, ainsi que de sa longueur, la profondeur étant forcément
une inconnue ; puis, l'estimation de la teneur en plomb et en
argent à laquelle oa peut arriver, suivant les cas, par la prépa-
* Ces galènes ne sont iiue fort peu argentifères.
* Page 394.
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ESTIMATION D'UN FILON DE PLOMB 481
ration mécanique ; enfin, par contre, le devis des dépenses cor-
respondantes.
On apprécie, en général, un filon d'après la valeur du mi-
nerai contenu dans un mètre carré de surface, suivant le plan
du filon ; la même base étant adoptée pour le calcul des dépenses.
A cet effet, on supposera rapprochées Tune de l'autre et jux-
taposées les plaquettes compactes de substances utiles, galène,
blende et pyrite, comprises dans la largeur du filon, que nous
admettrons être lui-même plus étroit qu'une galerie ordinaire
de mine (1™,20 à 1"*,50). On conçoit ainsi un filon idéal, dont l'épais-
seur est nommée épaisseur réduite. Quelle que soit cette épaisseur
réduite, les dépenses d'exploitation resteront les mêmes par mètre
d'avancement et par mètre de hauteur, c'est-à-dire par mètre
carré de surface de filon, puisqu'il faudra toujours faire une
galerie assez lai^e pour que l'ouvrier puisse y travailler ; nous
n'avons donc qu'à rechercher la valeur du minerai contenu dans
ce mètre carré.
Considérons un filon de 8 centimètres d'épaisseur réduite, dont
1,3 en galène et 6,7 en blende, il contiendra, par mètre carré : 1,3
X 10000 X 7,5, soit 97%5 de galène à 86,6 p. 100 et 6,7 x 10000
X 4, soit 268 kilogrammes de blende à 67 p. 100 ; 10000 étant
le nombre de centimètres carrés contenus dans un mètre carré,
7,5 le poids spécifique d'une galène théorique à 86,6 p. 100 et 4
celui d'une blende à 67 p. 100 *. Chaque centimètre d'épaisseur
de galène correspondrait, en particulier, dans cette évaluation, à
75 kilogrammes.
Mais il faut tenir compte des pertes d'exploitation et de lavage.
Celles-ci sont très variables, comme nous l'expliquerons plus loin,
suivant la nature du minerai et les procédés de préparation méca-
nique. Si on les estime, en moyenne, à 20 p. 100 pour la galène,
on voit que le centimètre d'épaisseur donne seulement, par mètre
carré, 80 x 75 ou 60 kilogrammes.
Par contre, on n'enrichit pas ordinairement le minerai jusqu'à
* On voit que, pour passer de l'épaisseur réduite en millimèlres au poids de mi-
nerai en kilogrammes par mètre carré, il suffît de multplier par le poids spécifique.
Le poids spécifique de la galène est de 7,2 à 7,7 ; celui de la blende de 3»9 à 4,2 ; la
teneur de la galène est de 86,60 p. 100 de plomb ; celle de la blende, de 67 p. 100 de zinc.
GéOLOGIE. — T. II. 31
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482 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
obtenir de la galène pure. Au lieu d'arriver à une galène théorique
tenant 86,6 p. 100 de plomb, on n'obtient qu'une galène à une
teneur de 69 p. 100, par exemple; dès lors, le rendement par
centimètre et mètre carré devient, en réalité, dans ce cas :
oa A
60 X -T^ ou 75 kilogrammes de galène à 69 p. iOO.
chiffre moyen qui est souvent adopté dans les évaluations.
En multipliant, dès lors, le poids par l'épaisseur réduite et le
prix du plomb, ajoutant la valeur de l'argent contenu et faisant
un calcul semblable pour la blende, on aura la valeur du filon au
mètre carré en un point ; et, si on a eu soin de noter les épais-
seurs réduites au fur et à mesure de l'avancement des galeries en
direction et en inclinaison, on saura approximativement la valeur
représentée par les massifs ainsi découpés.
Mais nous venons de supposer implicitement que nous connais-
sions la teneur en argent finale, teneur absolument dépendante
de la formule de la préparation mécanique qui, d'autre part,
interviendra dans la quotité des dépenses. Il faut donc indiquer
comment on procédera pour régler celle-ci :
Quelle que soit la substance à laver, il est évident qu'il y a
lieu de continuer à enrichir un minerai, c'est-à-dire en séparer le
stérile, tant que les frais de préparation, augmentés de la perte de
minerais ténus au lavage, ne surpassent pas l'augmentation de
valeur qui en résulte *.
Quand la galène est argentifère, ce chapitre des pertes au lavage
prend une importance capitale, les minerais argentifères très ténus
étant toujours des premiers éliminés. C'est ainsi qu'à Pontpéan
on a constaté qu'en arrivant à 75 p. 100 de sulfure de plomb, on
perdait jusqu'à 30 p. 100 de plomb et 50 à 60 p. 100 de l'aident;
au contraire, en n'enrichissant qu'à 50 p. 100, la perte en argent
se réduisait à 30 p. 100.
Suivant la nature de la gangue, la préparation est d'ailleurs
plus ou moins facile : avec le quartz, qui est la gangue la plus
favorable, on peut généralement pousser jusqu'à 78 et 80 p. 100
1 Voir Garnier, sur Vialas : Ind. min.^ 1875.
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GÉNÉRALITÉS GÉOLOGIQUES SUR LES gItES DE PLOMB 483
de sulfure. D'une façon générale, plus le minerai à laver est riche,
et plus la préparation a besoin d'être complète; plus, par suite, elle
est coûteuse.
En tenant compte de cet élément et en laissant toute la marge
compatible avec les variations inévitables suivant les mines,
suivant la profondeur, suivant la difficulté de Fépuisement, etc.,
on peut évaluer les dépenses par mètre carré de sulfure de filon
(exploitation et préparation mécanique) de 60 à 80 francs.
Dès lors, on peut conclure dans chaque cas l'épaisseur réduite
nécessaire pour qu'un filon soit pratiquement exploitable.
A Pontpéan, on a exploité fructueusement une épaisseur réduite
de 6 à 5 centimètres avec une teneur de 52 p. 100 de plomb, et
de 1 kilogramme d'argent à la tonne. En 1885, par exemple,
on avait 56 millimètres de galène.
Dans la Haute-Garonne, des filons complexes étaient exploitables
quand ils avaient une épaisseur réduite de 8 centimètres (1,3 en
galène et 6, 7 en blende), etc..
GÉNÉRALITÉS GÉOLOGIQUES SUR LES
GISEMENTS DE PLOMB
Au point de vue géologique, les gisements de plomb se pré-
sentent dans des conditions assez analogues aux gisements de zinc
que nous avons étudiés dans un chapitre précédent, et les deux
métaux, dont les propriétés chimiques sont voisines, se rencontrent
même très fréquemment associés.
C'est ainsi que nous trouverons le plomb, comme le zinc, exploité
sous deux formes essentielles, le sulfure et le carbonate : le carbo-
nate existant uniquement dans des terrains calcaires; nous aurons,
de même, à faire une distinction capitale entre les gisements situés
dans des terrains inattaquables : granité, gneiss, quartzites, schistes,
etc., gisements qui se réduisent à des remplissages de fentes plus
ou moins complexes et ceux intercalés dans des calcaires atta-
quables, qui prennent, le plus souvent, la forme de gîtes de substi-
tution.
Cependant nous serons en droit d'affirmer, pour le plomb, un
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48i GÉOLOGIE APPLIQUÉE
fait qui, pour le zinc, était resté, tout au moins, douteux, c'est
que tout le plomb exploité a commencé par se déposer à l'état de
sulfure (galène) et que les autres sels, carbonate, sulfate, phos-
phate, chlorure, etc., n'en sont jamais que des produits d'alté-
ration limités au voisinage de la surface.
Avant toute chose, il est bon d'insister, d'une façon générale,
sur les conditions de ce dépôt en reprenant une discussion déjà
engagée à propos du zinc et du cuivre.
Quelle que soit Thypothèse admise sur le mode de formation
des gisements de plomb, qu'on les fasse provenir d'un lessivage
secondaire des roches encaissantes ou de fumerolles dégagées
par ces roches au moment de leur ascension dans Técorce, on
n'en doit pas moins admettre, comme pour l'étain et le cuivre,
(quoique moins nettement), une relation d'origine entre le métal
et certaines roches.
C'est ce que divers chimistes ont essayé de prouver par des
analyses très minutieuses de ces roches elles-mêmes, où ils ont
souvent rencontré, à Tétat de traces infinitésimales, les métaux
concentrés au voisinage. Bischof *, le premier, est entré dans cette
voie, où il a été suivi par Sandberger *. Lorsque nous aurons à parler
des grands gisements de plomb américains, de Leadville* et
Eurêka par exemple, nous verrons comment la même méthode a
été appliquée par les géologues américains.
Ces investigations, si intéressantes, prêtent cependant à une
objection, si l'on veut en conclure, comme les chimistes en ques-
tion, que la concentration du métal est un fait postérieur à la con-
solidation de la roche.
En effet, la logique voudrait que les roches mères, dont provient
un amas de métal important, fussent précisément plus appauvries
en ce métal que les roches éloignées du gisement et n'ayant pas
subi d'altération; en outre, malgré la possibilité, pour les eaux, de
pénétrer dans toute la masse d'une roche par porosité, cet appau-
vrissement aurait nécessairement dû se faire sentir, de préférence,
« Chemical and physical geology, t. Ill, p. 548.
* Untersuchungen ûber Erzgânge. Wiesbaden, 1882.
* Lead ville, par Emmons, p. 574.
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GÉNÉRALTTÉS GÉOLOGIQUES SUR LES gItES DE PLOMB 485
suivant certaines zones fissurées qui permettaient une circulation
plus facile. Il ne suffît donc nullement de trouver du plomb dans
une microgranulite située au contact delà galène, àLeadville, pour
en conclure que la galène provient, par réaction secondaire, de cette
microgranulite; il faudrait, de plus, montrer que ce plomb y est
réparti d'une façon irrégulière et surtout qu'il existe en quantité
plus grande dans toutes les microgranulites assez distantes pour
n'avoir pu participer à la formation du gisement. Encore resterait-il
à examiner pourquoi, le lourde toute autre microgranulite altérée,
il n*existe pas d'amas métallifère. On échappe à toutes ces objec-
tions en pensant que le plomb, reconnu à la fois dans les micro-
granulites et dans le gîte, provient de la même source, c'est-à-dire
des fumerolles du magma igné profond, qui avait d'abord donné
lieu à l'épanchement de la roche, mais n'était pas encore refroidi
quand le gisement métallifère s'est formé.
Ce plomb, qui est ainsi venu cristalliser à Tétat de galène, sel à
peu près insoluble dans Teau ordinaire, à quel état a-t-il été
amené parles eaux? Est-ce à l'état de sulfate (bien insoluble lui-
même), réduit sur place par une matière organique ou un hydro-
carbure ? Est-ce à l'état de chlorure précipité par un dégagement
connexe de l'hydrogène sulfuré ou par un sulfure alcalin? Est-ce à
l'état de sulfure même, en dissolution dans un sulfure alcalin,
comme il s'en trouve fréquemment dans les eaux thermominé-
rales ? C'est ce qu'il est presque impossible de préciser *.
Lorsque nous étudierons, plus loin, les diverses catégories de
gîtes de plomb, nous verrons que le plomb, déposé, dans tous les
cas, à l'état de galène, a pu, soit incruster les parois d'une fente for-
mée de roche inerte (granité, gneiss, etc.), soit se substituer
moléculaire ment à un carbonate. Il est bien difficile, surtout dans
le second cas, d'invoquer la réaction d'un corps étranger, tel que
le carbure d'hydrogène, ou l'hydrogène sulfuré.
L'hypothèse d'une dissolution de sulfure de plomb dans un sul-
fure alcalin semble donc la plus vraisemblable. Mais alors il n'est
pas bien aisé, non plus, de comprendre comment il s'est déposé du
* Des études onr été faites, à ce sujet, parV. Rolh, Allgemeine Geologie.yi, 363.—
Voir Emmons: Lead ville, p. 563.
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486 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sulfure de plomb et non, dès le principe, du carbonate de plomb,
par action du sulfure sur le carbonate de chaux.
Peut-être un excès d'acide sulfurique contenu dans Teau aura-
t-il d'abord dissous la calcite en produisant du sulfate de chaux
emporté par l'eau et laissant un vide, immédiatement rempli parle
sulfure de plomb, qui se sera précipité en présence du sulfure de
calcium. Le fait en lui-même, si difficile à expliquer qu'il soit, est,
d'ailleurs, prouvé par 1 existence de cristaux de galène et blende
pseudomorphosant de la calcite ou de la dolomie.
Nous voici donc en présence d'un dépôt de sulfure de plomb ; il
ne nous reste plus qu'à faire voir comment, dans tous les gise-
ments exploités au milieu du calcaire (Littai, Eurêka, Lead-
ville, etc.), ce sulfure s'iBst trouvé postérieurement changé en
carbonates, sulfates, etc., qui semblent parfois former presque
toute la masse du gisement.
L'altération facile du sulfure en carbonate, même sans inter-
vention de calcaires, est un fait nettement mis en évidence par
l'existence fréquente, dans de vieilles haldes de mines, de frag-
ments de galène transformés partiellement ou totalement, suivant
leurs dimensions, en cérusite ; on a pu le constater par exemple,
en Derbyshire, sur des haldes remontant, d'après certaines inscrip-
tions, à l'empereur Adrien (soit vers 130) ; on peut l'induire éga-
lement de ce fait que, dans tous les gisements de plomb formés,
à leur partie supérieure, de carbonates comme Eurêka, Leadville,
etc., ces carbonates disparaissent à une profondeur déterminée,
profondeur en relation manifeste avec le niveau hydrostatique
ancien de la région. Suivant le climat, l'altitude, l'abondance des
pluies, la durée des gelées qui empêchent les eaux de circuler
dans la terre, la facilité plus ou moins grande de pénétration
que présentent les terrains, cette zone d'altération est plus ou
moins profonde.
Pour l'expliquer, on invoque, soit une action directe de l'acide
carbonique de l'air apporté par les eaux, soit une première trans-
formation du plomb en sulfate par l'oxygène de l'air. Les sulfates
métalliques, étant tous plus ou moins solubles, ont pu alors subir
un phénomène de transport plus ou moins prononcé, à la suite
duquel il est même parfois arrivé qu'en présence de quelques ma-
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A410 C. .
. 0,004,383
A 130 C . .
. 0,003,155
A420 C. .
21,300
A 410 C . ;
41,300
GËNËRALITËS GÉOLOGIQUES SUR LES gItES DE PLOMB 487
tières organiques, de bois de mine par exemple, il se reproduisit une
cristallisation secondaire à Tétat de galène ou de blende.
V. Roth, qui a fait des expériences sur la solubilité des sulfates
divers, a montré que 100 parties d'eau dissolvent* :
parties de sulfate de plomb.
parties de sulfate de fer.
parties de sulfate de zinc.
Le sulfate de plomb dissous a pu alors être transformé en car-
bonate par des solutions de carbonates alcalins ou de carbonate de
chaux, en présence de Fair. 1 00 parties de sulfure de plomb, en poids,
produisent 1 26,78 de sulfate et lH ,71 de carbonate. L'accroissement
de volume du sulfure au carbonate est de 28,13 p. 100. La pré-
sence d'un peu d'acide phosphorique, dont on a trouvé fréquem-
ment des traces dans le calcaire, suffît, d'autre part, à expliquer la
production de pyromorphite *.
Dans cette transformation, l'argent subit une altération corres-
pondante; le sulfate d'argent est, en effet, intermédiaire, comme
solubilité entre les sulfates de plomb et de fer; une partie est
donc entraînée par les eaux et perdue ; une autre se reprécipite,
— en particulier, s'il se trouve des traces de chlorure de sodium ,
en présence du sulfate de fer, à l'état de chlorure d'argent ; —
mais le résultat final de ces réactions est toujours une perte en
argent : ce qui explique que les cérusites sont, en principe,
moins argentifères que les galènes correspondantes : 40 onces à
Leadville au lieu de 145 à la tonne. Par contre, les minerais oxydés
semblent toujours diminuer de richesse en plomb et argent à mesure
que l'on s'enfonce au milieu d'eux : ce qui peut tenir à ce que les
parties supérieures ont subi une altération beaucoup plus profonde,
ayant eu pour effet d'emporter une plus forte proportion des sels les
plus solubles contenus dans le mélange primitif, c'est-à-dire de fer
et de zinc (et à l'occasion de cuivre) de préférence au plomb et à
l'argent.
* Emmons : Leadville, p. bôl.
* En Derbyshire, à Golden Valley, on a constaté que le phosphate disparaissait au-
dessous de 45 mèti'es.
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488 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Minerais de plomb. — Par suite des divers phénomènes, que
nous venons d'indiquer» les minerais de plomb exploités sont :
la galène, les carbonates, accessoirement Tanglésite et la pyro-
morphite.
En premier lieu, la galène contient théoriquement 86,6 p. 100 de
plomb. Au point de vue industriel comme au point de vue géolo-
gique, il y a lieu d'établir une distinction suivant la nature de la
gangue qui a une influence assez grande pour la préparation
mécanique, presque toujours assez facile d'ailleurs par suite de la
forte densité de la galène (7,6). Avec la chaux Ûuatée, la prépara-
tion est très facile; elle Test un peu moins avec le quartz, quoi-
qu'on puisse encore, dans ce cas, arriver à 80 p. 100, quand on n'a
pas à craindre des pertes en argent ; avec la barytine ou la pyrite,
elle est plus difficile.
Un très grand nombre de galènes sont plus ou moins argenti-
fères ; on admet communément, et en dépit d'exceptions assez
nombreuses, que les galènes cristallisées à petites facettes sont
plus argentifères que celles à grandes facettes. Il semble égale-
ment, dans plusieurs cas, que la richesse en argent soit en rela-
tion avec la présence d'une roche encaissante calcaire ou conte-
nant des pyrites; l'action des pyrites sur la précipitation des sels
d'argent est un fait sur lequel nous aurons à revenir à propos de
l'argent : elle peut tenir à ce que l'argent était dissous en chlo-
rure dans une liqueur contenant des chlorures alcalins. Peut-être
aussi s'est-il produit des phénomènes de cémentation.
Cette présence des sels d'argent, capitale au point de vue écono-
mique, n'atteint presque jamais un grand développement minéra-
logique ; en outre, on passe, par transitions insensibles, de galènes à
traces d'argent aux galènes assez riches pour être considérées
comme de véritables minerais d'argent : il nous sera donc impos-
sible de les séparer dans la description et nous parlerons, dès ce
chapitre, de nombreuses mines de galène argentifère qui sont, en
réalité, des mines d'argent, en particulier de celles de l'Ouest
américain (Leadville, Eurêka, Bingham), de celles de Przibram,
en Bohème, etc.
En second lieu, les carbonates tiennent 77,3 p. 100 de plomb.
En thèse générale, ils sont toujours moins riches en argent que
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MINERAIS DE PLOMB 489
les sulfures de plomb dont ils proviennent, et» le plus souvent, d'au-
tant plus pauvres qu'on s'enfonce plus profondément dans la zone
altérée. On peut même dire qu'ils sont, presque toujours, assez
pauvres, si ce n'est à Leadville ; mais ils sont d'un traitement
facile.
Enfin Vanglésite et la pyromorphile sont des minerais d'impor-
tance très secondaire.
Ces minerais de plomb sont, dans leurs gisements, associés avec
des sulfures d'autres métaux plus ou moins variés, comme nous
avons déjà eu à l'indiquer, à diverses reprises, en parlant de filons
complexes : nous venons de citer l'affinité de l'argent pour le plomb ;
nous avons également, au chapitre du ZinCy dit comment ces
deux métaux étaient, maintes fois, reliés dans les mêmes gîtes, au
point que nous avons été conduit souvent à les étudier ensemble.
La pyrite de fer est, de même, très abondante dans les minerais de
Leadville, Eurêka, etc. ; son altération a donné, près de la surface,
des hématites associées aux carbonates de plomb, avec un enrichis-
sement en plomb tenant à ce que le sulfate de fer est plus soluble
que les sels de plomb, et une concentration, dans l'hématite, des
traces d'or que pouvait contenir la pyrite.
Le cuivre existe aussi avec le plomb ; nous le trouverons,
par exemple, dans la Prusse Rhénane, aux affleurements de Lina-
rès (Espagne), dans le Harz, etc.
Enfin et surtout, les champs de filons complexes de Saxe, de
Bohême et du Harz, que nous décrirons au chapitre du Plomby
contiennent, il ne faut pas l'oublier, avec le plomb, un très grand
nombre d'autres métaux : fer, cuivre, nickel, cobalt, urane, etc..
Forme et allure des gîtes de plomb. — Ordre adopté dans leur des-
cription. — Il ne nous reste plus maintenant qu'à dire sous quelle
forme et avec quelle allure se présentent les gisements de plomb.
Pas plus que pour le zinc, nous ne trouvons, si ce n'est à l'état
de traces insignifiantes, le plomb incorporé dans les roches érup-
tives ; mais les gîtes fîloniens existent avec toutes leurs variétés,
substitution, interstratification,etc., amenant, par des passages pro-
gressifs, aux gîtes véritablement sédimentaires que nous aurons à
examiner dans quelques cas particuliers.
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490 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Parmi les filons^ nous ferons une première distinction suivant
qu'il y a incrustation proprement dite d'une fracture, ou d'un
système de fractures préexistantes, dans une roche inattaquable :
gneiss, granité, quartzite, etc., ou pénétration avec substitution
dans un calcaire.
Dans le premier cas, tantôt nous pourrons avoir affaire à une
grande fracture simple (true fîssure-vein), ou à quelques fractures
parallèles ; ou bien, nous aurons un système de fractures se croi-
sant et se recoupant comme à Vialas, ou encore un éparpillement
de veines, comme cela se produit souvent dans les schistes.
Beaucoup de ces Glons présentent, à la surface, des phénomènes
d'altération ayant produit une zone de carbonates, de chlorures,
de sulfates, etc., avec une gangue argileuse, comme cela a lieu si
souvent pour les Glons américains, comme cela s'est retrouvé un
peu partout en Europe, mais particulièrement nettement à
Huelgoat, etc.. En profondeur, le plomb pourra être associé à une
gangue de quartz (souvent avec fluorine), de calcite avec dolomie
et sidérose, ou de barytine. La nature de cette gangue pourra
nous permettre d'établir certaines catégories de filons.
Dans les champs de filons complexes, ces remplissages divers se
trouvent souvent rapprochés dans des fentes de direction différente
et sans doute d'âge distinct. Nous aurons à indiquer les relations
qui semblent exister entre la direction, l'âge et la nature du
remplissage.
Le second cas comprend les giles dans les calcaires. Ceux-
ci peuvent, exceptionnellement, se présenter à l'état de rem-
plissages de fentes préexistantes, fentes prenant parfois, dans ce
cas particulier, la forme spéciale de grottes. Le type de remplis-
sages de grottes par des zones d'incrustation concentriques de
galène a été étudié par Poszepny à Raibl * ; il est possible qu'il
s'applique partiellement à d'autres gîtes qui, dans l'ensemble,
sont plutôt des gites de substitution.
Presque toujours, en effet, lorsqu'on rencontre de la galène au
milieu de calcaires, on peut se rendre compte que, partant d'un
réseau de fissures préexistant qu'elle a rempli et profitant, en
* Voir plus haut, page 425.
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FILONS ET CHAMPS DE FRACTURES 491
outre, de tous les plans de joint, des délits de stratification, des
contacts avec d'autres roches résistantes, la venue métallifère
s'est étendue, par substitution, en formant, au milieu du calcaire,
des amas plus ou moins considérables, toujours très irréguliers,
qui constituent, pour le mineur, de véritables bonanzas.
Nous aurons de bons types de ces gisements, comparables aux
gîtes calaminaires, à Sala (Suède), dans le Derbyshire, à Littai, à
Leadville, Eurêka, etc..
Enfin le caractère sédimenlairey très exceptionnel, se rencontre
peut-être dans le permien à Carthagène, et certainement dans le
trias à Saint- A.vold, en Silésie, etc.
1" FILONS ET CHAMPS DE FRACTURES
Avec le plomb, nous nous trouvons rencontrer, pour la pre-
mière fois, les champs de fractures minéralisés qui ont fait, depuis
des siècles , l'objet des exploitations classiques de Saxe et de
Bohème. Il est donc utile de donner, à ce propos, quelques indi-
cations générales'.
Lorsqu'on étudie, dans une région quelconque et particulière-
ment sur le pourtour d'un massif ancien, les mouvements dyna-
miques successifs qui ont fractionné l'écorce, on peut se rendre
compte qu'ils ont consisté principalement en des plissements,
ayant pris, tout d'abord, une certaine allure, qui a inQué ensuite sur
la direction de tous les mouvements postérieurs. Chacun de ces
plissements, parfaitement sensible dans les terrains relativement
souples comme les schistes ou les sédiments bien stratifiés, a été
accompagné d'un fractionnement des blocs résistants, soumis
ainsi à une flexion simple ou à une torsion ; et, en même temps
que ce fractionnement, il s'est produit, entre deux voussoirs con-
tigus, des dénivellations, des failles. Il est facile de comprendre
que, dans les régions de constitution homogène non encore trou-
blées par des dislocations, au cœur d'un massif cristallin ou d'un
• Voir, pour plus do détails, sur ces généralités, notre travail sur la Formation des
gîtes métattifères. (Encyclopédie Léauté, 1893.)
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in GÉOLOGIE APPLIQUÉE
bassin sédimentaire, on a pu avoir des cassures simples, profondes,
(généralement à peu près parallèles, dans les sédiments, à l'allonge-
ment des zones produites par les plissements) et accompagnées
d'étoilements perpendiculaires plus restreints : ce que les Anglais
appellent de vraies fissures, true fissure veins. Au contraire, dans
une région déjà complexe, sur le bord d'un horste par exemple,
un plissement unique, ayant pour eQet une véritable torsion, a dû
amener un réseau multiple de cassures contemporaines, assimilables
à celles que M. Daubrée a obtenues dans ses belles expériences sur
la torsion des vitres.
La plupart de ces fractures, failles, fissures de toute espèce,
plus ou moins remplies ou obstruées par les matériaux bréchi-
formes tombés des épontes, ont alors livré passage aux eaux pro-
fondes, échauffées et minéralisées, chargées de silice, d'alcalis, etc.,
par leur trajet souterrain ; et, lorsque le plissement avait eu pour
effet, comme cela a dû arriver le plus souvent, des mouvements
d'ascension internes du magma igné, il a pu arriver, en outre, que
ces eaux aient puisé, dans le contact de ces roches ou de leurs
fumerolles, des traces de métaux qu'elles ont alors, en remontant,
déposées sur les parois. Il s'est formé ainsi des filons d'incrustation.
Mais, par une loi très générale et qu'on peut vérifier en bien
des points de la terre, le premier mouvement, qui avait ainsi
déterminé des cassures filoniennes, n'a pas été un mouvement
brusque, survenu en un instant précis du temps et ensuite à
jamais terminé, mais un phénomène prolongé, ayant conservé,
même après une phase de repos, une tendance à se reproduire.
C'est ainsi qu'un filon, déjà incrusté, s'est souvent réouvert, que
les parois ont glissé Tune sur l'autre, que le premier remplissage
broyé est venu former la charpente d'une nouvelle incrustation
postérieure; c'est ainsi également que, dans une région où s'était
produit un premier système de fractures, il a pu, plus ou moins
longtemps après, s'en former un second, puis un troisième, de
direction souvent bien distincte du premier.
Lorsqu'un massif, déjà fracturé et incrusté, a rejoué ainsi, il
est, en effet, arrivé accidentellement que les premières fentes, soli-
dement cimentées par leur incrustation, aient mieux résisté que
la roche avoisinante ; le plus souvent, au contraire, ces fractures
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FILONS ET CHAMPS DE FRACTURES 493
ancieDDes ont continué à présenter des lignes de moindre résis-
tance et, même lorsque la direction de Teifort était différente, se
sont réouvertes localement. .
Si Ton joint à cela qu'une cassure béante a pu fort bien n*être
incrustée qu'après un temps assez long, autrement dit que Tâge
du remplissage peut être diQérent de celui de la fracture, on voit
quelle complexité de phénomènes superposés on est obligé de
débrouiller pour reconstituer l'histoire d'un champ de filons»
probablement disloqué à des époques très distinctes, comme ont
dû Têtre ceux de la Saxe et de la Bohème.
C'est pourtant ce que Ton a essayé de faire minutieusement,
pas à pas, en examinant les rejets des fractures et de leurs rem-
plissages les uns par les autres, les passages d'un remplissage
donné d'une fracture à une voisine ouverte ensemble ou incrustée
précédemment et réouverte, etc. Comme résultat de cette
recherche, il s'est trouvé parfois que toutes les cassures contem-
poraines semblaient se grouper suivant certaines directions
déterminées, que les remplissages contemporains paraissaient
également avoir une composition semblable. On a pu alors, pour
un champ de filons donné, dresser deux tableaux : Tun donnant
la succession des fractures avec leurs directions ; l'autre, en pen-
dant avec le premier, la succession des remplissages.
A cette notion de succession d'âges, il a été permis, en outre,
lorsque les filons traversaient des terrains sédimentaires, d'ajouter
une idée d'âge proprement dit plus précise ; à défaut de ce rensei-
gnement, on a essayé, dans certains cas, d'y suppléer, assez hy-
pothétiquement, par assimilation avec des filons analogues et
voisins encaissés, eux, dans des sédiments. On a même, par une
application prématurée d'une idée générale que les progrès de la
géologie pourront permettre de reprendre un jour en la modifiant,
tenlé de rattacher ces directions de cassure aux grandes direc-
tions de plissement de l'écorce terrestre, c'est-à-dire aux chaînes
de montagne et essayé d'en conclure leur âge absolu. En résumé,
on est arrivé ainsi à écrire, plus ou moins complètement, l'his-
toire de chaque champ de filons isolément.
Puis, ce premier travail fait en diverses régions, et un certain
ordre ayant été reconnu dans la succession des remplissages, on
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494 GÉOLOGIB APPLIQUÉE
a été logiquement conduit à comparer ces champs de filons les
uns aux autres, à rechercher s'il y avait, dans la succession des
remplissages métallifères, quelque loi générale. Nous parlerons, à
Foccasion, de ces tentatives intéressantes, mais sans dissimuler
qu'elles ne paraissent pas avoir amené encore à des résultats bien
concluants : sans doute, parce que les circonstances locales, la
composition très variable des terrains encaissants et des roches
éruptives voisines y entrent comme des facteurs essentiels.
Pour la nature des gangues surtout, quartz, calcite, dolomie,
barytine, il semble bien que les terrains traversés par les eaux dans
leur circuit aient eu une certaine influence et que, par suite, une
gangue donnée corresponde autant à une direction de courant hydro-
thermal provenant d'une région déterminée qu'à une notion d'âge.
Ces généralités posées, si nous voulons maintenant passer à la
description méthodique des innombrables filons de plomb qu'on a
reconnus dans le monde, nous devons d'abord commencer par les
classer : ce qui, si l'on prétendait prendre pour point de départ
les seules données géologiques, conduirait à des difficultés presque
inextricables ; nous adopterons donc l'ordre géographique, qui a
certains avantages au point de vue économique; c'est-à-dire que,
divisant notre sujet en deux parties : filons de plomb proprement
dits^ et champs de fractures à remplissage complexe, nous étudie-
rons successivement les premiers dans les diverses régions de
France, en Allemagne, en Belgique, en Espagne, en Italie, en
Asie et aux Etats-Unis ; puis les seconds en Bohême (Przibram,
Mies), dans le Harz et en Saxe ; mais nous voulons, au moins,
indiquer quels auraient pu être les éléments d'un système de grou-
pement géologique.
On pourrait, en premier lieu, essayer de classer les filons d'après
leur âge; mais alors on est arrêté, dans la grande majorité des
cas, par le manque de renseignements précis ; le plus souvent, en
efTetjOnvoit les filons recouper toutes les formations de la région,
généralement ancienne : ce qui ne donne, par suite, pour leur âge
qu'une limite inférieure très vague ; la limite supérieure fait presque
* Nous rappelons quMl ne s'agit ici que des ûlons encaissés dans des roches inatta-
quables aux acides et que la description des ûlons situés dans des calcaires a déjà
été renvoyée à une autre division de ce chapitre.
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AGE DES FILONS DE PLOMB 495
toujours défaut. Ce n'est donc que par une assimilation hypothé-
tique avec quelques gîtes à allure sédimentaire qu'on arrive parfois
à préciser l'époque de leur formation.
En France notamment, il est probable qu'il y a eu deux venues
principales, Tune permotriasique à gangue quartzeuse, l'autre ter-
tiaire souvent barytique.
Les gisements de Chabrignac (Corrèze), où Ton voit des filons
recoupant le trias en relation avec des imprégnations de grès
permien ; les mouches de galène contenues dans les silex cariés
triasiques ou infraliasiques de la Châtre (Indre), de Corbigny et
Chitry (Morvan), peuvent être considérés comme des indices, d'âge
bien net, de la première venue ; les veines de barytine, parfois
plombifère, qu'on rencontre dans l'oligocène d'Auvergne, comme
une preuve de la seconde.
En fait de limites d'âge pour tous les autres gîtes français, on
peut noter seulement :
Que les filons d'Aurouze (Haute-Loire) recoupent le micas-
chiste ; ceux de la Touche (lUe-et- Vilaine), le granité ; ceux de
Vialas (Lozère), le micaschiste et le granité ; ceux de Pontpéan
(lUe-et- Vilaine) et des Arguts (Haute-Garonne), le silurien ; ceux
d'Huelgoat (Finistère) et de Chàteauneuf (Puy-de-Dôme), (pro-
longement du faisceau de Pontgibaud), le carbonifère, ces derniers
recouverts par le basalte pliocène ; ceux de Chabrignac (Corrèze),
de Laval et Rouvergue (Gard), le trias, etc.
A l'étranger, nous trouvons, en Espagne, les filons de Linarès tra-
versant le silurien et recouverts par un grès sur l'âge duquel on
hésite (trias ou miocène inférieur) ; ceux de l'Horcajo recoupant le
silurien; en Amérique, ceuxdeBingham (Utah) pénétrant dans le
houiller et probablement, comme la plupart des gisements améri-
cains, en relation avec les roches tertiaires ; en Allemagne, le
champ de filons d'Andreasberg traverse le silurien ; celui de Claus-
thal, — sur l'âge duquel on est mieux fixé et qui correspond à la
venue triasique française — , le culm en respectant le permien ; les
filons de Przibram déplacent le silurien, ceux de Mies sont dans
l'antésilurien ; enfin, ceux de Freiberg, où l'on croit retrouver la
trace d'une série de venues allant du dévonien au tertiaire, ne tra-
versent pas de terrains plus récents que la granulite.
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490 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
A défaut d'une classification par âge, impossible comme nous
venons de le voir, un autre système qui serait bien préférable, si
les conditions locales n'y intervenaient pas aussi fortement, pour-
rait prendre pour base la nature de la gangue et, plus générale-
ment, celle du remplissage.
Les filons de galène peuvent se présenter avec trois gangues
principales, quartz, barytine, calcite; en outre, il est très rare que
la galène y soit seule et, généralement, on y rencontre, associés
avec elle, une série de sulfures divers, pyrite de fer, blende, par-
fois pyrite de cuivre, plus rarement sulfures de nickel, cobalt,
argent, etc..
La composition de ces remplissages, si Ton admettait Tancienne
théorie qui la considère comme en relation intime avec leur âge,
donnerait un groupement général excellent; mais nous avons dit
que, pour nous, elle correspondait surtout à des circonstances
variables pour chaque gîte. Néanmoins il peut y avoir quelque
intérêt pratique à résumer ici les renseignements qui se trouve-
ront disséminés, plus loin, sur ce sujet.
D'une façon générale, les filons à gangue de quartz et à sul-
fures complexes, correspondant à la venue ancienne, sont les plus
fréquents ; nous citerons :
Pontpéan : gangue de quartz avec argile ; galène, blende, pyrite
et minéraux d'argent ;
La Touche : gangue de quartz ; galène, blende, pyrite très
abondante ;
Pontgibaud : gangue de quartz, galène ; la blende et la barytine
sont rares;
Linarès : gangue généralement quartzeuse, parfois barytique ;
galène avec minerais de cuivre aux affleurements :
L'Horcajo : gangue de quartz avec galène ;
Glausthal : gangue de quartz, sidérose, calcite, barytine avec ga-
lène et blende ;
Bingham (Utah) : quartz avec galène, pyrite de fer, pyrite, etc..
Les gangues barytiques sont moins abondantes et ne correspon-
dent guère à des minerais riches ; mais, souvent, on a observé,
aux affleurements, de la barytine disparaissant en profondeur pour
faire place à du quartz.
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RÉPARTITION DES MINERAIS DANS LE FILON 497
C'est le cas, par exemple, à Aurouze (Haute-Loire), où la bary-
tine des affleurements était stérile, tandis que le quartz, en pro-
fondeur, était plombifère. A Buech et Pradal, à Marvéjols dans la
Lozère, à Chabrignac dans la Corrëze, des galènes avec barytine ont
donné de mauvais résultats.
Quant à la calcite^ nous la trouvons avec les filons riches
de Vialas, recoupés par des croiseurs quartzeux, puis par des croi-
seurs barytiques ; avec les filons argentifères d'Andreasberg, etc..
Une gangue calcaire coïncide souvent avec un enrichissement en
argent : cela correspond avec l'existence de nombreux filons d'ar-
gent proprement dits à gangue calcaire comme ceux de Kongsberg,
du Sarrabus, etc., avec Tenrichissement en argent des galènes
de Sala (Suède) dans le calcaire.
En ce qui concerne les champs de filons complexes, si Ton
examine la succession des remplissages dans le plus fameux, celui
de Freiberg, on peut y constater, en résumé : une venue sulfurée
ancienne, à galène riche, tantôt principalement composée de sul-
fures, tantôt quartzeuse, tantôt dolomitique ; puis des venues bary-
tiques pauvres rattachées à Téocène ; enfin une venue argentifère
très riche, à minéraux d'argent associés avec de la calcite. C'est
Tordre qu'on a essayé fort artificiellement de retrouver ailleurs.
Il nous reste à indiquer la façon dont ces matières diverses sont
réparties dans la largeur de la fracture filonienne.
Le cas le plus simple est celui de zones d'incimsiation paral-
lèles aux épontes, comme cela arrive parfois à Freiberg; mais
souvent aussi, on trouve Je remplissage principalement constitué
d'éboulis tombés des épontes et formant, soit une boue argileuse,
soit un amas de matériaux détritiques cimenté ensuite par le
minerai. L'existence de brèches de ce genre est très nette en une
foule d'endroits, en particulier à Pontgibaud (Puy-de-Dôme), à
Clausthal (Harz), etc.
Les minerais de ces filons bréchoïdes se disposent alors volon-
tiers en zones symétriques autour de chacun des fragments qui
constituent la brèche.
D'autres fois encore, au milieu de la gangue quartzeuse, courent
des veines continues de galène (ainsi à THorcajo) ; ou bien, l'on a
aQairo à âi^s mouches^ à des lentilles de minerai irrégulièrement
GÉOLOGIE. —T. II. 32
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498 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
disséminées dans la gangue. Un fait général et important à retenir,
c'est Texistence, dans la plupart des gisements, de certaines colonnes^
ou lentilles, d'enrichissement, plus ou moins inclinées dans le plan
du filon, qui doivent correspondre à des conditions spéciales dans
Tascension des eaux métallifères.
Souvent, lorsque la galène est associée à la blende, on voit la
blende déposée après la galène.
PLOMB ARGENTIFÈRE DE PONTPEAN
(ILLE-ET-VILAINE *)
Le gîte de plomb argentifère de Pontpéan, qui a été Tobjet d'un
rapport spécial de M. Fuchs*, est constitué par un puissant filon,
orienté sensiblement N. 20"" 0. et qui recoupe, à 2 300 mètres de Bruz
(près de Rennes), les schistes siluriens de la Bretagne, eux-mêmes
dirigés en moyenne vers le N.-E. et redressés presque verticale-
ment.
Le remplissage du filon est formé de quartz et d'argile, au
milieu desquels apparaissent une série d'amas, de veines et de
veinules métallifères. Les minerais métalliques sont la galène et
la blende, toutes deux argentifères, la pyrite et, probablement, des
minerais d'argent proprement dits. La présence de ces derniers
est révélée par ce fait que, non seulement la teneur en argent des
galènes rapportée à la tonne de plomb n'est pas constante, mais
que cette teneur semble même augmenter quand la proportion de
plomb diminue.
Ces divers minerais sont intimement mélangés, et on est amené
à penser que leur formation doit être attribuée à un remplissage
unique. Ils sont distribués d'une façon très irrégulière dans la
masse rocheuse du filon et sont mêlés à des fragments de toutes
formes et de toutes dimensions arrachés aux parois encaissantes.
Dans leur ensemble, les minerais métalliques sont concentrés,
1 Coll. Ecole des Mines, 1674.
* Rapport sur les mines de Pontpéan, 1880. Rennes, chez L. Caillot.
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oOO GÉOLOGIE APPLIQUÉE
plus particulièrement, dans trois zones irrégulièrement columnaires
qui s'enfoncent, vers le Sud, sous un angle de 30 à 50"*, et qui,
presque juxtaposées dans les parties hautes, occupent une lon-
gueur totale d'environ 1 300 mèlres. Deux de ces colonnes sem-
blent se réunir en profondeur.
L'épaisseur de ces colonnes varie beaucoup.
La puissance du filon, ainsi constitué, varie de 0'",015 à 8"*,50
et a une valeur moyenne de 2'",45. Son épaisseur réduite, entre
1870 et 1880, a varié de 5 cm, 9 à 4 cm, 2, le minimum ayant été
rencontré en 1876.
Le gîte paraît, d'après M. Fuchs, en relation avec une roche
amphibolique, qui recoupe nettement les schistes et qui se déve-
loppe, tantôt au toit, tantôt au mur du filon plombeux.
A Tétat normal, cette roche est un mélange cristallin de felds-
path triclinique (oligoclase ou labrador) et d amphibole, ce qui
justifie le nom de « diorite » sous lequel elle a été désignée jus-
qu'ici. Dans le voisinage du filon, elle est fréquemment altérée et
transformée en un véritable tuf, renfermant 1,45 p. 100 d'eau
d'interposition, 3,85 p. 100 d'eau combinée et 1,25 p. 100 d'acide
carbonique, avec un peu d'hydrogène sulfuré. Ce dernier provient
des minerais métalliques qui la pénètrent fréquemment et qui
s'observent même dans la diorite normale. On en a conclu que
l'arrivée de cette diorite était antérieure à celle du filon lui-
même et que le remplissage métallifère avait coïncidé avec une
réouverture de la fracture par laquelle s'était fait jour cette diorite.
Enfin, tout l'ensemble du gîte est recoupé par une faille argi-
leuse, toujours située dans le voisinage et quelquefois au contact
même de la diorite, qui porte les noms de faille bleue ^ glaise bleue,
cuir du filon ou filon noir, et dans laquelle on trouve, au milieu de
l'argile, des fragments toujours brisés de galène et de blende. Cette
faille constitue donc une réouverture stérile du filon. On a dési-
gné, sous le nom de fine, une faille parallèle à la précédente, mais
plus petite.
C'est à ce système de failles qu'on peut rattacher la dénivel-
lation constatée dans les épontes du filon, par suite de laquelle le
schiste encaissant du toit est rejeté, au mur, à la profondeur de
160 mètres; toute la partie supérieure est remplie, du côté du
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PLOMB ARGENTIFÈRE DE PONTPÉAN (ïLLE-ET-VïLAINE) 501
toit, par une formation détritique qui date de Fétage tertiaire
supérieur.
Le filon plombo-argentifère de Pontpéan était classé par
M. Fuchs dans une catégorie de gîtes, qu'il désignait sous le nom
de filons d'injection boueuse : gisements dans lesquels le minerai,
au lieu de former des zones d'incrustation le long des parois et
d'être, jusqu'à un certain point, en relation avec la nature de ces
parois, était réparti irrégulièrement au milieu d'un remplissage
boueux. C est un type fréquent pour le cuivre, rare pour le plomb,
qui est presque toujours nettement concrétionné. Nous avons dit,
plus haut, comment, à notre avis, ces remplissages argileux, au
lieu d'être ainsi le produit d'une injection boueuse éruptive, résul-
taient bien plutôt du remaniement, par les eaux thermales, des
débris broyés de schistes encaissants tombés dans le vide du filon.
Au pointde vue de Texploitation, la grande difficulté qui se pré-
sente à Pontpéan et qui, vers 1880, faillit amener Tabandon de
la mine, ce sont les venues d'eau considérables que Ton ren-
contre.
Deux tableaux ci-joints (pages 502 et 503) résument les condi*
lions économiques de cette mine.
L'un d'eux montre les résultats successivement obtenus par la
préparation mécanique. En 1877, la perte de plomb était de plus
de 50 p. 100, celle en argent de 75 p. 100. Après transformation
du système adopté jusqu'alors, dès 1878, la perte en plomb était
réduite à 41 p. 100 et, Tannée suivante, à 35 p. 100 ; celle en ar-
gent à 62 p. 100, puis à 44 p. 100. En même temps, le prix de
revient de la tonne est descendu, en ce qui concerne la main-
d'œuvre, de 200 francs à 120 francs. Les résultats d'une semblable
exploitation se trouvent donc extrêmement variables, indépendam-
ment même des modifications du gisement : 1"* avec le mode de
préparation adopté ; 2** avec les prix des métaux.
D'autre part, l'argent, qui était assez abondant au début dans
la galène, a été en diminuant avec la profondeur, sans doute
par la disparition des minerais argentifères proprement dits.
En 1880, pour une teneur en plomb de 52 p. 100, on avait 1 kilo-
gramme d'argent; en 1881, pour 51 p. 100, 990 grammes;
en 1886, pour 50 p. 100, 850 grammes.
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502
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
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504 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Eo 1890, la mine de Pontpéan a occupé 1 062 ouvriers (tant au
fond qu'à la surface) et produit 7 757 tonnes de minerai de plomb
à 173 fr. 85; 1 134 tonnes de minerai de zinc à 53 fr. 87;
2629 tonnes de pyrite de fer à 18 fr. 57; soit une production
totale valant 1 458 463 francs ; en 1891, elle a produit 8 133 tonnes
de galène à 163,39.
Bibliographie,
1863. J. Fayn. — Sur les mines de plomb et de zinc argentifère de Pontpéan.
(Cuyper, t. XllI, p. 279.)
* 1880. FuGHs. — Rapport sur les mines de Pontpéan (Rennes).
1880-81. — Lebesconte. —Note sur la faille de Pontpéan. {B. S, G., 3« série,
t. IX, p. 157.)
Gîte de La Touche (lUe-et Vilaine). — La concession de la
Touche, instituée en 1878, est connexe de celle de Pontpéan.
La majeure partie de la concession est occupée par le granité,
type de Vire, avec quelques massifs de granulite et, au N.-O., un
manteau de schistes siluriens, ordinairement métamorphiques près
du contact.
Le filon, encaissé dans le granité, présente une direction N.20^ 0. ,
avec un pendage vers TOuest de 70°. Les épontes sont marquées,
surtout du côté du mur, par des salbandes d'ai^ile qui paraissent
dues à des glissements postérieurs au dépôt du quartz et, dans le
voisinage, le granité s'imprègne fortement de quartz et de pyrite.
A la surface, le filon affleure sous forme de blocs de quartz avec
noyaux de galène. En profondeur, le remplissage comprend de la
pyrite de fer, de la blende brune, de la galène pauvre et une très
faible quantité de stibine.
En 1880, l'épaisseur réduite était de 0",03 de galène, 0",02 de
blende et 0°',02 de pyrite. Localement, la galène a atteint 10 centi-
mètres et la pyrite jusqu'à 60 centimètres ; cette abondance de
pyrite est une gêne pour la préparation.
On a cru remarquer que la galène, la blende et la pyrite s'étaient
déposées, postérieurement au quartz, par suite d'une réouverture.
En 1887, on était encore en recherches, après avoir suivi le
filon sur plus de 500 mètres. La venue d'eau était considérable,
environ 400 litres par minute.
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GÎTES DE PLOMB DE HUELGOAT ET POULLAOUEN 505
MINES DE HUELGOAT ET POULLAOUEN (Finistère) *
Les mines du Huelgoat et de Poullaouen, déjà exploitées du
temps de Louis XIII, ont été, de 1750 h 1868 (date de leur aban-
don), comptées parmi les plus importantes de France. Jusqu'au
xix" siècle, elles ont été à peu près uniquement dirigées par des
ingénieurs du Harz; depuis 1830, Juncker, Paillette, Pernolet s'y
sont succédés. Minéralogiquement, elles sont remarquables par la
présence de certains corps rares, en particulier du plomb gomme.
Les gisements se composent d'un certain nombre de filons recou-
pant des granités, microgranulites, schistes dévoniens de Tétage des
schistes de Néhou et Porsguen et schistes carbonifères de Châ-
teaulin.
Les filons appartiennent à deux groupes principaux :
l"* Les filons productifs oscillent autour de la ligne Nord-Sud ;
2^ Les filons stériles sont Est-Ouest.
Le filon principal de Huelgoat, exploré sur une longueur de plus
de 1 100 mètres, et jusqu'à plus de 300 mètres de profondeur,
traverse, presque normalement à leur direction générale, toutes
les roches de la contrée, granité, schistes dévoniens (mâclifères au
voisinage du granité), microgranulite, poudingues, grauwackes et
schistes carbonifères.
On a remarqué, conformément aux règles observées dans le
Cornwall par M. Moissenet, que les parties les plus riches se rap-
prochaient de l'inclinaison maxima, 80**. Dans les microgranulites
.et grauwackes résistantes, le filon est productif; il devient, au con-
traire, à peu près stérile dans les schistes trop tendres. Enfin la
direction qui a paru la meilleure était celle qui se rapprochait le
plus de la ligne Nord-Sud.
A Poullaouen, le filon est uniquement encaissé dans les schistes
et les grauwackes, en sorte que ces lois d'enrichissement sont
beaucoup moins sensibles.
La largeur des filons de Huelgoat a varié de 0™,60 jusqu'à 3 et
4 mètres. Le remplissage était composé de galène et blende avec
^ Coll. École des Mines, 1982 et 1983.
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506 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
pyrite. Dans les parties superfîcielles et au voisinage des failles, on
a rencontré des chlorures, bromures, iodures d'argent, de l'argent
natif, du plomb phosphaté ou carbonate, du plomb gomme, etc..
dans une gangue de terre rouge... Des fragments de la roche en-
caissante sont fréquemment englobés dans le filon.
L'exploitation a été interrompue par l'abondance des venues
d'eau.
Bibliographie,
1780. Duhamel. — Obser?. sur les mines de plomb du Huelgoat, en Basse-
Bretagne. [Mém, de math, et phys. présentés à tacadémie des Se, t. IX, p. 711
et 717.)
1784. Monnet. — Sur les roches de granité d'Huelgoat en Basse-Bretagne.
(Journal de physique de l'abbé Rozier, févr. 1784.)
1786. GiLLET DE Laumont. — Description de plusieurs filons métallifères de
Bretagne et analyse de quelques substances nouvelles. (Journal de physique.
Paris.)
1806. Daubuisson. — De la mine de plomb de Poullaouen et de son exploi-
tation. (Journal des mines, t. XX, p. 347.)
1807. Daubuisson. — De le mine de plomb du Huelgoat et de son exploita-
tion. (Journal des mineSj t. XXI, p. 27.)
1820. Berzelius. — Analyse du plomb gomme du Huelgoat. (il rzn. d. tf.,
1«% t. V, p. 245.)
1813. Berthier. — Analyse du minerai d'argent du Huelgoat. (Ann. d. M,,
3% t. III, p. 58.)
1841 . Elie de Beaumont. — Explication de la carte géologique, p. 237.
1846. Pernolet. — Filons de Poullaouen. (Ann. d. M., 4«, t. X, p. 381.)
1861. Von CoTTA, p. 431.
1879. Groddeck, p. 308.
1883. LuRis. — Origine des filons métallifères de Poullaouen, etc. (Bull.
Soc. Et. Scient, du Finistère. Morlaix, p. 90.)
1886. Davy. — Mines du Huelgoat et de Poullaouen. (B. S. G., 3®, t. XIV,
p. 900.)
1886.LuK£s. — Notes sur les mines de Poullaouen, etc. (B. S. G., p. 909).
MINE DE PLOMB DE PONTGIBAUD (puy-de-dôme)'
Le gisement de Pontgibaud (Puy-de-Dôme) est formé d'une
* Voir les feuilles géologiques au —i- de Moulins, Gannat, Clerraont.
Cette description a été écrite d'après des notes prises sur place en 1891 et com-
plétée, dans sa dernière partie, d'après un important mémoire de M. Lodin, paru
dans les Annales des Mines pendant l'impression de cet ouvrage.
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GItE DB plomb de PONTGIBAUD (PUY-DE-DOME) 507
grande cassure filonienne, à peu près Nord-Sud, qui paraît se
prolonger, avec des intermittences, jusqu*à Châteattneuf et tra-
verse les concessions de Pranal, la Brousse, Mioche, la Grange
et Roziers.
Cette cassure est en relation nette avec les phénomènes de plis-
sement, esquissés dès la venue de la granulite, accentués à l'époque
carbonifère, poursuivis encore après le houiller, qui ont imprimé,
à tous les terrains de cette région leur allure zonée caractéristique '.
Elle n'est qu'un accident au milieu d'un ensemble de phénomènes
qui comprend l'alignement si marqué du bassin houiller de Saint-
Eloy, la disposition des innombrables filons de microgranulite de
Manzat et, à l'époque actuelle, le suintement des sources minérales
de Châteauneuf sur une ancienne direction de faille.
Le filon de Pontgibaud se présente, sur la concession de la
Brousse (la plus prospère de toutes), sous forme d'une grande
fracture au milieu du gneiss, fracture ayant jusqu'à 14 mètres de
diamètre, longeant souvent des filons antérieurs de granulite ou
de microgranulite et remplie par des fragments de gneiss, granu-
lite, etc., qui y forment, soit une boue argileuse, soit une masse
bréchoïde. En général, ce filon est unique; parfois pourtant, il
présente des bifurcations, vite stérilisées à distance. Au milieu
de ce remplissage argileux ou bréchoïde, court une veine de
quartz, chargée par endroits de galène, avec un peu de barytine
et de blende ; exceptionnellement, on y a rencontré de la bour-
nonite, du plomb carbonate, sulfaté, etc.. La calcite est rare et
considérée là comme un mauvais signe, tandis qu'à Auzelles elle
accompagne, au contraire, le minerai. Comme loi^ générale,
M. Lodin a cru reconnaître que les épontes feldspathiques étaient
favorables '.
Jusqu'à une profondeur de 200 mètres, on a pu distinguer, dans
ce filon, 2 colonnes riches ou plutôt 2 lentilles formées de minerai
à l''^,500 d'argent; à 200 mètres, ce filon s'est soudain stérilisé
et aminci, en même temps qu'il devenait plus horizontal. Un pro-
' Les granulites de Pontgibaud sont N. S. comme les filons de galène. On a trouvé
au voisinage, à Ârgentelle, un filon de cassitérite ; à la Miouse, du mispickel aurifère
avec wolfram.
' Loc. cit., p. 485.
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508 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
jet, qui consistait à aller le rechercher à 350 mètres par un puits,
a été abandonné et Ton s'occupe aujourd'hui d'explorer, par gale-
ries, la partie comprise entre la Brousse et Pranal.
Cette concession de Pranal est exploitée sous le basalte, et l'acide
carbonique y constitue une gSne notable.
L'âge du filon de Pontgibaud est mal déterminé; on peut
cependant affirmer qu'il est postérieur au carbonifère, dont les tufs
orthophyriques sont recoupés par les filons de Châteauneuf, et
antérieur au pliocène moyen, puisqu'il est recouvert, à Pranal, par
des basaltes et ne pénètre pas dans les alluvions ponceuses plio-
cènes de Saysoubre.
M. Lodin, par un rapprochement avec les filons barytiques qui
longent la bordure de la Limagne et traversent l'pligocène, serait
porté à le croire miocène.
Gomme on pouvait s'y attendre avec un système fîlonien dont
la direction générale de cassure est aussi nettement unique, les
déviations locales, dues à la rencontre de cassures préexistantes,
n'ont aucune influence sur le remplissage. Les variations d'orien-
tation de la direction du gîte, peuvent, dans l'étendue d'une même
colonne métallifère, atteindre 40"" sans que la minéralisation en
subisse aucune influence ^ L'inclinaison ne parait avoir joué un
rôle qu'à la Brousse où le filon, qui était riche tant qu'il avait un
pendage à 80"*, s'est aminci et stérilisé en profondeur où son
pendago est tombé à 55^
M. Lodin, étudiant, à l'occasion de ces filons, la question discu-
tée de l'appauvrissement des filons de galène en profondeur, a
montré qu'à Pontgibaud comme à Huelgoat (et contrairement,
dans ce dernier cas, à un travail de M. Pernolet'), on devait con-
clure à des zones alternatives d'élargissement et de rétrécisse-
ment, mises en évidence par le rapport des longueurs exploitées
aux longueurs de galeries de recherche. Le seul appauvrissement
qui pourrait sembler réel, c'est celui de la teneur en argent quand
on s'enfonce. Ainsi, à la Brousse, le plomb d'oeuvre tenait 0,006
aux affleurements, 0,005 entre 40 et 60 mètres, 0,004 entre 80 et
< Lodin. Loc. ciL, p. 481.
* Pernolet. Ann, d. Jf .« 4« série, t. X, p. 420 et 450.
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MINE DE PLOMB DE YIALAS (LOZÉRE) 509
100 mètres, 0,0035 vers 180 et 0,0015 à 240 mètres; cependant,
d'autres filons montrent un phénomène inverse.
En 1890, la mine de Pontgibaud a occupé 489 ouvriers et pro-
duit 2582 tonnes de minerai de plomb à 253 francs; en 1891,
elle a produit 2 425 tonnes à 213,10.
Bibliographie,
1822. GuEYNivtAU. — (Afin. d. M., t. VII, p. 168.)
1850. RivoT. — (Afin. d. Jf., t. XVIII, p. 137; cf. Berg. u. H. Z., 1851,
p. 273.)
1861. CoTTA, p. 419.
1879. Groddeck, p. 239.
1889. MichklLévy. — Feuille au -^ôlôô ^® Clermont.
1891 . L. DE Laonay. — Notes de voyage inédiles.
* 1892. LoDiN. — Etude sur les gttes métallifères de Pontgibaud (avec
plans et coupes). (Ann, d. J/., 9«, 1. 1, p. 389.)
MINE DE PLOMB DE VIALAS (lozèrb)
i
Le champ de filons de galène argentifère de Yialas, en Lozère,
gisement d'importance industrielle à peu près nulle aujourd'hui,
est devenu classique, en France, par les travaux que lui ont cou-
sacrés MM. Lan et Rivot, et mérite, à ce titre, que nous nous y
arrêtions un instant.
Le village de Vialas est situé sur le versant Sud de la Lozère,
à 100 mètres au-dessus du Luech, torrent qui se jette dans la
Cèze, près de Peyremale. La mine est desservie par la station de
chemin de fer de Génolhac située, à 9 kilomètres de là, sur la
ligue de Clermont à Alais.
Constitution géologique de la région. — Le massif granitique
de la Lozère est entouré, de tous côtés, par des micaschistes
passant graduellement à des schistes métamorphiques de moins en
moins quartzeux, qui sont, à leur tour, recouverts en plusieurs
points, par des terrains plus récents, en particulier par les bassins
houillers de Portes, de la Grand-Combe et de Bessèges.
Les filons métallifères sont surtout concentrés dans les mica-
schistes, mais se prolongent, au Nord, sans changement de direc-
tion, dans le granité.
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510 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
L'étude attentive de leurs rejets a conduit M. Rivot à y distin-
guer la série des systèmes de fracture suivants * :
{^ Fractures He à 7 Direction vraie ; 19^ (Remplie par la venue bary-
tique postérieure H*.)
2^ — H» — 56*» Venue sulfureuse ancienne
riche en argent.
30 — Hi — 410
40 _
50 -
60 — Hs — 260/
H8à» — 1000/ .
H — 4760 ( Cï^^scurs quarizeux.
70 — He — 710 croiseurs bary tiques.
80 — Hioàii — 1610)-... ,.
__ „ _ .g^^ failles sans remplissages.
9
Chacune de ces directions avait été rattachée par lui, suivant les
idées de Tépoque, à un soulèvement de montagnes, et il avait
cru pouvoir en conclure Fâge correspondant de la fracture.
Au point de vue pratique, on a admis une certaine relation
entre la direction de la fente et la nature du remplissage.
On peut également vérifier ce fait intéressant, fréquemment
observé en Saxe, que l'âge du remplissage d'un filon peut être
parfois très différent de celui de la fracture.
Si nous passons en revue les divers systèmes de filons, nous
trouvons les faits suivants :
l^Le système H^., ou des anciens^ le plus ancien et, par un hasard,
également le plus anciennement exploité, se compose d'un filon
barytique ne contenant que des mouches ou des rognons de mine-
rai. L'âge de la fracture y est bien distinct de celui de son rem-
plissage. Les fractures H^.^ sont, en effet, coupées et rejetées par
tous les autres accidents de la région. Au contraire, le remplissage
barytique paraît être arrivé seulement à une époque beaucoup plus
récente, par les filons de direction très voisine H^ (7® système), d'où il
passe, sans interruption, dans les veines plus anciennes. La venue
barytique semble, à son tour, avoir été réouverte pour donner
passage à la seule venue exploitée dans ce système, venue com-
1 Rappelons que, dans la pratique des mineurs, on divise la moitié du cadran de la
boussole, du Nord au Sud, en passant par TEst, en douze heures, correspondant par
suite, chacune à 15". H, signifie que le filon est orienté vers la sixième heure, ou a 90* :
pour avoir la direction vraie, il faut tenir compte de la déclinaison.
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MINE DE PLOMB DE VIALAS (lOZÈRE)
511
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posée de quartz cristallin avec galène argentifère. Les fragments
de schistes encaissants sont très fréquents dans le remplissage.
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512 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
2® Le système H, ou des Avesnes a été comparé à la véritable
venue sulfureuse aocienne (S, de Freiberg)*. Ces filons ont été visi-
blement rouverts à diverses reprises ; ils sont peu puissants et
peu continus en direction, mais industriellement très importants :
car ils renferment de la galène très argentifère contenant jus-
qu'à 475 grammes d'argent & la tonne de minerai. Leur remplis-
sage est souvent détritique, parfois cimenté par une venue an-
cienne de calcite lamellaire avec galène. La galène riche se trouve
avec de la calcite et de la barytine rose.
3"" Les systèmes K^, E^.^ et H, ne sont que des croiseurs quartzeux
à peu près stériles. H^ est rempli par un mélange de quartz et de
schistes broyés, avec pyrite de fer altérée. Le remplissage quart-
zeux parait contemporain des fentes elles-mêmes ; car, dans les
nombreux croisements qui ont été rencontrés par les travaux, il
ne passe jamais à des croiseurs plus récents. Les veines H^ ont,
d ailleurs, résisté à toutes les réouvertures. Les filons Hg.^ sont
bien caractérisés et puissants; leur remplissage principal est le
quartz blanc laiteux, parfaitement pur ou bien empâtant des frag-
ments de schistes ; on y trouve, par places, un peu de blende et
de pyrite de fer.
De même, les filons H, sont remplis d'un quartz un peu carié,
assez dur, coloré plus ou moins régulièrement par du peroxyde
de fer; on y distingue des montées postérieures de calcite.
4^ Les filons H, sont très développés à Vialas.
5^ Les filons H^ sont exclusivement remplis de barytine d'un
blanc laiteux, à texture cristalline et non métallifère. Ils recoupent,
très visiblement, les filons H, ; nous avons dit, plus haut, que la
venue barytique semblait être partie de là pour se répandre dans
les veines H,.^.
6** Enfin les fractures U^q.^ et Hj, sont de simples cassures sans
trace de frottement et sans remplissage. Ni le quartz E.^^ ni la
barytine H^ n'y pénètrent : ce qui a fait admettre qu'elles étaient
plus récentes que toutes les autres.
En résumé, si on considère, non plus Tâge des cassures, mais
celui des remplissages, les faits les plus nets sont les suivants :
1 Voir plus loin, page 591.
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MINE DE PLOMB DE YIALÂS (LOZÈRE) 513
Il s'est produit :
1** Une venue sulfureuse à galène pauvre (pyritishe blei de
Frciberg?), après les fentes H„ avant les fentes Uf^^;
2"" Des venues quartzeuses» accompagnées, à certains moments»
de calcite et d'un peu de blende et pyrite ;
3"* Une venue barytique H^, certainement postérieure à la venue
sulfureuse ;
i" Une venue de galène ai^entifère avec calcite, rencontrée dans
les réouvertures de la barytine H, et postérieure aux fentes H^.^;
5** Une venue de galène riche avec calcite cristallisée et bary-
tine rose, la plus récente de toutes, qui caractérise les fentes H
et qu'on a longtemps recherchée dans tous les filons de même
direction du Plateau Central.
C'est-à-dire que la succession (assez analogue, comme nous le
verrons à celle qu'on constate en Saxe) est :
Galène pauvre ancienne avec quartz ; galène avec calcite ; galène
avec barytine; galène argentifère.
Nous croyons qull serait hasardé de vouloir chercher des con-
cordances de détail plus complètes et établir des lois trop rigoureuse
pour des phénomènes qui ne semblent pas susceptibles de règles
aussi strictes et aussi générales.
Par l'étude des directions, on avait essayé jadis d'établir que les
dernières venues de galène argentifère étaient contemporaines des
assises les plus élevées du groupe tertiaire. Un argument plus con-
vaincant en faveur de l'âge assez récent de ces venues est la pré-
sence, dans le voisinage, de matières de remplissage analogues dans
le lias et l'existence, en Auvergne, de nombreux filons barytiques,
contenant parfois des traces de galène, jusque dans l'oligocène.
L'exploitation de la mine de Vialas se fait, en quatre niveaux,
par gradins renversés. Un atelier de préparation mécanique et
une fonderie se trouvent au voisinage du confluent des ruisseaux
de la Picardière et du Luech.
De 1843 à 1877, on a extrait 166 379 mètres cubes de minerai,
ayant donné 41 tonnes d'argent et 7 000 tonnes de litharge ou de
plomb marchand :
Dans le même temps, les dépenses d'exploitation ont été de
8 millions, et les dépenses extraordinaires de 1 400 000 francs; en
GÉOLOGIE. — T. U. 33
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514 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sorte que le mètre cube revenait à 56 fr. 54 et la tonne à 4 310 fr.
La baisse des prix sur le plomb et Tépuisement progressif du
gîte en profondeur ont rendu, peu à peu, cette exploitation de
plus en plus infructueuse. En 1882, on produisait encore, par an,
5 000 tonnes de minerai, donnant 200 tonnes de plomb et 1 000 kilo-
grammes d'argent. Depuis cette époque, la concession de Vialas a
été achetée par la Société de Mokta-el-Hadid *, avec une concession
de houille connexe et n'est plus Tobjet que de travaux insigniflants.
En 1890, elle a produit 118 tonnes de minerai; en 1891, 203.
Bibliographie,
1823 et 1824. Marrot. — (Ann. d. M., i^ série, t. VIII et ÏX.)
1854. Lan. — Descr. des gites métallif. de la Lozère et des Cévennes Occid.
{Ann.d. If., 5% t. VI, p. 401.)
1854. Lan. — Mines de plomb, argent et cuivre de la Lozère. {Ann. d. M.,
5*, t. VII, p. 351.)
M863. RivoT. —(Ann. d. M., 6» série, t. IV, 1863, p. 309.)
1871. Struyer. — (NeuesJahrb. f. Minerai, 1871, p. 753.)
1878. Notice sur les mines de Villefort et Vialas, Rouvergue et Combere-
donde.
1879. Groddeck, p. 314.
1882. L. DE Launay. — Journal de voyage manuscrit à Técole des Mines, p. 47.
• 1883. Garnier. — Mines de Vialas. (Ind. min., 2«, t. XI, p. 995.)
GiTES DE PLOMB SECONDAIRES
DU PLATEAU CENTRAL
Notre-Dame de Laval, Rouvergue, etc.. — Nous rapprochons des
mines de Vialas d'autres gisements, qui présentent un intérêt du
même ordre pour avoir été, de même, étudiés théoriquement par
Rivol * : ceux de Notre-Dame de Laval et du Rouvergue^ au Nord
de la Grand'Combe.
Les terrains affleurant dans cette région sont le micaschiste, le
houiller et le trias ; à Laval, des travaux très anciens ont suivi
des filons H, dans le trias. Sur la concession de Rouvergue, un
groupe de filons importants, également dirigés H^ et plongeant
«Voir 1. 1, p. 721.
■ Rapport autographié du 12 nov. 1864.
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GÎTE DE PLOMB d'aUROUZE (hAUTE-LOIRE) 515
vers le Nord a été trouvé dans les micaschistes du ravin de la
Femet. Plus au Nord, à Masse, Cornac, le Chambon, d'autres
filons oscillent de H, à H^.
Dans le département du Gard, les seules mines de plomb exploi-
tées aujourd'hui sont celles de Matines; nous avons parlé, à propos
du zinc \ de ce gisement qui ne fournit un peu de galène (1 631
tonnes en 1889) qu'accessoirement.
Toujours dans le Plateau Central, nous nous bornerons à men-
tionner quelques concessions abandonnées, comme Buech et Pradal y
en Lozère % où l'on avait un filon très épais (20 à 40 mètres), à rem-
plissage essentiellement quartzeux, avec des sortes de colonnes
barytiques, résultant peut-être d'une réouverture et renfermant
de la galène argentifère.
Ces gisements ont été très anciennement connus ; il en est de
même de ceux des environs de Marvéjols, également en Lozère,
que Ton a essayé, sans succès, de reprendre en 1880'. Quelques
travaux y paraissent dater de l'époque romaine ; sous Charles VII,
la quantité d'argent qu'on en tirait avait motivé la fondation d'un
hôtel des monnaies royales àMarvéjols, en Gévaudan. LesOlons
ont deux directions : les plus anciens barytiques à 130**, les plus
récents quartzeux et Ouatés à 45^.
Dans la Haute-Loire, les filons de plomb inexploités d'Aurouze
(Haute-Loire), près Paulhaguet; dans laCorrèze, ceux de Chabri-
gnac ont été Tobjet de rapports de M. Fuchs : nous analyserons
ces deux documents.
Aurouze (Haute-Loire^). — Les mines de plomb argentifère d'Au-
rouze, près Paulhaguet (Haute-Loire), ont été concédées par décret
du 8 juin 1870 ; la superficie de la concession est de 2 660 hectares.
La région est constituée par des micaschistes que recoupent
des filons de plomb argentifères, réputés assez riches en argent.
Ces filons sont remarquables par la proportion considérable de
sulfate de baryte qu'ils renferment aux affleurements; dans la
« Page 43 i.
* Rapport de M. Germain en 1875.
* Rapport de M. E. Paulet, 3 août 1879.
* Rapports de MM. Tourgon (1870), Thomé de Gamond (1874), Fuchs (1875 à 1877),
Cambrésy (1879).
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516 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
plupart d'entre eux, cette proportion est assez forte pour en per-
mettre l'extraction spéciale et c'est même en exploitant la bary-
tine, abondante surtout à la surface, qu'on a découvert la galène
argentifère. En profondeur S les filons deviennent généralement
quartzeux.
Les filons reconnus sont :
1*" Sur la rive droite du ravin de l'Aurouze :
Le filon de la Montagne^ N. 42** 0. ;
Le filon des Anciens^ N. 37 à 42*" 0., recoupé par les puits
Saint-Louis et Bergoin, presque toujours barytique et stérile et
ne contenant de quartz que dans des géodes; en résumé inexploi-
table ; puis deux filons de fluorine sans trace de galène, à peu
près parallèles, N. 44** 0. ;
Le grand filon cfAurouze, en moyenne N. 60** 0. ;
Le filon dElpen N. 70** 0 ;
2^ Sur la rive gauche, le filon des eaux minérales N. 45** 0., sur-
tout quartzeux, le filon deFararie N. 41** 0., et le filon Delpeux.
Les efforts se sont concentrés, vers 1879, dans le quartier des
eaux minérales.
D'une manière générale, la galène accompagne le quartz, tandis
que la barytine est le plus souvent stérile. Souvent le spath-fluor,
également stérile, reprend de l'importance en profondeur.
Chabrignac (Corrèze)*. — Le gisement de Chabrignac, en Corrèze,
présente cette particularité de montrer une relation nette entre
des filons et des imprégnations de grès permiens et de former
ainsi une sorte de transition entre le type filonien et le type à
allure sédimentaire.
La concession comprend :
1^ Des filons, dirigés sensiblement Nord-Sud, très abondants
dans la région, qui recoupent, non seulement les schistes cristal-
lins, mais encore le terrain houiller et les grès, permiens ou tria-
siques, qui le surmontent. Leur remplissage est composé essen-
tiellement de barytine et pyrite, avec mouches de galène. Le seul
* Nous avons déjà eu roccasion de faire remarquer que ce fait se produisait très fré-
quemment.
• Rapports de C. Perrière (1871) et Fuchs (1874).
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GÎTES DE PLOMB DE CHABRI6NAC, DU MORYAN, ETC. 51T
filon qui ait paru susceptible d'exploitation, celui de la Ferragerie,
était compris dans ce groupe;
2^ Des filons métallifères H^, peu visibles à la surface et très
irréguliers d'allure, en outre extrêmement minces, dont le rem-
plissage est formé de galène et pyrite avec gangue barytique, un
peu de calcite et de quartz ;
3"" Des imprégnations dans le grès permien, malheureusement
éparpillées sur un assez grand cube de terrains et d'une manière
irrégulière.
La nature de la gangue, barytique et pyriteuse, était une gène
pour l'élaboration de ces minerais, car elle ne permet guère d'en-
richir, à la préparation mécanique, au-dessus de 50 à 60 p. 100, et
rend impossible le traitement au four à réverbère.
Horvan. — La même relation caractéristique entre les épanche-
ments et les filons est très visible à l'autre extrémité du Plateau
Central, dans le Morvan.
Dès 1840, de Beust *, en étudiant les environs d'Avallon,
avait été frappé de voir des imprégnations de galène, carbonate de
cuivre, quartz et barytine, pénétrer dans les sédiments du trias et
du lias ; de trouver, par exemple, des gryphées arquées, remplies
de sulfure de plomb. C'est un phénomène qui se représente fré-
quemment sur tout le pourtour du Plateau Central. A Corbigny,
on observe des coulées siliceuses interstratifiées riches en galène.
Près de là, à Chitry-les-Mines^ on a exploité, au siècle dernier, des
filons concrétionnés de galène, quartz, barytine et fluorine. Près
de La Châtre (Indre), on a concédé du plomb dans des bancs de
quartz carié triasique analogues, etc..
Bibliographie.
1852. Boise. Gîtes métallifères de VAveyron. (Ann. d. If., 5«, t. H, p. 467.)
1856. Parran. — Gîtes métallifères de Pa//iére5 (Gard). (Ann, d. M., 5%
t. XV, p. 47.)
1857. Formation des minerais de plomb de la Dordogne. (B. S. Gf., 2«,
t. XIV, p. 885.)
< Kritische Beleuchtung der Wernerschen Gangtheorie.
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118 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
MINES DE PLOMB DE LA RÉGION PYRÉNÉENNE
Les mines de plomb exploitées de la région pyrénéenne sont :
dans TAriège : Seniein, Moncotistans, le Bentaillou ; dans TAvey-
ron, Villefranche et Asprières; dans les Hautes-Pyrénées, Pier-
refitte. Nous dirons quelques mots de gîtes qui, industriellement,
ont peut-être moins de valeur, mais qui présentent un intérêt
géologique, ceux de Seix, le Pouech et Aulus (Ariège), des Arguts
(Haute-Garonne).
Seix, le Pouech et Aulus (Ariège). — Les trois concessions de
Seix^ le Pouech et Aulus sont situées dans l'arrondissement de
Saint-Girons, département de TAriège. Les gisements, exploités
en grand à Tépoque romaine, surtout au Pouech, ont été repris,
un moment, au xvm* siècle; les travaux modernes sont peu impor-
tants.
M. Vieira y a distingué quatre systèmes de filons :
1*" Filons plombeux, N. 70"* E., généralement réguliers, avecpen-
dage de 70 à 80** au Sud. Ils contiennent de la galène pauvre en
argent (100 à 200 grammes aux 100 kilogrammes de plomb) avec
gangue de chaux carbonatée, blende, fer spalhique et quelquefois
quartz. La blende domine aux affleurements, mais tend à dispa-
raître en profondeur ;
2** Filons plombeux, N. 110* E., moins continus que les précé-
dents. Le minerai est de la galène beaucoup plus riche en argent
(200 à 700 grammes), avec gangue de calcite ; la blende est plus
rare ; le quartz plus fréquent ;
3"* Des filons cuivreux N. 140*" E. à N.-S. recoupent les précé-
dents. Le remplissage est formé de pyrites de fer et de cuivre à
gangue quartzeuse ;
4** Croiseurs quartzeux N. 20** E., généralement stériles, quelque-
fois un peu cuprifères.
Les colonnes riches semblent se trouver à la rencontre des
deux premiers systèmes.
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MINES DE PLOMfi DE LA RÉGION PYRÉNÉENNE 5i9
En résumé, le cuivre ne parait pas exploitable ; mais M. Yieira
croyait à Texisteace de masses importantes de galène.
D après des rapports de service de MM. Mussy et de Cizan-
court, on peut évaluer, entre 0"*,05 et 0"',16, la puissance réduite
des colonnes riches d'Aulus et de Seix et Tabatage d'un mètre
carré de filon y fournirait entre 350 et 1 100 kilogrammes de mine-
rai marchand.
Le défaut de ces gisements, c'est leur altitude très élevée.
Arguts (Haute-Garonne). — Le district des Arguts, situé entre
Faune et Saint-Beat (Haute-Garonne), comprend des schistes
ardoisiers siluriens exploités pour ardoises et recoupés par des
filons métallifères qui affleurent entre 600 et 700 mètres d'alti-
tude. Ces filons sont assez nombreux, mais peu épais. Leur rem-
plissage dominant est la blende, avec de la galène en proportion
moindre. Ceux, sur lesquels on a fait quelques travaux productifs,
avaient 8 centimètres d'épaisseur réduite : 1%3 en galène, 6%7 en
blende.
On y a signalé des filons parallèles à la stratification, dans les
schistes quartzeux, où Tordre de consolidation était le suivant :
quartz, blende, galène ; notamment un filon à 75**, d'une épais-
seur de 20 centimètres et d'une épaisseur réduite de 7 à 8 centi-
mètres, dont les 5/6 en blende et i/6 en galène ; un autre filon à
65^, d'une épaisseur de 0"',10 à 1",80, ayant la môme épaisseur
réduite et la même teneur que le précédent, etc.
Bibliographie.
1786. DiETRiCH. — Les Pyrénées.
18o9. Rapport manuscrit de M. de Gzancourt sur Aulus (25 mai 1859).
1870. Mussy. — Ressources minérales de TAriège. {Ann, d. M., 6*^, t. XVII.)
11 cite une description due à Malus en 1600.
1876. CoMBET. Rapport sur les mines de zinc et de plomb argentifère des
Arguts.
1879. Note sur les ardoisières et les mines métalliques d'Arguts (Haute-
Garonne) .
•1877. Rapport de M. Vieira.
1886. Stuart Menteath. — Cites métall. des Pyrénées-Occid. {B. S, G., 3«,
t. XIV, p, 587.)
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520 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GITES DES ALPES, DE SAVOIE ET DE CORSE
Nous nous bornerons à mentionner, dans les Alpes, les mines de
Herst, Sarrasins, Montchabert, Bonvillard ; pour celles d'AUemont
et de Chalanches en Dauphiné, nous renvoyons au chapitre de
VArgent; nous décrirons seulement, dans cette région, celles de
Pesey (Savoie), qui présentent quelque intérêt historique.
Pesey (Savoie). — Pesey est situé sur la rive gauche de Tlsère, à
environ 20 kilomètres en amont de Moutiers. Les mines sont à
la cote 1580, au pied d*une falaise que surmonte le glacier de
Pépin.
Le gisement est constitué par un filon couche.
L'exploitation, qui a été assez active au début du siècle, a porté à
peu près exclusivement sur une colonne, très inclinée, de galène
tenant 210 grammes d'argent aux 100 kilogrammes de plomb. La
colonne avait été extrêmement riche dans les parties hautes, où
elle avait présenté une puissance de 8 mètres, donnant assez aisé-
ment des minerais à 82 p. 100 de plomb. Puissance et richesse
diminuèrent rapidement en profondeur.
Le gisement, découvert en 1714, et exploité, de 1742 à 1760, par
une compagnie anglaise, puis, jusqu'en 1792, par une compagnie
sarde, fut, à ce moment, déclaré bien national. En 1802, Técole
des mines dut être installée à Pesey sous la direction de Schreiber,
qui reprit l'exploitation des mines et la continua avec succès jus-
qu'en 1814. On sait d'ailleurs que les difficultés d'installer une
école à Pesey la firent, en pratique, établir à Moutiers jusqu'en
1814.
Pesey s'épuisant, Schreiber, en 1813, mit en exploitation, à
10 kilomètres de là, lamine de Macot^ qui a eu une certaine pros-
périté jusqu'en 1866.
Corse. — En Corse^ la galène argentifère forme des filons dans
un granité, dans les environs de Caleuzana^ sur le mont Asinaio^
et dans des schistes serpentineux aux environs de Pietralba et de
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FILONS DE PLOMfi ALLEMANDS (vOSGES, FORÊT NOIRE, ETC.) 521
Patemo, près de Bastia. Elle est très pauvre en argent, sauf en
quelques points, comme à Argentelltty où Ton a obtenu excep-
tionnellement 5*^,920 d'argent à la tonne de plomb.
Bibliographie.
1806. Leuvec. — Statistique des mines et usines du département du Mont.
Blanc. (Journal des Mines, t. XX, 2® semestre 1806.)
1844. ViRLET d'AousT. — Mine de plomb argentifère de Macot en Taren-
taise. (B. S. G., 2«, 1. 1, p. 810.)
1861. Baudinot. — Mine de plomb argentifère de TArgentière. (B. S. G., 2®,
t.XVm, p. 791.)
1889. Aguillon. — Notice sur TEcole des mines, p. 87.
FILONS DE PLOMB ALLEMANDS*
Il existe, en Allemagne, de très nombreux gisements de plomb.
En laissant de côté ceux de la Silésie décrits plus haut ', au cha-
pitre du ZinCj ceux du Harz et de la Saxe renvoyés plus loin *
avec les champs de filons complexes, nous avons encore à men-
tionner ceux des Vosges, de la Forêt Noire, de la Prusse rhénane,
du Nassau, de la Thuringe, etc.
Dans les Vosges, on connaît des filons de galène très argentifère,
dans le gneiss, aux environs de Markirch, d'autres près de Saint-
Nicolas dans ledévonien, d'autres enfin dans le grès rouge ou le
trias au Nord de rAlsace,à Lembach, Windstein, Eatzenthal ou,
dans le Palatinat, toujours sur la rive gauche du Rhin, près de
Schônau, Bundenthal, Erlenbach, etc.
En face des Vosges, sur la rive droite du Rhin, dans la Forêt
Noire et le duché de Bade, jX existe deux faisceaux de filons,
dont Tun va de Hofen et Kirchhausen (au Sud) à Heubronn,
Saint-Ulrich, Zàhringen et Neuweier près Steinbach, tandis que
l'autre, plus à l'Est, se poursuit de Gorwihl, dans la vallée de
* Voir d'Achiardi, 1, 250.
« Page 449.
» Pages 576 et suit.
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o22 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
l'Alb près Sain t-Blasien, parHausach et Biersbach, jusqu'à Baden,
sur 124 kilomètres de long.
Plus au Nord, se trouvent, sur les deux rives du Rhin, les im-
portants gisements plombifères de la Prusse rhénane^ du Nassau
€t de la Wesphalie, pour la plupart encaissés dans le dévonien
et dont nous décrirons bientôt* quelques-uns plus en détail.
Là, sur la rive gauche du Rhin, la galène, la blende et la pyrite
forment des nids et amas dans le dévonien d'Aix-la-Chapelle, entre
Eupen et Wenau, près de Schleiden, Call et Dottel. Nous étudie-
rons quelques gîtes de ce genre, situés dans la même région,
^ Commern, Mechernich, etc., comme sédimentaires.
Sur la rive gauche de la Moselle, on peut citer les filons de
Bleialf près Prûm (Trêves), de Rescheid près Schleiden (Aix-la-
-Chapelle) qui donnent de la galène pauvre (glasurerz), ceux de
Saint-Johann, Saint-Jost, etc., près Mayen (Coblenz) et ceux des
■environs de Wittlich, sur le flanc Sud de TEifel.
Sur la rive droite du Rhin, un groupe de filons, industriellement
plus importants, commence dans le Nassau, se retrouve à Saint-
■Goarhausen (Wiesbaden), traverse le Lahn,et arrive àHolzappel.
D'autres se présentent sur les deux rives de la Lahn, à Ems et
k Kransberg. Nous leur consacrerons un paragraphe plus loin.
Vers le Nord, mentionnons encore les filons d'Alterkirchen,
Ottershagen près Rosbach, Wingartshardt, Morsbach, Busenbach,
Eulen, etc.
Dans le district de Cologne, le dévonien moyen (Lennenschiefer)
renferme des filons de galène et blende près de Sieg, Mûlheim,
Waldbroel, Wipperfûrt et Gummersbach ; le calcaire de TEifel en
contient aux environs de Mûlheim, près de Bensberg ; on en
retrouve, dans le calcaire carbonifère et le culm, à l'Ouest d*Has-
tternath et près de Stolberg.
En Thuringe, les filons de Weitesberg sont dans le silurien.
< Page 523.
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gItES de plomb de la PRUSSE RHÉNANE 523
MINES DE EMS, HOLZAPPEL, ZELL-SUR-MOSELLE, ETG-
(PRUSSE RHÉNANE, RÉGENCE DE COBLENZ ET NASSAU)
La vallée de la Lahn et les deux rives du Rhin, entre Coblentz
et Bingen, présentent, comme nous venons de le dire, des mines
de plomb exploitées depuis de longues années.
Cette région est formée de schistes argileux ou ardoisiers du
dévonien inférieur, accompagnés, dans la Lahn, d'un peu de grau-
wacke.
Ces schistes, dirigés N. 45° E. avec pendage S.-E., sont traver-
sés par de nombreux filons de quartz, blende et galène avec un
peu de sidérose (plus abondante dans le Nassau) et de pyrite sans
barytine. La galène est l'élément essentiel. A Holzappel, on a
380 kilogrammes de minerai au mètre cube ; à Ems, 270.
La puissance, assez irrégulière, est, en moyenne, de 0"*,50
à Holzappel.
Les ûlons présentent des inflexions brusques et des étranglements,
avec la tendance, habituelle aux filons dans les schistes, de suivre,
pendant quelque temps, la stratification pour passer ensuite d'un
banc à l'autre. Parfois, on a des éparpillements de veines, appelés
zug. C'est ainsi qu'à Obernhoff, un fîlon principal, composé d'un
axe quartzeux et de deux bandes de blende et galène, est accompa-
gné , pendant longtemps , de deux filons parallèles. Comme au
Bleiberg, dont nous parlerons plus loin, le remplissage est sou-
vent bréchiforme et comprend des fragments de schiste incrustés
de blende et galène. A Holzappel, on exploite, sur 400 mètres de
haut, un filon de 0",50 de large. Cette mine occupe 1 200 ouvriers
(dont 750 au fond) ; Ems occupait, en 1870, 3 000 ouvriers.
A Zell-sur-Moselle, les exploitations ont porté surtout sur le filon
d'Altay. Dans cette mine, la production a été, en 1873, d'environ
1 500 tonnes de minerai à 59 p. 100 de plomb et 50 grammes d'ar-
gent aux 100 kilogrammes de plomb.
Bibliographie.
BuRAT. — Géologie appliquée, p. 153.
1870. VÉziAN. — Rapport sur les mines de Zell-sur-Mozelle (Besançon).
1874. ViLuÉ. — Rapport sur les mines de Zell-sur-Moselle (Besançon).
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524 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
MINE DE BLEIBERG ES-MONTZEN (belgiqqe)
En Belgique, il existe, de Namur vers Aix-la-Chapelle, sur la
zone de contact du calcaire carbonifère et du houiller, une suite
de mines, Corphalie, Ampsin, Engis, Das, Moresnet, Verviers,
Altenberg, Bleiberg, etc., qui se prolonge en Prusse à Diepen-
lichen et Stolbei^. Nous avons déjà parlé de ces gisements à
propos de la calamine*; nous nous bornerons ici à quelques
détails sur le gîte de Bleiberg.
A Bleiberg, on a exploité un filon de galène et blende, N. 57*. 0.,
connu sur 7 kilomètres de long, à travers le terrain houiller et
le calcaire carbonifère.
Ce filon, de 0",90 de large environ, a un remplissage bréchiforme
composé de fragments de grès et de schistes dans le houiller,
de calcaire dans le carbonifère, cimentés par des minerais rubanés.
Il y subsiste des vides incrustés de minerais et, dans d'autres
parties, des détritus argileux stériles, résultant du délitement des
schistes, qui paraissent s'être opposés à la pénétration des eaux.
Ces minerais comprennent alternativement de la blende et de
la galène, rarement les deux ensemble. Ils se sont renouvelés
plusieurs fois et ont commencé par la blende ; car celle-ci existe
toujours avec la galène et souvent seule. Ils sont accompagnés
d'une gangue de calcite et de silice avec un peu de pyrite. La
composition est la même dans le calcaire que les schistes. Posté-
rieurement au remplissage et pendant le remplissage même', il
s'est produit des phénomènes de réouverture, de glissement d'une
éponte sur l'autre, de production de faces polies et de salbandes,etc.
Ces phénomènes sont particulièrement nets dans les parties
supérieures du calcaire, voisines du terrain houiller, où il s'est
formé un grand évasement de 300 mètres de long, 70 de large
et 60 de profondeur, dont le remplissage présente un caractère
absolument détritique.
Cette mine a produit, de 1833 à 1878, 60 000 tonnes de plomb
' Pages 417 à 423.
' On le constate à la présence de cristaux intacts développés sur les cristaux brisés.
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FILONS DE PLOMB D AUTRICHE 525
et 20 000 de zinc ; le plomb est presque totalement utilisé pour la
fabrication de la céruse et du minium orange (employé lui-même
dans la préparation du cristal).
La tonne de minerai brut extraite contient, en moyenne,
18 p. 100 de minerai utile. La grande difflculté à laquelle on s'est
heurté, a été une énorme venue d'eau, ayant atteint, en moyenne,
33 mètres cubes par minute et, accidentellement, 43 mètres cubes ;
la mine drainait, en effet, toute une région traversée par la rivière,
la Gueule.
Bibliographie.
1876. {Cuyperj t. XL, p. 229.)
1878. RÉMY Paquot. — Notice pour TExposition universelle.
FILONS DE PLOMB D'AUTRICHE
En Autriche, nous aurons à décrire les champs des filons com-
plexes de Przibram et Mies en Bohême * ; mais une grande
partie de la production de plomb du pays est, en outre, fournie
par les gisements de la zone alpestre de Carinthie et du Tyrol,
gisements pour la plupart encaissés dans les calcaires.
En Carinthie, les principales mines sont celles de Raîbl %
Bleiberga et Windisch Kappel; dans le Tyrol, on cite les gîtes
de Pfundererberg, Brezzuro, Schneeberg. A Schneeberg, les filons
encaissés dans le micaschiste contiennent une association de
galène et de sidérose.
Nous rappellerons, d'ailleurs, que le Banat ^ produit accessoire-
ment du plomb ; il en est de même, en Hongrie et Transylvanie,
des mines de Schemnitz, Kremnitz, Kapnik, Nagiag, Felsobanya,
Oflenbanya, etc.
1 Page 568. La Bohême a produit : en 1890, 14 538 tonnes de galène argentifère
(comptés par la statistique comme minerai d*argent) et 2 474 tonnes de galène pauvre.
* Voir plus haut p. 1424.
* Voir plus loin.
* Voir t. I, p. 660 et t. II, p. 258.
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526
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ceux
FILONS DE PLOMB ESPAGNOLS
Parmi les gisements de plomb espagnols, nous décrirons ici
"\ de Linarès (province de Jaen), de FHorcajo et Castuera
Fig. 285. — Carte minière du Sud de TEspagne au r-
000.000*
(province de Ciudad-Real) , de Garthagëne, Mazarron, Aguilas
(province de Murcie), etc.
MINES DE PLOMB DE LINARÈS-LA-GAROLINA '
Historique et situation économique. — Le district de Linarës-la-
Carolina, qui est aujourd'hui avec celui de Carthagène, le premier
centre de production de plomb du monde entier, se trouve, au
N.-N.-O. de la province de Jaen, entre Jaen et Ciudad-Real, sur
< Coll. Ecole des Mines, 1978.
Pour tous les détails sur Linarès, nous renverrons à un important mémoire de
M. de Mesa y AWarès, paru en 1890 dans la Revista Minera,
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MINES DE PLOMB DE LINARÊS-LA-CAROLINA
527
le méridien de Madrid et à proximité de la grande ligne de chemin
de fer de Madrid àCordoue.
L'exploitation des mines de cette région parait, comme celle
de beaucoup de mines espagnoles (Carthagène, Huelva, etc.),
remonter à Tépoque phénicienne. Pendant la domination romaine,
des documents certains montrent qu'on travailla avec activité dans
quelques-unes, en particulier à Palazuelos (mine aujourd'hui
exploitée par la société Stolberg et Westphalie), où on semble
avoir dépilé, à ce moment, des filons argentifères analogues au
filon 14 que nous décrirons à Valdeinferno *. Après le temps d'oubli
des invasions barbares, nous voyons, de 1563 à 1629, à la suite de la
fameuse loi de Philippe U, les déclarations de découvertes se mul-
tiplier et une exploitation s'organiser peu à peu jusqu'au grand
essor qui s'est produit vers 1850 et dont les chiffres de production
résumés dans un tableau suivant peuvent donner une idée :
La province de Jaen (district de Linarès) a produit, en minerai
de plomb :
Eq 1867 . .
40 000 tonnes.
En 1883 . .
. 111 738 tonnes
1868 . . .
57 085
—
1885 . .
. 101 555 —
1869 . .
67 271
—
1886 . .
. 115 730 —
1870 . . ,
67 290
—
1887 . .
. 119 987 —
1871 . .
72 748
—
1888 .
. 114 300 —
1872 . .
93 682
—
1889 . .
. 112 500 —
1875 . .
86 000
—
1890 .
. 116 240 —
1881 . .
118 325
—
1892 .
. . 115 000 —
Dans le premier trimestre de 1892, 788 mines exploitées ont
produit 25 338 tonnes de minerai ; sur ce total, les trois principales
sont : Arroyanes, 6 089 tonnes; Tortilla, 2 310 tonnes; Coto la
Luz, 1 437 tonnes.
Les diagrammes des figures 286 et 287 représentent, d'ailleurs,
la production et l'exportation des minerais du district de Linarès
de 1881 à 1887.
En 1888, on a extrait 71 423 tonnes de galène, 10 392 de car-
bonates, 5 tonnes de blende, 24 de minerai de cuivre et 34 de fer.
En même temps, le nombre total des concessions était de 1 011 ;
celui des mines en exploitation de 788, représentant 773 kilomètres
* Voir page 539.
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528
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de galerie. Les ouvriers occupés étaient au nombre de 5 765, aux-
quels il faut adjoindre 198 femmes et 1135 enfants.
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Années ^
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110.000
118.000
117 000
116.000
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113 000
112 000
111.000
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109.000
108 000
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107 000
106.000
105. 000
10%.000
103.000
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102 000
101000
100 000
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Fig. 286. — Diagramme de la production des minerais & Linarès de 1881 à 1887.
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Fig. 287. — Diagramme de l*exportation des minerais de Linarès
pour la péninsule et pour l'étranger
On voit que la production de ce district reste à peu près cons-
tante depuis 1880, malgré la dépréciation des prix du plomb qui a fait
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MINES DE PLOMB DE LINARÈS-LA-CAROLINA 529
arrêter tant d'autres mines. Son développement serait plus rapide
encore s'il n'était arrêté par les principales causes suivantes :
l'^ Le trop grand nombre de concessions oblige encore la plu-
part des mines à employer des moyens d'exploitation rudimentaires,
faute de capitaux.
2^* La plupart des exploitations sont faites sans prévoyance; on
épuise chaque étage avant de faire les recherches nécessaires à
l'exploitation des suivants : d'où une grande irrégularité de produc-
tion, préjudiciable aux intérêts des mines. Les épuisements sont
sommaires, on rejette les eaux à la surface sans s'inquiéter de
savoir si elles rentreront dans la mine ou dans la mine voisine : en
sorte que la même eau se trouve extraite inutilement un grand
nombre de fois, et qu'on finit par sortir, chaque jour, des diverses
mines, un cube d'eau considérable.
Le même manque d'entente et le même éparpillement produisent
des résultats également fâcheux au point de vue des installations
de préparations mécaniques, laveries, etc..
3* L'État, tout en imposant une contribution de 1 p. 100 du pro-
duit brut, n'a pas de contrôle direct ; aussi, à chaque instant, ont
lieu des fraudes et des conflits entre l'administration et les mines
à ce sujet, si bien que les usines ne savent presque jamais sur
quelle production elles pourront compter.
4** Les lieux de vente sont trop éloignés et les moyens de
transport trop restreints. Les minerais sont vendus à Carthagène,
distant de 546 kilomètres et de là, embarqués pour les ports de la
province de Murcie, à destination d'Almeria. Ce n'est que parce
qu'ils sont bien plus purs que les minerais similaires des côtes de
l'Est de l'Espagne qu'ils peuvent supporter de pareils frais de
transport. La création d'un chemin de fer direct de Linarès à
Almeria, dont le projet a d'ailleurs été approuvé par le gouverne-
ment, augmenterait de près de 40 p. 100 les valeurs des minerais.
Constitution géologique de la région. — Le soubassement général
de la région (voir la carte géologique, fîg. 288) est formé par
des granités, généralement gris, peu micacés et très feldspa-
thiques, qui semblent appartenir à une zone dirigée Est-Ouest,
recouverte presque partout par des terrains sédimentaires. Ces
GÉOLOGIE. — T. n. 34
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530
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
granités n'affleurent qu'en quelques points, au N.-E. de Linarès,
au N.-O. de Baïlen, à Santa-Elena, etc.
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MINES DE PLOMB DE LINÀRèS-LA-GAROLINÀ 531
Au-dessus d'eux viennent, dans les parties Nord et Ouest, des ter-
rains paléozoïques, rattachés au cambrien et au silurien, terrains
surtout composés de schistes avec des quartzites intercalés for-
mant les hautes montagnes qui séparent la Manche de l'Andalousie.
La figure 288 donne, d'après don Pedro de Mesa, la disposition de
ces deux groupes de terrains; le cambrien seul y est figuré autour
de Linarës, tandis que le silurien n'apparaît que plus au Nord.
Plus haut, deux bandes de grès rougeâtres, dirigées Est-Ouest,
apparaissent l'une à Linarès, l'autre vers la Carolina. Elles ont été
rapportées au trias par M. Lucas Mallada; mais M. de Mesa est porté
à les croire, au moins en grande partie, beaucoup plus jeunes,
peut-être du miocène inférieur. Au point de vue spécial qui nous
occupe, le fait n'est pas sans importance, car il pourrait nous aider
à fixer Tâge des filons de Linarès, nettement antérieurs à ces grès.
Enfin^ le miocène marin inférieur recouvre une partie de la
zone centrale entre Linarès et Carolina et de t^elle qui s'étend au
Sud-Ouest, de Linarès à Baïlen. Il est représenté surtout par des
mollasses où M. de Verneuil a trouvé, avec l'Ostr. Crassissima, de
grands Ciypeaster voisins du C. altus. Ces mollasses ne diffèrent
de celles que nous venons de signaler comme peut-être triasiques,
que par leur couleur plus claire et la présence de la chaux dans
le ciment. Il semble y avoir transition de l'un à l'autre faciès.
Le terrain miocène, qui ne dépasse guère 40 mètres autour de
Linarès, arrive à 200 mètres quand on s'en éloigne.
Gisements métallifères. — Le granité et les terrains anciens
de Linarès sont recoupés par un très grand nombre de filons de
galène relativement réguliers et constants, filons toujours arrêtés
au-dessous du grès superficiel (triasique ou tertiaire) qui en masque
souvent les affleurements ; en sorte que leur âge, certainement
postérieur au silurien, peut avoir, comme limite supérieure, dans
une hypothèse, le trias, dans l'autre, le miocène inférieur, sans
qu'il soit permis de préciser davantage. Géographiquement, ces
filons peuvent se diviser en deux groupes dont les caractères sont
d'ailleurs quelque peu différents, Linarès et la Carolina; par leurs
directions, leur allure et leur remplissage ils se rattachent à
quatre types distincts :
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532 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1® Le premier de ces types, très général à Linarès, est celui de
filons N.-E.-S.-O., toujours encaissés dans le granité, passant par-
fois, sans changer d'aspect, dans le schiste cambrien, filons à miné-
ralisation de galène compacte, rarement noduleuse, avec gangue
de quartz. Ces filons, alternativement élargis et rétrécis, ont souvent
présenté une zone riche à la surface, puis un appauvrissement à
une profondeur variable et, de nouveau, un enrichissement.
2® Le second type est celui des filons de la Carolina, filons Est-
Ouest, encaissés dans les schistes cambriens ou siluriens. Là on a
généralement une interstratification apparente, une grande puis-
sance assez constante, une minéralisation noduleuse et irrégu-
lière, une richesse en argent plus grande que dans le premier
groupe, une gangue de quartz ou de barytine. Quand ces filons
passent dans le quartzite pauvre ou le granité, leur épaisseur dimi-
nue le plus souvent et leur minéralisation devient plus compacte.
3** Des filons S.-E.-N.-O. se trouvent dans la région E. de la
Carolina, à Valdeinferno et Palazuelos. Moins puissants que les
précédents, ils s'appauvrissent, en général, en passant du granité
aux schistes. La métallisation est noduleuse et forme, au milieu
d'une gangue de quartz, des lentilles (bolsadas) de galène. Les
épontes sont nettes. A Valdeinferno, un de ces filons contenait
une zone de barytine avec argent natif.
4*" Enfin, des filons N.-S. sont généralement stériles.
D'une façon générale, ces fiions sont très verticaux ; les minerais
se présentent à Linarès par zones (bolsadas) avec des intervalles
stériles et, lorsqu'on s'enfonce, on a des alternatives de richesse
et d'appauvrissement, en même temps que des parties élargies ou
étroites. On a cru remarquer que les parties larges corres-
pondaient, en môme temps, à des parties richçs et les parties
étroites à des parties pauvres. M. de Mesa a essayé d'expliquer ce
fait, — ainsi que la disposition noduleuse qu'on rencontre, au con-
traire, dans les filons larges et réguliers de la Carolina — par la
circulation même des eaux thermales métallifères : suivant lui,
ces eaux auraient eu, dans les parties étroites, une vitesse plus
grande tandis que, dans les parties larges, elles auraient éprouvé
un ralentissement avec diminution de température et, par suite,
dans des terrains se prêtant à de larges ouvertures comme les
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MINES DE PLOMB DE LINÀRÊS-LA-CAROLINA 533
schistes friables qui encaissent souvent les filons de la Garolina,
elles auraient produit un dépôt de sulfure métallique plus abon-
dant; ce seraient, dans cette idée, les accumulations de débris qui
auraient amené la précipitation par nodules.
Un fait assez curieux à noter, c'est la présence, fréquemment
constatée dans les filons du pays, de minerais de cuivre, ayant été
assez abondants aux affleurements pour motiver des exploitations
anciennes et ayant absolument disparu en profondeur. Les
minerais de cuivre, oxydes, carbonates, silicates, pyrites, étaient
associés avec du carbonate de plomb, du fer hydroxydé et de
Targile ocreuse. A partir de 75 à 80 mètres, on n'a plus trouvé que
de la galène, avec gangue d'abord de quartz et sidérose, puis, pro-
gressivement, de quartz seul. Cela s'est passé, par exemple, au
filon 3 de Linarès. Au lilon 4, au contraire, le cuivre existe, dissé-
miné, sur toute la hauteur du remplissage.
Nous décrirons successivement : ^^ les filons de Linarès sur
lesquels sont toutes les principales exploitations; 2"" ceux de la
Garolina.
Filons de Linarès. — Les filons de Linarès, presque toujours
encaissés dans le granité, viennent affleurer, pour la plupart, sauf
dans la partie Nord où ils sont recouverts d'un manteau de grès
qu'ils ne traversent jamais. Ces affleurements, quand ils existent,
se présentent sous forme d'un chapeau de quartz avec pyrite et
mouches de carbonate de fer et de cuivre ; la galène en a disparu
par métamorphisme secondaire. Leur direction générale est assez
constamment E. 20** N. Ils sont très multipliés, souvent séparés
par moins de 100 mètres de stérile et presque verticaux. Ils
présentent des élargissements et des rétrécissements fréquents
avec de nombreuses bifurcations.
La galène, très compacte, s'y présente par zones (bolsadas),
correspondant aux élargissements des filons et aussi irrégulières
qu'eux-mêmes. Le nombre et le volume de ces bolsadas ont
parfois diminué en profondeur ; d'autres fois, comme à Arrayanes
(la plus grande mine du district), à los Salidos, los Alamillos,
los Angeles, ils sont restés constants.
Les galènes extraites, une fois préparées et marchandes, tien-
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o34
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
nent, en moyenne, 76 à 78 p. 100 de plomb avec 160 à 250 grammes
d'ai^ent à la tonne de minerai. Le minéral, nommé alcohol de
hoja, est assez abondant; il contient jusqu'à 85 et 90 p. 100 de
plomb, mais peu d'argent.
Les gangues sont des carbonates de plomb, du quartz, de la
barytine, de la calcite, de Targile, avec un peu de blende et de
phosphate de plomb. Les carbonates de plomb, cuivre et fer, ne
se trouvent que dans les parties superficielles.
Les failles sont assez nombreuses, généralement remplies d'ar-
gile ferrugineuse, avec un peu de quartz et de granité décomposé.
U existe, en outre, des filons croiseurs quarlzeux.
Souvent on trouve des passages peu métallisés à des profondeurs
variables, entre 100 et 150 mètres. Au-dessous, dans la région
Sud, on retrouve la teneur normale, tandis que, dans la région
Nord, les filons restent appauvris.
Le tableau ci-joint montre que la largeur varie de 0"*,80 à 1",50,
dont 7 à 8 centimètres de minerai ; la teneur brute peut osciller
entre 12 et 90 p. 100 de plomb. Par la préparation mécanique, on
arrive, comme nous l'avons vu, à 76 ou 78 et 160 à 250 grammes
d'argent à la tonne.
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22
21 et 22
23 et 24
NE-SO
12
75
0,80
0,05 à 0,09
76
(?)
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HINES DE PLOMB DE LlNARèS-LA-CAROLINA
535
Quelques détails maintenant sur ces divers fiions que nous
numéroterons du Sud au Nord, à partir de Linarès
Le filon n^ / s'exploite, sur 11 kilomètres de long, dans les
I
^
^
Fig. 289. — Coupe longitudinale du filon \ de Linarès dans la mine San Miguel.
1
Echelle au
Légende.
7 500
m^^
7h I mm.'f^m^m/Seiéù
DÉTAIL B
(àuriks)
mines San Miguel, Nuestra Senora del Carmen, Coto
la Luz et los Parazuelos à TEst'.
A rOuest (mine San Miguel), il est encaissé dans
un granité à amphibole recouvert de 5 à 6 mètres
de grès, considérés comme triasique, qu'il ne tra-
verse pas. Il a été reconnu sur 290 mètres détail A
de profondeur, avec une puissance moyenne
de 70 à 80 centimètres, et 0"*,10 d'épaisseur
réduite ; les minerais y forment des bolsadas
qui peuvent avoir 50 à 60 mètres de profon-
deur et 30 à 40 mètres de long ; le détail A
de la figure 289 montre la forme de Tune d'elles et la figure 289
^ On trouve, dans la Revista miniera, 1890, t. XLI, pi. II, un plan des innombrables
concessions de Linarès.
(aua^ço);
GEOLOGIE. — T. II.
34'
! UNIVtiislTI )
536
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
«5
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t- IcuM ML Carmtn^
ïl
la coupe générale du filon. En général, les épontes sont nettement
distinctes du filon ; souvent le granité, au contact, est pourtant
décomposé sur 5 à 6 mètres.
On a rencontré quelques bifurca-
tions : ainsi, du cinquième au hui-
tième étage (détail B), il existe,
entre les deux branches du filon,
environ 8 mètres de granité.
Au centre, à la mine Nuestra
Senora del Carmen (fig. 290), le
même filon, par suite de Tabsence
des grès superficiels, vient affleu-
rer au jour et s*y présente sous
forme de petites veines quartzeu-
ses tout à fait stériles. En même
temps, il s*élargit et sa puissance
dépasse souvent 2 mètres ; mais
la minéralisation y est très irrégu-
lière et l'épaisseur réduite atteint
à peine 0",07, en sorte que les
travaux sont beaucoup moins dé-
veloppés qu'à San Miguel.
Sur la concession suivante, de
Coto la Luz (fig. 291), le filon, tou-
^p^uiedeyï^dtL- jours dans le granité, est reconnu
jusqu'à 193 mètres de profondeur.
Il a une puissance moyenne de
4 ",50, une métallisation moins
lenticulaire et plus compacte, de
façon que l'épaisseur réduite varie
entre 8 et 10 centimètres. Dans
cette mine comme dans les précé-
dentes, on prétend avoir observé,
en profondeur, une tendance à l'homogénéité plus grande de la
venue de galène.
Enfin, à FEst, dans les mines du groupe de los Parazuelos,
le filon se poursuit, avec la même direction, jusqu'au contact
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8 •
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MINES DE PLOMB DE LINARÉS-LA-CAROLINA
537
du gi*anite et des schistes cambriens et pénètre dans ceux-ci en se
bifurquant. L*épaisseur réduite ne parait pas dépasser 4 à 5 cen-
timètres. Ces mines en sont, d'ailleurs, à la période de recherches.
Le filon n"" S y très analogue au filon n"" 1, est reconnu sur
9 kilomètres de long avec une direction générale N.-E. S.-O., des
mines Socorro et San José à TOuest à celles de Coto la Luz àTEst. Il
est encaissé : dans le granité, à TOuest et au centre ; dans les schistes
cambriens, à TEst. Sa puissance moyenne est de l'",20, son épais-
seur réduite de 7 à 8 centimètres. Son plus grand développement
Coupe lonoitudïnale de la mine Coto la huz a Linares au 73Wî
o
a été rencontré entre 100 et 450 mètres de la surface dans la
région Ouest, entre 120 et 190 dans le reste.
Le minerai marchand tient 77 p. 100 de plomb et 170 grammes
d'argent à la tonne.
Les gangues sont les mêmes qu'au filon 1, et le remplissage
affecte la même forme lenticulaire.
Le filon n^ 3^ presque entièrement compris dans la mine
Arrayanès qui appartient à FEtat, est le plus riche et le plus
important de la région de Linarès. Il a 12 kilomètres de long. Sa
direction générale est N.-E. S.-O. et son plongement de 78 degrés
au N.-O.
11 est, comme les précédents, compris dans un granité de dureté
moyenne, recouvert par 6 à 7 mètres de grès qu*il ne recoupe pas.
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538
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Quoique lés élargissements elles rétrécissements y soient fréquents,
la puissance est relativement
constante, environ 70 à 80 cen-
timètres en moyenne et l'épais-
seur réduite très forte, 12 à
15 centimètres de galène à
160 grammes d'argent. Cette
galène se présente par lentilles
de formes et de dimensions
très irrégulières, mais avec une
compacité plus grande que dans
les filons 1 et 2.
Un certain nombre de failles
viennent le recouper.
Les filons 4 et 5 sont ex-
ploités sur les mines : Grupo
la Tortilla (fig. 292), los Qui-
nientos, Pozo Ancho et Grupo
la Gruz, sur 10 kilomètres de
long. Dirigés N.-E. S.-O., ils
sont compris dans le granité re-
couvert de terrains gréseux. La
puissance moyenne est de 90
centimètres, Tépaisseur réduite
de 7 centimètres. Le filon n*" 5,
jusqu'à une centaine de mètres
de profondeur, contenait des
minerais de cuivre qui ont été
anciennement exploités, et ce
n'est qu'à ce niveau que les mi-
nerais de plomb ont décidément
pris le dessus. Au contraire, le
filon 4 ne contient de cuivre
qu'à l'état accessoire et comme
gangue, sur toute sa hauteur.
On remai jue, à travers ces filons, de nombreuses failles dont
Tune (fig. 292) est presque horizontale.
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MINES DB PLOMB DE LIN ABÈS-LA-GAROLINÀ
539
Les/ilons 6 et? se présentent sur les mines San Ildefonso, Grupo
los Alamillos et mina los Aleraanes. Le filon 7, dans sa région
Ouest, sur la mine de los Salidos, présente une métallisation beau-
coup plus constante que d'habitude et qui, du niveau de 25 mètres
à celui de 230 mètres, peut, sauf une zone stérile, être évaluée à
10 centimètres*.
Les filoîis Sel 9 se suivent à très peu de distance sur les mines :
las Angustias, Esperanza y Berenguela, la Trinidad y Linarejos.
Les filons 10^ 11 et 12 sont encore peu reconnus jusqu'ici.
Enfin le filon 14, situé dans les schistes cambriens du groupe
de Valdeinferno, avec une direction à peu près perpendiculaire
aux précédentes, présente cette particularité de comprendre, à
côté d'un filon de galène à 320 grammes d'argent, un filon de bary-
Fig. 293. — Coupe longitudinale au * de la mine Santa Teresa.
tine rosée de 30 à 40 centimètres avec des nodules d*argent
natif.
Les filons 15 à 24 font partie de la région Nord de Linarès, où
les exploitations sont beaucoup moins riches et moins anciennes.
Leurs caractères sont d ailleurs les mêmes.
La figure 293 représente la coupe longitudinale de Tun d'eux,
le filon 20 dans la mine de Santa Teresa, avec l'allure des bolsadas
qu'on y a exploitées.
* Voir la coupe, fig. 1, pi. V, dans la RevUta Minera, t. XLÎ, 1890.
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540 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
2^ Filons de la Carolina. — Le groupe de la Carolina est situé
dans un pays très montagneux : ce qui rend les transports plus
difûciles; aussi les exploitations y sont-elles encore peu déve-
loppées.
Les caractères ne sont pas absolument les mêmes qu'à Li-
narès.
On y retrouve, il est vrai, parfois, des filons exclusivement
encaissés dans le granité (ainsi ceux de la région Est) ; mais tous
ceux de la région Ouest sont dans les schistes cambriens, d'autres
dans les schistes et les quartzites siluriens (ainsi dans la région de
el Castillo) et leur allure s'en ressent nécessairement.
En outre, ils affleurent tous et se présentent à la surface sous
forme de chapeaux de filon quartzeux.
Leurs directions appartiennent à quatre groupes : SE. -NO ;
EO ; NE.-SO, — ceux-ci parallèles aux filons de Linarès — et
enfin NS. Les deux premiers groupes sont les plus impor-
tants.
Le plongement est moins vertical et beaucoup plus irrégulier
qu'à Linarès.
Les filons, en général très puissants, sont très ramifiés dans les
schistes et présentent souvent, par endroits, des interstratifications
apparentes dans ceux-ci, quoiqu'on les voie passer d'une roche à
l'autre.
La disposition de la galène au milieu du remplissage est très
irrégulière, avec une tendance au groupement noduleux.
Les gangues sont des carbonates de plomb, du quartz, de l'aide
ferrugineuse, avec des fragments des chistes, granités ou quartzites.
On rencontre un peu de pyrite, de blende, de calamine et de sul-
fure de nickel.
L'argent est particulièrement abondant aux extrémités du groupe
filonien, au Centenillo et à Virgen del Pilar.
Les failles et dislocations sont très rares.
Un tableau ci-joint donne les renseignements généraux sur
les filons de ces groupes. On y peut voir que la puissance
moyenne est de 2",20, dont 0,05 à 0,07 de galène ; la richesse
des minerais préparés et lavés étant 77 p. 100 de plomb, avec
460 grammes d'argent à la tonne.
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MINES DE PLOMB DE LINÀRèS-LÀ-GAROLINA
541
NOMS
DES UINES
Btperanza
Stn Fernando. . . .
Trioidad y S. Manuel
San Gabriel
Grupo Caitillo. . . .
San Ignacio
Bsperania
Santa Paula
S^ Refomaa
El Consuelo
Maria del Pilar . . .
CenteniUo
DIRECTION
E 40*» S
SB -NO
E 35« S
E 40» S
S 38« E
B-0
B 10*» S
E 40» N
E-0
NB-SO
E 10» S
E-0 y E 40*» S
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il
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B
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des
HIHlIAIf
1- gii
1,75
0,06
77,50
45,00
678
3
82
1.25
0.07
77,50
42.50
600
78
1,25
0,06
77,50
45.00
667
(?)
83
2,50
0,08
77,50
50,00
583
6
45
1,10
0,08
75,00
45,00
5i6
(1)
50
2.00
0,06
76,00
37,50
543
45
2,25
0,08
77,00
35,00
543 f 10
50
1,25
0,06
77,00
35,00
493
45
4 50
0,06
77,00
27,50
543
?)
50
5.00
0,10
76,00
50,00
620
53
0,80
0,07
77,00
35,00
697
13
50
1,25
0,06
77,00
45,00
Granité
Id.
Id.
Id.
Qiartiite it ^ift«
Schifte
Schiftê et granité
Id ^
Schiste
Id; ^
Id.
Nous nous contenterons de quelques indications sur chacun de
ces filons :
Filon i. — Del Coto el Castillo. 6 kilomètres de longueur. Mines princi-
pales : Gilito, El Calvo, El CastiUo, Garana y Amistad:
Filon 2.-3 kilomètres. — Mines San Fernando, Esperanza, Trinidad y San
Manuel.
Filon 3.-2 kilomètres. — Mine San Gabriel.
Filon 4. — 1 kilomètre. — Mine San Fernando.
Filon 5. — 3 kilomètres. — Mine SanToribio.
Filon 6.-4 kilomètres. — Mine El Minor.
Filon 7. — 4 kilomètres. — Mine Santa Emilia.
Filons 8, 9, 10 et il, — 20 kilomètres. — Mines A Una Otra, Abondante, El
Lobo, Gonsolacion. — Mine principale : à Una Otra.
Filons i2 et i3. — 14 kilomètres. — Mines Abondante, ElGobo, la Jaula.
Filons 14, 1.5, 16, 17 et 181 — 16 kilomètres. — Mines San Ignacio, Santa
Paula, la Reforma, etc.
Filons 19 et 20. — 2 kilomètres. — Mines Cristobal, Colon et San Lorenzo.
Filons 21 et 22. — 6 kilomètres. — Mines la Famosa, el Guindo.
Filons 23 et 24. — 3 kilomètres. — Mine El Consuelo.
Filons 26, 27, 28 et Î9. — • 12 kilomètres. — Mines El Grupo, El Centenillo.
Résultats économique des rexploitation. — Au point de vue éco-
nomique, quelques chiffres empruntés au Mémoire de M. de
Mesa* permettront de se faire une idée des dépenses d'exploita-
tion.
* On trouvera, dans ce mémoire {RevUla minera^ 1890), des renseignements détaillés
sur le prix de revient.
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542
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
A, Filons en roche dure de moyenne puissance. — Excavations diverses
Ptr mètre
conrant
Par mètre
cube
PRIX DE
rapporté i
: REVIENT
1 la tonne
épaisseur
DES EXCAVATIONS, 1
de minerai, pour une U
réduite de : |
~
0,10
0,08
0,06
0,04
Puits principaux. , .
Francs
250
26,51
2,64
3,52
4,62
6,82
— secondaires . .
150
30,00
5,50
7,04
9,24
14,08
Galeries principales .
75
31,25
6,82
8,14
11,44
10,56
Traverses
125
32,50
6,16
7,70
10,34
14,30
Pour ce genre de filons, on évalue le coiUde rabatage, par mètre
carré de filon, à 15 francs ; par mètre cube à 48 fr. 75; par tonne
de minerai pour des épaisseurs réduites de :
o-,io
à 33 francs
0",08
41,14 francs
0",0«
55 francs
0-,04
82,50 francs
Quant aux dépenses résultant du boisage et du muraillement,
en voici le résumé :
Par mètre
carré
de puits
Par mètre
conrant
de galerie
PRLX PROPORTIONNEL PAR TONNE DE MINERAI H
pour une épaisseur réduite de : ||
0,10
0,08
0,06
0,04
Boisages. . . .
Muraiilement. .
•
3 à 6
12
20
i3,20
23,70
16,06
27,50
22, 00
48,40
33,00
72,00
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MINES DE PLOMB DE LINARÉS-LA-GÂROLINÀ
54a
B. Filons en roche dure de grande puissance. — Excavations diverses
Ptr mètre
courant
Par mètre
cube
par tonne de minerai I
pour une épaisseur réduite de : 1
0,10
0,08
0,06
0,04
Puits principaux. . .
Fr.
250
26,51
2,64
3,52
4,60
6,82
— secondaires . .
150
30,00
5,50
7,04
9,24
14,08
Galeries principales.
55
21,80
2,86
3,30
3,74
7,70
Traverses
125
32,60
6,16
7,70
10,34
14,30
Le coût de l'exploitation, par mètre carré de filon, est de 18 francs ;
par mètre cubique, de 22 fr. 50 ; par tonne^ pour des épaisseurs
réduites de :
O^iO
de 39,60 francs
49,50 francs
0«,06
60 francs
71,5 francs
Les dépenses générales d'excavation diminuent peu et celles
d'extraction augmentent beaucoup, comme on vient de le voir, pour
les filons de grande puissance. De même, les boisages sont beau-
coup plus chers par suite de la nécessité d'avoir des bois de plus
grande dimension ; les dépenses d'extraction augmentent égale-
ment, aiosi que les transports à l'intérieur et à l'extérieur, par
suite de la plus forte proportion de stérile au minerai.
Dans les roches tendres, les excavations sont nécessairement
moins chères et les soutènements plus coûteux ; sans insister
davantage, nous résumerons les dépenses, détaillées ci-dessus,
dans un tableau d'ensemble.
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544
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
MINES
où l'extraction et l'épuisement
font faits par des machines
à vapeur
Filons de puis-
sance moyenne
en roche dure
(granité ou quart-
iite)
Excavations diverses.
Abatage au filon . .
Soutènem. (boisages)
Extraction
Transports intérieurs
et extérieurs
Épuisement. .
Totaux .
Filons de grande
puissance en ro-
che dure (pani te
ou quartzite) . .
/ Excavations diverses.
( Abatage au filon
) Soutènement
' Extraction .
Transports.
Epuisement.
Totaux
/ Excavations diverses.
Filons de grande l Abatage au filon . .
puissance en ro- 1 Soutènement . . . .
che tendre (scbis- \ Extraction
tes) I Transports
\ Epuisement
Totaux.
DÉPENSE
DÉPENSE
moyenne
moyenne
par m*
par
déterres
m* d'eau
30,08
m
18,75
»
4.00
»
1,60
m
2.25
»
0,06
0,2i
56,74
0,24
26,83
»
2i,50
n
4,25
•
1,74
»
2,35
n
0,06
0,24
57,73
0,24
13,60
«
11,25
1
4,75
1
1.75
1
1
2,45
«
0,06
0,24
33,86
0,24
DÉPENSE PAR TONNE DE MINERAI
Pour des épaisseurs réduites de :
0,04
0,10
0.08
0,06
25,52
32,34
43,12
33,00
41,14
55,00
i3,iO
16,06
22,00
4,62
7,26
11, li
8.14
8.80
13,64
16,06
19.58
26,40
100,54
125,18
171,28
21,34
27,06
35,20
39,60
49,50
66,00
16.50
20.02
27,50
5,06
7,48
11, U
8,36
9,02
14,30
16,06
19,58
26,40
106,92
13i,66
180,8 4
16,12
12,54
15,62
19,80
2i.64
33,00
19,80
23,08
33,00
5,50
7.92
12.10
8.80
10.34
14,52
16,06
19.58
26,40
80,08
99,00
134,64
57,66
82,50
33,00
14,74
20,68
40,26
243,84
55,22
71,50
41.14
17,16
21,12
40,26
246,40
24,42
49,50
49,28
19,36
17,38
40,26
200,20
Ce tableau montre que le prix moyen, sur le carreau de la mine
et sans concentration ni lavage, ressort :
Pour une épaisseur réduite de 0,i0 à 98,56 la tonne.
— — 0,08 à 119,90 —
— — 0,06 à 162,36 —
— — 0,04 à 230,12 -
•
Conditions dans lesquelles se font les achats de minerais de plomb
à Linarès. — D'habitude, le minerai une fois lavé et concentré,
l'acquéreur fait une prise d'essai, détermine la teneur en plomb et,
prenant pour point de départ la cote officielle du plomb à Londres,
en déduit le prix du minerai par défalcation des frais de fusion
et de transport du plomb à Londres, évalués en moyenne, par
tonne de plomb, à 56,25.
Pour simplifier les opérations et permettre à l'exploitant de se
faire rapidement une idée de la valeur de son minerai, on a adopté
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MINES DE PLOMB DE LIN.\RèS-LA-GAROLINA
o45
une sorte d'étalon de 8 francs
grammes pour les galènes
à 75 p. 100 de plomb, le
cours du métal à Londres
étant de 323 francs (13
livres sterling) ; pour cha-
que livre sterling de va-
riation dans le marché an-
glais, il suffit d'ajouter ou
de retrancher 0,75 du prix
du quintal.
Pour les carbonates, le
cours est plus variable ; on
peutestimer, en moyenne,
3 fr. à 3 fr. 50 le quintal
castillan à 45 p. 100 de
plomb pour le même cours
du plomb.
. Deux tableaux ci-joints
donnent : le premier (fig.
294), les variations du prix
du plomb espagnol en An-
gleterre ; le second, avec
les variations du plomb
à Londres en livres ster-
ling empruntées au Mi-
ning Journal, les prix
correspondants de la tonne
et du quintal castillan de
plomb dans les minerais
de Linarès*.
par quintal castillan de 46 kilo-
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I I
fa 5
' Le prix du quintal castillan se déduit pratiquement du prix de la toane en divisant
par 22.
GÉOLOGIE. — T. II.
35
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546
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
COURS DE LA TONNE
COURS DU PLOMB A LONDRES
»■ rLOHB, mn rKARCi
PRIX
ANNÉES
en litres iterling par tonne
de 1 012 kilos.
à Linarès,
Déduction faite des frais
de fusion et de
transport à Londres
duquinUlde46kilo8
à Linarès.
1. s. d.
1868
18 — 11— 8
408,30
18,559
1869
18— 9—10
406,00
18,454
1870
18— 1— 4
395,40
17,972
1871
17 — 14- 2
386,25
17,556
1872
19 — 14— 7
436,75
18,852
1873
22 — 17— 6
515,60
23,436
1874
21 — 19— 8
493,30
22,513
1875
21 — 18— 5
491,75
22,352
1876
21-3—7
473,20
21,509
1877
20—3—6
448, 10
20,368
1878
16— 8— 7
354,45
16,202
1879
14- 9 — 10
306,00
13,454
1880
16— 0— 0
343,75
15,625
1881
14-.11— 7 1/2
308,25
14,011
1882
14— 0- 4
294,15
13,370
1883
12-11- 1 1/2
257,65
11,711
1884
10 — 18— 8
217,05
9,866
1885
14—4—9
224,65
10,211
1886
12 — 19— 6
265,60
12,072
1887
12-11- 2 1/4
257,72
11,714
1888
14- 3— a
297,75
13, 53
1889
12 — 16
263,75
11, 98
1890
12-12
263,75
11, 98
1891
12
243,75
11, 07
1892
13 — 13— 3
286
13
En 1892, on cotait, à Linarès :
Sulfures de plomb. . par quintal de 46 kilos
Alcohol de Hoja . . —
Carbonates de plomb —
Plomb —
JanT. 1982.
7,50
12
5,25
13
Dec. iS9S.
6
9,50
2,50
13.
Bibliographie,
1847. Paillette. — Sur les mines de plomb de TEspagne. (B. S. G., 2«, t. IV,
p. 522.)
1857. Lan. — (Ann. d, Af., t. Il, p. 623.)
1874. Boletin de la Comision del Mapa geologico de Espana, t. I, p. 273.
1878. RocHB. — Mémoire inédit à Fécole des Mines, n^ 988.
1879. Groddeck, p. 239.
1879. Mapa geologico de Botella y de Hornos.
1880. Caron. — Der Bleierz District von Linares. (Zeitschr., 1880, p. 119.)
* 1889 et 1890. Pedro de Mesa y Alvarés. — (Revisia minera^ n^** 1269 à 1223.)
1883-1892. Ëstadistica minera de Espana.
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MINES D£ PLOMB DE l'hORCAJO (CIUDAD REAL) 547
MINES DE PLOMB
DES PROVINCES DE CIUDAL REAL ET DE BADAJOZ
(l'horcajoS la romana, castuera, etc.)
L'Horcajo. — Les mines de galène argentifère de VHorcajo sont
situées dans la province de Giudal Real, à 28 kilomètres de la
station de Veritas, sur la ligne de Giudad Real à Almorcho. Après
avoir traversé une phase difficile vers 1872, elles sont aujourd'hui
dans une situation très prospère, due surtout à une forte teneur
en argent (500 grammes aux 1 00 kilogrammes de plomb) et à la con-
centration du minerai en veines dépourvues de baryte et de pyrite,
nécessitant, par suite, peu de triage. Leur extraction annuelle
s'est élevée à près de 70 000 tonnes*; elles occupent 1 500 ouvriers,
dont 900 au jour. Les minerais, exportés, jusqu'en 1888, en tota-
lité en Belgique par Cadix et Anvers, vont aujourd'hui, moitié à
Carthagène, moitié à Namur.
Le gisement se compose d'un certain nombre de filons dirigés
N. 75*" E. et plongeant vers le Nord, qui traversent des schistes silu-
riens passant souvent aux quartziles, à inclinaisons variables mais
toujours très fortes.
Deux de ces filons, Nuevo Peru (ou San Alberto) et Ana Maria,
ont été seuls exploités jusqu'ici ; le premier est, de beaucoup, le
plus important. Quelques croiseurs quartzeux, dirigés les uns Hj,
(135**), les autres H, (30**), sont stériles, sauf à leurs intersections
avec les filons métallifères qu'ils rejettent, et produisent même,
dans ces filons, une zone pauvre d'une quinzaine de mètres de
part et d'autre des croisements : ce qui ne peut guère s'expliquer
que parce qu'ils leur auraient emprunté leur minerai.
Le filon Nuevo Péru, travaillé sur 1 200 mètres de long et 300
de profondeur, a une épaisseur totale de 0",30 à 0™,80. Son rem-
plissage est quartzeux; la baryte sulfatée ne s'y présente pas, non
plus que la pyrite ou la blende ; la calcite est rare. La galène, très
1 Coll. Ecole des Mines, 165i.
< £q 1888, ces mines ont été comptées ofQciellement pour 5 200 tonnes.
Digitized by VjOOÇIC
548
GÉOLOGIK APPLIQUÉE
argenliffere et tenant, en moyenne, de 450 à 500 grammes d'argent
aux 100 kilogrammes de plomb est, tantôt à grandes facettes, tantôt
à grain (in. Elle forme une ou plusieurs veines continues, d'une
épaisseur variant de quelques millimètres à 12 et même 15 centi-
mètres : ce qui rend le triage très facile. Le plomb carbonate et
le plomb phosphaté y existaient en géodes jusqu'à une assez
grande profondeur.
Gomme dans la plupart des filons de plomb, on constate une cer-
taine disposition en colonnes ou en lentilles. La plus belle de ces
colonnes, rencontrée entre lepuitsMalacate et San Juan, a 225 mè-
tres en direction à la surface, et s'est continuée au delà du huitième
étage, où elle avait encore 160 mètres de long. L'épaisseur réduite
moyenne était, au huitième étage, en 1875, de 3 centimètres 1/2
environ; 40 mètres, au delà, à l'Ouest, se trouve une autre colonne
plus irrégulière de 200 mètres de long ; 100 mètres au delà, une
troisième colonne peu riche de 80 mètres, et enfin, 150 mètres
plus loin, une dernière colonne inexploitée.
Le filon Ana Maria a le même remplissage et la même allure.
La teneur en argent a subi une série de variations, comme le
montre le tableau ci-joint :
QUANTITÉ VENDUE
ARGENT
UÉTALLISATION
ANNEES
ea tonnes.
TENEUR EN PLOMB
Aux 100 kilos
de plomb
par
mètre carré
1866
»
»
592
>
1869
»
»
566
»
i870
851
68,11
596
»
4871
847
69,46
549
103
1872
1068
67,60
541
148
1873
1613
68,40
489
178
1874
2H3
65,20
533
149
18751
1695
67,64
525
144
On voit qu'on traverse, en profondeur comme en direction, des
zones de richesse variable, sans qu'il y ait lieu de vouloir en
déduire une loi générale.
i Les chiffres précis nous manquent pour la période suivante qui a été celle du
grand développement de la mine ; mais, au point de vue théorique, ceux-ci suffisent
pour donner une idée du gisement.
Digitized by VjOOÇIC
FILONS DE PLOMB DE LA ROMANA, ALMAGRO, ETC.. 549
La province de Ciudad Real comprend encore, sur le versant
de la Sierra Morena, un certain nombre de filons de galène, à la
Romana, Almagro, etc.,. \
La Romana, Almagro, etc.. — Le sol de la Sierra Morena, dans
cette région, est formé presque exclusivement de schistes et
quartzites rattachés au silurien ; près de PuertoUano, on a trouvé,
au-dessus, en discordance, un lambeau de terrain houiller. Les
filons métallifères sont dirigés, en général, àTi*" et recoupent, sous
un angle assez fort, les schistes, dirigés eux-mêmes à 120**. A la
Romana, il existe, au voisinage de leurs affleurements quartzeux,
des amas considérables de scories antiques correspondant à
des travaux carthaginois, puis romains; on y a retrouvé des mon-
naies, des outils, des tas de minerai préparés pour la fusion, etc.
Le remplissage des filons est formé de débris de schistes broyés
cimentés par du quartz, parfois de la baryte sulfatée, de la ga-
lène, de la sidérose, un peu de pyrite de fer et de cuivre, acces-
soirement de la blende. La galène de la Romana est particu-
lièrement riche en argent ; on y a trouvé jusqu'à 800 grammes
d'argent aux 100 kilogrammes de plomb. En 1888, cette mine a
produit, au minimum, 3 000 tonnes de galène sur 13 000 tonnes
comptées officiellement pour la province de Ciudad Real.
Castuera. — A TOuest des mines de mercure d'Almaden et au
bord du bassin houiller de Belmès, on exploite, dans le district de
Badajoz, des filons de galène à Castuera. Il y a là, au milieu des
quartzites et schistes siluriens, un champ de fractures important,
où Ton retrouve également la trace de grands travaux antiques.
Les filons appartiennent à deux systèmes : les uns Hg (120°),
exploités à Minas Florès, contenant de la galène en grands cristaux
très purs mais pauvres en argent (50 à 60 grammes aux 100 kilo-
grammes de plomb); les autres, H, (Gammonita et Tetuan), tenant
de 200 à 700 grammes. Les filons H^ sont remplis de débris de
schistes broyés, cimentés par du quartz ; ils ne renferment ni
pyrite, ni blende ; leur épaisseur varie de 0,30 à 0,80. Jusqu'à
« Extrait d'un rapport de M. Ledoux, 1876.
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550 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
60 mètres de profondeur, la galène a été transformée en carbo-
nate. Au-dessous, on la trouve en veines formant des colonnes
riches, à peu près suivant la ligne de plus grande pente. La pro-
portion des espaces stériles aux parties minéralisées est, en direc-
tion, de un tiers environ ; le rendement moyen du mètre carré de
filon exploité est de 600 kilogrammes de minerai à 48 p. 100
(épaisseur réduite de 6 centimètres 1/2).
Penarroya, etc. — Dans le premier trimestre de 1892, la pro-
vince de Badajoz a produit officiellement 5510 tonnes de minerai
de plomb, venant surtout : 1 679 tonnes de la mine Triunfo a
Azagua à la Société de Peflarroya; puis 888 tonnes de la mine
Consecuencia de Berlanga à la C*« de Aguilas. On peut, en outre,
citer, parmi les groupes importants de la région : Minaflores y
Alondra au baron de Eichthal. En 1888, la province de Badajoz
est portée, sur la statistique espagnole, pour 22 000 tonnes de
minerai de plomb. La même année, la province de Cordoue est
comptée pour 20 000 tonnes de galène argentifère.
GISEMENTS DE PLOMB, ZINC ET FER
DE LÀ RÉGION DE CARTHAGÈNE*
La région de Carthagène présente une très grande variété de
minerais (car on y exploite, à la fois, le plomb, le zinc et le fer) et
une remarquable diversité de gisements : filons proprements dits,
couches d'imprégnation dans des argiles sous forme de silicates
plombifères, lentilles de blende disséminées dans des schistes, amas
calaminaires, etc.. Quelques-uns de ces gisements se rattachent
directement à la catégorie des gîtes de substitution dans des cal-
caires, que nous étudierons au chapitre suivant ; pour certains
autres, on peut même se demander si Ton n'a pas affaire à une
formation sédimentaire contemporaine des terrains encaissants.
Néanmoins la conclusion d'une étude, entreprise sur place par
M. Fuchs, étant que tous ces gîtes divers ont une origine com-
mune filonienne, modifiée seulement par la nature des terrains
i Coll. École des Mines, 1683.
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GISEMENTS DE LA RÉGION DE CARTHAGÉNE o51
rencontrés sur le trajet des eaux métallifères, nous ne les sépare-
rons pas dans la description <•
La province de Garthagëne — et particulièrement la Sierra de
Garthagène, à l'Ouest de la ville — forme un des centres les plus
importants de métallurgie du plomb en Espagne, en même temps
qu'elle a une production de fer considérable. Les mines de ce
pays, exploitées jadis avec une grande activité par les Cartha-
ginois et les Romains, ont été remises en valeur de 1842 à 1862.
En 1842, il y avait, dans la Sierra, trois fourneaux donnant, par
an, 162 mètres cubes de plomb; en 1862, il y en avait 75, don-
nant 174 784 mètres cubes et la production, dans Tintervalle,
avait été de 2 880 103 mètres cubes de plomb, correspondant à
36 millions de minerai. A partir de ce moment, la production de
plopib a décru pendant quelques années. En 1873, elle n'était
plus que de un million de mètres cubes. Mais, à partir de 1877,
on voit les chiffres se relever, non pas qu'on extraie plus de
minerai de Garthagène, mais parce qu'on y importe des mine-
rais d'autres districts, en particulier ceux de Linarès à gangue
siliceuse qui, mélangeas avec les minerais calcaires de Garthagène,
donnent un excellent rendement. En 1878, il en arrivait déjà près
de 350 000 mètres cubes.
En dehors du plomb, le fer et le zinc ont été extraits de ces
mines en proportion, croissante. En 1888, la province de Murcie
(Garthagène, Mazarron) a produit, au minimum, 535 000 tonnes
de minerai de fer, 140 000 tonnes de minerai de plomb, 49 000
tonnes de plomb métallique et 7 000 tonnes de minerai de zinc ^
Les principales mines sont celles du Gabezo de Sancti-Espiritus,
de Grisoleja, du Barranco del Francès, etc..
La Sierra de Garthagène, située à TOuest de la ville de Gartha-
gène, le long de la mer, est formée de calcaires et de schistes, le
calcaire formant surtout les sommets, tandis que les vallées sont
creusées dans les schistes. Aucun fossile n'a été trouvé dans ces
terrains, ce qui rend la détermination de leur âge assez difficile ;
' Ces gisements ont été visités par M. Fuchs en mars 1876 ; nous empruntons la
plus grande partie de leur description à ses notes.
> Ces chiffres sont empruntés à la statistique officielle et, par suite, très inférieurs,
pour des raisons fiscales, aux chiffres réels.
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552 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
quelques géologues les classent dans le permien, il est possible
qu'ils soient plus anciens.
Les gisements de minerai se présentent sous un certain nombre
de formes distinctes, en relation probable les unes avec les autres.
Dans la partie Est de la sierra, au voisinage de la ville, on ne
trouve que de petites poches (bolsadas), aujourd'hui toutes aban-
données ; dans la partie Ouest, on a exploité longtemps des amas
énormes, en général affleurant au jour, dits crestones ; actuelle-
ment ces crestones sont épuisés et Ton se borne, soit à des couches
interstratifiées ou capas^ avec poches de blende et calamine, soit
à de véritables filons. Nous commencerons par décrire ces filons
qui semblent avoir été l'origine des autres gisements.
Les filons de la région de Carthagène sont de deux types et de
deux âges distincts qu'on a souvent confondus : les uns, les plus
récents, formés de galènes très argentifères (tenant jusqu'à 6 kilo-
grammes d'argent à la tonne de plomb), dont nous citerons un
exemple, en terminant, à Mazarron (Monte Rajado), à l'Ouest de
Carthagène, recoupent les trachytes et sont certainement d'âge
tertiaire * ; les autres, peu argentifères (galène et blende), paraissant
avoir produit les capas par épanchement et substitution, sont pro-
bablement plus anciens. Ceux-là n'apparaissent à l'état de filons
qu'au milieu des schistes ; dans les calcaires , leurs affleurements
se perdent, comme si les eaux minéralisantes s'étaient répandues
en profondeur dans les strates attaquables, qu'elles ont imprégnées
et pseudomorphosées en minerai ^
Quelques mots sur un de ces filons :
Les deux fosses Carmen et Esperanza se trouvent, dans le Bar-
ranco del Francès (ravin du Français) qui est un des centres les
plus riches en minerai. Elles exploitent un même filon, dirigé à
15°, ayant un pendage Est, de 70 à 80*", et une épaisseur moyenne
de 0™,70 à 1 mètre. Le filon proprement dit ne commence qu'à
une profondeur de 80 mètres au-dessous du sol ; au-dessus, il
était recouvert d'un grand amas (creston) de sidérose et galène.
1 Von Gotta, d'après Fournet, et après lui, von Groddeck, attribuent à ces filons la
formation métallifère générale.
* Peut-être aussi un phénomène de métamorphisme secondaire a-t-il, sous Taction
des eaux superficielles, corrodé les calcaires au contact des sulfures métallifères (voir,
page 369, la discussion relative aux calamines) .
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GISEMENTS DE LA RÉGION DE CARTHAGÉNE
55 :i
Les épontes sont assez nettement distinctes du remplissage, qui
est formé de galène et blende, avec un peu de pyrite de fer et de
pyrite de cuivre. Le quartz y est rare. Au toit, il existe, en géné-
ral^ une veine compacte de galène ayant 10 à 20 centimètres.
L'extraction de Carmen et d*Esperanza était, en 1878, d'environ
25 000 mètres cubes par an.
Passons maintenant aux gttes interstratifiés ou capas. Nous
allons rencontrer là de beaux exemples de phénomènes d'impré-
gnation dans les strates argileuses et de substitution dans les bancs
calcaires, ces derniers comparables à ceux que nous étudierons
en détail dans un chapitre suivant.
La coupe générale des terrains (fig. 295 à 297) est la suivante à
Carthagène :
Fig. 295. — Coupe géologique du Barranco del Francès, à Carthagène.
A la partie inférieure, se trouvent des schistes argileux, peu
quartzeux et assez tendres, contenant quelques lentilles de blende,
mal étudiés' d'ailleurs parce que leur minerai est sans valeur, et
d'épaisseur inconnue.
Au-dessus, se présente une couche tout à fait caractéristique et
spéciale à la région, celle dite des silicates, formée, dans son
ensemble, d'un protosilicate de fer avec mouchetage de galène. La
proportion de plomb, dans cette couche, s'élève d'une façon régu-
lière à 8 ou 10 p. 100 : ce qui en fait un élément industriel de la
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554
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
plus grande împortaDce. Son épaisseur moyenne élant, en effet, de
10 mètres, on voit que chaque mètre carré de superficie corres-
pond à près d'un mètre cube de plomb, facile à"extraire (puisqu'il
Fig. 296. — Coupe veilicale de la Sieri-a de Abenque, à Carthagène.
s'agit d'un gisement stratifié, à faible profondeur) et facile aussi à
laver par des moyens élémentaires.
Au point de vue géologique, on suppose que cette couche
Gorchi
S'fBnUàù
•arl,^u^d».Pt.
Fig. 297. — Coupe verticale de la Sierra de Porman, à Carlhagène.
représente l'équivalent, métallisé par imprégnation postérieure,
d'un banc argilo-gréseux rencontré , au même niveau, dans les
autres parties du pays.
Au-dessus de la couche des silicates, viennent, de nouveau, des
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GISEMENTS DE LA RÉGION DE CARTHAGÉNE 955
schistes micacés, plus argileux que ceux du bas et renfermant une
plus grande quantité de lentilles de blende. Leur épaisseur est
d'une centaine de mètres. Ils sont recouverts par un calcaire très
chargé de minerais.
A la base de ce calcaire, se trouve (fig. 29S et 296) une couche
d'oxyde de fer manganèse très régulière, reposant elle-même sur
une couche de carbonate de plomb argentifère, d'une hauteur d'à
peu près 1"*,50. Aux affleurements, ce fer forme des ocres où l'on
a rencontré, le minerai de plomb ayant disparu, des parties d'ar-
gent natifs
En outre, il existe, dans ce calcaire, le long de fissures et à la
base des minerais de fer, des amas de calamine, galène et sidérose.
Les crestoneSj autrefois exploités, étaient des masses de galène
et sidérose, la sidérose formant une sorte de gangue, au milieu de
laquelle la galène était, soit en grains cristallisés avec un peu de
quartz, soit en noyaux. On peut se rendre compte de l'importance
qu'avaient ces crestones, par ce fait qu'une des exploitations, dans
un champ de moins de 70 000 mètres carrés, a, entre 1847 et 186i,
produit un demi-million de tonnes de minerai. Ces crestones de
galène et sidérose sont depuis longtemps épuisés et l'on a même
retraité, à diverses reprises, par des procédés de plus en plus per-
fectionnés, les scories qui en étaient résultées ; mais on a exploité,
récemment encore, de grands amas de calamine, autrefois négligés,
puis devenus l'objet d'un enthousiasme exagéré : c'est ainsi qu'à
1 kilomètre au Sud-Est de la mine de Carmen, se trouvait une
mine importante de calamine, dite de Julio César ^ dont l'extraction
annuelle est montée à 25 000 mètres cubes. Aujourd'hui, il ne
reste que fort peu de calamine et Ton se rabat sur les gttes de
blende (Cabezo-Rajado, etc.).
En résumé, les minerais, traités aujourd'hui industriellement à
Carthagène, sont : 1*^ fer, 2*" galène, 3*" blende et calamine.
Pour le fery il y a lieu de distinguer. Le fer manganèse est
surtout extrait, en raison de la facilité que présente son exploi-
tation, le plus souvent à ciel ouvert, parfois souterrainement, par
une série de petits puits, chacun abandonné à une famille de par-
^ Comme à Uuelgoat. Voir plus haut, page 505.
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556
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
lisaDS (parlidanos) qui travaille à Tenlreprise (tant par tonne de
plomb), loge sur le puits et ne descend guère au-dessous d'une
vingtaine de mètres.
Le minerai manganèse valait, en 1877, 9 francs rendu à bord à
Garthagène ; le minerai non manganèse ou déprécié par le zinc est
abandonné.
Le fer plombeux^ qui forme, comme nous l'avons dit, la base
de la couche de fer, est exploité comme fondant pour les usines à
plomb. On le paye suivant sa teneur en plomb et les prix sont
relativement élevés, à peu près les mêmes que pour un minerai
enrichi, parce que celui-ci, en même temps que le plomb, apporte
le fer comme fondant.
Enfin la couche des silicates est, comme nous l'avons dit, une
grande source de richesses en plomb.
Les usines à plomb se trouvent surtout à La Union et àÂlumbre,
dans ia Sierra, elles sont fort petites ; enoutre, il existe, à Santa Lu-
cia, près duport de Garthagène, une grande usine, celle de Figueroa.
Au point de vue économique^ l'exploitation est très défectueuse.
Il y a une infinité d'entreprises restreintes, sans ressources suffi-
santes et sans installations, qui gaspillent le minerai. Très peu
d'exploitations, plus rationnelles et d'une certaine profondeur, ont
réussi à se former.
En général, on travaille sans plan, au hasard et l'on ne fait
aucun travail de recherche. Les sociétés, qui se sont fondées,
ont été conduites, par suite des usages locaux, à céder le terrain
par parcelles aux partidanos qui exploitent par piliers abandonnés
sans boisage et font un simple triage à la main sans eau'.
La production des principales mines du district de Garthagène
a été, officiellement, la suivante en 1892 :
MINERAI DE PLOMB
tonnes
Suerte 20 000
Sebastopol 14 600
Esperanza 10 000
Segunda Esmeralda . 9 000
Rosario 8 000
Esparanga y demasia 5 600
' Voir la bibliographie, page 558, à la suile de la description de Mazarroo.
MINERAI DE FER
CALAM INE
tonnes
tonnes
San Isidore ... 20 000
Los Burros . 4000
Ya la hemos visto. 18000
Bienvenida. ... 15300
UsurpacioD . . . 15 000
Venus 12 000
Usurpada . . . . 1 1 OOO
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GISEMENTS DE MAZARRON ET AGUILAS
557
FILONS DE GALENE ARGENTIFÈRE
DE iMAZARRON ET AGUILAS*
Le district de Mazarron, situé à l'Ouest de Carthagène, et celui
d'Aguilas, qui le prolonge dans la direction de la Sierra Alma-
^-^-
I filons dg.fif n\af^€iné>jrt^Srvr
S^j'iuOTisUh (ter
Eche/Ie : c^oo65 pour loo Mètres
JlfO -*o o Mot) ttx> Scv £f'*
Fig. 298. — Plan topographique, géologique et minier de Mazarron.
grera, renferment un certain nombre de mines de plomb et de
fer.
Le sol est formé, à Mazarron, par des schistes argileux anciens,
avec calcaires métamorphiques semblables à ceux de la Sierra de
Carthagène, au milieu desquels émergent plusieurs pointements
* Extrait d'un rapport de M. Lcdoux, Ing. en chef des Mines (1876).
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558 GËOLOGIB APPLIQUÉE
trachytiques. Le massif de trachyte le plus important est celui de
la Gabeza de San Gristobal, près Mazarron, où les Arabes ont
exploité longtemps, sur une grande échelle, une terre alunifëre.
Ce massif est recoupé par de nombreux filons de galène argenti-
fère constituant les concessions de Recuperada, Ledua, Impensada,
Tubal, Ceserina, Grupo, Esperanza, Santa Ana, etc. D'autres filons
semblables recoupent un autre pointement trachytique à 2 kilo-
mètres àrOuest.
Les filons de San Cristobal affectenl trois directions principales,
20° (H,), W (HJ et 150" (H,,). Ces derniers recoupent les autre-
et ne sont métallisés que dans leur voisinage. Ces filons sont, en
général, très irréguliers en direction comme en inclinaison (on
ne peut guère les suivre sur plus de 400 mètres de long), mais
atteignent jusqu'à 2 mètres de puissance (Grupo) et 7 mètres
(Santa Ana). Leur puissance habituelle est de 0"*,60 à 0"*,80. On
doit, peut-être, les considérer comme des fissures de retrait du
trachyte.
De grands travaux anciens ont porté sur ces filons jusqu'à 60
à 80 mètres de profondeur ; on en a repris quelques-uns depuis
1870. A Recuperada, on a exploité un filon dont le remplissage est
formé de trachyte décomposé, pyrite de fer et galène en veinules
(épaisseur réduite, 7 à 8 centimètres).
La proportion d'argent moyenne des minerais de cette région
expédiés à Escombrera était, en 1876, de 115 grammes d'argent
aux 100 kilogrammes de plomb.
En 1892, le district de Mazarron, avec les C»^ de Aguilas, la
Union, Orosco y Anglada, etc., a produit 88 520 tonnes de
minerai de plomb.
La même année, on compte parmi les principales mines :
San Juan y Santa Ana, 25 000 tonnes; Impensada, 17 000;
Talia, 16 000, etc.
Bibliographie.
1821. (Revisla minera^ 1. 1, p. 141.)
1842. Grûner. — {Ann, d. M., t. I, p. 712; cf. Leonh. Jahrl,, 1843, p. 731.)
1843. Sauvage. — (Ann, d. M., 4^ t. IV, p. 113.)
1846. Peunolet. — Mines et fonderies du midi de l'Espagne (Sierra Aima-
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GÎTES DE PLOMB d'ITALIE 559
grera, Carthagène, etc..) {Ann, d. M,, 4^, t. IX, p. 35 el t. X, p. 253 ; cl. Leonh.
Jdirb., 1848, p. 359; et Berg, u. H, Z., 1847, p. 193.)
1847. Paillette. Mines de plomb du Midi de l'Espagne. (B, S. (t., 2«, t, IV,
p. 522.)
1852. Lasala, — {Revista minera. Madrid, t. III, p. 551.)
1856. Leonhard's Jahrbuch, p. 348.
1856. Hertbr. — Géologie yon Cartagena. {Zeit$, d. d, geoL Ges,, t. VI,
p. 14, eiJahrb, f. Min., 1856, p. 203.)
Botella. — Descripcion geologica minera de las provincias de Murcia
y Albacele.
1857. FouRNKT. (G. R., t. XLIV, p. 1233.)
1857. de Verneuil et Collomb. -- Itin. dans le Sud-Est de l'Espagne. {B. S. G.,
t. Xni, p. 674.)
1861. CoTTA, p. 444-682.
1861 . Petitgaud. — Traitement des minerais à Carthagène. {Revue universelle,
t. III, et extraits dans la Berg. u. H. Z., 1863.)
1876. FocHS. — Notes de voyage inédites.
1879. VON Groddeck, p. 464.
1880. Caron. — Bericht ûber eine Instruction Reise nach Spanien. {Zeit-
schrift. prussien, p. 130.)
1892. D. F. Villasantey Gomez. — La induslriade Mazarron (Carthagène.)
1892. — Sur les filons de Mazarron. {Revista Minera, n»' 1393, 1395 et 1396.)
GITES DE PLOMB D'ITALIE
En Italie, la production de minerais de plomb a été, en 1890,
de 32 187 tonnes, venant presque exclusivement de la province
dlglesias, en Sardaigne, (31 705 tonnes); puis du district de Milan
(271 tonnes), de celui de Caltanisetta (106 tonnes) et de celui de
Florence (101 tonnes).
Nous n'avons pas à revenir sur les gîtes de Sardaigne, déjà décrits
au chapitre du ZincK Les gîtes du district de Milan sont ceux des
Alpes, parmi lesquels nous citerons les filons des environs de
Pallanza dans les schistes cristallins , ceux de la province de
Côme (Brusimpiano, etc.), de Brescia, du val Trompia% etc.
Dans la province de Côme , on connaît aussi des gîtes en
« Page 387.
> Voir plus haut, page 2TÎ.
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560 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
mouches et amas dans les dolomies triasiques ; de même, à
Auronzo (Belluno), etc.
En Toscane, outre les gîtes de Bottino, sur lequel nous revien-
drons, on peut citer ceux de Gallena, de TArgentière, de la Ver-
silia, dans les schistes paléozoïques. Des filons de quartz métallifère
apparaissent encore à Montieri, Serra-Bottini, Scabiano, etc.; ces
filons, très anciennement exploités, sont plutôt cuivreux que plom-
bifères.
Gîte de galène argentifère de Bottine (Toscane). — On exploite,
en Toscane, près de Seravezza, à Bottino, un gisement de galène
argentifère avec sulfoantimoniures divers, qui porte la trace de
travaux anciens, étrusques ou romains.
Ce gisement se compose d'un filon quarlzeux dirigé N.-O. S.-E.
avec pendage à 50** vers le S.-O., qui se divise en veines dans des
schistes paléozoïques, situés au-dessous des marbres du Mont de la
Côte. La gangue, outre le quartz, se compose de calcite, sidérose,
chlorite, etc., et on y a rencontré, en outre, de Talbite, de Tapa-
tite, etc.. En première ligne, parmi les minerais métalliques,
vient la galène, très riche en argent (0,32 à 0,56 p. 100 Ag)
à laquelle sont associés divers sulfoantimoniures de plomb,
comme la boulangérite, la ménéghinite, la jamesonite, etc.; de
la blende et, en quelques points, de la pyrite, de la pyrrhotine,
de la chalcopyrite (cette dernière fournissant une petite quantité
de cuivre par cémentation). Tous ces minerais sont plus ou moins
argentifères, sans Tètre autant que la galène ; suivant les ana-
lyses de Bechi, ils donnent :
Jamesonite 0,0010 Ag.
Boulangérite 0,0019
Blende 0,002
Pyrite 0,0005
Le minerai est éparpillé en veines d'épaisseur variable, au mi-
lieu de la gangue et y forme des colonnes. Il s'enrichit (d'après
d'Achiardi) au voisinage d'une sorte de porphyre, que les mineurs
appellent quart zo nero.
Les analyses suivantes ont été faites au laboratoire Hollway à
Londres :
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GALÈNES ARGENTIFÈRES DE SIBÉRIE
561
ANALYSES DU UINERAI DE BOTTINO
MINERAI RICHE
LAVÉ
Pb
Zn
Cu
êS: : ; ; ; : ; : ;
Co
Bi
As, Sb
SnO*
Oxyde de fer . . . .
S
MgO
0 dosé par différence
39,05
9,17
2,07
0,093
traces
0,20
2,40
0,23
11,75
14,i4
1,61
2,36
)
39,90
9,65
1,80
0,104
traces
0,43
2,50
0,20
16,30
19,02
11,75
8,51
0,50
traces
13,95
17,57
La silice, provenant de la gangue, complète probablement les
iOO parties de l'analyse.
La production en argent des mines de Bottino a été :
1860
878»«,06
1865
675 •'«î, 74
1870
518 kg, 40
1875
656 k»,24
187»
452 ««S, 24
Bibliographie.
1868. Pellati. Ind, Miner. Italia,
1868. Blanchard. — Système d'exploit, de la mine du Bottino. {Cuypery
t. XXII, p. 54.)
1873. d'Achiardi. — Min. Tosc, 2.
1876. Blanchard. — Proc. verb. R. ac. Linei. 6 Fevr.
1877. Géol. Lombarde, 2« part., p. 160.
1883. d'Achiardi. I metalii, etc.. I, p. 158 et 239.
1887. Blanchard. — Les mines de plomb argentifère du Bottino, près de Ser-
ravezza (Toscane). {Bull, Soc. Ind. min. de Saint-Etienney 3® série, 1. 1, p. 201.)
GALÈNES ARGENTIFÈRES DE SIBÉRIE
L'argent produit par la Sibérie, qui, de 1867 à 1876, s'est élevé,
en moyenne, à 13 150 kilogrammes, provient surtout de galènes
argentifères associées avec quelques minéraux d'argent propre-
ment dits :
GéOLOGIB. — T. II.
36
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562 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
On distingue quatre groupes : Nerischinsk, Kolivan, Kirgis et le
Caucase.
Dans le groupe de Nertschinsky district du lac Baïkal, on
exploite des galènes, associées parfois avec des tellurures d'argent
et de plomb, au milieu de calcaires et de schistes. Nous citerons la
mine Sarvodinskoï.
Le groupe de Kolivan ou de VAliaï^ (gouvernement deTomsk)
est le plus célèbre et les exploitations y remontent à une époque
ancienne. On en extrait, non seulement de l'argent et du plomb,
mais aussi de Tor, du cuivre et du zinc. Le cuivre prédomine
même dans certains gîtes.
Partout, d'après Cotta, on a affaire à des filons, très souvent
à des filons- couches, présentant des ramifications ou prenant
des formes irrégulières et de grandes puissances et passant
ainsi à des amas filoniens. Ces filons se rencontrent surtout dans
les roches siluriennes, dévoniennes et carbonifères, plus rare-
ment dans les schistes cristallins, aux points où ces terrains
sont traversés par des éruptions de granité, de microgranulite et
de porphyre augitique ; on a, en conséquence, supposé l'existence
d'une relation entre les gîtes et les roches éruptives.
Le remplissage principal consiste en barytine, quartz et sulfures
métalliques divers, transformés à l'affleurement, jusqu'à une
grande profondeur, en minéraux oxydés qui ont été surtout l'objet
des exploitations.
Le gîte le plus important de l'Altaï est celui de ZmeofT ou
Schlangenberg, près de Smeinogorsk, reconnu sur 340 mètres de
long avec des puissances de 2 à 100 mètres. On y a trouvé : or
natif; argent natif, kérargyrite, argyrose, argent rouge; cuivre
natif, cuivre gris, chalcosine, chalcopyrite ; galène ; blende ;
pyrite, etc. Les minerais sont dans une gangue barytique et
quartzeuse, souvent en inclusions pulvérulentes assez fines pour
donner à la masse entière une couleur grise. On peut citer,
comme autres mines. Salais et Zyrianofsk.
Dans le Turkestan , la mine de Karemazar^ au Nord de Chods-
* Voir description de l'Altaï par Tchihatcheff ; von Cotta (B. u. H. Z., 1869 et de Altaï,
Leipzig, 1871); Journal des min^^, passim ; Groddeck p. 305; d'Achiardi, I, p. 178;
Mouchketoff le Turkestan russe (1878).
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GÎTES DE PLOMB ET d'aRGENT DE BINGHAM (UTAH) 563
chent, est située au contact de calcaires métamorphiques et d'une
diorite.
FILONS DE PLOMB AUX ÉTATS-UNIS
Les principaux gisements de plomb que nous aurons à étudier
aux Etats-Unis, ceuxdeLeadville, Eurêka, du Wisconsin, etc., sont
encaissés dans des calcaires et rentrent dans la catégorie des gîtes
oîi les phénomènes de substitution ont joué un rôle important;
mais le type filons d'incrustation est également représenté et nous
en citerons quelques exemples <. Il est d'ailleurs à noter que
presque toutes ces mines de plomb argentifère des Etats-Unis,
décrites ici, en raison de leur constitution minéralogique , au
chapitre du Plomb ^ sont industriellement considérées comme
des mines d'argent : en particulier, celles de Leadville, Eurêka,
Bingham, etc.
Dans l'Etat de New -York, on a extrait du plomb, depuis
1835, à Rossie y comté de Saint- Lawrence, Le principal filon,
Coal Hill Vein, encaissé dans le terrain primitif, a de 0°,60 à
1 mètre de large ; la galène est associée à de la calcite qui
forme là des cristaux superbes, dont quelques-uns ont été re-
cueiUis dans les musées. L'exploitation a donné des résultats
peu importants.
La mine de Bingham^ dans PUtah, qui a été étudiée successive-
ment par M. Ochsénius, Chaper, etc., nous fournira également
un bon type américain de filons de galène argentifère et aurifère à
gangue quartzeuse (iîg. 299). C'est encore une de ces mines qui,
pratiquement, sont plutôt des mines de métaux précieux que
de plomb, l'argent et l'or étant surtout fournis par les parties
altérées superficielles.
Toute cette région de l'Utah comprend un grand nombre de
gisements métallifères que les Mormons ont longtemps empêché de
« Voir Whitney : Metallic Weallh of Ihe United States, p. 383. — Emmons : geol.
report., p. 355.
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504
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
mettre en valeur, de peur d'attirer une immigration des « gentils ».
La construction du Pacific Railway a eu raison de cette oppo-
sition, d'abord violente, puis
Su^^t-^^^^^^^^^^'^^^^^m
f^^ooW
Fig. 299. -- Carte de la région des mines
de plomb argenlifère de Bingham.
dissimulée; les mineurs sont
accourus en foule et, en 1878
déjà, la production de métaux
précieux dans TEtat, atteignait
six millions (contre 21 millions
au Comstock).
En 1881, la production de
galène dans TUtah a été esti-
mée à 22 000 tonnes.
Les gisements se trouvent :
1° Dans la chaîne des Wah-
satch (Big Cottonwood Ca-
nyon, Little Cottonwood Ca-
nyon, etc.); nous aurons à
décrire, plus loin, un gîte de
substitution situé dans ces montagnes, TEmma Mine* sur le
Little Cottonwood Creek, à 20 milles au Sud-Est du grand lac
Salé;
2** Dans la chaîne d'O' Quirrh qui aboutit à l'extrémité Sud du
lac Salé. C'est là que se trouve la mine de Old Telegraph ou mine
de Bingham.
Cette chaîne d'O' Quirrh appartient aux couches paléozoïques,
dont les roches n'apparaissent que rarement dans la région des
Ilocky Mountains.
La série complète comprend, aux monts d'O' Quirrh et aux monts
Wahsatch, les termes suivants :
Permien. — Marnes et calcaires : 190 mètres.
Carbonifère. — Wahsatch Liraestone : 2 000 mètres \ Q"f''^.^^^^ ^^ ^^^^'^•
( Calcaires.
Dévonien. — Quartzite d'Ogden avec conglomérats: 300 mètres.
Calcaire silurien (Utelimestone) : 300 mètres.
Schistes cambriens : 3 700 mètres.
* Page 624.
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GÎTES DE PLOMB ET d'aRGENT DE BINGHAM (UTAH) 565
Dans la partie Nord de la chaîne d'O' Quirrh, où sont les mines,
on rencontre seulement les deux termes du calcaire de Wahsatch,
c'est-à-dire, à la base, un calcaire bleu et gris avec fossiles caracté-
ristiques (Productus semi-reticulatus, P. nebrascensis, P. longispi-
nus, Spirifer opimus, Sp. albapinensis, Sp. centronatus, Athyris
subtilila, Orthis resupinata, etc.), et, au-dessus, les quartzites de
Weber (houiller inférieur), généralement d'une couleur foncée,
qui forment les épontes des filons de Bingham.
Au-dessus de ces quartzites, le calcaire du houiller supérieur
apparaît seulement en quelques points isolés.
Le massif de TO' Quirrh est recoupé par un certain nombre de
ravins profonds où se trouvent diverses mines, échelonnées surtout
sur le parcours d'un grand filon N. 70° E.
La première de ces mines est la Revers Mine^ sur le Butter-
field Canyon, affluent du Bingham Canyon; puis viennent l'impor-
tante mine d'Oldtelegraph, la Spanish mine et la Jordan mine.
Le Bingham Canyon aboutit à la petite ville de Bingham, située
dans la gorge même et qui a donné son nom au groupe de
mines.
Le gîte forme un filon-couche au milieu des quartzites houil-
1ers, dont les couches, très brisées du côté du toit, sont, au con-
traire, compactes au mur. Le pendage général est d'environ 40** au
Sud-Est.
Ce filon paraît avoir un remplissage assez constant dans sa
longueur et témoigne de diverses réouvertures successives.
M. Ochsénius l'a comparé aux filons du Harz.
A Oldtelegraph mine, il s'appuie sur le flanc d'une voûte antîcli-
nale : en sorte que, son toit s'étant trouvé enlevé par érosion sur
une assez grande hauteur, il apparaît au jour dans les conditions
d'exploitation les plus favorables.
Le remplissage est formé de sulfures : de galène principalement,
puis de pyrite de fer, pyrite de cuivre et blende, les deux dernières
en très faibles quantités ; la gangue, exclusivement siliceuse, ne
paraît pas dépasser 50 p. 100 de la masse.
A la partie supérieure, il s'est produit un phénomène d'oxyda-
tion, qui a constitué d'abord un * chapeau de fer » (considéré par
les mineurs comme une présomption de richesse) ; puis une zone
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566 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
OÙ le cuivre, le zinc et une partie du plomb ont été dissoutes, en
sorte qu'il reste du chlorure d'argent dans une masse de carbo-
nate, chlorophosphate et un peu de sulfate de plomb.
M. Ochsénius a remarqué que toute la région témoignait de
mouvements d'aflfaissement très récents, qui ont dû jouer un rôle
dans ces phénomènes d'altération et dont il est intéressant de
dire quelques mots. C'est ainsi que le lac Salé, actuellement au
niveau de 1287 mètres, s'est élevé antérieurement à 300 mètres
plus haut ; les traces des eaux, très visibles sur les collines voi-
sines, ont permis de voir qu'il y avait eu, entre les différents points
de ses rivages anciens, évidemment horizontaux à l'origine, des
dénivellations atteignant une quarantaine de mètres ^
Il a pu et dû évidemment en résulter des mouvements corres-
pondants, aussi bien des eaux intérieures que des eaux superfi-
cielles. Les eaux du lac Salé, agissant directement sur le chapeau
du filon, y ont développé des chlorures. On pense même que le
changement de volume, qui se sera produit dans le filon, a pu
être la cause d'affaissements du toit et, par suite, de la friabilité
extrême de ce toit opposée à la résistance des quartzites du mur.
Les analyses de divers points de ce filon ont donné les résul-
tats suivants :
Le chapeau de fer, d'après les essais à la mine, contiendrait
16 onces (de 31 grammes) d'argent et 26 à 52 francs d'or à la
tonne.
Dans la partie en exploitation vers 1880, la galène formait, par
rapport aux chlorures et aux phosphates, le quart de la masse ; sa
proportion augmentait, tant, suivant l'inclinaison du filon, que,
dans le filon même, du toit au mur.
Dans cette galène, on a rencontré jusqu'à 70 p. 100 de plomb
et 0, 122 p. 100 d'argent (40 onces). La pyrite, également plus
abondante au mur qu'au toit, est souvent associée aux portions
quartzeuses. Dans les parties oxydées, on a trouvé des compositions
telles que les suivantes :
* Powell.(i4mmc. joum.y mai 1878.)
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gItES de plomb du COLORADO
567
Soufre. .
CuiTre. .
Fer oxydé
Plomb. .
Argent .
Or . . .
OXYDE DE FER
argentifère
contenant Targent en
chlorure
0,00
47,00
170,00
0,00
4,20: râleur 677,42
0,038 — 96,77
774,19
UINBRAIS
de plomb oxydés
contenant l'argent en
chlorure
0,00
23,00
260, 00
260,00
2, 360. valeur 380, 64
0,036 — 116,12
496,76
UINERAI
de carbonate et chloro'
phosphate de plomb
non ferrugineux
(arec chlorure d'argent)
0,00
0,00
0.00
:<46,00
0,870: valeur 140, 32
0,005 — 16,13
156,45
Les minerais sont classés à la mine en trois catégories :
i" Minerais ayant moins de 12 p. 100 de plomb.
2» — de 12 à 30 p. 100 de plomb.
3<^ Minerais ayant au-dessus de 30 p. 100.
En 1877, les mines d'Oldtelegraph ont produit 11 000 tonnes
de plomb, soit le 1/8 de la production totale des Etats-Unis.
Bibliographie
1879. OcHSKNius. Rapport principal et rapport supplémentaire .
1879. Chaper. Rapport sur les mines d'argent de Bingham (Utah).
Colorado *. — Le Colorado, où se trouve Timportant district de
Leadville% comprend également quelques types filoniens de galène
argentifère à gangue quartzeuse, avec minéraux d'argent pro-
prement dits exceptionnels; ce sont ceux du comté de Clear-
Creek, découverts en 18S9, exploités depuis 1866.
Ces filons forment deux groupes, l'un sur les monts Sherman^
Brown et Republican, l'autre sur le mont Leavenworth.
Le minerai se compose de galène, blende, pyrite de cuivre et de
fer argentifère; les sulfures et sulfosels d'argent sont rares; la
* 1884. Laveleye. Le plomb aux États-Unis. (Gayper, t. V, p. 560.)
• Voir plus loin, page 636.
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568 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
gangue est quartzeuse ou quartzo-feldspathîque ; les salbandes
sont argileuses ; la roche encaissante est du gneiss et du granité.
La production de ces mines, en 1876, a été de 9 186 936 francs.
Le minerai est divisé en quatre qualités :
1"» plus de 0,0085 d'Ag.
2« — de 0,0083 à 0,0051
3« — de 0,0051 à 0,0026
¥ — de 0,0025 à 0,0003
Le Colorado possède encore des mines dans les comtés de Park^
Fremonty Summil et, dans le pays de San-Juan près de Silverton,
Mineral'Cilt/y Lake-City, etc., au milieu de roches cristallines ou
trachytiques.
Enfin, en allant au Nord, il faut citer les importants gisements
de Red'Cloudy Malvina, American et autres, les tellurures du comté
de Boulder, et les mines du district de CariboUy au S.-O. de ce
dernier comté.
CHAMPS DE FILONS D'ALLEMAGNE ET D'AUTRICHE
L'Allemagne et T Autriche sont, pour les champs de Qlon com-
plexes, où la galène joue, en général, un rôle prépondérant et que
nous étudierons, par suite, à l'occasion du plomb, des régions
absolument classiques; nous nous étendrons donc avec quelque
développement : d'abord, sur les filons assez simples de Bohême
(Przibram et Mies), puis, sur ceux du Harz, plus complexes; enfin,
sur les champs de fractures compliqués de la Saxe et de la Bohême
Septentrionale (Freiberg, Marienberg, Annaberg, Schneeberg, Joa-
chimsthal, etc.).
Les observations, très minutieuses et longtemps prolongées,
qu'on a faites dans ces mines anciennes sur les relations entre la
direction des fractures, leur remplissage et leur âge présuipé, peu-
vent n'avoir souvent qu'une importance locale au lieu de l'impor-
tance générale qu'on était jadis tenté de leur attribuer; elles n'en
sont pas moins très intéressantes à connaître.
Il semble, d'ailleurs, qu'on puisse en conclure, tout au moins,
l'existence, dans ces régions, de quelques grandes venues métaUi-
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FILONS DE PLOMB DE PRZIBRAM (BOHÊME) 569
fères successives : quartz stannifère; quartz et galène; baryline et
galène ; calcite et galène ; minéraux de cobalt, nickel, bismuth,
urane et argent; venues qui, à coup sûr, n'existent pas toujours
toutes réunies dans chaque gisement, — si ce n'est, peut-être, dans
le champ de filons le plus complet, celui de Freiberg — mais
qui, là où elles se présentent, suivent, à peu près partout, le
même ordre.
L'étude de ces filons met bien en évidence la multiplicité et la
longue durée des phénomènes mécaniques auxquels ont été
soumis les pays de plissements anciens, tels que la chaîne Hercy-
nienne en Europe, plissements pour la détermination desquels la
connaissance de la géologie complète du pays est nécessaire.
Il y a eu là, sans doute, un certain nombre de phases distinctes,
séparées par des périodes de repos, et correspondant chacune à
une formation rocheuse indépendante, dont une formation métal-
lifère était connexe; mais, en outre, chacune de ces phases môme
s'est prolongée pendant un temps très long, comme le prouvent
les cassures contemporaines du remplissage, les fragments bré-
choïdes d'une première gangue cristallisée empâtés dans une
seconde, etc..
Enfin, nous aurons à signaler certaines observations relatives à
l'influence des roches encaissantes, tant sur l'allure de la fracture
que sur la nature du remplissage.
FILONS DE PRZIBRAM ET DE MIES (bohème)*
La Bohème est constituée par de hauts plateaux, dont l'altitude
moyenne est de 500 mètres au-dessus du niveau de la mer. Au centre
de ce plateau, les terrains siluriens forment un vaste triangle,
dans lequel Prague est enclavé. Ce triangle est limité : au S.-E.,
par un massif de granité, au voisinage duquel se trouve Przibram;
au N.-O., par des schistes où sont enclavés les filons de Mies.
Przibram. — Przibram, situé à 42 kilomètres de Prague, est,
* Coll. École des Mines. Voir la carte en couleurs de rAllemajjne centrale, pi. II.
Pour les descriptions des filons de Przibram et de Freiberg, nous avons largement
puisé dans deux beaux mémoires de MM. Michel Lévy et Gboulette (1869 et 1870).
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570
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
depuis le xiv' siècle, célèbre par ses mines de galène ai^entifère,
et Ton trouve, dans toutes les parties de la contrée, les traces des
anciens travaux, vieilles haldes, puits effondrés,etc. Une exploita-
:•'. : '.• * ; . •■/.". '. V ,". ; • *• .' ; •Vorlow» ;. ; .' . •/ . . • • ". •.*.• / ■.'•.ÎTçù Rïifles • • " ■ ..■.;.•.■'. - //.
PLAW GENERAL DES ENVIRONS DE PRZIBRAM
d'après MT Michel -Lé vj».
V;-/:- •:■.•.•.;••• •Za<iek>J
Fig. 300.
lion presque continue et qui n'a guère cessé de se développer a
produit, de 1736 à 1874, 555 tonnes d'argent, 15 800 tonnes de
plomb et 58 355 tonnes de litharge, représentant une valeur brute
de 32 millions de francs et ayant donné un bénéfice net (mines et
usine) de 12 millions. De 1868 à 1877, le rendement moyen
annuel a été de 18 965 kilogrammes d'argent (27 015 en 1877).
En 1882, on a extrait 250 000 tonnes ayant donné :
1** Par simple scheidage : a. 2968 tonnes de minerai tenant
10 770 kilogrammes d'argent, et 1657 tonnes de plomb;
b. 3 250 tonnes de sidérose et calcite ;
2'' Par préparation mécanique : 8 703 tonnes de minerai tenant
20 881 kilogrammes d'argent et 3 369 tonnes de plomb ;
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FILONS DE PLOMB DE PRZIBRAH (BOHÊME) 571
Soit une valeur totale de 6 200 000 francs.
En 1891, on a obtenu 321 900 tonnes de minerai brut, ou
14 SOO tonnes de minerai trié, ayant produit 4 328 tonnes de
plomb et 36 211 kilogrammes d'argent.
Par un phénomène intéressant, c'est dans ces dernières années
et à la profondeur la plus grande que la mine a donné les mine-
rais les plus riches.
Actuellement, l'exploitation est divisée en quatre districts :
1** Anna Procope (887 mètres de profondeur); 2** Adalbert Maria
(puits Adalbert : 1 020 mètres de profondeur en 1884*; puits Marie :
1 031 mètres); 3^ Dikolnov Bohutin; 4° puits Lill (Lillschacht).
Les puits Adalbert et Maria, qui approchent aujourd'hui de
1 200 mètres, doivent être approfondis un jour jusqu'à 1 400.
Le personnel ouvrier comprend (1891) 5 239 ouvriers à la
mine, 479 à l'usine.
Une coupe théorique N.-S. de la contrée donnerait, en partant
du granité au Sud-Est (voir la fig. 300):
1** Une zone de schistes I pénétrés, en plusieurs points, par le
granité ; 2** une région de grauwackes I, sur le bord septentrional
de laquelle est situé Przibram ; 3° une deuxième zone de schistes II
et 4* une deuxième série de grauwackes II.
Ces différentes assises constituent un plateau sillonné par des
vallées répondant aux alternances géologiques que nous venons
de signaler, les schistes formant le fond des vallées, le granité et
la grauwacke les hauteurs.
Les filons métallifères traversent ces différentes formations, à
l'exception du granité. On rencontre, du Nord au Sud (fig. 300) :
1° Dans la grauwacke II, les recherches de Zadek ;
2^ Dans les schistes II, les districts de Lill, de Ferdinand et de
Strachen ;
3** Dans la grauwacke II, les districts à' Anna Prokopi et de Maria
Adalberti à Birkenberg, où se concentre le principal effort de l'ex-
ploitation; ceux de Franz Joseph, de Segen Gottes, de Litawka;
4° Dans les schistes I, les recherches Leopoldi Stollen.
C'est à Birkenberg que se trouvent les travaux célèbres, con-
* Le puits Adalbert, commencé en 1779, a atteint 500 mètres en 1845, 800 mètres
«n 1869, 1000 en 1875; il était, à ce moment, le plus profond du monde.
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572 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
centrés dans un espace qui n'occupe pas, en plan, beaucoup plus
de 1 kilomètre carré mais descendant à une profondeur qui
dépasse aujourd'hui i 100 mètres.
Là, sur le filon Âdalbert, on a constaté, après un appauvris-
sement assez long, un enrichissement qui s'est produit vers
650 mètres de profondeur.
Vers le Sud, les mêmes filons se prolongent du côté d'Orkolnow, .
au puits Auguste (foncé en 1836); les travaux y sont descendus
jusqu'à 423 mètres^ dans les filons Maria, Wolfgang, etc., mais sont
peu développés.
A l'Ouest, la mine de Segengottes (270 mètres de profondeur)
exploite le Segengottes Hauptgang, H„ de 1 mètre d'épaisseur (cal-
cite, blende, galène, fahlerz, etc.) et le Nord-Westgang. Un peu
plus loin, la mine Bohutin exploite le Clementigang, H,, jusqu'à
431 mètres de profondeur. Enfin, à Zézic, Hâté, etc..., on a
extrait des minerais de fer, aujourd'hui abandonnés. D'une façon
générale, ces filons ferrugineux suivaient des gninsteins : on les
a envisagés souvent comme des chapeaux de fer d'affleurement sur
des filons plombeux ; mais on y est descendu jusqu'à 300 mètres de
profondeur, sans que cette hypothèse se soit trouvée vérifiée.
Si l'on examine un peu les formations géologiques de Przibram,
on s'aperçoit qu'elles ont été soumises à un plissement énergique
et que, probablement, les schistes I et II appartiennent à un même
étage, de môme que les grauwackes I et II. Les schistes II, près
de Birkenberg, sont compris entre deux glissements plongeant
vers le Nord et assez particuliers, car ils suivent, non seulement
la direction, mais le plongement des couches. Ces glissements dis-
loquent nettement le remplissage des filons métallifères.
Comme roches éruptives, on rencontre, en grande abondance,
des dykes et filons de diorite et grûnstein (diabase), particulière-
ment dans la grauwacke I. Ces grunsteins ont été considérés
comme en relation intime avec la venue métallifère, qui semble
avoir incrusté les fissures produites par le retrait de la roche,
soit dans sa masse même, soit dans son voisinage. Cependant il
existe de nombreux exemples de grunsteins dont les fissures sont
uniquement tapissées de calcite et de filons sans grûnstein. On
trouve, en outre, quelques filons de kersanton.
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Coc^irrticale des £Iqds du district
Marift AdjJWt.
O'dcst. Il , JSci.
iMui^
FILONS DE PLOMB DE PRZIBRAM (BOHÊMe) 573
Les filons de Przibram sont très multipliés et de directions très
variables. Le remplissage riche y a, par places, suivi les chemins
les plus capricieux. Mais on ne peut, comme nous le ferons à
Freiberg et comme nous l'avons fait à Vialas, en France, établir
de distinction entre le remplissage des divers filons : la venue
sulfurée se rencontre également dans tous ; dans le détail, il
semble, d'ailleurs, très aventuré de vouloir établir une loi théo-
rique pour des phénomènes soumis à toute Tirrégularité des
actions naturelles complexes. Le fait le plus nettement mis en
évidence par Tinspection de la carte géologique, c'est l'existence
d'un faisceau à peu près Nord Sud plus ou moins ramifié. La
coupe verticale des filons du district
Maria Alberti (fig. 301) montre cette dis-
position en un point particulier.
Ail point de vue du remplissage, les
filons de Przibram présentent nettement
le type concrétionné avec zones succes-
sives parallèles aux salbandes. Comme
nous venons de le dire, on est en présence
d'une venue sulfurée à peu près unique
et, en tout cas, la seule métallifère, à la-
quelle ont seulement succédé , en quel-
ques endroits, des réouvertures, d'abord
barytiques, puis calcaires : ordre qui est,
en résumé, celui de Freiberg.
La venue sulfurée comprend générale-
ment : 1^ sur les salbandes, la blende ;
2° la galène ; 3"^ le quartz ; 4^ le fer carbo-
nate; mais, souvent, le quartz est mélangé, d'une manière intime,
avec les sulfures métallifères et la sidérose alterne, en plusieurs
zones, avec la galène. On conçoit, du reste, que des dépôts d'in-
crustation de sources thermominérales ne peuvent avoir été
soumis à une régularité absolue.
La galène est remarquablement antimoniale et argentifère*; la
blende contient de l'argent.
Fig. 301. — Coupe verticale
à Przibram
(d'après M. Michel Lévy).
* On trouve, assez fréquemment, de la boulangérite, de la jamesonite et de la
bournonite.
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574
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Puis il s'est reproduit une dislocation, de direction H».,©, qui
a donné passage à la venue barytique et une seconde réouverture
à laquelle a succédé la calcite. Celle-ci englobe fréquemment des
blocs à angle aigu du remplissage précédent. Il semble que cette
chaux ait été, en grande partie, empruntée aux grûnsteins qui
encaissent souvent les filons.
Pendant ce remplissage secondaire, il y a eu remaniement par
dissolution du premier dépôt de sulfures et formation d'une zone
discontinue de galène secondaire où l'argent s'est concentré,
soit à Tétat natif, soit à l'état d'antimonio-sulfures complexes.
Si l'on recherche la loi de variation de la richesse avec l'appro-
fondissement des travaux, on a, de 1783 à 1857, le tableau ci-joint :
«■
TENEUR A LA TONNE
PUITS
ADALBERT
PUITS ANNA
des minerais triés arrivant
ANNÉES
à l'usine
Étage
Profondeur
en mètres
Étage
Profondeur
en mètres
Plomb
Argent
Kg.
Gr.
1783
5
147,2
»
»
5
146,8
178,5 ;
195,9 ]
200
620
1798
8
7
350
1410
8
1818
9
288,1
11
251,8
475
2 190
1823
11
»
13
300
425
2 110
1838
17
435, 10
17
427,10
365
2 430
1848
20
583,90
19
497,80
430
2 510
1857
23
664,3
21
578,20
405
2 740
De 1875 à i892, on a obtenu les résultats d'analyse suivants,
entre 850 et HOO mètres, pour les galènes de Przibram :
ADALBERT GANG
BUSEBI GANG
CLEMENT! GANG 1
ÉUge.
Pb
p. 100.
p. 100.
Étage.
Pb
p. 100,
p lÔO.
Étage.
Pb
p. 100.
Ag
p. 100.
22°
76
0,410
18«
68,50
0,300
2e
65
0,250
28e
80
0,530
22«
73
0,330
7«
73
0,150
30«
77
0,420
26«
80,50
0,474
11«
60
0,043
31«
81
0,530
17«
83
0,263
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FILONS DE PLOMB DE PRZIBRAM ET DE MIES (bOHÊMe) 575
Quant à Tinfluence des roches encaissantes, elle semble pure-
ment mécanique, les roches trop dures ou trop tendres se prêtant
mal à Touverture des fentes notables.
Comme minéraux accessoires, nous citerons le fahlerz qui cons-
titue le trait caractéristique du remplissage d'Eusebi, la bourno-
nite qui a formé des veines d'une certaine puissance à Francisci,
la wulfénite, la cérusite, la pyromorphite, enfin la pechblende
rencontrée dans le filon Johanni (Puits Anna).
De plus, nous mentionnerons Texistence d'une grande faille, la
Letlenkluft, située au contact des schistes et des grauwackes, qui
a longtemps limité les travaux au Nord et qu'on n'est parvenu à
traverser qu'en 1862.
Hies. — La ville de Mies est située, non loin de la frontière de
la Bohême, à peu près sur le même parallèle que Przibram,
dont elle est éloignée de 6S kilomètres ; on y exploite des filons
de galène argentifère dans un certain nombre de mines, dont les
principales sont Frischgluckzeche, Obère Langenzugzeche, Joanni
Baptistizeche, etc. La formation dominante est le Ihonschiefer
antésilurien, étage A de Barande : ce sont des schistes quartzi-
fères grisâtres, au milieu desquels se trouvent quelques couches
argilosableuses, dites sandstrichs ; ils sont recoupés par des micro-
granulites près de Soleslau et du basalte à Wolfsberg.
Les filons, quoique assez nombreux, y sont, en général, paral-
lèles, beaucoup plus réguliers qu'à Przibram et ne présentent
que peu d'intersections. La direction dominante est N. liO*^ E.
De même qu'à Pi-zibram, la venue sulfurée métallifère est arrivée
la première et se retrouve dans tous les filons.
La coupe habituelle est la suivante :
a). Mélange de quartz I formant souvent, à lui seul, le remplis-
sage, avec pyrite, galène et blende. La galène de Mies ne renferme
pas plus de 20 grammes d'argent aux 100 kilogrammes de plomb.
D'après des échantillons provenant de vieilles haldes, elle en
aurait tenu 40 autrefois ;
b). Barytine (association en crête de coq) à l'état de druses ;
cérusite et pyromorphite, comme produits de remaniement de la
galène (la pyromorphite nette ment postérieure à la cérusite);
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5T6 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
quartz II en petits cristaux brillants bipyramidés, contemporains
des remaniements qui ont produit la cérusite ;
c). De petites veines de dolomie, fluorine et galène, avec pro-
duits de remaniement de la galène, aident natif, etc., paraissant
correspondre à une dernière phase h ydro thermale, ont été trou-
vés à Frischgltick.
On manque absolument de données sur Tâge absolu de ces for-
mations.
Toutes les exploitations de Mies sont actuellement abandonnées.
Bibliographie.
1798. MiESSL. V. Zeleisen. — (Neue AbhandL der K. Bôhm Gesellsch. der Wis-
senschaft, t. III, p. 20.)
1838. NoGGERATH. — (Ausflug DEch BôhmcD, p. 372.)
VoGELGESANG. — {Gatig studieriy t. I, p. 305.)
1855. Helmich. — Sur Mies. (Oster. Zeils., p. 267.)
1855. V. Hauer et Fôtterlb. — Sur Mies : Ùbersicht der Bergbaue.
1859. GoTTA, p. 203.
LiLL V. LiLiENBACH. — {Berg, u, H. Z., p 184.)
1860. LiPOLD. — Aufnahms Bericht ûber Przibram. {Jahrb. d. K. K. geol.
Beichs. Ver h., p. 88.)
1862. Griiiii. — Beitràge sur Kenntniss der Erzniederlage bei Przibram.
(Jahrb, d. KK. Monlan Akad,, t. XI, 1862, p. 208.)
1862. Faller. — Kurze Ùbersicht der Silber and Bleibbergbauer bei Przi-
bram.
1863. Grimm. — (B, u. H, Jahrb, der K, K. Bergakademien, t. XII.)
1856 et 1863. Reuss. — Uber die Paragenese der auf den Erzgângen von Przi-
bram einbrechenden Mineralien. (Académie des sciences de ViennCy 10 juillet
1856et 15 janvier 1863.)
1864. Babanee. — Die neuen Gangesrichtungen in Przibram. (Jahr. d, K.K.
geol. Beichs., t. XIV, p. 382.)
1865. Redss. — (Neues Jahrb. f. Min., p. 91.)
1866. Gbimm. — Die Griinsteine von Przibram. (/a/ir. d. K. K. montan Akad.,
t. XV, p. 219.)
1867. RÛCKER. — Filons de Mies. (K. K. geolog. Re/cAs<7n5(a/f, 16 avril 1867.)
*1869. Miguel Léyy et Choulktte. — Mémoire sur les filons de Przibram et de
Mies. (Ann. d. M., 6«, t. XV. p. 129.)
1870. Babanlk. — Verhàltn d. Anna u. Prokopizeche. (Oester. bergm. Zeit.^
t. XVIII.)
1871. Babanek. — Die Erzfûhrung der Przibram Sandsteine und Schiefer.
(Jahrb. d. K.K. geol. Reichs., t. XXI.)
1879. Groddeck, p. 297 et p. 100.
'1872. PoszEPNY. — Uber Dislocation im Przi bramer Erzrevier. (Jahrb. der
K.K. geol, Reichs.y t. XX.) (Contient une bibliographie antérieure.)
Grihh. — Die Erzniederlage bei Przibram.
1874. PoszEPNY. — Die Bergbau district von Mies in Bôhmen.
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CHAMPS DR FILONS DU HARZ 577
1875. Mines d'argent et de plomb de Przibram. (Cuyper, t. XXXVIII, p. 501 .)
•1875. Der Siber und Blei Bergbau zu Przibram. — Vienne. Publication de
l'admin. des mines, pour la fête donnée quand le puits Adalbert atteignit
1000 mètres.
1878. (Oesterreichische Zeitschrift.)
1883. d'Achiardi, I, 173.
1887. Untersuchungen von Nebengesteinen der Przibramer Gange. (Bei^g,
M. H. J. der K. K, Bergakadomie, t. XXXV).
* 1887. Von Friksb . Bilder von den Lagerstàtten der Silber und Bleiberg-
baue zu Przibram (Wien) (avec atlas) .
1888. PoszEPNY. — Uber die Adinolen von Przibram. (Mittheil. von Tscher-
mak, t. X.)
1889. Stelznbr. Die latéral. Sécrétions Théorie. (B. m. H. J, der K. K. Bergaka-
demien zu Leoben und Przibram, t. XXX Vil.)
1889. A. Zdrahal. — Die K. K. Silber und Bleihûtte zu Pzibram. (B. u. H,
Jahrbuch dtr Ahad. zu Leoben und Przibram, t. XXXVII, p. 1. Vienne, 1889.)
1889- HiBscH. — Der Doleritstock und das Vorkommen von Blei und Silber-
erzen bei Rongstock im Bôhmischen Mittelgebirge. {Verhandlungen der K. K.
geoL Reichsanstalt, 1889. Vienne.)
* 1892. W. GÔBL. — Montan geologische Beschreibung des Przibramer
Bergbau-Terrains. (1 vol. avec planches. Vienne; contient une bibliographie
antérieure.)
CHAMPS DE FILONS DU HARZ*
Le Harz est un vaste plateau de forme demi-elliptique, divisé
en deux bassins : rOberharz à TOuest (Clausthal, Zellerfeld,
Saint-Andreasberg, Altenau, Lautenthal, Widemann et Grund) ;
rUnterharz à l'Est (Goslar, Oker, Raramelsberg). Cette région
comprend trois grands gisements : le Rammelsberg, Clausthal et
St-Andreasberg. Nous avons décrit le premier comme gîte sédi-
mentaire dévonien de cuivre^; les deux autres sont les types
classiques de filons concrétionnés.
Description générale du Harz^ — A l'exception des massifs gra-
nitiques du Brocken, du Rammberg et de TOckerthal, et de la forma-
tion secondaire du bord septentrional, toutes les montagnes du Harz
* Coll. École des Mines, 1517 et 1738. Voir la carte d'Allemagne, pi. II. On a sou-
vent fleuré les liions du Harz. Voir notamment Burat. Minéraux utiles, t. II, pi. VI,
XYIII et XIX.
• Voir page 323.
' Cf. Michel Lévy, 1889 : Structure et classification des roches éruptlves, p. 7 et 16.
(Sur les granulites du Bodengang.)
GéOLOGIE. — T. n. 37
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578 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sont constituées par des assises paléozoïques, iaterrompues çà et
là par des épanchetnents de diabase ou des dykes de microgranulite.
Ces assises anciennes appartiennent au silurien, au dévonien et
au carbonifère ; les dépôts permiens n'ont pénétré que dans des
golfes plus ou moins largement ouverts à FOuest, au Sud et à TEst.
Si on cherche à étudier les dislocations de la région, on voit, à
rinspection d'une carte géologique du Harz, que deux forces, Tune
S.-E., l'autre N.-E., en ont provoqué les principaux plissements :
plissements qui semblent avoir amené la venue de la granulite.
M. Lossen a considéré le Harz comme un point de rencontre,
comme le nœud de deux systèmes qui s'y croisent et s'y arrêtent,
quelque chose d'analogue à ce qui existe dans le Nord du Plateau
Central français.
Dès lors, von Groddeck en a rapproché le rayonnement de tous
les filons de l'Oberharz autour d'un même point, situé au Steiler
Wand, dans le Kellwasserthal supérieur, à la limite du quartzite et
du granité et en a conclu que la formation des filons, aussi bien
que celle des plis, devait résulter du soulèvement du Brocken
après le culm. La complication des filons de Grund aurait été due
à la réaction de l'Iberg, à cette époque.
Pour M. Lossen, au contraire, il s'est produit deux soulèvements
successifs : le premier N.-E., correspondant à la montée de la gra-
nulite du Brocken et ayant plissé toutes les couches dans cette di-
rection; le second, postérieur, N.-O.
La tension produite par cette flexion, superposée au premier
plissement, serait alors la cause des filons de l'Oberharz. Dans ces
idées, les filons de Saint-Andreasberg seraient antérieurs à ceux
de rOderspalte, eux-mêmes antérieurs à ceux de l'Oberharz.
A St-Andreasberg, on a surtout rencontré de Targent, de l'an-
timoine, de Tarsenic, du cobalt, etc. ; ailleurs, plutôt du plomb,
du cuivre, et du zinc.
l*" Champ de filons de St-Andreasberg. — Le champ de St-An-
dreasberg se trouve à l'extrémité Sud-Ouest du Brocken, dans
une zone étroite de schistes siluriens de Wieder, limitée au Nord
par la granulite. On y rencontre des failles stériles, dites Ruschek^
des filons de minerai d'argent et des filons ferrugineux et cuivreux.
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CHAMPS DE FILONS DU HARZ 579
Les ruschelSy qui semblent correspondre aux fractures les plus
anciennes, ont jusqu'à 60 mètres de puissance et sont remplis
de fragments de schiste empâtés dans Targile. Deux d'entre eux
limitent le champ de fractures : ce sont, au Nord, le Neufanger ; au
Sud, YEdeiilleter RuscheL Le ruschel Edelleuter, presque recti-
ligne, est dirigé H^ ; celui de Neufang forme, avec lui, à son mur,
une ramification arquée.
Tous deux mettent en regard des couches d'un âge absolument
différent (schistes de Wieder et grauwackes de Tanne). Ce sont
manifestement des failles de plissement, dont le remplissage
résulte uniquement du frottement |des couches les unes sur les
autres sous Faction d'une flexion oblique.
Ils limitent un coin de terrain grossièrement elliptique, qui a été
violemment poussé de l'Est à l'Ouest, enfoncé normalement le
long du Neufanger, borné au Sud par la surélévation du bord
Sud de l'Edelleuter ruschel et où sont concentrés, à peu près
exclusivement, les filons argentifères. Dans ce coin de terrain, se
retrouvent, d'ailleurs, un certain nombre de ruschels secondaires
qui ne dépassent jamais les ruschels principaux.
Les filons argentifères se divisent, d'après leurs directions, en
deux systèmes. Le premier comprend des filons Hj^jo» c'est-à-dire
faisant des angles très aigus avec les ruschels (filons Franz,
August, Samson, Jacobsglûcker) ; le second, deux filons essentiels,
à peu près parallèles aux ruschels H^ et déviés par les premiers
(filons Gnade Gottes et Bergmannstrost).
Tous ces filons argentifères ont, au plus, 0™,50 de puissance. Ils
sont très ondulés en direction et en inclinaison. Leur remplis-
sage principal est une calcite blanche opaque (calcite ancienne)
contenant des grains et des veines de quartz (rarement de fluo-
rine), de galène, de blende, d'arsenic natif, d'argent rouge, de dis-
crase et d'argent arsenical.
Les géodes y sont fréquentes ; on y trouve les minerais précités
et, en outre, une calcite récente sous des formes très variées, des
zéolithes, etc. ; puis, en petite quantité, des minerais de nickel et
de cobalt.
On n'est parvenu à trouver aucune relation entre la richesse des
filons et la nature des roches encaissantes ou les croisements ; on
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580
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
avait d'abord cm autrefois que les filons devenaient stériles dans
les diabases, on s*est aperça ensuite qu*il n*en était rien. On peut
seulement noter que les filons se stérilisent toujours lorsque leur
puissance devient un peu considérable.
T Champ de filons de Clansthal. — Le chemtp de Clausthal est
absolument classique comme type de filons quartzeux et plom-
bifëres. Ces filons traversent, en les rejetant, les couches du dévo-
nien et du culm, tandis qu'on ne les voit pas pénétrer dans le
permien : en sorte que leur âge est assez bien déterminé. La
figure 302 montre, à Bockswiese, le Pis-
thaler gang et le Neuer Grûnlindnergang
dans deux rejets semblables. A Lautenthal,
le rejet a été assez fort (au moins 200 mètres)
pour mettre en contact : au mur, le dévo-
nien ; au toit, le culm.
Les filons sont groupés en un certain
nombre de systèmes, dits gangzûge^ com-
posés d'un filon important de grande lon-
gueur, ou hauptgang^ et d'un certain nombre
de ramifications secondaires. Ces systèmes
eux-mêmes rayonnent, comme nous l'avons
dit, à partir de la partie supérieure de la
vallée du Kellwaner. Les trois principaux
faisceaux sont :
1"* Celui du Sud, dirigé H,, comprenant
le système du Silbernaal, de Burgstadt et du Schulthal.
^ Le faisceau moyen H,, comprenant le système de Lautenthal-
Hahnenkleer et celui de Bockswiese-Festenburg, Schulenberg.
3"* Le faisceau de l'Est, H„, à peine attaqué.
Entre ces groupes principaux, il existe, d'ailleurs, d'autres
systèmes moins importants, et tous les filons métallifères sont,
à leur tour, déviés par deux failles stériles (falsche Ruschel et
filon Charlotte) à peu près parallèles à la stratification, c'est-à-
dire IVs-
Les filons ont généralement une salbande bien accusée au mur,
tandis qu'au toit, ils se confondent avec la roche encaissante par
Fig. 302. — Coupe pas-
sant par le puits Johacn
Friedrich à Bockswiese
(Clausthal\ d'après V.
Groddeck.
kh , Pistbalergaog. — gg .
filoo Grûnlmdner. — S, gn» à
fpirifêres. — C, fchistes a eal-
céolcs et schistes de Goslar. -
K., calcaire Kramenzel. — A-,
schiste ailiceui. — f, phyllade
du culm. — G, grauwacke du
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CHAMPS DE FILONS DU HARZ 581
des ramifications et atteignent souvent des puissances de 40 mètres
et plus; leur inclinaison est presque toujours forte ; le remplissage
est surtout formé de fragments de la zone encaissante (grauwacke
et phyllade) et d'une matière noire schisteuse et ténue, appelée
gangtonschiefer, qui parait résulter de Fécrasement des parois.
Entre ces roches, se trouvent les gangues et minerais, sous forme
d'imprégnations et de veines; les brèches filoniennes sont très
abondantes. On a admis que ces blocs, ainsi noyés dans le rem-
plissage, étaient primitivement juxtaposés et avaient été séparés
par la force de la cristallisation. Il est possible aussi que des
actions de dissolution et de substitution progressives aient joué
également un rôle.
Les gangues sont le quartz, la sidérose, la calcite et la barytine ;
les minerais principaux, la galène argentifère, la blende et la
chalcopyrite ; les minéraux accessoires : le braunspath, la pyrite,
le cuivre gris, la bournonite, etc..
D'après V. Groddeck, Tordre suivant est très net :
1"^ Quartz seul ou mélangé avec de la galène ;
2** Venue de blende et de galène ;
3"" Calcite et barytine pures ou mélangées à du quartz.
C'est-à-dire que nous trouvons, pour employer des expressions
particulières aux champs de filons de la Saxe S le Barytishe blei
succédant à la Kiesige formation.
Quelques filons sont caractérisés par la prédominance du quartz
et de la galène (fllon principal de Zellerfeld) ; d'autres par la blende
et la galène avec quartz et calcite (système de^Burgstadt) ; parfois,
c'est la chalcopyrite avec calcite et quartz (mine Charlotte), ou la
blende (Lautenthal), qui est le minerai principal. Généralement la
blende augmente beaucoup en profondeur.
Tandis que la première venue de quartz et sidérose se trouve par-
tout, la calcite et la barytine sont plus exceptionnelles (calcite dans
le Nord-Est, barytine dans le Sud-Ouest). Les parties riches affec-
tent des formes très variées. Les plus habituelles sont des colonnes
inclinées plongeant vers l'Ouest. On ne trouve, dans tout le district,
presque aucun croisement; mais les bifurcations y sont fréquentes
* Voir plus loin, page 592 et suiv.
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582 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
et c'est, comme presque toujours, aux bifurcations des filons
importants que se trouvent les zones les plus riches. On n'a, pas
plus qu'à Andréasberg, reconnu l'influence appréciable des roches
encaissantes.
Parmi les mines de Clausthal, nous citerons celle Kbnigin Marien^
à 2 kilomètres au N.-E. de Clausthal. On y exploite un filon E.-O.
traversant la grauwacke du culm et les schistes argileux et
divisé en 3 parties: Hauptgang (14 à 18 mètres de puissance),
Mittel trumm (1°,50 à 3 mètres). Le remplissage se compose sur-
tout de galène et calcile, avec un peu de sidérose et de blende ;
accessoirement, de pyrite cuivreuse et de quartz.
Cette mine, comme la plupart de celles du Harz, est remarquable
par l'emploi de la force hydraulique.
Au point de vue industriel, les minerais de l'Oberharz et ceux
du Rammelsberg sont traités, par des procédés très perfectionnés,
dans un certain nombre d'usines dont les principales sont :
dans rOberharz, Clausthal, Altenau, Lautenthal, appartenant à
l'État (St-Andréasberg, peu important) ;
dans l'Unterharz, Julius Hutte près Astfeld, Sophien Hutte près
Langelsheim et Oker près Goslar, appartenant à la Unterharzer
Communion, dans laquelle l'Etat allemand et le royaume de Bruns-
wick sont les principaux intéressés.
L'usine de Clausthal traite des minerais de plomb à 60 p. 100
de plomb, 6,3 de cuivre, 500 à 3000 grammes d'argent à la tonne
et un peu de zinc. Par une fonte réductive avec oxyde de fer,
on obtient une matte de cuivre et plomb et du plomb d'œuvre. Au
moyen d'une série de grillages et de fusions suivies d'un rôtissage,
on arrive finalement à avoir du plomb d'œuvre et du cuivre noir,
qui est traité à Altenau pour cuivre et argent. Les minerais passés
à Lautenthal sont caractérisés par l'abondance de la blende. Quant
aux usines de l'Unterharz, elles traitent exclusivement les minerais
du Rammelsberg.
En 1881, les usines du Harz ont traité 56 130 tonnes de minerai,
dont 16248 de l'Oberharz et le reste du Rammelsberg ou de
l'étranger, et occupé 1 636 ouvriers ; elles ont produit, dans le
même temps :
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CHAJiPS DE FILONS DU HARZ 583
16 248 t. déminerais \ 9 428 1. de plomb valant 3 274 762 francs.
Oberharz. ] de TOberharz . . ^ 6 836 kil. d'argent brut affiné à Lauthenlal.
1 234 t. Etranger. . ) 61 t. de cuivre.
-,,,,., , , j, \ 423 t. de plomb marchand.
tî . u 1 2 144 t. de plomb d œuvre s , ^^^ ^ , f.,.
Unlerharz. ] . j . v , . M 586 t. de litharges.
' avant donne à leur tour, i .«^ . . .
•^ ; 420 t. de cuivre.
En 1890, on a eu:
lioaAA* j • \ 8 726 t. de plomb valant 2 784 20(>fr.
1 13 900 t. de mmerais j ,. ,^« , .| ,, * i i o ,^r. «/./.
^, , \ , ,,^. , f 4/406 kil. d argent valant 8 400 000 —
Oberharz. de 1 Oberharz. ,^3 ^ ^^ J^^ ^^,^^^ 3^^ ^^^ _^
f ' ^*^ ^- ^'^"°S^^- ) 83 kil. 32 d'or valant --87 000 -
i4 409 t. de plomb valant 1 366 000 —
7 515 kil. dargent valant 1 310 000 —
1 052 t. de cuivre valant 1 620 000 —
66 kil. 24 d'or valant 232 000 —
16 309 000 —
La production annuelle du Harz en métaux représente donc,
à peu près, 16 millions de francs.
Bibliographie.
Carte géologique du Harz par von Lossen.
1789. Lasius. — Die Harzgebirge, 1789, t. 11, p. 316.
1795. Freiesleben. — Beraerkungen ûber den Harz.
1806. OsTMANN. — {Haussmanns Beitràgen zur B. u. H. Kunde, p. 48.)
1822. ScHULTz. — Karsten's Arch., t. V, p. 95.
1834. ZiHMERUANN* — Das Harzgebirge.
1842. Hausmann. — Die Bildung des Harzgebirges, p. 134.
1843. Gredner. — Geogn. Verh. ThOringens u. des Harzes.
1859. Kerl. — Berg. u. Hût. Z., p. 21.
1859. KôHLER. — Der Hûlfe Gotteser Gang bei Grund. (B. m. H. Z., p. 198.)
1860. Breithaupt. — Ibid,
1861. CoTTA, p. 90.
1865. Gredner. — {Zeitschrift , d. d. geol. Gesellsch.y t. XVJI, 1865, p. 163.)
1866. Groddeck. — (Zeitsch, d. d, geoL Gesellsch., t. XVII, p. 693.)
Rœubr. — Travaux paléontologiques sur le Harz.
1867. Streng, Kayser et Lossen. — Sur les diabases du Harz.
1873. Zeitsch. f. d. B. H. u. S. im preussischen. St. XXI, p. 1.
1877. Groddeck. — (Zeitsch, d. d. geol. Gesellsch., t. XXIX, p. 440.)
1877. RosiNG. — Zeitsch... prussien, t. XXV, p. 280.
1877. WiHHER et Braunig. — Traitement des minerais du Bas-Hartz. [Jour-
nal de Camall, 1877.)
* 1878. A. Streng. — Ueber den Silberkies von Andreasberg. (N. j. Mine.,
p. 785. Stuttgard, 1878.)
1879. Groddeck, p. 311.
1880. ScHNABEL. — Récents progrès de la désargentation dans le haut Hartz.
(Carnall, 1880.)
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584 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1881 . Capacci. — Mines et usines du Hartz (Cuyper.)
1881 . RôsiNG. — Extraction de Torà Lauthenthal. (Journ. dessc, nat, deMaja.)
V. LossEN. — (Société géologique allemande.)
1884. LocYT. — Mém. sur Textr. des métaux préc. dans le Hartz. {Ann. d.
M., 8% t. VI, p. 393.)
1884. TERMiER.— SurleséniptionsduHartz. (inn.d.lf.,8«8érie,t.V,p. 243.)
1884. Pelle. — Journal de voyage manuscrit à TÉcole des Mines (n^ 721).
1889. Davies, p. 193.
1891. Zeits. f. d. B. H. u. S. ira preuss. St., t. XXXIX. {Statistique alle-
mande, p. 158 et 199.)
CHAMPS DE FILONS DE LA SAXE ET DE LA
BOHÊME SEPTENTRIONALE*
Géologie de la région. — Les terrains qui composent la Saxe
sont : au Sud-Ouest, la granulite; au centre, le gneiss gris et son
manteau de schistes micacés et argileux ; à TEst, le crétacé de
la vallée de FElbe. La formation oligocène à lignites de la Bohème
septentrionale vient, au Sud, se heurter au pied escarpé de
TErzgebirge ; le versant Nord de cette chaîne de montagnes forme,
au contraire, de vastes plaines, doucement ondulées, que limitent,
d'une part, les escarpements de la granulite, de l'autre, les hau-
teurs granitiques qui bordent la vallée de l'Elbe.
M. Michel Lévy, dans un mémoire de 1870, a rattaché les
dislocations de la région à un certain nombre de systèmes dont
les principaux, définis par lui avec une précision qui tenait aux
idées de l'époque, sont les suivants :
N. 133** E. — Plissements primitifs du gneiss.
N. 81^ E. et N. 92^ E. — Montée de la granulite. Dislocations
ayant intéressé le gneiss, les schistes et les grauwackes silu-
riennes (âge dévonien).
N. 89** E. — Soulèvement du gneiss de Mobendorf, entre Tâge
« Coll. École des Mines, 1340. —Voir la carte de TAllemagne centrale, pi. II. — Les
points principaux de cette description ont été empruntés à un mémoire de MM. Mi-
chel Lévy et Chouletle (1870), dont nous avons pourtant laissé de côté toute la partie
qui n'était qu'une application des idées d*£lie de Beaumdnt sur le réseau pentagonal
Il nous a semblé utile de donner, pour le champ de filons le plus classique et le
mieux étudié, quelques détails sur les relations réciproques des fractures et des rem-
plissages successifs, ainsi que sur la composition de ces derniers.
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CHAMPS DE FILONS DE LA SAXE 585
de la zone à sigîllaires et celui de la zone à annulariés. Plisse-
ments violents des grauwackes dévoniennes et des terrains
houillers inférieurs (âge du houiller moyen).
N. 130^ E. — Cassures et plissements des terrains houillers et
du rothliegendes. Grandes failles avec quartz ferrugineux (rother
Ochs, rother Kamm) (âge post-permien).
N. 57** E. — Soulèvement de TErzgebirge, intéressant les terrains
triasiques et jurassiques de la Thuringe, laissant horizontales les
assises crétacés de la Saxe (âge post-jurassique).
N. 160* E. — Cassures des terrains crétacés du Nord de l'Al-
lemagne. Filons -failles en Saxe (quartz ferrugineux) (âge ter-
tiaire).
N. 117^ E. — Soulèvement et cassures des terrains crétacés
supérieurs de la vallée de l'Elbe, entre Oberau et Hohnstein.
Filons- failles quartzeux.
N. 75** E. — Dernier soulèvement de l'Erzgebirge, postérieur à
la formation miocène à lignites, se terminant par une violente
érosion, du Sud vers le Nord, sur les grands plateaux de la
Saxe.
En relation avec ces différents systèmes de fractures, il parait
y avoir eu trois venues porphyriques principales en Saxe :
La première (microgranulites, porphyres feldspathiques et am-
phiboliques) serait contemporaine des premières assises du houil-
ler supérieur.
La seconde, composée de roches analogues, serait contemporaine
du rothliegendes inférieur, dans lequel elle formerait des coulées
interstratiGées.
La troisième (felsitfels, pechsteins, argilophyres trachytiques]
caractériserait l'époque de la première venue métallifère sulfurée
de Freiberg : elle serait certainement postérieure au rothliegendes
supérieur, commencerait par des filons à 30** et se terminerait par
des dykes à 130*.
Ultérieurement sont venues des roches éruptives tertiaires,
basalte, dolérite, phonolithe, etc.
Enfin, il y a lieu d'insister sur les sources thermales. Elles sont
presque toujours en relation avec les filons à 160* (quartz ferru-
gineux réouverts par le dernier soulèvement à 170"*).
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586 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les sources de Garlsbad, Marienbad, Teplitz, etc., sont sodiques,
riches en acide carbonique avec traces de sulfates, de chlorures,
de fluorures.
Plusieurs filons métallifères, profondément exploités, ont donné
passage à des sources thermales minéralisées, quelquefois très
abondantes (Joachimsthal, Freiberg, etc.), ces dernières souvent
riches en acide sulfhydrique.
C'est là un fait curieux qu'on peut rapprocher de ceux du même
genre constatés dans la Sierra Almagrera, au Comstock, à Bour-
bon-FArchambault, etc.
On peut conclure de ces diverses observations que la région
saxonne a été soumise, depuis les époques les plus anciennes, à des
phénomènes de dislocation réitérés (comparés à la torsion d'une vitre
par M. Daubrée), phénomènes ayant dû chacun donner lieu à des
venues hydrothermales métallifères, dont les sources thermales
actuelles sont un dernier écho et que, par suite, il y a lieu de s'at-
tendre à y trouver des remplissages très divers et d'âges très diflë^
rents.
Les minerais utilisables en Saxe sont de plusieurs sortes :
V Filons d'étain, pour la plupart abandonnés aujourd'hui* :
2'' Filons sulfurés anciens, dont nous nous occuperons surtout
à l'occasion des champs de fractures de Freibei^ et de Marienberg;
3"" Filons à remplissage barylique et fluoré (Annaberg) ;
4* Filons à remplissage sulfuré jeune (Schneeberg) ;
5** Filons à remplissage argentifère récent (Joachimstahl) ;
Nous rencontrerons, d'ailleurs, dès le premier champ de fractures
que nous étudierons, celui de Freiberg, des indices superposés de
chacune de ces venues distinctes, devenant, tour à tour, dans telle
ou telle région, prédominantes.
On a fait le calcul qu'il y avait, dans cette région, 1848 filons
(dont 829 à Freiberg seulement), sur lesquels 849 sont exploités
pour plomb, argent et cobalt; 463 pour plomb et argent; 181
pour argent seulement *.
Laissons de côté les filons d'étain décrits ailleurs', et passons à
• Voir plus haut, page 127.
• Y. Dechen. Die Nulzb. Min,, p. 652.
• Voir page 127.
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ED. FUCHS ET DE LAUNAY. - Géologie appliqiAée.
L.Wuhrer sculp
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C oogle
CHAMPS DE FILONS DE FREIBERG (sAXE) 587
la seconde catégorie de gîtes : filons sulfurés anciens (Freiberg,
Marienberg).
A. — FREIBERG
Position des principales mines. — Les environs immédiats de
Freiberg forment un pays peu accidenté, à travers lequel la Mulde,
coulant du Sud vers le Nord, s'est creusé une vallée d'une mé-
diocre profondeur.
Les mines qui se rattachent naturellement à celles de Freiberg,
s'étendent, au Sud, jusqu'à Brand et Erbisdorf, au Nord jusqu'à
Siebenlehn et Gersdorf près Roswein, formant ainsi un champ
d'exploitation quatre fois plus long que large et dont les affleu-
rements ont pu être suivis, d'une part, jusqu'à la vallée de l'Elbe,
de l'autre, jusqu'à Marienberg.
Elles peuvent se diviser en un certain nombre de groupes. (Voir
fig. 303.)
1*^ Au voisinage immédiat de Freiberg^ se trouvent :
à) au N.-O., le centre de Gross-Schirma (mine de Churprinz) ;
b) à l'Est, la mine îïHimmelfahrt ;
c) plus loin, au S.-E., la mine de Morgenstern et les anciennes
exploitations du Rammelsberg (Friedrich, etc.).
2** Au Sud de Freiberg, on connaît :
à) à l'extrémité S.-O. du champ de cassure, près Brand et
Erbisdorf, la grande mine à'Himmelfûrst ;
b) au S.-E., la mine Mord-Grube;
c) au Sud, la mine Beschert-Gluck.
3*" Au Nord de Freiberg, on peut citer :
a) à l'extrémité N.-O. du champ, la mine de Segengottes à
Gersdorf, près Roswein ;
b) plus près de Freiberg, les centres de Braunsdorf et Voigts-
berg (Gesegnete Bergmanns Hoffnung , Altle Iloffnung Gottes,
etc.) ;
c) au Nord, les exploitations de Sienbenlehn (Romanus, Verei-
nigt-feld), d'Obergrûna et Drehfeld (Emanuel).
Les deux centres d'exploitation principaux sont, aujourd'hui,
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^88 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Himmelfahrt Fundgrube (mines de rAscension) et Himmelfûrst
Fundgrube (mine du prince du ciel), ce dernier exploité réguliè-
ment depuis 300 ans.
Constitution géologique de la contrée. — La région de Freiberg
est presque exclusivement constitués par le gneiss gris, sillonné
par quelques rares traînées de granité, de granulite (gneiss rouge)
et de porphyre. Au Sud, dans le second groupe de mines, on est
encore dans les gneiss ; à la mine Himmelfûrst, on rencontre
cependant des filons de kei*santon dioritique qui recoupent toutes
les roches précédentes, y compris les filons quartzeux anciens.
Au Nord, la mine de Segengottes se trouve, presque en entier,
<]ans le gabbro de Roswein (grûnstein) ; les filons métallifères,
riches dans le gabbro, s'appauvrissent presque toujours dans les
schistes. Auprès de Siebenlehn, on rencontre un autre massif
-de gabbro, séparé du premier par les thonschiefer et qui passe,
par places, à la serpentine. Ce gabbro vient buter contre les
thonschiefer au Nord par une faille contenant de la calcite,
<lu quartz, des pyrites et, souvent aussi, un feldspath orthose
rouge.
Des filons métallifères au point de vue de leur direction et de
l'âge relatif des fentes qu'ils remplissent. — Si Ton jette les yeux
sur une carte représentant les filons de Freiberg et où ces filons
sont distingués par la nature de leur remplissage * (fig. 303),
on remarque d'abord que le remplissage sulfuré à galène ai^enti-
fère, principale richesse de la région, est concentré dans des fentes
<le directions comprises entre 0 et 90' (H^ à H,). Au contraire,
des croiseurs, postérieurs aux filons précédents et de direction
oscillant entre 90 et 160% sont, tantôt simplement stériles, tantôt
remplis de barytine avec accompagnement de fluorine, de miné-
raux cuprifères, de galène pauvre en argent, etc.
Les mineurs distinguent, dans le premier groupe métallifère de
0 à 90°, les filons H„ dits Stehende parce qu'ils sont très inclinés
«t les filons H„ dits Morgen parce qu'ils sont dirigés sur le levant ;
* On trouvera plus loin, pages 592 et suivantes, rexplicationdesteimes par lesquels
sont désignés ces remplissages.
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CHAMPS DE FILONS DE FREIBERG (sAXe) 38»
dans le second groupe, les fllons barytiques H^ dits Spath et les
filons Hj2, peu inclinés, dits Flache.
Dans ces fractures se sont succédé un certain nombre de rem-
plissages, sur lesquels nous aurons à revenir plus loin en détail,
mais dont nous voulons indiquer dès à présent, la composition
d'ensemble, pour pouvoir établir un tableau comparatif de Tâge
dos fractures et de Tâge des remplissages qui en est bien distinct.
Ce sont :
1^ Quartz ancien stannifère Q, accompagnant la granulite, ratta-
ché au dévonien ;
2^ Quartz avec talc et cristaux de mispickel T, peu postérieur
au précédent;
3** Venue sulfurée à galène riche S„ capitale à Freiberg, tan-
tôt exclusivement composée de sulfures, tantôt quartzeuse, tantôt
enfin dolomitique, rattachée autrefois théoriquement aux porphyres
du trias. Elle comprend les groupements minéralogiques nommés:
Tedlequartz formation (formation du quartz noble), la kiesige
formation (formation pyriteuse) et Tedlebraunspath formation
(formation du braunspath noble) ;
4** Venues barytiques (schwerspath formation) et ferrugineuses :
Bj, Fj, B,* considérées très hypothétiquement, d'après des idées
de direction, comme s'étant succédées dans le jurassique et le
crétacé ;
5"* Venues sulfurées à galène pauvre S, et venues barytiques B,'
supposées, par des motifs du même genre, d'âge éocène.
6° Venue calcitique V^ et venue argentifère Vg rattachées au
pliocène : cette dernière, précédée par le soulèvement des Alpes
principales, se retrouvant, avec les mêmes apparences, dans tous
les champs de filons de la Saxe et, particulièrement, à Joa-
chimstahl.
Les intersections et réouvertures de ces divers filons ont été
étudiées avec grand soin par MM. Michel Lévy et Choulette qui ont
résumé les principaux résultats de ce travail dans le tableau sui-
« On retrouvera, plus loin (page 591), ces venues barytiques et ferrugineuses décrites
dans les venues Vj, Va et V4, sous les nomsBi, Fi,B i.
* Voir plus loin, page 591, les venues Ys et Ve.
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590
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
vant, donnant la succession chronologique des fractures avec les
directions correspondantes et leur relation d'âge par rapport aux
remplissages que nous venons de définir *.
ORDRE
chronologique
10
11
12
13
14
15
16
SYSTÈMES
de filons et de failles
H...
H,. .
H.. .
H,. .
H,,..
"7-8
REIIPUSSAGES
Réouvertures EO.
Antérieur à Q
—
à(i
—
àT
—
à S,
—
à Si
—
à S.
—
à S,
àSj
—
à S,
Antérieur à B,
—
àBj
—
àB,
—
à S,
—
àA
Antérieures à A
Postérieurs à S,
— à Bj
— à B,
— à B,
— à B,
Postérieurs à Bj et S,
Des remplissages. — Nous allons énumérer toutes les venues
successives constatées à Freiberg, en donnant quelques indications
sur leur remplissage minéralogique ; nous reviendrons ensuite
sur les deux principales :
Y. Les venues anciennes^ tout à fait accidentelles à Freiberg
comprennent :
Q. Quartz ancien cristallisé, souvent accompagné de mica, cassure à éclat
gras, couleur d'un blanc jaunâtre. Probablement contemporain de la gra-
nulite.
T. Mélange d'un remplissage talqueux, argileux, blanc verdâtre, avec des
cristaux souvent assez développés de mispickel.
V,. La venue sulfurée S^, de beaucoup la plus importante à
1 On trouvera, dans le mémoire cité, p. 184 et suiv., les faits précis qui ont servi
à établir ce tableau.
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CHAMPS DE FILONS DE FREIBER6 (sAXe) 591
Freiberg et sur laquelle nous reviendrons plus loin', s'y présente,
dans tous les filons anciens, y compris les H, et se compose géné-
ralement de quelques-uns des remplissages suivants :
1 . Quartz ancien grenu, à cassure grisâtre, avec pyrite et mispickel.
2. Mélange caractéristique de blende noire, galène, pyrite (fer et cuivre) et
mispickel, paraissant s'être succédé dans l'ordre : blende, galène à 1,5 ou
2 p. 1000 d'argent, pyrites.
3. Quartz coupeur blanc, à éclat laiteux, en veinules.
4. Manganèse carbonate et dolomie rose.
5. Quartz cristallisé vitreux, avec mouches de galène contenant jusqu'à
5 millièmes d'argent et traînées plus rares de mispickel, de blende brune, de
tétraédite, d'argent rouge et d'argent sulfuré.
6. Dolomie plus récente rose, rouge ou jaune.
Nous dirons, bientôt, que cette venue sulfurée S, comprend
3 groupes principaux : Edlequartz formation, Kiesige formation,
Edlebraunspath formation.
Vj. La venue bary tique B^ remplit les filons Hg^ et, quelquefois,
les Hg réouverts. Elle rejette constamment les remplissages S,.
Elle contient : .
Baryte sulfatée blanche ou rouge, à grandes faces de clivage, généralement
seule, quelquefois accompagnée de quartz grenu grisâtre avec mouches de
galène, bournonite, cuivre gris.
V3. La venue ferrugineuse F, (quartz et hématite) est rare à Frei-
berg.
V^. La venue barytique B^, avec fluorine et hématite rouge, se
présente dans les filons H,o. Elle comprend de la fluorine, parfois
un peu de sidérose et des minéraux cuprifères, cuivre gris, cuivre
pyriteux et de Thématite rouge.
Vj. La venue sulfurée à galène pauvre S,, avec quartz et fluorine,
ne se trouve guère que dans les réouvertures H^.,.
Vg. LdL venue barytique B3 remplit des réouvertures des H^.,, déjà
incrustées à la venue S,. Elle comprend, outre la barytine, de la
fluorine et des lits intercalés de marcassite et de galène.
V7. Vemœ de calcite C. Le calcite se présente à Freiberg avec des
âges très diflerents et, notamment, près des grûnsteins, il doit y en
avoir de très anciennes; mais sa venue principale est, au contraire,
• Page 592.
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592 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
très récente. La pechblende et Tarsenic natif lui sont parfois associés.
Vg. Venue argentifère A. Minéraux d'argent en druses, au croi-
sement des filons récents réouverts par les dernières secousses E.-O.,
avec les anciens filons à remplissage S,.
Nous allons insister un peu sur ces diverses venues, en particu-
lier sur les deux venues les plus importantes au point de vue
métallifère : la venue sulfurée ancienne S, et V,, la venue argenti-
fère A, ainsi que sur leurs relations avec les venues intermédiaires.
Description de la venue Sj. — Les différents minéraux, qui
composent la venue S^ et que nous avons mentionnés plus haut',
se trouvent rarement tous ensemble dans les mêmes ûlons; mais
ils forment volontiers certains groupements caractéristiques aux-
quels les mineurs allemands ont donné des noms spéciaux :
1** \JEdlequartz formation (quartz noble) comprend lassocia-
tion des quartz grenus, laiteux et cristallisés de la venue V,,
avec mispickel et minéraux ai^entifères. On y rencontre souvent,
en outre, les sulfures (2) décrits* dans la venue V„ qui sont alors
plus argentifères que de coutume et quelquefois la dolomie (6).
L'edlequartz formation parait surtout au Nord et au Nord^Ouest
de Freiberg ; presque exclusivement quartzeuse près des épan-
chements porphyriques de Braunsdorf, elle est accompagnée, dans
le gabbro de Siebenlehn, par une puissante formation de calcite,
qui parait surtout en réouverture dans les fractures H,.
Un filon de ce groupe comprend, par exemple, à la mine Gese-
gnele Bergmanns-Hoffnung, à Braunsdorf, les associations sui-
vantes :
a. Quartz ancien de la venue S, et blende noire (1 et 2) ;
b. Quartz récent (S), cristallisé dans les druses et contenant,
dans ses cassures, de Targent rouge et de la pyrite.
On voit, sur la figure 304, le gneiss rouge {^) traversé d'abord
par la blende [Zns) avec quartz laiteux; puis, recoupant celui-ci,
le quartz récent à druses argentifères (Q), avec fluorine (CaFI).
Ailleurs, un filon puissant et composé d'un grand nombre de
« Page 589.
* Les chiffres 1, 2,3, etc., de ce paragraphe sur la venue Si se rapportent aux alinéas
correspondants dans la description de la venue Vi.
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CHAMP DE FILONS DE FREIBERG (sAXe) 593
veines en faisceau, le filon H^, Krebs mgg. à Segengottes (fig. 305)
offre, dans chacune de ses veines, les remplissages suivants :
a. Quartz ancien (1) ;
b. Sulfures métallifères (2) (pyrite dominante. S,) intimement liés
au quartz précédent ;
c. Au centre, dolomie jaunâtre (6) contenant des morceaux cas-
sés à angles aigus du remplissage précédent;
rf. Parfois, sur la dolomie, des filets de fluorine avec enduits
cuivreux.
L'ensemble est coupé par une faille béante H,o (157'').
Zn;» (P Zjis
_ Kreàt "^93-
Fig. 304. — Freiberg. Gesegnele Fig. 305. — Freiberg, Segen Gottes.
Bergmanns. Hoffnung.
La figure 305 montre le filou rejeté par cette faille et renfer-
mant, sur ses épontes, les sulfures (2) (SJ : au centre, la dolomie (6).
2^ La Kiesige formation (formation pyriteuse) présente une asso-
ciation des quartz et sulfures (1, 2, 3), fréquemment accompagnée
parla dolomie (6). Ce qui la distingue de TEdlequartz formation, c'est
principalement l'absence des quartz (5) à minéraux argentifères.
Cette formation paraît surtout dans les environs immédiats de
Freiberg, en particulier à Himmelfahrt, où le filon Frischglûçk
nous présente le remplissage suivant :
a. Blende noire et galène à reflets foncés (2) ;
b. Veines multiples de pyrite de fer coupant les sulfures a ;
c. Quartz blanc laiteux (3) en large bande de réouverture.
Ailleurs, à TErzengel mgg. Hq.,, on trouve un terme de plus,
le quartz (i). On a alors (fig. 306) :
a. Quartz grenu ou gras à cristaux de mispickel (1);
é. Blende noire avec veinules de galène plus récente (2) ;
c. Mispickel massif, quartz, mouches de pyrites et de galène (2);
GEOLOGIE. — T. H.
38
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594
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
d. Quartz blanc laiteux (3) avec druses de cristaux de calcite et
veinules de braunspath rose.
Cette kiesige formation se trouve aussi dans les mines du Nord
(Gersdorf, Braunsdorf) et do-
mine dans les filons des mines
du Sud, où elle est en relation
avec la Braunspath formation.
Dans les mines Morgenstern
et Friedrich (à l'Est de Frei-
berg) , elle présente une ri-
chesse inaccoutumée en pyrite
cuivreuse.
3^ L'Edle braunspath forma-
tion (braunspath noble) com-
prend l'association des sulfures, quartz et carbonates (4,5,6), fré-
quemment accompagnés des venues 1 et 2, c'est-à-dire que les
dernières venues de manganèse carbonate, dolomie et quartz
cristallisé y présentent un caractère dominant.
On la rencontre surtout au Sud et au Sud-Ouest de Freiberg;
ainsi la mine Beschert Gluck, entre Freiberg et Brand, en offre des
exemples remarquables formés de :
a. Mélange de quartz ancien (1) avec blende noire et pyrites;
b, Dolomie rose avec délits pyriteux et galénifères ;
c Blende dolomitique jaunâtre avec infiltrations quartzeuses.
Fig. 306. — (Figurés de la figure 309.)
Freiberg, Himmelfahrt, filon Erzeogei.
Description des venues intermédiaires entre Vi et V.. — Passons
maintenant aux venues postérieures à S„ qui sont venues dislo-
quer et compliquer cette formation.
Nous avons d'abord les venues barytiqueSy ferrugineuses et fluo-
rées, F„ F, et V^, qui, à Freiberg, recoupent constamment les
filons Sj. Nous en citerons seulement un exemple (fig. 307 et 308).
Ces figures montrent un ancien filon, Abraham St, à remplis-
sage Sj qui était compris dans des fractures H3 et H^ (fig. 307),
rejeté par un filon barytique B, (Neue Hofïnung), de direction
Hg^, qui a réouvert l'ancienne fracture Hg et même des fractures H,.
L'Abraham St. comprend :
a. Galène (2) avec mouches de pyrite et de mispickel ;
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CHAMP DE FILONS DE FREIBERG (sAXE)
b. Veinule de quartz plus récent (3).
595
Fig. 307. — Freiberp, Himmelfabrl.
Pilon ayant la réouTerture«
Fig. 308. — Freiberg, Himmelfahrt.
Filon après la réouTerture.
Le Neue Hoffnung est formé uniquement de barytine rouge
compacte à grands
cristaux.
Dans les H^ ré-
ouverts, on cons-
tate :
a. Quartz et
blende noire (1
et 2);
b. Veinule de
galène 2 ;
c. Barytine
blanche massive;
d. Fluorine.
Puis nous trou-
g>gEMa 0mgrkcùùimM> fiP^^ Quarte snuaMrvûU
S'I
F^ QUek^
Fig. 309. — Freiberg, Churprinz (drei Prinzen Sp.).
VOUS les venues sulfurées S, et bary tiques B, (Vj et V^).
Le remplissage sulfuré S, ne se présente, avec uno certaine
abondance, près de Freiberg, que dans le fllon Drei Prinzen sp. de
la mine Churprinz (fig. 309).
Ce filon (ancien H^ réouvert) est très irrégulièrement rempli ; sa
puissance, parfois considérable, peut atteindre 6 mètres ; il se com-
pose alors d'un faisceau de veines parallèles, incrustées de la
même façon et contenant :
a Un quartz grenu saccharoïde avec druses et mouches de fluo-
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5'^ G£OLOGIK APPLIQLÉE
rioe, masses clivables brillantes de galène foncée et noyaux de cal-
cédoine, accompagnés de paillettes de blende jaunâtre V^.
b. Des alternances, souvent très nombreuses, de barytine con-
crétionnée jaunâtre, de fluorine grenue, de marcassite et de galène
Gbreuse en minces délits et en rognons (V,). Ce remplissage (b)
enveloppe et contourne, par places, des morceaux concassés du
précédent.
Quant à la venue de calcile K„ elle se montre assez fréquemment
à Siebenlehn, où elle a réouveK les filons H,. Elle parait nettement
postérieure aux banrtes.
Deicription de la venue argentifère V|. — La venue argentifère
récente, présente, au point de vue de Texploitation, une très
grande importance à Freiberg; elle produit environ le tiers de
Targent qui sort des usines et a souvent formé des amas contenant
plus de 8 000 francs de ce métal au mètre cube.
Cette venue se trouve principalement au croisement des filons
réouverts, barytiques ou stériles, avec les filons de remplissage S,
et, en général, dans la réouverture des croiseurs. Ainsi, dans la
mine Himmelfabrt, au croisement du Ludiwg Sp/ H, (remplissage
S,) avec le Ludwig Sp. H, réouvert (remplissage B,), on a trouvé,
sur une hauteur d'environ 50 mètres, et principalement dans le
croiseur H^, un amas de minerais argentifères dont la valeur a
dépassé 5 millions de francs.
Il se composait principalement d' aident rouge antimonial et
arsenical, argent sulfuré, argent natif, le tout associé à une
dolomie récente; Tamas s'est terminé, en haut et en bas, par des
masses de galène pauvre, reposant directement sur la barytine Bj.
Action des roches encaissantes sur les filons. — Si nous cher-
chons Vaction des roches encaissantes sur les filons, nous trouvons
les faits suivants :
V En ce qui concerne les effets chimiques, les sulfures métalli-
fères de la venue S, semblent exister à Tétat de mélange intime et
d'élément constituant de la roche dans certains grunsteins de la
Saxe, dont ils paraissent dériver directement, dans les felsitfels de
Braunsdorf et les porphyres de Brand. Les mines voisines des
* Sp.: AhréTiation de Spalt, ûlon^
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CHAMP DE FILONS DE FREIBERG (sAXe) o97
massifs de grûnsteins (Obergrûna, Sieberlehn, Roswein, Brand)
se fonl, en général, remarquer par Tabondance de la dolomie et
par renrichissement en argent (edlequartz formation, braun-
spath formation). Au voisinage des felsitfels de Braunsdorf, s'est
trouvé jadis un des centres les plus riches en argent ; les Glons
y étaient quartzeux et très argentifères.
2"" En ce qui concerne les effets mécaniques, lorsque les filons
pénètrent dans la granulite (roche trop compacte), ils perdent
généralement de leur puissance et se transforment en veines
étroites. Ils s'appauvrissent, de même, pour une raison contraire,
dans les roches trop friables ou trop grasses (gneiss trop micacés,
serpentines, thonschiefer) ; la roche qui leur convient le mieux
est surtout le gneiss rouge.
3** Un phénomène constant d'enrichissement se produit à la
rencontre du contact de deux formations sédimentaires ou érup-
tives entre elles : ainsi, à Segengotles, entre le grQnstein et les
thonschiefer ; à Himmelfurst, au contact des micaschistes grena-
tifères et du gneiss, etc..
Production des mines de Freiberg. — Nous terminerons par
quelques renseignements industriels sur le groupe principal de
ces mines de Freiberg, celui d*Himmelfahrt :
La mine est aménagée par puits et galeries d'allongement. Les
puits ayant été foncés peu à peu au cours des découvertes, on
se trouve, comme dans toutes les anciennes entreprises, en pré-
sence d'un édiflce exécuté, non pas d'un coup, d'après un plan
d'ensemble, mais successivement par pièces et morceaux.
En 1881, les puits du district d'Himmelfahrt étaient au nombre
de 15 : les plus anciens, situés dans les filons Stehende, inclinés
dans le plan du filon ; les plus récents, verticaux.
La méthode d'exploitation est celle des gradins renversés. Les
filons étant très minces (0™,20 de puissance en moyenne), on est
toujours forcé d'abattre une partie du toit. La descente des hommes
est faite ordinairement par des fahrkunst. Jusqu'à ces dernières
années, tous les moteurs employés à Freiberg, comme dans le
Harz, étaient hydrauliques.
D'après M. de Bonnard, les mines de Freiberg occupaient.
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508
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
en 1808 » 5 000 ouvriers et produisaient annuellement environ
12 tonnes d'argent.
En 1867-68, elles ont employé 7 500 ouvriers et contremaîtres,
et produit 31 500 tonnes de minerai préparé qui, à leur tour,
ont donné :
30 tonnes, 520 kilogrammes d'argent.
4 530 — — de plomb.
69
— de cuivre.
586
—
— de zinc.
6 kilogrammes de nickel et cobalt.
300
—
— d*arsenic.
1400
—
— de soufre.
Le tout représentant une valeur d'environ 6 292 000 francs.
Plus tard, en 1885, les filons de la venue métallifère S, ont pro-
duit 33 500 tonnes de minerai qui, par la préparation, ont donné
11 166 tonnes de minerai lavé, soit 33 p. 100 du minerai brut.
Les filons de la formation bary tique ont donné, en cette même
année, pour 502 tonnes de minerai brut : 84 tonnes de minerai
lavé et 4 000 tonnes de sulfate de baryte.
Enfin, en 1891, on a le tableau suivant, qui s'applique égale-
ment aux districts d'Altenberg, de Marienberg (comprenant
Annaberg, Geyer, Ehrenfriedersdorf) et de Schwarzenberg
(Oberwiesenthal, Scheibenbei^, Johanngeorgensladt, Eibenstock,
Schneeberg, Vogtsberg, etc.).
Miaerait d'argent
riches, galènes,
blendes et pyrites
de caiTre argenti-
fères
Mispickcl , pyrites
de fer et de cuivre.
BLende non argen-
tifère
Minerais de bis-
muth, nickel et
cobalt
Wolfram
Minerai de fer . .
Minerai d'étain . .
Barytine
Fluorine
Produits dirert. .
Totaux. .
DISTRICT DE
FREIBERQ
Tonnes
24 665
5 562
781
Francs
5 597 000
86 700
18 200
6 600
42 000
5 750 500
DISTRICT
D*ALTENBBRG
Tonnes
285
1,232
42,045
;264
50
Francs
Tonnes
2000
24 600
40 000
128 000
1 14 000
65 500
375 000
DISTRICT DE
MARIENBERG
97
2,77
Francs
42 000
2 000
2 000
46 000
DISTRICT DE
SCBWAaSKNBBaO
Toones
12
322
180
286
5 894
»
30
2 353
Francs
50 000
10 000
15 400
705 000
57 000
230
22 600
1 770
862 000
Résuyé
Tonnes
24 775
6 171
961
S90
42,045
14 158
50
5fl
2 353
Francs
5 690 000
98 700
33 6O0
731600
40 900
185 000
114 000
6 890
22 6O0
6 873
I
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CHAMP DE FILONS DE MARIENBERG (sAXE) 599
Le traitement métallurgique a été décrit, dans divers mémoires,
par MM. A. Garnot, Grand, Gapacci, etc.. Un point intéressant
est Texistence d'une usine spéciale pour les produits arsenicaux
fournissant : 1** arsenic métallique; 2** réalgar; 3** acide arsé-
nique.
On produit également une certaine quantité de bismuth et d'al-
liage de plomb et d'antimoine pour imprimerie.
En 1878 et 1891, les usines de Freiberg ont fourni :
Or
Argent
Sulfate de cuivre ....
Bismuth
Speiss
ZlDC
Plomb marchand, antimo-
nieux, stanneux, etc. •
Plomb de chasse ....
Feuilles de plomb. . . .
Tuyaux de plomb. • . .
Acide sulfurique
Sulfate de fer et sulfate de
soude
Produits arsenicaux. . .
1878
QUANTITÉ
EN KILOGRAUMES
0,437
36 708
i 545 ^39
1066
7 375
320 703
3 852 954
111218
455 180
685 023
1 153 229
806 772
1 020 244
VALEUR
EN FRANCS
479 633
7 150 962
704 128
18 699
5 734
136 776
1 58Î 917
59 778
200 389
311 389
48 545
661 358
354 257
11714 565
1891
QUANTITÉS EN KILOS
Giine :
0,2864
34 499, 112
18 400
970
317 000
4 253 000
SHfre : 4 618 000
461000
B. — MARIENBERG
Les environs de Marienberg sont constitués par du gneiss gris
que recoupent des filons de grûnstein et de microgranulite.
L'exploitation de ce champ fîlonien date du xvi® siècle ; on y a
connu des filons d'étain ; en 1870, les travaux étaient déjà reS"
treinls à la partie N.-O., entre Marienberg et Wolkenstein; la
mine n'occupait alors qu'une centaine de mineurs et produisait
surtout des minerais d'aiçent avec un peu de bismuth, de cobalt
et de nickel.
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Fig. 310. — Plan des filons d'Annaberg (d'après M. Michel Lévy et Choulelte).
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CHAMP DE FILONS d'aNNABERG (sAXe) 60i
La venue argentifère parait là concentrée dans les réouvertures
H, et, à leur voisinage, dans les filons H^^ ; elle se compose prin-
cipalement d'argent rouge, sulfuré et natif, quelquefois de galène
riche.
C. — ANNABERG
Filons à remplissage bary tique et fluoré {V^.^ de Freibei^g).
La ville d'Annaberg (fig. 310) est située au pied du Pôhlberg
et à rOuest de ce dôme basaltique ; elle se trouve, elle-même,,
bâtie sur un escarpement de gneiss.
Les filons, jadis exploités pour minerais d'argent, d'urane, de
cobalt, nickel, bismuth et cuivre sont, en partie, abandonnés. En
1870, ils n'occupaient déjà plus qu'une soixantaine de mineurs.
En 1891, les seuls travaux ont porté sur THimmelfahrt Fund-
grube, d'où 10 ouvriers ont extrait 26 tonnes de minerai d'argent
et 3 tonnes de bismuth.
Tous contiennent, sans exception, les uns à l'état de remplissage
continu, les autres par places et en colonnes, une belle venue, carac-
téristique ici, de fluorine et barytine avec quartz qui rappelle les
venues V, et V^ de Freiberg. On y trouve rarement les remplis-
sages plus anciens de Freiberg (roche talqueuse et mispickel T;
Kiesige formation VJ, ou les venues plus récentes (galène pauvre
avec minéraux de cobalt, nickel et bismuth et dolomie Y^; for-
mation uranifère et argentifère Vg).
Les directions principales de fractures sont les suivantes, les
deux directions H,^ et Hj.^, étant, de beaucoup, les plus impor-
tantes :
Hg^ — Vj, V^ / à Freiberg^ H,^ est postérieur à Vj, antérieur à V,
Hjo ~ V„ V^ j — H,o est postérieur à V„ antérieur à V^
H7 — Vj i — H7 est postérieur à Vj, antérieur à Vg
Hj.^ — Vg \ — Vg est concentré dans les réouvertures Hg
En résumé, les remplissages d'Annaberg présentent, au point
de vue de leurs directions et de leur remplissage, une grande
analogie avec les filons correspondants de Freiberg ; mais leur
importance relative est très différente :
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602 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
A Annaberg, on n'attache aucune importance à la Eaesige for-
mation Vj, et c'est la venue V^-V^ qui intéresse seule. Celle-ci se
présente, pour ainsi dire, avec un aspect particulier dans chacun
des filons où on Ta suivie.
Donnons-en quelques types :
1"* Silbermûhle fl. H^^. La fluorine y domine en masses et gros
cristaux, verts, jaunes, violets, etc.. L'association complète est
la suivante :
a. Rother Horn plus ou moins concassé ;
b. Fluorine de toutes couleurs avec mouches de cuivre pyriteux,
transformé en cuivre gris à la périphérie ;
c. Barytine compacte à petites facettes.
2** Getreu Nachbachschafter fl. H^^^. Ici le remplissage est nette-
ment rubané et d'un aspect poreux très caractéristique. Il pré-
sente, en général, côte à côte, deux zones. Tune quartzeuse,
l'autre bar y tique.
a. Zone quartzeuse :
a. Rolher Horn ; quartz grenu rougeâtre en double bande sur
les bords de la zone, avec filets d'un rouge mat aux limites de
séparation.
b. Ce même Rother Horn se trouve, en morceaux cassés, dans
un quartz cristallisé vitreux, qui forme le cœur de la zone a et dont
les druses renferment certains minéraux de la zone ^.
p. Zone barytique :
a. Barytine blanche opaque en tables ;
b. Dolomie ferrugineuse jaune miel et fer carbonate en mouches
cristallisées soulevant les tables brisées de la barytine et se mélan-
geant intimement avec une fluorine verdâtre et des mouches de
cuivre gris et pyriteux.
Quant à la venue argentifère Yg, elle consiste principalement, à
Annaberg, en argent rouge, sulfuré et natif; on l'a trouvée, dans les
filons Ho.j, Hj, H,o, à leurs croisements avec certaines failles H,^ :
ainsi le Leipsiger St., à son intersection avec l'Elisabeth m^, a
contenu, sur 20 mètres de long et 15 mètres de hauteur, des mine-
rais argentifères pour une valeur de 60 000 francs.
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CHAMP DE FILONS DE SGHNEEBERG (sAXe) 603
D. — SGHNEEBERG*
Remplissage sulfuré jeune, principalement cobaltifère,
(Fj de Freiberg.)
Le district de Scbneebei^ est situé au milieu de FErzgebirge,
sur le versant Nord de cette chaîne de montagnes; il comprend
des mines considérables de cobalt, concentrées toutes au voisinage
de Schneebei^ ; les filons qu'elles exploitent appartiennent eux-
mêmes à un champ de cassures plus vaste, s'étendant jusqu'à
Schwarzemberg, au Sud-Est et jusqu'à Eibenstock, au Sud-Ouest.
L'exploitation des mines de cobalt à Schneeberg, après s'être
ralentie au commencement du siècle, avait repris, en 1870, une
certaine activité ; les mines principales s'échelonnaient alors,
au Sud-Ouest de Schneeberg, dans Tordre suivant : mines Weisser
Hirsch, Gesellschafter Zug, Sieben Schleen, Adam Heber et
Wolfgang Maasen. Le nombre des ouvriers occupés était alors de
900 ; la production, en 1870, était de :
212 tonnes de minerais de cobalt, valeur. . 258 000 francs.
0 1. 166 d'argent métallique — . . 33 700 —
8 t. 300 de nickel métallique — . • . 37 500 —
14 tonnes de bismuth métallique — . . 367 000 —
696 200 francs.
En 1891, les seules exploitations notables du district ont porté
sur le Schneeberger kobaltfeld de Neustàdtel (600 ouvriers), où
Ton a extrait : 12 tonnes de minerais d'argent valant 50000 francs
et 266 tonnes de minerais de cobalt, nickel et bismuth représen-
tant une valeur totale de 647 000 francs. En 1888, la valeur créée
correspondante était de 788 000 francs ; en 1889, de 590 760 francs.
Les filons de Schneeberg sont situés au milieu des micaschistes
el des schistes argileux qui forment la frontière Ouest du massif
de gneiss de la Saxe, dans une portion de ces micaschistes com-
prise entre les granulites d'Oberschlema et d'Eibenstock, dont les
travaux ont montré la jonction en profondeur. Ces granulites ont
* Voir page 82.
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604 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
exercé, sur les schistes, un métamorphisme notable. Ceux-ci sont,
en outre, recoupés par des grûnsteins et des kersantons.
Les filons métallifères comprennent les groupes suivants :
i^ Q. . . Quartz ancien et mica;
2<> S, . . Venue sulfurée ancienne V, ;
3<* F, . . Venue ferrugineuse V, ;
4*' B. . . Venue barylique V^ ;
5<» S, . . Venue arsenio-sulfurée jeune Vg ;
6<> C. . . Venue de dolomie et calcite V, ;
7» A. . . Venue argentifère V, ;
Les filons antérieurs à la venue S, présentent deux directions.
Tune généralement stérile H„ l'autre, au contraire, importante, H,
(filons K^nig David, Saint-Michael, Roland, etc.).
Si nous laissons de côté quelques directions sans intérêt, les
filons récents forment un groupe entre H^ et H,^^. Contrairement
à ce qui se passe à Freiberg, ce sont eux qui dominent ici.
La venue arsenio-sulfurée S„ qui présente ces directions, com-
prend l'association suivante :
l"" Quartz cristallin translucide, à cassure saccharoïde, tout à
fait caractéristique (zuckerquartz des Allemands) ;
2® Arsenio-sulfures de cobalt et de nickel en veinules ou en
grains mêlés au quartz cristallin ;
3"* Bismuth natif en feuilles, ou en baguettes, accompagné, à
l'occasion, d'un quartz bleuâtre ou noirâtre ;
4"* Galène, apparaissant parfois seule dans les régions stériles
des filons de cobalt ; blende jaunâtre ;
5^ Minéraux autimonifères.
On rencontre, à l'occasion, dans des filons E^tBI Hj^^, cette venue
cobaltifëre S, recoupant nettement une première formation métal-
lifère S„ rattachée à la Kiesige Formation de Freiberg.
Si Ton se borne à la venue S, cobaltifère elle-même, ses carac-
tères sont remarquablement constants.
M. Michel Lévy a fait ressortir quelques rapprochements entre
ce champ de filons et celui de Freiberg, très distinct au premier
abord. La même série de venues s'y retrouve ; mais leur impor-
tance est loin d'être la même :
l'^ La première venue de quartz et sulfures S^ existe également.
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CHAMP D£ FILONS DE JOACHIMSTHAL (bOHÉMe) 605
dans les deux cas, en filons H, et H3 ; mais, à Freiberg, les sul-
fures dominent et sont exploités; à Schneeberg, le quartz stérile
constitue la masse ;
2^ La venue barytique B^ de Freiberg et Marienbei^ est peu
importante ; à Schneeberg, au contraire, la venue ferrugineuse Fj
prend, près d'Eibenstock, un développement exceptionnel ;
3® Les venues barytique B, et fluorée R,, abondantes à Freiberg,
sont assez rares à Schneeberg ; en revanche, les minerais de cobalt
se développent en ce dernier centre ;
4"" Les venues de calcite et d'argent sont, à peu près, les mêmes
dans les deux cas.
Au point de vue de Vinfluence des roches encaissantes^ on peut
remarquer les faits suivants :
Les filons anciens sont exclusivement quartzeux et argileux
dans les schistes argileux; ils se chargent de quartz et galène dans
les micaschistes et, à l'occasion, de cuivre dans les granités
(mine Kônig David).
Les filons d'hématite rouge F^ sont exclusivement riches dans
le granité et deviennent stériles dans le schiste ^
Quant au cobalt, on ne voit pas que la traversée des grtinsteins
ni de toute autre roche ait une influence. La venue cobaltifère,
importante à Schneeberg, disparait à une certaine distance,
quoiqu'on reste dans les mêmes couches.
Au passage des schistes dans le granité, il se produit quelques
faits à noter. La veine Adam Heber fl. contient de l'hématite et
peu de cobalt, dans le granité ; dans les schistes voisins, elle
s'est rouverte pour laisser apparaître la venue cobaltifère dont le
quartz accompagnant a seul pénétré dans la portion granitique.
E. — JOACHIMSTHAL
Remplissage argentifère récent y avec pechblende. (Fg de Freiberg.)
Joachimsthal est situé dans la Bohême allemande, à 16 kilo-
mètres au Nord de Carlsbad, sur le versant Sud et à peu près au
* Un de ces ûlons est i*ejeté par un dyke de basalte.
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606
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
milieu de la chaîne de TErzgebirge, à 4 kilomètres de la ligne
de faite du massif.
Les premiers travaux remontent au xif siècle ; ils ont été, au
début, assez faciles, les affleurements des fiions se trouvant sur
une colline d'environ 400 mètres de hauteur, qui domine la vallée
de Joachimsthal, en sorte que l'extraction et l'épuisement deve-
naient très simples.
Lies mines les plus importantes (districts Einigkeit et Elias)
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Fig. 311. — Plan des mines de Joachimslhal (d*après MM. Michel Lévy et Ghoulette).
i. QjarU ancien. » 3, Tenue ferrugineuse. >-3. Venue sulfurée. >- 4. Venue de TuraBe.
5. Venue argentifère.
appartiennent à l'Etat. Une petite société privée exploite aux
environs, à Dûrnberg, une mine d'Urane*.
L'ensemble produisait, en 1866 :
kg Pb Ou Ni Bis T
0,254 t. 49 t. 12 t. 2,500 t. 4,800 t. 0,022 t.
U«0* Cob
3,640 t. 0,448 t.
* Voir page 181,
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CHAMP DE FILONS DE J0ACHIM8THAL (bOHÊMe) 607
Actuellement la production représente environ 40 000 francs
d'argent et 4 à 5 000 kilogrammes de sels d'urane par an.
Les filons de Joachimsthal sont situés dans les micaschistes qui
enveloppent le grand massif de gneiss de la Saxe. Ces micaschistes
renferment, à la mine Einigkeit, un banc de cipolin. On y trouve,
en outre, des intercalations d'amphibolite avec magnétite, et des
niveaux à scapolite. Les roches éruptives sont représentées par
trois dykes de grunstein amphibolique, des porphyres, des basaltes
et des phonolithes.
Les Qlons métallifères offrent, à la fois, les caractères des filons
de cobalt, nickel et bismuth de Schneeberg et ceux des filons
d'argent de la Saxe; ils contiennent, de plus, en proportion
assez notable, un minéral assez rare ailleurs, la pechblende.
Parmi les filons exploités, nous citerons :
L'Hildebrand Gang ayant donné, de 1882 à 1889, 200 tonnes
de minerai contenant 1 300 kilogrammes d'argent, 5 592 kilo-
grammes d'oxyde d'urane, 540 de bismuth et 1 484 d'arsenic, pour
une valeur totale de 460 000 francs ;
Le Geister Gang, exploité jusqu'à 407 mètres de profondeur ;
Le Widersinniger Gang, où Ton a trouvé, dans ces derniers
temps, des minerais très riches, le mètre carré de surface de filon
représentant, en 1889, plus de 600 francs ;
En ce qui concerne les directions, le champ est loin de présenter
la complication de ceux de Freiberg ; il est possible que la cons-
tance d'allure des schistes encaissants y soit pour quelque chose.
Les phénomènes de réouverture s'y présentent avec une netteté
toute particulière et ne sont pas sans introduire quelque difficulté
dans l'appréciation de l'ordre des remplissages.
Le remplissage est essentiellement argileux et constitué par
des débris des schistes encaissants, au milieu desquels les minerais
sont très irrégulièrement répartis, sans jamais former de filons
rubanés. On distingue les venues suivantes :
Vj quartz ancien laiteux, en masses dans les micaschistes, rare
dans les filons dont il annonce l'appauvrissement ;
V, quartz ferrugineux, ou rother horn, constituant le premier
remplissage des fractures et apparaissant souvent en débris dans
les remplissages suivants;
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608 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
V,. Venue de cobalt, nickel et bismuth avec gangue de quartz
cristallin saccbaroïde ; le bismuth natif domine avec la smaltine ;
on trouve, en outre, de la nickeline et de la pyrite. Les veines,
réparties dans l'argile, sont minces (jamais plus de quelques cen-
timètres) et irrégulières;
V7. La venue de Turane (pechblende), très particulière à Joa-
chimsthal, a rempli surtout la veine Francisci H, (mine Dûrnberg),
où la pechblende se trouve dans l'argile en veines de plusieurs
centimètres. En dehors de la pyrite et de la galène, elle a, pour
satellite caractéristique et constant, la calcite rouge qui, de son
côté, n'est pas toujours accompagnée d'urane. C'est la seule for-
mation deJoachimsthal qui soit concrétionnée. Elle recoupe nette-
ment le cobalt V,;
Vg. La venue d'argent est importante. Les minerais d'argent,
argent natif, argentite, pyrargyrite sont surtout à l'état d'impré-
gnation, rarement en veinules. On les rencontre souvent en
masses noirâtres, poreuses (silherschwàrze) contenant de petits
cristaux et affectant une disposition en colonnes isolées, déjà
remarquable pour l'argent à Freiberg.
En résumé, les minerais utilisés sont des minerais d'argent, de
cobalt et de nickel, de bismuth et d'urane.
M. Seifert 'a retrouvé, en analysant les roches au voisinage :
dans les micaschistes, du cuivre, du nickel et du cobalt; dans les
schistes à scapolite, de l'urane ; dans les porphyres, du cuivre et
du plomb; les calcaires, au contraire, ne renferment aucune ti*ace
de métaux.
Cependant le cipolin, compris dans les micaschistes, a produit, à
son voisinage, un enrichissement notable en argent. Cette affinité
de l'aident pour la chaux semble, comme nous l'avons déjà fait
remarquer, se manifester assez fréquemment.
Enfin, comme réouverture postérieure à l'argent, il y a lieu de
signaler des glissements qui paraissent en relation avec les sources
thermales des environs (Carlsbad, Teplitz); en approfondissant
au-dessous du douzième étage, 540 mètres, le puits Einigkeit, foncé
dans le filon Geschieber à plongement vertical, on a rencontré, au
sein de cette veine, une source thermale qui s'est élevée de
200 mètres dans le puits en inondant tous les travaux du dou-
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CHAMPS DB FILONS DE LA SAXE 609
zième étage ; ce n'est qu'au bout de deux ans d'épuisement qu'on
est parvenu à s'en rendre maître.
Bibliographie.
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VoGBLGBSANC. — Die Erzlagerstâttcn sûdôst von Freiberg. {Gangslu-
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Gângen.
1856. V. Beust. — Die Erzgangziige im Sachs. Erzgebirge.
1856. VoGL. — Gangverhâltnisse und minerai Reichthum Joachimsthals.
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t. XVIII, p. 649.)
1859. VON CoTTA. — Uber die Ërzfûhrung der Freiberger Gange.
1859. VON CoTTA. — DieErzzonen im Sachsigen Erzgebirge. (B. m. U, Z.)
1863. MÛLLER. — (Berg. und Hût. Zeit., 1^ juillet 1863.)
Geinitz. — Bassins houiUers de la Saxe.
1866. Garte de Freiberg par Weinhold, complétée par Mûller.
Oppe. — Gangstudien.
1869. Jahrb. f. d. B. u. H. M. (Statistique de Freiberg.)
1869. FoRSTER. — District d*Himmelfûrst.
• 1870. Michel LÉVY et Choolette. — Champs de filons de la Saxe et de la
Bohême Septentrionale. {Ann, d. Jtf., 6«, t. XVIII, p. 117.)
1870. Frazer. Freiberg smelting process.
1873. V. Deghen. — Die nutzb. Miner, im deutsch. Reich., p. 652.
187 . Wappler. — Technische Fortschrilte und Verbesserungen beim Frei-
berger Bergbau.
1875. Grand. — Sur le traitement métallurgique des minerais à Freiberg.
(Ann. d. M.)
géologie. — T. II. 39
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610 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1876, Laube. — Géologie des Bohmischen Erzgebirges (Prague), l'» partie.
Nedbbrt. — Beilrage zur Ceschichte der Grube Himmelfûrst.
Neubbrt. —Gang Verhâltnisse bei Himmelfûrst Fundgrube.
1879. Groddeck, p. 294.
1883. d'Achiardi. — I minerali, L p. 173.
1884. Fontaine. — Journal de voyage manuscrit à l'École des Mines.
1884. Babaneck. — Erzfûhrung der Joachimsthales Gange. (GEst. Zeit.)
1885. Sandbkrger. — Untersuchungen ûber Erzgànge. Wiesbaden.
1885. Capacci. — Mines de Freiberg. (Cuyper, t. IX, p. 229.) (Avec plan et
coupe des mines d'Himmelfurst.)
Geognostische Ubersichlkarte der Umgebung von Freiberg.
1887. Laube. — Géologie des bohmischen Erzgebirges. 2« partie.
1889. Babaneck. — Die uranhâltigen Skapolit Glimmerschiefer, von Joachims-
thaï. (CEst. Zeit. 1889.)
1889. Davies, p. 85.
* 1891 . V. Friese et Gôbl. — Geol. bergm. Karte nebst Bildern von den Erz-
gângen in Joachimstbal (Wien). 1 vol. avec planches, contenant une biblio-
graphie antérieure.
* 1892. Jahrbuch fur das Berg ûnd Hûttenwesen im Kônigreich Sachsen
(Freiberg). Voir la collection complète de cette publication annuelle.
r GISEMENTS DE PLOMB DANS LES CALCAIRES
AVEC PHÉNOMÈNES DE SUBSTITUTION
Lorsque les eaux métallifères, au lieu de circuler dans des
fentes aux parois inattaquables, sont arrivées dans des calcaires,
elles les ont, en général, imprégnées et progressivement dissoutes
en substituant de la galène à la calcite. Tantôt il s'est formé ainsi
un calcaire à mouches de galène comme celui de Sala (Suède) * ,
comparable aux calcaires blendeux de Malfidano; tantôt des
couches plus continues de galène, comme celles du Laurium et de
divers gisements américains, ou des amas lenticulaires analogues
à ceux de calamine. C'est le cas des gisements européens du Der-
byshire dans le carbonifère, de Littai (Styrie) et de la région alpestre
dans le trias ; c'est ce qui est arrivé également pour de très impor-
tants gîtes américains, probablement d'âge tertiaire, mais con-
centrés : ceux du Haut-Mississipi, dans Tinfrasilurien ; du Wis-
* Il.est souvent difflcile de distinguer, en pratique, ces imprégnations postérieures de
celles qui lésuUent d'une précipiialion contemporaine du dépôt (comme en Silésie).
A Sala, pirticulièrement; le mode de formation est très discutable.
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GÎTE DE PLOMB ARGENTIFÈRE DE SALA (sUÉDE) 6ii
consin et d'Eureka, dans le silurien ; d'Emma Mine et de Leadville^
dans le carbonifère.
Souvent cette galène, au milieu de roches aussi perméables
aux eaux superficielles que les calcaires, a été postérieurement
transformée en carbonate jusqu'à une profondeur assez grande,
dans des conditions que nous avons déjà étudiées à propos
du zinc : ainsi à Leadville, Eurêka, etc. La pyrite, qui accompa-
gnait la galène et s'est changée alors en oxyde de fer, a pu ainsi
produire simultanément , dans quelques gisements des Etats-
Unis, du Mexique, etc., une concentration aurifère dans des ocres
ou des hématites associées aux carbonates.
Enfin, il est arrivé quelquefois, dans les calcaires, que des
grottes, comme il s'en forme encore si souvent aujourd'hui, ont
préexisté à la venue métallifère et ont été remplies par elle. Pour
le zinc, nous avons déjà signalé la possibilité de ce genre de
phénomènes ; pour le plomb, nous en trouverons des exemples à
Raibl, en Garinthie et, d'après M. Lecornu, dans le Derbyshire.
GITE DE PLOMB ARGENTIFÈRE DE SALA (suède) '
Les mines de plomb argentifère de Sala sont situées au Nord
de Stockholm, sur la ligne de Stockholm à Fahlun, entre Upsala
et Norberg.
Leur exploitation remonte au vi** siècle et a eu surtout une
grande activité, il y a deux cents ans. La mine, qui appartenait à
l'Etat, vient d'être revendue, par deux fois, dans ces dernières an-
nées et est actuellement en réorganisation. On estime sa produc-
tion à environ 2 400 tonnes de plomb, tenant jusqu'à 700 grammes
d'argent aux 100 kilogrammes, c'est-à-dire très riche en argent.
Le gisement se compose d'amas de galène argentifère intercalés,
probablement par substitution, au milieu d'une lentille de cal-
caire dolomitique rapportée au terrain primitif, avec enrichisse-
ment le long de certains filons de skolar *.
< Notes de voyage de Tauteur en 1890.
' Cet enrichissement résulte, peut-être, d*dctions analogues à celles que nous étudie-
rons pour les fahlbandes de Kougsberg.
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612 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La région comprend : à FOuest et au Nord, des gneiss amphibo-
liques contenant un peu d'oxyde de fer, qui parfois est exploité ;
à TEst, des schistes talqueux limités par du granité ; entre ces deux
formations, une lentille calcaire, dirigée du S.-S.-O. au N.-N.-E., de
10 kilomètres de long et d^une épaisseur maxima de 3 600 mètres.
Ce calcaire se présente avec des alternances de couches grenues
et saccharoïdes contenant des minerais et des couches lamelleuses
stériles. Le calcaire grenu métallifère est riche en magnésie ^ on
y trouve des feuillets micacés, qui ressemblent à des alternances
(très irrégulières) de micaschiste, du talc, de Tamphibole et de la
serpentine.
A travers le massif calcaire, il existe, en dehors des minerais
(dont nous parlerons en dernier lieu), un certain nombre de filons
de natures diverses.
Ce sont, tout d'abord, des veines dites skàl ou skàlar^ qui se pré-
sentent comme des remplissages de failles, sous forme d'une
brèche à aspect assez récent, à éléments empruntés aux épontes,
souvent très gros (près d'un mètre de diamètre), ressoudés par du
talc et de la calcite (breccia). Le principal de ces filons de skol est
le skôl de Storgrufvan, d'où se détachent? skol secondaires à l'Est
et 5 à l'Ouest. Son épaisseur, de 4 à 20 mètres à l'affleurement,
descend jusqu'à 1 mètre en profondeur. En dehors du talc vert
grisâtre, qui forme le remplissage principal, on trouve, dans les
skol, quartz, calcite, diopside (malakolite), galène, blende, pyrite
et mispickel, en sorte qu'on les a comparés aux falhbandes de
Kongsbei^.
En outre, il existe quelques filons de diabasCj dirigés de TE.-N.-E.
à rO.-S.-O., ayant de 0*^,50 à 0",70 d'épaisseur, filons antérieurs
aux skol, qui les recoupent, souvent avec un rejet très prononcé.
Les mineraiSy dont le principal est la galène argentifère, forment,
non des filons, mais des lentilles d'imprégnation à contours mal
définis et dont Tépaisseur varie de quelques centimètres à plu-
sieurs mètres. Ils sont concentrés, dans l'épaisseur d'une couche
calcaire, entre deux plans verticaux, en sorte que l'aspect d'une
* Nous avons déjà fait remarquer à diverses reprises la richesse spéciale en mine-
rais de zinc et plomb des calcaires magnésiens. (Voir p. 372 et 454.)
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GÎTE DE PLOMB ARGENTIFÈRE DE SALA (sUÉDe) 613
coupe en travers et souvent celui des excavations de la mine res-
semblent à un filon. Au voisinage, le calcaire est généralement
disloqué, affecte l'apparence d'une brèche, calcaire à ciment de
galène. Quelques veines de calcite accompagnent le minerai.
On a remarqué que la bande de minerai suivait, à peu près, le
filon de skôl de Storgruvan. Elle se trouve d'abord à son toit et à
rOuest, puis le rencontre à 160 mètres et passe au mur. La partie
la plus riche est comprise entre 150 et 200 mètres, c'est-à-dire
près de Tintersection avec le skôl; la zone exploitée y atteint 50 à
60 mètres de large.
Le minerai entre pour environ 25 p. 100 dans le tout venant.
Il contient de 3 à 4 p. 100 de plomb, sous forme de galène — ce
plomb, à son tour, renfermant 0,70 p. 100 d'argent. — On y trouve,
en outre, de la pyrite de fer, de la blende, dont la proportion tend à
augmenter vers TOuest, de la magnétite, du mispickel, du sulfure
d'antimoine, très rarement de la pyrite de cuivre.
On a pu constater la présence, outre l'argent combiné, d'un peu
de minerai d'argent proprement dit, à l'état, soit d'argent natif, soit
de sulfure ou d'antimoniure. En traitant, en effet, ce minerai par le
procédé Russel, au moyen d'une dissolution d'hyposulfite de soude
et de sulfate de cuivre pendant deux heures, on dissout une assez
forte proportion d'argent, alors que l'argent combiné ne serait pas
attaqué. La dissolution contient l'argent à l'état d'hyposulfite
double d'argent et de soude, qu'on précipite par le sulfure de
sodium et qu'on isole en le comprimant entre une série de feutres.
Cette opération, qui donne du sulfure d'argent avec un peu d'or et
de mercure, démontre également la présence de ces deux derniers
métaux dans le minerai.
On remarque à Sala que, contrairement à une opinion générale-
ment admise, la proportion d'argent n'est pas plus forte dans la
galène à petits qu'à gros éléments.
La géogénie de ce gisement est assez difficile à concevoir. Aussi
a-t-il été décrit de bien des façons différentes : par Hausmann,
comme une couche ; par M. Daubrée, comme un filon ; par Hisin-
ger, comme une imprégnation de calcaire en relations avec les filons
de skôl. On a soutenu également que le minerai y était arrivé,
non pas à l'état d'eau thermale, mais en vapeur.
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614 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Il nous semble qu'il faut voir là, avec Hisinger, une imprégnation
du calcaire par des eaux ayant suivi une direction générale de
cassure, ayant pénétré dans le calcaire grenu en profitant de sa
porosité et ayant substitué la galène à la calcite par réaction chi-
mique. Il est, d'ailleurs, possible que les filons de skôl, où Ton a
constaté parfois la présence d'un peu de galène (peut-être secon-
daire) aient joué une action enrichissante analogue à celle cons-
tatée à Kongsberg.
Quant à apprécier l'âge de ces venues de plomb argentifère, nous
n'en avons aucun moyen. Tout ce que nous pouvons dire, c'est
qu'elles sont postérieures aux diabases, comme les filons d'argent
de Kongsberg aux orthophyres.
Métallurgie. — Après préparation mécanique très complète et
grillage, le minerai est fondu au four à cuve avec addition d'un
peu de minerai plombifère étranger, plus riche en plomb et en
minerai de fer; puis le plomb d'œuvre passe à la coupellation.
Bibliographie,
1816. Haussmann. — Reise durch Skandinavien, t. IV, p. 268'
1826. Hisinger. — Minerai Geogr. SchwedeQs.
1846. Daubrée, — Gisements de Scandinavie.
1855. DuROCHER. — {Ann, d, Jtf., 4« série, l. XV.)
1861. CoTTA, p. 528.
Weterdal. — Description des gites de Sala.
1886. Chapuy. — Journal de voyage manuscrit à TÉcole des Mines.
1890. Weiss et Leproux. — Journal de voyage à TEcole des Mines.
1890. L. DE Launay. — Notes de voyage inédites.
GITES DE PLOMB DU DERBYSHIRE
ET DU GUMBERLAND
Les gisements de galène du Derbyshire et du Flintshire, formés
d'un réseau de fissures dans le calcaire carbonifère, ont été Tobjet
d'une exploitation active; ils doivent encore, aux descriptions que
leur ont consacrées de la Bêche, Dufrénoy etElie de Beaumontet,
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GÎTES DE PLOMB DU DERBYSHIRE ET DU CUMBERLAND 615
plus récemment, M. Lecornu, un réel intérêt théorique '.Mais les
mines, qui se sont rapidement appauvries en profondeur et ont été,
en outre, envahies par les eaux, ne produisent plus que fort peu de
minerai : 2 200 tonnes de galène en Derbyshire, et à peu près
autant en Flintshire.
Le calcaire carbonifère forme, dans le Derbyshire, un mamelon
central, autour duquel s*échelonnent et se superposent des terrains
de plus en plus récents : millstone grit, puis terrain houiller.
Ce calcaire carbonifère, composé, à sa partie supérieure, de
couches marneuses minces, plus bas, de bancs compacts, com-
Fig. 312. — Coupe théorique des gîtes de plomb du Derbyshire,
d*après M. Lecornu.
a, a\ a* , bancs de calcaire ; 6, toadstoae ; c, e\ e'\ pipes ; n. n\ serins ; o, o* o'*, rakes.
prend des intercalations très particulières d'une roche à cristaux
d'augite, plagioclase, fer oxydulé, souvent d'olivine et d'apatite,
roche parfois compacte comme un basalte, ailleurs amygdaloïde
ou scoriacée, que Ton appelle toadstone et qui passe parfois à de véri-
tables cinérites. Les toadstones, d'une épaisseur très inégale (de
3 à 33 mètres) et très inhomogènes, jouent un rôle important au
point de vue métallifère; car les filons s'y rétrécissent et y
deviennent stériles. Il semble qu'ils se soient produits à diverses
époques : les uns, pendant le dépôt même du calcaire, comme
parait le prouver, d'après de la Bêche, l'existence de fragments de
toadstones dans les calcaires surperposés ; le plus grand nombre
postérieurement au carbonifère et à Tétat d'intrusions, comme
l'indique Texistence, à Kniviton, de toadstone au milieu du
Yoredale grit (base du millstone grit), comme le ferait croire
également, d'après Elie de Beaumont, le peu de régularité des
* Cest la théorie de M. Lecornu que nous allons indiquer.
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Gi6 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
surfaces qui les limitent. On sait que la fin du carbonifère a été
marquée par un plissement violent de toute la région, plissement
qui a imprimé à sa stratigraphie son allure caractéristique ; les
toadstones seraient en corrélation avec ce mouvement.
Les filons de galène, localisés dans le calcaire carbonifère, com-
prennent :
4® Des veines verticales, r, v\ v'\ t?'", dites rakes, traversant tous
les lits, même le toadstone;
2"* Des joints normaux aux couches, n, n\ dits serins, traversant
rarement le toadstone ;
3* Des cavités irrégulières c, (/, c", dites jot/?e5, ressemblant à des
grottes, qui auraient été creusées antérieurement suivant les plans
de stratification et qui correspondent avec les filons par des cou-
loirs plus ou moins étroits ;
i"* Des intercalations dans les lits, dites flat Works.
Lorsqu'on examine une région de calcaires actuelle avec ses
diaclases élargies, ses avens, ses cavernes et que Ton suppose, à
la suite d'un mouvement de dislocation quelconque, les chemins
complexes que suivraient des eaux métallifères y pénétrant, on se
fait facilement une idée de la façon dont se sont constitués les
rakes, serins, pipes et flats; il n'y a, en effet, aucune raison pour
supposer que les plateaux calcaires émergés ne présentaient pas,
dans les temps géologiques anciens, le même aspect qu'aujourd'hui.
Cependant on est parti de cette observation (William Wallace, etc.)
que les toadstones et veines argileuses interrompaient, 260 fois sur
280, les filons (au moins, au point de vue industriel) pour soutenir
que les gisements du Derbyshire étaient le simple résultat d'une
exsudation des calcaires encaissants. Cette interruption nous
semble une conséquence toute naturelle de ce que Ton peut savoir
sur les phénomènes mécaniques de fracture du sol : d'une façon
générale, des cassures, nettes et franches dans une roche com-
pacte comme le calcaire, disparaissent, s'éparpillent et se coincent
dans des roches tendres ou simplement plus élastiques. Le fait que
certaines veines pénètrent, en effet, dans la roche éruptive en se
ramifiant^ ou se réduisant, l'existence de certains filons ayant
* k Sevenrakes, près Hightor, le filon, dans le toadstone, se divise en plusieurs veines
parallèles contenant encore de la galène.
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GÎTES DE PLOMB DU DBRBTSHIRE ET DU GUMBERLAIfD 617
rejeté le toadstone en y produisant un brouillage, sont bien d'accord
avec cette idée. D'ailleurs, il est très possible que, postérieurement
à l'ouverture de la fente, des eaux acides ou simplement chargées
d'acide carbonique, y aient circulé avant l'arrivée des eaux métal-
lifères et l'aient élargie dans le calcaire en la laissant intacte dans
le toadstone.
Le remplissage est formé surtout de galène peu argentifère, de
peu de blende et, rarement, de cuivre (avec une gangue de barytine
et spath fluor, accessoirement de calcite). Généralement, le long des
épontes, on trouve d'abord un enduit de sulfate de baryte et de
spath fluor, puis une certaine épaisseur de galène, pouvant être,
soit en une seule masse (un seul rib of ore), soit en deux veines sépa-
rées par un dépôt spathique, ou encore en trois veines avec deux
dépôts spathiques intercalés. Quand les deux enduits des épontes
se rejoignent et que la galène disparaît, le filon est dit pincé. On
y trouve parfois des remplissages pierreux, dits dowkys^ formés de
marnes, de sables ou de conglomérats introduits par en haut et dans
lesquels M. Gh. Morre a découvert des fossiles du rhétien et du
lias avec ceux du carbonifère.
D'une façon générale, les fllons s'appauvrissent toujours en
profondeur :
Ainsi, à Pearsons Venture, on exploita avec profit jusqu'à
144 mètres. Là le filon, entrant dans le toadstone, devint
stérile; au bout de 20 mètres, il reprit sa richesse en ressortant
dans le calcaire; à 210 mètres, il s'appauvrit définitivement.
A Glory mine, on a abandonné à 240 mètres; à Oldend, à
270 mètres ; du reste, on ne doit pas oublier que les difficultés
croissantes d'extraction et surtout d'épuisement ont eu certaine-
ment une part considérable dans cet abandon.
Le cuivre, puis le zinc disparaissent, quand on s'approfondit,
avant le plomb.
En Flinishirey au contraire, d'après M. Moissenet, la blende se
rencontre en profondeur; la gangue y est d'ailleurs exclusive-
ment spathique (sans fluorine ni barytine) et les filons moins incli-
nés qu'en Derbyshire.
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618
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Bibliographie.
1811. Farey.— a gênerai view of Ihe agriculture and minerais of Derbyshire.
DE LA BÊCHE. — Gcological observ.
1837. DuFRÉNOY et Eue de Beaumont. — Voyage métallurgique en Angleterre.
1857. Moissenet. — Gisement du plomb dans le cale, carbon. du Flintsbire.
{Ann. d. if., 5^1. XI, p. 321.)
1860. Geology of the carboniferous limestone, Yoredal rocks and millslone
gritof the North Derbyshire. {Geological survey,)
1861. CoTTA. — Erzlagerstâlten, t. II, p. 494.
* 1879. Lecornc. — Mémoire sur les filons de plomb du Derbyshire. (Ann.
d.lf.,7esérie, t. XV, p. 1.)
1879. Groddeck, p. 332.
GITE DE PLOMB ET MERCURE DE LITTAI (carniole)*
La mine de plomb et mercure de Liltai, en Carniole, n'est
exploitée que depuis 1878 et a atteint rapidement une assez
Fig. 313. — Carte géologique de la région de Littai (Carniole).
Echelle au
30.000*
grande prospérité. Au point de vue géologique, le gisement pré-
sente l'association, assez rare dans une même exploitation, delà
* Noies de voyage de Tauteur en 1883.
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GÎTE DE PLOMB ET MERCURE DE LITTAI (cARNIOLE) 619
galène et du cinabre. Un atelier de préparation et une fonderie,
annexés à l'exploitation, ont produit, en 1881, 12 649 tonnes
de plomb; en 1891 , la production s'est réduite à 166 tonnes de
galène (120 tonnes de plomb, plus 316 tonnes provenant de mi-
nerais d'autres mines), et 1 452 tonnes de minerai de mercure
(15 939 kilogrammes de mercure). On a, en outre, obtenu, en
1891, avec des galènes et des schlichs argentifères venant de
Rabenstein (Tyrol), Bleiberg (Carinthie), etc., 37 tonnes de plomb
d'œuvre et 35 kilogrammes d'argent.
Constitution géologique. — Aux environs de Littai, la coupe
géologique des terrains est la suivante :
' 1, Dachstein Kalk;
Trias inférieur ^ ^' Guttensteiner Kalk (Muschelkalk) ;
V 4, Schistes de Werfen;
Carbonifère | 5, Grauwacke de Gailthal.
La Save coule, auprès de la mine, entre deux coteaux formés
par la grauwacke de Gailthal, que surmonte, en certains points, le
calcaire de Guttenstein. Les métaux apparaissent à l'état d'impré-
gnation dans une strate de la grauwacke ; celle-ci plonge, sous le
trias, dans l'intérieur de la colline ; à l'époque de notre visite, en
1883, on recherchait, dans cette direction, le prolongement du
gîte : ce qui a peut-être permis de déterminer son âge d'une
manière précise. Les grauwackes du mur et celles du toit sont
souvent très argileuses ; celle du mur semble être à plus gros
grains et plus chargée de fer.
0^7
Fig. 314. — Coupe schématique du gtte plombifère de Littai.
Le minerai est réparti dans une couche, qui a jusqu'à 3 mètres
d'épaisseur; il est parfois très compact; le plus souvent, il affecte
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620 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
une allure bréchiforme et présente des noyaux de carbonate de
fer, des fragments de grauwacke cimentés par de la galène. On y
trouve, avec la galène, de la barytine, un peu de blende, de pyrite
de cuivre et malachite, de pyrite de fer, etc. Le cinabre apparaît
surtout au voisinage de fentes qu'on a considérées comme posté-
rieures.
De nombreuses failles coupent et rejettent la couche métalli-
fère ; auprès de quelques-unes, on rencontre, en abondance, lacéru-
site, en baguettes blanches soyeuses, qui arrive ici à constituer
un véritable minerai.
Enfin il y a lieu de noter qu'au-dessous du gtte il existe, dans
la formation carbonifère, beaucoup de carbonate de fer.
Voici l'interprétation qu'on a donnée de cette formation :
Il y aurait eu originairement, dans le terrain de grauwacke, une
couche de carbonate de fer analogue à celles qui se trouvent si
fréquemment à cet étage. Plus tard (peut-être à Tépoque triasique)
des eaux chargées de sulfure seraient venues corroder cette
couche en laissant subsister, au milieu de la galène, des débris de
carbonate de fer inaltéré. Le carbonate de fer décomposé aurait
donné de Tacide carbonique, dont la plus grande partie se serait
dégagée, dont une part aurait contribué à former cette proportion
exceptionnelle de carbonate de plomb ' ; en même temps, il se serait
produit de l'oxyde de fer, qui aurait enrichi, ainsi que nous l'avons
remarqué, la grauwacke du mur.
Ce qui pourrait, à la rigueur, confirmer cette idée, c'est que
l'hypothèse d'une formation de dépôt concrétionné parait diffici-
lement admissible ici : il n'existe pas de salbandes, et l'ai^ile,
qu'on trouve au contact de la galène, semble un résidu de l'ac-
tion des eaux métallifères sur la grauwacke argileuse de Gailthal,
dans laquelle le carbonate était compris. Quant à admettre que
le plomb est ici, comme dans la Prusse rhénane, par exemple (à
Commern, àMechernich), de l'âge même des couches carbonifères
où on le rencontre, c'est une idée que son allure bréchiforme
* Les parties du gtte que nous avons pu voir, en 1883, étaient encore très voisines
des afQeurements, et il est fort possible que le carbonate de plomb y fut simplement,
comme dans les autres gttes que nous étudierons, un produit d'altération superfi-
cielle, sans qu*il soit nécessaire d*avoir recours à Thypothèse, un peu compliquée, que
nous indiquons.
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GÎTES DK RAIBL, TARNOWITZ^ BLEIBERG, ETC. 621
rend peu vraisemblable. Nous aurions donc, à Littai, un gisement
d'origine hydro thermale, dont Tâge pourrait être triasique.
Quant au mercure, remarquons que, par une coïncidence assu-
rément fortuite, il se trouve ici, comme à Idria et comme à Neu-
markt (Potocnig), dans la même région, où il est également associé
à de la galène, dans les schistes de Gailthal. Il enveloppe fréquem-
ment, dans la roche bréchiforme, des noyaux de galène : ce qui
ferait croire qu'il est arrivé à la fin de cette venue sulfureuse
triasique.
GÎTES DE RAIBL, TARNOWiTZ, BLEIBERG, etc.
Nous avons eu l'occasion, à propos du zinc*, de parler inci-
demment de quelques gisements de plomb intercalés dans les
calcaires du trias allemand : en particulier, de ceux de Raibl,
célèbres par les travaux de Poszepny*, qui sont situés dans des
calcaires et dolomies du Keuper, au-dessous des couches schis-
teuses de Raibl et de ceux de Tarnowitz, dans le muschelkalk
de Haute-Silésie. Nous ne les mentionnerons ici que pour mé-
moire.
Dans la même région que Raibl, d'autres exploitations de plomb
ou de zinc sont développées au Bleiberg carinthien, à Greifenburg,
à Villach, à Klagenfurth, etc.
Les mines fameuses du Bleiberg^ j au N.-O. de Villach, et pres-
que à la limite du trias et du terrain primitif, dans le trias, com-
prennent deux groupes de filons à peu près perpendiculaires. Elles
ont fourni, on 1881, 3 910 tonnes de galène, donnant 4 590 tonnes
de plomb, plus 2 000 tonnes de bende et 120 tonnes de wulfénite,
arrivant à constituer un véritable minerai de molybdène. En
1891, la production a été de 4 035 tonnes de plomb. La galène,
fondue sur place, est très pauvre en argent (à peine un gramme
par tonne).
1 Page 425.
* Poszepny. Die Blei und IGalmei Ei-zlagerslatten von Raibl in îîarnten. — Raibl a
produit, en 1891, 790 tonnes de plomb (1329 tonnes de schlichs).
' Notes de voyage de 1883.
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622 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GISEMENTS DE PLOMB DANS LES CALCAIRES
DU MISSISSIPI, DU WISGONSIN ET DE L'UTAH
Haut Mississipi. — Il existe, dans le Haut Mississipi, des gise-
ments de plomb importants dans des niveaux calcaires appartenant
au groupe silurien de Trenton et s'étendant sur une surface de
140 milles géographiques carrés^ à travers les Etats de Wisconsia,
Illinois et lowa.
L'attention fut d'abord appelée sur ce district, en 1700, par Le
Sueur. En 1788, Dubugue, un Français, y installa une exploita-
tion, qui, depuis, n*apas été interrompue. En 1847, ces mines étaient
arrivées à produire 24 145 tonnes de plomb métallique ; plus tard,
elles ont décru peu à peu : en 1853, la production n'était
que de 13 307 tonnes; en 1876, de 6 812 tonnes.
La constitution géologique de la région comprend :
TYPES ANGLAIS
/ Calcaire de Bala | Calcaire du Niagara.
j / Calcaire galénifère.
Cambro I
Silurien ' Etage
Cambrien
Calcaire de Trenton à Orthoce-
ras, etc.
Grès, schistes, etc.
de Uandeilo j Calcaire magnésien inférieur.
I Limite inférieure des roches ga-
\ lénifères.
^ , . / Lits de Lins^ula Grès blanc de Potsdam.
Supérieur \ ,., , , i « , . . ...«
^ ) ^^ Tremadoc ) Schistes fossilifères.
- «. . / f .. J r, i Calcaires dolomitiques .
Inférieur f Lits de Bangor ' ^ . .
° . Grès noirs.
Les gisements exploités se présentent surtout dans la partie
supérieure du calcaire de Trenton, parfois dans le calcaire à or-
thoceras ou, plus bas, dans le calcaire magnésien inférieur ; ils
disparaissent dans les grès de Potsdam.
Le calcaire chargé de galène est d'un gris jaune, dur et compact.
La figure 315 montre comment le plomb s'y rencontre : en fentes
verticales 1 ; en 61ons couches (Qat openings) 2; en poches 3.
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gItes de plomb du mississipi et du WISGONSIN 623
Si l'on examine le détail d'une fissure verticale , on a la
figure 316.
L'exploitation est descendue jusqu'à 40 mètres de profondeur.
La direction des filons est généralement Est-Ouest. Leur largeur
habituelle est de 0,30 à 0,60 ; mais, exceptionnellement, ils
atteignent jusqu'à 10 mètres. Ils sont remplis d'une argile ferru-
Fig. 315. •— Coupe th<^orique du calcaire à gise-
ments (le galène du Wisconsin, montrant les
filons (Iodes), 1, les amas horizontaux (flats), 2.
et les poches (pockets), 3.
Fig. 316. — Coupe du dépôt
de plomb de la mine Wil-
liams et C (Wisconsin)
(d'après Davies).
c, calcaire. — M, minerai.
gineuse rougeâtre contenant des fragments de la roche encais-
sante, des noyaux de galène et de calcite. Dans les couches
horizontales, la gangue habituelle est de la calcite, le minerai
est arrivé avec de la calamine, de la blende et de la pyrite de fer.
Les calcaires du mur sont très fossilifères et quelques géo-
logues américains ont supposé que ces matières organiques avaient
pu avoir une influence sur la précipitation des sulfures.
Wisconsin. — A Minéral Pointj dans le Wisconsin, la coupe
est la suivante :
Calcaire jaune plombifère, 25 mètres.
Niveau de plomb supérieur, 1 à 2™,50.
Calcaire bleu,
Niveau de plomb moyen,
Calcaire,
Niveau de plomb inférieur,
Calcaire bleu argentifère.
3 à 4 mètres.
1 à 2™,o0.
4 à o mètres.
1»,50 à 2ni,50.
0™,30 à 1 mètre.
On a signalé, dans cette région, ce fait curieux d'une grotte
où des os d'éléphant et de chauve-souris avaient été trouvés im-
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624
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
prégnés de galène et reposant sur un dépôt sableux, qui prouvait
que la grotte était antérieure au minerai. Avant d'en conclure,
comme on Ta fait, que Tensemble de la venue plombifëre était
très récent, il aurait convenu de s'assurer, par un examen minu-
tieux, si Ton n'avait pas affaire, comme nous le croyons, à un
phénomène de rédissolution et de recristallisation secondaires.
Bibliographie.
1854. Whitney. — Metallic wealth..., p. 404.
1862. Whitney. — Rep.of a geol. survey of Iheupper Mississipi Lead Région
(Albany).
1862. Berg. u. Hutten Zeitung, 1862, p. 310. (C. R.)
1879. Groddeck, p. 323.
1877. MosEs Strong. — Geology of Wisconsin.
Engineering and mining journal, t. XX VL
Dtah. — Dans la région métallifère de VUtah^ que nous avons
déjà eu Foccasion de mentionner à propos de la mine de Bing-
ham, on trouve, au milieu des
monts Wahsath, sur le little Cot-
tonwod Creek, à 20 milles à l'Est
du grand lac Salé, un certain
nombre de mines de galène ar-
gentifère : Emma Aline\ Flags-
taff, Silverstar, Exchequer, etc..
Quand on s'y rend à partir du
lac, on a une bonne coupe natu-
relle de la région :
Près de l'embouchure de la ri-
vière, à rOuest, de grands pics
de granité s'élèvent couverts de
neige. C'est ce granité de couleur
gris clair qui a servi à construire
le temple des Mormons de TUtah. En continuant, on trouve, au-
dessus du granité, des quartzites rougeâtres, puis des schistes
* La mine Emma a eu une histoire assez curieuse. Le minerai découvert et envoyé
à Swansea avait rendu 600 francs d*argent à la tonne. La moitié de la mine fut
7.-*to7*^
'iamaUfn*^'
Fig. 317. — Coupe verticale
du grand amas de minerai
de la mine Emma (Nevada)
(d'après Davies).
Echelle au ^^^
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MINES DE PLOMB DE l'uTAH (eMMA MINE) 625
avec des bancs calcaires classés dans le cambrien silurien et Ton
passe enfin brusquement dans les calcaires dolomitiques massifs
du carbonifère où se trouvent les gisements.
Ceux-ci ont la forme d'une zone minéralisée d'environ 80 mètres
d'épaisseur, suivant à peu près la stratiflcation et contenant des
fragments de brèche calcaire cimentés par de la galène avec des
poches de minerai terreux. Un élargissement, qu'on peut voir sur
la coupe 317, a fait, un moment, la fortune de la mine Emma. Il
est figuré au puits Woodman's ou de la Découverte ; plus au Sud-
Est, au puits Emma, il est moins étendu.
La galène contenue est très argentifère. L'analyse du minerai
de première classe donne :
SiO' Pb s Sb Cu Zn Mn Fe Âg Al*0^ Mgo Cao C0« OetHO
40,90 34,14 2,27 2,27 0,83 2,82 0,15 3,54 0,48 0,35 0,25 0,72 1,50 9,58
Sur une prise d'essai de ce minerai, on a trouvé 156 onces d'ar-
gent à la tonne ; sur les minerais de la seconde classe, 25 onces.
L'absence presque complète de calcite dans ces minerais situés
au milieu du calcaire est assez remarquable.
Bibliographie
1872. W. Raymond. — Report on Ihe Emma mine.
1873. Pbale. — United States Geological Survey.
1889. Davies, p. 103.
aloi-s offerte pour 15 000 fîrancs par un des exploitants et ne trouva pas d'acquéreur.
Quelques mois plus lard, en mai 1870, une part de un sixième était payée 150 000 fr.;
Tannée suivante, la moitié de la mine était vendue 3 750 000 francs à des capitalistes
de New-York ; au commencement de 1872, toute la mine était placée sur le marché de
Londres au capital de 25 millions, dont moitié aux vendeurs. Six semaines après, elle
était inondée et perdue.
GÉOLOGIE. — T. II. 40
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626 GÉOLOGIE APPLIQIIÉB
MINES DE PLOMB, ARGENT ET OR D'EUREKA*
(nevada)
L'important district minier d'Eureka, quia produit, de 1869 à
1883, 225 000 tonnes de plomb et plus de 300 millions de francs
d'argent et d'or*, est situé dans la partie orientale de l'Etat de
Nevada, î^ur le flanc Ouest du Diamond range, à 150 kilomètres
au Sud de la station de Palisade (Central Pacific Railway), à
laquelle les mines sont reliées par un embranchement.
La région, où se trouvent les gisements, forme une rangée de
collines, atteignant, à Eurêka, 2 200 mètres d'altitude, entre la
chaîne qui contient le filon du Comstock' et les montagnes
Wahsatch, où est la mine Emma que nous venons de décrire.
Tout le pays compris entre le Comstock et Emma mine est tra-
versé, du Nord au Sud, par une série de chaînes de montagnes
semblables, dont plusieurs sont assez fortement minéralisées pour
avoir fait donner à TEtat de Nevada le nom de Silver State
(Etat de l'argent).
Au voisinage et à l'Est de la ville d'Eureka, se trouvent les deux
grands districts de Prospect Mountain et Ruby Hill (ce dernier le
plus important des deux) qui contiennent aujourd'hui plus de
60 mines distinctes.
Ces minerais furent découverts, en 1864, par un groupe de
mineurs qui, en se rendant à White Pline, reconnurent d'abord la
région, aujourd'hui nommée New-York Cafton. Ils s'y établirent
et firent quelques travaux peu importants jusqu'en 1869, date de
la construction du premier four. Plus tard, la compagnie « Eurêka
Consolidated Mining Company » se fonda en groupant un cer-
tain nombre de petites exploitations et, plus récemment, la « Rich-
mond Consolidated » s'établit à côté.
* Cette description est le résumé du grand ouvrage de Curtis : Siverlead deposits
f Eurêka, publié par le United States geological survey en 1884.
' L'or entre pour un tiers environ dans ce total.
' Voir à Targent.
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(
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ED. FUCUS ET DE LAUNAY. - Géologie appliquée.
L WuhrtT .se.
ÇrATF.RIUrRE CARBONIFÈRE
Calrnirr j^iartxiir Cnir.urr i
Çnalemairc UouillcriniT du MM.onr d'Eurrka. IVi^»mij>|
L_:.-_J l^^^.CÀ kl^^\..J }Ê^. :C^ L^^:.
A M S E P
Dirertious rt TVnrlacrs
loi 20* — 1,^0,1 30» T ^in .k!f|
Fig. 318. — Cuilo gi'olugiJ
t. a.)
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MINES DE PLOMB ARGENTIFÈRE d'eUREKA (nEYADA) 627
De 1870 à 1880, une grande prospérité a régné dans ce district;
mais, depuis ce moment, la production de plomb y a considéra-
blement diminué; tandis qu'elle était de 31 000 tonnes en 1878,
elle était tombée, en 1887, à 3 400 tonnes, dont 2 000 tonnes
pour Richmond Consolidated et 1 100 pour Eurêka Consolidated
et enfin, en 1890, à 1 000 tonnes seulement.
Géologie générale de la région. — Les terrains sédimentaires
qui constituent la région sont le cambrien, le silurien, le dévo-
nien, le carbonifère et le quaternaire (ûg. 318). Mais, quoique
les formations métallifères soient certainement d'âge tertiaire,
on les trouve (à l'exception d'un gisement dans les quartzites
siluriens) confinées dans les calcaires du cambrien et du silu-
rien et même, presque exclusivement, dans ceux du cam-
brien.
Les roches cristallines du pays sont les granités, les micro-
granulites (porphyres quartzifères), les andésites amphiboliques et
augitiques , les rhyolithes (dont Téruption paraît avoir amené la
venue des métaux), les basaltes, et, accessoirement, les dacites.
Gisements métallifères. — Les gisements, très irréguliers de
formes, peuvent être attribués à la venue d'eaux métallifères
ayant rempli toutes les fissures qui existaient dans le calcaire
au moment de leur arrivée, en exerçant, au voisinage, des phéno-
mènes de substitution d'un grand développement : ces actions de
substitution paraissent avoir contribué, pour la plus grande part,
à leur extension.
Parmi les fissures primitives, il y avait des fentes nettes do-
niennes, des réseaux de veines à allure de stockwerks, des délits
interstratifiés, peut-être même (quoique le fait soit ici très dou-
teux) de véritables grottes creusées antérieurement, soit par des
eaux superficielles chargées d'acide carbonique, soit par les eaux
minérales elles-mêmes; sous bien des rapports, ces gîtes présentent
donc des points de comparaison avec ceux d'âge plus ancien qu'on
trouve dans les calcaires européens, à Sala, dans le Derbyshire, à
Raibl, etc. ; mai§ ici, comme dans tous les gisements tertiaires,
on est beaucoup mieux renseigné sur la nature de l'éruption
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628 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
rocheuse, qui a provoqué le dépôt des minerais et que nous con-
sidérons, dans ce cas, comme rhyolithique.
Le remplissage des gîtes est formé : au-dessus du niveau
hydrostatique, de galène, anglésite, cérusite, mimétite et wul-
fénite, avec du fer hydroxydé représentant la masse de la gangue,
et très peu de quartz et de calcite. Ces minerais altérés ren-
ferment une forte proportion d'or et d'argent, avec un peu
de zinc. Au-dessous du niveau hydrostatique, on n'a plus,
comme d'habitude, que des sulfures : pyrite, mispickel, galène,
blende, etc. Les actions de métamorphisme superficiel ont joué,
dans toute la partie des gisements qui a été vraiment riche, un
rôle particulièrement important et sur lequel nous aurons à
revenir.
Quant à l'origine de ces métaux, les géologues américains, inti-
mement convaincus à priori qu'ils devaient résulter du lessivage
récent de roches préexistantes, les ont cherchés inutilement dans
les terrains sédimentaires voisins qui n'en contiennent pas trace ;
parmi les roches éruptives, le porphyre quartzifère est le seul
qui ait donné quelques indices d'argent, et il est très exceptionnel
dans le pays ; le granité n'en renferme pas, ce que M. Curtis,
auteur d'un très intéressant mémoire sur Eurêka *, croit devoir
attribuer à ce que, là où nous rencontrons cette roche à la
surface, les métaux en ont été dissous. Il est inutile de remar-
quer combien un raisonnement de ce genre simplifie les pro-
blèmes
Dans le cas présent, c'est peut-être dans le magma rhyoli-
thique que nous serions porté à chercher la source première des
métaux.
Ceci dit, donnons quelques détails sur les principaux gise-
ments :
Les mines de Prospect Mountain et de Ruby Hill sont situées sur
un même anticlinal Nord-Sud de calcaire cambrien bleu grisâtre
et cristallin, anticlinal aux flancs inclinés à plus de 45*". Ce cal-
caire contient des intercalations de schistes et repose sur des
quartzites du même âge. Il a visiblement subi, dans le plissement
* Silverlead deposits of Eurêka Nevada. (Un. St. géol. Suvey, 1884.)
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630
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
NE
qui Ta mis en saillie, une dislocation considérable, ayant produit
des cassures à remplissage bréchiforme et des failles nombreuses
dont l'allure générale a été bien mise en évidence par deux grands
tunnels de 700 à 800 mètres de long, faits, l'un à Eurêka, l'autre
au M* Prospect (Prospect Mountain.)
La principale de ces failles (fig. 318), celle dite de Ruby Hill, et
une autre fissure secondaire qui vient la recouper, Secundary fis-
sure Winze, ont joué un rôle pré-
pondérant dans la formation mé-
tallifère. Il existe, en effet, dans
l'espace angulaire d'une centaine
de mètres de largeur moyenne
compris entre elles (fig. 321 à 323),
une zone de calcaire broyé et fis-
suré en tous sens, qui a offert à la
circulation des eaux métallifères
un chemin particulièrement facile
et où les gisements métallifères
sont aujourd'hui concentrés.
Dans sa partie Ouest, sur les
compagnies Jackson et Phœnix
(fig. 319 et 321), cette zone de
brouillage est très réduite et un
filon de rhyolithe, qui longe la faille Ruby Hill, est presque la seule
séparation entre le calcaire et le quartzite. La localisation des
minerais d'un seul côté de cette rhyolithe, l'absence de dérange-
ments des minerais au voisinage de la roche éruptive et de frag-
ments du minerai dans la roche, enfin l'altération profonde de
celle-ci près de la galène sont les arguments sur lesquels on
s'est fondé pour admettre que la venue métallifère avait suivi
la rhyolithe.
Au centre, sur la compagnie A' Eurêka (fig. 322), les travaux
ont porté, de préférence, sur le contact du quartzite et du calcaire
broyé que l'on suivait, par des galeries en direction, en partant de
là, le long de fissures métallisées, pour rechercher les grands
amas métallifères. On a attribué là, à ce contact, un rôle pré-
dominant dans le dépôt des minerais, rôle qui pourrait être ana-
Fig.32i.
Echelle au
6000*
- Coupe verticale de la mine
Phœnix (Eurêka).
(Figarés de la figure 322.)
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MINES DE PLOMB ARGENTIFÈRE d'eUREKA (nEVADA) ^^^
logue à celui joué par les schistes inattaquables on les eurites du
Laurium \
Au contraire, à l'Est, sur la compagnie de Richmond (fig. 323),
les minerais ne se trouvent jamais à ce contact, mais irrégulière-
Ttfe.
P BtH
Echelle au ^-^.
Fig. 322. — Coupe verticale de la mine Eurêka.
ment répartis dans la masse broyée, au voisinage de quelque fis-
sure.
Le calcaire encaissant (dont la composition chimique et Tatta-
quabilité plus ou moins grande aux acides n'ont d'ailleurs joué,
par rapport aux conditions physiques de fractures, qu'un rôle très
' Voir page 384.
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632
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
restreint) est, en général, un calcaire dolomitique tenant 1 à
2 p. 100 d'oxyde de fer. Son broyage a été très énergique. On
peut le voir, dans les travaux, tantôt brisé en grandes masses,
tantôt cassé en une multitude de petits fragments, tantôt même,
PŒ
Echelle au .-rr;;.
& 000'
Fig. 323. — Coupe verticale de la mine Richmond (Eurêka).
(Mêmes figurés qu'à la figure 322.)
— surtout lorsqu'il était de nature sableuse, — réduit en fine
poussière. Tous ces débris ont été, en majeure partie, reci-
mentés par une matière calcaire et forment une masse résis-
tante. Cependant les points où le calcaire était sableux sont
redoutés par les mineurs à cause de leur tendance à Téboule-
ment.
Les gisements, dont les figures 318 à 323 montrent bien la
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MINES DE PLOMB ARGENTIFÈRE d'eUREKA (nEVADA) 633
disposition d'ensemble*, se composent d'un certain nombre de
grands amas de minerais (chamber, cave, body) au milieu du
calcaire, amas de formes très irrégulières, réunis par un système
de fissures minces plus ou moins minéralisées. Ces fissures
semblent correspondre à deux directions principales : Tune pa-
rallèle à l'allongement du massif, l'autre perpendiculaire ; celles
du dernier système sont généralement verticales et, aux points
où elles atteignent les quartzites dans lesquelles elles ne pénètrent
pas, des amas se sont parfois développés le long du contact : l'un
d'eux, dans la mine Eurêka, a été suivi sur 70 mètres suivant l'al-
longement et 60 mètres suivant l'inclinaison.
Minerais. — Les minerais cTEureka consistent, dans les parties
supérieures, qui, jusqu'en 1886, au moins, avaient été seules ex-
ploitées % en carbonate de plomb fortement chargé de matière fer-
rugineuse. Ce carbonate de plomb est argentifère, comme cela
arrive fréquemment dans le Nevada ; mais, en outre, par une par-
ticularité assez rare, il est aurifère; et c'est cette teneur en argent
et en or qui a seule fait la valeur des minerais.
Au carbonate de plomb sont associés d'autres produits de
décomposition de la galène, tels que Tanglésite, qui forme une
partie importante des minerais dits carbonate jaune, la mimétite
(chloro-arséniate), la wulfénite (molybdate), etc.
Les mineurs distinguent plusieurs catégories :
Le carbonate rouge est formé de fer hydroxydé avec anglésite
et cérusite contenant des grains de galène inaltérée. Il renferme, en
général, à peu près autant d'or que d'argent, 130 à 260 francs de
chacun par tonne.
Le carbonate jaune est surtout un mélange de fer hydroxydé et
de sulfate et de chloro-arséniate de plomb. La teneur en métaux
précieux ne dépasse pas 500 francs par tonne.
* La figure 318 représente la carte géologique de la région ; sur les figures 319
et 320 on a une coupe longitudinale N.-O. S.-E. à travers les principales concessions
avec un plan correspondant ; enfin 321, 322 et 323 figurent des coupes transversales
perpendiculaires à la coupe 319.
* La figure 319 donne le niveau hydrostatique. Le niveau parait avoir été ancienne-
ment plus bas ; car il existe des minerais oxydés au-dessous du niveau actuel.
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634 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Une autre variété de carbonate jaune, assez pauvre en général,
doit sa couleur à la wulfénite.
Le prétendu minerai sulfuré des mineurs (sulfur ore) n'est, en
réalité, qu*une a^lomération de cristaux de cérusite de couleur
grise. Il est parfois très riche en aident (jusqu'à 625 francs par
tonne); mais, comme tous les minerais de plomb proprement dits,
il est généralement assez pauvre en or.
Voici l'analyse moyenne des minerais fondus à Richmond en
1883 :
Oxyde de plomb 35,65 Plomb 33,i2
Oxyde de cuivre 0,15 Cuivre 0J2
Protoxyde de fer 34,39 Fer 24,07
Oxyde de zinc 2,37 Zinc i,89
Oxyde de manganèse ... 0,13
Acide arsénique 6,34 Arsenic 4,13
Antimoine 0,25 Antimoine. . . . 0,25
Acide sulfuriquc 4,18 Soufre 4,66
Silice 2,95
Alumine 0,64
Chaux 4,i4
Magnésie 0,41
Eau et acide carbonique. . 10,90
Or et argent 0,10
Soit 856 grammes : (27,55 onces troy) d'argent et 49,44 grammes (1,59 once)
d'or par tonne.
En profondeur, les sulfures de plomb et de fer se substituent
progressivement aux carbonates et oxydes ; le zinc, habituellement
en relation si intime avec le plomb, est des plus rares.
Comme gangue, on ne rencontre guère que de la calcite, rarement
du quartz. Cependant, au troisième niveau de la mine, on a trouvé,
dans une des chambres de minerai, une masse de quartz de
30 mètres de long, 15 de large, 8 d'épaisseur, à texture saccharoïde,
qui semblait avoir été formée sur place par des eaux chargées de
silice. Ce quartz était peu plombifôre ; mais il renfermait de
125 à 750 francs de métaux précieux à la tonne.
Mode de formation de gisement. — De Tétude attentive des
gîtes, il semble résulter, bien incontestablement, que des eaux,
contenant du sulfure de plomb en dissolution, peut-être en pré-
sence de sulfures alcalins et sous Faction de la chaleur et de la
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MINES DE PLOMB ARGENTIFÈRE d'eUREKA (nEVADA) 63&
pression, ont, à la suite de Téruption rfayolithique, circulé dans
la zone de calcaire broyé comprise entre les failles en profitant de
toutes les fissures et produisant, à partir de celles-ci, des phéno-
mènes d'imprégnation et de substitution moléculaire. Le seul
point douteux, c'est de savoir si les grands amas ou chambres, qui
ont fait la fortune des mines d'Eureka, résultent d'un remplissage
de cavités, de grottes préexistantes, comme c'est, d'après Poszepny,
le cas pour les galènes de RaibP, ou si elles sont simplement le
produit de cette substitution progressivement étendue.
La question présente un intérêt industriel; car, s'il s'agissait
réellement de grottes remplies après coup, l'existence des amas
serait liée, comme celle des grottes en général, à la portion de cal-
caire voisine de la surface % où les eaux, chargées d'acide carbo-
nique, ont pu s'introduire en dissolvant les roches sur leur passage
et on devrait alors désespérer d'en rencontrer au-dessous de 250
ou 300 mètres de profondeur. Aussi a-t-elle été soigneusement étu-
diée par les géologues américains. La solution en est, d'ailleurs,
assez difficile, en raison des phénomènes, dus à des réactions secon-
daires, en présence desquels on se trouve. En effet, dans toute la
partie bien connue jusqu'ici du gîte, on est en présence de mine-
rais altérés, transformés : les galènes en carbonates, les pyrites en
oxyde de fer. C'est assez dire que, depuis le dépôt des minerais,
les eaux superficielles ont circulé au milieu d'eux et au milieu
des calcaires voisins et qu'il en est résulté : tant la remise en mou-
vement des sels métallifères par dissolution, avec leur recristalli-
sation en stalagmites, que le creusement de véritables grottes
récentes au voisinage des anciens amas. Si l'on ajoute à cela que
la pyrite, qui parait avoir formé primitivement la moitié du gîte, a
dû, en se transformant en oxyde de fer, par suite du départ d'une
portion de sulfate de fer dissous, diminuer fortement de volume,
tandis que la galène, en se changeant en carbonate, avait plutôt
une tendance à se dilater, on comprendra combien il faut être
attentif avant de conclure, de l'éclat actuel des minerais, à la forme
de leur dépôt primitif.
* Voir pag^e 425 et 620.
2 Par celte surface, il faut entendre celle qui existait au moment de la formation
des gttes et qui était certainement supérieure à la surface actuelle.
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636 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
En fait, il arrive fréquemment à Eurêka qu'à la partie supérieure
d'un grand amas de carbonate de plomb on trouve une cavité
ouverte et, dans cette cavité, un lit de sables et de galets reposant
sur des minerais ayant subi, depuis leur oxydation, une sédimen-
tation qui les a stratifiés, et ce n*est qu'en profondeur que les mine-
rais apparaissent dans les conditions primitives de leur dépôt. Les
grottes constatées sont donc, dans ce cas, certainement postérieures
au minerai et contemporaines du métamorphisme qui a changé
les sulfures en carbonates, au lieu d'être antérieures, comme l'ont
cru quelques observateurs.
M. Curtis a remarqué, d'ailleurs, que, là où Ion trouvait les
sulfures inaltérés, jamais on ne remarquait, en eux, ces zones de
cristallisation successives, ce concrétionnement caractéristique
des dépôts ayant tapissé une fracture béante et constatés par
Poszepny dans les remplissages de grottes de Raibl ; jamais non
plus, la galène ne venait se superposer sur une paroi de calcaire
corrodée et enduite de stalagmite, comme le sont les parois des
grottes, mais elle pénétrait plus ou moins intimement dans les
pores de ce calcaire; enfin jamais on ne voyait, au-dessous d'un
lit de galène inférieur, un dépôt sableux ou alluvionnel tel que
ceux qui tapissent le sol des grottes et qu'on retrouve, paraît-il,
dans certaines grottes à galène du Mississipi où la galène a
recouvert des os de chauves-souris ^ Au contraire, on observe sou-
vent, dans le minerai, l'allure même du calcaire auquel il s'est
substitué. Enfin l'existence de grottes vides au voisinage de mine-
rais décomposés, qui n'y pénètrent jamais, prouve bien que ces
grottes ont été creusées après le minerai. La conclusion très nette
est qu'on n'apas affaire à un remplissage de cavité, mais aune pé-
nétration par substitution, suivie d'un métamorphisme superficiel.
Quelle que soit leur origine, les chambres de minerai d'Eureka
ont présenté des masses métallifères considérables et l'une d'elles,
la Pott's Chamber, a même été, entre les compagnies conti-
guës de Richmond et d'Eureka, l'objet d'une contestation fameuse
dans laquelle on s'est trouvé avoir à soumettre aux tribunaux
la question de la nature filonienne du dépôt.
1 Voir plus haut, pa^e 624.
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gItks de plomb argentifère de leadville (Colorado) 637
Mais, si Ton tient compte, d'une part, de la disparition des
minerais oxydés et carbonates riches, peu au-dessous du niveau
hydrostatique actuel, en outre de la forme en V (rapidement limitée
en profondeur) de la zone broyée riche en minerais, enfin des diffi-
cultés croissantes d'épuisement auxquelles on s'est heurté en
s 'approfondissant, on s'explique aisément comment ces mines,
après une période de grande prospérité, subissent actuellement
un recul très sensible dans leur production. On a affaire là à des
gisements limités et irrégulièrement disséminés dans la masse
calcaire, dont un grand nombre peuvent, par suite, échapper aux
investigations*.
Bibliographie,
1877. Engineering and mining, déc. 1877, janv. 1878.
** 1884, Joseph Story Curtis. — Silverlead deposils of Eurêka, Nevada. (Un,
St. geol. Swvey.)
1885. Achille Six. — Les raines de plomb argentifère da district d'Eureka
(États-Unis d'Amérique). {Ann. Soc, geoL du Nord de la France, t. XIII, p. 14.)
1887. Daubrée. — Eaux Souterr., t. III, p. 111.
1889. Davies, p. 100.
GITES DE PLOMB ARGENTIFÈRE DE LEADVILLE
(COLORADO)
Le groupe des mines de Leadville est situé dans le Colorado
(comté de Lake), sur le flanc Ouest des montagnes nommées
Mosquito Range, à environ 3 000 mètres d'altitude, sur le 39*
parallèle : ce qui correspond, comme climat, au 55® degré au niveau
de la mer. Ce district, le plus important des Etats-Unis par sa
production de plomb, existait à peine il y aune quinzaine d'années,
quoique, depuis 1860, on eût cherché de Tor avec ardeur dans les
environs; c'est en 1874 qu'il fut découvert par MM. Wood et
' Pour y remédier, le D' Bavus a essayé une méthode électrique assez curieuse, mé-
thode permettant, selon lui, de reconnaître la proximité des masses métallifères par des
variations de potentiel produites dans un courant. Les résultats pratiques de ces tenta-
tives intéressantes paraissent peu concluants.
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638
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Stevens. Après un rapide essor jusqu'en 1880 1, de 1880 à 1887
sa production a encore doublé. En 1887, Leadville a fourni
30000 tonnes de lingots de plomb fondus et 33 000 tonnes de
minerais siliceux ou sulfurés exportés, avec 3 000 onces d'or et
8000000 onces (230 kilogrammes) d aident. Sa production d'argent
annuelle est supérieure à celle de toutes les autres nations du
monde, excepté le Mexique, et n'est surpassée, aux Etats-Unis,
que par celle du Comstock.
De 1877 à 1884, la production totale a été :
OR
ARGENT
PLOMB
VALEUR
Traité à Leadville.
Exporté
Onces
77 197
25 825
Kilos
2401
803
Onces
42 089 722
9 012 644
Kilos
1308 990
280 293
Tonnes
184912
193 319
Fr.
383 689 318
110 940 000
103 022
3 204
51102 366
1 589 283
278 231
494 629 318
Enfin, en 1890, Leadville a produit 45 300 tonnes de plomb;
pour la même année, la production de métaux précieux dans TEtat
du Colorado a été de 21 300 000 francs d'or et 18 800 000 onces
d'argent (123 millions).
Au point de vue industriel , les gisements , comme beaucoup
d'autres de ceux que nous étudions au chapitre du Plomb (Eurêka,
Bingham, Sala, etc.), sont surtout exploités pour leur teneur en
argent et en or. Cette teneur est si forte, en général, qu'elle rend
utilisables des minerais à 6 p. 100 de plomb. Les minerais extraits
sont surtout des carbonates de plomb dérivant de galènes argen-
tifères et imprégnant des hématites provenant, de pyrites décom-
posées ; leur métallurgie est conçue comme si Ton avait affaire à
un simple minerai de plomb, l'amalgamation directe n'étant pas
possible, et c'est à la fin seulement des opérations qu'on sépare
le plomb par une coupellation.
Géologie de la région. — Les Mosquito Range, où se trouve Lead-
Tille, forment la bordure Ouest du South Park et, topographique-
i En 1880, Leadville avait déjà 15000 habitants.
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â^Mà ^S ft*^ *^*®>C **
e e e ^
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640 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ment, font partie des Park Range*. Mais, géologiquement, leur appa-
rition ne date que de la fin du crétacé, tandis qu'auparavant la
dépression des Parks était limitée : à TEst, par le massif archéen du
Colorado Range; au Nord, par les Sawath et, à TOuest, par le
Park Range.
On y trouve, au-dessus d'un soubassement de gneiss et de
granité, borné à TOuest par une grande faille N.-S. : (la Mosquito
fault) des couches paléozoïques concordantes (quartzites cam-
briens, dolomie et quarzites siluriens, calcaire carbonifère, etc.),
d'une épaisseur totale de 1 000 à 1 500 mètres, avec des intrusions
nombreuses de microgranulites (white porphyry, felsite), qui sont
venues, en particulier, former une couche régulière au sommet
d'un calcaire bleu du carbonifère inférieur. Cette microgranulite,
à grands cristaux de feldspath, quartz et mica blanc, repose là
sur le calcaire, en pénétrant dans toutes ses anfractuosités. Il
est impossible de préciser Tàge de ces roches ; mais M. Emmons,
auteur d*un beau mémoire d'ensemble sur Leadville*, est porté à
les considérer comme s'étant introduites dans les terrains, avec une
puissance dynamique considérable, vers la fin de la période de
dépôt tranquille, c'est dire pendant le crétacé.
A la suite de cette microgranulite, les minerais plombeux ont
imprégné le calcaire, surtout près de son contact avec cette roche',
mais sans former une couche continue.
Puis le grand plissement de la région s'est produit en disloquant,
à la fois, les terrains, les microgranulites et les minerais intercalés
et occasionnant un très grand nombre de failles qui divisent les
* Les montagnes Rocheuses peuvent être considérées comme formées de deux
rides des terrains arcliéens, le Colorado ou Front Range à TEst, le Park Range à
rouest ; au-dessus de cet archéen, les terrains, allant du cambrien à la fin du crétacé,
sont concordants: le plissement ne date que du début de l'époque tertiaire; il été pré-
cédé par des éruptions abondantes et longtemps continuées de roches cristallines
intrusives d*âge récent dont les premières émanations métallifères paraissent avoir été
la conséquence.
* Geology and mining industrie of Leadville, Colorado (Un. St. geol. Survey, 1886);
1 vol. avec atlas.
' l\ existe, autour de Leadville, d'autres catégories de porphyres : ainsi, au mont Lin-
coln, une microgranulite très cristalline, parfois à hornblende (Lincoln porphyry); un
porphyre pyriteux, toujours très décomposé, tenant 4 p. 100 de pyrite, qui ne se trouve
qu'à Leadville, etc... Quant aux roches plus récentes, non plus intrusives, mais érup-
tives, elles ne sont représentées que par quelques dykes de rhyolithe assez éloignés.
M. Whitmau Cross a fait une étude pétrographique de ces roches diverses.
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gItES de plomb ARGENTIFÈaE DE LBADVILLE (cOLORADO) (V41
couches en une série de gradins
dont la figure 325* donne Vidée, g
Enfin, une érosion très forte a u
fait disparaître le sommet de la p
voûte anticlinale et mis au jour les
terrains inférieurs de la série.
C'est ce que mettent en évidence la
carte géologique (flg. 324) et la coupe
transversale de la région de Leadville
(flg. 325).
Généralités sur les gites métalli-
fères. Leur mode de formation. — Les
minerais les plus importants de Lead-
ville se trouvent dans le calcaire
dolomitique carbonifère, qui a 50 à
60 mètres d*épaisseur, au voisinage
de la microgranulite (white porphyry)
et en dessous d'elle. Ils constituent,
par suite, une sorte de gisement de
contact, dont la surface supérieure,
formée par la base du porphyre, est
assez régulière et bien définie, tandis
que la partie inférieure passe, par des
transitions insensibles et de la façon g
la plus irrégulière, au calcaire encais- '
sant. (Voir fig. 326.) On trouve, en
outre, des minerais dans des fractures
plus ou moins complexes et en rela-
tion plus ou moins directe avec le
contact en question ; il en existe au
voisinage d'autres porphyres et enfin,
accidentellement, au cœur du por-
phyre même.
^ Les figurés des figures 325 à 332 sont ceux
de la figure 324.
GÉOLOGIS. — T. II.
41
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642 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Il semble à peu près certain qu'il s'est produit là des phéno-
mènes de substitution analogues à ceux que nous avons rencontrés
dans tant d'autres gisements : c*est-à-dire que des eaux sulfureuses
ont, après l'intrusion des microgranulites et avant la dislocation
des terrains (vers la fin de l'époque crétacée), pénétré dans le
calcaire en profitant de toutes ses fissures et que, se concentrant
particulièrement au-dessous d'un couvercle de microgranulites
inattaquables, elles ont, à son contact, corrodé progressivement
^-i^te.
Fig. 326. — Coupe verticale £. 25" S., à la descenderie, dite Carbonate Incline
(Carbonate mine, Leadville).
ce calcaire. La forme des gisements et la façon dont leur partie
inférieure pénètre, par une série de poches, dans le calcaire
prouve bien nettement qu'on n'a pas eu affaire à un remplissage
de cavités, de grottes préexistantes.
Mais le dépôt primitif ne s'est pas fait sous la forme actuelle
de carbonates et d'oxydes, et ceux-ci sont dus, comme à Eurêka,
à un métamorphisme secondaire et superficiel, qui a produit, par
endroits, un véritable remaniement.
Les eaux ont, en eflet, commencé par précipiter leurs métaux
sous forme de sulfures divers, en particulier de sulfure de plomb
argentifère et de pyrite de fer. Puis, au voisinage de la surface *, ces
sulfures ont été altérés et transformés en carbonates, sulfates et
chlorophosphates, contenant un reste de galène et associés avec
des matières ocreuses et des hématites, et ces minerais oxydés
sont, en définitive, les plus habituels.
^ On a remarqué que l'épaisseur de la zone altérée variait avec raliitude et était
moindre aux grandes hauteurs, où les eaux sont emprisonnées longtemps à l'état de
glace par les froids. Bien des causes influent, d*ailleurs, sur Tintensiié de ce phéno-
mène, Tabondance des pluies, la longueur du trajet souterrain dans lequel les eaux
se sont plus ou moins dépouillées de Toxygène de Tair, etc.
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GtTES DE PLOMB ARGENTIFÉEE DE LEADVILLE (cOLORADO) 643
Minerais. — A côté du carbonate de plomb prédominant et de
la galène, on trouve fréquemment un mélange de sulfate de fer,
d'anglésite et de pyromorphite , appelé par les mineurs : basic
ferrie sulfate.
En même temps, Targent se présente, non seulement associé
aux carbonates de plomb mais aussi isolé en chlorobromures,
parfois chloriodures, rarement à l'état natif. Originairement, il
paraît avoir été sous forme de sulfure, soit simple, soit arsenical ou
antimonial. Les chlorures, bromures et iodures d'argent semblent
être à Tétat de mélange confus, contrairement à ce qui se passe,
d'après les observaUons de Moesta, à Chaûarcillo (Chili)*, où les
chlorures sont seuls jusqu'à 20 mètres ; puis s'associent à du brome
qui domine de plus en plus et auquel se substitue, plus bas, de
l'iode, arrivant à former de purs iodures au-dessus des sulfurés.
Mais, à Cha&arcillo, la présence de ces sels résulte directement
de ce que la mer a couvert les filons, tandis que le phénomène
a été plus complexe à Leadville.
Avec l'argent, il existe également de l'or natif, probablement
associé avec les pyrites ; exceptionnellement, de la blende, de Tar-
senic, de l'antimoine, du molybdène, du cuivre, du bismuth, du
vanadium et même des traces d'étain, d'iridium et de cadmium,
qu'on a découvertes dans les fours de fusion.
La gangue comprend de la silice ou des silicates de fer, manga-
nèse et alumine et de la barytine. En outre, on rencontre, entre
le porphyre et le calcaire subjacent, un corps blanc, composé de
silicate et de sulfate d'alumine, que les mineurs appellent < talc
chinois ».
On a remarqué que les principaux amas de minerais ai^entifères
se trouvent dans les bancs calcaires magnésiens et que les minerais
contenant de l'or et du cuivre se rencontrent, au contraire, plutôt
dans les bancs siliceux ou les porphyres.
Le tableau suivant donne l'analyse de quelques minerais carbo-
nates, particulièrement purs, et, en même temps, d'un minerai
moyen :
* Ghlor, Brom und lodverbinduDgen des Silbers in der Natur. Marburg, 1870.
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644
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ADELAÏDE
LITTLECHIEF
1
2
MINERAI UOYEN
PbO
80,352
75,408
24,77
Al«0'
0,444
1,415
3,99
Fe«0*
0,467
1,940
24,86
FeO
0,299
»
0,89
MnO
0,137
0,074
4,13
MnO»
»
1,386
»
Cob
Traces
Traces
>
ZnO
>
0,095
»
CaO
0,303
0,335
2,76
MpO
0,068
0,056
3,04
SiO*
0,651 '
1;972
22,59
SbetAs
Traces
Traces
Traces
PhO»
1,532
Traces
»
CO*
14,700
14,251
5,58
Cl
0,255
0,288
0,09
HO
0,395
1,140
5,53
Ag
0,009
0.777
0,31
Au
Traces
Traces
Traces
99,612
99,137
98,54
Le n^ 1 (minerai d'Adélaïde) se présente sous forme d'un sable
blanc de petits cristaux de cérusite ; on le trouve, non dans le
calcaire, mais entre les porphyres blancs et gris.
Le n"" 2 (minerai de Littlechief mine) est un carbonate décoloré
et sableux.
Origine des métaux. — Pour expliquer l'origine de ces métaux,
M. Emmons, pénétré des idées qui régnent, en Amérique, sur
la formation des gîtes métallifères par simple circulation d'eaux
superficielles empruntant leurs éléments aux roches traversées, a
d'abord essayé de montrer que les eaux, qui avaient agi sur le
calcaire de Leadville, avaient suivi le contact du calcaire et du
porphyre en descendant, sous l'influence de la gravité, et non en
remontant à la façon des sources thermales ^
1 II est, dans tous ces gisements superficiels altérés, essentiel de distinguer entre
les eaux primitives, sans doute ascendantes, qui ont amené les métaux el les eaux
superficielles descendantes qui les ont remis en mouvement et transiormés. Le trajet
des secondes, s*étant superposé à celui des premières, a donné lieu à de nombreuses
confusions.
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gItes de plomb argentifère de leadville (Colorado) ((4o
Son argumentation^ se résume en ce fait que les minerais se
trouvent surtout à la partie supérieure du calcaire, qu'ils affectent,
le plus souvent, la forme de lits horizontaux avec des poches
limitées en profondeur et que les quelques veines verticales que
Ton rencontre ne ressemblent pas à des cheminées d'ascension.
Nous ne voulons pas nier, à distance, que la conclusion puisse
être exacte; il nous semble cependant résulter de l'étude des
sources thermales que des eaux ascendantes, montant d'ua point
quelconque à travers un calcaire fissuré et attaquable jusqu'à la
microgranulite inattaquable, ont dû également s'étendre au-des-
sous de celle-ci, y séjourner avec une tendance constante à s'élever
et y exercer leur action de subsititution. L'une des deux idées n'est
pas plus hypothétique que l'autre et nous voyons, dans la chaleur
et la pression qui accompagnent les eaux thermales, un auxiliaire
utile pour expliquer la cristallisation des minerais ; en outre,
l'origine même des métaux en devient, comme nous le dirons,
plus aisément explicable.
M. Emmons objecte à cela que les terrains imprégnés devaient,
au moment de la venue métallifère, être recouverts par des cen-
taines de mètres d'autres terrains érodés et probablement par des
étendues d'eau de mer considérables, et que l'action métallisante
aurait dû plutôt se produire à la partie supérieure (aujourd'hui
disparue) de ces terrains, où la pression était plus faible, qu'à
leur base, où la pression devait maintenir les éléments dissous. Le
fait que les eaux se sont arrêtées en montant à une strate de por-
phyre impénétrable nous paraît une réponse suffisante et, précisé-
ment, nous ne comprenons pas bien comment des eaux, venant de
la surface, auraient, après des cenlaines.de mètres de cheminement,
continué à descendre sans avoir été auparavant neutralisées et
rendues inertes.
Mais d'où viennent les métaux eux-mêmes ; là encore, M. Em-
mons suit la tendance américaine et cherche, par une série d'ana-
lyses, à montrer qu'ils peuvent dériver directement des roches
voisines.
La baryte, — ainsi que la strontiane, qui remplace parfois la
* Loc. cil. y p. 575.
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646 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
baryte dans les gîtes de Leadville, — ont été rencontrées dans le
white porphyry de Leadville (Ba 0 = 0,03 ; Sr 0 = traces) et sur-
tout dans le porphyre pyriteux de White's Hill (Ba 0 = 0,098; SrO
absent) ; le plomb a été trouvé également dans les feldspaths du
porphyre blanc et surtout dû porphyre pyriteux; de même, pour
l'argent, — en quantités, il est vrai, extrêmement faibles :
0,000006 environ. — Enfin, on a fait remarquer qu'une partie de
la pyrite existait incluse dans des cristaux de quartz, donc à Fétat
de première consolidation, bien que la plus grande partie ait pu
être injectée postérieurement *.
En résumé, nous sommes très disposé à admettre, avec
M. Emmons, que le porphyre, au contact duquel le gisement
métallifère s'est développé, en contient les éléments et que c'est
de ces éléments que provient le gisement lui-même ; la relation
entre les roches éruptives et les formations métallifères est un
des faits géologiques qui ont été le plus anciennement admis par
l'école française ; là, où nous avons quelque peine à suivre
M. Emmons, c'est lorsqu'il suppose uniquement un lessivage de
la roche devenue solide, tandis que nous croyons plutôt à une
intervention des fumerolles de la roche encore à l'état igné.
Ceci dit, passons à la description plus détaillée des trois prin-
cipaux groupes de mines de Leadville : Iron Hill, Carbonate Hill
et Fryer Hill.
Groupe de Iron Hill. — Le groupe de Iron Hill est d'une
constitution très simple, comme le montrent un plan et une coupe
ci-joints' (fig. 327 et 328). Un bloc de terrains anciens, inclinés
vers l'Est assez doucement, a été coupé, à l'Ouest, par une grande
faille, et dans ce bloc, les minerais se trouvent exclusivement au
contact du calcaire {é) et de la microgranulite, ou white por-
phyry, (y*), superposé. On y voit deux intrusions de porphyres plus
' Un fait assez particulier, dans les analyses données par M. Emmons ((oc. cil,^
p. 591), c'est que la plupart des porphyres analysés contenaient un peu de plomb et
un seul du zinc : ce qui correspond, assez bien, à la rareté du zinc, par rapport au
plomb, dans les gisements.
* On voit, sur le plan, les amas de minerai se projeter au milieu de la microgra-
nulite (white porphyry) ; ils sont, en réahté (voir la coupe), au-dessous d'elle, à son
contact avec le calcaire.
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Fig. 327. — Carte géologique de la région d'Iran HIU à Leadville.
(Les travaux souterrains et contours de gisements métallifères sont supposés
projetés sur un plan horizontal.) Les figurés sont ceux de la figure 324.
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6i8
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
récents assimilés au porphyre gris (?:*). L'un d'eux, qui tra-
verse le gisement, est accompagné d'une concentration de mine-
rai riche à son voisinage. Le minerai est formé de galène argenti-
fère avec ses produits d'altération, dans une gangue d'oxydes de
fer et de manganèse, de silice et d'argile.
Iron Hat
Opo p.
. P.
Iron
LoeDa Tue a on
Porplyry P.Tae«eii
Ecfaello
Fig. 328. — Coupe verticale par la principale descenderie dlron Hill.
Les principales mines sont : Rock et Dôme, Iron Silver, la
Plala et Stone, Lime et Smuggler, Silver Wawe et Silver Cord,
Iron mine.
North Iron Hill comprend surtout les mines Argentine et Adé-
laïde.
Groupe de Carbonate Hill. — Ce groupe est un peu plus com-
Star^ Crescent Doodle Carbonate
Eiwnhur
StaT*
Hvmn^ Catalpa
ShamrooV
i l\\ ï l \ \\
W i i il Mf^j ■
JElcheBe au 7.000
JElcheBe au 7.000
Fig. 329. — Coupe longiludinale de Carbonate Hill sur le flanc Ouest de la colline.
Crescent
. W»Wallaco
ExoeUior
REaBoeblor
F Pondcry
E cliellc ' au 7.8 o o
Fig. 330. — Coupe verticale N.-O. — S.-E. de Carbonate Hill par la mine Crescent.
plexe, comme le montrent une coupe en long (fig. 329) et une
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gItes de plomb argentifère de leadville (Colorado) 64d
coupe en travers (fîg. 330), perpendiculaire à la première; là, éga-
lement, on observe, à la rencontre des gisements par les porphyres
EekeOc au 5.200
L.Wuhrer scu/p
Fig. 331. — Carte géologique du groupe de Fryer Uill, à Leadville. (Figurés de la figure 324.)
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650 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
gris, un enrichissement notable. Les minerais sont les mêmes
qu'à Iron Hill.
Les mines peuvent se diviser en deux groupes :
Au Sud, Carbonate, Little Giant et Yankee Dodle, à TEst de la
faille principale ; Aetna et Glass Pendery, à TOuest ;
Au Nord, Crescent, Catalpa, Evening Star, Morning Star, Wa-
terloo, Henrielt, etc.
Groupe de Fryer Hill. —Le groupe de Fryer Hill (fig. 331 et 332),
fameux par la richesse en argent de ses gisements, n'occupe qu'un
espace assez restreint. Les phénomènes de substitution y ont été
poussés à Textréme. En même temps, les calcaires ont subi un
plissement considérable et ont été, par l'intrusion de la microgra-
nulite, comme laminés et divisés : en sorte, qu'au lieu d'en trouver
une couche compacte sous le porphyre, on n'en rencontre souvent
que des lambeaux discontinus et disséminés.
Ouest
Chrjrsolite
UUÙ9 litUe
Chief Pittaburg^ Amie CKnuix Dunldn
P.Chmnc Pfenu
Iitd« Chief ^ph!»T** C«*raet.
Est
R.K.LM
LittlaSilw
Echelle au 7.800
Fig. 332. — Coupe transversale Est-Ouest de Fryer Hill le long de Stray Uorse
Ridge.
Les gisements sont extrêmement irréguliers; on peut citer,
comme mines : la Chrysolite Mining C**, New-Discovery , Liltle
Chief, Little Pittsburgh, Amie, Climax, Dunkin, Matchless, etc.
Le gîte de Lee a présenté cette particularité de ne contenir que
de l'argent sans plomb, probablement parce qu'il est entièrement
secondaire.
Voici quelques exemples de production * :
Engineering^ 16 janvier 1886.
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GISEMENTS DE PLOMB DE TUNISIE
651
UINERAI
PLOMB
GRAMMES
d'argent
Par tonne
Fryher-hill (mine Chrytolitbe)
Tonnes
10 561
6 315
4 794
152 457
p. 100
21,45
16,10
38,45
18,00
1 kg. 963
1 — 170
0-750
0 — 450
( mine Bvening Star
Carbootte-hill ]
\ mine llorning Stir
Iron^ill (minefl de U Silver company)
Bibliographie.
1868. Simonin. — Mines d'argent du Colorado. (B. S, G., 2«, t, XXV, p. 453 ;
cf. B. Deux-M.)
1879. PoszEPNY. — Leadville; die neue Bleistadt in Colorado. {Oesier. Zeits,)
1884. H. GuNN. — On the Siiver districts of Colorado (Leadville and
S. Juan). (Proceedings of the royal physical Society, 1883-84, p. 155. Edimburg.)
** 1886. EuMONs. — Geology and mining industry of Leadville.
1889. Daubrér. — Eaux souterraines.
1890. J.-D. Hawkins. — - Minium from Leadville. {The Amer, J. of Se.,
t. XXXIX, p. 42. New.Haven,1890.)
GISEMENTS DE PLOMB DE TUNISIE*
M. Fuchs a étudié, en Tunisie, divers gisements de plomb, d'âge
tertiaire, intercalés dans les calcaires nummuliliques. Le principal,
au point de vue industriel, semble être le Djebel Reças qui paraît
avoir été déjà attaqué par les Romains et qui a donné lieu
récemment à des commencements d'exploitation. Ce gisement est
situé à quelques kilomètres de Tunis, dans la moqtagne du Djebel
Reças. Les terrains avoisinants appartiennent à deux groupes :
Le supérieur est composé de calcaires compacts, gris violacé
pâle, sans traces organiques de polypiers ou nummulites, mais
qui doivent cependant se rattacher, d'après l'ensemble de leurs
caractères, à Téocène moyen. (Nummulites de Djebba.)
L'inférieur est argilo-marneux et renferme des schistes micacés
et même quartzeux. Il est incliné et en discordance avec les cal-
caires qui le surmontent, lesquels sont déposés horizontalement et
présentent des escarpements presque verticaux.
* Voir la carie de Tunisie, t. I, p. 402.
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652 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Au milieu de ces terrains, le principal filon est situé au Nord-
Est du sommet principal et son affleurement est voisin de la crêle,
entre 570 et 605 mètres d'altitude.
La fracture, qui a livré passage aux substances filoniennes, pré-
sente une puissance de plusieurs mètres.
Sa direction est Nord 5 à 7"* Ouest. La partie métallique, distri-
buée irrégulièrement dans une gangue de calcaire cristallin avec
inclusions bréchoïdes, présente une puissance réduite de 0",40 à
0°*,50.
Le remplissage est constitué par de la galène mélangée de
cérusite, de calamine et de blende. Le minerai trié a donné à
l'analyse :
Plomb 49,60 p. 100. ) ,,
Zinc 19,70 - jpasd'argeot.
3^ GISEMENTS DE PLOMB SEDIMENTAIRES
Les gisements de plomb sédimentaires d'une certaine impor->
tance son! très rares, et il n'en est que bien peu où l'on soit sûr
de ne pas avoir affaire à une imprégnation postérieure, analogue
à celle que pourrait produire une nappe artésienne minéralisée en
se répandant au milieu d'une couche perméable, comme un grès,
ou, tout au moins attaquable aux acides, comme un calcaire.
C'est ainsi que, si nous avions adopté une autre théorie, nous
aurions pu classer, dans ce chapitre, une partie des gisements
de la province de Carthagène, de ceux de Raibl, etc. Il est cer-
tain, d'autre part, qu'il semble y avoir eu, dans l'Europe cen-
trale, de très abondantes venues plombifères, pendant la période
qui commence au permien pour s'étendre jusqu'au lias, et l'on
conçoit très bien que ces métaux, disséminés dans les eaux d'un
bassin où se formaient des sédiments, aient pu se déposer avec
eux. C'est sans doute à des actions de ce genre qu'il faut attribuer
la présence de mouches de galène dans certaines arkoses et
meulières triasiques ou infraliasiques du plateau central ; une
hypothèse analogue peut également être adoptée pour les grès
plombifères de Commern, Mechernich, Saint-Avold, etc., que
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GRÉS PLOMBIFÉRES DE GOMMERN, MEGHERNIGH, ETC.. 653
nous allons décrire, ainsi que pour les gîtes de Silésie, dont l'étude
a été faite au chapitre du Zinc K
GRÈS PLOMBIFÉRES ET CUPRIFÈRES
DE COMMERN, MEGHERNIGH ET SAINT-AVOLD
Il existe, en Allemagne, d'Aix-la-Chapelle à Sarrelouis, un long
affleurement Nord-Sud de grès bigarré, qui présente, en bien des
points, des signes de minéralisation, comparables, dans une cer-
taine mesure, à ceux des schistes cuprifères du Mansfeld ou des
grès cuprifères de Perm. Mais ici le cuivre n'est qu'un acces-
soire, tandis que le plomb joue un rôle important.
Dans cette région, le grès bigarré couvre le plateau de la Sarre,
les Vosges et le Hardt et se prolonge par quelques îlots avancés
jusqu'aux environs de Dûren près Cologne. C'est surtout aux deux
extrémités de cette bande, près de Dûren au Nord, de Sarrelouis
au Sud, que se trouvent les métaux (fig. 333).
1** Au Nord, à Commern^ dans l'Eifel, le grès bigarré affleure,
sur les couches dévoniennes des bords du Rhin, sur une longueur
de 23 kilomètres et une largeur de 8. A la base, il comprend des
grès grossiers peu colorés et des conglomérats avec plomb ; à
la partie supérieure, des grès rouges, à grain fin, correspondant
au Roth.
Les grès bigarrés à nodules de galène sont exploités principale-
ment au Bleiberg, près Dûren, à côté de Cologne, entre Call et
Mechernich, sur une longueur de 8 kilomètres et une largeur de 2.
Ils débutent par une assise d'argile rouge et un banc de con-
glomérat de 0™,50 à 6 mètres de puissance, nivelant toutes les
inégalités du dévonien sous-jacent. Au-dessus, vient la couche
noduleuse inférieure, de 18 mètres d'épaisseur, recouverte par
un autre banc de conglomérat, puis la couche noduleuse supé-
rieure de 26 mètres de puissance.
Quelques failles recoupent le gisement, dont une, celle de Son-
nenberg, est remplie de barytine blanche.
» Page 449.
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654
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le grès noduleux métallifère * est un grès blanc, généralement
friable, formé de petits grains quartzeux, avec ciment argileux et
parfois un peu calcaire. On a remarqué que les nodules de minerai
J^Durcn
39 BajvLltMX adairmeifrùkf f
I 8 JJcwru^rt^
Lu
Xujccraboi
Fig. 333. — Carte de la région do Commern et Saint-Avold,
d*après la carte géologique de France au ^ qoo ooo*
existaient seulement dans les grès blancs et disparaissaient dès
que la roche est colorée.
Les nodules eux-mêmes sont des concrétions arénacées de
grosseur variable (1 à 8 millimètres), renfermant, outre le ciment
ordinaire, divers minerais cristallisés, galène, plus rarement
céruse, et, très rarement, sels de cuivre.
Certains nodules sont stériles.
La répartition des nodules est variable. Ils sont tantôt serrés
les uns contre Jes autres, tantôt disposés en groupe, ou tantôt
1 Voir V. Groddeck, p. 128.
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GRÉS PLOMBIFÉRES DE GOMMERN, MECHERNICH, ETC.. 655
isolés et éloignés les uns des autres. Lorsque les bancs de con-
glomérat sont minéralisés, ce n'est pas par des nodules, mais par
de petites masses cristallines et lamellaires de galène, finement
réparties dans le ciment ou réunies en cordon.
Au Bleiberg, on rencontre, en outre, au mur du banc de grès
plombifère, des masses homogènes de galène, pouvant atteindre
0™,7S de diamètre, associées à du calcaire.
A la mine Friedrich Wilhelm, à Berg, près de Commern, on
trouve, associés aux nodules, des minerais de cuivre : entre autres,
de Tazurite et de la malachite. Ces minerais de cuivre forment,
eux-mêmes, des nodules dans une couche de grès de 3 mètres
de puissance.
Près de Call, à la partie supérieure d'une argile rouge, se ren-
contrent 3 couches de cérusite compacte mêlée d'argile, partie en
nodules, partie en petites lamelles.
La teneur en poids des nodules du grès plombifère est, en
général, de 0,15 à 1,5 p. 100 de plomb et s'élève quelquefois à 2
et 3 p. 100 de plomb.
Les plombs sont un peu argentifères (0,00027 d'argent).
2*" Au Sud de cette longue bande de grès bigarré (bunter
Sandstein), on retrouve des gisements de grès plombifères,
analogues à ceux de Commern et de Mechernich, en Lorraine,
dans la région comprise entre Saint-Avold et Wallerfangen, près
de Sarrelouis* et ces grès renferment, comme ceux de Commern,
à la fois des minerais de plomb et des minerais de cuivre.
Les affleurements du trias forment là un vaste fer à cheval au-
tour du massif complexe constitué par le plateau du Hundsriick et
le bassin houiller de Sarrebriïck. A l'extérieur de ce fer à cheval,
le grès permien est régulièrement recouvert par le trias qui présente,
presque partout, une falaise abrupte encadrant le plateau per-
mien. Une deuxième falaise, placée plus en retrait et n'existant
que dans la partie occidentale, vient, à son tour, superposer le
jurassique au trias. L'ensemble des couches plonge légèrement
vers l'Ouest.
La coupe générale des terrains métallifères, qui sont compris
* Groddeck, p. 128.
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656
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans les collines ou contreforts surmontant la plaine de la Sàrre,
est la suivante (fig. 334) :
A la partie supérieure se trouve le muschelkalk ; puis viennent
environ 15 mètres de marnes, sables et grès verts et rouges et, au-
' tuJbuoaJiC.
[ .T iMDBM'tU mùutxuù k- phi* '
Fig. 334.
Coupe générale de Tescarpement qui termine le plateau de la Sarre (Saint-Àvold).
dessous, 25 mètres de grès vert pâle, surmontant un grès jaunâtre
qui renferme la couche métallifère supérieure. Cette couche est
surtout développée au Bleiberg de Saint-Avold et à Creutzwald.
Plus bas, séparant cette couche d'une seconde couche de
grès plombifère, se présentent deux assises de grès jaunâtres. La
seconde couche plombifère, dite couche de Gastelberg et de beau-
coup la plus importance par sa constance et sa régularité, arrive
ensuite : c'est celle de Maubach, Gommern et Mechernich.
L'ensemble des gisements se termine par le grès des Vosges, à
la partie inférieure duquel se trouve la couche cuivreuse du
Hochwald, qui a été l'objet, il y a quelques années, de tentatives
d'exploitation suivies de peu de succès.
La couche plombifère, dite du Castelberg^ a une épaisseur
assez constante de 6 à 7 mètres. A sa partie inférieure, elle se
compose d'un grès blanchâtre très peu micacé, qui passe souvent
au jaune par suite de la présence d'un peu de molybdate de
plomb. Il renferme, irrégulièrement distribués dans sa masse,
une série de galets de quartz blanc, qui, tantôt se réunissent en
une couche unique formant un véritable conglomérat et tantôt
sont répartis sur toute la hauteur. Dans la partie médiane, se
trouvent quelques veines rougeâtres qui viennent barioler le
grès blanc sur une hauteur de 0",25 à 0",75.
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GRÉS PLOMBIFÊRES DE SAINT-AYOLD
657
Le plomb est disséminé, dans ces assises, en petites mouches de
galène formant, soit une imprégnation à peine visible, soit des
noyaux dits knoien, qui ont été d abord exclusivement exploités
et ont donné leur nom au grès (knotensandstein). La galène est
légèrement blendeuse, le zinc paraissant concentré dans les
knoten. A côté de la galène, on trouve la cérusite et le molyb-
date de plomb, qui forme un enduit jaunâtre, colorant légèrement
la masse du grès en plusieurs points.
La couche du Bleiberg est composée d'un grès brun jaunâtre
assez micacé; l'imprégnation métallifère y présente la même
allure qu'au Castelberg, mais elle est plus irrégulière et plus
condensée.
Les knoten tiennent de 40 à 50 p. 100 ; exceptionnellement,
on trouve quelques masses ayant une teneur supérieure à 10 p. 100 .
Aux environs de Sain t-Avold, la teneur varie de 1 à 6 p. 100.
Les plombs sont, de plus, légèrement argentifères.
Le cuivre se trouve, comme nous l'avons dit, surtout dans la
couche dite de Hochwald, à la partie supérieure du grès bigarré.
On connaît, à Freyhung (haut Palatinat), dans les couches du
keuper, un gîte de minerai de plomb qui rappelle le grès nodu-
leux de Gommern.
Quelques tableaux ci-joints résument, d'après M. Fuchs, les
principales données économiques relatives à ces gisements :
TABLEAU DE LA TENEUR EN PLOUB DE DIVERSES PRISES DRESSAI
DES MINERAIS DE LA COUCHE DU CASTELBERG
NATURE ET ORIGINE
des
édiaotilloDS
Prises d'essai n® 4 . |
Anx affleurements
Echantillons riches.
Knoten riches . . .
D'après
monnaie
de Paris
4,53
6,39
I 4,40
3,21
1,50
10.7
7,97
TENEUR EN PLOMB
D'après
Técole
des
6,50
3,80
3*30
1,02
D'après
M.Walter
Genève
4,92
6.747
4,848
3,619
1,468
D'après
M.Sellier
Paris
Moyenne
7,05
4,35
0,82
3,22
1,22
plus de
50p. 100
4,72
6,65
4,35
0,82
3,35
1.30
Moyenne
générale
4,13
2,35
TENEUR EN ARGENT
grammes
à la tonne de plomb.
17 fframmes, soit
0,26 à la tonne
de minerai.
17 grammes.
73or.,33 à la tonne
de minerai.
GÉOLOGIE. — T. II.
42
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658
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
TABLEAU DE LA TENEUR EN PLOMB DE I^IVERSES PRISES DRESSAI
DE COUCHKS DU BLRIBERG (PRÈS SAINT-AVOLD)
PRISES d'essai
Moyenne.
Riche . .
Pauvre. .
TENEUR EN PLOMB
N« I
2,90
4,46
0,90
N« 11
3,175
if m
2,95
4,45
0,82
MOYENNE
de«
•nalytes
3,008
TENEUR EN ARGENT
gmnmct
à U tonne de Pb
4,455 '. 560 grammes.
0,860 )
Moyenne générale de toute la couche 2,774
TABLEAU DU PRIX DE RETIENT
DE L EXTRACTION DES MINERAIS DE SAINT-AVOLD
Rapporté
à la loiine de plomb d'œuvre.
TENEURS
PLOMB CONTENU
QUANTITÉ
PRIX
_
_ „
___ _ _
_ - - -
de minerai
de rerient de
Dans les
nécessaire
Teitraction
TOTALR
p. 100
Finalement
uUlitée
Dans les grès
litres
à l'usine
schistes sor-
tant de la
laverie
Plomb
d'œuvre
par tonne de
Plomb.
rapporté à la
tonne de plumb
Tonnes
Tonnes
Tonnes
Tonnes
Francs
2
4,44
900
720
6i8
70
175
2,5
1,80
1 125
825
788
55
137 1
3
2, 16
1350
1080
972
46
115
3,5
2,52
1575
1260
1134
39
98
4
2,98
1800
14tO
1296
3^
85
4,5
3,24
2 025
1020
1458
30
75
5
3,60
2 250
1800
1620
27
68
TABLEAU DES FRAIS TOTAUX POUR L EXTRACTION ET LE TRAITEMICNT DES MINERAIS
DE PLOMB DE SAINT-AVOLD
Rapportés à U tonne de pl.^mb, dans l'hypothèse d'un trarail journalier de 100 mètres cubes
ou 150 tonnes.
Total
Amortis-
Intérêt
TBMIOa
Extraction
Préparation
Fonderie
des frais
Frais
sement des
des fonds
TOTAL
p. 100
mécanique
spéciaux
généraux
installa <
de
général
tiuns
roulement
Fmncs
Francs
Francs
Francs
Francs
Francs
Francs
Francs
2
175
82
60
317
77
85
8
487
2,5
137
73
60
270
63
69
7
409
3
115
65
60
261
51
56
5
373
3,5
98
60
60
218
44
48
5
315
4
85
55
60
200
38,50
42
4
280
4,5
75
5i
60
186
34
37
4
261
5
68
48
60
196
31
34
3
244
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GRÈS PLOMBIFÈRES DE SAINT-AVOLD
659
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660 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
En 1890, le district minier de Cologne, a produit 6 506 tonnes de
minerais de plomb préparés; celui d'Aix-la-Chapelle, 47 580 tonnes.
Bibliographie.
1807. Dartiques. — Journal des Mines, t. XXII, p. 331.
Bleibtrkn. — Schriflen d. miner. Gesell. zu lena, t. II, p. 79.
i825. {Karstens Areh,, t. IX, p. 62.)
Annalen d. Wctteranischen Gesellsch, t. m, p. 29.
1853. Carnall. — Zeitschr. d. d. geol. Ges., p. 242.
1856. Breithaitpt. — Berg. u. Huit, Z, p. 7.
i861. CoTTA, p. 156.
Jacquot et Barré. — Accidents strat. de la région de Sarre-et-Moselle.
1857. Jacquot. — Notice hist. et géol. sur les mines de plomb et de cuivre
des environs de Saint-Avold, Hargaren et Sarrelouis. (Ann, de PAc. de Metz,)
1860. Fayn. — Sur les mines de plomb de Gommera (Eifel). {Cuyper, t. VII,
p. 314ett.XXIII, p. 284.)
1861. Ao. GuRLT. — Verhandl. d.naturh.Vereinsd.p.Rheinl.u. Westf.,p.60.
1862. W. Jung. — Sur Berg près Commern. (Berg. u, Hûtt, Zeit,, p. 229.)
1866. DiESTERWEG. — - Sur Bleiberg. {Zeitschr. f. d, B. H. u. S. im pr. St.^
1866, t. XIV, p. 159.)
1866. Simon. — Sur Saint-Avold. {Berg. u. Hûtt. Z., 1866, 2« semestre,
p. 412, 441 et 430.)
1867. Simon. — Gis. métall. de Sainf-Avold. (Cwyper, 1867, l«s., t. XXII.)
• 1879. Groddeœ, p. 128.
1879. Hauchecorne. — Ueber Bleierzen aus dem Buntsandstein von S(tint-
Avold. {Zeit. der D. geologischen Qesellschaft, t. XXXI, p. 209. Berlin, 1879.)
1883. Dbchbn. — Geol. Ubersichts Karte der Rbein Provinz und der Provinz
Westfalen au g^^ (2« édition de 1883).
Bibliographie générale du plomb.
1852. Ville. Mines de plomb de TOuest de la prov. d'Oran. (E. S. G., 2«,
t. IX, p. 379.)
1859-65. Sapwith, — On the lead-mines of Eigland. (Proceedings of the
geologisl's associations, t. 1, p. 312, London, 1859-65.)
1824. Mines de plomb de la Serbie. (Bull. Ann. d. Jf., 6% t. EC, p 628.)
1870. Blanchard. — Mine de Tende ou de Vallauris(Nice). (Cuyper, t. XXVII,
p. 170.)
1879-80. FoBRET. — Sur la présence du mispickel et de la Galène à Nil-Saint-
Vincent. (Annales de la Société géologique de Belgique, t. Vil, Liège.
TiCHBORNK. — On an argentiferous Galenitic-blende at Ovoca, p. 296.
1888 . ScHARizER. — Ueber persische Bleierze. ( Ver. d. K.K. geol. Beic/ts., Vienne.)
1888. KosxAN. — Ueber die Verbreilung der Blei und Zink formation des
Muschelkalkes in Oberschlesien. (Jahresbericht der Schlesischen Gesellschaft fur
Vaterlandiscfien Cultur, t. LXVi, Breslau, 1888.)
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MERCURE
Hg ; Eq = 100 — P. At. = 200
USAGES ET STATISTIQUE
Usages. — Le mercure n'a que des usages assez restreints.
Aussi, malgré sa rareté, n'atteint-il qu'un prix relativement faible.
Deux industries seulement l'utilisent en grand : l'extraction de l'or
et de l'argent par l'amalgamation et la fabrication du vermillon.
Ses autres emplois, quoique nombreux, n'en consomment qu'une
petite quantité.
Pour le traitement des métaux précieux^ le mercure est souvent
un élément indispensable, dont le défaut s'est fait vivement sentir
en certains pays, grands producteurs d'argent, comme le Mexique.
Cependant, il n'est qu'une seule classe de minerais d'argent qui
passent à l'amalgamation, les minerais d'argent proprement dits,
comme ceux du Comstock, de Zacatecas, etc. ; les galènes et car-
bonates argentifères, comme ceux de Leadville, sont traités par
une méthode différente. D'autre part, la demande de vermillon
est limitée par la concurrence des autres matières rouges.
Le vermillon le plus estimé vient de Chine, où on l'obtient par
un procédé qui n'est pas connu.
A Idria, où l'on en fabrique également, on opère par voie
sèche : 1*" préparation de l'éthiops (mélange intime de soufre et
mercure); 2^ sublimation pour transformer l'éthiops en cinabre
artificiel; 3** broyages et raffinages pour donner du vermillon. De
1839 à 1877, l'usine d'Idria a fabriqué 130 000 tonnes de ver-
millon. Le déchet de mercure est de un tiers.
En dehors de ces deux applications principales, on a longtemps
consommé beaucoup de mercure pour la dorure 'mais le procédé,
' UNTVERSITY
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662 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
nuisible à la santé des ouvriers, a été, presque partout, remplacé par
la dorure galvanique ^ Kamalgame d'étain servait, de même, autre-
fois, presque exclusivement, pour Tétamage des glaces : on étendait,
sur une table de fonte, une feuille d'étain, sur laquelle on versait
du mercure, on faisait glisser la glace au-dessus et on chargeait
avec des poids. De même, Tamalgame de bismuth (1 de bismuth
et 4 de mercure) servait, en raison de son adhérence très forte, à
étamer les ballons. Le même motif d'insalubrité fait, aujourd'hui,
dans ces deux cas, préférer l'argenture.
Comme emplois accessoires, un peu de mercure passe à la fabri-
cation des thermomètres, des cuves à gaz de laboratoire, en méde-
cine, à la préparation du calomel , des onguents, du sublimé;
Tamalgame de palladium qui se moule comme de la cire et durcit
vite, fournit des plombages aux dentistes. Les botanistes, en
mettant une feuille entre du papier au chlorure de platine et une
plaque de cuivre amalgamé, ont pu en reproduire les nervures.
Enfin, il y a quelques années, on avait cru trouver un débouché
important dans le procédé d'un M. Baur de San-Francîsco pour le
traitement du phylloxéra : le système a été abandonné.
Par suite de ces applications diverses, la consommation annuelle
de mercure dans le monde ', très constante depuis dix ans, peut
être estimée à environ 120 000 bouteilles, ou 4 000 tonnes; sur
ce total, 90 000 bouteilles environ viennent de l'Europe. L'Angle-
terre, qui est le centre du commerce du mercure, en a importé,
en 1886, 58 968 bouteilles et exporté 66 109 qui ont été dirigées
sur les points suivants :
Chine (Hong-Kong 21 515 bouteilles.
Etats-Unis 12 311 —
Mexique 1Ô59'2 — -
France . . . . ' 4 553 —
Allemagne 3 557 —
A reporter ... 52 528 bouteilles.
* Dans les ateliers où Ton travaille le mercure, on répand, chaque soir, sur le sol,
un demi-litre d'ammoniaque liquide. Les ouvriers des mines de mercure sont, de
même, forcés de passer, de temps en temps, à un auti*e travail.
' D'après M. Habich, déduction faite de la partie de la production autrichienne qui est
transformée immédiatement en vermillon, on peut évaluer environ à 88 000 bouteilles,
ou 3 050 tonnes, la quantité annuelle de mercure métallique livrée à la consomma-
tion. La bouteille de mercure est de 34 kii. 65.
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STATISTIQUE DU MERCURE
663
Report . .
Pérou . . .
Chili. . . .
Autres pays.
52 528 bouteiUes.
3188 -
2 297 —
8 096 —
66 109 bouteilles.
La Chine, qui importe, comme on le voit, une quantité considé-
rable de mercure, indépendamment de celui qu'elle produit elle-
même, le transforme tout entier en vermillon.
Le marché du mercure est presque exclusivement concentré en
Angleterre, comme celui de beaucoup d'autres métaux. Confor-
mément à une ancienne coutume, les ventes se font par bouteilles
(bottle, flask; frasco à Almaden), contenant pratiquement 34^,50^
de mercure chacune. Le cours du mercure est donc réglé en livres
sterling par flask.
Le prix mot/en du mercure varie de 5 à 7 francs le kilogramme ;
un tableau ci-joint indique les cours à Londres, comptés en francs
par bouteille, depuis 1850.
1860
1865
1860
1866
200
196
1870
1876
1880
1886
1887
282
159
1889
244
187
1890
262
226
Prix le plus haut.
Prix le plus bas.
375
328
172
163
175
175
250
170
600*
265
194
159
188
138
* En 1874, l6 prix avait même aiteUit 650 franci. Oo trouTera un Ubieaa plus complet dans les 1
Minerai jReêomrces des Étata-Unis. M
En décembre 1892, le prix est, à Londres, de 163 francs.
On a calculé que, de 1850 à 1886, la production comparée du
mercure, de Tor, de l'argent et de Tétain pouvait être représentée
par les rapports suivants :
PRODUCTION TOTALE
VALEUR TOTALE
raoroaTioimiLLa
VALEUR proportionnelle!
PAK KIUM». 1
Or ... .
6 484 922
1,
0,11
0,064
1,
1,79
20,3
1.
16
458,
Argent . .
58 054 906
8,9
1
0,57
0,56
1
16,4
0,063
1
28,7
Mercure . .
101 300 000
15,6
1,74
1
0,03
0,06
1
0,002
0,035
1,
EUin . . .
620 000 000
95,6
10,7
6.12
0.07
0,13
2,2
0,0008
0,013
0,36
» 76,5 pounds avoir-du-poids ou, exactement, 34k,65.
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664
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Celte production de mercure se répartit, comme suit, entre
les principaux pays producteurs :
MINERAI DE MERCURE
AUTBICHB
ESPAGNE 1
ANNÉES
^ """^^^
— — ^
'mm^^-^
^ ■
Tonnes
Francs par tonne
Tonnes
Francs par tonne
1880
»
»
26 336
20
1881
48 204
25
23 919
93
1882
46 968
29
27 000
222
1883
48 500
30
22 600
234
1884
57100
26
25 800
240
1885
67 400
27
»
»
1886
»
»
25 300
243
1887
70 500
23
27100
223
1888
73 000
27
28 000
214
1889
73 000
28
>
9
1890
70 700
31
»
9
1891
70 633
32
»
9
MERCURE
ANNiES
1880
188(
1882
1883
1884
1885
1886
1887
1888
1889
1890
1891
AUTRICHE
898
409
466
499
487
541
532
5il
507
542
570
4 849
4 650
4 224
4 212
4 768
5 377
5 994
6 415
6 603
6 485
5 iAO
ITALIK
H
109
140
267
237
251
231
i44
339
386
449
6 000
4 000
3 800
3 700
3 704
3 700
4 200
4 994
5 900
6 503
ESPAGNE
S
s
a
o
H
1 387
1 812
1 705
1 667
1 564
1 694
1 846
1 887
1 865
1 759
1 791
1 720
il
4 314
4 440
4 502
4 492
4 473
4 497
4 500
5 450
5 363
ÉTATS-UNIS
1*
2 076
2 108
1 827
1 829
1 100
974
1 032
1 165
1 145
918
793
fii
4 213
4 110
5 209
5 290
6 317
6 357
6 717
RUSSIE
170
HONGRIE
«
5 200
c'est-à-dire, par ordre de production :
1884
Espagne 1564 tonnes.
États-Unis 974 —
Autriche 487 —
Italie 267 —
Russie » —
Bornéo » —
Hongrie » —
Total approximatif.
1889
1890
1 759 tonnes.
1 791 tonnes
918 -
793
567 —
542
386 —
449
170 -
?
60 —
?
10 —
10
3 900 tonnes.
3 750 tonnes
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STATISTIQUE DU MERCURE 66i
On voit que, dans tous les pays, la production a une tendance
à s'accroître , sauf en Californie , où il s'est produit , depuis
1881, une baisse continue, correspondant à l'épuisement progressif
des gîtes.
En outre, on peut remarquer combien le nombre des mines de
mercure est restreint. Pendant longtemps, il l'a été plus encore
et la mine espagnole d'Almaden a eu une sorte de monopole, qui
permettait au gouvernement espagnol de vendre le mercure un prix
très élevé aux mines d'argent du nouveau monde. Cependant on a
exploité jadis deux mines : l'une au Pérou, Huancavelica; l'autre en
Chine, Kwei-chau, aujourd'hui adandonnées, quoique peut-être loin
d'être épuisées ; en revanche, la Californie et l'Italie, puis la
Russie ne sont devenues que depuis fort peu de temps des pays
producteurs. Résumons rapidement cette histoire de la produc-
tion du mercure.
La plus grande mine de mercure du monde est celle à'Aimaden^
qui a été exploitée au moins 400 ans avant Tère chrétienne '. Pline
parlait déjà de 10 000 livres de cinabre apportées par an d*Almaden
(Sisapo) à Rome. Jusqu'à l'invention de l'amalgamation en 1537,
l'extraction dut cependant être toujours assez faible ; mais, depuis
cette époque, elle a été constamment croissant. Le gisement
passe pour s'enrichir en profondeur ; en tous cas, il est loin
d'être épuisé : les seuls piliers abandonnés suffiraient pour la
consommation du monde entier pendant bien des années.
La production connue a été, jusqu'ici, d'environ 4 millions de
bouteilles.
En dehors d'Almaden, V Espagne produit aujourd'hui un peu de
mercure (1 877 bouteilles en 1888) dans les provinces d'Qviedo,
de Grenade et de Ciudad Reald.
Les gisements d'Idria, en Carniole*, furent découverts vers
1490. Depuis 1380, ils ont été exploités par le gouvernement
autrichien. En 1880, M. Lipold estimait que, dans les 63 dernières
* On parle (l*un Athénien, nommé Caillas, qui aurait trouvé le gisement en'415 avant
J.-G. Les Mores appelèrent le gtte Al Maden, la mine par excellence. En 1525, les
Fuggers la prirent en fermage.
s La même province de Carniole produit encore du mercure à Santa-Anna (21 tonnes
en 1890) et à Uttai (16 tonnes].
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666 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
années, le bénéfice net avait été de 800 000 francs par an. Comme
à Almaden, une des parties les plus riches du gisement a été
trouvée en profondeur et, en 1880, les réserves connues ne ren-
fermaient pas moins de 30142 000 kilogrammes de mercure ou
873 504 bouteilles. Jusqu'en janvier 1893, la production totale a
été d'environ 1 600 000 bouteilles.
Après Almaden et Idria, on citait autrefois, comme grands
producteurs de mercure, le Pérou et la Chine.
Les mines du Pérou sont situées près d'Huancavelica. Elles ont
été trouvées peu après l'invention de l'amalgamation. Il y en
avait plus de 40, dont la principale, Santa-Barbara, a été très
riche.
En Chine, le district de Kwei-Chau, que Richthofen considère
comme le plus important du monde, est fort peu connu.
Ce n'est que dans la seconde moitié de notre siècle que quelques
autres gisements, en Californie, puis en Italie, enfin, tout récem-
ment, en Russie, sont venus s'ajouter à ceux-là. Au dernier siècle,
le Mexique tirait entièrement, de l'Espagne et du Pérou, le mer-
cure nécessaire à l'amalgamation. Comme il y avait, par suite,
un intérêt national à découvrir du mercure au voisinage, on fit,
en 1783, une législation tout particulièrement favorable à ceux
qui en trouveraient. Cependant on n'a jusqu'ici reconnu, au
Mexique, que des gisements de très second ordre et, dans les
Etats voisins des Etats-Unis , il fallut encore une soixantaine
d'années pour que l'on constatât la richesse des mines califor-
niennes. C'est en 1845 seulement qu'un officier mexicain, Andréas
Castillero, passant par hasard à Santa-Clara, y reconnut le cinabre.
Le gîte de Redington fut rencontré en faisant des tranchées pour
un chemin. Celui de Sulphur bank a été exploité longtemps pour
soufre avant de l'être pour mercure. La mise en exploitation
de ces mines de mercure de Californie, qui arrivèrent, en 1876, à
produire 2 800 tonnes, a causé, un moment, une grande pertur-
bation sur le marché et fait tomber le prix du mercure à 5 francs.
Mais elles ont assez vite diminué d'activité, et sont actuellement
presque épuisées ; en 1880, la production était déjà tombée au
quart du chiffre précédent; en 1888, on n'a extrait que 33 250 bou-
teilles; en 1889, 26 48i ; en 1890, 22 926.
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STATISTIQUE DU MERCURE
667
Voici d'ailleurs, en flasks (bouteilles), la production des princi-
pales mines californiennes dans ces dernières années, avec le total
depuis Torigine :
ANNÉES
^1
X
i
§
té
s
''î
te
îi
1
s
8»
if
8
II
1
JS .2
Ui
& â
1886
18 000
1 406
409
1 4*9
1 949
5 247
735
786
29 981
1887
ÎO 000
1 890
673
1 490
1 446
5 574
689
692
33 997
1888
18 000
1 aîO
126
2 164
625
5 014
1 151
992
33Î5C
1889
13 000
9m
812
2 283
556
4 590
1 345
9U
26 484
1890
12 000
977
505
1 608
1 336
3 420
1 046
7^7
22 926
ToUl de-
puis roriKiiie
916 359
131 266
99 753
84 683
55 910 60 722
18 097
63 833
16 006
68 961
1 567 855
La découverte du mercure en Italie s'est faite à peu près à la
même époque qu'en Californie. On y connaît deux centres : l'un
en Vénélie, non loin d'Idria; Tautre en Toscane.
La production a été la suivante, en kilogrammes :
1860
1870
1878
1879
1886
1889
1890
Toscane. . .
3 500
15 000
120 563
129 600
115 940
386 000
449 000
Vénétie. . .
. 30 256
31192
3 080
5 464
•
»
)»
On voit que, peu à peu, l'exploitation a passé de la Vénétie à la
Toscane. La production moyenne a été, de 1860 & 1880, de 2 617
bouteilles par an ; auparavant elle était plus faible, depuis elle
a pris un tel accroissement que la production toscane est aujour-
d'hui presque comparable à celle dldria. Entre 1881 et 1885, les
mines de Siele et Cornacchino (province de Grosseto), seules
exploitées en Toscane, ont fourni une moyenne de 5 789 bou-
teilles par an ; en 1886, 7 478 ; en 1890, 13 000.
Enfin, depuis quelques années, il vient un peu de mercure de
Hongrie et surtout de Russie, où les mines nouvelles du bassin
de Donetz sont en plein développement.
En résumé, la production du mercure dans le monde depuis
Torigine-peut être représentée par le tableau suivant (en bouteilles
espagnoles de 75 livres espagnoles ou 34,50 kilogrammes) :
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<^ 6ÉOLOG1K APPLIQCÉK
-XSOCr» .-^j^,4^ î**l»îtjiï l43#Al«W
I44M
ÂiBudi^tt . . I3«l MT«ii I SI 4TT 1 «^ Ar> 1 1355T<S :S«iM 43U81X
Idna. . . . l^S 399 Ml ««ï TU »1 î» 3»l ^d li&iM t «57 379
HuaoeaTi^rfra i:#:i Ï«I196' ^UM^ T^ttU - ! > 1 541 lU
Californie.., |)C4 . . i . . 1 4^9 »6 IS& «M i 614 246
! I I I I
Total, .[ I 79» 413 2 373 96i 1 4M 9a& 2166471 7l78S»9223âM
I : I i I ! I
GÉXÉR\LITÉS SLR LES GÎTES DE MERCURE
Minerais. — Le minerai de mercnre, de beaucoup le pins
important, est le cinabre (HgS), tenant 86,2 p. iOO de mercure.
Une Tariété de sulfure de mercure, ayant la même composition,
mais généralement amorphe et noirâtre, se nomme le métaci-
jiabre (ou métacinabarite) ; on la rencontre, assez fréquemment,
en Californie, en particulier à Redington et à New-Idria. Le
mercure natif apparaît surtout au voisinage des afDeureraents,
dans les mines de cinabre.
En outre, on connaît un séléniure (Hg* Se'), la Tiemannile^
trouré d'abord dans le Harz, retrouré dans TUtah à Marysville;
un sélénio-sulfure, YOnofrite; un tellurure, rencontré au Colorado,
la ColoradoUe ; des amalgames d*or et d'argent ; deux chlorures,
le Calomel et la Coccinile et des composés complexes, tels que la
Guadalcazarile : (Hg Zn) S ; la Lehrbachite : (Hg Pb) Se ; la CtUe-
brite : (Hg Zn) Se ; la Livingstonite : Hg. Sb, S. + 3 + n Fe S,.
Gisements. — Les gisements de mercure se présentent sous une
forme un peu différente de celle des gisements d'autres métaux
sulfurés, quoique leur origine, lorsqu'on les examine avec soin,
apparaisse exactement la même, c'est-à-dire une venue hydro-
thermale ayant probablement apporté le cinabre à l'état de sulfure
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GÉNÉRALITÉS SUR LES gItES DE MERCURE 669
double de mercure et de sodium ^ Mais il est rare d*avoir affaire à
des fractures nettes et larges : les conditions, dans ces fentes de
grande dimension, ayant sans doute été défavorables à la précipi-
tation du mercure; généralement, le cinabre remplit un réseau de
petites veinules constituant des sortes de stockwerks et formant,
le long d'une direction filonienne principale, des amas lenticu-
laires plus ou moins développés ; souvent aussi, il a imprégné,
par porosité, un terrain, surtout lorsque ce terrain se pré-
sentait redressé verticalement : soit du grès (Almaden), soit des
schistes (Idria). Par suite de sa valeur élevée et de la rareté de
ses gîtes, on exploite ainsi des roches qui n'en contiennent qu'une
très faible quantité. Des minerais à 1/2 p. 100 de teneur moyenne
peuvent encore donner des résultats fructueux.
Le cinabre se rencontre dans les terrains les plus divers (silu-
rien , carbonifère , permien , trias , tertiaire , etc.) ; en fait de
roches, on Ta trouvé : dans un mélaphyre en Bavière rhénane ;
un porphyre quartzifère à Vallalta (Vénétie) ; un Irachy te à Monte
Amiata (Toscane), en Transylvanie et au Pérou; un basalte en
Perse et en Californie.
Dans ces gisements de stockwerks ou d'imprégnation, le cinabre
est accompagné d'une proportion faible de gangue filonienne ;
cependant cette gangue, dont on a parfois méconnu la présence,
existe partout. Elle se compose essentiellement de silice, sous
forme d'opale déposée avant le cinabre qui en tapisse les fissures^
de bitume et de pyrite de fer; en outre, on rencontre, à l'occasion,
un peu de calcile, de dolomie; exceptionnellement, de la barytine,
du soufre, des traces de cuivre, d'or, de sélénium, etc.
L'antimoine et l'arsenic sont remarquablement fréquents avec le
cinabre; on peut même distinguer toute une catégorie de gîtes où
se présentent, soit la stibine, soit le cuivre gris, soit le réalgar
et l'orpiment. La stibine existe au Mexique; à Stayton, comté de
San-Benito (Etats-Unis) ; en Serbie ; en Corse ; à Smyrne. Le cuivre
gris se présente au Palatinat, en Hongrie, eu Serbie ; le réalgar à
Huancavelica (Pérou), à Mieres (Asturies), à la solfatare de Pouz-
< Le sulfure double, qu'on retrouve dans les Geysers actuels de Californie, dits
Steamboat sprinps, peut dissoudre les corps, tels que Tor, la pyrite de fer, ou de cuivre,
rencontrés parfois avec le cinabre.
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670 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
zoies ; il forme également un des produits exportés de la région
mercurielle de Chine ; la livingslonite (sulfoantimoniure de mer-
cure) est un minerai important au Mexique. L'association de Tor
et du mercure est également un fait à signaler.
Les sources chaudes, qui ont apporté le mercure à la suite de
quelque grand plissement du sol, ont, le plus souvent, métamorphisé
les terrains au voisinage ; le fait est particulièrement net en Cali-
fornie, où il s'est développé des pseudodiorites, pseudodiabases et
serpentines abondantes. On le retrouve affaibli à Idria et dans
bien d'autres gisements ; on s'est même demandé si ces eaux
n'avaient pas opéré le dépôt du mercure par substitution. Un
examen détaillé, fait par M. Becker*, a montré qu'il n'en était
rien, et qu'on avait toujours, au contraire, imprégnation, incrus-
tation de vides préexistants.
L'action de ces eaux anciennes mercurielles se trouve, d'ailleurs,
pouvoir être observée facilement sur des phénomènes actuels ; car
l'apport du cinabre par des sources (sinon sa production directe,
au moins sa remise en mouvement) est un fait qui se prolonge
encore aujourd'hui. Sans parler du grand geyser dislande où
la découverte du mercure par M. Descloiseaux s'est faite dans
des conditions que M. Becker regarde, après enquête, comme
insuffisamment probantes, les Steamboat springs de Califor-
nie, les sources d'Ohaiawai en Nouvelle-Zélande, etc., déposent
du cinabre; à la solfatare de Pouzzoles, M. de Chancourtois
a trouvé du cinabre avec du réalgar; ailleurs comme à Sul-
phur bank (Californie), à Guadalcazar (Mexique), aux bains de
Jésus (Pérou), en Perse, etc., des sources chaudes, chargées
d'hydrogène sulfuré et d'acide carbonique, sortent de gîtes mer-
curiels.
L'étude de la distribution des gisements métallifères quelconques
les montre en relation avec les grandes lignes de plissement du
sol; mais, pour des métaux tels que le plomb et le zinc, la mise en
évidence du phénomène est rendue difficile par la superposition,
dans une même région, de mouvements successifs d'âge différent,
ayant, tour à tour, amené les métaux. Pour le mercure, au con-
' Becker. Quecktilver deposiU of the pacifie slope.
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GÉNÉRALITÉS SUR LES gItëS DE MERCURE C71
traire, elle apparaît avec une netteté étonnante dès qu'on reporte,
sur un planisphère, les grandes mines exploitées K
Le mercure semble, en effet, être d'une venue généralement très
récente. Tout au moins, peut-on affirmer : pour les gîtes dldria,
qu'ils sont postcrétacés; de Californie, postmiocènes, probable-
ment môme, pour la plus grande part, postpliocènes; d'Italie,
tertiaires, etc.. Là où le fait est contestable, par suite de l'âge
ancien des terrains encaissants, comme à Almaden, en Bavière
Rhénane ou dans le Palatinat, on n'a même, nulle part, la preuve
contraire qu'on ait affaire réellement à une de ces venues mer-
curielles anciennes, en particulier à une venue hercynienne dont
l'existence semble, du reste, logiquement probable. Les formations
mercurielles participent donc, pour la plupart, de la netteté habi-
tuelle des phénomènes mécaniques et éruptifs tertiaires, qui n'ont
pas encore été troublés par des mouvements subséquents, et on
voit presque tous les gîtes s'aligner : d'une part, sur la grande
chaîne Alphimalayenne qui traverse l'Europe et l'Asie, ainsi que
sur les chaînes, également récentes, de l'Atlas, des Apennins et
de l'Oural; de l'autre, sur la longueur des Andes.
A la chaîne Alphimalayenne, on peut rattacher, d'une manière
certaine, les mines de Vénétie, de Toscane*, d'Idria, Potosnik et
Littai en Carniole (Autriche), celles de Serbie, de Perse, du bassin
du Yangtschetiang, du Japon et du Kamschatka; à l'Atlas, les gîtes
d'Algérie; aux Apennins, ceux du Mont Siele en Toscane. La chaîne
des Andes renferme les gisements de Californie, du Mexique et du
Pérou. Les seuls indices possibles d'une venue hercynienne, en
Europe, nous sont donnés, d'une façon très dubitative, par les
mines d'Almaden et d'Oviédo (en Espagne), encaissées, les pre-
mières dans le silurien', les secondes dans le carbonifère; par les
traces de mercure constatées dans la Manche ; les gîtes de Bavière
rhénane et du Palatinat, recoupant le permién, etc..
Tel est, par suite, l'ordre que nous adopterons dans la description :
nous commencerons par les gisements d'Espagne, de France et du
Palatinat, pour lesquels un âge ancien est admissible ; nous con-
* Gela a été fait par M. Becker, loc, cil. y pi. II.
* A Lamure, dans Tlsère, on connaît du mercure dans le lias.
' Dans la Sierra Nevada, le mercure est dans le trias.
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•72
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tinuerons, en suivant la chatne des Alpes, par ceux d'Autriche,
dltalie, d'Asie, et nous terminerons par les mines de Californie,
du Mexique et du Pérou.
GITE DE MERCURE D'ALMADEN (espagne) '
{Couches verticales de quart zites siluriens imprégnés de cinabre et
encaissés au milieu des schistes,)
Géologie de la région. — La région d'Almaden, aux confins de
la Manche et de l'Andalousie, dans la province de Ciudad Real,
sur le versant Nord de la Sierra Morena, est principalement cons-
tituée par des terrains schisteux, au milieu desquels des dykes
de quartzite, plus résistants aux érosions, forment des saillies. Ce
silurien s'appuie, au Sud de Santa-Eufemia, sur un massif de
granité et est recouvert par du dévonien. Des filons de mélaphyre
et de porphyre le traversent.
Lcff-cndc
Fig. 335, — Carte géologique de la régioQ d'AImaden au jôOôô*
Les terrains, qui avoisinent ce gisement, sont, d'une part, des
quartzites blancs du silurien supérieur, de l'autre des schistes noirs,
< Coll. Ecole des Mines, d<» J312 et 1611.
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gIte de mercure d'almaden (espagne) 673
gris ou brunâtres. Les quartzites, dirigés N. 80'' E., sont durs, à
grain fin et passent à un grès tendre micacé : on y trouve
quelques fucoïdes et des bilobites. Les schistes sont souvent ter-
S.de CAstâsera»
Alnuideit
Fig. 336. " Coupe géologique N.-S. de la région d*Almadeo.
reux et fissurés en tous sens; ils contiennent beaucoup de fossiles
siluriens (Calymene Tristani, Orthis, Asaphus, etc.).
Les coupes du gîte d'Almaden (fig. 337) montrent, en outre,
/lutT .Ç ?>odoro
f^drof
5.n>aoer9eo
Fig. 337. — Coupe transversale de la mine d'Almaden (d'après M. Kuss).
Texistence d'une roche appelée frailesca. Cette roche est, d'après
de Prado, composée d'une brèche de fragments de schistes et de
cfiOLOGIE. — T. II. 43
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674
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
serpentine, de grains de quartz, calcaire, etc., cimentés par une
pâte feldspathique amorphe. MM. Helmhacker et Calderon la
L,c6ende
Fig. 338. » Plan de la mine d'AImaden au 6* étage (191»).
Fig. 339. — Plan de la mine d*Âlmaden au 9** étage (263 mètres).
regardent comme un tuf de diabase. Elle forme des lentilles au
milieu des schistes : en particulier, au puits S. Teodoro qui n'en
est sorti qu'au-dessous du dixième étage.
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GÎTE DE MERCURE d'aLMADEN (eSPAGNe) 675
Gisement. — L'imprégnation cinabrifère a porté, presque exclu*
sivement, sur trois couches de quartzîte, d'une épaisseur moyenne
de 8 à 10 mètres. Ces couches, qu'on nomme des filons, sont : du
Sud au Nord, San-Pedro y San-Diego, San-Francisco et San-Nico-
las (Gg. 337 à 339). Elles ont été reconnues sur 180 mètres en
direction. .En profondeur, elles sont assez peu régulières jusqu'à
190 mètres, mais prennent une simplicité de plus en plus grande
lorsqu'on descend plus bas. Les liions San-Francisco et San-Ni-
colas, d'abord nettement séparés, se confondent presque vers
263 mètres. Le filon du Sud se rapproche aussi des autres et se
réunit probablement à eux au-dessous.
En résumé, on a affaire à trois colonnes de minerai, presque ver-
ticales, de plus en plus puissantes et de plus en plus riches
à mesure que l'on s'enfonce, ainsi que le montre le tableau sui-
vant :
TABLEAO DE LA LONGUEUR ET DE LA PUISSANCE DES FILONS AUX DIVERS ETAGES
SAN-FRANCISCO
8AN-NIC0LAS
SAN-PEDRO Y SAN-DIEGO ||
PROFONDEUR
-^ ^^
^
. -m^^^
en mètres
Longueur
Longueur
Longueur
'
Puissance
Puissance
Puissance
en direction
en direction
en direction
!•' étage 44, 80
oMlret
mètre*
mètres
mètTM
mèlres
mètres
2« — 74,30
3« _ 103. 38
Vieux trftTaux
Vieux traTaux
Vieux
travaux
A* — 140,79
5« _ 170,47
100
3,90
30
2.90
50
4,40—7,80
6« — 191, 57
110
5,00
65
3,25
80
5 et 13
T — 215. 03
155
»
125
•
150
6à 7
S« — 237. 64
180
4,40
185
5,50
• 170
8
9* — 263, 55
145
3,00
180
•
170 •
6,50
10» — 288, «3
»
•
•
9
130
•
!!• — 315, 00
200
12,00
200
12,00
200
12
Cette augmentation de richesse en profondeur est d'autant plus
remarquable que d'autres gîtes de mercure, voisins d'Almaden et
situés sur la même ligne de dislocation, dans des conditions de
dépôt analogues, à Almadenejos, las Cuevas, etc., se sont vite
épuisés en s'enfonçant.
Les^épontes du quartzite cinabrifère sont, soit le schiste, soit des
grès non imprégnés. Dans le cas des grès, le cinabre passe quel-
quefois brusquement d'un banc à l'autre, suivant la direction
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676 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de ce grès encaissant, quelles qu'en soient les inflexions. Dans
le cas des schistes, Tiroprégnation n'y pénètre jamais profondé-
ment.
Ces schistes, contrairement à ce que nous verrons à Idria, ont
même opposé une telle résistance aux eaux mercurielles qu'on en
a trouvé des feuillets absolument stériles au milieu du cinabre. A
rOuest, le gisement est coupé brusquement; à TEst, il passe
insensiblement au quartzite stérile. Un peu de cinabre, rencontré
en veines dans la frailesca, prouve que le minerai est postérieur
à la formation de cette brèche.
Minerai. — Le minerai de San-Piedro y San-Diego est for-
mé d'un grès blanc, très régulièrement imprégné. Les deux
autres gîtes contiennent des quartzites et des grès noirs plus
durs, moins régulièrement et moins puissamment chargés de
cinabre.
Le grès cinabrifère exploité est divisé par les mineurs en trois
catégories :
Le minerai pauvre, qui tient de 1 à 7 p. 100 de mercure;
Le minerai moyen, de 8 à 20 p. 100;
Le minerai riche, plus de 20 p. 100 et jusqu'à 85 p. 100.
Le minerai moyen a été trouvé dans l'exploitation, à la pro-
fondeur de 190 mètres. A 215 mètres, apparaît le minerai riche
qui, d'abord en petite quantité, prédomine à la profondeur de
263 mètres, et, plus bas, constitue le remplissage presque unique
du filon.
Indépenctamment de cette forme principale de minerai à l'état
de grès cinabrifère, on trouve quelques variétés plus rares, telles
que :
Le cinabre schisteux^ qui se compose de cristaux informes de
cinabre, ayant conservé la schistosité du schiste qu'ils ont im-
prégné;
Le cinabre $talactifoi*me^ qui est formé d'agglomérations de
poussières cinabrifères entraînées par les eaux et déposées ensuite
par elles ;
Le cinabre pur cristallisé, qui est assez rare, le plus souvent
accompagné de cristaux de quartz et de barytine ;
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gItE de mercure d'aLMADEN (eSPAGNe) 677
Le mercure natif est très rare à Almaden ; le mercure corné n'a
pas été rencontré à Almaden, mais à Valdeazogues.
Comme corps accessoires, on peut citer un peu de pyrite et de
chalcopyrite, de bitume et de barytine ; la gangue passait autrefois
pour faire complètement défaut : M. Becker a montré qu'il y avait
une certaine proportion de silice.
Mode de formation. — Si Ton veut se faire une idée du mode de
formation de ce gtte, il y a lieu d'attirer l'attention sur quelques
faits :
l"" On ne rencontre, à Almaden, ni fentes considérables,
ni salbandes, ni disposition symétrique, ni gangue cristalline.
Certains de ces caractères semblent communs à tous les gites
de mercure, qui ne remplissent jamais de véritables filons con-
crétionnés ; cependant, à Idria, nous trouverons la venue mer-
curielle en relation nette avec un plissement général de la
région ;
2° Le cinabre n'est pas venu par volatilisation, comme on l'a,
parfois, supposé, mais bien à l'état de dissolution hydrothermale;
car, dans certaines brèches à éléments quartzeux ou schisteux qu'il'
cimente, il est associé à de la dolomie ou à de la barytine, corps
non volatils ;
S** Le mercure a pénétré dans le grès par porosité et non par
substitution, comme l'avait dit de Prado. C'est un fait qui a été
longtemps discuté, mais qui résulte des études générales de M. Bec-
ker sur tous les gites de mercure du monde*. En effet, lorsqu'on
examine au microscope un minerai de cinabre, on constate que
le cinabre a cristallisé en même temps que du quartz, dans les
interstices compris entre les grains du grès, eux-mêmes composés
de quartz. L'objection que l'on faisait, c'est que certains fragments
étaient tellement riches en mercure que les vides n'auraient jamais
suffi pour recueillir tant de cinabre. Mais un calcul bien simple
montre que des grains de quartz sphériques juxtaposés laissent
26 p. 100 de vide : ce vide, entièrement rempli de cinabre,
donnerait, pour la masse, 47 p. 100 de mercure alors que l'on
* Becker. Loc, cit., p. 399.
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678 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ne trouve pas à Almaden, dans les grès imprégnés, plus de
33 p. 100.
On peut donc admettre que le dépôt de cinabre d'Almadeu
résulte d'une incrustation hydrothermale, comparable à celle de
tous les autres sulfures métalliques, mais qui, pour le mercure, s'est
généralement produite, non dans de grandes fractures régulières,
comme celles où Ton trouve la galène, la blende, etc., mais dans
des espaces assez restreints, comme les fissures minces et irrégu-
lières d'un terrain, ou les vides laissés par la porosité. Il est facile
d'en trouver l'explication dans des conditions de solubilité diffé-
rentes.
Quant à Vdge du gisement^ il est impossible de le préciser ; on
peut seulement affirmer qu'il est postérieur au dévonien (impré-
gné par endroits) et même aux diabases.
Peut-être, comme nous lavons indiqué plus haut, faut-il le rap-
procher des filons cinabrifères du Palatinat pour en faire le repré-
sentant d'une venue mercurielle ancienne, par opposition à la
venue tertiaire représentée en Italie, en Carniole, dans l'Oural,
l'Himalaya, l'Amérique, etc.
Cependant, si on compare, comme cela semble assez logique,
le gisement d'Almaden aux autres gisements de mercure espa-
gnols que nous citerons plus loin, on doit remarquer que ceux
de la Sierra Nevada sont post-triasiques. Il existe, d'ailleurs, à
10 kilomètres au N.-E. d'Almaden, des roches éruptives, qualifiées
de trachytes par de Prado, considérées aujourd'hui comme préter-
tiaires.
Exploitation. — L'exploitation du gisement d'Almaden se fait,
en raison de la grande richesse du gisement, dans des conditions
toutes spéciales que nous nous contenterons de rappeler :
Le nerf stérile qui sépare les filons de San-Francisco et
de San-Nicolas est enlevé avec le minerai ; celui, qui sépare
San-Pedro des deux autres, est respecté. Chacune des deux
exploitations, séparées par ce nerf stérile, est alors conduite
ainsi :
Le gîte est divisé en étages de 25 mètres de hauteur et chaque
étage en foncées qui représentent 3",S0 environ.
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gItB de mercure d'aLMADEN (eSPAGNe) 679
Puis on exploite ces dernières, de deux en deux, sur toute leur
hauteur, avant de passer aux foncées adjacentes qui les séparent,
et qui subsistent souvent très longtemps à Tétat de réserves.
Chaque foncée, une fois dépilée, est remplacée par un massif de
maçonnerie reposant sur une voûte surbaissée.
Dans ces conditions, le prix de revient est le suivant :
PRIX DE REVIENT DE LA TONNE DE MINERAI TRAITÉ A ALMADSN
NATURE DES DÉPENSES
1875
Abatifc
Boitnge et rouraillement.
Epuisement
Extraction et tran^port^.
Matériaux et fouraitures.
Ateliers
Total de$ frais dexploi
tation
^ / Surveillance etroain-d'o
-^ V vre dans l'usine . .
^ 1 Combustible
a ) Autres fournitureu diverses.
l* f Achat de bouteilles
î ^ '*'
Total det frais de dUtilln-
tion et de mise en bouteille.
Personnel, frais de bureau .
l'ennion, secours aux ouvriers.etc.
Divers, hôpital, chapelle, etc. .
Total des fixais généraux.
Total général par tonne.
Pr.
i0,5:i
14, ai
4,24
5.09
60,07
4,35
24,29
»
12,35
12,35
96.51
1883-84 1884-8B
Pr.
2S,il
8.85
0,10
2.02
n,42
1,81
8.60
2,43
2,4;
15,27
10,24
9,68
4,68
Fr.
43,81
28,72
Pr.
24.58
9,66
on
3.92
8,0^
1,66
8,9e
2,61
3,32
14,66
11.37
10,17
4
24.60
97,13
Pr.
47.97
20,55
26,26
103,78
1885-86
Fr.
25,57
9,27
0,20
4.23
8,15
1,70
9,2^
2,37
2,62
13.49
11
9,77
4,70
Fr.
49,12
27.76
25.47
102,35
1886-87
Fr.
22.40
8,30
0,50
3,60
8,80
Fr.
43,10
On peut remarquer que l'emploi de la maçonnerie n'élève que
peu le prix de revient, qui est environ de 45 francs la tonne pour
la mine, en répartissant convenablement les frais entre la mine et
l'usine. C'est surtout le peu de salubrité de la mine qui est cause
de ce prix élevé. Car le piqueur, payé de 4 à 5 francs par jour, ne
peut y travailler effectivement que quatre heures à quatre heures
et demie, et seulement sept à huit jours, pendant le mois, dans
ces conditions.
Le tableau suivant résume la production de minerai, de mer-
cure, et le rendement :
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tso
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
POIDS
RENDEMENT
annAes
DE MINERAI TRAnÉ
MERCURE PRODUIT
DES 100 KILOS
(en tonnes)
de minerai
Tonnes
Tonnes
Kilos
1564 à 1700
17 863
17 863
■
1700 à 1800
V
42149
u
1800 à 1875
■
60166
»
1875
17 077
1255
7,341
1876
18400
1 325
7,203
1877
15 410
1 406
9,126
1878
17 085
1447
8,468
1879
16 943
1 Îi57
9,191
1880
15 274
1573
10,299
1881
15 248
1592
10,441
1882
15 704
1609
10,242
4883
17 268
1647
9,538
1884
16 265
1 544
9,495
1885
16 978
1651
9,725
1886
25 300
1:96
»
1887
27 100
1819
»
1888
28 000
1802
»
1889
«
1700
»»
1890
•
1726
»
1891
>
1660
»
En 1891, on aexti^ait, à Almaden, 7 100 mètres cubes de mine-
rai et produit 48124 bouteilles contre 50 033 en 1890. On a cons-
truit 5 541 mètres cubes de maçonnerie, dont 671 en arcs et
4 870 en massifs.
Bibliographie.
1830. Casiano db Prado. — Plan pétrographique d'Almaden.
1834. Lb Play. — (Ann. d. Jf., 1833, 3«, t. V, p. 175; 1834, t. VI, p. 319,
333, 362, 369 et 489.)
• 1846. Casiano de Prado. — {B. S. G,, 2«, t. XII, p. 182.)
1849. WiLioMM. — Bergwersksfreund, t. XIII, p. 72. (Cf. Leoah. Jahr., «850,
p. 497.)
1851. EzQUBRRA DEL Bayo. — (V. Leonh. Jahrb., 1851, p. 47 et 675.)
1855." DE Prado. — {BuU.géoL, t. XII, p. 24; V. Leooh. Jahrb., 1856, p. 471.)
1855. DB Verubuil et Barrandk. — Descript. des fossiles delà région d*AI-
maden. [B, S. 6\, 2% t. XII, p. 182.)
NÔGGERATH. — Zcilsch. ppussicD, t. X, p. 361.
1861. Klemm. ~ Berg. u. But. Zeit., p. 174.
1861. Bebnaldbz etRAMON Rua Figueral. — Memoria sobre las minas d' Al-
maden. Madrid.
* 1871, DE MoNASTERio Y CoRREA. — Rcv, Universelle de Cuyper, (Résumé dans
les Ann. d. M., 7«, t. I, p. 443.)
1874. Virlet d*Aoust. — Sur le gisement du cinabre à Almaden et au
Mexique. (B. S. G., 3% l. II, p. 416.)
1877. Helmacker. — Sur la diabase et la frailesca d'Almadei>. (Tschermacks
Milth.)
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gItes de mercure de mieres (asturies), etc.. 681
• 1878. Kûss. — Mémoire sur Almaden. (Ann, d. M., 7«, t. XIII, p. 39.)
• 1879. Ku33. — {Am. (i. if., 7*, t. XV, 1879, p. 524.)
1878. J. E . ~ Memoria acerca de las minas y fabricas de Almaden
por el Ing. M.-H. Kûss. {BolL de la Corn, del M'tpageol, de Espana, t. V, p. 329.)
1879. Langkr. — Beschreibung des Quecksilberwerks Almaden. {Leob, h.
u. H. J., t. XXXVII, p. 1. Leoben, 1879.)
1879. Groddeck, p. 136-414. (Cf. Cotta, p. 453.)
1880. Caron. — Voyage en Espagne. {Zeits. p)*U5Sien, t. XXVIII, p. 126.)
1884. Calderon. — Rocas eruptivas de Almaden, {Soc, espan, de hisL nat,,
t. XIII, p. 161. Madrid, 1884.)
1887. Uaton de la Goupillièrr. — Cours d'exploitation, 1. 1, p. 541, et 544.
GITES DE MERCURE DE MIERES (asturies), etc.*
On peut rapprocher des mines d'Aimaden quelques autres gise-
ments de mercure espagnols, dont le principal est celui de Mieres,
au Sud d'Almaden, dans les Asturies, que nous allons décrire.
Nous nous contenterons d*ajouter que du cinabre a été signalé sur
le flanc Sud de la. Sierra Nevada^ dans la province de Grenade, entre
TorbisGon et Purchena : il est situé dans des schistes talqueux tria-
siques et accompagné de cuivre gris, sulfures de nickel et de cobalt*.
M. Gonazio y Tarin ' en mentionne également à Albunal, Almegijar,
Notaez, Ferreira, etc.. A Culvas de Vera^ province d'Almeria, on
en trouve dans le silurien. Il en existe près de Linarès, province de
Jaen ; à la Creu, province de Valence ; dans la province de Teruel*;
à Santander, au milieu de minerais de plomb et de zinc, etc. *.
Le gite de mercure de Mieres a seul une importance indus-
trielle. Il se présente, sous forme d'un réseau de veinules très
irrégulières, au milieu de grès et de quarlzites carbonifères et
particulièrement dans une brèche formée de fragments de ces
roches. M. Becker le rapproche, par là, de celui d'Huancavelica, au
Pérou. D'après M. Fuchs, il existerait également du cinabre au voi-
sinage, dans un calcaire carbonifère surmonté par du calcaire à hip-
purites discordant et le calcaire à hippurites n'en contiendrait pas.
Le gisement de Mieres se distingue de celui d'Almaden en ce
* Coll. Ecole des Mines, 1995.
* Guillemin Tarayre. G. R., t. C, 1885, p. 1231.
M881. Gongalo y Tarin. Res. fis. y geol. de laprovin de Granada. (Bol. corn map.
geol.8. 1-124.)
* Becker. Loc, cil., p. 32, d'après Heckmann etNoggerath.
* Dewalque. Revue de géologie pour 1864 et i865, t. IV, Paris, 1866, p. 94.
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6S2, GÉOLOGIE APPLIQUÉE
que Tallure en imprégnation y est exceptionnelle. En outre, il en
(liOère par la présence du réalgar, de Torpiment, plus rarement
du mispickel : ce qui le rapprocherait plutôt de certains gîtes
(Serbie, Hongrie, etc.) où le mercure est associé avec des produits
antimonieux ou arsenicaux, stibine, cuivre gris, etc.
La teneur du minerai exploité est très faible, 1/2 p. 100 de mer-
cure en moyenne, et cependant les exploitations passent pour très
prospères.
Ces exploitations sont entre les mains de deux sociétés : El por-
venir et la Union. La société El porvenir extrait 4 200 tonnes et
produit 1 900 bouteilles (65 tonnes) avec 300 ouvriers ; la société
la Union produit 30 tonnes.
Bibliographie,
1867. Klemm. — {Berg. und Hûitenm. Zeit,, t. XXVI, p. 13.)
ViRLBT d'Aoost, — De l'âge géolog. de quelques filons et, en particalîer,
des filons de mercure.
1888. Becker, loc. cit., p. 26.
1889. Briard. — Journal de voyage manuscrit à FÉcole des Mines.
GITES DE MERCURE EN FRANGE ET ALGÉRIE
11 n'existe pas, en France, d'important dépôt de mercure, quoique,
dans le dernier siècle, on ait exploité, à diverses reprises, en parti-
culier de 1730 à 1742, du cinabre à Ménildot (Manche). Plus récem-
ment, de 1850 à 1854, on a fait, sans succès, quelques tentatives à la
mine de Lamure, dans la commune de Pauniëres (Isère), à 38 kilo-
mètres de Grenoble. D'après M. Kûss, le cinabre s y trouvait, dis-
séminé, dans un filon de blende, de calamine, tétraédrite et galène,,
traversant les calcaires dolomitiques du«Iias. La couleur rouge du
cinabre apparaissait surtout au voisinage de la calamine. La
gangue était de la calcite.
A Chalanches (Isère), le cinabre a été également signalé dans
des veines de blende et de galène traversant des schistes cristallins
qui contiennent des traces de platine.
A Allemond (Isère), le cinabre est associé avec du mercure
natif et de l'amalgame d'argent.
A Peijrat (Haute-Vienne), le mercure natif a été rencontré dans
un granité décomposé.
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gItES de mercure en FRANCE ET EN ALGÉRIE 683
Dans les Cévennes, on a trouvé, vers 1760, près de Montpellier,
un peu de mercure natif dans des terrains tertiaires. Ce gisement
a été étudié par Leymerie.
En Corse, le cinabre existe, paralt-il, à Balagna (commune d'Oc-
chia, canton de Belgodère), à l'Est de Calvi sur la côte Nord de la
Corse, près du port de Tlle Rousse. Au cap Corse, le cinabre a
été trouvé aussi en filons, avec de la stibine, dans la granulite, la
serpentine, Teuphotide, les schistes et les calcaires serpentineux.
Stibine et cinabre forment parfois des veines de quelques centi-
mètres d'épaisseur. La gangue, quand il y on a, est du quartz. En
outre, les filons contiennent de la pyrite, un peu de blende, de
soufre natif et d'arsenic.
Cette association de cinabre, stibine et arsenic est, comme nous
l'avons dit, assez fréquente et nous la retrouverons en Serbie et
au Mexique.
En Algérie, il a été institué trois concessions de mercure dans
la province de Constantine : l'une à Taghtt (42 kilomètres S.-O.
de Batna), dans la vallée de l'Oued Abd, sur des filons bien réglés
de cinabre, galène et blende dans le néocomien ; l'autre à Bir-Beni-
Salah (17 kilomètres Sud de Coleo) sur un filon de cinabre et galène
dans les gneiss; la troisième, h Ras-El-Ma^ (10 kilomètres S.-O.
de Jemmapes), sur des filons de cinabre avec barytine dans les
calcaires liguriens. Aucune de ces concessions n'est exploitée.
Celle de Ras-el-Ma, concédée en 1861, a été abandonnée en 1876.
En outre, des traces de mercure ont été constatées, en plusieurs
points, près de Batna et dans la province d'Alger. Dans la province
d'Alger, près de Palestro, à un endroit nommé Douar Gerrouma,
il existe, dans un calcaire du crétacé supérieur, un minerai de
blende et galène avec cinabre. En Tunisie, on a signalé également
un peu de mercure*. Partout, il s'agit de gisements d'âge tertiaire,
comme la plupart des gîtes métallifères d'Algérie.
Bibliographie.
1851 . ScipioN Gras. — Mine de mercure dans l'Isère. (B. 5. (?. , 2«, t. VIII, p. 562.)
1852. Ville. — Mine de mercure dans TOuest de la proY. d'Oran. (B, S. G.,
2«, t. IX, p. 379.)
* Coll. Ecole des Mines, 1W4.
• Voir la carte, t. I, p. 402.
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684 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1858. Martins. — Mercure à Montpellier. (B. S. G., 2«, t. XV, p. 456.)
1870. BuRAT. — Géol. appliquée, t. II, p. 131.
1876. Leymerib. — Mercure dans les Cévennes. (Toulouse. Ac. des Se, 7» s.,
t. VIII, p. 132.)
1878. Notice géol. et miner, sur le départ, de Constant. (Exposit. univ.,
p. 22 et 23.
TissoT. — Texte explic. de la carte géol. de Constantine, p. 59 et 65.
1876. Hollande. — Sur le mercure de Corse. {Bull, Soc. QéoL, t. IV, p. 31.)
1878. TiRLOiR. — Git. met. du Dauphiné. (Bul.Soc. Et. Sc.Nat. Nimes, 6200.)
1888. Becker, loc, cit., p. 23.
1889. Notice minéralogique sur FAlgérie par le Service des Mines.
GITES DE MERCURE D'ALLEMAGNE
La Bavière Rhénane, ou ancien Palatinatj et le pays des detix
Ponts renferment des gisements de cinabre, qui ont eu quelque
importance à la fin du siècle dernier. II y a déjà bien des années
qu'on a fermé la dernière mine, celle de Potzberg près Altengrau.
Ces gisements, qui ont été décrits, en 1848, par von Dechen, con-
sistent en filons et imprégnations de cinabre dans des schistes gris,
jaspes et conglomérats du permien supérieur et dans des mélaphyres
et porphyres qui ont traversé ces terrains. On trouve, au voisinage
des filons et là seulement, desargilophyres et des jaspes d'un faciès
tout particulier, qui semblent résulter d'un métamorphisme exercé
sur les grès et les phyllades permiens, métamorphisme comparable
à celui que nous étudierons en Californie. On n'a pas établi de rela-
tion nette entre les roches éruptives mélaphyriques et le minerai.
Le remplissage principal des fractures consiste en une argile avec
fines inclusions de cinabre en veinules, en cordons, en enduits, ou
en cristaux, dans de petites géodes. On y trouve, outre le cinabre, du
mercure natif, de l'amalgane, du calomelet, comme rareté, seulement
dans le filon noir du Landsberg, de Thermésite (panabase mercuri-
fère). Von Deschen y a signalé également le métacinabre (sulfure
noir analogue à celui qui se produit, dans les laboratoires, par l'ac-
tion directe du mercure sur le soufre et qui a été rencontré, en abon-
dance, en Californie, à Redington). Les minerais proprement dits
sont accompagnés de pyrite, parfois argentifère, d'hématite brune
ou rouge, d'oligiste, de sidérose, de galène, de cuivre gris, dechal-
copyrite, de stibine, de pyrolusite et de psilomélane. Les gangues
ne jouent jamais, dans ces filons, qu'un rôle très secondaire : elles
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gItES de mercure d'aLLEMAGNE 685
se rencontrent en veinules minces ou, comme dernière formation,
dans des géodes et sur des parois de fentes; elles consistent en cal-
cite, barytine, quartz, jaspe, quartz rouge ou calcédoine. Il convient
de remarquer la présence de bitume et d'asphalte dans ces gise-
ments. En outre, il est assez intéressant de noter que le cinabre
s'y présente comme élément fossilisant, remplaçant des restes or-
ganiques : ce qui semblerait prouver que la matière organique a
eu une influence pour précipiter le cinabre de ses dissolutions.
Les filons ont été très riches près de la surface ; mais ils se
sont appauvris à une faible profondeur et les mines de Potsbergy
du Stahlberçy du Landsberg, de Mœrsfeld n'ont pu descendre à
plus de 200 mètres. Chaque gisement est composé de plusieurs
groupes de filons parallèles. La longueur du filon Gottergabe est
de 900 mètres; celle des filons de Mœrsfeld est de 400 mètres
environ ; celle des autres ne dépasse guère 200 mètres. Plusieurs
de ces groupes s'alignent en formant des systèmes de H à 12 kilo-
mètres de long et de directions variées.
En dehors des mines du Palatinat, le cinabre n*a pas été exploité
ailleurs en Allemagne; mais il a été rencontré, en divers points,
comme élément secondaire associé à divers sulfures :
Citons, dans le Harz, le Rammelsberg * (pyrite de fer et de cuivre
avec galène), où se trouve un peu de mercure. A Tilkerode et
Clausthal^ on a mentionné la tiemannite (Hg* Se') et la clausthalite
mercurielle (séléniure de plomb et mercure). Dans la mine
d'Hûlfe Gottes, des veines de cinabre, avec barytine et sidérose,
traversaient les roches paléozoïques. En Bavière, près de Neustadt,
le cinabre était contenu dans des veines de quartz traversant le
granité ; en Saxe, près de Lônwitz, dans du quartz recoupant les
schistes cristallins. A Kreuznach et dans d'autres points de la
Prusse, le cinabre se présente, comme tout autre sulfure métalli-
fère, en filons recoupant des roches éruptives et sédimentaires.
Bibliographie,
1766. CoLUNi. — Historia et comment. Acad. Ela. PalatinaQ, t. VI, p. 505.
1776. Ferber. — Bergm. Nachrichten von den Merkwùrdigkteio minerali-
tfchen Gegenden, p. 70.
* Voir plus haut, page 323.
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686 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1787. WiDDER. — Versuch einer vollstandigen. Beschr. der Kurf. Pfalz (t. IV,
p. 3761.
1788. Beroldingen. — Bemerkungen auf einer Reise durch die Pfalzischen
Quelcksilber Bergwerke.
1785. ScHOLZE. — Crells Mem., t. IL
i790. Lasius. — Bergbaukunde, t. H, p. 359.
1807. V. Lbonhard. — Taschenbuch, p. 20.
1820. ScHULZE. — {Karstens Arch., t. III, p. 36.)
1848. V. Dechen. — (Karstens Arch., t. XXI, p. 375.)
Oeynhausen. — {Nôggerath's Rheinland-Westphalen, t. I, p. 356.)
Barkart, t. IV, p. 185.
GÛMBEL. — Die Quecksilbererze der Pfalz.
1861. CoTTA, p. 166.
1873. Von Dechen. — Die DUlzb. Min. d. deuts. Reichs., p. 670.
1879. Groddecr, p. 316.
1888. Bbckbr. — Qaecksilver deposite of the pacifie slope, p. 36.
GÎTE DE MERCURE D'IDRIA (carniole)*
Historique» — La mine de mercure d'Idrîa, en Carniole, a été
découverte eni490; elle a été exploitée, depuis 1580, par TEtat
autrichien. En 1865, le gisement semblait tellement épuisé que
TEtat autrichien , ayant vou]u le vendre, ne trouva pas d'acheteur
pour 3300U00 francs. Dès l'année suivante, la production reprit
et, depuis 1867 jusqu*en 1879, le bénéfice net a été de 23 millions
de francs. En 1892, la mine a produit 532 tonnes de mercure*.
Géologie de la région. — Les gisements dldria sont encaissés
dans le trias; on était porté, autrefois, à les considérer comme de
formation ancienne ; les derniers travaux du bergrath Lipold ont
montré que la venue mercuriellc était postcrétacée, peut-être
contemporaine, par suite, de celle des mines dltalie et de la chaîne
des Andes.
La ville dldria est si tuée au fond d'une vallée, au milieu des mon-
tagnes appartenant aux rameaux Sud-Est des Alpes Juliennes.
Les terrains qu'on rencontre, dans la région (fig. 340), sont, de
bas en haut : A la formation carbonifère, représentée par les
couches de Gailthal ; B. le trias ; C. le crétacé ; D. l'éocène ; le
lias et le jurassique n'apparaissent que plus au Sud.
* Coll. Ecole des Minet, n^ 1079. 1080 et 1665.
s Voir plus loin, page 693, les renseignements économiques.
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687
uux
iteÎDi,
gosa.
nana,
î, Le-
a Ha-
rlèi.
iceus,
iceus,
vrop-
:i, N.
pteris
icilis,
Data,
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oltzia
lites,
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Sf s.
.nda-
ceras
Doni-
,Tra-
Qum,
rigo-
lami-
rvilia
ana,
Mya-
,Na-
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Google
.li.)
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gItb de mercure d'idria (carniole) 687
La coupe détaillée du rhétien et du trias est la suivante :
DBROMINATION
FBA>'ÇA1SB
DÉNOMINATION
AUTRICHIENNE
Etage ]
Rhélien /
Trias
supérieur
ou marnes |
irisées
(Keuper)
Trias
moyen ou \
Muschelkalkj
Trias
inférieur
ou
^rès bigarré I
(Bunter
Sandstein) \
Groupe
de Wengen
DÉTAIL
DES COUCHES
FOSSILES PRINCIPAUX
trouvés
A IDRIA ET A NEUMARKTL
Groupe
de Raibi
Groupe
de Halistadt
Groupe
de St-Cassian
Groupe
de Werfea
Groupe
de Guttenstein
Calcaires, marnes ,
et tufs. '
Calcaires, marbres .
et dolomies. '
Non représenté à
Idria.
Calcaires et dolo-
mies.
Brèche h Conglo-
mérat.
Calcaires dolomi-
tiques.
Calcaire et Schistes
noirs à débris de
plantes Couches
de Skonza.
(Lagerschiefer). Gi-
sement pnncipal du
Cinabre,
Marnes , tufs et
Phtanites noirs.
Calcaires noduleux, i
Calcaire compact. >
Grès et Dolomies. )
Calcaires noirs spa-
thiques.
(Couches de Cam-
pile.)
Marnes bariolées,
avec inclusions de
dolomies roses et
de calcaires.
Grès schisteux ver-
sicolores.
i (Couches de Seissen)
f Conglomérat et
grès quartzeux.
■^ (Couches de Grœden)(
I L
Trigonia Refersteini,
Pachy cardia rugosa.
Posidonomia Idriana,
Lingula Lipoldi, Le-
pidotes^ Vottzia Ha-
ueri, V. Fœtterlei.
Sans fossiles.
Equisetites Arenaceus,
Calamités Arenaceus,
C. Meriani, Nevrop-
teris Gaillardski, N.
Elegans , Pecopteris
Triassica, P. Gracilis,
Chiropteris Pinnata,
C. Lipoldi, Sagenop-
teris Lipoldi, Voltzia
s. p., Lycopodites,
Calamités.
Posidonomia Wengen-
sis, Trachyceras, s.
P-
Pinacoceras Sanda-
linum, Trachyceras
Thuilleri , Ammoni-
tes
Naticella Costata, Tra-
chyceras Cassianum,
T. Idrianum, Trigo-
nia Costata, Calami-
tés s. p., Gervilia
Socialis.
Avicula Venetiana ,
Pecten Discites, Mya-
cites Fassaensis.
Trigonia Vulgaris, Na-
tica Gaillardski.
Sans fossiles.
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688 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Tous ces terrains ont subi des actions mécaniques violentes,
dont Tâge, manifesté par leur retentissement sur le crétacé, a ren-
seigné, par contre-coup, sur l'époque de la venue mercurieile, qui
a profité des fractures et plis pour venir au jour.
La plus importante et la plus forte de ces dislocations, à Idria,
témoigne d'une compression latérale énorme, d'ailleurs clairement
manifestée par la disposition zonée de tous les terrains, dislocation
qui a amené, près d'Urban, au S.-E., la rupture d'un pli aminci et le
chevauchement du carbonifère sur le trias (dolomies de Saint-
Cassian). Cette dislocation, que l'on peut suivre du N.-O. au S.-E.,
de Kanomla à Jélicen, laisse les couches carbonifères de Gailthal
en concordance avec le trias et même le crétacé ; elle s'est donc
produite après le dépôt de ce dernier terrain. D'autres failles
accessoires l'accompagnent parallèlement au Nord et au Sud.
L'une d'elles limite le massif crétacé entre Idria et Sala-Klaus
et c'est suivant la même direction que s'aligne le gtte de mercure.
En outre, il existe quelques accidents perpendiculaires, dont l'in-
fluence se fait sentir dans la mine.
Si nous parcourons, du N.-O. au S.-E. , cette dislocation, on ren-
contre, sur trois coupes N.-S., les phénomènes suivants:
V Sur la figure 341 (coupe I de la cave), on voit, à Cesnikar,
les couches de Gailthal former un anticlinal, rompu à la voûte,
que recouvrent directement, au Nord, les dolomies de Gutten-
stein, tandis qu'au Sud apparaît la série renversée du trias.
La figure 342 (coupe II de la carte) rencontre la faille prin-
cipale dans la vallée de l'Idrica. Les couches de Gailthal, qui
forment le lit du ruisseau, réapparaissent dans la mine (puits
Josefî) avec une allure difficile à interpréter, mais que les travaux
souterrains ont permis de préciser. L'explication qu'en a proposée
M. Lipold est la suivante : un double pli synclinal et anticlinal
renversé vers le Nord, rompu et laminé, ayant amené la super-
position du carbonifère de Gailthal sur les couches de Wengen,
où se trouve le cinabre ; puis, pour faire comprendre la position,
au-dessus de ces couches de Gailthal, du trias discordant de
Cerin, un plissement de ce trias venant du Nord, du Vogelberg.
La figure 343 (coupe III de la carte) montre, sur le ruisseau
Lubewe, un plissement analogue.
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GÎTE DE MERCURE d'iDRIA (gARNIOLe) 689
L'étude attentive de ces phénomènes mécaniques a permis dln-
I
IS
si 1*^
aapi^a^wHJnoj
si H |s
|i .r-â -31
3 11
2
2
CL
es
T5
O
terpréter plus exactement ]a constitution du gisement de mercure.
GÉOLOGIE. — T. II. 44
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690
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
'^
O
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gItE de mercure d'iDRIA (gARNIOLE) 691
Gisement. — Ce gisement se présente dans de.s conditions
assez différentes, dans les deux quartiers de la mine : Tun,
S
-3
i
il
•s
-2
Ô
I
3
1
N.-O., exploité par les puits Barbara et Theresia; l'autre S.-E.
par le puits de Josefi. Dans le premier, le mercure parait con-
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692 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
centré au milieu de Tétage de Wengen, dans les couches schis-
teuses de Skonza et les conglomérats qui les surmontent. Il
prend là la forme d'un véritable dépôt, parfois élai^ en amas,
qu'un examen insuffisant pourrait faire croire contemporain des
couches. Dans le second, il semble localisé au voisinage de deux
fractures et pénètre dans les couches de Werfen ainsi que dans
PThWTSïa ^ ^ .^ .
F.Bar\>ani P.Jotefi P.Ihreilvanig
■^H .Couches de Skooiza.
et gitc de cinabre.
Fig. 344. — Coupe théorique du gtte d*Idria. (District Nord-Ouest.)
les calcaires de Guttenstein comme un gite filonien. Nous
décrirons successivement ces deux districts :
1^ District Nord-Ouest, — Les couches de Wengen imprégnées
de cinabre, épaisses d'environ 20 mètres, ont : pour mur, tantôt de
calcaires ou grès de Guttenstein, tantôt des couches de Werfen
(dolomies, calcaires et schistes calcaires) ; pour toit, des conglomé-
rats {alcaires imprégnés de cinabre et des brèches dolomitiques.
Elles-mêmes plongent, à environ 42"^, depuis Thorizon de la galerie
Antoni jusqu'à une profondeur de 280 mètres, puis se divisent
en deux rameaux remontant et redescendant, comme le montre
une coupe ci-jointe (fig. 344). Leur plissement forme une conque
absolument fermée au N.-O., mais ouverte au S.-E. Le niveau
métallifère se compose de schistes à empreintes végétales (couches
de Skonza ou Lagerschiefer) , au milieu desquels le mercure est
très irrégulièrement disséminé, formant ici des concentrations,
des amas lenticulaires et là disparaissant absolument.
Au toit, le cinabre s'est répandu à travers les conglomérats et
les dolomies en une infinité de veinules présentant des noyaux
de concentration. Ces conglomérats deviennent très riches au con-
tact des couches de Skonza, mais là seulement. Uu phénomène
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GÎTK DE MERCURE d'iDRIA (cARNIOLE) 693
analogue s'est produit pour les schistes argentés de Gailthal (carbo-
nifère), que la dislocation a amenés au-dessus du gîte et qui semblent
avoir opposé une barrière aux émanations mercurielles. Parfois, au
contact des Lagerschiefer, on y trouve un peu de mercure natif * :
d'où leur nom local de Silberschiefer (schiste ai^entés).
2** District Sud-Est. — Les failles, avec lesquelles le minerai
parait en relation, ont une direction environ H4 et un pendage de
28 à 30"" ; leur largeur atteint souvent 1 mètre : elles sont rem-
plies de débris dolomitiques ou schisteux, fortement imprégnés de
cinabre. D'autres failles stériles, dirigées Hg ou H», ont produit un
enrichissement à leur intersection avec les précédentes. L'impré-
gnation mercurielle s'étend, d'ailleurs, en dehors des failles, au
toit et au mur, dans toutes les fissures de la roche dolomitique, qui
est encore utilisable jusqu'à une certaine profondeur.
Minerais. — Les minerais exploités à Idria sont exclusivement
du cinabre, le mercure natif n'étant qu'un accident, par exemple
dans les schistes argentés. Ce cinabre prend, suivant sa structure,
des noms différents :
Le minerai le plus riche est le stahlerZj ainsi nommé à cause de
sa couleur d'acier (stahl); il tient 75 p. 100 de mercure.
Le lebererzj compact et brillant, forme ordinairement des
noyaux dans le stahlerz.
Le ziegelerz^ d'un rouge vif, se trouve surtout aux confins du
gisement, là où le Lagerschiefer est plus solide et plus gréseux.
Enfin le Korallenerz (minerai corallien) se présente sous forme
de singulières pétrifications à apparence de coraux, dans les grès
des couches de Skonza. Son analyse donne :
Cinabre 2
Bitume 5
Phosphate de chaux 56
Phosphate de fer 2 à 3
Argile phosphoreuse 2
Fluorure de calcium 5
En raison de sa forte teneur en phosphore, on a proposé de
l'employer à la production des superphosphates.
' Lipold, loc, eil.f p. 451.
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694 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Comme corps associés au cinabre, on doit, avant tout, citer
le bitume^ qui l'accompagne dans la plupart de ses gttes, et parait
avoir, avec lui, une certaine communauté d'origine. A Idria, le
Lagerschiefer devient bitumineux, en même temps que métalli-
fère et ce bitume se concentre parfois en un minéral appelé idria-
lite, généralement près du Lebererz.
La pyrite de fer accompagne également, presque toujours, le
minerai ; mais on la trouve, en outre, dans des points où il n'y a
pas de mercure. On a, de plus, signalé un enduit de fluorine avec
braunspath dans une fissure du Lagerschiefer. Enfin l'on cite,
encore, comme minéraux secondaires, l'epsomite et le gypse pro-
duits par l'action d'eaux sulfureuses, venant des pyrites, sur la
dolomie et le calcaire.
Le gisement d'Idria, comme la plupart de ceux de mercure, pré-
sente cette particularité caractéristique d'affecter l'allure d'une
imprégnation plutôt que d'une incrustation et de ne renfermer
qu'une faible proportion de gangue filonienne : un peu de quartz
et de calcite seulement.
On doit noter qu'à mesure qu'on s'est éloigné de la surface on
a trouvé une plus grande concentration et une plus grande netteté
des parties minéralisées.
Formation du gisement. — En résumé, il semble incontestable
que l'arrivée du mercure à Idria s'est produite à la suite d'un
plissement poslcrétacé et par des fractures résultant de ce plisse-
ment. Le sulfure de mercure est monté à l'état de dissolution et
s'est répandu spécialement dans les milieux les plus favorables :
d'une part, les strates de grès ou de schistes poreux; de l'autre,
les parties bréchoïdes à fissures multipliées. Le Lagerschiefer
n'en est particulièrement imprégné que parce qu'il se trouvait
dans l'axe de la dislocation et était plus facilement perméable ;
peut-être aussi, à cause de la présence des restes de plantes
qui ont pu jouer un rôle. La dislocation a apporté, en outre,
du carbure d'hydrogène , de la silice et du sulfure de fer : ce
qui constitue un rapprochement de plus avec les phénomènes
hydrothermaux récents où l'on a pu constater la présence du mer-
cure.
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gIte de mercure d'idria (garniole) 695
Exploitation. — L'extraction dldria a été, en 1891, de
63 212 tonnes de roche (environ 27 000 mètres cubes) conte-
nant 532 t. 711 de mercure, soit 20 kilogrammes par mètre
cube, ou 0,84 p. 100. Le nombre des ouvriers est, en moyenne,
de 800.
L'abatage d'un mètre cube coûte 7 fr. 10, le remblayage d'un
mètre courant 5 fr. 90 ; le prix de revient brut du minerai sor-
tant de la mine est de 101 francs, les frais d*usine sont à peu près
les mêmes. Le prix de revient du mercure est d'à peu près
2 500 francs. On estime qu'il reste à prendre 900 000 tonnes ne
minerai ou 35 000 tonnes de mercure : ce qui constitue une réserve
pour soixante années.
Le bénéfice moyen annuel est d'environ 6 à 700 000 francs.
Bibliographie.
18oo. HuYOT. — Mine et usine dldria (Carniole). (Ann. d. If., 5«, t. V, p. 7.)
* 1874. LiPOLD. — Geol. Karte der Umgebung von Idria in Krain. (Jahrbuch
der geoL ReichsanstaU. Wîcn.)
1874. Rechenschafts Bericht iiber die Gêbarung bei dem Bergwerke zu Idria
in den Jahren 1870, 1871 ûnd 1872 (Wien).
1879. Groddeck, p. 138.
* 1881. LiPOLD. — Das Quecksilberwerk zu Idria.
1881. Dask. — Quecksilberwerk zu Idria In Krain.
1883. L. DE Launay. — Mémoire sur Idria. (Manuscrit à TÉcole des mines.)
1888. Becker, PaciOc slope, p. 38.
Indépendamment dldria, on peut signaler, en Garniole, d'autres
gisements de cinabre qu'il est d'autant plus naturel d'en rappro-
cher qu'ils semblent en relation avec un système de plissement
contemporain et probablement du même âge ; ce sont ceux de
Saint-Anna ou Potocnig (Neumarkt) et de Littai. En Serbie, nous
aurons également à mentionner quelques mines de mercure
remarquables par une association du mercure et de l'antimoine,
qui se retrouve au Mexique.
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696 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GITE DE MERCURE DE S*-ANNA, OU POTOCNIG
(neumarkt)*
Le gisement de Potocnig, ou de S*- Anna, est situé, à 8 kilo-
mètres au N.-O. de la petite ville de Neumarkt, sur une ligne Nord-
Sud réunissant Laibach à Klagenfurt. Les terrains, qui avoisinent
Potocnig, sont principalement formés de schistes et calcaires tria-
siques, recouverts par quelques lambeaux nummulitiques. Le
mercure y a, jusqu'en 1881, au moins, été rencontré exclusive-
ment dans un calcaire noir de Tétage de Guttenstein (mus-
chelkalk). Les travaux de mines ont montré Texistence de schistes
et calcaires fortement disloqués, avec interposition, au Nord,
entre les schistes et les calcaires, d'une brèche calcaire. Le
cinabre forme, tantôt de petites veinules et mouches sans relation
apparente entre elles, au milieu du calcaire et tantôt Fincrustation
de Assures. Mais veinules et fissures sont localisées dans une
certaine zone, mal limitée d'ailleurs, qui est, en même temps,
chargée de bitume. Cette zone fîlonienne a atteint, en profondeur,
de 1 à 5 mètres.
La teneur des minerais livrés à l'usine varie entre 0,65 et 1,20.
En 1891, S*-Anna a produit 5 969 tonnes de minerai et
21 tonnes de mercure.
Bibliographie.
1876. Badoureau et Roche. — Rapport manuscrit.
PiCHLER. — Schachtofen in Saint-Annathal,bei Neumarkt. Klagenfurt.
1881. FucHs. — Rapport manuscrit.
GITE DE MERCURE DE LITTAI (carniole)*
La mine de Littai, située également en Carniole, sur la ligne de
chemin de fer de Laibach à Marburg, présente cette particularité
^Goll. École dês Minet, n» 1660.
' Voir plus haut, page 617.
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gItBS de mercure d'iTALIE (vÉNÉTIE, toscane) 697
d'être, à la fois, une mine de galène (avec cérusite abondante) et
de cinabre. Nous Tavons décrite au chapitre du Plomb, et nous
avons dit comment le plomb, qui imprègne une couche dans les
grauwackes carbonifères de Gailthal, y a, peut-être, pénétré en se
substituant à un carbonate de fer dont il reste, au milieu de lui,
des débris. Le cinabre parait postérieur à la galène dont il enve-
loppe des noyaux ; il n y aurait rien dlmpossible à ce qu'il fût
arrivé à la faveur d'une réouverture.
En 1891, littai a produit 1 452 tonnes de minerai et 15S939 de
mercure (en diminution de 1S558 sur Tannée précédente).
GITES DE MERCURE D'ITALIE (vénétie, toscane)
Le cinabre se présente, à Tétat minéralogique, dans un assez
grand nombre de points de lltalie. C'est ainsi qu'on l'a signalé
à Grasso, sur le M^ Muccio di Mai^o, en Lombardie, dans un
quartzite micacé ^ ; à Levigliani, au-dessus de Seravezza et entre
Seravezza et Querceta dans les Alpes ; à Jano, entre Volterra et
Montajone, dans le carbonifère, etc.*. Il y est exploité dans deux
régions principales : la Vénétie et la Toscane, dont l'importance
respective a beaucoup changé dans ces dernières années, la Vé-
nétie ayant arrêté sa production depuis i 880, tandis que la Tos-
cane arrivait progressivement à 450 tonnes par an. En Vénétie,
la mine la plus célèbre est celle de Vallalta, près d'Agordo ; en
Toscane, celle du Siele, près du mont Amiata.
10 aisément de Vallalta (Vénétie). — La mine de Vallalta, située
dans la province de Belluno, commune de Gosaldo, est très an-
ciennement connue ; elle a été reprise en 1856 et abandonnée
depuis 1880. Les dépdts de cinabre se trouvent au contact d'un
porphyre quartzifère (microgranulite) et de roches triasiques for-
mées de grès, schistes, calcaires et conglomérats. Le gisement^
1 Curioni. Géolog, lomb., II, 157, 1877.
• D^Achiardi, I. 110.
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698 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
d*épais8eur très îrréguliëre, suit le porphyre et se termine avec lui.
On trouve le cinabre, soit en mouches dans le porphyre même ou le
grès, soit en veines dans les schistes ; mais la grande masse de mi-
nerai est dans un conglomérat spécial qui ne semble pas exister
en dehors du gîte. Ce conglomérat est formé de cailloux arrondis
de gypse, calcaire, quartz et porphyre, cimentés par une gangue
talqueuse. Le cinabre est réparti en veines ou en grains. La masse
renferme, en général, moins de 0, 1 p. 100 de mercure ; mais,
par points, Timprégnation a été assez forte pour que la roche fût
formée, presque entièrement, de cinabre englobant du gypse,
de la calcite, du quartz et des paillettes de mica magnésien.
D'après Von Rath, la teneur pouvait atteindre, dans ce cas, jus-
qu'à 24 p. 100 de mercure. Le cinabre est souvent accompagné
de gypse. Le seul sulfure, qu'on trouve avec lui, est la pyrite,
dont les cristaux sont souvent englobés par le cinabre. Les schistes
encaissants sont, par endroits, graphiteux. En ces points, du mer-
cure métallique a été rencontré. Le plus grand amas exploité
a atteint 32 mètres d'épaisseur, avec une teneur moyenne de
0,S p. 100. La production annuelle s'est élevée à une tonne de
mercure.
La genèse du gîte semble pouvoir s'expliquer par une venue de
sources chaudes ayant suivi une fissure le long du porphyre. Le
soit-disant conglomérat métallifère ne serait qu'une brèche de
frottement ayant accompagné la production de cette cassure. Le
gypse et le cinabre se seraient déposés ensemble et le mercure
natif résulterait d'une réduction du cinabre par le graphite ^
En dehors de Vallalta, il existe encore, en Vénétie, quelques
gîtes de mercure :
Ainsi, sur le mont Avanza, dans la commune de Fomi Avoltri
(Udine) une mine abandonnée; des mouches de cinabre au
hameau de Spessa^ sur le chemin de Cividale à Cormons*; d'an-
ciennes mines au mont Peralba*; d'autres enfin, dans le Frioul^ où
le cinabre amorphe, terreux, rouge clair, se rencontre associé à
la tétraédrite sous forme de veines dans des terrains carbonifères,
1 Nous avons vu quelque chose d'analogue à Idria, p. 693.
• Jervis. Te9. $oU. ItaL, 1873, 1, 334.
» Marlnoni. Sui miner, del Friuli, 1881, p. 27.
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GÎTES DE MERCURE DU SIELE (tOSCANE) 699
au milieu de calcaires marneux et schisteux micacés que recouvrent
des argilo-schistes.
2^61188 du Siele, etc. (Toscane). — Les mines de Toscane ont
pris, depuis 1880, une importance croissante. Elles sont situées
dans une bande allongée, d'environ 50 kilomètres de long, paral-
lèle à la côte à 30 kilomètres de distance. La plus ancienne, dont
il soit fait mention, est celle de Levigliani^ près de Seravezza, déjà
mentionnée dans un acte de 1163. Le cinabre y est accompagné
de guadalcazarite (Hg, Zn) S., de sidérose, de pyrite et, en quelques
points, de mercure natif; il est disséminé dans des veines irrégu-
lières de quartz qui recoupent des schistes stéatiteux anciens.
A Ripa^ sur les Alpes de Corvaia, près de Seravezza et de
Querceta, ces mêmes veines de quartz cinabrifère traversent un
schiste micacé. Le cinabre y fut découvert en 1838.
Un peu plus loin, à Jano^ près de Volterra et de Montajone, le
cinabre imprègne des schistes bitumineux carbonifères ; il est de
couleur brune, très semblable à certaines, variétés dldria. On y a
trouvé de superbes empreintes végétales qui ont permis de déter-
miner l'âge des schistes. Le cinabre y est accompagné de pyrite
de fer. On avait fondé beaucoup d'espérance sur cette mine, qui
n'a donné que des résultats insignifiants ^
Les mines du mont Amiata, en particulier celles du Siele, ont eu
un bien meilleur sort. Les affleurements de minerai apparaissent là,
en plusieurs points, près des villages de Castellazzara^ de Selvena^
de Santa-Fiora^ Pian Castagnaio^ Castel del Piano et Abbadia
San-Saivadore j autour d'une masse trachytique qui constitue le
mont Amiata; ils sont situés dans des roches, surtout calcaires, qui
recouvrent elles-mêmes des terrains de l'époque éocène. On les
retrouve au mont de Fate près San-Giuliano^ dans des calcaires
jurassiques, oii se présentent fréquemment de grandes masses
rouges de cinabre terreux.
Diverses mines ont été ouvertes à Selvena, à Comacchino^ et
Pian Castagnato; les plus fructueuses sont celles de Siele et de
Comacchino.
1 Becchi. An, ch.^ d'aîcuni, miner, tosc.^ 1850.
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700 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Caractàres généraux de la région de Siele. — Le mont Amiata,
dont la cime s'élève à 733 mètres, est situé, au Sud de la Tos-
cane, sur les confins des anciens Etats Pontificaux, entre les val-
lées du Tibre et de TOmbrone. Il est formé de trachyte ; les ter-
rains tertiaires, qui l'entourent, ont été plissés fortement et ont
donné lieu à des cassures, qui ont probablement amené le mer-
cure. Les caractères de ces gisements sont les suivants : le mer-
cure se rencontre à l'état de cinabre dans des terrains de nature
Fig. 345. — Coupe générale N.-S. de la région du mont Amiata
(d'après M. Jasinski).
et d'âge très différents, depuis le tithonique : dans des marnes,
argiles, calcaires, silex, trachytes, basaltes, etc., sous forme de
filons, d*amas et presque de couches.
Dans les roches compactes, comme le trachyte, le cinabre est
disséminé dans toutes les cassures naturelles et se présente
toujours en filons, mais ne pénètre pas la roche ; il est généra-
lement accompagné de cristaux de spath calcaire et de stéatite.
Dans l'argile et les schistes, au contraire, le cinabre se rencontre
sans forme de petits cristaux disséminés dans la masse ; la zone
imprégnée affecte la forme d'amas et est toujours en relation
avec les filons de minerai des roches encaissantes. Le cinabre y est
souvent accompagné de marcassite, de spath calcaire, de silice
pulvérulente.
L'âge de ces minerais paraît être celui du plissement des
Apennins. Sur le flanc du mont Penna, on observe des couches de
schistes, contenant du cinabre ; le minerai y est mélangé de
cailloux roulés et paraîtrait y avoir été déposé par les eaux qui
avaient corrodé un gisement antérieurement formé. Le terrain
qui contient ces gîtes étant de l'époque pliocène, on a ainsi une
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GÎTES DE MERCURE DU SIELE (tOSCANE) 701
limite supérieure pour Tâge de la formation cinabrifère. D'autre
part, les couches éocënes ont été influencées par le mouvement
de dislocation, avec lequel le mercure semble en relation.
Gisements de Siele. — Voici quelques détails sur la mine de
Siele, dite de Diaccialetto, qu'on peut prendre comme type de
toutes les autres.
La mine de Diaccialetto est à 5 kilomètres de Gastellazzara et
de Selvena, sur la rive gauche du torrent, le Siele; le gisement se
trouve dans des couches calcaires et calcaréo-marneuses, dirigées
E. 36^N.-0. 36^ S., avec une inclinaison N. 36° 0, et un pendage
Fig. 3i6 — Plan et coupe de la- mine de meixure de Siele.
de 45\ Dans ces différentes couches, sont des argiles cinabrifères
n*** 1, 2, 3 (fig. 346), dont la principale se nomme grand diga.
Les couches d'argile cinabrifère ont une grande puissance. Le
minerai est surtout accumulé vers le toit et se rencontre, presque
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702 GÉOLOGIE APFLIQUÉE
pur, 8or une puissance de plusieurs mètres ; le reste de Targile
est imprégoé tout entier et constitue un minerai précieux, fiacile à
exploiter et à traiter.
On trouve le cinabre, dans Targile, soit en cristaux isolés, non dis-
cernables i la Tue, et dont le poids seul de Targîle décèle la pré-
sence, soit en a^omérations rouge vif, soit en blocs d'aspect
métallique exceptionnellement riches (63 p. 100 de mercure).
A ces couches de cinabre et notamment à la couche dite grand
diga, s'unissent, à la partie supérieure du gisement, de petits filons
et de petites couches très blanches de spath calcaire maculé de
cinabre, qui, tantôt sont interrompues et tantôt reparaissent à
petite distance : on les nomme des teUoni. De ceux-ci partent des
rameaux de filons plus petits.
Ayant que les travaux eussent atteint la profondeur de
50 mètres, où se trouve la grande masse argileuse cinabrifère,
on ne pouvait juger de Ta venir du gtte que sur ces petites veines
de spath calcaire cinabrifère et la pauvreté de ces calcaires, qu'on
pensait être la seule matrice du cinabre, faillit arrêter l'exploitation.
On avait bien rencontré des couches argilo-marneuses, dites /îsctoni,
mais elles étaient stériles ; elles interrompaient les petites veines
spathiques cinabrifëres dont elles enfermaient quelques fragments
et n'étaient traversées, en long et en large, que par des veines de
calcaire spathique pur, non cinabrifère.
La couche dite grand diga apparut tout à coup, la nature de la
gangue changea, et cette mine, qui avait été vendue après faiUite,
devint la plus importante de l'Italie centrale, et Tune des mines
de mercure les plus productives d'Europe. Le minerai y est très
riche, comme l'indiquent les analyses suivantes publiées par
M. Petiton.
Masse du minerai 63-65 p. iOO de ïLg,
— argileuse séchée 15-16 —
Teneur moyenne 37-89 —
Au point de vue théorique, il convient de mentionner la pré-
sence du cinabre dans les trachytes près de Pian Castagnaio : ce qui
confirme Tâge attribué plus haut à la venue du mercure.
La mine de la Solfarata est située à 1 600 mètres de la mine du
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ITord
GÎTES DE MERCURE DU SIELE (tOSCANe) 703
Siele. On peut remarquer, tout autour, une grande quantité de
soffioni dégageant de Thydrogène sulfuré en abondance et qui ont
donné son nom à la mine.
Les conditions de gisement sont analogues à celles de Siele. La
venue cinabrifère a traversé des successions de calcaire, marnes et
argiles en les imprégnant d'une manière très variable.
La mine de Coinacchino se trouve sur le versant méridional du
mont Penna. Le sommet de
cette montagne est formé
de calcaire nummulitique et
madréporique. Au-dessous,
viennent des couches sili-
ceuses stratifiées, de 10 cen-
timètres de puissance envi-
ron, où l'on trouve le cinabre. ^''«' 347.- Coupe N.-S. du mont Penna
^ (d après M. Jasinski).
Plus bas, on rencontre des
calcaires albarèse et des argiles, où Ton retrouve également un
peu de minerai.
En 1890, les deux mines de Siele et de Cornachino (Reto) ont
occupé 50 ouvriers et produit 449 tonnes de mercure représen-
tant, sur place, une valeur de 2 919969 francs.
Pour terminer ce qui est relatif à Tltalie, nous ajouterons que le
cinabre a été signalé à la Tolfa près de Civita-Vecchia, associé à la
fluorine et à la blende et au Vésuve.
La présence du mercure auprès du Vésuve, signalée par Dolo-
mieu, mise en doute par Noggerath, est au moins réelle à Pouzzoles,
près Naples, où M. de Chancourtois a pu recueillir des échantillons
de cinabre et réalgar à Torifice de la principale solfatare.
En Sicile, Nô^erath cite six localités où le cinabre a été signalé :
en particulier à Paterno, près Catane, à la base de TEtna.
Bibliographie.
ilH. DoLOMiBU.— Mercure au Vésuve. (Journ. dephys. chim.<, etc., 1. 1, p. 102.)
1S3S. Hoffmann. — Geschiche der Geognosie und Schilderung der Vulka-
nischen Erscheinungen. Berlin, p. 477.
1845. d'Hombras Firmas. — Mines de mercure de Ripa près de Pietra Santa
(Toscane). (B. S. G., 2«, t. H, p. 266.)
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704 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1855. V. Hauer et Fôtterle. — Sur Vallalla. {Vbersichtder Bergbaue, p. 38.)
1855. Gaillaux. — Le Siele. (Ind, min.)
1858. Trinker. — Sur Vallalta. {Jahrb. d. geol, Reicksanst, p. 442.)
1861. Ck)TTA, p. 351.
1862. NôGGBRATH. — Les mines de mercure. (Zeitsch. pf^ussien, t. X.)
1864. V. Rath. — Sur Vallalta. {Zeitsehr. d. deutsch. geoL Gesellsch,, t. XVI,
p. 121. j
1867. Pbllati. — Stat. Miner. Italia.
Jasinski. — Note sur les gisements de mercure de Pian Castagnaio
(inédit).
1873. Jbrvis. — Tes. sott. Italia, I, 334.
1877. CoaioNi. — Geol. lomb, 2, 157.
1877. d'Achiardu — Minière di mercurio in Toscana. (Soc. Tascana di
Scknze natur. residenti in Ptsa, t. m, p. 132.)
1877. G. VON Rath. — I monti di Campiglia nella Marremma toscana. (BoU
del R. Com, geol. dllalia, t. VUI, p. 187, 278, 325. Rome, 1877.)
1878. Rolland. — Mercure au Vésuve. (Bull. Soc. minéralog,^ t. I, p. 99.)
1878. LoTTi. — Il Monte Amiata.
Bol.— Com. geol. Italia, 9-10 p. 371.
1879. Groddegk (trad. Kuss), p. 318, sur Vallalta.
• 1880. PiîTiTON. — Note sur la mine de mercure du Siele (Toscane). (Ann.
d. Jf., 7S t. XVU,p. 35.)
1883. d'Achurdi. — I metalli, loro minerali et minière, t. l,p. 110.
1888. Becker, Pacific slope, p. 83.
1887. J. Francis Williams. — Ueber den Monte Amiata in Toscana und seine
Gesteine. (N. J. fur Min., 1887, t. II, p. 381. Stuttgart.)
GITES DE MERCURE DE HONGRIE (Transylvanie),
BOSNIE, SERBIE, RUSSIE, etc.
Hongrie. — La Hongrie est un des pays où Tassociation du mer-
cure avec l'antimoine (tétraédrite et stibine) est bien manifeste*.
La tétraédrite mercurielle, assez rare partout ailleurs, semble être
caractéristique de ces gisements et arrive à tenir 16,7 p. 400 de
mercure. Le mercure, qui y a été, depuis longtemps, signalé
comme obtenu dans le grillage de minerais de cuivre, forme un
cuivre gris mercuriel associé avec de Tamalgame, du cinabre et de la
pyrite, en veines qui traversent les schistes cristallins et gabbros.
La gangue habituelle est le quartz ou la barytine. Comme sulfures
accessoires, on trouve la stibine et la galène. V. Gotta signale les
* Cotta, p. 305 ; Becker, loc, cil.^ p. 41.
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gItES de mercure de HONGRIE ET BOSNIE 705
filons de Dobschau^ de Szlana, de Kotterbach^ et de Metzenseifen.
On connaît, en outre, du mercure à Schemnitz, Rosenau et
Mernyik * dans le grès carpathique.
En Transylvanie^ j le mercure existe aussi, notamment à Dum«
brawa, quoique nulle part à Tétat exploitable.
Le gisement le plus intéressant est celui du Thihulha/, dans les
Carpathes, entre la Transylvanie et la Bukovine.
Il existe là, sur les deux flancs d'une vallée, de nombreuses
intrusions de basaltes et de trachytes dans les grès carpathiques
et schistes subordonnés. Il s'est produit, au contact de ces roches,
une série de cassures, brèches de friction, etc. En l'un de ces
points, le long d'un dyke trachytique traversant des schistes très
altérés, se trouve un filon, de 1 à 5 mètres, rempli principalement
de calcite et sidérose, empâtant des fragments des roches encais-
santes. Le cinabre s'y présente en veines et nids irréguliers, avec un
peu de blende et de galène. Cette brèche cinabrifère est très carac-
téristique et rappelle ce que nous avons vu à Vallalta, en Vénétie.
La production moyenne annuelle de mercure en Hongrie a été
de 1864 à 4883, d'environ 26,65 tonnes métriques ou 772 bou*
teilles ; depuis cette époque, elle est descendue à 10 tonnes en 1889
et 8,10 tonnes en 1890, provenant du district de Szepes-Iglo.
Bosnie. — En Bosnie, on fait, depuis peu, des recherches, près
de Prozor, sur des gisements analogues à ceux de Hongrie.
Dans l'un, il existe une association de cuivre gris argentifère et
de cinabre avec barytine : ce gisement est encaissé dans des
couches paléozoïques.
Un autre est formé de quatre filons contenant : les deux pre-
miers, presque uniquement de la stibine ; le troisième, un mélange
de stibine avec un peu de cinabre, le quatrième 13 p. lOQ de
cinabre contre 7 p. 100 de stibine dans les échantillons triés. Ces
filons sont encaissés dans des schistes cristallins, très altérés au
voisinage ; la gangue est généralement quartzeuse •.
* Kunner. Zinnober von Mernyik. Zeit. kr. Min. Groth, 1878, 2, 3, 304; ci. à*A^
chiardi, I, 117.
• Cotla, p. 268; Becker, p. 41.
' Renseignements communiqués par M. Bordeaux, ingénieur civil des mines. — Ct.,
sur la Bosnie : 1865-66. Conrad. Revue de géol., t. \, p. 115
GÉOLOGIE. — T. n. 45
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706 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
En Bosnie également, nous avons eu Toccasion de mentionner %
à propos du cuivre gris, des gites de cinabre qui se trouvent près
de Cresevo. M. Conrad en a. signalé, près de Serajevo, dans des
-schistes et calcaires. Le cinabre y est accompagné de pyrite et
blende et, paraît-il, de traces d*or.
Serbie. — En Serbie, comme en Bosnie et en Hongrie, le mer-
cure est associé avec du cuivre gris.
Un important dépôt de cinabre a été découvert, ou plutôt
retrouvé, au mont Avala, près de Belgrade, en 1883. Ce dépôt, qui
parait avoir été exploité par les Romains, a été étudié par von
Groddeck*. Le minerai a été rencontré, autour du mont Avala, en six
points qui ne sont pas en ligne droite, au milieu d'une serpentine
paraissant ici résulter de Taltération d'une péridotite '. On trouve,
avec le cinabre, un peu de mercure natif et de calomel, de la pyrite
et de la millérite, accidentellement de la galène. La gangue est
formée de calcédoine, quartz, calcite, dolomie, barytine et
hématite. Le cinabre se trouve surtout dans des veines de quartz
et barytine ramifiées en tous sens.
D après von Groddeck, la structure microscopique du minerai
montrerait qu'il s'est substitué à la serpentine. M. Becker s'est
élevé contre cette hypothèse d'une substitution, déjà émise à
Almaden par MM. de Prado, Monasterio et Kûss et, à Idria, par
M. Lipold. Selon lui, il manque, dans tous les gites de mercure,
ce qui caractérise essentiellement la substitution, telle qu'on peut
la constater pour le fer, le zinc, etc., c'est-à-dire des fragments plus
ou moins anguleux de la roche encaissante, empâtés dans le
minerai qui les a corrodés ; en outre, l'examen microscopique con«
tredit, à son avis, cette théorie.
Turquie d'Europe *. — M. Fischbach a décrit des dépôts de
cinabre et mercure natif à Prisren, en Albanie,
« Page 307.
* 1883. V. Groddeck. (Zeitschr. prussien, t. XXXIII.)
1887. D. Schmidi : Zinnober von Serbien. (F'ôldtani K'ôtzUmy, l. XVII, p. 552,
Budapesth, 1887.)
' Il y a lieu de rapprocher ce fait de Texistence des serpentines près du cinabre de Ca-
lifornie, ces serpentines étant, d'après H. Becker, dues au simple métamorphisme de grès.
* 1873. Fischbach. B, u. H. Zeit,, t. XXXII, p. 109. (Sur Prisren, en Albanie.)
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GÎTES DE MERCURE DE RUSSIE, SCANDINAVIE, ECOSSE 707
Russie ^ — En dehors des monls Oural, dont nous parlerons à
propos de la Sibérie*, un gisemenide mercure a été signalé, en 1879,
par M. Minenkoff dans le Sud de la Russie, entre la station de
Nikitoffka et Gavriloffka, un peu au Sud de Bachmut, au centre
du bassin houiller du Donetz. M. Auerbach y a commencé des
travaux d'exploitation en 1886; la production, qui a pris rapi-
dement de rimportance, a été : en 1887 de 56 tonnes, en 1888
de 167 tonnes, en 1889 de 170 tonnes.
Le mercure imprègne là, sur 500 mètres de long, un banc de grès
houiller, incliné à 30^ et surmonté par des schistes argileux ; au
mur, sont des grès compacts ; il existe de petites fissures friables,
tapissées de cinabre, en sorte que, dans le classement des mine-
rais, la teneur est à peu près en raison inverse de la dimension
des fragments.
Tschermak a mentionné, dans ce gisement, la présence de la
galène.
Dans le Caucase, district du Daghestan, on a également signalé
quelques gisements de cinabre.
Pour terminer ce qui est relatif à TEurope, nous nous conten-
terons de mentionner la présence du mercure en Norvège, en
Suède et en Ecosse.
Scandinavie. — De Tamalgame d'argent a été trouvé à Kongsberg,
en Norvège ; à Sala, en Suède ; mais on n'y a jamais signalé de
cinabre •.
Ecosse \ — Dans les montagnes de l'Ecosse, Plain parle d'un
minerai (probablement une tétraédite) contenant du plomb, du
' Coll. Ecole des Mines, 1776. — Voir : 1885 Tschet-rnaks. Minerai, Millheil,
vol. Vil, p. 93.
1886. HiriakoQ. Geol. Fureningens Stockholm Forhandl, t. VIII, n** 6.
1891. l^eiss. Usine à mercure de Nikiloffka. (Mémoire manuscrit à TÊcole des
mines.)
1892. Société de Géographie du 22 avril 1892.
1888. Becker, PaciGc slope, p. 43.
• Page 708.
' Noggerath ; Becker, loc. cit., p. 27.
* Becker, loc. cit., p. 27.
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708 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
cuivre et un peu d*argent, dont la distillation aurait produit du
GITES DE MERCURE EN ASIE
Asie Mineure, Perse, etc... '. — Près de Smyrne, M. Fischbach
a signalé une riche veine de cinabre accompagnée par de la sti-
bine, comparable, par suite, aux gites de Bosnie décrits plus haut*.
La stibine est, d'ailleurs, abondante dans cette région de TAsie
Mineure.
En Perse, l'écrivain Ibn Mohelhel, qui vivait au ix* siècle, a
mentionné la présence du mercure à TOuest du Zendjan. Le
général Houtum Schindler de Tarmée persane a retrouvé, en ce
point, du cinabre et du mercure natif avec du réalgar, dans un
basalte. Du soufre natif est exploité au voisinage et ce gisement
semble rappeler les solfatares de Californie.
Sibérie '. — Le cinabre a été trouvé, à diverses reprises, dans les
districts aurifères des monts Oural : par exemple, près de Bere«
sowsk, de Miask et de Bogoslowsk. En ce dernier point, on a
rencontré des morceaux de cinabre natif pesant plus d'une livre,
mais sans pouvoir reconnaître leur gisement primitif. Dans les
sables aurifères de Olem-Trawiansk, on retrouve des fragments
de cinabre avec gangue de quartz.
Dans la Sibérie orientale, il existe une mine de cinabre, tout à
fait isolée, à IldeKansk, district de Nertschinsk^ sur les bords delà
Mandchourie. Le minerai, accompagné de calcite et de quartz, est
* Il conviendrait également de noter, à cette place, la découverte faite par M. Des-
cloiseaux, au grand geyser àHilande^ de gouttelettes de mercure, superficiellement
transformées en cinabre. La prédominance du mercure natif sur le cinabre, la localisa-
tion de ce mercure (jamais retrouvé depuis), Tabsence de matières bitumineuses, etc..
ont conduit, en définitive, à attribuer sa présence à quelque cause accidentelle, peut-
être à la rupture d'un baromètre.
* 1881. Sur la Perse : (Jahrb. geol, Reichs. Wien, t. XXXI, p. 188.)
Becker, loc* cit., p. 44.
» Page 704.
* 1870. Von Rokscbarow. Materialen zur Minerai. Russlands, t. VI, p. 259.
1880. Zincken. Berg. u. H. Z., t. XXXIX, p. 3oO.
1888. Becker, loc. cit., p. 44.
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gItES de mercure de chine et de CORÉE 709
en veines et en nids dans un calcaire gris jaune. La mine fut
découverte en 1759, bientôt abandonnée, reprise en 1797, fermée
en 1834, reprise encore en 1837 et définitivement abandonnée en
1853, si bien que plusieurs voyageurs ont été jusqu'à nier son
existence ^
Elle a, d'ailleurs, donné lieu à beaucoup de légendes au sujet des
armées de prisonniers qu'on y enfermait, disait-on, au milieu des
vapeurs délétères.
NOggerath signale du cinabre au Kamschatka.
Chine (Kwei-Chau) '• — Le mercure paraît être abondant en
Chine, où l'industrie du vermillon est, comme nous lavons dit,
très ancienne et très développée ; mais le seul point, où il
ait été constaté d'une façon précise, est la province de Kwei-
Chau.
D'après Richthofen, cette province exportait, au siècle dernier,
une quantité importante de mercure. Les mines ont été aban-
données en 1848, et seulement reprises il y a peu d'années. Elles
seraient, dit-on, très considérables. La même province produit du
réalgar, de l'orpiment et divers minerais métallifères.
Le ThibetB, été souvent cité comme fournissant du cinabre, sans
que le fait semble avoir été bien vérifié.
Corée *• — En Corée, M. Oppert a signalé du mercure, de
Fétain et du plomb dans la province de Hoang-Hai. M. Gottsche a
récemment reconnu, en ce point, Texistence de roches éruptives
recoupant des schistes cristallins et de nombreuses sources
chaudes.
D'après Davies, la façon dont les Chinois et les Coréens
obtiennent le mercure serait assez primitive : c Ils creusent,
dit-il, des puits dans les couches cinabrifères, y allument des
* Henri Lansdell. Through Siberia, 1882.
* Pumpelly. Geological Research es in China.
1872. Richtofen. Leiler VU, to tbo Shanghai Board of Trade.
1888. Becker, loc. cit., p. 46.
1889. Davies, p. 282.
> 1880. Oppert. Voyages to Corea, p. 171.
1886. Gottsche : Sitzungsberichte dei* Berliner Akademie, t. XXXVI.
1888. Becker, loc. cit., p. 47..
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710 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
feux et retirent un peu de mercure qui se fixe, après distillation,
sur les parois! »
Japon *. — De très minces veines de cinabre se rencontrent à
Shizu, province d'Hirado et dans les environs de Sendai, pro-
vince de Rikuzen, au milieu de roches volcaniques.
Une mine de mercure a été exploitée près d'Ainoura, dans
la péninsule d'Hirado. Le cinabre y imprégnait des grès houillers.
L^exploitation a été abandonnée.
Indes britanniques ^ — On dit que des mines de mercure ont
existé autrefois à Ceylan, près de Colombo. Dans les îles Anda-
man et aux environs de Madras, un peu de mercure a été signalé.
Iles de la Sonde'. — En 1868, on a découvert, dans Tile de
Bornéo'', dlmportantes mines de mercure à Tégora^ dans le district
de Sarawak. Le cinabre y apparaît dans un argiloschiste, inter-
calé entre des bancs de sable, en masses irrégulières ou sur la sur-
face de séparation des roches; il est accompagné de pyrites.
Outre qu'on Ta trouvé en place sur le mont Tegora et à Gading-,
(en ce dernier point avec de la stibine), le cinabre existe, dans
cette île, dans le lit des fleuves et dans les alluvions.
En 1872, la production a été de 1 733 bouteilles; en 1875, de
1 505 bouteilles.
En 1880, on a exporté de Sarawak^oxxv 342 965 francs de mer-
cure (environ 2 000 bouteilles).
Dans les autres lies, on a trouvé du cinabre au voisinage de
Samarang^ dans l'île de Java et dans YAllahan Pandjang, iSumalra.
Un peu de mercure a été également rencontré aux Philippines.
« Coll. Ecole detMineSy 1677. —1876. Munroe. Tram. Am, Intl. Min, Eng,, t. V
p. 299. .
1875. Godfrey. Quart. Joum. geol. Soc. London, t. WXIV, p. 555.
Becker, loc. cit., p. 47., et d'Achiardi, I, 118.
» Dickson, Encyc. BriL (9* édit.), article Ceylan.
Becker, loc. cit., p. 47.
* 1874. Everett. Notes on the Distribution of the Useful Minerais in Sarawak.
1882. Mining journal, Loudon, p. 415.
1883. Verbeck. Beschr. Sumattra*s Westkust, p. 562.
1883. D'Acbiardi : I metalli, p. 118.
1888. Becker, loc. cit., p. 48.
* Voir une carie de Bornéo, t. I, p. 32.
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GÎTES DE MERCURE DE CALIFORNIE 711
GITES DE MERCURE DE CALIFORNIE
Les gisements de mercure de Californie présentent un exemple
intéressant de formation de cinabre post-miocène, peut-être même,
en partie, presque actuelle, en relation nette avec des phénomènes
volcaniques et, particulièrement, avec des sources chaudes geysé-
riennes, qui ont exercé, sur les terrains voisins, un métamorphisme
profond. Au point de vue minéralogique, ces mines sont caracté-
risées par la présence, assez fréquente, du métacinabre accom-
pagnant le cinabre et par Tassociation de Topale, du bitume et de
la pyrite avec le mercure.
Elles sont situées dans la chaîne des Coast-Range \ qui longe la
côte de l'océan Pacifique et est, elle-même, séparée de la Sierra-
Nevada par la vallée du Sacramento au Nord, par celle de San-
Joaquin au Sud. Leur alignement général est parallèle à celui de
ces deux chaînes, c'est-à-dire N. N.-O. S. S.-E. Les principaux
gîtes de cinabre sont|: du Nord au Sud, Sulphur Bank, Great
western et Great eastern, Redington, California, Manhattan, New-
Almaden, New-Idria, etc.
Géologie de la région. — La géologie de la région a été étudiée par
M. Decker, dont nous allons résumer les principales conclusions.
Les terrains représentés appartiennent au crétacé et au ter-
tiaire et ont subi un métamorphisme extrêmement intense, auquel
il semble falloir attribuer, comme nous le verrons, la production
de roches analogues à des serpentines, diorites, diabases, etc. Là
oîi ils n'ont pas été modifiés postérieurement, ces bancs présentent
parfois des épaisseurs continues et homogènes de plusieurs cen-
taines de mètres. On y distingue : l'étage de Knoxville (néocomien),
celui de Chico (crétacé supérieur), celui de Tejon (éocène), etc. Ces
terrains paraissent reposer sur un soubassement de granité caché.
L'examen microscopique montre, en effet, que les grès néocomiens
sont formés, presque exclusivement, d'éléments granitiques, quartz,
feldspath, biotite, cimentés par de la calcite. L'altération les af
* Voir la carte géologique d'Amérique, t. I, p. 73.
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712
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
souvent rendus méconnaissables et, si les conclusions de M. Becker
sont bien exactes, a produit des effets d'un grand intérêt pétro-
graphique.
D'après lui, en effet, on peut, en suivant le processus de la décom-
■ TVincipalcs nploitAticnc
df nirTTirrc
A ExplotUtbonti secondaires
• Traces de mvrcvat
' ' Ré^aii des zuines d'or
va- 122- 12»* lio' li9"
Fig. 348. — Caite des gisements miniers (mercure, or, etc.), de Californie.
position sur divers échantillons de grès, voir s'y développer de l'au-
gite, de Thornblende, du plagioclase, etc. C'est ainsi qu'à la péri-
phérie de grains de quartz, il se produirait des microlithes de pla-
gioclase, toujours accompagnés de zoizite ; et ces divers minéraux.
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gItES de mercure de CALIFORNIE 713
à leur tour, non seulement Taugite et la hornblende, mais aussi le
feldspath et le quartz, seraient, à son avis, sujets à une décomposi-
tion serpentineuse. Cet auteur considère ce métamorphisme comme
s'étant produit, à une profondeur assez faible, lors des plissements
qui ont s.uivi la fln du néocomien, par Tintervenlion d*eaux chaudes
minéralisantes chargées de sels magnésiens et de silice et il
remarque qu'il s'est formé là récemment toute la série de miné-
raux qu'on rencontre dans les schistes archéens.
i II distingue plusieurs termes parmi ces roches métamorphiques :
l"" Les grès partiellement métamorphiques où, malgré un com-
mencement de recristallisation, les éléments primitifs apparaissent
encore au microscope ;
2'' Les roches «granulaires métamorphiques », que le microscope
permet de diviser en deux classes : pseudodiabases formées de pla-
gioclase et d augite(raugite passant parfois au diallage), et pseudo-
diorites, où lamphibole remplace Taugite. La glaucophane et par-
fois Taugite s y développent ;
3"^ Les schistes à glaucophane ;
4^ Les phtanites, ou schistes silicifiés, contenant, à l'occasion,
des oi^anismes microscopiques et toujours plus ou moins chargés
de zoizite ;
5"" Les serpentines qui, ici, ne paraissent pas résulter de la
décomposition de roches à olivine\ mais bien de grès serpentinisés.
A côté de ces terrains sédimentaires plus ou moins altérés, on a
de véritables roches éruptives, granité, diabase, diorite, andésite,
rhyolithe et basalte. Les andésites forment des variétés. Tune à
pyroxène, hornblende rare et sans mica ; l'autre à pyroxène et mica
noir, sans amphibole; la troisième à hornblende; ces variétés
passent constamment de l'une à l'autre. Leur âge a pu être déter-
miné par rapport au pliocène d'eau douce de Clearlake. A côté d'elles
existent des roches du type trachytique que M. Becker a proposé
d*appeler aspérités (asper, trachus) et qui ont donné d'énormes
masses d'obsidiennes près de Clearlake.
L'histoire géologique de la région serait la suivante :
Avant le crétacé, le massif de granité est émei^é ; recouvert
* Il D*exi8te, dan» la région, comme roche à olivine, qu'un pointement de gabbro.
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714 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
par la mer à Tépoque néocomienne, il fournit alors des sédiments
considérables ;
Puis il se produit un grand plissement, accompagné de venues hy-
drothermales amenant le métamorphisme précédemment décrit.
Pendant le turonien, le rivage de la Californie semble avoir été
très voisin du rivage actuel. Après quoi, la mer recouvre, de nou-
veau, une partie des Coast-Range et dépose les couches de Chico
en discordance sur le néocomien mélamorphisé et érodé. Aucun
grand mouvement ne signale la fin du crétacé ; et Féocène, puis
le miocène se déposent normalement sur Tétage de Chico. Au
contraire, la fln du miocène est signalée par une dislocation;
le peu de pliocène, généralement lacustre,, qui existe en Califor-
nie, est discordant avec le miocène.
Les éruptions volcaniques ne. paraissent avoir commencé
qu'après la fin du miocène ; les andésites de Clearlake datent de
la fin du pliocène ; le seul dyke de rhyolithe connu dans les
Coast-Range, près de New-Almaden, est probablement plus récent.
Enfin les coulées de lave continuent pendant toutle pléistocène.
Gîtes de mercure. — Les gisements de mercure se présentent, sous
une forme nettement filonienne, au milieu des terrains les plus
divers, depuis le trias dans la Sierra Nevada jusqu'au tertiaire dans
les Coast-Range. On a quelquefois tenté des divisions entre ceux
situés dans les trachytes, les filons d'injection serpentineuse, les
dépôts geysériens, etc. ; ces classifications ne correspondent qu'à des
circonstances locales : le terrain encaissant ne parait, en effet, avoir
jamais joué qu'un rôle physique (suivant son degré de porosité plus
ou moins grand) dans le dépôt mercuriel. D*une façon générale, le
cinabre est accompagné de silice sous forme de quartz résinites ou
opales résinoïdes dont la consolidation est antérieure à la sienne ;
on trouve, en outre, avec lui, des substances bitumineuses et des
pyrites. Nous décrirons successivement les principaux gîtes du
Nord au Sud. ^
SULPHUR BANK
Le cinabre n'a été rencontré à Sulphur bank qu'en 1874 ;
il existe là, près de l'extrémité Sud-Est du lac Clear, une colline
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GÎTES DE MEBCIIRE DE CALIFORNIE 715
qui, avant le début des exploitations , était recouverte d^unc
croûte épaisse de sourre natif: d'où son nom.
En 1873, on s'aperçut que ce soufre, dont on avait tenté vaine-
ment de tirer parti, recouvrait un important gisement de cinabre^
qu'on se mit alors à exploiter à ciel ouvert.
Toute cette région porte Tempreinte de phénomènes volca-
niques récents, coulées de lave, sources chaudes, lacs de borax, etc.
Les terrains représentés sont surtout le néocomien avec quelques
lambeaux, relativement peu disloqués, des couches de Chico et
Téjon. Les premières éruptions paraissent s'être produites sous
forme d'andésites pyroxéniques vers le début du pliocène ; puis-
sont venues des aspérités et enfin des basaltes, avec lesquels on
croit que sources chaudes, borax, soufre et cinabre sont en rela-
tion.
Le sulphur bank lui-même est formé de coulées de basalte
avec pépérites et traversé par de nombreuses sources chaudes
sulfurées et carbonatées qui continuent à le métamorphiser. On y
trouve souvent des noyaux de basalte résistants, arrondis et char-
gés d'opale, au milieu de parties tendres et terreuses. On suppose,
dès lors, que la coulée basaltique a dû recouvrir des émanations
chargées de sulfure de mercure, qui se sont fait jour à travers ses
fissures en les incrustant et imprégnant la roche voisine. Il en est
résulté un dépôt qui, à la surface, est formé de soufre, et plus bas,
d'un mélange de soufre et de cinabre, de plus en plus chargé de
cinabre.
Le minerai est assez pauvre (1 p. 100 de mercure en moyenne),
mais abondant et d'une exploitation particulièrement facile. Le
cinabre est généralement amorphe, finement divisé et relativement
pur; on trouve, avec lui, de la pyrite, de la marcassite (parfois avec
traces d'or et de cuivre), des matières bitumineuses, de la silice
et de la calcite. Le cinabre est toujours intimement mélangé de
soufre : ce qui constitue une certaine gène pour l'exploitation.
L'analyse de quelques minerais riches faite en France, à l'école
des mines, adonné les résultats suivants :
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716
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
HgS
S natif
Pyrite
Fe'O»
Fe» se
CaOSO'
Gangue de quartz. .
Eau
Totaux
MIKERAI ROL'Oe
22,80
Traces
0,50
5,60
10,10
Traces
52,00
9,00
100,00
MINERAI GRIS AVEC
BOITRE NATIF
16,70
41,75
4,20
6,30
7,10
0,60
46,00
7,35
100,00
Les sources chaudes contiennent des carbonates, borates, chlo-
rures desodium, de potassium etd'ammouium, sulfures alcalins, etc. ;
elles sont susceptibles de dissoudre le cinabre sous une certaine
pression ; et il est parfaitement possible qu*elles représentent la
continuation du phénomène filonien, le cinabre ayant été préci-
pité par une diminution de pression et de température en présence
de Tammoniaque.
A ce point de vue, on doit citer, dans le Nevada, comté de Washoe,
des geysers en activité, appelés Steamboatsprings, qui déposent,
aujourd'hui encore, de la silice poreuse avec soufre et cinabre.
En 1875, on considérait que le gisement pouvait contenir
660 000 tonnes de minerai ; le prix de revient du minerai, rendu
au four, était alors de 4 à 5 francs seulement. Sulphur bank a
donné 10 993 bouteilles de mercure en 1877, 1 608 en 1890.
DISTRICT DE KNOXVILLE (REDINGTON, CALIFORNIA,
MANHATTAN, etc.)
Le district de Knoxville est foiméde terrains néocomiens, altérés
ou non, à travers lesquels une éruption de basalte s*est fait jour.
€*est là, d après M. Becker, qu'on peut le mieux étudier le phé-
nomène du métamorphisme et se rendre compte que la serpentine
n*est pas une roche éruptive. On voit, par exemple, sur les deux
flancs d'un même anticlinal, d'un côté les terrains non transformés
et fossilifères, de l'autre ces terrains devenus des pseudodiabases,
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GÎTES DE MERCURE DE CALIFORNIE 717
pseudodiorites, etc. La serpentinisation se fait, dans les grès comme
dans leb roches à olivine, en partant de fissures. De nombreuses
sources chaudes existent encore dans la région et des gaz suif*
hydriques se dégagent au voisinage de certains gisements de
mercure qui sont, par là, tout à fait comparables à ceux de Sulphur
bank. De même, on y retrouve le cinabre associé avec de la
silice, de la pyrite et des substances bitumineuses.
Les principales mines sont celles de Redington, Manhattan,
Califomia, etc.
A Redingtoîiy on connaît une masse considérable de quartz rési-
nile, cinabrifère à son toit, au contact d'un grès crétacé, lui-même
imprégné d'opale ; à 150 mètres de profondeur, un puits, foré dans
cette résinite, a rencontré de ]a serpentine. On a exploité d'abord,
dans la partie supérieure, une véritable bonanza contenant 2 à
3 p. 100 de cinabre avec une forte proportion de métacinabre. Au-
dessous, on a constaté qu'il existait trois fractures nettes, dont deux
remplies de cinabre et formant, par suite, de véritables filons
d'incrustation mercurielle.
L'acide carbonique se dégage en abondance dans les travaux.
Redington a donné 503 de bouteilles de mercure en 1890.
Les mines de Califomia^ Manhattan^ Lake^ Andalusia sont, à
l'exception de la dernière, abandonnées depuis quelques années.
On y trouvait du métacinabre et de la stibnite.
DISTRICT DE OATHILL, GREAT EASTERN ET GREAT WESTERN
La région deOathill est très intéressante et contient de très nom-
breux gisements de cinabre. Les terrains, en partie métamorphi-
ses et serpentinisés, appartiennent à la série néocomienne de
Knoxville, comme le prouve la présence des Aucella. Il existe des
andésites, des basaltes et des sources chaudes, dont Tune sort des
travaux de la mine, aujourd'hui abandonnée, deLidell. Le minerai
forme habituellement des stockwerks : en deux points, au contact
du basalte.
A Oathill même, on a de véritables filons recoupant les strates
à iS"", avec accompagnement d'imprégnations à la rencontre de
certaines strates. On y a trouvé un peu de barytine, minéral
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718 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
également signalé à Almaden et qui n'existe, nulle part ailleurs,
en Californie.
A Great Western^ le cinabre, avec pyrite et quartz, se trouve au
Fig. 349. — Coupe longitudinale de la mine de mercure de Great Western.
Echelle, au w
(Les minerais ont été figurés par des hachures croiséef.)
contact d'une serpentine opalinisée et d'un grès presque inaltéré,
sous forme d'un réseau de veines.
A Great Eastei^ également, le cinabre, avec pyrite, quartz et
bitume, se présente dans une serpentine noire et chargée d'opale.
NEW-ALMADEN
La mine de New-Almaden a été la première et la plus pro-
ductive des mines de Californie. Elle se trouve, ainsi que
les petites mines voisines d'Enriquita et de Guadalupe, dans
une ramification de la Santa-Cruz Range, ayant pour point
culminant le mont Chisnantuc (537 mètres). On trouve là, au-
dessus de schistes, jaspes et calcaires très métamorphiques de
l'étage de Knoxville (néocomien), des grès miocènes et pliocènes.
Un dyke de rhyolithe, le seul qu'on connaisse dans les Coast Range,
recoupe le miocène.
Le cinabre imprègne, sous forme de stockwerks, les terrains
métamorphiques, qui sont devenus des pseudodiabases, pseudo-
diorites et serpentines. Ces stockwerks, alignés dans leur ensemble
le long de liions irréguliers, constituent des amas lenticulaires
assez développés. Les deux principaux filons se réunissent en V
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gItES de mercure de CALIFORNIE
719
dans la profondeur. Les preuves d'une action mécanique, ayant
produit la cassure, se traduisent par Texistence de brèches et
d'argiles. Il y a souvent un toit bien défini, régulier et poli, formé
de serpentines ou de schistes talqueux non cinabrifëres.
Le cinabre est accompagné, comme dans toute la Californie, de
silice, matières bitumineuses, pyrite et marcassite, avec un peu de
chalcopyrite, de calcite et de dolomie.
Les travaux d'exploitation, commencés en 1841, sont très déve-
loppés et renferment près de 50 kilomètres de galerie. Ils sontîrré-
guliers. Le principal amas rencontré est celui de Great Santa Rita,
qu'on a exploité de 1865 à 1868. Il était lenticulaire et presque hori-
zontal ; il avait environ 90 mètres de longueur, 24 de largeur et 9 de
puissance. La teneur moyenne en mercure y était de 25 p. 100;
dans certaines parties, il y avait jusqu'à 60 p. 100 de mercure.
Cette mine a donné, en 1865, jusqu'à 1 637 tonnes de mercur<i
en une année; en 1874, elle passait pour épuisée, quand on y a
retrouvé de nouvelles zones cinabrifères moins riches, mais plus
régulières que celles exploitées précédemment. En 1877, elle a
donné 815 tonnes; 905 en 1881, 415 (12 000 bouteilles) en 1890.
Sa production totale, qui est de beaucoup la plus forte de Cali-
fornie, s'est élevée, jusqu'en 1891, à 916 359 bouteilles.
En 1876, les diverses catégories de minerai abattu et trié don-
naient les résultats suivants :
Menus H p. 100.
Pauvres 1,5 —
Riches 9 à 10 —
Depuis, la teneur a été la suivante :
1874
1875
1876
1877
1878
1879
1889
Minerai riche
Minerai pauvre ....
Teneur moyenne. . . .
»
2,96
9,68
0,5à2
3,35
14,31
0,5à2
4,72
»
M
4,93
>
»
3,28
>
»
2,85
>
2,92
Deux tableaux ci-joints résument les principales données statis-
tiques relatives à New-Almaden.
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720
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
PRODUCTION BT PRIX DE REVIENT DE NEW-ALMADEN
DÉPENSES
Par bouteille ou Hatk de 76, 5 pounds
ou 34kg. 65
1884
1885
1886
Travaux de mine
T comprit les IraTaux de recJicrclie. .
Vourniturei
Travaux au jour, bi- \ llain-d'auvrc.
tiroenti, entretien . t lialériaux . .
Impôts, taxes et divers
ToUl
72.5
18,40
24,30
13,70
12,
7,80
130,30
6
1
5 5
80.60
26,50
30
13
12,90
6,80
143,30
5,20
3,30
1,90 1.90
94,50
26,10
28.60
16,10
li.4a
7,20
158,8
8,30
8,30 8,30
Revenus divers de la propriété. . . .
Pertes de minerai dans les manipula-
tions
Différence
Prix de rexicnt définitif. ; p||r^''î"|"; '
Production ... ; ™« K""*- •
{ mercure .....
Teneur moyenne. . . .
Production totale de If cw- Almaden de
juiUa 1850 au 31 décembre 1886. .
Frc^. 135,30
3.35
35 662 tonnes.
20 000 llasks ou
693 000 kilos.
1,90 p. 100
Frcs. 145,20
3,70
35 580 tonnes.
21 400 fl:isks ou
471 510 kilos.
2, 03 p. 100
Frcs. 167,10
4,50
36 629 tonnes.
18 000 flasks on
623 700 kilos.
1,66 p. 100 *
853 359 bouteilles (Qask*) ou 29 568 889 kilos de mercure. 1
ST\T1STI0UK DE NEW-ALMADEN
raoDOCTio:!
paix
paix
paoooiT
paoocrr
■INSaAI
TE.NEUR H
ANNÉES
de mercure
de vente
de revient
net
n
en flasks
duflask
du Hask
par flask
net total
extrait
moyenne U
Francs
Francs
Francs
4
1871
18 568
101,20
93,70
67,50
238 742
10021 t.
6,44p
.100
1872
18 574
244,30
118,10
126,20
451 759
9645^
6,63
—
1873
11042
350,80
148,60
202,20
428 503
12242 —
4,87
1874
9 084
513,20
228,20
285,00
499 243
16704-
2,96
—
1875
13 648
258,40
174,70
83,70
218 704
15667 —
3,35
•
1876
20 549
197,50
101,00
96,50
381007
15195—
4,69
—
1877
23 996
171,
87,40
83,60
376668
16686—
4,93
1878
15 852
159,50
106,00
53,50
132 969
16496-
3,28
—
1879
20 514
142, 10
113,90
28,20
112 094
18944-
2,85
1880
23 465
149,20
95,80
53,40
242118
21419—
2,92
—
1881
26 060
144,60
61,40
83,20
415103
30434—
3,11
1882
28 070
141.
92,10
48,90
26il39
30795—
2,98
1883
29 000
134,80
83,30
51,50
287 687
36979—
2,87
1884
20 000
151,70
124.80
26,90
103 578
35341 —
1,93
1885
21400
150,70
142,10
8,60
37 413
33855—
2,07
-J-
1886
Tolaux.
18 000
181.50
150,80
30,70
105 444
34187-
1,69
—
31 7822
182
111,80
70,20
4 295 180
364610—
3,07
—
Le flask
^i^^a
= 34 kg.65
^:
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gItes de mercure de new-idria (Californie) 72i
NEW-IDRIA
La mine de New-Idria est située au Sud du mont Diablo.
Cette montagne est formée, dans sa partie haute, de terrains
néocomiens (Knoxville) métamorphiques. Sur le flanc Nord
reposent des terrains de Chico et Tejon, inclinés à environ 45** et
discordants sur le néocomien. La base de l'étage de Chico renferme
même des galets arrondis de néocomien. Les étages de Chico et
Téjon sont très fossilifères et celui de Téjon contient une couche de
houille qu'on a commencé à exploiter. La région ne présente pas
de laves, mais il y existe une coulée importante de basalte et des
sources sulfureuses froides.
Le gisement de New-Idria a été, après celui de New-Almaden,
le plus productif de Californie (131 266 bouteilles de Torigine à
1890). En 1890, il n'a plus produit que 977 bouteilles. Le minerai
s'y trouve à l'état de stockwerks, de veines et d'imprégnations
complexes dans les couches néocomiennes ; sur quelques points
seulement, dans les couches de Chico. Il présente l'association
habituelle de cinabre, pyrite et quartz avec matières bitumineuses.
Le métacinabre a été trouvé abondamment dans le filon de New-
Hope.
AUTRES GITES DE MERCURE DES ÉTATS-UNIS
Quelques autres gîtes de mercure de l'Amérique du Nord
méritent une mention pour des particularités minéralogiques.
A Manzanita^ dans le comté de Golusa, le cinabre, avec quartz,
pyrite et soufre, est accompagné d'or natif. Cette association de
For et du mercure se rencontre en plusieurs autres points, en
particulier dans des veines quartzeuses des champs aurifères de
Californie.
Ailleurs, dans la mine d'argent de Barcelone, Belmont, Nev et
dans celle de Calistoga, Cal, le cinabre accompagne l'argent.
Dans les mines de Stayton, comté de San Benito, le cinabre
se trouve avec de la stibine; enfin, dans l'Utah, à Maupville,
on a exploité, en 1887, un dépôt de séléniure de mercure
(tiemannite).
GÉOLOGIB. — T. II. 46
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722 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Données économiques. — Les mines de mercure de Californie,
comme nous avons déjà eu Toccasion de le dire* se sont rapide-
ment épuisées. Nous donnons , ci-joint (page 723) , le tableau
détaillé de leur production dans ces dernières années. En 1889,
le rendement moyen du minerai extrait et traité dans 11 usines
(86 000 tonnes) a été de 1,088 p. 100. La dépense par bouteille a
été de 170 francs.
Bibliographie.
i865« Geological Survey of CaliforDia. (Animal report,)
i878. Blaee. — Sur les gisements de cinabre en Califoraie et aa Nevada.
[Bull, Soc, minéral,)
1876. Grôger. — Zum Vorkommen des Quecksilbererzes. (Verh, d. K. R,)
M878. Rolland.— Les gisements de mercure de Californie. [Bull. Soc. min,.
n9 6, et Ann. d. M., sept. 1878.)
1885. WiLKiNsoN. — Occurrence of native mercury in tlie Alluvium in Lovi-
siane. (Am, J. ofSc, 3« série, t. XXIX, p. 280. New-Haven Conn. U. S., 1885.»
• 1888. Bbceer. — Geology of the quicksilver deposits of Ihe paciHc
slope. (Monographs ofthe TJ. S. Geological Survey^ l. XIII, p. 486. Washington.)
GITES DE MERCURE DU MEXIQUE,
DE L'AMÉRIQUE DU SUD ET DE L'OGÉANIE
Mexique '. — Le Mexique, qui est un des pays où la production
d'argent est la plus forte, aurait eu le plus sérieux intérêt à extraire
lui-même le mercure nécessaire à l'amalgamation. Aussiya-t-on,
depuis longtemps, recherché les moindres gisements de cinabre.
On en connaît, en effet, un certain nombre, mais dont aucun n*a^
jusqu'ici, de véritable importance industrielle. La plupart sont
caractérisés par une association du mercure et de l'antimoine,
analogue à celle que nous avons déjà signalée en Bosnie, en
Serbie, dans le Palatinat, etc.
A San Onofrio et à Guadalcazar lefi minerais sont situés dans
des calcaires crétacés, et on y trouve plusieurs espèces qui ont
« Page 660,
• Davies, p. 280. — Sandberger : Sitz. b. d. Ak. d. Wiss. zu Mûnchen, 1876, 2,Î02.
— D'Achiardf, 1, 119.
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724 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
précisément tiré leur nom de ces localités, où elles ont donné lieu
fréquemment à de singulières pseudomorphoses (Guadalcazarite,
Hg, Zn, S, etc...).
A HuitzucOy dans la province de Guerrero, suivant une notice
communiquée à Sandberger par F. Yelten et J. Lehmann, on trouve
le cinabre pseudomorpb osant de la stibine, et, à environ 178 kilo-
mètres de 5tna/ao, àOuerrerOy on a découvert dlmportants dépôts
de deux minerais, contenant : Tun du mercure, du soufre et de
Tantimoine ; Tautre, de Toxyde d'antimoine, du mercure et de la
silice avec une teneur delOàlip.lOO. Ce dernier minerai pro-
vient vraisemblablement d'une altération du premier, qui parait
correspondre lui-même à la livingstonite de Huitzuco (livingstonite
= Hg™ Sb' S"^» + • + ■ Fe S*).
Enfin, le cinabre forme des veines et est relié à une argile déri-
vant de Taltération d'un porphyre, à Loma de Encinal^ et on a
entrepris l'exploitation d'un riche dépôt près de Malirata.
Des gisements de cinabre ont été encore signalés dans le district de
Sierra Gorda (Guanajato) ; près de Guadalcazar et de Gharcas
(San Luis Potosi), non loin de Guadalupe de los Reyes, etc.,
tous au voisinage des gîtes d'ai^ent.
Colombie '• — M. Hawkins a trouvé des globules de mercure
natif dans une argile près de la ville de Cruces, dans l'isthme de
Panama. Il a également rencontré du cinabre près de la rivière
Hagdalena, dans l'état de Tolima. Humboldt signale la présence
du mercure dans la province d'Antioquia, vallée de Santa-
Rosa.
Equateur '. — Près de la ville d'Azogue, le cinabre se présente
en veines dans des grès anciens.
Entre ce point et Guenca, où Ton exploite également le mercure,
des fragments de cinabre ont été trouvés, avec de l'or, dans des
alluvions. Des gisements semblables à ceux d'Azogue se trouvent
près de la ville de Loja.
* Becker, loc. cit., p. 19.
• Webster. Encyc, brit,^ di\\t\t Ecuador.
Becker, loc. cit., p. 20.
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gItES de MEBGUBE de l'aMÉRIOUE du sud 725
Pérou (Huancayelica, etc...)*. — Le Pérou a été autrefois un
des centres principaux de production du mercure dans le monde.
Si nous prenons les dépôts du Nord au Sud en continuant à
suivre la chaîne des Andes, nous rencontrons, d'abord, au Nord,
Chonta^ dans les Andes occidentales, près de la frontière de
TEquateur. D'après M. Bugdoll, le minerai, accompagné de pyrite,
imprègne des grès paléozoïques.
Dans les montagnes de Santa Apolonia, près de Cajamarcdj
des globules de mercure natif se trouvent dans un trachyte. «Des
échantillons, provenant de ce point, ont figuré à l'Exposition uni-
verselle de 1878.
Dans la province à'AncachSy quelques veines de cinabre sont
accompagnées de sulfures divers, galène, blende, pyrite et cuivre
gris. L'une des principales mines, celle de Santa Cruz, près de
Caraz, a été arrêtée par des émanations d'acide carbonique.
Dans le district de Yatiliy à 75 milles au N.-E. de Lima, dans
une vallée des Andes, des sources chaudes, qui traversent des
schistes et des grès, déposent une quantité considérable de soufre.
On a trouvé là des veines de quartz contenant du cinabre et de la
pyrite.
Enfin, sur le flanc Est de la chaîne occidentale des Cordillères,
se trouve le district, autrefois célèbre, à' Huancavelica. D'après
M. Crosnier, le terrain est formé de roches jurassiques, redressées
presque verticalement et dirigées N.-E. Ce sont des schistes, grès
et calcaires traversés par des trachytes.
Au voisinage de la ville, il existe beaucoup de sources chaudes.
La mine la plus importante était Santa Barbara, tout près de
Huancavelica ; mais il y a, en outre, plus de 40 points où l'on ren-
contre du mercure.
Le gisement de Santa-Barbara consiste en imprégnations de
mercure, surtout dans un grès. Quelques observateurs avaient
* 1S48. Rivero. Memori^ sobre Huancavelica. Lima.
1852. Crosnier. (Ann, d. M., 5« série, t. II, p. 37.)
1862. Bugdoll. Zeitschrift prussien, t. II, p. 391.
1876. Babinski. Informa sobra el Cerro de Pasco.
1879. von Rath. Natur^vis, Studien. Bonn, p. 372.
1883. Du Chatenet. Explotacion de los minérales de Ancachs. (Anales consir. eiv,
y minas Peru, t. III, p. 3.)
1888. Becker, loc. cit., p. 20.
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726 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
parlé uniquement de filons. Humboldt indique des couches et
des filons. En réalité, ii parait exister, à Santa Barbara, des cou-
ches imprégnées dans leur masse et, ailleurs des stock werks, formés
d'un système de veines réticulées. L'imprégnation est évidemment
en relation avec la dislocation qui a bouleversé les couches
jurassiques.
En dehors de la pyrite, des corps arsenicaux, tel que le mispickel
et le réalgar, sont très abondants; Humboldt dit même que, dans
les bancs inférieurs, Tarsenic devenait tout à fait prépondérant;
il signale, comme élément accessoire, la galène. La gangue est
formée de calcite et barytine.
Le district de Santa-Barbara a été découvert en 1566, par
Enrique Garces, mais il parait avoir été connu longtemps aupara-
vant par les Péruviens. Aujourd'hui encore, dans le Nord du
Chili, d'après M. Ferez Rosales ', les Indiens savent distiller le
mercure nécessaire aux mines de métaux de la région.
Von Rath signale enfin, au Sud du Pérou, dans le département
de Puno, à Ayaviri, du mercure natif trouvé dans les pores d'un
irachyte.
Bolivie *. — En Bolivie, du mercure a été fréquemment rencon-
tré, associé à des minerais d'argent.
Chili '. — Dans le Chili, la mine de mercure de Puniia est,
d'après M. Crosnier, dans le granité. Près de la ville de Chiliy on a
trouvé des dendrites de cinabre dans du quartz. Enfin, à Arqueras,
dans le désert d'Atacama, un amalgame d'argent constitue le
principal minerai d*argent exploité.
République Argentine *. — Au N.-O. de la République Argen-
< Essai sur le Chili, 1857, p. 66.
• Philipps. Ore fittposits, p. 620.
Decker, loc. cit., p. 23.
» Crosnier. {Ann, d. M., 50, t. II.)
Noff^rath.
1863. Domevko. Substancj rouge accompagnant le mercure au Chili. (Ann. d,
if., 6% t. V, p. 461.)
Becker, loc. cit., p. 21.
* 1885. Steizner. Geol. und. Pal. Arg. Rep., 1885, p. 245.
1888. Becker, loc. cit., p. 23.
1889. Uoskold. Mém. génér. sur les mines de la Rép. Argentine.
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gItes de mercure de l'amériquë du sud 727
tine, près du Chili, dans la province de Jujuy, la région de la
Rinconada contient, avec beaucoup de quartz aurifère, un peu do
cinabre dans des schistes siluriens.
Brésil '. — Le Sud du Brésil renferme des gisements de
cinabre mal connus. D'après Eschwege, le cinabre se trouverait
dans des alluvions aurifères d'Ouropreto. M. Derby considère que
le fait est loin d'être démontré. En tout cas, le mercure n'a jamais
été exploité au Brésil.
Australie '. — En 1875, le Rev. W. B. Clarke a signalé la pré-
sence du cinabre en Australie et en Nouvelle-Zélande, mais seule-
ment à Tétat de mouches sans importance qu'il considère comme
produites par des sources chaudes analogues à celles de Cali-
fornie.
Depuis cette époque, un peu de mercure a été extrait à Cudge-
gong (Nouvelle- Galles du Sud) et à Kilkivan près de Maryborough
en Queensland.
Noggerath indique aussi un gisement assez intéressant de
cinabre cristallisé dans une veine d'or de Bendigo County, province
de Victoria.
NouYelle-Zélande '. — Le mercure existe, dans la Nouvelle-Zé-
lande, au S.-E. du lac d'Omapere, près de la baie dlsland. En
1870, M. Hutton a visité ce point et y a trouvé de nombreuses
sources chaudes, dont deux, accompagnées de dépôts de mercure
natif et de cinabre imprégnant des grès. Il y découvrit également
une veine contenant du mélacinabre noir minéral qui a été depuis
1 1832. Eschwege. BeitrOi^e ztir Gebirgskunde Brasilieri, p. 283.
1865. Bosquet. BuL Soc. geogr., 5©, t. IX, p. 528.
1878. Bi-oadhead. Rept. Phil. Internat., t. III, p. 494.
1886. Gomes. Commercial and emigrational guide to Brazil.
' 1875. Clarke. Mines and minerai Statistics of New South Wales Sydney, p. 201.
Annual report of the dep. of Min. New South Wales.
De Gorlazar.
Acton. Encycl. Brit., article Auttralia,
Becker, loc. cit., p. 84.
" 1870. F.-W. Hutton. On the occurrence of native mercury near Pakaraka, Bay of
Itland, New. Zealand. (Ti^Moctions and Proceedings of the Inslituie N. Z., t. IIJ,
p. 2.N2. Wellington, 1870.)
1874. Heclor. Rept. geol. Explorations.
1888. Becker, loc. cit., p. 49.
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728 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
retrouvé en Californie, à Huitzuco au Mexique, dans le Pala-
tinat, etc.
Un peu d'hydrocarbure était en relation avec ce mercure.
En un point voisin, M. Hector a rencontré postérieurement des
sources chaudes, sortant de Textrémité d'une coulée de laves et
déposant un grës^ brun qui englobe des fragments des plantes voi-
sines ; du cinabre et du mercure étaieqt contenus dans ce grès.
L'intérêt de ces deux gisements est, d'ailleurs, purement scien-
tifique.
Bibliographie générale du mercure.
• 1862. NoGGERATH. — Sur le mercure dans le monde. (Z. f, h. u. S. im preuss.
SL, t. X, p. 386.)
1874. Jannetaz. — Sur le mercure métal, trouvé dans les terrains récents.
B. S. G.,3«,t. II, p. 416.)
1876. Grôoer. — ZumVorkommen des Quecksilbers. {Vech, d. K. K. geoL
neichs. Wien. 3, 3, 60.)
1883. d'Achiabdi. — I metalli, loro minerali e minière, 1. 1, p. 100.
1888. Becker. -> Geology of the Quicksilver deposils of Ihe PaciQc slope.
Washington, 1888.
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ARGENT
Ag; Eq = 108. — P. at z= 108.
USAGES ET STATISTIQUE
Usages. — L'argent se distingue des antres métaux par un certain
nombre de propriétés, qui expliquent ses usages multiples et bien
connus: sa blancheur, sa faculté de recevoir un beau poli, sa
malléabilité et sa ductilité qui ne sont surpassées que par celles de
Tor, son peu d*affinité pour Toxygëne, qui fait qu'il ne s*altëre à
l'air que par Taction de lacide sulfhydrique, etc.
Rarement, il est employé à Tétat de pureté ; ses principaux
alliages sont ceux qu'il forme avec le cuivre : alliages plus durs
et moins altérables que l'argent lui-même, utilisés dans les deux
grandes et essentielles applications de l'argent : les monnaies et
les objets d'orfèvrerie. Rappelons la composition des principaux,
telle qu'elle est fixée en France par la loi.
Argent Cuivre Tolérance
Monnaiqp 900 100 j^
Médailles 950 50 j-J^
Vaisselle et argenterie 950 50 ^Mô
Bijouterie et vaisselle au deuxième titre . . 800 200 ^-^
On sait que la fabrication de ces alliages est soumise, dans la
plupart des pays, à un contrôle rigoureux.
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730 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Indépendamment des alliages, on utilise Targent pour Tai^en-
ture galvanique, l'argenture des glaces, etc.*.
Du rôle de Targent comme monnaie. Le bimétallisme ^ — Par
suite de son emploi comme monnaie^ l'argent joue un rôle très
spécial ; car il ^devient un instrument d'échange et de circulation,
en même temps qu'il reste une marchandise ordinaire. En tant que
marchandise, il est sujet à toutes les fluctuations résultant de la
loi économique de ToiTre et de la demande, et, de fait, son prix
a été presque constamment en s abaissant depuis le [xvi* siècle,
comme nous le dirons bientôt ; en tant qu'instrument d'échange,
on a longtemps essayé de lui assigner artiGciellement une valeur
fixe : autrement dit, de régler par une loi le rapport de sa valeur i
celle de lor. C'est une question qui touche aux problèmes com-
plexes du bimétallisme et que nous ne pouvons songer à déve-
lopper ici, mais dont nous devons cependant indiquer les élé-
ments.
Nous venons de parler des variations de la valeur de Vargent.
On peut en résumer, à grands traits, l'histoire de la façon sui-
vtinte :
Assez abondant en Europe pendant l'antiquité, Taisent en dis-
parut progressivement durant le moyen âge, exporté dès lors,
comme il a continué à Têtre constamment depuis, vers l'Asie,
rinde, la Chine, etc. ^ Au commencement du xV' siècle, les mines
d'Europe en produisaient à peine quelques millions. Un peu plus
tard, avant la découverte du Pérou au début du xvi® siècle, un
kilogramme d'argent ftn valait, en moyenne, 321 francs; de 1521
1 On peut diviser la consommation de Targent en quatre branches : consommation
des arts et de l'industrie, exportation vers l'Orient, accroissement du stock momé-
raux et frai.
• Voir, sur cette question :
Horton. — Silver and gold,
Sœtber. — Afalerialen.
1890. Ottoman Haupt, la hausse de V argent.
1891. Laveleye, la monnaie et le àimélallitme.
• Une proportion très forte de Targent produit dans le monde va en Asie, où elle
est convertie eu bijoux, en idoles, et disparaît au sein d'une population de 300 mil-
lions d'hommes aux Indes, 400 millions en Chine, sans reparaître jamais, au moins
jusqu'ici, dans la circulation occidentale. La balance du commerce, toujours Tavo-
rable à l'extrême Asie, qui a moins besoin de nos produits que nous dos siens, en est
une explication sufûsnnle.
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DU RÔLE DE l'argent COMME MONNAIE
731
à 1540, le prix s'abaisse à 306,17 ; puis il diminue progressive-
ment après la découverte des mines de Potosi (Hatun Polocchi)
en Bolivie et du procédé d^amalgamation à froid, trouvé par un
mineur de Pachuca nommé Médina. De 1581 à 1600, on cote
291,35; de 1621 à 1640, 245 fr. 68; de 1661 à 1760,230; puis
le prix remonte un peu pour redescendre bientôt \ De 1841 à
1850, nous trouvons 217 fr. 28. Enfin, à partir de 1860, voici les
cours du marché de Londres :
VALEUR DK L*ARGENT PAR KILO, A LONDRES, DE 1860 A 1893
1860 — 226
1861—223
1862 — 223
1863-226
i 864— 222,5
1865 — 222,5
1866 — 222
«867 — 221,80
1868-221
1869 — 221,70
1870—222
1871—222
1872 — 221.50
1873 — 217
1874 — 2J 3, 20
1875 — 207
1876-193
1877 - 200
1878—192
1879— 189,50
1880—192
1881 — 190
1882-189
1883 — 185
1884—184,50
1885 — 176,50
1886-166,50
1887 — 163
1888 — 137
1889 — 156
1890—170
1891 — 160
1892 — 125
Cette diminution progressive n'a pas été sans quelques retours
en arrière, dont le principal s'est produit de 1850 à 1860, après la
découverte successive des gisements d'or de Californie et d'Aus-
tralie, découverte qui amena une baisse notable de l'or.
Pour notre pays notamment, l'or, qui était sorti peu à peu pen-
dant tout le commencement du siècle, faisait prime, avant 1850;
la circulation se composait, alors, presque exclusivement de pièces
d'argent*. A ce moment, le Nouveau-Monde ne fournissait qu'une
faible quantité d'or : 14 000 kilogrammes environ, auxquels il
fallait ajouter, pour la Russie, 6 000 kilogrammes en 1830,
• Nature, 13 décembre 1890 — cf. Sœtbeer : Malerialen; et Laveleye : le Bimélal-
lisme, p. 155.
La cote de l'argent en lingots se fait souvent en pence par once standard : on la
convertit alors en francs par kilogramme en multipliant par le fadeur 3,646. D'autres
fois, on indique la perte pour mille (actuellement 365), sur le cours, légalement déter-
miné, en France, par le rapport de iô 1/2 avec l'or : cours qui est, en Angleterre, de
60 7/8 pence par once.
• I/Angleterre également, pour soutenir la guerre contre la France de 1793 à 1815,
avait dû recourir au papier-monnaie. Ce n'est qu'en 1821 que recommença, dans ce
pays, le remboursement régulier et définitif des billets avec une encaisse métallique
de près de 300 millions de francs d'or. ^^^ .. .
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732 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
(2 000 kilogrammes en 1841. Presque subitement, cette produc-
tion de 26 000 kilogrammes fut portée à 200 000 (en 1865) :
83 000 pour TAmérique du Nord, 118000 pour la Russie et TAus-
traite, tandis que la production de Targent augmentait seulement
d'un tiers, passant de 900 000 kilogrammes à 1 200 000. Il en ré-
sulta quelques années d'inquiétude, où les pays européens songè-
rent sérieusement à se défendre contre un drainage de Taisent
qui s*exportait de plus en plus en Asie et où Ton proposa d*abaisser
le titre des monnaies d*argent'. La mesure n^ayant pas été adoptée
en France, Tor y remplaça Taisent dans la circulation et, pendant
le second empire, on monnaya 6 milliards 152 millions d'or contre
625 millions en argent, tandis que, sous le règne de Louis-Philippe,
on n'en avait frappé que 216 millions contre un milliard 757 mil-
lions d'argent.
Mais, depuis lors, la dépréciation de Targent a repris son cours
et s'est accentuée de plus en plus. Les causes en sont multiples,
mais viennent, pour la plupart, de ce que l'Amérique, par suite de
la découverte successive des mines du Nevada, du Colorado, de
rUtah, du Montana, de T Arizona, etc., jette, sur le marché, des
quantités de plus en plus fortes de métal blanc, alors que la pro-
duction d'or est loin d'augmenter en proportion. Cette baisse,
ayant commencé, s'est trouvée accentuée par les craintes mêmes
qu'elle a causées et qui ont fait, en 1870, abandonner la monnaie
d'argent en Allemagne, puis, en 1876, suspendre le monnayage
de l'argent en France, Italie, Belgique et enfin, dans les pays
d'Orient, absorber- une proportion d'argent moindre qu'aupa-
ravant.
Il faut ajouter que la commodité, beaucoup plus grande, de
l'or le fait rechercher toujours davantage par les peuples civi-
lisés.
Si cette baisse atteignait un métal quelconque, comme celle qui
s'est produite pour le plomb par exemple, elle suivrait son cours
normal et il en résulterait seulement, peu à peu, une diminution
de la production surabondante, par suite de la fermeture d'un cer-
* En Belgique et en Hollande notamment, pour se protéger contre Tinvasion de
roi* qu'on redoutait, on cessa de Tadmettre dans les caisses publiques.
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DU RÔLE DE l'argent COMME MONNAIE 733
tain nombre de mines, jusqu'à ce que Téquilibre se fût rétabli. Mais
le commerce de l'argent se trouve absolument faussé dans son
développement naturel par le fait que la loi a eu la prétention
d'intervenir pour régler à jamais la valeur réciproque de ces deux
marchandises spéciales, qui sont For et Targent ^ On favorise lune
au détriment de Tautre : d'où les difficultés auxquelles se heurtent,
depuis quelques années, tant les Etat-Unis comme producteurs
d'argent, que les pays de l'Union latine (France, Italie, Belgique)
comme monnayeurs et consommateurs d'argent, ou même l'An-
gleterre comme créancière de l'Inde, qui garde la monnaie
d'argent, tandis qu'elle-même a adopté, depuis 1816, la monnaie
d'or.
Ceci nous amène à rappeler les lois qui régissent la mon-
naie.
La monnaie étant déGnie un instrument qui, dans les échanges,
sert de mesure et, par lui-même, est un équivalent, la logique
aurait exigé que cet instrument de mesure fût unique. On voulait
qu'il eût une valeur propre, qu'il fût inaltérable, toujours iden-
tique à lui-même, indéCniment divisible, qu'il eût un prix très
élevé sous un petit volume et, en même temps, très constant : on
pouvait choisir entre l'or et l'argent ; on a préféré autrefois les
adopter tous deux ensemble et fixer, entre eux, un rapport artificiel
(aujourd'hui, en France, de 15 et demi). Le rapport réel entre les
deux métaux ayant varié, il en est résulté que la monnaie, soit d'or,
soit d'argent, par l'influence mystérieuse d'un certain signe repré-
sentatif imposé par l'État, avait une valeur absolument différente
< La thèse des bimétallistes, notamment de M. Laveleye (la monnaie et le bimétal-
lisme international, 1891) est, en résumé, que l'activité industrielle et, par suite, la
richesse d*un pays sont proportionnelles à la quantité de numéraire qui y circule. L'or
étant déjà et devant devenir de plus en plus insuffisant, tant par Tépuisement des
mines (sur lequel nous reviendrons), que par les besoins des pays neufs, il y a intérêt
h lui adjoindre Targuent ; la valeur de l'ensemble des deux métaux réunis présentant,
â*ailleurs, l'avantage d'être beaucoup plus constante que celle de chacun d'entre eux
séparément. La question serait discutable si l'on pouvait admettre la possibilité d'une
entente universelle et perpétuelle entre tous les pays du monde pour Tadoption d'un
rapport constant entre l'or et l'argent. Comme cette entente est évidemment impos-
sible, il doit arriver fatalement qu*un métal sera recherché de préférence à l'autre et
que le rapport, réglé par la loi dans un certain nombre de pays, variera en réalité
dans l'ensemble du monde. 11 n'y a donc pas plus de raison pour essayer de fixer la
valeur de l'argent par rapport à Tor que celle du cuivre, par exemple : ce qui pour-
rait être proposé également pour augmenter la somme de numéraire.
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m GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de celle du lingot. Il y a là une anomalie que certains pays ont
fait disparaître en adoptant un étalon unique, malheureusement
ici l'un, ailleurs Tautre : lor en Angleterre depuis 1816, puis en
Portugal, dans l'Union américaine, en Allemagne, dans les Etats
Scandinaves, en Hollande ; l'argent dans l'Inde, la Chine, le Japon,
la République Argentine, etc.. D'autres pays, comme la France, ont
conservé le double étalon; mais, pour se préserver de l'invasion
du métal déprécié (actuellement l'argent), ont suspendu son mon-
nayage * : mesure insuffisante qui ne peut empêcher le retour de
toutes les pièces d'argent nationales parties à l'étranger, l'invasion
des pièces protégées par l'Union latine ou môme l'arrivée de
pièces identiques à celles-là, comme poids et comme titre, de véri-
tables fausses monnaies, impossibles à reconnaître et à refuser,
qu'on frapperait ailleurs avec un bénéfice de 36 p. 100.
L'histoire des mesures prises, depuis plusieurs siècles, par les
divers Elats pour garantir leur stock, soit d'or, soit d'argent,
contre les spéculations résultant de sa hausse serait curieuse à
faire.
Dans les temps anciens, où les oscillations étaient faibles, le
moyen adopté était généralement assez simple : on refondait les
pièces devenues trop chères pour les refrapper à un titre moindre :
il en résultait, chaque fois, un bénéfice que l'Etat ne négligeait
pas*.
Dans notre siècle, l'Angleterre a adopté une solution plus radi-
cale en démonétisant l'argent : c'est-à-dire que les pièces d'argent
n'y jouent plus qu'un rôle effacé et subalterne comme monnaie
d'appoint, comme billon^ reçu seulement dans les payements jus-
qu'à concurrence de 50 francs, de même qu'en France les pièces
de cuivre et les pièces d'argent autres que celles de 5 francs.
Cette solution, on a proposé, depuis longtemps, de l'appliquer
également en France; mais, outre la perturbation que causerait
* Actuellement, on transforme partout, presque gratuitement, pour qui le désire, des
lingots dVen or monnayé ; mais, nulle part, en Europe, on ne frappe d*argent pour
les particuliers. L'Etat, en France, n*en frappe plus d'aucune façon depuis 1876. La
frappe libre a été suspendue depuis le 7 septembre 1873.
* Tel redit de Médina en 1497, cinq ans après la découverte du Nouveau-Monde^
ayant abaissé le rapport légal des deux métaux de 11 6/10 à 10 7/10; voir Tordon-
nance de 1785, etc.
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DU RÔLE DE l'argent COMME MONNAIE IZo
la démonétisation des 2 milliards environ de pièces de S francs
qui peuvent y exister et qu'on ne réussirait à écouler qu'avec
perte, la France est liée, depuis le 9 décembre 1865, à lltalie, à
la Belgique, à la Suisse et à la Grèce par la convention dite de
rUnion latine, convention d*après laquelle les monnaies de Tun des
pays doivent être admises dans l'autre, c'est-à-dire que les pièces
d'argent y sont reçues pour leur valeur fictive, au taux de 15 fois
et demi moins que l'or. Pour remédier aux inconvénients qu'au-
rait forcément entraînés cette convention, il a fallu, dans ces pays,
d'abord limiter, puis suspendre le monnayage de l'argent.
Depuis quelques années, le même problème se pose aux Etats-
Unis sous une autre forme. Là l'étalon unique est l'or ; mais le
pays se trouve, en même temps, produire une quantité considé-
rable d'argent, dont l'exportation constitue une de ses grandes
richesses. La baisse du métal blanc amenant, dès lors, une dépré-
ciation de la fortune américaine, on a cherché à l'enrayer par
une série de lois dont la dernière et la plus grave est le Silverbill
de 1890.
L'idée, qui a prévalu alors, a été de faire acheter par le trésor
une quantité déterminée de lingots d'argent (54 000 000 onces
par an) qui seraient monnayés en partie et représentés, pour le
reste, par du papier-monnaie ayant cours légal; on espérait ainsi
absorber l'excédent de production de l'argent de manière à ce
que, l'offre n'étant plus surabondante par rapport à la demande,
les cours vinssent à remonter peu à peu. '
Les conséquences de cette résolution imprudente ont été,
comme on aurait dû le prévoir, toutes contraires; il en est résulté,
en effet, sur toutes les mines, un accroissement nouveau dans la
production de l'argent*, et, par suite, une aggravation de la
baisse. Déjà, à la suite de mesures analogues prises par le
Blandbill, cette production avait passé, dans le monde, de 63 mil-
lions d'onces en 1873, à 126 millions en 1886; elle est arrivée à
presse 146 millions (4 550 000 kilogrammes) en 1892; c'est-à-
* Tout au moins, aurait-il Tallu limiter la production des mines d'argent par la
même loi qui leur promettait Tachât de cette production, TEtat Américain se faisant,
en résumé, le chef d'une sorte de syndicat de l'agent, comparable à celui qui existe
pour, le zinc ou qu'on a tenté de réaliser pour le cuivre.
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736 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dire qu'au lieu de faire disparaître, comme on aurait dû le tenter,
la surabondance de l'argent, en laissant quelques-unes des trop
nombreuses mines se fermer, on Ta encore augmentée, que Tar-
gent continue à diminuer de prix et qu'il s'immobilise, sans
aucune utilité, dans les caves du trésor américain^ des kilo-
grammes d'argent, qui perdraient la plus grande partie de leur
valeur le jour où on chercherait à les écouler, tandis que For,
qui, depuis quelque temps, avait une tendance à s'en aller en Amé-
rique, revient en Europe et notamment en France.
Les partisans de la loi objectaient, il est vrai, que la disparition
progressive des billets des banques nationales aux Etats-Unis et la
quantité plus grande de monnaie divisionnaire nécessaire avec la
prospérité actuelle pourraient absorber une certaine quantité du
nouveau papier- monnaie argent. Mais l'expérience a montré que
c'était là un débouché restreint. Comme première conséquence
du Silverbill, on a vu, en 1891, les Etats-Unis, malgré les achats
de leur gouvernement, vendre près de 100 millions de métal
blanc à Londres ; et, comme Tlnde et la Chine n'ont pris que
75 millions, le prix de l'argent est descendu de 153 francs le
kilogramme à 140. Eu 1892, cette baisse s'est encore accentuée
et, en janvier 1893, nous voyons le cours de l'argent en barres à
128 francs le kilogramme. Aussi a-t-on pu proposer, en Amé-
rique, contrairement à ce qui semble tout d'abord logique, de
rétablir la liberté de la frappe, avec le bimétallisme sur le pied
du rapport de 1 à 16 \
* On s*eât demandé si cette surabondance de production de l'argent n*était pas un
événement passager et si Textraction croissante de certaines mines d'or nouvelles,
notamment de celles du Transvaal, ne viendrait pas la compenser. l\ est possible,
en effet, qu*à un moment donné se reproduise, pendant quelques années, ce qui a
eu lieu lors de la découverte des placers de Californie. Mais, d'une manière générale,
on doit admettre que, plus la conquête de la teire par Thommc sera avancée, moins
on extraiera d'or. Humboldt a fait cette remarque curieuse qu'à toutes les époques,
l'or était venu des limites extrêmes du monde civilisé. En effet, les gttes d'or ne
sont, comme nous le dirons, vraiment riches que dans leurs parties superGcielles
où une concentration s'est produite par altération et remaniement; ces parties
superficielles, aussitôt reconnues, s'épuisent vite et alors on rencontre en profondeur,
des filons ou des couches de pyrite aurifère beaucoup plus pauvres. Il se passe bien
quelque chose de comparable pour l'argent, mais à un degré infiniment moindre.
Ce phénomène de la rareté relative de l'or par rapport à l'argent, Suess {die
Zukunfl d€$ Goldes) en a donné une explication bien ingénieuse. Suivant lui, un
métal est d'autant plus abondant à la surface de la terre que son poids spécifique est
plus faible, les métaux lourds s'étant concentrés dans le noyau central. L'iridium
(22,23) et le platine (21,5) sont plus rares que l'or (19,25), plus rare lui-même que le
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DU RÔLE DE l'argent COMIIB MONNAIE 737
Laissant de côté ces questions économiques, indiquées seulement
ici pour montrer l*influence considérable qu'exercent, ^ur le com-
merce de Targent, les mesures légales, arrivons maintenant à Thi»*
torique de sa production et de sa consommation, qui nous intéresse
plus spécialement. En 1851, Michel Chevalier estimait à 122 mil-
lions de kilogrammes la quantité d'argent extraite, depuis le
xvi^ siècle, dans l'Amérique espagnole; à 10 millions, celle fournie
par TEurope. Sur cette quantité, une grande partie est allée s'en-
fouir aux Indes et, plus généralement, en Orient, de telle sorte
qu'en 1830, le stock monétaire du monde civilisé n'était que de
46 millions de kilogrammes d'argent; en 1880, malgré une produc-
tion ayant atteint, depuis 1830, 57 270 000 kilogrammes, il nWri<^
vait encore qu'à 46 700 000 kilogrammes. Au commencement du
siècle, Humboldt évaluait déjà, à 137 millions de francs par an, la
faculté d'absorption des Indes. De 1852 à 1862, cette absorption
s'est élevée à 282 millions par an, soit 2 822 millions, tandis que
les pays producteurs n'envoyaient en Europe que 1 247 millions.
C'est à ce moment que l'on s'est inquiété, en Europe, de la rareté
croissante de l'argent et de la baisse de ^or^ Le stock d'argent
disponible en Europe et en Amérique était, en 1851, d'environ
24 milliards.
Depuis cette époque, nous avons dit combien la production de
l'argent s'était développée dans l'Amérique du Nord. Au début du
siècle, l'argent, venant du Mexique et du Pérou, ne comptait que
pour 800000 kilogrammes ou 180 millions par an; de 1810 à
1825, cette production était même beaucoup plus faible. Vers
1870, nous ne trouvons encore que 400 à 420 millions d'argent
contre 500 à 520 millions d'or. Au contraire, en 1889, on a
extrait 870 millions de francs d'argent (4 242018 kilogrammes)
contre 600 millions d'or; en 1891, 939 millions (4 527 804 kilo-
grammes) contre 681 millions d'or.
L'argent en circulation sous forme de monnaies était évalué, en
mercure (13,59) et que Targent (10.47). C^est la même loi générale qui Tait que les
planètes extrêmes du système solaire sont plus légères que les planètes rapprochées
du soleil : Uranus, 0,82; Saturne, 0,73 ; Jupiter, 1,29 ; la Terre, 5,56; Mercure, 6,S4.
Pour le soleil même, l'analyse spectrale montre que les métaux denses et précieux
n*exi9tent pas dans Tenveloppe extérieurti gazeuse.
« Voir plus haut, page 732.
GÉOLOGIE. — T. II. 47
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738
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1887, à 16 milliards (contre 18 milliards d'or), dont la frappe se
répartissait, pour les pays dont on possède des statistiques, de la
façon suivante :
. Allemagne («873-1880. . . 528 millions
Angleterre 700 — frappés depuis 1816 (530 mil-
lions restent en Angleterre)*.
Autriche (1871-1881) .... 400 millions
Belgique (1832-1885) .... 500 —
Brésil 60 —
Chine, Egypte, Inde, Perse
et Turquie (?)
Espagne 200 —
États-Unis 235 — On compte, en noTembre
1890, 475 725 000 dollars
d'argent aux Etats-Unis.
France 5 300 — frappés depuis 1793 (2 mil-
Grèce 16 — liards environ restent en
Hollande 303 — France)*.
Italie 528 -
Japon 50 —
Mexique 255 —
Portugal 78 —
Roumanie (1865-1881) ... 55 —
Russie . ■ 11 —
Scandinavie et Danemark. . 40 —
Suisse 110 —
Le mouvement, qui en résulte, a été évalué, comme suit, de
1871 à 1875 :
ARGENT LIVRÉ AU MARCHÉ GÉNÉRAL (ÉVALUÉ EN MILLIONS)
Extraction des mines 1 367 1/2
.Métal démonétisé, vendu par l'Allemagne et la
Scandinavie 200
Sorti d'Italie 200
— d'Autriche 100
1 867 1/2
* L'Angleterre, qui fait plus d'affaires que la France, au moyen des instrumenu de
créilit, ne possède que moitié moins de numéraire.
j*De 1851 à 1870, la France a exporté, d'après M. Sœtbeer, uu milliard d'argent.
D'après M. Laveleye, il resterait en France 3 milliards d'argent. Au 1" février 18^3
rencaisse de la Banque de France compte 1 256 000 000 d'argent.
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DU RÔLE DE l'argent COMME MONNAIE
739
PAYS DB PLACEMENT
L'Inde 227 1/2
La France 837 1/2 *
La Russie 100
L'Espagne et le Portugal 100
L'Angleterre 125
Les États-Unis 190
Le Japon et la Chine 187 1/2
Le reste de l'Asie 100
1867 1/2
D'une façon plus générale, entre 1830 et 1880, d'après M. Sœt-
beer, largent extrait des mines a été placé comme suit :
Exportation vers l'Orient 68,1
Consommation industrielle 25,3
Frai monétaire 4,2
Accroissement du stock monnayé 1,2
Accroissement du stock latent (non monnayé). ... 1,2
100,0
Les pays, où il s'est fait un monnayage important d'argent dans
ces dernières années, sont :
1883
1886
1887
Etats-Unis
Mexique
Inde
Espagne
Autriche
Japon
Angleterre
Total
Dollars
38 962 176
25 8'*0 727
48 487 114
3 678 314
4147 659
6 320 927
3 540 719
Dollars
32 086 709
26 991 804
27 121414
5 057 506
4 384 433
9 086 077
2 031194
Dollars
35 191081
26 844031
44 142 013
11389 414
5 596 395
10 279 555
4 142 136
130 977 636
106 749 137
137 544 625
En 1889, la frappe de [argent a été la suivante, d'après M. Otto-
mar Haupt, en Angleterre : on a frappé 55 600 000 francs et
retiré 5 800 000 francs. La circulation de l'argent, cette même
année, était évaluée, dans ce pays, à 530 000 000. L'hôtel des mon-
naies de Melbourne a frappé pour 13 660 000 francs ; celui de Sidney
* Cette période correspond au moment où TAUemagne venait de démonétiser Targent
et où la France n'avait pas encore supprimé la frappe de l'argent. L'importation, en
France, s'en était trouvée triplée.
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740
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
pour 16170000 francs. Dans l'Inde, il a été frappé, en argent,
190 000 000 francs ; à Paris, 36 680 000 en pièces du commerce ; en
Allemagne, 930 000 francs en marks ; en Autriche, 19 milUons ; en
Russie, S 970000 francs en roubles; aux Etats-Unis, 187 millions
en dollars; au Mexique, 135 millions en piastres; à Siam, 7 mil-
lions; au Japon, 47 millions. Le résultat total s'élève, par suite, à
707 millions, dont 45 à déduire pour la refonte : soit 662 millions.
De 1795 à 1880, la frappe de l'argent, en France, a été de
5 511 952 863 francs ; en déduisant 222 166 304 de pièces démo-
nétisées, on arrivait alors, pour la monnaie d'argent ayant cours, à
5 289 786559, dont 2 milliards environ peuvent rester en France.
Production de l'argent. — D'autre part , la production de tar^
gent, depuis le commencement du xv!!!"* siècle, est indiquée par
des tableaux suivants :
PRODUCTION DZ
L*OR ET DE l'argent DANS LE MONDE AVANT 1880
POIDS
VALEUR
TOTAL
Or
Argent
Or
Argent
*
Millions
Millions
Kg
Kg.
de Tranct
de francs
1701-1720
12 820
355 600
45
81
126
1721-1740
19 080
431 200
66
99
165
1
1741-1760
24 610
533 145
85
125
210
1
1761-1780
20 705
657 740
71
155
226
1781-1800
17 790
879 060
62
203
265
180M810
17 778
894 150
62
200
262
1811-1820
11445
540 770
40
122
162
Moyenne annuelle.
1821-1830
H 216
460 560
50
102
152
1831-1840
20 289
596 450
70
132
202
1841-1850
54 759
780 415
180
171
351
1851-1850
>
695
200
895
18551860
»
702
205
907
I86M860
1 097 400
645
249
894
18661870
»
680
299
979
1871
»
582
279
861
1872
>
550
279
829
1873
>
530
320
830
1874
1714 300
588
465
1053
1875
>
5t2
345
887
1876
>
558
385
943
1877
9
585
435
1020
1878
»
>
552
402
954
1879
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»
502
395
897
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STATISTIQUE DB LA PRODUCTION DE l'aRGENT
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STATISTIQUE DE LA PRODUCTION DE L ARGENT
Si Ton classe les pays par ordre d'importance, on a :
743
Etats-Unis
Mexique
Allemagne (Prusse, Saxe, etc.).
Bolivie
Pérou
Chili
France
Espagne . . . .
Autriche-Hongrie
Amérique Centrale
Japon
Italie
Belgique
Colombie
Iles Britanniques
République Argentine
Russie
Australie
Canada . .
Suède et Norvège
1889
Kilogrammes
1 555 486
i 335 828
403 037
230 460
75 263
185 851
80 942
65 000
52 641
48123
42 424
34 891
24 622
24 060
19 382
10 226
15 382
13 940
11921
11968
1890
Kilogrammes
1 694 950
410 824
71 117
52 913
34 248
33 083
18917
16 250
12 461
1891
Kilogrammes
1814 642
1 275 265
449 824
372 666
74 869
72185
71303
43 282
33 950
31232
18 437
1*4 680
14 562
11600
Voyons maintenant comment se répartit cette production dans
chaque pays :
Etats-Unis. — Aux États-Unis, d'après les statistiques améri-
cainesy on obtient, en rangeant les États par ordre de production,
le tableau ci-joint (p. 744) :
Dans le Colorado, nous retrouvons le district de Lead ville, dont
nous avons indiqué, au chapitre du Plomb^^ la grande importance;
nous avons également signalé les galènes argentifères, avec miné-
raux d'argent associés, du comté de Clear Creek. Leadville a pro-
duit, de 1877 à 1884, 3 200 kilogrammes d'or, 1589 283 kilo-
grammes d'argent et 278 231 tonnes d'argent, valant ensemble
près de 500 millions. En outre, les filons aurifères du Colorado
contiennent une certaine proportion d'argent.
Dans l'Etat de Montanay le groupe de mines principal est celui
de Butte City (Lexington mine, etc.). L'Hecla Gons. min. de
« Page 637.
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714
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
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STATISTIQUE DE LA PRODUCTION DE l'aRGENT (ÉTATS-UNIS) 745
Glendale a produit, en 1887, 474 719 onces d'argent. Ces mines,
-situées entre les fleuves Jefferson, Madison et Galatin, ne datent,
pour la plupart, que de 1872; en 1881 encore, on peut voir» sur
le tableau précédent, combien le district de Montana venait loin
après rUtah, le Nevada et TArizona ; il les a dépassés depuis. Le
Montana est devenu, en même temps, comme nous Tavons vu',
^rand producteur de cuivre.
L'Ulahj mis en valeur seulement vers 1878, produisait, dès
1881, 22 000 tonnes de galène argentifère. Nous avons décrit, a
propos du plomb S les mines de Bingham et celles, un peu
différentes, de TEmma Mine. Nous citerons celles de Silver
Sandstone.
Dans le Nevada, surnommé jadis Silverstate, les deux centres
principaux sont : Eurêka, décrit au plomb*, et le Comstock, réservé
pour ce chapitre^ Tous deux ont eu, de 1870 à 1880, une grande
prospérité, mais sont déchus depuis. Eurêka, qui produisait
31 000 tonnes de plomb et 23 millions d'argent en 1878, est tombé
à 3 400 tonnes de plomb et 3 millions d'argent en 1887; le
Comstock est passé — au moins, si Ton s'en rapporte aux docu-
ments officiels — de 70 millions en 1870, à 20 millions en 1887.
Néanmoins, Eurêka a fourni, de 1869 à 1883, 225 000 tonnes
de plomb et plus de 300 millions de francs d'argent et d'or (l'or
entrant, pour un tiers, dans ce total) ; le Comstock a produit, de 1860
à 1881, 7 millions de tonnes de minerai, représentant une valeur
de un milliard 800 millions, dont 42 p. 100 en or et 58 p. 100 en
argent.
Nous citerons, en outre, les filons de Austin.
Dans V Arizona^ les mines sont répandues du Rio Colorado au
Gilda sur une zone large de 64 à 120 kilomètres. Les plus riches
sont celles du comté de Yuma et de Cochise. Ce sont des mines
de galène argentifère et aurifère dans des terrains calcaires tra-
versés par des porphyres.
L'Idaho est une région neuve, en plein développement.
* Page 263.
* Pages 563 et 664.
» Page 626.
* Voir plus loin, page 791.
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746 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Enfin, au Noiiveaii-Mexique^ nous citerons les mines de Monte-
zuma, Maxwell, et surtout Silver City, dans le comté de Grant^
Mexique. — Le Mexique a été, pendant longtemps, le plus
grand centre de production de largent. Très déchu depuis 1810,
il s'est surtout relevé après 1871 ; en 1871, la production d'argent
était de 90 millions de francs; en 1889, elle a atteint 1 335 828 ki-
logrammes valant 286 millions ; en 1891, 1 275 265 kilogrammes.
De 1521 à 1875, le Mexique passe pour avoir fourni 76 205 000 ki-
logrammes d'argent.
Parmi les mines les plus anciennes, nous citerons : Catorce;
Fresnillo, qui, de 1859 à 1863, a donné 29 millions de francs d'ar-
gent ; Zacatecas, où la Veta Madré, un filon célèbre, a donné, de
1558 à 1832, plus de 3 milliards d'argent; Guanajato, le district le
plus renommé, où un filon, également nommé Veta Madré, a donné.
de 1558 à 1810, près de un milliard ; Pachuca et Real del Monte,
où se trouve la mine de Rosario, ayant donné, de 1851 à 1862,
485000 kilogrammes d'argent aurifère à 0,20 p. 100 d*or ; puis
Sultepec, Carmen, etc.
Allemagne. — En Allemagne^ nous nous trouvons avoir déjà
étudié : avec le plomb, les grands centres de production d'argent
de Saxe, du Harz, etc.; avec le cuivre, ceux du Mansfeld.
La production d^argent, en Allemagne, se décomposait ainsi,
en 1880 et 1890 :
18S0. 18î>0.
Province de Saxe (Halle) 51586 kg. 88 212 kg.
Royaume de Saxe 44 658 — 83 512 — (1891).
Prusse rhénane (Bonn) 35 197 — 111561 —
Harz (Clausthal) 28 305 — 5| 700 —
Nassau 12 505 — »
Silésie (Breslau) 9 723 — 9 348 —
Weslphalie 2 908 — »
Pays allemands autres que la Prusse
et la Saxe 4 000 — 87 768 — (1891).
184 882 kg* 432101 kg.
* Ces gisements sont, diaprés d'Acliiardi, au contact du calcaire et d'un porphyn.
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STATISTIQUE DE LA PRODUCTION DE l'aRGENT 747
La production ancienne est évaluée aux chiffres suivants :
De 1493 à 1600 I 564 400 kc.
1601 1700 .... 826000 —
1701 1800 2 073 600 —
1801 1850 . ... 1385900 —
1851 1870 1339 610 —
1871 1875 715 400 —
Soit, de 1493 à 1875 7 90'* 910 kg. valant 1 756 692 339 fr.
Bolivie. — La Bolivie comprend les grandes mines de Potosi,
Oruro, Huanchaca. Potosi, découvert en i545, passe pour avoir
fourni, vers 1580, 100 millions par an de redevance au roi d'Es-
pagne. La production, depuis l'origine, dépasse un milliard.
Huanchaca, moins anciennement connu, a fourni, en 1887,
131 000 kilogrammes d'argent, valant 20 millions.
De 1871 à 1875, la production annuelle, estimée d'après des
documents officiels (qu'il faudrait, paratt-il, de même qu'au Chili,
multiplier dans une forte proportion pour tenir compte de la
fraude), était de 220 000 kilogrammes par an. De 1545 à 1815, on
l'estime à 37 717 000 kilogrammes, valant 8 milliards 300 millions.
En 1891, on a produit 372 666 kilogrammes.
Pérou. — Au Pérou, les principales mines sont celles du Cerro
de Pasco, qui ont encore fourni : en 1804, 78 200 kilogrammes
d'ai^ent; en 1842, 96 652; en 1878, 38 947.
La production du Pérou en argent, très considérable au dernier
siècle, avait atteint, en 1810, 151 300 kilogrammes. De 1533 à
1875, on estime que ce pays a fourni 31 200 000 kilogrammes. En
1889, son extraction est évaluée à 71 263 kilogrammes ; en 1891,
à 74,869,
Chili. — Au Chiliy nous décrirons principalement les grandes
mines de Chanarcillo et Caracoles, qui ont fourni le plus d'argent
dans ce pays ; Chanarcillo, de 1832 à 1879, a donné environ un
milliard et demi d'argent.
Caracoles, découvert en 1870, a extrait, de 1870 à 1880,
120000 kilogrammes d'argent par an.
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' Voir pages 526 à 559.
■ Voir page 569.
748 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le Chili a produit, de 1871 à 1875, officiellement, 82 200 kilo-
grammes par an; de 1721 à 1873, 2 609 000 kilogrammes; en
1891, 72 185 kilogrammes.
France. — En France, Taisent produit vient, soit de gtilènes
argentifères (Pontpéan, Pontgibaud, Bormetles, etc.), soit surtout
de minerais importés ; nous citerons, cependant, quelques gites
à minéraux d'argent proprement dits, comme celui des Chalan-
ches. La production, qui était, en 1877, de 37 900 kilogrammes,
en 1878, de 29 000, est montée, en 1889, à 80 942, valaat
12 951 000 francs; en 1891, elle a été de 71 303. Celte produc-
tion d'argent se décompose, diaprés la statistique, en 30 474 kilo-
grammes extraits de galènes argentifères ; 40 829 kilog-rammes
séparés de plombs d œuvre étrangers, venant surtout d'Espagne,
un peu aussi de Grèce.
En France, le commerce de l'argent est résumé par les chiffres
suivants en 1889 et 1891.
Umhîé'i!r"o!é Bijouterie, orfèTrerie Numéraire Total
1889 1891 1889 1891 1889 1891 1889 l»9i
IiHrUUii (lilH) 1167 772 6 446 5 030 599 150 737 202 606 763 951472
£xp#rt4liM - 5 512 4922 14 375 12 878 551124 693 068 571011 773 662
Espagne. — En Espagne comme en France, largent proyient
uniquement de galènes argentifères; nous citerons seulement,
pour leur intérêt géologique, les gîtes d'argent proprement dits de
Guadalcanal, près de Séville. Les mines d'argent d'Espagne, autre-
fois célèbres, ont été ruinées par la découverte du Nouveau-
Monde. La production anuelle moyenne a été, de 1849 à 1857,
de 50 200 kilogrammes; en 1889, elle s'est élevée à 65 000 kilo-
grammes, auxquels il faut ajouter 30 000 kilogrammes environ
extraits, en France, de plombs d'œuvre espagnols.
Nous rappellerons seulement les noms de Linarès, Carthagène,
l'Horcajo, Peûarroya, etc. *•
Autriche-Hongrie. — En Aulriche-BongHe, nous avons les mines
fameuses de Przibram en Bohème S dont la richesse la plus
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STATISTIQUE DE LA PRODUCTION DE l'aRGENT 749
grande a été trouvée, dans ces dernières années^ aux plus grandes
profondeurs; celles de Schemnitz que nous étudierons dans ce
chapitre; celles du Banat*, etc.
L'Autriche proprement dite a fourni : en 1876, 23 750 kilo-
grammes; en 1880, 30 237 kilogrammes; en 1889, 35 435 kilo-
grammes; en 1891, 36 037 kilogrammes ; la Hongrie, en 1872,
17 136 kilogrammes; en 1877, 21236 kilogrammes; en 1879,
18 661 kilogrammes; en 1887, 17 665 kilogrammes; en 1890,
17 049 kilogrammes.
La décomposition se fait comme suit :
AUTRICHE (1891) HONGRIB (1890)
BeszterczebaDja (Schemnitz) . 7 913 kg.
Bohème. . . . 35 314 kg. Nagybanya (Transylvanie) . . 5*435 —
Tyrol 367,88 — Szepes-Iglo 1 843 —
Carniole. . . . 355,58 — Zalatna (Transylvanie) .... 1 805 —
36 037,46 kg. 17 049 kg.
Japon. — Au Japon^ la proportion d'argent s'est élevée assez
vite depuis quelques années; en 1874, elle était de 9 825 kilo-
grammes; en 1879, elle était retombée à 2 853; en 1883, nous la
trouvons à 42 424 ; en 1891, à 43 282.
Les principales mines sont dans les provinces de Sado, Ugo,
Richuchu, Haronia et Sida.
Dans la partie Ouest de l'Ile de Sado, on exploite, depuis des
siècles, les mines de Torigoï, Aoban et Hiakumaï; dans la pro-
vince de Ugo, est la mine Innaï; dans celle de Richuchu, la mine
Kosaka, etc..
Italie. — En Ildlie^ presque tout l'argent vient de Sardaigne',
en particulier du massif de Sarrabus, connu seulement depuis
1870 et qui a atteint, en 1885, un maximum de production de
2 400 000 francs pour retomber, en 1889, à 1 500 000 francs.
Quelques mines sardes de galène argentifère, Monte Vecchio,etc.,
sont également fort riches. En 1880, la Sardaigne a produit
23590 kilogrammes; en 1887, 34 000. Le continent ne fournit
qu'une très faible proportion d'argent, extraite de galènes argenti-
* Voir t. I, p. 660; t. II, p. 258.
« Voir plus haut, page 387.
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750 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
fères. La mine de Bottine, en Toscane', a fourni : en 1800, 878 ki-
logrammes d'argent; en 1879^ 432 kilogrammes*.
L'argent métallique (34 248 kilogrammes en 1890), obtenu en
Italie^ vient de Tusine de Lerici (Pertusola), province de Gènes.
Belgique. — L'argent produit en Belgique i^royient presque exclu-
sivement de minerais importés; on peut cependant rappeler la
présence de la galène argentifère dans les mines de Bleiberg,
Landenne, Welkenraedt, etc.
CoIonAie. — En Colombie, ou Nouvelle-Grenade, nous citerons
les mines de TEtat de Tolima qui donnent environ un million
de francs d'argent par an.
Angleterre. — UAngletene, comme la Belgique, extrait sur-
tout l'argent de minerais importés; cependant les galènes pro-
duites par ses mines en fournissent également une faible quantité :
Minerai de plomb Argent
1876 80 302 tonnes 15 035 kg.
1877 82 143 — 15 468 —
1878 78 588 — 12 361 —
1879 67 947 — 10 377 —
1880 73 401 — 9 191 —
En 1891, les Iles Britanniques ont produit 18 437 kilogrammes
d'argent.
Russie. — En Russie^ l'argent, provenant de TAsie, est extrait
de quatre groupes principaux de mines ' :
1** Celui de Kolivan ou de TAltaï, dans le gouvernement de
Tomsk ;
2*^ Celui de Nertschinskj le plus important, ou district du lac
Baïkal ;
3** Celui de Kirgis, districts de Akmollinsk, Semipalatinsk ;
4^ Celui du Caucase^ district de Tersk.
* Voir page 560.
* On trouvera dans d'Âchiardi (I metalli loro minerali, t. I, p. 155; un exposé
détaillé des gisements argentifères d'Italie.
3 Voir page 562.
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STATISTIQUE DE LA PRODUCTION DE L ARGENT 751
La production moyenne a été, de 1867 à 1876, de 13 150 kilo-
grammes; en 1879, de 11 200 ; en 1888, de 15 382; en 1891, de
14 562.
Australie. — L'Australie tend à devenir un centre de produc-
tion important de l'argent depuis la découverte faite, en 1883, du
district de Silverton (Brokenhill). Cette mine a donné, en 1890,
200 000 tonnes de minerai à 1 274 grammes d'argent à la tonne»
Auparavant, la production de Tile était la suivante :
1875 1 Ô34 kilogrammes.
1876 2 141 —
1877 976 —
1878 1883 —
1879 2 586 —
1880 2 843 —
Production totale de 1870 à 1880 20 776 kilogrammes.
Canada. — Au Canada^ on peut citer les mines de Suffield,
près de Sherbrooke, découvertes en 1860; celles de Victoria, trou-
vées en 1875, etc. La production était, en 1880, de 18 000 kilo-
grammes; en 1888, elle a été de 13 384.
Scandinavie. — En Suède et Norvège, l'argent vient surtout des
mines de Kongsberg et de Sala, ces dernières décrites au plomb'.
Kongsberg, découvert en 1623, avait produit, en 1840, 917 557 ki-
logrammes d'argent, dont les quatre cinquièmes en argent natif.
La production a été, en 1885, de 7 320 kilogrammes; en 1888, de
5 963. La production de la Suède a été, en 1891, de 5 748 kilo-
grammes.
République Argentine. — La République Argentine contient de
nombreux gîtes d'argent encore peu exploités : Argenlina et Rara-
Fortuna dans le district de Gordoba; Mercedes et Desgraciada
dans celui de Gastamarca ; Animas et Santo-Domingo dans celui
de San-Juan; Gerro-Negro, Mejicana, etc., dans le district de
Rioja, l'un des plus importants; Gaclienta dans celui de Men-
doza, etc.
rage 611.
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753 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
MINERAIS D'ARGENT
Les minerais d'argent apparliennent à deux catégories bien
distinctes : les minéraux d'argent proprement dits et les minerais
divers, où Targent n'est souvent qu'un élément minéralogique
secondaire, tout en devenant le but essentiel de l'exploitation.
Parmi les minéraux d'argent proprement dits, nous citerons :
\S argent natifs qui forme les quatre cinquièmes de la production
de la mine de Kongsberg en Norvège, qu'on rencontre associé au
cuivre dans les gisements du lac Supérieur ^ et qui se présente fré-
quemment, comme corps accessoire, dans les parties hautes des
filons argentifères ;
Puis les minerais sulfurés :
UArgyrosey ou argent sulfuré : Ag'S, tenant 87 p. 100 d'argent,
exploité au Mexique, au Chili, au Pérou, au Comstock et, acci-
dentellement, YAcanthite de Freiberg, Ag*S; la Stromeyérite et la
Jalpaite (Ag'S, Cu*S), etc..
Les argents noirs (sulfo-antimoniures) :
lidiPolybasite (Ag* SbS"), tenant de 74 à 72 p. 100 d'argent avec
3 à 10 de cuivre, un peu de fer et de zinc, rencontrée à Freiberg, à
Przibram, à Schemnitz, au Mexique, au Nevada ;
Et la Psaturose ou Stéphanite (Aç* Sb S*), tenant 68,4 p. 100, qui
forme un véritable minerai au Comstock et se rencontre aussi à
Zacatecas, Przibram, etc.;
Les a7*gents rouges :
Argent rouge antimonial, oji Argyrythrose (Ag* Sb S'), tenant
60 p. 100 d'argent, fréquent à Andreasberg, Przibram, Schemnitz,
Ghanarcillo, au Mexique, etc.;
L'argent rouge arsenical ou Proe/5/i>(Ag' As S'), tenant 65 p. 100
d'argent, plus exceptionnel, formant pourtant des filons à Ghanar-
cillo (Chili) ;
Les minerais chlorurés^ bromures^ etc., constituant la partie
' Voir page 309.
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FILONS D ARGENT A GANGUE DE GALGITE 753
supérieure d'un grand nombre de filons, surtout au Mexique, au
Chili, au Pérou:
La Cérargyrite ou argent corné (Ag Cl) ;
La Bromite (AgBr), etc..
Les minerais complexes^ d'où Ton extrait, en outre, de l'argent,
sont principalement : la galène, presque toujours argentifère, tenant
de 0 à 0, 72 p. 100 d'argent et les cuivres gris, ou tétraédrites, arri-
vant à tenir 29 p. 100 d'argent. Les pyrites de cuivre renferment
également parfois une certaine proportion d'argent ; la blende, plus
rarement; enfin un grand nombre de minerais aurifères con-
tiennent un peu d'argent associé à l'or : en particulier, les tellu-
rures d'or, qui en renferment jusqu'à 14 p. 100.
Nous décrirons, en premier lieu, les gîtes d'argent à minéraux
d'argent proprement dits, tous filoniens, en distinguant deux
grandes catégories : ceux à gangue de calcite et ceux à gangue
de quartz ; puis, nous rappellerons sommairement ce qui con-
cerne les gisements de galène argentifère, tous décrits au cha-
pitre du Plomb* ^ ainsi que ceux de blende et de pyrite de cuivre
argentifères , et nous étudierons enfin les cuivres gris argenti-
fères réservés pour ce chapitre.
1" FILONS D'ARGENT À GANGUE DE CALCITE
Généralités. — L'argent parait avoir, dans un grand nombre de
gisements, une véritable affinité pour la chaux, bien qu'il existe
également, comme nous le dirons, de très nombreux filons d'ar-
gent à gangue quartzeuse, notamment la plupart de ceux de l'Amé-
rique du Nord.
Nous nous contenterons de rappeler, tout d'abord, que, dans les
champs de filons de Saxe comme dans ceux de Bohême, on cons*
tate souvent l'existence d'une venue calcaire ou dolomitique pos-
térieure à la venue quartzeuse et que les minéraux d'argent pro-
prement dits sont, en bien des points, en relation avec elle^
* Voir plus haut, page 488.
* Voir page 596.— Il faudrait se garder de donner à celte remarque trop de génc-
GÉOLOGIE. — T. II. 48
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754 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
C'est ainsi qnkFreiberff * il existe de véritables minéraux d'argent,
avec une dolomie récente; on en a, par exemple, rencontré, dans
la mine Himmelfahrt, un amas de 50 mètres de long, composé prin-
cipalement d'argent rouge antimonial et arsenical, d'argent sulfuré
et d'argent natif avec dolomie. Cet amas, dont la valeur a dépassé
5 millions, s'est terminé, en haut et en bas, par des masses de galène
pauvre ; l'enrichissement en argent, en même temps que l'abondance
de la dolomie, semblent liés, jusqu'à un certain point, au voisinage
des Grûnstein (Obergrûna, Siebenlehn, Roswein, Brand, etc.).
La dolomie apparaît également dans les dernières phases du
remplissage de l'edlequartz formation (qui contient parfois de l'ar-
gent rouge en druses) et dans l'edlebraunspath formation. Freiberg a
fourni, en 1878, 36 708 kilogrammes d'argent; en 1891, 34 499 kilo-
grammes.
A Annabej'g^ la venue argentifère se retrouve (argent rouge,
argent sulfuré, argent natif), avec de la dolomie.
A Joachimsthal enfin , c'est la venue argentifère (Vg) qui
domine, venue argentifère récente succédant aux remplissages
cobaltifères ou nickélifères du type Schneeberg. Non seulement,
cette venue est à gangue dolomitique ; mais il s'est produit un
enrichissement à la rencontre d'un banc de cipolin intercalé dans
les micaschistes.
Mentionnons, de même, qu'à Vialas (Lozère) le remplissage des
filons H5, qui étaient particulièrement argentifères, contenait de
la calcite avec de la bary tine rose.
Les gisements de galène, subordonnés aux terrains calcaires et
présentant des phénomènes de substitution ou d'imprégnation, sont
souvent très riches en argent :
Ainsi, à Sala (Suède)*, dans des cipolins, le plomb tient, en
moyenne, près de 700 grammes d'argent aux 100 kilogrammes. On
a pu, d'ailleurs, constater là, par les dissolvants, qu'outre l'argent
incorpore dans la galène, il y en avait une certaine quantité à
l'état libre.
ralité ; les filons de galène argentifère de Przibram, du Harz et de bien d'autres régions
sont principalement quarlzcux.
* Voir page 587.
• Page 611.
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MINES d'argent DE KONGSBERG (nORYÉGe) 755
En Amérique, on sait que les carbonates de plomb ^Eurêka
(Nevada), dans les calcaires siluriens, sont généralement très riches
en argent et souvent en or (en moyenne, pour une année,
856 grammes d'argent et 49,44 grammes d'or par tonne déminerai).
Les carbonates rouges tiennent à peu près autant d'or que d'ar-
gent : 130 à 260 francs de chacun par tonne; les carbonates
jaunes, jusqu'à 300 francs des deux; le sulfuretore (cérusite
impure), jusqu'à 625 francs d'argent, mais peu d'or.
A Leadville (Colorado), dans le calcaire carbonifère inférieur,
la teneur en métaux précieux est considérable : 278231 tonnes de
plomb, fondues de 1877 à 1884, ont donné 1 589283 kilogrammes
d'argent et 3 204 kilogrammes d'or : soit 5^', 700 d'argent et
11 grammes d'or à la tonne de plomb ; à la mine Fryer-Hill, la
teneur est de 1*^,960 à la tonne de minerai, à Carbonate Hill
(Evening Star), de 1^,170, etc.
Dans le même ordre d'idées , nous allons décrire , en Europe,
comme filons à gangue de calcite, les grandes mines d'argent
natif de Kongsberg (Norvège) ; d'argent natif, argyrose, stépha-
nite et galène argentifère du Sarrabus (Sardaigne) ; les gisements
inexploités de Guadalcanal (Espagne), des Chalanches (Isère); en
Amérique, on pourrait, jusqu'à un certain point, en rapprocher cer-
tains filons d'ai^ent post-jurassiques du Chili, du Mexique, etc.,
où l'argent, à l'état libre, est associé avec de la calcite; mais ces
derniers gisements se distinguent par l'abondance plus ou moins
grande du cuivre gris argentifère, ce qui nous les fera rattacher
à un autre groupe *.
MINES D'ARGENT DE KONGSBERG (Norvège) '
La petite ville de Kongsberg, siège de la direction des mines
d'argent natif de Norvège, est située au S.-O. de Christiania, sur la
rive droite du Langenelv. Le district minier occupe une super-
ficie d'environ 430 kilomètres carrés. Découvert en 1623 etexploité,
* Voir plus loin.
• Noies de voyage de l'auteur en 1890. — Nous avons eu fréquemment recours h uu
mémoire de M. Rolland. {Ann, d. M, 1877.) — Coll. Ecole des Mines, 1564 e! 1743.
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7bt( GÉOLOGIB APPLIQUÉE
depuis ce moment, presque sans interruption, ce gisement d'ai^ent
est, aujourdhui encore, d'une réelle importance. II se présente
sous la forme de filons minces de calcite et argent natif encaissés
dans les gneiss et schistes cristallins et enrichis à la rencontre de
Fahlbandes (zones d'imprégnation pyriteuse).
Géologie générale. — Le district de Kongsberg (représenté
figure 350) comprend : à TEst, des gneiss (Grundfjeldet) ; à TOuest,
du granité; au centre, une bande N.-S. de gabbro éruptif; au
Sud, un peu de silurien.
hçi gneiss^ ou roche fondamentale (Grundfjeldet), présente, en Nor-
vège, d'après les travaux de Kjérulf, deux étages principaux* : au
sommet, les schistes cristallins (correspondant à notre étage fran-
çais de micaschistes (2^^), mais moins développés que lui, à ce qu'il
nous a semblé, dans les coupes que nous avons pu observer) et, à
la base, le gneiss gris. Le granité ancien, souvent feuilleté lui-
même, ne traverse que ce gneiss : il est « antétaconique ».
Le gneiss de Kongsberg, très analogue à certains gneiss com-
pacts de notre plateau central, apparaît rayé de blanc et de noir
par les plans alternants de quartz, feldspath et mica'. Les schistes
associés sont, soit quarlzeux, soit micacés, soit amphiboliques, ils
contiennent souvent beaucoup de grenats. La direction générale
est N.-S., avec inclinaison très forte vers TEst.
Le granité ancien, parfois feuilleté, traverse le gneiss sur quatre
points principaux et forme quatre îlots, dont l'un sépare le ïele-
mark de Kongsberg.
Dans ce granité ancien, l'orthose rouge prédomine, La structure
feuilletée tient à l'orientation du mica. Il renferme parfois des débris
de schistes environnants. A la surface, il est arrondi, poli et peu
accidenté. On en trouve de gros blocs sur le flanc des collines.
Le gabbro a une structure granitique. Il contient essentielle-
ment, d'après MM. Fouqué et Michel Lévy, du labrador, du dial-
lage brun clair (parfois transformé en serpentine), de l'amphibole,
(actinole vert bleuâtre et hornblende verte) et du biotite : ces trois
» Voir plus haut : t. I, p. 705, et carte de Norvège, p. 704.
• Cf. Rolland. Loc, cit.y p. 409.
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Fig. 350.
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758 GÉOLOGIB APPLIQUÉE
derniers minéraux renfermant des dessins hébraïques de fer titane.
Les éléments accessoires sont le fer titane, le sphène et Tapatite.
La couleur générale du gabbro est verdâtre. Il peut être à très
gros grains. A Kongsberg, il est injecté au contact du granité
ancien et de la roche fondamentale. Il apparaît en beaucoup de
points de la Norvège méridionale, à Karmo, Oddegaarden *, San-
nikedal, Sœndelœr, etc.
En outre, les roches de Kongsberg sont traversées, çà et là, par
des dykes de syénite et de porphyre. Le syénite est à grain fin ; sa
couleur générale est grise. Elle renferme du feldspath triclinique,
du quartz granulitique, du mica noir, de Tamphibole verte et du
grenat.
Le porphyre noir (appelé aussi grûnstein) est analogue aux por-
phyres noirs de la série intermédiaire, qui ont fait éruption, pen-
dant la période anthracifère, dans le plateau central de la France,
notamment à celui de Montmartin (Puy-de-Dôme). On peut cons-
tater, assez nettement, à la mine de Kongsberg, qu'il est recoupé par
les filons argentifères*.
Rôle des fahlbandes à Kongsberg. — On appelle, en général,
fahlbande ou zones heureuses, des zones d'imprégnation dans
une roche quelconque.
D*une façon plus spéciale, on désigne ainsi certaines roches
contenant des sulfures métalliques à l'état d'imprégnation fine et
souvent imperceptible à Toeil, se traduisant toujours à Tair par une
couleur de rouille plus ou moins intense. En plusieurs régions de
la Norvège, ces fahlbandes contiennent de véritables gites de
métaux sulfurés, tels que les mines de cuivre de Rôraas, Foldal,
Yigsnaes, les mines de cobalt de Modum, les mines de cobalt de
Skutterud, les pyrites de Kiesgrube près Kongsberg'.
A Kongsberg même, l'imprégnation porte exclusivement sur les
schistes et le gabbro, jamais sur les gneiss. Elle est maxima
< Voir t. J, p. 330, son rôle au voisinage des gisements d'apatite.
« Voir à l'École des mines, Téchanlillon, n* 1743-3.
Cf. Rolland, p. 461.
» Voir plus haut, p. 86, 287, etc., 1843. — Cf. Daubrée. {Ann, d. J/., 4% t. IV.)
1849. Durocher. {Ann. d. M., 4*, t. XV.)
1854. Duchanoy. Gisem. et trait, des minerais de cuivre en Norvège. {Ann, d, M,f
5% t. V, p. 181.)
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MINES d'argent DE KONGSBERG (nORVÈGe) 759
dans les schistes micacés, moyenne dans les schistes amphibo-
liques, minima dans les schistes quartzeux. Les sulfures, qui la
composent, sont la pyrite de fer, la pyrile magnétique, la pyrite de
cuivre, la gahnite, plus rarement la blende, le cuivre panaché et
le mispickel.
On distingue, à Kongsberg, sur une longueur de 25 kilomètres
et une largeur de 12, huit de ces fahlbandes, dont les principales
sont XUnterberg (62 mètres de puissance) et YOverberg (plus de
300 mètres de puissance). Elles ont exercé, sur le remplissage des
filons métallifères qui les croisent, une action enrichissante en
argent, bien marquée et très caractéristique.
Leur origine est, d'après Kjérulf, la suivante :
Lors des soulèvements de granité ancien et de gabbro, la roche
fondamentale de Kongsberg a été plissée et comprimée; les
schistes, moins résistants, ont été étirés et ont donné lieu à des
zones de froissement^ comparables au ruschels du Harz*, et encais-
sées dans le gneiss gris. Quand sont venues les émanations sulfu-
reuses, elles ont trouvé, dans ces zones de froissement, un chenal,
et les ont pyritisées, la roche y étant spongieuse et la substance
plus propre au dépôt, tandis que le gneiss gris s'opposait à
l'imprégnation par sa nature physique et chimique.
MM. Kjérulf et Dahll ont cru pouvoir admettre que les chenaux
d'émanation des sulfures métalliques étaient dus à Téruption du
gabbro; car il semble y avoir quelque relation de position entre
les fahlbandes et le gabbro. De plus, le gabbro est souvent accom-
pagné de sulfures métalliques*, et ceux-ci sont identiques aux prin-
cipaux sulfures d'imprégnation des fahlbandes, pyrite de fer,
pyrite cuivreuse, pyrite magnétique. Le gabbro a joué, en effet, un
rôle peu contestable dans la formation d'un grand nombre de
gisements métallifères norvégiens; néanmoins, à Kongsberg, les
ingénieurs de la mine sont aujourd'hui peu disposés à croire à
son influence.
A l'appui de la théorie de Kjérulf, M. Rolland a cité les faits
suivants :
1® A BamblCy sur la côte Sud-Est, dans la mine de Mienkjoer
* Voir page 578.
* Voir, sur les gabbros de Norvèçe, p. 295.
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760
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
(fig. 351), on trouve, au contact des schistes fondamentaux et du
gabbro, une écorce de pyrite magnétique nickélifère avec cristaux
de pyrite cuivreuse et de pyrite cobaltifère co,ntournant les limites
irrégulières de la roche primitive et atteignant, par points, 1"*,80
de puissance. Le gabbro est imprégné des mêmes sulfures dans
toute sa masse.
2^ Près de Kongsberg, la mine de pyrite de Steemtrup présente
des phénomènes analogues.
3® Le gîte de Visgnaes dans Fîle de Karmo, décrit plus haut au
chapitre du Cuivre \ présente une masse volumineuse de pyrite
Fig. 351. — Plan du glle de Mieiikjœr (Norvège).
de fer massive, avec filets de pyrite cuivreuse et stries de blende,
encaissée entre des schistes métamorphiques, qui sont imprégnés :
du côté Sud, sur 18 mètres de puissance, jusqu'à une grande
masse de gabbro également pyritisée ; du côté Nord, au contraire,
sur une épaisseur très faible.
Historique et Production. — C'est en 1623, comme nous Tavons
dit, que l'argent fut découvert à Kongsberg. Vers le milieu du siècle
dernier, époque de la plus grande activité de cette mine, le nombre
des ouvriers employés était de 4 000. Mais, à partir de 1770, il y
eut constamment déficit, de sorte qu'en 1805, l'Etat, possesseur
des mines, se décida à arrêter les travaux. La production d'argent,
de 1623 à 1803, avait été de 542 830 kilogrammes d'argent fin.
En 1815, l'exploitation fut reprise et, en 1843, la production
atteignit 11 000 kilogrammes; depuis, elle a constamment baissé
jusqu'en 1876, où elle était de 4 000 kilogrammes; puis elle a
remonté jusqu'en 1884 ; aujourd'hui l'on produit environ 6 000 kilo-
grammes.
• Page 292.
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MINES d'argent DE KONGSBERG (nORVÈGE) 761
Allure générale des filons métallifères. — Les filons argentifères
de Kongsberg résultent d'un système de fractures ayant agi sur
un vaste espace; les fentes innombrables (plus de 500), qui sont
distribuées sur Tétendue du district minier, ont, toutes ou presque
toutes, une direction sensiblement E.-O. et un pion gement presque
vertical.
Leur puissance, extrêmement faible en général, est de O^'yOOS à
û"',20. Les filons ne sont pas argentifères dans toute Tétendue de
leur plan, mais seulement suivant des colonnes à peu près verti-
cales, dont la largeur varie de 1 à 40 mètres. De plus, les colonnes
d'enrichissement des divers filons parallèles peuvent se grou-
per de manière à former des zones riches, sensiblement parallèles
entre elles, de direction N.-S., comme la stratification et de même
plongement presque vertical. Ce sont ces zones riches, correspon-
dant à des zones pyriteuses des schistes encaissants, que les
anciens appelaient fahlbandes, nom qui a été depuis réservé pour
les schistes imprégnés de pyrites eux-mêmes. On peut distinguer,
à Kongsberg, trois districts : TOverberg florissant, Vinoren et
Underberg abandonnés.
A. Description du district de TOverberg. — C'est sur l'Overberg
qu'on trouva, en 1623, les premières traces d'argent. La première
mine exploitée (actuellement à 650 mètres de profondeur}^ dite
mine du Roi (Kongensgrube) *, est, avec la mine Hiilfe gottes, la
seule qui soit aujourd'hui prospère. Elle a produit des quan-
tités d'argent considérables.
Toutes les mines, au nombre d'une trentaine, autrefois exploi-
tées, étaient alignées sur la grande fahlbande de l'Overberg.
Les filons argentifères de l'Overberg, reconnus en 1875, étaient
au nombre de 271. Leur direction moyenne est de 120'' E.
Leur puissance générale est très faible, en moyenne de 0™,015; le
plus grand a 0"',3 à 0"',6. Chaque filon se ramifie en plusieurs
branches. Les filons eux-mêmes se réunissent souvent entre eux.
L'aspect général est, tout à fait, celui des veines calcaires de for-
mation récente qu'on trouve dans tous les affleurements de
« Voir figure 350.
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762
GÉOLOGIB APPLIQUÉE
schistes fissurés. II est frappant de voir ce réseau de veines, souvent
minces comme une feuille de papier, persister, sans variation, sur
plus de 600 mètres de haut.
COITE CEOLOOQrB
lûJîg^ttldillale
PE LA M1>'E 0U ROI
|»«r3LH0tJIS£5
OUEST
LEGSTTDJE
{ ^ On£iss fjris
L- .. ■ j ScAùtcs fjotrtxxim:, et çuarùcUts
u^ Schistes àmpMmoIiquca
I ScJUsies fiucaeds et càloriieu^.
Fig. 352.
L'exploitation porte sur deux systèmes de filons, que nous
retrouverons à peu près identiquement les mêmes dans les mines
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MINES d'argent DE KONGSBERG (nORVÉGe) 763
de Vinoren : l'un de calcaire bitumineux argentifère, l'autre
de calcaire blanc lamelleux, considéré autrefois comme stérile. Ces
deux systèmes sont distincts, et les filons lamelleux sont, comme
Ta montré M. Andresen, postérieurs aux filons argentifères. Au
point de vue de la stérilité du calcaire lamelleux (Schieferspath),
qu'on retrouve à Vinoren, on est aujourd'hui beaucoup plus
réservé qu'autrefois, sans néanmoins affirmer l'inverse. Il est
certain qu'on y a trouvé, plusieurs fois, de l'argent ; mais, étant
donnée l'infinie multiplicité des veines de l'autre calcaire argen-
tifère, on ne pouvait jamais affirmer qu'on fût assez loin de Tune
d'entre elles pour qu'elle n'eût pas produit cet enrichissement.
Les filons de caicite argentifère ont, comme nous l'avons vu,
une puissance variable mais toujours faible (0"*,005 à 0™,30).
Les filons de calcaire lamelleux ont une puissance plus considé-
rable et plus constante.
Le remplissage des filons argentifères se compose essentielle-
ment de chaux carbonatée spathique. Celle-ci est toujours plus
ou moins bitumineuse, de couleur allant du gris au noir. Les
autres matières, très rares en somme, sont : la barytine cristalli-
sée en tables, le quartz, le spathfluor, et, en moindre [quantité,
la blende, la galène, la pyrite magnétique, le mispickel et la pyrite
de cuivre.
L'argent se rencontre principalement à l'état d'argent natif et,
un peu, à l'état d'argent sulfuré. L'argent natif est, le plus sou-
vent, en grains parsemant le calcaire ou en fils minces hérissant
la cassure de la roche. Le sulfure d'argent est généralement
amorphe. On a trouvé aussi, exceptionnellement, de l'argent rouge
en prismes hexagonaux et du sulfo-antimoniure d'argent.
Le remplissage des filons stériles est beaucoup plus simple ; le
calcaire lamelleux, blanc de lait, y existe presque seul ; le quartz
s'y trouve en sous-ordre. La pyrite de fer est assez abondante.
Le remplissage est tendre et s'émiette facilement. M. Daubrée a
remarqué, dans les filons d'argent de Kongsberg, la présence, assez
curieuse, d'anthracite moulé au milieu de la chaux carbonatée et
de l'argent natif, sous des formes qui annoncent qu'il a passé
par un état de mollesse. Ces fragments présentent l'aspect de
bois soumis à l'action de l'eau suréchauffée. Il a également
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764 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
appelé rattention sur la présence de zéolithes dans le remplis-
sage.
Le remplissage argentifère pénètre, le plus souvent, entre les
strates et les clivages des schistes encaissants, jusqu'à 2 et 3 mètres-
On trouve fréquemment ainsi de grandes feuilles d'argent natif de
1 à 2 millimètres d'épaisseur, interstratifiées sur le côté du filon.
C'est un fait sur lequel on s'est fondé, comme nous le dirons,
pour supposer que la minéralisation était venue par les fahl-
bandes.
Dans le filon à remplissage de calcite et d'argent, l'argent forme,
soit de petites veines, soit de petits cristaux isolés, ou encore une
sorte d'enduit de cristaux qui, sous le doigt, fontreflet d'une râpe.
A moins d'une très grande habitude, ce n'est guère que par le tou-
cher qu'on peut reconnaître Texistence du métal précieux, en
général très rare dans le remplissage. Aussi, dans les chantiers
qu'on ouvre très grands pour ne laisser perdre aucune des innom-
brables ramifications filoniennes, des ouvriers spéciaux sont-ils
constamment occupés à inspecter les parois en les lavant avec
soin et à marquer, à la craie, les points argentifères.
A Kongensgrube, la période de richesse maxima s'est présentée
entre 360 et 475 mètres de profondeur dans THovedgang. La
puissance du filon était alors de 0™,60 en moyenne. Vers 330
mètres, on y a, de même, retrouvé, en 1867, un amas d'argent
qui, en un seul coup de mine, a donné 500 kilogrammes d'argent
en deux blocs formés d'argent sulfuré recouvert d'une écorce
d'argent natif et contenant des druses avec pyrite de cuivre,
galène et rhomboèdres de calcite. Après une période pauvre, la
partie comprise entre 540 à 552 mètres a été, de nouveau, très
riche.
De même, à la mine Hûlfe Gottes, actuellement prospère, on a
trouvé, en 1885, un amas de 42 mètres de large d'où l'on a
retiré plus de 300 kilogrammes d'argent; des échantillons de cet
amas montrent des druses avec cristaux de calcite en scalénoèdres
aigus perpendiculaires aux épontes, ou en grands rhomboèdres,
quelques cristaux de fluorine posés dessus et de Targent en
houppes ou en rameaux, avec toutes les formes bien connues des
minéralogistes, accrochés de tous côtés.
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MINES d'argent DE KONGSBERG (NORVÈGE) 765
L'argent de Kongsberg renferme environ ^^^^^ d'or, qu'on
a renoncé à extraire après des essais infructueux fais à Ham-
boui^.
B. District de Vinoren. — Ce district comprenait, autrefois, do
nombreuses mines, dont la plupart sont abandonnées ; les plus
importantes sont celles de THovedgrube, au nombre d'une dizaine.
L'allure des gisements, les dimensions des filons et la nature de
leur remplissage étaient tout à fait analogues à ce que nous
venons de décrire à l'Overberg.
Dans l'Hovedgrube, se rencontre un dyke de syénite recoupant
le gabbro. Les filons traversent le gabbro et la syénite ; le rem-
plissage ne diffère pas dans les deux roches, sauf qu'il n'y a
jamais trace d'argent dans la syénite.
C. District de TUnderberg. — Sur l'Underberg, il y avait jadis
une trentaine de mines, toutes abandonnées aujourd'hui, mais
qu'on songe à reprendre.
Les filons, en grand nombre (plus de 200), de l'Underberg,
plongent dans des sens variables, tantôt Nord, tantôt Sud. Ils sont
parfois quartzeux et, de plus, légèrement aurifères, au lieu d'être
exclusivement carbonates et argentifères comme à l'Overberg.
Genèse des filons de Kongsberg. — Rappelons d'abord deux
dictons des mineurs de Kongsberg : « Dans le gneiss gris, pas
d'argent »,et« sans fahlbande, pas d'argent. » Dès lors, la théorie,
généralement admise pour la genèse des filons de Kongsberg, est
la suivante :
Ces filons doivent leur remplissage à des émanations et à des
sources venues d'en bas. La calcite a été le véhicule de l'argent,
le quartz celui de l'or.
Il faut distinguer, dans l'histoire géologique du Kongsberg, deux
sortes d'émanations.
En premier lieu, l'éruption du gabbro aurait ouvert l'ère des éma-
nations de pyrite de fer et autres sulfures métalliques, auxquelles
sont dues les fahlbandes. Ces éruptions auraient cessé; puis, après
un laps de temps impossible à évaluer, aurait eu lieu le mouve-
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766 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ment auquel serait dû le système des filons ; ce mouvement au-
rait inauguré une nouvelle ère d'émanations de calcite ai^en-
tifère, avec matières bitumineuses, barytine, spathfluor et sulfures
métalliques; puis, de quartz avec argent aurifère, et, enfin, de cal-
cite lamelleuse avec pyrite de fer.
Tandis que la calcite, le quartz et autres gangues pierreuses se
distribuaient indifTéremment sur toute Tétendue des fentes, dans
le gneiss gris comme dans les schistes, l'argent et, dans une cer-
taine mesure, les autres sulfures métalliques ne se sont déposés
qu'à la rencontre des falhbandes, comme si les parties métalliques
des émanations avaient été attirées vers les roches métallifères
par une réaction chimique ou une attraction électrique \ Ce fait
s'est confirmé, de plus en plus, au fur et à mesure des progrès
de l'exploitation. De môme, les filons sont argentifères dans le
gabbro et stériles dans la syénite.
D'après Durocher, il serait possible que l'argent eût été apporté
par les émanations filoniennes à l'état de chlorure ou de bromure,
et que ces corps eussent été décomposés par les pyrites des falh-
bandes et précipités à Tétat d'argent ou sulfure d'argent.
Il convient cependant de remarquer, qu'en 1863, dans un rapport
à la chambre des Représentants, M. Kjérulf a formellement nié
l'influence enrichissante des fahlbandes et la stérilité constante
du gneiss gris; les recherches, qui furent faites à la suite de cette
déclaration, semblèrent donner complètement tort aux opinions
du célèbre géologue norvégien, et, depuis lors, l'action des fahl-
bandes a été, de nouveau, généralement admise.
Une autre hypothèse, autrefois adoptée par M. Daubrée et qui
semble un peu abandonnée, admet, au contraire, le fait en lui-même
de- la présence de l'argent au croisement des fahlbandes, mais
l'explique autrement que nous ne venons de le faire, sans
admettre l'influence de la roche encaissante sur la distribution
du remplissage des filons.
Dans cette théorie, l'argent et les substances métalliques conte-
nues dans les filons auraient été amenés par des émanations laié-
* On peut comparer, à ce fait, raction de cémentation exercée, sur le cuivre du Lac
Supérieur, par la magnèiile microscopique des roches (p. 317).
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MINES d'argent DE KONGSBERG (nORVÉGe) 767
raies suivant la fahlbande même. La preuve en serait la présence
de feuilles d'argent interstratifiées dans la roche encaissante.
On doit répondre à cela que l'argent et les sulfures, tout en étant
concentrés aux fahlbandes, sont disséminés en très faible proportion
au sein du remplissage filonien et semblent avoir la même ori-
gine que les gangues ; or ces gangues ne sauraient provenir de
la fahlbande où Ton n'en trouve pas trace. D'autre part, la fahlbande
ne paraît pas argentifère en elle-même, en dehors des filons ou
de leur voisinage immédiat et, aux points où on a pu analyser les
pyrites qu'elle contient, on a trouvé une teneur presque nulle en
argent.
Si l'on veut déterminer ïâge des venues (Targeiit de Konsberg,
on se heurte à une impossibilité absolue. Ces filons de calcite et
argent sont, en effet, postérieurs à toutes les roches avec lesquelles
on les voit en relations : schistes cristallins, syénite et gabbro à
THovedgrube ; porphyre noir (griinstein) à Kongensgrube.
On n'a donc, tout au plus, qu'une limite inférieure de cet âge,
qu'on serait plutôt porté à croire assez récent.
Traitement des minerais. — Quelques mots seulement sur le
traitement du minerai :
Le produit de l'extraction subit, sur le carreau de la mine, une
préparation mécanique qui donne : 1** argent en morceaux;
2^ schlichs pauvres; Z"" schlichs riches.
!• L'argent en morceaux n'a besoin que d'un raffinage, fait au
bas foyer au bois et durant de 10 à 12 heures pour une charge
de 400 kilogrammes.
2° Les schlichs pauvres sont fondus avec addition de pyrite de
fer, toujours cuivreuse, dans un four à cuve de 4 mètres de haut.
La matte obtenue est grillée en stalles à trois reprises, puis fon-
due avec addition de schlichs riches et de plomb. On obtient
ainsi un plomb argentifère, repassé trois fois, puis coupelle et une
matte plombeuse qu'on retraite pour cuivre noir; ce cuivre noir,
à son tour, cédant un résidu d'argent à l'électrolyse.
Production de Kongsberg. — L'année de production maxima
des mines de Kongsberg fut celle de 1833, où elles donnèrent
10 300 kilogrammes.
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768 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
De 183^ à 1838, la production moyenne annuelle a été de 6 440 kg.
4839 1843 — — 6 000 —
1844 1848 — — 5 300 —
1849 1833 — — 4 800 —
1854 1858 — — 7 700 —
1859 1863 — — 3 760 —
Depuis 1863, elle s'est tenue aux environs de 37 50 kilogrammes.
En 1876, elle a été exactement de 42 07 kilogrammes.
Les -g- de la production provenaient alors des mines dites c du
Roi » (Kongensgrube) et « des Pauvres ».
En 1888, on a extrait S 960 kilogrammes.
L'Etat possède une partie du district minier et en a vendu
une autre partie. Les seules mines du Roi et Hûlfe Gottes sont
prospères : la mine des Pauvres fait ses frais. Une quatrième, celle
delà maison de Saxe, a été reprise il y a une quinzaine d'années ;
tout le reste est abandonne.
Bibliographie,
1807. Hausmann. — Reise durch Skandinavien, t. II, p. 1.
1839. BuBBRT. ~ Uber den Kongsberg Bergbau. (Karsten's Arch., t. XII,
p. 267.)
1843. Daubrée. — Mém. sur divers gîtes métallif. de la Suède et de la Nor-
vège. {Ann. d. M., 4«, t. IV, p. 224.)
1846. ScHEERER. -— (Berg. u, H. Z., cahier complémentaire, p. 73.; cf. Leonh.
Jakrb,, 1853, p. 720.)
1849. DuROCHER. — {Ann. d. Jf., 4« série, t. XV, traduit dans B. u. H. Z.,
1855, p. 48.)
1852. Crowe. — Mining almanack .
1858. GuRLT. — (B. u, H. Z., 1858, p. 10.)
1860. Kjérolf et Uahll. — Cm Kongsbergs Ertsdistrikt. (Traduit en alle-
mand par C/iristopiersen Christiania,)
1862-1863. Delesse et Laugel. — Revue de géologie pour 1862 et 1863,
t. III, p. 156.
1862. CoTTA, p. 512.
1865. Kjérulf. — Betœnkning af den ved Rongelig résolution af 10 de juli
1865 naadi^'st nedsalte commission angaaende Kongsberg Sôlv vœerk.
1865. Herter. — (Zeilschr, d. d. geoL Gesell.^ t. XVII, p. 163.)
1865. Homlsen. — Carte géologique.
1866. ScHEERER. — (B. u. H. Z., 1866, p. 25.)
1866. Kjérulf et Dahll. — Geologisk kart over det Sonden fjeldske Norge.
1868. Andresen. — Cm gangformationen ved Kongsberg. Christiania.
1868. Ujortdahl. — Om untergebet ved Kongsberg. Christiania.
1869. V. Rath. — Neues Jahrb. f. Minerai, p. 434.
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MINES d'aBGENT DU SABRÂBUS (sARDÂIGNE) 769
1871. Herter. — Zeilschr. d. d. geol. Gesellsch., t. XXIÏÏ, p. 383.
1871 . Kjérulf. -*- Roche fondamentale (grundijeldet) de la Norvège méri-
dionale.
1873. Kjérulf. — Terrain sparagmilique (sparagmitQeldet) de la Norvège
méridionale.
* 1877. Rolland. — {Ann. d. M., 7« série, t. XI, p- 301.)
1879. Groddbck, p. 140 et 294.
* 1887. Daubrée. —{Eaux souterraines, 1. 1, p. 21, 59, 298, 346, 388.
1888. Davibs, p. 91.
* 1889.2DAUBRÉE. — Géol. expér., p. 178-245.
1890. L. DE Launay. — Notes de voyage inédites.
MINES D'ARGENT DU SARRABUS (sardaigne)*
Les importantes mines d'argent du Sarrabus, concédées à la
Société de Lanusei, se trouvent au Sud-Est de la Sardaigne, au
Sud de rOgliastro et à l'Est de Gampidano *. Les premiers travaux
y datent de 1622 ;mais l'exploitation réelle et sérieuse ne remonte
qu'à 1870. Elle a produit, depuis ce moment, plus de 20 millions
de francs d'argent.
Géologie générale de la région. — La région est constituée, dans
son ensemble, par une zone de schistes siluriens inférieurs % dirigés
Est-Ouest, que limite, au Sud, un massif de granité, avec granulite,
ayant exercé, sur eux, une action métamorphique et que recoupent
des microgranulites, prophyres pétrosiliceux et porphyrites.
On trouve, au milieu de ces schistes, une zone de quartzites très
durs, qui ont exercé, sur l'allure des filons métallifères, tant sur la
disposition des cassures que sur la circulation des eaux incrus-
tantes, une action de direction remarquable et se trouvent, presque
toujours, à leur contact Nord. Quelques lambeaux de calcaires se
rencontrent également, mais n'ont pas d'importance pour notre
sujet.
D'après un mémoire de M. Traverso, ingénieur de la mine, on
« Notes de voyage de Tauteur en 1891. Voir Coll. École des mineSy n»» 1582, 1642,
1658, et carte de Sardaigne, fig. 241, p. 388.
* On s*y rend de Cagliari par MuraTera (en bateau ou en voiture) et Monte Nai*ba.
' H est possible que quelques-uns de ces schistes soient plus anciens ; on y trouve
des schistes amphiboliques, talqueuz et chloriteux.
GÉOLOGIE. — T. II. 4^
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770 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
doit interpréter l'histoire géologique du pays de la façon sui-
vante :
Un premier mouvement, post-silurien, peut-être contemporain
delà venue des granités (chaîne calédonienne;, aurait, comme dans
le Plateau Central et en Bretagne, imprimé aux plissements du sol
leur sens général. Puis, à une époque indéterminée, les granulites
seraient apparues, surtout dans la portion centrale entre Masaloni
et Monte Narbaet, ensuite, les microgranulites, qu'on voit, dans la
même région, recouper les quartzites. Un peu plus lard, les por-
phyres pétrosiliceux et porphyres à quartz globulaire auraient
formé les masses puissantes qui, dans leur ensemble, épousent la
direction des schistes. Alors, à une époque que, par assimilation
avec la France, on classerait dans le houiller, mais que les géo-
logues italiens préfèrent rattacher au trias, se seraient formés de
très nombreux filons minces de porphyrite, de direction générale
Nord-Sud, et enfin se seraient ouverts les filons métallifères
appartenant à deux systèmes, l'un plus ancien et riche Est-Ouest,
l'autre plus récent et presque toujours pauvre Nord-Sud.
C'est sur ces deux systèmes de filons seulement que nous insis-
terons : '
Filons métallifères. — Les filons réellement exploités sont des
fiions Est-Ouest, parallèles aux strates des schistes et en particulier
aux quartzites qu'ils suivent au Sud, irréguliers de remplissage,
mais prolongés, en somme, malgré beaucoup de discontinuités,
sur 40 kilomètres de long, de Baccu Arrodas à Monte Arrubiu.
Dans la partie Est, qui est industriellement la plus importante,
on compte trois filons parallèles; mais il est rare qu'il y en ait
plus d'un (tantôt celui du milieu, tantôt celui du Sud) qui soit
minéralisé.
Ces filons présentent des réouvertures très nettes et sont par-
fois bréchoïdes. On y distingue deux venues métallifères distinctes :
la plus ancienne plombeuse (rapportée au trias î) ; la seconde ar-
gentifère (certainement antérieure au lias, que des filons du même
système ne traversent pas). A l'Ouest de Giovanni Bonu, les filons
pénètrent un peu dans la microgranuUte. Ils s'y amincissent rapi-
dement, sans doute à cause de la dureté de la roche, et se trans-
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I II
^ la
1 ^
8»
I
3
60
Si
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Google
772 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
forment en de simples veines barytiques et argileuses. L*épaissear
des filons est d'ailleurs extrêmement variable, depuis un centimètre
jusqu'à 2 mètres. A Masaloni, où le filon traverse des granulites,
on voit la roche imprégnée, sur une épaisseur de 2 mètres, d'ar-
gent natif '.
Le remplissage ancien comprend, en général, les éléments sui-
vants :
Barytine ancienne^ compacte et cristalline, avec galène pauvre i
grandes lames, disparaissant en profondeur et rempkcée par du
quartz. Cette barytine est accompagnée par de la calcite stérile,
sombre, cristallisée souvent en scalénoèdres, avec un peu de quartz
et de la blende amorphe et pauvre, à grains fins, et très foncée.
Dans le remplissage récent, la barytine est à larges clivages et
rosée ; on trouve, avec elle, de la calcite transparente en prismes
hexagonaux à pointements variés ', de la fluorine abondante, de la
galène riche, de la blende riche à fracture brillante et des miné-
raux d'argent proprement dits.
Ces minéraux sont, avec la galène riche, l'argent natif, le chlo-
rure d'ai^ent, l'argyrose, la stéphanite, la pyrai^yrite et la prous-
tite.
L'argent natif est en fils, en grains ou en masses atteignant
15 kilogrammes, le plus souvent inclus dans la calcite, la barytine
ou la fluorine. On le considère comme résultant de la réduction
du sulfure ; cependant, on peut voir des filaments d'argent traver-
sant un cristal de calcite et transformés inversement en sulfure
aux extrémités qui sortent de ce cristal.
Le chlorure d'argent est, comme dans tous les gisements simi-
laires, un minéral d'affleurement, dont on explique ici la présence
par les imprégnations salines des terrains avoisinants.
L'argyrose est très abondante en beaux cristaux (cubes, octaèdres,
etc..) dans les géodes, ou en fines lamelles sur les schistes noirs
qui encaissent le filon dans les zones riches. Elle existe aussi en
filaments flexibles comme l'argent lui-même, formés de chapelets
de cristaux.
* Ce minerai très riche, souvent à 15 ou 20 p. 100 d'argent, est dit, à cause de sa
teinte, caffé-latte (café au lail).
Avec de nombreuses mâcles étudiées par M. Bombicci.
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MINES d'argent DU SARBÂBUS (sARDAIGNE) 773
La stéphanite se trouve surtout en profondeur, et la pyrargyrite
et la proustite sur les parois des petites fentes de la gangue.
Comme minéraux accessoires, on peut signaler la pyrite, la mar-
cassite, le mispickel, la chalcopyrite, la nickeline, la cobaltine, la
molybdénite, la breithauptite (Ni Sb) et Tulmannite (Ni SbS).
Le filon, qui a plus d'un mètre de large, a des épontes très
nettes et polies. Le remplissage principal y est formé * par un
brouillage des schistes encaissants, au milieu duquel courent,
avec une certaine irrégularité, des veines minéralisées^ souvent
très minces, pouvant atteindre 0"*,35 de large.
Les parties riches sont, ou bien des amas (c'est le cas le plus
fréquent), ou bien des colonnes assez allongées dans le sens du pen-
dage. Gomme à Kongsberg (gisement avec lequel le Sarrabus a
quelques rapports), on a cru remarquer une influence de la pyrite,
contenue parfois dans les schistes, et des parcelles charbonneuses
qui les imprègnent à l'occasion.
Un bon type de colonne riche se trouve à Giovanni Bonu. Elle
est inclinée de 80"^ dans le plan du filon et sa largeur atteint, par
endroits, 400 mètres. On y distingue plusieurs colonnes secon-
daires, dont les intersections sont particulièrement riches. En un
point, le filon, au lieu d*ètre exactement parallèle aux schistes, est
plus couché et cette partie, conformément aux lois ordinaires, est
pauvre. Il y a également appauvrissement dans les roches trop
dures (quartzites) ou trop molles (schistes tendres). Enfin, on observe
des enrichissements aux points d'intersection avec les croiseurs
et dans les parties où le filon, ayant été dévié un instant de sa
direction générale, reprend cette direction.
Les amas sont fort irréguliers : ce qui rend les travaux de
recherches multipliés et coûteux. La richesse, qui s'était mainte-
nue très grande jusqu'au 12® niveau (situé par suite de la posi-
tion du filon dans une montagne, à une faible profondeur au-
dessous de la surface), a cessé depuis. A ce niveau, les minéraux
d'argent ont disparu avec la calcite et il s'est substitué à eux de
la galène avec du quartz.
Les figures ci-jointes précisent les conditions de gisement :
' Voir plus loin, pages 801 et suiy., quelque chose d'analogue au Comstock.
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774
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
354et3S5 représentent, d'après M. Traverso, des coupes transver-
sales prises dans la concession de Giovanni Bonn; 356 et 357 ,
S.2^u«li^'
jsxiiutu^iffu^
Cbso^Cepcrul»
Fig. 354 et 355. — Coupes verticales N.-S. à Giovanni Bonu (d'après M. Traverso).
Echelle au 7=-^:^;.
15.000
la disposition des parties riches sur deux coupes longitudinales.
Sur la figure 358, on voit la rencontre du filon Sud avec l'un des
E
OiovsnmBamx
Ecketle 40.000
BacaaArrodAS
Jfêtralcns
tBatù^tritriAx/^cme^ymtu
A Oalitvt/.
P.BaocuAppodAâ.
/fr'faïf^
Fig. 356 et 357. — Ck)upes verticales E.-O. du gtte argentifère du Sarrabus
(d*après M. Traverso).
croiseurs barytiques, montrant que le remplissage du croiseur
s'est fait entre les deux remplissages du filon.
Enfin, les figures 359 et 360 montrent, en plan, les deux temps
de remplissage : dans un cas (360), le croiseur argileux est inter-
médiaire entre les deux ; dans l'autre (359) , postérieur. Sur la
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MINES d'argent DU SARRABUS (sARDAIGNe) 775
figure 361, on voit la veine ancienne et la veine récente sépa-
rées par un lit de schistes ; la veine ancienne est
formée de rognons (patates) pris dans une pâte
calcaire plus récente avec salbandes argileuses.
Au point de vue industriel, nous mentionne-
rons, de TEst à TOuest, les principales conces-
sions : Baccu Arrodas, Perd'Arba, Monte Narba,
Giovanni Bonu, Masaloni, Benita, Tacco'nis, etc..
Un tableau ci-joint (fig. 362) résume la produc-
tion et les dépenses de la principale société, celle
des Lanusei, qui possède Monte Narba, Giovanni
Bonu, etc.. Il existe, en outre, une société française, dite de Rio
Fig. 358.
Plan horizontal à
la mine de Baccu
Arrodas .
Fig. 359.
i
StM0tM»
Fig. 360.
H
OUastu, d*importance secondaire, mais
qui, sur le prolongement de la même
zone fracturée, a trouvé, à Sarcilone^ un
remarquable amas de 8 mètres de long,
0 à 6 mètres de large, et 5 à 6 centi-
mètres d'épaisseur, ayant contenu des
minerais d'argent avec calcite allant jus-
qu'à 30 p. 100 d'argent. Ce filon de Sar-
cilone, encaissé dans les schistes et dirigé
Nord-Sud , c'est-à-dire perpendiculaire-
ment à ceux de Monte Narba, était stérile
aux affleurements.
Fig. 361.
Vue d'un front d'avancement
. où la veine argentifère an-
cienne (à gauche) et la veine
argentifère récente (à droite)
sont séparées par un lit de
schistes.
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7*76 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
On voit , par le graphique 362 , que la mine des Lanusei ,
après avoir atteint, en 1883, un maximum de production de
2 400 000 francs, est retombée, en 1889, à 1 500 000 francs.
Fig. 362. — Tableau de la production du Sarrabus de 1870 à 1889.
La teneur en plomb des minerais marchands a varié de 32 p. 100
en 1873, à 45 en 1879, 34 en 1881, 3» en 1884, 33 en 1885,
30 en 1888, 34 en 1889.
Bibliographie.
1877. Mârchesb. — Scoperta min. d'arg. in Sardegna. (Ai. A. Ac, Lincei
(2), 2.)
1877. BoMBicci. — Ifin. d. minière del Sarrabus. [Mem. Ac.^ Bologne, 17 mai
1877.)
1880-1881. Traverso. — Giacim. a miner, d'arg. del Sarrabus. (Ann. Mus.
Civico, Genova, 1880-81, 16, 493.)
1883. d'Achiardi. — I metalli, etc., I, 159.
1890. DB Castro. — Decriptione et carta geologica de la zona argentifera
del Sarrabus.
1890. Travbrso. — Sulla geologia del Sarrabus.
1890. Friedbl. — Journal de voyBge manuscrit à FÉcole des Mines.
1891. L. deLaunay. — Histoire de Tlndustrie minière en Sardaigne {Ann.
d. M.) et notes de voyages inédites.
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GÎTBS d'argent DE GDADALCANAL (bSPAGNE) 777
GÎTES D'ARGENT DE GUADALCANAL,
HIEN DE LA ENCINA, SIERRA ALMAGRERAS etc.
(espagne)
Guadalcanal. — On a exploité, dès le temps des Carthaginois,
à Guadalcanal, près de Séville, d'importantes mines d'argent, qui
furent reprises, avec un grand succès, en 1551, par les comtes de
Fuggers (concessionnaires des mines de mercure d'Almaden), à
l'époque où Ton songea également, pour la première fois, à réex-
ploiter les mines de Rio-Tinto. Leurs travaux furent volontaire-
ment noyés par eux, trente ans après, lorsqu'à l'expiration de
leur contrat, on refusa de le leur renouveler. En 1768, une com-
pagnie française tenta une nouvelle exploitation sous la direction
d'un ingénieur saxon, M. Hoppensack, mais l'abandonna. En
1884, on a songé à entreprendre de nouvelles recherches.
Les minerais d'argent, avec gangue spathique, se sont trouvés
principalement en une colonne au croisement de deux filons H,„
et H,; ils consistaient en argent sulfuré et argent rouge, avec
argent natif, atteignant jusqu'à 20 centimètres. C'est cette colonne
de minerai qui a été exploitée par les Fuggers. Ailleurs, on trou-
vait principalement des pyrites coballifères imprégnées d'un peu
d'argent sulfuré et d'argent rouge ' et les filons, se ramifiant, deve-
naient inexploitables. Cette colonne métallifère était malheu-
reusement coupée, à une assez faible profondeur, par une faille
argileuse, qui arrêta rapidement les travaux en 1775. Au toit du
premier filon, on retrouva, en 1775, un filon barytique de cuivre
gris avec mouches d'argent rouge, dit filon Saint-Victor. Dans
l'ensemble, les minerais arsenicaux et antimonieux dominaient
dans ce gisement.
A 4 kilomètres de Guadalcanal, une autre mine, dite Gazalla^ a été
' Nous rapprochons, par exception, des gîtes de Guadalcanal à gangue calcaire
d*autres gîtes argentifères inexploités d'Espagne à gangue quai*t/.euse ou barytique
(Hien de la Encina, Sierra Almagrera, etc..)
• Pour le rapprochement des minerais de cobalt et d'argent, cf. JoachimstaUl, p. 605,
les Chalanches, p. 779, etc.
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Scorie riche
Scorie penne
2,75 «/o
0,85 0/.
7,86
3,77
1»,85
0,630
778 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
exploitée aussi à la fin du siècle dernier ; on y a trouvé des mine-
rais d'argent arsenicaux avec barytine et de la blende mouchetée
d*argent ronge dans de la barytine. Lorsqu'en 1884, on voulut
reprendre la mine, quelques analyses furent faites au laboratoire
de l'Ecole des mines et donnèrent les résultats suivants :
Minerai trié
Cuivre 3,50 «/o
Plomb 2,00
Argent à la tonne. . . 5 à ô^^jSOO
Ces scories renfermaient, en outre, une proportion très forte
d'arsenic et d'antimoine.
Fnente del Raye. — On peut également citer, en Espagne, quel-
ques filons de quartz avec galène ai^entifère , contenant excep-
tionnellement des minéraux d'argent.
Ainsi, à Fuente del RayOy près de Castuera et à Minaflores, il
existe un certain nombre de filons Est-Ouest, oscillant entre H^ et
Hf, que croisent des filons Nord-Sud peu importants. Ces filons, qui
recoupent les schistes siluriens, ont une puissance d'environ
1 mètre, un pendage Nord de 73^ environ. Le remplissage est
formé de quartz avec galène argentifère. La teneur du minerai
est de 40 p. 100 de plomb et 140 grammes d'argent à la tonne.
Bien de la Encina. — De même, le groupe minier de Hien de la
Encina est situé dans la Sierra de Guadalajara, à 22 kilomètres
au Nord de Jadragun (altitude 1 080 mètres), station de la ligne
Madrid Sarragosse.
Le sol, composé de gneiss et de micaschistes, est recoupé par
3 filons principaux: filon Rico, filon Relampago et croiseur San-
Juan.
Le grand filon contenait de l'argent natif, de la pyrargyrite
(Ag* SbS'), des chlorures et bromures associés à d'autres sulfures,
dans une matrice de quartz, barytine et sidérose.
Le grand filon riche a renfermé, par mètre carré de surface,
jusqu'au neuvième étage, l'^jS d'argent par mètre carré (soit
environ 225 francs) ; à partir de 300 mètres de profondeur, on est
entré dans une zone stérile.
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GÎTES ÂBGENTIFèRES DES CHALANCHES ET DU GRÂND-CLOS \1SÈRe) 779
Sierra Almagrera. — La Sierra Almagrera^ contient des gise-
ments semblables , dont nous allons dire un mot. Les autres
centres de production de Targent en Espagne, Linarès, Gartha-
gène, etc., ont été décrits au chapitre du Piomb^.
Dans la Sierra Almagrera, les filons sont à gangue barytocal-
caire, riches en galène argentifère et traversent des schistes argi-
leux et des micaschistes cristallins. Le premier filon découvert
fut celui de Jaroso en 1838. Il contient, outre de la galène com-
pacte en grains fins et très riche en argent (0,0036-0,005), des
sulfures, arséniures, sulfo-arséniures et chlorures d'ai^ent, des
pyrites et des minerais de cuivre; la seule différence entre ces
affleurements et le fond est que la gangue, qui est d*abord de la
baryte avec de Thydroxyde de fer, tend à devenir exclusivement de
la barytîne.
Dans quelques filons, on a rencontré, en abondance, de Taisent
natif, comme sur le Cabezo de las Herrerias^ où il est associé à des
minerais de fer et où Ton trouve les riches mines de Autrevida et
de Milagro de Guadalupe^ au milieu de roches trachytiques.
Bibliographie.
1796. HoppENSACK. — Sur Texploitation des mines en Espaf?ne. (Weimar.)
Rapport du même sur les mines d*argent de Guadaicanal et Gazalla.
1878. MoNRSAL. — Géol. de la prov. de Almeria.
1881. Gastel. — Descr. géol. de Ja prov. de Guadalajara. (Bol, Corn. Map,
geoL, Espana, 8, 2, 172.)
1883. D'Achiardi, I, p. 164.
GITES D'ARGENT, NICKEL ET COBALT
DES CHALANCHES ET DU GRAND-CLOS (isère)
SAINTE-MARIE-AUX-MINES (alsace-lorraine) , etc...
Chalanches* — Le gisement, autrefois célèbre , aujourd'hui
inexploité, des Chalanches pourra nous servir de type fran-
çais, comparable aux venues argentifères récentes de Freiberg,
< Coll. École des Mines, 1798.
■ Voir page» 526 à 559
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780 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
c'est-à-dire^ comprenant, avec des minerais de cobalt, nickel, etc.,
des minerais d'argent associés à de la calcite. A la surface, ces
filons présentaient des zones argentifères analogues à celles des
filons de TAmérique du Sud*.
La mine des Chalanches, découverte en 1765, futd*abord dirigée
quelque temps par Schreiber, saxon d'origine, plus tard inspec-
teur général des mines et Tun des premiers directeurs de TÉcoIe
des Mines, puis à peu près abandonnée en 1802, lorsque Schreiber
fut appelé à la direction des mines de Pesey * et enfin concédée
par l'état à des particuliers en 1805.
C'est elle qui a donné lieu à la fonderie d'AUemont.
Les minerais complexes comprenaient des minerais de cobalt,
nickel, stibine argentifère, etc., kupfernickel, cobalt oxydé et
arseniaté, chlorure et sulfate d'argent, terres ocreuses argentifères.
Les filons semblent, par une disposition qui se présente fréquem-
ment, se réunir par groupes en profondeur.
Il reste cependant six filons distincts traversant un calcaire pro-
bablement jurassique; ce sont :
Le filon du Directoire, dirigé N.-S. et riche en terres ai^enti-
fères ; puis, le recoupant, quatre autres filons parallèles entre eux,
espacés de 25 à 30 mètres et dirigés de TEst à TOuest : Hercule,
Siméon , Prince héréditaire et le Cobalt ; enfin , croisant tous les
autres , le filon Saint-Louis , à 45^, particulièrement ai^entifère.
Gueymard et Graff ont énuméré, dans l'ordre suivant, les frac-
tures rencontrées aux Chalanches :
1^ Filons de diorite et de diabase, parfois à l'état de filons cou-
ches, les plus anciens de tous ;
2** Filets calcaires, avec ocres argentifères, Nord-Sud ;
3"" Principaux filons métallifères ayant parfois un remplissage
symétrique qui, des épontes à Taxe, est : a, quartz; 6, sidérose;
c, carbonate de manganèse, antimoine et minerais de cobalt;
d, minerais de cobalt, nickel et antimoine ;
4® Des filons sauvages, ayant jusqu'à 5 mètres d'épaisseur
et remplis de fragments de roches cimentés par de l'argile ;
* Rappelons, à ce propos, la présence d^argent corné et de minéraux d'argent à
Huelgoat, p. 505.
• Voir page 520.
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gItES argentifères des GHALANGHES et du GRAND-GLOS (iSÉRe) 781
5"" D'autres fentes stériles plus étroites, recoupant les précédentes
et également remplies de débris.
Y. Groddeck cite, d'après Graff, àChalanches, un enrichissement
au contact de bandes pyriteuses, analogue à celui qui existe à
Kongsberg*.
La rigueur du climat a certainement beaucoup contribué à
faire abandonner ces gisements fameux. Nous en rapprocherons,
en raison de leur situation géographique, les mines de galène
argentifère de Grand-Clos, qui fondaient leurs minerais à la même
usine d'AUemont (fondée en 1772).
Grand-Clos. — Le gîte de plomb argentifère du Grand- Clos
(commune de la Grave) est traversé par la Romanche. Sur les
deux parois de la vallée, on voit, au
jour, la trace de cinq filons de ga-
lène recoupant le gneiss avec une
régularité absolument typique et
dont la figure ci-jointe (363), em-
pruntée à M. Daubrée, montre Tal-
lure. La hauteur, du pied de la fa-
laise à sa cime^ est de 800 mètres.
Ces filons sont composés de quartz
et de galène. A peu de distance de ^
Grand-Clos, au lieu ditle Chazelais, ''\^h:^^\^^^Tt^>t'^T
on voit le calcaire du lias traversé
par des filons de galène, notablement argentifères et nettement
transversaux aux filons précédents.
Les gisements de Grand-Clos ont été Tobjet de diverses
recherches entre 1870 et 1880.
Bibliographie.
1788. ScHREiBER : dans Kôhler*s bergmânnischen Journal, p. 22.
4806. DE Thdry. — Journal des mines, n® 116, p. 80.
1843. Gueymard et Graff d&DS le Bull, de la Soc, des se. natur. de l'Isère,
t. I, p. 27.
1861. Gotta, p. 314 et 339.
I Voir plus haut pages 758 et suiv.
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782 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1879. Groddeck, p. 141.
10 août 1881. — Urbain de la Grange. — Rapport inédit.
1887. Daubrée. — Eaux souterraines, p. 65.
On peut également considérer, comme de véritables gîtes d'argent
dans la région française, les anciennes mines de Sainte-Marie-aux-
Mines, Lacroix-aux-Mines et Giromagny (Alsace-Lorraine).
SainteMarie-aux-Mines et Giromagny. — Les exploitations de
Sainte -Marie -aux -Mines et de Giromagny, aujourd'hui aban-
données, remontent à une époque très ancienne.
Celles de Sainte-Marie étaient déjà en exploitation au x® siècle,
mais eurent surtout une période brillante pendant le xvi^ siècle ;
en 1515, elles occupaient 3 000 ouvriers; en 1635, après l'occu-
pation du pays par les Suédois, elles furent abandonnées et
reprises seulement en 1712. En 1819, il fut question d y établir
une école pratique des mines ; en 1823, on y tenta encore quelques
travaux ; en 1883, il a été, une dernière fois, question de les
reprendre.
Les filons, qui traversent le gneiss, y sont très nombreux et pré-
sentent des remplissages complexes qu'on peut comparer à ceux
de Freiberg. C'est ainsi qu'on en a tiré de la galène plus ou moin»
ai^entifère avec des minerais d'argent proprement dits, argent
natif, aident sulfuré, argent rouge (de 1525 à 1538, plusieurs
blocs d'argent natif de plus d'un quintal ; en 1581, au Leberthal,
un bloc de 592 kilogrammes) ; puis, du cuivre gris, du cobalt (qui,
en 1722, alimentait une fabrique d'azur), du nickel et du bismuth.
On peut citer les mines de Saint-Jacques, Gabegottes, Saint-
Guillaume et Glûckauf dans le Rauenthal ; de Saint-Louis et
de Chrétien. ,
La concession de Giromagny a été exploitée, à diverses reprises,
dans ce siècle ; les filons, très nombreux, étaient formés de galène
plus ou moins argentifère, parfois associée avec de la pyrite de
cuivre et du cuivre gris. On a cité, comme filons principaux,
Pfenningturm, Saint-Louis, Solgat (galène riche), Saint-Daniel
(pyrite de cuivre et cuivre gris). On y a observé la disposition
habituelle du minerai en colonnes riches.
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MINES d'argent DE SCHEMNITZ (hONGRIe) 783
Bibliographie,
Duhamel. — (Journal des mines, u? 39 et 40.)
29 nov. 1860. Richard TayloA. — Rapport inédit.
15 janv. et 1«^ fév. 1878. Jules Despecher. — Noie et Rapport iuédits.
1881. La Grange. — Report on Giromagny.
12 juin 1882. M. Nelson-Boyd. — Rapport inédit,
l^i* janv. 1883. M. Despecher. — Rapport inédit.
r FILONS D'ARGENT A GANGUE QUARTZEUSE
Les filons d'argent à gangue quartzeuse sont extrêmement déve-
loppés dans certaines régions de roches acides et spécialement de
roches tertiaires. En Europe, nous en citerons un type remar-
quable, celui de Schemnitz ; en Amérique, nous étudierons le
Gomstock, les filons du Mexique et du Pérou ; en Australie, ceux
de Broken Hill; nous donnerons également quelques indications
sommaires sur divers gisements moins importants, tels que ceux
de la République Argentine et du Japon, etc..
MINES D'ARGENT DE SCHEMNITZ (hongrie)*
Les mines d'argent de Schemnitz, qu'on peut, sous bien des
rapports, comparer à celles du Gomstock (aux Etats-Unis), sont
situées dans le Nord de la Hongrie ; les gisements s'étendent sur
les dernières ramifications des Garpathes, dans les comitats de
Honth et de Bars, au Sud-Ouest du massif du Tatra. On y exploite
un champ de filons à remplissage complexe, fournissant :
1** Des minerais d'argent proprement dits : argent natif, argyrose,
psaturose, polybasite et argent rouge ;
2^ Des galènes argentifères ;
* Coll. École des Mines, 1588 et 1081.
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MINES d'aRGBNT DE SCHEMNITZ (hONGRIb) 785
3"" Des minerais cuivreux argentifères ;
4^ Des minerais pyriteux ai^entifëres.
La production du district a été, en 1871 :
Or Argent Plomb CaiTre
165 kg. 9 506 kg. 903 tonnes 176 tonnes
En 1890, on a extrait 189 kilogrammes d'or et 7 913 kilo-
grammes d'ai^ent.
L'exploitation, très ancienne, date, s'il faut en croire la tradition,
du commencement de Tëre chrétienne. Dès la fin du xu® siècle,
les mines de Schemnitz étaient déjà citées comme étant dans une
situation florissante.
Constitution géologique de la région. — La région de Schemnitz
comprend, comme roches anciennes, un peu de gneiss et de
granité dans la vallée d'Eisenbach ; puis, des syénites formant
une bande à peu près régulière S,-0.-N.-E., de 7 kilomètres de
long sur 2 kilomètres de large'.
Sur le bord Nord de ce massif syénitiquc, se trouvent des schistes
grisâtres avec intercalations calcaires et des quartzites. Ces schistes,
peut-être dévoniens, ont subi un métamorphisme au contact de la
syénite. Puis viennent, reposant sur ce dévonien au Nord, des
schistes rouges de la base du trias et des calcaires triasiques ou
rhétiens. Enfin, près d^Eisenbach, affleure un lambeau de conglo-
mérat nummulitique.
Postérieurement à ce terrain nummulitique, sont arrivées des
roches tertiaires, dont les grûnsteins ou propylites sont le premier
terme, les trachytes le second, les rhyolithes et basaltes les
derniers.
Le griinstein, qui constitue le chaînon du Paradeisberg, a été
appelé par von Richthofen grtinstein trachyt ; on l'a encore
décrit sous le nom de propylite * en le rapprochant de certaines
roches du Mexique et des Andes. C'est, en réalité, une andésite
amphibolique, qui contient : comme cristaux de première consoli-
* La nature syéDitique de ces roches a été discutée par W. Judd et 6.-V. Rath
* Nous aurons à reparler, page 799, de cette expression de propylite qui semble avoir
été appliquée à toute une série de roches diverses, altérées au contact des gttes métal-
lifères.
GÉOLOGIB. — T. U. 50
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786 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dation, du labrador et de la hornblende ; comme microlithes, de
Toligoclase ou de l'orthose. Souvent il est, en outre, quartzifère. Sa
structure est, tantôt porphyroïde, tantôt compacte, avec tous les
passages de Tune à l'autre variété. Son âge est bien déterminé :
d'une part, par sa présence en filons dans les schistes dévoniens et
le conglomérat nummulitique ; d'autre part , par les dykes de
trachytes qui le recoupent, alors que les tufs trachytiques soat,
eux-mêmes, intercalés au milieu de couches miocènes. D cons-
titue des épanchements énormes.
Les roches trachytiques forment, autour des formations précé-
dentes, une ceinture à peu près continue, une sorte d'ellipse de
40 kilomètres de long sur 20 de large, au centre de laquelle oa
retrouve leurs tufs. On peut y distinguer des andésites amphibo-
liques et pyroxéniques, des trachytes micacés, amphiboliques, etc.
Les tufs se présentent : tantôt comme une formation de cinérites,
tantôt comme un dépôt à caractère sédimentaire.
Les rhyolithesy peu développées dans les environs immédiats de
Schemnitz, se montrent surtout àEisenbach, Hlinik, Kônigsberg et
Kremnitz. Elles forment, au-dessus de la vallée d'Eisenbach, de
grands escarpements à pic. On trouve parfois, en relation avec
elles, des dépôts de quartz d*eau douce contenant des débris de
plantes. Ces rhyolîthes, qui traversent nettement le grûnstein, ont
été parfois métallisées postérieurement.
Des daciteSy accompagnant les filons métallifères, sont localisées
dans la syénite.
Enfin le basalte ne se montre qu'au Calvarienberg et à Giesstrubel.
Quelques sources minérales chaudes sortent à Eisenbach et à
Glasfaulte.
Filons métallifères. — Les filons métallifères du district de
Schemnitz appartiennent à deux groupes distincts :
l"" Les filons les plus importants, encaissés dans les propylites
(Schemnitz, Windschacht, Dillen et Moderstollen) ;
2'' Les filons encaissés dans la syénite et les roches anciennes
(Hodritsch et Eisenbach).
Les premiers ont une direction beaucoup plus constante que les
seconds. Ils sont généralement S.-O. N.-E., tandis que les autres
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MINES d'argent DE SCHEMNITZ (hONGRIe) 787
présentent, en outre de cette direction principale, les deux direc-
tions N.-S. et E.-O.
La nature de laroche encaissante a influé surTalIure filonienne
à d'autres points de vue. C'est ainsi que les filons dans la propy-
lite sont toujours formés d'un très grand nombre de veines
ramifiées, tandis que ceux de la syénito sont composés de veines
moins nombreuses et plus importantes. En outre, dans les filons
de la propylite, le remplissage est presque exclusivement quartzeux ;
la calcite tend, au contraire, à dominer dans la syénite.
Le remplissage, dans les deux cas, obéit aux lois suivantes :
On rencontre, tantôt des minerais d'argent proprement dits
avec gangue de quartz et calcite manganésifère, Tabondance de
la calcite étant en rapport avec la richesse en argent ; tantôt des
galènes avec quartz brun rouge chargé de pyrite, dit sinople, cuivre
pyriteux (non argentifère, mais un peu aurifère), blende pauvre,
etc. Le remplissage plombeux ne se présente que dans les filons
de la propylite et passe, peu à peu, au remplissage argentifère.
Les remplissages plombeux sont, en général, bréchiformes ; à
leur contact, la roche est toujours dure, imprégnée de pyrite et
ne présente pas d'altération; au contraire, au contact des mine-
rais argentifères, les grûnsteins sont fortement altérés, quelque-
fois complètement kaolinisés, en même temps qu'ils sont criblés
de pyrite jaune et cette pyrite n'est pas décomposée : ce qui a
semblé une preuve que la kaolinisalion n'était pas due à une
action secondaire et superficielle récente, mais était liée à la
venue argentifère. L'argent extrait des minerais est toujours un
peu aurifère, particulièrement, d'après M. Wiesner, au voisinage
des trachytes.
Le minerai est spécialement accumulé aux points de rencontre
des diverses veines, particulièrement aux nœuds d'intersection du
filon avec des veines transversales, qui n'ont jamais produit de
rejet et sont toujours restées stériles.
Enfin, si l'on cherche à déterminer Vâffe de ces filons^ on voit
d'abord qu'ils recoupent les grtînsteins, qui, eux-mêmes, traversent
les conglomérats nummulitiques ; on peut même remarquer que
les filons de Dillen se prolongent dans les trachytes et que certains
tufs trachytiques du Griinergang contiennent des empreintes végé-
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788 GÉOLOGIE APPLIQUËB
taies du miocène supérieur. Les filons sont donc, eux-mêmes,
postérieurs au miocène.
Le remplissage de la fente a commencé par une injection pyri-
teuse, qui a imprégné les blocs de grunstein encaissés dans les
parties bréchiformes du filon ; puis les galènes et sulfures d'argent
sont arrivés ensemble. Il est possible que la venue plombeuse ait
duré plus longtemps, puisque des mouvements de dislocation ont
eu le temps d'y produire des brèches pendant le remplissage ; mais
le manque de cette allure bréchiforme dans les filons d'argent peut
également être attribué à l'altération spéciale des roches au contact.
Passons maintenant à la description des deux groupes de
filons : l"" dans la propylite ; 2"" dans la syénite.
V Filons dans les propylites. — On exploite, à Schemnitz et à
Windschach, 7 filons principaux, parallèles à la direction générale
de la bande de grunstein : filons qui sont, de l'Est à l'Ouest, le
Grûner Gang, le Stefan Gang, le Johann Gang, le Spitaler Gang,
le Biber Gang, le Theresia Gang et TOchsenkopfer Gang.
Chacun des filons de Schemnitz se compose, non pas d'une fente
unique, mais d'un réseau de fissures en relation les unes avec les
autres, se bifurquant, se séparant et se réunissant souvent, avec des
intervalles de propylite plus ou moins compacte, toujours impré-
gnée de pyrite de fer. L'ensemble de ces fissures présente souvent
une largeur pouvant atteindre 40 mètres : ce qui a fait attribuer
parfois aux filons de Schemnitz des dimensions colossales. Il n'y a
d'ailleurs pas de salbande ' et il est visible que l'on a afiaire à des
zones déroches brisées ayant ofiert à la circulation des eaux ther-
mo-minérales un passage facile.
Le remplissage, très variable d'un filon à l'autre, contient, en
général, une grande abondance de silice sous des formes diverses :
quartz, jaspe, améthyste, etc., et, en particulier, une variété de
quartz colorée en rouge brun par de Toxyde de fer riche en or et
imprégnée de galène, blende, chalcopyrite et pyrite de fer, à
laquelle on donne le nom local de sinople. Cette variété caractérise,
à Schemnitz, les parties qui ne sont pas exclusivement argentifères.
* Voir V. Groddeck, p. 232.
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MINES d'argent DE SCHEMNITZ (hONGRIE) 789
Au contraire, les minerais d'argent sont accompagnés de calcite
et d*un quartz hyalin dit glos {glas : verre).
Nous énumérerons successivement les principaux filons :
Le Grûner Gang est connu sur une longueur de 1 400 mètres
environ. Encaissé dans la propylite (et non, comme le figure la carte
de M. V. lipold, dans les tufs trachy tiques), il a un remplissage
exclusivement ai^entifère (sulfures ou sulfoantimoniures et sulfoar-
séniures d'argent). La galène et la blende ne s'y présentent qu'en
traces, sauf en un point, à 270 mètres de profondeur, où elles sont
associées à du sinople. La gangue est formée d'un mélange intime
de calcite manganésifère et de quartz avec glos, mélange qui, à
Schemnitz, caractérise toujours les filons argentifères. D'une
façon générale, on a remarqué que, plus le quartz abonde, plus
l'argent est rare ; plus c'est la calcite, plus il est abondant. Cette
association de l'argent et de la calcite est intéressante à noter et
à rapprocher de ce que nous avons dit sur les filons du type pré-
cédent (Kongsberg, Sarrabus, etc.).
Les minerais ne sont pas également répartis dans toute l'éten-
due du filon, mais concentrés suivant une série de colonnes
riches, plongeant dans le plan du filon vers le Nord-Est et, parti-
culièrement, dit-on, au voisinage de certaines fentes transversales
absolument stériles.
L'argent du Grûner Gang est toujours aurifère, et cela, de plus
en plus, à mesure que l'on s'enfonce. Entre le cinquième et le
sixième étage , la teneur était de 3 à 4 millièmes seulement ,
tandis qu'au-dessous du sixième étage elle s'est élevée jusqu'à
11 millièmes.
Le Stefan Gang n'est connu en direction que sur 350 mètres.
Il est formé de veines parallèles occupant, au milieu de la propy-
lite imprégnée de pyrite, une largeur totale de 12 à 15 mètres. La
propylite, qui est intacte au voisinage des parties stériles, est très
altérée, blanche, jaune, etc., auprès des minerais.
Le remplissage comprend : au Sud, de l'argentite (AgS) ; au
Nord, de la stéphanite (Sb^S', 6AgS) avec de la pyrite cuivreuse
aurifère appelée gelf {gelb : jaune).
A l'intersection des trois veines, il a existé, dans ce filon, un amas
très riche de 150 mètres en direction et 250 mètres en profondeur^
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790 GÉOLOGIE APPLIQUÉB
qui a donné des richesses énormes. Ce filon est aujourd'hui
presque abandonné.
Le Johann Gang^ connu sur 4 000 mètres de long, a été exploité
en trois points seulement et est depuis longtemps délaissé.
Le Spitaler Gang, un des plus grands filons connus, a une étendue
certaine en direction de 8 000 mètres, une étendue probable de
12000.11 est formé d'un réseau de veines occupant 40 à 50 mètres
de large. Les veines extrêmes se poursuivent, presque entièrement
distinctes, sur toute Tétendue du filon. En quatre points, elles se
confondent et se réunissent avec les veines intermédiaires ; il en
est résulté là des amas très importants.
Le remplissage est variable en direction comme en profon-
deur. Au niveau qui était exploité en 1871, la partie Sud était
exclusivement argentifère, la partie Nord surtout plombeuse et
aurifère. Le minerai n'est pas localisé dans les veines, mais
imprègne également toute la roche encaissante qu'on abat pour
la passer au scheidage. Au Sud, on trouve les sulfures d'argent
simples ou complexes, disséminés ou contournés en veines dans
un quartz toujours opaque et un peu jauni par de la calcite
magnésienne (Cari Schacht). Ailleurs, le minerai d'argent est à la
surface de bandes de quartz hachées par des lames de manganèse
carbonate rose dans un griinstein kaolinisé (Max Schacht). Au
centre, apparaît le sinople en même temps que la blende, la
galène, etc. Ce sinople est un minerai d'or.
Au Nord, le Spitaler Gang a un remplissage bréchiforme, consti-
tué par des fragments anguleux de propylite quartzifiée et impré-
gnée de pyrite avec un ciment de sinople chargé de galène,
blende el pyrite cuivreuse, que traversent des veines de quartz
cristallisé, en relation avec des fentes plus grosses tapissées de
beaux cristaux de quartz géodiques. On peut constater que le
sinople a précédé le quartz opaque et les minéraux sulfurés et
qu'il y a eu, pendant le remplissage, continuation des phénomènes
mécaniques qui avaient ouvert la fente.
Le Biber Gang, comparable au Spitaler Gang par la largeur entre
ses veines extrêmes, ainsi que par son remplissage (aident au Sud,
plomb au Nord), est moins connu. M. Lipold l'a décrit, ainsi que
le Gruner Gang, comme un filon de rhyolithe métallifère au milieu
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MINES d'argent DE SCHEMNITZ (hONGRIe) 791
de la propylite altérée. En réalité, il n*existe pas là de rhyolithe.
Le Biber Gang a été surtout exploité autrefois à Siglisberg et à
Windschacht.
Le Theresia Gang a présenté cette particularité d'être argentifère
à la surface, plombeux en profondeur. Il est formé, dans sa partie
intermédiaire, d'une brèche provenant de la destruction d'un rem-
plissage antérieur et dont les fragments, eux-mêmes bréchiformes,
sont entourés de sinople et de quartz jaunâtre. Plus bas, la propor-
tion de galène et de quartz a augmenté très fortement, en même
temps que le sinople et le quartz disparaissaient.
VOchsenkopfer Gang, depuis longtemps abandonné, avait un
remplissage très quarlzeux et très dur.
^ Filons encaissés dans la syénite. — Ces filons sont exploités
dans les deux vallées d'Hodritsch etd'Eisenbach. Très différents des
précédents, ils sont, le plus souvent, constitués par une veine
unique, presque toujours puissante, remplie de quartz ou de cal-
cite et contenant exclusivement des minerais d'argent. La syénite,
au voisinage, est généralement criblée de cristaux de pyrite, mais
ne contient jamais d'argent.
Dans le groupe d'flodritscb , on peut distinguer, d'abord, VAllerhei-
ligen Gang, qui est un fllon de contact entre la syénite et un grun-
stein quartzifère. Ce filon est formé de plusieurs veines contenant
un remplissage bréchiforme et lançant des ramifications nombreuses
au toit et au mur. Antérieurement au remplissage, un mouvement
de glissement a poli, en plusieurs points, les épontes comme des mi-
roirs. Les minerais sont la stéphanite, l'argent rouge, la pyrite cui-
vreuse et les branderze. Le gisement, qui a donné lieu autrefois à
une exploitation considérable, était presque abandonné en 1871.
Le Pauli Gang est formé d'un réseau de fentes hachant les
quartzites.
Le Brenner Gang, encaissé dans la syénite parallèlement à deux
filons de propylite voisins, contient un remplissage quartzeux
avec calcite manganésifère et sulfures simples ou complexes formant
des masses considérables et très étendues ; au contact des mine-
rais, conformément à une remarque assez générale, la syénite est
décomposée.
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792 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le Schàpfer Gang est encore activement exploité. Il résulte de
la jonction de trois veines constituant le Johann-Nepomuk Gang,
avec le Johann-Baptista Gang. Encaissé dans la syénite, il a tou-
jours des épontes très nettes et lance, dans la roche au voisinage,
des veines quartzeuses. Au centre, il est rempli de calcite, souvent
comme imprégnée de quartz; au Nord, la calcite a disparu par
dissolution postérieure et Ton n'a plus que du quartz empâtant des
blocs de syénite. Les minerais sont des sulfures d*ai^ent disposés
par colonnes riches et qu'on peut amener, par simple triage, à une
teneur de près de 8 p. 100 d'argent.
Le Colloredo Gang^ encaissé aussi dans la syénite et présentant
des faces de glissement polies sur ses épontes , est suivi par un
filon de grûnstein parallèle. En un point, il s'est réduit à un simple
joint et brusquement bifurqué.
Dans le groupe d'Eiesenbach, on connaît le Hofer Gang,le Johanni
Kluft, l'Eiesenbach Gang, etc.. qui ne donnent lieu à aucune
observation particulière.
Kremnitz. — A Kremnitz^ on exploite également, à la fois,
l'or et l'argent; les filons métallifères, très nombreux et rami-
fiés, traversent un amas de trachyte amphibolique (propylite), de
8000 mètres de long sur 2 à 4000 de large, entouré de trachyte
gris. Ils n'ont pas de salbandes et la propylite, au voisinage, est
imprégnée de pyrite aurifère. On a distingué deux systèmes de
filons distincts : le système du filon principal comprenant les filons
Schràmer, Kirchberg, Schindier et Catherine, avec le réseau de
veines qui les rattachent; le système du filon Georges-Sigismond,
présentant, en outre de ce filon, un filon argileux.
Le premier système affecte l'allure de veines de retrait conver-
gentes en profondeur. Le remplissage est principalement formé
de quartz, jaspe, fragments de roches encaissantes décomposés ou
même transformés en argile et pyrites aurifères ou ai^entifères
très finement disséminées dans la masse. Les minerais sont, outre
la pyrite, la psaturose, l'argent rouge, l'argyrose, le cuivre gris,
le braunspath, la calcite, la barytine.
Le second système est, de même, constitué par deux filons ratta-
chés par de nombreuses cassures et se réunissant en profondeur.
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MINES d'argent DU COMSTOCK (nEVADA) 793
Le remplissage est analogue, mais contient, en outre, de la stibine
aurifère et de Tor natif.
L'affleurement des filons a été particulièrement riche en or par
un phénomène de concentration résultant de la décomposition du
remplissage.
Bibliographie.
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1879. Groddkck, p. 233.
MINES D'ARGENT DU COMSTOCK (nevada)*
Historique et production. — Le grand filon du Comstock, dans
le district de Washoe, état de Nevada, est l'exemple le plus remar-
quable de ces riches filons argentifères et aurifères récents, à
gangue généralement quartzeuse, que Ton retrouve sur presque
toute la longueur de la chatne des Montagnes Rocheuses et des
Andes, aux Etals-Unis, au Mexique, en Bolivie, au Pérou et au
Chili, filons puissants, prolongés souvent sur des longueurs
énormes. Celui-là est si connu et a joué un tel rôle sur le mar-
ché de l'argent dans ces trente dernières années qu'il ne sera
pas sans intérêt de raconter brièvement son histoire *.
C'est en juin 1839 que deux mineurs irlandais. Peter O'Riley
• Coll. École des Mines, 1600 et 1647.
• Cette histoire a fait Tobjet d'une monographie dans les publications du Geological
Survey des États-Unis : Lord, Comstock mining and miners (1883), indépendamment
d*un autre volume de description technique : Becker, Geology of the Comstock Iode.
Antérieurement, elle avait été retracée brièvement dans deux articles de M. Simonin
parus dans la Revue des Deux Mondes : 15 avril 1874, les Mines d'argent du Nevada
15 nov. 1875, les Mines d'or et d'argent aux États-Unis.
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796 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Dans Tannée 1880, il a épuisé 4 700 000 mètres cubes d'eau.
Son prix total a été de 10 millions. On Tutilise aujourd'hui
pour produire de la force motrice et éclairer la mine à Télec-
tricité.
Quant à la chaleur, par un phénomène qui semble en relation
avec les actions volcaniques S elle suit là une loi de progression
anormale, qui la fait augmenter très rapidement : à 450 mètres,
elle atteint déjà 49"* centigrades, GO"" à 670 mètres, etc. ^
Il en résulte que le travail devient complètement impossible en
profondeur, à moins de précautions toutes spéciales. Dans le puits
Ophir de la compagnie Victoria, on a dû, dès 450 mètres, faire
arriver une pluie d'eau froide aux fronts de taille. Dans les
parties les plus basses, à 8 et 900 mètres de profondeur, chaque
mineur reçoit jusqu'à 50 livres de glace, et, malgré cela, ne peut
résister plus de trois heures. En 1878, au niveau de 830 mètres de
la mine de Gould et Curry, un mineur tomba frappé d'une
attaque d'apoplexie à la température de 53""'. En 1881, Teau
des travaux atteignit, en un point, 77^.
Si Ton joint à cela que, depuis 1874, on n'a plus retrouvé de
grande bonanza, on comprendra comment le Comstock a vu sa
production diminuer très fortement, en sorte que celle de l'Etat
entier du Nevada est passée, de 70 millions en 1871 à 35 millions
de francs en 1881 et 24 millions en 1887, alors qu'en cette der-
nière année TÉtat du Montana arrivait à 77 millions.
En 1889, la Nevada a donné 4 696 605 onces d'argent (31 500 000
francs) ; en 1890, 4 450 000 onces (29 900 000 francs)*.
* On avait supposé que cette chaleur pouvait tenir à des réactions chimiques, en
particulier à la kaolinisation des feldspaths. M. Becker, après des expériences déli*
cates, s'est prononcé contre cette idée.
* Les températures ont été en defrrés centigrades :
33" 70" 100" 200- 300" 400" 500" 600» 700"
10« 13<» 17« 22* 26<» 32» 38<» 40»,5 41<»
(Voir Lord, p. 397.)
La progression est assez continue ; d'après Becker, elle serait, verticalement, de
1 degré tous les 10 mètres; horizontalement la température décroîtrait en progression
géométrique avec la distance au filon.
» Lord, p. 395.
* n ne faut pas oublier d'ailleurs, que tous les renseignements statistiques sur ces
mines sont fort sujets à caution ; car, pour préparer les spéculations considérables
auxquelles elles donnent lieu, on a, tour à tour, intérêt à les déprécier ou à en en-
fler la valeur et Ton évite, autant que possible, les vérifications sur place.
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MINES d'argent DU COMSTOCK (nEYADA) 797
En résumé, Ton a pu calculer que, jusqu'en 1881, ce filon
avait produit, avec 16 bonanzas, 7 millions de tonnes de minerais,
représentant une valeur de un milliard 800 millions de francs,
dont 42 p. 100 en or et 58 p. 100 en argent, et que les bénéfices
nets, pendant la même période, montaient à 600 millions*.
Depuis cette époque, Textraction correspond, en outre, à plus
de 500 millions.
Cette production se divisait ainsi, de 1865 à 1881, entre les trois
groupes principaux :
Or Argent Total
Gold hill groups .
(1864 à 1873). . 112 300 000 fr. 115 800 000 fr. 228 100 000 fr.
Central groups . .
(1866 à 1874). . 56 600 000 — 100 300 000 — 156 900 000 —
BonaDza groups. .
(1864 à 1880). . 2S3 400 000 — 322 300 000 — 605 700 000 —
452 300 000 fr. 538 400 000 fr. 990 700 000 fr.
Production jusqu*eii
1886 79 000 000 — 172 000 000 — 251 000 000 —
. Total .... 531 300 000 fr. 710 400 000 fr. 1241 700 000 fr.
Dans le groupe de Goldhill, sont comprises les mines de Crown-
point, Belcher, Yellow-Jacket, Impérial, Empire ; dans Central
Group, Savage, Gould and Curry^ Haie and Norcross, ChoUar
Potosi ; dans Bonanza Group, Consolidated Virginia, California
et Ophir.
Le nombre des mineurs employés a été, de 1860 à 1870, de
1 500 ; de 1870 à 1880, de 3 200.
Trois villes se sont fondées aux abords du filon : Virginia,
Goldhill et Silvercily, dont la population, dès 1876, a dépassé
20 000 âmes '.
Géologie de la région. — La région du Comstock a été Tobjet
de nombreuses descriptions de MM. von Richthofen, King, Zirkel,
Burlhe et Church. En 1882, M. Becker en a repris l'étude' et est
* Lord, p. 353. Voir, dans le môme ouvrage, un tableau détaillé, p. 416. Cf. Becker,
p. 9.
* Becker, p. 4.
' Au mémoire de M. Becker 8ont jointes de curieuses recherches expérimentales de
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GÉOLOGIE APPLIQUÉE
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MINES d'argent DU COMSTOCK (neYADA) 799
arrivé, par des déterminations microscopiques, à préciser la nature
des roches , qui avaient été souvent méconnues à cause de leur
habituelle altération ^ ou confondues, comme à Schemnitz, sous le
nom vague de propylites. Tous les auteurs sont d'accord pour faire
ressortir l'analogie qui existe entre ces formations et celles de
Hongrie.
D'après M. Becker, Tordre de succession des roches du district
de Washoe (voir la figure 365) comprend : granité, schistes méta-
morphiques, diorite granulaire, diorite porphyritique, diorite méta-
morphique (?), microgranulite, diabase ancienne, diabase récente,
andésite amphibolique ancienne, andésite pyroxénique, andésite
amphibolique récente et basalte. La roche, qualifiée jadis de pro-
pylite par Richthofen, et à laquelle on avait voulu attribuer une
existence individuelle, n'est, en réalité, que la forme altérée, soit
de l'une, soit de l'autre des roches précédentes*, qui, en se
décomposant, se chargent toutes de chlorite, puis d'épidote.
M. Becker^ a tracé les limites de la zone décomposée, et est
arrivé à cette conclusion que cette décomposition s'était pro-
duite en même temps que l'arrivée du minerai, postérieurement
à l'andésite amphibolique la plus récente ^.
Si l'on examine une carte géologique de la surface (fig. 365), on
voit, entre un massif de diorite formant le mont Davidson à l'Ouest,
et une coulée d'andésites amphiboliques récentes, à l'Est, courir
suivant une direction générale N.15**E. un grand filon de quartz
légèrement ondulé, qui a 3 kilomètres de long et plusieurs cen-
taines de mètres de large aux affleurements. A son extrémité Nord,
le filon se bifurque en trois ou quatre ; à son extrémité Sud,
en deux *. L'ensemble donne l'impression d'une cassure produite
de M. Cari Barus sur la kaolinisation et sur Taclion électrique des gisements métalli-
fères produisant des courants locaux, très faibles ici (et encore plus à Eurêka où Ton
a expérimenté de même), mais, sans doute, plus notables avec des minerais sulfurés
(p. 403).
* M.Beckera insisté, avec juste raison (p. 33), sur la nécessité qui sMmpose, lorsqu'on
veut appliquer le microscopeà Tétude des gisements métallifères, d'apprendre à recon-
naître les roches sous la forme altérée qu'elles présentent toujours en ce cas-là. Toute la
région du Comstock présente, à un haut degré, ces phénomènes d'altération (p. 369).
* 11 en est de même des prétendus greenstone, grûnstein, etc., de tant de districts
métallifères.
» Page 383.
* Page 267.
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800
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
par une pression centrale sur une matière légèrement élastique \
Le pendage, assez régulier en profondeur, est de 35 à 40"" vers
TEst. Un peu plus à TEst, est un autre filon de quartz presque
paraUèle, mais beaucoup plus mince : TOccidental Iode, encaissé
dans les andésites augitiques. Dans Fintervalle, il existe quelques
veines métallifères, que nous mentionnerons plus loin.
Si, au lieu de se borner à une carte de la surface, on examine
des coupes verticales perpendiculaires au filon, en particulier
OaeMt. ^st.
Fig. 367. — Coupe par le puits G and C, au Gomstock.
(D'après Becker.)
Echelle au
14.400
celles faites dans la région centrale, à Virginia City et, plus au
Sud, à Gold hill, les phénomènes apparaissent un peu différents.
Sur une première coupe (fig. 367), on voit ' que, sous l'andésite
amphibolique d'une épaisseur restreinte, apparaît aussitôt, au toit
du filon, une diabase récente, à laquelle nous dirons qu'on attribue
un rôle important dans la formation métallifère. On y trouve
également, située presque verticalement dans la diabase, la grande
' II n*y a pas lieu de chercher ici, comme en Saxe ou en Bohême, des systèmes de
croiseurs d*âge différent, quoique le mouvement mécanique paraisse avoir duré long-
temps.
s
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MINES d'argent DU COMSTOCK (nEVADA)
801
bonanza, qui a produit, à elle seule, près d'un tiers de l'argent
du Gomstock ; au-dessous d'elle, il existe un mélange confus de
diorite, de diabase et de gangue filonienne.
Une autre coupe, donnée par M. Becker, le long du grand tunnel
Sutro (et que nous ne reproduisons pas) présente : au mur du
filon, la diorite habituelle ; puis, le remplissage bréchiforme, qui
forme la grande masse du filon, avec ses veines de quartz; la
diabase récente ; l'andésite amphibolique récente, renfermant des
veines minéralisées ; l'andésite augitique avec trois grandes veines :
Solferino Iode, Occidental Iode, Coryell Iode ; l'andésite amphi-
Ouesl
Est
f\iiU Neuf
Rxrtikf Tm/ier'oâséts. J^n fia çuarùc, TrcLi?auii>'.
Fig. 368. — Coupe par le puits d'Yellow Jacket au Gomstock.
(D'après M. Becker.)
bolique récente; de nouveau, l'andésite augitique, avec le Great
Flowery Iode et l'andésite amphibolique, où débouche le tunnel.
Enfin, la coupe faite plus au Sud, dans la région de Gold hill,
au puits Yellow Jacket* (fig. 368), montre Texistence, au mur, d'un
dyke de diabase plus récente, appelé black-dike. Elle indique, de
plus, au voisinage de la surface, une veine de quartz d'une dis-
position assez difficilement explicable.
En outre, toutes les coupes mettent en évidence la façon remar-
» Becker, p. 277.
GÉOLOGIE. — T. II.
51
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802 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
quable dont, à 100 ou 200 mètres de la surface, le filon se bifurque.
Tune des veines quartzeuses poursuivant dans la même direction,
l'autre s'élevant plus ou moins verticalement, et l'ensemble englo-
bant ainsi un prisme triangulaire des roches avoisinantes. Sur la
figure 367, on a même affaire à une ramification multiple, qui
cesse à 130 mètres de la surface. Au-dessous, le filon est plus
régulier, mais aussi plus étroit (50 mètres de long au maximum).
Filon métallifère. — Si Ton cherche à se rendre compte de la
production de cette fracture^ sans s'occuper encore de son mode de
remplissage, on peut supposer, avec M. Becker, qu'elle estle résul-
tat d'une faille, produite elle-même par une pression énergique
agissant en son centre ^ M. Becker, en étudiant mathématique-
ment la courbure que devait prendre la surface d'un pays, divisé^
comme le Comstock,en une série de zones parallèles, sous l'action
d'un déplacement relatif de deux d'entre elles, entraînant les autres
par adhérence, a montré qu'elle pouvait être représentée par deux
équations logarithmiques, presque complètement réalisées sur la
section verticale du Sutro tunnel * et permettant, en partant de la
surface observée, de calculer la dénivellation de la faille.
Le mouvement mécanique, qui a eu pour effet de faire glisser
le toit sur le mur, s'est prolongé pendant toute la durée du rem-
plissage (disloqué à diverses reprises) et même après son achève-
ment. Les signes de laminage fréquents, les salbandes argileuses
bien nettes et les bonanzas , avec leur remplissage bréchiforme ,
sont une conséquence de ce phénomène '.
D'après M. Becker, l'histoire du filon se résumerait donc ainsi :
Après l'éruption de la diorite, serait venue la diabase ancienne,
recoupant la diorite suivant un plan à 45"* ; puis le contact au-
rait rejoué pour laisser passer une autre diabase (le black dike).
Après quoi, les andésites amphiboliques et augitiques se seraient
épanchées et les érosions auraient produit, au-dessus de ces quatre
roches, une plaine à peu près uniforme. Mais alors un mouvement
* Page 376.
* M. Becker insiste sur ce fait que, lorsque la surface, au moment où une faille se
produit, n'est pas plane, chacune de ses inflexions a son retentissement dans la forme
de la faille (p. 378),
» Voir pages 157, 272.
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MINES d'argent DU COMSTOCK (nEVADA) 803
prononcé aurait déterminé la saillie du M* Davidson ; la cassure
fîlonienne se serait ouverte avec utie friction considérable et aurait
été accompagnée de nombreuses fissures latérales.
Suivant les circonstances locales, cette cassure est restée plus
ou moins ouverte, très large en certains points, comme à Gold
hill, par suite de la discordance des courbures des deux épontes,
très mince, au contraire, ailleurs et, dans cette faille, sont tombés
des fragments des épontes, qui ont été cimentés, plus tard, par
le remplissage. Les bonanzas doivent, dès lors, logiquement se
trouver : soit aux points où un bâillement a existé entre les deux
parois, soit à ceux où il y a eu dislocation très énergique, prépa-
rant un vaste espace de roche broyée propre à l'imprégnation.
M. Becker a même été plus loin et, de ce fait que la surface
actuelle du sol avait, à peu près, la forme théorique que donnait à
prévoir le calcul des effets de la faille, il a voulu conclure que les
érosions avaient joué un rôle très faible dans l'orographie du pays :
dès lors, que le remplissage du filon était très récent, puisqu'il
datait d'une époque, où Taction des eaux était déjà tout à fait res-
treinte dans le district de Washoe*. Il y aurait, ce nous semble,
des réserves à faire sur cette application, si ingénieuse qu'elle
soit, des déductions mathématiques.
Le remplissage du filon}, qu'il nous reste à examiner, se com pose
uniquement de fragments des roches encaissantes cimentés par
du quartz. Ces fragments, toujours anguleux, prouvent qu'il n'y a
pas eu substitution, comme on Ta parfois prétendu. La calcite,
le gypse, les zéolithes n'existent qu'à l'état d'exception. Le quartz
contient presque toujours de l'or et de l'argent. Il est, soit com-
pact et résistant, soit carié et friable ; dans ce dernier cas, il est
généralement plus riche. Au voisinage de la diorite, l'or, dit-on,
prédomine, l'argent est rare ; au toit, au contraire, du côté de
la diabase, le quartz est surtout argentifère, quoique la propor-
tion d'or contenu ait, à peu près, la même valeur que celle
de l'argent. Les variations dans la teneur sont extrêmes, comme
dans tous les filons d'argent. Indépendamment des ndétaux con-
« Pajçes 185, 379.
a Page 268.
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int^i GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tenos dans le quartz, on rencontre, très irrégulièrement dissé-
minés, de la galène, de la blende, de la pyrite et des minéraox
d'argent.
Pour expliquer la formation des minercds, on a analysé, arec le
plus grand soin, les roches encaissantes et constaté que la diabase
contenait toujours une proportion assez notable de métaux précieux,
particulièrement dans le pyroxène; lorsqu'elle est décomposée,
comme c*est le cas au Toisinage du filon, cette proportion est, pa-
ralt-il, réduite à moitié. Si Ion ajoute que les minerais riches ont,
presque toujours, été trouvés au contact de la diabase, on en con-
clura que les métaux viennent de cette roche. Pour H. Becker, le
phénomène, très postérieur à la solidification de la diabase, pos-
térieur même à la venue des andésites amphiboliques récentes,
serait dû à des sources chaudes chargées d'acide carbonique et
d*acide sulfhydrique, qui seraient montées de la profondeur par
un phénomène solfatarien, le long de la fracture ouverte et au-
raient dissous les éléments métallifères et le quartz des épontes,
ainsi que la silice des brèches englobées, en donnant, comme
résidu, des argiles. Les variations dans la teneur viendraient alors
de la nature des roches attaquées, du temps de lattaque, des
différences dans la pression et dans la température.
Le fait que les andésites amphiboliques récentes, assurément
postérieures à la diabase (d'où semblent provenir les métaux pré-
cieux), sont recoupées par le filon, lui a semblé apporter une
conformation à cette hypothèse.
Ajoutons encore quelques mots sur les bonanzas qui ont rendu
le Comstock célèbre.
Ces bonanzas^ si elles se trouvent à la surface, contiennent
de l'argent natif et des chlorures ; si elles sont en profondeur,
renferment des sulfures et sulfosels (argyrose, stéphanite, poly-
basite, proustite, pyrargyrite, tétraédrite, etc.), sans que Targent
y fasse défaut. Il faut aussi rappeler qu'on y a trouvé la pyro-
morphite, la cérusite, la cuprite, Tarsénolite, la calcite, Tor
natif, etc..
Ces bonanzas, encore que gigantesques, ne forment qu'une très
petite partie du filon : seulement -^^ en tout, d'après Burthe. Quoi
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MINES d'argent du COMSTOCK (nEYADA) 805
qu'il en soit, et bien qu'elles soient distribuées sans loi connue,
elles sont le but des mineurs et la fortune des sociétés qui exploi-
tent les profondeurs de ce filon. Elles se sont rencontrées, de
préférence, dans trois portions du Comstock : l'une au Sud [Yellow
Jacquet^ Gold-Hilt) ; une au centre, comprenant les mines de
Chollar-Poiosi, Norcross, Savage, Gould and Catry; une, plus au
Nord, sur Mexican et Ophir (voir fig. 366).
La puissance et la richesse de ces bonanzas varient beaucoup.
La bonanza àii^Belcher, découverte en 1861 , avait une longueur de
91 mètres, une profondeur de 100 mètres et donna 7 982 500 francs
d'argent; la bonanza Crown-Pointy composée de trois amas dis-
tincts, avait une largeur moyenne de 18°,25 sur une longueur
de 162 mètres; le minerai y rendait 160 à 700 francs à la tonne
et produisit, de 1870 à 1873, pour 53 655 784 francs d'argent;
les bonanzas, dites Bluewing, Potosi^ Savage, Gould, Curry, etc.,
et, entre toutes, celles du 3^ groupe fournissent l'exemple d'une
richesse extraordinaire. La bonanza de Potosi a produit 75 mil-
lions de francs ; l'extraction montait à 650 tonnes par jour et la
tonne de minerai valait de 430 à 620 francs; en profondeur,
elle se termina par une roche quartzeuse mêlée d'argile. A la fin
de 1874, on en trouva une, la grande bonanza, qui comprend les
trois mines de Virginia, California, et à'Ophir, bonanza de
360 mètres de longueur» Dans la mine à' Ophir, le minerai y était
estimé à 600 francs la tonne : ce qui n'empêche pas qu'on ait
trouvé des nids d une valeur de plus de 4 000 francs la tonne. On
a calculé que, depuis la découverte, on avait retiré de cette
bonanza une valeur de 215 000 000 de francs.
Néanmoins, le rendement de 600 francs à la tonne était excep-
tionnel, même dans ces bonanzas ; le minerai y avait, comme
teneur moyenne, d'après les analyses de Stretch :
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806
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
NOMS DBS MI
NES
JACQUET
OPHIR
CALIFORNIA
YELLOW
SiO»
63,380
65,783 à 67,50
98,310
96,560
S
7,919
11,350 à 8,750
0,693
0,160
Sb
0,087
» »
»
»
Cu
1,596
1,310 à 1,300
»
»
Fe
0,463
2,280 à 2,250
0,575
2,800
Zn
14,455
11,307 à 12,850
»
»
Pb
4,151
6,141 à 5,700
»
»
Au
0,059
0,570 à 0,059
0,005
0,001
Ag
1,786
1,760 à 1,750
0,150
0,050
98,896
100,505 à 100,159
99,733
99,571
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1880. SuTRO. — The Sutro Tunnel of the Comstock Lode.
1879. Groddeck, p. 226 et 230.
1889. Davies, p. 95.
1883. D'ACHIARDI, I, 193.
1880. Alexandre dbl Mar. — Histoire des métaux précieux.
• 1882. Becker. — Geology of the Comstock lode and the Washoe district.
• 1883. Lord.— Comstock; Mining and miners.
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FILONS ARGENTIFÈRES d'aUSTIN (nEVADA) 807
FILONS D'AUSTIN (nevada), etc..
Indépendamment du Comstock, il existe, dans le Nevada, d'an-
tres filons d'argent .importants, tels que les filons d'Amtin^ situés
à 158 kilomètres de Battle Mountain et à 341 de San-Francisco,
sur le mont Toyabe.
Cette montagne est formée de granité, que recouvrent des
schistes, des calcaires et des quartzites recoupés par des rhyo-
lithes. Les filons consistent en d'innombrables veines de quartz
(on en a compté plus de 5 000) au milieu du granité, de très petite
puissance et souvent réduites à deux salbandes argileuses. Les
parties les plus riches ont seulement 0°",25 à 0"*,40.
Les principales espèces minérales contenues sont la pyrargyrite,
la proustite, Targyrose, la polybasite, la stéphanite, la tétraédrite
et enfin, à la profondeur de 20 à 25 mètres, les chlorures et bro-
mures d'argent en abondance*.
Tous ces minerais sont dans une gangue de quartz avec sili-
cate rose de manganèse '. On les trouve, soit au toit, soit au mur
de la veine, parfois même dans les salbandes.
La richesse de ces filons (appelés North Slar, Oregon^ etc.) est
assez variable. M. Burthe cite :
Morris et Copie 0,071 721 Ag.
Dollar Hide 0,024388
Oregon .;.... 0,015 775
Plymouth ........ 0,022376
Mais ces chifTres paraissent être exceptionnels et la teneur
moyenne est plutôt de 0,004 à 0,005.
La production annuelle était, vers 1875, de 9600 tonnes, d'a-
près Burthe, dont 8 700 provenant des mines de la compagnie
Manhattan.
Nous citerons encore, comme gisements d'argent remarquables
* Nous empruntons cette description à d'Âchiardi, 1, 195.
* On peut comparer cette association' de Targent et du manganèse à ce que nous
ayons dit, page 266.
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808 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
aux Etats-Unis, ceux du district de Silversandstone^ dans le comté
de Washington, à 500 kilomètres au Sud de la cité du Lac Salé^
compris dans une roche arénacée triasique ou permienne et en
relation avec des roches trachytiques.
Le minerai est composé de sulfure et d'ai^nt natif. Dans ces
couches argentifères, qui ont de 9°',15 à27",45, abondent, paraît-il,
des restes végétaux, en partie transformés en minerai d'argent.
MINES D'ARGENT DE LA RÉGION DE BUTTE-GITY*
(montana)
Lorsque nous avons étudié, au chapitre du Cuivre^ y les filons de
TAnaconda dans TEtat de Montana, nous avons indiqué les traits
caractéristiques de la géologie du pays et mentionné l'existence
de mines d'argent à côté des mines de cuivre. Nous rappellerons
que l'argent provient là de trois groupes de mines : 1** au Nord,
une zone Est-Ouest de filons à sulfures d'argent et galène, avec
gangue quartzeuse et silicate de manganèse : Belcher, Risingstar,
Moulton, Alice, Lexington, Magna Carta, Granité Mountain, etc. :
2^ au Sud-Ouest, les filons à gangue manganésifère de Bluebird ;
3"^ à l'Est, les filons cuprifères, contenant toujours un peu d'argent
accessoire, de l'Anaconda, etc..
L'argent est obtenu, soit par amalgamation dans les silver mills,
soit par traitement de minerais cuprifères dans les smelters ; nous
avons dit que les premiers pouvaient, en 1890, passer 6 750 tonnes
par jour, les seconds 3 500. Nous ajouterons quelques détails sur
les principales mines d'argent.
• La première, qui ait été ouverte, est la mine Alice (en 1876).
Pendant longtemps, cette mine fameuse a été le type des mines
de Montana ; elle en est encore aujourd'hui, après Lexington, la
plus profonde (400 mètres).
A côté de la mine Alice, la mine Magna Carta possède une
douzaine de veines métallifères, dont la principale a présenté trois
remarquables bonanzas.
« Coll. École des Mines, 2003.
« rago 263.
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MINES d'argent DE BUTTE-CITY (mONTANA) 809
La mine de Blue bird est, après Granité Mountain, celle qui pro-
duit le plus d'argent en Montana. C'est aussi celle qui a la plus
importante usine de chloruration. Le filon est reconnu jusqu'à
160 mètres de profondeur ; il est large et produit environ 100 tonnes
par jour. Achetée en 1886, 500.000 francs, cette mine était éva-
luée, en 1890, plus de 10 millions.
Moulton est le prolongement Ouest de la mine Alice. Cette mine,
exploitée depuis 1881, est aujourd'hui à 200 mètres de profon-
deur.
La Boston and Montana G^ possède un certain nombre de mines,
en particulier Mountain Wiew, avec deux filons parallèles, de
13 à 15 mètres de puissance, dont l'un est supposé être le pro-
longement de celui de FAnaconda. Ce sont des filons de cuivre
argentifère.
Enfin la mine Lexington, qui est une mine d'argent proprement
dite, présente, pour nous, cet intérêt spécial d'être exploitée au
moyen de capitaux français * ; elle est, en outre, la plus profonde
du district.
Elle se compose de 5 concessions : Lexington, Atlantic, Wild
Pat, Allie Brown et Mill Site.
Les filons reconnus sont au nombre de deux : celui, dit de
Lexington, dirigé S.-O. et présentant des ramifications secondaires,
qui a été exploité tout d'abord ; et la veine Atlantique dirigée
0. 20^N.
En 1891, à l'extrémité Est des travaux, sur la veine Atlantique,
la veine avait 2™,30 de large; à droite venait une salbande; puis^
on avait 2 veines de blende et sulfures divers de 30 centimètres ;
1 mètre de quartz et rhodonite; une bande de blende et, de nou-
veau, du quartz.
A un autre front de taille, à 200 mètres de profondeur, la struc-
ture filonienne était bien nette : au centre, une veine de quartz
géodique ; des deux côtés, de la rhodonite avec bandes de blende ;
du minerai d'argent et, vers le toit, un passage progressif à la roche.
Les usines de Lexington ont traité, en 1890, 15 571 tonnes de
minerai provenant de la mine et 11 744 tonnes de minerai étranger
' Elle appartient à la môme compagnie que la mine Old Telegraph de TUtab.
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810
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
et produit 553000 onces d'ai^ent fin et 3192 onces d'or pour
une valeur de 3 296 000 francs. Après avoir été très prospère de
1882 à 1884, la société a traversé ensuite une phase plus difficile.
Le tableau suivant donne la production des usines du Montana
(mills et smelters) en 1889, en comptant le cuivre à 1 260 francs
la tonne et largent à 4 fr. 75 l'once (153 francs le kilogramme).
Boston and Montana Company :
Argent. 263 107 onces à 4.75 . . . .
1 249 758 francs
Cuivre . 11 800 tonnes à l 260. . . .
. 14 868000 —
Or. . . 666 onces à 103 francs . . .
68 598 —
16186 356 francs
Anaoonda Company :
Cuivre . 31 700 tonnes à 1 260 ... .
39 942000 francs
Argent. 2 000 000 onces à 4,75 . . .
9 500 000 —
49 442 000 francs
Parrot Compagny :
Argent. 800000 onces à 4,75. . . .
3 800 000 francs
Cuivre . 5 500 tonnes à 1 260 ... .
6 930 000 —
10 730 000 francs
Colorado Company :
Argent. 840 000 onces à 4,75. . . .
3 990 000 francs
Cuivre . 1 000 tonnes à 1 260. . . .
1 260 000 —
Or. . . 1 800 onces à 103 francs . .
185 400 —
5 435 400 francs
Butte Réduction Works :
. Argent. 4 000 000 onces à 4,75. . .
19 000000 francs
Cuivre. 3Î00 tonnes à 1 260. . . .
4 032 000 —
23 032 000 francs
En ajoutant les autres compagnies, on arrive à 114 millions
de francs.
Voici, d'ailleurs, d'après une statistique américaine, les divi-
dendes payés, depuis dix ans, par les mines d'argent, d'or et de
cuivre de la région :
Granité Mountain. . . Oeer Lodge . . .
Drun-Lammon .... Lewis and Glarke.
Hecla Con Beaverhead . . .
Boston and Montana . Silver bow. . . .
39 500 000 francs.
12 500000 —
7000000 —
4700 000 —
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MINES D ARGENT DU MEXIQUE 811
Alice Silver bow. ... 4100000 francs
Lexington Silver bow. ... 2900000 —
Boston aad Montana
(gold) Lewis and aarke. 2 700 000 —
Parrot Silver bow. ... 2500000 —
MINES D'ARGENT DU MEXIQUE*
Nous réunirons, dans ce chapitre, tous les gites d'argent, du
Mexique (sous bien des rapports, comparables), bien que, dans
quelques-uns, on puisse voir, à l'occasion, se développer la cal-
cite au lieu du quartz, en même temps qu'apparaît le cuivre gris
argentifère (Sonora, etc.).
La richesse en métaux précieux de la grande arête monta-
gneuse, qui s'étend d'un bout à l'autre de l'Amérique, depuis la
presqu'île d'Alaska, jusqu'à la Terre-de-Feu, est bien connue.
Le Mexique, en particulier, au Nord de l'Equateur, et le Pérou,
qui lui fait, en quelque sorte, pendant dans l'hémisphère austral,
ont été, pendant longtemps, après la découverte de l'Amérique,
les deux grands centres de production de l'argent dans le monde.
Cette production, qui est extrêmement réduite au Pérou, s'était,
de même, considérablement ralentie au Mexique, à la suite de la
révolution qui a séparé ce pays de l'Espagne et qui a été le point
de départ d'une ère de luttes peu favorable au développement régu-
lier et à la prospérité de l'industrie minière ; mais, depuis quel-
ques années, les richesses du pays ont pu, de nouveau, être mises
en valeur. En moins de dix ans, la quantité d'argent extraite a
plus que doublé, passant de 605 469 kilogrammes en 1881' à
1 325 828 en 1889 ou 1 275 265 en 1891, et le Mexique a repris le
second rang parmi les pays producteurs d'argent, juste après les
Etats-Unis dont il s'est rapproché rapidement.
Rappelons rapidement l'histoire de ces mines.
Lorsque les Espagnols conquirent le Mexique en 1520, les pre-
miers gisements d'argent qu'ils exploitèrent furent ceux des dis-
' Coll. Ecole des MineSy n«* 1641 et 2000.
* 90 millions de francs en 1871.
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812
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tricts voisins de la capitale : Tasco, Real-del-Monte et ÂDgaDguo.
Puis, peu à peu, on découvrit les autres filons compris dans les
cinq grands districts de Pachuca^ Gtmnajato^ Zacatecas^ FresniUo,
Catorce^ et la production alla constamment en s'accroissant jus-
qu'en 1753. Vers cette époque, il y eut un temps d'arrêt résul-
tant du haut prix demandé pour le mercure (nécessaire à l'amal-
} Fr«smDo
6 HZbr
Xinui^ des rtffùms «bnb l'al^
Fig. 369. — Carte de la région des mines d'argent au Mexique (d'après M. Laur).
gamation) par la couronne d'Espagne, qui en avait le monopole à
Almaden. De 1763 à 1776, le prix du mercure étant descendu de
435 à 348 francs, puis à 222 francs le quintal (de 46 kilogrammes),
l'extraction des métaux précieux grandit bientôt au Mexique. En
1809, elle atteignait 127 millions de francs pour l'argent, 8 mil-
lions pour l'or.
La guerre de l'Indépendance, qui survint alors, eut pour résultat
de faire retomber la production d'argent, pour vingt ans, au-des-
sous de 53 millions de francs, et ce n'est guère qu'en 1831 qu'elle
commença à se relever un peu.
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MINES D ARGENT DU MEXIQUE 813
A ce moment, des compagnies étrangères firent de grands sacri-
fices pour reprendre les anciennes mines, restées célèbres, de Real-
del-Monte, Guanajato (Veta Madré), Bolafios, etc.. Mais, lorsqu'on
put rentrer dans les travaux, on constata que, par une loi géo-
logique générale en ce pays, les filons d'argent s'appauvrissaient
assez vite en profondeur et que les anciens avaient enlevé, dans
les parties hautes, tous les minerais les plus riches. Si Ton joint
à cela que, malgré la découverte de mines de mercure en Cali-
fornie, le mercure (qui manque au -Mexique) revenait encore, en *
1871, sur les mines, à 12 fr. 40 le kilogramme; que le sel, éga-
lement nécessaire pour l'amalgamation, était aussi fort coûteux, on
comprend comment un grand nombre de ces entreprises durent
s'interrompre et comment le découragement faillit s'emparer des
industriels. Cependant des conditions économiques plus favorables,
la découverte de nouveaux gisements et le traitement plus rationnel
de minerais, relativement pauvres mais abondants, ont permis à l'in-
dustrie argentifère mexicaine de se développer progressivement*.
Aujourd'hui encore, la production d'argent est surtout concen-
trée dans les cinq grands districts mentionnés plus haut ; nous les
décrirons ', en complétant cette étude par quelques détails sur
les gîtes, industriellement moins importants, de Malacate (Sulte-
pec), de San Francisco (Morelos) et de Carmen (Sonora), qui ont
été visités par M. Fuchs en 1888.
Généralités sur Tallure et l'âge des filons. — Les filons d'argent
du Mexique sont tous d'un âge récent, au moins postérieurs au
dépôt du jurassique supérieur, représenté, à Catorce, par des
calcaires avec Aptychus latus, Am. transitorius, Am. plicatilis,elc.;
généralement, ils sont, d'après M. Laur, en relation avec des dio-
rites qu'ils recoupent et antérieurs aux trachytes qui les traversent
(Pachuca, Guanajato, etc.); inversement, à San Francisco de Mo-
relos et dans la Sonora, on les trouve concentrés dans des roches
trachytiques.
• La production d'argent au Mexique, jusqu'en 1893, a dépassé 20 milliards.
• Voir, sur ce sujet, un important mémoire de M. Laur. {Ann. d, .1/., 6e série,
t. XX, 1871.)
Nous avons utilisé surtout, outre le mémoire de M. Laur, l'ouvrage de M. Ramirez,
Kiqueza minera de Mexico.
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814 GÉOLOGIE APPLIQUEE
La relation avec les diorites apparaît, par exemple, au voisinage
de Real et de Pachuca. Près des gîtes d'argent, des dykes de dio-
rite vert foncé, tenant parfois du quartz argentifère, recoupent
des assises sédimentaires\ formées de schistes, avec intercalations
d'argilophyres et sont traversés, à leur tour, par des trachytes,
devant lesquels s'arrêtent les filons d'argent.
A GuanajatOy il existe, de même, des dykes de diorite au milieu
d'un terrain sédimentaire métamorphique encaissant les filons
d'argent et des trachytes traversant Tensemble. Le filon célèbre
de la Veta Madré recoupe , depuis le jour : 20 mètres d'un
conglomérat rouge à fragments roulés de syénite, mais sans
galets de trachyte; puis, 400 mètres de schistes talqueux et, au-
dessous, un schiste alumineux noir et très pyriteux, dans lequel il
devient stérile. La diorite (Rocaverde), considérée par les mineurs
comme d'un bon signe pour la richesse des filons, injecte les
schistes talqueux. Les trachytes constituent, au centre du district^
la masse du Cerro del Gigante :
A Zacatecas et Fresnillo (fig. 371 à 373), les filons d'argent
recoupent une série d'assises, qui sont de haut en bas :
1** Un conglomérat rouge à ciment argileux contenant, comme
à Guanajato, des fragments roulés de syénites sans débris de tra-
chytes ;
2^ Une roche feldspathique à lamelles d'amphibole, considérée
au Mexique comme un porphyre éruptif, et qui est, en réalité, un
tuf sédimentaire, composé principalement de débris porphyriques,
mais contenant, en outre, des fragments roulés d'autres roches ;
3** Un schiste et des calcaires alternant avec des quartzites.
Les filons, très minces dans le conglomérat supérieur, s'élar-
gissent, au contraire, jusqu'à 30 mètres, dans le tuf; au-dessous,
dans les schistes, ils sont devenus stériles. Les dykes de diorite
sont très abondants au N.-E. et contiennent des veines de quartz
argentifère, qui paraissent contemporaines de la cristallisation
même; car elles se fondent insensiblement avec la roche éruptive.
Quant au trachyte, il forme, au Sud, le plateau de la Mesa et, au
* Ces assises sédimenlaires, el particulièrement les argilophyres qui encaissent les
filons d'argent, ont été souvent prises pour des porphyres. C'est ainsi, par exemple,
qu'ils ont été décrits, d'après Richter et Hiibner, par von Groddeck.
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MINES D*ARGENT DU MEXIQUE 815
centre, le dôme de la Bufa, que contourne le filon de la Gantera
dont la crête, puissante de 12 à 15 mètres, est en saillie de près
de 30 mètres au milieu des lufs. L'inflexion brusque de ce filon,
le long du trachyte, porte à penser qu'il était déjà formé et
rempli au moment du phénomène mécanique qui a permis l'ar-
rivée au jour de cette roche éruptive.
Enfin, à Catorce (fig. 370), on a, paraît-il, des filons de diorite et
de porphyre amphibolique, appelés Tosca dans le pays, traversant
un anticlinal isolé de calcaires, marnes et schistes. Ces filons, qui
ont de 10 à 40 mètres de large et se prolongent sur 3 à4 000 mètres,
sont recoupés par les filons d'argent, dont le principal est le
filon San Agustin.
M. Laur a remarqué que les intersections des filons de por-
phyre et des filons argentifères s'étaient faites souvent à angle
droit sans rejet ni déviation, donc sans dislocation violente, et
que le porphyre ne pénétrait jamais dans les filons d'argent,
tandis que le minerai d'argent s'étendait souvent à travers les
filons de porphyre. Il en a conclu qu'il y avait eu là deux sys-
tèmes de fractures successifs, le premier ayant été rempli par le
porphyre, le second (probablement dû à un retrait par refroidisse-
ment), ayant fait rejouer les premières cassures et les cassures
normales et ayant été incrusté par les eaux argentifères. Cette
hypothèse explique l'existence fréquente défilons d'argent longeant
des filons de porphyre, entre le porphyre et le calcaire encais-
sant et, par suite, dus, sans doute, à une réouverture de ce genre ;
d'autant plus que la face de porphyre, mise à nu par les travaux,
est alors inégale, sans trace de frottement, et conserve souvent
des fragments anguleux du calcaire voisin qui lui sont restés
encore adhérents. Il pourrait y avoir, en outre, une certaine
relation d'origine entre les minerais d'argent (toujours passant
à des sulfures et sulfoantimoniures en profondeur) et les diorites :
relation analogue à celle qui, dans la série ancienne, existe, en
Norvège, entre les gabbros et les métaux sulfurés ou, dans la série
récente, entre les roches vertes du Chili et les minerais de cuivre.
Dans le district de San FranciscOy au contraire, les fiions d'ar-
gent, exclusivement concentrés dans un trachyte porphyroïde, se
présentent comme remplissant ses fentes de retrait.
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816 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Remplissage des filons. — Le remplissage de ces filons d'argent
obéit à une loi très constante, que nous retrouverons dans TAri-
zona et dans l'Amérique du Sud, et qui fait se succéder, de haut
en bas, dans un ordre toujours le même, les diverses espèces
minérales de l'argent. Ceci n'exclut pas, bien entendu, rexistence
de zones alternantes riches et pauvres, comme dans tous les filons,
ies premières portant le nom de bonanzas ; néanmoins il existe,
presque dans chaque gîte du Mexique, une période de bonanza
principale correspondant à une profondeur assez bien déterminée.
La succession constatée est la suivante :
Près de la surface, on trouve d'abord de V argent natif dans des
oxydes de fer ou de manganèse, au milieu d'une gangue de quartz
carié.
Au-dessous, viennent des bromures et ch/orures d'argent, avec
argent natif et mômes oxydes de fer et de manganèse. La richesse,
dans ces deux premières zones, est, le plus souvent, assez médiocre.
En descendant, ces espèces cessent; Vargent sulfuré^ qui avait
déjà apparu, prédomine avec le sulfure antimonié noir et forme
la zone de la plus grande richesse (nommée Bonanza).
Enfin, à une profondeur plus grande, ces minéraux deviennent
plus rares, et sont remplacés par de Vargent antimonié suif wé noir y
puis par les argents rouges. Peu à peu, les espèces cuivreuses, la
blende, etc., apparaissent, et le remplissage, en profondeur, devient
définitivement, vers 450 et 500 mètres, un mélange de blende, de
pyrite de fer et de quartz.
Ainsi les variations de rempUssage des filons en profondeur
se résument à trois faits généraux :
l*" Prédominance de l'argent natif à la surface, richesse médiocre ;
2^ Concentration, au-dessous, du sulfure : zone de la plus grande
richesse (bonanza) ;
3** Appauvrissement graduel des gîtes suivant la profondeur.
Ces trois zones se trouvent parfois réunies comme à San
Agustin de Catorce ; parfois, la première fait défaut ; mais l'ordre
n'en est jamais interverti et Ton est toujours sûr d'arriver à la
zone d'appauvrissement en profondeur.
Quand on cherche à expliquer le phénomène, on est tout natu-
rellement tenté d'y voir le résultat d'une sorte de cémentation
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MINES D ARGENT DU MEXIQUE S17
provenant des actions extérieures, probablement d'eaux salées,
qui auraient apporté le chlore, le brome, etc., quoiqu'il puisse
paraître assez singulier de trouver, en profondeur, Tarsenic et l'an-
timoine, dont les oxydes n'apparaissent jamais aux affleurements
et, inversement, de voir, avec le chlore, le brome et l'iode, le
manganèse^ disparaître absolument en profondeur. Mais, si Ton
supposait, comme on l'a proposé parfois, des variations originelles
et contemporaines du remplissage, tenant à des différences de
température et de pression, on se heurterait à une objection
encore bien plus grave, celle du changement considérable qui
s'est produit, depuis lors , dans le niveau du sol. En outre, quelques
observations sur des faits actuels permettent de concevoir le
mode d'action de ce métamorphisme.
C'est ainsi qu'à l'extrémité S.-O. de l'îlot syénitique nommé le
Petit-Requin {Litile Shack) dans les îles normandes de la Manche,
M. Henwood^ a étudié un filon d'argent, exploité sous la mer et sou-
mis aux infiltrations salées, qui pénètrent dans les travaux de la
mine. II y a retrouvé une succession comparable à celle des filons
mexicains : en haut, chlorure d'argent, minerai d'argent noir,
cérusite et anglésite, malachite, azurite, oxyde de fer; plus bas,
de l'argent rouge ; puis, de la galène, des pyrites de fer et de
cuivre.
L'existence de chlorures d'argent aux affleurements de filons, sul-
furés et antimoniés en profondeur, est, d'ailleurs, un fait très fré-
quent, reconnu au Chili, au Pérou, à Leadville, à Huelgoat, etc.
Au Mexique, on est particulièrement bien placé pour s'expliquer
l'origine du chlore ; car, dans toute la partie centrale du pays
(San-Luis, Zacatecas, Durango, etc.), il existe des lagunes salées,
exploitées pour fournir le sel nécessaire au traitement de l'argent
et dont le sel paraît provenir simplement du lavage des terrains
volcaniques avoisinants ; de même, à Leadville, on a la preuve
que le grand lac salé des Mormons a occupé autrefois un niveau
bien supérieur à celui qu'il atteint aujourd'hui et couvert les
affleurements métallifères. Dans toutes les régions sèches des
* Voir, sur les gttes d'argent manganésifères, pages 266 et 807.
* Henwood. On metalliferous deposits, t. I, p. 530.
GBOLOGIB. — T. II. 52
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818 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Andes, sur les hauts plateaux, dans les parties désertiques, les
eaux soumises à une évaporation et à une concentration sur place
se chargent vite d'éléments salins ^ Leur pénétration au contact des
filons a dû soumettre naturellement ceux-ci à un lessivage chlo-
rurant qui, venant après une période d'oxydation, a produit des
effets très analogues à ceux de certains traitements métallurgiques
ayant pour but d'extraire les métaux précieux.
En dehors de cette succession, si Ton essaye de grouper les
filons d'après la nature de leur remplissage, on n'arrive à aucune
classification nette. La distinction, qui a été proposée par von Grbd-
deck, entre les filons du type Schemnitz à gangue quartzeuse
encaissés dans des roches éruptives et ceux du type Brand (près
Freiberg) à gangue de calcite encaissés dans des sédiments, est
toute artificielle. Outre que le même filon passe d'une roche érup-
tive à un sédiment, on voit également parfois, suivant les points,
le quartz ou la calcite dominer dans son remplissage, en même
temps que la nature des minerais aussi se modifie. Le seul fait géné-
ral à noter, dès à présent, c'est la prédominance du quartz cristal-
lin, souvent violet, parfois accompagné de calcite (à l'exclusion de
la barytine) avec les minerais d'argent.
Donnons maintenant quelques détails sur les principaux gîtes,
en les passant en revue du Nord au Sud :
l"" Mines du Carmen dans la Sonora mexicaine*. — La première
province que nous rencontrons, au Nord, est la Sonora, prolonge-
ment du territoire d'Arizona aux Etats-Unis.
Depuis la révolution mexicaine, la situation y était particulière-
ment difficile, les Apaches ayant, pendant vingt ans, organisé
une véritable chasse à l'homme, et ce n'est guère qu'en 1887,
que, par une action combinée des Etats-Unis et du Mexique, on
est arrivé à rétablir l'ordre. Aussi, les richesses de cette contrée
commencent-elles, à peine, à être mises en valeur '.
Les mines du Carmen sont situées au milieu des ramifications
* Voir tome I, p. 522.
* Extrait d'un rapport inédit de M. Fuchs (1888).
' Cependant la ville d'Hermosillo (Pitic) est connue, comme centre minier, depuis
le commencement du siècle.
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MINES D ARGENT DU MEXIQUE 819
de la Sierra Madré, dans la Sierra de Arispe, à une faible distance
et sur la rive gauche du Rio de Sonora, qui traverse TÉtat de ce
nom.
Les éléments géologiques de la région semblent être : 1** un gra-
nité ancien à deux feldspath et à mica noir, recoupé par des filons
de granité récent et de syénite (?) ;
2^^ Des gneiss et schistes cristallins ;
3^ Une série puissante de porphyres feldspathiques, générale-
ment roses, quelquefois verdâtres, avec tufs et conglomérats asso-
ciés (de Tombstone à Bacuacchi) ;
4** Des porphyres trachytiques, généralement verts, surtout
visibles dans le voisinage du Carmen et paraissant en relation avec
les gîtes d'argent;
5^ Un groupe complexe de calcaires blancs ou grisâtres, alter-
nant avec des tufs feldspathiques aux couleurs vives, comparables
à ceux du Boléo ^ et sans doute du même ftge (miocène) ;
6® Des formations laviques ;
T Des alluvions d'une épaisseur exceptionnelle, qui formeni,
sur les deux flancs de la vallée de la Sonora, de hautes terrasses
de gros graviers et de sables recouvertes d'un limon très souvent
découpé en erdpyramiden, au-dessus duquel on retrouve parfois
un conglomérat à gros blocs. En sorte qu'il semble y avoir eu là,
dans les phénomènes diluviens, deux phases distinctes, séparées
par un repos relatif et dont la dernière se rattacherait peut-être,
comme âge, au début des grandes éruptions volcaniques du Popoca-
tepelt et du Nevado de Tolucca.
D'après M. Fuchs, à chacune des venues de roches éruptives
correspondrait une venue hydrothermale métallifère :
1® Au granité récent, le quartz aurifère de la Sierra de la
Purica, à l'Est de Bacuacchi et, peut-être, l'appareil métallifère
complexe des environs de Tombstone ;
2*" Aux porphyres roses, les gîtes de cuivre gris argentifère de la
Sierra de Manzanal ;
3*" Aux porphyres trachytiques verdâtres, les filons du Car-
men, etc., renfermant les minerais d'argent proprement dits avec
* Voir page 349.
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820 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
pyrites et peut-être sulfures de plomb et zinc, qui semblent exclu-
sivement concentrés dans leurs fissures.
Nous ne nous occuperons que de la troisième cat^orie.
Les filons de la région du Carmen sont, en général, à 160*, quoi-
qu'ils conyei^nt l%ërement vers le Nord, et se poursuivent sur
environ 10 kilomètres de long.
Le plus important est celui de Santa-Maria, connu sur 5 kilo-
mètres ; puis vient celui de Puertecito ou Babicanora, etc.
Le remplissage est très complexe; les minerais dominant
sont les minerais ai^entifères proprement dits : la proustite et
l'argent rouge (sulfure et arsénio-sulfiire d'ai^ent) et surtout une
prolybasite riche en arsenic et antimoine et contenant du plomb
et du cuivre. A Targent est associé un peu d'or, qui a formé, dans
les ravins, quelques petits placers. En outre, il existe de la pyrite
de fer, quelquefois de la pyrite de cuivre, du cuivre gris très rare
et un peu de galène. La gangue est essentiellement quartzeuse; un*
peu de calcite semble correspondre à la phase finale du remplissage.
Le filon de Santa-Maria est un filon d'incrustation net présentant :
1"" Aux épontes, une première zone de sulfure d'argent et de
polybasite avec quartz amorphe ;
2* Une seconde zone de pyrites de fer et de cuivre avec gangue
de chlorite ;
Z^ Du quartz avec des minerais argentifères en mouches ;
i"" Tout à fait dans l'axe, quelquefois, de la calcite et du quartz
avec mouches d'argent. Aucun phénomène de brèches ou de cas-
sure ne se présentant, le remplissage semble unique.
La teneur moyenne, après triage rudimentaire, a paru à M. Fuchs
de 4^,5 d'argent et de 20 grammes d'or à la tonne dans les parties
supérieures utiles, c'est-à-dire riches, des filons.
L'allure de ces filons est assez complexe. Santa-Maria est tantôt
un filon unique avec venues successives bien caractérisées, tantôt
un faisceau de veinules de 1 i 10 centimètres, où la loi du rem-
plissage est alors beaucoup moins nette.
A son extrémité Nord, le filon de Santa-Maria n'est plus repré-
senté que par deux veinules d'une épaisseur totale de 0™,35.
M. Fuchs admettait une épaisseur moyenne de 1",25.
La présence d'une salbande argileuse lui faisait considérer le
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MINES D ARGENT DU MEXIQUE 821
filon comme « a true fissure vein » et non comme une fissure de
retrait limitée en profondeur.
Quand le filon n'est pas séparé du trachyte par une salbande
argileuse nette — et cela se produit chaque fois qu'il se subdivise
en une série de veines — il y a, au contact, une imprégnation prin-
cipalement pyriteuse.
2^ Chihuahua. — ATEst de la Sonora, Tétat de Chihuahua ren-
ferme les importantes mines de Santa Eulalia, qui ont déjà fourni
plus de 700 millions de francs d'argent, celles de Batopilas qui
en ont donné 300 millions, celles de Guadalupe y Calvo, etc.
Puis, en descendant plus au Sud \ nous entrons dans la région,
anciennement connue et exploitée, du Mexique, sur laquelle ont
porté les études de M. Laur.
3'^ Catorce. — A Catorce (fig. 370), les filons d'argent sontjrès
continus et très prolongés. C'est ainsi que le filon San Agustin,
4j
Lég-ende.
Yv^. 370. — Carte du district de Catorce (d'après M. Laur),
mentionné plus haut% a plus de 3 kilomètres de long, avec sou-
vent 12 mètres de puissance. Nous avons là un exemple réduit,
mais déjà remarquable, de ces gigantesques filons de la Sierra
Nevada, dont le plus célèbre est le mother Iode de Californie, filon
* A Durango se trouve une montagne fameuse de magnétite, le Cerro de Mercado,
* Page 815.
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822 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
4e quartz aurifère qu*on peut suivre sur 110 kilomètres de long,
dans les vallées du San Joaquin et du Sacramento.
Les filons de Gatorce se distinguent, entre tous ceuxduMexique,
par Tétat poreux et cristallin de leurs minerais et par la très
grande variété des espèces minérales qu'ils renferment.
4« Fresnillo. — Les exploitations de Fresnillo * (fig. 371) ont
été commencées en 1824 et atteignaient 400 mètres en 1871, au
quartier du Cerro de Proâno.
K
LêSendD
Fig. 371. — Ck)upe des fiions argentifères de Fresnillo.
Le nombre des mines était, en 1876, de 140.
Le rendement, en grammes d'argent pour 100 kilogrammes de
minerai, y a subi la décroissance suivante, à mesure que les tra-
vaux s'enfonçaient :
1835
i839
1844
1849
1854
1859
1863
223
146
115
78
63
62
56
Malgré la faible teneur finale, l'abondance des minerais est telle
que les mines du Fresnillo ont produit, de 1859 à 1860, 29 mil-
lions de francs d'argent et réalisé un bénéfice net d'environ
540 000 francs.
On y trouve, outre l'or et l'argent, des minerais de fer, de cuivre,
de plomb, de zinc, du cinabre, etc.
A Nieves, le minerai est de la galène argentifère; à Noria de
Angeles, un mélange de galène et pyrite arsenicale ; à Ojo Caliente,
de la galène et de la pyrite dans une gangue de quartz. A la mine
* Ramirei. Lo^, cit., p. 614. — Voir, plus haut, p. 814.
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MINES D ARGENT DU MEXIQUE
823
de Candelaria, la proportion d'or est notable ; à San Miguel, on a
rencontré le cinabre, etc.
5*^ Zacatecas. — A Zacatecas^^ les filons sont généralement très
sinueux et bifurques. On peut citer ceux de la Gantera, Quebra-
dilla, El Bote, Mala Noche, la Plata, Veta Grande.
Cmxatitti
OOiuom
Fig. 372. — Carte du district argentifère de Zacatecas (d'après M. Laur).
La Yeta Grande de Zacatecas est, comme la Veta Madré de
Guanajuato, celle de Potosi en Bolivie, le Gomstock en Nevada, etc.,
un filon célèbre qui, de 1548 à 1832, a donné plus de 3 mil-
liards de francs d'argent.
LtkXes^
Fig. 373. — Coupe des fiions argentifères de Zacatecas (d'après M. Laur).
D'après don Francisco de Zàrate, si Ton étudie la disposition des
minerais de Yeta Grande ou de la Plata, on voit : à la partie supé-
rieure, des veines ramifiées de minerais d'argent ; plus bas, des
zones symétriques entre le quartz et la calcite ; au-dessous, de la
pyrite, de la galène et de la blende, souvent disposées par zones
concentriques, en nodules, en « boleos », avec un peu d' aident
natif.
* Ramirex. Loc. cit., p. 600. — Voir, plus haut, p. 8i4.
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824 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La zone riche (bonanza) y commence souvent dès une profon-
deur de 30 à 40 mètres.
On peut citer, en premier lieu, parmi les mines de ce district,
Quebradilla, une des plus anciennes du Mexique, qui, de 1854 à
1863, a produit 54 651 tonnes de minerai, contenant 81 045 kilo-
grammes d'argent et donné 3 millions de bénéfice.
En 1876, Textraction a été de 13 000 tonnes de minerai avec une
dépense de 90 francs et la production résultante de 9 430 kilo-
grammes d'argent.
Puis viennent Malanoche, la Plata, Panuco.
En 1886, plus de 15 000 mineurs travaillaient dans le district
de Zacatecas.
6** Guanajuato. —Le districtde Guanajuato\ autrefois très célèbre
et maintes fois décrit, a généralement donné, dans ces dernières
années, des résultats inférieurs à ce qu'on espérait.
Le principal filon est celui de la Veta Madre^ exploité depuis
1558 et dont nous avons parlé plus haut *; on y a trouvé, au-dessous
des conglomérats rouges superficiels, une remarquable bonanza,
où le filon atteignait 130 mètres de large avec des zones minérali-
sées continues de 30 à 40 mètres'. Le remplissage principal était
formé de quartz, parfois amorphe, parfois cristallin et teint en
améthyste et de calcite, avec un peu de sidérose et de fluorine et
des débris des schistes encaissants. Les minerais d'argent, rencon-
trés dans la bonanza, étaient l'argent natif, l'argyrose, la pasturose
(rare), avec l'argent rouge et le cuivre gris; plus bas, les minerais
sont devenus sulfurés et antimoniés.
A côté de ce filon et de ceux de son groupe, dirigés à 135°, ceux
de la Luz, dirigés N.-S., ont de3 à5 mètres, rarement 15 mètres de
puissance ; ils contiennent du quartz et de la calcite avec des mi-
nerais d'argent formant parfois des géodes magnifiques.
Dans ce groupe est le filon de San Bernabé, qui a été le plus
anciennement exploité à Guanajuato.
* Ramirei. Loc, cit., p. 413.
• Page 814. Il a été décrit par de Humboldt (Essai sur la Nouvelle-Espagne. Paris,
1836, t. III, p. 82), comme un filon couche.
» Cette bonanza fameuse de la mine de Valenciana produisit annuellement, de 1768
a 1810, plus de 7 millions de francs.
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MINES D ARGENT DU MEXIQUE 825
Les mines les plus fameuses de Guanajuato sont : la Yalencîana,
la mine la plus profonde du Mexique (622 mètres) et qui fut, un
moment, la plus profonde du monde, mine abandonnée en 1820
après avoir produit, au moins, un milliard et demi (plus de trois
milliards, suivant Emmons)^; reprise en 1824 sans succès par une
compagnie anglaise ; envahie alors par les eaux ; épuisée encore
une fois en 1873 et exploitée aujourd'hui; puis Rayaz, la Luz, etc..
En 1839 et 1840, Rayaz a produit 9 853 tonnes de minerai
donnent 22 572 kilogrammes d'argent, soit 225^,72 par 100 kilo-
grammes.
7^ Real del Honte et Pachuca. — Meal del Monte et Pachuca sont
encore de ces mines fameuses par leur extraordinaire richesse.
La bonanza de la Yeta Madré de Real del Monte fournit, en douze
ans, de 1759 à 1771, à son propriétaire, don Pedro Torreros, la
somme nette de 30 millions de francs. Plus récemment, ces mines
ont produit, de 1828 à 1858, entre les mains d'une compagnie
anglaise, puis d'une société mexicaine, 507 912 tonnes de minerai
ayant donné 1219633 kilogrammes d'argent, soit un rendement
moyen de 240^,10 d'argent pour 100 kilogrammes. La principale
mine du district est Rosario, qui était, il y a vingt ans, la mine la
plus productive du Mexique. Cette seule mine a donné, de 1851 à
1862, 178590 tonnes de minerai et 485 503 kilogrammes d'argent
aurifère, soit 271*^,8 d'argent aux 100 kilogrammes, avec un béné-
fice de 60 millions. L'argent contient, en moyenne, 0,20 p. 100 d'or.
Le remplissage principsd consiste en quartz et brèche des roches
encaissantes; la calcite est rare, la barytine plus rare encore ; les
minerais prédominants sont l'argent natif et l'argyrose, générale-
ment en fines imprégnations.
Comme filons, on peut citer la Veta Viscayna, de 3'°,30 de puis-
sance, qui a été suivie sur 10 kilomètres; Arevalo, près d'El Chico,
qui a 16°',70 à 25 mètres de puissance, mais contient beaucoup
de parties stériles, etc.
A Pachuca, on compte plus de 150 mines, parmi lesquelles
celle de Santa Gertrude, très prospère dans les années qui ont
suivi 1877.
1 De 1768 à 1810, on en a extrait annuellement plus de 38 millions de francs.
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82^ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
8"" Sultepec, Zacualpan, Halacate, etc. — Au Sud de Mexico, se
trouvent les mines de Guadalupe del OrOy de Sultepec^^ Zacualpan^
Temascaltepec^ Malacate^ etc.
Les roches constituant la région sont des schistes, des porphyres
en relation avec les émanations métallifères, et des dolérites.
A Zacualpan^ les filons, très disséminés au milieu des schistes,
ont une gangue de quartz et calcite avec métaux sulfurés divers.
A Sultepec, ils sont surtout formés de galène argentifère pauvre
en argent, avec pyrite de fer et de cuivre. Il y a là, dans le massif
du Nevado de Tolucca, un groupe de mines déjà exploitées avant
la conquête espagnole, sur lequel nous donnerons quelques rensei-
gnements, empruntés à un rapport inédit de M. Fuchs.
Le district de Malacate^ à 8 kilomètres de Sultepec, comprend
quatre mines : Rosario, la Cruz, Carmen et Gran Socabon, qui
passent pour avoir fourni 400 millions de francs d'argent avant
la révolution mexicaine.
Le sol est exclusivement formé de schistes quartzeux et micacés
métamorphiques, fortement redressés, dont la direction générale
v^ de l'Est à TOuest. Ces schistes, à TEst, s'appuient sur un con-
trefort du Nevado de Tolucca, constitué par des roches trachy-
tiques, dont divers filons les traversent. L'un de ces filons de tra-
chyte est considéré comme formant la limite orientale de la zone
métallifère.
On distingue, à Malacate, une douzaine de filons, divisés en
deux groupes, les uns à 90° N. (Capulin, Pascual, Concepcion),
les seconds croiseurs à 145** (Providencia, Vêla Nueva, etc.) :
1** Le Capulin est formé de trois ou quatre filons très rapprochés
et quelquefois reliés entre eux, soit par des veinules obliques, soit
par une imprégnation pyriteuse. Il n'y a pas de salbandes, mais
une imprégnation progressive. L'épaisseur totale des filons est de
1 mètre à 1",80.
Le remplissage, essentiellement pyriteux, comprend pyrites de
fer, de cuivre et pyrites blanches plus ou moins arsenicales, peu
ou pas de galène et blende.
Ces pyrites sont aurifères et, près des affleurements, l'or natif
' Ramirez. Loc, ciL, p. 499.
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MINES D ARGENT DU MEXIQUE 827
s'y est isolé. L'argent y existe aussi. La gangue est quartzeuse ;
2° Le Pascual est celui qui a été surtout exploité autrefois ; sa
puissance utile est un peu supérieure à celle du Gapulin. En raison
de la bifurcation des \eines, la puissance totale dépasse parfois
6 mètres. Le remplissage, assez complexe, est essentiellement
formé de minerais d'argent disséminés au milieu d'une gangue
de quartz et d'argile blanche kaolineuse. A ces minerais viennent
s'ajouter : la galène, peu argentifère (très utile pour le traite-
ment par voie sèche), la pyrite et la blende. Enfin, la calcite
semble la dernière phase du remplissage, phase accompagnée de
minerais d'argent abondants dans plusieurs districts du Mexique ;
Concepcion est très analogue à Pascual ;
Providencia contient surtout des minerais d'argent : argent
natif, argent rouge et proustite (sulfure d'ai^ent noir) ;
Veta Nueva atteint 5 mètres de puissance. H .comprend deux
éléments, l'un plombeux (sulfure et carbonate), l'autre pyriteux,
tous deux argentifères. Sa plus grande richesse est concentrée
vers ses intersections avec les autres filons.
Les minerais sont habituellement classés en plusieurs catégo-
ries :
Minerais riches pouvant supporter un transport au loin ;
Minerais moyens, moins argentifères, plus riches en pyrite et galène, sus-
ceptibles d'être enrichis mécaniquement et généralement réservés en haldes
au Mexique;
Minerais dits de Patio ;
Minerais plombeux propres à la voie sèche.
A Pascual, M. Fuchs a trouvé 1^,70 d'argent à la tonne avec
un peu d'or en relation avec les pyrites.
9* Mines de San Francisco (Morelos)*. — Le groupe des mines de
San Francisco est situé à environ 60 kilomètres de la petite ville
de Huauntla (Morelos), station terminus d'un embranchement du
chemin de fer de Mexico à la Vera-Cruz et près de la limite des
deux Etats de Mexico et de Guerero.
L'altilude est de 1 000 à 1 500 mètres (commencement des terres
froides) et le climat est sain.
< Extiait d'un rapport inédit de M. Fuchs.
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828 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La géologie du pays est assez complexe :
Après être sorti du grand massif de roches volcaniques, qui se
développe autour du Popocatepelt et dont Faltitude moyenne est
de 2 000 mètres, on entre dans une série de terrains stratifiés,
formés d'alternances complexes de calcaires, de marnes et de tufs
(porphyres stratifiés de MM. Dollfus et Hauteville, dans l'Amérique
du Nord, de M. Domeyko, dans TAmérique du Sud).
Ces terrains sont recoupés par une puissante formation de tra-
chytes porphyroïdes, dans lesquels les gites métallifères de San-
Francisco sont exclusivement concentrés.
Ces filons eux-mêmes, contrairement à ce que nous avons vu
dans les gîtes précédents, sont postérieurs au trachyte, car ils
présentent des salbandes avec surfaces de glissement et exercent
localement une action métamorphique sur leurs épontes. Le tout
est enfin recoupé par des dykes basaltiques.
Les filons de San Francisco sont au nombre de 4 ou 5 : grand
filon de San Francisco Peregrina et filon moins important d'Ëspe-
ranza, à 200 mètres du précédent ; filons Santiago et San Esteban,
en dehors de la concession étudiée.
Le filon de San Francisco est ce que les Américains appellent
a true fissure vein (une véritable fracture filonienne). Sa direction
est à 60*". Sa puissance est de 1™,20 à 1™,30. Le remplissage, assez
complexe, est formé, tout d'abord, d'un quartz plus ou moins vio-
lacé, au milieu duquel sont disséminées des mouches extrêmement
fines de minerais d'argent divers. Au-dessus du niveau hydrosta-
tique (seule partie explorée jusqu'ici), on trouve : sulfure d'argent,
polybasite, chlorobromure et chloroiodure, avec un peu d'argent
natif ; en outre, cuivre gris et galène argentifère. En direction et
au même niveau, le remplissage passe du cuivre gris à la galène.
Si l'on parcourt, en efiet, le filon de l'Ouest à l'Est, on trouve
d'abord, dans la concession de Tlalchichilpa, la prédominance,
parfois exclusive, du cuivre gris. Dans la concession Santa Ana,
le cuivre gris diminue et n'apparait plus qu'en mouches au milieu
des minerais d'argent ; dans la mine de San Francisco, le cuivre
gris disparaît, et l'on commence à trouver delà galène, qui devient
très abondante à l'Est, sur Peregrina.
La teneur est, d'après des prises d'essai : à San Francisco, d*envi-
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MINES d'aBGENT DU PÉROU 829
ron l'',700 d'argent à la tonne ; à Peregrina, de 2'',700 sans trace d'or.
En profondeur, on doit admettre, comme aux mines précédem-
ment étudiées, que la teneur en argent ira constamment en dimi-
nuant.
Bibliographie.
1813. Sur Zacatecas. (If eues Jakrb, f. Minerai, p. 249.)
Saint-Clair Doport. — Le Mexique.
1837. ViRLET d'Aoust. — Géol. du Mexique. (B. S. G., 16 nov.)
1866. TiLMANN. — Der Bergbau von Guanajato. Munster.
* 1871 . Laur. — Métallurgie de Fargent au Mexique. {Ann. d. If., 6S t. XX, p. 38.)
1873. RiCHTBR et Hubnkr. — (Zeitschrift im preuss. St., t. XXI, p. 103.)
1877, H.-S. Jacob. — (Mining JoumaL)
1879. Von Groddeck, p. 236 et 300.
' 1884. Santiago Ramirez. — Noticia historica de la Riqueza minera de Mexico.
1888. FucHs. — Rapports inédits sur les mines de Carmen, Malacate et San
Francisco (Morelos).
1889. Ant. delCastillo. — Essai d'une carte géologique et carte minière du
Mexique (au .^^jji^),
1891. Reclus. — Géographie universelle, t, XVII, p. 293 (avec carte des
mines du Mexique).
MINES D'ARGENT DU PÉROU *
Le Pérou possède un grand nombre de riches mines d'argent :
dans la province de Choca, celle de Cajamarka (mines de Bual-
gayoc, Guamachuco el Conchucos et autres près du Caro de
Pasco) ; d'autres dans la province de Castro Virreina et, plus spé-
cialement, dans le département de Huanca Velica; dans la province
de Purro et de la Union près i'Arequipa ; dans la province de
Jarapaca ou Tarapaca (mine de Huantajaya^ fameuse autre-
fois), etc... Les plus grands travaux ont été faits sur le Cerro
de Pasco (dans la province du même nom), montagne haute de
4 352 mètres, d*où on put extraire, sans interruption, du minerai
d'argent, malgré le froid intense résultant de Faltitude, depuis la
jRn de 1630 jusqu'à nos jours, et qui passe pour avoir produit
près de 2 milliards de francs d'argent.
' Nous empruntons une grande partie de cette description à d*Achiardi : / melallh
1, 187. — Voir, dans Reclus : Géographie, t. XVill, p. 589 et 615, des Cartes du Cerro
Pasco et de Tensemble des mines du Pérou.
Le Cerro de Pasco est relié à Lima par la voie ferrée de Lima à la Oroya.
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830 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
En 1879, dans le district de Pasco, il y avait 179 mines en
activité et 694 abandonnées, réunies en différents groupes, dont
le principal est celui de Santa-Rosa. Les autres groupes sont ceux
de Yanacancha^ Cayac^ Mataderia^ Champimarca^ Yauricoca^
PacchUy Patarcocha, Tingo^ etc. •
La production du Gerro de Pasco, bien que diminuée, est
encore notable :
En 1804 elle a été de 78204 kilogrammes d*Ag.
1842 — 94652 —
1864 — 54 610 —
1878 — 38947 —
En 1891 , l'ensemble du Pérou a produit 74 869 kilogrammes
d*argent.
La teneur moyenne des minerais aujourd'hui traités à Pasco
varie de 0,00106 à 0,00122.
Dans le plus grand nombre des mines péruviennes se reproduisent
les mêmes variations en profondeur que nous avons rencontrées au
Mexique et que nous retrouverons au Chili et en Bolivie. Sur le Gerro
de Pasco, par exemple, on distingue plusieurs sortes de minerais :
1"* Les Pacos ou Cascajos correspondent au Colorados du Mexique ;
ce sont des minerais rouges, riches en oxydes, qui prennent le
nom de llampos s'ils sont terreux, de pedeimales s'ils sont formés
d'un sable siliceux imprégné d'oxyde de fer. Le nom de cascajos
est réservé au minerai en roche. Leur teneur la plus faible en
argent est de 330 grammes à la tonne et la teneur moyenne de
500 grammes;
2"* Les Bronzes se rencontrent sous les pacos et tirent leur
nom de la présence des pyrites de fer et de cuivre, les premières
plus abondantes que les secondes. Si la pyrite de fer est pure, le
minerai est pauvre en argent ; celle de cuivre est plus ou moins
riche suivant la quantité qu'elle tient de ce métal ;
3° Les PavonadoSy en grande partie déjà constitués de sulfosels,
apparaissent dans les parties inférieures du gisement métallifère
et rendent 8 à 9 kilogrammes à la tonne ;
4** Les Minerais plombeux sont principalement formés de galène
ayant une teneur en argent qui varie d'habitude de 1 à 5 kilo-
grammes à la tonne.
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MINES d'argent DU PÉROU 831
Dans quelques mines abonde la tétraédrite, qui fait partie des
minerais appelés Pavonados et une tétraédrite très riche, comme
la Malinowskite des mines Llacca et Carpa (province de Huaraz),
qui tient del0àl3p.l00 d*argent ; comme celle de Huallanca^
dont on tire plus de 24 kilogrammes d*argent à la tonne et comme
celle des mines suivantes :
Ag.
Ag.
Huancarama tétraédrile à
0,000 306
Asuncion tétraédrite à
0,008 508
Yanahuanca —
0,002 755
Los Muertos —
0,006 489
Santa-Maria —
0,005 417
La ConQanza —
0,016 530
Gonzalès —
0,005 815
San Domingo —
0,011 049
San Blas —
0,013 406
San Pedro —
0,016 316
On rentre alors dans la catégorie des gîtes de cuivre gris argen-
tifère, dont nous décrirons un type péruvien, celui de Recuay, au
chapitre spécial que nous leur avons consacré *.
Ces minerais se trouvent habituellement dans des filons à
gangue quartzeuse, et il y en a quelquefois de gigantesques comme
sur le Gerro de Pasco, où les saillies qu'ils font, au-dessus de la
roche encaissante, ont été désignés sous le nom de crestones. Dans
]a gangue quartzeuse, — vacuolaire ou compacte, selon qu'on
lobserve à la surface ou en profondeur, — les minerais d'argent
sont distribués en veines ou en colonnes, formant ainsi des amon-
cellements considérables, analogues à ceux que Ton désigne sous
le nom de bonanzas dans les filons les plus riches du Mexique et
du Nevada, et que Ton appelle, au Pérou, des tajos.
Le déYelopj)ement des pacos est en relation intime avec la nature
de la roche encaissante, variable suivant les mines. Ils sont très
abondants là où cette roche est sableuse et schisteuse, et man-
quent ou sont reures, quand elle est calcaire comme dans la montagne
de Vinchos, dans la mine de Huallanca et dans d'autres du Cerro
de Pasco. La qualité du minerai semble être également en rela-
tion avec la nature de la roche, et Raimondi rapporte que, si la
roche est sableuse, la tétraédrite domine, si elle est calcaire, ce sont
les minerais proprement dits d'argent et de plomb. Les meilleurs
filons sont, paraît-il, dans le terrain jurassique.
Quelquefois, les filons apparaissent au contact de roches diffé-
i Page 805.
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832 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
rentes, calcaires au mur, sableuses au toit, comme à la Trinidady
à Notre-Dame, à DesciAridora^ etc.
Bibliographie.
1852. Mines d^argent du Gerro de Pasco et mines d'or de Caravaya (Pérou).
(Ann. d. M., 5», t. U, p. 587.)
1870. d'Acbiaroi. — Minerali e roccc del Peru.
1878. Raimondi. — Min. Pérou. (Paris.)
1878. Henrt Sewell. — On the min. caves of Haallanca, Péni. {Ann, J. of Se.,
no 88, p. 317.)
1879. Rath. — Erinner. Pariser Weltaustell. (Bonn.)
1879. Anal, of the tetraedrite from Huallanca, Péru. (Ann. J.of Se, 1879,
17, 101, 401.)
1879. SoBTBEEB. — Edel Métal Production. (Petermann*s Mittheil.)
1879. Les mines d*argent du Cerro de Pasco. (La Nature, 10 mai 1879, p. 358.)
1880. Pbrct. — Métal, gold. a. silver, p. 208.
1881. DU Chàtenbt. — Ind. miner, dans le Gerro de Pasco. (Ann. d. M., 7^,
t. XIX, p. 61.)
1883. d'Achiardi. — I metalli, t. l^, p. 185.
* 1888. HoDGEs. — Geology of the Gerro de Pasco. {Ann. Inst. ofndn. Eng.)
Filons d'argent de la République Argentine*. — Certains filons de
la République Argentine rentrent dans le type à gangue quartzeuse :
ainsi, dans la province de Rioja, le Cerro de Famatina, comprenant
les districts de la Mejicana, Los Bayos, El Tigre, Gerro Nergo,
Caldera Vieja et Caldera Nue va, El Oro et FAmpallo. Là, on ex-
ploite , au milieu des schistes ardoisiers , des filons quartzeux
riches en argent natif et en chlorure avec sulfure d'argent,
pyrargyrite, proustite, polybasite, etc.
La mine de Cerro de Cacheuta, province de Mendoza, contient des
minerais de sélénium. Le filon, qui recoupe un trachyte, donnait, à
la surface, des minerais à 20 p. 100 d'argent. Cette teneur s'est
réduite à 1 ou 2 pour mille en profondeur.
Filons d'argent du Japon*. — Au Japon, on exploite également,
au milieu de roches éruptives tertiaires, quelques filons de quartz
* Coll., Ecole des Mines, 1754.
Voir : 1S77, Steizner : die nutzb. Mineralien der Argent Rep. {Berg. u. HûL ZeiL,
340-343.) — 1882, Forrest : les mines d'argent de Famatina. (Bull, de FÉcole det
Mines, p, M.) — 1883, d'Achiardi : I metalli, p. 189. — 1889. Hoskold : Mémoire
sur les mines et la met. de la Rép. Arg. (pour TExposition universelle.)
* Coll., Ecole des Mines, 1660.
Voir : 1878, Godlrey : On the geol. of Japan. (Quart. Joum. geol. Soc. London,
1878, 34, 135, 550.) - 1883, d'Achiardi : I metalli, 1, 180.
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MINE d'argent de BROKEN HILL (aUSTRALIe) 833
argentifères qui se rapportent au type Schemnitz, Gomstock, etc..
Ainsi, dans la partie Ouest de Tile de Sado^ trois filons de quartz
nommés Torigoi, Aoban et Hiakumai recoupent une rhyolithe et
contiennent de Targent et de Tor natif avec des minerais sulfurés.
Dans la province de UgOy la mine dlnnai est ouverte sur un
filon quartzeux riche en argyrose, blende et chalcopyrite.
A Ikuno^ dans la province de Tajima, des filons d*argent et or
natif avec argyrose recoupent une rhyolithe.
A la mine Kosaka, dans la province de Rikuchu, les filons tra-
versent une roche qualifiée de porphyre feldspathique, etc..
MINE DE BROKEN HILL
(district de SILVERTON (AUSTRALIE)
L'Australie est devenue, depuis 1883, un centre important de pro-
duction pour l'argent, comme elle Tétait déjà pour For.
C'est en 1883 que fut découvert, dans le district de Silverton,
(Nouvelle-Galles du Sud), le beau filon de Broken-Hill*, au voi-
sinage duquel s'est créée rapidement une ville de 25 000 habi-
tants. L'extraction, qui occupe 3 400 ouvriers, a crû dans la
proportion suivante :
1886 1887 1888 1889 1890
Tonnes de minerai. . 10 397 47 210 94 125 157 184 environ 200 000
Ces minerais tiennent, en moyenne, 16 p. 100 de plomb et
1 274 grammes d'argent à la tonne de minerai.
Jusqu'en 1890, cette mine a donné des bénéfices énormes et
l'on a vu les actions centupler de valeur. Mais, par une tentative,
au moins originale, d'organisation sociale, les propriétaires pas-
sèrent, à ce moment, avec leurs ouvriers, un contrat, où ils leur
abandonnaient le soin de régler eux-mêmes les conditions du
travail dans les mines. Le gaspillage inouï et les pertes crois-
santes, qui sont résultées de cette expérience de « mine aux mi-
neurs », ont amené, en juillet 1892, un retour au système habi-
* Génie Civile du 7 févr. 1891. Description par M. Pelatan.
GÉOLOGIE. — T. II. 53
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834 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tuel : d'où une grève, ayant suspendu la production pendant près
de six moi8^
Les gisements sont situés dans un pays très aride, relié aujour-
d'hui, par un chemin de fer, avec les deux ports d'Adélaïde et de
Port Pirie. La plus grande difficulté que Ton y rencontre est le
prix du combustible ; le coke provenant de Newcastle (grand port
charbonnier près de Sydney) revient, en effet, à 137 francs.
Au point de vue géologique, on a affaire à des terrains pri-
mitifs (gnebs et micaschistes) avec intrusions fréquentes de dio-
rites, granulites, porphyres et autres roches feldspathiques. Ces
terrains sont recoupés par un grand filon métallifère, subdivisé
en deux ou trois branches près de la surface et dirigé, à peu de
chose près, comme la formation encaissante, c'est-à-dire du N.-E.
au S.-O., avec pendage vers le N.-O.
Les affleurements, visibles sur plus de 3 000 mètres, sont formés
d'un chapeau de fer noirci, d'aspect scoriacé, qui s'élève, par en-
droits, à plus de 15 mètres au-dessus du sol. Plus bas, on trouve du
quartz et de l'oxyde de fer avec un peu de barytine et des minerais
oxydés : carbonate et sulfate de plomb ; carbonates, oxydes et
sulfure noir de cuivre ; chlorure, chlorobromure et iodure d'ar-
gent. Enfin, en profondeur, apparaissent les minerais sulfurés du
plomb, du cuivre et de l'argent, en même temps que la blende et
la pyrite de fer.
Les traits caractéristiques de ce remplissage complexe sont,
d'après M. Pelatan :
D'abord, son allure en grandes masses lenticulaires compa-
rables aux bonanzas du Gomstosk ;
Ensuite et par-dessus tout, un très remarquable minerai d'ar-
gent, à gangue de kaolin grenatifère, qui se trouve en poches plus
ou moins considérables aux points où le filon a rencontré des
dykes feldspathiques et les a métamorphisés '.
Ces poches, véritables amas, où le chlorure, le chlorobromure et
riodure d'argent imprègnent des feldspaths kaolinisés et parsemés
de petits grenats, fournissent des minerais de teneurs élevées.
« Voir Débatty i3 oct. 1892; Temp9, 4 nov. 1892.
* Rappelons, à Pontgibaud, p. 507, l'enrichissement qu'on a cru constater à la ren-
contre des roches feldspathiques.
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en
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g,
S
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s.
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836 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Elles ont fait, jusqu'ici, la fortune de la mine, mais il est natu-
rel de prévoir qu'elles disparaîtront en profondeur avec les autres
produits d*altération secondaire.
La puissance du filon de Broken Hill, dans les régions minéra-
lisées, dépasse parfois 30 mètres. Elle est, en moyenne, pour les
parties exploitées jusqu'à ce jour, jusqu'à une profondeur de
100 mètres, de 18 mètres environ.
On distingue, parmi les minerais extraits :
Les minerais de plomb carbonate à gangue ferro-siliceuse (sili-
cious iron and lead ore) ;
Les minerais ferrosiliceux argentifères (silicious iron ore) ;
Les minerais galéneux (sulphide ore) ;
Les minerais de plomb carbonate quartzeux (silicious lead ore) ;
Les minerais d'argent chloruré et bromochloruré à gangue de
kaolin plus ou moins argentifère (kaolin ore et garnet ore].
Le prix de revient du minerai extrait était, en 1890, de 22 fr. 10
par tonne ; le prix de revient de la fusion d'une tonne de 42 francs.
En Australie, on peut également citer, d'après d'Achiardi, dans
la Nouvelle-Galles méridionale, les gisements argentifères de
Bathurst, Copper Hill^ Pell Wood et autres, où le minerai est
une galène associée à de Tai^rose ; et celui de Boorook (district
de Tenterfield), découvert vers 1878.
Les filons de Boorook sont nombreux ; le plus grand, qui a de
0",6 à 1"*,8 de puissance, porte le nom de Golden âge; ils confir-
ment encore la loi de la succession des sulfures aux chlorures en
profondeur. La teneur du minerai varie de 31 grammes à 16 kilo-
grammes à la tonne. Les chlorures se prolongent jusqu'à 21 mètres
de la surface. La production de la mine de Boorook, en 1879, a
été de 790''', 4 de métal, provenant du seul filon Golden âge reef.
La production en argent de la Nouvelle-Galles du Sud a été,
avant la découverte de Broken Hill :
1875 1876 IÔ77 1878 1779 1880
i634S4 214tk?,5 976k8r,8 1 883wg,5 2 586^8,4 2 843kg,l
Dans la colonie de Victoria, on obtient l'argent comme produit
secondaire de minerais d'or ; la production y a été de 738 kilo-
grammes d'argent en 1879.
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GALÈNES, BLENDES ET PYRITES ARGENTIFÈRES 837
Bibliographie.
1875. The Min. of N. S. Wales. (Trans. Soc. N. S. WaleSy 164.)
1878. Mining Journal. (London, 28 déc. 1878.)
1880. Rep. of the dep. of mines N. S. Wales for 1879. Sydney.
1880. Harrib Wood. — An. Rep. of the dep. mines N. S. Wales.
1881. H. WooD. — Mines a. Miner N. S. Wales. (Min. Joum,, 1009.)
1883. D*AcHiARDi. — I meialliy I, 201.
•1891. Pelatan. — Sur Broken HiU. (Génie civil, 7 févr. 1891.)
3" GALÈNES, BLENDES ET PYRITES
ARGENTIFÈRES
Galènes argentifères. — La galène est très fréquemment argen-
tifère et constitue, ainsi que les produits de son altération (céru-
site, etc.), une source importante d'argent; mais tous les gisements
de cette nature, lorsque les minéraux d*argent proprement dits
n'arrivaient pas à y former un véritable minerai, ont été décrits
par nous au chapitre du Plomb : nous n'aurons donc qu'à les
rappeler ici sommairement.
La proportion d'argent que peut contenir la galène est très
variable, non seulement d*une mine à l'autre, mais dans un même
fîlon, en protondeur et en direction; elle atteint très rarement
l p. 100 et, plus généralement, oscille autour de 1 p. iOOO (1 kilo-
gramme à la tonne). On ne sait pas au juste à quel état le métal
précieux se trouve dans le minerai. L. Phypson*, étudiant au mi-
croscope une galène de la Phénix silver leadmine, en Cornwall, a
constaté, il est vrai, la présence de filaments d'argent métallique
formant un réseau dans des fissures ; mais ce pouvait être un
produit secondaire. Les changements dans la richesse en argent
n'obéissent, d'ailleurs, à aucune loi ; on a souvent cru observer
que les galènes à grain fin étaient plus riches que les galènes à
grandes facettes ; le fait n'a rien de général ; on constate même
l'inverse dans quelques gisements, comme ceux du Sarrabus (Sar-
daigne). Nous donnerons, plus loin, quelques chiffres de teneur
» C. R., 23 févr. 1874.
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838 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
qui fixeront les idées. Lorsque la galène a subi une altération
qui Ta transformée en carbonate, une partie de l'argent s'est
toujours trouvée dissoute et le minerai restant est appauvri. Nous
avons déjà eu Toccasion d'étudier ce phénomène '.
Les gisements de galène argentifère sont aujourd'hui la grande
source d'argent en Europe ; pendant longtemps, on a même pu
opposer ce type européen de gîtes d'argent aux ^tes américains
à sulfures et sulfoantimoniures d'argent (Mexique, Chili, Pérou,
Comstock, etc.]; mais, depuis dix ans, l'argent des Etats-Unis
provient également surtout de gites de plomb et, le jour où Ton
mettra en valeur les innombrables filons de galène argentifère,
jusqu'ici dédaignés, dans l'Amérique du Sud, en même temps
que les filons d'argent proprement dits s'épuiseront, cette démar-
cation apparente disparaîtra de plus en plus.
Parmi les gites de plomb argentifère, nous rappellerons les
principaux de ceux que nous avons décrits précédemment, en
indiquant la quantité d'argent que renferment les minerais cor-
respondants, teneur qui est tantôt évaluée en grammes par tonne
de minerai, tantôt (pour tenir compte des pertes au traitement
et avoir un résultat vraiment pratique), en grammes par 100 kilo-
grammes de plomb d'œuvre.
En France, à Pontpéan^ la teneur en argent par tonne de mine-
rai a été : en 1874 de 1 kilogramme, en 1876 de 973 grammes, en
1878 de 822, en 1880 de 1 kilogramme, en 1885 de 903 grammes,,
en 1887 de 843, en même temps que la teneur en plomb passait
de 63 p. 100 en 1874 à 52 en 1887. L'épaisseur réduite a oscillé
entre 5 et 6 centimètres.
A Pontgibaud^ jusqu'à 200 mètres de profondeur, on a eu deux
colonnes riches à 1^^,500 d'argent par tonne de minerai ; après
quoi, le filon s'est appauvri. Dans un des filons, on avait, aux
affleurements, 600 grammes d'argent aux 100 kilogrammes de
plomb d'œuvre et, à 240 mètres de profondeur, 150 grammes seu-
lement.
En Espagne^ à LinarèSy la teneur en aident varie de 150 à
200 grammes à la tonne de minerai préparé tenant 78 p. 100 de
« Page 487*
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GALÈNES, BLENDES ET PYRITES ARGENTIFÈRES 839
plomb, pour le groupe de Linarès proprement dit; de 350 à 450,
pour le groupe de la Caroline; la production de minerai oscille,
depuis dix ans, autour de 110 000 tonnes.
A YHorcajo^ la teneur en argent était, en 1875, de 525 grammes
aux 100 kilogrammes de plomb. A la Romana, on a trouvé
jusqu'à 800 grammes d'argent aux 100 kilogrammes. kMazarron^
près Garlhagène, la teneur moyenne était, en 1876, de 115 grammes
aux 100 kilogrammes de plomb.
En ItaliCy à BoUino^ la galène, très riche en aident, tenait de
320 à 560 grammes d'argent à la tonne de minerai.
En SardaignCy à Montevecchio^ la teneur a été, en 1889, de
750 grammes d'argent à la tonne de minerai.
En Suèdcj à Sala^ le plomb tient près de 700 grammes aux
100 kilogrammes.
En Allemagne, nous avons les champs de filon de Saxe (Frei-
berg, etc.) et du Harz; en Autriche , ceux de Bohême (Przibram,
Mies). Freibergy en 1878, a donné 36 708 kilogrammes d'argent;
en 1891, 34 499 kilogrammes. Nous avons vu qu'il s'y rencontrait,
outre les galènes argentifères, des minerais d'argent proprement
dits. A Przibram, on arrive à 700 grammes aux 100 kilogrammes
de plomb.
En Sibérie, les mines de Nerlschinsk et de Kolivan fournissent,
en moyenne, 13 000 kilogrammes d'argent.
Aux Etais-Unis, nous avons étudié les filons de galène de Bbig-
ham (Utah) qui contenaient, par endroits, jusqu'à 70 p. 100 de
plomb et 1 220 grammes d'argent à la tonne, et dont le chapeau
oxydé, chargé d'hématite, renfermait jusqu'à 4 p. 100 d'argent
(40 kilogrammes à la tonne) et 0,03 d'or, soit 770 francs de mé-
taux précieux à la tonne.
Nous avons décrit également les gîtes, si importants, de carbo-
nates de plomb argentifères de Leadville (Colorado) et Eurêka
(Nevada). A Leadville, la teneur en argent est assez forte pour
rendre exploitable un minerai à 6 p. 100 de plomb. Elle varie,
suivant les régions, de 500 grammes à 1^^,960 par tonne de mi-
nerai à 20 p. 100 de plomb» A Eurêka, la teneur moyenne a été,
en 1883, de 856 grammes d'argeqt et 49^,44 d'or à la tonne de
minerai fondu.
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840 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Blendes argentifères. — La blende contient souvent une cer-
taine, proportion d*argent : proportion, il est vrai, toujours assez
faible, mais qui n*en suffit pas moins pour que les gttes de blende
et surtout ceux qui la contiennent associée avec des sulfures
complexes, puissent être, au même titre que ceux de galène, une
source d'argent.
Pyrites argentifères. — La pyrite de cuivre est parfois plus
riche; c'est ainsi que les gites de cuivre du Mansfeld' ne seraient
pas exploitables sans leur teneur en argent. Ces gîtes, fqrmés de
schistes à 3 p. 100 de cuivre, produisent, par an, 16 000 tonnes
de cuivre et 66 000 kilogrammes d'argent.
r CUIVRES GRIS ARGENTIFERES
Les cuivres gris sont presque toujours argentifères et arrivent
parfois à tenir une proportion très considérable d'argent : 30 p. 100
dans la tétraédrite antimonieuse d'Habacht à Freiberg; 8,9 p. 100
à Clausthal (Harz); 1,58 p. 100 à Andreasberg, etc.; aussi sont-ils
très recherchés. Il semble, en général, que la présence du mer-
cure et de l'arsenic soit défavorable à la richesse en argent'. Lorsque
nous avons étudié les cuivres gris au chapitre du Cuivre*, nous
avons fait remarquer le caractère, généralement assez superficiel,
de ce minerai. Nous décrirons ici quelques mines importantes
du Chili, de la Bolivie et du Pérou. Celles du même genre, qui
existent au Mexique, ont été mentionnées avec les autres ^tes
argentifères de ce pays *.
• Voir page 329.
« Voir, dans d^Achiardi (I, 152), un tableau des teneurs en argent de diverses
tétraédrites.
» Page 304,
* Page 828, etc.
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GISEMENTS d'aRGENT DU CHILI Sil
GISEMENTS D'ARGENT DU CHILI*
(CHANARCILLO, CARACOLES)
Les gisements d*argent du Chili sont, par quelques-uns de leurs
caractères, très différents de ceux que nous avons étudiés jusqu'ici,
à Texception de ceux de Hongrie auxquels ils ressemblent fort.
Toutefois nous y retrouvons l'argent avec une gangue de calcite
et une association de minerais de nickel et de cobalt comme dans
le premier groupe de filons d'argent étudié. En outre, les zones
calcaires traversées par le filon ont eu (peut-être seulement par
leur attaquabilité aux acides), une influence enrichissante.
Rappelons que le Chili se divise géographiquement en trois
étroites zones Nord-Sud, correspondant, à la fois, à des formations
géologiques de nature diCTérente et, jusqu'à un certain point, à des
gisements métallifères distincts ^
Le long de la côte', s'étend, dans la partie centrale du pays, la
Cordillère de la Côte, principalement constituée par des gneiss,
schistes métamorphiques, granités et syénites. Au Nord, cette Cor-
dillère se réduit à des tronçons isolés au milieu de terrains ter-
tiaires et Ton y trouve des nappes de porphyre intercalées dans des
terrains calcaires jurassiques ou crétacés. C'est dans cette Cordillère
de la Côte, et, notamment, sur son versant Ouest, que Ton trouve
les principaux gisements de cuivre, à l'état de pyrite de cuivre,
parfois assez riche en or pour que ce métal y soit recherché
spécialement; les minerais y sont toujours dépourvus d'arsenic
et d'antimoine. Le versant oriental, au contraire, et les terrains
calcaires qui, dans le Nord, s'étendent de là jusqu'aux Andes sont
riches en minerais d'argent (Chaîiarcillo, Très Puntas, Caracoles
et Guantajaya.
Puis vient, entre la Cordillère de la Côte et la Cordillère des
Andes, une longue vallée qui, au Nord, forme le désert d'Atacama
* Coll. Ecole des Mines, 2004.
• Voir p. 253.
' Voir la carte de TAmérique du Sud, flgure 376, page 843, et Reclus, t. XVIII,
page 809, carte des Mines du Chili. (Cf. même ouvrage, p. 778 et 779.)
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842 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
avec les dépdts de nitrates S de borax, etc., et, au Sud, la partie
fertile et habitée du pays.
Enfin, la Cordillère des Andes, dont les sommets atteignent
6 800 mètres, comprend, outre les roches anciennes, des roches
éruptives modernes et des terrains stratifiés portés à de très
grandes hauteurs. Les Andes, encore peu explorées, renferment de
nombreux dépdts métallifères complexes, en particulier des
galènes argentifères et des cuivres gris, qui n'ont donné lieu»
jusqu'ici, qu'à des exploitations restreintes.
Nous avons décrit, au chapitre du Cuivre*, les gisements de la
première zone ; nous nous bornerons ici aux gisements argentifères
de la seconde zone, que Ton peut, à leur tour, diviser en deux
groupes : le premier suivant la côte à 40 ou 50 kilomètres de dis-
tance, sur 400 kilomètres de long et séparé des gisements de
cuivre par des porphyres ; le second, plus oriental.
Tous ces gisements présentent, comme caractère presque gé-
néral, d'être encaissés dans des calcaires, à tel point que la pré-
sence seule de ce terrain calcaire motive souvent des recherches.
En outre, ils ont, le plus souvent, une gangue de calcite (rare-
ment de barytine). Nous retrouvons donc là la relation entre la
calcite et l'argent, déjà signalée maintes fois à Kongsbei^, au Sar-
rabus, à Guadalcanal, etc. En outre, ils paraissent en relation avec
des diabases et mélaphyres pyroxéniques, dont les dykes exercent
sur eux une action enrichissante dans le sens vertical. Leur âge^
bien déterminé par les calcaires qu'ils traversent, est certainement
post-jurassique.
En ce qui concerne la fracture, on peut remarquer souvent un
éparpillement en veines et un élargissement dans la partie supé-
rieure : par suite, un rétrécissement en profondeur qui, concou-
rant avec une diminution dans la teneur en argent dont nous
parlerons bientôt, rend la plupart de ces filons inexploitables à
partir d*une certaine distance de la surface.
En ce qui concerne le remplissage, il y a lieu de distinguer le
groupe Ouest où la proportion des chlorures (minerais très riches)
« Voir t. I, p. 419. — Cf. Reclus. Géographie, t. XYIII, p. 772 (cartes de déUil).
• Page 253.
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GISEMENTS D ARGENT DU CHILI 843
est plus forte, et le groupe Est, où Ton trouve, de préférence, du
Fig. 376. — Carie de l'Amérique du Sud au
j.rx ,
60.000.000
sulfure d argent, de la galène, des sulfoarséniures de fer, nickel
et cobalt.
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844 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
De toutes façons, Tinfluence enrichissante de certaines couches
traversées, dites mantos, est ici plus nette que partout ailleurs.
Suivant une verticale, le remplissage varie, d*une façon cons-
tante, en tout point comparable à ce que nous avons rencontré au
Mexique :
1** Aux affleurements, dominent, d'abord, les chlorures et bro-
mures d'argent, avec de l'argent natif et quelques restes des mine-
rais sulfurés ou arséniés d'argent dont l'altération a produit ces
chlorures. Ces minerais sont mélangés avec une argile ferrugineuse
et, parfois^, avec de la malachite. Leur ensemble constitue ce que
l'on appelle les métaux chauds (me taies calidos)^ à cause de la
facilité avec laquelle ils s'unissent au mercure.
Les chlorures, qui sont les minerais les plus productifs du
Chili, se présentent habituellement sous forme de terres grises et
ocreuses qui n'ont pas l'aspect métallique et qu'on nomme pacosy
ou quelquefois colorados, quand la malachite, l'azurite, etc., leur
prêtent leurs couleurs bariolées.
Ces pacos sont parfois constitués par du métal cimiento^ dont
voici l'analyse :
Aga 6,2
Ag 0,7
CaOCO» 57,2
MgOCO* 20,9
ZnOCO» 3,6
Fe«08 0,8
SiO« 0,5
Argile 9,2
99,1
Au chlorure s'unit le bromure et, dans ce cas, on alajo/a/a verde,
minerai commun au Chili.
Puis viennent, toujours dans ces parties hautes, une série de rare-
tés minéralogiques, telles que la cérargyrite ou aident corné (AgCl),
l'embolite (mélange variable de chlorure et de bromure), labromite
{AgBr); l'arquérite (amalgame d'argent) rencontrée à Arqueros
dans la province de Coquimbo età Rosillos, près deCopiapo, etc..
L'argent natif est, soit en parcelles très fines, soit en masses,
appelées reventonesy qui peuvent peser plusieurs kilogrammes. Il
imprègne souvent les épontes.
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GISEMENTS D ARGENT DU CHILI 845
2"" Au-dessou8 des metales calidoSy c'est-à-dire en général vers
80 à 150 mètres, commencent les métaux froids [metales frios) :
d'abord les mulatos, où les sulfures dominent ; puis les negrillos
qui sont des sulfoarséniures et sulfoantimoniures complexes.
On trouve là la prouslite, Targyrose et les antimoniures tels que
la polybasite (argent noir) et Targyrythrose (argent rouge), avec
la blende, la galène, etc., et des sulfoarséniures ou sulfoantimo-
niures de fer, nickel, cobalt, cuivre, plomb, bismuth, mercure.
La proustite (Âg* As S*), que les mineurs appellent Rociclair
(ou argent rouge clair), existe en superbes échantillons scalénoé-
driques atteignant 7 centimètres de longueur, avec de la calcite, à
Mante d'Ossa, Carmen, Dolores, Delirio, près de Chanarcillo. Elle
est associée avec de Targyrose ou argent sulfuré (Ag* S), appelée
plomo-ronco^ dont les cristaux, situés au-dessus de ceux de l'argent
rouge, en montrent la dérivation.
En môme temps, Ton a divers sulfures ou sulfosels plus ou moins
riches : ainsi, àCastemo, à Buena Esperanza, à Algadones, près de
Coquimbo, la jalpaite (mélange de Ag* S et Cu* S), la stroméjé-
rite (Ag Cu' S), ralgadonite, etc.; à Aguas Blancas, Tencairite
(AgCu»Se),etc.
Les deux mines, historiquement les plus importantes, au Chili
sont celles de Charlarcillo, à 80 kilomètres, au Sud de Copiapo et
de Caracoles, près d'Antofagasta, dans le désert d'Atacama (groupe
de rOuest), qui ont produit le plus d'argent au Chili et que nous
décrirons bientôt.
On peut citer, en outre :
l*" A rOuest, et du Sud au Nord, Aculeo près Nallagua, Pal-
paico, la Calera, le Melon, San Felipe (à Textrémité d'un grand
massif trachytique), Rodeito, Arqueros, Pampa Larga, Cerro de
la Plata, Le Checo, Bandurrias, Agarrobito, Ladrillos, Très Pun-
tas, La Florida, Esmeralda, Griton, etc.
2" ATEst, Algodones de Ovalle, Agua Amarga, Tunas, la Jarilla,
Rosilla, Algarrobito, Altar, Cachiyuyo de Plata, Sacramento, Bor-
das, San Antonio, etc.
En irénéral, par suite des conditions locales, on n'ouvre pas, au
Chili, de mines dont le minerai rende moins de 0,001 d'argent et
on ne répute vraiment riches que celles où la teneur dépasse
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le
846 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
0,005. Autrefois, on s'arrêtait même à une teneur inférieure,
en sorte que les haldes ou desmontes contiennent souvent une pro-
portion encore appréciable d'argent, proportion qui dépasse sou-
vent 1 800 grammes. Quand l'attention a été attirée sur les gise-
ments d'argent du Chili vers 1873, ces desmontes ont donné lieu
à de vastes spéculations.
Nous allons préciser ces divers points par la description des deux
gites les plus connus, celui de Chaûarcillo et celui de Caracoles.
Chaâarcillo. — Le gisement argentifère de ChaHarcillo^ est situé
à 80 kilomètres au Sud de Copiapo, la ville la plus importante
du Nord du Chili, à laquelle il est relié par un chemin de fer.
Il est encaissé dans des calcaires, en général compacts, noirs
ou grisâtres, souvent siliceux, que Ton rapporte à la formation
jurassique supérieure, épaisse là de 1 200 mètres. Au milieu de
ces calcaires sont intercalées, à divers niveaux, des nappes de méla-
phyre pyroxénique et de diabase, que l'on considère comme con-
temporaines de la sédimentation et dont le contact avec les cal-
caires est marqué par le développement de masses de grenat'.
Ces nappes de mélaphyre et de diabase sont connues du mineur
chilien sous le nom de panisso verde ou couches vertes ; elles se
relient à des dykes recoupantles strates, que les mineurs confondent
avec toutes les failles stériles sous le nom de chorros. Au milieu
de ces terrains, il existe trois filons d'inégale importance avec des
veinules latérales ou guids^ qui ne sont métallifères qu'au voisinage
des grands filons.
Ce sont : i"" le filon Descubridora, dirigé NS et connu sur
i 600 mètres de longueur; 2** le filon Colorada, N 22*» E, connu
sur 1 800 mètres et coupé par une grande faille au Nord, filon
qui a 10 mètres de large dans sa partie haute et, en profondeur,
rarement moins d'un mètre; 3^ le filon Candelaria, N. 46 E, connu
sur 700 mètres de longueur.
Au voisinage de ces filons, certaines couches de calcaires sont
imprégnées de minerais d'argent jusqu'à une distance qui peut aller
* Ce gite a été visité, en 1875, en môme temps que celui d*Agua Aroarga(Vallenar),par
MM. Fucbset Mallard, au rapport desquels nous empruntons, en paitie, sa desciiption.
' Cf. Banat (t. I, p. 660; t. II, p. 258).
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GISEMENTS d'aRGëNT DU CHILI
847
à 10 mètres de part et d'autre. Ces couches sont appelées mantos
pintadores (couches enrichissantes); elles jouissent, en général, de
la même propriété sur toute la longueur du filon. Au contraire,
d'autres couches sont rebelles à Timprégnation ; ce sont les man-
tos broceadores; les mélaphyres et diabases sont, par eux-mêmes,
peu imprégnés; mais il existe, parfois, entre eux et le filon, des
NATURE DES MINERAIS
Teines minces de tulfare d'argent.
Argent natif et chlorure d'argent dani
lei joints du calcaire.
5 à 10 kilogi
tonne de minerai.
d'argent à la
COUCHES TRAVERSÉES
Panes de calcaire bnin ou bleuâtre,
renfermant, au voisinage du filon,
de l'argent natif et des chlorurcr
dans ses joints.
Calcaire bleu à grain fin avec
pyrites arsenicales.
'Calcaire verdâtrc.
Calcaire bleu sombre compact.
Roches porphyritiques et ampbi-
boliqucs avec veines de quarts .
Calcaire sombre à grain fin.
Greenstone avec veines de calcite
et lit mince de calcaire au centre.
Passage graduel au calcaire infé-
rieur.
Calcaires bleu, gris et verdâtre
avec veinules de calcite et joints
de chlorite et asbeste.
20 kilogrammes d'argent à la tonne.
Minerais très riches d'argent.
Disparition de l'argent à la traversée
des porphyres.
Larges dépôts de minerai riche à
i p. 100 d'argent.
Disparition du minerai d'argent,
tn peu d'argent dans le lit calcaire.
Disparition du minerai d'argent.
Sulfure d'argent (600 gr. à la tonne).
Fig. 377. — Coupe du principal filon de Chanarcillo, près Gopiapo (Chili).
(D*après Davies.)
sortes de bourses, qui ont donné depuis 18 jusqu^à 360 kilogrammes
d'argent par tonne. Les zones les plus riches sont à la rencontre des
mantos pintadores avec les filons de diabase ou chorros.
Une particularité de Chaflarcillo, qu'il y aurait peut-être lieu de
rapprocher des bifurcations présentées par le filon du Comstock
dans sa partie haute S c'est que, dans les couches supérieures, sur
30 à 40 mètres d'épaisseur, les filons sont très ramifiés dans le cal-
caire. Au-dessous, commence brusquement un calcaire stérile,
séparé du précédent par une face lisse et polie que les mineurs
ont appelée mesa di piedra (table de pierre).
Nous n'avons pas besoin de revenir sur la nature des minerais
< Voir page 802.
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848 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
décrits plus haut : me taies calidos en haut, metales frics au-dessous
de 120 mètres.
Cette mine de Ghaflarcillo a produit, depuis sa découverte
en 1832 jusqu'en 1879, plus d'un milliard d'argent. L'extraction
annuelle du district de Copiapo est encore d'environ 30 mil-
lions.
Mines de Caracoles. — La mine de Caracoles a été, un moment,
très fameuse vers 1873; elle est située dans la partie Nord du
Chili, qui fit autrefois partie de la Bolivie, au Nord-Est du port
d'Antofagasta, et non loin de la voie ferrée qui rattache ce port
à Huanchaca de Potosi \
C'est à 30 lieues de la mer, à une altitude de 2 760 mètres,
dans le désert d'Âtacama, que courent, du N. 0. au S. E., les filons
argentifères, presque verticaux, larges de 0"',50 à 4 mètres et en-
caissés dans des terrains jurassiques riches en gastropodes fossiles
(d'où le nom de Caracoles, coquilles). La gangue de ces filons est
constituée de barytine et calcite, accompagnées, dans les parties
hautes, d'oxydes de fer, provenant de l'altération des pyrites.
Les minerais sont ceux que nous avons déjà indiqués ; ils sont
souvent en revêtements réguliers sur les parois des fissures. Leur
rendement n'est pas extraordinaire, mais le nombre et la puissance
des filons compense cette pauvreté relative.
Découvertes en 1870, les mines de Caracoles sont devenues
rapidement un point central de travaux, malgré le manque d'eau
potable et l'éloignement des choses nécessaires à la vie. Quelques-
unes de ces mines sont célèbres ; comme celles de Descada, de
Diaz et de Rivière qui, en janvier 1873 seulement, ont produit
18^86 kilogrammes d'argent fin. Sœtbeer dit que la production
de 16 de ces mines, les Descubridoras minas, de novembre 1871 à
fin octobre 1876, a été de 121 456 tonnes de minerai argentifère
valant 1 milliard. Domeyko estimait à 120 000 kilogrammes d'ar-
gent la production annuelle des mines de Caracoles.
Ces mines ont eu, il y a quinze ans, la renommée et la richesse
qu'avaient précédemment celles du Cerro de Potosi en Bolivie et
i Voir d'Achiardi, 1, 185.
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GÎTES d'aRGEKT DE BOLIVIE (hUANCHACA), ETC. U9
qu'ont retrouvée celles d'Huanchaca; mais leur production a rapi-
dement diminué.
Aujourd'hui, le Chili ne produit plus que 72 000 kilogrammes
d'argent par an (1891).
Bibliographie.
1841 . DoMETKO. — Sur les mines d^Amalgame d'argent d*Arqueros au Chili.
(Ann. rf. M., 4% t. X.)
1853. Cazottb. — Mines d'argent et de cuivre du Chili. {Ann. d, l/.,5«, t. IV,
p. 518.)
DoMETKO. — Constitution géologique du Chili. {Ann. d. M., 4^, t. IX.)
1855. Pissis.' Sur les Andes. (G. R., p. 764. )
1860. DoRSEY. — {B. u. H. Z., p. 107 et 197.)
1870 Mœsta. — Uber das Vorkommen der Chlor. Brom und lod Verbin-
dungen in der Natur (Marburg.)
1871. EicH. — Sur Caracoles. {B. u. H. Z., p. 133.)
1873. Perse. — Rapport consulaire du 15 mars 1873.
* 1875. FucHS et Mallard. — Rapport inédit sur les mines d'Agua Amarga
(Vallenar).
1876. DoMEYKO. - (C. R., 83, 445; Ann. d. M., p. 14.)
1876. RiCHTER und Hùbner. — {Zeit. f. d. B. H. u. S. im preuss. St., t. XXIV,
p. 230.)
1878. A. Streng. — Ueber Silberkies von Andreasberg ; Mineralien von
Chanarcillo. {N, J. Min., 1878, p. 636. Stuttgart, 1878.)
• 1879. VoN Groddeck, p. 301.
1880. Mining journal, 1123.
1883. d'Achiardi. — I metalli, etc., I, 182.
1890. Washington Lastarria. — Industrie minière au Chili.
GITES D'ARGENT DE BOLIVIE
(POTOSI, ORURO, HUANCHACA)
Les gîtes d'argent de Bolivie se rapprochent naturellement de
ceux du Chili par leur position géographique; mais ils en diffèrent
par la prédominance plus marquée, dans le remplissage, du cuivre
gris argentifère. Nous décrirons ceux de Potosi, d'Oruro et d'Huan-
chaca, dans un même district, relié à Antofagasta par un chemin
de fer. On extrait, en outre, de l'argent des mines de cuivre de
Corocoro * ; et celle du Cerro de Chorolque fournit des minerais
imprégnés de chlorure d'argent.
La mine d'argent du Potosi, à 4 000 mètres d'altitude, est une
* Voir page 328.
GÉOLOGIE. — T. II. 5J-
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850 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
des plus anciennement connues et des plus célèbres du monde.
On raconte qu'elle fut découverte* deux ans avant Tinvasion de
Pizzarro et Almagro au Pérou, par un Indien, nommé Gualpa; ou-
verte en 1545, elle fut exploitée activement depuis 1571 . On en a des
descriptions enthousiastes écrites par des voyageurs au xvi* siècle
et, pendant longtemps, sa production a été considérable ; mais la
longue durée des travaux a permis, mieux que dans toute autre
mine, de vérifier la loi générale, d'après laquelle, riches d'abord
aux affleurements, les gîtes d'argent vont, le plus souvent, s'appau-
vrissant en profondeur. D'après les anciens auteurs, le filon se com-
posait de quatre veines, larges tantôt de 0",30 et tantôt de plus de
2 mètres, dont la seconde, suivant Francesco Lopez de Gomara,
aurait contenu un minerai rendant 50 p. 100 d'argent ; cet auteur
raconte qu'en ce temps (1583) cinq années de redevance au roi d'Es-
pagne s'élevèrent à 550 millions de francs. Sans mettre en doute
ce chiffre de 50 p. 100, qui était probablement causé par une accu-
mulation exceptionnelle d'argent natif et de chlorure, il est certaio
que le rendement moyen était inférieur, même dans les premières
années, à 3 p. 100, qu'il est tombé ensuite à 0,1-0,2 p. 100 et quil
n'est plus aujourd'hui que de 0,0004.
Jusqu'en 1810, ces mines ont été exploitées avec des vicissitudes
diverses : abandon partiel en 1623, à la suite d'une guerre civile;
reprise en 1633; arrêt dans le travail en 1712, après des épidé-
mies; etc.. Après un abandon prolongé, elles ont été rouvertes en
1854. On estime qu'elles auraient produit, depuis l'origine, près de
six milliards d'argent (37 millions par an de 1585 à 1606).
La montagne de Potosi forme un dôme, qui s'élève, de
1 000 mètres environ, au-dessus du haut plateau de la Cordillère.
La roche, depuis le sommet jusqu'à 400 mètres plus bas, est un
porphyre quartzifère, formant un dyke au milieu de phyllades
siluriens que les filons ont recoupé au-dessous. Ce porphyre esl
traversé par une soixantaine de filons à 15% plongeant de 65 à
90^ vers l'Est, et, en outre, par un grand nombre d'autres petites
veines, en partie exploitables. Les principaux sont Veta Men-
dieta, Veta Rica, Veta Estana. En entrant dans le phyllade sous
• D'Achiardi, 1, 186.
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GÎTES d'argent DE BOLIVIE (hUANCHACA, ETC.) 851
le porphyre, les filons passent pour s'appauvrir, mais surtout,
semble-t-il, parce que c'est là que commence, avec Tapprofondis-
sement, la zone des melales frios.
Le remplissage, à gangue quarlzeuse, contient, à la partie supé-
rieure, des pacos (terres chlorurées). Au-dessous, viennent les
mulatos et les negrillos.
La particularité de ces liions et de ceux d'Oruro, dont nous
parlerons plus loin, est de renfermer, avec les sulfures et anti-
moniures complexes d'argent et de cuivre, de la cassitérite en pro-
portions appréciables.
A Oruro\ entre la Paz et Potosi, on a, de même, au milieu des
phyllades blanc grisâtres, un dyke de porphyre traversé par une
infinité de filons, ayant de 0",10 jusqu'à plusieurs mètres d'épais-
seur. La direction générale est à 60*", le plongement de 43 à 85""
vers le Nord ; les salbandes sont rarement nettes. Le remplissage
comprend une brèche de fragments porphyriques imprégnés de
pyrite et des débris anguleux d'un phyllade gris noir. Les mine-
rais, disposés en veine au milieu de cette brèche, sont de l'argent
rouge, de la psaturose, du cuivre gris argentifère, de la stibine et de
la cassitérite. Les exploitations portent aujourd'hui surtout sur des
gîtes d'étain qui fournissent 1 000 à 1 500 tonnes de ce métal par an.
Enfin, les eiiYitons à' Hîianchacaj dans le département de Potosi,
comprennent un certain nombre de gîtes très importants, situés
à Pulacayo, Ubina et TAsiento, à 640 kilomètres du port d'Anto-
fagasta sur l'Océan Pacifique et à plus de 4 000 mètres au-dessus
de la mer. Ces gîtes sont d'une nature toute différente de ceux de
Potosi et d'Oruro.
Les mines de Pulacayo, exploitées autrefois durant la domina-
tion espagnole, puis abandonnées à la fin du siècle dernier, ont
été reprises, sans grand succès, de 1830 à 1873 ; mais, à partir de
1877, elles ont, entre les mains d'une nouvelle Société, donné un
produit brut qui, d'après la Compagnie, ne serait pas moindre de
250 millions entre 1877 et 1888 et un bénéfice net, dans la même
période, de 100 millions.
» Coll. Ecole des Mines, 2004. Oruro est à 3 800 mètres d'altitude. Voir, sur cette
égion, la Géographie d'Elisée Reclus, t. XVlir, p. 670, etc., avec une carte de la
^région de Potosi, p. 678.
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852
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les terrains représentés dans la région comprennent une zone
centrale d*andésite à mica noir et, des deux côtés, des filons métal-
lifères situés dans le trachyte décomposé; puis, de part et d'autre,
encore un tuf d'andésite et un poudingue. L'andésite recoupe, à
l'Ouest et au Sud, des phyllades siluriens.
La coupe, donnée par un tunnel d'écoulement de 3 276 mètres
8.» •»»
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Coup c vc rtîcal c
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I .éiiius^ canùmani tàcmùuraùneàm, m
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Fig. 378. — Coupe verticale de la mine d*argent de Pulacayo à Huanchaca (Bolivie)
(en 1889).
de long, qui traverse la montagne de part en part, montre, du Nord
au Sud, le groupe de filons nommés « Yeta Pacamayo », puis la
Veta Nuova et, au delà de l'andésite centrale, les filons El Tajo et
Santa Rosa.
Le filon principal, dirigé Est-Ouest, a une puissance, qui varie,
en général, entre 1 et 3 mètres. Son inclinaison, tournée d'abord
vers le Sud sur 200 mètres de haut à partir des affleurements,
se renverse en profondeur et augmente, de plus en plus, vers le
Nord. Trois failles le rejetent, les deux premières de 2 mètres, la
troisième de 67 mètres.
Il a été reconnu sur 1 100 mètres de long et SOO mètres de haut ;
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GÎTES d'argent DK BOLIVIE (hUANCHACA, ETC.)
833
jusqu'à li6 métros au-dessous du tunnel, il était pauvre; au delà,
il s'est élargi et enrichi.
On y a constaté Texistence de trois colonnes particulièrement
riches, les Clavo de Uyuni, Clavo de Delfina et Clavo de Julia,
dont l'inclinaison paraît être de l'Ouest à l'Est.
Le remplissage est formé, depuis les affleurements jusqu'au niveau
du tunnel, de barytine associée à des minerais oxydés oujoaco^. Au-
dessous, labarytine disparait et la gangue devient quartzeuse.
Le minerai principal d'Huanchaca est le cuivre gris argentifère,
qui se rencontre, tantôt à l'état amorphe, avec un éclat huileux
d'autant plus marqué que la teneur en argent est plus élevée,
tantôt cristallisé plus ou moins franchement en tétraèdres régu-
liers. Dans cet état, le minerai contient 10 p. 100 d'argent. D'après
les exploitants, la teneur en argent augmenterait en profondeur,
en même temps que la puissance du filon, qui atteint fréquemment
trois mètres.
Avec ce minerai, l'on trouve de la blende (contenant parfois l kilo-
gramme d'argent à la tonne) ; de la galène qui en renferme 2 kilo-
grammes quand elle est à grandes facettes, des pyrites de fer et
de cuivre, de la chalcopyrite, un peu de stibine et, quelquefois, des
traces d'argent rouge. Tous ces minerais sont légèrement aurifères.
Voici quelques analyses :
MINERAI
riche
d*ezporta-
tiOQ
MINERAI
traité
aux usines
de
Huaiicbaca
et Asienti
MINERAI
pauvre
rejeté
GALÈNES
BLENDES
PYRITES
cuivreuses
PYRITES
de fer
Argent
Cuivre
Plomb
Zinc
Antimoine. . . .
Arsenic . ...
Fer
Soufre
Chaux
Silice
Pertes
Total. . . .
1,620
5,875
8,730
16.175
0,560
2,880
14,666
23,270
0,810
24,741
0,673
0,650
6,800
12,070
17,540
0,560
3,550
13,150
21,230
0,770
23,010
0,670
0,340
3,680
J9,200
12,340
1,050
5,250
9,140
21,200
0,630
26,410
0,780
0,666
5,280
45,120
14,750
2,000
1,030
3,050
17,600
traces
5,890
0,554
0,212
9,250
12,370
33,000
1,760
0,970
5,850
26,200
1,520
8,300
0,168
0,368
5,100
2,860
5,950
0,960
2,070
20,230
26,540
0,690
31,280
0,142
0,090
■
»
traces
traces
traces
48,502
48,923
1,600
0,885
100
100
100
100
100
100
100
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854 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les minerais sont divisés, sur place, en trois catégories princi-
pales :
l"" Les minerais tenant moins de 3 kilogrammes d'ai^ent à la
tonne (0,30 p. 100), qui sont réservés pour plus tard;
2"" Le minerai d*une teneur de 6 à 8 kilogrammes, traité sur
place ;
3"* Les minerais d'exportation d'une teneur moyenne de 16 p. 100
vendus en Allemagne, en Angleterre et en France.
Les usines du pays ont traité, en 1887, 12 801 tonnes de mi-
nerai, qui ont donné 64 000 kilogrammes d'argent et Ton a vendu,
en Europe, pendant la même année, 4 350 tonnes de minerai à
1,54 p. 100 d'argent, représentant 66 990 kilogrammes d'argent :
soit, en tout, 130 000 kilogrammes valant 20 millions.
En 1890, les mines d'Huanchaca ont produit 151000 kilo-
grammes d'ai^ent valant 22 millions, avec un bénéfice net de
13 200 000 francs.
Le nombre des mineurs employés est d'environ 3 500.
Bibliographie.
Descriptions de Potosi parHuMBOLDT, Haenke, d'Orbigny,Prescott, Squires, etc.
1858. Reck. — (B. m. h. Z., p. 275 et 289.)
1859. Lemohot. — (B. m. //. Z., p. 6.)
1866. Reck. — (B, M. H. Z., p. 389.)
1867. Mines d'argent de Potosi. (Cuyper, t. XXII, p. 421.)
1868. Lemuhot. — (B. w. H. Z., p. 77.)
1881 . Notice sur la Compagnie de Potosi.
1883. d'Achiardi. — I, 186.
1884. Notice sur la Compagnie d*Huanchaca.
1887. Fréd. a. Canfield. — Ueber die Silbererze des Cerro de Polosi, Boliria*
(Verhandlungen des Naturhistorichen Vereines der preussischen Lande y West-
faliens und Reg. Bezirks Osnabruch, 5<» série, 4® année. Bonn, 1887.)
CUIVRES GRIS ARGENTIFÈRES DE REGUAY (pêrou)*
Les mines de cuivre gris argentifère du Recuay et d'Huaraz^ au
Pérou, ont été Tobjet d'une étude spéciale de M. Fuchs en 1873.
* Voir, sur les gtteA d'argent du Pérou, p. 829. On trouvera, dans la Géographie
d'Elisée Reclus, t. XVIII, p. 615, une carte des gttes mélallilères du Pérou.
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CUIVRES GRIS ARGENTIFERES DE RECUAY (PÉROU) 855
Le district des mines de Recuay (département d'Anchaes) est
situé dans une des vallées hautes du Pérou, entre là Cordillère
Noire et la Cordillère Blanche, à une assez grande altitude.
Le terrain semble, d'après les descriptions, être composé de
strates jurassiques avec mélaphyres intercalés, que recoupent les
filons métallifères.
Ces filons se divisent en deux groupes : le principal E. 0.;
l'autre N. S. Le remplissage comprend de la galène argentifère,
plus ou moins antimoniale, des cuivres gris argentifères (Pavo-
nados), des pyrites de fer et de cuivre, de la blende, de la bourno-
nite et de l'argent rouge.
Les minerais de cuivre, secondaires dans les filons Est-Ouest,
prédominent dans le groupe N. S., et ce sont eux qui ont, d'abord,
été l'objet principal des exploitations. En effet, les cuivres gris
argentifères peuvent, dans une certaine mesure, être soumis
directement à l'amalgamation (seul procédé qui ait été en usage,
pendant des siècles, dans les Andes), tandis que les galènes,
rebelles à ce mode de traitement, ont été longtemps considérées
comme sans valeur.
Les deux filons principaux du groupe Est-Ouest sont le Colla-'
racua et le Tarujos.
Le filon de Collaracua a été exploité anciennement sur plus
d'un kilomètre de long pour pavonados (cuivres gris) ; mais, au
N. E. des premiers travaux, la galène remplace le minerai de
cuivre.
Ce filon est nettement encaissé entre des salbandes faiblement
argileuses, ce qui est généralement un gage de régularité. Sa puis-
sance atteint 1 mètre.
Le filon Tarujos, plus puissant que l'autre, est beaucoup moins
nettement encaissé et se diffuse fréquemment dans les roches au
contact.
Les minerais contiennent jusqu'à 6 kilogrammes d'argent à la
tonne et 70 p. 100 de plomb.
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856 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Bibliographie générale de langent.
4846. D. Ramon Pkllico. — Sur les gitès argentifères de Hiendelaenciaf
prov. de Guadalaxara (Espagne). (B. S. G., 2«, t. III, p. 648.)
1868. W. SiBT. — On the amount of Silrer in Gold from Makani N. Z. (Tran-
sactions and Proceedings of the InstUute N. Z., t. I, p. 436. Wellington, 1868.)
1869. W. Seet. — On Silver ore from Slewari's Island N. Z. (Transaction*
and proceedings of the Insiitule N. Z., t. II, p. 399. Wellington, 1869.)
1876-77. S. Herbert Gox. — Report on Argentiferous Lode at CoUingwood
(Richmond Hill Silver mine) N. Z. (Geological Surcey ofN. Z. Reports ofgeoUh-
gical explorations during 1874-76. Wellington, 1876-77.)
1877-78. S. Herbert Cox. •— Report on Richmond Hill Siher mine N. Z.
(Geological Survey of N. Z. Reports of geological explorations during 1874-76.
Wellington, 1877-78.)
* 1879. Sœtbbbr. — Edel Métal. Prod. (Petermanns Mitth., 1879.)
* 1883. D*AcuiARDi. — I metalli, loro minerali, 1. 1, p. 28 et suiv.
1884. TiciiBORNB. — On an argentiferous galeuetic Blende at Ovola, {The
Scientific Proceedings of the royal Dublin Society, t. IV, p. 300. Dublin, 1884.)
188 . Mallet. — On the occurrence of Silver in Volcanien ash from the
Eruption of Cotopaxi of July 22nd and 23rd. {Proceedings of tke royal Society^
t. XLII, p. 1. Londres, 188 .)
188 . The great Silver mines of the West. {Science^ n® 166, p. 333. New-
York.)
Thomas. — Silver from a Pensylvania mound. {Science, t. V, p. 419.
Cambridge, Mass. U. S.)
1885. Rbyer. — Blei und Silber Production von Utah, und Blei Production
der Vereinigten Staaten. (In-4o, 8 pages. Vienne, 1885.)
1888. WiLUAMsoN. — Informe sobre las minas de plata de Plata Vieja.
{Remsta de minas, 1888.)
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OR'
Au; Eq = \)8,2o. — P. at = 196,5.
USAGES ET STATISTIQUE
Historique et Usages. — L'or a joué, depuis le jour très ancien
où riiomme Ta rencontré pour la première fois, un rôle excep-
tionnel entre les métaux.
A Tépoque préhistorique, il a été des premiers découvert, en
raison de son abondance relative à Télat natif dans les alluvions ;
on le trouve bientôt associé au cuivre et au bronze ; mais, tandis
que ceux-ci, à cause de leur résistance et de leur dureté, servaient
comme instruments et outils, Tor inaltérable, malléable et brillant,
était réservé à la parure et à Tornement*, en attendant qull
devint l'instrument de l'échange et le symbole de la richesse.
Dans l'antiquité, ce furent surtout les Phéniciens, puis les Grecs
et les Romains qui donnèrent l'essor à l'industrie des mines, et
rassemblèrent un stock de métaux précieux, destiné à servir, en
* M. Fuchs préparait, au moment de sa mort, en collaboration avec M. Gumeng^e,
Ingénieur en chef des mines, un ouvrage d*ensemblo sur l'or, dont il s'était réservé la
partie géologique. Les notes quMI avait recueillies à ce sujet ont été remises à
M. Cumenge, qui doit les utiliser prochainement dans un livre intitulé : VOr dans la
nature. Nous n'en avons pas eu connaissance.
* Dans les seules tombes préhomériques de Mycènes, Schliemann a recueilli, en
objets d'ornement de toute soile, plus de 130 000 francs d'or.
D'après Pline (XXXUI, 5), l'or a été longtemps très rare à Rome. D'après lui, lors
flo la prise de Rome par les Gaulois, on ne put ramasser dans la ville (qui comptait
pourtant déjà 152 573 habitants) que 1 000 livres pesant d'or... Ailleurs, il ajoute (XXXIII,
15): « Un de mes élonnements, c'est que le peuple romain ait toujours imposé aux nations
vaincues des tributs en argent et jamais en or : témoin Carthage qui, vaincue avec An-
nibal, dut payer 16 000 livres pesant d'argent annuellement pendant 50 ans, mais point
d'or. Ce n'était pas pourtant qu'il y eut disette d'or dans le monde. Déjà Midas et
Crésus en avaient possédé des quantités immenses ; déjà Gyrus^ dans la conquête de
l'Asie, avait fait un butin de 34 (HH) livres de ce métal, sans compter les vases d'or, les
ouvrages en or et, entre autres, des feuilles d'arbres, un platane, une vigne, etc.. »
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85S GÉOLOGIE APPLIQUÉB
s'appauvrissant de plus en plus, au monde civilisé jusqu'à la dé-
couverte de TAmérique *.
Au XVI® siècle, on assiste, au Pérou, au Chili, au Mexique, à
un grand développement de production, en même temps que,
d'Afrique et d'Asie, arrive de la poudre d'or.
Mais il se manifeste bientôt une baisse progressive jusqa^à
l'essor considérable qui a suivi, en 1848, la découverte des gise-
ments de Californie, en 1850, celle des alluvions d'Australie et
qui a atteint son maximum en 1853; après quoi, la baisse a re-
pris de nouveau, pour s'arrêter tout récemment, en 1888, au mo-
ment de la mise en valeur des gîtes du Transvaal.
Le prix de For est actuellement, au pair de 3 437 francs le kilo-
gramme. Un kilogramme d'or, à neuf dixièmes de fin, tel qu'il entre
dans nos monnaies, vaut légalement, en France, 3 100 francs*.
Dans les temps anciens, il est assez difficile de suivre les varia-
tions de sa valeur comme on le ferait pour un autre métal, puisque
lui-même sert d'étalon. On ne peut que la comparer à celle des
principaux objets de première nécessité, variable elle-même pour
une foule de causes accessoires. C'est ainsi que Ton observe, par
exemple, depuis vingt ans, une baisse croissante et rapide du prix
des marchandises, mise en évidence dans le tableau ci-joint :
Moyenne des prix par pàiode de dix ans (Sauerbeek)
1868-77 1869-78 1870-79 1871-80 1872-81 1873-82 1874-83 1873-84 1876-85 1877-86 1878-87
100 99 97 96 95 93 90 87 85 8â 79
* On estime que le stock de métaux précieux subsistant au moyen âge, pouvait repré-
senter environ 1 200 millions, dont 3 à 400 millions d'or, c'est-à-dire moins que la pro-
duction actuelle d'une année. De l'année 1500 à 1848, on a extrait 15 à 16 milliards d'or
(5 000 000 kilogrammes), dont 11 pour l'Amérique, 1,1 pour la Russie et la Sibérie,
2,5 pour l'Afrique, 0,5 pour l'Europe, etc. Depuis 1849, la production a déjà dépassé
21 milliards. En faisant la somme et tenant compte de la perte, on voit qu'il peut
exister, dans le monde, environ 30 milliards d'or. — Voir Roswag (les métaux pré-
cieux), Michel Chevalier, etc.
* Notre pièce de 20 francs pèse, d'après la loi du 7 germinal an XI (28 mars 1803),
6(^,45161. Le prix d'un lingot de métal précieux, au titre de | ^ , s'obtient en dédui-
sant, du pair avec retenue au change (c'est-à-dire, du pair moins les frais de mon-
nayage) Vagio (perte ou prime). Nous rappelons que, pour l'argent, le pair, ligurant
dans toutes les cotes officielles, est de 218,89 (loi du 6 juin 1803), alors que le pair
réel avec frais de monnayage est de 220,55 ou, sans ces frais, de 222,22. De même,
pour l'or, le pair réel est de 3 437 francs (3414,44 — 7,44 de monnayage), alors que le
pair, figurant aux cotes, continue à être de 3434,44. Le rapport du franc d'argent au
franc d'or est, en poids, ^^^^^g = 15,50.
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USAGES DE l'or, MONNAIE, ETC. 859
Mais la cause en est, bien plutôt qu'au renchérissement de Tor,
à Taccroissement énorme de la production des diverses substances,
aux facilités plus grandes de transports, etc.. Pour tout ce qui
concerne le côté économique du rôle de For, nous renvoyons ,
d'ailleurs, à la discussion sur le bimétallisme que nous avons
placée en tête du chapitre de V Argenté
L'or doit son rôle tout spécial à un certain nombre de pro-
priétés : sa densité (19,26) qui ne le cède qu'à celle du platine;
sa malléabilité, supérieure à celle de tous les autres métaux ; son
inaltérabilité sous Faction de la plupart des éléments chimiques ;
son éclat, etc.. Gomme il est d'une faible dureté, on ne l'emploie
en monnaie ou en bijoux qu'après l'avoir allié au cuivre pour lui
donner de la consistance ; la loi admet les proportions suivantes :
Or. Cuirre.
Monnaie d'or de France 900 100
Vaisselle, ustensiles d*or j .^ _ g.^ .^^
MédaiUes 916 84
La tolérance, pour les monnaies et les médailles, est de 2 mil-
lièmes ; elle est de 3 millièmes pour les objets ouvrés.
Quand on cherche à apprécier comment peut se répartir, entre
ces diverses applications, la quantité d'or produite annuellement,
on arrive au résultat suivant :
Monnayage 35 p. 100.
Exportation définitive 15 —
Consommation > 11 —
Perle 35 —
Réserve des lingots 3 —
La consommation, elle-même, s'est divisée, de la manière sui-
vante, aux Etats-Unis en 1883 :
Bijoux 3 600 kg.
Boîtiers de montre 1 630 —
Métal en feuilles 460 —
A reporter, ... 5690 kg.
* Voir page 730.
* La consommation d*or pur est évaluée, par Sœtbeer, à 90 000 kiiogiamnes
par an.
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860 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Report 5 690 kg.
Chaînes de montre 374 —
Vaisselle 240 —
Lunettes 97 —
Plumes 66 —
Métal consommé par les dentistes. ... 17 —
Produits chimiques 14 —
Instruments divers 2 —
6 500 kg.
L'or, sous forme de monnaies, peut être réparti, d'après les pays
de frappe j de la manière suivante * :
Allemagne : or fabriqué de 1871 à 1881 2 156 363 432 francs.
Angleterre
—
de 1816 à 1881
3 750 000 000
Australie
—
1 650 000 000
Autriche
—
500 000 000
Belgique
—
de 1866 à 1885
563 474 660
Brésil
—
30 000000
Danemark
—
47 800 000
Espagne
—
675 000 000
États-Unis
—
1600 000 000
France
—
de 1795 à 1881
8 720 298 300 «
Grèce
—
23 000 000
Hollande
—
102 000 000
Italie
—
( avant 1862
( de 1862 à 1881
244000 000
272 000 000
Japon
—
150000 000
Mexique
—
5 000 000
Norvège
—
de 1873 à 1880
18000 000
Portugal
—
364000 000
Russie
—
561000 000
Suède
—
de 1873 à 1880
53 500 000
En 1848, on évaluait le stock d'or disponible (moilnayé ou non)
à 14 milliards et demi (contre 30 milliards d'argent); en 1857 à
22. En 1882, la proportion de Tor utilisée sous forme de monnaies
était estimée à 18 milliards (contre 16 milliards d'argent). Depuis
ce moment, il a été frappé environ 7 milliards d'or. Les chiffres
* Cf. De Malarce. (G. R., 3 février 1879 et 27 mars 1882.) Les chiffres, que nous don-
nons, partent, pour chaque pays, du moment où a été mis en vigueur le système mo-
nétaire actuel.
* L*Etat a retiré de la circulation 71 millions de pièces d'or de 10 et 5 francs. Oa
admet qu'il reste, en France, 3 800 millions en or.
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USAGES DE L OR, MONNAIE, ETC. 861
de 1889, relatifs à la frappe de Ter, permettront de se faire une
idée de cet emploi de For en monnaies :
En Angleterre, la Monnaie de Londres a frappé, en 1889,
187 500 000 francs d'or en sovereigns et 15 100 000 en demi-so-
vereigns (ces derniers fabriqués exclusivement à l'aide de pièces
trop légères retirées de la circulation). Cette année-là, il a été
importé en Angleterre 444 200 000 francs d'or et exporté
361 600 000. On évaluait le stock d'or frappé auparavant à
2 620 000 000; en ajoutant la frappe de 1889, on arrive à
2 807 500 000'.
A Paris, on a frappé 17 477 800 francs en or, dont 8 273 000
étaient des pièces légères refondues ; plus, 6 749 000 francs en
piastres du commerce pour Tlndo-Chine, soit une augmentation de
15 953 800 francs ^ La Belgique et l'Italie n'ont rien frappé. La
Suisse a frappé 2 millions de francs en or; l'Espagne, 17 505 000;
le Portugal , 95 000 milliers ; la Hollande , 2 049 000 florins
en or.
L'Allemagne a frappé 252 974 000 francs en or, dont 40 millions
étaient des pièces étrangères refondues ; l'Autriche-Hongrie
1 705 000 francs en or ; la Suède 4 millions de krons ; la Russie,
24 430 000 roubles ; les Etats-Unis, 22 millions de dollars.
Le résultat total, en déduisant 88 millions de refonte, donne
791 millions. Si l'on compare à la frappe des années précédentes,
on a :
Millions MiUioni Hillionf
1878 1112 1882 801 1886 494
1879 744 1883 567 1887 650
1880 683 1884 521 1888 702
1881 664 188o 499 1889 879
En quatorze ans, de 1877 à 1892, il a été frappé pour 9 milliards
• L'Angleterre a monnayé annuellement : de 1861 à 1870, 125 millions de francs d'or;
en 1871, 250; en 18X^, plus de 375, puis de 1874 à 1883, en moyenne, 37 millions
seulement; en 1884, 57 millions; en 1885, 75 millions ; en 1886, néant. De 1817 à 1850,
TÂnj^leterre absorbait, pour entretenir ou augmenter son stock monétaire, plus que la
production annuelle de Tor. (Voir Laveleye, le bimétallisme, p. 69 et 171.)
* La France a frappé : en 1879, 24 519 540 francs d'or; en 1880, néant; en 1881,
2167 000; en 1882, 3 742 000; en 1883 et 1884, néant; en 1885, 289 400; en 1886,
23 586 700 ; en 1887, 24 668 190 ; en 1888, 554 140 ; en tout, de 1879 à 1888,
79 617 970 francs. (Voir un résumé de la frappe des principaux pays, en cesdernières
années, dans Laveleye, bimétallisme, p. 103.)
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862
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
PROOeC
QUANTITÉS EN KILOGHAIll
France
Guyane Française. . .
lies Britanniques . . .
Prusse
Saxe
Autres pays allemands.
Autriche
Hongrie
Italie
Russie
Suède
États-Unis
Chili
Mexique
Colombie
Venezuela
Bolivie
Brésil
Pérou
Amérique Centrale. . .
Guyane Anglaise. . . .
Uépublique Argentine.
Canada
Australie. ......
Tasmanie
Nouvelle-Zélande. . . .
Le Cap et possessions
anglaises en Afrique.
République du Trans-
vaal
Japon
Chine
Possessions anglaises
en Asie (Inde). . . .
Total approximatif
pour le monde entier
1880
r ^5
5
52 212
36156
1586
9193
3 300
3 412
1881
89
1995,5
159
24
18,7
1578,6
213,4
48 902
9
1488
6019
3 423
1984
39 221
1690
8 416
3 433
3 300
3 450
3 434
3 482
3 477
3U2
»
3 442
3 442
3 442
3 442
3 091
3 513
154 778 kU.
1882
8
1557,8
>
81,7
281
30
16,5
»
218
36 182
1,7
45140
215
1409
5 806
3 423
109
1121
1648
37 771
1527
7161
484
12,1
3 429
3 300
»
3 443
3 4U
3 403
3 247
»
2 752
3U2
3 442
3 442
3442
3 442
3 442
3 442
3 442
3 442
»
3 093
3 203
3 200
161 492 kil.
1883
8
iâS
105
1557,8
56
101,6
343
30
18,2
»
191
37 700
37
46 200
»
1438
>
5 022
109
1166
>
118
1651,3
34816
•
7 724
256
iU
3 430
3 300
3 345
3 443
3 434
3 403
3 204
»
2 431
3 442
3 442
3 452
»
3 442
»
3 442
3 405
3 442
I
53,9:
146,1:
394,5;
14,5;
27 ';
»
209 :
35 709Î1
IV.N
47 TÔ5 '<
1780:-
1 354 •
179 îJ
3 405
3 310
3 140
»
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3 445
145 272 kil.
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37 245 M
1514:''
7 662:^
453î^
H6i^^
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STATISTIQUE DE LA PRODUCTION DE L OR
863
L'OR
EURS DU IILOGRAMME EX FRANCS
1885
1886
1887
1888
1889
1890
1891
^- — ^
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^--^*^^*^~^
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1
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3 200
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400
200
220
>
»
1804
3 423
»
»
»
»
»
»
1342
3143
>
»
57,3
3 414
50
3 414
456
»
332
2 776
178
2 752
63
2 657
181
2 768
36
3 438
122
3 442
82
3 459
196
3 444
179
3 449
128
3 440
100
3 434
^5
3 450
>
>;
587
3 435
582
3 431
582
3 432
f
»
778
3 432
78,3
3 437
»
»
73
3 437
1015
3 431
1 197
3 432
»
»
2198
3 424
25
3 413
17
3 406
16
3 489
10
3 476
13
3 358
22
3 357
15
3173
»
>
1789
3 470
1862
3 445
>
»
2 215
3 320
2131
3 446
>
>
95
»
195
2 706
234
2713
187
2707
216
2 640
206
2 687
>
»
f41
3 413
33 490
3 442
34 859
3 147
35 000
3 147
37 281
3 147
39 361
3 442
>
»
48
3 443
67
3 433
83
3 433
76
4 648
74
3 388
>
»
110
3 442
»
»
52 663
3 424
49 654
3 444
49 917
3 422
49 353
3 422
49 400
3 443
49 417
3 443
Î60
3 423
500
3 439
2 395
3 422
2 950
3 422
»
»
»
>
2162
3 442
»
924
3 423
1240
3 442
1465
3 424
1 465,3 424
»
»
1505
3 442
»
3 762
3 423
»
»
2 257
3 422
4 514'3 422
»
>
5 224
3 442
>
5 020
3 423
))
»
1424
3414
2 130|3 422
)»
»
1504
3 44S
>
»
»
»
>
»
»
90 3 422
>
»
101
3 436
»
1502
3 423
>
>
331
3 489
670
3 442
>
>
»
»
»
170
3 423
9
»
158
3 424
»
>
»
>
113
3 442
»
»
»
231
3 440
226
3 420
226
3 438
>
>
>
»
>
>
>
»
»
»
»
912
3142
1947
3 041
>
»
>
»
»
45
3 453
47
3 400
»
))
»
»
123
3 453
m
2 883
1437
2 985
2 061
2 974
1907
2 905
2 249
2 905
2 022
2 862
»
•
>08
3 109
34 732
3150
36 026
3 060
37 070
3 080
46 629
3 016
42137
3 827
>
»
i83
3 054
964
3 007
1325
3 017
1232
2 971
1006
3 000
729
3 013
9
»
\S2
3 241
7 218
3 224
6 340
3 226
6 258
3 228
6 320
3 226
6 008
3 246
»
»
»
)>
647
2 917
799
2 933
5 467
2 787
8 861
2 742
13 906
2 788
»
>
»
>
»
»
1087
2 900
7184
2 895
11800
2 800
15 363
3 000
22 673
3 059
»
»
333 3 402
564
3 423
606
3 424
> 1 >
»
»
775
3 442
»
»
5 492 3 423
5 068
3 443
13 542
3 422
1
w >»
8 020
3 442
»
>
19
»
» »
n
»
>
»
2 53212 942
3 400
2 919
4 043
»>
50 234 kil.
156 421 kil.
158 317 kil.
166 255 kil.
181 496 kil.
203 036 kil.
209 804 kil.
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864 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
100 millions de francs en or. En 1877, d'après Soetbeer, le stock
en monnaies et en lingots des grandes banques s'élevait à 2 890
millions ; à 3 790 millions en 1880 ; à 4 600 millions en 1883 ; à
5 040 millions en 1885 ; d'après Haupt, il a été, non compris les
trésors italien, russe et allemand, de 5 668 millions en 1886; de
6 005 millions en 1887 ; de 6 154 en 1888 ; 6 402 en 1889; 6 900
en 1890; 7 759 en 1891; 8 271 en 1892. Le total de l'or y serait
donc, au début de 1893, de 9 255 millions contre 4 978 d'argent.
A ce moment , l'encaisse or de la banque de France est de
1 700 000 * ; celui de la banque d'Angleterre de 650 millions.
En France, le commerce de l'or a donné, dans ces dernières
années :
^™™'
OR ET PLATINE
OR ET PLATINE
i^^BBI
CENDRES
battu)
;,bijouterie, orfè-
OR BRUT
OR EN UON.NAIES
et
laminés ou filés
treric)
REJET* D'oarérRBi
— -^^ ^^^ -^
, ^^»^^-* —
. -^^
-^- ^
'- •^—
^^ — -
- — ^ ^
Iroport.
Export.
Import.
El port.
Iniport.
Expo ri.
Import.
Export.
Import.
Export,
kg
kg.
kg-
kg.
kg.
kg.
kg.
kg.
kg.
kg.
1885
1754
4 182
849
2 873
31 183
22 247
48 011
37 992
854 879
97 401
1888
1 751
1 064
2 941
2 950
10 348
0 226
20 474
50 216
546 bl2
209 209
1889
1712
1428
1821
2 792
ÎÔ279
4 775
45 007
35 304
527 153
63 321
1890
1359
1 918
1 207
4 035
16 104
26 400
19 153
49 588
396 721
76 237
1891
2 342
2 489
1 114
3 556
34 438
9 021
75 922
63 771
430 488
59 443
Indépendamment de For produit par la reviviflcation des cendres
et rejets d'orfèvre, importés chaque année en assez grande quan-
tité (68 tonnes en 1891), la France produit un peu d'or extrait de
minerais étrangers (220 kilogrammes ou 704 000 francs en 1891).
Production de Tor. — Le tableau (p. 862-863) donne, de 1880
à 1891, pour les divers pays, la production de l'or en kilo-
grammes.
Si l'on compare ces chiffres avec ceux des périodes précédentes,
voici ce qu'on trouve en kilogrammes par an * :
* Cet encaisse était : en janvier 1881, de 561 millions; en 1884, de 951 ; en 1886, de
1 155; en 1888, de 1106; en 1890 de 1261 ; en 1891, de 1 120; en 1892, de 1 350
Une grande partie de Tor importé en France, depuis 1891, vient des Etats-Unis.
* Voir, dans les Minerai Resource des États-Unis, 1890, p. 53, un graphique donnant
la production d*or et d'argent dans le monde, depuis 1848, d'après divers auteurs.
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STATISTIQUE DE LA PRODUCTION DE l'oR
865
Kilos
1561 à 1580 6 980
1581 à 1600 7 350
1601 à 1620 8 430
1621 à 1640 8 430
1641 à 1660 8 800
1661 à 1680 8 800
1681 à 1700 9 100
1701 à 1720 12 020
1721 à 1740 19 080 )
1741 à 1760 24 610
1761 à 1780 20 705
1781 à 1800 17 790
1801 à 1810 17 778
1811 à 1820 11 445
1821 à 1830 14 216
1831 à 1840 30 289
1841 à 1850 54 759
/ =
Francs
23 700 000
25 000 000
28 700 000
28 700 000
30 000 000
30 000 000
31 250 000
4i 700 000
66 530 000
85 820 000
72 200 000
62 000 000
62 000 000
39 910 000
49 580 000
70 750 000
190 970 000
1849 \
1850/,
1851 Z
1852 \ ^
1853/
De 1856 à 1860
1861 1865
1866 1870
1871 1875
^880l^
1885/ g
1889 (S
1891 /
40 000 kilogrammes = 135 500 000 francs
65 000
100 000
190 000
220 000
206 058
198 207
( l| 192 000
' " 170 675
154 778
150 234
203 036
209 804
/ «
= 222 250 000
= 338 000 000
= 663 000 000
= 777 300 000
= 700 400 000
=1 673 800 000
= 652 800 000
= 580 040 000
= 526 320 000
= 510 000 000
= 646 000 OGO
= 681 000 000
C'est ainsi que, depuis 1848, il est sorti de terre plus de
21 milliards de francs d'or.
Ce tableau montre immédiatement, après le grand accroisse-
ment de production qui a suivi la découverte des gisements de
Californie et dont le maximum a eu lieu en 1853, une baisse
continue qui ne s'est interrompue qu'en 1888, avec le début des
exploitations du Transvaal.
Ces dernières ont été, depuis ce moment, sans cesse en crois-
sant. Après avoir produit 494 000 onces en 1890% et 729 000 en
* Pour le complément, depuis 1880, se reporter au tableau, pages 862-863.
' L'once d or vaut 31^^,103496.
GÉOLOGIE. — T. n. 55
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866 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1891, elles sont arrivées, en 1892, à 1 210 865, soit 37 657 kilo-
grammes.
Si Ton classe maintenant les pays d'après leur production d'or,
on obtient :
Elats-Uois. . .
Australie ....
Russie
Transvaai. .
Le Cap et posses
sioDs anglaises
en Afrique . .
Chine ......
Nouvelle-Zélande.
Colombie ....
Indes (Mysore) . .
Chili
Hongrie
Canada
Guyane anglaise .
Mexique
Venezuela. . . .
Guyane française.
Japon
Tasmanie ....
Brésil
Amérique centrale
Italie
Grande-Bretagne.
République Argen-
tine
Pérou. ....
Suède
Bolivie
Allemagne. . . .
1891
Kilos
49 417
22 672
5 224
4B00
2 162
1505
1504
»
775
183
123
113
110
101
100
1890
Kilos
49 414
42137
39 641
15 363
13 906
8 020
6 008
3 400
2131
2 022
1947
1342
729
205
63
127
1889
Kilos
49 353
46 629
37 281
11800
8 861
n
6 320
4514
2 532
2 215
2 249
912
2 130
1006
670
216
178
74
90
110
1888
Kilos
49 917
37 070
35 000
7 184
5 467
13 542
6 258
2 257
2 953
»
1900
687
1465
1424
606
1232
331
226
187
332
47
158
76
1887
Kilos
49 654
36 626
34 859
1087
799
6 340
2 395
1862
2 061
564
1325
234
456
83
1886
Kilos
52 663
34732
33 490
647
7 218
3 762
1437
1804
L*or, mentionné précédemment (page 862} comme production française, vient eiclusivement de
minerais étrangers; nous n'en avons donc pas tenu compte ici. U en est de même pour la ma-
jeure partie de Tor produit en Allemagne et en Angleterre. Cependant ces deux pays ont égale-
ment des minerais aurifères.
Nous résumerons les données statistiques relatives aux princi-
paux pays producteurs en les prenant par ordre d'importance. Ce
nous sera une occasion pour indiquer brièvement les conditions
géologiques des gisements, dont nous ne donnons pas, plus tard,
une description détaillée.
Etats-Unis. — Aux Etats-Unis, la presque totalité de For est ve-
Digitized by
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STATISTIQUE DE LA PRODUCTION DE L OR
867
nue, un moment, de la Californie; mais, depuis trente ans, quelques
autres Etats de TOuest ont commencé à en produire également des
quantités considérables. Le caractère américain et le genre d'in-
dustrie propre à des pays neufs font, d'ailleurs, que les centres de
production se déplacent rapidement et sont abandonnés presque
aussi vite qu'ils se créent. Tout au contraire de ce qui se passe
dans les mines du vieux continent, particulièrement dans celles de
l'Etat en Allemagne, où l'exploitation s'opère avec le souci d'un
avenir lointain en arrachant jusqu'à la dernière parcelle de mine-
rai, en Amérique, on s'occupe exclusivement du minerai « payant 9
et Ton gaspille, à côté, tout le reste, quitte à y revenir péniblement
plus tard. Si l'on joint à cela les spéculations gigantesques entre-
prises par les propriétaires des mines, pour faire croire tantôt à
leur prospérité inouïe, tantôt à leur épuisement complet, et le soin
jaloux avec lequel ils empêchent, en conséquence, d'y pénétrer, on
comprendra la difficulté que l'on éprouve à suivre à distance cette
industrie des mines dans ses fluctuations constantes.
En 1878, 1882, 1887 et 1890, cette production s'est répartie,
entre les divers Etals, de la manière suivante :
1890
1887
1882
1878
Californie
Colorado
Montana
Dakota
Nevada
Idaho
Oregon
Arizona
New-Mexico. . . .
Alaska
Ulah
Washington. . . .
Carolinç du Nord .
Géorgie
Carohne du Sud. .
Michigan
Totaux . .
Frnncs
65 000 000
21580 000
17150 000
16 640 000
14 550 000
9 240 000
5 700 000
5 180 000
4 420 000
3 960 000
3 530 000
1140 000
610 000
518 000
518 000
416 000
Francs
69 680 000
20 800 000
27 040 000
12 680 000
13 000 000
9 880 000
4 680 000
4 316 000
2 600 000
3 510 000
1 144 000
780 000
1 144 000
572 000
260 000
»
Francs
87 360 000
17 472 000
13 000 000
17 000 000
11000 000
7 800 000
4 316 000
5 200 000
780 000
780 000
990 000
624 000
990 000
130 000
>
Francs
91044 000
16 700 000
13 900 000
12 520 000
46 560 000
7 200 000
6 000 000
4 140 000
646 000
2 970*000
OiTers
"^15 800 000
>
170154 000
172 086 000
167 442 000
216 580 600
La production totale de l'or, aux Etats-Unis, dans ce siècle, a été
environ la suivante :
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868 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Etats du Sad, de 1804 à la découverte de Tor en Californie. 68 640 000
(De 1848 i 1880 7 987 200 000
1881 1884 inclus 946 400000
1883 1887 520000000
1888 49 917 000
États I 1889 49 353 000
f 1890 49 400 000
\ 1891 49 417 000
9 720127 000
Si Ton examine un graphique de celte production de Tor aux
Etats-Unis \ on voit la courbe s'élever presque verticalement de
1847 à 1853 (4 500 000 dollars à 65 millions), puis redescendre
jusqu'en 1862 (40 millions), remonter à 54 millions en 1866, des-
cendre à 34 en 1875, revenir à 50 en 1878, retomber à 30 en 1883,
et, depuis ce moment, osciller autour de ce même chiffre. La
production deTargent, qui n'a commencé quen 1860, a suivi
une augmentation beaucoup plus constante, sauf un recul de
1878 à 1880 et, pour Tensembledes deux métaux précieux, il y a
également un maximum en 1878 (96 millions de dollars), un mini-
mum en 1880 (74 millions).
Indépendamment de cette production, on constatait, il y a
quelques années, aux Etats-Unis, une importation d'or, qui s'est
élevée, en 1887, à 234 millions de francs contre une exporta-
tion de 47 millions , les importations ayant donc surpassé les
exportations de 187 millions, tandis que, pour l'argent, la perte
par exportation était de 37 millions. Depuis 1891, les États-
Unis exportent, au contraire, de l'or. La consommation, dans
les arts industriels, était, en 1887, d'environ 60 millions de
francs.
Voyons maintenant quelles sont, dans les divers Etats que nous
venons d'énumérer, les principales mines d'or * :
La Californie a été le premier Etat américain qui ait produit
de l'or; cette production s'est élevée, en 1848, à 42 millions de
• Voir Minerai Resources of the United Slates, 1887, p. 61.
On trouvera également, dans les Minerai Resources de 1890, p. 51, un tableau de
la production de Tor et de l'argent aux États-Unis, depuis 1792.
• On peut consulter : Whitney ; Metallic yrealth of the Un. States, et R.-W. Raymond ;
The mines of the west, 1869.
Digitized by VjOOÇIC
STATISTIQUE DE LA PRODUCTION DE L OR 869
francs d'or; en 1853, à 336; en 1860, à 233, alors que les autres
Etats n*en fournissaient que 5 millions. Puis, on trouve :
1868 1877 1880 1890
Californie 114 78 91 65 millions de francs
Autres États ... 134 166 93 105 —
D'année en année, la production de la Californie décroît, tandis
que celle des autres États augmente encore un peu.
En Califoimie^ Tor existe, comme nous le verrons, en filons et
en alluvions.
Parmi les filons, le principal est ce gigantesque filon nommé
Mother Lode qui s'étend à travers trois comtés.
Sur ce filon, nous citerons, dès à présent, les mines du comté
de Mariposa (Joséphine et Pline Tree); puis, dans le comté
d'Amador, la mine Eurêka (ou Haywards), la mine Keyston, etc.
Sur des filons de quartz indépendants, se trouvent les mines du
comté de Nevada *, telles que Eurêka mine, Empire mine, Ophir
Hill (Gras Valley) ; Banner mine, Pittsburg mine (Nevada City).
Comme placers, les principaux sont ceux des bassins de Yuba
river, Bear river, American river, Makelumne, Stanislas et Tuo-
lumne.
Au Colorado^ ^ les principales mines d'or étaient, en 1882, celles
du comté de Gilpin* (quartz avec pyrites aurifères). Lock cite
particulièrement le filon Bobtail dirigé E.-O., d'une épaisseur
.moyenne de 1 mètre, encaissé dans du gneiss et composé de
quartz aurifère avec pyrite de fer et de cuivre; ce filon avait pro-
duit, en 1882, 13 millions; il décrit, en outre, le Gregory Lode,
Bâtes Lode, Illinois Lode, Gardner Lode, Burroughs Lode.
Indépendamment des quartz aurifères, on exploite, au Colorado,
* Il faut avoir soin de distinguer le comté de Nevada (Etat de Californie), de TEtat
de Nevada. Dans le mônrïe ordre d'idées, nous appellerons l'attention sur les répéti-
tions fréquentes des mêmes noms de mines, de rivières, de montagnes, etc., en des
points différents, aux Étais-Unis. 11 est nécessaire également de tenir compte des
changements administratifs qui ont été causés, dans ces dernières années, par la
création de nouveaux États.
• Voir Lock, Gold, etc., p. 159. — Rapport de J.-D. Hague. — Rolland. Ann. d. AI.,
1878, etc.
Le Ck)lorado est devenu un État, depuis 1876.
» Sur le comté de Gilpin, voir Burthe. Ann, rf. A/., 7«, t. V, p. 285.
Digitizedby^OOÇlC
870 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans le comté de Boulder, des gisements de tellurures qui n'ont
guère leur équivalent qu'en Transylvanie. Ces mines, après avoir
excité un grand enthousiasme en 1873, ont été, dès Tannée suivante,
très dépréciées, puis se sont relevées, peu à peu, à mesure que
Ton a appris à concentrer les minerais à basse teneur. En 1875,
le comté de Boulder, avec les mines de Magnolia (près de Boulder
City), de Melvina, d'American, de Slide au Nord de Gold Hill, etc.,
produisait 3 300 000 francs d or.
Enfin le comté de Clear Creek produit une certaine quantité d'or
(500 000 francs en 1876), avec des mines de blende et galène ar-
gentifère à gangue quartzeuse *.
Au Montana^ le grand développement de la production aurifère
est très récent. Lock, dans son ouvrage monumental sur For
publié en 1882, ne consacre à cet État qu'une courte mention*.
Cependant, vers 1865-66, il y avait eu un premier essor dû à la
découverte de riches placers sur les affluents du Missouri. En
1863, la production avait atteint 93 millions de francs ; puis elle
est retombée, peu à peu, à 21 millions en 1876 et 13 millions en
1882. Vers 1876, les principaux placers étaient, d'après Raymond,
ceux de Old Aider, Deer Lodge County, Lewis and Clarke, etc.
Dans le Deer Logde County, on exploitait, en outre, dès cette époque,
des filons de quartz aurifère avec pyrites de fer et minerais de
cuivre. De 1882 à 1887, la production du Montana a plus que dou-
blé (27 millions en 1887) et cet essor a continué depuis. Aujour-
d'hui, la principale mine d'or de la région est celle de Drun Lum-
mon, à peu de distance à TOuest de la ligne du North Pacific
Raihvay, au nord de Butte City. En outre, la plupart des filons
argentifères du groupe de Butte City* produisent une certaine
quantité d'or.
Dans le Dakota*"^ se trouve la très importante mine de Bomestake^
où l'on arrive à traiter, par an, 200 000 tonnes de minerai, tenant^
• Voir Burlhe. Ann, d. M., 7% t. V, p. 302.
Rolland. Ann, d. 3/. Janvier 1878, p. 23, etc.
• Page 172.
* Voir, plus haut, pages 263 et 808.
* Lock, p. 162.
Bappoit de W. P. Jenney.
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STATISTIQUE DE LA PRODUCTION DE l'oR 871
environ, 25 francs d'or à la tonne et donnant H à 12 francs de
bénéfice ; au voisinage, près de la ville de Deadwood', dans les
Blackhills, sont les minesFather deSmet, qui passent 100 000 tonnes
et Caledonia, qui en passe SO. Les gisements sont des filons de
quartz aurifères, comparables à ceux de Californie et traversant les
schistes archéens.
Indépendamment de ces filons, il existe, dans le Dakota, des
gisements d*alIuvions, tels que ceux de French Creek, Spring
Creek, Castle Creek, etc.
Dans le Nevada *, la grande production d'or, accusée par le
tableau précédent, est surtout fournie par le filon de Comstock,
auquel s'ajoutait, il y a quelques années, le district d'Eurekaqui,
nous n'avons pas besoin de le rappeler, sont des gisements auri-
fères en même temps argentifères*. La mine de Richemond (Eu-
rêka), dans le premier semestre de 1875, a fourni 1 550 000 francs
d'or, 2 800 000 fr. d'argent et 1 270 000 fr. de plomb.
Dans Yldaho^y on exploite également des filons, tels que ceux
des monts Owyhee et du Salmon river et des placers sur le Snake
river.
L'idaho est, comme le Montana, un pays où les exploitations
minières (or, argent, etc..) prennent, depuis 1887 ou 1888 sur-
tout, un développement considérable.
DansTOr^^ow, l'or se trouve, principalement, sur le flanc Ouest
du Cascade Range et dans les alluvions de toutes les rivières qui
en découlent.
Dans Y Arizona^, les plus anciennes mines sont celles du comté de
Puna, où Ton exploite un quartz aurifère. Généralement, les quartz
aurifères de cette région, à la différence de ceux de Californie,
contiennent de la pyrite de cuivre assez abondante. Nous avons
eu l'occasion de décrire les grands gisements de cuivre qui s'y
trouvent*. La majeure partie de l'or vient, d'ailleurs, du traitement
des galènes argentifères.
• Voir Lock, p. 173.
' Voir pages 626 et 793.
» Lock, p. 171.
• Page 128.
• Voir plus haut, page 262.
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872 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Australie *. — L'Australie vient immédiatement après les Etats-
Unis comme centre de production aurifère, et, si on lui rattache
la Nouvelle-Zélande et la Tasmanie, qui forment, avec elle, TAus-
tralasie, elle a une production presque égale, parfois même supé-
rieure (48 874 kilogrammes contre 49 414 en 1890; 44 560 contre
40 917 en 1888; 45 622 contre 40 000 en 1881). De 1851 à 1882,
la production de Tor en Australasie s est répartie de la façon sui-
vante :
Victoria 1 597 678 kilogr.
Nouvelle-Galles du Sud. . 289 035 —
Queensland 119 778 —
Australie méridionale . . 3 472 —
2 009 963 — =6 366 985 029 francs.
Tasmanie 8663 - )_4nHoiRi7Q
Nouvelle- Zéiaiidc .... 312545 - )-*"**"*»*^^ -
Dans la province de Victoria, Tor provient, comme toujours, de
deux grandes sources, Texploitation des alluvîons et celle des
quartz aurifères. A cette dernière vient s'ajouter, pour un chiffre
assez faible, l'exploitation des pyrites et autres minerais complexes
renfermant un peu d'or et le lavage des tailings (rebuts des
exploitations anciennes). En 1868, sur un total de 52 300 kilo-
grammes, les alluvions en fournissaient 33 821, les filons 18 479;
en 1889 sur 26 710, les alluvions n'entraient plus que pour 9 760,
les filons pour 16 950*.
Les tableaux ci-joints montrent, dans cette province : 1^ la
quantité totale d'or extraite des filons et alluvions, de 1851 à
1881; 2^ rimportance respective des divers districts en 1881 et
les produits de Texploitation en ce qui concerne les quartz
aurifères, les pyrites, les tailings, etc.
* Voir, sur la production de Tor en Australie, une note de M. Fuchs dans le bul-
letin des Ann. d. M. de 1881, et Lock, p. 479.
* Nous retrouvons partout ce Tait de Tépuisement rapide des alluvions, tandis que,
dans les pays d'exploitation déjà ancienne, les filons gardent seuls quelque impor-
tance
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STATISTIQUE DE LA PRODUCTION DE L OR
873
QUANTITÉ TOTALE d'OR EXTRAITE DES FILONS ET DES ALLUVIONS
DE LA COLONIE DE VICTORIA, DE l'ORIGINE (1851) à 1881
ANNÉES
OR
OR
OR TOTAL
DES ALLUVIONS
DES FILONS
Kilog.
Kilog.
Kilog.
J8ol à 1867
»
»
1 107 107
1868
33 821
18 479
52 300
1869
29 049
25 098
£4147
1870
22 352
18 211
40 563
1871
21713
20 860
42 573
1872
19 890
21515
41405
1873
15 682
20717
36 399
1874
13 475
20 661
34 136
1875
13 267
19 960
33 227
1876
12130
18 842
30 972
1877
9011
16 168
25 179
1878
8 224
15 350
23 574
1879
9 121
14 481
23 602
1880
9 327
16 457
25 784
1881
Totaux. . . .
9 760
16 950
26 710
226 822
263 749
Depuis 1868: 490 571
Depuis 1851: 1597 678
l. -— PRODUITS DE l'exploitation DES QUARTZ AURIFÈRES (1881)
DISTRICTS MINIERS
NOMBRE II
de filons de 1
quartz en 1
exploitation 1
QUARTZ
traités et
étudiés
OR PRODUIT
TEXEURÎ
■oviniCBS
5 PAR TONNE
bitbImbs
PROFONDEURS
correspon-
dantes
Ballarat
Bcecbworth
S.-indhurst
Maryboroiigh ....
(Utstlemaine
Ararat
Gippsland
Totaux et moyennes.
350
912
779
627
407
81
489
Tonnes
508 OiO
43 682
248 490
53 840
89 556
82 540
30 702
Kilog.
5 184 629
815 153
4 665 355
849 047
878 419
945 03i
827 587
Grammes
10 046
18 681
18 467
15 645
9 661
11 285
26 80»
Grammes
7 72Sà 17 650
13 851 4322374
9 490 à 40 482
38 722 à 83 701
Blètres
60 à 330
150 à 400
80 à 220
180 à 330
3 645
1 056 830
14 165 241
12 225
7 728 à 322 374
60 à 330
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874 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
II. — PYRITES AURIFÈRES ET MINERAIS COMPLEXES (EN 1881)
DISTRICTS MINIERS
UINERAIS TRAITÉS
OR PRODUIT
TENEUR
moyenne par tonne
Ballarat
Beechworth
Sandhurst
Maryborough
Castlemaine
Ararat
Tonnes
1771
410
2 942
. 247
630
»
56
Kilogrammes
144,492
15,«13
197,716
2,712
43,089
1,836
Grammes
81,776
37,704
67,071
10,900
67,926
32,488
Gippsland
Totaux et moyennes . .
6 056
405,058
66,687
III. — REBUTS 00 TAIUNGS (EN 1881 )
DISTRICTS MINIERS
&II!fERAIS TRAITÉS
or produit
TENEUR
moytnnf par tonne
Ballarat
Tonnes
2 340
7 371
326
4 474
8 338
2 615
»
Kilogrammes
6,822
42,900
0,793
29,379
22,117
4,225
Grammes
2,480
5,429
2,137
6,455
2,266
2,694
>
Beechworth
Sandhurst
Maryborough
Castlemaine
Ararat
Gippsland .
Totaux et moyennes . .
25 46i
106,236
3,804
IV. — ALLUVIONS (WADSHIRT) TRAITÉES AU SLUICB ET ÉTUDIÉES EN 1880
DISTRICTS MINIERS
Ballarat
Beechworth
Sandhurst
Maryborough . . . .
Castlemaine. . . .-.
Ararat
Gippsland
Totaux et moyennes.
ALLUVIONS
lavées
Tonnes
230 723
242 751
141 255
330 607
33 799
979 135
or TOTAL
produit
Kilogrammes
60,538
187,349
651.321
617,598
285, 134
1801,940
TENEUR
moyenne par
tonne
Gramme»
2,052
0,513
»
4,615
1,752
8,207
2,095
TENEURS EXTRÊMES
par tonne
Grammes
0,460
0,471
»
2,553
0,7X0
Grammes
4,083
1,279
9,160
4,029
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1077
674
663
5t4
937
485
362
462
>
312
1263
294
422
282
295
253
121
114
STATISTIQUE DE LA PRODUCTION DE L OR 875
Après la province de Victoria, vient celle de la Nouvelle-Galles
du Sud, où l'exploitation a donné :
DISTRICTS PRODUCTION DE L*OR
En 1876 En 1879 ^
en kilos en kilos
Mudgee
Tumut
Tambaroora
District méridional
Hunier et Macleay
Lochlau
Bathurst
Peel et Uralla
Nouvelle Angleterre et Clarence. . . .
De même, dans le Queensland^ on a eu :
DISTRICTS PRODUCTION DE L*OR
En 1880
en kilos
Charters Towers 2113
Hodgkinson 741
Ravenswood 392
Etheridge et Gilbert 274
Gympie 228
Palmer 215
Cloncurry 152
Gladstone 107
Clermont 36
Total 4 258
Pour la description des gisements, nous renvoyons aux deux
chapitres des Filons de quarlz aurifère^ et des Alluvions^.
Russie'. — La première découverte de Tor en Russie fut faite,
en 1737, dans le gouvernement d'Arkhangel par un paysan nommé
* Voir page 912.
• Voir page 969.
» Voir Look, p. 369.
Laurent. Industrie de Tor dans TOural. Ann, d, M. y déc. 1890.
Cf. Reclus : Asie russe, p. 880.
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876 6É0L0GIK APPLIQUÉE
Taras Antonof. En 1745, on trouva les gisements de Bérézowsk, près
d'Ekaterinenburg, dans l'Oural et, à peu près à la même époque,
les riches alluvions de TAltaï (montagne de Tor, en Tartare) entre
les rivières de Tlrtysch et de TOb, dans la province de Tomsk.
Celte région de l'Altaï prit, assez vite, un développement minier
considérable, non seulement pour Tor, mais aussi pour l'argent :
les mines de plomb argentifère de Smeïnogorsk, dans TAllaï, ont
été, à la fin du xvni* siècle, les plus productives du monde et, de
1745 à 1860, TAltaï a produit 250 millions d'argent, 50 millions
d'or. Après l'Oural et l'Altaï, on commença à exploiter les allu-
vions du haut Yénisséi et de l'Angora, de Vitim et de TOkoma
qui, dans leur nouveauté, avec une main-d'œuvre à vil prix de
serfs et de condamnés, ont, malgré la rigueur du climat, donné,
jusqu'en 1850, de très grands bénéfices. Mais, peu à peu, les allu-
vions de la Sibérie se sont appauvries et, quoiqu'on 1877 on comp-
tât encore 51 272 orpailleurs dans la Sibérie Orientale, la produc-
tion y a diminué, tandis qu'au contraire les mines de l'Oural, sous
une direction éclairée et avec l'introduction de méthodes perfec-
tionnées, s'accroissaient.
La Russie a produit les quantités d'or suivantes :
De 1737 à 1877 1 107 103 kilogr.
(1867 à 1876, par an . . 33 345 — en moyenne.)
1877 39 803 —
1877 à 1888 385 981 —
1889 37 281 —
1890 39 651 —
1 609 799 kilogr.
La production se répartit entre les régions suivantes (année
1885) :
Sibérie Orientale 22101^^,894
Sibérie Occidentale 2 209 448
Oural 8697 530
Finlande 6 130
33 014^^^02
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STATISTIQUE DE LA PRODUCTION DE L OR 877
La Sibérie elle-même comprenait, en 1876, les centres suivants :
Province d'Iakutsk iO 279,3
— d'Irkutsk 6 321,3
— de Transbaïkalie 3 831
Amur 2 812,1
Maison impériale 2 506
Tomsk 1757,7
Divers (Semipalatinsk, Akmolinsk; 1 460
28 967,4
Dans la province à'Iakutsky le principal centre d^exploitation
est Olekminsk S au confluent de rOlekma et de la Lena. Malgré le
climat très extrême, les exploitations, qui portent sur les alluvions
de la Lena, sont considérables. Plus de 6 000 hommes traitent
là, par an, environ i million de tonnes de sables aurifères.
Dans la province à'Irkutsk, on lave les alluvions de la Lena
supérieure (à Verkho Lensk), de la Selenga à Verkneudinsk.
LTénissei, lui-même, présente, sur la majeure partie de son cours,
d'importantes exploitations. C'est ainsi que nous citerons, d'après
Lock, au Sud de la province dTenisseisk, Atchinsk et Minusinsk;
puis, en .remontant' :
Sables lavés Or obtenu
Bassin de TUderey. . . . 181 300 000 tonnes 62 500 kg.
— du grand Murojnaia. 10150 000 — 33 300 —
— du grand Pit. ... 2 030 000 — 4 300 —
Dans la région à'Yenisseisk, on recueillait autrefois une grande
quantité d'or dans les sables des rivières qui coulent à rYénissei,
entre la Verkhnaya Toungouska ^ et la Toungouska Podkamen-
naya (Uderey, Pit, etc.) ; en 1873, il y avait encore là plus de
16 000 travailleurs ; mais la production tend à y diminuer peu à
peu.
Le bassin de FAmour fournit l'or extrait en Transbaïkalie et
dans la province de r Amour''. L'exploration méthodique de ces
• Lock, p. 413.
* Lock, p. 409.
' Voir une carte de cette ré^on dans Reclus, t. VI, p. 725, et dans Lock, p. 398.
^ Voir une carte dans Lock, p. 414.
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878 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
gisements a été faite, en 1849, par une expédition russe envoyée,
en apparence, pour délimiter la frontière chinoise ; puis, en 1857,
par Anosof et, en 1870 par Bogolinbsky. Il existe de Tor, non seu-
lement dans les alluvions de TAmour, mais aussi dans celles de
ses affluents, la Shilka et TArgun. Les mines de Nertschînsk, ex-
ploitées depuis 1832, ont été très importantes vers 1870 : on lavait,
à ce moment, plus de 1 million de tonnes par an pour obtenir
2 500 kilogrammes d'or. Comme la plupart des gisements sibé-
riens, celui-là est en décroissance depuis l'abolition du servage.
EnQn, dans VOural, on a exploité : 1^ les gisements du district
de Bérézowsk et Goroblagodask ; 2^ ceux du district de Miask ;
3** ceux du territoire des Bachkirs; 4® ceux du territoire des
Cosaques d'Orenbourg. Les filons de quartz aurifère de Bérézowsk
donnent seuls aujourd'hui lieu à une exploitation suivie ; nous
les décrirons ultérieurement.
Au Transvaal et dans les possessions anglaises du Cap, l'indus-
trie de For a pris, depuis 1888, une extension considérable;
après avoir porté d'abord sur des alluvions, les exploitations s'at-
taquent aujourd'hui à des conglomérats dévoniens ; c'est un sujet
sur lequel nous aurons à insister.
La Chine produit une assez forte quantité d'or, pour laquelle
les statistiques exactes font défaut. On connaît, comme districts
aurifères, la partie chinoise du bassin de l'Amour, au voisinage
de la Transbaïkalie, les districts de Ninghai et E. Chaou dans la
province littorale de Shantung au Sud de Pékin, le district de
Singan (Shensi), le Thokjalung dans le Thibet, etc. Lock donne,
d'après Pompelly*, une liste, avec carte annexée, de ces laveries
d'allu vions, sur lesquelles nous manquonsde renseignements précis.
On cite particulièrement le Yangtzekiang, qui s'appelle aussi Kin-
shakiang (rivière de sable d'or) et, plus bas, Kin-ho (rivière d'or).
D'après Adkins (1877), on exploiterait aussi des quartz aurifères
dans la vallée de Chia-t'i-kou.
Ce sont là les cinq grands centres de production, fournissant, à
eux seuls, près de 85 p. 100 de la production du monde : 176 000
kilogrammes sur 210 000. Nous allons passer en revue les centres
• Pages 268 et 297.
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STATISTIQUE DK LA PRODUCTION DE L OR 879
de moindre importance en les groupant, pour plus de facilités,
par continent.
Dans VAmérique du Sud^ Tor est exploité dans Tisthme de.
Panama, Tisthme de Darien, en Colombie, au Pérou et au Giiili,
dans le Venezuela, les Guyanes et le Brésil.
Uisthme de Darien^ de même que Visthme de Panama^ comptent
parmi les régions aurifères. La province de Darien, surnommée
Castiila de Oro, était l'Eldorado de Walter Raleigh (1517), de
Francis Drake (1557). C'est là que se trouvaient les mines fa-
meuses de Cana, qui furent abandonnées au xviu* siècle. Une
compagnie française a essayé de les reprendre, il y a une dizaine
d'années. Â Panama, on a exploité les mines de Sardenilla, Chiri-
qui, de Barbacoas, de Choco. Du côté de l'Océan Pacifique, sont
les districts de Quibbo, Buenaventura, etc. Nous reparlerons des
mines de Sardenilla.
En Colombie ou Nouvelle-Grenade ^ y Texploilation de For est
très ancienne. De 1537 à 1875, le docteur Sœtbeer Ta évaluée à
1 210 400 kilogrammes. De 1820 à 1875, la production moyenne
annuelle a été d'environ 3 490 kilogrammes. En 1889, elle s'est
élevée à 4 514 ; en 1891, à 5 224.
Au Chili^j la production, de 1545 à 1875, s'est élevée, d'après
le docteur Soetbeer, à 262 700 kilogrammes ou 900 millions d'or.
Elle varie actuellement entre 2000 et 3 000 par an. Le Chili, au
moment delà conquête espagnole, produisait, avec la Bolivie, l'or
des Incas. On cite, en particulier, les filons des départements
d'IUalpel et de Combarbala, les placers de Andocollo (à 50 kilo*
mètres de Coquimbo), de Los Cristales à Canquenes, de ïalca, de
Arauco., etc.
Au Venezuela^ il existe un certain nombre de mines importantes,
dont le développement peut être résumé dans le tableau suivant,
qui exprime la quantité d'or expédiée en lingots par les mines,
indépendamment d'une certaine quantité vendue sur place;
' Lock, p. 235.
* Lockf p. 233. Cf. Appendice et lettre d'Alexandre Bertrand.
Voir Yicuna Mackenna : La Edad del Oro en Chile.
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880
GÉOLOC
AE APPLIQUÉE
CHILE, yocupu
CALLAO
NACUPI
BAMA
POTOSI
et
CARATAL
25 pilons
35 pilons
20 pilons
20 pilons
NEW-YORK
10 pilons
10 pilons
i871
Francs
278 633
Bn onces
»
>
»
»
>
1872
712 318
»
»
»
»
>
1873
1 063 838
>
»
>
»
>
1874
1 544 590
5 206
373
1565
1339
6 843
1875
3048640
13 492
>
2919
2 997
4754
1876
4169 255
11724
»
3 208
4 028
4 469
1877
(40 pilons)
(50 pilons)
14 670
4551
(20 pilons)
4 778 682
4 892 518
6312
"
7 126
7 265
4 582
1878
Arrêt
»
»
»
1879
3 897 126
>
s
»
>
1880
5 200 723
>
»
>»
»
1881
6 970 219
i>
»
>
»
1882
(60 pilons)
10150 584
M
>
»
>
»
»
>
)i
1883 14 200 000
S
>
>
31453
(3 000 000 fr.)
Après la mine de Gallao, la mine de Chile est la plus impor-
tante. Toutes deux portent sur des filons de quartz aurifères. Le
lavage des alluvions ne se fait que dans la vallée de la Mocupia
et ses affluents.
Dans la Guyane anglaise, on a exploité de Tor sur les alluvions
de l'Yumeri à Tupuquen. La production de la région est de
l 300 kilogrammes par an *.
Dans la Guyane française, la première entreprise de mines a
été faite en 1856; les résultats sérieux n'ont été obtenus que
depuis 1868. On a eu :
1868 297''?, 358 valant 892 074 francs.
1870 412 732 — 1238196 —
1873 832 344 — 2 497 032 —
1886 1804 000 - 5 770 000 —
1890 1342 000 — 4 218 000 —
Le nombre des concessions était, en 1872, de 84, en 1874 de 172 ;
dans l'espace de ces deux années, le nombre des ouvriers mineurs
avait passé de 1 100 à 2 000.
« Lock, p. 245.
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STATISTIQUB DE LA PRODUCTION DE L OR 881
Au Bréstly la production d or, de 1691 à 1875, a été, d après le
professeur Sœtbeer, d'environ 3 600 000 000 de francs. En 1889,
nous avons dit qu'elle avait été de 670 kilogrammes.
Parmi les beaux gisements, pour la plupart encore peu exploités,
de ce pays, nous étudierons ceux de Passagerriy Carrapatos^ Faria^
MorrovelhOy Maquinéy etc
En Asie^ outre la Sibérie, dont nous avons déjà parlé à propos
de la Russie, l'or provient des Indes, de Sumatra, de Bornéo, de
la Chine, du Japon.
Tous ces gisements sont des alluvions.
Aux Indes^ la plus grande quantité de l'or vient du Mysore
(130 000 onces ou 4 043 kilogrammes en 1891), de Wynaad, pro-
vince de Madras, du Ladak, de la province de Chutia nagpur, etc.
A Sumatra^ toute la côte Ouest est aurifère.
En Europe^ la production d'or est fournie par la Hongrie,
l'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre.
En Hongrie j la production d'or métallique a été, en 1878 et 1890 :
1890 1878
Zalathna 1 495 kilog. 1 241 kilog.
Nagybanya. 426 — 337 —
Beslerczebanya ou Neusohl(Schemnitz). 189 — 223 —
Budapest 19 — » —
Oravicza » — 2 —
2 131 kilog. 1803 kilog.
De 1493 à 1875, on estime que la Hongrie a produit 160 mil-
lions d'or; de 1875 à 1893, environ 100 millions : soit, en tout,
260 millions,
U Autriche produit, en outre, quelques kilogrammes d'or :
En Bohême, il existe deux mines : l'une à Eule (district de
Prague*) ; l'autre à SchOnberg (district de Kuttenberg). La seconde,
seule exploitée en 1891, a produit 22 tonnes de quartz aurifère et
5^^460 d'or et schlichs aurifères.
Dans la province de Salzburg, on a exploité les mines du Rat-
hausberg à Bockstein (12''%757 d'or), et de Schnellgaden (Lungau).
En lialie, une certaine proportion d'or provient du Piémont,
particulièrement des filons de Peslarena.
• Coll. École des Mines, 1696.
GÉOLOGIE. — T. II. o6
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882 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
En 1890, le district de Turin a été seul à produire des minerais
d*or : 8 296 tonnes à 62,87 francs la tonne, ayant occupé 505 ou-
vriers dans 21 mines. La production d'or métallique s'est décom-
posée ainsi :
Pestarena (Macugnaga) (province de Novare) . . . 469*^,758
Fomarco (Piedimulera) (province de Novare). . . 26 601
Casaleggio Boiro (province d'Alexandrie) 10 000
206^,359
V Allemagne produit une certaine quantité d'or, extraite, comme
produit secondaire, de minerais de plomb et de cuivre. Cette
quantité a varié de la manière suivante ^ :
1849 2kg,600
1859 22 000
1866 115 000
1870 68 000
1874 400 000
1876 281 300
1888 110 000
1890 127 000
1891 100 000
Pour la Prusse (100 kilogrammes en 1891) l'or vient, surtout,
du Harz (Glauslhal); puis un peu de la Silésie. En 1890, les mines
du district de Glausthal ont produit 151 tonnes de minerais d'or
préparés, valant 68 000 francs; les usines du même district,
120 kilogrammes d'or valant 420 000 fr.; les mines des districts
de Breslau et Halle, T*,50. En 1859, Guttler a essayé de traiter,
à Goldberg et L^wenberg, dans la basse Silésie, des sables auri-
fères, qui avaient été l'objet de travaux vers le ix® siècle.
Il faut ajouter que les alluvions du Rhin contiennent une cer-
taine proportion d'or*, en particulier entre Goire et Mayenfeld, et
surtout entre Bâle et Mannheim. Il y a eu longtemps des orpail-
leurs près dlslein et de Nieffern, sur la rive gauche; de Pelit-
Kembs et Rheinwiller, sur la rive droite. En 1846, M. Daubréo
* Les chiffres, jusqu*en 1876, d'après Soetbeer; ceux postérieurs, d*après la statistique-
française.
■ Voir plus loin page 973.
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MINERAIS D OR 883
estimait encore la production annuelle à environ 45 000 francs.
Pour TAllemagne, la statistique française mentionne, de plus,
en 1891, 778 kilogrammes d'or en Saxe et 2 198 kilogrammes dans
les autres pays allemands. D'après la statistique saxonne S nous
ne trouvons, comme production des mines de Freiberg en 1891,
que 0,^*2860 d'or ; mais la production des usines fiscales de Frei-
berg porte 949 kilogrammes d'or, sans indication de la prove-
nance des minerais. Quant aux 2 198 kilogrammes de la statistique
française, ils ont été tirés de la statistique officielle de lempire
allemand en retranchant, du chiffre donné en bloc pour tout Tem-
pire, la production de la Prusse et de la Saxe. Il s'agit évidem-
ment dor retiré de minerais étrangers, en particulier dans les
grandes usines de Hambourg.
En Angleterre^ on extrait de Tor du pays de Galles, notamment
de la mine de Clogau (3 360 onces en 1862; 697 en 1878; 477
en 1877). Les filons d'élain du Cornwall en renferment également
un peu, ainsi que certaines alluvions en Irlande.
MINERAIS ET GISEMENTS D'OR
Minerais. — L'or est très souvent exploité à tétat natif; il est
alors, en général, plus ou moins mêlé d'argent (l'électrum, ou or
argental, arrive à tenir plus de 20 p. 100 d'argent).
Quant à ses combinaisons minéralogiques bien définies, elles
sont fort peu nombreuses et se. composent surtout de tellurures
ou de combinaisons de tellure, antimoine, arsenic. Nous citerons,
comme tellurures* : la Calavérite, Au Te* (40,6 p. 100 d'or); la
Sylvanite [Au, Ag]* Te», (24,8 à 30 p. 100 d'or) ; la Krennérile (25 à
29 p. 100); la Nagyagite (Pb, Au)^ (Te,S,Sb)», (S,8 à 12,7); la
Petzite ; la Coloradorite, etc.
Mais la pratique industrielle semble montrer, en outre, que Tor
existe combiné, dans certains cas, soit avec la silice, soit avec
des sulfures ou sulfoarséniures de fer. Tout au moins, Tor, contenu
* Jahrb. fur das B. u. H. im Kônig. Sachsen. auf 1892, p. 75 et 181.
» Voir le détail de ces minerais, plus loin, page 9i2.
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88i GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans diverses gangues, offre-l-il une résistance toute particulière à
Tamalgamation. C'est dans cet ordre d'idées que nous distingue-
rons plusieurs catégories de minerais :
1® L'or peut être, à Tétat libre, isolable (après broyage ou même
immédiatement) par un simple lavage à la battée ou au sluice sans
addition de mercure. C'est le cas habituel de Tor alluvionnaire et
de celui des filons de quartz aurifère dans leurs parties hautes.
Dans ce quartz, il peut, d'ailleurs, être, soit visible à Tœil nu, soit
invisible et disposé sous forme de feuillets extrêmement minces,
arrivant, comme cas extrême, à l'état dit float-gold (or flottant),
sous lequel il est extrêmement difQcile de retenir Tor par un
moyen mécanique.
2*» L'or peut entrer dans des minerais simples, d'où on le celire
aisément par l'amalp^amation. C'est ce qui arrive souvent pour la
plus grande partie de l'or contenu dans les pyrites des quartz auri-
fères. Il est alors extrait, sans peine, par le travail ordinaire des
moulins à or et dit : free milling ore. Les minerais auro-argentifères
de cette catégorie sont soumis: au Mexique, au procédé du Patio;
aux Etats-Unis, au Pan ou Washœ process.
3"^ Il arrive aussi que l'or des parties profondes des filons ne
soit pas amalgamable et passe aux résidus (tailings), sous forme,
de sulfures, sulfo-anlimoniures, arséniures, tellurures, que Ton
soumet à une concentration au Frue Vanner. Ces minerais sont
dits rebellious ou refractory ores.
Une fois concentrés, ils doivent être alors traités : soit par fonte
plombeuse ou cuivreuse, lorsque des minerais plombeux ou cui-
vreux existent dans le pays; soit par un procédé chimique, tel que
le procédé Plattner (inapplicable aux minerais ai^entifères), où
l'on attaque l'or par le chlore après grillage préalable, puis dissout
le chlorure dans l'eau et le précipite au protosulfale de fer ; ou
encore par les procédés Mears, Thies-PoUock, Newberry-Vautin,
Patera, Russel, etc. Depuis quelques années, les méthodes de
lixiviation, ou leaching process, lendent à se développer, de
plus en plus, en Amérique, pour les minerais auro-argentifères
rebelles.
Un procédé analogue doit être appliqué à certains quartz auri-
fères, tels que ceux de Mount-Morgan (Queensland), pour lesquels
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GÉNÉRALITÉS SUR LES GISEMENTS d'oR 885
a été inventée la méthodie Newberry-Vautin; tous les systèmes
habituels ayant échoué.
Enfin, 4** tous les minerais d'or ou d'argent, où ces métaux exis-
tent en petites proportions, en présence d'un excès de minerais bas
et surtout, ce qui est fréquent, d'arsenic ou d'antimoine, présentent
des difficultés de traitement toutes particulières, telles souvent
qu'on a dû renoncer à les exploiter.
5"* Les tellurures d'or, dont nous avons cité plus haut les espèces
minéraïogiques, forment une catégorie de minerais tout à fait à
part, que Ton traite généralement, après les avoir concentrés, par
mélange avec d'autres minerais aurifères.
Gisements. — Quant aux gisements de l'or, ils sont fort nom-
breux, beaucoup plus que la rareté de la substance elle-même ne
pourrait le laisser supposer ; mais c'est celte rareté même qui, en
faisant attribuer à Tor une valeur considérable, a conduit à le
rechercher avec un soin extrême et à considérer comme prati-
quement exploitables des mines où la présence de tout autre corps
ne serait même pas mentionnée. On s'en rendra compte aisé-
ment par les limites d'exploitabilité que nous donnerons plus
loin. Celte grande valeur de l'or a, d'autre part, pour conséquence
de rendre très difficile Tappréciation d'un gisement par des prises
d'essai et des analyses chimiques, la moindre irrégularité dans la
teneur du gîte pouvant amener des variations considérables.
Nous indiquerons, dès à présent, comme loi générale, que pres-
que tous les gisements d'or, aussi bien filoniens que sédimentaires^
s'appauvrissent en profondeur, en même temps que Tor s'y trouve
incorporé dans des combinaisons complexes plus difficiles à traiter*-
Cet appauvrissement est bien marqué par les chilTres suivants :
En Australie, on a eu, dans un filon :
Jusqu'à 100 mèlres 50 grammes d'or à la tonne.
à 110 -- 30 — —
— 160 — 25 — -
— 180 — 15 — —
Au-dessous de 10 grammes, on ne travaille plus.
* Il ne parait pas exact, au contraire, comme Tont volonliera supposé les partisans
de la théorie per descensum^ que les filons cessent tous complètement à une profon-
deur plus ou moins grande.
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886 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
A Berezowsk (Oural), les résultats ont été :
A la surface , . . . . 75 grammes.
40 mètres 8à9 —
Dans rUruguay, les filons contenaient :
A la surface 100 grammes.
50 mètres traces
Le fait peut tenir, dans certains cas, à ce que de nombreux gise-
ments se présentent sous forme de fissures de retrait irrégulières
et discontinues, de veines éparpillées dans des schistes, etc.. Mais
la principale raison paraît être dans les phénomènes cCallération
secondaire^ qui, tous, ont eu pour résultat d'opérer une concen-
tration progressive de Tor au voisinage des afOeurements.
Le premier de ces phénomènes, c'est la décomposition des py-
rites aurifères, leur transformation en oxydes et souvent leur
dissolution complète, tandis que Tor, primitivement emprisonné
dans ces sulfures, s'isolait, à l'état natif, dans les vides laissés au
milieu du quartz et, — sans doute, par une action de dissolution
chimique suivie d'une reprécipitation sur place, — y formait sou-
vent des cristaux assez volumineux.
La destruction de ces affleurements par les cours d'eau a eu
pour effet de produire, par préparation mécanique, un second degré
plus parfait de concentration, qu'on exploite dans les couches infé-
rieures des placers. A la préparation mécanique des éléments
primitifs du filon a dû s'ajouter, là encore, une action dissolvante,
qui a pu nourrir certains cristaux, certaines pépites qu'on trouve
non roulées et en accroître progressivement le volume.
L'industrie de Thomme, en reprenant, à son tour, ces alluvions
aurifères et les traitant dans les sluices, ne fait que poursuivre,
d'après le même principe, ces opérations de la nature et, souvent,
il a été précédé par le travail des cours d'eau récents qui ont
déplacé et concentré les alluvions anciennes.
Toutes ces causes expliquent comment, lorsqu'on arrive dans
un pays aurifère nouveau, on est tout d'abord attiré par les allu-
mons modernes, puis anciennes ; d'où, à mesure qu'elles s'épuisent
— ce qui ne demande généralement qu'un temps restreint — on
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AGE DES GISEMENTS D OR 887
remonte aux filons primitifs, pour lesquels les premiers résultats
brillants sont presque toujours suivis de déboires croissants. L'or,
à toutes les époques, est venu des confins de la civilisation. Le
monde antique a pu vivre ainsi sur les mines d'or d'Europe et d'une
faible partie de l'Asie et de l'Afrique dont, malgré la perfection plus
grande de nos procédés, nous n'arrivons plus à tirer que des pro-
duits insignifiants. C'est seulement avec les découvertes faites
dans les continents nouveaux, l'Amérique, TOcéanie, l'Afrique du
Sud, que le xix** siècle a considérablement accru le stock d'or uti-
lisable.
Dans un nombre d'années relativement restreint, quand la terre
aura été entièrement explorée et occupée par l'homme, on doit
prévoir que la production de l'or ira en diminuant très vite et
tendra, peu à peu, vers zéro.
AgederOr. — L'âge des venues aurifères est très variable*.
Pendant longtemps, on a cru, d'après une théorie chère à Murchi-
son, que ce métal n'existait en quantités notables que dans les
terrains paléozoïques. L'étude des gisements de Californie, du
Colorado, du Nevada, de Hongrie, etc., montre qu'à cette venue
ancienne, prédévonienne, il faut, tout au moins, ajouter une venue
récente, tertiaire ; mais, en réalité, le phénomène est plus complexe
et, comme pour les autres métaux, il semble bien qu'à la faveur
de chacun des plissements de l'écorce terrestre, un peu d'or se
soit élevé vers les couches superficielles*.
Dans le terrain primitif (venue huronienne), nous trouverons un
certain nombre de dépôts interstratifiés des AUeghany (Caroline,
Géoi^ie, etc..) et des Blackhills, peut-être aussi de Sibérie.
Au terrain primitif ou primaire, on peut rapporter les itaco-
lumites aurifères du Brésil et, d'après Selwyn, des roches ana-
logues de la Nouvelle-Ecosse.
Après l'époque silurienne, nous semblons avoir à constater une
i Nous ajouterons que, comme celui des autres métaux, il est, le plus souvent, mal
déterminé. À ce point de vue, il importe de noter que, dans les livres anglais ou alle-
mands, par suite de la théorie à la mode de la sécrétion latérale, on attribue souvent,
à Tor des liions, Tâge du terrain encaissant, ce qui est absolument contraire à nos
idées.
« Nous renvoyons à ce que nous avons dit (page 763, note 1), sur la concentration
de Tor dans les parties profondes du globe, attribuable à sa forte densité.
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888 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
formation aurifère assez générale (venue calédonienne) caracté-
risée : par les filons et filons-couches (certainement antéhouillers,
mais peut-être, en bien des points, post-dévoniens), qui traversent
le silurien d'Australie; par les filons du Merionetshire (Pays de
Galles) encaissés dans le même terrain ; les filons de Bommelô, sur
la côte de Norvège; par les poudingues dévoniens aurifères du
Transvaal, etc. La plus grande partie de Tor de Sibérie semble, de
même, dériver de filons encaissés dans le silurien.
Plus tard, nous trouvons, il est vrai, de l'or dans le carbonifère
de la Nouvelle-Zélande, de la Nouvelle-Ecosse, du Nouveau-Bruns-
wick, dans le permien de l'Inde, dans le jurassique du Queensland,
etc., mais toujours à l'état détritique et rien ne prouve qu'il y
ait eu réellement des venues d'or à ces époques. Au contraire, avec
le crétacé recommencent des formations de filons aurifères qui se
sont continuées pendant toute la période tertiaire.
C'est ainsi que, dans le Nord des Blackhills du Dakota, l'or est
contenu dans des trachytes que le professeur Newton rattache à la
fin du crétacé. Il en est de même, d'après Whilney, pour une grande
partie de Tor de Californie. L'or de Hongrie est d'âge tertiaire, etc.
En Australie également, la présence de l'or tertiaire est prouvée
par son association, en certains points, en particulier à Otago
(Nouvelle-Zélande), avec des trachytes.
Dans la description géologique qui va suivre, nous considérerons
successivement, d'après l'ordre généralement adopté : A, l'or dans
les roches ; B, l'or filonien ; C, Tor sédimentaire.
A. Or dans les roches. — L'or exploitable dans les roches est à
peu près inconnu ; cependant, sa présence a été constatée dans
trois séries déroches, minéralogiquement très distinctes :
1** On le trouve dans des roches acides comparables aux granulites
stannifères', telles que les bérézites de l'Oural, formées de quartz
et de mica blanc, avec pyrite abondante ; les granulites de l'Amé-
rique du Sud, et peut-être la granulite des Blackhills, dans le
Dakota, où il s'est isolé en stockwerks ;
2® On le connaît dans des roches éruptives tertiaires (comme les
1 Nous avons eu déjà à insister plusieurs fois sur le rapprochement géologique de
Tor et de l'étain.
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GÉNÉRALITÉS SUR LES FILONS d'oR 889
trachytes d'Abrud Banya et de Vôrôspatak, en Transylvanie), au
milieu desquelles des Assurés réticulées se sont, d'ailleurs, remplies
de quartz aurifère ; il en existe, de même, des traces dans les andé-
sites amphiboliques voisines du filon argentifère et aurifère du
Comstock. Au Mexique, dans TEtat de Guerrero, àTOuest de la
la Sierra Madré (prolongement Sud des Montagnes Rocheuses), on
a signalé, dans un Irachyte altéré par des émanations hydrolher-
males, une poussière ocreuse d'or précipilé chimiquement, etc.
Quelle que soit d'ailleurs la théorie générale adoptée, celle
d'un départ des métaux du bain rocheux encore fondu sous forme
d'émanations hydrolhermales, ou celle d'une sécrétion postérieure,
il est tout naturel que la roche mère en conserve des traces ;
3*^ Certaines roches vertes magnésiennes, diorites, serpentines,
elc, sont, à l'occasion, aurifères. On peut citer, par exemple, les
diorites de Sibérie, qui passent pour avoir fourni Tor alluvion-
naire de l'Obi, les serpentines de la Sierra Nevada (Espagne), de
l'île Saint-Domingue, du Piémont, etc.
Dans la plupart de ces roches, l'or semble accompagner des
sulfures divers, en particulier le sulfure de fer, de même que
nous le constaterons pour les filons. Les bérézites de TOural sont
chargées do pyrites, tout aussi bien que les diorites ou serpentines
auprès desquelles on trouve souvent des gîtes de pyrite de fer ou
de cuivre.
B. Or filonien. — Quand Tor n'est pas inclus dans les roches, il
s'isole, à une certaine distance, en filons, tout en conservant, le
plus souvent, une relation plus ou moins immédiate avec la roche
mère.
C'est ainsi qu'au voisinage d'un granité récent nous trouvons
tous les grands filons aurifères de Californie, qui suivent, dans
l'ensemble, la ligne de contact de ce granité avec les terrains qu'il
a métamorphisés. II en serait de même, d'après David Forbes',
pour une partie des filons aurifères de l'Amérique du Sud, le reste
' David Forbes. On the geological cpochs at which gold bas made its appearence, etc.
[fjeol, magaz.y t. III, p. 385.)
Id. On tbe existence ot' gold bearing eruptive rocks in South America. (Geol.
magaz.j t. III, p. 22.)
Cf. Lock, loc. cit., p. 835.
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890 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
(le ces filons étant, au contraire, en rapport avec des dîorites. Non
seulement, dans cette région, les filons aurifères suivent souvent
le granité ; mais le granité lui-même, en plusieurs points du Chili,
du Brésil, etc., contient des traces d^or, qui apparaissent surtout
lorsqu'il se décompose, or associé avec de la cassitérite, de la
pyrite de cuivre et des composés du bismuth, du tellure, du sélé-
nium, etc.
Le même fait existe, d'après Lock, dans le Canada, pour les
mines de Jackfish et de Pastridge lake.
Le rapprochement entre les filons d'or et les roches de la famille
trachytique est encore plus net en bien des points, en particu-
lier en Hongrie, au Gomstock, dans le Nevada, etc. A Upper Cape
(Queensland), on a signalé un trachyte pyriteux tenant jusqu'à
188f',60 d'or à la tonne. De même, dans la Nouvelle-Zélande,
la plupart des filons d'Otago sont encaissés dans le trachyte.
Aux diorites, il faudrait, d'après Forbes, rattacher les filons
d'or les plus récents (crétacés) de l'Amérique du Sud ; d'après
Wilkinson, Ulrich, etc., un grand nombre de ceux de l'Austra-
lie. A Gympie, l'association de l'or et de la diorite est manifeste.
A Swift's Creck (Victoria), un filon aurifère suit le contact de la
diorite et des schistes métamorphiques. Il en est de même au
Venezuela, dans le Turkestan, etc. *
En considérant la nature du remplissage^ nous distinguerons
quatre catégories de gîtes filoniens :
i"" L'or peut se trouver dans une gangue quartzeuse, sans mine-
rais sulfurés complexes; c'est ce qui arrive, presque toujours, dans
les parties hautes et altérées de gisements, où, plus profondément,
on trouve l'or engagé dans les sulfures. Cependant, il parait
exister des cas où l'or, peut-être en dissolution chlorurée ou fluo-
rée, a cristallisé directement avec la silice, — exceptionnellement
même, à un état de combinaison avec celle-ci, qui rend difflcile
son extraction. — Dans tous les cas, le quartz des filons aurifères
présente un aspect spécial, qui ne permet de le confondre avec
aucun autre, si ce n'est avec un quartz stannifère, Tétain et l'or
paraissant avoir de grandes analogies comme mode de formation \
* 11 existe des traces d'or dans beaucoup de gisements d'étain, surtout dans les
altuvions stiiiniières. C'est ainsi que le Plateau Cenli'al contient un grand nombre de
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GÉNÉRALITÉS SUR LES FILONS d'oR 891
Le quartz aurifère est peu transparent, rarement cristallisé, rare-
ment cristallin, plutôt se rapprochant du quartz hyalin; il est
souvent teinté de bleu dans les parties profondes, de rose dans les
parties hautes. Les quartz calcédonieux et laiteux sont, presque
toujours, stériles. De plus, le quartz, qui contient de Tor, est, en
général, corrodé, percé de trous et de cavités correspondant à
d anciens cristaux de pyrite dissous, souvent traversé de veinules
ocreuses ; à ce point de vue, le quartz du grand filon californien,
le mother Iode, est bien typique.
Lorsqu'on étudie en détail un quartz aurifère, comme Ta fait
le professeur Poszepny pour certains quartz des Hohen Tauern,
il est parfois possible de distinguer, au milieu d'une masse
quartzeuse, stérile, un système de veines réticulées d'une teinte
un peu différente, correspondant, sans doute, à une fissuration de
Ja silice gélatineuse et où Tor s est concentré avec de la pyrite.
Dans les quartz aurifères, une partie de For échappe souvent à
Tamalgamation et a été considérée, par suite, comme combinée
à Tétat d'aurosilicate.
Comme filons de quartz aurifère, où la pyrite n existait qu'acci-
dentellement, nous citerons le Callao au Venezuela, Mount Morgan
en Australie, etc.
Mais on passe par transitions insensibles de ce cas simple à
celui où Tor est accompagné de sulfure de fer. C'est ce qui arrive
pour les quartz, probablement anciens, de Berezowsk, dans TOural,
de Pestarena (Piémont), du pays de Galles, d'Eiswold en Nor-
vège, de Tacuarembo dans TUruguay, de Panama, etc.*; pour
ceux, certainement antéhouillers, d'Australie ; pour les quartz, au
contraire, récents, de Californie, du Mexique, du Chili, du Pérou,
de Transylvanie. Tous ces gisements se présentent dans des
•conditions tellement analogues qu'une même description pourrait
presque convenir à tous.
2^ Les filons, où l'on exploite l'or, peuvent renfermer des sulfures
lieux-dits, nommés i'Aurière, dans une rêpion où Ion a signalé maintes fois de l'étain.
Les mispickels des gttos d'étain de la même région contiennent fréquemment des
traces d'or. Nous venons de signaler une association analogue dans l'Amérique du
Sud.
' Ces deux derniers sont encaissés dans des terrains anciens, mais leur âge n'est
nullement déterminé.
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802 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
complexes^ en particulier des minerais de cuivre, de plomb ou
d'argent.
C'est ainsi que, fréquemment, des gisements de pyrite de fer
cuivreuse ou de chalcopyrile contiennent des traces d'or. Nous
nous contenterons de rappeler qu'il en existe un peu dans des amas
de Tharsis (province dlluelva*), de Fahlun, en Suède * (où d'ail-
leurs l'or s'est isolé à l'état libre), etc. Les chalcopyrites de Kritz,
dans les Alpes Styriennes, d'Utica, de Boulder et de Gilpin, au
Colorado, ont pu devenir assez riches pour êlre considérées comme
de véritables gisements d'or. C'est également d'associations
cuivreuses qu'on extrait l'or dans l'Arizona.
De môme, les cuivres gris, si fréquemment argentifères, sont
parfois aurifères (par exemple aux filons inexploités de Guejar,
dans l'Andalousie).
Les galènes aurifères sont plus rares ; nous mentionnerons,
cependant, celles de l'Arizona.
Quant à l'association de l'or et de l'argent, elle est fréquente ;
le Comstock est, tout aussi bien, une mine d'or qu'une mine
d'argent; la mine Eurêka (Nevada), de même. Par contre, l'or
extrait d'un gisement quelconque est, le plus souvent, argenti-
fère.
Dans tous ces cas, l'on concentre d'abord l'or dans une opéra-
tion métallurgique, qui a pour but essentiel le traitement d'un
autre métal et on ne l'extrait qu'à la fin.
3^ L'association du mispickel avec Vor forme, au contraire, un
minerai qui n'a de valeur que par l'or contenu et qui est, en géné-
ral, très rebelle au traitement métallurgique. On exploite cepen-
dant des mispickels aurifères au Brésil (Passagem, Faria), au
Honduras, à Santa-Cruz, etc., mais en perdant une forte proportion
de l'or dans les résidus ; une tentative d'exploitation sur des
minerais de ce genre a été faite, tout récemment, en France à
Bonnac (Cantal) et près de Pontgibaud (Puy-de-Dôme).
Au point de vue industriel, on peut rapprocher des minerais
arsenicaux, les minerais antimonieiix, tels que certains cuivres gris
• Voir page 302.
* Cet or est associé avec un séléniosulfure de bismuth et de plomb caractéristique.
Nous renvoyons, à ce sujet, à la description que nous avons donnée, pa^ 286.
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GÉNÉRALITÉS SUR LES FILONS d'oR 893
et, parmi les pyrites aurifères, celles qui retiennent Tor à l'état non
amalgamable et forment les concen/m/erf américains. La proportion
de ces dernières est parfois très forte, ainsi à Boitza (Hongrie).
4° Nous étudierons un certain nombre de filons, où Tor et l'argent
existent associés à des minerais tellurés plus ou moins complexes
dans une gangue généralement quartzeuse, en particulier ceux du
comté deBoulder au Colorado et d'Offenbanya etNagyag, en Tran-
sylvanie.
Des tellurures analogues ont été signalés en Hongrie (Rez-
banya) ; en Sibérie, dans TAltaï (mine Sawodinskoi) ; en Califor-
nie (mines Stanislaus et Mellones, comlé de CalaTeras; mine
Golden Rule, comté de Tuolumne); au Mexique; au Chili; etc.
Les filons tellurés ont généralement une gangue quartzeuse et
contiennent fréquemment de la pyrite. Le minerai n'est pas amal-
gamable et doit passer à un traitement complexe.
La limite d exploitabililé d'un filon aurifère dépend, tout natu-
rellement, de la composition du minerai. Si nous nous bornons
au cas des quartz aurifères à or libre (free milling ore), on peut
résumer les conditions d exploitation dans un tableau ci-joint
(p. 894-893), que nous empruntons, d après M. Babinski , à
M. Hamilton Smith*.
Suivant les régions, on peut descendre à une teneur très variable.
Dans les Alpes, on a tfavaillé jusqu*à 8 grammes d'or à la tonne
(27 francs). A Pestarena (Piémont), on couvre les frais avec
15 grammes (SI francs), en ayant une forte proportion de travaux
de recherches. En Transylvanie, on admettait autrefois 20 grammes;
depuis rintroduclion des moulins américains, on arrive même à
10 grammes.
Dans les grands stockwerks, on descend encore plus bas : jusqu'à
7 grammes aux Blackhills. Au contraire, si nous prenons des pays
à main-d'œuvre un peu coûteuse, nous trouvons environ 30 francs
d'or dans l'ensemble des Etats-Unis, 17 à Homestake (Dakota).
Au Callao (Venezuela), les conditions, spécialement difficiles, ne
permettent guère de travailler au-dessous de 70 francs d or, et
longtemps il en a fallu 100 ; dans l'Uruguay, on admettait un
* Bull, Ecole des Mines, 1885.
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894
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
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LIMITES d'eXPLOITABILITÉ DES FILONS D'OR
895
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896 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
minimum de 70 francs. Un tableau détaillé, donné plus loin pour
TAustralie*, montre que Ton y travaille même sur des teneurs de
moins de 10 grammes.
Mais ce qu'il importe de ne pas oublier, lorsqu'on se fonde sur
ces chiffres pour l'appréciation d'un gisement nouveau, c'est qu'il
s'agit là de teneurs, réellement moyennes, obtenues sur l'ensemble
de l'exploitation d'une année et beaucoup plus basses, en général,
que celles données par les prises d'essai préalables.
C. Or sédimentaire. — L'or sédimentaire peut résulter, soit du
remaniement de gîtes antérieurs et de la concentration des mine-
rais (analogue, par exemple, à celle qui se produit pour la cas-
sitérite) ; soit de la précipitation directe d'une dissolution aurifère
dans les eaux d'un bassin ; nous discuterons ultérieurement ' ces
deux hypothèses et nous signalerons alors les caractères généraux
de ce genre de gîtes. Il nous suffira d'indiquer, dès à présent,
que nous décrirons, dans cette catégorie, les amas aurifères
huroniens des AUeghany et des Blackhills (Dakota), les conglo-
mérats dévoniens du Transvaal, les alluvions aurifères de Cali-
fornie, d'Australie, de France, de la vallée du Rhin, de la haute
Italie, d'Espagne, de Russie et de Sibérie, de l'Inde, d'Afrique, etc.
1^ GISEMENTS D'OR FILONIENS
FILONS AURIFÈRES DU VENEZUELA (el callao)*
La présence de l'or dans l'isthme de Panama, l'isthme de Darien,
le Venezuela et les Guyanes, sur tout le pourtour Nord de l'Amé-
rique du Sud, a été très anciennement, mais aussi, longtemps, très
vaguement connue. Aussi, chacun de ces pays, à mesure que l'in-
dustrie moderne y a créé des exploitations, a-t-il pu revendiquer
l'honneur d'être l'Eldorado fabuleux de Walter Raleîgh. Presque
partout, jusqu'ici, les travaux se sont attaqués à des alluvions ;
* Page 915.
« Page 949.
' Coll. École des Mines, 1651. Voir la carte de rAmérique du Sud, fig. 376, p. 843.
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FILONS AURIFÈRES DU CALLAO (VENEZUELA) 897
cependant, au Venezuela, de très importantes mines, celles du Callao,
portent sur des filons aurifères ; dans les Guyanes, nous aurons éga*
lement quelques travaux de filons à mentionner : ce qui est relatif
aux alluvions devant être réservé pour une autre partie'.
Au Venezuela, Tor a été découvert, en 1849, par le D' Passard
dans le lit de la rivière Yuruarî. Malgré les difficultés inhérentes
à un pays pen connu, malsain et couvert de forêts, Tindustrie de
Fig. 379. — Carte de la région du Callao (Guyane Vénézuélienne), d'après M. Boutan.
Echelle au -.
2.000.000*
Tor (qui est, du reste, à peu près la seule du pays) s'est beaucoup
développée dans ces vingt dernières années ; mais les frais sont tels
que, jusqu'ici, une seule mine, celle du Callao, a pu donner des
dividendes à ses actionnaires. Depuis 1887, ce pays subit, du reste,
une crise, en particulier motivée par le désir qu'a manifesté
TAngleterre de s'en emparer et Tétat d'insécurité qui en résulte
est peu favorable au développement de Tindustrie.
« Voir page 986.
GÉOLOGIE. — T. II.
57
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898
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Ces mines du Callao sont situées, au Sud de TOrénoque et à
TEst de Bolivar, sur la rive droite du Yuruari (affluent du Rio
Cuyuni), près de Guacipati et de Nueva-Providencia (fig. 379).
On y exploite un (ilon principal de quartz aurifère.
Ce filon présente, aux affleurements, la forme d'un arc de cercle
dont la corde est sensiblement N.-S. (fig. 380). En profondeur.
Fig. 380. — Plan horizontal de ;ia mine du Callao en juillet 1887.
Echelle au
i
9.000*
il se dévie légèrement vers l'Ouest et forme, dans son ensemble,
une surface gauche.
Son inclinaison est dirigée vers TOuest et varie en profondeur.
Son pendage moyen est sensiblement de 42"*, c'est-à-dire assez
faible.
La roche encaissante est une roche bleuâtre, feldspathique, à élé-
ments fins, uniforme de couleur, souvent schisteuse au voisinage
du filon, semblant, d'après les descriptions (assez vagues), se rap-
procher des amphibolites du terrain primitif et que M. Cumenge
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FILONS AURIFÈRES DU CALLAO (VENEZUELA) 899
a rangée parmi les diorites. A la partie supérieure, elle se décom-
pose, pour donner naissance à une sorte d'argile bleue, ou cascao^
souvent mélangée au quartz dans les salbandes. La venue aurifère
paraît postérieure à la formation du cascao. Aussi, les filons sont-
ils très nets dans la diorite compacte, mais disséminés dans le
cascao.
Le remplissage du filon est constitué par .un quartz gras, pres-
que toujours remarquable par sa blancheur, à cassure esquilleuse^
qui se tache ou se rubane parfois de noir près des épontes et
est alors considéré, surtout quand il est rubané, comme d'un
bon augure.
Les pyrites sont peu abondantes, mais leur présence parait en
relation avec celle de Tor ; elles sont surtout visibles en mouches
ou en cristaux près des épontes. On ne retire pas Tor qui peut y
être contenu.
L'or libre est, soit invisible, soit en gros grains ou en taches
(coarse gold); ces dernières peuvent piqueter la masse ou s'ali-
gner suivant des bandes, tantôt parallèles aux épontes, tantôt
épousant des fissures préexistantes (quoiqu'il n'y ait pas trace
de géodes). La présence de l'or à l'étal invisible fait qu'on
sort à peu près tout le quartz contenu entre les deux épontes du
filon.
Dans les morceaux provenant de l'abatage, on trouve souvent
des grains d or affectant une forme de champignons, ce qu'on a
cru pouvoir attribuer à une sorte de rochage en dehors d'une roche
saturée.
L'épaisseur du filon, reconnue jusqu'à 220 mètres de profondeur,
varie dans d'assez fortes proportions, de 0™,35 à 2™,50 et 3 mètres.
En moyenne, elle a été de 1"*,60, c'est-à-dire qu'il y a là une frac-
ture nette et importante. Jusqu'en 1884, la surface totale travaillée
avait été de 37 564 mètres carrés ayant produit 161 000 tonnes de
quartz.
La partie la plus riche du filon, presque exclusivement exploi-
tée jusqu'en 1886 et, à ce moment, à peu près épuisée, est la
partie centrale; la cheminée riche a fourni, sur une longueur de
200 mètres et une profondeur analogue, un minerai dont la
teneur a atteint jusqu'à 8 onces (250 grammes) par tonne.
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9(K)
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
A cet égard, on peut partager l'exploita lion de la mine en
quatre périodes.
NOUBRE DE TONNES
ONCES PAR TONNE
De 1871 à 1881
1881 à 1883 (inclus) ....
1884
91046
67 073
31261
46 868
3,o0
4,48
5,66
2,44
1883
Total
236 248
(En 1887, ronce d'or
valait 98,20)
Pendant les six premiers mois de 1887, la production a été de
32 000 tonnes environ, avec une teneur de 1,1 once par tonne de
quartz.
Cette diminution dans la teneur ne provient pas seulement d'un
appauvrissement qui semble se produire en profondeur, mais
surtout de ce que la direction des travaux a été d*abord dirigée,
comme cela arrive trop souvent, en vue d'un rendement immédiat.
Autant que peuvent l'indiquer les derniers travaux, sur lesquels
nous ayons des renseignements précis (1887), c'est au Nord et au
N.-O. que le filon conserve sa régularité, sa puissance et la plus
grande partie de sa teneur.
h' exploitation se fait au moyen de deux grandes tailles descen-
dantes inclinées, en soutenant le toit, soit par des piliers en maçon-
nerie, soit surtout par des boisages.
Prix de revient. — Les frais d'extraction et de traitement de la
tonne ont été les suivants * :
1881 161 francs.
18S2 210 —
1883 201 —
1884 154 —
1885 106 —
6 premiers mois de 1887 71 —
• Voir le détail, page 880. Nous avons égilement donné, à cet endroit, la production
jusqu^en 1887 ; voir également page 895.
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FILONS AURIFÈRES DU CALLAO (VENEZUELA) 901
On est arrivé, en 1888, à pouvoir traiter, sans perte, des minerais
rendant trois quarts d'once (23 grammes) à la tonne.
Ces frais comprennent Tabatage, l'extraction, le traitement, le
convoyage de Tor et les frais généraux.
La main-d'œuvre est notamment très chère : en 1880, on payait
14 francs un manœuvre.
En dépit de ces frais très élevés, qu'on est, du reste, arrivé pro-
gressivement à réduire, la mine de Callao a eu un moment
d'extraordinaire prospérité.
En 1884, les actions (au nombre de 32), émises en 1870 à en-
viron 10 000 francs, valaient un million et chaque millième d'ac-
tion (représentant, par suite, 1 000 francs), touchait 300 francs de
dividende. Mais, depuis, une baisse notable s'est produite au début
de 1887; à ce moment, il fallut arrêter la moitié des travaux par
suite de Tappauvrissement du gîte en profondeur et, quoique
cette mine soit encore la seule qui fasse ses frais au Venezuela,
le 1/8000 d'action ne représente plus, au début de 1893, qu'une
valeur de 16 à 17 francs*.
On peut comparer aux filons du Callao un certain nombre de
filons de la même région.
Celui de Corinna est plus à TEst, sur le bord du Yuruari ; il a
1",20 de large par endroits. Celui d'American Company, au voi-
sinage, a environ 0",50 : tous deux sont situés dans des schistes.
Le filon de Chile, à environ 1 kilomètre au Sud de Potosi, est,
après celui de Callao, le plus important du district du Caratal. Il
est dirigé, à peu près, N.-S. et a une épaisseur de 0^^,60 à 3 mètres.
C'est également un filon quartzeux avec or visible et invisible,
oxyde de fer, parcelles kaolineuses, etc.; on y remarque l'existence
de cavités cubiques, prouvant l'existence de cristaux de pyrite
dissous et contenant des traces d'or. Ce filon, encaissé dans des
schistes talqueux, a été exploité jusqu'à 30 mètres de profondeur.
Le long de la veine de quartz aurifère blanc se trouve une veine
noirâtre, appelée dans le pays quartzo morado, et qui en est séparée
par quelques pouces de cascajo.
Enfin, à environ 3 kilomètres de la mine de Callao, les mines
* En 1892, on a annoncé, un moment, la découverte d'une nouvelle colonne riche.
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902 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
delaC^ Union^ abandonnées vers 1886, comprenaient, outre un filon
de quartz aurifère, un gisement de surface d'une nature spéciale,
propre à la Guyane Vénézuélienne, qu'on appelle la tierra de flor.
C'est une couche de terre ai^ileuse rougeâtre, située, en général,
à 0"", 40 ou 1 mètre au-dessous du sol, qui contient des blocs de
quartz aurifère, des grains d'hématite brune pisolithique et une
agglomération de ces grains appelée moco de hierro.
Lorsqu'elle est lavée, cette terre fournit, en outre, des cristaux
décomposés de pyrite de fer, du sable non magnétique et des
pépites d'or, dont la plus grosse, trouvée dans le pays, pesait
7 kilogrammes.
Le traitement de cette tierra de flor est malheureusement diffi-
cile.
Bibliographie.
1852. Sur les mines d*or de Campano, province de Gumana (Venezuela).
[Ann. d. Jf., 5«, 1. 1, p. 600 et t. II, p. 620.)
1882. Naissant. — Dbtrict aurifère du Caralal. {Bull. École des Mine%
p. 150.)
1882. Paul Manthès. — Rapport sur les mines d'or du Callao.
1882. LocK. — Gold, p. 261 et 267.
Juin 1883. Hamilton Smith. — Rapport, etc.
• 1885. EscHWEGB. — Exploitations aurifères du Venezuela. {Bull. Ecole des
Mines, p. 14k)
29 janvier 1885. Boutan. — Lettre aux actionnaires français du Callao,
• Boutan. — Rapport sur la mine d'or du Callao.
• 1886. Perkins. — Rapport sur Texercice de 1885 (en français), donnant
tous les renseignements sur le prix de revient.
• 1887. Perkins. — Rapport sur les six premiers mois de 1887.
1888. Jennings. — El Callao. Gold Mining C {Report for the year, 1888.)
• 1888. Bel. —L'industrie minière au Venezuela en 1887. iBulL Ecole des
MineSj p. 36.)
1889. Davies, p. 55.
GISEMENTS AURIFÈRES DE BÉRÉZOWSK (oural)'
Les gisements de Bérézowsk (Oural) sont situés à 12 kilomètres
d'Ekaterinenburg, sur un plateau de schistes chloriteux et talc-
schistes traversés par des filons d'une roche spéciale, dite béré-
• Coll. Ecole des Mines, 1633 et 1750.
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GISEMENTS AURIFÈRES DE BÉRÉZOWSK (otRAL) 903
zite, avec laquelle les filons de quartz aurifère semblent en rela-
tion.
Cette bérézite, — par un rapprochement, que nous avons déjà
signalé, entre les filons d'or et les filons d'étain — se compose
principalement de quartz et mica blanc avec un peu d*orthose,
c'est-à-dire qu'elle est comparable aux granulites et greisens
stannifferes ; la pyrite de fer, décomposée aux affleurements en
hématite brune, y est fréquente.
Les filons de bérézite, dirigés N.-S., ont une épaisseur variant de
4 mètres à 40 mètres et une longueur de plusieurs kilomètres ; à
leur voisinage, les schistes, imprégnés de fer, ont pris une teinte
brun rougeâtre, qui leur a fait donner le nom local de Krassiks,
Bérézites et schistes sont aurifères.
L'ensemble est recoupé, à son tour, par de très nombreux fais-
ceaux de veines quartzifères ayant, en moyenne, 3 centimètres
d'épaisseur, au plus 7 centimètres et par des veines spathiques
souvent juxtaposées au auartz dans la même fissure. Ces veines,
toujours aurifères, semblent résulter d'une fissuration ayant suivi
la venue de bérézite et d'une concentration des éléments qui se
disséminaient dans celle-ci. La richesse diminue partout en pro-
fondeur, ainsi qu'on Ta constaté dans la plupart des gites aurifères
et l'or semble provenir des pyrites, qui sont souvent d'autant plus
riches au voisinage d'un filon que celui-ci est plus pauvre. On est,
d'ailleurs, arrêté par les eaux à une profondeur maxima de
40 mètres.
On n'exploite jamais au-dessous de 10 grammes d'or par tonne ;
en moyenne, à 30 ou 40 grammes. La production de Bérézowsk a
été, en 1885, de 403 kilogrammes, dont la moitié environ vient
des alluvions.
Dans le reste de l'Oural, des gisements, situés dans le territoire
de Miask, ont produit, en 1885, 154 kilogrammes d'or; les terri-
toires des Bachkirs et des Cosaques d'Orenbourg ont fourni, la
même année, 1 097 kilogrammes (53 exploitations).
Le travail se fait au moyen de bocards et de sluices à drap, sui-
vis de sluices à plaque de cuivre amalgamé. On a fait aussi,
récemment, quelques tentatives de traitement des pyrites aurifères
par chloruration.
"^ DigitizedbyVjOOQlC
904 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Bibliographie,
1877. Helmhacker. — Gold von Syserlsk am TJraL (J, d. g. R. in Wien,
t. XXVII, p. 1.)
1883. d'Achiardi, I, 28 ; cf. Lock, 836.
1890. Laurent. — Sur rindustrie de Tor dans TOural. (Ann, d, Jf., nov.
1890.)
1891. Weiss. — Métallurgie de l'or dans TOuraL (Mémoire manuscrit à
TEcole des Mines.)
FILONS DE PYRITE AURIFÈRE DU PIÉMONT
(gondo, pestarena, etc.)
Il existe, dans les Alpes occidentales, un assez grand nombre
de gisements aurifères, dont quelques-uns encore exploités, où
For se montre, d'une façon constante, associé avec de la pyrite,
parfois sous forme de filons nets, plus souvent sous forme
d'injections très ramifiées, dans les terrains primitifs et paléo-
zoïques.
Il est possible qu'il faille chercher quelque relation entre
ces venues hydrothermales pyriteuses et la remarquable zone
de roches vertes (piètre verde) qui se développe dans la même
région et en aval de laquelle les alluvions semblent seulement de-
venir aurifères. On sait, en effet, combien est fréquente la relatioii
des pyrites^ souvent chargées de traces d'or, parfois aussi de cuivre
ou de nickel, avec certaines roches basiques, en particulier le gabbro
de Norvège, la syénite de Nijni-Taguilsk dans l'Oural, le gabbro
rosso du Monte Galini en Toscane, les diorites du Chili, etc.. C'est
sous cette forme de pyrites aurifères qu'un grand nombre de ces
roches basiques contiennent de l'or : ainsi les diorites postjuras-
siques de l'Amérique du Sud, celles de l'Oural, des Indes, du
Venezuela, surtout de la Nouvelle-Guinée et de la Nouvelle-
Galles du Sud, les serpentines de Ganoona au Queensland, de
Terre-Neuve, etc..
Quoi qu'il en soit de cette association, les filons aurifères ex-
ploités dans les Alpes se présentent dans les conditions sui-
vantes :
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FILONS DE PYRITE AURIFÈRE DU PIÉMONT (gONDO, ETC.)90d
1*^ A Gondo (Suisse) ^ sur la route du Simplon, près de la fron-
tière italienne, des filons de pyrite aurifère sont encaissés dans
des gneiss à grain fin, qui forment des bancs bien nets, orientés
E. 40** N. et plongeant régulièrement vers le Sud, sous un angle de
32°. On en a relevé une vingtaine, dont 3 ou 4 seulement (la
Camozetta, Maffiala, TEchelIe et le Diable) ont donné lieu à quel-
ques travaux. Ces mines ont été exploitées de 1810 à 1852 par la
famille Maffioli, puis reprises, un moment, vers 1876, et, une
dernière fois, en 1891.
Les filons, dirigés N. 20** 0., avec plongement Ouest, ont des
inflexions nombreuses. Ils se composent de pyrite de fer avec
gangue quartzeuse et feldspathique. D'autres filons, N. 35* 0., pré-
sentent, en outre, de la pyrite de cuivre et de la galène. La teneur
en or est assez faible '. Le filon le plus riche, celui de la Camozetta,
contient cependant localement jusqu'à 30 grammes d'or.
2** Plus au S.-O., on trouve, au pied du mont Rose, au-dessous
de Macugnaga, les mines du Val Anzasca, seules exploitées d'une
façon continue et qui, lorsque nous les avons visitées en 1883, pro-
duisaient 200 kilogrammes d'or par an, en occupant 300 ouvriers '.
Ces mines sont divisées en deux districts : Val Toppa et Pesta-
rena. On a exploité, en outre, des gisements situés à Battiggio, qu'on
a dû abandonner à cause de leur trop forte teneur en arsenic.
A Val Toppa^ Ton ne connaît pas de filons proprement dits,
mais des injections sans salbandes, avec ramifications secondaires,
dans des schistes talqueux très contournés, considérés, par Baretti
comme précambriens. Des coupes transversales de 50 en 50 mètres
(flg. 381) permettent de se faire une idée de l'allure du gîte.
A Pesiarena, au contraire, on a de véritables fractures filoniennes
disposées en éventail, ayant des salbandes et semblant se terminer
en profondeur. On a reconnu 5 filons, suivant à peu près la stra-
* Voir Berthier. Journal des Mines, i'* série, t. X.
Peton de Maulette. Mémoire sur les mines d'or de Gondo.
Gueymard. Ann, d. M., i'* série, t. X, p. 310.
Burthe. Ann. d. M., V série, 1865.
Lock. Gold, p. 715.
1883. d'Achiardi, I, 16.
* Certains résultats, annoncés à grand fracas, portaient sur des minerais triés et
lavés.
* Journal de voyage manuscrit à TÉcole des mines.
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906 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tification du micaschiste et recoupés par un sixième, nettement
transversal, à la rencontre duquel ils s'enrichissent.
Enfin, à Battiggioy les venues hydrothermales ont également
suivi les schistosités et incrusté trois sortes de cuvettes emboîtées
dans les stratifications du talcschiste.
Partout Tor est contenu exclusivement dans les pyrites et s'est
concentré, comme d'habitude, dans les zones de décomposition, en
Fig. 381 . — Coupes transversales, A, B, C, D, E, F, G, de 50 en 50 mètres, du gite
aurifère de Val Toppa.
particulier dans certaines veines oxydées noires qui traversent le
quartz ; le quartz lui-même ne contient pas trace d'or à Pestarena
et, à Valtoppa, seulement 0,03 p. 100. La tonne de minerai, à Val-
toppa, tient, en moyenne, 13 grammes d'or (dont on retire seule-
ment 85 p. 100) avec un peu d'argent et représente, par suite, une
valeur de 36 francs; à Pestarena, la teneur atteint 17 grammes.
Pour un mois de 1883 pris au hasard, 294 tonnes de minerai, à
Valtoppa, ont donné 4*^,09 d'or (13^',6 à la tonne), avec une perte
apparente en mercure de 70''«,200 et une dépense d'extraction
de 26 fr. 50 par tonne; 639 tonnes à Pestarena, 11>^«,5 d'or
(17 grammes à la tonne), avec une perte de 204 kilogrammes de
mercure. La difficulté, dans ces gisements, est la très forte pro-
portion des travaux de recherche nécessaires. En 1881, la produc-
tion d'or totale a été de 213*^,401 extraits de 11 458 tonnes de
minerai (5 286 à Pertarena, 6172 à Valtoppa). En 1890, on a
produit 169'S758 d'or.
3^ En continuant à suivre les Alpes, nous trouvons : à Gresso-
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FILONS DE QUARTZ AURIFÈRE DE LA GRANDE-BRETAGNE 907
ney^ un filon de pyrite aurifère s'étendant vers Alagna, qui a été
exploité; de la pyrite aurifère à Val tourn anche, à Brissogne près
Saint-Marcel, à Ceresole, à Pratiglione, à Ceres.
FILONS DE QUARTZ AURIFÈRE
DE LA GRANDE-BRETAGNE (pays de galles, etc.)
On a exploité, dans l'antiquité, un certain nombre démines d'or
en Grande-Bretagne, et les Romains, en envahissant le pays,
savaient, d'après Tacite, qu'il produisait de l'or, de l'argent et
d'autrps métaux.
Une de ces mines d'or antiques a été retrouvée à Gogofau, près
Pumpsant, dans le Camarthenshire, sur les bords de la rivière
Cothy. Elle portait sur un filon de quartz aurifère.
Plus tard, au xvn' siècle, un certain Thomas Bushell prit à bail
un certain nombre de mines dans le Merionetshire et le Gardi-
ganshire, en particulier près d'Aberytswich et en retira de For et
de l'argent dont on frappa des monnaies.
Dans le Merionetshire^ il existe un district aurifère, situé sur les
deux rives de la Mawddach, près de son estuaire. En remontant
de là vers les montagnes voisines, on trouva, en 1854, de l'or dans
les mines de cuivre de Clogau, Vigra, etc. Après un moment
d'enthousiasme, ces mines donnèrent lieu à de grandes décep-
tions. Cependant, en 187S, Clogau a produit 548 onces d'or; en
1879, 447 onces.
On trouve là : l^'des filons t[uartzeux N.O.-S.E., avec minerais
de cuivre, d'argent et, plus rarement, de plomb ; 2" des veines
N.E.-S.O. de carbonate et sulfate de baryte avec galène et blende ;
3** des veines de quartz aurifère E.O, recoupant tous les autres
filons et enrichies à leur intersection.
En 1875 le minerai brut de Clogau tenait 10 à 12 grammes
d'or à la tonne.
Vers 1886, ce district aurifère du Merionetshire*, dans le paya
de Galles, a, de nouveau, éveillé l'attention des industriels.
* District qui produit également du manganèse; voir t. II, p. 10, et t. I, p. 360.
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908 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les exploitations de Gwynfyndd, Old Ygra, Clogau, Prince de
Galles, Cefn Coch, Berkllwyd, Cefndenddwr ont donné, en 1887,
12 000 tonnes de quartz et 14 667 onces d'or (457 kilogrammes),
c'est-à-dire une teneur de près de une once et quart par tonne,
mais ont, encore une fois, rapidement diminué d'importance dans
les années suivantes.
En dehors du pays de Galles, on a signalé la présence de l'or
dans le Cornwally en particulier au Nord, près de Davidstowe, dans
des veines quarlzeuses recoupant des schistes métamorphiques au
voisinage de la granulile, dans des conditions tout à fait com-
parables à celles des giles stannifères et, parfois même, dans les
filons d'étain.
En Irlandcy il existe des alluvions aurifères dans Ballinvalley,
affluent de l'Aughrim qui tombe elle-même dans l'Avoca à Wooden
Bridge ; des filons de quartz pyriteux aurifère à Ballymurtagh.
En Ecosse^ le docteur Lauder Lindsay a montré que l'or était
assez répandu, en particulier dans des alluvions à Crawford ou
Leadhills. 11 a remarqué que l'or de ces alluvions était, comme
celui de la Nouvelle-Zélande, associé avec de la magnétite et des
traces de titane, d'uranium, elc.
Bibliographie.
Ramsay : Geology of North Wales.
Galvert : Gold rocks of Great Britam and Ireland.
1844. Dean. British. Assoc. reports.
1865. Brkithaupt. — (B. u. ff. Z., 1865, p. 91.)
1866. FoRBES. — (JV. jahrb. f. Min., p. 748.)
V. CoTTA. — ErzlagerstâUen, t. II, p. 492, et Groddeck, p. 279.
1882. LocK, p. 727.
1883. d'Achiardi, t. I, p. 21.
1888. Vanderbilt. — Gold in Great Britain,
1888. Causerie scientlflque du Temps, 17 janvier 1888.
1888. Davies, p. 40.
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FILONS AURIFÈRES DE NORVÈGE 909
FILONS AURIFÈRES DE BÔMMELÔ
ET DE EISWOLD (norvège, etc.)
Les filons aurifères àeBàmmelo^^iin débouché du Hardangerfjord,
entre Bergen et Stavanger, ont été étudiés par M. Reusch. Toute la
région porte Tempreinte du plissement postsilurien (calédonien)
de la péninsule Scandinave et Ton y voit des exemples remar-
quables de roches franchement volcaniques (coulées et tufs de dia-
base) de celte époque. Les filons de quartz aurifère semblent liés
au granité.
A Eiswold (75 kilomètres au N. de Christiania), on a exploité
également des filons, parfois interstralifiés, de pyrite de fer et
chalcopyrite avec de Thématite et de Tor natif.
Des conditions analogues se présentent, en Autriche, dans la
chaîne des Taitern^ en particulier au Rathhaiisberg^^ près de
Gastein ; aux environs de Salzbourg, etc..
Il s'est produit là, au milieu de micaschistes, une imprégnation
siliceuse et pyriteuse le long de certains feuillets, reliés par des frac-
tures transversales qu'on a appelées feuillets de puissance. La
pyrite, souvent aurifère, est accompagnée de chalcopyrite, phillip-
site, mispickel, galène, blende, etc.
De même, à Brandliolz^^ près de Berneck, sur la lisière Sud-
Ouest du Fichtelgebirge, Ton a des veines quartzeuses reliant des
lentilles de quartz interstratifiées, qui ont parfois 1 mètre de puis-
sance, et Ton y trouve de For natif avec de la pyrite de fer, du
mispickel et de la stibine.
» Scheerer. B. u. H. Z., p. 858; cf. Groddeck, p. 277.
• 1887. Reusch. Bummeloen ogKannoen.
1888. Do Margerie. Annuaire géologique, p. 745.
« V. Gotta. ErzlagerMUen, t. II, p. 318, et Groddeck, p. 278. Voir, plus haut, p. 881.
• V. Groddeck, p. 278.
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910 GÉOLOGIE APPLIQUÉB
FILONS AURIFÈRES DE TAGUAREMBO (Uruguay)^
On a exploité, quelque temps, des filons aurifères dans la région
de Tacuarembo (Uruguay), sur les flancs de la cordillère Sainte-
Anne.
Le terrain y est composé de couches siluriennes plissées, sous
forme d'ardoises talqueuses et chloritiques renfermant des dio-
rites, de quelques lambeaux de dévonien et d'un peu de terrain
carbonifère caractérisé par ses fossiles.
De grandes forêts vierges suivent le cours du Tacuarembo ; le
climat passe néanmoins pour assez salubre.
Les terrains anciens sont recoupés par des filons de quartz
divergents, sinueux, souvent se bifurquant ou se réunissant en
profondeur. Les quartz sont de variétés et d'aspects très dis-
tincts :
1** Le quartz stérile est, tantôt hyalin vitreux en masses dures et
compactes, tantôt d'un blanc laiteux. Il forme des dykes très pro-
longés.
2^ Le quartz aurifère est, au contraire, d'un blanc d'albâtre avec
des parties grisâtres, d'autres bleutées et très poreuses et des
veines teintées d'oxyde de fer ; il se ramifie en petites veinules nom-
breuses de 0,5 à 0,20. On y trouve de la pyrite de fer et de cuivre,
de la galène, du carbonate de cuivre et de l'oxyde de fer. L'or y
est souvent à l'état visible.
3** On rencontre un peu d'or dans des quartz analogues, mais
plus vitreux, associés avec de la pyrite de cuivre et de la galène.
La teneur en or semble, dans les quartz aurifères, diminuer
très rapidement, en profondeur, à partir de 6 à 10 mètres. Aussi
croit-on que, lorsqu'une veine ne montre pas d'or à la superficie,
il est inutile d'y faire des recherches.
La présence de Targile plastique dans les interstices des quartz
est considérée comme un signe favorable.
Le rendement des quartz aurifères a été, dans les parties hautes,
• Coll. Ecole des Mines, n** 2010. Voir la carte de l'Amérique du Sud, p. 843.
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FILONS AURIFÈRES DB TACUAREMBO (uRUGUAT) 911
d'environ 3 onces (94 gammes) à la tonne; ou rencontrait, par-
fois, dans le filon, un peu de tellurure auro argentifère.
La découvertede Tor, dans cette région, remonte à 1842. En 1867,
on commença quelques travaux superficiels, et, en 1878, on finit
par organiser des exploitations importantes, qui ont eu, croyons-
nous, peu de succès.
Un rapport sur le filon de San-Pablo^ dans la province de
Santa-Ef^estinUy donne les chiffres suivants :
FILON SAN PABLO
OR
ARGENT
OR
ARGENT
Surface ...
92
16
8
4
2
2
29
8
4
2
gr.
if-
158
14
9
g»-.
58
6
3
Profondeur : 5 à 10 met.
— 10 à 12 —
— 12 à 13 —
— 13 à 14 —
— 14 à 20 —
Traces
Frais élevés : en tracace 107
\ FrnU ^ Salaire 1
fr. par l. i ^^^^^ V des mineurs: Il
— en abalage par gradins. 70
usine nOn:i2 fr. par ^our; 1
compris (-r^irrrï"!
Ce filon de San-Pablo, à Santa-Ernestina, contenait fréquemment
de beaux cristaux d'or visible; mais sa teneur a néanmoins été
trop faible pour couvrir les frais (à peine 2 à 3 grammes en pro-
fondeur) et l'exploitation a dû être suspendue.
Bibliographie.
1878. Barrial Posada. — Estudio geologico de la région aurifera de Tacua-
rembo, que comprende los distrilos de Yaguari, de los Corrales y de Gunapiru.
in-40, 26 pages. Paris, 1878.
1888. Charlier. — Les mines d'or de TUruguay.
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912 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
FILONS AURIFÈRES DE PANAMA
Les terrains aurifères de SardaniQa, où TEmperador Mining C
of Golombia a commencé des exploitations en 1882, sont placés
à 7 kilomètres au N.-E. du chemin de fer de Colon à Panama,
entre le rio Chagres et le rio Obispo, son affluent ; la région
qu'ils occupent est faiblement accidentée : les plus hauts sommets
ne dépassent pas 250 mètres d'altitude.
La station du chemin de fer la plus voisine est « Emperador »,
située elle-même à 20 kilomètres de Colon et à 44 kilomètres de
Panama.
Le sous-sol est là formé, presque exclusivement, par une roche
quartzeuse assez compacte, mais recouverte d'alluvions sur des
épaisseurs souvent très considérables. Une partie des terrains
d'alluvions est composée de sables et de graviers aurifères amenés
par les ruisseaux à des époques relativement récentes et provenant
de ces roches quartzeuses. Le reste des alluvions est une terre
boueuse, grisâtre, apportée probablement par la mer et qui forme
d'énormes dépôts sur les rives du rio Chagres.
Les quartzites de la contrée sont recoupés par des filons de
quartz aurifère. Ces quartzites renferment eux-mêmes des traces
du métal, qui, d'ailleurs, est (sauf un peu d argent) le seul produit
de cette venue enrichissante.
Les quartz des filons aurifères sont rouges; ils renferment quel-
quefois de Tor visible; mais, le plus ordinairement, le métal est
extrêmement divisé et invisible.
On y a rencontré localement des teneurs en or assez fortes.
FILONS AURIFÈRES D'AUSTRALIE^
En Australie, un grand plissement anléhouiller semble carac-
térisé par l'alignement général de tous les terrains anciens et
1 Coll. École des Minet, 1564. Voir, pour les alluvions d'Australie, page 969.
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FILONS AURIFÈRES d'aUSTRALIE
9i3
des roches aDciennes suivant des bandes Nord-Sud, tandis que les
roches éruptives modernes ont une orientation différente. Ce plisse-
ment paraît avoir été accompagné d'éruptions de diorite, etc., et
de formation de filons de quartz aurifères, à leur tour recoupés, en
quelques points (Wood's point, Victoria), par des grûnsleins. L'âge
de ces filons est bien caractérisé par ce fait qu'ils ne passent jamais
ÙarupUÊûkà^l/EstdàGrmnMOtokét
Fig. 382. — Carte des gisements d*or d*Australasie. (Les régions aurifères sont
représentées par un pointillé).
des couches anciennes fortement plissées dans les couches carbo-
nifères, qui les recouvrent en stratification discordante. Même, au
Schoal haven River, dans la Nouvelle-Galles du Sud, d'après
Wolf, des érosions puissantes, qui donnent des coupes de près
de 500 mètres de haut, montrent les gîtes aurifères encaissés dans
des terrains anciens et venant buter, à leur partie haute, contre
les conglomérats et grès houillers superposés, sans y pénétrer.
Ces gisements se présentent, le plus souvent, sous forme de filons
GÉOLOGIE. — T. n. 58
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914 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
couches N. s., dont le caractère tilonien est accusé par leur pas-
sage des terrains sédimentaires dans les roches éruptives. On en
connaît des exemples dans les districts aurifères de Gympie et de
Ravenswood, dans le Queensland, et dans ceux de Cargo (Nouvelle-
Galles du Sud). Les filons de ces districts ont de 10 centimètres
à 15 mètres de puissance, et les minerais y sont concentrés en
colonnes riches, dont la disposition très irrégulière a été étudiée
par Lock*.
Ailleurs, comme à Wood's point, Upper Goulburn Victoria, des
veines de quartz aurifère traversent un granité amphibolique très
pauvre en quartz. A Bethanga, à TEst de la jonction de la Mitta-
Mittaavec la rivière Murray (Victoria), des filons, recoupant le gra-
nité, contiennent, à la fois. For, l'argent et le cuivre ; ils ont
de 0"*,60 à 2 mètres de large, des épontes bien définies et une
teneur en or de près de une once à la tonne.
Ajoutons maintenant quelques détails sur les diverses provinces
de l'Australie.
Par ordre d'importance industrielle, la province de Victoria,
comme nous l'avons dit, tient, de beaucoup, le premier rang ; puis
viennent la Nouvelle-Galles du Sud, le Queensland, TAustralie du
Sud et nie de Tasmanie. Nous avons donné, plus haut*, les rensei-
gnements statistiques relatifs à l'ensemble de ces provinces avec
quelques chiffres d'ensemble sur les produits de l'exploitation.
Dans la province de Victoria, on a reconnu, d'après les statis-
tiques, plus de 3 000 filons aurifères, généralement encaissés dans le
silurien et pouvant atteindre jusqu'à 23 ou 30 mètres de puissance.
Ces filons, fréquemment interstratifiés, mais reliés alors par des
veines qui recoupent les strates, sont, suivant Ulrich, en relation
avec des dykes de diorite, en particulier dans le South Gippsland ;
c'est aujourd'hui de ces filons qu'on extrait la plus grande partie
de l'or de la province (tout d'abord tirée des alluvions).
Le tableau suivant* précise les conditions générales de l'exploi-
tation des filons aurifères dans cette province :
1 Loc. cit., p. 808 et suiv.
5 Pages 872 et suiv.
* D'après un travail de M. Fuchs paru au Bulletin des Annales des Mines (1881).
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FILONS AURIFÈRES d'aUSTRALIE
915
CONDITIONS TECHNIQUES DB l'EXPLOITATION DES FILONS EN 1881
DISTRICTS
ARARAT
Ararat
BALLARAT
NOUS
des filons.
( Scotch maa's Fiat .
.J CroM
1^ Scotchuiairs . . .
Central. .
Southern .
Buninyoug.
Creswlck .
Stciglitz. .
BlacKWood
tain S. .
Band of Hope.
StalTordshire .
lliBcock's. . .
i Clunes. . . .
( Clunes. . . .
et Blue Mon-
BEECHWORTH
Beechworth . . .
Yackandandah S.
Sultan et autres.
Buckland .
Alexaudra. . .
GalTney'sCreek.
Wood's Points.
Big River . . .
Jamieson . . .
Reform, Myrtleford
Morning Star. . .
Tiddle-de-addiedee
< Land-Tux ...
^ Land-Tax .
Accident . . . . ,
Homcward-Bound
Ford's ....
Railway ...
Gleeson's Lcasc,
CASTLEMAINE
Castlemaine
Fryer's Creek
Hopburn
Taradale et Kyneton . .
Tarrangower
Wattle Gui! y . .
Ferron's . .' . .
Cattle's. . . 1 .
Wilson's. . . .
United Kingdoni
Parkin's Keef. .
Gerroan ....
GIPSLAND
Ktitchell R. et Boggy C. K
Striiigcr's Crcek
MARTBOROUGH
Maryborough
Amherst. . .
Galloway.
Cohen*s .
Ounotty et Tarnagutta .
SANDHURST
Western Reef.
Fastcrn Reef .
Church Hill. .
Bealiba. . . .
Wolcome. . .
Bealiba. . . .
Sandhurst
Aleathcote et Waranga S.
Garden GuUy.
Garden Gully.
New Churo. .
Catherine. . .
Butter's . . .
PROPOIfDBCR
de
rexplelt&tiia
mètres.
360
255
336
120 à 285
83
34
24 à 297
60 à 330
4i
120 à 225
135
18
105
180
72
17
45
60
90
51
105
21 à 120
48 à 78
58
15
150
108
18
102 à 186
150 à 160
81 à 90
75
120 à 166
72
60 à 90
2i5
240
174
174-192-210
135
tonne»
1 128
1 354
2 579
1 500
1 753
2 10
14 523
2 052
1
1 665
1420
64
158
180
35
150
600
3i
503
6 226
1 673
120
14:'.
45 i
969
200
4 072
5-: 8
342
115
1 710
5.n
1 156
4 015
84i?
124
1 359
480
TENEUR
■oyeaae
ptr tiiae
gram.
53,682
39, 783
47,118
11,030
6,311
10,523
9,121
15,429
122,409
20, 659
10,140
58,272
147^ 339
45, 903
67, 045
73, 258
7, 399
2i,481
5,175
105,962
10,651
7,527
7,079
36.216
4, 654
60,442
118,011
9,948
38,193
7,015
4,339
153,907
22,317
2i, 685
60, 225
45, 175
10,523
3'.>,847
11,734
15,301
PUISSAHCB
du filon
mètres.
0,60
80 à 3,90
6,00
0.60 a 18,0
0,60à2,10
0,15à0,25
0,15àl,80
3,00
1,20
0,30
2.40
0,60
1,20
0,30
irrégulier
0,1 5 a 6,00
0,12à6,00
1.65
0,90
1,20
1,00
4,20
3,60
0,30àl,80
0,15 à 1,20
0,30
1,80
0,50
0,'JO
0,45àl,20
0,60 à 3.00
0.45
0,30 à 0,90
0,15
«•5
N.
N. 8oO.
N. 15«0.
N. %">&
N. 11«E
N.
N. lO'O
N. 22«0
N. 33« 0,
N. 52'> 0.
N. 33» 0,
N. 27« 0.
N. 140 0.
N. S^E.
N. 20» 0.
n
N. 12» 0.
N. 15» 0.
X. 19» 0.
N. 10» 0.
N. 10» E.
N.
N. 18» 0.
X. 16» 0.
S. 18» 0.
a 5
63» 0.
70» 0.
66» E.
30» B.
Tariablc
Tariable
0.
80» 0.
30» S.-O,
0.
70» S.-O.
vertical
E.
36» E.
50» 0.
60» 0.
»
80» 0.
78» E.
80» 0.
65» 0.
35» 0.
Tariable
E.
£.
75» N.
FLONOt-
MBNT
d9
la zone
ou
colonne
BétalUrèn
N.
S.
N.
N.
N.
E.
variable
S.
vertical
30» S.-O.
33» S.-O.
70» s.-a
83» N.
30» S.
75» S.
45» S.
30» N.
E. et 0.
S.
S.
N. et S.
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916 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
En résumé, on voit que 1*od arrive à exploiter iadustriellement
des Qlons de quartz aurifère, dont la tcaeur moyenae descend
à 6 grammes d*or par tonne : ce qui est inférieur aux chiffres
limites de la plupart des autres pays, à l'exception des allu-
vions (30 à 60 grammes au Callao, 16 à 23 grammes en Tran-
sylvanie, etc.).
Lorsqu'on reporte tous ces filons sur une carte, on voit appa-
raître un certain nombre de groupes, dont les deux principaux,
dirigés N.-S., sont compris dans le silurien inférieur.
Dans le district d'Ararat, le Camphells reef a donné, de 1857
i 1879, 106000 tonnes de quartz tenant 76 000 onces d'or.
Le district, où la teneur moyenne en or est la plus élevée, est
le Gippsland, où elle atteignait 1 once, 2 (36 grammes) dans les
30 000 tonnes broyées en 1879; mais, dans le district de Ballarat,
où elle n'était que de 9 grammes, on avait traité, dans le même
temps, 350 000 tonnes et, dans celui de Sandhurst, où elle était de
14 grammes, 232 000 tonnes.
Dans le Gippsland, M. Howitt a remarqué que certaines allu-
vions aurifères, en particulier dans la rivière Mitchell, provenaient,
non pas de terrains siluriens, mais de terrains dévoniens ; ce fait,
qu'il a expliqué d'une façon toute simple, à notre avis, par l'exis-
tence, dans cette région, de filons encaissés, non plus dans le
silurien, mais dans le dévonien, était contraire aux théories pré-
conçues de ceux qui voulaient faire dériver Tor d'Australie,
exclusivement du silurien ; aussi Lock* l'a-t-il soumis à une
longue discussion, de laquelle il résulte que l'or des filons du silu-
rien aurait pu, par un premier remaniement, être introduit dans
les grés et conglomérats dévoniens. L'existence de l'or dans cer-
tains conglomérats dévoniens étant d'ailleurs réelle, l'une ou
l'autre hypothèse sont, à priori, également plausibles.
La composition minéralogique est assez constante : quartz,
pyrite de fer et mispickel, blende, pyrite de cuivre, cuivre gris
et calcile.
Dans la Nouvelle Galles du Sud, les filons aurifères ne sont
exploités que depuis peu. Jusqu'en 1871, on ne s'occupait que des
' Loc. cit., page 811.
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FILONS AURIFÈRES d'aUSTRALIE 9i7
alluvions qui occupaient 16 000 mineurs. Depuis cette époque, on
a découvert quelques filons très riches, tels que ceux d'Emn
Creek, qui, de 1866 à 1871, ont produit 182000 onces d'or; ceux
d'Hawkins'hill, qui, en six mois, ont donné 4 millions d'or.
On peut citer également les mines Mitchell's Creek et Kaidcr^
district de Mudgee, parmi les plus importantes.
Dans le Queensland, nous mentionnerons les champs aurifères
de Charters lowers^ de Gympie^ de MarengOy de Normanby^ de
Palmer,
Le champ de Charters towers se trouve à l'Ouest d'un massif ^e
granité et de syénite, bordé par des schistes et des grès siluriens
peu métamorphiques. Les filons aurifères, assez nombreux, y
forment, dans l'ensemble, un faisceau courbe au milieu des
schistes siluriens, dans lesquels ils sont souvent à peu près inters-
tratiOés. L'un d'eux, le Comstock reef, longe, dans ces schistes,
un dyke de porphyre. Le remplissage comprend : quartz, pyrites
de fer et de cuivre, blende, galène.
Dans le district de Gympie^ les porphyres occupent une grande
étendue au milieu des terrains siluriens et dévoniens ; les filons
aurifères sont souvent à peu près Nord-Sud, tandis que la schisto-
sité est Nord-Ouest; mais il semble y avoir, à travers eux tous,
une zone générale d'enrichissement Nord-Ouest. Les filons, très
bréchiformes, contiennent généralement l'or associé avec des
pyrites, du quartz et de la calcite.
Dans le district de MarengOy des filons de quartz aurifère
entourent le granité, et quelques-uns y pénètrent.
Le district de Nonnanby est presque uniqueme^nt formé de
terrains anciens ayant subi, avant le carbonifère, un profond
métamorphisme et recoupés par des roches à tourmaline. L'or y
existe à l'état d'inclusions dans des pyrites et est très rarement
visible à l'œil nu.
Dans V Australie du Sudy les gisements aurifères sont de moindre
importance que dans les autres provinces. On cite ceux
d'Echunga, de Barossa, etc.
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918 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Bibliographie.
1853. Delksse. — L'or en Amlralie, (B. S. (?., 2«, l. X, p. 315.)
1853. Delesse. — Gisem. et exploit, de Tor en Australie, (Ann. d. Jf., 5^,
t. m, p. 185.)
1857. Clarke. — Sur les gisements aurifères de la Nouvelle-Galles (Australie].
(Ann, d, i/., 5^ t. XVI, p. 577.)
1859. Clarke. — Filons de quartz aurifères aux environs de Sydney (Aus-
tralie). (B. S. G., 2«, l. XVII, p. 16.)
1864. Ulrich. — Goldand silver bearing reefs of Saint-Arnauld (Melbourne).
1866. Mines d'or de la colonie de Victona, (Bull, Ann, d. if., 6«, t. XIII,
p. 502.)
Brough-Smyth. — Gold fields of Victoria.
1870. Brough-Smyth. — Contributions lo the niineralogy of Victona.
1872. Brough-Smyth. — Minerai ressources North of posl Augusta.
1875. Heurteau. — Affinage de l'or argentifère h Sydney, (Ann, d. M., t. VII,
p. 208.)
1877. WoLF. — (Zeit, d. d, geol. Gesells., t. XXIX, p. 82.) (Cf. Groddeck,
p. 279.)
1878. R. Daintrec. — Note on certain modes of occurence of gold in
Australia. (The quaterly Journal of the geological Society, t. XXXIV, n« 3, 1878,
p. 431.)
1879. HowiTT. Mf. — On the geology of North Gippsland Vitloria. (Qt. Jl,
geol. Soc. Lond., t. XXXV.)
WiLKiNsoN. — On the theory of the format, of gold nuggels in Drift.
(Trans. ani proc. R. Soc, Victoria^ t. VIII, p. 115.)
• 1881. FucHs. — L or en Australie. (Bull. Ann. d. M,)
1882. Loge. — Gold., p. 807.
1888. Davies, p. 63.
1888. Albxander. — The relation agcsof the older gold bearing leads of Bal-
larat Creswick, C®. (Transactions of the geological Society of Australasia. Mel-
bourne, 1888.)
Voir, en outre, Yearly colonial mining report et annual report of the
department of mines Victoria, New Soulh-Wales, etc.
OR A LA NOUVELLE-ZÉLANDE
Des conditions de gisements, analogues à celles de l'Australie,
se retrouvent dans la Nouvelle-Zélande. Les gîtes aurifères y sont
encaissés, tantôt dans des schistes, tantôt dans des grès. Dans les
schistes, ce sont des filons couches de 1™,50 de puissance maxima,
composés de quartz blanc avec pyrite de fer parfois cuprifère et
or natif; dans les grès, ce sont des filons, de 1™,25 de puissance
moyenne, avec remplissage de quartz très fissuré et de sulfures
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FILONS DE QUARTZ AURIFÈRK DE CALIFORNIE 919
nombreux, particulièrement de marcassite antimoniale et arseni-
cale, de pyrite de fer et de chalcopyrite, puis de cuivre gris et de
blende. L'or natif se trouve généralement en lamelles cristallines;
il contient plus d'argent que celui des filons couches des schistes.
Les principaux filons de quartz, dans le Nord de Tlle, sont ceux
des districts de Coromandel et de Thames (Âucklana). On a cons-
taté leur persistance à 200 mètres au-dessous du niveau de la
mer; mais on en a surtout exploité la partie superficielle et altérée.
En 1881, à Thames, 32 404 tonnes de quartz broyé ont donné
33 134 onces d'or.
On exploite, en outre, à la Nouvelle-Zélande, de Tor d'alluvions
dans les districts d'Otogo, Westland et Nelson.
En 1880, la Nouvelle-Zélande produisait 30 600 000 francs d'or
(305 246 onces).
Bibliographie.
i875. Ulrich. — Rapport sur les mines d'Olago.
1879. Groddeck, p. 280.
1881. James M. Kenow. — Report on the gold Ûelds of iNcw-Zeland.
1882. LocK, p. 517.
1883. G. Ulrich. — Uber die GoldYorkommnisse in Ifeu Seeland, (iV. /. Min.,
1. 11, p. 136. Stuttgard, 1883.)
QUARTZ AURIFÈRES DE CALIFORNIE*
Les gisements aurifères de Californie, qui contribuent, pour une
si forte part, depuis 1848, à la production de l'or dans le monde,
se composent de filons de quartz aurifères et d'alluvions plus ou
moins anciennes au voisinage. Nous parlerons ailleurs des allu-
vions' ; nous nous bornerons, en ce moment, à l'étude des filons,
dont l'un, le Mother Lode, de UO kilomètres de long, est le plus
grand que Ton connaisse dans le monde.
En quelques mots, on peut dire que ces filons suivent la zone
de contact de terrains métamorphiques, allant du carbonifère au
1 Coll. Ecole des Mines,, 1600. Voir la carte de Calirornie, flgure 348, page 712.
« Page 961.
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920 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
jurassique, et d*un granité récent, parallèlement au plissement de
la Sierra Nevada ; que Tor, toujours un peu argentifère, y est,
d'une façon constante, associé avec la pyrite transformée en oxyde
de fer, ou même complètement dissoute au voisinage des affleu-
rements et que la richesse a été partout en diminuant avec la pro-
fondeur. L'âge de ces filons a été considéré, par Whitney, comme
le même que celui du granité ' ; M. Laur, d'après l'étude du
ciment siliceux aurifère des alluvions, Tavait supposé beaucoup
plus récent et môme quaternaire*.
La région aurifère est située, à peu près, à la hauteur de San
Francisco, entre le 37' et le 40* degré de latitude, sur le flanc
Ouest de la Sierra Nevada, dont le flanc Est présente, comme
nous Tavons dit, les riches filons d argent et d*or du Comstock.
Vers rOuest, on trouverait, dans les Coast Range, la zone des
bandes de mercure. Le pays de Tor s'étend, du Sud au Nord, sur
les comtés de Mariposa, Tuolumne, Calaveras, Eldorado, Placer,
Nevada, Yuba, Plumas et Butte. Un certain nombre de rivières
aux alluvions aurifères la traversent de TEst à TOuest : Merced,
Tuolumne, Slanislaus, Calaveras, Mokelumne, Gosumnes, Ameri-
can River, Bear River et Yuba. Toutes ces rivières vont se jeter
dans le Sacramento, qui coule, au contraire, du Nord au Sud,
entre la Sierra Nevada et les Coast Range. Les villes principales,
créées par Tindustrie de Tor, le plus souvent sur Tun de ces cours
d'eau, qui constituent de grandes voies navigables, sont Mariposa,
Sonora, [Mokelumnehill, Jackson, Placerville, Coloma, Âuburn,
Nevada, Downieville et Quincy ; Sacramento est un peu plus à
rOuesl.
Au point de vue géologique, la Sierra Nevada, sur son versant
Ouest qui s'élève en pente douce jusqu'à 3 800 mètres, est formée
de deux bandes parallèles : Tune, à l'Est, de granités récents, diori-
tes, syénites, etc. ; l'autre, plus bas, à TEst, de schistes et calcaires
métamorphiques, quartzites, grauwackes, etc. Les roches éruptives
tertiaires ne sont représentées, de ce côté, que par quelques
1 D'après M. Laur {Ann. d*or, 1863), le quartz aurifère serait souvent directement un
gisement de contact dérivant de la diorite (p. 450). M. Whitney est opposé à cette
théorie.
* M. Laur a fait remarquer (p. 423), que les sources chaudes deSteamboat springs
déposent, encore aujourd'hui, de Tor et de la silice.
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FILONS DE QUARTZ AURIFÈRE DE CALIFORNIE 921
basaltes. Sur- le versant Est, au contraire (indépendamment de
terrains métamorphiques analogues), les hauts plateaux (grandes
plaines), qui s'étendent à travers le Nevada, TUtah et le Colorado,
témoignent d'une activité éruptive très récente à Tépoque tertiaire ;
on y trouve de nombreux pointements de trachytes, andésites,
phonolithes, etc., avec des sources thermominérales.
Dans le versant Ouest, qui nous intéresse spécialement, les gra-
nités paraissent, d'après J.-D. Whitney, être apparus pendant la
période jurassique et jusqu'à Tépoque de la craie supérieure. Le
quartz y est généralement fort peu abondant; le feldspath est sur-
tout de Foligoclase ; la magnétite est fréquente ; les syénites s'en
distinguent par la présence de la hornblende. Ces granités forment
des bandes allongées, fréquemment ramifiées. Les terrains méta-
morphiques ont été étudiés par Whitney, qui y a reconnu du
calcaire carbonifère à productus semi-reticulatus, spirifer linea-
tus, etc. ; puis, à TEst de la chaîne, des couches triasiques du
niveau d'Hallstadt et de Saint-Cassian avec orthocères, céra-
tites, etc.; enQn, du jurassique contenant des nappes éruptives,
supposées contemporaines, de diorite et de porphyre. Du crétacé
et du tertiaire sont, au pied Ouest de la chaîne, en stratification
discordante sur ces terrains.
Les filons de quartz aurifère forment deux faisceaux principaux :
l'un dirigé N. 36* 0. et large de 12 à 15 kilomètres, allant de
Mariposa à Sonora, Jackson et Marysville (c'est celui du Mother
Lode); l'autre, N. T 0., allant de Placerville à Grassvalley, Nevada
et Quincy. Ils résultent de fractures bien nettes, évidemment
connexes d'un plissement ancien de la Sierra Nevada, offrent des
salbandes ai^ileuses, miroirs de glissement, etc., et passent à tra-
vers les roches les plus diverses, sans changer de composition : ce
qui est bien évidemment contraire à la théorie de la sécrétion
latérale, chère à l'école allemande.
Leur épaisseur est très variable, souvent de moins de 1 mètre,
exceptionnellement arrivant jusqu'à 40 mètres. Le remplissage est
formé principalement d'un quartz qui, suivant une remarque déjà
faite, offre les plus grandes analogies avec le quartz des filons
d*étain. En profondeur, ce quartz apparaît toujours chargé de
pyrite ; au voisinage de la surface, cette pyrite a été dissoute et le
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922 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
quartz est, par suite de sa disparition, criblé de petites cavités qui
lui donnent un aspect carié très caractéristique. Un quartz hyalin,
ainsi caverneux ou rubané et contenant des géodes ou fissures
ocreuses*, est considéré par les mineurs comme un bon indice.
Au contraire, un quartz compact, à cassure vitreuse ou conchoïde
sans trace de pyrite, est, presque toujours, stérile. En même temps
que la pyrite, on trouve accidentellement d*autres sulfures, tels
que la galène, la blende, la pyrite magnétique, le mispickel, la
chalcopyrite, le cinabre et, parfois, des minerais de tellure (petzite,
hessite, mélonite, calavérite, etc.). L'or existe dans les parties
hautes à Tétat natif (free milling ore), rarement en grains ou cris-
taux visibles, le plus souvent en inclusions extrêmement fines.
Plus bas, on trouve de Tor engagé dans des combinaisons sulfurées
et non amalgamables. La richesse diminue rapidement avec la
profondeur, comme dans tous les filons d'or, et ce fait, joint à la
suppression de la méthode hydraulique pour le traitement des
alluvions, fait que la production d'or en Californie décroît, chaque
année, dans une forte mesure. La distribution très irrégulière du
métal précieux et la grande valeur de ses moindres parcelles
rendent, d'ailleurs, les essais au laboratoire généralement illu-
soires. La proportion d'argent est très variable dans le minerai :
elle augmente, paraît-il, avec la profondeur*.
Si nous étudions maintenant ces deux faisceaux de filons un
peu plus en détail, nous voyons que l'axe du premier est formé
par un grand filon nommé Mother Lode, qui a rarement moins de
2 mètres de puissance, souvent plus de 20 et traverse tout le pays,
sur 110 kilomètres de long, comme une véritable muraille en
\ saillie. Ce filon peut se voir à Mount-Ophir, à Bear- Valley, à
Bigoak-Flat, près de Jamestown, de Columbia, de Mokelumne
Hill, de Jackson, etc. A Benton-mile, il est rejeté, de plus de
150 mètres, par une faille ; puis entre Jackson et Placerville, de
plusieurs kilomètres à l'Est.
* Quelques-unes de ces veinules ocreuses ont été très riches. M. Laur (p. 406) en
cile une qui, sur 8 à 10 centimètres de large, a rendu 10 280 francs d'or ar^jenlifère
aux 1 000 kilogrammes de minerais.
* M. Laur cite (p. 430) l'exemple de Goldhill, où Ton avait : aux affleurements,
651 francs d»or pour 300 d'argent ; à 20 mètres, 462 francs d*or poui* 450 d'argent ; à
50 mètres, 33 francs d'or pour 931 d'argent.
\
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FILONS DE QUARTZ AURIFERE DE CALIFORNIE
923
Dans le faisceau de TEst, on ne retrouve pas l'analogue de ce
grand dyke, maïs une série de veines quartzeuses assez minces et
très ramifiées dans les schistes. On a souvent admis que la
richesse en or augmentait à mesure que Tépaisseur diminuait.
Cette richesse en or est généralement bien inférieure à ce que
Ton suppose en général et décroît, lorsqu'on s'enfonce, comme
rindiquent les chiffres suivants :
1851
1853
1855
1857
1858
1859
1860
Grasa Valley ....
Eldorado
636 Tr. d'or par t.
»
:2S4
«
148,40
127,20
1»
126,88
104,51
05,40
97,78
En 1862, on évaluait à 200 le nombre des mines à quartz en
activité dans toute la Californie; leur production était de 700 000
tonnes de minerais, donnant 60 millions de francs d'or.
En 1885, d'après M. Hamilton Smith, les deux mines de Sierra
Buttes et Plumas Eurêka, situées à 56 kilomètres du chemin de
fer Central Pacific, sur un filon de 2™,40 d'épaisseur, donnaient
les résultats suivants :
Sierra Buttes .
Plumas Eurcka .
TONNES
traitées
49 412
50 839
PRIX DE REVIENT
Rxtraction . . .
Traitement . . .
Frais géoéraux.
Extraction . . .
Trailement . . .
Frais généraux .
21.11
2,91
6,29
30,31
22,67
3,17
3,12
20,96
RENDEMENT
en francs
36 29
39 52
SALAIRE
moyen
des mineurs
13 francs
Si nous passons maintenant en revue les divers comtés du Sud
au Nord, voici les principales mines que nous y rencontrons :
Dans le comté de Mariposa, le Motherlode, dirigé N. E., a de
O"*,30 à 2 mètres de large; le minerai a une valeur moyenne de
40 à 200 francs la tonne. En 1870, il y avait 30 mills broyant
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924 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
35 000 tonnes; en 1875, la production s'était déjàfortement réduite.
Dans le comté de Tuolumne, on a surtout exploité des mines
d'alluvions souterraines (deap lead) sous Table Mountain ; mais
il existe, en outre, des filons à Golden Gâte et Confidence.
Le comté de Calaveras est traversé par le Mother Lode, qu'on a
surtout exploité à Carson Bill ; mais cette mine a dû être aban-
donnée lorsqu'on a atteint une certaine profondeur, Tor s'y étant
trouvé engagé dans des combinaisons tellurées et arsenicales dif-
ficiles à traiter mélallurgiquement. En 1875, 40 mills broyaient
30 000 tonnes.
Dans le comté d'Eldorado^ la zone de filons aurifères atteint
40 kilomètres de large et est formée d'un certain nombre de filons
très disloqués. Les principales mines sont :
Woodside : filon de 1 mètre de large, teneur moyenne 180 francs ;
production, en 1875, 180 000 francs d'or.
Taylor : filon de quartz aurifère, dans les schistes, à teneur de
180 à 400 francs ; proportion de minerais sulfurés (sulphurets)
1 p. 100 ; production en 1875, 250 000 francs ; frais du traitement,
il francs.
Mount pleasant : filon de quartz aurifère dans le granité; teneur
moyenne, 238 francs; proportion de sulphurets, 1,5 p. 100; pro-
duction en 1875, 160000 francs ; frais de traitement, 13 francs.
Le comté de Placer a été surtout célèbre par ses installations
hydrauliques. Les principales mines de filons sont groupées, autour
d'Auburn, dans les collines bordant la vallée du Sacramento. Ce
sont : San Patrick (quartz à 200 francs la tonne sur une épaisseur
de 1"*,60) ; Crater (quartz aurifère dans la syénite, sur 1"*,50 de
large, avec une valeur moyenne de 220 francs et une proportion
de 3 p. 100 de sulphurets) ; Spanish ; Gold Blossom (38 francs la
tonne) ; Mina Rica (78 francs) ; San Lawrence ; Buckeye (filon de
1°',30 dans les schistes métamorphiques tenant 170 francs à
la tonne); Cooper; Scott; Holder; Shadyside ; Auburn ; Solsie;
Consolidated; Orléans; Crandall ; Julian ; etc.
Le comté de Nevada comprend des exploitations considérables,
aussi bien sur les filons que sur les placers. En 1870, on broyait
125 000 tonnes ; en 1875, 80 000. La principale mine du district
est Gross Valley, dont nous avons donné plus haut les rendements.
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FILONS AURIFÈRES DU MEXIQUE 92o
L'exploitation y porte sur diverses veines de quartz assez étroites
(souvent à peine 0™,40 dans les plus productives) ; la proportion
de sulphurets est de 2 p. 100 du quartz aurifère ; après concen-
tration, on en extrait Tor par chloruration.
Comme autres mines, on peut citer Idaho, New-York Hill, Eu-
rêka, Empire, Pitlsburg, Antilope, Gold tunnel, etc.
Dans le comté de Yuba^ il y a plusieurs exploitations de placers
(Suckerflat, Smartsville, ïimbucloo, etc.), mais peu de filons.
Il en est de même de celui de Plumas.
Quant au comté de Butle, on peut y citer lamine de Cherokee
flat, les filons Forbestown Consolidated (2 mètres de large) et le
filon Mammoth.
Bibliographie.
1854. John Trask. — Expl. de For en Californie. {Ann. d. M., 5® série, t. IX,
p. 64«.)
* 1863. Laur. — Gisement et exploitation de Tor en Californie (Ann, d. Jf.,
6% t. m, p. 347.)
1867. Mines d'or, argent et étain des environs de .los Angeles {Californie).
(Bull. Ann. d. W., t. XVI, p. 599.)
1870. Raymond. — Mining slatistics west of the Rocky moutains.
* 1876. Sauvage. — Méthode hydraulique en Californie. (Ann. d. M., 7^,
t.IX,p. 1.)
1877. Whit.ney. — Metallic wealth of the United slates.
1879. Goodyear. — Sables aurifères de Californie. (Eng. a, Mining, ;.,
t. XXVIII, p. 280, 299.)
* 1882. LocK. — Gold., p. 129 et suivantes.
1884. Hills. — Ore deposits of Summit District, Rio Grande County, Colo-
rado. {Proceedings of Scieniific Society Colorado, vol. I, p. 20.)
1883. Kd. Fuces. — Note sur les graviers aurifères de la Sierra Nevada
de Californie. (B. S. G., 3« série, t. Xlll, p. 486. Paris, 1884-85.)
1885. DE LA BouGLisE. — Note sur les mines d'or de Golden rivet (Califor-
nie). (ln-40, 46 pages. Paris.)
1879. Groddeck, p. 281.
1888. Davies, p. 45.
FILONS AURIFÈRES DU MEXIQUE*
Le Mexique passe pour avoir fourni, de 1521 à 1848, 800 millions
d'or; de 1861 à 1876, 76 millions ; de 1876 à 1893, 82 millions ;
< Coll. Ecole des Mines ^ n« 2000.
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926 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
en tout, 958 millions. On y remarque, dans les districts de Tata-
tila et de Zomelahuacan, des filons de quartz aurifère encaissés
dans un calcaire, parfois dans un grûnstein et un porphyre, qui
viennent s'arrêter brusquement devant un massif trachy tique. Ils
ont, en moyenne, de 1 à 2 mètres de puissance, une forte incli-
naison et une direction N.-S.
Le remplissage présente, d'après Richter et Hûbner, quatre
types distincts :
1® Filons de quartz aurifère colorés par de Toxyde de fer ;
2** Filons ai^entifères (argent natif, argyrose et cuivre gris ar-
gentifère) à gangue de calcite, rarement de quartz ;
3^ Filons de galène argentifère avec gangue de quartz et de
calcite ;
4** Filons de chalcopyrite et phillipsite aurifères.
Parfois, comme à la Goncepcion, les minerais de plomb, d'ar-
gent et de cuivre se trouvent réunis dans un même filon avec le
quartz aurifère.
Beaucoup de ces mines d'or du Mexique sont à rapprocher de
celles du Comstock et du Nevada par l'association de l'or et de
l'argent.
Parmi les principales, on cite : San Juan de Rayas, sur la Veta
Madré, où des masses de quartz aurifère arrivaient, dans certaines
bonanzas, à contenir près de 8 kilogrammes d'or à la tonne; puis
Guarisamey et San Dimas dans TEtat de Durango. L'or de Guari-
samey est célèbre pour sa pureté toute spéciale.
Bibliographie,
1879. Richter et Hûbner. — (Z. f. d. B. H. u. S. im preuss. St., t. XXI,
p. 26.)
1879. GaoDDECK, p. 26 k
* 1882. LocK, p. 101.
FILONS DE QUARTZ PYRITEUX AURIFÈRE DU CHILI
Lesgites aurifères du Chili peuvent se diviser en deux classes : les
filons et les alluvions. Ils ont fourni, de 1854 à 1875, 900 millions
d'or ; de 1875 à 1893, environ 65 millions (19 000 kilogrammes).
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FILONS DE QUARTZ PYRITEUX AURIFERE DU CHILI 927
1*» Filons. — Les filons ont, généralement, une direction N.-S.,
parallèle à la Cordillère. Dans la province de Coquimbo et, plus
particulièrement, dans les départements àUllapel et de Combar-
bala^ ils sont très abondants. C'est un des pays les plus minéra-
lisés qu'il y ail au monde (comme cuivre, fer, etc.). Il est vrai
de dire que Fabsence presque complète de végétation rend visibles
tous les affleurements.
On distingue deux sortes de filons d'or, suivant que la fracture
est nette et prolongée, ou que Ton a affaire à de petites veines
irrégulières et superficielles.
Dans le premier cas, le remplissage est du quartz, de la pyrite
de fer et de la pyrite de cuivre. Des minerais d'une teneur supé-
rieure à 40 grammes par tonne sont assez communs, parait-il,
aux environs dlUapel. Dans toutes ces mines, les travaux ayant
été faits sans méthode et au jour le jour, on ne peut avoir aucun
renseignement sur la répartition des zones riches.
Dans le second cas, Tor se trouve généralement dans des vei-
nules (guias), dont le remplissage est constitué par du minerai de
fer plus ou moins siliceux. Il s'y présente ordinairement en petits
filaments, qui sont visibles à Tœil nu, après un broyage très fin et
un lavage du minerai. Les veines d'or suivent quelquefois le filon ;
quelquefois aussi, elles s'en écartent et finissent bientôt par se
refermer. Il faut compter sur un appauvrissement graduel en pro-
fondeur.
Le grand naturaliste Darwin, qui a visité ces mines en t846, a
signalé l'association de l'or, tantôt avec de la pyrite de fer comme
à Nancagua (Yaquîl), tantôt avec de la pyrite de cuivre, comme à
Durazno (Yaquil). Suivant lui, les filons sont tantôt encaissés dans
le granité, tantôt dans des schistes métamorphiques, comme à
Los Ilornos, au N.-E. d'IUapel. Dans cette dernière mine, les
filons sont au voisinage de dykes trachy tiques.
Ces minerais d'or sont traités, d'une manière primitive, dans des
moulins d'amalgamation composés d'une meule verticale roulant
sur une meule fixe horizontale. Les propriétaires des moulins les
louent, moyennant une certaine redevance, aux mineurs qui veulent
traiter leur minerai. Quelquefois aussi, ils achètent le minerai,
après un essai à la poruna. La poruna se compose de la moitié
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928 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
d^ane corne de bœuf fendae par le milieu, et dans laquelle on met
une certaine quantité de minerai finement polTérisé. On ajoute
de Teau, et on agite de manière i faire évacuer les matières les
plus légères. Finalement, et par un coup de main spécial, il reste
une poussière enrichie, où For se distingue, à Tune des extrémités
de la poruna, en petits points jaunes, dont Tabondance plus oo
moins grande indique à Facheteur la valeur du minerai. Inutfle
de faire remarquer qu'avec ce procédé barbare, le mineur est
facilement exploité par le propriétaire des moulins d'amalgama-
tion.
2* Allavions. — Les filons précédents ont donné, par leur des-
truction, des alluvions aurifères anciennes, dont nous dirons, de
suite, quelques mots. Généralement, i la base du gisement d*al-
luvions, tout à fait au contact du terrain ancien, il se trouve une
couche plus enrichie, que les mineurs exploitent par travaux sou-
terrains ou en carrière. Us lavent ensuite à la battée. L'or s'y pré-
sente en pépites. Si ce n'était la difficulté d'avoir économiquement
de Teau, plusieurs de ces gisements pourraient être exploités par
la méthode hydraulique.
Ces alluvions anciennes se désagrègent, peu à peu, sous Tin-
fluence des agents atmosphériques, et viennent enrichir les allu-
vions modernes des petites rivières.
On peut citer les placers de Andacollo (à 35 milles de Coquimbo),
de Los Gristales àCanquenes, de Talca, de Arauco, etc.. Lock*
donne quelques détails sur ceux de Niblinto, à SO kilomètres à
TEst de Chillan, où Ton peut constater la présence de filons auri-
fères et sur ceux de Gatapilco, au Nord de Valparaiso.
Bibliographie.
1824. ScHMiDT Metbr. — Travels into Chile over the Andes (Loodon).
1825. Galdcleugu. — Travels in South America (London).
1846. Darwin. — Geological observations on Soulh America (London).
1838. Gisements aurifères dans la province de Valdivia {Ohili). (Ann. d. Jf.,
5«, t. XIX, p. 488.)
1878. Mining journal, t. XLVIII, p. 691.
1882. LocK, p. 231. ^
' Appendice A. Lettre dAlexaudre Bertrand.
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MINES d'or du Pérou 929
MINES D'OR DU PÉROU
Les mines d'or du Pérou, déjà très importantes avant la con-
quête espagnole, ont continué, au début de notre siècle, à être
exploitées avec activité. De 1813 à 1820, on en a extrait 140000 kilo-
grammes ; de 1820 (époque de l'indépendance) à 1876 : 23 000 kilo-
grammes : soit, 300 kilogrammes par an. Depuis ce moment, la
production est tombée à 150 kilogrammes : ce qui fait, de 1875
à 1893, environ 20 millions de francs.
Les gisements aurifères comprennent des filons et des allu-
vions.
Dans la région de la Costa, il existe des filons de quartz dans le
granité; le quartz est généralement chargé d'oxyde de fer, tantôt
cristallisé, tantôt à aspect scoriacé.
Dans la Sierra, surtout composée de terrains sédimentaires,
on trouve des filons de contact le long des roches métamor-
phiques.
Les mines les plus importantes sont celles de Saint-Thomas
(département de la Liberdad) ; celles de la province de TUnion
dans le département d'Arequipa, où étaient autrefois les célèbres
mines de Montes Glaros, comblées en 1783 par un tremblement
de terre.
En outre, on lave des alluvions aux bouches de Inambari, du
Mucumayo et de TAporama dans les provinces de Sandia et Cara-
baya (département de Puno).
Bibliographie,
1882. LocK, p. 248.
1888. HoDGEs. — Notes on the Cerro de Pasco (Peru). {Trans, of the Am,
Insl. oftnin. Eng,)
1889. Raimondi. — (Public»^de VEcole des Mines de Lima), et : On Ihe rivers
San Gavan and Ayapata, in Ihe prpvince of Carabaya, Peru. (J/. R, geogr.
Soc, y t. XXX Vil, p. 134.)
GéOLOGU. — T. u. 59
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930 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
FILONS AURIFÈRES DE TRANSYLVANIE^
(nagyag, vorospatak, offenbanya, zalathna)
Le district aurifère de la Transylvanie a une superficie d*envi-
ron 20 milles carrés et s'étend sur les comitats de Hunyad, de
Zarano et de Unter-Alba. L'exploitation de Tor y remonte à une
époque très ancienne, au vni* siècle, dit-on. A la fin du siècle der-
nier, elle a été Tobjet de diverses descriptions.
Les centres principaux d'exploitation étaient, en 1860, à l'époque
où V. Cotta les a étudiés : Nagyag (on Szekerembe), Vorospatak,
et OfTenbanya.
Aujourd'hui, les travaux portent surtout sur Nagyag, Vorospa-
tak, Abrudbanya, Rezbanya, Tokay, etc. Nous avons donné, plus
haut', leur production.
Ce district fait, d'ailleurs, partie d'une longue zone métallifère
récente, située sur le versant Sud des Garpathes et qui, d'après
V. Richtofen, peut se diviser de la manière suivante :
i"" District de Schemnitz ' et de Kremnitz ;
2^ Chaîne du Matra (Parad) ;
3^ District de Gran et de Visegrad ,
4"* Chaîne trachytique d'Eperies-Tokay (Telkibanya) ;
5** Chaîne de Vichorlat-Gutin et environs (Nagybanya, Felso-
banya, Turcz, Kapnik, Olah-Lapos-Banya, Borsabanya, Iloba) ;
&" District d' Abrudbanya (OfTenbanya, Vorospatak, Nagyag,
Rezbanya, Zalathna, Faczebaja).
Toute cette région est particulièrement intéressante par l'éten-
due et l'intensité qu'y ont prises les éruptions tertiaires et par
l'abondance des venues métallifères qui les ont accompagnées. On
peut étudier là des types de gisements analogues à ceux qui
jalonnent la chaîne des Andes en Amérique et qui ont fait la
* Ck)ll. Ecole des Mines, n* 2 008.
■ Page 881.
' Les mines de Schemnitz produisent de l'or en môme temps que de Targent. Voir
plus haut, p. 783.
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FILONS AURIFÈRES DE TRANSYLVANIE 931
richesse des Etats de Nevada, de Sonora, du Mexique, de la
Bolivie, etc..
La série des éruptions tertiaires comprend : des andésites, des
trachytes, des rhyolithes, des basaltes. Von Richtofen avait cru,
en outre, devoir distinguer, comme une roche spéciale, les propy-
lites formant les épontes de la plupart des gisements métallifères
et qui ne sont, en réalité, comme nous avons déjà eu l'occasion
de le dire à propos du Gomstock^ que des produits d'altération
de diverses roches, en particulier d'andésites amphiboliques,
altérations dues précisément aux venues hydrothermales.
On peut noter ici, comme dans la plupart des gisements récents,
une relation, souvent très nette, entre la formation métallifère et
une roche éruptive plus ou moins voisine ; au point de vue des
fractures, on remarquera qu'elles se sont produites à l'intérieur
de la courbure des Garpathes, sur le versant escarpé regardant la
mer miocène. En outre, on semble, assez souvent, avoir affaire
à de véritables fissures de retrait dues au refroidissement des
roches ignées et ne s'étendant qu'à une faible distance, avec des
déviations dans les terrains voisins. Nous aurons à citer des
exemples de fissures radiées à Yulkoy Botes et Felsobanya ; ailleurs
comme à Nagybanya, le système de fissuration est réticulé et
constamment discontinu en profondeur ; ou bien , Ton a affaire à
un stockwerk complexe, comme à Vôrôspatak. Quand le filon
correspond à une vraie cassure, il a souvent suivi le contact de
deux roches.
La nature du remplissage permet de distinguer deux ou trois
groupes de filons :
1** Ceux de quartz aurifère avec pyrite et sulfures plus ou moins
complexes, comme à Vulkoy, Vôrôspatak, Nagybanya ;
2^ Geux où, avec les éléments précédents, interviennent les
minéraux de Tantimoine et de l'arsenic, comme à Felsobanya
et Kapnik ;
3** Enfin, les filons tellurés de Nagyag et Offenbanya, dont nous
renverrons la description au chapitre des Filons tellurés *.
• Page 799.
• Page 947.
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932
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Fig. 383. — Coupe verticale Est-Ouest des filons
de Vulkoy (Transylvanie).
Vulkoy Botes. — Les mines de Vulkoy Botes (fig. 383) se
trouvent à environ 15 kilomètres au Nord de Zalathna, sur le
flanc du mont Vulkoy Korabia(Vulcain). Après avoir été exploi-
tées activement à Tépoque romaine et abandonnées ensuite pen-
dant vingt siècles, elles ont été reprises, en 1880, sans grand
succès.
La région est constituée par des roches trachytiques recoupant
les grès carpathiques (crétacé supérieur et éocène inférieur), con-
nus dans le pays sous le
nom de schiefer (schistes),
à cause de leur constitu-
tion lithologique prédo-
minante.
Les grès carpathiques
— outre les schistes, gé-
néralement très siliciGés
près du trachyte — com-
prennent quelques rares
bancs de grès siliceux et micacés, des conglomérats et des pou-
dingues. Ils sont extrêmement plissés. On les rencontre sur toute la
montagne de Botes et autour du mont Korabia, lui-même formé
de trachyte. En profondeur, les travaux souterrains ont retrouvé
ces schistes dans le mont Korabia, au-dessous du trachyte, et il en
est résulté, au point de vue de l'exploitation, des déceptions très
grandes.
Les roches trachytiques du Korabia comprennent :
Andésites amphiboliques (trachytesou propylites de Richtofen),
formant presque tout le massif du Korabia et encaissant, généra-
lement, les parties riches des filons ; dacites, rhyolithes, visibles
seulement, du côté Nord, à Bucsum, Liaska, etc.
. Les filons se divisent en deux groupes : ceux du mont Korabia,
ceux de Botes.
Les premiers, les plus importants, sont, de l'Est à TOuest :
Yeruga, Butura, Kriczniez, Perii et Michaeli, divisé lui-même en
deux branches ; leur faisceau est très nettemient convergent vers
Tinlérieur de la masse trachytique, en sorte qu'il est difficile de
ne pas voir là des cassures en relation avec le retrait dû au
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FILONS AURIFÈRES DE TRANSYLVANIE 933
refroidissement de la roche. Cependant, ces cassures se prolon-
gent, au contact, dans les grès carpathiques; mais elles s'y épar-
pillent rapidement, se réduisent, s'appauvrissent et deviennent
indiscernables.
Les filons de Botes, extrêmement minces, sont exclusivement
encaissés dans le schiste carpathique ; mais, comme les schistes
sont là assez siliceux et compacts, les fissures filoniennes y sont
plus nettes et ont donné lieu à quelques exploitations fructueuses,
en particulier sur le filon de Siovas Anna.
Tous ces filons sont essentiellement formés de quartz blanc
légèrement bleuâtre et un peu laiteux, au milieu duquel se trouve
l'or natif visible et invisible. On y rencontre, en outre, 1 à 2 p. 100
de sulfures, surtout de pyrite de fer et, quelquefois, de pyrite de
cuivre et, dans les parties profondes du gîte, une proportion
croissante de blende, de cuivre gris et de galène.
Tous ces sulfures, mais principalement les pyrites, sont auri-
fères et contiennent l'or à Tétat libre, susceptible d'être extrait —
au moins dans le laboratoire — par amalgamation.
Les filons présentent le caractère habituel des filons aurifères :
un appauvrissement, tant en puissance qu'en teneur^ dans la pro-
fondeur. A la partie supérieure, on y rencontrait des alternances
de zones riches et de zones pauvres, les zones riches étant surtout
situées à la rencontre de petites failles stériles à remplissage
argileux. Les travaux souterrains ont montré qu'il se produisait,
au contact du schiste et du trachyte, une remarquable concentra-
tion de minerai.
Les grands travaux romains, dont on retrouve les excavations
près des affleurements, ont évidemment porté sur des parties
exceptionnellement riches. Entre 1883 et 1884, la teneur a été
encore de 15 à 45 grammes d'or par tonne, c'est-à-dire assez
élevée ; puis elle a baissé peu à peu.
Vôrôspatak. — Le gîte aurifère de Vôrôspatak, au Nord-Est
d'Abrud-Banya, a nettement le caractère d'un stockwerk *. « Du
milieu des couches éocènes s'élèvent des pointements de roches
* Nous empruntons les descriptions de Vôrôspatak, Nagybanya et Felsobanya à V.
Groddeck, p. 221.
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134 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
trachytiques, plus ou moins continus, rangés suivant la circonfé-
rence d*un cercle, dont Tintérieur est rempli par des roches sédi-
mentaires tertiaires, généralement horizontales, et par des masses
éruptives isolées. L'ensemble fait l'impression d'un volcan circu-
laire. Au mont Csétatje, qui appartient à la partie méridionale de
la ceinture trachytique, la roche, qui est là de la propylite forte-
ment altérée, décomposée ou silicifiée, et abondamment imprégnée
de pyrite de fer, est traversée par d'innombrables veines métalli-
fères irrégulières contenant du quartz, de l'or natif, de la pyrite,
de la blende, du cuivre gris, de la pyrite magnétique, de la galène,
de la berlhiérite, de la diallogite, de la calcite, de la sidérose et
rarement de l'adulaire. Des masses argileuses noires, appelées
fflamm^ avec fragments de micaschistes et de grès, remplissent des
filons dans la roche métallifère. La minéralisation s'élend de la
roche éruptive aux grès éocènes voisins, qui sont également tra-
versés par une infinité de fentes ayant jusqu'à 0'°,30 de puissance
et contenant du quartz, de la pyrite aurifère, du cuivre gris, de
la chalcopyrite, de la calcite, etc. Ces fentes n'ont que rarement
pu être suivies sur plus de 200 mètres en direction et de 60 en
inclinaison. »
Nagybanya. — L'étude des mines de Nagybanya est, d'après
V. Groddeck, particulièrement instructive.
Les filons, dirigés H. 2 à 3, traversent le Irachyte amphibolique,
rarement le trachyte gris, qui a fait souvent éruption à travers
le premier et Ta recouvert. Le plus important est le filon de
Kreuzberg, qui recoupe la montagne du même nom depuis le pied
jusqu'au sommet. Ces filons ne sont pas nettement délimités et
n'ont pas de salbandes. On peut^ se figurer la masse de trachyte
amphibolique, divisée, par chacun d'eux, comme par un plan
idéal ; des deux côtés de chaque fracture, la roche est de plus en
plus altérée, à mesure qu'on se rapproche davantage de ce plan ;
en même temps, elle se silicifie progressivement et passe, dans le
plan moyen, à un quartz impur. Il est, par suite, évident que
chacune de ces fentes a donné passage à des sources siliceuses qui
* V. Richthofen. (Jahrb. d. k. k. geol. Reichs. 1860, p. 238.)
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FILONS AURIFÉBES DE TRANSYLVANIE 935
ont altéré le trachyte au voisinage. Le quartz contient de fines im-
prégnations de pyrites aurifères et d'un peu de chalcosine, et des
nids de minerai d'argent, particulièrement d'ai^ent rouge et de
cuivre gris argentifère. On a remarqué l'absence complète des
carbonates, ainsi que de la bafytine, la galène, la blende, la sti-
bine et le réalgar, habituellement si fréquents dans les filons de
ce type.
Non loin de Nagybanya, se trouvent les exploitations de Felso-
banya^ de Kapnik et à! Olah-Lapos-Banya.
Felsobanya. — Felsobanya est situé au pied de la montagne de
Grossgruben qui, de tous les côtés, est séparée des montagnes voi-
sines. Le Grossgruben est composé principalement de trachyte
amphibolique émergeant des couches tertiaires, qui entourent sa
base. On y rencontre des filons de direction générale He, qui
présentent, suivant l'inclinaison, une disposition en éventail : ces
filons ont, en effet, des pendages variant de 65 à 70^, de sorte que
la largeur du faisceau, qui est de 480 mètres aux affleurements, se
réduit progressivement en profondeur. Ces filons sont situés au
contact du trachyte amphibolique et d'un trachyte gris plus récent,
qui le traverse sur le flanc Sud de la montagne. On les trouve au
milieu d'une brèche de frottement, non pas à l'état de fentes con-
tinues, mais comme remplissage entre les fragments du conglomé-
rat. L'élément le plus ancien est un quartz impur et pyriteux qui
a généralement silicifié la roche. On trouve, en outre, pyrite auri-
fère, galène argentifère, blende, chalcopyrite, réalgar et stibine,
barytine et gypse. Les dernières formations sont la calcite et le
braunspath.
Lorsque le quartz fait défaut, le réalgar et la stibine sont abon-
dants.
Kapnik. — Le gîte de Kapnik est très analogue. On y ren-
contre également, au contact des deux trachytes, un système de
filons Hg. Le remplissage est semblable à celui des parties non
quartzeuses de Felsobanya et contient beaucoup de réalgar. En
* Ann. d. M. de 1884.
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93$ GÉOLOGIE APPLIQUÉB
outre, un second système de Glons plus récents est parallèle à
ceux de Nagybanya (H^,). Il contient du quartz pyriteux qui a
imprégné la roche au contact. On y trouve, dans des géodes, des
cristaux célèbres.
OlahLapos-Banya. — A Olah-Lapos-Banya, le trachyte amphi-
bolique a métamorphisé les couches tertiaires. Les filons, à la tra-
versée de ce trachyte, sont semblables à ceux de Kapnik; mais,
quand ils pénètrent dans les couches tertiaires, ils ne contiennent
plus que du quartz avec imprégnation de pyrite.
Pour les mines, à minéraux tellurés, de Nagyag et d'OQenbanya,
nous renvoyons, plus loin, au chapitre des Tellurures^ ,
Nous ajouterons seulement quelques mots sur le traitement
industriel des minerais cTor en Transylvanie.
Avant 1854, le traitement était un monopole du gouvernement;
à cette époque, il devint libre ; mais, à partir de 1870, les mines
s'étant appauvries, le gouvernement hongrois dut venir en aide
aux industriels en reprenant la métallurgie à son compte. On sup-
prima alors les diverses usines, pour ne conserver que celles de
Zalathna, Gsertès et Oflenbanya ; puis on arrêta les deux dernières
pour ne garder que Zalathna (1884). L'or et l'argent natif sont,
d'ailleurs, extraits par amalgamation près des mines, et l'usine n'a
à traiter que les minerais et les schlichs où Tor est, en partie, com-
biné.
Voici quelques chiffres.
En 1871, 1872, 1873, la production annuelle (indépendamment
de l'argent aurifère natif) a été de 1 328 tonnes de minerais don-
nant 546 kilogrammes d'argent aurifère (657 000 francs), par suite
aune teneur de 34 grammes d'argent aurifère aux 100 kilogrammes.
En 1877, la production a été de 1 194 tonnes donnant 212 kilo-
grammes d'or, et 327 kilogrammes d'argent, avec 1 246 kilo-
grammes de plomb, 4 798 de cuivre et, par amalgamation,
654 kilogrammes d'or et 298 d'argent : soit, en tout, 866 kilo-
grammes d'or et 625 d'argent ; valeur, 8 millions.
En 1876, le nombre des ouvriers occupés aux mines était
de 6 613.
* Page 947.
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FILONS AURIFÈRES DE TRANSYLVANIE 937
A partir de ce moment, on a introduit un traitement perfectionné,
qui a été décrit par M. Beaugey*.
En 1882, on a produit 1 500 tonnes de minerais tenant 26 à
30 grammes d'or aux 100 kilogrammes.
En 1890, la production a été de 2 130 kilogrammes d'or.
Le traitement actuel comprend :
1"* Concentration de Tor et de Targent par grillage, fusion, pul-
vérisation de la matte et attaque à l'acide sulfurique.
2** Fonte plombeuse, donnant un plomb riche, qui passe à la cou-
pellation, et une matte d*où Ton extrait le cuivre.
Gomme produits accessoires, on obtient du tellure, du soufre, du
sulfure de carbone, des sulfates de fer et de cuivre, de l'acide
azotique, etc.
Bibliographie.
1774. V. BoRN. — Briefe ûber mineralog. Gegenstânde, p. 102.
1789. MÛLLER V. Rkichenstbin.— Minerai. Geschichle der Gold Bergwerke im
Vôrôspataker Gebirge.
1791. V. FicHTKL. — Minerai. Bemerkungen. {Berghauhunde^ t. I, p. 37.)
1794. V. FicHTKL. — Minerai. Aufsâtze, p. 73.
1798. EsiiARK. — Miner. Reise durch Ungarn, Siebenburgen und Bannat^
p. 114.
1803. Stûtz. — Beschreibung des Gold und Silberbergwerks zu Szekerembe,
bei Nagyag, in Siebenburgen.
1833 Boue et Lill de Lilibnbach. — (Mém. de la Soc, géoh^ 1. 1.)
BucKOWAY. — Descripl. du district des mines de Nagyag dans le
Journal de géologie de Boue, t. II, p. 279.)
1839. Grimm. — Bergbaukunde, p. 4, 9, 11, 31, 39, 51, 57 et 63.
1845. Knopflkr. — Miltheil des Oslerlandes, t. VHÏ, 2« série, p. 216 et 283.
1851. V. Hauer. — Sur Vôrôspatah. (Jahrb. der geoL Reic/is, n^ 4, p. 63.)
1851. Nedgeborn. — Abhandl. des siebenbûrgischen Vereines der Landes -
kunde, p. 70, 75, 86 et 89.
1852. Grimm. — Sur Vôrôspalak. (Jahrb. der geoL Reichs,, p. 54.)
1855. Zerrenner. — Oestei\ Zeits, f. B. u, H.
1855. V. Uauer et Fôtterle. — Sur Offenbanya. {Ubei'sicht der Bergbaue,
p. 59.)
1856. Grimm. — Geognosie fur Bergmânner; passim.
1857. HiNGENAU. — Jarhb. d. geol. Reichsanst, p. 82.
1858. HiNGENAU. — Amtlich. Bericbt ûber die Vesamml. deutsch Nalurfor-
scber zu Wien, p. 6.
1860. V. RïCHTOFEN. — (Jahrb, d. K. K. geol. Reichs., t. IX, p. 153 et 238.)
« Afin, d. M., 18«4, 8, t. VI, p. 453.
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938 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
1861. CoTTA, p. 272, et B. u. H. Zeit., 1861, p. 81.
1866, HoFER. — SurNagyag. {Jahrb, d. K. K. geol. Reichs., p. 1.)
1867. PoszEPNY. — Sur Vôrôspatak. {Jahrb. der K. K. geol. Reichs., p. 99.)
1869. Grimm. — Die Lagerslâtten der nutzbaren Miaeralien, p. 105.
1869. V. Beust. — Sur Rodna, p. 367.
1870. PoszEPNY.— SurRodna. (Jahrb, d, K. K. geol. Reichs., p. 19, et 1865,
p. 183.)
1870. Grimm. — Sur Rodna, {B. u. ÎL J, autrichien, p. 170.)
1874. Dalter. — Sur Vôrôspatak, (Jahrb. d, K. K, geol. Reis,, p. 7.)
1875. PozEPNY. — Uber das Vorkommen von gediegenem Gold in den Mi-
neralschalen von Vôrôspatak, (Vcrh der K, K, geol. Reicks, p. 97.)
1876. V. Rath. — Sur Vôrôspatak, (Niederrhein. Ges, fur Nal, u. BeilKunde
Bonn. — Cf. 1878, Ann. d. M., 7°, t. XHI, p. 400.)
1877. Goldlagerstâlte von Vôrôspatak. (Bonn. Natur Vereins,i^ série, t. IV,
p. 80.)
1878. Mining journal, p. 140.
1878. V. Rath. — Sur Rodna. (Zeitschr. d,d, geol Gesellsch., i. XXX, p. 556.)
1879. Groddeck, p. 219. .
1880. SzYGMONDi. — Elude sur les filons d*or de Vulkoy botes.
1881. Ilesky. — Beschreibung des Boteser, Jakob. u Anna Bergbaues (ma-
nuscrit).
1884. Beacgey. — Le traitement des minerais d'or à Zalathna. (Ann. d.
M,, 8«, t. VI, p. 453.)
20 nov. 1886. The transylvanien gold mining Company. (Bull, d. Mines.)
1886. FncHS. — Rapport sur Vulkoy Botes.
1888. Davies, p. 38.
GISEMENTS AURIFÈRES DU BRÉSIL (minas geraes)'
Les gisements aurifères du Brésil et, notamment, ceux de la
province de Minas Geraes sont, en général, encaissés dans des mica-
schistes ou schistes anciens ; ils se présentent sous des formes di-
verses, où la pyrite de fer, plus ou moins arsenicale, semble toujours
jouer un rôle. On y rencontre, en outre, particulièrement à Pas-
sagem, une association remarquable de For avec le mispickel, la
pyrite, le bismuth et la tourmaline, association qui correspond à
ce que nous avons dit, plusieurs fois, sur le rapprochement à éta-
blir entre Tor et Tétain.
On peut distinguer, dans ce pays :
1® Des filons de quartz aurifère avec minerais sulfurés rares
(Carapatos, Caété, etc.) ;
« Coll. Ecole des Mines, n^ 1755 à 1769.
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GISEMENTS AURIFÈBES DU BRÉSIL 939
2^ Des ûlons aurifères, où prédominent les sulfures, quelquefois
altérés et transformés en limonite; en particulier, le mispickel,
parfois associé avec de la tourmaline, la pyrite, la pyrrhotine, le
bismuth et, à l'occasion, la galène (Passagem, Pary, Faria, Morro
Velho) ;
3** Des minerais d'or avec fer oligiste (produit de décomposition
de la pyrite), oxyde de manganèse et quartz, dans les itabirites (ou
jacutinga). On a affaire là à des imprégnations sulfureuses des
couches de grès, imprégnations d'un âge difficile à préciser, mais
qui, par leur décomposition, ont formé de grandes couches de
minerais de fer (itabirite) à Maquiné*, etc.
On peut rattacher, à ce type, des formations superficielles, sou-
vent très riches, d'ocrés aurifères.
1" Les filons de quartz aurifère du Brésil ont souvent un carac-
tère spécial à cause de leur encaissement dans les schistes, qui a
produit leur dissémination en veines nombreuses.
Un des plus importants est exploité à Carrapalos et San Luiz de
Encanto (Caété).
A Carrapatos (Soc. Matheus Reis et G°), le filon de quartz,
assez irrégulier, recoupe des schistes ; il contient souvent de
l'or en grains visibles ; parfois aussi, Tor forme, sur les schistes
adhérents au quartz, une sorte de couche de vernis d'une grande
richesse. Ces mines avaient, en 1889, 16 bocards.
Un filon analogue se trouve, au milieu de schistes micacés,
devenus aurifères au contact, sur le flanc de lltacolumy de Ma-
rianna, à 5 kilomètres Est de la ville (mines de Joào Julio Alva-
renga et de Tinoco). Celui-là est composé d'une série de petites
veines, presque verticales, constituant un faisceau Nord-Sud très
prolongé. Le quartz est grenu, friable et contient souvent de l'or
visible (17 à 30 grammes par tonne sur certains échantillons). Les
exploitations, qui se poursuivent en petit et à ciel ouvert depuis le
commencement du siècle, n'ont porté, jusqu'ici, que sur les affleu-
rements, où l'or est accompagné de limonite et de fines mouches
de manganèse cobaltifère avec nids de pyrite martiale, en partie
altérés; il est probable qu'en profondeur on trouverait des sulfures.
* Voir page 941, et tome I, page 730.
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940 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
2"" Comme exemple du type, assez spécial au Brésil, des filons
d'or à gangue de mispickel, tourmaline et quarlz^ on peut citer la
mine de Passagem, située à 7 kilomètres d'Ouro Preto sur le che-
min de Marianna. Le gisement exploité est un (ilon couche en-
caissé entre des itabirites et des schistes micacés où, en dehors du
mispickel et de la tourmaline, on trouve de la pyrite, de la pyr-
rhotine, de la galène et du bismuth. Ce dernier existe, au moins
en partie, àTétat métallique ; car, dans l'amalgamation , on le trouve
jointàTor. Certaines masses de mispickel de Marianna, à Passagem,
tiennent 189 grammes d'or à la tonne ; d'autres minerais, mélangés
de tourmaline, galène, etc., environ 80 grammes'.
Ces mines sont exploitées par la compagnie « Ouro Preto Gold
Mining » qui avait, en 1889, 56 bocards ordinaires et 20 califor*
niens et qui a produit, du 1" juillet 1887 au 1*' juillet 1888, 270 kilo-
grammes d'or,
A Pary, la c Santa Barbara Gold Mining Company » exploite
un filon-couche encaissé au milieu de schistes amphibolifères, filon-
couche, lui-même très chargé d'amphibole et grenat, semblant pro-
venir d'une strate préexistante, imprégnée par la venue métalli-
fère. Le minerai est un mispickel aurifère accompagné de pyrites ;
l'extraction a été, en 1887, de 196 kilogrammes d'or.
Ce sont également des mispickels et pyrites aurifères qu'une
Compagnie française commence à exploiter à Faria.
A Morf*o Velho (S. John d'el Rey Gold Mining Company), on a
des mispickels accompagnés de pyrites, pyrites magnétiques, chal-
copyrites,etc... tenant 82 grammes d'or à la tonne, etc... Lagangue
comprend parfois calcite et sidérose.
Ailleurs, Tor accompagne des galènes argentifères dans des
quartz, comme à Varado. Un échantillon de cette mine a donné,
à l'analyse, 5 p. 100 de plomb et, pour 100 kilogrammes de plomb
d'œuvre, 42«%85 d'or et 104«^,30 d'argent.
3"* Les itabirites renferment fréquemment des couches d'impré-
gnations sulfurées qui, en certains endroits, se sont transformées
en oxyde de fer sur de grandes étendues. C'est encore à cette ori-
gine que se rattachent plusieurs des minerais de fer, à 67 p. 100
« Coll. de VÉcole dés Mines, n» 1763.
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GISEMENTS AURIFÈRES DU BRÉSIL 941
<le fer, du Brésil, en particulier ceux de Pittanguy, deCaltas Allas,
dltabira, de Matto Dentro, etc. En même temps que cette décom-
position se produisait, Tor se concentrait en veinules dans des
ocres ferrugineuses ou en grains dans des itabirites corrodées
et devenues friables. Un gisement de ce genre a été exploité à
Maquiné, à 3 kilomètres de Marianna (dom Pedro North d*el Rey C**).
On a rencontré là une couche d'itabirite friable et poussiéreuse,
(jacutinga), intercalée entre des roches du même genre compactes
et stériles, qui a présenté des lignes d*une extraordinaire richesse,
quelquefois formées de pyrites d*or, et tenant jusqu'à 80 kilo-
grammes d'or à la tonne. Avec Tor, il existe de Toligiste et de
l'oxyde de manganèse.
Les travaux, commencés en 1865, ont, de 1867 à 1869, produit
plus de 2 500 000 francs d'or et remboursé le capital à leurs
actionnaires. Ils ont été momentanément arrêtés par l'invasion
des eaux ; mais on s'occupe de les reprendre.
Quant aux types de limonite et d'ocre ou argile aurifère, ils sont
assez fréquents. Les limonites de SanJoao da Barra, provenant de
pyrites altérées, tiennent, par endroits, jusqu'à 260 grammes d'or;
ailleurs 25 grammes seulement ; les argiles ferrugineuses de Bugres
tiennent 28",5.
Bibliographie.
1875. GoRCEix. — Or à Lavras (Rio Grande du Sud). [Ind, min., 2®, t. IV,
p. 361.)
• 1878. CoRRBA DA Costa. — Estudo geologico da regiao de S. Bartholomen
e da mina da Tapera perto de Ouro Preto. {Archivos do musen nacional do Rio
de Janeiro, t. lll. Kio-de-Janeiro, 1878.)
^879. DiETZSH. — Brasillens Gold Bergbau. {B. u, H. Z., 1879, p. 350.)
Landsberg. — Ueber die Goldlagerstâtlen in BrasiUen, (Verhandlungen des
naturhistorischen Vercincs, 5« série. 3* année, p. 63. Bonn.)
1882. Derby. — Gold bearing rocks of the province oî Minas Geraes, Brazil.
(Am, jouni. ofSdence, t. XXIIÏ, n^» 135-136, p. 278. Newhaven, mars 1882.)
O.-A. Derby. — Peculiar modes of occurrence of gold in Brazil, (Am. J. of
5c., l. XXVill, p. 440. Newhaven, 188'*.)
188 . Landsberg. — Uber die Goldlagerstâtlen in Brasilien. {Verhandlungen
des nalurhistorischen Vereines der preussischen Rhelnland, Westfalens und des
Regiei'ungs Bezirks Osnabruck, 5« série, 3^ année, p. 63. Bonn, 188 .)
* i889. Notice pour l'Exposition Universelle.
Voir, en outre : Annales de TEcole des mines de Ouro Preto (passim).
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942 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
FILONS AURIFÈRES DE SANTA ORUZ (honduras)
On exploite^ depuis 1881, des filons aurifères à Sania Cruz^ pro-
vince de Santa Barbtra (Honduras), à 125 kilomètres de Puerto
Cortès, qui est le seul port du Honduras sur l'océan Atlantique.
Le principal filon a été reconnu sur 160 mètres de long et a une
puissance moyenne de 2 mètres ; le remplissage est formé de
quartz et mispickel aurifère, avec trace» de galène. La moyenne du
rendement, dans les 20 premiers mètres d'enfoncement, a été de
25 à 30 grammes, dont les 5/6 directement amalgamabies. En 1885,
la production a été de 134 kilogrammes d'or en lingots et 40 kilo-
grammes dans les concentrés. Cette entreprise s*est heurtée à de
grandes difficultés pour le recrutement de la main-d'œuvre ^
En dehors de ces filons, on extrait une certaine quantité d'or
de filons argentifères situés sur la côte du Pacifique. Il se trouve
également quelques placers aurifères dans les districts Sud bor-
dant le Nicaragua*.
Dans le Nicaragua même, M. Mierisch a reconnu, en 1892,
quelques filons de quartz avec pyrite aurifère à Guicuina, la
Concepcion et Pis-pis, sur le haut cours du Pnnzapolca.
FILONS TELLURES
Les minerais telhtrés que Ton rencontre, soit au Colorado, soit
en Transylvanie, sont les suivants :
Tellurures de bismuth :
Tetradymile : Bi* Te'.
Bismuth 52,00
Tellure 48,00
Un atome de tellure peut élre remplacé par ua atome de sélénium ou
de soufre, et la formule devenir :
Bi»TeSe ou Bi«Te«S.
* 1886. Lock, p. 100. Bulletin des Mines, 16 octobre 1886.
Dans le Honduras se trouvaient les fameuses mines de Corpus Christi.
* 1855. Squier : Notes on Central America (Ne w- York j.
1893. Mierisch :Goldgebieten im Osten von Nicaragua. (PefermanrwAfta., 1893, p. 25.)
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TELLUBURES D OR 943
Tellurure de nickel :
Mélonite : Ni» Te'.
Nickel 23,51
Tellure 76,49
Tellurare de plomb :
AUaUe : Pb. Te.
Plomb 61,79
Tellure 38,21
Une partie du plomb peut être remplacée par de l'argent (jusqu'à
1 p. 100).
Tellurure d'argent :
Hessite : Ag* Te.
Argent 62,79
Tellure 37,21
Traces de fer, de plomb et de soufre ainsi que d*or.
Tellurures d'or et d'argent :
Pelzite : Au» Te + n Ag« Te.
Au Colorado et en Californie, on trouve, en général, n = 3, ce qui cor-
respond à la composition suivante :
Or 25,25
Argent 41,75
Tellure 33,00
Sylvanite proprement dite : [(Au, Ag)«Te'].
Schrifterz : formules variables :
4 Au Te' 3 Ag Te*. Au Te H- Ag Te"
Or 27,03 24,03
Argent 11,17 13,23
Tellure 61,80 62,74
Traces d'antimoine, de plomb et de cuivre.
Variétés de tellurure d'or et d'argent :
Le Weisslellur ou Gelberz contient jusqu'à 8,5 p. 100 d'antimoine et
près de 14 p. 100 de plomb.
La MûUmte contient 19 p. 100 de plomb.
CaUivérite : 7 Au Te» + Ag Te».
Or 39,01
Argent 3,06
Tellure 57,93
Autre formule : 10 Au Te» + Ag Te».
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^44 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Tellurore de mercare :
Coloradoite : Hg. Te.
Echantillons provenant des mines Smuggler et Reystone (comté de
Boulder) :
Smogi^ler Reystone
Quartz et or 6,36 6,83
Mercure 55,80 52,28
Argent 2,42 »
Cuivre et Zinc traces »
Fer 1,35 2,44
TeUure 36,24 42,95
Sesquioxyde de vanadium ... > 0,70
Magnésie » 0,11
Chaux » 0,84
99,27 99,32
Sulfo-tellurure :
Nagy agite (Blâttererz).
Plon^b 60,55
TeUure 17,63
Or 5,91
Antimoine 3,77
Soufre 9,72
La Nagyagile peut contenir jusqu'à :
9 p. 100 d'or.
0,5 — d'argent,
et 1,3 — de cuivre.
Produits d'altération :
Acide tellureux : Te G*.
Tellurite de mercure (magnolite) : Hg' TeO^
Tellurile de fer : Fe Te G*.
Enfin, il existe encore, du tellure natif y rarement pur comme
le montrent des analyses suivantes :
Tellure.
Or. . .
Arjçent
Silice
Plomb
Vanadium (sesquioxyde).
Alumine, magnésie, chaux
et pyrites de fer. . .
TOTAUX. . .
TELLURE NATIF
de
Magnolia
96,91
0,60
0,07
»
0,49
1,93
100
TELLURE NATIF
de la mine
Moantain Lion
(Uagnolia)
55,86
1,38
0,25
34,72
»
6,80
99,01
UINB JOHN JAY
(Boulder)
58,40
1,36
Traces
11,34
Traces
>
4,37
24,92
100,59
71,36
7,36
13,86
4,81
1,53
0,88
99,80
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TELLURURES d'oR DU COLORADO H5
TELLURURES D'OR DU COMTÉ DE BOULDER
(COLORADO)*
Les tellurures d'or et d'argent ont été découverts, au Colorado,
en 1873, dans le comté de Boulder. Après une période d'incerti-
tudes et de recherches au sujet du traitement adopté, ils ont été
mis en exploitation.
Les gisements de ces minerais sont situés dans le comté de Boul-
der, à la hauteur du Park du centre, au Nord des comtés de
Gilpin et de Jefferson, dans les Front Range.
Les roches des Front Range se composent principalement de
gneiss, granités et schistes métamorphiques, sur lesquels reposent,
à FEst : les « red beds », sans doute triasiques, les schistes jurassi-
ques, le crétacé et la formation des lignites du Colorado, à la suite
de laquelle commencent immédiatement les grandes plaines.
Les filons de tellurures appartiennent à un système très net de
fractures, qui occupe une zone Nord-Est, large de 6 à 8 kilomètres,
exploitée d'abord et surtout entre le Boulder Creek et le Left
handCreek, mais se prolongeant, vers le Sud, jusqu'au comté de
Gilpin.
Ces filons contiennent un remplissage, zone parallèlement aux
épontes, dont la gangue est toujours quartzeuse et mélangée de
pyrite, d'un peu de chlorite, de talc, à l'occasion de spath-fluor.
Le quartz est, en général, pétrosiliceux, et renferme les tellurures,
soit sous forme de cristaux en mouches, soit à l'état d'imprégna-
tion invisible colorant la masse en noir ; parfois aussi, il est ver-
dâtre.
Parmi les minerais tellurés, la sylvanite est, de beaucoup, la plus
fréquente; puis viennent la hessite et la petzite. L'or natif existe
en fils, en écailles ou en nodules; on trouve, en outre, quelques
sulfures métalliques, tels que les pyrites de fer et de cuivre, la
blende, la galène.
La richesse est extrêmement irrégulière ; la moyenne du mine-
rai proprement dit valait, en 1878, environ 150 francs la tonne.
i Coll. Ecole des Mines, n* 2005.
GÉOLOGIB. — T. II. 60
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946 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Parmi les mines exploitées, nous citerons surtout celles de Ma-
gnolia (Mountain Lion et Keystone), qui travaillent sur un même
filon, ayant 0",90 à 3 mètres de puissance, mais ne payant les frais
que sur 0™,2 à 0™,6 ; puis Melvina, où le filon a, en moyenne, 0",73,
dont 0™,1 à 0™,3 payant. Là le remplissage est formé de zones
alternatives de quartz pétrosiliceux, de feldspath, avec substances
chloriteuses, etc., et contient beaucoup de spath-fluor.
Le minerai de tellurures a donné, tout d'abord, de grandes diffi-
cultés aux métallurgistes du Colorado. On ne peut, en effet, ni
Tamalgamer ni le griller, et la concentration en est difficile. En
1878, on estimait que les minerais portés à l'usine devaient valoir
400 à 500 francs la tonne pour être avantageux. Pour atteindre
cette valeur, on a perfectionné, de plus en plus, les appareils de
préparation mécanique (pulvérisation et frue vanning). A la sortie
de la mine, on commence par trier en 2 catégories : le minerai à
fondre (smelting ore) et le minerai à bocarder (milling ore).
Les résidus concentrés du traitement aux mills sont fondus par
addition avec d'autres minerais (pyrites aurifères, minerais argen-
tifères grillés, etc.); par exemple, à l'usine de Black Hawk, Le
traitement adopté à cette usine a été décrit, dans les Annales des
Mines, par MM. Sauvage et Rolland.
Bibliographie.
f868. Simonin. — Sur les mines d'or du Colorado. (B. S. G., 2«, t, XXIV,
§. 68i.)
4873. Sauvagb. — Traitera, des minerais d'or et d'argent à Fusine de Black
Hawk (Colorado). {Ann, d. M., 7«,t.VIII.)
i873. Haydbn. — Survey of Colorado.
1875. Whecler. — Survey west of the 100 Ih meridian, t. III.
1878. HoLLAND.— Tellurures d'or et d'argent ducomté de Boulder (Colorado).
{Ann, d. AI., 7^ t. XUÎ, p. 159.)
1886. MiTCHELL. — Report on the Utica andjldaho mines (Boulder County).
Denver, Colorado.
1887 . The Nil desperandura gold mines in gold hill mining district (Boulder
County)
1891. Whitman Cross. — Geology of the Rosita Hills Custer C, Colorado.
(jProc. of Uie Colorado Se. Soc, July 1890.)
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TELLURURES D OR DE LA TRANSYLVANIE 947
TELLURURES D'OR DE LA TRANSYLVANIE
Nous avons exposé, plus haut S les conditions générales du gise-
ment de Tor en Transylvanie; nous nous contenterons de décrire
ici les principales mines de tellurures qui s'y rencontrent : Nagyag,
Offenbanya et Rodna.
Nagyag. — La mine de Nagyag est située dans le Sud-Ouest
de la Transylvanie, entre les rivières de Maros et d'Aranyos. On
y exploite des filons bien caractérisés, encaissés dans le trachyte
amphibolique, filons à minéraux tellurés.
Ces filons, dont la puissance est de 0"*,07 en moyenne, mais varie
depuis l'épaisseur d'une lame de couteau jusqu'à 2 mètres, sont
extrêmement irréguliers. Ils présentent, à un haut degré, le carac-
tère de fissures réticulées, locales et limitées.
C'est ainsi qu'on y a cité des filons parallèles, disparaissant à
une certaine profondeur pour faire place à d'autres filons égale-
ment parallèles entre eux, mais de direction entièrement différente
(parfois perpendiculaire à la première), qui eux n'arrivent pas
jusqu'au jour. D'autres filons sont nettement limités dans tous les
sens au milieu même de la roche et cessent aussi bien en profon-
deur et en hauteur qu'en direction.
La région est composée de couches miocènes d'argile rouge, de
grès, de conglomérats et de calcaires traversées par un trachyte
amphibolique (ou propylite). Ce trachyte amphibolique empâte
des blocs, de plusieurs centaines de mètres cubes, de grès et de
conglomérats tertiaires, qui, par un phénomène assez singulier, ne
présentent eux-mêmes aucun métamorphisme, mais semblent avoir
provoqué, dans la roche, au voisinage, le développement du felds-
path blanc.
Le trachyte et les blocs empâtés sont recoupés par des filons,
appelés filons de glauchy composés d'une sorte de dacite, analogue
à une diabase, englobant des fragments de la roche encaissante et
parfois des nodules de quartz. Ces filons de glauch ont de quelques
> Voir pages 930 à 938. Nous devoQs la description de ces filons tellurés à
V. Groddeck, p. 222 et suiv.
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948 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
millimètres à un mètre de puissance. Ils semblent avoir été suivis,
à leur tour, par les filons métallifères, qui leur sont généralement
parallèles, mais les recoupent à l'occasion. L'influence de la roche
encaissante, tant sur l'allure des fentes que sur leur remplissage, est
ici extrêmement nette.
Les filons métallifères sont peu puissants dans le trachyte dur,
puissants et riches dans la roche de dureté moyenne, fortement
ramifiés dans la roche tendre; au passage d'une roche dans l'autre,
ils se divisent généralement et ne pénètrent jamais dans un amas
bréchiforme voisin, appelé amas Rodolphe, qui contient des frag-
ments de trachyte amphibolique cimentés par de la rhyolithe.
La nature du remplissage rapproche ces filons de ceux de tellu-
rure d'or du Colorado ; l'or s'y trouve à l'état natif avec la nagya-
gite, la sylvanite, l'argent tellure, le tellure nalif, l'alabandine et
la pyrite de fer ; la gangue comprend surtout du quartz et du
jaspe avec diallogite, braunspath et calcite ; plus rarement, on
rencontre du gypse avec lamelles d'or interposées, de la barytine,
de l'arsenic natif, de la pyrite magnétique, de la chalcopyrite, du
cuivre gris, de la bournonite, de la galène, de la stibine, de Thé-
léromorphite, de la blende, du réalgar, de l'orpiment, du soufre
natif, etc. Ce remplissage est, jusqu'à un certain point, en relation
avec la roche encaissante.
On trouve, dans le trachyte amphibolique, la nagyagite, l'ala-
bandine, la diallogite et, comme minéraux subordonnés, la galène,
la blende, le cuivre gris argentifère et le quartz, tandis que,
dans les fragments de conglomérats, on rencontre la sylvanite, le
quartz et le cuivre gris ordinaire.
Jusqu'à la profondeur de 400 mètres, on n'avait pas constaté
de diminution sensible de la richesse. Mais, depuis une dizaine
d'années, un appauvrissement notable s'est fait sentir.
Offenbanya. — Offenbanya se trouve dans la partie Sud-Ouest de
l'Erzgebirge de Transylvanie, entre les rivières d'Aranyos et de Ma-
ros, au Nord-Ouest d'Abrudbanya. La région comprend des schistes
cristallins, principalement des micaschistes, avec intercalation de
calcaires grenus et des couches tertiaires traversées par des roches
éruptives tertiaires, des trachytes amphiboliques (ou propylites).
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GÉNÉRALITÉS SUR LES GISEMENTS d'oE SÉDIMENTAIRES 949
Ce Irachyte, très altéré, contient des fentes de deux centimètres
et demi de puissance, dites filons de tellure, renfermant de For
natif et des lellurures (sylvanite), avec quartz, calcite, braunspath,
diallogite, pyrite, blende, alabandine, cuivre gris, galène, argent
natif et argent rouge. Les filons dejtellurure sont traversés par des
failles siliceuses el pyriteuses, qui y produisent un enrichissement.
En outre, il s'est développé, au contact de la propylite, dans le
calcaire grenu des micaschistes, des gttes métamorphiques ana-
logues à ceux du Banat, qui contiennent : pyrite de fer, galène,
blende, alabandine, psilomélane, stibine, cuivre gris, etc.
Rodna. — On retrouve, à Rodna, en Transylvanie, des conditions
de gisement analogues. Rodna est situé à la naissance de la rivière
de Szamos. Le terrain environnant est formé de schistes cristallins
avec calcaires grenus recouverts par du tertiaire. Ces terrains sont
recoupés par des andésites, au contact desquelles il s'est développé,
dans le calcaire^ des amas métallifères, formés, d'après Poszepny,
dans Tordre suivant : 1® pyrite de fer et quartz ; 2® galène, blende
et mispickel ; 3" dolomie et calcite. Ces minerais sont toujours
argentifères et aurifères*.
2° GISEMENTS D'OR SEDIMENTAIRES
L'or, contenu dans une strate déterminée d'un terrain sédimen-
taire, peut, ou bien provenir du remaniement de gisements anté-
rieurs, ou s'être précipité directement pendant le dépôt du terrain.
Le premier cas est assurément le plus fréquent : c'est celui de la
majeure partie des alluvions aurifères et, probablement aussi, des
grès et conglomérats aurifères, exploités ou simplement reconnus
à divers niveaux, dans le dévonien du Transvaal, le silurien du
Queensland et de la Tasmanie, le carbonifère de la Nouvelle-
Zélande, etc. Il semble bien, cependant, que le second cas s'est pré-
senté aussi et que l'or, principalement sous forme de pyrite auri-
fère, peut-être aussi à l'état d'or natif, ait cristallisé pendant la
sédimentation même de certaines couches. Le fait n'a rien que de
1 Voir la bibliographie, page 937.
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TiO GÉOLOGIE APPLIQUËB
conforme avec ce que nous savons sur le mode de formation de
nombreux minerais métalliques; la pyrite, si souvent associée avec
Tor, s'est déposée constamment dans ces conditions, et Ton en con-
naît des cubes bien nets et non roulés ' dans des schistes, des grès,
etc. ; si Ton réfléchit, dès lors, que Tor est assez facilement soluble
dans une eau chargée d'azotates ou de chlorures, puis qu'il en
est précipité par les mêmes actions réductrices produisant le préci-
pité de sulfures, on concevra que de la pyrite aurifère ait pu cris-
talliser dans un terrain en formation.
Il ne serait pas impossible que certains chloritoschistcs auri-
fères, comme ceux de Randolff, en Californie, des grès aurifères,
comme les itacolumites du Brésil, eussent cette origine. On a
même été plus loin et Ton a, à diverses reprises, avancé cette idée
que l'or des placers californiens ne résultait pas de la simple
destruction mécanique des filons de quartz voisins, comme on est,
tout d'abord, disposé à le croire, mais avait été précipité en même
temps que la silice, habituel ciment des conglomérats, par des eaux
qui le tenaient en dissolution. Pour expliquer sa présence dans ces
eaux, les uns, comme M. Laur, ont, d'ailleurs, supposé que les
venues hydrothermales, dont la circulation dans les fentes avait
incrusté d'abord des filons, s'étaient ensuite épanchées à la surface
avec leur excès d'éléments minéraux, or, silice, etc.; les autres,
comme Lock, que Tor, préexistant dans les terrains, avait été
chimiquement dissous par des eaux superGcielles plus ou moins
chargées de sel et reprécipité en présence de matières oi^aniques.
Quoi qu'il en soit, il semble que ceux qui ont étudié de près les
placers soient d'accord pour admettre qu'un simple phénomène de
préparation mécanique n'explique pas suffisamment certains faits,
tels que le volume de diverses pépites, leur forme cristalline
intacte (alors que Feau a dû, tout autour, détruire le quartz dur
et résistant *), leur composition chimique plus pure, etc.
* Au Trarisvaal même, on connaît des grès, avec gros cristaux de pyrite parfoitement
anguleux (d'ailleurs non aurifôres, au point spécial où on les a étudiés), qui ont àù
certainement se former sur place.
' Les paillettes d*or extraites du quartz par bocardage, dans des conditions qui pour-
raient être comparables à la destruction naturelle d'un filon, n*ont jamais la forme de
pépites, mais sont, au contraire, entièrement aplaties et minces. Il est vrai que le
travail des brocards a pu contribuer à cet aplatissement.
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GÉNÉRArLITËS SUR LES GISEMENTS d'oR SÉDIMENTAIRES 951
Pour éclaircir ces faits, on a tenté une série d'expériences sur la
solubilité de Tor dans diverses conditions *. Sonstadt dénnontra la
solubilité de Tor dans Teau de mer ; BischofF, celle du sulfure d'or
dans une dissolution saturée d'acide sulfhydrique, ou du chlorure
d*or en présence de persels de fer. Dans la même voie, le professeur
Egleston, de TEcole des mines de New-York, a essayé de mettre
Tor en présence de divers réactifs pendant un temps très long, '
dans des tubes ouverts ou dans des tubes scellés, à des tempéra-
tures et pressions diverses. Il constata ainsi la réaction de Tor
dans du chlorure de sodium, additionné d'une goutte d'acide azo-
tique, en tube scellé, dans l'azotate d'ammoniaque mêlé de chlo-
rhydrate d'ammoniaque en tube ouvert, au bout de quatre moia,
dans une eau alcaline chargée de matières nitreuses, etc. Quant
à la précipitation de l'or par le pétrole, le cuir, la tourbe, elle
a été très facilement réalisée et a donné, avec la tourbe par
exemple, de petites masses comparables à des pépites.
A ces expériences, M. Egleston a pu joindre la découverte, faite
par lui dans une mine du Dakota, de filaments d'or natif ayant
cristallisé sur des bois de mine trempant dans des eaux acides.
Il est donc parfaitement possible et même probable, comm«
nous l'avons déjà indiqué plus haut, que les actions de dissoiution
chimique aient pu se joindre aux actions mécaniques poitr pro-
duire la concentration de l'or dans ses gisements.
Parmi les dépôts d'or sédimentaires, on peut ranger certaines
couches du terrain primitif, où l'on trouve parfois de î'or, de
même qu'on y exploite du sulfure de fer, de l'oxyde de fer, etc.,
intercalés en lentilles. On connaît des gneiss aurifères ea Sibérrc
et dans les Alleghany. A Burnt Hickory (Géorgie) % à Randolff,
dans la Caroline du Nord et Dahlonga, en Géorgie, on a exploité
des schistes amphiboliques et chlorophyllites aurifères. Pour l'or
de ces divers gisements, le même problème se pose que pour les
autres minerais intercalés au même niveau. On doit se demander
si les métaux sont réellement contemporains du dépôt primitif
ou seulement des actions métamorphiques qui ont donné, à des
terrains sédimentaires, l'aspect de gneiss, de micaschistes, etc.
• Voir Lock, p. 785.
« V. Groddeck, p. 165.
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95i GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les itacolumiles aurifères du Brésil présentent déjà des carac-
tères sédimentaires plus nets, en même temps que leur âge semble
plus récent, peut-être silurien*.
Au sihirien également appartiennent, croit-on, certains pou-
dingues aurifères du Queensland, de Tasmanie, de Tlnde, compa-
rables à ceux, bien connus, qu'on exploite dans le dévonien du
Transvaal. En Espagne (Sierra Jadena), on connaît également,
dans le silurien, des quartzites aurifères ; en Australie, dans la
province de Victoria (Gippse Land), des schistes siluriens et dévo-
niens aurifères.
Dans les terrains plus récents, Tor sédimentaire est assez rare ;
cependant, en Australie, les remaniements des filons par les eaux
ont produit des concentrations d'or dans beaucoup de terrains,
depuis le houiller jusqu'au jurassique. On a même signalé de Tor
dans une couche de charbon, à Newton, dans la terre de Van
Diemen.
Dans la Nouvelle-Zélande, M. Horbert Gox a décrit, en plusieurs
points, des terrains carbonifères contenant de For au-dessus de
couches de charbon.
De même, dans le Nouveau-Brunswick, un conglomérat carbo-
nifère contient de For visible avec des galets de quartz; un fait
identique a été signalé pour le conglomérat carbonifère inférieur
de la rivière Gay dans la Nouvelle-Ecosse, pour les grès quart-
zeux aurifères de la Nouvelle-Ecosse, etc.
En France même, la présence de For a été reconnue, paraît-il,
dans les conglomérats houillers de la vallée du Gardon (Gé-
vennes).
Puis, dans le permien de FInde, les couches de Talchir,
appartenant au système de Gondvana, contiennent de For détri-
tique.
Près la rivière Barcoo, au Queensland, on connaît de For dans
des couches jurassiques, au voisinage d'ammonites; on prétend
également que le calcaire liasique de la Grave, dans les Hautes-
Alpes, en renferme des traces.
EnOn, à l'époque pliocène et pléistocène, nous avons, sous forme
* Nous renvoyons, pour leur descnption, à Tétude que nous avons faite des gttes
aurifères du Brésil, p. 938 à 942.
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AMAS AURIFÈRES UURONIENS DES ALLÉCHANT 953
d'alluvions et de placers, les grands dépôts aurifères qui ont com-
mencé la fortune de la Californie, de l'Australie, etc.
Nous allons passer rapidement en revue les principaux de ces
gisements :
AMAS AURIFÈRES HURONIENS DES ALLÉGHANY
La chaîne des monts AUéghany renferme, depuis la Nouvelle-
Ecosse (près d'Halifax), au Nord, jusqu'à la Caroline du Sud et à
la Géorgie, un certain nombre de gisements aurifères intéressants,
qui se présentent sous forme d'inclusions à gangue quartzeuse et
généralement pyriteuse, au milieu de talcschistes, chloritoschistes,
quartzites, etc., huroniens. L'or s'y trouve, soit disséminé dans
les chloritoschistes, soit inclus dans des lentilles de quartz allon-
gées et aplaties, comme il en existe partout dans les micaschistes.
Parmi les gisements, on peut citer ceux de Halifax, découverts
en 1861; de Val-Chaudière (Canada); du New-Hampshire ; du
Vermont ; de Randolff (Caroline du Nord) ; de Dahlonega (Géoi^ie).
A Randolff (Caroline du Nord), il existe, en alternance avec des
gneiss, des schistes amphiboliques passant à des chlorophyllites
et ne présentant pas trace de sédimentation ni de transport, où l'or
est, à l'état disséminé, le long de certaines veines. A la sur-
face, ces bancs amphiboliques se sont généralement décomposés
en argilites et l'or s'y est concentré avec de la limonite. A la mine
Panish, on exploitait, en 1879, un banc de 1 à 2 mètres de large,
interstratifié au milieu de schistes^; on peut rapprocher, de ce gise-
ment, les mines Washington (Davidson County), Phœnix et Boger
(Cabanas County).
A la mine Haile (district de Lancastre, 7S kilomètres au Nord
de Columbia, Caroline du Sud), le terrain est formé de schistes
talqueux et quartzifères traversés par des filons de diorite. Des
amas de quartz vitreux, contenant de l'or natif et de la pyrite auri-
fère, sont interstratifiés dans les talcschistes. Les mêmes minerais
se retrouvent dans les schistes eux-mêmes.
' Rapport manuscrit de R.-M. Eames.
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954 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
A Dahlonega (Géorgie), d'après Credner, Torse trouve au milieu
de chloritoschistes feuilletés, d'un bleu verdàtre, compris dans un
ensemble de schistes micacés, quartzi tes, etc.. « Une zone déter-
minée de ces schistes qui n'est, d'ailleurs*, limitée ni par des plans
de stratification ni par des diaclases et dont Tépaisseur atteint au
plus 8 centimètres, contient une quantité de lentilles quartzeuses
de 1 à 3 centimètres d'épaisseur et 30 à 60 de longueur, ainsi que
des sécrétions isolées, grosses comme une noix, de quartz blanc
vitreux, qui n'existent pas dans les bancs voisins. Dans ce quartz
et dans les schistes chloriteux, se rencontrent de petites écailles de
bismuth tellure (tétradymite) avec un peu d or natif*, de la pyrite
de fer, etc. L'or forme parfois des houppes, traversées de petits
cristaux de quartz transparent et suspendues au schiste par un
simple fil très fin. » La même association du bismuth tellure avec
Tor natif en masses filiformes et ramuleuses se retrouve à Dahlo-
nega dans des lentilles de quartz intercalées au milieu d'un gneiss
syénitique dur. On Ta également signalée, en plusieurs points de
la Virginie, par exemple à la mine Whitehall (Spotsylvanîa
County) et à la mine Telhinum (Fluvanna County).
Bibliographie.
1866. H. Crioner. — (B. u. H. Z., p. 44 et 56 ; Zeistr. dd, gcol. Ges., p. 77.)
1867. Credner. — (Neues Jahr, f, Min.y 1867, p. 442, et Zeitsf. d, gesam^
Nalurh.y 1870, p. 20.)
1871. Petermanns, MUth., t. Il, p. 41.
1884. Y. Groddeck, p. i64.
OR DES BLACKHILLS (dakota)'
Les Blackhills du Dakota contiennent, d'après Newton et Jenney^
de Tor dans des conditions comparables à celles que nous venons
d'étudier aux AUéghany, Il existe là, sur le flanc Ouest, une série
de micaschistes, schistes amphiboliques, quartzites et gneiss con-
» D*après Credner. N. J, f. Min,, 1867, p. 442, et von Groddeck, p. 164.
* Association, déjà mentionnée, de l'or et du tellure.
' Coll. Ecole des Mines, 1773.
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MINES d'or du WITWATERSRAND (tRANSVAAL) 955
tenant des lentilles interstratifiées de quartz avec de Tor finement
disséminé. Sur le flanc Est, Tor est moins fréquent; cependant,
il se présente aussi, dans certains bancs dequartzite, associé avec
des dépôts d'hématite résultant évidemment de la décomposition
de pyrites. Ces terrains primitifs semblent avoir fourni des traces
d'or, qu'on trouve dans les grès de Postdam. Leur érosion récente
a également donné de Tor d'alluvions.
Bibliographie.
1880. Henry Nkwton. — Ccology of Ihe Black Hills of Dakota. {înRep. GeoL
and Res Black Hills j U, S. geol, Survey.)
4880. Jennky. — Minerai resources of Ihe Black Hills of Dakota (ibidem).
1882. LocK, p. 805.
MINES D'OR DU TRANSVAAL (witwatersrand)*
Les mines d'or du Transvaal ne sont guère exploitées que depuis
1886; mais elles ont pris immédiatement une importance consi-
dérable. En 1888, la République Sud-Africaine a exporté pour
22 millions d'or, en 1889 pour 36 millions, en 1890, pour
44 millions et demi (494 756 onces); en 1891, pour 78 millions
(729 225 onces) ; en 1892 enfin pour 129 millions (1 210 865 onces).
La découverte de celte nouvelle Californie est bien récente :
c'est en 1864 que Cari Mausch signala, le premier, les gisements
d'or du Matabeland; en 1868, ceux de Lydenburg. En 1871, on
trouva, dans la même région, les mines de diamants du Cap*; en
1834, M. D. Moodie entreprit une exploitation dans le district
aurifère de de Kaap, à la mine de Sheba; enfin, en 1886, on trouva,
par hasard, à 40 milles au Sud de Pretoria, l'immense gîte duWit-
watersrand (zone des eaux blanches), qui nous occupera spéciale-
ment dans un instant. Depuis cette époque, on a annoncé encore
l'existence de gisements merveilleux dans le Matabeland, le Mas-
honaland, etc.
* Coll. Ecole des Mines, n» 2009. Pour'jes détails sur ces gisements, nous renvoyons
à un mémoire publié par nous aux Annales des Mines (janvier 1891; et à deux notes
complémentaires insérées aux bulletins de janvier et juillet 1892.
' Voir, plus haut, tome J, page 10.
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956 GÉOLOGIE APPLIQUÉS
Le trait caractéristique de la géologie de l'Afrique méridionale *,
c'est, nous avons déjà eu Toccasion de le dire à propos des
gtles diamantifères du Gap, Texistence, au-dessus d'un soubasse-
ment de gneiss et de granité, de terrains anciens, siluriens, dévo-
niens et carbonifères, fortement plissés et érodés, que surmontent,
à leur tour, en stratification discordante, les grands plateaux
horizontaux duKaroo (permien à Tinfralias). Les diamants du Cap
sont dans des cheminées d'une roche éruptive recoupant ce Karoo ;
Tor du Transvaal, et en
JgJJ^ particulier du Wilwaters-
rand, existe, à l'état sédi-
men taire, dans des con-
glomérats dévoniens *.
Ces conglomérats se pré-
sentent sous la forme de
' liVt devante jf \^î««r-e*«>«Ar baucs disIoqués et discon-
tinus, appelés reefs ou
Fig. 384. — Licrne d'affleiirement, p, j i i» ui
des congloméraU aurifères du Wilwalersrand i"Ons, dont 1 ensemble a
*" sôôlôô. ^^^ ®"^^^ ^"^ ^^^ centaine
de kilomètres de long.
D'une façon générale, on peut dire qu'ils forment probablement une
sorte de grande cuvette dont on ne connaît que la moitié Nord,
entre Potchefstromm et Klerksdorp à TOuest, Johannesburg
au centre, Heildelberg à l'Est (fig. 384); la moitié Sud, si elle
existe, étant tout entière masquée par les terrains supérieurs du
Karoo.
Les travaux fructueux portent surtout sur le Main reef {on reef
principal), qui a déjà été mis à jour sur un parcours de plus de
30 kilomètres. Il est constitué, lui-même, par un faisceau de cinq
veines : la veine Sud, de 20 centimètres à 1 mètre de puissance,
qui tient jusqu*à 10 et 12 onces d'or^ à la tonne ; une veine de
2 mètres (main reef proper), un peu négligée parce qu'elle ne
* Voir, au tome l, page 12, la carte (ftg. 2) esquissée par nous d*après divers
documents anglais ou allemands.
' Récemment, M. Maidment a considéré les conglomérats aurifères comme précam-
briens; nous avons analysé et discuté son travail au Bulletin des Annales des Mines^
de juillet 1892.
' L*once (31fl%1034) vaut environ 107 Trancs.
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MINBS D*OR DU WITWATERSRAND (tRANSVAAL) 957
donne plus qu'une once d'or à la tonne; enfin la veine du Nord^
de 30 cenlimètres à 1 mètre, donnant moins de 1 once d'or à la
tonne. Dans ce main reef lui-même, la partie centrale a seule,
jusqu'ici, produit des résultats considérables.
Parmi les compagnies situées dans cette région, nous citerons
Robinson, Langlaagte, Jumpers, etc.
Les conglomérats aurifères exploités sont formés, tantôt exclu-
sivement de galets de quartz vitreux ou hyalin, généralement
plus petits qu'un œuf et cimentés par une pâte siliceuse et ferru-
gineuse, tantôt de galets de roches diverses ; (quartzites, granités,
etc.), associés au quartz. L'or, irrégulièrement réparti dans la
masse, se trouve plutôt dans la gangue que dans les galets et
surtout à la périphérie de ces galets. Lorsqu'on enlève Tun d'entre
eux, on voit souvent la cavité tapissée de petits cristaux d'or. Le
métal précieux paraît avoir été originairement contenu dans de
la pyrite de fer, quoique la pyrite n'ait été rencontrée en abon-
dance dans les mines du Witwatersrand qu'assez récemment. Cette
anomalie apparente tient à ce que les exploitations se sont d'abord
attaquées à la zone superficielle des conglomérats, zone où la
pyrite, par une altération météorique très ancienne, avait été anté-
rieurement transformée en oxyde de fer ou dissoute et emportée
à l'état de sulfate par les eaux. Jusqu'à 40 ou 50 mètres de pro-
fondeur, on a donc travaillé sur des conglomérats plus ou moins
désagrégés et ferrugineux, où l'or existait à l'état libre, facile à
extraire, dès lors, par simple broyage et amalgamation : ce que les
Anglais appellent un free milling ore. En s'approfondissant, les
travaux ne trouvent plus, au contraire, que des pyrites aurifères,
qui, d'ailleurs, ne présentent pas de difficultés spéciales et que la
mine Robinson a commencé, depuis 1890, à traiter en grand parle
procédé Plattner. La continuité en profondeur a été établie, tant
par les travaux mêmes, descendus déjà, en un point, au village
Main Reef, à près de 200 mètres, que par un sondage poussé jus-
qu'à 300 mètres; mais elle est accompagnée d'un appauvrisse-
ment*.
Si Ton veut se rendre compte du mode de venue de for, on
< Voir, plus baut, page 885. La proportion moyenne de i*or contenu dans les
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958 GÉOLOGIE APPLIQUÉS
admettra» avec assez de vraisemblance, que cette pyrite aurifère
est, au même titre que le quartz, le quartzite, le granité, etc., un
des éléments de la formation sédimentaire du conglomérat, élé-
ments empruntés à des terrains préexistants détruits par les eaux ;
on trouve, en effet, dans le gisement, des galets de pyrite roulés.
La pyrite, étant plus friable que le quartz, a nécessairement contri-
bué surtout à donner les éléments de la pâte à grain fin qui
entoure les galets : d*où la richesse plus grande en or de cette pâte
et cette destruction même a pu y concentrer l'or par une sorte de
préparation mécanique. L'or proviendrait, dès lors, de filons de
quartz et pyrite, antérieurs au dévonien, filons à peu près contem-
porains de ceux d'Australie, qui, recoupant le cambrien et le silu-
rien, s'arrêtent toujours, parait-il, devant les terrains plus récents
de la région.
Ces filons de quartz aurifère sont, d'ailleurs, très fréquents dans
la région, quoique, en général, inexploitables; ils se présentent sous
forme de veines minces plus ou moins interstratifiées dans les
schistes.
Si Ton repoussait cette hypothèse, il faudrait admettre une
précipitation chimique de l'or contemporaine du dépôt, ce qui
parait contraire à la présence de l'or dans des galets roulés, soit
de quartz, soit de pyrite. Il est, dans tous les cas, assez singu-
lier de voir For se localiser souvent dans certains lits extrême-
ment minces, parfois de 1 ou 2 centimètres à peine, tandis que des
conglomérats semblables, au-dessus et au-dessous, sont stériles.
Mais on peut remarquer, comme loi générale, que l'or est infini-
ment plus fréquent dans des conglomérats à gros galets que dans
des grès fins : c'est, pour nous, de même que la concentration
de l'or sur le bedrock dans les placers*, un résultat de la préparation
mécanique.
roches extraites a diminué, depuis deux ans, d*après le professeur Suess, de
Vienne, de la façon suivante :
1889 1690 1891
Mine de Jumpers 14 7,37 7,75
— Langlaagte 22 i7,69 14 »
— May 20 12 . 9,50
— Robinsoii 52 30,23 23 >»
• Voir plus loin, p. 942.
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MINES d'or du WITWATERSRÀND (tRANSVAAl) 959
Il y a peu à dire du procédé d'extraction de for usité dans le
WitwateFsrand. Jusqu'en 1891, des raisons financières avaient fait
laisser de côté les pyrites aurifères, traitées aujourd'hui par le
procédé Plattner ; pour les free millinff ores ^ le traitement consiste,
dès lors, en un simple broyage aux bocards, parfois après concas-
sage, puis première amalgamation sur des tables en cuivre enduites
de mercure, passage du minerai restant dans des amalgamaleurs
ou cuves remplies de mercure, et distillation dans des cornues
en fonte. Les résidus ou « tailings » gardent, bien qu'on ait un
peu réduit le gaspillage des premiers temps d'exploitation , 40 à
50 p. 100 de l'or.
La difficulté est de régler le travail des bocards, qui s'usent ou
se dérangent en tombant, Tinclinaison des tables, la vitesse des
courants d'eau. En outre, il reste, dans le minerai, des traces de
sulfures qui retiennent l'or ; aussi a-t-on préconisé l'emploi de
liqueurs chlorurées ou iodurées, la calcinalion avec chlorure de
sodium suivie d'une dissolution dans Thyposulfite de soude et
d'une précipitation par le sulfate de chaux, etc. Un autre perfec-
tionnement a consisté dans une préparation mécanique, introduite
entre le bocardage et l'amalgamation ou la chloruration, pour
enrichir le minerai.
Indépendamment du Witwatersrand, qui constitue la principale
région aurifère au Transvaal, nous mentionnerons les districts de
de Kaap, Lydenburg, etc..
A de Kaap (Barberton), on a reconnu la présence de l'or dans
des conglomérats, des quartzites et des veines filoniennes sem-
blant s'être ouvertes à la suite de l'éruption des mélaphyres ;
on a surtout exploité des alluvions à Barre ts-Berlin, Kantoor,
Walerfall. Les quartzites aurifères de Sheba^ après avoir donné
lieu à un grand engouement en 1886, ont été, à peu près, aban-
donnés.
A Lydenburg, on exploite, soit des filons encaissés dans les schistes
talqueux et ayant de 0™,60 à 1"*,20, soit des alluvions. La pro-
duction a été, en 1888, de 600 000 francs.
Des alluvions aurifères ont été, en outre, signalées successive-
ment dans le Zoutpansberg, le Swazieland et le Matabeland (Tati) ;
puis, en juillet 1891, dans la division du prince Albert, à Spreun-
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960 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
fontein et Kleinwaterval. Ces dernières ont été immédiatement
mises en exploitation '.
Bibliographie.
* 1885. Penning. — On the Goldfields of Lydenburg and de Kaap in the
Transvaal (Soalh Africa}. (TheQùaterly Journal of the geological Society ofLondon,
vol. XLF, p. 569. Londres, 1885.)
1885. DuMN. — The Transvaal Goldfields, (GeoL Magazine , 3« Décade, t. II,
p. 171. Londres, 1885)
* i885. H. Haevernick. — Die Goldfelder von Trdnsvaalj mit Karte ggoôû'
(Petermanns Mittheilungen, vol. XXXI, p. 87. Golha, 1885.)
1887. V. Paul Emmrich. — Die de Kaop Gold Fields in Transvaal. (/)' A, Pe-
teiTnan's Miitheilungea, t. XXXIII, p. 139. Gotha, 1887.)
1887. Mathers. — Golden South Africa.
1888. Glanville. — The South Africa goldfields.
1888. MiTCHEL. — Dian)onds and gold of South Africa^ 1 vol. in-8*.
1890. A. ScHENCK. — Uber das Vorkonnmen des Goldes in Transvaal im
Allgemeinen und ûber die V/iiwaicrsrand Gold Felder Sûdlich von Pretoria.
1890. J.-M. LiDDELL. — The gold-fields of the Valley of de Koap Transvaal,
South Africa. [Transactions of tke North of England Institute of mining and me-
chanlscal Engineers, t. XXXVIII, p. 171. Neweastle upon Tyne, 1890.)
1890 et 1891. The Witwatersrand mining and melallurgical Review.
1890. Dknnis Edwards. — The gold Oeldsof South Africa.
* 1890. Dupont. — Les mines d'or de TAfrique du Sud, 1 vol. in-8<>.
1890. Goldfieis of South Africa, 1 vol. Capetown.
1891. L. DE Launay. — Mines d'or du Witwatersrand. (Ann. t/. Af , janv.
1891, et Nature^ 30 oct. 1891. Nous avons, dans cet article des Annales des
mines, donné une bibliographie des travaux antérieurs.)
1892. L. DE Launay. — Nouveaux gisements d'or au Cap. (Bull, Ann. d.
M., janv. 92, p. 136.)
1892. L. DE Launay. — Sur le développement des mines d'or du Transvaal.
(Bull. ann. d. If., juillet 1892, p. 3.)
1892. Bel. — Les mines d'or du Transvaal. {Économiste français du 15 oct.
1892.)
ÀLLUVIONS AURIFERES
Toutes les alluvions aurifères se présentent dans des conditions
assez analogues, dont le meilleur type, le plus développé et aussi
le plus complètement étudié, se trouve en Californie. Les indica-
tions que nous donnerons à ce sujet nous permettront de passer
ensuite rapidement sur les autres champs d'exploitation du même
« Voir Bull. Ann. d. M., janv. 1892.
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ALLUYIONS AURIFÈRES DE CALIFORNIE 961
genre. Parmi ceux-ci, nous étudierons, d'abord, les plus importants
après ceux de Californie, c'est-à-dire ceux d'Australie ; puis, pas-
sant successivement en revue les diverses parties du monde : en
Europe, ceux de France, de la vallée du Rhin, du Piémont, du
Rio Sil et de la vallée de Grenade, en Espagne ; en Asie, ceux de
Sibérie, de Tlnde, de Sumatra; en Afrique, ceux du Rio Lombigo,
de la Côte d'Or ; en Amérique du Sud, ceux de Panama, du Vene-
zuela, de la Guyane, etc.*.
ALLUVIONS AURIFÈRES DE CALIFORNIE'
Nous avons décrit ailleurs^ les filons aurifères de Californie;
les alluvions aurifères, qui leur sont associées, ont été, pendant
longtemps, la grande richesse du pays; grâce à des méthodes très
perfectionnées, elles fournissent encore une quantité d'or consi-
dérable.
On peut distinguer, par leur âge et leur allure géologique, trois
classes d'alluvions, soumises, jusqu'à un certain point, à trois
modes de traitement distincts :
1** Sur les plateaux, ou dans les parties hautes des vallées, on
trouve des dépôts pliocènes ou pléistocènes (quaternaires), corres-
pondant à une époque, pendant laquelle l'orographie de la région
était différente de l'orographie actuelle. Ces dépôts suivent cer-
taines dépressions creusées par les rivières anciennes qui les ont
accumulés, et, comme ils ont été fréquemment recouverts, soit par
des formations sédimentaires, soit par des coulées de roches érup-
tives (laves ou basaltes) , il faut une investigation préliminaire
assez délicate pour les reconnaître. On les désigne sous le nom de
gravel mines, que traduit improprement notre mot graviers, et on
les exploite généralement par travaux souterrains (drift mining),
parfois aussi, lorsque les conditions le permettent, par la méthode
hydraulique (hydraulic mining) ;
* Nous ayons décrit incidemment, plus haut, pages 928 et 929, ceux du Chili et du
Pérou.
» Voir la carte de Californie, ûg. 318, p. 712.
' Pages 919 à 925.
GÉOLOGIE. — T. 11. 61
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962 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
2"" Postérieurement, le cours des vallées actuelles s'est dessiné,
donnant toutefois encore passage à des cours d'eau beaucoup plus
considérables que ceux que nous voyons. A ce moment, se sont
déposées les allumons anciennes des vallées, formant, soit des ter-
rasses (deep-leads), attaquables par la méthode hydraulique, sur
les flancs de ces vallées ; parfois aussi, dans le chenal même, une
couche, recouverte postérieurement par les alluvions modernes et
que Ton exploite alors comme elles ;
Enfin, 3^, les allumons modernes^ essentiellement comprises dans
les vallées actuelles, ne dépassent jamais le lit majeur du cours
d'eau, c'est-à-dire celui qui est occupé au moment des plus hautes
crues. La disposition topographique de ces alluvions permet
difficilement de les attaquer par grandes masses et sur une
épaisseur considérable, sauf parfois dans les parties hautes des
vallées. Les alluvions des vallées à faible pente {shallow placers)
se traitent, en général, par simple lavage (sluicing).
Nous décrirons successivement ces trois catégories de giles :
1^ Les dépôts des plateaux ont été, généralement, découverts en
remontant depuis les alluvions des vallées, qui s'étaient formées, à
une époque plus ou moins ancienne, à leurs dépens. Leur exploi-
tation, qui ne date guère que de 1855, a été entreprise à l'origine
sans aucune méthode et a donné lieu, par suite, à de nombreux
déboires. Aujourd'hui, des milliers de puits et de tunnels ont
permis de reconnaître et de tracer sur des cartes les bords (rims)
de ces anciennes rivières souterraines, situées particulièrement
dans les comtés de Sierra, de Nevada, de Placer et de Plumas,
notamment les chenaux du Blue-Lead et du Forest-Hill. Une
figure ci-jointe (388, p. 968) montre, d'après M. Sauvage, dan.s
la vallée de Yuba, les chenaux pliocènes très différents des vallées
actuelles et recoupés par elles souvent à angle droit.
Dans les rivières pliocènes, qui ont laissé ces alluvions, le dépôt
de l'or a obéi à certaines lois, que nous retrouverons également
dans les alluvions plus récentes et dont la connaissance peut diri-
ger dans la recherche des points riches.
Tout d'abord, on peut rappeler ici une remarque que nous avons
« Page 85.
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ALLUTIONS AURIFÈRES DE CALIFORNIE 963
déjà eu Toccasion de faire à propos de Tétain*, c'est qu'en général
les matériaux des larges alluvions anciennes ont été trans-
portés à une distance beaucoup plus faible qu'on ne le croirait et
sont, par suite, en relation avec la nature des roches situées,
presque immédiatement, à l'amont*. Pour l'or en Californie,
cela ressort immédiatement de l'examen d'une carte, où l'on a
noté : d'une part, la position des filons aurifères; de l'autre, celle
des placers riches : les deux zones se confondent presque. En
particulier, les grains métalliques un peu gros sont, à peu près,
demeurés sur place. On peut en conclure que la connaissance des
roches du fond, notamment des veines de quartz aurifère, des
massifs de serpentine, etc., sera d'une grande utilité.
En second lieu, les matériaux charriés par les eaux ont subi
une préparation mécanique analogue à celle qu'on réalise artifi-
ciellement dans les sluices. Par suite, les pépites et les paillettes
les plus grosses sont allées s'accumuler au fond (sur le bedf'ock)^
en particulier dans toutes les anfractuosités de ce fond'; s'il est
schisteux, dans tous les interstices des schistes. Les parcelles d'or
plus unes, entraînées plus loin par le courant, se sont déposées
partout où ce courant s'est ralenti pour un motif quelconque,
spécialement dans les remous causés par la courbure des rives
sur ses parties concaves, ou dans les changements brusques de
direction.
Il en résulte, d'une part, que c'est la couche inférieure des
alluvions qu'il convient d'exploiter, soit souterrainement si les
couches stériles superposées sont trop épaisses, soit par la mé-
thode hydraulique, lorsque les conditions le permettent*; et,
d'autre part, que les coudes et branchements sont spécialement
à étudier.
Certaines rivières anciennes de la Californie présentent, quelque-
fois, en outre, un phénomène, dû sans doute à des périodes de
remplissage successives : c'est l'existence, au-dessus de la couche
* Voir plus haut, pages 151 et suiv.
* Laur, loc. ciL, p. 392; Cumenge, Tor (Encyclopédie chimique), p. 20.
' D*où l'insuccès général des entreprises de dragage au fond des rivières ac-
tuelles. L*or, enfoui dans les anfractuosités du fond sous les alluvions^ échappait à
la drague.
* La méthode hydraulique est actuellement interdite en Californie.
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964
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
aurifère inférieure, d'autres couches exploitables (ou payantes :
pay gravel). Ainsi, auParagon Claim, à Batii, dans le comté de
Placer, on a, d'après M. Cumenge, trouvé trois strates payantes
dans le même chenal, Tinférieure de 2 mètres de puissance sur
le bedrock, la seconde 5 mètres plus haut, et la troisième 50 mètres
au-dessus.
D'une façon générale, les alluvions anciennes se composent
d'une série de couches de galets, de sables et d argile, superposées
le plus souvent par ordre de grosseur, mesurant ensemble 10 à
60 mètres de puissance, exceptionnellement jusqu'à 150 et 200 et
Fig. 385. — Coupe du diluvium aurifère à Walseys'flat. (D'après M. Laur.)
formant, sur les hauteurs de terrains anciens, des collines plus ou
moins meubles ou plus ou moins cimentées. La stratification, qui
existe localement, n'est jamais continue sur une grande étendue.
A la base, avec les galets les plus gros (parfois plus gros que
ia tête d'un homme), sont aussi les parties plus riches en or
(fig, 383). C'est ce que l'on appelle le blue gravel (gravier bleu),
dont l'épaisseur varie de quelques centimètres à 12 ou 13 mètres.
Comme son nom l'indique, cette masse est bleuâtre ; la pyrite de
fer, cristallisée en cubes, y abonde ; souvent les éléments sont
soudés par un ciment siliceux, éminemment cristallin et empâ-
tant des cristaux de pyrite à arêtes vives, que l'on a considéré
comme un produit d'épanchement hydrothermal venu directe-
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ALLUVIONS AURIFÈRES DE CALIFORNIE 965
ment du griffon des ûlons aurifères ^ A Mokelumne Hill, d'après
M. Laur, certains puits, limités à moins de 2 mètres carrés, ont
donné, dans cette couche, jusqu'à 120 kilogramme d'or.
Au-dessus de ce blue gravel, vient une couche rougeàtre de
même composition, dont l'épaisseur atteint parfois une dizaine de
mètres, et qui est aussi très riche ; c'est le red gravel. Puis ap-
paraissent des masses plus ou moins considérables de sables, avec
ou sans galets, contenant encore un peu d'or, mais en proportion
moindre et à un état de division très fin : c'est le top gravel^
qui, dans les exploitations hydrauliques, peut encore fréquemment
être exploité avec fruit.
Sur les flancs du chenal de la rivière ancienne, on trouve sou-
vent de grands blocs (rim rocks) tombés des parois, souvent aussi
des masses de sable quartzeux meuble et d'argile blanche (pipe
clay). Les fragments de bois carbonisés ou silicifiés sont abon-
dants dans les alluvions, et ont permis de reconnaître leur flge
pliocène.
La richesse, dans ces différentes couches, est, pour un même
chenal, généralement assez constante. M. Laur suppose que le pro-
duit moyen du mètre cube du terrain de la base doit se rappro-
cher de 4 francs et, plus haut, de 0,25,
Les mineurs attachent une grande importance à la séparation
bien nette des sables, argiles et graviers, qui prouve une prépara-
tion mécanique plus complète, ainsi qu'à la présence de pyrite de
fer abondante.
Nous avons dit que les alluvions pliocènes étaient fréquemment
recouvertes par des coulées de lave. C'est ce que représentent deux
figures ci-jointes (386 et 387). Sur l'une (fig. 386), passant par le
tunnel de Maine Boy près de Sonora (Tuolumne County), la lave
atteint 42 mètres d'épaisseur.
On a remarqué, d'autre part, que la pente des vallées pliocènes,
relevée aujourd'hui, aurait été souvent bien forte (jusqu'à 3 p. 100),
pour permettre le dépôt d'aussi vastes alluvions, charriées à aussi
peu de distance et contenant souvent des éléments aussi fins, ceux
du pipe clay par exemple. On a, dès lors, supposé que, pendant la
* Laur, page 393.
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966
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
période pliocène, caractérisée par le creusement de valléps dans la
Sierra et l'apport des déblais dans la mer qui baignait son pied,
et, plus tard, également, après les grandes éruptions volcaniques
de la période quaternaire, il avait dû se produire un soulèvement
lent et progressif de la Sierra :
les modifications, constatées dans
le régime des cours deau à
l'époque pliocène et à Tépoque
quaternaire, en seraient la con-
séquence.
2'' Les alluvions anciennes des
hautes vallées (deep leads) pré-
sentent d'assez grandes analogies
avec les dépôts pliocènes des pla-
teaux et s'en distinguent surtout par leur localisation habituelle
sur les flancs des vallées actuelles, où une érosion puissante les
a découpées en terrasses. La méthode hydraulique, qui, pendant
Fig. 38(5.
Coupe par le tunnel de Maine Boy près
de Sonora (Tuolumne County).
Échelle au
10 000 '
i5? onett
Fig. 387. — Diluvium aurifère reposant sur des couches tertiaires à Two-Miles>Bar,
près Dent-Viile (Californie). (D'après M. Laur.)
quelques années, a été employée sur une si grande échelle en
Californie, est, presque toujours, directement applicable à ces
gisements. On sait que son principe consiste à abattre le^gravels^
parfois sur plus de 100 mètres de haut, au moyen de jets d'eau
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ALLUYIONS AURIFÈRES DE CALIFORNIE 967
colossaux débitant jusqu^à 150 000 mètres cubes par 24 heures,
avec une vitesse de 50 mètres à la seconde. Au besoin, on a com-
mencé par disloquer le terrain au moyen de coups de mines. Le
torrent de boue, qui sort des tranchées, est dirigé dans un tunnel,
creusé tout d^abord au point le plus bas du bedrock et garni
de sluices où Tor est retenu par le mercure. La grande diffi-
culté à laquelle on s'est heurté et qui, depuis 1887, a fait ar-
rêter ces exploitations hydrauliques en Californie, est Tévacua-
tion des débris entraînés au delà du tunnel dans le cours des
rivières. Ces débris, formant des masses prodigieuses, ont rapide-
ment obstrué le cours des rivières et, dans la plaine, recouvert, au
loin, toutes les terres cultivables. C'est ainsi que la rivière de
Tuolumne, qui avait précédemment 170 mètres de large sur4°,50
de profondeur, a été absolument remplie en 21 mois ; puis, après
une crue qui l'avait partiellement nettoyée, réduite finalement à
une largeur de 10 mètres et une profondeur de 0",30. Les plaintes
des agriculteurs ont amené à interdire la méthode, à moins de
dispositions spéciales très coûteuses. Cependant on calcule qu'il
reste près de 1 milliard et demi de mètres cubes susceptibles
d'être exploités ainsi et se répartissant de la manière suivante :
Bassin du Yuba River 700 000 000 m'.
— Bear River 50 000 000
— American River 75 000000
Bassin du Makelumme, du Stanislas, du
Tuolumne 400 000 000
Aulres petits bassins 150 090 000
1 375 000 000 m\
3® Les alluvions récentes, ou shallow placers^ sur lesquelles
ont porté les premières découvertes des chercheurs d'or, sont
aujourd'hui fort délaissées. Leur situation dans le fond des vallées
ne permet pas, en effet, l'application des méthodes hydrauliques ;
même pour les travaux souterrains, l'extraction et l'épuisement
présenteraient quelque difficulté. En outre, on n'y retrouve plus
la stratification à peu près régulière et, par suite, la concentration
de l'or à des niveaux déterminés, qui caractérisaient les alluvions
plus anciennes. Les galets, charriés par des eaux plus resserrées
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958
y
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
et plus violentes, sont plus gros, les matières fines ayant été
emportées au loin par le courant ; Tor également ne s*y trouve
qu'en grosses pépites arrondies, avec une irrégularité de teneur
extrême. Par suite, une multitude de petites fouilles, entreprises
au début de tous les côtés, sans aucune règle, ont, assez vite, épuisé
les bons endroits et recouvert le sol de déblais déjà fouillés, que
de nouveaux arrivants ont recommencé à explorer à leur tour.
En 1848 et 1849, un homme gagnait, au moins, 130 francs par
jour, ce qui suppose une teneur de 500 francs d'or au mètre cube ;
^rtaiar tutr^Sirm^.
I Oraoitf* rmMmmm<€ dtf lavei
Fig. 388. ~ Carte du bassin aurifère de la rivière Yuba (Californie).
(D*après M. Sauvage.)
en 1851, un gravier rendant 85 francs était considéré comme très
bon ; le prix de la journée d'un homme est descendu, de 25 francs
en 1853, à 15 francs en 1856 et 13 francs en 1858. Aujourd'hui,
ce gwre de travail est abandonné aux Chinois, Annamites, etc.
De même que dans les alluvions anciennes, on y recherche spé-
cialament les coudes, barrages ou bifurcations de la rivière.
Gomme exemple plus détaillé d'exploitations portant sur des
alluvions aurifères anciennes, nous citerons, d'après M. Sau-
vage, celles du bassin de Yuba (fig. 388).
Si Ton remonte la rivière à partir de l'Ouest, ou trouve, d'abord,
le dépôt de Smartsville, attaqué, vers 1856, par les Compa-
gnies Pactolus, Rose, Blue Gravel, Blue Point et Smartsville.
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ALLUVIONS AURIFÈRES d'aUSTRALIB ^9
A la mine Pactolus, l'épaisseur des alluvions aurifères est, au
milieu du dépôt, de 75 mètres, dont 6 mètres de blue gravel et
9 mètres de red gravel. Le produit moyen des bancs inférieurs
était de 5 francs le mètre cube, celui des couches supérieures
de 2 francs. En 1873, Texploitation se faisait par la méthode
hydraulique, au moyen d'un tunnel de 420 mètres de long, ayant
coûté 300000 francs. On usait 2 000 mètres cubes d'eau par heure
pour laver 1 200 mètres cubes par jour et Ton produisait
720 000 francs d'or par an. A Blue Point, le tunnel, de 700 mètres
de long, avait coûté 780 000 francs. On consommait près de
40 mètres cubes d'eau par mètre cube de graviers, ceux-ci étant
fort durs.
Vers le N.-E. de Smartsville, se trouve le dépôt qui s'étend de
French Corral à^North San Juan, sur une largeur de 800 mètres et
une épaisseur, au milieu, de 50 mètres. Dans Tune des mines,
Nebraska, la longueur suivant le thalweg (qui est souvent citée en
Californie comme donnant une idée de l'importance de la mine)^
était de 135 mètres, et l'on estimait le mètre à 10 000 francs.
Plus à TEst encore, on trouve, de Bagder Hill à Snow-Point, une
très importante traînée avec affluents latéraux, en partie recou-
verte par des roches volcaniques. Là où le dépôt a été protégé
par la lave contre les alluvions, l'épaisseur moyenne est de
75 mètres, ailleurs de 25 à 30. Dans Tune des mines, à North
Bloomfield, on consommait, en 1874, 10 litres d'eau pour 1 de
gravier.
ALLUVIONS AURIFÈRES D'AUSTRALIE
En Australie, comme en Californie, les alluvions récentes ont
donné lieu aux premières découvertes d'or, qui ont permis de
remonter ensuite, de proche en proche, aux alluvions anciennes et
pliocènes, puis aux filons dont elles dérivent et que nous avons
décrits plus hauti.
Comme en Californie également, ces alluvions aurifères se sont
* Voir pages 012 à 919.
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970 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
assez rapidement épuisées et ne fournissent qu'un contingent de
moins en moins grand dans la production d'or du pays.
Les conditions de leurs gisements sont analogues à celles que
nous venons d'étudier et Ton retrouve les efiFets d'une même
préparation mécanique, donnant un maximum de richesse dans
les couches inférieures voisines du Bedrock, particulièrement dans
ses anfractuosités, la même composition des graviers, le même
CardboenHin
Fig. 389. — Coupe d'un gisement aurifère à la base du bouiller de New-Soutb Wales.
(D'après Davies.)
alignement des alluvions pliocènes riches suivant des chenaux de
rivières anciennes (deepleads), aujourd'hui recouvertes souvent
par des alluvions plus récentes et par des basaltes.
L'existence de ces basaltes est particulièrement fréquente dans
la province de Victoria, district de Gippsland, où il existe des
couches de 150 mètres de basalte au-dessus de graviers, dont
l'épaisseur peut atteindre une dizaine de mètres.
Un fait spécial à l'Australie, c'est que, dès l'époque miocène, il
semble s'y être dessiné un régime de cours d'eau assez analogue
à celui des périodes pliocènes et pléistocènes et ayant donné lieu
à des alluvions aurifères comparables. C'est ainsi que, dans le Nord
du Gippsland, M. Maccoy a trouvé, entre le Bedrock silurien et le
gravier aurifère, un lit fossilifère à plantes miocènes (Cinnamo-
mum polymorphoïdes, etc.). Ces plantes, qui arrivent à former,
par places, une sorte de lignite, sont dans une ai^ile sableuse, qui
paraît le premier banc de la formation alluvionnaire, où l'on
trouve l'or. Au-dessus, a coulé une nappe de basalte, dans laquelle
s'est ouverte postérieurement une vallée de 300 mètres de profon-
deur.
On a suivi quelques-uns de ces cours d'eau anciens vers leur
embouchure dans la mer tertiaire, et on a été conduit à supposer
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ALLUTIONS AURIFÈRES d'aUSTRALIB 971
que le dépôt aurifère pouvait se continuer dans les dépôts marins
de leur delta.
L'existence de dépôts aurifères de remaniement d'âge miocène
n'a, d'ailleurs, rien d'anormal; nous avons, en effet, déjà eu l'oc-
casion de dire que, depuis l'époque houillère, les filons aurifères
d'Australie, soumis à des actions de dislocation et d'érosion con-
sidérables, avaient donné lieu à des concentrations sédimentaires,
dont on retrouve la trace dans le houiller et le jurassique.
Les alluvions récentes, formées aux dépens des filons et des
alluvions anciennes, peuvent se présenter dans deux conditions
distinctes : placers stationnaires à une certaine distance des rives
et hors de l'atteinte des eaux, placers mobiles dans le lit lui-même ;
nous étudierons, plus loin, un bon exemple de ces derniers dans
la plaine du Rhin*.
On trouve, dans les placers australiens, outre l'or, généralement
en paillettes très minces, parfois en grosses pépites (l'une d'elles,
à Ballarat, a pesé 90 kilogrammes), du quartz, de la topaze, du
pléonaste, du saphir, du rutile, de la tourmaline, du zircon, du fer
titane, du wolfram, de la cassitérite, etc..
Au point de vue industriel, nous avons donné, plus haut^, la ré-
partition de la production suivant les districts : dans la province
de Victoria, Maryborough et Castlemaine produisent le plus d'or,
(631 et 617 kilogrammes en 1886); puis viennent Ararat (285) et
Beechworth (187).
Dans la Nouvelle-Galles du Sud, Mudgee a produit 18 895 onces;
Southem district, 17 168; Tumut et Adelong, 16 465; Lachlan,
15 327.
Dans le Queensland, on peut citer Charters Towers et Gympie '.
* Page 973.
« Pages 872 à 875.
' Pour la bibliographie, voir page 918.
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972 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GISEMENTS AURIFÈRES EN FRANCE*
Il n'existe pas de gttes aurifères actuellement exploités en
France ; mais la présence de Tor a été mentionnée dans divers
filons du Plateau Central, des Alpes, des Pyrénées, des Cévennes,
et dans les alluvions qui en dérivent.
Dans le Plateau Central, des tentatives toutes récentes ont été
faites sur des filons de mispickel aurifère de Bonnac. Ces filons
présentent cette particularité, qui confirme le rapprochement
maintes fois signalé entre Tor et Tétain*, de renfermer une pro-
portion notable de wolfram ; la teneur en or était, par endroits,
assez forte, mais très irrégulière.
A la Garde tte (Isère), on a exploité un filon aurifère, de 1700
à 1840.
Des filons de ce genre ont, par leur destruction, donné lieu à
une concentration de For, qu'on a reconnue dans le conglomérat
houiller du Gardon, mais qui est surtout manifeste dans les allu-
vions anciennes de certaines rivières, telles que le Rhin, le Rhône
et FArve descendant des Alpes; TAriège, la Garonne et le Salât
venant des Pyrénées; TArdèche, la Cèze, le Gardon et l'Hérault
venant des Cévennes.
L'or du Rhône était encore exploité, sous Louis XIV, à la Voulte,
Saint-Pierre-de-Bœuf, Condrieu, Givors et Mirabel. Dans l'anti-
quité, la Gaule a, d'ailleurs, été renommée pour sa production d'or.
Nous nous arrêterons seulement sur les alluvions de la vallée du
Rhin, autrefois décrites par M. Daubrée.
* 1805. Peuchet. Statistique élémentaire de la France, p. 350.
1868. Debombourg. Gallia aurifera. Étude sur les alluvions aurifères de la France.
(Lyon.)
1882. Lock, p. 709.
* Nous rappelons ce que nous avons dit, page 891, sur l'existence dans le Plateau
Central de nombreuses fouilles où Ton paraît avoir trouvé, aux temps préhistoriques,
de Tor en relation avec l'étain.
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ALLUYIONS AURIFÈRES DE LA VALLÉE DU RHIN
973
ALLUVIONS AURIFÈRES DU RHIN
L'extraction de Tor du lit du Rhin avait commencé déjà au
vu® siècle; car elle est mentionnée dans une charte de 667. En
1846, M. Daubrée estimait encore la production d'or annuelle à
45 000 francs, divisés entre SOO orpailleurs.
Ces exploitations ont porté principalement sur la plaine d'allu-
vions modernes, comprise entre Rhinau et Daxland, près Garlsruhe,
à 100 kilomètres de Râle et, le plus récemment, sur Tamont de
Kehl jusqu'à Daxland. L'or est particulièrement concentré dans
certains bancs, dits goldgriinde, à quelque distance à Taval d'une
rive ou d'une île de gravier corrodée par le courant, et toujours
mélangé avec des cailloux, dont la grosseur est généralement en
rapport avec la dimension des paillettes. Les dépôts de sables fins
sont constamment stériles, ainsi que les points où le courant est
très violent; de même, un banc de formation nouvelle a d'autant
plus de chances d'être aurifère que l'eau s'en est retirée plus len-
tement. Ces divers faits s'expliquent aisément par la préparation
mécanique, constamment renouvelée, à laquelle l'or est soumis.
M. Daubrée a constaté, d'ailleurs, que, non seulement les allu-
vions modernes, mais toutes les alluvions anciennes, qui s'étendent
à 10 et 12 kilomètres du fleuve, sont aurifères : c'est sur ce gravier
ancien que le fleuve travaille aujourd'hui à produire des enrichis-
sements. R est assez curieux que le loess, qui le recouvre par
endroits et semble également d'origine alpine, soit toujours stérile.
Les sables du Rhin peuvent être divisés, d'après leur richesse
en or, en 4 classes :
OR PAR MÈTRE CUBE
VALEUR DE L*OR
obtenu en 9 heures de lavage
' TITRE EN OR
du gisement
Gramraef
{0 1,011
20 0,438
30 0,234
40 0,014
Francs
11,129
4,687
2,423
0,143
0,000 000 362
0,000 000 243
0,000 000132
0,000 000 008
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974 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le titre moyen équivaut au n^ 3 ; mais le 4* est, de beaucoup ,
le plus fréquent.
Indépendamment de Tor, les sables renferment du fer titane, du
quartz, du zircon et, d'après Dœbereiner, des traces de platine.
Pour rechercher l'origine première de l'or, M. Daubrée a analysé
certains galets de quartzite du lit du Rhin et constaté qu'ils ren-
fermaient également des traces d'or sous forme de paillettes très
minces : d'où la conclusion que l'or venait des quartzites de ce
genre dans le massif alpestre.
Un calcul assez simple a permis de se rendre compte qu^entre
Rhinau et Phiiippsbourg, sur 123 kilomètres de long et 4 de large,
la quantité d'or enfouie devait dépasser 160 millions.
, Bibliographie,
1718. RÉAUMUR. — Hist. des rivières et des ruisseaux qui roulent des pail-
ettes d'or. (C. R.)
1776. Treutlinger. — De aurilegio, principue in Rheno (Argentorati).
1838. K\CBEL. — Die Gold Wacherei am Rhein. [Badensc. Wochenhlatt, Sept.
1838.)
* 1846. Daubrée. — Sur la distribution de Tor dans la plaine du Rhin. (Ann.
d.M.,4«, t. X, p. 1.)
1851. Daubrée. — De Tor dans le gravier de la Moselle, (B. S, G., 2<».
t. Vm,p. 346.)
1862. Talabardon.— Gisement d*or à Saint-Perreux {[Ile-et-Vilaine) . (B. S.
G., 2% t. XV, p. 613.)
1882. LocK, p. 711.
1886. GoMNARD. — Sur les minerais aurifères des environs de Pontgibaud.
{Bull, de la Soc, française de minéralogie, t. X, p. 243. Paris, 1886.)
ALLUVIONS AURIFÈRES DU NORD DE L'ITALIE
Le Piémont est connu, depuis l'antiquité, comme une région
aurifère. Strabon parle des laveurs d*or de la Doire Baltée et
des querelles qui éclataient déjà à cette époque (comme aujour-
d'hui en Californie) entre mineurs et agriculteurs. En particulier,
dans toute la région des roches vertes serpentineuses, qui s'étend
de Pestarena vers Lanzo, la plupart des rivières *, Sesia, Doire
* Voir le détail dans Jervis : I tresori soierranei del Tltalia. Nous TaTons résumé
dans un journal de voyage manuscrit à ÏEcole des Mines (1883).
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ALLUVIONS AURIFÈRES DE LA GALICE (rIO-SIL ET RIO-DUERNA) 975
Baltée, Soanna, Orco, etc., roulent de Tor. Cet or paraît pro-
venir, d'une façon générale, de venues pyrîteuses qui ont pu ac-
compagner la formation des roches vertes ici comme dans tant
d'autres pays (Norvège, etc.)
On Ta lavé : sur TOrco, à Cuorgne, Bosconegro, Chivasso; sur le
Pô, à Front, à Rivarossa, Lombardose, San Benigno, etc. La rive
gauche du Pô contient, de même, entre 10 et 100 mètres de pro-
fondeur, une nappe légèrement aurifère.
Depuis 1889, on s'est occupé d'exploiter en grand : d'une part,
les falaises d'alluvions, plus ou moins élevées, qui s'appuient sur les
derniers contreforts des Alpes; d'autre part et surtout, les plaines
de plusieurs milliers d'hectares situées sur la rive gauche du Pô *.
La difficulté, — à peu près insurmontable, ce nous semble, — est
dans la teneur très faible : moins de un franc d'or au mètre cube ; ce
qui nécessiterait l'emploi de la méthode hydraulique californienne,
inapplicable pour des régions plates oîi l'on a à tenir compte de
la culture. On a tenté d'y suppléer par un dragage, au moyen
duquel on a prétendu être arrivé à laver 50 mètres cubes de gra-
vier par heure pour moins de 0 fr. 30 le mètre cube.
ALLUVIONS AURIFÈRES
DU RIO-SIL ET DU RIO-DUERNA (galice, espagne)
Les terrains aurifères du Rio-Sil et de la Duerna, en Galice, ont
appelé l'attention depuis quelques années. Ils sont situés au Nord
du Portugal, sur les provinces de Galice et de Léon, et occupent
une grande étendue.
Les traces de travaux romains y sont fréquentes (bassins, aque-
ducs, etc.) et semblent prouver qu'on a employé, dans l'antiquité,
un système analogue à la méthode hydraulique californienne,
connue sous le nom de booming ; depuis ce moment, l'industrie
des orpailleurs s'est perpétuée sur les bords des rivières princi-
pales et, en 1887, on a tenté d'organiser une exploitation en
grand.
* Notes de U. Babinski. [Industrie française du 9 août 1889, et Bulletin de VÉcole
des MineSf p. 216.)
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976 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Au point de vue géologique, la contrée se compose, dans les
environs d*Astorga, d*assises puissantes de schistes siluriens
recoupés par des granités : c'est sur ces formations que se trou-
vent aujourd'hui les masses de graviers aurifères.
En descendant vers Carucedo, la coupe des terrains change, et
de puissantes assises crétacées viennent recouvrir les schistes et
les séparer des alluvions.
Dans la plupart des cas, les schistes sont très redressés et Ton y
trouve de nombreuses veinules de quartz aurifère, dont les débris
ont formé les placers.
Les graviers semblent avoir jadis couvert tout le pays, mais,
par suite d'érosions, ils ont été détruits en certains points, de sorte
qu'on ne les rencontre, en réalité, qu'à l'état de lambeaux dissé-
minés sur les hauteurs et sur les flancs des vallées.
L'épaisseur de celte formation est très variable; par endroits,
elle atteint 280 mètres, tandis que, dans d'autres, elle est insigni-
fiante. Mais, en général, elle dépasse 10 à 12 mètres.
Les graviers sont plus ou moins friables selon les cas ; dans la
majeure partie des localités, ce sont de simples sables, tandis que,
dans d'autres (Domingo Flores), ils passent à un conglomérat fer-
rugineux très dur et difficilement attaquable à la lance hydrau-
lique.
Comme toujours, l'or est principalement concentré dans la
couche inférieure, au contact du bedrock; cette couche est recou-
verte, tant parles bancs les plus durs de graviers stériles, négligés
à l'époque romaine, que par les résidus de l'exploitation antique,
constamment repris et relavés depuis par les orpailleurs. La
richesse réelle est assez imparfaitement connue, d'autant plus que,
dans les parties voisines de la surface, on tombe souvent sur des
remaniements. L'or est généralement en pellicules très minces ;
dans la majeure partie des cas, les rapports indiquent une produc-
tion de 12 francs d'or par journée d'homme lavant à la baltée et,
dans les conglomérats de la vallée de la Cabrera, après broyage,
2 onces et demie à la tonne; dans ceux d'Albano, jusqu'à
150 grammes à la tonne (après triage rapide) avec 1 700 grammes
d'argent.
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ALLUYIONS AURIFÈRES DE GRENADE (eSPAGNe) 977
Bibliographie.
1879. Presser. — Rapport sur les alluvions aurifères du Sil.
1881. Rapports sur les alluvions aurifères de Piaranza (Léon).
1882. Landrin. — Rapport manuscrit sur les alluvions du Sil.
1887. Projets de statuts, rapports et plans de la Rio Sil and Léon mining O
et de la Rio Duema and Léon mining G^'. — Rapports par William S. Welton.
ALLUVIONS AURIFÈRES DE GRENADE
La plaine de Grenade renferme des alluvions, légèrement auri-
fères, où Ton a tenté quelques exploitations.
La Sierra Nevada comprend principalement des gneiss, schistes
micacés amphiboliques et chloriteux, des gi*anulites, etc. Sur le flanc
Ouest, les filons métallifères y sont fréquents (cuivre gris, cobalt
sulfuré, galène, etc.)*. Au N.-O., et particulièrement dans la vallée
du Genil, les schistes micacés siluriens contiennent souvent de Tor
disséminé dans leur masse. Ce sont ces roches qui, par leur des-
truction, ont donné Tor, rencontré le long de la vallée du Genil, dans
les alluvions, dont diverses protubérances forment le Cerro del Sol,
TAlhambra, TAlbaicin.
Au Cerro del Sol, à 370 mètres au-dessus du lit actuel de la
rivière, on suit les traces de grandes exploitations anciennes, qui
ont été reprises vers 1882, et ont donné une teneur en or d'envi-
ron 0^,5 au mètre cube.
D'une façon générale, Tor se trouve surtout dans les sables gre-
nus et graviers, contenant des galets. La méthode d'exploitation
essayée a été la méthode hydraulique.
Bibliographie de Vor en Espagne.
1852. Paillette. — Mines d*or dans le Nord de V Espagne. (B. S, G., 2®,
t. IX, p. 482.)
1884. Antissibr. — Or de la Nava de Jadraque, prov. de Guadalajara
(Espagne). (Ind. min., 2«, t. Xlïf, p. 125.)
1884. A. -F. NoGuÉs. — Gisement d'or à Penaflor en Andaloune. (G. R.,
t. XCVIU, p. 760. Paris, 1884, et Bull. Soc. Ind. Min., 2* série, t. XIV, p. 931.
Saint-Etienne, 1885.)
' Voir, plus haut, page 305.
GÉOLOGIE. — T. II. 62
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978 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
188 . Calderon. — La Sierra de Penaflor (Sevilla) y sus yacimentos auri-
feros. (Ànn. de la Sociedad espanolo de historia naiural, t. XV, p. 131 . Madrid,
188 .)
1885. NoGués. — Sur Taxe des éruptions pyrozeno-amphiboliques (dio*
rites et ophiles) de la Sierra de Penaflor, la genèse de Tor de ces roches et sa
dissémination. (C. R., t. C, p. 80. Paris, 1885.)
ALLUVIONS AURIFÈRES DE RUSSIE ET DE SIBÉRIE
Nous avons déjà, dans la partie statistique de ce chapitres men-
tionné les principaux champs d'alluvions aurifères de Sibérie.
Nous avons vu que les travaux portaient, d'une part, sur une longue
bande d'alluvions le long de TOural ; puis, sur les régions dTenis-
seik, Atchinsk et Minusink ; sur le cours de FOIekma et du Vitim,
affluents de la Lena ; sur celui du Schilka (Nertschinsk), affluent
du Haut-Amour, etc... La région la mieux connue est celle de
rOural', où de grands efforts ont été faits, surtout depuis 1887,
pour améliorer les rendements.
Région de TOural». — Sur les deux flancs de TOural, mais prin-
cipalement du côté de F Asie, sur plus de 160 kilomètres de long, on
exploite, par endroits, un dépôt d'alluvions aurifères, formé d'argile
pure ou sablonneuse mêlée de débris et blocs roulés, qui est cer-
tainement pléistocène, car on y a trouvé TElephas primigenius et
le Rhinocéros tichorhinus. Ces alluvions comprennent des couches
aurifères de 0™,90 à 1 mètre d'épaisseur, de 20 mètres environ de
large et d'une longueur, qui peut atteindre 4 500 mètres à Balbouk,
6 000 mètres à Stolbouk. Les centres principaux sont, du Sud au
Nord, le territoire des Cosaques d'Orenbourg, Miask, Bérezowsk,
Nijni Taguil, Bogoslovsk.
Comme en Californie, l'or est partout dans la couche inférieure
voisine du bedrock et principalement dans les anfractuosités de
telui-ci. Il est recouvert par des terrains stériles qui ont, en gé-
' Page 877.
* Voir, plus haut, page 902.
» Voir V. Cotta (ErlagerHàUerty t. Il, p. 532; cf. Groddeck, p. 371).
1882. Lock, p. 425,
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ALLUVIONS AURIFÈRES DE RUSSIE ET DE SIBÉRIE 979
néral, moins de 4 mètres de puissance (exceptionnellement,
18 mètres sur la rivière Miass; 40 mètres, en un point, près
d'Ekaterinenburg).
L'abondance de l'or est en relation avec la nature des roches du
sous-sol, généralement plus forte près des schistes cristallins, am-
phibolites, etc. La teneur varie entre 0^',8 et 2'^,6 par tonne de
minerai ; on rencontre, assez souvent, des pépites, dont la plus
grosse a atteint 36 kilogrammes.
Beaucoup de ces alluvions aurifères sont, en même temps, plati-
nifères ; nous renvoyons, à ce propos, à ce que nous dirons au
chapitre du Platine \
Ces alluvions aurifères sont exploitées, en grande partie, sur-
tout les plus pauvres, par des orpailleurs volontaires, ou starateli ;
le prix de revient d'un kilogramme d'or est ainsi plus faible, en
moyenne, que dans l'exploitation directe par le propriétaire ; il
est de 1 552 francs dans le district de Bogoslovsk, de 1 590 dans
celui de Nijni Taguil.
On ne traite, nulle part, avantageusement au-dessous de 0^^,540
à la tonne ; à Bérézowsk, on a pu travailler une couche aurifère
de 1",70 à 2",lo tenant 0«%60 et recouverte par 2",50 de sté-
rile. A Bogoslovsk, Tchernoia, Rika, où l'on est obligé de trans^
porter les déblais à 2 kilomètres des placers, on ne peut traiter, à
1^,30, une couche de 0",70 à 1",40, que si l'épaisseur des stériles,
au-dessus, est inférieure à 4 mètres. Le prix de revient est de
3 fr. 40 le gramme.
Les principaux placers de Bogoslovsk sont, d'après M. Weiss,
celui de Tchemoietchenski , sur la Tchernoié Rika, qui produit
109 kilogrammes d'or; celui de Petschernoï, qui en produit 14 728 ;
et celui de Meslovskoï, 4 kil. 800; soit 126 kilogrammes, aux-
quels il faut ajouter 332 kil. 560 produits par les ouvriers volon-
taires.
Dans le district de Nijni Taguil, on a lavé, du l*"" octobre 1887
au 1®'' janvier 1888, 165 000 tonnes de sable, tenant 1 gramme par
tonne et ayant produit, par suite, 160^,517 d'or, moyennant un prix
de revient de 1 fr. 91 le gramme.
« Voir page 996.
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980 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Altaï. — Dans Y Altaï \ les mines, autrefois très prospères, au-
jourd'hui, assez délaissées, se trouvent surtout dans les districts
de Barnaul et Bysk, en particulier à Sméinogorsk, au Sud de
Barnaul et au Nord de Kuznetsk. On y connaît des filons ren-
fermant, à la fois, argent, plomb, cuivre et or et des alluvions
aurifères. Des gisements de houille assez importants existent à
proximité.
Bassin dTenisseisk. — Dans la partie Nord du bassin dTenis-
seisk, le sol est formé de schistes métamorphiques, parfois mi-
cacés, avec des granités et des gneiss. L'or des alluvions parait
provenir, en général, de veines de quartz encaissées dans les
micaschistes; il est associé avec du bismuth, du fer magnétique
et du fer titane. Sur la Noiba, la couche aurifère a O^'ylS d'épais-
seur et de 30 à 100 mètres de large. Sur la Kalamy, le sous-sol'
est composé de schistes micacés très redressés ; la couche aurifère
a de O'^jGO à 2 mètres de large et est formée d'une argile sableuse
jaunâtre avec galets de quartz, parfois de granité et de gneiss;
le principal placer de la Kalamy est à Narkizofsky. A Gavrilof,
sur rOgne, affluent du Yenashimo, Tor est associé avec de la
magnétite et du zircon. De 1845 à 1864, 7 millions et demi de
tonnes lavées ont produit, là, 2 400 kilogrammes d*or, soit à peine
3 ou 4 grammes d'or à la tonne. Sur TÂktolik, affluent de la Yan-
gasha, Talluvion aurifère est également argiloschisteuse; i] existe,
au voisinage, des veines quartzeuses aurifères dans les schistes.
C'est dans toute cette région Nord du bassin d'Yenisseisk que
les opérations ont le caractère le plus méthodique. L'or y est de
qualité variable ; aux mines de la Kalami, il contient 87,3 p. 100
d'or pur; 8,3 d'argent et 0,4 d'autres corps ; sur l'Ogne, 92 à
92,60 d'or et 3 d'argent.
Dans la partie Sud du bassin d'Yenisseisk, on retrouve les mêmes
schistes micacés avec des granités et des intrusions de diorite et
de porphyre. La couche aurifère contient souvent de la pyrite de
fer et de cuivre et est fréquemment recouverte par un conglomé-
rat à ciment ferrugineux.
* Voir, plus haut, pa^e 562.
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ALLUVIONS AURIFÈRES DE L'iNDE 981
Sur la rivière Uderey , se trouvent les mines d'Uspensky et de Vos-
kresensky, autrefois fameuses, aujourd'hui presque épuisées. Sur la
Talaia, la couche aurifère, assez pauvre (35 à 50 grammes), avait
40 mètres d'épaisseur. Généralement, les bancs inférieurs sont for-
més de schistes à peine roulés provenant du sous-sol. On lave
également les sables du grand Pit et du grand Murojnaia.
A Minusinsk \ il existe des talschistes, des terrains paléozoïques,
dévoniens et carbonifères, des roches cristallines (granité, syé-
nite, diorite, etc.). Les placers de cette région ont donné, de 1845
à 1859, 12000 kilogrammes d or.
A Olekminsk, le lavage de Tor est fait sur une très grande échelle
et produit, paraît-il, près de 11 000 kilogrammes d'or par an pour
1 million de tonnes de sables lavés.
Dans le bassin du Haut-Amour^ les terrains aurifères s'étendent
sur laTransbaïkalie, TAmour, etc.; ils sont connus depuis assez
peu d'années, mais se sont assez vite développés. L'épaisseur
moyenne de la couche est de 6 mètres; àNetrschinsk, elle s'étend
sur une grande étendue, qui peut représenter, dans son ensemble,
450 000 kilogrammes d'or, mais est, en moyenne, 4ssez pauvre.
ALLUVIONS AURIFÈRES DE L'INDE
Les alluvions aurifères de l'Inde * ont été étudiées par M. Bail,
qui s'est attaché à en chercher la source dans les roches en place.
Il a montré que l'or provenait surtout de filons quartzeux traver-
sant les terrains métamorphiques, mais aussi de chloritoschisles,
(comparables à ceuxdeRandolff dans la Caroline duSud'), qui sem-
blent en contenir indépendamment de toute injection quartzeuse
postérieure. En outre, certains terrains sédimentaires anciens, en
particulier ceux du système de Gondwana, en renferment à Tétat
détritique, dans des conditions analogues à celles du Transvaal^.
* Lock, p. 378.
> Voir, dans Lock, une carte, p. 316. Les noms de Tor en sanscrit : suvoi'na ot
Jiemna se retrouvent dans un grand nombre de lieux (p. 313).
* Voir page 953.
* Voir, plus haut, page 955.
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982 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
C*est ainsi que, dans le Godavary et ses affluents, près de Godalore
ou Hungapet, For provient de roches de l'étage de Kamthi, et»
dans la rivière Ouli, à Talchir, de grès du même âge. La venue
aurifère serait donc là présilurienne.
Dans le Ladak, au contraire, Tor a pour origine des filons
quartzeux traversant le carbonifère ; dans le Kandahar, des filons
crétacés.
Au point de vue industriel, les exploitations aurifères de llnde
sont, aujourd'hui, surtout des laveries d'alluvions faites par les
indigènes. M. Bail en cite un assez grand nombre.
Un champ aurifère important parait s'être trouvé autrefois à
Mysore entre la Kistna, les Eastern ghauts et les Western ghauts.
Sur le territoire de Mysore, les mines de Ghamrajnuggar remon-
tent à une haute antiquité. G'est, du reste, cette province de
Mysore qui produit aujourd'hui la plus grande partie de Tor de
llnde (130 000 onces en 1891).
Dans la province de Madras, les champs aurifères, très ancien-
nement connus, de Wynaad ont appelé récemment l'attention des
capitalistes.
Il existe là de nombreux filons quartzeux traversant des gra-
nités, des gneiss et divers terrains métamorphiques ^ Ces filons
quartzeux contiennent de Tor associé avec de la pyrite, et parfois,
parai t-il, avec de la pyrolusite. D'après Brough Smyth, qui les a
étudiés en 1880, ils sont très nombreux et les alluvions, qui en
résultent, fournissent une certaine quantité d'or.
La province de Chutia-nagpur^ au Sud-Ouest du Bengale, ren-
ferme également des champs aurifères à Manbhum, Singhbhum,
Gangpur, Jashpur, etc.
A Manbhum, les alluvions semblent en rapport avec des schistes
magnésiens et des quartzites bleuâtres plutôt qu'avec des filons de
quartz; à Singhbhum, au contraire, l'or doit venir de quartz. Le
lavage est abandonné à une tribu spéciale de Gonds, nommés les
Jhoras, qui travaillent à la battée.
Les Indes anglaises ont produit : en 1889, plus de 2 500 kilo
grammes d'or; en 1891, 4.000.
« Voir Lock, p. 337; Brough Smith (1880), etc.
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ALLUVIONS AURIFÈRES DE SUMATRA ET BORNÉO 983
Bibliogi^aphie.
1879-80. Ball. — On the mode of occurrence and distribution of gold in
India. {Journal ofthe royal geol. Soc, of Ireland, new Séries, t. V, n® 3, p. 258.)
1881. W. KiNG. — Tlie gold-fields and the quartz-outcrops of Southern
India, {Report ofthe fifty-first meeting ofbritish association for the advancement
of Science, held at New-York in august and september 1881, p. 639. Londres,
1881. Ball. — Les diamants et Tor dans VInde (1 vol. in-8<»).
1881. Jennings. — Visite aux explor. d'or du Wynand (1 voL in-8<»).
1882. FooTB. — Gold fields of Mysore. {Geol. surv. of India, t. XV, n« 4.),
1882. Look, — Gold, p. 304 à 349.
1884. WiLL-KiNG. — Notes on auriferous sands of the Suhansin Hiver,
(Records ofthe geol. Survey of India, vol. XVII, p. 192. Calcutta, 1884.)
Attwood. — On some of the auriferous Tracts of Mysore province,
Southern India. {Quat. J. of the geol. Society, t. XLIV, p. 636. Londres.)
Ball. — On récent additions to our Knowledge of the gold-bearing
rocks of Southern India. {The geological Magazine, Décade 3, t. III, p. 201.)
1889. FooTE. — The Dharwar System, the chief auriferous rock séries
in South India. {Records of the geological Survey of India^ voL XXII. Calcutta,
1889.)
ALLUVIONS AURIFÈRES DE SUMATRA ET BORNÉO*
L'île de Sumatra parait avoir été connue, pour ses mines d'or,
dès l'antiquité. De 1833 à 1838, ces gisements furent explorés par
Muller et Borner; ils ont été décrits récemment par MM. Verbeek,
Munday et d'Esterey.
L'or se trouve, à Sumatra, sur la côte Ouest, particulièrement
dans une région de schistes métamorphiques, traversés par des
granités, qui forment la base des monts Barissan (aréle générale de
l'île). On connaît deux gisements principaux, l'un au Nord, entre
les volcans Loubon-Rajah et Ophir, à Mandehling; l'autre au Sud,
entre les volcans Singalang, Merapi, Sago et le pic d'Indrapoura^
à Soupayang. L'or en place existe dans des filons quartzeux avec
pyrites de fer et de cuivre; parfois ces filons sont associés à des
diorites.
Les exploitations, portant uniquement sur des alluvions, oui
été, jusqu*ici, peu importantes.
< Voir une carte de Boraéb, t. I, p« 32«
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984 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
On extrait également un peu d'or des alluvions du Nord de
Bornéo. En 1891, M. Ghaper a exploré, dans TOuest deTtle, des
alluvions, soi-disant aurifères, du Kapoeas et du Sebroeang et a
reconnu qu'elles étaient inexploitables.
Bibliographie,
iS79-80. VEaBBEE. ~ (Rapport résumé dans les Annales (2e rExtr^me-Of^ien^,
185-92.)
1880. John Mdndat. — Gold mines of the west coat of Sumatra. (Mining
journal, 1. 1, p. 732.)
1882. Loge, p. 459.
1883. Theodor Posbwitz. — Das Gold Vorkommen ia Bornéo, {Mittheilungen
ans dem Jahrbuche der K. 17. geologiseher Amlalt^ t. VI, n<> 6. Buda-Pest, 4883.)
• 1885. Whitpield. — Gold in Bornéo, {Science, voL VI, p. 116. Cambridge,
mars 1885.)
1887. d'Estbrey. — Mines d or de Sumatra. (B. Se, 2 avril 1887.)
1891. Ghaper. — Notes sur Bornéo. (B. S. G., 3% t. XIX, p. 877.)
ALLUVIONS AURIFÈRES D'AFRIQUE
L'Afrique, indépendamment de la région Sud-Est (Cap, Trans-
vaal et Zambëze) que nous avons décrite plus haut, ne renferme
que peu d'exploitations aurifères. Cependant, quelques champs
d'alluvions sont connus:
1*" Dans le haut Sénégal (Soujdan français) à Bambouk, Bam-
bara, Sangara, Manding; 2"" sur la Côte d'Or du golfe de Guinée
(Ashanti, Akum, Dinkisa, Wassaw, etc.); S*" sur le cours du
Lombigo, dans le royaume d'Angola, etc.
Dans le Soudan, province de Bambouk, on extrait de Tor à
Natakoo, Kenieba, etc., et dans l'espace compris entre le Sénégal
et le Niger. Quelques tentatives industrielles ont eu peu de suc-
cès.
Dans la Cffle dOr^ les Anglais ont montré, par des explorations
récentes, qu'il y avait des gisements sérieux, mais pour lesquels on
manque surtout de main-d'œuvre.
» 1856. Wilson. — Western Africa. Lonrion, p. 144.
1882. Lock, p.29.
1889. Reports on gold mines. — Rapports de Prandford, GrifÛtb, Eyre, etc.
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ALLUVIONS AURIFÈRES DU RIO LOMBIGO (aFRIQUB) 985
Quelques compagnies se sont cependant formées et ont exporté
une certaine quantité d'or depuis 1887 (4 000 kilogrammes en
1888); c'est ainsi que la Guinea Coast Gold Mining Company a
exploité des mines à ApoUonia et à Einkham Bambo, près Âxim ;
etc.
Généralement, les alluvions se composent de sables mêlés d'un
peu d'argile et renfermant des parties noirâtres avec d'autres blan-
ches, où tout l'or est concentré.
Dans le royaume de Wassaud (Côte d*Or), la chaîne des col-
lines de Farquah, qui comprend des bancs trachytiques, est bordée
par des alluvions aurifères reposant sur des terrains anciens
métamorphiques. L'or est compris là dans une couche de 1 mètre
de galets quartzeux agglomérés par des argiles et sables ferrugi-
neux; il s'est souvent concentré autour des galets, ou bien est
disséminé dans le sable. Cette couche est recouverte par du sable
blanc jaunâtre, avec quelques intercalations de sable ferrugineux,
où l'on retrouve de l'or. Le rendement est, le plus souvent, assez
faible : à peine 8 à 10 grammes à la tonne.
ALLUVIONS AURIFÈRES DU RIO LOMBIGO^
(cote ouest de l' AFRIQUE, PROVINCE PORTUGAISE DE ANGOLA)
Une compagnie s'est formée, en 1884, pour exploiter les allu-
vions aurifères du Rio Lombigo, dans l'Afrique occidentale, district
de Golungo Alto, province de Angola. La rivière actuelle coule
sur des schistes anciens, que recouvre une couche aurifère de 0"*,50,
surmontée de 5 mètres de terrain stérile. Sur les 0",50 de la couche
aurifère, les cinq centimètres de la base sont, de beaucoup, les
plus riches et contiendraient, dit-on, 50 francs d'or à la tonne.
Cet or parait provenir de veines pyriteuses intercalées dans les
schistes. Il est accompagné d'un peu d'argent et de platine. Dans
les dix premiers kilomètres de son parcours, la rivière Lombigo
traverse un marécage. C'est plus loin, vers Gongola, qu'ont été
trouvés les graviers aurifères.
< 1886. Rapporte de John Taylor et Sons, de Salles Ferreira, etc.
Description of the auriferous zone of Lombigo.
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986 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ALLUVIONS AURIFERES DE TUNISIE'
A Sidi'Boussaib, auprès de Garthage, on trouve, parait-il *, sur les
sables de la côte, un enduit noir de fer magnétique et titane con-
tenant un peu d*or. Il est facile de remonter à sa source. Depuis
longtemps, les habitants ont remarqué que ces parties noires
étaient plus abondantes le lendemain des grandes orages et se
retrouvaient dans les ravins aboutissant à la plage. Or la falaise
est formée de sables à peine agglutinés, sans doute pliocènes, au
milieu desquels apparaissent des conglomérats plus foncés, avec
grains noirs de fer magnétique. Ces conglomérats seraient donc
la source de Tor.
ALLUVIONS AURIFÈRES DE LA GUYANE FRANÇAISE
La Guyane est connue, depuis le xv!"" siècle, comme un pays
aurifère ; mais les premières tentatives d'exploitation sérieuses
furent faites, en 1856, par la compagnie de TApprouague. Leur
insuccès découragea pendant quelques années; puis, en 1868,
il y eut une reprise ; on explora, peu à peu, les diverses rivières :
le Maroni, la Mana, le Sinnamary, le Mahuri, TApprouague,
qui, toutes, se trouvèrent aurifères. En 1886, l'extraction d'or dans
la Guyane a dépassé 1 800 kilogrammes ; elle a été encore, en
1890, de 1 342 kilogrammes.
La Guyane est formée, sur la côte, par une zone d'alluvions
basses et plates, s'élargissant à Tembouchure des rivières ; puis
vient une ligne de collines, de 100 à 300 mètres de haut, coupée
par des ruisseaux, dans le lit desquels on trouve de Tor. Au
delà, s^étend un plateau marécageux et Ton arrive à une seconde
ligne de collines, presque inexplorée.
La constitution géologique du sol est difficile à reconnaître à
cause des forêts qui le recouvrent. On peut se rendre compte, ce-
< Une carte géologique de la Tunisie a été publiée récemment (1893) par M. Aubert,
ingénieur des mines. Voir, plus haut, une carte des gites miniers 4e ce pays, 1. 1, p. 402.
* Notes de M. Fuchs.
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ALLUVIONS AURIFÈRES DE LA GUYANE FRANÇAISE 987
pendant, que, sous la couche d*alluvions ou de décomposition sur
place, il existe des roches anciennes, gneiss et talcschistes, avec
amphibolites intercalées, granités, etc., dont Taltération, sous les
actions météoriques énergiques des régions tropicales, a produit une
terre rouge, argileuse à la surface, rocheuse dans le fond, nommée
« Cascajo ». D'après M. Babinskî, il existerait, dans le sous-sol, des
filons antérieurs à la formation du cascajo ayant souvent résisté au
milieu de la destruction de la roche encaissante et se présentant,
par suite, soit à l'état de dykes saillants, soit à Tétat d'éboule-
ments quartzeux : filons qui, lorsqu'ils n'apparaissent pas, se laissent
soupçonner par leurs débris épars, au-dessus, dans les alluvions.
En second lieu, des veines, postérieures au cascajo, s'y perdent
en veinules et sont parfois aurifères. On a rattaché aux diorites
les venues aurifères antérieures au cascajo. Celles postérieures
ne seraient qu'une sécrétion secondaire. Jusqu'ici, les travaux
ont surtout porté sur les alluvions anciennes ou récentes et l'on
ne s'est que rarement occupé de rechercher les filons en place.
Les alluvions modernes aurifères occupent une surface très
grande et dépassent les frontières de la Guyane française. Leur
épaisseur est de 0™,20 à 0™,50, rarement de l mètre. Des blocs
souvent très gros y existent, plus ou moins agrégés ensemble, et,
suivant M. de la Bouglise, témoigneraient d'un courant partant du
S.-O. des monts Tumuc-Humac. D'ailleurs, dans la plupart de ces
grandes nappes d'alluvions, on constate que la majeure partie des
éléments vient du sous-sol presque immédiat, des schistes à veines
de quartz pyriteuses. Les dépôts ont, comme en Californie, formé
des coudes, des criques, où l'on a quelque chance de trouver de
l'or et cet or s'y est concentré, comme d'habitude, dans la couche
inférieure, au contact du bedrock. Leur recherche, au milieu des
bois, dans un pays fiévreux \ sous un climat brûlant, est assez dif-
ficile. Leur éloignement habituel de la côte (200 à 300 kilomètres)
entraîne également de fortes dépenses.
La composition de l'or varie suivant les gisements : la rivière
de Mana fournit le plus haut titre : 978 p. 1 000, tandis que le plus
bas, 890 p. 1 000, provient de certaines criques de la Comté et du
' De décembre à août, la pluie tombe, à peu près sans inteniiption, et, même pen-
dant la saison dite sèche, Tair reste toujours humide.
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^88 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Sinnamary. Dans le déchet, l'argent entre pour la plus grande part.
En 1873, on estimait qu'un homme produisait, par jour, 2^,3
•d'or. Le travail commence par une prospection^ au moyen de
trous carrés de {""^SO de côté, d'où l'on extrait des battées de
10 kilogrammes. Le lavage a lieu au sluice.
Parmi les placers, on peut citer ceux de Dieu-Herci, Pas-Trop-
Tôt, Saint-Elie.
Le placer Pas-Trop-Tât^ mis en exploitation en 1877, produisit,
de 1878 à 1882.
1877 1878 i879 1880 1881 1882
2l>5^559 152»^ 904 288"*", 580 310^7,663 131^7,761 W*
A partir de 1880, la production a baissé rapidement entre les
mains d'une nouvelle société.
Ce placer est à 200 kilomètres de la mer, sur la rive gauche de
la Mana, entre laMana et le Maroni, au voisinage des placers Enfin
et Elysée ; on y trouve, au-dessous des alluvions modernes, des
sables stériles; puis 0"*,50 à 1 mètre de graviers aurifères reposant
sur une couche de glaise non fouillée.
On admet que la répartition des dépenses, aux placers Elysée et
Saint-Elie, est la suivante :
rtACB» BLTtéB. — rLACBl B*BLIB (fAl BO.B^OB)
Fraoet Francs
Fniildiven 2,53 6,13 »- 101
Main-d'œuvre et »olde des employé!. 35, 3i ^
Transport d'approvisionnement! en i
canot et à dos d* homme 27,55 \ 72,53 =x 1175
Transport par mer 3,03 V
Achat de vivres pour le personnel. 26,17 y
Redevance à l'Eut 2,78 16,03 mm 259 compris rederance du sol. droit
d'entrée de 5 fr . à Cayenne,droit
desortje 8p. 1 00 otf valorem.
Matériel 2,40 5,21 » 84
Totaux 100,00 1 610
Les frais d'une journée de travail sont, à Saint-Elysée comme
à Saint-Elie, de 10 fr. 62 ; la production de 5^,95, correspondant
à l'°,66 de couche aurifère, ou 16 fr. 674 ; mais il faut tenir
compte des journées perdues par la confection des barrages et le
déplacement des sluices. La teneur en or est très variable.
La perte au sluice, ou longlon, est de près de 50 p. 100 de Tor ;
6 à 8 p. 100 des quartz trouvés dans les alluvions sont aurifères
et donnent 36 à 40 grammes, soit 100 à 120 francs à la tonne.
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ALLUVIONS AURIFERES DE LA GUYANE FRANÇAISE 989
Le placer Saint-Elie, étudié par Babinski, est sur la rive gauche
du Sinnamary, à 40 kilomètres de la rivière, où circulent des cha-
loupes à vapeur et à 100 kilomètres de TOcéan.
Au début, on ne lavait que des sables à 100 francs la tonne; on
est descendu, peu à peu, à 20 francs, le prix de revient du kilo-
gramme d'or oscillant entre 1600 et 1800. La production a été:-
1879 1880 1881 1882 1883 1884 1885 1886 1887
359,60 519,90 453,90 503,00 498,00 594,00 361,00 465,40 518,30
Les recherches de filons ont donné, jusqu'ici, peu de résultats
en Guyane.
Cependant, aux environs de Saint-Elie^ on en a trouvé quelques-
uns, en particulier celui du Pottineur et celui d'Adieu Wat. Les
quartz aurifères sont saccharoïdes et cariés, blancs, violets ou
rouges ; en profondeur, ils se chargent bientôt de pyrite aurifère.
A 20 kilomètres de Saint-Elie, au bord du Sinnamary, le filon
d'Adieu Wat, de 1 mètre de puissance, a été reconnu, sur 20 mètres
de profondeur au-dessous du niveau des eaux. En profondeur, ses
épontes sont formées de diorites.
Aux environs de Cayenne, à la carrière de Montalbo^ on a
annoncé également, en 1881, la découverte d'un filon de quartz
aurifère qui, d'après les inventeurs, aurait contenu jusqu'à
55 grammes d'or par tonne.
Dans la Guyane hollandaise et la Guyane anglaise^ des forma-
tions aurifères semblables se retrouvent. La Guyane hollandaise à
produit, en 1890, 987 kilogrammes d'or (42 kilogrammes pour la
Dutch Guyana Expl. Synd.)
Bibliographie.
1867, JA.NNETTAZ. — Or dans la Guyane française, (JB. S. G., 2®, t. XXIV,
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990 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
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X Comme bibliographie générale, nous renvoyons surtout à Touvra^ de Lock(1882).
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t. XXXII, p. 132. New Haven (Gonn.), 1886.;
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Society ofNew South Wales, févr. 1887, p. 125. Sidney, 1887.)
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1889. RoswAY. — Les métaux précieux. (1 vol., chez Dunod.)
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992 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
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clopédie chimique.
Voir, à la collection de TÉcole des Mines, outre les gîtes décrits: ceuxdeCaô
Tach (Asie Mineure), n? 1736 ; du Colorado (pyrites aurifères), n® 2007 ; de la Vir-
ginie (Etats-Unis), n^ 1430; de Yavapoy Gounty (Arizona), n^ 1772 ; de Gmnaqvito
(Ghili), n* 2006 ; de la rfouvelle-Écosse, n<> 1544; de Satsuna (Japon), n^ 1694.
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PLATINE
ET MÉTAUX ASSOCIÉS
Platine Pt : Eq = 99,50. — P. At = 197,40
Palladium Pd ; Eq = 53,25. — P. At = 105,4
Iridium Ir : Eq = 98,50. — P. Al = 197
Rhodium Rh : Eq = 52,16. — P. At = 104
Ruthénium Ru : Eq = 52 — P. At = 104
Osmium Os : Eq = 99,5. — P. At = 197
PLATINE
Le platine a été découvert en 1735, par les Espagnols, au mi-
lieu des sables aurifères de quelques rivières de Colombie, dans
les provinces de Choco et de Barbacoas. On lui donna son nom
de platina (petit argent) à cause de sa blancheur.
Usages. — C'est seulement à la fin du siècle dernier que Ton
commença à travailler le platine. C'est un métal très tenace, sur-
tout quand on Tallie avec une proportion notable d'iridium, et
qui peut être étiré en fils très fins. Ses principaux emplois sont
fondés sur son infusibilité dans tous les fourneaux ordinaires et
sur son inattaquabilité aux acides.
On Tutilise en creusets dans les laboratoires, en fils, en cap-
sules, en pinces pour analyser au chalumeau. De grands alambics
de platine, pesant quelquefois jusqu'à 50 et 60 kilogrammes, ont
été employés pour la concentration industrielle de Tacide sulfu-
rique, depuis le moment où WoUaston, en 1812, découvrit un pre-
mier procédé de travail du métal. Ils sont souvent dorés à Tinté-
GÉOLOGIE. — T. II. 63
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994 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
rieur parce que, sans cela, le platine peut de\renir assez poreux
pour permettre la transsudation de Tacide.
Le platine sert également pour la chirurgie, pour quelques ins-
truments de précision, notamment pour certaines pièces d'horlo-
gerie et pour les pendules compensateurs.
A l'état de mousse de platine et de noir de platine y il possède
des propriétés spéciales, qui le font adopter dans diverses expé-
riences de physique et de chimie, en particulier pour produire la
combinaison de Thydrogène et de Toxygène. En Russie, on a fait
un essai pour le monnayer et on n'y a renoncé que pour ne pas
introduire un nouveau métal précieux dans la circulatioi^ moné-
taire. En Amérique, M. Robinson a imaginé de remplacer la scie
pour débiter lo bois par un ûl de platine chauffé au blanc au
moyen d'un courant électrique. On en construit souvent les
lumières des fusils de chasse ; on l'utilise pour Tafflnage de Tor
et de Taisent, etc.
Allié avec du cuivre (85 de platine pour 5 de cuivre), il cons-
titue le platine dur du commerce, employé par les bijoutiers et par
les dentistes.
Allié avec de l'argent (et un peu de cuivre), il forme un métal
très blanc et susceptible d'un beau poli, qu'on a essayé de substi-
tuer aux rubis en horlogerie, mais qui a l'inconvénient d*étre difQ-
cile à fondre, à cause de la facilité avec laquelle ces métaux se
liquatent.
Allié à l'iridium (ce qui est généralement le cas du platine du
commerce), il acquiert plus de dureté et plus de ténacité. C'est
en platine et iridium que l'on a fait, en 1873, les premiers mètres
internationaux. Un peu de rhodium lui permet de résister, sans
être fondu, à une plus haute température et d*étre moins atta-
quable aux agents chimiques.
Enfin une consommation importante se fait pour le platinage et
les plaques inoxydables. Au début, on a procédé par immersion,
c'est-à-dire au trempé ; mais, depuis longtemps, on se sert, de
préférence, du procédé galvanique. Le platinage ne se fait bien
que sur des objets en cuivre ou en laiton ; il permet d'obtenir, à
meilleur marché, des creusets à acide sulfurique.
Ses sels ont peu d'applications ; cependant le chlorure de pla-
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USAGES ET STATISTIQUE DU PLATINE 995
tinc est employé, en photographie, pour tirer des épreuves inalté-
rables.
Le premier mode de travail du platine, imaginé par Woilaston,
consistait dans une compression. Une première usine fut fondée
à Paris, en 1812, par MM. Bréant et Couturier, pour appliquer
ce système. Aujourd'hui, on fond le platine, par la méthode
Sainte-Glaire Deville, au chalumeau oxhydrique et on le coule
dans des moules en fer forgé, garnis intérieurement d'une feuille
de platine de un millimètre d'épaisseur.
Le platine coûte fort cher. En 1874, un kilogramme de
vieux platine ouvré, ayant servi à la concentration de Tacide
sulfurique par exemple, revenait de 600 à 700 francs. En lingots,
il valait 900 francs le kilogramme ; enfin, ouvré, 1 000 francs. Ces
prix constituaient un progrès sur le passé, car, trente ans aupa-
ravant, le platine se vendait au poids de Tor. Depuis lors, les
prix ont commencé par s'abaisser assez fortement, mais pour se
relever, depuis 1888, de 1 210 francs en 1889, à 3218 en 1891 ;
cette augmentation, qui a été suivie d'une réaction contraire en
1892, résultait, en partie, de l'épuisement de certaines mines de
rOural, Nijni Taguil, Goroblagodatsk , etc., où l'on exploitait
jadis, à la fois, l'or et le platine; l'or ayant fait défaut, tous les
frais d'extraction étaient retombés là seulement sur le platine '.
U est probable que les efforts de la spéculation y étaient aussi
pour quelque chose. Quoi qu'il en soit, en février 1893, le pla-
tine vaut : métal, 1 300 francs le kilogramme; objets travaillés,
1 800 francs.
Statistique. — On estimait, en 1874, que le platine, livré par
an au commerce dans le monde entier, pouvait varier de 3 à
4 tonnes, sur lesquelles la purification donnait 20 à 25 p. 100 de
déchet. De 1880 à 1891, la production de la Russie (Oural), qui a
une sorte de monopole pour le platine, a été la suivante en kilo-
grammes :
1880 1881 1882 1883 1884 1885 1886 1887 1888 188» 1891
2 947 2 9S6 4 081 3 597 2 237 2 591 4 317 4 242 2 635 2 703 2 800
« Voir Nature du 24 janvier 1891.
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996 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les autres pays fournissent environ 1 000 kilogrammes, dont
une partie venant de Bornéo, de Colombie, etc. En outre, on a
découvert récemment des gisements au Canada, en Californie et
au Mexique. En 1890, le Canada a fourni 31 kilogrammes; les
États-Unis, 18 kilogrammes.
Le minerai Américain est livré sous forme de limaille ; celui
de Russie ressemble à de Témeri concassé en gros grains.
Gisements. — Tous les gisements de platine exploités sont des
alluvions, renfermant du platine natif, associé avec d'autres mé-
taux de la même famille chimique : palladium, iridium, etc...;
lorsqu'on remonte à la roche primitive, qui a fourni le métal, on
trouve généralement des roches à péridot ; cependant, il y a des
cas, où le platine, associé avec Tor, peut provenir de filons de
quartz aurifères.
Platine de rOnral. — On ne connaît pas encore, d'une façon
certaine, dans l'Oural, les gisements primitifs du platine; mais
presque tous les sables aurifères, et notamment les dépôts gla-
ciaires, en contiennent une certaine quantité, ordinairement très
faible. Rarement, le platine prédomine sur l'or, ou se trouve seul ;
des gisements de platine seul sont pourtant connus dans les dis-
tricts de Nijni Taguil, de Goroblagodatsk et de Bicer*.
Industriellement, les deux centres principaux, tous deux sur le
versant asiatique de l'Oural, sont Nijni Taguil (district DemidoiT*)
et Goroblagsdatsk ou Isa.
Tous ces giles de platine se ressemblent par leur structure. La
péridotite et la serpentine, résultant de son altération, forment le
lit et les bords de la couche platinifère. Ces mêmes roches consti-
tuent une grande partie des blocs contenus dans le sable lui-
1 Ou écrit é^^alement, Bissersk, mais à tort, d'après M. Chaper : Note tur le Nord
de l'Oural. (B. 8. G., 3% t. VllI, p. liO, !•' déc. 1879.) M. Chaper cite, comme point
où le platine est plus abondant que Tor, Borovskol, au pied Ouest du Katchkanar,
sur les bords de la Jeliéska.
■ Voir plus haut, p. 247 et 978. Tout le minerai de platine est envoyé à Saint-Pé-
tersbourg^ dans deux laboratoires, celui de MM. Colbeit et Lindrors et le laboratoire
cliimique. Les gîtes du gouvernement de Perm sont situés dans les propriétés du
comte Scbouvalof, dans celles de M"« Polovtsof et dans des domaines appartenant à
l'État.
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PLATINE DE L OURAL 997
même ; on y trouve, en outre, des cailloux de schistes chloriteux et
talqueux, du fer chromé et un certain conglomérat de péridotite,
serpentine et fer chromé avec ciment calcaire. Le platine est en
grains ou en pépites plus ou moins grosses ; la plus grosse connue
pesait 10 kilogrammes.
A NijniTaguil, par exemple, toutes les rivières platinifëres
descendent nettement du massif serpentineux de Solovsaïa.
Le platine natif est très rarement pur; FI est associé avec di-
verses substances isomorphes et forme plusieurs variétés dont les
principales sont :
1° Le platine ferrifère(eisenplatin de Berzelius),dont la densité
est 17 et qui contient 12 à 13 p. 100 de fer. Ce platine est forte-
ment magnétique ; il a été spécialement étudié par M. Daubrée ^ qui
a montré comment Tétat magnétipolaire de cet alliage avait dû se
produire, au moment de sa cristallisation, sous Tinfluence magné-
tique du globe ;
2^ Le platine polyxène, véritable alliage contenant du palladium,
de riridium, du rhodium, du ruthénium et même de Fosmium
avec du fer et du cuivre.
C'est de ce minerai, également retrouvé en Colombie, qu'on a
extrait successivement tous ces métaux. D'après Deville et Debray,
sa composition, dans l'Oural, serait la suivante :
Platine 76,04
Palladium 1,4
Rhodium 0,3
Iridium 4,4
Osmiure d'iridium 0,9
Fer 11,7
Cuivre 0,4
Les minerais de platine contiennent, en outre, diverses quan-
tités d'osmiure d'iridium en petites tables hexagonales ou en
grains arrondis d'une grande dureté.
En même temps que le platine, on trouve généralement de l'or,
du fer chromé et du fer titane.
La teneur moyenne en métal des couches platinifères est de 6
* Géol. expérim., p. il9.
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9W GÉOLOGIE APPLIQUÉB
à 8 grammes; elle atteint quelquefois le chiffre de 40 grammes,
et est descendoe à 2^,6. Depuis la découverte des sables piati-
nifères dans le district de Nijni TaçvU, c'est-à^lire depuis i825,
jusqu'en 1877» on y a exploité 67 500 kilogrammes de platine. Le
platine est aujourd'hui recherché, dans ce district, sur la ririère
Martiane, où la couche exploitable, de 4 i 5 mètres de puissance,
est recouverte par 23 à 24 mètres de stérile.
Les gisements du district de Garoblagodatsk sont, en même
temps, aurifères et platinifères. Ils reposent sur du calcaire, dont
les couches sont accompagnées par des affleurements de grunsteins
porphyroîdeset de serpentines. Ces gisements, situés sur les bords
des rivières Toura, Barantcha, etc., ne sont plus exploités.
En moyenne, toute la quantité de platine qu'on extrait de TOural
pouvait s'évaluer, vers 1878, à 1 650 kilogrammes par an. En 1887,
elle est montée à plus de 4 tonnes.
Relativement aux gisements primitifs de platine j on peut remar-
quer que le platine a été trouvé, quelquefois, en forme de grains
intercalés dans des morceaux de péridotite, de serpentine et de
fer chromé' et qu'il est constamment associé, dans les sables, avec
des fragments de ces roches. Gomme autres roches, on trouve des
fragments verts composés de pyroxène, de sahlite, avec grains de
péridot, à veines serpentineuses. Les roches à péridot semblent
donc, selon toute vraisemblance, les roches mères du platine. Cette
hypothèse est justifiée par d'autres observations.
C'est ainsi que, dans le district de Miask^ où le platine se trouve
dans des sables aurifères, les parties les plus riches en platine
reposent sur la serpentine. De même, aux sources de la rivière
Miass, près des Monts Narali qui sont formés de roches serpen-
tineuses, les sables aurifères contiennent une quantité assez
considérable de platine : en aval de cette rivière, à mesure que
les roches serpentineuses disparaissent, la proportion de platine
diminue, peu à peu, jusqu'à zéro.
Il y a cependant, dans FOural, des sables aurifères intimement
liés avec des roches serpentineuses et ne contenant presque pas
I Daubrée. Géol, expei*tm,y p. 547. Dans une communication à l*Inslitut du 23 jan-
vier 1893, on a signalé, comme un Tait nouveau, la découverte d'un fragment de roche
renfermant un grain de platine.
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PLATINE DE L OURAL
999
de platine : ce qui tient, sans doute, à ce que les serpentines ne
sont pas toujours platinifères.
Enfin, il faut constater qu'une certaine proportion du platine (il
est vrai, assez minime), ne provient certainement pas de roches à
serpentine, mais des mêmes gisements que Tor. C'est ainsi qu'on
en a trouvé des parcelles dans le quartz des mines d'or de Béré-
sowsk, dans les produits du broyage et du lavage de la bérézite.
C'est une origine que nous rencontrerons également en Colombie.
Fig. 390. — Carie de la région platinifère d'Avrorinski (district de Nijni Taguil)
(diaprés M. Laurent).
Enfin, M. Engelhardt en a trouvé dans une porphyrite.
Au point de vue industriel, nous citerons, d'après M. Laurent,
les laveries d'Avrorinski, sur la Martiane (Nijni Taguil).
A Avrorinski, la couche platinifère, de 4 à 5 mètres de puissance,
repose sur un conglomérat serpentineux et est recouverte par
23 mètres de stérile. La teneur moyenne en platine est de S^%834
à la tonne et atteint localement jusqu'à 260 grammes.
L'exploitation est conduite sur 2 kilomètres de long et 20 à
60 mètres de large; elle occupe jusqu'à 400 ouvriers. Les tra-
vaux sont souterrains et faits au moyen de puits d'une vingtaine
de mètres de profondeur, distants les uns des autres de 24 mètres.
Le lavage s'exécute à l'auge sibérienne. En 1887, on a obtenu
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iOOO GÉOLOGIE APPLIQUÉE
près de 1 000 kilogrammes de platine ; le prix de revient a été de
285 francs, le prix de vente de 646 francs.
Bibliographie,
1828. Bbrzélius. — Poggendorf Aanalen, t. XIII, p. 564.
1829. Engelhardt. — Journ. d. mioes, t. II, p. 3i2, t. III, p. 61.
1832. SoKOLOw. — Traité de minéralogie, t. U, p. 617.
1836. SiwKROw. — Journ. de mines, t. III, p. 225.
1840. Karpinsky. — Journ. d. mines, p. 223.
1841. Chtchouhowski. — L'Oural, p. 315.
1846. Lb Play. — (C. R., t. XIX, p. 853.)
1845. MuRCHisoN. — Geology of the Ural Monntains, London.
HeLM. — Trav. de la Soc. minéralog. de Saint-Pétersbourg, t. Il,
p. 78, t. II, p. 101.
MoocHiN. — Reise nach Ural, t. II, p. 386.
KoKscHAROw. — Materialen sur Minéralogie Russiands, t. V, p. 379.
MuacHisoN, DE Vkrnbuil and Keyserling. — Geology of Russia, t. I,
p. 483.)
1860. Antipow. — Journ. d. mines, t. I, p. 497.
Daubrée. — (C. R., t. LXXX, p. 526, 707.)
1875. Descloise-vux. — Sur une roche associée au platine. (C. R., t. LXXX,
p. 795.)
1875. DAUBRée. — Assoc, dans TOural, du platine natif à des roches à base
de péridot.(B. S. G., 3% t. III, p. 311.)
* 1878. Richesses minérales de la Russie d'Europe, p. 82.
1879. Groddeck, p. 372.
* 1882. Daubrée. — Géol. expér., p. 119, 128 et 547.
* 1890. Laurent. — Sur l'Industrie de For et du platine dans TOural. [Ann.
d. M., nov. 1890.)
Colombie *. — C'est en Colombie, nofas Tavons dit, dans les
provinces de Choco et de Barbacoas, que Ton a d'abord trouvé le
platine. D'après Boussingault, il proviendrait là de filons de quartz
aurifère traversant des syénites. On le rencontre, dans un sable
brun, avec de Ter natif du fer chromé, du fer titane et de la
magnétite.
Certains minerais de Colombie contiennent plus de 3 p. 100 de
rhodium, qui reste dans Teau mère du minerai de platine, après
la précipitation de ce métal, par le sel ammoniac, avec le palla-
dium.
< Boussingault. Ann, de chimie, XXXII, p. 209.
1827. Neues Jahrb. f. Minerai, 1827, p. 177 et 1828, p. 56L
1879. Groddeck, p. 372.
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PLATINE DE BORNÉO, NOUVELLE-ZÉLANDE, ETC. 1001
D'après Deville et Debray, le minerai de Barbacoas con-
tient :
Platine 89,02
Fer 5,00
Rhodium 3,46
Palladium 1,06
Iridium 1,46
Cuivre traces
Bornéo, etc. — Le platine a été trouvé, également associé à
Tor, dans un grand nombre de pays, en particulier à Bornéo^
d'où il en vient aujourd'hui environ 250 kilogrammes par an ;
dans la Caroline du Nord, à San Domingo, au Brésil, dans lltalie,
aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande, etc.
On en a signalé des grains dans les grès du keuper de Hormer
Hill, en Shropshire, où Ton suppose qu'il provient des roches cris-
tallines anciennes du North Wales.
A Boiméo\ le platine a été découvert, en 1831, avec de l'osmiure
d'iridium et de l'or, dans des alluvions. Il est accompagné de frag-
ments de serpentine, de gabbro et de diorite.
Il résulte des études de M. l'ingénieur des mines Verbeek sur
le district de Riam Kivu et de Riam Kanan que, dans cette région,
des roches schisteuses cristallines, entre autres Titacolumite, sont
traversées par des roches éruptives, gabbro et serpentine, qui cou-
pent aussi le terrain éocène. Outre des cristaux de diallage et du
fer chromé qui y abondent, la serpentine renferme très fréquem-
ment du péridot.
Nouvelle-Zélande'. — Les conditions du gisement de la Nouvelle-
Zélande sont très analogues à celles de l'Oural. Le platine, ainsi
que l'osmiure d'iridium, a été rencontré dans la rivière Tayaka, à
proxiniité des massifs d'une roche très remarquable formée, en
* 1858. Leonhards, Jahrbuch, p. 449.
1875, Jaarbok Van et Nijnwezen, im Ost Indie, 1" partie, p. 1.
Poggendorfs Ânnalen, t. GUI, p. 656.
Daubrée, Géol. expér., p. 552.
■ Von Hochstetter, New Zealand, p. 107.
Daubrée, Géol. expérim., p. 551.
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1002 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
grande partie, de péridot, que M. de Hochstetter a découverte dans
la chaîne de Dun et qu'il a appelée dunite.
En même temps que le platine, on trouve du fer chromé
massif, associé avec un diallage généralement vert, qui peut
passer à la serpentine. Ce gisement n'a pas, jusqu'ici, dlmpor-
tance industrielle.
M. Daubrée a appelé Tattention sur l'analogie entre les roches
à platine et les roches météoriques j à base de péridot, qui contien-
nent également du fer chromé, par exemple la météorite de Chas-
signy (Haute-Marne), tout à fait analogue i la gangue du platine de
Nijni Taguil. Cette ressemblance est conQrmée par la présence,
dans le platine mapétipolaire de TOural, d*un peu de nickel. Selon
M. Daubrée, la roche mère du 'platine représenterait une scoriCca-
tion des masses profondes du globe.
A cette description des gîtes du platine, nous ajouterons seule-
ment quelques mots sur les usages restreints des métaux de la
même famille extraits des mêmes gisements : palladium, iridium,
rhodium, ruthénium, osmium.
PALLADIUM
Le palladium a été découvert par Wollaston, en 1803, et étudié
par Berzélius ; c'est un métal blanc, intermédiaire, par sa couleur
et son éclat, entre Targent et le platine, le plus fusible de tous
les métaux de la famille du platine.
On Tu li lise, soit pur, soit allié à un peu d*or, pour faire des
cercles divisés d'instruments d'astronomie. L'argent, en raison de
sa blancheur, est plus propre que tout autre métal à cet emploi ;
mais il jaunit et noircit rapidement à l'air, tandis que le palladium
ne s'altère pas.
Le cercle mural de l'Observatoire de Grenwich est en palla*
dium pur ; celui de Paris contient un peu d'or.
Les dentistes font usage d'un alliage contenant 9 parties de
palladium pour 1 partie d'argent. Ils emploient également un
amalgame de palladium.
Le palladium a été, d'abord, retiré du platine de Ghoco (Co-
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IRIDIUM, RHODIUM, ETC.. 1003
lombie), qui en contient 1/2 p. 100 environ. Il existe dans tous
les autres minerais du platine ; on le trouve aussi, à Tétat natif
et combiné avec For, dans les sables aurifères du Brésil. Un
alliage naturel d*or et palladium contient jusqu'à 2S p. 100 de
palladium. Un autre minerai, connu sous le nom d'oro pudre,
renferme 10 p. 100 de palladium avec 86 d'or et 4 d'argent.
IRIDIUM
Ce métal a été découvert, dans la mine de platine, par Tennant,
en 1803, en même temps que Tosmium, avec lequel il est combiné
à Fétat d'osmiure d'iridium.
C'est un métal d'un blanc d'étain très dur et très lourd. On Ta
employé longtemps, en raison de sa dureté, pour garnir le bout
des plumes d'or.
Dernièrement, on a essayé de s'en servir pour appointer les
burins employés dans les machines à percer les roches.
L'iridium entre dans la composition des mètres internationaux.
Les alliages de platine et d'iridium, contenant de 10 à 15 p. 100
d'iridium, sont beaucoup plus durs que le platine pur, mais se tra-
vaillent à la forge et à la filière, comme l'acier de meilleure qualité,
dont ils ont toute l'élasticité. On peut en façonner des vases, qui
résistent, bien mieux que le platine pur, à l'action de l'eau régale
ou de l'acide sulfurique concentré.
RHODIUM
Le rhodium a été découvert par WoUaston, en 1803, en même
temps que le palladium.
On l'obtient en précipitant, par le fer, les eaux mères du platine,
d'où on a extrait, ou non, le palladium.
Le rhodium, comme l'iridium, donne au platine de la dureté, de
l'élasticité et peut être employé à la confection d'alliages plus
précieux que le platine pur.
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1004 GÉOLOGIE APPLIQUÉB
RUTHENIUM
Le ruthénium a été découvert dans la mine de platiae par Glaus
en 1846. Tout récemment (mars 1893), M. Joly est arrivé à en
produire 3 kilogrammes au moyen du four électrique. Nous ne lui
connaissons pas d'application.
OSMIUM
L'osmium a été découvert, en 1803, par Tennant.
Les naturalistes emploient la solution d'acide osmique au cen-
tième pour étudier le système nerveux des animaux inférieurs. La
substance des nerfs noircit en réduisant Facide étendu que les
autres tissus altèrent peu.
Bibliographie du platine.
1855. GuBTMARD. — Sur le platine des Alpes. [B. S. G., 2«, t. XII, p. 429.)
1875. Daubrée. — Association du platine natif à des roches à base de
péridot. (B. S. G., 3«, t. III, p. 311, et GéoL expér,, p. 19, 128, 547.)
KuNz. — Report of the Eleventh Census. (Minerai Industries in the
United States.)
1881. Chapkr. — Nord de rOural. (B. S. G., 3% t. VIII, p. 130.)
FIN
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CARTE GÉJ
1^^^^ d« L*unAy. Géologie appliquée
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PLANCHE II
CARTE GÉOLOGIQUE ET MINIÈRE DE L'ALLEMAGNE CENTRALE
INDEX ALPHABÉTIQUE DES PRINCIPAUX NOMS MENTIONNÉS SUR LA CARTE
(Lcft chiffres renvoient aux dej^rés de longitude et de latitude 6guré8 sur la carte.)
LONGITUDE LATITUDE
Âllenau
Allenberjj {ètain). .
Anhalt
Andreasberg (t>2om6)
Annaberg {cooaU). .
Artern
Aussig
Bamberg
Beraun
Berlin
Bôhmerwald ....
Braunschweig . . .
Brocken
Buchholz (étain) . .
Chemnilz
Coburg
Dessau
Dresden
Egeln .
Ehrenfriedersdorf
lélain)
Eibenstock (étain)
Kisenach
Kisleben
Elbingerode (/er). .
Ërfurt
Erzgebirge {plomb).
Falterlebon
Fichlelgebirge . . .
Flôhe
Frankenwald. . . .
Frankfurt
Freiberg {plomb), .
Fulda
Furstenwalde . .
Geyer {étain). . . .
Gotha
Gottingen
Gorlitz
Goslar
Graupen {étain) . .
Halberstadt . . . .
Halle
Hannover
Helmstadt
Hildesheim
Hof
ïlfeld (manganèse) .
Hier.
Ilmenau
Joacbimsthal {plomb)
Johann Georgens-
tadt {étain). . .
Karisbad {eau ther-
male)
Kladno
Klausthai {plomb)
Kohifurt
Komorau {fer) . .
KOnigswart. . . .
Lambert. . . .
Lana
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LONIÎITUDE LATITUDE
Lausitzergebirge .
Lan ten thaï ....
Lehrte
Leipzig
Leumeritz ....
Littau
Lobau
Lûbben
Magdeburg ....
Mansfeld {cuivre) .
Marienbad {eau
thermale). . . .
Marienberg {étain,
cobalt)
.Meiningen ....
Meissen
Mies {plomb) . .
Mulhausen ....
Muskau
Nesse. ......
Neustadt
Nordhausen. . . .
Oberharz ....
Pilsen
Pirna
Platten (^f^m). . .
Plauen
Potsdam
Prag ....*...
Przibram {plomb) .
Rammelsberg {cui-
vre)
Riesa
Riesengebirge. . .
Kichelsdorf. . . .
Rochtitz
Rothen
Ruderdof
Saalfeld
Saatz
Schauebeck. . . .
Schmalkalden. . .
Schnee.berg (co6a/(,
argent). . . .
Schoppenstadt .
Seifen [étain). .
Sperenberg {son
dage)
Staasfurt {sel). .
Teplitz {eau ther-
male)
Thiiringerwald .
Torgau
Unterharz. . . .
Weimar
Weissenfels.
Weisseritz . . .
Weld
Witlenberg . . .
^Vû^zbu^g . . .
Zinnwald {étain).
Zwickau ....
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Géologie, t. II.
Page 1004.
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Lory, Michel Lévy, Potier et Vélain, sous la direction de MM. Jacquot, ins-
pecteur général des mines, et Michel Lévy, ingénieur en chef des mines,
4 feuilles de 6o centimètres sur 60 centimètres, imprimées, en 44 couleurs.
Prix : Collée sur toile et pliée 45 fr. »
Collée sur toile, montée sur rouleaux et vernie 20 fr. »
En feuilles 9 fr. 50
L'Ardenne.
L*Ardenne, par J. Gosselet, professeur de géologie à la Faculté des
sciences de Lille. 4 volume in-4* contenant 26 planches en héliogravure tirées
en taille-douce, 243 figures intercalées dans le texte et 44 planches de
cartes et de coupes géologiques • 50 fr. >
LiC pays de Bray.
Le pays de Bray, par A. de Lapparbnt, ingénieur au corps des mines.
4 volume in-4<», avec 20 flgures intercalées dans le texte et 4 planches de
cartes 7 fr. 25
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1008 BAUDRY ET C^®, ÉDITEURS, 1§, RUE DBS SAINTS-PÈRES, PARIS
Carte géologique des environs de Paris.
Carie géologique des environs de Paris à Féchelle du 40 millième, pu-
bliée par le ministère des Travaux publics, comprenant 4 feuilles de 84 cen
tlmètres sur 64 centimètres chacune.
Prix : En feuilles 15 fr. »
Collée sur toile en 4 feuilles et pliée 25 fr. »
Collée sur toile, montée sur rouleaux et vernie. ... 30 fr. >
Notice sur la carte géologique des environs de Paris.
Notice sur une nouvelle, carte géologique des environs de Paris, par
Gustave Dollfus. 1 volume grand in*8<*, avec 2 planches ... 7 fr. 50
Carte géologique de l'Algérie.
Carte géologique de TAlgérie à Téchelle du 800 millième, publiée par le
minsitère des Travaux publics, sous la direction de MM. Pomel, directeur
de TEcole supérieure des sciences d* Alger et Pouyannb, ingénieur en chef
des mines, 4 feuilles de 78 centimètres sur 58 centimètres, accompagnées
d'un volume in-i®.
Prix : Collée sur toile et pliéc 21 fr. »
Collée sur toile, montée sur rouleaux et vernie. ... 26 fr. >
En feuilles 15 fr. »
Bulletin de la carte géologique de la France.
Bulletin des services de la carte géologique de la France et des Topo-
graphies souterraines (ministère des Travaux publics), publié sous la direc-
tion de MicHBL Lévy, ingénieur en chef des mines, avec le concours des
professeurs, des géologues et des ingénieurs qui collaborent à la Carte
géologique détaillée de la France et aux topographies souterraines publiées
par le ministère des Travaux publics.
Ce Bulletin parait depuis le mois d'août 1889 par fascicules contenant
chacun un mémoire complet, dont la réunion forme chaque année un
beau volume grand in-8<>, accompagné d*un grand nombre de planches et
avec de nombreuses figures intercalées dans le texte.
Prix de Tabonnement 20 fr. »
Prix de Tannée parue 20 fr. »
Nous avons fait tirer à part un certain nombre d'exemplaires de chacan
des bulletins destinés à être vendus séparément, aux prix suivants :
LISTE DES BULLETINS PARUS .*
Le Mont PUat et le Plateau central.
N<» 1. Étude sur le massif cristallin du Mont Pilât, sur la bordure orien-
tale du Plateau central, entre Vienne et Saint- Vaille r, et sur la prolongation
des plis synclinaux houillers de Saint-Etienne et Vienne, par Teriuer,
ingénieur des mines, professeur à TEcole de Saint-Etienne. 4 brochure
grand in-8'' av€c 28 figures dans le texte et 2 planches .... 3 fr. 75
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BAUDRT ET G^, ÉDITEURS, 15, ROfi^ DES SAINTS-PÈRES, PARIS 1009
Les EnTironi de Lyon.
N* 2. Note sur les terrains d*alluvioDS des environs de Lyon, par
DiLAFONDy ingénieur en chef des mines, i brochure grand in-8®, avec
4 planche 4 fr. 25
Les Pyrénées de F Aude.
N<» 3. Note sur l'existence des phénomènes de recouvrement dans les
Pyrénées de TAude, par L. Garez, docteur es sciences naturelles. 4 bro-
chure grand in-8% avec 4 planche 4 fr. 25
Les roches primitives de la feuille de Brive.
No 4. Note sur les roches primitives de la feuille de Brive , par
L. DE Launay, ingénieur des mines. 4 brochure grand in-S^, avec 6 figures
dans le texte 0 fr. 75
Bassin tertiaire de Marseille.
N® 5. Notes stratigraphiques sur le bassin tertiaire de Marseille, par
Gh. Dbpérbt, professeur à la Faculté des sciences de Lyon. 4 brochure
grand in-S^, avec 6 figures dans le texte 4 fï*. 50
Les environs d'Annecy, la Roche, Bonneville, etc.
N« 6. Note sur la géologie des environs d'Annecy, la Roche, Bonneville,
et de la région comprise entre le Buet et Salianches (Haute-Savoie), par
G. Maillard, conservateur du musée d'Annecy. 4 volume grand in- 8^, avec
9 planches 5 fr. 25
Les éruptions du Menes-Hom (Finistère).
N^ 7. Mémoire sur les éruptions diabasiques siluriennes du Menez-
Hom (Finistère), par Gh. Barrois, professeur adjoint à la Faculté des
sciences de Lille. 4 volume grand in-8<>, avec 23 figures dans le texte et
4 planche 4 fr. »
Le nord de la France et le bassin de Paris.
N^ 8. Relations entre les sables de Téocène inférieur dans le nord de la
France et dans le bassin de Paris, par J. Gosselet, professeur à la Faculté
des sciences de Lille, membre correspondant de l'Institut. 4 volume grand
in-80, avec 7 figures dans le texte 0 fr. 75
Les roches des environs du Mont-Blanc.
N^ 9. Etude sur les roches cristallines et éruptives des environs du
Mont-Blanc, par Michel Lévy, ingénieur en chef des mines, directeur du
service de la carte géologique de la Frauce. 4 brochure grand in-S®, avec
4 planches en photogravure, une planche de coupes et des figures dans le
texte 2 fr. 50
Le Plateau central entre Tulle et Saint-Céré
N^ 40. Etude sur la stratigraphie du plateau central entre Tulle et Sainl-
Géré, par Modrbt, ingénieur des ponts et chaussées. 4 brochure grand
in-8S avec une planche de coupes et une carte géologique. . • 2 fr. 75
GÉOLOGIE. — T. u. 64
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iOlO BAUDRT ET G^, ÉDITEURS, 15, RUE DBS SAINTS-PÈRES, PARIS
Les roches de FAriège et de rAavergne.
N^ il. I. Contribution à l'étude des roches métamorphiques et éraptÎTes
de TAriège (feuiUe de Foix). II Sur les enclaves acides des roches volcani-
ques de TAuvergne, par A. Lacroix, préparateur au Collège de France,
1 brochure grand in-S», avec 12 flgures dans le texte 3 fr. »
Terrains Bressans. — Bassins de Bianzy et du Crensot.
N* 12. I. Nouvelle subdivision dans les terrains Bressans. — H. Bassin
de Blanzy et du Creusot, par Delafond, ingénier en chef des mines, i bro-
chure grand in-8*, avec 17 Ûgures dans le texte 1 fr. 50
Les éruptions da Velay.
N* 13. Les éruptions du Velay. — L Roches éruptives de Meygal. —
n. Argiles métamorphosées par le phonolithe, à Saint-Pierre-Eynac, par
P. Themibr, ingénieur des mines, professeur à TEcoles des mines de
Saint-Etienne. 1 broch. grand in-8<^, avec 11 figures dans le texte, i fr. 50
Le Bassin de Paris.
N* 14. Recherches sur les ondulations des couches tertiaires dans le
bassin de Paris, par Gustave- F. Dollfos. 1 brochure grand in-8*, avec
16 figures dans le texte et une carte 4 fr. 75
Le Forez et le Roannais.
N^ 15. Note sur les formations géologiques du Forez et du Roannais,
par Le Verrier, ingénieur en chef des mines, i brochure grand in-8<>, avec
40 figures dans le texte et 4 planches 4 fr. 75
La vallée d'Apt. — Le Pliocène à Théziers (Gard).
N<^ 16. I. Note sur les sables de la vallée d*Apt, par Kilian, de la
Faculté des science de Grenoble, et F. Lebnhardt, de la Faculté de théolo-
gie protestante de Montauban. — II. Note sur la découverte de Fhorizon
Montaiguet à Bulimus Hopei, dans le bassin d'Apt, par DEPéRBT et
Lebnhardt. — III. Note sur le Pliocène et sur la position stratigraphique
des couches à congénéries de Théziers (Gard), par Depéret, professeur à la
Faculté des sciences de Lyon. 1 brochure grand in-8<>, avec 10 figures dans
le texte et 1 planche i fr. 75
La struotore des Corbières.
N<» 17. Note sur la structure des Corbières, par Emm. de Margerie.
1 brochure grand in-8®, avec 3 figures dans le texte et 1 planche. 2 fr. 50
La chaîne de la Sainte-Beaume.
N^* 18. I. Note sur la continuation de la Chaîne de la Sainte-Beaume
(feuille de Draguignan). — 11, III, IV, V. Notes sur quelques points de la
feuille de Castellane, par P. Zurcher, ingénieur en chef des ponts et chaus-
sées. 1 brochure grand in-8*', avec 22 figures dans le texte et 4 planches.
3 fr. 25
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BAUDRY ET &, ÉDITEURS, 18, RUE DES SAINTS-PÊRES, PARIS 4011
Terrains tertiaires du Sud-Oaest.
No 19. GoDtribution à Tétude des terrains tertiaires du Sud-Ouest de la
France, par G. Vasskur professeur de géologie à la Faculté des sciences de
Marseille. 1 brochure grand in-S», avec iO figures dans le texte, 0 fr. 75
Le massif de la Vanoise.
N« 20. Géologie et stratigraphie du massif de la Yanoise, par Txrmisb,
ingénieur des mines, professeur à Fécole de Saint-Etienne. 1 volume
grand in-8<>, avec 58 figures dans le texte, une carte géologique et 9 planches.
10 fr. »
Les Chaines subalpines entre Gap et Digne.
No 21. Les chaines subalpines entre Gap et Digne. Contribution à This-
toire géologique des Alpes françaises, par Emili Haug, docteur es sciences,
chef des travaux pratiques au laboratoire de géologie de la Faculté des
sciences de Paris. 1 volume grand in-S®, avec figures dans le texte, une
carte géologique et trois planches. 10 fir. »
Les en-Tirons d'Annecy.
No 22. I. Note de M. Michel Lévy sur les derniers travaux de G. Mail-
lard. — II, III. Note sur les diverses régions de la feuille d*Annecy,
par G. Maillard. 1 brochure grand in-S^, avec 45 figures dans le texte.
2 fr. 50
Géologie de TOise. — Le trias de TAriège.
N<^ 23. II. Contribution à la géologie de TOise. Notice géologique de
Beauvais, par H. Thomas, contrôleur principal des mines, chef des tra-
vaux graphiques de la carte géologique de la France. — II. Note sur la
trias de TAriège et de TAude, par C. db Lactivier, proviseur du lycée
de Montpellier. 1 brochure grand in-S», avec 12 figures dans le texte.
1 fr. 50
Le massif d'Allauch.
N^ 24. Le massif d*Allauch, au nord-ouest de Marseille, par M. Ber-
trand, ingénieur en chef des mines, professeur de géologie à TEcole
nationale des mines. 1 brochure grand in-8^, avec 28 figures dans le texte
et 2 planches 3 fr. 50
La craie des Corbières.
fi^ 25. Etude sur la craie supérieure. La craie des Corbières, par A. de
Grossodvrb, ingénieur en chef des mines. 1 brochure grand in-8®, avec
5 figures dans le texte 0 fr. 75
Les massifi du Chablais.
No 2i(. Etude sur les massifs du Chablais compris entre l'Arve et la
Drance (Feuilles de Thonon et d'Annecy), par Auo. Jaccard, professeur de
géologie k FAcadémie de Neufchàtel. i brochure grand in-S®, avec 44 fi-
gures dans le texte 2 fr. 25
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10! 2 BAUDRY ET C**, ÉDITEURS, 15, RUE DBS SAUTTS-nÈRES, PARIS
La chaîne des Aiguillet-Ronges.
N® 27. Note sur la prolongation Ters le sad de la chaîne des AiguiUes-
RoQges (Montagnes du Pormenaz et du Prarion), par A. Michkl-Levy, ingé-
nieur en chef des mines, i brochure grand in-8®, avec 48 figures dans le
texte et 7 planches 3 fr. 50
Description géologique du Velay.
N» 28. Description géologique du Velay, par Marcklun Boule, agrégé de
rUniyersité, docteur es sciences. 1 Tolume grand in-8<>, avec 80 figures dans
le texte et 11 planches 12 fr. »
Contact du Jura méridional et de la zone lubalpine.
N^ 29. Contact du Jura méridional et de la zone subalpine aux environs
de Ghambéry (Savoie), par M. Hollande, i brochure grand in-8o, avec 23 fi-
gures dans le texte 1 fr. 50
La Vallée du Cher dana la région de Montluçon.
N^ 30. Etudes sur le Plateau central. — I. La Vallée du Cher dans la
région de Montluçon, par L. db Launay, ingénieur des Mines, professeur à
TEcole supérieure des mines. 1 brochure grand in-8®, avec 23 figures dans
le texte et 6 planches 3 fr. 50
Les Ophites et les Lherzolites de PAriège.
N^ 3i. Note sur la distribution géographique et sur Tàge géologique des
ophites et des lherzolites de TAriège, par G. de Lacvivisr, proviseur du
lycée de Montpellier. 1 brochure grand in-8<^, avec une figure dans le texte.
0 fr. 75
Le Môle et les coUinea de Faucigny.
N<> 32. Le Môle et les collines de Faucigny (Haute-Savoie), par Marcel
Bertrand, ingénieur en chef des mines, professeur de géologie. 1 brochure
grand in-8^, avec 27 figures dans le texte et une carte en couleur. 2 fr. 25
Plinementa lilariena du Cotentin.
N^ 33. Sur les plissements siluriens dans la région du Cotentin, par
L. Lecormu, ingénieur des mines, maître de conférences à la Faculté des
sciences de Caen. i brochure grand in-8<^, avec 16 figures dans le texte.
i fr. 50
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BAUDRT ET Cf^, ÉDITEURS, 15, RUE DES SAINTS-PÈRES, PARIS 1013
PUBLICATIONS DU SERVICE
DES
TOPOGRAPHIES SOUTERRAINES
(Ministère des Travaux publics)
ÉTUDES DBS GÎTES MINÉRAUX DE LA FRANCE
Bassin houlller de la Loire.
Bassin houiller de la Loire, par L. Grunbr, inspecteur gérerai des Mines.
2 volumes in-i^, et 1 atlas de 28 planches in-plano 76 fr. >
Bassin houiller de Valenciennes.
Bassin houiller de Valenciennes (partie comprise dans le département
du Nord), par A. Olry, ingénieur en chef des mines. 1 volume in-4o, et
1 atlas de 12 planches in-plano 52 fr. >
Bassins houillers de Brioude, Brassac et Langeao.
Bassin houiller de Brioude et de Brassac, par J. Dorlhac, ingénieur
civil des mines, et Bassin houiller de Langeac, par Amiot, ingénieur au
corps national des mines. 1 volume in-4<>, avec figures intercalées dans le
texte et 1 atlas de 18 planches in-folio 37 fr. 50
Bassin houlller de Ronchamp.
Bassin houiller de Ronchamp, par E. Tradtmann, inspecteur général
honoraire des mines. 1 volume in-4o et 1 atlas de 9 planches in-plano.
15 fr. 50
Flore fossile du bassin houiller de Valenciennes.
Description de la flore fossile du bassin houiller de Valenciennes, par
R. Zeiller, ingénieur en chef des mines. 1 volume iD-4<^, avec 45 figures
dans le texte et 1 carte en couleur, et 1 atlas in-4o contenant 94 planches
de dessins faits d'après nature et lithographies par C. Cuisin. 75 fr. 25
Bassin houiller et permien d'Autun et d'Epinac.
Bassin houiller et permien d*Autun et d'Épinac. Fascicule premier.
Stratigraphie par Delafond, ingénieur en chef des mines, avec 15 figures
dans le texte, une planche et une carte géologique au 40 millième, par
Michel Lévy, Delafond et Renault 12 fr. »
Fascicule II. Flore fossile (1^ partie), par R. Zeiller, ingénieur en chef
des mines. 1 volume in-4« et 1 atlas in-4® de 27 planches ... 30 fr. »
Fascicule UI. Poissons fossiles, par le D' Sauvage. 1 volume in-4^, avec
0 planches 4 fr. »
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1014 BAUDRY ET c'*' ÉDITEURS, 45, RUE DES SAWTS-PÈRBS, PARIS
Bassin houlller et permien de Brive.
Bassin houiller et permien de Briye. Fascicule premier. Stratigraphie,
par Georges Mouret, ingénieur en chef des ponts et chaussées. 1 Tolume
in-4® avec 120 figures dans le texte, 2 planches et 1 carte géologique. —
Fascicule IL Flore fossile, par R. Zeillbr, ingénieur en chef des mines.
1 volume in-4<> avec 15 planches. Prix des 2 volumes 30 fr. »
Mémoires de paléontologie.
Mémoires de Paléontologie de la Société géologique de France, publiés
sous la direction de MM. A. Gaudry, membre de Tlnstitut, professeur de
paléontologie au Muséum d'histoire naturelle; Mcnier-Ghalmas, maître de
conférences à FEcole normale supérieure ; DonviLLé, professeur de paléon -
tologie à TEcole des mines; Zeiller, ingénieur en chef des mines, et J. Bbr -
GBRON, docteur es sciences.
Cette publication parait depuis 1890 par fascicules trimestriels , et
forme chaque année un beau volume grand in-4^ contenant au minimum
20 planches.
ÀBONiNEMENTs : Paris, 23 francs. — Départements, 28 francs. — Union
postale, 30 francs. Prix de Tannée parue 40 fr. >
Nous avons fait tirer à part un certain nombre d'exemplaires de chac un
des mémoires destinés à être vendus séparément aux prix suivants :
Le Dryopithèque.
No 1. Le Dryopithèque, par Albert Gaudry, membre de llnstitut, pro-
fesseur de paléontologie au Muséum d'histoire naturelle. 1 brochure io-4^
avec 1 planche 2 fr. 50
Les céphalopodes du Crétacé lupériear.
N^ 2. Contribution à Tétude des Céphalopodes du Crétacé supérieur de
France, par Jean Seones. 2 brochures in-4^ avec 5 planches. . 7 fr. 50
Les animauT pliocènes du Roussillon.
N® 3. Les animaux pliocènes du Roussillon, par Charles DEPiasT, pro-
fesseur à la Faculté des sciences de Lyon. — En préparation.
Paléontologie du Sud Est de TEspagne.
N» 4. Contributions à la Paléontologie du Sud-Est de TEspagne, par
René Nicklès, ingénieur civil des mines. 1 brochure in-4<>, avec 4 planches .
6 fr. 5|)
Le Nelumbimn provinciale.
N® 5. Le Nelumbium provinciale, par G. de Saporta, correspondant de
l'Institut. 1 brochure in-4o, avec 3 planches 3 fr. 75
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BAUDRY ET C*", ÉDITEURS, 16, RUE DBS SAINTS-PÈRES, PARIS 1015
Les principales espèces dliippurites.
N^ 6. Etudes sur les Rudistes. Révision des principales espèces d'hippu-
rites, par H. Douvillé, ingénieur en chef des mines, professeur à l'Ecole
nationale supérieure des mines. 2 brochures in-4<>, avec 7 planches
12 fr. »
Deux oiseaux du gypse parisien.
N<> 7. Description de deux oiseaux nouveaux du gypse parisien, par
Flot, docteur es sciences. 1 brochure in-4<», avec 1 planche . . 2 fr. »
Remarques sur les mastodontes.
N® 8. Quelques remarques sur les mastodontes, à propos de Tanimal
du Cherichira, par Albert Gaudry. 1 brochure in-4^, avec 2 planches
2 fr. 50
La végétation du niveau aquitanien.
N<» 9. Recherches sur la végétation du niveau aquitanien de Manèsque,
par G. DB Saporta. 2 brochures in-i^, avec 20 planches. ... 26 fr. 50
Les P jthonomorphes de France.
N* 10. Les Pythonomorphes de France, par Albert Gaudrt. 1 brochure
in-4o, avec 2 planches 4 fr. »
éVREUX, IMPRIUERIB DE CHARLES HÉRISSET
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THIS BOOK IS DUE ON THTÎ IiAST DATE
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AN INITIAL FINE OF 25 CENTS
WILL BE AeSESSED FOR FAILURE TO RETURN
THIS BOOK ON THE DATE DUE. THE PENALTY
WILL INCREASE TO 50 CENTS ON THE FOURTH
DAY AND TO fî.OO ON THE SEVENTH DAY
OVERDUE.
StK 2 1936
LD 21-100m-8,'84