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Full text of "Traité des gîtes minéraux et m"etallifères, recherche, étude et conditions d'exploitation des minéraux utiles, description des principales mines connues, usages et statistique des métux. Cours de géologie appliquée de l'École supérieur des mines"

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Traité  des  gîtes  minéraux  et 

m  "etallifères,  recherche,  étude  et ...   K 

Edmond  Fuchs,  Louis  Launay  H 


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REESE   LIBRARY 

UNIVERSITY  OF  CALIFORNIA 

MAY  17  Î894 

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TRAITE 


DBS 


GÎTES  MINÉRAUX 


MÉTALLIFÈRES 


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TRAITÉ 


DES 


GÎTES  MINÉRAUX 


ET 


MÉTALLIFÈRES 

RECHERCHE,  ÉTUDE 

ET  CONDITIONS  D'EXPLOITATION  DES  MINÉRAUX  UTILES 

DESCRIPTION  DES  PRINCIPALES  MINES   CONNUES 

USAGES  ET  STATISTIQUE  DES  MÉTAUX 


COURS  DE  GEOLOGIE  APPLIQUEE 

DE  L'ÉCOLE  SUPÉRIEURE  DES  MINES 


PAR 


Ed.  FUCHS 

iDgënieur  en  chef  des  Mines 
Professeur  à  l'École  supérieure  des  Mines 


L.  DE  LAUNAY 

Ingénieur  au  Corps  des  Mines 
Professeur  à  l'École  supérieure  des  Mines 


TOME  SECOND 


0'   THt 

UKIV3i;BEîTÏ 


^â^f^w?^  PARIS 


UBRAIRIE  POLYTECHNIQUE,  BAUDRY  ET  G%  ÉDITEURS 

15,    RUE    DES    SAINTS-PÈRES,    15 
MAISON    A    LIÈGE,    RUE    DES    DOMINICAINS,    7 


1893 

'Tout  droits  réserrét. 


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TRAITÉ 


DE 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


MANGANESE 

Mn;Eq  =27,50   ;  P.  at  =  55. 


Usages.  —  Les  deux  principaux  usages  du  manganèse  sont  la  pré- 
paration  du  chlore^  destiné  lui-même  aux  chlorures  décolorants, 
et  la  métallurgie  (ferro-me^g^nè^  \  spiegel,  fonte  Thomas).  Le 
premier  emploi  a  diminué  considérablement  d'importance  par  suite 
de  Tadoption  générale  des  procédés  de  régénération  (Weldon,  etc.)  ; 
il  peut  même  disparaître  complètement  si  Tidée,  récemment  appli- 
quée, d'extraire  le  chlore  des  chlorures  magnésiens  de  Stassfurt 
entre  décidément  dans  la  pratique. 

On  doit  ajouter  que  le  manganèse  est  utilisé,  depuis  long- 
temps, à  Fétat  de  bioxyde  naturel,  dans  les  verreries,  sous  le  nom 
de  savon  des  verriers^  à  cause  de  la  propriété  qu'il  a  de  blanchir  le 
verre  (coloré  par  le  fer);  en  outre,  on  s'en  sert  dans  \dL préparation 
de  t oxygène  par  le  procédé  Tessier  du  Motay.  Il  entre  également 
dans  un  certain  nombre  à' alliages.  C'est  ainsi  que  le  cuivre  raffiné 
du  Mansfeld,  mélangé  à  11  p.  100  de  manganèse,  donne  le  bronze 
manganèse  susceptible  de  résister  à  une  forte  tension.  Avec  un 
mélange  de  85  de  cuivre,  6  d'étain,  3  de  zinc  et  3  de  cupromanga- 
nèse,  on  a  un  alliage  qu'on  peut  courber  à  angle  droit  sans  qu'il 
y  ait  de  fissure  ;  avec  80  de  cuivre,  10  d'étain  et  10  de  manganèse, 

*  La  fabrication  du  ferromanganèse  est  presque  localisée  en  Angleterre.  L*usine  de 
Saint-Louis  près  Marseille,  une  autre  à  Hambourg  en  produisent  également. 

céOLOGIE.  —  T.  n.  1 


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2  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

on  a  un  métal  très  dur,  mais  encore  facile  à  travailler.  Enfin,  les 
poteries  y  les  faïenceries^  les  usines  fabriquant  des  couleurs  j  des 
piles  électriques,  absorbent  une  certaine  quantité  de  minerai. 

Suivant  les  usages  auxquels  on  les  destine,  les  minerais  de  man- 
ganèse doivent  remplir  des  conditions  différentes  : 

Pour  la  fabrication  de  f  oxygène,  il  faut  du  minerai  peroxyde 
renfermant  plus  de  73  p.  100  d'oxyde  Mn*  0';  on  paye,  dans  ce 
cas,  Tunité  de  1,25  à  1,50. 

Pour  la  métallurgie,  le  minerai  est  accepté  à  partir  de  30  et  même 
de  20  p.  100  ;  seulement,  on  demande  qu'il  contienne,  en  même 
temps,  30  p.  100  de  fer.  On  paye,  dans  ce  cas  : 

0,60  Funité  de  métal  pour  une  teneur  de  30  p.  iOO. 

1,00  à  1,20  —  —  30  à  40  p.  100. 

1,20      1,50  —  —  40      45      — 

1,50      1,80  —  —  45      50      — 

2  francs  —  —  au  delà  de  50      — 

Par  suite  de  leur  forte  teneur  qui  atteint  jusqu'à  92  et  93  p.  100 
de  pyrolusite,  les  minerais  du  Caucase  arriveraient  à  tuer  absolu- 
ment toute  autre  concurrence  s'ils  ne  contenaient  pas,  presque  tou- 
jours, un  certaine  proportion  de  phosphore.  Or  les  métallurgistes 
deviennent  de  plus  en  plus  exigeants  pour  cette  question  du  phos- 
phore. La  dernière  tolérance  est  de  0,100  p.  100  et  encore,  à  cette 
teneur  en  phosphore,  les  prix  de  vente  sont  fort  réduits,  de  10  p.  100 
de  ceux  du  minerai  contenant  moins  de  0,050  p.  100.  Les  minerais 
de  manganèse,  contenant  de  0,250  à  0,750,  sont  à  peu  près  inven- 
dables à  la  métallurgie  pour  la  fabrication  des  fontes  manganésées  : 
il  ne  leur  reste  comme  débouché  que  la  fabrication  des  chlorures 
et  ce  débouché  devient,  comme  nous  l'avons  dit,  de  plus  en  plus 
restreint  par  suite  des  procédés  de  revivification  du  bioxyde. 

Enfin  les  fabricants  de  chlorures  décolorants  et  d'eau  de  Javel 
achètent  d'après  le  titre  chlorométrique,  et  diminuent  leurs  prix 
suivant  la  teneur  en  matières  étrangères ,  telles  que  carbonates , 
oxydes  de  fer  et  généralement  toutes  substances  solubles  dans 
l'acide  chlorhydrique.  La  teneur  étalon  pour  les  industries  chi- 
miques est  de  70  p.  100  d'oxyde  de  manganèse  (44,  25  de  Mn). 
On  sait  qu^un  perfectionnement  introduit  par  Weldon  permet,  en 
traitant  par  la  chaux  le  résidu  de  l'action  de  l'acide  chlorhydrique 


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USAGES  ET   STATISTIQUE  DU   MANGANÈSE  3 

et  soumettant  à  une  oxydation,  de  régénérer  un  corps  noir  ayant 
pour  formule  CaO  MnO*  qui  peut  être  employé  de  nouveau. 

Statistique.  —  La  consommation  annuelle  de  minerais  de  manga- 
nèse de  tout  genre,  à  une  teneur  de  28  à  58  p.  100  de  métal,  a  aug- 
menté, depuis  quelques  années,  dans  une  proportion  assez  forte. 

La  production  se  répartit  entre  les  divers  pays  de  la  façon  suivante  : 

MINBRAIS    DE     MANGANÈSE 


1886 

1888 

1889            1 

^ * 

1^— .-- 

^ 

,-     ^ 

^-^^ 

-  --^ 

^ 

-—    Il 

Valeur 

e 
.2  t^ 

Valeur 

e 

Valeur 

-ï 

Tonnes 

surplace 

il 

Tonnes 

sur  place 

il 

Tonnes 

surplace 

• 

Russie  (Caucase,  etc.)  . 

60  000 

» 

tt 

74  500 

* 

• 

78  000 

Prusse  (Hetse  et  Nassau). 

Î5  000 

967  000 

36 

27  000 

755  000 

28 

44  000 

1   109  000 

25 

BUts-Unis 

ao70o 

1  430  000 

47 

25  900 

1  313  000 

51 

24  600 

1  046  000 

42 

France 

7  700 

266  000 

35 

H  000 

304  000 

28 

10  200 

1  305  000 

30 

Grande-Bretagne   .   .    . 

12  763 

n 

n 

n 

M 

n 

9  000 

1   163  000 

18 

Suède  

6000 

w 

• 

9  700 

• 

« 

8  600 

» 

■ 

Portural 

Autridie 

17  200 

970  000 

56 

8  300 

6C6  000 

80 

7  100 

358  000 

50 

9  100 

321000 

35 

6  600 

240  000 

36 

3  900 

169  000 

43 

Espagne 

4000 

80  000 

20 

2  800 

73  000 

26 

» 

• 

lliîe. 

1  000 
1  620 

56  000 
215  000 

31 
132 

4400 
1  100 

1 13  0  )0 

•6 

• 

2  200 
1  SOO 

51800 
165  000 

24 

125 

Canada 

NouTellc-ZélaDde  .   .   . 

600 

> 

» 

310 

23  000 

74 

1  100 

65  000 

51» 

Chili  (1885^ 

4  800 

■ 

■ 

m 

« 

• 

• 

■ 

• 

Belgique  (prov.de  Liège) 

• 

» 

r> 

227  000 

206 

• 

• 

. 

Grèce 

■ 

» 

» 

1  500 

» 

• 

• 

• 

• 

179  000 

173  100 

190  000 

Gomme  le  montre  le  tableau  précédeni;,  près  de  la  moitié  de  la 
production  totale  est  fournie  par  la  Russie^  c  est-à-dire  par  le 
Caucase;  ces  minerais  du  Caucase  arrivent  jusqu'en  France,  par 
TAUemagne,  faire  concurrence  à  nos  minerais,  généralement  assez 
pauvres.  Leur  teneur  atteint  90  p.  100  de  bioxyde. 

En  Prusse j  la  production  se  répartit  ainsi,  pour  une  année  (1885)  : 


Wiesbaden  (Hesse). 
Coblentz  (Nassau)  . 
Cassel  (Hesse)  •  .  . 


11  825  tonnes  valant  360  000  francs. 
2  400      —        —        43  000      — 
500      —        —        17  000      — 


Aux  États-Unis  \  les  statistiques  ne  comptent  comme  minerais 
de  manganèse  que  ceux  qui  renferment  plus  de  70  p.  100  de 
bioxyde,  soit  44,252  de  manganèse  métal,  teneur  exigée  par  les 

*  Minerai  Retources,  1886,  p.  180;  1887,  p.  144;  1888,  p.  123;  1889-90,  p.  127. 


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4  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

usines  de  produits  chimiques  d'Angleterre.  Au-dessous  de  cette 
teneur,  les  minerais  sont  comptés  comme  minerais  de  fer  mangané- 
sifères;  ces  derniers  proviennent  pour  la  plupart  du  lac  Supé- 
rieur, en  particulier  de  la  mine  Colby,  en  Michigan.  Cette  région 
en  fournit  70  à  100  000  tonnes  dont  40  à  60  000  à  7  p.  100  de 
manganèse  au  plus  et  le  reste  à  9  p.  100.  En  outre,  il  existe,  aux 
Etats-Unis,  dans  les  Montagnes  Rocheuses  (Montana  et  Colo- 
rado), des  minerais  de  fer  manganésifères  riches  en  argent  aux- 
quels la  présence  du  manganèse  donne  une  valeur  spéciale  en 
agissant  comme  fondant  ^  En  1887,  la  proportion  en  était  de 
66  000  tonnes,  à  49  francs  la  tonne;  en  1890,  de  71  000  tonnes. 
Les  minerais  de  manganèse  proprement  dits  se  divisent  entre  les 
Etats  de  la  façon  suivante  : 


1880 

1882 

1884 

1886 

1887 

1888 

1889 

1890 

Virginie 

Àrkansas  .... 

Géorgie 

Autres  Etats.  .  . 

Totaux  .  .  . 

3  722 

1350 
300 

3  031 
178 

1016 
381 

9149 
813 

406 

20  929 

3  371 

6141 

273 

20165 

5  745 

9174 

14 

17  940 

4  383 

5  630 
1699 

14  859 
2  570 
5  294 
1875 

12  910 

5  427 

761 

7  011 

5  852 

4606 

10  368 

30  714 

35  098 

29  652 

24  598 

26  109 

En  France^  sur  la  production  totale  de  16  000  tonnes,  en  1890, 
les  sept  huitièmes  sont  fournis  par  les  mines  de  Romanèche  et  du 
Grand  Filon  (Saône-et-Loire),  le  Veste  par  quelques  gisements  de 
TAude,  rindre,  TAriège  *,  etc.  Voici  d'ailleurs  le  relevé  statis- 
tique pour  1890  : 


POIDS 
en  tonnes 

PRIX  MOYEN 
en  francs 

VALEOn 
en  francs 

Saône-et-Loire  (Romanèche)  .   . 

Aude  (Caunes) 

Indre 

14114 

1006 

535 

219 

27,47 
28,34 
42,72 
22,06 

387  80i 

28  524 

22  861 

4  832 

Allier  (Saligny) 

Totaux 

15  984 

28,00 

447  584 

*  Voir  p.  266,  le  gisement  de  Granité  Mountain  en  Montana. 

*  On  exploite,  dans  TAude,  de  la  pyrolusite  à  3  kilomètres  à  TOuest  de  Caunes; 
dans  TAriège,  à  Rimont,  du  carbonate  de  manganèse  (80  tonnes  à  30  fr.  en  1890). 


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STATISTIQUE   DU  MANGANÈSE  5 

En  Angleterre^  la  production  de  minerais  de  manganèse  a  varié 
considérablement  dans  ces  dernières  années.  En  1873,  elle  était 
de  8  254  tonnes  ;  en  1875,  de  3  725  ;  en  1882,  elle  tombe  à  1  548,  à 
1  287  en  1883,  1  688  en  1885  ;  puis,  en  1886,  par  suite  de  luti- 
lisation  de  gîtes  situés  dans  le  cambrien  du  Merionetshire  (11  285 
tonnes),  elle  remonte  à  12  763  tonnes,  à  13  054  tonnes  en  1887. 

Mais  l'Angleterre  absorbe,  en  outre,  pour  son  industrie,  une 
proportion  de  minerais  de  manganèse,  qui  a  été  :  en  1859,  de 
25 536  tonnes;  en  1869,  de  51  517;  en  1879,  de  12  172;  en  1886, 
de  47  581  tonnes. 

En  Portugal^  les  mines  de  manganèse,  après  avoir  été  un  moment 
assez  nombreuses,  ont  une  tendance  à  décroître. 

En  Espagne^  la  région  de  Garthagène  produit  une  assez  forte 
proportion  de  minerais  de  fer  plus  ou  moins  manganésifères  à  10 
ou  20  p.  100  de  manganèse  avec  20  à  35  p.  100  de  fer,  minerais 
associés  avec  des  hématites.  Ils  ne  sont  utilisés  que  lorsque  la 
teneur  en  silice  ne  dépasse  pas  10  p.  100.  Les  minerais  sont 
exportés  surtout  en  Angleterre,  un  peu  à  Cette. 

La  province  de  Huelva  '  contient  également,  dans  le  silurien  et 
le  carbonifère,  autour  d'El  Alosno,  Gastillejo,  S.  Bartolomé,  àTEst 
du  R.  Odiel,  de  très  nombreux  filons  de  manganèse. 

En  Sardaigne^  le  gîte  de  San-Pietro  (Capo-Rosso),  aujourd'hui 
abandonné,  a  produit  en  tout  environ  50  000  tonnes  (4  900  tonnes 
en  1881). 

En  Nouvelle-Zélande j  les  premières  exploitations  de  manganèse 
ont  été  faites  près  de  Russel  et,  plus  au  Nord,  à  Waiheki.  Le 
minerai,  après  triage  à  la  main,  contient  75  p.  100  d'oxyde  de 
manganèse. 

La  production  a  été  : 

1878  4879  1880  1881  1882  1883 

2  576  t.      2170  t.      2  651t.       1277  t.      2  217  t.         390  t. 

La  Grèce  produit,  au  Laurium,  une  certaine  quantité  de  mine- 
rais de  manganèse  à  18  ou  19  p.  100  de  manganèse  et  34  à 
33  p.  100  de  fer.  D'après  une  statistique  américaine,  la  produc- 
tion, en  1885,  serait  montée  à  29  000  tonnes. 

*  Voir  une  carte  au  chapitre  du  Cuivre  (Rio-Tinto)  et  DavieSi  p.  299. 


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6  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Au  CAiVt,  on  a  découvert,  depuis  quelques  années,  de  grands  gise- 
ments de  manganèse  :  d'abord  dans  la  province  de  Santiago  (mines 
aujourd'hui  abandonnées)  ;  puis  dans  celle  de  Goquimbo  qui  a  fourni, 
en  1888,  4  000  tonnes  à  50  p.  100  de  manganèse  exportées  en  Angle- 
terre. Les  minerais  sont  superficiels  et  d'une  exploitation  facile. 
En  1886,  on  en  aurait  exporté,  en  Angleterre,  38  000  tonnes. 

Prix  du  manganèse.  —  Les  prix  du  manganèse  ont  assez  forte- 
ment varié. 

Jusque  vers  1840,  on  employait  peu  de  manganèse,  seulement 
pour  les  verreries  et  pour  la  fabrication  du  chlorure  de  chaux. 
Les  sources  étaient  :  Tavistock  en  Devonshire,  Launceston  en 
Cornwall,  un  peu  le  Harz  et  le  Piémont.  L'exploitation,  quoique 
coûteuse,  était,  à  ce  moment,  très  rémunératrice  ;  mais  la  décou- 
verte de  grands  gisements  en  Allemagne  obstrua  à  tel  point  le  mar- 
ché, que  les  mines  anglaises  durent  fermer.  Le  prix  fut  alors  de 
200  francs  la  tonne  pour  un  minerai  à  70  p.  100  d'oxyde  (teneur 
étalon  pour  les  usages  chimiques)  ;  puis  il  baissa  peu  à  peu,  avec 
la  découverte  de  gisements  en  Espagne,  jusqu'à  74  francs  la  tonne 
en  1865,  et  les  mines  allemandes  durent  fermer  à  leur  tour.  Ces. 
gisements  espagnols,  limités  et  superficiels  comme  beaucoup  de 
gisements  de  manganèse,  s'épuisèrent  :  en  même  temps,  la 
métallurgie  commença  à  employer  le  manganèse;  il  y  eut  une 
demande  à  laquelle  les  mines  ne  purent  suffire,  et,  par  suite,  une 
hausse.  Mais  le  résultat  naturel  de  cette  hausse  fut,  d'une  part, 
qu'on  chercha  et  trouva  des  mines  de  manganèse  de  tous  côtés  ; 
d'autre  part,  qu'on  s'efforça  d'économiser  le  manganèse  et  qu'on 
découvrit  les  procédés  de  régénération  pour  la  fabrication  du 
chlore.  En  1881,  le  minerai  à  70  p.  100  valait,  aux  Etats-Unis  *» 
86,50,  avec  2,60  par  unité  en  plus.  En  1886,  le  prix  tomba  à  80. 

Minerais  et  gisements  du  manganèse*  —  Les  minerais  de  man- 
ganèse sont,  avant  tout,  la  pyrolusile  (Mn  0*)  ;  puis  la  brauniie 
(Mn*  0'),  la  hausmannite  (Mn»  0*),  Vacerdèse  (Mn*  0»  HO),  la 
psilotnélane  (manganèse  oxydé  barytique) ,  la  dialogite  (carbo- 
nate), la  rhodonite  (silicate)  et  la  friedélite  (silicate  hydraté). 

*  Nous  empruntons  cet  historique  aux  Minet^al  Resourcês,  1886,  p.  208. 


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GISEMENTS  DE  MANGANÈSE  7 

Le  manganèse,  par  ses  propriétés  comme  par  son  poids  ato- 
mique, se  rapproche  beaucoup  du  fer  ;  on  retrouve  quelque  chose 
de  cette  analogie  dans  ses  gisements. 

Ceux-ci,  quoique  assez  variables,  peuvent  être  rapportés  à 
quelques  types  principaux  : 

1®  Filons  de  pyrolusite  avec  gangue  calcédonieuse  et  dépôts  de 
silicate  de  manganèse  (Hautes-Pyrénées) ,  ou  de  carbonate  de 
manganèse  (Merionetshire,  Ariège)  :  à  rapprocher  des  filons  d'hé- 
matite, des  épanchements  ferrugineux  de  l'tle  d'Elbe  ou  de  la 
Tahia  et  des  gîtes  de  sidérose  ; 

2^  Couches  sédimentaires  :  soit  imprégnations,  comme  dans 
certains  gisements  américains,  soit  minerais  oolithiques  ; 

3""  Concentration  locale  dans  des  argiles,  limons  et  dépôts  récents 
sous  l'influence  des  infiltrations  d'eau  superficielles  ou  des  actions 
météoriques  (Nassau,  Amérique). 

Nous  ferons  seulement  remarquer  que  les  gîtes  du  premier  type 
jouent  peut-être,  dans  la  nature,  un  rôle  relativement  plus  impor- 
tant que  pour  le  fer  ;  cependant,  aujçurd'hui,  la  grande  produc- 
tion est,  comme  pour  le  fer,  donnée  par  des  couches  oolithiques, 
celles  du  Caucase. 

Ces  divers  gîtes  de  manganèse  peuvent  être  d'âges  très  différents: 

A  Saint-Marcel,  en  Piémont,  ils  sont  encaissés  dans  le  gneiss  ; 
en  Amérique,  les  hématites  huroniennes  du  lac  Supérieur,  le 
grès  de  Potsdam  cambrien  sont,  en  différents  points,  manganési- 
fères  ;  dans  les  Hautes-Pyrénées,  nous  avons  des  couches  dévo- 
niennes  ;  le  gîte  de  Romanèche,  en  Saône-et-Loire,  et,  sans  doute, 
beaucoup  de  filons  du  Plateau  Central  sont  infraliasiques  ;  dans  le 
Caucase,  ce  sont  des  dépôts  oolithiques  éocènes  ;  à  Ciudad-Réal 
(Espagne),  en  Serbie,  ce  sont  des  formations  miocènes  ;  au  Capo- 
Rosso,  en  Sardaigne,  Tépanchement  manganésifère  s'est  intercalé, 
pendant  le  tertiaire,  entre  deux  coulées  de  trachyte. 

Quelle  est  V origine  chimique  de  ces  dépôts  de  manganèse? 

Boussingault  avait  supposé,  d'une  manière  générale,  que  le  man- 
ganèse provenait  de  sources  ayant  contenu  des  carbonates  de 
manganèse  et  fer  en  dissolution  sous  l'action  de  Tacide  carbonique 
en  excès  et  les  ayant  précipités  en  perdant  leur  acide  carbonique. 
Grûner  avait  admis  la    même  explication  pour  les  gites   des 


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6  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Hautès-Pyrénées.  Cette  dissolution  en  carbonate  peut  être  appli- 
cable aux  concentrations  superficielles  du  manganèse  et  à  ses 
dépôts  oolithiques  en  mers  profondes;  mais,  pour  les  filons  et 
épanchements,  il  semble,  au  contraire,  dans  la  plupart  des  cas, 
que  le  manganèse  ait  été  apporté  par  des  eaux  acides  chargées  de 
silice  et  qu'il  ne  se  soit  précipité  à  Tétat  d'oxyde,  et  surtout  de 
carbonate,  que  par  la  réaction  d'une  base,  en  particulier  d'un 
calcaire  voisin. 

M.  Chamussy,  directeur  des  mines  de  Romanëche,  étudiant, 
dans  le  laboratoire,  l'action  d'une  base  sur  une  liqueur  acide  de 
sels  de  fer  et  de  manganèse,  a  remarqué  que  la  plus  grande 
partie  du  fer  à  l'état  de  sesquioxyde  commençait  par  se  précipiter 
et  qu'il  s'écoulait  ensuite  un  temps  assez  long  avant  le  dépôt  des 
bases  protoxyde  et  bioxyde  (fer,  manganèse)  ;  il  en  a  conclu  que, 
dans  un  filon  donné,  la  richesse  en  manganèse  devait  se  trouver 
surtout  dans  la  partie  supérieure,  la  dernière  déposée,  et  que  le 
fer  devait  dominer  en  profondeur  :  ce  qui  semble  fréquemment 
se  vérifier  dans  la  pratique. 

.  Cependant,  à  côté  des  venues  manganésifères  acides,  il  a  dû 
se  produire,  parfois,  de  même  que  nous  le  constatons  pour  le 
fer,  des  dissolutions  à  l'état  de  carbonate,  suivant  l'hypothèse 
de  Boussingault,  et  c'est  peut-être  l'origine  à  laquelle  il  faut 
rattacher  les  gîtes  du  cambrien  d'Angleterre,  ainsi  que  certains 
dépôts  oolithiques.  Â  ce  dernier  point  de  vue,  les  résultats  de 
l'expédition  du  Challenger  *  ont  donné  des  indications  pré- 
cieuses. 

D'après  Wyville  Thomson,  le  peroxyde  de  manganèse  en  grains, 
concrétions,  nodules,  etc.,  est  très  abondant  dans  les  boues  à 
globigérines  et  à  radiolaires  formées  au-dessous  de  900  mètres, 
ainsi  que  dans  les  argiles  des  mers  profondes.  Des  concrétions 
d'oxyde  de  manganèse  entourent  souvent,  plus  près  du  rivage,  des 
dents  de  squale,  des  éponges  siliceuses,  des  radiolaires,  etc.  Ce 
manganèse  semblerait  particulièrement  abondant  dans  les  endroits 
où  l'on  trouve  des  débris  de  lave  augitique.  Il  résulte  là  proba- 
blement d'une  dissolution  de  carbonate  qui,   au  voisinage  de  la 

Wyville  Thomson.  Challenger  expedit,,  1878;  cf.  Ann.d,  M.,  7©,  XIII,  505. 


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MANGANÉSB  DE   SAINT-MAHCEL    (pIÉMONT)  9 

surface»  a  donné,  en  se  décomposant,  du  peroxyde  microscopique 
resté  longtemps  en  suspension  et  entraîné  au  loin. 


GITE  DE  SAINT-MARCEL,  EN  PIÉMONT 
[Amas  manganésifères  dans  le  gneiss.) 


On  exploite,  depuis  plus  d'un  siècles  dans  le  Val-d'Aoste  et  le 
Val-Tournanche,  en  Piémont,  un  groupe  de  gisements  mangané- 
sifères, situés  dans  une  région  fortement  minéralisée,  où  les 
Romains  avaient  déjà  commencé  à  extraire  de  la  pyrite  de  fer 
cuivreuse. 

Les  principales  mines  sont  :  Saint-Marcel,  bien  connu  des 
minéralogistes  pour  les  minéraux  très  spéciaux  qu'on  y  rencontre  ; 
Tourgnon,  Val-Tournanche  et  Bardonèche. 

Le  gisement  de  Saint-Marcel,  décrit  au  siècle  dernier  par  de 
Saussure,  est  situé  dans  un  massif  de  gneiss  à  bancs  peu  inclinés. 
Le  manganèse,  dont  Torigine  est  assez  obscure,  formait  autrefois 
un  grand  amas  dont  on  recherche  aujourd'hui  les  ramifications. 
Cet  amas  se  présente  comme  interstratifîé  dans  les  couches  de 
gneiss  :  aux  affleurements,  il  avait  une  épaisseur  de  5  mètres  ; 
mais  il  diminue  progressivement  à  mesure  qu'on  s'enfonce  en 
galeries  et  ne  doit  pas  dépasser  100  mètres  de  longueur.  Sa  pente 
est  d'environ  20"*. 

Le  minerai  se  compose  d'oxydes  de  manganèse,  en  particulier 
de  braunite  (marceline),  avec  de  la  hausmannite  et  de  la  pyrolusite. 
€es  oxydes,  souvent  très  bien  cristallisés,  sont  accompagnés  de 
carbonate  de  manganèse  rouge  et  de  grenat  (spessartine).  En 
outre,  tous  les  éléments  du  gneiss  au  contact,  mica,  épidote,  etc., 
ont  été  pénétrés  de  manganèse  et  ont  recristallisé  ainsi,  sous  forme 
de  minéraux  manganésifères  exceptionnels,  tels  que  la  rhodonite, 
la  piémontite  (épidote  manganésifère),  etc. 

*  Au  siècle  dernier,  ces  gisements  fournissaient  du  manganèse  aux  verciers  de  Venise 
ei  du  Sud  de  la  France. 


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iO  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


Bibliographie, 

1796.  De  Saussure.  —  Voyage  dans  les  Alpes,  t.  VIII,  p.  229  (Neuchâtel). 
Bareiti.  —  Stud.  geol.  sul  gruppo  del  Gran  Paradiso. —  Mem,  R,  Ac. 
Lincei,  3,  i,  303.  (Ce  mémoire  contient  des  analyses  de  Berthier,  Berzelius, 
Napione,  etc.) 

4882.  De  Launay.  —  Notes  de  voyage  inédites. 

M883.  D'AcHiARDi.  —  l  Metalli,  etc.,  t.  Il,  p.  351. 

1887.  Davibs.  p.  298. 


MANGANÈSE  DE  BARMOUTH  ET  HARLECH 

(mERIONETSHIRE,   ANGLETERRE) 
{Bancs  de  carbonate  de  manganèse  dans  le  cambrien,) 

On  a  commencé  à  exploiter  sur  une  grande  échelle  en  1886, 
dans  le  Merionetshire  S  des  gisements  importants  de  carbonate  de 
manganèse  situés  dans  le  cambrien. 

Les  terrains  encaissants  sont  des  quartzites  et  des  grès  gris, 
parfois  feldspathiques  ;  le  minerai  forme  trois  veines,  dont  Tune, 
dirigée  N.-S.,  a  3  kilomètres  de  long,  les  deux  autres,  plus 
au  Nord,  1  500  mètres.  De  1835  à  1840,  on  avait  exploité,  aux 
affleurements,  de  Toxyde  noir  de  manganèse.  En  1855,  M.  Halse 
reconnut  que  les  veines  étaient  composées,  en  réalité,  de  carbo- 
nate de  manganèse,  minéral  dont  on  ne  connaissait  jusque-là 
d'autre  gisement  exploitable  que  dans  le  silurien  supérieur  de 
Chevron,  Belgique  *. 

A  la  mine  de  Harlech,  le  minerai  est  composé  de  bancs  zones  gris, 
jaunes,  bruns,  formant,  au  milieu  de  quartzites,  une  veine  d'en- 
viron 0,60.  A  la  mine  Moelfre,  l'épaisseur  est  plus  faible,  le 
gisement  extrêmement  contourné  ;  à  la  mine  Hafodty,  la  teneur 
est  de  30  à  32  de  manganèse  avec  18  à  19  p.  100  de  silice.  Le 
prix,  à  Barmouth,  est  d'environ  38  francs  la  tonne. 

Il  est  possible  qu'il  faille  rapprocher  ces  gisements,  sur  les- 

*  Voir  une  carie  figure  53,  t.  I,  p.  360. 

*  Nons  en  signalerons  un  exemple  dans  TAriège,  p.  12. 


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MANGANÈSE   DES   HAUTES-PYRÉNÉES  il 

quels  nous  manquons  de  détails  géologiques  précis,  de  ceux  des 
Hautes-Pyrénées  *. 

Bibliographie. 

1887.  Ed.  Halse.  —  The  occurrence  of  Manganèse  ore  in  the  cambrian  Rocks 
of  Merionetshire.  (Transactions  of  the  NoiHh  of  England  Inslitute  of  mining  and 
mechanical  Engineers,  t.  XXXVI,  p.  103.  Newcastle,  upon  Tyne,  1887.) 

M886  et  1887.  Minerai  Resoitrces  des  États-Unis. 

Nous  noterons  également  ici,  pour  indiquer  leur  place  dans  la 
série,  les  minerais  américains  de  Virginie  dont  l'origine  semble 
deyoir  être  cherchée  dans  des  grès  de  Potsdam  (cambrien)  décom- 
posés, mais  qu'on  exploite,  en  réalité,  dans  des  argiles  quater- 
naires et  dont  nous  renvoyons,  par  suite,  la  description  '. 


MANGANÈSE  DES  HAUTES-PYRÉNÉES 
(  Veines  de  silicate  de  manganèse  intercalées  dans  le  dévonien.) 

Il  existe,  dans  les  Hautes-Pyrénées,  un  certain  nombre  de  gise- 
ments de  manganèse,  aujourd'hui  abandonnés,  qui  ont  fait  Tobjet 
d'une  étude  récente  de  M.  Beaugey.  Les  principales  concessions 
sont  GetTn^  Loudervielle  et  la  Serre  cTAzet. 

L'ensemble  de  la  région  est  constitué  de  terrains  dévoniens 
dont  la  coupe  serait,  de  bas  en  haut,  d'après  M.  Caralp  : 

1^  Calcschites  avec  calcaires  satinés  ; 

2^  Schistes  argileux,  parfois  ardoisiers,  à  trilobites  et  schistes  ardoisiers 
'  à  néréites  ; 

3^  Calcaires  à  encrines; 
4^  Calcaires  à  goniatites. 

Les  gîtes  de  manganèse  se  trouvent  dans  l'assise  2,  parfois  à  ses 
contacts  avec  les  couches  1  et  3. 

Ces  schistes  contiennent  un  certain  nombre  de  bancs  interstrati- 
fiés d'une  roche  pétrosiliceuse  appelée  génite,  composée  de  quartz 


*  Voir  plus  loin,  même  page. 

•  Voir  page  30. 


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12  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

calcédonieux  avec  un  peu  de  rutile  et  d'apatite,  dont  l'épaisseur 
varie  de  quelques  centimètres  à  plusieurs  mètres*  Certains  de 
ces  bancs,  rigoureusement  interstratifiés  et  probablement  con- 
temporains des  roches  encaissantes,  se  chargent  de  silicates  de 
manganèse ,  de  rjiodonite  et  de  friedélite  finement  rubanées. 
L'une  de  ces  couches  de  rhodonite  et  quartz  affleure,  par  exemple, 
à  Barlesta  et  il  est  naturel  d'attribuer  sa  formation  à  des  dépôts 
silicates  manganésifères  de  l'époque  dévonienne  *.  Au  milieu  de 
cette  rhodonite,  les  oxydes  de  manganèse  remplissent  des  poches 
accompagnées  d*un  peu  de  carbonate  de  manganèse  cristallisé. 
On  admet  que  ce  carbonate  résulte  de  l'action  de  l'acide  carbo- 
nique de  l'air  sur  le  silicate.  En  outr^,  comme  dans  tous  les  gise- 
ments de  manganèse,  on  trouve  des  poches  d'argile. 

A  iffmon/(Ariège)',  on  exploite  assez  activement,  depuis  1890, 
des  amas  de  carbonate  de  manganèse  intercalés  dans  le  dévonien. 
Ce  carbonate,  qu'on  avait  d'abord  pris  pour  un  calcaire  rose  et  jeté 
dans  les  haldes,  doit  peut-être  son  origine  à  une  décomposition 
superficielle  de  rhodonite.  Le  gisement  est  à  rapprocher  de  ceux 
du  Merionetshire  décrits  plus  haut*. 

Bibliographie, 

GRiiNER.  —  (Ann.  d.  M.,  4«  série,  t.  XVIII,  p.  61.) 
Garalp.  —  Etudes  géologiques  sur  les  hauts  massifs  des  Pyrénées- 
Centrales. 
•1889.  Beadgey.  —  [B.  S.  G.,  6  juin  1889,  3«,  t.  XVIf,  p.  297.) 


DEVONSHIRE,  GORNWALL,  NORTHWALES 

{Veines  dans  le  silurien^  amas  dans  le  dévonien) 

Nous  avons  parlé,  plus  haut,  des  manganèses  anglais  intercalés 
dans  le  cambrien.  Dans  le  Devon  et  le  Cornwall,  on  trouve  le 
manganèse  en  veines  dans  le  silurien  ou  en  amas  intercalés  dans 
le  dévonien  et  paraissant  contemporains  de  sa  formation.  Dans 

'  Comparer  les  silicates  de  manganèse  argentifères  du  Monlana,  p.  268. 
*  Renseignements  communiqués  par  M.  Lacroix. 
»  Page  10. 


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MANGANÈSE  DE  ROMANÉCHE 


13 


le  Northwales,  un  amas,  exploité  près  d'Aberr/ele,  est  situé  à  la 
base  du  calcaire  dévonien,    au-dessus  des  schistes   siluriens  de 


Fig.  163.  — Coupe  théorique  de  la  mine  de  manganèse  et  hématite  de  Nantuchai 
près  Abergele  (Northwales). 

Wenloch,  dans  des  conditions  qui  rappellent  les  amas  calami- 
naires.  Il  est  mélangé  à  de  Thématite  ^ . 


MANGANÈSE  DE  ROMANÈGHE  (saône-et.i.oire) 
[Filons  de  psilomélane  (Tâge  infraliasique,) 

Les  gisements  de  manganèse  de  Romanèche  ont  été  découverts 
vers  4750;  cependant  les  concessions  de  Romanèche  et  du  Grand- 
Filon  ne  datent  que  de  i823  ;  elles  fournissent  aujourd'hui  la  plus 
forte  partie  du  manganèse  français.  La  mine  de  Romanèche 
est  située  à  la  limite  Est  du  massif  granitique  de  Fleurie  et  de 
terrains  sédimentaires,  infralias  et  calcaire  à  gryphées,  qui  reposent 
sur  lui  et  que  recouvre  eux-mêmes  le  tertiaire. 

Le  gisement  comprend  : 

l""  Deux  filons  parallèles,  dits  petit  filon,  n""  1  et  petit  filon  n""  2 
dirigés  N.  So""  E.  et  complètement  encaissés  dans  le  granité; 

2^  Un  gîte  de  contact,  dit  le  Grand-Filon,  qui  unit  les  deux  petits 
filons  et  qui  est  renfermé  tout  entier  dans  une  faille  entre  le  gra- 

*  De  la  Bêche.  GeoL  report  of  Comwall  and  Devoriy  p.  609. 


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14 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


nite  et  le  terrain  tertiaire,  représenté,  à  son  toit,  par  des  ai^iles; 

3*  Divers  amas  d'allure  différente,  paraissant  résulter  d'épan- 
chements  latéraux  et  dont  le  plus  important,  découvert  en  1847, 
repose  sur  les  grès  arkoses  de  Tinfralias  et  a,  comme  toit  :  en  cer- 
tains points,  le  calcaire  à  gryphées  ;  ailleurs,  des  argiles  ou  sables 
rattachés  au  môme  étage. 

Les  petits  filons  sont  exploités  jusqu'à  120  mètres  de  profondeur 
par  le  puits  des  Métériers  et  celui  des  Verchères.  Leur  largeur 
est  extrêmement  variable.  Us  se  réduisent  quelquefois  à  l'état  d'un 


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.  de»  Métériers^ 


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des  Boulon« 


Fig.  164.  —  Croquis  d'ensemble  des  mines  de  manganèse  de  Romanèche 
(d'après  M.  Ghamussy). 

simple  joint  stérile  et  atteignent,  en  d'autres  points,  5  à  6  mètres 
d'épaisseur.  Le  toit  et  le  mur  ne  sont  marqués  que  dans  quelques 
parties  richement  minéralisées  ;  le  granité  est  généralement  très 
altéré  au  contact  ;  souvent  le  filon  est  composé  d'une  multitude 
de  veines  formant,  dans  le  granité,  un  véritable  stockwerk  :  cette 
irrégularité  rend  les  travaux  d'exploitation  assez  difficiles.  L'incli- 
naison varie  de.  70  à  80"*. 

En  outre  des  ramifications  du  filon  même,  on  rencontre,  au 
toit  et  au  mur,  un  certain  nombre  de  croiseurs  minéralisés,  parfois 
exploitables,  dirigés  n^  5. 


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MANGANÈSE  DE  ROMANÉCHE 


15 


Le  grand  filon,  au  contraire,  a  un  mur  très  régulier,  en  granité  ; 
son  inclinaison  est  d'environ  70*  vers  l'Est  ;  le  minerai  a  une 
épaisseur  assez  forte  de  5  à  8  mètres,  mais  il  est  de  qualité  bien 
inférieure  à  celle  des  petits  filons. 

L'amas  permet  de  préciser  Tâge  de  la  venue  manganésifère, 
certainement  infraliasique,  car  c'est  une  formation  contemporaine 
des  filons  et  non,  affirme-t-on,  un  produit  de  leur  démantè- 
lement postérieur  :  on  n'y  a,  en  effet,  jamais  trouvé  trace  des 
particules  granitiques  qui  abondent  dans  les  filons. 

Ces  amas  ont  été  presque  complètement  dépilés  avant  1878  ;  le 
puits,  dit  des  Boulons,  qui  en  cherche  aujourd'hui  le  prolonge- 
ment, a  donné  une  coupe  du  tertiaire,  du  lias,  de  l'infralias  et  des 
marnes  irisées. 

Le  minerai  des  divers  gisements  est  de  la  psilomélane  (oxyde 
hydraté  barytifère).  Il  est,  en  général,  très  dur  et  raye  souvent  le 
verre  ;  on  y  trouve  fréquemment  des  géodes  qui  fournissent  des 
échantillons  mamelonnés  bien  connus. 

La  teneur  des  minerais  est  la  suivante  : 


OXYDE  ROUGE 
de  mangaoèsc 

OXYGÈNE 
en  excès 

EAU 

BARYTE 

ce 

M 

ss 

a 

•< 

5,60 

< 

s 

1 

Miaer&i  moyen .  . 

70,30 

(44.25  de  nunga. 

Bèt«  métal) 

6,70 

4,60 

12,80 

Mioeniiafériear. 

60,00 

(«8,40  de  manga- 

iw«e  métal) 

il, 00 

» 

13,45 

4.20 

7,00 

2,2i 

0,60 

0,60 

Les  gangues  des  minerais  sont,  en  outre  des  roches  avoisinant 
et  encaissant  les  gisements,  du  quartz,  de  la  fluorine,  de  l'oxyde  de 
fer,  de  la  baryte  sulfatée,  avec,  accidentellement,  de  Tarséniosidé- 
rite  et  des  oxydes  de  manganèse  arsénifères*. 

Les  mines  de  Romanèche  occupent,  en  moyenne,  une  centaine 
d'ouvriers.  En  1888,  elles  ont,  avec  les  mines  du  grand  filon,  pro- 
duit 9500  tonnes,  se  répartissant  comme  suit  :  400  tonnes  à  45 
p.  100 de  manganèse;  3000  à 30  ou  35  p.  100  et  6100  a  15  p.  100*. 

<  Dont  M.  Lacroix  a  commencé  Tétude. 

*  En  1881  la  production  était  de  10  870  tonnes  valant  365  632  francs. 


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16  GË0L06I£    APPLIQUES 

La  proportion   des  roineraÎB  pauvres  tend  malheureusement   à 
augmenter  depuis  quelques  années. 

Ces  minerais  sont  employés  :  les  meilleurs  aux  usines  de  produits 
chimiques;  les  autres  aux  usines  à  fer  pour  la  fabrication  des 
ferro-manganèses,  du  spiegel,  dos  fontes  Thomas.  Leur  prix  varie 
beaucoup,  suivant  la  teneur  en  métal,  entre  15  et  95  francs;  il  est, 
en  moyenne,  d'une  trentaine  de  francs. 

Bibliographie. 

1796.  DoLOMiEu.  — (Journal  des  mines.) 

1829.  BoNNABD.  —  (Ann.  des  se.  naf.,  p.  285,  et  i833,  V.  Leonhards  Jahrb.y 
p.  562.) 

1862.  Delafosse.  —  Cours  de  minéralogie,  3,  56. 

1889.  Davies,  p.  302  (coupe  théorique  et  profil  en  long). 

1890.  Chamussy.  —  Renseignements  inédits. 

On  peut  rapprocher  du  type  filonien  de  Romanèche  un  grand 
nombre  de  filons  de  quartz  et  pyrolusite,  généralement  sans  im- 
portance industrielle,  qu'on  rencontre  dans  le  Plateau  Central  et  le 
Morvan. 

C'est  ainsi  qu*aux  Gouttes-Pommiers,  prèsSaligny  (Allier)  ^  une 
concession,  abandonnée  depuis  quelques  années,  porte  sur  un 
filon  de  pyrolusite  avec  quartz  jaspé  rouge  et  jaune,  traversant 
les  schistes  mâclifères  de  Saint-Léon  et  des  marbres  rattachés  par 
M.  Michel  Lévy  au  cambrien.  Aux  affleurements,  des  sables  à 
cailloux  pliocènes,  qui  recouvrent  la  région,  contenaient  des  con- 
centrations de  fer  et  de  manganèse  qui  ont  été  autrefois  exploi- 
tées. 

Près  de  Luzy  (Nièvre),  on  a  demandé,  en  1886,  la  concession 
d'un  filon  de  pyrolusite  de  0,40  de  large  traversant  le  granité,  etc. 

En  Allemagne,  le  type  filonien  est  également  représenté,  en 
divers  points,  par  des  filons  de  pyrolusite,  calcite  et  barytine 
encaissés  dans  des  roches  très  diverses  et  qu'il  est,  par  suite, 
difficile  de  considérer,  avec  V.  Groddeck,  comme  des  gîtes  de 
sécrétion. 

*  Sur  les  Gouttes 'Pommiers  :  1882.  Chamussy.  —  Gîtes  de  manganèse  de  Saiigny 
(Allier). 

1884-188».  L.  de  Launay.  —  Notes  de  voyage  inédiles. 


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MANGANESE  DU   CAOCASE  17 

Les  plus  importants  sont  ceux  A'ilfeld  '  (Harz),  qui  traversent 
une  nappe  de  porphyrite,  intercalée  au  milieu  du  grès  rouge  et 
qui,  par  suite,  sont,  au  moins,  triasiques.  Les  filons,  dont  la  puis- 
sance varie  de  quelques  centimètres  à  O'^ySO,  ont  une  forte  incli- 
naisoji,  de  60  à  SO"".  Les  minerais  sont,  tantôt  compacts,  tantôt 
cristallisés  :  acerdèse  dominante,  souvent  cristallisée;  pyrolusite, 
braunite,  hausmannite,  psilomélane  et  wad  avec  gangue  de  bary- 
tine,  calcite  et  braunspath. 

Ces  veines  n*ont  jamais  pu  être  exploitées  au-dessous  de  20  mè* 
1res  de  profondeur,  parce  qu'elles  devenaient  stériles.  La  porphy- 
rite à'Ilfeld  renferme,  d'ailleurs,  aussi  des  veines  d'hématite  rouge 
et  de  barytine. 

Dans  le  Thuringerwald^ ^  il  y  a  également  quelques  gîtes  assez 
importants  :  Rumpelsberg  et  Mittelberg  près  d'Elgersburg.  Les 
filons,  encaissés  dans  le  porphyre,  sont  remplis  de  pyrolusite,  psi- 
lomélane, wad,  etc.,  rarement  d'arcerdèse,  et  contiennent  de  nom- 
breux fragments  des  épontes.  Quelquefois  la  disposition  est  net- 
tement géodique  ;  il  existe  de  fréquentes  ramifications  latérales 
et  Ton  n'a  pas  encore  observé  que  les  filons  soient  limités  en  pro- 
fondeur. 

MANGANÈSE  DU  CAUCASE  (kviril,  tchiatoura)  • 
{Gîles  oolithiques  sédimentaires  éocènes.) 

Les  principaux  gisements  de  manganèse  du  Caucase  se  trou- 
vent sur  les  deux  versants  de  la  vallée  du  Kvirila,  au  voisinage 

!1853.  Kerl.  —  {Berg.  u,  H.  ZeiL,  p.  148.) 
1870.  Erlauterung  z.  geol.  Spécial  Karte  von  Preussen  (feuille  de 
Nordhausen). 
1884.  6ix)ddeck,  p.  207,  et  Gotta,  p.  88, 

{    1843.  Credner.  —  Geol.  verh.  d.  Thûringerwaldes  u.  des 
*  SurleThitringerwald]       Harzcs,  p.  130. 

(       1884.  Groddeck,  p.  207. 
CL  :  Sur  le  Siebengebirge.—  Z.  d,  d.  geoL  GeselL^  1852,  t.  IV,  p.  576,  et  B.  u.  H.  Z.y 
1853,  p.  741  (loanganèse  dans  le  trachyte). 
Sur  Sielberg,  surla  Rhon.  —  (B.  u.  H,  Z.,  1854,  p.  62.) 
Sur  WiUichm  (forêt  Koire).  —  Sandberger  :  Neues  Jahrb.  f.  Miner.,  1869,  p.  208 

(manganèse  dans  le  granité). 
'  CoU.  Ecole  des  Mines,  1940. 

GÉOLOG».  —  T.  n.  2 


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iB  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

du  village  de  Tchiatoura  (gouvernement  de  Koutaïs),  en  Trans- 
caucasie. 
La  station  de  chemin  de  fer  la  plus  voisine  est  ceOe  de  Kviril^ 


Fig.  165.  —  Plan  de  la  région  de  Tchiatoura  (Kviril). 

sur  la  ligne  de  Tiflis-Poti,  à  126  kilomètres  de  Poti.  La  distance 
des  mines  à  Kviril  est  de  42  kilomètres. 


Fig.  166.  —  Coupe  N»-E.-S.*0.  des-  gisements  de  manganèse  de  Tchiatoura. 

Le  minerai  de  manganèse  jforme  une  série  de  lits  dans  des  grès 
et  sables  tendres  éocènes  à  Lamna  elegans  *.  Ces  sables  reposent 

•  Telle  est,  du  moins,  Topinion  adoptée  sur  la  carte  géologique  du  gisement  de  Kou- 
taïs ;  MM.  Abicb  et  Siminowitch  classent,  au  contraire,  la  couche  manganésifère  à  la 
base  de  l'étage  sarmatique. 


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Fig.  167.  —  Carte  des  mines  de  manganèse 
du  Caucase. 


Echelle  au 


282.000' 


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âO  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

sur  des  calcaires  et  des  marnes  sénoniens  avec  Ananchytes  ovata 
et  sont  surmontés  par  d'autres  sables  et  bancs  calcaires  avec  fos- 
siles miocènes  de  Tétage  sarmatique. 

Les  lits  de  manganèse,  d*assez  faible  épaisseur,  sont  presque 
horizontaux  avec  une  pente  de  2  à  3  degrés  vers  le  Nord-Est. 

On  trouve,  en  allant  de  haut  en  bas  : 

1).  Minerai  de  manganèse  mêlé  d'argile 0"^,40 

2).                    •—                 en  concrétions  de  0"»,02.  .  0  52 

3).  Manganite  ou  acerdèse- avec  concrétions.   ...»  0  52 

4).  Minerai  oolithique 0  20 

5).  Sable  argileux  avec  talc 0  09 

6).  Minerai  oolithique  fin  avec  beaux  morceaux.   .  .  0  20 

7).  Principale  couche  de  pyrolusite,  très  riche.  ...  0  53 

8).  Manganite  avec  rares  morceaux  de  bon  minerai .  0  23 

9).  Couche  dure  de  minerai  de  seconde  qualité.   .   •  0  20 

Total 2™,80 

On  voit  donc  que  le  minerai  se  compose  d'une  série  de  couches 
dont  la  puissance  varie  de  0™,d5  à  O'^jTS,  formant  un  total  de 
2  à  5  mètres  et  composées,  tantôt  d'acerdèse  et  de  pyrolusite 
pulvérulente,  tantôt  de  pyrolusite  en  grains  oolithiques  analogues 
aux  minerais  de  fer  du  Berry,  tantôt  enfln  d'argiles  avec  rognons 
de  pyrolusite. 

La  composition  de  la  couche  résulte  des  analyses  suivantes  : 


Eau 

Silice 

Alumine .... 

Fe^^Qî 

MnO» 

MnO 

CaO 

MgO 

BaO 

SO» 

PhD» 

Total. 

Mn 

Ph 

Cu 

Résidu  insoluble. 


2,40 
4,49 
i,68 
0,53 
85,67 
1,98 
0,76 
0,20 
0,88 

0,42 


99,04 

55,70 

0,18 

5,71 


1,61 
6,67 
2,14 
0,03 
85,77 
0,80 
0,87 
0,24 
0,68 

0,40 


99,21 

54,83 

0,17 

8,10 


1,20 
2,88 

2,34 

84,90 
2,50 
0,33 
0,32 
3,11 
1,19 
0,35 


99,12 
56,60 

0,15 
traces 

7,17 


0,74 
0,74 

1,12 

94,32 
1,82 

traces 
0,20 

traces 

0,06 


99,00 
61,05 

0,03 
traces 

0,74 


1,26 
1,69 
1,27 
0,26 

91,23 
2,40 
0,58 
0,31 

traces 

0,08 


99,08 
59,53 

0,035 
traces 

1,69 


La  couche  a  été  reconnue  sur  120  kilomètres  carrés,  donnant  un 


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MANGANÈSE   DU   CAUCASE  21 

minimum  de  deux  tonnes  au  mètre  carré.  Le  quart  île  cette  masse 
serait  50  millions  de  tonnes. 

En  outre  de  ces  couches,  le  minerai  forme  quelquefois  des  filets 
intercalés  dans  les  mêmes  grès  ou  encore  dans  les  calcaires. 

L'origine  de  ce  dépôt  de  manganèse,  qui  constitue  la  plus 
importante  réserve  de  ce  métal  actuellement  connue  au  monde, 
€st  assez  problématique. 

Il  semble  falloir  voir  là  un  dépôt  de  précipitation  chimique 
analogue  à  celui  qui  a  produit  les  fers  oolithiques  si  abondants 
dans  d'autres  régions.  Les  caractères  de  la  faune  et  ceux  mêmes 
des  couches  sableuses  ont  fait  considérer  cette  formation  comme 
étant  un  gisement  de  rivage  (ce  qui  est,  d'ailleurs,  l'hypothèse 
généralement  admise  pour  les  minerais  de  fer  sédimentaires). 

On  a  remarqué  que  les  grains  oolithiques  .avaient  un  diamètre 
croissant  de  bas  en  haut. 

Au  point  de  vue  industriel,  les  gisements,  absolument  inexploités 
encore  en  1878  S  se  sont  rapidement  développés.  En  1889,  ils 
ont  fourni  70  300  tonnes  de  minerai  de  manganèse  ;  les  années 
précédentes,  on  avait  eu  :  56  000  tonnes  en  1885  ;  60  000  en  1886  ; 
53  000  en  1887  ;  30  000  en  1888;  70  000  en  1889.  Nous  donnons, 
plus  loin  leur  prix  de  revient  ;  ce  qui  le  grève  surtout,  ce  sont  les 
transports. 

De  la  mine  à  la  station  de  Kvirila,  les  minerais  étaient  amenés, 
il  y  a  peu  dé  teihps  encore,  par  des  caravanes  de  chevaux  et  de 
chameaux  qui  suivaient,  en  hiver,  la  vallée  de  la  Kvirila  et  pas- 
saient, en  été,  sur  les  plateaux.  Ces  caravanes  étaient  composées 
chacune  de  150  à  200  animaux,  les  chevaux  portant  160  kilo- 
grammes au  minimum  et  les  chameaux  275  kilogrammes/ L'ex- 
portation à  laquelle  on  pouvait  arriver  par  ces  moyens  primi- 
tifs était  de  8  000  à  8  500  tonnes.  Aujourd'hui  un  chemin  de  fer 
Decauville  a  réduit  ce  transport  à  12  francs. 

De  Kviril  à  Poti,  le  transport  coûte  6  francs.  Puis  le  fret  jus- 
qu'à Marseille  revient  à  16  francs. 


*  La  notice  sur  les  ressources  minérales  de  la  Russie,  publiée  à  propos  de  i^Ëxposî- 
lion  de  1878,  déplore  quMls  n'aient  attiré  Inattention  d'aucun  capitaliste. 


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22  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

On  a  donc  : 

Minerai  sur  le  carreau  de  la  mine 10,00 

Transport  de  la  mine  à  Tohiatoura 1 ,50 

Transport  de  Tchiatoura  à  Kviril 12,00 

Chargement  en  wagons 0,20 

Chemin  de  fer  de  Kviril  à  Poti 6,13 

Frais  de  chargement  à  Poti 4,09 

Fret  de  Poti  à  Marseille 16,00 

Frais  généraux. 4,00 

Commissions  et  divers  .   .   .   ^ i,i7 

Total 53,09 

D'après  ce  calcul,  le  prix  de  revient  du  minerai  à  Marseille,  mal- 
gré des  frais 'd'extraction  trop  élevés,  ne  serait  que  de  55  francs.  Les 
pays  consommateurs  sont  TAngleterre,  la  Hollande,  la  Belgique,  la 
France  et  TAllemagne.  Les  principaux  exploitants  sont  français. 

A  la  suite  de  ces  gisements  de  Kviril,  il  peut  être  intéressant 
d'en  mentionner  d'autres  inexploités  dans  la  même  région. 

C'est  ainsi  qu'à  50  kilomètres  au  S.-O.  de  Tiflis,  on  connaît,  dans 
un  calcaire  bréchoïde  sénonien,  une  veine  de  manganèse  de  0"*,70 
d'épaisseur;  de  même,  à  Chroscha,  on  a  trouvé  du  manganèse  dans 
les  grès  calcaires  du  jurassique  supérieur. 

Bibliographie 

1878.  Richesses  de  la  Russie,  p.  139. 

16  juillet  1882.  Rbulbaux.  —  Gisements  de  manganèse  de  la  Transcaucasie. 
(Soc.  géoL  de  Belgique.) 

1886.  Minerai  Resources  des  États-Unis,  p.  204. 

•1887.  Chapuy.  —  Mémoire  manuscrit  à  l'École  des  mines  (2001). 
PioT.  —  Notes  manuscrites. 

1891.  Leproux.  —  Gisements  divers  du  Caucase.  (Mémoire  manuscrit  à 
FÉcole  des  mines.) 


MANGANÈSE  de  la  province  de  ClUDAD-RÉAL  (espagne) 
{Couches  de  pyrolusite  miocènes.) 

On  a  découvert,  assez  récemment,  dans  les  couches  miocènes  du 
plateau  de  la  Serena,  au  voisinage  de  la  petite  station  de  Val-de- 
Penas,  des  gisements  que  nous  rapprocherons  de  ceux  du  Caucase. 


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MANGANÈSE   DE   GlUDAD-BÉAL 


25' 


Ce  plateau,  qui  oscille  entre  les  cotes  300  et  400,  est  une  des 
régions  minières  de  l'Espagne. 

La  figure  169  montre  sa  coupe  générale  d'une  façon  schéma* 
tique. 

On  y  aperçoit,  d'abord,  une  série  de  collines  formées  par  des  grèfi 


^Manzanaro* 


Fig.  1|S8.  ^  Gaïao  du  gisement  de  manganèse  de  Ciudad-Réal. 

à  bilobites  et  des  quartzites  siluriens,  avec  poches  de  fer  et  filons 
de  plomb  et  argent  alimentant  les  fonderies  de  Pefiaroya,  sur  les- 
quels s'appuie  <juelquefois  un  peu  de  dévonien  2,  comme  à  Alma- 


Fig.  169.  —  Coupe  verticale  théorique  de  la  région  des  gisements  de  manganèse 

de  Ciudad-Réal. 

1,  grès  à  bilobitet.  —  6,  poches  de  minerai  de  fer.  —  2,  déTonien.  —  3,  calcaire  carbonifère. 
4,  houiller.  ^  5,  miocène.  —  6,  basalte. 

den  (les  schistes  à  calymènes  font  généralement  défaut).  Puis 
nennent  des  calcaires  carbonifères  (3)  à  Productus  Giganteus  et 
Cora,  souvent  exploités  pour  la  fabrication  de  la  chaux  et  recoupés 
par  des  veines  de  phosphates. 
Le  centre  du  synclinal  est  parfois  occupé  par  du  terrain  houiller 


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24  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

productif  (4);  c'est  le  cas,  par  exemple,  du  hoiiillerde  Puertol- 
lano,  situé  à  la  séparation  des  bassins  de  la  Guadiana  et  du  Gua- 
dalquivir.  C'est  là  également  que  se  trouve  le  houiller  de  Belmès 
avec  les  deux  exploitations  de  Penaroya  et  de  Belmès.  Vers  la 
partie  Nord-Est  du  plateau,  on  pénètre  dans  le  terrain  miocène  (5) 
du  plateau  de  la  Manche  et  de  la  vallée  de  TEbre  ;  ce  miocène,  en 
couches  horizontales,  occupe  des  dépressions  des  terrains  précé- 
dents. Enfin,  tous  ces  terrains  sont  recoupés  par  des  pitons  de 
basalte  (6). 

C'est  dans  le  miocène  que  se  trouvent  les  couches  de  manga- 
nèse, à  l'état  de  bioxyde  et  de  sesquioxyde,  intercalées  au  milieu 
des  assises  tertiaires  sensiblement  horizontales.  La  coupe  est  la 
suivante  de  haut  en  bas  : 

10  Calcaire  plus  ou  moins  compact; 

2®  Argile  rougeâlre,  i™,50  à  5  mèlres; 

30  Argile  blanche,  0",30  à  0«,50; 

4<>  Couche  de  manganèse,  1"»,20; 

50  Argile  blanche  contenant  de  15  à  20  p.  100  de  minerai,  5  mètres  ; 

6**  Argile  blanche  non  traversée. 

La  teneur  des  minerais  est  de  40  à  60  p.  100  en  manganèse. 
Ils  contiennent,  en  outre  :  quartz,  1  à  20  p.  100;  phosphore, 
0,25  p.  100;  fer  et  alumine,  3  p.  100. 

Le  prix  de  revient  a  été  calculé  comme  suit  par  M.  Fuchs  : 

Exploitation 3,00  à  5,00 

Droits  de  surface 2,25 

Indemnité  de  terrains 0,10 

Transport  jusqu'au  chemin  de  fer  .   .   .  5,00 

Jusqu'au  port  embarquant 20,00 

Frais  d'embarquement 2,00 

Transport  par  mer 15,00 

Assurances 1,00 

Commissions  diverses 1 ,80 

Frais  administratifs 2à3  francs. 

Amortissement 2.3      — 

Imprévu 5 

40  fr.  environ. 

Ces  gîtes  sont  peu  exploités  par  suite  :  d'une  part,  de  la  pré- 
sence d'une  certaine  quantité  de  phosphore  ;  de  Tautre,  de  Texis- 


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MANGANÈSE  DE  SAN-PIETRO   (sARDÂIGNb)  25 

tence,  au  fond  de  ces  cuvettes  siluriennes,  d*une  nappe  hydro- 
statique qui  limite  assez  vite  les  exploitations  en  profondeur. 

Serbie.  —  En  Serbie,  on  a  trouvé,  près  de  Kragobaschy  du 
minerai  dans  les  mêmes  conditions  qu*à  Ciudad-Réal,  en  couches 
dans  des  calcaires  d'eau  douce  remplissant  eux-mêmes  une  vallée. 

MANGANÈSE  de  l'Île  de  SAN-PIETRO  (sardaigne)* 
{Couche  intercalée  entre  deux  nappes  de  trachyte.) 

Il  existe,  sur  la  côte  S.-O  de  Sardaigne,  dans  Tlle  de  San-Piétro,  un 
gîte  d'une  formation  géologique  intéressante  et  qui  eut,  un  moment, 
avant  la  découverte  des  manganèses  du  Caucase,  une  réelle 
importance  industrielle,  mais  qui,  depuis,  a  été  abandonné.  Cette 
ile  de  San-Piétro  joue  d'ailleurs  un  certain  rôle  au  point  de  vue 
géographique;  car  sa  rade  de  Carlo  Forte  constitue  un  des  rares 
points  abordables  de  la  Sardaigne  dans  la  province  d'Iglesias,  si 
riche,  comme  nous  le  verrons,  en  minerais  métallifères. 

L'île  est  constituée  tout  entière  de  roches  Irachytiques  et  andé- 
sitiques.  La  partie  où  elle  contient  du  manganèse  est  le  Capo- 
Rosso. 

En  ce  point,  la  falaise  comprend  des  obsidiennes  et  des  couches 
d'argile  et  de  jaspe  intercalées  dans  la  formation  trachytique. 

La  coupe  est,  de  haut  en  bas,  la  suivante  : 

i  •  Trachyte  tufacé  à  divisions  prismatiques  ; 

2.  Argile  blanche  kaolineuse,  1  mètre  à  1",20; 

3.  Argile  rose  kaolineuse; 

4.  Couche  <f  argile  avec  quartz  et  jaspe  rouge  ; 

5.  Argile  avec  lentilles  d*ocre,  0",15  à  0",20; 

6.  Argile  jaune  ; 

7.  Ck>uche  de  manganèse  surmontée  d'une  couche  de  jaspe  très  pur; 

8.  Argile  blanche  kaolineuse  ; 

9.  Brèche  trachitique. 

c'est-à-dire  qu'entre  deux  couches  de  trachyte,  est  intercalée  une 
formation  d'argile,  de  2"*,50  à  3  mètres,  contenant  des  minerais 
de  manganèse. 


"Coll.  École  det  Mines,  1700. 


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25  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

L'ensemble  des  couches  a  un  plongement  d'environ  10**  vers  le 
Nord. 

Le  minerai,  lui-même,  composé  d'un  mélange  de  bioxyde  et  de 
sesquioxyde,  a  environ  20  à  30  centimètres  d^épaisseur.  Les  afOeu- 
rements  peuvent  se  suivre,  sur  une  longueur  de  2  kilomètres,  le 
long  de  la  falaise. 

Le  rendement  est  d'environ  450  à  500  kilomètres  de  minerai  de 
manganèse  humide  par  mètre  carré  d'abatage. 

La  formation  de  ce  gîte  semble  pouvoir  s'expliquer  par  la  venue 
de  sources  thermales  siliceuses  et  manganésifères  ayant  donné  un 
dépôt  chimique  entre  deux  coulées  de  trachytes. 

Au  point  de  vue  industriel,  cegUe  a  fourni,  vers  1881,  de  8  à 
10  000  tonnes  de  minerai  de  manganèse  par  an.  Mais  l'inclinaison 
des  concbes  vers  l'intérieur  de  l'Ile  et  la  présence,  au-dessus  du 
gîte,  de  trachytes  fissurés  ont  donné  des  venues  d'eau  considérables 
qui  ont  déterminé  l'arrêt  momentané  de  l'exploitation. 

Bibliographie. 

1881.  FucHs.  —  Notes  de  voyage  inédites. 

1885.  Halse.  —  On  Ihe  manganèse  deposits  of  Ihe  îslet  of  San  Pietro,  Sar- 
dinia,  {Trans.  of  the  N.  of  England  Itifitititte  of  mîning  and  mechan.  engineers.) 

1886.  Minerai  Resources  des  Etats-Unis,  p.  202. 


MANGANÈSE  DU  NASSAU 
{Concentrations  quatei^naires  en  poches  superficielles.) 

La  production  de  manganèse  dans  la  Hesse  et  le  Nassau  est 
assez  considérable  ;  elle  est  d'environ  25  000  tonnes  par  an  et 
porte  sur  plus  de  200  mines. 

Les  gttes  de  manganèse  du  Nassau  sont  en  relation  avec  les  gîtes 
de  phosphorite  décrits  plus  haut  *  et,  comme  eux,  situés  dans  la 
vallée  de  la  rivière  la  Lahn,  qui  se  jette  dans  le  Rhin  à  3  milles 
environ  de  Coblentz.  Ils  s'étendent,  depuis  le  village  de  Baldwin- 

*  Voir  t.  I,  p.  362  et  Ûg.  55.    La  phosphorite  a  été  trouvée  en  cherchant  le  man- 
ganèse. 


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MANGANÈSE  DU  NASSAU 


27 


tein,  entre  Nassau  et  Dîez,  au  Nord-Est  de  Limbourg  jusqu'à 
Weilboui^  et  Wetzlau.  Les  principales  mines  sont  autour  d'Elbin- 
gerode.  En  1886,  on  a  annoncé,  en  outre,  la  découverte  d'un 
nouveau  ^te  important  de  minerais  riches  à  Eckholshansen. 

Les  roches  fondamentales  de  la  région  sont  des  grès  et  schistes^ 
appartenant  au  dévonien  inférieur  et  moyen,  surmontés  d'un 
calcaire  dolomitique,  au-dessus  duquel  viennent  des  schistes  à 
cypridines  du  famennien. 

Ces  terrains  anciens  sont  recouverts  par  des  dépôts  d'argile  assez 
épais  (15  mètres  à  Eckholshausen),  souvent  surmontés  de  détritus 
de  quartz,  dépôts  qui  pénètrent  en  profondeur  dans  des  poches  de 
corrosion  plus  ou  moins  irrégulières  du  calcaire.  C'est  dans  ces 


i'iit^'^'iit-nr,     «iiii»^-  ,M  I    1.1    I 


à  et*'/  outttrt-  .  ÇuHi^ 


Fig.  170.  —  Coupe  verticale  de  ht  mine  de  manganèse  d*£lbingerode  (Allemagne) 

(d'après  Davies). 

poches  que  l'on  trouve  le  phosphate  ;  c'est  là  aussi  qu'existe  le 
manganèse  en  veines  associées  avec  des  couches  d'hématite. 

Ces  trois  corps  présentent  l'aspect  de  concentrations  superfi- 
cielles d'éléments  empruntés  aux  terrains  sous-jacents  ;  nous 
avons  vu,  par  exemple,  que  le  calcaire  contenait  une  assez 
forte  proportion  de  phosphate  ;  il  est  également  fréquemment 
imprégné  de  manganèse  *  et  contient,  en  outre,  de  petites  cavités 
remplies  par  des  cristaux  de  calcito  et  pyrolusite.  Peut-être  les 
dépôts  exploités  ne  sont-ils  que  le  produit  du  démantèlement  et 
de  l'enrichissement,  par  les  eaux  de  surface,  de  petites  veines 
fîloniennes  existant  en  profondeur.  Le  gîte  serait  alors  compa- 
rable aux  amas  superficiels  qu'on  avait  d'abord  trouvés  aux 
Goutte-Pommiers  (Allier)*,  dans  une  épaisseur  de  15  à  18  mètres 

'  *  M.  Dieulafait  a  montré  la  grande  diffusion  du  manganèse  dans  les  calcaires.  Voir 
plushaut,  pageS^  ce  que  nous  avons  dil  sur  sa  précipitation  actuelle  dans  les  boues 
à  globigérines. 
•  Voir  page  16.  • 


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28 


GÉOLOGIE  ÂPÏ»LIQUÉE 


de  pliocène,  avant  d'arriver  en  profondeur  au  filon  proprement 
dit,  et  résulterait,  comme  eux,  d'une  érosion  quaternaire. 

Les  minerais  de  manganèse,  contenus  dans  largile,  consistent 
en  pyrolusite,  psilomélane,  manganite  et  wad  ;  le  fer  associé  est 
^  l'état  d'hématite. 

-Voici  quelques  coupes  de  ces  mines  (fig.  171  à  175)  : 


^^ 


rrr 


~T-^r 


Fig.  171.  —  Coupe  yerticale  de  la  mine  Rubin,  près  Niederttefenbach 
(d'après  Davies). 


Dans  la  coupe  de  la  mine  Rubîn  (fig.  171),  nous  voyons  une 
couche  continue  de  manganèse,  reposant  sur  une  couche  de  sable, 
suivre  toutes  les  inflexions  du  calcaire. 


Fig.  172.  —  Coupe  verticale  de  la  mine  Fahrweg,  près  Niedertiefenbach . 

Dans  la  mine  Fahrweg  (fig.  172),  le  manganèse  est  divisé  en 
deux  couches. 

Sur  les  coupes  de  Steeterwasen  (fig.  173  à  17S),  on  peut  remar- 
quer que  les  deux  dépôts  de  fer  et  de  manganèse  sont  assez  nette- 
ment distincts. 


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MANGANÈSE  DU   NASSAU  29 

L'épaisseur  de  ces  veines  varie  de  15  centimètres  à  plusieurs 


Fig.  173.  —  Plan  d'un  dépôt  d'hématite  et  manganèse  dans  la  mine  Stoeterwase» 
près  Niedertiefenbach. 


Fig.  174.  —  Ck>upe  AB,  Est-Ouest,  à  Steeterwasen. 


_r^— ~^~  ^^' 


Fig.  175.  —  Coupe  CD,  Est-Ouest  à  Steeterwasen. 

mètres  ;  mais  la  largeur  ordinaire  est  de  0",15  à  0"*,30.  La  teneur 


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30  6É0L0GIB  APPLIQUÉE 

moyenne  est  de  63  p.  100  de  peroxyde  de  manganèse.  L'exploi- 
tation se  fait,  soit  à  ciel  ouvert,  soit  par  une  série  de  petits  puits. 


Bibliographie. 

1862.  RiEXANN.  —  (Zeitschr,  f,  d.  B.  impveuss.  St.,  1862,  t.  X,  p.  2.) 
^863.  0.  Hahn.  —  (Zeit.  d.  d.  geoL  GeseL,  t.  XV,  p.  249,) 

Odehnheimeb.  —  (D.  B,  u.  H,  im  Herzogth.  Nassau,  t.  II,  p.  205.) 
1884.  Groddecx,  p.  350. 
M889.  Davies,  p.  292. 


MANGANÈSE  DES  ÉTATS-UNIS 
{Couches  dans  des  argiles  d'érosion  sur  des  terrains  anciens.) 

La  principale  mine  de  manganèse  des  Etats-Unis  se  trouve  en 
Virginie  ;  c'est  la  mine  Crimora,  qui  a  produit,  en  1887, 19  400  tonnes 
de  minerai  (en  1886,  19  700). 

Puis  viennent,  en  Géorgie,  le  district  de  Cartesville,  en  parti- 
culier les  mines  Dade,  et  enfin  le  district  de  Batesville,  dans 
TArkansas. 

Ces  divers  gisements  semblent,  d'après  les  descriptions,  pou- 
voir être  rapprochés  de  ceux  du  Nassau  et  résulter  de  la  concen- 
tration superficielle  d'éléments  disséminés  dans  des  terrains 
anciens. 

Le  bassin  de  Crimora  est  considéré  par  les  géologues  améri- 
cains *  comme  un  dépôt  de  lavage  produit  par  une  longue 
érosion  au  milieu  des  grès  de  Potsdam  (cambrien).  Les  mines, 
exploitées  par  TAmerican  Manganèse  Company,  n'ont  commencé 
à  être  attaquées  avec  quelque  activité  qu'en  1876  ;  depuis,  leur 
production  a  presque  constamment  augmenté. 

A  côté  de  Crimora  se  trouve,  en  Virginie,  la  mine  de  M*  Athos, 
qui  est  aujourd'hui  à  70  mètres  de  profondeur. 

A  Cartesville^  en  Géorgie*,  le  minerai  semble  également  dans 

•  Minerai  Resources,  1886,  p.  195.  Cf.  Dayies,  p.  305. 

*  Minerai  Resources^  p,  i%6. 


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MANGANÈSE  DES  ÉTATS-UNIS  31 

une  argile  résultant  de  la  décomposition  de  grès  en  place.  Cepen- 
dant il  affecte,  au  milieu  de  cette  argile,  une  certaine  régularité 
pouvant  tenir  à  ce  que  le  manganèse  était  primitivement  concen- 
tré dans  des  strates  déterminées.  L*àge  des  grès  ainsi  décom- 
posés n'est  pas  encore  connu.  On  exploite  à  ciel  ouvert  ou  par 
de  petits  puits  avec  des  galeries  et  Ton  extrait  le  manganèse  de 
l'argile  par  lavage  dans  des  cylindres  tournants. 

Les  minerais  de  l'Arkansas  tiennent  50  à  60  p.  100  de  manga- 
nèse, 2  à  6  p.  100  de  fer  et  0, 12  à  0,  20  de  phosphore. 

Ailleurs,  aux  États-Unis,  on  exploite  le  minerai  en  place  dans 
les  terrains  paléozoïques  eux-mêmes.  Sans  parler  des  hématites, 
toujours  manganésifères  du  lac  Supérieur,  nous  citerons  la  région 
dlron  Mountain  oti  le  silurien  inférieur  contient  du  manganèse 
au-dessous  des  couches  de  fer. 

Dans  la  Caroline  du  Nord,  près  des  Warm-Springs,  le  manga- 
nèse forme  une  veine  au  contact  d'un  calcaire  dolomitique  et 
des  grès  de  Postdam  ;  il  est  à  l'état  de  pyrolusite  *• 


Bibliographie  générale  du  manganèse, 

1845.  PoMEL.  —  Sur  la  form.  du  mang.  amorphe  des  environs   de  Btioude 
(Haute-Loire).  (B.  S.  G.,  2«,  t.  U,  p.  390.) 

1845.  Delajïo'ue.  —  Sur  les  oxydes  de  mang.  qui  existent  dans  certaines 
roches  à  TOuest  du  Plateau  Central,  (B.  S.  G.,  t.  111,  p.  47  et  100.) 

4845-1857.  Delanoub.  —  Sur  la  formation  du  manganèse  de  Nontron  (Dor- 
dogne).  (B.  S.  G.,  2«,  t.  II,  p.  388;  t.  III,  p.  47  eiB,  S,  G.,  2%  t.  XIV,  p.  885.) 

1852.  Ville.  —  Sur  le  min.  de  mang.  de  la  partie  Ouest  de  la  prov.  d'Oran. 
(B.  S.  G.,  2S  t.  IX,  p.  379.) 

1857.  Lambotte,  —  Sur  Torig.  des  dépôts  récents  de  mang.  hydraté  de  la 
prov.  de  Namur.  {B,  S.  G.,  2©,  t.  XIV,  p.  791.) 

1857.  CoQUAND.  —  Sur  les  miner,  de  mang.  allophanes  de  la  Charente. 
[B.  S.  G.,  2%  t.  XIV,  p.  889.) 

1864.  HA<RLé.  —  Sur  la  posit.  des  dépôts  mang.  de  la  Bordogne.  (B.  S.  G., 
2S  t.  XXII,  p.  33.) 

1872.  de  Lapparent.  —  Sur  un  poudingue  mang.  observé  dans  le  pays  de 
Bray.  (B.  S.  G.,  2«,  t.  XXIX,  p.  331.) 

DuNNiNGTON.  —  On  tho  formation  of  the  deposits  of  oxyd  of  man- 
ganèse. (The  American  J.of  Se.,  vol.  XXXVI,  p.  175.  New-Haven.) 

1883.  d'Achiardi.  —  Imetalli,  etc.,  t.  II,  p.  351. 

•  Minerai  Resources,  p.  191. 


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32  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

1884.  Mallet.  —  On  lateritican  manganèse  ore.  (Records  of  the  geological 
Survey  of  India,  t.  XVI,  p.  116.  Calcutta,  1884.) 

1884.  DiEULAPAiT.  —  Existence  du  manganèse  à  Tétat  de  diffusion  complète 
dans  les  marbres  bleus  de  Carrare,  de  Paros  et  des  Pyrénées,  (G.  R», 
t.  XCVIU,  p.  589.  Paris,  1884.) 

1884.  DiEULAFAiT.  —  Manganèse  dans  les  marbres  cipolins.  (G.  R., 
t.  XGVIII,  p.  634.  Paris,  1884.) 

1885.  DiBOLAPAiT.  —  Origine  et  mode  de  formation  des  minerais  de  manga- 
nèse. Leur  liaison  au  point  de  vue  de  l^origine  avec  le  baryte  qui  les  accom- 
pagne. (G.  R.,  t.  G»  p.  324.  Paris,  1885.) 

1885.  DiBULAPAiT.  —  Applications  des  lois  de  la  thermochimie  aux  phéno- 
mènes géologiques.  Minerais  de  manganèse.  (G.  R.,  t.  G,  p.  609,  644^  676. 
Paris,  1885.) 

1885.  Igblstrokm.  —  Braunite  des  mines  de  Jacobsberg  en  Wermland  (Suède). 
(BulL  Soc.  min.  de  France,  t.  Vlll,  p.  421.  Paris,  1885.) 

1889.  Promatha  Nath.  Bosb.  —  The  manganiferous  Iron  and  Manganèse  ores 
of  Jabalpur.  {Records  of  the  geological  Survey  of  India,  t.  XXII,  p.  216.  Galcutta.) 


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CHROME 

Cr;  Eq  =  26,75  ;    P.  at  =  53,5. 


Usages.  —  Le  chrome  a  quelques  emplois  industriels  dont  le 
principal  est,  depuis  une  quinzaine  d'années,  la  métallurgie. 

Dès  1821^  Berthier  '  signalait  et  étudiait  les  alliages  du  chrome 
avec  le  fer  et  Facier.  Les  progrès  actuels  de  la  chimie,  en  faisant 
voir  combien  des  doses  infinitésimales  de  certains  corps  chan- 
geaient les  propriétés  du  métal  obtenu,  ont  vulgarisé  l'emploi  du 
chrome  comme  celui  du  manganèse,  du  tungstène,  etc. 

Introduit  dans  un  acier,  le  chrome  n'acière  pas,  ne  remplace 
pas  le  carbone,  mais  augmente  la  dureté  :  d'oti  son  application 
pour  la  fabrication  des  projectiles,  en  particulier  des  projectiles 
Hoeltzer.  Son  inconvénient  est  que  Tacier  chromé  semble  être 
dans  un  état  moléculaire  instable  qui  occasionne  parfois  des  rup- 
tures subites  ;  aussi  a-t-on  une  tendance  à  préférer  Tacier  dur  ou 
demi-doux. 

C'est  vers  1878  que  la  fabrication  des  aciers  chromés  a  com- 
mencé à  se  répandre  ;  à  cette  date,  elle  était  spécialisée  dans  les 
usines  suivantes  :  aux  Etats-Unis,  à  Brooklyn,  New- York 
(Chrome  steel  C**)  ;  en  Angleterre,  à  Scheffield  (Seebonne)  ;  en 
France,  à  Unieux,  et  à  l'aciérie  Hoeltzer,  de  la  Loire.  A  Brooklyn*, 
on  emploie  des  minerais  de  Baltimore,  renfermant,  les  uns 
37  p.  100  d'oxyde  de  chrome,  13  d'alumine  et  11  de  silice  ;  les 
autres  60  p.  100  d'oxyde  de  chrome,  et  pas  de  silice.  On  pulvérise, 

•  Afin,  d.  M-,  1821,  l*»  série,  t.  IV,  p.  573,  et  Ann.  chim.  et  phy$,y  2*  série,  t.XVII, 
p.  55. 
«  BoUand.  {Ann.  d.  M.,  7-,  t.  XIU,  p.  152.)  • 

GÉOLOGIE.  —  T.  II.  3 


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34  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

mélange  à  du  charbon  et  réduit  dans  des  creusets  en  graphite  en 
présence  d'un  fondant  :  ce  qui  donne  du  ferrochrome  &  4,29  de 
carbone  combiné  et  48,70  de  chrome. 

D'autre  part,  on  utilise  également  le  fer  chromé  pour  préparer, 
en  sole  neutre,  les  aciers  moulés  soudables,  les  fers  fondus  sou- 
dants par  des  procédés  qui  se  sont  perfectionnés  depuis  1888  et 
1889. 

Dès  1867^  MM.  Pochin  et  Hunt  avaient  essayé  d'employer  le 
minerai  de  chrome  comme  produit  réfractaire  pour  la  construc- 
tion de  fours,  creusets,  etc.  En  1876,  M.  Audouin,  puis,  en  1881, 
M.  Garnier  reprirent  l'idée  en  proposant  d'appliquer  les  soles  en 
oxyde  de  chrome  pour  la  déphosphoration. 

En  dehors  de  la  métallurgie,  les  sels  de  chrome  sont  employés 
en  grand  comme  matières  colorantes  pour  la  fabrication  des 
papiers  peints,  des  toiles  peintes,  pour  la  coloration  en  vert  des 
feuilles  artificielles,  la  céramique,  etc.  On  utilise,  par  exemple, 
Toxyde  de  chrome  anhydre  Cr*0'  dans  la  peinture  sur  porce- 
laine ;  le  vert  Guignet  Ce*0'  2H0,  préféré  aux  sels  arsenicaux  pour 
rimpression  des  tissus  et  des  papiers  peints  en  raison  de  son 
innocuité;  surtout  les  chromâtes,  tels  que  le  jaune  de  chrome 
(chromate  de  plomb),  etc.  Ces  matières  colorantes  sont  pourtant 
un  peu  dépréciées,  depuis  quelques  années,  par  Tusage  croissant 
des  couleurs  d'aniline  et  d'alizarine. 

Le  bichromate  de  potasse  sert  en  photographie  pour  les  tirages 
au  charbon  et  l'alun  de  chrome  remplace  parfois  l'alun  de  potasse. 

L'acide  chromique  a  des  emplois  comme  source  d'oxygène  ;  en 
dissolution  dans  Tacide  sulfurique,  on  l'utilise,  dans  l'électrolyse, 
où  il  combat  efficacement  la  dépolarisation  en  abandonnant  de 
l'oxygène  et  revenant  à  l'état  de  sesquioxyde. 

L'industrie  des  matières  colorantes  (chromâtes)  exige  généra- 
lement des  minerais  à  plus  de  50  p.  100  de  chrome  ;  ceux  d'une 
teneur  inférieure  vont  à  la  métallurgie. 

Les  principales  fabriques  de  chromâtes  sont,  en  Europe,  GlascoiTv 
et  Eberfeld,  qui  consomment,  chaque  année,  environ  15  000  tonne: 
de  chromite  de  fer  riche  ;  en  Amérique,  Baltimore  *. 

'  Voir  Garnier.  Mémoire  de  1887  sur  la  Nouvelle-Calédonie. 


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STATISTIQUE  DU  CHROME  3S 

Minerais.  —  Le  chrome  se 'présente,  dans  la  nature,  sous  deux 
formes  principales  :  le  fer  chromé  (Fe,Mg)  0,  (Cr,Al)*0%  minéral 
cubique  se  rattachant  à  la  famille  des  spinelles  et  le  chromate  de 
plomb  ou  crocoïse^  trouvé  d*abord  en  Sibérie  à  Bérésowsk  dans  des 
filons  quartzeux  traversant  les  roches  primaires,  puis  au  Brésil 
dans  un  granité.  C'est  de  la  crocoïse  que  le  chrome  fut  d'abord 
extrait  par  Yau'quelin  en  1797;  aujourd'hui,  son  seul  minerai  pra- 
tique est  le  fer  chromé. 

Les  principaux  centres  de  production  du  fer  chromé  sont  : 

La    Turquie  d'Asie   produisant 

environ 7  000  l. 

Les  Etats-Unis  (Californie),  1887.  3  000  t.  à  70  fr.  valant  210  000  fr. 

La  Nouvelle-Calédonie,  1888  .   .  2  500  t.  à  40  fr.      —      100000  fr. 

La  Grèce  (Eubée),  1878 1  500  t. 

Le  Banat 1  000  à  1  500  t. 

La  Slyrie 1000  t. 

L'Oural,  1888 500  t.  (1  900t.  en  1883,  180  en  1884). 

Le  Canada,  1888 34  t.  à  87  fr. 

15  000  a  17  000  t. 

Pour  les  États-Unis,  nous  avons  les  chiffres  précis  depuis  quel- 
ques années  : 

1882     1883     1884     1885     1886     1887 
2500  t.   3000  t.   2000  t.   2700  t.   2000  t.   3000  t. 

La  consommation  totale  des  Etats-Unis  (production  et  importa- 
tion) a  été  : 


1884 
1885 
1886 
1887 
1888 


CUROMATI  ET  BICHROMATE 
DE   POTASSE  • 


Poids 


Tonnes 

1153 
745 
900 
786 

772 


Vtleur 


Fnucs 

1092  000 
479  000 
722  000 
624  000 
743  000 


ACIDE 
CHROMIQUE 


Valeur 


Francs 

600 

200 

500 

29  000 

1450 


MINERAI  DE   CHROME 


Poids 


Tonnes 

2  803 

12 

3  500 
1476 
4650 


Valeur 


Francs 

382700 
1240 
227  200 
118100 
242  800 


VALEUR 
totale 


Francs 
1  475  300 
480  440 
949  700 
771  100 
987  250 


«Le  bichromate  de  potasse  valait,  dans  ces  dernières  années,  environ  1  franc 
le  kilogramme. 


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36  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

En  Nouvelle-Calédonie  y  les  chiffres  sont  : 

1885  4886  1888 

3  300  t.      1  800  l.  à  75  fr.      2  500  t.  à  40  fr. 

Géologie  générale  des  gisements  de  fer  chromé.  —  Les  gise- 
ments de  fer  chromé,  tous  très  analogues  les  uns  aux  autres, 
forment,  d'une  façon  uniforme,  des  grains  ou  des  amas  dans  les 
serpentines.  Ces  serpentines,  elles-mêmes,  résultent  de  l'altération 
de  roches  à  péridot  et  à  enstatite  où  le  microscope  montre  tou- 
jours la  dissémination  du  chrome  à  Tétat  de  picotite.  Une  concen- 
tration, dont  Tâge  est  difficile  à  préciser,  a  rassemblé,  en  certains 
points,  ces  éléments  de  chrome  en  un  minerai  exploitable  formé, 
soit  de  grains  de  fer  chromé  cimentés  par  une  pâte  serpentineuse, 
soit  de  masses  assez  volumineuses  du  même  minéral,  dans  des 
conditions  comparables  à  ce  que  nous  avons  vu  pour  certains 
gîtes  de  magnétite  *.  Au  contact  des  amas  de  fer  chromé,  on  trouve 
fréquemment  une  grande  abondance  de  silice  opalescente  et  de 
chrysotile  qui  ferait  croire  à  l'intervention  d'une  circulation  d'eau 
assez  récente. 

Ces  gisements,  par  leur  constitution  même,  sont  absolument 
limités  dans  tous  les  sens,  probablement  concentrés  au  voisinage 
de  la  surface  et  restreints  ;  il  en  résulte  que  les  exploitations  sont 
très  variables  et  forcées  de  se  déplacer  constamment. 


FER  CHROMÉ  DE  TURQUIE  D'ASIE 
ET  DE  GRÈGE' 

La  Turquie  d'Asie  et  la  Grèce  fournissent  une  assez  forte  pro- 
portion de  fer  chromé,  qui  n'est  l'objet  d'aucune  statistique  pré- 
cise. 

Les  principaux  gisements,  situés  comme  toujours  dans  la  ser- 
pentine, se  trouvent  sur  le  versant  Sud  de  l'Olympe  de  Bithynic 


*  Tome  I,  p.  655. 

•  Voir  Sept.  1883.  Elisée  Droite.  Sur  le  chrome  de  la  Turquie  d'Asie. 


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Tyrouk 

Dagh-Htrdi 

0,80 

0,23 

5,50 

8,00 

0,25 

0,25 

0,75 

3,00 

0,30 

0,30 

FER  CHROMÉ  DES   ÉTATS-UNIS  37 

(non  loin  de  Brousse),  pays  où  le  brigandage  rend  l'existence  d'une 
industrie  sérieuse  assez  précaire. 

Le  plus  important  des  amas  exploités  est  celui  de  Dagh-Hardi 
(commune  de  Guargueli)  ;  puis  viennent  ceux  de  Boz-Bélin  (district 
de  Domanitsch),  de  Topouk  (région  d'Adranaz),  etc. 

Le  prix  de  revient  par  tonne  varie  dans  les  proportions  sui- 
vantes : 

Abatage 

Transport  à  la  mer 

Embarquement 

Droits  d'exportation 

Frais  divers 

7,60  11,78 

On  voit  que  les  frais  de  transport  entrent  pour  une  proportion 
prédominante  dans  ces  chiffres  et  qu'il  reste  néanmoins,  étant 
donné  le  prix  du  fer  chromé,  une  bonne  marge  pour  les  bénéfices. 

Cette  région  produirait,  dit-on,  7  à  8  000  tonnes. 

Dans  rile  de  Mételin^  en  face  de  Smyrne,  nous  avons  eu  Toc- 
casion  de  visiter  un  gisement  inexploité  de  fer  chromé  dans  des 
péridotites  transformées  localement  en  serpentine  *.  Ce  fer  chromé 
est  accompagné  d'opale  et  de  chrysotile. 

Dans  VEubée,  des  nids,  également  dans  la  serpentine,  ont  pro- 
duit, en  1878,  1  650  tonnes  de  fer  chromé  valant  180  000  francs  *. 


FER  CHROMÉ  DES  ÉTATS-UNIS' 

La  Californie  a  produit,  en  1887,  3  000  tonnes  provenant  surtout 
de  Shasta,  Alameda,  Placer  et  San-Luis-Obispo  et  embarquées 
principalement  pour  Baltimore  et  Philadelphie  ;  San-Luis-Obispo 
qui,  dans  les  années  précédentes,  avait  été  un  centre  d'exploita- 
tion important,  a  déchu,  depuis  1886,  par  suite  des  frais  croissants 

'  Description  géologique  des  lies  de  Mételin  et  de  Thasos.  {Arch,  des  Missions  Se. 
de  1889.) 

•  Ann.  d.  J/.,  7«,  t.  XIU,  p.  589. 

*  Coll.  Ecole  des  Mines,  1936. 


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^  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

d'exploitation.  Les  minerais  au-dessous  de  50  p.  100  d*oxyde  de 
chrome  trouvent  difûcilement  à  se  vendre  dans  ce  pays.  Des 
gisements  importants  ont  été  entamés  en  1886,  près  de  Sim,  dans 
le  comté  de  Shasta.  Les  minerais  sont  connus  en  Europe  comme 
minerais  de  Baltimore  ;  les  échantillons  qu'on  en  trouve  dans 
les  collections  contiennent,  associés,  du  fer  chromé,  du  chrysotile 
et  de  Topale. 


FER  CHROMÉ  DE  NOUVELLE-CALÉDONIE  i 

Nous  aurons,  à  propos  du  nickel  et  du  cobalt  de  Nouvelle- 
Calédonie,  à  revenir  sur  les  gisements  de  fer  chromé  qui  leur 
sont  associés'.  Les  serpentines  de  cette  île,  surtout  celles  du  Sud, 
sont,  en  général,  très  chromifères  ;  le  fer  chromé  s*y  est  parfois 
isolé  en  veines  comparables  à  des  filons  :  ainsi,  d'après  M.  Levât, 
à  la  mine  Gasconne.  En  outre,  de  nombreuses  fissures,  dirigées 
NE-SO,  paraissent  avoir  livré  passage  à  des  sources  qui  ont  altéré 
la  serpentine  et  produit,  à  la  surface,  des  vasques  remplies  d'une 
argile  rouge  de  décomposition,  où  Ton  retrouve,  concentrés 
et  comme  stratiûés,  les  éléments  primitivement  contenus  dans  la 
serpentine  ;  c*est  là  qu'on  exploite,  à  l'état  de  grains  roulés  et 
arrondis,  le  fer  chromé  dit  d'alluvion.  La  production  de  la  Nou- 
velle-Calédonie oscille,  depuis  1884,  entre  2  et  3000  tonnes. 


FER  CHROMÉ  DU  BANAT' 

Dans  la  province  d'Orsova,  la  serpentine  traverse  des  calcaires 
crétacés.  Elle  contient  un  certain  nombre  d'amas  de  fer  chromé 
d'au  plus  3  à  400  mètres  de  longueur,  toujours  coincés  en  profon- 
deur (on  n'est  descendu  qu'une  fois  à  100  mètres).  Ces  amas  ont 


*  Garnier.  Gisements  de  cobalt,  chrome  et  fer  de  la  Nouvelle-Calédonie. 
'  Page  57;  voir,  au  cbap.  du  Nickel,  une  carte  géologique  de  Ttle,  figure  176,  page  50. 
'  1873.  Beschreibung  des  Chrombergbaues  der  GewerkschaU  Hoffmann  im  Stuhl- 
bezirke  von  Altorsova  CWien). 


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FER  CHROMÉ  DE  l'OURAL  39 

une  direction  générale  NO  parallèle  à  celle  de  la  bande  même  de 
serpentine.  En  outre,  des  cristaux  de  fer  chromé  sont  disséminés 
dans  la  serpentine. 

Les  minerais,  toujours  mélangés  avec  des  argiles  magné- 
siennes et  avec  un  peu  de  dolomie,  ont  une  couleur  habituelle 
gris  noirâtre.  Leur  teneur  moyenne  varie  de  38  à  50  p.  400  de 
chrome. 

Une  analyse  donne  : 

Cr«0' 48,75 

FeO 18,35 

SiO« 5 

AI«0^ 12 

MgO 15 

L'exploitation  remonte  à  4857.  Elle  fournit,  par  an,  à  peu  près 
1 000  à  4  500  tonnes  de  minerai. 


FER  CHROMÉ  DE  L'OURAL* 

On  exploite,  dans  TOural,  un  certain  nombre  d'amas  et  défilons 
de  fer  chromé  dans  la  serpentine.  Les  affleurements  des  amas  ont 
rarement  plus  de  20  mètres  de  large  ;  les  filons  plus  de  40  mètres 
de  long  avec  6  mètres  de  puissance.  On  n'a  jamais  exploité  au- 
dessous  de  20  mètres  de  profondeur. 

Ces  gisements  se  trouvent  surtout  sur  le  versant  Est  de  TOural. 
Us  commencent,  au  Nord,  dans  le  district  de  Goroblagodatsk  et 
traversent  les  districts  miniers.  Les  minerais  ont,  dans  les  parties 
exploitées,  une  teneur  moyenne  de  50  p.  400  d'oxyde  de  chrome, 
le  reste  de  la  masse  étant  formé  de  serpentine  et  de  magnétite. 

I  Voir  :  Rose.  Reise  nach  dem  Ural.,  1.111,  p.  157. 

Goffmann.  Mater  zur  Anfertig.  geol.  Karte,  p.  140. 

1859.  Eremeew.  {Journal  de*  minet,  1859,  t.  II,  p.  334.) 

1860.  Antipow.  {Journal  de*  minesy  1860,  t.  1,  p.  25.) 
1872.  Dresdow.  {Journal  des  minesj  1872,  1. 1,  p.  415.) 

1874.  Lohtine.  (Journal  de*  minet  (liste  des  gisements),  t.  II,  p.  315.) 

1876.  (Journal  des  mines  (analyses),  t.  III,  p.  219.) 

1877.  Mouchketow.  Mater,  pour  l'étude  de  la  structure  géol.  du  district  de  Sla- 
tooustr  (Saint-Pétersbourg),  pages  44,  71,  83,  102,  108,  111,  112. 

1878.  Richesses  minérales  de  la  Russie  d'Europe,  p.  106. 


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40  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Jusqu'en  1864,  Texploitation  du  chrome  dans  TOural  était  sans 
importance;  depuis,  elle  a  pris  quelque  développemeat. 

Les  frais  d'abatage  sont  très  minimes,  mais  le  transport  est 
coûteux,  en  sorte  qu'au-dessous  de  30  p.  100  d*oxyde  de  chrome 
le  minerai  n'est  pas  exploitable. 

  la  suite  de  ces  mines,  nous  nous  contenterons  de  mention- 
ner,  dans  d'autres  pays,  quelques  gisements  de  fer  chromé  sans 
importance,  tels  que  :  la  Bas tide-les- Cascades  dans  le  Yar,  Rôraas 
en  Norvège,  Kraubath  et  Krieglach  en  Styrie,  Silberberg  en  Silé- 
sie,  etc.  * . 

*  Kossmann.  Neuere  Aufschlûsse  ûber  das  Vorkomraen  der  Chromeisenerze  m 
Niederschlesien.  (65'«'  Jahresbericht  der  Schleiischen  Gesellschaft  fur  Vaterlandi' 
tchen  CuUur.  Breslau.)  —  Cf.  d*Achiardi,  t.  Il,  p.  385. 


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NICKEL 

Ni  ;  Eq  =  29,5.  P.  at  =  59 

Usages.  —  Le  nickel  a  été  découvert  en  1751  par  le  minéralo- 
giste suédois  Gronstedt,  dans  la  nickéline  ou  kupfernickel  (sul- 
fure d'arsenic  et  de  nickel)  que  Ton  considérait,  jusqu'alors, 
comme  un  minéral  cuivreux  parce  qu'il  a  la  couleur  du  cuivre 
métallique. 

Les  usages  du  nickel  ont  été  longtemps  peu  développés  ;  il  y  a 
dix  ans,  on  évaluait  sa  consommation  à  400  tonnes  de  métal  par 
an  en  Europe  et  60  en  Amérique.  A  la  suite  de  la  mise  en  exploi- 
tation des  gisements  de  nickel  de  la  Nouvelle-Calédonie,  le 
commerce  de  ce  métal  a  été  absolument  transformé  ;  le  kilogramme 
de  nickel  affiné,  qui  a  valu  40  francs  et  valait  encore  12  francs 
avant  1880,  est  tombé  à  5,50,  cours  actuel;  et,  par  suite,  un  grand 
nombre  d'usages  nouveaux  ont  pu  se  créer  pour  utiliser  les 
propriétés  spéciales  de  ce  métal,  qui  sont  de  ne  pas  s'altérer  à 
l'air,  de  n'avoir  pas  d'odeur,  d'exiger  peu  d'entretien,  etc. 

L'un  des  principaux  et  des  plus  anciens  emplois  est  la  fabrication 
des  monnaies  (Tappoint,  soit  en  nickel  pur  comme  en  Suisse,  soit 
au  moyen  d'un  alliage  de  nickel  et  de  cuivre  à  25  p.  100  de  nickel  et 
75  p.  100  de  cuivre.  La  Suisse,  la  Belgique,  la  Serbie,  TAllemagne, 
les  Etats-Unis  d'Amérique,  le  Brésil,  le  Mexique,  le  Venezuela,  le 
Chili,  etc.,  ont  déjà  des  pièces  de  nickel;  il  est,  depuis  longtemps, 
question  d'en  adopter  en  France. 

Un  alliage  analogue  à  celui  des  monnaies  sert,  depuis  1886,  pour 
les  étuis  des  balles  du  fusil  à  petit  calibre.  De  1886  à  1889, 2000 
tonnes  de  cet  alliage  ont  été  consommées  par  l'administration  de 
la  guerre. 


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42  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

A  Tétat  de  métal  pur,  ou  allié  à  une  proportion  plus  ou  moins 
grande  de  cuivre ,  le  nickel  tend  également  à  se  faire  une  place 
pour  la  fabrication  des  instruments  de  cuisine  en  nickel  pur,  des 
pièces  d'orfèvrerie  en  nickel  argenté,  etc..  C'est  ainsi  que  les 
objets,  dits  «  Ruolz  »,  c  Âlfénide  »  ou  c  Gristofle  »  sont  en 
maillechort  recouvert  d'argent  par  électrolyse.  Mais,  le  plus  sou- 
vent, on  se  contente  de  nickeler  superficiellement  les  objets  de  fer, 
acier,  etc.,  en  particulier  les  armes,  en  les  recouvrant  d'une  couche 
mince  de  nickel  par  galvanoplastie  ou  rarement  par  placage,  de 
manière  à  les  préserver  de  l'oxydation. 

Lorsque  le  nickel  doit  être  travaillé  en  feuilles,  il  est  nécessaire 
d'y  introduire  un  peu  de  magnésium  pour  lui  donner  la  ductilité 
et  la  fusibilité  nécessaires.  Gela  tient  sans  doute  à  ce  que  le  nickel 
commercial  retient  des  traces  d'oxyde  de  nickel  que  l'action 
réductrice  du  magnésium  fait  disparaître. 

Allié  au  cuivre  et  au  zinc  (cuivre  50,  zinc  25,  nickel  25),  le 
nickel  forme  lemailiechorty  importé  en  France  en  4827  par  Ghorier 
et  utilisé  dans  la  confection  d'une  foule  de  petits  objets  (coutellerie, 
horlogerie,  couverts,  etc.).  Il  entre  également  dans  la  composition 
de  l'argent  allemand  (german  silver),  du  packfong,  de  Félectrum^ 
du  toutenague,  de  l'argentan,  etc.*.  Depuis  1884,  on  a  créé  les 
ferromaillechorts  (fer,  cuivre,  nickel). 

Enfin  un  débouché  important  parait  se  créer,  pour  le  nickel,  dans 
la  métallurgie  de  l'acier*.  Il  résulte,  en  effet,  d'expériences,  faites 
depuis  1885  en  France,  à  Lizy,  Montataire  et  Imphy  ainsi  qu'en 
Allemagne  et,  en  1889,  en  Angleterre  (ces  dernières  par  Frédéric 
AbeP)  que  l'acier  nickelé^  contenant  de  1  à  5  p.  100  de  nickel,  est 
particulièrement  propre  à  la  confection  des  blindages  des 
constructions  de  navires,  des  grosses  pièces  de  forge,  etc.;  l'acier 
à  5  p.  100  de  nickel,  pour  les  outils,  pièces  de  machines,  abris 
contre  la  mousqueterie,  etc.;  l'acier  à 25  p.  300  pour  la  sellerie, 
l'équipement,  les  pièces  estampées  et  repoussées,  les  fils  de  résis- 
tance électrique,  les  câbles,  etc.  *. 

«  Voir  une  note  de  M.  Debette  dans  les  Ann.  d,  M.  de  1844,  t.  VI,  p.  501. 

•  Voir  Levât,  p.  209. 

'  Voir  le  Temps  du  26  mars  1891. 

*  Voir  Iron  and  Steel  institute  ;  réunion  de  mai  1889  ;  brochure  de  la  Société  le 
Ferronickel  à  TËxposition  de  1889,  etc. 


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MINERAIS  DE  NICKEL  43 

Aussi  a-t-on  recherché  le  nickel  avec  activité  depuis  1890,  et,  les 
sources  de  ce  métal  utilisées  jusqu'ici  n'en  ayant  donné  que  des 
quantités  momentanément  insufQsantes,  a-t-on  vu  son  prix  s^élever, 
en  même  temps  que  Ton  étudiait  les  moyens  de  traiter  économi* 
quement  certains  minerais  pauvres  de  Norvège,  du  Canada,  etc.  \ 

■inerais.  —  L'industrie  du  nickel  a  passé  assez  rapidement  par 
une  série  de  phases  successives  dans  lesquelles  on  s*est,  tour  à 
tour,  adressé  à  telle  ou  telle  catégorie  de  minerais  : 

l""  Il  y  a  une  cinquantaine  d'années  environ,  les  seuls  minerais 
de  nickel  exploités  étaient  les  ai'séniures  et  arsénio-sulfures  de 
Saxe,  Comwall,  Suède,  Norvège,  Hongrie,  Pensylvanie  et  les 
minerais  de  cobalt  : 

D'une  part,  la  nickeline  ou  kupfernickel  (nickel  arsenical)  est 
composée  essentiellement  de  nickel  et  d'arsenic  (40  à  55  p.  100  de 
nickel)  et  forme  des  gisements  importants  en  Saxe  (Schneebei^, 
Marienberg,  Freiberg,  etc.)  ;  à  Allemont,  en  Dauphiné  ;  dans  le 
Cornwall,  etc.  Avec  elle,  on  trouve  le  nickel  arsenical  NiAs*,  le 
nickel  gris  et  Tarseniate  *. 

D'autre  part,  les  minerais  de  cobalt  contiennent,  presque  tou- 
jours, une  certaine  quantité  de  nickel  et  la  division  qu'on  peut 
faire  entre  les  mines  de  nickel  et  les  mines  de  cobalt  est,  le  plus 
souvent,  toute  artiflcicUe  ;  pour  extraire  le  cobalt  qui  est  le  pro- 
duit essentiel,  on  soumet  ces  minerais  à  un  grillage  imparfait,  au 
moyen  duquel  on  cherche  à  oxyder  le  cobalt  seul,  tout  en  n'enle- 
vant qu'une  partie  de  l'arsenic.  Lorsque  la  matière,  ainsi  grillée, 
est  ensuite  soumise,  dans  les  pots  de  verrerie,  à  l'action  dissol- 
vante du  silicate  de  potasse,  les  métaux  autres  que  le  cobalt, 
combinés  avec  l'arsenic,  se  précipitent  à  la  partie  inférieure,  sous 
forme  d'une  poudre  lourde  et  cristalline,  d'aspect  métallique,  qu'on 
appelle  le  speiss  et  qui  devient  alors  un  véritable  minerai  de 
nickel  ; 

2^  Vers  4854,  on  a  commencé  à  extraire  une  assez  forte  propor- 

*  Voir  :  1867.  KleDScbmidt.  Métallurgie  du  nickel  et  du  cobalt.  (B,  u.  Hûl,  Z.) 
1877.  Badoureau.  Métallurgie  du  nickel.  {Ann.  d.  M.) 

1892.  Levât.  Progrès  de  la  métallurgie  du  nickel.  (Ann.  d.  M,,  9*,  t.  I,  p.  141.) 

*  Nous  rappellerons  la  présence  du  nickel  dans  certaines  météorites. 


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44 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


tion  de  nickel  des  pyrites  de  fer  magnétiques  qui  en  renferment  de 
3  à  5  p.  100  et  dont  les  principaux  gisements  sont  en  Suède,  en 
Ecosse,  à  Dillenboui^  dans  le  Hanau  et  à  Yarallo,  dans  le  Pié- 
mont; 

3*  Puis,  vers  1876,  on  a  découvert  et  exploité  (d'abord  avec  insuc- 
cès) le  minerai  tout  spécial  de  la  Nouvelle-Calédonie,  un  silicate 
de  nickely  qui  fournit  aujourd'hui  une  très  forte  proportion  du  nic- 
kel employé  dans  le  monde  entier,  en  Europe,  en. Amérique,  aux 
Indes,  en  Chine,  au  Japon.  Ce  minerai  contient  jusqu'à  8,  10  et 
12  p.  100  de  nickel  et  peut,  par  une  fusion,  donner  une  matte  à 
50  p.  100,  tandis  que  les  minerais  précédemment  connus  n'en  con- 
tenaient pas  plus  de  2  à  4  p.  100  et  exigeaient  un  traitement  par 
voie  humide; 

k""  Enfin,  depuis  1889,  nous  assistons  à  un  mouvement  nouveau 
dans  lequel  on  tend  à  revenir  aux  pyrites  nickélifères^  dont  de  grands 
gisements  viennent  d'être  découverts  et  ont  bientôt  pris  un  déve- 
loppement considérable  au  Canada;  dont  des  mines  anciennes 
existent  en  Norvège.  Le  problème  à  résoudre  était  d'en  extraire  le 
nickel  économiquement.  On  paraît  y  être  arrivé  par  l'affinage  au 
convertisseur  Manhès,  adopté  surtout  en  France  et  en  Alle- 
magne. 

D'un  autre  côté,  sir  Abel  faisait  remarquer  dernièrement  que  de 
l'oxyde  de  carbone  sec,  amené  sur  du  nickel  impur  en  poudre  fine, 
chauffé  à  100**,  se  charge  de  nickel  sous  forme  d'un  oxyde  de  car- 
bone nikelé  qui,  en  se  refroidissant,  dépose  le  nickel  métallique 
et  il  a  vu  là  le  point  de  départ  d'un  procédé  industriel  nou- 
veau. 

Le  tableau  suivant  donne  la  composition  d'un  certain  nombre 
de  minerais  nickélifères  : 

Minerais  sulfurés 


Ni 

Fe 

S 

GANGt'E 

Inverary  «Ecosse)    .... 

(ExcepUonDcUemenl  riche.) 

Valsesia. 

22,00 
i  20 

44,10 

20,00 
20,00 

30,00 

28,00 
28,00 

3,20 

51,50 
51,08 

1  '■'" 

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COMMERCE  DU   NICKEL 

Minerais  arséniés 


Minerais  oxydés 


45 


Ni 

Bi 

Ou 

AS 

S 

Go 

Fe 

Cufie 

Minerai  blanc. 

Schneeberg   .   .  . 

28,14 

2,19 

0,50 

71,30 

0,14 

m 

■ 

> 

Reichelsdorf.   .   . 

20,64 

» 

• 

72,64 

» 

3,37 

3,25 

» 

Schladming  .  .  . 

13,04 

» 

w 

60,50 

5,40 

5,00 

13,30 

» 

Minerai  gris. 

SchiadmiDg  .  .   . 

38,42 

• 

» 

42,52 

14,22 

» 

2,09 

1,87 

m 

11,00 

• 

0,20 

38,00 

3,00 

1.00 

10,00 

• 

r«^;A^»«         i  Vertémeraude 
^Nn„Jûpf[ll?^„;.^i  Vert  jaunâtre 
(Nouvelle-Calédonie)  ^  y,^^  ^  bleuâtre 

I 


COMPACITÉ 


Dur 

Un  peu  friable 

S'écrase  sous  les  doigts 


TENEUR 
enNiO 


20 

12-15 

6-8 


TENEUR 

en  HO 


5 

10-15 

20 


Commerce  du  nickel.  —  La  métallurgie  du  nickel  ne  date  que 
de  1824,  époque  où  V.  Gersdorff  fonda,  en  Autriche,  la  première 
usine. 

Vers  1870,  la  consommation  de  nickel  dans  le  monde  était  d'en- 
viron 250  à  300  tonnes  ;  en  1878,  elle  n'était  encore  que  de  400 
tonnes.  Jusqu'à  ce  moment,  l'Angleterre  et  l'Allemagne  avaient,  à 
peu  près,  comme  nous  Favons  dit,  le  monopole  de  la  production 
de  ce  métal  et,  dans  les  premiers  temps  de  l'exploitation  des 
minerais  de  la  Nouvelle-Calédonie,  l'abstention  des  usiniers 
anglo-allemands  qui  les  déclaraient  intraitables,  fut  clause  de 
grosses  pertes  pour  les  exploitants  et  faillit  même  faire  passer  les 
mines  de  Nouvelle-Galédonie  à  des  capitalistes  anglais.  En  1880, 
la  Société  le  Nickel,  créée  par  M.  Higginson,  centralisa,  au  con- 
traire, ces  mines  entre  des  mains  françaises.  Un  groupe  d'action- 
naires de  cette  société  a  fondé,  en  1882,  la  Fonderie  de  Nickel  et 
Métaux  blancs,  devenue,  depuis  1884,  la  Société  le  Ferronickel. 
La  consommation  de  nickel  dans  le  monde  a  passé  d^e  400  tonnes 
en  1878  à  1200  en  1880,  2  000  en  1884,  3  000  en  1887  (à  la 
suite  de  l'application  du  nickel  à  l'armement). 


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46 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


D'ici  à  peu  de  temps,  on  estime  qu  elle  pourra  s'élever  à  près 
de  10  000  tonnes. 

Dans  ces  dernières  années,  la  production  du  nickel  dans  le 
monde,  d'après  là  statistique  internationale  française,  a  été  la 
suivante  : 


MINERAI  EN   1890 

MâTAL                              H 

1886 

1888 

30 
288 
132 

• 

93 

188Î) 

1890 

Nouvelle-Calédonie.   . 

Allemagne 

Norvège 

Suède  

EUU-Unis 

Grande-Bretagne  .  .   . 
Hongrie  

19.700  t.àl25fr.  (Nickel) 

290—      .    -  (Nickel  et  cobalt) 
5.540—      46—    Nickel  et  cobalt) 

700-      .    —   Nickel) 
1.050-     192 

85  _      77  —  (Nickel  et  cobalt) 
176  _       .  _  (Nickel  et  cobalt) 

30 
169 
132 

60 

• 

97 

• 

330  t.  à  5.180  fr. 
282  -    5.220  — 
132  —    5.423  — 

93-  *7.100  - 
Prix  à  Philadelpic 

» 

330 
434 

t 

146 

» 

Mais  ces  chiffres  ne  donnent  aucune  idée  de  l'importance  réelle 
des  deux  principaux  centres  de  production  qui  sont  aujourd'hui 
la  Nouvelle-Calédonie  et  le  Canada. 

La  Nouvelle-Calédonie  est  restée,  de  1880  à  1888,  le  centre  de 
production  presque  unique.  En  1888,  elle  produisait  environ  2  600 
tonnes.  En  1889,  elle  a  exporté  19  741  tonnes  de  minerai  de  nickel 
d  une  teneur  variant  de  7  à  10  p.  100,  soit  environ  2  000  tonnes 
de  nickel  métal*  et,  en  outre,  une  certaine  proportion  de  mattes  à 
50  p.  100  obtenues  sur  place.  Aujourd'hui  on  s'y  organise  pour 
produire  5  000  tonnes. 

Quant  au  Cariada^  tout  à  fait  inexploité  avant  1888,  il  est 
déjà  en  mesure,  d'après  M.  Levât,  de  donner  4  500  tonnes 
par  an. 

Dans  le  commerce  du  nickel,  la  France  joue  un  rôle  important. 
Sa  consommation  propre  s'est  considérablemeut  accrue  depuis 
dix  ans. 

En  Allemagne,  les  pays  producteurs  de  nickel  sont  surtout 
TErzgebirge  saxon  où  nous  étudierons  le  gîte  de  Schneeberg  et  la 
Silésie  polonaise. 

«  Journal  Officiel  du  16  mars  1891. 


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STATISTIQUE  DU   NICKEL 

La  statistique  donne  : 


47 


1881 

1882 

1883 

1884 

1885 

1886 

1888 

1889 

1890 

Prusse 

Saxe - 

82 
52 

121 

» 

liO 
16 

126 
56 

144 
20 

16» 

• 

» 

• 
« 

33 
273* 

Totaux .  . 

134 

121 

126 

182 

164 

169 

288 

282 

c06 

En  Suède  et  en  Norvège^  on  a,  de  même,  en  nickel  métal  : 


1880 

1881 

1882 

1883 

1884 

1885 

Suède  .  .   

46 

8 

34 
104 

29 
46 

31 

» 

60 
132 

Norvège  . 

Totaux  .... 

46 

8 

138 

65 

31 

192 

Hais  ces  chiffres  sont  loin  de  correspondre  à  la  production 
réelle  de  minerais,  une  grande  partie  de  ces  minerais  étant 
expédiée  en  Angleterre. 

Nous  décrirons,  en  Scandinavie,  les  principales  mines  qui  sont  : 
en  Norvège,  Ringerike  ;  en  Suède,  Klefva  et  Sagmyra. 

La  production  totale  de  la  péninsule,  qui  était,  en  1875,  de 
42  338  tonnes,  a  été  en  diminuant  depuis  la  découverte  des  gîtes  de 
Nouvelle-Calédonie  ;  en  1889,  elle  était  évaluée  à  10  300  tonnes  de 
minerais  de  nickel  et  de  cobalt  pour  la  Norvège,  969  tonnes  pour 
la  Suède. 

En  Autriche-Hongrie^  nous  aurons  à  nous  occuper  des  mines  de 
Dobsina  en  Hongrie,  Schladming  en  Styrie,  Leogang  dans  la 
province  de  Salzburg. 

Prix  du  nickel.  —  Les  prix  du  nickel  ont  subi,  nous  l'avons  vu, 
des  variations  considérables.  En  1830,  vers  les  débuts  de  sa 
fabrication,  le  métal  valait  environ  62  francs  le  kilogramme  '  ;  puis 
il  se  tint  longtemps  vers  33  et  tomba  peu  à  peu  à  15.  De  1865  à 
1873,  le  prix  oscilla  entre  12  et  15  ;  mais  l'adoption  de  ce  métal 
pour  Tusage  monétaire  en  un  grand  nombre  de  pays  augmenta 

*  Miaerais  de  nickel,  cobalt  et  bismuth  à  2  188  fr.  la  tonne* 

•  VoirFiechner.(Ô«(.  ZetU.  f.  B.  14  H,,  t  XXXV,  1887.) 


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48  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

rapidement  sa  valeur  jusqu*à  27  francs  en  1872  et  40  en  1874  ; 
après  quoi,  il  retomba  peu  à  peu  à  10  francs  en  1880  ;  6  fr.  20  en 
1883;  5  francs  de  1889  à  1892. 


GÉNÉRALITÉS   SUR  LES  GISEMENTS  DE  NICKEL 

Le  nickel,  qui  présente  tant  d'analogies  avec  le  fer,  et  qu*on 
retrouve  comme  lui  à  Fétat  natif  dans  les  météorites,  semble 
pouvoir  être  considéré  comme  un  métal  de  profondeur  arrivé  au 
jour,  le  plus  souvent,  avec  le  magma  basique  non  scorifié,  à  Tétat 
d'inclusions  dans  une  roche  ferrugineuse  et  magnésienne.  C'est 
ainsi  que  le  gisement  primitif  du  nickel  parait  être,  dans  un  grand 
nombre  de  cas,  une  roche  verte  comme  la  péridotite,  le  gabbro, 
la  diorite  ou  une  roche  qui  dérive  par  altération  des  précédentes 
comme  les  serpentines.  Dans  ces  roches,  le  nickel  existe  associé 
avec  la  chalcopyrite,  la  magnétite,  le  fer  chromé,  le  platine,  etc., 
mais  en  proportions  trop  faibles  pour  être  exploitable. 

Des  phénomènes  secondaires  plus  ou  moins  anciens,  contempo- 
rains ou  non  de  la  solidification  de  la  roche,  ont  eu  pour  effet  d'ex- 
traire parfois  de  ces  roches  basiques  les  éléments  nickélifëres  plus 
ou  moins  disséminés  et  de  les  concentrer  au  voisinage.  C'est  ainsi 
qu'ont  dû  se  former,  assez  récemment,  les  hydrosilicates  de  la 
Nouvelle-Calédonie,  de  même  que  le  chrome  de  la  picotite  se  grou- 
pait dans  les  serpentines  en  amas  de  fer  chromé^  C'est  ainsi  que 
précédemment  s'étaient  produites,  autour  de  certaines  serpentines 
ou  de  certaine  gabbros,  des  circulations  d'eaux  thermales  sulfurées, 
ayant  particulièrement  affecté  les  régions  broyées  et  les  ayant 
imprégnées  de  sulfures  divers,  parmi  lesquels  la  pyrrhotine  nické- 
lifère  est  industriellement  la  plus  importante. 

Enfin  des  parcelles  de  nickel  se  trouvent  mélangées  à  celles  de 
tous  les  autres  métaux  dans  les  remplissages  de  champs  de  fractures 
complexes  comme  ceux  de  Saxe  et  du  Harz,  et  ce  nickel,  qui  n'y 
joue  le  plus  souvent  qu'un  rôle  secondaire,  atteint  parfois,  au 
contraire,  une  teneur  assez  forte  pour  être  extrait  avantageusement. 

«  Voir,  page  36. 


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NICKEL  DE  LA   ffOUYELLE-CALÉDONIE  49 

Dans  la  description  des  gisements,  nous  adopterons  Tordre  que 
nous  venons  d'indiquer  et  qui  correspond  à  un  rapprochement 
plus  ou  moins  direct  avec  la  roche  mère  supposée  du  métal,  à 
un  départ  plus  ou  moins  complet.  Cet  ordre  se  trouve  être,  en 
même  temps,  celui  dans  lequel  on  classerait  les  minerais  par 
teneur  :  les  hydrosilicates  de  Nouvelle-Calédonie  renferment  jus- 
qu'à 10  et  12  p.  [100  de  nickel  ;  les  pyrrhotines  nickélifères  de 
Suède  et  Norvège,  dltalie,  d'Allemagne,  des  Etats-Unis,  de  Nou- 
velle-Zélande, etc.,  au  plus  3  à  4  p.  100  ;  enQn  les  Qlons  com- 
plexes à  minéraux  de  nickel  proprement  dits,  comme  ceux  de 
Saxe,  d'Espagne,  de  France,  donnent  à  peine  0,5  p.  100.  C'est 
de  la  même  fagon  que  Ton  se  trouverait  encore  classer  les  gîtes 
par  importance  économique. 


I.  —  NICKEL  DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE' 

{Veines  de  gamiérite  dans  la  serpentine  le  long  de  vasques 

argileuses.) 

Géologie  générale  de  la  Nouvelle-Calédonie.  —  L'île  de  la  Nou- 
velle-Calédonie, qui  mesure  300  kilomètres  de  longueur  et 
30  kilomètres  de  laideur  en  moyenne,  se  divise  en  trois  régions 
distinctes  (fig.  176,  p.  50)  : 

1""  Au  Nord-Est,  des  terrains  schisteux  anciens,  non  fossilifères, 
généralement  de  couleur  claire,  talqueux  ou  quartzeux,  forment 
le  soubassement  de  Tile  ; 

2®  Sur  la  côte  Ouest,  apparaissent  des  terrains  secondaires  et 
tertiaires,  à  la  base  desquels  se  rencontrent,  d'après  M.  Garnier, 
un  peu  de  trias,  puis  des  schistes  feldspathiques  et  porphyres  de 
l'étage  houiller,  enfin,  autour  de  Nouméa,  de  l'infralias  et  du  lias 
inférieur  avec  couches  de  houille  ; 

S""  Sur  lacdte.Est  et  dans  le  Sud,  des  schistes  serpentineux  et  des 
serpentines  recouvrent  à  eux  seuls  près  du  tiers  de  la  surface  de 
nie;  c  est  au  milieu  de  ces  serpentines  que  sont  exclusivement 
concentrés  les  gîtes  minéraux  de  nickel,  de  cobalt  et  de  fer  chromé. 

«  Coll.  ÉcoU  des  Mines,  1942. 

GÉOLOGIE.  —  T.   II.  4 


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50 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


Le  contact  des  serpentines  et  des  s<îhistes  anciens  est  métamor- 
phisé  de  telle  façon  par  le  phénomène  même  ayant  produit  la  ser- 
pentine, qu^on  passe  de  la  roche  serpentineuse  franche  aux  schistes 


X^XC^  MÊÊ^f^miÊiif%»m>,  ctiFn3rTtfi'€U.%/t&wtent 


JbkÊJtmfJwtTpm 


Fig.  176.  —  Carte  géologique  de  la  Nouvelle-Calédonie,  d'après  M.  Garnier. 

quarizeux  par  une  série  insensible  de  roches  vertes  plus  ou  moins 
plissées  qui  forment  le  contact. 

Enfin  le  flanc  des  montagnes  est  couvert  par  d'immenses  nappes 
d'argile  rouge,  que  couronnent  des  amas  de  minerai  de  fer.  Ces 
argiles  sont  le  résidu  de  la  décomposition  des  serpentines  et  en 
contiennent  tous  les  éléments.  De  nombreuses  cassures  sont  diri- 
gées N.-E.  S.-O. 

Gisements  de  nickel.  —  Le  nickel  se  rencontre  exclusivement,  à 
la  Nouvelle-Calédonie,  sous  forme  d'un  silicate  hydraté  magnésien, 
d'un  beau  vert  pomme  quand  il  est  pur,  déposé  sous  forme  d'en- 


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NICKEL  DE  LA   NOUYELLE-CALÉDONIB  51 

dait  OU  de  concrétions  striées  ou  mamelonnées  dans  les  fissures 

de  la  serpentine  le  long  de  vasques  argileuses.  Cet  hydrosilicate, 

qui  est  une  variété  de  piméliie  nommée  la  gamiérite,  ne  résulte 

pas  de  l'altération  superficielle  de  quelque  sulfure  ou  arséniure 

de  nickel,  car  il  n'existe  pas  trace  d'aucun  de  ces  corps,  mais 

senible  avoir  été  emprunté  à  la  serpentine  (ou  à  la  roche  mère 

dont  celle-ci  dérive)  par  Faction  des  eaux.  Le  nickel,  le  cobalt 

et  le  chrome  se  trouvent  réunis  dans  les  mêmes  gisements  que 

nous  commencerons  par  décrire,  sans  faire  aucune  hypothèse,  afin 

d'arriver  ensuite  à  des  conclusions  sur  leur  mode  de  formation. 

Nous  venons  de  parler  de  couches  d'argile  rouge,  qui  sont  un 

des  points  caractéristiques  de  la  géologie  du  pays  et  que  Ton 

aperçoit  de  fort  loin  en  mer.  Ces  argiles  partent  d'un  certain 

nombre  de  vasques,  disposées  suivant  des  fissures  N.-E.  S.-O.  qui 

coupent  la  serpentine,  et  manifestement  remplies  par  le  produit 

de  la  décomposition  de  ces  serpentines.  A  la  périphérie,  la  roche, 

à  demi  dissoute,  a  pris  un  aspect  spécial  que  les  prospecteurs 

appellent  «  sugar-rock  »,  à  cause  de  sa  ressemblance  avec  du  sucre 

à  moitié  fondu. 

Ces  vasques  d'ai^ile,  que  Ton  peut  comparer  à  celles  où  on 
trouve  les  phosphates  et  les  manganèses  du  Nassau,  les  minerais 
de  fer  sidérolithiques  dans  le  Berry,  etc.  *,  présentent  une  certaine 
allure  stratifiée  qu'indiquent  ff^(^, 

les  figures    177  et  178  ci- 
jointes.   On  y  voit  une  ou 
plusieurs  nappes  de  manga- 
nèse cobaltifère  ;   parfois,  à  '' ri»surt  n£so.  '^'^^w^($^ 
la  superficie,  des  amas  de 

minerai  de  fer  oolithique  ;  Légende 

ailleurs,  des  couches  renfer- 
mant des  grains  roulés  de 

fer  chromé  que  les  mineurs 

,,      .    .  .    j        Fig.  177.  —  Coupe  de  la  mine  Persévérance 

appellent  improprement  du         près  Houaîlon  (Nouvelle-Calédonie)  (d'après 

chrome  d'alluvion.  Les  élé-       **•  ^''^*^'- 

ments  compris  dans  Faillie  rouge,  à  l'exception  peut-être  du 

«  Voir  t.  I,  p.  361  et  796;  t.  U,  p.  26. 


S       Smjfentèn^  dtoampar^^  tiu.'Caniaci'dikr  tvyilAr^ 


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52  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

cobalt,  viennent  de  la  serpentine  voisine  ;  le  fer  chromé  ne  s'y 
présente  que  lorsque  la  serpentine  en  contient  des  grains,  parfois 
même  des  veines,  comme  à  la  mine  Gasconne. 

Le  nickel,  lui,  est  localisé  dans  certaines  de  ces  vasques  for- 
mant des  traînées  N.-E.  S.-O.,  de  600  à  800  mètres  de  large,  dont 
les  principales  sont  :  Honailou,  Koua,  Kouaoua,  Ganala,  Thio  et 

Brandy.  Il  se  trouve  uni- 
a,  ^jKnmr^   ^5aL  quement  sur  leur  pour- 

A^  r-rr  ^  -, —  ^'làun^nnaù^,       tour,  principalement  au 
A  ih,fm.abiyat.f^m^.  iqi\^^  eutro  la  serpentine 

et  Targile,  séparé  géné- 
ralement de  l'argile  par 
un  plan  net,  constituant, 

Fig.  178.  —  Coupe  à  la  mine  Gasconne  (Nouvelle-    au     contraire,   souvent, 
Galédonie),  d'après  M.  Levât.  «  i  .. 

'      ^  dans  la  serpentme,  une 

sorte  de  stockwerk.  Les  figures  montrent  :  la  figure  179,  la  coupe 

d'un  gisement  symétrique,  celui  de  la  mine  Poncelet,  Tune  des 

plus  importantes  de  Tîle;  la  figure  180,  un  stockwerk  de  80  mètres 

de  large  développé  au  toit  et  exploité  en  carrière;  la  figure  181, 

une  forme    de  stockwerk  où,   la   serpentine,    ayant  été   moins 

...  20*». 


Fig.  179.  —  Coupe  de  la  mine  Poncelet  (district  de  Brandy),  d'après  M.  Levât. 

friable,  s'étant  mieux  prêtée  à  des  cassures  francties,  on  a  des 
veines  de  plusieurs  mètres  de  large. 

Si  Ton  essaye  de  concevoir  le  mode  de  formation  de  ces  gise- 
ments, on  est  naturellement  porté  à  supposer  que  le  nickel  pro- 
vient, comme  le  chrome  et  le  cobalt,  plus  ou  moins  directement, 
de  la  serpentine  encaissante.  Les  serpentines  de  Nouvelle-Calédonie 
contiennent,  en  effet,  presque  toutes  du  nickel,  et  M.  Levât  en  a 
cité,  qui  ne  présentaient  pas  trace  de  fissures,  tapissées  de  minerai 
et  renfermaient  jusqu'à  5  p.  100  de  ce  métal.  Peut-être  ce  nickel 
remplace-t-il  partiellement  le  fer  dont  la  proportion  diminue  quand 


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NICKEL  DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE 


53 


la  sienne  augmente.  Toujours  est-il  qu*une  concentration  facile  a 
pu,  sous  Faction  des  eaux,  entraîner  ce  nickel  disséminé  et  le 
rassembler  dans  les  fissures  où  on  l'exploite.  La  magnésie,  qui 
entre  dans  la  composition  du  minerai,  a  son  origine  bien  nette 
dans  la  serpentine. 
Le  fait  que  le  nickel  n^existe  jamais,  à  la  façon  du  manganèse, 


Fig.  180. 
Coupe  de  la  mine  Méfau. 


Fig.  181. 
Coupe  de  la  mine  Pauline  (district  de  Thio). 


du  cobalt  et  du  chrome,  dans  les  argiles  rouges  qui  résultent  de 
la  décomposition  sur  place  et  évidemment  superficielle  de  la  ser- 
pentine, a  fait  supposer  à  M.  Levât  que  le  dépôt  des  métaux  avait 
pu  se  produire  en  plusieurs  temps  : 

l""  Dissolution  de  la  serpentine,  soit  par  les  eaux  d'infiltration, 
soit,  suivant  lui,  par  des  eaux  thermales  venant  du  fond  et  ayant 
apporté  le  cobalt,  et  formation  d'argile  ; 

2""  Dessiccation  de  cette  argile  et  production  d'un  vide,  dû  au 
retrait,  à  sa  périphérie  ; 

3**  Arrivée,  dans  ce  vide  et  dans  les  fissures  de  la  serpentine 
voisine,  d'eaux  thermales  apportant  du  nickel  emprunté  à  la  roche 
en  profondeur. 

En  tout  cas,  il  semble  vraisemblable  que  les  dépôts  de  nickel 
devront  aller  en  se  réduisant  en  profondeur  à  mesure  que  la 
vasque  d'argile  se  rétrécira,  et,  avec  elle,  la  fissure  due  à  son 
retrait  et  disparaîtront  finalement  un  jour  pour  ne  laisser  sub- 
sister que  de  la  serpentine  intacte  à  nickel  disséminé,  ou,  peut- 
être  même,  la  roche  à  hornblende  et  enstatite  dont  celle-ci  a  com- 
mencé par  dériver. 

La  seule  mine,  un  peu  profondément  exploitée  jusqu'ici,  a  été 
celle  de  Santa-Maria,  oii  l'on  est  descendu  à  84  mètres  ;  en 
général,  on  exploite  en  carrière  à  ciel  ouvert. 


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54  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Ajoutons  quelques  mots  sur  les  minerais  exploités  et  sur  les 
mines  en  exploitation  : 

V  Minerais  de  nickel.  —  Le  minerai  de  nickel  est,  comme  nous 
Tavons  dit,  un  hydrosilicate  magnésien  signalé,  pour  la  pre- 
mière fois,  par  M.  Garnier,  en  1873,  au  Mont-d'Or,  dans  le  péri- 
mètre de  Boulari. 

Des  échantillons  de  minerai  pur  de  nickel  ont  donné  la  compo- 
sition moyenne  suivante  : 


[ickel. 

Magnésie. 

Fer. 

Silice. 

Eau. 

26 

13 

3 

45 

13 

Mais  c'est  là  une  teneur  exceptionnelle  ;  les  minerais  contien- 
nent, en  général,  après  triage  et  lavage,  de  10  à  12  p.  100  de  Ni, 
la  gangue  étant  d'ailleurs  la  serpentine  plus  ou  moins  décom- 
posée. 

D'après  d'Achiardi,  les  minerais  se  rapportent  à  trois  types  : 

1®  Les  minerais,  verts  d'émeraude,  durs,  tenant  20  p.  100  de  NiO  et  5  p.  100 
d*eau  ; 

2o  Les  minerais,  vert  jaunâtre,  un  peu  friables,  tenant  12  h  15  p.  100  de  NiO 
et  12 à  15  p.  100  d'eau; 

3'  Les  minerais  blancs  bleuâtres,  s*écrasant  sous  les  doigts,  tenant 
6  à  8  p.  100  de  NiO  et  20  p.  100  d'eau. 

En  voici  deux  analyses  : 


Si0« 

FcH>« 

AW 

NiO 

MgO 

no 

Analyse  Douillet.  . 

38 

7 

— 

18 

15 

22 

Analyse  Heurteau  . 

41,00 

— 

0,(^0 

19,00 

16,30 

20,00 

Exploitation.  —  La  première  demande  en  concession  pour 
nickel  fut  faite,  en  janvier  1874,  dans  la  région  du  Mont-d'Or, 
près  Nouméa.  Depuis  cette  époque,  les  découvertes  se  sont  suc- 
cédé sans  relâche.  Au  1"  janvier  1890,  le  nombre  des  mines 
âe  nickel  instituées  était  de  115,  auxquelles  il  fallait  ajouter  427 
demandes  en  concession. 

Les  principaux  districts  exploités  sont  : 

Sur  la  côte  Est,  ceux  de  Ny,  de  Brandy,  de  Mey,  de  Thio,  de 
v^akety,  de  Koua  ;  sur  la  côte  Ouest,  ceux  de  la  Dumbéa,  de  Païla^ 


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NICKEL   DE   LA  NOUVELLE-CALÉDONIE  55 

de  la  Toutouta,  de  la  Ouenghi,  de  Poya,  du  Komambo,  du 
Kaila,  etc. 

L'intérieur  de  File,  en  dehors  d'une  bande  littorale  d'une 
douzaine  de  kilomètres,  est  encore  mal  connu. 

Le  district  le  plus  important  est  celui  de  Thio,  qui,  de  1876  à 
1890,  a  exporté  59  448  tonnes  de  minerai  d'une  teneur  moyenne 
de  8  à  12  p.  100  et  228  000  kilogrammes  de  fonte  de  nickel. 

Parmi  les  mines  de  Thio,  on  peut  citer  :  Santa-Maria,  Moulinet, 
Rose,  Belvédère  et  Benaucourt. 

En  dehors  du  district  de  Thio^  nous  mentionnerons,  dans  la 
région  de  Nakéty,  les  mines  Boulangère,  Ghio  et  Bienvenue; 
dans  la  région  de  Kanaoua,  la  mine  Dorée,  etc. 

Eu  1889,  22  exploitations  ont  occupé  1  1S8  ouvriers  et  exporté 
19741  tonnes  de  minerai  d'une  teneur  de  7  à  10  p.  100.  Le  recru- 
tement de  la  main-d'oeuvre  est  une  des  questions  difficiles  dans 
ces  entreprises. 

Traitement.  —  Les  minerais  de  la  Nouvelle-Calédonie,  qui  ont 
l'avantage  d'être  très  purs,  sont  particulièrement  recherchés. 

Au  début  cependant,  nous  rappellerons  qu'on  a  été  assez  embar- 
rassé pour  les  traiter,  à  cause  de  leur  nature  particulière.  On  les 
fondait  alors  avec  des  pyrites  arséniées  pour  avoir  un  speiss  qu'on 
soumettait  ensuite  aux  opérations  habituelles  à  Septèmes  (Bouches- 
du-Rhône).  L'idée  de  passer  le  minerai  au  haut  fourneau,  de  même 
qae  celui  de  fer,  a  amené  une  véritable  révolution  métallurgique. 
Aujourd'hui,  on  traite,  soit  au  haut  fourneau,  soit  au  cubilot. 

De  1888  à  1891,  une  partie  notable  des  matières  extraites  a  été 
fondue  sur  place,  de  manière  à  expédier  en  Europe  des  mattes  à 
30  ou  60  p.  100  et  à  économiser  ainsi  le  fret  qui,  de  Thio  à 
Glascow,  est  d'environ  50  francs  par  tonne.  Les  difficultés  d'ap- 
provisionnement du  coke  (venant  d'Europe)  ont  fait,  depuis  1892, 
renoncer  momentanément  à  la  fusion  en  Nouvelle-Calédonie.  La 
plupart  des  minerais  vont  donc  en  Angleterre,  où  l'on  trouve  en 
^ndance  le  fondant  sulfurant  nécessaire,  sous  forme  de  charrée 
de  soude;  on  emploie  des  waterjackets  de  dimensions  médiocres 
passant  25  à  30  tonnes  par  vingt-quatre  heures. 

2*  Minerais  db  cobalt.  —  Le  minerai  de  cobalt,  associé  au 


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56  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

manganèse  dans  les  vasques  argileuses,  ne  contient,  d'ordinaire, 
après  triage  à  la  main,  que  3  à  5  p.  100  d'oxyde  de  cobalt  ;  mais 
il  est  très  répandu  et  d'une  exploitation  généralement  très  facile, 
consistant  parfois  en  un  simple  ramassage. 

On  ne  connaît,  jusqu'ici,  que  deux  sortes  de  minerais  de  cobalt. 
Toutes  deux  sont  des  oxydes  manganésifères  ou  asbolites.  L'une 
porte  le  nom  de  <c  truffes  »  parmi  les  mineurs  et  présente  quelque 
peu  la  forme  de  ce  champignon  *  ;  l'autre  sorte,  la  plus  commune, 
est  informe  et  sa  richesse  moyenne  relativement  faible. 

Voici  une  analyse  qui  donnera  une  idée  de  la  composition 
moyenne,  la  teneur  en  cobalt  étant  de  3  558  : 

Partie  insoluble  {contenant  un  peu  de  fer  chromé)  •  .  4  593 

Perle  à  la  calcination 25  600 

Peroxyde  de  fer 14  531 

Alumine 27  549 

Chaux 1  400 

Magnésie 0  956 

Oxyde  de  manganèse 13  650 

Oxyde  de  cobalt 4  519 

Oxyde  de  nickel 2  691 

Oxygène  en  excès 4  313 

Ces  minerais  de  cobalt,  comme  ceux  de  nickel,  ont  d'abord 
présenté  quelques  difficultés  de  traitement,  en  particulier  pour  la 
séparation  du  nickel  et  du  cobalt.  Le  procédé,  employé,  dans  ces 
derniers  temps,  aux  usines  Malétra  de  Rouen,  permet  de  traiter 
par  mois  150  tonnes  de  minerai  donnant  environ  4  500  kilo- 
grammes de  cobalt*. 

La  première  demande  de  concession  pour  exploiter  le  cobalt 
date  de  1876  ;  mais,  comme  pour  le  nickel,  de  nombreuses  décou- 
vertes ont  eu  lieu  depuis  cette  époque,  notamment  dans  les 
régions  de  l'île  Ouen,  de  la  baie  du  Sud,  d'Unia,  de  Nehoué, 
dans  les  îles  Yandé  et  Belep,  etc. 

Au  1"  janvier  1890,  le  nombre  de  mines  de  cobalt  instituées  était 
de  20  et  le  nombre  de  celles  demandées'en  concession  de  117. 

Actuellement,  les  exploitations  les  plus  importantes  sont 
concentrées   dans  les  régions  de  Nakety,  de  la  baie  Laugier, 

*  Ces  minerais  avaient  été  d'abord  pris  pour  des  rognons  de  pyrolusite. 

•  VoirPelatan  ;  Génie  civil  de  1891.  —  Causerie  scientiflque  du  TempSy  14  avril  1891. 


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NICKEL  DE  LA   NOUVELLE-CALÉDONIE  57 

de  la  baie  d'Uqué,  de  Mou,  de  Wagap,  des  lies  Yandi  et  Belep. 

En  1889,  de  ces  diverses  exploitations,  au  nombre  de  12  et 
employant  205  ouvriers,  il  a  été  exporté  2  185  tonnes  de  minerai 
de  cobalt,  d*une  teneur  variant  de  3  à  5  p.  100. 

D'importants  travaux  d'installation  sont,  en  outre,  exécutés  sur 
différents  points  de  TUe,  notamment  dans  les  régions  de  Goyeta 
et  de  la  baie  d'OIand,  où  de  nouveaux  centres  d'exploitation  ne 
tarderont  pas  à  être  créés,  le  minerai  de  cobalt  calédonien  étant 
actuellement  très  demandé  sur  les  marchés  d'Australie  et  d'Europe. 

Autrefois,  le  minerai  de  cobalt  était  tiré  à  grand'peine,  comme 
nous  le  verrons  au  chapitre  consacré  i  ce  métal,  de  certaines 
mines  de  Saxe  ou  de  Norvège  qui  ne  contiennent  que  de  1  à 
2  p.  100  de  cobalt;  aujourd'hui,  grâce  aux  gîtes  de  la  Nouvelle- 
Calédonie,  on  a  une  moyenne  de  3  à  5  p.  100.  L'oxyde  de  cobalt, 
qui  se  vendait  de  60  à  70  francs  le  kilogramme,  est  tombé,  par 
suite,  au  prix,  encore  rémunérateur,  de  15  à  20  francs. 

Quoique  le  minerai  de  cobalt  soit  beaucoup  plus  pauvre  que 
celui  de  nickel,  il  possède  cependant  une  valeur  plus  grande,  et 
actuellement,  à  Nouméa,  la  tonne  de  minerai,  d'une  teneur  de 
3,5  p.  100,  est  cotée  de  90  à  95  francs  et  115  francs  à  4  p.  100. 

3''  Minerais  de  chrome.  —  Le  minerai  de  chrome  est  répandu 
en  abondance  dans  toute  la  formation  serpentineuse  de  la  Nou- 
velle-Calédonie, et  les  minerais  de  fer  associés  aux  serpentines  en 
contiennent  une  notable  proportion  (de  2  à  5  p.  100). 

Les  gîtes  de  chrome  sont,  comme  nous  l'avons  dit\  de  deux 
sortes  :  soit  en  filons  dans  la  serpentine,  soit  en  couches  strati- 
fiées dans  les  vasques  d'argile  :  le  chrome  de  ces  dernières  est 
appelé  improprement  chrome  d'alluvion. 

En  voici  trois  analyses  empruntées  à  M.  Gamier  : 

Minerai  riche         Minerai  d'alluvion 
du  Mont -d'Or  ^^-^^^^.^^^ — 

Sesquioxyde  de  chrome .    .   .   .  61553  42,60  41,28 

Peroxyde  de  fer 34  000  37,20  19,02 

Alumine 0114  12,80  29,10 

Silice 4  625  1,20  2,10 

Magnésie,  etc 0  028  5,10  5,10 

Humidité 1,10  3,40 

*  Page  38. 


V./VK- 


V  ■^^'^ MF c.g^^N^,\y Google 


58  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Les  minerais,  dits  alluvionnaires,  forment  des  couches  de  0,80 
d'épaisseur  environ,  qu'on  enrichit  par  un  lavage  primitif.  Leur 
teneur,  inférieure  à  50  p.  100,  empêche  de  les  utiliser  pour  l'indus- 
trie des  chromâtes  de  potasse  ;  mais  ils  servent  à  la  fabrication 
des  ferro-chromes. 

La  première  demande  en  concession  pour  exploiter  le  fer  chromé 
fut  adressée  en  187S  ;  mais,  depuis,  des  découvertes  importantes 
ont  eu  lieu,  notamment  dans  la  région  du  Mont-d'Or,  de  Plum,  de 
la  baie  des  Pirogues,  de  la  baie  du  Sud,  etc. 

Au  1"  janvier  1890,  le  nombre  des  mines  de  chrome  instituées 
était  de  15,  représentant  une  superficie  de  3  966  hectares;  [à  la 
même  date,  le  nombre  de  celles  demandées  en  concession  s'élevait 
à  89. 

Les  plus  importantes  exploitations  de  chrome  sont  celles  de  la 
rivière  N'Go  et  de  la  rivière  des  Pirogues,  qui  sont  reliées  à  la 
mer  par  des  voies  ferrées  ayant  une  longueur  totale  de  5  kilo- 
mètres. 

De  ces  diverses  exploitations,  au  nombre  de  7  et  comprenant 
150  ouvriers,  il  a  été  exporté,  en  1889,  2  254  tonnes  de  minerai 
de  chrome,  d'une  teneur  moyenne  de  50  p.  100  de  sesquioxyde 
de  chrome. 

Actuellement,  à  Nouméa,  la  tonne  de  minerai  de  chrome,  d'une 
teneur  de  50  p.  100,  a  une  valeur  variant  de  40  à  45  francs  et  de 
80  à  85  francs  à  Sydney. 

L'exploitation  des  gisements  de  chrome  n'a  pas  été,  jusqu'à  ce 
jour,  bien  active  ;  mais  elle  ne  peut  que  se  développer  par  suite  de 
l'importance  que  prend  ce  minerai  dans  la  métallurgie. 

Bibliographie  de  la  Nouvelle-Calédonie, 

1867.  Garnœr.  —  Essai  sur  la  géologie  et  les  ressources  minérales  de  la 
Nouvelle-Calédonie.  i^Ann.  d.  M.,  6%  t.  XII,  p.  1.) 

1874.  LivERSiDE.  —  Trans.  of  the  royal  Society  of  New-Southwales. 

1876.  Heorteau.  —  Richesses  minérales  de  la  Nouvelle-Calédonie.  (Ann.  d, 
Jf.,7*,  t.  IX,  p.  235.) 

1876.  Mines  de  nickel  de  la  Nouvelle-Calédonie.  {Cuyper,  t.  XXXIX,  p.  185.) 

1877.  Badoureau.  —  Métallurgie  du  nickel.  {Ann,  d.  if.,  7«,  t.  XII,  p.  237.) 

1878.  Ratte.  —  Roches  et  gisements  métallifères  de  la  Nouvelle-Calédonie. 
1880.  Luc  LÉO.  —  Le  nickel  en  1880  et  la  Nouvelle-Calédonie. 


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NICKEL  DE   LA   NOUVELLE-CALÉDONIE  59 

1883.  d'Achubdi,  t.  Il,  p.  32. 

1885.  PoRCHEEON.— Nickelen Nouvelle-Calédonie.  {Ind.min., 2«, t. XIV, p. 89.) 

1885.  Garnikr.  —  Notice  histor.  sur  la  déc.  du  nickel  en  Nouvelle-Calé- 
donie. {M.  Min.,  2»,  t.  XIV,  p.  126.) 

1885.  (inn.  (2.  Jf.,  p.  609,  665.) 

1887.  Garnikr.  —  Les  gisements  de  cobalt,  chrome  et  fer  à  la  Nouvelle- 
Calédonie.  [Soc,  des  ing.  civils,} 

1887.  {Ann.  d.  M.,  p.  544.) 

1888.  (Ann.  d.  M.,  p.  558.) 

*  1889.  Levât.  —  Association  pour  Tavancement  des  sciences,  29  septembre. 

1889.  Brochures  de  la  Société  le  nickel  et  de  la  Société  le  ferronickel. 
16  mars  1891,  —  (Journal  Officiel.) 

189i.  Peutan.  — Traitement  des  minerais  de  cobalt.  {Génie  civil,]  Résumé 
dans  la  causerie  scientifique  du  Temps  du  14  avril  1889. 
1892.  Levât.  —  Progrès  de  la  Métallurgie  du  nickel.  {Ann.  d.  M.,  9«,  1. 1.) 

Des  minerais  analogues  à  ceux  de  la  Nouvelle-Calédonie  ont  été 
reDcontrés  en  quelques  autres  points  sans  jamais  présenter 
d'importance  industrielle  : 

C'est  ainsi  qu'aux  Etats-Unis,  on  en  a  trouvé,  en  1881,  sur  la 
montagne  Piney,  dans  le  comté  de  Douglas  (Orégon  méridional). 
Divers  essais  ont  donné  là  une  teneur  atteignant  24  p.  100  de 
nickel. 

En  Californie  également,  la  pimélite  (hydrosilicate  d'alumine 
et  de  nickel)  est  associée  au  cinabre  dans  les  minerais  de  New- 
Almaden,  dont  les  filons  traversent  des  roches  identiques  à  celles 
de  la  Noavelle-Galédonie  :  serpentines  et  schistes  serpentineux. 

EnEspagnCy  près  deMdaga,  on  a  signalé,  de  même,  des  pimé- 
lites  tenant  9  p.  100  de  nickel, 

La  pimélite  (variété  Rewdanskite)  a  été  trouvée  encore  en 
flume,  à  Rewdansk,  près  d'Ekaterinenbourg»,  dans  l'Oural;  elle 
donne  un  rendement  qui  oscille  autour  de  12  p.  100  de  nickel. 

Là  on  a  affaire  à  un  filon  vertical  de  2  mètres  de  puissance, 
traversant  des  chloritoschistes  et  de  la  serpentine,  filon  dont  le 
remplissage  est  formé  de  quartz  carrié,  pimélite  et  chrysoprase 
(calcédoine  teintée  en  vert  par  le  nickel)  :  les  cavités  du  quartz 
renferment  une  argile  plastique  empâtant  des  nodules  d'annaber- 
gile  (arseniate  hydraté  de  nickel)  qui  peuvent  atteindre  la  gros- 
seur du  poing. 

'18G6.Mûllsr.  B.  u.H,  Z,y  p.  65,  etGroddeck,  p.  285.  —  D*Achiardi,  t.  II,  p.  30, 


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60  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Enfin,  en  Nouvelle-Zélande,  M.  A.  Pond  a  dit  avoir  constaté  la 
présence  du  nickel  dans  un  grand  nombre  de  roches  vertes  du 
district  des  Âuklandes,  qui  tiendraient,  d'après  lui  : 

Ni  p.  100 

1.  Serpentine  de  Mahurangi 0,49 

2.  —         de  Manukau 0,47 

3.  Greenstone  de  Val  Papakura 0,26 

4.  Argile  verte  onctueuse  de  Waipu 0,1  i 

5.  Serpentine  de  Coromandel traces 

Ces  minerais  de  nickel,  disséminés  dans  une  formation  serpen- 
tineuse,  ont  été  comparés  à  ceux  de  Nouvelle-Calédonie. 


IL  —  PYRRHOTINES  NICKELIFERES 

Il  arrive  souvent  que  certaines  roches  basiques  à  péridot, 
pyroxëne,  hornblende  ou  diallage,  comme  les  péridotites,  les  dia- 
bases,  les  diorites,  les  gabbros  ou  les  serpentines  qui  en  dérivent, 
contiennent  des  traces  de  fer,  cuivre,  nickel,  chrome,  etc.,  à  Tétat 
oxydé  ou  sulfuré.  La  magnétite,  la  chalcopyrite,  la  pyrrhotine 
(pyrite  magnétique)  souvent  nickélifère,  le  fer  chromé,  etc.,  arrivent 
à  former,  soit  dans  ces  roches  mêmes,  soit  à  leur  voisinage  immé- 
diat, des  gisements  industriellement  exploitables,  où  le  cuivre  est 
presque  toujours  associé  au  nickel. 

En  Norvège,  en  particulier,  la  concentration  des  sulfures  autour 
des  gabbros,  souvent  à  leur  contact  même,  parfois  dans  des  zones 
de  schistes  broyés  qu'on  nomme  fahlbandes,  est  particulièrement 
nette.  Les  gisements,  actuellement  si  importants,  du  Canada 
rentrent  dans  ce  type.  Nous  décrirons  ensuite  ceux  de  Scandi- 
navie, dltalie,  d'Allemagne,  des  États-Unis,  etc. 


PYRRHOTINES  NICKELIFERES  DU  CANADA 

Les  gisements  de  nickel  de  la  province  d'Ontario  sont  situés 
autour  de  la  ville  de  Sudbury,  station  du  Canadian  Pacific  Railway 


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PTRRHOTINES   NICKÉLIFÉRES   DU   CANADA 


61 


(voir  flg.  182).  C'est  Touverture  de  cette  ligne  qui  a  permis  de 
les  exploiter  depuis  1888. 

Le  nickel  s'y  présente  dans  de  grands  amas  lenticulaires  de 
pyrrhotine  et  de  chalcopyrite,  qui  ont  été  tout  d'abord  exploités  pour 
cuivre.  Ces  amas  sont  intercalés  dans  le  huronien,  très  plissé  en 
celte  région,  suivant  une  direction  N.-E.  S.-O.  et  en   relation 


Fig.  182.  —  Carte  de  la  région  de»  gttes  de  nickel  au  Canada  (d'après  M.  Levât). 

manifeste  avec  des  diorites  au  contact  desquelles  on  les  rencontre. 
La  diorite  forme  même  souvent  la  gangue  du  minerai. 

La  teneur  moyenne  ne  dépasse  guère  3  à  4  p.  100  de  nickel  et 
à  peu  près  autant  de  cuivre.  Voici  une  analyse  moyenne  d'un 
minerai  trié  comme  minerai  de  cuivre  : 

Soufre 26,717 

CuiYre 12,610 

Fer 29,820 

Nickel 3,130 

Protoxyde  de  fer 6,22 

Chaux 4,84 

Magnésie 2,61      \    Gangue  .   .     23,36 

Alumine 2,64 

SUice 13,06 

L'exploitation  se  fait  :  soit  à  ciel  ouvert,  sur  des  affleurements  de 


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62  GÉOLOGIK  APPLIQUÉE 

pyrite  massiveassez  pauvresen  cuivreet  nickel  (Slotbie,  Creighton)  ; 
soit  soutermnement,  sur  des  lentilles  restreintes,  tenant  3  à  5  p.  1 00 
de  nickel  et  autant  de  cuivre  (Gopper  Gliff,  Evans,  Blezard). 
Le  minerai  extrait  revient  à  environ  15  francs  la  tonne  dans  les 
exploitations  souterraines;  il  subit  ensuite  un  grillage  qui  coûte 
2  fr.  50  et  une  fusion  qui  s'opère  dans  de  grands  water-jackets  en 
tôle  d'acier  de  3  millimètres,  de  forme  elliptique  et  d'une  seule 
pièce,  depuis  le  creuset  jusqu'à  la  porte  de  chargement.  La  fusion 
d'une  tonne  de  minerai  coûte  de  8  à  9  francs ,  la  consommation 
de  coke  étant  de  une  tonne  pour  une  tonne  de  matte.  On  arrive 
ainsi  à  une  matte  tenant  de  16  à  18  p.  100  de  cuivre  et  19  à  23  p.  100 
de  nickel  qui  doit  encore  subir  une  séparation  des  deux  métaux  et 
un  affinage  (réverbère  ou  convertisseur  Manhès). 

Au  Canada  également,  la  pyrrhotine  nickélifère  est  connue 
depuis  assez  longtemps,  à  Oxford,  dans  une  roche  serpentineuse, 
et  à  Sterry-Hunt,  dans  un  calcaire  magnésien  jugé  de  l'époque 
huronienne.  Ce  dernier  dépôt  a  près  de  2™,  70  de  puissance  et 
les  minerais  à  gangue  calcaire  y  tiennent  de  3  à  4  p.  100  de  nickel. 
Le  nickel  est  associé  avec  de  la  blende  et  du  fer  chromé. 


Bibliographie. 

1871.  (Engineering  a.  mining  J.,  t.  XXV.) 

1889.  Davies,  p.  287. 

1890.  Sudbury  Nickel  deposits.  (Report  hy  experts  to  the  TJ.  S.  govemement,) 
1890.  E.  D.  Peters.  -  Sudbury  ore  deposils.  (T.  Am.  I.  M.  E.,  t.  XYlil, 

p.  278.) 

*  1891 .  Garnier.  —  Mines  de  nickel,  cuivre  et  platine  du  district  de  Sudbury. 
(Mém,  de  la  Soc,  des  Ing.  civ,,  mars  1891.) 

•  1892.  Levât.  —  Progrès  de  la  métallurgie  du  nickel.  (Ann.  d.  M.,  9*,  t.  I, 
p.  164.) 


PYRRHOTINES  NICKÉLIFÈRES  DE  SCANDINAVIE' 

(ringérike,  etc.) 

La  péninsule  Scandinave  présente  quelques  gisements  de  nickel 
dont  la  production,  assez  considérable  jusqu'au  moment  où  elle 


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PTRRHOTINES  NICKËLIFÈRES  DE   SCANDINAYIE  63 

s'est  trouvée  arrêtée  par  la  découverte  des  mines  de  Nouvelle- 
Calédonie,  tend  à  reprendre  aujourd'hui.  Les  minerais  sont  sur- 
tout des  pyrrhotines  nickélifëres,  parfois  en  relation  avec  des 
gabbros. 

La  première  mine  fut  ouverte  en  Norvège  en  1846,  par  une 
compagnie  anglaise,  dans  le  val  cTEspedaly  district  montagneux  du 
Sôndre-Gudbransdal  ;  elle  fut  fermée  en  1851  par  suite  de  manque 
de  voies  de  transport.  Le  gîte  était  caractérisé  par  des  fablbandes, 
c'est-à-dire  des  zones  broyées  et  imprégnées  de  pyrrhotine  nické- 
lifère  au  voisinage  de  gabbros  et  d'amphiboliles.  On  commença 
ensuite  à  exploiter  les  autres  mines  de  Ringérike  et  de  Bamble 
près  Skien  ;  puis,  jusqu'en  1866,  on  en  ouvrit  neuf  autres  dont  la 
production  totale  fut  d'abord  de  3  450  tonnes  de  minerai  par  an  et 
atteignit  34  550  en  1875,  en  même  temps  que  la  Suède  produisait, 
en  outre,  7  700  tonnes. 

Ces  minerais,  comme  tous  ceux  de  pyrrhotine  nickélifère,  sont 
généralement  pauvres.  Celui  de  Sagmyra  dans  le  Kopparberg,  en 
Suède,  avait  pour  composition  dans  deux  filons  voisins  : 


Soafre 

Nickel 

Cuivre 

Cobalt 

Fer 

Silice 

Premier  ûlon .     .  . 

31 

0,50 

0,60 

traces 

23 

45 

Deuxième  filou  . 

11 

0,80 

1 

» 

7 

80 

Nous  décrirons  principalement  la  mine  de  Ringérike  : 
La  mine  de  nickel  de  Ringérike  est  située  au  Nord  de  Skutterud, 
où  sont  des  gisements  cobaltifères  que  nous  étudierons  plus  loin  *, 
près  de  la  station  de  chemin  de  fer  de  Naakerud. 

Le  minerai  se  trouve  disséminé  à  Tétat  d'imprégnation  dans 
des  schistes  amphiboliques  et  micaschistes  verticaux  (Telemarks- 
chiefer)  ;  les  imprégnations  se  succèdent  les  unes  aux  autres  sous 
forme  de  lentilles  dans  une  direction  constante  et  parallèle  à  celle 
des  schistes  encaissants.  Les  schistes  sont  eux-mêmes  très  tour- 
mentés, mais  dirigés  dans  Tensemble  à  IS"".  Suivant  Otto  Lang,  la 
pyrrhotine  de  Ringérike  serait  subordonnée  à  une  roche  comparable 
à  un  gabbro  et  formée  de  feldspath,  pyroxène,  diallage  et  amphi- 
bole. 

*  Page  86. 


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64  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Les  minerais  extraits  sont  :  de  la  pyrite  magnétiqu 
2,5  p.  100  de  nickel,  de  la  pyrite  de  fer  et  de  la  pyi*ite  ( 

On  exploite,  à  ciel  ouvert,  trois  lentilles  principales,  q 
50  à  70  mètres  de  long  et,  au  plus,  40  mètres  en  profoi 
puissance  de  Timprégnation  va  jusqu^à  20  mètres. 

Le  minerai,  au  sortir  de  la  mine,  est  grossièrement  sel 
obtient  ainsi  de  la  pyrite  magnétique  formant  environ 
du  tout  venant;  5  à  10  p.  100  de  pyrite  de  cuivre  et  e 
gangue.  La  pyrite  magnétique  est  envoyée  à  une  petit 
3  kilomètres  de  là.  Elle  arrive  avec  une  teneur  de  2  à  2 
de  nickel  ;  mais,  par  une  série  de  grillages  en  tas  et  de  foi 
on  en  retire  un  speiss  enrichi,  contenant  jusqu'à  20  ; 
nickel.  Vers  1875,  on  extrayait  environ  5  600  tonnes  d< 
donnant  112  tonnes  de  nickel. 

Une  autre  mine  norvégienne,  celle  de  Ronsas  dans  le 
est  remarquable  par  la  localisation  des  sulfures  métaUic 
rhotine,  chalcopyrite,  pyrite,  etc..)  à  la  périphérie  d'un 
gabbro  recoupant  des  schistes  et  dans  ce  gabbro  même.  C 
sition  des  sulfures  divers  est  très  fréquente  en  Norvèg 
aurons  Foccasion  de  la  mentionner  à  plusieurs  reprises 

Sur  la  côte  de  Kragérô^  des  filons  de  quartz,  avec  ] 
nickélifère,  fournissaient,  en  1875,  8  à  10  tonnes  de  ni< 

Vers  Christiansand^  il  existe  également  des  veines 
avec  pyrrhotine  nickélifère. 

En  Suède  enfin,  on  peut  citer  Klefva,  Sagmyra,  etc. 

A  Klefva^  en  Smaland,  on  a  exploité  de  la  pyrite  magne 
en  amas,  soit  en  imprégnations  dans  des  gneiss.  Le  min( 
en  1873,  au  plus  3  p.  100  de  nickel  et  1  à  1  1/2  de  eu 
moyenne,  1  1/2  de  nickel  et  1/2  de  cuivre.  En  1875, 
produisait  3  246  tonnes  de  minerai,  correspondant 
46  tonnes  de  nickel. 

Les  exploitations  de  Sagmyra^  entre  Fdun  et  le  lac  S 
le  district  de  Kopparberg,  portaient  surtout  sur  lei 
Stàttberg  et  de  Kusa.  La  pyrite  magnétique  tenait 
berg,  1/4  de  nickel  et  1/2  de  cuivre;  à  Kusa  3/4  p.  100. 
ces  mines  produisaient  4  489  tonnes  de  minerai,  soi 
36  tonnes  de  nickel,  dont  25  à  Stàttberg  et  10  à  Kusa. 


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PTRRHOTINES  NICKÉUFÉRES   DU   PIÉMONT  65 


Bibliographie. 

1879.  Nickel  Vorkommen  in  Europa.  (Berg.  u.  H.  Z.,  1879,  p.  359.) 
1887.  Flbchner.  —  {Oestr.  Zeils.  f.  B.  u.  H.,  t.  XXXV.) 


PYRRHOTINES  NIGKÉLIFÈRES  D'ITALIE 

(SVARALLO,  COPELLO,   VAL  SESIA,   ETC.) 

Lltalie  présente,  dans  le  Piémont,  un  assez  grand  nombre  de 
gisements  de  pyrrholine  nickélifère  qui  ont  eu  quelque  importance 
avant  1880  ;  ces  gisements,  en  relation  avec  des  serpentines,  des 
diorites,  des  euphotides,  etc.,  contiennent  souvent  un  peu  de  chai- 
copyrite*.  En  Sardaigne,  on  a  trouvé  également  le  nickel  à  l'état 
de  pyrrhotine  associée  avec  des  arséniosulfures  de  nickel.* 

I)  une  façon  générale,  dans  l'Italie  du  Nord  et  lltalie  Centrale^ 
les  traces  de  nickel  sont,  en  outre,  fréquent^s  dans  les  serpentines 
et  dans  certaines  ophites,  comme  celles  de  Bombiana  (provipce  de 
Bologne). 

Dans  les  Alpes  Piémontaises,  il  existe  quelques  mines  de  nic- 
kel, par  exemple  celle  du  Mont  Cruvin  (commune  de  Bruzolo)  ; 
celle  de  BesigheUo  (commune  de  Balme),  où  se  présentent,  dans 
ladiorite,  deux  filons  quartzeux  minéralisés  de  0,50  de  puissance  ; 
celles  de  Mezzenile,  de  Gabianca  et  quelques  autres  de  moindre 
importance.  Da^s  ces  gîtes,  on  trouve  une  pyrrhotine  tenant  de 
0,4  à  4,5  p.  100  de  nickel,  en  relation  avec  des  roches  vertes 
anlesiluriennes  ;  Baretti,  dans  son  livre  sur  le  Gran  Para- 
diso*,  cite  encore  les  mines  de  Usseglio  et  de  Balme  et  montre 
comment  la  pyrrhotine  se  trouve  avec  des  serpentines  et  des 
euphotides,  tandis  que  la  rammelsbergiteet  la  smaltine,^  au  con- 
traire, traversent  des  roches  amphiboliques. 

Dautres  gisements  comparables  se  rencontrent  aussi  dans  la 
province  de  Novara,  au  Val  Sesia  et  à  ses  embranchements  et 
toujours  dans   cette  même  zone  des  roches  vertes.  Dans  le  haut 

*  Association  du  nickel  et  du  cuivre  déjà  signalée  plus  haut,  pages  00,  62,  etc. 
•Page  303. 

6É0L0GIB.  —  T.  II.  5 


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66  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Val  Sesia  et  plus  particulièrement  dans  le  Val  Sorba 
une  branche,  sont  ceux  du  Val  Barbina  (commune  de 
de  Varallo ,  de  ValmaggiCy  de  Cevia,  etc.  ;  dans  le  Val 
rieur,  ceux  de  Locarmo  et  de  Parone, 

Ces  mines  de  Varallo,  Scopello,  Locarmo,  etc.,  sont  a 
toutes  abandonnées. 

Le  minerai  qu'on  trouve  habituellement  dans  ces  gl 
Sesia  est  la  pyrrhotine  nickélifëre. 

La  pyrrhotine  des  deux  principales  mines  de  Varallo 

A  Valmaggia 3,32  de  Ni. 

A  Cevia 3,01  de  Ni  et  1,75  de  Ci 

Mais  cette  teneur  est  un  peu  diminuée  par  le  mélange 
Tamphibole  et  d'autres  minerais.  L'analyse  complète 
vante  : 

Amphibole.   Soufre.         Ni.  Cu.  Co. 

Cevia 50,00      28,00      1,20      0,50      i,00 

Sella-Bassa  (Varallo)  .      50,00      28,00      1,44      0,72      0,36 

Ce  n^est  qu'exceptionnellement  que  les  minerais  tienn 
4  à  5  p.  100  de  nickel. 

Dans  d'autres  anciennes  mines,  telles  que  celle  de  I 
Parone,  la  pyrrhotine  était  mêlée  à  du  sulfure  de  ni- 
chalcopyrite,  de  la  magnétite  et  de  la  limonite  ;  sa  te 
plus  élevée  ;  le  minerai  contenait  : 

Ni  Co  ( 

Parone 6,0         2,3  2 

Locarno 5,5  0,6  2 

Les  roches  encaissantes,  dans  les  gisements  du  Val 
la  diorite  et  d'autres  roches  vertes,  comme  la  serpentin* 
versant  elles-mêmes  les  gneiss  et  micaschistes.  A  Lo 
Parone j  comme  dans  les  mines  de  Sella-Bassa^  les  mici 
les  gneiss  sont  recoupés  par  un  amas  de  roche  vert 
20  kilomètres  et  large  de  4,  dirigé  N.  20  E.  Cette  ro 
fiée  de  diorite  très  amphibolique  par  M.  Lévy,  comprc 
Stelzner,  des  amphibolites  pures,  des  gabbros  à  bronzite  ( 
composée  de  hornblende,  bronzite  et  olivine,  etc.  Ce 
amas  et  à  son  contact  avec  le  gneiss  que  se  trouven 


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PYRRHOTINES  NICKÉLIFÉRES   DU   PIÉMONT 


67 


conditions  analogues  à  celles  des  gisements  Scandinaves,  les  filons 
métallifères  composés,  en  parties  presque  égales,  de  pyrrhotine 
nickélifère  et  d'amphibole.  Il  n'est  pas  rare  de  voir  cette  pyrrho- 
tine associée  à  la  chalcopyrite,  ce  qui  explique  la  présence  du 
cuivre  dans  les  analyses. 

D'après  Y.  Groddeck,  Famas  métallifère  aurait  30  mètres  de  long 
sur  5  à  10  de  large. 

Q  y  a  une  trentaine  d'années,  la  production  de  ces  mines  du 
ValSesia  a  été  assez  forte  ;  les  mines  de  Cevia  et  de  Sel/a  Bossa 
donnèrent  alors  800  et  2000  tonnes  de  minerai  par  an.  Pour  le 
seul  district  de  Turin,  la  production,  en  1875,  atteignit  le  chifire  de 
2453  tonnes  ;  à  la  fin  de  1876,  elle  y  était  encore  de  1  460  tonnes. 
Hais,  depuis  la  découverte  des  mines  de  nickel  de  Nouvelle- 
Calédonie,  l'extraction  du  nickel  y  a  été  suspendue. 

En  Sardaigne,  on  a  découvert  du  nickel  vers  1880,  dans 
la  commune  de  Gonos-Fanadiga,  et  on  a  exploité  quelque  temps 
la  mine  de  Fenegusibiri,  dans  un  filon  quartzeux  qui  traverse  des 
schistes  siluriens. 

Le  minerai  de  ce  filon  se  compose  de  nickéline  (Ni  As),  de  mille- 
rite  et  d'arsénio-sulfures  associés  à  de  la  pyrrhotine  nickélifère, 
qui  contient,  outre  le  nickel,  du  cobalt  et  du  bismuth  et  dont  la 
richesse  augmente  d'abord  avec  la  profondeur.. 


Teoeur  aux  araeoremeats. 


( 


7  p.  100  de  Ni 
.2  —  de  Co 
(  1    —    de  Bi 


Teneur  à  20  mètres  de  profondeur 

20  p.  100.  de  Ni. 


5    - 
5    — 


de  Co. 
de  Bi. 


La  production  de  l'Italie  en  minerais  de  nickel  était,  il  y  a  une 
quinzaine  d'années,  la  suivante  : 

187o       1876       1877        1878 

District  d'Iglesias  (Sardaigne)  .         36  19  0  0  tonnes. 

District  de  Turin 2  453      1460      1065        130     — 


Total 2  489      1479      1065 

Aujourd'hui  toutes  ces  mines  sont  arrêtées. 


130     — 


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.68  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


Bibliographie, 

1869.  M.  LÉVY.  —  {Neue$  Jahrb.  f.  Minerai,  i869,  p.  77.) 
1873.  Jbrvis.  —  Tesori  sott.  dltalia,  I,  139. 

1876.  Stelzbnr.  —  (Zeitsehr.  d.  d.  geol.  GeselL,  1876,  p.  623.) 

1877,  BoMBicci.  —  Gontrib.  miner,  itâl.,  p.  39. 

1877.  Badoureau.  —  Métall.  du  nickel.  (Ann.  rf.  M.,  7«,  t.  XII,  p. 
*  1883.  d'Achiardu  —  I  metalli,  etc.,  t.  II,  p.  22. 
1884.  Groddbck,  p.  198. 


PYRRHOTINES  NICKÉLIFÈRES  D'ALLEM 
DES  ÉTATS-UNIS,  etc. 

Allemagne.. —  On  peut  mentionner,  en  Allemagne, 
gisements  de  pyrrhotine  nickélifère.  C'est  ainsi  que,  dans 
de  Bade,  à  Horbach  et  à  UrberZy  des  schistes  dioritique 
ment  de  la  pyrite,  de  la  chalcopyrite  et  de  la  pyrrho 
teneur  de  5,6  p.  100  de  cuivre,  et  2,5  p.  100  de  nickel,  t( 
s'élève  parfois    à  12  p.  100.  Dans  ces  mines  du  duché 
on  rencontre  les  minerais  communs  de  nickel  et  de 
quelques  variétés  particulières,  comme  la  Wolfachite  | 
3Ni  (As  Sb)]  et  THorbachite  (Fe,  Ni)'S',  qui  tirent  leurs 
localités  où  on  les  a  découvertes. 

Fleschner  indique,  en  outre,  la  mine  de  Saint-Blasiei 
Forêt  Noire,  qui,  de  1870  à  1880,  a  donné  de  15  à  16 
nickel  avec  des  minerais  à  2  p.  100  de  nickel  et  0,7  de 

L'association  des  pyrrhotines  nickélifères  avec  des  roc 
de  différentes  natures  est,  comme  nous  Tannoncions  plu 
fait  fréquent  que  nous  retrouverons  dans  divers  gisen 
nous  reste  à  indiquer  :  Etats-Unis,  Argentine,  Chili,  e 

Etats-Unis,  etc.  —  Aux  États-Unis,  il  existe  des  p 
nickélifères  à  teneur  très  élevée.  C'est  ainsi  que  la  min 
sur  le  lac  Huron,  où  Ton  exploite  des  pyrites  nickélifèi 
d'arséniures,  donne,  dans  ses  meilleurs  étages,  des  mi 
tiennent  jusqu'à  14  p.  100  de  pyrite. 

Les  mines  de  Pensylvanie  comptent  parmi  les  plus  iir 


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NICKBL  DES   ËTAtS-UNIS  e^^ 

celle  de  Lancaster'Gap  produit  des  pyrites  à  1  1/â  et  2  p.  lÔO  de 
nickel. 

Près  de  Texas  (comté  de  Lancaster),  en  Pensylvanie,  et  à  Troy 
dans  le  Vermont,  on  a  rencontré  lazaratite  [Ni  *  (BO)*  CO'  +  4  Aq] 
dans  une  roche  serpentineuse,  et  associée  à  ses  produits  de  décom- 
position, comme  le  talc  et  la  stéatite,  ainsi  qu'à  la  chromite. 

Oh  peut  encore  citer  les  mines  de  la  Motte,  dans  le  Missouri. 

Enfin,  nous  indiquerons  immédiatement  Texistence  aux  États- 
Unis  de  quelques  mines  qui  produisent,  non  plus  des  pyrites,  mais 
des  arséniures  ou  des  minerais  oxydés*. 

La  principale  mine  d'arséniures  est  celle  de  Chatam^  prèsMiddle-  • 
toun  en  Connecticut,  où  Ton  exploite  des  minerais  de  nickel  et  de 
cobalt  tenant  jusqu'à  9  p.  100  de  chacun  des  deux  métaux. 

En  dernier  lieu,  il  faut  ajouter  que  les  minerais  de  cuivre  du 
Lac  Supérieur  contiennent  un  peu  de  nickel*. . 

La  plupart  des  mines  qui  obtiennent  ainsi,  comtne  produits 
secondaires,  des  speiss  nickélifères  les  envoient  à  des  usines 
spéciales  telles  que  celle  de  William  Goffin  et  C**,  à  Gamden,  près 
Philadelphie. 

La  production  annuelle  des  États-Unis  est  évaluée  à  70  - 
ou  80  tonnes  de  nickel. 

L'Amérique  du  Sud,  TAsie  etTOcéanie  contiennent  également, 
quelques  gîtes  nickélifères  sans  importance  industrielle. 

Dans  la  République  Argentine  ^  on  connaît  près  de  Jagûe, 
dans  la  mine  Solitaria  (province  de  Rioja),  des  filons  deniccolite, 
et  d'autres  filons  nickélifères  de  pyrrhotine  et  de  chalcopyrite  sur  la 
Sierra  de  Salamanque,  à  environ  156  kilomètres  au  Sud  de 
Mendoza. 

Au  Chili,  t)n  a  trouvé  des  minerais  de  nickel  dans  les  mines^ 
de  THuasco,  Ghanarchillo  et  Atacama. 

En  Sibérie,  on  obtient  un  peu.de  nickel  dans  TOural  et  TAlta'L 

Aux  Indes,  dans  la  région  de  TArvali ,  on  a  découvert  de 
grandes  quantités  de  minerais  de  nickel,  par  exemple  à  Oodeypoore« 
On  en  a  rencontré  dans  la  mine  de  Rajputana  et,  d'après  M.  Mallet, 

*  Voir  pour  ces  minerais  le  paragraphe  suivant,  page  70.  , 

*  Nous  avons  déjà  eu  à  signaler,  dans  bien  des  gîtes,  le  rapprochement  du  nicM 
et  du  cuivre,  p.  60,  62,  65,  etc. 


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70  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

dans  la  pyrrhotine  de  Khetri,  ainsi  que  dans  des  minerais  de  fer 
de  Bhangarh. 

Bibliographie. 

1879-80.  R.  Bbéon.  —  Présence  du  nickel  et  du  rutile  dans  le  filon  de  pyrite 
de  ChizeuiL  (B.  S.  G.,  3«  série,  t.  VIII,  p.  291.  Paris.  i879-80.) 

1887.  Hbuslbr.  —  Ueber  ein  Nickelerz  von  der  Grube  Sicrch  und  Sehônsberg. 
(Sitzungs  berichte  des  rtaturhistorichen  Vereines  der  prettssischen  Bheinland.  West- 
falens  und  des  Reg  Bezirks  Osnabmck.  5^  série,  4*  année,  p.  67.  Bonn,  1887.) 

1888.  Glarke.  —  Some  nickel  ores  from  Oregon.  (Bull,  of  ihe  New-York 
State  muséum  ofnaiural  Histary^  Albany,  1888.) 

1889.  F.-H.  Snow.  —  The  Logau  County  nickel  mines.  (Transactions  of  the 
20^  anJ  21  ^  annual  meetings  of  the  Kansas  Academy  of  Science^  t.  XI,  p.  39.) 

Uacut.  ^  Useful.  min.  of  Ihe  Arvali  reg.  (6.  sur.  India^  13,  4,  248.) 


IIL  —  ÂRSENIURES  DE  NICKEL 
ET  MINERAIS  DE  NICKEL  COBÀLTIFÈRES 

Nous  étudierons,  dans  cette  catégorie  de  gisements,  ceux  d'Alle- 
magne (Schneeberg  et  Dillenburg),  d'Autriche  (Dobsina,  Schla- 
dming,  Leogang),  d'Espagne,  de  France,  de  Suisse,  d'Angleterre, 
etc.  ;  nous  rappellerons,  aux  États-Unis,  la  mine  de  Chatam,  en 
Connecticut,  mentionnée  avec  les  pjTrhotines*. 

GISEMENTS  DE  NICKEL  ALLEMANDS 

Les  gisements  de  nickel  allemands  ont  encore  une  certaine  im- 
portance et  en  ont  eu  une  très  grande  autrefois.  Le  nickel  s'y 
rencontre,  soit  à  Tétat  d'arséniures  et  sulfures,  comme  la  niccolite, 
la  gersdorfite  (Ni  S»  +  Ni  As*),  la  millérite  (Ni  S  *),  la  chloanthite 
[(Ni,  Co,  Fe)  A  S*]  ;  soit  associé  à  du  cobalt,  souvent  dans  des 
filons  argentifères. 

Les  mines  les  plus  productives  sont  celles  de  Saxe  *,  particuliè- 

•  Page  69. 

'  Coll.  EcoU  des  Mines,  13&0. 


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NICKEL  D  ALLEMAGNE  71 

rement  des  environs  de  Schneeberg,  Lindenan,  Zschorlan  et  Neus- 
tâttel,  dont  nous  reparlerons  quand  nous  étudierons,  au  chapitre 
du  Piomb,  le  champ  de  filons  complexe  de  Freiberg.  Il  existe 
là,  dans  une  région  montagneuse  formée  de  micaschistes  et 
de  phyllites,  qui  reposent  au  Sud  sur  le  granité  de  TELbenstock, 
près  de  150  filons  rapprochés  sur  3S8  de  large  et  9  kilomètres  de 
long.  Le  nickel  et  le  cobalt  y  sont  associés  avec  des  minerais  de 
plomb  et  d'argent. 

Dans  le  RiesengebirgCy  on  retrouve  des  filons  quartzeux  nickéli- 
fères  au  milieu  de  schistes  micacés,  près  de  Nieder-Regensdorf , 
dans  le  district  de  Liegnitz.  Sur  le  bord  oriental  "du  Harz,  dans 
le  Mansfeldy  près  de  Sangerhausen,  Gerbstàdt  et  Hettstâdt,  on 
connaît  des  filons  analogues. 

De  même,  dans  le  pays  de  Siegen  et  d*autres  parties  de  la 
Westphaliej  les  minerais  de  nickel,  associés  avec  ceux  de  cobalt, 
plomb,  cuivre  et  bismuth,  se  trouvent  dans  des  filons  qui  recou- 
pent le  dévonien  :  le  dévonien  moyen  près  d'Altenrath  (environs 
de  Siegen);  le  dévonien  inférieur  à  Busenbach,  Wingershardt  et 
Schônstein  (arrondissement  d'Altenkirchen),  à  Hiisen  (Siegen)  et 
près  de  Rohnard  (Olpe). 

Dans  les  Vosges,  près  de  Markirch  ;  à  Schiltbach,  dans  la  Forêt 
Noire,  des  filons  contiennent  nickel,  cobalt,  argent,  etc. 

Un  assez  grand  nombre  d*autres  gites  rappellent,  par  leur  allure, 
ceux  de  pyrrhotine  nickélifère,  en  relation  avec  des  serpentines  ou 
des  gabbros,  que  nous  avons  étudiés  plus  haut.  Les  péridotiles 
calcaires  anciennes  que  V.  Groddeck  a  décrites  sous  le  nom  de 
paléopicrites,  contiennent  presque  toujours,  dans  leur  masse,  une 
certaine  proportion  de  nickel  qui,  à  Dillenboui^  (Nassau),  est  de 
0,160  à  0,666  avec  du  cuivre,  du  cobalt  et  du  bismuth.  Quand  ces 
péridotites  se  sont  altérées  et  transformées  en  serpentine,  le 
nickel  s'est  parfois  concentré  en  veines  au  milieu  d'elles. 

Ainsi  à  la  mine  Hûlfe  Gottes,  à  Nanzenbach^  près  de  Dillen- 
bourg  (Nassau),  on  a  exploité  longtemps  un  gîte  formé  d'un  mé- 
lange de  dolomie,  de  sidérose,  de  chalcopyrite,  de  millérite,  de  bismu- 
thine,  de  pyrite  de  fer,  d'hématite  rouge  et  de  quartz.  L'exploitation 
portait  autrefois  sur  divers  filons  principalement  cuprifères  ;  elle 
amena,  en  1841,  la  découverte  d'un  filon  nickélifère  qui  ne  se 


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TE  GÉOLOGIE   APPLIQUÉS: 

montra  minéralisé  que  dans  la  serpentine  et  devint  ! 
pénétrant  dans  le  schalstein* 

V.  Groddeck  a  rapproché  de  ce  gîte  celui  de  Bellnhaus^ 
duché  de  Hesse),  à  trois  lieues  de  Harbourg,  et  celui  d( 
(Hongrie). 


GITES  DE^NIGKEL  DE  DOBSINA,   SGHLADMIN 

Dobsina  (Hongrie).  <—  A  Dobsina\  on  a,  dans  des  cond 
rappellent  les  gttes  de  Norvège,  dés  fiions  de  contact 
gabbro  émietté  et  broyé,  partiellement  transformé  ei 
tine  et  des  phyllades  verts  quartzifëres.  Les  filons,  qui 
fient  en  stockwerk  et  ne  sont  jamais  nettement  âépa 
roche  encaissante,  atteignent  jusqu'à  8  mètres  de  larg 
nent  des  minerais  contenant  jusqu'à  17  p.  100  de  ni 
5  p.  100  de  cuivre,  un  peu  de  cuivre  gris,  de  chalcof 
cobalt,  etc.,  et,  comme  gangues,  de  la  sidérose  et  de 

Bibliographie. 

i863.  V.  Kœnbk.  —  Sur  le  gUe  de  Nangenbach.  {Zeits.  d.  d. 
U  XV,  p.  14.) 

1868.  G.  Fallbr.  —  Sur  le  gtte  de  Dobsina.  (B.  «.  H.  Jakr.  d. 
Bergac.j  t.  XVII,  p.  165.) 

1879.  PosKwiTZ.  —  {Verh.  d.  kk.  g,  R.,  io  Wien,  3,  79.) 

1884.  Groddeck,  p.  218,  et  d'Achiardi,  t.  II,  p.  26. 

1887.  Flkschnbr.  —  {Oest.  ZetUch.  f.  B.  u.  H.  W.,  t.  XXXV,  p. 

Schladming  (St]rrie).  —  La  mine  de  Schladming,  en 
été  exploitée  pour  argent  dès  le  xv*  siècle  ;  puis,  pour 
cobalt,  à  la  fin  du  dernier  siècle  ;  enfin,  depuis  1832,  s 
tive  du  Hofrath  V.  Gerdorff,  on  a  commencé  à  extraire 
le  nickel,  qui,  jusque-là,  était  perdu  dans  les  haldes. 

Ce  gisement  présente  un  premier  exemple  de  phénoi 
nous  aurons  à  étudier  à  Toccasion  du  gtte  d'argent  de  \ 


*  Ou  Dobschau.  Nous  aurons  à  y  revenir  au  chapitre  du  CobdH^ 
Fosewiu,  le  gabbro  serait  une  diorite. 


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NICKEL   I>E   SCHLADttING  73^ 

(Norvège)  :  la  rencontre  de  filons  avec  des  zones  de  schistes  méta- 
morphiques imprégnés  de  sulfures  divers  qu'on  appelle  ici  des 
brandes,  ailleurs  des  fahlbandes  et  leur  enrichissement ,  ici  en 
nickel,  là  en  argent,  à  ces  intersections.  La  région  est  formée  de 
schistes  cristallins,  schistes  amphiboliques  et  gneiss.  Les  brandes, 
au  nombre  de  six  principales  qui  se  prolongent  sur  des  kilomètres 
de  long,  sont  chargées  de  pyrite,  pyrrholine  et  mispickël  ;  elles 


-\'^- 


s^vm 


Fig.  1S3.  —  Vue  perspective  du  gîte  de  Schiadming  (d'après  M.  Flechner}. 

ont  de  0,50  à  30  mètres  de  large.  C'est  dans  ces  brandes/  parti- 
culièrement dans  la  Vôtternbrande  qui  a  6  mètres  de  large  et 
la  Neualpnerbrande  qui  en  a  17,  qu'on  exploite  les  métaux, 
précieux.  Les  filons,  au  nombre  de  13,  sont  tous  à  gangue  cal- 
caire et  contiennent  des  nids  de  cuivre  gris,  de  mispickël  et  de 
minerais  argentifères  ;  à  la  traversée  des  brandes,  ils  se  resserrent 
et  disparaissent  presque  et  Ton  voit,  à  leur  place,  des'  nids  de 
minerais  de  nidcel  ayant  parfois  plusieurs  mètres  de  long  et  un 
mètre  de  large.  Parmi  ces  minerais,  on  peut  citer  la  nickéline, 
la  cobaltine,  la  chloanthite,  la  smdtine,  le  cuivre  gris,  etc. 

Les  minerais  triés,  tels  qu'ils  viennent  à  l'usine,  contiennent 
environ  1  p.  100  de  nickel,  1/2  à  1  p.  100  de  cobalt  et  des  traces 
de  cuivre. 

Les  minerais  argentifères  renferment,  dans  les  parties  les  plus 
riches,  jusqu'à  14  p.  100  de  cuivre,  0,4  p.  100  d'argent  et  4  à 
5  p.  100  de  nickel  et  cobalt. 

Ces  mines  de  Schiadming  (Y.  Gersdorffschen  Nickelwerke)  ont 
produit,  avant  1880,  au  maximum,  i2  à  14  tonnes  de  nickel  par 
ao,  dans  l'usine  de  fusion  de  la  vallée  d'Hopfrisn  et  l'usine  de 
raffinage  de  Handling.    . 


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74  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Bibliographie. 

4860.  Focns.  —  Métallurgie  du  nickel  en  Styrie  (A^m.  d.  M,), 
4860.  AiGNKR.  —  (B.  u.  H.  Jahrb.  d.  K.  K.  Ostr.  Bergac,  t.  IX,  p. 
4876.  Brochure  de  la  Société  de  GersdoHT  à  Schladming. 
4879.  Nickel  Vorkommen  in  Europa.  (B.  u.  H.  Z«,  p.  358.) 
4884.  Y.  Groddeck,  p.  289. 
4887.  Flechner.  —  (Ôstr.  Zeits,  f.  B.  u.  H.,  t.  XXXV.) 

Leogang  (Salzbourg).  —  A  Leogang,  on  exploite  des  arséi 
nickel  associés  avec  des  pyrites  nickéiifëres  et  cobaltiH 
mines  produisaient,  vers  1880,  de  2  à  3  tonnes  de  nickel 

Espagne.  —  En  Espagne^  aux  deux  extrémités  de  la  p( 
on  rencontre  des  minerais  de  nickel  :  au  Nord,  près  du 
tegal  en  Galicie,  où  Ton  trouve  la  zaratite  (Ni"  (HO)*  CO' 
et,  dans  les  Pyrénées,  à  Gistain  (province  de  Huesca); 
près  de  Malaga,  où  Ton  a  signalé  des  pimélites  à  9  p 
nickeP. 

France.  —  En  France^  on  connaît  des  minerais  de  nie 
les  Alpes,  par  exemple  à  AUemont,  dans  le  Dauphiné',  e 
Pyrénées,  sur  le  mont  Ar  près  des  Eaux-Bonnes  ;  les  min< 
la  niccolite,  la  rammelsbergite,  etc.  Ces  gisements  ne 
exploités. 

Valais  (Suisse).  —  En  Suisse^  on  peut  rapprocher  du 
Schladming  les  minerais  du  Val  d'Annivier,  près  de  ! 
Valais.  Là  aussi,  on  retrouve,  dans  des  schistes  talqueux  < 
boliques,  des  fahibandes  pyriteuses  qui  s'enrichissent 
contre  de  filons  transversaux  de  cobalt  et  de  nickel  c 
eux-mêmes  chloanthite,  nickéline  et  sidérose.  Il  s'est  < 
des  filons  couches  renfermant  du  mispickel  cobaltifëre, 
baltine,  de  la  chloanthite,  du  bismuth  natif,  etc. 

Les  affleurements  nickélifères  sont  nombreux  sur 
d'Omberenza,  dans  le  Valais.  La  roche  encaissante  des 

*  Meissonnier.G.  R.,4876,  p.  229;  cf.  d*Achiardi,  II,  24.  Voir  également  pi 
'  1855.  Gueymard.  Sur  les  gttes  de  nickel  de  Tlsère.  (B.  S.  G.  2*,  t.  ] 


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NICKEL  DU  VALAIS  ET  DES  IlES  BRITANNIQUES 


75 


un  schiste  vert  et  gris.  Sur  le  Kaliberg^  où  se  trouvent  surtout 
ces  gisements,  on  connaît  7  filons  métallifères»  explorés  de  1874 
à  1877  ;  on  en  a  découvert  d'autres  à  PlantorenZy  à  une  altitude 
de  2  990  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  ;  et  enfin  d'autres 
afQeurements,  qui  ne  sont  que  la  continuation  des  filons  précé- 
dents,  existent  près  de  Zerbitzen,  à  Grand-Paz  et  à  GoUyre,  près 
de  Ayer  dans  le  val  d'Annivier. 

Le  minerai  de  ces  gisements  est  un  mélange  de  niccolite  (Ni 
As),  de  rammelsbergite  (Ni  As'),  de  cobaltine  et  autres  espèces  ; 
la  teneur  en  nickel  de  ces  minerais  semble  être  assez  élevée, 
comme  l'indiquent  les  analyses  suivantes  dues  à  Heusler  : 


VAL  D' 

Pyrite  nickélifère 
rouge 

ANMVIER 

PTrite 

nickélifère 
blanche 

Mélange 
des  deux 

MINERAI  DE  KALTBERG 

Ni 

CO 

Fe 

Bi 

AS 

S 

30,3 
8,9 

» 

» 

60,7 

» 

38,9 
i,2 

» 

59,9 

> 

26,75 
3,93 
1,40 

65*02 
2,99 

28,58 
10,30 

» 

61,12 

> 

17,    5 
10,    5 

> 

72,07 

13,70 
1,42 

0*89 

36*00 

9,60 
3,75 

2*11 
16*20 

99,0 

100,00 

100,00 

100,00 

100,007 

52,01 

31,66 

Bibliographie  du  nickel  dans  le  Valais. 

1869.  A.  OssKNT.  —  (B.  u.  H.  Zeit.,  p.  13.) 

1876.  Heusler.  —  {Zeitschr,  d.  d.  geol.  Gesellsch.j  t.  XXVIII,  p.  243.) 
*Sept.  1881.  Deshayes.  —  Cites  métallifères  des  Alpes  Valaisannes.  {Génie 
emi) 
*1883.  D^AcHiARDi.  —  I  metalli,  etc.,  t.  H,  p.  25. 
1884.  GaoDDBCK,  p.  141,286. 

Des  Britanniques.  —  On  exploite  des  minerais  de  nickel  à  Mer- 
thyr-Tydrîl,  en  Angleterre,  et  à  Craigmuir  près  dlnverary  (Argy- 
leshire),  en  Ecosse.  En  ce  dernier  point,  on  extrait  un  minerai 
assez  riche,  la  pentlandite  (Ni  S  +  n  Fe  S)  qui,  suivant  divers 
essais,  donne  un  rendement  de  7  à  22  p.  100  de  nickel.  En  outre, 
on  a  découvert,  en  1810,  de  nombreux  amas  de  cobalt  nickélifère 


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76  &ÉÔL06IE    APPLIQUEE 

dans  le  calcaire  carbonifère  du  Flintshire  et  on  a  ouvert  la  mine' 
de  Yoel-Hiraddog  dont  nous  parlerons  plus  loin*  au  chapitre  du 
cobalt.  De  1870  à  188S,  cette  mine  a  fourni  675  tonnes  de  mine- 
rai à  environ  2  et'3  p.  lÔO  de  nickel. 

La  production  des  Iles  Britanniques  en  minerais  de  nickel  et 
cobalt  a  été  : 

1878  1879  .    1880  1881 

•H)0»;5  123  30  64 

Bibliographie. 

1879.  Mining  Journal,  23  août  1879;  1880,  p.  1043;  1881,  p.  1161;  1882, 
p.  1097. 

1882.  Le  Neve  Poster.  —  On  the  occurr.  of  cobalt  ore  in  Flintshire.  {Tram. 
R,  g,  S.  ofComwelL) 

1883.  D*AcHiARDi.  -^  I  metalli,  etc.,  t.  II,  p.  28. 


»  Voir  page  89. 


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COBALT 

Co  ;  Eq  =  29,5.  P.  At  =  59. 


Usages.  —  Le  cobalt  est  employé,  depuis  le  xvi^  siècle,  pour 
la  production  de  verres  et  d*émanx  bleus  d'une  magniOque 
nuance  ;  mais  il  n'a  été  distingué,  comme  métal  particulier,  qu'en 
1733  par  Brandt.  Son  nom  vient,  paralt-il,  de  celui  des  Kobbold,. 
génies  des  mines. 

A  l'état  métallique,  il  n'a  encore  que  fort  peu  d'usages,  quoi- 
qu'on soit  arrivé,  dès  1862,  à  Birmingham  (maison  Evans  et 
Askin)  à  en  préparer  de  beaux  lingots  fondus  et  qu'il  puisse  y 
avoir  là,  pour  l'avenir,  le  jour  où  le  cobalt  baisserait  suffisam- 
ment de  prix,  une  source  de  débouchés  sérieux. 

Allié  au  bronze,  le  cobalt  lui  communique  une  certaine  dureté; 
des  régules  de  cobalt  et  de  cuivre,  produits  d'affinage  de  l'usine 
de  Septèmes,  ont  pu  être  employés  pour  faire  des  coussinets. 
Toutefois  le  cobalt,  même  en  faible  proportion,  rend,  à  moins  de 
précautions  spéciales,  le  cuivre  dur  et  difficile  à  travailler. 

Le  véritable  emploi  industriel  de  ce  métal,  c'est  la  préparation 
du  bleu  de  cobalt  ou  azur,  formé  par  la  dissolution  de  l'oxyde  de 
cobalt  dans  un  verre  à  base  de  potasse. 

On  prépare  l'azur  ou  smalt  en  grillant  le  minerai  afin  d'éli- 
miner Tarsenic  et  de  convertir  le  fer  en  sesquioxyde^  dont  la  cou- 
leur jaune  orange  est  neutralisée  par  le  bleu,  tandis  que  le  pro- 
toxyde  donne  un  vert  désagréable.  Puis  le  minerai  grillé  est 
chauffé  dans  un  creuset  de  verrier  avec  du  quartz  et  du  carbonate 


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78  GÉOLOGIE    APPLIQUÉS 

de  potasse.  La  masse  fondue,  on  écume,  à  la  surface,  le/îi 
et  on  le  rejette  ;  on  reprend  et  on  jette  dans  Teau  la  mi 
fondue  ;  puis  on  la  broie. 

Pour  avoir  les  qualités  supérieures,  au  lieu  de  ] 
minerai,  on  part  de  l'oxyde  de  cobalt  purifié. 

Le  bleu  le  plus  beau  est  le  bleu  (TEschel,  qui  sert  po 
le  linge. 

Le  bleu  Thénard,  plus  opaque  que  l'azur  et  couvran 
s'obtient  en  calcinant  un  mélange  d'alumine  et  de  phos 
cobalt. 

En  remplaçant  Talumine  par  l'oxyde  de  zinc,  on  a  un 
solide,  appelé  vert  de  Rinnmann. 

L'industrie  du  cobalt  a  eu  à  souffrir  de  la  découverte  d 
mer  (silicate  de  soude)  ;  plus  récemment  elle  a  été  atte 
outre,  par  la  vogue  de  plus  en  plus  grande  des  couleurs  ( 
plus  fraîches  et  moins  coûteuses,  maïs  très  rapidement  al 

Néanmoins  la  baisse  de  prix  considérable  résultant  de  1 
verte  des  minerais  de  Nouvelle-Calédonie,  qui  a  eu  poui 
faire  tomberle  prix  du  kilogramme  d'oxyde  de  60  à  20  frj 
permet  de  soutenir  la  concurrence  des  autres  matières  c( 
bleues,  incapables  d'ailleurs  de  le  suppléer  dans  un  grand 
d'emplois. 

Minerais.  —  Les  principaux  minerais  de  cobalt  sont  : 

▲.  Minerais  non  oxygénés  :  \^  Cobalt  natif. 

29  Sulfures.  Jaipurite  :  CoS;  teneur  :  64,8  p.  100  de  Ce. 
3®  Arséniures.  Smalline  :  CoAS*;  teneur  :  28,2  p.  100  de  Co. 
Chloanthite  :  (Co,  Ni)  As»;  teneur  ;  de  0  à  28 

de  Co. 
Skutteradite  :  Co  As«;  teneur  :  20,7  p.  100  de  ( 
4<>  Arsénio-sulfures.  Cobaltine  :  CoS  As;  teneur  :  35,5  p.  100  d 

B.  MiNBRAis  OXYGÉNÉS  :  Hétéroçénite  :  Co**  0'  +  6  Aq;  teneur  :  57 

de  Co. 
Erythrine  :  Co»  [AsO*]«  +  8  Aq;  teneur  ;  29 

de  Co. 
Asbolite  :  (minerai  de  la  Nouvelle-Calédonie 

Voici  les  analyses  de  quelques  minerais  de  cobalt  *  : 
«  D'Achiardi  II,  p.  43,  etc. 


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STATISTIQUE  DU  COBALT 


79 


I 

II 

III 

IV 

V 

VI 

Vil 

VIII 

IX 

X 

Co 

Ni 

Pe 

S 

A». 

Sb 

Bi 

GaDgae  .... 
Cu 

28,30 

traces 

7,83 

19,46 

43,87 

0,80 

• 

21,21 

11*00 

0,49 

06,06 

»» 
» 

l'oo 

13.95 
1,79 

11,71 
0,66 

70.38 

« 
• 
1.39 

20,31 

3*42 

0,88 

74,21 

t 

o^6 

19,73 

• 
4,27 
1,53 

74.47 

• 
t 

20,01 

1*51 
0,60 

77.84 

m 
m 

33,71 

1,63 
19,35 
43,31 

• 
• 

• 

30,37 

5,75 
19,75 
44,13 

• 
« 

m 

9,62 

M,  09 

19.08 

43.14 

1.04 

2,36 

33,10 

3*23 
20,08 
43,46 

• 

« 

100, 2« 

101,26 

99,88 

98,98   j  100,00 

100,05 

100,00 

100,00 

99,33 

99.87 

I.  Jaiparite  de  Tlade.  Analyse  de  Mallet.               VI.  Skiitterudite  de  Skuterad.  An.  Scheerer. 
n.  Smaltine  (Safflorite)  de  Schneeberg.  An.         VU.  Cobaltine  de  Morgenrolbe  (Siegen).  An. 

Jickel.                                                                            Schnabel. 
m.  Smaltine  (Safflorite)  de  Scbneebtrg.  An.       YIIT.  Cobaltine  d'OraTicza  (Banat).   An.   Hu- 

Hormann.                                                                      berdt. 
rv.  Smaltine  de  Riecbelsdorr.  An.  Stroneyer.           IX.  Ferrocoballitf>  de  Uamberg  (Siegen). 
V.  Smaltine  de  Glucksbninn.                                    X.  (U>baltine  de  Skutterud.  An.  Stromeyer. 

Centres  de  production.  —  La  statistique  internationale  française 
donne  les  chiffres  suivants  : 


Nouvelle-Calédo 

nie 

Saxe 

(Miotrmii  de  nickel 
et  cobelU) 

Prusse  .  .  .  .  . 

Suède , 

Norvège   .  .  .  . 

(MiaenU  de  niekal 
et  eebalt.) 

Angleterre.  .  .  . 

(MiDeraii  de  nickel 
et  cobdt.) 

Hongrie    .  .  .  . 

(Mioeraia  de  nickel 
et  eobdl.) 

Espagne.  •  .  .  < 
ÉUts-Unis  .  .  , 


1887 


MineraU 


3.000  t. 
àSOfr. 


231t. 


176  t. 
à  955  fr. 

62  t. 
à  339  fr. 


Métal 


4  t. 


1888 


Minerais 


î 
64  t. 

33  t. 

à  148  fr. 

969  t. 


154  t. 
àl22  fr. 


68  t. 
à397fr. 


Métal 


438 1 


3  t. 


6  t. 


1889 


Minerais 


2  185  t. 

273  t. 
à2  188f. 

503  t. 
à  27  fr. 


157  t. 
àl55fr. 


Métal 


499  t. 

à  7  407 

fr. 


1890 


Minerais 


2  200  t. 

à  100  fr. 

651  t. 


266  t. 
5  540  t. 
à  46  fr. 

85  t. 

à  77  fr. 


Métal 


40  t. 

à2  425 

fr. 


6  t. 
6  t. 


La  Nouvelle-Calédonie  y  devenue  aujourd'hui  le  centre  principal 
de  production  du  cobalt,  a  exporté,  en  1890,  2  200  tonnes  de  mine- 
rai d'une  teneur  variant  de  3  à  5  p.  100  et  ayant  pu  produire,  par 


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^0  'GËOLOGI^  APPLIQUÉS 

suite,  environ  80  000  kilogrammes.  La  première  concession  date 
seulement  de  1876. 

La  Saxe  produisait,  en  1867,  400  tonnes  de  minerai  de  cobalt  par 
an  ;  en  1879,  nous  voyons  sa  production  réduite  à  50  tonnes  ;  puis, 
en  1888,  nous  trouvons  64  tonnes  de  minerai  très  riche  (nickel, 
cobalt  et  bismuth)  estimées  11  663  francs  et  une  production  cor- 
respondante de  438  tonnes  de  cobalt  ;  en  1889,  273  tonnes  de 
minerai  à  2  188  francs  la  tonne  et  499  tonnes  de  cobalt. 

La  mine  principale  est  celle  de  Schneeberg. 

\i  Allemagne  entière  produisait,  en  1870,  455  tonnes  de  minerai, 
dont  212  tonnes,  valant  258  000  francs,  provenaient  de  Schneeberg  ; 
en  1879,  363;  en  1880,  357,  d'une  valeur  moyenne  de  2200  francs 
la  tonne. 

La  Suède  (Tunaberg,  etc.)  a  donné  :  en  1876,  120  tonnes  de 
minerai  ;  en  1880,  70  tonnes  ;  en  1887,  231  tonnes;  en  1888> 
969  tonnes  ;  en  1890,  266  tonnes  de  minerai  et  6  tonnes  de  cobalt. 

La  Norvège,  avec  les  pyrites  cobaltifères  de  Skutlerud,  Snar- 
rum,  etc.,  a  produit  :  en  1865,  7  800  tonnes  de  pyrites  cobaltifères; 
en  1870, 1  000  tonnes;  en  1875,  la  mine  de  Skutlerud  a  été  arrêtée, 
puis  reprise  par  une  compagnie  saxonne  ;  en  1882,  la  production 
de  minerai  de  cobalt  calciné  était  de  86  tonnes.  En  1890,  il  a  été 
extrait  3  540  tonnes  de  minerais  de  nickel  et  de  cobalt  à  46. 

En  Hongrie^  on  peut  citer  la  mine  de  Dobsina,  qui  produit 
également  du  nickel  ;  en  Autriche,  Joachimsthal,  qui  a  donné,  en 
1866,  448  kilogrammes  d'oxyde  de  cobalt. 

En  Espagne,  on  a  signalé  récemment  des  gîtes  dans  les  Asturies. 
11  en  existe  dans  le  val  de  Gistain,  dans  les  Pyrénées. 

En  Angleterre,  on  a  produit,  en  1878  :  100  tonnes  ;  en  1879, 
118  tonnes;  en  1881,  64  tonnes  ;  en  1889, 157  tonnes  déminerais 
de  nickel  et  de  cobalt  ;  en  1890,  85  tonnes.  La  seule  toine  exploi- 
tée est  celle  de  Voel  Hiraddog,  en  Flintshine,  etc. 

Aux  Etats-Unis^  on  produit  de  4  à  5  tonnes  d'oxyde  de  cobalt 
par  an.  On  en  consomme  environ  17  tonnes  dont  les  95/100 
vont  à  la  coloration  des  poteries  et  le  reste  à  celle  des  ver- 
reries. 

La  consommation  générale  de  cobalt  dans  le  monde  est  évaluée, 
au  maximum,  à  200  000  kilogrammes  par  an,  dont  la  Nouvelle- 


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GÉNÉRALITÉS   SUR   LES   GÎTES   DE   COBALT  81 

Calédonie  produit  au  moins  80  000,  la  Saxe  49  000,  la  Suède  et  la 
Norvège  37  000,  les  Etats-Unis  4  000,  etc. 

Le  prix  du  cobalt  oxydé  était  de  60  francs  le  kilogramme 
vers  1875;  il  est  aujourd'hui  de  20  francs;  en  1885,  les  statistiques 
comptaient  15  000  francs  la  tonne  de  cobalt  en  Norvège  ;  en  1889, 
7  400  francs  la  tonne  de  cobalt  en  Saxe. 


GISEMENTS  DE  COBALT  —  GÉNÉRALITÉS 

Lagrande  analogie  et  Tintime  liaison  naturelle  qui  existent  entre 
le  nickel  et  le  cobalt  font  que  les  remarques  générales,  précé- 
demment indiquées  à  l'occasion  du  nickel,  s'appliquent  également, 
pour  la  plupart,  au  cobalt  et  qu'un  grand  nombre  de  gîtes,  à  la  fois 
coballifères  et  nickélifères,  se  trouvent  avoir  été  déjà  décrits  au 
chapitre  du  Nickel.  Ces  gîtes,  nous  l'avons  dit,  sont  de  trois 
catégories  : 

1** Inclusions  dans  despéridotites,  serpentines,  paléopicrites,  etc., 
donnant,  sous  des  actions  superficielles,  des  minerais  oxydés; 

2^  Sulfures  et  arsénio-sulfures  concentrés  à  la  périphérie  des 
massifs  de  gabbro  oUv  de  diorite  ; 

3"  Eléments  du  remplissage  de  filons  complexes. 

1°  Comme  exemple  du  premier  type,  nous  rappellerons  que 
la  paléopicrite  de  Dillenbourg  (Nassau)  contient  de  0,162  à 
0,666  p.  100  de  nickel  avec  du  cobalt,  du  bismuth  et  du  cuivre. 

Nous  avons  vu,  de  môme,  que  les  gîtes  de  la  Nouvelle-Calé^ 
donie\  qui  fournissent  aujourd'hui  près  de  la  moitié  du  cobalt 
consommé  dans  le  monde,  le  présentent  sous  forme  d'oxyde 
manganésifère  dans  des  poches  d'argile  résultant  de  la  décom- 
position locale  de  serpentines. 

2**  A  Dobsina^  en  Hongrie*,  des  filons  très  ramifiés,  qui  sont,  en 
réalité,  des  imprégnations  de  zones  froissées,  à  la  façon  des  fahl- 
bandes,  dans  des  phyllades,  au  contact  de  gabbros,  contiennent 
un  peu  de  cobalt  en  même  temps  que  du  nickel. 

*  Voir  page  49. 

*  Voir  page  72. 

GEOLOGIE.  —  T.   II.  ^ 


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82  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Nous  ne  reviendrons  pas  sur  ces  divers  gites  qui  ont  été  décrits 
précédemment. 

3^  Le  cobalt,  sous  forme  d'arsénio-sulfures  et  de  sulfures  divers, 
entre,  comme  les  autres  métaux,  plomb,  zinc,  fer,  cuivre,  bis- 
muth, etc.,  dans  le  remplissage  de  filons  complexes  et  particu- 
lièrement, ce  semble,  dans  ceux  qui  sont  riches  en  argent.  Nous 
allons  passer  en  revue  les  principaux  gites  de  cette  nature,  dont 
quelques-uns  également  ont  déjà  été  étudiés  comme  gites  de  nickel 
(troisième  catégorie). 


FILONS  GOBALTIFÈRES  A  GANGUE  DE  QUARTZ 
OU  DE  GALCITE 

(SAXE,  PIÉMONT,  ESPAGNE,  MANSFELD,  ETC.) 

L'un  des  meilleurs  exemples  de  filons  cobaltifères  que  Ton 
puisse  citer  est  celui  de  Schneeberg  en  Saxe.  Tout  en  renvoyant, 
pour  les  détails,  à  la  description  que  nous  en  ferons,  à  l'occa- 
sion du  champ  de  fractures  saxon,  nous  indiquerons,  dès  à  pré- 
sent, qu'il  existe,  dans  TErzgebirge,  à  Schneeberg,  Marienberg, 
Annaberg,  Joachimsthal ,  Johanngeorgenstadt ,  etc.,  un  grand 
nombre  de  filons  de  quartz  ou  de  barytine  cobaltifère  et  argen- 
tifère encaissés  dans  le  granité  ou  le  gneiss  et  contenant  de  la 
smaltine,  de  la  nickéline,  du  bismuth  natif,  de  la  pyrite  de  fer,  de 
la  galène,  de  Fargent  rouge,  de  Fargyrose,  de  l'argent  natif,  etc., 
avec  des  minéraux  d'urane.  Ce  sont  les  filons  barytiques  qui  ont 
surtout  produit  de  Fargent  aux  xv'  et  xvi®  siècles  ;  dans  notre  siècle, 
on  s'est  plutôt  attaqué  aux  filons  quartzeux.  Ces  filons  sont  géné- 
ralement peu  puissants  et  paraissent  s'appauvrir  en  profon- 
deur *. 

La  même  association  du  nickel,  du  cobalt  et  de  Fargent  dans 
des  filons  quartzeux  se  retrouve  en  Allemagne,  dans  les  Vosges, 
près  de  Markirch;  à  Schiltbach^  dans  la  Forêt  Noire,  etc.*.  En  Sar- 

*  Voir  Sandberger.  (Neues  Jahrb.  f.  Minerai,  1869,  p.  ^0.)  —  Groddeck,  p.  291. 
—  Cotta,  etc. 

*  Voir  plus  haut,  page  71. 


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FILONS   GOBALTIFÈRES   DU   PIÉMONT,    d'eSPAGNE,    ETC.     83 

daigne,  à  Monte  Narbas  on  a  indiqué  aussi  la  présence  du  cobalt  avec 
les  minerais  d'argent. 

Ailleurs  on  a  signalé,  quoique  assez  rarement,  des  filons  de 
quartz  avec  minerais  de  cobalt  et  de  nickel  sans  argent.  C'est, 
d'après  Mûller,  le  cas  kRewdansk^  près  d'Ekaterinenbourg  (Oural)*, 
où  Ton  a  exploité,  au  milieu  des  chloritoschistes  et  de  la  serpen- 
tine, un  filon  quartzeux  de  2  mètres  de  large,  contenant  des  nodules 
d'annabergite  (arséniate  hydraté  de  nickel)  avec  des  hydrosilicates 
de  nickel  comme  la  pimélite  et  un  peu  de  cobalt  associé. 

Plus  fréquemment,  les  filons  de  cobalt,  nickel  et  bismuth,  sont 
à  gangue  spathique  (calcite,  braunspath,  sidérose)  ;  nous  en  avons 
déjà  étudié  deux  types  à  Schiadming,  en  Styrie,  et  au  val  d'Anni- 
vier,  dans  le  Valais';  nous  en  mentionnerons  quelques  autres. 

Dans  le  Piémont^  à  l'Ouest  de  Turin,  sur  la  Sarda,  au  pas  de  Pas- 
chietto,  on  rencontre,  dans  la  diorite,  deux  filons  de  0"',50  à  peine 
de  puissance,  de  quartz,  sidérose,  rarement  calcite,  avec  smaltine, 
érythrine,  annabergile,  malachite  et  azurite;  l'exploitation  n'en  a 
jamais  été  durable.  Dans  la  même  région,  les  filons  de  Cruvin  (Val 
de  Susa),  aux  environs  du  village  de  Bruzolo,  sonl  plus  riches:  ils 
traversent  des  schistes  chloriteux  et  de  la  serpentine  et  contien- 
nent du  quartz,  de  la  dolomie,  de  la  calcite,  de  la  rammelsbergite, 
de  la  lœllingite,  du  cuivre  gris,  de  la  chalcopyrite  et  de  lachloan- 
Ihite.  On  les  a  exploités  au  xiii«  siècle  et  abandonnés  en  1759*. 

En  Espagne,  il  existe  quelques  gisements  de  cobalt,  générale- 
ment de  faible  importance,  parmi  lesquels  ceux  des  Asiuries^,  à  la 
limite  des  provinces  de  Léon  et  d'Oviédo,  ont  attiré  récemment 
l'attention.  Ce  sont  des  filons  recoupant  les  dolomies  triasiques 
et  le  calcaire  carbonifère  et  contenant,  aux  affleurements,  des 
oxydes  noirs  à  15  p.  100  de  cobalt. 

Un  peu  à  l'Ouest,  dans  les  Pyrénées,  à  15  kilomètres  de  la 
frontière  française,  se  trouve  la  mine  de  Gistain  dans  la  province 
de  Huesca  (haut  Aragon)  ouverte  vers  le  milieu  du  siècle  passé. 

*  Voir  plus  loin,  au  chapitre  de  VArgent, 

*  Voir  :  Mûller.  {Berg.  u.  H,  Z.,  1866,  p.  65)  et  Gioddeck.  p.  285.—  Cf.,  plus  haut,  p. 59, 
'  Pages  72  et  74. 

*  Voir  :  1871.  Struver.  Neuet  Jahtb.  f.  Minerai.,  p.  315  et  Groddeck,  p.  286.  — -  D'A- 
chiardi,  t.  II,  p.  52.  —  Jervis,  Tesori  sott.  d'iulia,  1873;  1,  53. 

'  Voir  Bull.  Comm.  Map,  geol,  Espana^  1878,  5,  et  d'Achiardi,  II,  52. 


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84  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Dans  cette  mine,  on  a  exploité  de  petits  filons  de  puissance  var 
au  contact  de  schistes  siluriens  et  de  calcaires  xlévoniens 
filons  sont  en  relation  avec  des  porphyres  et  ne  contiennen 
des  minerais  sulfurés  et  arséniés  de  cobalt  et  de  nickel  avec  g; 
de  calcite.  Les  mines  principales  ont  été  celles  de  Baronia, 
Pedro,  San-Benito,  Providencia,  Emilia,  Esperanza,  There 
Santa-Barbara.  Ces  mines  ont  été  reprises  en  1872;  puis,  e 
une  fois,  abandonnées.  Le  minerai  était  envoyé  en  Saxe,  à  V 
d'Oberschlema,  après  avoir  subi  un  lavage  et  une  préparatioi 
canique;  il  contient  11  à  12  p.  100  do  cobalt  et  7  p.  100  de 
kel  et,  pour  le  reste,  de  l'arsenic,  du  fer,  du  soufre,  du  q 
et  de  la  calcite.  A  Tétat  brut,  la  teneur  est  de  1/2  à  3  p 
avec  un  maximum  de  5  p.  100.  En  1876,  on  a  obtenu  16  000 
grammes  de  minerais  '. 

Au  midi  de  TEspagne  on  a  trouvé,  des  minerais  de  cobalt 
les  mines  de  Guadalcanal  en  Andalousie  *,  et  il  en  existe  quel 
gisements  dans  la  Sierra  Cabrera  et  la  Sierra  Alhamilla.  Cei 
la  Sierra  Cabrera  recoupent  le  calcaire  carbonifère  et  contien 
un  mélange  de  braunspath  avec  millérite  et  nickéline  '. 

En  Allemagne^  nous  mentionnerons,  comme  gisements  à  ga 
spalhique,  ceux  du  Mansfeld,  du  Thuringerwald  et  de  la  Hesî 

Dans  le  Mansfeld,  le  Thuringerwald  et  la  Hesse,  les  failles 
rejettent  la  couche  de  schiste  cuivreux,  ont  quelquefois  donné 
à  un  remplissage  filonien  qui  y  a  déposé  des  minerais  de  cobî 
de  nickel  avec  gangues  de  barytine  et  de  calcite.  Ce  qui  sen 
rait  prouver  qu'il  ne  faut  pas  voir  là  une  sécrétion  latérale,  coi 
on  Ta  supposé,  c'est  que,  dans  les  mêmes  conditions  par  rap 
à  la  couche,  certaines  failles  sont  remplies,  d'autres  stériles. 

Dans  le  Mansfeld  \  ces  filons  failles  ont  une  direction  à  121 
une  forte  inclinaison.  Les  minerais  de  cobalt  et  de  nickel  ne 
sont  trouvés  exploitables  que  sur  deux  points,  au  23**  chantie 
Gerbstâdt  où  de  la  smaltine,  parfois  cristallisée,  de  la  pyrite  de 

•  1878.  Voir  :  Rapport  de  M.  Jules  Despecher,  propriétaire  des  mines  de  Giî 
Cf.,  plus  haut,  page  74. 

•  Voir  au  chapitre  de  V Argent. 

»  Voir  :  1863.  Ferberg.  Berg.  u,  H.  Z.,  p.  306.  —  Groddeck,  p.  286,  et  d'Achi 
IT,  53. 

•  Voir  ;  1857.  Bauraler.  Zeit.  d.  d.  geol,  Ges.^  t.  IX,  p.  25,  et  Groddeck,  p.  28 


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FILONS  GOBALTIFÉHBS   DU   MANSFELD   ET   DE  LA   HESSE     85 

de  la  marcassite,  plus  rarement  de  la  chalcosine,  de  la  phillipsite  et 
de  la  chalcopyrite  étaient  associées  à  de  la  calcite,  de  la  sidérose 
et  accidentellement  de  la  barytine  et,  en  second  lieu,  dans  les  dis- 
tricts de  Sangerhauser  où  la  smalline  était  accompagnée  de  mispickel 
cobaltifère  et  nickélifère,  de  chalcosine  et  de  chalcopyrite,  avec 
gangue  de  barytine,  rarement  de  calcite  et  de  quartz.  Ces  filons 
particuliers,  désignés  dans  le  pays  sous  le  nom  de  rûcken^  ne  sont 
pas  des  fentes  régulières,  mais  des  systèmes  de  cassures  étoilées  qui 
rejettent  les  couches  en  y  produisant  des  plissements  et  des 
brouillages  tout  spéciaux.  Lies  gangues  et  les  minerais  remplissent 
des  cavités  irrégulières,  de  formes  très  variées  ;  leur  nature  est 
massive,  jamais  symétrique  et  zonée. 

Dans  le  Thùringerwald  \  des  filons  analogues  ont  été  productifs 
à  Glûcksbrunn  et  à  Camsdorf.  Le  remplissage  était  le  même.  A 
Camsdorf,  il  comprenait,  dans  les  grès  blancs  (weissliegende)  du 
mur,  des  sulfures  et  arsénio-sulfures  (smaltine,  cuivre  gris,  cobal- 
tine,  chalcopyrite);  dans  les  calcaires  du  toit  (sans  doute  parce 
que  les  fissures  de  ce  calcaire  avaient  permis  l'infiltration  des  eaux 
superficielles),  du  cobalt  oxydé  noir  pénétrant  loin  dans  les 
cassures.  A  Riechelsdorf*  on  a  exploité,  de  même,  des  nids  de  smal- 
tine, chloanthite  et  cobaltine  avec  barytine  dans  la  couche  des 
schistes  cuivreux  et  le  grès  rouge  immédiatement  au-dessous.  On 
a  constaté  là  que  la  couche  de  schistes  cuivreux  était  pauvre  au 
voisinage  de  ces  filons  qui,  eux-mêmes,  ne  contenaient  plus  de 
minerais,  mais  seulement  de  la  baryte  en  s'approfondissant. 
'  Enfin,  àBieber,  en  Uesse*,  le  zechstein  cuprifère  repose  directe- 
ment sur  le  micaschiste  et  les  deux  terrains  sont  traversés  par  des 
filons  de  0,07  à  0,10  de  puissance  qui  les  rejettent  de  10  à  20  mètres. 
On  a  trouvé,  jusqu'à  60  mètres  de  profondeur,  dans  le  micaschiste, 
des  nids  de  minerais  (cobaltine,  smaltine,  bismuth  natif,  sidérose, 
chalcopyrite,  cuivre  gris,  pyrite  de  fer)  avec  barytine.  Au  delà,  le 
filon  se  réduit  à  un  simple  filet  non  minéralisé. 

En  Autriche,  nous  avons  mentionné  déjà  les  gîtes  de  Joachims- 
thal  dans  TErzgebirge,  de  Schladmingen  Styrie,  de  Dobsina  en  Hon- 

«  Colta.  ErzlagerttdUten,  t.  II,  p.  75.  —  Groddeck.  p.  288. 
'  Erlauterung  zurgeol.  Carte  y.  Preu88en.(reuille  Sontra). 
•  1888.  Schmidt.  Newê  Jahr.  f.  Min.^  p.  45.  —  Groddeck,  288. 


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86  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

grie  ;  on  a  trouvé  également  un  peu  de  cobalt  àPrzibram  (Bohême) 
et  Oravicza  (Banal). 

En  Scandinavie j  les  mines  de  cobalt  présentent,  au  contraire,  une 
réelle  importance  et  le  cobalt  s'y  trouve  relativement  distinct  du 
nickel.  Nous  étudierons  spécialement  :  en  Norvège,  le  gîte  de  Skut- 
terud  ;  en  Suède,  ceux  de  Tunnabei^  et  de  Vehna  (Oerebro). 

Gîte  cobaltifère  de  Skutterud'.  —  Les  exploitations  de  Skut- 
terud  portent  sur  des  fahlbandes  cobaltifères  qu'on  peut  rap- 
procher des  brandes  de  Schladming',  des  fahlbandes  de  Kongs- 
berg,  etc..  Nous  aurons,  d'ailleurs,  l'occasion  de  dire  que  les 
minerais  sulfurés  de  Norvège  se  trouvent  souvent  ainsi  dans  des 
zones  d'imprégnation  au  milieu  des  schistes. 

La  mine  de  Skutterud  est  située  dans  la  paroisse  de  Modum,  au 
Sud  de  la  Norvège,  un  peu  au  Nord  de  Drammen  et  à  faible  dis- 
tance de  la  station  thermale  de  Saint-Olaf.  Elle  est  exploitée 
depuis  1772. 

Le  minerai  est  disséminé  à  l'état  d'imprégnations  dans  les  ter- 
rains qui  forment  la  roche  encaissante  et  qui  sont  composés  de 
qnartzites,  de  schistes  amphiboliques  et  de  micaschistes. 

Leur  direction  est  celle  du  N.-S.  magnétique  ;  l'inclinaison  est 
presque  verticale. 

Les  imprégnations  affectent  la  forme  lenticulaire  ;  elles  se  pour- 
suivent sur  une  longueur  de  plusieurs  kilomètres  et  forment  une 
bande  de  100  à  200  mètres  de  puissance. 

Des  liions  de  granité  à  grains  assez  gros  traversent  le  gise- 
ment sans  influer  sur  la  nature  du  minerai  ;  leur  direction  est 
S.O.-N.E. 

Des  veines  talqueuses  ou  skôlar  semblent,  au  contraire,  avoir 
exercé  une  action  sur  la  concentration  du  cobalt. 

Le  minerai  de  cobalt  est  du  cobalt  gris  cristallin  et  souvent 
cristallisé  en  dodécaèdres  pentagonaux,  et  de  la  cobaltine.  Il  est 
généralement  mélangé  à  de  la  pyrite  de  fer,  de  la  pyrite  de  cuivre, 
du  mispickel  et  de  la  pyrite  magnétique.  Le  nickel  fait  à  peu  près 
défaut.  Gomme  minéraux  accessoires,  on  cite  l'actinote^  la  trémo- 

«  Voir  :  V.  Cotta.  Ezlagerst,,  t.  II,  p.  516.  —  V.  Groddeck,  p.  142,  et  Davies,  p.  264. 
■  Voir  plus  haut,  page  72. 


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COBALT  DE  SUÉDE  :  TUNNABEH6,  ETC.  87 

lite,  rantophyllite,  le  salite,  Tépidote,  la  tourmaline»  le  grenat,  le 
sphène,  le  rutile,  etc. 

Les  pyrites  sont  également  disséminées  dans  les  schistes  encais- 
sants. 

On  n'exploite  que  le  cobalt  gris,  dont  la  richesse  en  cobalt 
(33  p.  100)  est  bien  supérieure  à  celle  de  la  cobaltine  (6  à  7). 

Les  travaux,  commencés  à  ciel  ouvert,  se  continuent  mainte- 
nant par  galeries,  suivant  la  méthode  des  gradins  droits. 

On  enrichit  le  minerai  jusqu'à  une  teneur  de  11  p.  100  de 
cobalt  et  on  l'envoie  en  Allemagne. 

L'exploitation,  après  des  vicissitudes  diverses,  est  aujourd'hui 
dirigée  par  une  société  saxonne.  En  1882,  la  production  de  mine- 
rai de  cobalt  calciné  a  été  de  80  000  kilogrammes. 

Gîtes  cobaltifères  de  Suède  :  Tunnaberg,  Gladhamar,  Vehna,  etc. 
—  En  Suède,  les  minerais  de  cobalt,  souvent  associés  à  des  mi- 
nerais de  cuivre,  sont  assez  abondants  dans  le  grand  district 
métallifère  qui  s'étend  de  Nykôping  à  Westerwik,  le  long  de  la 
Baltique. 

Au  Nord  de  ce  district,  se  trouvent,  à  environ  15  kilomètres  au 
Sud  de  Nykôping,  les  mines*,  autrefois  importantes,  de  Tunnaberg. 

Il  existe  là,  au  milieu  des  gneiss  gris,  un  banc  de  calcaire  sac- 
charoîde  dans  lequel  les  minerais  sont  localisés  dans  des  conditions 
que  nous  retrouverons  pour  la  galène  argentifère  de  Sala.  Ces 
minerais  forment,  dans  ce  calcaire,  des  nids  très  irréguliers  compo- 
sés surtout  de  cobaltine  avec  un  peu  de  chalcopyrite  et  de  galène. 
Comme  corps  accessoires,  Erdmann  a  cité  la  phillipsite,  la  chalco- 
siue,  la  pyrrhotine,  la  smaltine,  la  pyrite,  le  bismuth  natif,  la 
niolybdénite,  etc.  Une  analyse  du  minerai  de  cobalt  a  donné  : 

Cobalt  Arsenic  Fer  Soufre  Perte 

36,66  49,i0  5,66  6,50  2,18 

Les  gneiss  et  le  calcaire  sont  [traversés  par  des  filons  de  gra- 
nité qui,  dans  le  calcaire,  perdent  leur  continuité  pour  se  diviser 
en  fragments  indépendants. 

L'exploitation  de  ce  gisement  a  été  très  active  dans  la  seconde 

*  V.  Cotta.  Erzlagerstàtlen,  t.  Il,  p.  553.  —  Groddeck,  p.  169.  —  Davies,  p.  264. 


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S8  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

moitié  du  xviii*  siècle  ;  dans  notre  siècle,  elle  n'a  été  qu'intermit- 
tente. 

'  Les  autres  gisements  suédois  présentent  plus  nettement  l'asso- 
ciation du  cuivre  et  du  cobalt  qui,  à  Tunnaberg,  n'est  qu'acciden- 
telle. 

Tel  est  Gladhammar^y  à  14  kilomètres  au  Sud  de  Westerwik,  mine 
exploitée  d'abord  au  xV  siècle  pour  fer,  puis,  à  diverses  reprises, 
pour  cuivre  (le  cobalt  et  le  nickel  étant  alors  une  gêne)  et  enfin, 
de  nos  jours,  pour  cuivre  et  cobalt.  Les  gisements  se  trouvent  au 
milieu  des  leptynites  et  forment  des  lits  de  différente  largeur  avec 
ramifications  latérales  sur  plus  de  2  kilomètres  de  long.  Les 
minerais  sont  souvent  accompagnés  de  hornblende,  chlorite  et 
magnétite;  ils  se  composent  de  cobaltine  (à  30  p.  100  de  cobalt), 
d'érythrine,  de  pyrite  de  cuivre,  pyrite  de  fer,  exceptionnellement 
de  blende  et  de  galène.  Dans  la  partie  N.-O.  du  champ  métalli- 
fère, à  la  mine  Ryss,  on  a  trouvé  un  peu  de  stibine  avec  la  pyrite 
de  cuivre  ;  au  Sud,  de  la  molybdénite. 

Les  principales  mines  exploitées  sont,  du  Sud  au  Nord  : 

La  mine  Bonde  :  minerais  de  cobalt  et  nickel  avec  blende  et 
galène,  atteignant  un  mètre  de  large  et  reconnus  sur  20  mètres  de 
profondeur  ; 

La  mine  Holtandare  ou  fiaggen  :  cobaltine  avec  pyrite  de  cuivre 
et  minerai  de  fer  ; 

La  mine  Svensk,  la  mine  Odelmark,  la  mine  Knut  :  cobalt  blanc 
et  sulfure  de  cobalt,  etc. 

.    Ces  mines,  en  1880,  occupaient  130  personnes. 
-    D'autres  mines  de  cobalt,  en  Suède,  existent  à  Vehna  (près  d'Ôre- 
bro)*;  exploitées  depuis  1809,  en  4880  elles  ont  donné  30  tonnes 
de  minerai. 

La  production  totale  de  la  Suède  oscille  entre  50  et  75  tonnes 
de  minerai.  Jusqu'ici,  on  a  exporté  les  minerais  d'une  teneur 
supérieure  à  10  p.  100  et  traité,  surplace,  les  plus  pauvres. 

Gîtes  cobaltifères  d'Angleterre:  Voel  Hiraddog^  —  Il  existe,  en 

'  Davies,  p.  266. 
"  Davies,  p.  264. 
'  Voir  le  Neve  Fosler.  Comwall.  geoL  Soc,  1880.— D'Achiardi,  p.  53.—  Davies,  p.  261. 


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COBALT  DE   VOEL  HIRÀDDOG   (fLINTSHIRE)  89 

Angleterre,  quelques  gisements  de  cobalt  dans  le  Cornwall,  tels 

que  Gwennap  où,  dès  1754, 

on  exploitait  le  cobalt  et  le 

bismuth  ;  Wheal  Trugo^  près        w/Wy^m^A    \  rs,ir 

de  Saint-Columb  Major,  où, 

au  xviii*  siècle,  on  rencon-        ^^^^^.    J^P^   .■.■■{^////zx//y//z 

ira  un  nid  de  cobalt   à  Tin-        ^^^^  5  -^^^^^^^^^^^  -^^ 

tersection  d'un  filon  de  cui-  "**^ 

vre,  Botallacky    Sainl-Aus- 

tell,  etc.; mais  la  seule  mine 

decobaltproductive  se  trouve 

à    Voel  Hiraddog  (ou  Fael 

Hiraddug)  près  de  Rhyl  dans 

le  Flintshire.  Nous  l'avons 

déjà  mentionnée  à  l'occasion 

du  nickel  * .  W////ymWA  ■  >^3:. 

Le  calcaire     carbonifère       "^z^^^y^m^^  ^- ■■•-•■■• -^^^^^ 

de  cette   région   contient  de        pig.  184.  —  Coune  du  frîte  coballifère  de 

nombreuses    crevasses    ou  ^''''  Hiraddog. 

1,  calcaire.  —  2,  argile.  —    3,  minerai. 

poches  (swallows    ou  poc- 

kets)  remplies  de  minerais  de  fer,  où  M.  Gage  a  reconnu,  d'abord, 
la  présence  du  manganèse  et  du  cobalt  sous  forme  de  veines 
oxydées  noires.  En  examinant  mieux  ces  minerais,  on  y  décou- 
vrit des  noyaux  cobaltifères  dont  voici  la  composition  : 

Cobalt  oxydé 37,40  26,63 

Oxyde  de  nickel 8,58  0,85 

Oxyde  de  manganèse 23,12  39,50 

Oxyde  de  fer.   .    .   , 13,85  15.10 

Silice 0,45  2,00 

Alumine 0,10  0,50 

Eau 16,00  15,00 

La  figure  184  montre  une  crevasse  de  80  mètres  de  profon- 
deur, 2  à  3  mètres  de  large  et  environ  27  mètres  de  longueur  hori- 
zontale. Cette  crevasse,  encaissée  dans  le  calcaire,  est  remplie 
d'aigile  rouge  avec  des  paquets  d'hématite,   des  grains  de  wad. 


•  Page  76. 


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90  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

d'asbolane  et  de  minerais  de  cobalt  et  des  fragments  de  calcaire  ^ 
Ces  grains,  qui  peuvent  atteindre  la  dimension  d*un  œuf,  sont 
noirs  et  assez  tendres.  Ils  sont  irrégulièrement  répartis  dans  la 
masse  qui  est  loin  d*être  partout  cobaltifëre.  La  teneur  en  cobalt 
est  à  peine  de  1  p.  100  et  celle  en  nickel  de  0,4  à  il.  La  produc- 
tion a  été,  en  1881,  de  63  tonnes  valant  7  500  francs,  soit  environ 
156  francs  la  tonne.  On  a  supposé  que  ce  cobalt  venait  de  dépôts 
pyriteux,  assez  abondants  dans  ce  calcaire,  qui  contient,  en  outre, 
fréquemment  du  fer  et  du  manganèse. 

Gîtes  cobaltiféres  de  Russie,  des  Indes,  etc.  —  En  Russie  y  on 
peut  citer  quelques  gisements  de  cobalt  autour  de  Nijni-Taguil^ 
dans  rOural.  Dans  le  Caucase,  Siemens  a  ouvert,  en  1865,  la 
mine  de  Daschkessan,  au  Sud  de  lelisawetpol.  Le  minerai  y  est 
assez  riche  en  cobalt  et  privé  de  nickel  ;  on  Ta  trouvé  sous  forme 
de  lentilles  au  contact  d'un  gisement  de  magnétite. 

Aux  Indes^^  on  a  signalé  des  minerais  de  cobalt  à  Babai,  Bagor 
et  Singhana,  dans  TEtat  de  Jaipur,  en  Rajputana,  et  dans  la  région 
de  Népal  et  de  Burma. 

Les  natifs  connaissaient,  depuis  longtemps,  un  minerai  de  cobalt 
dans  les  mines  de  cuivre  situées  près  de  Babai  et  de  Bagor;  ils 
l'appelaient  Saita  ou  Sehta  ;  Midleton  Ta  décrit,  en  1845,  comme  une 
espèce  nouvelle  (jaipurite)  et,  depuis,  Mallet  Ta  déterminé  :  c'est  de 
la  coballine.  Cette  saita  est  très  usitée  pour  colorer  en  bleu  les 
émaux  orientaux. 

En  Afrique,  on  a  récemment  découvert  un  gisement  de  cobalt 
dans  le  Transvaal,  près  du  fleuve  Oliphant.  Dans  ce  gisement,  des 
veines  lenticulaires  de  minerai  de  cobalt  courent  parallèlement  au 
plan  de  contact  d'un  porphyre  (felsile)  et  d'une  dolérite  granu- 
laire. En  1877,  on  en  avait  envoyé  environ  100  tonnes  à  Londres. 

Dans  V Amérique  du  Sud,  on  a  trouvé  du  cobalt  au  Chili,  h  Tres- 
Punclos,  Huasco,  etc.,  et  dans  la  République  Argentine. 

Aux  Etats-Unis^  on  peut  mentionner  les  gisements  de  Patapsco 

'  On  peut  rapprocher  cette  formation  en  poches  superflcielles  de  celle  que  nous 
vons  décrite  en  Nouvelle-Calédonie,  p.  56. 

*  1881.  Mallet.  On  cobaltite  and   Danaite  from  the  Rhetri  mine,  Rajputana.  {Re- 
cords ofthe  geological  Survey  of  India,  t.  IIV,  p.  190.  Calcutta,  1881).  —  D'Achiardi, 
I,  56.  —  Voir  plus  haut,  p.  69. 


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COBALT   DES   ÉTATS-UNIS  91 

près  Finksburg  (comté  de  Carroll)  *  et  de  Minerai  Hill  dans  le 
Maryland  ;  de  Ghatam  dans  le  Gonnecticut*,  où  l'on  a  trouvé,  dans 
des  micaschistes,  des  minerais  divers,  entre  autres  la  chatamite  ;  de 
Lovelock  (Nevada)  ;  de  Franconia  dans  le  New-Hampshire  ;  de  la 
Motte  dans  le  Missouri,  etc. 

La  mine  de*  la  Motte,  en  Missouri,  fournit  une  quantité  notable 
de  minerais  de  cobalt  et  de  manganèse  qui  sont  exportés  en 
Angleterre. 

On  a  trouvé  également,  dans  les  rhyolites  du  Golorado',  des 
traces  de  cobalt  et  de  nickel  et,  djBins  le  même  territoire,  plus 
spécialement  dans  le  comté  de  Gunnison,  on  a  récemment  décou- 
vert, près  de  Gothic,  une  veine  de  calcite  dans  un  granité,  tenant 
beaucoup  de  smaltine  à  11-15  p.  100  de  cobalt  et  d*autres  mine- 
rais de  cobalt. 

La  production  totale  d'oxyde  de  cobalt  aux  Etats-Unis  est  en 
forte  décroissance  depuis  quelques  années  :  33  000  kilogrammes 
en  1885;  18000  en  1886;  9  000  en  1887.  Sur  cette  quantité,  6  000 
kilogrammes,  en  1887,  étaient  contenus  dans  les  mattes  de  la 
Motte. 

Il  existe,  en  outre,  aux  Etats-Unis,  une  mine  de  cobalt  à  Gam- 
den  (New-Jersey). 

L*importation  d'oxyde,  en  1887,  a  été  de  19  000  kilogrammes. 

'  Dana.  A  syst.  of  Mineralogy,  1868.  —  D*Achiardi,  II,  56. 

*  Voir  plus  haut,  p.  69. 

•  Loew.  On  ihe  erupt.  rocks  of  Colorado.  [Tenth,  an,  rep.  Un,  Si.  geol.  Siirw.,  1876, 
p.  269.;  —  Malverne.  W.  I  les.  On  the  occ.  smallite  in  Colorado.  (Am.  «/.  Se,  1882, 
23,  137,  180.) 


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VANADIUM 

Eq;  V=5i,3;  —  P.  At  =  31,3. 


Historiqae.  —  Le  vanadium  fut  réellement  découvert  en  1803 
par  Del  Rio  ;  mais,  plus  tard,  ce  chimiste  crut  s'être  trompé  ;  c'est 
seulement  en  1830  qu'un  autre  savant,  Sefstrom,  le  retrouva  dans 
un  minerai  de  fer  de  Norvège,  donnant  dn  fer  d'une  ductilité 
extraordinaire,  qu'on  avait  extrait  de  la  mine  de  Taberg  en  Sma- 
land.  Dès  ce  moment,  on  reconnut  la  concentration  du  vana- 
dium dans   les  scories  d'affinage  de  la  fonte  de  fer  de  Taberg. 

Des  scories  de  ce  genre  sont  aujourd'hui  la  source  industrielle 
du  vanadium. 

Affinités  chimiques.  —  Nous  dirons  plus  loin  que  le  vanadium 
et  le  phosphore  donnent  des  sels  isomorphes,  vanadinite  et  apa- 
tite,  etc.;  de  môme,  tous  deux  sont  diffusés,  dans  des  conditions 
analogues,  dans  divers  minerais  de  fer.  D'autre  part,  on  a  trouvé 
du  vanadium  dans  la  pechblende,  associé  par  suite  à  Turane. 

Usages.  —  Pendant  longtemps,  le  vanadium,  étant  très  rare,  a 
eu  peu  d'usages,  fierzelius  en  avait  fait  une  première  application 
dans  la  préparation  d'une  encre  noire  formée  d'une  combinaison 
de  vanadate  d'ammoniaque  avec  la  noix  de  galle  ou  le  pyrogallol. 
Depuis  quelques  années,  ses  combinaisons  ont  trouvé  un  emploi 
important  dans  l'industrie  de  l'impression  des  étoffes  avec  les 
couleurs  dérivées  de  la  houille.  Le  vanadate  d'ammoniaque  sert 
alors  à  transformer,  en  présence  du  chlorate  de  potasse  et  de 


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94  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Tacide  chlorhydrique,  Taniline  en  noir  d'aniline.  De  plus,  dans 
des  conditions  qui  semblent  encore  assez  mal  connues,  ses  sels 
peuvent  donner  de  très  belles  couleurs  sur  porcelaine.  Le  bronze 
de  vanadium  sert  pour  les  enluminures.  EnGn  le  vanadate  d'am- 
moniaque est  employé  dans  les  laboratoires  comme  réactif  du 
tannin. 

Le  prix  du  vanadium  était,  il  y  a  quelques  années,  en  raison 
de  l'extrême  rareté  qu'on  attribuait  à  ce  métal,  très  considérable  ; 
en  1880,  le  vanadate  de  soude  de  Joachimsthal  se  vendait  encore 
90  francs  le  kilogramme.  Aujourd'hui  le  Greusot  peut  en  fabriquer, 
par  an,  comme  nous  le  verrons,  60  000  kilogrammes  et  les  prix 
ont  beaucoup  baissé. 

Minerais.  —  Le  minerai  où  fut  d'abord  trouvé  le  vanadium  par 
Del  Rio  était  un  ch^opiovanadate  de  plomb  3  [PbO,  V  0*+  PbCI] 
isomorphe  de  l'apatite  et  du  chlorophosphate  de  plomb  correspon- 
dant. Ce  vanadate,  pris  d'abord  pour  un  chromate,  provenait  de 
Zimapan,  au  Mexique.  Il  existe  encore,  au  Mexique,  à  Charcas 
(San-Luis  Potosi)  une  mine,  exploitée  pour  argent,  qui  contient 
des  veines  assez  continues  de  vanadate  de  plomb  cristallisé  vert 
cireux  ayant  de  5  à  8  millimètres  d'épaisseur.  Ce  vanadate,  asso- 
cié à  de  la  calcite,  traverse  un  grès  et  s'est  déposé  tout  d'abord 
sur  les  épontes,  la  calcite  étant  dans  Taxe  du  filon  ^ 

De  même,  au  Chili,  M.  Domeyko  a  signalé,  en  1880,  dans  la 
mine  Grande  (estancia  de  la  Marquesa)%  des  vanadates  de  plomb 
et  de  cuivre. 

Pour  extraire  le  vanadium  du  vanadate  de  plomb^y  on  traite 
d'abord  par  Tacide  nitrique  ;  on  précipite  le  plomb  par  l'hydrogène 
sulfuré  et  le  sulfhydrate  d'ammoniaque.  La  liqueur  rouge  res- 
tante précipite,  par  les  acides,  du  sulfure  de  vanadium  brun  foncé, 
qu'on  grille  et  fond  avec  du  nitre.  On  a  ainsi  du  vanadate  de 
potasse. 

Mais,  en  dehors  de  ces  minerais  exceptionnels,  le  vanadium 
existe,  à  l'état  de  diffusion,  dans  un  grand  nombre  de  terrains 

*  Coll.  Ecole  des  Mines, 

*  Ann,  d.  M.,  1881,  p.  335. 

*  Parmentier.  Le  Vanadium^  p.  96. 


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PRODUCTION  DU  VANADIUM  AU  CREUSOT         95 

sédimentaires  et  peut,    par   des  phénomènes  de  concentration 
naturels  ou  artiGciels,  arriver  à  y  être  exploitable. 

C  est  ainsi  que,  depuis  longtemps,  on  avait  signalé  sa  présence 
dans  les  minerais  de  fer  de  Taberg  en  Suède,  dans  les  schistes 
cuivreux  du  Mansfeld,  dans  la  bauxite,  dans  Targile  des  environs 
de  Paris,  dans  certains  grès  du  Gheshire  (M.  Roscoë).  M.  Dieulafait, 
continuant  des  recherches  dans  cette  voie,  a  montré  que  le  vana- 
dium, à  Tétat  infinitésimal,  était  très  répandu  dans  les  roches  de  la 
formation  primordiale  et  qu'il  se  concentrait  dans  les  argiles  ferru- 
gineuses résultant  de  leur  destruction;  en  particulier,  que  les 
minerais  de  fer  sédimentaires  des  bords  du  plateau  central  en  con- 
tenaient une  certaine  proportion.  Suivant  une  remarque  précé- 
demment faites  une  concentration  nouvelle  de  ce  corps  s'opère,  par 
suite  de  la  fusion,  dans  les  scories  d'affinage.  En  soumettant 
ces  scories  à  un  traitement  approprié,  M.  Osmond  et  Witz  sont 
arrivés  à  produire  aujourd'hui  au  Creusot  60  000  kilogrammes 
d'acide  vanadique. 

Le  procédé  Witz  et  Osmond  consiste  à  traiter  les  scories,  pro- 
venant des  oolithes  de  Mazenay  passées  au  convertisseur  Ghilcrist. 
Loolithe  ferrugineuse  de  Mazenay*,  qui  est  la  base  des  fontes 
communes  du  Creusot,  contient  quelques  dix  millièmes  de  vana- 
dium empruntés  sans  doute  au  terrain  primitif  (gneiss  granu- 
litique)  dont  elle  n'est  séparée  que  par  une  faible  couche  d'arkose 
triasique  de  17  mètres  d'épaisseur. 

Quand  on  traite  le  minerai  de  Mazenay  au  haut  fourneau,  Tacide 
vanadique  est  réduit  comme  l'acide  phosphorique  ;  le  vanadium 
isolé  se  combine  avec  le  fer  et  passe,  à  peu  près  entièrement, 
dans  la  fonte,  en  se  concentrant  à  la  dose  de  1  à  3  millièmes. 

Lorsqu'on  transforme  ensuite  cette  fonte  en  acier,  le  vanadium 
suit  le  phosphore  dans  la  scorie  et  y  arrive  couramment  à  un  cen- 
tième. On  peut  même  augmenter  cette  teneur  par  un  fraction- 
nement de  l'opération  après  la  décarburation  ;  le  laitier  de  cette 
première  partie  du  travail  retient  alors  tout  le  vanadium. 

Ce  sont  ces  scories  que  MM.  Witz  et  Osmond  concassent  et 
abandonnent  au  contact  d'une  faible  quantité  d'acide  chlorhy- 

•  Voir  page  93. 

•  Voir  t.  !•%  p.  774. 


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96  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

drique  qui  dissout  le  vanadium  à  Tétat  de  tétroxyde.  Cette  d 
lution  peut  être  utilisée  telle  quelle.  Si  on  veut  Tenrichir,  on 
tralise  et  on  ajoute  un  acétate  alcalin  ;  il  se  précipite  aloi 
phosphate  de  tétroxyde  de  vanadium. 

Dans  le  Cheshire,  Roscoë  a  extrait  également  des  qua 
importantes  de  vanadium  de  grès  cuprifères  du  trias.  Ces  mil 
étaient  traités  pour  cobalt,  nickel  et  cuivre.  Il  restait  une  ' 
lution  bleue  qui  contenait  2  p.  100  de  vanadium  et  d'où  il  a 
à  le  retirer  industriellement. 

Enfin  Tune  des  sources,  d'où  Ton  tirait  jusqu'ici  le  vana 
est  la  mine  de  Joachimsthal,  en  Bohème. 

La  pechblende  de  Joachimsthal  contient  environ  0,1  p. 
vanadium  à  un  état  mal  connu.  Ce  vanadium  se  retrouve  d; 
calcaires   rouges  dolomitiques  qui  accompagnent  ordinaii 
les  minerais  d'urane. 

Les  premières  tentatives  faites,  vers  1856,  pour  isoler  le 
dium,  avaient  surtout  pour  but  de  purifier  les  couleurs  dont 
rait  les  nuances.  Elles  furent  assez  vite  abandonnées,  l 
vanadium  trouva  bientôt  une  importante  application  d 
teinture  en  noir  des  cotons  et  des  laines.  Il  augmente,  e 
l'éclat  de  la  couleur  et  la  netteté  de  l'impression  ;  il  empèc 
taque  des  cylindres  et  des  cardes  en  fer  ;  enfin  il  permet  d 
plus  facilement  la  période  d'oxydation  de  Taniiine.  Vers  1 
fit  alors  des  essais  d'extraction  en  grand  du  vanadium 
cipitant  ce  métal  au  moyen  de  l'acide  gallique  ;  néanr 
méthode  était  compliquée  et,  en  1880,  le  vanadate  de  \ 
vendait  encore  90  francs  le  kilogramme  lorsque  fut  in 
procédé  Witz  et  Osmond  que  nous  venons  de  décrire. 

Bibliographie. 

1880.  Lallemand.  —  L'urane  et  le  vanadium  à  Joachimsthal.  (Ann 
t.  XVII,  p.  326.) 

1881.  Minéraux  du  Chili.  (Ann.  d.  If.,  1881,  p.  35.) 

1882.  RiccTARDi.  —  Sulla  diffusione  del  Vanadio  nel  regno  minei 
tali.  (In-4<',  6  p.  Exl.  d.  alti  delCAcademia  Givenia  dise.  nat.  in  Cala 

*  1883.  DiEULAFAiT.  —  (Revue  Scientifique  du  19  mai  1883,  p,  613.) 


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l 


TITANE 

Ti;  Eq  =  24,055  ;  P.  At.  =  48,01. 


Le  titane  n'a  pas  précisément  d'emploi  industriel  *,  mais  on  a 
souTent  songé  à  Tutiliser  pour  fixer  Tazote  de  Tair.  La  facilité  de 
sa  combinaison  avec  /Pazote,  mise  en  évidence  par  Wohier  et 
Sainte-Claire  Deville,  est  telle,  en  effet,  qu'on  peut  se  servir  d'un 
mélange  d'acide  titanique  et  de  charbon  pour  protéger  les  creu- 
sets contre  l'introduction  de  l'azote,  dans  le  cas  où  ce  gaz  risque- 
rait de  troubler  les  opérations.  Un  minerai  de  fer  titane  fondu 
au  haut  fourneau  donne,  de  même,  une  combinaison  d'azoture  et 
de  cyanure  de  titane.  Mais  ce  qui  empêche  d^appliquer  ces  pro- 
priétés, c'est  que  les  minéraux  du  titane  ne  se  présentent  guères 
qo  a  l'état  de  cristaux  isolés  et  de  petites  dimensions. 

Le  seul  qui  existe  en  certaine  abondance  est  le  fer  titane  ou 
ilménite  (Tî,  Fe)*  0*.  Puis  viennent  les  oxydes  de  titane,  rutile, 
brookite  et  anatase  et  le  sphëne  ou  silico-titanate  de  chaux. 

4'  Le  /(?r  titane,  qui  est  fréquent  en  cristaux  de  première  con- 
solidation dans  les  diorites,  diabases,  dolérites,  gabbros,  basaltes, 
péridotites,  s'est  concentré  parfois  dans  les  mêmes  conditions  que* 
la  magnétite  et  avec  elle. 

La  statistique  des  Etats-Unis  mentionne,  au  Colorado,  dans  le 
comté  de  Costilla,  à  Qrape-Creek,  des  magnétites  avec  fer  titane 
contenant  13  à  15  p.  100  d'acide  titanique  avec  4S  à  50  p.  100 

*  Qaoique  récemment  (1892)  on  ait  annoncé,  en  Amérique,  avoir  obtenu  d'excellents 
léiuluts  avec  un  alliage  (i*aluminium  et  de  titane. 

GÉOLOGIE.  —  T.  II.  7 


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98  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

de  fer  et  5  p.  100  de  silice.  Près  de  Gunnison,  dans  le  comté  du 
même  nom,  on  rencontre  aussi  des  magnétites  à  forte  teneur  en 
acide  titanique.  Cette  proportion  diacide  titanique  et  de  silice  est 
même  le  défaut  de  beaucoup  de  magnétites  du  Colorado.  Le  fer 
titane  se  rencontre  aussi  associé  avec  des  magnétites  dans  le 
Norwick  Connecticut  (Washington);  dans  le  Minnesota  (Misabi 
Iron  range)  où  il  forme  des  masses  considérables  ;  dans  les  comtés 
d'Essex  et  de  Clinton  (New- York);  dans  le  Wyoming  (Iron  moun- 
tain,  Albany  County)  ;  puis  à  Kragerô  (Tvedestrand)  (variété  hysta- 
tite)  et  Egersund  (variété  menaccanite),  en  Norvège;  aux  Monts 
Ilmen,  près  de  Miask,  dans  TOural,  etc. 

Le  fer  titane  de  Kragerô  est  en  relation  avec  des  diorites  <  ; 
celui  de  Tétat  de  New- York  avec  une  serpentine;  celui  des  Monts 
Ilmen  avec  une  miascite,  etc. 

2^  Les  oxydes  divers  de  titane  jouent  souvent,  comme  Ta  montré 
M.  Daubrée,  un  rôle  analogue  à  celui  de  Toxyde  d'étain.  M.  Daubrée 
a  expliqué  la  formation  des  Qlons  titanifères  du  Saint-Gothard 
par  des  actions  fluorées. 

  Tétat  d^échantillons  minéralogiques,  le  rutile  est  disséminé 
dans  un  assez  grand  nombre  de  roches,  les  granités,  les  gneiss,  les 
micaschistes,  les  syénites,  les  diorites  et  quelquefois  les  calcaires 
métamorphiques.  On  en  trouve  fréquemment  des  cristaux  en 
inclusions  dans  le  quartz  ;  d*autres,  au  contraire,  implantés  sur 
des  tables  d'oligiste. 

Au  Saint-Gothard  et  dans  l'Oisans,  les  oxydes  de  titane  se  ren- 
contrent à  l'état  de  véritables  petits  filons  qui  n'ont  pas  le  caractère 
d'une  sécrétion  de  la  roche,  mais  d  un  remplissage  de  fractures  et 
où  Ton  trouve,  comme  minéraux  associés,  de  Tadulaire,  de  Talbite, 
du  fer  oligiste,  du  sphène,  de  Tapatite,  de  Taxinite,  du  spath 
fluor,  des  zéolithes,  etc. 

De  beaux  échantillons  de  rutile  viennent  de  Rosenau  en  Hon- 
grie, de  Finbo  en  Suisse,  Pickaranta  en  Finlande,  de  la  Géoiçie 
aux  Etats-Unis,  du  Brésil,  etc. 

Quant  aux  cristaux  un  peu  gros,  ils  proviennent  souvent  des 

'  A  Oddegarden,  le  fer  titane  est  fréquent  au  voisinage  des  filons  d*apatite.  (Voir 
t.  V%  p.  331.; 


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TITANE  99 

régions  du  terrain  primitif,  où  se  sont  développés  également  des. 
filons  d'apatite  ;  ainsi  la  côte  d'Ârendal,  en  Norvège,  le  Canada, 
certaines  régions  des  Etats-Unis. 

La  statistique  des  Etats-Unis  mentionne,  dans  chacune  des 
années  4885  et  1886,  la  vente  de  260  kilogrammes  de  rutile  pour 
une  somme  de  10  400  francs.  En  4887,  on  en  a  vendu  430  kilo- 
grammes pour  15  600  francs. 

Vanatase  est  plutôt  en  cristaux,  généralement  très  petits,  dans 
les  fentes  des  gneiss  ou  des  micaschistes  (Bourg  d^Oisans),  etc.; 
exceptionnellement  dans  la  dolomie. 

La  brookitCy  variété  arkansite,  se  rencontre  aux  Etats-Unis,  avec 
du  rutile,  de  la  perofskite  (titanate  de  chaux),  de  la  magnétite  et 
de  Tapatite  à  Magnet  Cove,  Hot  Spring  County,  dans  TÂrkansas. 

3""  Le  sphène  est  assez  fréquent  dans  les  roches  primitives,  en 
cristaux  de  première  consolidation  ;  en  particulier  dans  les  syénites, 
amphibolites  et  diorites,  etc.  Il  existe  aussi  à  l'état  secondaire 
dans  certains  calcaires,  dans  des  produits  de  fumerolles  volcaniques 
et  dans  des  enduits  autour  de  grains  de  fer  titane.  M.  Haute- 
feuille  Ta,  comme  on  sait,  reproduit  par  fusion  au  moyen  de 
silice,  titane  et  chlorure  de  calcium. 

M.  de  Lapparent  a  expliqué,  dans  le  Tyrol,  le  développement  des 
cristaux  de  sphène  par  des  actions  métamorphiques  ayant  con- 
centré du  titane,  d'abord  isolé  à  Tétat  de  rutile  dans  des  schistes. 

Enfin,  nous  mentionnerons  que  la  présence  du  titane  été  recon- 
nue par  M.  Mazade  dans  les  eaux  minérales  de  Neyrac  (Aveyron). 

Bibliographie. 

4834.  Elib  de  Beaumont.  —  Faits  pour  servir  à  Fhisloire  des  montagnes  de 
rOisans.  (Ann.  d.  M,,  3«,  t.  V,  p.  3.) 

WisBR.  —  Jahrbuch  fur  Minéralogie  von  Leonhard  (Minéraux  de  la 
Suisse). 

KoKSCHAROw.  —  Sur  Tilménite  de  l'Oural  (Mém,  Ac.  Imp,  Saint-Péters- 
bourg, sér.  7,  t.  22,  no  3). 
1879.  Daubrée.  —  Géologie  expérimentale,  p.  41. 

1883.  D'AcHURDi.  I.  minerali,  etc.,  t.  Il,  p.  109. 

1884.  Chapman.  —  On  some  deposits  of  titaniferous  iron  ore  in  the  Goun- 
ties  of  Hallburton  and  Hastings,  Ontario,  {Proceedings  and  transactions  of  the 
royal  Society  of  Canada  for  the  year  1884,  t.  II,  p.  159.) 

1886.  Parmentibr.  —  Le  Titane.  {Encyclopédie  chimique.) 


/^v,^'  ,        r 

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ÉTAIN 

Sn;Eq  =  59.  P.  at  =  118. 

USAGES  ET  STATISTIQUE 

Usages. —  L*étain  est  un  des  métaux  les  plus  anciennement  con- 
nus ;  on  sait,  en  effet,  le  rôle  qu*a  joué  le  bronze,  alliage  de  cuivre  et 
d*étain,  chez  les  peuples  primitifs.  C'était,  pour  les  Chaldéens,  un 
métal  sacré  ;  les  Egyptiens  Tout  connu  4000  ans  avant  Jésus-Christ  ; 
Homère  mentionne  Tétain,  Kassiteros,  et  Hérodote  appelle  les 
lies  Britanniques  qui,  avec  la  Gaule  et  TEspagne,  ont  dû  fournir 
Tétaia  aux  peuples  méditerranéens,  ties  Kassiterides^ 

Aujourd'hui  les  usages  de  1  etain  sont  assez  importants  pour 
nécessiter,  chaque  année,  la  consommation  d'environ  50  000  tonnes 
de  métal  et,  par  suite  de  la  rareté  de  ses  gisements,  le  prix, 
tout  en  ayant  baissé  depuis  quelques  années,  en  reste  encore  très 
élevé,  environ  2500  francs  la  tonne. 

Les  emplois  de  Tétain  métallique  tiennent  surtout  à  ce  qu'il 
s'altère  peu  au  contact  de  l'air  et  des  acides  et  ne  donne  que  des 
sels  non  vénéneux  à  petite  dose  ;  en  sorte  qu'on  en  fabrique,  ou 
tout  au  moins  en  enduit,  beaucoup  d'ustensiles  destinés  à  contenir 
les  matières  alimentaires.  Il  y  a  même  eu  une  époque,  au  moyen 
âge,  où  rétain  jouait,  dans  la  vie  courante,  un  rôle  considérable, 
où  on  en  faisait  des  plats,  bassins,  couverts,  brocs,  aiguières,  où 

'  M.  Berthelot  a  rapproché  le  nom  turc  de  Tétain  (qualai),  appliqué  par  certains 
auteurs  arabes  à  la  presqu'île  de  Malacca,  de  diverses  dénominations  grecques,  telles  que 
chalcon  kalainon  (cuivre  de  Chalais)  et  a  été  conduit  à  se  demander  si  Tétain  primitif 
ne  viendrait  pas  de  la  Turquie  d'Asie,  du  Sud  du  Caucase,  ou  deMéched  en  Khorassan 
où  des  Toyageurs  russes  en  ont  signalA  des  gisements.  Strabon  parle  de  mines  d'étain 
dans  la  Drangiane. 


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102  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

l'art  s'en  emparait  pour  rornementer,  où  les  églises  et  les  couvents 
en  utilisaient  des  quantités  importantes.  Le  temps  n'est  pas  bien 
éloigné  encore  où  la  vaisselle  d'étain  était  d'un  usage  habituel 
dans  les  campagnes.  De  ce  côté,  la  consommation  de  ce  métal  a 
beaucoup  décru  ;  mais  on  en  fabrique  encore  quelques  couverts  à 
bon  marché  et  surtout  on  s'en  sert  pour  étamer  l'intérieur  des 
instruments  de  cuisine  en  cuivre  ou  en  fer. 

L'étain  sert,  en  outre,  à  l'état  de  feuilles  minces  pour  envelopper 
le  thé,  le  chocolat. 

Le  fer-blanc  n'est  autre  chose  que  de  la  tôle  de  fer  enduite 
d'une  couche  d'étain  ;  attaqué  par  un  acide,  il  donne  les  moirés  qui 
ont  été],  vers  1820,  l'objet  d'une  industrie  assez  considérable, 
aujourd'hui  disparue. 

Un  grand  nombre  d'alliages  d'étain  ont  des  applications  :  le 
bronze  d'abord  (cuivre  et  étain)  pour  cloches,  statues,  mon- 
naies, etc.  ;  le  laiton  (cuivre  et  zinc,  avec  un  peu  de  plomb  et 
d'étain)  pour  les  épingles  ;  puis  les  alliages  divers  d'étain  et  de 
plomb,  tels  que  : 

Plomb  BUio 

Soudure  des  plombiers 66  33 

—  ferblantiers 50  50 

Alliage  pour  vaisselle  et  robinets 8  92 

—  flambeaux 20  80 

Citons  encore  l'alliage  des  caractères  d'imprimerie  (20  d'anti- 
moine pour  80  de  plomb),  auquel  on  ajoute  souvent  8  à  10  p.  100 
d'étain  pour  lui  donner  de  la  ténacité  en  même  temps  qu'un  grain 
plus  fin  ;  l'amalgame  d'étain  qui,  pendant  longtemps^  avant  la 
découverte  des  procédés  actuels  d'argenture,  a  servi  à  étamer  les 
glaces,  etc. 

Quelques-uns  des  composés  de  l'étain  ont  également  des  emplois  : 

L'oxyde  d'étain  calciné  est  utilisé  pour  donner  de  l'opalescence 
aux  verres;  il  entre  dans  la  composition  des  émaux  et  du  vernis 
de  faïence.  La  potée  (Tétain^  dont  on  se  sert  pour  polir  les  objets 
fabriqués  avec  des  corps  durs,  se  prépare  en  général,  en  calcinant 
à  l'air  un  alliage  d'étain  et  de  plomb. 

L'étain  entre  dans  quelques  matières  colorantes  :  le  pinck  colour^ 
stannate  de  chrome  et  de  chaux  de  couleur  rose,  employé  dans  la. 


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USAGES   ET   STATISTIQUE  DE   l'ÉTAIN 


103 


peinture  sur  faïence  pour  avoir  à  la  cuisson  un  ton  rouge  sang  ; 
h  laque  minérale  d'un  beaulilas  obtenue  en  calcinant  un  mélange 
intime  de  100  parties  d'acide  stannique  et  2  parties  de  sesquioxyde 
de  chrome  (papiers  peints,  faïence)  ;  le  pourpre  de  CassiuSj 
résultat  de  la  réduction  d'un  sel  d'or  par  le  bichlorure  d'étain,  uti- 
lisé pour  la  coloration  du  verre  ou  de  la  porcelaine,  etc. 

Le  protochlorure  d'étain  sert  dans  la  fabrication  des  toiles 
peintes  pour  enlever  au  lavage,  après  les  avoir  rendus  solubles  par 
réduction,  des  sesquioxydes  de  fer  ou  de  manganèse,  etc. 

Tous  ces  divers  usages  absorbent  une  quantité  d'étain  qui  aug- 
mente peu  à  peu  :  37  000  tonnes  en  1880  ;  48  000  en  1890,  etc. 

Deux  tableaux  ci-joints  (voir  p.  104  et  105)  donnent,  pour  les 
dix  dernières  années,  la  production  de  minerai  d'étain  et  d'étain 
métallique  d'après  les  statistiques  officielles  ;  pour  certains  centres 
des  plus  importants  comme  les  détroits  (Malacca,  etc.),  ces  sta- 
tistiques sont  fort  insuffisantes.  Dans  le  tableau  qui  suit,  nous 
avons  essayé  de  ranger  les  pays  par  ordre  de  production  : 


1888 

UINERAIS 

MÉTAL 

HoUande  et  Détroits 

Grande-Bretagne  ^Cornwall)  . 

Australie 

TORlfU 

14  600 

3  300 

» 

5  800 

» 

700 

990 

1000 

600 

63 

TOnifM 

30  000 
10  960 

4  744 

4000 
1000 

220 

■ 

300  , 

100 
40 
38 
17 
11 

(D'après  M.  Ërrington  de  la 
Croix.) 

1  500  tonnes  d'étain  sur  les 
10  960  proviennent  de  mine- 
rais importés  du  Pérou,  de  la 
iiépublique  Argentine,  etc. 

Les  3  300  tonnes  de  mine- 
rais exportés  doivent  s'ajouter 
aux  4  744  de  métal  produit. 

Chiffre  très  approximatif. 

Quantités  exportées  en  An- 
gleterre en  1888. 

Production  en  1885. 
Exportées  en  Angleterre. 

Chine 

BoUvie 

Tasmanie 

Prusse  

Saxe 

République  Argentine.  .  .  . 
Pérou ! 

Japon 

Autriche 

Russie      

Chili 

Possessions  anglaises  en  Asie. 
Total  approximatif  .  .  . 

50  000 

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104 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


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STATISTlOue    DE    l'ËTAIN 


105 


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106 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


On  se  heurte,  lorsqu'on  veut  établir  une  statistique  de  Tétain  à 
d'assez  grandes  difficultés,  provenant  surtout  des  transports  qu'on 
fait  subir,  soit  au  minerai  plus  ou  moins  préparé,  soit  au  métal, 
pour  l'amener  au  point  où  se  tient  le  marché  principal  de  ce 
corps,  c'est-à-dire  en  Angleterre. 

Pour  la  production  des  Détroits  et  des  Indes  hollandaises,  c'est- 
à-dire  Banca,  Sumatra,  Malacca,  Billiton,  Java,  Pérak,  etc.,  les 
renseignements  sont  particulièrement  incomplets.  Les  chiffres 
de  la  statistique  française  (p.  104  et  105)  ne  correspondent  qu'aux 
exportations  en  Angleterre.  D'après  M.  Errington  de  la  Croix,  la 
production  de  la  presqu'île  de  Malacca  a  été,  en  1888  et  en  1889, 
de  plus  de  24  000  tonnes';  d'après  la  statistique  américaine,  elle 
serait  montée,  en  1890,  à  environ  34  000  ;  celle  de  Pérak  a  été, 
en  1881,  de  6139  tonnes. 

Enfin  on  n'a  aucun  document  précis  pour  la  Chine  où  la  produc- 
tion de  l'étain  est  certainement  assez  considérable,  ainsi  que  sur  la 
frontière  Nord  du  Tonkin.  On  a  supposé  que  la  province  de 
Yunnan  pouvait  produire  3000  à  4000  tonnes  par  an,  après  en 
avoir  produit  autrefois  10  000. 

Voici,  sous  une  autre  forme,  la  production  du  monde,  d'après 
les  Ressources  Minérales  des  Etats-Unis  : 


Exportations  de  Singa- 
pour et  Penang  en 
Angleterre,  Europe  et 
Amérique 

Dans  rinde  et  en  Chine. 

Expéditions  de  Banca . 

Expéditions  de  Billiton. 

Exportation  d'Australie 
en  Europe  et  en  Amé- 
rique  

Production  de  l'Angle- 
terre  

Total.   .   .   . 

stock  visible  au  31  dé- 
cembre  


1880 


13  288 


I  190 
J027 
M48 

20  024 


1881 


10  095 
3  168 


13  273 


4  094 
4  266 


9  180 
7  754 


38  567 


17  317 


1882 


10  894 
3  483 


14  377 


3  960 
3  780 


9  270 
8  2i3 


39  630 


16  132 


1883 


15  431 
3  745 


19  170 


3  783 
3  742 


9  450 
8  377 


t518 


17  357 


1884 


15  793 
4  428 


20  221 


3  772 
3  240 


7  920 

8  617 


45  770 


15  097 


1885 


15  4C4 
3  500 


18  964 


3  780 
3  384 


7  650 

8  398 


42  176 


14  505 


1886 


17  640 
3  623 


21  263 


3  942 
3  716 


7  258 

8  381 


44  560 


10  800 


1887 


21  580 


3  945 

4  481 


6  975 
8  354 


45  336 


1888 


il  470 


3  987 
4< 


8  317 


45G50 


1889 


25  466 


3  703 

4  372 


6  120 
8  021 


47  682 


1890 


24  723 


4  746 
4  719 


5  774 
8  100 


48  062 


'  Note  sur  la  géogr. 
1888. 


polit*  et  la  situation  économique  de  la  péninsule  malaise  en 


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GËffÉRALlTËS   SUR   LES   GISEMENTS  d'ÉTAIN  107 

En  résumé,  la  production  annuelle  du  monde,  en  chiffres  ronds, 
peut  s'évaluer  à  50  000  tonnes,  dont  une  assez  forte  proportion 
va  aux  Etats-Unis,  où  Ton  n'a  encore  trouvé  jusqu'ici,  malgré 
beaucoup  de  recherches,  que  quelques  gisements  peu  importants. 


GISEMENTS  D'ÉTAIN,  GÉNÉRALITÉS  GÉOLOGIQUES 

Minerais.  —  Le  seul  minerai  d'étain  est  la  cassitérile  (Sn  0*) 
qu'on  exploite,  comme  nous  le  dirons,  en  filons  ou  en  alluvions. 
Les  minerais  de  filons  contiennent,  en  général,  une  certaine  pro- 
portion de  wolfram  et  de  mispickel  qui  est  très  gênante  dans  la 
métallurgie.  Ils  exigent  une  préparation  mécanique  compliquée 
avec  intercalation  de  grillages  pour  volatiliser  Tarsenic  du  mis- 
pickel et  une  fusion  au  réverbère  oxydant  avec  carbonate  de 
soude  pour  éliminer  le  tungstène.  Dans  les  alluvions,  le  wolfram 
fait,  au  contraire,  généralement  défaut. 

Gisements.  —  La  plupart  des  métaux  que  nous  avons  passés  en 
revue  jusqu'ici  étaient  :  soit  à  Tétat  de  sels  directement  soluhles 
(potassium,  sodium,  lithium,  etc..)  ou  bien  donnaient  aisément, 
par  simple  action  d  eaux  chargées  d'oxygène  et  de  quelques 
acides  faibles  (acide  carbonique,  etc.),  à  la  façon  des  eaux  super- 
ficielles, des  sels  solubles,  précipitables  ensuite  par  dégagement 
de  l'acide  carbonique  en  excès  ou  par  contact  d'une  base  comme 
la  chaux;  il  en  résultait,  pour  eux,  Texistence  de  gîtes  sédimen- 
taires  de  précipitation  chimique.  Avec  l'étain,  de  pareils  gites 
sont  inconnus;  après  sa  cristallisation  à  Tétatde  cassitérite,  soit 
dans  la  roche  éruptive  même  (granulite),  soit  dans  des  veines 
filoniennes,  aucune  remise  en  mouvement  chimique  n'a  eu  lieu 
et  une  concentration  sédimentaire  ne  s'est  produite  à  Tétat 
d'alluvions  que  par  le  jeu  des  densités.  Nous  ne  rencontrerons 
donc  rétain  que  sous  trois  formes  :  cristaux  inclus  dans  une 
roche,  filons,  alluvions. 

Les  alluvions  qui,  industriellement,  sont  aujourd'hui  la  princi- 
pale source  d'étain,  puisque  c'est  la  forme  sous  laquelle  on  exploite 
les  minerais  des  Détroits.  d'Australie,  etc.,  ne  sont  qu'un  remanie- 


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108  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

ment  mécanique  des  premières  catégories  de  gisements  qui,  au 
point  de  vue  géogénique,  sont  donc,  de  beaucoup,  les  plus  inté- 
ressantes pour  nous. 

Les  gisements  d'étain  en  inclusion  et  filons  présentent,  pour  la 
plupart,  malgré  une  certaine  complication  d'apparences,  une  ressem- 
blance de  caractères  et  d'allures  ayant  quelque  chose  de  théorique. 

Tout  d*abord,  ils  sont,  à  peu  près  tous,  en  relation  nette  avec  des 
granulites,  sauf  quelques  filons  tertiaires  rattachés  à  une  venue  de 
roches  acides  comparable  et  se  concentrent  presque  exclusivement 
à  la  périphérie  des  massifs  de  cette  roche,  au  lieu  d'être,  — comme 
les  filons  de  galène  ou  de  blende  par  exemple  —  presque  com- 
plètement indépendants  des  roches  avec  lesquelles  on  peut  leur 
supposer  une  communauté  d^origine  et  cristallisés  dans  des  frac* 
turcs  quelconques  de  Técorce.  Cela  peut  tenir  au  défaut  de  solu- 
bilité des  sels  d'étain  que  nous  mentionnions  toutàTheure:  au 
lieu  d'être  emportés  à  une  grande  distance  par  les  circulations 
d'eaux  profondes  qui  les  avaient  empruntés  au  magma  fondu, 
les  sels  d'étain  ne  se  sont  maintenus  dissous  que  sous  l'action  des 
minéralisatcurs  énergiques  provenant  du  bain  granulitique  et 
accompagnés  de  pression  ;  les  minéraux  stannifères  ont  dû,  par 
suite,  se  concentrer  principalement  entre  la  granulite  et  les  terrains 
schisteux,  disposés  en  dômes  au-dessus  d'elle  ;  pendant  que  cette 
granulite  cristallisait,  ils  y  ont  cristallisé  eux-mêmes  en  éléments 
disséminés  ;  au  moment  où  elle  s'est  refroidie,  ils  se  sont  concen- 
trés en  fumerolles  immédiatement  saisies  par  les  eaux,  dans 
toutes  les  fissures  de  retrait  de  la  granulite  ou  des  schistes  voi- 
sins, dans  toutes  les  fractures  ouvertes  par  les  mouvements  de 
plissement,  puis  d'affaissement,  qui  ont  dû  précéder  et  suivre  la 
montée  de  la  granulite. 

Nous  serions  porté  à  faire  intervenir  encore  une  autre  cause 
pour  expliquer  ce  rapprochement  intime  de  l'étain  avec  la  granu- 
lite ;  les  travaux  de  MM.  Sainte-Claire  Deville  et  Fouqué  ont  montré 
qu'une  lave  dégage  d'abord  tous  ses  chlorures  et  fluorures  avec 
une  certaine  proportion  de  sulfures,  tandis  qu'elle  est  encore  très 
chaude;  puis,  qu'avec  le  refroidissement,  les  chlorures  disparaissent 
pour  faire  place  aux  sulfures.  Tout  porte  à  croire,  comme  nous 
le  dirons,  que  l'étain  est  sorti  du  magma  igné  à  son  maximum  de 


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GÉNÉRALITÉS   SUR   LES   GISEMENTS   d'ÉTAIN  109 

chaleur,  à  Tétat  de  chlorure  ou  de  fluorure  ;  on  comprend,  dès 
lors,  comment  on  le  trouve  dans  la  zone  d'action  la  plus  immé- 
diate de  roches  acides  avec  quelques  minéraux  sulfurés  relative- 
ment rares.  Plus  tard,  les  chlorures  ayant  disparu  des  émanations, 
Tétain  a  disparu  avec  eux  et  les  sulfures  (plomb,  zinc,  etc.)  sont 
devenus  prédominants.  C  est  alors  qu'en  Gornwall,  par  exemple, 
ont  pu  se  produire,  dans  des  réouvertures  successives,  les  filons  de 
cuivre,  puis  de  plomb  qu'on  rencontre  au  voisinage  de  Tétain. 

Pour  nous,  la  montée  d'une  roche  éruptive,  c'est-à-dire  d'une 
fraction  d'un  laccolithe  interne,  a  toujours  été  la  conséquence 
d'un  mouvement  de  plissement  de  l'écorce  ;  ce  laccolithe  contenait 
des  métaux  ;  le  plissement  ayant  produit  la  pénétration,  jusqu'au 
magma  fluide  et  réducteur,  des  eaux  delà  mer,  avec  les  chlorures, 
sulfates  et  sels  divers  qu'elle  contient,  les  métaux,  suivant  leurs 
affinités,  se  sont  alliés  au  chlore,  au  soufre,  etc.,  et  dégagés  en 
fumerolles  très  chargées  de  vapeur  d'eau,  auxquelles  d'autres  eaux 
superficielles  ont  pu  encore  s'ajouter  ensuite  ;  ces  fumerolles 
aqueuses  se  sont  alors  condensées  dans  toutes  les  fissures  où  elles 
avaient  pénétré,  et  les  eaux  minérales  qui  en  sont  résultées,  en 
s'élevant  vers  la  surface,  dégageant  leurs  gaz  en  excès,  et  s'oxy- 
dant,  ont  déposé  les  produits  métallifères.  La  cristallisation,  dans 
un  ordre  constant,  à  chaque  série  éruptive,  de  l'étain  d'abord 
avant  le  plomb  et  le  zinc,  se  trouve  par  là  expliquée.  Le  quartz, 
très  spécial  et  riche  en  inclusions  liquides,  qu'on  trouve  avec 
l'étain,  parait  prouver  l'intervention  des  eaux,  peut-être  la  décom- 
position par  l'eau  d'un  acide  hydrofluosilicique. 

On  peut,  après  cela,  se  demander  comment  l'étain,  en  raison  de 
sa  densité,  ne  s'est  pas  trouvé  rester  au  fond  du  bain  liquide, 
comme  le  platine  notamment,  il  faut,  sans  doute,  l'attribuer  à  ce 
que,  d'une  minéralisation  plus  facile  à  l'état  de  chlorure  ou  de 
fluorure  et  assez  volatil  sous  cette  forme,  il  a  dû  monter  à  la 
surface  du  bain.  D'ailleurs  l'étain  se  rencontre  également,  comme 
on  pouvait  le  prévoir,  dans  les  silicates  basiques  :  en  1833,  Berzé- 
lius  a  reconnu  sa  présence  dans  un  péridot  de  météorite. 

Nous  ajouterons,  comme  dernière  remarque,  que  l'intervention 
des  minéralisateurs  énergiques,  quoique,  sans  doute,  généralement 
réalisée,   n'est  pourtant  pas  absolument  nécessaire  pour  produire 


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110  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

la  dissolution  et  la  cristallisation  de  Tétain.  M.  Errington  de  la 
Croix  a,  en  effet,  trouvé  récemment,  en  Malaisie  près  de  Chéras, 
à  Azer-Panas,  des  dépôts  de  source  chaude  formés  principalement 
d'opale  analogue  à  la  geysérite  et  contenant,  diaprés  M.  St.  Meunier, 
de  la  cassitérite  de  formation  contemporaine  ^ 

Si  nous  nous  occupons  maintenant  un  peu  plus  en  détail  de  la 
constitution  habituelle  d'un  gîte  (Tétain,  voici  ce  que  nous  trou- 
vons. 

L'étain,  presque  toujours  en  relation  directe,  comme  nous 
l'avons  dit,  avec  une  granulite,  se  trouve,  tout  d'abord,  très  fré- 
quemment disséminé,  à  Tétat  d'imprégnation,  dans  cette  roche. 
M.  Sandberger  a  montré  sa  présence,  à  l'état  microscopique,  dans 
certains  micas  lithinifères,  dans  les  lépidolithes  de  Paris  (Etat 
du  Maine),  d'Uto  (Suède).  Dans  ces  micas,  l'acide  stannique  peut 
se  substituer  à  la  silice,  tandis  qu'il  manque,  au  contraire,  dans  les 
micas  /onces*. 

Même  visible  à  l'œil  nu,  l'étain  se  rencontre  souvent  dans  ces 
roches,  en  particulier  dans  toutes  celles  qui  ont  des  filons  stan- 
nifères  à  leur  périphérie.  Ainsi,  à  Montebras  (Creuse),  la  masse  de 
la  granulite  en  contient  près  de  1/2  p.  100. 

Mais  ce  n'est  pas  là,  sauf  des  exceptions  très  rares,  le  gîte 
exploitable  ;  l'étain  qui  avait,  au  moment  de  la  consolidation,  une 
tendance  à  se  dégager  en  fumerolles,  s'est  concentré  surtout,  avec 
les  minéralisateurs,  sous  le  couvercle  schisteux  de  la  granulite  :  on 
le  trouve  donc  déjà  plus  abondant  dans  la  zone  de  cristallisation 
périphérique  de  la  granulite,  qui  a  pris  souvent,  par  l'action  des 
minéralisateurs,  un  aspect  tout  spécial  (stockscheider,  zwitter  de 
Saxe).  Là  il  est  fréquemment  accompagné  d'autres  minéraux  chlo- 
rurés, fluorés,  boriques  ou  ayant  exigé  l'intervention  de  chlore, 
fluoré  ou  bore  pour  cristalliser. 

Enfin,  lorsque  la  granulite  s'est  refroidie,  tout  le  réseau  des 
fissures  où  a  cristallisé  la  pegmatite,  toutes  les  fentes  de  retrait 
de  la  granulite,  toutes  les  dislocations  des  terrains  voisins  ont 
donné  passage  à  la  circulation  d'eaux  contenant  encore  en  dis- 

*  C.  R.  27  mai  1890. 

*  1878.    Sandberger  :   Sitzungs  berichte  der  K.  K.  Ak.  der  Wissensch.  zu  Mûds- 
chen.  —  d.  Revue  de  géol.  {Ann.  d.  i/.,  7%  t.  XVII,  p.  73.) 


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GÉNÉRALITÉS   SUR   LES   GISEMENTS   d'ÉTAIN  111 

solution,  par  rintervention  d'un  acide  quelconque,  de  la  silice  et 
de  Tacide  stannique  avec  quelques  sulfures,  et  ces  dissolutions  ont 
alors  rempli  de  Téritables  filons  d'incrustation  en  déposant 
d'abord  la  cassitérite  sur  les  parois,  puis  le  quartz  (d'un  aspect 
hyalin  très  spécial)  au  centre  et  métamorphisant  la  granulite  ou 
les  schistes  au  contact,  de  façon  à  les  transformer  en  un  greisen, 
un  schorl,  etc. 

Il  s'est  formé,  à  ce  moment-là,  soit  des  stockwerks  complexes, 
comme  c'est  le  cas  général  en  Saxe,  soit  des  réseaux  de  fissures 
rattachés  à  une  direction  générale,  comme  à  la  Yilleder  (tinfloors), 
soit  de  grands  filons  prolongés,  comme  cela  arrive  souvent  en 
Cornwall  (tinlodes). 

Le  mode  de  cristallisation  de  Tétain  et  l'intervention  première 
d'acides  énergiques,  en  particulier  de  Tacide  fluorhydrique,  dans 
son  transport  sont  bien  prouvés,  comme  l'a  montré  M.  Daubrée, 
par  le  rapprochement  très  constant  qui  existe  entre  un  certain 
nombre  de  minéraux  bien  connus  et  la  cassitérite. 

C'est  ainsi  qu'on  trouvera,  dans  bien  des  gîtes  stannifères,  de 
l'apatite,  de  la  topaze,  de  l'émeraude;  parfois  (quoique  plus  rare- 
ment qu'on  ne  l'a  dit),  de  la  fluorine,  de  la  tourmaline  ;  en  outre, 
du  sulfure  de  molybdène,  du  wolfram,  du  bismuth,  des  minéraux 
d'urane,  du  mispickel  et  de  la  pyrite  de  fer  \ 

On  a  fait  cependant  quelques  objections  pour  certains  de  ces 
corps  :  M.  Lodin  a  remarqué,  par  exemple,  pour  la  tourmaline, 
qu'elle  manquait,  en  général,  en  Cornwall  (à  Dolcoth,  Tincroft, 
Carn  Brea,  East-Pool),  qu'au  Michaels-Mount  elle  se  trouvait, 
non    dans   le  stockwerk,  mais  dans  la  roche  encaissante. 

De  même,  l'axinite,  parfois  signalée  comme  un  satellite  de 
l'étain,  n'a  été  trouvée  en  Cornwall  qu'à  Botallak  et  dans  une 
veine  perpendiculaire  aux  filons  d'étain.  Cependant,  la  tourmaline 
est  fréquente  dans  les  stockwerks  stannifères  de  Saxe.  D'ailleurs, 
à  notre  avis,  la  relation  d'origine  qui  lie  ces  corps  les  uns  aux 
autres  et  qui  les  rapproche  dans  la  zone  périphérique  des  granu- 

*  Le  kaolin  est  également  abondant  au  voisinage  de  Tétain  ;  à  Carclaze,  en  Corn- 
wall, par  exemple,  il  est  devenu  aujourd'hui  un  élément  industriel  important.  Sa 
présence  peut  résulter,  comme  nous  l'avons  vu,  tome  I,  page  631,  de  l'altération  pro- 
duite (ou  du  moins  préparée)  sur  les  felspaths  de  la  granulite  par  les  minéralisateurs 
fluorés. 


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112  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

lites,  n'est  pas  nécessairement  une  relation  de  cristallisation  d 
un  même  filon. 

Nous  avons  vu  que  Tétain  se  déposait  aujourd'hui  dans  i 
source  thermale  à  silicates  alcalins  ;  il  est  possible  que,  dans 
filons  et  surtout  dans  les  grands  filons,  déjà  assez  éloignés  de 
granuhte,  comme  ceux  du  Cornwall,  le  fluor,  qui  avait  d'ab* 
servi  de  véhicule  à  Tétain,  n'ait  plus  joué  qu'un  rôle  secondai 
Gela  expliquerait  des  faits  qu'on  a  opposés  à  la  théorie  de  M.  Di 
brée  :  l'existence,  par  exemple,  de  blende  entourée  de  cassitéri 
alors  que  le  fluorure  d'étain  aurait  attaqué  le  sulfure  de  zinc, 
rareté  de  la  fluorine  dans  les  filons  du  Cornwall,  sauf  dans 
parties  cuprifères,  etc...  Il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'on  peut  vo 
à  Garclaze,  au  mont  Saint-Michel  (Michaels-Mount),  etc.,  c 
cristaux  de  cassitérite  qui  se  sont  implantés  par  substitution  da 
les  feldspaths*  et  qui  n'ont  pu  le  faire  que  par  l'action  de  cor 
capables  de  dissoudre  le  feldspath.  En  outre,  la  synthèse  de  to 
les  minéraux  associés  à  l'étain  et  de  la  cassitérite  elle-même 
été  obtenue  par  les  fluorures. 

Nous  reviendrons  sur  quelques-uns  de  ces  points  en  décriva 
les  divers  gisements  classiques  de  l'étain  '. 

ÉTAIN  DU  GORNWALL' 

{Filons  proprement  dits  et  stockwerks  au  voisinage  du  contact  de 
granulite  et  du  terrain  dévonien,  avec  rapprochement  du  cuivre 
de  tétain  dans  les  mêmes  gisements.) 

Historique.  —  Les  mines  d'étain  du  Cornwall  (ou  Cornouailles 
connues  dès  la  plus  haute  antiquité,  et  déjà  fameuses  àl'époqij 
romaine,  sont  encore  aujourd'hui  le  centre  de  beaucoup  le  plu 

*  Le  phénomène  de  la  transfoimation  d*orthose  en  cassitérite  a  été  étudié  par  Phi 
lips.  (Jahrsbericht  fur  Chimie^  1875,  p,  1249;  cf.  Ann.  d.  M.,  V  série,  t. XIII,  p.  516 
—  On  voit,  au  microscope,  le  mica,  le  quartz  et  la  tourmaline  pénétrer  rorthose  e 
même  temps  que  la  cassitérite.  Un  phénomène  de  métamorphisme  analo^e  a  irans 
formé  le  granité  ou  la  granulite  en  une  roche  spéciale  aux  gttes  d'étain,  le  greisen 
composé  dequartz,  de  mica  et  de  cassitérite,  comme  on  a  pu  l'observer  particulièremeD 
à  Cliffga,  en  Cornwall.  {Ann.  d.  M.,  7%  t.  Xlll,  p.  522.) 

'  Voir  en  particulier,  p.  126,  139,  etc. 

»  Coll.  Ecole  des  Mines,  1803. 


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ÉTAIN  DU  CORNWALL 


113 


important  d'exploitation  de  Tétain  en  Eu- 
rope; elles  ont  produit,  en  1877,  14000 
tonnes  de  minerai  valant  14  390  000  fr.; 
depuis,  leur  production  oscille  autour  de 
8000  tonnes  d'étain.  Il  y  a  plus  de  180 
mines  en  activité,  dont  27  traitant  les 
minerais  d'alluvions.  Sur  183,  en  1880, 
9  seulement  se  trouvaient  en  Devon  et 
174  en  Cornwall,  dont  100,  produisant 
10501  tonnes  de  minerais,  dans  la  moitié 
Ouest  de  la  province. 

Géologie  de  la  région.  —  L'arête  du 
Cornwall  (fig.  186,  p.  114),  deLaunceston 
au  cap  Landsend,  est  formée  par  quatre 
grandes  masses  de  granulite  que  prolon- 
gent :  à  TEst,  une  cinquième,  celle  de 
Dartmoor;  à  l'Ouest,  une  sixième,  relie 
des  îles  Scilly;  la  première  est  au  Nord 
de  Bodmin,  la  deuxième  entre  Bodmin  et 
Saint- Austell,  la  troisième  entre  Re- 
dnilh,  Truro  et  Marazion  ;  et  la  qua- 
trième au  cap  Landsend. 

Une  coupe  N.-S.,du  canal  de  Bristol 
à  la  Manche  (fig.  185),  montre  la  dispo- 
sition générale  des  terrains. 

Cette  granulite,  appelée  growan  par 
les  mineurs  du  pays,  est  assez  homo- 
gène dans  sa  composition;  parfois  elle 
devient  porphyroïde  ou  se  charge  [de 
cristaux  de  tourmaline.  Elle  est  recou- 
verte par  un  manteau  de  schistes  mi- 
cacés passant  au  gneiss  par  feldspathi- 
sation  et  contenant  des  lits  amphiboli- 
ques.  Ces  schistes,  dits  killas^  ont  subi, 
de  la  part  de  la  granulite  voisine,  un 
métamorphisme  profond  que  de  la  Bêche 

céOLOGlE.  —  T.  II. 


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Fig.  186.  —  Carte  géologique  du  Cornwall  au  ^  ^^  q^q 


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ÉTAIN   DU  CORffWALL  115 

a  étudié,  en  particulier,  dans  le  Dartmoor.  Ils  se  sont,  dans  une 
première  zone,  changés  en  des  sortes  de  cornéennes  ;  un  peu  plus 
loin,  chargés  de  mica.  La  direction  générale  de  ces  schistes  épouse 
celle  de  l'axe  granulitique,  c'est-à-dire  qu'elle  estN.  E.  Les  schis- 
tes les  plus  inférieurs,  généralement  représentés  comme  dévoniens 
sur  les  cartes,  seraient  cambriens  d'après  Davies  et  Foster  ;  au- 
dessus,  viendraient  des  niveaux  amphiboliques  avec  serpentines, 
qui  seraient  du  sommet  du  cambrien  ;  puis  des  schistes  argileux 
passant  au  dévonien,  parmi  lesquels  il  faudrait  comprendre  les 
grès  et  ardoises  qui,  dans  le  Devon,  reposent  directement  sur  la 
granulite  de  Dartmoor. 

Le  mouvement  de  dislocation,  qui  a  fait  apparaître  la  granulite, 
parait  être  du  carbonifère.  D'après  Murchison,  la  granulite  de 
Dartmor  traverse,  en  filons,  le  dévonien  supérieur. 

Cette  granulite  envoie,  comme  apophyses,  un  certain  nombre  de 
filons  d'elvan,  c'est-à-dire  de  granulite  à  grain  extrêmement  fin, 
ayant  jusqu'à  120  mètres  de  puissance  et  dont  une  partie  est 
minéralisée  par  de  la  pyrite  de  fer,  de  la  chalcopyrite,  de  la  cassi- 
térite.  Au  voisinage  de  ces  filons  d'elvan,  comme  de  la  granulite 
elle-même,  les  schistes  sont  traversés  par  des  veines  de  quartz  et 
remplis  de  quartz  en  nodules  ;  ils  se  chargent  de  feldspath,  de 
mica,  de  chlorite,  d'actinote  et,  d'après  Cotta,  d'akmite,  de  preh- 
nite,  d'épidote,  de  top£tze...'La  granulite  elle-même  contient, 
d'ailleurs,  comme  toujours,  des  veines  pegmatoïdes  irréguliè- 
rement ramifiées,  ayant  Taspect  de  veines  de  sécrétion,  où  l'on 
trouve  des  minéraux  :  pinite,  émeraude,  tourmaline,  topaze, 
apatite. 

Enfin,  la  masse  entière  paraît  avoir  été  recoupée  par  deux 
systèmes  de  filons  :  l'un,  le  plus  ancien,  oscillant  à  25""  de  part  et 
d'autre  de  la  ligne  Est-Ouest  ;  le  second,  qui  a  déplacé  celui-ci,  à 
30**  de  part  et  d'autre  de  la  ligne  Nord-Sud.  Le  premier  système 
est  le  plus  riche  en  minerais  métallifères,  particulièrement  en 
minerais  d'or  et  d'étain  ;  on  a  remarqué  que  sa  direction  coïn- 
cidait avec  celle  des  dykes  d'elvan. 

On  a  distingué,  dans  le  Cornwall,  5  dislocations  successives  : 

1**  La  première  au  moment  de  l'intrusion  de  la  granulite  dans 
les  schistes  ou  peu  après  ; 


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116  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

2^  La  deuxième  ayant  donné  passage  aux  dykes  d'elvan  et  aux 
filons  traversant  granulite  et  schistes  ; 

3""  La  troisième  comprenant  les  filons  d*étain  et  de  cuivre  les 
moins  riches,  Est-Ouest  ; 

4*"  La  quatrième,  les  filons  Nord-Sud  ; 

o^  Les  failles  Est  et  Ouest  dans  les  filons. 

Chacun  de  ces  systèmes  présente  des  cassures  secondaires  diver- 
geant autour  de  lui  en  tous  sens,  comme  les  cassures  d'une  vitre. 
C'est  à  ce  réseau  que  M.  Moissenet  a  essayé,  un  peu  théoriquement, 
d'appliquer  des  lois  mathématiques. 

Gites  métallifères.  —  Les  grands  districts  miniers  du  Cornwall 
et  du  De  von  sont  groupés  autour  des  massifs  granulitiques  ;  les 
mines  les  plus  productives  se  trouvant  sur  les  flancs  Nord  et 
Sud  de  ces  massifs  entre  Penzance  et  Dartmoor,  toujours  à  une 
dislance  très  faible  (au  plus  3  à  4  kilomètres)  du  contact  des 
schistes  et  de  la  granulite. 

Un  des  caractères  les  plus  remarquables  de  ces  gîtes  du  Corn- 
wall, c'est  que  Tétain  et  le  cuivre  y  coexistent,  tantôt  isolés  cha- 
cun dans  un  district,  tantôt  réunis.  Nous  dirons  plus  loin  com- 
ment la  proportion  des  deux  métaux  varie,  dans  un  même  filon, 
avec  la  profondeur.  Elle  difi*ère  également  d'un  filon  à  Tautre  : 

C'est  ainsi  qu'à  partir  du  Nord,  le  bord  Ouest  du  massif  de 
Dartmoor  est  cuivreux,  Dartmoor  lui-même  stannifère; 

Autour  de  la  bosse  de  Callington,  on  rencontre  le  cuivre  et 
l'étain,  tandis  qu'au  Nord-Est,  à  Sidfor  et,  au  Sud,  à  Béer  Alston, 
on  a  des  minerais  d'argent; 

Les  mines  autour  de  la  masse  de  granulite  située  entre  Laun- 
ceston  et  Bodmin  contiennent,  en  général,  cuivre  et  étain  ;  on  y 
trouve  aussi  quelques  filons  de  plomb  argentifère. 

Au  S.-E.  de  la  granulite  de  Saint-Austell,  on  trouve  surtout  du 
cuivre  (Fowey  Consols  Mine)  ;  sur  le  reste  de  la  circonférence,  on 
.a  affaire  à  l'étain. 

Le  district  suivant,  autour  de  Redruth  et  de  Penryn,  est  le 
grand  centre  de  cuivre  du  CornwcJl,  quoiqu'au  N.-O.  près  de 
Gwinnear,  l'étain  soit  abondant  et  qu'on  ait  pu  extraire  un  peu 
d'argent  à  certaines  époques. 


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ÉTAIN   DU   CORNWALL  117 

Enfin,  entre  Marazion  et  le  cap  Landsend,  on  exploite  surtout 
rétain.  C'est  à  côté  de  Penzance  que  se  trouve  un  gisement  très 
souvent  cité  au  point  de  vue  minéralogique,  celui  de  Michaëls 
Mount  (ou  mont  Saint-Michel). 

Si  nous  prenons  une  masse  granulllique  entourée  des  strates  di- 
verses, nous  trouvons,  en  général  (d'après  Davies),  sur  son  pourtour  : 
au  voisinage  des  schistes  micacés  cambriens,  un  premier  cercle 
de  mines  d'étain  ;  puis,  vers  les  couches  amphiboliques,  un  cercle 
de  mines  de  cuivre  et,  plus  loin,  un  cercle  de  mines  de  plomb. 

Dans  un  même  filon,  on  a  quelquefois  remarqué  des  variations 
en  profondeur  paraissant  obéir  à  certaines  lois  : 

A  la  surface,  se  présente  d'abord  un  chapeau  de  fer  (gossan), 
résultant  d'actions  superficielles  sur  les  sulfures,  oii,  par  suite 
de  la  disparition  de  ces  sulfures,  la  proportion  d'étain  oxydé  est 
assez  forte  ; 

Plus  bas,  par  une  conséquence  probable  du  même  phénomène, 
le  cuivre  augmente,  au  contraire; 

Enfin,  à  une  certaine  profondeur,  la  plupart  des  mines  du 
Cornwall  ont  vu  disparaître  le  cuivre  pour  faire  place  à  Tétain. 
Cette  évolution,  qui  s'est  produite  vers  1870,  a  eu  lieu  à  Dolcoath 
et  dans  divers  gites  du  district  de  Camborne  et  Redruth,  à  une 
profondeur  variant  de  350  à  450  mètres.  Au-dessous  et  jusqu'à 
625  mètres,  on  a  constaté  un  enrichissement  sensible  en  étain. 

En  résumé,  les  principaux  centres  de  cuivre  sont  situés  :  autour 
de  Tavistock,  au  N.-E.  (Devon  Great  Consols  et  South  Caradon 
mines)  ;  et,  autour  de  Redruth,  au  S.-O.  (Carn  Brea,  Crémier  et 
Abraham,  Crofty,  Sonth  Huel,  East  Pool,  West  Seton  Huel  et 
West  Tolgus). 

Quant  aux  filons  d'étain,  on  les  distingue,  au  point  de  vue  géo- 
logique, d'après  leur  allure,  en  trois  catégories  : 

a.  Tiniodes.  —  Filons  proprement  dits  recoupant  killas,  granu- 
lite  et  elvan  sur  les  bords  de  la  granulite. 

b.  Tinfloors.  —  Réseaux  de  veines  entrelacées,  soit  dans  les  gra- 
nulites,  soit  dans  les  schistes,  considérés  par  certains  comme 
contemporains  de  la  granulite  même,  mais  paraissant  bien  plutôt 
postérieurs.  On  peut  en  voir,  d'après  Cotta,  un  bel  exemple  entre 
Saint- Yves  et  le  cap  Cornwall. 


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118 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


c.  Stockwcrks.  —  Cas  extrême  du  précédent,  réunions  de  veîi 
très  rapprochées  arrivant  à  former,  ou  un  amas,  ou  un  filon, 
mont  Saint-Michel  en  est  un  exemple  classique.  On  en  trouve  df 
lagranulite  et  surtout  dans  Telvan,  ainsi  à  la  mine  de  Wherry,  en 
Penzance  et  Newlin,  à  la  mine  de  Madron,  près  Trewiddenball, 
Aupointdevueindustriel,lesgrandsfilonssontsurtoutproducti 
Lorsque  nous  étudierons  la  Saxe,  nous  trouverons,  au  contraii 
presque  uniquement  des  tinfloors  et  des  stockwerks  ;  de  même, 
la  Villeder  en  Morbihan,  en  Galice,  on  a  des  tinfloors,  ce  c 
explique  la  pauvreté  relative  de  ces  gisements  ;  le  réseau  de  vein 
qui  constitue  le  tinfloor  étant  toujours  très  irrégulier,  et  le  pi 
souvent,  assez  vite  limité,  tandis  que  les  cassures  nettes  qui  fou 

I\iils  Henri«tta 


Fig.  187.  —  Coupe  des  anciens  travaux  de  la  mine  Dolcoath  sur  le  Counter  Lodeî 
(D'après  Davies.)  (La  mine  a  été  approfondie  depuis.) 

nissent  les  tinlodes  se  poursuivent  et,  parfois  même,  s'enrichisse: 
en  profondeur. 

La  nature   des    roches  encaissantes  a,   sur  l'allure  et  sur 
richesse  du  gisement  stannifère,  une  influence  qui  a  été  soignei 
sèment  étudiée  par  les  mineurs  du  Cornwall  et  dont  la  figure  18' 
en. montrant  la  proportion  relative  des  dépilages  dans  le  schisi 
et  dans  la  granulite,  peut  donner  une  idée. 

D'une  façon  générale,  on  considère  que  les  filons  s'appai] 
vrissent  dans  le  greenstone  et  s'enrichissent  dans  les  schistes  o 


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ÉTAIN  DU   CORffWALL 


H9 


« 
'> 


£ 

5 

3 
73 
00 


C 
S 

JS2 

9 
en 

C 


S. 
8 

«> 

0 


dans  les  parties  tendres  et  altérables  de  la  granulite,  ainsi  qu 


au 


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128 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


voisinage  de  certains  filons  d'elvan.  L'intersection  de  deux  filons 
produit  un  enrichissement  du  côté  de  Tangle  aigu. 

Nous  allons  maintenant  décrire  quelques  types  choisis  de  ces 
gîtes  et,  en  premier  lieu,  comme  Tinlode,  le  «  Great  flat  Lode  », 
au  Sud  de  Redruth  et  de  Camborne  (fig.  188,  p.  127). 

Ce  filon  s'étend,  de  la  mine  de  Persévérance  à  TEst,  à  celle  de 
South  Tolcarne  à  TOuest,  et  suit  le  bord  Sud  de  la  masse  de  granu- 
lite  de  Carn  Brea.  Sa  direction  est  N.  SS""  £.  Son  pendage  est  d'envi- 
ron 46®  vers  le  Sud.  Il  contient,  au  centre,  un  remplissage  constant 
de  quartz  ferrugineux  avec  cristaux  de  cassitérite,  au  milieu  d'un 
schorl  stannifère  tenant  de  1  à  3  p.  100  de  cassitérite,  c'est-à-dire 
d'une  roche  de  métamorphisme  passant,  par  l'intermédiaire  d'un 
schorl-rock  pauvre  en  étain,  à  la  granulite  ou  au  killas  stérile. 
M.  Le  Neve  Poster,  qui  a  étudié  cette  action  métamorphique,  l'a 
comparée  à  celle  qu'on  observe  dans  de  véritables  amas  slannifères 
comme  ceux  *  de  Wendun  et  a  émis  l'avis  qu'on  avait  affaire,  avec 
l'étain,  non  pas  à  de  véritables  filons  d'incrustation,  mais  à  des 
w  «  zones  d'imprégnation  et, 

en  quelque  sorte,  de  sub- 
stitution, partant  d'une 
fracture  primitive ,  qui , 
elle  seule,  a  donné  lieu  à 
des  phénomènes  d'incrus- 
tation proprement  dite. 

Un  plan  de  ce  filon, 
(fig.  188),  que  nous  repro- 
duisons d'après  Davies, 
indique  son  allure  à  tra- 
vers les  exploitations  suc- 
cessives de  Persévérance,  Wheal  Uny,  South  Carn  Brea,  West 
Basset,  West  Frances  et  South  Condurrow.  Ses  caractères  se 
modifient  un  peu  en  ces  divers  points. 

La  figure  189  montre  sa  coupe  à  Wheal  Uny  Mine,  à  l'étage  de 
35  mètres.  Là  le  filon  a,  pour  toit,  le  schiste  (killas);  pour  mur. 


Fig.  189.  —  Section  à  Wheal  Uny  (niveau  de 
35  mètres).  Echelle  au  ^. 


*  GeoL  Soc,  9  janvier  1878;  cf.  Revue  de  géologie.  {Ann.  d.  M.,  1\  t.  XV,  p.   197. 
e  t.  XVII,  p.  296.)  • 


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ÉTAIN   DU   CORNWALL 


121 


la  granulite.  A  représente  la  fente  originelle  ou  leader,  ayant 
de  0,05  à  0,25  4e  large,  remplie  par  des  fragments  de  schiste 
chloriteux  cimentés  par  du  quartz  et  de  la  pyrite  de  fer.  B  est  une 
épaisseur  variable  de  granulite  à  grain  fin  ou  compact  (schorl) 
avec  des  veines  nombreuses  de  quartz  et  cassitérite.  H  est  une 
veine  d'argile  contenant  un  peu  de  quartz  et  de  pyrite.  Il  y  a,  de 
part  et  d*autre,  passage  graduel  :  d'une  part,  au  schiste  ;  de  Tautre, 
à  la  granulite. 

Un  plus  loin,  a  la  Mine 
de  West  Basset^  on  trouve 
ce  filon  en  pleine  granu- 
lite (voir  fig.  190). 

La  fonte  A,  de  5  à  6 
centimètres  d'épaisseur , 
est  remplie  par  des  frag- 
ments de  la  roche  encais- 
sante (Capel).  B  est  la  ^g.  190.  _  section  à  West  Wheal  Basset  (niveau 
granulite  stannifère  d'un  j,  30  ^^tres).  Echelle  au  ±. 

gris    bleu   passant   à    la 

roche  stérile.  L'épaisseur  du  stockwerk  est  d'environ  3  mètres 
d'un  côté  du  filon  et  2  mètres  de  l'autre. 

A  South  Condurrow,  on  est  encore  dans  la  granulite,  mais  l'as- 
pect change  (fig.  191). 

La  fonte  principale  A  est  plus  complexe  ;  elle  est  encore  rem- 
plie d'argile,  de  quartz  et  d'oxyde  de  fer  avec  des  fragments  de  la 
roche  encaissante.  B  est  la  zone 
métallifère,    d'environ    1°',60, 
formée  de  granulite  stannifère 
noirâtre  traversée  par  de  très 
nombreuses  veines  de  quartz  de 
toutes  les  directions,  ayant  de 
5  à  6  centimètres  de  large,  et 
par  des  veines   transversales, 
contenant  de  la  pyrite  de  fer. 
On  passe  progressivement  à  la  ^^^^^^^  ^e  20  mètres). 
granulite  intacte  G. 

A  South  Brea  enfin,  le  même  filon,  à  350  mètres  de  profon- 


Fig.  191  —  Section  à  South  Condurrow 


Echelle   au  -— . 


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122  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

deur,  avait  une  largeur  de  0°*,60  à  l'^jSO  et  était  chargé  de  mine- 
rai de  cuivre.  Il  était  situé  là  entre  la  granulite  et  les  schistes. 

La  production  totale  de  ce  filon  est  figurée  ci-dessous  pour 
1876: 


CONCESSIONS 

MINERAI   BRUT 

MINERAI  PRÉPARÉ 

Wheal  Uny 

17  702  tonnes. 

2  640  — 
29  144      — 

6  652  — 
19  414      — 

8  500      — 

349  tonnes. 
30      — 
618      — 
123      — 
588      — 
138      — 

South  Carn  Brea 

West  Basset 

West  Wheal  Francès 

South  Gondurrow 

Wheal  Grenville 

83  452  tonnes. 

1  846  tonnes. 

On  voit  que  la   proportion  de  minerai  préparé   est  environ 
2,5  p.   100  de    l'extraction  et   que  la  production  de  ce   filon, 
1  842  tonnes,  est,  à  peu  près,  le   1/8  de  la 
production  totale  du  Cornwall. 

Passons  à  d'autres  régions,  où  nous  retrou- 
verons des  caractères  analogues  :  filon  central 
ayant  servi  à  l'arrivée  de  l'étain  et  impré- 
gnation, à  droite  et  à  gauche,  de  la  roche 
encaissante. 

La  figure  192  représente  la  Mine  East  Wheal 
Lovell,  près  Redruth.  AB  est  la  fente  origi- 
nelle, d'à  peine  1  centimètre  de  large,  remplie 
de  quartz  et  d'argile  ferrugineuse.  Autour  de 
cette  fente,  il  existe  une  imprégnation  stan- 
nifère  C  qui  passe  graduellement  à  la  gra- 
nulite. La  masse  stannifère  C  est  formée  d'un 
mélange  de  quartz,  mica,  gilbertite,  fluorine, 
pyrite  de  fer  et  de  cuivre  et  cassitérite.  Tantôt 
elle  s'étend  plus  d'un  côté  de  la  fente,  tantôt  de  l'autre.  La  lon- 
gueur de  l'amas  est  de  4  à  12  mètres  et  sa  largeur  de  3  à  4  mètres. 
On  l'a  suivi  jusqu'à  220  mètres  de  profondeur.  Par  endroits,  lors- 
que l'étain  valait  2  000  francs  la  tonne,  on  a  extrait  de  10  000  à 


?.  192.  —  Plan  du 
âlon  de  East  Wheal 
Lovell  Mine,  près  Re- 

drulh,  au  ±. 

AB,  filon.  —  rx,  inaue 
imprégnée,  —  DD,  granL- 
lite. 


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ÉTAIN   DU   CORNWALL 


123 


12  000  francs  d'étain  par  mètre  et  généralement  on  obtenait  6  à 
700  kilogrammes  d'étain  par  mètre  cube. 

Là  le  minerai  est  dans  la  granulite.  Ailleurs  au  Park  of  Mijies, 
au  Sud  de  Saint-Colomb,  nous  trouvons  Tétaindans  les  schistes,  au 
voisinage  de  la  granulite  de  Saint-Austell.  L'élain  forme,  le  long  de 
la  schistosité,  des  lentilles  étroites  de  2  à  4  centimètres  d'épaisseur, 
reliées  par  des  veines  transversales'.  La  largeur  totale  de  la  masse 
imprégnée  est  là  de  14  mètres  du  Nord  au  Sud  et  20  mètres  suivant 
la  pente.  Le  minerai  est  associé  avec  du  quartz,  de  la  tourmaline 
et  du  kaolin. 

Enfin  nous  citerons,   à  Cligga  Point  (fig.  193),  un  exemple 


^iZan^ 


Fig.  193.  —  Granulite  avec  veines  de 
cassitérite  àCligga  Point  (Cornwall). 

Echelle  au  ^. 


Fig.  191.  —  Vue  agrandie  des  veines 
dans   la  granulite  de  Cligga  Point. 

Echelle  au  -^. 

10 


analogue  au  stockwerk  classique  de  Geyer,  en  Saxe.  C'est  une 
masse  granulitique  de  100  mètres  de  long,  traversée  par  une 
foule  de  veines  parallèles  déplacées  par  une  faille.  D'une  manière 
générale,  on  peut  remarquer  que  ces  filons  du  Cornwall  témoi- 
gnent d*une  série  de  dislocations  et  de  réouvertures  successives 
assez  complexes,  ainsi  que  d'un  remplissage  s'étant  prolongé  pen- 
dant un  temps  très  long'. 

Le  détail  d'une  veine  est  montré  par  la  figure  194.  C'est  un  filon 
de  quartz  de  0™,08  d'épaisseur  avec  des  cristaux  perpendiculaires 
à  l'axe,  laissant  parfois  un  intervalle  vide  et  contenant,  outre 
le  quartz,  de  la  cassitérite,  du  wolfram,  du  mispickel  et  de  la 
tourmaline.  2  y  représente  un  greisen  de  couleur  noire,  ayant 
1"*,50  environ  de  chaque  côté  du  filon  de  quartz,  formé  unique- 

•  C'est  un  type  assez  analogue  à  celui  que  nous  retrouverons  en  Galice.  Voir  p.  145. 

*  Von  Cotta  a  insisté  (p.  474)  sur  les  exemples  qui  mettent  ces  réouvertures  succes- 
sivesld'un  même  Glon  en  évidence. 


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124 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


ment  de  quartz  et  mica  et  contenant  de  la  tourmaline,  de  la  gil- 
bertite  et  de  la  cassitérite.  Des  baguettes  de  tourmaline  remplis- 
sent fréquemment  des  cavités  qui  paraissent  résulter  de  la  dispa- 
rition de  Torthose.  On  passe  progressivement  à  la  granulile. 

On  peut  observer  que,  lorsque  Tétain  se  trouve  avec  le  cuivre 
dans  un  même  filon,  il  est  généralement  sur  les  deux  parois  et  le 
cuivre  et  Tétain  sont  séparés  par  des  veines  de  quartz,  d'argile  et 
d'autres  minéraux.  On  en  a  conclu  que  les  deux  venues  métalli- 
fères étaient  indépendantes. 

La  mine  Old  Huel  Vivian  nous  fournira  un  exemple  de  mélange 
du  cuivre  et  de  Tétain.  Là  le  filon  variait  de  1  à  13  mètres  de 
large  et  contenait  de  grands  fragments  anguleux  cimentés  par  des 
minerais  de  cuivre  et  d'étain.  Il  était  recoupé  par  11  croiseurs 
sur  350  mètres  de  profondeur  et  était  surtout  enrichi  le  long  des 
croiseurs.  Ce  gisement  a  été  considéré  par  Davies  comme  ayant  été 

formé  très  postérieu- 
rement à  la  venue 
stannifère  par  un  la- 
vage des  éléments  de 
la  roche. 

A  Old  Hewas  mine 
(fig.  195),  on  a  un  type 
d'enrichissement  à  la 
rencontre  d'un  croi- 
seur. 
En  dehors  de  ces 
mines,  situées  sur  des  filons,  on  exploite,  en  Cornwall,  des  allii' 
vions  :  200  personnes  environ  y  sont  occupées. 


i/tenu'  d'^taijvaèoiuîtmi 


de  txiim^eamc.wtùt^tt'^ùtin^ 


tCétain^aèvmdaf^-  élT- 


Fig.  195.  —  Coupe  du  filon  de  Old  Uewas  mine 
(Cornwall). 


Résumé  théorique.  —  En  résumé,  l'étude  du  Cornwall  met  en 
évidence  les  faits  suivants,  venant  à  l'appui  de  la  théorie  précé- 
demment exposée  *  : 

r  La  venue  stannifère  est  en  relation  manifeste  avec  des  con- 
tacts de  granulites  et  de  schistes  ; 

2**  L'étain  se  trouve,  sous  une  première  forme,  en  filons  traver- 

•  Pages  107  à  112. 


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ÉTAIff   DU   CORNWALL  125 

sant  la  granulite  et  le  schiste,  au  voisinage  de  leur  contact.  Ce 
n*est  donc  pas  dans  de  simples  fentes  de  retrait  de  la  granulite 
qu'il  s'est  déposé;  mais  on  doit  admettre  que,  la  granulite  étant 
déjà  consolidée,  au  moins  à  la  surface,  un  mouvement  de  disloca- 
tion, continuation  probable  de  celui  qui  avait  déjà  déterminé  la 
montée  de  la  granulite,  a  occasionné,  au  contact  des  deux  roches, 
un  craquement,  une  fracture  ; 

S""  Ce  craquement  n'a  pas  été  unique,  puisque  nous  trouvons 
des  exemples  de  réouvertures  successives,  mais  parait  avoir  eu 
des  retentissements  successifs  pendant  un  temps  très  long  ; 

4"^  Au  point  de  vue  du  temps  de  ce  plissement,  on  peut  admettre 
qu*il  a  commencé,  dans  le  Cornwall,  après  le  dévonien;  les  schistes 
dévoniens  ayant  subi,  du  fait  de  la  granulite,  un  métamorphisme 
intense.  On  considère  généralement  qu'il  est  antérieur  au  carbo- 
nifère (quoique  Lyell  ait  été  d'un  «ivis  contraire)  ; 

Les  filons  d'étain  du  Cornwall  sont  tous  postérieurs  à  la  granu- 
lite; ils  paraissent,  pour  la  plupart,  postérieurs  à  Telvan,  d'après  une 
remarque  de  de  la  Bêche  ;  mais  ils  sont  traversés  par  des  micro- 
granulites  plus  récentes  (comme  cela  a  lieu  à  Freiberg),  micro- 
granulites  qu'on  a  parfois  confondues  avec  les  elvans  anciens  et 
qui  sont,  en  réalité,  plus  jeunes.  Ces  microgranulites  sont,  elles- 
mêmes,  antérieures  au  houiller; 

5"*  Au  point  de  vue  du  remplissage,  nous  reviendrons  tout 
d'abord  sur  un  fait  très  en  évidence  dans  le  Cornwall  et  très 
spécial  à  ce  pays,  c'est  l'association  du  cuivre  avec  l'étain  *. 

On  peut  voir  là  une  conséquence  de  cette  remarque  que  les 
mêmes  fractures  ont  continué  à  rejouer  pendant  un  temps  assez  long 
et,  en  fait,  les  observateurs  semblent  tous  d'accord  pour  admettre 
que  la  venue  cuprifère  principale  est  postérieure  à  la  venue 
d'étaio.  Cependant,  il  existe  du  cuivre  associé  à  l'étain  et  on  trouve 
également,  avec  lui,  d'autres  sulfures,  de  la  blende,  même  de  la 
galène.  La  venue  chlorofluorée  qui  a  produit  l'étain  n'a  pas  été, 
en  effet,  si  distincte  des  venues  sulfurées  suivantes  qu'on  l'a  par- 
fois prétendu.  M.  Lodin  a  même  remarqué  que,  dans  plusieurs 
fllons  d'étain,  on  trouvait,  en  profondeur,  des  sulfures  d'étain, 

*  Voir,  p.  136,  des  exemples  de  faits  analogues  en  Saxe. 


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126  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

tandis  qu*on  avait  de  l'oxyde  à  la  surface  (la  Villeder,  en  Morbihan); 

6*  En  ce  qui  concerne  les  relations  de  Tétain  avec  le  chlore  et 
le  fluor,  voici  les  faits  sur  lesquels  nous  pouvons  nous  appuyer 
en  CornwfiJl  : 

Nous  constatons  d'abord,  pour  les  grands  filons,  qu'il  existe, 
autour  de  Taxe  quartzeux,  une  zone  de  granulite  imprégnée  d'étain. 
Gomment  s'est  faite  cette  imprégnation,  c'est  ce  dont  on  peut  se 
rendre  compte  par  le  fait,  très  souvent  cité,  des  cristaux  d'orthose, 
à  Carclaze,  au  mont  Saint-Michel,  etc.,  transformés  en  cassi té- 
rite.  Il  est  certain  que  Tétain  était  accompagné  d'un  minéralisa- 
teur  capable  de  dissoudre  l'orthose. 

Ce  minéralisateur,  emportant  de  Tétain,  a  dû,  peu  à  peu,  péné- 
trer dans  la  masse  de  la  granulite  et  la  transformer  en  un  greisen, 
d'où  le  feldspath  a  disparu  et  où  le  mica  s'est  chargé  de  fluor  et 
de  lithine  :  il  y  a  eu  imprégnation  progressive. 

De  même,  pour  les  stockwerks,  l'étain  s'est  répandu  par  une 
multitude  de  fissures  et,  en  dissolvant  le  feldspath,  a  progressive- 
ment rempli  la  masse. 

Quel  était  ce  minéralisateur?  M.  Daubrée  s'est  appuyé,  pour 
croire  que  c'était  le  fluor,  sur  la  présence  d'un  certain  nombre  de 
minéraux  spéciaux  qu'on  ne  trouve,  pour  la  plupart,  en  pareille 
abondance  que  dans  les  filons  d'étain  et  dont  la  synthèse  a  tou- 
jours été  réussie  par  l'intermédiaire  des  fluorures.  Cette  asso- 
ciation des  minéraux  fluorés  est  cependant  moins  frappante  en 
Cornwall  qu'en  Saxe,  sans  doute  parce  qu'on  a  afl'aire  à  des  filons 
plus  distincts,  au  lieu  d'exploiter  la  zone  périphérique  et  miné- 
ralisée de  la  granulite. 

Bibliographie. 

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1858.  MoissKNET.  —  Préparât,  mécanique  du  minerai  d'étain  dans  le  Corn- 
waU.  (Ann.  d.  M.,  5«,  t.  XIV,  p.  77.) 

'1861.  CoTTA,  p.  463.  —  On  y  trouve  (Ganflfsiûdten,  1. 1,  p.  482)  une  bibliogra- 
phie très  complète  des  ouvrages  antérieurs  à  1847. 
186Î.  MoissENET.  —  De  rextraclion  dans  les  mines  du  Gornouailles.  (Ann,  d.  M.) 
1863.  MoissBNET.  —  Étude  sur  les  filons  du  Gornouailles.  (Ann.  d.  Jf.) 

1876.  C.  Le  Nevb  Poster.  —  Note  on  the  deposit  of  Tin-ore  at  Park  of  mines, 
Saint-Colomb,  Cornwall.  {British  association  for  thc  advancement  of  Sciences.) 

1877.  The  Chinaclay  of  Devon  and  Cornwall.  (Crookes.  journal  ofSc,  p.  53.) 
M878.  C.  Le  Nevb  Foster.  —  On  the  great  flat  Iode  South  of  Bedruth  and 

Cmbome  and  on  some  other  Tin  deposits  formed  by  the  altération  of  granité. 
(0.  /.  G.  Soc.  Lond.,  t.  XXXIV,  p.  640.  Londres,  1878.) 

M878.  C.  LeNeve  Poster.  —  On  Some  tin  Stockworks  in  Cornwall.  {Q.  J. 
g.  Soc.  Lond.,  t.  XXXIV,  p.  654.) 

1879.  Helmhaoler.  —  AUgemeines  iiber  das  Zinnerz  Vorkommen  in  Corn- 
wallis.  (Oestr.  Zeitschr.,  1879,  p.  473,  500,  509,  524.) 

1879.  Die  Bergwerke  von  Devoushire  und  CornwalL  (B.  u.  H.  Z.,  1879,  p.  374.) 

1881 .  CoLUNS.  —  Note  on  the  occurrence  of  Staniferrous  dur  horns  in  the 
lin  gravais  of  Cornwall.  {Royal  geoL  Soc.  of  Cornwall,  t.  X,  p.  98.  Penzance.) 

1S84.  Groddeck,  p.  273. 

Carkw.  —  Survey  of  Cornwall. 

M888.  Davies,  p.  171. 


ÉTAIN  DE  SAXE  ET  DE  BOHÊME* 

La  région  de  rErzgebirge,  aux  confins  de  la  Saxe  et  de  la 
Bohême',  n'a  aujourd'hui,  comme  centre  de  production  stanni- 
fère,  qu'une  importance  presque  nulle  ;  mais  elle  est  classique  par 
les  travaux  géologiques  auxquels  elle  a  donné  lieu. 

Là  nous  ne  trouverons  qu*exceptionnellement  le  type  des  grands 
filons  continus  qui  constituent  la  richesse  persistante  du  Corn- 
wall (Graupen,  Naundorf,  etc.);  en  général,  nous  aurons  affaire 
à  ce  qu'on  appelle  un  stockwerk  ou  un  amas  entrelacé,  c'est-à- 
dire  à  un  réseau  de  veines  si  complexe  et  imprégnant  si  bien  la 
roche  à  leur  voisinage  qu'on  est  obligé  d'abattre  la  granulite  elle- 
même  comme  un  minerai  stannifère,  nécessairement  très  pauvre. 
U  existe,  de  cette  façon,  de  véritables  amas  stannifères,  dont  les 

*  Coll.  ÉcoU  des  Mines,  1340. 

'  Voir  U  carte  géologique  de  rAllemagne  Centrale,  pi.  11,  au  chapitre  du  Plomb. 


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i'28  GÉOLOGIE  APPLIQUÉB 

types  sont  ceux  d'Altenberg  (900  mètres  de  long  et  de  large),  de 
Zmnwald  (1  360  mètres  de  long  et  480  mètres  de  large),  d*Hu- 
bertus  près  de  Schlaggenwald  en  Bohême  (120  mètres  de  profon- 
deur, 600  mètres  de  circuit).  Ces  stockwerks  sont  souvent  séparés 
de  la  granulite  encaissante  par  des  brèches  de  friction,  des  schistes 
talqueux,  chloriteux,  etc.,  appelés,  par  les  mineurs  saxons,  stocks- 
cheider. 

En  outre,  on  rencontre  fréquemment  :  soit  des  fissures  de  retrait 
de  la  granulite  remplies  de  quartz  stannifère  (Zinnwald),  soit  des 
injections  dans  les  schistes  voisins,  contenant  de  Tétain  avec  du 
quartz  ou  même  de  Tétain  dans  un  elvan  (Schlaggenwald). 

Toutes  ces  formes  de  gisements  ont  ce  caractère  commun  d'être 
assez  pauvres,  irrégulières  et  généralement  limitées  dans  tous  les 
sens  :  ce  qui  explique  comment  la  presque  totalité  de  ces  mines, 
si  connues  des  géologues,  sont  aujourd'hui  fermées. 

Ces  mines  sont,  du  Nord  au  Sud  :  Altenberg,  Zinnwald,  Graupen, 
Pobel,  Seiffen,  Marienberg,  Ehrenfriedersdorf,  Geyer,  Buchholtz, 
Âbertham,  Sauersack,  Platten,  Johanngeorgenstadt^  Eibens- 
tock,  etc. 

Commençons  par  le  type  le  plus  classique,  celui  d'Âltenberg  : 

ALTENBERG 

{Stockwerk  stannifère  :  réseau  de  veines  de  quartz  stannifères  au 
milieu  de  la  granulite  transformée  en  zwitter.) 

Le  stockwerk  stannifère  d'Altenberg  résulte,  d'après  les  des- 
criptions de  Yon  Gotta  et  Groddeck,  d'un  métamorphisme  spécial 
exercé  sur  un  massif  granulitique  et  l'ayant  transformé,  en  partie^ 
en  une  roche  spéciale,  appelée  zwitter  (ou  stockwerks  porphyr), 
qui  forme  le  minerai  d'étain.  La  granulite  à  grain  fin,  qui  cons- 
titue l'ensemble  de  la  masse  et  qui  a  passé  graduellement  au  zwitter 
par  Faction  des  dissolutions  stannifères  ayant  circulé  dans  d'in- 
nombrables fissures,  est  entourée  d'autres  roches  :  porphyre 
quartzifère,  porphyre  granitoïde,  granulite,  etc.,  dont  elle  ne  se 
sépare  pas,  dit-on,  nettement. 

Le  zwitter  est  une  roche  foncée,  analogue  à  l'hyalomicte,  com- 


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ËTAlIf  DE  SAXE  ET  DE  BOHÊME  129 

posée  essentiellement  de  quartz  et  de  mica  (avec  chlorite  secon- 
daire) en  mélange  très  intime  et  contenant  des  grains  très  fins  de 
cassitérite  avec  un  peu  de  mispickel,  de  bismuth  natif,  de  fluorine, 
etc.  La  teneur  en  étain  de  ce  zwitter  est  de  un  tiers  à  un  demi 
p.  400.  Il  est  traversé,  ainsi  que  les  porphyres  et  granités  voi- 
sins, par  un  certain  nombre  de  filons  réguliers  de  quelques  centi- 
mètres de  large,  orientés,  les  uns  à  45*,  les  autres  à  435*,  et  ayant, 
comme  remplissage,  la  roche  encaissante  altérée  et  ferrugineuse, 
de  Targile  rouge,  un  peu  de  quartz.  Les  épontes  de  ces  filons  sont 
généralement  assez  riches  en  étain  et  ont  pu  parfois  être 
exploitées  dans  des  conditions  rappelant  les  filons  du  Gornwall.  On 
suppose,  en  général,  que  les  venues  métallifères  sont  arrivées  par 
eux  et  se  sont  répandues  de  là  dans  la  masse  voisine.  Celle-ci,  indé- 
pendamment de  son  imprégnation  générale,  renferme  d'ailleurs 
un  certain  nombre  de  veines  de  quartz  adhérant  fortement  à  la 
roche  et  contenant,  outre  les  minéraux  de  celle-ci,  de  la  molyb- 
dénite,  de  la  bismuthine,  etc.  U  est  assez  difficile  de  se  rendre 
compte  si  Tétain  est  parti  du  filon  pour  se  répandre  dans  la  roche 
déjà  presque  consolidée,  ou  si  le  filon  a  été  produit,  au  contraire, 
par  une  concentration  secondaire  des  éléments  d*abord  dissémi- 
nés dans  la  roche  ;  cependant  la  première  hypothèse  paraît  plutôt 
justifiée  par  ce  fait,  déjà  signalé  en  Gornwall  et  retrouvé  ici,  qu'on 
voit,  en  certains  points,  l'étain  se  substituer  à  du  feldspath  primi- 
tivement formé  ;  par  conséquent,  làTétain  n'émane  pas  de  la  roche, 
mais  s'y  introduit  :  ce  qui  n'empêche  pas,  bien  entendu,  de  consi- 
dérer l'étain  comme  émanant  primitivement  du  magma  granuli- 
tique.  Nous  avons  expliqué  plus  haut  notre  pensée  à  ce  sujets 

Bibliographie, 

1789.  ScHÛTz.  —  Kurze  Beschreibung  des  Zinbstockwerks  zu  Altenberg. 
1823.  Manès.— Mines  d'étain  de  Saxe,  (il nn.  rf.lf.,VllI,  p.  513,  et  IX,  p. 463.) 
1825.  Nœggerath.  —  Ueber  das  Allenberg  Stockwerk.  {Jahb,  f.  Min.,  p.  562.) 
*1848.  Freibslkben.  —  Beitràge  zur  Gechichte,  etc.,  des  sàch9ischen  Erz- 
bergbaues  (avec  bibliographie). 
*1861.  GoTTA,  p.  14.  (Contient  une  bibliographie  antérieure.) 
1865.  MÛLLER.  —  (Berg.  u.  Huit.  m.  ZeiL,  1865,  p.  178.) 
1884.  Groddeck,  p.  243. 

*  Pages  108  et  suiv. 

GÉOLOGIE.  —  T.  II.  0 


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430  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


GEYER 

{Veines  de  quartz  et  cassitérite  au  contact  cTune  granulite  enve- 
loppée  d'une  zone  à  grands  cristaux  {stockscheider)  et  du  micas- 
chiste.) 

  Geyer,  Tétain  se  présente  dans  un  massif  de  granulite  enclavé 
au  milieu  des  gneiss  et  micaschistes  et  qui  présente  cette  parti- 
cularité d*avoir,  au  contact  des  micaschistes  encaissants,  pris  une 
cristallisation  spéciale  à  très  grands  éléments.  Cette  zone  spéciale, 
qualifiée  de  granité  gigantesque  ou  de  stockscheider,  a  environ 
3  mètres  de  largeur  et  se  reproduit,  non  seulement  sur  le  pourtour 
du  massif,  mais  aussi,  sur  une  petite  échelle,  au  contact  de  tous 
les  fragments  de  gneiss  enclavés  dans  la  roche  éruptive.  Il  paraît 
manifeste  que  la  granulite  était  là  tout  particulièrement  chargée 
de  principes  minéralisateurs,  qui  se  seront  concentrés  à  la  surface 
de  la  masse  pâteuse  et  probablement  là  où  la  contraction,  due  au 
refroidissement,  amenait  une  tendance  au  vide. 

Les  veines  de  quartz  et  cassitérite,  ayant  de  0",006  à  0"*,10  de 
puissance,  traversent,  à  la  fois,  la  granulite  et  le  gneiss  au  voisi- 
nage sans  changer  de  direction  ni  d'inclinaison  et  ont,  par  suite, 
dû  cristalliser  postérieurement  au  refroidissement  de  la  granulite, 
lorsqu'elle  était,  par  rapport  au  gneiss,  dans  sa  situation  actuelle. 
M.  Daubrée  a  remarqué  que,  dans  les  gneiss,  elles  épousaient  la 
schistosité  de  la  roche  encaissante  et  s'appauvrissaient  rapidement 
(le  centre  d'émanation  ayant  été  dans  la  granulite).  Les  filons 
de  Geyer  contiennent,  outre  le  quartz  et  la  cassitérite,  du  mispi- 
ckel,  de  Témeraude,  du  wolfram,  de  la  topaze,  de  la  molybdénite, 
de  Tapatite  et  de  la  fluorine.  Â  leur  contact,  la  granulite  est 
modifiée  et  passe  progressivement  de  son  état  normal  au  quartz 
filonien.  Là  encore,  nous  retrouvons  une  preuve  de  l'imprégnation 
postérieure  de  la  granulite  par  les  eaux  siliceuses  et  stannifères, 
au  lieu  que  la  granulite  ait  sécrété,  après  coup,  le  quartz  et  Tétain. 
On  peut  remarquer  qu'à  Geyer,  stockwerk,  filons  et  micaschistes 
sont  également  traversés  par  un  filon  de  minerai  de  fer,  appelé 
le  filon  rouge. 


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ËTAIN  DE  SAXE   ET  DE  BOHÊME  131 


Bibliographie  de  Geyer. 


1778*  Charpentier.  —  Minerai.  Geogr.  d.  chursachs.  Lande,  p.  203. 
1787.  DcHAMBL.  —  Géométrie  souterraine,  p.  15. 

1789.  TôPE.  —  Dans  le  Bergm,  journal^  t.  n,  p.  979.  (Cf.  Hawklns,  dans  les 
Tram,  ofthe  roy.  Soc,  of  Comw.^  t.  II,  p.  43.) 
1805.   MoHs.  —  Dans  F.  MoU's  Annalen^  p.  353. 

1815.  De  Bonnard.  —  Essai  géognostique  sur  TErigebirge*  (Ann.  d.  M.y 
t.  XXXVIII,  p.  372.) 

1816.  Blod,  —  Dans  XeonAords  Tasehtnbwihj  p.  3. 
1823.  Manès.  —  {Ann.  d.  M.,  t.  VIII,  p.  55.) 

1838.   Naumann.  —  Erlaûterung  z.  geogn.   Karte  yon  Sachsen,  cahier  II, 
p.  176  et  248. 
•1861.  CoTTA,  p.  28. 

Stelzner.  —  Beitrâge  zur  geognostichen  Renntniss  d.  Erzgebirges. 
1878.  Credner.  —  {Zeitsch.  d.  d.  gcol.  Gesellch.^  t.  XXX,  p.  518.) 
1882.  LapparEiNT.  —  (GéoL,  l»"*  éd.,  p.  1173.) 
1884.  Groddege,  p.  244. 


WEISS  ANDREAS 

Au  type  de  Geyer  se  rattache  la  coupe  classique  de  Weiss 
Andréas  (fig.  196)  où  deux  massifs  de  granulite  (dont  un  seul 
arrivé  au  jour)  se  trouvent  enveloppés  de  micaschiste.  Le  plus 


Fig.  196.  —  Coupe  transversale  théorique  du  gtte  8tannifère  de  Weiss  Andréas. 

(D'après  V.  Cotta.) 


grand  dôme  de  granulite  (180  mètres  sur  150  mètres)  est,  comme 
à  Geyer,  recouvert  d  un  slockscheider  ayant,  au  sommet,  une 
puissance  maxima  de  4  mètres. 
L'étain  s'y  trouve  en  veines,  comme  à  Geyer. 


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i32  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


ZINNWALD 

{Fentes  de  retrait  stannifère$,  concentriques  à  la  périphérie  du 
dôme  granulitique  et  filons  passant  de  la  granulite  aux 
schistes.) 

A  Zinnwald,  la  granulite  stannifère  forme,  au  milieu  d'un  felsite- 
porphyre,  un  dôme  surbaissé,  dont  le  sommet  a  été  coupé  par 
la  surface  du  terrain.  La  section  de  ce  dôme,  à  Taffleurement,  a 
environ  1 360  mètres  sur  480  mètres.  La  granulite,  à  grain  plus 
ou  moins  fin,  généralement  fortement  kaolinisée,  contient  des  nids 
et  des  mouches  d'hyalomicte  dont  les  dimensions  peuvent  aller 
jusqu'à  100  mètres  de  diamètre. 

Une  série  de  filons,  parallèles  à  la  surface  extérieure  du  dôme, 
le  divisent  en  une  succession  d^assises  emboîtées  les  unes  dans  les 
autres. 

Ces  filons  couchés,  d'une  allure  très  particulière,  et  qui  semblent 
bien  correspondre  à  des  fentes  de  retrait,  sont  horizontaux  sous 
la  partie  supérieure  du  dôme  granulitique  et  plongent  ensuite  dou- 
cement dans  tous  les  sens.  Ils  ont  de  0",40  à  0"*,75  de  puissance; 
les  intervalles  qui  les  séparent  sont  de  6  à  i2  mètres  dans  le 
haut,  de  20  à  40  mètres  dans  le  bas.  Ils  sont,  généralement,  mal 
séparés  de  la  roche  encaissante  et  leurs  parties  extérieures  parais- 
sent seulement  une  continuation  recristallisée  de  la  roche.  Le 
remplissage  est  symétrique  et  formé  de  quartz,  mica  lépidolithe, 
fluorine,  cassitérite,  wolfram,  galène,  chalcosine,  cuivre  gris, 
blende,  scheelite,  apatite,  topaze,  etc.  ;  on  y  trouve,  dans  des 
géodes,  des  cristallisations  splendides.  Tous  les  caractères  sem- 
bleraient pouvoir  s'expliquer  par  une  circulation  d'eaux  ou  de  va- 
peurs minérales  s'étant  infiltrées  dans  des  fentes  de  retrait  de  la 
granulite,  presque  au  moment  même  où  ces  fissures  se  produi- 
saient. 

En  dehors  de  ces  filons  couchés,  l'amas  est  encore  traversé  par 
des  filons  verticaux  postérieurs  et  rejetant  parfois,  de  un  ou  plu- 
sieurs mètres,  les  premiers.  Ces  filons  correspondraient  peut-être 
au  remplissage  des  gisements  d'Altenberg,  etc.,  et  prouveraient 


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ËTAIN   DE   SAXE   ET  DE  BOHÊME  133 

que  les  venues  stannifëres  se  sont  continuées  assez  longtemps.  Ils 
sont  généralement  formés  d'une  hyalomicte  décomposée;  plus 
rarement,  de  quartz,  mica,  fluorine,  cassitérite  et  wolfram.  Ils  ont, 
d'après  Mûller,  subi,  comme  les  filons  de  Cornwall,  plusieurs 
réouvertures  successives,  en  sorte  qu'il  n'y  aurait  rien  d'impossible 
à  ce  que  le  rejet  des  filons  couchés  par  eux  fût  dû  à  une  réouver- 
ture postérieure  au  remplissage,  et  que  ce  remplissage  eût  eu  lieu 
simultanément  dans  les  filons  couchés  et  les  filons  droits. 

Néanmoins,  il  semble  bien  qu'il  y  ait  eu  plusieurs  phases  dans 
la  formation  stannifëre  : 

4"*  La  granulite  monte  imprégnée  d'éléments  minéralisateurs; 
ces  éléments  se  rassemblent  sur  le  pourtour  (Stockscheider  de 
Geyer)  ;  un  peu  d'étain ,  qui  était  réparti  dans  la  roche ,  se  con- 
centre dans  ce  stockscheider  ; 

2^  Il  se  fait  des  fentes  de  retrait  (ex  :  Zinnwald)  intéressant 
seulement  la  granulite; 

3""  Des  cassures  traversent  la  granulite  et  les  terrains  encais- 
sants, et  se  rouvrent  à  diverses  reprises. 

Bibliographie. 

1823.  Manès.  —  Les  mines  d*élain  de  Saxe.  (Ann,  d.  M.,  1823,  t.  VIII,  p.5l3, 
et  1824,  t.  XI,  p.  463.) 

1840.  Reuss.  —  Dos  Zinnwaider  Stockwerk,  in  den  Umgebungen  von 
Teplilz,  1840,  p.  40. 

•  1841.  Daubrée.  —  Sur  Zinnwald  et  Altenberg.  {Ann.  d.  M.,  1841,  t.  XIX,  p.  61, 
72  et  83.) 

•1861.  COTTA,p.  17. 

1863.  MiJLLBR.  —  (Berg.  u.  Hutten  zeit.,  p.  179.) 

1882.  Lapparknt,  p.  1173. 

1883.  ScuRÔDBR.  —  Uber  die  Zinnerze  des  Eibenstockes  Granitgebiets. 
(Leipzig.  Zitgungs  ber.  der  natur.  GeseL^  p.  76.) 

1884.  Groddeck,  p.  243. 

A  Johann  Georgenstadt  et  Eibenstock  la  cassitérite  se  présente 
en  filons  assez  nets  dans  la  granulite. 


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134  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

SCHLAGGENWALD 
{Veines  de  granulite  elvanique  stannifères  et  stockwerks.) 

Jusqu'ici,  nous  avons  trouvé  Tétain  de  Saxe  dans  des  veines 
quartzeuses  ou,  au  voisinage  de  ces  veines ,  dans  la  granulile 
transformée  en  zwitter,  greisen,  etc.  11  peut  arriver  que  les  rami- 
Ocations  granulitiques  injectées  dans  les  schistes,  ramifications 
elvaniques  ou  pegmatoïdes,  soient  elles-mêmes  riches  en  étain. 
Nous  retrouverons  quelque  chose  de  ce  genre  en  Galice  ;  nous  en 
avons  un  type  à  Schlaggenwald. 

A  Schlaggenwald,  un  massif  important  de  granulite  à  gros 
grains,  situé  au  milieu  des  gneiss,  envoie,  dans  ces  gneiss,  une 
série  de  filons  secondaires  à  grain  fin,  souvent  elvaniques,  conte- 
nant de  rétain.  Ces  liions  stannifères,  riches,  sont  composés  de 
quartz,  mica  blanc  rare  et  feldspath,  avec  fluorine,  stéatite,  apatite, 
wolfram,  molybdène,  cassitérite,  pyrite  de  fer  et  de  cuivre,  mispickel. 
L'étain  se  trouve  surtout,  d'après  Jantsch,  au  voisinage  de  la 
masse  principale  de  granulite.  Cette  granulite  stannifëre  forme, 
en  outre,  d'après  Groddeck,  au  milieu  des  gneiss,  trois  grands 
stockwerks  principaux,  alignés  à  40**  :  Tamas  Hubertus,  ayant 
600  mètres  de  périmètre  ;  le  Schnodenstock  et  le  Klingentock  ; 
c'est  une  granulite  à  grain  fin,  passant  par  endroits  à  un  véri- 
table quarzite,  avec  nids  et  mouches  de  cassitérite,  wolfram,  etc. 
Des  veines  de  quartz  stérile  traversent  et  rejettent  les  veines  stan- 
nifères. 

Bibliographie. 

i8o6.  Jantsch.  —  {Zeilschr.  d,  monianislichen  Vereins  im  Erzgehirgej  n^  7, 
8,9.) 

1857.  Sternberger.'—  {Ôstr.  Zeitsch.  f.  B.  u.  H.,  1837,  p.  62.) 

1858.  Gluckselig.  —  (Amtl,  Bericht  der  Vers,  deutchs,  ^aturf,  und  Aerzte. 
Vienne,  1858,  p.  66.) 

M861.  GoTTA,  p.  199.  (L'article  donne  une  longue  liste  des  minéraux  de 
Schlaggenwald.) 
1862.  (Zeilschr.  f.  d.  B.  H.  u.  S.  im  preuss.  SL,  1862,  t.  X,  p.  164.) 
1864.  Ant.  Rucker.  —  (Jahrb.  d,  KK.  geol.  Reichs.,  1864,  t.  XIV,  p.  311.) 

1882.    LAPPARENT,p.  1173. 

*  1884.  Groddeck,  p.  248. 


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ÉTAIN   DB  SAX£   ET  DE  BOHÊME  135 

GRAUPEN 
{Filons  de  quarlz  et  cassitérite.) 

A  Graupen,  Té  tain  se  présente  en  filons  quartzeux  traversant 
le  gneiss  gris,  au  voisinage  de  roches,  classées  par  Groddeck  dans 
les  porphyres  et  contenant  elle-même  des  filons.  Ce  gisement 
se  rapproche,  par  son  allure,  du  type  du  Cornwall.  Ces  filons 
ont  été  classés  en  trois  groupes  suivant  leur  inclinaison  : 

r  Filons  principaux  de  0,03  à  0,12  de  puissance  moyenne,  de 
IS  à  53°  d'inclinaison,  remplis  de  quartz,  cassitérite,  fluorine, 
oligiste  et  pyrite  rare.  La  roche  du  mur  est  imprégnée  de  minerai 
sur  5  à  7  centimètres  ;  celle  du  toit  est  stérile  ; 

2°  Filons  secondaires  de  i  à  2  centimètres  de  puissance,  de  29 
à  41°  d'inclinaison,  remplis  de  quartz,  kaolin  et  cassitérite; 

3°  Filons  droits  de  2  à  7  centimètres  de  puissance,  de  70  à  80° 
d'inclinaison,  remplis  par  une  brèche  quartzeuse  avec  ciment  sili- 
ceux et  kaolinique,  contenant  de  la  cassitérite  et  fréquemment 
des  mouches  isolées  de  pyrites. 

Bibliographie. 

1844.  {Jahrbuch,  fur  den  sâchsigen,  Berg.  m.  H.,  18i4,  p.  35.) 
1858.  JoKÉLY.  —  Jahrb.  d.  geoL  Reichs.,  p.  562. 

1861.  COTTA,  p.  19. 

1864.  Laube.  —Jahrb.  d.  KK.  geol.  Reichs.f  p.  159. 
1884.  Groddbck,  p.  249. 

On  peut  rattacher  au  type  filonien  le  gîte  de  Martersberg. 

A  Martersberg,  on  exploite  un  filon,  qui  semble  s'être  réou- 
vert postérieurement  pour  donner  passage  à  une  venue  argen- 
tifère. Le  filon  principal  est,  en  eflet ,  composé  de  baryline, 
fluorine,  minerais  de  bismuth  et  d'argent  sans  trace  de  cassitérite, 
tandis  que  la  cassitérite  imprègne  toute  la  roche  encaissante. 

Enfin,  Ton  trouve  en  Saxe  le  véritable  type  du  Cornwall,  avec 


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136  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

association  du  cuivre  et  de  Tétain,  à  Schmiederberg^  Wiederpôbe/, 
Naundorfet  SalisdorfK 

Il  existe  là  des  Glons,  de  0,05  à  0,27,  exceptionnellement  de  3  à 
4  mètres  d'épaisseur,  recoupant  le  gneiss  gris  et  contenant 
quartz,  fluorine,  chlorite,  mica,  étain,  avec  association  de  pyrite 
de  cuivre,  de  pyrite  de  fer,  de  mispickel,  de  galène,  blende,  etc. 
Parfois,  le  cuivre  devient  prédominant.  Il  serait  d'ailleurs  possible 
qu'il  y  eut  là  quelque  phénomène  de  réouverture  analogue  à 
celui  que  nous  avons  supposé  à  Martersberg. 


GÎTES  STANNIFÈRES  FRANÇAIS 
LA  VILLEDER  (Morbihan)* 

Les  gisements  d*étain  de  la  Yilleder  (Morbihan)  ont  été  récem- 
ment décrits  par  M.  Lodin.  Leurs  caractères  semblent  les  rappro- 
cher plutôt  de  ceux  du  Gornwall  (tinfloors)  que  de  ceux  de  Saxe. 
Leur  exploitation,  qui  avait  été  organisée  il  y  a  quelques  années, 
est  aujourd'hui  suspendue. 

Il  existe,  dans  cette  partie  du  Morbihan,  un  massif  de  granu- 
lite  assez  vaste  qui  s'étend  à  l'Ouest  jusque  vers  Baud  et  Locminé. 
Ce  massif  est  entouré  de  schistes  d'un  gris  plus  ou  moins  foncé, 
souvent  lustrés  et  d'une  fissilité  très  variable,  qu'on  a  rattachés 
au  cambrien.  Ces  schistes  ont  subi,  au  contact  de  la  granulite,  un 
métamorphisme  très  net  et  se  sont  chaînés  de  mica  blanc  et  de 
chiastolite.  En  outre,  la  granulite  a  injecté,  dans  les  schistes,  un 
grand  nombre  de  veines  et  la  surface  de  séparation  des  deux 
terrains  est  très  irrégulière. 

A  travers  cette  granulite  et  ce  gneiss,  au  voisinage  du  contact 
des  deux  roches,  du  côté  de  la  Yilleder  et,  le  plus  souvent,  à  peu 
près  parallèlement  à  ce  contact,  c'est-à-dire  vers  460^,  courent  des 
Glons  quartzeux  d'épaisseur  variable,  qui  contiennent  l'étain  dans 

«  1867.  Mûller.  —  {Neues  Jahrb.  /.  Minerai,  1867,  p.  616.  —  1884.  Groddeck, 
p.  251.) 

•  Coll.  Ecole  des  Mines,  1679. 


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ÉTAIN   DE   LA   VILLEDER   (mORBIHAN) 


i37 


des  conditions  semblant  par  suite  tout  d'abord  très  analogues  à 
celles  du  Cornwall,  sauf  que  le  cuivre  ici  fait  défaut.  Mais,  si  Ton 
entre  dans  le  détail,  on  trouve,  au  contraire,  des  différences  assez 
fortes  avec  les  filons  compacts  et  prolongés  de  Cornwall  et  des 
rapprochements  avec  certains  stockwerks,  à  minéraux  nombreux 
et  cristallisés,  de  Zinnwald,  Michaels  Mount,  etc.  Les  filons  quart- 
zeux  forment,  en  effet,  un  faisceau  dont  Tallure  générale  est 
assez  régulière,  mais  qui,  dans  le  détail,  se  ramifie  en  une  série 
de  veines. 


Ooest: 


£Mt. 


Fig.  197.  —  Coupe  de  la  grande  tranchée  de  la  Villeder  (d*aprè8  Renouf,  185^). 


Fig.  198.  —  Coupe  entre  le  puits  Saint-Michel  et  le  puits  n*  8.  ^Echelle  au  ^.j 


Fig.  199.  —  Coupe  à  la  traverse  du  puits  n"*  5.  ^Echelle  au  •^.  j 

La  figure  197  montre  le  réseau  de  ces  veines  dans  la  granulite 
décomposée  à  la  grande  tranchée  de  la  Villeder  et  les  figures  i98 


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138  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

et  199  dans  rexploitation  :    1®  entre   le  puils  Saint- Michel  et 
le  puits  n°  8  ;  2°  à  la  traverse  du  puits  n°  5. 

Le  faisceau  est  constamment  à  la  limite  même  de  la  granulite 
et  des  schistes  micacés  et,  comme  le  montre  la  figure  200,  passe 
de  la  granulite  au  schiste  sans  déviation. 

La  granulite,  assez  fortement  kaolinisée  à  la  surface,  au  voisinage 

des  filons  quartzeux,  est, 
à    quelque     profondeur , 
-S  devenue  entièrement  so- 

lide. 
ff::jM///////M///////^^^^  Au   point    de  vue  du 

remplissage,  les  filons  de 

la  Villeder   contiennent, 

**^**-'^-*^^w^^^^l^^^^^^    en  dehors  du  quartz  do- 

^^■^^^^^^^1    minant,     la     cassitérite, 

VI  c..  .      n^         ^,  Tapatite,   la    fluorine,   la 

Fig.  200.  —  Coupe  (rtine  tranchée  faite  près  du  ^   ,  '  r    '        » 

puils  de  Lédo  (d'après  Durocher,  1847;.  la  pyrite,  la  blende  noire, 

la  chalcopyrite,  la  galène, 
etc.;  le  wolfram  ne  paraît  pas  y  avoir  jamais  été  rencontré;  quel- 
ques minérau.x  y  sont  très  rares  :  ainsi  la  topaze,  la  phénakite, 
trouvées  seulement  deux  ou  trois  fois  dans  des  géodes  du  rem- 
plissage quartzeux  ;  la  fluorine  et  la  molybdénite  signalées  dans 
les  premières  exploitations,  disparues  ensuite  ;  la  galène  et  la 
pyrite  de  fer,  accidentelles  dans  le  quartz. 

Au  sujet  des  autres  minéraux,  M.  Lodin  a  fait  les  remarques 
suivantes  : 

La  tourmaline^  à  la  Villeder,  est  très  rarement  réunie  à  la  cassî- 
térite,  quoiqu'il  existe  des  cristaux  d'oxyde  d'étain  portant,  à  la 
base,  des  aiguilles  de  tourmaline;  elle  semble  même  se  trouver 
dans  un  quartz  difl^érent  de  celui  des  veines  stannifères,  ne  répan- 
dant pas,  sous  le  marteau,  Todeur  caractéristique  de  ce  dernier. 

Les  satellites  les  plus  habituels  de  la  cassitérite  sont  :  le  mica 
blanc,  à  3,31  p.  100  de  fluor,  très  peu  lithinifère,  Tapatite,  Téme- 
raude,  qu*on  a  souvent  confondue  avec  Tapatite  et  sur  laquelle 
Tétain  s'est  fréquemment  moulé. 

Le  quartz   est  blanc  laiteux  et  tout  particulièrement  chargé 


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ÉTAIN   DE   LA   VILLEDRR   (mORBIHAN)  139 

d'inclusions  liquides  ;  il  enveloppe  la  cassitérite,  Témeraude, 
l'apatite,  le  mispickel,  la  blende  ;  mais,  dans  sa  masse,  se  sont 
développées  des  géodes,  où  s'est  formé  un  second  dépôt  de  mica 
blanc,  cassilérite,  émeraude  et  apatite.  Les  surfures  ne  se  rencon- 
trent jamais  dans  ces  géodes,  où  Ton  a,  au  contraire,  comme 
nous  l'avons  dit  plus  haut,  observé  la  topaze  et  la  phénakite. 

Quant  à  la  cassitérile  elle-même,  elle  est  souvent  en  cristaux 
volumineux  brun  foncé  et  opaques,  appliqués  sur  les  épontes  du 
filon,  dont  ils  sont  séparés  ordinairement  par  une  couche  de 
mica  blanc,  quelquefois  en  cristaux  disséminés  ou  en  masses 
irrégulières  au  milieu  des  remplissages  quartzeux  ;  enfin,  excep- 
tionnellement, en  cristaux  bien  formés  au  milieu  des  géodes. 

La  présence  des  sulfures  mérite  une  attention  particulière  : 

Le  mispickei  se  présente  un  peu  partout  dans  la  masse  et 
pénètre  même  dans  la  granulite  des  épontes,  quoique  celle-ci  ne 
présente  pas  d'altération  sensible.  Il  est  parfois,  au  voisinage  des 
épontes,  recouvert  par  de  la  cassitérite  ;  d'autres  fois,  au  milieu 
du  quartz,  jamais  dans  les  géodes.  Il  contient  une  quantité  d  or 
fort  appréciable,  8  à  9  millièmes,  qui  a  peut-être  fourni  l'or 
des  alluvions  stannifôres  du  pays.  La  blende^  plus  rare,  se  ren- 
contre dans  des  conditions  analogues.  Elle  a  généralement  suivi 
la  consolidation  de  la  cassitérite  ;  cependant  on  a  trouvé  des 
cristaux  de  blende  et  de  mispickei  sur  lesquels  la  cassitérite 
s'est  moulée. 

Si  l'on  cherche  à  déterminer  l'ordre  de  consolidation,  on  trouve 
que,  dans  le  cas  général,  Témeraude  a  précédé  la  cassitérite,  qui 
a  précédé  elle-même  les  autres  éléments  :  quartz,  apatite,  etc..  ; 
mais  l'ordre  inverse  peut  se  présenter.  Le  mica  blanc  a  continué 
à  cristalliser  pendant  toute  la  durée  de  la  formation. 

M.  Lodin  s'est  appuyé  sur  l'absence  de  la  tourmaline  ici  et  sur 
la  fréquence  de  la  fluorine  dans  les  filons  sulfurés  pour  combattre 
la  théorie  de  M.  Daubrée  sur  l'origine  chlorofluorée  de  la  cassité- 
rite. Il  a  remarqué  que,  dans  le  Comwall,  la  fluorine  accompagne, 
non  l'étain  mais  le  cuivre,  que  la  topaze  est  rare  à  la  Villeder  et 
en  Cornwall,  que  la  présence  d'inclusions  liquides  dans  le  quartz 
semblerait  prouver  la  présence  d'un  milieu  hydrothermal  analogue 
à  celui  des  formations  plombifères. 


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140  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Ces  objections  sont  d'inégale  valeur.  Sans  doute,  tous  les 
minéraux  fluorés,  tourmaline,  etc.,  ne  se  rencontrent  pas  dans 
tous  les  gttes  d  etain,  mais  il  n'en  reste  pas  moins  que  ceux-ci 
contiennent,  presque  toujours,  une  abondance  toute  spéciale  de 
minéraux  à  cristallisation  difficile  et  paraissant  ainsi  nécessiter  la 
présence  de  fluorures.  Sans  doute  aussi,  il  n'y  a  pas  de  distinction 
aussi  tranchée  qu'on  Ta  quelquefois  soutenu  entre  les  filons 
d'étain  et  les  filons  sulfurés,  et  les  premiers  contiennent  déjà  des 
sulfures.  Cela  rentre  dans  ce  que  nous  avons  dit,  à  diverses 
reprises,  sur  l'association,  dans  les  fumerolles  volcaniques  les  plus 
chaudes  *,  des  chlorures  aux  sulfures  et  aux  carbures.  La  présence 
de  ces  derniers,  lors  de  la  formation  des  filons  d'étain,  semblerait 
même  indiquée  par  l'odeur  fétide  du  quartz  et  ses  inclusions, 
qui  pourraient  bien  être  du  carbure  d'hydrogène. 

11  y  a  lieu  de  remarquer,  au  sujet  de  minéraux  comme  la 
topaze,  que  souvent,  lorsqu'ils  ne  sont  pas  visibles  à  l'œil  nu,  ils 
le  sont  au  microscope.  C'est  ainsi  que  la  topaze  microscopique 
est  très  abondante  dans  la  granulite  à  filons  d'étain  de  Montebras. 

Au  point  de  vue  industriel^  les  mines  de  la  Villeder,  qui 
paraissent  avoir  été,  comme  les  gisements  du  centre  de  la  France 
dont  nous  parlerons  plus  loin,  exploitées  dans  une  antiquité  très 
reculée,  dès  la  première  époque  du  bronze,  ont  été  repris  en 
1856,  date  de  l'institution  de  la  concession.  Les  premiers  travaux, 
faits  à  ciel  ouvert,  donnèrent  de  mauvais  résultats  et  furent  inter- 
rompus en  1863.  Â  partir  de  1880,  l'exploitation  a  été  organisée 
sérieusement  et  en  profondeur  ;  mais  on  constata  d*abord  que  les 
parties  superficielles  du  filon  avaient  été  enlevées  par  les  anciens  ; 
puis,  en  profondeur,  on  se  heurta,  à  une  profondeur  de  113  mètres, 
à  une  région  stérile.  Des  circonstances  extérieures  forcèrent  à 
mettre  la  mine  en  liquidation  en  1886. 

Un  tableau  ci-joint  donne  quelques  résultats  de  l'exploitation  : 

•  Voir  noire  travail  sur  la  Formation  des  gtles  métallifèret,  (Encyclopédie  Léaulé, 
1893.) 


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ÉTAIN   DE  LA  YILLEDER   (mORBIHAn) 


141 


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142  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


Bibliographie. 

i834.  Blavibr  et  Loriêux.  —  {Ann,  d.  M,,  3«  série,  t.  VI,  p.  381.) 

1834.  AuDiBRRT.  —  Sur  un  gisement  d'étain  à  Maupas  (Morbihan.)  (Ann,  d, 
Jf.,  4«,  t.  VI,  p.  181-186.) 

1844.  Blavier  et  Lorikux.  —  {Ann.d.  M.,  4«,  t.  VII,  p.  181.) 

1851.  DuROCHER.  —  (C.  R.,t.  XXXII,  p.  902.) 

1838.  Renocf. 

1860.  Simonin.  —  Mines  d*étain  de  la  Villeder.  {B.  S.  G.,  2<'  série,  t.  XXIIl, 
p.  37.) 

1874.  LiMOR.  —  Catal.  raisonné  des  minéraux  du  Morbihan  (Vannes). 

1882.  LiMUR.  —  Les  mines  d'étain  de  la  Villeder.  (Bull.  Soc.  hist.  nal.  de 
Toulouse.) 

*  1883-84.  LoDiN.  —  Noie  sur  la  constitution  des  gites  stannifères  de  la  Vil- 
leder (Morbihan).  (B.  S.  G.,  3«  série,  t.  XII,  p.  645.) 

*  1887.  Daubrée.  —Eaux  souterraines,  p.  148. 

1887.  Baudot.  —  Les  mines  d'étain  de  la  Villeder  (Morbihan).  {Bull.  Soc. 
Ind.  min.  de  Saint-Etienne ^  3*  série,  t.  I,  p.  151.  Saint-Etienne,  1987.) 


ÉTAIN  DU  PLATEAU  CENTRAL* 

{Vaulrt/j  Cieuxj  MontebraSj  etc.) 

Le  plateau  central  français  contient  un  certain  nombre  de 
gisements  d'étain  intéressants,  dont  un  seul,  celui  de  Montebras, 
est  repris  de  temps  à  autre  et  vient  encore  de  Têtre  en  1891. 
Ces  gisements,  comme  ceux  de  Saxe,  se  trouvent  tous  au  voisi- 
nage de  granulite  éruptive,  recoupant  à  la  fois  les  gneiss  et  un 
granité  pinitifère  à  très  rares  paillettes  de  mica  blanc,  qui  parait 
plus  ancien  que  la  granulite*.  Sur  le  flanc  Nord  de  la  chaîne  de 
Blond,  se  trouve  Vaulry  ;  sur  le  flanc  Sud,  Cieux  ;  sur  une  autre 
chaîné,  Montebras. 

A  Vaulry,  il  existe,  dans  la  granulite,  des  veines  quartzeuses 
très  multipliées,  arrivant  à  former  un  véritable  stockwerk  et  qui, 
par  un  phénomène  très  général,  comme  nous  l'avons  vu,  se  pro- 
longent dans  les  gneiss  voisins.  La  direction  est  10**.  Les  veines 
de  quartz  contiennent,  près  des  épontes,  de  la  cassitérite.  La  gra- 

•  Col!.  École  det  Minet,  1805. 


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ÉTAIlf   DU   PLATEAU   CENTRAL  143 

nulite,  auToisioage,  a  subi  le  même  genre  d'altération  qu*à  AUen- 
bei^;  le  feldspath  est  dispara  et  il  est  resté  une  hyalomicte, 
semblable  au  zwitter  saxon,  formée  de  cristaux  de  quartz  et  de 
mica  et  contenant  de  la  cassitérite. 

On  a  trouvé  à  Vaulry  :  wolfram;  mispickel;  cuivre  natif  très 
rare;  fluorine  dans  quelques  Glons  riches  en  fer  arsenical  et 
accompagnée  d*urane  phosphaté  ;  molybdène  sulfuré  ;  chaux 
phosphatée  très  rare  ;  traces  d*or. 

A  CieuXy  il  existe,  à  la  limite  de  la  granulite  et  du  granité,  un 
filon  de  quartz  atteignant  près  d*un  mètre  avec  druses  de  quartz 
cristallisé  au  centre.  L*étàin,  peu  abondant,  se  trouve  surtout  au 
contact  des  épontes  ;  les  minéraux  sont  les  mêmes,  maïs  il  s*y 
joint  de  la  tourmaline.  La  direction  est  N.40^E.,  c'est-à-dire 
parallèle  à  la  direction  générale  des  filons  de  granulite. 

En  relation  avec  ces  gisements,  on  trouve,  dans  presque  toutes 
les  vallées  qui  descendent  de  la  chaîne  de  Blond,  des  alluvions 
stannifères. 

Le  gisement  de  Montebras  (Creuse)*  a  été  découvert,  en  1839, 
par  M.  Mallard,  exploité  de  1863  à  1877  et  repris  de  1891  à  1892. 

Il  existe,  en  ce  point,  un  massif  isolé  de  granulite  stannifère, 
entouré  par  du  granité  pinitifëre  à  rares  paillettes  de  mica  blanc 
et  en  contact  avec  une  granulite  porphyroïde  assez  spéciale,  à 
quartz  bipyramidés  bien  nettement  isolés  dans  une  pâle  rose, 
qu'on  a  souvent  désignée  sous  le  nom  de  porphyre. 

Ce  petit  massif  de  granulite  stannifère  a  300  mètres  de  long 
sur  40  de  large.  Il  contient,  en  moyenne,  4  à  5  millièmes  d^élain 
tellement  ténu  qu'il  flotte  au  lavage.  A  son  toit  et  à  son  mur,  il 
s'est  produit  une  certaine  concentration  de  la  cassitérite,  particuliè- 
rement au  toit  où  Tétain  est  accompagné  de  parties  verdàlres. 

En  outre  de  cet  étain  disséminé,  il  existe  d^assez  nombreux 
filons  recoupant,  soit  le  granité,  soit  la  granulite  porphyroïde,  en 
bien  des  points  au  contact  de  cette  dernière;  enfln  celle-ci  est, 
de  plus,  traversée  par  des  failles,  souvent  tapissées  d*un  enduit 
de  phosphate  d'urane  et  suivies  par  une  roche  elvanique  jaunâtre. 
Dans  la  granulite  porphyroïde,   on  connaît  4  filons  ; .  on  en  a 

*  Notes  de  voyage  inédites  de  Tauteur  (1889-1892).  Voir,  sur  Montebras  et  les 
Colettes,  t.  I",  p.  461  (litliiuro)  et  p.  618  (kaolin). 


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144  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

trouvé  jusqu'à  40  dans  le  granité.  Leurs  directions,  qu'on  avait 
essayé  de  grouper  théoriquement,  sont  très  diverses. 

Comme  remplissage,  ces  filons  se  composent,  tantôt  de  greisen 
vert  avec  apatite  bleue  et  cassitérite,  tantôt  d'une  sorte  de  peg- 
matite  stannifère  sans  mica.  Le  quartz  de  ces  veines,  même 
lorsqu'il  a  l'air  le  plus  pur,  contient  toujours  assez  d'étain  pour 
être  rendu  impropre  à  la  verrerie. 

On  a  trouvé,  à  Montebras,  un  assez  grand  nombre  de  minerais 
associés  à  la  cassitérite  :  en  particulier,  l'amblygonite  ^  et  la 
montebrasite,  aujourd'hui  exploitées  pour  litbine,  la  wawellite, 
la  turquoise,  etc.,  l'urane,  l'apatite,  et,  paralt-il,  autrefois,  quel- 
ques mouches  de  cuivre. 

Au  contact  des  filons  d'étain,  la  granulite  est  transformée  en 
kaolin  qu'on  utilise. 

Aux  Colettes  (Allier),  nous  avons  vu*  également  que  le  gise- 
ment de  kaolin  exploité  contient  des  traces  d'étain. 

On  peut  encore  rapprocher  de  ces  gisements  d'étain  les  car- 
rières de  Chanteloube  et  de  Saint-Léonard,  en  Limousin. 

A  Chanteloube^  sur  la  route  de  Limoges  à  Paris,  entre  Rozès  et 
Benine,  existent  des  carrières  fameuses  où  l'on  exploite^  pour 
émail  de  porcelaine,  le  feldspath  d'un  filon  de  pegmatite,  situé  en 
veine  dans  la  granulite. 

Ces  carrières,  où  les  minéraux  atteignent  des  dimensions  con- 
sidérables, sont  remarquables  par  la  présence  d'un  certain  nombre 
de  minéraux  rares,  en  particulier  Témeraude,  le  malakon  (hydro- 
silicate  de  zircone),  le  mispickel,  le  wolfram,  la  colombite,  la  cas- 
sitérite, l'apatite,  l'urane,  etc. 

Là,  la  présence  de  la  cassitérite  semble  directement  liée  à  celle 
de  la  pegmatite. 

Saint-Léonard  est  un  gisement  de  wolfram,  consistant  en  un 
filon  quartzeux  assez  irrégulier  de  direction  N.-E.,  où  l'on  trouve 
du  bismuth  natif,  du  scheelin  calcaire  et  de  l'étain  oxydé. 

M.  Mallard  a  insisté  sur  la  présence,  en  tous  ces  points,  d'an- 

*  L'amblygonite  sert  pour  obtenir  certaines  couleurs  vitrifiables  brillantes,  en  parti- 
culier le  jaune  et  le  rubis.  Ou  en  utilise  également  un  peu  pour  fabriquer  du  carbonate 
de  litbine. 

»  Tome  I,  page  618. 


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ÉTAIN  DE  GALICE  ET  DE  ZAMORA  145 

cieDnes  fouilles  qui  paraissent  avoir  eu  pour  but  de  rechercher 
non  seulement  Fétain,  mais  surtout  For. 


Bibliographie. 

1813.  Cressac.  —  {Journal  des  mines  de  juin  1813,  n®  198)  ;  sur  Vaulry. 

1815.  Uber  das  Vorkommen  yod  Zinn  am  Puy  les  Vignes  und  im  Gebirge 
von  Blond.  (Jahrb.  f.  Min.j  p.  560.) 

Manès.  —  Descript.  géol.  et  indust.  de  la  Haute- Vienne. 

1828.  DuFRÉNOY.  —  Sur  les  filons  d'étain  de  Vaulry.  {Ann.  d.  Jf.,  2«,  III, 
p.  65.) 

*  1859.  Mallabo.  —  Sur  la  découverte  de  Tétainà  Montebras.  {BulL  Soc,  Se. 
ncU.  de  la  Creuse.) 

*  1865.  Mallard.  —  Gîtes  stannifères  du  Limousin  et  de  la  Marche.  (Ann.  d. 
M.,  6*,  t.  X,  p.  321.) 

1869.  Dadbréb.  —  Sur  le  kaolin  stannifëre  de  la  Lizole  et  d'Echassières.  (G. 
R.,  10  mai  1869.) 
1871.  DE  Gbssac.  —  Sur  Thomme  préhistorique  dans  la  Creuse  (Caen). 
1874.  DE  GouvENAiN.  —  Sur  l'étain  d'Echassières.  (C.R.,  t.  LXXIV,  p.  1032.) 

1889-1892.  DE  Launat.  —  Feuille  de  Montluçon  au  .  —  La  vallée  du 

oUjvOO 

Cher  dans  la  région  de  Montluçon.  (B.  Carte  géol.)  —  Le  kaolin  des  Golettes. 
[B.  S.  G.,  1889.)  —  Notes  de  voyage  inédites  à  Monlebras,  etc. 


ÉTAIN  DE  GALICE  ET  DE  ZAMORA' 

On  exploite,  depuis  peu  d'années,  en  Galice,  à  FEsl  d'Orense  et 
autour  de  Viana  del  BoUo,  des  gttes  d'étain  assez  pauvres  mais 
intéressants  comme  allure,  qui  se  rapprochent  du  type  saxon. 

Des  massifs  de  granulite  ont  exercé,  dans  cette  région,  un  méta- 
morphisme prononcé  sur  des  gneiss  et  schistes  siluriens.  Sur  la 
périphérie  de  ces  massifs  de  granulite,  on  voit  s'en  détacher  des 
veines  granulitiques  qui  s'injectent  dans  les  schistes  en  les  recou- 
pant plus  ou  moins.  On  peut  observer  facilement  l'une  de  ces 
veines  presque  horizontales  de  8  à  10  mètres  de  haut,  dans  l'exploi- 
tation de  San  Minuel.  Recoupée  par  quelques  petits  rejets  bien 
nets,  elle  va  en  s'amincissant  à  mesure  qu'elle  s'éloigne  de  la  gra- 

i  Renseignements  dus  à  M.  Baladin.  Coll.  École  des  Mines,  1944  à  1946.  — -  Pline 
(XXXIV)  mentionne  déjà  les  alluvions  stannifères  de  Galice  et  de  Lusitanie. 

Voir  aussi  :  1876.  Manuel  Garcia  :  Nota  acerca  de  algunos  ûl.  estanir.  de  la  prov. 
de  Salamanca.  (Bol.  eom.  Map.  Espana,  3,  91.) 

1880.  De  Maestre  :  proT.  de  Salamanca.  (Mem.  com.  Map.  geol.,  215.)  —  Cf. 
d^Âchiardi,  p.  541. 

GÉOLOGIE.   —  T.   n.  10 


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146  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

nulite,  devient  presque  uniquement  quartzeuse  et  finit  par  se  perdre. 
Cette  veine  de  granulite  est  recoupée,  dans  sa  longueur,  par  une 
série  de  fissures  de  retrait,  plus  ou  moins  irréguliëres,  remplies 
par  une  exsudation  de  quartz  stérile  et,  sur  les  épontes  de  ces 
veines  de  quartz,  près  de  leur  rencontre  avec  les  schistes,  ainsi  que  le 
long  du  contact  des  schistes  et  de  la  granulite,  l'étain  a  cristallisé, 
souvent  dans  une  gangue  de  feldspath  à  gros  éléments.  Les  gale- 
ries de  mines  s'enfoncent  donc  en  suivant  ces  veines  à  épontes  de 
cassitérite  et  même  de  quartz  stérile.  Dans  une  autre  exploitation 
où  les  gneiss  sont  très  redressés,  on  a  affaire  à  un  filon  de  granu- 
lite kaolinisée  bordé  par  une  petite  zone  de  mica  et  feldspath  et, 
entre  la  granulite  et  le  gneiss,  existe  un  filon  de  quartz  stannifère 
qui  lance  des  ramifications  dans  la  granulite. 

La  granulite  en  massif  contient,  elle-même,  comme  à  Monte- 
bras,  une  certaine  proportion,  très  faible,  d'étain. 

Il  est  bien  visible  là,  comme  dans  tous  les  autres  gîtes  stanni- 
fères,  que  la  granulite  a  été  la  roche  mère  de  Tétain,  et  que  celui- 
ci  s'est  concentré,  à  la  fin  de  sa  venue,  sur  sa  périphérie,  dans 
toutes  les  fissures  produites  par  la  montée  de  la  granulite,  soit  au 
milieu  des  schistes  encaissants,  soit  dans  les  retraits  de  cette  gra- 
nulite même,  et  y  a  cristallisé  avec  un  quartz  spécial. 

L'étain  de  Galice  est  accompagné  d'un  peu  de  mispickel,  de 
pyrite,  de  molybdène  sulfuré  et  de  wolfram. 

Au  Sud-Est,  en  Portugal,  on  exploite  à  Zamora  des  gîtes  com- 
parables : 

Etain  de  Zamora.  —  L'angle  N.-O.  du  Portugal  est  formé  d'un 
immense  plateau  de  granité  et  granulite  au  milieu  duquel  se 
trouvent  les  gîtes  de  Zamora. 

Les  gîtes  sont  remarquables  par  la  multiplicité  des  veines  très 
ténues  et  individuellement  peu  développées.  Nulle  part  mieux  que 
là,  on  ne  voit  la  relation  intime  entre  le  mica  et  l'oxyde  d'étain. 
La  cassitérite  est  entourée  de  véritables  houppes  de  mica  blanc. 

Dans  le  reste  de  la  péninsule  espagnole,  également,  on  a  exploité 
autrefois  de  l'étain  dans  les  mines  de  San  Isidoro  et  Marinera, 
près  Carthagène^  et  dans  celles  de  Terrubias,  Santo  Tome  de 
Rozados,  etc.,  province  de  Salamanque. 


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ÉTAIN    DBS   ETATS-UNIS  147 


ÉTAIN  DES  ÉTATS-UNIS,  etc.' 

Les  Etats-Unis,  si  riches  en  produits  métallifëres  de  toutes 
natures,  sont  très  pauvres  en  étain  ;  cela  peut  tenir  à  ce  que  les 
métaux  y  sont  généralement  associés  à  des  roches  tertiaires  et 
que  rétain,  quoique  représenté  en  divers  endroits  dans  la  série 
tertiaire,  y  est  certainement  beaucoup  moins  abondant  que  dans 
la  série  ancienne. 

Dans  les  Black  Hills  du  Dakota,  des  recherches  actives  ont  été 
faites  depuis  1886  à  Nigger  Hill  (Laurence  county)  ;  Hamey  Peak 
(Pennington  county)  et  Warrens  Gulch  (Custer  county).  L*étain 
s'y  trouve,  parait-il,  dans  des  greisen,  associés  avec  des  roches 
qualifiées  de  porphyres,  au  milieu  de  terrains  anciens.  On  parle 
d'une  teneur  de  3  p.  100.  Des  alluvions  aurifères  et  stannifères 
accompagnent  le  gisement  du  comté  de  Laurence.  Celui  de  Pen- 
nington se  trouve  dans  un  greisen  à  albite  ;  dans  le  district  de 
Bismarck,  il  est  dans  un  quartz. 

En  Californie^  la  mine  de  Temescal  a  pris  un  certain  dévelop- 
pement depuis  1890. 

La  production  dqs  États-Unis  a  été  :  en  1889,  de  22  000  tonnes 
de  minerais  pour  le  Sud  du  Dakota,  de  5  000  pour  la  Californie, 
1  000  pour  la  Virginie. 

  Durango,  au  Mexique^  Tétain  est  associé  à  la  topaze  et  à  un 
arsénio-fluorure,  dit  Durangite. 

En  Chine,  on  trouve  cassitérite  et  wolfram  avec  mica  blanc 
dans  les  célèbres  mines  de  topazes  et  d'émeraudes  d'Adun  Tschelon, 
sur  la  frontière  sibérienne.  Le  Sud  de  la  Chine,  vers  la  fron- 
tière tonkinoise,  parait,  en  outre,  renfermer  d'importants  gise- 
ments d'étain,  encore  mal  connus. 

*  Cf.  1843.  Jackson.  Filons  d'étain  du  New  Uampshire.  (Rep,  of  amer,  geoL,  1843, 
p.  346.) 

1867.  Le  minerai  d'étain  dans  TÂroérique  du  Nord.  {Bull.  Ann.  d,  J/.,  6% 
t.  XVIII,  p.  572.) 

1879.  Raymond.  —Sur  Vétain  du  Missouri  Sud.  {Engin,  and.  min.  /.,  t.  XXVIII, 
P-  240.) 

1886-1890.  —  Minerai  resources  of  the  United  States. 


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148  GÉOLOGIE    APPLIQUÉB 


ÉTAIN  FILONIEN  DE  MALACCA 

Nous  aurons  à  décrire  plus  loin,  en  détail,  les  alluvions  stanni- 
fères  de  la  presqu'île  de  Malacca.  Il  est  intéressant  de  faire  con- 
naître, dès  à  présent,  les  liions  dont  elles  dérivent. 

Le  premier  gisement  d'étain  en  filon*,  découvert  dans  la  pres- 
qu'île de  Malacca,  Ta  été  en  1889,  au  lieu  dit  Mahlembû,  état  de 
Pérak,  district  de  Krlsta.  En  1890,  on  a  découvert  les  filons  de 
Guntang,  Kekak,  Kliang-Barû,  Petai-Chabang-Pernibilan ,  et 
Cleydang. 

Le  premier  a  été  reconnu  par  MM.  Taylor,  ingénieurs  anglais, 
directeurs  de  Compagnies  françaises  qui  exploitent  des  alluvions 
stannifëres  dans  cette  région.  Tous  les  autres  ont  été  explorés 
par  M.  Charles  Trelvar,  autre  ingénieur  anglais,  au  service  d'une 
de  ces  Compagnies  françaises  (Compagnie  des  mines  de  Malacca). 

Ces  filons,  sauf  celui  de  Pétai,  affleurent  dans  le  calcaire  ancien, 
probablement  carbonifère,  qui  repose  directement  sur  la  granulite. 
Celui  de  Pétai  affleure  dans  la  granulite  même.  Ils  sont  groupés 
dans  une  zone  de  quelques  kilomètres  (une  douzaine)  du  Sud  au 
Nord. 

Us  présentent  les  mêmes  caractères  dans  le  calcaire  et  dans  la 
granulite,  et  leur  ressemblance  avec  les  filons  du  Cornwall  est  frap- 
pante. L'étain  y  est  à  l'état  d'oxyde,  soit  en  cristaux  assez  gros 
(jusqu'à  la  grosseur  d'une  fève),  soit,  le  plus  souvent,  très  fine- 
ment disséminé  dans  une  gangue  de  quartz,  pyrite  de  fer  et  mis- 
pickel.  Ces  pyrites  sont  décomposées  et  oxydées  à  la  surface.  La 
pyrite  cuivreuse  est  assez  fréquente,  mais,  jusqu'à  présent,  ne 
paraît  pas  abondante  (1  à  2  p.  100).  Habituellement,  l'oxyde 
d'étain  est  si  fin  et  si  intimement  mélangé  aux  pyrites  qu'il  faut 
griller,  puis  laver  ces  minerais  sulfureux  pour  le  reconnaître. 

Les  affleurements  dans  le  calcaire  sont,  à  la  surface,  tant 
soit  peu  irréguliers,  quoique  nettement  définis  dans  leur  ensemble, 
et  forment  de  nombreuses  branches.  Us  gagnent  de  la  précision 

'  Note  communiquée  par  M.  Burthe,  ingénieur  civil  des  mines. 


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ÉTAIN    TERTIAIRE  i49 

ea  profondeur.  Le  filon  de  Pétai,  dans  la  granulite,  est  beaucoup 
plus  régulier.  On  Ta  suivi  déjà  sur  80  mètres  de  longueur  sans 
interruption. 

L'orientation  est  tantôt  de  45**  à  l'Ouest  et  tantôt  de  45«  à  TEst 
du  Nord  magnétique.  La  première  direction  est  à  peu  près  paral- 
lèle à  celle  de  la  chaîne  granulitiqne,  sur  le  versant  oriental  de 
laquelle  gisent  les  filons. 

Ces  filons  sont  puissants  et  riches,  beaucoup  plus  riches  que 
les  alluvions.  Leur  épaisseur  varie  de  1  mètre  à  1"*,80.  Dans  un 
puits  foncé  sur  le  fîlon  de  Mahlembû,  le  rendement  en  minerai  ' 
lavé  a  été  de  300  kilogrammes  par  mètre  carré  de  filon.  Cette 
mine  a  expédié  en  Europe  plusieurs  centaines  de  tonnes  de  mine- 
rai brut  qui  ont  rendu  à  Fessai  10  p.  100  d'étain.  Dans  le  filon 
de  Pétai,  on  a  trouvé  des  blocs  d'oxyde  d'étain  presque  pur, 
dont  le  poids  dépassait  100  kilogrammes.  On  a  enlevé,  à  ciel 
ouvert,  une  tranche  de  ce  fîlon,  mesurant  2  mètres  de  hauteur 
sur  35  mètres  de  longueur,  qui  tenait  plus  de  16  p.  100  de  métal. 
Il  faut  dire  que  ce  fîlon  est  le  plus  riche  de  ceux  qu'on  a  trouvés 
jusqu'à  ce  jour. 

Il  est  curieux  que  ces  filons  soient  restés  si  longtemps  mécon- 
nus. On  est  parvenu  à  les  découvrir  en  partant  de  cette  idée,  sug- 
gérée par  Taspect  des  minerais  d'ail uvions,  que  ces  minerais 
n'avaient  pas  été  roulés  très  loin  de  leur  gisement  primitif,  et 
qu'ils  provenaient  peut-être  de  crêtes  de  filons  remaniés  sur 
place  par  les  eaux.  Généralement  les  exploitations  d'alluvions 
de  Pérak  s'arrêtent  en  profondeur  à  une  couche  d'argile  blanche, 
dure,  tenace,  assez  pauvre  et  très  difficile  à  laver.  On  a  traversé 
cette  couche  pour  atteindre  la  roche  sous-jacente  en  place  et  c'est 
là  qu'on  a  vu  les  filons. 


ÉTAIN  TERTIAIRE 

(toscane,   ILE  d'eLBE,    BOLIVIE,  ETC.) 

Nous  avons  insisté  sur  le  rapprochement  entre  l'étain  et  la  gra- 
nulite dans  la  série  ancienne.  Ce  rapprochement  se  retrouve  avec 


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150  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

les  éruptions  granulitiques  de  la  série  tertiaire,  quoique  Tétain  y 
soit  beaucoup  plus  rare. 

En  Toscane,  près  de  Campiglia  Maritima^,  à  Cento  Camerelle,  il 
existe  un  filon  d'étain  qui  perce  le  terrain  jurassique  sous  forme 
d'une  veine  verticale  de  0™,20.  Dans  le  gisement,  Toxyde  de  fer 
domine,  et  c'est  en  voulant  exploiter  ce  minerai  qu'on  découvrit, 
en  1871,  un  certain  nombre  de  boules  de  cassitérite. 

Au  voisinage,  Blanchard,  partant  de  cette  idée  que  des  restes 
d'excavations  antiques  avaient  dû  avoir  pour  but  la  recherche  de 
l'étain,  trouva  également  de  la  cassitérite  (presque  méconnais- 
sable et  semblable  à  une  ocre  rouge)  à  Monte  Valerio,  à  la  Cavina, 
€tc.  De  1876  à  1880,  134  tonnes  de  minerai  d'étain  furent  extraites 
de  la  région. 

De  même,  dans  Vile  d'Elbe,  des  échantillons  de  cassitérite  ont 
été  trouvés  en  relation  avec  les  granulites  tertiaires,  et  M.  Daubrée 
a  reconnu  que  cette  granulite  stannifère  récente  renfermait  de  la 
tourmaline,  du  mica  lépidolithe  et  de  l'émeraude. 

En  Amérique,  Tétain  entre  dans  le  remplissage  des  gîtes  si 
complexes  du  serro  de  San-Luis-de-Poiosi.  Il  semble  également 
falloir  rapporter  à  une  venue  récente  les  gisements  d'un  type 
très  spécial  qu'on  exploite  aujourd'hui  en  Bolivie  et  dont  la  pro- 
duction atteint  1  000  tonnes  de  métal  par  an. 

L'étain  de  Bolivie,  généralement  associé  avec  du  bismuth,  souvent 
avec  de  l'or,  provient  des  mines  de  Chorulque,  Oruro,  Tazna,  etc.  ^ 
Ces  mines  sont  presqu'au  sommet  des  Andes  :  Chorulque  à 
^  603  mètres,  Tazna  à  5  105  mètres.  Les  échantillons  de  Chorulque 
sont  formés  d'une  masse  d'oxyde  d'étain  brun  clair  à  grain  fin 
avec  pyrite. 

Il  existe,  paraît-il,  des  bancs  stannifères  presque  horizontaux 
ayant  jusqu'à  1°*,S0  de  puissance. 

A  Tazna,  l'étain  est  en  petites  quantités  [dans  des  filons  riches 
en  sulfures  de  bismuth  qui  traversent  des  schistes,  grauwackes, 
etc.. 

*  Coll.  École  des  Mines,  1629. 

*  Nous  y  reviendrons,  page  165,  au  chapitre  du  Bismuth, 


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ÉTAIN  DKS  DÉTROITS  151 

Bibliographie, 

1876.  F.  Blanchard.  —  Sulla  scoperta  délia  casitéritea  Campiglia  Marittima 
{BolL  del  H.  Com.  geoL  cTUalia^  t.  VII,  p.  52.  Rome,  et  Proc,  Verb.  ac.  Lincei, 
6  fév.  1876.) 

*  1878.  Blanchard.  —  Sulle  minière  di  stagno  in  Campiglia,  (Atti  délia  R, 
Aceademia  dei  Lincei,  3«  série,  Trausunli,  t.  II,  n^  6  et  7.  Rome,  1878.) 
Gharlon.  Ann.d.  Jf.,  7»  série,  t.  IX,  p.  119. 

1880.  V.  Rath.  —  Vortr.  u.  Mitth.  Bonn  (sur  la  Bolivie). 
1882.  Lapparent.  —  P.  1177. 

1881.  D'AcHiARDi.  —  II,  p.  529  et  551. 


ALLUVIONS  STANNIFERES 

Les  alIuvioDs  stannifëres,  dont  il  nous  reste  à  parler,  sont,  de 
beaucoup,  la  source  la  plus  importante  de  Tétain  ;  car  c'est  sous 
cette  forme  qu'on  exploite  Tétain  des  Détroits,  d'Australie,  de  la 
Chine,  etc.  L'étain,  provenant  de  granulites,  greisens  ou  filons  stan- 
nifëres, s'est  concentré,  par  suite  de  sa  densité  beaucoup  plus  forte 
que  celle  du  quartz  et  du  feldspath,  en  couches  de  forme  lenticu- 
laire, plus  ou  moins  étendues,  au  milieu  desalluvions.  Rarement,  il 
a  été  emporté  bien  loin  ;  quelquefois  même,  comme  nous  l'avons 
vu  plus  haut,  il  est  resté  presque  sur  l'affleurement  des  filons  ; 
cependant  ce  n'est  pas  en  général  au  pied  des  montagnes  granu- 
litiques  qu'on  trouve  les  beaux  gîtes  d'étain  :  là  les  cristaux  de 
cassitérite  sont  gros,  mais  ils  sont  peu  abondants  et  irrégulière- 
ment disséminés  dans  les  graviers.  Un  peu  plus  loin,  au  con- 
traire, généralement  à  1  kilomètre  à  peu  près  des  montagnes, 
les  sables  stannifères  plus  fins  atteignent  une  régularité  et  une 
constance  propices  à  l'exploitation. 

GITES  DES  DÉTROITS 

(bangka,  billiton,  pérak,  etc.*) 

Dans  les  îles  de  la  Sonde  et  la  presqu'île  de  Malacca,  l'étain 
est  particulièrement  abondant;  on  le  trouve,  du  Nord  au  Sud,  à 

'  Coll.  École  dcM  Mina,  1520  et  1947. 


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i52  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Pérak  et  Malacca  ;  puis,  dans  les  deux  petites  lies  de  Bangka  et 
de  Billiton,  entre  Sumatra  et  Bornéo;  à  Bornéo  même;  à  Bata- 
via, etc. 

Bangka.  —  L'exploitation  de  Bangkay  qui  est  la  plus  impor- 
tante, date  de  1710;  la  couche  stannifère,  de  1  mètre  d'épaisseur, 
repose  directement  sur  le  fond  de  roches  anciennes,  granité, 
granulite  et  schistes  métamorphiques  et  est  recouverte  par  des 
sables  et  des  argiles. 

L'étain  est  particulièrement  pur  : 

étain.  Fer.  Plomb.  Cairre. 

99,961  0,019  0,014  0,006 

Comme  origine  de  cet  étain  d'alluvion,  M.  de  Givot  a  découvert, 
en  1852,  3  filons  d'étain  où  le  minerai  est  disséminé  dans  un  elvan. 
En  18S4,  M.  Akkeringe  a  retrouvé,  au  voisinage,  un  filon  d'étain 
avec  tourmaline. 

Billiton.  —  A  Billiton^  les  minerais  d'étain  sont  exploités  depuis 
1852.  Pendant  dix  ans,  la  Compagnie,  qui  s'était  formée  pour  leur 
mise  en  valeur,  fit  d^assez  mauvaises  affaires  jusqu'au  moment 
où  elle  fut  secourue  par  le  frère  du  roi  de  Hollande,  Guillaume  IIL 
La  production,  qui  était  à  peine  de  40  tonnes  en  1853,  passa 
rapidement  à  près  de  4  000  ;  et,  depuis  Forigine  jusqu'à  1891,  les 
bénéfices  réalisés  ont  dépassé  vingt  fois  la  valeur  du  capital 
engagé. 

La  concession,  accordée  en  1852,  expire  en  1892  et  son  renou- 
vellement a  donné  lieu  à  de  très  vives  discussions  politiques. 

Pérak.  —  Les  exploitations  de  Pérak  (Péninsule  de  Malacca), 
depuis  moins  longtemps  connues  que  les  précédents,  ont  été 
l'objet  d'un  rapport  intéressant  de  M.  Errington  de  la  Croix  qui 
nous  permettra  d'y  insister  davantage. 

Le  royaume  de  Pérak  occupe,  sur  la  côte  occidentale  de  la 
presqu'île  de  Malacca,  un  peu  au-dessous  de  Poulo-Pinang,  une 
région  comprise  entre  S^'S'  et  5M0'  de  latitude  Nord,  par  99*"  de 
longitude  Est. 

Trois  chaînes  de  montagnes  (de  1  000  à  2  500  mètres),  parallèles 


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ÉTAIN   DES   DÉTROITS  153 

à  la  mer,  traversent  le  pays  et  dominent  trois  longues  plaines  arro- 
sées par  de  nombreux  cours  d*eau  dont  le  plus  important  est  le 
Soungi  Pérak  (250  kilomètres),  navigable  pour  les  sampans  malais, 
abordable  seulement  jusqu'à  Dourian-Sabatang  pour  des  navires 
de  600  tonneaux. 

La  géologie  de  la  région  est,  en  général,  peu  connue.  Son  ossa- 
ture se  résume  en  très  peu  de  termes  : 

La  granulite  (peu  de  mica,  tourmaline  abondante),  bien  cristal" 
Usée  dans  la  région  basse  et  passant  à  l'état  porphyroïde  dans  la 
montagne,  forme  presque  tout  le  sol  ou  le  sous-sol.  Elle  supporte 
de  rares  Ilots  de  grès  et  de  calcaire  marbre  (analogues,  comme 
aspect,  au  calcaire  du  Tonkin).  La  masse  de  granulite  est  tra- 
versée par  de  très  nombreux  filons  très  ramifiés  de  quartz  stan- 
nifère  et  quelquefois  aurifère. 

On  trouve  aussi  de  rares  affleurements  de  schistes  chloriteux  et 
talcschistes. 

Les  terrains  de  transport  contiennent,  comme  nous  l'avons  dit, 
les  véritables  gttes  d'étain,  les  filons  n'ayant  été  que  récemment 
travaillés. 

Dans  la  plaine,  le  dépôt  stannifère  offre  une  assez  grande  régu- 
larité d'allure,  mais  non  de  richesse.  On  trouve,  sous  une  couche 
d'épaisseur  variable  (3  mètres)  de  terre  végétale  et  d'alluvions 
pauvres  (argile,  sable,  gravier),  une  couche  stannifère  de 
2  à  3  mètres  d'épaisseur,  reposant  sur  un  sous-sol  kaolineux 
d'épaisseur  variable.  Ce  dernier  est  supporté  par  les  roches  en 
place  (District  de  Larout). 

Quelquefois  (Djebong),  toute  l'épaisseur  du  terrain  d'alluvions 
est  stannifère,  mais  alors  ce  dépôt  est  très  pauvre. 

A  Pérak,  la  couche  stannifère  est  à  7°,5S  de  la  surface  du  sol; 
elle  a  2™,2S  et  contient  beaucoup  de  quartz  blanc. 

Le  maximum  de  richesse  des  alluvions  de  plaine  ne  se  trouve 
guère,  suivant  une  remarque  générale  précédemment  faite,  qu'à 
un  kilomètre  des  montagnes.  Près  de  celles-ci ,  on  rencontre 
des  grains  d'étain  plus  gros,  mais  les  gîtes  sont  d'une  richesse 
moindre  et  moins  régulière. 

Les  plus  riches  gisements  sont  au  débouché,  dans  la  plaine,  des 
ravines  qui  sillonnent  la  montagne. 


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154  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Voici  les  teneurs  de  diverses  terres  : 

BUin 

Kong  Loon.  .   ♦ 0,93  p.  100. 

1,44     - 

Toualan  Lengo ]    1,B0     — 

(    5,46      - 

Les  points  les  plus  exploités  sont  :  au  Nord,  les  territoires  de 
Soungi-Kréan  et  Selama,  sur  la  frontière  de  Keddah,  la  région  de 
Larout,  les  deux  régions  du  Haut  et  du  Bas-Pérak  et  enfin  celle  de 
Soungi-SIim. 

La  teneur  dépasse  rarement  6  p.  100  et  se  tient  à  1  p.  100  dans 
toute  la  vallée  de  Lahat. 

Vexploitalio7iy  qui  se  fait  à  peu  près  partout  de  même  dans 
la  région  des  Détroits,  comprend  d'abord  un  débroussaillement 
exécuté  à  l'entreprise.  Souvent,  les  bûcherons  et  charbonniers  se 
contentent,  pour  salaire,  du  bois  coupé.  On  leur  verse  presque 
toujours  un  surplus  en  argent.  Le  coût  est  : 


Jungle  faible,    rheclare 30^  00 

-     forte,  —        51     10 

Forêt  vierge,  —        69    70 


Puis,  on  mène  une  tranchée  à  ciel  ouvert,  perpendiculaire  à  la 
longueur  de  Tamas  stannifère  reconnu,  ou  à  l'axe  de  la  vallée; 
on  rejette  les  stériles  par  derrière,  et  on  enlève  le  dépôt  stannifère 
jusqu'à  la  surface  du  sol  où  il  est  lavé. 

Le  prix  du  déblai  des  stériles,  enlevés  par  les  coolies,  peut  être 
estimé,  par  mètre  cube  monté  à  3  ou  4  mètres,  à  0,65  à  0,75. 

On  compte ,  comme  effet  utile ,  18  700  kilogrammètres  par 
homme  et  par  jour  (au  lieu  de  56  000  en  France). 

Avec  du  minerai  à  1  p.  100,  pris  à  6  mètres  de  la  surface,  les 
frais  à' extraction  (sans  lavage)  s'élèvent  à  547  fr.  30  par  tonne  de 
minerai  à  66  p.  100  de  produit,  auxquels  il  faut  ajouter  29  francs 
pour  l'épuisement,  28  pour  le  traitement  mécanique.  Le  mètre  cube 
de  terre  remuée,  dans  cette  exploitation,  coûte  5  fr.  75  ;  la  tonne 
de  métal  contenu  revient,  dans  ces  conditions,  à  918  francs. 


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ÉTAIN  DES   DÉTROITS  155 

La  maio-d'œuvre  est  surtout  fournie  par  la  race  chinoise,  les 
Malais  et  Hindous  travaillant  peu. 

Les  coolies  importés  coûtent  6  à  800  francs  de  transport  jusqu'à 
Pérak  ;  puis  1  200  francs  par  an  ;  les  coolies  libres,  engagés  dans 
le  pays,  coûtent  environ  ^  fr.  75  par  jour  et  ne  peuvent  travailler 
que  pendant  6  heures  et  demie. 

On  a  tout  avantage  à  employer  ces  derniers  avec  lesquels  on  a 
un  meilleur  travail  et  une  plus  grande  sécurité  contre  les  chances 
de  désertion,  de  maladie  ou  de  mort. 

Voici  un  exemple  de  prix  de  revient  : 

Par  tonoe  d*étain 

Abatage, extraction, épuisement.  Fr.  875,20 

Frais  spéciaux  S  Préparation  mécanique —  4S,40 

et  généraux     I  Traitement  métallurgique   ...   —  228,00 

Arûnage  à  Pinang —  4,60 

1  150,20     I  150,20 

^  /  Amortissement  du  capital  de  pre- 

^        .  .      mier  établissement —        10,60 

financier        ^  ...  ...  ^^'  . 

;  Divers,  extraction —        23,20 

33,80         33,80 

...  (  Transport  à  Pinang —        16,00 

^^®'''  (  Redevances  &  ITtat —     320,00 

336,00       336,00 

Total —  1520,00 

Pérak  a  produit,  en  1880,  8  000  tonnes  dont  4  500  de  Larout  et 
i  500  du  Bas-Pérak. 


Bibliographie. 

1865.  Van  Diest.  ~  Bangka  beschreven  in  Reistogen  (traduit  en  anglais  par 
le  Nbve  Foster).  Truro,  1887. 

1879.  E.  Reyer.  —  Banka  und  Bilitong.  (In-12,  16  p.  Vienne,  1879.  Oester. 
Zeits.  Berg.  und  HulL,  t.  XXVU.) 

1879.  P.  Dotle.  —  On  some  Tin-deposits  of  the  Malaccan  Peninsula,  {Q. 
J.  g.  Soc.  Lond.,  t.  XXXV,  p.  229,  London,  1879.) 

*  1882.  Errington  de  la  Croix.  —  Les  mines  d'étain  de  Pérak.  {Arch,  des 
missions,  3®  série,  t.  IX.) 

1883.  D*AcHiARDi,  t.  II,  p.  546. 


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1^  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

DE  Morgan.  —  Carte  de  la  vallée  de  Pérak  (Malacca). 

*  1886.  J.  DE  Morgan.  —  Note  sur  la  géologie  et  sur  Tindustrie  minière  du 
royaume  de  Pérak  et  des  pays  voisins  (Malacca).  (Ann»  d.  If.,  8®  série,  t.  IX, 
p.  368.  Paris,  1886.) 

Th.  Posewitz.  —  Die  Zinninseln  im  indischen  Oceane.  (Miltheilungen 
aus  dem  Jahrbuch  der  K,  ungar,  geol,  Anstalt,  t.  VIII,  p.  50.  Budapest.) 

St.  Meunier.  —    Examen  chimique   d*eau  minérale  provenant    de 
Malaisie;  minerai  d'étain  de  formation   actuelle.  (G.  R.,  t.  CX,  p.  1083.) 
Th.  Posewitz.  —  Géologie  yon  Banyka,  {ïîitheUungen  der  K.  ung,  geol. 
Anstalt.,  t.  VII,  p.  155.  Budapest. 

1888.  RoEUER.  —  Ueber  das  Zinnstein  Vorkommen  auf  Banca  und  BiUiton, 
{Jahresbencht  der  Schlesischen  Gesellschaft  fàr  Vaterlandischen  CuHur.f  t.  LXVI. 
Breslau,  1888.) 

*  1888.  Errington  de  la  Croix.  —  Les  mines  d*étain  de  Selangor  (presqu'île 
malaise)  et  les  concessions  d'Ayer  Itain. 


ALLUVIONS  STANNIFÈRES  DIVERSES 

(AUSTRALIE,    FRANCE,   ETC.) 

Nous  signalerons  quelques  autres  régions  où  Tétain  est  exploité 
en  alluvions,  en  insistant  surtout  sur  Torigine  présumée  de  cet 
étain  qui,  pour  les  géologues,  est  particulièrement  intéressante. 

Australie  *.  —  La  colonie  de  Victoria  renferme  des  gîtes  d'étain 
avec  quartz  et  greisen,  situés  dans  le  Sud  de  la  province  (comté 
de  Mornington),  dans  les  masses  de  granulite  à  grain  fin  de  Bee- 
chenorth  et  de  Bervick.  L'exploitation,  qui  porte  sur  des  allu- 
vions stannifères,  est  encore  restreinte. 

Dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud^  Tétain  est  associé  à  un  greisen 
avec  wolfram,  béryl,  topaze  et  tourmaline. 

L'étain  a  été  découvert,  en  1871,  au  N.-E.  de  la  rivière  Macintyre. 
A  travers  une  granulite  à  très  grands  cristaux  d'orthose,  existent  des 
veines  de  pegmatite  de  1",50  d'épaisseur  contenant  Tétain  et  passant 
parfois  à  une  roche  plus  chaînée  de  mica,  analogue  au  greisen.  Au 
voisinage  de  ces  veines  de  quartz,  la  granulite  est  traversée  par 
des  veines  d'une  granulite  formée,  pour  les  trois  quarts,  de  mica 
avec  peu  de  quartz,  qui  renferme  de  Tétain.  On  exploite  les  alluvions 

*  Voir  une  carte  au  chapitre  de  VOr, 


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r 


ALLUYIONS  STANNIFÉRES  DIVERSES  157 

provenant  de  ces  filons.  En  1876,  Textraction  a  été  de  8  000  tonnes 
de  minerai. 

Au  Queenslandf  la  cassilérile,  provenant  de  veines  de  quartz  dans 
une  granulite,  est  située  près  de  Ballandale  Head  station.  Elle 
est  surtout  accompagnée  de  mica  blanc. 

La  découverte  de  Tétain  remonte  à  1872.  Les  exploitations  se 
font  surtout  dans  les  alluvions,  le  long  de  la  rivière  Severn.  La 
quantité  d^étain  exploitée  a  été»  en  1878,  de  6  000  tonnes. 

Bibliographie. 

1871 .  Stephen.  {Geol.  soc,) 

LivBRDSiGE.  —  Etain  dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud. 
Ulrich.  —  On  some  récent  Tin  ore  dlscoveries  in  New  South-Wales. 
(O.J.  g.  Soc,  Lond,,  t.  XXIX,  p.  5.) 

Grbgort.  —  On  the  Discovery  of  lin  in  Queensland.  {Quarterly  joum. 
of  geol.  Soc,  Yo\.  XXIX,  h.  1.) 

Brocgh  Smith.  —  Gold  ûelds,  etc.,  of  Victoria. 
Report  of  the  départaient  of  mines  of  New  South- Wales. 
M883.  d'Achiardi,  t.  II,  p.  548. 

18S6.  Herbert  Gox.  —  Tin  deposits  of  New  SouthrWales.  (Journal  and  pro- 
eeedings  ofthe  royal  Society  of  New  South-Wales^  vol.  XX,  p.  93,  1886.) 
1884.  Groddeck. 

Zor  Kenntniss  der  Zinnerzlagerstatten  des  Mount  Bischoff  iu  Tasmanien. 
(ZeiUch.    der  D.  geol,  GeseUschafty  t.  XXXVUI,  p.  370.) 
1889.  Davies,  p.  187. 

France.  —  Nous  avons  dit,  en  passant,  un  mot  des  alluvions  du 
Comwall  ;  en  France,  il  existé  de  semblables  alluvions  sur  les 
côtes  de  Bretagne. 

kPiriaCj  Fétain  apparaît  dans  un  gneiss  kaolinisé  avec  zircon, 
spinelle,  tourmaline  et  émeraude. 

A  l'embouchure  de  la  Vilaine,  on  a  exploité  des  sables  stanni- 
feres  qui  se  rattachent  peut-être  à  ces  gisements. 


Bibliographie  générale  de  Fétain. 

*  1841.  DACBRéx.  —  Mém.  sur  le  gisement,  la  constit.  et  Torigine  des  mine- 
rais d'étain.  (Ann.  d.  M.,  3%  t.  XX,  p.  65  —  1849;  —  Ann.  d.  Jf.,  4«,  t.  XVI, 
p. 29;  —  Géol.  expérim.,  p.  29.) 


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158  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

1881.  DuFRÉNé.  Sur  Thisloire  de  la  production  et  du  commerce  de  Tétain. 
(Afin,  du  génie  civiL) 

1883.  d'Achiardi,  t.  Il,  p.  522  à  559. 

1884.  FocLLON.  —  Uber  die  Zinnerze.  (7.  d.  KK.  geol  H.  in  Wien.,  t.  XXXIV, 
p.  144.) 

1884.  G.  Bapst.  —  Etudes  sur  rétain.  (V.  Masson.) 

1886.  FouLLON*  —  Uber  kristallisirtes  Zinn.  (F.  d,  KK.  geol.  R.,  t.  XXXIV, 
no  2,  p.  367.) 

188  •  Reillt.  —  Sur  les  gisements  de  Tétain  au  point  de  vue  géologique. 
(C.  R.,  t.  av,  p.  606.  Paris,  188  .) 

1887.  PosEwiTz.  —  Das  Zinn  Vorkommen  auf  den  Inseln  des  Riouw-Lingga- 
Archipel.  (D'  Fetermanns  Mittheilungen^i,  XXXIII,  Gotha,  1887.) 


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BISMUTH 

Bi;  Eq=  106,43;    P.  al  =  210. 


Historique.  —  Confondu  pendant  longtemps  avec  le  plomb  et 
l'étain,  le  bismuth  était  connu  des  anciens  chimistes.  Stahl  et 
Dufay  démontrèrent  qu'il  se  sépare  nettement  de  ces  deux 
métaux. 

Propriétés.  —  Le  bismuth  se  rapproche,  par  ses  propriétés,  de 
Tantimoine;  sa  fusibilité  est  très  grande  ;  on  connaît  les  expé- 
riences par  lesquelles  on  montre  son  augmentation  de  volume  en 
se  solidifiant,  son  diamagnétisme,  etc. 

Usages.  —  Le  bismuth  a  quelques  usages  industriels,  en  parti- 
culier à  Tétat  d'alliage.  Ses  combinaisons  avec  d'autres  métaux 
sont  remarquables  par  leur  fusibilité.  L'alliage  fusible  le  plus  an- 
ciennement connu  est  celui  de  Newton  (8  de  bismuth,  5  de  plomb, 
3  d'étain);  il  fond  à  94*,5.  L'alliage  fusible  proprement  dit  ou 
alliage  de  Darcet  est  formé  de  2  parties  de  bismuth,  1  de  plomb 
et  1  d'étain.  On  se  sert  de  ces  alliages  pour  clicher  des  médailles  ; 
on  en  a  fait  aussi  des  rondelles  fusibles  pour  les  soupapes  de 
sûreté  de  machines  à  vapeur. 

En  outre,  on  utilise  quelques-uns  de  ses  sels.  Le  chlorure  de 
bismuth  forme  le  blanc  de  fard  appelé  blanc  de  perle  et  entre  dans 
la  confection  de  la  cire  à  cacheter.  Le  sous-nitrate  de  bismuth 
a  également  des  appUcations  dans  la  préparation  des  fards  et  en 
médecine,  etc. 

Pendant  longtemps,  la  Saxe  a  eu  le  monopole  de  la  production 


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160  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

(lu  bismuth  (50  tonnes  en  1877;  68  en  1881).  Aussi  le  prix  du 
métal  a-t-il  été,  à  diverses  époques,  soumis  à  des  fluctuations 
considérables;  après  avoir  valu  11  francs,  il  s*éleva,  en  1869, 
jusqu*à  55  francs  le  kilogramme  et,  pendant  la  guerre  de  1870, 
fut  presque  introuvable,  même  pour  les  usages  médicaux.  Depuis, 
le  prix  a  baissé  par  suite  de  la  mise  en  valeur  de  mines  de  bis- 
muth en  Bolivie  et  en  Australie.  En  1888,  l'Australie  a  fourni 
18  tonnes  de  ce  métal  à  5  fr.  50  le  kilogramme. 

Minerais.  —  Le  bismuth  se  présente  surtout  dans  la  nature  à 
Tétat  natif;  il  est  alors  rarement  pur  ;  le  plus  souvent,  il  contient 
une  certaine  proportion  d'arsenic;  on  Ta,  en  outre,  observé  allié  à 
du  tellure,  du  sélénium  et  du  soufre.  Il  forme  généralement,  non 
pas  des  cristaux  nets,  mais  des  ramifications  palmées  que  les 
anciens  minéralogistes  appelaient  tricotis. 

Le  bismuth  oxydé  (bismuthocre)  n'est  qu'un  enduit  superficiel 
jaunâtre  dans  les  mines  de  bismuth. 

Le  bismuth  sulfuré  oubismuthine  (Bi'  S')  est  d'un  gris  de  plomb  : 
il  forme  des  baguettes  analogues  à  celles  de  la  stibine,  mais  fusibles 
à  la  bougie  ;  on  le  trouve  à  Schneeberg  et  à  Bastnaes. 

En  outre,  il  existe  un  bismuth  argentifère,  un  bismuth  cuprifère 
(wittichénite),  un  bismuth  sulfuré  plombocuprifère  (nadelerz) 
trouvé  dans  un  quartz  aurifère  de  Sibérie,  un  bismuth  tellurifère 
ou  bornine,  un  carbonate  (bismuthite)  et  un  silicate  (eulytine). 


GISEMENTS.   —  GÉNÉRALITÉS 

Les  gisements  de  bismuth,  connus  jusqu'ici,  se  trouvent  exclu- 
sivement dans  des  roches  de  formation  ancienne,  tantôt  sous 
forme  de  filons  de  fracture,  comme  en  Saxe,  tantôt  sous  forme 
d'amas  de  contact,  comme  dans  le  Banat. 

Des  filons  de  ce  genre  ont  été  trouvés,  recoupant  le  granité  à, 
Meymac  (France)  et  à  Wittichen  (Forêt  Noire)  ;  le  gneiss  et  les 
schistes  cristallins  dans  l'Erzgebirge  ;  les  schistes  en  Bolivie. 

Les  minerais  de  bismuth  sont  toujours  associés  à  d'autres 
minéraux  en  grand  nombre,  et  on  obtient,  le  plus  généralement,  le 


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BISMUTH  DE  FRANGE  161 

bismuth  comme  produit  accessoire  dans  des  exploitations  portant 
sur  des  métaux  différents. 

Tantôt,  et  c'est  le  cas  le  plus  fréquent,  les  minerais  de  bismuth 
sont  réunis  à  des  minerais  d'argent,  de  plomb,  de  nickel  et  de 
cobalt,  comme  à  Schneeberg,  à  Joachimsthal,  etc.;  tantôt  c'est 
à  l'or,  comme  à  Rezbanya,  etc...  On  les  trouve  avec  le  fer,  le 
cuivre  et  l'étain  à  Cobar,  à  Ghorulque  en  Bolivie;  avec  l'étain  en 
Bohême,  en  Tasmanie,  etc.  Le  tungstène,  l'arsenic  et  le  molybdène 
se  rencontrent  également  fréquemment  avec  le  bismuth. 

Les  gangues  des  minerais  de  bismuth  sont,  en  général,  les 
mêmes  que  pour  les  autres  métaux  :  le  quartz  et,  plus  rarement, 
la  calcite,  la  barytine. 


I.  —  GITES  DE  BISMUTH  D'EUROPE 

A-  Gîtes  de  France.  —  Le  bismuth  a  été  trouvé  à  PouUaouen 
et  dans  les  Pyrénées;  mais  il  n'a  été  exploité  en  France  qu'à 
Meymac  (Corrèze). 

Gisement  de  Meymac  \  —  Ce  gite  de  Meymac,  signalé  en  1867 
par  H.  Carnet,  ingénieur  en  chef  des  mines,  est  situé  au  Sud  et  sur 
Tune  des  ramifications  de  la  chaîne  granitique  qui  sépare  les  bas- 
sins de  la  Vienne  et  de  la  Creuse  de  celui  de  la  Dordogne  et  de 
ses  affluents.  Le  sol  de  la  montagne,  où  ont  été  commencés  les 
travaux,  est  formé  d'un  granité  porphyroïde,  à  mica  noir  et  à 
Rnmds  cristaux  de  feldspath,  renfermant  des  nids  de  tourmaline 
radiée;  le  granité  est  peu  solide  et  profondément  raviné  par  les 
eaux. 

Dans  le  granité,  court  un  filon  quartzeux  de  puissance  variable, 
quelquefois  de  plusieurs  mètres,  qui  contenait,  aux  affleurements, 
dn  wolfram,  du  mispickel  avec  quelques  minéraux  arseniatés  et 
phosphatés,  mais  qui,  en  profondeur,  s'est  chargé  de  minerais  do 
bismuth. 

Ces  minerais  sont  :  le  bismuth  natif,  le  bismuth  sulfuré, 


c 


*  CoU.  EcoU  des  Mines,  1Ô59. 

6tOL06I£.  —  T.  II.  i\ 


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162  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

bismuth  oxydé  et  hydrocarbonaté.  Avec  le  bismuth,  se  trouvent, 
outre  le  wolfram  et  le  mispickel,  la  pyrite  et  l'oxyde  de  fer 
hydraté.  Quelques  minéraux  de  plomb,  le  carbonate,  le  sulfate,  le 
chlorophosphate  et  le  molybdate  s'y  sont  également  rencontrés. 
Les  seuls  minerais  de  bismuth  qui  y  soient  en  quantité  importante 
sont  Toxyde  et  Thydrocarbonate.  Dans  les  parties  hautes,  les 
minerais  de  bismuth  tiennent  un  peu  d'arsenic,  d'antimoine,  de 
plomb,  de  cuivre,  de  fer,  etc.,  et,  par  contre,  les  minerais  des 
autres  métaux  contiennent  tous  du  bismuth  ;  le  mispickel,  entre 
autres,  renferme  de  1,62  à  6,58  p.  100  de  bismuth. 
D'après  M.  Garnot,  le  bismuth  natif  de  Meymac  tient  : 


Bi. 

As. 

Sb. 

Pb. 

Fe. 

S. 

99,00 

0,09 

0,13 

0,41 

0,10 

0,06 

Meymac  est  abandonné  aujourd'hui. 

B.  Gîtes  d'Allemagne.  —  Les  premières  mines  d'Europe  qui  four- 
nirent du  bismuth  et  furent,  pendant  longtemps,  les  seules  à  en 
produire  sont  en  Saxe^  à  Schneeberg,  Annaberg,  AUenberg^ 
Johanngeorgenstadt^  etc.*  : 

a.  Schneebergy  Annaberg,  Johanngeorgenstadt.  —  Sans  entrer 
dans  le  détail,  rappelons  seulement  que,  sur  le  flanc  méridional  de 
l'Erzebirge,  sont  des  filons  contenant  de  l'argent,  du  cobalt,  de 
Turane,  du  bismuth,  etc.,  dont  nous  reparlerons,  en  étudiant 
Freiberg  et  le  Harz;  ces  filons  traversent  des  roches  anciennes  : 
le  bismuth  natif  domine  et  est  accompagné  de  bismuthine, 
bismuthite,  etc.  Les  mines  les  plus  abondantes  en  bismuth  sont 
à  Schneeberget  à  Johanngeorgenstadt.  A  Schneeberg,  le  bismuth 
se  trouve  dans  des  filons  cobaltifères  rattachés  à  la  formation 
sulfurée  récente. 

Les  autres  mines  bismulhifères  d'Allemagne  sont  incompara- 
blement moins  riches  ;  on  peut  citer  néanmoins  celles  de  Witli- 
chen  et  Sidzbach  dans  la  Forêt  Noire  : 

p.  A  Wittichen^  le  bismuth  se  rencontre  dans  un  filon  d'ar- 
gent et  de  cobalt  qui  traverse  le  granité. 

y.  Schutzbach,  —  Plus  au  Nord,  près  de  Schutzbach,  dans  le 

*  Voir  la  carte  géologique,  pi.  II,  au  chapitre  du  Plomb.  —  Nous  empruntons  à 
d'Âchiardi  une  grande  partie  des  renseignements  suivants  sur  le  bismutti. 


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BISMUTH  D'AUTRICHE,   SUÉDE,    ETC.  163 

pays  de  Siegen,  on  trouve  le  bismuth  associé  à  des  sulfures  de 
nickel,  fer  et  cuivre,  dans  des  roches  dévoniennes. 

La  production  du  bismuth  dans  les  neuf  mines  de  Saxe,  où  on 
Tobtient  comme  produit  secondaire,  a  été  : 

En  1877  de    50t.  65  valaQi  366  954  francs. 

1878  —    69    05      —     283  258      — 

1879  —  213    58      —     614  989      — 

1880  —    76    28      —     297  903      — 

1881  —    67    95      —     303  354      — 

C.  Gîtes  d'Antriche-Hongrie.  —  a.  Erzgebirge.  —  Sur  le  flanc 
méridional  de  l'Erzgebirge^  se  répètent  les  mêmes  conditions  do 
gisement  que  sur  le  flanc  septentrional;  aussi  trouve-t-on  le 
bismuth  dans  des  filons  argentifères  (Prokopi,  Hauer,  etc.),  près 
de  Joachimsthal  et  dans  des  gttes  stannifères. 

On  rencontre  également  du  bismuth  dans  quelques  gîtes  de 
Styrie,  de  Garinthie  et  de  Salzburg,  et,  en  particulier,  au  Banat, 
en  Transylvanie. 

^).  Cava  Theresia  {Banat).  —  Les  amas  métallifères  et  bismu 
thifères  de  Cava  Theresia^  près  de  Gziklova,  dans  le  Banat,  sont 
au  contact  de  deux  roches.  Tune  calcaire,  Tautre  syénitique. 

y).  Rezbanya  {Transylvanie).  — Dans  les  mines  d'or  et  d'argent 
de  Rezbanya^  les  métaux  précieux  sont  à  l'état  de  tellurures,  et 
ces  tellurures  d'or  et  d'argent  sont  associés  à  beaucoup  d'autres 
tellurures;  entre  autres,  aux  tullurures  de  bismuth. 

De  toutes  ces  mines,  les  seules  qui  produisent  une  certaine 
quantité  de  bismuth  sont  celles  de  Bohème,  qui  étaient  au  nombre 
de  six  en  1870,  mais  dont  la  production  varie  beaucoup  d'une  année 
à  l'autre. 

D.  Suède  et  Norvège.  —  La  Suède  possède  des  mines  de  bismuth, 
près  de  Falun.  La  Norvège  a  les  mines  de  Modum  et  Gzeile- 
bac  h. 

Bléka.  —  Un  gisement  intéressant,  situé  à  Bléka  (ou  Svartdal)  *, 
au  Nord-Est  deMogen,  dans  le  Sud  de  la  Norvège,  appartient  à  la 

'  Description  par  Vogt  :  Norske  erstforo  Komster.  —  Coll.  École  des  Minet ^  1958. 


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i64  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Société  française  des  phosphates  d'Oddegaarden  ^  En  ce  point,  il 
existe  des  schistes  anciens,  très  fortement  et  inégalement  impré- 
gnés de  pyrite,  que  recoupent  des  Glons  contenant  un  peu  de 
bismuth  sulfuré  et  d'or  natif  *  avec  du  quartz ,  des  pyrites  de 
cuivre  et  de  fer  et  de  la  galène  accessoire.  On  a  cru  remarquer, 
par  un  phénomène  analogue  à  celui  que  nous  signalerons  à 
Kongsberg,  que  deux  colonnes  d'enrichissement  en  or,  constatées 
dans  les  filons,  correspondaient  à  une  abondance  plus  grande  de 
pyrite  dans  les  schistes  recoupés. 

La  mine  a  été  peu  exploitée,  jusqu'ici,  par  suite  des  difficultés 
du  traitement  d'un  minerai*  assez  pauvre,  en  un  point  où  le  coke, 
nécessaire  à  la  fusion,  ne  peut  être  apporté  qu'à  grands  frais.  Un 
canal  en  construction  d'UUfos  à  Strengen,  mettant  Strengen  en 
relation  avec  la  mer,  amènera  peut-être  un  peu  plus  d'activité  dans 
cette  industrie. 

E.  Iles  Britanniques.  —  Sans  parler  des  gites  insignifiants  dissé- 
minés çà  et  là  dans  le  Devonshire  et  le  Gumberland,  on  peut  citer 
les  deux  mines  de  East  Pool  el  Illogan^  en  Cornwall,  qui  sont. 
Tune  une  mine  d'étain,  l'autre  de  cuivre,  et  ont  donné,  en  1878, 
environ  400  kilogrammes  de  bismuth.  La  production  anglaise  du 
bismuth  est  insignifiante  ;  elle  dépasse  rarement  une  tonne  et  a 
même  été  moindre  dans  ces  dernières  années. 


II.  —  GITES  DE  BISMUTH  EN  AMÉRIQUE  ' 

A.  Chili.  —  Au  Chili,  les  mines  de  San  Antonio  del  Potrero 
Grande  abondent  en  minerais  de  bismuth  ;  on  y  a  trouvé  du  bis- 
muth natif,  de  la  chilénite,  etc..  et  des  minerais  d'autres  métaux 
tenant  un  peu  de  bismuth. 

B.  Pérou.  —  Au  Pérou,  la  mine  Mathilde  près  de  Morococa,  çon- 

•  Voir  tome  I,  page  329. 

»  L'association  du  bismuth  et  de  Tor  est  fréquente  comme  celle  de  Fétain  et  de  Tor, 
de  lor  et  de  l'antimoine.  Voir  plus  haut,  p.  163,  à  Rezbanya;  plus  loin,  p.  166, 
aux  États-Unis;  p.  167,  en  Australie,  etc. 

*  Coll.  Ecole  des  Minet,  n-  1804  et  1943. 


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BISMUTH  DE  BOLIVIE  ^65 

tient  du  bismuth.  C'est  de  là  que  provient  Tespèce  minérale  décrite 
par  Rammesberg  sous  le  nom  de  Mathildite. 

C.  BoliTie  (Chonilque,  Onuro).  —  Les  mines  de  Bolivie,  entrées 
assez  récemment  en  lice,  sont  aujourd'hui  les  plus  productives  en 
bismuth  de  toute  TAmériquedu  Sud  et  même,  on  peut  le  dire,  du 
monde.  Les  principales  mines  sont  celles  de  Chorulque,  Oruro, 
Tozna,  et  celles  des  environs  de  Sorata,  Guaiana-Potosij  etc.  ; 
le  bismuth  y  a  été  trouvé  associé  à  des  minerais  d'élain  *,  et 
aussi  d'or  et  d*ai^ent. 

Les  mines  de  Bolivie  sont  presque  au  sommet  des  Andes  ;  la 
mine  de  Ghorulque  est  à  une  hauteur  de  5  603  mètres,  et  celle  de 
Tazna,  distante  de  celle-ci  de  40  kilomètres  au  Sud-Èst,  s'élève  à 
5105  mètres.  Ce  sont  surtout  ces  deux  mines  qui  envoient  en 
Europe  une  grande  quantité  de  minerai.  Celui-ci  consiste  en 
un  mélange  de  plusieurs  espèces,  entre  autres  de  sulfures  de  cuivre 
et  de  fer,  contenues  dans  une  gangue  quartzeuse  ;  cette  gangue 
mise  à  part,  ces  minerais  tiennent,  d'après  Valenciennes,  dans 
100  parties  : 

Bismolh de  22,80  à  30,05 

Fer i0,20  16,90 

Soufre 9,50  12,15 

Antimoine,  argent,  plomb Traces. 

La  présence  du  cuivre  et  du  fer,  au  lieu  du  plomb  et  de  l'argent 
comme  en  Saxe,  rend  ces  minerais  américains  de  qualité  supé- 
rieure, parce  que  la  séparation  de  ces  métaux  est  plus  facile. 

Aux  environs  de  Tazna,  d'après  Forbes,  il  existe  un  grand  dé- 
veloppement de  roches  dévoniennes,  que  traversent  des  por- 
phyres verts,  dont  la  plus  large  étendue  est  atteinte  aux  Cerros 
de  Chorulque  et  de  Espiritu-Santo.  Dans  ces  porphyres  et  dans  les 
roches  qui  les  traversent,  principalement  dans  les  schistes,  et 
à  leur  contact,  courent  des  filons  de  diverse  puissance. 

Au  Ceiro  de  Chorulque ,  on  trouve,  dans  les  porphyres,  comme 
gangue,  du  quartz,  de  la  barytine  et  de  la  sidérose  ;  comme  mine- 

I  Voir  plus  haut  à  VÉlain,  page  150. 


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1^^  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

rais  métalliques,  outre  du  bismuth  natif,  de  la  bismuthine  qui 
prédomine  et  dans  les  filons  plus  riches,  de  la  chalcopyrité,  de 
la  blende,  de  la  galène  et  de  la  tétraédrite  (cuivre  gris). 

Sur  le  mont  Tazna^  au  contraire,  des  filons  riches  en  bismuth,  de 
près  de  1  mètre  de  puissance,  apparaissent  dans  des  schistes,  et 
plus  rarement,  comme  sur  le  flanc  méridional,  dans  des  grau- 
wackes  anciennes.  Les  sulfures  de  bismuth  y  dominent  ainsi  que 
les  produits  de  leur  altération  ;  on  y  a  découvert  beaucoup  de 
nouvelles  espèces  minérales,  la  daubréite,  lataznite,  etc.. 

Les  filons  de  Tazna  contiennent  également  un  peu  d'étain. 

D.  Mexique.  —  On  a  trouvé  des  minerais  de  bismuth,  entre 
autres  la  frenzelite  et  la  silaonitey  dans  les  mines  de  Guanajato. 

E.  Etats-Unis.  —  On  rencontre  aux  Etats-Unis  le  bismuth 
associé  à  Tor  et  au  tellure. 

C'est  surtout  dans  les  États  orientaux  qu*on  connaît  le  bismuth. 
Il  existe  à  Tétat  de  minerai  tellure  (tétradimite,  etc..)  dans  les 
mines  de  Virginie  {Monroey  Tellurium^  etc.),  de  Géorgie  et  de 
la  Caroline  septentrionale  ;  à  Tétat  de  bismuth  natif  et  de  bismuth 
sulfuré  dans  le  district  de  Cesterfield  dans  la  Caroline  méridionale. 
Dans  d'autres  mines,  il  est  uni  au  tungstène,  comme  dans  la 
mine  de  Lane  au  Connecticut. 

Les  mines  des  Etats  occidentaux  ont  fourni  plusieurs  espèces 
minérales  nouvelles  de  bismuth  (scirmérite,  alascite,  etc..); 
elles  sont  situées  au  Colorado,  dans  TUtah  et  le  Montana. 

Au  Colorado,  on  trouve  les  mines  de  bismuth  à  Tétat  de  filons 
puissants,  dans  le  porphyre  habituellement,  quelquefois  dans  le 
calcaire  silurien,  comme  près  d'Ouray,  ou  d'autres  roches. 


III.  -  GITES  D'AUSTRALIE 


A.  Queensland.  —  On  a  trouvé,  à  Cloncurry,  du  bismuth  ren- 
fermant des  mouches  d*or. 


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BISMUTH   D  AUSTRALIE  167 

B.  Nouvelle- Galles  dn  Snd.  —  On  exploite  le  bismuth,  tantôt 
dans  des  alluvions  stannifères,  comme  dans  la  Nouvelle-Angleterre; 
tantôt  en  filons,  comme  à  Silent-Grove,  The  Gulf,  Glen-Innes, 
Elsmore,  TenterQeld  et  Adelong.  Les  minerais  consistent  en  bis- 
muth natif  et  carbonate  et  en  autres  composés  de  ce  métal,  qui 
accompagnent  le  molybdène  et  Tor,  comme  à  Tenterfield,  dans  le 
comté  de  Clive  (minerais  à  60,09  p.  100  de  bismuth),  ou  le  cuivre 
comme  à  Gobar,  dans  le  comté  de  Robinson  (minerais  de  2,11  à 
2,58  p.  100  de  bismuth). 

Cette  colonie  a  produit  4  tonnes  et  demie  en  1881  ;  18  tonnes 
en  1888. 

C.  Tasmanie.  —  Dans  la  région  stannifère  du  mont  Ramsay,  il 
existe  de  grands  et  riches  filons  de  6  à  12  mètres  de  puissance, 
contenant  du  bismuth  associé  au  wolfram. 

Bibliographie  du  bismuth, 

1850.  Daubrée.  —  Sur  la  présence  du  bismuth  natif  dans  le  minerai  de  fer 

de  Framont  (Vosges).  (B.  S.  G.,  2*,  t.  VII,  p.  352.) 
1874.  MétaUurgie  du  bismuth.  (A.nn.  ch.  etphys,,  1874,  t.  V,  p.  1,  397.) 
•  1874.  Carnot.  —  Découverte  d'un  gisement  de  bism.  en  France.  {Ann.  ch, 

phys.,  1874  et  C.  R-,  19  janvier  1874,  Ann,  d.  M.,  1878.) 

1874.  Valknciennes.  —  MétaUurgie  du  bismuth.  {Ann,  Ch,  et  Phys,) 

1875.  WiNTLE.  —  Slannif.  dep.  of  Tasmania,  p.  92. 

1876.  DoxBYKO.  —  Gisements  de  bismuth  au  Chili.  {Ann.  d.  M.,  1876,  p.  7, 
10, 15.) 

1877.  Sur  les  minéraux  du  bismuth  de  Bolivie,  Pérou  et  Chili.  (Comptes 
rendus,  1877.) 

1877.  Uber  das  Vorkommen  von  Wismuth  und  Zinnstein  auf  Tasmanien. 
(Bonn.  NcUurhist.  Ver,,  4«  série,  t.  VU,  p.  63.) 
1879.  RoscoE  et  Schorlemmery.  —  (Chemistf*y,  1879.) 

1881.  Bismuth  du  Queensland,  {Mining.  Joum,,  1442.) 

1882.  Harrie  Wood.  —  Miner,  prod.  oî  New  South  Wales,  p.  32. 
1882.  Liversioge.  —  Miner.  N.  S.  Wales. 

*1883.  Antomo  D'AqpiARDi.  —  I  metalli,  loro  minerati  e  minière,  vol.  Il, 
p.  599  à  604. 

GoDBPROY.  —  {Encyclopédie  chimique,  t.  III,  13®  cahier,  1*^  partie.) 

1884.  V.  FouLLON.  —  Ueber  Zinnerze  und  gediegenen  Wismuth.  {Verhand- 
Irnigen  der  KK.  geologischen  Reichscmstalt,  t.  XXXIV,  p.  144.  Vienne,  1884.) 

1889.  Davies.  —  MetalL  min.  and  miner.,  p.  285. 


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TUNGSTÈNE 

Tu  ou  Wo  ;  Eq  =  92  —  P.  al  =  184. 


Historique.  —  Le  tungstène  se  rencontre  surtout  dans  la  nature 
à  Tétat  de  tungst&te  de  chaux  ou  schéelite  et  de  tungstate  de  fer  et 
manganèse  ou  t^;o//ram.  Scheele,  en  1782,  démontra,  dans  le  premier 
minéral,  Texistence  d'un  acide  particulier  auquel  il  donna  le  nom 
diacide  tungstique  ;  les  frères  d'Elhuyart  le  retirèrent  ensuite  du  wol- 
fram et  le  réduisirent  à  Tétat  métallique.  Le  mot  de  tungstène 
vient  de  tungstein  (pierre  pesante),  nom  donné  d'abord  à  la  schéelite. 

Les  affinités  chimiques  du  tungstène  le  rapprochent  surtout  du 
molybdène,  du  chrome  et,  jusqu'à  un  certain  point,  de  l'uranium. 
11  fait  partie  de  la  classe  des  métaux  acidifiables,  intermédiaires 
entre  les  métalloïdes  et  les  métaux  proprement  dits.  Minéralo- 
giquement,  le  wolfram  se  rattache  au  groupe  des  minéraux 
associés  à  la  cassitérite. 

Usages.  —  Le  tungstène  est,  depuis  longtemps,  employé  en  assez 
forte  proportion  dans  la  fabrication  de  l'acier,  en  particulier  pour 
Tartillerie,  et  cet  emploi  n'est  restreint  que  par  la  rareté  du  métal 
lui-même,  très  demandé  dans  les  usines  métallurgiques.  On  sait 
combien  l'addition  de  certaines  matières,  en  doses  presque  infini- 
tésimales, est  entrée  dans  la  pratique  courante  pour  modifier  la  qua- 
lité du  fer,  de  la  fonte  ou  de  l'acier.  A  côté  du  phosphore  et  du 
soufre,  qui  sont  nuisibles,  le  carbone,  le  silicium,  le  titane,  le  chro- 
me, le  tungstène  peuvent,  suivant  les  cas,  donner  tel  ou  tel  avan- 
tage :  le  tungstène  prête  surtout  de  la  ténacité. 


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170  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Dans  une  série  d'essais  faits  par  le  capitaine  Garon,  Taddition 
de  tunsgtène  réduit  à  la  fonte  (1/8  à  1  p.  100  de  tungstène)  a  aug- 
menté la  dureté  et  la  ténacité  du  métal  proportionnellement  au 
poids  de  tungstène  introduit  ;  le  grain  de  la  fonte  était  régulier,  fîn, 
homogène. 

Des  essais  de  fonte  ont  donnés  les  résultats  suivants  : 

Fonte  pure  (à  o  cent,  d'eq),  rupture 3  735*^^,00 

—  à  8«80  p.  iOO  de  tungstène,  cubilot  chaud  .   .     5  413      87 

—  à  7,8        —  —  froid.    .   .     6689      5 

Mais  c'est  surtout  dans  le  cas  de  Tacier  que  le  tungstène ,  à 
doses  très  faibles,  accroît  la  dureté  et  la  ténacité.  On  a  reconnu 
que  les  véritables  damas  renfermaient  du  tungstène  et  Ton  a 
reproduit  Tacier  Wootz  en  fondant  des  aciers  avec  des  wolframs. 

Au  cubilot,  la  proportion  de  wolfram  absorbée  est  plus  forte 
qu'au  réverbère  dans  les  proportions  suivantes  : 

Cubilot         Réverbère. 

8,2  2,4 

10,4  4,0 

une  proportion  de  4  à  6  p.  100  de  tungstène  est  celle  qui  donne 
les  meilleurs  résultats  au  point  de  vue  de  la  ténacité.  Au  delà  de 
3  1/2  p.  100,  la  dureté  de  Tacier  augmente  seule. 

Des  rails  au  Bessemer  à  1/2  p.  100  de  tungstène  ont  donné,  sous 
un  mouton  de  300  kilogrammes  tombant  de  : 

i  mètre,  une  flèche  de 2 

2—             —             6 

2",50,              —             12 

3  mètres,        —             18 

4  —  —  26 

4      —  —  rupture. 

Cette  influence  du  tungstène  sur  lacier  et  le  fer  parait  tenir  à 
ce  qu'il  neutralise  le  phosphore,  le  soufre  et  Tarsenic  contenus,  en 
se  combinant  chimiquement  avec  eux.  Dans  la  fonte,  il  se  réduit 
aux  dépens  du  carbone  et  communique,  plus  ou  moins,  au  métal 
la  nature  de  Tacier. 

Eu  résumé,  on  ajoute  le  tungstène  à  lacier  puddlé,  à  l'acier 
au  creuset,  à  l'acier  au  Bessemer»  sous  forme,  soit  de  tungstène. 


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USAGES    DU  TUNGSTÈNE  i71 

soit  de  wolfram,  soit  de  ferro- wolfram,  soit  encore  de  tungstate  de 
chaux.  Le  commerce'  fournit  :  le  tungstène  à 93  p.  100  de  métal; 
les  ferro-wolfram  à  30,  40  ou  50  p.  100,  et  le  minerai  de  wolfram 
en  poudre. 

On  s*est  également  servi,  à  Imphy,  de  briquettes  de  tungstène 
de  chaux,  chargées  par  couches  alternatives,  avec  le  coke  et  la 
fonte  et  remplaçant  le  spiegeleisen. 

Indépendamment  de  cette  application  principale,  le  tunsgtène 
entre,  en  outre,  dans  certains  bronzes  ou  laitons,  qui  deviennent 
ainsi  plus  durs  ,et  susceptibles  d*un  beau  poli  ;  avec  Tétain  et  le 
nickel,  on  obtient  également  des  alliages  d'un  bel  éclat  argenté. 

Enfin  Ton  en  tire  encore  certains  produits  chimiques,  parmi 
lesquels  nous  citerons  seulement  le  tungstate  de  soude  utilisé 
pour  rendre  les  étoffes  incombustibles  et  le  tungstate  de  baryte  qui 
donne  une  belle  couleur  blanche  (wolfram  weiss),  supérieure,  dit- 
on,  à  la  céruse. 

Les  prix  des  produits  du  tungstène  sont  les  suivants  : 

Minerai  de  tuagstèoe  7/16  p.  100.  .   .  200  francs  les  100  kilogrammes. 

Ferro- tungstène            40       —  ..  400      —                    — 

—                      80        —  ..  900      —                    — 

Tungstène  métallique   95        —  ..  650      —                    — 

Tungstate  de  soude        —        —  .   .  225      —                    — 

Le  tungstène ,  qu'on  trouve  dans  le  commerce ,  provient ,  en 
grande  partie,  des  mines  d'étain  du  Cornwall.  Ce  pays  a  fourni,  en 
1888,  6i  tonnes  de  minerai  comptées  à  672  francs  par  le  service 
de  la  statistique.  On  peut  également  citer,  comme  usines  en  pro- 
duisant, l'usine  Biermann  à  Hanovre,  qui  a,  un  moment,  traité 
quelques  minerais  français  et  Fusine  de  Roswein  en  Saxe. 

Les  usines  consommant  du  tungstène  sont,  au  contraire,  assez 
nombreuses  ;  en  France,  on  peut  citer  Saint-Chamond,  Taciérie 
Hœltzer,  etc.,  en  Amérique,  les  usines  de  Philadelphie,  New-York, 
Pittsbourg,  etc., 

Minerais.  —  Les  minerais  de  wolfram,  recherchés  en  raison  de 
ces  diverses  applications,  sont  fort  rares. 

Ils  se  présentent  sous  deux  formes  :  tungstate  de  manganèse  et 

'  Biermann  Metall  Industrie  à  Hannover,  etc. 


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172  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

de  fer  ou  wolfram;  tungstate  de  chaux  ou  schéelUe,  le  premier 
formant  seul,  en  Europe,  des  gisements  industriels  exploitables, 
tandis  que  la  schéelite  apparaît  comme  un  produit  d'altération 
superGciel. 

Le  wolfram  et  la  schéelite,  le  wolfram  surtout,  accompagnent 
habituellement,  en  petites  quantités,  les  minerais  d'étain  ;  aussi, 
une  assez  forte  proportion  du  tungstène,  que  Ton  utilise  dans 
l'industrie,  provient-elle  du  traitement  des  minerais  d'étain,  par- 
ticulièrement en  Gornwall.  Ce  tungstène  est  généralement  vendu 
sous  la  forme  de  tungstate  de  soude  et  est  obtenu  par  grillage  au 
réverbère  des  minerais  d'étain  additionnés  de  sulfate  de  soude. 
Le  grillage  élimine  le  soufre  et  l'arsenic  du  mispickel.  Après  quoi, 
on  bocarde  et  on  soumet  à  des  courants  d'eau  qui  dissolvent  le 
tungstate  produit. 

Depuis  que  le  tungstène  a  pris  de  la  valeur,  on  a,  en  outre, 
repris,  pour  y  chercher  le  wolfram,  diverses  mines  d'étain  aban- 
données, soit  en  Gornwall,  soit  en  Saxe  ;  le  plus  souvent,  ces  tra- 
vaux ne  consistent  qu'en  un  triage  des  anciennes  haldes  et  don- 
nent, par  suite,  des  quantités  restreintes  de  minerai.  Tel  est  le  cas 
à  East'Pole,  district  de  Redruth,  en  Gornwall  où  l'on  a  produit 
55  tonnes  de  wolfram  en  1881  ;  tel  est  le  cas  aussi  à  Zinnwald  en 
Saxe,  où  Ton  recherche,  en  même  temps,  les  minerais  lithinifères. 
On  peut  citer,  encore,  comme  mines  de  wolfram  à  l'étranger  : 

En  Gornwall  :  Truro,  Saint-Austell,  Tavistock  ;  dans  l'Erzgebirge 
saxon,  Altenberg,  Graupen,  Geyer  ;  en  Bohême,  Schlaggenwald. 

Le  Plateau  central  français  contient  quelques  gisements  de 
wolfram  qu'on  a  essayé  à  diverses  reprises  d'exploiter,  mais  qu'on 
a  été  obligé  d'abandonner,  par  suite,  semf)le-t-il,  du  manque  de 
minerai. 

Le  principal  est  celui  de  Saint-Léonard^  en  Limousin,  où,  par 
extraordinaire,  le  wolfram  était  l'élément  essentiel  du  filon, 
l'étain  oxydé  ne  se  montrant  qu'en  échantillons  rares.  Décou- 
vert en  1795^  ce  gîte  fut,  vers  1809,  l'objet  de  quelques  recher- 
ches faites  par  l'administration  des  mines,  sous  la  direction  de 
M.  de  Gessac.  Il  consiste  essentiellement  en  un  filon  quartzeux, 
assez  irrégulier,  de  direction  N.-E.  intercalé  au  milieu  du  gra- 
nité. On  y  trouve,  en  assez  grande  abondance,  le  wolfram  lamel- 


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GISEMENTS   DU   TUNGSTÈNE  173 

leux  associé  à  du  mispîckel.  On  y  a,  en  outre,  signalé  le  bismuth 
natif,  la  barytine,  les  arseniates  de  cuivre  et  de  fer,  la  schéelite  et 
la  cassitérite  ;  enfin  les  pyrites  y  contiennent  des  traces  d*or. 

A  Monde  lisse  y  entre  Limoges  et  Saint-Léonard,  à  Nepoulas 
entre  Beaune  et  Ghanteloube,  toujours  dans  la  Haute- Vienne  ;  au 
Nord  de  Botirganeuf  (Creuse),  M.  Mallard,  dans  son  Mémoire  sur 
les  gisements  stannifëres  du  Limousin  \  a  signalé  la  présence  du 
wolfram  et  de  la  schéelite.  Les  célèbres  carrières  de  Chanteloube^ 
près  Limoges,  contiennent  également,  avec  les  cristaux  d'éme- 
raude  connus,  du  wolfram  tantalifëre,  de  la  tantalite,  de  la  cassi- 
térite, de  Tapatite,  des  manganèses  phosphatés,  etc.,  au  milieu 
d'une  pegmatite. 

Les  filons  d'étain,  inexploités,  de  Vaulry  et  Cietix,  dans  la  même 
région,  renferment,  de  même,  un  peu  de  wolfram  ;  ainsi  que  les 
filons,  quelque  temps  exploités  pour  bismuth,  de  Meymac  (Gor- 
rèze)';  mais  aucun  de  ces  gisements  n'a  paru,  jusqu*ici,  suscep- 
tible de  donner,  comme  mine  de  wolfram,  des  résultats  fructueux. 
La  seule  mine  de  France,  où  Ton  ait  tenté  récemment  quelques 
travaux  pour  chercher  le  wolfram,  est  Puy-des-Vignes,  dans  la 
Haute-Vienne,  reprise  en  1884  et  1885,  abandonnée  de  nouveau 
en  1886. 

Le  quartz,  qui  contient  des  cristaux  de  wolfram  disséminés,  y 
a  on  éclat  gras  caractéristique  de  tous  les  gisements  de  wolfram. 

Cette  mine  de  Puy-les- Vignes  a  cela  de  particulier,  comme  celle 
de  Saint-Léonard,  que  le  wolfram  s*y  trouve  sans  étain,  dans  un 
filon  Je  quartz. 

En  1884,  elle  a  fourni  13  tonnes  de  wolfram,  comptées,  pour  les 
redevances,  à  1 162  francs  la  tonne  sur  le  carreau  de  la  mine  ; 
Talant,  par  suite,  13 000  francs;  en  1885,  10  tonnes  à  1  200  francs, 
représentant  12  000  francs.  Ces  minerais  ont  été  expédiés  pour 
être  traités  à  Hanovre  après  avoir  simplement  subi  un  triage  et 
un  broyage  avec  une  réduction  en  creusets  brasqués. 

En  dehors  de  l'Europe,  l'Amérique  du  Nord,  très  pauvre,  comme 
on  sait,  en  minerais  d'étain,  n'en  contient  pas  non  plus  de  tungs- 
tène. 

*  Am.  d.  M.j  1865. 

'  Voir  plus  haut,  page  i%U 


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174  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Au  contraire,  Y  Australie  renferme,  dans  la  Grande  Cordillère  de 
Victoria,  dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  et  le  Queensland,  des 
gîtes  d'étain  très  importants,  découverts  vers  1870,  où,  comme 
dans  la  plupart  des  gîtes  d'étain,  le  wolfram  intervient  comme  élé- 
ment accessoire. 

En  Nouvelle-Zélande f  on  cite  les  filons  de  schéelite  de  Waipori 
et  du  lac  Wakatipu. 

Dans  la  presqu'île  de  Malacca,  il  semblerait  exister  des  filons 
du  même  genre  :  M.  Ernest  Garnot  a  rapporté,  en  effet,  en  1892, 
de  la  fonderie  de  Singapour  qui  traite  les  minerais  d'étain  de  ce 
pays,  un  fragment  de  schéelite  assez  volumineux,  semblant  avoir 
été  détaché  d'une  masse. 

Bibliographie. 

1852.  Carrière.  —  Sur  la  découverte  de  la  schéelite  dans  le  gîte  de  Framont 
(Vosges).  (B.  S.  G.,  2«,  t.  X,  p.  15.) 

1860.  Alluaud.  —  Aperçu  géologique  et  minéralogique  sur  le  département 
de  la  Haute- Vienne,  1860. 

1872.  Caron.  —  Des  effets  produits  par  Tintroduction  du  tungstène  dans  la 
fabrication  du  bronze  et  de  la  fonte.  (Ann.  de  chim,  et  phys,,  (3),  t,  LXVlll, 
p.  143,  1863.) 

1863.  Le  Guen.  —  Amélioration  des  fontes  par  l'addition  du  Wolfram. 
(Ann.  de  chim.  et  phys,,  (3),  t.  LXIX,  p.  280.) 

•1863.  Mallard.  —  Sur  les  gisements  stannifères  du  Limousin,  p.  338.  (Am. 
d.  M.,  6%  t.  X,  p.  321.) 

*  1874.  Carnot.  —  Sur  quelques  minéraux  de  bismuth  et  tungstène  de  Meymac 
(Corrèze).  (C.  R.,  t.  LXXIX,  p.  302,  477,  637.) 

1877.  SiLUiiAN.  —  On  an  association  of  gold  with  Schéelite  in  Idaho.  (Ann. 
j.  ofSc,  and  arts,  3«,  t.  XllI,  p.  451.) 

1880.  Philipps  et  Schwebel.  —  Sur  le  bronze  de  tungstène.  (Deut,  Chem.  gesell. 
t.  XII,  p.  2234,  et  Bull,  de  la  Soc.  chimique,  t.  XXXIV,  p.  453.) 

1882.  Philipps.  —  Sur  le  bronze  de  tungstène.  [Bull,  de  la  Soc.  chim., 
t.  XXXVIII,  p.  253.) 

1882.  —  Wolfram  de  East  Pool  (Cornwall).  (Mining,  Journal,  London,  966.) 

1883.  d'Achiardi,  t.  II,  p.  610. 

^886.  (Minerai  resources  of  United  States,  p.  218  et  suiv.) 
1888.  Joly.  —  Le  tungstène. 


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MOLYBDENE 

Mo;  Eq  =  48;  — P.  At.  =  96. 


Historique.  —  Le  molybdène  a  été  extrait,  en  1778,  par  Scheele 
de  la  molybdénîle  ou  sulfure  de  molybdène,  MoS*. 

Affinités.  —  Certaines  affinités  paraissent  rattacher  ce  corps  à 
Tarsenic  ;  c'est  ainsi  que  la  molybdine,  MoO',  est  isomorphe  avec 
la  valentinite.  D'autre  part,  les  gisements  du  molybdène  le  rappro- 
chent souvent  de  Tétain  et  du  tungstène. 

Usages.  —  Dans  les  fabriques  de  poteries,  on  obtient,  au 
moyen  du  molybdène,  des  tons  bleus  très  brillants  et  très  solides. 
Pour  cela,  on  verse,  dans  une  dissolution  de  molybdate  de  soude, 
du  chlorure  d'étain,  qui  produit  un  précipité  bleu.  Cette  matière 
colorante  peut  être  fixée,  quoique  avec  quelques  difficultés,  sur  la 
laine  et  sur  la  soie.  D'autre  part,  on  emploie  aussi,  pour  teindre 
la  soie  en  bleu,  une  solution  d'acide  molybdique  dans  Tacide 
sulfurique. 

En  Suède,  le  molybdate  de  soude  a  été  essayé  pour  le  traite- 
ment de  rhydropisie. 

Enfin  le  molybdate  d'ammoniaque  est  employé  en  chimie  pour 
précipiter  l'acide  phosphorique,  en  liqueur  acide,  en  présence  de 
toutes  les  bases  et  acides  minéraux. 

Minerais. —  Le  principal  minerai  de  molybdène  est  le  sulfure, 
MoS',  ou  molybdénite,  corps  si  analogue  au  graphite  qu'on  l'a  long- 


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176  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

temps  confondu  avec  lui  (il  s'en  distingue  immédiatement  en  ce 
qu'il  laisse  une  trace  verte  sur  la  porcelaine).  Il  se  rencontre  sur- 
tout dans  les  granulites  stannifères,  syénites  zirconiennes,  etc., 
le  plus  habituellement  en  mouches  dans  un  quartz  compact  et 
laiteux.  Les  plus  beaux  cristaux  viennent  de  Norvège.  On  trouve 
également,  quoique  plus  rarement,  le  molybdène  dans  la  nature 
à  l'état  d'oxyde  ou  de  molybdate  de  plomb.  Le  molybdate  de 
plomb,  ou  wulfénite,  existe  en  filons  au  Bleiberg,  à  Forstenkir- 
chen,  à  Garmisch,  etc.;  on  en  exploite  dans  le  haut  Mexique. 

Gisements.  —  Les  gisements  industriels  de  molybdène  sont  assez 
rares.  En  Cornwall,  on  le  rencontre  assez  souvent  associé  à 
rétain  et  au  cuivre,  mais  toujours  en  quantités  très  faibles.  On 
l'a  exploité  dans  les  schistes  chloritiques  à  l'Est  de  l'Invemenshire 
et  à  Galbocktell,  en  Gumberland. 

En  Norvège^  on  le  trouve,  avec  des  minerais  de  cuivre,  dans 
un  gneiss  amphibolique,  auprès  d'Arendal.  En  Suède,  on  a 
récemment  commencé  des  exploitations  dans  le  riche  district 
métallifère  qui  s'étend  sur  la  côte  de  la  Baltique.  Voici,  d'après 
Davies,  quelques  détails  sur  ces  mines  peu  connues  : 

Les  mines  de  molybdène  de  Suède  se  trouvent  dans  l'île  à'Ekhol- 
men  (Oak-Island),  dans  l'archipel  de  Westerwik,  au  Sud-Est  de 
la  Suède,  et  à  environ  20  milles  au  Nord  de  la  ville  de  Wer- 
terwik. 

L'Ile  est  formée  de  gneiss  à  amphibole  et  de  schistes  micacés 
que  recoupent  7  filons  distincts,  ayant  de  0,15  à  0,50  de  large.  En 
un  point,  4  de  ces  veines  se  réunissent  et  forment  un  amas  de 
1",50  de  large.  Le  remplissage  est  composé  de  molybdénite,  oxyde 
de  molybdène  et  pyrite  de  cuivre,  dans  une  gangue  de  quartz  et 
de  fesldpath.  Les  gttes  ont  90  mètres  de  longueur  reconnue  et 
ont  déjà  été  explorés  sur  10  mètres  de  profondeur.  La  molybdé- 
nite très  pure  se  trouve  parfois  en  amas  pesant  jusqu'à  1  600 
grammes  ;  quand  elle  est  plus  disséminée,  on  arrive  à  la  trier 
assez  facilement.  Dans  l'été  de  1880,  entre  le  2  juin  et  le  2  octobre, 
trois  hommes  ont  extrait  600  kilogrammes  de  molybdénite  pure  et 
environ  4  000  kilogrammes  de  minerai  de  seconde  qualité  à 
9  p.  100  de  molybdène.  Il  n'existe  ni  apatite  ni  wolfram  avec  le 


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MOLYBDÈNE  (77 

molybdène.  Les  minerais  exportés  en  Allemagne  y  ont  été  ven- 
dus 20  francs  le  kilogramme. 

En  Autriche,  le  molybdène  sulfuré  se  trouve  dans  les  quartz 
slannifères  de  Zinnwald  et  de  Schlangenwald. 

En  Hongrie^  on  l'a  rencontré  parfois  en  petites  masses  conte- 
nant une  certaine  proportion  d'argent  et  même  d'or,  dans  une 
argile  filonienne. 

Nous  citerons  encore,  comme  gisements  de  molybdénite,  Mac- 
chetto,  commune  de  Quittengo  Biella  et  Traverselle,  en  Ilalie  *  ; 
Auerbach,  Altenberg  et  Ehrenfriedendorf,  en  Saxe;  Chessy,  en 
France;  Ghutia  Nagpur,  aux  Indes;  Elsmore,  en  Australie^ y  où  il 
en  existe  de  beaux  cristaux  dans  une  mine  d*étain,  etc. 

Aux  États-Unis^  on  Ta  signalée  à  Haddam  et  Saybrook,  en  Con- 
necticut;  à  Blue  Hall  Bay,  dans  le  Maine  ;  à  Shutesburg  et  Burn- 
field  en  Massachusetts  ;  près  de  Franklin-Furnace,  à  New-Jersey  et 
près  de  Warwick  (New- York)  ;  en  Westmoreland  (N.  Hampshire). 

Dans  le  Haut  Mexique  on  exploite,  paraît-il,  depuis  quelque 
temps,  des  mines  de  molybdate  de  plomb  (wulfénite). 

La  wulfénite,  à  Tétat  de  cristaux  isolés,  accompagne  habituel- 
lement les  produits  d'oxydation  superfîcielle  des  minerais  de 
plomb  et  se  rencontre  dans  beaucoup  des  mines  où  Ton  extrait 
ce  métal,  telles  que  :  Bleiberg,  Wîndich-Kappel  et  Schwarzen- 
bach,  en  Carinthie;  Rezbanya,  en  Hongrie;  Przibram,  en  Bohême  ; 
Moldava,  au  Banat;  Annaberg,  Schneeberg,  etc.,  en  5ax^;Sou- 
thampton,  en  Massachussets. 

Avec  la  wulfénite,  on  a  trouvé,  à  Leadhills,  en  Ecosse^  un 
vanado-molybdate  de  plomb,  nommé  Teozite. 

'  1877.  Gossa.  Sulla  Molibdenite  nel  Biellesse.  {trans.  R.  Ac,  Lincei,  p.  206.) 

1883.  D'Achiardi,  II,  609. 

'  1882.  Mioei  N.  S.  Wales.  Ed.,  2,  98. 


GéoLOGiB.  —  T,   n.  12 


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URANIUM 

U;Eq=  60  — P.  at  =  120. 


Historique.  —  L'oxyde  d'uranium  a  été  découvert,  en  1789,  par 
le  chimiste  allemand  Klaproth,  dans  une  analyse  de  pechblende. 
Mais  c*est  en  1840  seulement  que  Péligot  parvint  à  préparer  l'ura- 
nium métallique  au  moyen  d'un  chlorure  anhydre  chauffé  avec 
du  potassium. 

Propriétés  chimiques.  —Péligot  avait  proposé  de  prendre  60  pour 
équivalent  ou  120  pour  poids  atomique  de  Turanium.  M.  Men- 
déléeff»  pour  le  rapprocher  du  tungstène  et  du  molybdène  (U0% 
MoO»,  WO'),  aurait  préféré  240.  Cette  opinion  n'a  généralement 
pas  été  adoptée.  D'ailleurs,  si  l'uranium  a  quelques  analogies  de 
gisement  avec  le  tungstène  et  le  molybdène,  d*autre  pai*t,  cer- 
taines propriétés  chimiques  sont  plutôt  comparables  à  celles 
du  chrome. 

Usages.  —  Les  principaux  usages  de  Turane  sont  la  préparation 
de  matières  colorantes. 

L'azotate  d'urane  AzO*  U*0',  6H0  est  le  sel  d'urane  qu'on  ob- 
tient le  plus  facilement  à  l'état  pur  et  c'est,  par  son  intermédiaire, 
qu'on  extrait  Turanium  de  ses  minerais.  Il  est  d'une  belle  couleur 
jaune.  Divers  autres  sels  de  sesquioxyde  donnent  aussi  des  jaunes 
superbes.  Les  uranates  de  soude,  de  potasse  et  d'ammoniaque,  les 
oxydes  divers  sont  très  employés  pour  les  verres  colorés  et 
pour  la  peinture  sur  porcelaine.  Le  sesquioxyde  donne  au  verre 


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iaO  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

des  nuancer  d*or  et  des  teintes  verdâtres  très  fines  ;  le  protoxyde 
sert  à  colorer  en  noir  certaines  porcelaines  de  grand  prix. 

L*urane  pourrait,  en  outre,  avoir  quelques  applications  en  pho- 
tographie, en  raison  de  certaines  propriétés  lumineuses  de  ses 
sels  constatées  par  Niepce. 

Si  l'uranium  n'avait  pas,  jusqu'ici,  un  prix  aussi  élevé  (60  francs 
le  kilogramme),  il  serait  encore  susceptible  d'autres  emplois.  Sa 
grande  résistance  électrique  le  ferait  utiliser  en  électricité.  On 
pourrait  enfin  en  faire,  avec  le  platine  et  le  cuivre,  des  alliages 
ayant  l'aspect  de  Tor  et  capables  de  résister  aux  acides.  La 
découverte  récente  (1889)  d'une  mine  d'urane  dans  le  Cornwall  a 
rappelé  l'attention  sur  ces  diverses  propriétés. 

Gisements  d'uranium.  —  L'uranium  est  un  métal  peu  répandu 
dans  la  nature.  Son  principal  minerai  est  la  pechblende ^  substance 
assez  complexe  qu'on  regarde  comme  de  l'oxyde  vert  d'urane 
mélangé  à  d'autres  corps.  La  pechblende  est  généralement  fort 
impure;  à  Joachimslhal,  par  exemple,  elle  contient  seulement 
40  centièmes  d'oxyde  d'uranium  et  le  reste  en  arsenic,  soufre, 
molybdène,  avec  un  peu  de  vanadium,  de  tungstène,  de  fer,  man- 
ganèse, aluminium,  cobalt,  nickel,  cuivre,  bismuth,  plomb,  argent, 
magnésium  et  calcium. 

On  trouve  la  pechblende  à  Ipachimsthal^  à  Georgenstadt  et  à 
Przibram  en  Bohême,  à  Schneeberg  en  Saxe,  à  Resbanya  en  Hon- 
-grie,  à  Vale  en  Norvège,  avec  des  minerais  de  plomb  et  d'ar- 
gent. On  en  rencontre  également  à  Redruth  dans  le  Cornwall 
(400  kilogrammes  en  1878)  et  près  d'Andrinople. 

Dans  ces  divers  gisements,  elle  ne  forme  que  des  poches  et  des 
amas  assez  restreints;  mais,  en  1889,  oa  en  a  découvert,  en  Corn- 
wall, à  Grampoundroad,  une  veine  régulière  qui  contient,  d'une  ma- 
nière constante,  une  proportion  d'uranium  allant  de  12  à  30  p.  100. 
A  la  fin  de  1889,  on  avait  déjà  extrait  là  plusieurs  tonnes  de  métal. 
.  En  outre,  on  connaît  Turane  à  l'état  à'uranite  ou  autunite  à 
Autun  (phosphate  double  d'uranium  et  de  chaux)  et  sous  un  cer- 
tain nombre  d'autres  formes  rares.  C'est  ainsi  que  la  samarskite^ 
minéral  noir  rencontré  dans  la  granulite  en  Sibérie  (Miask)  et 
dans  la  Caroline  du  Sud,  est  un  niobate  d'uranium.  L'Yitrota/ita- 


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URANIUM  I8( 

lile^  rencontrée  à  Finbo  et  Brodbo  près  de  Falun  en  Suède,  dans 
des  granulites,  est  un  tantalate  d'ytlria,  de  chaux,  de  fer  et  d'ura- 
nium. La  polya'ose^  trouvée  dans  le  granité  des  mines  d'Hitteroé, 
avec  de  la  gadolinite,  est  un  niobotitanate  de  fer,  d'yttrium,  de 
cérium  et  d'uranium. 

Ces  diverses  combinaisons  montrent  de  quels  métaux  l'ura- 
nium est  rapproché  par  ses  propriétés. 

Extraction.  —  Le  seul  point  peut-être  où  l'on  fabrique  l'ura- 
nium industriellement  est  Joachimsthal. 

Les  mines  d'argent  de  Joachimsthal  sont  exploitées  depuis  le 
xvi*"  siècle.  En  1853,  on  y  installa  la  fabrication  des  sels  d'urane  qui, 
bientôt,  a  pris  des  proportions  assez  importantes. 

Quelques-uns  des  filons  de  Joachimsthal  fournissent  de  la 
pechblende  qui  est  amenée  à  l'usine,  soit  sous  forme  de  minerais 
de  triage  broyés,  soit  à  l'état  de  schlichs.  Leur  teneur  moyenne 
est  d'environ  40  à  55  p.  100  d'oxyde  d'urane  U'O*  ;  ils  contiennent, 
en  outre,  du  vanadium,  de  l'arsenic,  du  soufre,  du  molybdène,  du 
tungstène,  du  cobalt,  du  nickel,  du  cuivre,  du  bismuth,  du  plomh, 
de  l'argent,  du  fer,  du  manganèse,  de  la  chaux,  de  la  magnésie, 
de  l'alumine  et  de  la  silice. 

Le  prix  d'achat  des  minerais  est  calculé  d'après  la  formule 
suivante  : 

n  =  17,39  h. 

h  étant  la  teneur  en  oxyde  d'urane,  et  n  le  prix  d'un  quintal  du 
minerai  sec. 

La  formule  du  traitement  comprend  : 

l""  Grillage  des  minerais  avec  addition  d'azotate  et  de  carbonate 
de  soude  ; 

2^  Lessivage  des  minerais  grillés.  Le  vanadium,  le  tungstène, 
le  molybdène  sont  dissous,  tandis  que  l'uranate  de  soude,  insoluble 
dans  l'eau  pure,  reste  dans  les  résidus,  avec  le  cuivre,  le  cobalt, 
le  nickel,  l'argent,  etc..  La  dissolution  passe  au  traitement  pour 
vanadium  ; 

3^  Attaque  des  résidus  par  l'acide  sulfurique;  on  dissout  Turane 
et  le  cuivre  en  laissant  la  silice,  la  chaux,  le  fer,  etc.  ; 


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183  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

4*"  Précipitation  des  métaux  étrangers  par  le  carbonate  de  soude 
en  excès  ; 

5"^  Purification  de  la  liqueur  en  la  chauffant  au  moyen  de  jets 
de  vapeur,  de  manière  à  chasser  Tacide  carbonique  libre  qui  tenait 
en  dissolution  du  fer  et  de  la  chaux  ; 

6''  Enfin,  précipitation  de  Turanium  par  la  soude  ou  par  Tacide 
sulfurique,  suivant  qu'on  veut  avoir  de  l'uranate  de  soude  jaune 
clair  ou  orangé. 

On  fabrique  les  sels  suivants  : 

Uranate  de  soude,  jaune  clair  valant.  57,50  le  kilo  (en  1880) 

—  orangé 57,50    — 

—  orangé  vif  ...   .  63,50    — 
Uranate  de  potasse,       —        ....  ^3,75    — 

—     d'ammoniaque,  jaune  clair  .    62,50    — 
Oxyde  d'uranium,  noir 80,00    — 

La  production  annuelle  s'élevait,  en  1880,  à  environ  4  500  kilo- 
grammes, dont  la  plus  grande  partie  en  uranate  de  soude,  servant 
pour  la  fabrication  des  verres  colorés  et  pour  la  peinture  sur  por- 
celaine. 

Bibliographie. 

A5TH0N.  —  Extraction  de  Turanium  de  ses  minerais.  {Dinglers  Polyt. 
Journal,  t.  CLVI,  p.  207.) 

1865.  LiESEGANG.  —  Procédé  de  virage  à  Turane.  (Bull,  Soc,  chim.,  t.  III, 
p.  259  ;  Moniteur  de  la  photogr.,  {«f  janvier  1865.) 

NiLsoN.  —  Recherches  sur  Turanothorite  d*Arendal  (découverte  en 
1876  par  Nordienskiold).  (C.  R.,  t.  XCV,  p.  784.) 

Patera.  —  Sur  la  préparation  du  jaune  d*urane.  {Journal  fur  prakt, 
CAem.,t.  CXI,  p.  397.) 

Peligot.  —  Sur  la  préparation  de  l'uranium.  (C.  R.,  t.  LVII,  p.  73  ; 
Ann.  de  Ch.  et  Phys,,  4«,  t.  XVII,  p.  369.) 

WôHLER.  —  Extraction  de  Turanium  de  la  pechblende.  (Traité  pra- 
tique d'analyse  chimique,) 

Wysocki.  —  Fabrication  des  jaunes  d'urane  à  Joachimsthal  en  Bo- 
hème. (Dinglers  polyt.  Journal,  t.  CLXXVl,  p.  448  ;  Bull,  de  la  Soc.  chim.y  t.  VI, 
p.  494.) 

*  1880.  Lallexand.  —  L'urane  et  le  vanadium  à  Joachimsthal.  {Ann.  d. 
M,,  7«,  t.  VII,  p.  326.) 

1883.  d'Adhiardi.  —  I  metalli,  etc..  Il,  569. 

*  1884.  Ditte.  —  L'uranium  et  ses  composés.  (Cet  ouvrage  contient  une 
bibliographie  chimique.) 

1889.   Vernier.  —  Chronique  scientifique  du  Temps  (8  oct.  89). 


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ANTIMOINE 

Sb;  Eq  =  122;  —  P.  al.  =  122. 

Historique.  —  Le  sulfure  d'antimoine,  ou  stibine,  est  connu 
en  Orient  depuis  les  temps  les  plus  reculés'.  Dioscorides  Ta  men- 
tionné sous  le  nom  de  stimmi  et  Pline  de  stibium  en  indiquant 
l'usage  qu'en  faisaient  les  femmes  d'Asie  pour  se  noircir  les  sour- 
cils. Dans  le  Currtis  triomphalis  antimonii^  à  l'époque  de  la  Renais- 
sance, on  trouve  l'indication  du  vin  stibié  et  de  Témétique.  Au 
xv""  siècle,  Basile  Valentin  cite  le  verre  d'antimoine  obtenu  par  la 
fusion  de  Tantimoine  naturel  dans  des  vases  de  terre,  le  soufre 
doréy  le  kermès,  le  beurre  d'antimoine.  On  avait,  dès  lors,  remarqué 
que  l'antimoine  donnait  de  bons  eCets  dans  la  nourriture  des  ani- 
maux à  l'engrais.  On  en  abusa  tellement  en  médecine  qu'en  1566, 
sur  une  décision  de  la  Faculté  de  Paris,  le  Parlement  en  proscri- 
vit l'usage,  et  cette  défense  ne  fut  levée  qu'un  siècle  après,  en 
16S0. 

Usages.  —  Aujourd'hui  l'antimoine  est  utilisé,  soit  sous  forme 
d'alliage,  soit  comme  base  de  certains  produits  chimiques  et 
pharmaceutiques. 

Alliages.  —  L'antimoine,  en  s'alliant  à  la  plupart  des  métaux, 
leur  donne  de  la  dureté.  L'alliage  des  caractères  d'imprimerie  con- 
somme une  assez  forte  proportion  de  ce  métal;  en  voici  quelques 
compositions  : 

1  M.  Berthelot  a  fait  cette  observation  bien  curieuse  {Rei\  Archéol,  18S7,  3%  t.  IX), 
qu'un  vase,  trouvé  à  Teilo  en  Ghaldée  par  M.  de  Sarzec,  était  en  antimoine  métal- 
lique fondu. 


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Sb 

Bit 

Pb 

(    20,00 

» 

80,00 

22,23 

50,00 

'"®  •   •   •           5,82 
\    33,34 

29,58 

65,10 

» 

66,66 

(    14,29 

> 

85,71 

(     15,00 

15,00 

70,00 

^84    '  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Alliage  pour  caractères  d'imprimerie 

ARiage  pour  planches  stéréotypes 

Allié  au  plomb,  rantimoine  le  rend  susceptible  d'être  laminé  en 
feuilles  minces,  à  la  condition  qu'il  ne  contienne  pas  d'arsenic. 
Ces  deux  usages,  caractères  d'imprimerie  et  plomb  antimonieux, 
sont,  avec  la  fabrication  des  enveloppes  de  cartouches  dont  nous 
parlerons  plus  loin,  les  principaux. 

Le  métal  anglais  est  un  alliage  d'antimoine  et  de  zinc  ;  Tanii- 
moine  entre  également  dans  la  composition  du  Pewster  anglais, 
qui  sert  à  faire  des  brocs  et  des  vases  à  boire  (87  d'étain,  8  d'an- 
timoine, 4  de  cuivre,  1  de  bismuth)  ;  dflins  celle  du  métal  de  la 
Reinây  du  métal  cT Alger  ;  de  Valliage  de  Réaumur  (70  d'antimoine 
et  30  de  fer),  de  Valliage  de  Sérullas  obtenu  en  fondant  6  parties 
d'émétique  (tartrate  double  de  potasse  et  d'antimoine)  avec  une 
partie  d'azotate  de  potasse  et  utilisé  pour  la  préparation  des  radi- 
caux organo-métalliques  de  l'antimoine  ;  dans  la  fabrication  d'un 
bronze  d'antimoine  qui  a  donné,  en  Angleterre,  de  bons  résultats 
pour  les  coussinets  de  wagons,  etc. 

Une  application  plus  importante,  qui  a  été  cause  d'une  augmen- 
tation de  prix  notable  pour  l'antimoine,  depuis  quelques  années, 
est  celle  qui  a  été  faite  dans  certaines  parties  des  nouvelles  car- 
touches usitées  dans  l'armée. 

Pharmacie.  —  En  médecine ,  on  emploie  le  kermès  (oxysul- 
fure  d'antimoine),  le  sulfo-antimoniate,  l'émétique,  le  chlorure 
(Sb  C^)  ou  beurre  d'antimoine,  la  poudre  d'algaroth  (SbO*Cl),  l'an- 
timoniate  de  quinine.  On  désigne,  d'une  façon  générale,  tous  ces 
remèdes  sous  le  nom  d'ahtimoniàux. 

Industries  chimiques.  —  Le  beurre  d'antimoine  (Sb*  0')  sert  à 
bronzer  le  cuivre  et  les  armes  pour  les  préserver  de  l'oxydation  ; 
il  se  produit,  en  effet,  par  l'action  du  fer  ou  du  cuivre  sur  le  chlo- 
rure, un  dépôt  superficiel  d'antimoine  peu  altérable. 

L'oxysulfure  d'antimoine  (SbS*0)  entre,  sous  le  nom  de  ver- 
millon d'antimoine,  dans  la  fabrication  des  toiles  et  des  papiers  ; 


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MINERAIS   D  ANTIMOINE  i85 

c  est  une  couleur  qui  couvre  bien,  se  mêle  parfaitement  à  la  céruse 
et  a  Tavantage  d*ètre  inaltérable  à  Tair,  à  la  lumière,  aux  éma- 
nations sulfureuses,  etc. 

L*antimoine  lui-même,  en  poudre  très  fine,  comme  celui  qu'on 
obtient  par  précipitation  d*un  de  ses  sels  par  le  zinc  ou  le  fer,  est 
connu  dans  l'industrie  sous  le  nom  de  noir  de  fer  ;  il  sert  à 
bronzer  les  métaux  et  à  donner  aux  statuettes  de  plâtre  un  aspect 
métallique  (Konig).  On  emploie  également  des  dépôts  galvaniques 
d'antimoine. 

Le  jaune  de  Naples  est  un  antimoniate  basique  de  plomb  préparé 
en  fondant  1  partie  d'antimoine  avec  1  partie  de  plomb,  3  de  sal- 
pêtre, 6  de  sel  marin,  pulvérisant  le  produit  et  lavant  à  l'eau 
chaude.  Le  jaune  minéral  de  Mérimée  et  le  jaune  Pinard  sont  des 
produits  de  composition  analogue. 

■inerais.  —  Le  principal  minerai  d'antimoine  est  le  sulfure  ou 
stibine  (Sb*  S').  Généralement  ce  sulfure  est  disséminé  en  aiguilles 
très  unes  dans  une  gangue  de  quartz  et  difficile  à  séparer  par 
broyage.  Exceptionnellement,  on  a  exploité,  dans  la  province  de 
Gonstantine,  à  Hammimat,  un  peu  de  sénarmontite  et  de  valenti- 
nite  (Sb»  0»)*. 

En  outre,  Tantimoine  entre  dans  la  composition  d'un  grand 
nombre  déminerais  :  sulfoantimoniures  complexes  de  cuivre,  zinc, 
aident,  fer,  mercure,  etc.,  tels  que  les  divers  cuivres  gris  (Pana- 
base,  Freibergite,  Schwatzite)  ;  sulfoantimoniures  d'argent  et  de 
cuivre,  tels  que  la  Polybasite  (Ag'  Sb  S*)  ou  d'argent  seul  comme  la 
Psaturose  (Ag^^SbS^),  l'Argent  Rouge  (Ag*  SbS'),  etc.  ;  sulfoantimo- 
niures  de  cuivre  et  de  plomb,  comme  la  Bournonite  (Gu  Pb  SbS'), 
ou  de  plomb  seul  comme  la  Uoulangérite  (Pb'Sb*  S^),  etc.  Il  y  a 
lieu  d'insister  particulièrement  sur  l'affinité  qui  existe  souvent 
entre  l'antimoine  et  le  mercure  ou  l'or;  nous  y  reviendrons  à 
l'occasion  de  ces  deux  métaux. 

En  raison  de  ces  associations,  on  obtient  une  certaine  propor- 

*  Depuis  188S,  la  proportion  des  minerais  oiydés  vendus  a  beaucoup  augmenté.  En 
1889,  on  a  expédié  de  Srayrae  un  tonnage  notable  de  minerais  oxydés,  pulvérulents, 
titrant  de  35  à  38  p.  100.  On  a  signalé  également,  en  Asie  Mineure,  en  face  Mètelin, 
UQ  antimoniure  de  cuivre  à  73  p.  100  de  cuivre  et  27  p.  100  d'antimoine  qui  serait, 
paralt-il,  assez  abondant. 


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186 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


tion  d'antimoine  comme  produit  secondaire  de  la  métallurgie  de 
ces  divers  métaux  ;  ainsi  l*usine  d'arsenic  de  Freiberg  donne  un 
peu  de  p]omb  antimonieux;  mais  la  plus  grande  partie  va  se 
perdre  avec  les  produits  volatils  que  donne  le  grillage  et,  dans 
bien  des  cas,  la  présence  de  l'antimoine  dans  les  minerais  n'est, 
en  fait,  considérée  que  comme  une  gène,  particulièrement  dans 
les  minerais  d'or  et  d'argent. 


PRODUCTION  D'ANTIMOINE 






HON- 

(JDC 

ERE- 

ÉTATS- 

AUSTRA- 

FRANCE 

PU  L  S8E 

AUTRICHE 

JAPON 

ITAUB 

GRIE 

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2 

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H 

b* 

H 

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H 

h 

H 

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H 

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H 

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H 

b. 

1S80 

• 

• 

, 

» 

• 

• 

» 

• 

■ 

M 

» 

• 

1881 

188 

1  163 

258 

926 

84 

797 

• 

» 

» 

» 

» 

» 

» 

1882 

173 

1  148 

17 

1  550 

161 

895 

» 

• 

• 

230 

1  083 

54 

■ 

1883 

87 

870 

128 

680 

131 

832 

» 

» 

• 

• 

• 

54 

• 

1884 

105 

840 

143 

«77 

170 

941 

» 

» 

• 

270 

1  000 

54 

» 

1885 

122 

i  000 

149 

611 

191 

832 

• 

• 

500 

2i0 

870 

45 

• 

1886 

171 

775 

120 

600 

203 

74- 

• 

• 

» 

1".»8 

706 

31 

• 

1887 

170 

956 

• 

p 

258 

732 

236 

781 

p 

200 

700 

68 

91 

1  332 

19 

1  675 

1888 

tAO 

923 

69 

580 

213 

760 

» 

» 

• 

22 

630 

34 

90 

» 

1889 

316 

1  560 

161 

570 

221 

847 

» 

• 

» 

1  970 

14i 

103 

• 

1890 

843 

1  263 

115 

723 

207 

1  032 

« 

• 

_L 

n 

> 

116 

» 

J_ 

France 

Japon  

Portugal.  .   .   . 

Italie 

Espagne.   .   .   . 
Nouvelle-Zélande 
Autriche.  •   .   . 
Hongrie  .... 
Canada  .... 

Prusse 

Grande-Bretagne 
Etats-Unis.   .   . 
Australie    .   .   . 


MINERA!  EN  1889 


Tonnes     Francs 


2  230 
» 

2  060 

500 
440 
380 
S  340 
240? 
310 

? 

68 
239 
176 


184 


291 

132 
50 
414 
285 
296 
61 

9 

334 

? 

240 


MÉTAL  EN  1889 


Tonne»     Francs 


316      1  560 
500 

Minerais  exportés 
en  grande  partie 
en  Angleterre, 
? 

9 

? 

847 
781 


? 

? 
221 
236 

» 
161 

34 
103 

19 


570 
1490 
1332 
1675 


MINERAI  EN  1886 


Tonnes     Francs 


300 


800 

180 
150 
680 
390 
2  300 
600 


370 


157 


384 

295 
45 
193 
220 
174 
272 


314 


MÉTAL  EN  1886 


Tonnes    Francs 


171 


240 


2o5 

120 

> 

31 
203 


775 

î 
870 


747 

» 
600 

» 
1000 

674 


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STATISTIQUE  DE  L'aNTIMOINE  187 

Les  deux  tableaux  ci-dessus  donnent,  le  premier  d  après  la 
statistique  internationale  française',  la  production  d'antimoine 
métallique  dans  les  divers  pays;  le  second,  le  classement  des 
pays  d'après  l'importance  de  leur  production. 

Ces  tableaux  mettent  bien  en  évidence  la  hausse  considérable 
qui  s*est  produite,  en  France,  sur  Tantimoine,  de  1886  à  1889,  par 
suite  de  son  application  au  matériel  de  guerre  et  l'augmentation 
notable  qui  en  est  résultée,  sinon  dans  la  consommation  d'antimoine 
en  France,  au  moins  dans  la  production  des  mines  françaises. 

En  1885  et  1886,  l'antimoine  sulfuré  n'avait  été  exploité  en 
France  que  dans  la  Haute-Loire  et  dans  la  Corse.  La  production 
avait  été,  en  1886,  de  171  tonnes,  y  compris  une  certaine  quantité 
de  métal  venant  de  minerais  de  Sardaigne,  fondus  en  même  temps 
que  ceux  de  la  Corse  à  Alais;  en  même  temps,  on  avait  importé 
533  tonnes  d'antimoine  en  1885,  537  en  1886  :  ce  qui  portait,  à 
ce  moment,  la  consommation  annuelle  d'antimoine  en  France  à 
environ  710  tonnes.  En  1888,  la  production  de  minerais  n'était  encore 
que  de  789  tonnes;  en  1889,  elle  a  atteint  2229  tonnes,  et  l'on  voit 
figurer,  en  outre,  à  l'exportation,  1  923  tonnes  de  minerai  contre 
une  importation  de  70  ;  cette  année-là,  on  a  obtenu,  dans  les  usines 
de  la  Haute-Loire,  d'Alais  et  du  Cantal,  316  tonnes  d*antimoine 
contre  240  en  1888;  mais  Timportation  d'antimoine  métallique 
n'a  été  que  de  248  tonnes  contre  33  à  l'exportation  ;  en  sorte  que 
la  consommation  ressort  à  peine  à  550. 

Les  départements  producteurs  sont  : 

La  Corse  (Méria^  près  du  cap 
Corse'),  donnant 12791.  de  minerai  trié.  .   .   .  à  236  francs 

LaHaute-Loire  avec  6  mines,  j       2101.         —       lavé  et  trié,  à  277    — 
donnant (       576  t.         —        trié.   ...  à    77 

Le  Cantal  avec  1  mine,  don- 
nant           121 1.  —        brut.  ...  à    28    — 

La  Lozère  avec  une  mine, 
donnant. 45  t.         —       brut.  ...  à    20    — 

Autrefois,  en  France,  on  ne  traitait  que  les  minerais  à  plus 
de  25  p.  100  ;  aujourd'hui,  on  descend  beaucoup  au-dessous. 

«  Complétée  pour  les  États-Unis,  d'après  les  Minerai  Resources  de  1890. 
*  Coll.  École  des  Mines,  1956.  Voir  Hollande  :  Gttes  métall.  de  Corse.  (B.  S.  G., 
3%  IV,  30;  1876.) 


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i88  GÉOLOGIE  A1»PLIQUÉE 

Les  fonderies  françaises  sont  au  nombre  de  trois  :  une  à  Alais 
et  deux  à  Brioude.  Elles  traitent  même  des  minerais  pauvres  à 
7  et  8  p.  100.  Une  grande  partie  des  minerais  français  est  expor- 
tée en  Angleterre. 

Parmi  les  pays  étrangers,  le  Japon,  qui  avait  une  production 
considérable,  estimée,  d'après  la  statistique  française  de  1889, 
à  500  tonnes  de  métal  pour  Tannée  188S,  et,  d'après  une  revue 
anglaise,  à  200  tonnes  de  minerais  à  73  p.  100  pour  1887,  a  réduit 
son  extraction  depuis  ce  moment. 

Le  Portugal,  avec  les  mines  de  Tapada,  de  Lixa  et  de  Gondo- 
mar  près  d'Oporto,  produit  des  minerais  riches  à  près  de  70  p.  100  ; 
avec  celle  de  Corcega,  des  minerais  de  20  à  SO  p.  100  ^ 

En  Italie,  nous  étudierons  le  gîte  de  Pereta  (Toscane).  On  peut 
■citer  encore  Cettine  di  Cotorniano  et  Tocchi  (province  de  Sienne)  : 
San-Basilio,  Ballao,  Yillasalto  dans  le  district  des  Lanusei  en 
Sardaigne. 

En  Allemagne,  nous  mentionnerons  celui  de  Arsnbergen  West- 
phalie  ;  ceux  de  Hoffnung,  près  de  Brûck  sur  TAhr,  cercle  d'Adenau  ; 
•de  Goldronach  dans  le  Fichtelgebirge  ;  en  Hongrie,  celui  de  Ma- 
gurka,  dans  la  chaîne  granitique  de  Gumbir  et  celui  de  Kremnitz. 

En  Espagne,  on  a,  paraît-il,  découvert  récemment  des  mines 
importantes  dans  la  province  de  Badajoz,  à  Zalamea  de  la 
Serena  et  dans  TEstramadure. 

En  Angleterre,  on  consomme  environ  6000  à  8000  tonnes  de 
minerai  à  50  p.  100  ;  les  prix  des  produits  ^ntimonieux  étaient, 
.à  Londres,  en  1889*  : 

Régule  d'antimoine l  950  à  2  000  fr.  la  tonne. 

Régule  du  Japon .   .  2  000         — 

Oxyde  du  Japon,  à  50  p.  100  ...   .       .  515         — 

Sulfure  de  Portugal,  à  60  p.  100  ....   .  750         — 

Minerai  portugais  de  Gorcega,  à  30  p.  100.  700         — 

La  production  de  TAngleterre  est  nulle;  mais  on  connaît  des 
gîtes  à  Wheal  Boys  (Devonshire),  à  Salstath  (Cornwall),  à  Glen- 
dinning,  paroisse  de  Westkirk  (Dumfrieshire). 

'  Les  minerais  portugais  sont  fréquemment  aurifères. 
•  Revisla  miniera,  1889. 


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STATISTIQUE   DE  L  ANTIMOINE  i^9 

Enfin,  en  dehors  des  pays  producteurs  mentionnés  plus  haut,  il 
y  a  lieu  de  citer  Bornéo,  FAustralie,  les  États-Unis,  le  Canada  et 
TAsie  Mineure  aux  environs  de  Smyrne. 

jBorn^o  (district  de  Sarawak  supérieur)  était,  il  y  a  quelques 
années,  une  source  importante  d'antimoine.  En  1881,  on  en  a 
exporté  pour  une  valeur  de  1  800  000  francs  ;  cette  production  a 
beaucoup  décru. 

En  Australie,  les  minerais  d'antimoine  sont  fréquemment  auri- 
fères. L'exploitation  en  est  irrégulière.  La  province  de  Victoria, 
qui  fournissait  2  627  tonnes  en  1878,  n'en  produisait  que  35 
en  1883  ;  de  1831  à  1876,  la  valeur  de  sa  production,  tant  en 
minerai  qu'en  métal,  a  dépassé  3  millions,  de  francs.  En  1883, 
la  Nouvelle-Galles  du  Sud  a  produit  357  tonnes  de  minerai  et  le 
Queensland  508,  valant  environ  270  000  francs. 

Aux  États-Unis,  la  production  a  été,  en  1890,  de  116  tonnes 
valant  212  000  francs.  Les  gisements  connus  sont  surtout  à  l'Ouest 
du  Mississipi  :  dans  TArkansas  (comté  de  Sevier)  et  dans  le 
Nevada  (comté  de  Humboldt,  minerai  bismuthifère)  ;  puis,  en 
Californie  (comté  de  Kern),  dans  TUtah  (comté  de  Iron),  etc. 
En  1890,  le  Nevada  a  produit  800  tonnes  de  minerai  dont  200 
fondues  à  San-Francisco. 

Le  Canada  exporte  son  minerai  (5  à  600  tonnes)  en  Angleterre. 
Les  mines  sont  celles  de  Westgore,  comté  de  Hauts,  Nouvelle- 
Ecosse  ;  de  Prince-William,  comté  d'York,  Nouveau-Brunswick. 

Commerce  de  Tantimoine.  —  Le  marché  de  Tantimoine  métal- 
lique, ou  régule  d'antimoine,  est  à  Londres.  Le  cours  du  métal 
y  est  coté,  en  livres  sterling,  par  tonne  de  1  015  kilogrammes. 
C  est  en  Angleterre  également  que  les  minerais  ont  le  plus  large 
débouché.  Les  ventes  se  font  à  l'état  de  sulfure  naturel  plutôt 
qu'à  l'état  de  sulfure  liquaté  (ou  antimoine  cru).  Les  minerais 
à  50  p.  100  d'antimoine  sont  considérés  comme  de  première 
qualité  ;  ceux  au-dessous  de  30  p.  100  trouvent  difficilement 
preneur.  Les  minerais  oxydés,  moins  riches,  plus  coûteux  et  plus 
difOciles  à  réduire,  sont  payés*  moins  cher  à  teneur  égale.  En  fait 
d'impuretés,  l'arsenic  et  le  plomb  sont  considérés  comme  très 
nuisibles  ;  la  pyrite  de  fer  l'est  moins. 


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190  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Dans  les  minerais  pauvres,  le  1/100  de  métal  se  paye,  en 
moyenne,  3,50  à  4  francs;  un  minerai  à  10  p.  100  vaudrait  ainsi 
35  ou  40  francs.  Le  prix  de  Tunité  augmente  rapidement  avec  la 
richesse  pour  atteindre  8  ou  10  francs  dans  les  minerais  de  pre- 
mière qualité.  On  arrive  ainsi  à  des  produits  qui  valent  de  5  à 
700  francs  la  tonne  et  qui  n^ont  subi  d'autres  frais  que  ceux  de 
l'extraction  et  d'un  triage  assez  sommaire.  En  1890,  le  régule  a 
valu  environ  1  800  francs  la  tonne,  le  sulfure  1  000  francs,  le 
minerai  à  50  p.  100,  600  francs. 

D'après  M.  BurtheS  les  conditions  de  vente  peuvent  être  déflnies 

par  la  formule  •  /^  =  fôô  (*  —  "ô")  (^ — /)*  ^^P  représente  le  prix 
de  la  tonne  de  minerai  ;  t  la  teneur  en  centièmes  constatée  par 
voie  sèche  ;  —  le  déchet  de  fabrication  ;  c  le  cours  du  régule  en 
francs  par  tonne  ;  /  les  frais  de  fusion  et  le  bénéfice  du  fondeur 
par  tonne.  En  Anghtfif re ,  /  est  d'environ  450  francs  ;  —  varie 
entre  9  pour  une  teneur  de  60  p^  100  et  50  pour  une  teneur  de  20. 
On  admet  en  Auvergne  que  Texploîlation  des  petits  filons  n'est 
plus  rémunératrice,  quand  le  sulfure  IlqMtté  descend  au-dessous 
de  400  francs  la  tonne  (soit  800  francs  pour  le  métal). 


GISEMENTS  D'ANTIMOINE 

Les  gisements  de  stibine  se  présentent  généralement  sous  la 
forme  de  filons  quartzeux  avec  mouches  irrégulièrement  dissémi- 
nées de  minerai  ;  parfois  ces  mouches  arrivent  à  constituer  des 
lentilles  assez  longues  ;  mais  les  veines  de  stibine  réellement 
continues  sont  rares.  Au  contact,  on  remarque  souvent  l'exis- 
tence d'une  roche  analogue  à  celle  qui  accompagne  les  filons 
d'étain,  roche  à  mica  blanc  et  à  minéraux  verdâtres.  Le  cas  se 
présente,  par  exemple,  pour  le  filon  de  Magurka  en  Hongrie 
encaissé  dans  le  granité  et,  dans  cette  mine,  on  peut  présumer, 
d'après  les  descriptions,   que  l'aspect  spécial  de  la  roche  aux 

«  Ann.  d.  J/.,  9«,  t.  II,  p.  172,  1892.  Aiticle  très  complet  sur  le  commerce  de  Tanti- 
moine. 


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GISEMENTS   D  ANTIMOINE  191 

épontes,  la  transformation  du  mica  noir  en  mica  blanc  et  celle 
du  feldspath  en  un  corps  cireux  verdàtre,  sont  dus,  comme  dans 
le  cas  des  gîtes  d^étain,  au  métamorphisme  exercé  par  les  eaux 
acides  qui  ont  apporté  Tantimoine.  A  Bresnay,  à  TEst  de  TAIlier 
et  à  Montignat,  à  TOuest  de  Montlugon,  nous  avons  constaté  un 
phénomène  du  même  genre.  Là  il  semblerait  même  y  avoir,  non 
pas  seulemejit  une  action  métamorphique,  mais  une  association 
d'origine  entre  la  stibine  et  la  roche  à  mica  blanc,  comme  si  Tanti- 
moine  avait  été  directement  emprunté  par  les  eaux  à  ses  fume- 
rolles, ainsi  qu'on  est  conduit  à  le  supposer  pour  Tétain. 

On  peut  en  dire  autant  pour  les  exemples  cHés  par  Grûner, 
dans  le  Plateau  Central,  de  filons  de  granulite  à  axe  formé  de 
quartz  et  de  stibine. 

D'autre  part,  quelques  filons  de  stibine  dans  le  Plateau  Central 
(à  Villerange,  Creuse,  etc.)  recoupent  la  grauwacke  du  culm,  ce 
qui  porterait  à  leur  assigner  un  âge  plus  récent  que  celui  généra- 
lement attribué  à  la  granulite  et  à  les  rapprocher  des  microgra- 
nulites  avec  lesquelles  d'autres  gîtes  antimonieux  de  la  même 
région  semblent  en  relation. 

Pour  expliquer  la  formation  de  la  stibine  en  filons,  il  y  a  lieu 
de  rappeler  sa  synthèse  opérée  par  Sénarmont  (1851),  en  chauf- 
fant en  vase  clos,  à  300'',  un  mélange  d'antimoine  et  de  soufre  en 
présence  d'eau  pure,  ou,  à  230*,  en  présence  du  bicarbonate  de 
soude. 

D'autre  part,  nous  dirons  que  certains  gisements  d'antimoine, 
comme  celui  d'Arnsberg  en  Westphalie,  semblent  se  présenter 
sous  une  forme  sédimentaire.  Dans  ce  cas,  nous  citerons  la  remarque 
faite  par  M.  Daubrée  de  la  présence  de  Fantimoine  et  de  Tarsenic 
dans  les  combustibles  minéraux,  dans  la  mer,  aussi  bien  que  dans 
certaines  roches  éruptives  comme  le  basalte  du  Kaiserthal  et  dans 
les  émanations  des  solfatares  de  Pouzzoles  et  de  la  Guadeloupe'. 

Enfin  il  ne  faut  pas  oublier  le  rôle  joué  par  Fantimoine  dans 
bien  des  filons  métallifères  complexes  d'or,  d'argent,  de  cuivre,  etc. 

Au  point  de  vue  de  Vâge^  on  doit  admettre  qu'il  y  a  eu  plusieurs 
venues  distinctes  d^antimoine  ;  nous  étudierons  successivement  : 

'  Eaux  souterraines,  t.  II,  p.  133,  et  Ann,  d.  M.,  4«  série,  t.  XIX,  1850  et  1851, 
p.  «7. 


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192  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

D*abord  rantimoine  de  Magurka,  en  Hongrie,  encaissé  dans  le 
granité  ;  puis  les  gisements  du  Plateau  Central  français,  générale- 
ment compris,  de  même,  dans  le  granité  ou  dans  le  gneiss,  mais 
dont  certains,  encaissés  dans  la  grauwacke  du  culm,  sembleraient 
prouver  que  la  venue  antimonieuse  a  été,  au  moins,  carbonifère. 

Le  gisement  de  Casa  Branca  en  Portugal,  celui  de  Sala  en 
Suède,  sont  également  compris  dans  le  terrain  primitif  ;  ceux  du 
Fichtelgebirge  et  de  la  Forêt  Noire,  sont  dans  le  silurien  ;  ceux 
de  la  province  de  Barcelone  (Espagne),  et  de  la  Nouvelle-Galles 
du  Sud  recoupent  le  dévonien. 

Après  quoi,  nous  mentionnerons  les  gîtes  de  Bornéo,  de  Victoria, 
des  Etats-Unis  et  d'Angleterre  dont  nous  ignorons  Fâge  et  ceux 
d'Algérie,  de  Felsobanya  (Hongrie),  de  Pereta  Toscane),  etc., 
qui  semblent  tertiaires. 

Comme  gîtes  d'allure  sédimentaire,  nous  étudierons  celui  de 
Arnsbei^  (Westphalie),  dans  la  grauwacke  du  culm,  à  rappro- 
cher des  filons  recoupant  cette  même  grauwacke  dans  le  Plateau 
Central  ;  Tépanchement  de  Charmes  (Ardèche)  dans  la  dolomie 
triasique;  les  gîtes  de  Djebel  Hamimat  dans  le  néocomien  de 
la  province  de  Constantine  considérés  par  Coquand  (d'une  façon 
très  hypothétique,  à  notre  avis)  comme  contemporains  des 
couches  encaissantes,  etc.. 

Ce  dernier  gisement  nous  fournira  un  exemple,  de  mines  d'anti- 
moine oxydé  comme  il  en  existe  au  Japon  et  en  Asie  Mineure  et 
comme  on  a  commencé  à  en  exploiter  récemment  dans  le  Plateau 
Central  français. 


ANTIMOINE  DE  MAGURKA   (hongrie)  * 

Magurka,  en  Hongrie,  se  trouve  sur  le  versant  Nord  de  la 
chaîne  granitique  de  1 200  à  1  800  mètres  de  hauteur,  qui  sépare 
le  comital  de  Sohl  de  la  Leptau,  en  même  temps  que  les  bassins 

«  1861.  Cotta.  B,  u.  H,  Z,,  p.  123. 

1868.  Meier.  Jahrb,  d,  KK.geol.  Reichst.,  p.  257. 

1884.  Groddeck,p.  241  et  70. 

Cf.  Coll.  Ecole  des  Mines,  1314  et  1951. 


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ANTIMOINE  DU   PLATEAU  CENTRAL  193 

hydrographiques  de  la  Gran  et  de  la  Waag.  Le  granité  y  contient 
plusieurs  filons  de  stibine,  quartz  et  or  natif,  dont  Tun  est  exploité. 

La  puissance  de  ce  filon  varie  de  quelques  centimètres  jusqu'à 
4  mètres  ;  son  inclinaison,  également  très  variable,  descend  par- 
fois jusqu'à  25  ou  35  degrés.  Plusieurs  failles  transversales  y  pro- 
duisent des  rejets  importants.  Au  voisinage  du  filon,  le  granité  a 
pris  un  aspect  spécial  que  l'on  retrouve  souvent  près  des  gîtes  d'an- 
timoine. Le  feldspath  est  transformé  en  un  minéral  jaune  verdàtre, 
d'aspect  cireux  et  le  mica  noir  est  devenu  blanc. 

Le  remplissage  consiste  principalement  en  quartz  et  stibine  ; 
le  quai*tz  contient  de  fines  imprégnations,  des  fils  et  des  grains 
d'or  argentifère.  Comme  éléments  accessoires,  on  trouve  de  la 
galène,  de  la  blende,  de  la  pyrite,  de  la  chalcopyrite,  du  brauns- 
path  et  de  la  calcite.  Aux  points  les  plus  riches,  la  stibine  a 
2  mètres  de  puissance  ;  mais  elle  diminue  ensuite  très  rapidement. 

En  plan,  on  peut  remarquer  que,  dans  le  filon  primitif  composé 
de  quartz  avec  axe  de  stibine,  il  s'est  fait,  le  long,  d'une  éponte, 
une  réouverture  ayant  amené  du  braunspath. 

Nous  rapprocherons  de  la  mine  de  Magurka,  également  en 
Hongrie,  celles  de  Bisztra  et  Botza  près  Bries  dans  le  granité; 
d'Aranyidka,  près  Kaschau,  dans  les  schistes. 

En  dehors  de  ces  filons,  ceux  de  Felsobanya  en  Hongrie,  de 
Chemnitz  et  Kremnitz  en  Autriche,  produisent  de  l'antimoine,  mais 
semblent  d'âge  tertiaire  et  seront  étudiés  plus  loin'.  Nous  avons 
vu  que  l'Autriche-Hongrie  et  Allemagne  étaient  deux  centres 
importants  d'extraction  de  ce  métal. 


ANTIMOINE  DU  PLATEAU  CENTRAL» 

Le  Plateau  central  comprend  un  grand  nombre  de  filons  de 
stibine,  dont  la  plupart  ont  été,  à  diverses  reprises,  exploités.  En 
raison  de  l'intérêt  particulier  qui  s'attache  actuellement  à  ce 
métal  en  France,  nous  donnerons,  sur  eux,  quelques  détails  •. 

1  Voir  page  202. 

*  CoU.  Ecole  de$  Minet,  1718  et  1597. 

'  Cette  description  a  été  faite  diaprés  des  renseignements  inédits  communiqués  par 
GiOLOGS.—  T.  u.  13 


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i94  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Si  nous  partons  du  Nord,  nous  trouvons,  d'abord,  en  Bour- 
bonnais, la  mine  de  Nades,  au  Sud  du  massif  de  granulite  des 
ColettesS  dans  les  micaschistes  qui  forment  un  manteau  autour 
de  ce  massif.  Elle  est  située  dans  la  commune  de  Nades  *,  à  environ 
1  kilomètre  à  TOuest  du  bourg  de  ce  nom. 

La  découverte  du  gisement  remonte  à  1825,  sa  concession  est 
du  23  avril  1829;  il  a  été  exploité,  à  ce  moment,  jusqu'en  1837, 
abandonné  longtemps,  repris  il  y  a  une  quinzaine  d'années  et,  de 
nouveau,  abandonné. 

La  stibine  s'y  trouve  dans  deux  filons  dirigés  à  150  degrés*  :  le 
premier  de  1",20  d'épaisseur  et  le  second,  dit  filon  de  la  Tranchée, 
un  peu  moins  épais.  La  gangue  est  quartzeuse. 

Plus  à  TEst  de  l'Allier,  à  Bremay,  canton  de  Souvigny  *,  on  a 
fait  des  recherches  en  1763.  Le  gisement  formait  deux  filons  dans 
le  granité,  à  une  certaine  distance  l'un  de  l'autre,  le  premier  à 
Montmalard,  dirigé  à  160  degrés  et  oublié  depuis  1776;  le  second 
aux  Berger ats,  dirigé  à  140  degrés,  concédé  en  1783  et  également 
abandonné  bientôt  après.  Le  minerai,  accompagné  par  une  sorte 
de  granulite  à  mica  blanc  analogue  à  celle  que  nous  avons  signa- 
lée à  Magurka  en  Hongrie,  était  formé  de  quartz  et  stibine  avec 
passablement  d'oxyde  à  la  surface. 

Enfin,  à  l'Ouest  du  département  de  l'Allier,  au  Sud  de  Mont- 
luçon,  dans  la  commune  de  la  Petite-Marche,  à  Montignaty  on  a 
exploité,  vers  la  fin  du  siècle  dernier,  un  filon  d'antimoine  sulfuré, 
abandonné  en  1783.  En  1817,  Yauquelin  analysa  un  minerai  d'anti- 
moine dont  il  n'indique  pas  la  provenance  exacte,  mais  qui  parait 
avoir  été  extrait  du  même  filon  et  qu'il  signala  comme  très  pré- 
cieux, par  suite  de  l'absence  de  soufre  et  de  fer.  Depuis,  cette  mine 
a  été,  à  diverses  reprises,  réexplorée.  Une  dernière  tentative  y  a  été 
faite,  en  1888,  sur  un  filon  situé  près  de  la  limite  du  granité  et 
du  gneiss,  dans  le  gneiss,  et  où  le  minerai  semblait  aussi  accompa- 


M.  de  Béchevel  pour  la  Haute-Loire,  le  Gaulai,  etc.,  ou  recueillis  par  nous-même 
pour  le  Bourbonnais»  la  Creuse,  etc. 
«  Voir  tome  I,  page  618. 

*  Voir  Boulanger.  Description  de  TAllier,  p.  355. 

*  Nous  rappelons  que  les  directions  sont  comptées  du  Nord  yers  l'Est  de  0  à  180**. 

*  Boulanger,  p.  359. 


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ANTIMOINE  DU   PLATEAU   CENTRAL  195 

gné  par  une  roche  granulilique  du  côté  du  mur.  Le  filon  de  Mon- 
tignat  est  dirigé  à  30  degrés  avec  pendage  vers  l'Est  à  45 
degrés. 

Si  nous  poursuivons  versTOuest,  nous  trouvons,  dans  la  Creuse, 
à  Villerang€j  des  filons  d'antimoine  intéressants  parce  qu'ils  recou- 
pent la  grauwacke  du  culm  et  sont,  par  conséquent,  d'âge  assez 
bien  déterminé. 

A  Yillerange,  une  exploitation,  depuis  longtemps  abandonnée, 
avait  été  placée  sur  un  filon  de  quartz  et  stibine,  dirigé  Est-08est, 
inclinant  vers  le  Nord  et  traversant  le  terrain  anthracifère.  Les 
échantillons,  provenant  de  ce  point,  montrent  les  veines  d'anti- 
moine, tantôt  recoupant  le  quartz  et  tantôt  recoupées  par  lui. 
Une  concession  régulière  a  été  instituée  le  24  mars  1824. 

Ailleurs,  Gruner  *  a  signalé  la  présence  fréquente  d'antimoine 
sulfuré  dans  des  veines  de  quartz  qu'il  considère  comme  en  relation 
directe  avec  la  granulite. 

Ainsi,  au  Sud  de  Saint-Yrieix  (Haute-Vienne),  sur  la  route  de 
Juilliac,  entre  Olandon  et  le  pont  de  la  Rouchouse,  les  schistes 
micacés  ou  amphibob'ques  sont  recoupés  par  de  nombreux  filons 
de  granulite  à  45  degrés,  de  0™,50  à  i  mètre,  dans  l'axe  desquels  on 
trouve  souvent,  d'après  lui,  une  veine  de  quartz  chargée  d'anti- 
moine sulfuré.  L'une  a  été  exploitée  à  Coussac-Bonneval.  Dans 
une  autre,  à  l'Est  de  la  forêt  de  Biaz  (commune  de  Glandon),  on 
voit  nettement,  toujours  suivant  le  même  auteur,  au  centre  d'un 
6Ion  de  granulite  de  1  mètre,  deux  zones  d'un  quartz  gris  laiteux 
de  0",08  à  0™,10,  légèrement  imprégnées  de  stibine  et,  entre  les 
deux,  une  tranche  mince  d'antimoine  sulfuré  de  0*,01  à0",02. 

A  Chanac^y  à  10  kilomètres  au  Sud  de  Tulle  (Corrèze),  M.  Carnot 
a  décrit,  en  1878,  des  veines  de  stibine,  de  0",40  à  0*,70,  encais- 
sées dans  des  schistes  argileux  noirâtres. 

Enfin,  à  Valfleury  (Loire),  on  a  exploité,  vers  le  milieu  du  siècle 
dernier,  des  veines  de  quartz  antimonieux  dans  le  gneiss,  que 
Gruner  rattache, de  même,  à  la  granulite. 

Des  gisements  plus  importants  dans  le  Plateau  central  sont 

*  Classification  des  filons  du  Plateau  Central,  p.  10. 
«  CoU.  ÉcoU  de$  Mines,  1957. 


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196  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

ceux  que  Ton  exploite  kFreyceneij  la  Licoulne^  etc.,  dans  le  Puy- 
de-Dôme,  le  Cantal  et  la  Haute-Loire. 

Les  concessions  d'antimoine  sont  assez  nombreuses  dans  ces 
trois  départements  ;  mais  aucune  n'a  donné  lieu,  jusqu'ici,  à  des 
observations  géologiques  bien  précises.  La  plupart  étaient  inexploi- 
tées, en  1887,  quand  la  hausse  du  métal  les  a  fait  reprendre  ;  quel- 
ques-unes paraissent  renfermer  des  gisements  d'une  grande 
richesse,  notamment  la  concession  de  Freycenet,  dans  la  Haute- 
Loire.  Les  exploitations  portent  surtout  sur  l'arrondissement  de 
Brioude  (concessions  de  Freycenet,  La  Fage,  Marmeissat,  Cha- 
zelles)  et  sur  le  canton  de  Massiac  (Cantal)  (concessions  de  Luzes 
et  d'Ouche).  La  Licoulne  (Haute-Loire)  donne  lieu  à  une  exploi- 
tation restreinte.  On  fait,  en  outre,  des  recherches  sur  un  grand 
nombre  de  points. 

Ces  gisements  sont  tous  encaissés  dans  le  terrain  primitif,  gneiss, 
micaschistes  ou  granité.  Us  se  présentent  sous  forme  de  filons 
quartzeux  verticaux  contenant  des  lentilles  de  minerai  (stibine), 
séparées  par  des  intervalles  stériles.  On  trouve,  par  exemple,  une 
veine  de  sulfure  compacte,  de  20  à  30  centimètres  d'épaisseur, 
continue  sur  une  dizaine  de  mètres,  puis  10  à  15  mètres  de  ter- 
rain à  peu  près  stérile.  L'épaisseur  moyenne  du  remplissage  utile 
dans  les  exploitation  fructueuses  est  de  15  à  30  centimètres. 
Quelquefois  aussi  le  sulfure  est  intimement  mélangé  avec  la 
gangue  quartzeuse. 

Presque  toujours,  le  sulfure  d'antimoine  est  accompagné  de 
sulfure  de  fer  Fe*  S',  dont  la  proportion  est  fort  importante  à 
déterminer  par  l'analyse  ;  en  effet,  ce  sulfure  donne  au  minerai  un 
aspect  entièrement  métallique,  qui  peut  faire  croire  à  une  forte 
teneur  en  antimoine. 

Aux  affleurements,  ces  filons  contiennent  souvent,  sur  quelques 
mètres,  de  l'oxyde  d'antimoine  en  masses  cristallines  ou  amorphes 
de  couleurs  variées.  Ces  oxydes,  autrefois  négligés,  ont  été  recher- 
chés avec  activité,  depuis  1889,  et  expédiés  soit  à  Brioude  où  se 
trouvent  deux  usines  métallurgiques,  soit  en  Angleterre,  ou  en 
Allemagne  par  Bordeaux. 

Nous  décirons  seulement  trois  de  ces  gisements  :  Freycenet, 
la  Licoulne  et  Malbosc. 


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ANTIMOINE  DE   LA   LICOULNB   (hAUTE-LOIRe)  197 

A  Freycenet^  le  filon  quartzeux  contient  de  superbes  lentilles  de 
minerai,  ayant  jusqu^à  30  et  40  centimètres  d'épaisseur  et  présen- 
tant une  étendue  horizontale  d'une  quinzaine  de  mètres.  Ces  len- 
tilles donnent  du  minerai  presque  pur  à  8  ou  10  p.  100  de  quartz. 
Dans  les  intervalles,  on  trouve  encore  du  quartz  imprégné  d'anti- 
moine pouvant  atteindre  un  rendement  de  25  p.  100  de  métal. 

Les  mines  d^antimoine  de  la  Licouln£  (Haute-Loire)  ^  ont  été 
l'objet,  en  1876,  d'un  rapport  de  M.  Fuchs  que  nous  résumerons. 

Ces  mines  ont  été  concédées  en  1807  ;  elles  sont  situées  dans 
la  Haute-Loire,  près  du  village  de  Mercœur  et  à  petite  distance  du 
département  du  Cantal. 

Les  filons  sont  compris  dans  un  grand  plateau  gneissique  dont 
Taltitude  moyenne  est  de  980  mètres  et  dans  lequel  des  vallées 
abruptes  tracent  des  sillons  profonds  de  près  de  200  mètres.  Les 
gneiss  de  cette  région  présentent  tous  les  faciès,  depuis  celui  d'un 
granité  à  peine  orienté,  jusqu'aux  micaschistes  de  la  vallée  de 
Coudros.  Ils  sont  coupés  par  de  nombreuses  veines  de  sulfure 
d'antimoine  qui  peuvent  être  classées,  au  point  de  vue  de  leur 
direction,  en  deux  systèmes,  de  teneur  en  argent  différente,  Tun 
N.  26^  E.,  l'autre  N.  54^  E. 

Au  point  de  vue  topographique,  ils  forment  4  groupes:  1*  Mer- 
cœur,  2°  Montel,  3**  Valadon,  4°  la  Licoulne. 

A.  Groupe  de  Mercœur.  —  Le  plus  important  des  filons  de  ce 
groupe  est  celui  de  laBissade,  dont  les  affleurements  sont  visibles, 
sur  plus  de  2  500  mètres,  à  l'Est  de  Mercœur.  Ce  filon,  assez 
sinueux,  a,  en  moyenne,  une  direction  N.  26".  Son  remplissage 
est  formé  de  stibine  massive  avec  peu  de  quartz.  Les  épaisseurs 
ont  atteint,  parait-il,  0,30  à  0,60  pour  la  partie  métallique, 
quelquefois  sur  une  cinquantaine  de  mètres. 

En  certains  points,  le  filon  se  bifurque  en  plusieurs  veines.  En 
général,  il  forme  de  grandes  lentilles  qui  se  terminent  en  veines  et 
se  remplacent  l'une  l'autre.  Le  minerai  est  nettement  séparé  de  la 
roche  encaissante.  Il  n'y  a  pas  d'épontes,  mais  les  gneiss  ont  été 
altérés,  sur  une  certaine  épaisseur,  au  contact  du  filon,  et  il  s'est 

<  Coll.  École  des  Minée,  1718. 


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198  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

formé  une  salbande  agileuse,  où  de  la  stibine  est  fréquemment 
disséminée.  La  stibine  contient  une  petite  proportion  de  plomb  et 
de  faibles  traces  d'argent,  mais  parait  tenir  peu  d'arsenic.  Une 
prise  d'essai  a  donné  en  1876  : 

Antimoine.  Arsenic.  QuaHx.  Argent. 

69,50  0,18  30  Iraces. 

B.  Le  groupe  de  Montel  a  fort  peu  d'importance  et  n'a  pas  été 
exploré. 

C.  Groupe  du  Valadou.  —  Le  filon  du  Valadon  est,  en  moyenne, 
N.  54"*  E.  ;  on  Fa  recoupé  par  un  certain  nombre  de  galeries  en 
direction,  échelonnées  sur  110  mètres  de  haut. 

La  roche  encaissante  se  compose  de  schistes  anciens  très  résis- 
tants et  inaltérés  au  contact.  Le  minerai  forme  une  série  de 
colonnes,  dont  l'épaisseur  peut  atteindre  30  centimètres,  mais  qui 
sont  séparées  par  des  parties  absolument  stériles.  Il  semble  plus 
argentifère  que  celui  de  Mercœur. 

Ce  filon  de  Valadou  est  recoupé  par  un  croiseur  quartzeux  à 
mouches  d'antimoine,  dirigé  N.  30**  E. 

D.  Groupe  de  la  Licoulne.  —  Les  filons  sont  assez  nombreux 
et  se  recoupent  irrégulièrement.  Les  deux  plus  importants  ont 
été  explorés  sur  près  de  300  mètres  de  hauteur.  Leur  minéra- 
lisation est  moins  forte  qu'à  la  Bissade. 

Le  prix  de  revient  d'une  tonne  de  sulfure  d'antimoine  a  été 
estimé,  comme  suit,  par  M.  Fuchs,  pour  une  épaisseur  de  2S  cen- 
timètres et  pour  une  production  de  1  000  tonnes. 

Exploitation 30  francs. 

Transport  à  Tusine 6     — 

Transport  à  la  gare  de  Brioudc 10     — 

Frais  généraux 20     — 

Amortissement  des  installations 10     — 

"tô"  — 

Si  l'épaisseur  n'était  que  de  12  centimètres,  les  frais  d'exploita- 
tion passeraient  à  45  francs  et  les  dépenses  à  91  francs  ;  à  121  francs 
si  on  n'extrayait  que  .500  tonnes. 


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ANTIMOINE  DE   PORTUGAL  i99 

Malbosc  (Ardëche)<.  —  Le  gîte  de  Malbosc,  dans  l'Ardëche,  a 
été  autrefois  l'objet  d'une  étude  d'Elîe  de  Beaumont. 

11  se  compose  de  filons  quartzeux  NO.-SE.,  recoupant  des  mi- 
caschistes qui  reposent  eux-mêmes,  à  une  petite  distance  de  la 
mine,  sur  le  granité  de  la  Lozère. 

Ces  filons  contiennent  une  faible  proportion  de  calcite  et  de 
barytine.  La  stibine  y  est  disséminée,  soit  en  mouches  rayonnées, 
soit  en  veines  très  irrégulières  ayant,  au  plus,  0,20  à  0,10  d'épais- 
seur. L'allure  de  ces  veines  est  très  variable  :  tantôt  elles  se 
portent  au  toit,  tantôt  au  mur  du  filon  quartzeux  ;  parfois  elles 
se  divisent  où  se  perdent  complètement.  Cette  irrégularité  a  fait, 
depuis  longtemps,  abandonner  l'exploitation. 

Bibliographie  de  Vantimoine  dans  le  Plateau  Central. 

1817.  Vacquelin.  —  Sur  un  minerai  d'antimoine  près  de  Montluçon  (Allier). 
(knn.  de  phys.  et  chimie,  t.  VU,  p.  32.) 

1821.  P.  F.  Jabin.  —  L*extration  et  le  traitement  des  minerais  de  Malbosc. 
(Afin.  d.  M.,  2«,  1. 1,  p.  3.) 

1829.  Description  de  Malbosc.  (Karsten.  Arch.,  XVllI,  p.  158.) 

1830.  DELAMorrB.  —  Mémoire  sur  Malbosc.  (Manuscrit  à  Técole  des  Mines.) 
1841.  El.  DE  Beaumont.  —  Explic.  de  la  carte  géologique,  p.  173. 

1844.  Boulanger.  — Description  de  FAllier,  p.  355. 

1855.  Grîjxer.  —  Classification  des  filons  du  plateau  central  et  description 
des  anciennes  mines  de  plomb  du  Forez.  (Soc.  d'agriculture  de  Lyon,  23  nov. 
1835.) 

1860.  DuFRéNOY.  —  Minéralogie,  2,  384. 

1861.  CoTTA,  p.  417. 

1870.  BuRAT.  —  Géologie  appliquée. 

1878.  Carnot.  -  Gîte  de  Chanac  (Corrèze).  (Ann.  d.  M.,  7«,  t.  XIII,  p.  394.) 

1883-4892.  L.  de  Launay.  —  Notes  de  voyages  inédites. 

1891 .  DE  BÉCHEVBL.  —  Rapports  de  service. 


ANTIMOINE  DE  PORTUGAL,  ALLEMAGNE 
AUSTRALIE,  etc. 

Portugal.  —  Gtle  de  Prata  {Casa  Branca),  —  Le  Portugal  est  un 
assez  fort  producteur  d'antimoine.  Nous  avons  déjà  cité  les  gîtes 

*  Voir  :  Elie  de  Beaumont.  Explic.  de  la  carte  géologique,  1841,  p.  173^  et  Cotta,  p.  41 1 . 


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200  GÉOLOGIE    APPLIQUÉB 

de  Tapada  et  de  Gondomar  comme  produisant  des  sulfures  riches 
à  près  de  70  p.  100,  ceux  de  Gorrega  donnant  des  minerais  de  25 
à  50  p.  100.  Nous  ajouterons  quelques  détails  sur  le  gîte  de  Prata 
(Gasa  Branca),  situé,  dans  TAlemlejo,  à  1  200  mètres  àTOuest  de 
la  station  de  Gasa  Branca  (Santhiago). 

Ge  gUe  est  décrit'  comme  suivant  le  contour  d'un  massif  de 
granulite  et  d'un  granité  que  cette  granulite  recoupe  et  formant 
grossièrement  une  sorte  de  cône  tronqué  à  sommet  émoussé  avec 
des  ramifications  latérales  du  côté  Ouest.  Le  remplissage  est  formé 
de  quartz  et  de  stibine,  et  la  puissance  réduite  varie  entre  0,05 
et  0,20. 

Allemagne.  —  On  peut  rapprocher,  de  ces  ^tes  dans  les  roches 
primitives  ou  les  terrains  anciens,  un  certain  nombre  de  filons 
allemands  cités  par  V.  Gotta  : 

Dans  le  Fichtelgebirge,  ceux  de  Gold  Kronack  et  de  Wolfsherg^ 
près  Schleiz,  recoupant  des  schistes  siluriens;  dans  la  Forêt  Noire, 
ceux  de  Salzbowrg  dans  les  schistes  anciens;  puis  les  mines  du  Harz, 
de  TErzgebirge,  de  Joachimsthal,  Andreasberg,  Przibram,  etc., 
^i  donnent  de  l'antimoine  comme  produit  secondaire. 

Angleterre.  —  De  même,  en  CornwalP^  il  existe  de  Tanti- 
moine  en  plusieurs  points  ;  au  siècle  dernier,  on  en  a  extrait 
dans  le  Nord  de  la  province,  en  particulier  près  d'Endellyon,  à 
Trevatham;  à  Padstow,  etc..  Vers  1856,  on  en  a  trouvé  près  de 
Saint-Kew,  puis  près  de  Liskeard;  mais  aucune  exploitation 
n'a  aujourd'hui  d'importance. 

Suède.  —  En  Suède,  la  mine  de  Sala  dans  le  Westmannland  ' 
fournit  de  la  stibine,  avec  un  peu  d'antimoine  natif,  associée  à  des 
minerais  de  plomb  très  argentifères,  dans  des  filons  qui  recoupent 
le  calcaire  primitif  et  que  nous  décrirons  au  chapitre  du  Plomb, 

A  GladhammoTy  près  de  Westervik,  on  trouve  de  la  boulan- 
gérite  dans  des  filons  de  cobalt  et  de  cuivre. 

'  Notes  de  M.  Fuchs.  —  Cf.  Min,Journ.,  London,  1882,  278;  et  d*Achiardi,  II,  586. 

•  Oavies»  p.  279. 

*  Davie8,p.  281. 


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ANTiiioiifE  d'Australie^  de  bornéo,  etc.  201 

Espagne.  —  La  commune  de  Saiot-Martin  de  Yillalonga,  dans  le 
district  de  Bach  et  Abella,  auprès  de  BarcelonCy  contient  quelques 
gisements  de  stibine  dans  des  ûlons  quartzeux  très  analogues  à 
ceux  d'Auvergne. 

On  en  retrouve  des  filons  minces,  au  milieu  de  schistes  dévo- 
niens,  dans  TEstramadure. 

Asie  Mineure  ^  —  Aux  environs  de  Smyrne,  il  existe  de  beaux 
filons  de  stibine  avec  quartz  ;  nous  en  avons  retrouvé  de  sem- 
blables dans  rtle  de  Mételin,  au  milieu  des  micaschistes.  En  face 
de  cette  ile  sur  la  côte,  on  exploite  un  antimoniure  de  cuivre 
signalé  plus  haut*. 

Australie.  —  De  1871  à  1881,  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  a  pro- 
duit 300  000  francs  d*antimoine.  Les  minerais  se  trouvent  sur  la 
baie  de  Munga,  près  de  la  rivière  de  Macleay.  Ils  consistent  en 
filons  d'oxyde  et  sulfure  traversant  le  dévonien.  La  gangue  est 
quartzeuse.  A  Armidal,  on  y  trouve  un  peu  d'or  natif. 

La  province  de  Victoria  a  eu,  jusqu'en  1880,  une  production 
assez  forte  •. 

Bornéo  \  —  Bornéo  était,  il  y  a  quelques  années,  une  source 
importante  d'antimoine.  En  1881 ,  on  en  a  exporté  pour  une 
valeur  de  1  800  000  francs. 

Les  principales  mines  sont,  dans  la  partie  anglaise,  au  Nord  de 
nie,  à  Sarawak,  celles  de  Tambusan  et  de  Tagui.  On  en  retire, 
outre  la  stibine,  beaucoup  d'oxyde  d'antimoine  expédié  en  Angle- 
terre, à  Hambourg  ou  à  Boston,  pour  être  raffiné.  On  y  trouve 
aussi  de  l'antimoine  natif. 

Les  gisements  se  composent,  d'après  Grôger,  de  nids  de  stibine 
dans  des  filons  de  quartz,  traversant  des  calcaires  etargiloschistes 
au  contact  ou  à  proximité  de  porphyres. 

'  Coll.  École  det  Minet,  1949. 

'  Page  185. 

»  Voir  plus  haut,  page  189.  —  Cf.  :  1875.  Liversidge,theMin.  of  N.  S.  Wales.  (Tr, 
andproc.  R.  Soc,,  N,  S.  Wales,  9,  181.) 

*  Coll.  École  des  Mines  1520.  —  Voir  1876,  Gruger  :  das  Àntimonwerk  in  Sarawack 
auf  Bornéo  (Ver.  d.  k.  k.  geol,  Reichs,,  Wien,  4,  87)  et  d'Achiardi,  il,  588. 


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202  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Mexique.  —  Il  existe,  d'après  Cox^  dans  la  Sonora,  à  50  kilo- 
mètres du  golfe  de  Californie,  d'importants  filons  de  quartz  et  sti- 
bine, de  1  à  6  mètres,  encaissés  entre  des  quartzites  et  des  calcaires, 
et  présentant,  aux  affleurements,  de  grandes  quantités  d'oxyde. 


ANTIMOINE  TERTIAIRE 

(ALGÉRIE,    HONGRIE,    TOSCANE,    ETC.) 

Comme  filons  d'antimoine  récents,  nous  citerons  ceux  d'Algérie, 
de  Hongrie  et  de  Toscane.  Nous  aurons  d'ailleurs  l'occasion  de 
reparler  de  ce  corps  à  propos  du  mercure  des  gites  de  Bosnie, 
Serbie,  Hongrie,  Mexique,  etc.,  contenant  stibine  ou  panabase 
avec  cinabre. 

Algérie.  —  Dans  la  province  de  Coustantine,  on  a  extrait  à 
Ani-Bebbouch,  d'assez  grandes  quantités  de  stibine  et  de  sénar- 
montite  expédiées  en  Angleterre.  De  même,  au  Djebel-Taia,  il 
existait  de  la  stibine  associée  avec  un  peu  de  cinabre.  En  outre, 
lorsque  nous  parlerons  des  gites  d'antimoine  d'allure  sédimen- 
taire,  nous  étudierons  ceux  de  Sidi-Rgheiss  ou  Djebel  Hamimat, 
au  Sud-Est  de  Constantine. 

Hongrie.  —  En  Hongrie,  à  Felsobanya',  il  existe,  à  la  limite 
d'un  trachyte  amphibolique  et  d'un  trachyte  plus  récent,  un 
conglomérat  de  frottement  métallisé  qui  contient  du  quartz  avec 
de  la  pyrite,  souvent  du  réalgar  et  de  la  stibine,  avec  galène, 
blende,  argyrose,  etc.  V.  Groddeck  a  fait  remarquer  la  présence 
de  tables  de  barytine  enveloppant  des  baguettes  de  stibine  et  a 
signalé  ce  fait  comme  une  preuve  entre  mille  que  les  filons 
n'avaient  pu  se  former  par  fusion  (la  stibine  étant,  comme  on  sait, 
très  fusible). 

L'antimoine  de  Chemnitz  et  de  Kremnitz  semble  du  même  âge. 

*  Am,  Journ,y  1880,  20,  119,  421.  Cf.  d*Achiardi,  II,  590. 

*  Groddeck,  p.  224  et  398. 


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ANTIMOINE   SÉDIMBNTAIRE  d'aANSBERG    (wESTPHALïe)    203 

Pereta  (Toscane)  *.  —  Au  milieu  de  la  zone  de  Talbaresc,  c'est- 
à-dire  des  calcaires  de  Téocène  supérieur,  on  trouve,  d'après 
Burat  et  V.  Cotta,  une  masse  irrégulière  de  calcédoine  avec  des 
nids  de  stibine.  Les  roches  encaissantes  ont  subi  un  métamor- 
phisme assez  actif  et  sont  imprégnées  d'émanations  sulfureuses 
qui  ont  transformé  Talbarese,  en  partie,  en  gypse  et  anhydrite*  Il 
n'est  d'ailleurs  pas  certain  que  Tantimoine  soit  en  relation  avec 
ces  vapeurs  de  soufre. 

A  la  stibine  sont  associés  des  minéraux  d'altération,  tels  que  : 
kermésite,  cervantite,  etc. 

Cette  mi;ie,  aujourd'hui  abandonnée,  produisait,  vers  1844, 
66  tonnes  de  stibine  par  an. 

Près  de  Monte-Auto,  dans  la  vallée  de  Tafone,  on  rencontre 
de  même  la  stibine  dans  l'albarese,  mais  sans  quartz  calcédonieux 
associé. 

Enfin,  dans  la  province  de  Sienne,  on  exploite  également  l'an- 
timoine à  Cettine  di  Cotorniano  et  à  Tocchi;  mais  là,  le  gise- 
ment, plus  ancien,  est  associé  à  des  quartzites  triasiques,  comme 
celui  de  Charmes  (Ardèche),  dont  nous  parlerons  plus  loin*. 

Bibliographie, 

1B45.  Burat.  —  Gîtes  métallifères,  275. 

1848.  CoQUAND.  —  Descr.  des  solfatares,  des  alunières  et  des  lagoni  de  la 
Toscane.  {B.  S.  G.,  2«,  6,  91.) 

•  1853  et  1856.  Haupt,  —  B.  u.  H.  Z. 

4861.  V.  CoTTA,  —  Page  380. 

1872.  o'AcuiAROi.  —  Mincralogia  délia  Toscana. 

1879.  Pantanblli. —  Nuova  miniera  d'aatimonio  nella  prov.  di  Siena.  [Soc 
ÎVxc.  Se.  Nat.,  t.  II,  p.  4. 

1883*  d'Achiardi.  —  I  metalli,  etc.,  II,  p.  584. 

GITES  D'ANTIMOINE  D'ALLURE  SÉDIMENTAIRE 

.  Nous  rangeons,  dans  cette  catégorie,  des  gîtes  qui  ont  été  con- 
sidérés par  les  observateurs  comme  d'origine  sédimentaire.  Il  y  a 
lieu  cependant  de  remarquer  qu'une  imprégnation  hydrothermale 

'  Coll.  ÉcoU  des  Mines,  1720  et  1950. 
"  Page  204. 


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204  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

postérieure  expliquerait,  dans  la  plupart  des  cas,  les  faits  décrits. 
C'est  ainsi  qu'au  voisinage  du  premier  glle  dont  nous  parlerons, 
celui  d'Arnsberg,  en  Westphalie,  intercalé  dans  le  culm,  on  trouve, 
d'après  Cotta,  entre  Arnsberg  et  Nuttlar,  à  Bruck,  près  Adenau, 
des  filons  de  stibine  dans  le  même  terrain  de  culm.  De  même, 
dans  la  province  de  Constantine,  le  gite  de  Djebel  Hamimat,  que 
Goquand  regarde  comme  contemporain  des  couches  néocomiennes 
encaissantes,  est  à  proximité  de  filons  recoupant  le  crétacé. 
Cependant,  suivant  la  règle  générale  que  nous  avons  adoptée,  nous 
donnerons  les  faits  tels  qu'ils  sont  énoncés  par  ceux  qui  les  ont 
examinés  sur  place. 

Arnsberg  (Westphalie)*.  —  A  Arnsberg,  en  Weslphalie,  on 
trouve  un  gite  d'antimoine  sous  forme  sédimentaire. 

La  stibine  s'y  présente  dans  cinq  petites  couches,  de  0,07  à 
0,20,  intercalées  dans  les  schistes  siliceux  du  culm  et  plissées  de 
manière  à  former  un  anticlinal.  Sur  les  deux  flancs  du  pli,  on 
retrouve  les  couches  dans  le  même  ordre  et  avec  les  mêmes 
allures  caractéristiques. 

La  stibine  y  est  accumulée  par  petits  nids  dans  un  schiste 
teinté  en  noir  par  des  parties  charbonneuses  et  qui  ne  repasse  au 
schiste  normal  qu'à  une  distance  assez  grande  du  gite.  Le  minerai 
le  plus  homogène  occupe  le  milieu  de  la  couche  ;  il  se  bifurque 
au  toit  et  au  mur  en  masses  bacillaires  isolées  qui  ne  sortent 
jamais  de  la  couche.  On  indique  la  blende,  la  calcite  et  la  fluorine 
comme  accompagnant  rarement  la  stibine.  La  pyrite  est  fréquente. 
Ces  couches  sont  connues  à  la  mine  Caspari,  à  Arnsberg,  sur 
une  surface  de  80  hectares. 

On  peut  rapprocher,  du  gîte  d'Arnsberg,  celui  de  Nutlar,  dans  la 
même  région,  qui  paraît  également  interstratifié,  et  les  filons  de 
Bruck,  près  Adenau,  mentionnés  plus  haut. 

Cévennes.  —  Dans  les  Cévermes^,  il  existe,  au  voisinage  de 
Charmes  (Ardôche),  une  région  où  la  dolomie  triasique,  recou- 
vrant le  granité  sur  une  faible  épaisseur,  a  été  imprégnée  de  silice 

1  1870.  Slmmersbach.  B,  u.  H.  J,  autrichien^  U  XIX,  p.  344. 

1884.  Groddeck,  p.  135. 

•  R.  de  géol.  Ann.  d.  if.,  7«,  t.  XVII,  p.  294. 


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ANTlliOINE  DE   LA   PROVINCE  DE  CONSTANTINE  S05 

et  stibine,  comme,  plus  fréquemment,  on  trouve  des  terrains  du 
même  âge  chargés  de  galène.  Cette  dolomie  présente  des  amas 
irrégulîers  et  sans  allure  déterminée  consistant  en  silex  brun, 
accompagné  de  barytine  et  de  stibine,  formant  tantôt  des  veines 
et  tantôt  des  nodules  radiés.  Il  y  a  aussi  des  mouches  de  pyrite 
de  fer  et,  près  de  là,  à  Soyons,  cette  pyrite  donne  même  lieu  à 
une  exploitation  importante'. 

Djebel  Hamimat  (Sidi-Rgheiss),  province  de  Constantine  '.  —  Le 
gile  de  Djebel'Hamimat  se  trouve  au  milieu  des  calcaires  noirs 
et  des  argiles  néocomiennes  inférieures,  dans  le  mont  Hamimat. 

Exploité  de  1850  à  1852,  puis  abandonné  après  une  insurrec- 
tion arabe,  il  a  été  repris  vers  1880. 

Il  fournissait  au  commerce,  en  1852,  quatre  variétés  de  minerai 
d'antimoine  oxydé  :  1*  compact;  2"*  grenu;  3^  cristallisé;  4"^  dis- 
séminé. 

Le  minerai  compact  est  d'un  blanc  laiteux  et  d^aspect  pierreux. 
Il  ressemble  à  la  céruse  du  commerce. 

Le  minerai  grenu  contient  des  géodes  de  cristaux  octaédriques 
ayant  parfois  plus  de  3  centimètres  de  diamètre. 

Le  minerai  disséminé  forme  des  cristaux  libres  au  milieu  des 
argiles. 

En  dehors  de  l'oxyde,  il  existe  du  sulfure  d'antimoine  peu 
répandu,  en  petites  houppes  soyeuses,  parfois  converties  partielle- 
ment en  oxyde  sulfureux,  et  alors  d'un  brun  rouge. 

Le  minerai  est  en  amas  irréguliers,  parallèles  aux  couches,  dans 
les  terrains,  en  ce  point-là,  verticaux  et  de  direction  150**.  Fréquem- 
ment, du  calcaire  est  empâté  dans  le  minerai  ;  ce  que  M.  Coquand 
attribuait  à  une  précipitation  simultanée  analogue  à  celle  des  mi- 
nerais de  fer  jurassiques.  Il  n'y  a,  en  effet,  aucune  espèce  de 
gangue,  et  le   parallélisme  est  complet  entre  amas  et  terrains. 

Si  l'on  admettait  l'existence  de  filons  couches  de  stibine  transfor- 

*  Voir  tome  1*,  page  299. 

*  1852.  Coquand.  —  Sur  les  mines  d'antimoine  oxydé  des  environs  de  Sidi-Rgbeiss, 
au  Sud-Est  de  Constantine.  {B,  S.  Cr.,  2%  t.  IX,  p.  342.) 

1S55.  Foumet.  —  Sur  les  gttes  d'oxyde  d'antimoine  du  pays  des  Haractas  en  Algé- 
rie. {B.  S,  G.,  2%  t.  XII,  p.  1039.) 
1869.  Ville.  —  Gttes  min.  de  l'Algérie.  [Ann.  d.  J/.,  6%  t.  XVI,  p.  161.) 


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206  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

mes  poslérieurement  en  oxyde,  il  serait,  d'après  M.  Coquand, 
difficile  d'expliquer  comment,  au  centre  de  calcaires  compacts,  se 
seraient  formés  des  cristaux  octaédriques  d*oxyde  d'antimoine.  Il 
y  a  lieu  cependant  de  remarquer  que  cette  théorie  est  en  contra- 
diction avec  les  faits  observés  dans  tous  nos  gîtes  français,  où 
Tantimoine  oxydé  des  affleurements  fait  toujours  place  à  la  stibine 
en  profondeur.  D'autre  part,  l'allure  verticale  des  terrains  semble 
s'être  particulièrement  bien  prêtée  à  la  formation  de  filons  cou- 
ches, peut-être  accompagnés  de  phénomènes  de  substitution  ma- 
nifestés par  la  présence  des  fragments  calcaires  dans  le  minerai. 
L'oxydation  serait  alors,  comme  pour  tant  de  gîtes  de  plomb  et 
de  zinc,  la  eonséquence  de  cette  nature  calcaire  des  roches  encais- 
santes, qui  a  permis  la  facile  pénétratioQ  des  eaux  superficielles. 

Bibliographie  générale  de  V antimoine*, 

Monnet.  —  Sur  les  mines  de  plomb  antimonié.  {Ann.  phys.  et  chim.^ 
t.  V,  p.  169.) 

1851.  Daubrbe.  —  Sur  la  présence  de  Tantimoine  et  de  rarsenic  dans  les* 
combustibles  minéraux,  dans  diverses  roches  et  dans  Teau  de  mer.  (B.  S,  G., 
2«,  t.  VIII,  p.  350.) 

1860.  Campbell  (Dugald).  —  Présence  de  ranlîmoine  et  de  Tarsenic  dans 
le  sable  des  sources  et  rivières.  (Bull,  chim,  appliq,,  t.  II,  p.  370  ;  Chemical 
news,  1860,  p.  218.) 

1874.  Helmhaker.  —  Der  Antimon  Bergbau  Mileson  bei  Krasnakora  in  Bôh- 
men.  {B.  u,  H.  Jahrb,  d'Auti-ichey  t.  XXII,  p.  540.) 

1876-77.  S.  Herbert  Cox.  —  Report  on  Antimony  mine^  Endeavour.  Queen 
Charlotte  Sound,  N.  Z.  {Geological  Sursey  of  N,  Z.,  Beports  of  geological  explo- 
ration during  1874-76.  Wellington,  1876-77.) 

1881.  Mallet.  —  On  a  Spécimen  of  native  antimony  obtained  at  Pûlo-Obin, 
near  Singapore  ofindia.  (Records  of  the  geological  Survey,  t.  XIV,  p.  303.  Cal- 
cutta, 1881.) 

1885.  Criper.  —  Note  on  some  Antimony  Deposits  in  the  Maulmain  district. 
(Records  of  ihe  geological  Sui-vey  ofindia,  vol.  XVIII,  p.  loi.  Calcutta,  1885.) 

1886.  George  Kobiz.  —  Native  Antimony  and  its  associations  at  Prince  Wil- 
liam York  O*  New- Brunswick.  (Amencan  association  for  the  advancement  of 
science^  W^  meeting,  p.  237.  New-York,  1886.) 

*  1892.  —  BuRTHË.  Sur  la  vente  des  minerais  et  du  sulfure  d'antimoine. 
(Ann.  d.  M,,  9«,  t.  II,  p.  163.) 

Généralités  et  gîtes  non  décrits. 


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ARSENIC 

As;  Eq=75;  —  P.  at  =  75. 


Usages.  —  Les  quatre  produits  industriels  de  Tarsenic  sont  : 
1**  Tarsenic  métallique;  2TdLciàQ  arsénique;  3*  l'acide  arsénieux  ; 
4"*  le  réalgar. 

L'arsenic,  réduit  en  poudre,  constitue  le  produit  connu  dans  le 
commerce  sous  le  nom  de  cobalt  ou  de  poudre  aux  mouches  qui, 
dissous  dans  Peau,  donne  de  Tacide  arsénieux.  Il  entre  dans  la 
composition  de  quelques  verres  étrangers  et  de  certains  alliages, 
tels  que  le  tain  des  miroirs  de  télescope  ou  le  plomb  de  chasse, 
auquel  Tarsenic  permet  de  se  séparer  plus  facilement  en  grains 
dans  la  coulée,  etc. 

L'acide  arsénique  est  utilisé  en  assez  grande  quantité  dans 
rimpression  des  toiles  peintes  pour  faire  des  enlevages  et  surtout 
dans  la  fabrication  du  rouge  d  aniline.  A  faible  dose,  il  est  em- 
ployé en  remède  contre  Tasthme  ;  à  plus  haute  dose,  il  devient 
un  poison  violent.  Comme  produits  pharmaceutiques,  Tacide 
arsénique  fournit  également  Tarséniate  de  soude  (liqueur  de  Paer- 
son),  Tarséniate  de  quinine,  celui  d'ammoniaque,  etc. 

L'acide  arsénieux,  qui  est  adopté  dans  les  verreries,  pour  obtenir 
certaines  apparences  porcelaniques,  sert  pour  la  fabrication  du 

'  Coll.  École  des  Mines,  1948. 


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208  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

vert  de  Scheele  (arsénite  de  cuivre)  et  on  remploie  pour  chauler 
les  blés,  pour  empoisonner  les  rats,  etc.  Il  entre  dans  le  savon  de 
Bacœur,  au  moyen  duquel  les  naturalistes  conservent  les  animaux 
empaillés.  La  liqueur  de  Fowler  (pharmacie)  a  pour  base  Tarse- 
nite  de  potasse,  etc. 

L'un  des  principaux  usages  de  Tarsenic,  qui  tend  à  disparaître, 
était  la  fabrication  des  couleurs  jaunes  et  vertes.  Ces  couleurs 
avaient  Tinconvénient  d'être  vénéneuses.  L'orpiment  (sulfure 
d'arsenic)  est  une  couleur  jaune  assez  belle,  mais  peu  stable,  et 
incompatible  avec  un  grand  nombre  d'autres  couleurs  :  c'est  le 
jaune  de  roi.  Le  réalgar  (sulfure  rouge)  sert  en  pyrotechnie. 

L'arsénite  de  cuivre  forme  le  vert  de  Mitis,  le  vert  de  Scheele, 
le  vert  Paul  Véronèse. 

Minerais.  —  L'arsenic  est  très  fréquent  dans  les  gisements  filo- 
niens  et,  aujourd'hui  encore,  un  grand  nombre  de  sources  ther- 
males en  contiennent  en  dissolution,  parfois  même  en  déposent 
comme  celle  de  Saint-Nectaire  dans  le  Puy-de-Dôme,  sous  forme 
de  réalgar;  mais  ce  corps  est  plus  souvent  considéré  comme  une 
gêne  que  comme  un  produit  utile.  C'est  ainsi  que,  pour  les 
pyrites,  il  diminue  fortement  la  valeur  du  soufre  contenu.  La  plus 
grande  partie  de  l'arsenic  provient,  comme  produit  secondaire, 
des  chambres  de  condensation  placées  à  la  suite  des  fourneaux 
où  l'on  grille  les  arséniosulfures  de  cobalt  et  de  nickel,  les  pyrites 
arsenicales  de  cuivre,  l'argent  arsénio-sulfuré  et  divers  autres 
minerais. 

Cependant,  il  existe  dans  quelques  contrées,  notamment  en 
Angleterre,  en  Bohême  (Joachimsthal),  à  Freiberg  et  à  Altenberg 
(Saxe)  et  à  Reichenstein  (Silésie)  des  établissements  pour  lesquels 
les  composés  arsénieux  sont  le  véritable  et  l'unique  but  de  la 
fabrication.  Le  minerai  d'arsenic  est,  dans  ce  cas,  le  mispickel, 
qui  n'en  renferme  pas  moins  de  45  à  75  p.  100. 

Le  mispickel  contient,  assez  fréquemment,  des  traces  d'or.  On 
connaît,  en  outre,  comme  minerais  arsenicaux,  le  réalgar  (AsS), 
l'orpiment  (AsS*),  la  smaltine,  la  nickeline,  le  cobalt  gris,  le 
nickel  gris,  etc.;  enfin  l'arsenic  natif. 

Statistique.  —  La  statistique  internationale  française  ne  men- 


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GISEMENTS   DE  MISPICKEL 


lionne,  comme  pays  producteurs  de  minerais  d'arsenic  en  1890, 
que  les  Iles  Britanniques,  la  Prusse  et  le  Canada  : 


MINERAIS  D'ARSENIC 


ILES    BRITANNIQUES 

PRISSE 

CANADA                 H 

ANKÉES 

.-.-   -—^1^' 

^-^-   - 

^* -^ 

J 

Tonnes 

Francs 

Tonnes 

Francs 

Tonnes 

Francs 

4881 

6  2i8 

182 

442 

74 

» 

>» 

1882 

» 

> 

> 

> 

H 

1883 

9  000 

163 

225 

74 

M 

4885 

10  200 

147 

1  500 

80 

» 

1886 

10100 

101 

670 

82 

> 

1887 

9  100 

99 

3J3 

76 

» 

1888 

10100 

99 

1  200 

70 

26 

2M> 

18S9 

12  600 

91 

1900 

67 

» 

> 

1890 

12  600 

130 

2  200 

62 

27 

224 

En  dehors  de  ces  pays,  nous  citerons  la  Bohême,  la  Transyl- 
vanie, la  Norvège  et  la  Suède,  la  France,  la  Russie,  TEspagne, 
lltalie  et  les  Etats-Unis. 

Angleterre.  —  En  Angleterre,  l'arsenic  vient  surtout  du  Devon 
(2  mines)  et  du  Cornwall  (12  mines).  En  Cornwall,  la  principale 
mine  est  celle  de  Greenhili  (1  628  tonnes  en  1881)  ;  en  Devon,  la 
mine  Devon  Great  Consols  Copper  mine  (2  851  tonnes).  Les 
gisements  qui  fournissent,  en  mè(ue  temps,  du  cuivre  et  parfois 
de  Tétain,  donnent  du  mispickel  de  composition  moyenne 
(arsenic  :  42,88;  fer  :  30,04;  soufre  :  21,08).  On  commence  par 
calciner  le  minerai  dans  des  fours  tournants  inclinés  ;  en  géné- 
ral, on  purifle  ensuite  le  produit  obtenu  au  moyen  de  sublimations 
successives  de  façon  à  obtenir  de  l'acide  arsénieux  très  blanc. 

Bohême.  —  En  Bohême^  à  Joachimslhal,  on  traite  de  même, 
des  mispickels  avec  lesquels  on  rencontre  parfois  de  Tacide  arsé- 
nieux. 

Allemagne.  —  En  Allemagne,  on  trouve  un  peu  de  mispickel 
et  d'acide  arsénieux  dans  les  mines  de  plomb  du  district  du  Harz  ; 
mais  les  véritables  centres  de  production  d'arsenic  sont  les  mines 

GÉOLOGIE.  —  T.  II  14 


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210  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

de  galène  argeatifère  de  TErzgebirge  Saxon  (Freiberg,  Alten- 
berg,  elc).  A  Freiberg,  on  rencontre  de  larsenic  nalif  en  masses 
mamelonnées,  formées  de  couches  concentriques  et  contenant 
plus  de  4  p.  100  d'argent.  Le  sulfure  d'arsenic  et  le  mispickel  se 
présentent  en  divers  points  des  filons. 

L'usine  de  Freiberg  a  produit,  en  1878,  1  020  tonnes  de  pro- 
duits arsenicaux  valant  334  237  francs.  Cette  usine  fournit,  en 
même  temps,  un  peu  de  bismuth  et  d'alUage  de  plomb  et  d'anti- 
moine pour  caractères  d'imprimerie. 

Transylvanie.  —  En  Transylvanie^  on  a  trouvé  une  veine  de 
réalgar  de  0,30  de  large  ^u  milieu  d'un  calcaire  dolomitique. 
Près  de  Nagyag,  le  réalgar  accompagne  les  minerais  d'or  et 
d'argent  ;  il  existe,  de  même,  près  de  Felsobanya. 

En  même  temps  que  le  réalgar,  l'orpiment  se  présente  dans 
toutes  ces  mines  de  Transylvanie,  parfois  sous  forme  de  masses 
foliacées  ;  ailleurs,  comme  à  Tayoba,  en  groupements  de  cristaux 
au  milieu  de  l'argile. 

Norvège  et  Suède.  —  En  Norvège,  on  trouve  des  pyrites  arse- 
nicales mélangées  avec  du  cobalt  à  Skutterud*.  En  Suède,  il  existe 
aussi  des  mispickels  aux  environs  de  Falun,  près  de  Norkôping 
et  Nykoping,  sur  la  côte  de  la  Baltique  et,  plus  au  Sud,  sur  la 
même  côte,  à  Gladhammar,  où  ces  mispickels  sont  associés  avec 
des  minerais  cobaltifères. 

France,  etc.  —  En  France^  on  a  trouvé  de  l'arsenic  nalif  à 
Sainte-Marie,  en  Lorraine;  en  Sibérie,  le  même  minerai  se  ren- 
contre par  grandes  masses,  ainsi  qu'aux  États-Unis^  à  Haver-Hill 
et  à  Jackson.  En  Espagne ,  l'oxyde  d'arsenic  est  associé  au  cobalt 
dans  la  vallée  de  Gistain  (Pyrénées)  ',  le  réalgar  se  trouve  avec 
le  cinabre  à  Oviédo  dans  les  Asturies. 

Enfin,  le  réalgar  et  l'orpiment  sont  connus  dans  le  Kurdistan  ^ 
en  Turquie  d'Asie  et  en  Chine. 


'  Voir  plus  haut,  page  86. 
*  Voir  plus  haut,  page  83. 


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CUIVRE 

Cu;Eq  =  3i,75;  — P.  at  =  63. 

USAGES  ET  STATISTIQUE 

Les  usages  du  cuivre  sont  assez  connus  pour  qu'il  soit  suffi- 
sant de  les  rappeler  ici  sommairement.  On  utilise  :  soit  le  métal 
lui-même;  soit  ses  alliages  (bronze,  laiton,  maillechort,  tom- 
bac, etc.)  ;  soit  ses  sels,  en  particulier  le  sulfate  de  cuivre. 

Le  cuivre  proprement  dit  est  désigné  dans  le  commerce  sous 
le  nom  de  cuivre  rouge;  le  cuivre  jaune  n'est  autre  chose  que  du 
laiton. 

Le  cuivre  rouge  est  vendu  brut,  en  plaques  et  lingots  ;  travaillé, 
en  planches  laminées,  en  barres,  en  tubes,  en  coupoles  pour  dis- 
tilleries, raffineries,  sucreries,  en  plaques  de  foyer  de  locomo- 
tives, en  plaques  de  doublage  pour  la  marine,  en  ceintures  d'obus 
à  balles,  en  fils  pour  Télectricité,  etc. 

La  marine,  la  guerre  et  les  installations  électriques  sont  les 
trois  grands  consommateurs  de  cuivre  rouge,  le  dernier  usage 
ayant  une  tendance  très  notable  à  s'accroître. 

Parmi  les  alliages  de  cuivre^  nous  citerons,  avant  tout,  le  laiton. 

C'est  un  alliage  de  cuivre  et  de  zinc,  moins  altérable  à  l'air  que 
le  cuivre  rouge  et  contenant,  presque  toujours,  de  petites  quan- 
tités de  plomb,  de  fer  et  d'étain  qui  lui  communiquent  des  qua- 
lités particulières. 

Le  laiton  destiné  au  tour  est  composé  de  : 

Cu  =  61  à  65;  Zn  =  36  à  38;  —  Pb  =  2ii  2,5  ;  Sn=  0,20; 


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212  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

le  plomb  et  Tétain  sont  destinés  à  lui  donner  de  la  sécheresse,  aQn 
qu'il  ne  graisse  pas  Toutil. 

Le  laiton  des  tréQleries,  qui  doit  surtout  être  tenace,  contient 
plus  d'étain  et  moins  de  plomb  : 

Cu  =  64,2  ;  Zn  =  35  ;  Pb  =  0,40  ;  Sn  =  0,40. 
Le  laiton  pour  le  travail  du  marteau  contient  : 
Cu  =  70  ;  Zq  =  30. 

Près  de  la  moitié  du  laiton  fabriqué  en  Europe  est  employée  à 
la  confection  des  épingles,  fabrication  représentée  par  une  somme 
de  75  millions  de  francs  (soit  plus  de  225  milliards  d'épingles). 

Parmi  les  autres  grands  usages  du  laiton,  nous  citerons  le  dou- 
blage des  navires,  les  tubes  (pour  appareils  à  gaz,  suspensions 
de  lustres,  de  candélabres,  ornementation  des  appartements,  etc.), 
les  fils,  etc. 

Le  laiton  est  livré  par  les  usines  en  planches,  barres,  fils  et 
tubes. 

D'autres  alliages  de  cuivre  et  de  zinc  sont  : 

Le  similor;  le  métal  du  prince  Robert,  employé  pour  la  fabri- 
cation des  faux  bijoux,  contenant  de  80  à  88  p.  100  de  cuivre  et 
de  20  à  12  p.  100  de  zinc  suivant  le  ton  de  jaune  plus  ou  moins 
vif  qu'on  veut  obtenir  ; 

Le  chrisocale  (bijoux  faux)  : 

Ca  =  92  ;  Zn  =  6  ;  Sn  =  2. 

Le    tombac    ou    cuivre    blanc    (instruments    de    physique)    : 
Cu  =  97  ;  Zn  =  2  ;  As  =  1. 

Le  maillechort  ou  argeiitan  est  un  alliage  de  cuivre,  de  zinc  et 
de  nickel  ayant  la  couleur  et  la  sonorité  de  l'argent  et  contenant  : 

Cu  =  50  ;  Zn  =  25  ;  Ni  =  25. 

On  l'utilise  pour  la  fabrication  de  couverts  argentés  par  voie 
galvanique  ;  de  réflecteurs,  d'ustensiles  de  cuisine,  cafetières, 
plats,  couverts,  etc.,  de  garnitures  de  couteaux  et  de  porte-plumes, 
de  boîtes  de  montres  communes,  d'objets  de  sellerie,  etc.  Le  service 
de  la  guerre  emploie  des  bandes  de  maillechort. 


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USAGES  DU  CUIVRE  213 

Le  bronze  est  un  alliage  de  cuivre  et  d'étain  ayant  les  compo- 
sitions suivantes  : 

Cuivre  EUin  Zinc 

Bronze  des  canons 100  11 

Bronze  des  cloches 78  22 

Bronze  des  tamtams  et  cymbales.  80  20 

Alliage  des  télescopes 67  33 

Bronze  des  monnaies 94  à  96  4  à  6    1  à  0,5 

On  en  consomme  pour  les  monnaies,  cloches,  statues  et  objets 
d'art,  etc. 

Enfin  l'on  fabrique  des  bronzes  d'aluminium  tenant  de  5  à  10 
d^aluminium  et  95  à  90  de  cuivre,  extrêmement  tenaces  et  suscep- 
tibles d'un  beau  poli. 

Pour  donner  une  idée  de  la  proportion  dans  laquelle  quelques-uns 
de  ces  divers  produits  entrent  dans  la  consommation,  nous  cite- 
rons la  production  des  usines  de  la  Société  de  smétaux  en  1889  : 

Cuivre  rouge 9  000  tonnes. 

Laiton 10  500      — 

Maillechorl 775      — 

Parmi  les  sels  de  cuivre^  il  en  est  un  qui  est  aujourd'hui  l'objet 
d'un  commerce  important,  c'est  le  sulfate  de  cuivre.  Son  applica- 
tion, très  répandue  contre  les  maladies  de  la  vigne,  fait  qu'on  en 
consomme  actuellement,  par  an,  près  de  60  000  tonnes  en  France. 
Ce  sulfate  est  généralement  obtenu,  non  plus  comme  autrefois  en 
faisant  agir  directement  Tacide  sulfurique  sur  le  cuivre  avec 
brassage  à  Tair,  mais  en  remplaçant,  dans  des  piles  Bunsen,  le  zinc 
par  le  cuivre  :  ce  qui  donne,  comme  sous-produit,  de  l'électricité 
livrable  à  très  bon  marché.  Le  sulfate  sert,  en  outre,  à  chauler  le 
blé,  à  produire  le  noir,  des  lilas  et  des  violets  dans  la  teinture  ; 
la  galvanoplastie  en  consomme  d'assez  fortes  proportions. 

Comme  autres  sels  de  cuivre,  nous  nous  contenterons  de  citer  : 
le  vert  de  Brunswick  (oxychlorure  :  CuCl,  3  CuO  +  4  HO)  employé 
en  peinture  ;  le  vert  de  Scheele  qui  est  un  arsénite  de  cuivre  ;  le 
veri  de  Schweinfurty  combinaison  d'arsénite  et  d'acétate  ;  le  vert 
minéral,  carbonate  bibasique  et  la  cendre  bleue^  carbonate  sesqui- 
basiqae  qui  était  très  employé  pour  les  papiers  peints  avant  que 
routremer  artificiel  ne  fût  descendu  à  bas  prix. 

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214 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


PRODUCTION  DE 

QUANTITÉS   EN    TONNES 


1 

FRANCE 

ILES 
BRITANNIOL-ES 

PRUSSE 

AUTRICHE 

HONGRIE 

ITALIE 

SUÈDE 

RUSSIE 

5 

,— ^^ 

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.- .^v^ 

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Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Pp. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fp. 

Tonnes 

Fp. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

1880 

8  640 

17 

52  900 

91 

515  400 

33 

» 

» 

, 

„ 

32  299 

75 

29  300 

» 

1881 

22  875 

39 

53  344 

90 

515  400 

33 

4445 

139 

103  500 

27 

a 

» 

29  300 

• 

1882 

23  966 

35 

53  304 

90 

558  850 

32 

4  154 

136 

» 

» 

24  100 

S2 

25  800 

85  700 

1883 

16  600 

59 

47  600 

77 

604  009 

32 

4  500 

134 

»• 

1 

■ 

» 

25  700 

98  800 

1884 

15  000 

67 

43  300 

67 

584  000 

38 

6  700 

103 

• 

» 

27  500 

80 

24  100 

151  000 

1885 

13  800 

37 

37  000 

55 

611  000 

38 

6  200 

100 

» 

» 

27  200 

58 

il  500 

124  000 

1886 

10  470 

29 

19  000 

55 

487  000 

36 

6  100 

103 

» 

• 

25  162 

44 

• 

100  000 

1887 

11  010 

34 

9  500 

64 

408  000 

35 

6  400 

128 

• 

« 

44  000 

28 

21  000 

108  000 

1888 

15  006 

23 

15  400 

100 

522  000 

41 

6  600 

135 

»i 

■ 

47  000 

34 

19  200 

133  000 

1889 

9110 

30 

9  200 

73 

564  000 

39 

7  100 

109 

• 

. 

48  000 

28 

20  000 

» 

1890 

12  015 

33 

12  300 

57 

588  000 

41 

7  500 

113 

■ 

• 

.  • 

" 

' 

■^M 

• 

s 

PRODUCTIO 

QUANTITÉS    EN    TONNKÏ 


u 

FRANCE 

ALGÉRIE 

ILES 
BRITANNIQUES 

PRUSSE 

AUTRES   PAYS 
ALLEUANDS 

AUTRICHE 

HONG RU 

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Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

F 

1880 

3  582 

1  726 

, 

» 

3  717 

1  719 

€ 

> 

, 

, 

470 

1842 

976 

1881 

3  395 

1  871 

730 

600 

3  933 

1  690 

» 

*» 

400 

1  771 

482 

1924 

830 

1  • 

188i 

3  627 

1  744 

450 

600 

47  053 

1  696 

14  836 

1  707 

1  800 

1  663 

483 

1924 

976 

18S3 

3  257 

1511 

35 

446 

53  800 

1  690 

18  200 

1667 

1  800 

1663 

580 

1  974 

1  000 

1 

1884 

3  800 

1  424 

58  700 

1500 

17  000 

1  470 

2  100 

1  423 

680 

1745 

800 

18îo 

3  600 

1  183 

67  300 

1  218 

18  000 

1202 

3  000 

1  368 

600 

1  696 

800 

188G 

3  500 

1  001 

52  700 

1  104 

18  300 

1  043 

2  400 

1  015 

750 

1413 

370 

1  ^ 

1887 

2  100 

1  000 

58  400 

1  067 

18  800 

1  195 

■ 

. 

900 

1480 

340 

1  , 

1888 

2  200 

1  500 

74100 

1  975 

19  900 

1  728 

3  200 

1  745 

890 

2  000 

340 

1  , 

1889 

1  600 

1  553 

76  600 

1  370 

21  900 

1390 

3  500 

1417 

860 

1676 

300 

1  ^ 

1890 

2  300 

1  564 

70  300 

1  529 

22  600 

1  414 

3  500 

1  477 

990 

1502 

• 

*  La 

baisse  co 

nslalé 

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STATISTIQUE   DU   CUIVRE 


215 


lERAIS  DE  CUIVRE 

LECR9    EN    FRANCS 


ISPAGNE 

ÉTATS- 
UNIS 

TERRE  ΫEU\'E 

VENEZUELA 

ClIiU 

AUSTRALIE 

LE   CAP 

TOTAL 

du 
monde  entier 

ones 

Fr. 

Tonnes 

Tonne* 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

.. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

•6  310 

^ 

2  397 

, 

15  444 

63  000 

3  920 

m 

16  031 

» 

• 

kl  971 

32  300 

• 

« 

» 

• 

€ 

• 

31  476 

m 

2  446  811 

M  000 

• 

- 

* 

m  000 

28  200 

• 

20  000 

m 

2  490  065 

»5  000 

• 

■ 

32  400 

21  300 

• 

23  100 

» 

2  946  000 

ri  000 

4  500 

. 

26  000 

26  200 

209 

20  700 

494 

3  647  000 

)3  000 

4  800 

108 

39  000 

^0  300 

185 

20  500 

487 

3  604  000 

6000 

7  000 

174 

27  300 

19  900 

M 

21000 

193 

3  267  000 

>5  000 

7  600 

23 

19  000 

13  900 

112 

31  400 

230 

3  661  000 

►iOOO 

4  700 

348 

25  000    1      . 

14  300 

147 

41  000 

527 

3  568  000 

" 

3  100 

186 

20  000 

19  600 

125 

33  000 

532 

4  271  000 

i 

» 

• 

• 

■ 

■ 

4  332  000 

CUIVRE 

LEURS    EN    FRANCS 


rALIE 

SUÈDE 

RUSSIE 

ESPAGNE 
Tonnes    i  Fr. 

ÉTATS-UNIS 

CHILI 

■— ^ 

AUSTRALIE 
Tonnes      Fr. 

TOTAL 
.-ippniximatir 

du 
monde  enliei 

1 

Tonnes 

Fr. 

• 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

• 

Tiinncs 

0 

D 
0 
9 
0 
0 
»0 

■ 

1  700 

• 
1-400 
i  990 
1564 
1517 
1994 
1774 

1  367 
1  220 
1  060 

1000 
1000 
980 
800 
900 
1  050 
840 
» 

» 

m 

3  600 

4  360 
6  200 
4  700 

4  600 

5  000 
0  200 

» 

23  67.1 
23  478 

22  80U 
32  200 
46  000 
42  000 
42  000 
50  000 
71  000 
■ 

785 
814 
856 
857 
670 
904 
900 
722 
710 

25  010 
25  900 
37  200 
65  800 
77  500 
71  000 
71  000 
83  003 
104  000 
119  000 

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M 

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1  400 
1  215 
1  200 
1  200 
1  305 
1675 
1342 
• 

42  916 

34  500 

37  000 
41  000 
41  C48 

38  500 

35  000 
50  000 
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10000 

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12  000 

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7  700 

8  500 

7  200 

8  100 

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1  600 

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1  852 
1  303 

1:2  113 
120  174 
211  122 
215  000 
258  000 
2:7  000 
254  000 
291  000 
341000 
371  000 
349  000  • 

yndicat  des  producteurs  en  1889. 


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216  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Le  carbonate  bibasique  naturel,  sous  la  forme  de  malachite^  est 
employé  comme  pierre  d'ornement. 

Poursubveniràla  consommation  de  cuivre  motivée  parcesdiverses 
applications,  consommation  qui  a  été,  en  1890,  de  314  700  tonnes 
dans  le  monde  entier,  il  existe  un  certain  nombre  de  centres  de  pro- 
duction dont  un  tableau  ci-joint  (p.  214  et  215)  donne  le  résumé, 
d'après  les  statistiques  de  Tindustrie  minérale  publiées  en  France. 

Si  nous  groupons  ces  différents  centres,  d'après  la  production 
de  cuivre  correspondante  à  leurs  minerais  traités  sur  place  ou 
exportés,  par  ordre  d'importance  en  1890,  nous  obtenons,  pour  les 
années  1879  à  1890,  le  tableau  de  la  page  217  *. 

Les  divergences  qui  existent  entre  ce  tableau  et  le  précédent 
tiennent  surtout  à  ce  que,  dans  le  premier,  on  a  compté  brutale- 
ment la  production  de  cuivre  de  chaque  pays,  quelle  que  fût  la 
provenance  des  minerais,  tandis  que,  dans  le  second^  on  a  cherché 
à  apprécier,  pour  chaque  pays,  la  quantité  de  cuivre  réellement 
extraite  des  minerais  de  ses  propres  mines. 

En  1891,  la  production  a  été  :  aux  Etats-Unis,  de  124  179  tonnes; 
de  151 410  tonnes  dans  les  autres  pays  ;  soit,  en  tout,  275  589  tonnes. 

Dans  le  troisième  trimestre  de  1892,  à  la  suite  d'une  entente 
entre  les  mines  de  cuivre,  la  production  a  été  :  pour  les  États-Unis 
de  32  599  tonnes  (2  333  tonnes  de  moins  que  le  maximum  auto- 
risé); pour  TEurope,  de  13  246  tonnes  (8  000  tonnes  de  moins  que 
le  maximum). 

Les  importations  en  Europe,  pendant  le  trimestre,  ont  été  de 
6  453  tonnes. 

Dans  le  même  temps,  la  consommation  des  cuivres  en  Angle- 
terre s'est  réduite  de  15  839  tonnes,  soit  30  p.  100,  par  suite 
d'une  crise  dans  la  construction  des  navires,  d'une  diminution 
dans  la  fabrication  du  sulfate  de  cuivre,  etc. 

En  novembre  1892,  on  estime  le  stock  de  cuivre  visible  à 
54  000  tonnes. 

Entrons  maintenant  dans  quelques  détails  statistiques  sur  les 
mines  de  chaque  pays  : 


^  Les  données  qui  nous  ont  servi  pour  composer  ce  tableau  sont  empruntées  aux 
Minerai  Resources  des  Etats-Unis,  1887,  p.  87;  1890,  p.  59. 


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STATISTIQUE  DU   CUIVRE 


217 


en 
99 


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218 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


La  répartition  entre  les  diverses  parties  du  monde  est  la  sui- 
vante : 


1879 

1880 

1881 

1882 

1883 

1884 

1885 

1886 

1887 

1888 

1889 

1890 

Amérique 

du  Nord* 

23  849 

29  413 

35  104 

43  554 

55  03 

65  786 

78  049 

74  560 

86  764 

109  850 

111570 

126  776 

Kurope.  . 

Amérique 

54  725 

00  320 

66  044 

67  845 

73  327 

74  228 

76  036 

76  438 

80  512 

89  985 

86  200 

83  81C 

du  Sud  . 

54  076 

A»  378 

45  099 

51  926 

48  245 

49  041 

45  286 

40  729 

34  107 

87  683 

3t  495 

33  8i3' 

Asie.   .   . 

3  962 

3  962 

3  962 

4  877 

7  722 

10  160 

10  160 

10  160 

H  176 

11  176 

15  240 

15  240 

Australie. 

9  652 

9  855 

10  160 

8  648 

12  467 

14  326 

11582 

9  835 

7  823 

7  671 

8  433 

7  620 

Afrique  . 

4  905 

5  323 

4  132 

6  417 

6  680 

5  844 

5  791 

6  223 

7  418 

7  671 

7  986 

6  675 

Aux    États-Unis^  la  production  se  divise,  entre  les   diverses 
régions  métallifères,  comme  le  montre  le  tableau  ci-dessous  : 

PRODUCTION    DU    CUIVRE  (EN  TONNES   DE   1000   KILOGRAMMES) 


1882 

1883 

1884 

1885 

1886 

1887 

1888 

1889 

1890 

Monlana 

4  123 

11226 

19  615 

30  859 

26  22.'ï 

35  821 

44  476 

44  707 

51  425 

Lac  Supérieur  .   .    . 

25  937 

27  275 

31  568 

32  839 

36  831 

34  605 

38  860 

39  307 

45  856 

Arizona 

8  385 

10  867 

12  168 

10  335 

7  116 

8  066 

14  473 

14  377 

15  858 

UUh 

276 

155 

120 

57 

227 

1  138 

970 

29 

457 

Colorado 

680 

525 

916 

521 

185 

915 

738 

532 

402 

Californie 

375 

729 

399 

213 

195 

728 

715 

69 

10 



Dans  le  Montana,  qui  a  pris  la  tète  depuis  quelques  années,  la 
principale  mine  est  celle  ie  TAnaconda  C". 

Dans  la  région  du  Lac  Supérieur,  nous  avons,  par  ordre  d'im- 
portance *. 


1882 

1883 

884 

1885 

1886 

1887 

1888 

1889 

1890 

r.alumet  and  Hecla    . 

14  580 

15  078 

18  422 

21  506 

22  995 

20  945 

22  893 

22  152 

27  250 

Quincv 

2  577 

2  736 

2  571 

2  661 

2  680 

2  550 

2  898 

2  915 

3  670 

Franklin 

1  485 

1  582 

1  706 

1  823 

1  041 

1780 

1  664 

1  978 

2  566 

Osceola 

1  901 

1  9^7 

1  930 

86i 

1621 

1  627 

1  891 

2  064 

2  409 

Atlantic 

1  080 

1  221 

1  439 

1  642 

1594 

1  657 

1  809 

1  693 

1  647 

Central  

6Î6 
758 

577 

6:<8 

989 

1  143 

1  061 

827 

578 

643 

Alloue» *.   . 

796 

867 

988 

785 

403 

14i 

802 

640 

Les  frais  d'extraction  moyens  ont  été  les  suivants,  en  1890  : 

*  Comprenant,  outre  les  États-Unis,  le  Canada,  Terre-Neuve  et  le  Mexique. 

•  Minerai  Resources,  1890,  p.  59. 


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STATISTIQUE   DU   CUIVRE 


210 


ÉTATS 

TENEUn 
en    cuivre 

FRAIS 
par  tonne  de  cuivre 

FRAIS 

par  tonne  de 

minerai 

Michigao 

p.  100 
1,797 

7,002 
10,079 

Francs 
900 

350 

382 

Francs 
16,00 

23,80 

38,32 

Montana 

Arijona 

Il  faut  ajouter  les  frais  de  broyage,  fusion,  raffinage,  etc.,  mon- 
tant, dans  le  Montana,  à  1  150  francs  par  tonne,  mais  en  déduire 
la  valeur  de  largent  contenu. 

En  Espagne  et  Portugal^  la  région  qui  produit  le  cuivre  est  la 
province  d'Huelva  et  la  partie  contiguë  de  TAlemtéjo  avec  les 
mines  de  : 


1879 

1880 

1881 

1882 

1883 

20  800 

1884 

1885 

1886 

1887 

1888 

1889 

29  972 

1890 

Rio  Tinto.   .    .    . 

13  971 

16474 

16933 

17  667 

21909 

2-1860 

25  095 

i7090 

32512 

30  4f  0 

Tliarsif 

11505 

0  297 

10306 

9144 

9957 

10  973 

11684 

11176 

11176 

11684 

11176 

10465 

San       Doniinços 

(UaMinetBarr;/ 

4  768 

6  709 

8301 

81i8 

8  128 

7  620 

7112 

7112 

7H2 

7112 

5  334 

5  690 

Pod^rosa  .... 

81 

%\A 

813 

8i:< 

10«6 

i287 

2  463 

X617 

4  470 

4064 

4064 

8128 

SevilU 

1  382 

1732 

1361 

1915 

2058 

2  032 

1829 

2169 

2  337 

1727 

1880 

884 

Tandis  que  les  mines  des  Etats-Unis  et  de  TEspagne  sont  en  pro- 
gression constante,  celles  du  Chili  ont  baissé  de  près  de  moitié, 
de  1879  à  1889.  L'une  des  plus  importantes  est  le  Cerro  de  Ta- 
maya.  On  peut  encore  citer  Copiapo,  Panulcillo.  Les  principales 
fonderies  sont  Lota  et  Guyacan,  puis  Coronel,  la  Serena,  etc.. 
En  1889  et  1890,  la  guerre  civile  a  eu  pour  effet  de  diminuer 
notablement  les  exportations  de  cuivre  do  ce  pays.  En  1891,  la 
production  n'a  même  été  que  de  16  000  tonnes. 

La  presque  totalité  de  la  production  allemande  vient  du  Mansfeld 
où  les  minerais,  à  faible  teneur  en  cuivre,  sont  en  même  temps 
ai^entifères.  C'est  ce  qui  résulte  d'un  tableau  suivant  (p.  220). 

Dans  le  reste  de  l'Allemagne,  on  doit  compter,  tout  d'abord,  les 
mines  du  Harz  (Rammelsberg,  etc.);  dans  le  N.-O.  du  Nassau, à 
Dillenboui^,  il  y  a  eu  quelques  exploitations  de  cuivre. 


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220 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


1879 

8  534 
615 

1880 

9957 
1016 

1881 

11175 

1771 

1882 

11711 
3  609 

1883 

12836 
3645 

1884 

12783 
2  032 

1885 

12649 
2845 

1886 

12  797 
1900 

1887 

13233 

1880 

1888 

13  594 
1880 

1889 

15  748 
1880 

1890 

16053 
2032 

llansfcld.   .   .   . 

Reste  de   l'AUe- 

magne.    .   .   . 

Le  Japon  est  en  progression  rapide  ;  il  a  passé  de  3  900  tonnes, 
en  1879,  à  \i  000  en  1887  et  15  000  en  1890. 

C'est,  en  Asie,  le  seul  pays  qui  fournisse  du  cuivre.  Les  mines 
les  plus  importantes  sont  au  Nord  de  Nippon,  dans  la  province  de 
Rikuchu  et  dans  Tîle  de  Shikoku  *.  La  principale  est  celle  d'Ashio 
(150  kilomètres  Nord  de  Tokio),  qui  donne,  à  elle  seule,  plus  de 
la  moitié  de  la  production  de  Tempire  (8  000  tonnes  de  cuivre). 
Cette  mine  exploite  une  colonne  riche  d'un  filon.  Le  minerai 
brut  tient  18  p.  100  de  cuivre.  Le  nombre  des  ouvriers  est 
de  10  000  «. 

En  Australie*,  la  production  de  cuivre  a  été,  en  1889,  de  13  mil- 
lions de  francs  : 

Australie  méridionale 7  382  000  tonnes. 

Nouvelle-Galles  du  Sud 5166  000      — 

Queensland 300  000      — 

Dans  TAustralie  méridionale,  la  mine  de  cuivre,  Burra-Burra,  a 
été  ouverte  en  1842,  fermée  en  1877  et  a  donné,  dans  cet  intervalle, 
120  millions  de  cuivre,  20  millions  do  dividendes. 

La  mine  Wallaroo  a  produit,  de  1860  à  1887,  pour  SI  millions 
de  minerai  à  10  p.  100  ;  la  mine  Moonta,  de  1861  à  1886,  pour 
112  millions.  En  1887,  la  mine  Moonta  a  donné  environ  5  000  tonnes 
de  cuivre  (9  170  tonnes  de  minerai  à  21  1/2  p.  100  de  cuivre,  dans 
la  seconde  moitié  de  Tannée). 

Dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  la  mine  la  plus  importante 
a  été  Great-Cobar  qui,  de  1876  à  1889,  date  de  sa  fermeture,  a 
donné  23  000  tonnes  de  cuivre  raffiné. 

Au  Cap  de  Bonne-Espérance^  les  minerais  sont  produits  princi- 

'  Voir  Davies,  p.  162. 

•  Ann.  d.  M.,  9«,  t.  I,  383, 1892.  (Note  de  M.  de  Billy.) 

•  Ann.  d.  M,,  9%  t,  1,  p.  384. 


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STATISTIQUE   DU   CUIVRE 


221 


paiement  par  la  c  Cape  Copper  Mining  Company  >,  qui  les  fond 
dans  ses  usines  en  Angleterre.  On  cite  surtout  les  gisements  du 
Namaqualand  :  Okatiep  près  de  Springbok  et  Spectakee. 

Au  Venezuela,  le  gisement  important  est  celui  de  Quebrada. 

La  Rîissie  produit  du  cuivre  :  l**dans  le  gouvernement  de  Perm; 
2*  dans  TOural  (Medjnoroudiansk,  Bogoslovsk,  etc.);  3^  au  Cau- 
case (Kiadébek,  etc.);  4"*  dans  l'Altaï.  Sa  production,  de  1879  à 
1887,  a  passé  de  30  00  à  50  00  tonnes. 

Voici  d'ailleurs  les  chiffres  : 


ANNÉES 

OURAL 

CAUCASE 

KIRGHISES 

ALTAÏ 

FINLANDE 

TOTAL 

Ton  nef 

Tonnes 

Tonnes 

Tonnes 

Tonnes 

Tonnes 

1879 

1308 

820 

509 

478 

38 

3  153 

1884 

3199 

1459 

575 

400 

194 

5  827 

i887 

2717 

1880 

4 

270 

203 

5  074 

1888 

2  613 

i  556 

5 

303 

205 

4  682 

1880 

2  632 

1509 

5 

351 

384 

4  881 

Les  mines  de  l'Altaï,  dont  nous  ne  reparlerons  pas,  sont  surtout 
Tschoudak  et  Songatof.  Elles  appartiennent  à  l'Etat  et  sont 
depuis  longtemps  en  perte,  mais  la  construction  du  chemin 
de  fer  transsibérien  pourra  leur  redonner  de  la  vie.  Celles  de  Fin- 
lande sont  à  Pitkarant,  dans  le  gouvernement  de  Viborg.  Dans 
rOural,  les  seules  vraiment  prospères  sont  celles  de  Bogoslovsk  ; 
nous  décrirons,  en  outre,  plus  loin,  celles  de  Nijni  Taguil  *  ;  dans  le 
Caucase,  celles  de  la  Compagnie  Siemens  à  Kiadébek  donnent  des 
bénéfices,  après  avoir  exigé  une  mise  de  fonds  considérable  ^ 

La  production  mexicaine  provient  surtout  de  la  basse  Cali- 
fornie, c'est-à-dire  des  mines  du  Boleo,  qui  ont  pris,  depuis  1887, 
un  grand  développement. 

Au  Canada,  la  production  de  cuivre  augmente  assez  fortement 
sur  le  rivage  Nord  du  lac  Supérieur  depuis  1885;  en  particulier 
par  le  fait  de  la  Canadian  Copper  C°  de  Sudbury  (Ontario). 

En  Italie,  les  gisements  du  Monte-Catini  ont  aujourd'hui  une 
production  très  faible. 

*  Voir  plus  loin,  paj^e  247. 

•  Cf.  Ann,  d.  M.,  1892,  t.  I,  p.  267.  Voir  plus  loin,  page  247. 


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222  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

A  Terre-Neuve,  les  gisements  sont  à  Bettslove. 

En  Scandinavie^  le  cuivre  est  extrait  des  pyrites  de  Rôraas, 
Vignaes,  Falun,  etc. 

\j' Autriche  produit  un  peu  de  cuivre. 

La  Hongrie  en  extrait  de  ses  mines  du  Banat,  etc. 

\j' Angleterre  qui  est,  comme  nous  le  dirons,  le  centre  du  com- 
merce du  cuivre,  extrait,  de  ses  propres  mines,  en  particulier 
du  Gornwall,  une  quantité  de  plus  en  plus  faible  de  ce  métal  : 
1  471  tonnes  en  1886  ;  des  minerais  de  cuivre  se  trouvent,  en 
Angleterre,  dans  les  grès  du  Cheshire  et  de  Salop,  les  calcaires 
de  Salop,  du  Northwales,  du  Staffordshire  et  du  Derbyshire;  enfin, 
aux  mines  Parys,  à  Anglesea. 

La  production  de  la  Bolivie  est  représentée  par  la  grande  mine 
de  Corocoro. 

IS Algérie  a  produit,  en  1888,  15  000  tonnes  de  pyrite  cuivreuse 
mélangées  de  blende  et  de  galène.  La  majeure  partie  vient  de  Kef- 
Oum-Theboul.  Une  concession  de  cuivre  à  Tadergount,  dans  le 
département  de  Constantine,  est  encore  à  peine  installée. 

En  dehors  de  l'Algérie,  le  France  ne  produit  pas  de  cuivre; 
quelques  gisements  ont  été  exploités  à  diverses  reprises  à  la 
Prugne  (Allier),  à  Chessy,  en  Corse,  dans  les  Basses-Pyrénées,  à 
Cerisier  (Alpes-Maritimes),  mais  ont  dû  être  abandonnés. 

hdi  Nouvelle-Calédonie  en  extrait  environ  300  tonnes,  provenant 
des  mines  de  Nemon  et  de  Pilou,  dans  la  région  du  Diahot. 

Le  Pérou^  qui  produisait  2  800  tonnes  de  cuivre  avant  la  guerre 
de  1879,  est  tombé  à  50  en  1887  ;  les  minerais  se  trouvent 
presque  tous  dans  la  province  dlca. 


COMMERCE  DU  CUIVRE 

Les  minerais  de  cuivre,  dont  nous  venons  d'énumérer  les  prin- 
cipaux gisements  dans  le  monde,  étaient  autrefois  souvent  traités 
sur  le  point  d'extraction  ;  avec  le  développement  de  l'emploi  des 
combustibles  minéraux,  il  s'est  produit,  au  contraire,  une  ten- 
dance de  plus  en  plus  marquée  à  la  concentration  des  minerais 
en  des  ports  de  mer  reliés  à  de  grands  bassins  houillers.  La 


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COMIIERCE   DU   CUIVRE  223 

majeure  partie  est  aujourd'hui  transportée  :  soit  en  Angleterre  à 
Swansea,  etc.,  où  est,  depuis  longtemps,  le  principal  marché  du 
cuivre  ;  soit  en  France,  où  Ton  a  fait,  dans  ces  dernières  années, 
des  efforts  sérieux  pour  développer  cette  industrie;  en  Belgique, 
à  Hemixen,  près  d'Anvers  ;  à  Hamboui^,  etc.  Les  Etats-Unis,  qui 
étaient  jadis  pour  TAngleterre  un  client  important,  se  sont  mis, 
depuis  quelque  temps,  à  traiter  eux-mêmes  leurs  minerais. 

Le  marché  du  cuivre  pour  l'Europe  est  surtout  en  Angle- 
terre et  en  France.  L'Allemagne  et  la  Russie,  qui  exportent  un 
peu,  importent  également  d'Angleterre. 

Il  est  facile  de  comprendre  la  raison  de  cette  localisation  com- 
merciale : 

Les  usines  à  cuivre  anglaises  et,  dans  une  mesure  moindre, 
toutes  celles  de  l'Europe  occidentale,  achètent  l'unité  métallique 
contenue  dans  les  minerais  \  à  des  prix  très  élevés,  dès  que  la 
teneur  s'élève  à  25  p.  100  et  lorsque  les  minerais  ne  renferment 
aucun  principe  nuisible  à  la  qualité  finale  du  métal,  tel  que  l'arse- 
nic et  l'antimoine.  Cela  tient  au  besoin  qu'elles  ont  de  minerais 
riches  et  purs  pour  la  composition  de  certains  lits  de  fusion  com- 
plexes. 

Le  bénéfice  que  peut  faire  une  usine  placée  en  dehors  de  l'An- 
gleterre en  traitant  directement  des  minerais  de  cuivre  à  teneur 
élevée  résulte  donc  presque  uniquement  de  l'économie  réalisée 
sur  les  transports,  chaque  fois  que  le  marché  du  produit  de 
l'usine  est  le  marché  anglais  ou  même,  jusqu'à  un  certain  point, 
les  marchés  français,  belge  ou  allemand.  Or,  ce  bénéfice  est  rapi- 
dement compensé,  et  généralement  bien  au  delà,  par  la  plus-value 
des  combustibles  en  dehors  de  l'Angleterre  ou  de  quelques  districts 
privilégiés  de  la  France,  de  la  Belgique  et  de  l'Allemagne. 

Aussi  peut-on  affirmer  qu'il  est,  pour  chaque  district  minier,  un 
maximum  de  teneur,  obtenu  soit  par  voie  d'enrichissement  méca- 
nique dans  le  minerai  même,  soit  par  voie  métallurgique  dans  une 
matte,  au  delà  duquel  il  y  a  tout  intérêt  à  vendre  le  minerai, 
enrichi  ou  concentré,  aux  usines  anglaises. 

'  Les  achats  se  font,  à  Swansea,  d*après  des  essais  par  i^oie  sèche  qui,  pour  los 
minerais  pauvres,  occasionnent  généralement  des  pertes  très  fortes.  (Ann.  d.  M., 
5'  série,  t.  XIII.) 


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224 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


Pour  le  bassin  de  TOcéan  Atlantique,  ce  maximum  est,  en 
Europe,  de  12  à  15  p.  100  ;  il  est  de  17  à  20  p.  100  pour  le  bassin 
méditerranéen;  et  ainsi  de  suite  :  la  teneur  s  élevant  à  mesure  que 
l'on  s'éloigne  de  la  mer. 

On  ne  peut  donc  songer  à  installer  une  usine  sur  place  que  lors- 
qu'on est  en  présence  de  quantités  très  grandes  de  minerai  à 
faible  teneur  et  encore  cette  usine  n'est-elle  généralement  qu'un 
atelier  d'enrichissement. 

La  conséquence  naturelle  de  cette  sorte  de  monopole  qu'a  la 
compagnie  des  fondeurs  anglais  pour  le  commerce  du  cuivre  a 
été  d'amener,  au  détriment  des  mines,  la  dépréciation  des  minerais 
et  de  permettre  d'obtenir,  dans  le  prix  du  métal  lui-même,  des 
variations  brusques  aussi  nuisibles  aux  industriels  que  favorables 
aux  spéculateurs. 

L'histoire  du  commerce  du  cuivre  depuis  vingt  ans  a  été  la 
suivante  : 

Si  l'on  remonte  vers  1870,  la  consommation  de  ce  métal  n'était 
encore  que  d'environ  100  000  tonnes  ;  le  Chili  était  alors  le  prin- 
cipal centre  de  production  avec  l'Allemagne,  Rio-Tinto,  etc.  ;  le 
prix  du  cuivre  oscillait  entre  2  000  et  2  300  francs. 

Depuis  1873,  le  développement  énorme  de  l'industrie  cuprifère 
dans  la  province  d'Huelva  ainsi  que  dans  l'Amérique  du  Nord  (où 
les  minerais  avaient  l'avantage  d'être  très  riches  et  ai^entifères 
au  voisinage  de  la  surface),  a  amené  une  dépréciation  progressive 
dont  le  tableau  ci-après,  qui  résume  la  valeur  moyenne  du  cuivre 
en  Angleterre,  de  1880  à  1890,  permettra  de  juger: 


AXICÉES 

BARRES  DU   CHILI 

MINERAI 

CUI\-RE 

à  25  p.  100  par  unité 

précipité  par  unité 

1880 

1  552,50 

16,00 

46,14 

1881 

1  537,50 

15,62 

16,08 

1882 

1  671,25 

16,87 

17,27 

1883 

1  582,29 

15,45 

16,04 

188'* 

1  361,30 

12,10 

14,80 

1885 

1101,04 

10,41 

11,26 

1886 

10il,56 

9,68 

10,32 

1887 

1096,14 

10,62 

H,14 

1888 

1  998,80 

n,70 

20,30 

1889 

1  341,50 

11,83 

» 

1890 

1  356,75 

12,30 

> 

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COMMERCE  DU   CUIVRE  223 

Ce  tableau  met  en  évidence  la  baisse  considérable  qui  se 
produisit  dans  le  prix  du  cuivre  jusqu'en  1887;  il  en  résulta, 
dans  cette  année-là,  une  diminution  assez  forte  de  la  production 
des  mines  et,  par  suite,  une  réduction  des  stocks^  qui  atteignit 
20  000  tonnes  dans  Tannée.  A  ce  moment,  un  incendie  qui  fit 
arrêter,  pour  quelque  temps,  la  principale  mine  du  lac  Supérieur, 
Calumet  and  Hekla  produisant  près  de  50  000  tonnes  par  an, 
donna  Tidée  d'une  vaste  spéculation  ayant  pour  but,  en  accapa- 
rant le  cuivre,  d'en  faire  monter  le  prix  et  d'en  ramener  le  marché 
en  France. 

En  effet,  à  la  fin  de  décembre  1887,  on  était  arrivé  à  conduire 
le  cuivre  au  prix  de  2 140  francs,  soit  exactement  au  double  de  la 
valeur  fin  décembre  1886. 

Pendant  toute  Tannée  1888,  le  prix  du  cuivre  resta  très  élevé  ; 
mais,  en  janvier  1889,  les  cours  s'efiTondrèrent  tout  à  coup  et 
retombèrent  à  peu  près  à  leur  ancien  taux.  Depuis  ils  se  sont 
élevés  peu  à  peu,  en  raison  de  Tépuisement  des  stocks  visibles. 
En  novembre  1892,  on  cote  à  Paris  : 

Cuivre  du  Chili  en  barres.  Premières  marques i  225 

—  minerai  de  Corocoro  (les  1  000  k.  de  cuivre  contenu)  .  1  225 

—  rouge  en  planches 1625 

—  rouge  en  (Ils i  900 

—  rouge  en  tuyaux  sans  soudures 2  050 

—  jaune  en  feuilles  et  fils 1525 

—  jaune  en  tuyaux  sans  soudure 1  800 

Nous  allons  maintenant  donner,  pour  les  divers  pays,  quelques 
renseignements  statistiques  sur  le  mouvement  des  minerais  de 
cuivre  et  du  cuivre  métallurgique. 

Angleterre*.  —  Les  importations  se  décomposent  en  minerais 
proprement  dits,  pyrites  cuivreuses,  cuivre  précipité  et  régule, 
cuivre  en  lingots  et  barres;  voici  les  chiffres  correspondant  à 
chacun  de  ces  éléments  : 

^^  Minerais.  —  L'importation,  en  1887,  est  résumée  par  un 
tableau  suivant*  : 

*  Minerai  statislia  of  great  Britain  et  Minerai  Resources  des  Etats-Unis,  1887, 
p.  90  ;  181M),  p.  75. 

GÉOLOGIE  —  T.   II.  15 


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226  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Italie 9  2341.  à  113  francs. 

Venezuela 17  835  —     89  — 

Bolivie 315  —  2!5  — 

Chili 453-429  - 

Cap  de  Bonne-Espérance 30  602  —  270  — 

Canada 3  453—162  — 

Etats-Unis  *  .  . 224—392  — 

Autres  pays 27  531  —   137  — 

89  647  t. 

Ces  89  647  tonnes,  d'une  teneur  moyenne  de  16,89  p.  100,  conte- 
naient 15  148  tonnes  de  cuivre,  contre  13  749  tonnes  en  1886.  £n 
1890,  il  a  été  importé  18  000  tonnes  de  cuivre  à  l'état  de  minerais. 

2°  Pyrites.  —  L'importation  a  été,  en  1886,  de  556  988  tonnes^ 
ainsi  réparties  : 

Espagne 521  718  tonnes. 

Portugal 28  656      — 

Norvège , 4117      — 

Autres  pays 2  497      — 

556  988      — 

Après  calcination  de  ces  pyrites,  393  699  tonnes  ont  donné,  par  le 
procédé  Claudet,  14  380  tonnes  de  cuivre,  50  kilogrammes  d'or  et 
8  848  kilogrammes  d'argent. 

3**  Cuivre  précipité  et  régule.  —  Les  importations  ont  été,  dans 
ces  dernières  années  : 


Espagne.  .  • 
Portugal.  .  . 
Etats-Unis.  . 
Chili  .... 
Autres  pays  . 

Totaux.   . 


1886 


MINERAIS 


39  285 
6  764 

13315 
1662 
5  324 


CUIVRE 
OBTENU 


66  350 


24  417 

11026 

749 

1798 


37  990 


1887 


1888 


1889 


1890 


CUIVRE    OBTENU 


25  150 

15  280 

729 

2  329 

30  601 

21  084 

746 

4  432 

28  608 

27  006 
1  950 
6  537 

43  488 

56  863 

64  101 

28  466 

19  199 
2  156 

8  46S 


58  283 


«  Kn  1884,  Pimportation  des  États-Unis  était  de  31  316  tonnes;  elle  est  tombée 
jusqu'à  zéro  en  quelques  années. 


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IMPORTATIONS  DE  CUIVRE  EN  ANGLETERRE 

4**  Cuivre  en  lingots  et  en  barres. 


227 


1887 

1888 

1889 

1890 

Chili 

17  796 
5  499 
2  045 
4193 

21879 
5  484 
4  755 

13198 

17  913 

5  656 

3  860 

11761 

20  031 
5  441 
1289 

23  491 

Australie 

Etats-Unis 

Autres  pays 

Totaux 

29  533 

45  316 

39  190 

50t52 

En  additionnant,  on  trouve,  pour  les  importations  de  cuivre  en 
Angleterre  dans  ces  dernières  années  : 


1886 

1887 

1888 

1889 

1890 

Cuivre  en  minerais.  . 

—  en  pjrrites    .   . 

—  précipité  .   .   . 

—  régule  .... 

—  en  lingots  et  en 

barres .   .  . 

Totaux 

13  967 
14127 
19  632 
18  358 

43  657 

15  390 
15  179 
22168 
22  336 

29  665 

19  763 
15  695 
26  788 
30  075 

45  317 

22  575 
16  355 
25  512 
38  589 

39193 

18  288 
16  685 
25  972 
32  302 

50  252 

109  741 

104  738 

137  638 

142  224 

143  499 

Si  Ton  décompose  maintenant  cette  importation  de  cuivre  à 
Liverpool,  Swansea  et  Londres,  entre  les  principaux  pays  produc- 
teurs, on  obtient,  en  laissant  de  côté  environ  10  000  tonnes  de 
cuivre  précipité  importées  à  Newcastle  et  Cardiff  sur  lesquelles 
les  renseignements  font  défaut  : 


1886 

1887 

1888 

1889 

1890 

Espagne  et  Portugal.  . 
Chili 

30  037 

27  625 

13  699 

3  629 

7192 
10  258 

3104 
246 
903 

3  962 

33  660 

20  328 

16  799 

203 

8  403 
6144 

2  297 

62 

1072 

2  641 

37  522 

24  871 

26142 

4  541 

8  970 
6  854 

3  651 

161 

1075 

> 

39  094 

22  423 

31221 

2  563 

11691 
6  386 

4  368 
4001 
1060 

> 

40  695 
23  276 
20  494 
10  845 

10  086 
6  666 

5  329 
3  378 

968 

» 

Etats-Unis 

Japon 

Cap   de    Bonne  - 
rance  .... 

Espé- 

Australie.  .   .   .       -   - 

Venezuela    (New 
brada).   .   .   . 

-Que- 

Mexique  ....••. 

Italie 

Terre-Neuve 

Totaux  . 

•  •  • 

100  655 

91609 

113  787 

122  807 

121  737 

*  Y  compris  1 170  tonnes  de  barres  du  Chili  transportées  de  France  en  Angleterre. 


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228  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

La  balance  des  importations  et  des  exportations  s'établit  de  la 
manière  suivante  : 


Importations 

Export&tians 

Coiifomniation 

i860  .... 

.   .    .           27  287 

26  335 

732 

1870  .... 

.   .   .           58673 

54  768 

3  905 

i880  .... 

.   .   .           94218 

60  434 

33  744 

1886   .... 

.    .   .         409  845 

61478 

48  367 

1887  .... 

.    .    .         104  738 

70  663 

34  073 

1888  .... 

.   .   .         137  638 

73  219 

64419 

1889  .... 

142  223 

76  837 

65  386 

1890  .... 

.   .   .         146  357 

91183 

55  374 

La  consommation  de  TAngleterre  est  de  60  à  70  000  tonnes. 


France.  —  La  production  de  cuivre  en  France  n'est  aucunement 
comparable  avec  celle  de  l'Angleterre;  en  1887  et  1888,  on  a 
traité  environ  5  000  tonnes  de  minerai  donnant  2  200  tonnes  de 
cuivre;  en  1890,  6  000  tonnes  donnant  2  300  tonnes  de  cuivre/ 
La  fabrication  du  cuivre,  au  moyen  de  minerais  du  Chili, 
de  Bolivie,  etc.,  se  fait  surtout  dans  le  Pas-de-Calais  et,  en 
proportion  moindre,  dans  la  Loire-Inférieure;  puis  à  Florimont 
(Ardennes),  Biache  Saint-Waast  et  Vaucluse.  Il  existe*,  en  outre,-«ii 
assez  grand  nombre  d'usines  recevant  des  minerais  à  un  état  d'éla- 
boration plus  ou  moins  avancé  et  livrant  du  cuivre  fabriqué  :  en 
particulier,  celles  de  l'ancienne  Société  des  métaux  à  Dévîlle,  près 
Rouen  (Seine-Inférieure)  ;  à  Givet  (Ardennes)  ;  Sérifontaine  (Oise)  ; 
Bornel  (Oise);  Saint-Denis,  près  Paris,  etc. 

Les  importations  de  cuivre  (ou  laiton)  en  France  ont  atteint, 
en  1888,  48  158  tonnes  contre  6  250  tonnes  exportées,  soit  41  968 
restées  en  France;  mais  cette  année  était  exceptionnelle  par  suite 
des  efforts  qui  ont  été  faits,  à  ce  moment,  par  un  syndicat  pour 
attirer  en  France  le  marché  du  cuivre.  En  1890,  on  a  eu  29  870 
tonnes  importées,  contre  5  060  exportées.  Précédemment,  ou 
avait  :  en  1879,  24  706  contre  3  300;  en  1880,  25  210  contre  4  173  ; 
en  1881,  29  144  contre  4  293;  en  1886,  23  226  contre  5  051.  La 
consommation,  année  moyenne,  peut,  par  suite,  être  évaluée  à. 
environ  25  000  tonnes. 


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COMMERCE   DU   CUIVRE  AUX   ÉTATS-UNIS 


229 


Etats-Unis.   —  Aux  Etats-Unis,  la  production  et  l'importation 
du   cuivre  sont  représentées  par  les  chiffres  suivants  *  : 


nODUCTlOH 

CCIVHB 

COITKBDUKSOCLB 

TIBCXCUIVRB 

TOTAL 

ANNÉES 

dci  mines 

DBS  aimniAis 

XT  CDITBB   nOIB 

à   retrBTsiller 

américaines 

importés 

importé 

importé 

Tonnes 

Tonnes 

Tonnes 

Tonnes 

Tonnes 

1886 

71081 

1390 

» 

16 

73  000 

1887 

82  060 

1682 

» 

18 

83  000 

1888 

102  671 

2  085 

2 

16 

105  000 

1889 

102  533 

1621 

26 

8 

104  000 

1890 

117  520 

1542 

95 

122 

120  000 

Les  exportations  ont  été  : 

1887  1888  1889  1890 

Minerai  et  matte.  .   .      25  464      40  408      46  596      24  759 
Lingots,  barres,  etc.        5  290      13  600        7100        4  400 

En  1890,  les  Etats-Unis  ont  produit  117  520  tonnes,  dont  ils 
.  ont  consommé  88  000  tonnes  et  exporté  29  000  tonnes. 

On  arrive  donc  à  répartir  ainsi  la  consommation  moyenne  : 

Etats-Unis 90  000  tonnes. 

Angleterre 70  000      — 

France 25  000      — 

Allemagne 30  000      — 

Autres  pays 105  000      — 

300  000      — 

Quant  aux  stocks  de  cuivre  disponibles,  stocks  sur  lesquels  on 
n'est  nécessairement  qu'imparfaitement  renseigné,  ils  ont  été  : 


r'JAN\1ERl889 

1"  JANVIER  1890 

X'"  JANVIER  1891 

1"  JUIN  1892 

Tonnes 
104  000 

Tonnes 
États-Unis.       29200 
Europe  .  .     100800 

Tonnes 
Etals-Unis.     34  300 
Europe  .  .     63  200 

Tonnes 
Europe.     53  965 

130  000 

97  500 

'  La  proportion  de  cuivre  et  de  laiton  travaillé  importée  est  presque  insignifiante. 


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230  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

La  progression  étonnamment  rapide  des  mines  américaines  pas- 
sant, en  dix  ans,  de  1880  à  1890,  de  27  000  tonnes àll7  500  aurait 
certainement  eu  une  influence  encore  plus  grande  sur  le  marché, 
si,  dans  la  même  période,  l'Amérique  du  Sud  n'avait  pas  restreint 
sa  production,  presque  nulle  aujourd'hui  au  Pérou,  en  République 
Argentine,  faible  à  Corocoro  et  à  peu  près  complètement  suspen- 
due au  Chili,  de  1889  à  1891,  par  la  révolution. 


MINERAIS  DE  CUIVRE 

Les  minerais  de  cuivre  sont  : 

1°  Le  cuivre  natif  (lac  Supérieur,  Corocoro,  etc.)  ; 

2'' Les  oxydes,  carbonates,  etc.  (Boléo,  Oural);  tels  que  la 
cuprite  Cu*0,  la  malachite  H*  Cu*  CO»,  Vazurite  H«  Cu"  G*  0^  etc. 

3®  Les  minerais  sulfurés,  considérés  comme  purs  lorsqu'ils  ne 
renferment  que  du  cuivre  ou  du  fer  ;  comme  impurs  quand,  à  ces 
métaux,  s'ajoutent  l'arsenic,  l'antimoine,  le  plomb  à  forte  dose,  le 
zinc  au  delà  d'une  certaine  limite. 

Les  minerais  sulfurés  purs  sont  :  surtout  la  chalcopyrite  (Cu'S 
Fe*  S';  34  p.  100  de  cuivre),  puis  la  phillipsite  (3Cu«  S,  Fe»  S»  ; 
55,  6  p.  100  de  cuivre),  enfin  \bl  chalcosine  (Cu*S;  79,  8  p.  100  de 
cuivre),  généralement  en  petite  quantité. 

Les  minerais  impurs  sont  :  les  cuivres  gris  tenant  de  15  à  48  p.  100 
de  cuivre  avec  de  Farsenic,  de  l'antimoine,  du  fer  et  souvent  une 
assez  forte  proportion  d'ai^ent;  tels  que  la  panabase^  la  freiber- 
gite^  la  tennantite  etc.;  la  bournonite  (3  Cu*  S,  Sb*  S*  +  2PbS 
Sb'S),  minerai  assez  rare,  mais  recherché  pour  sa  richesse  habi- 
tuelle en  argent,  etc 

GÉOGÉNIE  DU  CUIVRE 

Avec  Tétain,  nous  avons  eu  affaire  à  un  métal  dont  la  relation 
habituelle  avec  une  roche  éruptlve,  la  granulite,  n'est  pas  dou- 
teuse. Avant  d'aborder  des  corps,  comme  le  plomb  ou  le  zinc,  le  plus 
souvent  isolés  dans  des  fractures  profondes  de  Técorce  à  une  grande 


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GÉNÉRALITÉS   SUR   LES   gItES   DE   CUIVRE  231 

distance  des  roches  qui  peuvent  les  avoir  fournis,  nous  allons  nous 
trouver,  pour  le  cuivre,  dans  un  cas  intermédiaire,  le  cas  des  gttes 
de  départ.  Les  gisements  de  cuivre  inclus  à  proprement  parler  dans 
une  roche  éruptive  sont  assez  rares,  nous  n'en  citerons  guère 
que  quelques  exemples  dans  des  serpentines  ou  gabbros  ;  mais  on 
trouve,  en  outre  et  si  fréquemment,  les  minerais  de  cuivre  concen- 
trés au  voisinage  immédiat  ou  même  au  contact  de  roches  comme 
les  mélaphyres,  les  diorites,  les  diabases,  etc.,  qu'il  est  bien  permis 
de  supposer  qu'originellement  ils  en  proviennent.  Les  roches  en 
relation  avec  le  cuivre   ne  sont  plus  des  roches  acides  comme 
celles  qui  contenaient  Tétain,  mais  bien  des  roches  basiques,  le 
plus  souvent  des  roches  magnésiennes,  parfois  des  roches  ferru- 
gineuses et  ces  roches  correspondent  à  une  phase  postérieure  de 
l'activité  éruptive,  à  un  second  stade  d'ascension  du  magma  interne. 
En  même  temps,  au  lieu    des  chlorures,  nous  avons,  comme 
roioéralisateurs,  des  sulfures;  si  nous  nous  reportons  à  l'ordre  de 
dégagement  des  fumerolles  volcaniques,  tel  qu'il  a  été  établi  par 
MM.  Sainte-Claire  Deville  et  Fouqué,  nous  pouvons  présumer  que 
le  départ  du  cuivre,  plus  accentué  que  pour  Tétain,  tient  à  ce  qu'il 
est  sorti  de  la  roche  en  ignition,  alors  qu'elle  était  déjà  plus  refroidie, 
alors  que  les  chlorures  avaient  fini  de  se  dégager.  Le  plomb  et  le 
zinc  correspondraient,  dans  cette  hypothèse,  au  moment  du  refroi- 
dissement presque  complet,  au  commencement  de  la  période  des 
solfatares  et  des  mofettes,  et  c'est  pourquoi,  au  lieu  de  rester  con- 
centrés dans  des  fissures  réticulées  au  voisinage  d'une  roche,  ils 
n'ont  pu  s'élever  à  travers  l'écorce  terrestre  que  par  les  grandes 
fractures  qui  ont  terminé  chaque  période  de  plissement  :  d'où  leur 
allure  typique  en  filons  concrétionnés. 

Cette  forme  nettement  filonienne,  nous  la  trouverons  d'ailleurs 
paiement  pour  le  cuivre,  comme  nous  l'avions  rencontrée  même 
pour  rétain,  mais  à  un  degré  plus  prononcé  que  pour  ce  dernier 
métal  :  le  cuivre  est  déjà  l'un  des  éléments  des  filons  concrétionnés 
complexes  *,  et  parfois  il  y  domine. 

'  Le  cuivre  a  été  constaté  dans  quelques  eaux  minérales  (Teplitz,  Mondorf,  etc.)  ainsi 
que  dans  les  dépôts  cuivreux  d'un  {crand  nombre  de  sources  ;  M.  Dieuldfait  Ta  retrouvé 
dans  les  eaux-mères  des  marais  salants,  dans  toute  la  formation  primordiale,  dans  les 
dolomies  et  marnes  noires  qui  accompagnent  le  gypse.  Dans  les  eaux-mères  des  ma- 
rais salants,  on  peut  constater  sa  présence  sur  5  centimètres  cubes.  Il  y  a  cependant 


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232  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Enfin  les  sels  de  cuivre  étant  facilement  solubles,  nous  aurons 
à  étudier  des  gisements  importants  de  cuivre  sous  la  forme  sédi- 
mentaire,  gîtes  nettement  contemporains  du  terrain  encaissant. 

Il  est  nécessaire,  avant  d'aller  plus  loin,  de  comparer  à  cette 
théorie  celle  qui  a  été  souvent  adoptée  en  Allemagne  et  dont  von 
Groddeck  s'est  fait  l'interprète  autorisé. 

Pour  lui,  comme  pour  nous,  il  y  a  relation  entre  le  remplissage 
des  filons  métallifères  et  les  roches  éruptives  et  cette  relation 
tient  à  ce  que  les  éléments  du  remplissage  ont  été  empruntés  à 
la  roche  correspondante  par  la  circulation  des  eaux  ;  la  présence 
dans  la  roche  des  éléments  métalliques  à  un  état  de  division 
extrême  en  est  la  preuve  ;  mais  il  a  une  tendance  à  considérer 
cette  sécrétion  comme  s'étant  faite  très  postérieurement  à  l'érup- 
tion et  indépendamment  d'elle,  simplement  par  lessivage  superfi- 
ciel des  minéraux  cristallisés,  tandis  que,  pour  nous,  elle  est  un 
corollaire  de  la  venue  éruptive  et  une  conséquence  des  fumerolles 
qui  Font  accompagnée  '. 

Avec  le  cuivre,  nous  avons  également  à  aborder  un  autre  ordre 
de  questions.  Quelle  est  l'origine  des  modifications  que  Ton  constate, 
d'une  façon  générale,  dans  la  hauteur  d'un  filon,  modifications  in- 
contestablement liées  au  voisinage  de  la  surface  et  disparaissant 
en  profondeur?  Ces  modifications  ont-elles  pu  quelquefois  se  pro- 
duire au  moment  même  du  remplissage  du  filon  ou  sont-elles 
toujours,  comme  cela  est  incontestable  dans  bien  des  cas,  le  résultat 
d'actions  très  postérieures,  en  particulier  de  l'introduction,  jusqu'à 
une  certaine  zone  dite  hydrostatique,  des  eaux  superficielles? 

Assurément,  la  première  hypothèse  n'a  rien  d'invraisemblable 
et  qui  ne  se  puisse  concevoir  à  priori  ;  le  milieu  interne  étant, 
comme  tout  nous  l'indique,  un  milieu  réducteur,  il  a  dû,  lorsque 
les  eaux  métallifères,  qui  en  provenaient,  se  sont  élevées  jusqu'à 
la  zone  où  pénétrait  l'oxygène  de  l'air,  se  produire  des  oxydations 
ayant  pour  effet,  par  exemple,  de  précipiter  les  sulfates  insolubles. 
Il  est  très  possible  que  la  diminution,  généralement  constatée. 

Heu  de  se  méûer  un  peu  de  beaucoup  de  ces  expériences,  les  instruments  en  cuivre, 
lampes  ou  bains-marie,  n'ayant  pas  toujours  été  soigneusement  exclus. 

•  Pour  le  développement  de  ces  idées,  nous  renvoyons  à  notre  travail  sur  la  For- 
mation des  gîtes  métaltifères.  (Encyclopédie  Léauté,  1893  ) 


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GÉNÉRALITÉS   SUR   LES   gItES   DE  CUIVRE  233 

du  sulfate  de  baryte  progressivement  remplacé  par  du  quartz  en 
profondeur,  tienne  à  cette  cause.  De  même,  pour  les  sels  qui 
n*étaient  maintenus  en  dissolution  qu'à  la  faveur  d'un  excès 
d'acide  carbonique,  le  phosphate  de  chaux,  la  calcite,  etc..  ;  cet 
acide  carbonique,  se  dégageant  en  raison  de  la  diminution  de 
pression  produite  par  le  voisinage  de  Tatmosphère,  ces  sels  ont 
pu  ne  commencer  à  se  précipiter  que  dans  les  parties  hautes. 
Une  diminution  de  température,  amenée  par  le  voisinage  de  la 
surface,  a  dû  également  causer,  dans  ces  eaux  thermales,  certaines 
précipitations. 

Mais  si  de  pareils  phénomènes  se  sont  produits  originairement, 
nous  avons,  sans  doute,  bien  peu  d'occasions  de  les  observer  en 
réalité;  la  surface  ancienne,  à  l'époque  de  la  formation  des  filons, 
devait  être  singulièrement  différente  de  celle  que  nous  avons  sous 
les  yeux  (les  profondeurs  maxima  atteintes  par  les  travaux  de 
mines  n'étant  guère  supérieures  aux  épaisseurs  enlevées,  en  cer- 
tains points,  par  les  érosions).  Ce  n'est  assurément  pas  une  raison 
pour  nier  la  possibilité  de  modifications  initiales  ;  c'en  est  une  au 
moins  pour  ne  les  invoquer  comme  explication  d'un  fait  constaté 
qu'après  démonstration.  Au  contraire^  les  modifications  secondaires 
sont  des  plus  nettes. 
Pour  les  filons  de  cuivre,  voici  d'habitude  ce  qui  se  passe  : 
A  la  surface,  on  trouve  une  première  zone  de  minerais  oxydés 
ou  carbonates,  parfois  chlorurés,  dus  sans  conteste  à  un  méta- 
morphisme superficiel.  Au-dessous,  on  peut  avoir  une  seconde 
zone  de  cuivre  gris  très  argentifère,  parfois  avec  de  la  chalcosine 
et  du  cuivre  natif,  qui  passe  d'abord  à  la  phillipsite  et,  plus  bas,  à  la 
chalcopyrite  ;  c'est-à-dire  que  la  richesse  en  cuivre  et,  du  même 
coup,  en  métaux  précieux  associés,  diminue  assez  vite  lorsqu'on 
s'enfonce.  Est-ce  le  résultat  d'une  sorte  de  cémentation  naturelle, 
c'est  ce  qu'il  est  assez  difficile  d'affirmer.  Cependant,  lorsqu'on 
examine  un  gisement  comme  celui  du  Monte-Catini  *,  il  arrive  sou- 
vent que  l'on  trouve,  pour  chaque  amas  métallifère  d'une  certaine 
taille,  de  la  périphérie  au  centre,  la  même  succession  de  zones  : 
chalcosine  et  cuivre  natif  à  l'extérieur  ;  au-dessous,  cuivre  pana- 

*  Voir  plus  loin,  page  236. 


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234  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

cho;  au  centre,  chalcopyrite,  tandis  que  les  boules  plus  petites 
sont  entièrement  en  chalcosine;  là,  Faction  métamorphique  semble 
assez  probable.  De  même,  si  Ton  étudie  un  fragment  de  cuivre 
ayant  séjourné,  pendant  des  siècles,  au  contact  d'une  eau  thermale, 
comme  c'est  le  cas  pour  des  pièces  de  monnaies  trouvées  dans  la 
source  de  Bourbon  TArchambault,  on  observe,  à  partir  du  centre, 
cuivre,  chalcosine,  phillipsite,  chalcopyrite;  c'est-à-dire  que  les 
eaux  sulfatées  et,  ferrugineuses  de  la  source  ont,  sous  Tinfluence 
des  matières  organiques  réductrices^  opéré  la  transformation 
inverse  de  celle  qu'auraient  produite,  pour  un  affleurement  de  filon, 
les  eaux  douces  de  la  surface.  Nous  surprenons  la  possibilité  du 
passage  d'un  minéral  à  un  autre  par  des  actions  très  simples  qui 
ont  dû  vraisemblablement  jouer  un  rôle  dans  les  parties  hautes 
des  filons. 

Ceci  posé,  nous  allons  examiner  tour  à  tour,  comme  pour  les 
métaux  précédents  : 

1**  les  gîtes  d'inclusions  dans  des  roches  éruptives  ; 

2**  les  gîtes  de  contact  ; 

3""  les  gîtes  filoniens  ; 

i*"  les  gîtes  sedimenlaîres. 


1"  GITES  DE  CUIVRE 
DANS  DES  ROCHES  ÉRUPTIVES 

Nous  avons  signalé,  au  chapitre  du  F^r«,  un  certain  nombre 
d'amas  de  magnétite  contenant  des  veines  de  cuivre  pyriteux. 
L'association  des  deux  substances,  dans  ces  gîtes  en  boules  ou  len- 
tilles, est  fréquente.  On  la  retrouve  aussi  bien  à  Nijnî-Taguil 
dans  rOural,  qu'à  Taberg  ou  Dannemora,  en  Suède.  Parfois  la 
chalcopyrite,  toujours  associée  à  la  magnétite,  arrive  à  être  en 
quantités  assez  fortes  pour  être  exploitable,  comme  à  Traverselle, 
en  Piémont.  Dans  d'autres  cas,  et  ce  sont  ceux  qu'il  nous  reste  à 
examiner,  la  chalcopyrite,  accompagnée  de  phillipsite,  chalco- 
sine, etc.,  constitue,  à  elle  seule,  le  minerai. 

Tome  I,  pages  655  et  suiv. 


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CUIVRE   DE  MONTE-CATINI  235 

Ces  gisements  lenticulaires  de  sulfures  de  cuivre  plus  ou  moins 
complexes  se  trouvent  généralement  dans  des  roches  basiques, 
telles  que  des  gabbros^  des  serpentines,  des  euphotides,  ou  des 
syénites,  diabases,  etc.  Presque  toujours,  la  pratique  des  mineurs 
a  permis  de  constater  une  tendance  à  la  concentration  des  mine- 
rais sur  la  périphérie  de  la  roche  (en  Toscane,  par  exemple).  C'est 
là  une  transition  aux  gisements  formés  de  zones  de  contact  sul- 
furées, que  Ton  trouve  fréquemment  autour  des  mêmes  roches 
et  qui  prennent  une  réelle  importance  industrielle.  Le  gabbro,  par 
exemple,  est  considéré,  en  Norvège,  comme  la  roche  mère  de 
la  plupart  des  gisements  sulfurés  (nickel,  cobalt,  pyrite  de  fer 
cuivreuse,  etc.).  Les  minerais  du  Banat,  dont  nous  avons  étudié 
quelques-uns  à  propos  du  fer<,  mais  qui  renferment  également 
des  sulfures  divers,  sont  localisés  autour  de  la  banatite  (syénite, 
diorite,  etc.).  Dans  TOural,  le  cuivre  parait  provenir  de  syénites; 
au  Chili,  de  diorites  ;  au  Nassau,  de  diabases. 

Lorsque  nous  étudierons  ensuite  les  gîtes  filoniens,  nous  retrou- 
verons, principalement  pour  les  grands  amas  pyriteux  non  inter- 
stratiOés,  une  association  analogue,  quoique  moins  nette,  avec  des 
diabases,  etc.,  souvent  situées,  comme  à  San-Domingos,  au  contact 
même  de  l'amas. 


GITES  DE  MONTE-GATINI,  SIESTRO  LEVANTE,  PONTE 
ALLE  LEGCHIA,  etc. 
[Amas  de  chalcopyrite  dans  les  serpentines  d'Italie  et  de  Corse.) 

Les  deux  versants  des  Apennins  renferment,  depuis  Gènes  jus- 
qu'aux sources  du  Tibre  et  du  Metaure,  de  nombreux  pointements 
de  serpentines,  de  gabbros  (plagioclase  et  diallage),  d'euphotides, 
d'ophites,  d'hypérites  et  de  roches  analogues  aux  mélaphyres, 
parfois  amygdaloïdes,  au  milieu  desquelles  on  exploite  divers  gise- 
ments de  cuivre  '.  D'après  M.  Mojsisowics,  cette  formation,  dite 
ophiolithique,  s'étend  en  Illyrie  et  en  Serbie. 

Voir  tome  I,  page  660. 
•  Voir  Revue  de  Géol.  Ann,  d.  J/.,  7-,  t.  XVII,  p.  122. 


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336  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Ces  roches  traversent  le  crétacé  et  la'base  du  tertiaire  et  sont 
considérées  comme  de  Téocène  supérieur  :  ce  qui  précise  Tftge 
de  la  Tenue  cuprifère  associée.  Leur  contact  avec  les  terrains  sédi- 
mentaires  est  marqué  par  le  gabbro  rosso,  assimilé  à  un  tuf 
boueux  par  M.  Taramelli.  En  outre,  à  leur  voisinage,  les  argiles 
sont  rubéfiées  et  transformées  en  jaspe,  les  calcaires  en  dolomies 
et  en  marbres  serpentineux. 

Diaprés  Cocchi,  il  y  aurait  lieu  de  distinguer,  de  ces  serpentines 
en  grandes  masses,  généralement  caractérisées  par  la  présence  du 
diallage,  d'autres  serpentines  plus  récentes,  sans  diallage,  toujours 
en  filons  et  veines  minces  dans  les  précédentes  et  où  se  trouve- 
raient concentrés  les  minerais  sulfurés,  principalement  les  sulfures 
de  cuivre;  moins  souvent  ceux  de  plomb,  de  fer  et  de  zinc.  Il  est 
toujours  assez  difCcile,  quand  on  a  affaire  à  une  roche  essentielle- 
ment métamorphique,  comme  Test  la  serpentine,  de  faire  la  part 
des  transformations  contemporaines  de  la  venue  éruptive  et  de 
celles  postérieures. 

Parmi  les  gîtes  italiens,  les  principaux  sont  ceux  de  Toscane, 
disposés  sur  deux  zones  N.  S^'O  :  la  première  assez  voisine  de  la 
côte  avec  Monte-Gatini  et  Catellina  Maritima;  la  seconde  plus  loin 
(Terriccio*,  Ripparbella,  Quereta,  Miciano,  Libiano).Un  autre  gîte, 
celui  de  Rocca  Tederighi,  est  situé  dans  la  province  de  Grosseto. 
En  outre,  entre  Gènes  et  la  Spezia,  on  exploite  quelques  mines, 
vers  Siestro-Levante. 

Honte-Catini  ^  —  Monie-Catini  di  val  di  Nievole  (province  de 
Lucques)  est  situé  à  46  kilomètres  Ouest  de  Florence. 

Il  existe  là,  à  travers  une  roche  vulgairement  appelée  gabbro- 
rosso  et  considérée  par  von  Rath  comme  un  mélaphyre  (y),  un  filon 
assez  complexe  aux  proportions  parfois  gigantesques  (fig.  201) . 

Le  remplissage  de  ce  fllon,  dirigé  en  gros  de  l'Est  à  TOuest,  est 
formé,  tantôt  de  serpentine  (ô),  tantôt  d'un  conglomérat  (c)  de 
fragments  associés  et  altérés  de  mélaphyre  et  de  serpentine  reliés 
par  un  ciment  talqueux. 


1  Coll.  École  des  Mines,  1948. 
•  Coll.  École  des  Mines,  1806. 


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CUIVRE   DE   MONTE-CATINI 


237 


Ce  filon  est  séparé  de  la  roche  encaissante  par  des  surfaces 
de  glissement  et  par  une  zone  de  fragments  pierreux  sans  consis- 
tance. Les  minerais  sont  répartis  d'une  manière  très  irrégulière 


Slonter 


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Fig.  201  •  —  Coupe  d'ensemble  du  gisement  de  Monte-Catini. 


Fig.  202.  —  Coupe  verticale  du  gisement  de  Monte-Catini,  d*après  Â.  Schneider. 
g.  mélapiiyre.  —  6.  lerpcnUne.  —  e.  conglomérat  de  mélaphyre  et  de  lerpcoUne. 

dans  le  remplissage  ;  tantôt  ils  sont  empâtés  dans  la  serpentine, 
tantôt  ils  se  trouvent  au  contact  de  la  serpentine  avec  le  conglo- 
mérat et  le  mélaphyre.  Ils  se  présentent  en  amas  de  toutes 
formes,  isolés  les  unes  des  autres  ou  reliés  par  des  veines  métalli- 


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238  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

fères.  Le  volume  de  ces  masses  peut  atteindre  plusieurs  mètres 
cubes. 

Le  minerai  le  plus  fréquent  est  la  chalcopyrite,  qui  forme  par- 
fois des  masses  pures  de  6  à  10  mètres  cubes  ;  la  chalcosine  pure 
est  en  boules,  de  la  grosseur  d'une  tète  d*homme.  Les  boules 
d'un  fort  diamètre  sont  composées  ordinairement  :  dans  Tinté- 
rieur,  de  pyrite  de  cuivre  ;  vers  la  surface,  de  cuivre  panaché  ; 
la  surface  extérieure  est  assez  souvent  recouverte  de  chalcosine 
et  de  cuivre  natif. 

D'après  von  Rath,  et  c'est  la  théorie  que  nous  adopterons,  la 
serpentine  serait  le  produit  de  Faltération  d'une  péridotite  cupri- 
fère et  ce  métamorphisme,  accompagné  de  dérangements  et  de 
glissements  le  long  des  épontes,  aurait  amené  la  concentration  en 
boules  du  cuivre  primitivement  répandu  dans  la  masse.  Il  paraî- 
trait, d'après  ujie  note  manuscrite  d'un  ancien  directeur  des  tra- 
vaux M.  Mayn,  qu'au  voisinage  des  amas,  la  serpentine  friable 
qui  forme  la  masse  est  imprégnée  de  minerai. 

La  serpentipisation  et  la  concentration  métallifère,  qui  en  a 
été  la  conséquence,  semblent  d'ailleurs  s'être  produites  en  plusieurs 
phases,  peut-être  à  partir  du  moment  même  où  la  roche  est  venue 
au  jour. 

Pour  M.  Fuchs  qui  avait  eu  l'occasion  de  visiter  ce  gisement, 
il  y  avait  lieu  de  distinguer,  dans  sa  formation,  plusieurs  phases 
successives  :  1**  venue  du  mélaphyre,  2®  d'une  péridotite  devenant, 
à  mesure  que  le  temps  de  l'éruption  s'écoule,  de  plus  en  plus 
hydratée  (serpentine)  et  boueuse  et  passant  ainsi,  par  transitions,  à 
une  argile  magnésienne,  isolée  dans  des  fissures  de  retrait,  qui 
contient  le  produit  de  la  concentration  des  sulfures  de  cuivre. 

La  différence  entre  ces  deux  théories  est  celle  que  nous  avons 
eu  déjà  l'occasion dlndiquer  plusieurs  fois  ;  car  le  même  problème  se 
pose  pour  le  fer  chromé,  la  magnétite  etc.  Pour  l'un,  le  métamor- 
phisme, est  postérieur  à  la  formation  ;  pour  l'autre,  contemporain. 
Le  fait  que  ces  amas  cuivreux,  limités  en  tous  sens,  sont  à  une 
faible  distance  de  la  surface,  et  qu'il  se  produit  un  appauvrissement 
notable  en  profondeur,  la  présence  d'un  conglomérat  qui  indique 
un  mouvement  mécanique  postérieur  ayant  pu  livrer  passage  aux 
eaux,  l'existence  dans  ces  amas  de  zones  concentriques  de  plus  en 


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CUIVRE   DK  MONTE-CATINI  239 

plus  chargées  de  cuivre  à  mesure  qu'on  approche  de  Textérieur, 
nous  ont  conduit  à  admettre  de  préférence  Thypothëse  de  von 
Rath. 

Dans  la  pratique  des  mineurs,  on  considère  comme  particulière- 
ment favorables  les  zones  de  contact  et  les  parties  couchées 
situées  au-dessous  d'une  strate  horizontale,  comme  cela  est  arrivé 
au  quatrième  niveau  de  Monlc-Catini  ;  on  peut  expliquer  le  pre- 
mier fait  par  la  circulation  d'eaux  qui  a  dû  nécessairement  s'éta- 
blir de  préférence  le  long  de  ce  contact. 

Enfin,  ce  qui  parait  également  justifier  l'idée  d'actions  posté- 
rieures, c'est  qu'on  a  cru  constater  à  Monte-Catini  la  loi  énoncée 
par  nous  plus  haut  pour  les  filons  en  général  '  et  expliquée  par  un 
métamorphisme  :  à  savoir  l'abondance,  à  la  partie  supérieure,  du 
cuivre  natif  et  de  la  chalcosine  avec  la  phillipsite  ;  puis  la  dis- 
parition des  deux  premiers  minerais,  la  cessation  de  la  phillip- 
site à  son  tour  et  alors,  en  profondeur,  la  prédominance  de  la 
chalcopyrite  qui,  dans  certaines  mines,  a  même  parfois  passé  à  la 
pyrite  de  fer  cuivreuse. 

Au  point  de  vue  industriel,  on  voit  de  suite  ce  qui  résulte  d'une 
constitution  de  gisement  semblable,  l'irrégularité  absolue  de  la 
minéralisation  et,  par  suite,  la  nécessité  de  faire  des  recherches 
continuelles,  les  amas  seuls  étant  exploitables.  De  là,  beaucoup 
de  mécomptes  pour  quelques-unes  de  ces  mines. 

Lorsqu'on  est  tombé  sur  un  amas  important,  on  a,  par  contre, 
l'avantage  d'avoir  un  minerai  très  homogène  et  très  riche. 

On  divisait,  il  y  a  quelques  années,  les  minerais  en  deux  caté- 
gories :  ceux  de  la  mine  ou  minerais  riches  à  7  p.  100  de  cuivre 
environ;  ceux  provenant  d'anciens  déblais  retraités  ne  dépas- 
sant pas  1,25  à  1,50  p.  100. 

Rocca  Tederighi  '.  —  Un  autre  gisement  analogue  est  celui  de 
Bocca  Tederighi  (province  de  Grosseto)  où  se  trouvent  les  deux 
mines  de  Poggio  Alto  et  de  Fossato. 

La  région  comprend  des  terrains  éocènes,  des  trachytes  et  des 

«  Page  233. 

•  Visité  par  M.  Fuclis  en  1876.  —  Coll.  École  des  Mines,  1620. 


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240  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

roches  serpentineuses.  Le  gisement  est  dans  une  veine  d'argile  ma- 
gnésienne au  milieu  des  serpentines.  La  direction  générale  est, 
paralt-il,  à  peu  près  du  Sud  au  Nord,  et  le  filon  stéatiteux  a  été 
reconnu  sur  une  longueur  d'environ  2  kilomètres. 

Le  cuivre  forme,  tantôt  des  veines  compactes  de  20  à  25  centi- 
mètres, tantôt  une  imprégnation  irréguliëre  sur  2  à  3  mètres 
d'épaisseur  ou  encore  de  gros  blocs  compacts.  On  a  cru  remarquer 
que  les  gros  blocs  se  trouvaient  principalement  au  contact  de  la 
serpentine  avec  les  roches  encaissantes  qualifiées  de  gabbros  et 
c'est  sur  cette  zone  de  contact  qu'ont  porté  toutes  les  recherches. 

L'exploitation  de  ce  gisement  a  été  commencée  en  1876;  son 
irrégularité  Ta  fait,  croyons-nous,  abandonner. 

Siestro  Levante.  —  Dans  la  province  de  Gènes,  on  exploite, 
près  de  Siestro  Levante^  quelques  gîtes  de  chalcopyrite  et  phillip- 
site  situés  de  même  au  contact  de  serpentines  et  de  tertiaire 
métamorphique.  L'une  de  ces  mines  produit,  par  an,  11  à 
12000  tonnes  de  minerai  à  17  p.  100  de  cuivre. 

Honte-Calvi  (Toscane)'.  —  Le  gîte  de  Monte-Calvi,  en  Toscane, 
ne  se  rapproche  des  précédents  que  parce  qu'il  est  également  situé 
dans  une  roche  éruptive.  Mais  cette  roche  est  là  très  différente 
et  tout  à  fait  spéciale.  Deux  systèmes  de  filons  parallèles  très  con- 
tinus traversent,  en  ce  point,  des  marbres  blancs  liasiques.  Ces 
filons,  en  relation  avec  des  augitophyres,  sont  eux-mêmes  formés 
à  peu  près  exclusivement  d'augite,  soit  d'un  vert  noirâtre,  soit 
grise,  soit  rosée,  comprenant  des  veines  d'ilvaite,  de  la  chalco- 
pyrite, de  la  pyrite  de  fer  et,  plus  rarement,  de  la  galène  ou  de 
la  blende  brune.  Les  minerais  sont  généralement  au  centre  de 
boules  d'augite  ayant  jusqu'à  2  mètres  de  diamètre.  Les  inter- 
valles entre  ces  boules  sont  remplis  par  une  gangue  de  quartz 
et  de  calcite. 

*  Voir  von  Rath.  Zeit,  d.  d.  g.  G.,  1868,  t.  XX,  p.  307,  et  Groddeck,  p.  202. 


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CUIVRE   DE   PONTE   ALLE   LECCHIA    (cORSe)  241 


Bibliographie. 

1845.  BuRAT.  —  Giles  métallifères,  p.  208. 

1845.  Pilla.  —  Comptes  Rendus,  t.  XX,  p.  811.  (Cf.  Leonhards  Jahrb.,  1846, 
p.  627.) 

1846.  BuRAT.  —  Mines  d'Algérie  et  de  Toscane. 

1857.  BoRNEMANN.  —  Sur  les  mines  de  cuivre  sises  à  l'Est  de  Gènes.  (JB.  8. 
G.,  2«,  t.  XIV,  p.  642.) 

1858.  Caillaux.  —  (Berg.  «.  Hutm,  Zeit.,  p.  372  et  421.) 
1861.  Cotta,  p.  374. 

1865.  V.  Rath.  —  {Zeitsch.  d.  d,  geoL  Gesdlsch,,  t.  VIII,  p.  282. 
Théod.  Haupt.  — Traité  sur  les  mines  de  Toscane. 
Sur  les  serpentines  cuprifères.  (Rev.  de  géol.  Ann.  d.  H.,  7*,  t.  XVII, 
p.  122.) 

1876.  FucHS.  —  Notes  de  voyage  inédites. 

1876.  Parodi.  —  Rapport  manuscrit  sur  Roccatederighi. 

1878.  Parodi.  —  Notice  sur  la  mine  de  Roccatedecighi  à  Toccasion  de  l'Ex- 
position Universelle. 

1882.  Zaccagna.  —  Sui  terreni  secondari  di  Monsummarso  e  Montecatini  in 
val  di  Nievole.  {Processi  verbali  délia  Societa  toscana  di  Scienze  naturali,  t.  III, 
p.  107.  Pise,  1882.) 

1882.  d'Achiardi  e  A.  Funaso.  — -  Il  gabbro  rosso.  (Processi  verbali  délia 
Societa  toscana  di  Scienze  naturali^  t.  III,  p.  142.  Pise,  1882.) 

*18S3.  d'Achiardi.  —  I  metalli,  etc.,  t.  II,  p.  335.  (Contient  la  description 
d'autres  gisements  italiens.) 

*  1884.  LoTTi.  — -  La  miniera  cuprifera  di  Monte  Catini  (val  di  Cecina)  ei  suoi 
dintomi.  (Bolletino  del  H.  Comitato  geologieo  d*Italia^  1884,  p.  359.  Rome,  1884.) 

1884.  GuGci.  —  Sopra  un  prodotto  di  decomposizione  del  gabbro  rosso. 
(Atti  délia  Societa  di  Scienze  naturali .  Processi  verbali,  t.  IV,  p.  118.  Pise,  1884.) 

18Ho.  Mazzdoli. —  Sul  giacimento  cuprifero  délia  Gallinarda.  [Liguria  onen- 
taie.)  [Bollettino  di  R.  Comitato  geologieo  d'Italia,  1885,  p.  193.  Rome,  1885.) 

1889.  B.  LoTTi  (Trad.  par  A.  Cocheteux).  —  La  genèse  des  gisements  cupri- 
fères des  dépôts  ophiolitiques  tertiaires  de  Vltalie,  (Bull,  Soc,  geoL  Belgique. 
Mémoires.  Bruxelles,  1889.) 

Ponte  Aile  Lecchia  (Corse).  —  En  Corse,  on  connaît,  à  Ponte 
Aile  L€cchia\  dans  deà  gisements  aujourd'hui  abandonnés,  une 
formation  tout  à  fait  analogue  à  celle  Monte-Gatini. 

Ces  gisements  se  rattachent,  de  même,  à  une  puissante  éruption 
magnésienne  qui  occupe  une  grande  partie  de  la  moitié  Est  de 
nie.  On  trouve  là,  au-dessus  des  calcaires  et  schistes  compris 
dans  le  jurassique,  une  série  de  roches  vertes,  des  euphotides, 
de  la  chlorite  compacte,  un  gabbro  rosso   identique  à  celui  du 

'  Coll.  Éc^le  det  Minet,  1583. 

GÉOLOGIB.  —  T.  II.  16 


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242  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Monte-Catini  (considéré  lui-même  comme  un  méiaphyre)  et  des 
serpentines.  Dans  les  euphotides,  qui  semblent  plus  anciennes, 
le  minerai  parait  être  en  véritables  fractures  filoniennes  remplies 
de  quartz,  chalcopyrite  et  phillipsite.  Au  contraire,  dans  les 
chlorites  et  serpentines,  le  minerai  est  extrêmement  disséminé. 
Par  endroits,  dans  les  parties  plus  argileuses,  il  se  concentre, 
comme  au  Monte-Catini,  en  nodules  ;  mais  ces  nodules  sont,  en 
ce  point,  trop  peu  importants  pour  qu*une  exploitation  sérieuse 
ait  pu  s'établir  jusqu'ici. 

Suivant  M.  Fuchs,  qui  avait  visité  le  gisement  en  1876,  les 
poches  d*ai^e  métallifère  correspondraient  à  une  dernière  phase 
boueuse  de  l'éruption. 

Epidaure  (Grèce).  —  Un  gîte  analogue  existe  sur  la  côte  orien- 
tale de  la  Morée,  à  environ  12  kilomètres  de  l'ancienne  ville 
d'Epidaure  et  au  voisinage  du  village  de  Dimaina;  ce  gisement, 
exploité  jadis  par  les  anciens,  a  été  repris  sans  succès  vers  1870. 
Le  sol  de  cette  partie  Nord-Est  de  la  Morée  est  formé  d'alter- 
nances de  schistes  et  de  calcaires  que  traversent  un  piton  de 
dolérite  et  des  serpentines. 

Ces  serpentines  sont,  tantôt  interstratifiées  dans  le  gisement  et 
tantôt  paraissent  en  relation  avec  la  dolérite,  dont  elles  seraient, 
d'après  un  observateur,  la  dernière  période  d'éruption.  Le  cuivre 
se  trouve  dans  des  fentes  remplies  de  serpentine  friable  au  voisi- 
nage ou  dans  les  masses  même  de  la  dolérite.  Il  se  présente  en  ro-^ 
gnons  de  chalcopyrite,  parfois  chargés  de  sulfure  noire  de  cuivre. 
Dans  les  autres  parties  du  gisement,  on  trouve  des  amandes  de 
quartz  ou  calcite  avec  mouches  de  pyrite  de  fer  et  de  pyrite  de 
cuivre.  Les  masses  métallifères  ont  paru  trop  peu  abondantes 
')our  être  exploitées. 

La  Pnigne  (Allier)'.  —  Au  Sud-Est  du  département  de  l'Allier, 
il  existe,  le  long  de  la  grande  faille  du  Forez,  un  certain  nombre 
de  lambeaux  carbonifères  dont  l'un,  auprès  de  la  Prugne,  con- 
tient un  gisement  de  cuivre  qui  a  eu  une  certaine  réputation. 

*  Notes  de  voyage  de  Tauteur  (1885-1890). 


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CUIVRE  DE  LA  PRU6NE   (aLLIER)  243 

Le  bassin  carbonifère  de  la  Prugne,  isolé  entre  quatre  failles, 
est  formé  surtout  de  schistes  d'un  brun  olivâtre,  analogues  à  ceux 
que  Ton  rencontre  à  Cusset,  près  Vichy,  et  où  Murchison  a  décou- 


Fig.  203.  —  Coupe  yerticale  de  la  mine  de  la  Prugne. 
(Projection  des  amas  sur  CD,  voir  le  plan.) 


PS*  Chaire  a 


Fig.  204.  —  Coupe  verticale  de  la  mine  de  Prugne.  (Projection  des  amas  sur  AB.) 

A B 


Vi 


piS^Charies^'^î' 


Fig.  205.  —  Plan  de  la  mine  de  la  Prugne. 

vert  des  fossiles,  schistes  alternant  avec  des  quartzites  et  des  grès 
ou  grauwackes.  Au  Nord  affleurent  des  schistes  et  quartzites  pro- 
bablement cambriens,  influencés  par  le  granité. 

Aux  environs  de  la  mine,  les  schistes  ont  une  direction  à  SO'^O 
et,  sont  recoupés  très  nettement  par  un  certain  nombre  de  filons 
de  microgranulite. 

Dans  cette  région  de  schistes  et  microgranulites,  se  trouve  un 
grand  filon  cuivreux  dont  la  direction,  d'après  les  anciens  travaux, 
est  à  135^  La  gangue  de  ce  filon,  au  voisinage  au  moins  de  la  surface, 


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244  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

est  composée  d'une  roche  verte,  à  grain  fin,  qu'on  a  décrite  comme 
une  serpentine,  etc.,  et  qui,  en  réalité,  d'après  Texamen  miscrosco- 
pique,  est  uniquement  composée  d'une  chloritedela  famille  de  la 
pennine  avec  un  peu  d'opale  et  quelques  zircons  invisibles  à  l'œil 
nu.  Il  est  possible  que  sa  nature  résulte  seulement  d'un  méta- 
morphisme exercé  sur  des  schistes  anciens  amphiboliques.  Cette 
roche  qui,  lorsqu'elle  est  fraîche,  est  d'un  vert  sombre  avec  de 
très  flnes  paillettes  brillantes,  devient,  en  se  décomposant,  d'un 
vert  ocreux.  Elle  contient,  en  général,  beaucoup  de  cuivre  dissé- 
miné ;  mais,  par  endroits,  ce  cuivre  s'est  concentré  et  forme  alors 
des  amas  considérables  de  chalcopyrite  avec  phillipsite. 

Deux  de  ces  amas,  absolument  limités  en  profondeur,  ont  été 
dépilés  et  ont  fourni  pour  930  000  francs  de  cuivre  et  560000  francs 
d'argent.  Faute,  peut-être,  de  travaux  de  recherche  suffisants,  on 
n'en  a  pas  retrouvé  d'autres. 

L'un  des  amas,  exploité  à  découvert  dans  une  grande  tranchée 
N.-O.,  est  très  nettement  recoupé  par  un  certain  nombre  de  filons 
minces  de  galène  et  barytine. 

La  région  est  d'ailleurs  assez  fortement  minéralisée,  et  Ton  trouve, 
au  voisinage,  plusieurs  filons  de  pyrite  de  cuivre  avec  quartz. 

Les  travaux  avant  l'obtention  de  la  concession  ont  commencé, 
vers  1870,  par  une  grande  tranchée  à  ciel  ouvert  N.-O.,  dans  le 
sens  de  la  longueur  de  l'amas,  avec  un  puits  à  l'extrémité  destiné 
à  déterminer  la  profondeur.  Cette  tranchée  a  fourni  environ  80  000 
tonnes  de  minerai  généralement  riche.  Dans  le  prolongement  du 
filon,  à  un  kilomètre  environ,  on  a  creusé  le  puits  Sainte-Marie, 
qui  a  retrouvé  du  cuivre  sulfuré. 

Cette  mine  est  aujourd'hui  abandonnée. 

Bibliographie. 

Vicaire.  —  Rapport  autographié. 

1873.  Deshayes.  —  Gisement  du  cuivre  de  Charrier,  près  la  Prugne.  {B,  S. 
G.,  3°,  t.  I,  p.  504.) 

1883.  d'Achiardi.  —  I  melalli,  p.  341. 

1888.  Olivier.  —  Mines  de  cuivre  de  Charrier.  (Revue  du  Bourbonnais.) 

1890.  L.  DE  Launay.  —  Notes  de  voyages  inédites. 

1890.  Le  Verrier.  —  Formations  géologiques  du  Forez  et  du  Roannais,  p.  33. 
{Bull,  du  serv.  de  la  Carte.) 


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CUIVRE  DE   L  OURAL  245 


2^  GITES  DE  CUIVRE 
AU  CONTACT  DES  ROCHES  ÉRUPTIVES 

CUIVRE  DE  L'OURAL* 

L'Oural  contient  un  certain  nombre  de  gisements  de  cuivre, 
dont  on  peut  considérer  la  forme  initiale  comme  un  filon  de  con- 
tact entre  des  diorites  ou  syénites  et  des  calcaires.  Ces  filons  ren- 
ferment souvent,  avec  la  chalcopyrite,  de  la  magnétite  prédomi- 
nante comme  à  Nijni-Taguil  ou  de  la  pyrite  de  fer.  A  la  surface, 
les  minerais  oxydés  dominent,  accompagnés  parfois  d'un  peu  de 
cuivre  gris  et  il  est  arrivé  que  le  cuivre  (à  Mednoroudiansk,  etc.) 
ait  subi,  sous  l'action  des  eaux  superficielles,  une  concentration 
par  transport  qui  Ta  accumulé  sous  forme  d'oxydes,  carbonates, 
phosphates,  etc.,  dans  des  poches  argileuses  qui  constituent,  en 
réalité,  le  gisement  le  plus  riche. 

Ces  gisements  de  TOural  sont  groupés,  soit  dans  la  chaîne 
même,  soit  sur  son  versant  oriental.  Les  principaux  districts  sont 
ceux  de  Bogoslowsk,  Nijni-Taguil  (Mednoroudiansk)  et  Ekate- 
rinenbourg. 

La  production  totale  est  de  2600  tonnes  de  cuivre  environ  par 
an. 

DISTRICT  DE  BOGOSLOWSK» 

Parmi  les  gisements  de  cuivre  du  Nord  de  l'Oural,  les  plus 
renommés  sont  ceux  de  Tourinsk,  à  12  kilomètres  de  Tusine  de 
Bogoslowsk. 

Le  minerai  se  trouve  dans  des  calcaires  du  silurien  supérieur,  à 
leur  contact  avec  des  filons  de  diorite,  recoupés  eux-mêmes  par 
des  porphyrites.  Le  calcaire  contient  des  veines  de  grenat  et  de 

'  Voir  t.  P'i  p.  664,  la  description  des  gttes  de  fer  associés  à  ces  gttes  de  cuivre. 
*  Coll.  École  des  Mines,  1950. 


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246  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

réclogite  certainement  dues  à  une  action  métamorphique  analogue 
à  celles  décrites  dans  le  Banat  pour  le  fer'.  Le  minerai  est  en 
veines  très  irrégulières,  formées  de  pyrite  de  fer  et  de  cuivre,  de 
chalcosine,  de  phillipsite,  d'un  peu  de  cuivre  gris,  avec  quelques 
minéraux  oxydés  (cuprite,  azurite,  malachite),  du  cuivre  et  de 
l'argent  natifs,  de  la  blende,  de  Thématite,  du  fer  oxydulé.  La 
gangue  est  un  mélange  de  quartz  et  de  calcite  ;  souvent  on  trouve 
le  cuivre  à  Tétat  d'imprégnation  dans  le  calcaire  silurien  chargé 
de  grenats. 

Les  mines  exploitées  à  Tourinsk  sont  surtout  celles  de  Frolow, 
Wasiliewsk,  Sukhodoïsk,  Saint-Michel  Archange,  Bogoslowsk. 
Elles  présentent,  avec  des  caractères  analogues,  toute  la  série 
possible  des  combinaisons  de  roches  calcaires,  diorites,  porphy- 
rites,  etc. 

A  la  mine  Bogoslowsk,  par  exemple,  il  existe  deux  filons  paral- 
lèles, très  réguliers.  Le  filon  supérieur,  d'une  épaisseur  d'environ 
6  mètres,  a,  pour  mur,  la  diorite  et,  pour  toit,  un  filon  de  porphy- 
rite  qui  la  recoupe.  A  40  mètres  de  profondeur,  les  travaux  ont 
trouvé  le  calcaire.  Le  second  filon,  d'une  épaisseur  de  2  mètres,  est 
situé  dans  la  diorite  qui  forme  le  mur  du  premier  filon  à  une  dis- 
tance de  30  mètres  de  celui-ci.  Le  cuivre  est  à  l'état  de  pyrite 
accompagnée  de  pyrite  de  fer  et  de  quartz  ;  la  teneur  en  cuivre 
avant  triage  ne  dépasse  pas  3  p.  100. 

A  la  mine  Frolow^  de  même,  on  trouve  une  série  de  filons  reliés 
entre  eux  par  de  petits  filets,  présentant  des  renflements  qui 
atteignent  parfois  16  mètres  d'épaisseur  et  situés  entre  le  calcaire 
et  la  veine  de  grenats.  Le  remplissage  est  formé  de  pyrite  de  fer 
et  de  cuivre  avec  une  teneur  de  6  à  8  p.  100  de  cuivre. 

A  la  mine  Wasiliewsk^  le  minerai  est,  tantôt  entre  le  calcaire  et 
la  diorite,  tantôt  dans  la  diorite  même  ou  entre  la  diorite  et  les 
grenats. 

D'une  manière  générale,  tous  ces  filons  ont  présenté,  à  la  partie 
supérieure,  des  parties  riches  en  minéraux  oxydés  et  contenant  de 
10  à  15  p.  100  de  cuivre.  En  profondeur,  les  filons  se  sopt  appau- 
vris. 

«  Voir  tome  I",  page  660. 


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CUIVRE   DE    L  OURAL  247 

Ces  mines,  très  anciennement  exploitées,  ont  été  vendues  en  1877 
par  le  gouvernement  russe  et  se  sont  développées  peu  à  peu. 

En  1889,  le  prix  de  revient  moyen  était  de  30  francs  la  tonne  de 
minerai  grillé  sur  le  carreau  de  la  mine.  Ce  minerai  tenait  de  3 
à  4,5  p.  100  de  cuivre.  D*aprës  les  statistiques,  la  teneur  a 
diminué  progressivement  de  près  de  moitié,  de  1889  à  1891,  par 
suite  de  Tappauvrissement  de  la  mine  en  profondeur. 

Les  minerais  sont  traités  à  Bogoslowsk  où,  depuis  1886»  on 
obtient  de  bons  résultats  avec  le  procédé  Manhès. 

DISTRICT  DE  NIJNI-TAGUIL 

Hednoroudiansk.  —  On  exploite,  à  Mednoroudiansk,  au  voisinage 
du  grand  gîte  de  fer  de  la  Visokaya  Gora  (district  de  Nijni-Taguil), 
des  argiles  riches  en  minerais  de  cuivre  oxydés  emplissant  une 
sorte  de  poche  ou  d'entonnoir  de  120  mètres  de  large,  au  contact 
de  lambeaux  très  disloqués  de  calcaire  silurien.  Quelques  schistes 
métamorphiques,  plus  ou  moins  talqueux,  sur  Tâge  desquels  on 
n'est  pas  fixé,  se  montrent  en  divers  points  des  épontes  du  gtte. 

Les  minerais  sont  de  la  malachite,  de  Tazurite,  de  la  cuprite, 
du  phosphate  et  du  silicate  de  cuivre,  parfois  du  cuivre  natif,  de 
la  covelline,  etc..  On  a  trouvé  là  de  grand  blocs  de  malachite 
utilisés  comme  pierre  d'ornement,  dont  l'un,  rencontré  en  1836, 
pesait  près  de  330  tonnes.  Avec  les  minerais  proprement  dits  se 
présentent  quelques  minéraux  rares  :  brochantite,  libéthénite, 
tagilite  et  ehlite. 

Ces  minerais  de  cuivre  oxydés  semblent,  ainsi  que  nous  l'avons 
dit  à  propos  du  fer  de  Taguil  %  résulter  d'une  action  des  eaux 
superficielles  sur  la  pyrite  de  cuivre  contenue  dans  le  fer  magné- 
tique des  environs,  fer  magnétique  formant  lui-même,  comme 
nous  l'avons  vu,  un  filon  de  contact  entre  la  syénite  et  le  calcaire. 
On  leur  trouve  associés  également,  à  un  état  d'oxydation  plus 
ou  moins  avancé,  tous  les  corps  inclus  dans  ce  fer  magnétique  : 
le  fer  magnétique  lui-même  en  fragments  souvent  assez  volumi- 
neux, le  zinc  en  calamine  ;  le  vanadium  ;  le  cobalt  et  le  manganèse 

Voir  tome  I*',  page  670. 

GÉOLOGIE.  —  T.  II.  16* 


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248 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


à  Tétat  d'oxydes   noirs  contenant   en  même  temps  du  cuivre. 


Fig.  206.  —  Plan  à  la  profondeur 
de  95  mètres  (46  sagènes)  *. 


Fig.  207.  —  Plan  à  la  profondeur 
de  170  mètres  (82  sagènes). 


Millier  et  V.  Groddeck,  qui  ont  décrit  ce  gîte,  en  ont  fait  un 

1  Les  figures  206  à  210  sont  extraites  du  Gomi-Journal  de    M.  Gladki  (d*après 
M.  Coste). 


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CUIVRE   DE   L  OURAL 


249 


gîte  massif,  genre  Taberg.  On  aurait  affaire,  suivant  eux,  à  un 

filon  de  diorite  de  60  mètres  de 
puissance  renfermant,  en  pro- 
fondeur, delà  pyrite  de  fer  cui- 
vreuse qui,  à  la  surface,  aurait 
donné,  par  son  altération,  lar- 
gile  rouge  à  minerais  oxydés, 
mais  qu'en  s'enfonçant  on  re- 
trouverait intacte  avec  des  in- 
clusions, des  nids  et  des  traînées 
de  chalcopyrite. 

En  réalité,  les  travauxactuels 
(fig.  206  à  210),  poussés  à  200 
mètres  de  profondeur,  consta- 
tent la  persistance  de  la  préten- 

(  Médnorouclian  sk  ) 


Fie.  209.  —  Coupe  à  20  mètres  au  Nord 
du  puits  Novo  Anatolski  (yoir  fif?.  208), 
perpendiculaire  à  la  longueur  du  gtte. 


\jt  ùnoruudiansk  ) 


Fig.  208.  —  Plan  à  la  profondeur 
de  199  mètres  (93  sagënes). 


Fig.  210.  —  Coupe  par  le  puits  Temmo 
Pavlowsk,  perpendiculaire  à  la^lon- 
gueur  du  gtte. 


^Atmùmê. 


nzia 


df  Chimpm. 


.f%myit>0/^ù'tul^. 


due  altération  superficielle  de  cette  diorite  de  Mûller,   qui,  d'ail- 


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250  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

leurs,  diminue  de  plus  en  plus  d'extension  à  mesure  que  Ton  s'en- 
fonce. Elle  continue  &  se  présenter  sous  forme  d'une  matière 
terreuse  vert  sombre  contenant  du  feldspath  décomposé  et  de  la 
chlorite  (roche  argilochlori tique  du  prof.  Carpinsky)  àl  à2  p.  100 
de  cuivre,  telle  que  celle  qui  pourrait  résulter  de  la  décomposition 
des  syénites  du  pays,  et  le  cuivre  se  trouve  surtout  dans  les  argiles 
rouges  très  étendues  autour  de  cette  prétendue  diorite,  principa- 
lement près  des  calcaires  corrodés,  au  voisinage  du  contact. 

On  admet  donc  que  ces  poches  auraient  été  remplies  par  des 
eaux  acides  ayant  agi  sur  quelque  gtte  de  fer  magnétique  à  pyrite 
de  cuivre  et  apatite,  associé  à  la  syénite,  comme  celui  de  la  Yiso- 
kaya-Gora,  ayant  corrodé  le  calcaire  et  précipité  leur  cuivre  en 
présence  d'un  excès  de  chaux. 

Il  est  facile  de  comprendre  que  les  eaux,  agissant  sur  le  mine- 
rai de  fer  cuivreux,  ont  dû  contenir  des  sulfates  de  fer  et  de  cuivre 
et  dissoudre,  à  la  faveur  de  Tacide  sulfurique,  une  proportion 
plus  ou  moins  forte  d'apatite. 

Ces  eaux,  arrivant  sur  le  calcaire,  Font  attaqué  et  le  résidu  de 
leur  action  a  été  le  limon  rouge  des  poches  de  Mednoroudiansk, 
au  milieu  duquel  on  retrouve,  en  effet,  des  fossiles  du  calcaire' 
moins  attaquables  par  les  acides.  Sous  Faction  de  la  chaux,  ces  sul- 
fates ont  donné  de  la  malachite  (2  Gu  0  GO*)  et  du  gypse.  Le  phos- 
phate de  chaux  a  pu  produire  du  phosphate  de  cuivre  '  ;  d'où  la 
formation  d'échantillons  à  couches  alternatives  de  carbonate  et  de 
phosphate  de  cuivre.  En  même  temps,  l'attaque  des  silicates  a 
donné  du  silicate  de  cuivre  qu'on  leur  trouve  associé. 

Gomme  confirmation  de  cette  théorie,  on  a  remarqué  que  le 
cuivre  se  présentait  surtout  dans  une  zone  d'ai^ile  de  2  à  4  mètres 
de  large  au  contact  du  calcaire  ;  là  on  en  trouve  de  5  à  6  p.  100, 
tandis  que  le  reste  est  relativement  pauvre. 

Enfin,  l'on  a  expliqué,  de  la  même  façon,  certains  minerais  acci- 
dentels :  par  exemple,  dans  les  niveaux  supérieurs  de  la  région 
Sud,  des  argiles  rouges  particulièrement  riches  en  sesquioxyde 
de  fer,  avec  oxyde  de  manganèse,  contenant  de  beaux  échantillons 
d'oxyde  de  cuivre  et  de  la  poussière  de  cuivre  natif  comme  celle 

^Constaté  dans  les  expériences  récentes  de  M.  Gladki. 


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CUIVRE   DE   L  OURAL  25t 

qu*une  dissolution  de  sulfate  de  cuivre  dépose  sous  des  influences 
si  diverses  ou  encore  certaines  argiles  bleu  foncé  chargées  de  covel- 
line  (CuS). 

La  teneur  moyenne  du  minerai  est  évaluée  à  2,3  p.  100  de 
cuivre.  L'extraction  annuelle  est  de  1  240  tonnes  de  cuivre. 

De  1814  à  1877,  on  a  sorti  de  cette  mine  2  600  000  tonnes  de 
minerai 

Au  point  de  vue  du  traitement,  on  a  aflaire  à  un  mélange  de 
minerais  oxydés  et  sulfureux  qu'on  passe  directement  à  la  fonte 
pour  matte  dans  des  fours  Rackette,  quelquefois  avec  addition  de 
pyrite  de  fer  quand  la  proportion  des  oxydes  est  trop  forte,  de 
manière  à  avoir  assez  de  soufre  pour  que  les  mattes  ne  tiennent 
pas  au  delà  de  50  p.  100  de  cuivre.  La  matte  bronze  est  grillée  en 
cases,  fondue  pour  cuivre  brut  au  four  à  cuve,  affinée  et  raffinée 
au  réverbère  anglais. 


DISTRICT   D'EKATERINENBOURG' 

Le  district  à'Ekaterineîibourg  comprend  quelques  gisements 
peu  ou  point  exploités  au  voisinage  de  Tusine  de  Kamensk  et 
celui,  assez  remarquable,  de  Gumechewsky  près  de  1  usine  de 
Polewsk,  sur  le  versant  occidental  de  TOural,  tout  près  de  la 
ligne  de  faite. 

Là  encore,  un  puissant  filon  de  diorite  métallifère,  incliné  à 
40  degrés,  traverse  des  calcaires  et  schistes  chloriteux  ou  talqueux. 
Des  veines  de  grenat,  d'une  épaisseur  de  6  mètres,  se  trouvent  au 
contact  de  la  diorite  et  du  calcaire.  En  outre,  aux  affleurements, 
des  poches  d'ai^ile,  provenant,  d'après  V.  Groddeck,  de  la  décom- 
position de  la  diorite,  s'interposent  à  ce  contact.  Cette  argile 
forme  une  poche  de  160  mètres  de  largeur  à  la  surface  qui  se 
coince  assez  rapidement  en  profondeur  (sa  largeur,  à  60  mètres, 
n'est  déjà  plus  que  de  80  mètres)  ;  c'est  là  que  se  sont  concen- 
trés des  minerais  oxydés  provenant  des  imprégnations  de  pyrite 
de  fer  et  de  chalcopyrite  que  contient  la  diorite  dans  toute  sa 

*  Coll.  École  de$  Mines,  1951. 


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252  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

masse.  On  y  trouve  de  la  malachite  (un  bloc  de  2  800  kilo- 
grammes a  été  rencontré),  de  la  cuprite,  des  carbonates  et  oxydes 
divers,  de  Thématite  brune,  de  la  brochantite,  etc.. 

En  résumé,  il  n'y  a  guère,  dans  TOural,  d'activement  exploitée 
que  la  mine  de  Mednorondiansk. 


Bibliographie, 

1786.  Pallas.  —  Voyage,  etc.,  t.  II,  p.  137,  146,  182,  272,  296,  393,  etc. 

1789.  Hbrmann.  —  Versuch  ein.  minerai.  Beschr.,  p,  112. 

1826.  Menguê.  —  Trav.  de  la  Soc.  minér.,  t.  I. 

1826.  Beger.  —  {Gomot- journal,) 

1833.  KuPFER.  —  Voyage  dans  l'Oural  (Paris). 

1842.  Rose.  —  Reise  nach  dem  Ural,  p.  381. 

1841.  Chtchoorowski.  —  L*Oural.  Moscou,  1861,  p.  362. 

1844.  Wagenekisï,  —  Verhandi.  d.  miner.  Ges.,  p.  31. 

1848.  MuRCHisoN,  de  Verneuil  and  Keysbrling.  —  {Geol,  of  Bussia,  p.  362.) 

Meglizky  et  Antipow.  —  Descr.  géogr.  de  TOural  du  Sud,  p.  133.) 
1850.  Erman.  —  {Arch.  f,  wissenschaft  Kundc  RusslandSf  t.  VIII,  p.  380.) 

1859.  Eremeew.  —  {Journal  des  mines,  t.  IV,  p.  76.) 

1860.  Antipow.  —  {Journal  des  mines,  t.  IV,  p.  28.) 

1861.  Helhersen.  —  (Leonh,  jahrb,,  p.  573. 

1861.  CoTTA,  p.  541  sur  Bogoslowsk;  p.  544,  sur  Njni-Tagnil. 

1862,  LuDwiG.  —  Geol.  und  geog.  Stud.,  p.  166. 

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1867.  Mines  de  cuivre  de  rOural.  (Ct/j/per,  t.  XXII,  p.  421.) 

1868.  Mostowesso.  —  {Journal  des  mines,  t.  I,  p.  53.) 
1868.  RoMANOwsKY.  —  {Journal  des  mines,  t.  III,  p.  181.) 

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1870.  BuRAT.  —  Geol.  appl.,  p.  217. 
1873.  ÏCHouPiN.  —  {Journal  des  mines,  t.  II,  p.  88,  318.) 

Maier.  —  {Journal  des  mines,) 

1877.  MoNCHKETOw.  —  Mater,  pour  Tétude  de  la  struct.  géogn.  et  des  rich. 
min.  du  distr.  de  Slatoouste, 

1878.  Aperçu  des  rich.  min.  de  la  Russie  d'Europe. 

1878.  G.  V.   Rath.  —  Erinn.    Pariser   Weltausst.,  1878.  —  Bonn.,   1879, 
p.  116. 
1881.  Groodeck,  p.  355. 

Gruner.  —  Métall.  du  cuivré,  p.  131  (sur  Nishné  Tagilsk). 
1883.  d'Achiardi,  II,  358. 

Beaogbt.  —  Journal  de  voyage  manuscrit  à  TEcole  des  mines. 
^1888.  Goste.  —  Mémoire  manuscrit  àTEcole  des  mines. 


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CUIVRE   DU   CHILI  253 


CUIVRE  DU  CHILT  ET  DE  LA  BOLIVIE 

Le  Chili  et  la  Bolivie  comptent  parmi  les  pays  grands  produc- 
teurs de  cuivre,  quoique,  depuis  quelques  années,  des  révolutions 
et  des  guerres  civiles  aient  fait  diminuer,  dans  une  forte  mesure, 
leur  extraction.  Les  gîtes  appartiennent  à  deux  classes  assez  dis- 
tinctes, que  nous  réunirons  ici  pour  conserver  l'unité  géogra- 
phique : 

A.  — Les  premiers  sont  situés  dans  le  Nord  du  Chili,  entre 
Antofagasta  et  Valparaiso,  dans  la  Cordillère  de  la  Côte.  Ils  se 
trouvent  dans  des  roches  éruplives  :  diorites,  syénites,  labrado- 
rites,  hypersthénites,  etc.,  et  sont  en  relation  avec  ces  roches 
qui,  indépendamment  des  filons,  contiennent  souvent  de  petits 
grains  de  minerai.  Leur  direction  est  Est-Ouest. 

Le  remplissage  des  filons  est  caractérisé  par  Tabondance  de  la 
pyrite  de  cuivre  et  de  la  pyrite  de  fer,  cette  dernière  arrivant 
parfois  à  former  toute  la  masse.  La  gangue  est  habituellement 
quartzeuse.  On  n'y  trouve  ni  cuivre  natif,  ni  oxyde  de  cuivre, 
ni  calcite,  ni  manganèse  ;  l'arsenic  et  l'antimoine  font  toujours 
défaut,  mais  l'or  est  parfois  assez  abondant,  surtout  dans  les 
affleurements,  pour  devenir  le  but  de  l'exploitation.  Les  parties 
supérieures  contiennent  une  grande  abondance  d'oxyde  de  fer 
avec  des  carbonates,  silicates  et  oxychlorures  de  cuivre. 

Les  principales  mines  de  ce  groupe  sont  Carrizal,  Tambillos, 
Tamaya,  Antofagasta,  Chanaral,  Higuera,  Brillador,  Panulcillo, 
San-Juan,  Punitaque,  Paposo,  Taltal,  Cobra,  etc. 

L'une  des  plus  importantes  est  celle  du  Cerro  de  Tamaya^ 
près  de  Tongoy,  le  premier  port  notable  au  Nord  de  Valparaiso. 
La  montagne  est  formée  de  diorite  avec  épidote  et  magnétite 
comme  minéraux  accessoires.  Le  filon  principal  a  de  2  à  3  mètres 
de  puissance;  son  mur,  uni  et  régulier,  est  caractérisé  par  un 
enduit  provenant  de  la  décomposition  de  la  roche  encaissante, 
avec  laquelle  le  filou  se  confond  graduellement  du  côté  du  toit. 

■  Coll.  École  des  Mines,  1953;  1348  à  1354  et  1578. 


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254  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Les  minerais  sont  le  cuivre  panaché  et  la  chalcopyrite  qui  for- 
ment, dans  le  filon,  des  parties  riches  étendues  et  très  pures.  La 
phillipsite  contient,  en  mélange,  de  l'or  natif  en  houppes  fines.  La 
pyrite  de  fer  manque  ou  est  très  rare.  Au  voisinage  des  parties 
riches,  le  filon  est  rempli  d'une  matière  pulvérulente,  très  fer- 
rugineuse, de  couleur  foncée  (polvorilla)  contenant  de  petites 
particules  de  phillipsite,  qui  provient  certainement  de  la  décom- 
position du  remplissage  primitif.  A  Taffleurement,  et  jusqu'à 
10  mètres  de  profondeur,  on  trouve  des  minerais  oxydés  (métal 
de  color). 

En  dehors  des  filons  de  Tamaya,  on  peut  noter,  d'une  manière 
générale,  à  Remolinos,  à  Chacay,  etc.,  que  Ton  a,  à  la  surface,  des 
parties  aurifères,  puis  des  carbonates  et  des  oxydes,  puis  des 
sulfures  et  pyrites  cuprifères.  La  mine  de  Tamaya  est  une  des 
rares  où  l'exploitation  se  soit  maintenue  dans  les  minerais  de 
teneur  élevée. 

B.  —  La  deuxième  classe  de  minerais  du  Chili  se  trouve  à 
une  certaine  distance  de  la  côte,  entre  10  et  30  lieues,  à  de 
très  grandes  hauteurs  dans  les  terrains  stratifiés  secondaires,  et 
en  relation  avec  des  porphyres  augitiques.  C'est  une  catégorie  de 
filons  dont  nous  aurons  l'occasion  de  reparler  au  chapitre  de 
V Argent.  Leur  direction  est  généralement  Nord-Sud.  Le  minerai, 
assez  complexe,  comprend  des  sulfures  de  cuivre,  de  plomb,  de 
zinc,  d'argent  avec  ou  sans  antimoine.  La  galène  et  la  blende 
sont  généralement  négligées  ;  le  minerai  de  cuivre  lui-même,  n'est 
extrait  que  lorsque  sa  teneur  dépasse  7  p.  100;  la  gangue  est 
un  jaspe  coloré  par  les  oxydes  de  fer  et  de  cuivre,  rarement  de  la 
calcite.  On  exploite  de  très  nombreuses  mines,  parmi  lesquelles 
nous  citerons  celles  de  :  San  Antonio,  Cerro  Blanco  (Copiapo), 
Ghingoles,  Machetillo,  Porotos  (Goquimbo),  Rapel,  San-Lorenzo, 
Parral  (Gombarbala),  Nuncaballo,  Quiroga  et  Calabazo  (lUapel), 
Puquios,  Arqueros,  etc.  Les  pyrites  de  Talca,  Curico  et  Rancagua 
sont  extraites  spécialement  pour  l'or  *. 

L'ensemble  de  ces  minerais  est  très  riche  ;  on  ne  les  traite 
guère  à  moins  de  12  à  15  p.  100  de  cuivre. 

'  M.  Rémaury  (Prod.  du  cuivre,  1888)  donne  la  liste  complète  des  minerais  de 
cuivre  du  Chili  avec  leur  provenance. 


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CUIVRE  DU  CHILI  255 

D'une  façon  générale,  on  peut  dire  que  le  Chili  est  un  des  pays 
du  inonde  qui  renferment  le  plus  de  cuivre.  Malheureusement  la 
difficulté  des  transports  a,  en  général,  forcé  à  abandonner  tous 
les  minerais  pauvres  sur  le  carreau  de  la  mine  pour  ne  traiter 
que  les  minerais  riches  et  comme,  pour  arriver  à  ces  zones  riches, 
il  faut  généralement  traverser  de  longues  zones  de  minerais 
mouchetés,  dits  rameoSy  il  en  résulte  une  perte  assez  considérable. 

Aussi  existe-t-il,  dans  les  régions  cuprifères,  en  particulier  dabs 
la  province  de  Goquimbo,  d'immenses  haldes  qu'on  a  tenté  de 
préparer  mécaniquement  ;  mais  les  procédés  de  lavage  mécanique 
ne  s'appliquent  qu'avec  des  pertes  énormes  aux  schlamms  et  aux 
minerais  oxydés.  Aussi  la  méthode  toute  indiquée  serait-elle 
celle  par  cémentation,  comme  en  Espagne,  si  Teau  était  plus 
abondante.  On  a  cependant  essayé  d'introduire  ce  procédé. 

Fonderies  du  Chili.  —  On  compte,  au  Chili,  environ  150  fon- 
deries de  cuivre  et  d'argent. 

Les  principales  sont  : 

Au  Sud  :  Goronel  (Minas  y  fundiciones  Schwager)  ;  Lota 
(C**  explotodora  de  Lota  y  Coronel). 

Au  Nord  :  Guayacan,  la  Serena,  Culebra,  Tamaya,  AndacoUo, 
Sapos,  Tambillo,  Diaguito,  Gogoti,  Carrizal,  Chaftaral,  Taltal, 
Antofagasta,  etc. 

Les  fonderies  du  Sud  sont  établies  sur  les  bords  de  la  mer, 
dans  des  centres  charbonniers,  pour  utiliser  les  charbons  de 
moindre  choix  et  les  déchets. 

Les  fonderies  de  Lota  ont  produit  10  000  tonnes  de  cuivre 
en  1882;  celles  de  Coronel  6  000  tonnes  en  1884.  La  production 
totale  du  Chili  variait,  il  y  a  quelques  années,  avant  la  réduction 
amenée  par  des  événements  politiques ,  de  35  à  45  000  tonnes, 
ainsi  divisées  : 

g   ,      i    Lota 10  000 

(    Coronel 6  000 


Centre 


Guayacan 8  à  10  000 

La  Serena 4  000 


<"^  \  l^JI.  :  .•;:;:.::::  ;  j  ■"'»»» 


45  000 


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256  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Le  résumé  des  opérations  comprend  : 

a.  —  Mélange  en  proportions  convenables  des  minerais  oxydés, 
sulfurés,  etc.,  et  de  scories  riches;  fonte  pour  malte  commune 
(eje)  à  50  p.  100  ; 

b.  —  Broyage  de  Teje.  Mélange  avec  de  Teje  plateado  à  70  p. 
iOO  de  cuivre,  résultant  d'une  opération  suivante; 

c.  —  Galcination  ; 

d.  —  Fonte  pour  cuivre. 

Bihliogra'phie, 

1863.  Mines  de  cuivre  et  d'or  de  Remolinos  au  Chili.  [Bull,  Ann.  ci.  lf.,6«, 
t.  V,  p.  510.) 
1877.  LiPKEN.  —  {Berg.  u,  Hûttenm.  Zeit,,  1877,  p.  1Î9.) 
1884.  Groddeck,  p.  212. 

Henwood.  —  Metalliferous  deposils. 

1888.  RÉMADRY.  —  Prod.  du  cuivre,  p.  14. 

1889.  Davies,  p.  lo8. 

1890.  Washington  Lastarria.  —  L'industrie  minière  au  Chili. 

On  peut,  d'après  V.  Groddeck,  rattacher  aux  gisements  du 
Chili,  les  filons  de  la  baie  d'Algodon^  en  Bolivie^  sur  la  lisière  du 
désert  dAtacama\ 

Ces  filons  ont  de  1  à  2  mètres  de  puissance  et  contiennent  de 
la  chalcosine,  de  la  chalcopyrite,  de  la  pyrite  de  fer.  On  y  trouve 
de  Tatacamite,  qui  parait  avoir  été  produite  par  Faction  de  Teau  de 
mer  sur  les  minerais  de  cuivre,  mais  jamais  ni  azurite  ni  mala- 
chite. 

CUIVRE  DU    NASSAU 
[Filons  de  chalcopyrite  dans  des  diabases,) 

Il  semble  permis  de  rapprocher  des  premiers  gîtes  chiliens  et 
de  ceux  de  l'Oural,  ceux  du  Nassau.  Là,  Y.  Groddeck  a  fait 
remarquer  S  d'après  les  travaux  de  Sandberger',  que  les  filons  de 

'  1866.  BiDRA.  —  Neues  Jahrb.,  p.  27.  (Compte  Rendu.) 

1881.  Groddeck,  p.  213. 

*  Page  211. 

»  Berg'u,  H.  Zeit,  1877,  p.  390. 


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CUIVRB   DE  NEW-JBRSET  «57 

chalcopyrite  se  trouvent  dans  des  diabases  et  des  schalsteins  (tufs 
de  diabase)  dont  les  cristaux  d*augite  contiennent  toujours  du 
cuivre  ;  il  remarque  que  la  chalcopyrite  est  plus  abondante  dans 
ces  veines  lorsque  la  roche  est  altérée.  On  peut  assurément  en 
conclure,  comme  il  le  fait,  que  le  cuivre  résulte  d'une  sécrétion 
qui  a  altéré  la  roche;  mais  nous  préférons  admettre  que  la 
venue  de  la  diabase  a  été  terminée  par  des  phénomènes  hydrother- 
maux ayant  puisé  leur  cuivre  dans  les  fumerolles  profondes  de  la 
roche  encore  chaude  et  que  l'altération  de  la  diabase,  autour 
des  filons,  résulte  de  la  circulation  de  ces  eaux.  Y.  Groddeck 
remarque,  il  est  vrai,  que  les  filons  s'appauvrissent  rapidement 
en  pénétrant,  au  contact  des  diabases,  dans  les  schistes  à  cypri- 
dînes  et  les  grès  ;  mais  cela  s'explique,  de  toute  manière,  si  l'on 
admet  une  relation  entre  les  diabases  et  le  cuivre.  Certaines 
mines  du  Nassau  (Fortunatus,  Gnade  Gottes  et  Goldgrube)  con- 
tiennent d'ailleurs,  à  côté  de  la  chalcopyrite,  de  la  galène  et  de 
la  blende  et  V.  Groddeck  lui-même  est  bien  forcé  de  recon- 
naître en  terminant  que,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  la  miné- 
ralisation des  sources  n'a  pu  venir  des  roches  voisines,  mais  de 
fort  loin. 


CUIVRE  DE  NEW-JERSEY* 

{Phillipsite  au  contact  de  diorites  dans  les  grès  du  trias.) 

A  New-Jersey,  des  éruptions  de  diorite  et  de  mélaphyre  traver- 
sent le  new  red  sandstone  triasique.  Au  voisinage,  les  grès  méta- 
morphisés  contiennent  des  minerais  de  cuivre,  souvent  avec 
barytine,  tantôt  dans  des  fentes  réticulées  remplies  de  phillipsite, 
tantôt  en  concrétions  arrondies,  dont  le  noyau  est  formé  de 
cuivre  natif  recouvert  d'une  couche  de  cuprite  et,  au-dessus,  d'une 
couche  de  chrysocole  mamelonnée.  Ces  gisements  ont  donc  quel- 
que rapport  avec  des  gîtes  de  contact  étudiés  précédemment;  mais, 
d'autre  part,  ils  semblent  présenter  une  certaine  analogie  avec  les 

1 1866.  Gredner.  —  (B,  u.  //.  s.,  p.  4  et  143.) 
1884.  Groddeck,  p.  277. 

GÉOLOGIE.    —  T.  H.  M 


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2o8  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

fameux  gîtes  de  cuivre  natif  du  lac  Supérieur*,  situés  de  même 
dans  des  grès  et  conglomérats  huroniens  (série  de  Kewcenav), 
auprès  des  venues  mélaphyriques  précambriennes. 


CUIVRE  DU  BANAT  ET  DE  LA  SERBIE 

Enfin,  nous  rattacherons  encore  à  cette  catégorie  de  gîtes  les 
gîtes  de  sulfures  complexes  observés  au  contact  de  certaines  dio- 
rites  dans  le  Banat. 

Nous  avons  dit,  à  propos  du  fer^  qu'il  existait,  dans  le  Banat 
et  la  Serbie,  une  bande  de  300  kilomètres  de  long,  dirigée  du 
Nord  au  Sud,  de  roches  éruptives  désignées  par  Y.  Cotta  sous  le 
nom  de  banatites  et  dans  lesquelles  Niedzwieski  a  reconnu  des 
diorites.  Ces  roches  traversent  les  schistes  cristallins,  le  juras- 
sique et  peut-être  le  crétacé.  A  leur  rencontre,  les  calcaires  sont 
devenus  saccharoïdes  et  se  sont  chargés  de  grenat,  de  wollastonite 
et  d'idocrase.  Il  s'est,  en  outre,  formé  des  amas  de  contact  métal- 
lifères contenant  des  sulfures  métalliques,  de  la  magnétite,  etc. 
Les  principaux  sulfures  sont  la  pyrite  de  fer,  la  chalcopyrite  et 
la  blende,  en  proportions  très  variables.  Les  districts  miniers  les 
plus  connus  de  cette  zone  sont  Rezbanya,  Morawicza,  Dognaczka, 
Orawickza  et  Cziklowa. 

Les  gîtes  de  Rezbanya  ont  été  décrits  par  Poszepny,  comme  des 
fractures  du  contact  remplies  par  les  émanations  '  métallifères. 
La  liste  des  minerais  qu'on  y  a  trouvés  est  extrêmement  complexe  : 

Or,  argent,  cuivre  natif,  bismuthine,  chalcopyrite,  blende, 
wulfénite,  crocoise,  galène,  céruse,  anglésite,  etc. 

Von  Groddeck  a  rapproché  de  ces  gîtes  ceux  de  Rodna  et  Offen- 
banya  dans  le  Siebenburgen. 

A  Rodna,  le  minerai  est  au  contact  de  l'andésite  avec  des  mica- 
schistes et  calcaires  grenus.  C'est  un  mélange  de  pyrite  de  fer, 
blende  et  galène  qui,  d'après  Poszepny,  se  seraient  succédés  dans 

1  Voir  plus  loin  p.  309. 

«  Tome  I,  page  660. 

*  Voir  Groddeck,  p.  309. 


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CUIVRE  FILONIEN  259 

Tordre  suivant  :  1**  pyrite  de  fer  et  de  quartz  ;  2^  galène,  blende, 
mispickel;    3*  dolomie  et  calcite. 

A  Offenbanya^  les  minerais  sont  au  contact  de  trachytes  amphi- 
boliques,  dans  des  calcaires  grenus. 

Bibliographie, 

1798.  EsMARCK.  —  Minerai  Reise  durch  Ungam,  p.  60. 

1823.  Martini.  —  In  Leonhards  laschenbusch,  p.  530. 

1846.  Ghâncourtois.  —  Fabrication  du  cuivre  à  Szaszka  et  Tsikiova  (Banat). 
(Ann.  d.  M.,  4«,  t.  X,  p.  555  et  577.) 

1846.  FucHs.  —  Sur  Oravitza,  (Beitr,  z,  Lehre  d.  Erzlagei'stâtten^  p.  28.) 

1855.  BocÉ.  —  Sur  les  mines  de  cuivre  de  Matdan-Pek  en  Servie.  {B.  S,  G*^ 
-  2«,  XIII,  63.) 

1855.  V.  Hauër  et  Fôtterle.  —  Ubersicht  der  Bergbaue  der  ôsterreischichen 
Monarchie,  p.  50. 

1857.  V.  Zepharovich.  —  ijester.  Zeitsch.,  p.  12. 

1862.  Peters.  Sur Rezbanya,—  {Bei*g,  u.  Hùt.  Z.,  1862,  p.  269.  Compte  rendu.) 

1864.  V.  CoTTA.  —  (Berg.u,  H.  Z.,  p.  118)  et  [ErzlagerstdtUn,  p.  281  et  675). 

•  1867.  Castkl.  —  Sur  les  mines  et  usines  métalliques  du  Banat,  (Ann.  d. 
M.,  6«,  t.  XVI,  p.  405.) 

1873.  TscHERMAK.  —  Minerai  Mitlheil.,  1873,  p.  254  (sur  la  banatite). 

1875.  PoszEP^Y .  —  {Jahrbuch,  d.  KK,  geoL  Reischsamt.,  1875,  Verhandl.  p.  40.) 

1886.  B.  Sjôgren.  —  Beitriige  zur  Kennstniss  der  Erzlagerstatten  von  Mora- 
vicza  und  Dognacska  im  Banat  und  Vergleichung  derselben  mit  den  Schwedis- 
chen  Eisenerzlagerstatten.  (Jahrbuch  der  KK.  geolog.  Reichsanstalt  Band  XXXVI, 
p.  575.  Vienne,  1886.) 


3°  GITES  DE  CUIVRE  FILONIENS 

Les  filons  de  cuivre  ou,  tout  au  moins,  les  filons  dont  le  remplis- 
sage contient  du  cuivre  sont  extrêmement  nombreux.  Le  cuivre 
peut  s'y  présenter  sous  quatre  formes  principales  : 

1**  A  l'état  de  chalcopyritey  à  gangue  généralement  quartzeuse, 
avec  phillipsite  et,  accidentellement,  chalcosine  dans  les  parties 
hautes,  galène  et  blende,  etc...  Pour  ces  minerais,  on  n'obtient 
guère,  par  la  préparation  mécanique,  une  teneur  en  cuivre  supé- 
rieure à  33  p.  100,  et  même  25  p.  100,  lorsque  la  gangue  est 
quartzeuse. 

Rarement  ces  filons  —  comme  les  autres  filons  de  cuivre, 
d'ailleurs,  mais  à  un  degré  plus  notable,  —  renferment  seulement 


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260  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

du  cuivre  ;  en  général,  le  remplissage  comprend  également  du 
plomb  et  du  zinc  *,  parfois  des  métaux  précieux.  Au  Pérou,  par 
exemple,  la  répartition  de  ces  métaux  se  présente  d'une  façon  cons- 
tamment la  même  en  profondeur,  due  sans  doute  à  des  actions  de 
métamorphisme  postérieur.  C'est  un  point  sur  lequel  nous  revien- 
drons au  chapitre  de  Y  Argent. 

Aux  affleurements  sont  concentrés  les  métaux  précieux  ;  on  a 
des  minerais  oxydés  argentifères  (4  à  5  kilogrammes  à  la  tonne) 
qu'on  peut  amalgamer  directement.  Ces  minerais  oxydés  sont  asso- 
ciés avec  des  sulfures  de  cuivre  (phillipsite,  chalcosine,  etc.),  qui 
dominent  un  peu  plus  bas,  minerais  bariolés  qu'on  nomme  les 
pavonados  et  qui  contiennent  peu  de  plomb. 

En  profondeur,  on  tombe  dans  des  masses  de  galène  dites  negros 
encore  un  peu  argentifères,  mais  qu'il  faudrait  traiter  par  un  pro- 
cédé analogue  à  celui  de  Leadville  (Colorado)  au  lieu  de  l'amal- 
gamation directe,  en  sorte  que  ces  masses  ont  été  longtemps  con- 
sidérées comme  sans  valeur.  Le  cuivre  les  accompagne  à  l'état  de 
chalcopyrite  en  faible  quantité. 

.  Comme  filons  de  chalcopyrite,  nous  décrirons  ceux  de  TArizona, 
qu'on  peut  encore  rattacher  à  la  classe  précédente  des  gisements 
de  contact  :  ceux  du  Montana,  de  Burra  Burra  en  Australie,  de 
Kef-oum-Theboul  en  Algérie,  du  Telemark,  du  Kupferbei^  en 
Silésie,  de  la  Lombardie. 

Assez  souvent,  ces  filons  contiennent  une  faible  proportion  d'or 
(Namaqualand,  Styrie,  Colorado),  que  toutes  les  actions  secon- 
daires ont  eu  pour  effet  de  concentrer,  en  raison  du  manque  de 
solubilité  de  ce  métal  et  qu'on  peut,  par  suite,  exploiter  dans  les 
parties  hautes,  lorsque  ces  parties  hautes  n'ont  pas  été  enlevées 
par  les  érosions  et  démantelées  en  alluvions  ou,  comme  cela  arrive 
le  plus  souvent  en  Europe,  exploitées  depuis  une  très  haute  anti- 
quité. 

Enfin,  certains  filons  couches,  du  Tyrol  et  de  Hongrie  qui, 
arrivent  à  former  de  véritables  amas,  ont,  non  plus  une  gangue 
quartzeuse,  mais  une  gangue  de  sidérose. 

2"*  Une  seconde  forme  sous  laquelle  le  cuivre  est  exploité,  c'est 

»  Voir  à  Ker-oum-Theboul,  etc.,  p.  t69. 


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GUIVBK  FILONI£N  261 

la  pyrite  de  fer  cuivreuse  à  faible  teneur  en  cuivre  (2  à  3  p.  100); 
cette  pyrite  forme  parfois,  des  amas  considérables,  comme  à 
Rio-Tinlo,  Agordo,  au  Rammelsberg,  à  Rôraas,  etc..  Les  mines  de 
la  province  d'Huelva,  qui  rentrent  dans  celte  catégorie,  comptent 
aujourd'hui  parmi  les  principaux  centres  de  production  du 
cuivre. 

3*"  Le  cuivre  peut  exister  à  Tétat  de  cuivre  gris^  souvent  avec 
gangue  de  fer  spathique.  Ces  filons  de  cuivre  gris  sont  recherchés, 
à  cause,  non  seulement  de  leur  forte  teneur  en  cuivre,  mais  encore 
de  leur  richesse  habituelle  en  métaux  précieux.  Cependant  la 
gangue  de  sidérose  est  gênante  pour  la  préparation  mécanique  et 
force  à  un  triage  à  la  main  après  lequel  la  scorifîcation  reste  diffi- 
cile. En  outre,  on  a  toujours  constaté,  dans  les  filons  de  cuivre 
gris,  un  appauvrissement  rapide  en  profondeur,  avec  passage  du 
cuivre  à  Tétat  de  chalcopyrite,  en  sorte  que  bien  souvent  ces  gites 
de  cuivre  gris  ne  doivent  être  considérés  que  comme  les  parties 
supérieures  de  gîtes  de  chalcopyrite  avec  sulfures  complexes  sem- 
blables à  ceux  de  la  première  catégorie. 

Nous  nous  bornerons  à  décrire  quelques  gîtes  où  Ton  n'a 
exploité  que  du  cuivre  gris  (Sierra-Nevada,  Mousaîa,  Djebel- 
Telouine,  Bosnie,  Mexique,  etc.). 

4**  Le  cuivre  se  présente  à  l'état  de  cuivre  natif.  On  sait  avec 
quelle  facilité  les  sels  de  cuivre  se  réduisent  sous  des  influences 
diverses,  chimiques  ou  électriques  ;  ainsi  une  solution  de  sulfate 
de  cuivre,  laissée  dans  une  cuve  de  bois,  déposera,  sur  les  joints 
des  douves,  des  mamelons  de  cuivre  métallique  ^ 

Par  suite,  le  cuivre  natif  se  présente  fréquemment,  accompa- 
gnant les  oxydes,  aux  parties  hautes  des  filons.  Mais  il  existe,  en 
outre,  des  gîtes,  —  et  c'étaient,  il  y  a  peu  de  temps  encore,  les  plus 
importants  du  monde,  ceux  du  lac  Supérieur,  —  où  Ton  n'exploite 
en  profondeur  absolument  que  du  cuivre  natif  avec  gangue  de 
calcite. 

'  Ann.  chim,  et  phys.,  t.  XXVII,  p.  440. 


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262  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Aa.  —  FILONS   DE  GHALCOPYRIÏE  A  GANGUE 

QUARTZEUSE 

GROUPE  DE  L'ARIZONA* 

(Filons  de  chalcopyrite,  oxydés  à  la  surface^' au  contact  du  trachyte 
vert  et  du  calcaire^  à  rapprocher  des  gites  de  contact  précé- 
demment décrits.) 

Les  gisements  de  cuivre  de  TArizona,  comme  ceux  du  Montana 
dont  nous  parlerons  plus  loin,  sont  d'une  exploitation  assez  récente. 
L'éloignement  de  toutes  voies  de  communication  et  la  préférence 
de  la  spéculation  pour  les  gisements  d*argent  et  d'or  les  faisaient 
négliger.  Aujourd'hui,  ils  fournissent  environ  16  000  tonnes  de 
cuivre  par  an,  quoique  les  frais  de  transport  à  supporter  soient  en- 
core tels  qu'on  ne  peut  fondre,  à  Old  Dominion,  des  minerais  tenant 
moins  de  15  p.  100.  Le  coke  anglais  revient  sur  place  à  260  francs 
la  tonne.  Aussi  s'accumule-t-il  de  grandes  quantités  de  haldes  ((ai- 
lings),  à  faible  teneur,  qu'on  pourra,  sans  doute,  traiter  plus  tard. 

Le  cuivre  de  l'Arizona  est  d'ailleurs  très  recherché,  à  cause  de 
sa  pureté  et  de  sa  conductibilité,  pour  tous  les  emplois  relatifs  à 
l'électricité. 

On  a  exploité  principalement  les  mines  de  Old  Dominion,  Copper- 
Queen,  Arizona,  Détroit,  etc.  En  1887,  plusieurs  des  mines  secon- 
daires étaient  arrêtées  et  les  principales  avaient  réduit  leur  extrac- 
tion *;  mais  la  hausse  sur  le  cuivre,  qui  s'est  produite  à  ce  moment, 
en  a  déterminé  une  certaine  reprise. 

Au  point  de  vue  géologique,  on  a  là  un  exemple  de  filons  s'in- 
sinuant  le  long  de  surfaces  de  moindre  résistance,  au  contact  de 
calcaires  qui  forment  l'ensemble  de  la  région  et  de  trachytes  verts 
amphiboliques  qui  les  recoupent.  Les  filons  traversent  nettement  le 
calcaire,  mais  seulement  au  voisinage  de  ces  roches,  qui  peuvent 


*  Coll.  Ecole  des  Mines,  1777. 

*  A  Coppci'-Queen,  les  lrav:inx  étaient  interrompus;  la  mine  crArizona  était  en  perte. 


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CUIVRE   DU   MONTANA    (aNACONDA)  263 

se  comparer  aux  roches  vertes  et  serpentines  (satellites  habituels 
du  cuivre  en  Europe),  avec  un  degré  d'acidité  plus  grand.  Les 
filons  eux-mêmes,  qui  ont  de  3  à  5  mètres  de  large,  sont  remplis, 
à  la  surface,  d*argiles  de  décomposition,  contenant  des  masses 
de  minerai  qui  paraissent  avoir  une  tendance  à  diminuer  en 
profondeur.  Les  minerais,  dans  ces  parties  supérieures,  sont  sur- 
tout des  oxydes,  carbonates,  etc.,  avec  une  gangue  ferrif ère,  man- 
ganésifère  et  un  peu  calcaire. 

La  teneur  d'un  minerai  moyen  a  donné,  à  la  mine  de  Copper- 
Queen  : 

Silice 25 

Alumine 20 

Peroxyde  de  fer 14 

Oxyde  de  manganèse 6 

Chaux 5 

Magnésie 3 

Oxyde  de  cuivre 14,40 

Acide  carbonique  et  perle  par  caicination 12 

99,40 

En  profondeur,  on  trouve  de  la  chalcopyrite. 

Une  particularité  de  ces  mines,  c'est  l'exploitation  par  le  système 
du  Comstock  ou  des  cathédrales.  On  a  développé  là,  en  en  faisant 
une  véritable  méthode,  le  principe  de  consolider  les  vides  au  moyen 
de  blocs  artificiels  ;  on  prépare  des  cubes  en  maçonnerie  de 
2  mètres  de  côté,  avec  charpentes  formant  des  arêtes,  qu'on  juxta- 
pose de  manière  à  remplir  les  excavations.  C'est  un  procédé  coû- 
teux, mais,  en  somme,  assez  simple,  dont  l'inconvénient  est  dans 
les  éboulements  que  peut  provoquer,  soit  la  pourriture  des  bois 
par  Teau,  soit  le  feu. 

Bibliographie. 

1870.  (Engineering /idJiy.  1878.) 

1888.  Rémaury,  prod.  du  cuivre  [Génie  civil),  p.  20. 

1889.  Davies,  p.  156. 

CUIVRE  DU  MONTANA  (ANACONDA) 

Dans  le  territoire  de  Montana  (États-Unis),  on  a  découvert ♦ 
depuis  quinze  ans,  des  filons  de  cuivre,  d'argent  «t  d'or  d'une 


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264  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

richesse  extraordinaire  et  qui  ont  rapidement  pris  rang  parmi 
les  centres  de  production  les  plus  importants  du  monde.  Leur 
fortune  a  été  telle  qu'en  huit  ans,  de  1882 
à  1890,  la  production  des  seules  mines  de 
cuivre  de  ce  district  s'est  élevée  de  4  500 
tonnes  à  52  000  et  a  dépassé  même  celle 
du  lac  Supérieur.  En  1890,  on  estimait  les 
frais  par  kilogramme  de  cuivre  à  0,60,  le 
bénéfice  à  1,40.  Nous  commencerons  par 
donner,  sur  cette  région,  quelques  rensei- 
Fig.  211.  —  Ci-oquis  de  la  gnements  généraux. 

région  do  Butte  Cily.        "^    _  ^  .  ,        -n     j     r»    ..      /r»    n 

Le  centre  en  est  la  ville  de  Butte  (Butte 
City)  qui  date  de  1877  et,  en  1890,  avait  déjà  35  000  habitants. 
En  1890,  le  nombre  d'hommes  employés  à  Butte  dépassait  6000, 
dont  3000  à  TAnaconda.  En  cette  même  année,  les  usines  métal- 
lurgiques, que  Ton  peut  diviser  en  Silvermills  (moulins  d'amal- 
gamation) et  Smelters  (usines  de  fusion),  avaient  une  capacité 
journalière  de  6  750  tonnes  pour  les  premiers,  de  3  500  pour  les 
seconds.  La  production  de  métaux  qui  était  de  5  millions  et  demi 
en  1881,  a  atteint  près  de  500  millions  en  1890  (plus  de  1  200  mil- 
lions depuis  l'origine). 

Les  trois  principales  mines  de  cuivre,  d'argent  et  d'or  que  nous 
aurons  à  étudier  successivement  sont  :  pour  le  cuivre,  YAna- 
conda  (Silver  Bow  County)  ;  pour  l'argent,  Granité  Mountain 
(Deer  Lodge  County,  près  Philipsburg)  ;  pour  l'or,  Drun  Lummon 
(Lewis  and  Clarke  County,  à  Marysville). 

Ces  deux  dernières  sont  situées  au  Nord  de  Butte,  près  de  la 
ligne  du  Northern  Pacific.  R. 

D'ailleurs,  le  cuivre  et  l'argent  sont  souvent  réunis  dans  les 
mêmes  minerais  ;  c'est  ainsi  que  les  usines  de  fusion  (smelters), 
où  l'on  traite  spécialement,  par  préparation  mécanique,  grillage 
et  fusion  pour  matte,  les  minerais  cuprifères,  produisent,  en  même 
temps,  de  l'argent.  A  l'Anaconda,  par  exemple,  les  minerais  avaient 
en  1887,  une  teneur  en  cuivre  de  11,3,  donnant,  après  concentra- 
tion, 69  p.  100.  On  y  séparait  alors  et  Ton  fondait  isolément  ceux 
qui  renfermaient  plus  de  1  kilogramme  d'argent.  Cette  mine, 
achetée  150  000  francs  il  y  a  dix  ans,  est  estimée  aujourd'hui 


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CUIVKE   DU    MONTANA    (aNACONDA)  265 

plus  de  130  millions.  Elle  est  exploitée  jusqu'à  300  mètres  de 
profondeur,  éclairée  à  Télectricité,  etc. 

La  géologie  de  la  région  a  été  étudiée  en  1886  par  M.  Em- 
mons  : 

Butte  City  se  trouve  dans  une  dépression  drainée  par  le  Silver 
Bow  Creck,  entre  des  massifs  de  granité  au  Nord  et  au  Sud,  des 
roches  éruptives  récentes  (parmi  lesquelles  des  rhyolites)  à  l'Ouest. 
Au  milieu  de  cette  dépression  se  trouve  la  «  Butte  »  qui  a  donné 
son  nom  à  la  ville,  un  monticule  de  rhyolite  conique  de  quelque 
cent  pieds  de  haut.  A  Butte  City  même,  la  roche  est  du  granité  ; 
au  voisinage,  on  trouve  des  porphyres  quartzifères  et  des 
rhyolites. 

Le  granité  de  Butte  est  un  granité  à  pyroxène  (avec  hornblende 
secondaire)  et  plagioclase  abondant;  M.  Emmons  Ta  qualifié  de 
granité  diori tique  ;  une  autre  variété,  qu'on  trouve  à  Blue  Bird, 
est,  au  contraire,  uniquement  formée  de  quartz  et  d'orthose  avec 
un  peu  de  biotite. 

Le  porphyre  quartzifère,  d'étendue  très  restreinte,  se  présente 
uniquement  sur  la  colline  d'Anaconda.  Les  rhyolites  semblent 
avoir  formé  des  coulées  assez  importantes,  dont  la  butte  serait 
un  des  centres  d'émission. 

Tous  les  gisements  métallifères  ont  été  trouvés  dans  le  granité, 
jamais  dans  la  rhyolite,  mais  souvent  au  voisinage  de  dykes  d'une 
sorte  de  rhyolite.  On  a  pu  distinguer,  à  l'Est  de  la  butte,  deux 
zones  principales  composées  de  filons  Est-Ouest  avec  des  inflexions 
plus  ou  moins  prononcées  : 

La  première,  située  au  Sud,  est  celle  des  mines  de  cuivre.  Butte, 
Gagnon,  Parrott,  Anaconda,  Mountain  View,  suivant  une  ligne 
générale  Est-Ouest,  passant  par  le  sommet  de  la  Butte  et  par  la 
partie  Nord  de  la  ville  de  Butte  City.  Les  filons,  toujours  quartzeux, 
y  ont  été,  dans  les  parties  hautes,  formés  presque  exclusivement 
de  sulfure  noir  de  cuivre  (mattite)  avec  gangue  de  quartz  friable; 
la  teneur  était  alors,  en  moyenne,  de  14  à  16  p.  100;  à  mesure 
qu'on  s'est  approfondi,  la  chalcopyrite  est  devenue  prédominante 
et,  à  180  mètres  de  profondeur,  la  teneur  utile  s'est  réduite  à 
10  p.  100,  en  même  temps  que  les  scories  devenaient  plus  acides. 

La  mine  Parrot^  au  Sud  de  Lexington,  exploite,  à  230  mètres 


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266  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

de  profondeur,   deux  veines  parallèles  de  4   à  4  mètres  qui  se 
rejoignent  à  TEst  et  semblent  prolonger  le  gîte  d'Anaconda. 

L'extraction  est  d^environ  300  tonnes  par  jour  et  fournit 
plusieurs  classes  de  minerai  :  1^  du  minerai  massif  à  35  p.  100  de 
cuivre  et  au  delà,  en  sulfure  gris  et  cuivre  panaché  ;  2**  du  minerai 
à  concentrer  tenant  de  10  à  12  p.  100.  La  teneur  en  argent  est 
proportionnelle  à  la  teneur  en  cuivre  et  varie  de  6  à  60  onces 
(200  à  2  000  grammes). 

Ce  qui  distingue,  en  général,  ces  filons,  c'est  leur  puissance  et 
lar^ularité  des  fractures;  ce  sont  des  «  true  fissure  veins  ».  Le 
filon  de  TAnaconda,  qui  mesure  13  mètres  d'épaisseur,  a  pu  être 
reconnu  sur  600  mètres  de  long,  300  de  profondeur. 

Au  Nord  de  cette  zone  cuprifère,  on  trouve  une  autre  zone  Est- 
Ouest  de  mines  d'argent  avec  peu  de  cuivre,  dont  les  principales 
sont  :  Belcher,  Risingstar,  Moulton,  Alice,  Lexington,  Magna 
Carta,  Valdemar,  Granité  Mountain,  etc.  Là  les  minerais  com- 
prennent des  sulfures  divers  d'argent,  plomb  et  zinc,  avec  une 
gangue  quartzeuse  et  une  proportion  assez  forte  de  silicate  de  man- 
ganèse, qui  prend  facilement  une  teinte  noirâtre.  Aux  affleure- 
ments, le  manganèse  avait  donné  des  oxydes  noirs,  l'argent  du 
chlorure  et  le  plomb  du  carbonate.  La  présence  du  manganèse 
semble  caractéristique  de  la  venue  argentifère. 

Les  variations  en  profondeur  sont  analogues  à  celles  qu'on 
peut  observer  au  Mexique  et  que  nous  étudierons  au  chapitre  de 
VArgent. 

Au  S.-O.  de  la  Butte,  dans  le  granité  de  Bluebird,  cette  gangue 
manganésifère  des  filons  de  quartz  était  tout  à  fait  prédominante 
dans  le  remplissage,  et  la  teneur  en  argent  n'était  que  de  quelques 
onces  ;  aussi  se  contentait-on  d'exploiter  les  affleurements  comme 
fondant  pour  la  fusion.  Les  travaux  de  la  mine  de  Bluebii*d  ont 
montré  l'existence,  en  profondeur,  d'un  minerai  de  teneur  très 
constante  à  l^«f,5  d'argent  et  amené  ainsi  le  développement  d'une 
troisième  zone  minière. 
Tous  ces  filons  présentent  des  caractères  communs  : 
D'une  part,  les  cassures  sont  remarquablement  nettes  et  très  paral- 
lèles en  général,  de  direction  Est-Ouest,  avec  une  inclinaison  de 
quelques  degrés  sur  la  verticale.  Dans  le  détail,  elles  présentent 


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CHALCOPYRITE   DE   BURRA-BURRA    (AUSTRALIE)         267 

d'ailleurs  toutes  les  inflexions  et  les  bifurcations  d'un  champ  de 
fractures  obtenu  par* torsion.  Le  phénomène  dynamique  qui  les  a 
ouvertes  semblerait  connexe  de  la  venue  rhyolitique  dont  plusieurs 
dykes  sont  suivis  par  les  ûlons. 

D'autre  part,  les  phénomènes  d'imprégnation^  peut-être  même  de 
substitution,  auraient,  d'après  M.  Emmons,  joué  un  rôle  notable. 
Il  n'y  a  pas,  en  eflet,  suivant  lui,  de  véritables  épontes;  lorsqu'il  y 
en  a  d'un  côté,  il  n'en  existe  pas  deTautre,  mais  on  observe  un  pas- 
sage progressif  du  minerai  à  la  roche  de  moins  en  moins  pénétrée 
de  pyrites;  la  limite  assignée  par  les  mineurs  aux  filons  ne  dépend 
que  des  conditions  d'exploitabilité  ;  M.  Emmons  suppose  même 
que  le  granité  a  été  attaqué  à  partir  d'une  première  fissure  étroite, 
ses  éléments  basiques  dissous  d'abord,  puis  ses  éléments  feldspa- 
thiques. 

Bibliographie  du  Montana, 

1869.  Kleinschmidt.  —  {Berg.  u.  Huit.  Zeit.y  p.  98  et  i 85.) 
1878.  {Engineering  and  mining  joum.  of  New-York,  janv.  1878,  p.  53.) 
1884.  Groddeck,  p.  306. 

*1887.  Emmons.  —  Notes  on  the  geology  of  Butte,  Montana.  (Trans,  of  the 
amer.  ins.  ofminbig  engineers,) 

1888.  Rémaury.  —  La  prod.  du  cuivre,  p.  31. 

1889.  Davies,  p.  51. 

1&89-90.  Butte  City.  (Album  souvenir.) 
1891.  DE  BiLLY.  —  Notes  de  voyages  inédites. 


CHALCOPYRITE  DE  BURRA-BURRA  (Australie), 
DU  NAMAQUALAND,  etc. 

Bnrra-Burra  (Australie)  *.  — Les  filons  de  Biirra-Bxirra,  en  Aus- 
tralie, célèbres  pour  leur  richesse  en  minerais  de  cuivre,  sont  situés 
dans  des  roches  sédimentaires  anciennes  et  métamorphiques.  Ils 
ont  de  10  à  14  mètres  de  puissance  ;  quatre  d'entre  eux  sont  dirigés 

«  CoU.  ÉcoU  des  Mines  1956. 

Sur  Burra-Burra  :  1875.  Gurlt.  —  (Vei^handl,  d,  nalurh.  Verh,  d.  Prov.  RheinL 
u.  Vetlph,,  1875,  p.  60.) 
1884.  Groddeck,  p.  272. 


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268  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Nord-Sud  et  trois  Est-Ouest,  ils  forment,  entre  eux,  de  nombreux 
croisements.  On  trouve  souvent  la  serpentine  aux  salbandes. 

A  la  surface,  il  existe  un  chapeau  de  fer  hydroxydé  ;  plus  bas 
des  oxydes  de  cuivre  :  cuprite,  malachite,  azurite,  atacamite, 
cuivre  natif  avec  quartz  ;  plus  bas  encore,  au  filon  Allons,  de  la 
phillipsite  et  de  la  chalcopyrite  avec  gangue  quartzeuse. 

Namaqualand  ^  —  Il  existe,  dans  le  petit  Namaqualand,  des 
filons  de  chalcopyrite  aurifère  à  gangue  de  quartz,  qui  rentrent 
dans  le  groupe  des  filons  de  chalcopyrite  dont  nous  nous  occu- 
pons en  ce  moment.  Ces  filons  traversent  des  schistes  et  des 
granités  ;  dans  les  schistes,  ils  ont  Tallure  de  filons  couches  et 
forment,  en  certains  points  (Springbokfontein),  des  amas  à 
aspect  interstratifié;  dans  les  granités,  ils  prennent  une  direction 
presque  perpendiculaire.  Ils  sont  souvent  recoupés  par  des  filons 
de  granulite  plus  récente  : 

Les  minerais  sont  la  chalcopyrite,  la  phillipsite  et  la  chalcosine, 
souvent  aurifères  ;  on  y  trouve,  comme  produits  accessoires,  l'or, 
natif,  la  pyrite  de  fer,  le  cuivre  gris,  la  molybdénite,  etc..  La 
gangue  est  quartzeuse  avec  un  peu  de  calcite  et  rarement  de 
barytine  ;  la  sidérose  et  la  fluorine  manquent  absolument.  Une 
ai^iie  blanche  kaolinique  accompagne  souvent  les  minerais.  A  la 
surface,  les  filons  sont  recouverts  d'un  chapeau  de  fer. 

On  peut  rapprocher,  de  ces  filons  de  chalcopyrite  aurifère,  ceux 
d'Utica  (Colorado)  et  ceux  de  Kritz;  ceux  de  Waschgang^ 
de  Grossflagrant^  etc.,  dans  là  haute  Carinthie. 

Waschgang  (Carinthie)  *.  —  Les  mines  de  Waschgang  sont 
situées  près  de  Dôllach,  dans  la  vallée  du  Môll.  Ce  sont  des  filons 
de  quartz,  avec  mouches  plus  ou  moins  abondantes  de  chalco- 
pyrite ,  contenant  une  certaine  proportion  d'or ,  variable  avec 
celle  du  cuivre.  Un  minerai  à  17  p.  100  de  cuivre  renferme 
0,005  d'or  à  la  tonne  ;  un  minerai  à  3  p.  100  de  cuivre  donne 
0,002  d'or  à  la  tonne. 

1  Sur  le  Namaqualand  :  1861.  Knopf.  Neues  Jahr.  f.  Min.,  p.  51  . 

Groddeck,  p.  275. 
*  Notice  de  M.  llochata  en  1876. 


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CUIVRE  DE   KEF-OUM-THEBOUL    (ALGÉRIe)  269 

Les  gites  de  Gro$s  Flagrant  sont  situés  à  trois  lieues  de  la  gare 
de  Saxenbourg  dans  la  même  région.  Les  minerais  jaunes  à 
20  p.  100  de  cuivre  renferment  0,005  p.  100  d'or  et  0,06  p.  100 
d'argent;  ceux  à  9  ou  10  p.  100  de  cuivre,  0,0024  d'or  et  0,02 
d'argent;  enfin  ceux  à  4  p.  100  de  cuivre,  0,001  d'or  et  0,01  d'ar- 
gent. 

Nous  aurons  à  les  rappeler,  au  chapitre  de  l'Or,  comme  indices 
d'une  venue  aurifère  en  Europe,  à  l'époque  permo-triasique. 


CUIVRE   DE   KEF-OUM-THEBOUL  (algérie)* 

{Filons  complexes  de  pyrite  de  cuivre^  blende  et  galène 
argentifère.) 


La  mine  de  Kef-Oum-Theboul  est  située  en  Algérie,  près  de  la 
frontière  tunisienne,  à  5  kilomètres  environ  de  la  mer  et  à  12  kilo- 
mètres à  l'Est  de  la  Galle.  C'est  un  type  de  gisement  filonien 
récent  de  pyrite  de  cuivre  associée  à  des  sulfures  complexes. 

La  montagne  du  Kef,  composée  de  marnes  schisteuses  et  grès 


KefBonnda 


Fig.  212.  —  Coupe  giiulugique  de  la  région  de  Ref-oum-Theboul. 

tertiaires  (fig.  212),  est  traversée  par  un  filon  ramifié,  dirigé  E.-O., 
incliné  vers  le  Nord  à  65"*,  et  recoupant  les  schistes  sous  im  angle 
assez  faible.  On  distingue,  dans  ce  filon,  trois  principales  veines  : 
veine  du  toit  connue  seulement  à  l'Est,  veine  principale  et  veine 
de  mur.  A  l'Est,  le  filon  vient  buter  et  s'arrêter  contre  une  autre 
veine  N.O.-S.E.,  dite  la  veine  du  cuivre.  (Voir  fig.  214.) 

Le  remplissage  est  formé  de  pyrites  de  fer  et  de  cuivre,  blende 

i  Coll.  École  des  Mines,  1786.  —  Cf.  gites  du  cap  Tenez,  Oued  Allelali  et  Oued  Merdja 
(Algérie)  :  Coll.  École  des  Mines,  1952. 


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>70 


GÉOLOGIE   APPLIQUER 


et  galène  argentifère  avec  quartz  dominant,  baryline  acciden- 
telle et  argile  blanche.  Ces  minerais  sont  toujours  mélan- 
gés intimement  (ce  qui  rend  la  préparation  mécanique  difficile)  et 
semblent  faire  partie  d'une  même  venue  métallifère  ;  pourtant  on 
trouve  isolément  de  la  pyrite  de  fer  ou  de  la  galène;  mais  le 
minerai  cuivreux  est  toujours  complexe.  On  a  cru  remarquer  que 
la  pyrite  de  fer  avait  cristallisé  avant  la  pyrite  de  cuivre  et  celle-ci 
avant  la  blende.  La  teneur  en  argent  diminue  rapidement  en  pro- 
fondeur. 

Les  parties  riches  du  filon  présentent  la  forme  de  colonnes 
plongeant  légèrement  de  TOuest  vers  l'Est,  comme  le  montre  une 
coupe  théorique  Est-Ouest  (fig.  213)  dans  le  plan  du  filon.  Ces 
colonnes,  au  nombre  de  3,  se  rejoignent  près  des  affleurements, 
formant  là  une  zone  riche  continue,  depuis  longtemps  épuisée. 

La  colonne  de  TOuest  se  prolonge,  sans  accident  jusqu'à 
80  niètres  au-dessous  du  10'  niveau;  la  colonne  du  centre  se 
bifurque  assez  vite;  celle  de  l'Est,  ou  Grand-Large,  est  formée  de 
la  réunion  de  la  veine  principale  avec  la  veine  du  mur  et  la  veine 
de  cuivre;  cette  dernière,  résultant  d'une  cassure  un  peu  oblique 
sur  le  filon  Est-Ouest  principal,  paraît  avoir  été  remplie  en  même 
temps. 


l^ïCr^f 


Fig.  213.  —  Coupe  verticale  (théorique)  de  la  région  de  Kef-oum-Theboul. 

Les  minerais  extraits  se  répartissent  (1888)  de  la  façon  sui- 
vante : 

Galène  :  1  p.  100. 

Pyrite  cuivreuse,  n^  2  :  1  p.  100. 

—  no2  6is  :  1,5  p.-lOO. 

—  n«  3  :  40  p.  100. 
Blende )    ^ 

—      galénifère.   .  \ 
Complexes  lavés  ...  30      — 

—        en  roche  (ne  se  vemdant  pas;,  7  p.  100. 
Stérile  :  17,5  p.  100. 


En  général  1  000  kil. 

de  minerai  brut 
donnent  717  kU.  de 
minerai  de  fusion. 


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k 


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ED.  BiiMu  PT  nïT.  T.AnNAY.  —  Géologie  appliquée. 


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CUIVRE   DE   KEF-OUM-THEBOUL    (ALGÉRIE)  271 

Ces  minerais  ont,  à  leur  tour,  la  composition  moyenne  suivante  : 

,         47.6  pour  100  plomb. 

Galène        J    1  238  gr.  d'argent,  par  tonne. 

(    i  gr.  953  d'or,  par  tonne. 

no  2  (     Cuivre  .  14  p.  100. 

i    Argent  .  33  onces  par  1  015  k. 

Pyrite        1      o  o /,•     i    Cuivre  .     4  p.  100.  (       contient 

cuivreuse     j  '  \    Argent48oncespar  1  015  k.  (    de  la  galène 

(    Cuivre  .     2,45  p.  100. 
n®  3  .       '  ^ 


Argent  .  13  onces  par  1  015  k. 

Blende        <         ''^^'^^  ^'  *^  ^*  ""''^ 

\      *2C0    gr.  d'argent  par  tOHue. 

„,     ,         /        33,7  p.  100  de  zinc. 
^^'°îf  9    p.  100  de  plomb. 

galenUère     ^       3^^^^    d'argent  par  tonne. 

/    Cuivre.   .      1,76. 
Complexes    \     ,        ,  .^  .  ^. „,.,/.,      ,        ,     . 

lavés         )    Argent  10  onces,  par  1  015  kil.  (le  plomb  et  le  zinc  ne  sont 

'  pas  payés). 

/  Cuivre  9»%87. 

Matte         J  Argent      50  onces  par  1  015  kil. 

(  Or.   .  0,9     — 

Le  prix  de  revient,  par  tonne  de  minerai  brut,  est  en  moyenne 

Abatage 5,91 

Sortage 1,41 

Triage 0,90 

Surveillance 0,46 

Boisage 0,57 

Remblayage 0,24 

Voies  de  chemins  de  fer 0,36 

Galeries  et  matériel 1,70 

11,02 

Le  rendement  du  mineur  (et  aide)  est  de  1^4S8  par  jour 
(0'",293).  Cette  mine  qui  est,  après  les  mines  de  fer,  la  plus  impor- 
tante d'Algérie,  a  fourni,  en  1888  :  14  400  tonnes  de  minerai 
valant  337  000  francs  et  transportées,  soit  à  Anvers,  soit  à  Swan- 
sea. 

Bibliographie. 

*  1877.  Ledoux.  —  Rapport  sur  les  mines  du  Kef-oum-Theboul.  (Marseille, 
chez  BouissoD.) 

•  1890.  Friedel.  —  Journal  de  voyageinédit  à  l'Ecole  des  mines,  p.  91. 


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272  GÉOLOGIK   APPLIQUÉE 


CHALCOPYRITE  DU  TELEMARK 

Le  district  métallifère  du  Telemark  se  trouve  en  Norvège,  à 
15  kilomètres  à  l'Ouest  de  Kongsberg  *.  Il  est  formé  de  quartzites 
et  schistes  amphiboliques,  traversés  par  des  filons  des  granulite 
avec  lesquels  les  minerais  de  cuivre  seraient  d'après  V.  Groddeck, 
en  relation.  Ces  filons  de  granulite,  dont  la  puissance  varie 
depuis  0,05  jusqu'à  8  mètres,  sont  très  riches  en  quartz  et  très 
pauvres  en  mica  et  contiennent  accessoirement  de  la  magnétite, 
du  grenat,  de  l'apatite,  du  béryl,  etc.  Le  cuivre,  associé  à  du  quartz, 
s'y  trouve,  paraît-il,  en  nids,  en  sécrétions  et  en  veines  qui  res- 
semblent à  des  fentes  de  retrait  de  la  roche.  Néanmoins,  en  géné- 
ral, les  filons  se  prolongent  dans  les  quartzites  voisins  du  granité 
sans  changer  d'allure.  Le  remplissage  est  formé  de  quartz  gras,  chal- 
cosine  et  cuivre  panaché,  avec  molybdénite,  chalcopyrite,  magné- 
tite, oligiste,  or  et  argent  natif,  parfois  un  peu  de  bismuth  tellure 
(ces  derniers  minéraux  plus  rares). 

En  profondeur,  tous  les  filons  du  Telemark  sont  devenus  inex- 
ploitables. 

Bibliographie. 

1845.  Th.  Schberer.  —  (B.  u.  H.  Z.,  p.  8o4.) 

1863.  Th.  Scheerbr.  —  (B.  u.  H,  Z.,  p.'lo7.) 

1871.  Herter.  —  (ZcUschr.  d,  d,  geoL  GcselL,  t.  XXIU,  p.  377.) 

1884.  Groddeck,  p.  267. 


CHALCOPYRITE  DU  KUPFERBERG  (silésie)^ 

Dans  le  Kupferberg  silésien,  on  trouve  également  des  filons  de 
quartz  et  chalcopyrite  traversant  des  schistes  cristallins,  gneiss, 
micaschistes  et  amphibolites,  au  voisinage  de  filons  de  porphyre. 


*  Nous  empruntons  cette  description,  ainsi  que  la  suivante,  à  V.  Groddeck,  p.  267. 

•  1870.  Roemer.  Geol.  v.  Oberschlesien,  p.  3. 
1884  Groddeck,  p.  271. 


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gItES  des   VALS   TROMPIA,    SABBIA   ET   5ASSINA  273 

On  distingue^  dans  cette  région  très  minéralisée,  des  filons  cui- 
vreux, des  filons  plombifères,  et  enfin  des  filons  barytiques,  qui 
paraissent  s'être  succédé  dans  Tordre  où  nous  venons  de  les 
énumérer. 

Parmi  les  filons  cuivreux,  il  y  a  également  plusieurs  catégories  : 

!•'  groupe  :  E.  0.  (le  plus  développé),  quartz  avec  nids  de  chal- 
cosine,  cuivre  panaché,  chalcopyrite  et  blende  ; 

2* groupe  :  N.  150  à  165^  E.  — première  formation  :  quartz,  chal- 
copyrite, mispickel;  puis  feldspath  blanc  ou  rose;  enfin,  calcite, 
fluorine  et  braunspath  ; 

3'  groupe  :  N.  120  à  135*  E.  —  quartz  avec  chalcopyrite,  pyrite 
de  fer,  mispickel,  chalcosine,  cuivre  gris.  Ces  derniers  filons  ont 
la  même  direction  que  la  roche  encaissante. 

GÎTES  DES  VALS  TROMPIA,  SABBIA  ET  SASSINA' 

(lombardie  supérieure) 

M.  Fuchs  a  consacré  un  mémoire  à  quelques  gisements  filo- 
nien's  inexploités,  d'âge  postriasique,  peut-être  tertiaire,  et  com- 
posés de  minerais  de  cuivre  et  de  galène,  qu'il  avait  visités  dans  la 
Lombardie  septentrionale;  nous  en  résumerons  ici  les  principaux 
éléments  géologiques. 

La  Lombarbie  septentrionale,  c'est-à-dire  la  partie  du  versant 
méridional  des  Alpes  comprise  entre  le  lac  Majeur  et  le  lac  de 
Garde,  présente,  au  point  de  vue  des  gisements  métallifères,  un 
certain  intérêt. 

Ces  gisements  sont  concentrés  dans  le  trias,  le  permien  et  les 
schistes  situés  au-dessous.  Le  trias  lui-même  comprend  : 

l'^Le  grès  bigarré  :  assises  schisteuses  très  repliées  avec  quelques 
lentilles  ferrugineuses  activement  exploitées  autrefois; 

2"^  Le  muschelkalk  :  assises  calcaro-schisteuses  avec  amas  de  cala- 
mine à  Fontanellr  (val  Sabbia)  et  filons  de  galène  à  Provaglio  di 
Sotto  et  couches  puissantes  de  dolomie  avec  gisements  de  galène^ 
au  lac  de  Côme  (Ballabio,  Laorca)  ; 

«  Coll.  École  des  Mines,  1521. 

GÉOLOGIE.  —T.  II.  18 


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274  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

3"*  Marnes  irisées  à  structure  schisteuse  et  très  contournées. 

Le  permien,  à  l'état  de  grès  rouge  de  5  à  600  mètres  d'épaisseur, 
est  traversé  par  la  plupart  des  filons  métallifères,  qui  s'y  appau- 
vrissent en  général;  mais  c'est  surtout  au  voisinage  de  son  contact 
avec  des  schistes  anciens  subordonnés  que  se  trouvent  les  gise- 
ments métallifères. 

Comme  roche  éruptive,  on  doit  citer  à  Nozza  (val  Sabbia)  une 
roche  porphyrique  verdàtre  au-dessus  de  laquelle  le  jurassique 
inférieur  est  placé  et  que  recouvrent  des  grès  du  tertiaire  moyen. 
Dans  le  val  Trompia,  on  trouve  des  porphyres  pyroxéniques  et 
des  mélaphyres  auxquels  on  a  attribué  un  âge  analogue  et  rat- 
taché les  filons  de  plomb.  Les  serpentines,  venues  postérieure- 
ment aux  mélaphyres  et  peut-être  accompagnées  de  cuivre,  n'ont 
qu'une  importance  des  plus  restreintes. 

Les  gisements  du  val  Sabbia  se  rapportent  à  deux  formations 
distinctes,  Tune  de  cuivre,  l'autre  de  plomb  argentifère. 

Les  filons  de  cuivre,  considérés  par  M.  Fuchs  comme  les  plus 
récents,  forment  des  fentes  nettes  à  travers  les  mélaphyres.  On  y 
rencontre,  aux  affleurements,  un  mélange  d'oxyde,  de  carbonate, 
de  chalcopyrite  et  de  cuivre  gris  avec  de  la  calcile  et  de  la  baryte 
sulfatée.  Le  plomb  se  trouve  dans  quelques  filons,  avec  de  la  blende 
noire  en  mouches  zonées,  au  milieu  d'une  gangue  composée  :  de 
baryte  sulfatée  à  Dosselli,  de  calcite  à  Provaglio  di  Sotto.  Aucun 
travail  sérieux  n'y  a  été  fait. 

Dans  le  val  Sassina,  on  a  des  filons  de  galène,  blende  et  chalco- 
pyrite avec  gangue  de  dolomie,  sidérose,  quartz  et  barytine. 

A  l'extrémité  occidentale  du  val  Sassina,  près  du  lac  de  Côme,  les 
minerais  sont  disséminés  dans  une  assise  dolomitique  du  muschel- 
kalk  à  l'état  de  veinules  de  galène  avec  calcite,  sans  autres  sul- 
fures métallifères*. 

Le  val  Trompia  est  la  partie  la  plus  minéralisée  de  la  région  : 

Dans  la  vallée  de  Pezzaze,  les  mélaphyres  sont  recoupés  par 
des  roches  vertes  serpentines   qu'on  a   comparées  à  celles   de 


«  1868.  Fuchs.  Ann.  d.  M,,  6«,  t.  XIII,  p.  411. 

On  peut  rapprocher  ces  gisements  de  ceux  que  nous  étudierons  à  Raibl,  en  Silé- 
sie,  etc.,  au  chapitre  du  Plomb.  Le  muschelkalk  de  l'Europe  centrale  est  fréquemment 
métallifère. 


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CHALCOPYRITE  AVEC  SIDÉROSE  DE  KITZBUCHEL  (tYROL)  275 

Monte-Catini.  On  a  trouvé  là  quelques  filons  de  sidérose  ex- 
ploités pour  les  fabriques  d'armes  des  environs  de  Brescia  et  con- 
tenant des  mouches  de  chalcopyrite  et  cuivre  gris  paraissant 
résulter  d'une  réouverture;  àNavazzeetTorgola,  les  filons  semblent 
assez  nets  et  continus  ;  celui  d'Augusto  contient  de  la  galène  avec 
du  spath-fluor  ;  celui  dei  Kemmi,  le  plus  important  de  tous,  qui 
n'a  pas  moins  de  3  mètres  d'épaisseur,  renferme  un  remplissage 
double  :  au  toit,  quartz,  pyrite  et  sidérose  ;  au  mur,  galène,  fluorine 
et  calcite.  Il  recoupe  le  grès  rouge. 

Dans  Tensemble,  on  paraît  avoir  affaire  à  deux  groupes  détermi- 
nés :  filons  cuivreux,  filons  plombeux.  Ces  derniers,  dirigés  en  géné- 
ral N.  15**  0.,  ont  été  remplis  par  deux  venues  distinctes  :  1*"  galène, 
blende,  spath-fluor,  calcite,  quartz  ;  2*"  sidérose  et  chalcopyrite. 

Les  tentatives  de  recherches,  qui  ont  été  faites  il  y  a  une  ving- 
taine d'années,  n'ont  pas  donné  de  résultats  favorables. 

A  ?.  —  CHALCOPYRITE  A  GANGUE  DE  SIDÉROSE. 

KITZBUCHEL  (TYROL);  KOTTERBACH  (HOxNGRIE),  ETC. 

{Filons  couches  de  sulfures  divers^  en  particulier  de  chalcopyrite  y  avec 
gangue  de  sidérose^  et  parfois  de  cinabre  * ,  imprégnant  des  schistes.) 

Les  filons  de  chalcopyrite  que  nous  avons  étudiés  jusqu'ici 
avaient  tous  une  gangue  quartzeuse.  Il  existe,  au  contraire,  dans 
le  Tyrol,  quelques  gisements  où  la  gangue  est  de  la  sidérose.  Ces 
gisements,  qui  présentent  une  certaine  analogie  avec  les  fahlbandes 
norvégiennes,  dont  nous  aurons  à  parler  à  diverses  reprises*,  se 
trouvent  auprès  de  Kitzbiichel,  de  Kupferplatten,  de  Kelchalp,  de 
Rôrobuchl,  etc.,  et  sont  compris  dans  des  phylladesetgrauwackes 
siluriens  ;  ils  ont  été  décrits  par  Schmidt  comme  des  amas  strati- 
fiés, par  Stapff  comme  des  filons-couches  en  relation  avec  des 
ramifications  filoniennes  coupant  transversalement  la  stratifica- 
tion et  nous  semblent  résulter  assez  nettement  de  l'imprégnation 

•  Noos  aurons  à  revenir  sur  des  gîtes  comparables  quand  nous  nous  occuperons  du 
cuivre  gris  (p.  307)  et,  plus  tard,  au  chapitre  du  Mercure. 

•  Voir  plus  haut,  au  Nickel^  p.  63,  73,  etc. 


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276  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

filonienne  de  schistes  anciens  par  des  dissolutions  ayant  apporté 
les  sulfures  de  fer  et  de  cuivre  associés  avec  la  sidérose. 

Les  schistes  métamorphiques  qui  contiennent  la  pyrite  for- 
ment, au  milieu  des  phyllades  inaltérés,  une  grande  masse  de 
900  mëtrea  de  long  sur  300  mètres  de  large.  La  description  de 
ces  gîtes  et  de  quelques  autres  analogues  en  Hongrie  pourra  donc 
nous  servir  de  transition  pour  arriver  aux  amas  de  pyrite  de  fer 
cuivreuse  que  nous  aurons  à  examiner  ensuite. 

A  Kupferplatten^  on  connaît  huit  filons-couches  parallèles,  su- 
perposés, de  1™,50  à  2  mètres,  exceptionnellement  de  4  mètres 
d'épaisseur,  contenant  des  noyaux  et  sécrétions  de  chalcopyrite 
ou  plus  rarement  de  pyrite  de  fer  avec  de  la  doloitoie  ferrugineuse 
et  du  quartz.  Au  voisinage  des  parties  riches,  on  trouve  un 
schiste  encaissant  dur  et  clair  {lagerschiefer)  ;  au  voisinage  des 
parties  pauvres,  un  schiste  sauvage  foncé,  fissuré  et  irrégulière- 
ment schisteux. 

A  Mitterberg^  à  8  kilomètres  à  TOuest  de  Bischofshofen,  aux 
environs  de  Werfen,  on  exploite,  de  même,  un  filon  couche  de  2  à 
3  mètres  de  large  dans  les  phyllades  siluriens.  Ce  filon,  composé  de 
concentrations  pyriteuses  dans  le  schiste,  est  accompagné,  des  deux 
côtés,  sur  quelques  mètresde  large,  pardes  schistes  métamorphiques 
de  couleur  claire,  qui  passent  graduellement  au  schiste  normal, 
dit  schiste  bleu.  Le  schiste  altéré,  dit  lagerschiefer,  est  imprégné  de 
pyrite  de  fer  et  de  cuivre,  qui  se  groupent,  avec  du  quartz  et  de  la 
sidérose,  dans  une  série  d'amas  lenticulaires.  Tantôt  quartz,  sidé- 
rose et  pyrite  sont  mélangés  sans  aucun  ordre  ;  tantôt  la  sidérose 
et  la  chalcopyrite  sont  enveloppés  de  quartz.  On  rencontre  parfois 
un  peu  de  cinabre,  de  tennantite  et  des  traces  de  nickel. 

Le  métamorphisme  des  roches  encaissantes  semble  être,  comme 
a  ans  la  plupart  de  ces  gisements,  en  relation  avec  des  actions  de 
surface  et  cesser  en  profondeur. 

Bibliographie, 

1865.  Stapfp.  —  (Berg,  u.  Eut.  Zeit.,  1865,  p.  18  et  29.) 

1867.  ScHMiDT.  —  (Berg,  u.  Hût.  Zeit,,  1867,  p.  401  et  1870,  p.  174.) 

1879.  GfiODDECK,  p.  261. 

1890.  Von  Friesb.  —  Bilder  von  dea  Lagerstatten  bei  Kitzbiichel  (Vienne). 


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GHALCOPTRITE  AVEC  SIDÉROSE  DE  HONGRIE  (kOTTERBACH,  ETC.)     277 

En  Hongrie,  à  Kotterbach,  Szlovinka  et  Gàllnitz^^  dans  les  schistes 
de  Gomor  Zipse,  le  caractère  (ilonien  est  mieux  accusé,  pour  des 
liions  couches  analogues,  par  la  présence  de  véritables  filons  trans- 
versaux. 

A  Kotterbach,  les  deux  filons  exploités,  fllon  Grobe  et  filon 
Drozdziakow,  contiennent  de  la  chalcopyrite,  du  cinabre  et  du  mer- 
cure natif  avec  de  la  sidérose,  du  quartz  et  de  la  barytine.  Les 
intercalations  de  schistes  encaissants  dans  le  gite  sont  constantes 
et  en  élèvent  la  puissance  jusqu'à  40  mètres. 

A  Szlovinka^  les  deux  filons  principaux,  le  filon  Grobe  et  le 
filon  Kahlehôb,  se  croisent  et  sont  accompagnés  de  ramifications 
secondaires.  Le  filon  Grobe  est  parallèle  à  la  stratification  et  con- 
tient essentiellement  des  lentilles  de  chalcopyrite  dans  la  sidérose 
avec  un  peu  de  cuivre  gris  argentifère,  de  chalcosine  et  de  cinabre, 
du  quartz  et  de  la  calcite.  Le  filon  Kahlehàh,  lui,  est  essentielle- 
ment quartzeux  et  contient  peu  de  fer  spathique.  On  y  trouve  des 
lentilles  de  chalcopyrite  et,  près  de  la  surface,  de  Tor  natif. 

V.  Groddeck  rapproche  de  ces  gisements  : 

Les  filons  de  cuivre  du  Venezuela^,  ceux  de  TAlp,  dans  la  vallée 
de  la  Romanche  (Dauphiné^),  les  filons  couches  de  cuivre  gris  et 
chalcopyrite  de  Sierre  en  Valais  *,  ceux  de  Baigorry  près  Saint- 
Etienne  en  Navarre  ^j  ceux  d'Eivas  en  Alentejo^,  enfin  ceux  de 
Mùrtschenalp,  canton  de  Claris  '. 


«  1867.  Faller.  Berg.  u.  HuL  Jah*b.  der  osir.  Berg.  acad.,  t.  XVIÏ,  p.  132. 
1879.  Groddeck,  p.  264. 

•  Sur  le  Venezuela  :  Klemm.  Berg,  u,  Hut.  Zeit.y  1859,  p.  281  et  289. 
»  Sur  la  Romanche  :  Grafl.  B.  u.  HiXt.  Z.,  1866,  p.  346. 

•  Sur  Sierre  en  Valais  :  Ossent.  B,  u.  Hût,  J?.,  1868,  p.  245. 

•  Sur  Saint  Etienne  :  Cotta.  EszlagerslàUenj  t.  II,  p.  439. 

•  Sur  Eivas  :  Braun.  N.  Jahrb.  fur  Miner,,  1876,  p.  385. 

•^      ^  Slohr.  .V.  Jahrb,  fur  Miner,,  1865,  p.  351. 


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278  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

B.  —  AMAS  DE  PYRITE  DE  FER  CUIVREUSE 

GÉNÉRALITÉS 

11  arrive  fréquemment  que  la  pyrite  de  fer  contienne  une  certaine 
proportion  de  cuivre.  Lorsque  cette  pyrite  forme  des  amas  impor- 
tants, il  suffit  que  cette  teneur  atteigne  2  à  3  p.  100  pour  que  le  gise- 
ment puisse  être  exploitable.  Quelques  amas  de  ce  genre  ont  été 
trouvés  successivement  à  Fahlun  en  Suède  ;  RÔraas,  Vigsnaes,  etc.. 
en  Norvège;  Agordo  en  Vénétie;  au  Rammelsberg  dans  le  Hara  ;  à 
Rio-Tinto,  Tharsis,  San-Domingos  en  Espagne  et  Portugal,  etc.. 

Tous  ces  amas  se  présentent,  à  certains  points  de  vue,  dans  des 
conditions  analogues  :  1*"  ils  sont  toujours  au  milieu  de  schistes  ; 
2^  ils  affectent  une  forme  lenticulaire  et  se  sont  souvent  terminés 
en  profondeur,  sans  qu'on  ait  cherché  à  vérifier  si,  au-dessous 
d'un  amincissement,  on  ne  retrouverait  pas  une  seconde  lentille 
minéralisée;  3°  ils  ont  une  teneur  en  cuivre  assez  uniforme,  d'envi- 
ron 2  à  3  p.  100  ;  i"*  ils  sont  signalés  à  la  surface  par  un  chapeau 
de  fer  hydroxydé  correspondant  à  la  zone  où  les  eaux  superfi- 
cielles ont  pu  exercer  leur  action  métamorphique. 

Leur  origine  est  assez  obscure.  Dans  certains  cas,  comme  au 
Rammelsberg,  la  pyrite,  intercalée  au  milieu  de  schistes  fortement 
plissés,  en  épouse,  par  sa  forme  extérieure,  toutes  les  inflexions  et 
présente  elle-même  une  allure  zonée  correspondant  à  une  schisto- 
site  ancienne.  Alors,  en  dépit  d'objections  graves  que  nous  pré- 
senterons plus  loin,  nous  admettrons,  avec  les  géologues  allemands 
qui  ont  étudié  le  gîte  sur  place,  qu'on  a  affaire  à  un  dépôt  sédi- 
mentaire  sous-marin,  analogue  par  exemple  aux  schistes  cui- 
vreux du  Mansfeld  *  et  postérieurement  plissé.  Nous  renverrons 
donc  la  description  du  Rammelsberg  au  chapitre  des  GÙes  de 
cuivre  sédimentaires. 

Dans  d'autres  cas,  au  contraire,  comme  à  Rio-Tinto,  l'amas  pyri- 
teux,  tout  en  s'interstratifiant  grossièrement  au  milieu  des  schistes, 
les  recoupe  en  des  points  nombreux,  ne  présente  aucune  espèce  de 
stratification  interne,  mais  est  accompagné  par  des  veines  quart- 

*  Voir  plus  loin,  p.  329. 


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AMAS   DE  PTRITK   DE  FER   CUIVREUSE  279 

zeuses  et  associé  avec  des  roches  éruptîves  ainsi  qu'avec  des  amas 
semblables  situés,  au  voisinage,  dans  des  terrains  d'âge  diiïérent, 
en  sorte  qu'on  est  contraint  d'admettre,  pour  lui,  une  origine  filo- 
nienne. 

Enfin,  les  amas  intercalés  dans  le  terrain,  dit  primitif,  de  Scandi- 
navie, àFahlun,  Rôraas,  Foldal,  Vigsnaes,  etc.,  présentent  souvent 
un  cas  intermédiaire  :  des  apparences  d'interstratiflcation  assez 
prolongées,  associées  à  des  fractures  nettement  Qloniennes.  Pour 
nous,  qui  ne  croyons  en  aucune  façon  que  le  terrain  primitif  se 
soit  déposé  du  premier  coup  sous  son  aspect  actuel,  mais  qui  sup- 
posons qu'il  a  été  formé  d'abord  de  schistes,  grès,  calcaires,  etc., 
transformés  ensuite  par  métamorphisme  en  gneiss,  leptynites, 
amphibolites,  etc.,  l'explication  parait  être  que  la  venue  pyriteuse 
filonienne  est  là  très  ancienne  et  contemporaine  de  ce  métamor- 
phisme lui-même. 

Il  y  aurait,  à  coup  sûr,  quelque  bizarrerie,  alors  que  nous  trou- 
vons, en  divers  points,  des  gisements  de  sulfure  de  cuivre  nette- 
ment sédimentaires  comme  ceux  du  Mansfeld,  de  Perm,  etc.,  à 
nier  absolument  (en  dehors  du  Rammelsberg,  cité  plus  haut)  la 
possibilité  que  des  gîtes  de  pyrite  de  fer  cuivreuse,  plus  ou  moins 
renflés  en  amas,  puissent  avoir  une  origine  semblable;  mais  préci- 
sément nous  sommes  frappé  de  constater,  en  général,  combien  les 
caractères  de  ces  amas  diffèrent  des  fines  interstratifications  cui- 
vreuses si  régulières,  si  intimement  mélangées  à  la  masse,  du 
schiste  du  Mansfeld,  etc.  ;  en  outre,  nous  ne  comprenons  pas,  s'ils 
sont  d'origine  sédimentaire,  pourquoi  nous  n'en  trouvons  jamais 
dans  des  terrains  horizontaux  et  tranquilles,  mais  seulement  dans 
des  couches  redressées,  percées  de  roches  éruptives  ou  métamor- 
phisées.  C'est  pourquoi,  dans  la  majeure  partie  des  amas  pyriteux, 
nous  admettrons  l'origine  hydrothermale  et  profonde. 

Mais  comment  s'est  produite  cette  venue  hydro thermale,  qui  a 
laissé  des  dépôts  de  telle  dimension  (550  mètres  sur  100  en  coupe 
horizontale  à  Rio-Tinto)  et  qui  n'a  marqué  son  empreinte  par 
aucune  structure  zonée  et  concrétionnée,  c'est  ce  qu'on  se  figure 
malaisément  ^ 

*  La  formation  de  ces  masses  énormes,  non  stratifiéeSy  par  des  phénomènes  de  sédi- 
mentation, serait  encore  moins  explicable. 


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280  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Pour  notre  part,  nous  serions  porté  à  en  chercher  Tinterpré- 
tation  dans  les  phénomènes  qui  se  passent  au  griffon  d*une  source 
thermale  sulfureuse  suintant  au  milieu  de  schistes,  comme  celles 
de  Bagnères-de-Luchon,  par  exemple. 

Une  semblable  source  qui,  dans  le  granité  ou  dans  toute  roche 
compacte,  sortirait  par  une  fracture  unique  et  mince,  s'éparpille 
au  milieu  des  schistes,  s'inGllre  par  tous  les  interstices  laissés 
par  la  stratification,  par  toutes  les  cassures,  et,  comme  elle  se 
chaîne  d'acide  sulfurique  en  présence  de  l'oxygène  de  l'air,  elle 
attaque  ces  schistes,  les  transforme  peu  à  peu  en  une  boue  qu'elle 
entraîne,  et  substitue  à  eux  un  dépôt  qui  remplit  tous  les  vides. 
Son  émergence  une  fois  ainsi  obstruée  par  elle-même,  elle  change 
de  trajet  dans  l'intérieur  du  sol  et  va  sortir  un  peu  plus  loin.  Le 
phénomène  le  plus  simple  et  aux  proportions  les  plus  restreintes 
est  ainsi  susceptible  de  constituer  un  dépdt  d'une  certaine  étendue. 

Nous  croyons  que  quelque  chose  d'analogue  a  dû  se  produire 
à  la  suite  de  certains  grands  mouvements  de  plissement  de 
l'écorce  terrestre,  ayant  amené  au  jour  des  roches  basiques 
(diabases  de  San-Domingos,  gabbros  de  Norvège,  etc.).  Les  eaux 
de  la  mer,  chargées  de  sulfates  en  même  temps  que  de  chlorures, 
ont  été,  à  ce  moment,  introduites  en  masse  jusqu'au  magma 
interne  ou,  du  moins,  jusqu'à  ses  fumerolles  réductrices  qui 
apportaient  du  fer  avec  d'autres  métaux.  Remontant  au  milieu  des 
schistes,  elles  ont  dû  y  trouver  des  zones  brouillées,  froissées, 
peut-être  aussi  de  grands  vides  ;  loin  du  contact  de  l'air  qui  au- 
rait oxydé  leurs  dépôts,  elles  ont  alors,  partie  par  simple  précipita- 
tion chimique,  partie  par  substitution  aux  schistes,  formé  les  dépôts 
sulfurés  divers,  que  nous  appelons  en  Norvège  des  fahlbandes 
lorsqu'ils  sont  peu  étendus  et  très  allongés*,  que  nous  avons 
décrits  comme  filons  couches  à  Kupferplatten,  Mitterberg,  etc.*, 
lorsqu'ils  ont  bien  ménagé  l'allure  primitive  du  schiste,  que  nous 
étudions  enfin  ici  sous  le  nom  d'amas  pyriteux.  C'est  pourquoi, 
croyons-nous,  ces  amas  se  trouvent  uniquement  dans  les  schistes, 
qui  seuls  se  sont  prêtés  à  la  formation  de  semblables  vides  et  de 


'  Voir  page  63,  et,  plus  loin,  au  gite  d^argent  de  Kon{?sberg. 
•Page  273. 


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AMAS   DE  PYRITE  DE  FER   CUIVREUSE  281 

semblables  phéoomènes  de  substitution.  C*est  pourquoi  aussi, 
puisque  Tapparition  au  jour  de  ces  amas  sulfurés  lenticulaires 
n'a  pu  se  faire,  à  notre  avis,  que  très  postérieurement  à  leur 
cristallisation  et  par  érosion,  il  est  parfaitement  possible  qu'au- 
dessous  d'un  amas  terminé  et  d'une  exploitation  abandonnée,  on 
ait  chance  de  trouver,  après  un  amincissement  stérile,  un  nouvel 
amas,  aussi  bien  et  dans  les  mêmes  conditions  qu'en  plan  hori- 
zontal 011  ces  formations  en  chapelet  sont  fréquentes  et  bien 
connues. 

Nous  irons  plus  loin  et  dirons  que,  pour  nous,  l'interstratifica- 
tion  de  la  pyrite  dans  des  couches  plissées  n'est  nullement  une 
preuve  que  la  venue  de  la  pyrite  ait  été  antérieure  au  plissement  et 
serait  même,  lorsqu'on  ne  constate  pas,  dans  cette  pyrite,  de  plans 
de  fracture  et  de  zones  de  brouillage  postérieurs,  une  preuve  du 
contraire.  En  effet,  si  une  roche  aux  zones  alternantes  nettement 
plissées,  de  pyrite  et  de  quartz  et  feldspath  par  exemple,  roche 
massive  et  compacte,  avait  été  d*abord,  avec  sa  compacité  actuelle, 
formée  de  ces  zones  alternaùtes  horizontales,  puis  soumise  à 
une  action  de  plissement,  elle  se  serait  rompue  et  fragmentée,  mais 
non  plissée  comme  une  pâte  molle  sans  fractures.  Au  contraire,  si 
Ton  admet  que  des  schistes  tendres  aient  été  d'abord  soumis  à  ce 
phénomène  mécanique  ;  puis,  que  la  venue  pyriteuse,  passant  à  tra- 
vers les  interstices  sinueux,  y  ait  cristallisé  et,  alors  seulement,  ait 
fait  de  ces  schistes  flexibles  une  roche  solide,  tout  devient  parfaite- 
ment clair  et  compréhensible.  Nous  aurons  à  revenir  sur  cette  idée 
qui  peut,  croyons-nous,  être  invoquée  aussi  comme  un  argument 
en  faveur  de  l'origine  métamorphique  des  gneiss,  à  propos  des 
gîtes  de  blende  d'Ammeberg. 

Ces  remarques  faites,  nous  allons  décrire  les  principaux  amas 
pyriteux  dans  l'ordre  des  terrains  où  on  les  trouve  encaissés  : 

1^  Dans  la  partie  supérieure  des  gneiss  :  Fahlun  en  Suède  ; 
29  Dans  le  huronien,  peut-être  même  dans  le  précambrien  :  Rôraas  et 
Foldal  en  Norvège. 

3^  Dans  les  schistes  anciens  (?)  :  Vigsnaes  en  Norvège. 

4^  Dans  le  carbonifère  :  Hio-Tinto  en  Espagne;  San-Domingos  en  Portugal. 

5^  Dans  le  trias  :  Agordo. 


^      -bigitizedbrVjOOgle 


282  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

AMAS  PYRITEUX  DE  FAHLUN  (suède)  ^ 

Les  gisements  de  pyrite  de  fer  cuivreuse  de  Fahlun*  sont  situés 
au  voisinage  de  la  ville  du  même  nom,  au  Nord-Ouest  de 
Stockholm. 

Leur  exploitation  est  fort  ancienne;  elle  était  déjà  commencée 
au  xiv"  siècle  (1347),  et,  pendant  longtemps,  Fahlun  a  été  le 
centre  le  plus  important  de  la  production  du  cuivre  en  Scandi- 
navie (3  300  tonnes,  en  moyenne,  au  xvu°  siècle)  ;  aujourd'hui 
encore,  c'est  la  mine  qui  produit  la  plus  grande  quantité  de  pyrite, 
comme  le  montre  le  tableau  suivant  : 


MINES  DE  CUIVRE  DE  SUÈDE 


moyenne  de 
l'extraction  annuelle 

1870-79 


MAXIMUM  DE  LA 

PROFONDEUR  VERTICALE 

en  1875 


Fahlun 

Atvidaberg 

Bjelke 

Kafveltorp 

Frôa 

Solstad 

LjusDanberg 

Tunaberg 

Extraction  annuelle  moyenne   des 

mines  précitées 

»       de  la  totalité  du  pays.. 


24  438 

9  261 

2  240 

1  040 

663 

177 

355 

286 


356 

409 

72 

92 

60 

320 

113 

180 


38  760 
40  638 


Mais,  au  point  de  vue  de  la  production  du  cuivre  métal,  Atvida- 
berg a  pris  le  premier  rang. 

Voici  les  chiffres  pour  Fahlun,  il  y  a  quelques  années  : 

1882  .  .   17  656  t.  déminerai    535  t.  de  cuivre   456  kil.  d'argent. 

1883  .  .   16  251  t.     —      532 1.    —      374     — 

1884  .  .  459  t.    —      443     — 

Après  1884,  la  production  de  cuivre  a  continué  à  osciller 
autour  de  500  tonnes  par  an. 

Depuis  1876,  une  transformation  radicale  s'est  opérée  dans  le 
traitement  métallurgique  ;  il  y  a  eu  substitution  de  la  voie  humide 

*  Coll.  École  des  Mines,  1538.  Notes  de  voyage  de  Tauteur  en  1890. 

•  Ou  Falun. 


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AMAS   PYRITEUX  DE  FAHLUN    (sUÈDE)  283 

à  la  voie  sèche.  En  outre,  en  1881,  on  a  découvert,  dans  le  gise- 
ment cuivreux,  de  Tor  natif,  dont  on  extrait  environ   70  kilo- 
grammes par  ao. 
Le  nombre  des  ouvriers  est  de  ISO  à  la  mine. 

Géologie  générale.  —  Les  environs  de  Fahlun,  comme  le  montre 
une  carte  géologique  due  à  M.  Tornebohm,  comprennent  : 
1**  gneiss  gris  fin,  quartzites  et  micaschistes;  2^  leptynites 
(appelées  granulites  par  les  géologues  suédois)  ;  3"*  gneiss-granite 
rouge  ;  4**  granité  rouge  ;  5""  granité  gris  ;  6^  diorite  et  gabbro- 
diorite  ;  T  diabases. 

Le  terrain  primitif  présente,  aux  alentours  immédiats  de  Fah- 
lun, des  gneiss  gris,  des  schistes  micacés  passant  à  des  quartzites 
et  des  alternances  feldspathiques  analogues  aux  roches  que  nous 
appelons  leptynites  dans  le  plateau  central  français  et  que  les 
géologues  suédois  désignent  sous  le  nom  de  granulites.  Ces  divers 
terrains,  par  suite  des  plissements  qu'ils  ont  subis,  forment  des 
bandes  successives,  dirigées  dans  l'ensemble  Est-Ouest,  avec  un 
plongement  presque  vertical,  mais  présentant,  dans  le  détail,  une 
série  d*inflexions  qui  sont  particulièrement  sensibles  aux  environs 
les  plus  proches  de  Fahlun.  Du  côté  Nord,  vers  Stennaset,  ces 
terrains  sont  bornés  par  un  massif  de  granité  gris,  du  côté  Sud 
par  du  gneiss-granite. 

Comme  roches  accessoires,  on  trouve,  vers  TOuest,  un  certain 
nombre  de  massifs  de  diorite  et  de  gabbro-diorite  alignés  suivant 
la  direction  générale  de  la  schistosité  et  qui  paraissent  très  com- 
parables aux  amphibolites  à  structure  dioritique  de  notre  plateau 
central.  Cette  idée  semble  confirmée  par  l'allure  d'autres  diorites 
et  de  felsites  que  nous  rattacherons,  aussi  bien  que  les  granulites, 
à  notre  série  des  leptynites  et  qui,  autour  de  Fahlun,  suivent  les 
moindres  inflexions  de  la  schistosité. 

Dans  l'ensemble,  nous  croyons  donc  que  l'on  a  afi'aire,  à  Fah- 
lun, à  la  série  du  terrain  primitif  intermédiaire  entre  les  gneiss  et 
les  micaschistes  où  nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de  montrer 
plusieurs  fois  (à  propos  du  graphite,  du  fer,  du  zinc,  etc..)  une 
abondance  particulière  en  intercalations  de  roches  cristallines  et 
de  couches  métallifères,  probablement  contemporaines,  sinon  de 


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284  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

la  formation,  tout  au  moins  du  métamorphisme  ayant  produit  la 
structure  considérée  comme  primitive. 

A  travers  tout  cet  ensemble,  on  constate,  à  l'Ouest,  plusieurs 
filons  de  diabase  N.-O.-S.-E.  et  quelques  veines  talqueuses  plus  ou 
moins  bréchiformes  et  à  feuillets  irrégulièrement  enlacés  fréquentes 
dans  les  gisements  de  Scandinavie  (voir,  plus  loin,  Kongsberg, 
Sala),  que  les  géologues  suédois  appellent  schol  ou  skôlar.  Ce 
schol  renferme  beaucoup  de  beaux  cristaux  de  magnétite,  de 
gahnite,  de  grenat  et  de  fahlunite.  On  y  trouve,  assez  souvent, 
des  lentilles  pyriteuses  irrégulièrement  disséminées  et,  pendant 
longtemps,  on  a  cru  que  le  grand  amas  principal  de  Fahlun  en 
était  entouré. 

D'après  M.  Tôrnebohm  qui  a  entrepris  une  étude  opprofondie  de 
ce  gisement,  étude  rendue  très  difficile  par  l'antiquité  des  travaux 
et  la  disparition  ou  reffondrement  de  la  majeure  partie  de  l'amas, 
le  fait  serait  loin  d'être  démontré.  Le  schol  serait,  suivant  lui, 
dans  de  véritabjes  fentes  et  l'amas  lui  semblerait 'plutôt  encadré 
entre  deux  failles. 

Gisement  métallifère.  —  L'amas  principal  de  minerai,  où  se 
trouve  la  Slorrgrufva,  a  été  exploité,  pendant  très  longtemps,  à 
ciel  ouvert  et  a  fourni  la  majeure  partie  du  cuivre  extrait  depuis 
plus  de  cinq  siècles.  Il  peut  être  comparé  grossièrement  à  un  sac, 
largement  ouvert  en  haut  et  fermé  en  bas,  dont  on  a  trouvé  le 
fond  depuis  déjà  soixante-dix  ans.  Ses  dimensions  sont  :  à  l'affleu- 
rement, du  N.-O.  au  S.-E.,  240  mètres  et,  du  N.-E.  au  S.-O., 
160  mètres  ;  en  profondeur,  350  mètres.  Des  veines  rectilignes 
de  pyrite  de  cuivre  le  traversent.  Il  serait  fort  difficile  ici  de  dire 
s'il  y  a,  ou  non,  interstratification.  Néanmoins  les  caractères  du 
gîte,  la  schistosité  qu'on  y  rencontre  fréquemment,  l'intercala- 
tion  de  lamelles  micacées  et  amphiboliques,  l'abondance  du 
quartz,  surtout  l'allure  des  amas  voisins  indiquent,  tout  au 
moins,  une  pénétration  très  intime  des  schistes  encaissants  par 
les  sulfures  métalliques*. 

1  Nous  reviendrons  sur  cette  question  d'origine  à  propos  des  gttes  de  Rôraas 
(p.  290),  de  Vigsnaes  (p.  295),  de  llio-Tinto  (p.  296),  etc. 


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AMAS   PTRITEUX   DE  FAHLUN    (sUÉDe)  285 

II  est,  d'ailleurs,  visible  que  le  terrain  primitif  a  été  fortement 
plissé  dans  cette  région  et  il  ne  serait  pas  surprenant  que,  dans 
ce  plissement,  les  amas  de  pyrite,  quelle  qu'ait  été  leur  allure 
primitive,  eussent  joué  le  rôle  d*un  coin  plus  résistant  brisant  les 
strates  à  leur  voisinage.  Le  schol,  qui  entoure  une  partie  du  gite, 
nous  a  paru,  partout  où  nous  Tavons  vu,  ressembler  beaucoup  à 
un  remplissage  de  faille. 

En  dehors  de  Tamas  principal,  il  existe  un  grand  nombre 
d'autres  lentilles  pyriteuses  généralement  brisées,  quelques-unes 
très  nettement  interstratifiées  et  passant  graduellement  à  la  roche 
encaissante  ;  d'autres,  au  voisinage,  se  présentant  comme  de  véri- 
tables filons. 

Minerais.  —  Le  minerai  lui-même  peut  se  diviser  en  deux 
catégories  : 

V  Minerai  tendre  (blotmalm  ou  weicherz)  ;  pyrite  de  fer  à  2  ou 
3  p.  100  de  cuivre,  avec  divers  sulfures  associés  (pyrite  magné- 
tique, galène,  blende,  etc.),  et  très  peu  de  quartz.  C'est  le  minerai 
qui  remplissait  tout  le  grand  gite  et  dont  la  proportion  tend  à 
diminuer.  On  peut  le  comparer  au  minerai  de  Rio-Tinlo. 

2^  Minerai  dur  (hardmalm  ou  harderz)  tenant  5  à  6  p.  100  de 
cuivre.  On  trouve  surtout  ce  hardmalm  à  l'Est  et  au  S.-O.  du 
grand  amas,  dans  les  parties  nommées  Ostra  Hardmalmerna  et 
Sednare  Adolfs  ou  Luisa  Malmerna.  11  se  présente  là  en  couches 
de  direction  N.  45*  0.  avec  plongement  Est.  La  pyrite  de  cuivre 
y  domine  avec  du  quartz  ;  on  y  trouve  également  un  peu  de  chal- 
copyrite. 

Enfin  un  point  intéressant,  c'est  la  présence  de  l'or  dans 
quelques  parties  de  ces  amas. 

Depuis  longtemps,  on  savait  que  le  minerai  de  Fahlun  était  auri- 
fère et,  dès  1790,  on  en  avait  extrait  un  peu  d'or  (environ  2  kilo- 
grammes par  an). 

En  octobre  1881,  on  découvrit  l'or  natif  dans  le  minerai  dur 
d'un  chantier,  nommé  Menkas,  ouvert  dans  la  région  d'Ostra 
Hardmalmerna  (minerais  durs  de  l'Est). 

Le  hardmalm  de  Menkas  consiste,  comme  tout  le  minerai  de  la 
région  environnante,  en  quartz  gris  plus  ou  moins  imprégné  de 


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286  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

pyrite  cuivreuse  avec  un  peu  de  pyrite  magnétique  ;  il  contient 
aussi,  çà  et  là,  des  bandes  de  quartz  blanc,  ressemblant  au  quartz 
blanc  qu'on  rencontre  souvent  à  Fahlun  en  ûlons,  mais  pré- 
sentant un  aspect  plus  laiteux.  C'est  dans  ce  quartz  blanc  que  se 
trouve  l'or,  soit  sous  forme  de  grains  qui  atteignent  exception- 
nellement quelques  millimètres  de  diamètre,  soit,  plus  souvent, 
à  Tétat  invisible. 

Avec  lui,  se  présente  fréquemment  un  minéral  d'un  blanc 
d'argent  très  brillant,  qui,  d'après  les  analyses  de  M.  Nordenstrom, 
aurait  pour  formule  Pb  (S.  Se)  Bi*  (S.  Se'),  c'est-à-dire  serait 
un  sélénio-sulfure  de  bismuth  et  de  plomb.  C'est  ce  minéral  à 
forme  bacillaire  qui  permet  aux  mineurs  de  reconnaître  et  de 
trier  les  fragments  contenant  de  l'or  invisible. 

Le  gîte  de  Menkas,  où  Ton  extrait  l'or,  est  assez  restreint. 
En  1884,  on  en  a  tiré  43  tonnes  de  quartz  aurifère;  en  188S,  50; 
aujourd'hui,  environ  ISO  tonnes.  Ce  minerai  est  divisé  en  deux 
catégories  :  minerai  riche  où  on  voit  l'or,  tenant  130  grammes 
à  la  tonne;  minerai  pauvre,  tenant  30  grammes  à  la  tonne. 

Mais,  en  outre  de  ce  minerai  d'or  proprement  dit,  on  a  constaté, 
depuis,  que  tout  le  minerai  de  la  région  de  Fahlun  contenait  une 
proportion  d'or  atteignant  en  moyenne  2  à  3  grammes  par  tonne 
et  c'est  de  ces  minerais,  bien  plus  que  des  minerais  aurifères  pro- 
prement dits,  que  provient  l'or  produit  à  Fahlun  (72  kilogrammes 
par  an). 

Métallurgie.  —  Le  minerai  tendre  va  à  la  fabrique  d'acide 
sulfurique  qui  produit  environ  2  000  tonnes  d'acide  par  an. 
Le  minerai  dur  est  grillé  en  stalles  avec  addition  de  sel,  pms 
grillé  au  réverbère  et  passe  à  un  lavage  qui  dissout  le  cuivre  et 
l'argent  en  chlorure.  Après  quoi,  on  dissout  l'or  par  un  lavage 
à  l'eau  de  chlore. 

La  liqueur  cuivreuse  est  traitée  par  de  Tiodure  de  zinc,  pour 
précipiter  l'argent,  puis  cémentée  pour  extraire  le  cuivre.  La 
liqueur  de  chlorure  d'or  est  précipitée  par  le  chlorure  de  fer. 

On  fabrique,  à  Fahlun,  outre  le  cuivre,  l'argent  et  l'or,  du  sulfate 
de  cuivre  (comme  matière  colorante)  et  une  couleur  rouge  spéciale 
très  usitée  pour  la  conservation  des  bois  dans  toute  la  Scandi- 


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AMAS   PYRITEUX   DE   RORAAS    (nORVÈGe)  287 

navie*,  couleur  obtenue  eu  lavant  une  terre,  imprégnée  de  fer  par 
décomposition  des  pyrites,  qu'on  extrait  des  skôlar  et  des  vieux 
travaux. 

Bibliographie. 

i818.  Haussmann.  —  Reise  durch  Skandinavien,  t.  V,  p.  55. 

1826.  HisiNGRR.  —  Minerai  Geogr.  von  Schweden.  (Trad.  v.  Wôhler),  p.  36. 

1841 .  RussEGGER.  —  (V.  Leonhards  Jahrbuch^  p.  82.) 

1845.  Tjadbr.  —  Karlaôfver  Fahlueller  Stora  Kopparbergs  Gmvor. 

1846.  Daubrée.  —  Minerais  de  Scandinavie. 
1855.  DuROCHBR.  —  {Ann,  d.  M.) 

4861.  V.  COTTA,  p.  525,  679,  707. 

1861.  Stapff.  —  (Berg.  und  hûttenm.  ZeitunÇy  p.  195.) 

1879.  Groddeck,  p.  149. 

Geologiska  foreningens  i  Stockholm  forhandlidgar,  févr.  1882. 
1883.  LoNQuÉTY.  —  Journal  de  voyage  manuscrit  à  TEcole  des  mines. 
1886.   ToQOÉ.  —  Journal  de  voyage  à  l'Ecole  des  Mines,  p.  25. 

1888.  Davibs,  p.  123. 

1889.  ToRNEBOHM.  —  Etude  géologique  sur  Fahlun. 
Août  1890.  L.  DE  Launay.  —  Notes  de  voyage  inédites. 


AMAS  PYRITEUX  DE  RORAAS  (norvège). 

Les  mines  de  pyrite  de  fer  cuivreuse  et  de  pyrite  de  cuivre  de 
Roraas  font  partie  d'une  bande  cuprifère  commençant  en  Suède 
au  lac  de  Kalln  et  à  TAreskuttan  et  s'étendant,  en  Norvège,  jus- 
qu'au Sognefiord,  avec  une  direction  générale  N.-E.-S.-O. 

La  ville  de  Roraas,  centre  des  mines  du  même  nom,  est  située 
un  peu  au  Sud  de  Throndhjem,  sur  la  ligne  de  Throndhjem  à 
Christiania.  L'exploitation  date  de  1646  ;  elle  est  aujourd'hui  con- 
centrée dans  neuf  mines,  dont  la  plus  importante,  au  point  de  vue  du 
cuivre,  est  Storvarls  Grube^  à  9  kilomètres  au  N.-E.  de  Roraas, 
occupant  50  à  60  ouvriers  et  produisant  2  SOO  tonnes  de  minerai 
cuivreux  par  an.  Puis  viennent  Ny  Solskim  Grube^  à  côté  de 
Storvarts  Grube,  faisant  1  000  tonnes;  Muy  Grube,  à  22  kilo- 


*  15  000  barriques  de  150  kilogrammes  à  15  à  20  francs  la  barrique. 
'  Coll.  École  de%  Mine%^  1539.  Notes  de  voyage  de  Tauteur  en  1890. 


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288 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


mètres  :  2  000  tonnes;  Christians  Grube  récemment  reprise,  etc.; 
enfin,  Kongens  Grube^  aujourd'liui  surtout  exploitée  pour  pyrite 
de  fer,  et  qui  en  extrait  près  de  20  000  tonnes  par  an. 

La  production  de  toute  la  région  a  été,  en  1889,  de  8  129  tonnes 
de  minerai  àS, 35  p.  100  de  teneur  moyenne  en  cuivre,  ayant  donné,, 
à  l'usine  de  Roraas,  où  se  trouvent  aujourd'hui  concentrées  les  opé- 
rations métallurgiques,  435  tonnes  de  cuivre.  En  outre,  on  a  exporté, 
par  Throndhjem,  soit  en  Angleterre,  soit  en  Belgique  à  Hemixen, 
20  000  tonnes  de  pyrite  de  fer  provenant  surtout  de  Kongens 
Grube  et  valant  environ  21  francs  la  tonne  rendue  à  Throndhjem 
(3  fr.  50  de  transport  jusque-là).  La  mine  de  Kongens  Grube  occupe 
aujourd'hui  5  à  600  ouvriers,  tandis  que  Storvarts  Grube  en  emploie 
seulement  100  et  Muy  Grube  90;  les  autres  mines,  40  à  60. 


Description  des  gisements.  —  Ces  divers  gisements,  quoique  en 
relation  manifeste  les  uns  avec  les  autres,  se  présentent  dans  des 
conditions  très  variables  de  Tun  à  Tautre  :  ce  qui  a  peut-être 
contribué  à  causer  les  contradictions  qu'on  rencontre  chez  tous 
les  auteurs  qui  en  ont  parlé. 

Tous  sont  situés  au  milieu  des  schistes  micacés,  chloritoschistes 
et  talcschistes  huroniens  ;  mais,  suivant  les  cas,  on  a  affaire  à  un 
amas  interstratifié  qui  semble  très  net  (à  Muy  Grube  par  exemple), 

fou  à  un  filon  à  peu  près  incontestable 
comme  à  Kongens  Grube.  En  outre,  la  na- 
ture  et  la  proportion  des  divers  sulfures 
associés  est  extrêmement  difTérente  d'un 
gîte  à  l'autre.  Comme  on  a  généralement 
insisté  sur  le  caractère  interstratifié  de 
ces  gites,  nous  commencerons  par  un 
cas  moins  connu  où  Tamas  pyriteux 
Fig.  2i5.  —  Coupe  verticale     tranche  très  visiblement  les  couches  de 

iintp'^lJnivl^^^^^^^^  schistes;   c'est  celui  d'une   mine    dont 

pyrite  cuivreuse  a  noraas  ' 

(Kongens  Grube).  l'exploitation  sur  une  grande  échelle  est 

assez  récente  :  la  mine  de  Kongens  Grube  ;  à  cette  mine,  la  coupe 
schématique  du  gîte  reconnu  lors  de  notre  visite  était  à  peu  près 
celle  que  représente  la  figure  215. 

A  Taffleurement,  Tamas   pyriteux   est   dirigé    Est- Ouest    et 


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AMAS   PTRITEUX   DR   RORAAS  289 

plonge  vers  le  Nord  avec  un  pendagetrèsraide.  A 15  ou  20  mètres 
de  profondeur,  nous  l'avons  vu  recoupant,  tout  le  long  du  mur,  les 
schistes  assez  faiblement  inclinés,  dans  lesquels  il  lançait  de  courtes 
ramifications  qui,  elles,  étaient  interstratifiées.  Plus  bas,  le  gîte  se 
recourbe,  au  contraire,  vers  le  Sud  et,  peu  à  peu,  prend  l'appa- 
rence d'un  gîte  interstratifié. 

Ces  faits  ne  peuvent  s'expliquer  que  de  deux  façons,  soit  par  une 
véritable  venue  filonienne  postérieure  aux  schistes,  soit  par  un 
phénomène  mécanique  ayant  refoulé  violemment  à  travers  les 
schistes  une  masse  primitivement  interstratifiée.  Celte  dernière 
explication  paraît  peu  compatible  avec  l'ensemble  de  la  coupe  du 
gîte  et  la  présence  des  ramifications  qui  en  divergent. 

Du  côté  du  toit,  le  filon  est  constamment  accompagné  par  une 
roche  amphibolique,  appelée  là  haardart^  qu'on  a  traversée  sur 
60  mètres  d'épaisseur  et  qui  joue,  peut-être,  un  rôle  comparable  à 
celui  des  diabases  que  nous  trouverons  à  San-Domingos. 

L'amas  de  Kongens  Grube  a  de  2  à  6  mètres  d'épaisseur.  Il  est 
principalement  composé  de  pyrite  de  fer  assez  homogène,  mais 
contenant  fréquemment  des  intercalations  de  schistes  pénétrés  de 
pyrite.  Nous  avons  cru  remarquer,  dans  la  partie  supérieure 
du  gîte,  qu'au  mur  les  schistes  étaient  intacts  ;  au  toit,  au  con- 
traire ,  ils  sont  très  métamorphisés  avec  cristaux  de  pyrite  au 
milieu  de  la  masse.  En  dehors  des  sulfures,  on  trouve,  surtout 
dans  les  veines  latérales,  un  peu  de  quartz. 

Le  minerai  extrait  renferme  pyrites  de  fer  et  de  cuivre,  pyrite 
magnétique,  parfois  blende;  la  galène  y  manque  à  ce  point  qu'on 
ajoute  du  plomb  dans  le  raffinage.  On  le  divise  en  plusieurs  caté- 
gories : 

1*  Minerai  à  5  à  6  p.  100  de  cuivre,  fondu  sur  place  ; 

2*  Pyrite  de  fer  n®  1,  de  teinte  jaune,  contenant  de  2  à  3  p.  100 
de  cuivre  et  exportée  ; 

y  Pyrites  n*"  2  et  3  appauvries  par  la  blende  ; 

ht"  Haldes,  abandonnées  jusqu'à  nouvel  ordre,  renfermant  beau- 
coup de  pyrite  magnétique. 

Le  gisement  de  Storvaris  Grube^  qui  a  été  surtout  décrit  par  tous 
les  anciens  visiteurs,  suit,  au  contraire,  la  schistosité  des  couches 

GÉOLOGIE.  —  T,  II.  19 


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290  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

encaissantes,  dont  l'inclinaison  est  assez  faible  (environ  lO*).  Ces 

couches  sont  :  des  schistes  chloriteux,  parfois  grenatifères,  dans 

^^^^^^^^^^^^^  lesquels  les  amas  semblent  s'enrichir  ; 

O.S.O. -J^^ *  ^■^■^'    dôs  micaschistes  plus  quartzeux,   où 

^''"^  \  ils  passent,  au  contraire,  pour  pauvres. 

\¥-'-^' Ils  sont  recoupés,  près  de  la  mine,  par 

^•^  I  -^  un  massif  de  gabbro.  La  puissance  du 

^s£.  gîte  est  assez  variable,  depuis  20  ou 

Fig.  216.  -  Plan  et  coupe  sché-  30  centimètres  jusqu'à  4  ou  5  mètres, 

manques   à   Rciraas  (Storvaris   avec  des  bifurcations  nombreuses,  des 

Grube).  ' 

renflements  et  des  serrées.  En  somme, 
on  a  affaire  à  une  succession  de  petits  amas  sur  lesquels,  paraît-il» 
les  schistes  se  moulent  exactement.  L'étendue  exploitée  est  d'envi- 
ron 100  à  150  mètres  en  direction.  En  inclinaison,  on  s'est  enfoncé 
aujourd'hui  à  1  500  mètres  de  l'affleurement  en  AB  (fig.  216). 
Depuis  quelques  années,  on  a  reconnu,  en  sens  contraire  de  AB  à 
partir  de  Taffleurement,  le  prolongement  du  gîte  en  CD  avec  un 
pendage  en  sens  inverse. 

Dans  ce  gisement,  la  proportion  de  pyrite  de  fer  est  beaucoup 
moins  grande  qu'à  Kongens  Grube.  Au  contraire,  la  chalcopyrite 
est  plus  abondante.  On  trouve,  en  outre,  de  la  blende,  de  la  galène, 
de  la  pyrite  magnétique  et  un  peu  de  nickel  (0,25  p.  100  des 
minerais).  Dans  les  échantillons  provenant  de  cette  mine,  on  voit 
constamment,  au  milieu  de  la  pyrite,  des  lamelles  de  schiste 
intercalées. 

AMuyGrube^  le  gisement  est,  dit-on, également  tout  à  fait  intert- 
stratifié  avec  une  inclinaison  assez  faible,  et  ne  comprend  que 
pyrite  de  cuivre  et  pyrite  magnétique. 

En  résumé,  si  Ton  cherche  à  se  rendre  compte  du  mode  de  for- 
mation de  ces  gîtes,  on  est  conduit  à  supposer  :  ou  bien  qu'il  s'est 
produit,  pendant  le  dépôt  des  schistes  huroniens,  des  venues  sul- 
fureuses qui  ont  pris  la  forme  de  gîtes  sédimentaires  comme  au 
Rammelsberg  et  qui,  se  continuant  encore  après  la  solidification  de 
ces  couches,  ont  rempli  alors  de  véritables  filons;  ou  bien,  que  les 
cas  dlnterstratification  apparente  sont  le  simple  résultat  d'une  cir- 
culation d'eaux  sulfureuses  entre  les  feuillets  des  schistes,  ayant 
donné  des  veines  pyriteuses  intercalées. 


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AMAS   PYRITEUX   DE  FOLDAL    (NORYÉGe)  29i 

Nous  retrouverons  les  mêmes  conditions  de  gisement  et  les 
mêmes  difficultés  à  Foldal,  à  Yigsnaes,  etc.  Nous  sommes  plutôt 
porté  à  voir  là  un  remplissage  hydrothermal  très  ancien,  peut-être 
contemporain  du  métamorphisme  des  terrains  encaissants,  affec- 
tant, suivant  rinclinaison,  comme,  suivant  la  direction,  une  forme 
lenticulaire.  Il  y  a  lieu,  d'autre  part,  de  remarquer  que  les  exploi- 
tants ont  souvent  une  tendance  naturelle  à  considérer  les  forma- 
tions de  ce  genre  comme  sédimentaires,  la  conclusion  de  cette 
hypothèse  étant,  en  principe,  sa  continuité  presque  indéfinie  à  un 
même  niveau  géologique. 

Bibliographie. 

1818.  Hausmann,  —  Reise  durch  Skandinavien,  t.  V,  p.  268. 
1846.  Daubrée.  —  Mines  de  Scandinavie. 

1853.  DucHANOY.  —  Gisements  de  cuivre  de  Norvège.  {Ann.  d.  If.,  5«,  t.  V, 
p.  181.) 

1855.  DuROCHBR.  —  (Ann.  d.  M.) 

1861.  V.  CoTTA,  p.  522. 

*  1873.  Helland.  —  Layers  of  Pyrites  in  certain  States  in  Norway.  Christiania. 

1879.  V.  Groddeck,  p.  15,  18,  78,  151. 

1883.  LoNQUÉTY.  —  Journal  de  voyage  à  l'École  des  Mines,  p.  27. 

1885.  Toqué.  —  Journal  de  voyage  manuscrit  à  l'École  des  Mines,  p.  85. 

1890.  L.  DE  Launay.  —  Notes  de  voyage  inédites. 


AMAS  PYRITEUX  DE  FOLDAL  (norvège) 

Au  Sud-Ouest  de  Riiraas,  à  Foldal,  on  a  autrefois  exploité  des 
amas  de  pyrite  intercalés  dans  |jv, 

les  mêmes  terrains  :  schistes  et  -  • 
leptynites.  Les  imprégnations 
pyriteuses  se  succèdent  là  sans 
continuité  et  en  passant  d'une 
strate  à  Tautré  sur  environ 
1  kilomètre  de  long.  L'amas  le 
plus  important  a  été  reconnu,      ^.    ^.^    ^^   .  a  f^  - — f^n  i 

^  ^  Fig.217.  — Carte  de  la  région  de  Foldal. 

sur     220      mètres     de     long     et    (I^  amas  pyrîtcux  sont  représentés  par  ua  trait  noir.) 

120  mètres  de  profondeur,  avec  une  épaisseur  moyenne  de  4  à 


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292  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

5  mètres  et  des  renflements  atteignant  13  mètres.  Le  minerai 
est  de  la  pyrite  de  fer  contenant  environ  2,2  p.  100  de  cuivre 
et   pas    darsenic.    Des    exploitations»   commencées    en    1748, 


if 


^ 


-.'X^j^iMZe/ 


•8 
1 


~  '--V- v-j-'^^^^i^î^-r-^^v--"--"'-  '->"---'-">"  -'"-::-■'-'''--' 


Fig.  218.  —  Plan  et  coupe  du  gîte  de  Foldal. 

en  ont  autrefois  retiré  près  de  300  000  tonnes  comme  minerai 
de  cuivre.  On  cherche  aujourd'hui  à  reprendre  la  mine  comme 
minerai,  à  la  fois  de  soufre  et  de  cuivre;  mais  la  difficulté  des  com- 
munications n'a  pas  encore  permis  de  donner  suite  à  ce  projet  «. 


AMAS  PYRITEUX  DE  VIGSNAES  (norvège)* 

Il  existe,  en  Norvège,  à  Vigsnaes,  un  gisement  de  pyrite  de  fer 
cuivreuse  qui  présente  quelque  analogie  avec  ceux  de  Roraas. 

Ce  gisement,  situé  dans  Tîle  de  Karmo,  sur  la  côte  Ouest, 
entre  Bergen  et  Stavanger,  a  été  découvert  en  1863  et  exploité 
avec  activité  jusqu'en  1890  par  une  compagnie  minière  belge  qui 
faisait  le  traitement  des  minerais  à  Ilemixen,  près  d'Anvers. 

Dans  les  premières  années,  Textraction  montait  à  4  800  tonnes 
de  minerais  riches  et  non  arsenicaux;  on  a  extrait  ainsi  pour 
près  de  30  millions  de  francs  de  minerai  ;  mais,  peu  à  peu,  les  par- 
ties connues  du  gîte  se  sont  appauvries  et  finalement  épuisées  ; 


«  1889.  Vogt.  Description  de  Foldal. 
•  1881.  Génie  civil,  1. 1,  n»  10. 
1881 .  Chesueau.  Mémoire  manuscrit  à  TEcole  des  mines. 


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AMAS  PYRITEUX  DE  VIGSNAES   (nORVÈGe)  293 

depuis  1889,  on  a  annoncé,  à  diverses  reprises,  la  fermeture  de  la 


mine. 


Situation  géologique.  —  Le  gisement  de  Vigsnaes  est  compris 

20     60     M     W>      30     20     10      0  70    00     50     %0     30     20     .10      0      10     20     30     10      SO^ 

— I 1 1 1 1 1 1 1 —      — 1 1 1         I        I 1 1        I r— I 1 1        » 


N?2 


K?3 


Gxxpe  TCrticalc  ((héanque  ) 
du  gîte  deV^snaes  d'après  W  Paskc. 

Fig.  219.  —  Coupes  du  gîte  de  Vigsnaes. 


Coapes    horizontales  (thktiqoM) 
da  gîte  de  X^gmaes 


dans  une  zone  de  schistes  anciens  et  de  quartzites  bleus  d*âge 
mal  déterminé,  dirigés  à  peu  près  S.E.-N.O.  et  fortement  dislo- 
qués par  de  nombreuses  roches  cristallines,  parmi  lesquelles 
domine  le  gabbro  à  saussurite,  qui  paraît  avoir  une  certaine  rela- 
tion avec  la  formation  métallifère.  Le  pendage  général  des  schistes 
est  dirigé  vers  le  Nord-Est  avec  une  forte  inclinaison. 

Gisements.  —  Aux  affleurements,  on  avait  rencontré  d'abord, 
dans  une  bande  de  schistes  serrée  entre  deux  éruptions  de  gabbro 
à  peu  près  parallèles  à  la  stratification,  un  chapeau  de  fer  de 
petites  dimensions,  imprégné  de  cuivre.  Le  travail  en  profondeur 
a  conduit  ensuite  à  un  amas  de  pyrite  de  fer  chargée  de  chalco- 
pyrite,  dont  les  dimensions  ont  commencé  par  surpasser,  de 
beaucoup,  celles  de  l'affleurement.  Cet  amas  a  la  forme  d'une 
colonne  aplatie  plongeant  de  70  à  73^  vers  le  Nord.  Sa  largeur  en 


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294  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

direction  est  comprise  entre  45  et  90  mètres  (voir  les  coupes, 
Cig.  219).  En  profondeur,  la  couche  qui,  jusqu'à  40  mètres,  a  une 
puissance  assez  constante  comprise  entre  3  et  5  mètres,  se  rende 
subitement  jusqu'à  une  épaisseur  de  15  mètres  et,  un  peu  plus 
bas,  se  subdivise  en  3  rameaux  parallèles  d'épaisseur  variable, 
séparés  par  des  couches  de  schistes.  A  la  profondeur  de  100  mètres, 
le  rameau  le  plus  puissant  se  bifurque,  à  son  tour,  en  deux  couches. 
La  masse  du  minerai  fînit  donc  par  former  4  couches  distinctes. 

Les  schistes,  au  contact  du  minerai,  sont  imprégnés  de  pyrite 
de  fer  et  un  peu  de  quartz  jusqu'à  une  certaine  distance,  18 
mètres  au  Sud.  De  ce  côté  Sud,  ces  schistes  sont  recoupés,  à 
18  mètres  du  gtte,  par  le  gabbro  à  saussurite  contenant  de  nom- 
breux fragments  de  schiste.  Au  Nord,  ils  s'arrêtent  à  une  bande 
de  quartzite,  au  delà  de  laquelle  on  retrouve  le  schiste  non  impré- 
gné. 

En  direction,  les  ramifications  interstratitiées  de  l'amas  se  ter- 
minent toutes  par  des  étranglements. 

Minerai.  —  Dans  ce  gisement,  le  minerai  dominant  est  la  pyrite 
de  fer  saccharoïde  plus  ou  moins  finement  imprégnée  de  chalco- 
pyrite  et  de  blende  ;  tantôt  cette  pyrite  est  mal  a^lomérée  (mine- 
rai friable),  tantôt  très  compacte. 

Aucune  loi  précise  ne  paraît  présider  à  la  répartition  du  cuivre 
et  du  zinc  dans  le  minerai;  toutefois,  on  a  remarqué  souvent  que 
la  partie  supérieure  d'un  amas  est  plus  riche  en  cuivre  que  la 
partie  inférieure. 

La  teneur  en  cuivre  varie  de  0  à  34  p.  100  ;  en  moyenne,  elle 
était  de  3  à  4  p.  100  avec  43  à  45  p.  100  de  soufre  ;  on  y  a  trouvé 
(rarement  il  est  vrai),  des  boules  de  chalcopyrite  pure;  mais  celles- 
ci,  de  même  que  la  blende  pure,  se  rencontrent  uniquement  en 
dehors  des  gites,  sous  forme  de  petites  veines  remplies  par  un 
phénomène  de  sécrétion. 

Les  gangues  normales  associées  aux  minerais  sont  l'amphibole 
plus  ou  moins  fibreuse  ou  altérée,  le  talc,  la  chlorite,  le  carbo- 
nate de  chaux  et  le  quartz. 

D'une  façon  habituelle,  on  trouve  le  plus  souvent  :  au  toit,  de 
a  pyrite  de  fer  blendeuse  avec  de  petits  amas  de  chalcopyrite  ;  au 


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AMAS  PYRITEUX    DE    YIGSNAES   (nORYÊGe)  295 

centre,  de  la  pyrite  de  fer  intimement  mêlée  de  chalcopyrite  ;  au 
mur,  de  la  pyrite  de  fer  non  cuivreuse. 

Le  minerai  est,  surtout  vers  ses  épontes,  mêlé  d'une  assez  forte 
proportion  de  chlorite. 

On  a  admis  une  certaine  relation  d'origine  entre  les  sulfures 
et  le  gabbro  qui,  on  le  sait,  était,  pour  Kjérulf,  la  roche  mère  de 
la  plupart  des  minerais  norvégiens. 

Les  gabbros  de  Norvège  sont  de  plusieurs  natures  :  gabbro 
ordinaire  de  Kongsberg  et  Kongsvinger  souvent  accompagné  de 
pyrites  magnétiques  nickelifères  ;  gabbro  labradorite  de  Loerdal, 
du  SognGord  et  du  Jotanfield  ;  gabbro  à  hornblende,  entouré,  à 
Meinkjœr  près  Bamble,  d'une  zone  pyriteuse  contournée  de  l^ySO 
de  puissance;  enfin  gabbro  à  saussurite,  souvent  chaîné  de  pyrite 
de  fer,  qu'on  trouve  au  voisinage  de  beaucoup  de  gîtes  de  cuivre  : 
Yigsnaes,  Storvarts  (Roraas),  Ytterô,  etc.  Dans  cette  théorie,  les 
gîtes  de  Yigsnaes,  assimilables  aux  fahlbandes  de  Kongsberg  et 
de  beaucoup  d'autres  mines,  seraient  le  résultat  d'une  injection 
sulfurée  ayant  terminé  l'éruption  du  gabbro.  Un  phénomène 
d'exsudation  postérieure,  qu'on  retrouve  dans  la  plupart  des  amas 
pyriteuxy  aurait  déterminé  le  remplissage  de  fissures  minces  par  de 
la  chalcopyrite,  etc.  Ce  qui  semblerait  confirmer  cette  idée,  c'est 
l'existence,  à  Yigsnaes,  d'assez  nombreuses  fractures  minéralisées 
dans  les  schistes,  fractures  reliant  les  principaux  amas  et  la  pré- 
sence, dans  la  masse  pyriteuse,  de  fragments  abondants  de  quartz 
englobés. 

On  sépare  par  triage  : 

l""  Les  minerais  de  pyrite  de  fer  non  cuivreuse  et  massive  uti- 
lisés comme  minerais  de  soufre  ; 

2^  Les  minerais  de  cuivre  en  roche  expédiés  directement  en 
Belgique; 

3""  Les  minerais  de  cuivre  quartzeux,  allant  sur  place  à  une 
laverie  ; 

4^  Les  minerais  de  cuivre  riches  fondus  sur  place  pour  matte; 

5""  Les  minerais  blendeux  non  utilisés. 


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296  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


AMAS  PYRITEUX  DE  RIO-TINTO,  THARSIS,  etc. 

(ESPAGNE)*   ET    SAN-DOMINGOS  (PORTUGAL) 


La  province  d'Huelva,  en  Espagne,  et  la  partie  contiguë  du  Por- 
tugal renferment  des  gisements  de  pyrite  de  fer  cuivreuse  exploités 
depuis  la  plus  haute  antiquité,  repris  avec  activité  depuis  vingt 
ans  et  qui  produisent  aujourd'hui  près  de  45  000  tonnes  de  cuivre 
(2  400  000  tonnes  de  pyrite)  ;  soit  environ  1/6  de  la  production  de 
cuivre  du  monde. 

Ces  gisements  se  présentent  dans  une  longue  bande  métallifère 
Est-Ouest,  allant  de  San-Domingos  à  Séville,  et  large  d'environ 
20  kilomètres,  bande  qui  comprend,  à  la  fois,  des  terrains  siluriens 
et  carbonifères  :  ce  qui  suffirait  seul  et  tout  d'abord  pour  faire 
admettre  leur  origine  filonienne.  Leur  alignement  est  parallèle  à 
la  grande  direction  de  plissement  des  terrains  anciens  du  Sud  de 
l'Espagne  et  comprend,  en  même  temps  que  les  amas  de  pyrite, 
une  série  de  pointements  de  roches  éruptives,  diabases  et  micro- 
granulites,  allongés  dans  le  même  sens  qu'eux  et  très  vraisembla- 
blement en  relation  avec  eux  (voir  fig.  220). 

Les  principales  mines  sont,  de  l'Ouest  à  l'Est  :  dans  une 
première  zone  Nord,  San-Domingos,  Huertade  la  Romanera,  Glo- 
riosa,  El  Carpto,  San-Telmo,  La  Zarza,  Cueva  de  la  Mora,  Aguas- 
Tenidas,  San-Miguel,  la  Concepcion,  la  Poderosa,  Chaparrito,  la 
Pena,  Rio-Tinto,  El  Castillo  de  las  Guardias  au  Nord  de  Séville, 
et,  dans  une  bande  un  peu  plus  au  Sud,  Lagunazo,  Tharsis,  El 
Guto,  la  Coronada,  Azarosa,  Menacillo,  Buitron,  las  Herrerias. 

En  outre,  plus  à  l'Ouest,  cette  zone  se  prolonge  en  Portugal 
par  les  amas  de  la  Caveira  (province  d'Alemtéjo)  ;  à  l'Est,  on 
retrouve,  dans  sa  direction,  les  exploitations  de  Cerro-Muriano 


•  Coll.  Ecole  des  Mines,  1699. 

Nous  renvoyons,  pour  les  détails  sur  ces  gisements,  à  un  mémoire  que  nous  avons 
fait  paraître  en  1889,  dans  les  Annales  des  mines. 


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ma 


Siiîil 


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Google 


298  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

(province   de  Cordoue)  et  de  Barrancanës  près  de  Séville.  Les 
mines  les  plus  importantes  sont  ^  : 

1887  1890 

Rio-Tinto  .   .     1 182  438*  de  pyrite    ou    27  090»  de  cuivre.    30  480»  de  cuivre. 
Tharsis  .  .   .       568193         —  11176        —  10  465        — 

San-Domingos     350  000         —  7  112        —  5  690        -- 

Tous  ces  gisements  se  présentent  dans  des  conditions  très  ana- 
loguesy  en  amas  allongés,  généralement  parallèles  à  la  direction 
des  feuillets  de  schistes  (qui  est  aussi  celle  des  filons  de  por- 
phyre), quelquefois  légèrement  obliques  sur  elle.  Il  paraît  vrai- 
semblable que  les  trois  phénomènes  :  1*"  de  plissement  des  terrains 
encaissants,  silurien  et  culm  ;  2°  d'éruption  porphyrique  ;  3**  de 
formation  métallifère,  sont  en  relation  les  uns  avec  les  autres  et 
représentent  les  trois  phases  successives  d'une  même  action. 

Géologie  générale  de  la  région.  —  Le  silurien  (étage  bohémien)» 
qui  affleure  de  San-Domingos  jusqu'aux  environs  de  Tharsis,  a 
pour  coupe  : 

i^  Ampélites  avec  graptolites  ; 

2<^  Schistes  plus  ou  moÎDs  feuilletés  avec  grauwackes  ; 

3^  Phyllades  argileux  souvent  micacés  avec  ou  saus  uéréites. 

La  mine  de  San-Domingos  est  dans  les  schistes  à  néréites.  Au- 
dessus,  le  carbonifère,  représenté  par  l'étage  du  culm,  est  formé 
de  schistes  argileux  olivâtres  à  feuillets  plus  ou  moins  épais  alter- 
nant avec  des  grauwackes.  Il  a,  au  voisinage  des  gisements  métal- 
lifères, subi  un  métamorphisme  très  prononcé;  à  Rio-Tinto,  on  y 
a  trouvé  des  fossiles. 

Un  plissement,  postérieur  au  carbonifère,  dont  la  trace  se  mani- 
feste jusque  dans  les  Asturies,  a  fait  émerger  la  région  jusqu'au 
tertiaire  et  précédé  la  venue  des  diabases,  microgranulitcs,  ortho- 
phyres,  etc. 

Les  roches  éruptives  comprennent,  dans  la  partie  métallifère  du 
pays,  de  très  nombreux  pointements  de  microgranulites  passant  au 
porphyre  pétrosiliceux ,  de  diabases  à  structure  ophitique  (par 

*  Voir  un  tableau  statistique,  p.  219. 


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AMAS   PTRITEUX  DE  EIO-TINTO   (bSPAGNE)  299 

exemple  sur  Téponte  Sud  de  Tamas  de  San-Domingos)  et  de  por- 
phyrîtes  pyroxéniques.  Nous  allons  décrire  quelques-uns  des  prin- 
cipaux amas  : 

Rio-Tinto.  —  La  coupe  Nord-Sud  du  gîte  de  Rîo-Tinto  pré- 
sente (fig.  221)  :  au  Nord,  des  phyllades  carbonifères  ;  puis,  en 
se  dirigeant  vers  le  Sud,  un  premier  massif  de  porphyre  3  ;  un 

laDeheM 


Fig.  221.  —  Coupe  Nord-Sud  à  Rio-Tinto. 

1,  Phylladet  Iu»trte  ;  S,  Schistes  et  phyllades  argileux  fotsiUrèrefl  ;  3,  3',  3",  Porphyres  ;  4,  4',  Pyrite 

avec  chapeau  de  fer  ;  0,  Couche  ferrugioeuse  tertiaire. 

premier  amas  de  pyrite  i'  dit  Glon  Norte  ;  une  autre  masse  de 
porphyre  3'  ;  le  filon  San-Dionisio  prolongé  à  l'Est  par  le  filon 
du  Sud  (grand  amas  exploité  à  ciel  ouvert)  ;  des  schistes  carbo- 
nifères fossilifères  2  ;  enfin  une  dernière  masse  de  porphyre  3''. 
Une  couche  ferrugineuse  de  3  à  4  mètres  d'épaisseur  est  indiquée 
au-dessus  du  Cerro  de  las  Yaccas  et  de  la  Mesa  de  los  Pinos  ; 
elle  est  d'âge  tertiaire. 

Les  roches  que  nous  venons  de  désigner  par  le  terme  général 
de  porphyres  comprennent  :  en 
3'  des  orthophyres  ;  en  3"  des 
roches  diverses  :  porphyrite  py- 
roxénique  à  l'Ouest  ;  microgra- 
nulite  plus  à  l'Est  et  diabase  du 
côté  de  Naya. 

Le  principal  amas,  dont  l'ex- 
ploitation se  fait  dans  des  propor- 
tions gigantesques  à  ciel  ouvert, 
est  l'amas  du  Sud.  En  plan,  ses 
dimensions  sont  de  550  mètres  sur  120  ;  en  profondeur,  il  a  été 
reconnu  sur  160  mètres  de  haut  (fig.  222). 

C'est  une  masse  confuse  exclusivement  composée  de  pyrite  sans 
quartz  ni  schiste  intercalé,  qui  n'offre  ni  direction  de  cristalli- 


Fit 


.  222.  —  Coupe  verticale   Nord-Sud 
u  filon  du  Sud  à  Rio-Tinto.  Échelle  au 


10  000 


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300  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

sation,  ni  signes  de  concrétion  sur  les  épontes.  Elle  est  formée 
de  pyrite  de  fer  à  2,5  p.  100  de  teneur  moyenne  en  cuivre  avec 
un  peu  de  chalcopyrite,  de  blende  et  de  galène,  et  traversée  par 
des  veines  de  chalcopyrite  et  phillipsite  résultant  probablement 
d'une  sécrétion,  soit  contemporaine  de  la  formation,  soit  posté- 
rieure. Ces  veines  très  riches  en  cuivre  sont  devenues  plus 
abondantes  en  profondeur  ;  mais  cela  semble  résulter  simplement 
de  ce  que,  dans  les  parties  supérieures,  elles  avaient  déjà  été 
enlevées  par  les  travaux  des  anciens. 

Cet  amas  est  enclavé  entre  des  schistes  carbonifères,  métamor- 
phisés  et  blanchis  sur  une  assez  faible  épaisseur,  au  Sud,  et  un 
orthophyre  souvent  tout  à  fait  méconnaissable  (tant  il  est  décom- 
posé, pénétré  de  quartz  et  de  pyrite),  au  Nord.  Du  côté  Est,  Tamas 
s'amincit  et  se  termine  assez  rapidement  ;  à  l'Ouest,  il  se  pro- 
longe en  un  filon  plus  mince  (Qlon  San-Dionisio),  attaqué  souter- 
rainoment. 

Le  filon  du  Nord,  exploité  d'abord  souterrainement  et,  depuis 
1892,  à  ciel  ouvert,  a  une  longueur  reconnue  de  2  kilomètres,  une 
largeur  de  150  mètres.  Entre  les  filons  du  Nord  et  du  Sud,  toute 
la  masse  rocheuse,  que  Ton  a  traversée  par  une  galerie  de  recon- 
naissance, est  à  peu  près  partout  imprégnée  de  pyrite. 

En  outre,  il  faut  noter  que  cet  amas  de  pyrite  était,  comme  tous 
cevLT  du  pays,  couvert  par  un  chapeau  de  fer  hydroxydé  d'une 
vingtaine  de  mètres  d'épaisseur,  résultant  de  son  altération  super- 
ficielle, que  l'on  a  aujourd'hui  fait  disparaître. 

Tharsis.  —  Le  gîte  de  Tharsis  se  compose  de  quatre  amas  :  le 
filon  del  Norte  exploité  sur  600  mètres  de  long  et  atteignant 
140  mètres  de  largeur  maxima  ;  le  Criadero  délia  Sierra  de 
600  mètres  de  long,  100  mètres  de  largeur  maxima,  très  aminci 
à  son  extrémité  Ouest  ;  le  filon  del  Medio  et  le  Criadero  del  Sud 
(inexploité). 

San-Domingos.  —  A  San-Domingos,  en  Portugal,  l'exploitation 
porte  sur  un  grand  amas  de  500  mètres  de  long  et  60  mètres  de 
large,  dirigé  N.  110*"  E.  et  absolument  vertical. 

Sa  constitution  est  la  même  que  celle  du  gîte  de  Rio-Tinto  ; 


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AMAS   PYRITEUX  DE  EIO-TINTO   (eSPAGNe)  301 

mais  la  pyrite  englobe  des  esquilles  importantes  de  schistes 
restées  au  milieu  du  remplissage.  Sur  son  éponte  Nord,  on  trouve 
des  schistes  métamorphiques,  avec  une  brèche  de  quartz  cimentée 
par  de  la  pyrite  qui  apparaît  seulement  vers  Textrémité  Ouest.  Au 
Sud,  il  s'intercale,  entre  la  pyrite  et  les  schistes,  une  diabase  ophi- 
tique  contenant,  dans  quelques  Assures,  du  cuivre  natif  et  trans- 
formée en  une  argile  blanche  au  contact  de  la  pyrite.  L'existence 
de  la  brèche  quartzeuse  de  Téponte  Nord  et  surtout  celle,  dans 
le  corps  de  la  pyrite,  de  grandes  faces  de  glissement  polies  ou 
miroirs,  prouvent  nettement  que  des  mouvements  mécaniques, 
postérieurs  à  la  consolidation,  ont  continué  ceux  qui  avaient 
provoqué  la  venue  de  la  diabase  et  des  métaux. 

Lagnnazo.  —  A  Lagunazo,  Texploitation,  faite  à  ciel  ouvert, 
porte  sur  un  amas  de  15  mètres  sur  ISO  mètres,  entre  des  schistes 
très  altérés  au  Nord,  intacts  au  Sud  ;  un  nerf  de  schistes  est 
intercalé  dans  la  pyrite. 

Confessionario.  —  L'amas  de  Confessionario  a  500  mètres  de 
long  sur  100  de  large.  Il  est  à  peu  près  vertical  et  situé  entre  les 
schistes  anciens  au  Sud,  le  porphyre  au  Nord.  Il  présente  cette 
particularité  de  ne  pas  contenir  de  cuivre  ni  d'arsenic,  mais  seu- 
lement de  la  pyrite  de  fer  à  51  p.  100  de  soufre.  Il  est  accom- 
pagné, au  Nord  et  au  Sud,  par  des  venues  de  pyrite  à  peu  près 
parallèles  qui,  elles,  contiennent  du  cuivre  et  qu'on  a  cru  pouvoir 
considérer  comme  un  peu  postérieures. 

La  Zarza,  Aguas  Tenidas,  etc.  —  En  dehors  de  ces  grands  amas, 
il  existe,  encore,  à  peu  près  partout  dans  le  pays,  des  imprégna- 
lions  pyriteuses  plus  ou  moins  étendues.  C'est  ainsi  qu'à  la  Zarza^ 
on  se  contente  d'exploiter  des  schistes  imprégnés  sans  amas. 

Ailleurs,  on  trouve  une  allure  en  filon  plus  ou  moins  mince  : 
ainsi,  à  Aguas  Tenidas,  où  les  filons,  de  8  à  10  mètres  de  puissance, 
sont  remarquables  par  leur  forte  teneur  en  cuivre  atteignant,  en 
moyenne ,  5  p.  100  de  cuivre  ;  puis ,  aux  deux  extrémités  de  la 
zone  métallifère,  à  Caveira  (Alentejo)  et  près  de  Séville, 


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302  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Minerais.  —  Comme  remarque  générale,  nous  ajouterons  que 
ces  pyrites  contiennent  presque  toujours  quelques  traces  de 
métaux  précieux,  généralement  insufQsantes  pour  valoir  les  frais 
d'une  extraction  et  toujours,  même  lorsqu'on  les  extrait,  comme 
à  Tharsis,  de  peu  d'importance  pour  la  valeur  du  minerai. 

Ce  minerai,  une  fois  extrait  de  la  mine,  est  généralement  divisé 
en  plusieurs  catégories  destinées  à  subir  un  traitement  différent  : 

1**  Les  minerais  au-dessous  de  3  p.  100,  traités  sur  place; 

2**  Les  minerais  de  3  à  6  p.  400,  exportés  en  Angleterre  ou  en 
Allemagne  ; 

3**  Les  minerais  au-dessus  de  6  p.  100  fondus  à  Rio-Tinto  ; 

4^  Les  minerais  plombo-cuivreux,  mis  de  côté  jusqu'ici  à  cause 
des  inconvénients  du  plomb  dans  le  traitement  ordinaire. 

Les  minerais  au-dessous  de  3  p.  100  sont  soumis  :  soit  à  une 
cémentation  simple  comme  à  San-Domingos  (dissolution  du  cuivre 
par  arrosage  à  Teau  et  précipitation  par  le  fer),  soit  à  une  cémen- 
tation artificielle,  après  grillage  chlorurant,  en  tas  additionnés  de 
sel  marin,  comme  à  Rio-Tinto. 

Les  minerais  riches  sont  fondus  à  Rio-Tinto  dans  des  fours  à 
manche  rappelant  le  type  américain. 

Bibliographie, 

4883.  CuMENGK.  — Notes  sur  Rio-Tinto  (Chaix). 

1883.  Pernolet.  —  Rapport  sur  les  mines  d'Aguas  Tenidas. 

1885.  CoLUNs.  —On  the  geology  of  the  IMo  Tinto  mines.  (The  quaterly 
Journal  ofthe  geological  Society,  vol.  XLI,  p.  245.  London,  1885.) 

1887.  Deumié.  —  Sur  les  gisements  de  pyrite  cuivreuse  de  la  province 
d'Huelva.  ilnd,  min.,  1887.) 

*  1887-1891.  GoNZALO  y  Tarin.  —  Description  de  la  province  d'Huelva,  3  vol. 

1889.  L.  DE  Launay.  —  Industrie  du  cuivre  dans  la  région  d'Huelva.  {Ann. 
d.  If.,  noY.  1889.)  Nous  avons  inséré,  dans  ce  mémoire,  une  bibliographie 
détaillée. 

AMAS  PYRITEUX  D'AGORDO  (vénétie) 

Le  célèbre  amas  de  pyrite  de  fer  cuivreuse  d*Agordo  dans  les 
Alpes  de  Vénétie,  exploité  par  les  ingénieurs  du  gouvernement 
italien,  est  d'une  époque  géologique  mal  déterminée.  Il  est  situé 
aa  Sud  d'Agordo,  dans  le  val  Imperia  et  enveloppé  de  schistes 


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AMAS   PYRITEUX   d'aGORDO    (vÉNÉTIe)  303 

argileux  qu'entourent  complètement  des  roches  triasiques.  Suivant 
les  uns,  son  origine  serait  en  relation  directe  avec  ces  roches  ; 
suivant  d'autres  (V.  Groddeck),  il  n'existerait  aucun  rapport  entre 
ces  deux  phénomènes. 

Cotta  compare  la  forme  extérieure  du  gîte  à  celle  d'un  saucis- 
son renflé  et  aplati,  dont  le  grand  axe,  très  couché,  plongeant  de 
20**  vers  le  N.-E.,  représenterait  la  direction  générale  de  l'amas 
connu,  suivant  cette  direction,  sur  une  longueur  de  254  mètres. 
En  profondeur,  d'après  Schmidt,  il  se  termine  en  coin  vers 
150  mètres.  La  puissance  varie  de  4  à  80  mètres.  Le  minerai  est 
un  mélange  à  grain  très  fin  de  pyrite  de  fer,  de  pyrite  de  cuivre 
et  d'un  peu  de  quartz.  La  teneur  moyenne  en  cuivre  n'est  guère 
que  de  1,70  p.  100.  Comme  éléments  accessoires,  on  trouve  de 
la  galène  argentifère,  de  la  blende,  du  cuivre  gris  argentifère,  de 
la  pyrite  arsenicale  et  de  la  calcite.  En  somme,  on  constate  beau- 
coup d'analogies  avec  Rio-Tinto  ;  ce  qui  a  fait  supposer  que  les  deux 
gîtes  étaient  du  même  âge.  Ce  rapprochement  se  poursuit  dans  le 
détail  :  les  schistes,  au  contact,  sont  pénétrés  de  pyrite  et  altérés  ; 
des  esquilles  de  schiste  subsistent  dans  le  gîte;  de  nombreuses 
faces  de  glissement  polies,  ou  miroirs,  traversent  la  pyrite,  etc.. 

Au  point  de  vue  industriel,  ce  gîte,  qui  paraissait  colossal  avant 
la  découverte  de  Rio-Tinto,  est  aujourd'hui  condamné.  Il  y  a  quel- 
ques années,  on  estimait  que  son  volume  total  avait  dû  être  de 
176  000  mètres  cubes.  La  mine,  étant  exploitée  par  l'Etat,  doit 
nourrir  toute  une  population  d'employés  ;  on  est  forcé  de  vendre 
le  fer,  le  cuivre,  réglementairement,  à  heure  fixe,  etc. 

Bibliographie. 

1846.  Haidinger.  —  Analyse  des  minerais  de  cuivre  d'Agordo.  (fi.  S.  G.,  2®, 
t.  IV,  p.  164.) 

1855.  Haton  de  la  Godpillère.  —  Mémoire  sur  Agordo.  {Ann.  d.  M,,  5«, 
t.  VIII.) 

1868.  Pellati.  —  Relaz.  Ind.  Miner.  (Stattist.  Regno  Italia.)  Firenze. 

1879.  Mazzuou.  —  Traitement  des  minerais  par  voie  humide  à  Agordo. 
(Ann.  d.  Jf.,  7«,  t.lX,  p.  190.) 

1883.  d'Achiardi.  — •  I  minerali,  etc.,  t.  I,  p.  331. 


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304  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


G.  —  FILONS  DE  CUIVRE  GRIS 


Les  filons  de  cuivre  gris,  qui  donnent  souvent  de  grandes  espé- 
rances au  début  de  leur  exploitation  en  raison  de  leur  richesse 
en  cuivre  et  souvent  en  métaux  précieux,  ne  se  prolongent,  le  plus 
souvent,  que  fort  peu  en  profondeur  ;  bientôt,  la  chalcopyrite  se 
substitue  au  cuivre  gris  ;  la  teneur  en  argent  diminue  ;  parfois  même 
le  filon  se  coince  et  le  gîte  devient  inexploitable.  Cependant  nous 
décrirons,  au  chapitre  de  Tilry^n/,  des  gîtes  de  cuivre  gris  argenti- 
fère très  riches,  comme  ceux  de  Bolivie.  Le  cuivre  gris  est  fré- 
quemment ai^entifère  ;  quelquefois,  il  est  aurifère,  quand  il  est 
antimonieux.  Sa  gangue  habituelle  est  la  sidérose  qui  représente 
peut-être,  sous  une  autre  forme,  le  fer  que  Ton  retrouve  plus  bas 
dans  la  chalcopyrite.  C'est  le  cas  des  gîtes  de  la  Sierra-Nevada  en 
Espagne,  de  la  Mouzaîa  en  Algérie,  etc. 

Parfois  aussi,  la  gangue  est  barytique  ;  c'est,  en  particulier,  ce 
qui  arrive  pour  certains  cuivres  gris  antimonieux  faisant  partie 
d'un  remplissage  complexe  où  Ton  trouve  du  mercure,  rattaché 
à  l'antimoine  par  certaines  affinités  obscures  :  dans  le  Tyrol, 
par  exemple,  et  en  Bosnie.  Les  filons  dlluanchaca  (Bolivie),  dont 
la  richesse  a  été  constatée  jusqu'à  SOO  mètres  de  profondeur, 
rentrent,  au  moins  dans  leurs  parties  hautes,  dans  le  groupe 
des  cuivres  gris  à  gangue  barytique,  associés  avec  de  Tantimoine 
(stibine)  un  peu  aurifère.  En  profondeur,  la  baryte  y  a  été  rempla- 
cée par  du  quartz. 

Enfin,  nous  citerons  un  exemple  de  cuivre  gris  à  gangue 
quartzeuse  au  Mexique,  quand  nous  reviendrons  sur  les  cuivres 
gris  argentifères  de  ce  pays  au  chapitre  de  VArgenl. 


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CUIVRES  GRIS  DE  LA   SIERRA-NEVADA  305 

CUIVRES  GRIS  DELA  SIERRA-NEVADA* 
{Filons  de  cuivre  gris  à  gangue  de  sidérose.) 

La  Sierra-Nevada,  qui  forme  une  ride  Est-Ouest  entre  le 
Guadalquivir  et  la  Méditerranée,  est  constituée  principalement 
de  schistes  anciens  et  de  micaschistes,  dirigés  environ  E.-O. 
comme  la  plupart  des  grands  accidents  de  la  péninsule.  Au  pied 
de  la  chaîne,  sont  des  lambeaux  de  jurassique  redressés,  puis  des 
terrains  tertiaires  miocènes  avec  des  couches  de  lignite,  un  peu 
de  soufre  et  des  efflorescences  nitreuses  ;  enGn,  des  alluvions 
et  des  poudingues  quaternaires  s*étendent  au  bord  du  fleuve, 
près  de  Grenade,  poudingues  qui  semblent  avoir  une  inclinaison 
plus  forte  que  celle  compatible  avec  les  phénomènes  de  dépôt 
torrentiel,  en  sorte  qu*on  a  supposé  un  mouvement  d'affaissement 
très  récent.  Ces  alluvions  sont  assez  fortement  aurifères  (4  à 
5  grammes  par  mètre  cube)  ;  mais  on  manque  d'eau  pour  les 
exploiter. 

Les  gîtes  cuivreux  sont  concentrés  autour  de  la  région  des 
grandes  cimes  de  la  Sierra-Nevada,  Muley-Hacen  (3554  mètres), 
la  Velata  (3480  mètres),  Alcazaba  (3  330  mètres).  Ce  sont  des 
filons  dont  le  remplissage  est  formé  exclusivement  de  1er 
spathique,  de  chalcopyrite  et  de  cuivre  gris  et  où  Ton  trouve 
souvent,  aux  affleurements,  8  à  10  kilogrammes  d'argent  par  tonne 
de  cuivre  gris.  Malheureusement,  ces  filons  ont  été  disloqués  posté- 
rieurement à  leur  formation,  avec  les  couches  qui  les  encaissent, 
et  sont  devenus  absolument  discontinus.  Cette  irrégularité  d'allure, 
jointe  à  la  substitution  habituelle,  en  profondeur,  delà  chalcopyrite 
peu  argentifère  au  cuivre  gris,  a  causé  de  grandes  déceptions. 
Aujourd'hui,  presque  tous  les  gîtes  du  versant  Nord  sont  aban- 
donnés; c'étaient:  Guadiz,  Trebelez,  Santa- Constanza  et  Lan- 
tegra. 
Un  second  groupe,  qui  sera  sans  doute  exploité  lorsqu'on  aura 

*  Coll.  Ecole  des  Mines,  1645.  —Rapports  inédits  de  MM.  Fucbs  et  Gumenge. 
g£ologii.  —  T.  ji.  20 


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306  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

ouvert  la  ligne  de  Grenade  à  Alméria,  se  trouve  autour  de  Santa- 
Félicia. 

Enfin,  près  des  sources  du  Génil,  sur  le  versant  Sud,  se  trouve 
le  groupe  de  Guéjar-Sierra.  Dans  ce  dernier  groupe,  les  filons  sont 
généralement  assez  pauvres  et  inexploitables,  à  l'exception  peut- 
être  de  ceux  des  environs  de  San-Andrès.  Là,  il  existe  un  fllon 
de  chalcopyrite  avec  veines  de  cuivre  gris,  renfermant  aux  affleu- 
raments  environ  6  à  7  p.  100  de  cuivre  et  150  grammes  d'argent 
à  la  tonne,  soit  de  70  à  75  francs  par  mètre  carré  de  surface  de 
filon. 


CUIVRES  GRIS  D'ALGÉRIE' 

(mouzaïa,  milianah,  djebel-téliouïne) 

L'Algérie  produit  une  certaine  quantité  de  pyrites  cuivreuses 
(8  700  tonnes  en  1889)  dans  la  mine  à  remplissage  complexe  de 
Kef-Oum-Theboul*.  On  y  a,  en  outre,  tenté  quelques  exploita- 
tions, aujourd'hui   abandonnées,  sur  des  gîtes  de  cuivre  gris. 

Il  existe,  en  effet,  à  l'Ouest  d'Alger,  entre  le  cap  Ténès  et  la 
Mouzaïa,  sur  une  distance  d'environ  150  kilomètres,  une  zone 
cuivreuse,  depuis  longtemps  signalée  et  décrite  par  Burat,  que  pro- 
longe, au  Sud  de  Bougie,  une  autre  zone  reconnue  entre  Aït-Abbés 
et  Djebel-Babor,  sur  environ  50  kilomètres  de  long. 

1**  La  première  zone,  qui  comprend  le  massif  de  Milianah,  est 
formée  surtout  de  terrain  crétacé  recoupé  par  des  roches  éruptives, 
ophites,  etc.  On  y  a  fait  d'assez  nombreuses  recherches  aux  environs 
de  Mouzaïa,  à  Milianah  et  près  de  Ténès.  Les  résultats,  peut-être 
par  suite  de  la  dissémination  trop  grande  des  travaux,  ont  donné 
des  résultats  peu  favorables. 

•  Coll.  Ecole  des  Mines,  1664  et  1762. 

1869.  Ville.  Notices  sur  les  gîtes  minéraux  d'Algérie.  {Ann.  d.  M,,  6%  t.  XVI,  p.  144.) 
1879.  Czyszkowski.  Explic.  sur  les  gttes  récemment  déc-ouveils  au  SuddeBougie. 

Simonin.  Not.  sur  les  usines  à  cuivreetà  antimoine  des  Bouches-du-Rhône. 

{Ind.  min,,  t,  III,  4*  liv.) 
1883.  DUchiardi,  t.  I,  p.  365. 

*  Voir,  plus  haut,  page  269;  cf.  :  1892.  Dorion.  Cuivre  du  cercle  d*Aîn-SefJra  (Sud- 
Oranais).  (Impr.  Schiller.) 


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CUIVRE   GRIS  A   GANGUE  DE  RARTTINE  DE  ROSNIE  307 

D*une  manière  générale,  on  peut  dire  que  les  gîtes  sont  en  filons 
bien  caractérisés,  presque  verticaux,  contenant  de  la  pyrite  cui- 
vreuse et  du  cuivre  gris  argentifère  avec  une  gangue  de  sidérose, 
barytine  et  calcite.  A  Mouzaïa^  Ton  a  constaté  que  la  proportion  de 
cuivre  gris  et  d'argent  diminuait  assez  vite  en  profondeur  pour 
faire  place  à  la  chalcopyrite  ;  en  revanche,  de  petites  veines  rami- 
fiées à  la  surface  se  sont  réunies  plus  bas. 

2^  La  zone  au  Sud  de  Bougie  forme  le  prolongement  de  la  pré- 
cédente ;  elle  est  située  dans  les  massifs  montagneux  de  Bou- 
Amran,  Téliouïne  et  Babor. 

Les  crêtes  de  ces  massifs  sont  composées  de  calcaires  reposant 
sur  des  schistes  et  calcaires  jurassiques  ;  plus  près  de  la  mer,  on 
observe  le  crétacé  et  le  nummulitique.  Ces  terrains  sont  recoupés 
par  desophites,  diorites,  etc.,  analogues  à  celles  de  la  Mouzaïa,  qui 
ont  exercé  un  métamorphisme  notable  sur  les  terrains  au  contact. 

Ces  gîtes  se  présentent,  de  même,  sous  forme  de  petites  veines 
de  cuivre  gris  argentifère,  à  gangue  de  sidérose,  barytine  et 
calcite.  Ces  filons,  qui  paraissaient  riches  à  la  surface,  se  sont, 
comme  à  la  Mouzaïa,  rapidement  coincés  en  profondeurs.  Les 
seuls  qui  aient  donné  quelques  résultats  sont  ceux  de  Téliouïne. 


CUIVRE   GRIS    A    GANGUE    DE    BARYTINE 
ET    PARFOIS   ACCOMPAGNÉ  DE  CINABRE 

DE   KRESEVO   ET  PROZOR  (BOSNIE),  KLEINKOGL  (tYROL),  ETC.. 

Le  village  de  Kresevo  est  situé  en  Bosnie  à  la  même  latitude 
que  Serajevo  et  à  32  kilomètres  de  cette  ville. 

Le  gouvernement  autrichien  y  a  exploré  en  détail,  dans  ces 
dernières  années,  des  gisements  de  cuivre  gris  très  anciennement 
connus.  Quoique  ces  travaux  niaient  pas  conduit  à  un  résultat 
pratique,  ils  n'en  sont  pas  moins  intéressants  au  point  de  vue  géo- 
logique. 

Les  gîtes  sont  situés  à  l'extrémité  Sud  d'un  grand  Ilot 
de  terrains  triasiques  et  paléozoïques  recoupés  par  des  trachytes. 


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308  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Dans  la  partie  minéralisée,  on  a  affaire  à  des  calcaires  et  dolomies 
du  trias  et  à  des  schistes  analogues  aux  schistes  de  Werfen.  On 
y  trouve  un  grand  nombre  de  filons  de  barytine  renfermant  des 
veines  et  mouches  de  cuivre  gris  irrégulièrement  disséminées. 
Généralement  le  long  d'une  fracture,  quelquefois  très  mince  et  dif- 
ficile à  retrouver,  les  calcaires  ont  été  irrégulièrement  rongés  et  les 
vides  remplis  de  barytine  ;  c'est  surtout  dans  Taxe  de  ces  poches 
que  se  trouve  le  cuivre  gris,  parfois  oxydé  à  la  surface. 

Tous  les  minerais  ont  une  composition  analogue  qui  est,  pour 
les  échantillons  purs  triés  avec  soin  au  laboratoire  : 

Cuivre 35  à  40  p.  100. 

Argent 5  à    6  kilos  à  la  tonne 

Mercure 2  à    3  p.  100. 

Antimoine 29  à  30      — 

Arsenic 2à3      — 

La  valeur  contenue  dans  un  mètre  carré  de  filon  par  chaque 
millimètre  d'épaisseur  est  d'environ  10  francs,  tandis  qu'il  faut 
compter,  pour  lexploitation  et  le  traitement  du  même  volume, 
près  de  150  francs. 

Dans  la  même  région,  le  M.  Inac,  au  N.-O.  de  Kresevo,  ren- 
ferme, dans  le  calcaire  dolomitique,  un  filon  de  cinabre  très  régu- 
lier, mais  également  d'une  richesse  insuffisante. 

Les  deux  substances,  cinabre  et  cuivre  gris,  avec  gangue  de 
barytine ,  se  trouvent  encore  associées  dans  le  même  filon ,  à 
Prozor^  toujours  en  Bosnie,  au  voisinage  d'un  filon  de  cuivre 
gris  argentifère  à  200  grammes  d'argent  par  tonne  avec  sidérose 
et  barytine,  encaissé  dans  les  schistes  de  Werfen.  Nous  revien- 
drons sur  ces  gîtes  au  chapitre  du  Mercure. 

Dans  le  Kleinkogl,  sur  le  versant  Sud  de  la  vallée  de  l'Unterinn, 
au  Sud-Ouest  de  Brixlegg,  on  trouve  des  minerais  de  cuivre  ana- 
logues, traités  dans  l'usine  à  cuivre  de  Brixlegg,  minerais  dont  la 
gangue,  au  lieu  d'être  spathique,  est  également  barytique;  ce  sont 
des  cuivres  gris  antimonieux  contenant  du  mercure,  du  cobalt  et 
du  nickel  avec  de  la  barytine,  de  la  sidérose  et  de  la  calcite. 


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CUIVRE    NATIF    DU    LAC    SUPÉRIEUR  309 


D.  —  GISEMENTS  DE  CUIVRE  NATIF 
LAC  SUPÉRIEUR* 

Nous  avons  mentionné  plus  haut  diverses  mines  où  le  cuivre 
natif  se  présentait  comme  rareté  minéralogique,  San-Domingos 
par  exemple  ;  nous  avons  même  signalé  des  gisements  de  New- 
Jersey  où  le  cuivre  natif,  associé  à  la  phillipsite,  finit  par  former 
un  véritable  minerai  au  contact  de  diorites  avec  des  grès  du  trias. 
Mais  le  véritable  type  des  gisements  de  cuivre  natif,  ce  sont  les 
fameuses  mines  du  lac  Supérieur,  qui  étaient  encore,  en  1886, 
avant  le  développement  énorme  des  mines  du  Montana,  le  prin- 
cipal centre  de  production  du  cuivre  dans  le  monde  et  qui 
peuvent,  d'un  jour  à  l'autre,  reprendre  leur  proéminence.   • 

Géologie  de  la  région.  —  La  région  du  lac  Supérieur,  qui  est, 
depuis  longtemps,  un  centre  industriellement  très  important,  est 
aujourd'hui  fort  bien  connue,  au  point  de  vue  géologique,  grâce 
aux  beaux  travaux  de  M.  Irving. 

On  y  rencontre  un  exemple  remarquable,  méconnu  avant 
M.  Irving,  de  roches  précambriennes  appartenant  à  la  série  acide, 
roches  que  M.  Irving  a  pu  comparer,  malgré  quelques  divergences, 
aux  roches  tertiaires  et  post-tertiaires.  La  coupe  de  la  région  (voir 
fig.  223)  est  la  suivante  : 

n«  Royale  Pomu  de  Kewevnow 

L.  Super 

S£. 


Fig.  223.  —  Coupe  NO. -SE.  de  la  région  du  lac  Supérieur.  U.  Huronien. 

H.  buronien  (qoartzite*  et  minerai  de  fer).  —  1 ,  diabases,  gabbros  et  mélaphyres.  —  S,  porphyre* 

Îaartzifêres.  ~  3  et  5,  diabases  et  mèlapbyres  amygdaloides.  —  4,  grès  et  conglomérats  intercalés.  — 
,  Khisles  et  gr^  rouges.  —  7,  grès  de  Postdam  (Cambrien  discordant). 

   la  base,  le   huronien   avec  schistes  micacés,  quartzites  et 
Coll.  Ecole  des  Mines,  1526.  Voir  1. 1,  p.  719,  les  minerais  de  fer  de  la  môme  région. 


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310  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

minerais  de  fer,  emplit,  dans  le  gneiss,  une  série  de  cuvettes 
isolées  ;  puis  vient  la  série  cuprifère,  également  précambrienne,  de 
Keweenaw,  qui  forme,  autour  du  lac  Supérieur,  un  bassin  syn- 
clinal de  100  000  kilomètres  carrés  ;  le  centre  en  était  occupé  par 
les  grès  du  silurien  inférieur  et  correspond  à  la  cuvette  lacustre 
actuelle.  Des  deux  côtés,  on  retrouve  symétriquement  la  môme 
série,  composée  de  plus  de  10  000  mètres  de  couches,  dont  le 
tiers,  au  moins,  est  formé  par  des  roches  éruptives  (diabases, 
gabbros,  porphyres  quartzifères,  mélaphyres,  etc.).  Une  faille  très 
accentuée  met,  au  Sud,  cette  série  éruptive  en  contact  avec  les  grès 
cambriens  de  Postdam ,  surmontés  plus  loin  horizontalement 
par  des  buttes  de  calcaire  de  Trenton.  Il  y  a  discordance  nette 
entre  le  cambrien  et  le  keweenaw  de  même  qu'entre  le  huronien 
et  le  gneiss,  tandis  qu'en  France  et  dans  l'Europe  centrale,  la 
concordance  est  toujours  absolue  entre  les  micaschistes,  schistes 
à  séricite  et  phyllades,  la  première  discordance,  lorsqu'elle  existe 
(Plateau  central  et  Bohème),  se  trouvant  entre  les  phyllades  et  le 
système  silurien. 

La  série  éruptive  est  nettement  contemporaine  des  couches 
précambriennes  de  Keweenaw,  où  on  la  trouve  intercalée  et  dont 
elle  épouse  toutes  les  inflexions.  Elle  résulte,  d'après  M.  Irving, 
de  coulées  analogues  à  celles  des  laves  et  rarement  d'injections 
postérieures  ;  sa  composition  est  la  suivante  : 

A  la  base,  viennent  des  diabases,  des  gabbros  à  gros  grains, 
avec  et  sans  olivine,  et  quelques  roches  uniquement  formées 
d'anorthite.  Plus  haut,  apparaissent  des  diabases  à  grains  fins, 
passant  à  des  porphyrites  et  à  des  mélaphyres  av€fc  lits  amygdalins  ; 
les  amygdales,  en  général  disposées  à  la  partie  supérieure  des 
coulées,  sont  souvent  remplies,  par  ime  action  secondaire,  de  cal- 
cite,  chlorite,  quartz  et  cuivre  natif.  Des  lits  de  conglomérats,  plus 
rares  à  la  base,  alternent  avec  ces  roches. 

Puis  on  trouve  une  coulée  puissante  de  porphyres  quartzifères, 
en  partie  pétrosiliceux,  dépassant  1000  mètres  d'épaisseur.  Au- 
dessus,  des  diabases  et  mélaphyres  amygdaloïdes  (3  et  5)  alternent, 
de  nouveau,  avec  des  sables  et  conglomérats  (4)  ;  enfin,  la  partie 
supérieure  est  composée  de  grès,  schistes  et  conglomérats,  attei- 
gnant encore  5  000  mètres  de  puissance  et  présentant  des  variétés 


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CUIVRE    NATIF    DU    LAC   SUPÉRIEUR  311 

de  grès  rouges  très  analogues  aux  grès  rouges  des  séries  plus 
récentes  de  l'Europe. 

Les  lits  détritiques,  qu'on  trouve  intercalés  à  divers  niveaux 
dans  la  série,  mais  particulièrement  à  son  sommet,  sont  formés 
surtout,  d'après  M.  Irving ,  de  fragments  de  roches  acides  et 
paraissent  résulter  souvent  d'une  destruction  presque  contempo- 
raine de  leurs  coulées  sous -marines.  Leur  production  est  en 
rapport  avec  le  mouvement  d'affaissement  du  fond  du  synclinal 
du  lac  Supérieur  et  avec  le  phénomène  de  rapprochement  de  ses 
bords  qui  s'est  poursuivi  pendant  tout  le  dépôt  de  la  série. 

En  résumé,  M.  Irving  a  comparé  ces  épanchements  de  roches 
précambriennes  aux  coulées  de  roches  tertiaires,  avec  cette  diffé- 
rence que  Tordre  de  succession  des  coulées  acides  et  basiques 
paraît  beaucoup  plus  confus  que  dans  les  éruptions  récentes  et  que 
les  cinérites  font  défaut.  Nous  allons  voir  quel  lien  rattache,  à 
ces  roches,  les  gîtes  métallifères. 

Gîtes  métallifères.  — Le  fer  se  trouve,  comme  nous  Tavons  dit, 
au  voisinage  du  lac  Supérieur,  interstratifié  dans  les  couches 
huroniennes  de  la  base  du  bassin  ;  le  cuivre  apparaît,  au  contraire, 
exclusivement  dans  la  série  de  Keweenaw,  habituellement  sous 
forme  de  cuivre  natif,  rarement  à  l'état  d'oxyde  et  de  sulfure,  et 
toujours  en  relation  avec  les  roches  basiques  vacuolaires  ou  altérées, 
jamais  avec  les  roches  acides.  D'une  façon  générale,  on  peut  dire 
qu'il  résulte,  au  milieu  de  ces  roches  et  des  conglomérats  associés, 
de  venues  aqueuses,  légèrement  postérieures  à  leur  épanchement, 
venues  ayant,  soit  rempli  des  fissures,  soit  pénétré  par  porosité 
dans  la  pâte  même  des  roches  et  surtout  dans  leurs  vacuoles.  Sa 
présence,  comme  nous  le  montrerons  bientôt  plus  en  détail,  est 
en  rapport  avec  un  métamorphisme  de  ces  roches  qui  y  a  déve- 
loppé de  la  chlorite,  de  l'épidote,  etc.,  et  provient  nettement 
d'actions  secondaires.  Peut-être  est-il  permis  d'établir  un  certain 
parallélisme  entre  celte  association  ancienne  de  cuivre  et  de  coulées 
de  roches  et  celle  que  nous  retrouverons,  sous  une  forme  com- 
parable, à  l'époque  tertiaire,  au  Boleo  et  au  Caucase. 

Les  plus  importantes  régions  cuprifères  sont  : 

1*  Avant  tout,  la  pointe  de  Keweenaw  (fig.  224).  Là  se  trouvent, 


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312 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


au  Nord  de  la  baie  de  Keweenaw  :  Portage;  Calumet  andHecla^ 
la  plus  grande  mine  du  lac  Supérieur,  produisant  18000  tonnes  par 
an;  Quincy  produisant  2  200  tonnes;  Osceola  (près  de  Calumet), 


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Fig.  224.  —  Carte  géologique  de  la  région  du  lac  Supérieur  (d'après  M.  Imng). 
1,  Copperfels.  —   2,  North  West,  etc.  —  3,  Gliff.  —  4,  Minnesota.  —  5,  Toltek.  —  6,  Adventare. 

7,  Ridge. 


1  600  ;  Central  Mine  (la  mine  où  Ton  trouve  les  plus  grandes 
masses  de  cuivre  natif);  puis  Copperfels  (partie  Nord);  Cliffmine; 
South'Cliffe ;  Norih-Westem;  etc.  :  mines  pour  la  plupart  alignées 
(sauf  Quincy  et  Copperfels)  sur  une  zone  dediabases  et  mélaphyres 
avec  conglomérats  intercalés  ; 

2*"  La  région  d^Otonagon,  plus  au  Sud,  comprenant  la  mine 
Minnesota,  où  le  cuivre  se  trouve  disséminé  dans  les  mélaphyres 
en  bancs  généralement  parallèles  à  la  stratification  ; 

3^  Utle  Royale  et  le  bord  Nord  canadien  du  lac. 

Credner,  et  Groddeck  à  sa  suite,  ont  distingué  quatre  gisements 
différents  du  cuivre  : 

1**  Filons  de  fracture  (Copperfels  :  filon  Owl-Creck)  ; 


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CUIVRE  NATIF    DU    LAC   SUPÉRIEUR  313 

2*"  Ciment  ou  élément  accessoire  du  ciment  grenu  d'une 
brèche  de  porphyre  pétrosiliceux,  située  dans  les  mélaphyres  ; 

3""  Éléments  accessoires  des  épidotites  intercalées  en  lits  irré- 
guliers dans  le  mélaphyre  (Concorde)  ; 

4^  Remplissage  complet  ou  partiel  des  amygdales  des  bancs  de 
mélaphyres  amygdaloïdes. 

M.  Irving,  que  nous  suivrons  de  préférence,  classe  les  trois 
derniers  types  en  un  seul  groupe  : 

V  Filons  de  fracture.  —  Les  filons  de  fracture  ont  été  seule- 
ment exploités  pour  cuivre  dans  la  pointe  de  Keweenaw.  Ils  s'y  pré- 
sentent avec  des  largeurs  très  variable^,  pouvant  atteindre  jusqu'à 
10  mètres,  mais  habituellement  restreintes  entre  1  et  3  mètres.  Au 
filon  Cliff,  la  largeur  est  de  0,30  à  l  mètre  ;  au  filon  Owl-Creck  de 
la  mine  Copperfels,  elle  atteint  8°*,50.  Les  parties  riches  s'y  ren- 
contrent uniquement  dans  les  diabases  amygdaloïdes  ou  à  texture 
lâche,  tandis  que  les  roches  compactes  et  massives  contiennent 
à  peine  de  cuivre  ;  et  cette  relation  de  la  richesse  avec  la  poro- 
sité des  roches  encaissantes  se  retrouve,  jusqu'à  un  certain  point, 
à  l'intersection  des  bancs  gréseux.  Les  filons,  souvent  presque 
verticaux,  ne  se  présentent  pas,  en  général,  sous  forme  de  fractures 
nettes,  mais  sous  ferme  d'une  imprégnation  progressive  des 
épontes  partant  d'un  réseau  de  fissures  plus  ou  moins  complexe 
et  affectant,  par  suite,  l'allure  d'un  stockwerck.  Le  remplissage 
comprend  :  quartz,  calcite  et  prehnite,  avec  débris  des  roches 
voisines  ;  les  veines  uniquement  formées  de  calcite  sont  générale- 
ment stériles.  Le  cuivre  natif,  associé  avec  un  peu  d'argent,  est, 
soit  en  veines,  soit  en  masses,  qui  peuvent  atteindre  de  très  grandes 
dimensions. 

L'origine  et  le  rôle  de  ces  veines  filoniennes  dans  la  formation 
cuprifère  ont  été  l'objet  de  grandes  discussions.  On  les  a  souvent 
considérées  comme  de  véritables  filons,  ayant  servi  de  chenaux 
d'arrivée  au  cuivre,  qui  se  serait  répandu  de  là  dans  les  terrains 
encaissants.  C'était  la  théorie  exposée,  tout  au  début  des  exploi- 
tations, par  Rivot;  suivant  lui,  l'action  électrique  des  diabases 
(trapps)  avait  été  la  cause  de  la  précipitation  du  cuivre  apporté 
par  ces  fractures,  à  la  rencontre  de  ces  roches.  M.  Irving  est  d'un 


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314  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

avis  différent  ;  pour  lui,  le  remplissage  de  ces  veines  résulte  uni- 
quement, comme  celui  des  amygdales  des  diabases  dont  nous  par- 
lerons plus  loin  *  et  par  un  phénomène  connexe,  de  la  circulation 
d'eaux  ayant  produit,  par  remise  en  mouvement  secondaire,  le 
dépôt  du  cuivre.  Les  veines,  à  son  avis,  correspondent  assurément 
à  des  fissures  préexistantes  du  terrain  que  les  eaux  ont  suivies, 
au  lieu  d'épouser,  comme  ailleurs,  les  plans  de  stratification;  mais 
le  filon  que  nous  voyons  aujourd'hui  n'a  pas  les  dimensions  de  cette 
fente  préexistante  :  il  est  le  résultat  d'une  imprégnation  partie 
d'une  fissure  mince  pour  se  répandre  dans  les  roches  encaissantes. 
Et  il  en  donne  comme  preuves  :  l'existence  de  fragments  nombreux 
de  ces  roches  restés  au  milieu  du  réseau  du  stock werck  ;  la  façon 
dont  ces  roches  se  sont  altérées  en  se  chargeant  de  cuivre  ;  surtout 
la  plus  large  extension  des  filons  en  même  temps  que  leur  richesse 
plus  grande  à  la  rencontre  des  roches  poreuses  et  attaquables  ;  enfin 
la  coïncidence,  à  la  traversée  des  mêmes  bancs,  entre  le  dévelop- 
pement des  veines  et  celui  des  amygdales  cuprifères.  Tous  ces  argu- 
ments prouvent  assurément  que  ces  filons  sont,  en  grande  partie, 
des  filons  de  substitution  et  non  d'incrustation,  et  qu'ils  ont  été  pro- 
duits par  la  même  circulation  d'eaux  qui  a  déposé  le  cuivre  dans  les 
couches  stratifiées;  ils  nous  semblent  ne  fournir  aucune  présomp- 
tiouy  ni  sur  la  venue  première  de  ce  cuivre,  ni  sur  celle  des  eaux. 

2"^  Dépôts  stratiformes. — Les  grès  et  conglomérats,  où  l'on  trouve 
du  cuivre  natif,  sont  à  peu  près  uniquement  les  bancs  minces  inter- 
calés au  milieu  des  couches  de  diabase  ;  cependant,  on  connaît  un 
banc  cuprifère  unique  dans  les  couches  purement  détritiques  de 
Keweenaw  supérieur  ;  c'est  celui  de  Nonesuch  dans  les  montagnes 
Pourcupine.  Ce  banc,  qui  a  été  suivi  sur  200  kilomètres,  contient 
du  cuivre  en  plusieurs  points. 

D*une  façon  générale,  le  cuivre  se  présente  dans  ces  terrains, 
soit  comme  un  cimerU  (Calumet  and  flecla),  soit  comme  un  pro- 
duit de  substitution  dans  le  corps  des  grains  cimentés  et,  toujours 
incontestablement,  comme  un  produit  secondaire  apporté  par 
des  eaux.  Il  semble  rarement  avoir  rempli^des  interstices,  mais, 

<  Page  316. 


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CUIVRE    NATIF    DU   LAC   SUPÉRIEUR  315 

le  plus  souvent,  avoir  remplacé  des  éléments  préexistants  :  c'est 
ainsi  que,  dans  le  grès  de  Nonesuch,  on  trouve  fréquemment,  au 
cœur  du  cuivre,  des  grains  de  magnétite. 

Lorsque  le  métal  existe  dans  les  grains  ou  galets  eux-mêmes, 
il  se  trouve  surtout  dans  les  feldspalhs  altérés  dont  il  a  d'abord 
suivi  les  directions  de  clivage. 

Quelquefois  aussi  la  venue  métallifère  a  été  accompagnée  d'une 
altération  des  roches  encaissantes  qui  a  produit  des  épidotites 
(Concorde)  ;  ou  encore  le  cuivre  a  pu  pénétrer  par  porosité  dans 
les  amygdales  des  diabases  et  mélaphyres  (lac  Portage,  Copper- 
fels)  :  c'est-à-dire  qu'en  résumé,  nous  retrouvons,  dans  une  cer- 
taine mesure,  la  classification  de  Credner  mentionnée  plus  haut', 
et  c'est  Tordre  que  nous  allons  suivre  dans  la  description. 

Commençons  par  le  cas  d'un  ciment  métallifère  :  il  se  présente, 
par  exemple,  à  la  fameuse  mine  de  Calumet  and  Hecla  où  l'on 
exploite  un  conglomérat  cuprifère  renfermant  de  très  nombreux 
fragments  de  porphyre  pétrosiliceux  peu  altérés,  avec  un  ciment  où 
la  plupart  des  feldspaths  ont  été  remplacés  par  du  cuivre.  Cette  alté- 
ration, comme  Ta  montré  Pumpelly,  a  eu  pour  corollaire  un  déve- 
loppement de  chlorite  et  d'épidote  toujours  fréquentes  au  voisinage 
du  cuivre  et  finissant  par  former  parfois  les  épidotites  considérées 
par  Credner  comme  une  troisième  classe  de  gisements. 

Le  gîte  de  Concorde  est  un  excellent  exemple  de  cette  altération 
en  épidoie  poussée  à  Textrême.  Il  s'agit  là  d'une  couche  de  dia- 
base  amygdaloïde,  remplie  d'amandes  et  de  cordons  de  quartz,  de 
calcite  et  de  laumonite,  qui  est  souvent  remplacée  par  une  épi- 
dotite,  c'est-à-dire  par  un  mélange  d'épidote  et  de  quartz.  Ce 
mélange  est  pétri  d'amygdales  et  traversé  par  des  veinules  de 
quartz,  de  calcite  et  de  pistazite  (épidote  vert  bouteille)  finement 
cristalline.  Le  cuivre  natif  se  trouve,  dans  l'épidotite,  en  forme 
de  houppes,  de  grains,  de  feuilles,  de  cordons  anguleux  et  souvent 
ramifiés,  et  aussi  en  masses  de  plusieurs  quintaux.  Il  est  accom- 
pagné d'argent  natif.  La  puissance  du  gîte  de  Concorde  varie 
entre  0,30  et  9,30. 

Enfin  le  cuivre  se  présente  fréquemment  à  l'état  de  remplissage 

«  Page  113. 


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3i6  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

partiel  ou  complet  à' amygdales  des  diabases;  en  particulier,  autour 
du  lac  Portage  où  ces  amygdales  sont  l'objet  d'une  grande  exploi- 
tation. 

Comme  Ta  montré  Pumpelly,  le  cuivre  a  été  introduit  là,  pos- 
térieurement à  la  consolidation,  dans  une  roche  amygdaloïde 
analogue  à  celles  qu'on  trouve  dans  toutes  les  coulées  volca- 
niques. Il  y  a  pénétré  par  porosité,  en  suivant  les  clivages  des 
minéraux,  en  s'introduisant  dans  tous  les  vides  et  y  a  cristallisé 
par  substitution,  à  la  place  souvent  d'amygdales  de  calcite.  C'est 
pourquoi,  lorsqu'on  ne  trouve  que  de  la  calcite  intacte  dans  les 
amygdales  d'une  roche  diabasique  peu  altérée,  on  a  peu  de 
chances  de  rencontrer  du  cuivre.  En  même  temps  qu'il  se  dépo- 
sait du  cuivre,  il  s'est,  en  effet,  développé  de  la  chlorite,  de 
l'épidole,  de  la  prehnite,  etc.,  qu'on  trouve  associées  à  une  portion 
de  la  calcite  non  décomposée,  aujourd'hui  gangue  du  minerai.  Le 
cuivre  n'existe  pas  d'ailleurs  que  dans  les  amygdales  ;  il  a  pénétré 
également  dans  la  pâte  de  la  roche,  partout  où  son  altération  le 
lui  permettait. 

Dans  la  région  d'Ontonagon,  en  particulier  à  la  mine  autrefois 
fameuse  de  Minnesota^  on  trouve  des  masses  de  cuivre  avec  épidote 
et  calcite  se  rapprochant,  jusqu'à  un  certain  point,  du  caractère  de 
fissures  transversales  précédemment  décrites  ^ 

Les  amygdales  de  la  mine  Copperfels,  qui  peuvent  nous  servir 
d'exemple,  sont  souvent  entièrement  remplies  de  cuivre  natif.  Le 
cuivre,  provenant  de  ces  cavités  arrondies,  dont  le  diamètre  varie 
depuis  celui  d'une  tête  d'épingle  jusqu'à  celui  d'un  pois,  est  dési- 
gné par  les  mineurs  sous  le  nom  de  cuivre  en  grains.  Ces  grains 
sont,  tantôt  isolés  les  uns  des  autres  dans  la  pâte  du  mélaphyre, 
tantôt  réunis  par  de  petits  ûls  de  manière  à  former  comme  des 
grappes  de  raisin.  On  connaît  aussi,  à  la  même  mine,  des  cavités 
courbes  de  5  à  8  centimètres  de  longueur  entièrement  pleines 
de  cuivre,  produisant  ce  qu'on  appelle  des  clous  de  cuivre.  Làr 
où  les  amygdales  ne  sont  pas  complètement  remplies  de  cuivre 
natif,  le  minerai  y  est  accompagné  d'argent  natif,  de  calcite,  de 
quartz,  de  chlorite,  de  laumonite  rouge,  de  prehnite,  d'analcime, 

*  Page  313. 


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CUIVRE   NATIF  DU   LAC   SUPÉRIEUR  317 

d'épidote,  de  datolite,  d*oligiste,  etc.  Les  zéolithes,  qui  y  sont  fré- 
quentes, sont  une  des  preuves  de  Tintervention  des  phénomènes 
aqueux  dans  leur  remplissage.  D'ailleurs  l'argent  et  le  cuivre 
natif ,  d'une  fusibilité  très  différente ,  n'auraient  pu  cristalliser 
ensemble  dans  une  action  ignée. 

Comme  conséquence  pratique  de  cette  description,  M.  Irving 
indique  les  règles  suivantes  pour  la  recherche  des  gisements  de 
cuivre  : 

1^  On  doit  s'attacher  de  préférence  aux  diabases  altérées  et 
amygdaloîdes  contenant  surtout  de  l'épidote,  de  la  prehnite  et  de 
la  chlorite  ;  celles  où  l'on  trouve  la  laumonite  sont  rarement 
riches,  et  celles  où  la  calcite  prédomine  presque  toujours  stériles  ; 

2*  Parmi  les  grès  et  conglomérats,  on  doit  toujours  s'attacher 
aux  bancs  minces  intercalés  au  milieu  des  diabases; 

3*  Le  Keweenaw  supérieur,  à  l'exception  des  grès  de  Nonesuch, 
n'est  pas  cuprifère. 

Mode  de  formation  des  gisements.  —  Sur  l'origine  même  du 
cuivre,  on  a  émis  deux  hypothèses  :  la  première  que  nous  préfé- 
rons, c'est  qu'il  provient  du  magma  qui  a  donné  les  diabases, 
sinon  de  ces  diabases  mêmes  et  résulte,  par  suite,  d'une  activité 
hydrothermale  (ilonienne  ayant  pris  une  allure  spéciale  ;  la  seconde, 
c'est  qu'il  a  commencé  par  se  déposer  sédimentairement  sous 
fotmes  de  sulfures  dans  les  conglomérats  et  grès  du  haut  de  la 
série  de  Keweenaw  comme  dans  le  permien  de  Russie,  et  que  la 
circulation  superBcielle  des  eaux  l'a  emprunté  postérieurement  à 
ces  terrains  sous  forme  de  sulfate,  carbonate  et  silicate.  Pumpelly, 
qui  a  émis  celte  dernière  hypothèse,  a  eu  le  mérite  de  montrer  que, 
si  l'origine  du  cuivre  était  douteuse,  la  cause  de  sa  précipita- 
tion était  certainement  un  phénomène  de  cémentation  produit 
par  la  magnétite  contenue  dans  la  pâte  augitique  des  diabases  ;  la 
peroxydation  de  cette  magnétite  est,  en  effet,  en  relation  avec  le 
dépôt  du  cuivre  ;  mais  sa  théorie  sur  l'origine  du  métal  parait 
difficilement  admissible  en  raison  de  la  rareté  extrême  du  cuivre 
sulfuré  dans  les  couches  d'où  il  proviendrait,  selon  lui. 

Maintenant  faut-il  admettre,  avec  Rivot,  que  la  venue  cuivreuse 
soit  postérieure  aux  diabases,  arrivée  par  les  filons,  épanchée  par 


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318 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


porosité  dans  les  diabases  et  conglomérats,  et  que  le  dépôt  s'est 
produit  particulièrement  dans  les  diabases,  sinon  à  cause  de  leur 
action  électrique,  comme  le  supposait  Rivot,  au  moins  à  cause 
de  leur  richesse  en  fer  oxydulé.  C'est  ce  que  les  géologues  amé- 
ricains, auxquels  nous  devons  nous  fier,  semblent  peu  disposés  à 
admettre.  Peut-être  est-il  permis  de  croire  que  la  venue  des  dia- 
bases et  leur  coulée  au  fond  d'un  bassin  sédimentaire  ont  été  sui- 
vies d'abondantes  intrusions  de  Teau  de  la  mer  dans  le  magma  igné 
subsistant  en  profondeur,  intrusions  ayant  déterminé  la  remontée 
presque  immédiate  d'eaux  cuprifères  qui  ont  ensuite  agi,  soit  sur 
les  fissures  de  la  roche,  soit  sur  ses  vacuoles,  par  porosité. 

Exploitation.  —  Au  point  de  vue  industriel,  le  tableau  suivant 
montre  le  développement  de  ces  mines  depuis  vingt  ans'  : 


PRODUCTION  DU  CUIVRE  AU  LAC 

:  SUPÉRIEUR 

PRODUCTION 

PRODUCTION 

ANNÉES 

toUle 

DBt  XTATt-0ni8 

LAC  SUPÉRIEUR 

ANNÉES 

totale 

DBS  KTATS-VNIS 

LAC  SUPÉRIEUR 

Tonnes 

Tonnes 

Tonnes 

Tonnes 

i845 

100 

12 

1868 

11600 

9  346 

1846 

150 

26 

1869 

12  500 

11886 

1847 

300 

213 

1870 

12  000 

10  992 

1848 

500 

461 

1871 

13  000 

11942 

1849 

700 

672 

1872 

12  500 

10  971 

1850 

650 

572 

1873 

15  500 

13  433 

1851 

900 

779 

1874 

17  500 

15  327 

1852 

1100 

792 

1875 

18  000 

16  089 

1853 

2  000 

1297 

1876 

19  000 

17  085 

1854 

2  250 

1819 

1877 

21000 

17  422 

1855 

3  000 

2  593 

1878 

21500 

17  719 

1856 

4  000 

3  606 

1879 

23  000 

19  129 

1857 

4  800 

4  255 

1880 

27  000 

22  204 

1858 

5  500 

4  088 

1881 

32  000 

24  303 

1859 

6  300 

3  985 

1882 

40  467 

25  439 

1860 

7  200 

5  388 

1883 

51574 

26  653 

1861 

7  500 

6713 

1884 

63  555 

30  916 

1862 

9  000 

6  005 

1885 

75  500 

32  839 

1863 

8  500 

5  797 

1886 

71081 

36  831 

1864 

8  000 

5  576 

1887 

82  060 

34  605 

1865 

8  500 

6  410 

1888 

102  671 

38  860 

1866 

8  900 

6  138 

1889 

102  533 

39  307 

1867 

10  000 

7  824 

1890 

117  520 

45  856 

1  Voir  page  218,  d'autres  tableaux  statistiques. 


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CUIVRK  NATIF    DU   LAC    SUPÉRIEUR  319 

Quant  Rivot  a  visité  le  lac  Supérieur  en  1856,  la  production 
était  de  2  000  tonnes  de  cuivre;  elle  s'est  élevée,  en  1890,  à 
4S  856  tonnes.  Cependant  l'exploitation  y  est  fort  ancienne,  car 
elle  remonte  à  plus  de  six  cents  ans  ;  mais  les  indigènes  étaient  arrê- 
tés par  les  neiges  qui,  en  hiver,  atteignent  1™,50  d'épaisseur  et  ne 
pouvaient  arriver  à  fendre  les  énormes  blocs  de  cuivre  natif.  Les 
blocs  les  plus  gros,  extraits  jusqu'ici,  sont  sortis  de  lamine  Cen- 
trale; l'un  d'eux  a  atteint  1  000  tonnes.  La  mine  Tharin  a  fourni 
un  bloc  de  600  tonnes  et  plusieurs  autres  de  100  tonnes  ^ 

Le  dépècement  de  ces  masses  métalliques  reste  d'ailleurs,  même 
avec  les  procédés  modernes,  assez  difficile  ;  presque  toujours,  on 
les  fait  sauter  à  la  poudre  :  on  dispose,  le  samedi  soir,  jusqu'à 
25  barils  de  poudre  dans  un  seul  chantier  d'exploitation,  on  y  met 
le  feu  et  on  abandonne  ces  travaux  à  eux-mêmes  jusqu'au  lundi 
afin  de  les  ventiler.  La  dynamite  ne  donne  pas,  parait-il,  d'aussi 
bons  effets  que  la  poudre  de  mine. 

Les  blocs  dégagés,  on  les  découpe  ;  3  hommes  travaillent 
ensemble,  2  frappeurs  et  1  teneur  de  tranche.  Ils  ne  découpent, 
dans  leur  poste,  sur  30  centimètres  de  profondeur,  qu'une  longueur 
de  20  centimètres.  Un  bloc  de  800  tonnes,  à  la  mine  Minnesota,  a 
exigé  dix-huit  mois  de  travail  continu  ;  pour  un  bloc  ordinaire  de 
50  à  60  tonnes,  il  faut  encore,  à  3  hommes  relayés  sans  cesse, 
plus  de  trois  mois. 

Les  morceaux,  une  fois  sortis,  sont  débarrassés  de  leur  gangue 
de  carbonate  de  chaux  en  les  chauffant  au  rouge,  puis  les  étonnant 
à  l'eau  froide. 

Nous  donnons  ci-joint  deux  prix  de  revient  par  tonne  de  mine- 
rai broyé,  l'un  (A)  relatif  à  TAtlantic  Mining  G*",  extrait  de  YEngi- 
neering  (21  mars  1885),  l'autre  (B)  tiré  de  renseignements  fournis 
par  M.  Eggleston  à  M.  Roswah. 

A  TAtlantic  Mining  Company,  on  avait  obtenu  pour  l'année 
en  question  (1884)  les  résultats  suivants  : 

'  M.  Hautefeuille  a  trouvé,  comme  composition  du  cuivre  du  lac  Supérieur  : 

Cuifre 69,280 

Argent 8,452 

Mercure  (dont  on  ne  toapçonnail  point  la  prétence)  ....        0,619 

Gangue.  . 25.::48 

100,000" 


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320  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Minerais  extraits 209  510  tonnes. 

Cuivre  brut 2  200      — 

Cuivre  raffiné 1581      — 

Teneur  des  minerais  en  cuivre  :  0,755  p.  100. 

Voici  les  prix  de  revient  *  : 

A  B 

BngiaeeriDg.  Ros-wag. 

Extraction,  triage )      ,  „„  (     3,74 


4,75 


(     3,^ 
(    i4,S 


Abatage )  '               (   14,50 

Transport  au  moulin 0,20                0,31 

Lavage 2,00 

Préparation  mécanique 3,72 

Représentation 1,13 

Frais  généraux  de  la  mine 6,95               23,38 

Transport  à  New- York  (par  tonne  de 

minerai) 4,10 

8,35 

Frais  commerciaux 0,50 

'8,85 

Valeur  du  cuivre  contenu 9,01 

Bénéfice  net  par  tonne  de  roche  traitée       0,50 

(Il  faut  retrancher  de  ce  bénéfice  les  frais  commerciaux.) 

Bibliographie. 

1772.  Relation  de  ce  qui  s'est  passé  à  la  Nouvelle-France  dans  les  missions 
de  1632  à  1772. 

1809.  Henry.  —  Voyage  au  lac  Supérieur. 

1821-1824.  Cass,  Long.  —  (Am.  Jowm.  of  Se.) 

1845.  Jackson.  —  Lettre  sur  le  gisement  de  cuivre  et  d'arg.  nat.  des  bords 
du  lac  Supérieur.  (B.  S.  G. y  2»,  t.  II,  p.  317,  et  2%  t.  VII,  p.  667.) 

1849.  Message  du  président  des  Etats-Unis  aux  deux  chambres  du  Congrès 
à  Touverture  du  31°  Congrès,  24  déc.  1849. 

1850.  FosTER  et  Whitney.  —  Carte  géologique  du  lac  Supérieur. 

1850.  FosTER  et  Whitney.  —  Rapport  sur  la  géol.  et  la  topogr.  d'une  partie 
du  lac  Supérieur. 

1850.  Agassiz.  —  Lac  Supérieur;  ses  caract.  physiq.  ;  sa  végétation  et  sa 
faune. 


*  En  1884,  les  grès  imprégnés  de  cuivre  à  4  p.  100  de  Calumet  and  Hecla  donnaient 
le  prix  de  revient  suivant,  par  tonne  de  cuivre,  d'après  un  rapport  de  M.  Çumenge  : 

Eitraction 7,30 

Fusion S.I8 

Frais  généraux 0,51 

9,»1 


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CUIVRE    NATIF  DU    LAC   SUPÉRIEUR  321 

1854.  Whitney.  —  La  richesse  minérale  des  Etats-Unis  (Philadelphie). 
{Metallic,  weallh  of  the  United  $UUe$.) 

•1855.  RivoT.  —  Voyage  au  lac  Supérieur.  (Ami.  d.  M.,  5«,  t.  VU,  p.  173.) 
1860.  GREDNEa.  —  Neues  Jahrb.  f.  Minerai,  p.  1. 

1871.  Rœmer.  —  Berg.  u.  Huttenro.  Zeit.,  p.  322.  (Ck>mpte  rendu.) 

1872.  Raphiel  Pompblly.  —  (Am.  Journal,  3«  série,  t.  Il,  p.  194-243  et  347.) 
Jackson.  —  (Ann.  d.  M.,  4%  série,  t.  XVII,  p.  104.) 

LoGAN.  —  Geology  of  Canada,  p.  67  à  86. 

1874.  Neues  Jahrb.  f.  Min.,  p.  743. 

1874.  T.  V.  Irving.  —  The  Copper  bcaring  Rocks  of  lake  Superior,  {Mono- 
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se.  and  arts,  3%  t.  VUI,  p.  46.) 

1877.  MosLBR.  —  (Zeitschr.  f.  Berg.  u  H.  im  preuss..  St.  t.  XXV,  p.  212.) 

1877.  GiLPiN.  —  Récent  discoveries  of  Copper  in  Nova  Scotia.  (Q.  J.  (^  soc. 
London,  nov.  1877.) 

1877.  HoNT.   —  {Eng.  and  min.  journal  of  New-York,  aug.  1877,  p.  109.) 

1877.  Haochecorne.  —  l^ber  gedigen  Kupfer  aus  der  Grube  Calumet  and 
Hecla.  (Geol.  QeseL,  t.  XXIX,  p.  846.) 

•  1878.  PoMPKLLY.  —  Metasomaticdevelopment  of  the  Copper  bearing....  {Pi*oc. 
Am.  ac.,  1878,  t.  XIU,  p.  253-309.) 

1877  à  1880.  MosLER.  —  Kupfer  Bergbau  am  Obern  See  {Zeitschrift,  t.  XXV, 
p.  203;  t.  XXVU,  p.  77  ;  t.  XXVUI,  p.  210.) 

1880.  Dana.  —  (Am.joum.,  t.  XX,  p.  330.) 

1881.  E.  Wadsworth.  —  Notes  on  the  geology  of  the  Iron  and  Copper  dis- 
tricts of  the  lake  Superior.  {Bull,  of  the  Muséum  of  comparative  Zoology.  Geolo- 
gical séries,  n®  1.  Cambridge  (Etats-Unis);  et  Froc,  of  Boston  natur  history, 
t.  XXI,  p.  3.) 

Irving.  —  On  the  Copper  bearing  rocks  of  Lake  Superior.  (Science, 
t.  V,  p.  299.  Cambridge  Mass.  U.  S.) 

**  J883.  Irving.  --  The  copper  bearing  rocks  of  Lake  Superior.  (Un.  St.  geol. 
Se.,  3®  année).  (Voir  p.  14  une  bibliographie  complète  de$  travaux  antérieurs.) 
Egleston.  —  Copper  mining  in  Lake  Superior. 
1883.  T.  G.  Chambkrlin.  —  The  copper-bearing  séries  of  lake  Superior. 
(Science  de  Cambridge,  U.  S.  A.,  vol.  I,  p.  453.  Cambridge,  1883.) 

1883.  Sterry  Hunt.  ■—  The  geology  of  lake  Superior. 

1884.  WoosTER.  —  Transition  from  the  Copper-bearing  séries  to  the  Pots- 
dam.  (Am.  J.  of  Se,  3«  série,  t.  XXVIII,  p.  463.  Newhaven,  1884.) 

1885.  (Engineering  du  21  mars.) 

1887.  Daubrée.  —  Eaux  souterraines  anciennes,  p.  17,  274,  319. 

1888.  CuMBNGB  et  La  Bonglisb.  —  Rapport  sur  la  mine  Calumet  and  Hécla. 
1888.  Remaury.  —  La  prod.  du  cuivre.  (Génie  civil.) 

1888.  Bertrand.  —  Distribution  des  Roches  éruptives  en  Europe.  (B.  S.  G,, 
p.  577  et  600.) 


géologie.  —  T.  II,  21 


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322  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


4»  GITES  DE  CUIVRE  SÉDIMENTAIRES 

Les  gisements  sédimentaires  se  présentent,  en  général,  dans  des 
conditions  d'exploitation  particulièrement  favorables  à  cause  de 
leur  constance  dans  la  teneur,  de  leur  régularité  relative  et  des 
facilités  qu'on  trouve  habituellement  pour  les  exploiter  sans  aller 
constamment  en  s'approfondissant.  Cette  forme  de  gisements, 
habituelle  pour  le  fer,  assez  anormale  pour  le  plomb  et  le  zinc,  est 
relativement  fréquente  pour  le  cuivre. 

Le  cuivre  entre,  en  effet,  dans  des  combinaisons  très  solubles, 
en  particulier  le  sulfate  que  des  influences  très  simples,  par 
exemple  la  présence  de  matières  organiques  ou  celle  de  dégage- 
ments hydrocarbures,  suffisent  à  réduire  et  à  précipiter  ;  il  est 
assez  naturel  qu'à  certaines  époques  spéciales  où  nous  trouvons 
des  filons  de  cuivre  abondants  et  des  roches  éruptives  contenant 
une  certaine  proportion  de  cuivre  dans  leur  masse,  il  se  soit  pro- 
duit, dans  certains  bassins  marins,  soit  par  lavage  des  roches 
encaissantes,  soit  plutôt  par  épanchement  de  sources,  des  disso- 
lutions de  cuivre  très  étendues  ayant  déposé  de  minces  couches  de 
sulfure  de  cuivre. 

Peut-être  faut-il  voir,  dans  le  lac  Supérieur,  un  exemple  pré- 
cambrien de  sédiments  cuivreux  ayant  accompagné  ou  suivi  des 
coulées  sous-marines  de  diabases  et  dont  les  produits  secondaires, 
emportés  par  les  eaux,  se  seraient  d'abord  introduits  par  porosité 
dans  ces  roches  ou  dans  les  grès  connexes,  puis  précipités  par 
cémentation.  Nous  renvoyons,  pour  l'examen  de  cette  hypothèse, 
à  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut*. 

Le  Rammelsberg,  que  nous  allons  étudier,  serait,  d'après  les  géo- 
logues allemands,  un  type  dévonien  de  gisements  de  pyrite  de  fer 
cuivreuse  et  autres  sulfures  métalliques  sédimentaires. 

A  la  fin  du  plissement  herynien  correspondent  : 

Dans  le  Rothliegende,  les  grès  cuprifères  de  Perm  (oxyde  de 
cuivre),  de  la  Bohême  du  Nord,  de  Corocoro  (cuivre  natif)  ; 

i  Page  317. 


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GITE    CUPRIFÈRE    DU    RAMMELSBER6  323 

Dans  le  Zechstein,  les  schistes  du  Mansfeld  (sulfure  de  cuivre), 
de  la  Westphalie  et  de  la  Hesse  ; 

Dans  le  grès  bigarré  ceux,  associés  à  de  la  galène,  de  Saint- 
Avold,  Commern  et  Mitschernich  en  Prusse  rhénane. 

Enfin,  aux  plissements  et  éruptions  tertiaires  se  rattachent  les 
gites  du  Caucase  et  du  Boiéo. 


GITE   CUPRIFÈRE   DU  RAMMELSBERG  (bas  harz)* 

L'amas  de  sulfures  complexes  (pyrite  cuprifère  et  galène)  du 
Rammelsberg,  à  2  kilomètres  an  Sud  de  Goslar,  dans  le  bas 
Harz',  a  été  lobjet  d'un  grand  nombre  de  descriptions  où  on  Ta, 
tour  à  tour,  considéré  comme  un  filon,  un  stockwerk,  un  amas,  etc.; 


RnameUxTl 


Fig.  225.  —  Ck)upe  de  la  montagne  du  Rammelsberg. 

aujourd'hui,  MM.  Wimmer,  von  Groddeck,  Kôhler,  etc.,  sont 
d'accord  pour  y  voir  une  couche  interstratifiée.  C'est  leur  théorie 
que  nous  exposerons  ici. 

Quelques  mots  de  description  tout  d'abord. 

A  mi- hauteur  de  la  montagne  du  Rammelsberg,  affleure,  au 
milieu  des  terrains  dévoniens  renversés,  une  couche  de  pyrite 
dont  la  figure  225  représente  la  coupe.  Cette  couche,  d'une  épais- 
seur maxima  de  15  mètres  en  général,  atteint  30  mètres  en  un 
point  où  elle  présente  une  bifurcation  latérale  appelée  le  Han- 

*  Coll.  Ecole  des  minesy  1958. 

*  Voir  la  carte  géologique  en  couleurs,  pi.  II. 


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324  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

gende  Tfmmm,  En  direction,  la  longueur  reconnue  exploitée  est 
de  1  300  mètres  ;  la  profondeur  des  travaux  actuels  n'est  encore 
que  de  300  mètres,  bien  que  les  travaux  remontent  déjà  à  plus 
de  mille  ans. 

Les  terrains  qui  contituent  la  montagne  sont,  par  ordre  d'an- 
cienneté, les  suivants  : 

^^  Grès  à  spirifères  {Spirifer  macropterusj  Chotieies  sarcinu" 
lata^  Ctenocrinus^  etc.); 

2"  Schistes  à  cdcéoles{Ctf/cco/«5anrfa/ma,»S)otrt/(pr52oeci65W5,etc.); 

3"*  Schistes  de  Wissenbach  {Orthoceras  muUiseptatm^  Goniatites 
Jugleri,,.). 

Ces  terrains  sont  renversés,  comme  nous  l'avons  dit,  et  les 
schistes  de  Wissenbach,  qui  encaissent  le  gisement,  sont  situés  au- 
dessous  des  schistes  à  calcéoles  et  des  grès  à  spirifères  constituant 
le  sommet  de  la  montagne. 

Un  fait  important  au  point  de  vue  théorique,  c'est  que  le  mur 
du  gîte,  formé  des  couches  qui  étaient  en  dessus  au  moment  du 
dépôt,  est  stérile,  tandis  que  le  toit  (c'est-à-dire  les  couches  infé- 
rieures) est  assez  imprégné  de  pyrites  pour  être  exploitable  sur 
une  forte  épaisseur  et  traversé  par  de  petites  fractures  filoniennes 
qu'on  a  considérées  comme  les  griffons  d'arrivée  des  sources 
sulfureuses.  Lorsqu'on  va  du  mur  au  toit,  on  trouve  d'abord 
les  Leitschichty  schistes  tendres  et  tourmentés  traversés  par  un 
grand  nombre  de  fissures  avec  remplissage  de  quartz  et  de  calcite  ; 
ces  Leitschicht  sont  séparés,  par  une  sorte  de  petite  fissure  remplie 
de  schmierigen  letten,  des  couches  de  schistes  compacts. 

Puis  le  mur  du  gite  métallifère  est  formé  d'une  masse  pyriteuse 
à  grains  fins  avec  galène  et  blende,  pyrite  et  sulfate  de  baryte. 
C'est  le  minerai  de  plomb  proprement  dit  qui  est  divisé  en  deux 
catégories  :  grauerze  où  domine  le  sulfate  de  baryte,  braunerze 
où  domine  la  blende. 

Au  milieu  du  gîte,  viennent  les  melirte-erze^  fines  stratifications 
de  pyrite  et  de  galène  ;  plus  loin,  une  masse  compacte  de  pyrite 
avec  pyrite  de  cuivre  et  un  peu  de  mispickel  ;  et  enfin,  le  toit  est 
formé  par  les  schistes  imprégnés  ou  kupferhiiest. 

Au  point  de  vue  de  Yorigine  du  gîte,  on  a  remarqué,  en  outre, 
une  concordance  parfaite  entre  les  stratifications  de  la  pyrite  et 


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GITE    CUPRIFÈRE    DU    RAMMELSRBRG 


325 


celles  des  schistes  encaissants^  :  tous  les  plissements  des  schistes 
se  trouvent  reproduits  dans  le  zonage  de  la  pyrite  voisine.  Ceci, 
joint  à  l'allure  de  THangende  Trumm,  c'est-à-dire  de  la  ramifica- 
tion latérale  bien  limitée  et  complètement  enveloppée  de  schistes, 
parait  exclure  la  possibilité  d'une  injection  pyriteuse,  postérieure 
au  renversement  qui  a  imprimé  aux  couches  leur  allure  actuelle. 
S'ensuit-il  immédiatement    et  sans  conteste   que   le  gîte  du 


Fig.  226  et  227.  Echantillons  minéralogiques  du  Ranimelsb'erg  montrant  la  structure 
zonée  des  minerais  (d*après  M.  Babu). 

Rammelsberg  est  un  gîte  véritablement  interstratifié  ?  Pour  que  la 
preuve  absolue  en  eût  été  faite,  il  eût  fallu,  de  l'autre  côté  du  pli 
anticlinal  de  la  montagne,  retrouver  la  couche  pyriteuse  à  sa 
place,  ce  qui  n'a  pas  lieu.  A  défaut  de  cet  argument  concluant,  on 
remarque  que  la  masse  pyriteuse  présente  une  fine  stratification 
très  nettement  visible  dans  les  échantillons  à  plis  intérieurs  com- 
plexes (fig.  226  et  227).  Pour  nous,  nous  l'avons  dit  déjà  \  un  sem- 
blable raisonnement,  qui  peut  sembler  au  premier  abord  péremp- 
toire,  ne  l'est  nullement,  quand  on  y  réfléchit,  dans  la  totalité  des 
cas.  Car  un  aspect  comparable  peut  aussi  bien  être  obtenu  par  une 
injection  et  substitution  pyriteuse  postérieure  au  plissement  des 
schistes  et  en  ayant  rempli  tous  les  vides,  que  par  une  interstrati- 
fication antérieure.  Il  semble  même  qu'un  noyau  de  pyrite  com- 
pacte, placé  au  milieu  de  schistes  soumis  à  une  action  mécanique, 

*  Le  contraste  est  absolu  entre  les  masses  de  pyrite  massive  de  Rio-Tinto  et  les 
pyrites  finement  stratifiées  du  Rammelsberg  qu'on  peut,  au  contraire,  rapprocher  des 
schistes  cuprifères  du  Mansfeld. 

>  Page  281. 


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326  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

aurait  dû  jouer  le  rôle  d'un  coin  résistant  autour  duquel  on  consta- 
terait, aux  pointes,  par  exemple,  et  le  long  des  parties  les  plus  dures, 
une  discordance  de  straliflcalion  et  des  phénomènes  de  rupture 
résultant  de  ce  que  les  zones  intérieures  de  la  pyrite  n'ont  pas  bougé, 
tandis  que  celles  des  schistes  encaissants  ont  été  courbées.  Cepen- 
dant, avec  des  schistes  pyriteux,  comme  ceux  du  Rammelsberg  vers 
le  toit  actuel,  passant  graduellement  de  la  pyrite  au  schiste  stérile, 
cette  objection  perd  de  sa  valeur  et  l'hypothèse  d'une  injection  est 
bien  difficile  à  poursuivre  dans  certains  cas  de  détail  comme  ceux 
représentés  par  les  figures  226  et  227. 

En  outre,  l'observation  du  toit  (autrefois  le  mur)  montre  l'exis- 
tence de  petits  filons  nets  avec  axes  géodiques  et  drusos  tapissées 
de  cristaux,  filons  renfermant  pyrite  de  cuivre,  pyrite,  cuivre  gris, 
galène,  blende,  barytine,  calcite,  sidérose,  quartz  et  calamine,  qui 
se  prolongent  parfois  dans  la  pyrite  même,  sans  jamais  y  occa- 
sionner de  rejets.  Au  contraire,  au  mur  (autrefois  le  toit),  la 
métallisation  cesse  brusquement. 

On  suppose  donc  que  des  eaux  sulfureuses,  arrivant  par  ces 
fractures  au  fond  d'un  golfe  marin,  y  ont  cimenté  de  fines  pous- 
sières résultant  de  l'érosion  des  côtes  et  formé  un  dépôt  de  pyrite 
sédimentaire  dont  les  fissures  ont  continué  quelque  temps  à  livrer 
passage  aux  eaux  minérales.  La  consolidation  une  fois  faite,  les 
plissements  postérieurs  ont  produit  le  renversement  actuel,  ren- 
versement dans  lequel  la  partie,  autrefois  au  toit  du  gîte  a,  comme 
on  pouvait  le  prévoir  suivant  une  remarque  précédente,  subi 
l'effort  violent  et  le  coincement  de  la  masse  métallifère  à  son  con- 
tact. En  sorte  qu'il  en  est  résulté,  au  mur  actuel  du  gîte,  une 
sorte  de  rupture  par  faille  avec  un  broyage  des  leitschicht  cimentés 
plus  tard  par  de  la  calcite. 

Bibliographie. 

1789.  Lasius.  —  BeobachtuDgen  ûber  die  Harzgebirge,  2«  P.,  p.  297-412. 
1834.  ZiMMERMANN.  —  Das  Harzgebirge.  (Darmstadt). 

*  1877.  WiMMER.  —  {Zeit.  f.  B.  fl.  U,  S.  im.  preuss.,  t.  XXV,  p.  119.) 
1879.  Groddecr.  —  Page  158. 

*  1880.  STELZNEa.  —  Die  Ërlagerst&tte  von  Rammelsberg  (Z.  d,  d.  gcol,  G. 
32,  4,  808). 

1883.  D'AcHURDi.  —  I,  p.  350. 

*  1887.  Babu.  —  Noie  sur  le  Rammelsberg.  (Ann.  d.  M.,  ocl.  1887.) 


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GRÉS   CUPRIFÈRES   DE  RUSSIE  327 

GRÈS  CUPRIFÈRES  DE  RUSSIE  ET  BOHÈME 

{Oxydes  de  cuivre  dans  les  grès  du  rothliegende.) 


Russie.  —  En  Russie,  les  grès  cuprifères  paraissent  appartenir 
à  divers  niveaux  allant  du  Rothliegende  supérieur  au  trias.  Le 
gisement  de  Santagoul  (district  de  Belebei)  est  nettement  permien; 
celui  de  Kargalinsk,  au  contraire,  contient  des  fossiles  du  trias. 

Les  roches  encaissantes,  quel  que  soit  leur  niveau,  ont  une 
forme  analogue  ;  ce  sont  des  grès  généralement  gris  ou  blan- 
châtres, contenant  principalement  des  minerais  oxydés,  avec  du 
cuivre  natif  très  rare,  mais  accessoirement  des  sulfures  ;  tantôt  le 
minerai  forme  le  ciment  de  la  roche  arénacée,  tantôt  il  s'y  pré- 
sente en  poussière  ou  en  nodules  et  sur  les  parois  des  fentes. 
Les  grès  renferment  beaucoup  de  restes  de  plantes  (calamités,  etc.) 
autour  desquels  le  minerai,  spécialement  la  chalcosine,  se  con- 
centre volontiers  ;  on  trouve,  dans  les  troncs  d'arbres,  de 
longues  tiges  rondes  ou  elliptiques  de  chalcosine,  entourées  de 
malachite,  d'azurite,  de  limonite  cuprifère  et  de  cuprite  ferrifère; 
à  quelque  distance  des  troncs ,  les  grès  ne  renferment  plus  que 
des  minerais  de  cuivre  oxydés.  En  dehors  de  la  chalcosine  et  de 
la  malachite,  le  cuivre  se  présente  à  l'état  de  phillipsite,  de  chry- 
socole  (silicate  hydraté  de  cuivre),  de  cuprite,  de  volborthite 
(vanadate  hydraté  de  cuivre  et  chaux),  rappelant  la  présence  du 
vanadium  reconnue  par  Kersten  dans  le  Mansfeld  et  invoquée, 
comme  nous  le  dirons,  dans  certaines  théories  de  M.  Dieulafait. 

Les  couches  permiennes  de  Russie  s'étendent  en  stratification 
très  régulière,  presque  horizontale,  sur  une  surface  de  près  de 
900  000  kilomètres  carrés;  les  parties  cuprifères  se  trouvent  dans 
les  districts  de  Perm  et  d*Ekaterinenbourg  et  dans  les  provinces 
ouraliennes  d'Ufa  et  d'Orenbourg.  Le  minerai  est  généralement 
très  inconstant  comme  qualité  et  comme  quantité  ;  il  forme  des 
couches  peu  étendues  horizontalement  et  disparaissant  souvent; 
leur  épaisseur  varié  entre  6  et  70  centimètres  et,  contrairement 


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328  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

à  ce  qui  se  passe  dans  le  Mansfeld,  on  trouve  parfois  2,  3  ou 
4  couches  de  minerai  superposées. 

Ordinairement,  l'exploitation  d'un  gisement  est  terminée  au  bout 
de  deux  à  neuf  ans  ;  rarement  elle  en  dure  dix.  La  profondeur 
à  laquelle  se  trouve  le  minerai  est  généralement  inférieure  à 
60  mètres  ;  sa  teneur  moyenne,  comme  dans  le  Mansfeld,  d'à  peu 
près  3  p.  100. 

Les  mines  les  plus  riches  sont  celles  de  Kargalinsk  (40  kilomètres 
d'Orenbourg)  ;  une  faible  partie  des  gisements  connus  est  en 
exploitation  ;  cependant  le  minerai  est  pur  et  le  cuivre  produit 
d'excellente  qualité.  En  1875,  les  gisements  de  cuivre  en  couches 
ont  donné  20 000  tonnes  déminerais, d'où  Ton  a  extrait  800  tonnes 
de  cuivre. 

Bibliographie, 

1848.  MoRCHisoN.  ~  GeoL  des  europâischen.  Russlands  (trad.  en  allem.  de 
Lkonhard),  p.  167,  177. 

1843.  G.  VON  Helmersbn.  —  Ueber  ein  Yorkommen  von  Kupfererzen  und 
Knochenbredzie  in  den  silurischen  Schichten  des  GouverDeroeois  St-Petersburg. 
(BulL  Ac.  I.  d.  Se.   de  Saint-Pétersbourg^  et  phys.  mat,,  t.  I,  p.  161.) 

1861.  CoTTA,  p.  548.  —  Cf.  Àrch.  d'Erdmann,  t.  II  et  VII. 

1863.  NauBERT.  —  Berg.  u.  H.  Zeit,  p.  141  et  169. 

1868.  FoRSTER.  —  Berg.  u.  H.  Zeit.,  p.  193. 

1878.  Rich.  min.  de  la  Russie  d^Europe^  p.  96.  —  Bibliographie,  p.  89. 

1879.  Groddeck,  p.  126. 

Bohême.  —  En  Bohême  septentrionale,  le  cuivre  se  trouve  éga- 
lement dans  des  grès  du  Rothliegende  et  sa  richesse  est  en  relation 
avec  la  présence  de  plantes.  On  a  trouvé  de  ces  gîtes  de  cuivre, 
toujours  dans  des  conditions  semblables,  à  Starkenbach  et  Hohe- 
nelbe,  à  Eipel,  à  Radowenz,  près  de  Nachod,  entre  Bohmischbrod 
et  Kaurim,  etc.. 


GRÈS  CUPRIFÈRE  DE  COROCORO  (bolivie) 
{Niveau  du  rothliegende.) 

Le  gîte  de  Corocoro,  en  Bolivie,  département  de  la  Paz,  au  Sud 
du  lac  Titicaca,  paraît  d'origine  et  d'allure  identiques  à  ceux  de 
Perm.  Le  cuivre  s'y  trouve,  d'après  Groddeck,  dans  des  argiles  et 


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SCHISTES    CUPRIFÈRES    DU    MANSFELD  329 

des  grès  gypseux  qui  semblent  les  équivalents  du  Rothliegende 
allemand.  Elles  ont  de  0,  50  à  12  mètres  de  puissance  et  sont 
formées  de  grès  d'un  gris  cendré,  à  grain  tantôt  fin,  tantôt  gros- 
sier et  de  conglomérats  à  grains  fins,  avec  minerai  de  cuivre  et 
principalement  avec  cuivre  natif  en  grains,  en  nodules,  en  masses 
d'épaisseur  très  variable,  imitant  parfois  la  forme  de  cheveux,  de 
fils,  de  mousses,  de  feuilles,  etc...  comme  le  cuivre  déposé  par 
électrolyse.  Le  cuivre  natif  est  toujours  accompagné  de  gypse, 
entre  les  lamelles  duquel  il  dessine  de  fines  dendriles  et  il  miné- 
ralisé fréquemment  des  fragments  de  bois.  On  le  trouve  associé 
avec  des  sulfures  et  surtout  des  oxydes  :  chalcosine,  azurite, 
malachite,  cuprite,  chalcophyllite,  argent  natif,  etc. 

L'association  du  gypse  et  des  restes  organiques  avec  le  cuivre 
peut  être  en  relation  avec  une  théorie  de  M.  Dieulafait,  admettant 
que  la  précipitation  du  cuivre  résulte  de  la  présence  de  sulfures 
provenant  du  sulfate  de  chaux.  Les  actions  électriques  ont  pu 
également  jouer  un  rôle. 

Bibliographie. 

1864.  Recr.  —  Berg.  u.  Hûtten.  Zeit.,  p.  93  et  113. 

1871.  NoGGERAT. — Yerhandl.  der  oaturh.  V.  d.  p.  Rheinl.  u.  Westf.  Corresp., 
p.  88.) 
1879.  Groddeck,  p.  127. 

SCHISTES  BITUMINEUX  CUPRIFÈRES 
DU  MANSFELD* 

{Couche  de  O^ySO  d'épaisseur  de  schistes  du  Zec/istein  à  3  p.  iOO 
de  cuivre,  produisant  16  000  tonnes  de  cuivre  et  60  tonnes 
(f  argent  par  an,) 

Les  gisements  de  cuivre  du  Mansfeld  présentent  un  grand  inté- 
rêt géologique  aussi  bien  qu'industriel  ;  aussi  nous  y  arrêterons- 
nous  un  peu  longuement. 

»  Coll.  École  des  Mines,  1959. 


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330  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Géologie  générale  de  la  région  ^  —  Le  bassin  des  schistes  cui- 
vreux du  Mansfeld  occupe  les  versants  Sud  et  S.-E.  du  Harz  infé- 
rieur (Unler  Harz)  et  fait  partie  de  la  bordure  de  terrains  per- 
mien  et  triasique  qui  vient  s'appuyer  contre  les  terrains  plus 
anciens  (silurien  et  carbonifère)  du  Harz  inférieur. 

A  l'Est,  le  terrain  permien  affleure,  sur  une  vaste  étendue,  sous 
la  forme  d'un  U  dont  les  deux  branches  se  dirigent  vers  TEst  jusqu'à 
la  Saale.  Elles  sont  limitées,  au  Sud,  par  une  chaîne  de  collines 
assez  importante,  dernier  contrefort  du  massif  principal,  d'Anna- 
rode  à  Hornbourg  ;  à  l'Est,  par  une  suite  de  hauteurs  séparant  les 
deux  branches  de  TU  et  s'étendant  jusqu'à  la  Saale. 

Ces  deux  lignes  de  hauteurs  entourent  une  profonde  vallée 
renfermant  les  deux  lacs  du  Mansfeld  et  se  terminant  par  l'étroit 
défilé  de  la  Salze,  affluent  de  la  Saale. 

Mentionnons,  en  outre,  la  Wipper,  affluent  de  la  Saale,  qui  des- 
cend du  massif  du  Harz  et  traverse  le  terrain  permien  vers  le  fond 
de  ru  caractérisé  plus  haut. 

Les  terrains  qui  constituent  le  bassin  du  Mansfeld  sont  très 
régulièrement  disposés  (fig.  228  et  229).  Ils  sont  formés,  à  la 
base,  de  Pei*mien  divisé  en  ses  deux  termes  : 

Le  Rothliegende  (grès  rouge  permien)  ; 

Le  Zechstein  {schistes  cuivreux  et  calcaires). 

Au-dessus,  commence  une  vaste  formation  de  grès  bigarré  qui 
s'étend  largement  autour  du  Harz  et  va  constituer  notamment,  un 
peu  plus  au  Nord,  la  partie  inférieure  du  bassin  de  Stassfurt*. 

Le  grès  bigarré  est,  à  son  tour,  partiellement  recouvert  par  des 
lambeaux  de  terrain  tertiaire  (oligocène)  renfermant  des  couches 
•de  lignite. 

La  nature  sédimentaire  des  schistes  cuivreux  nous  force  à  com- 
mencer par  décrire  rapidement  les  trois  groupes  du  RothliegendCy 
■du  Zechstein  et  du  grès  bigarré,  tels  qu'on  les  rencontre  dans  le 
bassin  du  Mansfeld  ;  après  quoi,  nous  nous  occuperons  spéciale- 
ment de  la  partie  exploitée. 

A.  —  Le  Rothliegende^  représente,  au-dessousdu  zechstein  marin, 

\Voir  la  carte  géologique  en  couleurs  de  rAUemagne  centrale,  pi.  II. 

^  Voir  tomel,  p.  429. 

*  Voir  la  coupe  d'ensemble,  p.  337,  et  les  coupes  de  puits,  fig.  228. 


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SCHISTES    CUPRIFÈRES    DU   MÀNSFELD 


331 


un  faciès  d'eau  douce.  Son  nom  est  une  corruption  du  mot  «  Roih- 
todtliegende  »  (mur  rouge   stérile),  ancien  nom  donné   par  les 


mineurs  à  Tensemble  des  grès  et  des  conglomérats  permiens  for- 


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332 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


niant  le  mur  de  la  couche  de  schistes  cupro-argentifères  si  caracté- 
ristique du  Mansfeld. 

La  puissance  du  Rothliegende  atteint  1  000  mètres.  Cette  forma- 
tion présente  un  faciès  très  caractéristique  et  peut  se  distinguer 
immédiatement  des  formations  similaires. 

Sa  couleur  est  rouge  ou  violet  rouge,  ses  éléments  plus  arron- 
dis que  ceux  des  grès  plus  anciens  et  il  ne  renferme  pas,  comme 
eux,  des  grains  de  feldspath  plus  ou  moins  altéré. 

Par  contre,  son  grain  est,  en  général,  plus  grossier  que  celui  du 
grès  bigarré  et  Ton  rencontre,  dans  les  parties  un  peu  consolidées, 
des  paillettes  brillantes  de  mica,  ce  qui  ne  se  présente  pas  dans  le 
grès  bigarré. 

Son  épaisseur,  qui  atteint  2  000  mètres  en  Bavière,  est  de  500 
en  moyenne. 

Les  études  de  M.  Yeltheim,  ancien  directeur  des  établissements 
du  Mansfeld,  ontpermis  d'établir,  dans  le  Rothliegende,  trois  étages 
assez  nets,  surmontés  d'une  quatrième  assise,  le  Weissliegende^ 
qui  se  rattache  intimement  au  Rothliegende  : 

h'élage  inférieur,  qui  repose  immédiatement  sur  la  formation 
houillère  du  Harz  inférieur,  est  constitué  par  des  argiles  rouge  vif 
que  surmontent  des  grès  et  un  conglomérat  quartzeux. 

là'élage  moyen  est  caractérisé  par  cinq  ou  six  lits  de  calvaire 
alternant  avec  des  argiles  marno-sableuses  et  des  conglomérats 
grossiers.  Les  calcaires  sont,  en  général,  rouges;  plus  rarement, 
gris  bleuâtres.  Ils  sont  alors  grenus,  presque  cristallins  et  quel- 
quefois imprégnés  de  bitume  comme  les  calcaires  fétides  du 
Zechstein. 

Liéiage  supérieur^  qui  est  le  mieux  connu,  est  formé  par  des 
grès  à  grain  plus  fin,  à  ciment  argileux,  et  exploité  avec  succès 
pour  la  fabrica  tion  des  meules  et  les  pierres  de  construction. 

Dans  les  assises  inférieures,  on  rencontre  fréquemment  des 
galets  roulés  de  mélaphyre,  qui  font  place  à  des  galets  de  quartz 
laiteux  et  bientôt  à  un  conglomérat  porphyrique  formé  de  galets 
de  quartz  laiteux,  de  porphyre  et  de  fragments  de  schiste  siliceux 
noir  (Phtanite),  le  tout  réuni  par  un  ciment  quartzeux  qui  lui 
donne  une  compacité  remarquable. 

Enfin  le  Weissliegende  est  une  formation  de  1  à  2  mètres  de 


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SCniSTES    CUPRIFÈRES    DU    MANSFELD  333 

puissance  qui  recouvre  le  Rothli^ende  d'une  façon  très  régulière 
au  mur  des  schistes  cuprifères. 

C'est  un  grès  à  ciment  calcaire  d'un  aspect  presque  marneux 
et  de  couleur  grisâtre.  II  renferme  fréquemment  des  galets  de 
quartz,  mais  il  est  surtout  caractérisé  par  des  imprégnations  métal- 
liques qui  établissent  ainsi  la  transition  entre  le  Rothliegenie  et 
la  couche  métallifère. 

Le  Rothliegende  est  pauvre  en  restes  organiques.  On  peut  citer 
quelques  Walchia  (Walchia  piniformis)  et  des  troncs  de  calamités 
(Calamités  Gigas)  qui  permettent  de  le  séparer  nettement  du  ter- 
rain houiller. 

B.  —  Le  Zechstein  marin  repose,  dans  les  contreforts  du  Harz  et 
du  Thuringer  Wald,  en  stratification  discordante,  sur  les  couches 
des  terrains  plus  anciens:  la  discordance  s'observe  notamment  entre 
Mansfeld  et  Seesen,  à  Camsdorf,  SaaKeld,  Ilmenau,  etc.  On  le 
retrouve  ensuite,  dans  des  conditions  de  gisement  identiques,  sur 
les  bords  des  massifs  de  schistes  anciens  du  bassin  du  Rhin,  près 
de  Stadtbei^e,  en  Westphalie  et  à  Frankenberg,  dans  la  Hesse 
électorale,  etc.  Les  couches  triasiques  remplissent  l'espace  com- 
pris entre  ces  divers  affleurements  du  Zechstein  qui  paraissent  se 
relier  en  profondeur. 

Cette  formation  du  Zechstein  peut  se  subdiviser  en  deux  étages, 
dont  l'inférieur  est  assez  constant  d'allure  et  de  composition  et 
renferme  la  couche  des  schistes  cuivreux.  L'étage  supérieur  est, 
au  contraire,  beaucoup  plus  variable. 

a,  —  Vétage  inférieur  comprend,  à  son  tour,  quatre  termes  :  la 
couche  des  schistes  cuivreux^  le  Dachklotz,  la  Faille  et  le  Zechstein 
proprement  dit. 

V  L'assise  des  schistes  cuivreux  est  un  mince  ruban  noir,  de 
C,50de  puissance,  imprégné  de  bitume  encore  plus  régulièrement 
que  de  cuivre  et  dont  le  faciès  est  absolument  caractéristique  sur 
les  pentes  du  Harz  et  du  Thuringerwald  et  à  Riechelsdorf. 

Le  minerai  y  est  disséminé  en  fines  parcelles,  surtout  dans  les 
10  centimètres  de  la  base,  et  donne  à  la  cassure  un  éclat  métal- 
lique. 

C'est  tantôt  de  la  pyrite  cuivreuse  (jaune  d'or),  tantôt  du  cuivre 


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334  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE    ] 

panaché  (violet  rouge  irisé),  tantôt  du  sulfure  de  cuivre  (gris 
sombre). 

On  trouve  encore  de  la  pyrile  de  fer,  de  la  galène,  de  la  blende, 
du  sulfure  d'argent,  du  nickel  arsenical,  du  cobalt  arsenical  et 
quelques  combinaisons  rares  de  manganèse,  de  molybdène  et  de 
sélénium. 

Cette  couche  de  minerai,  malgré  son  peu  d'épaisseur,  est  divi- 
sée, particulièrement  dans  les  districts  de  Hettstadt  et  de  Gerbs- 
tedt,  en  trois  zones  : 

La  zone  inférieure,  de  0,05  à  0,06  de  puissance,  comprenant  la 
liegende  Schaale,  le  Lochen  et  la  Lochschaale; 

La  zone  moyenne,  de  0,10,  comprenant  le  Schieferkopf  infé- 
rieur et  supérieur,  la  Kopfschaale  et  la  Kammschaale  ; 

Enfin  la  zone  supérieure,  de  0,22  à  0,30,  la  Lochberge^  la  Nober- 
berge  ^i  VOberberge, 

Les  assises  inférieures  de  la  couche  sont  généralement  les  plus 
riches.  Les  sulfures  y  sont  disséminés  en  fine  poussière  appelée 
speise  (nourriture)  par  les  mineurs.  En  outre,  on  y  rencontre  la 
phillipsite  et  la  chalcosine  en  filets  interstratifiés  de  l'épaisseur 
d'une  lame  de  couteau,  en  enduits  sur  les  cassures  transversales 
ou  en  rognons  et  grains  isolés.  La  teneur  en  cuivre  varie  de 
2  à  3  p.  100.  La  proportion  d'argent,  qui  atteint  au  Mansfeld 
500  grammes  aux  100  kilogrammes  de  cuivre,  y  rend  l'exploita- 
tion fructueuse. 

Au  milieu  du  minerai,  les  débris  organiques  :  poissons  (Paleo- 
niscus  Freieslebeni,  Platysomus  gibbosus),  rameaux  et  feuilles  de 
VUlmannia  Bronni,  etc.,  sont  très  abondants.  Nous  aurons  à  y 
revenir. 

2^  Le  Dachklotz  (pierre  du  toit)  se  distingue,  par  sa  couleur 
plus  claire,  de  la  couche  de  schistes.  C'est  un  banc  de  calcaire 
marneux  de  0™,15  à  0°,30  de  puissance,  se  divisant  à  l'air  en  blocs 
polygonaux,  qui  contient  parfois  des  minerais  et  spécialement  de 
petits  rognons  de  galène,  mais  renferme  rarement  les  inclusions 
pulvérulentes  dites  speise. 

3"*  La  Faûle  (pierre  pourrie)  est  un  calcaire  marneux  bleu  foncé, 
de  0™,75  à  1  mètre  de  puissance,  très  fissuré,  sans  aucune  soli- 
dité, et  qui  crée  de  grandes  difficultés  à  l'exploitation. 


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SCHISTES    CUPRIFÈRES    DU    MANSFELD  335 

Enfin  4^  le  Zechstein  proprement  dit  est  le  terme  le  plus  régu- 
lier de  toute  la  formation. 

Il  est  constitué  par  un  calcaire  compact  dont  la  couleur  varie 
du  jaune  clair  au  gris  enfumé.  Il  est  divisé  en  bancs  de  0",10  à 
0",30  d'épaisseur  et  se  casse  en  fragments  parallélipipédiques, 
très  propres  à  la  construction,  couverts  de  dentrides  manganésées. 

b.  —  Quant  kY  étage  supérieur  y  il  peut,  de  son  côté,  se  subdiviser 
en  cinq  termes  qui  sont,  de  bas  en  haut  :  le  Gypse  et  VAnhydrite^ 
la  Rauchwackej  la  Cendre^  le  Rauchstein^  le  Stinkstein. 

1®  Gypse  et  anhydrite  du  Zechstein.  —  On  rencontre,  et  c'est  là 
un  fait  important  à  noter,  le  sulfate  de  chaux  à  tous  les  niveaux 
de  la  formation  du  Zechstein,  tantôt  en  fragments  isolés,  tantôt 
en  couches  ou  en  amas  ou  simplement  comme  remplissage  de 
fractures  dû  à  la  circulation  des  eaux. 

L'albâtre  blanc  est  rare.  Le  gypse  est  plutôt  de  couleur  grise 
et  même  noire,  par  suite  de  son  mélange  avec  le  calcaire  fétide. 
On  lui  donne  alors  le  nom  de  Stinkgyps  (gypse  fétide). 

Partout  où  l'on  a  recoupé  le  gypse,  on  a  trouvé,  au  centre  de  la 
masse,  de  Fanhydrite.  Le  passage  est  parfait  de  Tune  de  ces 
substances  à  l'autre. 

L*anhydrite  est  grenue  et  sa  couleur  varie  du  blanc  au  bleu 
pâle  avec  des  teintes  grises  intermédiaires  provenant  de  son 
mélange  avec  le  Stinkstein. 

Dans  le  voisinage  des  massifs  gypseux,  on  a  toujours  rencontré 
de  vastes  fissures  remplies  d'eau  salée,  qui  font  éprouver  de 
sérieuses  difficultés  à  l'exploitation. 

Cette  eau  salée  est  le  résultat  de  la  dissolution  de  masses  de  sel 
gemme  qui  constituaient  un  gisement  subordonné  au  gypse  et 
dont  on  ne  trouve  plus  que  des  lambeaux. 

2*"  hdi  Bauchwacke  qui  a  quelque  importance  au  S.-O.  du  Harz  et 
dans  la  forêt  de  Thuringe,  n'atteint  au  Mansfeld  qu'une  puissance 
de  1  à  2  mètres.  Elle  est  irrégulière  et  disparaît  même  entière- 
ment. C'est  une  formation  magnésienne,  oùlaDolomie  compacte 
d'un  gris  noirâtre  fait  place  parfois  à  une  marne  magnésienne 
jaunâtre.  Nous  verrons  quel  rôle  théorique  on  a  voulu  faire  jouer 
à  cette  dolomie. 

La  texture  en  est  caverneuse  avec  filets  de  calcite  et  parfois 


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336  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

masses  sphéroïdales  de  Limonite  ;  Ips  fossiles  sont  les  mêmes  que 
ceux  du  Zechstein  proprement  dit. 

3**  La  Cendre  est  un  calcaire  dolomitique  marneux,  jaune  bru- 
nâtre, qui  recouvre  la  couche  précédente  avec  assez  de  constance. 

4**  Le  Rauchstein,  qui  se  présente  souvent  entre  la  Rauchwacke  et 
la  cendre,  est  de  couleur  gris  noirâtre,  de  texture  caverneuse.  On 
lui  donne  le  nom  de  VerKàrtete  Asche  (cendre  durcie). 

5**  Le  Stinkstein  (calcaire  fétide)  est  constitué  par  un  calcaire  dur, 
feuilleté,  d'un  gris  enfumé.  Au  contact  de  Tair,  il  tombe  en  pla- 
quettes en  prenant  une  couleur  plus  claire,  et  perd  son  odeur 
fétide. 

Fréquemment,  il  est  recouvert  par  une  couche  de  marnes  bleues 
passant  à  des  argiles  rouges  et  renfermant  des  fragments  de  Stink- 
stein et  de  Rauchstein. 

En  résumé,  la  coupe  est  la  suivante  : 

G.  Grès  bigarré 

/  gypse- 

'  I  slinskstein. 

I .  >  .       \  rauchstein. 

6. — supérieur,'        , 
l  ^  J  cendre. 

!  rauchwacke. 

'\  gypse. 

(zechstein  proprement  dit. 
fàule  (calcaire)  :  0,75  à  1  mètre, 
dachklotz  (calcaire  marneux)  :  0,25. 

5  à  10m.      ]    ^      .      ,       ...        /  supérieure  :  0,22 
/    Couche  de  schistes    S  ^  »,. 

1  cuivreux  (flutz)  :  0,50.    "°r""°*'    =  „"'*«    ,  „„ 

l  \  ^  \  inférieure  :  0,05  à  0,06 

Weissliegende  :  1  a  2  mètres. 

/  supérieur  :  grès  à  grains  fins  avec  conglomérats  à  la  base. 
A.  Rothliegende  \  moyen  :  bancs  calcaires,  argiles  et  conglomérats. 
\  inférieur  :  argiles  rouges  et  conglomérats. 
Houiller. 

Allure  de  la  couche  exploitée.  —  La  couche  des  schistes  cupri- 
fères du  Mansfeld  présente  une  surface  de  500  kilomètres  car- 
rés ;  elle  est  ondulée  et  la  ligne  de  plissement  afiecte  une  largeur 
de  18  kilomètres.  Elle  est  fermée  presque  entièrement  au  Nord, 
à  FEst  et  à  TOuest,  et  ne  se  prolonge  en  profondeur  que  vers  le 
S.-E.,  dans  la  direction  de  Halle. 


6.  Zechstein 


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SCHISTES    CUPRIFÈRES    DU    MANSFELD  337 

L'ensemble  forme  une  sorte  de  cuvette  dont  les  bords  sont 
relevés  et  plongent  :  du  côté  Ouest ,  de  5  à  6**  vers  l'Est  ;  du 
côté  Est,  de  10  à  20^  vers  TOuest;  du  côté  Nord,  de  5  à  G*»  vers 
le  Sud. 

L'exploitation  s'est,  jusqu'ici,  maintenue  dans  le  Nord,  et  son 
axe  est  sensiblement  une  ligne  passant  par  Eisleben,  Mansfeld  et 
aboutissant  à  Friedebourg  sur  la  Saale. 


EcheUe  des  LonraeuBS   au    loiaoo 

L'échellt  dM  liAatoun  triple  d»  edlt  des  longueur» 
Fig.  229.  —  Coupe  transversale  du  bassin  du  Mansfeld. 

Plus  au  Sud,  la  couche  n'est  pas  assez  riche  pour  être  rémuné- 
ratrice. 

On  exploite  le  gîte  du  Mansfeld  depuis  Tannée  1200  environ; 
mais,  en  raison  de  la  grande  extension  des  affleurements  (35  kilo- 
mètres), on  a  pu  longtemps  se  maintenir  dans  le  voisinage  de  la 
surface.  En  1830,  on  avait  à  peine  atteint  140  mètres  de  profon- 
deur. Le  développement  de  l'exploitation  a  fait  descendre  les  tra- 
vaux actuels  entre  200  et  230  mètres  de  profondeur. 

La  couche  de  schistes  cuivreux  a,  d'ailleurs,  subi  de  nombreux 
rejets  par  des  failles,  dont  quelques-unes  sont  restées  stériles  et 
dont  d'autres,  à  Riechelsdorf,  à  Bieber,  etc..  sont  de  véritables 
filons  de  nickel  et  cobalt  avec  gangues  de  barytine  et  de  calcite^ 
Ces  filons  minéralisés  (dits  rucken)  sont  généralement  très  irré- 
guliers et  occasionnent  de  forts  brouillages;  en  deux  points,  à 
Gerbstâdl  et  à  Sangeraûser ,  on  a  pu  exploiter  la  smaltine  avec 


*  Voir  plus  haut,  page  84. 

GÉOLOGIE.  —  T.    II. 


22 


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338  GÉOLOGIE    APPLIQUÉB 

de  la  pyrite,  de  la  marcassite  et  de  la  phillipsite  dans  le  premier 
cas;  du  mispickel,  de  la  chalcosine  et  de  la  chalco pyrite  dans  le 
second.  Au  voisinage,  la  couche  cuivreuse  est  parfois  imprégnée 
de  cobalt  et  nickel. 

Origine  du  gisement.  —  L'origine  et  le  mode  de  formation  des 
gisements  du  Mansfeld  ont  donné  lieu  à  un  grand  nombre  de 
théories  que  nous  devons  résumer  ici  : 

Un  premier  point  sur  lequel  tout  le  monde  est  d'accord,  c'est 
le  caractère  nettement  sédimentaire  du  gîte.  Le  cuivre  s'est  déposé 
en  même  temps  que  les  boues  marneuses  et  bitumineuses  qui  ont 
formé  les  schistes  encaissants.  Il  n'a  pu  arriver  postérieurement 
par  quelqu'une  des  failles  qui  disloquent  la  couche  ;  car,  alors,  on 
ne  le  trouverait  pas  concentré  dans  une  couche  unique  de  0™,  50 
d'épaisseur,  et  il  y  aurait  une  augmentation  de  richesse  au  voisi- 
nage de  cette  faille.  Donc  le  cuivre  se  trouvait  en  dissolution 
étendue  dans  l'eau  d'un  bassin  marin  et  cette  eau  était  en 
train  de  s'évaporer,  proche  de  son  point  de  saturation,  puisque, 
peu  après  le  dépôt  du  cuivre,  il  s'y  est  précipité  du  gypse,  du  sel 
et  des  calcaires  imprégnés  de  sels  magnésiens. 

En  second  lieu,  on  peut  admettre  que  les  matières  organiques, 
poissons  et  plantes,  ont  joué,  pour  précipiter  le  sulfure  de  cuivre, 
leur  rôle  réducteur  habituel.  Les  hydrocarbures  contenus  dans 
ces  schistes  bitumineux ,  qu'ils  proviennent  de  la  décomposi- 
tion de  ces  matières  organiques  ou  de  salses,  ont  eu  la  même 
action. 

Si  l'on  veut  aller  plus  loin  et  chercher  qu'elle  était  l'origine  du 
cuivre  en  dissolution  dans  l'eau  de  mer,  on  sort  du  domaine  des 
faits  précis  observables  et  les  hypothèses  sont  divergentes. 

M.  Dieulafait  en  a  soutenu  une,  il  y  a  une  dizaine  d  années,  qui 
est  fort  ingénieuse*.  Il  est  parti  de  celte  observation  que  les  eaux 
de  la  mer  renfermaient  une  faible  proportion  de  tous  les  métaux, 
aussi  bien  d'ailleurs  que  les  terrains  sédimentaires  et  les  roches 
auxquelles  ces  métaux  ont  été  tout  d'abord  empruntés.  Cette  pro- 
portion, dans  une  eau  assez  concentrée  pour  déposer  du  gypse,  se 

«  1879  (G.  R.,  t.  f .XXXIX  et  R.  Se). 


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SCHISTES    CUPRIFÈRES    DU    MANSFELD  330 

trouve  décuplée.  Dès  lors,  pour  lui,  le  Mansfeld  était,  au  moment 
du  dépôt  des  schistes  bitumineux,  une  lagune  analogue  au  Kara- 
bogaz'  et  formée  d'eaux  déjà  si  saturées^  que  tous  les  poissons  qui 
s'y  trouvaient  introduits  y  mouraient  et  étaient  préservés  de  la 
destruction  par  la  salure  même.  Les  hydrocarbures,  produits  par 
leur  décomposition,  ont,  en  réduisant  le  sulfate  de  chaux  de  Feau 
de  mer,  produit  des  sulfures  qui  ont  précipité  le  cuivre  et  les 
autres  métaux,  en  particulier  le  vanadium.  Puis,  la  lagune  conti- 
nuant à  se  saturer,  il  s'est  déposé,  d'abord  4  à  5  mètres  de  dolomie, 
c'est-à-dire  de  calcaire  imprégné  de  sels  magnésiens  et,  aussitôt 
après,  du  gypse. 

Cette  théorie,  toute  spécieuse  qu'elle  ait  pu  paraître  à  un 
chimiste,  nous  semble  géologiquement  insoutenable. 

La  couche  du  Mansfeld,  avec  ses  0",50  d'épaisseur  à  3  p.  100 
de  cuivre,  correspond  à  une  épaisseur  de  0",  015  de  cuivre  métal. 
En  supposant  même  que  les  roches  formant  le  pourtour  du  bassin 
eussent  contenu,  en  moyenne,  ^^^  ^  de  cuivre  et  que  le  cuivre 
de  toutes  les  parties  érodées  par  la  mer  fût  entré  en  dissolution 
dans  l'eau,  il  faudrait  encore,  pour  en  faire  venir  le  cuivre  de  gise- 
ment, admettre  une  érosion  de  1  500  mètres  de  hauteur  sur  une 
surface  comparable  à  celle  du  bassin  lui-même  ;  et,  comme  cette 
érosion  ne  portait  en  réalité  que  sur  les  rivages  du  bassin,  c'est- 
à-dire  sur  une  superficie  infiniment  plus  faible,  on  arrive  à  un 
cube  d'érosions  tout  à  fait  invraisemblable. 

D'ailleurs  le  Mansfeld  n'est  pas  la  seule  région  où  une  mer  soit 
arrivée  à  saturation  ;  pourquoi,  si,  à  l'époque  permienne,  on  a 
quelques  types  de  gîtes  de  cuivre  sédimentaires,  n'en  a-t-on  pas 
au-dessous  des  gîtes  de  sel  tertiaires  des  Carpathes,  par  exemple; 
et,  d'autre  part,  le  cuivre  n'est  pas  le  seul  métal  dont  on  puisse 
constater  la  présence  dans  les  roches  ni  surtout  le  plus  abon- 
dant. Pourquoi  le  cuivre  domine -t -il  sur  le  zinc  et  le  plomb 
dans  le  Mansfeld  et  pourquoi,  d'autre  part,  trouve-t-on  ailleurs 
des  types  de  gîtes  sédimentaires  de  plomb  ne  renfermant  pas  de 
cuivre  ? 

*  Voir  tome  I,  page  450. 

*  Le  rotbliegende  du  Harz,  qui  est  d*eau  douce,  n*est  pas  cuprilëre,  tandis  que  celui 
de  Perm  qui  contient  du  cuivre,  est  marin. 


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340  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Enfin,  on  a  constaté,  au  Mansfeld,  des  variations  dans  la  propor- 
tion des  dififérents  métaux  pour  lesquelles  une  autre  explication  est 
nécessaire.  C'est  ainsi  que  la  richesse  en  argent  n'existe  que  dans 
rintérieur  du  fond  de  bateau  du  Mansfeld,  alors  que  la  couche  de 
schistes  cuprifères  est  beaucoup  plus  étendue.  De  même,  il  existe 
des  filons  postérieurs,  contenant  du  nickel  et  du  cobalt;  là  on  est 
bien  forcé  d'admettre  une  venue  de  la  profondeur,  puisque  le 
lessivage  des  terrains  encaissants  aurait  dû  remplir  ces  fentes 
principalement  de  cuivre. 

Il  nous  semble  donc  beaucoup  plus  vraisemblable  d'admettre, 
avec  von  Groddeck,  l'arrivée,  dans  le  bassin  saturé  du  Mansfeld, 
de  sources  chargées  de  cuivre  auxquelles  la  mort  et  la  préserva- 
tion des  poissons  seraient  attribuables. 

L'expérience  prouve,  d'ailleurs,  que  des  sulfures  peuvent  se 
former  encore  de  nos  jours  par  des  actions  semblables  de  sources 
minérales.  C'est  ainsi  qu'à  Roisdorf,  près  Bonn ,  NOggerath  '  a 
trouvé,  à  2  mètres  de  la  surface,  dans  un  sol  tourbeux,  des  galets 
roulés  de  quartz  enduits  de  pyrite  de  fer,  pyrite  formée  par  une 
source  minérale  du  voisinage  chargée  de  sulfate  de  soude  et  de 
carbonate  de  fer. 

De  même,  sur  la  côté  de  l'île  de  Bomholm  *,  Forchammer 
a  observé  une  formation  de  pyrites  contemporaines.  Il  existe 
des  sources  ferrugineuses  sortant  de  l'oolithe  inférieure  qui 
se  trouvent  en  contact  avec  des  fucus  dont  la  souche  contient 
beaucoup  de  sulfates.  Les  galets  se  recouvrent  là  d'une  couche 
de  pyrite  qui  demeure  intacte  tant  qu'elle  est  recouverte  d'eau 
salée. 

La  conclusion  à  en  tirer,  c'est  qu'il  peut  très  facilement  se  former 
des  sulfures  métalliques  au  fond  de  bassins  salés,  sans  même  pour 
cela  que  les  métaux  aient  été  préalablement  à  l'état  de  sulfates  ;  ils 
ont  pu,  par  exemple,  être  amenés  par  des  eaux  chlorurées.  La  pré- 
sence de  corps  réducteurs  semble  seule  nécessaire  ;  elle  existe  dans 
les  gisements  de  cuivre  du  Mansfeld,  Perm,  etc.,  où  l'on  ren- 
contre plantes  et  poissons;  dans  ceux  de  stibine  d'Arnsberg  en 

*  Neu.  Jahr.  f.  Miner,,  1836,  p.  58. 

•  Voir  Bischof.  Lehrb.  d.  chem,  u.  physik  Geolog.,  1847,  t.  I,  p.  925. 


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SCHISTES    CUPRIFERES    DU    MANSFELD 


341 


Westphalie^  compris  dans  des  couches  charbonneuses  et  bitu- 
mineuses, carbonifères  ;  dans  ceux  de  cinabre  dldria,  en  relation 
avec  des  matières  bitumineuses. 

Exploitation.  —  Nous  terminerons  par  quelques  détails  statis- 
tiques relatifs  aux  gisements  cuivreux  du  Mansfeld  '. 


Statistique  de  la  production  de  schistes  cuivreux  en  tonnes  : 


i862 


62000 


i879 

375000 


1880 


395000 


1882 


490000 


1885 


500000 


Production  du  cuivre  en  tonnes  : 

1879     I    1880        1881         1882        1883        1884        1885        1886        1887        1888         1{89       1890 


8534  19957 


11175 


11  721 


12  836 


12  783   12649 


12  797 


13233 


13  694 


15748 


16  053 


Détail  pour  l'année  1880. 


SCHISTES 
cxlraiU 

DÉPENSES 

PRIX  DE  REVIENT 
par  tonne 

Districts  supérieurs  ou  d'Eisleben. 
Districts  inlerieurs  ou  d*Hettstedt. 

Totaux 

Tonnes 

275  000 
120  000 

Francs 

8  570  000 
4  430  000 

Francs 

31,12 
37,12 

395  000 

13  000  000 

32,94 

Stériles  extraits  en  1880  : 1  200  000  tonnes. 

Per«ow«c/ employé  en  1880,  aux  mines  .   .        10  000  ouvriers, 
—  —       aux  usines  .   .  3  800       — 


Total 13  800  ouvriers. 

La  population  totale  vivant  des  mines  au  Mansfeld  était,  en 
1880,  de  38  000  personnes. 

1  Voir,  plus  haut,  page  204. 

'  Voir  page  220,  un  tableau  de  la  produclion  du  cuivre. 


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342 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


Traitement  des  minerais.  —  La  composition  des  schistes  du 
Mansfeld  est  la  suivante  : 


Silice 

Alumine.  .   .   . 

Chaux  

Magnésie  .... 
Acide  carbonique 

Fer 

Cuivre 

Argent  

Soufre 

Bitume 


PUITS  OTTO 


38,42 

15,93 

10,93 

3,53 

7,02 

1,81 

2,01 

0,015 

3,18 

14,03 


97,475 


PUITS  ERNST 


33,15 

12,90 

14,39 

2,32 

10,47 

3,31 

2,90 

0,016 

2,15 

9,89 


91,496 


PUITS  GLUCKHILF 


29,22 

11,76 
12,66 
2,25 
9,43 
2,97 
2,88 
0,021 
4,97 
17,21 


91,371 


La  teneur  en  cuivre  varie  donc  de  2  à  3  p.  100.  Celle  en  argent 
est  assez  fixe  à  150  grammes  par  tonnes. 
Les  opérations  du  traitement  des  schistes  sont  les  suivantes  : 

10  Grillage  des  schistes  ; 

2®  Fusion  pour  matte  pauvre  ; 

3<*  Grillage  de  la  matte  pauvre  ; 

4®  Fusion  pour  matte  pauvre  ; 

5^  Désargentation  de  la  matte  deuxième  ; 

6^^  Fusion  des  résidus,  affinage,  raffinage. 

La  production  du  Mansfeld  en  métaux  a  été,  en  1880  : 

Cuivre  raffiné,  i^  quahté 8  934  tonnes. 

—  2«      —       785      — 

Argent 66  560  kilogrammes. 

Or,  Textraction  du  minerai  élant,  en  1880,  de  395  000  tonnes,  le 
rendement  moyen  industriel  est  sensiblement  2,46  p.  100. 

La  valeur  produite  a  été,  en  1880,  de  12  330  000  fr.  de  cuivre 
et  9  980  000  fr.  d'argent. 

Par  contre,  le  prix  de  revient  est,  en  moyenne,  de  33  francs 
par  tonne;  ce  qui  fait,  pour  39  300  kilogrammes  à  33  francs, 
12  933  000  francs.  U  en  résulte  que  le  cuivre  ne  serait  pas 
exploitable  s'il  n'était  pas  argentifère*. 

1  Voir  la  bibliographie  plus  loin,  page  344. 


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TERRAIMS   CUPRIFÈRES   DE   LA    HESSE  343 

TERRAINS  CUPRIFÈRES  DE  LA  HESSE 
ET  DE  LA  WESTPHALIE 


La  couche  de  terrains  cuivreux  du  zechstein,  que  nous  venons 
d'étudier  dans  le  Mansfeld,  se  retrouve  dans  la  Hesse  et  en  WesU 
phalie,  avec  des  caractères  un  peu  différents. 

A  Frankenberçj  en  Hesse,  les  minerais  sont  dans  une  argile  cal- 
caire grise  à  lamelles  de  mica  ayant  de  0°*,30  à  0"*,35  d'épaisseur. 
La  minéralisation  est  très  intimement  liée  à  la  présence  de  restes 
de  plantes,  appelés  graupen  ;  Tespèce  la  plus  répandue  est  FUU- 
mannia  Bronni  (Gôppert)  (troncs,  branches,  etc.)  ;  puis  il  existe 
des  restes  assez  fréquents  d'araucaria  et  de  fougères.  Tous  ces 
restes  de  plantes  sont  transformés  en  une  masse  qui  ressemble  à 
du  jais  et  qui  est  chaînée  de  galène,  de  pyrite,  de  cuivre  gris, 
de  cuivre  panaché,  avec  un  peu  d'argent  natif  et  de  l'aident  rouge 
très  rare.  L'abondance  de  ces  minerais  est  proportionnelle  à  celle 
des  plantes  et  Ton  n'en  trouve  ni  au  toit  ni  au  mur. 

A  Bieber,  en  Hesse,  le  zechstein  repose  directement  sur  les 
micaschistes.  La  puissance  de  la  couche  cuivreuse  varie  de  0",30 
à  1",50.  C'est  une  couche  de  schistes  marneux  et  bitumineux  gris 
noirâtre  en  feuillets  minces.  Les  minerais  n'y  sont  pas  en  sécré- 
tions suivant  la  stratification,  mais  en  enduits  minces  sur  les 
parois  des  fentes  (cuivre  gris,  chalcopyrite,  galène  et  pyrite  de 
fer). 

Là,  comme  dans  tout  le  Mansfeld,  il  existe  des  failles  assez  fré- 
quentes de  direction  105  à  135**,  qui  rejettent  les  couches,  et  les 
failles  sont  devenues,  sur  beaucoup  de  points,  des  filons  métallifères, 
tandis  que  d'autres  sont  restées  stériles.  Leur  remplissage  est 
généralement  formé  de  minerais  de  cobalt  et  de  nickel  avec 
gangues  de  barytine  ou  de  calcite,  et,  dans  le  voisinage,  la  couche 
cuivreuse  contient  également  un  peu  de  cobalt. 

Enfin,  à  Stadtberg,  en  Wesiphalie,  les  minerais  de  cuivre,  au 
lieu  d'être  localisés  dans  la  couche  de  schistes,  se  trouvent  aussi 


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344  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

dans  le  zechstein  du  toit  dont  la  puissance  est  de  10  à  12  mètres, 
mais  là  inexploitables.  Dans  cette  région,  schistes  cuivreux  et 
zechstein  sont  traversés  par  des  filons  qui  sont  cuprifères,  non 
seulement  dans  ces  couches,  mais  dans  les  niveaux  sous-jacents 
de  grauwackes  et  de  schistes  siliceux  et,  au  voisinage  de  ces 
filons,  les  terrains  inférieurs  sont  minéralisés.  Il  est  donc  possible 
que  nous  ayons  là  un  point  d'émergence  des  sources  cuivreuses 
ayant  métallisé  les  terrains  ;  cependant  il  est  assez  difficile  de 
déterminer  si  ce  n'est  pas  au  contraire,  comme  le  suppose  Grod- 
deck  à  qui  nous  empruntons  la  description  de  ce  gisement,  un 
produit  de  recristallisation,  dans  des  fentes,  de  cuivre  emprunté  au 
zechstein. 

En  France,  il  existe,  dans  le  Var^  à  peu  près  au  même  niveau, 
un  petit  horizon  cuivreux  parfaitement  régulier,  qui  devient  plus 
épais  dans  les  Alpes-Maritimes  où  il  a  été  exploité.  Le  cuivre 
s'y  trouve,  comme  toujours,  concentré  autour  de  plantes. 

Bibliographie  du  Mansfeld  et  de  la  Hesse. 

1808.  ScHMiDT.  — Schistes  cuivreux  de  Bieber  en  Hesse.  {2\reues/aAr.  A  Miner., 
p.  45.) 

Frbiesleben.  —  {Geognostiche  Arbeiten,  U  III.) 

1826.  V.  Vbltheim.  —  Dans  Karsten's  Arch,,  1877,  t.  XV,  p.  89. 

1837.  Baumler.  —  Nickelerze  im  Mansfelder  Kupferschiefer.  (Zeit.  d.d,  geol. 
Ges.,  p.  25.) 

1844.  Plumicke.  —  Dans  Karsteri's  Arch.,  1844,  t.  XVIII,  p.  139. 

1864.  Peltzer  et  Greiner.  —  Ezpl.  du  schiste  cuivreux  argentifère  au  Mans- 
feld. {.Cuyper,  t.  XV,  p.  424.) 
V.  COTTA,  p.  106. 

1867.  WuRTEMBERGER.  —  Sur  Ics  miuerais  de  Frankenberg  (Hesse).  (Neiies 
Jahrb.  f.  Miner,  ^  p.  10.) 

1869.  ScHRADER  et  Zeuscher.  —  (Zeitsch,  f,  d.  Berg,  Huit.  u.  Sal.  im  preuss,, 
t.  XVII,  p.  251.) 

1879.  Groddeck,  p.  122  ei  passim, 

1879.  DiEULAFAiT.  —  (Rev.  Se) 

Erlàuterung  z.  geol.  zpecial  Karte  v.  Preussen  u.  d.  Thûr  Staaten. 

1881 .  Notice  imprimée  sur  les  mines  du  Mansfeld. 

1882.  Termier.  —  Mémoire  manuscrit  à  TEcole  des  mines. 
1884.  Janet.  —  Mémoire  manuscrit  à  l'Ecole  des  mines. 


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CUIVRE   DU   CAUCASE    (kIADÉBEK,    AKHTALA)  345 

GRÈS  PLOMBIFÈRES  ET  CUPRIFÈRES 
DE  SAINT-AVOLD  (trias) 

La  région  comprise  entre  Sarrelouis  et  Aix-la-Chapelle  ren- 
ferme d'assez  nombreux  types  de  minerais  de  plomb  sédimen- 
taires*,  parfois  accompagnés  d'un  peu  de  cuivre.  Au  voisinage  de 
Saint-Avold,  le  cuivre  devient  assez  abondant  dans  la  couche 
dite  de  Hochwald,  à  la  partie  supérieure  des  grès  bigarrés.  On 
en  retrouve  en  veines  dans  les  cassures  des  bancs  de  grès  qui 
reposent  au-dessus.  Cependant,  il  semble  bien  que  la  minérali- 
sation soit  contemporaine  du  dépôt  de  la  couche.  L'enrichisse- 
ment, au  voisinage  des  cassures,  s'exphquerait  par  des  phénomènes 
de  redissolution.  Ces  minerais  de  cuivre,  comme  ceux  de  Perm, 
sont  toujours  des  oxydes,  jamais  des  sulfures  comme  au  Mans- 
feld  ;  ils  se  trouvent  en  inclusions  pulvérulentes  ou  en  nodules 
variant  de  la  grosseur  d'un  pois  à  celle  d'une  noix. 

CUIVRE  DU  CAUCASE* 

(KIADEBEK,    AKHTALA,     TCHAMLOUK,    ALLAHVERDI,   ARTANE,    KATAR) 

{Amas  et  couches  de  quartz  cuivreux  et  plombifère  en  relation 
possible  avec  des  dacites,) 

Les  couches  de  cuivre  tertiaires  du  Caucase  (Akhtala)  et  du 
Boléo  qu'il  nous  reste  à  étudier,  semblent,  quoique  se  présentant 
sous  forme  stratifiée,  présenter  une  relation  très  nette  avec  des 
roches  éruptives  récentes.  Par  un  phénomène  que  nous  rencontre- 
rons pour  la  plupart  des  métaux,  les  éruptions  tertiaires,  en  raison 
de  leurs  caractères  beaucoup  plus  nets  et  moins  troublés  par  des 
actions  postérieures,  sont  de  nature  à  nous  faire  présumer  ce  qui  a 
pu  se  passer  dans  les  temps  anciens  et  nous  fournissent  un  argu- 

<  Nous  aurons  à  y  revenir  au  chapitre  du  Plomb, 
'  Coll.  Ecole  des  Mines ^  1786. 


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346  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

ment  pour  combattre   les  théories  hostiles  à  Tintervention  des 
roches  ignées  dans  la  formation  des  gisements  métallifères. 

Dans  le  Sud  du  Caucase,  il  existe,  en  Géorgie,  sur  les  contre- 
forts septentrionaux  du  petit  Caucase,  des  gisements  de  cuivre 
exploités  depuis  très  longtemps  par  des  procédés  primitifs  et 
qui,  repris  récemment  par  des  méthodes  vraiment  scientifiques, 
sont  peut-être  appelés  dans  Tavenir  à  un  grand  développement, 
bien  que  le  manque  de  combustible  et  le  caractère  accidenté  du 
pays  ne  permettant  d'y  établir  une  industrie  qu'en  risquant  de 
gros  capitaux.  Le  centre  principal  est,  à  TEst,  Kiadébek  à  60  kilo- 
mètres au  Sud-Ouest  d'Elisabethpol,  appartenant  à  la  Compagnie 
Siemens  qui  y  a  construit  une  usine  importante  ;  on  peut,  en  outre, 
citer,  à  TOuest,  Akhtala  à  80  kilomètres  au  Sud  de  Tiflis,  ayant 
appartenu  à  une  compagnie  française  et  abandonné  momentané- 
ment, depuis  1889,  malgré  la  grande  richesse  des  minerais.  La 
difficulté  de  la  mise  en  valeur  des  richesses  naturelles  de  ce  pays 
est  le  manque  absolu  de  voies  de  communication. 

Nous  n'avons,  sur  Kiadébek^  que  des  renseignements  assez  in- 
complets :  il  en  résulte  que  le  cuivre  est  dans  des  amas  ramifiés 
d'une  roche  quartzeuse  *  avec  rognons  de  pyrite  cuivreuse  et  de 
cuivre  oxydé  noir.  A  la  place  des  quartzites,  on  trouve  souvent, 
au  toit  du  minerai,  des  sables  quartzeux  très  friables  ;  souvent 
aussi,  le  quartzite  est  imprégné,  jusqu'à  une  certaine  distance 
du  gîte,  de  cristaux  de  pyrite.  Les  deux  amas  principaux  sont 
ceux  d'Esel  et  de  Werner;  on  en  a  trouvé,  de  plus,  un  troisième  ; 
tous  trois  sont  alignés  suivant  une  même  direction. 

L'amas  Esel  est  formé  :  au  centre,  de  cristaux  de  pyrite  de  fer 
et  de  blende  cimentés  par  de  la  pyrite  de  cuivre,  la  proportion 
totale  de  cuivre  étant  de  3  à  5  p.  100  ;  au  mur,  la  teneur  en  cuivre 
diminue  ;  au  toit,  elle  augmente  jusqu'à  12  p.  100.  En  outre,  il 
existe  des  nids  de  galène  avec  pyrites  de  fer  et  de  cuivre. 

L'amas  Werner  est  formé  de  quartz  assez  régulièrement  im- 
prégné de  pyrites  diverses  tenant  de  5  à  10  p.  100  de  cuivre  et 
accompagné  par  du  gypse.  Le  prix  de  revient  de  la  tonne  de 
minerai  rendue  à  l'usine  est  de  18  fr.  70  environ  la  tonne. 

<  Cette  roche  apparaît,  au  mici-oscope,  formée  de  grains  de  quartz  avec  feldspaths, 
pyroxène,  amphibole,  mica,  cic. 


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CUIVRE    DU    CAUCASE   (kIADÉBEK,    AKHTALa)  347 

La  production  était,  vers  1880,  de  5  à  600  tonnes.  En  1890,  on 
a  produit  1  13i  tonnes  à  Kiadebek,  plus  6S9  à  Halakent  et 
81  tonnes  de  cuivre  électrolytique. 

Sur  Akhtala^  nous  sommes  beaucoup  mieux  informés  par  une 
note  de  M.  de  Morgan,  ancien  directeur  des  travaux*. 

La  compagnie  française  possède  là  trois  gisements  :  ceux 
d'Akhtala,  Allah- Verdi  et  Tchamlouk  situés  au  pied  du  mont 
Lelwar,  près  de  la  rivière  la  Khram,  affluent  de  la  Koura,  qui  se 
jette  dans  la  Caspienne,  et  peut-être  en  relation  les  uns  avec  les 
autres. 

Le  mont  Lelwar  a  sa  base  formée  de  granité  recouvert  par  du 
jurassique  supérieur  et  du  crétacé  inférieur.  Postérieurement  au 
crétacé,  il  a  été,  ainsi  que  les  montagnes  voisines,  TAUa-Ghenz  et 
FArarat,  un  centre  d'importantes  coulées  volcaniques  qui  se  sont 
répandues  sur  ses  flancs. 

C'est  entre  deux  coulées  de  dacite  (andésite  quartzifère  à  amphi- 
bole et  pyroxène)  que  les  gîtes  de  cuivre  paraissent,  d'après 
M.  de  Morgan,  avoir  été  formés  par  des  épanchements  hydrother- 
maux riches  en  silice  qu'on  peut  rapprocher  de  ceux  ayant  formé 
le  manganèse  du  Capo-Rosso,  le  fer  de  Tîle  d'Elbe,  de  la  Tafna 
ou  de  Tabarka,  ou,  à  une  époque  plus  ancienne,  la  galène  des 
couches  calcédonieuses  du  Morvan. 

Les  premiers  dépôts,  ceux  du  mur,  par  un  phénomène  peut- 
être  analogue  à  celui  de  l'amas  Esel  de  Kiadebek,  sont  pauvres  en 
cuivre;  ils  sont  formés  de  calcédoine  et  calcite  avec  quelques 
rares  mouches  pyriteuses.  Plus  tard,  c'est-à-dire  dans  les  couches 
du  toit,  les  sulfures  augmentent  d'importance  et  constituent  dans 
la  masse  quartzeuse,  une  imprégnation  de  chalcopyrite,  pyrite  de 
fer,  blende  et  galène  avec  un  peu  de  barytine  et  de  gypse.  A  la  fin  de 
l'épanchement,  il  paraît  être  arrivé,  dans  certains  gîtes,  une 
coulée  surtout  plombeuse  tenant  des  traces  d'argent  et  d'or 
(Tchamlouck,  Akhtala*). 

1  Les  résultats  de  ce  travail  ont  été  discutés  ;  les  gisements  ont  été  considérés,  par 
d'autres  géologues,  comme  des  amas  ûloniens. 

*  A  Saint-Avold  on  trouve  aussi  le  cuivre  (Hochwald)  au-dessous  du  plomb  (Cas- 
lelberg,  Bleiberg);  de  même,  dans  l'ensemble,  le  cuivre  (permien)  paraît  être  venu 
généralement  avant,  c'est-à-dire  à  une  température  plus  chaude,  que  le  plomb  (tria- 
sique). 


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348  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Ces  quartz  métallifères  ont  été  recouverts  par  une  nouvelle 
coulée  de  dacite  qui  semble  les  avoir  surpris  avant  leur  consolida- 
tion; car  le  toit  des  nappes  quartzeuses  présente  de  très  fortes 
ondulations.  Puis  sont  venus,  au-dessus,  des  basaltes. 

Quelques,  failles  ont  disloqué  les  couches,  et  des  érosions  ont 
mis  à  jour,  en  divers  points,  la  nappe  métallifère  qu'il  est  ainsi 
possible  d'exploiter  à  ciel  ouvert. 

Si  nous  entrons  dans  le  détail,  à  Akhtala,  les  minerais  sont  con- 
centrés au  toit  du  gîte  et  forment  deux  étages  bien  distincts  : 
rinférieur  chaîné  de  sulfures  (pyrite,  chalcopyrite  et  phillipsite), 
d'une  épaisseur  variant  entre  0,50,  et  4,50;  d'un  teneur  moyenne 
de  12  p.  100;  le  supérieur,  séparé  du  premier  par  un  lit  de  quartz, 
renfermant  dos  galènes,  des  blendes  et  des  pyrites  cuivreuses  par- 
fois argentifères. 

Le  gîte  de  Tchamlouk  diffère  du  précédent  par  la  présence  de 
bancs  épais  de  gypse  et  par  l'absence  de  galènes  pures. 

Enfin,  à  Allahverdi,  les  parties  minéralisées  sont  beaucoup  plus 
épaisses  et  l'on  a  exploité  les  affleurements  d'une  couche  continue 
ayant  jusqu'à  16  mètres  d'épaisseur  moyenne. 

L'exploitation,  reprise  vers  1886  par  une  société  française,  a 
eu  un  moment  de  développement;  après  quoi,  on  a  dû  l'inter- 
rompre de  nouveau.  La  fusion  pour  mattes  s'y  faisait  dans  un 
waterjacket  chauffé  par  des  résidus  de  pétrole  (80  francs  la 
tonne)  et  la  transformation  de  la  matte  en  cuivre  métallique  par 
le  procédé  Manhès. 

La  main-d'œuvre  est,  dans  ce  pays,  presque  exclusivement 
grecque,  sauf  quelques  ouvriers  piémontais  pour  diriger.  Le 
Italiens  reviennent  à  4,30  par  jour,  les  Grecs  à  2,50. 

Le  transport  à  Tiflis  se  fait  actuellement  par  fourgons  attelés 
de  chevaux  et  de  mulets  et  coûte  de  20  à  25  francs  par  tonne. 

Bibliographie, 

1878.  Richesses  minérales  delà  Russie,  p.  117. 

1885.  Le  cuivre  en  Transcaucasie.  (Ann.  d.  Jlf.,  1885.  Bulletin^  p.  533.) 
*  1888.  DK  Morgan.  —  Conférence  sur  les  mines  d*Akhtala. 
1892.  Leproux.  —  Gisements  minéraux  àxt  Caucase.  {Ann,  d.  if.,  9«,  t.  II, 
p.  510.) 


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CUIVRE    DU    BOLÉO   (BASSE   CALIFORNIE)  349 


CUIVRE  DU  BOLÉO  (basse  Californie*) 

Le  gîte  cuprifère  du  Bolée  est  situé  sur  la  côte  Est  de  la  basse 
Californie,  sur  le  golfe  de  Californie,  en  face  le  port  de  Guaymas 
(rive  mexicaine)  où  aboutit  le  chemin  de  fer  de  la  Sonora  com- 
muniquant avec  les  lignes  des  États-Unis. 

La  région  du  Boléo  forme  un  vaste  plateau  presque  horizontal, 
légèrement  incliné  vers  la  mer,  découpé  par  quatre  grands  ravins 
et  surmonté  par  quelques  rares  pitons  isolés.  Elle  est  géologique- 
ment  constituée  d'un  certain  nombre  d'assises  très  régulières  de 
tufs  et  de  conglomérats  trachy  tiques,  andésitiques  ou  labradoriques, 
avec  intercalations  de  couches  cuivreuses.  A  TOuest,  ces  couches 
s'appuient  sur  une  double  chaîne  discontinue,  parallèle  à  la  côte, 


L 


La  I^oomAe  est  enïrm 
Z^s  3  couches  en  place  !  La2':  etlmST  subsistent 


Fig.  230.  —  Coupe  schématique  de  la  région  cuivreuse  du  Boleo  (d'après  M.  Fuchs. 

de  trachytes  peu  acides  voisins  des  dacites,  et  l'ensemble  de  la  for- 
mation est  recouvert  par  une  puissante  coulée  de  lave  basaltique  à 
péridot. 

Si  nous  entrons  dans  le  détail,  nous  avons  à  décrire  les  tufs,  les 
conglomérats  et  les  couches  cuivreuses. 

Les  tufs  sont  argileux  et  légèrement  feldspathiques  avec  de 
fines  paillettes  de  mica  ;  leur  couleur  varie  du  gris  jaunâtre  au 
rose  vif.  La  cristallinilé  semble  diminuer  de  bas  en  haut  et  aug- 
menter au  voisinage  des  pitons  trachytiques.  Pour  M.  Fuchs,  ces 
couches  représentent  des  éruptions  boueuses  sous-marines  dont 

1  Coll.  ÈcoU  des  Mines,  1960.  Voir  la  carte  géologique  de  l'Amérique  du  Nord,  1. 1, 
p.  73.  Ce  paragraphe  est  le  résumé  d'un  mémoire  publié  par  M.  Fuchs. 


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350  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

rintensité  a  été  en  s'atténuant  avec  le  temps.  Les  couches  supé- 
rieures contiennent  quelques  fossiles  miocènes  d'espèces  littorales. 

Les  conglomérats  sont  formés  de  fragments  roulés  de  roches 
éruptives  ;  ils  se  présentent  à  quatre  niveaux  seulement  et,  sauf  le 
plus  élevé,  sont  tous  surmontés  par  une  des  couches  cuivreuses. 
Dans  le  conglomérat  inférieur,  les  fragments  sont  formés  de 
dacites  et  de  labradorites  ;  dans  le  deuxième  et  le  troisième,  de 
roches  plus  riches  en  silice,  de  trachytes  avec  quelques  rhyolites 
exceptionnelles;  enfin,  dans  le  conglomérat  supérieur,  on  retrouve 
des  roches  basiques,  des  basaltes  accompagnés  de  phonolite  et 
d'obsidienne. 

Le  cuivre  se  présente  dans  trois  couches,  Tinférieure  de  0",60 
à  3  mètres,  la  deuxième  de  0™,80  à  2"*,30,  la  supérieure  en 
moyenne  de  1  mètre.  Il  est  à  peu  près  exclusivement  sous  forme 
de  minerais  oxydés,  tantôt  isolés,  tantôt  associés  ou  combinés 
avec  le  fer,  le  manganèse,  Tacide  carbonique,  parfois  la  silice. 

C'est  Toxyde  noir  et  Toxydule  de  cuivre,  avec  un  peu  d'ata- 
camite  (CuCl  +  3CaO  +  3H0),  puislazurite,  la  malachite,  le  chjry- 
socole  (hydrosilicate),  la  crednérite  (2Mn*0'3CuO),  la  chlorite  cui- 
vreuse, etc.  Ces  minéraux  sont  enveloppés  dans  une  gangue  d'argile 
tufacée  d'un  gris  lilas  assez  clair,  renfermant  de  0,1  à  6  p.  100  de 
chlorure  de  sodium,  avec  un  peu  de  carbonate  et  de  sulfate  de 
chaux.  Ils  sont  en  mouches,  en  veinules  ou  en  petites  boules  ooli- 
thiques  et  présentent  toujours  une  concentration  vers  la  base  où  le 
minerai  forme  un  lit  compact  atteignant  15  à  20   centimètres. 

La  couche  supérieure  est  la  moins  importante  et  a  été  peu 
explorée. 

La  seconde  couche  est  particulièrement  riche  en  silice,  surtout 
dans  le  voisinage  d'une  grande  faille  située  à  l'Ouest  dont  la  for- 
mation paraît  avoir  été  suivie  d'une  venue  hydrothermale.  C'est  là 
surtout  qu'on  trouve  le  minerai  de  cuivre  sous  une  forme  parti- 
culièrement recherchée  à  cause  de  sa  richesse,  à  l'état  d'oolithes 
d'oxyde  et  de  carbonate  atteignant  plusieurs  centimètres  de  dia- 
mètre et  appelées  boléos. 

Ces  boléos,  irrégulièrement  disséminés  dans  le  tuf  et  faciles  à 
séparer  par  un  criblage  à  sec,  tiennent  de  2o  à  40  p.  100  de  cuivre. 

Enfin  la  couche  inférieure  contient  la  plus  grande  variété  de 


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CUIVRE    DU   BOLÉO   (bASSë   CALIFORNIE)  351 

minéraux,  en  particulier  deux  sulfures  (chalcosine  et  covelline),  qui 
apparaissent  au-dessous  du  niveau  hydrostatique  des  eaux  et  dont 
il  faut  peut-être  rapprocher  d'importants  amas  de  gypse  situés  au 
Nord-Est  de  la  région  métallifère  et  considérés  comme  du  même 
niveau. 
L'analyse  moyenne  des  minerais  de  toutes  les  mines  a  donné  : 


UINE 
de  l'Olvido 


Silice 

Alumine 

Peroxyde  de  fer 

Oxyde  rouge  de  manganèse 
Gai'bonate  de  chaux  .... 

Sulfate  de  chaux 

Oxyde  de  plomb 

Oxyde  de  zinc 

Oxyde  de  cuivre 

Chlorure  de  sodium.   .   .    . 
Perte  par  calcination  .   .   . 

Total 

Cuivre  métallique 


23,00 
10,60 
12,00 

9,66 
> 

0,55 
traces 

6,60 
26,60 

6,40 
10,00 


99,41 
21,18 


IIINR 
Sontag 


UINE 
PrOBpcridad 


16,30 
7,00 
8,00 

24,00 
4,00 


15,83 

0,20 

24,00 


28,00 
14,30 
4,00 
7,00 
2,00 
1,30 

1,20 
19,00 

0,83 
22,00 


99,33 
12,66 


99,63 
15,20 


22,00 
10,50 

8,65 
14,75 

1,85 

0,55 
traces 

0,60 
18,45 

2,20 
19,55 


99,10 
15,00 


La  géogénie  du  gisement  a  été  résumée  par  M.  Fuchs  de  la 
manière  suivante  : 

Vers  l'époque  éocène  aurait  eu  lieu  l'éruption  des  trachites  qui 
forment  Tossature  de  la  presqu'île  californienne. 

A  ce  moment,  la  région  actuelle  du  Boléo  aurait  été  occupée 
par  une  mer  peu  profonde  où  se  seraient  produits,  à  quatre  époques 
successives,  des  affaissements  caractérisés  par  les  bancs  de  con- 
glomérats à  gros  blocs  intercalés,  à  quatre  niveaux,  dans  la  for- 
mation. 

La  preuve  de  ces  affaissements  se  trouve  :  d'une  part,  dans  Tin- 
clinaison  générale  des  couches  vers  la  mer  et,  d'autre  part,  dans 
ce  fait  qu'il  y  a  une  légère  discordance  de  stratification  entre  les 
diverses  couches,  l'inclinaison  allant  en  augmentant  très  sensi- 
blement du  sommet  à  la  base.  Une  grande  fracture  parallèle  au 
rivage,  qui  coupe  les  terrains  à  TOuest,  paraît  en  relation  avec  ces 
mouvements  et  a  servi  de  passage  à  des  eaux  riches  en  quartz, 
qui  ont  silicifié  les  roches  au  contact. 


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352  GÉOLOGIB    APPLIQUÉB 

D'après  M.  Fuchs,  il  faudrait  voir,  dans  les  trois  gîtes  cuivreux 
régulièrement  superposés  aux  trois  conglomérats  inférieurs  et 
dans  les  tufs  qui  les  accompagnent,  le  résultat  d'épanchements 
boueux  sous-marins  ayant  succédé  à  chacune  de  ces  dislocations 
et  étant  montés  à  la  surface  par  les  fractures  qu'ils  avaient  pro- 
duits. 

L'exploitation  de  ce  gisement,  qui  date  de  1884  seulement,  est 
dans  sa  période  ascendante  mais  n'a  pas  réalisé  toutes  les  espé- 
rances qu'on  avait  d'abord  conçues  ;  cependant  la  production  a 
déjà  dépassé  3  500  tonnes  de  cuivre  par  an.  La  difficulté  est  la 
nécessité  d'importer  des  ouvriers  assez  chèrement  payés  (5  à  7  francs 
par  jour,  jamais  au-dessous  de  4  francs  pour  les  Indiens).  Le  trai- 
tement métallurgique  se  fait  sur  place  dans  des  w^ater-jackets. 
L'épuisement  rapide  des  minerais  siliceux,  qu'on  avait  d'abord 
rencontrés,  a  causé,  de  ce  côté,  quelques  déboires.  On  songe  à 
installer,  pour  les  minerais  pauvres,  des  appareils  de  cémentation. 

Bibliographie. 

1882.  Fdchs.  —  Note  sur  les  gisements  de  cuivre  du  Boleo.  {Association  fran- 
çaise pour  l'avancement  des  Sciences,  t.  XI V,  p.  410.  Grenoble,  1882.) 

1885.  DE  LA  BouGusE  et  GuMENGE.  —  Etude  suF  le  district  cuprifère  du  Boleo. 

*  1885.  Ed.  Fuchs.—  Sur  le  gisement  de  cuivre  du  Boleo,  (B.  S.  Gr.,  3®  série, 
t.  XIII,  p.  645.) 

Sur  le  Boléo.  (Génie  civil,  t.  XI,  n»  7,  p.  105.) 

Bibliographie  générale  du  cuivre  \ 

1844.  Stobieskt.  —  Filons  de  cuivre  pvriteux  dans  le  jurassique  de  la  Brame. 
(B.  S.  G.,  2«  t.  Il,  p.  40.) 

1852.  Ville.  —  Mines  de  cuivre  de  l'Ouest  de  la  prov.  d'Oran.  (B.  S.  G.,  2*, 
t.  IX,  p.  379.) 

1853.  Jackson.  —  Mines  de  cuivre  et  de  houille  de  la  Caroline  du  Nord 
(Etats-Unis).  (B.  S.  G.,  2%  t.  X,  p.  505.) 

1854.  JuLius  JuHos.  —Trait,  métal,  des  miner,  decuivregris  à  Stephaushûtie 
(Hongrie).  (Ann.  d.  M.,  5%  t.  VII,  p.  53.) 

1854.  Delesse.  —  Mines  de  cuivre  du  Cap  de  Bonne-Espérance,  (Ann,  d.  M,, 
50,  t.  VIII,  p.  186.) 

1855.  Mines  de  Cobija  en  Bolivie.  {Ann.  d.  M,,  5%  t.  XI,  p.  695.) 
*  Généralités  et  gîtes  non  décrits. 


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BIBLIOGRAPHIB   GÉNÉRALE  DU   GUIVaB  353 

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t.  X,  p.  615.) 

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{Ann,d,  if.,  5«,  t.  XVII,  p.  51.) 

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(Ann,d,M,,  5«,  t.  XIX,  p.  489.) 

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2«,  t.  XV,  p.  314.) 

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1865.  Mines  de  cuivre  de  la  République  Argentine.  (Bull.  Ann,  d.  M,,  6«.) 

1866.  Mines  de  cuivre  du  Cap  de  Bonne-Espérance,  (Bull.  Ann,  d.  If.,  6®, 
t.  X,  p.  602.) 

1866.  Reck.  —  Mines  des  hauts  plateaux  de  Bolivie  et  mines  d'argent  de 
Potosi. 

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p.  286.) 

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1874.  HiGGs.  —  On  ihe  copper  mines  of  Alderley  Edge  (Cheshire),  (Trans,  of 
the  geol,  soc,  ofComwall,  t.  VII,  p.  325.) 

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dépôts  sédimentaires  qui  en  procèdent.  (C.  R.,  t.  LXXXLX,  p.  453.) 

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etd'hist.  nat,  au  Canada,) 

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Darjiling  district.  (Records  of  the  geological  Survry  of  India,  t.  XV,  p.  56.) 

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(In-8^  3  p.  Extr,  des  Ann.  de  la  Soc,  géol,  de  Belgique,) 

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haudlingcr  de  geologiska  foereningens  i  Stockholm,  t.  VII,  p.  678.) 

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1887.  Le  cuivre  au  Japon,  (Ann,  d.  M.,  1887,  p.  531.) 

1888.  Edgemorth  David.  —  Cupriferous^shales  in  permian  rocks.  (Transac- 
tions of  the  geological  Society  of  Australasia.  Melbourne,  1888.) 


géologie.  —  T.  II.  23 


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ZINC 

Zn;  Eq  =  32,5  —  P.  a<  =  65 

USAGES   ET  STATISTIQUE 

Le  zinc  est  un  métal  dont  les  emplois,  généralement  assez 
récents ,  tendent  à  se  développer  d'une  manière  progressive. 
On  ne  croit  pas  qu'il  ait  été  connu  des  anciens,  quoi  qu'on 
ait  su,  dès  Tépoque  athénienne,  obtenir  directement  du  laiton. 
C'est  Albert  le  Srand,  au  xiii®  siècle,  qui  paraît  le  premier 
en  avoir  fait  mention  et,  jusqu'au  xviu®  siècle,  il  était  uni- 
quement importé  de  Chine  où  on  le  distillait  par  une  méthode 
spéciale  dite  pe7*  descensiim^.  Au  xvni®  siècle,  on  établit  quelques 
usines  en  Angleterre  et,  vers  1798,  en  Silésie.  Enfin,  en  1803, 
l'abbé  Dony  découvrit  le  procédé  belge  et  Mosselmann,  continuant 
son  œuvre,  fonda  la  grande  industrie  belge  du  zinc.  Depuis  cette 
époque,  sa  consommation  s'est  constamment  accrue.  En  1809, 
Héron  de  Villefosse  l'évaluait  à  7  750  tonnes;  en  1881,  elle  était 
de  260  000  tonnes*;  en  1890,  de  360  000  tonnes. 

Les  principaux  emplois  du  zinc  sont  fondés  :  1*  sur  son  peu 
d'altérabilité  à  l'air;  2**  sur  la  possibilité  de  le  réduire  en  feuilles 
très  minces  *.  Aussi  s'en  sert-on  beaucoup  pour  la  couverture  des 
toits,  les  gouttières  et  la  fabrication  d'ustensiles  domestiques. 

*  Aujourd'hui  la  Chine  et  le  Japon  sont  de  très  grands  consommateurs  de  zinc. 

*  (Voir  Lensberg,  Dinglers  polytecthn.  Journal,  CCLVI  p.  346.) 

'  On  obtient,  en  Silésie,  par  le  laminage,  des  feuilles  de  zinc  de  0*^,025  qui  trouvent 
un  débouché  dans  la  fabrication  des  jouets  de  Nuremberg,  des  harmonicas,  etc.  A 
Angleur  (Belgique)  les  épaisseurs  varient  entre  0"",1  et  2"" ,6. 


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356  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Il  doit  cependant  être  proscrit  des  vases  culinaires;  car  il  est  at- 
taqué, surtout  à  chaud,  par  le  sel  de  cuisine,  Tacide  acétique,  etc. 
et  donne  alors  des  produits  vénéneux. 

La  facilité  avec  laquelle  on  peut  le  mouler  permet  de  s'en 
servir  pour  divers  objets  d'ornementation  qui,  recouverts  de 
cuivre  par  galvanoplastie  ou  simplement  vernis,  s'efforcent 
d'imiter  économiquement  les  bronzes  d'art. 

On  utilise  une  quantité  de  zinc  assez  forte  pour  la  fabrication 
du  laiton,  du  maillechort,  de  divers  bronzes,  pour  les  piles,  pour 
la  désargentation  du  plomb  par  Pattinsonage  ;  on  a  recommandé 
son  emploi  pour  empêcher  le  dépôt  du  tartre  dans  les  chaudières  *. 

LéL  marine  en  consomme  pour  obtenir  de  l'eau  douce  par  voie 
galvanique.  L'imprimerie  zincographique  demande  également  du 
zinc  en  feuilles  très  planes. 

Il  est  encore  employé  dans  les  laboratoires,  pour  préparer  l'hydro- 
gène ;  dans  l'industrie  chimique,  pour  la  réduction  de  l'indigo  en 
présence  de  la  chaux  ;  pour  la  préparation  des  hydrosulfites  ;  pour 
la  fabrication  du  blanc  de  zinc  (qui  couvre  moins  que  la  céruse 
mais  a  l'avantage  de  ne  pas  noircir  par  les  émanations  sulfurées)  ; 
pour  la  composition  de  divers  produits  pyrotechniques,  etc. 

Mais  l'usage  de  beaucoup  le  plus  important  du  zinc,  ce  sont  les 
toitures,  où  on  l'adopte,  de  plus  en  plus,  de  préférence  au  plomb  ; 
il  présente,  en  effet,  entre  autres  avantages,  celui  qu'en  cas  d'in- 
cendie il  ne  coule  pas,  comme  le  plomb,  en  rigoles,  mais  se  vaporise 
assez  rapidement.  Cependant,  dans  cette  application,  on  a  rencontré, 
au  début,  quelques  difficultés;  lorsque  les  toitures  de  zinc  étaient 
fixées  par  du  fer  sur  des  traverses  de  chêne,  il  se  formait,  en  effet, 
sous  l'action  de  l'acide  pyrogallique  du  chêne,  une  pile  intense 
qui  rongeait  le  zinc;  le  remède  a  été  de  les  fixer  sur  du  sapin  avec 
des  clous  zingés  '. 

Uindustrie  du  zinc  se  présente  dans  des  conditions  tout  à  fait 
spéciales  ;  Thabileté  professionnelle  des  ouvriers  entre  comme  un 
facteur   tellement   important    dans   sa  métallurgie   qu'elle  s'est 


4  P.  Lesueur.  Ann.  de  chim.  et  de  phys,^  5*  série,  t.  VI,  p.   136. 

•  Le  zinc  pour  toiture  est  façonné  en  feuilles  planes  ou  en  feuilles  ondulées  et  géné- 
ralement expédié  (jusqu'à  une  épaisseur  de  i^^fi)  en  rouleaux  dans  des  tonneaux  de 
bois. 


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USAGES  ET   STATISTIQUE  DU  ZINC  357 

trouvée  longuement  concentrée  et  monopolisée  en  un  très  petit 
nombre  de  centres  (la  Silésie,  Liège,  Swansea),  et  que  les  efforts 
pour  la  développer  ailleurs  de  toutes  pièces  ont  souvent  échoué. 
C'est  ainsi  que,  dans  le  midi  de  la  France,  on  a  fait,  il  y  a  quelques 
années,  une  tentative  intéressante  pour  établir  une  usine  à  zinc  au 
Bousquet-sur-rHérault.  L'usine  avait  été  acquise  par  un  des  grands 
propriétaires  de  la  Silésie  ;  il  fit  venir  des  équipes  d'ouvriers  de 
ses  usines,  employa  les  mômes  méthodes,  etc.  Après  beaucoup 
d'efforts,  on  arriva  à  des  résultats  à  peu  près  normaux  comme 
production  par  four  et  par  jour,  et  comme  consommation  de 
charbon  ;  on  eut  toujours  des  pertes  inadmissibles  sur  la  teneur  et 
des  dépenses  exagérées  en  terres  réfractaires  et  en  main-d'œuvre... 
Le  résultat  de  l'expérience  fut  qu'il  était  plus  avantageux  de  trans- 
porter les  minerais  à  Liège  que  de  les  fondre  sur  la  mine  <.  La 
raison  de  ce  fait  est  dans  les  pertes  de  zinc  très  considérables  et 
facilement  variables  avec  Thabileté  des  ouvriers  qu'occasionne  la 
métallurgie  de  ce  métal.  Ces  pertes,  qui  étaient  en  1865,  en  Bel- 
gique, de  35  p.  100,  sont  encore  aujourd'hui  de  près  de  20  p.  100. 

Dans  le  traitement,  la  teneur  initiale  des  minerais  joue  un  très 
grand  rôle  ainsi  que  la  nature  des  impuretés  contenues.  Aussi  des 
variations  fréquentes  dans  la  composition  sont-elles  une  gène 
notable  et  peuvent-elles  déprécier  un  gisement.  Il  y  a  lieu  de 
connaître  notamment  la  proportion  de  carbonate  et  de  silicate  de 
zinc,  de  plomb,  de  peroxydes  de  fer  et  de  manganèse,  de  chaux 
et  de  magnésie. 

L'achat  des  minerais  de  zinc  est  souvent  réglé  par  les  formules 
suivantes  : 

Calamines V  =  0,9o  P  x  0,8  T  —  F. 

Blendes V  =  0,9oP(0,8  T—l)  -  F. 

OÙ  V  représente  la  valeur  ;  P  le  prix  du  zinc  brut  au  cours  du 
jour  ;  T  la  teneur  du  minerai  marchand  ;  F  (variable  de  60  à  80 

*  Cependant  il  existe,  dans  le  Nord  et  TAveyron,  un  certain  nombre  d'usines  à  zinc  ; 
ainsi  Auby  dans  le  Nord,  Viviers  et  Panchot  dans  TAveyron  appartenant  à  la  Société 
de  la  Vieille-Montagne.  Ces  dernières  usines  traitent  surtout  des  minerais  de  Sar- 
daigne,  de  Grèce,  etc.  :  Viviers  fait  la  distillation,  Panchot  le  laminage.  À  Saint' 
Âmand,  dans  le  Nord,  il  s'est  formé  vers  1891,  une  usine  spéciale  pour  la  distillation 
des  vieux  zincs.  L'Autriche  et  la  Russie  ont  également  quelques  usines  à  zinc,  etc.. 


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358 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


francs)  les  frais  de  transport  k  l'usine  et  de  traitement  déterminés 
dans  chaque  cas.  Le  facteur  0,95  est  destiné  à  assurer  un  béné- 
fice de  5  p.  100  au  fondeur;  0,8  à  tenir  compte  de  la  perte 
moyenne  au  traitement  qui  est  de  20  p.  100.  Ces  formules  peuvent 
être  figurées  par  des  graphiques  donnant,  pour  chaque  teneur, 
dans  une  usine  donnée,  le  prix  maximum  à  payer.  On  stipule 
d'ailleurs,  en  outre,  certaines  conditions  relatives  aux  diverses 
impuretés. 

Les  frais  de  traitement  F,  variables  suivant  les  usines,  sont 
particulièrement  faibles  en  Silésie,  en  raison  du  bas  prix  du  char- 
bon (5  à  8  francs  la  tonne  à  Tusine),  du  bon  marché  de  la  main- 
d'œuvre  et  surtout  de  l'habileté  des  ouvriers.  Ils  s'élèvent  environ 
à  20  francs  en  Belgique,  tandis  que,  dans  THérault  où,  propor- 
tionnellement, ils  auraient  dû  être  de  48,  ils  ne  sont  jamais  des- 
cendus au-dessous  de  80  et  même  100  francs. 

Deux  tableaux  ci-joints  (p.  339  et  360),  résument,  d'après  la 
statistique  internationale  française,  la  production  de  minerais  de 
zinc  et  de  zinc  métal  dans  le  monde  de  1880  à  1890. 

Les  pays  producteurs  de  zinc  sont,  dès  lors,  par  ordre  d'im- 
portance, les  suivants  : 


PRODUCTION  DE  MINERAIS  DE  ZINC 

1889  1890 

Prusse  (Silésie  et  pro- 
vince du  Rhin)   .   .  708  000  t.  à    31  francs.       758  000  t.  à    38  francs. 

Etats-Unis ?  ? 

Italie  (Sardaigne)  .   .         97  000  t.  à    85      —  110  926  t.  à  110      — 

Espagne    (Santander- 
Carthagène).  .   .   .         74  000  t.  à    26      — 

*  Al    '  •  //ïAAA»  (34000àl05fr. 

France  et  Algérie.  .   .  46  000 1.  j  ^^  000  à   85  fr. 

Suède  (Ammeberg)   .         59  000  t. 

Russie 46  000  t. 

Grèce 43  000  t. 

Autriche 30  000  t.  à    36  francs. 

Grande-Rretagne    .   .         23  000  t.  à  103      — 
Relgique 21 000 1.  à    61      — 


1 123  000  tonnes. 


74  000 1. 

61  000 1. 
59  000 1. 
46  000 1. 
43  000 1. 
33  000 1. 
22  400 1. 
15  000  t.  à  80 
1211  000  tonnes. 


à  100  — 


à  42 
à  123 


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STATISTIQUE    DU    ZINC 


359 


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360 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


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i  446  francs. 

139  000  à  551  francs. 

463  — 

82  700  à  558  — 

550  — 

58  000  à  550  — 

507  — 

23  000  à  587  — 

480  — 

19000à510  — 

643  — 

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566  - 

5  500  à  659  — 

? 

STATISTIQUE  DU   ZINC  361 

La  production  de  zinc  métal  se  répartit  ainsi  : 

188»  1890 

Prusse  (Silésie  et  pro- 
vince du  Rhio).   .   .  136  0001 

Belgique 82  500 

États-Unis 58  000 

Grande-Bretagne  .   .  19  400 

France 18  000 

Espagne 5  100 

Autriche 4  800 

Russie  (Pologne)    .   .  6  400 

Nous  allons  passer  successivement  en  revue  les  divers  pays 
producteurs  de  minerais  de  zinc. 

En  Allemagne,  le  principal  centre  de  production  du  zinc  est  la 
haute  Silésie  autour  de  Beuthen,  Tarnowitz*,  etc. 

En  1887,  34  mines  y  étaient  exploitées  et  ont  produit  :  490  790 
tonnes  de  calamine  (contre  449  374  en  1876),  avec  193  826  de 
blende,  28  580  tonnes  de  galène  et  2  930  tonnes  de  pyrite.  Elles 
occupaient  7  423  hommes  et  2  672  femmes.  22  usines  ont  pro- 
duit 82  640  tonnes  de  zinc,  7  321  kilogrammes  de  cadmium  et 
827  tonnes  de  plomb  en  employant  4  513  hommes  et  1 592  femmes. 
En  1890,  la  production  de  zinc  à  atteint  près  de  89  000  tonnes. 

Le  reste  de  la  production  allemande  est  fourni  par  : 

Prov.  du  Rhin 56  428  t.  de  minerai  en  1881 

Westphalie  (30  mines) 30  320  —  .— 

Nassau  (7  mines) 13  245  —  — 

Hanovre  (2  mines) 5  731  —  — 

Cette  production  a  fortement  augmenté  dans  ces  dernières 
années.  En  1872,  elle  n*était  que  de  419  543  tonnes. 

Les  Etats-Unis  sont  devenus,  depuis  1875,  un  centre  de  produc- 
tion du  zinc  de  plus  en  plus  important'. 

La  production  de  métal  se  divise  entre  les  régions  de  la  manière 
suivante  : 

*  Voir  plus  loin,  page  449. 

'  Voir  Minerai  Resources  de  1890,  p.  89,  un  mémoire  de  C.  Kirchhofl. 


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362 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


PRODUCTION   DU   ZINC  AUX  ÉTATS-UNIS  DE   1882  A   1890   (EN   TONNES),   PAR  ÉTATS 


ÉTATS 

1882 

1883 

1884 

1885 

1886 

1887 

1888 

1889 

1890 

Illinois 

16  506 

15  241 

15  958 

17  620 

19  117 

20  207 

20  358 

21641 

23  802 

Kansas 

6  681 

8  172 

7  126 

7  711 

8  093 

10  843 

0  462 

12  388 

13  785 

MisMuH 

2  2C8 

5  197 

4  7U 

4  242 

5  324 

7  855 

12  213 

10  047 

11906 

EUUderBstctduSud. 
Totaux.   .  . 

5  168 

4  843 

7  130 

7  330 

6  132 

6  753 

8  672 

9  310 

8  266 

30  62J 

33  453 

84  958 

36  903 

38  666 

45  658 

50  705 

53  386 

57  759 

Dans  rillinois,  on  peut  citer  la  mine  de  Péru  à  la  compagnie 
Illinois  Zinc  C*,  la  Matthiesen  and  Hegeler  Zinc  G",  à  la  Salle,  les 
mines  de  Collinsville,  etc.  ;  dans  le  Kansas,  qui  se  rattache  au 
Missouri,  les  mines  de  Moseley,  près  Neosho,  etc.,  où  la  produc- 
tion de  minerai  a  été,  en  1886,  de  28  000  tonnes.  Dans  le  Missouri, 
les  principales  mines  sont  celles  de  Glendale  (3  000  tonnes  de 
minerai),  celles  de  Joplin,  qui  ont  fourni,  de  mars  1886  à  mars 
1887,  17  000  tonnes  de  minerai  ;  le  district  de  Webbcity  et  Carter- 
ville  :  22  000  tonnes  ;  Granby  :  8  000. 

Les  silicates  de  zinc  sont  vendus  seulement  SI  francs  la  tonne, 
tandis  que  les  carbonates  atteignent  112  et  120. 

Dans  le  Wisconsin,  on  trouve  encore  ShuUsbui^h,  Benton,  etc. 

En  Italie,  les  minerais  de  zinc  proviennent  presque  uniquement 
de  laSardaigne  (99400  tonnes  à  119  francs  en  1890)  ;  une  petite 
quantité  de  la  Lombatdie  (11  487  tonnes  à  34  francs).  Ces  mine- 
rais, d'une  teneur  moyenne  de  50  p.  100  après  calcination,  sont 
expédiés  principalement  en  Belgique  et  à  Swansea,  un  peu  dans 
FAveyron. 

En  Espagne,  les  provinces  productrices  de  minerais  de  zinc 
étaient,  il  y  a  quelques  années  : 

1869 

Santander 67  647  tonnes. 

Murcie 32  600      — 

Almeria 5  993      — 

Grupuzioz i  450      — 

Biscaye i  330      — 

Teruel 1 200      - 


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STATISTIQUE  DU  ZINC  363 

La  Société  Asturienne  a  produit,  en  tonnes  de  zinc  métal  : 

1885  1887  1889  1800 

15  090  16  250  17  100  18  550 

En  Suèdey  il  existe  un  seul  gisement  important  de  zinc,  c'est 
celui  de  blende  d'Ammebei^,  donnant  environ  40  000  tonnes  de 
minerai  et  20  p.  100  de  zinc. 

En  France j  on  peut  citer  : 

1891 

r.-  A  /i—  M  r— \  <  ***  tonnet  à  5i.30  calamiiie  et  blende  brute. 

Gard  (le»  Malioes) ,  23.662  à  i36.69  blende  et  caUnine  calcinée. 

Yar  (les  Bormettes).  1885      188Ô        1888      1889     (  20  168  à  99.29  calamine  calcinée. 
1730  t.  2608  t.  7  433  t.  13  100 1.  ^  500  à  37.00  —      brute. 

iw-«.  /lf•.^l««^  '  42  à  40  00  blende  et  galène. 

Drome  (Merglon) ,  3  ^3  ^  j,g  gg  calamine  calcinée. 

Basset-Pyrénéet 1.232  à  130.60  blende  préparée. 

Hautes-Pyrénées 1540  x  81.  00. 

.   .,       .e     f  •  \  *  S92  à  170.42  de  galène  argentif. 

Anège  (Senlein) ,  ^326  à  79.88  blende  et  calamine. 

Tarn 400  x  95  blende. 

Ille-et-Yilaine  (Pontpéan) 2.100  à  58.29  blende. 

Ardècbe 1.429  à  118.74  blende  et  galène. 

/  /  Blende  pure  etplorobeufc  brute.  4.036  x  97.41. 

Ai.^.:.    \  Alger  (Sakamody  et  Guerrouma).  .   .   .  ,  Blende  pure  et  plombeuse  lavée  6.069  x  109.41 . 

Algérie,  j      «»  (  ci.roine  préparée 1680  x  05.00. 

(  Conttantine Calamine  préparée.  1.827x43.91. 

Les  principaux  gisements  exploités  dans  ces  dernières  années 
ont  été  ceux  des  Matines  (Gard)  ;  des  Bormettes  (Var)  ;  de  Saka- 
mody et  Guerrouma  (département  d'Alger)  ;  Hammam  n'bails 
(Constantine)  ;  Merglon  (Drôme),  etc 

La  France  a  importé,  en  1889,  27  786  tonnes  de  zinc  venant  sur- 
tout de  Belgique  contre  une  exportation  de  5  606  ;  soit  une  diffé- 
rence de  22  180  qui,  ajoutée  à  la  production  des  usines  françaises 
(18  000  tonnes),  donne  une  consommation  d'environ  40  000  tonnes 
de  zinc. 

En  Grèce^  le  zinc  vient  du  Laurium  ;  en  Russie^  de  la  Pologne 
au  voisinage  de  la  Silésie  ;  en  Autriche^  de  la  Garinthie  (Cilli, 
Sagor,  Sierrza-Niedzieliska,  etc.). 

En  Grande-Bretagne,  il  existe  une  soixantaine  de  mines  dont 
la  production  se  répartit  ainsi  par  région  : 

Ile  de  Man 9  000  tonnes  (gisements dans  le  Silurien). 

Cornwall 5  000      —  — 

Montgomeryshire 2  800      —  — 

Denbighshire 2  400      —      (carbonifère). 

Cumberland 1 800      —  — 


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364 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


Les  mines  principales  sont  :  dans  Tîle  de  Man,  Great-Laxey  ; 
dans  le  Cornwall,  West  Chîverton  ;  dans  le  Montgomeryshire, 
Van  ;  dans  le  Denbighshire,  Minera  ;  dans  le  Cumberland,  Nen- 
thead, etc.  Les  minerais,  sauf  ceux  du  carbonifère,  sont,  en  géné- 
ral, de  la  blende. 

Nous  donnerons  bientôt  la  répartition  du  zinc  entre  les 
usines. 

Enfin,  en  Belgique,  on  achève  d'exploiter  les  gisements  de  la 
région  de  Moresnet,  Welkenraedt,  etc. 

Quant  aux  pays  producteurs  de  zinc  métal,  voici  comment  se 
fait  la  répartition  : 

En  PrussCy  la  plus  grande  partie  de  ce  zinc  métal  provient  de 
la  Silésie,  Beuthen,  Tarnowitz  dans  les  usines  de  Silesia  hutte, 
Hohenlohe  hiitte,  Wilhelminen  hutte,  etc. 

Nous  en  donnerons  le  détail  quand  nous  nous  occuperons  de 
ce  bassin  *. 

En  Angle  terre  y  le  centre  principal  est  Swansea;  parmi  les  fon- 
deurs, nous  citerons  : 


PRODUCTION    DU    ZINC    EN    ANGLETERRE 


1885 

1886 

1887 

1888 

1889 

1890 

Vivian  and  Sons  .... 
English  Crown  Spelter  C» 

(limited) 

Dillwyn  and  C^ 

Swansea  Vale  Spelter  0>. 
Villiers  Spelter  C^  .   .   . 
Pascoe,  Grenfell  and  Sons 
Nenthead  and  Tynedale  Co 
John  Lysaght  (limited). 
Stafrordshire  Knot .  .   . 

Minera  mines 

H.  Kenyon  and  C«.   .   . 

6  711 

5  024 

3  993 
1641 
1920 
1179 
1554 

4  521 
356 

2  205 
508 

6  951 

5  061 
4613 
2  196 
2215 
1292 
1531 
5196 
1118 
620 
508 

6  614 

5  060 
3  966 
2184 

2  025 
1351 
1540 

3  809 
152 

508 

4  917 

4  071 
2  888 
1827 
1839 
1142 
1338 
1626 
» 

508 

7  507 

3  301 
3  063 
2  093 
1910 

739 
1212 
1237 

» 

508 

8177 

3  556 
3  014 
2220 
2017 
1099 
1402 
1983 

711 

> 

508 

29  612 

31301 

27  209 

20157 

21570 

24  687 

'Page  449  etsaiv. 


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STATISTIQUE    DU    ZINC 


365 


En  Belgique  et  dans  le  bassin  du  Rhin,  une  statistique  améri- 
caine donne,  comme  principaux  producteurs  : 


Vieille- Montagne  *  . 

Slolbeg  Qo 

Austro-Belge.  .  .  . 
G.  Dumont  et  frères 
Rhein-Nassau  C^.   . 


1885 


51520 

14  690 

9  750 

7  200 

7  800 


1887 


52  370 

14  300 

9  400 

8  500 

7  700 


1889 


52  870 

14  700 

9  360 

9  000 

7  600 


1890 


53  730 

15  090 

9  360 

8  500 

8100 


Puis  viennent  L.  de  Laminne,  Escombrera  Bleyberg,  Grillo, 
Mârk-Westf,  Nouvelle  Montagne,  Berzelius,  Eschger,  Prayon,  etc., 
qui  produisent  chacun  de  4  à  7  000  tonnes 

En  France,  la  production  de  zinc  se  répartît  entre  le  Nord  (usines 
d'Auby):  11 820  tonnes,  etl'Aveyron  (usinesde  Viviers,  6 162  tonnes). 

Ces  usines  ont  passé  à  peine  2  000  tonnes  de  calamines  indigènes 
contre  33  000  tonnes  de  calamines  étrangères  ;  le  reste  des 
minerais  français  a  été  expédié,  soit  à  Swansea,  soit  surtout  à 
Anvers  pour  être  traité  dans  les  usines  belges. 

Une  grande  partie  des  zincs  obtenus  passent  au  laminage,  aussitôt 
après  avoir  été  raffinés,  c'est-à-dire  débarrassés  du  plomb,  du  fer, 
du  cadmium,  de  Tarsenic  et  de  l'antimoine  (ces  deux  derniers 
très  difficiles  à  séparer)  qu'ils  retenaient  encore.  Les  frais  de 
laminage  sont  d'environ  25  à  30  francs  par  tonne. 

Pour  TEspagne,  nous  avons  donné  la  production  de  TAstu- 
rienne'. 

Les  prix  du  zinc  étaient  :  en  1886,  pour  le  zinc  de  Silésic  rendu 
au  Havre,  de  387  fr.  ;  en  juillet  1889,  de  510  fr.  ;  en  1890,de  623  fr. 

Vers  cette  époque,  un  syndicat  s'est  formé  entre  les  principales 
usines  pour  restreindre  la  production  et,  jusqu'au  milieu  de  1892, 
on  a  réussi  à  maintenir  les  cours  assez  élevés.  Mais  la  création 
de  nouvelles  usines  et  le  malaise  général  de  l'industrie  de  la 
contruction  ont  ramené  la  baisse  depuis  septembre  1892.  En  dé- 
cembre 1892,  le  cours  du  zinc  à  Londres  est  d'environ  470. 

1  Parmi  les  usines  de  la  Vieille  Montagne  en  Belgique,  nous  citerons  celles  d'An- 
gleur,  Flône  et  Valentin  Cocq. 
"  Page  363. 


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366  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


MINERAIS  DE  ZINC 


Le  zinc  se  présente  sous  deux  formes  principales  dans  la  na- 
ture :  la  blende  ou  sulfure  de  zinc  et  la  calamine  qui»  dans  le 
langage  industriel,  comprend,  à  la  fois,  le  carbonate  de  zinc  ou 
smithsonite  etThydrosilicato  ou  calamine  minéralogique\  hdizinco- 
nise,  ou  calamine  terreuse,  est  un  hydrocarbonate  ;  la  zincite,  un 
protoxyde  toujours  mélangé  de  fer  et  de  manganèse,  et  la  fran- 
klinùe,  associée  à  la  zincite  à  New-Jersey,  un  spinelle  de  fer,  zinc 
et  manganèse. 

Les  teneurs  calculées  en  zinc  sont  :  pour  la  blende,  66,9;  pour  la 
calamine,  53,7  ;  pour  la  smithsonite,  52  ;  pour  la  zincite,  80,2  p.  100. 

Les  gîtes  calaminaires  ont  fourni  longtemps  le  seul  minerai 
employé  ;  outre  que  les  calamines  sont  d*un  traitement  plus  facile 
que  les  blendes,  elles  sont  moins  mélangées  de  plomb,  ce  qui, 
pour  la  fabrication  du  blanc  de  zinc,  est  d'une  grande  importance. 

La  calamine  contient  souvent  un  mélange  de  carbonate  et  de  sili- 
cate. Le  carbonate  pourrait  être  soumis  à  la  réduction  sans  gril- 
lage préalable.  On  commence  cependant  toujours  par  le  calciner, 
tant  pour  éviter,  au  moment  de  la  réduction,  un  dégagement 
d'acide  carbonique  qui  refroidirait  les  appareils  que  pour  obtenir 
une  perte  de  poids  de  25  à  30  p.  100,  avantage  considérable  pour 
un  minerai  presque  toujours  transporté  à  grande  distance.  Le 
silicate  se  réduit  comme  l'oxyde,  mais  exige  une  température 
plus  élevée  ;  on  ne  le  calcine  pas,  en  sorte  que  la  teneur  du  mine- 
rai expédié  est  plus  faible,  donc  le  fret  proportionnellement  plus 
considérable.  Par  cette  double  raison,  c'est  un  minerai  de  valeur 
moindre. 

Les  calamines  sont  un  minerai  toujours  superficiel,  localisé  dans 
des  gîtes  très  limités,  dont  on  doit,  par  suite,  prévoir  l'épuisement 
dans  un  temps  relativement  restreint.  On  sera  alors  forcé  de 
recourir  aux  blendes  qui,  depuis  quelques  années,  entrent  dans 
une  proportion  déjà  assez  forte  dans  la  production  de  zinc. 

1  Le  silicate  se  reconnaît  pratiquement  à  son  bruit  métallique. 


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GÉNÉRALITÉS   GÉOLOGIQUES   SUR    LES  gItES   DE    ZINC      367 

La  blende  a  rincoavénieat  d'exiger  un  grillage  préalable  tout 
particulièrement  soigné,  faisant  passer  tout  le  zinc  à  l'état  d'oxyde  ; 
la  plupart  des  métallurgistes  considèrent,  en  effet,  comme  perdue 
toute  trace  de  zinc  qui  entre  dans  les  creusets,  soit  à  Tétat  de 
sulfure,  soit  à  l'état  de  sulfate.  Ce  traitement  est  aujourd'hui 
très  perfectionné  dans  un  certain  nombre  d'usines  :  Silésie, 
Swansea,  usines  de  la  vieille  Montagne  à  Oberhausen  (Allemagne  *), 
Flône  (Belgique),  Ammcberg  (Suède),  etc.  En  même  temps  qu'on 
prépare  la  blende  pour  la  réduction,  on  utilise  le  soufre  dégagé 
pour  produire  de  l'acide  sulfurique. 


GÉNÉRALITÉS  GÉOLOGIQUES  SUR  LES  GITES  DE  ZINC' 

Aux  deux  grandes  catégories  de  minerais  de  zinc  indiquées  plus 
haut  (blendes  et  calamines)  correspondent  des  types  de  gisements 
différents. 

La  blende^  à  la  façon  des  autres  sulfures  métalliques,  tels  que  les 
sulfures  de  fer  ou  de  plomb  avec  lesquels  nous  la  trouvons  fréquem- 
ment associée,  peut  exister,  soit  à  Tétat  filonien,  soit,  quoique  plus 
rarement,  à  l'état  de  couches  sédimentaires.  Dans  les  deux  cas, 
mais  surtout  dans  les  filons,  elle  se  trouve  presque  toujours  en 
connexion  si  intime  avec  la  galène  que  nous  nous  verrons,  plus 
d'une  fois,  forcé,  pour  ne  pas  rompre  Tunité  d'un  district  métal- 
lifère, de  parler  du  plomb  à  propos  du  zinc,  de  même  que  certaines 
mines  reportées  au  chapitre  du  Plomb  fournissent  une  certaine 
proportion  de  zinc. 

Comme  type  de  filons  de  blende,  on  peut  citer  ceux  de  l'île  de  Man 
et  du  Cornwall  et  ceux  de  Sardaigne,  post-siluriens  ;  de  Brilon 
et  d'Iserlohn  en  Westphalie,  post-dévoniens  ;  les  filons  de  blende 
et  galène  ai^entifère  des  Bormettes  (Var),  peut-être  triasiques  ; 
ceux  de  Santander  et  Picos  de  Europa  (Espagne),  de  Sakamody 
(Algérie)  post-crétacés.  Les  filons,  plus  ou  moins  minces,  contenant 

1  Â  Oberhausen,  on  grille  les  minerais  provenant  des  bords  du  Rhin  (Bensberg,  etc.)> 
minerais  qui  sont  ensuite  fondus  à  Borbec,  près  Essen. 

*  Dans  la  discussion  qui  va  suivre,  nous  nous  séparerons  légèrement  des  idées  de 
M.  Fuchs  qui  admettait,  d'une  façon  générale,  la  formation  immédiate  et  primitive 
des  calamines. 


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368  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

une  certaine  proportion  de  blende,  sont,  d'ailleurs,  très  abondants 
dans  certaines  régions,  comme  le  versant  Sud-Est  du  Plateau  Cen- 
tral (Gard  à  Clairac,  Lozère  à  Meyrueis  etc.),  comme  la  Saxe,  etc. 

En  fait  de  gisements  subordonnés  à  des  terrains  sédimentaires, 
nous  citerons  :  dans  le  gneiss,  Ammeberg  (en  Suède)  ;  dans  le 
silurien,  Auslin  (en  Amérique)  ;  dans  le  permien,  les  schistes 
micçicés  avec  lentilles  de  blende  de  la  province  de  Carthagène  dont 
nous  parlerons  au  chapitre  du  Plomb  ;  dans  le  trias,  les  couches 
blendeuses  de  la  Haute  Silésie.  Notons,  de  suite,  que,  dans  tous  les 
gisements  à  allure  vraiment  sédimentaire,  c'est  la  blende  qui 
domine  sur  la  calamine.  Celle-ci  ne  semble  résulter  que  de  la 
décomposition  superficielle  du  sulfure  :  en  Silésie  par  exemple. 

La  formation  de  ces  gisements  de  blende  par  les  eaux  est  un 
fait  qui,  étant  donnée  l'insolubilité  du  sulfure  de  zinc,  demande 
quelque  explication. 

Faut-il  admettre  que  le  sulfure  déposé  dans  les  filons  résulte  de 
la  réduction  d'un  sulfate,  comme  nous  constatons  que  cela  se  passe 
encore  pour  certaines  formations  secondaires  de  blende  dans  de 
vieux  travaux  de  mines,  formations  résultant  d'une  première 
dissolution  à  l'état  de  sulfate  suivie  d'une  réduction  par  les  boi- 
sages. Mais,  outre  que  l'hypothèse  d'éléments  oxydés,  tels  que 
les  sulfates  venant  de  la  profondeur,  est  contraire  à  tout  ce  que 
nous  observons  dans  les  fractures  métallisées,  on  ne  voit  pas 
non  plus,  à  moins  de  faire  intervenir  les  carbures  d'hydrogène, 
quel  aurait  pu  être  l'agent  réducteur.  Il  est  plus  probable  que  le 
sulfure  métallique  était  maintenu  en  dissolution,  soit  par  un 
acide,  soit  par  un  excès  de  sulfures  alcahns  * . 

Dans  le  cas  des  gîtes  sédimentaires  également,  Faction  d'eaux 
acides  semble  manifestée  par  le  creusement  accidentel  dans  les 
bancs  calcaires,  de  véritables  poches  comme  celles  de  Raibl  *,  où 
se  sont  déposées  des  zones  concentriques  de  blende  et  de  galène. 
On  peut,  en  outre,  dans  ce  cas,  supposer  '  la  précipitation  de  dis- 
solutions étendues  de  zinc  sous  une  forme  quelconque  par  des 

i  Cf.  Sénarmont  :   sur  la  formation  des  minéraux  par  voie  humide  dans  les  gttes 
métallifères  concrétionnés.  Voir  également.les  travaux  de  Poszepny. 

•  Voir  plus  loin,  page  425. 

*  Voir  plus  loin,  p.  425  et  ûg.  262.  Il  faut  bien  distinguer  ces  poches  antérieures  au 
dépôt  de  celles  qui  résultent  du  métamorphisme  secondaire  en  calamine. 


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GËNËRALITËS   GÉOLOGIQUES   SUR   LES   GÎTES  DE    ZINC     369 

sulfures  provenant  du  gypse.  D'ailleurs,  bien  souvent,  nous 
sommes  disposé  à  penser  qu'on  n'a  pas  affaire,  comme  on  est 
porté  à  le  croire  d'abord,  à  un  véritable  gîte  de  sédimentation 
contemporain  des  couches  encaissantes,  mais  à  un  gîte  de  substi- 
tution *  et  qu'en  particulier,  des  bancs  calcaires,  antérieurement 
formés,  ont  dû  ètre^  au  voisinage  de  certaines  fissures,  pénétrés 
de  blende,  de  proche  en  proche,  avec  transformation  (immédiate 
ou  postérieure)  de  la  blende  en  calamine. 

Ceci  nous  amène  à  discuter  l'origine  de  la  seconde  catégorie 
de  gîtes  de  zinc  :  les  calamines.  Celles-ci,  sauf  aux  affleurements 
des  filons  de  blende,  sont  absolument  localisées  dans  les  roches 
calcaires  et  résultent  toujours  d'un  phénomène  de  substitution  qui 
peut  être  simple  ou  double  suivant  que  la  dissolution  zincifère  a 
directement  agi  sur  le  carbonate  de  chaux  pour  former  de  la  cala- 
mine, ou  bien  que  du  sulfure  de  zinc,  ayant  primitivement  impré- 
gné le  calcaire,  soit  par  porosité  simple,  soit  à  la  suite  d'une 
attaque  acide,  a,  plus  tard,  et  par  l'intervention  des  eaux  su* 
perfîcielles,  été,  au  voisinage  de  la  surface,  transformé  en  cala- 
mine. 

Le  fait  de  la  substitution  est  mis  en  évidence,  dans  un  très  grand 
nombre  de  cas,  par  la  présence  de  fossiles  transformés  en  cala- 
mine, de  pseudomorphoses  de  calcite  en  calamine,  etc.  (Malfîdano 
et  Monteponi  en  Sardaigne,  Iserlohn  en  Westphalie,  etc.),  par  la 
présence  de  gypse  au  voisinage  *.  Les  pseudomorphoses  de  calcite 
en  calamine  peuvent  même  rendre  assez  difficile  à  admettre,  là, 
une  première  substitution  en  blende,  suivie  d'une  transformation 
en  calamine  '.  Mais  quel  est,  précisément,  l'âge  et  le  mode  de  cette 
substitution  calaminaire,  contemporain  de  la  venue  zincifère  ou 
secondaire  et  récent  ;  c'est  un  problème  assez  délicat  que  nous 
nous  sommes  spécialement  attaché  à  étudier  dans  deux  voyages 
récents  en  Sardaigne  et  en  Silésie. 

Remarquons  d'abord  que,  quelle  qu'en  soit  la  solution,  la  cala- 

*  Cependant,  de  même  que  certains  bancs  de  quartz  carié,  intercalés  dans  le  trias, 
contiennent  de  la  galène  contemporaine,  de  même  certains  terrains  paraissent  con- 
tenir de  la  blende  incluse  originairement  dans  leurs  strates. 

*  Ainsi  à  Bergish-GIadbach  (Groddeck,  p.  326);  au  Laurium,  etc. 

'  A  Planu  Sartu  (Sardaigne),  on  a  trouvé,  de  môme,  des  tables  de  barytine  pseudo- 
morphosées  en  cérusite. 

GéoLOGiB.  —  T.  II.  24 


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370  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

mine  parait,  d'une  façon  générale,  n'être  qu'un  minerai  de  surface 
au-dessous  duquel  on  trouve  la  blende  et  dont  l'existence  est  donc 
intimement  liée  au  voisinage  des  eaux  superficielles,  chargées 
d'oxygène  de  l'air.  C'est  un  fait  que  nous  allons  commencer  par 
bien  établir. 

On  le  constate,  en  premier  lieu,  aux  affleurements  des  filons  de 
blende  presque  toujours  transformés  en  calamine,  même  lorsqu'ils 
sont  encaissés  dans  des  schistes,  comme  ceux  de  Sakamody  (Al- 
gérie). De  plus,  dans  les  régions  à  filons  de  zinc,  comme  la  Sar- 
daigne  par  exemple,  on  trouve,  à  la  surface  du  sol,  le  long  des 
diaclases  élai^ies  des  terrains  calcaires,  des  poches,  absolument 
limitées  en  profondeur,  de  calamine  et  d'ai^ile  rouge,  qui  peuvent 
très  bien  résulter  de  l'action  superficielle,  sur  ces  calcaires,  d'eaux 
ayant  commencé  par  dissoudre,  à  l'état  de  sulfate,  la  blende  des 
affleurements  filoniens  voisins. 

On  expliquerait  ainsi  comment  ces  poches  présentent  une  termi- 
naison brusque,  au-dessous  de  laquelle  on  ne  trouve  parfois  même 
pas  de  fente  ayant  pu  livrer  passage  aux  eaux  venant  d'en  bas. 

Mais  nous  irons  plus  loin  ;  les  grandes  formations  calaminaires 
elles-mêmes  font,  le  plus  souvent,  en  profondeur,  nettement 
place  à  de  la  blende.  On  l'a  constaté  notamment  à  Iserlohn,  dans 
des  conditions  assez  intéressantes  ;  car  la  blende,  qui  domine  au- 
dessous  de  la  calamine  a,  comme  celle-ci,  minéralisé  des  coraux 
et  pseudomorphosé  de  la  calcite.  Par  conséquent,  il  s'est  produit 
une  substitution  directe  du  sulfure  de  zinc  au  carbonate  de  chaux 
sans  qu'il  y  ait  eu  double  décomposition  des  deux  sels  et 
précipitation  du  carbonate  de  zinc.  A  Wclkenraedt,  à  Moresnet, 
aux  Picos  de  Europa,  etc.,  la  présence  de  blende  et  galène  au 
contact  des  calcaires  donnerait  lieu  à  la  même  remarque.  Au 
Banco  sin  nombre  près  d'Andara,  dans  la  région  des  Picos 
de  Europa,  en  Espagne,  on  trouve,  au  milieu  du  calcaire  car- 
bonifère, un  filon  contenant,  à  la  fois,  de  la  blende  avec  de  la 
calamine  paraissant  résulter  de  la  décomposition  de  celle-ci.  A 
Austin,  en  Vii^inie,  la  calamine  cesse  à  18  mètres  de  profondeur 
pour  faire  place  à  de  la  blende.  Dans  la  haute  Silésie,  nous  décrirons 
des  gîtes  situés  au-dessus  du  muschelkalk  inférieur  et  formés,  au 
voisinage  de  la  surface,  de  calamine  surmontée  par  du  miserai  de 


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GÉNÉRALITÉS    GÉOLOGIQUES    SUR   LES   gItES   DE  ZINC      371 

fer.  Quand  on  s'enfonce  dans  ces  gisements,  on  voit,  à  la  cala- 
mine, se  substituer  d'abord  une  calamine  à  veines  blendeuses, 
puis  de  la  blende  pure,  déposée  avant  la  galène  et  avant  le  mine- 
rai de  fer  dans  un  ordre  de  succession  qui  semble  assez  constant 
toutes  les  fois  que  Ton  remonte  à  la  formation  originelle.  A  la 
mine  Cécile,  par  exemple,  la  blende  a  commencé  à  50  mètres  du 
jour  *.  En  Sardaigne  enfin,  les  observations  donnent  lieu  à  des 
conclusions  identiques. 

Malgré  certains  cas,  en  apparence  un  peu  contradictoires,  comme 
celui  de  la  Vieille-Montagne  '  où  Ton  n'a  trouvé  que  fort  peu  de 
blende  et  où  la  calamine  s'est  maintenue  jusqu'au  fond  de  Tamas, 
les  exemples  de  ce  genre  sont  tellement  nombreux  qu'il  est  diffi- 
cile de  ne  pas  y  voir  une  loi  générale. 

Mais  il  reste,  comme  nous  l'avons  dit,  à  se  demander  si  ce  phé- 
nomène tient  à  ce  que,  dès  l'origine,  les  eaux  métallisantes,  réduc- 
trices en  profondeur,  se  sont  chargées  d'oxygène  au  voisinage 
de  la  surface  d'alors  (sans  doute  très  différente  de  celle  d'aujour- 
d'hui) et  ont  réagi  sur  le  carbonate  de  chaux  des  terrains  encais- 
sants, ou,  bien  plus  tôt,  si  l'on  n'a  pas  affaire  là  à  des  phénomènes 
secondaires  et  relativement  récents.  La  première  hypothèse  peut 
être  admissible  dans  certains  cas  ;  mais  la  seconde  nous  parait 
d'une  application  beaucoup  plus  souvent  exacte. 

Pour  nous,  il  y  a  eu,  à  des  époques  diverses,  venues  d'eaux  ther- 
males chargées  de  sulfure  de  zinc  qui,  dans  les  terrains  résistants, 
ont  donné  des  dépôts  concrétionnés  sur  des  fractures  nettes,  dans 
les  schistes  se  sont  éparpillées  en  veines,  dans  les  terrains  poreux 
comme  les  grès  ou  attaquables  aux  acides,  comme  les  calcaires, 
ont  produit  une  imprégnation  blendeuse  (que  l'exemple,  précé- 
demment cité,  des  pseudomorphoses  de  calcite,  non  en  calamine 
mais  en  blende,  à  Iserlohn,  aide  à  comprendre).  Il  en  est  résulté, 
dans  ces  calcaires,  particulièrement  au-dessous  de  bancs  imper- 

'  De  même,  au  Launum,  on  trouve  de  vraies  stalactites  de  calamine  associées  à  des 
cristaux  de  gypse,  stalactites  qui  ne  résultent  pas  d'une  action  de  substitution  directe 
au  calcaire,  mais  qui  prouvent,  tout  au  moins,  une  remise  en  mouvement  du  zinc, 
peut-être  une  première  cristallisation  à  Tétat  de  blende  dans  des  cavités  calcaires  avec 
transformation  postérieure. 

*  A  Welkenrœdt,  dans  la  même  région  belge,  les  sulfures  ont  été,  au  contraire^ 
abondants  (voir  p.  420). 


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372  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

méables  prolongeant  le  séjour  des  eaux  et  le  long  de  failles  ou 
diaclases,  la  formation  de  grandes  zones  lenticulaires  englobant 
souvent  des  fragments  de  calcaire  plus  compact,  souvent  aussi  con- 
servant la  structure  du  calcaire  remplacé  '  et  formées  de  calcaire 
blendeux'.  Puis,  beaucoup  plus  récemment,  les  eaux  de  surface, 
pénétrant  dans  ce  calcaire  et  s'y  chargeant  de  sulfate  de  zinc  avec 
excès  d'acide  sulfurique,  ont,  par  double  décomposition,  donné  de 
la  calamine  qui  a  pu,  suivant  la  distribution  de  ces  eaux,  s'étendre 
beaucoup  plus  loin  que  ne  l'avait  fait  d'abord  la  blende,  qui  a  dû 
également,  par  suite  de  cette  extension  même,  donner  parfois  des 
dépôts  secondaires  venus  d'en  haut  et  non  d'en  bas. 

A  l'appui  de  ces  idées,  on  peut  remarquer  à  Malfidano,  en  Sar- 
daigne,  que  le  rôle  actif  des  eaux  superficielles  est  très  nettement 
accusé  par  l'existence,  au-dessus  de  l'amas  principal  situé  dans  le 
fond  d'une  vallée,  d'une  épaisse  couche  d'alluvions  de  6  à  10  mètres 
d'épaisseur  contenant  des  galets  déroches  assez  éloignées,  en  par- 
ticulier de  granité.  En  ce  point,  l'amas  supérieur,  ou  de  Caïtas, 
est  aujourd'hui  entièrement  composé  de  calamine;  l'amas,  situé 
plus  bas,  de  Malfidano  (près  Bruggeru)  contient,  au  contraire,  tous 
les  passages  depuis  un  calcaire  compact  imprégné  de  sulfures 
divers  jusqu'à  la  calamine  même  par  l'intermédiaire  de  calcaires 
plus  fissurés,  où  l'on  voit,  d'abord,  la  pyrite  se  changer  en  oxyde 
de  fer,  puis  la  blende  en  calamine,  enfin  la  galène  en  carbonate. 
Certaines  pailies  testacées  et  concrétionnées  de  calamine  ren- 
ferment encore  de  la  galène  presque  intacte  et,  dans  la  calamine, 
de  nombreux  vides  cellulaires  prouvent  la  dissolution.  En  outre, 
des  argiles,  toujours  magnésiennes',  qui  accompagnent  la  cala- 
mine dans  les  terres  calaminaires,  semblent,  dans  toute  hypothèse, 
le  résidu  de  cette  dissolution  chimique. 

Au-dessous  de  cet  amas   calaminaire  inférieur  de  Bruggeru,  on 

1  AMonleponl  (Sardaijirne),  on  peut  observer  tous  les  passages  du  calcaire  intact  au 
calcaire  calaminaire  ayant  gardé  sa  structure  et  enOn  à  la  calamine. 

'  Ce  calcaire  blendeux  est  visible  en  bien  des  points  à  Malfidano  (Sardaigne).  Nous 
avons  observé  un  fait  analogue  dans  de  nombreux  gisements  de  zinc,  en  particulier,  à 
Boreslaw  (Pologne). 

*  On  a  attribué  à  la  magnésie,  qui  existe,  en  général,  dans  les  calcaires  métallifères 
de  Sardaigne  et  se  retrouve  dans  les  dolomies  de  Silésie  ou  de  la  Vieille-Montagne, 
un  rôle  cbimique  pour  la  précipitation  du  zinc. 

Voir  plus  loin  Wieslocb,  page  427;  Santander,  page  437. 


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GÉNÉRALITÉS   GÉOLOGIQUES    SUR   LES  GÎTES    DE    ZINC      373 

ne  sait  pas  ce  qu*on  rencontrerait,  car  on  n*est  descendu  qu*à 
une  faible  profondeur  ;  mais,  dans  la  concession  voisine  de 
Mazua,  où  Ton  est  allé  plus  bas,  on  a  trouvé  de  la  blende. 

En  Silésie,  un  métamorphisme  superficiel  du  même  genre, 
agissant  sur  un  mélange  de  blende  et  pyrite  de  fer  a,  dans  la 
zone  d'affleurements,  produit  la  concentration  distincte  du  fer  en 
hématite,  du  zinc  en  calamine  blanche  ;  plus  loin,  les  deux 
métaux  sont  restés  associés  dans  la  calamine  rouge. 

Maintenant,  d'où  vient  ce  zinc;  c'est  la  même  question  que  nous 
retrouvons  à  chacun  des  chapitres  de  ce  livre  et  à  laquelle  on  peut 
donner,   comme  nous  Tavons  vu,  deux  solutions  contradictoires. 
M.  Dieulafait  a  remarqué  que  le  zinc  se  présentait  à  Tétat  de 
diffusion  dans  presque  toutes  les  roches    anciennes,  porphyres, 
granités,  gneiss,  micaschistes,  qu*il  en  existe  dans  Teau  de  mer 
(près  d'un  milligramme  par  mètre  cube  dans  la  Méditerranée). 
Il  en  a  même  trouvé  dans  des  grains  de  blé  et  d'orge.  Sa  conclu- 
sion était  que  le  zinc  des  gisements  anciens  provenait  du  lavage 
de  ces  terrains  et  de  la  concentration  de  ces  eaux.  Nous  avons 
déjà  eu  l'occasion  de  dire,  à  propos  du  cuivre,  combien  cette  hypo- 
thèse nous  paraissait  inadmissible.   Une  couche  de  blende  d'un 
centimètre  seulement  correspond  à  environ  7  millimètres  de  zinc 
pesant  0,7  x  7  =  4,9  grammes  par  centimètre  carré  de  surface  ou, 
par  mètre  carré,  49  000  000  milligrammes;  c'est-à-dire  que,  pour 
déposer  cette  mince  couche  de  zinc,  il  aurait  fallu  (à  la  teneur 
de    la    Méditerranée)    Tévaporation    d'une    hauteur    d'eau    de 
49  000  kilomètres.  D'ailleurs,  étant  donnée  cette  proportion  de 
zinc  (plus  forte  que  celle  de  cuivre)  dans  l'eau  de  mer  et  le  rai- 
sonnement de  M.  Dieulafait,  on  se  demande  pourquoi  les  schistes 
cuprifères  du  Mansfeld,  auxquels  il  a  spécialement  adapté  sa  théo- 
rie, ne  sont  pas  plus  riches  en   zinc.  Notre  avis,  nous  avons  à 
peine  besoin  de  le  répéter  une  fois  de  plus,  est,  au  contraire,  que 
le  zinc  a  été  emprunté,  comme  les  autres  métaux  filoniens,  aux 
fumerolles  de  certaines  roches  (qui  en  contiennent  encore  des 
traces),  alors  qu'elles  étaient  encore  à  l'état  igné.  Le  zinc  qu'on 
retrouve  aujourd'hui  dans  ces  roches  est,  non  pas  la  source  du 
métal  des  filons,  mais  leur  résidu. 
Cette  remarque  faite,  nous  passerons  à  la  description  des  gise- 


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374 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


ments  de  zinc  sans  essayer,  en  raison  du  caractère  local  des 
amas  de  calamine,  de  les  séparer  des  gites  de  blende  et  en  y  ratta- 
chant également  certains  minerais  de  plomb  tout  à  fait  connexes, 
comme  ceux  de  Sardaigne. 

Le  type  du  gisement  de  zinc  en  roche  éruptive  n^étant  pas  repré- 
senté, non  plus  qu'il  ne  le  sera  pour  le  plomb,  nous  commence- 
rons, comme  d'habitude,  par  les  gttes  filoniens  classés  d'après 
l'âge  du  terrain  encidssant,  et  continuerons  par  les  gîtes  sédimen- 
taires.  On  peut  établir  le  tableau  de  comparaison  suivant  : 


GItES  HLONIENS  ET  Dl  SUBSTITUTION 


TERRAINS  ENCAISSANTS 


Gneiss. 


Silurien  supérieur. 


Silurien. 


DéTonien  moyen. 


CARACTÈRES  DBS  gItES 


Carbonifère. 

Houiller. 
Permien. 


Tria8(muschelkalk). 


Trias  à  TOxfordien. 


Crétacé. 
Eocène  ? 


Laurium  (Grèce)  (Âge  dou- 
teux) :  calamine,  galène 

Sardaigne  :  filons  de  galène 
et  blende ,  amas  de  cala- 
mine. 

He  de  Man,  Comwall,  Mont- 
ffommeryshirc  :  fiions  de 
blende. 

Prusse  Rhénane  (Bens- 
beg). 

Brilon   et  Iserlohn   (West- 

Khalie)   :  calamine  avec 
lende  en  profondeur. 


Denbighshireet  Cumberland, 

bords  du  Rhin. 

Vieille     Montagne,    etc... 

Carthagène  :  amas  calami- 

naires. 

Raibl  (Carinthie).— Bergame 
^Lombardie).  — Wiesloch  i 
(duché  de  Bade) '.calamine  i 
et  galène. 


Lozère,  Gard,  etc. 


Blankenrode  (?). 
Santander,  Algérie,  etc. 


OtTES  SUBORDONNÉS 
A  DES  TERRAINS  SÉDIMBNTAIRES 


Âmmeberg  (Suède)  :  blende. 

Âustin  (Virginie)  :  blende  et 
galène  au-aes»us. 


Carthagène  :  blende  en  len- 
tilles dans  les  schistes  mi- 
cacés. 

Silésie. 


Si  nous  nous  restreignons  à  l'Europe,  où  l'étude  des  plissements 
est  plus  avancée  qu'ailleurs,  nous  voyons  (l'âge  des  terrains  encais- 
sants étant,  pour  la  première  catégorie  de  gîtes,  un  minimum) 


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GÎTES   DE    ZINC  DU  LAURIUM   (aTTIQUE)  375 

que  les  venues  de  zinc  peuvent,  comme  celle  de  la  plupart  des 
autres  métaux,  se  rattacher  aux  grandes  périodes  de  métamor- 
phisme ou  de  dislocation  suivantes:  terrain  primitif;  dévonien; 
permien  à  Tinfralias  ;  tertiaire.  Dans  le  détail,  les  gisements  de 
zinc  semblent  généralement  plus  récents  que  ceux  de  cuivre,  plus 
anciens  que  ceux  de  plomb  ;  de  même,  lorsque  la  blende  et  la 
galène  coexistent  dans  un  filon  d'incrustation  ou  dans  deux  couches 
superposées,  on  observe,  le  plus  souvent,  que  la  blende  s'est 
déposée  avant  la  galène. 


A.  AMAS  CALAMINAIRES  ET  FILONS  DE  BLENDE 

GÎTES  DE  ZINC  DU  LAURIUM  (attique)  ' 

Historique  et  production.  —  Les  gisements  du  Laurium  ont 
été  très  activement  exploités  pour  plomb  et  aident  à  Fépoque 
athénienne  et,  dès  Tannée  520  avant  notre  ère,  ils  sont  men- 
tionnés dans  le  budget  d'Athènes.  Ils  ont  été  repris  pour  zinc 
et  plomb  en  1876  par  la  Compagnie  française  du  Laurium,  cons- 
tituée, le  1"  septembre  1875,  au  capital  de  13  500  000  francs, 
porté  depuis,  en  1879,  à  16  300  000  francs  par  l'achat  des  con- 
cessions d'une  autre  société  dite  la  Périclès.  À  côté  de  cette  so- 
ciété, une  autre  entreprise  grecque,  dite  Société  grecque  des 
usines  métallurgiques  du  Laurium,  a  commencé  le  traitement 
des  scories  argentifères  qui  avaient  été  découvertes  par  M.  Ser- 
pieri  et  qui  avaient  été  le  premier  point  de  départ  de  Tentreprise, 
La  production  a  été  : 


1888 

1889 

1E9D 

1891 

Minerais  complexes.  . 

59010  t. 

49  394  t. 

89856  t. 

41 699  t. 

Plombs  d'œuvres.  .   . 

4784  t. 

5074  t. 

6021  t. 

7014  t. 

Minerais  de  zinc .  .   . 

» 

» 

> 

.27  838  t, 

De  1877  à  1888,  les  expéditions  faites  ont  atteint  570  000  tonnes, 
soit   22  000  tonnes  de  plomb   d'œuvre  et  548  000  tonnes  de 

1  GoU.  Ecole  des  MineSt  1681. 


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376  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

minerais.  Le  tonnage  des  matières  traitées  sar  place  s'élève  à 
643  000  tonnes.  La  mine  a  produit,  pendant  ces  douze  années, 
tout  près  de  1  200  000  tonnes  de  minerai. 
De  1885  à  1891,  on  a  produit,  en  plomb  d'œuvre  : 


18*5 

1M« 

IWT 

1««8 

188» 

1890 

t«9l 

^mb  d'œofrc.   .  . 

1827* 

2818* 

3081* 

4784' 

5074* 

602r 

7104' 

Teneur  moyenne 

en  argent 175<r    1925»'    iSS^"    175(r    1785^    1 92(r    1720^ 

Peu  à  peu,  on  a  ajouté  à  la  mine  22  fours  pour  la  calcination 
des  calamines,  capables  de  produire  annuellement  40  000  tonnes 
de  calamine  calcinée;  3  laveries  pour  la  séparation  des  sulfures 
mixtes  et  Tépuration  des  matières,  pouvant  traiter  de  450  à 
600  tonnes  de  minerai  par  jour  ;  enfin  une  usine  à  plomb  compo- 
sée de  fours  de  grillage  et  de  9  fours  de  fusion  pour  le  traitement 
sur  place  des  minerais  pauvres,  produisant  par  mois  de  350  à 
450  tonnes  de  plomb  d'œuvre,  d'une  teneur  moyenne  en  argent 
de  1  800  grammes. 

La  principale  difficulté  rencontrée  par  Tentreprise,  c'est  la  pré- 
sence d'un  niveau  hydrostatique,  partout  représenté  dans  la  col- 
line un  peu  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  L'avenir  de  l'exploi- 
tation se  trouve  donc  limité,  pour  le  moment,  à  la  quantité  de 
calamine  et  galène  située  au-dessus  de  cet  horizon. 

Géologie  générale  de  la  région.  —  Le  sol  du  Laurium,  comme 
celui  de  toute  TAttique,  est  composé  d'une  alternance  de  schistes 
phylladiens  d'âge  encore  indéterminé  avec  des  calcaires  saccha- 
roïdes.  Ces  terrains,  reposant  probablement  sur  le  granité  qui 
affleure  en  quelques  points,  sont  recouverts,  en  partie,  par  des 
formations  récentes  :  terrain  tertiaire  à  lignites  dans  le  fond  des 
vallées  (comblées  elles-mêmes  par  des  alluvions  considérables) 
et  poudingues  quaternaires  couronnant  quelques  hauteurs. 

Tous  ces  terrains  ont  été  profondément  disloqués  et  mélamor- 
phisés  :  ce  qui  rend,  les  fossiles  faisant  défaut,  leur  reconnais- 
sance difficile.  On  les  considère  généralement  comme  d'âge  ancien, 
probablement  silurien.  Cependant  certains  observateurs,  parmi 
lesquels  Neumayr,  sont,  au  contraire,  portés  à  les  rattacher  au 


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GÎTES  DE  ZINC  DU    LAURIUM    (aTTIQUe)  377 

crétacé  avec  tous  les  schistes  mîcacés,  gneiss  et  marbres  de  TAt- 
tique.  Le  point  de  départ  de  cette  idée  est  la  présence  de  quelques 
fossiles  dans  certains  calcaires  métamorphiques  de  TAttique  :  des 
hippurites  à  Salamine,  une  nérinée  à  Tacropole  d'Athènes,  etc. 
et  le  passage  progressif  que  Ton  remarque,  en  quelques  points, 
entre  le  crétacé  à  faciès  normal  et  celui  à  faciès  très  ancien  ;  mais, 
d*autre  part,  il  existe,  dans  le  bassin  de  la  mer  Egée,  des  restes 
incontestables  de  terrains  paléozoiques  et,  dès  qu'on  arrive  au 
Penlélique,  ce  n'est  plus  que  par  une  assimilation  très  aventurée 
qu'on  veut  rattacher  au  crétacé  les  terrains  métamorphiques.  Nous 
préférons  donc,  jusqu'à  preuve  du  contraire,  repousser  cette 
hypothèse*. 

La  partie  de  ces  couches  exploitée  pour  zinc  et  plomb  au 
Laurium  comprend  les  terrains  suivants  : 

40  Calcaire  supérieur  (en  grande  partie  enlevé  par  les  érosions]  :  C, 
2<>  Schiste  supérieur  ou  premier  schiste  (60")  :  Sj  —  premier  contact. 
30  Calcaire  moyen  ou  deuxième  calcaire  (55™)  :  C,  —  deuxième  contact  ; 
40  Schiste  inférieur  ou  deuxième  schiste  (120")  :  S,  —  troisième  contact,  le 
plus  riche  ; 
50  Calcaire  inférieur  ou  troisième  calcaire  (100™)  C3. 

Cette  série,  d'après  les  ingénieurs  du  Laurium,  se  continuerait 
probablement  par  un  troisième  schiste  et  un  quatrième  calcaire. 
Elle  a  été  plissée,  comme  l'indiquent  deux  figures  ci-jointes  (231 

Est  **  *     FtaiU  tfilarioD  Ouest 


''i^     "  Echelle  de»   hauteura  ^  ^  ,K1. 

Echelle  de>  longueur»  ^^UL 

Fig.  231.  —  Coupe  Est-Ouest  du  Laurium,  montrant  les  épanouissements  des  dépôts 
métallifères  aux  contacts  inférieur  et  moyen  du  calcaire  et  du  schiste  (d*après 
MM.  Uuet  et  Daubrée). 

et  232),  suivant  une  direction  moyenne  N.  15^  0.  et  plonge,  d'un 
côté  vers  l'Est,  de  l'autre  vers  l'Ouest. 


'  Voir  sur  cette  question,  notre  mémoire  sur  la  géologie  des  lies  de  Mélelin  et  Thasos. 
(Archives  des  missions  scientiûques,  1889.) 


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378  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

La  séparation  entre  ces  diverses  couches  est  tantôt  très  nette, 
tantôt,  au  contraire,  se  fait  par  un  passage  progressif,  marqué  dans 


Fig.  232.—  Coupe  N.-E.-S.-O.  du  Laurium  (diaprés  M.  Huet). 

les  schistes  par  des  intercalations  de  lentilles  calcaires  et,  dans 
les  calcaires,  par  des  feuillets  schisteux.  De  plus,  chaque  couche 
n'est  pas  toujours  constituée  uniformément  par  la  même  roche. 
Ainsi,  dans  le  calcaire  moyen,  on  rencontre,  à  plusieurs  niveaux, 
des  bancs  schisteux  peu  épais  et,  dans  le  troisième  calcaire,  il 
existe,  à  Gamaresa,  une  couche  mince  de  schiste  dont  la  présence 
a  donné  naissance  à  un  gîte  métallifère  important. 

Ces  diverses  roches  présentent  les  caractères  suivants  : 

V  Le  calcaire  supérieure^  est  cristallin,  zone  parallèlement  à  la 
stratification  par  des  bandes  quartzeuses  et  ocreuses,  et  présente 
un  clivage  facile  suivant  ces  bandes. 

Il  forme,  au  sommet  des  collines  schisteuses,  des  îlots  isolés  de 
peu  d^épaisseur.  A  la  surface,  il  est  ordinairement  rouillé  et  divisé 
en  fragments  tabulaires  de  grande  dimension. 

2®  Le  schiste  supérieur  S,  se  présente  en  feuillets  fortement  plis- 
sés avec  bandes  alternatives  de  quartz  laiteux  compact,  de  pâte 
argileuse  noirâtre  imprégnée  de  talc  et  mica  et  de  calcaire  noir 
fissile  (surtout  au  voisinage  des  calcaires).  Sa  couleur  est  ordinai- 
rement noire  ou  vert  foncé.  Il  occupe  la  plus  grande  partie  de  la 
surface  du  Laurium  et  se  distingue  nettement  du  calcaire. 

3*  Le  calcaire  moyen  C,  est  compact,  sans  clivage,  avec  une  sur- 
face rugueuse  et  mamelonnée  ;  il  se  rapproche  des  calcaires  litho- 
graphiques et  est  traversé  parfois  dans  sa  masse  (Saint-Elie)  par 
des  veines  rougeâtres. 

Il  constitue  une  couche  épaisse  de  4S5  mètres  sous  le  schiste  S^. 


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GÎTBS    DK    ZINC    DU  LAURIUM   (aTTIQUe)  379 

4*  Le  schiste  inférieur  S,  est  très  micacé  ;  il  contient  une  propor- 
tion d'argile  permettant  de  l'utiliser  pour  la  fabrication  des  briques 
réfractaires.  Les  lentilles  calcaires  y  sont  nombreuses  au  voisi- 
nage des  calcaires. 

5**  Le  calcaire  inférieur  C,  est  saccharoîde  et  très  dur.  H  se  pré- 
sente, aux  affleurements,  sous  forme  de  grandes  tables  séparées 
par  des  lits  micacés  et  ferrugineux. 

La  puissance  de  ces  diverses  formations  est  variable,  mais 
croit  sensiblement  du  Sud  au  Nord. 

Ainsi,  au  mont  Saint-Elie,  les  épaisseurs  sont  : 

Calcaire  supérieur  .   .   .   .  C|  20  mètres. 

Schiste  supérieur.   ...  S,  i50      — 

Calcaire  moyen C,  60      — 

Schiste  inférieur Sj  70     — 

Calcaire  inférieur C,;  plus  de  80      — 

Plus  au  Nord,  dans  la  chaîne  des  Rijari,  on  a  : 

Calcaire  moyen 80  mètres. 

Schiste  inférieur 150      — 

Des  accidents  locaux  nombreux  modifient  d^ailleurs  ces  épais- 
seurs. 

Toutes  ces  formations  ont  été,  en  effet,  profondément  disloquées 
par  de  nombreux  plissements  ;  d'où  une  série  de  fissures  qui  ont 
pu  servir  d'évents  aux  sources  minérales  venues  de  la  pro- 
fondeur. 

Parmi  ces  plissements,  nous  en  citerons  un  N.-S.  qui  tra- 
verse la  partie  inférieure  de  l'Afrique  et  se  termine  au  Sud 
à  la  grande  faille  de  Korphona. 

A  l'Est  de  ce  pli,  le  pays  n'a  pas  subi  de  déformations  ultérieures  ; 
la  partie  occidentale,  au  contraire,  est  plissée  fortement;  dans 
le  Laurium  septentrional,  la  montagne  de  Keratea  est  orientée 
N.  55^  0. 

Enfin,  des  éruptions  d'un  âge  différent  ont  amené  au  jour  une 
roche  euritique  généralement  très  décomposée  dont  nous  dirons, 
plus  loin,  l'influence  sur  Tallure  de  la  formation  métallifère. 
De  nombreux  filons  de  cette  roche  ont  été  reconnus;  ils  sont 
orientés  É.-O. 


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380 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


La  roche  est  minéralisée  faiblement  ;  elle  renferme  une  certaine 
proportion  de  cuivre  et,  partout  où  on  Ta  trouvée,  on  a  constaté 
des  traces  de  ce  métal. 

Description  des  gisements.  —  Les  gisements  du  Laurium  se 
présentent  sous  deux  aspects  différents  : 

1*^  Les  amas  interstratifiés  ; 

2*^  Les  filons  ou  griffons. 

Les  premiers  se  rencontrent  tous,  sans  exception,  à  la  surface 
de  contact  des  schistes  et  des  calcaires. 

Les  seconds  traversent  les  calcaires,  et  accidentellement  les 
schistes. 

Les  types  les  plus  parfaits  de  ces  deux  modes  de  gisements  se 
trouvent  réunis  dans  les  exploitations  de  la  Société  Française,  au 
groupe  des  puits  Serpieri  et  Jean-Baptiste. 

1*  Amas  interstratifiés.  —  Ces  amas  (fig.  233  et  234)  se  pré- 


Cou  06 


»       3o      è9       So 

Coupe  èa.  jilateaa  de  Cmiaresa  (LauHam)  dni^  N.  i&*  0.  à S.i&*£.p«raUâon0nt  a 

Fig.  233. 


Ccmàus^. 


Cote&o 


rc   CàZcairt^  vr^Umjctcr 


Coupe  suhrant  A.  6.  de  la  Bgure  précédente  et  selon  la  directioo  des  griflÔM 
Slli^monlrt>ipM^iÊryr0Snté6tCdcaninêfyindinmtL,éhnst^ 

Fig.  234. 


sentent  aux  trois  contacts  successifs  des  calcaires  et  des  schistes. 
Particulièrement,  au  contact  du  troisième  calcaire  avec  le  schiste 
inférieur,  les  anciens  ont  trouvé  et  exploité  d'immenses  amas  de 
plomb  argentifère  en  ne  laissant  que  de  rares  piliers  pour 
soutenir  les  vides  immenses  qu'ils  ont  creusés. 


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GÎTES   DE  ZINC  DU    LAUBIUM    (aTTIQUe)  381 

Ces  amas  du  troisième  contact  forment,  au-dessus  du  calcaire, 
des  zones  allongées  orientées  N.  30®  0. 

Le  minerai  s'y  compose  de  blende  et  de  galène  disséminées  en 
zones  puissantes  dans  une  gangue  de  carbonate  de  fer. 

La  blende  est  très  pure.  La  galène  tient  jusqu^à  2  500  grammes 
d'argent  à  la  tonne  de  plomb.  Elle  a  été  presque  entièrement 
enlevée  par  les  anciens. 

Les  premier  et  deuxième  contacts  sont  moins  importants. 
Cependant  on  y  trouve  également,  entre  les  schistes  et  le  calcaire, 
un  mélange  assez  intime  de  blende  à  veines  de  galène  et  de  mine- 
rais oxydés  de  plomb  et  de  fer. 

Dans  le  premier  contact,  on  a  rencontré  une  certaine  variété 
de  minéraux,  en  particulier  des  sulfures  de  cuivre  et  même  du 
cuivre  natif  avec  des  calamines  nickélifères. 

2®  Griffons.  —  Sous  la  troisième  couche  de  contact,  se  trouvent. 


Régkn  arténie 


Région  slénïâ 


Fig.  23d.  —  Croquis  montrant,  en  plan,  la  disposition  générale  des  griffons  vers  le 
croisement  des  deux  systèmes  de  diaclases  qui  traversent  le  cadcaire  (d'après 
MM.  Potier  et  Daubrée). 


enclavés  dans  les  calcaires,  les  griffons  ou  filons  calaminaires. 

Les  filons  sont  disposés  (dans  les  concessions  de  la  Société 

française)  transversalement  à  la  direction  de  Tamas  superposé. 


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382 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


Leur  orientation  est  E.-O.  en  certains  points,  et  N.  70^  E.  en 
d'autres  points. 
Les  griffons  (fig.  236)  sont,  comme  les  couches  de  contact,  dans 


SdusUf  ùjfhxêMir 
S^Cmiaatf.  /Tramais 

Crijhnt  eaJanvàuurm» 


Fig.  236,  —  Coupe  des  griffons  du  Laurium  (d'après   M.  Huet). 


des  conditions  très  différentes,  suivant  qu'on  se  trouve  dans  les 
contacts  supérieurs  ou  dans  le  troisième  contact.  Les  premiers 

(fig.  237  et  238)  ne  renferment, 
en  général,  que  de  la  calamine  et 
présentent  souvent,  à  la  partie  su- 
périeure, un  vide  où  Ton  peut  voir 
l'effet  de  Faction  corrosive  des  eaux 
acides  sur  le  calcaire,  à  moins  que 
le  vide  ne  soit  dans  Tamas  calami- 
naire  lui-môme,  le  calcaire  ayant 
été  recouvert  d'un  enduit  calami- 
naire  ;  généralement  on  aperçoit,  au- 
dessus  de  ces  cloches,  les  fissures 
par  lesquelles  ont  continué  à  circuler  les  eaux. 

Les  griffons  du  troisième  contact,  plus  complexes,  contiennent, 
dans  Taxe  de  la  calamine,  un  amas  de  galène  recouvert  d'un 
enduit  ferrugineux  (fig.  239). 

Enfin  un  dernier  type  de  griffon,  rencontré  au  puits  Jean- 
Baptiste,  a  montré,  au-dessous  d'une  fissure  mince,  un  élargis- 
sement considérable  (fig.  240). 
Dans  ce  troisième  contact,  on  trouve,  par  exemple  entre  les 


Fig.  237  et  238. 

(La  calamine  a  été  représentée  par  hachure 

croisées.) 


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GÎTES    DE    ZINC    DU    LAURIUM   (aTTIQUE)  383 

puits  Serpieri  et  Saint-Jean-Baptiste,  un  amas  de  galène,  blende, 
calamine  et  pyrite  qui  paraît  mettre  en  évidence  Tordre  de  succes- 
sion des  dépôts  métallifères.  Là,  une  âme  en  galène  est  entourée, 
comme  dans  la  figure  239,  de  fer  oxydé,  lui-même  recouvert 
par  la  calamine  ;  d'où  il  résulterait  que  le  dépôt  aurait  com- 
mencé par  la  calamine,  continué  par  le  fer,  fini  par  le  plomb. 


Cfft*^^. 


-  (h  n  i'w>yy    .  'j;^^:r~ 


Fig.  239. 


Fig.  240. 


Ce  zinC)  dissous  en  sulfure,  s'est  transformé  en  calamine  dans  les 
griffons.  En  même  temps  il  est  arrivé  souvent  que  galène  et  pyrite 
de  fer  aient  subi  une  oxydation  correspondante  avec  formation 
de  cristaux  de  gypse  par  Faction  du  sulfure  sur  le  calcaire.  On 
a  alors  des  cristaux  de  gypse,  couverts  parfois  d  un  enduit  d'hé- 
matite. La  calamine  ne  se  trouve  jamais  que  dans  le  calcaire  et 
fréquemment  on  a  association  de  feuillets  calaminaires  et  gyp- 
seux  :  ce  qui  prouve  nettement  l'arrivée  des  minerais  à  l'état  de 
sulfures.  Bien  des  faits  tendent  d'ailleurs  à  montrer  que  ce  gisement 
métallifère  est,  comme  beaucoup  d'autres  du  même  genre,  sous 
l'action  des  eaux,  en  transformation  continuelle.  Il  existe,  au 
Laurium,  comme  à  la  Vieille-Montagne,  etc.,  des  stalactites  de 
calamine  formées  par  une  redissolution  du  dépôt  primitif. 

Aspects  des  calamines.  —  On  peut  distinguer  les  minerais  de 
surface  et  les  minerais  de  profondeur. 

Les  calamines  de  surface,  généralement  pauvres,  affectent  sou- 
vent la  forme  d'un  calcaire  blanc  crayeux  plus  ou  moins  com- 


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384  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

pact,  parfois  d'une  limonite  caverneuse  ou  cariée,  parfois  d'une 
roche  schisteuse  et  grisâtre  qui  n'a  de  remarquable  que  sa  den- 
sité. A  Plaka,  on  dirait  des  éponges  aplaties  d'un  blanc  jaunfttre. 

Au  contraire,  dans  le  troisième  contact,  on  trouve  des  cala- 
mines très  pures  :  les  unes,  en  roche,  comparables  à  un  calcaire 
jaune  ou  à  une  meulière,  d'autres  colorées  de  blanc,  de  vert, 
de  jaune,  analogues  à  des  calcédoines  ou  à  des  agates,  certaines 
à  cassure  variée  et  brillante.  On  en  rencontre  de  blanches  et  de 
compactes  qu'on  a  comparées  à  un  registre  de  papier  pétrifié  ; 
d'autres  qui  ressemblent,  à  s'y  méprendre,  à  des  poteries  an- 
ciennes, etc. 

La  teneur  des  calamines  diffère  suivant  le  niveau  où  on  les 
recueille  : 

Dans  le  troisième  calcaire,  cette  teneur,  assez  constante,  oscille 
entre  60  et  65  p.  100  de  zinc. 

Dans  le  deuxième  calcaire,  la  teneur,  très  variable,  ne  dépasse 
pas  56  p.  100.  En  moyenne,  elle  oscille  autour  de  40  p.  100  et 
Ton  a,  en  outre,  une  grande  quantité  de  calcaires  zincifères  tenant 
20  à  25  p.  100.  Ces  teneurs  se  rapportent  au  minerai  calciné. 

Mode  de  formation  du  gisement.  —  Si  Ton  veut  se  rendre  compte 
du  mode  de  formation  du  gisement,  il  faut  remarquer  la  concen- 
tration des  amas  calam inaires  :  1*"  au-dessous  de  chaque  contact 
de  schistes,  le  troisième  contact  seul  ayant  paru  d'abord  mériter 
d'être  exploité,  mais  les  deux  autres  renfermant  également  de  la 
calamine  ;  2**  au  mur  des  filons  d'eurite,  comme  le  montre  la 
coupe  236  prise  au  puits  Serpieri.  On  peut  constater  que  ces 
filons  d'eurite  sont  rejetés  de  quelques  mètres  en  passant  du 
calcaire  au  schiste  et  que  les  amas  calaminaires  s'interrompent 
au  contact.  Ces  derniers  gisements  s'appellent,  au  Laurium, 
couches  des  roches  filoniennes. 

Un  autre  point  important  à  noter,  c'est  la  diminution  de  richesse 
des  contacts  de  bas  en  haut.  Au  troisième  contact,  se  trouvent 
tous  les  travaux  anciens.  Les  calamines  y  forment  des  masses  con- 
sidérables tenant  de  50  à  55  p.  100  de  métal,  accompagnées  de 
minerais  de  plomb  à  2  kilogrammes  d'argent  par  tonne.  Au 
deuxième  contact,  les  calamines  sont  généralement  calcareuses  et 


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GÎTES    DE    ZINC    DU    LAUBIUM    (atTIQUe).  385 

contiennent,  en  moyenne,  30  p.  100  de  zinc;  au  premier  contact, 
on  trouve  surtout  du  fer  carbonate  avec  blende  et  galène,  du 
plomb  carbonate,  une  gangue  de  silice,  fluorine  et  barytine. 

Enfln  la  localisation,  en  une  seule  région,  de  couches  métalli- 
fères à  des  niveaux  très  distincts,  en  relation  constante  avec  le 
degré  d'attaquibilité  des  terrains  encaissants,  exclut  la  possibi- 
lité d'une  formation  sédimentaire. 

L'hypothèse  très  vraisemblable  qu'a  faite  M.  Huet  et  qui  a  été 
généralement  adoptée  est  la  suivante  :  Un  liquide  minéralisateur, 
surgissant  au  fond  par  des  fissures,  est  venu  s'arrêter  sous  un 
toit  de  schistes  ou  d'eurile  résistant,  et,  corrodant  le  calcaire  au- 
dessous  dans  un  séjour  prolongé,  a  produit  un  dépôt  d'incrusta- 
tion et  de  substitution.  Puis  il  a  traversé  les  schistes  par  des 
fissures  minces  sans  laisser  de  dépôt,  parce  qu'il  ne  trouvait  pas 
d'élément  attaquable  et  est  venu  s'arrêter  plus  appauvri  sous  le 
contact  supérieur,  etc. 

Il  est  d'ailleurs  manifeste  que  les  cassures,  ou  diaclases,  du 
calcaire  ont  donné  au  phénomène  hydrothermal  sa  direction, 
(voir  fig.  235),  et  il  ne  faut  pas  oublier  non  plus  les  réactions 
secondaires  qui  ont  dû,  sous  l'action  des  eaux  superficielles, 
transformer,  jusqu*à  une  certaine  profondeur,  ce  qu'il  avait  pu  se 
déposer  tout  d'abord  de  blende,  en  calamine. 

Données  économiques.  —  Pour  terminer,  quelques  renseigne- 
ments économiques  : 

Le  prix  de  vente  de  la  calamine  au  Laurium  peut  s'évaluer,  en 
appelant  :  V  le  prix  de  vente  ;  P  le  prix  du  zinc  ;  T  la  teneur 
p.  100,  par  la  formule  : 

V  =  0,95  P.  (0,8  T  —  1)  —  65 

D'autre  part,  le  prix  de  revient  était  évalué  par  M.  Fuchs  de  la 
façon  suivante  : 

A.  V exploitation  comprend  :  1®  Extraction,  2  fr.  50  à  5  francs 
par  tonne,  suivant  que  l'abatage  a  lieu  au  jour  ou  dans  la  pro- 
fondeur ; 

2^  Poudre  et  outils,  2  fr.  20. 

GÉOLOGIE.   —  T.    n.  25 


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386  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Donc  le  prix  de  revient  par  tonne  de  Texploilation  est  de  4  fr.  70 
à  1  fr.  20. 

B.  Triage.  —  Un  ouvrier,  payé  à  raison  de  3  francs  par  jour, 
peut  trier  trois  tonnes  de  minerai  par  jour  en  faisant  deux  caté- 
gories :  stérile  et  calamine. 

Le  prix  de  revient  de  la  tonne  de  calamine  est  donc  variable 
avec  la  teneur  du  minerai  dont  on  l'extrait. 

Ainsi  une  tonne  de  calamine,  pour  une  teneur  du  minerai  en 
calamine  de 

73  p.  100        50  p.  100         25  p.  100 

Coûtera 8,91  13,40         26,80    d'abatage  ; 

Plus 1,33  2,00  4,00    de  triage  sur  place. 

Au  total  .   .   .     10,24  15,40  30,80 

G.  Calcination.  —  Les  calamines  de  Kératea  perdent  de  25  à 
40  p.  100  à  la  calcination. 

Donc,  l  tonne  de  calamine  calcinée  correspond  à  l*-,33  abat- 
tue. Le  prix  de  revient  de  la  calcination  s'établit  ainsi  : 

Ck)mbustible  :  10  p.  100  à  18  francs lfr.80 

Manipulation 1    10 

Intérêt  et  amortissement  du  four 0    20 

Surveillance 0    70 

3rr.80 

et  on  produit  0  t.  75  de  calamine  grillée  ;  1  tonne  grillée  coûtera 
donc 

1S33  X  P  +  3  fr.  80. 

D.  Transport  au  port.  —  11  varie  suivant  le  mode  de  trans- 
port. On  peut  admettre  7  francs  en  moyenne  par  tonne  calcinée, 
en  supposant  20  000  tonnes  de  production  annuelle. 

E.  Embarquement  et  magasinage,  —  En  moyenne,  par  tonne 
calcinée,  4  fr.  33. 

F.  Frais  généraux.  —  En  supposant  50  000  tonnes  de  produc- 
tion pai'  an,  on  a,  par  tonne  calcinée,  1  fr.  50. 

G.  Transport  à  Anvers.  -^  Par  tonne  calcinée  :  18  francs. 

En  résumé,  on  obtient  pour  le  prix  de  revient  de  la  tonne  de 
minerai  calciné  rendue  à  Anvers  : 


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GISEMENTS    DE    ZINC    ET  PLOMB    EN    SABDAI6NE  387 


MINERAI 
à  75  p.  100 

MINERAI 
à  50  p.  100 

MINERAI 
à  25  p.  100 

Extraction  et  triage 

GalcinatioD 

Francs 
13,50 
3,80 
7,00 
4,33 
1,50 
18,00 

Francs 
20,49 

3,80 
7,00 
4,33 
1,50 
18,00 

Francs 

40,96 
3,80 
7,00 
4,33 
1,50 

18,00 

Transport  au  port 

Embarquement 

Frais  généraux 

Transport  à  Anvers 

1  Prix  de  revient  par  tonne.   .   . 

48,13 

55,12 

75.59 

Bibliographie. 

1869.  CoRDELLA.  —  Le  Laurium.  (Marseille). 

1869.  CoRDELLA.  —  Berg.  u.  H.  Z.,  1869,  p.  209.  (Compte  rendu.) 

1871 .  CoRDELLA.  —  Description  des  produits  des  mines  et  usines  de  Laurium. 

1871 .  Affaire  du  Laurium.  (Cuyper,  t.  XXXI  et  XXXII.) 

1871.  Baldadf.  —  (B.  u.  H.  Z.,  p.  318.) 

1873.  Nasse.  —  Mittheilungen  uber  den  Bergbau  von  Laurium.  {Zeitsehr.  de 
B.  u.  A.  preuss.j  t.  XXI,  p.  12.) 
1875.  CoRDELLA.  —  Description  des  produits  de  Laurium  et  d'Oropos. 

1872.  Ledoux.  —  Le  Laurium.  (Revue  det  Deux-Mondes,  en  février.) 
1878  et  1886.  —  Huet.  —  Mémoires  de  la  Société  des  Ingénieurs  civils. 

1878.  CoRDBLLA.  —  La  Grèce  sous  le  rapport  géologique  et  minéralogique* 

1879.  Groddeck,  p.  321. 

*  1880.  Potier.  —  Rapport  sur  les  mines  du  Laurium. 

1880.  Neumayr.  —  {Denschrifl  der  K.  K.  Akademie  in  Wien,) 

1883.  B.  SiMONNET.  —  Le  Laurium.  Etude  sur  les  dépôts  métalliques.  (Bull, 
de  la  Soc.  de  l'industne  minérale,  2®  série,  t.  Il,  p.  641.  Saint-Etienne,  1883.) 

*  1886.  Huet.  —  Gisements  du  Laurium.  (Mém.  Soc.  Ing.  civils.) 

*  1887.  Daubrée.  —  Eaux  souterraines  (passim). 
1889.  Rapport  pour  l'Exposition  universelle. 


GISEMENTS  DE  ZINC  ET  PLOMB  EN  SARDAIGNE* 

Géologie  générale.  —  La  constitution  géologique  de  la  Sar- 
daigne  est  des  plus  complexes;  on  peut  dire  qu'elle  offre  un 
spécimen  de  la  presque  totalité  des  formations  de  Téchelle  sédi- 

*  Coll.  École  des  Mines,  1549,  1607,  1967,  1968. 


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388 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


mentaire  et  éruptive.  Elle  a  été  étudiée  autrefois  par  le  général  La 
Marmora  qui,  pénétré  des  idées  d'Elie  de  Beaumont,  avait  cru 
pouvoir  y  retrouver  tous  les  divers  soulèvements  de  montagnes. 
Récemment,  MM.  de  Castro,  Zoppi,  Testori,  Mazetti,Traverso,ont 
publié,  sur  elle,  d'importants  travaux,  auxquels  nous  aurons 
recours. 

On  peut  constater,  dans  ce  pays,  la  trace  d'au  moins  4  disloca- 
tions successives  *  : 


M^Che&neau.dt).  * 


Fig.  241. 


Un  premier  mouvement  s'est  produit  à  la  fin  du  dévonien  ;  le 
calcaire  carbonifère  et  le  permien  manquent  dans  Tile.  Puis  le 
jurassique  est  séparé  du  crétacé  par  une  discordance.  Plus  tard, 
à  la  fin  de  Tépoque  nummulitique,  les  assises  secondaires  ont  été 
redressées  (époque  probable  de  la  venue  des  serpentines  de  Corse). 

'  La  description  des  mines  de  Sardaigne  a  été  écrite  principalement  d'après  les  notes 
4*un  voyage  fait  par  nous  en  1891.  Nous  avons  également  utilisé  les  travaux  des  géo- 
Uguefi  italiens  elle  journal  de  voyage  inédit  de  M.  Friedel,  ingénieur  des  mines. 


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CARTE 

GÉOLOGIQUE  ET  IVUMÈRE 
de  l'Iilesienle  (Sardaiônf 

d'après 
W  Tesitnr,  Zoppi .  Lambert  et  Defcrrari 


Cip  /w». 


^^ 


Camtlûnada 


LECEIVDE 
......    Mon^  He.  por^/iA^f^ 


''^<5iyii^ 


C'^mttAfZfhJUwf.-JtL4»èé^tt4i:pêa,^ 


Fig.  242. 


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390  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

EnGn,  àTépoque  du  soulèvement  des  Alpes,  une  ^ande  disloca- 
tion est  caractérisée  par  la  formation  du  détroit  de  Bonifacio. 

Les  mouvements  dévonien,  permien  et  tertiaire ,  semblent, 
comme  dans  la  plus  grande  partie  de  TEurope,  avoir  été  accompa- 
gnés de  formations  métallifères.  Toutefois,  dans  cette  lie  et  prin- 
cipalement dans  la  province  dlglesias  (fig.  242),  les  gisements 
métallifères  sont,  pour  la  plupart,  concentrés  dans  le  terrain 
silurien,  principalement  dans  les  calcaires  de  cet  âge  et  peuvent 
être,  par  suite,  considérés  probablement  comme  de  formation 
ancienne  '. 

On  a  distingué,  d'une  manière  générale,  trois  districts  miniers 
en  Sardaigne  (fig.  2i2)  : 

1**  Au  Sud-Ouest,  la  province  d'Iglesias,  de  beaucoup  la  plus 
importante  ; 

T  Sur  la  côte  Nord-Ouest,  la  région,  très  secondaire,  de  la 
Nurra  (mines  d'Argentière)  près  d'Alghero  ; 

3*"  A  l'Est  de  l'île,  les  massifs]  du  Sarrabus  (argent,  galène 
argentifère  et  blende),  (fig.  241)  dont  nous  parlerons  à  l'occasion 
de  l'aident,  de  l'Ogliastre  et  Lulla. 

Nous  nous  bornerons  à  une  description  un  peu  détaillée  de  la 
province  d'Iglesias,  qui  est  le  grand  centre  de  production  du  zinc 
et  du  plomb  en  Sardaigne. 

Cette  région  comprend,  au  Nord,  le  massif  granitique  d'Arbus, 
enveloppé  de  schistes  et  grauwackes  siluriens,  dans  lesquels  se 
sont  ouverts  les  fllons  de  Montevecchio,  Gennamari,  etc.;  plus  au 
Sud,  des  grès,  quartzites  et  schistes  cambriens,  entourés  par  la 
formation  de  calcaires  métallifères,  où  sont  presque  tous  les  amas 
calaminaires  et  qu'on  rapporte  au  silurien.  Un  lambeau  de  trias 
apparaît  à  l'Ouest,  d'Iglesias  à  Fontanamare. 

A  travers  ces  formations,  les  filons  de  galène  argentifère  et  de 
blende  sont  extrêmement  nombreux  ;  souvent  ils  épousent  les  con- 

t  Nous  nous  contenterons  de  mentionner  un  fait,  encore  mal  étudié,  qui  pourrait 
modifier  8inguliè4*ement  les  idées  reçues  sur  Tàge  des  zincs  sardes.  A  Lullay  près  du 
mont  Albo,  d*après  M.  Mazzetti,  Ingénieur  des  mines  italien,  on  a  trouvé  de  la  cala- 
mine dans  une  dolomie  à  la  base  du  crétacé,  entre  le  crétacé  et  les  schistes  cristallins  ; 
la  dolomie  zincifère  étant  concordante  avec  le  crétacé,  très  discordante  avec  les 
schistes.  Ajoutons  encore,  pour  ceux  qui  persistent  à  soutenir  U  formation  contem- 
poraine du  minerai  de  zinc  et  d'un  certain  calcaire  silurien  dit  métallifère,  qu'en 
plusieurs  points,  notamment  à  Canal  grande,  la  calamine  se  trouve  dans  le  cambrien. 


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GISEMENTS    DE    ZINC    ET    PLOMB    EN    SARDAI6NE  391 

tacts  entre  les  calcaires  et  les  schistes,  ou  entre  deux  calcaires  de 
compacité  différente  ;  d'autres  fois,  ils  forment,  dans  l'intérieur 
d'une  couche,  de  véritables  fractures.  A  ces  filons  sont  associés 
fréquemment  des  amas  calaminaires,  contenant  encore  parfois  un 
peu  de  galène. 

D'une  manière  générale,  la  connexion  entre  les  gisements  de 
galène  argentifère  et  de  calamine*  est  tellement  intime  (l'un  ou 
l'autre  des  deux  corps  pouvant  se  développer  presque  exclusive- 
ment dans  telle  concession,  mais,  en  général,  les  deux  étant  mélan- 
gés) ;  en  outre,  la  relation  d'origine  entre  la  calamine  et  la  galène 
est  si  manifeste  à  notre  avis  que  nous  ne  séparerons  pas  ces 
substances  dans  la  description  et  que  nous  traiterons,  dès  à  pré- 
sent, des  mines  de  plomb  de  la  province. 

Conformément  à  une  loi  déjà  énoncée,  l'allure  des  gîtes  est  en 
relation  nette  avec  la  nature  des  terrains  encaissants.  Dans  les 
terrains  imperméables,  on  ne  trouve  pour  le  zinc,  que  des  filons 
d'incrustation  minces,  pour  la  plupart  inexploités  ;  tous  les  beaux 
gisements  de  zinc  sont  dans  des  calcaires. 

Parmi  ces  gîtes,  on  peut  encore  distinguer  les  filons  proprement 
dits,  soit  de  fracture,  soit  de  contact,  où  le  remplissage  est,  le  plus 
souvent,  formé  par  de  la  galène,  et  les  amas  calaminaires.  Nous 
commencerons  par  les  premiers  qui  permettent  d'expliquer  plus 
aisément  les  seconds.  On  y  remarque  quelques  lois  d'ensemble  : 

D'abord  la  disposition  des  minerais  plombifères  dans  les 
filons  par  colonnes  riches  est  des  mieux  développées  et  peut  être 
étudiée  fructueusement  en  plusieurs  points  (San-Benedetto,  Mon- 
teponi,  etc.)  ;  on  a  cru  remarquer,  en  outre,  que,  dans  un  filon 
donné,  la  proportion  d'argent  était  d'autant  plus  forle  que  l'irré- 
gularité était  plus  grande  (?)  ;  puis  la  teneur  en  argent  semble, 
d'une  façon  constante,  diminuer  en  profondeur,  en  même  temps 
que  la  proportion  de  blende  augmente  souvent  :  par  suite,  au 
voisinage  de  la  surface,  on  trouve  les  beaux  amas  calaminaires 
(carbonates  et  silicates),  qui  d'ailleurs  n'affleurent  pas  toujours  ; 

«  Le  développement  des  amas  calaminaires  est  en  relation  incontestable  avec  la 
présence  de  terrains  calcaires  et  le  voisinage  de  la  surface;  une  part  essentielle 
revient,  dans  leur  production,  à  l'action  des  eaux  superficielles  sur  un  dépôt  initial  de 
blende. 


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392  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

plus  bas,  ces  amas  se  terminent  souvent  par  une  simple  fissure 
argileuse  et  Ton  a  des  filons  de  galène  où  le  zinc  reprend  sa  place 
sous  la  forme  de  blende. 

Si  nous  examinons  Tallure  des  principaux  filons,  nous  trouvons, 
d'abord,  au  Nord,  un  filon  de  galène  recoupant  tout  le  terrain 
schisteux  ancien,  et  exploité,  sur  plus  de  3  kilomètres  de  long, 
sous  différents  noms,  dans  les  concessions  de  Montevecchio,  Per- 
dixeddosu,  Ingustosa,  Gennamari,  etc..  Ce  filon,  sur  la  description 
duquel  nous  reviendrons  tout  à  Theure,  contient  très  peu  de 
blende. 

Au  Sud  du  massif  granitique,  on  rencontre  un  autre  groupe  de 
filons  N.  45*»  à  65**  0. 

Ces  deux  groupes  de  filons  semblent,  en  quelque  sorte,  enve- 
lopper la  masse  de  granité  :  ce  qui  s'explique  assez  bien.  Au 
moment  des  soulèvements  successifs,  ce  granité  résistant  a  dû,  en 
effet,  provoquer,  dans  les  schistes  adossés  sur  lui,  des  fractures, 
en  général  parallèles  à  son  bord  mais  accompagnées  nécessaire- 
ment de  déchirures  obliques.  Il  est  arrivé,  comme  toujours,  que 
chaque  système  de  cassures  nouvelles  faisait  rejouer  les  anciennes 
et  les  compliquait  de  plus  en  plus.  D'ailleurs  le  mouvement  de 
dislocation  étant,  bien  entendu,  la  conséquence  de  celui  de  plisse- 
ment et  les  plans  de  schistosité  offrant  des  lignes  de  moindre 
résistance,  il  s'est  produit  très  fréquemment  que  les  déchirures 
aient  eu  une  tendance  à  suivre,  plus  ou  moins  longtemps,  la  direc- 
tion des  schistes  ;  en  sorte  que,  tout  en  ayant  affaire  à  des  filons 
incontestables,  on  a  souvent  des  apparences  d'interstratifications 
locales  qui  peuvent  nous  mettre  en  garde  contre  une  fausse  inter- 
prétation donnée  à  des  phénomènes  du  même  genre,  moins  clairs 
dans  d'autres  régions. 

Aux  environs  presque  immédiats  d'Iglesias,  nous  citerons, 
comme  gisements  de  galène  filoniens,  San-Giovanni  au  Sud,  San- 
Benedetto  et  Malacalzetta  au  Nord.  A  l'Ouest,  les  mines  de  Nebida 
et  de  Monteponi  nous  offriront  Tassociation  des  colonnes  de 
galène  et  des  amas  de  calamine.  Enfin,  au  N-0  d'Iglesias,  nous 
insisterons  sur  la  grande  zone  d'amas  calaminaires  de  Malfidano, 
et  nous  terminerons  par  quelques  mots  sur  divers  autres  amas 
de  calamine. 


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MINE    DE  MONTEYEGGHIO    (sARDAIGNe) 


393 


MINE  DE  MONTEYEGGHIO 

{Filom  de  galène  argentifère  et  blende  dans  les  schistes.) 

La  mine  de  Montevecchio,  ainsi  que  les  exploitations  de 
moindre  importance  qui  s'échelonnent  sur  le  prolongement  de  ce 
beau  gisement,  se  trouve  à  30  kilomètres  au  Nord  d'Iglesias,  au 
Nord  du  massif  granitique  d'Arbus.  Elle  correspond  au  premier 
groupe  de  filons  de  galène  du  Nord  que  nous  avons  signalé. 

Le  gisement  comprend  3  filons,  à  peu  près  E.-C,  de  pendage  N. 
65*^,  recoupant  des  schistes  dont  la  direction  est  environ  la  même  ; 
ce  sont  le  filoncillo,  le  filon  secondaire  et  le  (ilon  principal. 

La  figure  243  montre  commentées  filons  se  prolongent  sur  les  con- 
cessions voisines.  Dans  la  première  concession,  le  filon  principal, 
seul  exploité,  a  60  mètres 
de  puissance  et  son  affleu- 
rement forme  une  énorme 
muraille  de  quartz.  On  y 
trouve,  en  général,  deux 
veines  minéralisées  au 
toit  et  au  mur  ;  certaines 
lentilles  de  galène  pure 


S^Camomùaa  2lCoii»Mkn  F^CooeeMλ 
BeUi  ?>-!««ti        Levant» .  .. 


t 


Fig.  243.  —  Plan  des  filons  de  Montevecchio. 


atteignent  8  mètres  de  puissance  ;  les  lentilles,  en  chapelet, 
à  l'Est,  deviennent  irrégulières  à  TOuest.  La  galène  de  première 
qualité  tient  80  p.  100  de  plomb  et  800  grammes  d'argent  à  la 
tonne*.  Ce  filon  a  été  rejeté  par  une  cassure  argileuse  ouverte 
dans  son  plan  même. 

En  profondeur,  la  blende  augmente  et  enveloppe  la  galène;  les 
filons,  par  une  loi  qu'on  retrouvé*  dans  la  plupart  de  ces  exploi- 
tations, diminuent  constamment  de  teneur  en  argent  à  mesure 
que  l'on  s'enfonce. 

En  1888-89,  Montevecchio  a  produit  12  100  tonnes  de  galène  à 
200  francs,  tenant  en  moyenne  :    750  grammes   d'argent  à  la 

*  Saur  indication  contraire,  les  teneurs  en  argent  qui  seront  indiquées  dans  ce  cha- 
pitre sur  la  Sardaigncy  se  rapporteront  toujours  à  la  tonne  de  minerai. 


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394  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

tonne  de  minerai  pour  la  première  concession;  450  grammes 
pour  les  deux  autres. 

Le  nombre  des  ouvriers  a  été  de  1360  ;  le  bénéfice  net  imposé 
de  300  000  francs. 

En  1890,  Textraction  a  été  de  12  000  tonnes  à  75,57  de  plomb 
et  600  grammes  d'argent  par  tonne  de  minerai. 


MINE  DE    SAN-GIOVANNI 

(Filons  de  galène  argentifère  dans  les  calcaires  ou  à  leur  contact 
avec  les  schistes.) 


La  mine  de  San-Giovanni  est  située  dans  la  vallée  qui  descend 
d'Iglesias  à  la  mer,  sur  le  versant  Sud,  presque  en  face  de  Monte- 
poni.  Elle  a  été  exploitée  en  grand  par  les  Pisans  au  xiv®  siècle. 
La  société  «  italienne  et  espagnole  i>,qui  en  est  concessionnaire, 
Ta  donnée  en  entreprise  pour  dix  ans  (1885-95)  à  la  Societa  per 
imprese  mineralie. 

La  formule  de  vente  des  plombs  argentifères  à  Tusine  est  : 

V  =  ^-^^5^  +  Ag.  p.  -  FP  -  fp  -  transport. 

(V,  valeur  du  quintal  en  francs  ;  /,  teneur  p.  100  de  plomb  ;  a, 
constante  valant  de  6  à  8,  suivant  les  cas  ;  P,  prix  à  Londres 
des  100  kilogrammes  de  plomb;  Âg,  prix  courant  de  Targent; 
/>,  poids  d'argent  (l'argent  se  paye  à  toutes  teneurs)  ;  FP,  frais 
de  fusion  (60  francs  en  général  et  exceptionnellement  45)  ;  /  jo, 
frais  de  la  désargentation  pour  le  plomb  payé;  -^7  frais  allant  de 
45  à  60  francs. 

A  San-Giovanni,  les  schistes  siluriens  et  le  calcaire  dolomitique 
ont  un  contact  presque  vertical,  dirigé  Est-Ouest.  Un  premier  filon 
est  à  ce  contact;  un  second  (le  principal)  se  trouve  entre  le  calcaire 
dolomitique  rouge  et  un  calcaire  bleuâtre  qui  lui  succède,  au  voisi- 
nage d'un  dyke  de  quartz  qui  sépare  les  calcaires  de  schistes  ai^i- 
leux  ;  enfin,  dans  le  calcaire  bleuâtre,  on  trouve  un  troisième  filon 


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gIte  de  san-giovanni  (sardaigne)  395 

de  fracture  N.30^O.  Le  filon  de  contact  entre  le  schiste  elle  calcaire, 
pour  lequel  la  concession  a  été  instituée  d'abord,  a  été  épuisé  jus- 
qu'au niveau  d'eau  ancien,  70  mètres,  abaissé  à  6  mètres  par  une 
nouvelle  galerie  d'écoulement  de  Monteponi  ;  il  y  reste  64  mètres 
de  hauteur  à  prendre.  Ce  filon  contenait  des  galènes  à  70  p.  100 
de  plomb  et  150  grammes  d'argent  à  la  tonne  de  minerai. 

Le  gisement,  situé  entre  les  deux  calcaires,  est  formé  d'un  filon 
assez  sinueux  où  l'on  distingue  vaguement  des  colonnes  de 
galène  argentifère  à  gangue  de  quartz,  calcaire  et  argile.  La  richesse 
en  argent  est  grande.  x4.35  p.  100  de  plomb  (Normann),  le  minerai 
tient  1  800  à  1  900  grammes  d'argent  ;  à  50  p.  100  (Umberto),  il  en 
tient  1 200.  On  a  cru  observer  en  Sardaigne,  et  en  particulier  à 
San-Giovanni,  que  l'irrégularité  du  filon  se  rattachait  à  une  plus 
forte  teneur  en  argent.  En  raison  de  celte  teneur  en  argent,  on 
ne  peut  pas  pousser  plus  loin  l'enrichissement,  rendu  difficile  par 
l'intimité  du  mélange  avec  le  quartz.  Au  quartier  Normann  (Ouest) 
et  dans  toute  la  partie  supérieure  exploitée  par  les  Pisans,  le  filon 
a  une  allure  bréchiforme  :  il  contient  des  morceaux  de  calcaire 
entourés  d'une  zone  de  quartz,  puis  de  galène,  avec  de  nom- 
breuses poches  d'argile  rouge.  On  peut  remarquer  qu'il  renferme, 
à  la  partie  supérieure,  de  la  barytine  qui  disparaît  lorsqu'on  s'en- 
fonce. Toutes  les  fracture  sont  remplies  de  calcaire  à  larges  lames, 
parfois  d'argile  à  pisolithes  calcaires  ;  en  outre,  le  calcaire  est  cor- 
rodé et  percé  de  grandes  grottes  à  concrétions  calcaires,  souvent 
postérieures  au  minerai  dont  elles  ont  suivi  les  lits. 

En  un  point,  en  particulier,  un  filon  de  galène  et  blende  s'est,  à 
la  rencontre  d'une  de  ces  grottes,  transformé  en  calamine  sur  une 
certaine  largeur  sans  s'étendre  dans  la  grotte.  On  peut  en  con- 
clure que  les  mêmes  eaux  superficielles  qui  ont  creusé  la  grotte 
ont  transformé  en  calamine  la  blende  préexistente. 

Dans  les  parties  riches,  des  géodes  renferment  de  beaux  cristaux 
d'anglésite,  de  leadhillite,  de  cérusite,  etc.  Il  existe  quelques  poches 
de  calamine. 

Quant  au  filon  N.  30^*0.,  ilest  formé  de  galène  quartzeuse  répartie 
en  6  colonnes. 

En  1888-89,  on  a  extrait  3  300  tonnes  de  galène  à  35  p.  100  de 
plomb  et  1 500  grammes  d'argent,  valant  250  francs  ;  puis,  286  tonnes 


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396 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


à  600  grammes  d'argent  et  78  tonnes  à  650  grammes  :  soit,  au 
total,  3  664  tonnes  de  galène  à  35  p.  100  de  plomb  en  moyenne. 


MINE  DE  SAN-BENEDETTO 

(Filons  de  galène  argentifère  avec  colonnes  d'enrichissement.) 

La  mine  de  plomb  de  San-Benedetto  est  située  à  7  kilomètres  au 
Norddlglesias;  elle  appartient  à  la  Vieille-Montagne,  ainsi  que  les 
gisements  de  calamine  de  la  Duchessa,  à  5  kilomètres  environ  de 
là,  à  l'Est  de  Malacalzetta. 

Les  calcaires  métallifères  plongent  sous  le  cambrien,  composé  de 

NE. 


Fig.  244.  —  Coupe  de  la  mine  de  San-Benedetto,  suivant  la  direction  du  filon. 

grès,  grauwackes,  etc..  On  y  exploite  un  filon  nommé  San-Gio- 
vanni  avec  quelques  veines  parallèles  au  mur. 

La  galène  du  filon  San-Giovanni  est  à  gangue  siliceuse  et  cal- 
caire ;  les  parties  autrefois  exploitées  tenaient  1  300  grammes 
d'argent;  au  troisième  niveau,  où  l'on  est  descendu  maintenant, 
la  teneur  en  argent  n'est  plus  que  de  400  grammes.  La  figure  244 
montre  comment  les  colonnes  riches  sont  disposées  dans  le  plan 
du  filon.  Le  remplissage  renferme  également  un  peu  de  cala- 
mine et  de  carbonate  de  plomb.  Aux  affleurements,  on  avait  même 
rencontré  quelques  beaux  amas  de  calamine.  Dans  les  veines  du 
mur,  on  trouve  de  Targile  avec  boules  de  galène  à  70  p.  100  de 
plomb  et  500  gran^mes  d'argent. 


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gIte  de  malacalzetta  (sardaigne)  397 

L'exploitation  actuelle  donne  environ,  par  an,  2  000  tonnes  de 
galène,  valant  384  000  francs,  et  à  peu  près  autant  de  calamine. 
En  1888-89,  on  n*avait  fait  que  1  350  tonnes  de  galène  et  1  068 
tonnes  de  calamine  à  35  p.  100  (65  francs  la  tonne). 

A  la  Duchessa^  Tallure  fîlonienne  est,  paratl-il,  assez  nette  ;  on 
exploite,  au  milieu  d'un  calcaire  blanc  saccharoïde,  plusieurs  amas 
où  le  zinc  silicate  domine.  En  1890,  on  y  a  reconnu,  en  outre, 
un  beau  filon  de  galène. 


MINE  DE  MALACALZETTA 

{Filons  de  galène  argentifère  dans  le  calcaire.) 

Les  exploitations  de  Malacalzetta,  voisines  de  celles  San-Bene- 
detto,  comprennent  actuellement  trois  filons  dans  le  calcaire  : 
Monte-Novo,  E.-O.,  abandonné  ;  Monte-Cuccheddu,  N.-S.,  en 
recherches;  Malacalzetta,  N.TO'^E.,  en  travail. 

Le  filon  de  Monte-Novo,  exploité  par  les  anciens  à  ciel  ouvert, 
se  compose  de  diverses  ramifications  avec  remplissage  de  galène, 
calcite  et  quartz. 

A  Monte-Cuccheddu,  on  a  trouvé  une  lentille  de  30  mètres  de 
long  sur  2°*,50  d'épaisseur  formée  de  galène  avec  calcaire  et  quartz 
intimement  mélangés  ;  d'anciens  travaux  jalonnent  l'affleure- 
ment de  ce  filon  sur  2  kilomètres  de  longueur.  Enfin  Malacal- 
zetta est  minéralisé  par  colonne3  de  peu  de  continuité  en  profon- 
deur, de  100  mètres  au  plus  en  direction  et  de  1  mètre  à  1",50 
de  puissance. 

Les  saibandes  sont  très  nettes,  mais  on  ne  distingue  jamais  de 
filets  de  minerai  concrétionné  ;  toujours  le  mélange  de  gangue  et 
de  minerai  est  intime.  Le  remplissage  est  formé  de  galène,  car- 
bonate de  plomb,  traces  de  carbonate  de  cuivre,  quartz,  calcile, 
sidérose,  argile,  très  peu  de  baryte.  Le  carbonate  de  plomb  est 
plus  riche  en  argent  que  les  galènes.  On  considère  comme  exploi- 
tables les  parties  qui  donnent  au  moins  250  à  300  kilogrammes 
de  galène  à  70  p.  100  par  mètre  carré  de  galerie. 

On  doit,  en  outre,  mentionner,  dans  des  alluvions,  des  galets 
abondants  de  galène  que  Ton  commence  à  recueillir. 


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398 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


Enfin,  tout  le  calcaire  des  environs  est  criblé  de  petites  poches 
de  calamine  à  la  surface. 

En  1888-89,  Malacalzetta  a  fait  2  600  tonnes  de  galène  à 
67  p.  100  et  1  000  grammes  d'argent,  valant,  en  moyenne,  250  francs 
la  tonne  et  250  tonnes  à  45  p.  100  et  500  grammes.  Le  nombre 
des  ouvriers  était  de  400. 


MINEDENEBIDA 

{Filons  de  galène  et  imprégnations  calaminaires,) 

La  mine  de  Nebida  est  située  sur  la  côte,  au  Nord  de  la  plaine 

marécageuse  où  aboutit  la 
vallée  qui  descend  d'Igle- 
sias vers  la  mer.  Elle 
présente,  dans  les  mêmes 
calcaires  si  souvent  miné- 
ralisés en  Sardaigne ,  une 
grande  variété  de  gise- 
ments :amas  de  calamine, 
colonnes  et  imprégna- 
tions plombifères  et  cala- 
minifères,  filons  vérita- 
bles de  fracture,  contacts 
minéralisés. 

Les  couches  de  terrain 
sont  dirigées  N.-S.  ;  leur 
coupe,  depuis  la  mer, 
présente  :  des  schistes  pen- 
dant vers  TEst  sous  des 
calcaires,  de  nouveaux 
schistes  en  forme  de  fu- 
seau, des  calcaires  et  enfin 


Fig.  245. 


Plan  théorique  de  la  mine  de  Nebida 
(d'après  M.  Friedel). 


le  cambrien  renversé  par-dessus.  Vers  le  Sud,  du  côté  des  gise- 
ments, la  lentille  de  schistes  intermédiaires  disparaît. 

Certains  amas  de  calamine  forment  de  grandes  colonnes  verti- 


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GÎTE   DE  NEBIDA    (sARDAIGNe)  399 

cales  où  l'on  a  cru  voir  un  remplissage  de  grottes  antérieurement 
formées.  Une  galerie  de  recherches,  menée  au-dessous  d'un  affleu- 
rement, n'a,  en  effet,  rencontré  qu'une  immense  grotte  tapissée  de 
stalactites  avec  d'énormes  cristaux  de  calcite. 

La  principale  colonne,  de  20  mètres  sur  20  mètres,  formée  de 
calamine  à  45  p.  100  crue,  a  été  reconnue  sur  180  mètres  de  pro- 
fondeur. Ailleurs,  existe  une  colonne  de  galène  riche  de  8  mètres 
de  puissance,  parallèle  aux  strates,  qu'on  a  épuisée  sur  100  mètres 
de  haut. 

Vers  le  Nord,  se  trouvent  quelques  filons  de  fracture  qui  ont 
été,  en  général,  dépilés  par  les  anciens.  L'un  d'eux ,  le  filon  San- 
Giovarmiy  donne  encore  de  bons  résultats.  Il  est  très  régulièrement 
concrétionné,  contenant  quartz,  sidérose,  quartz,  galène  riche. 
Ce  filon,  très  net  dans  les  calcaires,  disparaît  dans  les  schistes 
siluriens  ;  à  l'Est,  dans  les  schistes  cambriens,  il  ne  subit  aucune 
modification,  mais,  au  bout  de  quelques  mètres,  se  perd  à  un 
rejet.  Un  autre  beau  filon,  situé  à  l'Ouest,  se  nomme  la  For- 
tune ;  n'affleurant  pas,  il  n'a  pas  été  exploité  par  les  anciens.  La 
galène  y  est  très  riche,  elle  tient,  en  moyenne,  7  SOO  grammes 
d'argent  par  tonne  et  jusqu'à  1,1  p.  100  au  maximum.  Cette  galène 
est  accompagnée  de  cérusite  terreuse. 

Enfin,  le  long  du  contact  Est  de  la  lentille  de  schistes,  on  a 
trouvé  quelques  imprégnations  de  contact. 

Des  travaux  tout  récents  portent  sur  un  exemple  très  net  de 
substitution  calaminaire  ayant  suivi  des  diaclases.  On  a  là  un 
croiseur  Est-Ouest  recoupant,  en  direction,  un  certain  nombre  de 
bancs  calcaires  de  compacité  variable.  Sur  150  mètres  de  long,  on 
observe  que  les  parties  les  plus  perméables  de  ces  calcaires  ont 
élé,  de  part  et  d'autre  du  croiseur,  transformées  en  calamine  sur 
une  longueur  de  &  à  10  mètres.  Tantôt  le  calcaire  est  simplement 
devenu  zincifère  (10  à  15  p.  100  de  zinc);  tantôt,  tout  en  gardant 
nettement  sa  structure  et  ses  zones,  il  s'est  changé  en  calamine  ; 
tantôt  enfin,  on  a  un  véritable  banc  de  calamine  riche  et  massive. 
C'est  un  fait  intéressant  à  rapprocher  de  ceux  que  nous  étudierons 
à  Malfidano. 

La  production  a  été,  en  1889-90,  de  3  800  tonnes  de  calamine 
(valeur  moyenne  67  francs)  ;  1  000  tonnes  de  galène  tenant,  après 


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400  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

lavage,  35  ou  40  p.  100  de  plomb  avec  7  000  grammes  d'argent  par 
tonne  de  plomb  d'œuvre  (valeur  moyenne  791    francs)  ;   enfin 
200  kilogrammes  de  plomb  d'œuvre  résultant  d'un  traitement  sur 
place  des  minerais  pauvres. 
Le  nombre  des  ouvriers  était  de  542. 


MINE  DE  MONTEPONI 

{Filon  de  galène  avec  colonnes  riches  et  amas  calaminaires,) 

La  mine  de  Monteponi,  la  plus  ancienne  des  exploitations 
modernes  de  Sardaigne,  est  située  à  2  kilomètres  environ  au  Sud- 
Ouest  d'Iglesias.  Elle  a  été  exploitée  activement  pour  plomb  et 
argent  par  les  anciens,  les  Carthaginois  d'abord,  puis  les  Romains 
et,  au  moyen  âge,  les  Espagnols,  comme  le  montrent  une  multi- 
tude de  petits  puits  de  100  mètres  de  profondeur,  percés  aux 
affleurements  de  colonnes  de  plomb  argentifères .  qui  accom- 
pagnent, comme  nous  le  verrons,  la  calamine. 

Jusqu'en  1851,  elle  resta  entre  les  mains  de  l'état,  qui  en  tirait 
300  tonnes  de  galène  par  an.  Donnée  alors  à  bail  pour  trente  ans, 
moyennant  32  000  francs  par  an,  puis  concédée  à  la  Société  de 
Monteponi,  elle  a  produit  d'abord,  pendant  quelques  années, 
1 000  à  1  500  tonnes  de  galène  valant  2  à  3  millions  sur  le 
carreau.  C'est  en  1867  qu'on  attaqua,  en  outre,  les  calamines  ; 
mais,  jusqu'en  1887,  on  ne  vendit  que  les  minerais  riches  triés  à 
la  main,  en  accumulant  les  menus.  Aujourd'hui,  ces  minerais 
riches  sont  à  peu  près  épuisés  ;  mais  une  laverie,  mise  en  marche 
en  juillet  1887,  traite  avec  fruit  les  menus. 

La  mine  est  dans  une  montagne  arrondie  de  360  mètres  de 
hauteur  au-dessus  de  la  mer.  Cette  montagne  est  formée  de  cal- 
«aires  métallifères  N.-S.  sur  lesquels  reposent,  par  l'intermédiaire 
de  calschistes  à  débris  de  trilobites,  des  schistes  siluriens.  Le 
gisement  se  compose  de  deux  parties  bien  distinctes  :  la  zone 
des  colonnes  plombifères  au  Sud,  la  zone  des  calamines  au  Nord. 

Les  colonnes  plombifères  suivent  les  plans  de  stratification  des 
calcaires  qui  plongent  légèrement  vers  l'Est  (fig.  247  et  248).  Dans 


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GItE   de  MONTBPONl    (sABDAIGNb)  401 

ces  plans,  elles  pendent  avec  des  angles  divers  (de  35  à  S5^) 
vers  le  contact  des  schistes.  Elles  présentent  une  continuité  remar- 
quable dans  le  sens  de  la  longueur  avec  beaucoup  de  variations 


X 


% 


Fig.  246.  —  Plan  de  la  mine  de  Monteponi  (d'après  M.  Zoppi). 
Echelle  au  ^^*     . 

10.000 


comme  puissance  et  richesse.  Généralement  elles  sont  plus  larges 
dans  le  sens  des  plans  des  couches  calcaires  que  dans  le  sens  per- 
pendiculaire. Leur  remplissage  est  principalement  de  la  galène  avec 
un  peu  de  calamine  disséminée.  Cette  galène  se  présente  en  lentilles 
de  minerai  compact  et  pur  à  82  p.  100  de  plomb  et  250  grammes 

GioLOGIK.  '—  T.  If.  26 


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GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


C-^ 


.\"^' 


JvV« 


\ 


e^^ 


\ 


Fig.  247.  —  Coupe  de  la  mine  de  Monteponi,  normale  à  la  direction  des  filons,  mon- 
trant Tallure  des  colonnes  plombifères  (d*après  Ed.  Sella,  .1873). 


Fig.  248.  —  Coupe  verticale  CD,  suivant  la  direction  des  colonnes  plombifères 
à  Monte poni  (diaprés  M.  Zoppi). 

Échelle  -au  rr-^- 

10.009 


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GÎTE    DE    MOKTEPONI    (sARDAIGNE)  403 

d'argent  en  moyenne  par  tonne  de  minerai  '  ;  la  seule  impureté 
qui  s'y  rencontre  consiste  dans  quelques  noyaux  de  pyrite  de  fer. 
Chaque  lentille  de  galène  est  entourée  d'une  zone  d'oxyde  de  fer 
jaune  ou  d'argile  ferrugineuse  ;  parfois  pourtant,  cette  enveloppe 
n'existe  pas  et  la  galène  touche  le  calcaire  ;  c'est  dans  ces  points 
que  l'on  trouve  les  beaux  cristaux  de  cérusite,  anglésite  et  phosgé- 
nite  bien  connus.  Les  calamines  se  présentent  en  veinules  dans 
les  calcaires  environnants  ;  mais  elles  sont  peu  développées.  La 
véritable  zone  des  calamines  est  plus  au  Nord;  de  ce  côté,  les 
calcaires  prennent  un  aspect  décomposé  particulier  et  l'on  voit  la 
calamine  apparaître  par  filets  interstratifiés  ou  suivant  les  dia- 
clases,  en  mettant  en  évidence,  de  la  façon  la  plus  nette,  les  phé- 
nomènes de  substitution  qui  lui  ont  donné  naissance.  Quelques 
échantillons,  rapportés  à  TÉcole  des  mines',  montrent  la  formation 
de  véritables  brèches  à  veines  calaminaires  englobant  du  calcaire 
plus  dur.  Ainsi  se  sont  constituées  des  masses  de  calamine  qui 
atteignent  40  mètres  de  puissance.  Elles  s'appauvrissent  et  se 
terminent  en  pointe  vers  le  bas.  La  plupart  sont  épuisées  et  la 
principale  des  exploitations  anciennes  présente  aujourd'hui  l'as- 
pect d'un  grand  entonnoir  vide  de  200  mètres  sur  120. 

Ces  calamines  ne  sont  pas  très  riches  ;  elles  contiennent,  en 
moyenne,  35  p.  100  de  zinc  et  arrivent  à  45  ou  47  après  calcina- 
tion.  Elles  sont  accompagnées  de  beaucoup  d'oxyde  de  fer  qu'on 
en  sépare  au  moyen  d'électro-aimants  après  l'avoir  fait  passer  à 
l'état  de  fer  magnétique.  En  outre,  la  proportion  de  manganèse  est 
assez  forte.  On  en  distingue  deux  sortes  :  carbonate  concrétionné 
ou  cristallisé  en  très  petits  cristaux  ;  silicate  très  léger,  sonore,  fer- 
rugineux*. La  calamine  des  colonnes  de  plomb  se  trouve  également 
sous  ces  deux  formes,  mais  le  silicate  y  est  plus  fréquent,  surtout 


*  La  teneur  atteint  1/2  p.  100  en  argent  par  endroits.  Ce  sont  des  parties  riches  de 
ce  genre  que  les  anciens  avaient  exploitées  aux  affleurements.  11  est  à  noter  que,  là  où 
la  galène  a  été  changée  en  carbonate  à  la  surface,  plus  elle  est  friable  et  passe  à 
rétat  de  grains  fins  dans  le  triage,  c*est-à-dire  plus  elle  a  été  décomposée,  plus  elle 
est  argentiPère.  On  l'explique  par  une  action  analogue  à  celle  de  la  cémentation,  Tar- 
gent  des  parties  superficielles,  transformées  en  carbonate,  s'étant  concentré  sur  le 
noyau  de  galène. 

*  Coll.  154V. 

'  A  la  surface  des  amas  de  ^Monteponi,  Thydrocarbonate  de  linc  blanc  était  abon- 
dant. 


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404  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

dans  les  parties  ai^ileuses.  Enfin,  dans  les  amas  calaminaires  du 
Nord,  se  trouve  mélangé  intimement  du  carbonate  de  plomb  avec 
les  calamines  carbonatées.  La  difficulté  de  séparer  ce  mélange  a 
été,  avec  Tabondance  des  venues  d'eau,  un  grand  obstacle  à  l'ex- 
ploitation. 

Ce  gisement  semble,  comme  celui  du  ravin  de  Malfidanos  en 
relation  avec  des  brèches  calcaires  et  ferrugineuses  qui  se  pro- 
longent avec  régularité  en  profondeur.  Dans  ces  bancs  de  brèche, 
on  trouve  des  morceaux  de  galène  et  pas  trace  de  calamine; 
comme,  en  outre,  lorsque  les  deux  minerais  sont  réunis,  la  cala- 
mine enveloppe  souvent  la  galène,  il  semblerait  en  résulter  que 
la  galène  est  antérieure  à  la  calamine.  Ces  bancs  de  brèche  ont  pu 
jouer  un  rôle  de  direction  sur  les  eaux  minéralisantes.  Il  existe,  de 
plus,  à  Monteponi,  des  fentes  profondes  remplies  par  la  surface, 
contenant  de  l'argile  que  les  compressions  ont  rendue  schisteuse, 
avec  des  fragments  de  lignite.  Ce  lignite,  et  les  fossiles  qu'on 
trouve  avec  lui,  semblent  prouver  que  la  mer  éocène  a  recouvert 
le  gisement. 

L'exploitation  se  fait  à  ciel  ouvert.  Elle  fournit  environ 
4  000  tonnes  de  calamine  riche  allant  à  5o  p.  100  après  calcination  ; 
de  plus,  la  laverie  en  produit  10  à  12  000  tonnes.  En  1889,  cette 
calamine  valait  (à  45  p.  100  de  zinc)  95  francs  rendue  à  bord, 
plus  ou  moins  4  francs  par  unité.  Une  calamine  à  moins  de 
25  p.  i  00  n'a  aucune  valeur. 

Le  plomb  est  un  peu  négligé  à  cause  de  son  bas  prix  ;  on  fait 
seulement  4  500  tonnes  de  galène  (à  172  francs  environ). 

Cette  production  se  décompose  comme  suit  : 

2  700  tonnes  galène  à  80  p.  iOO  Pb  et  200  grammes  Ag. 

1  700  —  à  60     —     Pb  et  300  à  350  grammes  Ag. 

(    i  550  t.  en  roche  à  45-50  p.  100.  Zn. 
15  300  t.  calamine  calcinée  \  12 142  t.    laverie    à  45-47      — 

(    1  650  t.  en  roche  à  4045      — 

L'épuisement  était  très  difficile  autrefois  :  une  galerie  d'écoule- 
ment de  6  kilomètres,  commencée  en  1881,  achevée  en  1889^ 
débite  aujourd'hui  120  000  mètres  cubes  par  jour;  elle  a  coûté 

«  Voir  plus  loin,  page  406. 


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gItES    CALAMINAIRES    de    MALFIDANO    (sAHDAIGNE)       405 

2  millions  et  fait  gagner  SO  mètres  de  hauteur.  Depuis  1890,  on 
a,  en  conséquence,  approfondi  les  travaux. 
Le  personnel  est  d'un  millier  d'hommes. 


GITES  CALAMINAIRES  DE  MALFIDANO 


Les  exploitations  de  la  Société  de  Malfidano  comprennent 
actuellement  trois  groupes  près  du  village  de  Bugerru  :  Planu- 
Sartu  sur  la  côte,  Malfidano  et  Caïtas  à  TEst,  plus  une  petite 
mine  secondaire  à  Genna  Arenas. 

APlanU'Sartu^  les  calcaires  métallifères, dirigés  N.  20''E. ,  pendent, 


Fig.  249.  —  Carte  des  exploitations  de  Malfidano 


avec  une  inclinaison  régulière,  de  50  à  55"*  vers  TOuest.  Ils  forment, 
au-dessus  de  la  mer,  une  falaise  dépassant  100  mètres  de  hauteur. 
La  calamine  s'y  trouve  en  veines  exactement  interstratifiées, 
veines  au  nombre  de  cinq  principales  qui  se  prolongent  sur  une 
longueur  de  340  à  350  mètres  en  direction.  Par  endroits,  le  gîte 
prend  l'apparence  d'un  véritable  filon  avec  deux  épontes  bien 


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406  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

nettes.  Le  plus  souvent,  il  est  formé  de  bancs  alternés  de  calamine 
et  de  calcaire.  La  calamine  est  lamelleuse,  ou  compacte  et  car- 
riée.  Sa  teneur  est  très  élevée,  45  p.  100  en  moyenne,  et  atteint 
50  p.  100. 

A  l'Est,  une  couche  de  minerai  de  fer  (appelée  filon  de  fer),  qui 
est  interstratifiée  de  la  même  façon  que  les  calamines,  limite  le 
gite.  Dans  le  gite  lui-même,  abondent  des  veines  d'argile  rouge 
ferrugineuse  et  calaminifère  qui  recoupent  les  couches  en  tous 
sens  ;  on  y  trouve,  en  outre,  des  veinules  de  quartz  et  galène. 
Dans  la  calamine,  les  mouches  de  galène  sont  fréquentes.  Un  filon 
de  galène  '  puissant  et  quartzeux  a  été  exploité  depuis  le  deuxième 
niveau  jusqu'au  sixième  ;  il  semblait  également  interstratifié. 

Planu-Sartu,  qui  a  été  pendant  un  moment  la  mine  la  plus 
riche  du  district,  ne  fournit  plus  environ  que  7000  tonnes  de  gros 
trié*  par  an,  sur  56000  pour  toute  la  Société  de  Malfidano. 

Dans  le  ravin  de  Malfidano  et  Caïtas*y  les  calcaires  métallifères, 
dirigés  N.  20**  0.,  plongent  à  80*  vers  l'Est  et  sont,  par  suite,  symé- 
triques de  ceux  de  Planu-Sartu,  comme  l'expliquerait,  d'après 
M.  Friedel,  la  coupe  ci-jointe  (fig.  250). 
L'importance  masse  de  Gaïtas,  qui  est,  en  ce  moment,  l'avenir  de 

ces  exploitations,  est  située 
dans  la  montagne  qui  domine 
au  Sud  le  ravin  de  Malfidano. 
Elle  ne  contient  jamais  de 
Fig.  250.  -  Coupe  schématique  de  la  blende  et  fort  peu  de  galène  ; 
région  de  Malfidano.  ^  ^^  périphérie,  elle  passe  pro- 

gressîvement,  par  un  calcaire  décomposé  et  calamineux  de  plus 
en  plus  pauvre,  au  calcaire  stérile.  Les  amas  de  Malfidano  pro- 
prement dits  affleurent,  au  contraire,  au  fond  du  ravin,  parallè- 
lement à  la  direction  des  couches  et  renferment  une  certaine  pro- 
portion de  blende.  Tout  le  long  de  cette  suite  d'amas,  on  trouve 
toujours  une  grande  cassure  de  30  mètres  de  large,  remplie  par 
une  brèche  calcaire  et  argileuse,  cassure  qui  a  déjà  été  reconnue 


*  Galène  à  i  700  grammes  d'argent  par  tonne. 

*  Non  compris  les  terres  de  la  laverie. 

*  Voir,  plus  haut,  page  372,  quelques  remarques  générales  sur  la  genèse  de  ces  gîtes. 


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GtTBS  CALAMINAIRBS    DE    MALFIDANO    (SARDAIGNE)       407 

sur  900  mètres  de  IoDg\  Cette  fente  a  deux  épontes  bien  nettes 
et  épaisses  d'argile  rouge,  et  passe  entre  les  amas  situés  presque  à 
son  contact,  les  uns  à  TEst,  les  autres  à  TOuest  (Gg.  251). 

Ce  fait  intéressant  parait  devoir  rattacher  la  formation  des  amas 
à  la  présence  de  cette  brèche  argileuse  ;  peut-être,  parce  que  le 
remplissage  d'argile  aura  joué  le  rôle  d'obstacle  imperméable  le 
long  duquel  seront  montées  les  eaux. 

Les  amas  calaminaires  de  ce  groupe  sont  de  puis- 
santes colonnes,  dont  les  unes  ont  l'aspect  d'un 
cône  renversé  la  pointe  en  bas,  les  autres,  comme 
celui  deCaïtas,  la  forme  de  fuseaux  n'afQeurant  pas. 
Sur  Tamas  de  Gaïtas,  on  peut  remarquer  un  coude 
brusque,  au-dessous  duquel  une  masse,  dite  de 
Malfidano,  vient  affleurer  au  jour.  Cet  amas  atteint 
80  à  100  mètres  de  large,  15  à  20  mètres  dans  le 

sens  perpendiculaire.   Les  autres,    qui   ont  tous,   Pig.  201.  —  pian 

1    .  j  .  1     1VT     j  ^       schématique 

comme  lui,  un  pendage  marqué  vers  le  Nord,  sont      des  amas  caïa- 

de  dimensions  variables.  Les  exploitations  de  Caï-      Maifldàîio!  ^^ 

tas  sont  souterraines  ;  celles  de  Malfidano,  qu'on 

considère  depuis  près  de  vingt  ans  comme  touchant  à  leur  fin, 

sont  aujourd'hui  exclusivement  souterraines. 

L'amas  de  Malfidano,  dirigé  N.-S.,  est  traversé  par  des  filons 
de  galène  quartzifère  E.-O.  ainsi  que  par  un  grand  filon  ferru- 
gineux décomposé,  contenant  de  la  galène  plus  ou  moins  carbo- 
natée. 

Il  est,  comme  nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de  le  dire,  situé 
au  fond  de  la  vallée,  et  recouvert  par  une  épaisse  couche  d'allu«- 
vions  de  10  mètres  d'épaisseur,  prouvant  l'existence,  en  ce  point, 
d'un  ancien  lac  qui  aura  creusé  son  bassin  dans  la  calamine  plus 
friable  que  les  calcaires  environnants*.  Il  est  possible  que  ce 
séjour  des  eaux  ait  été  pour  quelque  chose  dans  la  production 
secondaire  de  la  calamine.  En  tout  cas,  plus  on  s'enfonce,  plus  on 
trouve  de  blende,  surtout  dans  les  parties  compactes;  dans  les 

<  Les  éléments,  non  roulés,  de  calcaire  qui  remplissent  la  fente,  semblent  avoir 
subi  une  sorte  de  classement  par  grosseur,  sous  Taction  des  eaux,  les  plus  gros 
étant  au  fond. 

*  Les  blocs  roulés  tiennent  environ  i  p.  100  de  zinc. 


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408  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

parties  fissurées  et  attaquables,  on  suit,  au  contraire,  de  proche 
en  proche,  les  progrès  d'un  métamorphisme  qui  a  d'abord  trans- 
formé la  pyrite  en  oxyde  de  fer,  puis  la  blende  en  calamine,  enfin 
partiellement  la  galène  en  cérusite.  La  calamine  est  constamment 
mêlée  de  calcaire  et  présente  fréquemment  on  aspect  cloisonné, 
celluleux,  qui  met  en  évidence  le  phénomène  de  dissolution.  Il 


Ilg.  252.  —  Coupe  Terticale  de  la  mine  de  Malfidano,  normale  à  la  direction 
du  gisement  (d'après  M.  Zoppi). 


Echelle  au   rr^rr. 
10.000 


est  évident  que  les  eaux,  qui  s'étaient  chargées  de  zinc  au  contact 
du  sulfure  et  acidifiées,  ont,  de  proche  en  proche,  attaqué  le 
calcaire  encaissant  et  produit,  par  substitution,  des  amas  cala- 
minaires  toujours  plus  étendus  que  le  dépôt  primitif  de  blende. 

Les  minerais  de  Malfidano  contiennent  passablement  de  galène 
et,  surtout  en  profondeur,  comme  nous  venons  de  l'indiquer,  des 
filonnets  de  blende  grise  compacte  et  riche  ayant  tout  l'aspect 
d'un  calcaire  gris.  Les  calamines  ont  un  faciès  très  variable  ; 
tantôt  elles  sont  terreuses,  celluleuses,  ailleurs  compactes  et 
semblables  à  un  calcaire  (seulement  plus  dense),  rarement  concré- 
tionnées. 

En  1889,  Caïtas  a  fourni  17  000  tonnes  de  calamine  crue,  plus 
les  terres  de  laverie.  Malfidano  et  Caïtas  font  ensemble  de  40  à 
42  000  tonnes. 

Les  minerais  sont  transportés  à  Anvers.  Les  terres  calaminaires 
sont,  en  vertu  d'un  contrat  qui  expirera  en  1893,  lavées  dans 
la  laverie  de  la  Société  austro-belge. 


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GÎTES   DE  BAUEDDU,    PLANU-DENTIS,    ETC.    (sARDAIGNe)    409 

Les  dépenses  de  la  Société  de  Malfidano  ont  varié  avec  Textrac- 
tion  dans  les  proportions  suivantes  : 


Anaéet 

TWkUf 

FrMCt 

Anaéet 

Toooet 

Fnioct 

Ânoées 

Tonnes 

Francs 

18M 

3  132 

20  437 

1875 

35  118 

693  168 

1883 

51191 

1009  900 

1867 

25  260 

293  705 

1876 

42  364 

787  938 

1884 

50  002 

978  640 

1868 

35  966 

349  047 

1877 

45  5U8 

885  150 

1885 

52  243 

955  932 

1869 

33  967 

450  632 

1878 

39  280 

695  607 

1886 

48  808 

1  013  287 

187^ 

16  287 

277  782 

1879 

41057 

658  725 

1887 

49  049 

1  068  955 

1871 

15  289 

289  080 

1880 

42  155 

769  456 

1888 

55  000 

• 

1872 

26  877 

484  542 

1881 

47  291 

867  362 

1889 

56  000 

• 

1873 

29  073 

565  279 

1882 

51059 

961401 

1890 

60  000 

» 

1874 

31458 

606  615 

En  1889,  les  mines  ont  produit,  en  outre,  319  tonnes  de  blende. 
Il  y  avait  alors  1  700  ouvriers  payés,  en  moyenne,  1  000  francs 
par  an  chacun.  Les  minerais  ont  eu,  dans  cette  même  année,  une 
valeur  moyenne  d'environ  150  francs,  donnant  un  bénéfice  net  de 
près  de  3  millions  ^  Actuellement  ils  bénéficient,  comme  tous 
les  minerais  riches,  des  conditions  dans  lesquelles  s'est  formé  le 
syndicat  des  zincs,  limitant  non  la  production  en  zinc,  mais  le 
nombre  des  fours,  c'est-à-dire  la  quantité  des  minerais  traités. 


GITES  DE  BAUEDDU,  PLANU-DENTIS,  ETC. 

Nous  ajouterons  seulement  quelques  mots  sur  un  groupe  de 
gisements  ayant  appartenu  à  la  Société  des  zincs  du  Midi,  que 
M.  Fuchs  avait  eu  l'occasion  de  visiter  et  d'étudier  :  Baueddu^ 
Planu  Dentis^  Sedda-Cherchi  et  Cucuru-Taris. 

La  plupart  de  ces  gîtes  présentaient  la  forme  habituelle  aux  amas 
calaminaires,  c'est-à-dire  un  épanouissement  vers  la  surface  et  ont 
été  assez  rapidement  dépouillés  de  leur  affleurement  superficiel, 
en  sorte  que  les  exploitations  ont  été,  pour  quelques-uns,  très 
vite  interrompues. 

Le  gîte  de  ffaueddu^  qui  appartient  aujourd'hui  à  la  Société 
de  Malfidano,  est  un  gîte  de  contact  situé  entre  les  schistes  et  les 
calcaires  siluriens,  offrant  un  développement  en  direction  d'en- 

<  Quoique  le  bénéfice  nel  déclaré,  au  point  de  Tue  des  redeTances,  ne  fût  que  de 
250  000  francs. 


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410  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

viron  400  mètres  et  une  épaisseur  très  variable,  depuis  quelques 
centimètres  jusqu'à  des  renflements  de  40  mètres  dans  sa  partie 
centrale.  Sa  direction  moyenne  est  Nord-Sud  et  son  inclinaison 
oscille  de  30  à  SO"".  Sa  composition  est  aussi  très  inégale.  Dans  la 
zone  Nord,  ou  trouve,  généralement,  au  contact  des  schistes  for- 
mant le  mur,  une  partie  quartzeuse  granulaire  empâtant  des  frag- 
ments de  calamine  carbonatée  d'une  puissance  atteignant  au  plus 
1  mètre.  Viennent  ensuite  des  calcaires  intermédiaires  plus  ou 
moins  corrodés  et  imprégnés  de  zinc  et  enCn  la  partie  importante 
du  gîte  composée  de  carbonates  jaunes  ou  rouges  entrecoupés  par 
des  masses  ferrugineuses  très  compactes.  Le  toit  est  généralement 
formé  par  des  calcaires  décomposés  au  contact  du  gtte,  puis  par 
des  calcaires  durs.  Dans  la  zone  centrale,  après  un  rétrécisse* 
ment,  Taspect  du  gisement  change;  il  devient  plus  argileux  et, 
en  même  temps,  apparaît,  au  contact  des  schistes,  le  silicate  de 
zinc  en  lentilles  d'une  puissance  de  2  à  3  mètres.  Dans  la 
zone  Sud,  les  silicates  disparaissent  près  des  schistes  et  sont 
remplacés  par  une  partie  argileuse  et  quartzeuse  très  pauvre  en 
zinc. 

La  partie  Nord  est  la  plus  riche  et  consiste  seulement  en 
carbonate  de  zinc.  Une  coupe,  dans  cette  partie  Nord,  donne  de 
haut  en  bas  : 

Calcaires  décomposés  avec  argiles  et  un  peu  de  calamine  .  .  ^^fiO 

Gala^nine  carbonatée  avec  oxyde  de  fer  et  calcaire 4  00 

—        pure 3  00 

Oxyde  de  fer  avec  un  peu  de  calamine 3  00 

Calcaire  décomposé 2  00 

Oxyde  de  fer  avec  un  peu  de  calamine 2  00 

Calcaires  décomposés 10  50 

Le  rendement  par  mètre  cube  du  gisement  calaminaire  était 
de  500  kilogrammes  de  calaniine. 

On  exploite  aujourd'hui,  sur  cette  concession,  de  petites  poches 
superficielles  de  calamine  rendant  2  à  3  000  tonnes  par  an. 

Le  gîte  de  Planu-Dentisy  situé  au  sommet  du  col  placé  entre  les 
deux  sommets  de  Planu-Dentis  et  de  Pira-Roma,  se  trouve  dans 
le  calcaire  silurien,  non  loin  du  contact  de  ce  calcaire  avec  le 
schiste.  Il  consiste  en  un  réseau  de  fentes  parallèles  occupant  la 


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GÎTES   DE  BAUKDDU,    PLANU-DENTIS,    ETC.    (SARDAIGNe)  411 

place  des  lignes  de  stratification  des  calcaires,  avec  des  masses 
principales  formées  par  le  renflement  de  ces  couches  et  consti- 
tuant des  colonnes  calaminaires  qui  diminuent  d'épaisseur  en 
profondeur.  Les  parties  les  plus  riches  se  trouvent  au  contact 
même  avec  les  schistes.  La  longueur  totale  minéralisée  est  de 
250  mètres,  mais  60  seulement  sont  réellement  utilisables.  La 
production  a  été  autrefois  de  6  500  tonnes  de  calamine  en  roche 
et  2  000  tonnes  de  terres  calaminaires,  plus  les  terres  à  laver. 

Le  gîte  de  Sedda-Cherchi  est  très  analogue.  Sa  production  a 
été  de  3  500  tonnes  de  calamine  en  roche  et  1  500  tonnes  de  terre 
calaminaire.  Il  s*est  très  rapidement  appauvri  et,  au  lieu  de  cala- 
mine en  roche,  on  n'a  plus  trouvé  que  des  terres  calaminaires. 

Celui  de  Cucuru-Taris  est  situé  également  au  contact  des 
schistes  et  des  calcaires  ;  il  comprend,  au  voisinage  de  ce  contact, 
des  amas  à  parois  verticales  correspondant  à  d'anciennes  fractures 
et  qualifiés  de  filons.  Sa  production  a  été  de  7  000  tonnes  de 
calamine  en  roche  et  1  000  tonnes  de  terres  calaminaires. 

En  résumé,  la  production  des  districts  que  nous  avons  étudiés 
est  la  suivante  (1888-89)  : 


Galène 

Montevecchio 12 100  tonnes 

San-Giovanni 3  660      — 

San-Benedetto 

Malacalzetta 

Nebida 

Monteponi 

Mallldano 

Baueddu 


Calamine 


1350      — 

1  068  tonnes. 

2  900      — 

1500      - 

3800      — 

4  400      — 

15  300      — 

> 

60  000      -~ 

> 

3  000      — 

25  910  tonnes 

83  168  tonnes 

En  1890,  77  mines  en  activité  en  Sardaigne  ont  produit  : 
99  400  tonnes  de  minerai  de  zinc  à  H  fr.  21  et  31  705  tonnes  de 
galène  à  202  fr.  82.  Le  nombre  des  ouvriers  était  de  9  622. 

En  1889,  la  production  n'était  que  de  83  000  tonnes  pour  le  zinc, 
26000  pour  le  plomb,  en  1885,  par  contre,  de  100000  et  37  000. 


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412  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


Bibliographie. 

1839.  La  Mabmor.v.  —  Description  de  la  Sardaigne. 

1857.  BoRNEMANN.  —  Mioes  dc  plomb  argentifère  de  Sardaigne.  {B.S,G,^ 
2«,  t.  XIV,  p.  642.) 

1872.  Sella.  —  {Zeitsch.  d...  preuss,,i.  XX,  p.  24.) 

1879.  Brochure  sur  Malûdano  pour  TExpos.  univ. 

1879.  FacHs.  —  Rapport  inédit  sur  les  mines  de  la  Société  des  zincs  du 
Midi. 

1879.  Groddeck,  p.  325. 

1882.  Ferraris.  —  Sulla  formaz.  metallifera  délia  miniera  di  Monteponi 
(Torino). 

1883.  d'Achiardi,  p.  450. 

Brau.n.  —  Rapport  sur  la  Sardaigne. 

1890.  Frieoel.  —  Journal  de  voyage  inédit  à  l'Ecole  des  mines,  p.  129,  etc. 

1891.  L.  DE  Launay.  —  Notes  de  voyage  inédites. 

1892.  Relazione  sul  servizio  minerario  nel  1890  (Firenze). 


GITES  DE  LA  PRUSSE  RHÉNANE.  —  BENSBERG 

(mines  APPEL,   COLUMBUS,   LUDERICH,   ETC...)* 

La  Société  de  la  Vieille-Montagne  possède,  dans  la  Prusse 
Rhénane,  deux  groupes  de  gisements  de  zinc  :  le  premier  près  de 
Bensberg,  le  second,  dansTEifel,  près  de  Mayen  et  de  Konigswinter. 
Les  gisements  métallifères  de  la  Prusse  Rhénane  sont  à  peu  près 
exclusivement  encaissés  entre  les  assises  plissées  et  redressées 
du  dévonien  moyen. 

Le  premier  groupe,  celui  de  Bensberg,  se  trouve  au  contact 
des  schistes  dévoniens,  dits  Lenne  schiefer^  avec  les  calcaires  de 
TEifel  situés  au-dessus  et  surmontés  eux-mêmes  par  les  schistes 
et  psammites  bariolés  qui  constituent  le  terrain  stérile  à 
Moresnet. 

Le  second  groupe  est  situé  dans  les  schistes,  grès  et  grau- 
wackes  à  spirifères  du  Coblentzien  (spiriferen  sandstein)  séparés 
des  précédents  par  les  schistes  dits  de  Wissembach. 

Ces  deux  catégories  de  terrains  encaissants,  les  Lenne  schiefer 

1  Coll.  Ecole  des  Mines,  1699. 


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GÎTES    DE    ZINC   DE   LA   PRUSSE  RHÉNANE  413 

et  le  Coblentzien,  présentent  de  grandes  analogies  de  structure. 
Ils  sont,  tous  deux,  composés  de  schistes,  tantôt  argileux,  tantôt 
micacés,  alternant  avec  des  grès  plus  ou  moins  cimentés  et  pré- 
sentant tous  les  degrés  d'agglutination  depuis  le  grès  arénacé 
presque  entièrement  meuble  jusqu'à  la  grauwacke  la  plus  com- 
pacte. Cependant  les  gitesnes'yprésententpasdans  des  conditions 
semblables  ;  le  premier  possède  des  dépôts  métallifères  importants 
d'une  exploitation  durable,  le  second  ne  semble  contenir  que 
des  gisements  superficiels. 

On  sait,  d'une  manière  générale,  que  les  fractures  filoniennes 
sont  d'autant  plus  nettes  que  les  terrains  présentent  une  schis* 
tosité  et  une  plasticité  moindres  et  que  les  amas  calaminaires  sont 
d'autant  plus  importants  que  les  terrains  traversés  sont  plus  faci- 
lement attaquables.  Nous  retrouverons,  dans  la  Prusse  Rhénane, 
une  preuve  nouvelle  de  cette  vue  théorique. 

Un  premier  type  de  gisements  dans  les  schistes  nous  montre 
de  nombreuses  veinules  pauvres  et  difficiles  à  poursuivre  :  c'est 
le  cas  à  Silbersand  et  à  Luderich  ;  quand  le  schiste  acquiert  une 
certaine  cristallinité,  nous  avons  les  filons  plus  nets  du  district 
à'Apfel  Columbus. 

La  grauwacke  est  trop  résistante  pour  donner  ainsi  des  frac- 
tures éparpillées;  mais  sa  perméabilité  permet,  en  revanche, 
souvent,  aux  épanchements  métallifères,  de  s'étendre  hors  de  la 
fissure  (qui  passera  inaperçue)  pour  minéraliser,  au  voisinage, 
toute  la  masse,  et  ce  phénomène  est  d'autant  plus  marqué  que  le 
terrain  recoupé  a  un  pendage  plus  voisin  de  celui  de  la  fracture. 
La  gangue  (et  en  particulier  le  quartz)  joue  alors  le  rôle  d'un 
ciment  qui  augmente  la  compacité  de  la  grauwacke,  tandis  que 
les  métaux,  s'infiltrant  dans  la  roche,  y  forment  des  concrétions  de 
toutes  grandeurs,  depuis  les  mouches  très  fines  de  Luderich  et 
d'Altglûck  jusqu'aux  rognons  de  plusieurs  décimètres  de  dia- 
mètre trouvés  à  Franciska  au  Sud-Est  de  Luderich.  Lorsque  la 
grauwacke  a  été  ainsi  imprégnée  après  coup  et  non  à  l'époque 
du  dépôt  même,  la  zone  d'imprégnation  est  toujours  très 
restreinte. 

Quant  au  rôle  joué  par  les  calcaires  dans  ces  formations,  nous 
en  avons  assez  longuement  parlé  au  Laurium  ou  en  Sardaigne 


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414  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

et  nous  aurons  assez  l*occasion  d'y  revenir  à  la  Vieille-Montagne 
pour  ne  point  nous  en  occuper  ici. 

On  a  cru  remarquer,  dans  le  district  de  Bensberg,  une  direction 
de  fracture  N.  100  à  110^ 

Le  remplissage  présente,  dans  tout  son  ensemble,  une  unifor- 
mité assez  remarquable  :  blende  brune,  galène  et  quartz  avec 
parfois  un  peu  de  fer  spathique,  de  chalcopyrite  et  de  cuivre  gris. 
Quand  ce  dernier  fait  défaut,  il  parait  remplacé  par  des  miné- 
raux arséniés  ou  antimoniés  de  plomb.  C'est  notamment  le  cas 
à  Silbersand,  où  Ton  a  constaté,  dans  toute  la  partie  Sud  du 
filon,  la  présence  de  la  boulangérite  (antimonio-sulfure  de  plomb). 
On  peut  remarquer  que  le  carbonate  de  fer  et  ses  associés  anti- 
monieux,  lorsqu'ils  se  rencontrent,  sont  généralement  nettement 
cristallisés  et  probablement  antérieurs  à  la  blende  et  à  la  galène 
qui  les  enveloppe.  En  outre,  il  s'est  produit  postérieurement  des 
phénomènes  de  réouverture  et  de  recristallisation  qui  ont  amené 
pour  la  blende,  beaucoup  plus  soluble  que  la  galène,  la  formation 
de  belles  concentrations  géodiques  dans  les  mines  de  Columbus, 
Ludericb  et  Silbersand. 

Les  teneurs  en  argent  par  tonne  de  plomb  d'œuvre  sont  à  peu 
près  les  suivantes  : 

Altglûck 400  à  450  grammes 

Castor 500        — 

Silbersand 500        — 

Luderich 550  à  600        — 

Examinons  maintenant  quelques  gisements  en  détail. 

1**  Groupe  du  Siebengebirg  :  Altglûck.  Ariadne.  —  Le  gisement 
à'Altglûck,  intercalé,  comme  nous  l'avons  dit,  dans  le  coblent- 
zien,  présente,  dans  la  partie  actuellement  exploitée,  une  direction 
N.  40*"  E.  Les  premiers  travaux  portaient,  au  contraire,  sur  une 
grauwacke  imprégnée.  On  remarque  que  les  schistes  ont,  au  voi- 
sinage du  gîte,  perdu  leur  cristallinité  pour  prendre  une  texture 
argileuse  et  une  couleur  grise,  sans  doute  due  à  la  présence  d'un 
peu  de  pyrite.  C'est  un  fait  qui  se  retrouve  à  Silbersand.  Le  mi- 
nerai est  presque  exclusivement  formé  de  blende  avec  un  peu  de 
galène;  la  gangue  est  quartzeuse.  Vers  l'extrémité  S.-O.,  le  filon 


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GItES    de    zinc   de  la    PRUSSE  RHÉNANE  415 

a  été  recoupé  par  un  dyke  trachytique,  au  delà  duquel  il  se  pour- 
suit en  son  allure  normale,  mais  en  devenant  rapidement  trop 
pauvre  pour  être  exploitable.  En  profondeur,  le  gisement,  dont  la 
partie  riche  se  trouvait  dans  la  grauwacke,  entre  dans  le  schiste 
à  10  mètres  environ  au-dessous  de  la  galerie  d'écoulement  et  se 
disperse  en  une  série  de  ramifications  sans  valeur.  Le  gisement 
à"Ariadn€y  situé  à  1  kilomètre  environ  de  celui  d'Allglûck,  a  été 
peu  exploré. 

2**  Groupe  de  CEifel  et  de  la  Moselle;  Silbersand,  —  Le  gisement 
de  Silbersand  est,  comme  celui  d'Altglûck,  enclavé  dans  le 
coblentzien.  Il  comprend  une  série  d'amas  métallifères  que 
M.  Fuchs  regardait  comme  produits  par  deux  filons  distincts. 
C'est  à  rintersection  des  deux  filons  ou  amas  du  Nord-Est 
qu'avaient  été  placés  les  travaux  anciens  sur  des  affleurements 
de  blende,  galène,  cuivre  gris,  quartz,  fer  spathique  et  boulangé- 
rite.  La  galène  et  la  blende  paraissent  provenir  de  Tun  des 
filons,  les  minéraux  arséniés  et  antimoniés  de  l'autre.  Les  filons 
proprement  dits  sont,  en  général,  éparpillés  dans  les  schistes 
pauvres  et  inexploitables,  et  ne  se  sont  enrichis  qu'à  ce  croisement 
ou  à  la  rencontre  de  fractures  secondaires  ayant  formé  l'amas  du 
Sud-Ouest.  Après  épuisement  des  amas,  cette  mine  a  dû,  croyons- 
nous,  être  abandonnée. 

En  dehors  de  ces  gisements  plus  particulièrement  étudiés  par 
H.  Fuchs,  on  en  trouve  quelques  autres  semblables  dans  la 
même  région  :  ainsi  à  Eiringhauseriy  près  Altena,  des  amas  calami- 
naires  de  contact  entre  les  schistes  et  les  calcaires,  des  amas  ana- 
logues sur  le  Wupper,  dans  le  district  de  Diisseldorf ,  et  à  Ràsenbeck 
dans  le  district  d'Arnsberg. 

Le  type  des  filons  de  blende  minces  dans  les  Lenneschiefer  se 
présente  en  plusieurs  points  du  pays  de  Siegen,  de  Mulheim  et 
autres  :  ainsi  (en  dehors  de  Bensberg),  à  Overath,  Immekeppel, 
Altenbruck. 

Nous  rappellerons,  d'ailleurs,  à  cette  occasion,  que  ce  genre  de 
filons  contenant,  soit  de  la  blende,  soit  delà  galène,  et  plus  géné- 
ralement de  la  galène,  est  abondant  en  divers  points  de  FAUemagrie 
dans  les  terrains  plus  anciens,  les  granités  et  les  gneiss  :  parmi 
ceux  où  la  blende  est  exploitée  avec  fruit,  on  peut  citer  Wies- 


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410  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

baden  et  Arnsberg  sur  le  Rhin  ;  Schonau  ;  Johannengeorgenstaclt 
et  Freibei^  en  Saxe. 

Le  dévonien  moyen  comprend  encore,  en  Westphalie^  des 
gisements  de  zinc  dont  nous  devons  dire  quelques  mots  :  ce  sont 
ceux  de  Brilon  et  Iserlohn. 

A  Brilon,,  les  calcaires  dévoniens  sont  traversés  par  des  fentes 
très  irréguliëres  qui  s'épanouissent  parfois,  fentes  remplies 
d'argile  et  contenant  de  la  calamine,  de  la  galène,  de  la  blende 
et  de  la  pyrite.  X  Iserlohn,  les  minerais  les  plus  riches  se  trouvent 
toujours  au  contact  du  calcaire  de  TËifel  avec  les  schistes  de  la 
Lenne  sous-jacents.  La  présence  de  fossiles  transformés  en  cala- 
mine, et  de  pseudomorphoses  de  calcite  en  calamine,  établit  très 
nettement  la  formation  de  ces  gttes  par  substitution.  Le  remplissage 
des  poches  est  composé  de  calamine  avec  galène,  blende,  pyrite, 
calcite  et  résidu  chimique  argileux.  Les  parois  calcaires  sont 
toujours  arrondies,  friables,  comme  rongées.  En  profondeur,  la 
blende  devient  prédominante  et,  comme  la  calamine,  minéralisé  des 
fossiles  ou  pseudomorphose  de  la  calcite.  A  Bergish  Gladbach  *,  la 
calamine  se  trouve  dans  des  entonnoirs  ayant  jusqu'à  22  mètres 
d'épaisseur  et  dont  elle  tapisse  les  parois  sur  1  mètre  d'épaisseur, 
avec  imprégnations  de  galène.  Elle  est  associée,  comme  cela  arrive 
souvent,  avec  du  gypse.  L'entonnoir  lui-même  est  rempli  par  une 
argile  grise  oligocène  contenant  du  lignite. 

Bibliographie, 

1846.  RivoT.  —  Sur  la  houillère  et  les  mines  de  zinc  de  Stollberg  (Prusse 
Rhénane).  (Ann.  rf.  Jf .,  4®,  t.  X,  p.  469.) 

1849.  Rivière.  —  Filous  de  blende  et  galèue  dans  la  grauwacke  (Prusse 
Rhénane).  (B,  S.  G,,  2«,  t.  VI,  p.  17.) 

1850.  Castendyck.  —  Sur  Brilon.  —  (Berg.  u.  H.  Zeit.,  1850,  p.  089.) 
1860.  Traîner.  —  Sur  Iserlohn.  —  (Verhandl.  d.  naturh  Verein  d.  preuss.  u. 

Westf.,1860,  p.  261.) 
1871.  Gallds.  —  (16îd.,  p.  63.) 

1873.  Von-Dechen.  —  Die  nutzb.  Mineralien  u.  Geb.  inDeuts:h.,  p.  524. 
1879.  Groddbck,  p.  325. 

FucHs.  —  Notes  de  voyage  inédites. 
1883.  D*Acnii^Di,  p.  458. 

1  Huet.  ZeiUch.  d.  d.  geol.  Gesellsch.,  t.  IV,  p.  571. 
1879.  Groddeck,  p.  326. 


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CALAMINES    DE    LA  VIEILLE-MONTAGNE,   ETC.  417 

GISEMENTS  DE  ZINC  DANS  LE  CARBONIFÈRE 

PRUSSE   RHÉNANE,    DENBIGHSHIRE   ET  FLINTSHIRE 

L'Allemagne  comprend  quelques  gisements  de  zinc,  situés  dans 
le  calcaire  carbonifère,  qui  se  rattachent  assez  directement  à  ceux 
post-houillers  que  nous  étudierons  bientôt  en  Belgique.  Aux 
environs  d'Aix-la-Chapelle,  à  Nerim  et  à  Eupen,  on  exploite 
la  calamine  ;  des  filons  de  blende  existent  aux  environs  de  Haste- 
tenrath^  Busbach^  Hassenberg  y  Walheim^  WalhotTi,  Lontzen^ 
Lauersberffy  sur  la  rive  gauche  du  Rhin. 

En  ^ngleterrey  le  calcaire  carbonifère  produit  également  une 
certaine  proportion  de  calamine  :  à  Minera,  dans  le  Denbigshire 
et  à  Neuthead  dans  le  Cumberland. 

CALAMINES  DE  BELGIQUE 

VIEILLE-MONTAGNE,  WELKENRAEDT,  ETC.» 

Les  gisements  de  zinc  et  de  plomb,  groupés  autour  de  Moresne 
en  Belgique,  dans  une  zone  de  150  kilomètres  de  long  comprise 
entre  Aix-la-Chapelle  et  Philippeville  et  dont  le  fameux  amas 
calaminaire,  successivement  nommé  Vieille-Montagne,  Altenberg^ 
et  Kelmisberg^  forme  le  centre  industriel,  présentent  des  appa- 
rences très  diverses  ;  aussi  les  a-t-on  souvent  classés  en  un  cer- 
tain nombre  de  catégories  distinctes.  En  réalité,  leur  mode  de 
constitution  s'explique  très  aisément,  comme  pour  tous  les  dépôts 
de  même  genre,  par  Faction  d'eaux  thermales  amenées  par  des 
fractures  sur  des  terrains  inégalement  résistants  composés  de 
grès,  schistes  et  calcaires,  et,  plus  tard,  par  un  métamorphisme 
superficiel. 

Si  Ton  examine  une  carte  géologique  du  district,  on  voit  (fig  233) 
qu'il  est  formé  d'un  certain  nombre  de  plis  de  dévonien,  de  car- 
bonifère et  de  houille  recouverts  par  du  crétacé  discordant.  Ces 

1  Coll.  Ecole  des  Mines,  1565. 

GÉOLOGIE.  —  T.  II.  27 


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418  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

plis,  qu'on  doit  rattacher  au  grand  plissement  du  Hainaut,  sont  si 
multipliés  qu'une  droite  allant  de  la  mine  Rudolpb  à  celle  du  Blei- 
berg  en  recoupe  8  en  10  kilomètres.  En  outre,  des  érosions  pos- 
térieures, ayant  creusé  des  vallées  à  travers  ces  terrains  crétacés, 
ont  fait,  en  quelques  points,  reparaître,  au-dessous  d'eux,  les 
terrains  anciens  minéralisés.  Il  est  évident,  d'ailleurs,  que  ces 
creusements  de  vallées  n'ont  pu  mettre  à  découvert  qu'une  faible 


16nc  Alfred 


Fig.  253.  —  Coupe  N.-O.  S.-E.  de  la  Vieille -Montagne  (d*après  Max  Braun). 
A,  bouiller.  —  c,  carbonifère.  —  d,  dévoniea. 


proportion  des  amas  de  calamine  cachés  au-dessous,  et  que  la 
plus  grande  partie  de  ceux-ci  se  trouve,  par  suite,  perdue  pour 
l'industrie  humaine. 

Les  gîtes  métallifères  sont  en  relation  avec  un  certain  nombre 
de  fractures  dirigées  N.N.O.-S.S.E.  qui  traversent  les  terrains 
anciens  et  qui  paraissent  avoir  donné  passage  aux  eaux  miné- 
rales. Max  Braun  a  depuis  longtemps  remarqué  que  les  amas  se 
concentraient  de  préférence  sur  les  points  d'intersection  dç  ces 
failles  avec  les  limites  des  terrains  «. 

Quelquefois  les  failles  elles-mêmes  sont  métallifères  dans  le 
calcaire,  et  le  filon  du  Bleiberg,  un  des  plus  importants  du  pays, 
en  est  un  exemple,  ainsi  que  les  fiions  du  Breiniger-Bei^,  près  de 
StoUberg.  Dans  le  terrain  bouiller,  les  grauwackes  et  les  schistes, 
les  fractures  sont,  au  contraire,  stériles.  On  peut  admettre  que, 
lors  des  mouvements  du  sol  qui  ont  préparé  la  venue  des  sources 
métallifères,  les  roches  plastiques,  comme  les  schistes  houillers 
et  dévoniens,  ont  subi  plutôt  des  froissements  de  détail  que  des 
dislocations  d'ensemble,  tandis  que  les  roches  résistantes,  calcaires 
et  grès,  étaient  obligées  de  se  fracturer.  Grès  et  calcaires  ayant 
opposé  eux-mêmes  une  inégale  résistance,  les  fentes  se  disloquent 
en  passant  de  l'un  à  Tautre;  ainsi,  au  Bleiberg,  on  voit  une  faille, 

1  Au  Laurium,  en  Sardaigne,  etc., nous  avons,  de  même,  fait  ressortir  le  rdledes  dia- 
clases. 


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CALAMINES    DE    LA   VIEILLE-MONTAGNE,   ETC« 


419 


N.  35  à  38*»  0.  dans  les  grès  houiilers,  devenir  N.  45^  0.  dans  les 
calcaires  carbonifères. 

C'est  sous  la  forme  d'amas  et  de  couches  de  substitution  que 
se  présentent  les  principales  masses  calaminaires  exploitées.  Nous 
reproduisons  ici,  pour  l'amas  de  Welkenraedt  près  d'Aix-la-Cha- 
pelle, quelques-unes  des  figures,  devenues  classiques,  de  Max  Braun 
(fig.  254  à  256). 


Fig.  254.  —  Coupe  horizontale  du  gîte  de  Wellcenraedt  (d'après  Max  Braun). 


FIg.  25o.  —  Coupe  verticale  suivant  a  p.       Fig.  256.  —  Coupe  verticale  suivant  y  ^« 

Les  gîtes  de  cette  région  peuvent  fournir  d'excellentstypes,  d'au- 
tant plus  complets  qu'une  exploitation,  très  avancée  sinon  terminée, 
les  a  fait  généralement  connaître  dans  toutes  leurs  parties. 

Cet  amas  de  Welkenraedt  s'étend  sur  230  mètres  de  long,  au 
toit  du  calcaire  carbonifère  qu'il  a  totalement  remplacé  et  au- 
dessous  d'une  couche  imperméable  de  schistes  houiilers,  dans  des 
conditions  qui  rappellent  le  Laurium.  Il  a,  comme  les  couches 
encaissantes,  une  très  forte  inclinaison  et  participe  à  leurs  con- 


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420  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

tournements  et  plissements,  les  eaux  qui  ront  formé  ayant  cons- 
tamment suivi  la  bande  calcaire.  La  partie  inférieure  du  gîte,  au 
voisinage  du  calcaire,  est  de  la  calamine  tantôt  homogène,  géo- 
dique,  lamellaire,  testacée,  tantôt  terreuse,  devenant  ferrugineuse 
près  de  la  surface  et  passant  à  du  minerai  de  fer  ou  à  une  masse 
argileuse  avec  inclusions  d'hématite  brune.  La  partie  supérieure, 
qui  confine  au  schiste,  est  formée  d'une  argile  noire  contenant  des 
rognons  et  des  veines  de  sulfures  métalliques,  blende,  galène  et 
pyrite.  Cette  zone  de  sulfures  métalliques  du  toit,  qui  représente 
la  forme  originelle  du  dépôt  des  eaux  minéralisatrices,  là  où  elles 
n'ont  pas  trouvé  un  calcaire  à  corroder,  se  prolonge,  comme  il 
est  naturel,  au  delà  de  la  zone  des  calamines  ;  elle  forme  le  toit 
du  carbonifère  sur  2  000  à  2  400  mètres.  Nous  avons  trouvé,  de 
même,  auLaurium,  au-dessous  des  calamines  du  troisième  contact, 
une  zone  imprégnée  de  sulfures  que  M.  Huet  nous  parait  avoir 
bien  expliquée,  dans  ce  cas,  parlarrèt  prolongé  des  eaux  thermales 
et  leur  épanchement  en  direction  le  long  d'un  toit  de  schistes  qui 
leur  résistait. 

A  Philippevilley  en  Belgique,  on  rencontre,  également,  la  cala- 
mine sur  3  ou  4  kilomètres  de  longueur,  entre  le  calcaire  dévonien 
et  les  phyllades.  Les  minerais  se  présentent  sous  forme  d'inclu- 
sions de  galène  et  de  blende  dans  le  calcaire.  Us  ont  été  quelquefois 
décrits  comme  des  couches  contemporaines  du  dépôt.  Le  fait  que 
ces  couches  se  retrouvent,  en  tant  de  gîtes  différents,  entre  des 
calcaires  et  des  schistes,  nous  paraît  contraire  à  cette  hypothèse. 

Le  gisement  de  Moresnet,  successivement  désigné  sous  les  noms 
de  Vieille- Montagne j  Altenberg,  Kelmisberg,  se  présente  dans  des 
conditions  tout  à  fait  spéciales  :  on  y  trouve,  en  effet,  la  calamine 
à  l'extrémité  Nord  d'une  cuvette  de  calcaire  carbonifère,  entre  un 
toit  de  calcaire  dolomitique  et  des  schistes  dévoniens,  avec  inter- 
calation  épaisse  de  dolomie  quartzeuse,*  schistes  reposant  eux- 
mêmes  sur  une  granulite  compacte  (fig.  237  à  261). 

La  dolomie  quartzeuse,  qui  forme  le  bassin  inférieur  dans  lequel 
s'adapte  la  cuvette  calaminaire,  est  extrêmement  poreuse,  et  sa 
perméabilité  aux  eaux  d'infiltration  de  tout  ordre  a  même  apporté 
parfois,  en  profondeur,  quelques  difficultés  aux  travaux  de  lamine. 
Le  calcaire  dolomitique,  qui  est  au  toit  de  la  calamine,  est  plus  corn- 


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CALAMINES   DE   LA   VIEILLE-MONTAGNE 


421 


paci  et  sa  dolomitisation  parait,  jusqu'à  un  certain  point,  en  rela- 
tion avec  la  formation  métallifère.  Il  semble  net  que,  dans  ce  gise- 
ment, la  calamine  s'est  substituée  localement  à  des  bancs  de 
calcaire  dolomitique. 

La  ligne  d'ennoyage  ou  thalweg  de  ce  bassin  a  un  plonge- 


lî  Fig.  257.  —  Coupe  verticale  du  gtte  de  la  Vieille-Montagne. 


Fig.  260.  —  Coupe 
verticale  suivantee. 


Fig.  258.—  Coupe  verticale 
à  18  mètres  de  profondeur 
(Vieille-Montagne). 


Fig.  259.  ~  Coupe 
horizontale  à  50  m. 
de  profondeur. 


Fig.  261.  —  Coupe 
verticale  suivant 
99- 


ment  qui  varie  de  10  à  {&".  Les  bords  sont,  au  contraire,  à  peu 
près  verticaux  (fig.  257,  260,  261).  Vers  l'extrémité  septentrionale, 
le  bassin  est  occupé  presque  tout  entier  par  la  formation  métalli- 
fère. Au  centre,  au  contraire,  on  rencontre  une  intercalation  de 
calcaire  dolomitique  déforme  irrégulière  et  rognonneuse,  en  sorte 
qu'on  a  distingué,  dans  Texploitation,  deux  amas  :  gîte  Nord  et 
gîte  Sud  de  Moresnet,  dont  le  premier,  mesurant  340  000  mètres 
cubes,  a  produit  près  de  1  000  000  tonnes  de  calamine. 


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422  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Le  remplissage  de  ce  gîte  est  formé  par  de  la  calamine,  c'est-à- 
dire,  dans  ce  cas,  par  un  mélange  compact,  grenu  et  faiblement 
cristallin  de  silicate  hydraté  et  de  carbonate  de  zinc  dans  lequel  le 
silicate  a  un  rôle  prépondérant;  généralement,  le  carbonate  est 
superposé  au  silicate.  La  galène,  la  blende  et  la  pyrite  ne  sont 
qu'à  Tétat  de  traces.  Dans  les  parties  supérieures  du  gite,  la  cris- 
tallinité  est  assez  développée,  on  y  a  trouvé  beaucoup  de  géodes 
contenant  des  cristaux  de  smithsonite,  willémite,  calamine  et  cal- 
cite.  Très  accidentellement,  on  a  rencontré,  soit  dans  le  gîte  lui- 
même,  soit  dans  les  fissures  de  la  dolomie,  quelques  cristaux  de 
gypse.  Les  calamines  terreuses  présentent  souvent  une  structure 
fragmentaire  qui  peut  faire  penser  que  le  remplissage  ne  s'est  pas 
fait  en  une  fois,  mais  par  réouvertures  successives. 

Gomme  dernière  matière  de  remplissage,  il  faut  mentionner, 
dans  les  gîtes  de  Belgique,  une  argile  verdâtre,  la  Moresnetite,  qui 
renferme  du  zinc  en  proportions  assez  diverses  et  atteignant  jus- 
qu'à 18  p.  100.  Il  est  possible  qu'elle  représente  le  résidu  de  la 
dissolution  du  calcaire. 

Ce  gîte  de  la  Vieille-Montagne  a  commencé  par  une  véritable 
colline  de  calamine  pure  exploitée  à  ciel  ouvert.  En  1882,  on  en  a 
retiré  les  dernières  bennes  de  minerai. 

Le  gîte  de  Bleiberg  est  intéressant,  parce  qu'on  a  pu  suivre  le 
filon  au  delà  du  calcaire  et  l'exploiter  pour  blende,  galène  et 
pyrite  dans  le  terrain  houiller. 

Enfin,  à  Diegenbusch^  on  peut  signaler  l'application,  plus  théo- 
rique que  pratique,  que  l'on  a  voulu  faire  de  la  loi  autorisant  à 
concéder,  sur  le  même  point,  à  des  personnes  différentes,  des  métaux 
divers.  On  s'était  imaginé  que  la  calamine  et  la  blende  pouvaient  être 
exploitées  d'une  manière  indépendante,  la  première  devant  se  trouver 
au-dessus  de  la  seconde  comme  un  résultat  d'action  superficielle. 
Il  s'est  trouvé  qu'en  réalité  la  calamine  existait,  en  bien  des 
points,  concentrée  au  fond  delà  cuvette  calcaire,  au-dessous  de  la 
blende  et  il  en  est  résulté  d'inextricables  complications.  Ce  résul- 
tat, qui  s'est  trouvé  juridiquement  constaté,  présente  quelque 
intérêt  au  point  de  vue  géologique. 


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ZINC  DES  ALPES   (rAIBL^    BERGAME,    ETC.)  423 


Bibliographie. 

1821.  Manès.  —  (Afin.  d.  M.,  t.  VI,  p.  499.) 

1826.  BouESNBL.  —  (Ann.  d.  M.,  1826,  t.  XII,  p.  243.) 

1841 .  Omalius  d'Halloy.  —  (BulL  géoL,  p.  242.) 

1844.  PioT.  —  (Ann.  d.  M.,  t.  V,  p.  165.  (Cf.  v.  Leonk.jahrb.,  1845,  p.  366.) 

1846.  RivoT.  ~  Sur  la  houillère  et  les  mines  de  zinc  de  Stollberg  (Prusse 
Rhénane).  (Ann.  d.  Jf .,  4%  t.  X,  p.  469.) 

1846.  BuLAT.  —  Eludes  sur  les  giles  calaminifères  en  Belgique. 

ÛEunhausen.  —Dans  Noggerath's  Rkeinlind  Westphalieny  t.  lll,  p.  200. 

1850.  Delanoue.  —  Géogénie  des  gtles  calaminaires.  (Ann.  d.  1/.,  4«,  t.  XVII, 
p.  456.) 

1853.  RuBLOOX.  —  (Karstens  Arch.,  t.  XX,  p.  677.)  Cf.  Ann.  d.  trav.  publ. 
de  Belg.,  1849,  l.  VH,  et  1851,  t.  X. 
♦  1857.  Braon.  —  (ZeiiscAr.  d,  d.  geol.  Gesellsch,,  t.  IX,  p.  354.) 

1863.  Legtte  calaminaire  de  la  Vieille-Montagne.  (Bull.  Soc.  geoL,  t.  XX» 
p.  311.) 

1873.  PoNNET.  —  On  the  zinc  and  lead  mines  à  la  Vieille-Montagne.  (Trans. 
of  the  geol.  Society  of  Cornwale,  t.  VII,  p.  239.) 

1874.  BuRAT.  —  Géologie  appliquée,  II,  157. 
1879.  —  Groddbck,  p.  327. 

1881.  Dewalqub.  —  Réunion  de  la  Société  géologique  à  Verviers. 
1883.  d'Achiardi,  p.  456. 


GISEMENTS  DE  ZINC  PERMOTRIASIQUES 

(CARTHAGÈNE,  RÉGION  ALPESTRE,  WIESLOCH,  GARD,  VAR) 

Les  terrains  permotriasiques  comptent,  dans  un  gtànd  nombre 
de  régions  d'Europe,  en  particulier  le  long  de  la  chaîne  hercy- 
nienne, parmi  les  plus  minéralisés  ;  les  gisements  de  zinc,  en  par- 
ticulier, y  sont  fréquents,  gisements  qui,  suivant  une  remarque 
plusieurs  fois  énoncée  déjà,  prennent,  dans  les  roches  primitives  ou 
les  schistes,  Tallure  de  filons  de  blende  plus  ou  moins  complexes, 
passent  parfois,  dans  les  grès,  à  des  couches  d'imprégnation  assez 
étendues  et  s'étendent,  dans  les  calcaires,  en  amas  calaminaires. 

Quand  nous  parlerons,  plus  tard,  des  gisements  subordonnés  aux 
terrains  sédimentaires,  nous  aurons  à  mentionner  :  dans  le  per- 
mien,  ceux  de  Garthagëne;  dans  le  muschelkalk,  ceux  de  la  haute 
Silésie.  Nous  nous  contenterons  de  décrire,  pour  le  moment,  ceux 
de  la  région  alpestre  :  Raibl  en  Carinthie,  Bergame  en  Lombar- 


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424  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

die,  Wiesloch  dans  le  duché  de  Bade  ;  puis  nous  passerons  à 
ceux  de  la  bordure  Sud-Est  du  Plateau  Central  français  dans  le 
Gard,  la  Lozère,  etc.,  qui  s*étendent  à  tous  les  terrains  de  la 
région  jusqu*à  Toxfordien. 


GiTES  DE  ZINC  DE  LA  RÉGION  ALPESTRE 

»  (raibl,  cilli,   sagor,  bergame) 

On  connaît,  dans  les  Alpes  orientales,  au  Nord  et  au  Sud  de  la 
grande  chaîne  de  roches  cristallines  Est-Ouest  qui  constitue  les 
Tauern,  deux  groupes  de  gîtes  plombo-zincifères  d'inégale  impor- 
tance, appartenant  aux  calcaires  triasiques. 

Le  premier  se  montre  dans  les  Alpes  septentrionales,  dans  le 
Tyrol  bavarois;  il  peut  être  observé  sur  90  kilomètres  de  longueur 
en  passant  par  Nassereit,  Inspruck,  etc. 

Le  second  se  trouve  dans  les  Alpes  méridionales  ;  il  s'étend,  sur 
225  kilomètres  environ,  à  travers  la  haute  Italie,  la  Garinthie,  la 
Styrie,  la  Carniole  et  la  Croatie  et  comprend  les  exploitations  de 
Ponte  di  Nossa  (près  Bergame),  de  Greifenburg,  de  Raibl,  du 
Bleiberg  carinthien,  deVillach,  de  Klaggenfurth,  etc. 

Le  plus  important  et  le  mieux  connu  de  ces  gîtes,  grâce  aux 
beaux  travaux  de  Poszepny,  est  celui  de  Baibl  en  Garinthie*. 

Le  trias,  avec  une  légère  inclinaison  générale  vers  le  Sud,  com- 
prend, dans  cette  région,  de  haut  en  bas  : 

Dolomie  principale  ; 

Schiste  marneux  ou  argileux  de  Raibl  ; 

Formation  métallifère  : 

Tufs  de  Kaltwasser. 

Des  failles  Nord-Sud  y  produisent  des  rejets  de  40  à  60  mètres 
et  paraissent,  comme  à  la  Vieille-Montagne,  avoir  joué  un  rôle 
dans  la  formation  du  gisement  ;  les  minerais  se  trouvent  souvent 
à  leur  voisinage^  au-dessous  des  couches  schisteuses  de  Raibl  qui 

*  1873.  Poszepny.  Jahrb,  d.  AT.  AT.  geol.  Reichs.^U  XXin,p.  317. 
1879.  Groddeck,  p.  334. 
Daubrée.  Eaux  souterr.,  p.  10. 


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ZINC    DES   ALPES    (rAIBL,   BERGAME,    ETC.) 


425 


ont  opposé  à  Tascension  des  eaux  un  obstacle  imperméable.  Ils 
sont  répartis  dans  une  formation  complexe,  de  1  000  mètres 
environ,  appelée  par  Poszepny  calcaire  métallifère  et  qui  com- 
prend^ en  réalité,  des  calcaires,  des  calcscbistes,  des  dolomies  et 
des  schistes  dolomitiques. 

Poszepny  a  distingué  :  1**  les  gîtes  de  galène  et  de  blende  ; 
2''  les  gites  de  calamine. 

Les  premiers  se  trouvent  principalement  dans  une  dolomie 
voisine  des  schistes  du  toit,  à 
l'état  de  remplissages  irrégu- 
liers le  long  des  failles.  Sur  la 
paroi  de  la  cavité,  on  observe, 
en  général,  des  couches  con- 
centriques de  blende  d'abord, 
puis  de  galène  et,  au  centre, 
de  dolomie  (fig.  262).  La  bary- 
tine  est  rare  ;  la  smithsonite  et 
la  céruse  se  présentent  comme 
produits  de  décomposition. 
Enfln,  des  stalactites  de  ga- 
lène et  de  blende  prouvent 
que  le  remplissage  a  bien  été 
opéré  par  la  circulation  de  so- 
lutions métalliques  dans  des 
cavités  en  forme  de  grottes 
préexistantes. 

Les  gîtes  calaminaires,  au  contraire,  se  présentent  comme  pro- 
duits de  substitution  le  long  de  fentes.  Souvent  des  fragments 
calcaires  subsistent  au  milieu  de  la  calamine;  d^autres  fois,  celle-ci 
a  conservé  la  structure  caractéristique  du  calcaire  :  c'est  ainsi 
qu'on  retrouve  la  forme  si  spéciale  des  cargneules  (rauchwacke) 
du  trias  avec  leurs  parois  transformées  en  calamine  et  les  cel- 
lules remplies  de  limonile  zincifère  et  terreuse  (moth). 

La  calamine  de  Raibl  est  formée  principalement  de  carbonate 
de  zinc  anhydre  (calamine  rouge),  plus  rarement  de  carbonate 
hydraté  (calamine  blanche),  et,  très  rarement,  de  silicate. 

La  même  région  présente  un  certain  nombre  d'autres  gise- 


Fig.  262.  —  Remplissages  de  grottes  à 
Raibl  (d'après  Poszepny). 

a,  dolomie  «pathique  ;  —  b,  blende  ;  —  c,  galène. 


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426  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

ments^  de  zinc  comparables,  dont  les  minerais  sont  traités  en 
grande  partie  dans  des  usines  à  zinc  établies  à  Sagor  et  à  Cilli, 
sur  la  ligne  du  chemin  de  fer  de  Laibach  à  Marbourg,  au  voi- 
sinage des  grandes  exploitations  de  lignite  de  Trifail,  Sagor,  etc. 
C'est  ainsi  que  Tusine  de  Sago7*  consommait,  en  1883,  lors  de 
notre  visite  : 

20  tonnes  de  calamine  venant  de  Jauken  en  Garinthie. 
12  40       —        à  30  p.  iOO  de  zinc  (58  après  calcination)  d*Auronzo  (près 

Toblach),  en  Italie. 
12  50        —        à  40  p.  100  (après  calcination)  de  Raibl. 

60       —  —  —  du  Bleiberg  allemand. 

3  30        —        de  blende  à  54  p.  100  (après  grillage)  de  Raibl. 

4  00        —        du  Bleiberg. 

11  00        —        de  Deutschfeistritz  en  Styrie. 

A  ce  moment,  la  tonne  de  minerai  de  Raibl  coûtait  55  francs 
rendue  à  Tusine. 

Les  minerais  consommés  à  Cilli  venaient  surtout  de  Raibl,  et 
un  peu  du  Bleiberg. 

Dans  la  partie  italienne  de  cette  zone  métallifère  alpestre,  nous 
avons  eu  l'occasion  de  visiter  des  gisements  de  calamine  à  Ponte 
di  Nossa^  au  voisinage  de  Bergame.  Ces  mines  de  Ponte  di  Nossa, 
exploitées  par  une  compagnie  anglaise,  comprennent  plusieurs 
districts,  Oneta,  Dossena,  Oltro  il  Colle,  Gorno  et  Premolo. 

A  Oneta,  la  calamine  est  concentrée  dans  les  fractures  et  les 
poches  d'un  calcaire  dolomitique  à  Gervillia  Biplicata  de  1  200 
mètres  de  haut,  situé,  dans  le  trias,  entre  les  couches  de  Raibl  et 
les  calcaires  de  Dachstein  ;  elle  est  accompagnée  d'un  peu  d'argile 
blanche  zincifère  analogue  à  la  Moresnetite  et  d'argile  brune  qui 
parait  le  résidu  d'une  action  chimique.  Les  principaux  amas  de 
calamine  se  trouvent  souvent,  comme  au  Laurium,  comme  à 
Raibl,  etc.,  au-dessous  d'une  mince  couche  de  schistes. 

En  1890,  les  mines  du  val  Seriana  et  du  val  Brembana  (Vaca- 
reggio  et  Arera)  près  Bergame,  ont  produit  H  487  tonnes  de 
calamine. 


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GÎTES  DE    ZINC  DE  WIESLOCH,   ETC.  427 


Bibliographie. 

1850.  Krcg  von  Nidda.  —  (Zet/s.  d.  d.  geoï.  Gesellsch.y  t.  II,  p.  206.) 

1853.  Carnall.  (Zeitsch.  f,  d,  B,  H,.,  prussien. ,  t.  1, 1853,  p.  3.) 

1857.  Websky.  —  (Zet(5cA.  d.  d.  geoL  Gesellsck,,  t.  IX,  1857,  p.  7.) 

1870.  RuNGE  et  Rœmer.  —  Geolog.  von  Oberschlesien,  p.  545  et  556. 

1873.  PiETscH.  —  (Zeits.  f.  d.  B.  H.  etc.  prussien,,  t.  XXI,  1873,  p.  292.) 

1873.  PoszEPNY.  —  {Jakrb.  d.  K.K.  geol.  Reichsanst.,  1873,  t.  XXIII,  p.  317, 

contient  une  bibliographie  antérieure.) 

1879.  Groddeck,  p.  337. 


GÎTES  DE  ZINC  PERMOTRIASIQUES 
DE  L'ALLEMAGNE  OCCIDENTALE 

(MUNSTER,     WIESLOCH)* 

Le  permien  et  le  trias  des  régions  rhénanes  comprennent  éga- 
lement un  certain  nombre  de  gisements  de  zinc. 

Dans  le  permien,  on  peut  citer  ceux  des  environs  de  Kûmper, 
Holtkamp  et  Overmeier  dans  le  district  de  Munster,  où  le  minerai 
de  zinc,  en  amas  informes,  contenant  de  la  dolomie  et  de  l'argile, 
repose  sur  de^  schistes  cuprifères,  et  ceux  de  Osnabriick  où  le 
minerai  est  associé  à  du  minerai  de  fer  et  se  présente  dans  la 
même  dolomie  du  Zechstein. 

Dans  le  trias,  plus  riche  en  calcaire  que  le  permien,  les  gi- 
sements calaminaires  sont  en  plus  grand  nombre  ;  particulière- 
ment dans  Tétage  calcaire  du  Muschelkalk.  C'est  à  ce  niveau  qu'on 
rattache  les  mines  de  Wiesloch^  dans  le  pays  de  Baden,  aussi  bien 
que  celles  de  la  Silésie  supérieure. 

A  Wiesloch  dans  la  Forêt-Noire  (Grand-Duché  de  Bade),  la 
calamine  se  trouve  dans  des  fentes  transversales  presque  verti- 

*  1852.  Leonhards  Jahrbuch,  p.  907.  —  Cotta,  p.  182.  —  Groddeck,  p.  343.  —  Dau- 
brée  :  Eaux  août.,  p.  110.  —  D'Achiardi,  l.  Il,  p.  459. 

1881.  8chmidt.Di6  Zinkerzlàg.  v.  Wiesloch.  (Verh.  d.  Nat.  Med.  Ver.  Heidelberg,1881. 
25,  122  :  Am.  J.  Se.,  1881,  21,  126,502,  etc..) 

V.  Dechen,  Slu.  Nat.  Ver.  preuss.  Rheinl,  u.  Westf.  (4)  8,2,94. 


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428  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

cales  traversant  le  calcaire  du  Muschelkalk.  On  y  trouve  de  nom- 
breux fossiles  transformés  en  calamine.  La  calamine  est  accom- 
pagnée de  blende,  de  limonite,  de  marcassite  et  de  galène  qu'on 
avait,  comme  cela  est  arrivé  dans  bien  des  gisements  de  zinc, 
commencé  par  exploiter. 

La  calamine  est  toujours  plus  ou  moins  ferrifère  et  ordi- 
nairement de  couleur  brune  ;  elle  est  quelquefois  cadmifëre, 
comme  la  variété  dite  cédrine,  qui  contient  3,36  p.  100  de  car- 
bonate de  cadmium.  Elle  est  tantôt  en  cristaux  limpides  comme 
ceux  des  géodes,  tantôt  granulaire,  soit  compacte,  soit  en  stalac- 
tites et  portant  souvent  des  traces  visibles  de  pseudomorphose 
postérieure  :  on  trouve,  en  effet,  parfois  des  masses  de  calamine 
conservant,  au  centre,  un  noyau  inaltéré  de  blende  qui  en  montre 
bien  la  dérivation.  La  blende  est  ordinairement  concrétionnée  ; 
c'est  surtout  la  variété  appelée  par  les  Allemands  schaalenblende, 
qui  forme  de  petites  couches  de  diverses  couleurs,  de  teintes 
pâles,  dans  lesquelles  s'intercalent  de  la  galène  et  de  la  pyrite 
et  qui  contient  parfois,  paraît-il,  des  restes  organiques  observés 
par  Ad.  Schmidt  au  microscope  :  preuve,  entre  bien  d'autres,  de 
son    origine   aqueuse. 

Ces  minerais,  indépendamment  des  fractures  originelles,  se 
rencontrent  encore  à  divers  niveaux  dans  des  calcaires  dits  iro- 
chitenkalky  en  particulier  entre  deux  couches  de  calcaire  à 
•encrines  et  y  forment  des  lits  et  des  bancs  d'une  extension  irré- 
gulière et  d'une  pureté  variable  ;  on  y  trouve  de  Targile  et  de 
la  limonite,  outre  les  autres  minerais  cités  plus  haut,  qui  s'y 
associent  en  proportions  variables.  La  roche  est  dolomitique  à 
proximité  de  la  masse  métallifère,  dont  la  puissance  est  de  6 
à  7  mètres  et  quelquefois  plus.  Le  plus  petit  dépôt  a  une  lon- 
gueur de  140  mètres,  une  largeur  de  70  mètres;  le  plus  grand 
a  6  à  700  mètres.  Les  exploitations  actuelles  portent  sur  trois 
niveaux  métallifères  situés  immédiatement  au-dessous  de  la  couche 
supérieure  à  encrines,  qui  forme  là  le  toit  ou  Deckstein. 

En  dehors  de  Wiesloch,  on  trouve  encore  des  minerais  de  zinc, 
sans  qu'on  les  y  utilise,  en  beaucoup  [d'autres  points  de  la  Forêt 
Noire  et  de  l'Odenwald,  par  exemple  à  Untergrombach^  SU- 
berhelle  près  Bruchsal^  Eschelbronn^  etc... 


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GÎTES    DE   ZINC  DE   l'aRDÉCHE   ET  DU   GARD  429 

GÎTES  DE  ZINC  DE  L'ARDÈCHE  ET  DU  GARD 

(MERGLON,  ALAIS,   LES  MALINES,  ETC.) 

Les  départements  français,  Drôme,  Ardèche,  Gard,  Hérault,  qui 
longent  la  bordure  Sud-Est  du  Plateau  Central,  bordure  si  recli- 
ligne  et  si  fortement  marquée  par  des  failles,  comprennent  de  très 
nombreux  gisements  de  métaux  divers,  plomb,  zinc,  fer,  etc.,  en 
relation  presque  toujours  bien  visible  avec  les  dislocations  qui  ont 
affecté  le  pays.  Ces  gisements  se  trouvent  souvent  dans  les  ter- 
rains triasiques  qui  longent  immédiatement  les  roches  primitives, 
mais  ils  ont  pénétré  également  dans  hes  terrains  jurassiques  :  oxfor- 
dien  à  Merglon,  bajocicn  aux  Malines,  infralias  près  d'Alais,  etc. 
Beaucoup  d'entre  eux  ont  été  concédés  et  exploités.  Autrefois, 
un  petit  nombre  Tout  été  d*une  façon  fructueuse.  Parmi  les  gîtes 
de  zinc,  le  seul  réellement  prospère  est  aujourd'hui  celui  des 
Malines.  Les  minerais  extraits,  qu'on  avait  essayé  jadis  de 
traiter  dans  les  usines  de  la  Pise  et  du  Bousquet  dépendant  de  la 
société  des  zincs  français,  sont  actuellement,  pour  la  plupart,  trans- 
portés en  Belgique.  Il  existe  cependant,  dans  TAveyron,  deux  usines 
à  zinc,  dépendant  de  la  Vieille-Montagne,  celle  de  Viviez  qui  fait 
la  distillation  des  minerais  de  Sardaigne  et  de  Grèce,  celle  de 
Panchot  qui  fait  le  laminage. 

Nous  allons  passer  successivement  en  revue,  du  Nord  au  Sud, 
les  principaux  groupes  de  gisements,  qui  sont  :  dans  la  Drôme, 
Merglon,  en  Ardèche  ;  Saint-Cierge  ;  dans  le  Gard,  Alais,  Saint-Lau- 
rent-les-Minier,  les  Malines,  etc. 

Merglon  (DrAme)  *.  —  La  concession  de  Merglon  date  du  1®' jan- 
vier 1889.  Les  gîtes  exploités  s'étendent  sur  le  versant  occidental 
de  la  montagne  de  Piémart  qui  forme,  en  face  du  boui^  de  Châtil- 
lon-en-Diois,  la  rive  gauche  du  Bez,  affluent  de  la  Drôme.  La 
montagne  est  constituée  par  des  marnes  et  calcaires  oxfordiens 
ayant  leur  pendago  vers  TEst,  les  marnes  dominant  au  pied,  les 

^  Renseignements  communiqués  par  M.  Prost. 


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430  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

calcaires  prenant  plus  d'imporlance  à  mesure  que  Ton  s'élève.  Dans 
ces  derniers,  on  trouve,  vers  les  cotes  310  à  320  au-dessus  du  Bez, 
de  nombreuses  poches  calaminaires  dont  les  travaux  de  recherche 
ont  malheureusement  montré  Tarrêt  en  profondeur.  Mais  quatre  de 
ces  amas,  ont,  au  contraire,  un  caractère  filonien  et  ont  permis  à 
l'exploitation  de  se  développer.  Ils  sont  groupés  dans  un  grand 
filon  dirigé  N.IS^'E.  avec  une  inclinaison  à  peu  de  chose  près 
verticale,  tantôt  vers  le  Nord,  tantôt  vers  le  Sud  et  dont  la  puis- 
sance, très  variable,  atteignait  iO  mètres  à  l'avancement  en  1889. 
Ce  filon  est  bien  caractérisé  avec  épontes  nettes  et  solides,  quel- 
quefois même  un  peu  de  salbandes.  Il  est  formé  de  calcite  à 
laquelle  se  substitue,  par  places,  la  calamine  (carbonate)  disposée 
sous  forme  de  colonnes  inclinées,  c'est-à-dire  que  la  minéralisa* 
tion  se  suit  en  bandes  inclinées  vers  l'Est  à  35°  environ  (incli- 
naison plus  forte  que  celle  des  terrains  encaissants).  La  blende  et 
la  galène  s'y  rencontrent,  mais,  jusqu'ici,  à  l'état  très  accidentel. 

La  coupe  ci-jointe   (fig.  263) 

/  montre  la  disposition  des  quatre 

/  amas  reconnus  jusqu'à  aujour- 

.a.^A^^L     fts^m^/a.A/»i^  L'amas    1    est    irrégulier    et 

*X    %^^^  ^k^k  pauvre  ;  il  contient ,  sur  25  cen- 

/       ^  ^^fe^  timèlres  d'épaisseur  à  peine ,  un 

/                   J^^  minerai  ferrugineux,    peu  riche 

^      MontSiàne  àa  Piemart  °  ,        , 

®  en  zmc,  légèrement  plombifère. 

Fig.  ^63.-  Coupe  verticale  du  ffîte  de  L'amas  2  est  le  plus  riche  de 

zinc  de  Merglon,  faite  suivant  le  plan  ,  ^ 

du  liion.  (Cotes  au-dessus  du  Bez  au      la  concession.  Il  a  été  rencontré 

pont  de  Merglon  )  . 

à  tous  les  niveaux  avec  une  puis- 
sance variable  de  0,50  à  4  mètres  et  une  longueur  assez  constante 
d'environ  20  mètres. 

L'amas  n"*  3  n'atteint  pas  le  niveau  supérieur  ;  il  a  12  à 
-13  mètres  de  large  au  niveau  de  la  seconde  galerie  où  sa  traversée 
a  été  de  21  mètres. 

Quant  à  Tamas  n^  4,  il  est  très  irrégulier,  ne  fournit  guère 
comme  minerai  que  des  terres  calaminaires,  et  sa  puissance 
dépasse  à  peine  20  à  25  centimètres  avec  des  étranglements  nom- 
breux. 


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GItES  de  zinc   du   GARD  431 

La  calamine^  certainement  reconnue  en  1889,  est  évaluée  à 
25  000  tonnes. 

Les  terrains  encaissants  sont,  dans  les  travaux  actnds^  presque 
uniquement  calcaires. 

En  résumé,  il  s'agit  là  d'un  gisement,  calaminaire  comme  com- 
position, filonien  comme  allure,  les  eaux  chargées  de  zinc  ayant 
docilement  suivi  la  fracture  du  filon  sans  corroder  les  roches 
encaissantes. 

La  proportion  de  minerais  extraits  a  été,  en  1889  : 

Minerais  bruts.  Blende.  Galène.  Stérile.  Calamine  crue. 

5  715  U  62  L  28  t.  342  l.  5  390  t. 

Le  personnel  ouvrier  comprend  18  mineurs  et  26  manœuvres. 

Prix  de  revient.  —  La  calamine  grosse  triée,  à  50  p.  100  de 
zinc,  vaut,  sur  le  carreau  de  la  mine,  environ  45  francs.  Il  faut  y 
ajouter  : 

Frais  de  calcination •      4,20 

Transport  à  Pont  de  la  Deule 31/25 

35,45 

Pour  les  autres  catégories,  il  faut  admettre,  comme  pertes  au 
lavage  :  20  à  23  p.  100  pour  la  calamine  moyenne,  55  p.  100  pour 
les  terres  calaminaires  ;  d'où  se  déduisent  les  valeurs,  33  et  20. 
Enfin  la  perte  à  la  calcination  étant  de  30  p.  100,  on  trouve 
pour  la  valeur  des  produits  à  l'extraction  : 

Gros.  .  .    31,50       Menu  .  .    24,50       Terres  .   .    14,00 

Groupe  d'Alais  et  de  Saint-Laurent-le- Minier  (Gard)  '.  —  Les 
environs  d'Alais  sont  assez  fortement  minéralisés,  sans  que  les 
gisements  présentent,  en  général,  une  bien  grande  importance. 
Cette  minéralisation  a  porté  sur  des  couches  perméables  ou  atta- 
quables d'âge  assez  différent,  en  particulier  sur  une  dolomîe  infra- 
liasique  située  au-dessous  d'un  calcaire  liasique  plus  siliceux, 
dolomie  que  certains  sondages,  destinés  à  rechercher  le  prolonge- 
ment  du  bassin  houiller  du  Gard,   ont  recoupée  sur   près  de 

«  D'après  des  notes  manuscrites  de  M.  Fuchs.  Voir  la  carte,  fig.  44,  t.  f,  p.  292. 


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432  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

300  mètres.  L'altération  superGcielle  des  pyrites,  abondantes  dans 
cette  couche,  lui  donne  souvent  une  teinte  rouge  caractéris- 
tique qui  tranche  nettement  sur  les  escarpements  blancs  du  terrain 
jurassique  et  les  teintes  grises  du  houiller.  Plus  au  Sud,  on  retrouve 
des  gisements  de  zinc  semblables  jusque  dans  le  bajocien  (aux 
Matines). 

Le  Groupe  de  Clairac*  est  situé  au  Nord  d'Alais,  près  de 
Bessèges.  Il  est  formé  d'une  série  de  filons  très  nets,  orientés 
N.  43  à  50""  0,  sur  la  rive  gauche  du  Gardon  d'Alais.  Les  roches 
encaissantes  sont  des  calcaires  noirs  siliceux  liasiques,  d'aspect 
ruiniforme,  qui  ont  résisté  à  l'imprégnation  calaminaire.  Ces  filons 
sont  4ous  situés  dans  le  voisinage  d'une  grande  faille  qui  suit  les 
marnes  du  lias  en  contact  avec  les  dolomies  siliceuses  de  la  base 
de  cette  formation.  Le  remplissage  est  formé  de  blende  brune 
cristallisée  avec  mouches  de  galène.  La  calamine  n*est  qu'acci- 
dentelle. La  longueur  reconnue  de  ces  filons  était,  en  moyenne, 
de  80  mètres;  leur  puissance,  très  inégale,  de  0,  15  à  1  mètre. 

A  Clarpon,  près  de  Bessèges,  on  a  exploité  de  la  blende  mélan- 
gée de  calamine.  Tout  le  groupe  d'A/ais  proprement  dit,  qui  a 
alimenté  autrefois  l'usine  de  la  Pise,  est  assez  pauvre.  On  est  sur- 
tout gêné,  pour  le  traitement,  par  le  continuel  changement  de 
teneur  des  minerais  et  par  la  présence  de  la  barytine,  qui  donne 
du  sulfure  de  barium  et  perce  les  creusets. 

D'une  manière  générale,  on  peut  dire  que,  dans  les  remplissages 
sulfurés,  la  blende  est  rare  et  que  la  pyrite  de  fer  domine  de  beau- 
coup ;  nous  avons  parlé  des  •  gîtes  de  Saint-Julien  ',  Saint- 
Florent,  etc.. 

A  CendraSy  près  d'Alais,  la  Yieille-Montagne  a  fait  exploiter 
une  assez  belle  couche  de  calamine  ferreuse  dans  une  colline  dont 
la  coupe  serait,  de  haut  en  bas  : 

1 .  Calcaires  jarassiqaes  ; 

2.  Marnes  brunâtres  caractéristîsques  ; 

3.  Couche  ferreuse  avec  calamine  ; 

4.  Calamine  et  blende  ; 

5.  Marnes  irisées. 

<  Coll.  École  des  Mines,  1972. 

*  Tome  I,  page  296.  Voir  Coll.  Ecole  des  Mines,  1974. 


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GÎTES  DE  ZINC  DU   GARD  433 

Le  groupe  de  Rousson  est  situé  à  4  kilomètres  de  la  station  de 
Salindres  et  à  12  kilomètres  environ  d'Alais.  C'est  un  des  gîtes 
les  plus  complexes  de  la  région  : 

.A  A  la  Croix  de  Fauri,  la  partie  métallifère  est  située  à  l'Ouest 
d'une  grande  faille  qui  met  en  contact  le  néocomien  et  Toxfor- 
dien,  ce  dernier  étant  seul  minéralisé.  L'aspect  des  gisements  a  été 
comparé  par  M.  Fuchs  à  celui  des  phosphorites  du  Quercy  ;  même 
irrégularité  dans  la  forme  et  dans  la  teneur,  même  variété  dans 
les  poches,  même  appauvrissement  rapide  en  profondeur. 

B,  Landas  est  à  l'Ouest  de  la  Croix  de  Fauri.  Les  gîtes  sont 
en  relation  avec  une  grande  cassure  accompagnée  de  dénivellation , 
dans  des  calcaires  d'âge  très  différent,  oxfordien,  bajocien,  lias 
moyen.  Le  minerai  est  essentiellement  formé  par  de  la  calamine 
cloisonnée  d'un  rose  grisâtre,  tantôt  compacte,  tantôt  feuilletée^ 
contenant  accidentellement  quelques  mouches  de  galène  et  de 
blende. 

Les  terres  calaminaires  sont  toujours  fréquentes  dans  ces 
poches. 

Le  groupe  de  Pallières  est  situé  à  600  mètres  environ  à  l'Est  du 
Mas  d'Etzas,  près  du  village  de  Saint-Félix-des-Pallières  et  à 
4  kilomètres  environ  au  Nord  de  celui  de  Coste  Durfort,  dont  nous 
parlerons  ensuite. 

On  y  trouve  deux  filons  recoupant  les  calcaires  siliceux  du  lias  à 
gryphées  arquées  reposant  sur  des  quartzites,  eux-mêmes  en  con- 
tact avec  le  granité.  Ils  sont  accompagnés  d'amas  et  comprennent 
galène,  pyrite,  blende  et  calamine. 

Le  groupe  de  Saint-Laurent-le-Minier  se  trouve  à  l'Ouest  de 
Ganges,  sur  la  rive  gauche  de  la  Visse,  affluent  de  l'Hérault,  et 
comprend  une  série  de  gisements,  dont  le  seul  vraiment  sérieux 
est  aujourd'hui  celui  des  Malines,  concédé  en  1883.  Les  autres,  qui 
ont  donné  lieu  un  moment  à  de  grandes  espérances,  conservent, 
tout  au  moins,  un  intérêt  géologique  :  ce  sont  les  Avinières,  Fons 
Bouillans,  Mas  Rigal,  Maudesse,  etc.,  pour  la  plupart  abandonnés 
ou  près  de  l'être.  L'allure  filonienne  s'y  juxtapose,  comme  dans 
toute  cette  région,  à  l'allure  d'imprégnations  postérieures  ou  même 
contemporaines. 

GÉOLOGIE.  —  T.  II.  28 


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434  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Les  MalinesK  — Cette  concession,  qui  date  de  1883,  et  qui  a 
acquis  récemment  une  grande  prospérité,  se  compose  de  deux 
parties  distinctes  : 

i'^  Une  série  d'amas  sont  situés  à  la  montagne  des  Malines,  à  quel- 
ques kilomètres  des  Avinières  (voir  plus  loin)  dans  les  dolomies  de 
l'oolithe  inférieure  :  horizon  caractéristique  de  l'arrondissement 
du  Vigan  et  des  régions  voisines  de  la  Lozère  et  de  FAveyron. 
Ces  amas,  très  variés  d'allure,  de  nature  et  d'épaisseur,  tantôt 
s'infiltrent  dans  les  cassures  de  la  roche,  tantôt  font  corps  avec 
la  masse  calcaire  dont  ils  englobent  des  blocs  de  volume  divers. 
D'après  M.  Lodin,  les  amas  trouvés  dans  ces  dernières  années 
seraient  de  véritables  remplissages  de  grottes  comparables  à  ceux 
de  Raibl. 

Ils  renferment  trois  minerais  :  la  calamine,  la  plus  abondante, 
avec  toutes  ses  variétés;  la  blende,  orangée,  rouge-brun  ou  brune; 
la  galène  à  petites  ou  à  larges  facettes.  On  rencontre  encore  la 
smithsonite,  Thydrozincite,  la  pyromorphite,  l'anglésite.  Ce  minerai 
est  riche  et  argentifère. 

2"^  Un  grand  filon,  dit  de  Castelnau,  traverse  les  calcaires  du 
terrain  primitif  sur  lesquels  reposent  les  dolomies  des  Malines.  Ce 
filon,  de  direction  E.-O.,  plonge  vers  le  Sud  et  présente  des 
affleurements  sur  500  mètres.  Il  est  formé  d'un  faisceau  de  cas- 
sures étroites  et  parallèles  se  soudant  les  unes  aux  autres  et  ren- 
fermant de  la  barytine,  de  la  galène,  de  la  blende  et  de  la  pyrite. 
Les  anciens  connaissaient  ce  filon,  dont  ils  ont  commencé  l'exploi- 
tation en  creusant  l'excavation  connue  sous  le  nom  de  groUe  des 
Malvies.  Il  est  probable  que  ce  filon  a  servi  de  passage  aux 
matières  épanchées  dans  les  dolomies. 

On  a  retiré  des  Malines  4  à  5000  tonnes  en  1886.  Avec  les 
Avinières,  c'est  aujourd'hui  le  gîte  le  plus  important  du  Gard;  on 
y  a  trouvé,  vers  1889,  des  amas  considérables. 

Les  Avinières,  —  Le  gisement  des  Avinières  est  situé  à  une 
quarantaine  de  mètres  au-dessus  de  la  vallée  qu'il  surplombe.  Il 
est  limité,  à  l'Est,  par  une  faille  qui  met  en  contact  le  calcaire  ox- 
fordien   avec  celui  du  lias.  Il  est  formé  par  l'imprégnation  et 

1  Coll.  Ecole  des  Minet,  1971. 


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GiTKS   DE  ZINC    DO   GAMD  435 

même  par  la  substitution  de  la  calamine  dans  une  couche  dolomi- 
tique  faisant  partie  de  la  base  du  lias  (fig.  264).  Cette  couche  est 
comprise  entre  une  dolomie 
quartzeuse  et  une  marne  ar- 
gileuse, toutes  deux  stériles. 
La  couche  marneuse,  à  son 
tour,  repose  directement  sur  le 
terrain  ancien  sans  interposi- 
tion dlnfralias  ni  de  trias  :  su-  ^ 

perposition  toute  locale  et  due   Fig.  26l.  —  Coupe  do  gisement  de  tinc  des 
1  .1  .j.  Avinières  (d'après  M.  Fuctis). 

au  plongement  plus  considéra- 
ble des  terrains  schisteux  contre  lesquels  ces  assises  inférieures 
viennent  buter  en  profondeur.  Plus  au  Nord,  infralias  et  trias 
arrivent  jusqu'au  jour. 

L'imprégnation  calaminaire  paraît  d'autant  plus  intense  que 
la  largeur  de  la  bande  de  terrain  comprise  entre  la  faille  de  TEst 
et  les  micaschistes  est  plus  faible.  Elle  atteint  son  maximum 
aux  Avinières  où  l'on  a  même,  à  l'origine,  considéré  la  substitu- 
tion comme  complète.  On  a  trouvé,  au  milieu  de  la  masse,  non 
seulement  beaucoup  de  terres  calaminaires,  mais  encore  d'impor- 
tants blocs  de  dolomie  non  transformée.  Les  parties  les  plus 
riches  paraissent  concentrées  à  Tintérieiir  et  dans  le  voisinage 
d'une  série  de  fissures  dirigées  sensiblement  N.  5"  à  6®  0. 

Ce  gisement,  entamé  en  1873,  est  aujourd'hui  épuisé. 

Maudesse  et  Mas-RigaL  —  Le  gisement  des  Avinières  a  pour 
prolongement,  vers  le  Nord,  d'abord  le  Mas-Rigal  (peu  exploré), 
puis  Maudesse. 

Au  Mas-Rigal^  on  trouve  également  la  calamine  à  l'état  d'impré- 
gnation et  de  substitution  dans  la  même  couche  de  dolomie  du 
lias  reposant  sur  les  marnes  bleues  stériles  ;  mais  la  transfor- 
mation a  été  moins  complète,  la  proportion  de  terres  calami- 
naires pauvres  et  de  blende  est  beaucoup  plus  élevée,  en  sorte  qu'on 
n'a  fait  aucune  exploitation. 

A  Maudesse\  le  terrain  imprégné  n'est  plus  le  lias,  mais  la 
partie  inférieure  des  dolomies  quartzeuses  de  l'infralias  reposant 

*  Coll.  Ecole  des  Minesy  1973. 


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436  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

directement  sur  les  marine  irisées.  De  plus,  le  minerai  est  presque 
exclusivement  composé  de  blende  renfermant  de  47  à  50  p.  100 
de  zinc  et  accidentellement  de  5  à  8  p.  100  de  plomb. 

Ce  gisement  a  été  exploité  un  moment  par  la  Vieille-Montagne, 
qui  en  a  retiré  environ  2500  tonnes  de  minerai,  puis  est  passé  à  la 
Société  des  zincs  du  midi  et  revenu  à  la  Vieille-Montagne. 

Fons  Bouillans.  —  Le  groupe  de  Fons  Bouillans  forme,  à 
rOuest  du  gisement  des  Aviniëres,  un  système  de  filons  dirigés 
N.  12  à  IS"*,  afQeurant  au  milieu  des  terrains  anciens  formés  de 
schistes  avec  intercalations  de  calcaires  cristallins.  Les  travaux 
de  la  Grise  étaient  situés  sur  un  épanchement  calaminaire  de  ce 
genre. 

Au  Mas  de  Beaugts,  on  a  un  filon  de  calamine  cloisonnée 
englobant  des  blocs  de  barytine  ;  ces  deux  substances  ayant 
sensiblement  la  même  densité,  leur  triage  ne  peut  se  faire  qu'à 
la  main  et  est  toujours  fort  incomplet. 

Le  filon  complexe  du  Mas  la  Combe  contient,  au  N.E,  de  la  cala- 
mine, de  la  blende,  du  cuivre  carbonate,  du  quartz  et  de  la  bary- 
tine; à  Blakauzel  (au  Sud),  il  s'élargit  et  prend  la  forme  d'un  amas 
calaminaire. 

Les  gisements  de  la  Coste  Durfort  forment  une  série  d'amas 
alignés  dans  les  couches  calcaires  du  lias,  sur  les  deux  rives  du 
petit  ruisseau  de  Vassagues. 

Les  minerais  sont  :  1""  de  la  galène,  qui  a  été  autrefois  le  but 
exclusif  des  exploitations  et  qui  entre  pour  5  à  8  p.  100  dans  la 
masse  totale;  2*^  de  la  calamine  et  de  la  blende  jaune  claire  en 
petites  mouches. 

Bibliographie. 


18o6.  Lan.  —  (Ann.  d.  Af.,  5^  t.  VI,  p.  401.) 
1859.  Parran.  —  (Am.  d,  Af.,  5«  série  t.  XV,  1859,  p.  47.) 
1862.  Ck)TTA,  p.  418. 

1877.  FucHs.  — Notes  de  voyage  inédites. 
1879.  Groddece,  p.  313. 
1887.  Daubréb.  —  Eaux  souterraines,  p.  110. 

1875-1887.  Sarran  d'Allard.  —  Carte  géologique  de  la  région  d'Alais  et 
mémoires  divers. 


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gItes  de  zinc  de  santander  (asturies)  437 

GISEMENTS  DE  ZINC  POST  CRÉTACÉS 

(blankenrode,  santander,  Algérie) 

Dans  la  région  de  la  Drôme  et  du  Gard,  nous  venons  de  voir 
les  gisements  de  zinc  traverser  et  imprégner  tous  les  terrains 
jusqu'à  Foxfordien,  sans  qu'on  puisse,  d'autre  part,  donner  une 
limite  supérieure  de  leur  âge  et  affirmer,  par  exemple,  qu'ils  ne 
sont  pas  post-crétacés. 

Ce  type  de  gites  de  zinc  postcrétacés  se  rencontre  nettement 
en  un  certain  nombre  de  points  qu'il  nous  reste  à  étudier. 

Blankenrode  ^  —  A  Btankenrodey  près  de  Stadtberge,  Groddeck 
décrit  des  Glons  de  calamine  avec  galène,  limonite,  blende,  pyrite 
de  fer  et  calcite  traversant  une  marne  crétacée  au-dessus  du  grès 
bigarré.  Les  filons,  stériles  dans  le  grès,  sont  métallifères  dans  la 
marne. 

Santander?.  —  Il  existe,  de  même,  dans  les  Asturies,  dans  les 
provinces  de  Guipuzcoa  et  de  Santander,  un  certain  nombre  de 
gisements  de  calamine  importants,  exploités  à  Réocin,  Udias, 
Mercadal,  Gomillas,  la  Nestosa,  etc.  Ces  gîtes  se  trouvent  en  amas 
irréguliers  dans  un  calcaire  crétacé.  Une  partie  du  minerai  est  de 
la  smithsonite  blanche  en  masses  concrétionnées,  testacées,  stalac- 
titiques  et  parfois  oolithiques.  On  trouve,  en  même  temps,  de  la 
zinconise  (hydrocarbonate)  d'un  blanc  de  neige  et  du  silicate.  Les 
minerais  sont  parfois  entourés  d'argile  et  le  noyau  des  gros  blocs 
est  très  souvent  encore  composé  de  dolomie,  ce  qui  indique  le  mode 
de  formation  de  la  smithsonite.  La  blende  cristallisée,  d'une  belle 

*  Sur  Rlankenrode  :  1850.  Rœmer.  Verhandl.  d.  naturh.  Verein.  d*  preuss.  Rheinl. 
u.  Wesif.,  p.  1. 

1853.  Amelung.  Ibid.,  p.  217. 
1879.  Groddeck,  p.  344. 

*  Sur  Santander  :  Coll.  Ecole  des  Mines,  1976  à  1978.  —  1863.  Schonichen.  (Berg. 
u.H.Z.,p.  163.) 

1870.  Burat  :  Géol.  appl.,  t.  II,  p.  207. 
1879.  Min.  Joum.708. 
1879.  Groddeck,  p.  3U. 
1883.  D^Achiardi,  t.  Il,  p.  452. 
1879.  Daubrée  (Baux  Sout),  p.  114. 


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436  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

couleur  jaune  claire,  apparaît  en  profondeur  ;  elle  est  souvent 
sillonnée  de  fissures  remplies  de  calamine.  Elle  se  rencontre  aussi 
en  rognons  et  en  boules  recouvertes  de  couches  concentriques  de 
barytine  et  partieUement  transformées  en  calamine. 

Il  existe,  dans  ces  mines,  une  très  grande  variété  de  faciès  cala- 
nuinaîres. 

PicosdeEuropa*.  —  On  retrouve,  de  même,  àTOuestde  Santan- 
der,daD8  la  partie  orientale  des  Picosde  Europa  (Asturies),  districts 
d*Andara  et  d'Aliva,  des  gisements  de  calamine  très  étendus,  situés 
ànsms  le  calcaire  carbonifère.  Ce  calcaire  est  traversé,  sur  une  lar- 
geur d^eoTÎron  3  kilomètres  et  sur  une  longueur  notable,  par  une 
série  de  fentes  parallèles,  parfois  élargies  en  amas  et  reliées  par 
de  nombreuses  fentes  transversales.  Le  calcaire  est,  paraît-il, 
dolomitîsé  au  voisinage  des  gîtes.  Les  fentes  sont  souvent  minérali- 
sées, d^autres  fois  vides  et  même  élargies  en  forme  de  grottes.  La 
calamine,  qui  forme  l'élément  principal  du  remplissage,  e^t  tantôt 
blanche  et  translucide,  tantôt  homogène  comme  un  calcaire^  mais 
un  peu  fibreuse.  La  blende  remplit  une  série  de  veines  et  parfois 
(filon  Banco  sîn  nombre)  se  trouve  à  1  état  de  rognons  cristallisés 
à  la  surface  dans  une  argile.  On  a  admis  que  la  calamine  s*était 
formée  par  décomposition  de  la  blende. 

On  a  remarqué,  en  outre,  dans  le  minerai,  la  présence  acciden- 
telle d^un  peu  de  cinabre  et  d'oxyde  rouge  de  plomb. 

Sakamody,  Guerrouma,  etc.  (Algérie).  — La  chaîne  du  Petit  Atlas 
présente  quelques  gisements  de  zinc  exploités.  Cette  chaîne  est  cons- 
tituée par  des  terrains  cénomaniens  composés  de  marnes,  schistes 
et  calcaires  plus  ou  moins  argileux,  se  succédant  dans  un  ordre 
quekonq,ue  en  passant  parfois  de  l'un  à  l'autre.  Tous  ces  terrains, 
par  suite  de  leur  composition  même,  ont  été  fissurés  d'une  façon 
extrêmement  complexe  et  on  n'y  trouve  pas  un  seul  filon  net. 

Pn  premier  gîle,  celui  de  Sakamody^,  recoupe  Tun  des  contre- 

«  Sur  Picos  de  Europa  :  Coll.  Ecole  des  Mines.  16H.  —  1877.  Kôhler.  Berg  u.  But. 
Zeit.,  p.  217. 
1879.  Groddeck,  p.  331. 
»  Notes  de  voyage  de  l'auteur  en  1891.  —  Coll.  Ecole  des  Mines,  1699. 


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gItKS   de   zinc   de  SAKAMODY   (ALGÉRIE)  439 

forts  septentrionaux  qui  se  détachent  de  la  ligne  de  crêtes  séparant 
rOued-Hamidou  de  TOued-Arbatach.  Il  représente  plutôt  une 
zone  de  métallisation,  un  système  de  fissures  alignées  suivant 
une  direction  générale,  qu'un  véritable  filon. 

On  a  là,  sur  une  assez  grande  longueur,  une  zone  blendeuse  qui 
se  prolonge  sur  les  concessions  de  Sakamody,  R'arbou  (au  voi- 
sinage), Guerrouma  et  jusqu'à  Palestro.  Les  roches  encaissantes 
sont  des  schistes  crétacés.  Par  suite  de  Tabseuce  de  calcaires,  les 
calamines  ne  sont  qu'un  élément  tout  à  fait  accessoire,  rencontré 
seulement  aux  affleurements  :  jusqu'à  25  ou  30  mètres  de  profon- 
deur à  Sakamody,  jusqu'à  90  mètres  à  R'arbou.  Le  remplissage 
principal  est  formé  de  blende  et  galène.  La  gangue  est  souvent 
calcaire  à  R'arbou,  chargée  de  sulfate  de  baryte  et  de  fer  spathique 
à  Guerrouma  ;  à  Sakamody,  on  a  affaire  uniquement  à  une  brèche 
de  débris  des  schistes  encaissants  cimentés  par  de  la  blende  qui, 
par  endroits  seulement,  devient  massive  avec  très  peu  de  galène 
disséminée. 

Le  filon  ne  présente  pas  de  salbandes,  quoique,  après  le  remplis- 
sage, il  y  ait  eu  un  certain  glissement  sur  le  toit.  L'irrégularité, 
dans  ce  terrain  de  schistes  peu  consistants,  est  assez  grande  en 
profondeur  comme  en  direction. 

La  production  de  Sakamody  est  d'environ  10  000  tonnes.  A 
Guerrouma,  on  sort,  à  peine,  de  la  période  des  installations. 

Le  gîte  de  Gharbo\  situé  près  du  petit  village  arabe  de  Souk  el 
Génine,  ceux  de  VArbatach,  de  Sidi  Dayem  et  à'Azeron^  dans  la 
même  région,  sont  assez  analogues. 

Le  calcaire  nummulitique  contient,  en  outre,  dans  Idt  province  de 
Constantine,  près  de  la  source  thermale  du  Djebel-Nador^  à  60  kilo- 
mètres au  Sud  de  Bône,  un  gîte  de  calamine  important,  dont  les 
géodes  présentent  des  combinaisons  remarquables  d'antimoine 
et  de  plomb  (nadorite,  etc.). 

C'est  la  mine  de  Hammam  N^bails,  située  sur  la  ligne  Bône- 
Guelma,  qui  produit,  par  an,  environ  2  500  tonnes  de  calamine 
calcinée. 


•  1871.  Flajolol.  Afin.  d.  lf.,6«  série,  t.  XX,  p.  21. 
1879.  Groddeçk,  p.  345. 


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4i0  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


B.  —  GITES  DE  ZINC 
SUBORDONNÉS  AUX  TERRAINS  SÉDIMENTAIRES 

ZINC  DE  AMMEBERG  (suède)' 


Situation.  —  Les  mines  de  zinc  d*Ammeberg,  appartenant  à  la 
Société  de  la  Vieille-Montagne,  se  trouvent  dans  le  gouvernement 
d'Orebro,  à  12  kilomètres  au  N.-O.  du  lac  Wettern  et  aux  envi- 
rons de  la  petite  ville  d'Askersund.  Un  chemin  de  fer  à  large  voie 
relie  les  mines  aux  ateliers  de  préparation  mécanique  sur  les  bords 
du  lac  Wettern.  Les  navires  viennent  charger  le  long  de  quais 
et  transportent  le  minerai  à  Gottembourg,  où  la  Compagnie  pos- 
sède de  grands  magasins.  De  là,  le  minerai  se  rend  à  Rotterdam 
et,  par  le  Rhin  ou  la  Meuse,  aux  différentes  usines  de  la  Société. 

Géologie.  —  Le  gîte  d'Ammeberg  est  constitué  essentiellement 
par  des  imprégnations  et  lentilles  de  blende  au  milieu  d'un  gneiss 
rubané  (Hàlleflinta),  schisteux,  que  Ton  rapporte  à  Tépoque  lauren- 
tienne.  Ce  gneiss  repose  directement  sur  le  Jemgneiss  caractéris- 
tique de  la  Scandinavie,  lequel,  en  certains  endroits,  contient  du 
fer  magnétique  ou  de  la  pyrite  magnétitc  massive  et  le  Jcrngneiss 
à  son  tour,  est  superposé  au  Urgneiss  rouge. 

Au  voisinage  des  couches  blendeuses,  les  terrains  anciens 
d'Ammeberg  forment  un  pli  (fig.  265)  suivant  Taxe  duquel 
apparaissent  des  grauwackes  et  quelques  lambeaux  discontinus 
de  calcaires  avec  fossiles  du  silurien  tout  à  fait  inférieur.  En 
outre,  le  hàlleflinta  comprend  des  couches  d'amphibolite. 

Les  parties  minéralisées  du  gneiss  rubané  affectent  la  forme  de 
lentilles  irrégulières  peu  épaisses  mais  s'étendant  beaucoup  en 

*  Coll.  Ecole  des  Mines,  1548.  —  Notes  de  voyage  de  Tauteur  enJ890. 


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gIte   de  blende  d'amiieberg  (suède)  Ul 

profondeur  et  suivant  toutes  les  ondulations  de  la  schistosité  des 
gneiss. 

Les  exploitations  sont  concentrées  autour  de  deux  centres  prin- 


Fig.  265.  —  Carte  géologique  de  la  région  d*Ainmeberg. 

cipaux  :  Nygrufva  occupant  300  mineurs  (fig.  266  à  271)  : 
Knalla,  200  (fig.  273  à  275).  Dans  TOuest  de  Nygrufva,  le  plan 
médian  des  lentilles  est  sensiblement  vertical  et  représente  assez 
bien  le  plongement  du  gneiss  qui  a  subi  des  actions  de  plisse- 
ment et  de  redressement  énergiques,  postérieurement  à  sa  forma- 
tion. A  Knalla,  on  a  eu  parfois,  dans  le  plongement,  des  coudes 
brusques  (voir  fig.  273  et  275),  donnant,  à  une  profondeur 
variable,  une  couche  presque  horizontale. 

En  général,  ces  lentilles  ont  une  épaisseur  moyenne  de  8  mètres, 
qui  peut  aller  à  13  mètres  et  se  poursuivent,  en  profondeur,  sur 
une  longueur  qui  atteint  200  mètres.  Elles  sont  reliées  par  des 
inclusions  blendeuses  dans  le  gneiss. 

Les  figures  266  à  270,  qui  donnent,  de  50  en  50  mètres,  les 
plans  de  la  mine  de  Nygrufva,  et  les  figures  271  qui  représentent 


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442 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


Fig.  266.  —  Mine  Nygrufva  (Ammeberg).  —  Plan  au  jour. 

î 
'i 


A-=a 


Fig.  267.  —  Mine  Nygrufva  (Annmeberg).  —  Plan  au  niveau  de  50  mètres. 


Fig.  268.  —  Mine  Nygrufva  (Ammeberg).  —  Plan  au  niveau  de  100  mètres. 


Fig.  269.  —  Mine  Nygrufva  (Ammeberg).  Plan  au  niveau  de  150  mètres. 

Légende  des  fi  goret  2M  à  275. 


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gIte  de  blende  d'ammeberg   (suède)  443 

les  coupes  verticales  correspondantes,  mettent  en  évidence  Tallure 
du  gisement  de  blende  dans  cette  région  et  la  façon  dont  la  galène 
s'associe  à  Toccasion  au  sulfure  de  zinc. 


ltS«7, 


Fig.  270.  —  Mine  Nygrufva  (Ammeberg).  —  Plan  au  niveau  de  200  mètres. 


Coupe  CD         Coupe  E  F 


Cotq>e  GH 


Cmxpe  JK 


iiii...i6o 


Fig.  271.  —  Mine  Nygrufva  (Ammeberg).  —  Coupes  transversales. 
(Ces  coupes  se  rapportent  au  lignes  CD,  EP,  GH,  JK,  des  figures  S66  à  270.) 

Les  autres  figures,  272  à  275,  montrent  des  cas  particuliers  : 
ainsi,  272,  la  disposition  en  V  des  veines  minéralisées  dans  un 


Fig.  272.  —Ammeberg  (région  Sinçay).'      Fig.  273.  —  Coupe  transversale  à 
Coupes  transversales.  Knalla,  puits  le  Hon. 

des  chantiers  du  puits  Sinçay;   274,  la  multiplicité  des  veines 


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Vti  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

blendeuses  dans  les  parties  hautes  au  puits  le  Hou  et  l'apparition 
de  la  galène  à  100  mètres  ;  273  et  275  :  la  forme  courbée  de  la 
veine  de  blende  en  section  verticale. 
Les  affleurements  des  lentilles  de  blende  s'étendent  sur  une 


Fig.  274.  Fig.  275. 

Coupe  au  puits  le  Hon.  Coupe  au  puits  le  Hon. 


ligne  sinueuse  demi-circulaire,  qui  n*a  pas  moins  de  3*™,  500.  Cette 
ligne  constitue,  à  peu  près,  Taxe  d'une  zone  de  gneiss  rubané,  plus 
schisteux,  intercalé  au  milieu  de  quartzites  plus  résistants  dans 
la  formation  gneissique. 

La  composition  de  ces  lentilles  est  souvent  à  peu  près  celle 
de  THàlleflinta  où  la  blende  remplacerait  le  mica,  comme  cela 
se  passe  pour  la  magnétite  de  Suède  ou  le  graphite  de  bien  des 
pays. 

C'est  donc  un  mélange  de  feldspath  (orthose  en  général),  de 
quartz  et  de  blende;  mais  il  existe  des  parties  exclusivement 
composées  de  blende. 

Parfois  le  feldspath  domine  de  beaucoup,  ce  qui  est  aussi  le  cas 
de  la  roche  encaissante  ;  parfois  aussi  il  est  remplacé  par  des 
bandes  de  woUastonite  ;  enfln  la  blende  renferme  presque  toujours 
un  peu  de  galène  et  de  pyrite. 

Au  toit,  on  rencontre  quelques  lambeaux  de  calcaire  silurien 
contenant  des  orthocères.  Comme  minéraux  adventifs,  on  peut 
mentionner  la  tourmaline,  Thornblende,  le  grenat,  le  talc, 
Tépidote,  la  chlorile,  et  même,  en  certains  points,  de  Tozokérite 


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gItb  de  blende  d'âiiiieberg   (suède)  445 

qui  se  rattache,  sans  doute,  aux  émanations  hydrocarburées,  dont 
le  graphite  abondant  des  micaschistes  nous  a  semblé  être  la 
preuve  à  cette  époque  *.  Ce  bitume  a  été  rencontré,  vers  50  mètres 
de  profondeur,  dans  des  veines  de  calcite  coupant  le  minerai. 

Les  géodes  manquent  complètement. 

Citons  enfin  un  grand  filon  de  Diabase  qui  traverse  la  région 
au  Sud,  et  des  pointements  de  Diorite. 

h' extension  des  lentilles  blendeuses  en  profondeur  n'est  pas 
connue.  On  a  exploré  le  gîte  jusqu'à  200  mètres. 

Teneur  du  minerai.  —  Le  gneiss  rubané  renferme  jusqu'à 
53  p.  100  de  zinc  et  7  p.  100  de  galène  ;  mais  ce  sont  des  maxima. 
On  a  cependant  rencontré  de  petites  lentilles  entièrement  for- 
mées de  galène  pure  et  ayant  jusqu'à  3  mètres  de  puissaqce. 
Au-dessous  de  20  p.  100  de  zinc,  le  minerai  ne  peut  plus  s'ex- 
ploiter avec  bénéfice. 

Voici  quelques  exemples  de  teneur  en  zinc. 


!»«rtie  Ett  da  gîte 

Partie  centrilo 

Partie  Ouest 

48,36  p.   100 

31,17  p.   100 

45,32  p.  100 

25,78      — 

44,56      — 

45,01       — 

35,90      — 

49,13      — 

31,51      — 

51,02      — 

53,57      — 

52,08      — 

52,49       — 

52,93      — 

La  moyenne  est  environ  de  43  p.  100  de  zinc. 


Géogénie  des  gisements.  —  Si  Ton  essaye  de  se  faire  une  idée 
exacte  du  mode  de  formation  et  de  Fâge  du  gisement,  on  se  trouve 
en  présence  de  grandes  difficultés. 

Nous  avons  dit,  en  effet,  que  la  blende  formait  souvent,  au  milieu 
du  gneiss,  des  veines  interstratifiées  suivant  toutes  les  inflexions 
de  la  schistosité.  Quand  on  examine,  en  détail,  des  plissements 
semblables,  on  a  peine  à  se  rendre  compte  comment  la  blende 
aurait  pu  exister  dans  la  roche  massive  telle  qu'elle  se  présente 
aujourd'hui,  avant  le  phénomène  mécanique  qui  a  agi  sur  elle,  et 

*  Tome  I,  pages  41  et  suiv. 


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446 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


se  prêter  ensuite,  sans  aucune  rupture,  à  une  action  aussi  éner- 
gique ;  ce  n'est  pas  là  d'ailleurs  une  objection  spéciale  à  Ammebei^ 
et  nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de  l'indiquer  à  propos  du  Ram- 
melsberg  * . 

  notre  avis,  la  blende  est,  à  Ammeberg,  postérieure  au  dépôt 
de  schistes  et  grès  qui  ont  été  plissés  violemment  avant  d'être 
transformés  en  gneiss  par  métamorphisme.  La  blende,  arrivée, 
à  la  suite  de  ce  plissement,  dans  les  schistes,  et  infiltrée  au  milieu 
d'eux,  en  a  rempli  tous  les  vides,  tandis  que  les  quartzites 
voisins  résistaient  à  l'imprégnation  :  ce  qui  expliquerait  la  pré- 
sences d'esquilles  d'hàlleflinta  semblant  flotter  dans  la  blende,  les 
bifurcations  des  veines  de  blende  etc..  Cette  venue  blendeuse, 
étant  à  peu  près  contemporaine  de  l'action  métamorphique  qui  a 
trai^sformé  les  terrains  en  gneiss,  s'est  comportée  de  la  même 
façon  qu'elle,  remplaçant  seulement  les  cristaux  de  mica  par  des 
cristaux  de  blende.  Après  quoi,  lorsqu'il  y  a  eu  mouvement  du 
terrain  postérieur,  l'hàlleflinta  blendeux  s'est  brisé  ou  courbé  en 
masse  (mais  non  plissé  intérieurement). 

C'est  peut-être  à  un  mouvement  de  ce  genre  qu'il  faut  attri- 
buer l'existence,  au  toit  de  la  plus  grande  partie  des  gisements 

d'Ammeberg,  d'un  plan  brusque  de 
séparation  ressemblant  à  un  plan  de 
faille. 

Quoi  qu'il  en  soit,  un  point  intéres- 
sant, qu'on  peut  constater  à  Amme- 
berg, c'est  que  la  roche  blendeuse 
était  constituée  sous  sa  forme  actuelle 
avant  l'arrivée  des  gros  filons  de  gra- 
nulite*.  Ces  filons  de  granulite,  qui 
contiennent  de  beau  microcline  vert, 
sont  fréquents  dans  la  mine  et  il  n'est 
pas  toujours  facile  de  voir  leurs  rela- 
tions avec  les  couches  de  blende.  Mais  une   des  tranchées  de  la 


276.  —  Plan  de  détail  à 
Ammeberg 

ABC  :  filon  de  granulite. 
UN  PSRC  :   amat  de  blende. 


1  Voir  plus  haut,  pages  281  et  325. 

*  Nous  rappelons  que,  dans  un  gneiss  feldspathisé  et  granulitisé,  on  peut  souvent 
constater  la  trace  d'au  moins  3  ou  4  venues  granuiitiques  successives. 


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GÎTE    DE    BLENDE    d'aMIIEBERG    (sUÈDE)  447 

surface  donne  le  plan  suivant  (fig.  276).  Un  grand  filon  de  gra- 
nulite  ABC  traverse,  en  ce  point,  Tamas  de  blende  et  les  gneiss 
encaissants  en  lançant  des  injections  à  droite  et  à  gauche.  L'amas 
de  blende  exploité  est  MNPC;  RS  est  fait  d'un  hàlleflinta  peu 
blendeux,  très  contourné  en  S.  Là  la  relation  d'âge  de  la  granulite 
et  de  la  blende  est  bien  mise  en  évidence. 

Exploitation.  —  L'exploitation  s'est  longtemps  faite  à  ciel 
ouvert. 

Elle  est  actuellement  souterraine  et  très  facilitée  par  la  grande 
résistance  du  hàlleflinta  qui  permet  de  se  passer  à  peu  près  com- 
plètement de  remblai. 

Le  gite  est  partagé  en  4  étages  de  50  mètres  chacun,  dont  le 

«   premier  a  été  entièrement  enlevé  à  ciel  ouvert,  le  second  à  peu 

près  complètement  souterrainement  et  dont  les  deux  autres  sont 

entamés.  Chaque  étage  est  divisé  en  tranches  qui  sont  prises  par 

la  méthode  des  gradins  renversés  suivant  la  longueur  du  gite. 

Le  gîte  d'Ammeberg  est  le  premier  en  Suède  où  Ton  ait  prati- 
qué le  remblayage. 

L'épuisement,  qui  a  présenté  longtemps  de  grandes  difficultés  à 
cause  de  la  nature  de  la  surface,  coupée  de  lacs  et  de  marais,  se 
fait,  depuis  une  quinzaine  d'années,  à  l'aide  d'une  galerie  d'écou- 
lement (Schwartzmann)  de  4  kilomètres  de  longueur  qui  assèche 
la  mine  jusqu'à  la  profondeur  de  223  mètres.  Au-dessous  de  ce 
niveau,  l'eau  est  extraite  par  des  pompes. 

La  production  a  été  : 

1865 10  200  tonnes. 

1875 29  061  — 

1876  .   .    .  • 32  948  — 

1877 35  768  — 

1878 37  735  — 

1879 40  880  — 

1880 41 873  — 

Actuellement,  on  passe  à  la  préparation  mécanique  environ 
40  000  tonnes  de  minerai  à  20  p.  100  de  zinc^  et  l'on  ajoute,  en 

*  Le  minerai,  pour  être  exploitable,  doit  tenir,  au  moins,  20  p.  100  de  zinc. 


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448  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

outre,  6  à  7  000  tonnes  de  minerai  en  bloc  n'ayant  pas  besoin  de 
lavage.  Enfin,  la  mine  produit  700  tonnes  de  galène  riche  tenant 
près  de  800  grammes  d'argent  à  la  tonne. 

h' atelier  de  scheidage  comprend  des  trommels,  des  spitzkasten, 
des  cribles  du  Harz,  des  tables  tournantes,  etc.,  qui  permettent 
de  classer  les  sortes.  On  obtient  les  résultats  suivants,  pour  une 
production  de  40  000  tonnes  environ  : 

Blende  en  roche  (à  laver)  à  40  p.  100  de  zinc  ....      6  000  tonnes. 

Minerais  blendeux  en  roche  à  24-25  p.  100  de  zinc.   .  30  000      — 

Menus  riches  à  30  p.  100  de  zinc 1  500      — 

Menus  pauvres  à  23  p.  100  de  zinc 700      — 

Galène  en  roche  à  20  p.  100  de  plomb traces 

Menus  plombifères  à  25  p.  100  de  plomb 2  000      — 

Total 40  200  tonnes. 

De  tous  ces  produits,  la  blende  en  roche  est  seule  assez  riche 
pour  être  traitée  directement.  Les  autres  catégories  sont  soumises 
à  une  cuisson  préalable. 

Bibliographie. 

1861.  Stapff.  —  Berg.  u.  H.  Z.,  p.  252. 

1866.  TuRLEY.  —  Berg.  u.  H.  Z.,  p.  405,  etc. 

1867.  FucHS.  —  Rapport  manuscrit. 

1868.  Blende  d'Ammeberg.  (Cuyper,  t.  XXII,  p.  421.) 
1870.  BuRAT.  —  Géol.  appl.,  Il,  214. 

1879.  Groddeck,  p.  145. 

1879.  QppBRMANN.  —  Sur  la  préparation  mécan.  des  minerais  de  zinc  à  Am- 
meberg.  (Ann,  d,M.,  7«,  t.  XI,  p.  261.) 

1879.  V.  RÂTH.  —  Erinn.  der  Pariser  Weltaust. 

1883.  d'Achiardi,  II,  456. 

TÔRNEBOHM.  —  Brochure  pour  le  jerncontor. 

1888.  D.  Krrnner.  —  Zinkblende  aus  Schweden.  (Fôldtani  Kôszlôny,  t.  XVIII, 
p.  151.  Budapest,  1888.) 

1890.  L.  DE  Launay.  —  Notes  de  voyage  inédites. 

Au  type  d' Ammeberg  appartient  Etkis,  en  Finlande,  près  d'En- 
niskilen,  gisement  autrefois  exploité  uniquement  pour  les  mouches 
de  galène  que  contenait  la  blende  et  où  on  a  repris,  il  y  a  quelques 
années,  les  vieilles  haldcs  de  blende  entassées. 


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gIte  de  blende  de  sterzing  (ttrol)  449 

GITE  DE  BLENDE  DE  STERZING  (tyrol)* 
{Amas  blendeux  dans  les  micaschistes.) 

Von  Groddeck  rapproche  également  du  gîte  d'Ammeberg  celui 
de  Sterzing  (Tyrol),  interstratifié  de  même  dans  des  micaschistes. 
Il  est  formé  d'un  mélange  compact  de  blende  et  de  galène  de  6  à 
10  mètres  de  puissance  avec  accompagnement  de  pyrite  de  cuivre 
et  de  fer,  de  fer  magnétique,  d'ankérite  (dolomie  ferrifère),  de  sidé- 
rose, d*amiante  et  parfois  de  grenat. 

D'ailleurs,  en  dehors  des  gisements  de  zinc  proprement  dits, 
nous  pouvons  rappeler  que  la  blende  se  trouve  assez  fréquem- 
ment, dans  des  conditions  analogues,  à  Tétat  de  simple  association 
avec  d'autres  sulfures  :  ainsi  dans  le  gneiss  à  cordiérite  de  Boden- 
mais  {Bavière)  *,  avec  de  la  pyrrhotine  nikélifère,  des  pyrites  de 
cuivre  et  de  fer,  de  la  galène,  etc.  Il  convient  de  ne  pas  oublier  que, 
dans  les  gîtes  décrits  plus  spécialement  comme  gîtes  de  fer,  de 
cuivre,  de  zinc  ou  de  plomb,  l'association  du  sulfure  dominant 
avec  les  trois  autres  est  extrêmement  fréquente. 

C'est  ainsi  qu'on  trouve  de  la  blende  avec  la  pyrite  cuivreuse 
de  Fahlun,  comme  avec  la  galène  de  Sala,  etc.. 

ZINC  ET  PLOMB  DE  LA  HAUTE  SILÉSIE* 

(Imprégnations  de  blende  et  galène  dans  le  muschelkalk^  avec  cala- 
mine et  minerai  de  fer  au  voisinage  des  affleurements.) 

Conditions  économiques.  — Le  gisement  zincifère  le  plus  impor- 
tant d'Allemagne  est,  de  beaucoup,  celui  de  la  haute  Silésie  qui 
occupe,  à  lui  seul,  près  de  9  000  ouvriers. 

Le  bassin,  situé  aux  confins  des  trois  empires  d'Allemagne,  d'An- 


«  Sur  Sterzing:  i870.  V.  Beust.  Jahrb.  d.  K.  K.  Geol.  Reichs.  in  V^ien,  p.  505. 

1879.  Gioddeck,  p.  146. 

•  Gixiddeck,  p.  147, 

>  Nules  de  voyage  tle  Tauteur  en  1892.  Voir  t.  i,  p.  7G5  et  768,  sur  le  Fer  en  Siiésie. 

€É0L0G1B.  —  T.  U.  29 


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450 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


triche  et  de  Russie,  n'a  guère  été  exploité  jusqu'ici  qu'en  Prusse 
où  il  commence  à  s'appauvrir  ;  mais  en  Russie,  où  il  a  été  encore 
peu  attaqué,  il  semble  réserver  pour  l'avenir  des  richesses  consi- 
dérables. 
La  production  de  zinc  a  été  dans  ces  dernières  années,  en  Prusse  : 


1880 

1885 

1886 

1887 

1888 

1889 

1890 

65  530  t. 

80  953  t. 

82  990  t. 

82  730  t. 

84  760  t. 

86880  t. 

88  930 1 

Les  principales  mines  de  zinc  prussiennes'  sont  situées  dans  le 
cercle  de  Beuthen  :  ce  sont  : 


Neue    Hélène.  . 
Wilhems  glûck. 

Gdcilie 

Samuels  glûck  . 

Rudolf 

Maria 


PRODUCTION 

de  calamine 

en  1882 


ToniXfS 

115  751 

28  084 
16  958 

11594 


PRODUCTION  EN  1886 


Calamine 


Tonnes 

91533 
35  097 
25  867 
37  005 
20  203 
1444 


Blende 


Tonnes 

49  626 

9 

31094 
35  238 

11254 


Galène 


Tonnes 

10  286 

1316 

2  973 

589 

480 

1914 


NOMBRE 

d*ou  Triera 

en  1886 


1838 
457 
889 
819 
328 
665 


Les  usines  à  zinc  correspondantes  occupent  plus  de  6  000  ou- 
vriers ;  les  principales  sont  : 

Silésia  Hutte,  II,  à  Lipine  près  Morgenrolh  (Schles. 

Aclien  Gesellschaft) 12  199  tonnes. 

Hohenlohe  Hutte  (Herzog  von  Ujest) 11  090      — 

Silésia  Hutte,  III  (Schles.  Actien  Ges.) 10  800      — 

Wilhelminen  Hiitte  (Georg  von  Giesche's  Erben).  10  500      — 

La  production  de  zinc  en  Silésie  s'est  répartie  entre  les  princi- 

*  En  Russie,  les  seules  exploitations  actuelles  sont  celles  de  Boleslaw  (à  6  kilo- 
mètres de  Slawkow,  15  kilomètres  N.-E.  de  Dombrowa),  qui  ont  fourni,  dans  ces  der- 
nières années,  environ  50  000  tonnes  de  calamine  par  an  et  que  le  gouvernement  vient 
d'affermer  (1892)  pour  soixante  ans.  Nous  en  dirons  un  mot  plus  loin  (p.  459). 
D'autres  tentatives  d'exploitation  avaient  été  faites  à  Bobrowniki  et  Zychcice,  ainsi  qu'à 
Olkusz  ;  elles  ont  été  abandonnées. 

*  L'une  des  principales  mines  était,  jusqu'à  ces  dernières  années,  celle  de  Scharley 
qui  exploitait  un  amas  calaminaire  de  200  mètres  de  lonji^,  sur  15  mètres  d'épaisseur 
et  a  produit,  en  1882,  58  595  tonnes  de  calamine  ;  en  1886,  52  678,  mais  est  aujour- 
d'hui épuisée.  Au  voisinage,  Bleischarley  a  fourni  35  125  tonnes  en  1882  et  41  000  en 
1886. 


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ZINC    ET    PLOMB    DE    LA    HAUTE    SILÉSIE  451 

pales  sociétés,  dans  ces  dernières  années,  de  la  manière  suivante  : 


Schlesische  Actien  Gesellschaft  . 
Héritiers  G.  von  Giesche  .... 

Duc  von  Ujesi 

Comte  U.  Henckei  von  Donnersmarck 

Comtesse  SchalTgotsch 

Comte  G.  Uenckel  von  Donnersmarck 


1885     1886     1887 


22110 
17  060 
15  860 
11860 
6  380 
4150 


23  090 
17  790 
15  870 
11500 
6500 
4100 


23  317 
17  900 
16100 
11750 
6  540 
4180 


1888 


23  317 
17  900 
15710 
11750 
6  540 
1650 


1889 


24  065 

18  500 

16  470 

9  500 

6  650 

1700 


1890 


25  250 

18  860 

16  630 

9  840 

6194 

1700 


La  Schlesische  Actien  Gesellschaft  emploie  seule  5  000  ouvriers, 
dont  2  000  dans  ses  usines  à  zinc. 

Parmi  les  autres  producteurs  de  zinc,  nous  venons  de  citer  la 
Comtesse  Schafigotsch  (mine  de  zinc  de  Mariagrube,  de  charbon  de 
HohenzoUerngrube,  usines  de  Godullahûtte  et  de  Paulshtitte  ;  le 
Comte  Hugo  Henckei  von  Donnersmark  (usines  de  Liebehoffnung, 
de  Hugo  et  de  Luzyhutte),  etc... 

En  même  temps,  l'extraction  connexe  de  la  galène  s'est  élevée, 
en  1882,  à  25  000  tonnes  (à  180  francs  la  tonne),  dont  22  000  pour 
la  circonscription  de  Beuthen  et  3  000  pour  celle  de  Tarnowitz. 

Les  concessions  de  plomb  étant  indépendantes  de  colles  de  zinc, 
quoique  superposées,  la  galène  extraite  dans  la  plupart  des  mines 
de  zinc  de  la  région,  y  compris  la  Neue-Helene  Grube,  est  recé- 
dée au  prix  de  revient  à  la  Friedrichs  Grube  de  Tarnowitz  (ap- 
partenant à  TEtat),  dont  la  concession  de  plomb  couvre  tout  le 
pays  et  traitée  à  la  Friedrichshûtte.  La  mine  de  Friedrichsgrube 
proprement  dite  n'a  qu'une  extraction  insignifiante. 

Les  usines  où  Ton  traite  le  plomb  sont  surtout  : 

Friedrichshiitte,  près  Tarnowitz,  qui  a  produit,  en  1882,  8  683 
tonnes  de  plomb,  1  077  tonnes  de  litharge  et  5  245  kilogrammes 
d'argent;  et  Walter  Cronek  (Schoppinitz)  près  Rosdzin. 

D'une  façon  générale,  il  y  a  lieu  de  noter  que,  dans  la  Silésie 
prussienne,  la  majeure  partie  des  amas  calaminaires,  qui  fournis- 
saient des  minerais  riches  et  économiques,  sont  aujourd'hui  épui- 
sés et  que  les  mines  travaillent,  soit  sur  une  zone  mixte  de  cala- 
mine et  de  blende,  soit  sur  de  la  blende  seule  \ 

i  Dans  beaucoup  de  mines,  on  a,  en  outre,  installé  des  ateliers  de  préparation 


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452  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Les  minerais  de  zinc  sont  pauvres,  d'une  teneur  moyenne  d'à 
peine  20  p.  100  rendus  au  four,  ce  qui  a  conduit  à  employer  des 
moufles  de  grandes  dimensions;  leur  préparation  mécanique  est 
diffîcile  à  cause  des  vides  qui  font  varier  constamment  la  densité; 
et  le  fer  et  le  plomb,  qui  y  sont  constamment  mélangés,  percent 
rapidement  les  terres  réfractaires.  Mais  la  vieille  habileté  des  fon- 
deurs, le  bas  prix  de  la  main-d'œuvre  et  celui  du  charbon,  que  le 
même  bassin  produit  en  quantités  considérables  \  ont  néanmoins 
permis  à  Tindustrie  de  prendre  un  grand  développement. 

En  1882,  le  prix  des  salaires  était,  dans  la  Silésie  prussienne,  de 
2'',15  pour  les  piqueurs  ;  1  ^^,75  pour  les  ouvriers  rouleurs  au  fond  ; 
1  ^fil  pour  les  ouvriers  du  jour  ;  0'',78  pour  les  gamins.  Depuis  celte 
époque,  les  prix  ont  augmenté  ;  en  Russie,  ils  sont  plus  élevés. 

Géologie  générale  de  la  région  ^  —  La  haute  Silésie  comprend, 
sous  des  alluvions  qui  occupent  presque  toute  la  surface,  un  grand 
bassin  houiller  dont  l'extension  reconnue  est  un  triangle  ayant, 
pour  sommets,  Tarnow^itz  au  Nord,  Kônigsberg  au  Sud-Ouest,  Nova- 
gora  à  l'Est,  mais  qui,  vers  l'Ouest,  se  prolonge  sans  doute  jusqu'à 
une  ligne  droite  tirée  de  Hultschin  à  Tost. 

Ce  houiller  repose,  soit  sur  le  culm,  soit  sur  le  dévonien  ;  il  est 
recouvert,  en  stratiûcation  discordante,  par  le  trias  (parfois  avec 
interposition  d'un  peu  de  rothliegende).  Ce  trias,  à  son  tour,  présente 
ses  trois  termes  habituels  du  grès  bigarré,  du  muscheikalk  et  du 
keuper;  et  le  muscheikalk,  qui  est  le  niveau  métallifère,  peut  se 
subdiviser  comme  suit  : 

Muscbelkalic  supérieur  —  Cale,  de  Rybna. 
—         moyen        —  marne  dolomilique. 


inférieur 


dolomie  mêlai Urère  (Sckaumkalk). 
\    Sohlenkalkstein  (calcaire  du  mur 
)        ou  calcaire  bleu). 
[    Wellenkalk. 


mécanique  très  perfectionnés  pour  laver  de  vieilles  haldes  qui  tiennent  encore  7  à 
8  p.  100  de  xinc  ;  ainsi  à  Mariagrube,  etc. 

<  Les  couches  de  houille  de  haute  Silésie  sont  très  régulières,  peu  inclinées,  non 
grisouteusKs  et  «l'une  épaisseur  qui  dépasse  fréquemmeut  6  mètres,  en  sorte  qu*un 
piqueur  abat  couramment  8  tonnes  par  jour  et  puriois  jusqu'à  11.  L*épuisement  tftul 
est  assez  co&tnux  en  raison  de  la  superposition  fri'qiieiite  de  mines  de  zinc  sur  celles  «le 
houille.  Le  bassin  a  produit,  en  1886, 16 millions  de  iuiinesdeliouilleavec9500ouvners. 

•  Voir  la  carte  ci-jointe,  flg.  277. 


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ZINC   ET   PLOMB    DE   LA    HAUTE    SILÉSIE 


45^ 


Fig.  277.  —  Carte  géologique  de  la  région  de  Beuthen  (haute  Silésie). 
Echelle  au  555—5- 

La  dolomie  métallifère  a,  pour  mur,  un  lit  argileux  assez  mince; 
pour  toit,  de  la  dolomie  stérile  et  compacte.  C'est  dans  son  épais- 
seur et  surtout  au  voisinage  de  ses  affleurements,  qu'on  exploite 
le  zinc,  le  plomb  et  le  fer  \ 

*  Pour  le  fer,  voir  t.  I,  p.  765  et  768. 


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454  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Généralités  sur  les  gîtes  métallifères.  —  La  dolomie  zincifère  ^  de 
haute  Silésie  semble  être  un  type  bien  net  de  couche  sédimentaire 
à  imprégnation  contemporaine  du  dépôt,  les  gisements  exploités 
et  qui,  comme  nous  Tavons  dit,  ont  présenté  leur  richesse 
maxima  aux  affleurements,  paraissant  toutefois  dus  à  une  concen- 
tration secondaire  sous  Tactioç  des  eaux  superflcielles.  La  miné- 


.iW^Sœ  Aj»Z- 


Fig.  278.  —  Coupe  théorique  des  gisements  de  zinc  de  Silésie. 

ralisation  primitive  s'était  faite  sous  forme  de  sulfures  de  zinc, 
plomb  et  fer,  qu'on  est  aujourd'hui  amené  à  extraire  en  s'appro- 
fondissant  ;  les  dépôts  de  surface,  longtemps  les  seuls  connus, 
consistaient,  au  contraire,  en  amas  calaminaires  avec  galène  et 
hématite. 

Cette  couche  de  dolomie  zincifère,  qui  a  subi  un  plissement  de 
large  amplitude, présente,  par  suite*,  un  grand  pli  synclinal E.-O.  à 
pente  assez  douce  ou  une  cuvette  métallifère  principale  ayant  une 
largeur  de  2  à  4  kilomètres  entre  Beuthen  au  Sud  et  Scharley  au 
Nord  et  une  longueur  de  22  kilomètres  environ  dans  une  direction 
E.-O.,  depuis  Miechowitz,  près  de  Beuthen,  à TOuest  jusqu'à  Cze- 
ladz  et  Bendzin  en  Pologne  à  TEst. 

Au  Nord  de  Scharley,  l'affleurement  de  la  couche  devient  N.-S. 
vers  Tarnowitz  et  Georgenberg,  puis  se  retourne,  de  nouveau,  au 
S.-E.,  dans  la  direction  des  exploitations  russes  de  Boleslaw. 

La  répartition  des  minerais  dans  cette  couche  parait  assez  va- 
riable lorsqu'on  s'en  tient  aux  régions  altérées  superflcielles  qui 

*  Nous  remarquerons  que  le  zinc  est  là,  comme  à  la  Vieilie-Moutag^e,  dans  une 
dolomie,  c*est-à-dire  dans  un  calcaire  magnésien,  dont  la  magnésie  a  été  considérée 
par  M.  Dieuiafait  comme  un  indice  de  la  saturation  très  avancée  des  eaux.  (Voir 
page  372.) 

•  Voir  lacATte,  fig.  277. 


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ZINC   ET   PLOMB   DE   LA   HAUTE   SILÉSIB 


455 


ont,  jusqu'ici,  présenté,  pour  les  exploitants,  une  importance  pré- 
pondérante. Cependant  cette  altération  même  obéit  à  une  loi  que 
la  figure  278  met  en  évidence  : 

Près  des  affleurements,  c'est  le  fer  qui  domine  sous  forme 
d'hématite  brune  ;  plus  bas,  en  suivant  le  pendage  de  la  couche, 
la  calamine  augmente  :  au  début,  c'est  de  la  calamine  blanche  (sans 
doute  purifiée  de  son  fer  par  le  phénomène  qui  a  concentré  celui- 
ci  un  peu  plus  loin);  puis,  superposée  à  cette  calamine  blanche. 


^tomi^  I 


A^-rui^  piim/kijfSr*.. 


Fig.  279. 


Coupe  des  gttes  de  fer,  plomb  et  zinc  de  haute  Silésie 
à  la  mine  Bally-Castle,  d'après  Sage. 


qui  va  en  s'amincissant,  c'est  de  la  calamine  rouge.  Celle-ci, 
d'abord  continue  et  remplissant  des  poches  de  corrosion  plus  ou 
moins  irrégulières  et  volumineuses,  ne  forme  bientôt  plus  que 
des  amas  isolés  et  de  plus  en  plus  mélangés  de  blende.  Enfin, 
lorsqu'on  est  descendu  suffisamment,  on  trouve  le  gîte  sous  sa 
forme  sulfurée  primitive  :  c'est  alors  une  ou  deux  couches  de 
blende  avec  un  peu  de  pyrite  et  de  galène,  ou  plutôt  une  série  de 
lentilles  de  ces  minerais  alignées  à  un  ou  deux  niveaux  relative- 
ment constants,  près  de  la  base  de  la  dolomie.  Suivant  les  points, 
galène,  blende  et  pyrite  se  présentent  en  proportions  diverses. 

La  calamine  blanche,  dont  nous  venons  de  parler,  repose,  en 
général,  directement  sur  le  calcaire  du  mur  (ou  Sohlen  Kalkstein) 
dans  lequel  elle  pénètre  irrégulièrement  (fig.  279  et  280). 

La  corrosion,  à  laquelle  a  été  soumis  ce  calcaire  lors  du  méta- 
morphisme calaminaire,  est  manifestée  par  la  transformation  en 
argile  de  ses  parties  supérieures.  Dans  cette  argile,  qui  est  d'un 
jaune  sale,  la  calamine  blanche  forme  des  cordons,  des  lits  et  des 
nodules  plus  ou  moins  irréguliers.  En  même  temps,  on  y  trouve  de 
la  sphérosidérite,  de  la  céruse,  de  la  pyromorphite  et  des  peudo- 


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456 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


morphoses  de  céruse  en  chlorure  de  plomb  cristallisé  (par  exemple, 
aux  mines  Thérèse  et  Elisabeth  à  Miechowiz). 

La  masse  de  la  calamine  blanche  accuse  parfois,  dans  la  cassure, 
une  certaine  schistosité. 

La  calamine  rouge,  qui  a  eu  jusqu'à  16  mètres  d'épaisseur  près 
de  Scharley  et  de  Miechowitz,  est  généralement  séparée  de  la 
couche  blanche  par  un  banc  rougeâlre  d'argile  ferrifère.  Elle-même 


•"•■'.;.'  '■■  'l' v^f^-^^^J- 


-^^^^^^^^g^ 


Fig.  280.  —  Coupe  verticale  du  gtte  calaminaire  de  There^ia  und  Âpfel  Grube, 
d'après  Sage.  Echelle  au  -j^*  —  c,  calamiQe  rouge;  dy  calamine  blanche. 

est  formée  d'un  mélange  de  limonite  zincifère  et  de  dolomie  avec 
un  peu  de  céruse  et  de  galène.  La  teneur  en  zinc  y  a  atteint  au- 
trefois 45  p.  100;  mais,  les  parties  riches  ayant  été  épuisées,  la 
teneur  moyenne  ne  dépasse  guère  aujourd'hui  10  p.  100. 

î^Tori  Sud 


Puits  HnSo 


Fig.  281.  —  Coupe  N.-S.  à  travers  les  travaux  deN.  Hélène,  Scharley  etGrube  Cecilia. 

Les  coupes  ci-jointes  montrent  diverses  allures  de  la  calamine 
(fig.  279  à  282). 

Sur  la  figure  280,  on  voit,  à  Theresia  und  Apfel  Grube,  la  cala- 
mine pénétrer  en  pointe  dans  le  calcaire.  La  figure  281  montre 
des  amas  calaminaires,  aujourd'hui  épuisés,  de  N.  Hélène  grube  : 


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ZINC    ET   PLOMfi   DE    LA    HAUTE    SILÉSIE  457 

amas  situés  à  une  certaine  hauteur  dans  la  dolomie  au-dessus  du 
Wellenkalk  et  divisés  en  deux  bancs,  Tinférieur  discontinu.  Ces 
amas  se  sont  arrêtés  complètement  en  profondeur.  La  figure  282 
correspond  à  un  cas  plus  général  :  on  a  là  deux  bancs  de  blende, 
pyrite  et  galène*  (3  à 4  mètres  d'épaisseur  en  profondeur),  qui,  en 
s'approchant  de  la  surface,  se  transforment  progressivement  en 
calamine,  en  même  temps  qu'ils  s'élargissent  et  finissent  par  se 
réunir  dans  un  grand  amas  résultant  du  métamorphisme. 

En  profondeur,  nous  avons  dit  que  la  calamine  passait  à  de  la 


\f:-^^}^:M^^::;:^yy^^^^^ 


Fig.  282.  —  Coupe  à  travers  les  travaux  de  Geciiia  Grube,  etc..  (La  figure  a  été 
coupée  en  A  et  B  pour  diminuer  sa  longueur.) 

blende.  Cette  blende,  imprégnant  le  plus  souvent  une  couche  de 
3  mètres  de  puissance,  a  été  rencontré  près  de  Gross  Dombrowka, 
à  Samuels  Gluck,  à  Scharley,  près  de  Miechowitz,  etc.  En  certains 
points,  comme  à  la  mine  Cécilia,  il  est  facile  d'observer  la  tran- 
sition de  la  calamine  à  la  blende  (voir  fig.  282)  :  à  partir  d'une 
profondeur  de  50  mètres,  on  voit,  en  effet,  apparaître  dans  la  cala- 
mine, des  inclusions  de  blende  avec  galène  de  plus  en  plus  abon- 
dantes. 

AMariagrube^  où  l'on  a  dépilé  autrefois  un  bel  amas  calaminaire 
de  10  à  12  mètres  de  puissance,  on  est  également  aujourd'hui 
dans  la  couche  blendeuse.  On  doit  remarquer  que  celle-ci  est 
loin  de  former  un  banc  continu,  comme  pourraient  le  laisser  sup- 
poser des  coupes  schématiques,  mais  se  présente,  au  contraire,  à 
l'état  d'imprégnations  lenticulaires  avec  noyaux  et  veines  de  do- 
lomie stérile.  Les  sulfures,  très  irrégulièrement  mélangés,  ne  pré- 
sentent aucune  espèce  de  stratification,  comme  celle  qu'on  cons- 

1  Dans  certaines  parties  de  la  Cecilia  Grube,  il  en  existe  même  trois. 


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458  GÉOLOGIE  APPLIQUÉB 

tate,  par  exemple,  dans  les  minerais  cuivreux  du  Mansfeld.  Dans 
les  galeries  situées  sur  la  zone  intermédiaire  entre  calamine  et 
blende,  on  a  parfois  la  partie  haute  en  calamine,  la  partie  basse 
en  blende.  La  présence  fréquente  de  cristaux  de  vitriol  vert  (sul- 
fate de  fer)  fait  comprendre  comment  les  eaux  superficielles,  au 
contact  des  sulfures  divers,  ont  produit  des  sulfates,  celui  de  zinc 
immédiatement  précipité,  par  substitution  au  calcaire,  à  l'état  de 
calamine,  celui  de  fer  entraîné  vers  la  superficie  où  une  oxyda- 
tion a  amené  son  dépôt  en  hématite.  C'est  dans  cette  attaque 
acide  que  le  calcaire,  intercalé  entre  les  lentilles  blendeuses,  a  été 
dissous,  de  façon  qu'il  donne  lieu  à  des  amas  calaminaires  plus 
volumineux  que  les  mouches  de  blende  primitives. 

Nous  n'avons  fait  que  mentionner,  jusqu'ici,  la  présence  de  la 
pyrite  et  de  la  galène  à  côté  de  la  blende.  La  pyrite  passe  pour 
assez  rare  dans  le  gisement  parce  qu'on  néglige  les  parties  où  elle 
tend  à  dominer.  Quant  à  la  galène,  dans  la  région  de  Scharley, 
elle  donne  environ  une  teneur  moyenne  de  2  à  3  p.  100  de 
plomb  pour  le  minerai  préparé.  En  certains  points  toutefois,  par 
exemple  dans  la  Gecilia  grube,  la  galène  domine  sur  la  blende. 
Du  côté  de  la  Friedrichsgrube  (de  Tarnowitz),  où  le  gisement  s'ap- 
pauvrit beaucoup,  la  galène  se  présente  presque  exclusivement. 
Là,  on  a  un  banc  dur  de  0'",60  d'épaisseur  au  plus,  tantôt  et  le  plus 
souvent  formé  de  dolomie  avec  joints  de  galène,  rarement  com- 
posé de  galène  compacte,  et  un  banc  tendre^  de  0"*,25  à  2  mètres, 
formé  de  dolomie  fissurée  et  divisée  en  blocs  par  des  veines 
d'ocre  brune  ou  jaune  contenant  la  galène  en  rognons  informes. 
Dans  les  travaux  actuels,  la  galène  n'atteint  même  que  3  à  6  cen- 
timètres au  maximum;  elle  est  accompagnée  de  pyrite,  presque 
jamais  de  blende.  La  teneur  moyenne  en  argent  est  de  0,04  p.  100. 

Pour  terminer,  nous  ajouterons  seulement  quelques  mots  sur 
les  gisements  de  calamine  de  Boleslaw,  à  Sosnowice,  en  Pologne 
russe  ^  où  les  travaux,  encore  très  voisins  de  la  superficie,  pré- 
sentent cet  intérêt  de  nous  montrer  ce  qu'étaient  les  gisements 
silésiens  avant  l'épuisement,  désormais  accompli,  des  parties 
riches  superficielles. 

«  Coll.  Ecole  des  Mines,  n'  970. 


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ZINC    ET    PLOMB    DE    LA   HAUTE   SILÉSIE  459 

A  Boleslaw,  on  s'est  borné,  jusqu'ici*,  à  exploiter  un  mamelon 
saillant  de  dolomie  calaminaire,  mamelon  de  600  mètres  de  dia- 
mètre, dès  à  présent  recoupé  par  d'innombrables  puits  de  15  à 
25  mètres  de  profondeur  reliés  par  un  réseau  de  galeries  et  d'exca- 
vations. Au  Nord  et  à  TEst,  des  galeries  se  prolongent  encore 
pendant  près  d'un  kilomètre,  souvent  dans  le  minerai. 

L'imprégnation  est  irrégulière  et  assez  pauvre  en  général,  mais 
très  étendue.  La  calamine  prend  volontiers  un  aspect  bréchiforme 
et  englobe  des  noyaux  de  dolomie  inaltérés  ;  la  présence  fr^équente 
de  blende  blanche  subsistante  aide  à  se  rendre  compte  comment 
le  métamorphisme  s'est  produit  suivant  un  réseau  de  fissures. 
11  est  assez  curieux  que  la  galène  se  présente  également  suivant 
un  système  de  veines  complexes  du  même  genre. 


Bibliographie, 

1781 .  V.  Cabosi.  —  Reisen  durch  verschiedene  polnische  Provinzen. 
1794.  Kapf.  —  Skizzen  aus  der  Geschichte  des  Schlesischen  Mineralreichs. 
1802.  L.  DK  BucH.  —  Geogn.  Beobacht.  auf  Reisen. 

1813.  ScflULTz.  —  Vorkommen  des  Bleiglanzes  und  Galmey  bei  Tarnowiz. 
1818.  Karsten.  —  Zustand  der  Bergbau   und  Hiitt.  in  Scbleisen.  (KarsVs 
Arch.,  1. 1,  cahier  2.  Breslau.) 
1822.  V.  Okynhausen.  —  Versuch  einer  geognost.  Beschr.  von  Oberschlesien  ; 

1856.  V.  Carnall.  —  Bergwerks  Verhâltnisse  im  preuss.  St.  (Arch.  f,  Lan- 
deshunde  der  preuss.  Monarchie.  Berlin.) 

1857.  Steinbeck.  —  Geschichte  des  Schleischen  Bergbaus.  Berlin. 

•  1860.  V.  Carnall.  —  Oberschlesiens  Gebirgsschichten.  (Wochens,  des  Schle- 
sisch.  Ver.f.  B.  u.  H.  Breslau.) 

1865.  Ege.  —  Die  Formationen  des  bunten  Sandsteins  und  des  Muschelkalks 
in  Oberschlesien  (Berlin). 

1866.  V.  Krog.  —  Erzlagerstâtlen  des  Obersch.  Muschelk.  (Z.  d.  d.  geol. 
Ges.y  t.  U,  p.  206.) 

1866.  Websry.  —  Die  Bildung  der  Galmeylagerslâtten  in  Obersch.  (Z.  d.  d. 
geol.  Ges.,  l.  IX,  p.  7.) 

•  1870.  RoEiiER.  —  Géologie  von  Oberschlesien.  (Breslau,  2   vol  et  allas) 
avec  appendice  sur  les  substances  minérales  utiles  par  Runge. 

1879.  V.  Groddeck,  p.  33. 

1881 .  DK  BécHEVEL.  —  Suf  l'industrie  du  zinc  en  Silésie.  (Mémoire  manus- 
crit, n**  1013,  à  rËcole  des  Mines.) 
1885.  Pelle.  —Sur  le  zinc  en  Silésie.  (Mémoire  à  Técole  des  Mines.) 
1887.  V.  Steinhausz.—  Das  Zink  und  die  Zink.  industrie.  (Oestr.  ZeiU,  p.  344.) 

'  Faute  de  moyens  d*épuisement  qui  deviennent  aujourd'hui  nécessaires. 


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460  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE.    —   ZINC    ET    PLOMB 

1887.  Cappkl.  —  Uberdie  Erzfiihrung  des  Oberschlesischea  Trias  nordlisch 
von  Tarnowitz.  {Oest.  Zeit.,  p.  99.) 

KosiNSKi,  —  Carte  géologique  de  la  région  de  Boleslaw.  (Pologne). 

1888.  Oberschlesien;  sein  Land  und  Industrie.  (Glûckauf,,  p.  609,  617,626.) 

1889.  V.  Bernhardi.—  Uber  die  Bildung  der  Erzlagerlâtten  in  Oberschlesien. 
(Z.  Obersck.  B.  u.  IL  F., p.  47.) 

1890.  V.  Bernhardi.  —  Uber  die  Lage  der  Oberschleisisch.  Bergwerk  und 
Hutten  Induslr.  (Z.  Obersch,  B.  u.  H.  F.,  1890,  p.  249.) 

1880-1892.  {Zeits.  f,  d.  B.  H.  u.  S.  im  preuss.  St,  (passim). 

GûRicH.  —  Geol.  Ubersichts  Karte  Schlesiens  mit  Erlâuterung.  Breslau. 

Degenhaadt.  —  Der  obschles.  polnische  Berg  District.  Ùbersicht  carte. 
1892.  L.  DE  Launay.  —  Notes  de  voyage  inédites. 


Bibliographie  générale  du  zinc, 

1867,  Fdchs.  —  Le  zinc  à  l'Exposition  de  1867. 

1876.  Laur.  —  Les  calamines.  (Ind.  min.,  2«,  t.  V,  p.  275  et  413.) 

1879.  Streckkr.  —  Die  Zinkhùtten  der  Ver.  Saatten.  {Leoben  /.,  1879, 
p.  282  ;  et  B.  u.  H.  Z.,  1879,  p.  395.) 

1880.  CszYKOwsRi.  —  La  blende  dans  les  Pyiénées-Orientales  et  la  région  du 
Canigou.  [Ind,  min.,  t.  II,  p.  8  et  369.) 

1881.  Mallet.  —  On  the  occurrence  of  zinc  ore  with  Barytes  in  the  Karnul 
districts  oî  India  (t.  XIV,  p.  196.  Calcutta,  1881). 

1884.  Bkco.  —  Zinc  et  cuivre  aux  États-Unis.  (Cuyper,  t.  Il,  p.  129.) 

1885.  DiEULAFAiT.  —  Explication  de  la  concentration  des  minerais  de  zinc 
carbonate  dans  les  terrains  dolomitiques.  (C.  R.,  t.  C,  p.  815.  Paris,  1885.) 

1886.  Ball.  —  Zinc  and  zinc  ores.  {The  scientifie  proceedings  of  the  royal 
Dublin  Society,  t.  V,  p.  321.  Dublin,  1886.) 

188  .  V.  ScHWARZE.  —  Ueber  die  Zinkblende  und  Bleierz  Vorkommen  zu  Sel- 
beeh.  {Verhandlungen  des  naturhistorichen  Vereines  der  preussischen  Rheinland . 
Westphalen  des  Regieiimgs  Bezirks  Osnabruck,  3®  année,  p.  7o.  Rome,  188  .) 

1887.  GoRGEx.  —  Sur  la  production  artificielle  de  la  zincite  et  de  la  willé- 
mite.  {Bull,  de  la  Soc.  française  de  minéralogie,  t.  X,  p.  36.  Paris,  1886.) 

1890.  W.-H.  Seamen.  —  Zinciferous  Clay  of  Southwest  Missouri  and  a 
Theory  as  to  the  growth  of  the  Calamine  of  that  Section.  {The  Am.  J,  of  Soc, 
t.  XXXIX,  p.  38,  New-Haven,  1890.) 


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CADMIUM,  ZIRCONIUM 

ET  AUTRES  MÉTAUX  RARES 


Cd;  Eq=    57       —  P.  at  =  H2 
In;    Eq=    37,80  —  P.  at  =  H3,4 
Gai;  Eq  =    34,9    —  P.  at  =    69,8 
Tl;    Eq  =  204      —  P.  at  =  203,6 


Zr; 

Eq  = 

44,75 

—  P.  at  =    89,6 

Nb; 

Eq  = 

47 

—  P.  at  =    94 

Ta; 

Eq  = 

91 

—  P.  at  =  182 

Ce; 

Eq  = 

46 

—  P.  at  =  141,2 

U; 

—  P.  at  =  138,2 

Di; 

—  P.  at  =  145,4 

Yt; 

—  P.  at  =    89,6 

Er; 

—  P.  at  =  170,6 

Nous  nous  proposons,  dans  ce  chapitre,  d'étudier  quelques 
métaux  secondaires  :  les  uns  se  rapprochant  du  zinc,  comme  le 
cadmium,  Tindium,  le  gallium  et  le  thallium;  les  autres  se  rat- 
tachant plutôt  à  la  famille  de  Tétain  et  du  titane,  comme  le 
zirconium,  le  niobium,  le  tantale,  le  cérium,  le  didymc,  le  lan- 
thane, etc. 

Cadmiums  —  Le  cadmium,  que  ses  propriétés  chimiques  et  ses 
gisements  rapprochent  du  zinc,  est  surtout  utilisé  à  l'état  de  jaune 
de  cadmium  ou  jaune  brillant  (sulfure),  obtenu  en  précipitant  les 
sels  de  cadmium  par  l'acide  sulfhydrique. 

Le  sulfure  est  également  recherché  pour  la  parfumerie,  où  on 
l'emploie  sous  forme  de  pâte  broyée  à  l'huile,  pour  donner  aux 
savons  de  toilette  une  nuance  jaune  vif;  il  sert  en  pyrotechnie  à 
obtenir  des  feux  bleus,  etc.. 

Le  cadmium  métallique,  qui  se  dépose  bien  sur  le  fer  par 
l'électrolyse,  a  été  quelquefois  adopté  par  la  marine  pour  recou- 
vrir des  chaînes  qui  résistent  mieux  ainsi  à  l'eau  de  mer. 

*  1873.  Wagner.  (Chim.  /nrf.) 

1882.  0.  MûQGE  :  GreHnockit  von  Kilpatrik  in  Schottland  (M  /.  Min.^  2,  1,18.) 

1883.  D'AcHiARDi,  i.  mineraii,  elc...  II,  p.  471. 


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^2  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Son  sulfate  et  son  iodure  ont  quelques  applications  en  médecine 
(l'iodure  comme  collyre  astringent)  ;  Tiodure  et  le  bromure 
servent  aux  photographes  pour  la  sensibilisation  du  collodion. 

Enfin,  le  cadmium  entre  dans  la  composition  de  plusieurs 
alliages ,  tels  que  Talliage  fusible  de  Wood  (plomb,  étain,  bis- 
muth, cadmium),  Talliage  des  clichés  d'imprimerie  (50  de  plomb, 
36  d*étain,  22,  5  de  cadmium)  ;  son  amalgame  est  utilisé  par  les 
dentistes,  etc. 

Le  cadmium  est  livré  au  commerce  en  baguettes  du  poids  de 
60  à  90  grammes  ;  il  vaut  de  12  fr.  50  à  16  francs  le  kilogramme. 

Ses  minéraux  sont  :  la  Greenockite  (CdS),  tenant  77,8  de 
cadmium,  isomorphe  avec  la  wurtzite  ou  sulfure  de  zinc  rhomboé- 
drique  d^Oruro  (Bolivie)  et  assimilable  également  avec  d^autres 
sulfures  tels  que  la  pyrrhotine  ou  la  nickéline  ;  puis  TEggonite 
(Cd"  Si'  0*'+"),  etc.  Le  cadmium  se  trouve,  de  plus,  et  surtout, 
dans  un  grand  nombre  de  blendes,  carbonates  et  silicates  de  zinc. 
La  calamine  de  Silésie  en  renferme  jusqu'à  5  p.  100  ;  la  blende 
d'Ëaton  (Etats-Unis),  3,  2  p.  100;  la  calamine  de  Wiesloch', 
3  p.  100,  etc. 

On  l'extrait  toujours,  comme  produit  accessoire,  de  gisements 
de  zinc,  le  cadmium,  plus  volatil  que  le  zinc,  passant  dans  les 
premiers  produits  de  la  distillation  qui  arrivent  à  en  renfermer 
14  p.  100.  Parmi  les  mines  fournissant  du  cadmium,  nous  citerons 
celles  de  la  Silésie  (7  321  kilogrammes  en  1887),  et  celles  de  la 
Vieille-Montagne  (3  à  400  kilogrammes,  extraits  de  minerais 
d'Espagne).  Aux  Etats-Unis,  on  a  signalé  la  greenockite  dans  le 
S.-O.  de  TEtat  de  Missouri,  dans  les  mines  de  zinc  de  Friedens- 
ville,  comté  de  Lehig,  en  Pensylvanie,  etc. 

Indium'.  —  Nous  nous  contenterons  d'ajouter  que  Vmdium 
est,  de  même,  associé  au  zinc  et  a  été  découvert,  en  1863,  par 
Richter  dans  la  blende  de  Freiberg  qui  en  contient  0,00025  à 
0,0004  en  poids.  On  en  retrouve  des  traces  dans  les  minerais  de 
Norvège  :  il  n'a  aucun  emploi. 

«  Voir  page  428. 

»  Eq  =  37,80  ;  P.  at  =  ii3,4.  Voir  Richter  (Notes  «or  rindium),  C.  R.  64,82.  —  Wleu- 
Kel,  Uber  das  Vork.  Ton  Indium  in  Norvegiscben  Mineralien  (Mag.  f.  Nature,  24,  333). 


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CADMIUM,    INDIUM,    GALLIUM,    ZIRCOMUM,    ETC.         463 

Gallium  ^  —  Le  gallium,  qui  est  aussi  un  métal  rare  des  gîles 
de  zinc,  a  été  trouvé  en  1873  par  Lecoq  de  Boisbaudran  dans  la 
blende  de  Pierrefllte  (Pyrénées),  dans  celle  des  Asturies  et  dans 
celle  de  Bensberg.  Cette  dernière,  qui  est  la  plus  riche,  en  ren- 

Thallium'.  —  Le  thallium  a  été  découvert,  en  1861,  par 
Crookes,  dans  un  résidu  sélénifère  d'une  fabrique  d'acide  sulfu- 
rique,  à  Tilkerode  (Uarz),  et  préparé  à  Tétat  métallique,  en  1862, 
par  Lamy. 

De  Kobell  a  reconnu  sa  présence  dans  les  blendes  du  Brisgau 
et  de  Westphalie,  ainsi  que  dans  les  minerais  de  zinc  de  Raibl 
en  Carinthie.  On  le  retrouve  dans  diverses  pyrites  de  fer  ou  de 
cuivre;  mais  le  seul  minéral  qui  le  renferme  en  proportion 
notable  est  la  Crookésite^  signalée  par  Nordenskiold  dans  la  mine 
de  cuivre  de  Skrikerum  en  Suède,  et  qui  contient  : 

Se  =  33,28;  Cu  =  45,76;  Tl  =  17,25;  Ag  =  3,71. 

Zirconium.  —  Le  zirconium,  dont  nous  n'avons  également  que 
quelques  mots  à  dire,  se  rapproche,  par  ses  propriétés,  du  silicium, 
du  titane  et  de  Tétain.  11  est  associé,  dans  ses  gisements,  à  d'autres 
métaux  rares,  tels  que  le  cérium,  ryttrium,  etc. 

Pendant  longtemps,  il  n'a  eu  d'autre  application  que  de  former, 
à  l'état  de  zircon  (Zr  0  *,  SiO  *),  une  gemme  d'assez  peu  de  valeur. 
Récemmenit  (sept.  1892)  on  a  eu  l'idée  d'utiliser  un  de  ses  sels, 
l'oxalate  de  zircone,  pour  obtenir  un  bel  éclairage  par  incandes- 
cence. A  cet  effet,  on  place,  au-dessus  d'un  bec  de  gaz  disposé 
en  brûleur  Bunzen,  un  cône  de  coton  imbibé  d'oxalate  qui  se  car- 
bonise en  une  trame  fragile  donnant  une  clarté  très  vive. 

Le  minéral  du  zirconium  est  le  zircon  (67  p.  100  d'oxyde  de 
zirconium),  qui  est,  lui-même,  un  élément  essentiel  des  syénites 

*  Eq  =34,9;  P.  at  =  69,8.  Voir  CR.  t.  LXXXI,  p.  493  et  1100.  —  Cf.  [d'Achiardi, 
II,  414,  et  Nature,  1878,  n»  250,  p.  241. 

•  Tl;  Eq  =  204  —  P.  at  =  203,6  —  1861.  Crookes  :  On  the existence  of  a  new  élé- 
ment. (Chem,  News,  1861,  3,  193.)  —  1862.  Lamy  :  Soc.  imp.  des  Sciences  de  Lille. 
—  Nordenskiold  :  Ann.  Chem,  Pharm.,  145,  127.  —  1878.  De  Kobell  :  Silzungsber.  der 
kk.  Akadem.,  IV,  552;  résumé  dans  Lapparent  :  Revue  de  géologie.  {Ann.  d,  M. 
7%  t.  XVII,  p.  73.) 


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464  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

éléolithiques,  qualifiées,  pour  cette  raison,  de  zirconiennes.  On 
en  connaît  de  beaux  gisements  en  Norvège  (Brevig,  etc.)  ;  dans 
les  monts  Ilmen,  près  de  Miask  (Oural)  ;  à  Matura  et  SafTragan 
(Geylan)  ;  à  Madras,  dans  Tlnde,  etc.  D*ailleurs  le  zircon  est  un 
minéral  beaucoup  plus  commun  qu'on  ne  le  croyait  jadis  et  dont 
l'analyse  microscopique  a  révélé  la  présence  fréquente  à  Tétat 
d'inclusions  entourées  d'auréoles  polychroïques,  dans  les  silicates 
magnésiens  et  ferrugineux  d'un  grand  nombre  de  roches  éruptives 
ou  métamorphiques. 

Niobium  et  Tantale  ^  —  Le  niobium  et  le  tantale  se  rencontrent 
presque  toujours  associés  dans  les  minéraux  complexes  qui  les 
contiennent. 

En  1801,  Hatchett  découvrit  le  tantale  dans  un  minéral  de 
Colombie  (la  Colombite),  qui  a  la  forme  cristalline  du  wolfram. 
L'année  suivante,  Ekeberg  le  retira  de  deux  autres  minéraux  :  l'un, 
tantalite  de  Finlande;  l'autre  yttrotantalite  d'Ytterby  en  Suède. 

La  tantalite  a  été  retrouvée  au  Groenland,  à  Haddam  (Connec- 
ticut),  à  Bodenmais  (Bavière),  à  Ghanteloube  dans  la  Haute- 
Vienne,  etc. 

Elle  se  présente,  suivant  les  points,  avec  des  différences  consi- 
dérables de  densité,  tenant  à  l'association  du  tantale  et  du  niobium, 
reconnue,  en  1864,  par  Marignac,  et  est  isomorphe  avec  les  tungs- 
tates  de  fer  et  de  manganèse. 

En  dehors  de  cette  affinité  avec  le  tungstène,  on  peut  remarquer 
l'association  constante  de  l'acide  stannique  et  de  l'acide  titanique 
aux  minerais  niobifères.  Les  niobides  (nom  réservé  aux  tantalites 
les  plus  riches  en  niobium)  contiennent  constamment  des  acides 
titanique,  stannique,  tungstique  et  quelquefois  de  la  zircone. 
Inversement,  le  wolfram  et  la  cassitérite  renferment  généralement 
de  l'acide  niobique. 

Cérium,  Didyme  et  Lanthane;  Tttrium,  Erbium,  etc.  —  En  1803, 

»  Nb;  Eq  =  47  —  P.  at  =  94.  —  Ta;  Eq  =  91  —  P.  at  =  182.  —Voir  :  1802.  Hal- 
chetl.  PhWis  Traru.f  49.  —  bkeberg.  Ann.der  Chemie,  43,  276.  —  Kose.  Pog.  Ann.^ 
63,  307  et  693,  69,  118.  —  Biomstrait.  Sur  ies  métaux  des  minéraux  tanta  ilKre8.(^fiii. 
der  Chemie  u.  PA.,  t.  CXXXV,  p.  168.)  —  1883.  DAchiardi,  H,  565.  —  1888  Joly.  Le 
Niobium  et  le  Tantale.  {Encyclopédie  chimique.) 


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CADMIUM,   INDIUM,   GALLIUM,    ZIRGONIUM,    ETC.  465 

Berzélius,  Hésinger,  et  ELlaproth,  découvrirent  simultanément, 
dans  la  cérite  de  la  mine  de  fer  de  Bastnas,  une  terre,  d'où 
Mosander,  en  1839,  parvint  à  extraire  le  cérium,  le  lanthane  et 
le  didyme. 

Ces  trois  corps  3ont  à  peu  près  inséparables  dans  leurs  gise- 
ments et  se  rapprochent  également  de  lyttrium,  del'erbium,  etc., 
qui  forment  des  oxydes  analogues.  On  les  trouve  dans  un  certain 
nombre  de  minéraux,  surtout  développés  en  Scandinavie,  au  mi- 
lieu des  syénites  éléolithiques  riches  en  zircon  :  minéraux  parmi 
lesquels  nous  nous  bornerons  à  citer,  outre  la  cérite,  la  mona- 
zite,  Teukrasite,  la  mosandrite,  Torthite,  Tallanite,  etc..  Dans  les 
mêmes  gisements,  se  rencontrent  la  gadolinite,où  le  docteur  Gadolin 
découvrit  Tyttria;  la  thorite  ou  orangite,  etc..  On  en  a  retiré,  au 
"moyen  de  l'analyse  spectrale,  toute  une  série  de  métaux  :  Yttrium, 
Erbium,Terbium,  Itterbium,Philippium,  Decipium,  Scandium,  etc. 

Sans  insister  sur  ces  métaux  sans  emploi,  nous  remarquerons 
seulement  leur  association  avec  des  métaux  du  groupe  stannifère, 
et  spécialement  avec  les  métalloïdes  qui  caractérisent  ce  groupe, 
le  silicium  (avec  le  titane  ou  l'étain),  le  phosphore  et  le  fluor.  Les 
minéraux  qui  les  produisent  sont,  pour  la  plupart,  des  combinai- 
sons complexes,  où  entre  au  moins  Tun  de  ces  éléments. 

M.  Cossa  a  reconnu  la  présence,  relativement  fréquente,  du 
didyme  dans  des  apatites  ou  des  scheelites;  suivant  lui,  il  en  exis- 
terait même  dans  les  os  des  animaux  et  les  cendres  des  plantes*. 

En  1891,  la  statistique  suédoise  mentionne  l'extraction  de  13^5 
d'allanite  (cerium). 

«  Voir  :  Rev.  de  géol.  {Ann.  d.  M.,  7-,  t.  XVII,  p.  73.)  -  Cf.  d'Achiardi,  II,  417. 


GÉOLOGIE.  —  T.   II.  30 


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PLOMB 

P6;  Eq  =103,5;  P.  at  =  207 

USAGES  ET  STATISTIQUE 

Le  plomb  est  utilisé  dans  Tindustrie,  soit  sous  forme  de  plomb 
métallique,  soil  à  l'état  de  composés  divers  :  oxyde,  sulfate,  car- 
bonate, etc. 

Les  usages  du  plomb  métallique  sont  fondés  principalement  sur 
ce  qu'il  est  facilement  laminable,  tendre,  dépourvu  d'élasticité, 
dense  (11,35),  inattaquable  à  Tacide  sulfurique,  fusible  à  basse 
température  (vers  330°),  etc..  Il  a  Tinconvénient  de  s'altérer  au 
contact  des  eaux  et  de  donner  des  sels  toxiques. 

On  l'emploie  sous  forme  de  feuilles  servant  à  recouvrir  les  toits 
ou  l'intérieur  des  réservoirs,  de  tuyaux  obtenus  par  compression 
et  pouvant  se  plier  à  la  main  sans  effort,  de  fils  moins  altérables 
que  ceux  de  fer  et  faciles  à  couper  pour  les  travaux  du  jardinage, 
de  balles,  de  plomb  de  chasse*,  etc.  Gomme  toiture,  il  a  deux 
défauts  qui  lui  font  préférer  le  zinc  :  son  poids  et  sa  fusibilité  (qui 
constitue  un  danger  en  cas  d'incendie.)  On  s'en  sert  également  pour 
garnir  les  chambres  destinées  à  la  fabrication  de  l'acide  sulfurique. 
Uni  à  l'antimoine,  il  donne  l'alliage  des  caractères  d'imprimerie  ; 
avec  l'étain ,  il  compose  des  soudures  diverses  et  des  alliages 
fusibles. 


1  Le  plomb  de  chasse  contient  1  à  2  millièmes  d'arsenic,  qui  lui  donnent  la  por- 
priété  de  se  mettre  en  granules,  quand  on  le  fait  couler  de  très  haut. 


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468 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


PRODUCTION   DES 

QUANTITÉS    SN    TONNES. 


1880 
1881 
1882 
1883 
1884 
1885 
1886 
1887 
1888 
1889 
1890 
1891 


Tonoes      Fr. 


13  990 

14  112 

13  778 

14  300 
Il  700 
Il  000 

15  870 
17i00 
19  650 
Î0  720 
26  000 
26  000 


231 
220 
242 
254 
237 
234 
208 
223 
215 
219 
205 
183 


ILES 
BRITANHIQUES 

Tonnes      Fr. 


73  329 
65  673 
64  559 
52  000 
55  000 
52  000 
54  000 
52  000 
52  000 
49  000 
46  000 
45  000 


281 
252 
252 
212 
184 
198 
220 
207 
212 
221 
221 
ÎOi 


PRUSSE 


Tonnes   Fr. 


148  800 
157  225 

149  000 
141000 
140  000 
140  000 

142  000 

143  000 

144  000 
149  000 

140  000 


153 
152 
141 
129 
127 
135 
135 
138 
140 
144 
140 


SAXE 


Tonnes      Fr. 


3  800 
1  7i0 
4600 
3  400 
28  900 
18  000 

m 

26  000 
30  000 

30  000 
» 

31  500 


195 

207 
188 
145 
221 
296 

» 

197 
169 
169 

» 
18S 


BAVIÈRE 


Tonnes     Fr, 


300 

> 
1562 
2400 

3  800 
120 

1600 

3400 
4400 

» 

4  400 


110 
• 

144 
144 
83 
86 
97 
• 

86 
94 


AUTRES   PAYS 
ALLEMANDS 


Tonnes     Fr. 


2  400 
2  300 
2  600 
2  300 

2  000 

3  000 


7  600 


94  I  5  500 


229 
221 
212 
212 
180 
200 


133 


164 


BELGIQUE 


Tonnes 


5  434 

3  721 

3  631 

1  750 

1  800 

1  300 

1  300 

500 

400 

200 

150 

70 


Fr. 

m 

ITô 
IJT 
ITt 
143 

144 
150 
lôé 
110 

100 
10< 
115 


PRODUCTION 

QUANTITÉS    EN    TONNES. 


09 
U 
•M 

FRANCE 

ILES 
BRITANNIQUES 

PRUSSE 

SAXE 

BAVIÈRE 

AUTRES  PAYS 
ALLEMANDS 

BELGIQDE 

.— <»^^^-^ 

.-^^^ 

^ . 

...'-^^— 

'— - 

-^<*^^*^-. 

--^.^s^^-- 

,-^w^ 

-^-^ 

-*^.-x— ^ 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fï 

1880 

6  467 

371 

57  803 

416 

n 

» 

n 

» 

» 

B 

7  934 

ZU 

1881 

7  097 

367 

49  286 

373 

» 

n 

4  900 

347 

» 

2  600 

316 

7  651 

347 

1882 

8  196 

325 

49  286 

373 

89  551 

334 

1  800 

334 

» 

2900 

329 

8645 

340 

1883 

7  830 

284 

56  000 

325 

88  700 

296 

4  160 

314 

» 

3  200 

300 

8400 

3« 

1884 

6  400 

265 

64  900 

280 

92  000 

202 

4  000 

272 

« 

3  700 

258 

7  800 

266 

1885 

4  900 

262 

59  000 

285 

90  000 

257 

4  500 

291 

• 

2  000 

280 

8  700 

ÎU 

1880 

3  900 

302 

54  400 

334 

90  000 

294 

• 

M 

• 

» 

» 

8  700 

310 

1887 

6  000 

300 

52  800 

319 

92  500 

291 

4  400 

330 

n 

2  000 

300 

10  000 

318 

1888 

6  400 

309 

52  200 

350 

93  000 

314 

4  200 

338 

» 

B 

w 

11  000 

3Î9 

1889 

5  400 

303 

47  800 

333 

93  000 

313 

6  000 

318 

2  000 

282 

« 

» 

9  400 

311 

1890 

4  600 

338 

49  800 

333 

94  000 

309 

» 

■a 

» 

» 

■ 

9  600 

326 

1891 

6  700 

312 

4  9  100 

309 

87  000 

297 

5  500 

326 

» 

» 

• 

42  700 

3Ô7 

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STATISTIQUE   DU  PLOMB 


469 


■  INERAIS  DE  PLOMB 

VALBURS   EN    FRANCS 


AUTWG 

BE 
Fr. 

ITAU 
Tonnes 

E 
Fr. 

SUÈDE 

RUSSIE 

ESPAO 
Tonnes 

NE 
Fr. 

ÉTATS- 
UNIS 

TOTAL 
approximatif 

du 
monde  entier 

Tonnes 

Tonnes 

Tonnes 

Tonnes 

Tonnes 

» 

» 

37  555 

242 

12  988 

« 

320  889 

87 

» 

796  807 

13  542 

190 

1* 

* 

11  800 

» 

367  623 

136 

74  000 

770  766 

14  765 

196 

46  300 

177 

13  700 

33  300 

364  000 

137 

823  364 

13  000 

182 

» 

« 

14  000 

28  500 

305  000 

128 

737  000 

15  900 

163 

47  400 

152 

15  900 

29  000 

357  000 

115 

607  000 

13500 

173 

41700 

140 

15  000 

30  000 

287  000 

118 

749  000 

13  800 

190 

39  841 

178 

» 

• 

365  000 

130 

671  000 

15  200 

192 

38  000 

183 

15  600 

38  000 

306  000 

138 

748  000 

12  500 

2i5 

35  000 

197 

Il  700 

37  500 

540  000 

124 

781  000 

12  800 

219 

37  000 

191 

16  600 

» 

» 

» 

\  023  000 

11300 

211 

» 

» 

» 

> 

- 

V 

1  065  000 

13  300 

197 

32  000 

212 

15  000 

30  000 

464  000 

81 

1  036  000 

DU  PLOMB 

iTALEURS    EN    FRANCS 


AUTRICHE 

ITAUE 

SUÈDE 

RUSSIE 

ESPAGNE 

ÉTATS-UNIS 

TOTAL 
approximatif 

du 
monde  entier 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

Tonnes 

Tonne» 

Fr. 

Tonnes 

Fr. 

Tonnes 

•• 

» 

» 

» 

197 

» 

7980  8 

2U 

9 

M 

3035  83 

9  382 

446 

n 

» 

380 

> 

90  672 

333 

n 

* 

262  777 

11  889 

419 

15  000 

370 

243 

573 

88  300 

310 

120  531 

II 

281  584 

11000 

376 

» 

» 

90 

540 

99  300 

298 

130  568 

» 

417  000 

12  100 

354 

15  000 

300 

400 

630 

88  300 

289 

127  000 

430 

452  000 

11800 

252 

16  500 

209 

270 

700 

8)000 

291 

117  000 

463 

414  000 

Il  100 

370 

19  508 

330 

200 

800 

106  000 

270 

123  000 

530 

422  000 

10  700 

382 

17  800 

309 

210 

1  000 

J27  000 

261 

146  000 

510 

474  000 

10  700 

413 

17  500 

337 

330 

580 

235  000 

343 

164  000 

500 

517  000 

10  500 

416 

18  200 

340 

2b0 

» 

» 

• 

186  000 

504 

630  000 

10  200 

410 

» 

» 

M 

» 

191  200 

• 

164  000 

504 

616  000    . 

10  300 

390 

17  800 

> 

299 

800 

.  » 

» 

147  000 

504 

581  000 

470  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

L'oxyde  de  plomb  anhydre  constitue  la  litharge;  Toxyde  Pb*  0*, 
le  minium  dont  les  emplois  sont,  à  leur  tour,  assez  divers  :  le  mi- 
nium sert  comme  matière  colorante;  fournit,  à  Tétat  de  mélange 
avec  la  céruse,  un  mastic  destiné  à  Juter  les  orifices  des  machines  à 
vapeur;  entre  surtout  dans  la  composition  du  cristal,  etc. 

Le  sulfate  de  plomb  est  utilisé  dans  la  fabrication  des  papiers 
peints,  du  vernis  des  cartes  dites  porcelaine,  etc. 

Le  carbonate  de  plomb,  ou  céruse,  donne  une  matière  colo- 
rante d'un  blanc  très  pur  et  très  opaque  qui  couvre  bien,  mais 
s'altère  rapidement,  etc. 

Les  minerais  de  plomb  commerciaux  sont  :  avant  tout,  le  sul- 
fure et,  accessoirement,  le  carbonate. 

Production  du  plomb.  —  Deux  tableaux,  insérés  plus  haut,  aux 
pages  468  et  469,  résument,  d'après  la  statistique  de  l'industrie 
minérale  française,  la  production  des  minerais  de  plomb  et  du 
plomb  dans  ces  dernières  années  : 

Par  ordre  d'importance,  on  en  déduit  : 


PRODUCTION  DES  MINERAIS  DE  PLOMB 


1889  1890  1891 

Espagne 540  000 1.  à  124  fr.  300  374  à     55,83  464  000         81 

Etats-Unis —  —  — 

(  Prusse.  ...  149  000  —  140  —  149  000  —  144  140  000  —  140] 

àîi^mnr^no  )  ^axc 30  000  —  169  —  30  000  —  31  500  —  182( 

Allemagne^  3^^.^^^  ...  u  400  -    94  4  400  —    94  4  400  —   94i 

[  Autres  pays  .  17  600  —  133  7  600  —  133  5  500  —  164; 

Australie j  12  600  —             (  48  000  —  134  500  —  505 

(plis 20  900  de  métal.^  plu 50  000  de  méUl. 

Hongrie gg  ooo  —    42  —  89  000  —  90  500  —   33 

Grande-Bretagne 49  000  —  221  —  46  000  —  221  45  000  —  202 

(  France  ...  20  000  —  219  —  26  000  —  205  26  000  —  183) 

France.  .  ]  «"•-Calédonie  500  —  150  —  2  500  —  150  2  500  —  150' 

(Algérie.  ...  720  —  196  —  400  —  174  550  —  156} 

Italie 37  000  —  197  —  32  187  —  202,16  32  000  —  212 

Russie 38  000  —  37  500  —  30  000  — 

Suède 16  600  —  16  600  —  15  000  — 

Grèce  (Laurium) 15  000  —  15  000  —  — 

Autriche 12  800  —  219  -  11  300  —  211  13  300  —  197 

Chili 3  300  —  2  100  —  — 

Bolivie,   Pérou,  Républi- 
que Argentine 2  600  —  2  600  —  — 

Belgique —  —  70  —  115 

Total  approximatif.  1  000  000  tonnes.      1  065  000  tonnes.  1  036  000  tonnes. 


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STATISTIQUE  DU   PLOMB 


471 


PRODUCTION  DE  PLOMB  MÉTAL 


1889 

1890 

1891 

Espagne  (1888). 

235000 

i.    à 

343  fr. 

191200 

191200 

États-Unis  <   .   . 

186  000 

— 

504  — 

164000 

147  000  à  504 

Prusse 

93  000 

— 

313  — 

94  000  à  309 

i  87  000  à  297 

Grande-Bretagne 

(11 500  impor- 

tations) .  .   . 

47  800 

— 

333  ~ 

49  800  à  333 

49  400  à  309 

Italie 

18  200 

— 

340  — 

17  768  h  320 

17  800 

Belgique.  .  .  . 

9400 

— 

311  — 

42  700  à  307 

12  700  à  307 

Grèce(export.  en 

Angleterre).   . 

11000 

— 

12000 

42000 

Autriche.   .   .  . 

10  500 

— 

416  - 

10  200  à  410 

10000  à  390 

Saxe 

6  000 

— 

318  — 

5  oOO  à  326 

5  500  II  326 

Bavière   et  au- 

tres pays  alle- 

mands. .   .   . 

6  000 

— 

318  - 

5  400  à  291 

5  400  à  291 

France 

5  400 

— 

303  — 

4  600  à  338 

0  700  à  312 

Australie.  .   .  . 

20  900 

— 

924  — 

50  000 

2 100  à  699 

Hongrie  .... 

3  035 

— 

305  — 

3  033 

1  300  à  355 

Russie 

1000 

tonx 

les. 

800 

630  000 

646  000  tonnes. 

581  000  tonnes 

Comme  le  montrent  les  tableaux  précédents,  VEspagne  es 
aujourd'hui  le  grand  centre  de  production  du  plomb  dans  le 
monde.  C'est  elle,  en  particulier,  qui  fournit  la  presque  totalité 
de  ce  métal  consommé  en  France. 

Espagne.  —  Les  provinces  d*Espagne  qui  produisent  du  plomb 
sont  celles  de  Murcie,  Jaen,  Almeria,  Badajoz,  Grenade,  Ciudad 
Real,  Gordoue,  etc.. 

Quelques  chiffres  donneront  une  idée  de  l'importance  de  leur 
extraction*  : 


1  Environ  30000  tonnes  de  plomb  sont  extraites,  aux  Etals-Unis,  de  minerais  mexi- 
cains. 

>  Les  chiffres,  empruntés  aux  statistiques  ofQcielles  espagnoles,  sont  notoiremest 
mexacts  et  ne  peuvent  être  considérés  que  cooame  un  minimum. 


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472 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


DISTRICTS 


Morcie  (Garthagène  et  Mazarron) .  .   . 

Jaen  (Linarès) 

Badajoz  (Pefiarroya,  etc.) 

Almeria  (Sierra-Àlmagrera) 

Grenade      

Giudad  Real  (Horcajo,  la  Uomana) .   . 
Gordoue  (Casiano  de  Prado,  etc.) .   .   . 

Total  (y  compris  divers  gîtes  accessoires) 


1861 


Gai.  arg. 

283  503 

18  006 

3  300 

38  659 

7  286 

755 

218 


357  519 


1869 


Gai.  arg. 
164  513 

67  271 
4  560 

56182 
4  072 
5148 
3400 


312  775 


1888 


Gai.  arg. 

140190 
81  815 
21528 
9  394 
3  782 
3  267 
1968 


265  379 


1890 


Gai.  arg. 

116911 
116  240 

28  712 
57  845 


464  000 


PRODUCTION  DE  MINERAIS    DE  PLOMB  DANS  LE   DISTRICT  DE 
LINARÈS-LA-CAROLINA 

1881.  .  118  325  t.  1885.  .  101535  t.  1889.    .  112500  t. 

1882.  .  110720  t.  1886.  .  115730  t.  1890.    .  116240  t. 

1883.  .  111738  t.  1887.  .  119987  t.  1891.   .  115  000  t. 

1884.  .  117  485  t.  1888.  .  114  300  t. 

Quant  à  la  production  de  plomb  métal,  qui  occupe  1  819  ouvriers 
et  337  femmes,  elle  se  décompose  ainsi,  en  1888  : 

Murcie  (29  usines) 38  247 

Gordoue  (3  usines) 35  740 

Jaen  (usines  de  la  Fortuna,  la  Tortilla  et  la  Cruz  à  Linarès).  32  558 

Guipuzçoa  (usine  de  Capuchinos  à  Renteria) 8  520 

Almeria  (9  usines) 6  700 

Malaga  (usine  de  Heredia) 3  352 

Giudad-Réal  (usine  de  Puertollano) 1  409 

Total (25  386 

L'exploitation  des  mines  s'est  développée  en  Espagne  à  la  suite 
de  la  loi  de  1825,  qui  leva  l'interdit  existant  jusqu'alors  sur  cette 
industrie,  et,  tout  d'abord,  dans  les  sierras  de  Gador  et  d'Alma- 
grera,  connues  de  longue  date  pour  les  exploitations  antiques 
dont  les  restes  y  subsistaient.  Les  provinces  de  Murcie  et  d'Alme- 
ria  (Garthagène,  Aguilas,  etc.)  se  couvrirent  alors  d'un  très 
grand  nombre  de  concessions  et  il  en  résulta  un  gaspillage  qui, 
de  1860  à  1870,  alors  que  les  autres  mines  de  plomb  espagnoles 
commençaient  à  se  développer,  arrêta  l'essor  de  ces  centres 
plus  anciens.  Jusqu'en  1877,  on  voit  les  chiffres  d'extraction  de 
la  province  de  Garthagène  décroître  fortement;  à  partir  de  1877, 
au  contraire,  la  production  du  plomb  y  a  augmenté  de  nouveau, 


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STATISTIQUE  DU   PLOMB  473 

maïs  surtout  par  Timportation  des  minerais  des  régions  voisines, 
en  particulier  de  Linarès. 

Cependant  la  province  de  Murcie,  c'est-à-dire  le  district  de 
Carthagène  avec  les  exploitations  voisines,  reste  encore,  après  le 
district  de  Linarès,  la  région  la  plus  productrice  de  plomb. 

C'est  là,  en  particulier,  que  se  trouve  Timportant  district  de 
Mazarron  (C***  de  Aguilas,  de  la  Union,  etc.),  qui  a  produit,  en 
1890,  88  520  tonnes  de  minerai  de  plomb  argentifère. 

Le  districtde  Linarès  (Jaen),  d'une  importance  croissante,  prod"^^ 
à  peu  près  H5  000  tonnes  de  minerai  de  plomb  à  75  p.  100  par  an. 

Dans  la  province  de  Badajoz,  Peûarroya  (la  Oscuridad,  etc.), 
arrive  à  12  000  tonnes  de  plomb  et  environ  20  000  kilogrammes 
d'argent*.  D'autres  exploitations  appartiennent  à  la  Société  de 
Aguilas,  au  baron  d'Eichthal,  etc. 

Dans  le  district  d'Almeria,  les  mines  sont  celles  de  la  Sierra 
Almagrera.et  de  la  Sierra  de  Gador. 

Dans  la  province  de  Ciudad-Réal,  THorcajo  (Nuevo  Peru  y  sus 
Aumentos)  extrait  70  000  tonnes  et  occupe  1  500  ouvriers.  La 
Romana  est  comptée  pour  300  tonnes  en  1888. 

En  1891,  on  a  commencé,  en  outre,  des  exploitations  nou- 
velles à  Yillalba  del  Alcor  (Huelva),  à  El  Galayo  (Se ville),  etc. 

Dans  cette  même  année,  l'Espagne  a  exporté  140  000  tonnes 
de  plomb. 

Etats-Unis.  —  Après  l'Espagne,  viennent  les  Elats-Unis,  où  la  pro- 
duction de  plomb  a  passé  de  1  350  tonnes  en  1825,  à  20000  tonnes 
en  1871,  88  000  en  1880,  186  000  en  1889  et  47  000  en  1891. 

La  presque  totalité  de  ce  plomb  provient  de  minerais  argentifères. 

Les  échanges  constants  de  minerai,  qui  se  font  entre  les  diffé- 
rents États  des  Montagnes  Rocheuses,  rendent  assez  difficile  d'éta- 
blir la  répartition  de  la  production  par  mines.  Idaho  fond  peu  de 
ses  minerais  et  les  expédie  à  TUtah,  au  Montana,  au  Colorado; 
rUtah  en  reçoit  d'autres  sources  et  expédie,  par  contre,  certains 
de  ses  minerais. 

En  gros,  on  peut  donner  la  répartition  suivante  : 

'  La  statistique  de  1888  mentionne,  dans  cette  province,  une  seule  usine  en  activité, 
à  lo8  Almadenes,  ayant  donné  270  tonnes  de  plomb  métal. 


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474 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


1880 

1887 

1889 

Tonnes 

Tonnes 

Colorado   (Leadville) . 

U  000 

57  000 

63  700 

Missouri  et  Kansas.   . 

28  000 

26  400 

» 

Idaho 

1  800 

48  000 

22  400 

Utah 

15  000 

22  000 

45  000 

Montana 

» 

40  000 

9  400 

New-Mexico 

.. 

• 

4  300 

Arizona 

» 

» 

28  800 

Nevada 

16  000 

3  500 

4  800 

Les  fondeurs  du  Colorado  ont  obtenu,  en  1887,  67  000  tonnes 
de  plomb,  dont  57  000  tonnes  environ  venant  de  la  province  même 
et  10  000  tonnes  d'États  voisins. 

Le  grand  centre  minier  du  Colorado,  et  même  des  Etats-Unis 
entiers,  est  Leadville  qui  a  produit  :  en  1887,  31  000  tonnes  de 
lingots  fondus  et  35  000  tonnes  de  minerais  siliceux  ou  sulfurés; 
eu  1890,  45  500  tonnes  de  plomb.  Il  arrive,  d'ailleurs,  à  Leadville, 
une  forte  proportion  déminerais  d'autres  centres. 

Dans  le  district  de  Monarch,  la  mine  Madonna  est  tombée  de 
40  600  tonnes  de  minerai  en  1886,  à  15  300  en  1887;  la  mine 
Eclipse  a  passé  en  tète  avec  36  600  tonnes. 

Le  Missouri  et  le  Kansas,  où  les  minerais  de  plomb  sont  généra- 
lement associés  à  des  minerais  de  zinc,  ont  été  en  progrès  notable 
jusqu'en  1887;  depuis,  ils  sont  restés  assez  stalionnaires.  Au  S.-O., 
l'Aurora  et  la  Dwight  smelting  C**  ont  produit  8  600  tonnes;  la 
Saint-Joseph  Lead  C^  à  Bonne  Terre,  environ  13  700  tonnes  :  en 
tout,  environ  26400  tonnes  de  minerai.  En  1887,  le  Kansas  tx  pro- 
duit 2  200  tonnes  de  plomb. 

làUlah  a  produit,  en  1887  : 

Germania  lead  works 3  269  tonnes 

Hanauer 5  465       — 

Mingo  furnace  Company 2  363      — 

40  097  tonnes. 
Plomb  contenu  dans  les  minerais  expédiés  au  dehors      9  595      — 

Total 20  692  tonnes. 

Les  mines  d'Ontario,  Daly  et  Cresceut  expédient,  à  peu  près, 
20  000  tonnes  de  minerai;  Ontario  :  9  900,  soit  2  050  tonnes 


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STATISTIQUE   DU  PLOMB  475 

de  plomb  ;  Daly,  3  300  tonnes,  soit  790  tonnes  de  plomb  ;  Cres- 
cent,  5  900  tonnes  de  minerai. 

Le  district  de  Bingham  Gaflon  arrive  à  24  400  tonnes  de  minerai, 
avec  Brooklynled,  Lead  mine,  etc.  Ces  minerais  tiennent,  en 
moyenne,  36  p.  1 00  de  plomb,  12  onces  d'argent  et  10  à  15  francs  d'or. 

Le  district  de  Tintic,  avec  les  deux  grandes  mines  de  Eurêka  Hill 
et  Beck  and  Bullion,  arrive  à  32  500  tonnes,  dont  11  200  de  fondant 
fernigineux.  On  atteint  ainsi,  pour  TÉtat  :  66  000  tonnes  de  minerai, 
ou  22  000  tonnes  de  plomb  en  1887;  15  000  tonnes  de  plomb  en  1889. 

là'Idaho  a  produit  :  en  1887,  environ  18  000  tonnes  de  plomb; 
en  1889,  21  000,  dont  un  tiers  fondu  sur  place,  le  reste  expédié 
en  minerais  en  Montana,  Colorado,  Californie,  etc. 

Dans  ce  tolal,  la  région  de  Wood  River  entre  pour  environ 
6400  tonnes  de  plomb;  la  Viola  Mining  and  Smelting  Company 
à  Nicholia,  comté  de  Lemhi,  pour  4  400.  Puis,  dans  la  région  de 
Cœur  d'Alêne,  la  Bunker  Hill  and  Sullivan  a  produit  9  000  tonnes 
de  plomb  argentifère. 

En  1888,  on  avait  : 

Bunker  Hill  and  Sullivan 7  800  tonnes. 

Tiger 6  200      — 

Poorman 3600      — 

En  Montana^  la  principale  mine  est  THelena  Mining  and 
Réduction  Company  de  Wickes,  qui  a  produit,  en  1887,  environ 
6  600  tonnes  de  plomb;  puis  vient  THécla  Cons.  Min.  C* 
de  Glendale  qui  a  produit,  en  1887  :  2  400  tonnes  de  plomb, 
476  719  onces  d'argent  et  60  tonnes  de  cuivre. 

La  production  totale  de  TEtata  été,  en  1889,  de  9  000 1.  de  plomb. 

Dans  le  Nevada^  les  deux  mines  importantes  sont  Richmond 
Consolidated  :  2  000  tonnes,  et  Eurêka  Consolidated  :  1 120  tonnes. 
En  tout,  on  atteint  3  500.  Jusqu'en  1880,  la  production  de  cet 
État  était  beaucoup  plus  forte  :  31  500  tonnes  en  1878,  22  400  en 
1879,16  200  en  1880. 

En  dehors  de  ces  États,  V Arizona^  qui,  jusqu'ici,  ne  fond  pas 
de  plomb,  a  produit,  en  1889,  des  minerais  qui  en  contenaient 
2  800  tonnes. 

Les  régions  qui  se  sont  développés  récemment  sont  le  Cœur 
d'Alêne  en  Idaho  et  le  Missouri. 


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476 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


En  outre,  le  Mexique  expédie,  dans  la  province  de  New-Mexico, 
des  minerais  de  plomb  argentifères,  provenant  surtout  de  la  Sierra 
Mojada  dans  Tétat  de  Coahuila  et  produisant,  à  peu  près,  15  000 
tonnes  de  plomb  par  an. 

Allemagne.  —  En  Allemagne,  la  production  de  minerais  pré- 
parés se  divise  ainsi  par  régions  : 

Rhin  (Gobleoz ,  Dûsseldorf,  Cologne,  isso 

Trêves,  Aix-la-Chapelle) 61  352  t.  de  min. 

Harz  (Clausthal) 42 165        — 

Silésie  (Breslau,  Oppeln) 17  766        — 

Nassau 24  687         — 

Westphalie  (Àrnsberg)      8  048        — 


1890 

60  080  t.  de  min. 
33  711    — 
32  503    — 
12  055    — 
10  262    — 


134  018  t.  de  mÎD. 


Saxe 


147155  t.  de  min. 
31  500  t. 


La  production  totale  a   passé  de  105  290  tonnes  en  1870,  à 
154  018  en  1880  et  179  000  en  1890. 
La  production  de  plomb  métal,  se  répartit  ainsi,  en  1890  : 


District  de  Bonn  (Province  Hhénane). 
Districts  de  Breslau  et  Halle  (Silésie). 

District  de  Clausthal  (Harz) 

District  de  Dorlmund  (Westphalie)   . 


60  228 

19  713 

11147 

43_ 

91132 


Autriche-Hongrie. — V Autriche-Hongrie  produit  environ  100  000 
tonnes  de  minerai,  mais  dont  la  majeure  partie  (90  000  t.),  prove- 
nant de  la  Hongrie,  se  compose  de  minerais  bruts  de  valeur  minime. 
La  répartition,  par  provinces,  peutse  faireen  Autriche,  commesuit: 


MINES 
8 

33 
8 

1 
2 

AUTRICHE 

1870 

1880 

1891 

Bohême  (FiuVib,  ■!••) 

CariQthie(liikl,ff4lijsck«-€«i.).  . 

Galicie • 

Tyrol  (8chif«ker|,  likMtoit,  T«Mt) . 

Carniole  (L  uiij 

Moravie  (Atlii4«rf,Birikai).  .    .    . 
Styrie 

Tonnes 
1  014  fil. 
....,^.«1. 
5147 
558 
1996 

47 

» 

> 

Tonnes 

1  867  fil. 

.    .fal.irf. 
6  927 

665 

587 

» 

Tonnes 
2  474fal. 
14  538|al.arf. 
8216 
1909 
456 
202 
72 
32 

Totaux 

10  456 

10  482 

103  861 

En  Hongrie,  on  a  eu,  en  1890,  pour  les  minerais  de  plomb  : 


Be8zterczebanya(SchemDitz)    86  552  t.  de  gai.  argent. 
Zalatna  (Transylvanie).  .   .      2918  —  et 

Nagybanya »  — 


4274  t.  de  galène- 
5830         — 


Total 89  470  t.  de  gai.  argent,  et    10 104 1.  de  gaIène^ 


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STATISTIQUE   DU  PLOMB 


477 


pour  le  plomb  métal  et  le  litharge 


Nagybanya.  .  . 
Zalatna  .... 
Beszterczebanya 


819  tonnes  de  plomb  et 

274  — 

171  — 


197  t.  de  litharge 
»  — 


Total 1  264  tonnes  de  plomb  et        197  t.  de  litharge 

Angleterre.  —  En  Angleterre^  la  production  de  minerais  de  plomb 
a  varié»  comme  suit  : 


ANNÉES 


1856 

1870 
1872 
1874 
1876 


UINERAI  DE   PLOMB 


103  609  tonnes 
99  747   — 
82  869   — 
77  379   — 
80  361   — 


ANNÉES 


1878 

1880 
1881 
1889 
1890 


UINERAI  Dl  PLOMB 


78  588  tonnes 
73  412      — 
62  737      — 
49  000      — 
46  000 


Elle  se  répartissait,  vers  1880,  de  la  manière  suivante,  entre 
les  divers  districts  : 

MiirsEAi  ra  noMB  amskht 

16  869  tonnes     58  318  onces. 


Northumberland  (30  mines) .   .   . 

(Cale.  carboDifère  de  la  chaîne  pennine). 

Montgomeryshire  (13  mines).   .   .  9  041  — 

(Gamorosilunen). 

Shropshire  (7  mines) 7  713  — 

(GambrosUurien).  (5  955  je  plomb). 

Denbighshire  et  Flintshire  (45  mi- 
nes)    5  963  — 

(Carbonirère). 

Cardiganshire  (31  mines) ....  5  850  — 

*  (Silurien). 

Yorkshire 4 198  — 

Uc  de  Man 3  920  — 

Cornwall 2  727  — 

Cumberland 2  667  — 

Derbyshire 2  264  — 

Carnarvonshire 2  144  — 

Westmoreland 1  581  — 


2  748      — 

26  397      — 

47  284      — 


En  1891,  on  a 


Angleterre 


Ecosse  .   . 
Irlande.   . 


Durham 7  709  tonnes  de  minerai. 

Flintshire 5  233  — 

Derbyshire 4  582  — 

Northumberland 3  264  — 

Cumberland 2  609  — 

Cardiganshire 2 184  — 

Shropshire 1893  — 

Yorkshire 1 523  — 

Westmoreland 1 476  — 

Denbighshire 1223  — 

Lamarkshire 2117  — 

Dumfriesshire '    2047  — 

Wicklow 10  — 

lie  de  Man 6  789  — 

Total  pour  le  Royaume-Uni.  44  570  -— 


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478 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


ftussie.  —  La  Russie  (Pologne)  a  produit,  en  1889,  38  000  tonnes 
de  minerai  et  seulement  1 000  tonnes  de  plomb. 

De  1867  à  1876,  la  production  moyenne  n'était  que  de  1  387 
tonnes  par  an. 

Italie.  —  là'Italie  produit  environ  35  000  tonnes  de  minerai  de 
plomb  par  an.  La  majeure  partie  vient  de  la  Sardaigne  :  district 
dlglésias  et  Sarrabus*;  un  peu  de  la  Toscane  et  de  la  Calabre. 

La  production  de  lltalie  a  été  : 


ANNÉES 

ITAUE 

-" ^1 

IGLESIAS                                  1 

Tonnes                                         Francs 

Tonnes                                              Krsnrs 

1860 

10  407  minerai  valant  3  015  000 

9165  minerai  valant  2  750  924 

1870 

26  352             —              6  577  000 

25  000             —             6  310  000 

1880 

37  555             —             9  096  000 

36143             —             8  934  000 

1890 

32187             —             6  507  69* 

31705             —             6  430  607 

Une  usine,  située  à  Lerici  (Pertusola),  dans  la  province  de  Gènes, 
a  produit,  en  1890, 17  768  tonnes  de  plomb  et  34  248  kilogrammes 
d'argent. 

Australie.  — V Australie  n'avait,  jusqu'en  1880,  qu'une  produc- 
tion insignifiante  de  quelques  tonnes  de  plomb.  En  1889,  elle 
a  produit  20  900  tonnes  de  plomb  métal,  plus  12  600  tonnes 
de  minerai  exporté  ;  en  1891,  134  000  tonnes  de  minerai. 

France.  —  En  France,  les  minerais  de  plomb,  généralement 
argentifères,  ont  été  exploités  principalement  à  Pontpéan,  dans 
rille-et- Vilaine  et  aux  mines  appartenant  à  la  compagnie  de  Pont- 
gibaud,  dans  le  Puy-de-Dôme  ;  ensuite,  à  Villefranche  et  à  As- 
prières,  dans  TAveyron  ;  à  Sentein  et  à  Moncoustans  dans 
TAriège  :  à  Pierrefitte  dans  les  Hautes-Pyrénées  ;  aux  Bormettes, 
dans  le  Var  (mines  très  développées  depuis  1889)  ;  à  Vialas,  dans 
la  Lozère;  aux  Malines,  dans  le  Gard,  etc. 

1  Voir  plus  haut,  pag^  387,  pour  la  province  d'Iglesias  et  plus  loin,  à  VArgent,  pour 
le  Sarrabus. 


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STATISTIQUE   DU   PLOMB 


479 


r 


MINERAIS  DE   PLOMB  ET  ARGENT,  1886 


ToDOM    Francs 

Pontpéan 6  364  à  184,  30 

Traité  à  Couëroii  (Loire- 
Inférieure)    et     Selai- 
irneaux  (Belgrique). 
y We franche  t-t  Atprières.      2  000  à  389, 15 

(Angleterre,  Pont  gibaud). 
Péfugibaud  .......      24î3à2l6,48 

(Pontgibaud  et  Stolbcrg 
en  Allemagne). 
Pierrefitte 669  à  237,42 

(Angleterre). 
^orm«?«e»  (Var) 500  à  230,00 

(Traité  à  Anvers). 
Sentein  et  Atoneotutans .   .         676  à  2 1 9, 63 

(France,  Swnnsea). 

Vinlas 317  à  312. 00 

Matines 18i  à  191.00 

Total 14  672  à  208,00 


MINERAI  DE  ZINCf1886 


Tonnu    Franc*  Francs 

748  à  17,59  =    13  158 


182  à  44,  22  a  8  048 
2  10ià60,00=^  131  520 
1069  à  35,00=    37  415 


MINERAIS  DR  PLOMB  ET  ARGENT 

1891 

TooMs       Francs 

Francs 

8  133  à  163,39 

= 

1  328  850,87 

6  114  à  208,70 

= 

1  275  994,  00 

2  423  à  213,10 

= 

516  769.00 

1  994  à  260.84 

= 

521  120,00 

1  660  à  172,22 

= 

285  881,20 

592  à  170,42 

= 

100  891,00 

203  à  326, 50 
111  à  110,00 

~ 

66  452,00 
li  210.00 

21  232  à  193,50 

4  108  172,07 

La  France  consomme  environ  36  000  tonnes  de  plomb  par  an, 
dont  un  dixième  seulement  provient  des  gisements  français. 

Belgique.  —  La  Belgique,  qui,  en  1880,  produisait  encore 
6  434  tonnes  de  minerai  de  plomb,  n*en  a  plus  produit  que  70  en 
1891  ;  mais,  par  suite  de  l'importation  de  minerais  étrangers,  elle 
arrive  encore  (1891)  à  12  700  tonnes  de  plomb  métal. 

Prix  des  minerais  de  plomb.  —  U estimation  d'un  minerai  de 
plomb  dépend,  avant  tout,  du  prix  du  métal  qui  a  varié,  de  1860 
à  1892,  comme  l'indique  le  tableau  suivant,  donnant  les  prix 
moyens  par  100  kilo;jrammes  à  Marseille  : 


Francs 

Francs 

Francs 

Francs 

1860 

50,  50 

1869 

44,00 

1878 

44,70 

1887 

31,50    1 

1861 

49,00 

1870 

44,00 

1879 

35,50 

)888 

35,40 

18Ô2 

46,60 

1871 

46,00 

1880 

38,50 

1889 

32,00 

1863 

47,70 

1872 

45,00 

1881 

35,50 

1890 

32,00 

186i 

49,00 

1873 

51,00 

1882 

34,00 

1891 

28,00 

1865 

48,00 

1874 

53,50 

1883 

32,00 

1892 

27,00» 

1866 

47,00 

1875 

51,80 

1884 

28,20 

1^67 

47,00 

1876 

52,20 

1885 

28,20 

1868 

45,50 

1877 

50,50 

1886 

31.70 

Elle  dépend  également,  la  plupart  des  galènes  étant  argentifères, 
du  cours  de  l'argent. 

*  On  cote,  en  janvier  1893,  26  francs  les  100  kilogrammes. 


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480  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Ceci  posé,  pour  avoir  la  valeur  d'une  tonne  de  galène  à  60  p.  100 
de  plomb  et  750  grammes  d'argent  à  la  tonne,  par  exemple,  on 
fera  le  calcul  suivant  : 

Déduisons,  pour  le  traitement  métallurgique,  7  unités  de  la  teneur 
en  plomb  et  comptons,  en  moyenne,  65  francs  de  frais  de  fusion, 
nous  avons,  le  plomb  étant  à  0,32,  530  x  0,32  —  65  =  101  ; 
750  grammes  d'argent  à  192  francs,  moins  60  francs  de  désargen- 
tation,  donnent  84  francs.  Du  total  (185  francs) ,  il  reste  à  retran- 
cher 5  p.  100  pour  l'escompte  commercial  et  les  frais  de  trans- 
port. 

Cette  formule  dépend  naturellement  des  usages  locaux  :  c'est 
ainsi  qu'à  Linarès  (Espagne),  on  compte  les  frais  de  fusion  à 
56,25  ;  et,  pour  l'évaluation  rapide  de  la  valeur  d'un  minerai,  on 
a  adopté  une  sorte  d'étalon  de  8  francs  par  quintal  castillan  de 
46  kilogrammes  pour  une  galène  à  75  p.  100  de  plomb  *,  le  cours 
du  métal  à  Londres  étant  de  325  francs  ;  pour  chaque  livre  sterling 
de  variation  sur  le  marché  anglais,  il  suffît  d'ajouter  ou  de  retran- 
cher 0,75  du  prix  du  quintal. 

Pour  les  carbonates  on  estime,  en  moyenne,  à  Linarès,  3  francs 
à  3  fr.  50  centimes  le  quintal  castillan  à  45  p.  100  de  plomb  pour 
le  même  cours  du  plomb. 

En  Sardaigne,  nous  avons  donné*  une  formule  de  vente: 

V  =  ^^~o  ^  +  Ag.  p  -  FF  -  fp  -  transport 

où  V  représente  la  valeur  du  quintal  en  francs;  t  la  teneur  en 
plomb;  a,  une  constante  qui  varie  de  6,  7  à  8;  P,  le  prix  du  quin- 
tal de  plomb;  Ag,  le  prix  courant  de  l'argent;  p,  le  poids  de  l'ar- 
gent; FP  et  fp,  les  frais  de  fusion  et  de  désargentation. 

L'évaluation  de  la  valeur  cTun  filon  est  nécessairement  plus 
complexe.  Elle  comprend  :  d'une  part,  l'appréciation  de  l'épais- 
seur réduite  du  filon,  ou  de  sa  valeur  par  mètre  carré  de  sur- 
face, ainsi  que  de  sa  longueur,  la  profondeur  étant  forcément 
une  inconnue  ;  puis,  l'estimation  de  la  teneur  en  plomb  et  en 
argent  à  laquelle  oa  peut  arriver,  suivant  les  cas,  par  la  prépa- 

*  Ces  galènes  ne  sont  iiue  fort  peu  argentifères. 

*  Page  394. 


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ESTIMATION   D'UN   FILON   DE   PLOMB  481 

ration  mécanique  ;  enfin,  par  contre,  le  devis  des  dépenses  cor- 
respondantes. 

On  apprécie,  en  général,  un  filon  d'après  la  valeur  du  mi- 
nerai contenu  dans  un  mètre  carré  de  surface,  suivant  le  plan 
du  filon  ;  la  même  base  étant  adoptée  pour  le  calcul  des  dépenses. 
A  cet  effet,  on  supposera  rapprochées  Tune  de  l'autre  et  jux- 
taposées les  plaquettes  compactes  de  substances  utiles,  galène, 
blende  et  pyrite,  comprises  dans  la  largeur  du  filon,  que  nous 
admettrons  être  lui-même  plus  étroit  qu'une  galerie  ordinaire 
de  mine  (1™,20  à  1"*,50).  On  conçoit  ainsi  un  filon  idéal,  dont  l'épais- 
seur est  nommée  épaisseur  réduite.  Quelle  que  soit  cette  épaisseur 
réduite,  les  dépenses  d'exploitation  resteront  les  mêmes  par  mètre 
d'avancement  et  par  mètre  de  hauteur,  c'est-à-dire  par  mètre 
carré  de  surface  de  filon,  puisqu'il  faudra  toujours  faire  une 
galerie  assez  lai^e  pour  que  l'ouvrier  puisse  y  travailler  ;  nous 
n'avons  donc  qu'à  rechercher  la  valeur  du  minerai  contenu  dans 
ce  mètre  carré. 

Considérons  un  filon  de  8  centimètres  d'épaisseur  réduite,  dont 
1,3  en  galène  et  6,7  en  blende,  il  contiendra,  par  mètre  carré  :  1,3 
X  10000  X  7,5,  soit  97%5  de  galène  à  86,6  p.  100  et  6,7  x  10000 
X  4,  soit  268  kilogrammes  de  blende  à  67  p.  100  ;  10000  étant 
le  nombre  de  centimètres  carrés  contenus  dans  un  mètre  carré, 
7,5  le  poids  spécifique  d'une  galène  théorique  à  86,6  p.  100  et  4 
celui  d'une  blende  à  67  p.  100  *.  Chaque  centimètre  d'épaisseur 
de  galène  correspondrait,  en  particulier,  dans  cette  évaluation,  à 
75  kilogrammes. 

Mais  il  faut  tenir  compte  des  pertes  d'exploitation  et  de  lavage. 
Celles-ci  sont  très  variables,  comme  nous  l'expliquerons  plus  loin, 
suivant  la  nature  du  minerai  et  les  procédés  de  préparation  méca- 
nique. Si  on  les  estime,  en  moyenne,  à  20  p.  100  pour  la  galène, 
on  voit  que  le  centimètre  d'épaisseur  donne  seulement,  par  mètre 
carré,  80  x  75  ou  60  kilogrammes. 

Par  contre,  on  n'enrichit  pas  ordinairement  le  minerai  jusqu'à 

*  On  voit  que,  pour  passer  de  l'épaisseur  réduite  en  millimèlres  au  poids  de  mi- 
nerai en  kilogrammes  par  mètre  carré,  il  suffît  de  multplier  par   le  poids  spécifique. 

Le  poids  spécifique  de  la  galène  est  de  7,2  à  7,7  ;  celui  de  la  blende  de  3»9  à  4,2  ;  la 
teneur  de  la  galène  est  de  86,60  p.  100  de  plomb  ;  celle  de  la  blende,  de  67  p.  100  de  zinc. 

GéOLOGIE.  —  T.  II.  31 


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482  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

obtenir  de  la  galène  pure.  Au  lieu  d'arriver  à  une  galène  théorique 
tenant  86,6  p.  100  de  plomb,  on  n'obtient  qu'une  galène  à  une 
teneur  de  69  p.  100,  par  exemple;  dès  lors,  le  rendement  par 
centimètre  et  mètre  carré  devient,  en  réalité,  dans  ce  cas  : 

oa  A 

60  X  -T^  ou  75  kilogrammes  de  galène  à  69  p.  iOO. 

chiffre  moyen  qui  est  souvent  adopté  dans  les  évaluations. 

En  multipliant,  dès  lors,  le  poids  par  l'épaisseur  réduite  et  le 
prix  du  plomb,  ajoutant  la  valeur  de  l'argent  contenu  et  faisant 
un  calcul  semblable  pour  la  blende,  on  aura  la  valeur  du  filon  au 
mètre  carré  en  un  point  ;  et,  si  on  a  eu  soin  de  noter  les  épais- 
seurs réduites  au  fur  et  à  mesure  de  l'avancement  des  galeries  en 
direction  et  en  inclinaison,  on  saura  approximativement  la  valeur 
représentée  par  les  massifs  ainsi  découpés. 

Mais  nous  venons  de  supposer  implicitement  que  nous  connais- 
sions la  teneur  en  argent  finale,  teneur  absolument  dépendante 
de  la  formule  de  la  préparation  mécanique  qui,  d'autre  part, 
interviendra  dans  la  quotité  des  dépenses.  Il  faut  donc  indiquer 
comment  on  procédera  pour  régler  celle-ci  : 

Quelle  que  soit  la  substance  à  laver,  il  est  évident  qu'il  y  a 
lieu  de  continuer  à  enrichir  un  minerai,  c'est-à-dire  en  séparer  le 
stérile,  tant  que  les  frais  de  préparation,  augmentés  de  la  perte  de 
minerais  ténus  au  lavage,  ne  surpassent  pas  l'augmentation  de 
valeur  qui  en  résulte  *. 

Quand  la  galène  est  argentifère,  ce  chapitre  des  pertes  au  lavage 
prend  une  importance  capitale,  les  minerais  argentifères  très  ténus 
étant  toujours  des  premiers  éliminés.  C'est  ainsi  qu'à  Pontpéan 
on  a  constaté  qu'en  arrivant  à  75  p.  100  de  sulfure  de  plomb,  on 
perdait  jusqu'à  30  p.  100  de  plomb  et  50  à  60  p.  100  de  l'aident; 
au  contraire,  en  n'enrichissant  qu'à  50  p.  100,  la  perte  en  argent 
se  réduisait  à  30  p.  100. 

Suivant  la  nature  de  la  gangue,  la  préparation  est  d'ailleurs 
plus  ou  moins  facile  :  avec  le  quartz,  qui  est  la  gangue  la  plus 
favorable,  on  peut  généralement  pousser  jusqu'à  78  et  80  p.  100 

1  Voir  Garnier,  sur  Vialas  :  Ind.  min.^  1875. 


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GÉNÉRALITÉS  GÉOLOGIQUES   SUR  LES   gItES  DE  PLOMB  483 

de  sulfure.  D'une  façon  générale,  plus  le  minerai  à  laver  est  riche, 
et  plus  la  préparation  a  besoin  d'être  complète;  plus,  par  suite,  elle 
est  coûteuse. 

En  tenant  compte  de  cet  élément  et  en  laissant  toute  la  marge 
compatible  avec  les  variations  inévitables  suivant  les  mines, 
suivant  la  profondeur,  suivant  la  difficulté  de  Fépuisement,  etc., 
on  peut  évaluer  les  dépenses  par  mètre  carré  de  sulfure  de  filon 
(exploitation  et  préparation  mécanique)  de  60  à  80  francs. 

Dès  lors,  on  peut  conclure  dans  chaque  cas  l'épaisseur  réduite 
nécessaire  pour  qu'un  filon  soit  pratiquement  exploitable. 

A  Pontpéan,  on  a  exploité  fructueusement  une  épaisseur  réduite 
de  6  à  5  centimètres  avec  une  teneur  de  52  p.  100  de  plomb,  et 
de  1  kilogramme  d'argent  à  la  tonne.  En  1885,  par  exemple, 
on  avait  56  millimètres  de  galène. 

Dans  la  Haute-Garonne,  des  filons  complexes  étaient  exploitables 
quand  ils  avaient  une  épaisseur  réduite  de  8  centimètres  (1,3  en 
galène  et  6,  7  en  blende),  etc.. 


GÉNÉRALITÉS  GÉOLOGIQUES   SUR  LES 
GISEMENTS  DE  PLOMB 

Au  point  de  vue  géologique,  les  gisements  de  plomb  se  pré- 
sentent dans  des  conditions  assez  analogues  aux  gisements  de  zinc 
que  nous  avons  étudiés  dans  un  chapitre  précédent,  et  les  deux 
métaux,  dont  les  propriétés  chimiques  sont  voisines,  se  rencontrent 
même  très  fréquemment  associés. 

C'est  ainsi  que  nous  trouverons  le  plomb,  comme  le  zinc,  exploité 
sous  deux  formes  essentielles,  le  sulfure  et  le  carbonate  :  le  carbo- 
nate existant  uniquement  dans  des  terrains  calcaires;  nous  aurons, 
de  même,  à  faire  une  distinction  capitale  entre  les  gisements  situés 
dans  des  terrains  inattaquables  :  granité,  gneiss,  quartzites,  schistes, 
etc.,  gisements  qui  se  réduisent  à  des  remplissages  de  fentes  plus 
ou  moins  complexes  et  ceux  intercalés  dans  des  calcaires  atta- 
quables, qui  prennent,  le  plus  souvent,  la  forme  de  gîtes  de  substi- 
tution. 

Cependant  nous  serons  en  droit  d'affirmer,  pour  le  plomb,  un 


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48i  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

fait  qui,  pour  le  zinc,  était  resté,  tout  au  moins,  douteux,  c'est 
que  tout  le  plomb  exploité  a  commencé  par  se  déposer  à  l'état  de 
sulfure  (galène)  et  que  les  autres  sels,  carbonate,  sulfate,  phos- 
phate, chlorure,  etc.,  n'en  sont  jamais  que  des  produits  d'alté- 
ration limités  au  voisinage  de  la  surface. 

Avant  toute  chose,  il  est  bon  d'insister,  d'une  façon  générale, 
sur  les  conditions  de  ce  dépôt  en  reprenant  une  discussion  déjà 
engagée  à  propos  du  zinc  et  du  cuivre. 

Quelle  que  soit  Thypothèse  admise  sur  le  mode  de  formation 
des  gisements  de  plomb,  qu'on  les  fasse  provenir  d'un  lessivage 
secondaire  des  roches  encaissantes  ou  de  fumerolles  dégagées 
par  ces  roches  au  moment  de  leur  ascension  dans  Técorce,  on 
n'en  doit  pas  moins  admettre,  comme  pour  l'étain  et  le  cuivre, 
(quoique  moins  nettement),  une  relation  d'origine  entre  le  métal 
et  certaines  roches. 

C'est  ce  que  divers  chimistes  ont  essayé  de  prouver  par  des 
analyses  très  minutieuses  de  ces  roches  elles-mêmes,  où  ils  ont 
souvent  rencontré,  à  Tétat  de  traces  infinitésimales,  les  métaux 
concentrés  au  voisinage.  Bischof  *,  le  premier,  est  entré  dans  cette 
voie,  où  il  a  été  suivi  par  Sandberger  *.  Lorsque  nous  aurons  à  parler 
des  grands  gisements  de  plomb  américains,  de  Leadville*  et 
Eurêka  par  exemple,  nous  verrons  comment  la  même  méthode  a 
été  appliquée  par  les  géologues  américains. 

Ces  investigations,  si  intéressantes,  prêtent  cependant  à  une 
objection,  si  l'on  veut  en  conclure,  comme  les  chimistes  en  ques- 
tion, que  la  concentration  du  métal  est  un  fait  postérieur  à  la  con- 
solidation de  la  roche. 

En  effet,  la  logique  voudrait  que  les  roches  mères,  dont  provient 
un  amas  de  métal  important,  fussent  précisément  plus  appauvries 
en  ce  métal  que  les  roches  éloignées  du  gisement  et  n'ayant  pas 
subi  d'altération;  en  outre,  malgré  la  possibilité,  pour  les  eaux,  de 
pénétrer  dans  toute  la  masse  d'une  roche  par  porosité,  cet  appau- 
vrissement aurait  nécessairement  dû  se  faire  sentir,  de  préférence, 

«  Chemical  and  physical  geology,  t.  Ill,  p.  548. 

*  Untersuchungen  ûber  Erzgânge.  Wiesbaden,  1882. 

*  Lead ville,  par  Emmons,  p.  574. 


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GÉNÉRALTTÉS   GÉOLOGIQUES   SUR   LES   gItES   DE  PLOMB   485 

suivant  certaines  zones  fissurées  qui  permettaient  une  circulation 
plus  facile.  Il  ne  suffît  donc  nullement  de  trouver  du  plomb  dans 
une  microgranulite  située  au  contact  delà  galène,  àLeadville,  pour 
en  conclure  que  la  galène  provient,  par  réaction  secondaire,  de  cette 
microgranulite;  il  faudrait,  de  plus,  montrer  que  ce  plomb  y  est 
réparti  d'une  façon  irrégulière  et  surtout  qu'il  existe  en  quantité 
plus  grande  dans  toutes  les  microgranulites  assez  distantes  pour 
n'avoir  pu  participer  à  la  formation  du  gisement.  Encore  resterait-il 
à  examiner  pourquoi,  le  lourde  toute  autre  microgranulite  altérée, 
il  n*existe  pas  d'amas  métallifère.  On  échappe  à  toutes  ces  objec- 
tions en  pensant  que  le  plomb,  reconnu  à  la  fois  dans  les  micro- 
granulites et  dans  le  gîte,  provient  de  la  même  source,  c'est-à-dire 
des  fumerolles  du  magma  igné  profond,  qui  avait  d'abord  donné 
lieu  à  l'épanchement  de  la  roche,  mais  n'était  pas  encore  refroidi 
quand  le  gisement  métallifère  s'est  formé. 

Ce  plomb,  qui  est  ainsi  venu  cristalliser  à  Tétat  de  galène,  sel  à 
peu  près  insoluble  dans  Teau  ordinaire,  à  quel  état  a-t-il  été 
amené  parles  eaux?  Est-ce  à  l'état  de  sulfate  (bien  insoluble  lui- 
même),  réduit  sur  place  par  une  matière  organique  ou  un  hydro- 
carbure ?  Est-ce  à  l'état  de  chlorure  précipité  par  un  dégagement 
connexe  de  l'hydrogène  sulfuré  ou  par  un  sulfure  alcalin?  Est-ce  à 
l'état  de  sulfure  même,  en  dissolution  dans  un  sulfure  alcalin, 
comme  il  s'en  trouve  fréquemment  dans  les  eaux  thermominé- 
rales ?  C'est  ce  qu'il  est  presque  impossible  de  préciser  *. 

Lorsque  nous  étudierons,  plus  loin,  les  diverses  catégories  de 
gîtes  de  plomb,  nous  verrons  que  le  plomb,  déposé,  dans  tous  les 
cas,  à  l'état  de  galène,  a  pu,  soit  incruster  les  parois  d'une  fente  for- 
mée de  roche  inerte  (granité,  gneiss,  etc.),  soit  se  substituer 
moléculaire  ment  à  un  carbonate.  Il  est  bien  difficile,  surtout  dans 
le  second  cas,  d'invoquer  la  réaction  d'un  corps  étranger,  tel  que 
le  carbure  d'hydrogène,  ou  l'hydrogène  sulfuré. 

L'hypothèse  d'une  dissolution  de  sulfure  de  plomb  dans  un  sul- 
fure alcalin  semble  donc  la  plus  vraisemblable.  Mais  alors  il  n'est 
pas  bien  aisé,  non  plus,  de  comprendre  comment  il  s'est  déposé  du 


*  Des  études  onr  été  faites,  à  ce  sujet,  parV.  Rolh,  Allgemeine  Geologie.yi,  363.— 
Voir  Emmons:  Lead ville,  p.  563. 


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486  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

sulfure  de  plomb  et  non,  dès  le  principe,  du  carbonate  de  plomb, 
par  action  du  sulfure  sur  le  carbonate  de  chaux. 

Peut-être  un  excès  d'acide  sulfurique  contenu  dans  Teau  aura- 
t-il  d'abord  dissous  la  calcite  en  produisant  du  sulfate  de  chaux 
emporté  par  l'eau  et  laissant  un  vide,  immédiatement  rempli  parle 
sulfure  de  plomb,  qui  se  sera  précipité  en  présence  du  sulfure  de 
calcium.  Le  fait  en  lui-même,  si  difficile  à  expliquer  qu'il  soit,  est, 
d'ailleurs,  prouvé  par  1  existence  de  cristaux  de  galène  et  blende 
pseudomorphosant  de  la  calcite  ou  de  la  dolomie. 

Nous  voici  donc  en  présence  d'un  dépôt  de  sulfure  de  plomb  ;  il 
ne  nous  reste  plus  qu'à  faire  voir  comment,  dans  tous  les  gise- 
ments exploités  au  milieu  du  calcaire  (Littai,  Eurêka,  Lead- 
ville,  etc.),  ce  sulfure  s'iBst  trouvé  postérieurement  changé  en 
carbonates,  sulfates,  etc.,  qui  semblent  parfois  former  presque 
toute  la  masse  du  gisement. 

L'altération  facile  du  sulfure  en  carbonate,  même  sans  inter- 
vention de  calcaires,  est  un  fait  nettement  mis  en  évidence  par 
l'existence  fréquente,  dans  de  vieilles  haldes  de  mines,  de  frag- 
ments de  galène  transformés  partiellement  ou  totalement,  suivant 
leurs  dimensions,  en  cérusite  ;  on  a  pu  le  constater  par  exemple, 
en  Derbyshire,  sur  des  haldes  remontant,  d'après  certaines  inscrip- 
tions, à  l'empereur  Adrien  (soit  vers  130)  ;  on  peut  l'induire  éga- 
lement de  ce  fait  que,  dans  tous  les  gisements  de  plomb  formés, 
à  leur  partie  supérieure,  de  carbonates  comme  Eurêka,  Leadville, 
etc.,  ces  carbonates  disparaissent  à  une  profondeur  déterminée, 
profondeur  en  relation  manifeste  avec  le  niveau  hydrostatique 
ancien  de  la  région.  Suivant  le  climat,  l'altitude,  l'abondance  des 
pluies,  la  durée  des  gelées  qui  empêchent  les  eaux  de  circuler 
dans  la  terre,  la  facilité  plus  ou  moins  grande  de  pénétration 
que  présentent  les  terrains,  cette  zone  d'altération  est  plus  ou 
moins  profonde. 

Pour  l'expliquer,  on  invoque,  soit  une  action  directe  de  l'acide 
carbonique  de  l'air  apporté  par  les  eaux,  soit  une  première  trans- 
formation du  plomb  en  sulfate  par  l'oxygène  de  l'air.  Les  sulfates 
métalliques,  étant  tous  plus  ou  moins  solubles,  ont  pu  alors  subir 
un  phénomène  de  transport  plus  ou  moins  prononcé,  à  la  suite 
duquel  il  est  même  parfois  arrivé  qu'en  présence  de  quelques  ma- 


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A410  C.  . 

.     0,004,383 

A  130  C  .  . 

.     0,003,155 

A420  C.  . 

21,300 

A  410    C  .     ; 

41,300 

GËNËRALITËS   GÉOLOGIQUES   SUR   LES   gItES  DE   PLOMB   487 

tières  organiques,  de  bois  de  mine  par  exemple,  il  se  reproduisit  une 
cristallisation  secondaire  à  Tétat  de  galène  ou  de  blende. 

V.  Roth,  qui  a  fait  des  expériences  sur  la  solubilité  des  sulfates 
divers,  a  montré  que  100  parties  d'eau  dissolvent*  : 

parties  de  sulfate  de  plomb. 

parties  de  sulfate  de  fer. 
parties  de  sulfate  de  zinc. 

Le  sulfate  de  plomb  dissous  a  pu  alors  être  transformé  en  car- 
bonate par  des  solutions  de  carbonates  alcalins  ou  de  carbonate  de 
chaux,  en  présence  de  Fair.  1 00  parties  de  sulfure  de  plomb,  en  poids, 
produisent  1 26,78  de  sulfate  et  lH  ,71  de  carbonate.  L'accroissement 
de  volume  du  sulfure  au  carbonate  est  de  28,13  p.  100.  La  pré- 
sence d'un  peu  d'acide  phosphorique,  dont  on  a  trouvé  fréquem- 
ment des  traces  dans  le  calcaire,  suffît,  d'autre  part,  à  expliquer  la 
production  de  pyromorphite  *. 

Dans  cette  transformation,  l'argent  subit  une  altération  corres- 
pondante; le  sulfate  d'argent  est,  en  effet,  intermédiaire,  comme 
solubilité  entre  les  sulfates  de  plomb  et  de  fer;  une  partie  est 
donc  entraînée  par  les  eaux  et  perdue  ;  une  autre  se  reprécipite, 
—  en  particulier,  s'il  se  trouve  des  traces  de  chlorure  de  sodium , 
en  présence  du  sulfate  de  fer,  à  l'état  de  chlorure  d'argent  ;  — 
mais  le  résultat  final  de  ces  réactions  est  toujours  une  perte  en 
argent  :  ce  qui  explique  que  les  cérusites  sont,  en  principe, 
moins  argentifères  que  les  galènes  correspondantes  :  40  onces  à 
Leadville  au  lieu  de  145  à  la  tonne.  Par  contre,  les  minerais  oxydés 
semblent  toujours  diminuer  de  richesse  en  plomb  et  argent  à  mesure 
que  l'on  s'enfonce  au  milieu  d'eux  :  ce  qui  peut  tenir  à  ce  que  les 
parties  supérieures  ont  subi  une  altération  beaucoup  plus  profonde, 
ayant  eu  pour  effet  d'emporter  une  plus  forte  proportion  des  sels  les 
plus  solubles  contenus  dans  le  mélange  primitif,  c'est-à-dire  de  fer 
et  de  zinc  (et  à  l'occasion  de  cuivre)  de  préférence  au  plomb  et  à 
l'argent. 

*  Emmons  :  Leadville,  p.  bôl. 

*  En  Derbyshire,  à  Golden  Valley,  on  a  constaté  que  le  phosphate  disparaissait  au- 
dessous  de  45  mèti'es. 


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488  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Minerais  de  plomb.  —  Par  suite  des  divers  phénomènes,  que 
nous  venons  d'indiquer»  les  minerais  de  plomb  exploités  sont  : 
la  galène,  les  carbonates,  accessoirement  Tanglésite  et  la  pyro- 
morphite. 

En  premier  lieu,  la  galène  contient  théoriquement  86,6  p.  100  de 
plomb.  Au  point  de  vue  industriel  comme  au  point  de  vue  géolo- 
gique, il  y  a  lieu  d'établir  une  distinction  suivant  la  nature  de  la 
gangue  qui  a  une  influence  assez  grande  pour  la  préparation 
mécanique,  presque  toujours  assez  facile  d'ailleurs  par  suite  de  la 
forte  densité  de  la  galène  (7,6).  Avec  la  chaux  Ûuatée,  la  prépara- 
tion est  très  facile;  elle  Test  un  peu  moins  avec  le  quartz,  quoi- 
qu'on puisse  encore,  dans  ce  cas,  arriver  à  80  p.  100,  quand  on  n'a 
pas  à  craindre  des  pertes  en  argent  ;  avec  la  barytine  ou  la  pyrite, 
elle  est  plus  difficile. 

Un  très  grand  nombre  de  galènes  sont  plus  ou  moins  argenti- 
fères ;  on  admet  communément,  et  en  dépit  d'exceptions  assez 
nombreuses,  que  les  galènes  cristallisées  à  petites  facettes  sont 
plus  argentifères  que  celles  à  grandes  facettes.  Il  semble  égale- 
ment, dans  plusieurs  cas,  que  la  richesse  en  argent  soit  en  rela- 
tion avec  la  présence  d'une  roche  encaissante  calcaire  ou  conte- 
nant des  pyrites;  l'action  des  pyrites  sur  la  précipitation  des  sels 
d'argent  est  un  fait  sur  lequel  nous  aurons  à  revenir  à  propos  de 
l'argent  :  elle  peut  tenir  à  ce  que  l'argent  était  dissous  en  chlo- 
rure dans  une  liqueur  contenant  des  chlorures  alcalins.  Peut-être 
aussi  s'est-il  produit  des  phénomènes  de  cémentation. 

Cette  présence  des  sels  d'argent,  capitale  au  point  de  vue  écono- 
mique,  n'atteint  presque  jamais  un  grand  développement  minéra- 
logique  ;  en  outre,  on  passe,  par  transitions  insensibles,  de  galènes  à 
traces  d'argent  aux  galènes  assez  riches  pour  être  considérées 
comme  de  véritables  minerais  d'argent  :  il  nous  sera  donc  impos- 
sible de  les  séparer  dans  la  description  et  nous  parlerons,  dès  ce 
chapitre,  de  nombreuses  mines  de  galène  argentifère  qui  sont,  en 
réalité,  des  mines  d'argent,  en  particulier  de  celles  de  l'Ouest 
américain  (Leadville,  Eurêka,  Bingham),  de  celles  de  Przibram, 
en  Bohème,  etc. 

En  second  lieu,  les  carbonates  tiennent  77,3  p.  100  de  plomb. 
En  thèse  générale,  ils  sont  toujours  moins  riches  en  argent  que 


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MINERAIS   DE   PLOMB  489 

les  sulfures  de  plomb  dont  ils  proviennent,  et»  le  plus  souvent,  d'au- 
tant plus  pauvres  qu'on  s'enfonce  plus  profondément  dans  la  zone 
altérée.  On  peut  même  dire  qu'ils  sont,  presque  toujours,  assez 
pauvres,  si  ce  n'est  à  Leadville  ;  mais  ils  sont  d'un  traitement 
facile. 

Enfin  Vanglésite  et  la  pyromorphile  sont  des  minerais  d'impor- 
tance très  secondaire. 

Ces  minerais  de  plomb  sont,  dans  leurs  gisements,  associés  avec 
des  sulfures  d'autres  métaux  plus  ou  moins  variés,  comme  nous 
avons  déjà  eu  à  l'indiquer,  à  diverses  reprises,  en  parlant  de  filons 
complexes  :  nous  venons  de  citer  l'affinité  de  l'argent  pour  le  plomb  ; 
nous  avons  également,  au  chapitre  du  ZinCy  dit  comment  ces 
deux  métaux  étaient,  maintes  fois,  reliés  dans  les  mêmes  gîtes,  au 
point  que  nous  avons  été  conduit  souvent  à  les  étudier  ensemble. 
La  pyrite  de  fer  est,  de  même,  très  abondante  dans  les  minerais  de 
Leadville,  Eurêka,  etc.  ;  son  altération  a  donné,  près  de  la  surface, 
des  hématites  associées  aux  carbonates  de  plomb,  avec  un  enrichis- 
sement en  plomb  tenant  à  ce  que  le  sulfate  de  fer  est  plus  soluble 
que  les  sels  de  plomb,  et  une  concentration,  dans  l'hématite,  des 
traces  d'or  que  pouvait  contenir  la  pyrite. 

Le  cuivre  existe  aussi  avec  le  plomb  ;  nous  le  trouverons, 
par  exemple,  dans  la  Prusse  Rhénane,  aux  affleurements  de  Lina- 
rès  (Espagne),  dans  le  Harz,  etc. 

Enfin  et  surtout,  les  champs  de  filons  complexes  de  Saxe,  de 
Bohême  et  du  Harz,  que  nous  décrirons  au  chapitre  du  Plomby 
contiennent,  il  ne  faut  pas  l'oublier,  avec  le  plomb,  un  très  grand 
nombre  d'autres  métaux  :  fer,  cuivre,  nickel,  cobalt,  urane,  etc.. 

Forme  et  allure  des  gîtes  de  plomb.  —  Ordre  adopté  dans  leur  des- 
cription. —  Il  ne  nous  reste  plus  maintenant  qu'à  dire  sous  quelle 
forme  et  avec  quelle  allure  se  présentent  les  gisements  de  plomb. 

Pas  plus  que  pour  le  zinc,  nous  ne  trouvons,  si  ce  n'est  à  l'état 
de  traces  insignifiantes,  le  plomb  incorporé  dans  les  roches  érup- 
tives  ;  mais  les  gîtes  fîloniens  existent  avec  toutes  leurs  variétés, 
substitution,  interstratification,etc.,  amenant, par  des  passages  pro- 
gressifs, aux  gîtes  véritablement  sédimentaires  que  nous  aurons  à 
examiner  dans  quelques  cas  particuliers. 


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490  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Parmi  les  filons^  nous  ferons  une  première  distinction  suivant 
qu'il  y  a  incrustation  proprement  dite  d'une  fracture,  ou  d'un 
système  de  fractures  préexistantes,  dans  une  roche  inattaquable  : 
gneiss,  granité,  quartzite,  etc.,  ou  pénétration  avec  substitution 
dans  un  calcaire. 

Dans  le  premier  cas,  tantôt  nous  pourrons  avoir  affaire  à  une 
grande  fracture  simple  (true  fîssure-vein),  ou  à  quelques  fractures 
parallèles  ;  ou  bien,  nous  aurons  un  système  de  fractures  se  croi- 
sant et  se  recoupant  comme  à  Vialas,  ou  encore  un  éparpillement 
de  veines,  comme  cela  se  produit  souvent  dans  les  schistes. 

Beaucoup  de  ces  Glons  présentent,  à  la  surface,  des  phénomènes 
d'altération  ayant  produit  une  zone  de  carbonates,  de  chlorures, 
de  sulfates,  etc.,  avec  une  gangue  argileuse,  comme  cela  a  lieu  si 
souvent  pour  les  Glons  américains,  comme  cela  s'est  retrouvé  un 
peu  partout  en  Europe,  mais  particulièrement  nettement  à 
Huelgoat,  etc..  En  profondeur,  le  plomb  pourra  être  associé  à  une 
gangue  de  quartz  (souvent  avec  fluorine),  de  calcite  avec  dolomie 
et  sidérose,  ou  de  barytine.  La  nature  de  cette  gangue  pourra 
nous  permettre  d'établir  certaines  catégories  de  filons. 

Dans  les  champs  de  filons  complexes,  ces  remplissages  divers  se 
trouvent  souvent  rapprochés  dans  des  fentes  de  direction  différente 
et  sans  doute  d'âge  distinct.  Nous  aurons  à  indiquer  les  relations 
qui  semblent  exister  entre  la  direction,  l'âge  et  la  nature  du 
remplissage. 

Le  second  cas  comprend  les  giles  dans  les  calcaires.  Ceux- 
ci  peuvent,  exceptionnellement,  se  présenter  à  l'état  de  rem- 
plissages de  fentes  préexistantes,  fentes  prenant  parfois,  dans  ce 
cas  particulier,  la  forme  spéciale  de  grottes.  Le  type  de  remplis- 
sages de  grottes  par  des  zones  d'incrustation  concentriques  de 
galène  a  été  étudié  par  Poszepny  à  Raibl  *  ;  il  est  possible  qu'il 
s'applique  partiellement  à  d'autres  gîtes  qui,  dans  l'ensemble, 
sont  plutôt  des  gites  de  substitution. 

Presque  toujours,  en  effet,  lorsqu'on  rencontre  de  la  galène  au 
milieu  de  calcaires,  on  peut  se  rendre  compte  que,  partant  d'un 
réseau  de  fissures  préexistant  qu'elle  a  rempli  et  profitant,  en 

*  Voir  plus  haut,  page  425. 


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FILONS   ET   CHAMPS   DE  FRACTURES  491 

outre,  de  tous  les  plans  de  joint,  des  délits  de  stratification,  des 
contacts  avec  d'autres  roches  résistantes,  la  venue  métallifère 
s'est  étendue,  par  substitution,  en  formant,  au  milieu  du  calcaire, 
des  amas  plus  ou  moins  considérables,  toujours  très  irréguliers, 
qui  constituent,  pour  le  mineur,  de  véritables  bonanzas. 

Nous  aurons  de  bons  types  de  ces  gisements,  comparables  aux 
gîtes  calaminaires,  à  Sala  (Suède),  dans  le  Derbyshire,  à  Littai,  à 
Leadville,  Eurêka,  etc.. 

Enfin  le  caractère  sédimenlairey  très  exceptionnel,  se  rencontre 
peut-être  dans  le  permien  à  Carthagène,  et  certainement  dans  le 
trias  à  Saint- A.vold,  en  Silésie,  etc. 


1"  FILONS  ET  CHAMPS  DE  FRACTURES 

Avec  le  plomb,  nous  nous  trouvons  rencontrer,  pour  la  pre- 
mière fois,  les  champs  de  fractures  minéralisés  qui  ont  fait,  depuis 
des  siècles ,  l'objet  des  exploitations  classiques  de  Saxe  et  de 
Bohème.  Il  est  donc  utile  de  donner,  à  ce  propos,  quelques  indi- 
cations générales'. 

Lorsqu'on  étudie,  dans  une  région  quelconque  et  particulière- 
ment sur  le  pourtour  d'un  massif  ancien,  les  mouvements  dyna- 
miques successifs  qui  ont  fractionné  l'écorce,  on  peut  se  rendre 
compte  qu'ils  ont  consisté  principalement  en  des  plissements, 
ayant  pris,  tout  d'abord,  une  certaine  allure,  qui  a  inQué  ensuite  sur 
la  direction  de  tous  les  mouvements  postérieurs.  Chacun  de  ces 
plissements,  parfaitement  sensible  dans  les  terrains  relativement 
souples  comme  les  schistes  ou  les  sédiments  bien  stratifiés,  a  été 
accompagné  d'un  fractionnement  des  blocs  résistants,  soumis 
ainsi  à  une  flexion  simple  ou  à  une  torsion  ;  et,  en  même  temps 
que  ce  fractionnement,  il  s'est  produit,  entre  deux  voussoirs  con- 
tigus,  des  dénivellations,  des  failles.  Il  est  facile  de  comprendre 
que,  dans  les  régions  de  constitution  homogène  non  encore  trou- 
blées par  des  dislocations,  au  cœur  d'un  massif  cristallin  ou  d'un 

•  Voir,  pour  plus  do  détails,  sur  ces  généralités,  notre  travail  sur  la  Formation  des 
gîtes  métattifères.  (Encyclopédie  Léauté,  1893.) 


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in  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

bassin  sédimentaire,  on  a  pu  avoir  des  cassures  simples,  profondes, 
(généralement  à  peu  près  parallèles,  dans  les  sédiments,  à  l'allonge- 
ment des  zones  produites  par  les  plissements)  et  accompagnées 
d'étoilements  perpendiculaires  plus  restreints  :  ce  que  les  Anglais 
appellent  de  vraies  fissures,  true  fissure  veins.  Au  contraire,  dans 
une  région  déjà  complexe,  sur  le  bord  d'un  horste  par  exemple, 
un  plissement  unique,  ayant  pour  eQet  une  véritable  torsion,  a  dû 
amener  un  réseau  multiple  de  cassures  contemporaines,  assimilables 
à  celles  que  M.  Daubrée  a  obtenues  dans  ses  belles  expériences  sur 
la  torsion  des  vitres. 

La  plupart  de  ces  fractures,  failles,  fissures  de  toute  espèce, 
plus  ou  moins  remplies  ou  obstruées  par  les  matériaux  bréchi- 
formes  tombés  des  épontes,  ont  alors  livré  passage  aux  eaux  pro- 
fondes, échauffées  et  minéralisées,  chargées  de  silice,  d'alcalis,  etc., 
par  leur  trajet  souterrain  ;  et,  lorsque  le  plissement  avait  eu  pour 
effet,  comme  cela  a  dû  arriver  le  plus  souvent,  des  mouvements 
d'ascension  internes  du  magma  igné,  il  a  pu  arriver,  en  outre,  que 
ces  eaux  aient  puisé,  dans  le  contact  de  ces  roches  ou  de  leurs 
fumerolles,  des  traces  de  métaux  qu'elles  ont  alors,  en  remontant, 
déposées  sur  les  parois.  Il  s'est  formé  ainsi  des  filons  d'incrustation. 

Mais,  par  une  loi  très  générale  et  qu'on  peut  vérifier  en  bien 
des  points  de  la  terre,  le  premier  mouvement,  qui  avait  ainsi 
déterminé  des  cassures  filoniennes,  n'a  pas  été  un  mouvement 
brusque,  survenu  en  un  instant  précis  du  temps  et  ensuite  à 
jamais  terminé,  mais  un  phénomène  prolongé,  ayant  conservé, 
même  après  une  phase  de  repos,  une  tendance  à  se  reproduire. 
C'est  ainsi  qu'un  filon,  déjà  incrusté,  s'est  souvent  réouvert,  que 
les  parois  ont  glissé  Tune  sur  l'autre,  que  le  premier  remplissage 
broyé  est  venu  former  la  charpente  d'une  nouvelle  incrustation 
postérieure;  c'est  ainsi  également  que,  dans  une  région  où  s'était 
produit  un  premier  système  de  fractures,  il  a  pu,  plus  ou  moins 
longtemps  après,  s'en  former  un  second,  puis  un  troisième,  de 
direction  souvent  bien  distincte  du  premier. 

Lorsqu'un  massif,  déjà  fracturé  et  incrusté,  a  rejoué  ainsi,  il 
est,  en  effet,  arrivé  accidentellement  que  les  premières  fentes,  soli- 
dement cimentées  par  leur  incrustation,  aient  mieux  résisté  que 
la  roche  avoisinante  ;  le  plus  souvent,  au  contraire,  ces  fractures 


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FILONS   ET  CHAMPS   DE  FRACTURES  493 

ancieDDes  ont  continué  à  présenter  des  lignes  de  moindre  résis- 
tance et,  même  lorsque  la  direction  de  Teifort  était  différente,  se 
sont  réouvertes  localement.  . 

Si  Ton  joint  à  cela  qu'une  cassure  béante  a  pu  fort  bien  n*être 
incrustée  qu'après  un  temps  assez  long,  autrement  dit  que  Tâge 
du  remplissage  peut  être  diQérent  de  celui  de  la  fracture,  on  voit 
quelle  complexité  de  phénomènes  superposés  on  est  obligé  de 
débrouiller  pour  reconstituer  l'histoire  d'un  champ  de  filons» 
probablement  disloqué  à  des  époques  très  distinctes,  comme  ont 
dû  Têtre  ceux  de  la  Saxe  et  de  la  Bohème. 

C'est  pourtant  ce  que  Ton  a  essayé  de  faire  minutieusement, 
pas  à  pas,  en  examinant  les  rejets  des  fractures  et  de  leurs  rem- 
plissages les  uns  par  les  autres,  les  passages  d'un  remplissage 
donné  d'une  fracture  à  une  voisine  ouverte  ensemble  ou  incrustée 
précédemment  et  réouverte,  etc.  Comme  résultat  de  cette 
recherche,  il  s'est  trouvé  parfois  que  toutes  les  cassures  contem- 
poraines semblaient  se  grouper  suivant  certaines  directions 
déterminées,  que  les  remplissages  contemporains  paraissaient 
également  avoir  une  composition  semblable.  On  a  pu  alors,  pour 
un  champ  de  filons  donné,  dresser  deux  tableaux  :  Tun  donnant 
la  succession  des  fractures  avec  leurs  directions  ;  l'autre,  en  pen- 
dant avec  le  premier,  la  succession  des  remplissages. 

A  cette  notion  de  succession  d'âges,  il  a  été  permis,  en  outre, 
lorsque  les  filons  traversaient  des  terrains  sédimentaires,  d'ajouter 
une  idée  d'âge  proprement  dit  plus  précise  ;  à  défaut  de  ce  rensei- 
gnement, on  a  essayé,  dans  certains  cas,  d'y  suppléer,  assez  hy- 
pothétiquement,  par  assimilation  avec  des  filons  analogues  et 
voisins  encaissés,  eux,  dans  des  sédiments.  On  a  même,  par  une 
application  prématurée  d'une  idée  générale  que  les  progrès  de  la 
géologie  pourront  permettre  de  reprendre  un  jour  en  la  modifiant, 
tenlé  de  rattacher  ces  directions  de  cassure  aux  grandes  direc- 
tions de  plissement  de  l'écorce  terrestre,  c'est-à-dire  aux  chaînes 
de  montagne  et  essayé  d'en  conclure  leur  âge  absolu.  En  résumé, 
on  est  arrivé  ainsi  à  écrire,  plus  ou  moins  complètement,  l'his- 
toire de  chaque  champ  de  filons  isolément. 

Puis,  ce  premier  travail  fait  en  diverses  régions,  et  un  certain 
ordre  ayant  été  reconnu  dans  la  succession  des  remplissages,  on 


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494  GÉOLOGIB   APPLIQUÉE 

a  été  logiquement  conduit  à  comparer  ces  champs  de  filons  les 
uns  aux  autres,  à  rechercher  s'il  y  avait,  dans  la  succession  des 
remplissages  métallifères,  quelque  loi  générale.  Nous  parlerons,  à 
Foccasion,  de  ces  tentatives  intéressantes,  mais  sans  dissimuler 
qu'elles  ne  paraissent  pas  avoir  amené  encore  à  des  résultats  bien 
concluants  :  sans  doute,  parce  que  les  circonstances  locales,  la 
composition  très  variable  des  terrains  encaissants  et  des  roches 
éruptives  voisines  y  entrent  comme  des  facteurs  essentiels. 

Pour  la  nature  des  gangues  surtout,  quartz,  calcite,  dolomie, 
barytine,  il  semble  bien  que  les  terrains  traversés  par  les  eaux  dans 
leur  circuit  aient  eu  une  certaine  influence  et  que,  par  suite,  une 
gangue  donnée  corresponde  autant  à  une  direction  de  courant  hydro- 
thermal provenant  d'une  région  déterminée  qu'à  une  notion  d'âge. 

Ces  généralités  posées,  si  nous  voulons  maintenant  passer  à  la 
description  méthodique  des  innombrables  filons  de  plomb  qu'on  a 
reconnus  dans  le  monde,  nous  devons  d'abord  commencer  par  les 
classer  :  ce  qui,  si  l'on  prétendait  prendre  pour  point  de  départ 
les  seules  données  géologiques,  conduirait  à  des  difficultés  presque 
inextricables  ;  nous  adopterons  donc  l'ordre  géographique,  qui  a 
certains  avantages  au  point  de  vue  économique;  c'est-à-dire  que, 
divisant  notre  sujet  en  deux  parties  :  filons  de  plomb  proprement 
dits^  et  champs  de  fractures  à  remplissage  complexe,  nous  étudie- 
rons successivement  les  premiers  dans  les  diverses  régions  de 
France,  en  Allemagne,  en  Belgique,  en  Espagne,  en  Italie,  en 
Asie  et  aux  Etats-Unis  ;  puis  les  seconds  en  Bohême  (Przibram, 
Mies),  dans  le  Harz  et  en  Saxe  ;  mais  nous  voulons,  au  moins, 
indiquer  quels  auraient  pu  être  les  éléments  d'un  système  de  grou- 
pement géologique. 

On  pourrait,  en  premier  lieu,  essayer  de  classer  les  filons  d'après 
leur  âge;  mais  alors  on  est  arrêté,  dans  la  grande  majorité  des 
cas,  par  le  manque  de  renseignements  précis  ;  le  plus  souvent,  en 
efTetjOnvoit  les  filons  recouper  toutes  les  formations  de  la  région, 
généralement  ancienne  :  ce  qui  ne  donne,  par  suite,  pour  leur  âge 
qu'une  limite  inférieure  très  vague  ;  la  limite  supérieure  fait  presque 

*  Nous  rappelons  quMl  ne  s'agit  ici  que  des  ûlons  encaissés  dans  des  roches  inatta- 
quables aux  acides  et  que  la  description  des  ûlons  situés  dans  des  calcaires  a  déjà 
été  renvoyée  à  une  autre  division  de  ce  chapitre. 


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AGE  DES  FILONS   DE  PLOMB  495 

toujours  défaut.  Ce  n'est  donc  que  par  une  assimilation  hypothé- 
tique avec  quelques  gîtes  à  allure  sédimentaire  qu'on  arrive  parfois 
à  préciser  l'époque  de  leur  formation. 

En  France  notamment,  il  est  probable  qu'il  y  a  eu  deux  venues 
principales,  Tune  permotriasique  à  gangue  quartzeuse,  l'autre  ter- 
tiaire souvent  barytique. 

Les  gisements  de  Chabrignac  (Corrèze),  où  Ton  voit  des  filons 
recoupant  le  trias  en  relation  avec  des  imprégnations  de  grès 
permien  ;  les  mouches  de  galène  contenues  dans  les  silex  cariés 
triasiques  ou  infraliasiques  de  la  Châtre  (Indre),  de  Corbigny  et 
Chitry  (Morvan),  peuvent  être  considérés  comme  des  indices,  d'âge 
bien  net,  de  la  première  venue  ;  les  veines  de  barytine,  parfois 
plombifère,  qu'on  rencontre  dans  l'oligocène  d'Auvergne,  comme 
une  preuve  de  la  seconde. 

En  fait  de  limites  d'âge  pour  tous  les  autres  gîtes  français,  on 
peut  noter  seulement  : 

Que  les  filons  d'Aurouze  (Haute-Loire)  recoupent  le  micas- 
chiste ;  ceux  de  la  Touche  (lUe-et- Vilaine),  le  granité  ;  ceux  de 
Vialas  (Lozère),  le  micaschiste  et  le  granité  ;  ceux  de  Pontpéan 
(lUe-et- Vilaine)  et  des  Arguts  (Haute-Garonne),  le  silurien  ;  ceux 
d'Huelgoat  (Finistère)  et  de  Chàteauneuf  (Puy-de-Dôme),  (pro- 
longement du  faisceau  de  Pontgibaud),  le  carbonifère,  ces  derniers 
recouverts  par  le  basalte  pliocène  ;  ceux  de  Chabrignac  (Corrèze), 
de  Laval  et  Rouvergue  (Gard),  le  trias,  etc. 

A  l'étranger,  nous  trouvons,  en  Espagne,  les  filons  de  Linarès  tra- 
versant le  silurien  et  recouverts  par  un  grès  sur  l'âge  duquel  on 
hésite  (trias  ou  miocène  inférieur)  ;  ceux  de  l'Horcajo  recoupant  le 
silurien;  en  Amérique,  ceuxdeBingham  (Utah)  pénétrant  dans  le 
houiller  et  probablement,  comme  la  plupart  des  gisements  améri- 
cains, en  relation  avec  les  roches  tertiaires  ;  en  Allemagne,  le 
champ  de  filons  d'Andreasberg  traverse  le  silurien  ;  celui  de  Claus- 
thal,  —  sur  l'âge  duquel  on  est  mieux  fixé  et  qui  correspond  à  la 
venue  triasique  française  — ,  le  culm  en  respectant  le  permien  ;  les 
filons  de  Przibram  déplacent  le  silurien,  ceux  de  Mies  sont  dans 
l'antésilurien  ;  enfin,  ceux  de  Freiberg,  où  l'on  croit  retrouver  la 
trace  d'une  série  de  venues  allant  du  dévonien  au  tertiaire,  ne  tra- 
versent pas  de  terrains  plus  récents  que  la  granulite. 


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490  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

A  défaut  d'une  classification  par  âge,  impossible  comme  nous 
venons  de  le  voir,  un  autre  système  qui  serait  bien  préférable,  si 
les  conditions  locales  n'y  intervenaient  pas  aussi  fortement,  pour- 
rait prendre  pour  base  la  nature  de  la  gangue  et,  plus  générale- 
ment, celle  du  remplissage. 

Les  filons  de  galène  peuvent  se  présenter  avec  trois  gangues 
principales,  quartz,  barytine,  calcite;  en  outre,  il  est  très  rare  que 
la  galène  y  soit  seule  et,  généralement,  on  y  rencontre,  associés 
avec  elle,  une  série  de  sulfures  divers,  pyrite  de  fer,  blende,  par- 
fois pyrite  de  cuivre,  plus  rarement  sulfures  de  nickel,  cobalt, 
argent,  etc.. 

La  composition  de  ces  remplissages,  si  Ton  admettait  Tancienne 
théorie  qui  la  considère  comme  en  relation  intime  avec  leur  âge, 
donnerait  un  groupement  général  excellent;  mais  nous  avons  dit 
que,  pour  nous,  elle  correspondait  surtout  à  des  circonstances 
variables  pour  chaque  gîte.  Néanmoins  il  peut  y  avoir  quelque 
intérêt  pratique  à  résumer  ici  les  renseignements  qui  se  trouve- 
ront disséminés,  plus  loin,  sur  ce  sujet. 

D'une  façon  générale,  les  filons  à  gangue  de  quartz  et  à  sul- 
fures complexes,  correspondant  à  la  venue  ancienne,  sont  les  plus 
fréquents  ;  nous  citerons  : 

Pontpéan  :  gangue  de  quartz  avec  argile  ;  galène,  blende,  pyrite 
et  minéraux  d'argent  ; 

La  Touche  :  gangue  de  quartz  ;  galène,  blende,  pyrite  très 
abondante  ; 

Pontgibaud  :  gangue  de  quartz,  galène  ;  la  blende  et  la  barytine 
sont  rares; 

Linarès  :  gangue  généralement  quartzeuse,  parfois  barytique  ; 
galène  avec  minerais  de  cuivre  aux  affleurements  : 

L'Horcajo  :  gangue  de  quartz  avec  galène  ; 

Glausthal  :  gangue  de  quartz,  sidérose,  calcite,  barytine  avec  ga- 
lène et  blende  ; 

Bingham  (Utah)  :  quartz  avec  galène,  pyrite  de  fer,  pyrite,  etc.. 

Les  gangues  barytiques  sont  moins  abondantes  et  ne  correspon- 
dent guère  à  des  minerais  riches  ;  mais,  souvent,  on  a  observé, 
aux  affleurements,  de  la  barytine  disparaissant  en  profondeur  pour 
faire  place  à  du  quartz. 


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RÉPARTITION   DES   MINERAIS   DANS   LE   FILON  497 

C'est  le  cas,  par  exemple,  à  Aurouze  (Haute-Loire),  où  la  bary- 
tine  des  affleurements  était  stérile,  tandis  que  le  quartz,  en  pro- 
fondeur, était  plombifère.  A  Buech  et  Pradal,  à  Marvéjols  dans  la 
Lozère,  à  Chabrignac  dans  la  Corrëze,  des  galènes  avec  barytine  ont 
donné  de  mauvais  résultats. 

Quant  à  la  calcite^  nous  la  trouvons  avec  les  filons  riches 
de  Vialas,  recoupés  par  des  croiseurs  quartzeux,  puis  par  des  croi- 
seurs barytiques  ;  avec  les  filons  argentifères  d'Andreasberg,  etc.. 
Une  gangue  calcaire  coïncide  souvent  avec  un  enrichissement  en 
argent  :  cela  correspond  avec  l'existence  de  nombreux  filons  d'ar- 
gent proprement  dits  à  gangue  calcaire  comme  ceux  de  Kongsberg, 
du  Sarrabus,  etc.,  avec  Tenrichissement  en  argent  des  galènes 
de  Sala  (Suède)  dans  le  calcaire. 

En  ce  qui  concerne  les  champs  de  filons  complexes,  si  Ton 
examine  la  succession  des  remplissages  dans  le  plus  fameux,  celui 
de  Freiberg,  on  peut  y  constater,  en  résumé  :  une  venue  sulfurée 
ancienne,  à  galène  riche,  tantôt  principalement  composée  de  sul- 
fures, tantôt  quartzeuse,  tantôt  dolomitique  ;  puis  des  venues  bary- 
tiques pauvres  rattachées  à  Téocène  ;  enfin  une  venue  argentifère 
très  riche,  à  minéraux  d'argent  associés  avec  de  la  calcite.  C'est 
Tordre  qu'on  a  essayé  fort  artificiellement  de  retrouver  ailleurs. 

Il  nous  reste  à  indiquer  la  façon  dont  ces  matières  diverses  sont 
réparties  dans  la  largeur  de  la  fracture  filonienne. 

Le  cas  le  plus  simple  est  celui  de  zones  d'incimsiation  paral- 
lèles aux  épontes,  comme  cela  arrive  parfois  à  Freiberg;  mais 
souvent  aussi,  on  trouve  Je  remplissage  principalement  constitué 
d'éboulis  tombés  des  épontes  et  formant,  soit  une  boue  argileuse, 
soit  un  amas  de  matériaux  détritiques  cimenté  ensuite  par  le 
minerai.  L'existence  de  brèches  de  ce  genre  est  très  nette  en  une 
foule  d'endroits,  en  particulier  à  Pontgibaud  (Puy-de-Dôme),  à 
Clausthal  (Harz),  etc. 

Les  minerais  de  ces  filons  bréchoïdes  se  disposent  alors  volon- 
tiers en  zones  symétriques  autour  de  chacun  des  fragments  qui 
constituent  la  brèche. 

D'autres  fois  encore,  au  milieu  de  la  gangue  quartzeuse,  courent 
des  veines  continues  de  galène  (ainsi  à  THorcajo)  ;  ou  bien,  l'on  a 
aQairo  à  âi^s  mouches^  à  des  lentilles  de  minerai  irrégulièrement 

GÉOLOGIE.    —T.  II.  32 


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498  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

disséminées  dans  la  gangue.  Un  fait  général  et  important  à  retenir, 
c'est  Texistence,  dans  la  plupart  des  gisements,  de  certaines  colonnes^ 
ou  lentilles,  d'enrichissement,  plus  ou  moins  inclinées  dans  le  plan 
du  filon,  qui  doivent  correspondre  à  des  conditions  spéciales  dans 
Tascension  des  eaux  métallifères. 

Souvent,  lorsque  la  galène  est  associée  à  la  blende,  on  voit  la 
blende  déposée  après  la  galène. 


PLOMB   ARGENTIFÈRE    DE   PONTPEAN 

(ILLE-ET-VILAINE  *) 

Le  gîte  de  plomb  argentifère  de  Pontpéan,  qui  a  été  Tobjet  d'un 
rapport  spécial  de  M.  Fuchs*,  est  constitué  par  un  puissant  filon, 
orienté  sensiblement  N.  20""  0.  et  qui  recoupe,  à  2  300  mètres  de  Bruz 
(près  de  Rennes),  les  schistes  siluriens  de  la  Bretagne,  eux-mêmes 
dirigés  en  moyenne  vers  le  N.-E.  et  redressés  presque  verticale- 
ment. 

Le  remplissage  du  filon  est  formé  de  quartz  et  d'argile,  au 
milieu  desquels  apparaissent  une  série  d'amas,  de  veines  et  de 
veinules  métallifères.  Les  minerais  métalliques  sont  la  galène  et 
la  blende,  toutes  deux  argentifères,  la  pyrite  et,  probablement,  des 
minerais  d'argent  proprement  dits.  La  présence  de  ces  derniers 
est  révélée  par  ce  fait  que,  non  seulement  la  teneur  en  argent  des 
galènes  rapportée  à  la  tonne  de  plomb  n'est  pas  constante,  mais 
que  cette  teneur  semble  même  augmenter  quand  la  proportion  de 
plomb  diminue. 

Ces  divers  minerais  sont  intimement  mélangés,  et  on  est  amené 
à  penser  que  leur  formation  doit  être  attribuée  à  un  remplissage 
unique.  Ils  sont  distribués  d'une  façon  très  irrégulière  dans  la 
masse  rocheuse  du  filon  et  sont  mêlés  à  des  fragments  de  toutes 
formes  et  de  toutes  dimensions  arrachés  aux  parois  encaissantes. 

Dans  leur  ensemble,  les  minerais  métalliques  sont  concentrés, 

1  Coll.  Ecole  des  Mines,  1674. 

*  Rapport  sur  les  mines  de  Pontpéan,  1880.  Rennes,  chez  L.  Caillot. 


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oOO  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

plus  particulièrement,  dans  trois  zones  irrégulièrement  columnaires 
qui  s'enfoncent,  vers  le  Sud,  sous  un  angle  de  30  à  50"*,  et  qui, 
presque  juxtaposées  dans  les  parties  hautes,  occupent  une  lon- 
gueur totale  d'environ  1  300  mèlres.  Deux  de  ces  colonnes  sem- 
blent se  réunir  en  profondeur. 

L'épaisseur  de  ces  colonnes  varie  beaucoup. 

La  puissance  du  filon,  ainsi  constitué,  varie  de  0'",015  à  8"*,50 
et  a  une  valeur  moyenne  de  2'",45.  Son  épaisseur  réduite,  entre 
1870  et  1880,  a  varié  de  5  cm,  9  à  4  cm,  2,  le  minimum  ayant  été 
rencontré  en  1876. 

Le  gîte  paraît,  d'après  M.  Fuchs,  en  relation  avec  une  roche 
amphibolique,  qui  recoupe  nettement  les  schistes  et  qui  se  déve- 
loppe, tantôt  au  toit,  tantôt  au  mur  du  filon  plombeux. 

A  Tétat  normal,  cette  roche  est  un  mélange  cristallin  de  felds- 
path triclinique  (oligoclase  ou  labrador)  et  d  amphibole,  ce  qui 
justifie  le  nom  de  «  diorite  »  sous  lequel  elle  a  été  désignée  jus- 
qu'ici. Dans  le  voisinage  du  filon,  elle  est  fréquemment  altérée  et 
transformée  en  un  véritable  tuf,  renfermant  1,45  p.  100  d'eau 
d'interposition,  3,85  p.  100  d'eau  combinée  et  1,25  p.  100  d'acide 
carbonique,  avec  un  peu  d'hydrogène  sulfuré.  Ce  dernier  provient 
des  minerais  métalliques  qui  la  pénètrent  fréquemment  et  qui 
s'observent  même  dans  la  diorite  normale.  On  en  a  conclu  que 
l'arrivée  de  cette  diorite  était  antérieure  à  celle  du  filon  lui- 
même  et  que  le  remplissage  métallifère  avait  coïncidé  avec  une 
réouverture  de  la  fracture  par  laquelle  s'était  fait  jour  cette  diorite. 

Enfin,  tout  l'ensemble  du  gîte  est  recoupé  par  une  faille  argi- 
leuse, toujours  située  dans  le  voisinage  et  quelquefois  au  contact 
même  de  la  diorite,  qui  porte  les  noms  de  faille  bleue ^  glaise  bleue, 
cuir  du  filon  ou  filon  noir,  et  dans  laquelle  on  trouve,  au  milieu  de 
l'argile,  des  fragments  toujours  brisés  de  galène  et  de  blende.  Cette 
faille  constitue  donc  une  réouverture  stérile  du  filon.  On  a  dési- 
gné, sous  le  nom  de  fine,  une  faille  parallèle  à  la  précédente,  mais 
plus  petite. 

C'est  à  ce  système  de  failles  qu'on  peut  rattacher  la  dénivel- 
lation constatée  dans  les  épontes  du  filon,  par  suite  de  laquelle  le 
schiste  encaissant  du  toit  est  rejeté,  au  mur,  à  la  profondeur  de 
160  mètres;  toute  la  partie  supérieure  est  remplie,  du  côté  du 


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PLOMB  ARGENTIFÈRE  DE  PONTPÉAN  (ïLLE-ET-VïLAINE)  501 

toit,  par  une  formation  détritique  qui  date  de  Fétage  tertiaire 
supérieur. 

Le  filon  plombo-argentifère  de  Pontpéan  était  classé  par 
M.  Fuchs  dans  une  catégorie  de  gîtes,  qu'il  désignait  sous  le  nom 
de  filons  d'injection  boueuse  :  gisements  dans  lesquels  le  minerai, 
au  lieu  de  former  des  zones  d'incrustation  le  long  des  parois  et 
d'être,  jusqu'à  un  certain  point,  en  relation  avec  la  nature  de  ces 
parois,  était  réparti  irrégulièrement  au  milieu  d'un  remplissage 
boueux.  C  est  un  type  fréquent  pour  le  cuivre,  rare  pour  le  plomb, 
qui  est  presque  toujours  nettement  concrétionné.  Nous  avons  dit, 
plus  haut,  comment,  à  notre  avis,  ces  remplissages  argileux,  au 
lieu  d'être  ainsi  le  produit  d'une  injection  boueuse  éruptive,  résul- 
taient bien  plutôt  du  remaniement,  par  les  eaux  thermales,  des 
débris  broyés  de  schistes  encaissants  tombés  dans  le  vide  du  filon. 

Au  pointde  vue  de  Texploitation,  la  grande  difficulté  qui  se  pré- 
sente à  Pontpéan  et  qui,  vers  1880,  faillit  amener  Tabandon  de 
la  mine,  ce  sont  les  venues  d'eau  considérables  que  Ton  ren- 
contre. 

Deux  tableaux  ci-joints  (pages  502  et  503)  résument  les  condi* 
lions  économiques  de  cette  mine. 

L'un  d'eux  montre  les  résultats  successivement  obtenus  par  la 
préparation  mécanique.  En  1877,  la  perte  de  plomb  était  de  plus 
de  50  p.  100,  celle  en  argent  de  75  p.  100.  Après  transformation 
du  système  adopté  jusqu'alors,  dès  1878,  la  perte  en  plomb  était 
réduite  à  41  p.  100  et,  Tannée  suivante,  à  35  p.  100  ;  celle  en  ar- 
gent à  62  p.  100,  puis  à  44  p.  100.  En  même  temps,  le  prix  de 
revient  de  la  tonne  est  descendu,  en  ce  qui  concerne  la  main- 
d'œuvre,  de  200  francs  à  120  francs.  Les  résultats  d'une  semblable 
exploitation  se  trouvent  donc  extrêmement  variables,  indépendam- 
ment même  des  modifications  du  gisement  :  1"*  avec  le  mode  de 
préparation  adopté  ;  2**  avec  les  prix  des  métaux. 

D'autre  part,  l'argent,  qui  était  assez  abondant  au  début  dans 
la  galène,  a  été  en  diminuant  avec  la  profondeur,  sans  doute 
par  la  disparition  des  minerais  argentifères  proprement  dits. 
En  1880,  pour  une  teneur  en  plomb  de  52  p.  100,  on  avait  1  kilo- 
gramme d'argent;  en  1881,  pour  51  p.  100,  990  grammes; 
en  1886,  pour  50  p.  100,  850  grammes. 


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502 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


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PLOMB  ARGENTIFÈRE  DE  PONTPÉAN  (ILLE-ET-VILAINE)  503 


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504  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Eo  1890,  la  mine  de  Pontpéan  a  occupé  1  062  ouvriers  (tant  au 
fond  qu'à  la  surface)  et  produit  7  757  tonnes  de  minerai  de  plomb 
à  173  fr.  85;  1  134  tonnes  de  minerai  de  zinc  à  53  fr.  87; 
2629  tonnes  de  pyrite  de  fer  à  18  fr.  57;  soit  une  production 
totale  valant  1 458  463  francs  ;  en  1891,  elle  a  produit  8 133  tonnes 
de  galène  à  163,39. 

Bibliographie, 

1863.  J.  Fayn.  —  Sur  les  mines  de  plomb  et  de  zinc  argentifère  de  Pontpéan. 
(Cuyper,  t.  XllI,  p.  279.) 

*  1880.  FuGHs.  —  Rapport  sur  les  mines  de  Pontpéan  (Rennes). 

1880-81.  —  Lebesconte.  —Note  sur  la  faille  de  Pontpéan.  {B.  S,  G.,  3«  série, 
t.  IX,  p.  157.) 

Gîte  de  La  Touche  (lUe-et  Vilaine).  —  La  concession  de  la 
Touche,  instituée  en  1878,  est  connexe  de  celle  de  Pontpéan. 

La  majeure  partie  de  la  concession  est  occupée  par  le  granité, 
type  de  Vire,  avec  quelques  massifs  de  granulite  et,  au  N.-O.,  un 
manteau  de  schistes  siluriens,  ordinairement  métamorphiques  près 
du  contact. 

Le  filon,  encaissé  dans  le  granité,  présente  une  direction  N.20^  0. , 
avec  un  pendage  vers  TOuest  de  70°.  Les  épontes  sont  marquées, 
surtout  du  côté  du  mur,  par  des  salbandes  d'ai^ile  qui  paraissent 
dues  à  des  glissements  postérieurs  au  dépôt  du  quartz  et,  dans  le 
voisinage,  le  granité  s'imprègne  fortement  de  quartz  et  de  pyrite. 

A  la  surface,  le  filon  affleure  sous  forme  de  blocs  de  quartz  avec 
noyaux  de  galène.  En  profondeur,  le  remplissage  comprend  de  la 
pyrite  de  fer,  de  la  blende  brune,  de  la  galène  pauvre  et  une  très 
faible  quantité  de  stibine. 

En  1880,  l'épaisseur  réduite  était  de  0",03  de  galène,  0",02  de 
blende  et  0°',02  de  pyrite.  Localement,  la  galène  a  atteint  10  centi- 
mètres et  la  pyrite  jusqu'à  60  centimètres  ;  cette  abondance  de 
pyrite  est  une  gêne  pour  la  préparation. 

On  a  cru  remarquer  que  la  galène,  la  blende  et  la  pyrite  s'étaient 
déposées,  postérieurement  au  quartz,  par  suite  d'une  réouverture. 

En  1887,  on  était  encore  en  recherches,  après  avoir  suivi  le 
filon  sur  plus  de  500  mètres.  La  venue  d'eau  était  considérable, 
environ  400  litres  par  minute. 


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GÎTES  DE  PLOMB  DE  HUELGOAT  ET  POULLAOUEN    505 


MINES  DE  HUELGOAT  ET  POULLAOUEN  (Finistère)  * 

Les  mines  du  Huelgoat  et  de  Poullaouen,  déjà  exploitées  du 
temps  de  Louis  XIII,  ont  été,  de  1750  h  1868  (date  de  leur  aban- 
don), comptées  parmi  les  plus  importantes  de  France.  Jusqu'au 
xix"  siècle,  elles  ont  été  à  peu  près  uniquement  dirigées  par  des 
ingénieurs  du  Harz;  depuis  1830,  Juncker,  Paillette,  Pernolet  s'y 
sont  succédés.  Minéralogiquement,  elles  sont  remarquables  par  la 
présence  de  certains  corps  rares,  en  particulier  du  plomb  gomme. 

Les  gisements  se  composent  d'un  certain  nombre  de  filons  recou- 
pant des  granités,  microgranulites,  schistes  dévoniens  de  Tétage  des 
schistes  de  Néhou  et  Porsguen  et  schistes  carbonifères  de  Châ- 
teaulin. 

Les  filons  appartiennent  à  deux  groupes  principaux  : 

l"*  Les  filons  productifs  oscillent  autour  de  la  ligne  Nord-Sud  ; 

2^  Les  filons  stériles  sont  Est-Ouest. 

Le  filon  principal  de  Huelgoat,  exploré  sur  une  longueur  de  plus 
de  1  100  mètres,  et  jusqu'à  plus  de  300  mètres  de  profondeur, 
traverse,  presque  normalement  à  leur  direction  générale,  toutes 
les  roches  de  la  contrée,  granité,  schistes  dévoniens  (mâclifères  au 
voisinage  du  granité),  microgranulite,  poudingues,  grauwackes  et 
schistes  carbonifères. 

On  a  remarqué,  conformément  aux  règles  observées  dans  le 
Cornwall  par  M.  Moissenet,  que  les  parties  les  plus  riches  se  rap- 
prochaient de  l'inclinaison  maxima,  80**.  Dans  les  microgranulites 
.et  grauwackes  résistantes,  le  filon  est  productif;  il  devient,  au  con- 
traire, à  peu  près  stérile  dans  les  schistes  trop  tendres.  Enfin  la 
direction  qui  a  paru  la  meilleure  était  celle  qui  se  rapprochait  le 
plus  de  la  ligne  Nord-Sud. 

A  Poullaouen,  le  filon  est  uniquement  encaissé  dans  les  schistes 
et  les  grauwackes,  en  sorte  que  ces  lois  d'enrichissement  sont 
beaucoup  moins  sensibles. 

La  largeur  des  filons  de  Huelgoat  a  varié  de  0™,60  jusqu'à  3  et 
4  mètres.  Le  remplissage  était  composé  de  galène  et  blende  avec 

^  Coll.  École  des  Mines,  1982  et  1983. 


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506  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

pyrite.  Dans  les  parties  superfîcielles  et  au  voisinage  des  failles,  on 
a  rencontré  des  chlorures,  bromures,  iodures  d'argent,  de  l'argent 
natif,  du  plomb  phosphaté  ou  carbonate,  du  plomb  gomme,  etc.. 
dans  une  gangue  de  terre  rouge...  Des  fragments  de  la  roche  en- 
caissante sont  fréquemment  englobés  dans  le  filon. 

L'exploitation  a  été  interrompue  par  l'abondance  des  venues 
d'eau. 

Bibliographie, 

1780.  Duhamel.  —  Obser?.  sur  les  mines  de  plomb  du  Huelgoat,  en  Basse- 
Bretagne.  [Mém,  de  math,  et  phys.  présentés  à  tacadémie  des  Se,  t.  IX,  p.  711 
et  717.) 

1784.  Monnet.  —  Sur  les  roches  de  granité  d'Huelgoat  en  Basse-Bretagne. 
(Journal  de  physique  de  l'abbé  Rozier,  févr.  1784.) 

1786.  GiLLET  DE  Laumont.  —  Description  de  plusieurs  filons  métallifères  de 
Bretagne  et  analyse  de  quelques  substances  nouvelles.  (Journal  de  physique. 
Paris.) 

1806.  Daubuisson.  —  De  la  mine  de  plomb  de  Poullaouen  et  de  son  exploi- 
tation. (Journal  des  mines,  t.  XX,  p.  347.) 

1807.  Daubuisson.  —  De  le  mine  de  plomb  du  Huelgoat  et  de  son  exploita- 
tion. (Journal  des  mineSj  t.  XXI,  p.  27.) 

1820.  Berzelius.  — Analyse  du  plomb  gomme  du  Huelgoat.  (il rzn.  d.  tf., 
1«%  t.  V,  p.  245.) 

1813.  Berthier.  —  Analyse  du  minerai  d'argent  du  Huelgoat.  (Ann.  d.  M,, 
3%  t.  III,  p.  58.) 

1841 .  Elie  de  Beaumont.  —  Explication  de  la  carte  géologique,  p.  237. 

1846.  Pernolet.  —  Filons  de  Poullaouen.  (Ann.  d.  M.,  4«,  t.  X,  p.  381.) 

1861.  Von  CoTTA,  p.  431. 

1879.  Groddeck,  p.  308. 

1883.  LuRis.  —  Origine  des  filons  métallifères  de  Poullaouen,  etc.  (Bull. 
Soc.  Et.  Scient,  du  Finistère.  Morlaix,  p.  90.) 

1886.  Davy.  —  Mines  du  Huelgoat  et  de  Poullaouen.  (B.  S.  G.,  3®,  t.  XIV, 
p.  900.) 

1886.LuK£s.  —  Notes  sur  les  mines  de  Poullaouen,  etc.  (B.  S.  G.,  p.  909). 


MINE  DE  PLOMB  DE  PONTGIBAUD  (puy-de-dôme)' 
Le  gisement  de   Pontgibaud  (Puy-de-Dôme)  est  formé  d'une 

*  Voir  les  feuilles  géologiques  au  —i-  de  Moulins,  Gannat,  Clerraont. 

Cette  description  a  été  écrite  d'après  des  notes  prises  sur  place  en  1891  et  com- 
plétée, dans  sa  dernière  partie,  d'après  un  important  mémoire  de  M.  Lodin,  paru 
dans  les  Annales  des  Mines  pendant  l'impression  de  cet  ouvrage. 


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GItE   DB   plomb   de  PONTGIBAUD   (PUY-DE-DOME)  507 

grande  cassure  filonienne,  à  peu  près  Nord-Sud,  qui  paraît  se 
prolonger,  avec  des  intermittences,  jusqu*à  Châteattneuf  et  tra- 
verse les  concessions  de  Pranal,  la  Brousse,  Mioche,  la  Grange 
et  Roziers. 

Cette  cassure  est  en  relation  nette  avec  les  phénomènes  de  plis- 
sement, esquissés  dès  la  venue  de  la  granulite,  accentués  à  l'époque 
carbonifère,  poursuivis  encore  après  le  houiller,  qui  ont  imprimé, 
à  tous  les  terrains  de  cette  région  leur  allure  zonée  caractéristique  '. 
Elle  n'est  qu'un  accident  au  milieu  d'un  ensemble  de  phénomènes 
qui  comprend  l'alignement  si  marqué  du  bassin  houiller  de  Saint- 
Eloy,  la  disposition  des  innombrables  filons  de  microgranulite  de 
Manzat  et,  à  l'époque  actuelle,  le  suintement  des  sources  minérales 
de  Châteauneuf  sur  une  ancienne  direction  de  faille. 

Le  filon  de  Pontgibaud  se  présente,  sur  la  concession  de  la 
Brousse  (la  plus  prospère  de  toutes),  sous  forme  d'une  grande 
fracture  au  milieu  du  gneiss,  fracture  ayant  jusqu'à  14  mètres  de 
diamètre,  longeant  souvent  des  filons  antérieurs  de  granulite  ou 
de  microgranulite  et  remplie  par  des  fragments  de  gneiss,  granu- 
lite, etc.,  qui  y  forment,  soit  une  boue  argileuse,  soit  une  masse 
bréchoïde.  En  général,  ce  filon  est  unique;  parfois  pourtant,  il 
présente  des  bifurcations,  vite  stérilisées  à  distance.  Au  milieu 
de  ce  remplissage  argileux  ou  bréchoïde,  court  une  veine  de 
quartz,  chargée  par  endroits  de  galène,  avec  un  peu  de  barytine 
et  de  blende  ;  exceptionnellement,  on  y  a  rencontré  de  la  bour- 
nonite,  du  plomb  carbonate,  sulfaté,  etc..  La  calcite  est  rare  et 
considérée  là  comme  un  mauvais  signe,  tandis  qu'à  Auzelles  elle 
accompagne,  au  contraire,  le  minerai.  Comme  loi^  générale, 
M.  Lodin  a  cru  reconnaître  que  les  épontes  feldspathiques  étaient 
favorables  '. 

Jusqu'à  une  profondeur  de  200  mètres,  on  a  pu  distinguer,  dans 
ce  filon,  2  colonnes  riches  ou  plutôt  2  lentilles  formées  de  minerai 
à  l''^,500  d'argent;  à  200  mètres,  ce  filon  s'est  soudain  stérilisé 
et  aminci,  en  même  temps  qu'il  devenait  plus  horizontal.  Un  pro- 


'  Les  granulites  de  Pontgibaud  sont  N.  S.  comme  les  filons  de  galène.  On  a  trouvé 
au  voisinage,  à  Ârgentelle,  un  filon  de  cassitérite  ;  à  la  Miouse,  du  mispickel  aurifère 
avec  wolfram. 


'  Loc.  cit.,  p.  485. 


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508  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

jet,  qui  consistait  à  aller  le  rechercher  à  350  mètres  par  un  puits, 
a  été  abandonné  et  Ton  s'occupe  aujourd'hui  d'explorer,  par  gale- 
ries, la  partie  comprise  entre  la  Brousse  et  Pranal. 

Cette  concession  de  Pranal  est  exploitée  sous  le  basalte,  et  l'acide 
carbonique  y  constitue  une  gSne  notable. 

L'âge  du  filon  de  Pontgibaud  est  mal  déterminé;  on  peut 
cependant  affirmer  qu'il  est  postérieur  au  carbonifère,  dont  les  tufs 
orthophyriques  sont  recoupés  par  les  filons  de  Châteauneuf,  et 
antérieur  au  pliocène  moyen,  puisqu'il  est  recouvert,  à  Pranal,  par 
des  basaltes  et  ne  pénètre  pas  dans  les  alluvions  ponceuses  plio- 
cènes  de  Saysoubre. 

M.  Lodin,  par  un  rapprochement  avec  les  filons  barytiques  qui 
longent  la  bordure  de  la  Limagne  et  traversent  l'pligocène,  serait 
porté  à  le  croire  miocène. 

Gomme  on  pouvait  s'y  attendre  avec  un  système  fîlonien  dont 
la  direction  générale  de  cassure  est  aussi  nettement  unique,  les 
déviations  locales,  dues  à  la  rencontre  de  cassures  préexistantes, 
n'ont  aucune  influence  sur  le  remplissage.  Les  variations  d'orien- 
tation de  la  direction  du  gîte,  peuvent,  dans  l'étendue  d'une  même 
colonne  métallifère,  atteindre  40""  sans  que  la  minéralisation  en 
subisse  aucune  influence  ^  L'inclinaison  ne  parait  avoir  joué  un 
rôle  qu'à  la  Brousse  où  le  filon,  qui  était  riche  tant  qu'il  avait  un 
pendage  à  80"*,  s'est  aminci  et  stérilisé  en  profondeur  où  son 
pendago  est  tombé  à  55^ 

M.  Lodin,  étudiant,  à  l'occasion  de  ces  filons,  la  question  discu- 
tée de  l'appauvrissement  des  filons  de  galène  en  profondeur,  a 
montré  qu'à  Pontgibaud  comme  à  Huelgoat  (et  contrairement, 
dans  ce  dernier  cas,  à  un  travail  de  M.  Pernolet'),  on  devait  con- 
clure à  des  zones  alternatives  d'élargissement  et  de  rétrécisse- 
ment, mises  en  évidence  par  le  rapport  des  longueurs  exploitées 
aux  longueurs  de  galeries  de  recherche.  Le  seul  appauvrissement 
qui  pourrait  sembler  réel,  c'est  celui  de  la  teneur  en  argent  quand 
on  s'enfonce.  Ainsi,  à  la  Brousse,  le  plomb  d'oeuvre  tenait  0,006 
aux  affleurements,  0,005  entre  40  et  60  mètres,  0,004  entre  80  et 


<  Lodin.  Loc.  ciL,  p.  481. 

*  Pernolet.  Ann,  d.  Jf .«  4«  série,  t.  X,  p.  420  et  450. 


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MINE   DE  PLOMB   DE   YIALAS   (LOZÉRE)  509 

100  mètres,  0,0035  vers  180  et  0,0015  à  240  mètres;  cependant, 
d'autres  filons  montrent  un  phénomène  inverse. 

En  1890,  la  mine  de  Pontgibaud  a  occupé  489  ouvriers  et  pro- 
duit 2582  tonnes  de  minerai  de  plomb  à  253  francs;  en  1891, 
elle  a  produit  2  425  tonnes  à  213,10. 

Bibliographie, 

1822.  GuEYNivtAU.  —  (Afin.  d.  M.,  t.  VII,  p.  168.) 

1850.  RivoT.  —  (Afin.  d.  Jf.,  t.  XVIII,  p.  137;  cf.  Berg.  u.  H.  Z.,  1851, 
p.  273.) 

1861.  CoTTA,  p.  419. 

1879.  Groddeck,  p.  239. 

1889.  MichklLévy.  —  Feuille  au  -^ôlôô  ^®  Clermont. 

1891 .  L.  DE  Laonay.  —  Notes  de  voyage  inédiles. 

*  1892.  LoDiN.  —  Etude  sur  les  gttes  métallifères  de  Pontgibaud  (avec 
plans  et  coupes).  (Ann,  d.  J/.,  9«,  1. 1,  p.  389.) 


MINE  DE  PLOMB  DE  VIALAS  (lozèrb) 

i 

Le  champ  de  filons  de  galène  argentifère  de  Yialas,  en  Lozère, 
gisement  d'importance  industrielle  à  peu  près  nulle  aujourd'hui, 
est  devenu  classique,  en  France,  par  les  travaux  que  lui  ont  cou- 
sacrés  MM.  Lan  et  Rivot,  et  mérite,  à  ce  titre,  que  nous  nous  y 
arrêtions  un  instant. 

Le  village  de  Vialas  est  situé  sur  le  versant  Sud  de  la  Lozère, 
à  100  mètres  au-dessus  du  Luech,  torrent  qui  se  jette  dans  la 
Cèze,  près  de  Peyremale.  La  mine  est  desservie  par  la  station  de 
chemin  de  fer  de  Génolhac  située,  à  9  kilomètres  de  là,  sur  la 
ligue  de  Clermont  à  Alais. 

Constitution  géologique  de  la  région.  —  Le  massif  granitique 
de  la  Lozère  est  entouré,  de  tous  côtés,  par  des  micaschistes 
passant  graduellement  à  des  schistes  métamorphiques  de  moins  en 
moins  quartzeux,  qui  sont,  à  leur  tour,  recouverts  en  plusieurs 
points,  par  des  terrains  plus  récents,  en  particulier  par  les  bassins 
houillers  de  Portes,  de  la  Grand-Combe  et  de  Bessèges. 

Les  filons  métallifères  sont  surtout  concentrés  dans  les  mica- 
schistes, mais  se  prolongent,  au  Nord,  sans  changement  de  direc- 
tion, dans  le  granité. 


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510  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

L'étude  attentive  de  leurs  rejets  a  conduit  M.  Rivot  à  y  distin- 
guer la  série  des  systèmes  de  fracture  suivants  *  : 

{^  Fractures  He  à  7         Direction  vraie  ;      19^    (Remplie  par  la  venue  bary- 

tique  postérieure  H*.) 
2^       —       H»  —  56*»    Venue  sulfureuse  ancienne 

riche  en  argent. 

30       —        Hi  —  410 

40        _ 

50        - 

60        —        Hs  —  260/ 


H8à»  —  1000/        . 

H  —  4760  (  Cï^^scurs  quarizeux. 


70        —        He  —  710    croiseurs  bary tiques. 

80        —        Hioàii  —  1610)-...  ,. 

__       „  _  .g^^  failles  sans  remplissages. 


9 


Chacune  de  ces  directions  avait  été  rattachée  par  lui,  suivant  les 
idées  de  Tépoque,  à  un  soulèvement  de  montagnes,  et  il  avait 
cru  pouvoir  en  conclure  Fâge  correspondant  de  la  fracture. 

Au  point  de  vue  pratique,  on  a  admis  une  certaine  relation 
entre  la  direction  de  la  fente  et  la  nature  du  remplissage. 

On  peut  également  vérifier  ce  fait  intéressant,  fréquemment 
observé  en  Saxe,  que  l'âge  du  remplissage  d'un  filon  peut  être 
parfois  très  différent  de  celui  de  la  fracture. 

Si  nous  passons  en  revue  les  divers  systèmes  de  filons,  nous 
trouvons  les  faits  suivants  : 

l^Le  système  H^.,  ou  des  anciens^  le  plus  ancien  et,  par  un  hasard, 
également  le  plus  anciennement  exploité,  se  compose  d'un  filon 
barytique  ne  contenant  que  des  mouches  ou  des  rognons  de  mine- 
rai. L'âge  de  la  fracture  y  est  bien  distinct  de  celui  de  son  rem- 
plissage. Les  fractures  H^.^  sont,  en  effet,  coupées  et  rejetées  par 
tous  les  autres  accidents  de  la  région.  Au  contraire,  le  remplissage 
barytique  paraît  être  arrivé  seulement  à  une  époque  beaucoup  plus 
récente,  par  les  filons  de  direction  très  voisine  H^  (7®  système),  d'où  il 
passe,  sans  interruption,  dans  les  veines  plus  anciennes.  La  venue 
barytique  semble,  à  son  tour,  avoir  été  réouverte  pour  donner 
passage  à  la  seule  venue  exploitée  dans  ce  système,  venue  com- 

1  Rappelons  que,  dans  la  pratique  des  mineurs,  on  divise  la  moitié  du  cadran  de  la 
boussole,  du  Nord  au  Sud,  en  passant  par  TEst,  en  douze  heures,  correspondant  par 
suite,  chacune  à  15".  H,  signifie  que  le  filon  est  orienté  vers  la  sixième  heure,  ou  a  90*  : 
pour  avoir  la  direction  vraie,  il  faut  tenir  compte  de  la  déclinaison. 


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MINE   DE   PLOMB   DE  VIALAS    (lOZÈRE) 


511 


Ji 


60 

S 

o 


S 


3 


O 


t» 
S 


posée  de  quartz  cristallin  avec  galène  argentifère.  Les  fragments 
de  schistes  encaissants  sont  très  fréquents  dans  le  remplissage. 


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512  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

2®  Le  système  H,  ou  des  Avesnes  a  été  comparé  à  la  véritable 
venue  sulfureuse  aocienne  (S,  de  Freiberg)*.  Ces  filons  ont  été  visi- 
blement rouverts  à  diverses  reprises  ;  ils  sont  peu  puissants  et 
peu  continus  en  direction,  mais  industriellement  très  importants  : 
car  ils  renferment  de  la  galène  très  argentifère  contenant  jus- 
qu'à 475  grammes  d'argent  &  la  tonne  de  minerai.  Leur  remplis- 
sage est  souvent  détritique,  parfois  cimenté  par  une  venue  an- 
cienne de  calcite  lamellaire  avec  galène.  La  galène  riche  se  trouve 
avec  de  la  calcite  et  de  la  barytine  rose. 

3""  Les  systèmes  K^,  E^.^  et  H,  ne  sont  que  des  croiseurs  quartzeux 
à  peu  près  stériles.  H^  est  rempli  par  un  mélange  de  quartz  et  de 
schistes  broyés,  avec  pyrite  de  fer  altérée.  Le  remplissage  quart- 
zeux parait  contemporain  des  fentes  elles-mêmes  ;  car,  dans  les 
nombreux  croisements  qui  ont  été  rencontrés  par  les  travaux,  il 
ne  passe  jamais  à  des  croiseurs  plus  récents.  Les  veines  H^  ont, 
d  ailleurs,  résisté  à  toutes  les  réouvertures.  Les  filons  Hg.^  sont 
bien  caractérisés  et  puissants;  leur  remplissage  principal  est  le 
quartz  blanc  laiteux,  parfaitement  pur  ou  bien  empâtant  des  frag- 
ments de  schistes  ;  on  y  trouve,  par  places,  un  peu  de  blende  et 
de  pyrite  de  fer. 

De  même,  les  filons  H,  sont  remplis  d'un  quartz  un  peu  carié, 
assez  dur,  coloré  plus  ou  moins  régulièrement  par  du  peroxyde 
de  fer;  on  y  distingue  des  montées  postérieures  de  calcite. 

4^  Les  filons  H,  sont  très  développés  à  Vialas. 

5^  Les  filons  H^  sont  exclusivement  remplis  de  barytine  d'un 
blanc  laiteux,  à  texture  cristalline  et  non  métallifère.  Ils  recoupent, 
très  visiblement,  les  filons  H,  ;  nous  avons  dit,  plus  haut,  que  la 
venue  barytique  semblait  être  partie  de  là  pour  se  répandre  dans 
les  veines  H,.^. 

6**  Enfin  les  fractures  U^q.^  et  Hj,  sont  de  simples  cassures  sans 
trace  de  frottement  et  sans  remplissage.  Ni  le  quartz  E.^^  ni  la 
barytine  H^  n'y  pénètrent  :  ce  qui  a  fait  admettre  qu'elles  étaient 
plus  récentes  que  toutes  les  autres. 

En  résumé,  si  on  considère,  non  plus  Tâge  des  cassures,  mais 
celui  des  remplissages,  les  faits  les  plus  nets  sont  les  suivants  : 

1  Voir  plus  loin,  page  591. 


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MINE  DE   PLOMB   DE   YIALÂS   (LOZÈRE)  513 

Il  s'est  produit  : 

1**  Une    venue  sulfureuse  à  galène  pauvre  (pyritishe  blei  de 
Frciberg?),  après  les  fentes  H„  avant  les  fentes  Uf^^; 

2""  Des  venues  quartzeuses»  accompagnées,  à  certains  moments» 
de  calcite  et  d'un  peu  de  blende  et  pyrite  ; 

3"*  Une  venue  barytique  H^,  certainement  postérieure  à  la  venue 
sulfureuse  ; 

i"  Une  venue  de  galène  ai^entifère  avec  calcite,  rencontrée  dans 
les  réouvertures  de  la  barytine  H,  et  postérieure  aux  fentes  H^.^; 

5**  Une  venue  de  galène  riche  avec  calcite  cristallisée  et  bary- 
tine rose,  la  plus  récente  de  toutes,  qui  caractérise  les  fentes  H 
et  qu'on  a  longtemps  recherchée  dans  tous  les  filons  de  même 
direction  du  Plateau  Central. 

C'est-à-dire  que  la  succession  (assez  analogue,  comme  nous  le 
verrons  à  celle  qu'on  constate  en  Saxe)  est  : 

Galène  pauvre  ancienne  avec  quartz  ;  galène  avec  calcite  ;  galène 
avec  barytine;  galène  argentifère. 

Nous  croyons  qull  serait  hasardé  de  vouloir  chercher  des  con- 
cordances de  détail  plus  complètes  et  établir  des  lois  trop  rigoureuse 
pour  des  phénomènes  qui  ne  semblent  pas  susceptibles  de  règles 
aussi  strictes  et  aussi  générales. 

Par  l'étude  des  directions,  on  avait  essayé  jadis  d'établir  que  les 
dernières  venues  de  galène  argentifère  étaient  contemporaines  des 
assises  les  plus  élevées  du  groupe  tertiaire.  Un  argument  plus  con- 
vaincant en  faveur  de  l'âge  assez  récent  de  ces  venues  est  la  pré- 
sence, dans  le  voisinage,  de  matières  de  remplissage  analogues  dans 
le  lias  et  l'existence,  en  Auvergne,  de  nombreux  filons  barytiques, 
contenant  parfois  des  traces  de  galène,  jusque  dans  l'oligocène. 

L'exploitation  de  la  mine  de  Vialas  se  fait,  en  quatre  niveaux, 
par  gradins  renversés.  Un  atelier  de  préparation  mécanique  et 
une  fonderie  se  trouvent  au  voisinage  du  confluent  des  ruisseaux 
de  la  Picardière  et  du  Luech. 

De  1843  à  1877,  on  a  extrait  166  379  mètres  cubes  de  minerai, 
ayant  donné  41  tonnes  d'argent  et  7  000  tonnes  de  litharge  ou  de 
plomb  marchand  : 

Dans  le  même  temps,  les  dépenses  d'exploitation  ont  été  de 
8  millions,  et  les  dépenses  extraordinaires  de  1  400  000  francs;  en 

GÉOLOGIE.  —  T.  U.  33 


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514  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

sorte  que  le  mètre  cube  revenait  à  56  fr.  54  et  la  tonne  à  4  310  fr. 
La  baisse  des  prix  sur  le  plomb  et  Tépuisement  progressif  du 
gîte  en  profondeur  ont  rendu,  peu  à  peu,  cette  exploitation  de 
plus  en  plus  infructueuse.  En  1882,  on  produisait  encore,  par  an, 
5  000  tonnes  de  minerai,  donnant  200  tonnes  de  plomb  et  1  000  kilo- 
grammes d'argent.  Depuis  cette  époque,  la  concession  de  Vialas  a 
été  achetée  par  la  Société  de  Mokta-el-Hadid  *,  avec  une  concession 
de  houille  connexe  et  n'est  plus  Tobjet  que  de  travaux  insigniflants. 
En  1890,  elle  a  produit  118  tonnes  de  minerai;  en  1891,  203. 

Bibliographie, 

1823  et  1824.  Marrot.  —  (Ann.  d.  M.,  i^  série,  t.  VIII  et  ÏX.) 

1854.  Lan.  —  Descr.  des  gites  métallif.  de  la  Lozère  et  des  Cévennes  Occid. 

{Ann.d.  If.,  5%  t.  VI,  p.  401.) 
1854.  Lan.  —  Mines  de  plomb,  argent  et  cuivre  de  la  Lozère.  {Ann.  d.  M., 

5*,  t.  VII,  p.  351.) 
M863.  RivoT.  —(Ann.  d.  M.,  6»  série,  t.  IV,  1863,  p.  309.) 
1871.  Struyer.  —  (NeuesJahrb.  f.  Minerai,  1871,  p.  753.) 

1878.  Notice  sur  les  mines  de  Villefort  et  Vialas,  Rouvergue  et  Combere- 
donde. 

1879.  Groddeck,  p.  314. 

1882.  L.  DE  Launay.  —  Journal  de  voyage  manuscrit  à  Técole  des  Mines,  p.  47. 
•  1883.   Garnier.  —  Mines  de  Vialas.  (Ind.  min.,  2«,  t.  XI,  p.  995.) 


GiTES  DE  PLOMB  SECONDAIRES 
DU  PLATEAU  CENTRAL 

Notre-Dame  de  Laval,  Rouvergue,  etc..  —  Nous  rapprochons  des 
mines  de  Vialas  d'autres  gisements,  qui  présentent  un  intérêt  du 
même  ordre  pour  avoir  été,  de  même,  étudiés  théoriquement  par 
Rivol  *  :  ceux  de  Notre-Dame  de  Laval  et  du  Rouvergue^  au  Nord 
de  la  Grand'Combe. 

Les  terrains  affleurant  dans  cette  région  sont  le  micaschiste,  le 
houiller  et  le  trias  ;  à  Laval,  des  travaux  très  anciens  ont  suivi 
des  filons  H,  dans  le  trias.  Sur  la  concession  de  Rouvergue,  un 
groupe  de  filons  importants,  également  dirigés  H^  et  plongeant 

«Voir  1. 1,  p.  721. 

■  Rapport  autographié  du  12  nov.  1864. 


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GÎTE   DE  PLOMB  d'aUROUZE   (hAUTE-LOIRE)  515 

vers  le  Nord  a  été  trouvé  dans  les  micaschistes  du  ravin  de  la 
Femet.  Plus  au  Nord,  à  Masse,  Cornac,  le  Chambon,  d'autres 
filons  oscillent  de  H,  à  H^. 

Dans  le  département  du  Gard,  les  seules  mines  de  plomb  exploi- 
tées aujourd'hui  sont  celles  de  Matines;  nous  avons  parlé,  à  propos 
du  zinc  \  de  ce  gisement  qui  ne  fournit  un  peu  de  galène  (1 631 
tonnes  en  1889)  qu'accessoirement. 

Toujours  dans  le  Plateau  Central,  nous  nous  bornerons  à  men- 
tionner quelques  concessions  abandonnées,  comme  Buech  et  Pradal y 
en  Lozère  %  où  l'on  avait  un  filon  très  épais  (20  à  40  mètres),  à  rem- 
plissage essentiellement  quartzeux,  avec  des  sortes  de  colonnes 
barytiques,  résultant  peut-être  d'une  réouverture  et  renfermant 
de  la  galène  argentifère. 

Ces  gisements  ont  été  très  anciennement  connus  ;  il  en  est  de 
même  de  ceux  des  environs  de  Marvéjols,  également  en  Lozère, 
que  Ton  a  essayé,  sans  succès,  de  reprendre  en  1880'.  Quelques 
travaux  y  paraissent  dater  de  l'époque  romaine  ;  sous  Charles  VII, 
la  quantité  d'argent  qu'on  en  tirait  avait  motivé  la  fondation  d'un 
hôtel  des  monnaies  royales  àMarvéjols,  en  Gévaudan.  LesOlons 
ont  deux  directions  :  les  plus  anciens  barytiques  à  130**,  les  plus 
récents  quartzeux  et  Ouatés  à  45^. 

Dans  la  Haute-Loire,  les  filons  de  plomb  inexploités  d'Aurouze 
(Haute-Loire),  près  Paulhaguet;  dans  laCorrèze,  ceux  de  Chabri- 
gnac  ont  été  Tobjet  de  rapports  de  M.  Fuchs  :  nous  analyserons 
ces  deux  documents. 

Aurouze  (Haute-Loire^).  — Les  mines  de  plomb  argentifère  d'Au- 
rouze, près  Paulhaguet  (Haute-Loire),  ont  été  concédées  par  décret 
du  8  juin  1870  ;  la  superficie  de  la  concession  est  de  2  660  hectares. 

La  région  est  constituée  par  des  micaschistes  que  recoupent 
des  filons  de  plomb  argentifères,  réputés  assez  riches  en  argent. 

Ces  filons  sont  remarquables  par  la  proportion  considérable  de 
sulfate  de  baryte  qu'ils  renferment  aux  affleurements;  dans  la 

«  Page  43  i. 

*  Rapport  de  M.  Germain  en  1875. 

*  Rapport  de  M.  E.  Paulet,  3  août  1879. 

*  Rapports  de  MM.  Tourgon  (1870),  Thomé  de  Gamond  (1874),  Fuchs  (1875  à  1877), 
Cambrésy  (1879). 


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516  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

plupart  d'entre  eux,  cette  proportion  est  assez  forte  pour  en  per- 
mettre l'extraction  spéciale  et  c'est  même  en  exploitant  la  bary- 
tine,  abondante  surtout  à  la  surface,  qu'on  a  découvert  la  galène 
argentifère.  En  profondeur  S  les  filons  deviennent  généralement 
quartzeux. 

Les  filons  reconnus  sont  : 

1*"  Sur  la  rive  droite  du  ravin  de  l'Aurouze  : 

Le  filon  de  la  Montagne^  N.  42**  0.  ; 

Le  filon  des  Anciens^  N.  37  à  42*"  0.,  recoupé  par  les  puits 
Saint-Louis  et  Bergoin,  presque  toujours  barytique  et  stérile  et 
ne  contenant  de  quartz  que  dans  des  géodes;  en  résumé  inexploi- 
table ;  puis  deux  filons  de  fluorine  sans  trace  de  galène,  à  peu 
près  parallèles,  N.  44**  0.  ; 

Le  grand  filon  cfAurouze,  en  moyenne  N.  60**  0.  ; 

Le  filon  dElpen  N.  70**  0  ; 

2^  Sur  la  rive  gauche,  le  filon  des  eaux  minérales  N.  45**  0.,  sur- 
tout quartzeux,  le  filon  deFararie  N.  41**  0.,  et  le  filon  Delpeux. 

Les  efforts  se  sont  concentrés,  vers  1879,  dans  le  quartier  des 
eaux  minérales. 

D'une  manière  générale,  la  galène  accompagne  le  quartz,  tandis 
que  la  barytine  est  le  plus  souvent  stérile.  Souvent  le  spath-fluor, 
également  stérile,  reprend  de  l'importance  en  profondeur. 

Chabrignac  (Corrèze)*.  —  Le  gisement  de  Chabrignac,  en  Corrèze, 
présente  cette  particularité  de  montrer  une  relation  nette  entre 
des  filons  et  des  imprégnations  de  grès  permiens  et  de  former 
ainsi  une  sorte  de  transition  entre  le  type  filonien  et  le  type  à 
allure  sédimentaire. 

La  concession  comprend  : 

1^  Des  filons,  dirigés  sensiblement  Nord-Sud,  très  abondants 
dans  la  région,  qui  recoupent,  non  seulement  les  schistes  cristal- 
lins, mais  encore  le  terrain  houiller  et  les  grès,  permiens  ou  tria- 
siques,  qui  le  surmontent.  Leur  remplissage  est  composé  essen- 
tiellement de  barytine  et  pyrite,  avec  mouches  de  galène.  Le  seul 

*  Nous  avons  déjà  eu  roccasion  de  faire  remarquer  que  ce  fait  se  produisait  très  fré- 
quemment. 

•  Rapports  de  C.  Perrière  (1871)  et  Fuchs  (1874). 


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GÎTES   DE  PLOMB   DE  CHABRI6NAC,    DU   MORYAN,    ETC.     51T 

filon  qui  ait  paru  susceptible  d'exploitation,  celui  de  la  Ferragerie, 
était  compris  dans  ce  groupe; 

2^  Des  filons  métallifères  H^,  peu  visibles  à  la  surface  et  très 
irréguliers  d'allure,  en  outre  extrêmement  minces,  dont  le  rem- 
plissage est  formé  de  galène  et  pyrite  avec  gangue  barytique,  un 
peu  de  calcite  et  de  quartz  ; 

3""  Des  imprégnations  dans  le  grès  permien,  malheureusement 
éparpillées  sur  un  assez  grand  cube  de  terrains  et  d'une  manière 
irrégulière. 

La  nature  de  la  gangue,  barytique  et  pyriteuse,  était  une  gène 
pour  l'élaboration  de  ces  minerais,  car  elle  ne  permet  guère  d'en- 
richir, à  la  préparation  mécanique,  au-dessus  de  50  à  60  p.  100,  et 
rend  impossible  le  traitement  au  four  à  réverbère. 

Horvan.  —  La  même  relation  caractéristique  entre  les  épanche- 
ments  et  les  filons  est  très  visible  à  l'autre  extrémité  du  Plateau 
Central,  dans  le  Morvan. 

Dès  1840,  de  Beust  *,  en  étudiant  les  environs  d'Avallon, 
avait  été  frappé  de  voir  des  imprégnations  de  galène,  carbonate  de 
cuivre,  quartz  et  barytine,  pénétrer  dans  les  sédiments  du  trias  et 
du  lias  ;  de  trouver,  par  exemple,  des  gryphées  arquées,  remplies 
de  sulfure  de  plomb.  C'est  un  phénomène  qui  se  représente  fré- 
quemment sur  tout  le  pourtour  du  Plateau  Central.  A  Corbigny, 
on  observe  des  coulées  siliceuses  interstratifiées  riches  en  galène. 
Près  de  là,  à  Chitry-les-Mines^  on  a  exploité,  au  siècle  dernier,  des 
filons  concrétionnés  de  galène,  quartz,  barytine  et  fluorine.  Près 
de  La  Châtre  (Indre),  on  a  concédé  du  plomb  dans  des  bancs  de 
quartz  carié  triasique  analogues,  etc.. 

Bibliographie. 

1852.  Boise.  Gîtes  métallifères  de  VAveyron.  (Ann.  d.  If.,  5«,  t.  H,  p.  467.) 

1856.  Parran.  —  Gîtes  métallifères  de  Pa//iére5  (Gard).  (Ann,  d.  M.,  5% 
t.  XV,  p.  47.) 

1857.  Formation  des  minerais  de  plomb  de  la  Dordogne.  (B.  S.  Gf.,  2«, 
t.  XIV,  p.  885.) 

<  Kritische  Beleuchtung  der  Wernerschen  Gangtheorie. 


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118  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


MINES  DE  PLOMB  DE  LA  RÉGION  PYRÉNÉENNE 

Les  mines  de  plomb  exploitées  de  la  région  pyrénéenne  sont  : 
dans  TAriège  :  Seniein,  Moncotistans,  le  Bentaillou  ;  dans  TAvey- 
ron,  Villefranche  et  Asprières;  dans  les  Hautes-Pyrénées,  Pier- 
refitte.  Nous  dirons  quelques  mots  de  gîtes  qui,  industriellement, 
ont  peut-être  moins  de  valeur,  mais  qui  présentent  un  intérêt 
géologique,  ceux  de  Seix,  le  Pouech  et  Aulus  (Ariège),  des  Arguts 
(Haute-Garonne). 

Seix,  le  Pouech  et  Aulus  (Ariège).  —  Les  trois  concessions  de 
Seix^  le  Pouech  et  Aulus  sont  situées  dans  l'arrondissement  de 
Saint-Girons,  département  de  TAriège.  Les  gisements,  exploités 
en  grand  à  Tépoque  romaine,  surtout  au  Pouech,  ont  été  repris, 
un  moment,  au  xvm*  siècle;  les  travaux  modernes  sont  peu  impor- 
tants. 
M.  Vieira  y  a  distingué  quatre  systèmes  de  filons  : 
1*"  Filons  plombeux,  N.  70"*  E.,  généralement  réguliers,  avecpen- 
dage  de  70  à  80**  au  Sud.  Ils  contiennent  de  la  galène  pauvre  en 
argent  (100  à  200  grammes  aux  100  kilogrammes  de  plomb)  avec 
gangue  de  chaux  carbonatée,  blende,  fer  spalhique  et  quelquefois 
quartz.  La  blende  domine  aux  affleurements,  mais  tend  à  dispa- 
raître en  profondeur  ; 

2**  Filons  plombeux,  N.  110*  E.,  moins  continus  que  les  précé- 
dents. Le  minerai  est  de  la  galène  beaucoup  plus  riche  en  argent 
(200  à  700  grammes),  avec  gangue  de  calcite  ;  la  blende  est  plus 
rare  ;  le  quartz  plus  fréquent  ; 

3"*  Des  filons  cuivreux  N.  140*"  E.  à  N.-S.  recoupent  les  précé- 
dents. Le  remplissage  est  formé  de  pyrites  de  fer  et  de  cuivre  à 
gangue  quartzeuse  ; 

4**  Croiseurs quartzeux  N.  20**  E.,  généralement  stériles,  quelque- 
fois un  peu  cuprifères. 

Les  colonnes  riches  semblent  se  trouver  à  la  rencontre  des 
deux  premiers  systèmes. 


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MINES   DE   PLOMfi   DE   LA   RÉGION   PYRÉNÉENNE  5i9 

En  résumé,  le  cuivre  ne  parait  pas  exploitable  ;  mais  M.  Yieira 
croyait  à  Texisteace  de  masses  importantes  de  galène. 

D  après  des  rapports  de  service  de  MM.  Mussy  et  de  Cizan- 
court,  on  peut  évaluer,  entre  0"*,05  et  0"',16,  la  puissance  réduite 
des  colonnes  riches  d'Aulus  et  de  Seix  et  Tabatage  d'un  mètre 
carré  de  filon  y  fournirait  entre  350  et  1  100  kilogrammes  de  mine- 
rai marchand. 

Le  défaut  de  ces  gisements,  c'est  leur  altitude  très  élevée. 

Arguts  (Haute-Garonne).  —  Le  district  des  Arguts,  situé  entre 
Faune  et  Saint-Beat  (Haute-Garonne),  comprend  des  schistes 
ardoisiers  siluriens  exploités  pour  ardoises  et  recoupés  par  des 
filons  métallifères  qui  affleurent  entre  600  et  700  mètres  d'alti- 
tude. Ces  filons  sont  assez  nombreux,  mais  peu  épais.  Leur  rem- 
plissage dominant  est  la  blende,  avec  de  la  galène  en  proportion 
moindre.  Ceux,  sur  lesquels  on  a  fait  quelques  travaux  productifs, 
avaient  8  centimètres  d'épaisseur  réduite  :  1%3  en  galène,  6%7  en 
blende. 

On  y  a  signalé  des  filons  parallèles  à  la  stratification,  dans  les 
schistes  quartzeux,  où  Tordre  de  consolidation  était  le  suivant  : 
quartz,  blende,  galène  ;  notamment  un  filon  à  75**,  d'une  épais- 
seur de  20  centimètres  et  d'une  épaisseur  réduite  de  7  à  8  centi- 
mètres, dont  les  5/6  en  blende  et  i/6  en  galène  ;  un  autre  filon  à 
65^,  d'une  épaisseur  de  0"',10  à  1",80,  ayant  la  môme  épaisseur 
réduite  et  la  même  teneur  que  le  précédent,  etc. 

Bibliographie. 

1786.  DiETRiCH.  —  Les  Pyrénées. 

18o9.  Rapport  manuscrit  de  M.  de  Gzancourt  sur  Aulus  (25  mai  1859). 

1870.  Mussy.  —  Ressources  minérales  de  TAriège.  {Ann,  d.  M.,  6*^,  t.  XVII.) 
11  cite  une  description  due  à  Malus  en  1600. 

1876.  CoMBET.  Rapport  sur  les  mines  de  zinc  et  de  plomb  argentifère  des 
Arguts. 

1879.  Note  sur  les  ardoisières  et  les  mines  métalliques  d'Arguts  (Haute- 
Garonne)  . 

•1877.  Rapport  de  M.  Vieira. 

1886.  Stuart  Menteath.  —  Cites  métall.  des  Pyrénées-Occid.  {B.  S,  G.,  3«, 
t.  XIV,  p,  587.) 


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520  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


GITES  DES  ALPES,  DE  SAVOIE  ET  DE  CORSE 

Nous  nous  bornerons  à  mentionner,  dans  les  Alpes,  les  mines  de 
Herst,  Sarrasins,  Montchabert,  Bonvillard  ;  pour  celles  d'AUemont 
et  de  Chalanches  en  Dauphiné,  nous  renvoyons  au  chapitre  de 
VArgent;  nous  décrirons  seulement,  dans  cette  région,  celles  de 
Pesey  (Savoie),  qui  présentent  quelque  intérêt  historique. 

Pesey  (Savoie).  —  Pesey  est  situé  sur  la  rive  gauche  de  Tlsère,  à 
environ  20  kilomètres  en  amont  de  Moutiers.  Les  mines  sont  à 
la  cote  1580,  au  pied  d*une  falaise  que  surmonte  le  glacier  de 
Pépin. 

Le  gisement  est  constitué  par  un  filon  couche. 

L'exploitation,  qui  a  été  assez  active  au  début  du  siècle,  a  porté  à 
peu  près  exclusivement  sur  une  colonne,  très  inclinée,  de  galène 
tenant  210  grammes  d'argent  aux  100  kilogrammes  de  plomb.  La 
colonne  avait  été  extrêmement  riche  dans  les  parties  hautes,  où 
elle  avait  présenté  une  puissance  de  8  mètres,  donnant  assez  aisé- 
ment des  minerais  à  82  p.  100  de  plomb.  Puissance  et  richesse 
diminuèrent  rapidement  en  profondeur. 

Le  gisement,  découvert  en  1714,  et  exploité,  de  1742  à  1760,  par 
une  compagnie  anglaise,  puis,  jusqu'en  1792,  par  une  compagnie 
sarde,  fut,  à  ce  moment,  déclaré  bien  national.  En  1802,  Técole 
des  mines  dut  être  installée  à  Pesey  sous  la  direction  de  Schreiber, 
qui  reprit  l'exploitation  des  mines  et  la  continua  avec  succès  jus- 
qu'en 1814.  On  sait  d'ailleurs  que  les  difficultés  d'installer  une 
école  à  Pesey  la  firent,  en  pratique,  établir  à  Moutiers  jusqu'en 
1814. 

Pesey  s'épuisant,  Schreiber,  en  1813,  mit  en  exploitation,  à 
10  kilomètres  de  là,  lamine  de  Macot^  qui  a  eu  une  certaine  pros- 
périté jusqu'en  1866. 

Corse.  —  En  Corse^  la  galène  argentifère  forme  des  filons  dans 
un  granité,  dans  les  environs  de  Caleuzana^  sur  le  mont  Asinaio^ 
et  dans  des  schistes  serpentineux  aux  environs  de  Pietralba  et  de 


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FILONS   DE  PLOMfi   ALLEMANDS   (vOSGES,    FORÊT  NOIRE,    ETC.)     521 

Patemo,  près  de  Bastia.  Elle  est  très  pauvre  en  argent,  sauf  en 
quelques  points,  comme  à  Argentelltty  où  Ton  a  obtenu  excep- 
tionnellement 5*^,920  d'argent  à  la  tonne  de  plomb. 

Bibliographie. 

1806.  Leuvec.  —  Statistique  des  mines  et  usines  du  département  du  Mont. 
Blanc.  (Journal  des  Mines,  t.  XX,  2®  semestre  1806.) 

1844.  ViRLET  d'AousT.  —  Mine  de  plomb  argentifère  de  Macot  en  Taren- 
taise.  (B.  S.  G.,  2«,  1. 1,  p.  810.) 

1861.  Baudinot.  —  Mine  de  plomb  argentifère  de  TArgentière.  (B.  S.  G.,  2®, 
t.XVm,  p.  791.) 

1889.  Aguillon.  —  Notice  sur  TEcole  des  mines,  p.  87. 


FILONS  DE  PLOMB  ALLEMANDS* 

Il  existe,  en  Allemagne,  de  très  nombreux  gisements  de  plomb. 
En  laissant  de  côté  ceux  de  la  Silésie  décrits  plus  haut  ',  au  cha- 
pitre du  ZinCj  ceux  du  Harz  et  de  la  Saxe  renvoyés  plus  loin  * 
avec  les  champs  de  filons  complexes,  nous  avons  encore  à  men- 
tionner ceux  des  Vosges,  de  la  Forêt  Noire,  de  la  Prusse  rhénane, 
du  Nassau,  de  la  Thuringe,  etc. 

Dans  les  Vosges,  on  connaît  des  filons  de  galène  très  argentifère, 
dans  le  gneiss,  aux  environs  de  Markirch,  d'autres  près  de  Saint- 
Nicolas  dans  ledévonien,  d'autres  enfin  dans  le  grès  rouge  ou  le 
trias  au  Nord  de  rAlsace,à  Lembach,  Windstein,  Eatzenthal  ou, 
dans  le  Palatinat,  toujours  sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  près  de 
Schônau,  Bundenthal,  Erlenbach,  etc. 

En  face  des  Vosges,  sur  la  rive  droite  du  Rhin,  dans  la  Forêt 
Noire  et  le  duché  de  Bade,  jX  existe  deux  faisceaux  de  filons, 
dont  Tun  va  de  Hofen  et  Kirchhausen  (au  Sud)  à  Heubronn, 
Saint-Ulrich,  Zàhringen  et  Neuweier  près  Steinbach,  tandis  que 
l'autre,  plus  à  l'Est,  se  poursuit  de  Gorwihl,  dans  la  vallée  de 

*  Voir  d'Achiardi,  1,  250. 

«  Page  449. 

»  Pages  576  et  suit. 


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o22  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

l'Alb  près  Sain t-Blasien,  parHausach  et  Biersbach,  jusqu'à  Baden, 
sur  124  kilomètres  de  long. 

Plus  au  Nord,  se  trouvent,  sur  les  deux  rives  du  Rhin,  les  im- 
portants gisements  plombifères  de  la  Prusse  rhénane^  du  Nassau 
€t  de  la  Wesphalie,  pour  la  plupart  encaissés  dans  le  dévonien 
et  dont  nous  décrirons  bientôt*  quelques-uns  plus  en  détail. 

Là,  sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  la  galène,  la  blende  et  la  pyrite 
forment  des  nids  et  amas  dans  le  dévonien  d'Aix-la-Chapelle,  entre 
Eupen  et  Wenau,  près  de  Schleiden,  Call  et  Dottel.  Nous  étudie- 
rons quelques  gîtes  de  ce  genre,  situés  dans  la  même  région, 
^  Commern,  Mechernich,  etc.,  comme  sédimentaires. 

Sur  la  rive  gauche  de  la  Moselle,  on  peut  citer  les  filons  de 
Bleialf  près  Prûm  (Trêves),  de  Rescheid  près  Schleiden  (Aix-la- 
-Chapelle)  qui  donnent  de  la  galène  pauvre  (glasurerz),  ceux  de 
Saint-Johann,  Saint-Jost,  etc.,  près  Mayen  (Coblenz)  et  ceux  des 
■environs  de  Wittlich,  sur  le  flanc  Sud  de  TEifel. 

Sur  la  rive  droite  du  Rhin,  un  groupe  de  filons,  industriellement 
plus  importants,  commence  dans  le  Nassau,  se  retrouve  à  Saint- 
■Goarhausen  (Wiesbaden),  traverse  le  Lahn,et  arrive  àHolzappel. 
D'autres  se  présentent  sur  les  deux  rives  de  la  Lahn,  à  Ems  et 
k  Kransberg.  Nous  leur  consacrerons  un  paragraphe  plus  loin. 

Vers  le  Nord,  mentionnons  encore  les  filons  d'Alterkirchen, 
Ottershagen  près  Rosbach,  Wingartshardt,  Morsbach,  Busenbach, 
Eulen,  etc. 

Dans  le  district  de  Cologne,  le  dévonien  moyen  (Lennenschiefer) 
renferme  des  filons  de  galène  et  blende  près  de  Sieg,  Mûlheim, 
Waldbroel,  Wipperfûrt  et  Gummersbach  ;  le  calcaire  de  TEifel  en 
contient  aux  environs  de  Mûlheim,  près  de  Bensberg  ;  on  en 
retrouve,  dans  le  calcaire  carbonifère  et  le  culm,  à  l'Ouest  d*Has- 
tternath  et  près  de  Stolberg. 

En  Thuringe,  les  filons  de  Weitesberg  sont  dans  le  silurien. 

<  Page  523. 


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gItES   de  plomb   de   la   PRUSSE  RHÉNANE  523 

MINES  DE  EMS,  HOLZAPPEL,  ZELL-SUR-MOSELLE,  ETG- 

(PRUSSE    RHÉNANE,    RÉGENCE   DE   COBLENZ   ET  NASSAU) 

La  vallée  de  la  Lahn  et  les  deux  rives  du  Rhin,  entre  Coblentz 
et  Bingen,  présentent,  comme  nous  venons  de  le  dire,  des  mines 
de  plomb  exploitées  depuis  de  longues  années. 

Cette  région  est  formée  de  schistes  argileux  ou  ardoisiers  du 
dévonien  inférieur,  accompagnés,  dans  la  Lahn,  d'un  peu  de  grau- 
wacke. 

Ces  schistes,  dirigés  N.  45°  E.  avec  pendage  S.-E.,  sont  traver- 
sés par  de  nombreux  filons  de  quartz,  blende  et  galène  avec  un 
peu  de  sidérose  (plus  abondante  dans  le  Nassau)  et  de  pyrite  sans 
barytine.  La  galène  est  l'élément  essentiel.  A  Holzappel,  on  a 
380  kilogrammes  de  minerai  au  mètre  cube  ;  à  Ems,  270. 

La  puissance,  assez  irrégulière,  est,  en  moyenne,  de  0"*,50 
à  Holzappel. 

Les  ûlons  présentent  des  inflexions  brusques  et  des  étranglements, 
avec  la  tendance,  habituelle  aux  filons  dans  les  schistes,  de  suivre, 
pendant  quelque  temps,  la  stratification  pour  passer  ensuite  d'un 
banc  à  l'autre.  Parfois,  on  a  des  éparpillements  de  veines,  appelés 
zug.  C'est  ainsi  qu'à  Obernhoff,  un  fîlon  principal,  composé  d'un 
axe  quartzeux  et  de  deux  bandes  de  blende  et  galène,  est  accompa- 
gné ,  pendant  longtemps ,  de  deux  filons  parallèles.  Comme  au 
Bleiberg,  dont  nous  parlerons  plus  loin,  le  remplissage  est  sou- 
vent bréchiforme  et  comprend  des  fragments  de  schiste  incrustés 
de  blende  et  galène.  A  Holzappel,  on  exploite,  sur  400  mètres  de 
haut,  un  filon  de  0",50  de  large.  Cette  mine  occupe  1  200  ouvriers 
(dont  750  au  fond)  ;  Ems  occupait,  en  1870,  3  000  ouvriers. 

A  Zell-sur-Moselle,  les  exploitations  ont  porté  surtout  sur  le  filon 
d'Altay.  Dans  cette  mine,  la  production  a  été,  en  1873,  d'environ 
1  500  tonnes  de  minerai  à  59  p.  100  de  plomb  et  50  grammes  d'ar- 
gent aux  100  kilogrammes  de  plomb. 

Bibliographie. 

BuRAT.  —  Géologie  appliquée,  p.  153. 
1870.  VÉziAN.  —  Rapport  sur  les  mines  de  Zell-sur-Mozelle  (Besançon). 
1874.  ViLuÉ.  —  Rapport  sur  les  mines  de  Zell-sur-Moselle  (Besançon). 


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524  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


MINE  DE  BLEIBERG  ES-MONTZEN  (belgiqqe) 

En  Belgique,  il  existe,  de  Namur  vers  Aix-la-Chapelle,  sur  la 
zone  de  contact  du  calcaire  carbonifère  et  du  houiller,  une  suite 
de  mines,  Corphalie,  Ampsin,  Engis,  Das,  Moresnet,  Verviers, 
Altenberg,  Bleiberg,  etc.,  qui  se  prolonge  en  Prusse  à  Diepen- 
lichen  et  Stolbei^.  Nous  avons  déjà  parlé  de  ces  gisements  à 
propos  de  la  calamine*;  nous  nous  bornerons  ici  à  quelques 
détails  sur  le  gîte  de  Bleiberg. 

A  Bleiberg,  on  a  exploité  un  filon  de  galène  et  blende,  N.  57*.  0., 
connu  sur  7  kilomètres  de  long,  à  travers  le  terrain  houiller  et 
le  calcaire  carbonifère. 

Ce  filon,  de  0",90  de  large  environ,  a  un  remplissage  bréchiforme 
composé  de  fragments  de  grès  et  de  schistes  dans  le  houiller, 
de  calcaire  dans  le  carbonifère,  cimentés  par  des  minerais  rubanés. 
Il  y  subsiste  des  vides  incrustés  de  minerais  et,  dans  d'autres 
parties,  des  détritus  argileux  stériles,  résultant  du  délitement  des 
schistes,  qui  paraissent  s'être  opposés  à  la  pénétration  des  eaux. 

Ces  minerais  comprennent  alternativement  de  la  blende  et  de 
la  galène,  rarement  les  deux  ensemble.  Ils  se  sont  renouvelés 
plusieurs  fois  et  ont  commencé  par  la  blende  ;  car  celle-ci  existe 
toujours  avec  la  galène  et  souvent  seule.  Ils  sont  accompagnés 
d'une  gangue  de  calcite  et  de  silice  avec  un  peu  de  pyrite.  La 
composition  est  la  même  dans  le  calcaire  que  les  schistes.  Posté- 
rieurement au  remplissage  et  pendant  le  remplissage  même',  il 
s'est  produit  des  phénomènes  de  réouverture,  de  glissement  d'une 
éponte  sur  l'autre,  de  production  de  faces  polies  et  de  salbandes,etc. 
Ces  phénomènes  sont  particulièrement  nets  dans  les  parties 
supérieures  du  calcaire,  voisines  du  terrain  houiller,  où  il  s'est 
formé  un  grand  évasement  de  300  mètres  de  long,  70  de  large 
et  60  de  profondeur,  dont  le  remplissage  présente  un  caractère 
absolument  détritique. 

Cette  mine  a  produit,  de  1833  à  1878,  60  000  tonnes  de  plomb 

'  Pages  417  à  423. 

'  On  le  constate  à  la  présence  de  cristaux  intacts  développés  sur  les  cristaux  brisés. 


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FILONS   DE  PLOMB   D  AUTRICHE  525 

et  20  000  de  zinc  ;  le  plomb  est  presque  totalement  utilisé  pour  la 
fabrication  de  la  céruse  et  du  minium  orange  (employé  lui-même 
dans  la  préparation  du  cristal). 

La  tonne  de  minerai  brut  extraite  contient,  en  moyenne, 
18  p.  100  de  minerai  utile.  La  grande  difflculté  à  laquelle  on  s'est 
heurté,  a  été  une  énorme  venue  d'eau,  ayant  atteint,  en  moyenne, 
33  mètres  cubes  par  minute  et,  accidentellement,  43  mètres  cubes  ; 
la  mine  drainait,  en  effet,  toute  une  région  traversée  par  la  rivière, 
la  Gueule. 

Bibliographie. 

1876.  {Cuyperj  t.  XL,  p.  229.) 

1878.  RÉMY  Paquot.  —  Notice  pour  TExposition  universelle. 


FILONS  DE  PLOMB  D'AUTRICHE 

En  Autriche,  nous  aurons  à  décrire  les  champs  des  filons  com- 
plexes de  Przibram  et  Mies  en  Bohême  *  ;  mais  une  grande 
partie  de  la  production  de  plomb  du  pays  est,  en  outre,  fournie 
par  les  gisements  de  la  zone  alpestre  de  Carinthie  et  du  Tyrol, 
gisements  pour  la  plupart  encaissés  dans  les  calcaires. 

En  Carinthie,  les  principales  mines  sont  celles  de  Raîbl  % 
Bleiberga  et  Windisch  Kappel;  dans  le  Tyrol,  on  cite  les  gîtes 
de  Pfundererberg,  Brezzuro,  Schneeberg.  A  Schneeberg,  les  filons 
encaissés  dans  le  micaschiste  contiennent  une  association  de 
galène  et  de  sidérose. 

Nous  rappellerons,  d'ailleurs,  que  le  Banat  ^  produit  accessoire- 
ment du  plomb  ;  il  en  est  de  même,  en  Hongrie  et  Transylvanie, 
des  mines  de  Schemnitz,  Kremnitz,  Kapnik,  Nagiag,  Felsobanya, 
Oflenbanya,  etc. 


1  Page  568.  La  Bohême  a  produit  :  en  1890,  14  538  tonnes  de  galène  argentifère 
(comptés  par  la  statistique  comme  minerai  d*argent)  et  2  474  tonnes  de  galène  pauvre. 

*  Voir  plus  haut  p.  1424. 

*  Voir  plus  loin. 

*  Voir  t.  I,  p.  660  et  t.  II,  p.  258. 


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526 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


ceux 


FILONS  DE  PLOMB  ESPAGNOLS 

Parmi  les  gisements  de  plomb  espagnols,  nous  décrirons  ici 
"\  de  Linarès  (province  de  Jaen),  de  FHorcajo    et  Castuera 


Fig.  285.  —  Carte  minière  du  Sud  de  TEspagne  au  r- 


000.000* 


(province  de  Ciudad-Real) ,  de   Garthagëne,  Mazarron,  Aguilas 
(province  de  Murcie),  etc. 

MINES  DE  PLOMB  DE  LINARÈS-LA-GAROLINA  ' 

Historique  et  situation  économique.  —  Le  district  de  Linarës-la- 
Carolina,  qui  est  aujourd'hui  avec  celui  de  Carthagène,  le  premier 
centre  de  production  de  plomb  du  monde  entier,  se  trouve,  au 
N.-N.-O.  de  la  province  de  Jaen,  entre  Jaen  et  Ciudad-Real,  sur 

<  Coll.  Ecole  des  Mines,  1978. 

Pour  tous  les  détails  sur  Linarès,  nous  renverrons  à  un  important  mémoire  de 
M.  de  Mesa  y  AWarès,  paru  en  1890  dans  la  Revista  Minera, 


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MINES   DE   PLOMB   DE    LINARÊS-LA-CAROLINA 


527 


le  méridien  de  Madrid  et  à  proximité  de  la  grande  ligne  de  chemin 
de  fer  de  Madrid  àCordoue. 

L'exploitation  des  mines  de  cette  région  parait,  comme  celle 
de  beaucoup  de  mines  espagnoles  (Carthagène,  Huelva,  etc.), 
remonter  à  Tépoque  phénicienne.  Pendant  la  domination  romaine, 
des  documents  certains  montrent  qu'on  travailla  avec  activité  dans 
quelques-unes,  en  particulier  à  Palazuelos  (mine  aujourd'hui 
exploitée  par  la  société  Stolberg  et  Westphalie),  où  on  semble 
avoir  dépilé,  à  ce  moment,  des  filons  argentifères  analogues  au 
filon  14  que  nous  décrirons  à  Valdeinferno  *.  Après  le  temps  d'oubli 
des  invasions  barbares,  nous  voyons,  de  1563  à  1629,  à  la  suite  de  la 
fameuse  loi  de  Philippe  U,  les  déclarations  de  découvertes  se  mul- 
tiplier et  une  exploitation  s'organiser  peu  à  peu  jusqu'au  grand 
essor  qui  s'est  produit  vers  1850  et  dont  les  chiffres  de  production 
résumés  dans  un  tableau  suivant  peuvent  donner  une  idée  : 

La  province  de  Jaen  (district  de  Linarès)  a  produit,  en  minerai 
de  plomb  : 


Eq  1867  .  . 

40  000  tonnes. 

En  1883  .  . 

.  111  738  tonnes 

1868  .  .  . 

57  085 

— 

1885  .  . 

.  101 555   — 

1869  .  . 

67  271 

— 

1886  .  . 

.  115  730   — 

1870  .  .  , 

67  290 

— 

1887  .  . 

.  119  987   — 

1871  .  . 

72  748 

— 

1888  . 

.  114  300   — 

1872  .  . 

93  682 

— 

1889  .  . 

.  112  500   — 

1875  .  . 

86  000 

— 

1890  . 

.  116  240   — 

1881  .  . 

118  325 

— 

1892  . 

.  .  115  000   — 

Dans  le  premier  trimestre  de  1892,  788  mines  exploitées  ont 
produit  25  338  tonnes  de  minerai  ;  sur  ce  total,  les  trois  principales 
sont  :  Arroyanes,  6  089  tonnes;  Tortilla,  2  310  tonnes;  Coto  la 
Luz,  1  437  tonnes. 

Les  diagrammes  des  figures  286  et  287  représentent,  d'ailleurs, 
la  production  et  l'exportation  des  minerais  du  district  de  Linarès 
de  1881  à  1887. 

En  1888,  on  a  extrait  71  423  tonnes  de  galène,  10  392  de  car- 
bonates, 5  tonnes  de  blende,  24  de  minerai  de  cuivre  et  34  de  fer. 

En  même  temps,  le  nombre  total  des  concessions  était  de  1  011  ; 
celui  des  mines  en  exploitation  de  788,  représentant  773  kilomètres 

*  Voir  page  539. 


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528 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


de  galerie.  Les  ouvriers  occupés  étaient  au  nombre  de  5  765,  aux- 
quels il  faut  adjoindre  198  femmes  et  1135  enfants. 


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Tonnes 

120.000 

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110.000 
118.000 
117  000 
116.000 
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11^000 
113  000 
112  000 
111.000 
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109.000 
108  000 

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107  000 
106.000 
105. 000 
10%.000 
103.000 

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102  000 
101000 
100  000 

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Fig.  286.   —  Diagramme  de  la  production  des  minerais  &  Linarès  de  1881  à  1887. 


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Fig.  287.  —  Diagramme  de  l*exportation  des  minerais  de  Linarès 
pour  la  péninsule  et  pour  l'étranger 

On  voit  que  la  production  de  ce  district  reste  à  peu  près  cons- 
tante depuis  1880,  malgré  la  dépréciation  des  prix  du  plomb  qui  a  fait 


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MINES   DE  PLOMB   DE   LINARÈS-LA-CAROLINA  529 

arrêter  tant  d'autres  mines.  Son  développement  serait  plus  rapide 
encore  s'il  n'était  arrêté  par  les  principales  causes  suivantes  : 

l'^  Le  trop  grand  nombre  de  concessions  oblige  encore  la  plu- 
part des  mines  à  employer  des  moyens  d'exploitation  rudimentaires, 
faute  de  capitaux. 

2^*  La  plupart  des  exploitations  sont  faites  sans  prévoyance;  on 
épuise  chaque  étage  avant  de  faire  les  recherches  nécessaires  à 
l'exploitation  des  suivants  :  d'où  une  grande  irrégularité  de  produc- 
tion, préjudiciable  aux  intérêts  des  mines.  Les  épuisements  sont 
sommaires,  on  rejette  les  eaux  à  la  surface  sans  s'inquiéter  de 
savoir  si  elles  rentreront  dans  la  mine  ou  dans  la  mine  voisine  :  en 
sorte  que  la  même  eau  se  trouve  extraite  inutilement  un  grand 
nombre  de  fois,  et  qu'on  finit  par  sortir,  chaque  jour,  des  diverses 
mines,  un  cube  d'eau  considérable. 

Le  même  manque  d'entente  et  le  même  éparpillement  produisent 
des  résultats  également  fâcheux  au  point  de  vue  des  installations 
de  préparations  mécaniques,  laveries,  etc.. 

3*  L'État,  tout  en  imposant  une  contribution  de  1  p.  100  du  pro- 
duit brut,  n'a  pas  de  contrôle  direct  ;  aussi,  à  chaque  instant,  ont 
lieu  des  fraudes  et  des  conflits  entre  l'administration  et  les  mines 
à  ce  sujet,  si  bien  que  les  usines  ne  savent  presque  jamais  sur 
quelle  production  elles  pourront  compter. 

4**  Les  lieux  de  vente  sont  trop  éloignés  et  les  moyens  de 
transport  trop  restreints.  Les  minerais  sont  vendus  à  Carthagène, 
distant  de  546  kilomètres  et  de  là,  embarqués  pour  les  ports  de  la 
province  de  Murcie,  à  destination  d'Almeria.  Ce  n'est  que  parce 
qu'ils  sont  bien  plus  purs  que  les  minerais  similaires  des  côtes  de 
l'Est  de  l'Espagne  qu'ils  peuvent  supporter  de  pareils  frais  de 
transport.  La  création  d'un  chemin  de  fer  direct  de  Linarès  à 
Almeria,  dont  le  projet  a  d'ailleurs  été  approuvé  par  le  gouverne- 
ment, augmenterait  de  près  de  40  p.  100  les  valeurs  des  minerais. 

Constitution  géologique  de  la  région.  — Le  soubassement  général 
de  la  région  (voir  la  carte  géologique,  fîg.  288)  est  formé  par 
des  granités,  généralement  gris,  peu  micacés  et  très  feldspa- 
thiques,  qui  semblent  appartenir  à  une  zone  dirigée  Est-Ouest, 
recouverte  presque  partout  par  des  terrains  sédimentaires.  Ces 

GÉOLOGIE.  —  T.  n.  34 


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530 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


granités  n'affleurent  qu'en  quelques  points,  au  N.-E.  de  Linarès, 
au  N.-O.  de  Baïlen,  à  Santa-Elena,  etc. 


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MINES   DE   PLOMB   DE  LINÀRèS-LA-GAROLINÀ  531 

Au-dessus  d'eux  viennent,  dans  les  parties  Nord  et  Ouest,  des  ter- 
rains paléozoïques,  rattachés  au  cambrien  et  au  silurien,  terrains 
surtout  composés  de  schistes  avec  des  quartzites  intercalés  for- 
mant les  hautes  montagnes  qui  séparent  la  Manche  de  l'Andalousie. 
La  figure  288  donne,  d'après  don  Pedro  de  Mesa,  la  disposition  de 
ces  deux  groupes  de  terrains;  le  cambrien  seul  y  est  figuré  autour 
de  Linarës,  tandis  que  le  silurien  n'apparaît  que  plus  au  Nord. 

Plus  haut,  deux  bandes  de  grès  rougeâtres,  dirigées  Est-Ouest, 
apparaissent  l'une  à  Linarès,  l'autre  vers  la  Carolina.  Elles  ont  été 
rapportées  au  trias  par  M.  Lucas  Mallada;  mais  M.  de  Mesa  est  porté 
à  les  croire,  au  moins  en  grande  partie,  beaucoup  plus  jeunes, 
peut-être  du  miocène  inférieur.  Au  point  de  vue  spécial  qui  nous 
occupe,  le  fait  n'est  pas  sans  importance,  car  il  pourrait  nous  aider 
à  fixer  Tâge  des  filons  de  Linarès,  nettement  antérieurs  à  ces  grès. 

Enfin^  le  miocène  marin  inférieur  recouvre  une  partie  de  la 
zone  centrale  entre  Linarès  et  Carolina  et  de  t^elle  qui  s'étend  au 
Sud-Ouest,  de  Linarès  à  Baïlen.  Il  est  représenté  surtout  par  des 
mollasses  où  M.  de  Verneuil  a  trouvé,  avec  l'Ostr.  Crassissima,  de 
grands  Ciypeaster  voisins  du  C.  altus.  Ces  mollasses  ne  diffèrent 
de  celles  que  nous  venons  de  signaler  comme  peut-être  triasiques, 
que  par  leur  couleur  plus  claire  et  la  présence  de  la  chaux  dans 
le  ciment.  Il  semble  y  avoir  transition  de  l'un  à  l'autre  faciès. 

Le  terrain  miocène,  qui  ne  dépasse  guère  40  mètres  autour  de 
Linarès,  arrive  à  200  mètres  quand  on  s'en  éloigne. 

Gisements  métallifères.  —  Le  granité  et  les  terrains  anciens 
de  Linarès  sont  recoupés  par  un  très  grand  nombre  de  filons  de 
galène  relativement  réguliers  et  constants,  filons  toujours  arrêtés 
au-dessous  du  grès  superficiel  (triasique  ou  tertiaire)  qui  en  masque 
souvent  les  affleurements  ;  en  sorte  que  leur  âge,  certainement 
postérieur  au  silurien,  peut  avoir,  comme  limite  supérieure,  dans 
une  hypothèse,  le  trias,  dans  l'autre,  le  miocène  inférieur,  sans 
qu'il  soit  permis  de  préciser  davantage.  Géographiquement,  ces 
filons  peuvent  se  diviser  en  deux  groupes  dont  les  caractères  sont 
d'ailleurs  quelque  peu  différents,  Linarès  et  la  Carolina;  par  leurs 
directions,  leur  allure  et  leur  remplissage  ils  se  rattachent  à 
quatre  types  distincts  : 


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532  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

1®  Le  premier  de  ces  types,  très  général  à  Linarès,  est  celui  de 
filons  N.-E.-S.-O.,  toujours  encaissés  dans  le  granité,  passant  par- 
fois, sans  changer  d'aspect,  dans  le  schiste  cambrien,  filons  à  miné- 
ralisation de  galène  compacte,  rarement  noduleuse,  avec  gangue 
de  quartz.  Ces  filons,  alternativement  élargis  et  rétrécis,  ont  souvent 
présenté  une  zone  riche  à  la  surface,  puis  un  appauvrissement  à 
une  profondeur  variable  et,  de  nouveau,  un  enrichissement. 

2®  Le  second  type  est  celui  des  filons  de  la  Carolina,  filons  Est- 
Ouest,  encaissés  dans  les  schistes  cambriens  ou  siluriens.  Là  on  a 
généralement  une  interstratification  apparente,  une  grande  puis- 
sance assez  constante,  une  minéralisation  noduleuse  et  irrégu- 
lière, une  richesse  en  argent  plus  grande  que  dans  le  premier 
groupe,  une  gangue  de  quartz  ou  de  barytine.  Quand  ces  filons 
passent  dans  le  quartzite  pauvre  ou  le  granité,  leur  épaisseur  dimi- 
nue le  plus  souvent  et  leur  minéralisation  devient  plus  compacte. 

3**  Des  filons  S.-E.-N.-O.  se  trouvent  dans  la  région  E.  de  la 
Carolina,  à  Valdeinferno  et  Palazuelos.  Moins  puissants  que  les 
précédents,  ils  s'appauvrissent,  en  général,  en  passant  du  granité 
aux  schistes.  La  métallisation  est  noduleuse  et  forme,  au  milieu 
d'une  gangue  de  quartz,  des  lentilles  (bolsadas)  de  galène.  Les 
épontes  sont  nettes.  A  Valdeinferno,  un  de  ces  filons  contenait 
une  zone  de  barytine  avec  argent  natif. 

4*"  Enfin,  des  filons  N.-S.  sont  généralement  stériles. 

D'une  façon  générale,  ces  fiions  sont  très  verticaux  ;  les  minerais 
se  présentent  à  Linarès  par  zones  (bolsadas)  avec  des  intervalles 
stériles  et,  lorsqu'on  s'enfonce,  on  a  des  alternatives  de  richesse 
et  d'appauvrissement,  en  même  temps  que  des  parties  élargies  ou 
étroites.  On  a  cru  remarquer  que  les  parties  larges  corres- 
pondaient, en  môme  temps,  à  des  parties  richçs  et  les  parties 
étroites  à  des  parties  pauvres.  M.  de  Mesa  a  essayé  d'expliquer  ce 
fait,  —  ainsi  que  la  disposition  noduleuse  qu'on  rencontre,  au  con- 
traire, dans  les  filons  larges  et  réguliers  de  la  Carolina  —  par  la 
circulation  même  des  eaux  thermales  métallifères  :  suivant  lui, 
ces  eaux  auraient  eu,  dans  les  parties  étroites,  une  vitesse  plus 
grande  tandis  que,  dans  les  parties  larges,  elles  auraient  éprouvé 
un  ralentissement  avec  diminution  de  température  et,  par  suite, 
dans  des  terrains  se  prêtant  à  de  larges  ouvertures  comme  les 


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MINES   DE  PLOMB   DE   LINÀRÊS-LA-CAROLINA  533 

schistes  friables  qui  encaissent  souvent  les  filons  de  la  Garolina, 
elles  auraient  produit  un  dépôt  de  sulfure  métallique  plus  abon- 
dant; ce  seraient,  dans  cette  idée,  les  accumulations  de  débris  qui 
auraient  amené  la  précipitation  par  nodules. 

Un  fait  assez  curieux  à  noter,  c'est  la  présence,  fréquemment 
constatée  dans  les  filons  du  pays,  de  minerais  de  cuivre,  ayant  été 
assez  abondants  aux  affleurements  pour  motiver  des  exploitations 
anciennes  et  ayant  absolument  disparu  en  profondeur.  Les 
minerais  de  cuivre,  oxydes,  carbonates,  silicates,  pyrites,  étaient 
associés  avec  du  carbonate  de  plomb,  du  fer  hydroxydé  et  de 
Targile  ocreuse.  A  partir  de  75  à  80  mètres,  on  n'a  plus  trouvé  que 
de  la  galène,  avec  gangue  d'abord  de  quartz  et  sidérose,  puis,  pro- 
gressivement, de  quartz  seul.  Cela  s'est  passé,  par  exemple,  au 
filon  3  de  Linarès.  Au  lilon  4,  au  contraire,  le  cuivre  existe,  dissé- 
miné, sur  toute  la  hauteur  du  remplissage. 

Nous  décrirons  successivement  :  ^^  les  filons  de  Linarès  sur 
lesquels  sont  toutes  les  principales  exploitations;  2""  ceux  de  la 
Garolina. 

Filons  de  Linarès.  —  Les  filons  de  Linarès,  presque  toujours 
encaissés  dans  le  granité,  viennent  affleurer,  pour  la  plupart,  sauf 
dans  la  partie  Nord  où  ils  sont  recouverts  d'un  manteau  de  grès 
qu'ils  ne  traversent  jamais.  Ces  affleurements,  quand  ils  existent, 
se  présentent  sous  forme  d'un  chapeau  de  quartz  avec  pyrite  et 
mouches  de  carbonate  de  fer  et  de  cuivre  ;  la  galène  en  a  disparu 
par  métamorphisme  secondaire.  Leur  direction  générale  est  assez 
constamment  E.  20**  N.  Ils  sont  très  multipliés,  souvent  séparés 
par  moins  de  100  mètres  de  stérile  et  presque  verticaux.  Ils 
présentent  des  élargissements  et  des  rétrécissements  fréquents 
avec  de  nombreuses  bifurcations. 

La  galène,  très  compacte,  s'y  présente  par  zones  (bolsadas), 
correspondant  aux  élargissements  des  filons  et  aussi  irrégulières 
qu'eux-mêmes.  Le  nombre  et  le  volume  de  ces  bolsadas  ont 
parfois  diminué  en  profondeur  ;  d'autres  fois,  comme  à  Arrayanes 
(la  plus  grande  mine  du  district),  à  los  Salidos,  los  Alamillos, 
los  Angeles,  ils  sont  restés  constants. 

Les  galènes  extraites,  une  fois  préparées  et  marchandes,  tien- 


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o34 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


nent,  en  moyenne,  76  à  78  p.  100  de  plomb  avec  160  à  250  grammes 
d'ai^ent  à  la  tonne  de  minerai.  Le  minéral,  nommé  alcohol  de 
hoja,  est  assez  abondant;  il  contient  jusqu'à  85  et  90  p.  100  de 
plomb,  mais  peu  d'argent. 

Les  gangues  sont  des  carbonates  de  plomb,  du  quartz,  de  la 
barytine,  de  la  calcite,  de  Targile,  avec  un  peu  de  blende  et  de 
phosphate  de  plomb.  Les  carbonates  de  plomb,  cuivre  et  fer,  ne 
se  trouvent  que  dans  les  parties  superficielles. 

Les  failles  sont  assez  nombreuses,  généralement  remplies  d'ar- 
gile ferrugineuse,  avec  un  peu  de  quartz  et  de  granité  décomposé. 
U  existe,  en  outre,  des  filons  croiseurs  quarlzeux. 

Souvent  on  trouve  des  passages  peu  métallisés  à  des  profondeurs 
variables,  entre  100  et  150  mètres.  Au-dessous,  dans  la  région 
Sud,  on  retrouve  la  teneur  normale,  tandis  que,  dans  la  région 
Nord,  les  filons  restent  appauvris. 

Le  tableau  ci-joint  montre  que  la  largeur  varie  de  0"*,80  à  1",50, 
dont  7  à  8  centimètres  de  minerai  ;  la  teneur  brute  peut  osciller 
entre  12  et  90  p.  100  de  plomb.  Par  la  préparation  mécanique,  on 
arrive,  comme  nous  l'avons  vu,  à  76  ou  78  et  160  à  250  grammes 
d'argent  à  la  tonne. 


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NE-SO 

18 

76 

0,85 

0,07 

78 

25 

8  et  9 

NE-SO 

6 

73 

0,80 

0,07 

76 

•25 

10 

NE-SO 

8 

72 

1,00 

0,10 

78 

20 

ii,i2et  13 

NE-SO 

(?) 

(?) 

(?) 

(?l 

(?) 

i4 

S  150  E 

(^) 

52 

1,75 

0,05 

77 

32 

15  et  16 

NE-SO 

20 

75 

0,80 

0,07 

77 

22 

17  et  <8 

NE-SO 

10 

76 

0,80 

0,07 

76 

(?) 

19  et  20 

E  20O  N 

12 

76 

0,7o 

0,10 

78 

22 

21  et  22 
23  et  24 

NE-SO 

12 

75 

0,80 

0,05  à  0,09 

76 

(?) 

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HINES  DE  PLOMB  DE   LlNARèS-LA-CAROLINA 


535 


Quelques   détails   maintenant  sur  ces  divers  fiions  que  nous 
numéroterons  du  Sud  au  Nord,  à  partir  de  Linarès 

Le  filon  n^  /  s'exploite,  sur   11  kilomètres  de  long,  dans  les 


I 


^ 

^ 


Fig.  289.  —  Coupe  longitudinale  du  filon  \  de  Linarès  dans  la  mine  San  Miguel. 

1 


Echelle  au 
Légende. 


7  500 


m^^ 


7h  I  mm.'f^m^m/Seiéù 


DÉTAIL  B 

(àuriks) 


mines  San  Miguel,  Nuestra  Senora  del  Carmen,  Coto 
la  Luz  et  los  Parazuelos  à  TEst'. 

A  rOuest  (mine  San  Miguel),  il  est  encaissé  dans 
un  granité  à  amphibole  recouvert  de  5  à  6  mètres 
de  grès,   considérés  comme   triasique,  qu'il  ne  tra- 
verse pas.  Il  a  été  reconnu  sur  290  mètres    détail  A 
de  profondeur,  avec  une  puissance  moyenne 
de  70  à  80  centimètres,  et  0"*,10  d'épaisseur 
réduite  ;  les  minerais  y  forment  des  bolsadas 
qui  peuvent  avoir  50  à  60  mètres  de  profon- 
deur et  30  à  40  mètres  de  long  ;  le  détail  A 
de  la  figure  289  montre  la  forme  de  Tune  d'elles  et  la  figure  289 

^  On  trouve,  dans  la  Revista  miniera,  1890,  t.  XLI,  pi.  II,  un  plan  des  innombrables 
concessions  de  Linarès. 


(aua^ço); 


GEOLOGIE.  —  T.  II. 


34' 


!  UNIVtiislTI  ) 


536 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


«5 


-S 

a 


t-  IcuM  ML  Carmtn^ 


ïl 


la  coupe  générale  du  filon.  En  général,  les  épontes  sont  nettement 

distinctes  du  filon  ;  souvent  le  granité,  au  contact,  est  pourtant 

décomposé  sur  5  à  6  mètres. 
On  a  rencontré  quelques  bifurca- 
tions :  ainsi,  du  cinquième  au  hui- 
tième étage  (détail  B),  il  existe, 
entre  les  deux  branches  du  filon, 
environ  8  mètres  de  granité. 

Au  centre,  à  la  mine  Nuestra 
Senora  del  Carmen  (fig.  290),  le 
même  filon,  par  suite  de  Tabsence 
des  grès  superficiels,  vient  affleu- 
rer au  jour  et  s*y  présente  sous 
forme  de  petites  veines  quartzeu- 
ses  tout  à  fait  stériles.  En  même 
temps,  il  s*élargit  et  sa  puissance 
dépasse  souvent  2  mètres  ;  mais 
la  minéralisation  y  est  très  irrégu- 
lière et  l'épaisseur  réduite  atteint 
à  peine  0",07,  en  sorte  que  les 
travaux  sont  beaucoup  moins  dé- 
veloppés qu'à  San  Miguel. 

Sur  la  concession  suivante,  de 
Coto  la  Luz  (fig.  291),  le  filon,  tou- 
^p^uiedeyï^dtL-  jours  dans  le  granité,  est  reconnu 
jusqu'à  193  mètres  de  profondeur. 
Il  a  une  puissance  moyenne  de 
4  ",50,  une  métallisation  moins 
lenticulaire  et  plus  compacte,  de 
façon  que  l'épaisseur  réduite  varie 
entre  8  et  10  centimètres.  Dans 
cette  mine  comme  dans  les  précé- 
dentes, on  prétend  avoir  observé, 

en  profondeur,  une  tendance  à  l'homogénéité  plus  grande  de  la 

venue  de  galène. 

Enfin,  à  FEst,  dans  les  mines  du  groupe  de  los  Parazuelos, 

le  filon  se  poursuit,   avec  la  même  direction,  jusqu'au   contact 


a  5 
8  • 
3  2 

rs 

S  i. 
il- 

1  =* 

•s 


B! 

B 

s 


c 


PS.fkdro 


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MINES   DE   PLOMB   DE   LINARÉS-LA-CAROLINA 


537 


du  gi*anite  et  des  schistes  cambriens  et  pénètre  dans  ceux-ci  en  se 
bifurquant.  L*épaisseur  réduite  ne  parait  pas  dépasser  4  à  5  cen- 
timètres. Ces  mines  en  sont,  d'ailleurs,  à  la  période  de  recherches. 
Le  filon  n""  S  y  très  analogue  au  filon  n""  1,  est  reconnu  sur 
9  kilomètres  de  long  avec  une  direction  générale  N.-E.  S.-O.,  des 
mines  Socorro  et  San  José  à  TOuest  à  celles  de  Coto  la  Luz  àTEst.  Il 
est  encaissé  :  dans  le  granité,  à  TOuest  et  au  centre  ;  dans  les  schistes 
cambriens,  à  TEst.  Sa  puissance  moyenne  est  de  l'",20,  son  épais- 
seur réduite  de  7  à  8  centimètres.  Son  plus  grand  développement 


Coupe  lonoitudïnale  de  la  mine  Coto  la  huz  a  Linares  au  73Wî 

o 


a  été  rencontré  entre  100  et  450  mètres  de  la  surface  dans  la 
région  Ouest,  entre  120  et  190  dans  le  reste. 

Le  minerai  marchand  tient  77  p.  100  de  plomb  et  170  grammes 
d'argent  à  la  tonne. 

Les  gangues  sont  les  mêmes  qu'au  filon  1,  et  le  remplissage 
affecte  la  même  forme  lenticulaire. 

Le  filon  n^  3^  presque  entièrement  compris  dans  la  mine 
Arrayanès  qui  appartient  à  FEtat,  est  le  plus  riche  et  le  plus 
important  de  la  région  de  Linarès.  Il  a  12  kilomètres  de  long.  Sa 
direction  générale  est  N.-E.  S.-O.  et  son  plongement  de  78  degrés 
au  N.-O. 

11  est,  comme  les  précédents,  compris  dans  un  granité  de  dureté 
moyenne,  recouvert  par  6  à  7  mètres  de  grès  qu*il  ne  recoupe  pas. 


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538 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


Quoique  lés  élargissements  elles  rétrécissements  y  soient  fréquents, 

la  puissance  est  relativement 
constante,  environ  70  à  80  cen- 
timètres en  moyenne  et  l'épais- 
seur réduite  très  forte,  12  à 
15  centimètres  de  galène  à 
160  grammes  d'argent.  Cette 
galène  se  présente  par  lentilles 
de  formes  et  de  dimensions 
très  irrégulières,  mais  avec  une 
compacité  plus  grande  que  dans 
les  filons  1  et  2. 

Un  certain  nombre  de  failles 
viennent  le  recouper. 

Les  filons  4  et  5  sont  ex- 
ploités sur  les  mines  :  Grupo 
la  Tortilla  (fig.  292),  los  Qui- 
nientos,  Pozo  Ancho  et  Grupo 
la  Gruz,  sur  10  kilomètres  de 
long.  Dirigés  N.-E.  S.-O.,  ils 
sont  compris  dans  le  granité  re- 
couvert de  terrains  gréseux.  La 
puissance  moyenne  est  de  90 
centimètres,  Tépaisseur  réduite 
de  7  centimètres.  Le  filon  n*"  5, 
jusqu'à  une  centaine  de  mètres 
de  profondeur,  contenait  des 
minerais  de  cuivre  qui  ont  été 
anciennement  exploités,  et  ce 
n'est  qu'à  ce  niveau  que  les  mi- 
nerais de  plomb  ont  décidément 
pris  le  dessus.  Au  contraire,  le 
filon  4  ne  contient  de  cuivre 
qu'à  l'état  accessoire  et  comme 
gangue,  sur  toute  sa  hauteur. 
On  remai  jue,  à  travers  ces  filons,  de  nombreuses  failles  dont 
Tune  (fig.  292)  est  presque  horizontale. 


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MINES   DB   PLOMB   DE   LIN ABÈS-LA-GAROLINÀ 


539 


Les/ilons  6  et?  se  présentent  sur  les  mines  San  Ildefonso,  Grupo 
los  Alamillos  et  mina  los  Aleraanes.  Le  filon  7,  dans  sa  région 
Ouest,  sur  la  mine  de  los  Salidos,  présente  une  métallisation  beau- 
coup plus  constante  que  d'habitude  et  qui,  du  niveau  de  25  mètres 
à  celui  de  230  mètres,  peut,  sauf  une  zone  stérile,  être  évaluée  à 
10  centimètres*. 

Les  filoîis  Sel  9  se  suivent  à  très  peu  de  distance  sur  les  mines  : 
las  Angustias,  Esperanza  y  Berenguela,  la  Trinidad  y  Linarejos. 
Les  filons  10^  11  et  12  sont  encore  peu  reconnus  jusqu'ici. 

Enfin  le  filon  14,  situé  dans  les  schistes  cambriens  du  groupe 
de  Valdeinferno,  avec  une  direction  à  peu  près  perpendiculaire 
aux  précédentes,  présente  cette  particularité  de  comprendre,  à 
côté  d'un  filon  de  galène  à  320  grammes  d'argent,  un  filon  de  bary- 


Fig.  293.  —  Coupe  longitudinale  au       *       de  la  mine  Santa  Teresa. 

tine  rosée  de  30  à  40  centimètres  avec  des  nodules  d*argent 
natif. 

Les  filons  15  à  24  font  partie  de  la  région  Nord  de  Linarès,  où 
les  exploitations  sont  beaucoup  moins  riches  et  moins  anciennes. 
Leurs  caractères  sont  d  ailleurs  les  mêmes. 

La  figure  293  représente  la  coupe  longitudinale  de  Tun  d'eux, 
le  filon  20  dans  la  mine  de  Santa  Teresa,  avec  l'allure  des  bolsadas 
qu'on  y  a  exploitées. 

*  Voir  la  coupe,  fig.  1,  pi.  V,  dans  la  RevUta  Minera,  t.  XLÎ,  1890. 


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540  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

2^  Filons  de  la  Carolina.  —  Le  groupe  de  la  Carolina  est  situé 
dans  un  pays  très  montagneux  :  ce  qui  rend  les  transports  plus 
difûciles;  aussi  les  exploitations  y  sont-elles  encore  peu  déve- 
loppées. 

Les  caractères  ne  sont  pas  absolument  les  mêmes  qu'à  Li- 
narès. 

On  y  retrouve,  il  est  vrai,  parfois,  des  filons  exclusivement 
encaissés  dans  le  granité  (ainsi  ceux  de  la  région  Est)  ;  mais  tous 
ceux  de  la  région  Ouest  sont  dans  les  schistes  cambriens,  d'autres 
dans  les  schistes  et  les  quartzites  siluriens  (ainsi  dans  la  région  de 
el  Castillo)  et  leur  allure  s'en  ressent  nécessairement. 

En  outre,  ils  affleurent  tous  et  se  présentent  à  la  surface  sous 
forme  de  chapeaux  de  filon  quartzeux. 

Leurs  directions  appartiennent  à  quatre  groupes  :  SE. -NO  ; 
EO  ;  NE.-SO,  —  ceux-ci  parallèles  aux  filons  de  Linarès  —  et 
enfin  NS.  Les  deux  premiers  groupes  sont  les  plus  impor- 
tants. 

Le  plongement  est  moins  vertical  et  beaucoup  plus  irrégulier 
qu'à  Linarès. 

Les  filons,  en  général  très  puissants,  sont  très  ramifiés  dans  les 
schistes  et  présentent  souvent,  par  endroits,  des  interstratifications 
apparentes  dans  ceux-ci,  quoiqu'on  les  voie  passer  d'une  roche  à 
l'autre. 

La  disposition  de  la  galène  au  milieu  du  remplissage  est  très 
irrégulière,  avec  une  tendance  au  groupement  noduleux. 

Les  gangues  sont  des  carbonates  de  plomb,  du  quartz,  de  l'aide 
ferrugineuse,  avec  des  fragments  des  chistes,  granités  ou  quartzites. 
On  rencontre  un  peu  de  pyrite,  de  blende,  de  calamine  et  de  sul- 
fure de  nickel. 

L'argent  est  particulièrement  abondant  aux  extrémités  du  groupe 
filonien,  au  Centenillo  et  à  Virgen  del  Pilar. 

Les  failles  et  dislocations  sont  très  rares. 

Un  tableau  ci-joint  donne  les  renseignements  généraux  sur 
les  filons  de  ces  groupes.  On  y  peut  voir  que  la  puissance 
moyenne  est  de  2",20,  dont  0,05  à  0,07  de  galène  ;  la  richesse 
des  minerais  préparés  et  lavés  étant  77  p.  100  de  plomb,  avec 
460  grammes  d'argent  à  la  tonne. 


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MINES   DE   PLOMB   DE   LINÀRèS-LÀ-GAROLINA 


541 


NOMS 
DES    UINES 


Btperanza 

Stn  Fernando.   .   .   . 
Trioidad  y  S.  Manuel 

San  Gabriel 

Grupo  Caitillo.   .   .   . 

San  Ignacio 

Bsperania 

Santa  Paula 

S^  Refomaa 

El  Consuelo 

Maria  del  Pilar  .   .   . 
CenteniUo 


DIRECTION 


E  40*»  S 
SB -NO 
E  35«  S 
E  40»  S 
S  38«  E 

B-0 
B  10*»  S 
E  40»  N 

E-0 

NB-SO 

E  10»  S 

E-0  y  E  40*»  S 


u 

u 

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1 

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85 

il 

i 

B 

a. 

ï 

ta 

des 

HIHlIAIf 

1-   gii 

1,75 

0,06 

77,50 

45,00 

678 

3 

82 

1.25 

0.07 

77,50 

42.50 

600 

78 

1,25 

0,06 

77,50 

45.00 

667 

(?) 

83 

2,50 

0,08 

77,50 

50,00 

583 

6 

45 

1,10 

0,08 

75,00 

45,00 

5i6 

(1) 

50 

2.00 

0,06 

76,00 

37,50 

543 

45 

2,25 

0,08 

77,00 

35,00 

543  f  10 

50 

1,25 

0,06 

77,00 

35,00 

493 

45 

4  50 

0,06 

77,00 

27,50 

543 

?) 

50 

5.00 

0,10 

76,00 

50,00 

620 

53 

0,80 

0,07 

77,00 

35,00 

697 

13 

50 

1,25 

0,06 

77,00 

45,00 

Granité 

Id. 

Id. 

Id. 

Qiartiite  it  ^ift« 

Schifte 
Schiftê  et  granité 
Id  ^ 

Schiste 

Id;         ^ 
Id. 


Nous  nous  contenterons  de  quelques  indications  sur  chacun  de 
ces  filons  : 

Filon  i.  —  Del  Coto  el  Castillo.  6  kilomètres  de  longueur.  Mines  princi- 
pales :  Gilito,  El  Calvo,  El  CastiUo,  Garana  y  Amistad: 

Filon  2.-3  kilomètres.  —  Mines  San  Fernando,  Esperanza,  Trinidad  y  San 
Manuel. 

Filon  3.-2  kilomètres.  —  Mine  San  Gabriel. 

Filon  4.  —  1  kilomètre.  —  Mine  San  Fernando. 

Filon  5.  —  3  kilomètres.  —  Mine  SanToribio. 

Filon  6.-4  kilomètres.  —  Mine  El  Minor. 

Filon  7.  —  4  kilomètres.  —  Mine  Santa  Emilia. 

Filons  8,  9,  10  et  il,  —  20  kilomètres.  —  Mines  A  Una  Otra,  Abondante,  El 
Lobo,  Gonsolacion.  —  Mine  principale  :  à  Una  Otra. 

Filons  i2  et  i3.  —  14  kilomètres.  —  Mines  Abondante,  ElGobo,  la  Jaula. 

Filons  14,  1.5,  16,  17  et  181  —  16  kilomètres.  —  Mines  San  Ignacio,  Santa 
Paula,  la  Reforma,  etc. 

Filons  19  et  20.  —  2  kilomètres.  —  Mines  Cristobal,  Colon  et  San  Lorenzo. 

Filons  21  et  22.  —  6  kilomètres.  —  Mines  la  Famosa,  el  Guindo. 

Filons  23  et  24.  —  3  kilomètres.  —  Mine  El  Consuelo. 

Filons  26,  27,  28  et  Î9.  — •  12  kilomètres.  —  Mines  El  Grupo,  El  Centenillo. 

Résultats  économique  des  rexploitation.  —  Au  point  de  vue  éco- 
nomique, quelques  chiffres  empruntés  au  Mémoire  de  M.  de 
Mesa*  permettront  de  se  faire  une  idée  des  dépenses  d'exploita- 
tion. 

*  On  trouvera,  dans  ce  mémoire  {RevUla  minera^  1890),  des  renseignements  détaillés 
sur  le  prix  de  revient. 


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542 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


A,  Filons  en  roche  dure  de  moyenne  puissance.  —  Excavations  diverses 


Ptr  mètre 
conrant 

Par  mètre 
cube 

PRIX   DE 
rapporté  i 

:  REVIENT 

1  la  tonne 

épaisseur 

DES   EXCAVATIONS,      1 
de  minerai,  pour   une  U 
réduite  de  :                    | 

~ 

0,10 

0,08 

0,06 

0,04 

Puits  principaux.   ,  . 

Francs 
250 

26,51 

2,64 

3,52 

4,62 

6,82 

—     secondaires  .   . 

150 

30,00 

5,50 

7,04 

9,24 

14,08 

Galeries    principales  . 

75 

31,25 

6,82 

8,14 

11,44 

10,56 

Traverses  

125 

32,50 

6,16 

7,70 

10,34 

14,30 

Pour  ce  genre  de  filons,  on  évalue  le  coiUde  rabatage,  par  mètre 
carré  de  filon,  à  15  francs  ;  par  mètre  cube  à  48  fr.  75;  par  tonne 
de  minerai  pour  des  épaisseurs  réduites  de  : 


o-,io 
à    33  francs 


0",08 

41,14  francs 


0",0« 

55  francs 


0-,04 

82,50  francs 


Quant  aux  dépenses  résultant  du  boisage  et  du  muraillement, 
en  voici  le  résumé  : 


Par  mètre 

carré 
de  puits 

Par  mètre 

conrant 

de  galerie 

PRLX  PROPORTIONNEL  PAR  TONNE  DE  MINERAI  H 
pour  une  épaisseur  réduite  de  :               || 

0,10 

0,08 

0,06 

0,04 

Boisages.   .   .   . 
Muraiilement.   . 

• 

3  à  6 

12 
20 

i3,20 
23,70 

16,06 
27,50 

22, 00 

48,40 

33,00 
72,00 

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MINES   DE   PLOMB   DE   LINARÉS-LA-GÂROLINÀ 


54a 


B.  Filons  en  roche  dure  de  grande  puissance.  —  Excavations  diverses 


Ptr  mètre 
courant 

Par  mètre 
cube 

par  tonne  de  minerai               I 
pour  une  épaisseur  réduite  de  :              1 

0,10 

0,08 

0,06 

0,04 

Puits  principaux.  .   . 

Fr. 
250 

26,51 

2,64 

3,52 

4,60 

6,82 

—     secondaires  .   . 

150 

30,00 

5,50 

7,04 

9,24 

14,08 

Galeries  principales. 

55 

21,80 

2,86 

3,30 

3,74 

7,70 

Traverses 

125 

32,60 

6,16 

7,70 

10,34 

14,30 

Le  coût  de  l'exploitation,  par  mètre  carré  de  filon,  est  de  18  francs  ; 
par  mètre  cubique,  de  22  fr.  50  ;  par  tonne^  pour  des  épaisseurs 
réduites  de  : 


O^iO 

de  39,60  francs 


49,50  francs 


0«,06 

60  francs 


71,5  francs 


Les  dépenses  générales  d'excavation  diminuent  peu  et  celles 
d'extraction  augmentent  beaucoup,  comme  on  vient  de  le  voir,  pour 
les  filons  de  grande  puissance.  De  même,  les  boisages  sont  beau- 
coup plus  chers  par  suite  de  la  nécessité  d'avoir  des  bois  de  plus 
grande  dimension  ;  les  dépenses  d'extraction  augmentent  égale- 
ment, aiosi  que  les  transports  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur,  par 
suite  de  la  plus  forte  proportion  de  stérile  au  minerai. 

Dans  les  roches  tendres,  les  excavations  sont  nécessairement 
moins  chères  et  les  soutènements  plus  coûteux  ;  sans  insister 
davantage,  nous  résumerons  les  dépenses,  détaillées  ci-dessus, 
dans  un  tableau  d'ensemble. 


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544 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


MINES 

où   l'extraction   et  l'épuisement 

font  faits  par  des  machines 

à  vapeur 


Filons  de  puis- 
sance moyenne 
en  roche  dure 
(granité  ou  quart- 
iite) 


Excavations  diverses. 
Abatage  au  filon  .  . 
Soutènem.  (boisages) 

Extraction 

Transports  intérieurs 

et  extérieurs 
Épuisement.  . 

Totaux  . 


Filons  de  grande 
puissance  en  ro- 
che dure  (pani  te 
ou  quartzite) .  . 


/  Excavations  diverses. 
(   Abatage  au  filon 


)  Soutènement 
'   Extraction  . 

Transports. 

Epuisement. 


Totaux 


/  Excavations  diverses. 

Filons  de  grande  l  Abatage  au  filon  .   . 

puissance  en  ro-  1  Soutènement .   .   .   . 

che  tendre  (scbis-  \  Extraction 

tes) I  Transports 

\  Epuisement 


Totaux. 


DÉPENSE 

DÉPENSE 

moyenne 

moyenne 

par  m* 

par 

déterres 

m*  d'eau 

30,08 

m 

18,75 

» 

4.00 

» 

1,60 

m 

2.25 

» 

0,06 

0,2i 

56,74 

0,24 

26,83 

» 

2i,50 

n 

4,25 

• 

1,74 

» 

2,35 

n 

0,06 

0,24 

57,73 

0,24 

13,60 

« 

11,25 

1 

4,75 

1 

1.75 

1 

1 

2,45 

« 

0,06 

0,24 

33,86 

0,24 

DÉPENSE  PAR  TONNE  DE   MINERAI 
Pour  des  épaisseurs  réduites  de  : 


0,04 


0,10 

0.08 

0,06 

25,52 

32,34 

43,12 

33,00 

41,14 

55,00 

i3,iO 

16,06 

22,00 

4,62 

7,26 

11, li 

8.14 

8.80 

13,64 

16,06 

19.58 

26,40 

100,54 

125,18 

171,28 

21,34 

27,06 

35,20 

39,60 

49,50 

66,00 

16.50 

20.02 

27,50 

5,06 

7,48 

11, U 

8,36 

9,02 

14,30 

16,06 

19,58 

26,40 

106,92 

13i,66 

180,8  4 

16,12 

12,54 

15,62 

19,80 

2i.64 

33,00 

19,80 

23,08 

33,00 

5,50 

7.92 

12.10 

8.80 

10.34 

14,52 

16,06 

19.58 

26,40 

80,08 

99,00 

134,64 

57,66 
82,50 
33,00 
14,74 

20,68 
40,26 


243,84 


55,22 
71,50 
41.14 
17,16 
21,12 
40,26 


246,40 


24,42 
49,50 
49,28 
19,36 
17,38 
40,26 


200,20 


Ce  tableau  montre  que  le  prix  moyen,  sur  le  carreau  de  la  mine 
et  sans  concentration  ni  lavage,  ressort  : 

Pour  une  épaisseur  réduite  de  0,i0  à      98,56  la  tonne. 

—  —     0,08  à  119,90    — 

—  —     0,06  à  162,36    — 

—  —     0,04  à  230,12    - 

• 
Conditions  dans  lesquelles  se  font  les  achats  de  minerais  de  plomb 

à  Linarès.  —  D'habitude,  le  minerai  une  fois  lavé  et  concentré, 

l'acquéreur  fait  une  prise  d'essai,  détermine  la  teneur  en  plomb  et, 

prenant  pour  point  de  départ  la  cote  officielle  du  plomb  à  Londres, 

en  déduit  le  prix  du  minerai  par  défalcation  des  frais  de  fusion 

et  de  transport  du   plomb  à  Londres,  évalués  en  moyenne,  par 

tonne  de  plomb,  à  56,25. 

Pour  simplifier  les  opérations  et  permettre  à  l'exploitant  de  se 

faire  rapidement  une  idée  de  la  valeur  de  son  minerai,  on  a  adopté 


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MINES   DE   PLOMB   DE  LIN.\RèS-LA-GAROLINA 


o45 


une  sorte  d'étalon  de  8  francs 
grammes  pour  les  galènes 
à  75  p.  100  de  plomb,  le 
cours  du  métal  à  Londres 
étant  de  323  francs  (13 
livres  sterling)  ;  pour  cha- 
que livre  sterling  de  va- 
riation dans  le  marché  an- 
glais, il  suffit  d'ajouter  ou 
de  retrancher  0,75  du  prix 
du  quintal. 

Pour  les  carbonates,  le 
cours  est  plus  variable  ;  on 
peutestimer,  en  moyenne, 
3  fr.  à  3  fr.  50  le  quintal 
castillan  à  45  p.  100  de 
plomb  pour  le  même  cours 
du  plomb. 

.  Deux  tableaux  ci-joints 
donnent  :  le  premier  (fig. 
294),  les  variations  du  prix 
du  plomb  espagnol  en  An- 
gleterre ;  le  second,  avec 
les  variations  du  plomb 
à  Londres  en  livres  ster- 
ling empruntées  au  Mi- 
ning Journal,  les  prix 
correspondants  de  la  tonne 
et  du  quintal  castillan  de 
plomb  dans  les  minerais 
de  Linarès*. 


par  quintal  castillan  de  46  kilo- 


S 

s 

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'  Le  prix  du  quintal  castillan  se  déduit  pratiquement  du  prix  de  la  toane  en  divisant 
par  22. 


GÉOLOGIE.  —  T.  II. 


35 


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546 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


COURS  DE  LA  TONNE 

COURS  DU  PLOMB  A  LONDRES 

»■  rLOHB,  mn  rKARCi 

PRIX 

ANNÉES 

en  litres  iterling  par  tonne 
de  1  012  kilos. 

à  Linarès, 

Déduction  faite  des  frais 

de  fusion  et  de 

transport  à  Londres 

duquinUlde46kilo8 
à  Linarès. 

1.         s.         d. 

1868 

18  —  11—    8 

408,30 

18,559 

1869 

18—   9—10 

406,00 

18,454 

1870 

18—    1—    4 

395,40 

17,972 

1871 

17  —  14-   2 

386,25 

17,556 

1872 

19  —  14—   7 

436,75 

18,852 

1873 

22  —  17—   6 

515,60 

23,436 

1874 

21  —  19—    8 

493,30 

22,513 

1875 

21  —  18—    5 

491,75 

22,352 

1876 

21-3—7 

473,20 

21,509 

1877 

20—3—6 

448, 10 

20,368 

1878 

16—   8—   7 

354,45 

16,202 

1879 

14-    9  —  10 

306,00 

13,454 

1880 

16—   0—    0 

343,75 

15,625 

1881 

14-.11—   7  1/2 

308,25 

14,011 

1882 

14—   0-    4 

294,15 

13,370 

1883 

12-11-    1  1/2 

257,65 

11,711 

1884 

10  —  18—   8 

217,05 

9,866 

1885 

14—4—9 

224,65 

10,211 

1886 

12  —  19—    6 

265,60 

12,072 

1887 

12-11-   2  1/4 

257,72 

11,714 

1888 

14-    3—   a 

297,75 

13,   53 

1889 

12  —  16 

263,75 

11,  98 

1890 

12-12 

263,75 

11,   98 

1891 

12 

243,75 

11,   07 

1892 

13  —  13—   3 

286 

13 

En  1892,  on  cotait,  à  Linarès  : 

Sulfures  de  plomb.   .  par  quintal  de  46  kilos 
Alcohol  de  Hoja    .   .  — 

Carbonates  de  plomb  — 

Plomb — 


JanT.  1982. 
7,50 
12 

5,25 
13 


Dec.  iS9S. 

6 

9,50 
2,50 
13. 


Bibliographie, 

1847.  Paillette.  —  Sur  les  mines  de  plomb  de  TEspagne.  (B.  S.  G.,  2«,  t.  IV, 
p.  522.) 
1857.  Lan.  —  (Ann.  d,  Af.,  t.  Il,  p.  623.) 
1874.  Boletin  de  la  Comision  del  Mapa  geologico  de  Espana,  t.  I,  p.  273. 

1878.  RocHB.  —  Mémoire  inédit  à  Fécole  des  Mines,  n^  988. 

1879.  Groddeck,  p.  239. 

1879.  Mapa  geologico  de  Botella  y  de  Hornos. 

1880.  Caron.  —  Der  Bleierz  District  von  Linares.  (Zeitschr.,  1880,  p.  119.) 
*  1889  et  1890.  Pedro  de  Mesa  y  Alvarés.  —  (Revisia  minera^  n^**  1269  à  1223.) 
1883-1892.  Ëstadistica  minera  de  Espana. 


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MINES  D£  PLOMB   DE  l'hORCAJO   (CIUDAD   REAL)  547 

MINES  DE  PLOMB 
DES  PROVINCES  DE  CIUDAL  REAL  ET  DE  BADAJOZ 

(l'horcajoS  la  romana,  castuera,  etc.) 

L'Horcajo.  —  Les  mines  de  galène  argentifère  de  VHorcajo  sont 
situées  dans  la  province  de  Giudal  Real,  à  28  kilomètres  de  la 
station  de  Veritas,  sur  la  ligne  de  Giudad  Real  à  Almorcho.  Après 
avoir  traversé  une  phase  difficile  vers  1872,  elles  sont  aujourd'hui 
dans  une  situation  très  prospère,  due  surtout  à  une  forte  teneur 
en  argent  (500  grammes  aux  1 00  kilogrammes  de  plomb)  et  à  la  con- 
centration du  minerai  en  veines  dépourvues  de  baryte  et  de  pyrite, 
nécessitant,  par  suite,  peu  de  triage.  Leur  extraction  annuelle 
s'est  élevée  à  près  de  70  000  tonnes*;  elles  occupent  1  500  ouvriers, 
dont  900  au  jour.  Les  minerais,  exportés,  jusqu'en  1888,  en  tota- 
lité en  Belgique  par  Cadix  et  Anvers,  vont  aujourd'hui,  moitié  à 
Carthagène,  moitié  à  Namur. 

Le  gisement  se  compose  d'un  certain  nombre  de  filons  dirigés 
N.  75*"  E.  et  plongeant  vers  le  Nord,  qui  traversent  des  schistes  silu- 
riens passant  souvent  aux  quartziles,  à  inclinaisons  variables  mais 
toujours  très  fortes. 

Deux  de  ces  filons,  Nuevo  Peru  (ou  San  Alberto)  et  Ana  Maria, 
ont  été  seuls  exploités  jusqu'ici  ;  le  premier  est,  de  beaucoup,  le 
plus  important.  Quelques  croiseurs  quartzeux,  dirigés  les  uns  Hj, 
(135**),  les  autres  H,  (30**),  sont  stériles,  sauf  à  leurs  intersections 
avec  les  filons  métallifères  qu'ils  rejettent,  et  produisent  même, 
dans  ces  filons,  une  zone  pauvre  d'une  quinzaine  de  mètres  de 
part  et  d'autre  des  croisements  :  ce  qui  ne  peut  guère  s'expliquer 
que  parce  qu'ils  leur  auraient  emprunté  leur  minerai. 

Le  filon  Nuevo  Péru,  travaillé  sur  1  200  mètres  de  long  et  300 
de  profondeur,  a  une  épaisseur  totale  de  0",30  à  0™,80.  Son  rem- 
plissage est  quartzeux;  la  baryte  sulfatée  ne  s'y  présente  pas,  non 
plus  que  la  pyrite  ou  la  blende  ;  la  calcite  est  rare.  La  galène,  très 

1  Coll.  Ecole  des  Mines,  165i. 

<  £q  1888,  ces  mines  ont  été  comptées  ofQciellement  pour  5  200  tonnes. 


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548 


GÉOLOGIK  APPLIQUÉE 


argenliffere  et  tenant,  en  moyenne,  de  450  à  500  grammes  d'argent 
aux  100  kilogrammes  de  plomb  est,  tantôt  à  grandes  facettes,  tantôt 
à  grain  (in.  Elle  forme  une  ou  plusieurs  veines  continues,  d'une 
épaisseur  variant  de  quelques  millimètres  à  12  et  même  15  centi- 
mètres :  ce  qui  rend  le  triage  très  facile.  Le  plomb  carbonate  et 
le  plomb  phosphaté  y  existaient  en  géodes  jusqu'à  une  assez 
grande  profondeur. 

Gomme  dans  la  plupart  des  filons  de  plomb,  on  constate  une  cer- 
taine disposition  en  colonnes  ou  en  lentilles.  La  plus  belle  de  ces 
colonnes,  rencontrée  entre  lepuitsMalacate  et  San  Juan,  a  225  mè- 
tres en  direction  à  la  surface,  et  s'est  continuée  au  delà  du  huitième 
étage,  où  elle  avait  encore  160  mètres  de  long.  L'épaisseur  réduite 
moyenne  était,  au  huitième  étage,  en  1875,  de  3  centimètres  1/2 
environ;  40  mètres,  au  delà,  à  l'Ouest,  se  trouve  une  autre  colonne 
plus  irrégulière  de  200  mètres  de  long  ;  100  mètres  au  delà,  une 
troisième  colonne  peu  riche  de  80  mètres,  et  enfin,  150  mètres 
plus  loin,  une  dernière  colonne  inexploitée. 

Le  filon  Ana  Maria  a  le  même  remplissage  et  la  même  allure. 

La  teneur  en  argent  a  subi  une  série  de  variations,  comme  le 
montre  le  tableau  ci-joint  : 


QUANTITÉ  VENDUE 

ARGENT 

UÉTALLISATION 

ANNEES 

ea  tonnes. 

TENEUR  EN  PLOMB 

Aux  100  kilos 
de  plomb 

par 
mètre  carré 

1866 

» 

» 

592 

> 

1869 

» 

» 

566 

» 

i870 

851 

68,11 

596 

» 

4871 

847 

69,46 

549 

103 

1872 

1068 

67,60 

541 

148 

1873 

1613 

68,40 

489 

178 

1874 

2H3 

65,20 

533 

149 

18751 

1695 

67,64 

525 

144 

On  voit  qu'on  traverse,  en  profondeur  comme  en  direction,  des 
zones  de  richesse  variable,  sans  qu'il  y  ait  lieu  de  vouloir  en 
déduire  une  loi  générale. 

i  Les  chiffres  précis  nous  manquent  pour  la  période  suivante  qui  a  été  celle  du 
grand  développement  de  la  mine  ;  mais,  au  point  de  vue  théorique,  ceux-ci  suffisent 
pour  donner  une  idée  du  gisement. 


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FILONS  DE   PLOMB   DE  LA   ROMANA,   ALMAGRO,    ETC..      549 

La  province  de  Ciudad  Real  comprend  encore,  sur  le  versant 
de  la  Sierra  Morena,  un  certain  nombre  de  filons  de  galène,  à  la 
Romana,  Almagro,  etc.,.  \ 

La  Romana,  Almagro,  etc..  —  Le  sol  de  la  Sierra  Morena,  dans 
cette  région,  est  formé  presque  exclusivement  de  schistes  et 
quartzites  rattachés  au  silurien  ;  près  de  PuertoUano,  on  a  trouvé, 
au-dessus,  en  discordance,  un  lambeau  de  terrain  houiller.  Les 
filons  métallifères  sont  dirigés,  en  général,  àTi*"  et  recoupent,  sous 
un  angle  assez  fort,  les  schistes,  dirigés  eux-mêmes  à  120**.  A  la 
Romana,  il  existe,  au  voisinage  de  leurs  affleurements  quartzeux, 
des  amas  considérables  de  scories  antiques  correspondant  à 
des  travaux  carthaginois,  puis  romains;  on  y  a  retrouvé  des  mon- 
naies, des  outils,  des  tas  de  minerai  préparés  pour  la  fusion,  etc. 
Le  remplissage  des  filons  est  formé  de  débris  de  schistes  broyés 
cimentés  par  du  quartz,  parfois  de  la  baryte  sulfatée,  de  la  ga- 
lène, de  la  sidérose,  un  peu  de  pyrite  de  fer  et  de  cuivre,  acces- 
soirement de  la  blende.  La  galène  de  la  Romana  est  particu- 
lièrement riche  en  argent  ;  on  y  a  trouvé  jusqu'à  800  grammes 
d'argent  aux  100  kilogrammes  de  plomb.  En  1888,  cette  mine  a 
produit,  au  minimum,  3  000  tonnes  de  galène  sur  13  000  tonnes 
comptées  officiellement  pour  la  province  de  Ciudad  Real. 

Castuera.  —  A  TOuest  des  mines  de  mercure  d'Almaden  et  au 
bord  du  bassin  houiller  de  Belmès,  on  exploite,  dans  le  district  de 
Badajoz,  des  filons  de  galène  à  Castuera.  Il  y  a  là,  au  milieu  des 
quartzites  et  schistes  siluriens,  un  champ  de  fractures  important, 
où  Ton  retrouve  également  la  trace  de  grands  travaux  antiques. 

Les  filons  appartiennent  à  deux  systèmes  :  les  uns  Hg  (120°), 
exploités  à  Minas  Florès,  contenant  de  la  galène  en  grands  cristaux 
très  purs  mais  pauvres  en  argent  (50  à  60  grammes  aux  100  kilo- 
grammes de  plomb);  les  autres,  H,  (Gammonita  et  Tetuan),  tenant 
de  200  à  700  grammes.  Les  filons  H^  sont  remplis  de  débris  de 
schistes  broyés,  cimentés  par  du  quartz  ;  ils  ne  renferment  ni 
pyrite,  ni  blende  ;  leur  épaisseur  varie  de  0,30  à  0,80.  Jusqu'à 

«  Extrait  d'un  rapport  de  M.  Ledoux,  1876. 


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550  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

60  mètres  de  profondeur,  la  galène  a  été  transformée  en  carbo- 
nate. Au-dessous,  on  la  trouve  en  veines  formant  des  colonnes 
riches,  à  peu  près  suivant  la  ligne  de  plus  grande  pente.  La  pro- 
portion des  espaces  stériles  aux  parties  minéralisées  est,  en  direc- 
tion, de  un  tiers  environ  ;  le  rendement  moyen  du  mètre  carré  de 
filon  exploité  est  de  600  kilogrammes  de  minerai  à  48  p.  100 
(épaisseur  réduite  de  6  centimètres  1/2). 

Penarroya,  etc.  —  Dans  le  premier  trimestre  de  1892,  la  pro- 
vince de  Badajoz  a  produit  officiellement  5510  tonnes  de  minerai 
de  plomb,  venant  surtout  :  1  679  tonnes  de  la  mine  Triunfo  a 
Azagua  à  la  Société  de  Peflarroya;  puis  888  tonnes  de  la  mine 
Consecuencia  de  Berlanga  à  la  C*«  de  Aguilas.  On  peut,  en  outre, 
citer,  parmi  les  groupes  importants  de  la  région  :  Minaflores  y 
Alondra  au  baron  de  Eichthal.  En  1888,  la  province  de  Badajoz 
est  portée,  sur  la  statistique  espagnole,  pour  22  000  tonnes  de 
minerai  de  plomb.  La  même  année,  la  province  de  Cordoue  est 
comptée  pour  20  000  tonnes  de  galène  argentifère. 


GISEMENTS  DE  PLOMB,  ZINC  ET  FER 
DE  LÀ  RÉGION  DE  CARTHAGÈNE* 

La  région  de  Carthagène  présente  une  très  grande  variété  de 
minerais  (car  on  y  exploite,  à  la  fois,  le  plomb,  le  zinc  et  le  fer)  et 
une  remarquable  diversité  de  gisements  :  filons  proprements  dits, 
couches  d'imprégnation  dans  des  argiles  sous  forme  de  silicates 
plombifères,  lentilles  de  blende  disséminées  dans  des  schistes,  amas 
calaminaires,  etc..  Quelques-uns  de  ces  gisements  se  rattachent 
directement  à  la  catégorie  des  gîtes  de  substitution  dans  des  cal- 
caires, que  nous  étudierons  au  chapitre  suivant  ;  pour  certains 
autres,  on  peut  même  se  demander  si  Ton  n'a  pas  affaire  à  une 
formation  sédimentaire  contemporaine  des  terrains  encaissants. 
Néanmoins  la  conclusion  d'une  étude,  entreprise  sur  place  par 
M.  Fuchs,  étant  que  tous  ces  gîtes  divers  ont  une  origine  com- 
mune filonienne,  modifiée  seulement  par  la  nature  des  terrains 

i  Coll.  École  des  Mines,  1683. 


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GISEMENTS   DE  LA   RÉGION   DE  CARTHAGÉNE  o51 

rencontrés  sur  le  trajet  des  eaux  métallifères,  nous  ne  les  sépare- 
rons pas  dans  la  description  <• 

La  province  de  Garthagëne  —  et  particulièrement  la  Sierra  de 
Garthagène,  à  l'Ouest  de  la  ville  —  forme  un  des  centres  les  plus 
importants  de  métallurgie  du  plomb  en  Espagne,  en  même  temps 
qu'elle  a  une  production  de  fer  considérable.  Les  mines  de  ce 
pays,  exploitées  jadis  avec  une  grande  activité  par  les  Cartha- 
ginois et  les  Romains,  ont  été  remises  en  valeur  de  1842  à  1862. 
En  1842,  il  y  avait,  dans  la  Sierra,  trois  fourneaux  donnant,  par 
an,  162  mètres  cubes  de  plomb;  en  1862,  il  y  en  avait  75,  don- 
nant 174  784  mètres  cubes  et  la  production,  dans  Tintervalle, 
avait  été  de  2  880  103  mètres  cubes  de  plomb,  correspondant  à 
36  millions  de  minerai.  A  partir  de  ce  moment,  la  production  de 
plopib  a  décru  pendant  quelques  années.  En  1873,  elle  n'était 
plus  que  de  un  million  de  mètres  cubes.  Mais,  à  partir  de  1877, 
on  voit  les  chiffres  se  relever,  non  pas  qu'on  extraie  plus  de 
minerai  de  Garthagène,  mais  parce  qu'on  y  importe  des  mine- 
rais d'autres  districts,  en  particulier  ceux  de  Linarès  à  gangue 
siliceuse  qui,  mélangeas  avec  les  minerais  calcaires  de  Garthagène, 
donnent  un  excellent  rendement.  En  1878,  il  en  arrivait  déjà  près 
de  350  000  mètres  cubes. 

En  dehors  du  plomb,  le  fer  et  le  zinc  ont  été  extraits  de  ces 
mines  en  proportion,  croissante.  En  1888,  la  province  de  Murcie 
(Garthagène,  Mazarron)  a  produit,  au  minimum,  535  000  tonnes 
de  minerai  de  fer,  140  000  tonnes  de  minerai  de  plomb,  49  000 
tonnes  de  plomb  métallique  et  7  000  tonnes  de  minerai  de  zinc  ^ 
Les  principales  mines  sont  celles  du  Gabezo  de  Sancti-Espiritus, 
de  Grisoleja,  du  Barranco  del  Francès,  etc.. 

La  Sierra  de  Garthagène,  située  à  TOuest  de  la  ville  de  Gartha- 
gène, le  long  de  la  mer,  est  formée  de  calcaires  et  de  schistes,  le 
calcaire  formant  surtout  les  sommets,  tandis  que  les  vallées  sont 
creusées  dans  les  schistes.  Aucun  fossile  n'a  été  trouvé  dans  ces 
terrains,  ce  qui  rend  la  détermination  de  leur  âge  assez  difficile  ; 

'  Ces  gisements  ont  été  visités  par  M.  Fuchs  en  mars  1876  ;  nous  empruntons  la 
plus  grande  partie  de  leur  description  à  ses  notes. 

>  Ces  chiffres  sont  empruntés  à  la  statistique  officielle  et,  par  suite,  très  inférieurs, 
pour  des  raisons  fiscales,  aux  chiffres  réels. 


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552  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

quelques  géologues  les  classent  dans  le  permien,  il  est  possible 
qu'ils  soient  plus  anciens. 

Les  gisements  de  minerai  se  présentent  sous  un  certain  nombre 
de  formes  distinctes,  en  relation  probable  les  unes  avec  les  autres. 
Dans  la  partie  Est  de  la  sierra,  au  voisinage  de  la  ville,  on  ne 
trouve  que  de  petites  poches  (bolsadas),  aujourd'hui  toutes  aban- 
données ;  dans  la  partie  Ouest,  on  a  exploité  longtemps  des  amas 
énormes,  en  général  affleurant  au  jour,  dits  crestones  ;  actuelle- 
ment ces  crestones  sont  épuisés  et  Ton  se  borne,  soit  à  des  couches 
interstratifiées  ou  capas^  avec  poches  de  blende  et  calamine,  soit 
à  de  véritables  filons.  Nous  commencerons  par  décrire  ces  filons 
qui  semblent  avoir  été  l'origine  des  autres  gisements. 

Les  filons  de  la  région  de  Carthagène  sont  de  deux  types  et  de 
deux  âges  distincts  qu'on  a  souvent  confondus  :  les  uns,  les  plus 
récents,  formés  de  galènes  très  argentifères  (tenant  jusqu'à  6  kilo- 
grammes d'argent  à  la  tonne  de  plomb),  dont  nous  citerons  un 
exemple,  en  terminant,  à  Mazarron  (Monte  Rajado),  à  l'Ouest  de 
Carthagène,  recoupent  les  trachytes  et  sont  certainement  d'âge 
tertiaire  *  ;  les  autres,  peu  argentifères  (galène  et  blende),  paraissant 
avoir  produit  les  capas  par  épanchement  et  substitution,  sont  pro- 
bablement plus  anciens.  Ceux-là  n'apparaissent  à  l'état  de  filons 
qu'au  milieu  des  schistes  ;  dans  les  calcaires ,  leurs  affleurements 
se  perdent,  comme  si  les  eaux  minéralisantes  s'étaient  répandues 
en  profondeur  dans  les  strates  attaquables,  qu'elles  ont  imprégnées 
et  pseudomorphosées  en  minerai  ^ 
Quelques  mots  sur  un  de  ces  filons  : 

Les  deux  fosses  Carmen  et  Esperanza  se  trouvent,  dans  le  Bar- 
ranco  del  Francès  (ravin  du  Français)  qui  est  un  des  centres  les 
plus  riches  en  minerai.  Elles  exploitent  un  même  filon,  dirigé  à 
15°,  ayant  un  pendage  Est,  de  70  à  80*",  et  une  épaisseur  moyenne 
de  0™,70  à  1  mètre.  Le  filon  proprement  dit  ne  commence  qu'à 
une  profondeur  de  80  mètres  au-dessous  du  sol  ;  au-dessus,  il 
était  recouvert  d'un  grand  amas  (creston)  de  sidérose  et  galène. 

1  Von  Gotta,  d'après  Fournet,  et  après  lui,  von  Groddeck,  attribuent  à  ces  filons  la 
formation  métallifère  générale. 

*  Peut-être  aussi  un  phénomène  de  métamorphisme  secondaire  a-t-il,  sous  Taction 
des  eaux  superficielles,  corrodé  les  calcaires  au  contact  des  sulfures  métallifères  (voir, 
page  369,  la  discussion  relative  aux  calamines) . 


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GISEMENTS   DE   LA   RÉGION   DE   CARTHAGÉNE 


55  :i 


Les  épontes  sont  assez  nettement  distinctes  du  remplissage,  qui 
est  formé  de  galène  et  blende,  avec  un  peu  de  pyrite  de  fer  et  de 
pyrite  de  cuivre.  Le  quartz  y  est  rare.  Au  toit,  il  existe,  en  géné- 
ral^ une  veine  compacte  de  galène  ayant  10  à  20  centimètres. 

L'extraction  de  Carmen  et  d*Esperanza  était,  en  1878,  d'environ 
25  000  mètres  cubes  par  an. 

Passons  maintenant  aux  gttes  interstratifiés  ou  capas.  Nous 
allons  rencontrer  là  de  beaux  exemples  de  phénomènes  d'impré- 
gnation dans  les  strates  argileuses  et  de  substitution  dans  les  bancs 
calcaires,  ces  derniers  comparables  à  ceux  que  nous  étudierons 
en  détail  dans  un  chapitre  suivant. 

La  coupe  générale  des  terrains  (fig.  295  à  297)  est  la  suivante  à 
Carthagène  : 


Fig.  295.  —  Coupe  géologique  du  Barranco  del  Francès,  à  Carthagène. 

A  la  partie  inférieure,  se  trouvent  des  schistes  argileux,  peu 
quartzeux  et  assez  tendres,  contenant  quelques  lentilles  de  blende, 
mal  étudiés'  d'ailleurs  parce  que  leur  minerai  est  sans  valeur,  et 
d'épaisseur  inconnue. 

Au-dessus,  se  présente  une  couche  tout  à  fait  caractéristique  et 
spéciale  à  la  région,  celle  dite  des  silicates,  formée,  dans  son 
ensemble,  d'un  protosilicate  de  fer  avec  mouchetage  de  galène.  La 
proportion  de  plomb,  dans  cette  couche,  s'élève  d'une  façon  régu- 
lière à  8  ou  10  p.  100  :  ce  qui  en  fait  un  élément  industriel  de  la 


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554 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


plus  grande  împortaDce.  Son  épaisseur  moyenne  élant,  en  effet,  de 
10  mètres,  on  voit  que  chaque  mètre  carré  de  superficie  corres- 
pond à  près  d'un  mètre  cube  de  plomb,  facile  à"extraire  (puisqu'il 


Fig.  296.  —  Coupe  veilicale  de  la  Sieri-a  de  Abenque,  à  Carthagène. 

s'agit  d'un  gisement  stratifié,  à  faible  profondeur)  et  facile  aussi  à 
laver  par  des  moyens  élémentaires. 
Au  point  de  vue  géologique,  on  suppose  que   cette  couche 


Gorchi 


S'fBnUàù 


•arl,^u^d».Pt. 


Fig.  297.  —  Coupe  verticale  de  la  Sierra  de  Porman,  à  Carlhagène. 

représente  l'équivalent,  métallisé  par  imprégnation  postérieure, 
d'un  banc  argilo-gréseux  rencontré ,  au  même  niveau,  dans  les 
autres  parties  du  pays. 
Au-dessus  de  la  couche  des  silicates,  viennent,  de  nouveau,  des 


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GISEMENTS   DE  LA   RÉGION   DE  CARTHAGÉNE  955 

schistes  micacés,  plus  argileux  que  ceux  du  bas  et  renfermant  une 
plus  grande  quantité  de  lentilles  de  blende.  Leur  épaisseur  est 
d'une  centaine  de  mètres.  Ils  sont  recouverts  par  un  calcaire  très 
chargé  de  minerais. 

A  la  base  de  ce  calcaire,  se  trouve  (fig.  29S  et  296)  une  couche 
d'oxyde  de  fer  manganèse  très  régulière,  reposant  elle-même  sur 
une  couche  de  carbonate  de  plomb  argentifère,  d'une  hauteur  d'à 
peu  près  1"*,50.  Aux  affleurements,  ce  fer  forme  des  ocres  où  l'on 
a  rencontré,  le  minerai  de  plomb  ayant  disparu,  des  parties  d'ar- 
gent natifs 

En  outre,  il  existe,  dans  ce  calcaire,  le  long  de  fissures  et  à  la 
base  des  minerais  de  fer,  des  amas  de  calamine,  galène  et  sidérose. 

Les  crestoneSj  autrefois  exploités,  étaient  des  masses  de  galène 
et  sidérose,  la  sidérose  formant  une  sorte  de  gangue,  au  milieu  de 
laquelle  la  galène  était,  soit  en  grains  cristallisés  avec  un  peu  de 
quartz,  soit  en  noyaux.  On  peut  se  rendre  compte  de  l'importance 
qu'avaient  ces  crestones,  par  ce  fait  qu'une  des  exploitations,  dans 
un  champ  de  moins  de  70  000  mètres  carrés,  a,  entre  1847  et  186i, 
produit  un  demi-million  de  tonnes  de  minerai.  Ces  crestones  de 
galène  et  sidérose  sont  depuis  longtemps  épuisés  et  l'on  a  même 
retraité,  à  diverses  reprises,  par  des  procédés  de  plus  en  plus  per- 
fectionnés, les  scories  qui  en  étaient  résultées  ;  mais  on  a  exploité, 
récemment  encore,  de  grands  amas  de  calamine,  autrefois  négligés, 
puis  devenus  l'objet  d'un  enthousiasme  exagéré  :  c'est  ainsi  qu'à 
1  kilomètre  au  Sud-Est  de  la  mine  de  Carmen,  se  trouvait  une 
mine  importante  de  calamine,  dite  de  Julio  César ^  dont  l'extraction 
annuelle  est  montée  à  25  000  mètres  cubes.  Aujourd'hui,  il  ne 
reste  que  fort  peu  de  calamine  et  Ton  se  rabat  sur  les  gttes  de 
blende  (Cabezo-Rajado,  etc.). 

En  résumé,  les  minerais,  traités  aujourd'hui  industriellement  à 
Carthagène,  sont  :  1*^  fer,  2*"  galène,  3*"  blende  et  calamine. 

Pour  le  fery  il  y  a  lieu  de  distinguer.  Le  fer  manganèse  est 
surtout  extrait,  en  raison  de  la  facilité  que  présente  son  exploi- 
tation, le  plus  souvent  à  ciel  ouvert,  parfois  souterrainement,  par 
une  série  de  petits  puits,  chacun  abandonné  à  une  famille  de  par- 

^  Comme  à  Uuelgoat.  Voir  plus  haut,  page  505. 


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556 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


lisaDS  (parlidanos)  qui  travaille  à  Tenlreprise  (tant  par  tonne  de 
plomb),  loge  sur  le  puits  et  ne  descend  guère  au-dessous  d'une 
vingtaine  de  mètres. 

Le  minerai  manganèse  valait,  en  1877,  9  francs  rendu  à  bord  à 
Garthagène  ;  le  minerai  non  manganèse  ou  déprécié  par  le  zinc  est 
abandonné. 

Le  fer  plombeux^  qui  forme,  comme  nous  l'avons  dit,  la  base 
de  la  couche  de  fer,  est  exploité  comme  fondant  pour  les  usines  à 
plomb.  On  le  paye  suivant  sa  teneur  en  plomb  et  les  prix  sont 
relativement  élevés,  à  peu  près  les  mêmes  que  pour  un  minerai 
enrichi,  parce  que  celui-ci,  en  même  temps  que  le  plomb,  apporte 
le  fer  comme  fondant. 

Enfin  la  couche  des  silicates  est,  comme  nous  l'avons  dit,  une 
grande  source  de  richesses  en  plomb. 

Les  usines  à  plomb  se  trouvent  surtout  à  La  Union  et  àÂlumbre, 
dans  ia  Sierra,  elles  sont  fort  petites  ;  enoutre,  il  existe,  à  Santa  Lu- 
cia,  près  duport  de  Garthagène,  une  grande  usine,  celle  de  Figueroa. 

Au  point  de  vue  économique^  l'exploitation  est  très  défectueuse. 
Il  y  a  une  infinité  d'entreprises  restreintes,  sans  ressources  suffi- 
santes et  sans  installations,  qui  gaspillent  le  minerai.  Très  peu 
d'exploitations,  plus  rationnelles  et  d'une  certaine  profondeur,  ont 
réussi  à  se  former. 

En  général,  on  travaille  sans  plan,  au  hasard  et  l'on  ne  fait 
aucun  travail  de  recherche.  Les  sociétés,  qui  se  sont  fondées, 
ont  été  conduites,  par  suite  des  usages  locaux,  à  céder  le  terrain 
par  parcelles  aux  partidanos  qui  exploitent  par  piliers  abandonnés 
sans  boisage  et  font  un  simple  triage  à  la  main  sans  eau'. 

La  production  des  principales  mines  du  district  de  Garthagène 
a  été,  officiellement,  la  suivante  en  1892  : 

MINERAI   DE  PLOMB 

tonnes 

Suerte 20  000 

Sebastopol 14  600 

Esperanza 10  000 

Segunda  Esmeralda  .     9  000 

Rosario 8  000 

Esparanga  y  demasia    5  600 

'  Voir  la  bibliographie,  page  558,  à  la  suile  de  la  description  de  Mazarroo. 


MINERAI  DE  FER 

CALAM INE 

tonnes 

tonnes 

San  Isidore  ...  20  000 

Los  Burros  .  4000 

Ya  la  hemos  visto.  18000 

Bienvenida.  ...  15300 

UsurpacioD   .   .    .  15  000 

Venus 12  000 

Usurpada  .  .   .   .  1 1  OOO 

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GISEMENTS   DE   MAZARRON   ET   AGUILAS 


557 


FILONS  DE  GALENE  ARGENTIFÈRE 
DE  iMAZARRON  ET  AGUILAS* 

Le  district  de  Mazarron,  situé  à  l'Ouest  de  Carthagène,  et  celui 
d'Aguilas,  qui  le  prolonge  dans  la  direction  de  la  Sierra  Alma- 


^-^- 


I  filons  dg.fif  n\af^€iné>jrt^Srvr 


S^j'iuOTisUh  (ter 


Eche/Ie  :  c^oo65  pour  loo  Mètres 

JlfO     -*o        o  Mot) ttx> Scv £f'* 


Fig.  298.  —  Plan  topographique,  géologique  et  minier  de  Mazarron. 

grera,  renferment  un  certain  nombre  de  mines  de  plomb  et  de 
fer. 

Le  sol  est  formé,  à  Mazarron,  par  des  schistes  argileux  anciens, 
avec  calcaires  métamorphiques  semblables  à  ceux  de  la  Sierra  de 
Carthagène,  au  milieu  desquels  émergent  plusieurs  pointements 

*  Extrait  d'un  rapport  de  M.  Lcdoux,  Ing.  en  chef  des  Mines  (1876). 


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558  GËOLOGIB    APPLIQUÉE 

trachytiques.  Le  massif  de  trachyte  le  plus  important  est  celui  de 
la  Gabeza  de  San  Gristobal,  près  Mazarron,  où  les  Arabes  ont 
exploité  longtemps,  sur  une  grande  échelle,  une  terre  alunifëre. 
Ce  massif  est  recoupé  par  de  nombreux  filons  de  galène  argenti- 
fère constituant  les  concessions  de  Recuperada,  Ledua,  Impensada, 
Tubal,  Ceserina,  Grupo,  Esperanza,  Santa  Ana,  etc.  D'autres  filons 
semblables  recoupent  un  autre  pointement  trachytique  à  2  kilo- 
mètres àrOuest. 

Les  filons  de  San  Cristobal  affectenl  trois  directions  principales, 
20°  (H,),  W  (HJ  et  150"  (H,,).  Ces  derniers  recoupent  les  autre- 
et  ne  sont  métallisés  que  dans  leur  voisinage.  Ces  filons  sont,  en 
général,  très  irréguliers  en  direction  comme  en  inclinaison  (on 
ne  peut  guère  les  suivre  sur  plus  de  400  mètres  de  long),  mais 
atteignent  jusqu'à  2  mètres  de  puissance  (Grupo)  et  7  mètres 
(Santa  Ana).  Leur  puissance  habituelle  est  de  0"*,60  à  0"*,80.  On 
doit,  peut-être,  les  considérer  comme  des  fissures  de  retrait  du 
trachyte. 

De  grands  travaux  anciens  ont  porté  sur  ces  filons  jusqu'à  60 
à  80  mètres  de  profondeur  ;  on  en  a  repris  quelques-uns  depuis 
1870.  A  Recuperada,  on  a  exploité  un  filon  dont  le  remplissage  est 
formé  de  trachyte  décomposé,  pyrite  de  fer  et  galène  en  veinules 
(épaisseur  réduite,  7  à  8  centimètres). 

La  proportion  d'argent  moyenne  des  minerais  de  cette  région 
expédiés  à  Escombrera  était,  en  1876,  de  115  grammes  d'argent 
aux  100  kilogrammes  de  plomb. 

En  1892,  le  district  de  Mazarron,  avec  les  C»^  de  Aguilas,  la 
Union,  Orosco  y  Anglada,  etc.,  a  produit  88  520  tonnes  de 
minerai  de  plomb. 

La  même  année,  on  compte  parmi  les  principales  mines  : 

San  Juan  y  Santa  Ana,  25  000  tonnes;  Impensada,  17  000; 
Talia,  16  000,  etc. 

Bibliographie. 

1821.  (Revisla  minera^  1. 1,  p.  141.) 

1842.  Grûner.  —  {Ann,  d.  M.,  t.  I,  p.  712;  cf.  Leonh.  Jahrl,,  1843,  p.  731.) 

1843.  Sauvage.  —  (Ann,  d.  M.,  4^  t.  IV,  p.  113.) 

1846.  Peunolet.  —  Mines  et  fonderies  du  midi  de  l'Espagne  (Sierra  Aima- 


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GÎTES   DE   PLOMB   d'ITALIE  559 

grera,  Carthagène,  etc..)  {Ann,  d.  M,,  4^,  t.  IX,  p.  35  el  t.  X,  p.  253  ;  cl.  Leonh. 
Jdirb.,  1848,  p.  359;  et  Berg,  u.  H,  Z.,  1847,  p.  193.) 

1847.  Paillette.  Mines  de  plomb  du  Midi  de  l'Espagne.  (B,  S.  (t.,  2«,  t,  IV, 
p.  522.) 

1852.  Lasala,  —  {Revista  minera.  Madrid,  t.  III,  p.  551.) 

1856.  Leonhard's  Jahrbuch,  p.  348. 

1856.  Hertbr.  —  Géologie  yon  Cartagena.  {Zeit$,  d.  d,  geoL  Ges,,  t.  VI, 
p.  14,  eiJahrb,  f.  Min.,  1856,  p.  203.) 

Botella.  —  Descripcion  geologica  minera  de  las  provincias  de  Murcia 
y  Albacele. 

1857.  FouRNKT.  (G.  R.,  t.  XLIV,  p.  1233.) 

1857.  de  Verneuil  et  Collomb.  --  Itin.  dans  le  Sud-Est  de  l'Espagne.  {B.  S.  G., 
t.  Xni,  p.  674.) 

1861.  CoTTA,  p.  444-682. 

1861 .  Petitgaud.  —  Traitement  des  minerais  à  Carthagène.  {Revue  universelle, 
t.  III,  et  extraits  dans  la  Berg.  u.  H.  Z.,  1863.) 

1876.  FocHS.  —  Notes  de  voyage  inédites. 

1879.  VON  Groddeck,  p.  464. 

1880.  Caron. —  Bericht  ûber  eine  Instruction  Reise  nach  Spanien.  {Zeit- 
schrift.  prussien,  p.  130.) 

1892.  D.  F.  Villasantey  Gomez.  —  La  induslriade  Mazarron  (Carthagène.) 
1892.  —  Sur  les  filons  de  Mazarron.  {Revista  Minera,  n»'  1393, 1395  et  1396.) 


GITES  DE  PLOMB  D'ITALIE 


En  Italie,  la  production  de  minerais  de  plomb  a  été,  en  1890, 
de  32  187  tonnes,  venant  presque  exclusivement  de  la  province 
dlglesias,  en  Sardaigne,  (31  705  tonnes);  puis  du  district  de  Milan 
(271  tonnes),  de  celui  de  Caltanisetta  (106  tonnes)  et  de  celui  de 
Florence  (101  tonnes). 

Nous  n'avons  pas  à  revenir  sur  les  gîtes  de  Sardaigne,  déjà  décrits 
au  chapitre  du  ZincK  Les  gîtes  du  district  de  Milan  sont  ceux  des 
Alpes,  parmi  lesquels  nous  citerons  les  filons  des  environs  de 
Pallanza  dans  les  schistes  cristallins ,  ceux  de  la  province  de 
Côme  (Brusimpiano,  etc.),  de  Brescia,  du  val  Trompia%  etc. 
Dans   la  province   de    Côme ,   on   connaît   aussi   des    gîtes   en 

«  Page  387. 

>  Voir  plus  haut,  page  2TÎ. 


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560  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

mouches   et  amas    dans   les  dolomies   triasiques  ;  de  même,  à 
Auronzo  (Belluno),  etc. 

En  Toscane,  outre  les  gîtes  de  Bottino,  sur  lequel  nous  revien- 
drons, on  peut  citer  ceux  de  Gallena,  de  TArgentière,  de  la  Ver- 
silia,  dans  les  schistes  paléozoïques.  Des  filons  de  quartz  métallifère 
apparaissent  encore  à  Montieri,  Serra-Bottini,  Scabiano,  etc.;  ces 
filons,  très  anciennement  exploités,  sont  plutôt  cuivreux  que  plom- 
bifères. 

Gîte  de  galène  argentifère  de  Bottine  (Toscane).  —  On  exploite, 
en  Toscane,  près  de  Seravezza,  à  Bottino,  un  gisement  de  galène 
argentifère  avec  sulfoantimoniures  divers,  qui  porte  la  trace  de 
travaux  anciens,  étrusques  ou  romains. 

Ce  gisement  se  compose  d'un  filon  quarlzeux  dirigé  N.-O.  S.-E. 
avec  pendage  à  50**  vers  le  S.-O.,  qui  se  divise  en  veines  dans  des 
schistes  paléozoïques,  situés  au-dessous  des  marbres  du  Mont  de  la 
Côte.  La  gangue,  outre  le  quartz,  se  compose  de  calcite,  sidérose, 
chlorite,  etc.,  et  on  y  a  rencontré,  en  outre,  de  Talbite,  de  Tapa- 
tite,  etc..  En  première  ligne,  parmi  les  minerais  métalliques, 
vient  la  galène,  très  riche  en  argent  (0,32  à  0,56  p.  100  Ag) 
à  laquelle  sont  associés  divers  sulfoantimoniures  de  plomb, 
comme  la  boulangérite,  la  ménéghinite,  la  jamesonite,  etc.;  de 
la  blende  et,  en  quelques  points,  de  la  pyrite,  de  la  pyrrhotine, 
de  la  chalcopyrite  (cette  dernière  fournissant  une  petite  quantité 
de  cuivre  par  cémentation).  Tous  ces  minerais  sont  plus  ou  moins 
argentifères,  sans  Tètre  autant  que  la  galène  ;  suivant  les  ana- 
lyses de  Bechi,  ils  donnent  : 

Jamesonite 0,0010  Ag. 

Boulangérite 0,0019 

Blende 0,002 

Pyrite 0,0005 

Le  minerai  est  éparpillé  en  veines  d'épaisseur  variable,  au  mi- 
lieu de  la  gangue  et  y  forme  des  colonnes.  Il  s'enrichit  (d'après 
d'Achiardi)  au  voisinage  d'une  sorte  de  porphyre,  que  les  mineurs 
appellent  quart zo  nero. 

Les  analyses  suivantes  ont  été  faites  au  laboratoire  Hollway  à 
Londres  : 


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GALÈNES   ARGENTIFÈRES   DE   SIBÉRIE 


561 


ANALYSES  DU  UINERAI  DE  BOTTINO 


MINERAI  RICHE 


LAVÉ 


Pb 

Zn 

Cu 

êS:  :  ;  ;  ;  :  ;  :  ; 

Co 

Bi 

As,  Sb 

SnO* 

Oxyde  de  fer  .   .   .   . 

S 

MgO 

0  dosé  par  différence 


39,05 
9,17 
2,07 
0,093 
traces 

0,20 
2,40 
0,23 
11,75 
14,i4 
1,61 
2,36 


) 


39,90 
9,65 
1,80 
0,104 
traces 
0,43 

2,50 

0,20 

16,30 

19,02 


11,75 
8,51 
0,50 

traces 


13,95 
17,57 


La  silice,  provenant  de  la  gangue,  complète  probablement  les 
iOO  parties  de  l'analyse. 
La  production  en  argent  des  mines  de  Bottino  a  été  : 


1860 

878»«,06 


1865 

675  •'«î,  74 


1870 

518  kg,  40 


1875 

656  k»,24 


187» 

452  ««S,  24 


Bibliographie. 

1868.  Pellati.  Ind,  Miner.  Italia, 

1868.  Blanchard.  —  Système  d'exploit,  de  la  mine  du  Bottino.  {Cuypery 
t.  XXII,  p.  54.) 
1873.  d'Achiardi.  —  Min.  Tosc,  2. 

1876.  Blanchard.  — Proc.  verb.  R.  ac.  Linei.  6  Fevr. 

1877.  Géol.  Lombarde,  2«  part.,  p.  160. 

1883.  d'Achiardi.  I  metalii,  etc..  I,  p.  158  et  239. 

1887.  Blanchard.  —  Les  mines  de  plomb  argentifère  du  Bottino,  près  de  Ser- 
ravezza  (Toscane).  {Bull,  Soc.  Ind.  min.  de  Saint-Etienney  3®  série,  1. 1,  p.  201.) 


GALÈNES  ARGENTIFÈRES  DE  SIBÉRIE 


L'argent  produit  par  la  Sibérie,  qui,  de  1867  à  1876,  s'est  élevé, 
en  moyenne,  à  13  150  kilogrammes,  provient  surtout  de  galènes 
argentifères  associées  avec  quelques  minéraux  d'argent  propre- 
ment dits  : 


GéOLOGIB.   —  T.  II. 


36 


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562  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

On  distingue  quatre  groupes  :  Nerischinsk,  Kolivan,  Kirgis  et  le 
Caucase. 

Dans  le  groupe  de  Nertschinsky  district  du  lac  Baïkal,  on 
exploite  des  galènes,  associées  parfois  avec  des  tellurures  d'argent 
et  de  plomb,  au  milieu  de  calcaires  et  de  schistes.  Nous  citerons  la 
mine  Sarvodinskoï. 

Le  groupe  de  Kolivan  ou  de  VAliaï^  (gouvernement  deTomsk) 
est  le  plus  célèbre  et  les  exploitations  y  remontent  à  une  époque 
ancienne.  On  en  extrait,  non  seulement  de  l'argent  et  du  plomb, 
mais  aussi  de  Tor,  du  cuivre  et  du  zinc.  Le  cuivre  prédomine 
même  dans  certains  gîtes. 

Partout,  d'après  Cotta,  on  a  affaire  à  des  filons,  très  souvent 
à  des  filons- couches,  présentant  des  ramifications  ou  prenant 
des  formes  irrégulières  et  de  grandes  puissances  et  passant 
ainsi  à  des  amas  filoniens.  Ces  filons  se  rencontrent  surtout  dans 
les  roches  siluriennes,  dévoniennes  et  carbonifères,  plus  rare- 
ment dans  les  schistes  cristallins,  aux  points  où  ces  terrains 
sont  traversés  par  des  éruptions  de  granité,  de  microgranulite  et 
de  porphyre  augitique  ;  on  a,  en  conséquence,  supposé  l'existence 
d'une  relation  entre  les  gîtes  et  les  roches  éruptives. 

Le  remplissage  principal  consiste  en  barytine,  quartz  et  sulfures 
métalliques  divers,  transformés  à  l'affleurement,  jusqu'à  une 
grande  profondeur,  en  minéraux  oxydés  qui  ont  été  surtout  l'objet 
des  exploitations. 

Le  gîte  le  plus  important  de  l'Altaï  est  celui  de  ZmeofT  ou 
Schlangenberg,  près  de  Smeinogorsk,  reconnu  sur  340  mètres  de 
long  avec  des  puissances  de  2  à  100  mètres.  On  y  a  trouvé  :  or 
natif;  argent  natif,  kérargyrite,  argyrose,  argent  rouge;  cuivre 
natif,  cuivre  gris,  chalcosine,  chalcopyrite  ;  galène  ;  blende  ; 
pyrite,  etc.  Les  minerais  sont  dans  une  gangue  barytique  et 
quartzeuse,  souvent  en  inclusions  pulvérulentes  assez  fines  pour 
donner  à  la  masse  entière  une  couleur  grise.  On  peut  citer, 
comme  autres  mines.  Salais  et  Zyrianofsk. 

Dans  le  Turkestan ,  la  mine  de  Karemazar^  au  Nord  de  Chods- 

*  Voir  description  de  l'Altaï  par  Tchihatcheff  ;  von  Cotta  (B.  u.  H.  Z.,  1869  et  de  Altaï, 
Leipzig,  1871);  Journal  des  min^^,  passim  ;  Groddeck  p.  305;  d'Achiardi,  I,  p.  178; 
Mouchketoff  le  Turkestan  russe  (1878). 


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GÎTES   DE  PLOMB   ET   d'aRGENT   DE  BINGHAM   (UTAH)       563 

chent,  est  située  au  contact  de  calcaires  métamorphiques  et  d'une 
diorite. 


FILONS  DE  PLOMB  AUX  ÉTATS-UNIS 

Les  principaux  gisements  de  plomb  que  nous  aurons  à  étudier 
aux  Etats-Unis,  ceuxdeLeadville,  Eurêka,  du  Wisconsin,  etc.,  sont 
encaissés  dans  des  calcaires  et  rentrent  dans  la  catégorie  des  gîtes 
oîi  les  phénomènes  de  substitution  ont  joué  un  rôle  important; 
mais  le  type  filons  d'incrustation  est  également  représenté  et  nous 
en  citerons  quelques  exemples  <.  Il  est  d'ailleurs  à  noter  que 
presque  toutes  ces  mines  de  plomb  argentifère  des  Etats-Unis, 
décrites  ici,  en  raison  de  leur  constitution  minéralogique ,  au 
chapitre  du  Plomb  ^  sont  industriellement  considérées  comme 
des  mines  d'argent  :  en  particulier,  celles  de  Leadville,  Eurêka, 
Bingham,  etc. 

Dans  l'Etat  de  New -York,  on  a  extrait  du  plomb,  depuis 
1835,  à  Rossie  y  comté  de  Saint- Lawrence,  Le  principal  filon, 
Coal  Hill  Vein,  encaissé  dans  le  terrain  primitif,  a  de  0°,60  à 
1  mètre  de  large  ;  la  galène  est  associée  à  de  la  calcite  qui 
forme  là  des  cristaux  superbes,  dont  quelques-uns  ont  été  re- 
cueiUis  dans  les  musées.  L'exploitation  a  donné  des  résultats 
peu  importants. 

La  mine  de  Bingham^  dans  PUtah,  qui  a  été  étudiée  successive- 
ment par  M.  Ochsénius,  Chaper,  etc.,  nous  fournira  également 
un  bon  type  américain  de  filons  de  galène  argentifère  et  aurifère  à 
gangue  quartzeuse  (iîg.  299).  C'est  encore  une  de  ces  mines  qui, 
pratiquement,  sont  plutôt  des  mines  de  métaux  précieux  que 
de  plomb,  l'argent  et  l'or  étant  surtout  fournis  par  les  parties 
altérées  superficielles. 

Toute  cette  région  de  l'Utah  comprend  un  grand  nombre  de 
gisements  métallifères  que  les  Mormons  ont  longtemps  empêché  de 


«  Voir  Whitney  :  Metallic  Weallh  of  Ihe  United  States,  p.  383.  —  Emmons  :  geol. 
report.,  p.  355. 


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504 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


mettre  en  valeur,  de  peur  d'attirer  une  immigration  des  «  gentils  ». 
La  construction  du  Pacific  Railway  a  eu  raison  de  cette  oppo- 
sition,  d'abord   violente,  puis 


Su^^t-^^^^^^^^^^'^^^^^m 


f^^ooW 


Fig.  299.  --  Carte  de  la  région  des  mines 
de  plomb  argenlifère  de  Bingham. 


dissimulée;  les  mineurs  sont 
accourus  en  foule  et,  en  1878 
déjà,  la  production  de  métaux 
précieux  dans  TEtat,  atteignait 
six  millions  (contre  21  millions 
au  Comstock). 

En  1881,  la  production  de 
galène  dans  TUtah  a  été  esti- 
mée à  22  000  tonnes. 
Les  gisements  se  trouvent  : 
1°  Dans  la  chaîne  des  Wah- 
satch  (Big  Cottonwood  Ca- 
nyon, Little  Cottonwood  Ca- 
nyon, etc.);  nous  aurons  à 
décrire,  plus  loin,  un  gîte  de 
substitution  situé  dans  ces  montagnes,  TEmma  Mine*  sur  le 
Little  Cottonwood  Creek,  à  20  milles  au  Sud-Est  du  grand  lac 
Salé; 

2**  Dans  la  chaîne  d'O'  Quirrh  qui  aboutit  à  l'extrémité  Sud  du 
lac  Salé.  C'est  là  que  se  trouve  la  mine  de  Old  Telegraph  ou  mine 
de  Bingham. 

Cette  chaîne  d'O' Quirrh  appartient  aux  couches  paléozoïques, 
dont  les  roches  n'apparaissent  que  rarement  dans  la  région  des 
Ilocky  Mountains. 

La  série  complète  comprend,  aux  monts  d'O'  Quirrh  et  aux  monts 
Wahsatch,  les  termes  suivants  : 

Permien.  —  Marnes  et  calcaires  :  190  mètres. 

Carbonifère.  —  Wahsatch  Liraestone  :  2  000  mètres  \  Q"f''^.^^^^  ^^  ^^^^'^• 

(  Calcaires. 

Dévonien.  —  Quartzite  d'Ogden  avec  conglomérats:  300  mètres. 

Calcaire  silurien  (Utelimestone)  :  300  mètres. 

Schistes  cambriens  :  3  700  mètres. 

*  Page  624. 


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GÎTES   DE  PLOMB   ET  d'aRGENT   DE  BINGHAM   (UTAH)       565 

Dans  la  partie  Nord  de  la  chaîne  d'O'  Quirrh,  où  sont  les  mines, 
on  rencontre  seulement  les  deux  termes  du  calcaire  de  Wahsatch, 
c'est-à-dire,  à  la  base,  un  calcaire  bleu  et  gris  avec  fossiles  caracté- 
ristiques (Productus  semi-reticulatus,  P.  nebrascensis,  P.  longispi- 
nus,  Spirifer  opimus,  Sp.  albapinensis,  Sp.  centronatus,  Athyris 
subtilila,  Orthis  resupinata,  etc.),  et,  au-dessus,  les  quartzites  de 
Weber  (houiller  inférieur),  généralement  d'une  couleur  foncée, 
qui  forment  les  épontes  des  filons  de  Bingham. 

Au-dessus  de  ces  quartzites,  le  calcaire  du  houiller  supérieur 
apparaît  seulement  en  quelques  points  isolés. 

Le  massif  de  TO'  Quirrh  est  recoupé  par  un  certain  nombre  de 
ravins  profonds  où  se  trouvent  diverses  mines,  échelonnées  surtout 
sur  le  parcours  d'un  grand  filon  N.  70°  E. 

La  première  de  ces  mines  est  la  Revers  Mine^  sur  le  Butter- 
field  Canyon,  affluent  du  Bingham  Canyon;  puis  viennent  l'impor- 
tante mine  d'Oldtelegraph,  la  Spanish  mine  et  la  Jordan  mine. 

Le  Bingham  Canyon  aboutit  à  la  petite  ville  de  Bingham,  située 
dans  la  gorge  même  et  qui  a  donné  son  nom  au  groupe  de 
mines. 

Le  gîte  forme  un  filon-couche  au  milieu  des  quartzites  houil- 
1ers,  dont  les  couches,  très  brisées  du  côté  du  toit,  sont,  au  con- 
traire, compactes  au  mur.  Le  pendage  général  est  d'environ  40**  au 
Sud-Est. 

Ce  filon  paraît  avoir  un  remplissage  assez  constant  dans  sa 
longueur  et  témoigne  de  diverses  réouvertures  successives. 
M.  Ochsénius  l'a  comparé  aux  filons  du  Harz. 

A  Oldtelegraph  mine,  il  s'appuie  sur  le  flanc  d'une  voûte  antîcli- 
nale  :  en  sorte  que,  son  toit  s'étant  trouvé  enlevé  par  érosion  sur 
une  assez  grande  hauteur,  il  apparaît  au  jour  dans  les  conditions 
d'exploitation  les  plus  favorables. 

Le  remplissage  est  formé  de  sulfures  :  de  galène  principalement, 
puis  de  pyrite  de  fer,  pyrite  de  cuivre  et  blende,  les  deux  dernières 
en  très  faibles  quantités  ;  la  gangue,  exclusivement  siliceuse,  ne 
paraît  pas  dépasser  50  p.  100  de  la  masse. 

A  la  partie  supérieure,  il  s'est  produit  un  phénomène  d'oxyda- 
tion, qui  a  constitué  d'abord  un  *  chapeau  de  fer  »  (considéré  par 
les  mineurs  comme  une  présomption  de  richesse)  ;  puis  une  zone 


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566  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

OÙ  le  cuivre,  le  zinc  et  une  partie  du  plomb  ont  été  dissoutes,  en 
sorte  qu'il  reste  du  chlorure  d'argent  dans  une  masse  de  carbo- 
nate, chlorophosphate  et  un  peu  de  sulfate  de  plomb. 

M.  Ochsénius  a  remarqué  que  toute  la  région  témoignait  de 
mouvements  d'aflfaissement  très  récents,  qui  ont  dû  jouer  un  rôle 
dans  ces  phénomènes  d'altération  et  dont  il  est  intéressant  de 
dire  quelques  mots.  C'est  ainsi  que  le  lac  Salé,  actuellement  au 
niveau  de  1287  mètres,  s'est  élevé  antérieurement  à  300  mètres 
plus  haut  ;  les  traces  des  eaux,  très  visibles  sur  les  collines  voi- 
sines, ont  permis  de  voir  qu'il  y  avait  eu,  entre  les  différents  points 
de  ses  rivages  anciens,  évidemment  horizontaux  à  l'origine,  des 
dénivellations  atteignant  une  quarantaine  de  mètres  ^ 

Il  a  pu  et  dû  évidemment  en  résulter  des  mouvements  corres- 
pondants, aussi  bien  des  eaux  intérieures  que  des  eaux  superfi- 
cielles. Les  eaux  du  lac  Salé,  agissant  directement  sur  le  chapeau 
du  filon,  y  ont  développé  des  chlorures.  On  pense  même  que  le 
changement  de  volume,  qui  se  sera  produit  dans  le  filon,  a  pu 
être  la  cause  d'affaissements  du  toit  et,  par  suite,  de  la  friabilité 
extrême  de  ce  toit  opposée  à  la  résistance  des  quartzites  du  mur. 

Les  analyses  de  divers  points  de  ce  filon  ont  donné  les  résul- 
tats suivants  : 

Le  chapeau  de  fer,  d'après  les  essais  à  la  mine,  contiendrait 
16  onces  (de  31  grammes)  d'argent  et  26  à  52  francs  d'or  à  la 
tonne. 

Dans  la  partie  en  exploitation  vers  1880,  la  galène  formait,  par 
rapport  aux  chlorures  et  aux  phosphates,  le  quart  de  la  masse  ;  sa 
proportion  augmentait,  tant,  suivant  l'inclinaison  du  filon,  que, 
dans  le  filon  même,  du  toit  au  mur. 

Dans  cette  galène,  on  a  rencontré  jusqu'à  70  p.  100  de  plomb 
et  0,  122  p.  100  d'argent  (40  onces).  La  pyrite,  également  plus 
abondante  au  mur  qu'au  toit,  est  souvent  associée  aux  portions 
quartzeuses.  Dans  les  parties  oxydées,  on  a  trouvé  des  compositions 
telles  que  les  suivantes  : 


*  Powell.(i4mmc.  joum.y  mai  1878.) 


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gItES   de  plomb   du   COLORADO 


567 


Soufre.  . 
CuiTre.  . 
Fer  oxydé 
Plomb.  . 
Argent  . 
Or   .   .  . 


OXYDE  DE  FER 

argentifère 

contenant  Targent  en 

chlorure 


0,00 

47,00 

170,00 

0,00 

4,20:  râleur  677,42 
0,038      —      96,77 


774,19 


UINBRAIS 

de  plomb  oxydés 

contenant  l'argent  en 

chlorure 


0,00 
23,00 

260, 00 

260,00 
2, 360.  valeur  380, 64 
0,036      —    116,12 


496,76 


UINERAI 

de  carbonate  et  chloro' 

phosphate  de  plomb 

non  ferrugineux 

(arec  chlorure  d'argent) 


0,00 
0,00 
0.00 
:<46,00 
0,870:  valeur  140, 32 
0,005  —  16,13 
156,45 


Les  minerais  sont  classés  à  la  mine  en  trois  catégories  : 

i"  Minerais  ayant  moins  de  12  p.  100  de  plomb. 
2»  —  de  12  à  30  p.  100  de  plomb. 

3<^  Minerais  ayant  au-dessus  de  30  p.  100. 

En  1877,  les  mines  d'Oldtelegraph  ont  produit  11  000  tonnes 
de  plomb,  soit  le  1/8  de  la  production  totale  des  Etats-Unis. 

Bibliographie 

1879.  OcHSKNius.  Rapport  principal  et  rapport  supplémentaire . 
1879.  Chaper.  Rapport  sur  les  mines  d'argent  de  Bingham  (Utah). 

Colorado  *.  —  Le  Colorado,  où  se  trouve  Timportant  district  de 
Leadville%  comprend  également  quelques  types  filoniens  de  galène 
argentifère  à  gangue  quartzeuse,  avec  minéraux  d'argent  pro- 
prement dits  exceptionnels;  ce  sont  ceux  du  comté  de  Clear- 
Creek,  découverts  en  18S9,  exploités  depuis  1866. 

Ces  filons  forment  deux  groupes,  l'un  sur  les  monts  Sherman^ 
Brown  et  Republican,  l'autre  sur  le  mont  Leavenworth. 

Le  minerai  se  compose  de  galène,  blende,  pyrite  de  cuivre  et  de 
fer  argentifère;  les  sulfures   et  sulfosels  d'argent  sont  rares;  la 

*  1884.  Laveleye.  Le  plomb  aux  États-Unis.  (Gayper,  t.  V,  p.  560.) 

•  Voir  plus  loin,  page  636. 


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568  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

gangue    est  quartzeuse  ou  quartzo-feldspathîque  ;  les  salbandes 
sont  argileuses  ;  la  roche  encaissante  est  du  gneiss  et  du  granité. 
La  production  de  ces  mines,  en  1876,  a  été  de  9  186  936  francs. 
Le  minerai  est  divisé  en  quatre  qualités  : 

1"»  plus  de  0,0085  d'Ag. 

2«     —  de  0,0083  à  0,0051 

3«     —  de  0,0051  à  0,0026 

¥     —  de  0,0025  à  0,0003 

Le  Colorado  possède  encore  des  mines  dans  les  comtés  de  Park^ 
Fremonty  Summil  et,  dans  le  pays  de  San-Juan  près  de  Silverton, 
Mineral'Cilt/y  Lake-City,  etc.,  au  milieu  de  roches  cristallines  ou 
trachytiques. 

Enfin,  en  allant  au  Nord,  il  faut  citer  les  importants  gisements 
de  Red'Cloudy  Malvina,  American  et  autres,  les  tellurures  du  comté 
de  Boulder,  et  les  mines  du  district  de  CariboUy  au  S.-O.  de  ce 
dernier  comté. 


CHAMPS  DE  FILONS  D'ALLEMAGNE  ET  D'AUTRICHE 

L'Allemagne  et  T Autriche  sont,  pour  les  champs  de  Qlon  com- 
plexes, où  la  galène  joue,  en  général,  un  rôle  prépondérant  et  que 
nous  étudierons,  par  suite,  à  l'occasion  du  plomb,  des  régions 
absolument  classiques;  nous  nous  étendrons  donc  avec  quelque 
développement  :  d'abord,  sur  les  filons  assez  simples  de  Bohême 
(Przibram  et  Mies),  puis,  sur  ceux  du  Harz,  plus  complexes;  enfin, 
sur  les  champs  de  fractures  compliqués  de  la  Saxe  et  de  la  Bohême 
Septentrionale  (Freiberg,  Marienberg,  Annaberg,  Schneeberg,  Joa- 
chimsthal,  etc.). 

Les  observations,  très  minutieuses  et  longtemps  prolongées, 
qu'on  a  faites  dans  ces  mines  anciennes  sur  les  relations  entre  la 
direction  des  fractures,  leur  remplissage  et  leur  âge  présuipé,  peu- 
vent n'avoir  souvent  qu'une  importance  locale  au  lieu  de  l'impor- 
tance générale  qu'on  était  jadis  tenté  de  leur  attribuer;  elles  n'en 
sont  pas  moins  très  intéressantes  à  connaître. 

Il  semble,  d'ailleurs,  qu'on  puisse  en  conclure,  tout  au  moins, 
l'existence,  dans  ces  régions,  de  quelques  grandes  venues  métaUi- 


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FILONS   DE  PLOMB   DE   PRZIBRAM   (BOHÊME)  569 

fères  successives  :  quartz  stannifère;  quartz  et  galène;  baryline  et 
galène  ;  calcite  et  galène  ;  minéraux  de  cobalt,  nickel,  bismuth, 
urane  et  argent;  venues  qui,  à  coup  sûr,  n'existent  pas  toujours 
toutes  réunies  dans  chaque  gisement,  —  si  ce  n'est,  peut-être,  dans 
le  champ  de  filons  le  plus  complet,  celui  de  Freiberg  —  mais 
qui,  là  où  elles  se  présentent,  suivent,  à  peu  près  partout,  le 
même  ordre. 

L'étude  de  ces  filons  met  bien  en  évidence  la  multiplicité  et  la 
longue  durée  des  phénomènes  mécaniques  auxquels  ont  été 
soumis  les  pays  de  plissements  anciens,  tels  que  la  chaîne  Hercy- 
nienne en  Europe,  plissements  pour  la  détermination  desquels  la 
connaissance  de  la  géologie  complète  du  pays  est  nécessaire. 

Il  y  a  eu  là,  sans  doute,  un  certain  nombre  de  phases  distinctes, 
séparées  par  des  périodes  de  repos,  et  correspondant  chacune  à 
une  formation  rocheuse  indépendante,  dont  une  formation  métal- 
lifère était  connexe;  mais,  en  outre,  chacune  de  ces  phases  môme 
s'est  prolongée  pendant  un  temps  très  long,  comme  le  prouvent 
les  cassures  contemporaines  du  remplissage,  les  fragments  bré- 
choïdes  d'une  première  gangue  cristallisée  empâtés  dans  une 
seconde,  etc.. 

Enfin,  nous  aurons  à  signaler  certaines  observations  relatives  à 
l'influence  des  roches  encaissantes,  tant  sur  l'allure  de  la  fracture 
que  sur  la  nature  du  remplissage. 

FILONS  DE  PRZIBRAM  ET   DE  MIES  (bohème)* 

La  Bohème  est  constituée  par  de  hauts  plateaux,  dont  l'altitude 
moyenne  est  de  500  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Au  centre 
de  ce  plateau,  les  terrains  siluriens  forment  un  vaste  triangle, 
dans  lequel  Prague  est  enclavé.  Ce  triangle  est  limité  :  au  S.-E., 
par  un  massif  de  granité,  au  voisinage  duquel  se  trouve  Przibram; 
au  N.-O.,  par  des  schistes  où  sont  enclavés  les  filons  de  Mies. 

Przibram.  —  Przibram,  situé  à  42  kilomètres  de  Prague,  est, 

*  Coll.  École  des  Mines.  Voir  la  carte  en  couleurs  de  rAllemajjne  centrale,  pi.  II. 
Pour  les  descriptions  des  filons  de  Przibram  et  de  Freiberg,  nous  avons  largement 
puisé  dans  deux  beaux  mémoires  de  MM.  Michel  Lévy  et  Gboulette  (1869  et  1870). 


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570 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


depuis  le  xiv'  siècle,  célèbre  par  ses  mines  de  galène  ai^entifère, 
et  Ton  trouve,  dans  toutes  les  parties  de  la  contrée,  les  traces  des 
anciens  travaux,  vieilles  haldes,  puits  effondrés,etc.  Une  exploita- 


:•'.  :  '.•  *  ; .  •■/.". '.  V ,".  ;  •  *• .'  ;  •Vorlow»  ;.  ; .'   .  •/ .  .  •  •  ".  •.*.•  /  ■.'•.ÎTçù  Rïifles  •  •  "  ■  ..■.;.•.■'.  - //. 


PLAW  GENERAL  DES  ENVIRONS  DE  PRZIBRAM 
d'après  MT  Michel -Lé vj». 


V;-/:-  •:■.•.•.;•••  •Za<iek>J 


Fig.  300. 

lion  presque  continue  et  qui  n'a  guère  cessé  de  se  développer  a 
produit,  de  1736  à  1874,  555  tonnes  d'argent,  15  800  tonnes  de 
plomb  et  58  355  tonnes  de  litharge,  représentant  une  valeur  brute 
de  32  millions  de  francs  et  ayant  donné  un  bénéfice  net  (mines  et 
usine)  de  12  millions.  De  1868  à  1877,  le  rendement  moyen 
annuel  a  été  de  18  965  kilogrammes  d'argent  (27  015  en  1877). 
En  1882,  on  a  extrait  250  000  tonnes  ayant  donné  : 
1**  Par  simple  scheidage  :  a.  2968  tonnes  de  minerai  tenant 
10  770  kilogrammes  d'argent,  et  1657  tonnes  de  plomb; 
b.  3  250  tonnes  de  sidérose  et  calcite  ; 

2''  Par  préparation  mécanique  :  8  703  tonnes  de  minerai  tenant 
20  881  kilogrammes  d'argent  et  3  369  tonnes  de  plomb  ; 


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FILONS   DE  PLOMB   DE  PRZIBRAH    (BOHÊME)  571 

Soit  une  valeur  totale  de  6  200  000  francs. 

En  1891,  on  a  obtenu  321  900  tonnes  de  minerai  brut,  ou 
14  SOO  tonnes  de  minerai  trié,  ayant  produit  4  328  tonnes  de 
plomb  et  36  211  kilogrammes  d'argent. 

Par  un  phénomène  intéressant,  c'est  dans  ces  dernières  années 
et  à  la  profondeur  la  plus  grande  que  la  mine  a  donné  les  mine- 
rais les  plus  riches. 

Actuellement,  l'exploitation  est  divisée  en  quatre  districts  : 
1**  Anna  Procope  (887  mètres  de  profondeur);  2**  Adalbert  Maria 
(puits  Adalbert  :  1  020  mètres  de  profondeur  en  1884*;  puits  Marie  : 
1  031  mètres);  3^  Dikolnov  Bohutin;  4°  puits  Lill  (Lillschacht). 
Les  puits  Adalbert  et  Maria,  qui  approchent  aujourd'hui  de 
1  200  mètres,  doivent  être  approfondis  un  jour  jusqu'à  1  400. 

Le  personnel  ouvrier  comprend  (1891)  5  239  ouvriers  à  la 
mine,  479  à  l'usine. 

Une  coupe  théorique  N.-S.  de  la  contrée  donnerait,  en  partant 
du  granité  au  Sud-Est  (voir  la  fig.  300): 

1**  Une  zone  de  schistes  I  pénétrés,  en  plusieurs  points,  par  le 
granité  ;  2**  une  région  de  grauwackes  I,  sur  le  bord  septentrional 
de  laquelle  est  situé  Przibram  ;  3°  une  deuxième  zone  de  schistes  II 
et  4*  une  deuxième  série  de  grauwackes  II. 

Ces  différentes  assises  constituent  un  plateau  sillonné  par  des 
vallées  répondant  aux  alternances  géologiques  que  nous  venons 
de  signaler,  les  schistes  formant  le  fond  des  vallées,  le  granité  et 
la  grauwacke  les  hauteurs. 

Les  filons  métallifères  traversent  ces  différentes  formations,  à 
l'exception  du  granité.  On  rencontre,  du  Nord  au  Sud  (fig.  300)  : 

1°  Dans  la  grauwacke  II,  les  recherches  de  Zadek  ; 

2^  Dans  les  schistes  II,  les  districts  de  Lill,  de  Ferdinand  et  de 
Strachen  ; 

3**  Dans  la  grauwacke  II,  les  districts  à' Anna  Prokopi  et  de  Maria 
Adalberti  à  Birkenberg,  où  se  concentre  le  principal  effort  de  l'ex- 
ploitation; ceux  de  Franz  Joseph,  de  Segen  Gottes,  de  Litawka; 

4°  Dans  les  schistes  I,  les  recherches  Leopoldi  Stollen. 

C'est  à  Birkenberg  que  se  trouvent  les  travaux  célèbres,  con- 

*  Le  puits  Adalbert,  commencé  en  1779,  a  atteint  500  mètres  en  1845,  800  mètres 
«n  1869,  1000  en  1875;  il  était,  à  ce  moment,  le  plus  profond  du  monde. 


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572  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

centrés  dans  un  espace  qui  n'occupe  pas,  en  plan,  beaucoup  plus 
de  1  kilomètre  carré  mais  descendant  à  une  profondeur  qui 
dépasse  aujourd'hui  i  100  mètres. 

Là,  sur  le  filon  Âdalbert,  on  a  constaté,  après  un  appauvris- 
sement assez  long,  un  enrichissement  qui  s'est  produit  vers 
650  mètres  de  profondeur. 

Vers  le  Sud,  les  mêmes  filons  se  prolongent  du  côté  d'Orkolnow, . 
au  puits  Auguste  (foncé  en  1836);  les  travaux  y  sont  descendus 
jusqu'à  423  mètres^  dans  les  filons  Maria,  Wolfgang,  etc.,  mais  sont 
peu  développés. 

A  l'Ouest,  la  mine  de  Segengottes  (270  mètres  de  profondeur) 
exploite  le  Segengottes  Hauptgang,  H„  de  1  mètre  d'épaisseur  (cal- 
cite,  blende,  galène,  fahlerz,  etc.)  et  le  Nord-Westgang.  Un  peu 
plus  loin,  la  mine  Bohutin  exploite  le  Clementigang,  H,,  jusqu'à 
431  mètres  de  profondeur.  Enfin,  à  Zézic,  Hâté,  etc...,  on  a 
extrait  des  minerais  de  fer,  aujourd'hui  abandonnés.  D'une  façon 
générale,  ces  filons  ferrugineux  suivaient  des  gninsteins  :  on  les 
a  envisagés  souvent  comme  des  chapeaux  de  fer  d'affleurement  sur 
des  filons  plombeux  ;  mais  on  y  est  descendu  jusqu'à  300  mètres  de 
profondeur,  sans  que  cette  hypothèse  se  soit  trouvée  vérifiée. 

Si  l'on  examine  un  peu  les  formations  géologiques  de  Przibram, 
on  s'aperçoit  qu'elles  ont  été  soumises  à  un  plissement  énergique 
et  que,  probablement,  les  schistes  I  et  II  appartiennent  à  un  même 
étage,  de  môme  que  les  grauwackes  I  et  II.  Les  schistes  II,  près 
de  Birkenberg,  sont  compris  entre  deux  glissements  plongeant 
vers  le  Nord  et  assez  particuliers,  car  ils  suivent,  non  seulement 
la  direction,  mais  le  plongement  des  couches.  Ces  glissements  dis- 
loquent nettement  le  remplissage  des  filons  métallifères. 

Comme  roches  éruptives,  on  rencontre,  en  grande  abondance, 
des  dykes  et  filons  de  diorite  et  grûnstein  (diabase),  particulière- 
ment dans  la  grauwacke  I.  Ces  grunsteins  ont  été  considérés 
comme  en  relation  intime  avec  la  venue  métallifère,  qui  semble 
avoir  incrusté  les  fissures  produites  par  le  retrait  de  la  roche, 
soit  dans  sa  masse  même,  soit  dans  son  voisinage.  Cependant  il 
existe  de  nombreux  exemples  de  grunsteins  dont  les  fissures  sont 
uniquement  tapissées  de  calcite  et  de  filons  sans  grûnstein.  On 
trouve,  en  outre,  quelques  filons  de  kersanton. 


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Coc^irrticale  des  £Iqds  du  district 
Marift  AdjJWt. 

O'dcst.       Il       ,  JSci. 


iMui^ 


FILONS  DE  PLOMB   DE  PRZIBRAM   (BOHÊMe)  573 

Les  filons  de  Przibram  sont  très  multipliés  et  de  directions  très 
variables.  Le  remplissage  riche  y  a,  par  places,  suivi  les  chemins 
les  plus  capricieux.  Mais  on  ne  peut,  comme  nous  le  ferons  à 
Freiberg  et  comme  nous  l'avons  fait  à  Vialas,  en  France,  établir 
de  distinction  entre  le  remplissage  des  divers  filons  :  la  venue 
sulfurée  se  rencontre  également  dans  tous  ;  dans  le  détail,  il 
semble,  d'ailleurs,  très  aventuré  de  vouloir  établir  une  loi  théo- 
rique pour  des  phénomènes  soumis  à  toute  Tirrégularité  des 
actions  naturelles  complexes.  Le  fait  le  plus  nettement  mis  en 
évidence  par  Tinspection  de  la  carte  géologique,  c'est  l'existence 
d'un  faisceau  à  peu  près  Nord  Sud  plus  ou  moins  ramifié.  La 
coupe  verticale  des  filons  du  district 
Maria  Alberti  (fig.  301)  montre  cette  dis- 
position en  un  point  particulier. 

Ail  point  de  vue  du  remplissage,  les 
filons  de  Przibram  présentent  nettement 
le  type  concrétionné  avec  zones  succes- 
sives parallèles  aux  salbandes.  Comme 
nous  venons  de  le  dire,  on  est  en  présence 
d'une  venue  sulfurée  à  peu  près  unique 
et,  en  tout  cas,  la  seule  métallifère,  à  la- 
quelle ont  seulement  succédé ,  en  quel- 
ques endroits,  des  réouvertures,  d'abord 
barytiques,  puis  calcaires  :  ordre  qui  est, 
en  résumé,  celui  de  Freiberg. 

La  venue  sulfurée  comprend  générale- 
ment :  1^  sur  les  salbandes,  la  blende  ; 
2°  la  galène  ;  3"^  le  quartz  ;  4^  le  fer  carbo- 
nate; mais,  souvent,  le  quartz  est  mélangé,  d'une  manière  intime, 
avec  les  sulfures  métallifères  et  la  sidérose  alterne,  en  plusieurs 
zones,  avec  la  galène.  On  conçoit,  du  reste,  que  des  dépôts  d'in- 
crustation de  sources  thermominérales  ne  peuvent  avoir  été 
soumis  à  une  régularité  absolue. 

La  galène  est  remarquablement  antimoniale  et  argentifère*;  la 
blende  contient  de  l'argent. 


Fig.  301.  — Coupe  verticale 

à  Przibram 
(d'après  M.  Michel  Lévy). 


*  On  trouve,  assez  fréquemment,  de  la  boulangérite,  de  la  jamesonite  et  de  la 
bournonite. 


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574 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


Puis  il  s'est  reproduit  une  dislocation,  de  direction  H».,©,  qui 
a  donné  passage  à  la  venue  barytique  et  une  seconde  réouverture 
à  laquelle  a  succédé  la  calcite.  Celle-ci  englobe  fréquemment  des 
blocs  à  angle  aigu  du  remplissage  précédent.  Il  semble  que  cette 
chaux  ait  été,  en  grande  partie,  empruntée  aux  grûnsteins  qui 
encaissent  souvent  les  filons. 

Pendant  ce  remplissage  secondaire,  il  y  a  eu  remaniement  par 
dissolution  du  premier  dépôt  de  sulfures  et  formation  d'une  zone 
discontinue  de  galène  secondaire  où  l'argent  s'est  concentré, 
soit  à  Tétat  natif,  soit  à  l'état  d'antimonio-sulfures  complexes. 

Si  l'on  recherche  la  loi  de  variation  de  la  richesse  avec  l'appro- 
fondissement des  travaux,  on  a,  de  1783  à  1857,  le  tableau  ci-joint  : 


«■ 

TENEUR  A  LA  TONNE 

PUITS 

ADALBERT 

PUITS  ANNA 

des  minerais  triés  arrivant 

ANNÉES 

à  l'usine 

Étage 

Profondeur 
en  mètres 

Étage 

Profondeur 
en  mètres 

Plomb 

Argent 

Kg. 

Gr. 

1783 

5 

147,2 

» 

» 
5 

146,8 

178,5    ; 

195,9       ] 

200 

620 

1798 

8 

7 

350 

1410 

8 

1818 

9 

288,1 

11 

251,8 

475 

2  190 

1823 

11 

» 

13 

300 

425 

2  110 

1838 

17 

435, 10 

17 

427,10 

365 

2  430 

1848 

20 

583,90 

19 

497,80 

430 

2  510 

1857 

23 

664,3 

21 

578,20 

405 

2  740 

De  1875  à  i892,  on  a  obtenu  les  résultats  d'analyse  suivants, 
entre  850  et  HOO  mètres,  pour  les  galènes  de  Przibram  : 


ADALBERT  GANG 

BUSEBI  GANG 

CLEMENT!  GANG               1 

ÉUge. 

Pb 
p.  100. 

p.  100. 

Étage. 

Pb 

p.  100, 

p    lÔO. 

Étage. 

Pb 

p.  100. 

Ag 
p.  100. 

22° 

76 

0,410 

18« 

68,50 

0,300 

2e 

65 

0,250 

28e 

80 

0,530 

22« 

73 

0,330 

7« 

73 

0,150 

30« 

77 

0,420 

26« 

80,50 

0,474 

11« 

60 

0,043 

31« 

81 

0,530 

17« 

83 

0,263 

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FILONS   DE   PLOMB   DE   PRZIBRAM  ET   DE   MIES    (bOHÊMe)     575 

Quant  à  Tinfluence  des  roches  encaissantes,  elle  semble  pure- 
ment mécanique,  les  roches  trop  dures  ou  trop  tendres  se  prêtant 
mal  à  Touverture  des  fentes  notables. 

Comme  minéraux  accessoires,  nous  citerons  le  fahlerz  qui  cons- 
titue le  trait  caractéristique  du  remplissage  d'Eusebi,  la  bourno- 
nite  qui  a  formé  des  veines  d'une  certaine  puissance  à  Francisci, 
la  wulfénite,  la  cérusite,  la  pyromorphite,  enfin  la  pechblende 
rencontrée  dans  le  filon  Johanni  (Puits  Anna). 

De  plus,  nous  mentionnerons  Texistence  d'une  grande  faille,  la 
Letlenkluft,  située  au  contact  des  schistes  et  des  grauwackes,  qui 
a  longtemps  limité  les  travaux  au  Nord  et  qu'on  n'est  parvenu  à 
traverser  qu'en  1862. 

Hies.  —  La  ville  de  Mies  est  située,  non  loin  de  la  frontière  de 
la  Bohême,  à  peu  près  sur  le  même  parallèle  que  Przibram, 
dont  elle  est  éloignée  de  6S  kilomètres  ;  on  y  exploite  des  filons 
de  galène  argentifère  dans  un  certain  nombre  de  mines,  dont  les 
principales  sont  Frischgluckzeche,  Obère  Langenzugzeche,  Joanni 
Baptistizeche,  etc.  La  formation  dominante  est  le  Ihonschiefer 
antésilurien,  étage  A  de  Barande  :  ce  sont  des  schistes  quartzi- 
fères  grisâtres,  au  milieu  desquels  se  trouvent  quelques  couches 
argilosableuses,  dites  sandstrichs  ;  ils  sont  recoupés  par  des  micro- 
granulites  près  de  Soleslau  et  du  basalte  à  Wolfsberg. 

Les  filons,  quoique  assez  nombreux,  y  sont,  en  général,  paral- 
lèles, beaucoup  plus  réguliers  qu'à  Przibram  et  ne  présentent 
que  peu  d'intersections.  La  direction  dominante  est  N.  liO*^  E. 
De  même  qu'à  Pi-zibram,  la  venue  sulfurée  métallifère  est  arrivée 
la  première  et  se  retrouve  dans  tous  les  filons. 

La  coupe  habituelle  est  la  suivante  : 

a).  Mélange  de  quartz  I  formant  souvent,  à  lui  seul,  le  remplis- 
sage, avec  pyrite,  galène  et  blende.  La  galène  de  Mies  ne  renferme 
pas  plus  de  20  grammes  d'argent  aux  100  kilogrammes  de  plomb. 
D'après  des  échantillons  provenant  de  vieilles  haldes,  elle  en 
aurait  tenu  40  autrefois  ; 

b).  Barytine  (association  en  crête  de  coq)  à  l'état  de  druses  ; 
cérusite  et  pyromorphite,  comme  produits  de  remaniement  de  la 
galène  (la  pyromorphite   nette  ment  postérieure  à   la  cérusite); 


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5T6  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

quartz  II  en  petits  cristaux  brillants  bipyramidés,  contemporains 
des  remaniements  qui  ont  produit  la  cérusite  ; 

c).  De  petites  veines  de  dolomie,  fluorine  et  galène,  avec  pro- 
duits de  remaniement  de  la  galène,  aident  natif,  etc.,  paraissant 
correspondre  à  une  dernière  phase  h ydro thermale,  ont  été  trou- 
vés à  Frischgltick. 

On  manque  absolument  de  données  sur  Tâge  absolu  de  ces  for- 
mations. 

Toutes  les  exploitations  de  Mies  sont  actuellement  abandonnées. 

Bibliographie. 

1798.  MiESSL.  V.  Zeleisen.  —  (Neue  AbhandL  der  K.  Bôhm  Gesellsch.  der  Wis- 
senschaft,  t.  III,  p.  20.) 
1838.  NoGGERATH.  —  (Ausflug  DEch  BôhmcD,  p.  372.) 

VoGELGESANG.  —  {Gatig  studieriy  t.  I,  p.  305.) 
1855.  Helmich.  —  Sur  Mies.  (Oster.  Zeils.,  p.  267.) 
1855.  V.  Hauer  et  Fôtterlb.  —  Sur  Mies  :  Ùbersicht  der  Bergbaue. 

1859.  GoTTA,  p.  203. 

LiLL  V.  LiLiENBACH.  —  {Berg,  u,  H.  Z.,  p  184.) 

1860.  LiPOLD.  —  Aufnahms  Bericht  ûber  Przibram.  {Jahrb.  d.  K.  K.  geol. 
Beichs.  Ver  h.,  p.  88.) 

1862.  Griiiii.  —  Beitràge  sur  Kenntniss  der  Erzniederlage  bei  Przibram. 
(Jahrb,  d.  KK.  Monlan  Akad,,  t.  XI,  1862,  p.  208.) 

1862.  Faller.  —  Kurze  Ùbersicht  der  Silber  and  Bleibbergbauer  bei  Przi- 
bram. 

1863.  Grimm.  —  (B,  u.  H,  Jahrb,  der  K,  K.  Bergakademien,  t.  XII.) 

1856  et  1863.  Reuss.  —  Uber  die  Paragenese  der  auf  den  Erzgângen  von  Przi- 
bram einbrechenden  Mineralien.  (Académie  des  sciences  de  ViennCy  10  juillet 
1856et  15  janvier  1863.) 

1864.  Babanee.  —  Die  neuen  Gangesrichtungen  in  Przibram.  (Jahr.  d,  K.K. 
geol.  Beichs.,  t.  XIV,  p.  382.) 

1865.  Redss.  —  (Neues  Jahrb.  f.  Min.,  p.  91.) 

1866.  Gbimm.  —  Die  Griinsteine  von  Przibram.  (/a/ir.  d.  K.  K.  montan  Akad., 
t.  XV,  p.  219.) 

1867.  RÛCKER.  —  Filons  de  Mies.  (K.  K.  geolog.  Re/cAs<7n5(a/f,  16  avril  1867.) 
*1869.  Miguel  Léyy  et  Choulktte.  —  Mémoire  sur  les  filons  de  Przibram  et  de 

Mies.  (Ann.  d.  M.,  6«,  t.  XV.  p.  129.) 

1870.  Babanlk.  —  Verhàltn  d.  Anna  u.  Prokopizeche.  (Oester.  bergm.  Zeit.^ 
t.  XVIII.) 

1871.  Babanek.  —  Die  Erzfûhrung  der  Przibram  Sandsteine  und  Schiefer. 
(Jahrb.  d.  K.K.  geol.  Reichs.,  t.  XXI.) 

1879.  Groddeck,  p.  297  et  p.  100. 

'1872.  PoszEPNY.  —  Uber  Dislocation  im  Przi bramer  Erzrevier.  (Jahrb.  der 
K.K.  geol,  Reichs.y  t.  XX.)  (Contient  une  bibliographie  antérieure.) 
Grihh.  —  Die  Erzniederlage  bei  Przibram. 
1874.  PoszEPNY.  —  Die  Bergbau  district  von  Mies  in  Bôhmen. 


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CHAMPS   DR   FILONS   DU   HARZ  577 

1875.  Mines  d'argent  et  de  plomb  de  Przibram.  (Cuyper,  t.  XXXVIII,  p.  501 .) 

•1875.  Der  Siber  und  Blei  Bergbau  zu  Przibram.  —  Vienne.  Publication  de 
l'admin.  des  mines,  pour  la  fête  donnée  quand  le  puits  Adalbert  atteignit 
1000  mètres. 

1878.  (Oesterreichische  Zeitschrift.) 

1883.  d'Achiardi,  I,  173. 

1887.  Untersuchungen  von  Nebengesteinen  der  Przibramer  Gange.  (Bei^g, 
M.  H.  J.  der  K.  K,  Bergakadomie,  t.  XXXV). 

*  1887.  Von  Friksb  .  Bilder  von  den  Lagerstàtten  der  Silber  und  Bleiberg- 
baue  zu  Przibram  (Wien)  (avec  atlas) . 

1888.  PoszEPNY.  —  Uber  die  Adinolen  von  Przibram.  (Mittheil.  von  Tscher- 
mak,  t.  X.) 

1889.  Stelznbr.  Die  latéral.  Sécrétions  Théorie.  (B.  m.  H.  J,  der  K.  K.  Bergaka- 
demien  zu  Leoben  und  Przibram,  t.  XXX Vil.) 

1889.  A.  Zdrahal.  —  Die  K.  K.  Silber  und  Bleihûtte  zu  Pzibram.  (B.  u.  H, 
Jahrbuch  dtr  Ahad.  zu  Leoben  und  Przibram,  t.  XXXVII,  p.  1.  Vienne,  1889.) 

1889-  HiBscH.  —  Der  Doleritstock  und  das  Vorkommen  von  Blei  und  Silber- 
erzen  bei  Rongstock  im  Bôhmischen  Mittelgebirge.  {Verhandlungen  der  K.  K. 
geoL  Reichsanstalt,  1889.  Vienne.) 

*  1892.  W.  GÔBL.  —  Montan  geologische  Beschreibung  des  Przibramer 
Bergbau-Terrains.  (1  vol.  avec  planches.  Vienne;  contient  une  bibliographie 
antérieure.) 


CHAMPS  DE  FILONS  DU  HARZ* 

Le  Harz  est  un  vaste  plateau  de  forme  demi-elliptique,  divisé 
en  deux  bassins  :  rOberharz  à  TOuest  (Clausthal,  Zellerfeld, 
Saint-Andreasberg,  Altenau,  Lautenthal,  Widemann  et  Grund)  ; 
rUnterharz  à  l'Est  (Goslar,  Oker,  Raramelsberg).  Cette  région 
comprend  trois  grands  gisements  :  le  Rammelsberg,  Clausthal  et 
St-Andreasberg.  Nous  avons  décrit  le  premier  comme  gîte  sédi- 
mentaire  dévonien  de  cuivre^;  les  deux  autres  sont  les  types 
classiques  de  filons  concrétionnés. 

Description  générale  du  Harz^  —  A  l'exception  des  massifs  gra- 
nitiques du  Brocken,  du  Rammberg  et  de  TOckerthal,  et  de  la  forma- 
tion secondaire  du  bord  septentrional,  toutes  les  montagnes  du  Harz 

*  Coll.  École  des  Mines,  1517  et  1738.  Voir  la  carte  d'Allemagne,  pi.  II.  On  a  sou- 
vent fleuré  les  liions  du  Harz.  Voir  notamment  Burat.  Minéraux  utiles,  t.  II,  pi.  VI, 
XYIII  et  XIX. 

•  Voir  page  323. 

'  Cf.  Michel  Lévy,  1889  :  Structure  et  classification  des  roches  éruptlves,  p.  7  et  16. 
(Sur  les  granulites  du  Bodengang.) 

GéOLOGIE.  — T.  n.  37 


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578  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

sont  constituées  par  des  assises  paléozoïques,  iaterrompues  çà  et 
là  par  des  épanchetnents  de  diabase  ou  des  dykes  de  microgranulite. 
Ces  assises  anciennes  appartiennent  au  silurien,  au  dévonien  et 
au  carbonifère  ;  les  dépôts  permiens  n'ont  pénétré  que  dans  des 
golfes  plus  ou  moins  largement  ouverts  à  FOuest,  au  Sud  et  à  TEst. 
Si  on  cherche  à  étudier  les  dislocations  de  la  région,  on  voit,  à 
rinspection  d'une  carte  géologique  du  Harz,  que  deux  forces,  Tune 
S.-E.,  l'autre  N.-E.,  en  ont  provoqué  les  principaux  plissements  : 
plissements  qui  semblent  avoir  amené  la  venue  de  la  granulite. 
M.  Lossen  a  considéré  le  Harz  comme  un  point  de  rencontre, 
comme  le  nœud  de  deux  systèmes  qui  s'y  croisent  et  s'y  arrêtent, 
quelque  chose  d'analogue  à  ce  qui  existe  dans  le  Nord  du  Plateau 
Central  français. 

Dès  lors,  von  Groddeck  en  a  rapproché  le  rayonnement  de  tous 
les  filons  de  l'Oberharz  autour  d'un  même  point,  situé  au  Steiler 
Wand,  dans  le  Kellwasserthal  supérieur,  à  la  limite  du  quartzite  et 
du  granité  et  en  a  conclu  que  la  formation  des  filons,  aussi  bien 
que  celle  des  plis,  devait  résulter  du  soulèvement  du  Brocken 
après  le  culm.  La  complication  des  filons  de  Grund  aurait  été  due 
à  la  réaction  de  l'Iberg,  à  cette  époque. 

Pour  M.  Lossen,  au  contraire,  il  s'est  produit  deux  soulèvements 
successifs  :  le  premier  N.-E.,  correspondant  à  la  montée  de  la  gra- 
nulite du  Brocken  et  ayant  plissé  toutes  les  couches  dans  cette  di- 
rection; le  second,  postérieur,  N.-O. 

La  tension  produite  par  cette  flexion,  superposée  au  premier 
plissement,  serait  alors  la  cause  des  filons  de  l'Oberharz.  Dans  ces 
idées,  les  filons  de  Saint-Andreasberg  seraient  antérieurs  à  ceux 
de  rOderspalte,  eux-mêmes  antérieurs  à  ceux  de  l'Oberharz. 

A  St-Andreasberg,  on  a  surtout  rencontré  de  Targent,  de  l'an- 
timoine, de  Tarsenic,  du  cobalt,  etc.  ;  ailleurs,  plutôt  du  plomb, 
du  cuivre,  et  du  zinc. 

l*"  Champ  de  filons  de  St-Andreasberg.  —  Le  champ  de  St-An- 
dreasberg se  trouve  à  l'extrémité  Sud-Ouest  du  Brocken,  dans 
une  zone  étroite  de  schistes  siluriens  de  Wieder,  limitée  au  Nord 
par  la  granulite.  On  y  rencontre  des  failles  stériles,  dites  Ruschek^ 
des  filons  de  minerai  d'argent  et  des  filons  ferrugineux  et  cuivreux. 


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CHAMPS   DE   FILONS   DU    HARZ  579 

Les  ruschelSy  qui  semblent  correspondre  aux  fractures  les  plus 
anciennes,  ont  jusqu'à  60  mètres  de  puissance  et  sont  remplis 
de  fragments  de  schiste  empâtés  dans  Targile.  Deux  d'entre  eux 
limitent  le  champ  de  fractures  :  ce  sont,  au  Nord,  le  Neufanger  ;  au 
Sud,  YEdeiilleter  RuscheL  Le  ruschel  Edelleuter,  presque  recti- 
ligne,  est  dirigé  H^  ;  celui  de  Neufang  forme,  avec  lui,  à  son  mur, 
une  ramification  arquée. 

Tous  deux  mettent  en  regard  des  couches  d'un  âge  absolument 
différent  (schistes  de  Wieder  et  grauwackes  de  Tanne).  Ce  sont 
manifestement  des  failles  de  plissement,  dont  le  remplissage 
résulte  uniquement  du  frottement  |des  couches  les  unes  sur  les 
autres  sous  Faction  d'une  flexion  oblique. 

Ils  limitent  un  coin  de  terrain  grossièrement  elliptique,  qui  a  été 
violemment  poussé  de  l'Est  à  l'Ouest,  enfoncé  normalement  le 
long  du  Neufanger,  borné  au  Sud  par  la  surélévation  du  bord 
Sud  de  l'Edelleuter  ruschel  et  où  sont  concentrés,  à  peu  près 
exclusivement,  les  filons  argentifères.  Dans  ce  coin  de  terrain,  se 
retrouvent,  d'ailleurs,  un  certain  nombre  de  ruschels  secondaires 
qui  ne  dépassent  jamais  les  ruschels  principaux. 

Les  filons  argentifères  se  divisent,  d'après  leurs  directions,  en 
deux  systèmes.  Le  premier  comprend  des  filons  Hj^jo»  c'est-à-dire 
faisant  des  angles  très  aigus  avec  les  ruschels  (filons  Franz, 
August,  Samson,  Jacobsglûcker)  ;  le  second,  deux  filons  essentiels, 
à  peu  près  parallèles  aux  ruschels  H^  et  déviés  par  les  premiers 
(filons  Gnade  Gottes  et  Bergmannstrost). 

Tous  ces  filons  argentifères  ont,  au  plus,  0™,50  de  puissance.  Ils 
sont  très  ondulés  en  direction  et  en  inclinaison.  Leur  remplis- 
sage principal  est  une  calcite  blanche  opaque  (calcite  ancienne) 
contenant  des  grains  et  des  veines  de  quartz  (rarement  de  fluo- 
rine), de  galène,  de  blende,  d'arsenic  natif,  d'argent  rouge,  de  dis- 
crase  et  d'argent  arsenical. 

Les  géodes  y  sont  fréquentes  ;  on  y  trouve  les  minerais  précités 
et,  en  outre,  une  calcite  récente  sous  des  formes  très  variées,  des 
zéolithes,  etc.  ;  puis,  en  petite  quantité,  des  minerais  de  nickel  et 
de  cobalt. 

On  n'est  parvenu  à  trouver  aucune  relation  entre  la  richesse  des 
filons  et  la  nature  des  roches  encaissantes  ou  les  croisements  ;  on 


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580 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


avait  d'abord  cm  autrefois  que  les  filons  devenaient  stériles  dans 
les  diabases,  on  s*est  aperça  ensuite  qu*il  n*en  était  rien.  On  peut 
seulement  noter  que  les  filons  se  stérilisent  toujours  lorsque  leur 
puissance  devient  un  peu  considérable. 


T  Champ  de  filons  de  Clansthal.  —  Le  chemtp  de  Clausthal  est 
absolument  classique  comme  type  de  filons  quartzeux  et  plom- 
bifëres.  Ces  filons  traversent,  en  les  rejetant,  les  couches  du  dévo- 
nien  et  du  culm,  tandis  qu'on  ne  les  voit  pas  pénétrer  dans  le 
permien  :  en  sorte  que  leur  âge  est  assez  bien  déterminé.  La 
figure  302  montre,  à  Bockswiese,  le  Pis- 
thaler  gang  et  le  Neuer  Grûnlindnergang 
dans  deux  rejets  semblables.  A  Lautenthal, 
le  rejet  a  été  assez  fort  (au  moins  200  mètres) 
pour  mettre  en  contact  :  au  mur,  le  dévo- 
nien  ;  au  toit,  le  culm. 

Les  filons  sont  groupés  en  un  certain 
nombre  de  systèmes,  dits  gangzûge^  com- 
posés d'un  filon  important  de  grande  lon- 
gueur, ou  hauptgang^  et  d'un  certain  nombre 
de  ramifications  secondaires.  Ces  systèmes 
eux-mêmes  rayonnent,  comme  nous  l'avons 
dit,  à  partir  de  la  partie  supérieure  de  la 
vallée  du  Kellwaner.  Les  trois  principaux 
faisceaux  sont  : 

1"*  Celui  du  Sud,  dirigé  H,,  comprenant 
le  système    du    Silbernaal,    de  Burgstadt  et   du    Schulthal. 

^  Le  faisceau  moyen  H,,  comprenant  le  système  de  Lautenthal- 
Hahnenkleer  et  celui  de  Bockswiese-Festenburg,  Schulenberg. 
3"*  Le  faisceau  de  l'Est,  H„,  à  peine  attaqué. 
Entre  ces  groupes  principaux,  il  existe,  d'ailleurs,  d'autres 
systèmes  moins  importants,  et  tous  les  filons  métallifères  sont, 
à  leur  tour,  déviés  par  deux  failles  stériles  (falsche  Ruschel  et 
filon  Charlotte)  à  peu  près  parallèles  à  la  stratification,  c'est-à- 
dire  IVs- 

Les  filons  ont  généralement  une  salbande  bien  accusée  au  mur, 
tandis  qu'au  toit,  ils  se  confondent  avec  la  roche  encaissante  par 


Fig.  302.  —  Coupe  pas- 
sant par  le  puits  Johacn 
Friedrich  à  Bockswiese 
(Clausthal\  d'après  V. 
Groddeck. 

kh  ,  Pistbalergaog.  —  gg  . 
filoo  Grûnlmdner.  —  S,  gn»  à 
fpirifêres.  —  C,  fchistes  a  eal- 
céolcs  et  schistes  de  Goslar.  - 
K.,  calcaire  Kramenzel.  —  A-, 
schiste  ailiceui.  —  f,  phyllade 
du  culm.  —  G,  grauwacke  du 


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CHAMPS   DE  FILONS   DU   HARZ  581 

des  ramifications  et  atteignent  souvent  des  puissances  de  40  mètres 
et  plus;  leur  inclinaison  est  presque  toujours  forte  ;  le  remplissage 
est  surtout  formé  de  fragments  de  la  zone  encaissante  (grauwacke 
et  phyllade)  et  d'une  matière  noire  schisteuse  et  ténue,  appelée 
gangtonschiefer,  qui  parait  résulter  de  Fécrasement  des  parois. 
Entre  ces  roches,  se  trouvent  les  gangues  et  minerais,  sous  forme 
d'imprégnations  et  de  veines;  les  brèches  filoniennes  sont  très 
abondantes.  On  a  admis  que  ces  blocs,  ainsi  noyés  dans  le  rem- 
plissage, étaient  primitivement  juxtaposés  et  avaient  été  séparés 
par  la  force  de  la  cristallisation.  Il  est  possible  aussi  que  des 
actions  de  dissolution  et  de  substitution  progressives  aient  joué 
également  un  rôle. 

Les  gangues  sont  le  quartz,  la  sidérose,  la  calcite  et  la  barytine  ; 
les  minerais  principaux,  la  galène  argentifère,  la  blende  et  la 
chalcopyrite  ;  les  minéraux  accessoires  :  le  braunspath,  la  pyrite, 
le  cuivre  gris,  la  bournonite,  etc.. 

D'après  V.  Groddeck,  Tordre  suivant  est  très  net  : 

1"^  Quartz  seul  ou  mélangé  avec  de  la  galène  ; 

2**  Venue  de  blende  et  de  galène  ; 

3""  Calcite  et  barytine  pures  ou  mélangées  à  du  quartz. 

C'est-à-dire  que  nous  trouvons,  pour  employer  des  expressions 
particulières  aux  champs  de  filons  de  la  Saxe  S  le  Barytishe  blei 
succédant  à  la  Kiesige  formation. 

Quelques  filons  sont  caractérisés  par  la  prédominance  du  quartz 
et  de  la  galène  (fllon  principal  de  Zellerfeld)  ;  d'autres  par  la  blende 
et  la  galène  avec  quartz  et  calcite  (système  de^Burgstadt)  ;  parfois, 
c'est  la  chalcopyrite  avec  calcite  et  quartz  (mine  Charlotte),  ou  la 
blende  (Lautenthal),  qui  est  le  minerai  principal.  Généralement  la 
blende  augmente  beaucoup  en  profondeur. 

Tandis  que  la  première  venue  de  quartz  et  sidérose  se  trouve  par- 
tout, la  calcite  et  la  barytine  sont  plus  exceptionnelles  (calcite  dans 
le  Nord-Est,  barytine  dans  le  Sud-Ouest).  Les  parties  riches  affec- 
tent des  formes  très  variées.  Les  plus  habituelles  sont  des  colonnes 
inclinées  plongeant  vers  l'Ouest.  On  ne  trouve,  dans  tout  le  district, 
presque  aucun  croisement;  mais  les  bifurcations  y  sont  fréquentes 

*  Voir  plus  loin,  page  592  et  suiv. 


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582  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

et  c'est,  comme  presque  toujours,  aux  bifurcations  des  filons 
importants  que  se  trouvent  les  zones  les  plus  riches.  On  n'a,  pas 
plus  qu'à  Andréasberg,  reconnu  l'influence  appréciable  des  roches 
encaissantes. 

Parmi  les  mines  de  Clausthal,  nous  citerons  celle  Kbnigin  Marien^ 
à  2  kilomètres  au  N.-E.  de  Clausthal.  On  y  exploite  un  filon  E.-O. 
traversant  la  grauwacke  du  culm  et  les  schistes  argileux  et 
divisé  en  3  parties:  Hauptgang  (14  à  18  mètres  de  puissance), 
Mittel  trumm  (1°,50  à  3  mètres).  Le  remplissage  se  compose  sur- 
tout de  galène  et  calcile,  avec  un  peu  de  sidérose  et  de  blende  ; 
accessoirement,  de  pyrite  cuivreuse  et  de  quartz. 

Cette  mine,  comme  la  plupart  de  celles  du  Harz,  est  remarquable 
par  l'emploi  de  la  force  hydraulique. 

Au  point  de  vue  industriel,  les  minerais  de  l'Oberharz  et  ceux 
du  Rammelsberg  sont  traités,  par  des  procédés  très  perfectionnés, 
dans  un  certain  nombre  d'usines  dont  les  principales  sont  : 

dans  rOberharz,  Clausthal,  Altenau,  Lautenthal,  appartenant  à 
l'État  (St-Andréasberg,  peu  important)  ; 

dans  l'Unterharz,  Julius  Hutte  près  Astfeld,  Sophien  Hutte  près 
Langelsheim  et  Oker  près  Goslar,  appartenant  à  la  Unterharzer 
Communion,  dans  laquelle  l'Etat  allemand  et  le  royaume  de  Bruns- 
wick sont  les  principaux  intéressés. 

L'usine  de  Clausthal  traite  des  minerais  de  plomb  à  60  p.  100 
de  plomb,  6,3  de  cuivre,  500  à  3000  grammes  d'argent  à  la  tonne 
et  un  peu  de  zinc.  Par  une  fonte  réductive  avec  oxyde  de  fer, 
on  obtient  une  matte  de  cuivre  et  plomb  et  du  plomb  d'œuvre.  Au 
moyen  d'une  série  de  grillages  et  de  fusions  suivies  d'un  rôtissage, 
on  arrive  finalement  à  avoir  du  plomb  d'œuvre  et  du  cuivre  noir, 
qui  est  traité  à  Altenau  pour  cuivre  et  argent.  Les  minerais  passés 
à  Lautenthal  sont  caractérisés  par  l'abondance  de  la  blende.  Quant 
aux  usines  de  l'Unterharz,  elles  traitent  exclusivement  les  minerais 
du  Rammelsberg. 

En  1881,  les  usines  du  Harz  ont  traité  56 130  tonnes  de  minerai, 
dont  16248  de  l'Oberharz  et  le  reste  du  Rammelsberg  ou  de 
l'étranger,  et  occupé  1  636  ouvriers  ;  elles  ont  produit,  dans  le 
même  temps  : 


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CHAJiPS   DE  FILONS   DU   HARZ  583 

16  248  t.  déminerais  \  9  428 1.  de  plomb  valant  3  274  762  francs. 
Oberharz.  ]      de  TOberharz  .   .  ^  6  836  kil.  d'argent  brut  affiné  à  Lauthenlal. 
1  234  t.  Etranger.   .  )  61  t.  de  cuivre. 

-,,,,.,      ,      ,  j,  \     423  t.  de  plomb  marchand. 

tî  .    u        1  2  144  t.  de  plomb  d  œuvre  s  ,  ^^^  ^    ,    f.,. 
Unlerharz.  ]  .  j       .  v ,       .  M  586  t.  de  litharges. 

'       avant  donne  à  leur  tour,  i      .«^  .    .        . 

•^  ;     420  t.  de  cuivre. 

En  1890,  on  a  eu: 

lioaAA*    j                •    \    8 726  t.  de  plomb  valant  2  784  20(>fr. 

1 13  900  t.  de  mmerais  j  ,.  ,^«  ,  .|     ,,          *      i     i  o  ,^r.  «/./. 

^,     ,          \       ,    ,,^.     ,                f  4/406  kil.  d  argent  valant  8  400  000  — 

Oberharz.         de  1  Oberharz.                ,^3  ^    ^^  J^^  ^^,^^^  3^^  ^^^  _^ 

f  '  ^*^  ^-  ^'^"°S^^-      )         83  kil.  32  d'or   valant  --87  000  - 

i4  409  t.  de  plomb  valant  1  366  000  — 

7  515  kil.  dargent  valant  1  310 000  — 

1  052  t.  de  cuivre  valant  1  620  000  — 

66  kil.  24  d'or  valant  232  000  — 

16  309  000  — 

La  production  annuelle  du  Harz  en  métaux  représente  donc, 
à  peu  près,  16  millions  de  francs. 

Bibliographie. 

Carte  géologique  du  Harz  par  von  Lossen. 
1789.  Lasius.  —  Die  Harzgebirge,  1789,  t.  11,  p.  316. 
1795.  Freiesleben.  —  Beraerkungen  ûber  den  Harz. 
1806.  OsTMANN.  —  {Haussmanns  Beitràgen  zur  B.  u.  H.  Kunde,  p.  48.) 
1822.  ScHULTz.  — Karsten's  Arch.,  t.  V,  p.  95. 
1834.  ZiHMERUANN*  —  Das  Harzgebirge. 

1842.  Hausmann.  —  Die  Bildung  des  Harzgebirges,  p.  134. 

1843.  Gredner.  —  Geogn.  Verh.  ThOringens  u.  des  Harzes. 
1859.  Kerl.  —  Berg.  u.  Hût.  Z.,  p.  21. 

1859.  KôHLER.  —   Der  Hûlfe  Gotteser  Gang  bei  Grund.  (B.  m.  H.  Z.,  p.  198.) 

1860.  Breithaupt.  —  Ibid, 

1861.  CoTTA,  p.  90. 

1865.  Gredner.  —  {Zeitschrift ,  d.  d.  geol.  Gesellsch.y  t.  XVJI,  1865,  p.  163.) 

1866.  Groddeck.  —  (Zeitsch,  d.  d,  geoL  Gesellsch.,  t.  XVII,  p.  693.) 
Rœubr.  —  Travaux  paléontologiques  sur  le  Harz. 

1867.  Streng,  Kayser  et  Lossen.  — Sur  les  diabases  du  Harz. 
1873.  Zeitsch.  f.  d.  B.  H.  u.  S.  im  preussischen.  St.  XXI,  p.  1. 
1877.  Groddeck.  —  (Zeitsch,  d.  d.  geol.  Gesellsch.,  t.  XXIX,  p.  440.) 
1877.  RosiNG.  —  Zeitsch...  prussien,  t.  XXV,  p.  280. 

1877.  WiHHER  et  Braunig.  —  Traitement  des  minerais  du  Bas-Hartz.  [Jour- 
nal de  Camall,  1877.) 

*  1878.  A.  Streng.  —  Ueber  den  Silberkies  von  Andreasberg.  (N.  j.  Mine., 
p.  785.  Stuttgard,  1878.) 

1879.  Groddeck,  p.  311. 

1880.  ScHNABEL.  —  Récents  progrès  de  la  désargentation  dans  le  haut  Hartz. 
(Carnall,  1880.) 


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584  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

1881 .  Capacci.  —  Mines  et  usines  du  Hartz  (Cuyper.) 

1881 .  RôsiNG. —  Extraction  de  Torà Lauthenthal.  (Journ.  dessc,  nat,  deMaja.) 
V.  LossEN.  —  (Société  géologique  allemande.) 

1884.  LocYT.  —  Mém.  sur  Textr.  des  métaux  préc.  dans  le  Hartz.  {Ann.  d. 
M.,  8%  t.  VI,  p.  393.) 

1884.  TERMiER.—  SurleséniptionsduHartz.  (inn.d.lf.,8«8érie,t.V,p.  243.) 

1884.  Pelle.  —  Journal  de  voyage  manuscrit  à  TÉcole  des  Mines  (n^  721). 

1889.  Davies,  p.  193. 

1891.  Zeits.  f.  d.  B.  H.  u.  S.  ira  preuss.  St.,  t.  XXXIX.  {Statistique  alle- 
mande, p.  158  et  199.) 


CHAMPS  DE  FILONS  DE  LA  SAXE  ET  DE  LA 
BOHÊME  SEPTENTRIONALE* 

Géologie  de  la  région.  —  Les  terrains  qui  composent  la  Saxe 
sont  :  au  Sud-Ouest,  la  granulite;  au  centre,  le  gneiss  gris  et  son 
manteau  de  schistes  micacés  et  argileux  ;  à  TEst,  le  crétacé  de 
la  vallée  de  FElbe.  La  formation  oligocène  à  lignites  de  la  Bohème 
septentrionale  vient,  au  Sud,  se  heurter  au  pied  escarpé  de 
TErzgebirge  ;  le  versant  Nord  de  cette  chaîne  de  montagnes  forme, 
au  contraire,  de  vastes  plaines,  doucement  ondulées,  que  limitent, 
d'une  part,  les  escarpements  de  la  granulite,  de  l'autre,  les  hau- 
teurs granitiques  qui  bordent  la  vallée  de  l'Elbe. 

M.  Michel  Lévy,  dans  un  mémoire  de  1870,  a  rattaché  les 
dislocations  de  la  région  à  un  certain  nombre  de  systèmes  dont 
les  principaux,  définis  par  lui  avec  une  précision  qui  tenait  aux 
idées  de  l'époque,  sont  les  suivants  : 

N.  133**  E.  — Plissements  primitifs  du  gneiss. 

N.  81^  E.  et  N.  92^  E.  —  Montée  de  la  granulite.  Dislocations 
ayant  intéressé  le  gneiss,  les  schistes  et  les  grauwackes  silu- 
riennes (âge  dévonien). 

N.  89**  E.  —  Soulèvement  du  gneiss  de  Mobendorf,  entre  Tâge 

«  Coll.  École  des  Mines,  1340. —Voir  la  carte  de  TAllemagne  centrale,  pi.  II.  —  Les 
points  principaux  de  cette  description  ont  été  empruntés  à  un  mémoire  de  MM.  Mi- 
chel Lévy  et  Chouletle  (1870),  dont  nous  avons  pourtant  laissé  de  côté  toute  la  partie 
qui  n'était  qu'une  application  des  idées  d*£lie  de  Beaumdnt  sur  le  réseau  pentagonal 
Il  nous  a  semblé  utile  de  donner,  pour  le  champ  de  filons  le  plus  classique  et  le 
mieux  étudié,  quelques  détails  sur  les  relations  réciproques  des  fractures  et  des  rem- 
plissages successifs,  ainsi  que  sur  la  composition  de  ces  derniers. 


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CHAMPS   DE  FILONS   DE  LA    SAXE  585 

de  la  zone  à  sigîllaires  et  celui  de  la  zone  à  annulariés.  Plisse- 
ments violents  des  grauwackes  dévoniennes  et  des  terrains 
houillers  inférieurs  (âge  du  houiller  moyen). 

N.  130^  E.  —  Cassures  et  plissements  des  terrains  houillers  et 
du  rothliegendes.  Grandes  failles  avec  quartz  ferrugineux  (rother 
Ochs,  rother  Kamm)  (âge  post-permien). 

N.  57**  E.  — Soulèvement  de  TErzgebirge,  intéressant  les  terrains 
triasiques  et  jurassiques  de  la  Thuringe,  laissant  horizontales  les 
assises  crétacés  de  la  Saxe  (âge  post-jurassique). 

N.  160*  E.  —  Cassures  des  terrains  crétacés  du  Nord  de  l'Al- 
lemagne. Filons -failles  en  Saxe  (quartz  ferrugineux)  (âge  ter- 
tiaire). 

N.  117^  E.  —  Soulèvement  et  cassures  des  terrains  crétacés 
supérieurs  de  la  vallée  de  l'Elbe,  entre  Oberau  et  Hohnstein. 
Filons- failles  quartzeux. 

N.  75**  E.  —  Dernier  soulèvement  de  l'Erzgebirge,  postérieur  à 
la  formation  miocène  à  lignites,  se  terminant  par  une  violente 
érosion,  du  Sud  vers  le  Nord,  sur  les  grands  plateaux  de  la 
Saxe. 

En  relation  avec  ces  différents  systèmes  de  fractures,  il  parait 
y  avoir  eu  trois  venues  porphyriques  principales  en  Saxe  : 

La  première  (microgranulites,  porphyres  feldspathiques  et  am- 
phiboliques)  serait  contemporaine  des  premières  assises  du  houil- 
ler supérieur. 

La  seconde,  composée  de  roches  analogues,  serait  contemporaine 
du  rothliegendes  inférieur,  dans  lequel  elle  formerait  des  coulées 
interstratiGées. 

La  troisième  (felsitfels,  pechsteins,  argilophyres  trachytiques] 
caractériserait  l'époque  de  la  première  venue  métallifère  sulfurée 
de  Freiberg  :  elle  serait  certainement  postérieure  au  rothliegendes 
supérieur,  commencerait  par  des  filons  à  30**  et  se  terminerait  par 
des  dykes  à  130*. 

Ultérieurement  sont  venues  des  roches  éruptives  tertiaires, 
basalte,  dolérite,  phonolithe,  etc. 

Enfin,  il  y  a  lieu  d'insister  sur  les  sources  thermales.  Elles  sont 
presque  toujours  en  relation  avec  les  filons  à  160*  (quartz  ferru- 
gineux réouverts  par  le  dernier  soulèvement  à  170"*). 


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586  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Les  sources  de  Garlsbad,  Marienbad,  Teplitz,  etc.,  sont  sodiques, 
riches  en  acide  carbonique  avec  traces  de  sulfates,  de  chlorures, 
de  fluorures. 

Plusieurs  filons  métallifères,  profondément  exploités,  ont  donné 
passage  à  des  sources  thermales  minéralisées,  quelquefois  très 
abondantes  (Joachimsthal,  Freiberg,  etc.),  ces  dernières  souvent 
riches  en  acide  sulfhydrique. 

C'est  là  un  fait  curieux  qu'on  peut  rapprocher  de  ceux  du  même 
genre  constatés  dans  la  Sierra  Almagrera,  au  Comstock,  à  Bour- 
bon-FArchambault,  etc. 

On  peut  conclure  de  ces  diverses  observations  que  la  région 
saxonne  a  été  soumise,  depuis  les  époques  les  plus  anciennes,  à  des 
phénomènes  de  dislocation  réitérés  (comparés  à  la  torsion  d'une  vitre 
par  M.  Daubrée),  phénomènes  ayant  dû  chacun  donner  lieu  à  des 
venues  hydrothermales  métallifères,  dont  les  sources  thermales 
actuelles  sont  un  dernier  écho  et  que,  par  suite,  il  y  a  lieu  de  s'at- 
tendre à  y  trouver  des  remplissages  très  divers  et  d'âges  très  diflë^ 
rents. 

Les  minerais  utilisables  en  Saxe  sont  de  plusieurs  sortes  : 

V  Filons  d'étain,  pour  la  plupart  abandonnés  aujourd'hui*  : 

2''  Filons  sulfurés  anciens,  dont  nous  nous  occuperons  surtout 
à  l'occasion  des  champs  de  fractures  de  Freibei^  et  de  Marienberg; 

3""  Filons  à  remplissage  barylique  et  fluoré  (Annaberg)  ; 

4*  Filons  à  remplissage  sulfuré  jeune  (Schneeberg)  ; 

5**  Filons  à  remplissage  argentifère  récent  (Joachimstahl)  ; 

Nous  rencontrerons,  d'ailleurs,  dès  le  premier  champ  de  fractures 
que  nous  étudierons,  celui  de  Freiberg,  des  indices  superposés  de 
chacune  de  ces  venues  distinctes,  devenant,  tour  à  tour,  dans  telle 
ou  telle  région,  prédominantes. 

On  a  fait  le  calcul  qu'il  y  avait,  dans  cette  région,  1848  filons 
(dont  829  à  Freiberg  seulement),  sur  lesquels  849  sont  exploités 
pour  plomb,  argent  et  cobalt;  463  pour  plomb  et  argent;  181 
pour  argent  seulement  *. 

Laissons  de  côté  les  filons  d'étain  décrits  ailleurs',  et  passons  à 

•  Voir  plus  haut,  page  127. 

•  Y.  Dechen.  Die  Nulzb.  Min,,  p.  652. 

•  Voir  page  127. 


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ED.  FUCHS  ET  DE  LAUNAY.  -  Géologie  appliqiAée. 


L.Wuhrer  sculp 


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C  oogle 


CHAMPS   DE  FILONS   DE  FREIBERG   (sAXE)  587 

la  seconde  catégorie  de  gîtes  :  filons  sulfurés  anciens  (Freiberg, 
Marienberg). 

A.  —  FREIBERG 

Position  des  principales  mines.  —  Les  environs  immédiats  de 
Freiberg  forment  un  pays  peu  accidenté,  à  travers  lequel  la  Mulde, 
coulant  du  Sud  vers  le  Nord,  s'est  creusé  une  vallée  d'une  mé- 
diocre profondeur. 

Les  mines  qui  se  rattachent  naturellement  à  celles  de  Freiberg, 
s'étendent,  au  Sud,  jusqu'à  Brand  et  Erbisdorf,  au  Nord  jusqu'à 
Siebenlehn  et  Gersdorf  près  Roswein,  formant  ainsi  un  champ 
d'exploitation  quatre  fois  plus  long  que  large  et  dont  les  affleu- 
rements ont  pu  être  suivis,  d'une  part,  jusqu'à  la  vallée  de  l'Elbe, 
de  l'autre,  jusqu'à  Marienberg. 

Elles  peuvent  se  diviser  en  un  certain  nombre  de  groupes.  (Voir 
fig.  303.) 

1*^  Au  voisinage  immédiat  de  Freiberg^  se  trouvent  : 

à)  au  N.-O.,  le  centre  de  Gross-Schirma  (mine  de  Churprinz)  ; 

b)  à  l'Est,  la  mine  îïHimmelfahrt  ; 

c)  plus  loin,  au  S.-E.,  la  mine  de  Morgenstern  et  les  anciennes 
exploitations  du  Rammelsberg  (Friedrich,  etc.). 

2**  Au  Sud  de  Freiberg,  on  connaît  : 

à)  à  l'extrémité  S.-O.  du  champ  de  cassure,  près  Brand  et 
Erbisdorf,  la  grande  mine  à'Himmelfûrst  ; 

b)  au  S.-E.,  la  mine  Mord-Grube; 

c)  au  Sud,  la  mine  Beschert-Gluck. 

3*"  Au  Nord  de  Freiberg,  on  peut  citer  : 

a)  à  l'extrémité  N.-O.  du  champ,  la  mine  de  Segengottes  à 
Gersdorf,  près  Roswein  ; 

b)  plus  près  de  Freiberg,  les  centres  de  Braunsdorf  et  Voigts- 
berg  (Gesegnete  Bergmanns  Hoffnung ,  Altle  Iloffnung  Gottes, 
etc.)  ; 

c)  au  Nord,  les  exploitations  de  Sienbenlehn  (Romanus,  Verei- 
nigt-feld),  d'Obergrûna  et  Drehfeld  (Emanuel). 

Les  deux  centres  d'exploitation  principaux  sont,  aujourd'hui, 


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^88  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Himmelfahrt  Fundgrube  (mines  de  rAscension)  et  Himmelfûrst 
Fundgrube  (mine  du  prince  du  ciel),  ce  dernier  exploité  réguliè- 
ment  depuis  300  ans. 

Constitution  géologique  de  la  contrée.  — La  région  de  Freiberg 
est  presque  exclusivement  constitués  par  le  gneiss  gris,  sillonné 
par  quelques  rares  traînées  de  granité,  de  granulite  (gneiss  rouge) 
et  de  porphyre.  Au  Sud,  dans  le  second  groupe  de  mines,  on  est 
encore  dans  les  gneiss  ;  à  la  mine  Himmelfûrst,  on  rencontre 
cependant  des  filons  de  kei*santon  dioritique  qui  recoupent  toutes 
les  roches  précédentes,  y  compris  les  filons  quartzeux  anciens. 
Au  Nord,  la  mine  de  Segengottes  se  trouve,  presque  en  entier, 
<]ans  le  gabbro  de  Roswein  (grûnstein)  ;  les  filons  métallifères, 
riches  dans  le  gabbro,  s'appauvrissent  presque  toujours  dans  les 
schistes.  Auprès  de  Siebenlehn,  on  rencontre  un  autre  massif 
-de  gabbro,  séparé  du  premier  par  les  thonschiefer  et  qui  passe, 
par  places,  à  la  serpentine.  Ce  gabbro  vient  buter  contre  les 
thonschiefer  au  Nord  par  une  faille  contenant  de  la  calcite, 
<lu  quartz,  des  pyrites  et,  souvent  aussi,  un  feldspath  orthose 
rouge. 

Des  filons  métallifères  au  point  de  vue  de  leur  direction  et  de 
l'âge  relatif  des  fentes  qu'ils  remplissent.  —  Si  Ton  jette  les  yeux 
sur  une  carte  représentant  les  filons  de  Freiberg  et  où  ces  filons 
sont  distingués  par  la  nature  de  leur  remplissage  *  (fig.  303), 
on  remarque  d'abord  que  le  remplissage  sulfuré  à  galène  ai^enti- 
fère,  principale  richesse  de  la  région,  est  concentré  dans  des  fentes 
<le  directions  comprises  entre  0  et  90'  (H^  à  H,).  Au  contraire, 
des  croiseurs,  postérieurs  aux  filons  précédents  et  de  direction 
oscillant  entre  90  et  160%  sont,  tantôt  simplement  stériles,  tantôt 
remplis  de  barytine  avec  accompagnement  de  fluorine,  de  miné- 
raux cuprifères,  de  galène  pauvre  en  argent,  etc. 

Les  mineurs  distinguent,  dans  le  premier  groupe  métallifère  de 
0  à  90°,  les  filons  H„  dits  Stehende  parce  qu'ils  sont  très  inclinés 
«t  les  filons  H„  dits  Morgen  parce  qu'ils  sont  dirigés  sur  le  levant  ; 

*  On  trouvera  plus  loin,  pages  592  et  suivantes,  rexplicationdesteimes  par  lesquels 
sont  désignés  ces  remplissages. 


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CHAMPS  DE  FILONS   DE   FREIBERG    (sAXe)  38» 

dans  le  second  groupe,  les  fllons  barytiques  H^  dits  Spath  et  les 
filons  Hj2,  peu  inclinés,  dits  Flache. 

Dans  ces  fractures  se  sont  succédé  un  certain  nombre  de  rem- 
plissages, sur  lesquels  nous  aurons  à  revenir  plus  loin  en  détail, 
mais  dont  nous  voulons  indiquer  dès  à  présent,  la  composition 
d'ensemble,  pour  pouvoir  établir  un  tableau  comparatif  de  Tâge 
dos  fractures  et  de  Tâge  des  remplissages  qui  en  est  bien  distinct. 
Ce  sont  : 

1^  Quartz  ancien  stannifère  Q,  accompagnant  la  granulite,  ratta- 
ché au  dévonien  ; 

2^  Quartz  avec  talc  et  cristaux  de  mispickel  T,  peu  postérieur 
au  précédent; 

3**  Venue  sulfurée  à  galène  riche  S„  capitale  à  Freiberg,  tan- 
tôt exclusivement  composée  de  sulfures,  tantôt  quartzeuse,  tantôt 
enfin  dolomitique,  rattachée  autrefois  théoriquement  aux  porphyres 
du  trias.  Elle  comprend  les  groupements minéralogiques nommés: 
Tedlequartz  formation  (formation  du  quartz  noble),  la  kiesige 
formation  (formation  pyriteuse)  et  Tedlebraunspath  formation 
(formation  du  braunspath  noble)  ; 

4**  Venues  barytiques  (schwerspath  formation)  et  ferrugineuses  : 
Bj,  Fj,  B,*  considérées  très  hypothétiquement,  d'après  des  idées 
de  direction,  comme  s'étant  succédées  dans  le  jurassique  et  le 
crétacé  ; 

5"*  Venues  sulfurées  à  galène  pauvre  S,  et  venues  barytiques  B,' 
supposées,  par  des  motifs  du  même  genre,  d'âge  éocène. 

6°  Venue  calcitique  V^  et  venue  argentifère  Vg  rattachées  au 
pliocène  :  cette  dernière,  précédée  par  le  soulèvement  des  Alpes 
principales,  se  retrouvant,  avec  les  mêmes  apparences,  dans  tous 
les  champs  de  filons  de  la  Saxe  et,  particulièrement,  à  Joa- 
chimstahl. 

Les  intersections  et  réouvertures  de  ces  divers  filons  ont  été 
étudiées  avec  grand  soin  par  MM.  Michel  Lévy  et  Choulette  qui  ont 
résumé  les  principaux  résultats  de  ce  travail  dans  le  tableau  sui- 


«  On  retrouvera,  plus  loin  (page  591),  ces  venues  barytiques  et  ferrugineuses  décrites 
dans  les  venues  Vj,  Va  et  V4,  sous  les  nomsBi,  Fi,B  i. 
*  Voir  plus  loin,  page  591,  les  venues  Ys  et  Ve. 


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590 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


vant,  donnant  la  succession  chronologique  des  fractures  avec  les 
directions  correspondantes  et  leur  relation  d'âge  par  rapport  aux 
remplissages  que  nous  venons  de  définir  *. 


ORDRE 
chronologique 


10 
11 
12 

13 

14 
15 


16 


SYSTÈMES 
de  filons  et  de  failles 


H... 
H,.  . 
H..  . 
H,.  . 
H,,.. 


"7-8 


REIIPUSSAGES 


Réouvertures  EO. 


Antérieur  à  Q 

— 

à(i 

— 

àT 

— 

à  S, 

— 

à  Si 

— 

à  S. 

— 

à  S, 



àSj 

— 

à  S, 

Antérieur  à  B, 

— 

àBj 

— 

àB, 

— 

à  S, 

— 

àA 

Antérieures  à  A 


Postérieurs  à  S, 

—  à  Bj 

—  à  B, 

—  à  B, 

—  à  B, 


Postérieurs  à  Bj  et  S, 


Des  remplissages.  —  Nous  allons  énumérer  toutes  les  venues 
successives  constatées  à  Freiberg,  en  donnant  quelques  indications 
sur  leur  remplissage  minéralogique  ;  nous  reviendrons  ensuite 
sur  les  deux  principales  : 

Y.  Les  venues  anciennes^  tout  à  fait  accidentelles  à  Freiberg 
comprennent  : 

Q.  Quartz  ancien  cristallisé,  souvent  accompagné  de  mica,  cassure  à  éclat 
gras,  couleur  d'un  blanc  jaunâtre.  Probablement  contemporain  de  la  gra- 
nulite. 

T.  Mélange  d'un  remplissage  talqueux,  argileux,  blanc  verdâtre,  avec  des 
cristaux  souvent  assez  développés  de  mispickel. 

V,.  La  venue  sulfurée  S^,  de  beaucoup  la  plus  importante  à 

1  On  trouvera,  dans  le  mémoire  cité,  p.  184  et  suiv.,  les  faits  précis  qui  ont  servi 
à  établir  ce  tableau. 


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CHAMPS   DE  FILONS   DE  FREIBER6    (sAXe)  591 

Freiberg  et  sur  laquelle  nous  reviendrons  plus  loin',  s'y  présente, 
dans  tous  les  filons  anciens,  y  compris  les  H,  et  se  compose  géné- 
ralement de  quelques-uns  des  remplissages  suivants  : 

1 .  Quartz  ancien  grenu,  à  cassure  grisâtre,  avec  pyrite  et  mispickel. 

2.  Mélange  caractéristique  de  blende  noire,  galène,  pyrite  (fer  et  cuivre)  et 
mispickel,  paraissant  s'être  succédé  dans  l'ordre  :  blende,  galène  à  1,5  ou 

2  p.  1000  d'argent,  pyrites. 

3.  Quartz  coupeur  blanc,  à  éclat  laiteux,  en  veinules. 

4.  Manganèse  carbonate  et  dolomie  rose. 

5.  Quartz  cristallisé  vitreux,  avec  mouches  de  galène  contenant  jusqu'à 
5  millièmes  d'argent  et  traînées  plus  rares  de  mispickel,  de  blende  brune,  de 
tétraédite,  d'argent  rouge  et  d'argent  sulfuré. 

6.  Dolomie  plus  récente  rose,  rouge  ou  jaune. 

Nous  dirons,  bientôt,  que  cette  venue  sulfurée  S,  comprend 

3  groupes  principaux  :  Edlequartz  formation,  Kiesige  formation, 
Edlebraunspath  formation. 

Vj.  La  venue  bary tique  B^  remplit  les  filons  Hg^  et,  quelquefois, 
les  Hg  réouverts.  Elle  rejette  constamment  les  remplissages  S,. 
Elle  contient  :  . 

Baryte  sulfatée  blanche  ou  rouge,  à  grandes  faces  de  clivage,  généralement 
seule,  quelquefois  accompagnée  de  quartz  grenu  grisâtre  avec  mouches  de 
galène,  bournonite,  cuivre  gris. 

V3.  La  venue  ferrugineuse  F,  (quartz  et  hématite)  est  rare  à  Frei- 
berg. 

V^.  La  venue  barytique  B^,  avec  fluorine  et  hématite  rouge,  se 
présente  dans  les  filons  H,o.  Elle  comprend  de  la  fluorine,  parfois 
un  peu  de  sidérose  et  des  minéraux  cuprifères,  cuivre  gris,  cuivre 
pyriteux  et  de  Thématite  rouge. 

Vj.  La  venue  sulfurée  à  galène  pauvre  S,,  avec  quartz  et  fluorine, 
ne  se  trouve  guère  que  dans  les  réouvertures  H^.,. 

Vg.  LdL  venue  barytique  B3  remplit  des  réouvertures  des  H^.,,  déjà 
incrustées  à  la  venue  S,.  Elle  comprend,  outre  la  barytine,  de  la 
fluorine  et  des  lits  intercalés  de  marcassite  et  de  galène. 

V7.  Vemœ  de  calcite  C.  Le  calcite  se  présente  à  Freiberg  avec  des 
âges  très  diflerents  et,  notamment,  près  des  grûnsteins,  il  doit  y  en 
avoir  de  très  anciennes;  mais  sa  venue  principale  est,  au  contraire, 

•  Page  592. 


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592  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

très  récente.  La  pechblende  et  Tarsenic  natif  lui  sont  parfois  associés. 

Vg.  Venue  argentifère  A.  Minéraux  d'argent  en  druses,  au  croi- 
sement des  filons  récents  réouverts  par  les  dernières  secousses  E.-O., 
avec  les  anciens  filons  à  remplissage  S,. 

Nous  allons  insister  un  peu  sur  ces  diverses  venues,  en  particu- 
lier sur  les  deux  venues  les  plus  importantes  au  point  de  vue 
métallifère  :  la  venue  sulfurée  ancienne  S,  et  V,,  la  venue  argenti- 
fère A,  ainsi  que  sur  leurs  relations  avec  les  venues  intermédiaires. 

Description  de  la  venue  Sj.  —  Les  différents  minéraux,  qui 
composent  la  venue  S^  et  que  nous  avons  mentionnés  plus  haut', 
se  trouvent  rarement  tous  ensemble  dans  les  mêmes  ûlons;  mais 
ils  forment  volontiers  certains  groupements  caractéristiques  aux- 
quels les  mineurs  allemands  ont  donné  des  noms  spéciaux  : 

1**  \JEdlequartz  formation  (quartz  noble)  comprend  lassocia- 
tion  des  quartz  grenus,  laiteux  et  cristallisés  de  la  venue  V,, 
avec  mispickel  et  minéraux  ai^entifères.  On  y  rencontre  souvent, 
en  outre,  les  sulfures  (2)  décrits*  dans  la  venue  V„  qui  sont  alors 
plus  argentifères  que  de  coutume  et  quelquefois  la  dolomie  (6). 

L'edlequartz  formation  parait  surtout  au  Nord  et  au  Nord^Ouest 
de  Freiberg  ;  presque  exclusivement  quartzeuse  près  des  épan- 
chements  porphyriques  de  Braunsdorf,  elle  est  accompagnée,  dans 
le  gabbro  de  Siebenlehn,  par  une  puissante  formation  de  calcite, 
qui  parait  surtout  en  réouverture  dans  les  fractures  H,. 

Un  filon  de  ce  groupe  comprend,  par  exemple,  à  la  mine  Gese- 
gnele  Bergmanns-Hoffnung,  à  Braunsdorf,  les  associations  sui- 
vantes : 

a.  Quartz  ancien  de  la  venue  S,  et  blende  noire  (1  et  2)  ; 

b.  Quartz  récent  (S),  cristallisé  dans  les  druses  et  contenant, 
dans  ses  cassures,  de  Targent  rouge  et  de  la  pyrite. 

On  voit,  sur  la  figure  304,  le  gneiss  rouge  {^)  traversé  d'abord 
par  la  blende  [Zns)  avec  quartz  laiteux;  puis,  recoupant  celui-ci, 
le  quartz  récent  à  druses  argentifères  (Q),  avec  fluorine  (CaFI). 

Ailleurs,  un  filon  puissant  et  composé  d'un  grand  nombre  de 

«  Page  589. 

*  Les  chiffres  1,  2,3,  etc.,  de  ce  paragraphe  sur  la  venue  Si  se  rapportent  aux  alinéas 
correspondants  dans  la  description  de  la  venue  Vi. 


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CHAMP   DE  FILONS   DE  FREIBERG   (sAXe)  593 

veines  en  faisceau,  le  filon  H^,  Krebs  mgg.  à  Segengottes  (fig.  305) 
offre,  dans  chacune  de  ses  veines,  les  remplissages  suivants  : 

a.  Quartz  ancien  (1)  ; 

b.  Sulfures  métallifères  (2)  (pyrite  dominante.  S,)  intimement  liés 
au  quartz  précédent  ; 

c.  Au  centre,  dolomie  jaunâtre  (6)  contenant  des  morceaux  cas- 
sés à  angles  aigus  du  remplissage  précédent; 

rf.  Parfois,  sur  la  dolomie,  des  filets  de  fluorine  avec  enduits 
cuivreux. 

L'ensemble  est  coupé  par  une  faille  béante  H,o  (157''). 


Zn;»     (P       Zjis 


_  Kreàt  "^93- 


Fig.  304.  —  Freiberg.  Gesegnele  Fig.  305.  —  Freiberg,  Segen  Gottes. 

Bergmanns.  Hoffnung. 


La  figure  305  montre  le  filou  rejeté  par  cette  faille  et  renfer- 
mant, sur  ses  épontes,  les  sulfures  (2)  (SJ  :  au  centre,  la  dolomie  (6). 

2^  La  Kiesige  formation  (formation  pyriteuse)  présente  une  asso- 
ciation des  quartz  et  sulfures  (1,  2,  3),  fréquemment  accompagnée 
parla  dolomie (6).  Ce  qui  la  distingue  de  TEdlequartz  formation,  c'est 
principalement  l'absence  des  quartz  (5)  à  minéraux  argentifères. 

Cette  formation  paraît  surtout  dans  les  environs  immédiats  de 
Freiberg,  en  particulier  à  Himmelfahrt,  où  le  filon  Frischglûçk 
nous  présente  le  remplissage  suivant  : 

a.  Blende  noire  et  galène  à  reflets  foncés  (2)  ; 

b.  Veines  multiples  de  pyrite  de  fer  coupant  les  sulfures  a  ; 

c.  Quartz  blanc  laiteux  (3)  en  large  bande  de  réouverture. 
Ailleurs,  à  TErzengel  mgg.  Hq.,,  on  trouve  un  terme  de  plus, 

le  quartz  (i).  On  a  alors  (fig.  306)  : 
a.  Quartz  grenu  ou  gras  à  cristaux  de  mispickel  (1); 
é.  Blende  noire  avec  veinules  de  galène  plus  récente  (2)  ; 
c.  Mispickel  massif,  quartz,  mouches  de  pyrites  et  de  galène  (2); 


GEOLOGIE.  —  T.  H. 


38 


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594 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


d.  Quartz  blanc  laiteux  (3)  avec  druses  de  cristaux  de  calcite  et 
veinules  de  braunspath  rose. 
Cette  kiesige  formation  se  trouve  aussi  dans  les  mines  du  Nord 

(Gersdorf,  Braunsdorf)  et  do- 
mine dans  les  filons  des  mines 
du  Sud,  où  elle  est  en  relation 
avec  la  Braunspath  formation. 
Dans  les  mines  Morgenstern 
et  Friedrich  (à  l'Est  de  Frei- 
berg) ,  elle  présente  une  ri- 
chesse inaccoutumée  en  pyrite 
cuivreuse. 

3^  L'Edle  braunspath  forma- 
tion (braunspath  noble)  com- 
prend l'association  des  sulfures,  quartz  et  carbonates  (4,5,6),  fré- 
quemment accompagnés  des  venues  1  et  2,  c'est-à-dire  que  les 
dernières  venues  de  manganèse  carbonate,  dolomie  et  quartz 
cristallisé  y  présentent  un  caractère  dominant. 

On  la  rencontre  surtout  au  Sud  et  au  Sud-Ouest  de  Freiberg; 
ainsi  la  mine  Beschert  Gluck,  entre  Freiberg  et  Brand,  en  offre  des 
exemples  remarquables  formés  de  : 

a.  Mélange  de  quartz  ancien  (1)  avec  blende  noire  et  pyrites; 

b,  Dolomie  rose  avec  délits  pyriteux  et  galénifères  ; 

c  Blende  dolomitique  jaunâtre  avec  infiltrations  quartzeuses. 


Fig.  306.  —  (Figurés  de  la  figure  309.) 
Freiberg,  Himmelfahrt,  filon  Erzeogei. 


Description  des  venues  intermédiaires  entre  Vi  et  V..  —  Passons 
maintenant  aux  venues  postérieures  à  S„  qui  sont  venues  dislo- 
quer et  compliquer  cette  formation. 

Nous  avons  d'abord  les  venues  barytiqueSy  ferrugineuses  et  fluo- 
rées,  F„  F,  et  V^,  qui,  à  Freiberg,  recoupent  constamment  les 
filons  Sj.  Nous  en  citerons  seulement  un  exemple  (fig.  307  et  308). 

Ces  figures  montrent  un  ancien  filon,  Abraham  St,  à  remplis- 
sage Sj  qui  était  compris  dans  des  fractures  H3  et  H^  (fig.  307), 
rejeté  par  un  filon  barytique  B,  (Neue  Hofïnung),  de  direction 
Hg^,  qui  a  réouvert  l'ancienne  fracture  Hg  et  même  des  fractures  H,. 

L'Abraham  St.  comprend  : 

a.  Galène  (2)  avec  mouches  de  pyrite  et  de  mispickel  ; 


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CHAMP   DE  FILONS  DE  FREIBERG   (sAXE) 

b.  Veinule  de  quartz  plus  récent  (3). 


595 


Fig.  307.  —  Freiberp,  Himmelfabrl. 
Pilon  ayant  la  réouTerture« 


Fig.  308.  —  Freiberg,  Himmelfahrt. 
Filon  après  la  réouTerture. 


Le  Neue  Hoffnung  est  formé  uniquement  de  barytine  rouge 
compacte  à  grands 
cristaux. 

Dans  les  H^  ré- 
ouverts, on  cons- 
tate : 

a.  Quartz  et 
blende  noire  (1 
et  2); 

b.  Veinule  de 
galène  2  ; 

c.  Barytine 
blanche  massive; 

d.  Fluorine. 
Puis  nous  trou- 


g>gEMa  0mgrkcùùimM>        fiP^^  Quarte  snuaMrvûU 


S'I 


F^  QUek^ 


Fig.  309.  —  Freiberg,  Churprinz  (drei  Prinzen  Sp.). 


VOUS  les  venues  sulfurées  S,  et  bary tiques  B,  (Vj  et  V^). 

Le  remplissage  sulfuré  S,  ne  se  présente,  avec  uno  certaine 
abondance,  près  de  Freiberg,  que  dans  le  fllon  Drei  Prinzen  sp.  de 
la  mine  Churprinz  (fig.  309). 

Ce  filon  (ancien  H^  réouvert)  est  très  irrégulièrement  rempli  ;  sa 
puissance,  parfois  considérable,  peut  atteindre  6  mètres  ;  il  se  com- 
pose alors  d'un  faisceau  de  veines  parallèles,  incrustées  de  la 
même  façon  et  contenant  : 

a  Un  quartz  grenu  saccharoïde  avec  druses  et  mouches  de  fluo- 


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5'^  G£OLOGIK  APPLIQLÉE 

rioe,  masses  clivables  brillantes  de  galène  foncée  et  noyaux  de  cal- 
cédoine, accompagnés  de  paillettes  de  blende  jaunâtre  V^. 

b.  Des  alternances,  souvent  très  nombreuses,  de  barytine  con- 
crétionnée  jaunâtre,  de  fluorine  grenue,  de  marcassite  et  de  galène 
Gbreuse  en  minces  délits  et  en  rognons  (V,).  Ce  remplissage  (b) 
enveloppe  et  contourne,  par  places,  des  morceaux  concassés  du 
précédent. 

Quant  à  la  venue  de  calcile  K„  elle  se  montre  assez  fréquemment 
à  Siebenlehn,  où  elle  a  réouveK  les  filons  H,.  Elle  parait  nettement 
postérieure  aux  banrtes. 

Deicription  de  la  venue  argentifère  V|.  —  La  venue  argentifère 
récente,  présente,  au  point  de  vue  de  Texploitation,  une  très 
grande  importance  à  Freiberg;  elle  produit  environ  le  tiers  de 
Targent  qui  sort  des  usines  et  a  souvent  formé  des  amas  contenant 
plus  de  8  000  francs  de  ce  métal  au  mètre  cube. 

Cette  venue  se  trouve  principalement  au  croisement  des  filons 
réouverts,  barytiques  ou  stériles,  avec  les  filons  de  remplissage  S, 
et,  en  général,  dans  la  réouverture  des  croiseurs.  Ainsi,  dans  la 
mine  Himmelfabrt,  au  croisement  du  Ludiwg  Sp/  H,  (remplissage 
S,)  avec  le  Ludwig  Sp.  H,  réouvert  (remplissage  B,),  on  a  trouvé, 
sur  une  hauteur  d'environ  50  mètres,  et  principalement  dans  le 
croiseur  H^,  un  amas  de  minerais  argentifères  dont  la  valeur  a 
dépassé  5  millions  de  francs. 

Il  se  composait  principalement  d' aident  rouge  antimonial  et 
arsenical,  argent  sulfuré,  argent  natif,  le  tout  associé  à  une 
dolomie  récente;  Tamas  s'est  terminé,  en  haut  et  en  bas,  par  des 
masses  de  galène  pauvre,  reposant  directement  sur  la  barytine  Bj. 

Action  des  roches  encaissantes  sur  les  filons.  —  Si  nous  cher- 
chons Vaction  des  roches  encaissantes  sur  les  filons,  nous  trouvons 
les  faits  suivants  : 

V  En  ce  qui  concerne  les  effets  chimiques,  les  sulfures  métalli- 
fères de  la  venue  S,  semblent  exister  à  Tétat  de  mélange  intime  et 
d'élément  constituant  de  la  roche  dans  certains  grunsteins  de  la 
Saxe,  dont  ils  paraissent  dériver  directement,  dans  les  felsitfels  de 
Braunsdorf  et  les  porphyres  de  Brand.  Les  mines  voisines  des 

*  Sp.:  AhréTiation  de  Spalt,  ûlon^ 


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CHAMP   DE  FILONS   DE   FREIBERG   (sAXe)  o97 

massifs  de  grûnsteins  (Obergrûna,  Sieberlehn,  Roswein,  Brand) 
se  fonl,  en  général,  remarquer  par  Tabondance  de  la  dolomie  et 
par  renrichissement  en  argent  (edlequartz  formation,  braun- 
spath  formation).  Au  voisinage  des  felsitfels  de  Braunsdorf,  s'est 
trouvé  jadis  un  des  centres  les  plus  riches  en  argent  ;  les  Glons 
y  étaient  quartzeux  et  très  argentifères. 

2""  En  ce  qui  concerne  les  effets  mécaniques,  lorsque  les  filons 
pénètrent  dans  la  granulite  (roche  trop  compacte),  ils  perdent 
généralement  de  leur  puissance  et  se  transforment  en  veines 
étroites.  Ils  s'appauvrissent,  de  même,  pour  une  raison  contraire, 
dans  les  roches  trop  friables  ou  trop  grasses  (gneiss  trop  micacés, 
serpentines,  thonschiefer)  ;  la  roche  qui  leur  convient  le  mieux 
est  surtout  le  gneiss  rouge. 

3**  Un  phénomène  constant  d'enrichissement  se  produit  à  la 
rencontre  du  contact  de  deux  formations  sédimentaires  ou  érup- 
tives  entre  elles  :  ainsi,  à  Segengotles,  entre  le  grQnstein  et  les 
thonschiefer  ;  à  Himmelfurst,  au  contact  des  micaschistes  grena- 
tifères  et  du  gneiss,  etc.. 

Production  des  mines  de  Freiberg.  —  Nous  terminerons  par 
quelques  renseignements  industriels  sur  le  groupe  principal  de 
ces  mines  de  Freiberg,  celui  d*Himmelfahrt  : 

La  mine  est  aménagée  par  puits  et  galeries  d'allongement.  Les 
puits  ayant  été  foncés  peu  à  peu  au  cours  des  découvertes,  on 
se  trouve,  comme  dans  toutes  les  anciennes  entreprises,  en  pré- 
sence d'un  édiflce  exécuté,  non  pas  d'un  coup,  d'après  un  plan 
d'ensemble,  mais  successivement  par  pièces  et  morceaux. 

En  1881,  les  puits  du  district  d'Himmelfahrt  étaient  au  nombre 
de  15  :  les  plus  anciens,  situés  dans  les  filons  Stehende,  inclinés 
dans  le  plan  du  filon  ;  les  plus  récents,  verticaux. 

La  méthode  d'exploitation  est  celle  des  gradins  renversés.  Les 
filons  étant  très  minces  (0™,20  de  puissance  en  moyenne),  on  est 
toujours  forcé  d'abattre  une  partie  du  toit.  La  descente  des  hommes 
est  faite  ordinairement  par  des  fahrkunst.  Jusqu'à  ces  dernières 
années,  tous  les  moteurs  employés  à  Freiberg,  comme  dans  le 
Harz,  étaient  hydrauliques. 

D'après  M.  de  Bonnard,  les  mines  de  Freiberg  occupaient. 


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508 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


en   1808  »  5  000  ouvriers  et  produisaient   annuellement  environ 

12  tonnes  d'argent. 

En  1867-68,  elles  ont  employé  7  500  ouvriers  et  contremaîtres, 

et  produit  31  500  tonnes  de  minerai  préparé  qui,  à  leur  tour, 

ont  donné  : 

30  tonnes,  520  kilogrammes  d'argent. 
4  530        —  —  de  plomb. 


69 



—             de  cuivre. 

586 

— 

—              de  zinc. 
6  kilogrammes  de  nickel  et  cobalt. 

300 

— 

—              d*arsenic. 

1400 

— 

—             de  soufre. 

Le  tout  représentant  une  valeur  d'environ  6  292  000  francs. 

Plus  tard,  en  1885,  les  filons  de  la  venue  métallifère  S,  ont  pro- 
duit 33  500  tonnes  de  minerai  qui,  par  la  préparation,  ont  donné 
11 166  tonnes  de  minerai  lavé,  soit  33  p.  100  du  minerai  brut. 

Les  filons  de  la  formation  bary tique  ont  donné,  en  cette  même 
année,  pour  502  tonnes  de  minerai  brut  :  84  tonnes  de  minerai 
lavé  et  4  000  tonnes  de  sulfate  de  baryte. 

Enfin,  en  1891,  on  a  le  tableau  suivant,  qui  s'applique  égale- 
ment aux  districts  d'Altenberg,  de  Marienberg  (comprenant 
Annaberg,  Geyer,  Ehrenfriedersdorf)  et  de  Schwarzenberg 
(Oberwiesenthal,  Scheibenbei^,  Johanngeorgensladt,  Eibenstock, 
Schneeberg,  Vogtsberg,  etc.). 


Miaerait  d'argent 
riches,  galènes, 
blendes  et  pyrites 
de  caiTre  argenti- 
fères   

Mispickcl ,  pyrites 
de  fer  et  de  cuivre. 

BLende  non  argen- 
tifère 

Minerais  de  bis- 
muth, nickel  et 
cobalt 

Wolfram 

Minerai  de  fer  .  . 

Minerai  d'étain .  . 

Barytine 

Fluorine 

Produits  dirert.  . 

Totaux.  . 


DISTRICT  DE 
FREIBERQ 


Tonnes 


24  665 

5  562 
781 


Francs 


5  597  000 
86  700 
18  200 


6  600 
42  000 


5  750  500 


DISTRICT 
D*ALTENBBRG 


Tonnes 


285 


1,232 
42,045 
;264 
50 


Francs 


Tonnes 


2000 


24  600 
40  000 
128  000 
1 14  000 


65  500 


375  000 


DISTRICT  DE 
MARIENBERG 


97 


2,77 


Francs 


42  000 


2  000 


2  000 


46  000 


DISTRICT  DE 

SCBWAaSKNBBaO 


Toones 


12 
322 
180 

286 

5  894 
» 

30 
2  353 


Francs 


50  000 
10  000 
15  400 

705  000 

57  000 

230 

22  600 

1  770 


862  000 


Résuyé 


Tonnes 


24  775 

6  171 

961 


S90 

42,045 

14  158 

50 

5fl 

2  353 


Francs 


5  690  000 
98  700 
33  6O0 


731600 
40  900 
185  000 
114  000 
6  890 
22  6O0 


6  873 


I 


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CHAMP    DE  FILONS   DE  MARIENBERG   (sAXE)  599 

Le  traitement  métallurgique  a  été  décrit,  dans  divers  mémoires, 
par  MM.  A.  Garnot,  Grand,  Gapacci,  etc..  Un  point  intéressant 
est  Texistence  d'une  usine  spéciale  pour  les  produits  arsenicaux 
fournissant  :  1**  arsenic  métallique;  2**  réalgar;  3**  acide  arsé- 
nique. 

On  produit  également  une  certaine  quantité  de  bismuth  et  d'al- 
liage de  plomb  et  d'antimoine  pour  imprimerie. 

En  1878  et  1891,  les  usines  de  Freiberg  ont  fourni  : 


Or 

Argent 

Sulfate  de  cuivre  .... 

Bismuth 

Speiss 

ZlDC 

Plomb  marchand,  antimo- 

nieux,  stanneux,  etc.  • 
Plomb  de  chasse  .... 
Feuilles  de  plomb.  .  .  . 
Tuyaux  de  plomb.  •   .  . 

Acide  sulfurique 

Sulfate  de  fer  et  sulfate  de 

soude  

Produits  arsenicaux.   .  . 


1878 

QUANTITÉ 
EN  KILOGRAUMES 


0,437 

36  708 

i  545  ^39 

1066 

7  375 

320  703 

3  852  954 

111218 

455  180 

685  023 
1  153  229 

806  772 
1  020  244 


VALEUR 
EN  FRANCS 


479  633 

7  150  962 

704  128 

18  699 

5  734 

136  776 

1  58Î  917 

59  778 

200  389 

311  389 

48  545 

661  358 
354  257 


11714  565 


1891 

QUANTITÉS  EN  KILOS 


Giine  : 


0,2864 
34  499,  112 
18  400 

970 
317  000 


4  253  000 


SHfre  :  4  618  000 


461000 


B.   —  MARIENBERG 

Les  environs  de  Marienberg  sont  constitués  par  du  gneiss  gris 
que  recoupent  des  filons  de  grûnstein  et  de  microgranulite. 

L'exploitation  de  ce  champ  fîlonien  date  du  xvi®  siècle  ;  on  y  a 
connu  des  filons  d'étain  ;  en  1870,  les  travaux  étaient  déjà  reS" 
treinls  à  la  partie  N.-O.,  entre  Marienberg  et  Wolkenstein;  la 
mine  n'occupait  alors  qu'une  centaine  de  mineurs  et  produisait 
surtout  des  minerais  d'aiçent  avec  un  peu  de  bismuth,  de  cobalt 
et  de  nickel. 


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Fig.  310.   —  Plan  des  filons  d'Annaberg  (d'après  M.  Michel  Lévy  et  Choulelte). 


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CHAMP   DE  FILONS  d'aNNABERG   (sAXe)  60i 

La  venue  argentifère  parait  là  concentrée  dans  les  réouvertures 
H,  et,  à  leur  voisinage,  dans  les  filons  H^^  ;  elle  se  compose  prin- 
cipalement d'argent  rouge,  sulfuré  et  natif,  quelquefois  de  galène 
riche. 

C.  —  ANNABERG 
Filons  à  remplissage  bary tique  et  fluoré  {V^.^  de  Freibei^g). 

La  ville  d'Annaberg  (fig.  310)  est  située  au  pied  du  Pôhlberg 
et  à  rOuest  de  ce  dôme  basaltique  ;  elle  se  trouve,  elle-même,, 
bâtie  sur  un  escarpement  de  gneiss. 

Les  filons,  jadis  exploités  pour  minerais  d'argent,  d'urane,  de 
cobalt,  nickel,  bismuth  et  cuivre  sont,  en  partie,  abandonnés.  En 
1870,  ils  n'occupaient  déjà  plus  qu'une  soixantaine  de  mineurs. 
En  1891,  les  seuls  travaux  ont  porté  sur  THimmelfahrt  Fund- 
grube,  d'où  10  ouvriers  ont  extrait  26  tonnes  de  minerai  d'argent 
et  3  tonnes  de  bismuth. 

Tous  contiennent,  sans  exception,  les  uns  à  l'état  de  remplissage 
continu,  les  autres  par  places  et  en  colonnes,  une  belle  venue,  carac- 
téristique ici,  de  fluorine  et  barytine  avec  quartz  qui  rappelle  les 
venues  V,  et  V^  de  Freiberg.  On  y  trouve  rarement  les  remplis- 
sages plus  anciens  de  Freiberg  (roche  talqueuse  et  mispickel  T; 
Kiesige  formation  VJ,  ou  les  venues  plus  récentes  (galène  pauvre 
avec  minéraux  de  cobalt,  nickel  et  bismuth  et  dolomie  Y^;  for- 
mation uranifère  et  argentifère  Vg). 

Les  directions  principales  de  fractures  sont  les  suivantes,  les 
deux  directions  H,^  et  Hj.^,  étant,  de  beaucoup,  les  plus  impor- 
tantes : 

Hg^  —  Vj,  V^  /  à  Freiberg^  H,^  est  postérieur  à  Vj,  antérieur  à  V, 

Hjo  ~  V„  V^  j         —        H,o  est  postérieur  à  V„  antérieur  à  V^ 

H7  —  Vj        i  —        H7  est  postérieur  à  Vj,  antérieur  à  Vg 

Hj.^  —  Vg        \  —        Vg  est  concentré  dans  les  réouvertures  Hg 

En  résumé,  les  remplissages  d'Annaberg  présentent,  au  point 
de  vue  de  leurs  directions  et  de  leur  remplissage,  une  grande 
analogie  avec  les  filons  correspondants  de  Freiberg  ;  mais  leur 
importance  relative  est  très  différente  : 


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602  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

A  Annaberg,  on  n'attache  aucune  importance  à  la  Eaesige  for- 
mation Vj,  et  c'est  la  venue  V^-V^  qui  intéresse  seule.  Celle-ci  se 
présente,  pour  ainsi  dire,  avec  un  aspect  particulier  dans  chacun 
des  filons  où  on  Ta  suivie. 

Donnons-en  quelques  types  : 

1"*  Silbermûhle  fl.  H^^.  La  fluorine  y  domine  en  masses  et  gros 
cristaux,  verts,  jaunes,  violets,  etc..  L'association  complète  est 
la  suivante  : 

a.  Rother  Horn  plus  ou  moins  concassé  ; 

b.  Fluorine  de  toutes  couleurs  avec  mouches  de  cuivre  pyriteux, 
transformé  en  cuivre  gris  à  la  périphérie  ; 

c.  Barytine  compacte  à  petites  facettes. 

2**  Getreu  Nachbachschafter  fl.  H^^^.  Ici  le  remplissage  est  nette- 
ment rubané  et  d'un  aspect  poreux  très  caractéristique.  Il  pré- 
sente, en  général,  côte  à  côte,  deux  zones.  Tune  quartzeuse, 
l'autre  bar  y  tique. 

a.  Zone  quartzeuse  : 

a.  Rolher  Horn  ;  quartz  grenu  rougeâtre  en  double  bande  sur 
les  bords  de  la  zone,  avec  filets  d'un  rouge  mat  aux  limites  de 
séparation. 

b.  Ce  même  Rother  Horn  se  trouve,  en  morceaux  cassés,  dans 
un  quartz  cristallisé  vitreux,  qui  forme  le  cœur  de  la  zone  a  et  dont 
les  druses  renferment  certains  minéraux  de  la  zone  ^. 

p.  Zone  barytique  : 

a.  Barytine  blanche  opaque  en  tables  ; 

b.  Dolomie  ferrugineuse  jaune  miel  et  fer  carbonate  en  mouches 
cristallisées  soulevant  les  tables  brisées  de  la  barytine  et  se  mélan- 
geant intimement  avec  une  fluorine  verdâtre  et  des  mouches  de 
cuivre  gris  et  pyriteux. 

Quant  à  la  venue  argentifère  Yg,  elle  consiste  principalement,  à 
Annaberg,  en  argent  rouge,  sulfuré  et  natif;  on  l'a  trouvée,  dans  les 
filons  Ho.j,  Hj,  H,o,  à  leurs  croisements  avec  certaines  failles  H,^  : 
ainsi  le  Leipsiger  St.,  à  son  intersection  avec  l'Elisabeth  m^,  a 
contenu,  sur  20  mètres  de  long  et  15  mètres  de  hauteur,  des  mine- 
rais argentifères  pour  une  valeur  de  60  000  francs. 


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CHAMP  DE  FILONS  DE  SGHNEEBERG   (sAXe)  603 


D.  —  SGHNEEBERG* 

Remplissage  sulfuré  jeune,  principalement  cobaltifère, 
(Fj  de  Freiberg.) 

Le  district  de  Scbneebei^  est  situé  au  milieu  de  FErzgebirge, 
sur  le  versant  Nord  de  cette  chaîne  de  montagnes;  il  comprend 
des  mines  considérables  de  cobalt,  concentrées  toutes  au  voisinage 
de  Schneebei^  ;  les  filons  qu'elles  exploitent  appartiennent  eux- 
mêmes  à  un  champ  de  cassures  plus  vaste,  s'étendant  jusqu'à 
Schwarzemberg,  au  Sud-Est  et  jusqu'à  Eibenstock,  au  Sud-Ouest. 

L'exploitation  des  mines  de  cobalt  à  Schneeberg,  après  s'être 
ralentie  au  commencement  du  siècle,  avait  repris,  en  1870,  une 
certaine  activité  ;  les  mines  principales  s'échelonnaient  alors, 
au  Sud-Ouest  de  Schneeberg,  dans  Tordre  suivant  :  mines  Weisser 
Hirsch,  Gesellschafter  Zug,  Sieben  Schleen,  Adam  Heber  et 
Wolfgang  Maasen.  Le  nombre  des  ouvriers  occupés  était  alors  de 
900  ;  la  production,  en  1870,  était  de  : 

212  tonnes  de  minerais  de  cobalt,  valeur.   .  258  000  francs. 

0 1. 166  d'argent  métallique  —  .   .      33  700      — 

8  t.  300  de  nickel  métallique  —  .  • .       37  500      — 

14  tonnes  de  bismuth  métallique      —  .   .  367  000      — 

696  200  francs. 

En  1891,  les  seules  exploitations  notables  du  district  ont  porté 
sur  le  Schneeberger  kobaltfeld  de  Neustàdtel  (600  ouvriers),  où 
Ton  a  extrait  :  12  tonnes  de  minerais  d'argent  valant  50000  francs 
et  266  tonnes  de  minerais  de  cobalt,  nickel  et  bismuth  représen- 
tant une  valeur  totale  de  647  000  francs.  En  1888,  la  valeur  créée 
correspondante  était  de  788  000  francs  ;  en  1889,  de  590  760  francs. 

Les  filons  de  Schneeberg  sont  situés  au  milieu  des  micaschistes 
el  des  schistes  argileux  qui  forment  la  frontière  Ouest  du  massif 
de  gneiss  de  la  Saxe,  dans  une  portion  de  ces  micaschistes  com- 
prise entre  les  granulites  d'Oberschlema  et  d'Eibenstock,  dont  les 
travaux  ont  montré  la  jonction  en  profondeur.  Ces  granulites  ont 

*  Voir  page  82. 


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604  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

exercé,  sur  les  schistes,  un  métamorphisme  notable.  Ceux-ci  sont, 
en  outre,  recoupés  par  des  grûnsteins  et  des  kersantons. 
Les  filons  métallifères  comprennent  les  groupes  suivants  : 

i^  Q.  .  .  Quartz  ancien  et  mica; 

2<>  S,  .  .  Venue  sulfurée  ancienne  V,  ; 

3<*  F,  .  .  Venue  ferrugineuse  V,  ; 

4*'  B.  .  .  Venue  barylique  V^  ; 

5<»  S,  .  .  Venue  arsenio-sulfurée  jeune  Vg  ; 

6<>  C.  .  .  Venue  de  dolomie  et  calcite  V,  ; 

7»  A.  .  .  Venue  argentifère  V,  ; 

Les  filons  antérieurs  à  la  venue  S,  présentent  deux  directions. 
Tune  généralement  stérile  H„  l'autre,  au  contraire,  importante,  H, 
(filons  K^nig  David,  Saint-Michael,  Roland,  etc.). 

Si  nous  laissons  de  côté  quelques  directions  sans  intérêt,  les 
filons  récents  forment  un  groupe  entre  H^  et  H,^^.  Contrairement 
à  ce  qui  se  passe  à  Freiberg,  ce  sont  eux  qui  dominent  ici. 

La  venue  arsenio-sulfurée  S„  qui  présente  ces  directions,  com- 
prend l'association  suivante  : 

l""  Quartz  cristallin  translucide,  à  cassure  saccharoïde,  tout  à 
fait  caractéristique  (zuckerquartz  des  Allemands)  ; 

2®  Arsenio-sulfures  de  cobalt  et  de  nickel  en  veinules  ou  en 
grains  mêlés  au  quartz  cristallin  ; 

3"*  Bismuth  natif  en  feuilles,  ou  en  baguettes,  accompagné,  à 
l'occasion,  d'un  quartz  bleuâtre  ou  noirâtre  ; 

4"*  Galène,  apparaissant  parfois  seule  dans  les  régions  stériles 
des  filons  de  cobalt  ;  blende  jaunâtre  ; 

5^  Minéraux  autimonifères. 

On  rencontre,  à  l'occasion,  dans  des  filons  E^tBI  Hj^^,  cette  venue 
cobaltifëre  S,  recoupant  nettement  une  première  formation  métal- 
lifère S„  rattachée  à  la  Kiesige  Formation  de  Freiberg. 

Si  Ton  se  borne  à  la  venue  S,  cobaltifère  elle-même,  ses  carac- 
tères sont  remarquablement  constants. 

M.  Michel  Lévy  a  fait  ressortir  quelques  rapprochements  entre 
ce  champ  de  filons  et  celui  de  Freiberg,  très  distinct  au  premier 
abord.  La  même  série  de  venues  s'y  retrouve  ;  mais  leur  impor- 
tance est  loin  d'être  la  même  : 

l'^  La  première  venue  de  quartz  et  sulfures  S^  existe  également. 


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CHAMP   D£  FILONS   DE  JOACHIMSTHAL  (bOHÉMe)  605 

dans  les  deux  cas,  en  filons  H,  et  H3  ;  mais,  à  Freiberg,  les  sul- 
fures dominent  et  sont  exploités;  à  Schneeberg,  le  quartz  stérile 
constitue  la  masse  ; 

2^  La  venue  barytique  B^  de  Freiberg  et  Marienbei^  est  peu 
importante  ;  à  Schneeberg,  au  contraire,  la  venue  ferrugineuse  Fj 
prend,  près  d'Eibenstock,  un  développement  exceptionnel  ; 

3®  Les  venues  barytique  B,  et  fluorée  R,,  abondantes  à  Freiberg, 
sont  assez  rares  à  Schneeberg  ;  en  revanche,  les  minerais  de  cobalt 
se  développent  en  ce  dernier  centre  ; 

4""  Les  venues  de  calcite  et  d'argent  sont,  à  peu  près,  les  mêmes 
dans  les  deux  cas. 

Au  point  de  vue  de  Vinfluence  des  roches  encaissantes^  on  peut 
remarquer  les  faits  suivants  : 

Les  filons  anciens  sont  exclusivement  quartzeux  et  argileux 
dans  les  schistes  argileux;  ils  se  chargent  de  quartz  et  galène  dans 
les  micaschistes  et,  à  l'occasion,  de  cuivre  dans  les  granités 
(mine  Kônig  David). 

Les  filons  d'hématite  rouge  F^  sont  exclusivement  riches  dans 
le  granité  et  deviennent  stériles  dans  le  schiste  ^ 

Quant  au  cobalt,  on  ne  voit  pas  que  la  traversée  des  grtinsteins 
ni  de  toute  autre  roche  ait  une  influence.  La  venue  cobaltifère, 
importante  à  Schneeberg,  disparait  à  une  certaine  distance, 
quoiqu'on  reste  dans  les  mêmes  couches. 

Au  passage  des  schistes  dans  le  granité,  il  se  produit  quelques 
faits  à  noter.  La  veine  Adam  Heber  fl.  contient  de  l'hématite  et 
peu  de  cobalt,  dans  le  granité  ;  dans  les  schistes  voisins,  elle 
s'est  rouverte  pour  laisser  apparaître  la  venue  cobaltifère  dont  le 
quartz  accompagnant  a  seul  pénétré  dans  la  portion  granitique. 

E.  —  JOACHIMSTHAL 
Remplissage  argentifère  récent  y  avec  pechblende.  (Fg  de  Freiberg.) 

Joachimsthal  est  situé  dans  la  Bohême  allemande,  à  16  kilo- 
mètres au  Nord  de  Carlsbad,  sur  le  versant  Sud  et  à  peu  près  au 

*  Un  de  ces  ûlons  est  i*ejeté  par  un  dyke  de  basalte. 


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606 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


milieu  de  la  chaîne  de  TErzgebirge,  à  4  kilomètres  de  la  ligne 
de  faite  du  massif. 

Les  premiers  travaux  remontent  au  xif  siècle  ;  ils  ont  été,  au 
début,  assez  faciles,  les  affleurements  des  fiions  se  trouvant  sur 
une  colline  d'environ  400  mètres  de  hauteur,  qui  domine  la  vallée 
de  Joachimsthal,  en  sorte  que  l'extraction  et  l'épuisement  deve- 
naient très  simples. 

Lies  mines  les  plus  importantes  (districts  Einigkeit  et  Elias) 


s> 

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W.-rrmi 

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Echelle 

de  ©"oioé  pour  looo  lortres 

•                                       t—o                                   aooo                                     9Mtr 

,1 

Fig.  311.  —  Plan  des  mines  de  Joachimslhal  (d*après  MM.  Michel  Lévy  et  Ghoulette). 

i.  QjarU  ancien.  »  3,  Tenue  ferrugineuse.  >-3.  Venue  sulfurée.  >-  4.  Venue  de  TuraBe. 

5.  Venue  argentifère. 

appartiennent  à  l'Etat.  Une  petite  société  privée   exploite  aux 
environs,  à  Dûrnberg,  une  mine  d'Urane*. 
L'ensemble  produisait,  en  1866  : 


kg  Pb  Ou  Ni  Bis  T 

0,254  t.      49  t.      12  t.      2,500  t.      4,800  t.      0,022  t. 


U«0*  Cob 

3,640  t.      0,448  t. 


*  Voir  page  181, 


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CHAMP  DE  FILONS   DE  J0ACHIM8THAL   (bOHÊMe)  607 

Actuellement  la  production  représente  environ  40  000  francs 
d'argent  et  4  à  5  000  kilogrammes  de  sels  d'urane  par  an. 

Les  filons  de  Joachimsthal  sont  situés  dans  les  micaschistes  qui 
enveloppent  le  grand  massif  de  gneiss  de  la  Saxe.  Ces  micaschistes 
renferment,  à  la  mine  Einigkeit,  un  banc  de  cipolin.  On  y  trouve, 
en  outre,  des  intercalations  d'amphibolite  avec  magnétite,  et  des 
niveaux  à  scapolite.  Les  roches  éruptives  sont  représentées  par 
trois  dykes  de  grunstein  amphibolique,  des  porphyres,  des  basaltes 
et  des  phonolithes. 

Les  Qlons  métallifères  offrent,  à  la  fois,  les  caractères  des  filons 
de  cobalt,  nickel  et  bismuth  de  Schneeberg  et  ceux  des  filons 
d'argent  de  la  Saxe;  ils  contiennent,  de  plus,  en  proportion 
assez  notable,  un  minéral  assez  rare  ailleurs,  la  pechblende. 

Parmi  les  filons  exploités,  nous  citerons  : 

L'Hildebrand  Gang  ayant  donné,  de  1882  à  1889,  200  tonnes 
de  minerai  contenant  1  300  kilogrammes  d'argent,  5  592  kilo- 
grammes d'oxyde  d'urane,  540  de  bismuth  et  1  484  d'arsenic,  pour 
une  valeur  totale  de  460  000  francs  ; 

Le  Geister  Gang,  exploité  jusqu'à  407  mètres  de  profondeur  ; 

Le  Widersinniger  Gang,  où  Ton  a  trouvé,  dans  ces  derniers 
temps,  des  minerais  très  riches,  le  mètre  carré  de  surface  de  filon 
représentant,  en  1889,  plus  de  600  francs  ; 

En  ce  qui  concerne  les  directions,  le  champ  est  loin  de  présenter 
la  complication  de  ceux  de  Freiberg  ;  il  est  possible  que  la  cons- 
tance d'allure  des  schistes  encaissants  y  soit  pour  quelque  chose. 
Les  phénomènes  de  réouverture  s'y  présentent  avec  une  netteté 
toute  particulière  et  ne  sont  pas  sans  introduire  quelque  difficulté 
dans  l'appréciation  de  l'ordre  des  remplissages. 

Le  remplissage  est  essentiellement  argileux  et  constitué  par 
des  débris  des  schistes  encaissants,  au  milieu  desquels  les  minerais 
sont  très  irrégulièrement  répartis,  sans  jamais  former  de  filons 
rubanés.  On  distingue  les  venues  suivantes  : 

Vj  quartz  ancien  laiteux,  en  masses  dans  les  micaschistes,  rare 
dans  les  filons  dont  il  annonce  l'appauvrissement  ; 

V,  quartz  ferrugineux,  ou  rother  horn,  constituant  le  premier 
remplissage  des  fractures  et  apparaissant  souvent  en  débris  dans 
les  remplissages  suivants; 


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608  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

V,.  Venue  de  cobalt,  nickel  et  bismuth  avec  gangue  de  quartz 
cristallin  saccbaroïde  ;  le  bismuth  natif  domine  avec  la  smaltine  ; 
on  trouve,  en  outre,  de  la  nickeline  et  de  la  pyrite.  Les  veines, 
réparties  dans  l'argile,  sont  minces  (jamais  plus  de  quelques  cen- 
timètres) et  irrégulières; 

V7.  La  venue  de  Turane  (pechblende),  très  particulière  à  Joa- 
chimsthal,  a  rempli  surtout  la  veine  Francisci  H,  (mine  Dûrnberg), 
où  la  pechblende  se  trouve  dans  l'argile  en  veines  de  plusieurs 
centimètres.  En  dehors  de  la  pyrite  et  de  la  galène,  elle  a,  pour 
satellite  caractéristique  et  constant,  la  calcite  rouge  qui,  de  son 
côté,  n'est  pas  toujours  accompagnée  d'urane.  C'est  la  seule  for- 
mation deJoachimsthal  qui  soit  concrétionnée.  Elle  recoupe  nette- 
ment le  cobalt  V,; 

Vg.  La  venue  d'argent  est  importante.  Les  minerais  d'argent, 
argent  natif,  argentite,  pyrargyrite  sont  surtout  à  l'état  d'impré- 
gnation, rarement  en  veinules.  On  les  rencontre  souvent  en 
masses  noirâtres,  poreuses  (silherschwàrze)  contenant  de  petits 
cristaux  et  affectant  une  disposition  en  colonnes  isolées,  déjà 
remarquable  pour  l'argent  à  Freiberg. 

En  résumé,  les  minerais  utilisés  sont  des  minerais  d'argent,  de 
cobalt   et  de  nickel,  de    bismuth   et   d'urane. 

M.  Seifert  'a  retrouvé,  en  analysant  les  roches  au  voisinage  : 
dans  les  micaschistes,  du  cuivre,  du  nickel  et  du  cobalt;  dans  les 
schistes  à  scapolite,  de  l'urane  ;  dans  les  porphyres,  du  cuivre  et 
du  plomb;  les  calcaires,  au  contraire,  ne  renferment  aucune  ti*ace 
de  métaux. 

Cependant  le  cipolin,  compris  dans  les  micaschistes,  a  produit,  à 
son  voisinage,  un  enrichissement  notable  en  argent.  Cette  affinité 
de  l'aident  pour  la  chaux  semble,  comme  nous  l'avons  déjà  fait 
remarquer,  se  manifester  assez  fréquemment. 

Enfin,  comme  réouverture  postérieure  à  l'argent,  il  y  a  lieu  de 
signaler  des  glissements  qui  paraissent  en  relation  avec  les  sources 
thermales  des  environs  (Carlsbad,  Teplitz);  en  approfondissant 
au-dessous  du  douzième  étage,  540  mètres,  le  puits  Einigkeit,  foncé 
dans  le  filon  Geschieber  à  plongement  vertical,  on  a  rencontré,  au 
sein  de  cette  veine,  une  source  thermale  qui  s'est  élevée  de 
200  mètres  dans  le  puits  en  inondant  tous  les  travaux  du  dou- 


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CHAMPS  DB  FILONS   DE  LA  SAXE  609 

zième  étage  ;  ce  n'est  qu'au  bout  de  deux  ans  d'épuisement  qu'on 
est  parvenu  à  s'en  rendre  maître. 


Bibliographie. 

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1802.  d'Aubuisson  db  Voisin.  —  Mines  de  Freiberg. 

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1838.  V.  Herder.  —  Der  Meissner  Erbstollen. 

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18U,  p.  4,  63, 125.) 

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Z.,  1851,  p.  353.) 

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1. 1,  p.  101.) 

VoGBLGBSANC.  —  Die  Erzlagerstâttcn  sûdôst  von  Freiberg.  {Gangslu- 
dien,  t.  II,  p.  10.) 

1855.  V.  Beost.  —  Uber  ein  Gesetz  der  Erzverlbeilung  auf  den  Freiberger 
Gângen. 

1856.  V.  Beust.  —  Die  Erzgangziige  im  Sachs.  Erzgebirge. 

1856.  VoGL.  —  Gangverhâltnisse  und  minerai  Reichthum  Joachimsthals. 

1857.  MÛLLER.  —  District  métallifère  de  Schneeberg.  (Gangstudien.) 

1856.  VON  COTTA,  —  Minéraux  des  ûlons   de   Freiberg.    (Ann.  d.  M.,  5®, 
t.  XVIII,  p.  649.) 
1859.  VON  CoTTA.  —  Uber  die  Ërzfûhrung  der  Freiberger  Gange. 
1859.  VON  CoTTA.  —  DieErzzonen  im  Sachsigen  Erzgebirge.  (B.  m.  U,  Z.) 
1863.  MÛLLER.  —  (Berg.  und  Hût.  Zeit.,  1^  juillet  1863.) 

Geinitz.  —  Bassins  houiUers  de  la  Saxe. 
1866.  Garte  de  Freiberg  par  Weinhold,  complétée  par  Mûller. 

Oppe.  —  Gangstudien. 
1869.  Jahrb.  f.  d.  B.  u.  H.  M.  (Statistique de  Freiberg.) 

1869.  FoRSTER.  —  District  d*Himmelfûrst. 

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1870.  Frazer.  Freiberg  smelting  process. 

1873.  V.  Deghen.  —  Die  nutzb.  Miner,  im  deutsch.  Reich.,  p.  652. 

187  .  Wappler.  —  Technische  Fortschrilte  und  Verbesserungen  beim  Frei- 
berger Bergbau. 

1875.  Grand.  —  Sur  le  traitement  métallurgique  des  minerais  à  Freiberg. 
(Ann.  d.  M.) 

géologie.  —  T.  II.  39 


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610  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

1876,  Laube.  —  Géologie  des  Bohmischen  Erzgebirges  (Prague),  l'»  partie. 

Nedbbrt.  —  Beilrage  zur  Ceschichte  der  Grube  Himmelfûrst. 

Neubbrt.  —Gang  Verhâltnisse  bei  Himmelfûrst  Fundgrube. 
1879.  Groddeck,  p.  294. 

1883.  d'Achiardi.  —  I  minerali,  L  p.  173. 

1884.  Fontaine.  —  Journal  de  voyage  manuscrit  à  l'École  des  Mines. 

1884.  Babaneck.  —  Erzfûhrung  der  Joachimsthales  Gange.  (GEst.  Zeit.) 

1885.  Sandbkrger.  —  Untersuchungen  ûber  Erzgànge.  Wiesbaden. 

1885.  Capacci.  —  Mines  de  Freiberg.  (Cuyper,  t.  IX,  p.  229.)  (Avec  plan  et 
coupe  des  mines  d'Himmelfurst.) 

Geognostische  Ubersichlkarte  der  Umgebung  von  Freiberg. 

1887.  Laube.  —  Géologie  des  bohmischen  Erzgebirges.  2«  partie. 

1889.  Babaneck.  —  Die  uranhâltigen  Skapolit  Glimmerschiefer,  von  Joachims- 
thaï.  (CEst.  Zeit.  1889.) 

1889.  Davies,  p.  85. 

*  1891 .  V.  Friese  et  Gôbl.  —  Geol.  bergm.  Karte  nebst  Bildern  von  den  Erz- 
gângen  in  Joachimstbal  (Wien).  1  vol.  avec  planches,  contenant  une  biblio- 
graphie antérieure. 

*  1892.  Jahrbuch  fur  das  Berg  ûnd  Hûttenwesen  im  Kônigreich  Sachsen 
(Freiberg).  Voir  la  collection  complète  de  cette  publication  annuelle. 


r  GISEMENTS  DE  PLOMB  DANS  LES  CALCAIRES 
AVEC  PHÉNOMÈNES  DE  SUBSTITUTION 

Lorsque  les  eaux  métallifères,  au  lieu  de  circuler  dans  des 
fentes  aux  parois  inattaquables,  sont  arrivées  dans  des  calcaires, 
elles  les  ont,  en  général,  imprégnées  et  progressivement  dissoutes 
en  substituant  de  la  galène  à  la  calcite.  Tantôt  il  s'est  formé  ainsi 
un  calcaire  à  mouches  de  galène  comme  celui  de  Sala  (Suède)  * , 
comparable  aux  calcaires  blendeux  de  Malfidano;  tantôt  des 
couches  plus  continues  de  galène,  comme  celles  du  Laurium  et  de 
divers  gisements  américains,  ou  des  amas  lenticulaires  analogues 
à  ceux  de  calamine.  C'est  le  cas  des  gisements  européens  du  Der- 
byshire  dans  le  carbonifère,  de  Littai  (Styrie)  et  de  la  région  alpestre 
dans  le  trias  ;  c'est  ce  qui  est  arrivé  également  pour  de  très  impor- 
tants gîtes  américains,  probablement  d'âge  tertiaire,  mais  con- 
centrés :  ceux  du  Haut-Mississipi,  dans  Tinfrasilurien  ;  du  Wis- 

*  Il.est  souvent  difflcile  de  distinguer,  en  pratique,  ces  imprégnations  postérieures  de 
celles  qui  lésuUent  d'une  précipiialion  contemporaine  du  dépôt  (comme  en  Silésie). 
A  Sala,  pirticulièrement;  le  mode  de  formation  est  très  discutable. 


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GÎTE   DE  PLOMB   ARGENTIFÈRE  DE   SALA   (sUÉDE)  6ii 

consin  et  d'Eureka,  dans  le  silurien  ;  d'Emma  Mine  et  de  Leadville^ 
dans  le  carbonifère. 

Souvent  cette  galène,  au  milieu  de  roches  aussi  perméables 
aux  eaux  superficielles  que  les  calcaires,  a  été  postérieurement 
transformée  en  carbonate  jusqu'à  une  profondeur  assez  grande, 
dans  des  conditions  que  nous  avons  déjà  étudiées  à  propos 
du  zinc  :  ainsi  à  Leadville,  Eurêka,  etc.  La  pyrite,  qui  accompa- 
gnait la  galène  et  s'est  changée  alors  en  oxyde  de  fer,  a  pu  ainsi 
produire  simultanément  ,  dans  quelques  gisements  des  Etats- 
Unis,  du  Mexique,  etc.,  une  concentration  aurifère  dans  des  ocres 
ou  des  hématites  associées  aux  carbonates. 

Enfin,  il  est  arrivé  quelquefois,  dans  les  calcaires,  que  des 
grottes,  comme  il  s'en  forme  encore  si  souvent  aujourd'hui,  ont 
préexisté  à  la  venue  métallifère  et  ont  été  remplies  par  elle.  Pour 
le  zinc,  nous  avons  déjà  signalé  la  possibilité  de  ce  genre  de 
phénomènes  ;  pour  le  plomb,  nous  en  trouverons  des  exemples  à 
Raibl,  en  Garinthie  et,  d'après  M.  Lecornu,  dans  le  Derbyshire. 


GITE  DE  PLOMB  ARGENTIFÈRE  DE  SALA  (suède)  ' 

Les  mines  de  plomb  argentifère  de  Sala  sont  situées  au  Nord 
de  Stockholm,  sur  la  ligne  de  Stockholm  à  Fahlun,  entre  Upsala 
et  Norberg. 

Leur  exploitation  remonte  au  vi**  siècle  et  a  eu  surtout  une 
grande  activité,  il  y  a  deux  cents  ans.  La  mine,  qui  appartenait  à 
l'Etat,  vient  d'être  revendue,  par  deux  fois,  dans  ces  dernières  an- 
nées et  est  actuellement  en  réorganisation.  On  estime  sa  produc- 
tion à  environ  2  400  tonnes  de  plomb,  tenant  jusqu'à  700  grammes 
d'argent  aux  100  kilogrammes,  c'est-à-dire  très  riche  en  argent. 

Le  gisement  se  compose  d'amas  de  galène  argentifère  intercalés, 
probablement  par  substitution,  au  milieu  d'une  lentille  de  cal- 
caire dolomitique  rapportée  au  terrain  primitif,  avec  enrichisse- 
ment le  long  de  certains  filons  de  skolar  *. 

<  Notes  de  voyage  de  Tauteur  en  1890. 

'  Cet  enrichissement  résulte,  peut-être,  d*dctions  analogues  à  celles  que  nous  étudie- 
rons pour  les  fahlbandes  de  Kougsberg. 


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612  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

La  région  comprend  :  à  FOuest  et  au  Nord,  des  gneiss  amphibo- 
liques  contenant  un  peu  d'oxyde  de  fer,  qui  parfois  est  exploité  ; 
à  TEst,  des  schistes  talqueux  limités  par  du  granité  ;  entre  ces  deux 
formations,  une  lentille  calcaire,  dirigée  du  S.-S.-O.  au  N.-N.-E.,  de 
10  kilomètres  de  long  et  d^une  épaisseur  maxima  de  3  600  mètres. 

Ce  calcaire  se  présente  avec  des  alternances  de  couches  grenues 
et  saccharoïdes  contenant  des  minerais  et  des  couches  lamelleuses 
stériles.  Le  calcaire  grenu  métallifère  est  riche  en  magnésie  ^  on 
y  trouve  des  feuillets  micacés,  qui  ressemblent  à  des  alternances 
(très  irrégulières)  de  micaschiste,  du  talc,  de  Tamphibole  et  de  la 
serpentine. 

A  travers  le  massif  calcaire,  il  existe,  en  dehors  des  minerais 
(dont  nous  parlerons  en  dernier  lieu),  un  certain  nombre  de  filons 
de  natures  diverses. 

Ce  sont,  tout  d'abord,  des  veines  dites  skàl  ou  skàlar^  qui  se  pré- 
sentent comme  des  remplissages  de  failles,  sous  forme  d'une 
brèche  à  aspect  assez  récent,  à  éléments  empruntés  aux  épontes, 
souvent  très  gros  (près  d'un  mètre  de  diamètre),  ressoudés  par  du 
talc  et  de  la  calcite  (breccia).  Le  principal  de  ces  filons  de  skol  est 
le  skôl  de  Storgrufvan,  d'où  se  détachent?  skol  secondaires  à  l'Est 
et  5  à  l'Ouest.  Son  épaisseur,  de  4  à  20  mètres  à  l'affleurement, 
descend  jusqu'à  1  mètre  en  profondeur.  En  dehors  du  talc  vert 
grisâtre,  qui  forme  le  remplissage  principal,  on  trouve,  dans  les 
skol,  quartz,  calcite,  diopside  (malakolite),  galène,  blende,  pyrite 
et  mispickel,  en  sorte  qu'on  les  a  comparés  aux  falhbandes  de 
Kongsbei^. 

En  outre,  il  existe  quelques  filons  de  diabasCj  dirigés  de  TE.-N.-E. 
à  rO.-S.-O.,  ayant  de  0*^,50  à  0",70  d'épaisseur,  filons  antérieurs 
aux  skol,  qui  les  recoupent,  souvent  avec  un  rejet  très  prononcé. 

Les  mineraiSy  dont  le  principal  est  la  galène  argentifère,  forment, 
non  des  filons,  mais  des  lentilles  d'imprégnation  à  contours  mal 
définis  et  dont  Tépaisseur  varie  de  quelques  centimètres  à  plu- 
sieurs mètres.  Ils  sont  concentrés,  dans  l'épaisseur  d'une  couche 
calcaire,  entre  deux  plans  verticaux,  en  sorte  que  l'aspect  d'une 


*  Nous  avons  déjà  fait  remarquer  à  diverses  reprises  la  richesse  spéciale  en  mine- 
rais de  zinc  et  plomb  des  calcaires  magnésiens.  (Voir  p.  372  et  454.) 


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GÎTE   DE  PLOMB  ARGENTIFÈRE   DE   SALA    (sUÉDe)  613 

coupe  en  travers  et  souvent  celui  des  excavations  de  la  mine  res- 
semblent à  un  filon.  Au  voisinage,  le  calcaire  est  généralement 
disloqué,  affecte  l'apparence  d'une  brèche,  calcaire  à  ciment  de 
galène.  Quelques  veines  de  calcite  accompagnent  le  minerai. 

On  a  remarqué  que  la  bande  de  minerai  suivait,  à  peu  près,  le 
filon  de  skôl  de  Storgruvan.  Elle  se  trouve  d'abord  à  son  toit  et  à 
rOuest,  puis  le  rencontre  à  160  mètres  et  passe  au  mur.  La  partie 
la  plus  riche  est  comprise  entre  150  et  200  mètres,  c'est-à-dire 
près  de  Tintersection  avec  le  skôl;  la  zone  exploitée  y  atteint  50  à 
60  mètres  de  large. 

Le  minerai  entre  pour  environ  25  p.  100  dans  le  tout  venant. 
Il  contient  de  3  à  4  p.  100  de  plomb,  sous  forme  de  galène  —  ce 
plomb,  à  son  tour,  renfermant  0,70  p.  100  d'argent.  —  On  y  trouve, 
en  outre,  de  la  pyrite  de  fer,  de  la  blende,  dont  la  proportion  tend  à 
augmenter  vers  TOuest,  de  la  magnétite,  du  mispickel,  du  sulfure 
d'antimoine,  très  rarement  de  la  pyrite  de  cuivre. 

On  a  pu  constater  la  présence,  outre  l'argent  combiné,  d'un  peu 
de  minerai  d'argent  proprement  dit,  à  l'état,  soit  d'argent  natif,  soit 
de  sulfure  ou  d'antimoniure.  En  traitant,  en  effet,  ce  minerai  par  le 
procédé  Russel,  au  moyen  d'une  dissolution  d'hyposulfite  de  soude 
et  de  sulfate  de  cuivre  pendant  deux  heures,  on  dissout  une  assez 
forte  proportion  d'argent,  alors  que  l'argent  combiné  ne  serait  pas 
attaqué.  La  dissolution  contient  l'argent  à  l'état  d'hyposulfite 
double  d'argent  et  de  soude,  qu'on  précipite  par  le  sulfure  de 
sodium  et  qu'on  isole  en  le  comprimant  entre  une  série  de  feutres. 
Cette  opération,  qui  donne  du  sulfure  d'argent  avec  un  peu  d'or  et 
de  mercure,  démontre  également  la  présence  de  ces  deux  derniers 
métaux  dans  le  minerai. 

On  remarque  à  Sala  que,  contrairement  à  une  opinion  générale- 
ment admise,  la  proportion  d'argent  n'est  pas  plus  forte  dans  la 
galène  à  petits  qu'à  gros  éléments. 

La  géogénie  de  ce  gisement  est  assez  difficile  à  concevoir.  Aussi 
a-t-il  été  décrit  de  bien  des  façons  différentes  :  par  Hausmann, 
comme  une  couche  ;  par  M.  Daubrée,  comme  un  filon  ;  par  Hisin- 
ger,  comme  une  imprégnation  de  calcaire  en  relations  avec  les  filons 
de  skôl.  On  a  soutenu  également  que  le  minerai  y  était  arrivé, 
non  pas  à  l'état  d'eau  thermale,  mais  en  vapeur. 


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614  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Il  nous  semble  qu'il  faut  voir  là,  avec  Hisinger,  une  imprégnation 
du  calcaire  par  des  eaux  ayant  suivi  une  direction  générale  de 
cassure,  ayant  pénétré  dans  le  calcaire  grenu  en  profitant  de  sa 
porosité  et  ayant  substitué  la  galène  à  la  calcite  par  réaction  chi- 
mique. Il  est,  d'ailleurs,  possible  que  les  filons  de  skôl,  où  Ton  a 
constaté  parfois  la  présence  d'un  peu  de  galène  (peut-être  secon- 
daire) aient  joué  une  action  enrichissante  analogue  à  celle  cons- 
tatée à  Kongsberg. 

Quant  à  apprécier  l'âge  de  ces  venues  de  plomb  argentifère,  nous 
n'en  avons  aucun  moyen.  Tout  ce  que  nous  pouvons  dire,  c'est 
qu'elles  sont  postérieures  aux  diabases,  comme  les  filons  d'argent 
de  Kongsberg  aux  orthophyres. 

Métallurgie.  —  Après  préparation  mécanique  très  complète  et 
grillage,  le  minerai  est  fondu  au  four  à  cuve  avec  addition  d'un 
peu  de  minerai  plombifère  étranger,  plus  riche  en  plomb  et  en 
minerai  de  fer;  puis  le  plomb  d'œuvre  passe  à  la  coupellation. 


Bibliographie, 

1816.  Haussmann.  —  Reise  durch  Skandinavien,  t.  IV,  p.  268' 

1826.  Hisinger.  — Minerai  Geogr.  SchwedeQs. 

1846.  Daubrée,  —  Gisements  de  Scandinavie. 

1855.  DuROCHER.  —  {Ann,  d,  Jtf.,  4«  série,  l.  XV.) 

1861.  CoTTA,  p.  528. 

Weterdal.  —  Description  des  gites  de  Sala. 

1886.  Chapuy.  —  Journal  de  voyage  manuscrit  à  TÉcole  des  Mines. 

1890.  Weiss  et  Leproux.  —  Journal  de  voyage  à  TEcole  des  Mines. 

1890.  L.  DE  Launay.  —  Notes  de  voyage  inédites. 


GITES  DE  PLOMB  DU  DERBYSHIRE 
ET  DU  GUMBERLAND 

Les  gisements  de  galène  du  Derbyshire  et  du  Flintshire,  formés 
d'un  réseau  de  fissures  dans  le  calcaire  carbonifère,  ont  été  Tobjet 
d'une  exploitation  active;  ils  doivent  encore,  aux  descriptions  que 
leur  ont  consacrées  de  la  Bêche,  Dufrénoy  etElie  de  Beaumontet, 


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GÎTES   DE   PLOMB   DU   DERBYSHIRE   ET   DU   CUMBERLAND     615 

plus  récemment,  M.  Lecornu,  un  réel  intérêt  théorique '.Mais  les 
mines,  qui  se  sont  rapidement  appauvries  en  profondeur  et  ont  été, 
en  outre,  envahies  par  les  eaux,  ne  produisent  plus  que  fort  peu  de 
minerai  :  2  200  tonnes  de  galène  en  Derbyshire,  et  à  peu  près 
autant  en  Flintshire. 

Le  calcaire  carbonifère  forme,  dans  le  Derbyshire,  un  mamelon 
central,  autour  duquel  s*échelonnent  et  se  superposent  des  terrains 
de  plus  en  plus  récents  :  millstone  grit,  puis  terrain  houiller. 

Ce  calcaire  carbonifère,  composé,  à  sa  partie  supérieure,  de 
couches  marneuses  minces,  plus  bas,  de  bancs  compacts,  com- 


Fig.  312.  —  Coupe  théorique  des  gîtes  de  plomb  du  Derbyshire, 

d*après  M.  Lecornu. 

a,  a\  a* ,  bancs  de  calcaire  ;  6,  toadstoae  ;  c,  e\  e'\  pipes  ;  n.  n\  serins  ;  o,  o*  o'*,  rakes. 

prend  des  intercalations  très  particulières  d'une  roche  à  cristaux 
d'augite,  plagioclase,  fer  oxydulé,  souvent  d'olivine  et  d'apatite, 
roche  parfois  compacte  comme  un  basalte,  ailleurs  amygdaloïde 
ou  scoriacée,  que  Ton  appelle  toadstone  et  qui  passe  parfois  à  de  véri- 
tables cinérites.  Les  toadstones,  d'une  épaisseur  très  inégale  (de 
3  à  33  mètres)  et  très  inhomogènes,  jouent  un  rôle  important  au 
point  de  vue  métallifère;  car  les  filons  s'y  rétrécissent  et  y 
deviennent  stériles.  Il  semble  qu'ils  se  soient  produits  à  diverses 
époques  :  les  uns,  pendant  le  dépôt  même  du  calcaire,  comme 
parait  le  prouver,  d'après  de  la  Bêche,  l'existence  de  fragments  de 
toadstones  dans  les  calcaires  surperposés  ;  le  plus  grand  nombre 
postérieurement  au  carbonifère  et  à  Tétat  d'intrusions,  comme 
l'indique  Texistence,  à  Kniviton,  de  toadstone  au  milieu  du 
Yoredale  grit  (base  du  millstone  grit),  comme  le  ferait  croire 
également,  d'après  Elie  de  Beaumont,  le  peu  de  régularité  des 

*  Cest  la  théorie  de  M.  Lecornu  que  nous  allons  indiquer. 


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Gi6  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

surfaces  qui  les  limitent.  On  sait  que  la  fin  du  carbonifère  a  été 
marquée  par  un  plissement  violent  de  toute  la  région,  plissement 
qui  a  imprimé  à  sa  stratigraphie  son  allure  caractéristique  ;  les 
toadstones  seraient  en  corrélation  avec  ce  mouvement. 

Les  filons  de  galène,  localisés  dans  le  calcaire  carbonifère,  com- 
prennent : 

4®  Des  veines  verticales,  r,  v\  v'\  t?'",  dites  rakes,  traversant  tous 
les  lits,  même  le  toadstone; 

2"*  Des  joints  normaux  aux  couches,  n,  n\  dits  serins,  traversant 
rarement  le  toadstone  ; 

3*  Des  cavités  irrégulières  c,  (/,  c",  dites  jot/?e5,  ressemblant  à  des 
grottes,  qui  auraient  été  creusées  antérieurement  suivant  les  plans 
de  stratification  et  qui  correspondent  avec  les  filons  par  des  cou- 
loirs plus  ou  moins  étroits  ; 

i"*  Des  intercalations  dans  les  lits,  dites  flat  Works. 

Lorsqu'on  examine  une  région  de  calcaires  actuelle  avec  ses 
diaclases  élargies,  ses  avens,  ses  cavernes  et  que  Ton  suppose,  à 
la  suite  d'un  mouvement  de  dislocation  quelconque,  les  chemins 
complexes  que  suivraient  des  eaux  métallifères  y  pénétrant,  on  se 
fait  facilement  une  idée  de  la  façon  dont  se  sont  constitués  les 
rakes,  serins,  pipes  et  flats;  il  n'y  a,  en  effet,  aucune  raison  pour 
supposer  que  les  plateaux  calcaires  émergés  ne  présentaient  pas, 
dans  les  temps  géologiques  anciens,  le  même  aspect  qu'aujourd'hui. 

Cependant  on  est  parti  de  cette  observation  (William  Wallace,  etc.) 
que  les  toadstones  et  veines  argileuses  interrompaient,  260  fois  sur 
280,  les  filons  (au  moins,  au  point  de  vue  industriel)  pour  soutenir 
que  les  gisements  du  Derbyshire  étaient  le  simple  résultat  d'une 
exsudation  des  calcaires  encaissants.  Cette  interruption  nous 
semble  une  conséquence  toute  naturelle  de  ce  que  Ton  peut  savoir 
sur  les  phénomènes  mécaniques  de  fracture  du  sol  :  d'une  façon 
générale,  des  cassures,  nettes  et  franches  dans  une  roche  com- 
pacte comme  le  calcaire,  disparaissent,  s'éparpillent  et  se  coincent 
dans  des  roches  tendres  ou  simplement  plus  élastiques.  Le  fait  que 
certaines  veines  pénètrent,  en  effet,  dans  la  roche  éruptive  en  se 
ramifiant^  ou  se  réduisant,  l'existence  de  certains  filons  ayant 

*  k  Sevenrakes,  près  Hightor,  le  filon,  dans  le  toadstone,  se  divise  en  plusieurs  veines 
parallèles  contenant  encore  de  la  galène. 


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GÎTES   DE   PLOMB   DU   DBRBTSHIRE   ET   DU   GUMBERLAIfD  617 

rejeté  le  toadstone  en  y  produisant  un  brouillage,  sont  bien  d'accord 
avec  cette  idée.  D'ailleurs,  il  est  très  possible  que,  postérieurement 
à  l'ouverture  de  la  fente,  des  eaux  acides  ou  simplement  chargées 
d'acide  carbonique,  y  aient  circulé  avant  l'arrivée  des  eaux  métal- 
lifères et  l'aient  élargie  dans  le  calcaire  en  la  laissant  intacte  dans 
le  toadstone. 

Le  remplissage  est  formé  surtout  de  galène  peu  argentifère,  de 
peu  de  blende  et,  rarement,  de  cuivre  (avec  une  gangue  de  barytine 
et  spath  fluor,  accessoirement  de  calcite).  Généralement,  le  long  des 
épontes,  on  trouve  d'abord  un  enduit  de  sulfate  de  baryte  et  de 
spath  fluor,  puis  une  certaine  épaisseur  de  galène,  pouvant  être, 
soit  en  une  seule  masse  (un  seul  rib  of  ore),  soit  en  deux  veines  sépa- 
rées par  un  dépôt  spathique,  ou  encore  en  trois  veines  avec  deux 
dépôts  spathiques  intercalés.  Quand  les  deux  enduits  des  épontes 
se  rejoignent  et  que  la  galène  disparaît,  le  filon  est  dit  pincé.  On 
y  trouve  parfois  des  remplissages  pierreux,  dits  dowkys^  formés  de 
marnes,  de  sables  ou  de  conglomérats  introduits  par  en  haut  et  dans 
lesquels  M.  Gh.  Morre  a  découvert  des  fossiles  du  rhétien  et  du 
lias  avec  ceux  du  carbonifère. 

D'une  façon  générale,  les  fllons  s'appauvrissent  toujours  en 
profondeur  : 

Ainsi,  à  Pearsons  Venture,  on  exploita  avec  profit  jusqu'à 
144  mètres.  Là  le  filon,  entrant  dans  le  toadstone,  devint 
stérile;  au  bout  de  20  mètres,  il  reprit  sa  richesse  en  ressortant 
dans  le  calcaire;  à  210  mètres,  il  s'appauvrit  définitivement. 
A  Glory  mine,  on  a  abandonné  à  240  mètres;  à  Oldend,  à 
270  mètres  ;  du  reste,  on  ne  doit  pas  oublier  que  les  difficultés 
croissantes  d'extraction  et  surtout  d'épuisement  ont  eu  certaine- 
ment une  part  considérable  dans  cet  abandon. 

Le  cuivre,  puis  le  zinc  disparaissent,  quand  on  s'approfondit, 
avant  le  plomb. 

En  Flinishirey  au  contraire,  d'après  M.  Moissenet,  la  blende  se 
rencontre  en  profondeur;  la  gangue  y  est  d'ailleurs  exclusive- 
ment spathique  (sans  fluorine  ni  barytine)  et  les  filons  moins  incli- 
nés qu'en  Derbyshire. 


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618 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


Bibliographie. 

1811.  Farey.—  a  gênerai  view  of  Ihe  agriculture  and  minerais  of  Derbyshire. 

DE  LA  BÊCHE.  —  Gcological  observ. 
1837.  DuFRÉNOY  et  Eue  de  Beaumont.  —  Voyage  métallurgique  en  Angleterre. 
1857.  Moissenet.  —  Gisement  du  plomb  dans  le  cale,  carbon.  du  Flintsbire. 
{Ann.  d.  if.,  5^1.  XI,  p.  321.) 

1860.  Geology  of  the  carboniferous  limestone,  Yoredal  rocks  and  millslone 
gritof  the  North  Derbyshire.  {Geological  survey,) 

1861.  CoTTA.  —  Erzlagerstâlten,  t.  II,  p.  494. 

*  1879.  Lecornc.  —  Mémoire  sur  les  filons  de  plomb  du  Derbyshire.  (Ann. 
d.lf.,7esérie,  t.  XV,  p.  1.) 
1879.  Groddeck,  p.  332. 


GITE  DE  PLOMB  ET  MERCURE  DE  LITTAI  (carniole)* 

La   mine   de  plomb  et  mercure  de  Liltai,  en  Carniole,  n'est 
exploitée  que    depuis  1878   et   a  atteint   rapidement  une   assez 


Fig.  313.  —  Carte  géologique  de  la  région  de  Littai  (Carniole). 


Echelle  au 


30.000* 


grande  prospérité.  Au  point  de  vue  géologique,  le  gisement  pré- 
sente l'association,  assez  rare  dans  une  même  exploitation,  delà 

*  Noies  de  voyage  de  Tauteur  en  1883. 


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GÎTE   DE   PLOMB   ET   MERCURE   DE   LITTAI    (cARNIOLE)    619 

galène  et  du  cinabre.  Un  atelier  de  préparation  et  une  fonderie, 
annexés  à  l'exploitation,  ont  produit,  en  1881,  12  649  tonnes 
de  plomb;  en  1891 ,  la  production  s'est  réduite  à  166  tonnes  de 
galène  (120  tonnes  de  plomb,  plus  316  tonnes  provenant  de  mi- 
nerais d'autres  mines),  et  1  452  tonnes  de  minerai  de  mercure 
(15  939  kilogrammes  de  mercure).  On  a,  en  outre,  obtenu,  en 
1891,  avec  des  galènes  et  des  schlichs  argentifères  venant  de 
Rabenstein  (Tyrol),  Bleiberg  (Carinthie),  etc.,  37  tonnes  de  plomb 
d'œuvre  et  35  kilogrammes  d'argent. 

Constitution  géologique.  —  Aux  environs  de  Littai,  la  coupe 
géologique  des  terrains  est  la  suivante  : 

'  1,  Dachstein  Kalk; 

Trias  inférieur ^  ^'  Guttensteiner  Kalk  (Muschelkalk)  ; 

V  4,  Schistes  de  Werfen; 
Carbonifère |  5,  Grauwacke  de  Gailthal. 

La  Save  coule,  auprès  de  la  mine,  entre  deux  coteaux  formés 
par  la  grauwacke  de  Gailthal,  que  surmonte,  en  certains  points,  le 
calcaire  de  Guttenstein.  Les  métaux  apparaissent  à  l'état  d'impré- 
gnation dans  une  strate  de  la  grauwacke  ;  celle-ci  plonge,  sous  le 
trias,  dans  l'intérieur  de  la  colline  ;  à  l'époque  de  notre  visite,  en 
1883,  on  recherchait,  dans  cette  direction,  le  prolongement  du 
gîte  :  ce  qui  a  peut-être  permis  de  déterminer  son  âge  d'une 
manière  précise.  Les  grauwackes  du  mur  et  celles  du  toit  sont 
souvent  très  argileuses  ;  celle  du  mur  semble  être  à  plus  gros 
grains  et  plus  chargée  de  fer. 


0^7 

Fig.  314.  —  Coupe  schématique  du  gtte  plombifère  de  Littai. 

Le  minerai  est  réparti  dans  une  couche,  qui  a  jusqu'à  3  mètres 
d'épaisseur;  il  est  parfois  très  compact;  le  plus  souvent,  il  affecte 


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620  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

une  allure  bréchiforme  et  présente  des  noyaux  de  carbonate  de 
fer,  des  fragments  de  grauwacke  cimentés  par  de  la  galène.  On  y 
trouve,  avec  la  galène,  de  la  barytine,  un  peu  de  blende,  de  pyrite 
de  cuivre  et  malachite,  de  pyrite  de  fer,  etc.  Le  cinabre  apparaît 
surtout  au  voisinage  de  fentes  qu'on  a  considérées  comme  posté- 
rieures. 

De  nombreuses  failles  coupent  et  rejettent  la  couche  métalli- 
fère ;  auprès  de  quelques-unes,  on  rencontre,  en  abondance,  lacéru- 
site,  en  baguettes  blanches  soyeuses,  qui  arrive  ici  à  constituer 
un  véritable  minerai. 

Enfin  il  y  a  lieu  de  noter  qu'au-dessous  du  gtte  il  existe,  dans 
la  formation  carbonifère,  beaucoup  de  carbonate  de  fer. 

Voici  l'interprétation  qu'on  a  donnée  de  cette  formation  : 

Il  y  aurait  eu  originairement,  dans  le  terrain  de  grauwacke,  une 
couche  de  carbonate  de  fer  analogue  à  celles  qui  se  trouvent  si 
fréquemment  à  cet  étage.  Plus  tard  (peut-être  à  Tépoque  triasique) 
des  eaux  chargées  de  sulfure  seraient  venues  corroder  cette 
couche  en  laissant  subsister,  au  milieu  de  la  galène,  des  débris  de 
carbonate  de  fer  inaltéré.  Le  carbonate  de  fer  décomposé  aurait 
donné  de  Tacide  carbonique,  dont  la  plus  grande  partie  se  serait 
dégagée,  dont  une  part  aurait  contribué  à  former  cette  proportion 
exceptionnelle  de  carbonate  de  plomb  '  ;  en  même  temps,  il  se  serait 
produit  de  l'oxyde  de  fer,  qui  aurait  enrichi,  ainsi  que  nous  l'avons 
remarqué,  la  grauwacke  du  mur. 

Ce  qui  pourrait,  à  la  rigueur,  confirmer  cette  idée,  c'est  que 
l'hypothèse  d'une  formation  de  dépôt  concrétionné  parait  diffici- 
lement admissible  ici  :  il  n'existe  pas  de  salbandes,  et  l'ai^ile, 
qu'on  trouve  au  contact  de  la  galène,  semble  un  résidu  de  l'ac- 
tion des  eaux  métallifères  sur  la  grauwacke  argileuse  de  Gailthal, 
dans  laquelle  le  carbonate  était  compris.  Quant  à  admettre  que 
le  plomb  est  ici,  comme  dans  la  Prusse  rhénane,  par  exemple  (à 
Commern,  àMechernich),  de  l'âge  même  des  couches  carbonifères 
où  on  le  rencontre,  c'est  une  idée  que  son  allure  bréchiforme 

*  Les  parties  du  gtte  que  nous  avons  pu  voir,  en  1883,  étaient  encore  très  voisines 
des  afQeurements,  et  il  est  fort  possible  que  le  carbonate  de  plomb  y  fut  simplement, 
comme  dans  les  autres  gttes  que  nous  étudierons,  un  produit  d'altération  superfi- 
cielle, sans  qu*il  soit  nécessaire  d*avoir  recours  à  Thypothèse,  un  peu  compliquée,  que 
nous  indiquons. 


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GÎTES   DK   RAIBL,    TARNOWITZ^    BLEIBERG,    ETC.  621 

rend  peu  vraisemblable.  Nous  aurions  donc,  à  Littai,  un  gisement 
d'origine  hydro thermale,  dont  Tâge  pourrait  être  triasique. 

Quant  au  mercure,  remarquons  que,  par  une  coïncidence  assu- 
rément fortuite,  il  se  trouve  ici,  comme  à  Idria  et  comme  à  Neu- 
markt  (Potocnig),  dans  la  même  région,  où  il  est  également  associé 
à  de  la  galène,  dans  les  schistes  de  Gailthal.  Il  enveloppe  fréquem- 
ment, dans  la  roche  bréchiforme,  des  noyaux  de  galène  :  ce  qui 
ferait  croire  qu'il  est  arrivé  à  la  fin  de  cette  venue  sulfureuse 
triasique. 

GÎTES  DE  RAIBL,  TARNOWiTZ,  BLEIBERG,  etc. 

Nous  avons  eu  l'occasion,  à  propos  du  zinc*,  de  parler  inci- 
demment de  quelques  gisements  de  plomb  intercalés  dans  les 
calcaires  du  trias  allemand  :  en  particulier,  de  ceux  de  Raibl, 
célèbres  par  les  travaux  de  Poszepny*,  qui  sont  situés  dans  des 
calcaires  et  dolomies  du  Keuper,  au-dessous  des  couches  schis- 
teuses de  Raibl  et  de  ceux  de  Tarnowitz,  dans  le  muschelkalk 
de  Haute-Silésie.  Nous  ne  les  mentionnerons  ici  que  pour  mé- 
moire. 

Dans  la  même  région  que  Raibl,  d'autres  exploitations  de  plomb 
ou  de  zinc  sont  développées  au  Bleiberg  carinthien,  à  Greifenburg, 
à  Villach,  à  Klagenfurth,  etc. 

Les  mines  fameuses  du  Bleiberg^ j  au  N.-O.  de  Villach,  et  pres- 
que à  la  limite  du  trias  et  du  terrain  primitif,  dans  le  trias,  com- 
prennent deux  groupes  de  filons  à  peu  près  perpendiculaires.  Elles 
ont  fourni,  on  1881,  3  910  tonnes  de  galène,  donnant  4  590  tonnes 
de  plomb,  plus  2  000  tonnes  de  bende  et  120  tonnes  de  wulfénite, 
arrivant  à  constituer  un  véritable  minerai  de  molybdène.  En 
1891,  la  production  a  été  de  4  035  tonnes  de  plomb.  La  galène, 
fondue  sur  place,  est  très  pauvre  en  argent  (à  peine  un  gramme 
par  tonne). 

1  Page  425. 

*  Poszepny.  Die  Blei  und  IGalmei  Ei-zlagerslatten  von  Raibl  in  îîarnten.  —  Raibl  a 
produit,  en  1891,  790  tonnes  de  plomb  (1329  tonnes  de  schlichs). 
'  Notes  de  voyage  de  1883. 


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622  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

GISEMENTS  DE  PLOMB  DANS  LES  CALCAIRES 

DU   MISSISSIPI,   DU  WISGONSIN  ET  DE  L'UTAH 

Haut  Mississipi.  —  Il  existe,  dans  le  Haut  Mississipi,  des  gise- 
ments de  plomb  importants  dans  des  niveaux  calcaires  appartenant 
au  groupe  silurien  de  Trenton  et  s'étendant  sur  une  surface  de 
140  milles  géographiques  carrés^  à  travers  les  Etats  de  Wisconsia, 
Illinois  et  lowa. 

L'attention  fut  d'abord  appelée  sur  ce  district,  en  1700,  par  Le 
Sueur.  En  1788,  Dubugue,  un  Français,  y  installa  une  exploita- 
tion, qui,  depuis,  n*apas  été  interrompue.  En  1847,  ces  mines  étaient 
arrivées  à  produire  24  145  tonnes  de  plomb  métallique  ;  plus  tard, 
elles  ont  décru  peu  à  peu  :  en  1853,  la  production  n'était 
que  de  13  307  tonnes;  en  1876,  de  6  812  tonnes. 

La  constitution  géologique  de  la  région  comprend  : 

TYPES   ANGLAIS 

/  Calcaire  de  Bala  |  Calcaire  du  Niagara. 

j  /  Calcaire  galénifère. 


Cambro    I 

Silurien    '  Etage 


Cambrien 


Calcaire  de  Trenton  à  Orthoce- 

ras,  etc. 

Grès,  schistes,  etc. 

de  Uandeilo  j  Calcaire  magnésien  inférieur. 

I  Limite  inférieure  des  roches  ga- 

\      lénifères. 

^     ,  .        /  Lits  de  Lins^ula      Grès  blanc  de  Potsdam. 
Supérieur  \  ,.,  ,       ,         i  «  ,  .        .     ...« 

^  )     ^^  Tremadoc     )  Schistes  fossilifères. 

-  «.  .  /    f ..    J    r,  i  Calcaires  dolomitiques . 

Inférieur    f    Lits  de  Bangor  '  ^  .        . 

°       .  Grès  noirs. 


Les  gisements  exploités  se  présentent  surtout  dans  la  partie 
supérieure  du  calcaire  de  Trenton,  parfois  dans  le  calcaire  à  or- 
thoceras  ou,  plus  bas,  dans  le  calcaire  magnésien  inférieur  ;  ils 
disparaissent  dans  les  grès  de  Potsdam. 

Le  calcaire  chargé  de  galène  est  d'un  gris  jaune,  dur  et  compact. 
La  figure  315  montre  comment  le  plomb  s'y  rencontre  :  en  fentes 
verticales  1  ;  en  61ons  couches  (Qat  openings)  2;  en  poches  3. 


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gItes  de  plomb  du  mississipi  et  du  WISGONSIN      623 

Si  l'on  examine  le  détail  d'une  fissure  verticale ,  on  a  la 
figure  316. 

L'exploitation  est  descendue  jusqu'à  40  mètres  de  profondeur. 

La  direction  des  filons  est  généralement  Est-Ouest.  Leur  largeur 
habituelle  est  de  0,30  à  0,60  ;  mais,  exceptionnellement,  ils 
atteignent  jusqu'à  10  mètres.  Ils  sont  remplis  d'une  argile  ferru- 


Fig.  315.  •—  Coupe  th<^orique  du  calcaire  à  gise- 
ments (le  galène  du  Wisconsin,  montrant  les 
filons  (Iodes),  1,  les  amas  horizontaux  (flats),  2. 
et  les  poches  (pockets),  3. 


Fig.  316.  —  Coupe  du  dépôt 
de  plomb  de  la  mine  Wil- 
liams   et   C    (Wisconsin) 
(d'après  Davies). 
c,  calcaire.  —  M,  minerai. 


gineuse  rougeâtre  contenant  des  fragments  de  la  roche  encais- 
sante, des  noyaux  de  galène  et  de  calcite.  Dans  les  couches 
horizontales,  la  gangue  habituelle  est  de  la  calcite,  le  minerai 
est  arrivé  avec  de  la  calamine,  de  la  blende  et  de  la  pyrite  de  fer. 
Les  calcaires  du  mur  sont  très  fossilifères  et  quelques  géo- 
logues américains  ont  supposé  que  ces  matières  organiques  avaient 
pu  avoir  une  influence  sur  la  précipitation  des  sulfures. 

Wisconsin.  —  A  Minéral  Pointj  dans  le  Wisconsin,  la  coupe 
est  la  suivante  : 

Calcaire  jaune  plombifère,      25  mètres. 
Niveau  de  plomb  supérieur,      1  à  2™,50. 


Calcaire  bleu, 

Niveau  de  plomb  moyen, 

Calcaire, 

Niveau  de  plomb  inférieur, 

Calcaire  bleu  argentifère. 


3  à  4  mètres. 
1  à  2™,o0. 

4  à  o  mètres. 
1»,50  à  2ni,50. 
0™,30  à  1  mètre. 


On  a  signalé,  dans  cette  région,  ce  fait  curieux  d'une  grotte 
où  des  os  d'éléphant  et  de  chauve-souris  avaient  été  trouvés  im- 


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624 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


prégnés  de  galène  et  reposant  sur  un  dépôt  sableux,  qui  prouvait 
que  la  grotte  était  antérieure  au  minerai.  Avant  d'en  conclure, 
comme  on  Ta  fait,  que  Tensemble  de  la  venue  plombifëre  était 
très  récent,  il  aurait  convenu  de  s'assurer,  par  un  examen  minu- 
tieux, si  Ton  n'avait  pas  affaire,  comme  nous  le  croyons,  à  un 
phénomène  de  rédissolution  et  de  recristallisation  secondaires. 


Bibliographie. 

1854.  Whitney.  —  Metallic  wealth...,  p.  404. 

1862.  Whitney.  —  Rep.of  a  geol.  survey  of  Iheupper  Mississipi  Lead  Région 
(Albany). 
1862.  Berg.  u.  Hutten  Zeitung,  1862,  p.  310.  (C.  R.) 
1879.  Groddeck,  p.  323. 
1877.  MosEs  Strong.  —  Geology  of  Wisconsin. 
Engineering  and  mining  journal,  t.  XX VL 

Dtah.  —  Dans  la  région  métallifère  de  VUtah^  que  nous  avons 
déjà  eu  Foccasion  de  mentionner  à  propos  de  la  mine  de  Bing- 

ham,  on  trouve,  au  milieu  des 
monts  Wahsath,  sur  le  little  Cot- 
tonwod  Creek,  à  20  milles  à  l'Est 
du  grand  lac  Salé,  un  certain 
nombre  de  mines  de  galène  ar- 
gentifère :  Emma  Aline\  Flags- 
taff,  Silverstar,  Exchequer,  etc.. 
Quand  on  s'y  rend  à  partir  du 
lac,  on  a  une  bonne  coupe  natu- 
relle de  la  région  : 

Près  de  l'embouchure  de  la  ri- 
vière, à  rOuest,  de  grands  pics 
de  granité  s'élèvent  couverts  de 
neige.  C'est  ce  granité  de  couleur 
gris  clair  qui  a  servi  à  construire 
le  temple  des  Mormons  de  TUtah.  En  continuant,  on  trouve,  au- 
dessus  du  granité,  des  quartzites  rougeâtres,  puis  des   schistes 

*  La  mine  Emma  a  eu  une  histoire  assez  curieuse.  Le  minerai  découvert  et  envoyé 
à  Swansea  avait  rendu  600  francs  d*argent  à  la  tonne.  La  moitié  de  la  mine  fut 


7.-*to7*^ 


'iamaUfn*^' 


Fig.  317.  —  Coupe  verticale 
du  grand  amas  de  minerai 
de  la  mine  Emma  (Nevada) 
(d'après  Davies). 

Echelle  au  ^^^ 


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MINES   DE   PLOMB   DE   l'uTAH   (eMMA   MINE)  625 

avec  des  bancs  calcaires  classés  dans  le  cambrien  silurien  et  Ton 
passe  enfin  brusquement  dans  les  calcaires  dolomitiques  massifs 
du  carbonifère  où  se  trouvent  les  gisements. 

Ceux-ci  ont  la  forme  d'une  zone  minéralisée  d'environ  80  mètres 
d'épaisseur,  suivant  à  peu  près  la  stratiflcation  et  contenant  des 
fragments  de  brèche  calcaire  cimentés  par  de  la  galène  avec  des 
poches  de  minerai  terreux.  Un  élargissement,  qu'on  peut  voir  sur 
la  coupe  317,  a  fait,  un  moment,  la  fortune  de  la  mine  Emma.  Il 
est  figuré  au  puits  Woodman's  ou  de  la  Découverte  ;  plus  au  Sud- 
Est,  au  puits  Emma,  il  est  moins  étendu. 

La  galène  contenue  est  très  argentifère.  L'analyse  du  minerai 
de  première  classe  donne  : 

SiO'         Pb         s  Sb        Cu         Zn        Mn         Fe         Âg     Al*0^     Mgo      Cao      C0«   OetHO 

40,90  34,14  2,27   2,27    0,83    2,82   0,15  3,54   0,48   0,35   0,25  0,72  1,50  9,58 

Sur  une  prise  d'essai  de  ce  minerai,  on  a  trouvé  156  onces  d'ar- 
gent à  la  tonne  ;  sur  les  minerais  de  la  seconde  classe,  25  onces. 

L'absence  presque  complète  de  calcite  dans  ces  minerais  situés 
au  milieu  du  calcaire  est  assez  remarquable. 

Bibliographie 

1872.  W.  Raymond.  —  Report  on  Ihe  Emma  mine. 

1873.  Pbale.  —  United  States  Geological  Survey. 
1889.  Davies,  p.  103. 


aloi-s  offerte  pour  15  000  fîrancs  par  un  des  exploitants  et  ne  trouva  pas  d'acquéreur. 
Quelques  mois  plus  lard,  en  mai  1870,  une  part  de  un  sixième  était  payée  150  000  fr.; 
Tannée  suivante,  la  moitié  de  la  mine  était  vendue  3  750  000  francs  à  des  capitalistes 
de  New-York  ;  au  commencement  de  1872,  toute  la  mine  était  placée  sur  le  marché  de 
Londres  au  capital  de  25  millions,  dont  moitié  aux  vendeurs.  Six  semaines  après,  elle 
était  inondée  et  perdue. 


GÉOLOGIE.    —   T.    II.  40 


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626  GÉOLOGIE   APPLIQIIÉB 

MINES  DE  PLOMB,  ARGENT   ET   OR  D'EUREKA* 

(nevada) 

L'important  district  minier  d'Eureka,  quia  produit,  de  1869  à 
1883,  225  000  tonnes  de  plomb  et  plus  de  300  millions  de  francs 
d'argent  et  d'or*,  est  situé  dans  la  partie  orientale  de  l'Etat  de 
Nevada,  î^ur  le  flanc  Ouest  du  Diamond  range,  à  150  kilomètres 
au  Sud  de  la  station  de  Palisade  (Central  Pacific  Railway),  à 
laquelle  les  mines  sont  reliées  par  un  embranchement. 

La  région,  où  se  trouvent  les  gisements,  forme  une  rangée  de 
collines,  atteignant,  à  Eurêka,  2  200  mètres  d'altitude,  entre  la 
chaîne  qui  contient  le  filon  du  Comstock'  et  les  montagnes 
Wahsatch,  où  est  la  mine  Emma  que  nous  venons  de  décrire. 
Tout  le  pays  compris  entre  le  Comstock  et  Emma  mine  est  tra- 
versé, du  Nord  au  Sud,  par  une  série  de  chaînes  de  montagnes 
semblables,  dont  plusieurs  sont  assez  fortement  minéralisées  pour 
avoir  fait  donner  à  TEtat  de  Nevada  le  nom  de  Silver  State 
(Etat  de  l'argent). 

Au  voisinage  et  à  l'Est  de  la  ville  d'Eureka,  se  trouvent  les  deux 
grands  districts  de  Prospect  Mountain  et  Ruby  Hill  (ce  dernier  le 
plus  important  des  deux)  qui  contiennent  aujourd'hui  plus  de 
60  mines  distinctes. 

Ces  minerais  furent  découverts,  en  1864,  par  un  groupe  de 
mineurs  qui,  en  se  rendant  à  White  Pline,  reconnurent  d'abord  la 
région,  aujourd'hui  nommée  New-York  Cafton.  Ils  s'y  établirent 
et  firent  quelques  travaux  peu  importants  jusqu'en  1869,  date  de 
la  construction  du  premier  four.  Plus  tard,  la  compagnie  «  Eurêka 
Consolidated  Mining  Company  »  se  fonda  en  groupant  un  cer- 
tain nombre  de  petites  exploitations  et,  plus  récemment,  la  «  Rich- 
mond  Consolidated  »  s'établit  à  côté. 

*  Cette  description  est  le  résumé  du  grand  ouvrage  de  Curtis  :  Siverlead  deposits 
f  Eurêka,  publié  par  le  United  States  geological  survey  en  1884. 
'  L'or  entre  pour  un  tiers  environ  dans  ce  total. 
'  Voir  à  Targent. 


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( 


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ED.  FUCUS  ET  DE  LAUNAY.  -  Géologie  appliquée. 


L  WuhrtT    .se. 

ÇrATF.RIUrRE    CARBONIFÈRE 

Calrnirr          j^iartxiir  Cnir.urr  i 

Çnalemairc       UouillcriniT     du  MM.onr      d'Eurrka.  IVi^»mij>| 

L_:.-_J           l^^^.CÀ          kl^^\..J          }Ê^.  :C^  L^^:. 

A                     M                    S                    E  P 

Dirertious  rt  TVnrlacrs 

loi  20*      — 1,^0,1  30»  T      ^in  .k!f| 


Fig.  318.  —  Cuilo  gi'olugiJ 


t.  a.) 


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MINES   DE   PLOMB   ARGENTIFÈRE   d'eUREKA    (nEYADA)       627 

De  1870  à  1880,  une  grande  prospérité  a  régné  dans  ce  district; 
mais,  depuis  ce  moment,  la  production  de  plomb  y  a  considéra- 
blement diminué;  tandis  qu'elle  était  de  31  000  tonnes  en  1878, 
elle  était  tombée,  en  1887,  à  3  400  tonnes,  dont  2  000  tonnes 
pour  Richmond  Consolidated  et  1 100  pour  Eurêka  Consolidated 
et  enfin,  en  1890,  à  1  000  tonnes  seulement. 

Géologie  générale  de  la  région.  —  Les  terrains  sédimentaires 
qui  constituent  la  région  sont  le  cambrien,  le  silurien,  le  dévo- 
nien,  le  carbonifère  et  le  quaternaire  (ûg.  318).  Mais,  quoique 
les  formations  métallifères  soient  certainement  d'âge  tertiaire, 
on  les  trouve  (à  l'exception  d'un  gisement  dans  les  quartzites 
siluriens)  confinées  dans  les  calcaires  du  cambrien  et  du  silu- 
rien et  même,  presque  exclusivement,  dans  ceux  du  cam- 
brien. 

Les  roches  cristallines  du  pays  sont  les  granités,  les  micro- 
granulites  (porphyres  quartzifères),  les  andésites  amphiboliques  et 
augitiques ,  les  rhyolithes  (dont  Téruption  paraît  avoir  amené  la 
venue  des  métaux),  les  basaltes,  et,  accessoirement,  les  dacites. 

Gisements  métallifères.  —  Les  gisements,  très  irréguliers  de 
formes,  peuvent  être  attribués  à  la  venue  d'eaux  métallifères 
ayant  rempli  toutes  les  fissures  qui  existaient  dans  le  calcaire 
au  moment  de  leur  arrivée,  en  exerçant,  au  voisinage,  des  phéno- 
mènes de  substitution  d'un  grand  développement  :  ces  actions  de 
substitution  paraissent  avoir  contribué,  pour  la  plus  grande  part, 
à  leur  extension. 

Parmi  les  fissures  primitives,  il  y  avait  des  fentes  nettes  do- 
niennes,  des  réseaux  de  veines  à  allure  de  stockwerks,  des  délits 
interstratifiés,  peut-être  même  (quoique  le  fait  soit  ici  très  dou- 
teux) de  véritables  grottes  creusées  antérieurement,  soit  par  des 
eaux  superficielles  chargées  d'acide  carbonique,  soit  par  les  eaux 
minérales  elles-mêmes;  sous  bien  des  rapports,  ces  gîtes  présentent 
donc  des  points  de  comparaison  avec  ceux  d'âge  plus  ancien  qu'on 
trouve  dans  les  calcaires  européens,  à  Sala,  dans  le  Derbyshire,  à 
Raibl,  etc.  ;  mai§  ici,  comme  dans  tous  les  gisements  tertiaires, 
on  est  beaucoup  mieux  renseigné  sur  la  nature  de  l'éruption 


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628  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

rocheuse,  qui  a  provoqué  le  dépôt  des  minerais  et  que  nous  con- 
sidérons, dans  ce  cas,  comme  rhyolithique. 

Le  remplissage  des  gîtes  est  formé  :  au-dessus  du  niveau 
hydrostatique,  de  galène,  anglésite,  cérusite,  mimétite  et  wul- 
fénite,  avec  du  fer  hydroxydé  représentant  la  masse  de  la  gangue, 
et  très  peu  de  quartz  et  de  calcite.  Ces  minerais  altérés  ren- 
ferment une  forte  proportion  d'or  et  d'argent,  avec  un  peu 
de  zinc.  Au-dessous  du  niveau  hydrostatique,  on  n'a  plus, 
comme  d'habitude,  que  des  sulfures  :  pyrite,  mispickel,  galène, 
blende,  etc.  Les  actions  de  métamorphisme  superficiel  ont  joué, 
dans  toute  la  partie  des  gisements  qui  a  été  vraiment  riche,  un 
rôle  particulièrement  important  et  sur  lequel  nous  aurons  à 
revenir. 

Quant  à  l'origine  de  ces  métaux,  les  géologues  américains,  inti- 
mement convaincus  à  priori  qu'ils  devaient  résulter  du  lessivage 
récent  de  roches  préexistantes,  les  ont  cherchés  inutilement  dans 
les  terrains  sédimentaires  voisins  qui  n'en  contiennent  pas  trace  ; 
parmi  les  roches  éruptives,  le  porphyre  quartzifère  est  le  seul 
qui  ait  donné  quelques  indices  d'argent,  et  il  est  très  exceptionnel 
dans  le  pays  ;  le  granité  n'en  renferme  pas,  ce  que  M.  Curtis, 
auteur  d'un  très  intéressant  mémoire  sur  Eurêka  *,  croit  devoir 
attribuer  à  ce  que,  là  où  nous  rencontrons  cette  roche  à  la 
surface,  les  métaux  en  ont  été  dissous.  Il  est  inutile  de  remar- 
quer combien  un  raisonnement  de  ce  genre  simplifie  les  pro- 
blèmes 

Dans  le  cas  présent,  c'est  peut-être  dans  le  magma  rhyoli- 
thique que  nous  serions  porté  à  chercher  la  source  première  des 
métaux. 

Ceci  dit,  donnons  quelques  détails  sur  les  principaux  gise- 
ments : 

Les  mines  de  Prospect  Mountain  et  de  Ruby  Hill  sont  situées  sur 
un  même  anticlinal  Nord-Sud  de  calcaire  cambrien  bleu  grisâtre 
et  cristallin,  anticlinal  aux  flancs  inclinés  à  plus  de  45*".  Ce  cal- 
caire contient  des  intercalations  de  schistes  et  repose  sur  des 
quartzites  du  même  âge.  Il  a  visiblement  subi,  dans  le  plissement 

*  Silverlead  deposits  of  Eurêka  Nevada.  (Un.  St.  géol.  Suvey,  1884.) 


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630 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


NE 


qui  Ta  mis  en  saillie,  une  dislocation  considérable,  ayant  produit 
des  cassures  à  remplissage  bréchiforme  et  des  failles  nombreuses 
dont  l'allure  générale  a  été  bien  mise  en  évidence  par  deux  grands 
tunnels  de  700  à  800  mètres  de  long,  faits,  l'un  à  Eurêka,  l'autre 
au  M*  Prospect  (Prospect  Mountain.) 

La  principale  de  ces  failles  (fig.  318),  celle  dite  de  Ruby  Hill,  et 
une  autre  fissure  secondaire  qui  vient  la  recouper,  Secundary  fis- 
sure Winze,  ont  joué  un  rôle  pré- 
pondérant dans  la  formation  mé- 
tallifère. Il  existe,  en  effet,  dans 
l'espace  angulaire  d'une  centaine 
de  mètres  de  largeur  moyenne 
compris  entre  elles  (fig.  321  à  323), 
une  zone  de  calcaire  broyé  et  fis- 
suré en  tous  sens,  qui  a  offert  à  la 
circulation  des  eaux  métallifères 
un  chemin  particulièrement  facile 
et  où  les  gisements  métallifères 
sont  aujourd'hui  concentrés. 

Dans  sa  partie  Ouest,  sur  les 
compagnies  Jackson  et  Phœnix 
(fig.  319  et  321),  cette  zone  de 
brouillage  est  très  réduite  et  un 
filon  de  rhyolithe,  qui  longe  la  faille  Ruby  Hill,  est  presque  la  seule 
séparation  entre  le  calcaire  et  le  quartzite.  La  localisation  des 
minerais  d'un  seul  côté  de  cette  rhyolithe,  l'absence  de  dérange- 
ments des  minerais  au  voisinage  de  la  roche  éruptive  et  de  frag- 
ments du  minerai  dans  la  roche,  enfin  l'altération  profonde  de 
celle-ci  près  de  la  galène  sont  les  arguments  sur  lesquels  on 
s'est  fondé  pour  admettre  que  la  venue  métallifère  avait  suivi 
la  rhyolithe. 

Au  centre,  sur  la  compagnie  A' Eurêka  (fig.  322),  les  travaux 
ont  porté,  de  préférence,  sur  le  contact  du  quartzite  et  du  calcaire 
broyé  que  l'on  suivait,  par  des  galeries  en  direction,  en  partant  de 
là,  le  long  de  fissures  métallisées,  pour  rechercher  les  grands 
amas  métallifères.  On  a  attribué  là,  à  ce  contact,  un  rôle  pré- 
dominant dans  le  dépôt  des  minerais,  rôle  qui  pourrait  être  ana- 


Fig.32i. 


Echelle  au 


6000* 

-  Coupe  verticale  de  la  mine 
Phœnix  (Eurêka). 
(Figarés  de  la  figure  322.) 


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MINES   DE  PLOMB   ARGENTIFÈRE   d'eUREKA    (nEVADA)      ^^^ 

logue  à  celui  joué  par  les  schistes  inattaquables  on  les  eurites  du 
Laurium  \ 

Au  contraire,  à  l'Est,  sur  la  compagnie  de  Richmond  (fig.  323), 
les  minerais  ne  se  trouvent  jamais  à  ce  contact,  mais  irrégulière- 


Ttfe. 


P  BtH 


Echelle  au  ^-^. 
Fig.  322.  —  Coupe  verticale  de  la  mine  Eurêka. 


ment  répartis  dans  la  masse  broyée,  au  voisinage  de  quelque  fis- 


sure. 


Le  calcaire  encaissant  (dont  la  composition  chimique  et  Tatta- 
quabilité  plus  ou  moins  grande  aux  acides  n'ont  d'ailleurs  joué, 
par  rapport  aux  conditions  physiques  de  fractures,  qu'un  rôle  très 

'  Voir  page  384. 


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632 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


restreint)  est,  en  général,  un  calcaire  dolomitique  tenant  1  à 
2  p.  100  d'oxyde  de  fer.  Son  broyage  a  été  très  énergique.  On 
peut  le  voir,  dans  les  travaux,  tantôt  brisé  en  grandes  masses, 
tantôt  cassé  en  une  multitude  de  petits  fragments,  tantôt  même, 


PΠ


Echelle  au    .-rr;;. 
&  000' 

Fig.  323.  —  Coupe  verticale  de  la  mine  Richmond  (Eurêka). 
(Mêmes  figurés  qu'à  la  figure  322.) 


—  surtout  lorsqu'il  était  de  nature  sableuse,  —  réduit  en  fine 
poussière.  Tous  ces  débris  ont  été,  en  majeure  partie,  reci- 
mentés par  une  matière  calcaire  et  forment  une  masse  résis- 
tante. Cependant  les  points  où  le  calcaire  était  sableux  sont 
redoutés  par  les  mineurs  à  cause  de  leur  tendance  à  Téboule- 
ment. 
Les  gisements,  dont  les  figures  318  à  323  montrent  bien  la 


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MINES   DE   PLOMB   ARGENTIFÈRE   d'eUREKA     (nEVADA)     633 

disposition  d'ensemble*,  se  composent  d'un  certain  nombre  de 
grands  amas  de  minerais  (chamber,  cave,  body)  au  milieu  du 
calcaire,  amas  de  formes  très  irrégulières,  réunis  par  un  système 
de  fissures  minces  plus  ou  moins  minéralisées.  Ces  fissures 
semblent  correspondre  à  deux  directions  principales  :  Tune  pa- 
rallèle à  l'allongement  du  massif,  l'autre  perpendiculaire  ;  celles 
du  dernier  système  sont  généralement  verticales  et,  aux  points 
où  elles  atteignent  les  quartzites  dans  lesquelles  elles  ne  pénètrent 
pas,  des  amas  se  sont  parfois  développés  le  long  du  contact  :  l'un 
d'eux,  dans  la  mine  Eurêka,  a  été  suivi  sur  70  mètres  suivant  l'al- 
longement et  60  mètres  suivant  l'inclinaison. 

Minerais.  —  Les  minerais  cTEureka  consistent,  dans  les  parties 
supérieures,  qui,  jusqu'en  1886,  au  moins,  avaient  été  seules  ex- 
ploitées %  en  carbonate  de  plomb  fortement  chargé  de  matière  fer- 
rugineuse. Ce  carbonate  de  plomb  est  argentifère,  comme  cela 
arrive  fréquemment  dans  le  Nevada  ;  mais,  en  outre,  par  une  par- 
ticularité assez  rare,  il  est  aurifère;  et  c'est  cette  teneur  en  argent 
et  en  or  qui  a  seule  fait  la  valeur  des  minerais. 

Au  carbonate  de  plomb  sont  associés  d'autres  produits  de 
décomposition  de  la  galène,  tels  que  Tanglésite,  qui  forme  une 
partie  importante  des  minerais  dits  carbonate  jaune,  la  mimétite 
(chloro-arséniate),  la  wulfénite  (molybdate),  etc. 

Les  mineurs  distinguent  plusieurs  catégories  : 

Le  carbonate  rouge  est  formé  de  fer  hydroxydé  avec  anglésite 
et  cérusite  contenant  des  grains  de  galène  inaltérée.  Il  renferme,  en 
général,  à  peu  près  autant  d'or  que  d'argent,  130  à  260  francs  de 
chacun  par  tonne. 

Le  carbonate  jaune  est  surtout  un  mélange  de  fer  hydroxydé  et 
de  sulfate  et  de  chloro-arséniate  de  plomb.  La  teneur  en  métaux 
précieux  ne  dépasse  pas  500  francs  par  tonne. 


*  La  figure  318  représente  la  carte  géologique  de  la  région  ;  sur  les  figures  319 
et  320  on  a  une  coupe  longitudinale  N.-O.  S.-E.  à  travers  les  principales  concessions 
avec  un  plan  correspondant  ;  enfin  321,  322  et  323  figurent  des  coupes  transversales 
perpendiculaires  à  la  coupe  319. 

*  La  figure  319  donne  le  niveau  hydrostatique.  Le  niveau  parait  avoir  été  ancienne- 
ment plus  bas  ;  car  il  existe  des  minerais  oxydés  au-dessous  du  niveau  actuel. 


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634  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Une  autre  variété  de  carbonate  jaune,  assez  pauvre  en  général, 
doit  sa  couleur  à  la  wulfénite. 

Le  prétendu  minerai  sulfuré  des  mineurs  (sulfur  ore)  n'est,  en 
réalité,  qu*une  a^lomération  de  cristaux  de  cérusite  de  couleur 
grise.  Il  est  parfois  très  riche  en  aident  (jusqu'à  625  francs  par 
tonne);  mais,  comme  tous  les  minerais  de  plomb  proprement  dits, 
il  est  généralement  assez  pauvre  en  or. 

Voici  l'analyse  moyenne  des  minerais  fondus  à  Richmond  en 
1883  : 

Oxyde  de  plomb 35,65  Plomb 33,i2 

Oxyde  de  cuivre 0,15  Cuivre 0J2 

Protoxyde  de  fer 34,39  Fer 24,07 

Oxyde  de  zinc 2,37  Zinc i,89 

Oxyde  de  manganèse  ...  0,13 

Acide  arsénique 6,34  Arsenic 4,13 

Antimoine 0,25               Antimoine.   .   .   .      0,25 

Acide  sulfuriquc 4,18  Soufre 4,66 

Silice 2,95 

Alumine 0,64 

Chaux 4,i4 

Magnésie 0,41 

Eau  et  acide  carbonique.  .  10,90 

Or  et  argent 0,10 

Soit  856  grammes  :  (27,55  onces  troy)  d'argent  et  49,44  grammes  (1,59  once) 
d'or  par  tonne. 

En  profondeur,  les  sulfures  de  plomb  et  de  fer  se  substituent 
progressivement  aux  carbonates  et  oxydes  ;  le  zinc,  habituellement 
en  relation  si  intime  avec  le  plomb,  est  des  plus  rares. 

Comme  gangue,  on  ne  rencontre  guère  que  de  la  calcite,  rarement 
du  quartz.  Cependant,  au  troisième  niveau  de  la  mine,  on  a  trouvé, 
dans  une  des  chambres  de  minerai,  une  masse  de  quartz  de 
30  mètres  de  long,  15  de  large,  8  d'épaisseur,  à  texture  saccharoïde, 
qui  semblait  avoir  été  formée  sur  place  par  des  eaux  chargées  de 
silice.  Ce  quartz  était  peu  plombifôre  ;  mais  il  renfermait  de 
125  à  750  francs  de  métaux  précieux  à  la  tonne. 

Mode  de  formation  de  gisement.  —  De  Tétude  attentive  des 
gîtes,  il  semble  résulter,  bien  incontestablement,  que  des  eaux, 
contenant  du  sulfure  de  plomb  en  dissolution,  peut-être  en  pré- 
sence de  sulfures  alcalins  et  sous  Faction  de  la  chaleur  et  de  la 


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MINES   DE   PLOMB   ARGENTIFÈRE    d'eUREKA    (nEVADA)     63& 

pression,  ont,  à  la  suite  de  Téruption  rfayolithique,  circulé  dans 
la  zone  de  calcaire  broyé  comprise  entre  les  failles  en  profitant  de 
toutes  les  fissures  et  produisant,  à  partir  de  celles-ci,  des  phéno- 
mènes d'imprégnation  et  de  substitution  moléculaire.  Le  seul 
point  douteux,  c'est  de  savoir  si  les  grands  amas  ou  chambres,  qui 
ont  fait  la  fortune  des  mines  d'Eureka,  résultent  d'un  remplissage 
de  cavités,  de  grottes  préexistantes,  comme  c'est,  d'après  Poszepny, 
le  cas  pour  les  galènes  de  RaibP,  ou  si  elles  sont  simplement  le 
produit  de  cette  substitution  progressivement  étendue. 

La  question  présente  un  intérêt  industriel;  car,  s'il  s'agissait 
réellement  de  grottes  remplies  après  coup,  l'existence  des  amas 
serait  liée,  comme  celle  des  grottes  en  général,  à  la  portion  de  cal- 
caire voisine  de  la  surface  %  où  les  eaux,  chargées  d'acide  carbo- 
nique, ont  pu  s'introduire  en  dissolvant  les  roches  sur  leur  passage 
et  on  devrait  alors  désespérer  d'en  rencontrer  au-dessous  de  250 
ou  300  mètres  de  profondeur.  Aussi  a-t-elle  été  soigneusement  étu- 
diée par  les  géologues  américains.  La  solution  en  est,  d'ailleurs, 
assez  difficile,  en  raison  des  phénomènes,  dus  à  des  réactions  secon- 
daires, en  présence  desquels  on  se  trouve.  En  effet,  dans  toute  la 
partie  bien  connue  jusqu'ici  du  gîte,  on  est  en  présence  de  mine- 
rais altérés,  transformés  :  les  galènes  en  carbonates,  les  pyrites  en 
oxyde  de  fer.  C'est  assez  dire  que,  depuis  le  dépôt  des  minerais, 
les  eaux  superficielles  ont  circulé  au  milieu  d'eux  et  au  milieu 
des  calcaires  voisins  et  qu'il  en  est  résulté  :  tant  la  remise  en  mou- 
vement des  sels  métallifères  par  dissolution,  avec  leur  recristalli- 
sation en  stalagmites,  que  le  creusement  de  véritables  grottes 
récentes  au  voisinage  des  anciens  amas.  Si  l'on  ajoute  à  cela  que 
la  pyrite,  qui  parait  avoir  formé  primitivement  la  moitié  du  gîte,  a 
dû,  en  se  transformant  en  oxyde  de  fer,  par  suite  du  départ  d'une 
portion  de  sulfate  de  fer  dissous,  diminuer  fortement  de  volume, 
tandis  que  la  galène,  en  se  changeant  en  carbonate,  avait  plutôt 
une  tendance  à  se  dilater,  on  comprendra  combien  il  faut  être 
attentif  avant  de  conclure,  de  l'éclat  actuel  des  minerais,  à  la  forme 
de  leur  dépôt  primitif. 

*  Voir  pag^e  425  et  620. 

2  Par  celte  surface,  il  faut  entendre  celle  qui  existait  au  moment  de  la  formation 
des  gttes  et  qui  était  certainement  supérieure  à  la  surface  actuelle. 


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636  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

En  fait,  il  arrive  fréquemment  à  Eurêka  qu'à  la  partie  supérieure 
d'un  grand  amas  de  carbonate  de  plomb  on  trouve  une  cavité 
ouverte  et,  dans  cette  cavité,  un  lit  de  sables  et  de  galets  reposant 
sur  des  minerais  ayant  subi,  depuis  leur  oxydation,  une  sédimen- 
tation qui  les  a  stratifiés,  et  ce  n*est  qu'en  profondeur  que  les  mine- 
rais apparaissent  dans  les  conditions  primitives  de  leur  dépôt.  Les 
grottes  constatées  sont  donc,  dans  ce  cas,  certainement  postérieures 
au  minerai  et  contemporaines  du  métamorphisme  qui  a  changé 
les  sulfures  en  carbonates,  au  lieu  d'être  antérieures,  comme  l'ont 
cru  quelques  observateurs. 

M.  Curtis  a  remarqué,  d'ailleurs,  que,  là  où  Ion  trouvait  les 
sulfures  inaltérés,  jamais  on  ne  remarquait,  en  eux,  ces  zones  de 
cristallisation  successives,  ce  concrétionnement  caractéristique 
des  dépôts  ayant  tapissé  une  fracture  béante  et  constatés  par 
Poszepny  dans  les  remplissages  de  grottes  de  Raibl  ;  jamais  non 
plus,  la  galène  ne  venait  se  superposer  sur  une  paroi  de  calcaire 
corrodée  et  enduite  de  stalagmite,  comme  le  sont  les  parois  des 
grottes,  mais  elle  pénétrait  plus  ou  moins  intimement  dans  les 
pores  de  ce  calcaire;  enfin  jamais  on  ne  voyait,  au-dessous  d'un 
lit  de  galène  inférieur,  un  dépôt  sableux  ou  alluvionnel  tel  que 
ceux  qui  tapissent  le  sol  des  grottes  et  qu'on  retrouve,  paraît-il, 
dans  certaines  grottes  à  galène  du  Mississipi  où  la  galène  a 
recouvert  des  os  de  chauves-souris  ^  Au  contraire,  on  observe  sou- 
vent, dans  le  minerai,  l'allure  même  du  calcaire  auquel  il  s'est 
substitué.  Enfin  l'existence  de  grottes  vides  au  voisinage  de  mine- 
rais décomposés,  qui  n'y  pénètrent  jamais,  prouve  bien  que  ces 
grottes  ont  été  creusées  après  le  minerai.  La  conclusion  très  nette 
est  qu'on  n'apas  affaire  à  un  remplissage  de  cavité,  mais  aune  pé- 
nétration par  substitution,  suivie  d'un  métamorphisme  superficiel. 

Quelle  que  soit  leur  origine,  les  chambres  de  minerai  d'Eureka 
ont  présenté  des  masses  métallifères  considérables  et  l'une  d'elles, 
la  Pott's  Chamber,  a  même  été,  entre  les  compagnies  conti- 
guës  de  Richmond  et  d'Eureka,  l'objet  d'une  contestation  fameuse 
dans  laquelle  on  s'est  trouvé  avoir  à  soumettre  aux  tribunaux 
la  question  de  la  nature  filonienne  du  dépôt. 

1  Voir  plus  haut,  pa^e  624. 


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gItks  de  plomb  argentifère  de  leadville  (Colorado)     637 

Mais,  si  Ton  tient  compte,  d'une  part,  de  la  disparition  des 
minerais  oxydés  et  carbonates  riches,  peu  au-dessous  du  niveau 
hydrostatique  actuel,  en  outre  de  la  forme  en  V  (rapidement  limitée 
en  profondeur)  de  la  zone  broyée  riche  en  minerais,  enfin  des  diffi- 
cultés croissantes  d'épuisement  auxquelles  on  s'est  heurté  en 
s 'approfondissant,  on  s'explique  aisément  comment  ces  mines, 
après  une  période  de  grande  prospérité,  subissent  actuellement 
un  recul  très  sensible  dans  leur  production.  On  a  affaire  là  à  des 
gisements  limités  et  irrégulièrement  disséminés  dans  la  masse 
calcaire,  dont  un  grand  nombre  peuvent,  par  suite,  échapper  aux 
investigations*. 

Bibliographie, 

1877.  Engineering  and  mining,  déc.  1877,  janv.  1878. 

**  1884,  Joseph  Story  Curtis.  —  Silverlead  deposils  of  Eurêka,  Nevada.  (Un, 
St.  geol.  Swvey.) 

1885.  Achille  Six.  —  Les  raines  de  plomb  argentifère  da  district  d'Eureka 
(États-Unis  d'Amérique).  {Ann.  Soc,  geoL  du  Nord  de  la  France,  t.  XIII,  p.  14.) 

1887.  Daubrée.  —  Eaux  Souterr.,  t.  III,  p.  111. 

1889.  Davies,  p.  100. 


GITES  DE  PLOMB  ARGENTIFÈRE  DE  LEADVILLE 

(COLORADO) 

Le  groupe  des  mines  de  Leadville  est  situé  dans  le  Colorado 
(comté  de  Lake),  sur  le  flanc  Ouest  des  montagnes  nommées 
Mosquito  Range,  à  environ  3  000  mètres  d'altitude,  sur  le  39* 
parallèle  :  ce  qui  correspond,  comme  climat,  au  55®  degré  au  niveau 
de  la  mer.  Ce  district,  le  plus  important  des  Etats-Unis  par  sa 
production  de  plomb,  existait  à  peine  il  y  aune  quinzaine  d'années, 
quoique,  depuis  1860,  on  eût  cherché  de  Tor  avec  ardeur  dans  les 
environs;  c'est  en  1874  qu'il  fut  découvert  par  MM.  Wood  et 


'  Pour  y  remédier,  le  D' Bavus  a  essayé  une  méthode  électrique  assez  curieuse,  mé- 
thode permettant,  selon  lui,  de  reconnaître  la  proximité  des  masses  métallifères  par  des 
variations  de  potentiel  produites  dans  un  courant.  Les  résultats  pratiques  de  ces  tenta- 
tives intéressantes  paraissent  peu  concluants. 


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638 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


Stevens.  Après  un  rapide  essor  jusqu'en  1880 1,  de  1880  à  1887 
sa  production  a  encore  doublé.  En  1887,  Leadville  a  fourni 
30000  tonnes  de  lingots  de  plomb  fondus  et  33  000  tonnes  de 
minerais  siliceux  ou  sulfurés  exportés,  avec  3  000  onces  d'or  et 
8000000  onces  (230  kilogrammes)  d  aident.  Sa  production  d'argent 
annuelle  est  supérieure  à  celle  de  toutes  les  autres  nations  du 
monde,  excepté  le  Mexique,  et  n'est  surpassée,  aux  Etats-Unis, 
que  par  celle  du  Comstock. 
De  1877  à  1884,  la  production  totale  a  été  : 


OR 

ARGENT 

PLOMB 

VALEUR 

Traité  à  Leadville. 
Exporté 

Onces 

77  197 
25  825 

Kilos 

2401 
803 

Onces 

42  089  722 
9  012  644 

Kilos 
1308  990 

280  293 

Tonnes 

184912 
193  319 

Fr. 

383  689  318 
110  940  000 

103  022 

3  204 

51102  366 

1  589  283 

278  231 

494  629  318 

Enfin,  en  1890,  Leadville  a  produit  45  300  tonnes  de  plomb; 
pour  la  même  année,  la  production  de  métaux  précieux  dans  TEtat 
du  Colorado  a  été  de  21  300  000  francs  d'or  et  18  800  000  onces 
d'argent  (123  millions). 

Au  point  de  vue  industriel ,  les  gisements ,  comme  beaucoup 
d'autres  de  ceux  que  nous  étudions  au  chapitre  du  Plomb  (Eurêka, 
Bingham,  Sala,  etc.),  sont  surtout  exploités  pour  leur  teneur  en 
argent  et  en  or.  Cette  teneur  est  si  forte,  en  général,  qu'elle  rend 
utilisables  des  minerais  à  6  p.  100  de  plomb.  Les  minerais  extraits 
sont  surtout  des  carbonates  de  plomb  dérivant  de  galènes  argen- 
tifères et  imprégnant  des  hématites  provenant,  de  pyrites  décom- 
posées ;  leur  métallurgie  est  conçue  comme  si  Ton  avait  affaire  à 
un  simple  minerai  de  plomb,  l'amalgamation  directe  n'étant  pas 
possible,  et  c'est  à  la  fin  seulement  des  opérations  qu'on  sépare 
le  plomb  par  une  coupellation. 

Géologie  de  la  région.  —  Les  Mosquito  Range,  où  se  trouve  Lead- 
Tille,  forment  la  bordure  Ouest  du  South  Park  et,  topographique- 

i  En  1880,  Leadville  avait  déjà  15000  habitants. 


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640  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

ment,  font  partie  des Park Range*.  Mais,  géologiquement,  leur  appa- 
rition ne  date  que  de  la  fin  du  crétacé,  tandis  qu'auparavant  la 
dépression  des  Parks  était  limitée  :  à  TEst,  par  le  massif  archéen  du 
Colorado  Range;  au  Nord,  par  les  Sawath  et,  à  TOuest,  par  le 
Park  Range. 

On  y  trouve,  au-dessus  d'un  soubassement  de  gneiss  et  de 
granité,  borné  à  TOuest  par  une  grande  faille  N.-S.  :  (la  Mosquito 
fault)  des  couches  paléozoïques  concordantes  (quartzites  cam- 
briens,  dolomie  et  quarzites  siluriens,  calcaire  carbonifère,  etc.), 
d'une  épaisseur  totale  de  1  000  à  1  500  mètres,  avec  des  intrusions 
nombreuses  de  microgranulites  (white  porphyry,  felsite),  qui  sont 
venues,  en  particulier,  former  une  couche  régulière  au  sommet 
d'un  calcaire  bleu  du  carbonifère  inférieur.  Cette  microgranulite, 
à  grands  cristaux  de  feldspath,  quartz  et  mica  blanc,  repose  là 
sur  le  calcaire,  en  pénétrant  dans  toutes  ses  anfractuosités.  Il 
est  impossible  de  préciser  Tàge  de  ces  roches  ;  mais  M.  Emmons, 
auteur  d*un  beau  mémoire  d'ensemble  sur  Leadville*,  est  porté  à 
les  considérer  comme  s'étant  introduites  dans  les  terrains,  avec  une 
puissance  dynamique  considérable,  vers  la  fin  de  la  période  de 
dépôt  tranquille,  c'est  dire  pendant  le  crétacé. 

A  la  suite  de  cette  microgranulite,  les  minerais  plombeux  ont 
imprégné  le  calcaire,  surtout  près  de  son  contact  avec  cette  roche', 
mais  sans  former  une  couche  continue. 

Puis  le  grand  plissement  de  la  région  s'est  produit  en  disloquant, 
à  la  fois,  les  terrains,  les  microgranulites  et  les  minerais  intercalés 
et  occasionnant  un  très  grand  nombre  de  failles  qui  divisent  les 


*  Les  montagnes  Rocheuses  peuvent  être  considérées  comme  formées  de  deux 
rides  des  terrains  arcliéens,  le  Colorado  ou  Front  Range  à  TEst,  le  Park  Range  à 
rouest  ;  au-dessus  de  cet  archéen,  les  terrains,  allant  du  cambrien  à  la  fin  du  crétacé, 
sont  concordants:  le  plissement  ne  date  que  du  début  de  l'époque  tertiaire; il  été  pré- 
cédé par  des  éruptions  abondantes  et  longtemps  continuées  de  roches  cristallines 
intrusives  d*âge  récent  dont  les  premières  émanations  métallifères  paraissent  avoir  été 
la  conséquence. 

*  Geology  and  mining  industrie  of  Leadville,  Colorado  (Un.  St.  geol.  Survey,  1886); 
1  vol.  avec  atlas. 

'  l\  existe,  autour  de  Leadville,  d'autres  catégories  de  porphyres  :  ainsi,  au  mont  Lin- 
coln, une  microgranulite  très  cristalline,  parfois  à  hornblende  (Lincoln  porphyry);  un 
porphyre  pyriteux,  toujours  très  décomposé,  tenant  4  p.  100  de  pyrite,  qui  ne  se  trouve 
qu'à  Leadville,  etc...  Quant  aux  roches  plus  récentes,  non  plus  intrusives,  mais  érup- 
tives,  elles  ne  sont  représentées  que  par  quelques  dykes  de  rhyolithe  assez  éloignés. 
M.  Whitmau  Cross  a  fait  une  étude  pétrographique  de  ces  roches  diverses. 


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gItES   de   plomb   ARGENTIFÈaE   DE  LBADVILLE    (cOLORADO)       (V41 


couches  en  une  série  de  gradins 
dont  la  figure  325*  donne  Vidée,  g 

Enfin,  une  érosion  très  forte  a   u 
fait  disparaître  le  sommet  de  la  p 
voûte  anticlinale  et  mis  au  jour  les 
terrains  inférieurs  de  la  série. 

C'est  ce  que  mettent  en  évidence  la 
carte  géologique  (flg.  324)  et  la  coupe 
transversale  de  la  région  de  Leadville 
(flg.  325). 

Généralités  sur  les  gites  métalli- 
fères. Leur  mode  de  formation.  —  Les 
minerais  les  plus  importants  de  Lead- 
ville se  trouvent  dans  le  calcaire 
dolomitique  carbonifère,  qui  a  50  à 
60  mètres  d*épaisseur,  au  voisinage 
de  la  microgranulite  (white  porphyry) 
et  en  dessous  d'elle.  Ils  constituent, 
par  suite,  une  sorte  de  gisement  de 
contact,  dont  la  surface  supérieure, 
formée  par  la  base  du  porphyre,  est 
assez  régulière  et  bien  définie,  tandis 
que  la  partie  inférieure  passe,  par  des 
transitions  insensibles  et  de  la  façon  g 
la  plus  irrégulière,  au  calcaire  encais-  ' 
sant.  (Voir  fig.  326.)  On  trouve,  en 
outre,  des  minerais  dans  des  fractures 
plus  ou  moins  complexes  et  en  rela- 
tion plus  ou  moins  directe  avec  le 
contact  en  question  ;  il  en  existe  au 
voisinage  d'autres  porphyres  et  enfin, 
accidentellement,  au  cœur  du  por- 
phyre même. 


^  Les  figurés  des    figures  325  à  332  sont  ceux 
de  la  figure  324. 

GÉOLOGIS.  —  T.  II. 


41 


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642  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Il  semble  à  peu  près  certain  qu'il  s'est  produit  là  des  phéno- 
mènes de  substitution  analogues  à  ceux  que  nous  avons  rencontrés 
dans  tant  d'autres  gisements  :  c*est-à-dire  que  des  eaux  sulfureuses 
ont,  après  l'intrusion  des  microgranulites  et  avant  la  dislocation 
des  terrains  (vers  la  fin  de  l'époque  crétacée),  pénétré  dans  le 
calcaire  en  profitant  de  toutes  ses  fissures  et  que,  se  concentrant 
particulièrement  au-dessous  d'un  couvercle  de  microgranulites 
inattaquables,  elles  ont,  à  son  contact,  corrodé  progressivement 


^-i^te. 


Fig.  326.  —  Coupe  verticale  £.  25"  S.,  à  la  descenderie,  dite  Carbonate  Incline 
(Carbonate  mine,  Leadville). 

ce  calcaire.  La  forme  des  gisements  et  la  façon  dont  leur  partie 
inférieure  pénètre,  par  une  série  de  poches,  dans  le  calcaire 
prouve  bien  nettement  qu'on  n'a  pas  eu  affaire  à  un  remplissage 
de  cavités,  de  grottes  préexistantes. 

Mais  le  dépôt  primitif  ne  s'est  pas  fait  sous  la  forme  actuelle 
de  carbonates  et  d'oxydes,  et  ceux-ci  sont  dus,  comme  à  Eurêka, 
à  un  métamorphisme  secondaire  et  superficiel,  qui  a  produit,  par 
endroits,  un  véritable  remaniement. 

Les  eaux  ont,  en  eflet,  commencé  par  précipiter  leurs  métaux 
sous  forme  de  sulfures  divers,  en  particulier  de  sulfure  de  plomb 
argentifère  et  de  pyrite  de  fer.  Puis,  au  voisinage  de  la  surface  *,  ces 
sulfures  ont  été  altérés  et  transformés  en  carbonates,  sulfates  et 
chlorophosphates,  contenant  un  reste  de  galène  et  associés  avec 
des  matières  ocreuses  et  des  hématites,  et  ces  minerais  oxydés 
sont,  en  définitive,  les  plus  habituels. 


^  On  a  remarqué  que  l'épaisseur  de  la  zone  altérée  variait  avec  raliitude  et  était 
moindre  aux  grandes  hauteurs,  où  les  eaux  sont  emprisonnées  longtemps  à  l'état  de 
glace  par  les  froids.  Bien  des  causes  influent,  d*ailleurs,  sur  Tintensiié  de  ce  phéno- 
mène, Tabondance  des  pluies,  la  longueur  du  trajet  souterrain  dans  lequel  les  eaux 
se  sont  plus  ou  moins  dépouillées  de  Toxygène  de  Tair,  etc. 


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GtTES  DE  PLOMB  ARGENTIFÉEE   DE   LEADVILLE    (cOLORADO)       643 

Minerais.  —  A  côté  du  carbonate  de  plomb  prédominant  et  de 
la  galène,  on  trouve  fréquemment  un  mélange  de  sulfate  de  fer, 
d'anglésite  et  de  pyromorphite ,  appelé  par  les  mineurs  :  basic 
ferrie  sulfate. 

En  même  temps,  Targent  se  présente,  non  seulement  associé 
aux  carbonates  de  plomb  mais  aussi  isolé  en  chlorobromures, 
parfois  chloriodures,  rarement  à  l'état  natif.  Originairement,  il 
paraît  avoir  été  sous  forme  de  sulfure,  soit  simple,  soit  arsenical  ou 
antimonial.  Les  chlorures,  bromures  et  iodures  d'argent  semblent 
être  à  Tétat  de  mélange  confus,  contrairement  à  ce  qui  se  passe, 
d'après  les  observaUons  de  Moesta,  à  Chaûarcillo  (Chili)*,  où  les 
chlorures  sont  seuls  jusqu'à  20  mètres  ;  puis  s'associent  à  du  brome 
qui  domine  de  plus  en  plus  et  auquel  se  substitue,  plus  bas,  de 
l'iode,  arrivant  à  former  de  purs  iodures  au-dessus  des  sulfurés. 
Mais,  à  Cha&arcillo,  la  présence  de  ces  sels  résulte  directement 
de  ce  que  la  mer  a  couvert  les  filons,  tandis  que  le  phénomène 
a  été  plus  complexe  à  Leadville. 

Avec  l'argent,  il  existe  également  de  l'or  natif,  probablement 
associé  avec  les  pyrites  ;  exceptionnellement,  de  la  blende,  de  Tar- 
senic,  de  l'antimoine,  du  molybdène,  du  cuivre,  du  bismuth,  du 
vanadium  et  même  des  traces  d'étain,  d'iridium  et  de  cadmium, 
qu'on  a  découvertes  dans  les  fours  de  fusion. 

La  gangue  comprend  de  la  silice  ou  des  silicates  de  fer,  manga- 
nèse et  alumine  et  de  la  barytine.  En  outre,  on  rencontre,  entre 
le  porphyre  et  le  calcaire  subjacent,  un  corps  blanc,  composé  de 
silicate  et  de  sulfate  d'alumine,  que  les  mineurs  appellent  <  talc 
chinois  ». 

On  a  remarqué  que  les  principaux  amas  de  minerais  ai^entifères 
se  trouvent  dans  les  bancs  calcaires  magnésiens  et  que  les  minerais 
contenant  de  l'or  et  du  cuivre  se  rencontrent,  au  contraire,  plutôt 
dans  les  bancs  siliceux  ou  les  porphyres. 

Le  tableau  suivant  donne  l'analyse  de  quelques  minerais  carbo- 
nates, particulièrement  purs,  et,  en  même  temps,  d'un  minerai 
moyen  : 


*  Ghlor,  Brom  und  lodverbinduDgen  des  Silbers  in  der  Natur.  Marburg,  1870. 


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644 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


ADELAÏDE 

LITTLECHIEF 

1 

2 

MINERAI    UOYEN 

PbO 

80,352 

75,408 

24,77 

Al«0' 

0,444 

1,415 

3,99 

Fe«0* 

0,467 

1,940 

24,86 

FeO 

0,299 

» 

0,89 

MnO 

0,137 

0,074 

4,13 

MnO» 

» 

1,386 

» 

Cob 

Traces 

Traces 

> 

ZnO 

> 

0,095 

» 

CaO 

0,303 

0,335 

2,76 

MpO 

0,068 

0,056 

3,04 

SiO* 

0,651        ' 

1;972 

22,59 

SbetAs 

Traces 

Traces 

Traces 

PhO» 

1,532 

Traces 

» 

CO* 

14,700 

14,251 

5,58 

Cl 

0,255 

0,288 

0,09 

HO 

0,395 

1,140 

5,53 

Ag 

0,009 

0.777 

0,31 

Au 

Traces 

Traces 

Traces 

99,612 

99,137 

98,54 

Le  n^  1  (minerai  d'Adélaïde)  se  présente  sous  forme  d'un  sable 
blanc  de  petits  cristaux  de  cérusite  ;  on  le  trouve,  non  dans  le 
calcaire,  mais  entre  les  porphyres  blancs  et  gris. 

Le  n""  2  (minerai  de  Littlechief  mine)  est  un  carbonate  décoloré 
et  sableux. 

Origine  des  métaux.  —  Pour  expliquer  l'origine  de  ces  métaux, 
M.  Emmons,  pénétré  des  idées  qui  régnent,  en  Amérique,  sur 
la  formation  des  gîtes  métallifères  par  simple  circulation  d'eaux 
superficielles  empruntant  leurs  éléments  aux  roches  traversées,  a 
d'abord  essayé  de  montrer  que  les  eaux,  qui  avaient  agi  sur  le 
calcaire  de  Leadville,  avaient  suivi  le  contact  du  calcaire  et  du 
porphyre  en  descendant,  sous  l'influence  de  la  gravité,  et  non  en 
remontant  à  la  façon  des  sources  thermales  ^ 


1  II  est,  dans  tous  ces  gisements  superficiels  altérés,  essentiel  de  distinguer  entre 
les  eaux  primitives,  sans  doute  ascendantes,  qui  ont  amené  les  métaux  el  les  eaux 
superficielles  descendantes  qui  les  ont  remis  en  mouvement  et  transiormés.  Le  trajet 
des  secondes,  s*étant  superposé  à  celui  des  premières,  a  donné  lieu  à  de  nombreuses 
confusions. 


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gItes  de  plomb  argentifère  de  leadville  (Colorado)     ((4o 

Son  argumentation^  se  résume  en  ce  fait  que  les  minerais  se 
trouvent  surtout  à  la  partie  supérieure  du  calcaire,  qu'ils  affectent, 
le  plus  souvent,  la  forme  de  lits  horizontaux  avec  des  poches 
limitées  en  profondeur  et  que  les  quelques  veines  verticales  que 
Ton   rencontre  ne  ressemblent  pas  à  des  cheminées  d'ascension. 

Nous  ne  voulons  pas  nier,  à  distance,  que  la  conclusion  puisse 
être  exacte;  il  nous  semble  cependant  résulter  de  l'étude  des 
sources  thermales  que  des  eaux  ascendantes,  montant  d'ua  point 
quelconque  à  travers  un  calcaire  fissuré  et  attaquable  jusqu'à  la 
microgranulite  inattaquable,  ont  dû  également  s'étendre  au-des- 
sous de  celle-ci,  y  séjourner  avec  une  tendance  constante  à  s'élever 
et  y  exercer  leur  action  de  subsititution.  L'une  des  deux  idées  n'est 
pas  plus  hypothétique  que  l'autre  et  nous  voyons,  dans  la  chaleur 
et  la  pression  qui  accompagnent  les  eaux  thermales,  un  auxiliaire 
utile  pour  expliquer  la  cristallisation  des  minerais  ;  en  outre, 
l'origine  même  des  métaux  en  devient,  comme  nous  le  dirons, 
plus  aisément  explicable. 

M.  Emmons  objecte  à  cela  que  les  terrains  imprégnés  devaient, 
au  moment  de  la  venue  métallifère,  être  recouverts  par  des  cen- 
taines de  mètres  d'autres  terrains  érodés  et  probablement  par  des 
étendues  d'eau  de  mer  considérables,  et  que  l'action  métallisante 
aurait  dû  plutôt  se  produire  à  la  partie  supérieure  (aujourd'hui 
disparue)  de  ces  terrains,  où  la  pression  était  plus  faible,  qu'à 
leur  base,  où  la  pression  devait  maintenir  les  éléments  dissous.  Le 
fait  que  les  eaux  se  sont  arrêtées  en  montant  à  une  strate  de  por- 
phyre impénétrable  nous  paraît  une  réponse  suffisante  et,  précisé- 
ment, nous  ne  comprenons  pas  bien  comment  des  eaux,  venant  de 
la  surface,  auraient,  après  des  cenlaines.de  mètres  de  cheminement, 
continué  à  descendre  sans  avoir  été  auparavant  neutralisées  et 
rendues  inertes. 

Mais  d'où  viennent  les  métaux  eux-mêmes  ;  là  encore,  M.  Em- 
mons suit  la  tendance  américaine  et  cherche,  par  une  série  d'ana- 
lyses, à  montrer  qu'ils  peuvent  dériver  directement  des  roches 
voisines. 

La  baryte,  —  ainsi  que  la  strontiane,  qui  remplace  parfois  la 

*  Loc.  cil. y  p.  575. 


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646  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

baryte  dans  les  gîtes  de  Leadville,  —  ont  été  rencontrées  dans  le 
white  porphyry  de  Leadville  (Ba  0  =  0,03  ;  Sr  0  =  traces)  et  sur- 
tout dans  le  porphyre  pyriteux  de  White's  Hill  (Ba  0  =  0,098;  SrO 
absent)  ;  le  plomb  a  été  trouvé  également  dans  les  feldspaths  du 
porphyre  blanc  et  surtout  dû  porphyre  pyriteux;  de  même,  pour 
l'argent,  —  en  quantités,  il  est  vrai,  extrêmement  faibles  : 
0,000006  environ.  —  Enfin,  on  a  fait  remarquer  qu'une  partie  de 
la  pyrite  existait  incluse  dans  des  cristaux  de  quartz,  donc  à  Fétat 
de  première  consolidation,  bien  que  la  plus  grande  partie  ait  pu 
être  injectée  postérieurement  *. 

En  résumé,  nous  sommes  très  disposé  à  admettre,  avec 
M.  Emmons,  que  le  porphyre,  au  contact  duquel  le  gisement 
métallifère  s'est  développé,  en  contient  les  éléments  et  que  c'est 
de  ces  éléments  que  provient  le  gisement  lui-même  ;  la  relation 
entre  les  roches  éruptives  et  les  formations  métallifères  est  un 
des  faits  géologiques  qui  ont  été  le  plus  anciennement  admis  par 
l'école  française  ;  là,  où  nous  avons  quelque  peine  à  suivre 
M.  Emmons,  c'est  lorsqu'il  suppose  uniquement  un  lessivage  de 
la  roche  devenue  solide,  tandis  que  nous  croyons  plutôt  à  une 
intervention  des  fumerolles  de  la  roche  encore  à  l'état  igné. 

Ceci  dit,  passons  à  la  description  plus  détaillée  des  trois  prin- 
cipaux groupes  de  mines  de  Leadville  :  Iron  Hill,  Carbonate  Hill 
et  Fryer  Hill. 

Groupe  de  Iron  Hill.  —  Le  groupe  de  Iron  Hill  est  d'une 
constitution  très  simple,  comme  le  montrent  un  plan  et  une  coupe 
ci-joints'  (fig.  327  et  328).  Un  bloc  de  terrains  anciens,  inclinés 
vers  l'Est  assez  doucement,  a  été  coupé,  à  l'Ouest,  par  une  grande 
faille,  et  dans  ce  bloc,  les  minerais  se  trouvent  exclusivement  au 
contact  du  calcaire  {é)  et  de  la  microgranulite,  ou  white  por- 
phyry, (y*),  superposé.  On  y  voit  deux  intrusions  de  porphyres  plus 

'  Un  fait  assez  particulier,  dans  les  analyses  données  par  M.  Emmons  ((oc.  cil,^ 
p.  591),  c'est  que  la  plupart  des  porphyres  analysés  contenaient  un  peu  de  plomb  et 
un  seul  du  zinc  :  ce  qui  correspond,  assez  bien,  à  la  rareté  du  zinc,  par  rapport  au 
plomb,  dans  les  gisements. 

*  On  voit,  sur  le  plan,  les  amas  de  minerai  se  projeter  au  milieu  de  la  microgra- 
nulite (white  porphyry)  ;  ils  sont,  en  réahté  (voir  la  coupe),  au-dessous  d'elle,  à  son 
contact  avec  le  calcaire. 


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Fig.  327.  —  Carte  géologique  de  la  région  d'Iran  HIU  à  Leadville. 

(Les  travaux  souterrains  et  contours  de  gisements  métallifères  sont  supposés 

projetés  sur  un  plan  horizontal.)  Les  figurés  sont  ceux  de  la  figure  324. 


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6i8 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


récents  assimilés  au  porphyre  gris  (?:*).  L'un  d'eux,  qui  tra- 
verse le  gisement,  est  accompagné  d'une  concentration  de  mine- 
rai riche  à  son  voisinage.  Le  minerai  est  formé  de  galène  argenti- 
fère avec  ses  produits  d'altération,  dans  une  gangue  d'oxydes  de 
fer  et  de  manganèse,  de  silice  et  d'argile. 


Iron  Hat 
Opo  p. 

.  P. 


Iron 


LoeDa  Tue  a  on 

Porplyry  P.Tae«eii 


Ecfaello 
Fig.  328.  —  Coupe  verticale  par  la  principale  descenderie  dlron  Hill. 

Les  principales  mines  sont  :  Rock  et  Dôme,  Iron  Silver,  la 
Plala  et  Stone,  Lime  et  Smuggler,  Silver  Wawe  et  Silver  Cord, 
Iron  mine. 

North  Iron  Hill  comprend  surtout  les  mines  Argentine  et  Adé- 
laïde. 

Groupe  de  Carbonate  Hill.  —  Ce  groupe  est  un  peu  plus  com- 


Star^  Crescent    Doodle        Carbonate 


Eiwnhur 

StaT* 

Hvmn^  Catalpa 


ShamrooV 


i  l\\  ï  l   \   \\ 


W   i    i   il  Mf^j  ■ 


JElcheBe  au  7.000 


JElcheBe  au  7.000 
Fig.  329.  —  Coupe  longiludinale  de  Carbonate  Hill  sur  le  flanc  Ouest  de  la  colline. 


Crescent 


.      W»Wallaco 
ExoeUior 


REaBoeblor 


F  Pondcry 


E  cliellc  '  au  7.8  o  o 


Fig.  330.   —  Coupe  verticale  N.-O.  —  S.-E.  de  Carbonate  Hill  par  la  mine  Crescent. 
plexe,  comme  le  montrent  une  coupe  en  long  (fig.  329)  et  une 


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gItes  de  plomb  argentifère  de  leadville  (Colorado)     64d 

coupe  en  travers  (fîg.  330),  perpendiculaire  à  la  première;  là,  éga- 
lement, on  observe,  à  la  rencontre  des  gisements  par  les  porphyres 


EekeOc  au  5.200 


L.Wuhrer  scu/p 


Fig.  331.  —  Carte  géologique  du  groupe  de  Fryer  Uill,  à  Leadville.  (Figurés  de  la  figure 324.) 


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650  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

gris,   un  enrichissement  notable.  Les  minerais  sont  les  mêmes 
qu'à  Iron  Hill. 

Les  mines  peuvent  se  diviser  en  deux  groupes  : 
Au  Sud,  Carbonate,  Little  Giant  et  Yankee  Dodle,  à  TEst  de  la 
faille  principale  ;  Aetna  et  Glass  Pendery,  à  TOuest  ; 

Au  Nord,  Crescent,  Catalpa,  Evening  Star,  Morning  Star,  Wa- 
terloo, Henrielt,  etc. 

Groupe  de  Fryer  Hill.  —Le  groupe  de  Fryer  Hill  (fig.  331  et  332), 
fameux  par  la  richesse  en  argent  de  ses  gisements,  n'occupe  qu'un 
espace  assez  restreint.  Les  phénomènes  de  substitution  y  ont  été 
poussés  à  Textréme.  En  même  temps,  les  calcaires  ont  subi  un 
plissement  considérable  et  ont  été,  par  l'intrusion  de  la  microgra- 
nulite,  comme  laminés  et  divisés  :  en  sorte,  qu'au  lieu  d'en  trouver 
une  couche  compacte  sous  le  porphyre,  on  n'en  rencontre  souvent 
que  des  lambeaux  discontinus  et  disséminés. 


Ouest 


Chrjrsolite 


UUÙ9         litUe 

Chief     Pittaburg^     Amie        CKnuix     Dunldn 

P.Chmnc         Pfenu 
Iitd«  Chief    ^ph!»T**  C«*raet. 


Est 

R.K.LM 
LittlaSilw 


Echelle  au     7.800 


Fig.  332.  —  Coupe  transversale  Est-Ouest  de  Fryer  Hill  le  long  de  Stray  Uorse 

Ridge. 

Les  gisements  sont  extrêmement  irréguliers;  on  peut  citer, 
comme  mines  :  la  Chrysolite  Mining  C**,  New-Discovery ,  Liltle 
Chief,  Little  Pittsburgh,  Amie,  Climax,  Dunkin,  Matchless,  etc. 
Le  gîte  de  Lee  a  présenté  cette  particularité  de  ne  contenir  que 
de  l'argent  sans  plomb,  probablement  parce  qu'il  est  entièrement 
secondaire. 

Voici  quelques  exemples  de  production  *  : 


Engineering^  16  janvier  1886. 


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GISEMENTS   DE  PLOMB   DE  TUNISIE 


651 


UINERAI 

PLOMB 

GRAMMES 

d'argent 

Par  tonne 

Fryher-hill  (mine  Chrytolitbe) 

Tonnes 

10  561 

6  315 

4  794 

152  457 

p.  100 
21,45 
16,10 
38,45 
18,00 

1  kg.  963 
1  —  170 
0-750 
0  —  450 

(  mine  Bvening  Star 

Carbootte-hill  ] 

\  mine  llorning  Stir 

Iron^ill  (minefl  de  U  Silver  company) 

Bibliographie. 

1868.  Simonin.  —  Mines  d'argent  du  Colorado.  (B.  S,  G.,  2«,  t,  XXV,  p.  453  ; 
cf.  B.  Deux-M.) 

1879.  PoszEPNY.  —  Leadville;  die  neue  Bleistadt  in  Colorado.  {Oesier.  Zeits,) 

1884.  H.  GuNN.  —  On  the  Siiver  districts  of  Colorado  (Leadville  and 
S.  Juan).  (Proceedings  of  the  royal  physical  Society,  1883-84,  p.  155.  Edimburg.) 

**  1886.  EuMONs.  —  Geology  and  mining  industry  of  Leadville. 

1889.  Daubrér.  —  Eaux  souterraines. 

1890.  J.-D.  Hawkins.  — -  Minium  from  Leadville.  {The  Amer,  J.  of  Se., 
t.  XXXIX,  p.  42.  New.Haven,1890.) 


GISEMENTS  DE  PLOMB  DE  TUNISIE* 

M.  Fuchs  a  étudié,  en  Tunisie,  divers  gisements  de  plomb,  d'âge 
tertiaire,  intercalés  dans  les  calcaires  nummuliliques.  Le  principal, 
au  point  de  vue  industriel,  semble  être  le  Djebel Reças  qui  paraît 
avoir  été  déjà  attaqué  par  les  Romains  et  qui  a  donné  lieu 
récemment  à  des  commencements  d'exploitation.  Ce  gisement  est 
situé  à  quelques  kilomètres  de  Tunis,  dans  la  moqtagne  du  Djebel 
Reças.  Les  terrains  avoisinants  appartiennent  à  deux  groupes  : 

Le  supérieur  est  composé  de  calcaires  compacts,  gris  violacé 
pâle,  sans  traces  organiques  de  polypiers  ou  nummulites,  mais 
qui  doivent  cependant  se  rattacher,  d'après  l'ensemble  de  leurs 
caractères,  à  Téocène  moyen.  (Nummulites  de  Djebba.) 

L'inférieur  est  argilo-marneux  et  renferme  des  schistes  micacés 
et  même  quartzeux.  Il  est  incliné  et  en  discordance  avec  les  cal- 
caires qui  le  surmontent,  lesquels  sont  déposés  horizontalement  et 
présentent  des  escarpements  presque  verticaux. 

*  Voir  la  carie  de  Tunisie,  t.  I,  p.  402. 


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652  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Au  milieu  de  ces  terrains,  le  principal  filon  est  situé  au  Nord- 
Est  du  sommet  principal  et  son  affleurement  est  voisin  de  la  crêle, 
entre  570  et  605  mètres  d'altitude. 

La  fracture,  qui  a  livré  passage  aux  substances  filoniennes,  pré- 
sente une  puissance  de  plusieurs  mètres. 

Sa  direction  est  Nord  5  à  7"*  Ouest.  La  partie  métallique,  distri- 
buée irrégulièrement  dans  une  gangue  de  calcaire  cristallin  avec 
inclusions  bréchoïdes,  présente  une  puissance  réduite  de  0",40  à 
0°*,50. 

Le  remplissage  est  constitué  par  de  la  galène  mélangée  de 
cérusite,  de  calamine  et  de  blende.  Le  minerai  trié  a  donné  à 
l'analyse  : 

Plomb 49,60  p.  100.  )  ,, 

Zinc 19,70      -      jpasd'argeot. 


3^  GISEMENTS  DE   PLOMB  SEDIMENTAIRES 

Les  gisements  de  plomb  sédimentaires  d'une  certaine  impor-> 
tance  son!  très  rares,  et  il  n'en  est  que  bien  peu  où  l'on  soit  sûr 
de  ne  pas  avoir  affaire  à  une  imprégnation  postérieure,  analogue 
à  celle  que  pourrait  produire  une  nappe  artésienne  minéralisée  en 
se  répandant  au  milieu  d'une  couche  perméable,  comme  un  grès, 
ou,  tout  au  moins  attaquable  aux  acides,  comme  un  calcaire. 
C'est  ainsi  que,  si  nous  avions  adopté  une  autre  théorie,  nous 
aurions  pu  classer,  dans  ce  chapitre,  une  partie  des  gisements 
de  la  province  de  Carthagène,  de  ceux  de  Raibl,  etc.  Il  est  cer- 
tain, d'autre  part,  qu'il  semble  y  avoir  eu,  dans  l'Europe  cen- 
trale, de  très  abondantes  venues  plombifères,  pendant  la  période 
qui  commence  au  permien  pour  s'étendre  jusqu'au  lias,  et  l'on 
conçoit  très  bien  que  ces  métaux,  disséminés  dans  les  eaux  d'un 
bassin  où  se  formaient  des  sédiments,  aient  pu  se  déposer  avec 
eux.  C'est  sans  doute  à  des  actions  de  ce  genre  qu'il  faut  attribuer 
la  présence  de  mouches  de  galène  dans  certaines  arkoses  et 
meulières  triasiques  ou  infraliasiques  du  plateau  central  ;  une 
hypothèse  analogue  peut  également  être  adoptée  pour  les  grès 
plombifères   de  Commern,   Mechernich,   Saint-Avold,  etc.,  que 


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GRÉS   PLOMBIFÉRES   DE   GOMMERN,    MEGHERNIGH,    ETC..    653 

nous  allons  décrire,  ainsi  que  pour  les  gîtes  de  Silésie,  dont  l'étude 
a  été  faite  au  chapitre  du  Zinc  K 


GRÈS  PLOMBIFÉRES  ET  CUPRIFÈRES 

DE    COMMERN,     MEGHERNIGH    ET    SAINT-AVOLD 

Il  existe,  en  Allemagne,  d'Aix-la-Chapelle  à  Sarrelouis,  un  long 
affleurement  Nord-Sud  de  grès  bigarré,  qui  présente,  en  bien  des 
points,  des  signes  de  minéralisation,  comparables,  dans  une  cer- 
taine mesure,  à  ceux  des  schistes  cuprifères  du  Mansfeld  ou  des 
grès  cuprifères  de  Perm.  Mais  ici  le  cuivre  n'est  qu'un  acces- 
soire, tandis  que  le  plomb  joue  un  rôle  important. 

Dans  cette  région,  le  grès  bigarré  couvre  le  plateau  de  la  Sarre, 
les  Vosges  et  le  Hardt  et  se  prolonge  par  quelques  îlots  avancés 
jusqu'aux  environs  de  Dûren  près  Cologne.  C'est  surtout  aux  deux 
extrémités  de  cette  bande,  près  de  Dûren  au  Nord,  de  Sarrelouis 
au  Sud,  que  se  trouvent  les  métaux  (fig.  333). 

1**  Au  Nord,  à  Commern^  dans  l'Eifel,  le  grès  bigarré  affleure, 
sur  les  couches  dévoniennes  des  bords  du  Rhin,  sur  une  longueur 
de  23  kilomètres  et  une  largeur  de  8.  A  la  base,  il  comprend  des 
grès  grossiers  peu  colorés  et  des  conglomérats  avec  plomb  ;  à 
la  partie  supérieure,  des  grès  rouges,  à  grain  fin,  correspondant 
au  Roth. 

Les  grès  bigarrés  à  nodules  de  galène  sont  exploités  principale- 
ment au  Bleiberg,  près  Dûren,  à  côté  de  Cologne,  entre  Call  et 
Mechernich,  sur  une  longueur  de  8  kilomètres  et  une  largeur  de  2. 
Ils  débutent  par  une  assise  d'argile  rouge  et  un  banc  de  con- 
glomérat de  0™,50  à  6  mètres  de  puissance,  nivelant  toutes  les 
inégalités  du  dévonien  sous-jacent.  Au-dessus,  vient  la  couche 
noduleuse  inférieure,  de  18  mètres  d'épaisseur,  recouverte  par 
un  autre  banc  de  conglomérat,  puis  la  couche  noduleuse  supé- 
rieure de  26  mètres  de  puissance. 

Quelques  failles  recoupent  le  gisement,  dont  une,  celle  de  Son- 
nenberg,  est  remplie  de  barytine  blanche. 

»  Page  449. 


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654 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


Le  grès  noduleux  métallifère  *  est  un  grès  blanc,  généralement 
friable,  formé  de  petits  grains  quartzeux,  avec  ciment  argileux  et 
parfois  un  peu  calcaire.  On  a  remarqué  que  les  nodules  de  minerai 


J^Durcn 


39  BajvLltMX  adairmeifrùkf  f 

I  8   JJcwru^rt^ 

Lu 


Xujccraboi 


Fig.  333.  —  Carte  de  la  région  do  Commern  et  Saint-Avold, 
d*après  la  carte  géologique  de  France  au  ^  qoo  ooo* 

existaient  seulement  dans  les  grès  blancs  et  disparaissaient  dès 
que  la  roche  est  colorée. 

Les  nodules  eux-mêmes  sont  des  concrétions  arénacées  de 
grosseur  variable  (1  à  8  millimètres),  renfermant,  outre  le  ciment 
ordinaire,  divers  minerais  cristallisés,  galène,  plus  rarement 
céruse,  et,  très  rarement,  sels  de  cuivre. 

Certains  nodules  sont  stériles. 

La  répartition  des  nodules  est  variable.  Ils  sont  tantôt  serrés 
les  uns  contre  Jes  autres,  tantôt  disposés  en  groupe,  ou  tantôt 

1  Voir  V.  Groddeck,  p.  128. 


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GRÉS   PLOMBIFÉRES   DE   GOMMERN,    MECHERNICH,    ETC..    655 

isolés  et  éloignés  les  uns  des  autres.  Lorsque  les  bancs  de  con- 
glomérat sont  minéralisés,  ce  n'est  pas  par  des  nodules,  mais  par 
de  petites  masses  cristallines  et  lamellaires  de  galène,  finement 
réparties  dans  le  ciment  ou  réunies  en  cordon. 

Au  Bleiberg,  on  rencontre,  en  outre,  au  mur  du  banc  de  grès 
plombifère,  des  masses  homogènes  de  galène,  pouvant  atteindre 
0™,7S  de  diamètre,  associées  à  du  calcaire. 

A  la  mine  Friedrich  Wilhelm,  à  Berg,  près  de  Commern,  on 
trouve,  associés  aux  nodules,  des  minerais  de  cuivre  :  entre  autres, 
de  Tazurite  et  de  la  malachite.  Ces  minerais  de  cuivre  forment, 
eux-mêmes,  des  nodules  dans  une  couche  de  grès  de  3  mètres 
de  puissance. 

Près  de  Call,  à  la  partie  supérieure  d'une  argile  rouge,  se  ren- 
contrent 3  couches  de  cérusite  compacte  mêlée  d'argile,  partie  en 
nodules,  partie  en  petites  lamelles. 

La  teneur  en  poids  des  nodules  du  grès  plombifère  est,  en 
général,  de  0,15  à  1,5  p.  100  de  plomb  et  s'élève  quelquefois  à  2 
et  3  p.  100  de  plomb. 

Les  plombs  sont  un  peu  argentifères  (0,00027  d'argent). 

2*"  Au  Sud  de  cette  longue  bande  de  grès  bigarré  (bunter 
Sandstein),  on  retrouve  des  gisements  de  grès  plombifères, 
analogues  à  ceux  de  Commern  et  de  Mechernich,  en  Lorraine, 
dans  la  région  comprise  entre  Saint-Avold  et  Wallerfangen,  près 
de  Sarrelouis*  et  ces  grès  renferment,  comme  ceux  de  Commern, 
à  la  fois  des  minerais  de  plomb  et  des  minerais  de  cuivre. 

Les  affleurements  du  trias  forment  là  un  vaste  fer  à  cheval  au- 
tour du  massif  complexe  constitué  par  le  plateau  du  Hundsriick  et 
le  bassin  houiller  de  Sarrebriïck.  A  l'extérieur  de  ce  fer  à  cheval, 
le  grès  permien  est  régulièrement  recouvert  par  le  trias  qui  présente, 
presque  partout,  une  falaise  abrupte  encadrant  le  plateau  per- 
mien. Une  deuxième  falaise,  placée  plus  en  retrait  et  n'existant 
que  dans  la  partie  occidentale,  vient,  à  son  tour,  superposer  le 
jurassique  au  trias.  L'ensemble  des  couches  plonge  légèrement 
vers  l'Ouest. 

La  coupe  générale  des  terrains  métallifères,  qui  sont  compris 

*  Groddeck,  p.  128. 


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656 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


dans  les  collines  ou  contreforts  surmontant  la  plaine  de  la  Sàrre, 
est  la  suivante  (fig.  334)  : 

A  la  partie  supérieure  se  trouve  le  muschelkalk  ;  puis  viennent 
environ  15  mètres  de  marnes,  sables  et  grès  verts  et  rouges  et,  au- 


'  tuJbuoaJiC. 


[  .T iMDBM'tU  mùutxuù  k-  phi*  ' 


Fig.  334. 
Coupe  générale  de  Tescarpement  qui  termine  le  plateau  de  la  Sarre  (Saint-Àvold). 

dessous,  25  mètres  de  grès  vert  pâle,  surmontant  un  grès  jaunâtre 
qui  renferme  la  couche  métallifère  supérieure.  Cette  couche  est 
surtout  développée  au  Bleiberg  de  Saint-Avold  et  à  Creutzwald. 

Plus  bas,  séparant  cette  couche  d'une  seconde  couche  de 
grès  plombifère,  se  présentent  deux  assises  de  grès  jaunâtres.  La 
seconde  couche  plombifère,  dite  couche  de  Gastelberg  et  de  beau- 
coup la  plus  importance  par  sa  constance  et  sa  régularité,  arrive 
ensuite  :  c'est  celle  de  Maubach,  Gommern  et  Mechernich. 

L'ensemble  des  gisements  se  termine  par  le  grès  des  Vosges,  à 
la  partie  inférieure  duquel  se  trouve  la  couche  cuivreuse  du 
Hochwald,  qui  a  été  l'objet,  il  y  a  quelques  années,  de  tentatives 
d'exploitation  suivies  de  peu  de  succès. 

La  couche  plombifère,  dite  du  Castelberg^  a  une  épaisseur 
assez  constante  de  6  à  7  mètres.  A  sa  partie  inférieure,  elle  se 
compose  d'un  grès  blanchâtre  très  peu  micacé,  qui  passe  souvent 
au  jaune  par  suite  de  la  présence  d'un  peu  de  molybdate  de 
plomb.  Il  renferme,  irrégulièrement  distribués  dans  sa  masse, 
une  série  de  galets  de  quartz  blanc,  qui,  tantôt  se  réunissent  en 
une  couche  unique  formant  un  véritable  conglomérat  et  tantôt 
sont  répartis  sur  toute  la  hauteur.  Dans  la  partie  médiane,  se 
trouvent  quelques  veines  rougeâtres  qui  viennent  barioler  le 
grès  blanc  sur  une  hauteur  de  0",25  à  0",75. 


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GRÉS   PLOMBIFÊRES   DE   SAINT-AYOLD 


657 


Le  plomb  est  disséminé,  dans  ces  assises,  en  petites  mouches  de 
galène  formant,  soit  une  imprégnation  à  peine  visible,  soit  des 
noyaux  dits  knoien,  qui  ont  été  d  abord  exclusivement  exploités 
et  ont  donné  leur  nom  au  grès  (knotensandstein).  La  galène  est 
légèrement  blendeuse,  le  zinc  paraissant  concentré  dans  les 
knoten.  A  côté  de  la  galène,  on  trouve  la  cérusite  et  le  molyb- 
date  de  plomb,  qui  forme  un  enduit  jaunâtre,  colorant  légèrement 
la  masse  du  grès  en  plusieurs  points. 

La  couche  du  Bleiberg  est  composée  d'un  grès  brun  jaunâtre 
assez  micacé;  l'imprégnation  métallifère  y  présente  la  même 
allure  qu'au  Castelberg,  mais  elle  est  plus  irrégulière  et  plus 
condensée. 

Les  knoten  tiennent  de  40  à  50  p.  100  ;  exceptionnellement, 
on  trouve  quelques  masses  ayant  une  teneur  supérieure  à  10  p.  100 . 
Aux  environs  de  Sain t-Avold,  la  teneur  varie  de  1  à  6  p.  100. 

Les  plombs  sont,  de  plus,  légèrement  argentifères. 

Le  cuivre  se  trouve,  comme  nous  l'avons  dit,  surtout  dans  la 
couche  dite  de  Hochwald,  à  la  partie  supérieure  du  grès  bigarré. 

On  connaît,  à  Freyhung  (haut  Palatinat),  dans  les  couches  du 
keuper,  un  gîte  de  minerai  de  plomb  qui  rappelle  le  grès  nodu- 
leux  de  Gommern. 

Quelques  tableaux  ci-joints  résument,  d'après  M.  Fuchs,  les 
principales  données  économiques  relatives  à  ces  gisements  : 

TABLEAU  DE  LA  TENEUR  EN  PLOUB  DE  DIVERSES  PRISES  DRESSAI 
DES  MINERAIS  DE  LA  COUCHE  DU  CASTELBERG 


NATURE  ET  ORIGINE 

des 

édiaotilloDS 


Prises  d'essai  n®  4  .  | 
Anx  affleurements 


Echantillons  riches. 
Knoten  riches  .   .   . 


D'après 

monnaie 
de  Paris 


4,53 

6,39 

I     4,40 


3,21 
1,50 
10.7 
7,97 


TENEUR    EN    PLOMB 


D'après 

Técole 

des 


6,50 
3,80 

3*30 
1,02 


D'après 
M.Walter 
Genève 


4,92 

6.747 

4,848 

3,619 
1,468 


D'après 

M.Sellier 

Paris 


Moyenne 


7,05 
4,35 
0,82 
3,22 
1,22 


plus  de 
50p.  100 


4,72 
6,65 
4,35 
0,82 
3,35 
1.30 


Moyenne 
générale 


4,13 
2,35 


TENEUR  EN  ARGENT 

grammes 
à  la  tonne  de  plomb. 


17  fframmes,  soit 
0,26  à  la  tonne 
de  minerai. 

17  grammes. 

73or.,33  à  la  tonne 
de  minerai. 


GÉOLOGIE.  —  T.  II. 


42 


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658 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


TABLEAU   DE  LA  TENEUR  EN   PLOMB   DE  I^IVERSES  PRISES  DRESSAI 
DE  COUCHKS   DU   BLRIBERG    (PRÈS   SAINT-AVOLD) 


PRISES  d'essai 


Moyenne. 
Riche  .  . 
Pauvre.   . 


TENEUR  EN   PLOMB 


N«  I 


2,90 
4,46 
0,90 


N«  11 


3,175 


if  m 


2,95 
4,45 
0,82 


MOYENNE 

de« 
•nalytes 


3,008 


TENEUR  EN  ARGENT 

gmnmct 

à  U  tonne  de  Pb 


4,455    '.  560  grammes. 
0,860    ) 


Moyenne  générale  de  toute  la  couche  2,774 


TABLEAU   DU   PRIX   DE  RETIENT 

DE  L  EXTRACTION   DES   MINERAIS   DE  SAINT-AVOLD 

Rapporté 

à  la  loiine  de  plomb  d'œuvre. 

TENEURS 

PLOMB  CONTENU 

QUANTITÉ 

PRIX 

_ 

_  „ 

___  _          _ 

_    -  -  - 

de     minerai 

de  rerient  de 

Dans  les 

nécessaire 

Teitraction 

TOTALR 

p.  100 

Finalement 
uUlitée 

Dans  les  grès 

litres 

à  l'usine 

schistes    sor- 
tant de  la 
laverie 

Plomb 
d'œuvre 

par  tonne  de 
Plomb. 

rapporté  à  la 
tonne  de  plumb 

Tonnes 

Tonnes 

Tonnes 

Tonnes 

Francs 

2 

4,44 

900 

720 

6i8 

70 

175 

2,5 

1,80 

1  125 

825 

788 

55 

137        1 

3 

2, 16 

1350 

1080 

972 

46 

115 

3,5 

2,52 

1575 

1260 

1134 

39 

98 

4 

2,98 

1800 

14tO 

1296 

3^ 

85 

4,5 

3,24 

2  025 

1020 

1458 

30 

75 

5 

3,60 

2  250 

1800 

1620 

27 

68 

TABLEAU   DES    FRAIS   TOTAUX    POUR    L  EXTRACTION    ET    LE    TRAITEMICNT  DES    MINERAIS 
DE   PLOMB   DE   SAINT-AVOLD 

Rapportés  à  U  tonne  de  pl.^mb,  dans  l'hypothèse  d'un  trarail  journalier  de  100  mètres  cubes 

ou  150  tonnes. 


Total 

Amortis- 

Intérêt 

TBMIOa 

Extraction 

Préparation 

Fonderie 

des  frais 

Frais 

sement  des 

des  fonds 

TOTAL 

p.  100 

mécanique 

spéciaux 

généraux 

installa  < 

de 

général 

tiuns 

roulement 

Fmncs 

Francs 

Francs 

Francs 

Francs 

Francs 

Francs 

Francs 

2 

175 

82 

60 

317 

77 

85 

8 

487 

2,5 

137 

73 

60 

270 

63 

69 

7 

409 

3 

115 

65 

60 

261 

51 

56 

5 

373 

3,5 

98 

60 

60 

218 

44 

48 

5 

315 

4 

85 

55 

60 

200 

38,50 

42 

4 

280 

4,5 

75 

5i 

60 

186 

34 

37 

4 

261 

5 

68 

48 

60 

196 

31 

34 

3 

244 

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Google 


GRÈS   PLOMBIFÈRES   DE   SAINT-AVOLD 


659 


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660  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

En  1890,  le  district  minier  de  Cologne,  a  produit  6  506  tonnes  de 
minerais  de  plomb  préparés;  celui  d'Aix-la-Chapelle,  47  580  tonnes. 

Bibliographie. 

1807.  Dartiques.  —  Journal  des  Mines,  t.  XXII,  p.  331. 

Bleibtrkn.  —  Schriflen  d.  miner.  Gesell.  zu  lena,  t.  II,  p.  79. 
i825.  {Karstens  Areh,,  t.  IX,  p.  62.) 

Annalen  d.  Wctteranischen  Gesellsch,  t.  m,  p.  29. 
1853.  Carnall.  —  Zeitschr.  d.  d.  geol.  Ges.,  p.  242. 

1856.  Breithaitpt.  —  Berg.  u.  Huit,  Z,  p.  7. 
i861.  CoTTA,  p.  156. 

Jacquot  et  Barré.  —  Accidents  strat.  de  la  région  de  Sarre-et-Moselle. 

1857.  Jacquot.  —  Notice  hist.  et  géol.  sur  les  mines  de  plomb  et  de  cuivre 
des  environs  de  Saint-Avold,  Hargaren  et  Sarrelouis.  (Ann,  de  PAc.  de  Metz,) 

1860.  Fayn.  —  Sur  les  mines  de  plomb  de  Gommera  (Eifel).  {Cuyper,  t.  VII, 
p.  314ett.XXIII,  p.  284.) 

1861.  Ao.  GuRLT.  — Verhandl.  d.naturh.Vereinsd.p.Rheinl.u.  Westf.,p.60. 

1862.  W.  Jung.  —  Sur  Berg  près  Commern.  (Berg.  u,  Hûtt,  Zeit,,  p.  229.) 
1866.  DiESTERWEG.  — -  Sur  Bleiberg.  {Zeitschr.  f.  d,  B.  H.  u.  S.  im  pr.  St.^ 

1866,  t.  XIV,  p.  159.) 

1866.  Simon.  —  Sur  Saint-Avold.  {Berg.  u.  Hûtt.  Z.,  1866,  2«  semestre, 
p.  412,  441  et  430.) 

1867.  Simon.  —  Gis.  métall.  de  Sainf-Avold.  (Cwyper,  1867,  l«s.,  t.  XXII.) 
•  1879.  Groddeœ,  p.  128. 

1879.  Hauchecorne.  —  Ueber  Bleierzen  aus  dem  Buntsandstein  von  S(tint- 
Avold.  {Zeit.  der  D.  geologischen  Qesellschaft,  t.  XXXI,  p.  209.  Berlin,  1879.) 

1883.  Dbchbn.  —  Geol.  Ubersichts  Karte  der  Rbein  Provinz  und  der  Provinz 
Westfalen  au  g^^  (2«  édition  de  1883). 


Bibliographie  générale  du  plomb. 

1852.  Ville.  Mines  de  plomb  de  TOuest  de  la  prov.  d'Oran.  (E.  S.  G.,  2«, 
t.  IX,  p.  379.) 

1859-65.  Sapwith,  —  On  the  lead-mines  of  Eigland.  (Proceedings  of  the 
geologisl's  associations,  t.  1,  p.  312,  London,  1859-65.) 

1824.  Mines  de  plomb  de  la  Serbie.  (Bull.  Ann.  d.  Jf.,  6%  t.  EC,  p  628.) 

1870.  Blanchard.  —  Mine  de  Tende  ou  de  Vallauris(Nice).  (Cuyper,  t.  XXVII, 
p.  170.) 

1879-80.  FoBRET. —  Sur  la  présence  du  mispickel  et  de  la  Galène  à  Nil-Saint- 
Vincent.  (Annales  de  la  Société  géologique  de  Belgique,  t.  Vil,  Liège. 

TiCHBORNK.  —  On  an  argentiferous  Galenitic-blende  at  Ovoca,  p.  296. 

1888 .  ScHARizER. —  Ueber  persische  Bleierze. (  Ver. d. K.K. geol. Beic/ts., Vienne.) 

1888.  KosxAN.  —  Ueber  die  Verbreilung  der  Blei  und  Zink  formation  des 
Muschelkalkes  in  Oberschlesien.  (Jahresbericht  der  Schlesischen  Gesellschaft  fur 
Vaterlandiscfien  Cultur,  t.  LXVi,  Breslau,  1888.) 


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MERCURE 

Hg  ;    Eq  =  100    —    P.  At.  =  200 

USAGES  ET  STATISTIQUE 

Usages.  —  Le  mercure  n'a  que  des  usages  assez  restreints. 
Aussi,  malgré  sa  rareté,  n'atteint-il  qu'un  prix  relativement  faible. 
Deux  industries  seulement  l'utilisent  en  grand  :  l'extraction  de  l'or 
et  de  l'argent  par  l'amalgamation  et  la  fabrication  du  vermillon. 
Ses  autres  emplois,  quoique  nombreux,  n'en  consomment  qu'une 
petite  quantité. 

Pour  le  traitement  des  métaux  précieux^  le  mercure  est  souvent 
un  élément  indispensable,  dont  le  défaut  s'est  fait  vivement  sentir 
en  certains  pays,  grands  producteurs  d'argent,  comme  le  Mexique. 
Cependant,  il  n'est  qu'une  seule  classe  de  minerais  d'argent  qui 
passent  à  l'amalgamation,  les  minerais  d'argent  proprement  dits, 
comme  ceux  du  Comstock,  de  Zacatecas,  etc.  ;  les  galènes  et  car- 
bonates argentifères,  comme  ceux  de  Leadville,  sont  traités  par 
une  méthode  différente.  D'autre  part,  la  demande  de  vermillon 
est  limitée  par  la  concurrence  des  autres  matières  rouges. 

Le  vermillon  le  plus  estimé  vient  de  Chine,  où  on  l'obtient  par 
un  procédé  qui  n'est  pas  connu. 

A  Idria,  où  l'on  en  fabrique  également,  on  opère  par  voie 
sèche  :  1*"  préparation  de  l'éthiops  (mélange  intime  de  soufre  et 
mercure);  2^  sublimation  pour  transformer  l'éthiops  en  cinabre 
artificiel;  3**  broyages  et  raffinages  pour  donner  du  vermillon.  De 
1839  à  1877,  l'usine  d'Idria  a  fabriqué  130  000  tonnes  de  ver- 
millon. Le  déchet  de  mercure  est  de  un  tiers. 

En  dehors  de  ces  deux  applications  principales,  on  a  longtemps 
consommé  beaucoup  de  mercure  pour  la  dorure 'mais  le  procédé, 

'  UNTVERSITY 

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662  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

nuisible  à  la  santé  des  ouvriers,  a  été,  presque  partout,  remplacé  par 
la  dorure  galvanique  ^  Kamalgame  d'étain  servait,  de  même,  autre- 
fois, presque  exclusivement,  pour  Tétamage  des  glaces  :  on  étendait, 
sur  une  table  de  fonte,  une  feuille  d'étain,  sur  laquelle  on  versait 
du  mercure,  on  faisait  glisser  la  glace  au-dessus  et  on  chargeait 
avec  des  poids.  De  même,  Tamalgame  de  bismuth  (1  de  bismuth 
et  4  de  mercure)  servait,  en  raison  de  son  adhérence  très  forte,  à 
étamer  les  ballons.  Le  même  motif  d'insalubrité  fait,  aujourd'hui, 
dans  ces  deux  cas,  préférer  l'argenture. 

Comme  emplois  accessoires,  un  peu  de  mercure  passe  à  la  fabri- 
cation des  thermomètres,  des  cuves  à  gaz  de  laboratoire,  en  méde- 
cine, à  la  préparation  du  calomel ,  des  onguents,  du  sublimé; 
Tamalgame  de  palladium  qui  se  moule  comme  de  la  cire  et  durcit 
vite,  fournit  des  plombages  aux  dentistes.  Les  botanistes,  en 
mettant  une  feuille  entre  du  papier  au  chlorure  de  platine  et  une 
plaque  de  cuivre  amalgamé,  ont  pu  en  reproduire  les  nervures. 
Enfin,  il  y  a  quelques  années,  on  avait  cru  trouver  un  débouché 
important  dans  le  procédé  d'un  M.  Baur  de  San-Francîsco  pour  le 
traitement  du  phylloxéra  :  le  système  a  été  abandonné. 

Par  suite  de  ces  applications  diverses,  la  consommation  annuelle 
de  mercure  dans  le  monde  ',  très  constante  depuis  dix  ans,  peut 
être  estimée  à  environ  120  000  bouteilles,  ou  4  000  tonnes;  sur 
ce  total,  90  000  bouteilles  environ  viennent  de  l'Europe.  L'Angle- 
terre, qui  est  le  centre  du  commerce  du  mercure,  en  a  importé, 
en  1886,  58  968  bouteilles  et  exporté  66  109  qui  ont  été  dirigées 
sur  les  points  suivants  : 

Chine  (Hong-Kong 21  515  bouteilles. 

Etats-Unis 12  311        — 

Mexique 1Ô59'2        — - 

France  .   .   .   .  ' 4  553        — 

Allemagne 3  557        — 

A  reporter  ...     52  528  bouteilles. 

*  Dans  les  ateliers  où  Ton  travaille  le  mercure,  on  répand,  chaque  soir,  sur  le  sol, 
un  demi-litre  d'ammoniaque  liquide.  Les  ouvriers  des  mines  de  mercure  sont,  de 
même,  forcés  de  passer,  de  temps  en  temps,  à  un  auti*e  travail. 

'  D'après  M.  Habich,  déduction  faite  de  la  partie  de  la  production  autrichienne  qui  est 
transformée  immédiatement  en  vermillon,  on  peut  évaluer  environ  à  88  000  bouteilles, 
ou  3  050  tonnes,  la  quantité  annuelle  de  mercure  métallique  livrée  à  la  consomma- 
tion. La  bouteille  de  mercure  est  de  34  kii.  65. 


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STATISTIQUE   DU   MERCURE 


663 


Report  .   . 


Pérou  .  .  . 
Chili.  .  .  . 
Autres  pays. 


52  528  bouteiUes. 
3188        - 
2  297        — 
8  096        — 


66  109  bouteilles. 

La  Chine,  qui  importe,  comme  on  le  voit,  une  quantité  considé- 
rable de  mercure,  indépendamment  de  celui  qu'elle  produit  elle- 
même,  le  transforme  tout  entier  en  vermillon. 

Le  marché  du  mercure  est  presque  exclusivement  concentré  en 
Angleterre,  comme  celui  de  beaucoup  d'autres  métaux.  Confor- 
mément à  une  ancienne  coutume,  les  ventes  se  font  par  bouteilles 
(bottle,  flask;  frasco  à  Almaden),  contenant  pratiquement  34^,50^ 
de  mercure  chacune.  Le  cours  du  mercure  est  donc  réglé  en  livres 
sterling  par  flask. 

Le  prix  mot/en  du  mercure  varie  de  5  à  7  francs  le  kilogramme  ; 
un  tableau  ci-joint  indique  les  cours  à  Londres,  comptés  en  francs 
par  bouteille,  depuis  1850. 


1860 

1865 

1860 

1866 

200 
196 

1870 

1876 

1880 

1886 

1887 

282 
159 

1889 

244 
187 

1890 

262 
226 

Prix  le  plus  haut. 
Prix  le  plus  bas. 

375 
328 

172 
163 

175 
175 

250 
170 

600* 
265 

194 
159 

188 
138 

*  En  1874,  l6  prix  avait  même  aiteUit  650  franci.  Oo  trouTera  un  Ubieaa  plus  complet  dans  les    1 
Minerai  jReêomrces  des  Étata-Unis.                                                                                                           M 

En  décembre  1892,  le  prix  est,  à  Londres,  de  163  francs. 

On  a  calculé  que,  de  1850  à  1886,  la  production  comparée  du 
mercure,  de  Tor,  de  l'argent  et  de  Tétain  pouvait  être  représentée 
par  les  rapports  suivants  : 


PRODUCTION  TOTALE 

VALEUR     TOTALE 
raoroaTioimiLLa 

VALEUR  proportionnelle! 
PAK   KIUM».                     1 

Or  ...  . 

6  484  922 

1, 

0,11 

0,064 

1, 

1,79 

20,3 

1. 

16 

458, 

Argent    .   . 

58  054  906 

8,9 

1 

0,57 

0,56 

1 

16,4 

0,063 

1 

28,7 

Mercure  .   . 

101  300  000 

15,6 

1,74 

1 

0,03 

0,06 

1 

0,002 

0,035 

1, 

EUin  .   .   . 

620  000  000 

95,6 

10,7 

6.12 

0.07 

0,13 

2,2 

0,0008 

0,013 

0,36 

»  76,5  pounds  avoir-du-poids  ou,  exactement,  34k,65. 


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664 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


Celte   production  de   mercure  se  répartit,  comme  suit,  entre 
les  principaux  pays  producteurs  : 


MINERAI   DE  MERCURE 


AUTBICHB 

ESPAGNE                            1 

ANNÉES 

^ """^^^ 

— — ^ 

'mm^^-^ 

^ ■ 

Tonnes 

Francs  par  tonne 

Tonnes 

Francs  par  tonne 

1880 

» 

» 

26  336 

20 

1881 

48  204 

25 

23  919 

93 

1882 

46  968 

29 

27  000 

222 

1883 

48  500 

30 

22  600 

234 

1884 

57100 

26 

25  800 

240 

1885 

67  400 

27 

» 

» 

1886 

» 

» 

25  300 

243 

1887 

70  500 

23 

27100 

223 

1888 

73  000 

27 

28  000 

214 

1889 

73  000 

28 

> 

9 

1890 

70  700 

31 

» 

9 

1891 

70  633 

32 

» 

9 

MERCURE 


ANNiES 


1880 
188( 
1882 
1883 
1884 
1885 
1886 
1887 
1888 
1889 
1890 
1891 


AUTRICHE 


898 
409 
466 
499 
487 
541 
532 
5il 
507 
542 
570 


4  849 
4  650 
4  224 
4  212 

4  768 

5  377 

5  994 

6  415 
6  603 
6  485 
5  iAO 


ITALIK 


H 


109 

140 
267 
237 
251 
231 
i44 
339 
386 
449 


6  000 

4  000 
3  800 
3  700 
3  704 

3  700 

4  200 

4  994 

5  900 

6  503 


ESPAGNE 


S 

s 
a 
o 
H 


1  387 

1  812 

1  705 

1  667 

1  564 

1  694 

1  846 

1  887 

1  865 

1  759 

1  791 

1  720 


il 


4  314 
4  440 
4  502 
4  492 
4  473 
4  497 

4  500 

5  450 
5  363 


ÉTATS-UNIS 


1* 


2  076 

2  108 

1  827 

1  829 

1  100 

974 

1  032 

1   165 

1  145 

918 

793 


fii 


4  213 

4  110 

5  209 

5  290 

6  317 
6  357 
6  717 


RUSSIE 


170 


HONGRIE 

« 


5  200 


c'est-à-dire,  par  ordre  de  production  : 

1884 

Espagne 1564  tonnes. 

États-Unis 974  — 

Autriche 487  — 

Italie 267  — 

Russie »  — 

Bornéo »  — 

Hongrie »  — 

Total  approximatif. 


1889 

1890 

1  759  tonnes. 

1  791  tonnes 

918      - 

793 

567      — 

542 

386      — 

449 

170      - 

? 

60      — 

? 

10      — 

10 

3  900  tonnes. 

3  750  tonnes 

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STATISTIQUE  DU   MERCURE  66i 

On  voit  que,  dans  tous  les  pays,  la  production  a  une  tendance 
à  s'accroître ,  sauf  en  Californie ,  où  il  s'est  produit ,  depuis 
1881,  une  baisse  continue,  correspondant  à  l'épuisement  progressif 
des  gîtes. 

En  outre,  on  peut  remarquer  combien  le  nombre  des  mines  de 
mercure  est  restreint.  Pendant  longtemps,  il  l'a  été  plus  encore 
et  la  mine  espagnole  d'Almaden  a  eu  une  sorte  de  monopole,  qui 
permettait  au  gouvernement  espagnol  de  vendre  le  mercure  un  prix 
très  élevé  aux  mines  d'argent  du  nouveau  monde.  Cependant  on  a 
exploité  jadis  deux  mines  :  l'une  au  Pérou,  Huancavelica;  l'autre  en 
Chine,  Kwei-chau,  aujourd'hui  adandonnées,  quoique  peut-être  loin 
d'être  épuisées  ;  en  revanche,  la  Californie  et  l'Italie,  puis  la 
Russie  ne  sont  devenues  que  depuis  fort  peu  de  temps  des  pays 
producteurs.  Résumons  rapidement  cette  histoire  de  la  produc- 
tion du  mercure. 

La  plus  grande  mine  de  mercure  du  monde  est  celle  à'Aimaden^ 
qui  a  été  exploitée  au  moins  400  ans  avant  Tère  chrétienne  '.  Pline 
parlait  déjà  de  10  000  livres  de  cinabre  apportées  par  an  d*Almaden 
(Sisapo)  à  Rome.  Jusqu'à  l'invention  de  l'amalgamation  en  1537, 
l'extraction  dut  cependant  être  toujours  assez  faible  ;  mais,  depuis 
cette  époque,  elle  a  été  constamment  croissant.  Le  gisement 
passe  pour  s'enrichir  en  profondeur  ;  en  tous  cas,  il  est  loin 
d'être  épuisé  :  les  seuls  piliers  abandonnés  suffiraient  pour  la 
consommation  du  monde  entier  pendant  bien  des  années. 

La  production  connue  a  été,  jusqu'ici,  d'environ  4  millions  de 
bouteilles. 

En  dehors  d'Almaden,  V Espagne  produit  aujourd'hui  un  peu  de 
mercure  (1  877  bouteilles  en  1888)  dans  les  provinces  d'Qviedo, 
de  Grenade  et  de  Ciudad  Reald. 

Les  gisements  d'Idria,  en  Carniole*,  furent  découverts  vers 
1490.  Depuis  1380,  ils  ont  été  exploités  par  le  gouvernement 
autrichien.  En  1880,  M.  Lipold  estimait  que,  dans  les  63  dernières 


*  On  parle  (l*un  Athénien,  nommé  Caillas,  qui  aurait  trouvé  le  gisement  en'415  avant 
J.-G.  Les  Mores  appelèrent  le  gtte  Al  Maden,  la  mine  par  excellence.  En  1525,  les 
Fuggers  la  prirent  en  fermage. 

s  La  même  province  de  Carniole  produit  encore  du  mercure  à  Santa-Anna  (21  tonnes 
en  1890)  et  à  Uttai  (16  tonnes]. 


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666  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

années,  le  bénéfice  net  avait  été  de  800  000  francs  par  an.  Comme 
à  Almaden,  une  des  parties  les  plus  riches  du  gisement  a  été 
trouvée  en  profondeur  et,  en  1880,  les  réserves  connues  ne  ren- 
fermaient pas  moins  de  30142  000  kilogrammes  de  mercure  ou 
873  504  bouteilles.  Jusqu'en  janvier  1893,  la  production  totale  a 
été  d'environ  1  600  000  bouteilles. 

Après  Almaden  et  Idria,  on  citait  autrefois,  comme  grands 
producteurs  de  mercure,  le  Pérou  et  la  Chine. 

Les  mines  du  Pérou  sont  situées  près  d'Huancavelica.  Elles  ont 
été  trouvées  peu  après  l'invention  de  l'amalgamation.  Il  y  en 
avait  plus  de  40,  dont  la  principale,  Santa-Barbara,  a  été  très 
riche. 

En  Chine,  le  district  de  Kwei-Chau,  que  Richthofen  considère 
comme  le  plus  important  du  monde,  est  fort  peu  connu. 

Ce  n'est  que  dans  la  seconde  moitié  de  notre  siècle  que  quelques 
autres  gisements,  en  Californie,  puis  en  Italie,  enfin,  tout  récem- 
ment, en  Russie,  sont  venus  s'ajouter  à  ceux-là.  Au  dernier  siècle, 
le  Mexique  tirait  entièrement,  de  l'Espagne  et  du  Pérou,  le  mer- 
cure nécessaire  à  l'amalgamation.  Comme  il  y  avait,  par  suite, 
un  intérêt  national  à  découvrir  du  mercure  au  voisinage,  on  fit, 
en  1783,  une  législation  tout  particulièrement  favorable  à  ceux 
qui  en  trouveraient.  Cependant  on  n'a  jusqu'ici  reconnu,  au 
Mexique,  que  des  gisements  de  très  second  ordre  et,  dans  les 
Etats  voisins  des  Etats-Unis ,  il  fallut  encore  une  soixantaine 
d'années  pour  que  l'on  constatât  la  richesse  des  mines  califor- 
niennes. C'est  en  1845  seulement  qu'un  officier  mexicain,  Andréas 
Castillero,  passant  par  hasard  à  Santa-Clara,  y  reconnut  le  cinabre. 
Le  gîte  de  Redington  fut  rencontré  en  faisant  des  tranchées  pour 
un  chemin.  Celui  de  Sulphur  bank  a  été  exploité  longtemps  pour 
soufre  avant  de  l'être  pour  mercure.  La  mise  en  exploitation 
de  ces  mines  de  mercure  de  Californie,  qui  arrivèrent,  en  1876,  à 
produire  2  800  tonnes,  a  causé,  un  moment,  une  grande  pertur- 
bation sur  le  marché  et  fait  tomber  le  prix  du  mercure  à  5  francs. 
Mais  elles  ont  assez  vite  diminué  d'activité,  et  sont  actuellement 
presque  épuisées  ;  en  1880,  la  production  était  déjà  tombée  au 
quart  du  chiffre  précédent;  en  1888,  on  n'a  extrait  que  33  250  bou- 
teilles; en  1889,  26  48i  ;  en  1890,  22  926. 


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STATISTIQUE  DU   MERCURE 


667 


Voici  d'ailleurs,  en  flasks  (bouteilles),  la  production  des  princi- 
pales mines  californiennes  dans  ces  dernières  années,  avec  le  total 
depuis  Torigine  : 


ANNÉES 

^1 

X 

i 

§ 

té 

s 

''î 

te 

îi 

1 
s 

8» 

if 

8 

II 

1 

JS     .2 

Ui 
&  â 

1886 

18  000 

1  406 

409 

1  4*9 

1  949 

5  247 

735 

786 

29  981 

1887 

ÎO  000 

1   890 

673 

1  490 

1  446 

5  574 

689 

692 

33  997 

1888 

18  000 

1   aîO 

126 

2  164 

625 

5  014 

1   151 

992 

33Î5C 

1889 

13  000 

9m 

812 

2  283 

556 

4  590 

1  345 

9U 

26  484 

1890 

12  000 

977 

505 

1  608 

1  336 

3  420 

1  046 

7^7 

22  926 

ToUl    de- 

puis roriKiiie 

916  359 

131  266 

99  753 

84  683 

55  910  60  722 

18  097 

63  833 

16  006 

68  961 

1  567  855 

La  découverte  du  mercure  en  Italie  s'est  faite  à  peu  près  à  la 
même  époque  qu'en  Californie.  On  y  connaît  deux  centres  :  l'un 
en  Vénélie,  non  loin  d'Idria;  Tautre  en  Toscane. 

La  production  a  été  la  suivante,  en  kilogrammes  : 


1860 

1870 

1878 

1879 

1886 

1889 

1890 

Toscane.   .  . 

3  500 

15  000 

120  563 

129  600 

115  940 

386  000 

449  000 

Vénétie.   .   . 

.     30  256 

31192 

3  080 

5  464 

• 

» 

)» 

On  voit  que,  peu  à  peu,  l'exploitation  a  passé  de  la  Vénétie  à  la 
Toscane.  La  production  moyenne  a  été,  de  1860  &  1880,  de  2  617 
bouteilles  par  an  ;  auparavant  elle  était  plus  faible,  depuis  elle 
a  pris  un  tel  accroissement  que  la  production  toscane  est  aujour- 
d'hui presque  comparable  à  celle  dldria.  Entre  1881  et  1885,  les 
mines  de  Siele  et  Cornacchino  (province  de  Grosseto),  seules 
exploitées  en  Toscane,  ont  fourni  une  moyenne  de  5  789  bou- 
teilles par  an  ;  en  1886,  7  478  ;  en  1890,  13  000. 

Enfin,  depuis  quelques  années,  il  vient  un  peu  de  mercure  de 
Hongrie  et  surtout  de  Russie,  où  les  mines  nouvelles  du  bassin 
de  Donetz  sont  en  plein  développement. 

En  résumé,  la  production  du  mercure  dans  le  monde  depuis 
Torigine-peut  être  représentée  par  le  tableau  suivant  (en  bouteilles 
espagnoles  de  75  livres  espagnoles  ou  34,50  kilogrammes)  : 


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<^  6ÉOLOG1K  APPLIQCÉK 


-XSOCr»    .-^j^,4^    î**l»îtjiï   l43#Al«W 


I44M 


ÂiBudi^tt  .   .  I3«l  MT«ii  I  SI  4TT   1  «^  Ar>   1  1355T<S  :S«iM  43U81X 

Idna.   .   .   .  l^S  399  Ml      ««ï  TU      »1  î»      3»l  ^d  li&iM  t  «57  379 

HuaoeaTi^rfra  i:#:i  Ï«I196'      ^UM^        T^ttU          -        !    >         1 541  lU 

Californie..,  |)C4  .                .        i        .        .  1 4^9  »6  IS&  «M  i  614  246 

! I I I I 


Total,  .[  I  79»  413  2  373  96i  1  4M  9a&  2166471  7l78S»9223âM 

I       :      I      i      I       !     I 


GÉXÉR\LITÉS  SLR  LES  GÎTES  DE  MERCURE 

Minerais.  —  Le  minerai  de  mercnre,  de  beaucoup  le  pins 
important,  est  le  cinabre  (HgS),  tenant  86,2  p.  iOO  de  mercure. 
Une  Tariété  de  sulfure  de  mercure,  ayant  la  même  composition, 
mais  généralement  amorphe  et  noirâtre,  se  nomme  le  métaci- 
jiabre  (ou  métacinabarite)  ;  on  la  rencontre,  assez  fréquemment, 
en  Californie,  en  particulier  à  Redington  et  à  New-Idria.  Le 
mercure  natif  apparaît  surtout  au  voisinage  des  afDeureraents, 
dans  les  mines  de  cinabre. 

En  outre,  on  connaît  un  séléniure  (Hg*  Se'),  la  Tiemannile^ 
trouré  d'abord  dans  le  Harz,  retrouré  dans  TUtah  à  Marysville; 
un  sélénio-sulfure,  YOnofrite;  un  tellurure,  rencontré  au  Colorado, 
la  ColoradoUe  ;  des  amalgames  d*or  et  d'argent  ;  deux  chlorures, 
le  Calomel  et  la  Coccinile  et  des  composés  complexes,  tels  que  la 
Guadalcazarile  :  (Hg  Zn)  S  ;  la  Lehrbachite  :  (Hg  Pb)  Se  ;  la  CtUe- 
brite  :  (Hg  Zn)  Se  ;  la  Livingstonite  :  Hg.  Sb,  S.  +  3  +  n  Fe  S,. 

Gisements.  — Les  gisements  de  mercure  se  présentent  sous  une 
forme  un  peu  différente  de  celle  des  gisements  d'autres  métaux 
sulfurés,  quoique  leur  origine,  lorsqu'on  les  examine  avec  soin, 
apparaisse  exactement  la  même,  c'est-à-dire  une  venue  hydro- 
thermale ayant  probablement  apporté  le  cinabre  à  l'état  de  sulfure 


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GÉNÉRALITÉS   SUR   LES   gItES   DE  MERCURE  669 

double  de  mercure  et  de  sodium  ^  Mais  il  est  rare  d*avoir  affaire  à 
des  fractures  nettes  et  larges  :  les  conditions,  dans  ces  fentes  de 
grande  dimension,  ayant  sans  doute  été  défavorables  à  la  précipi- 
tation du  mercure;  généralement,  le  cinabre  remplit  un  réseau  de 
petites  veinules  constituant  des  sortes  de  stockwerks  et  formant, 
le  long  d'une  direction  filonienne  principale,  des  amas  lenticu- 
laires plus  ou  moins  développés  ;  souvent  aussi,  il  a  imprégné, 
par  porosité,  un  terrain,  surtout  lorsque  ce  terrain  se  pré- 
sentait redressé  verticalement  :  soit  du  grès  (Almaden),  soit  des 
schistes  (Idria).  Par  suite  de  sa  valeur  élevée  et  de  la  rareté  de 
ses  gîtes,  on  exploite  ainsi  des  roches  qui  n'en  contiennent  qu'une 
très  faible  quantité.  Des  minerais  à  1/2  p.  100  de  teneur  moyenne 
peuvent  encore  donner  des  résultats  fructueux. 

Le  cinabre  se  rencontre  dans  les  terrains  les  plus  divers  (silu- 
rien ,  carbonifère ,  permien  ,  trias ,  tertiaire ,  etc.)  ;  en  fait  de 
roches,  on  Ta  trouvé  :  dans  un  mélaphyre  en  Bavière  rhénane  ; 
un  porphyre  quartzifère  à  Vallalta  (Vénétie)  ;  un  Irachy te  à  Monte 
Amiata  (Toscane),  en  Transylvanie  et  au  Pérou;  un  basalte  en 
Perse  et  en  Californie. 

Dans  ces  gisements  de  stockwerks  ou  d'imprégnation,  le  cinabre 
est  accompagné  d'une  proportion  faible  de  gangue  filonienne  ; 
cependant  cette  gangue,  dont  on  a  parfois  méconnu  la  présence, 
existe  partout.  Elle  se  compose  essentiellement  de  silice,  sous 
forme  d'opale  déposée  avant  le  cinabre  qui  en  tapisse  les  fissures^ 
de  bitume  et  de  pyrite  de  fer;  en  outre,  on  rencontre,  à  l'occasion, 
un  peu  de  calcile,  de  dolomie;  exceptionnellement,  de  la  barytine, 
du  soufre,  des  traces  de  cuivre,  d'or,  de  sélénium,  etc. 

L'antimoine  et  l'arsenic  sont  remarquablement  fréquents  avec  le 
cinabre;  on  peut  même  distinguer  toute  une  catégorie  de  gîtes  où 
se  présentent,  soit  la  stibine,  soit  le  cuivre  gris,  soit  le  réalgar 
et  l'orpiment.  La  stibine  existe  au  Mexique;  à  Stayton,  comté  de 
San-Benito  (Etats-Unis)  ;  en  Serbie  ;  en  Corse  ;  à  Smyrne.  Le  cuivre 
gris  se  présente  au  Palatinat,  en  Hongrie,  eu  Serbie  ;  le  réalgar  à 
Huancavelica  (Pérou),  à  Mieres  (Asturies),  à  la  solfatare  de  Pouz- 

<  Le  sulfure  double,  qu'on  retrouve  dans  les  Geysers  actuels  de  Californie,  dits 
Steamboat  sprinps,  peut  dissoudre  les  corps,  tels  que  Tor,  la  pyrite  de  fer,  ou  de  cuivre, 
rencontrés  parfois  avec  le  cinabre. 


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670  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

zoies  ;  il  forme  également  un  des  produits  exportés  de  la  région 
mercurielle  de  Chine  ;  la  livingslonite  (sulfoantimoniure  de  mer- 
cure) est  un  minerai  important  au  Mexique.  L'association  de  Tor 
et  du  mercure  est  également  un  fait  à  signaler. 

Les  sources  chaudes,  qui  ont  apporté  le  mercure  à  la  suite  de 
quelque  grand  plissement  du  sol,  ont,  le  plus  souvent,  métamorphisé 
les  terrains  au  voisinage  ;  le  fait  est  particulièrement  net  en  Cali- 
fornie, où  il  s'est  développé  des  pseudodiorites,  pseudodiabases  et 
serpentines  abondantes.  On  le  retrouve  affaibli  à  Idria  et  dans 
bien  d'autres  gisements  ;  on  s'est  même  demandé  si  ces  eaux 
n'avaient  pas  opéré  le  dépôt  du  mercure  par  substitution.  Un 
examen  détaillé,  fait  par  M.  Becker*,  a  montré  qu'il  n'en  était 
rien,  et  qu'on  avait  toujours,  au  contraire,  imprégnation,  incrus- 
tation de  vides  préexistants. 

L'action  de  ces  eaux  anciennes  mercurielles  se  trouve,  d'ailleurs, 
pouvoir  être  observée  facilement  sur  des  phénomènes  actuels  ;  car 
l'apport  du  cinabre  par  des  sources  (sinon  sa  production  directe, 
au  moins  sa  remise  en  mouvement)  est  un  fait  qui  se  prolonge 
encore  aujourd'hui.  Sans  parler  du  grand  geyser  dislande  où 
la  découverte  du  mercure  par  M.  Descloiseaux  s'est  faite  dans 
des  conditions  que  M.  Becker  regarde,  après  enquête,  comme 
insuffisamment  probantes,  les  Steamboat  springs  de  Califor- 
nie, les  sources  d'Ohaiawai  en  Nouvelle-Zélande,  etc.,  déposent 
du  cinabre;  à  la  solfatare  de  Pouzzoles,  M.  de  Chancourtois 
a  trouvé  du  cinabre  avec  du  réalgar;  ailleurs  comme  à  Sul- 
phur  bank  (Californie),  à  Guadalcazar  (Mexique),  aux  bains  de 
Jésus  (Pérou),  en  Perse,  etc.,  des  sources  chaudes,  chargées 
d'hydrogène  sulfuré  et  d'acide  carbonique,  sortent  de  gîtes  mer- 
curiels. 

L'étude  de  la  distribution  des  gisements  métallifères  quelconques 
les  montre  en  relation  avec  les  grandes  lignes  de  plissement  du 
sol;  mais,  pour  des  métaux  tels  que  le  plomb  et  le  zinc,  la  mise  en 
évidence  du  phénomène  est  rendue  difficile  par  la  superposition, 
dans  une  même  région,  de  mouvements  successifs  d'âge  différent, 
ayant,  tour  à  tour,  amené  les  métaux.  Pour  le  mercure,  au  con- 

'  Becker.  Quecktilver  deposiU  of  the  pacifie  slope. 


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GÉNÉRALITÉS   SUR   LES   gItëS   DE   MERCURE  C71 

traire,  elle  apparaît  avec  une  netteté  étonnante  dès  qu'on  reporte, 
sur  un  planisphère,  les  grandes  mines  exploitées  K 

Le  mercure  semble,  en  effet,  être  d'une  venue  généralement  très 
récente.  Tout  au  moins,  peut-on  affirmer  :  pour  les  gîtes  dldria, 
qu'ils  sont  postcrétacés;  de  Californie,  postmiocènes,  probable- 
ment môme,  pour  la  plus  grande  part,  postpliocènes;  d'Italie, 
tertiaires,  etc..  Là  où  le  fait  est  contestable,  par  suite  de  l'âge 
ancien  des  terrains  encaissants,  comme  à  Almaden,  en  Bavière 
Rhénane  ou  dans  le  Palatinat,  on  n'a  même,  nulle  part,  la  preuve 
contraire  qu'on  ait  affaire  réellement  à  une  de  ces  venues  mer- 
curielles  anciennes,  en  particulier  à  une  venue  hercynienne  dont 
l'existence  semble,  du  reste,  logiquement  probable.  Les  formations 
mercurielles  participent  donc,  pour  la  plupart,  de  la  netteté  habi- 
tuelle des  phénomènes  mécaniques  et  éruptifs  tertiaires,  qui  n'ont 
pas  encore  été  troublés  par  des  mouvements  subséquents,  et  on 
voit  presque  tous  les  gîtes  s'aligner  :  d'une  part,  sur  la  grande 
chaîne  Alphimalayenne  qui  traverse  l'Europe  et  l'Asie,  ainsi  que 
sur  les  chaînes,  également  récentes,  de  l'Atlas,  des  Apennins  et 
de  l'Oural;  de  l'autre,  sur  la  longueur  des  Andes. 

A  la  chaîne  Alphimalayenne,  on  peut  rattacher,  d'une  manière 
certaine,  les  mines  de  Vénétie,  de  Toscane*,  d'Idria,  Potosnik  et 
Littai  en  Carniole  (Autriche),  celles  de  Serbie,  de  Perse,  du  bassin 
du  Yangtschetiang,  du  Japon  et  du  Kamschatka;  à  l'Atlas,  les  gîtes 
d'Algérie;  aux  Apennins,  ceux  du  Mont  Siele  en  Toscane.  La  chaîne 
des  Andes  renferme  les  gisements  de  Californie,  du  Mexique  et  du 
Pérou.  Les  seuls  indices  possibles  d'une  venue  hercynienne,  en 
Europe,  nous  sont  donnés,  d'une  façon  très  dubitative,  par  les 
mines  d'Almaden  et  d'Oviédo  (en  Espagne),  encaissées,  les  pre- 
mières dans  le  silurien',  les  secondes  dans  le  carbonifère;  par  les 
traces  de  mercure  constatées  dans  la  Manche  ;  les  gîtes  de  Bavière 
rhénane  et  du  Palatinat,  recoupant  le  permién,  etc.. 

Tel  est,  par  suite,  l'ordre  que  nous  adopterons  dans  la  description  : 
nous  commencerons  par  les  gisements  d'Espagne,  de  France  et  du 
Palatinat,  pour  lesquels  un  âge  ancien  est  admissible  ;  nous  con- 

*  Gela  a  été  fait  par  M.  Becker,  loc,  cil. y  pi.  II. 

*  A  Lamure,  dans  Tlsère,  on  connaît  du  mercure  dans  le  lias. 
'  Dans  la  Sierra  Nevada,  le  mercure  est  dans  le  trias. 


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•72 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


tinuerons,  en  suivant  la  chatne  des  Alpes,  par  ceux  d'Autriche, 
dltalie,  d'Asie,  et  nous  terminerons  par  les  mines  de  Californie, 
du  Mexique  et  du  Pérou. 


GITE  DE  MERCURE  D'ALMADEN  (espagne)  ' 

{Couches  verticales  de  quart zites  siluriens  imprégnés  de  cinabre  et 
encaissés  au  milieu  des  schistes,) 

Géologie  de  la  région.  —  La  région  d'Almaden,  aux  confins  de 
la  Manche  et  de  l'Andalousie,  dans  la  province  de  Ciudad  Real, 
sur  le  versant  Nord  de  la  Sierra  Morena,  est  principalement  cons- 
tituée par  des  terrains  schisteux,  au  milieu  desquels  des  dykes 
de  quartzite,  plus  résistants  aux  érosions,  forment  des  saillies.  Ce 
silurien  s'appuie,  au  Sud  de  Santa-Eufemia,  sur  un  massif  de 
granité  et  est  recouvert  par  du  dévonien.  Des  filons  de  mélaphyre 
et  de  porphyre  le  traversent. 


Lcff-cndc 


Fig.  335,  —  Carte  géologique  de  la  régioQ  d'AImaden  au  jôOôô* 

Les  terrains,  qui  avoisinent  ce  gisement,  sont,  d'une  part,  des 
quartzites  blancs  du  silurien  supérieur,  de  l'autre  des  schistes  noirs, 

<  Coll.  Ecole  des  Mines,  d<»  J312  et  1611. 


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gIte  de  mercure  d'almaden  (espagne)  673 

gris  ou  brunâtres.  Les  quartzites,  dirigés  N.  80''  E.,  sont  durs,  à 
grain  fin  et  passent  à  un  grès  tendre  micacé  :  on  y  trouve 
quelques  fucoïdes  et  des  bilobites.  Les  schistes  sont  souvent  ter- 


S.de  CAstâsera» 


Alnuideit 


Fig.  336.  "  Coupe  géologique  N.-S.  de  la  région  d*Almadeo. 

reux  et  fissurés  en  tous  sens;  ils  contiennent  beaucoup  de  fossiles 
siluriens  (Calymene  Tristani,  Orthis,  Asaphus,  etc.). 
Les  coupes  du  gîte  d'Almaden  (fig.  337)  montrent,  en  outre, 


/lutT  .Ç  ?>odoro 


f^drof 


5.n>aoer9eo 


Fig.  337.  —  Coupe  transversale  de  la  mine  d'Almaden  (d'après  M.  Kuss). 

Texistence  d'une  roche  appelée  frailesca.  Cette  roche  est,  d'après 
de  Prado,  composée  d'une  brèche  de  fragments  de  schistes  et  de 

cfiOLOGIE.  —  T.  II.  43 


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674 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


serpentine,  de  grains  de  quartz,  calcaire,  etc.,  cimentés  par  une 
pâte  feldspathique  amorphe.  MM.  Helmhacker  et  Calderon   la 


L,c6ende 

Fig.  338.  »  Plan  de  la  mine  d'AImaden  au  6*  étage  (191»). 


Fig.  339.  —  Plan  de  la  mine  d*Âlmaden  au  9**  étage  (263  mètres). 

regardent  comme  un  tuf  de  diabase.  Elle  forme  des  lentilles  au 
milieu  des  schistes  :  en  particulier,  au  puits  S.  Teodoro  qui  n'en 
est  sorti  qu'au-dessous  du  dixième  étage. 


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GÎTE  DE  MERCURE  d'aLMADEN   (eSPAGNe)  675 

Gisement.  —  L'imprégnation  cinabrifère  a  porté,  presque  exclu* 
sivement,  sur  trois  couches  de  quartzîte,  d'une  épaisseur  moyenne 
de  8  à  10  mètres.  Ces  couches,  qu'on  nomme  des  filons,  sont  :  du 
Sud  au  Nord,  San-Pedro  y  San-Diego,  San-Francisco  et  San-Nico- 
las  (Gg.  337  à  339).  Elles  ont  été  reconnues  sur  180  mètres  en 
direction.  .En  profondeur,  elles  sont  assez  peu  régulières  jusqu'à 
190  mètres,  mais  prennent  une  simplicité  de  plus  en  plus  grande 
lorsqu'on  descend  plus  bas.  Les  liions  San-Francisco  et  San-Ni- 
colas,  d'abord  nettement  séparés,  se  confondent  presque  vers 
263  mètres.  Le  filon  du  Sud  se  rapproche  aussi  des  autres  et  se 
réunit  probablement  à  eux  au-dessous. 

En  résumé,  on  a  affaire  à  trois  colonnes  de  minerai,  presque  ver- 
ticales, de  plus  en  plus  puissantes  et  de  plus  en  plus  riches 
à  mesure  que  l'on  s'enfonce,  ainsi  que  le  montre  le  tableau  sui- 
vant : 

TABLEAO  DE  LA   LONGUEUR  ET  DE  LA   PUISSANCE  DES   FILONS  AUX  DIVERS  ETAGES 


SAN-FRANCISCO 

8AN-NIC0LAS 

SAN-PEDRO  Y  SAN-DIEGO  || 

PROFONDEUR 

-^ ^^ 

^ 

. -m^^^ 

en  mètres 

Longueur 

Longueur 

Longueur 

' 

Puissance 

Puissance 

Puissance 

en  direction 

en  direction 

en  direction 

!•'  étage    44,  80 

oMlret 

mètre* 

mètres 

mètTM 

mèlres 

mètres 

2«     —       74,30 
3«     _      103.  38 

Vieux  trftTaux 

Vieux  traTaux 

Vieux 

travaux 

A*      —      140,79 

5«      _      170,47 

100 

3,90 

30 

2.90 

50 

4,40—7,80 

6«      —      191,  57 

110 

5,00 

65 

3,25 

80 

5  et  13 

T     —      215.  03 

155 

» 

125 

• 

150 

6à  7 

S«      —      237.  64 

180 

4,40 

185 

5,50 

•    170 

8 

9*      —      263,  55 

145 

3,00 

180 

• 

170  • 

6,50 

10»      —      288,  «3 

» 

• 

• 

9 

130 

• 

!!•      —      315,  00 

200 

12,00 

200 

12,00 

200 

12 

Cette  augmentation  de  richesse  en  profondeur  est  d'autant  plus 
remarquable  que  d'autres  gîtes  de  mercure,  voisins  d'Almaden  et 
situés  sur  la  même  ligne  de  dislocation,  dans  des  conditions  de 
dépôt  analogues,  à  Almadenejos,  las  Cuevas,  etc.,  se  sont  vite 
épuisés  en  s'enfonçant. 

Les^épontes  du  quartzite  cinabrifère  sont,  soit  le  schiste,  soit  des 
grès  non  imprégnés.  Dans  le  cas  des  grès,  le  cinabre  passe  quel- 
quefois brusquement  d'un  banc  à  l'autre,  suivant  la  direction 


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676  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

de  ce  grès  encaissant,  quelles  qu'en  soient  les  inflexions.  Dans 
le  cas  des  schistes,  Tiroprégnation  n'y  pénètre  jamais  profondé- 
ment. 

Ces  schistes,  contrairement  à  ce  que  nous  verrons  à  Idria,  ont 
même  opposé  une  telle  résistance  aux  eaux  mercurielles  qu'on  en 
a  trouvé  des  feuillets  absolument  stériles  au  milieu  du  cinabre.  A 
rOuest,  le  gisement  est  coupé  brusquement;  à  TEst,  il  passe 
insensiblement  au  quartzite  stérile.  Un  peu  de  cinabre,  rencontré 
en  veines  dans  la  frailesca,  prouve  que  le  minerai  est  postérieur 
à  la  formation  de  cette  brèche. 

Minerai.  —  Le  minerai  de  San-Piedro  y  San-Diego  est  for- 
mé d'un  grès  blanc,  très  régulièrement  imprégné.  Les  deux 
autres  gîtes  contiennent  des  quartzites  et  des  grès  noirs  plus 
durs,  moins  régulièrement  et  moins  puissamment  chargés  de 
cinabre. 

Le  grès  cinabrifère  exploité  est  divisé  par  les  mineurs  en  trois 
catégories  : 

Le  minerai  pauvre,  qui  tient  de  1  à  7  p.  100  de  mercure; 

Le  minerai  moyen,  de  8  à  20  p.  100; 

Le  minerai  riche,  plus  de  20  p.  100  et  jusqu'à  85  p.  100. 

Le  minerai  moyen  a  été  trouvé  dans  l'exploitation,  à  la  pro- 
fondeur de  190  mètres.  A  215  mètres,  apparaît  le  minerai  riche 
qui,  d'abord  en  petite  quantité,  prédomine  à  la  profondeur  de 
263  mètres,  et,  plus  bas,  constitue  le  remplissage  presque  unique 
du  filon. 

Indépenctamment  de  cette  forme  principale  de  minerai  à  l'état 
de  grès  cinabrifère,  on  trouve  quelques  variétés  plus  rares,  telles 
que  : 

Le  cinabre  schisteux^  qui  se  compose  de  cristaux  informes  de 
cinabre,  ayant  conservé  la  schistosité  du  schiste  qu'ils  ont  im- 
prégné; 

Le  cinabre  $talactifoi*me^  qui  est  formé  d'agglomérations  de 
poussières  cinabrifères  entraînées  par  les  eaux  et  déposées  ensuite 
par  elles  ; 

Le  cinabre  pur  cristallisé,  qui  est  assez  rare,  le  plus  souvent 
accompagné  de  cristaux  de  quartz  et  de  barytine  ; 


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gItE   de  mercure   d'aLMADEN   (eSPAGNe)  677 

Le  mercure  natif  est  très  rare  à  Almaden  ;  le  mercure  corné  n'a 
pas  été  rencontré  à  Almaden,  mais  à  Valdeazogues. 

Comme  corps  accessoires,  on  peut  citer  un  peu  de  pyrite  et  de 
chalcopyrite,  de  bitume  et  de  barytine  ;  la  gangue  passait  autrefois 
pour  faire  complètement  défaut  :  M.  Becker  a  montré  qu'il  y  avait 
une  certaine  proportion  de  silice. 

Mode  de  formation.  —  Si  Ton  veut  se  faire  une  idée  du  mode  de 
formation  de  ce  gtte,  il  y  a  lieu  d'attirer  l'attention  sur  quelques 
faits  : 

l""  On  ne  rencontre,  à  Almaden,  ni  fentes  considérables, 
ni  salbandes,  ni  disposition  symétrique,  ni  gangue  cristalline. 
Certains  de  ces  caractères  semblent  communs  à  tous  les  gites 
de  mercure,  qui  ne  remplissent  jamais  de  véritables  filons  con- 
crétionnés  ;  cependant,  à  Idria,  nous  trouverons  la  venue  mer- 
curielle  en  relation  nette  avec  un  plissement  général  de  la 
région  ; 

2°  Le  cinabre  n'est  pas  venu  par  volatilisation,  comme  on  l'a, 
parfois,  supposé,  mais  bien  à  l'état  de  dissolution  hydrothermale; 
car,  dans  certaines  brèches  à  éléments  quartzeux  ou  schisteux  qu'il' 
cimente,  il  est  associé  à  de  la  dolomie  ou  à  de  la  barytine,  corps 
non  volatils  ; 

S**  Le  mercure  a  pénétré  dans  le  grès  par  porosité  et  non  par 
substitution,  comme  l'avait  dit  de  Prado.  C'est  un  fait  qui  a  été 
longtemps  discuté,  mais  qui  résulte  des  études  générales  de  M.  Bec- 
ker sur  tous  les  gites  de  mercure  du  monde*.  En  effet,  lorsqu'on 
examine  au  microscope  un  minerai  de  cinabre,  on  constate  que 
le  cinabre  a  cristallisé  en  même  temps  que  du  quartz,  dans  les 
interstices  compris  entre  les  grains  du  grès,  eux-mêmes  composés 
de  quartz.  L'objection  que  l'on  faisait,  c'est  que  certains  fragments 
étaient  tellement  riches  en  mercure  que  les  vides  n'auraient  jamais 
suffi  pour  recueillir  tant  de  cinabre.  Mais  un  calcul  bien  simple 
montre  que  des  grains  de  quartz  sphériques  juxtaposés  laissent 
26  p.  100  de  vide  :  ce  vide,  entièrement  rempli  de  cinabre, 
donnerait,  pour  la  masse,  47  p.  100  de  mercure  alors  que  l'on 

*  Becker.  Loc,  cit.,  p.  399. 


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678  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

ne  trouve  pas  à  Almaden,  dans  les  grès  imprégnés,  plus  de 
33  p.  100. 

On  peut  donc  admettre  que  le  dépôt  de  cinabre  d'Almadeu 
résulte  d'une  incrustation  hydrothermale,  comparable  à  celle  de 
tous  les  autres  sulfures  métalliques,  mais  qui,  pour  le  mercure,  s'est 
généralement  produite,  non  dans  de  grandes  fractures  régulières, 
comme  celles  où  Ton  trouve  la  galène,  la  blende,  etc.,  mais  dans 
des  espaces  assez  restreints,  comme  les  fissures  minces  et  irrégu- 
lières d'un  terrain,  ou  les  vides  laissés  par  la  porosité.  Il  est  facile 
d'en  trouver  l'explication  dans  des  conditions  de  solubilité  diffé- 
rentes. 

Quant  à  Vdge  du  gisement^  il  est  impossible  de  le  préciser  ;  on 
peut  seulement  affirmer  qu'il  est  postérieur  au  dévonien  (impré- 
gné par  endroits)  et  même  aux  diabases. 

Peut-être,  comme  nous  lavons  indiqué  plus  haut,  faut-il  le  rap- 
procher des  filons  cinabrifères  du  Palatinat  pour  en  faire  le  repré- 
sentant d'une  venue  mercurielle  ancienne,  par  opposition  à  la 
venue  tertiaire  représentée  en  Italie,  en  Carniole,  dans  l'Oural, 
l'Himalaya,  l'Amérique,  etc. 

Cependant,  si  on  compare,  comme  cela  semble  assez  logique, 
le  gisement  d'Almaden  aux  autres  gisements  de  mercure  espa- 
gnols que  nous  citerons  plus  loin,  on  doit  remarquer  que  ceux 
de  la  Sierra  Nevada  sont  post-triasiques.  Il  existe,  d'ailleurs,  à 
10  kilomètres  au  N.-E.  d'Almaden,  des  roches  éruptives,  qualifiées 
de  trachytes  par  de  Prado,  considérées  aujourd'hui  comme  préter- 
tiaires. 

Exploitation.  —  L'exploitation  du  gisement  d'Almaden  se  fait, 
en  raison  de  la  grande  richesse  du  gisement,  dans  des  conditions 
toutes  spéciales  que  nous  nous  contenterons  de  rappeler  : 

Le  nerf  stérile  qui  sépare  les  filons  de  San-Francisco  et 
de  San-Nicolas  est  enlevé  avec  le  minerai  ;  celui,  qui  sépare 
San-Pedro  des  deux  autres,  est  respecté.  Chacune  des  deux 
exploitations,  séparées  par  ce  nerf  stérile,  est  alors  conduite 
ainsi  : 

Le  gîte  est  divisé  en  étages  de  25  mètres  de  hauteur  et  chaque 
étage  en  foncées  qui  représentent  3",S0  environ. 


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gItB  de  mercure  d'aLMADEN   (eSPAGNe)  679 

Puis  on  exploite  ces  dernières,  de  deux  en  deux,  sur  toute  leur 
hauteur,  avant  de  passer  aux  foncées  adjacentes  qui  les  séparent, 
et  qui  subsistent  souvent  très  longtemps  à  Tétat  de  réserves. 

Chaque  foncée,  une  fois  dépilée,  est  remplacée  par  un  massif  de 
maçonnerie  reposant  sur  une  voûte  surbaissée. 

Dans  ces  conditions,  le  prix  de  revient  est  le  suivant  : 

PRIX   DE   REVIENT  DE  LA  TONNE  DE  MINERAI   TRAITÉ  A   ALMADSN 


NATURE  DES  DÉPENSES 


1875 


Abatifc 

Boitnge  et  rouraillement. 

Epuisement 

Extraction  et  tran^port^. 
Matériaux  et  fouraitures. 
Ateliers 


Total  de$  frais  dexploi 
tation 


^  /  Surveillance  etroain-d'o 

-^  V       vre  dans  l'usine   .   . 

^  1  Combustible 

a  )  Autres  fournitureu  diverses. 

l*  f  Achat    de     bouteilles 

î  ^   '*' 

Total  det  frais  de  dUtilln- 
tion  et  de  mise  en  bouteille. 

Personnel,  frais  de  bureau  . 
l'ennion,  secours  aux  ouvriers.etc. 
Divers,  hôpital,  chapelle,  etc.   . 

Total  des  fixais  généraux. 

Total  général  par  tonne. 


Pr. 

i0,5:i 
14,  ai 
4,24 
5.09 


60,07 


4,35 


24,29 

» 
12,35 
12,35 


96.51 


1883-84      1884-8B 


Pr. 

2S,il 

8.85 
0,10 
2.02 
n,42 
1,81 


8.60 
2,43 
2,4; 

15,27 


10,24 
9,68 
4,68 


Fr. 


43,81 


28,72 


Pr. 

24.58 
9,66 

on 

3.92 
8,0^ 
1,66 


8,9e 
2,61 
3,32 

14,66 


11.37 
10,17 
4 


24.60 


97,13 


Pr. 


47.97 


20,55 


26,26 


103,78 


1885-86 


Fr. 

25,57 
9,27 
0,20 
4.23 
8,15 
1,70 


9,2^ 
2,37 
2,62 

13.49 


11 
9,77 
4,70 


Fr. 


49,12 


27.76 


25.47 


102,35 


1886-87 


Fr. 

22.40 
8,30 
0,50 
3,60 
8,80 


Fr. 


43,10 


On  peut  remarquer  que  l'emploi  de  la  maçonnerie  n'élève  que 
peu  le  prix  de  revient,  qui  est  environ  de  45  francs  la  tonne  pour 
la  mine,  en  répartissant  convenablement  les  frais  entre  la  mine  et 
l'usine.  C'est  surtout  le  peu  de  salubrité  de  la  mine  qui  est  cause 
de  ce  prix  élevé.  Car  le  piqueur,  payé  de  4  à  5  francs  par  jour,  ne 
peut  y  travailler  effectivement  que  quatre  heures  à  quatre  heures 
et  demie,  et  seulement  sept  à  huit  jours,  pendant  le  mois,  dans 
ces  conditions. 

Le  tableau  suivant  résume  la  production  de  minerai,  de  mer- 
cure, et  le  rendement  : 


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tso 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


POIDS 

RENDEMENT 

annAes 

DE  MINERAI  TRAnÉ 

MERCURE  PRODUIT 

DES    100    KILOS 

(en  tonnes) 

de  minerai 

Tonnes 

Tonnes 

Kilos 

1564  à  1700 

17  863 

17  863 

■ 

1700  à  1800 

V 

42149 

u 

1800  à  1875 

■ 

60166 

» 

1875 

17  077 

1255 

7,341 

1876 

18400 

1  325 

7,203 

1877 

15  410 

1  406 

9,126 

1878 

17  085 

1447 

8,468 

1879 

16  943 

1  Îi57 

9,191 

1880 

15  274 

1573 

10,299 

1881 

15  248 

1592 

10,441 

1882 

15  704 

1609 

10,242 

4883 

17  268 

1647 

9,538 

1884 

16  265 

1  544 

9,495 

1885 

16  978 

1651 

9,725 

1886 

25  300 

1:96 

» 

1887 

27  100 

1819 

» 

1888 

28  000 

1802 

» 

1889 

« 

1700 

»» 

1890 

• 

1726 

» 

1891 

> 

1660 

» 

En  1891,  on  aexti^ait,  à  Almaden,  7  100  mètres  cubes  de  mine- 
rai et  produit  48124  bouteilles  contre  50  033  en  1890.  On  a  cons- 
truit 5  541  mètres  cubes  de  maçonnerie,  dont  671  en  arcs  et 
4  870  en  massifs. 

Bibliographie. 

1830.  Casiano  db  Prado.  —  Plan  pétrographique  d'Almaden. 
1834.  Lb  Play.  —  (Ann.  d.  Jf.,  1833,  3«,  t.  V,  p.  175;  1834,  t.  VI,  p.  319, 
333,  362,  369  et  489.) 

•  1846.  Casiano  de  Prado.  —  {B.  S.  G,,  2«,  t.  XII,  p.  182.) 

1849.  WiLioMM.  —  Bergwersksfreund,  t.  XIII,  p.  72.  (Cf.  Leoah.  Jahr.,  «850, 
p.  497.) 

1851.  EzQUBRRA  DEL  Bayo.  —  (V.  Leonh.  Jahrb.,  1851,  p.  47  et  675.) 
1855."  DE  Prado.  —  {BuU.géoL,  t.  XII, p.  24;  V.  Leooh.  Jahrb.,  1856,  p.  471.) 
1855.  DB  Verubuil  et  Barrandk.  —  Descript.  des  fossiles  delà  région  d*AI- 
maden.  [B,  S.  6\,  2%  t.  XII,  p.  182.) 

NÔGGERATH.  —  Zcilsch.  ppussicD,  t.  X,  p.  361. 
1861.  Klemm.   ~  Berg.  u.  But.  Zeit.,  p.  174. 

1861.  Bebnaldbz  etRAMON  Rua  Figueral.  —  Memoria  sobre  las  minas  d' Al- 
maden. Madrid. 

*  1871,  DE  MoNASTERio  Y  CoRREA.  — Rcv,  Universelle  de  Cuyper,  (Résumé  dans 
les  Ann.  d.  M.,  7«,  t.  I,  p.  443.) 

1874.  Virlet  d*Aoust.  —  Sur  le  gisement  du  cinabre  à  Almaden  et  au 
Mexique.  (B.  S.  G.,  3%  l.  II,  p.  416.) 

1877.  Helmacker.  —  Sur  la  diabase  et  la  frailesca  d'Almadei>.  (Tschermacks 
Milth.) 


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gItes  de  mercure  de  mieres  (asturies),  etc..    681 

•  1878.  Kûss.  —  Mémoire  sur  Almaden.  (Ann,  d.  M.,  7«,  t.  XIII,  p.  39.) 

•  1879.  Ku33.  —  {Am.  (i.  if.,  7*,  t.  XV,  1879,  p.  524.) 

1878.  J.  E  .  ~  Memoria  acerca  de  las  minas  y  fabricas  de  Almaden 
por  el  Ing.  M.-H.  Kûss.  {BolL  de  la  Corn,  del  M'tpageol,  de  Espana,  t.  V,  p.  329.) 

1879.  Langkr.  —  Beschreibung  des  Quecksilberwerks  Almaden.  {Leob,  h. 
u.  H.  J.,  t.  XXXVII,  p.  1.  Leoben,  1879.) 

1879.  Groddeck,  p.  136-414.  (Cf.  Cotta,  p.  453.) 

1880.  Caron.  —  Voyage  en  Espagne.  {Zeits.  p)*U5Sien,  t.  XXVIII,  p.  126.) 
1884.  Calderon.  —  Rocas  eruptivas  de  Almaden,  {Soc,  espan,  de  hisL  nat,, 

t.  XIII,  p.  161.  Madrid,  1884.) 
1887.  Uaton  de  la  Goupillièrr.  —  Cours  d'exploitation,  1. 1,  p.  541,  et  544. 


GITES  DE  MERCURE  DE  MIERES  (asturies),  etc.* 

On  peut  rapprocher  des  mines  d'Aimaden  quelques  autres  gise- 
ments de  mercure  espagnols,  dont  le  principal  est  celui  de  Mieres, 
au  Sud  d'Almaden,  dans  les  Asturies,  que  nous  allons  décrire. 

Nous  nous  contenterons  d*ajouter  que  du  cinabre  a  été  signalé  sur 
le  flanc  Sud  de  la.  Sierra  Nevada^  dans  la  province  de  Grenade,  entre 
TorbisGon  et  Purchena  :  il  est  situé  dans  des  schistes  talqueux  tria- 
siques  et  accompagné  de  cuivre  gris,  sulfures  de  nickel  et  de  cobalt*. 
M.  Gonazio  y  Tarin  '  en  mentionne  également  à  Albunal,  Almegijar, 
Notaez,  Ferreira,  etc..  A  Culvas  de  Vera^  province  d'Almeria,  on 
en  trouve  dans  le  silurien.  Il  en  existe  près  de  Linarès,  province  de 
Jaen  ;  à  la  Creu,  province  de  Valence  ;  dans  la  province  de  Teruel*; 
à  Santander,  au  milieu  de  minerais  de  plomb  et  de  zinc,  etc.  *. 

Le  gite  de  mercure  de  Mieres  a  seul  une  importance  indus- 
trielle. Il  se  présente,  sous  forme  d'un  réseau  de  veinules  très 
irrégulières,  au  milieu  de  grès  et  de  quarlzites  carbonifères  et 
particulièrement  dans  une  brèche  formée  de  fragments  de  ces 
roches.  M.  Becker  le  rapproche,  par  là,  de  celui  d'Huancavelica,  au 
Pérou.  D'après  M.  Fuchs,  il  existerait  également  du  cinabre  au  voi- 
sinage, dans  un  calcaire  carbonifère  surmonté  par  du  calcaire  à  hip- 
purites  discordant  et  le  calcaire  à  hippurites  n'en  contiendrait  pas. 

Le  gisement  de  Mieres  se  distingue  de  celui  d'Almaden  en  ce 

*  Coll.  Ecole  des  Mines,  1995. 

*  Guillemin  Tarayre.  G.  R.,  t.  C,  1885,  p.  1231. 

M881.  Gongalo  y  Tarin.  Res.  fis.  y  geol.  de  laprovin  de  Granada.  (Bol.  corn  map. 
geol.8.  1-124.) 

*  Becker.  Loc,  cil.,  p.  32,  d'après  Heckmann  etNoggerath. 

*  Dewalque.  Revue  de  géologie  pour  1864  et  i865,  t.  IV,  Paris,  1866,  p.  94. 


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6S2,  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

que  Tallure  en  imprégnation  y  est  exceptionnelle.  En  outre,  il  en 
(liOère  par  la  présence  du  réalgar,  de  Torpiment,  plus  rarement 
du  mispickel  :  ce  qui  le  rapprocherait  plutôt  de  certains  gîtes 
(Serbie,  Hongrie,  etc.)  où  le  mercure  est  associé  avec  des  produits 
antimonieux  ou  arsenicaux,  stibine,  cuivre  gris,  etc. 

La  teneur  du  minerai  exploité  est  très  faible,  1/2  p.  100  de  mer- 
cure en  moyenne,  et  cependant  les  exploitations  passent  pour  très 
prospères. 

Ces  exploitations  sont  entre  les  mains  de  deux  sociétés  :  El  por- 
venir  et  la  Union.  La  société  El  porvenir  extrait  4  200  tonnes  et 
produit  1  900  bouteilles  (65  tonnes)  avec  300  ouvriers  ;  la  société 
la  Union  produit  30  tonnes. 

Bibliographie, 

1867.  Klemm.  —  {Berg.  und  Hûitenm.  Zeit,,  t.  XXVI,  p.  13.) 

ViRLBT  d'Aoost,  —  De  l'âge  géolog.  de  quelques  filons  et,  en  particalîer, 
des  filons  de  mercure. 

1888.  Becker,  loc.  cit.,  p.  26. 

1889.  Briard.  —  Journal  de  voyage  manuscrit  à  FÉcole  des  Mines. 

GITES  DE  MERCURE  EN  FRANGE  ET  ALGÉRIE 

11  n'existe  pas,  en  France,  d'important  dépôt  de  mercure,  quoique, 
dans  le  dernier  siècle,  on  ait  exploité,  à  diverses  reprises,  en  parti- 
culier de  1730  à  1742,  du  cinabre  à  Ménildot  (Manche).  Plus  récem- 
ment, de  1850  à  1854,  on  a  fait,  sans  succès,  quelques  tentatives  à  la 
mine  de  Lamure,  dans  la  commune  de  Pauniëres  (Isère),  à  38  kilo- 
mètres de  Grenoble.  D'après  M.  Kûss,  le  cinabre  s  y  trouvait,  dis- 
séminé, dans  un  filon  de  blende,  de  calamine,  tétraédrite  et  galène,, 
traversant  les  calcaires  dolomitiques  du«Iias.  La  couleur  rouge  du 
cinabre  apparaissait  surtout  au  voisinage  de  la  calamine.  La 
gangue  était  de  la  calcite. 

A  Chalanches  (Isère),  le  cinabre  a  été  également  signalé  dans 
des  veines  de  blende  et  de  galène  traversant  des  schistes  cristallins 
qui  contiennent  des  traces  de  platine. 

A  Allemond  (Isère),  le  cinabre  est  associé  avec  du  mercure 
natif  et  de  l'amalgame  d'argent. 

A  Peijrat  (Haute-Vienne),  le  mercure  natif  a  été  rencontré  dans 
un  granité  décomposé. 


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gItES  de  mercure  en  FRANCE  ET  EN  ALGÉRIE    683 

Dans  les  Cévennes,  on  a  trouvé,  vers  1760,  près  de  Montpellier, 
un  peu  de  mercure  natif  dans  des  terrains  tertiaires.  Ce  gisement 
a  été  étudié  par  Leymerie. 

En  Corse,  le  cinabre  existe,  paralt-il,  à  Balagna  (commune  d'Oc- 
chia,  canton  de  Belgodère),  à  l'Est  de  Calvi  sur  la  côte  Nord  de  la 
Corse,  près  du  port  de  Tlle  Rousse.  Au  cap  Corse,  le  cinabre  a 
été  trouvé  aussi  en  filons,  avec  de  la  stibine,  dans  la  granulite,  la 
serpentine,  Teuphotide,  les  schistes  et  les  calcaires  serpentineux. 
Stibine  et  cinabre  forment  parfois  des  veines  de  quelques  centi- 
mètres d'épaisseur.  La  gangue,  quand  il  y  on  a,  est  du  quartz.  En 
outre,  les  filons  contiennent  de  la  pyrite,  un  peu  de  blende,  de 
soufre  natif  et  d'arsenic. 

Cette  association  de  cinabre,  stibine  et  arsenic  est,  comme  nous 
l'avons  dit,  assez  fréquente  et  nous  la  retrouverons  en  Serbie  et 
au  Mexique. 

En  Algérie,  il  a  été  institué  trois  concessions  de  mercure  dans 
la  province  de  Constantine  :  l'une  à  Taghtt  (42  kilomètres  S.-O. 
de  Batna),  dans  la  vallée  de  l'Oued  Abd,  sur  des  filons  bien  réglés 
de  cinabre,  galène  et  blende  dans  le  néocomien  ;  l'autre  à  Bir-Beni- 
Salah  (17  kilomètres  Sud  de  Coleo)  sur  un  filon  de  cinabre  et  galène 
dans  les  gneiss;  la  troisième,  h  Ras-El-Ma^  (10  kilomètres  S.-O. 
de  Jemmapes),  sur  des  filons  de  cinabre  avec  barytine  dans  les 
calcaires  liguriens.  Aucune  de  ces  concessions  n'est  exploitée. 
Celle  de  Ras-el-Ma,  concédée  en  1861,  a  été  abandonnée  en  1876. 

En  outre,  des  traces  de  mercure  ont  été  constatées,  en  plusieurs 
points,  près  de  Batna  et  dans  la  province  d'Alger.  Dans  la  province 
d'Alger,  près  de  Palestro,  à  un  endroit  nommé  Douar  Gerrouma, 
il  existe,  dans  un  calcaire  du  crétacé  supérieur,  un  minerai  de 
blende  et  galène  avec  cinabre.  En  Tunisie,  on  a  signalé  également 
un  peu  de  mercure*.  Partout,  il  s'agit  de  gisements  d'âge  tertiaire, 
comme  la  plupart  des  gîtes  métallifères  d'Algérie. 

Bibliographie. 

1851 .  ScipioN  Gras.  —  Mine  de  mercure  dans  l'Isère.  (B.  5.  (?. ,  2«,  t.  VIII,  p.  562.) 

1852.  Ville.  —  Mine  de  mercure  dans  TOuest  de  la  proY.  d'Oran.  (B,  S.  G., 
2«,  t.  IX,  p.  379.) 

*  Coll.  Ecole  des  Mines,  1W4. 

•  Voir  la  carte,  t.  I,  p.  402. 


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684  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

1858.  Martins.  —  Mercure  à  Montpellier.  (B.  S.  G.,  2«,  t.  XV,  p.  456.) 

1870.  BuRAT.  —  Géol.  appliquée,  t.  II,  p.  131. 

1876.  Leymerib.  —  Mercure  dans  les  Cévennes.  (Toulouse.  Ac.  des  Se,  7» s., 
t.  VIII,  p.  132.) 

1878.  Notice  géol.  et  miner,  sur  le  départ,  de  Constant.  (Exposit.  univ., 
p.  22  et  23. 

TissoT.  —  Texte  explic.  de  la  carte  géol.  de  Constantine,  p.  59  et  65. 

1876.  Hollande.  —  Sur  le  mercure  de  Corse.  {Bull,  Soc.  QéoL,  t.  IV,  p.  31.) 

1878.  TiRLOiR.  —  Git.  met.  du  Dauphiné.  (Bul.Soc.  Et.  Sc.Nat.  Nimes,  6200.) 

1888.  Becker,  loc,  cit.,  p.  23. 

1889.  Notice  minéralogique  sur  FAlgérie  par  le  Service  des  Mines. 


GITES  DE  MERCURE  D'ALLEMAGNE 

La  Bavière  Rhénane,  ou  ancien  Palatinatj  et  le  pays  des  detix 
Ponts  renferment  des  gisements  de  cinabre,  qui  ont  eu  quelque 
importance  à  la  fin  du  siècle  dernier.  II  y  a  déjà  bien  des  années 
qu'on  a  fermé  la  dernière  mine,  celle  de  Potzberg  près  Altengrau. 

Ces  gisements,  qui  ont  été  décrits,  en  1848,  par  von  Dechen,  con- 
sistent en  filons  et  imprégnations  de  cinabre  dans  des  schistes  gris, 
jaspes  et  conglomérats  du  permien  supérieur  et  dans  des  mélaphyres 
et  porphyres  qui  ont  traversé  ces  terrains.  On  trouve,  au  voisinage 
des  filons  et  là  seulement,  desargilophyres  et  des  jaspes  d'un  faciès 
tout  particulier,  qui  semblent  résulter  d'un  métamorphisme  exercé 
sur  les  grès  et  les  phyllades  permiens,  métamorphisme  comparable 
à  celui  que  nous  étudierons  en  Californie.  On  n'a  pas  établi  de  rela- 
tion nette  entre  les  roches  éruptives  mélaphyriques  et  le  minerai. 

Le  remplissage  principal  des  fractures  consiste  en  une  argile  avec 
fines  inclusions  de  cinabre  en  veinules,  en  cordons,  en  enduits,  ou 
en  cristaux,  dans  de  petites  géodes.  On  y  trouve,  outre  le  cinabre,  du 
mercure  natif,  de  l'amalgane,  du  calomelet,  comme  rareté,  seulement 
dans  le  filon  noir  du  Landsberg,  de  Thermésite  (panabase  mercuri- 
fère).  Von  Deschen  y  a  signalé  également  le  métacinabre  (sulfure 
noir  analogue  à  celui  qui  se  produit,  dans  les  laboratoires,  par  l'ac- 
tion directe  du  mercure  sur  le  soufre  et  qui  a  été  rencontré,  en  abon- 
dance, en  Californie,  à  Redington).  Les  minerais  proprement  dits 
sont  accompagnés  de  pyrite,  parfois  argentifère,  d'hématite  brune 
ou  rouge,  d'oligiste,  de  sidérose,  de  galène,  de  cuivre  gris,  dechal- 
copyrite,  de  stibine,  de  pyrolusite  et  de  psilomélane.  Les  gangues 
ne  jouent  jamais,  dans  ces  filons,  qu'un  rôle  très  secondaire  :  elles 


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gItES   de   mercure   d'aLLEMAGNE  685 

se  rencontrent  en  veinules  minces  ou,  comme  dernière  formation, 
dans  des  géodes  et  sur  des  parois  de  fentes;  elles  consistent  en  cal- 
cite,  barytine,  quartz,  jaspe,  quartz  rouge  ou  calcédoine.  Il  convient 
de  remarquer  la  présence  de  bitume  et  d'asphalte  dans  ces  gise- 
ments. En  outre,  il  est  assez  intéressant  de  noter  que  le  cinabre 
s'y  présente  comme  élément  fossilisant,  remplaçant  des  restes  or- 
ganiques :  ce  qui  semblerait  prouver  que  la  matière  organique  a 
eu  une  influence  pour  précipiter  le  cinabre  de  ses  dissolutions. 

Les  filons  ont  été  très  riches  près  de  la  surface  ;  mais  ils  se 
sont  appauvris  à  une  faible  profondeur  et  les  mines  de  Potsbergy 
du  Stahlberçy  du  Landsberg,  de  Mœrsfeld  n'ont  pu  descendre  à 
plus  de  200  mètres.  Chaque  gisement  est  composé  de  plusieurs 
groupes  de  filons  parallèles.  La  longueur  du  filon  Gottergabe  est 
de  900  mètres;  celle  des  filons  de  Mœrsfeld  est  de  400  mètres 
environ  ;  celle  des  autres  ne  dépasse  guère  200  mètres.  Plusieurs 
de  ces  groupes  s'alignent  en  formant  des  systèmes  de  H  à  12  kilo- 
mètres de  long  et  de  directions  variées. 

En  dehors  des  mines  du  Palatinat,  le  cinabre  n*a  pas  été  exploité 
ailleurs  en  Allemagne;  mais  il  a  été  rencontré,  en  divers  points, 
comme  élément  secondaire  associé  à  divers  sulfures  : 

Citons,  dans  le  Harz,  le  Rammelsberg  *  (pyrite  de  fer  et  de  cuivre 
avec  galène),  où  se  trouve  un  peu  de  mercure.  A  Tilkerode  et 
Clausthal^  on  a  mentionné  la  tiemannite  (Hg*  Se')  et  la  clausthalite 
mercurielle  (séléniure  de  plomb  et  mercure).  Dans  la  mine 
d'Hûlfe  Gottes,  des  veines  de  cinabre,  avec  barytine  et  sidérose, 
traversaient  les  roches  paléozoïques.  En  Bavière,  près  de  Neustadt, 
le  cinabre  était  contenu  dans  des  veines  de  quartz  traversant  le 
granité  ;  en  Saxe,  près  de  Lônwitz,  dans  du  quartz  recoupant  les 
schistes  cristallins.  A  Kreuznach  et  dans  d'autres  points  de  la 
Prusse,  le  cinabre  se  présente,  comme  tout  autre  sulfure  métalli- 
fère, en  filons  recoupant  des  roches  éruptives  et  sédimentaires. 

Bibliographie, 

1766.  CoLUNi.  —  Historia  et  comment.  Acad.  Ela.  PalatinaQ,  t.  VI,  p.  505. 
1776.  Ferber.  —  Bergm.  Nachrichten  von  den  Merkwùrdigkteio  minerali- 
tfchen  Gegenden,  p.  70. 

*  Voir  plus  haut,  page  323. 


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686  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

1787.  WiDDER.  —  Versuch  einer  vollstandigen.  Beschr.  der  Kurf.  Pfalz  (t.  IV, 
p.  3761. 

1788.  Beroldingen.  —  Bemerkungen  auf  einer  Reise  durch  die  Pfalzischen 
Quelcksilber  Bergwerke. 

1785.  ScHOLZE.  —  Crells  Mem.,  t.  IL 

i790.  Lasius.  —  Bergbaukunde,  t.  H,  p.  359. 

1807.  V.  Lbonhard.  —  Taschenbuch,  p.  20. 

1820.  ScHULZE.  —  {Karstens  Arch.,  t.  III,  p.  36.) 

1848.  V.  Dechen.  —  (Karstens  Arch.,  t.  XXI,  p.  375.) 

Oeynhausen.  —  {Nôggerath's  Rheinland-Westphalen,  t.  I,  p.  356.) 

Barkart,  t.  IV,  p.  185. 

GÛMBEL.  —  Die  Quecksilbererze  der  Pfalz. 
1861.  CoTTA,  p.  166. 

1873.  Von  Dechen.  —  Die  DUlzb.  Min.  d.  deuts.  Reichs.,  p.  670. 
1879.  Groddecr,  p.  316. 
1888.  Bbckbr.  —  Qaecksilver  deposite  of  the  pacifie  slope,  p.  36. 

GÎTE  DE  MERCURE  D'IDRIA  (carniole)* 

Historique»  —  La  mine  de  mercure  d'Idrîa,  en  Carniole,  a  été 
découverte  eni490;  elle  a  été  exploitée,  depuis  1580,  par  TEtat 
autrichien.  En  1865,  le  gisement  semblait  tellement  épuisé  que 
TEtat  autrichien ,  ayant  vou]u  le  vendre,  ne  trouva  pas  d'acheteur 
pour  3300U00  francs.  Dès  l'année  suivante,  la  production  reprit 
et,  depuis  1867  jusqu*en  1879,  le  bénéfice  net  a  été  de  23  millions 
de  francs.  En  1892,  la  mine  a  produit  532  tonnes  de  mercure*. 

Géologie  de  la  région. —  Les  gisements  dldria  sont  encaissés 
dans  le  trias;  on  était  porté,  autrefois,  à  les  considérer  comme  de 
formation  ancienne  ;  les  derniers  travaux  du  bergrath  Lipold  ont 
montré  que  la  venue  mercuriellc  était  postcrétacée,  peut-être 
contemporaine,  par  suite,  de  celle  des  mines  dltalie  et  de  la  chaîne 
des  Andes. 

La  ville  dldria  est  si  tuée  au  fond  d'une  vallée,  au  milieu  des  mon- 
tagnes appartenant  aux  rameaux  Sud-Est  des  Alpes  Juliennes. 

Les  terrains  qu'on  rencontre,  dans  la  région  (fig.  340),  sont,  de 
bas  en  haut  :  A  la  formation  carbonifère,  représentée  par  les 
couches  de  Gailthal  ;  B.  le  trias  ;  C.  le  crétacé  ;  D.  l'éocène  ;  le 
lias  et  le  jurassique  n'apparaissent  que  plus  au  Sud. 

*  Coll.  Ecole  des  Minet,  n^  1079.  1080  et  1665. 

s  Voir  plus  loin,  page  693,  les  renseignements  économiques. 


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687 


uux 


iteÎDi, 
gosa. 


nana, 
î,  Le- 
a  Ha- 
rlèi. 


iceus, 
iceus, 
vrop- 
:i,  N. 
pteris 
icilis, 
Data, 
enop- 
oltzia 
lites, 

Dgen- 
Sf    s. 

.nda- 
ceras 
Doni- 

,Tra- 
Qum, 
rigo- 
lami- 
rvilia 


ana, 
Mya- 

,Na- 


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.li.) 


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gItb  de  mercure  d'idria  (carniole)  687 

La  coupe  détaillée  du  rhétien  et  du  trias  est  la  suivante  : 


DBROMINATION 

FBA>'ÇA1SB 


DÉNOMINATION 
AUTRICHIENNE 


Etage      ] 
Rhélien    / 


Trias 
supérieur 
ou  marnes  | 

irisées 


(Keuper) 


Trias 

moyen  ou  \ 

Muschelkalkj 


Trias 

inférieur 

ou 

^rès  bigarré  I 

(Bunter 
Sandstein)  \ 


Groupe 
de  Wengen 


DÉTAIL 
DES    COUCHES 


FOSSILES  PRINCIPAUX 

trouvés 

A    IDRIA    ET  A  NEUMARKTL 


Groupe 
de  Raibi 

Groupe 
de  Halistadt 

Groupe 
de  St-Cassian 


Groupe 
de  Werfea 


Groupe 
de  Guttenstein 


Calcaires,  marnes  , 
et  tufs.  ' 

Calcaires,  marbres  . 
et  dolomies.  ' 

Non  représenté  à 
Idria. 

Calcaires  et  dolo- 
mies. 

Brèche  h  Conglo- 
mérat. 

Calcaires  dolomi- 
tiques. 


Calcaire  et  Schistes 
noirs  à  débris  de 
plantes  Couches 
de  Skonza. 

(Lagerschiefer).  Gi- 
sement  pnncipal  du 
Cinabre, 


Marnes ,     tufs     et 
Phtanites  noirs. 

Calcaires  noduleux,  i 

Calcaire  compact.  > 

Grès  et  Dolomies.     ) 

Calcaires  noirs  spa- 

thiques. 
(Couches  de  Cam- 

pile.) 

Marnes    bariolées, 

avec  inclusions  de 

dolomies  roses  et 

de  calcaires. 

Grès  schisteux  ver- 

sicolores. 

i  (Couches  de  Seissen) 

f  Conglomérat       et 

grès  quartzeux. 
■^  (Couches de  Grœden)( 

I L 


Trigonia   Refersteini, 
Pachy cardia  rugosa. 


Posidonomia  Idriana, 
Lingula  Lipoldi,  Le- 
pidotes^  Vottzia  Ha- 
ueri,  V.  Fœtterlei. 

Sans  fossiles. 

Equisetites  Arenaceus, 
Calamités  Arenaceus, 
C.  Meriani,  Nevrop- 
teris  Gaillardski,  N. 
Elegans ,  Pecopteris 
Triassica,  P.  Gracilis, 
Chiropteris  Pinnata, 
C.  Lipoldi,  Sagenop- 
teris  Lipoldi,  Voltzia 
s.  p.,  Lycopodites, 
Calamités. 

Posidonomia  Wengen- 
sis,   Trachyceras,    s. 

P- 

Pinacoceras  Sanda- 
linum,  Trachyceras 
Thuilleri ,  Ammoni- 
tes  

Naticella  Costata,  Tra- 
chyceras Cassianum, 
T.  Idrianum,  Trigo- 
nia Costata,  Calami- 
tés s.  p.,  Gervilia 
Socialis. 

Avicula  Venetiana , 
Pecten  Discites,  Mya- 
cites  Fassaensis. 

Trigonia  Vulgaris,  Na- 
tica  Gaillardski. 

Sans  fossiles. 


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688  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Tous  ces  terrains  ont  subi  des  actions  mécaniques  violentes, 
dont  Tâge,  manifesté  par  leur  retentissement  sur  le  crétacé,  a  ren- 
seigné, par  contre-coup,  sur  l'époque  de  la  venue  mercurieile,  qui 
a  profité  des  fractures  et  plis  pour  venir  au  jour. 

La  plus  importante  et  la  plus  forte  de  ces  dislocations,  à  Idria, 
témoigne  d'une  compression  latérale  énorme,  d'ailleurs  clairement 
manifestée  par  la  disposition  zonée  de  tous  les  terrains,  dislocation 
qui  a  amené,  près  d'Urban,  au  S.-E.,  la  rupture  d'un  pli  aminci  et  le 
chevauchement  du  carbonifère  sur  le  trias  (dolomies  de  Saint- 
Cassian).  Cette  dislocation,  que  l'on  peut  suivre  du  N.-O.  au  S.-E., 
de  Kanomla  à  Jélicen,  laisse  les  couches  carbonifères  de  Gailthal 
en  concordance  avec  le  trias  et  même  le  crétacé  ;  elle  s'est  donc 
produite  après  le  dépôt  de  ce  dernier  terrain.  D'autres  failles 
accessoires  l'accompagnent  parallèlement  au  Nord  et  au  Sud. 
L'une  d'elles  limite  le  massif  crétacé  entre  Idria  et  Sala-Klaus 
et  c'est  suivant  la  même  direction  que  s'aligne  le  gtte  de  mercure. 
En  outre,  il  existe  quelques  accidents  perpendiculaires,  dont  l'in- 
fluence se  fait  sentir  dans  la  mine. 

Si  nous  parcourons,  du  N.-O.  au  S.-E. ,  cette  dislocation,  on  ren- 
contre, sur  trois  coupes  N.-S.,  les  phénomènes  suivants: 

V  Sur  la  figure  341  (coupe  I  de  la  cave),  on  voit,  à  Cesnikar, 
les  couches  de  Gailthal  former  un  anticlinal,  rompu  à  la  voûte, 
que  recouvrent  directement,  au  Nord,  les  dolomies  de  Gutten- 
stein,  tandis  qu'au  Sud  apparaît  la  série  renversée  du  trias. 

La  figure  342  (coupe  II  de  la  carte)  rencontre  la  faille  prin- 
cipale dans  la  vallée  de  l'Idrica.  Les  couches  de  Gailthal,  qui 
forment  le  lit  du  ruisseau,  réapparaissent  dans  la  mine  (puits 
Josefî)  avec  une  allure  difficile  à  interpréter,  mais  que  les  travaux 
souterrains  ont  permis  de  préciser.  L'explication  qu'en  a  proposée 
M.  Lipold  est  la  suivante  :  un  double  pli  synclinal  et  anticlinal 
renversé  vers  le  Nord,  rompu  et  laminé,  ayant  amené  la  super- 
position du  carbonifère  de  Gailthal  sur  les  couches  de  Wengen, 
où  se  trouve  le  cinabre  ;  puis,  pour  faire  comprendre  la  position, 
au-dessus  de  ces  couches  de  Gailthal,  du  trias  discordant  de 
Cerin,  un  plissement  de  ce  trias  venant  du  Nord,  du  Vogelberg. 

La  figure  343  (coupe  III  de  la  carte)  montre,  sur  le  ruisseau 
Lubewe,  un  plissement  analogue. 


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GÎTE  DE  MERCURE  d'iDRIA    (gARNIOLe)  689 

L'étude  attentive  de  ces  phénomènes  mécaniques  a  permis  dln- 


I 


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si  1*^ 


aapi^a^wHJnoj 


si  H  |s 

|i  .r-â  -31 

3  11 


2 
2 


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T5 


O 


terpréter  plus  exactement  ]a  constitution  du  gisement  de  mercure. 

GÉOLOGIE.  —  T.  II.  44 


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690 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


'^ 


O 


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gItE  de  mercure  d'iDRIA   (gARNIOLE)  691 

Gisement.  —  Ce  gisement  se  présente  dans  de.s  conditions 
assez  différentes,  dans  les  deux  quartiers  de  la  mine  :  Tun, 


S 


-3 

i 


il 
•s 


-2 


Ô 
I 

3 


1 


N.-O.,  exploité  par  les  puits  Barbara  et  Theresia;  l'autre  S.-E. 
par  le  puits  de  Josefi.  Dans  le  premier,  le  mercure  parait  con- 


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692  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

centré  au  milieu  de  Tétage  de  Wengen,  dans  les  couches  schis- 
teuses de  Skonza  et  les  conglomérats  qui  les  surmontent.  Il 
prend  là  la  forme  d'un  véritable  dépôt,  parfois  élai^  en  amas, 
qu'un  examen  insuffisant  pourrait  faire  croire  contemporain  des 
couches.  Dans  le  second,  il  semble  localisé  au  voisinage  de  deux 
fractures  et  pénètre  dans  les  couches  de  Werfen  ainsi  que  dans 


PThWTSïa  ^  ^     .^    . 

F.Bar\>ani     P.Jotefi  P.Ihreilvanig 


■^H      .Couches  de  Skooiza. 
et  gitc  de  cinabre. 

Fig.  344.  —  Coupe  théorique  du  gtte  d*Idria.  (District  Nord-Ouest.) 

les  calcaires  de  Guttenstein  comme  un  gite  filonien.  Nous 
décrirons  successivement  ces  deux  districts  : 

1^  District  Nord-Ouest,  —  Les  couches  de  Wengen  imprégnées 
de  cinabre,  épaisses  d'environ  20  mètres,  ont  :  pour  mur,  tantôt  de 
calcaires  ou  grès  de  Guttenstein,  tantôt  des  couches  de  Werfen 
(dolomies,  calcaires  et  schistes  calcaires)  ;  pour  toit,  des  conglomé- 
rats {alcaires  imprégnés  de  cinabre  et  des  brèches  dolomitiques. 
Elles-mêmes  plongent,  à  environ  42"^,  depuis  Thorizon  de  la  galerie 
Antoni  jusqu'à  une  profondeur  de  280  mètres,  puis  se  divisent 
en  deux  rameaux  remontant  et  redescendant,  comme  le  montre 
une  coupe  ci-jointe  (fig.  344).  Leur  plissement  forme  une  conque 
absolument  fermée  au  N.-O.,  mais  ouverte  au  S.-E.  Le  niveau 
métallifère  se  compose  de  schistes  à  empreintes  végétales  (couches 
de  Skonza  ou  Lagerschiefer) ,  au  milieu  desquels  le  mercure  est 
très  irrégulièrement  disséminé,  formant  ici  des  concentrations, 
des  amas  lenticulaires  et  là  disparaissant  absolument. 

Au  toit,  le  cinabre  s'est  répandu  à  travers  les  conglomérats  et 
les  dolomies  en  une  infinité  de  veinules  présentant  des  noyaux 
de  concentration.  Ces  conglomérats  deviennent  très  riches  au  con- 
tact des  couches  de  Skonza,  mais  là  seulement.  Uu  phénomène 


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GÎTK  DE  MERCURE  d'iDRIA   (cARNIOLE)  693 

analogue  s'est  produit  pour  les  schistes  argentés  de  Gailthal  (carbo- 
nifère), que  la  dislocation  a  amenés  au-dessus  du  gîte  et  qui  semblent 
avoir  opposé  une  barrière  aux  émanations  mercurielles.  Parfois,  au 
contact  des  Lagerschiefer,  on  y  trouve  un  peu  de  mercure  natif  *  : 
d'où  leur  nom  local  de  Silberschiefer  (schiste  ai^entés). 

2**  District  Sud-Est.  —  Les  failles,  avec  lesquelles  le  minerai 
parait  en  relation,  ont  une  direction  environ  H4  et  un  pendage  de 
28  à  30""  ;  leur  largeur  atteint  souvent  1  mètre  :  elles  sont  rem- 
plies de  débris  dolomitiques  ou  schisteux,  fortement  imprégnés  de 
cinabre.  D'autres  failles  stériles,  dirigées  Hg  ou  H»,  ont  produit  un 
enrichissement  à  leur  intersection  avec  les  précédentes.  L'impré- 
gnation mercurielle  s'étend,  d'ailleurs,  en  dehors  des  failles,  au 
toit  et  au  mur,  dans  toutes  les  fissures  de  la  roche  dolomitique,  qui 
est  encore  utilisable  jusqu'à  une  certaine  profondeur. 

Minerais.  —  Les  minerais  exploités  à  Idria  sont  exclusivement 
du  cinabre,  le  mercure  natif  n'étant  qu'un  accident,  par  exemple 
dans  les  schistes  argentés.  Ce  cinabre  prend,  suivant  sa  structure, 
des  noms  différents  : 

Le  minerai  le  plus  riche  est  le  stahlerZj  ainsi  nommé  à  cause  de 
sa  couleur  d'acier  (stahl);  il  tient  75  p.  100  de  mercure. 

Le  lebererzj  compact  et  brillant,  forme  ordinairement  des 
noyaux  dans  le  stahlerz. 

Le  ziegelerz^  d'un  rouge  vif,  se  trouve  surtout  aux  confins  du 
gisement,  là  où  le  Lagerschiefer  est  plus  solide  et  plus  gréseux. 

Enfin  le  Korallenerz  (minerai  corallien)  se  présente  sous  forme 
de  singulières  pétrifications  à  apparence  de  coraux,  dans  les  grès 
des  couches  de  Skonza.  Son  analyse  donne  : 

Cinabre 2 

Bitume 5 

Phosphate  de  chaux 56 

Phosphate  de  fer 2  à  3 

Argile  phosphoreuse 2 

Fluorure  de  calcium 5 

En  raison  de  sa  forte  teneur  en  phosphore,  on  a  proposé  de 
l'employer  à  la  production  des  superphosphates. 

'  Lipold,  loc,  eil.f  p.  451. 


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694  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Comme  corps  associés  au  cinabre,  on  doit,  avant  tout,  citer 
le  bitume^  qui  l'accompagne  dans  la  plupart  de  ses  gttes,  et  parait 
avoir,  avec  lui,  une  certaine  communauté  d'origine.  A  Idria,  le 
Lagerschiefer  devient  bitumineux,  en  même  temps  que  métalli- 
fère et  ce  bitume  se  concentre  parfois  en  un  minéral  appelé  idria- 
lite,  généralement  près  du  Lebererz. 

La  pyrite  de  fer  accompagne  également,  presque  toujours,  le 
minerai  ;  mais  on  la  trouve,  en  outre,  dans  des  points  où  il  n'y  a 
pas  de  mercure.  On  a,  de  plus,  signalé  un  enduit  de  fluorine  avec 
braunspath  dans  une  fissure  du  Lagerschiefer.  Enfin  l'on  cite, 
encore,  comme  minéraux  secondaires,  l'epsomite  et  le  gypse  pro- 
duits par  l'action  d'eaux  sulfureuses,  venant  des  pyrites,  sur  la 
dolomie  et  le  calcaire. 

Le  gisement  d'Idria,  comme  la  plupart  de  ceux  de  mercure,  pré- 
sente cette  particularité  caractéristique  d'affecter  l'allure  d'une 
imprégnation  plutôt  que  d'une  incrustation  et  de  ne  renfermer 
qu'une  faible  proportion  de  gangue  filonienne  :  un  peu  de  quartz 
et  de  calcite  seulement. 

On  doit  noter  qu'à  mesure  qu'on  s'est  éloigné  de  la  surface  on 
a  trouvé  une  plus  grande  concentration  et  une  plus  grande  netteté 
des  parties  minéralisées. 

Formation  du  gisement.  —  En  résumé,  il  semble  incontestable 
que  l'arrivée  du  mercure  à  Idria  s'est  produite  à  la  suite  d'un 
plissement  poslcrétacé  et  par  des  fractures  résultant  de  ce  plisse- 
ment. Le  sulfure  de  mercure  est  monté  à  l'état  de  dissolution  et 
s'est  répandu  spécialement  dans  les  milieux  les  plus  favorables  : 
d'une  part,  les  strates  de  grès  ou  de  schistes  poreux;  de  l'autre, 
les  parties  bréchoïdes  à  fissures  multipliées.  Le  Lagerschiefer 
n'en  est  particulièrement  imprégné  que  parce  qu'il  se  trouvait 
dans  l'axe  de  la  dislocation  et  était  plus  facilement  perméable  ; 
peut-être  aussi,  à  cause  de  la  présence  des  restes  de  plantes 
qui  ont  pu  jouer  un  rôle.  La  dislocation  a  apporté,  en  outre, 
du  carbure  d'hydrogène ,  de  la  silice  et  du  sulfure  de  fer  :  ce 
qui  constitue  un  rapprochement  de  plus  avec  les  phénomènes 
hydrothermaux  récents  où  l'on  a  pu  constater  la  présence  du  mer- 
cure. 


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gIte  de  mercure  d'idria  (garniole)  695 

Exploitation.  —  L'extraction  dldria  a  été,  en  1891,  de 
63  212  tonnes  de  roche  (environ  27  000  mètres  cubes)  conte- 
nant 532  t.  711  de  mercure,  soit  20  kilogrammes  par  mètre 
cube,  ou  0,84  p.  100.  Le  nombre  des  ouvriers  est,  en  moyenne, 
de  800. 

L'abatage  d'un  mètre  cube  coûte  7  fr.  10,  le  remblayage  d'un 
mètre  courant  5  fr.  90  ;  le  prix  de  revient  brut  du  minerai  sor- 
tant de  la  mine  est  de  101  francs,  les  frais  d*usine  sont  à  peu  près 
les  mêmes.  Le  prix  de  revient  du  mercure  est  d'à  peu  près 
2  500  francs.  On  estime  qu'il  reste  à  prendre  900  000  tonnes  ne 
minerai  ou  35  000  tonnes  de  mercure  :  ce  qui  constitue  une  réserve 
pour  soixante  années. 

Le  bénéfice  moyen  annuel  est  d'environ  6  à  700  000  francs. 

Bibliographie. 

18oo.  HuYOT.  — Mine  et  usine  dldria  (Carniole).  (Ann.  d.  If.,  5«,  t.  V,  p.  7.) 

*  1874.  LiPOLD.  —  Geol.  Karte  der  Umgebung  von  Idria  in  Krain.  (Jahrbuch 
der  geoL  ReichsanstaU.  Wîcn.) 

1874.  Rechenschafts  Bericht  iiber  die  Gêbarung  bei  dem  Bergwerke  zu  Idria 
in  den  Jahren  1870, 1871  ûnd  1872  (Wien). 
1879.   Groddeck,  p.  138. 

*  1881.  LiPOLD.  —  Das  Quecksilberwerk  zu  Idria. 
1881.  Dask.  —  Quecksilberwerk  zu  Idria  In  Krain. 

1883.  L.  DE  Launay. — Mémoire  sur  Idria.  (Manuscrit  à  TÉcole  des  mines.) 
1888.  Becker,  PaciOc  slope,  p.  38. 

Indépendamment  dldria,  on  peut  signaler,  en  Garniole,  d'autres 
gisements  de  cinabre  qu'il  est  d'autant  plus  naturel  d'en  rappro- 
cher qu'ils  semblent  en  relation  avec  un  système  de  plissement 
contemporain  et  probablement  du  même  âge  ;  ce  sont  ceux  de 
Saint-Anna  ou  Potocnig  (Neumarkt)  et  de  Littai.  En  Serbie,  nous 
aurons  également  à  mentionner  quelques  mines  de  mercure 
remarquables  par  une  association  du  mercure  et  de  l'antimoine, 
qui  se  retrouve  au  Mexique. 


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696  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

GITE  DE  MERCURE  DE  S*-ANNA,  OU  POTOCNIG 

(neumarkt)* 

Le  gisement  de  Potocnig,  ou  de  S*- Anna,  est  situé,  à  8  kilo- 
mètres au  N.-O.  de  la  petite  ville  de  Neumarkt,  sur  une  ligne  Nord- 
Sud  réunissant  Laibach  à  Klagenfurt.  Les  terrains,  qui  avoisinent 
Potocnig,  sont  principalement  formés  de  schistes  et  calcaires  tria- 
siques,  recouverts  par  quelques  lambeaux  nummulitiques.  Le 
mercure  y  a,  jusqu'en  1881,  au  moins,  été  rencontré  exclusive- 
ment dans  un  calcaire  noir  de  Tétage  de  Guttenstein  (mus- 
chelkalk).  Les  travaux  de  mines  ont  montré  Texistence  de  schistes 
et  calcaires  fortement  disloqués,  avec  interposition,  au  Nord, 
entre  les  schistes  et  les  calcaires,  d'une  brèche  calcaire.  Le 
cinabre  forme,  tantôt  de  petites  veinules  et  mouches  sans  relation 
apparente  entre  elles,  au  milieu  du  calcaire  et  tantôt  Fincrustation 
de  Assures.  Mais  veinules  et  fissures  sont  localisées  dans  une 
certaine  zone,  mal  limitée  d'ailleurs,  qui  est,  en  même  temps, 
chargée  de  bitume.  Cette  zone  fîlonienne  a  atteint,  en  profondeur, 
de  1  à  5  mètres. 

La  teneur  des  minerais  livrés  à  l'usine  varie  entre  0,65  et  1,20. 

En  1891,  S*-Anna  a  produit  5  969  tonnes  de  minerai  et 
21  tonnes  de  mercure. 

Bibliographie. 

1876.  Badoureau  et  Roche.  —  Rapport  manuscrit. 

PiCHLER.  —  Schachtofen  in  Saint-Annathal,bei  Neumarkt.  Klagenfurt. 
1881.  FucHs.  —  Rapport  manuscrit. 


GITE  DE  MERCURE  DE  LITTAI  (carniole)* 

La  mine  de  Littai,  située  également  en  Carniole,  sur  la  ligne  de 
chemin  de  fer  de  Laibach  à  Marburg,  présente  cette  particularité 


^Goll.  École  dês  Minet,  n»  1660. 
'  Voir  plus  haut,  page  617. 


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gItBS  de  mercure  d'iTALIE   (vÉNÉTIE,   toscane)        697 

d'être,  à  la  fois,  une  mine  de  galène  (avec  cérusite  abondante)  et 
de  cinabre.  Nous  Tavons  décrite  au  chapitre  du  Plomb,  et  nous 
avons  dit  comment  le  plomb,  qui  imprègne  une  couche  dans  les 
grauwackes  carbonifères  de  Gailthal,  y  a,  peut-être,  pénétré  en  se 
substituant  à  un  carbonate  de  fer  dont  il  reste,  au  milieu  de  lui, 
des  débris.  Le  cinabre  parait  postérieur  à  la  galène  dont  il  enve- 
loppe des  noyaux  ;  il  n  y  aurait  rien  dlmpossible  à  ce  qu'il  fût 
arrivé  à  la  faveur  d'une  réouverture. 

En  1891,  littai  a  produit  1  452  tonnes  de  minerai  et  15S939  de 
mercure  (en  diminution  de  1S558  sur  Tannée  précédente). 


GITES  DE  MERCURE  D'ITALIE  (vénétie,  toscane) 

Le  cinabre  se  présente,  à  Tétat  minéralogique,  dans  un  assez 
grand  nombre  de  points  de  lltalie.  C'est  ainsi  qu'on  l'a  signalé 
à  Grasso,  sur  le  M^  Muccio  di  Mai^o,  en  Lombardie,  dans  un 
quartzite  micacé  ^  ;  à  Levigliani,  au-dessus  de  Seravezza  et  entre 
Seravezza  et  Querceta  dans  les  Alpes  ;  à  Jano,  entre  Volterra  et 
Montajone,  dans  le  carbonifère,  etc.*.  Il  y  est  exploité  dans  deux 
régions  principales  :  la  Vénétie  et  la  Toscane,  dont  l'importance 
respective  a  beaucoup  changé  dans  ces  dernières  années,  la  Vé- 
nétie ayant  arrêté  sa  production  depuis  i  880,  tandis  que  la  Tos- 
cane arrivait  progressivement  à  450  tonnes  par  an.  En  Vénétie, 
la  mine  la  plus  célèbre  est  celle  de  Vallalta,  près  d'Agordo  ;  en 
Toscane,  celle  du  Siele,  près  du  mont  Amiata. 

10  aisément  de  Vallalta  (Vénétie).  —  La  mine  de  Vallalta,  située 
dans  la  province  de  Belluno,  commune  de  Gosaldo,  est  très  an- 
ciennement connue  ;  elle  a  été  reprise  en  1856  et  abandonnée 
depuis  1880.  Les  dépdts  de  cinabre  se  trouvent  au  contact  d'un 
porphyre  quartzifère  (microgranulite)  et  de  roches  triasiques  for- 
mées de  grès,  schistes,  calcaires  et  conglomérats.  Le  gisement^ 


1  Curioni.  Géolog,  lomb.,  II,  157, 1877. 
•  D^Achiardi,  I.  110. 


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698  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

d*épais8eur  très  îrréguliëre,  suit  le  porphyre  et  se  termine  avec  lui. 
On  trouve  le  cinabre,  soit  en  mouches  dans  le  porphyre  même  ou  le 
grès,  soit  en  veines  dans  les  schistes  ;  mais  la  grande  masse  de  mi- 
nerai est  dans  un  conglomérat  spécial  qui  ne  semble  pas  exister 
en  dehors  du  gîte.  Ce  conglomérat  est  formé  de  cailloux  arrondis 
de  gypse,  calcaire,  quartz  et  porphyre,  cimentés  par  une  gangue 
talqueuse.  Le  cinabre  est  réparti  en  veines  ou  en  grains.  La  masse 
renferme,  en  général,  moins  de  0,  1  p.  100  de  mercure  ;  mais, 
par  points,  Timprégnation  a  été  assez  forte  pour  que  la  roche  fût 
formée,  presque  entièrement,  de  cinabre  englobant  du  gypse, 
de  la  calcite,  du  quartz  et  des  paillettes  de  mica  magnésien. 
D'après  Von  Rath,  la  teneur  pouvait  atteindre,  dans  ce  cas,  jus- 
qu'à 24  p.  100  de  mercure.  Le  cinabre  est  souvent  accompagné 
de  gypse.  Le  seul  sulfure,  qu'on  trouve  avec  lui,  est  la  pyrite, 
dont  les  cristaux  sont  souvent  englobés  par  le  cinabre.  Les  schistes 
encaissants  sont,  par  endroits,  graphiteux.  En  ces  points,  du  mer- 
cure métallique  a  été  rencontré.  Le  plus  grand  amas  exploité 
a  atteint  32  mètres  d'épaisseur,  avec  une  teneur  moyenne  de 
0,S  p.  100.  La  production  annuelle  s'est  élevée  à  une  tonne  de 
mercure. 

La  genèse  du  gîte  semble  pouvoir  s'expliquer  par  une  venue  de 
sources  chaudes  ayant  suivi  une  fissure  le  long  du  porphyre.  Le 
soit-disant  conglomérat  métallifère  ne  serait  qu'une  brèche  de 
frottement  ayant  accompagné  la  production  de  cette  cassure.  Le 
gypse  et  le  cinabre  se  seraient  déposés  ensemble  et  le  mercure 
natif  résulterait  d'une  réduction  du  cinabre  par  le  graphite  ^ 

En  dehors  de  Vallalta,  il  existe  encore,  en  Vénétie,  quelques 
gîtes  de  mercure  : 

Ainsi,  sur  le  mont  Avanza,  dans  la  commune  de  Fomi  Avoltri 
(Udine)  une  mine  abandonnée;  des  mouches  de  cinabre  au 
hameau  de  Spessa^  sur  le  chemin  de  Cividale  à  Cormons*;  d'an- 
ciennes mines  au  mont  Peralba*;  d'autres  enfin,  dans  le  Frioul^  où 
le  cinabre  amorphe,  terreux,  rouge  clair,  se  rencontre  associé  à 
la  tétraédrite  sous  forme  de  veines  dans  des  terrains  carbonifères, 

1  Nous  avons  vu  quelque  chose  d'analogue  à  Idria,  p.  693. 

•  Jervis.  Te9.  $oU.  ItaL,  1873, 1,  334. 

»  Marlnoni.  Sui  miner,  del  Friuli,  1881,  p.  27. 


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GÎTES   DE  MERCURE  DU   SIELE    (tOSCANE)  699 

au  milieu  de  calcaires  marneux  et  schisteux  micacés  que  recouvrent 
des  argilo-schistes. 

2^61188  du  Siele,  etc.  (Toscane).  —  Les  mines  de  Toscane  ont 
pris,  depuis  1880,  une  importance  croissante.  Elles  sont  situées 
dans  une  bande  allongée,  d'environ  50  kilomètres  de  long,  paral- 
lèle à  la  côte  à  30  kilomètres  de  distance.  La  plus  ancienne,  dont 
il  soit  fait  mention,  est  celle  de  Levigliani^  près  de  Seravezza,  déjà 
mentionnée  dans  un  acte  de  1163.  Le  cinabre  y  est  accompagné 
de  guadalcazarite  (Hg,  Zn)  S.,  de  sidérose,  de  pyrite  et,  en  quelques 
points,  de  mercure  natif;  il  est  disséminé  dans  des  veines  irrégu- 
lières de  quartz  qui  recoupent  des  schistes  stéatiteux  anciens. 

A  Ripa^  sur  les  Alpes  de  Corvaia,  près  de  Seravezza  et  de 
Querceta,  ces  mêmes  veines  de  quartz  cinabrifère  traversent  un 
schiste  micacé.  Le  cinabre  y  fut  découvert  en  1838. 

Un  peu  plus  loin,  à  Jano^  près  de  Volterra  et  de  Montajone,  le 
cinabre  imprègne  des  schistes  bitumineux  carbonifères  ;  il  est  de 
couleur  brune,  très  semblable  à  certaines,  variétés  dldria.  On  y  a 
trouvé  de  superbes  empreintes  végétales  qui  ont  permis  de  déter- 
miner l'âge  des  schistes.  Le  cinabre  y  est  accompagné  de  pyrite 
de  fer.  On  avait  fondé  beaucoup  d'espérance  sur  cette  mine,  qui 
n'a  donné  que  des  résultats  insignifiants  ^ 

Les  mines  du  mont  Amiata,  en  particulier  celles  du  Siele,  ont  eu 
un  bien  meilleur  sort.  Les  affleurements  de  minerai  apparaissent  là, 
en  plusieurs  points,  près  des  villages  de  Castellazzara^  de  Selvena^ 
de  Santa-Fiora^  Pian  Castagnaio^  Castel  del  Piano  et  Abbadia 
San-Saivadore  j  autour  d'une  masse  trachytique  qui  constitue  le 
mont  Amiata;  ils  sont  situés  dans  des  roches,  surtout  calcaires,  qui 
recouvrent  elles-mêmes  des  terrains  de  l'époque  éocène.  On  les 
retrouve  au  mont  de  Fate  près  San-Giuliano^  dans  des  calcaires 
jurassiques,  oii  se  présentent  fréquemment  de  grandes  masses 
rouges  de  cinabre  terreux. 

Diverses  mines  ont  été  ouvertes  à  Selvena,  à  Comacchino^  et 
Pian  Castagnato;  les  plus  fructueuses  sont  celles  de  Siele  et  de 
Comacchino. 

1  Becchi.  An,  ch.^  d'aîcuni,  miner,  tosc.^  1850. 


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700  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Caractàres  généraux  de  la  région  de  Siele.  —  Le  mont  Amiata, 
dont  la  cime  s'élève  à  733  mètres,  est  situé,  au  Sud  de  la  Tos- 
cane, sur  les  confins  des  anciens  Etats  Pontificaux,  entre  les  val- 
lées du  Tibre  et  de  TOmbrone.  Il  est  formé  de  trachyte  ;  les  ter- 
rains tertiaires,  qui  l'entourent,  ont  été  plissés  fortement  et  ont 
donné  lieu  à  des  cassures,  qui  ont  probablement  amené  le  mer- 
cure. Les  caractères  de  ces  gisements  sont  les  suivants  :  le  mer- 
cure se  rencontre  à  l'état  de  cinabre  dans  des  terrains  de  nature 


Fig.  345.  —  Coupe  générale  N.-S.  de  la  région  du  mont  Amiata 
(d'après  M.  Jasinski). 


et  d'âge  très  différents,  depuis  le  tithonique  :  dans  des  marnes, 
argiles,  calcaires,  silex,  trachytes,  basaltes,  etc.,  sous  forme  de 
filons,  d*amas  et  presque  de  couches. 

Dans  les  roches  compactes,  comme  le  trachyte,  le  cinabre  est 
disséminé  dans  toutes  les  cassures  naturelles  et  se  présente 
toujours  en  filons,  mais  ne  pénètre  pas  la  roche  ;  il  est  généra- 
lement accompagné  de  cristaux  de  spath  calcaire  et  de  stéatite. 

Dans  l'argile  et  les  schistes,  au  contraire,  le  cinabre  se  rencontre 
sans  forme  de  petits  cristaux  disséminés  dans  la  masse  ;  la  zone 
imprégnée  affecte  la  forme  d'amas  et  est  toujours  en  relation 
avec  les  filons  de  minerai  des  roches  encaissantes.  Le  cinabre  y  est 
souvent  accompagné  de  marcassite,  de  spath  calcaire,  de  silice 
pulvérulente. 

L'âge  de  ces  minerais  paraît  être  celui  du  plissement  des 
Apennins.  Sur  le  flanc  du  mont  Penna,  on  observe  des  couches  de 
schistes,  contenant  du  cinabre  ;  le  minerai  y  est  mélangé  de 
cailloux  roulés  et  paraîtrait  y  avoir  été  déposé  par  les  eaux  qui 
avaient  corrodé  un  gisement  antérieurement  formé.  Le  terrain 
qui  contient  ces  gîtes  étant  de  l'époque  pliocène,  on  a  ainsi  une 


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GÎTES  DE  MERCURE  DU  SIELE  (tOSCANE)  701 

limite  supérieure  pour  Tâge  de  la  formation  cinabrifère.  D'autre 
part,  les  couches  éocënes  ont  été  influencées  par  le  mouvement 
de  dislocation,  avec  lequel  le  mercure  semble  en  relation. 

Gisements  de  Siele.  —  Voici  quelques  détails  sur  la  mine  de 
Siele,  dite  de  Diaccialetto,  qu'on  peut  prendre  comme  type  de 
toutes  les  autres. 

La  mine  de  Diaccialetto  est  à  5  kilomètres  de  Gastellazzara  et 
de  Selvena,  sur  la  rive  gauche  du  torrent,  le  Siele;  le  gisement  se 
trouve  dans  des  couches  calcaires  et  calcaréo-marneuses,  dirigées 
E.  36^N.-0.  36^  S.,  avec  une  inclinaison  N.  36°  0,  et  un  pendage 


Fig.  3i6    —  Plan  et  coupe  de  la- mine  de  meixure  de  Siele. 

de  45\  Dans  ces  différentes  couches,  sont  des  argiles  cinabrifères 
n***  1,  2,  3  (fig.  346),  dont  la  principale  se  nomme  grand  diga. 

Les  couches  d'argile  cinabrifère  ont  une  grande  puissance.  Le 
minerai  est  surtout  accumulé  vers  le  toit  et  se  rencontre,  presque 


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702  GÉOLOGIE    APFLIQUÉE 

pur,  8or  une  puissance  de  plusieurs  mètres  ;  le  reste  de  Targile 
est  imprégoé  tout  entier  et  constitue  un  minerai  précieux,  fiacile  à 
exploiter  et  à  traiter. 

On  trouve  le  cinabre,  dans  Targile,  soit  en  cristaux  isolés,  non  dis- 
cernables i  la  Tue,  et  dont  le  poids  seul  de  Targîle  décèle  la  pré- 
sence, soit  en  a^omérations  rouge  vif,  soit  en  blocs  d'aspect 
métallique  exceptionnellement  riches  (63  p.  100  de  mercure). 
A  ces  couches  de  cinabre  et  notamment  à  la  couche  dite  grand 
diga,  s'unissent,  à  la  partie  supérieure  du  gisement,  de  petits  filons 
et  de  petites  couches  très  blanches  de  spath  calcaire  maculé  de 
cinabre,  qui,  tantôt  sont  interrompues  et  tantôt  reparaissent  à 
petite  distance  :  on  les  nomme  des  teUoni.  De  ceux-ci  partent  des 
rameaux  de  filons  plus  petits. 

Ayant  que  les  travaux  eussent  atteint  la  profondeur  de 
50  mètres,  où  se  trouve  la  grande  masse  argileuse  cinabrifère, 
on  ne  pouvait  juger  de  Ta  venir  du  gtte  que  sur  ces  petites  veines 
de  spath  calcaire  cinabrifère  et  la  pauvreté  de  ces  calcaires,  qu'on 
pensait  être  la  seule  matrice  du  cinabre,  faillit  arrêter  l'exploitation. 
On  avait  bien  rencontré  des  couches  argilo-marneuses,  dites /îsctoni, 
mais  elles  étaient  stériles  ;  elles  interrompaient  les  petites  veines 
spathiques  cinabrifëres  dont  elles  enfermaient  quelques  fragments 
et  n'étaient  traversées,  en  long  et  en  large,  que  par  des  veines  de 
calcaire  spathique  pur,  non  cinabrifère. 

La  couche  dite  grand  diga  apparut  tout  à  coup,  la  nature  de  la 
gangue  changea,  et  cette  mine,  qui  avait  été  vendue  après  faiUite, 
devint  la  plus  importante  de  l'Italie  centrale,  et  Tune  des  mines 
de  mercure  les  plus  productives  d'Europe.  Le  minerai  y  est  très 
riche,  comme  l'indiquent  les  analyses  suivantes  publiées  par 
M.  Petiton. 

Masse  du  minerai 63-65  p.  iOO  de  ïLg, 

—    argileuse  séchée 15-16  — 

Teneur  moyenne 37-89  — 

Au  point  de  vue  théorique,  il  convient  de  mentionner  la  pré- 
sence du  cinabre  dans  les  trachytes  près  de  Pian  Castagnaio  :  ce  qui 
confirme  Tâge  attribué  plus  haut  à  la  venue  du  mercure. 

La  mine  de  la  Solfarata  est  située  à  1  600  mètres  de  la  mine  du 


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ITord 


GÎTES   DE  MERCURE  DU   SIELE   (tOSCANe)  703 

Siele.  On  peut  remarquer,  tout  autour,  une  grande  quantité  de 
soffioni  dégageant  de  Thydrogène  sulfuré  en  abondance  et  qui  ont 
donné  son  nom  à  la  mine. 

Les  conditions  de  gisement  sont  analogues  à  celles  de  Siele.  La 
venue  cinabrifère  a  traversé  des  successions  de  calcaire,  marnes  et 
argiles  en  les  imprégnant  d'une  manière  très  variable. 

La  mine  de  Coinacchino  se  trouve  sur  le  versant  méridional  du 
mont  Penna.  Le  sommet  de 
cette  montagne  est  formé 
de  calcaire  nummulitique  et 
madréporique.  Au-dessous, 
viennent  des  couches  sili- 
ceuses stratifiées,  de  10  cen- 
timètres de  puissance  envi- 
ron, où  l'on  trouve  le  cinabre.        ^''«'  347.-  Coupe  N.-S.  du  mont  Penna 

^  (d  après  M.  Jasinski). 

Plus  bas,  on  rencontre  des 

calcaires  albarèse  et  des  argiles,  où  Ton  retrouve  également  un 
peu  de  minerai. 

En  1890,  les  deux  mines  de  Siele  et  de  Cornachino  (Reto)  ont 
occupé  50  ouvriers  et  produit  449  tonnes  de  mercure  représen- 
tant, sur  place,  une  valeur  de  2  919969  francs. 

Pour  terminer  ce  qui  est  relatif  à  Tltalie,  nous  ajouterons  que  le 
cinabre  a  été  signalé  à  la  Tolfa  près  de  Civita-Vecchia,  associé  à  la 
fluorine  et  à  la  blende  et  au  Vésuve. 

La  présence  du  mercure  auprès  du  Vésuve,  signalée  par  Dolo- 
mieu,  mise  en  doute  par  Noggerath,  est  au  moins  réelle  à  Pouzzoles, 
près  Naples,  où  M.  de  Chancourtois  a  pu  recueillir  des  échantillons 
de  cinabre  et  réalgar  à  Torifice  de  la  principale  solfatare. 

En  Sicile,  Nô^erath  cite  six  localités  où  le  cinabre  a  été  signalé  : 
en  particulier  à  Paterno,  près  Catane,  à  la  base  de  TEtna. 

Bibliographie. 

ilH.  DoLOMiBU.— Mercure  au  Vésuve.  (Journ.  dephys.  chim.<,  etc.,  1. 1,  p.  102.) 
1S3S.  Hoffmann.  —  Geschiche  der  Geognosie  und  Schilderung  der  Vulka- 

nischen  Erscheinungen.  Berlin,  p.  477. 
1845.  d'Hombras  Firmas.  —  Mines  de  mercure  de  Ripa  près  de  Pietra  Santa 

(Toscane).  (B.  S.  G.,  2«,  t.  H,  p.  266.) 


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704  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

1855.  V.  Hauer  et  Fôtterle.  —  Sur  Vallalla.  {Vbersichtder Bergbaue,  p.  38.) 

1855.  Gaillaux.  —  Le  Siele.  (Ind,  min.) 

1858.  Trinker.  —  Sur  Vallalta.  {Jahrb.  d.  geol,  Reicksanst,  p.  442.) 

1861.  Ck)TTA,  p.  351. 

1862.  NôGGBRATH.  —  Les  mines  de  mercure.  (Zeitsch.  pf^ussien,  t.  X.) 

1864.  V.  Rath.  —  Sur  Vallalta.  {Zeitsehr.  d.  deutsch.  geoL  Gesellsch,,  t.  XVI, 
p.  121. j 

1867.  Pbllati.  —  Stat.  Miner.  Italia. 

Jasinski.  —  Note  sur  les  gisements  de  mercure  de  Pian  Castagnaio 
(inédit). 

1873.  Jbrvis.  —  Tes.  sott.  Italia,  I,  334. 

1877.  CoaioNi.  —  Geol.  lomb,  2,  157. 

1877.  d'Achiardu  —  Minière  di  mercurio  in  Toscana.  (Soc.  Tascana  di 
Scknze  natur.  residenti  in  Ptsa,  t.  m,  p.  132.) 

1877.  G.  VON  Rath.  —  I  monti  di  Campiglia  nella  Marremma  toscana.  (BoU 
del  R.  Com,  geol.  dllalia,  t.  VUI,  p.  187,  278,  325.  Rome,  1877.) 

1878.  Rolland.  —  Mercure  au  Vésuve.  (Bull.  Soc.  minéralog,^  t.  I,  p.  99.) 

1878.  LoTTi.  —  Il  Monte  Amiata. 

Bol.—  Com.  geol.  Italia,  9-10  p.  371. 

1879.  Groddegk  (trad.  Kuss),  p.  318,  sur  Vallalta. 

•  1880.  PiîTiTON.  —  Note  sur  la  mine  de  mercure  du  Siele  (Toscane).  (Ann. 
d.  Jf.,  7S  t.  XVU,p.  35.) 

1883.  d'Achurdi.  —  I  metalli,  loro  minerali  et  minière,  t.  l,p.  110. 

1888.  Becker,  Pacific  slope,  p.  83. 

1887.  J.  Francis  Williams.  —  Ueber  den  Monte  Amiata  in  Toscana  und  seine 
Gesteine.  (N.  J.  fur  Min.,  1887,  t.  II,  p.  381.  Stuttgart.) 


GITES  DE  MERCURE  DE  HONGRIE  (Transylvanie), 
BOSNIE,  SERBIE,  RUSSIE,  etc. 

Hongrie.  — La  Hongrie  est  un  des  pays  où  Tassociation  du  mer- 
cure avec  l'antimoine  (tétraédrite  et  stibine)  est  bien  manifeste*. 
La  tétraédrite  mercurielle,  assez  rare  partout  ailleurs,  semble  être 
caractéristique  de  ces  gisements  et  arrive  à  tenir  16,7  p.  400  de 
mercure.  Le  mercure,  qui  y  a  été,  depuis  longtemps,  signalé 
comme  obtenu  dans  le  grillage  de  minerais  de  cuivre,  forme  un 
cuivre  gris  mercuriel  associé  avec  de  Tamalgame,  du  cinabre  et  de  la 
pyrite,  en  veines  qui  traversent  les  schistes  cristallins  et  gabbros. 
La  gangue  habituelle  est  le  quartz  ou  la  barytine.  Comme  sulfures 
accessoires,  on  trouve  la  stibine  et  la  galène.  V.  Gotta  signale  les 

*  Cotta,  p.  305  ;  Becker,  loc,  cil.^  p.  41. 


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gItES   de  mercure   de   HONGRIE   ET  BOSNIE  705 

filons  de  Dobschau^  de  Szlana,  de  Kotterbach^  et  de  Metzenseifen. 

On  connaît,  en  outre,  du  mercure  à  Schemnitz,  Rosenau  et 
Mernyik  *  dans  le  grès  carpathique. 

En  Transylvanie^ j  le  mercure  existe  aussi,  notamment  à  Dum« 
brawa,  quoique  nulle  part  à  Tétat  exploitable. 

Le  gisement  le  plus  intéressant  est  celui  du  Thihulha/,  dans  les 
Carpathes,  entre  la  Transylvanie  et  la  Bukovine. 

Il  existe  là,  sur  les  deux  flancs  d'une  vallée,  de  nombreuses 
intrusions  de  basaltes  et  de  trachytes  dans  les  grès  carpathiques 
et  schistes  subordonnés.  Il  s'est  produit,  au  contact  de  ces  roches, 
une  série  de  cassures,  brèches  de  friction,  etc.  En  l'un  de  ces 
points,  le  long  d'un  dyke  trachytique  traversant  des  schistes  très 
altérés,  se  trouve  un  filon,  de  1  à  5  mètres,  rempli  principalement 
de  calcite  et  sidérose,  empâtant  des  fragments  des  roches  encais- 
santes. Le  cinabre  s'y  présente  en  veines  et  nids  irréguliers,  avec  un 
peu  de  blende  et  de  galène.  Cette  brèche  cinabrifère  est  très  carac- 
téristique et  rappelle  ce  que  nous  avons  vu  à  Vallalta,  en  Vénétie. 

La  production  moyenne  annuelle  de  mercure  en  Hongrie  a  été 
de  1864  à  4883,  d'environ  26,65  tonnes  métriques  ou  772  bou* 
teilles  ;  depuis  cette  époque,  elle  est  descendue  à  10  tonnes  en  1889 
et  8,10  tonnes  en  1890,  provenant  du  district  de  Szepes-Iglo. 

Bosnie.  —  En  Bosnie,  on  fait,  depuis  peu,  des  recherches,  près 
de  Prozor,  sur  des  gisements  analogues  à  ceux  de  Hongrie. 

Dans  l'un,  il  existe  une  association  de  cuivre  gris  argentifère  et 
de  cinabre  avec  barytine  :  ce  gisement  est  encaissé  dans  des 
couches  paléozoïques. 

Un  autre  est  formé  de  quatre  filons  contenant  :  les  deux  pre- 
miers, presque  uniquement  de  la  stibine  ;  le  troisième,  un  mélange 
de  stibine  avec  un  peu  de  cinabre,  le  quatrième  13  p.  lOQ  de 
cinabre  contre  7  p.  100  de  stibine  dans  les  échantillons  triés.  Ces 
filons  sont  encaissés  dans  des  schistes  cristallins,  très  altérés  au 
voisinage  ;  la  gangue  est  généralement  quartzeuse  •. 

*  Kunner.  Zinnober  von  Mernyik.  Zeit.  kr.  Min.  Groth,  1878,  2,  3,  304;  ci.  à*A^ 
chiardi,  I,  117. 

•  Cotla,  p.  268;  Becker,  p.  41. 

'  Renseignements  communiqués  par  M.  Bordeaux,  ingénieur  civil  des  mines.  —  Ct., 
sur  la  Bosnie  :  1865-66.  Conrad.  Revue  de  géol.,  t.  \,  p.  115 

GÉOLOGIE.  —  T.  n.  45 


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706  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

En  Bosnie  également,  nous  avons  eu  Toccasion  de  mentionner  % 

à  propos  du  cuivre  gris,  des  gites  de  cinabre  qui  se  trouvent  près 

de  Cresevo.  M.  Conrad  en  a. signalé,  près  de  Serajevo,  dans  des 

-schistes  et  calcaires.  Le  cinabre  y  est  accompagné  de  pyrite  et 

blende  et,  paraît-il,  de  traces  d*or. 

Serbie.  —  En  Serbie,  comme  en  Bosnie  et  en  Hongrie,  le  mer- 
cure est  associé  avec  du  cuivre  gris. 

Un  important  dépôt  de  cinabre  a  été  découvert,  ou  plutôt 
retrouvé,  au  mont  Avala,  près  de  Belgrade,  en  1883.  Ce  dépôt,  qui 
parait  avoir  été  exploité  par  les  Romains,  a  été  étudié  par  von 
Groddeck*.  Le  minerai  a  été  rencontré,  autour  du  mont  Avala,  en  six 
points  qui  ne  sont  pas  en  ligne  droite,  au  milieu  d'une  serpentine 
paraissant  ici  résulter  de  Taltération  d'une  péridotite  '.  On  trouve, 
avec  le  cinabre,  un  peu  de  mercure  natif  et  de  calomel,  de  la  pyrite 
et  de  la  millérite,  accidentellement  de  la  galène.  La  gangue  est 
formée  de  calcédoine,  quartz,  calcite,  dolomie,  barytine  et 
hématite.  Le  cinabre  se  trouve  surtout  dans  des  veines  de  quartz 
et  barytine  ramifiées  en  tous  sens. 

D  après  von  Groddeck,  la  structure  microscopique  du  minerai 
montrerait  qu'il  s'est  substitué  à  la  serpentine.  M.  Becker  s'est 
élevé  contre  cette  hypothèse  d'une  substitution,  déjà  émise  à 
Almaden  par  MM.  de  Prado,  Monasterio  et  Kûss  et,  à  Idria,  par 
M.  Lipold.  Selon  lui,  il  manque,  dans  tous  les  gites  de  mercure, 
ce  qui  caractérise  essentiellement  la  substitution,  telle  qu'on  peut 
la  constater  pour  le  fer,  le  zinc,  etc.,  c'est-à-dire  des  fragments  plus 
ou  moins  anguleux  de  la  roche  encaissante,  empâtés  dans  le 
minerai  qui  les  a  corrodés  ;  en  outre,  l'examen  microscopique  con« 
tredit,  à  son  avis,  cette  théorie. 

Turquie  d'Europe  *.  —  M.  Fischbach    a   décrit  des  dépôts   de 
cinabre  et  mercure  natif  à  Prisren,  en  Albanie, 

«  Page  307. 

*  1883.  V.  Groddeck.  (Zeitschr.  prussien,  t.  XXXIII.) 

1887.  D.  Schmidi  :  Zinnober  von  Serbien.  (F'ôldtani  K'ôtzUmy,  l.  XVII,  p.  552, 
Budapesth,  1887.) 

'  Il  y  a  lieu  de  rapprocher  ce  fait  de  Texistence  des  serpentines  près  du  cinabre  de  Ca- 
lifornie, ces  serpentines  étant,  d'après  H.  Becker,  dues  au  simple  métamorphisme  de  grès. 

*  1873.  Fischbach.  B,  u.  H.  Zeit,,  t.  XXXII,  p.  109.  (Sur  Prisren,  en  Albanie.) 


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GÎTES   DE   MERCURE   DE  RUSSIE,    SCANDINAVIE,  ECOSSE    707 

Russie  ^  —  En  dehors  des  monls  Oural,  dont  nous  parlerons  à 
propos  de  la  Sibérie*,  un  gisemenide  mercure  a  été  signalé,  en  1879, 
par  M.  Minenkoff  dans  le  Sud  de  la  Russie,  entre  la  station  de 
Nikitoffka  et  Gavriloffka,  un  peu  au  Sud  de  Bachmut,  au  centre 
du  bassin  houiller  du  Donetz.  M.  Auerbach  y  a  commencé  des 
travaux  d'exploitation  en  1886;  la  production,  qui  a  pris  rapi- 
dement de  rimportance,  a  été  :  en  1887  de  56  tonnes,  en  1888 
de  167  tonnes,  en  1889  de  170  tonnes. 

Le  mercure  imprègne  là,  sur  500  mètres  de  long,  un  banc  de  grès 
houiller,  incliné  à  30^  et  surmonté  par  des  schistes  argileux  ;  au 
mur,  sont  des  grès  compacts  ;  il  existe  de  petites  fissures  friables, 
tapissées  de  cinabre,  en  sorte  que,  dans  le  classement  des  mine- 
rais, la  teneur  est  à  peu  près  en  raison  inverse  de  la  dimension 
des  fragments. 

Tschermak  a  mentionné,  dans  ce  gisement,  la  présence  de  la 
galène. 

Dans  le  Caucase,  district  du  Daghestan,  on  a  également  signalé 
quelques  gisements  de  cinabre. 

Pour  terminer  ce  qui  est  relatif  à  TEurope,  nous  nous  conten- 
terons de  mentionner  la  présence  du  mercure  en  Norvège,  en 
Suède  et  en  Ecosse. 

Scandinavie.  —  De  Tamalgame  d'argent  a  été  trouvé  à  Kongsberg, 
en  Norvège  ;  à  Sala,  en  Suède  ;  mais  on  n'y  a  jamais  signalé  de 
cinabre  •. 

Ecosse  \  —  Dans  les  montagnes  de  l'Ecosse,  Plain  parle  d'un 
minerai  (probablement  une  tétraédite)  contenant  du  plomb,  du 


'  Coll.   Ecole   des  Mines,  1776.  —  Voir   :  1885    Tschet-rnaks.   Minerai,  Millheil, 
vol.  Vil,  p.  93. 

1886.  HiriakoQ.  Geol.  Fureningens  Stockholm  Forhandl,  t.  VIII,  n**  6. 

1891.  l^eiss.   Usine  à  mercure  de  Nikiloffka.  (Mémoire  manuscrit  à  TÊcole  des 
mines.) 

1892.  Société  de  Géographie  du  22  avril  1892. 
1888.  Becker,  PaciGc  slope,  p.  43. 

•  Page  708. 

'  Noggerath  ;  Becker,  loc.  cit.,  p.  27. 

*  Becker,  loc.  cit.,  p.  27. 


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708  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

cuivre  et  un  peu  d*argent,  dont  la  distillation  aurait  produit  du 

GITES  DE  MERCURE  EN  ASIE 

Asie  Mineure,  Perse,  etc...  '.  —  Près  de  Smyrne,  M.  Fischbach 
a  signalé  une  riche  veine  de  cinabre  accompagnée  par  de  la  sti- 
bine, comparable,  par  suite,  aux  gites  de  Bosnie  décrits  plus  haut*. 
La  stibine  est,  d'ailleurs,  abondante  dans  cette  région  de  TAsie 
Mineure. 

En  Perse,  l'écrivain  Ibn  Mohelhel,  qui  vivait  au  ix*  siècle,  a 
mentionné  la  présence  du  mercure  à  TOuest  du  Zendjan.  Le 
général  Houtum  Schindler  de  Tarmée  persane  a  retrouvé,  en  ce 
point,  du  cinabre  et  du  mercure  natif  avec  du  réalgar,  dans  un 
basalte.  Du  soufre  natif  est  exploité  au  voisinage  et  ce  gisement 
semble  rappeler  les  solfatares  de  Californie. 

Sibérie  '.  —  Le  cinabre  a  été  trouvé,  à  diverses  reprises,  dans  les 
districts  aurifères  des  monts  Oural  :  par  exemple,  près  de  Bere« 
sowsk,  de  Miask  et  de  Bogoslowsk.  En  ce  dernier  point,  on  a 
rencontré  des  morceaux  de  cinabre  natif  pesant  plus  d'une  livre, 
mais  sans  pouvoir  reconnaître  leur  gisement  primitif.  Dans  les 
sables  aurifères  de  Olem-Trawiansk,  on  retrouve  des  fragments 
de  cinabre  avec  gangue  de  quartz. 

Dans  la  Sibérie  orientale,  il  existe  une  mine  de  cinabre,  tout  à 
fait  isolée,  à  IldeKansk,  district  de  Nertschinsk^  sur  les  bords  delà 
Mandchourie.  Le  minerai,  accompagné  de  calcite  et  de  quartz,  est 

*  Il  conviendrait  également  de  noter,  à  cette  place,  la  découverte  faite  par  M.  Des- 
cloiseaux,  au  grand  geyser  àHilande^  de  gouttelettes  de  mercure,  superficiellement 
transformées  en  cinabre.  La  prédominance  du  mercure  natif  sur  le  cinabre,  la  localisa- 
tion de  ce  mercure  (jamais  retrouvé  depuis),  Tabsence  de  matières  bitumineuses,  etc.. 
ont  conduit,  en  définitive,  à  attribuer  sa  présence  à  quelque  cause  accidentelle,  peut- 
être  à  la  rupture  d'un  baromètre. 

*  1881.  Sur  la  Perse  :  (Jahrb.  geol,  Reichs.  Wien,  t.  XXXI,  p.  188.) 
Becker,  loc*  cit.,  p.  44. 

»  Page  704. 

*  1870.  Von  Rokscbarow.  Materialen  zur  Minerai.  Russlands,  t.  VI,  p.  259. 
1880.  Zincken.  Berg.  u.  H.  Z.,  t.  XXXIX,  p.  3oO. 

1888.  Becker,  loc.  cit.,  p.  44. 


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gItES  de  mercure  de  chine  et  de  CORÉE  709 

en  veines  et  en  nids  dans  un  calcaire  gris  jaune.  La  mine  fut 
découverte  en  1759,  bientôt  abandonnée,  reprise  en  1797,  fermée 
en  1834,  reprise  encore  en  1837  et  définitivement  abandonnée  en 
1853,  si  bien  que  plusieurs  voyageurs  ont  été  jusqu'à  nier  son 
existence  ^ 

Elle  a,  d'ailleurs,  donné  lieu  à  beaucoup  de  légendes  au  sujet  des 
armées  de  prisonniers  qu'on  y  enfermait,  disait-on,  au  milieu  des 
vapeurs  délétères. 

NOggerath  signale  du  cinabre  au  Kamschatka. 

Chine  (Kwei-Chau) '•  —  Le  mercure  paraît  être  abondant  en 
Chine,  où  l'industrie  du  vermillon  est,  comme  nous  lavons  dit, 
très  ancienne  et  très  développée  ;  mais  le  seul  point,  où  il 
ait  été  constaté  d'une  façon  précise,  est  la  province  de  Kwei- 
Chau. 

D'après  Richthofen,  cette  province  exportait,  au  siècle  dernier, 
une  quantité  importante  de  mercure.  Les  mines  ont  été  aban- 
données en  1848,  et  seulement  reprises  il  y  a  peu  d'années.  Elles 
seraient,  dit-on,  très  considérables.  La  même  province  produit  du 
réalgar,  de  l'orpiment  et  divers  minerais  métallifères. 

Le  ThibetB,  été  souvent  cité  comme  fournissant  du  cinabre,  sans 
que  le  fait  semble  avoir  été  bien  vérifié. 

Corée  *•  —  En  Corée,  M.  Oppert  a  signalé  du  mercure,  de 
Fétain  et  du  plomb  dans  la  province  de  Hoang-Hai.  M.  Gottsche  a 
récemment  reconnu,  en  ce  point,  Texistence  de  roches  éruptives 
recoupant  des  schistes  cristallins  et  de  nombreuses  sources 
chaudes. 

D'après  Davies,  la  façon  dont  les  Chinois  et  les  Coréens 
obtiennent  le  mercure  serait  assez  primitive  :  c  Ils  creusent, 
dit-il,  des  puits  dans  les  couches  cinabrifères,   y  allument  des 

*  Henri  Lansdell.  Through  Siberia,  1882. 

*  Pumpelly.  Geological  Research  es  in  China. 

1872.  Richtofen.  Leiler  VU,  to  tbo  Shanghai  Board  of  Trade. 

1888.  Becker,  loc.  cit.,  p.  46. 

1889.  Davies,  p.  282. 

>  1880.  Oppert.  Voyages  to  Corea,  p.  171. 
1886.  Gottsche  :  Sitzungsberichte  dei*  Berliner  Akademie,  t.  XXXVI. 
1888.  Becker,  loc.  cit.,  p.  47.. 


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710  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

feux  et  retirent  un  peu  de  mercure  qui  se  fixe,  après  distillation, 
sur  les  parois!  » 

Japon  *.  —  De  très  minces  veines  de  cinabre  se  rencontrent  à 
Shizu,  province  d'Hirado  et  dans  les  environs  de  Sendai,  pro- 
vince de  Rikuzen,  au  milieu  de  roches  volcaniques. 

Une  mine  de  mercure  a  été  exploitée  près  d'Ainoura,  dans 
la  péninsule  d'Hirado.  Le  cinabre  y  imprégnait  des  grès  houillers. 
L^exploitation  a  été  abandonnée. 

Indes  britanniques  ^  —  On  dit  que  des  mines  de  mercure  ont 
existé  autrefois  à  Ceylan,  près  de  Colombo.  Dans  les  îles  Anda- 
man  et  aux  environs  de  Madras,  un  peu  de  mercure  a  été  signalé. 

Iles  de  la  Sonde'.  —  En  1868,  on  a  découvert,  dans  Tile  de 
Bornéo'',  dlmportantes  mines  de  mercure  à  Tégora^  dans  le  district 
de  Sarawak.  Le  cinabre  y  apparaît  dans  un  argiloschiste,  inter- 
calé entre  des  bancs  de  sable,  en  masses  irrégulières  ou  sur  la  sur- 
face de  séparation  des  roches;  il  est  accompagné  de  pyrites. 
Outre  qu'on  Ta  trouvé  en  place  sur  le  mont  Tegora  et  à  Gading-, 
(en  ce  dernier  point  avec  de  la  stibine),  le  cinabre  existe,  dans 
cette  île,  dans  le  lit  des  fleuves  et  dans  les  alluvions. 

En  1872,  la  production  a  été  de  1  733  bouteilles;  en  1875,  de 
1  505  bouteilles. 

En  1880,  on  a  exporté  de  Sarawak^oxxv  342  965  francs  de  mer- 
cure (environ  2  000  bouteilles). 

Dans  les  autres  lies,  on  a  trouvé  du  cinabre  au  voisinage  de 
Samarang^  dans  l'île  de  Java  et  dans  YAllahan  Pandjang,  iSumalra. 

Un  peu  de  mercure  a  été  également  rencontré  aux  Philippines. 

«  Coll.  Ecole  detMineSy  1677. —1876.  Munroe.  Tram.  Am,  Intl.  Min,  Eng,,  t.  V 
p.  299.  . 

1875.  Godfrey.  Quart.  Joum.  geol.  Soc.  London,  t.  WXIV,  p.  555. 

Becker,  loc.  cit.,  p.  47.,  et  d'Achiardi,  I,  118. 
»  Dickson,  Encyc.  BriL  (9*  édit.),  article  Ceylan. 

Becker,  loc.  cit.,  p.  47. 

*  1874.  Everett.  Notes  on  the  Distribution  of  the  Useful  Minerais  in  Sarawak. 

1882.  Mining  journal,  Loudon,  p.  415. 

1883.  Verbeck.  Beschr.  Sumattra*s  Westkust,  p.  562. 
1883.  D'Acbiardi  :  I  metalli,  p.  118. 

1888.  Becker,  loc.  cit.,  p.  48. 

*  Voir  une  carie  de  Bornéo,  t.  I,  p.  32. 


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GÎTES   DE  MERCURE   DE  CALIFORNIE  711 


GITES  DE  MERCURE  DE  CALIFORNIE 

Les  gisements  de  mercure  de  Californie  présentent  un  exemple 
intéressant  de  formation  de  cinabre  post-miocène,  peut-être  même, 
en  partie,  presque  actuelle,  en  relation  nette  avec  des  phénomènes 
volcaniques  et,  particulièrement,  avec  des  sources  chaudes  geysé- 
riennes,  qui  ont  exercé,  sur  les  terrains  voisins,  un  métamorphisme 
profond.  Au  point  de  vue  minéralogique,  ces  mines  sont  caracté- 
risées par  la  présence,  assez  fréquente,  du  métacinabre  accom- 
pagnant le  cinabre  et  par  Tassociation  de  Topale,  du  bitume  et  de 
la  pyrite  avec  le  mercure. 

Elles  sont  situées  dans  la  chaîne  des  Coast-Range  \  qui  longe  la 
côte  de  l'océan  Pacifique  et  est,  elle-même,  séparée  de  la  Sierra- 
Nevada  par  la  vallée  du  Sacramento  au  Nord,  par  celle  de  San- 
Joaquin  au  Sud.  Leur  alignement  général  est  parallèle  à  celui  de 
ces  deux  chaînes,  c'est-à-dire  N.  N.-O.  S.  S.-E.  Les  principaux 
gîtes  de  cinabre  sont|:  du  Nord  au  Sud,  Sulphur  Bank,  Great 
western  et  Great  eastern,  Redington,  California,  Manhattan,  New- 
Almaden,  New-Idria,  etc. 

Géologie  de  la  région.  — La  géologie  de  la  région  a  été  étudiée  par 
M.  Decker,  dont  nous  allons  résumer  les  principales  conclusions. 

Les  terrains  représentés  appartiennent  au  crétacé  et  au  ter- 
tiaire et  ont  subi  un  métamorphisme  extrêmement  intense,  auquel 
il  semble  falloir  attribuer,  comme  nous  le  verrons,  la  production 
de  roches  analogues  à  des  serpentines,  diorites,  diabases,  etc.  Là 
oîi  ils  n'ont  pas  été  modifiés  postérieurement,  ces  bancs  présentent 
parfois  des  épaisseurs  continues  et  homogènes  de  plusieurs  cen- 
taines de  mètres.  On  y  distingue  :  l'étage  de  Knoxville  (néocomien), 
celui  de  Chico  (crétacé  supérieur),  celui  de  Tejon  (éocène),  etc.  Ces 
terrains  paraissent  reposer  sur  un  soubassement  de  granité  caché. 
L'examen  microscopique  montre,  en  effet,  que  les  grès  néocomiens 
sont  formés,  presque  exclusivement,  d'éléments  granitiques,  quartz, 
feldspath,  biotite,  cimentés  par  de  la  calcite.  L'altération  les  af 

*  Voir  la  carte  géologique  d'Amérique,  t.  I,  p.  73. 


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712 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


souvent  rendus  méconnaissables  et,  si  les  conclusions  de  M.  Becker 
sont  bien  exactes,  a  produit  des  effets  d'un  grand  intérêt  pétro- 
graphique. 

D'après  lui,  en  effet,  on  peut,  en  suivant  le  processus  de  la  décom- 


■    TVincipalcs  nploitAticnc 

df  nirTTirrc 
A    ExplotUtbonti  secondaires 
•   Traces  de  mvrcvat 
'  '  Ré^aii  des  zuines  d'or 


va-  122-  12»*  lio'  li9" 

Fig.  348.  —  Caite  des  gisements  miniers  (mercure,  or,  etc.),  de  Californie. 


position  sur  divers  échantillons  de  grès,  voir  s'y  développer  de  l'au- 
gite,  de  Thornblende,  du  plagioclase,  etc.  C'est  ainsi  qu'à  la  péri- 
phérie de  grains  de  quartz,  il  se  produirait  des  microlithes  de  pla- 
gioclase, toujours  accompagnés  de  zoizite  ;  et  ces  divers  minéraux. 


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gItES  de  mercure   de   CALIFORNIE  713 

à  leur  tour,  non  seulement  Taugite  et  la  hornblende,  mais  aussi  le 
feldspath  et  le  quartz,  seraient,  à  son  avis,  sujets  à  une  décomposi- 
tion serpentineuse.  Cet  auteur  considère  ce  métamorphisme  comme 
s'étant  produit,  à  une  profondeur  assez  faible,  lors  des  plissements 
qui  ont  s.uivi  la  fln  du  néocomien,  par  Tintervenlion  d*eaux  chaudes 
minéralisantes  chargées  de  sels  magnésiens  et  de  silice  et  il 
remarque  qu'il  s'est  formé  là  récemment  toute  la  série  de  miné- 
raux qu'on  rencontre  dans  les  schistes  archéens. 
i  II  distingue  plusieurs  termes  parmi  ces  roches  métamorphiques  : 
l""  Les  grès  partiellement  métamorphiques  où,  malgré  un  com- 
mencement de  recristallisation,  les  éléments  primitifs  apparaissent 
encore  au  microscope  ; 

2'' Les  roches  «granulaires  métamorphiques  »,  que  le  microscope 
permet  de  diviser  en  deux  classes  :  pseudodiabases  formées  de  pla- 
gioclase  et  d  augite(raugite  passant  parfois  au  diallage),  et  pseudo- 
diorites,  où  lamphibole  remplace  Taugite.  La glaucophane et  par- 
fois Taugite  s  y  développent  ; 
3"^  Les  schistes  à  glaucophane  ; 

4^  Les  phtanites,  ou  schistes  silicifiés,  contenant,  à  l'occasion, 
des  oi^anismes  microscopiques  et  toujours  plus  ou  moins  chargés 
de  zoizite  ; 

5""  Les  serpentines  qui,  ici,  ne  paraissent  pas  résulter  de  la 
décomposition  de  roches  à  olivine\  mais  bien  de  grès  serpentinisés. 
A  côté  de  ces  terrains  sédimentaires  plus  ou  moins  altérés,  on  a 
de  véritables  roches  éruptives,  granité,  diabase,  diorite,  andésite, 
rhyolithe  et  basalte.  Les  andésites  forment  des  variétés.  Tune  à 
pyroxène,  hornblende  rare  et  sans  mica  ;  l'autre  à  pyroxène  et  mica 
noir,  sans  amphibole;  la  troisième  à  hornblende;  ces  variétés 
passent  constamment  de  l'une  à  l'autre.  Leur  âge  a  pu  être  déter- 
miné par  rapport  au  pliocène  d'eau  douce  de  Clearlake.  A  côté  d'elles 
existent  des  roches  du  type  trachytique  que  M.  Becker  a  proposé 
d*appeler  aspérités  (asper,  trachus)  et  qui  ont  donné  d'énormes 
masses  d'obsidiennes  près  de  Clearlake. 

L'histoire  géologique  de  la  région  serait  la  suivante  : 

Avant  le  crétacé,  le  massif  de  granité  est  émei^é  ;  recouvert 

*  Il  D*exi8te,  dan»  la  région,  comme  roche  à  olivine,  qu'un  pointement  de  gabbro. 


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714  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

par  la  mer  à  Tépoque  néocomienne,  il  fournit  alors  des  sédiments 
considérables  ; 

Puis  il  se  produit  un  grand  plissement,  accompagné  de  venues  hy- 
drothermales amenant  le  métamorphisme  précédemment  décrit. 

Pendant  le  turonien,  le  rivage  de  la  Californie  semble  avoir  été 
très  voisin  du  rivage  actuel.  Après  quoi,  la  mer  recouvre,  de  nou- 
veau, une  partie  des  Coast-Range  et  dépose  les  couches  de  Chico 
en  discordance  sur  le  néocomien  mélamorphisé  et  érodé.  Aucun 
grand  mouvement  ne  signale  la  fin  du  crétacé  ;  et  Féocène,  puis 
le  miocène  se  déposent  normalement  sur  Tétage  de  Chico.  Au 
contraire,  la  fln  du  miocène  est  signalée  par  une  dislocation; 
le  peu  de  pliocène,  généralement  lacustre,,  qui  existe  en  Califor- 
nie, est  discordant  avec  le  miocène. 

Les  éruptions  volcaniques  ne.  paraissent  avoir  commencé 
qu'après  la  fin  du  miocène  ;  les  andésites  de  Clearlake  datent  de 
la  fin  du  pliocène  ;  le  seul  dyke  de  rhyolithe  connu  dans  les 
Coast-Range,  près  de  New-Almaden,  est  probablement  plus  récent. 

Enfin  les  coulées  de  lave  continuent  pendant  toutle  pléistocène. 

Gîtes  de  mercure.  —  Les  gisements  de  mercure  se  présentent,  sous 
une  forme  nettement  filonienne,  au  milieu  des  terrains  les  plus 
divers,  depuis  le  trias  dans  la  Sierra  Nevada  jusqu'au  tertiaire  dans 
les  Coast-Range.  On  a  quelquefois  tenté  des  divisions  entre  ceux 
situés  dans  les  trachytes,  les  filons  d'injection  serpentineuse,  les 
dépôts  geysériens,  etc.  ;  ces  classifications  ne  correspondent  qu'à  des 
circonstances  locales  :  le  terrain  encaissant  ne  parait,  en  effet,  avoir 
jamais  joué  qu'un  rôle  physique  (suivant  son  degré  de  porosité  plus 
ou  moins  grand)  dans  le  dépôt  mercuriel.  D*une  façon  générale,  le 
cinabre  est  accompagné  de  silice  sous  forme  de  quartz  résinites  ou 
opales  résinoïdes  dont  la  consolidation  est  antérieure  à  la  sienne  ; 
on  trouve,  en  outre,  avec  lui,  des  substances  bitumineuses  et  des 
pyrites.  Nous  décrirons  successivement  les  principaux  gîtes  du 
Nord  au  Sud.  ^ 

SULPHUR  BANK 

Le  cinabre  n'a  été  rencontré  à  Sulphur  bank  qu'en  1874  ; 
il  existe  là,  près  de  l'extrémité  Sud-Est  du  lac  Clear,  une  colline 


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GÎTES   DE  MEBCIIRE   DE   CALIFORNIE  715 

qui,  avant  le  début  des  exploitations ,  était  recouverte  d^unc 
croûte  épaisse  de  sourre  natif:  d'où  son  nom. 

En  1873,  on  s'aperçut  que  ce  soufre,  dont  on  avait  tenté  vaine- 
ment de  tirer  parti,  recouvrait  un  important  gisement  de  cinabre^ 
qu'on  se  mit  alors  à  exploiter  à  ciel  ouvert. 

Toute  cette  région  porte  Tempreinte  de  phénomènes  volca- 
niques récents,  coulées  de  lave,  sources  chaudes,  lacs  de  borax,  etc. 
Les  terrains  représentés  sont  surtout  le  néocomien  avec  quelques 
lambeaux,  relativement  peu  disloqués,  des  couches  de  Chico  et 
Téjon.  Les  premières  éruptions  paraissent  s'être  produites  sous 
forme  d'andésites  pyroxéniques  vers  le  début  du  pliocène  ;  puis- 
sont  venues  des  aspérités  et  enfin  des  basaltes,  avec  lesquels  on 
croit  que  sources  chaudes,  borax,  soufre  et  cinabre  sont  en  rela- 
tion. 

Le  sulphur  bank  lui-même  est  formé  de  coulées  de  basalte 
avec  pépérites  et  traversé  par  de  nombreuses  sources  chaudes 
sulfurées  et  carbonatées  qui  continuent  à  le  métamorphiser.  On  y 
trouve  souvent  des  noyaux  de  basalte  résistants,  arrondis  et  char- 
gés d'opale,  au  milieu  de  parties  tendres  et  terreuses.  On  suppose, 
dès  lors,  que  la  coulée  basaltique  a  dû  recouvrir  des  émanations 
chargées  de  sulfure  de  mercure,  qui  se  sont  fait  jour  à  travers  ses 
fissures  en  les  incrustant  et  imprégnant  la  roche  voisine.  Il  en  est 
résulté  un  dépôt  qui,  à  la  surface,  est  formé  de  soufre,  et  plus  bas, 
d'un  mélange  de  soufre  et  de  cinabre,  de  plus  en  plus  chargé  de 
cinabre. 

Le  minerai  est  assez  pauvre  (1  p.  100  de  mercure  en  moyenne), 
mais  abondant  et  d'une  exploitation  particulièrement  facile.  Le 
cinabre  est  généralement  amorphe,  finement  divisé  et  relativement 
pur;  on  trouve,  avec  lui,  de  la  pyrite,  de  la  marcassite  (parfois  avec 
traces  d'or  et  de  cuivre),  des  matières  bitumineuses,  de  la  silice 
et  de  la  calcite.  Le  cinabre  est  toujours  intimement  mélangé  de 
soufre  :  ce  qui  constitue  une  certaine  gène  pour  l'exploitation. 
L'analyse  de  quelques  minerais  riches  faite  en  France,  à  l'école 
des  mines,  adonné  les  résultats  suivants  : 


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716 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


HgS 

S  natif 

Pyrite 

Fe'O» 

Fe»  se 

CaOSO' 

Gangue  de  quartz.  . 
Eau 

Totaux 


MIKERAI  ROL'Oe 


22,80 

Traces 

0,50 

5,60 

10,10 

Traces 

52,00 

9,00 


100,00 


MINERAI  GRIS    AVEC 
BOITRE  NATIF 


16,70 

41,75 
4,20 
6,30 
7,10 
0,60 

46,00 
7,35 


100,00 


Les  sources  chaudes  contiennent  des  carbonates,  borates,  chlo- 
rures desodium,  de  potassium  etd'ammouium,  sulfures  alcalins,  etc.  ; 
elles  sont  susceptibles  de  dissoudre  le  cinabre  sous  une  certaine 
pression  ;  et  il  est  parfaitement  possible  qu*elles  représentent  la 
continuation  du  phénomène  filonien,  le  cinabre  ayant  été  préci- 
pité par  une  diminution  de  pression  et  de  température  en  présence 
de  Tammoniaque. 

A  ce  point  de  vue,  on  doit  citer,  dans  le  Nevada,  comté  de  Washoe, 
des  geysers  en  activité,  appelés  Steamboatsprings,  qui  déposent, 
aujourd'hui  encore,  de  la  silice  poreuse  avec  soufre  et  cinabre. 

En  1875,  on  considérait  que  le  gisement  pouvait  contenir 
660  000  tonnes  de  minerai  ;  le  prix  de  revient  du  minerai,  rendu 
au  four,  était  alors  de  4  à  5  francs  seulement.  Sulphur  bank  a 
donné  10  993  bouteilles  de  mercure  en  1877,  1  608  en  1890. 


DISTRICT  DE   KNOXVILLE   (REDINGTON,  CALIFORNIA, 
MANHATTAN,  etc.) 

Le  district  de  Knoxville  est  foiméde  terrains  néocomiens,  altérés 
ou  non,  à  travers  lesquels  une  éruption  de  basalte  s*est  fait  jour. 
€*est  là,  d  après  M.  Becker,  qu'on  peut  le  mieux  étudier  le  phé- 
nomène du  métamorphisme  et  se  rendre  compte  que  la  serpentine 
n*est  pas  une  roche  éruptive.  On  voit,  par  exemple,  sur  les  deux 
flancs  d'un  même  anticlinal,  d'un  côté  les  terrains  non  transformés 
et  fossilifères,  de  l'autre  ces  terrains  devenus  des  pseudodiabases, 


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GÎTES   DE  MERCURE   DE  CALIFORNIE  717 

pseudodiorites,  etc.  La  serpentinisation  se  fait,  dans  les  grès  comme 
dans  leb  roches  à  olivine,  en  partant  de  fissures.  De  nombreuses 
sources  chaudes  existent  encore  dans  la  région  et  des  gaz  suif* 
hydriques  se  dégagent  au  voisinage  de  certains  gisements  de 
mercure  qui  sont,  par  là,  tout  à  fait  comparables  à  ceux  de  Sulphur 
bank.  De  même,  on  y  retrouve  le  cinabre  associé  avec  de  la 
silice,  de  la  pyrite  et  des  substances  bitumineuses. 

Les  principales  mines  sont  celles  de  Redington,  Manhattan, 
Califomia,  etc. 

A  Redingtoîiy  on  connaît  une  masse  considérable  de  quartz  rési- 
nile,  cinabrifère  à  son  toit,  au  contact  d'un  grès  crétacé,  lui-même 
imprégné  d'opale  ;  à  150  mètres  de  profondeur,  un  puits,  foré  dans 
cette  résinite,  a  rencontré  de  ]a  serpentine.  On  a  exploité  d'abord, 
dans  la  partie  supérieure,  une  véritable  bonanza  contenant  2  à 
3  p.  100  de  cinabre  avec  une  forte  proportion  de  métacinabre.  Au- 
dessous,  on  a  constaté  qu'il  existait  trois  fractures  nettes,  dont  deux 
remplies  de  cinabre  et  formant,  par  suite,  de  véritables  filons 
d'incrustation  mercurielle. 

L'acide  carbonique  se  dégage  en  abondance  dans  les  travaux. 

Redington  a  donné  503  de  bouteilles  de  mercure  en  1890. 

Les  mines  de  Califomia^  Manhattan^  Lake^  Andalusia  sont,  à 
l'exception  de  la  dernière,  abandonnées  depuis  quelques  années. 
On  y  trouvait  du  métacinabre  et  de  la  stibnite. 

DISTRICT  DE  OATHILL,  GREAT  EASTERN  ET  GREAT  WESTERN 

La  région  deOathill  est  très  intéressante  et  contient  de  très  nom- 
breux gisements  de  cinabre.  Les  terrains,  en  partie  métamorphi- 
ses  et  serpentinisés,  appartiennent  à  la  série  néocomienne  de 
Knoxville,  comme  le  prouve  la  présence  des  Aucella.  Il  existe  des 
andésites,  des  basaltes  et  des  sources  chaudes,  dont  Tune  sort  des 
travaux  de  la  mine,  aujourd'hui  abandonnée,  deLidell.  Le  minerai 
forme  habituellement  des  stockwerks  :  en  deux  points,  au  contact 
du  basalte. 

A  Oathill  même,  on  a  de  véritables  filons  recoupant  les  strates 
à  iS"",  avec  accompagnement  d'imprégnations  à  la  rencontre  de 
certaines  strates.  On  y  a  trouvé  un  peu  de  barytine,  minéral 


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718  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

également  signalé  à  Almaden  et  qui  n'existe,  nulle  part  ailleurs, 
en  Californie. 
A  Great  Western^  le  cinabre,  avec  pyrite  et  quartz,  se  trouve  au 


Fig.  349.  —  Coupe  longitudinale  de  la  mine  de  mercure  de  Great  Western. 
Echelle,  au  w 

(Les  minerais  ont  été  figurés  par  des  hachures  croiséef.) 

contact  d'une  serpentine  opalinisée  et  d'un  grès  presque  inaltéré, 
sous  forme  d'un  réseau  de  veines. 

A  Great  Eastei^  également,  le  cinabre,  avec  pyrite,  quartz  et 
bitume,  se  présente  dans  une  serpentine  noire  et  chargée  d'opale. 


NEW-ALMADEN 

La  mine  de  New-Almaden  a  été  la  première  et  la  plus  pro- 
ductive des  mines  de  Californie.  Elle  se  trouve,  ainsi  que 
les  petites  mines  voisines  d'Enriquita  et  de  Guadalupe,  dans 
une  ramification  de  la  Santa-Cruz  Range,  ayant  pour  point 
culminant  le  mont  Chisnantuc  (537  mètres).  On  trouve  là,  au- 
dessus  de  schistes,  jaspes  et  calcaires  très  métamorphiques  de 
l'étage  de  Knoxville  (néocomien),  des  grès  miocènes  et  pliocènes. 
Un  dyke  de  rhyolithe,  le  seul  qu'on  connaisse  dans  les  Coast  Range, 
recoupe  le  miocène. 

Le  cinabre  imprègne,  sous  forme  de  stockwerks,  les  terrains 
métamorphiques,  qui  sont  devenus  des  pseudodiabases,  pseudo- 
diorites  et  serpentines.  Ces  stockwerks,  alignés  dans  leur  ensemble 
le  long  de  liions  irréguliers,  constituent  des  amas  lenticulaires 
assez  développés.  Les  deux  principaux  filons  se  réunissent  en  V 


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gItES   de  mercure  de   CALIFORNIE 


719 


dans  la  profondeur.  Les  preuves  d'une  action  mécanique,  ayant 
produit  la  cassure,  se  traduisent  par  Texistence  de  brèches  et 
d'argiles.  Il  y  a  souvent  un  toit  bien  défini,  régulier  et  poli,  formé 
de  serpentines  ou  de  schistes  talqueux  non  cinabrifëres. 

Le  cinabre  est  accompagné,  comme  dans  toute  la  Californie,  de 
silice,  matières  bitumineuses,  pyrite  et  marcassite,  avec  un  peu  de 
chalcopyrite,  de  calcite  et  de  dolomie. 

Les  travaux  d'exploitation,  commencés  en  1841,  sont  très  déve- 
loppés et  renferment  près  de  50  kilomètres  de  galerie.  Ils  sontîrré- 
guliers.  Le  principal  amas  rencontré  est  celui  de  Great  Santa  Rita, 
qu'on  a  exploité  de  1865  à  1868.  Il  était  lenticulaire  et  presque  hori- 
zontal ;  il  avait  environ  90  mètres  de  longueur,  24  de  largeur  et  9  de 
puissance.  La  teneur  moyenne  en  mercure  y  était  de  25  p.  100; 
dans  certaines  parties,  il  y  avait  jusqu'à  60  p.  100  de  mercure. 

Cette  mine  a  donné,  en  1865,  jusqu'à  1  637  tonnes  de  mercur<i 
en  une  année;  en  1874,  elle  passait  pour  épuisée,  quand  on  y  a 
retrouvé  de  nouvelles  zones  cinabrifères  moins  riches,  mais  plus 
régulières  que  celles  exploitées  précédemment.  En  1877,  elle  a 
donné  815  tonnes;  905  en  1881,  415  (12  000  bouteilles)  en  1890. 
Sa  production  totale,  qui  est  de  beaucoup  la  plus  forte  de  Cali- 
fornie, s'est  élevée,  jusqu'en  1891,  à  916  359  bouteilles. 

En  1876,  les  diverses  catégories  de  minerai  abattu  et  trié  don- 
naient les  résultats  suivants  : 

Menus H       p.  100. 

Pauvres 1,5       — 

Riches 9  à  10      — 

Depuis,  la  teneur  a  été  la  suivante  : 


1874 

1875 

1876 

1877 

1878 

1879 

1889 

Minerai  riche 

Minerai  pauvre  .... 
Teneur  moyenne.  .   .   . 

» 
2,96 

9,68 

0,5à2 

3,35 

14,31 

0,5à2 

4,72 

» 

M 

4,93 

> 

» 

3,28 

> 

» 

2,85 

> 

2,92 

Deux  tableaux  ci-joints  résument  les  principales  données  statis- 
tiques relatives  à  New-Almaden. 


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720 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


PRODUCTION    BT   PRIX   DE  REVIENT  DE  NEW-ALMADEN 


DÉPENSES 

Par  bouteille  ou  Hatk  de  76, 5  pounds 

ou   34kg.  65 

1884 

1885 

1886 

Travaux  de  mine 

T  comprit  les  IraTaux  de  recJicrclie.  . 

Vourniturei 

Travaux  au  jour,  bi-  \  llain-d'auvrc. 

tiroenti,  entretien  .   t  lialériaux  .   . 

Impôts,  taxes  et  divers 

ToUl 

72.5 
18,40 

24,30 
13,70 
12, 
7,80 

130,30 

6 

1 

5                    5 

80.60 
26,50 

30 
13 

12,90 
6,80 

143,30 

5,20 

3,30 

1,90              1.90 

94,50 
26,10 

28.60 

16,10 

li.4a 

7,20 

158,8 
8,30 

8,30              8,30 

Revenus  divers  de  la  propriété.   .   .   . 
Pertes  de  minerai  dans  les  manipula- 
tions  

Différence 

Prix  de  rexicnt définitif.   ;  p||r^''î"|";  ' 

Production  ...  ;  ™«    K""*-  • 
{  mercure ..... 

Teneur    moyenne.  .  .   . 

Production  totale  de  If cw- Almaden  de 
juiUa  1850  au  31  décembre  1886.  . 

Frc^.  135,30 
3.35 

35  662  tonnes. 
20  000  llasks    ou 
693  000  kilos. 
1,90  p.   100 

Frcs.  145,20 
3,70 

35  580  tonnes. 
21  400  fl:isks  ou 
471  510  kilos. 
2,  03  p.  100 

Frcs.  167,10 
4,50 

36  629  tonnes. 
18  000    flasks  on 
623  700  kilos. 
1,66  p.   100     * 

853  359  bouteilles  (Qask*)  ou  29  568  889  kilos  de  mercure.  1 

ST\T1STI0UK   DE   NEW-ALMADEN 


raoDOCTio:! 

paix 

paix 

paoooiT 

paoocrr 

■INSaAI 

TE.NEUR     H 

ANNÉES 

de  mercure 

de     vente 

de  revient 

net 

n 

en  flasks 

duflask 

du  Hask 

par   flask 

net    total 

extrait 

moyenne     U 

Francs 

Francs 

Francs 

4 

1871 

18  568 

101,20 

93,70 

67,50 

238  742 

10021  t. 

6,44p 

.100 

1872 

18  574 

244,30 

118,10 

126,20 

451  759 

9645^ 

6,63 

— 

1873 

11042 

350,80 

148,60 

202,20 

428  503 

12242  — 

4,87 



1874 

9  084 

513,20 

228,20 

285,00 

499  243 

16704- 

2,96 

— 

1875 

13  648 

258,40 

174,70 

83,70 

218  704 

15667  — 

3,35 

• 

1876 

20  549 

197,50 

101,00 

96,50 

381007 

15195— 

4,69 

— 

1877 

23  996 

171, 

87,40 

83,60 

376668 

16686— 

4,93 



1878 

15  852 

159,50 

106,00 

53,50 

132  969 

16496- 

3,28 

— 

1879 

20  514 

142, 10 

113,90 

28,20 

112  094 

18944- 

2,85 



1880 

23  465 

149,20 

95,80 

53,40 

242118 

21419— 

2,92 

— 

1881 

26  060 

144,60 

61,40 

83,20 

415103 

30434— 

3,11 



1882 

28  070 

141. 

92,10 

48,90 

26il39 

30795— 

2,98 



1883 

29  000 

134,80 

83,30 

51,50 

287  687 

36979— 

2,87 



1884 

20  000 

151,70 

124.80 

26,90 

103  578 

35341  — 

1,93 



1885 

21400 

150,70 

142,10 

8,60 

37  413 

33855— 

2,07 

-J- 

1886 
Tolaux. 

18  000 

181.50 

150,80 

30,70 

105  444 

34187- 

1,69 

— 

31  7822 

182 

111,80 

70,20 

4  295  180 

364610— 

3,07 

— 

Le  flask 

^i^^a 

=  34  kg.65 

^: 

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Google 


gItes  de  mercure  de  new-idria  (Californie)      72i 

NEW-IDRIA 

La  mine  de  New-Idria  est  située  au  Sud  du  mont  Diablo. 
Cette  montagne  est  formée,  dans  sa  partie  haute,  de  terrains 
néocomiens  (Knoxville)  métamorphiques.  Sur  le  flanc  Nord 
reposent  des  terrains  de  Chico  et  Tejon,  inclinés  à  environ  45**  et 
discordants  sur  le  néocomien.  La  base  de  l'étage  de  Chico  renferme 
même  des  galets  arrondis  de  néocomien.  Les  étages  de  Chico  et 
Téjon  sont  très  fossilifères  et  celui  de  Téjon  contient  une  couche  de 
houille  qu'on  a  commencé  à  exploiter.  La  région  ne  présente  pas 
de  laves,  mais  il  y  existe  une  coulée  importante  de  basalte  et  des 
sources  sulfureuses  froides. 

Le  gisement  de  New-Idria  a  été,  après  celui  de  New-Almaden, 
le  plus  productif  de  Californie  (131  266  bouteilles  de  Torigine  à 
1890).  En  1890,  il  n'a  plus  produit  que  977  bouteilles.  Le  minerai 
s'y  trouve  à  l'état  de  stockwerks,  de  veines  et  d'imprégnations 
complexes  dans  les  couches  néocomiennes  ;  sur  quelques  points 
seulement,  dans  les  couches  de  Chico.  Il  présente  l'association 
habituelle  de  cinabre,  pyrite  et  quartz  avec  matières  bitumineuses. 
Le  métacinabre  a  été  trouvé  abondamment  dans  le  filon  de  New- 
Hope. 

AUTRES  GITES  DE  MERCURE  DES  ÉTATS-UNIS 

Quelques  autres  gîtes  de  mercure  de  l'Amérique  du  Nord 
méritent  une  mention  pour  des  particularités  minéralogiques. 

A  Manzanita^  dans  le  comté  de  Golusa,  le  cinabre,  avec  quartz, 
pyrite  et  soufre,  est  accompagné  d'or  natif.  Cette  association  de 
For  et  du  mercure  se  rencontre  en  plusieurs  autres  points,  en 
particulier  dans  des  veines  quartzeuses  des  champs  aurifères  de 
Californie. 

Ailleurs,  dans  la  mine  d'argent  de  Barcelone,  Belmont,  Nev  et 
dans  celle  de  Calistoga,  Cal,  le  cinabre  accompagne  l'argent. 

Dans  les  mines  de  Stayton,  comté  de  San  Benito,  le  cinabre 
se  trouve  avec  de  la  stibine;  enfin,  dans  l'Utah,  à  Maupville, 
on  a  exploité,  en  1887,  un  dépôt  de  séléniure  de  mercure 
(tiemannite). 

GÉOLOGIB.  —  T.   II.  46 


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722  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Données  économiques.  —  Les  mines  de  mercure  de  Californie, 
comme  nous  avons  déjà  eu  Toccasion  de  le  dire*  se  sont  rapide- 
ment épuisées.  Nous  donnons ,  ci-joint  (page  723) ,  le  tableau 
détaillé  de  leur  production  dans  ces  dernières  années.  En  1889, 
le  rendement  moyen  du  minerai  extrait  et  traité  dans  11  usines 
(86  000  tonnes)  a  été  de  1,088  p.  100.  La  dépense  par  bouteille  a 
été  de  170  francs. 

Bibliographie. 

i865«  Geological  Survey  of  CaliforDia.  (Animal  report,) 

i878.  Blaee.  —  Sur  les  gisements  de  cinabre  en  Califoraie  et  aa  Nevada. 
[Bull,  Soc,  minéral,) 

1876.  Grôger.  —  Zum  Vorkommen  des  Quecksilbererzes.  (Verh,  d.  K.  R,) 

M878.  Rolland.—  Les  gisements  de  mercure  de  Californie.  [Bull.  Soc.  min,. 
n9  6,  et  Ann.  d.  M.,  sept.  1878.) 

1885.  WiLKiNsoN.  —  Occurrence  of  native  mercury  in  tlie  Alluvium  in  Lovi- 
siane.  (Am,  J.  ofSc,  3«  série,  t.  XXIX,  p.  280.  New-Haven  Conn.  U.  S.,  1885.» 

•  1888.  Bbceer.  —  Geology  of  the  quicksilver  deposits  of  Ihe  paciHc 
slope.  (Monographs  ofthe  TJ.  S.  Geological  Survey^  l.  XIII,  p.  486.  Washington.) 


GITES  DE  MERCURE  DU  MEXIQUE, 
DE  L'AMÉRIQUE  DU  SUD  ET  DE  L'OGÉANIE 

Mexique '.  —  Le  Mexique,  qui  est  un  des  pays  où  la  production 
d'argent  est  la  plus  forte,  aurait  eu  le  plus  sérieux  intérêt  à  extraire 
lui-même  le  mercure  nécessaire  à  l'amalgamation.  Aussiya-t-on, 
depuis  longtemps,  recherché  les  moindres  gisements  de  cinabre. 
On  en  connaît,  en  effet,  un  certain  nombre,  mais  dont  aucun  n*a^ 
jusqu'ici,  de  véritable  importance  industrielle.  La  plupart  sont 
caractérisés  par  une  association  du  mercure  et  de  l'antimoine, 
analogue  à  celle  que  nous  avons  déjà  signalée  en  Bosnie,  en 
Serbie,  dans  le  Palatinat,  etc. 

A  San  Onofrio  et  à  Guadalcazar  lefi  minerais  sont  situés  dans 
des  calcaires  crétacés,  et  on  y  trouve  plusieurs  espèces  qui  ont 

«  Page  660, 

•  Davies,  p.  280.  —  Sandberger  :  Sitz.  b.  d.  Ak.  d.  Wiss.  zu  Mûnchen,  1876,  2,Î02. 
—  D'Achiardf,  1, 119. 


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724  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

précisément  tiré  leur  nom  de  ces  localités,  où  elles  ont  donné  lieu 
fréquemment  à  de  singulières  pseudomorphoses  (Guadalcazarite, 
Hg,  Zn,  S,  etc...). 

A  HuitzucOy  dans  la  province  de  Guerrero,  suivant  une  notice 
communiquée  à  Sandberger  par  F.  Yelten  et  J.  Lehmann,  on  trouve 
le  cinabre  pseudomorpb osant  de  la  stibine,  et,  à  environ  178  kilo- 
mètres de  5tna/ao,  àOuerrerOy  on  a  découvert  dlmportants  dépôts 
de  deux  minerais,  contenant  :  Tun  du  mercure,  du  soufre  et  de 
Tantimoine  ;  Tautre,  de  Toxyde  d'antimoine,  du  mercure  et  de  la 
silice  avec  une  teneur  delOàlip.lOO.  Ce  dernier  minerai  pro- 
vient vraisemblablement  d'une  altération  du  premier,  qui  parait 
correspondre  lui-même  à  la  livingstonite  de  Huitzuco  (livingstonite 
=  Hg™  Sb'  S"^»  +  •  +  ■  Fe  S*). 

Enfin,  le  cinabre  forme  des  veines  et  est  relié  à  une  argile  déri- 
vant de  Taltération  d'un  porphyre,  à  Loma  de  Encinal^  et  on  a 
entrepris  l'exploitation  d'un  riche  dépôt  près  de  Malirata. 

Des  gisements  de  cinabre  ont  été  encore  signalés  dans  le  district  de 
Sierra  Gorda  (Guanajato)  ;  près  de  Guadalcazar  et  de  Gharcas 
(San  Luis  Potosi),  non  loin  de  Guadalupe  de  los  Reyes,  etc., 
tous  au  voisinage  des  gîtes  d'ai^ent. 

Colombie  '•  —  M.  Hawkins  a  trouvé  des  globules  de  mercure 
natif  dans  une  argile  près  de  la  ville  de  Cruces,  dans  l'isthme  de 
Panama.  Il  a  également  rencontré  du  cinabre  près  de  la  rivière 
Hagdalena,  dans  l'état  de  Tolima.  Humboldt  signale  la  présence 
du  mercure  dans  la  province  d'Antioquia,  vallée  de  Santa- 
Rosa. 

Equateur  '.  —  Près  de  la  ville  d'Azogue,  le  cinabre  se  présente 
en  veines  dans  des  grès  anciens. 

Entre  ce  point  et  Guenca,  où  Ton  exploite  également  le  mercure, 
des  fragments  de  cinabre  ont  été  trouvés,  avec  de  l'or,  dans  des 
alluvions.  Des  gisements  semblables  à  ceux  d'Azogue  se  trouvent 
près  de  la  ville  de  Loja. 

*  Becker,  loc.  cit.,  p.  19. 

•  Webster.  Encyc,  brit,^  di\\t\t  Ecuador. 
Becker,  loc.  cit.,  p.  20. 


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gItES  de  MEBGUBE  de  l'aMÉRIOUE  du  sud  725 

Pérou  (Huancayelica,  etc...)*.  —  Le  Pérou  a  été  autrefois  un 
des  centres  principaux  de  production  du  mercure  dans  le  monde. 

Si  nous  prenons  les  dépôts  du  Nord  au  Sud  en  continuant  à 
suivre  la  chaîne  des  Andes,  nous  rencontrons,  d'abord,  au  Nord, 
Chonta^  dans  les  Andes  occidentales,  près  de  la  frontière  de 
TEquateur.  D'après  M.  Bugdoll,  le  minerai,  accompagné  de  pyrite, 
imprègne  des  grès  paléozoïques. 

Dans  les  montagnes  de  Santa  Apolonia,  près  de  Cajamarcdj 
des  globules  de  mercure  natif  se  trouvent  dans  un  trachyte.  «Des 
échantillons,  provenant  de  ce  point,  ont  figuré  à  l'Exposition  uni- 
verselle de  1878. 

Dans  la  province  à'AncachSy  quelques  veines  de  cinabre  sont 
accompagnées  de  sulfures  divers,  galène,  blende,  pyrite  et  cuivre 
gris.  L'une  des  principales  mines,  celle  de  Santa  Cruz,  près  de 
Caraz,  a  été  arrêtée  par  des  émanations  d'acide  carbonique. 

Dans  le  district  de  Yatiliy  à  75  milles  au  N.-E.  de  Lima,  dans 
une  vallée  des  Andes,  des  sources  chaudes,  qui  traversent  des 
schistes  et  des  grès,  déposent  une  quantité  considérable  de  soufre. 
On  a  trouvé  là  des  veines  de  quartz  contenant  du  cinabre  et  de  la 
pyrite. 

Enfin,  sur  le  flanc  Est  de  la  chaîne  occidentale  des  Cordillères, 
se  trouve  le  district,  autrefois  célèbre,  à' Huancavelica.  D'après 
M.  Crosnier,  le  terrain  est  formé  de  roches  jurassiques,  redressées 
presque  verticalement  et  dirigées  N.-E.  Ce  sont  des  schistes,  grès 
et  calcaires  traversés  par  des  trachytes. 

Au  voisinage  de  la  ville,  il  existe  beaucoup  de  sources  chaudes. 

La  mine  la  plus  importante  était  Santa  Barbara,  tout  près  de 
Huancavelica  ;  mais  il  y  a,  en  outre,  plus  de  40  points  où  l'on  ren- 
contre du  mercure. 

Le  gisement  de  Santa-Barbara  consiste  en  imprégnations  de 
mercure,  surtout  dans  un  grès.  Quelques  observateurs  avaient 

*  1S48.  Rivero.  Memori^  sobre    Huancavelica.  Lima. 
1852.  Crosnier.  (Ann,  d.  M.,  5«  série,  t.  II,  p.  37.) 
1862.  Bugdoll.  Zeitschrift  prussien,  t.  II,  p.  391. 
1876.  Babinski.  Informa  sobra  el  Cerro  de  Pasco. 
1879.  von  Rath.  Natur^vis,  Studien.  Bonn,  p.  372. 

1883.  Du  Chatenet.  Explotacion  de  los  minérales  de  Ancachs.  (Anales  consir.  eiv, 
y  minas  Peru,  t.  III,  p.  3.) 
1888.  Becker,  loc.  cit.,  p.  20. 


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726  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

parlé  uniquement  de  filons.  Humboldt  indique  des  couches  et 
des  filons.  En  réalité,  ii  parait  exister,  à  Santa  Barbara,  des  cou- 
ches imprégnées  dans  leur  masse  et,  ailleurs  des  stock werks,  formés 
d'un  système  de  veines  réticulées.  L'imprégnation  est  évidemment 
en  relation  avec  la  dislocation  qui  a  bouleversé  les  couches 
jurassiques. 

En  dehors  de  la  pyrite,  des  corps  arsenicaux,  tel  que  le  mispickel 
et  le  réalgar,  sont  très  abondants;  Humboldt  dit  même  que,  dans 
les  bancs  inférieurs,  Tarsenic  devenait  tout  à  fait  prépondérant; 
il  signale,  comme  élément  accessoire,  la  galène.  La  gangue  est 
formée  de  calcite  et  barytine. 

Le  district  de  Santa-Barbara  a  été  découvert  en  1566,  par 
Enrique  Garces,  mais  il  parait  avoir  été  connu  longtemps  aupara- 
vant par  les  Péruviens.  Aujourd'hui  encore,  dans  le  Nord  du 
Chili,  d'après  M.  Ferez  Rosales  ',  les  Indiens  savent  distiller  le 
mercure  nécessaire  aux  mines  de  métaux  de  la  région. 

Von  Rath  signale  enfin,  au  Sud  du  Pérou,  dans  le  département 
de  Puno,  à  Ayaviri,  du  mercure  natif  trouvé  dans  les  pores  d'un 
irachyte. 

Bolivie  *.  —  En  Bolivie,  du  mercure  a  été  fréquemment  rencon- 
tré, associé  à  des  minerais  d'argent. 

Chili  '.  —  Dans  le  Chili,  la  mine  de  mercure  de  Puniia  est, 
d'après  M.  Crosnier,  dans  le  granité.  Près  de  la  ville  de  Chiliy  on  a 
trouvé  des  dendrites  de  cinabre  dans  du  quartz.  Enfin,  à  Arqueras, 
dans  le  désert  d'Atacama,  un  amalgame  d'argent  constitue  le 
principal  minerai  d*argent  exploité. 

République  Argentine  *.  —  Au  N.-O.  de  la  République  Argen- 

<  Essai  sur  le  Chili,  1857,  p.  66. 

•  Philipps.  Ore  fittposits,  p.  620. 
Decker,  loc.  cit.,  p.  23. 

»  Crosnier.  {Ann,  d.  M.,  50,  t.  II.) 
Noff^rath. 

1863.  Domevko.  Substancj  rouge  accompagnant  le  mercure  au  Chili.  (Ann.  d, 
if.,  6%  t.  V,  p.  461.) 

Becker,  loc.  cit.,  p.  21. 

*  1885.  Steizner.  Geol.  und.  Pal.  Arg.  Rep.,  1885,  p.  245. 

1888.  Becker,  loc.  cit.,  p.  23. 

1889.  Uoskold.  Mém.  génér.  sur  les  mines  de  la  Rép.  Argentine. 


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gItes  de  mercure  de  l'amériquë  du  sud  727 

tine,  près  du  Chili,  dans  la  province  de  Jujuy,  la  région  de  la 
Rinconada  contient,  avec  beaucoup  de  quartz  aurifère,  un  peu  do 
cinabre  dans  des  schistes  siluriens. 

Brésil  '.  —  Le  Sud  du  Brésil  renferme  des  gisements  de 
cinabre  mal  connus.  D'après  Eschwege,  le  cinabre  se  trouverait 
dans  des  alluvions  aurifères  d'Ouropreto.  M.  Derby  considère  que 
le  fait  est  loin  d'être  démontré.  En  tout  cas,  le  mercure  n'a  jamais 
été  exploité  au  Brésil. 

Australie  '.  —  En  1875,  le  Rev.  W.  B.  Clarke  a  signalé  la  pré- 
sence du  cinabre  en  Australie  et  en  Nouvelle-Zélande,  mais  seule- 
ment à  Tétat  de  mouches  sans  importance  qu'il  considère  comme 
produites  par  des  sources  chaudes  analogues  à  celles  de  Cali- 
fornie. 

Depuis  cette  époque,  un  peu  de  mercure  a  été  extrait  à  Cudge- 
gong  (Nouvelle- Galles  du  Sud)  et  à  Kilkivan  près  de  Maryborough 
en  Queensland. 

Noggerath  indique  aussi  un  gisement  assez  intéressant  de 
cinabre  cristallisé  dans  une  veine  d'or  de  Bendigo  County,  province 
de  Victoria. 

NouYelle-Zélande  '.  —  Le  mercure  existe,  dans  la  Nouvelle-Zé- 
lande, au  S.-E.  du  lac  d'Omapere,  près  de  la  baie  dlsland.  En 
1870,  M.  Hutton  a  visité  ce  point  et  y  a  trouvé  de  nombreuses 
sources  chaudes,  dont  deux,  accompagnées  de  dépôts  de  mercure 
natif  et  de  cinabre  imprégnant  des  grès.  Il  y  découvrit  également 
une  veine  contenant  du  mélacinabre  noir  minéral  qui  a  été  depuis 

1  1832.  Eschwege.  BeitrOi^e  ztir  Gebirgskunde  Brasilieri,  p.  283. 

1865.  Bosquet.  BuL  Soc.  geogr.,  5©,  t.  IX,  p.  528. 

1878.  Bi-oadhead.  Rept.  Phil.  Internat.,  t.  III,  p.  494. 

1886.  Gomes.  Commercial  and  emigrational  guide  to  Brazil. 
'  1875.  Clarke.  Mines  and  minerai  Statistics  of  New  South  Wales  Sydney,  p.  201. 

Annual  report  of  the  dep.  of  Min.  New  South  Wales. 

De  Gorlazar. 

Acton.  Encycl.  Brit.,  article  Auttralia, 

Becker,  loc.  cit.,  p.  84. 
"  1870.  F.-W.  Hutton.  On  the  occurrence  of  native  mercury  near  Pakaraka,  Bay  of 
Itland,  New.  Zealand.  (Ti^Moctions  and  Proceedings  of  the  Inslituie  N.  Z.,  t.  IIJ, 
p.  2.N2.  Wellington,  1870.) 
1874.  Heclor.  Rept.  geol.  Explorations. 
1888.  Becker,  loc.  cit.,  p.  49. 


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728  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

retrouvé  en  Californie,  à  Huitzuco  au  Mexique,  dans  le  Pala- 
tinat,  etc. 

Un  peu  d'hydrocarbure  était  en  relation  avec  ce  mercure. 

En  un  point  voisin,  M.  Hector  a  rencontré  postérieurement  des 
sources  chaudes,  sortant  de  Textrémité  d'une  coulée  de  laves  et 
déposant  un  grës^  brun  qui  englobe  des  fragments  des  plantes  voi- 
sines ;  du  cinabre  et  du  mercure  étaieqt  contenus  dans  ce  grès. 

L'intérêt  de  ces  deux  gisements  est,  d'ailleurs,  purement  scien- 
tifique. 

Bibliographie  générale  du  mercure. 


•  1862.  NoGGERATH.  —  Sur  le  mercure  dans  le  monde.  (Z.  f,  h.  u.  S.  im  preuss. 
SL,  t.  X,  p.  386.) 

1874.  Jannetaz.  —  Sur  le  mercure  métal,  trouvé  dans  les  terrains  récents. 
B.  S.  G.,3«,t.  II,  p.  416.) 

1876.  Grôoer.  —  ZumVorkommen  des  Quecksilbers.  {Vech,  d.  K.  K.  geoL 
neichs.  Wien.  3,  3,  60.) 

1883.  d'Achiabdi.  —  I  metalli,  loro  minerali  e  minière,  1. 1,  p.  100. 

1888.  Becker.  ->  Geology  of  the  Quicksilver  deposils  of  Ihe  PaciQc  slope. 
Washington,  1888. 


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ARGENT 


Ag;  Eq  =  108.  —  P.  at  z=  108. 


USAGES  ET  STATISTIQUE 

Usages.  —  L'argent  se  distingue  des  antres  métaux  par  un  certain 
nombre  de  propriétés,  qui  expliquent  ses  usages  multiples  et  bien 
connus: sa  blancheur,  sa  faculté  de  recevoir  un  beau  poli,  sa 
malléabilité  et  sa  ductilité  qui  ne  sont  surpassées  que  par  celles  de 
Tor,  son  peu  d*affinité  pour  Toxygëne,  qui  fait  qu'il  ne  s*altëre  à 
l'air  que  par  Taction  de  lacide  sulfhydrique,  etc. 

Rarement,  il  est  employé  à  Tétat  de  pureté  ;  ses  principaux 
alliages  sont  ceux  qu'il  forme  avec  le  cuivre  :  alliages  plus  durs 
et  moins  altérables  que  l'argent  lui-même,  utilisés  dans  les  deux 
grandes  et  essentielles  applications  de  l'argent  :  les  monnaies  et 
les  objets  d'orfèvrerie.  Rappelons  la  composition  des  principaux, 
telle  qu'elle  est  fixée  en  France  par  la  loi. 

Argent         Cuivre      Tolérance 

Monnaiqp 900  100  j^ 

Médailles 950  50  j-J^ 

Vaisselle  et  argenterie 950  50  ^Mô 

Bijouterie  et  vaisselle  au  deuxième  titre  .   .  800  200  ^-^ 

On  sait  que  la  fabrication  de  ces  alliages  est  soumise,  dans  la 
plupart  des  pays,  à  un  contrôle  rigoureux. 


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730  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Indépendamment  des  alliages,  on  utilise  Targent  pour  Tai^en- 
ture  galvanique,  l'argenture  des  glaces,  etc.*. 

Du  rôle  de  Targent  comme  monnaie.  Le  bimétallisme  ^ —  Par 
suite  de  son  emploi  comme  monnaie^  l'argent  joue  un  rôle  très 
spécial  ;  car  il  ^devient  un  instrument  d'échange  et  de  circulation, 
en  même  temps  qu'il  reste  une  marchandise  ordinaire.  En  tant  que 
marchandise,  il  est  sujet  à  toutes  les  fluctuations  résultant  de  la 
loi  économique  de  ToiTre  et  de  la  demande,  et,  de  fait,  son  prix 
a  été  presque  constamment  en  s  abaissant  depuis  le  [xvi*  siècle, 
comme  nous  le  dirons  bientôt  ;  en  tant  qu'instrument  d'échange, 
on  a  longtemps  essayé  de  lui  assigner  artiGciellement  une  valeur 
fixe  :  autrement  dit,  de  régler  par  une  loi  le  rapport  de  sa  valeur  i 
celle  de  lor.  C'est  une  question  qui  touche  aux  problèmes  com- 
plexes du  bimétallisme  et  que  nous  ne  pouvons  songer  à  déve- 
lopper ici,  mais  dont  nous  devons  cependant  indiquer  les  élé- 
ments. 

Nous  venons  de  parler  des  variations  de  la  valeur  de  Vargent. 
On  peut  en  résumer,  à  grands  traits,  l'histoire  de  la  façon  sui- 
vtinte  : 

Assez  abondant  en  Europe  pendant  l'antiquité,  Taisent  en  dis- 
parut progressivement  durant  le  moyen  âge,  exporté  dès  lors, 
comme  il  a  continué  à  Têtre  constamment  depuis,  vers  l'Asie, 
rinde,  la  Chine,  etc.  ^  Au  commencement  du  xV'  siècle,  les  mines 
d'Europe  en  produisaient  à  peine  quelques  millions.  Un  peu  plus 
tard,  avant  la  découverte  du  Pérou  au  début  du  xvi®  siècle,  un 
kilogramme  d'argent  ftn  valait,  en  moyenne,  321  francs;  de  1521 

1  On  peut  diviser  la  consommation  de  Targent  en  quatre  branches  :  consommation 
des  arts  et  de  l'industrie,  exportation  vers  l'Orient,  accroissement  du  stock  momé- 
raux  et  frai. 

•  Voir,  sur  cette  question  : 
Horton.  —  Silver  and  gold, 
Sœtber.  —  Afalerialen. 

1890.  Ottoman  Haupt,  la  hausse  de  V argent. 

1891.  Laveleye,  la  monnaie  et  le  àimélallitme. 

•  Une  proportion  très  forte  de  Targent  produit  dans  le  monde  va  en  Asie,  où  elle 
est  convertie  eu  bijoux,  en  idoles,  et  disparaît  au  sein  d'une  population  de  300  mil- 
lions d'hommes  aux  Indes,  400  millions  en  Chine,  sans  reparaître  jamais,  au  moins 
jusqu'ici,  dans  la  circulation  occidentale.  La  balance  du  commerce,  toujours  Tavo- 
rable  à  l'extrême  Asie,  qui  a  moins  besoin  de  nos  produits  que  nous  dos  siens,  en  est 
une  explication  sufûsnnle. 


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DU   RÔLE  DE  l'argent   COMME  MONNAIE 


731 


à  1540,  le  prix  s'abaisse  à  306,17  ;  puis  il  diminue  progressive- 
ment après  la  découverte  des  mines  de  Potosi  (Hatun  Polocchi) 
en  Bolivie  et  du  procédé  d^amalgamation  à  froid,  trouvé  par  un 
mineur  de  Pachuca  nommé  Médina.  De  1581  à  1600,  on  cote 
291,35;  de  1621  à  1640,  245  fr.  68;  de  1661  à  1760,230;  puis 
le  prix  remonte  un  peu  pour  redescendre  bientôt  \  De  1841  à 
1850,  nous  trouvons  217  fr.  28.  Enfin,  à  partir  de  1860,  voici  les 
cours  du  marché  de  Londres  : 


VALEUR   DK  L*ARGENT  PAR   KILO,    A    LONDRES,    DE   1860   A    1893 


1860  —  226 
1861—223 
1862  —  223 
1863-226 
i  864— 222,5 

1865  —  222,5 

1866  —  222 
«867  —  221,80 
1868-221 


1869  —  221,70 

1870—222 

1871—222 

1872  —  221.50 

1873  —  217 

1874  — 2J  3, 20 

1875  —  207 
1876-193 
1877  -  200 


1878—192 
1879—  189,50 
1880—192 
1881  —  190 
1882-189 
1883  —  185 
1884—184,50 
1885  —  176,50 
1886-166,50 


1887  —  163 

1888  —  137 

1889  —  156 
1890—170 

1891  —  160 

1892  —  125 


Cette  diminution  progressive  n'a  pas  été  sans  quelques  retours 
en  arrière,  dont  le  principal  s'est  produit  de  1850  à  1860,  après  la 
découverte  successive  des  gisements  d'or  de  Californie  et  d'Aus- 
tralie, découverte  qui  amena  une  baisse  notable  de  l'or. 

Pour  notre  pays  notamment,  l'or,  qui  était  sorti  peu  à  peu  pen- 
dant tout  le  commencement  du  siècle,  faisait  prime,  avant  1850; 
la  circulation  se  composait,  alors,  presque  exclusivement  de  pièces 
d'argent*.  A  ce  moment,  le  Nouveau-Monde  ne  fournissait  qu'une 
faible  quantité  d'or  :  14  000  kilogrammes  environ,  auxquels  il 
fallait    ajouter,   pour  la   Russie,   6  000   kilogrammes   en    1830, 


•  Nature,  13  décembre  1890  —  cf.  Sœtbeer  :  Malerialen;  et  Laveleye  :  le  Bimélal- 
lisme,  p.  155. 

La  cote  de  l'argent  en  lingots  se  fait  souvent  en  pence  par  once  standard  :  on  la 
convertit  alors  en  francs  par  kilogramme  en  multipliant  par  le  fadeur  3,646.  D'autres 
fois,  on  indique  la  perte  pour  mille  (actuellement  365),  sur  le  cours,  légalement  déter- 
miné, en  France,  par  le  rapport  de  iô  1/2  avec  l'or  :  cours  qui  est,  en  Angleterre,  de 
60  7/8  pence  par  once. 

•  I/Angleterre  également,  pour  soutenir  la  guerre  contre  la  France  de  1793  à  1815, 
avait  dû  recourir  au  papier-monnaie.  Ce  n'est  qu'en  1821  que  recommença,  dans  ce 
pays,  le  remboursement  régulier  et  définitif  des  billets  avec  une  encaisse  métallique 
de  près  de  300  millions  de  francs  d'or.  ^^^  ..  . 


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732  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

(2  000  kilogrammes  en  1841.  Presque  subitement,  cette  produc- 
tion de  26  000  kilogrammes  fut  portée  à  200  000  (en  1865)  : 
83  000  pour  TAmérique  du  Nord,  118000  pour  la  Russie  et  TAus- 
traite,  tandis  que  la  production  de  Targent  augmentait  seulement 
d'un  tiers,  passant  de  900  000  kilogrammes  à  1  200  000.  Il  en  ré- 
sulta quelques  années  d'inquiétude,  où  les  pays  européens  songè- 
rent sérieusement  à  se  défendre  contre  un  drainage  de  Taisent 
qui  s*exportait  de  plus  en  plus  en  Asie  et  où  Ton  proposa  d*abaisser 
le  titre  des  monnaies  d*argent'.  La  mesure  n^ayant  pas  été  adoptée 
en  France,  Tor  y  remplaça  Taisent  dans  la  circulation  et,  pendant 
le  second  empire,  on  monnaya  6  milliards  152  millions  d'or  contre 
625  millions  en  argent,  tandis  que,  sous  le  règne  de  Louis-Philippe, 
on  n'en  avait  frappé  que  216  millions  contre  un  milliard  757  mil- 
lions d'argent. 

Mais,  depuis  lors,  la  dépréciation  de  Targent  a  repris  son  cours 
et  s'est  accentuée  de  plus  en  plus.  Les  causes  en  sont  multiples, 
mais  viennent,  pour  la  plupart,  de  ce  que  l'Amérique,  par  suite  de 
la  découverte  successive  des  mines  du  Nevada,  du  Colorado,  de 
rUtah,  du  Montana,  de  T Arizona,  etc.,  jette,  sur  le  marché,  des 
quantités  de  plus  en  plus  fortes  de  métal  blanc,  alors  que  la  pro- 
duction d'or  est  loin  d'augmenter  en  proportion.  Cette  baisse, 
ayant  commencé,  s'est  trouvée  accentuée  par  les  craintes  mêmes 
qu'elle  a  causées  et  qui  ont  fait,  en  1870,  abandonner  la  monnaie 
d'argent  en  Allemagne,  puis,  en  1876,  suspendre  le  monnayage 
de  l'argent  en  France,  Italie,  Belgique  et  enfin,  dans  les  pays 
d'Orient,  absorber-  une  proportion  d'argent  moindre  qu'aupa- 
ravant. 

Il  faut  ajouter  que  la  commodité,  beaucoup  plus  grande,  de 
l'or  le  fait  rechercher  toujours  davantage  par  les  peuples  civi- 
lisés. 

Si  cette  baisse  atteignait  un  métal  quelconque,  comme  celle  qui 
s'est  produite  pour  le  plomb  par  exemple,  elle  suivrait  son  cours 
normal  et  il  en  résulterait  seulement,  peu  à  peu,  une  diminution 
de  la  production  surabondante,  par  suite  de  la  fermeture  d'un  cer- 

*  En  Belgique  et  en  Hollande  notamment,  pour  se  protéger  contre  Tinvasion  de 
roi*  qu'on  redoutait,  on  cessa  de  Tadmettre  dans  les  caisses  publiques. 


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DU   RÔLE   DE  l'argent   COMME  MONNAIE  733 

tain  nombre  de  mines,  jusqu'à  ce  que  Téquilibre  se  fût  rétabli.  Mais 
le  commerce  de  l'argent  se  trouve  absolument  faussé  dans  son 
développement  naturel  par  le  fait  que  la  loi  a  eu  la  prétention 
d'intervenir  pour  régler  à  jamais  la  valeur  réciproque  de  ces  deux 
marchandises  spéciales,  qui  sont  For  et  Targent  ^  On  favorise  lune 
au  détriment  de  Tautre  :  d'où  les  difficultés  auxquelles  se  heurtent, 
depuis  quelques  années,  tant  les  Etat-Unis  comme  producteurs 
d'argent,  que  les  pays  de  l'Union  latine  (France,  Italie,  Belgique) 
comme  monnayeurs  et  consommateurs  d'argent,  ou  même  l'An- 
gleterre comme  créancière  de  l'Inde,  qui  garde  la  monnaie 
d'argent,  tandis  qu'elle-même  a  adopté,  depuis  1816,  la  monnaie 
d'or. 

Ceci  nous  amène  à  rappeler  les  lois  qui  régissent  la  mon- 
naie. 

La  monnaie  étant  déGnie  un  instrument  qui,  dans  les  échanges, 
sert  de  mesure  et,  par  lui-même,  est  un  équivalent,  la  logique 
aurait  exigé  que  cet  instrument  de  mesure  fût  unique.  On  voulait 
qu'il  eût  une  valeur  propre,  qu'il  fût  inaltérable,  toujours  iden- 
tique à  lui-même,  indéCniment  divisible,  qu'il  eût  un  prix  très 
élevé  sous  un  petit  volume  et,  en  même  temps,  très  constant  :  on 
pouvait  choisir  entre  l'or  et  l'argent  ;  on  a  préféré  autrefois  les 
adopter  tous  deux  ensemble  et  fixer,  entre  eux,  un  rapport  artificiel 
(aujourd'hui,  en  France,  de  15  et  demi).  Le  rapport  réel  entre  les 
deux  métaux  ayant  varié,  il  en  est  résulté  que  la  monnaie,  soit  d'or, 
soit  d'argent,  par  l'influence  mystérieuse  d'un  certain  signe  repré- 
sentatif imposé  par  l'État,  avait  une  valeur  absolument  différente 


<  La  thèse  des  bimétallistes,  notamment  de  M.  Laveleye  (la  monnaie  et  le  bimétal- 
lisme international,  1891)  est,  en  résumé,  que  l'activité  industrielle  et,  par  suite,  la 
richesse  d*un  pays  sont  proportionnelles  à  la  quantité  de  numéraire  qui  y  circule.  L'or 
étant  déjà  et  devant  devenir  de  plus  en  plus  insuffisant,  tant  par  Tépuisement  des 
mines  (sur  lequel  nous  reviendrons),  que  par  les  besoins  des  pays  neufs,  il  y  a  intérêt 
h  lui  adjoindre  Targuent  ;  la  valeur  de  l'ensemble  des  deux  métaux  réunis  présentant, 
â*ailleurs,  l'avantage  d'être  beaucoup  plus  constante  que  celle  de  chacun  d'entre  eux 
séparément.  La  question  serait  discutable  si  l'on  pouvait  admettre  la  possibilité  d'une 
entente  universelle  et  perpétuelle  entre  tous  les  pays  du  monde  pour  Tadoption  d'un 
rapport  constant  entre  l'or  et  l'argent.  Comme  cette  entente  est  évidemment  impos- 
sible, il  doit  arriver  fatalement  qu*un  métal  sera  recherché  de  préférence  à  l'autre  et 
que  le  rapport,  réglé  par  la  loi  dans  un  certain  nombre  de  pays,  variera  en  réalité 
dans  l'ensemble  du  monde.  11  n'y  a  donc  pas  plus  de  raison  pour  essayer  de  fixer  la 
valeur  de  l'argent  par  rapport  à  Tor  que  celle  du  cuivre,  par  exemple  :  ce  qui  pour- 
rait être  proposé  également  pour  augmenter  la  somme  de  numéraire. 


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m  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

de  celle  du  lingot.  Il  y  a  là  une  anomalie  que  certains  pays  ont 
fait  disparaître  en  adoptant  un  étalon  unique,  malheureusement 
ici  l'un,  ailleurs  Tautre  :  lor  en  Angleterre  depuis  1816,  puis  en 
Portugal,  dans  l'Union  américaine,  en  Allemagne,  dans  les  Etats 
Scandinaves,  en  Hollande  ;  l'argent  dans  l'Inde,  la  Chine,  le  Japon, 
la  République  Argentine,  etc..  D'autres  pays,  comme  la  France,  ont 
conservé  le  double  étalon;  mais,  pour  se  préserver  de  l'invasion 
du  métal  déprécié  (actuellement  l'argent),  ont  suspendu  son  mon- 
nayage *  :  mesure  insuffisante  qui  ne  peut  empêcher  le  retour  de 
toutes  les  pièces  d'argent  nationales  parties  à  l'étranger,  l'invasion 
des  pièces  protégées  par  l'Union  latine  ou  môme  l'arrivée  de 
pièces  identiques  à  celles-là,  comme  poids  et  comme  titre,  de  véri- 
tables fausses  monnaies,  impossibles  à  reconnaître  et  à  refuser, 
qu'on  frapperait  ailleurs  avec  un  bénéfice  de  36  p.  100. 

L'histoire  des  mesures  prises,  depuis  plusieurs  siècles,  par  les 
divers  Elats  pour  garantir  leur  stock,  soit  d'or,  soit  d'argent, 
contre  les  spéculations  résultant  de  sa  hausse  serait  curieuse  à 
faire. 

Dans  les  temps  anciens,  où  les  oscillations  étaient  faibles,  le 
moyen  adopté  était  généralement  assez  simple  :  on  refondait  les 
pièces  devenues  trop  chères  pour  les  refrapper  à  un  titre  moindre  : 
il  en  résultait,  chaque  fois,  un  bénéfice  que  l'Etat  ne  négligeait 
pas*. 

Dans  notre  siècle,  l'Angleterre  a  adopté  une  solution  plus  radi- 
cale en  démonétisant  l'argent  :  c'est-à-dire  que  les  pièces  d'argent 
n'y  jouent  plus  qu'un  rôle  effacé  et  subalterne  comme  monnaie 
d'appoint,  comme  billon^  reçu  seulement  dans  les  payements  jus- 
qu'à concurrence  de  50  francs,  de  même  qu'en  France  les  pièces 
de  cuivre  et  les  pièces  d'argent  autres  que  celles  de  5  francs. 

Cette  solution,  on  a  proposé,  depuis  longtemps,  de  l'appliquer 
également  en  France;  mais,  outre  la  perturbation  que  causerait 


*  Actuellement,  on  transforme  partout,  presque  gratuitement,  pour  qui  le  désire,  des 
lingots  dVen  or  monnayé  ;  mais,  nulle  part,  en  Europe,  on  ne  frappe  d*argent  pour 
les  particuliers.  L'Etat,  en  France,  n*en  frappe  plus  d'aucune  façon  depuis  1876.  La 
frappe  libre  a  été  suspendue  depuis  le  7  septembre  1873. 

*  Tel  redit  de  Médina  en  1497,  cinq  ans  après  la  découverte  du  Nouveau-Monde^ 
ayant  abaissé  le  rapport  légal  des  deux  métaux  de  11  6/10  à  10  7/10;  voir  Tordon- 
nance  de  1785,  etc. 


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DU   RÔLE   DE   l'argent   COMME  MONNAIE  IZo 

la  démonétisation  des  2  milliards  environ  de  pièces  de  S  francs 
qui  peuvent  y  exister  et  qu'on  ne  réussirait  à  écouler  qu'avec 
perte,  la  France  est  liée,  depuis  le  9  décembre  1865,  à  lltalie,  à 
la  Belgique,  à  la  Suisse  et  à  la  Grèce  par  la  convention  dite  de 
rUnion  latine,  convention  d*après  laquelle  les  monnaies  de  Tun  des 
pays  doivent  être  admises  dans  l'autre,  c'est-à-dire  que  les  pièces 
d'argent  y  sont  reçues  pour  leur  valeur  fictive,  au  taux  de  15  fois 
et  demi  moins  que  l'or.  Pour  remédier  aux  inconvénients  qu'au- 
rait forcément  entraînés  cette  convention,  il  a  fallu,  dans  ces  pays, 
d'abord  limiter,  puis  suspendre  le  monnayage  de  l'argent. 

Depuis  quelques  années,  le  même  problème  se  pose  aux  Etats- 
Unis  sous  une  autre  forme.  Là  l'étalon  unique  est  l'or  ;  mais  le 
pays  se  trouve,  en  même  temps,  produire  une  quantité  considé- 
rable d'argent,  dont  l'exportation  constitue  une  de  ses  grandes 
richesses.  La  baisse  du  métal  blanc  amenant,  dès  lors,  une  dépré- 
ciation de  la  fortune  américaine,  on  a  cherché  à  l'enrayer  par 
une  série  de  lois  dont  la  dernière  et  la  plus  grave  est  le  Silverbill 
de  1890. 

L'idée,  qui  a  prévalu  alors,  a  été  de  faire  acheter  par  le  trésor 
une  quantité  déterminée  de  lingots  d'argent  (54  000  000  onces 
par  an)  qui  seraient  monnayés  en  partie  et  représentés,  pour  le 
reste,  par  du  papier-monnaie  ayant  cours  légal;  on  espérait  ainsi 
absorber  l'excédent  de  production  de  l'argent  de  manière  à  ce 
que,  l'offre  n'étant  plus  surabondante  par  rapport  à  la  demande, 
les  cours  vinssent  à  remonter  peu  à  peu.   ' 

Les  conséquences  de  cette  résolution  imprudente  ont  été, 
comme  on  aurait  dû  le  prévoir,  toutes  contraires;  il  en  est  résulté, 
en  effet,  sur  toutes  les  mines,  un  accroissement  nouveau  dans  la 
production  de  l'argent*,  et,  par  suite,  une  aggravation  de  la 
baisse.  Déjà,  à  la  suite  de  mesures  analogues  prises  par  le 
Blandbill,  cette  production  avait  passé,  dans  le  monde,  de  63  mil- 
lions d'onces  en  1873,  à  126  millions  en  1886;  elle  est  arrivée  à 
presse  146  millions  (4  550  000  kilogrammes)  en  1892;  c'est-à- 


*  Tout  au  moins,  aurait-il  Tallu  limiter  la  production  des  mines  d'argent  par  la 
même  loi  qui  leur  promettait  Tachât  de  cette  production,  TEtat  Américain  se  faisant, 
en  résumé,  le  chef  d'une  sorte  de  syndicat  de  l'agent,  comparable  à  celui  qui  existe 
pour,  le  zinc  ou  qu'on  a  tenté  de  réaliser  pour  le  cuivre. 


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736  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

dire  qu'au  lieu  de  faire  disparaître,  comme  on  aurait  dû  le  tenter, 
la  surabondance  de  l'argent,  en  laissant  quelques-unes  des  trop 
nombreuses  mines  se  fermer,  on  Ta  encore  augmentée,  que  Tar- 
gent  continue  à  diminuer  de  prix  et  qu'il  s'immobilise,  sans 
aucune  utilité,  dans  les  caves  du  trésor  américain^  des  kilo- 
grammes d'argent,  qui  perdraient  la  plus  grande  partie  de  leur 
valeur  le  jour  où  on  chercherait  à  les  écouler,  tandis  que  For, 
qui,  depuis  quelque  temps,  avait  une  tendance  à  s'en  aller  en  Amé- 
rique, revient  en  Europe  et  notamment  en  France. 

Les  partisans  de  la  loi  objectaient,  il  est  vrai,  que  la  disparition 
progressive  des  billets  des  banques  nationales  aux  Etats-Unis  et  la 
quantité  plus  grande  de  monnaie  divisionnaire  nécessaire  avec  la 
prospérité  actuelle  pourraient  absorber  une  certaine  quantité  du 
nouveau  papier- monnaie  argent.  Mais  l'expérience  a  montré  que 
c'était  là  un  débouché  restreint.  Comme  première  conséquence 
du  Silverbill,  on  a  vu,  en  1891,  les  Etats-Unis,  malgré  les  achats 
de  leur  gouvernement,  vendre  près  de  100  millions  de  métal 
blanc  à  Londres  ;  et,  comme  Tlnde  et  la  Chine  n'ont  pris  que 
75  millions,  le  prix  de  l'argent  est  descendu  de  153  francs  le 
kilogramme  à  140.  Eu  1892,  cette  baisse  s'est  encore  accentuée 
et,  en  janvier  1893,  nous  voyons  le  cours  de  l'argent  en  barres  à 
128  francs  le  kilogramme.  Aussi  a-t-on  pu  proposer,  en  Amé- 
rique, contrairement  à  ce  qui  semble  tout  d'abord  logique,  de 
rétablir  la  liberté  de  la  frappe,  avec  le  bimétallisme  sur  le  pied 
du  rapport  de  1  à  16  \ 

*  On  s*eât  demandé  si  cette  surabondance  de  production  de  l'argent  n*était  pas  un 
événement  passager  et  si  Textraction  croissante  de  certaines  mines  d'or  nouvelles, 
notamment  de  celles  du  Transvaal,  ne  viendrait  pas  la  compenser.  l\  est  possible, 
en  effet,  qu*à  un  moment  donné  se  reproduise,  pendant  quelques  années,  ce  qui  a 
eu  lieu  lors  de  la  découverte  des  placers  de  Californie.  Mais,  d'une  manière  générale, 
on  doit  admettre  que,  plus  la  conquête  de  la  teire  par  Thommc  sera  avancée,  moins 
on  extraiera  d'or.  Humboldt  a  fait  cette  remarque  curieuse  qu'à  toutes  les  époques, 
l'or  était  venu  des  limites  extrêmes  du  monde  civilisé.  En  effet,  les  gttes  d'or  ne 
sont,  comme  nous  le  dirons,  vraiment  riches  que  dans  leurs  parties  superGcielles 
où  une  concentration  s'est  produite  par  altération  et  remaniement;  ces  parties 
superficielles,  aussitôt  reconnues,  s'épuisent  vite  et  alors  on  rencontre  en  profondeur, 
des  filons  ou  des  couches  de  pyrite  aurifère  beaucoup  plus  pauvres.  Il  se  passe  bien 
quelque  chose  de  comparable  pour  l'argent,  mais  à  un  degré  infiniment  moindre. 

Ce  phénomène  de  la  rareté  relative  de  l'or  par  rapport  à  l'argent,  Suess  {die 
Zukunfl  d€$  Goldes)  en  a  donné  une  explication  bien  ingénieuse.  Suivant  lui,  un 
métal  est  d'autant  plus  abondant  à  la  surface  de  la  terre  que  son  poids  spécifique  est 
plus  faible,  les  métaux  lourds  s'étant  concentrés  dans  le  noyau  central.  L'iridium 
(22,23)  et  le  platine  (21,5)  sont  plus  rares  que  l'or  (19,25),  plus  rare  lui-même  que  le 


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DU  RÔLE  DE  l'argent  COMIIB  MONNAIE  737 

Laissant  de  côté  ces  questions  économiques,  indiquées  seulement 
ici  pour  montrer  l*influence  considérable  qu'exercent,  ^ur  le  com- 
merce de  Targent,  les  mesures  légales,  arrivons  maintenant  à  Thi»* 
torique  de  sa  production  et  de  sa  consommation,  qui  nous  intéresse 
plus  spécialement.  En  1851,  Michel  Chevalier  estimait  à  122  mil- 
lions de  kilogrammes  la  quantité  d'argent  extraite,  depuis  le 
xvi^ siècle,  dans  l'Amérique  espagnole;  à  10  millions,  celle  fournie 
par  TEurope.  Sur  cette  quantité,  une  grande  partie  est  allée  s'en- 
fouir aux  Indes  et,  plus  généralement,  en  Orient,  de  telle  sorte 
qu'en  1830,  le  stock  monétaire  du  monde  civilisé  n'était  que  de 
46  millions  de  kilogrammes  d'argent;  en  1880,  malgré  une  produc- 
tion ayant  atteint,  depuis  1830,  57  270  000  kilogrammes,  il  nWri<^ 
vait  encore  qu'à  46  700  000  kilogrammes.  Au  commencement  du 
siècle,  Humboldt  évaluait  déjà,  à  137  millions  de  francs  par  an,  la 
faculté  d'absorption  des  Indes.  De  1852  à  1862,  cette  absorption 
s'est  élevée  à  282  millions  par  an,  soit  2  822  millions,  tandis  que 
les  pays  producteurs  n'envoyaient  en  Europe  que  1  247  millions. 
C'est  à  ce  moment  que  l'on  s'est  inquiété,  en  Europe,  de  la  rareté 
croissante  de  l'argent  et  de  la  baisse  de  ^or^  Le  stock  d'argent 
disponible  en  Europe  et  en  Amérique  était,  en  1851,  d'environ 
24  milliards. 

Depuis  cette  époque,  nous  avons  dit  combien  la  production  de 
l'argent  s'était  développée  dans  l'Amérique  du  Nord.  Au  début  du 
siècle,  l'argent,  venant  du  Mexique  et  du  Pérou,  ne  comptait  que 
pour  800000  kilogrammes  ou  180  millions  par  an;  de  1810  à 
1825,  cette  production  était  même  beaucoup  plus  faible.  Vers 
1870,  nous  ne  trouvons  encore  que  400  à  420  millions  d'argent 
contre  500  à  520  millions  d'or.  Au  contraire,  en  1889,  on  a 
extrait  870  millions  de  francs  d'argent  (4  242018  kilogrammes) 
contre  600  millions  d'or;  en  1891,  939  millions  (4 527 804  kilo- 
grammes) contre  681  millions  d'or. 

L'argent  en  circulation  sous  forme  de  monnaies  était  évalué,  en 

mercure  (13,59)  et  que  Targent  (10.47).  C^est  la  même  loi  générale  qui  Tait  que  les 
planètes  extrêmes  du  système  solaire  sont  plus  légères  que  les  planètes  rapprochées 
du  soleil  :  Uranus,  0,82;  Saturne,  0,73  ;  Jupiter,  1,29  ;  la  Terre,  5,56;  Mercure,  6,S4. 
Pour  le  soleil  même,  l'analyse  spectrale  montre  que  les  métaux  denses  et  précieux 
n*exi9tent  pas  dans  Tenveloppe  extérieurti  gazeuse. 
«  Voir  plus  haut,  page  732. 

GÉOLOGIE.  —  T.   II.  47 


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738 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


1887,  à  16  milliards  (contre  18  milliards  d'or),  dont  la  frappe  se 
répartissait,  pour  les  pays  dont  on  possède  des  statistiques,  de  la 
façon  suivante  : 


.       Allemagne  («873-1880.   .   .  528  millions 

Angleterre 700       —        frappés  depuis  1816  (530  mil- 
lions restent  en  Angleterre)*. 

Autriche  (1871-1881)  ....  400  millions 

Belgique  (1832-1885)  ....  500       — 

Brésil 60       — 

Chine,  Egypte,  Inde,  Perse 

et  Turquie (?) 

Espagne 200       — 

États-Unis 235       —        On  compte,   en    noTembre 

1890,   475  725  000  dollars 
d'argent  aux  Etats-Unis. 

France 5  300       —        frappés  depuis  1793  (2  mil- 
Grèce 16       —           liards  environ  restent   en 

Hollande 303       —           France)*. 

Italie 528       - 

Japon 50       — 

Mexique 255       — 

Portugal 78       — 

Roumanie  (1865-1881)  ...  55       — 

Russie  .  ■ 11       — 

Scandinavie  et  Danemark.   .  40       — 

Suisse 110       — 

Le  mouvement,  qui  en  résulte,  a  été  évalué,  comme  suit,   de 
1871  à  1875  : 

ARGENT  LIVRÉ  AU  MARCHÉ  GÉNÉRAL  (ÉVALUÉ  EN  MILLIONS) 

Extraction  des  mines 1  367  1/2 

.Métal  démonétisé,  vendu  par  l'Allemagne  et  la 

Scandinavie 200 

Sorti  d'Italie 200 

—    d'Autriche 100 

1  867  1/2 

*  L'Angleterre,  qui  fait  plus  d'affaires  que  la  France,  au  moyen  des  instrumenu  de 
créilit,  ne  possède  que  moitié  moins  de  numéraire. 

j*De  1851  à  1870,  la  France  a  exporté,  d'après  M.  Sœtbeer,  uu  milliard  d'argent. 
D'après  M.  Laveleye,  il  resterait  en  France  3  milliards  d'argent.  Au  1"  février  18^3 
rencaisse  de  la  Banque  de  France  compte  1 256  000  000  d'argent. 


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DU   RÔLE  DE   l'argent   COMME  MONNAIE 


739 


PAYS    DB    PLACEMENT 

L'Inde 227  1/2 

La  France 837  1/2  * 

La  Russie 100 

L'Espagne  et  le  Portugal 100 

L'Angleterre 125 

Les  États-Unis 190 

Le  Japon  et  la  Chine 187  1/2 

Le  reste  de  l'Asie 100 

1867  1/2 

D'une  façon  plus  générale,  entre  1830  et  1880,  d'après  M.  Sœt- 
beer,  largent  extrait  des  mines  a  été  placé  comme  suit  : 

Exportation  vers  l'Orient 68,1 

Consommation  industrielle 25,3 

Frai  monétaire 4,2 

Accroissement  du  stock  monnayé 1,2 

Accroissement  du  stock  latent  (non  monnayé).   ...        1,2 

100,0 

Les  pays,  où  il  s'est  fait  un  monnayage  important  d'argent  dans 
ces  dernières  années,  sont  : 


1883 

1886 

1887 

Etats-Unis 

Mexique 

Inde 

Espagne   

Autriche 

Japon    

Angleterre 

Total 

Dollars 

38  962  176 
25  8'*0  727 
48  487  114 
3  678  314 
4147  659 
6  320  927 
3  540  719 

Dollars 

32  086  709 

26  991  804 

27  121414 
5  057  506 
4  384  433 
9  086  077 
2  031194 

Dollars 
35  191081 

26  844031 
44  142  013 
11389  414 

5  596  395 
10  279  555 

4  142  136 

130  977  636 

106  749  137 

137  544  625 

En  1889,  la  frappe  de  [argent  a  été  la  suivante,  d'après  M.  Otto- 
mar  Haupt,  en  Angleterre  :  on  a  frappé  55  600  000  francs  et 
retiré  5  800  000  francs.  La  circulation  de  l'argent,  cette  même 
année,  était  évaluée,  dans  ce  pays,  à  530  000  000.  L'hôtel  des  mon- 
naies de  Melbourne  a  frappé  pour  13  660  000  francs  ;  celui  de  Sidney 

*  Cette  période  correspond  au  moment  où  TAUemagne  venait  de  démonétiser  Targent 
et  où  la  France  n'avait  pas  encore  supprimé  la  frappe  de  l'argent.  L'importation,  en 
France,  s'en  était  trouvée  triplée. 


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740 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


pour  16170000  francs.  Dans  l'Inde,  il  a  été  frappé,  en  argent, 
190  000  000  francs  ;  à  Paris,  36  680  000  en  pièces  du  commerce  ;  en 
Allemagne,  930  000  francs  en  marks  ;  en  Autriche,  19  milUons  ;  en 
Russie,  S  970000  francs  en  roubles;  aux  Etats-Unis,  187  millions 
en  dollars;  au  Mexique,  135  millions  en  piastres;  à  Siam,  7  mil- 
lions; au  Japon,  47  millions.  Le  résultat  total  s'élève,  par  suite,  à 
707  millions,  dont  45  à  déduire  pour  la  refonte  :  soit  662  millions. 
De  1795  à  1880,  la  frappe  de  l'argent,  en  France,  a  été  de 
5  511  952  863  francs  ;  en  déduisant  222  166  304  de  pièces  démo- 
nétisées, on  arrivait  alors,  pour  la  monnaie  d'argent  ayant  cours,  à 
5  289  786559,  dont  2  milliards  environ  peuvent  rester  en  France. 

Production  de  l'argent.  —  D'autre  part ,  la  production  de  tar^ 
gent,  depuis  le  commencement  du  xv!!!"*  siècle,  est  indiquée  par 
des  tableaux  suivants  : 


PRODUCTION  DZ 

L*OR  ET  DE  l'argent  DANS  LE  MONDE  AVANT  1880 

POIDS 

VALEUR 

TOTAL 

Or 

Argent 

Or 

Argent 

* 

Millions 

Millions 

Kg 

Kg. 

de  Tranct 

de  francs 

1701-1720 

12  820 

355  600 

45 

81 

126 

1721-1740 

19  080 

431  200 

66 

99 

165 

1 

1741-1760 

24  610 

533  145 

85 

125 

210 

1 

1761-1780 

20  705 

657  740 

71 

155 

226 

1781-1800 

17  790 

879  060 

62 

203 

265 

180M810 

17  778 

894  150 

62 

200 

262 

1811-1820 

11445 

540  770 

40 

122 

162 

Moyenne  annuelle. 

1821-1830 

H  216 

460  560 

50 

102 

152 

1831-1840 

20  289 

596  450 

70 

132 

202 

1841-1850 

54  759 

780  415 

180 

171 

351 

1851-1850 

> 

695 

200 

895 

18551860 

» 

702 

205 

907 

I86M860 

1  097  400 

645 

249 

894 

18661870 

» 

680 

299 

979 

1871 

» 

582 

279 

861 

1872 

> 

550 

279 

829 

1873 

> 

530 

320 

830 

1874 

1714  300 

588 

465 

1053 

1875 

> 

5t2 

345 

887 

1876 

> 

558 

385 

943 

1877 

9 

585 

435 

1020 

1878 

» 

> 

552 

402 

954 

1879 

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502 

395 

897 

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STATISTIQUE  DB  LA  PRODUCTION   DE  l'aRGENT 


741 


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742 


GÉ0L061B    APPLIQUÉE 


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STATISTIQUE   DE   LA   PRODUCTION   DE   L  ARGENT 

Si  Ton  classe  les  pays  par  ordre  d'importance,  on  a  : 


743 


Etats-Unis 

Mexique 

Allemagne  (Prusse,  Saxe,  etc.). 

Bolivie 

Pérou 

Chili 

France 

Espagne .    .    .    . 

Autriche-Hongrie 

Amérique  Centrale 

Japon 

Italie 

Belgique 

Colombie 

Iles  Britanniques 

République  Argentine 

Russie 

Australie 

Canada  .       .    

Suède  et  Norvège 


1889 


Kilogrammes 

1  555  486 

i  335  828 

403  037 

230  460 

75  263 

185  851 

80  942 

65  000 

52  641 

48123 

42  424 

34  891 

24  622 

24  060 

19  382 

10  226 

15  382 

13  940 

11921 

11968 


1890 


Kilogrammes 
1  694  950 

410  824 


71  117 
52  913 


34  248 
33  083 

18917 


16  250 
12  461 


1891 


Kilogrammes 

1814  642 

1  275  265 

449  824 

372  666 

74  869 

72185 

71303 


43  282 

33  950 
31232 
18  437 
1*4  680 
14  562 


11600 


Voyons  maintenant  comment  se  répartit  cette  production  dans 
chaque  pays  : 

Etats-Unis.  —  Aux  États-Unis,  d'après  les  statistiques  améri- 
cainesy  on  obtient,  en  rangeant  les  États  par  ordre  de  production, 
le  tableau  ci-joint  (p.  744)  : 

Dans  le  Colorado,  nous  retrouvons  le  district  de  Lead ville,  dont 
nous  avons  indiqué,  au  chapitre  du  Plomb^^  la  grande  importance; 
nous  avons  également  signalé  les  galènes  argentifères,  avec  miné- 
raux d'argent  associés,  du  comté  de  Clear  Creek.  Leadville  a  pro- 
duit, de  1877  à  1884,  3  200  kilogrammes  d'or,  1589  283  kilo- 
grammes d'argent  et  278  231  tonnes  d'argent,  valant  ensemble 
près  de  500  millions.  En  outre,  les  filons  aurifères  du  Colorado 
contiennent  une  certaine  proportion  d'argent. 

Dans  l'Etat  de  Montanay  le  groupe  de  mines  principal  est  celui 
de  Butte  City  (Lexington  mine,  etc.).  L'Hecla  Gons.  min.  de 

«  Page  637. 


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714 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


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STATISTIQUE  DE  LA  PRODUCTION  DE  l'aRGENT  (ÉTATS-UNIS)         745 

Glendale  a  produit,  en  1887,  474  719  onces  d'argent.  Ces  mines, 
-situées  entre  les  fleuves  Jefferson,  Madison  et  Galatin,  ne  datent, 
pour  la  plupart,  que  de  1872;  en  1881  encore,  on  peut  voir»  sur 
le  tableau  précédent,  combien  le  district  de  Montana  venait  loin 
après  rUtah,  le  Nevada  et  TArizona  ;  il  les  a  dépassés  depuis.  Le 
Montana  est  devenu,  en  même  temps,  comme  nous  Tavons  vu', 
^rand  producteur  de  cuivre. 

L'Ulahj  mis  en  valeur  seulement  vers  1878,  produisait,  dès 
1881,  22  000  tonnes  de  galène  argentifère.  Nous  avons  décrit,  a 
propos  du  plomb  S  les  mines  de  Bingham  et  celles,  un  peu 
différentes,  de  TEmma  Mine.  Nous  citerons  celles  de  Silver 
Sandstone. 

Dans  le  Nevada,  surnommé  jadis  Silverstate,  les  deux  centres 
principaux  sont  :  Eurêka,  décrit  au  plomb*,  et  le  Comstock,  réservé 
pour  ce  chapitre^  Tous  deux  ont  eu,  de  1870  à  1880,  une  grande 
prospérité,  mais  sont  déchus  depuis.  Eurêka,  qui  produisait 
31 000  tonnes  de  plomb  et  23  millions  d'argent  en  1878,  est  tombé 
à  3  400  tonnes  de  plomb  et  3  millions  d'argent  en  1887;  le 
Comstock  est  passé  —  au  moins,  si  Ton  s'en  rapporte  aux  docu- 
ments officiels  —  de  70  millions  en  1870,  à  20  millions  en  1887. 

Néanmoins,  Eurêka  a  fourni,  de  1869  à  1883,  225  000  tonnes 
de  plomb  et  plus  de  300  millions  de  francs  d'argent  et  d'or  (l'or 
entrant,  pour  un  tiers,  dans  ce  total)  ;  le  Comstock  a  produit,  de  1860 
à  1881,  7  millions  de  tonnes  de  minerai,  représentant  une  valeur 
de  un  milliard  800  millions,  dont  42  p.  100  en  or  et  58  p.  100  en 
argent. 

Nous  citerons,  en  outre,  les  filons  de  Austin. 

Dans  V Arizona^  les  mines  sont  répandues  du  Rio  Colorado  au 
Gilda  sur  une  zone  large  de  64  à  120  kilomètres.  Les  plus  riches 
sont  celles  du  comté  de  Yuma  et  de  Cochise.  Ce  sont  des  mines 
de  galène  argentifère  et  aurifère  dans  des  terrains  calcaires  tra- 
versés par  des  porphyres. 

L'Idaho  est  une  région  neuve,  en  plein  développement. 

*  Page  263. 

*  Pages  563  et  664. 
»  Page  626. 

*  Voir  plus  loin,  page  791. 


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746  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Enfin,  au  Noiiveaii-Mexique^  nous  citerons  les  mines  de  Monte- 
zuma,  Maxwell,  et  surtout  Silver  City,  dans  le  comté  de  Grant^ 


Mexique.  —  Le  Mexique  a  été,  pendant  longtemps,  le  plus 
grand  centre  de  production  de  largent.  Très  déchu  depuis  1810, 
il  s'est  surtout  relevé  après  1871  ;  en  1871,  la  production  d'argent 
était  de  90  millions  de  francs;  en  1889,  elle  a  atteint  1  335  828  ki- 
logrammes valant  286  millions  ;  en  1891, 1  275  265  kilogrammes. 
De  1521  à  1875,  le  Mexique  passe  pour  avoir  fourni  76  205  000  ki- 
logrammes d'argent. 

Parmi  les  mines  les  plus  anciennes,  nous  citerons  :  Catorce; 
Fresnillo,  qui,  de  1859  à  1863,  a  donné  29  millions  de  francs  d'ar- 
gent ;  Zacatecas,  où  la  Veta  Madré,  un  filon  célèbre,  a  donné,  de 
1558  à  1832,  plus  de  3  milliards  d'argent;  Guanajato,  le  district  le 
plus  renommé,  où  un  filon,  également  nommé  Veta  Madré,  a  donné. 
de  1558  à  1810,  près  de  un  milliard  ;  Pachuca  et  Real  del  Monte, 
où  se  trouve  la  mine  de  Rosario,  ayant  donné,  de  1851  à  1862, 
485000  kilogrammes  d'argent  aurifère  à  0,20  p.  100  d*or  ;  puis 
Sultepec,  Carmen,  etc. 

Allemagne.  —  En  Allemagne^  nous  nous  trouvons  avoir  déjà 
étudié  :  avec  le  plomb,  les  grands  centres  de  production  d'argent 
de  Saxe,  du  Harz,  etc.;  avec  le  cuivre,  ceux  du  Mansfeld. 

La  production  d^argent,  en  Allemagne,  se  décomposait  ainsi, 
en  1880  et  1890  : 

18S0.  18î>0. 

Province  de  Saxe  (Halle) 51586  kg.  88  212  kg. 

Royaume  de  Saxe 44  658  —  83  512  —  (1891). 

Prusse  rhénane  (Bonn) 35  197  —  111561  — 

Harz  (Clausthal) 28  305  —  5|  700  — 

Nassau 12  505  —  » 

Silésie  (Breslau) 9  723  —  9  348  — 

Weslphalie 2  908  —  » 

Pays  allemands  autres   que  la  Prusse 

et  la  Saxe 4  000  —  87  768  —  (1891). 

184  882  kg*         432101  kg. 
*  Ces  gisements  sont,  diaprés  d'Acliiardi,  au  contact  du  calcaire  et  d'un  porphyn. 


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STATISTIQUE   DE   LA   PRODUCTION    DE   l'aRGENT  747 

La  production  ancienne  est  évaluée  aux  chiffres  suivants  : 

De  1493  à  1600 I  564  400  kc. 

1601       1700  ....  826000  — 

1701       1800 2  073  600  — 

1801       1850  .        ...  1385900  — 

1851       1870 1339  610  — 

1871       1875 715  400  — 

Soit,  de  1493  à  1875 7  90'*  910  kg.  valant  1  756  692  339  fr. 

Bolivie.  —  La  Bolivie  comprend  les  grandes  mines  de  Potosi, 
Oruro,  Huanchaca.  Potosi,  découvert  en  i545,  passe  pour  avoir 
fourni,  vers  1580,  100  millions  par  an  de  redevance  au  roi  d'Es- 
pagne. La  production,  depuis  l'origine,  dépasse  un  milliard. 
Huanchaca,  moins  anciennement  connu,  a  fourni,  en  1887, 
131  000  kilogrammes  d'argent,  valant  20  millions. 

De  1871  à  1875,  la  production  annuelle,  estimée  d'après  des 
documents  officiels  (qu'il  faudrait,  paratt-il,  de  même  qu'au  Chili, 
multiplier  dans  une  forte  proportion  pour  tenir  compte  de  la 
fraude),  était  de  220  000  kilogrammes  par  an.  De  1545  à  1815,  on 
l'estime  à  37  717  000  kilogrammes,  valant  8  milliards  300  millions. 
En  1891,  on  a  produit  372  666  kilogrammes. 

Pérou.  —  Au  Pérou,  les  principales  mines  sont  celles  du  Cerro 
de  Pasco,  qui  ont  encore  fourni  :  en  1804,  78  200  kilogrammes 
d'ai^ent;  en  1842,  96  652;  en  1878,  38  947. 

La  production  du  Pérou  en  argent,  très  considérable  au  dernier 
siècle,  avait  atteint,  en  1810,  151  300  kilogrammes.  De  1533  à 
1875,  on  estime  que  ce  pays  a  fourni  31  200  000  kilogrammes.  En 
1889,  son  extraction  est  évaluée  à  71  263  kilogrammes  ;  en  1891, 
à  74,869, 

Chili.  —  Au  Chiliy  nous  décrirons  principalement  les  grandes 
mines  de  Chanarcillo  et  Caracoles,  qui  ont  fourni  le  plus  d'argent 
dans  ce  pays  ;  Chanarcillo,  de  1832  à  1879,  a  donné  environ  un 
milliard  et  demi  d'argent. 

Caracoles,  découvert  en  1870,  a  extrait,  de  1870  à  1880, 
120000  kilogrammes  d'argent  par  an. 


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'  Voir  pages  526  à  559. 
■  Voir  page  569. 


748  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Le  Chili  a  produit,  de  1871  à  1875,  officiellement,  82  200  kilo- 
grammes par  an;  de  1721  à  1873,  2  609  000  kilogrammes;  en 
1891,  72  185  kilogrammes. 

France.  —  En  France,  Taisent  produit  vient,  soit  de  gtilènes 
argentifères  (Pontpéan,  Pontgibaud,  Bormetles,  etc.),  soit  surtout 
de  minerais  importés  ;  nous  citerons,  cependant,  quelques  gites 
à  minéraux  d'argent  proprement  dits,  comme  celui  des  Chalan- 
ches.  La  production,  qui  était,  en  1877,  de  37  900  kilogrammes, 
en  1878,  de  29  000,  est  montée,  en  1889,  à  80  942,  valaat 
12  951  000  francs;  en  1891,  elle  a  été  de  71  303.  Celte  produc- 
tion d'argent  se  décompose,  diaprés  la  statistique,  en  30  474  kilo- 
grammes extraits  de  galènes  argentifères  ;  40  829  kilog-rammes 
séparés  de  plombs  d  œuvre  étrangers,  venant  surtout  d'Espagne, 
un  peu  aussi  de  Grèce. 

En  France,  le  commerce  de  l'argent  est  résumé  par  les  chiffres 
suivants  en  1889  et  1891. 

Umhîé'i!r"o!é     Bijouterie,  orfèTrerie  Numéraire  Total 

1889  1891  1889  1891  1889  1891  1889  l»9i 

IiHrUUii  (lilH)     1167      772      6  446      5  030    599  150    737  202    606  763    951472 
£xp#rt4liM   -      5  512    4922     14  375    12  878     551124     693  068    571011    773  662 

Espagne.  —  En  Espagne  comme  en  France,  largent  proyient 
uniquement  de  galènes  argentifères;  nous  citerons  seulement, 
pour  leur  intérêt  géologique,  les  gîtes  d'argent  proprement  dits  de 
Guadalcanal,  près  de  Séville.  Les  mines  d'argent  d'Espagne,  autre- 
fois  célèbres,  ont  été  ruinées  par  la  découverte  du  Nouveau- 
Monde.  La  production  anuelle  moyenne  a  été,  de  1849  à  1857, 
de  50  200  kilogrammes;  en  1889,  elle  s'est  élevée  à  65  000  kilo- 
grammes, auxquels  il  faut  ajouter  30  000  kilogrammes  environ 
extraits,  en  France,  de  plombs  d'œuvre  espagnols. 

Nous  rappellerons  seulement  les  noms  de  Linarès,  Carthagène, 
l'Horcajo,  Peûarroya,  etc.  *• 

Autriche-Hongrie.  —  En  Aulriche-BongHe,  nous  avons  les  mines 
fameuses  de  Przibram  en  Bohème  S  dont  la  richesse  la  plus 


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STATISTIQUE   DE   LA   PRODUCTION   DE  l'aRGENT  749 

grande  a  été  trouvée,  dans  ces  dernières  années^  aux  plus  grandes 
profondeurs;  celles  de  Schemnitz  que  nous  étudierons  dans  ce 
chapitre;  celles  du  Banat*,  etc. 

L'Autriche  proprement  dite  a  fourni  :  en  1876,  23  750  kilo- 
grammes; en  1880,  30  237  kilogrammes;  en  1889,  35  435  kilo- 
grammes; en  1891,  36  037  kilogrammes  ;  la  Hongrie,  en  1872, 

17  136  kilogrammes;  en   1877,  21236  kilogrammes;  en   1879, 

18  661  kilogrammes;  en  1887,  17  665  kilogrammes;  en  1890, 
17  049  kilogrammes. 

La  décomposition  se  fait  comme  suit  : 

AUTRICHE   (1891)  HONGRIB   (1890) 

BeszterczebaDja  (Schemnitz)  .  7  913  kg. 

Bohème.  .   .   .        35  314  kg.         Nagybanya  (Transylvanie)   .   .  5*435  — 

Tyrol 367,88  —  Szepes-Iglo 1  843  — 

Carniole.  .   .   .        355,58  —         Zalatna  (Transylvanie)  ....  1 805  — 

36  037,46  kg.  17  049  kg. 

Japon.  —  Au  Japon^  la  proportion  d'argent  s'est  élevée  assez 
vite  depuis  quelques  années;  en  1874,  elle  était  de  9  825  kilo- 
grammes; en  1879,  elle  était  retombée  à  2  853;  en  1883,  nous  la 
trouvons  à  42  424  ;  en  1891,  à  43  282. 

Les  principales  mines  sont  dans  les  provinces  de  Sado,  Ugo, 
Richuchu,  Haronia  et  Sida. 

Dans  la  partie  Ouest  de  l'Ile  de  Sado,  on  exploite,  depuis  des 
siècles,  les  mines  de  Torigoï,  Aoban  et  Hiakumaï;  dans  la  pro- 
vince de  Ugo,  est  la  mine  Innaï;  dans  celle  de  Richuchu,  la  mine 
Kosaka,  etc.. 

Italie.  —  En  Ildlie^  presque  tout  l'argent  vient  de  Sardaigne', 
en  particulier  du  massif  de  Sarrabus,  connu  seulement  depuis 
1870  et  qui  a  atteint,  en  1885,  un  maximum  de  production  de 
2  400  000  francs  pour  retomber,  en  1889,  à  1  500  000  francs. 
Quelques  mines  sardes  de  galène  argentifère,  Monte  Vecchio,etc., 
sont  également  fort  riches.  En  1880,  la  Sardaigne  a  produit 
23590  kilogrammes;  en  1887,  34  000.  Le  continent  ne  fournit 
qu'une  très  faible  proportion  d'argent,  extraite  de  galènes  argenti- 

*  Voir  t.  I,  p.  660;  t.  II,  p.  258. 
«  Voir  plus  haut,  page  387. 


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750  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

fères.  La  mine  de  Bottine,  en  Toscane',  a  fourni  :  en  1800,  878  ki- 
logrammes d'argent;  en  1879^  432  kilogrammes*. 

L'argent  métallique  (34  248  kilogrammes  en  1890),  obtenu  en 
Italie^  vient  de  Tusine  de  Lerici  (Pertusola),  province  de  Gènes. 

Belgique.  —  L'argent  produit  en  Belgique  i^royient  presque  exclu- 
sivement de  minerais  importés;  on  peut  cependant  rappeler  la 
présence  de  la  galène  argentifère  dans  les  mines  de  Bleiberg, 
Landenne,  Welkenraedt,  etc. 

CoIonAie.  —  En  Colombie,  ou  Nouvelle-Grenade,  nous  citerons 
les  mines  de  TEtat  de  Tolima  qui  donnent  environ  un  million 
de  francs  d'argent  par  an. 

Angleterre.  —  UAngletene,  comme  la  Belgique,  extrait  sur- 
tout l'argent  de  minerais  importés;  cependant  les  galènes  pro- 
duites par  ses  mines  en  fournissent  également  une  faible  quantité  : 

Minerai  de  plomb  Argent 

1876 80  302  tonnes  15  035  kg. 

1877 82  143   —  15  468  — 

1878 78  588   —  12  361  — 

1879 67  947   —  10  377  — 

1880 73  401   —  9  191  — 

En  1891,  les  Iles  Britanniques  ont  produit  18  437  kilogrammes 
d'argent. 

Russie.  —  En  Russie^  l'argent,  provenant  de  TAsie,  est  extrait 
de  quatre  groupes  principaux  de  mines  '  : 

1**  Celui  de  Kolivan  ou  de  TAltaï,  dans  le  gouvernement  de 
Tomsk  ; 

2*^  Celui  de  Nertschinskj  le  plus  important,  ou  district  du  lac 
Baïkal  ; 

3**  Celui  de  Kirgis,  districts  de  Akmollinsk,  Semipalatinsk  ; 

4^  Celui  du  Caucase^  district  de  Tersk. 

*  Voir  page  560. 

*  On  trouvera  dans  d'Âchiardi  (I  metalli  loro  minerali,  t.  I,  p.  155;  un  exposé 
détaillé  des  gisements  argentifères  d'Italie. 

3  Voir  page  562. 


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STATISTIQUE   DE   LA    PRODUCTION   DE   L  ARGENT  751 

La  production  moyenne  a  été,  de  1867  à  1876,  de  13  150  kilo- 
grammes; en  1879,  de  11  200  ;  en  1888,  de  15  382;  en  1891,  de 
14  562. 

Australie.  —  L'Australie  tend  à  devenir  un  centre  de  produc- 
tion important  de  l'argent  depuis  la  découverte  faite,  en  1883,  du 
district  de  Silverton  (Brokenhill).  Cette  mine  a  donné,  en  1890, 
200  000  tonnes  de  minerai  à  1  274  grammes  d'argent  à  la  tonne» 
Auparavant,  la  production  de  Tile  était  la  suivante  : 

1875 1  Ô34  kilogrammes. 

1876       2  141  — 

1877 976  — 

1878 1883  — 

1879 2  586  — 

1880 2  843  — 

Production  totale  de  1870  à  1880 20  776  kilogrammes. 

Canada.  —  Au  Canada^  on  peut  citer  les  mines  de  Suffield, 
près  de  Sherbrooke,  découvertes  en  1860;  celles  de  Victoria,  trou- 
vées en  1875,  etc.  La  production  était,  en  1880,  de  18  000  kilo- 
grammes; en  1888,  elle  a  été  de  13  384. 

Scandinavie.  —  En  Suède  et  Norvège,  l'argent  vient  surtout  des 
mines  de  Kongsberg  et  de  Sala,  ces  dernières  décrites  au  plomb'. 

Kongsberg,  découvert  en  1623,  avait  produit,  en  1840,  917  557  ki- 
logrammes d'argent,  dont  les  quatre  cinquièmes  en  argent  natif. 
La  production  a  été,  en  1885,  de  7  320  kilogrammes;  en  1888,  de 
5  963.  La  production  de  la  Suède  a  été,  en  1891,  de  5  748  kilo- 
grammes. 

République  Argentine.  —  La  République  Argentine  contient  de 
nombreux  gîtes  d'argent  encore  peu  exploités  :  Argenlina  et  Rara- 
Fortuna  dans  le  district  de  Gordoba;  Mercedes  et  Desgraciada 
dans  celui  de  Gastamarca  ;  Animas  et  Santo-Domingo  dans  celui 
de  San-Juan;  Gerro-Negro,  Mejicana,  etc.,  dans  le  district  de 
Rioja,  l'un  des  plus  importants;  Gaclienta  dans  celui  de  Men- 
doza,  etc. 

rage  611. 


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753  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


MINERAIS  D'ARGENT 


Les  minerais  d'argent  apparliennent  à  deux  catégories  bien 
distinctes  :  les  minéraux  d'argent  proprement  dits  et  les  minerais 
divers,  où  Targent  n'est  souvent  qu'un  élément  minéralogique 
secondaire,  tout  en  devenant  le  but  essentiel  de  l'exploitation. 

Parmi  les  minéraux  d'argent  proprement  dits,  nous  citerons  : 

\S argent  natifs  qui  forme  les  quatre  cinquièmes  de  la  production 
de  la  mine  de  Kongsberg  en  Norvège,  qu'on  rencontre  associé  au 
cuivre  dans  les  gisements  du  lac  Supérieur  ^  et  qui  se  présente  fré- 
quemment, comme  corps  accessoire,  dans  les  parties  hautes  des 
filons  argentifères  ; 

Puis  les  minerais  sulfurés  : 

UArgyrosey  ou  argent  sulfuré  :  Ag'S,  tenant  87  p.  100  d'argent, 
exploité  au  Mexique,  au  Chili,  au  Pérou,  au  Comstock  et,  acci- 
dentellement, YAcanthite  de  Freiberg,  Ag*S;  la  Stromeyérite  et  la 
Jalpaite  (Ag'S,  Cu*S),  etc.. 

Les  argents  noirs  (sulfo-antimoniures)  : 

lidiPolybasite  (Ag*  SbS"),  tenant  de  74  à  72  p.  100  d'argent  avec 
3  à  10  de  cuivre,  un  peu  de  fer  et  de  zinc,  rencontrée  à  Freiberg,  à 
Przibram,  à  Schemnitz,  au  Mexique,  au  Nevada  ; 

Et  la  Psaturose  ou  Stéphanite  (Aç*  Sb  S*),  tenant  68,4  p.  100,  qui 
forme  un  véritable  minerai  au  Comstock  et  se  rencontre  aussi  à 
Zacatecas,  Przibram,  etc.; 

Les  a7*gents  rouges  : 

Argent  rouge  antimonial,  oji  Argyrythrose  (Ag*  Sb  S'),  tenant 
60  p.  100  d'argent,  fréquent  à  Andreasberg,  Przibram,  Schemnitz, 
Ghanarcillo,  au  Mexique,  etc.; 

L'argent  rouge  arsenical  ou  Proe/5/i>(Ag' As  S'),  tenant  65  p.  100 
d'argent,  plus  exceptionnel,  formant  pourtant  des  filons  à  Ghanar- 
cillo (Chili)  ; 

Les  minerais  chlorurés^  bromures^  etc.,   constituant  la  partie 

'  Voir  page  309. 


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FILONS   D  ARGENT   A   GANGUE   DE   GALGITE  753 

supérieure  d'un  grand  nombre  de  filons,  surtout  au  Mexique,  au 
Chili,  au  Pérou: 

La  Cérargyrite  ou  argent  corné  (Ag  Cl)  ; 

La  Bromite  (AgBr),  etc.. 

Les  minerais  complexes^  d'où  Ton  extrait,  en  outre,  de  l'argent, 
sont  principalement  :  la  galène,  presque  toujours  argentifère,  tenant 
de  0  à  0,  72  p.  100  d'argent  et  les  cuivres  gris,  ou  tétraédrites,  arri- 
vant à  tenir  29  p.  100  d'argent.  Les  pyrites  de  cuivre  renferment 
également  parfois  une  certaine  proportion  d'argent  ;  la  blende,  plus 
rarement;  enfin  un  grand  nombre  de  minerais  aurifères  con- 
tiennent un  peu  d'argent  associé  à  l'or  :  en  particulier,  les  tellu- 
rures  d'or,  qui  en  renferment  jusqu'à  14  p.  100. 

Nous  décrirons,  en  premier  lieu,  les  gîtes  d'argent  à  minéraux 
d'argent  proprement  dits,  tous  filoniens,  en  distinguant  deux 
grandes  catégories  :  ceux  à  gangue  de  calcite  et  ceux  à  gangue 
de  quartz  ;  puis,  nous  rappellerons  sommairement  ce  qui  con- 
cerne les  gisements  de  galène  argentifère,  tous  décrits  au  cha- 
pitre du  Plomb* ^  ainsi  que  ceux  de  blende  et  de  pyrite  de  cuivre 
argentifères ,  et  nous  étudierons  enfin  les  cuivres  gris  argenti- 
fères réservés  pour  ce  chapitre. 


1"  FILONS  D'ARGENT  À  GANGUE  DE  CALCITE 

Généralités.  —  L'argent  parait  avoir,  dans  un  grand  nombre  de 
gisements,  une  véritable  affinité  pour  la  chaux,  bien  qu'il  existe 
également,  comme  nous  le  dirons,  de  très  nombreux  filons  d'ar- 
gent à  gangue  quartzeuse,  notamment  la  plupart  de  ceux  de  l'Amé- 
rique du  Nord. 

Nous  nous  contenterons  de  rappeler,  tout  d'abord,  que,  dans  les 
champs  de  filons  de  Saxe  comme  dans  ceux  de  Bohême,  on  cons* 
tate  souvent  l'existence  d'une  venue  calcaire  ou  dolomitique  pos- 
térieure à  la  venue  quartzeuse  et  que  les  minéraux  d'argent  pro- 
prement dits  sont,  en  bien  des  points,  en  relation  avec  elle^ 

*  Voir  plus  haut,  page  488. 

*  Voir  page  596.—  Il  faudrait  se  garder  de  donner  à  celte  remarque  trop  de  génc- 

GÉOLOGIE.  —  T.  II.  48 


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754  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

C'est  ainsi  qnkFreiberff  *  il  existe  de  véritables  minéraux  d'argent, 
avec  une  dolomie  récente;  on  en  a,  par  exemple,  rencontré,  dans 
la  mine  Himmelfahrt,  un  amas  de  50  mètres  de  long,  composé  prin- 
cipalement d'argent  rouge  antimonial  et  arsenical,  d'argent  sulfuré 
et  d'argent  natif  avec  dolomie.  Cet  amas,  dont  la  valeur  a  dépassé 
5  millions,  s'est  terminé,  en  haut  et  en  bas,  par  des  masses  de  galène 
pauvre  ;  l'enrichissement  en  argent,  en  même  temps  que  l'abondance 
de  la  dolomie,  semblent  liés,  jusqu'à  un  certain  point,  au  voisinage 
des  Grûnstein  (Obergrûna,  Siebenlehn,  Roswein,  Brand,  etc.). 

La  dolomie  apparaît  également  dans  les  dernières  phases  du 
remplissage  de  l'edlequartz  formation  (qui  contient  parfois  de  l'ar- 
gent rouge  en  druses)  et  dans  l'edlebraunspath  formation.  Freiberg  a 
fourni,  en  1878,  36  708  kilogrammes  d'argent;  en  1891,  34  499  kilo- 
grammes. 

A  Annabej'g^  la  venue  argentifère  se  retrouve  (argent  rouge, 
argent  sulfuré,  argent  natif),  avec  de  la  dolomie. 

A  Joachimsthal  enfin ,  c'est  la  venue  argentifère  (Vg)  qui 
domine,  venue  argentifère  récente  succédant  aux  remplissages 
cobaltifères  ou  nickélifères  du  type  Schneeberg.  Non  seulement, 
cette  venue  est  à  gangue  dolomitique  ;  mais  il  s'est  produit  un 
enrichissement  à  la  rencontre  d'un  banc  de  cipolin  intercalé  dans 
les  micaschistes. 

Mentionnons,  de  même,  qu'à  Vialas  (Lozère)  le  remplissage  des 
filons  H5,  qui  étaient  particulièrement  argentifères,  contenait  de 
la  calcite  avec  de  la  bary tine  rose. 

Les  gisements  de  galène,  subordonnés  aux  terrains  calcaires  et 
présentant  des  phénomènes  de  substitution  ou  d'imprégnation,  sont 
souvent  très  riches  en  argent  : 

Ainsi,  à  Sala  (Suède)*,  dans  des  cipolins,  le  plomb  tient,  en 
moyenne,  près  de  700  grammes  d'argent  aux  100  kilogrammes.  On 
a  pu,  d'ailleurs,  constater  là,  par  les  dissolvants,  qu'outre  l'argent 
incorpore  dans  la  galène,  il  y  en  avait  une  certaine  quantité  à 
l'état  libre. 

ralité  ;  les  filons  de  galène  argentifère  de  Przibram,  du  Harz  et  de  bien  d'autres  régions 
sont  principalement  quarlzcux. 

*  Voir  page  587. 

•  Page  611. 


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MINES   d'argent   DE   KONGSBERG    (nORYÉGe)  755 

En  Amérique,  on  sait  que  les  carbonates  de  plomb  ^Eurêka 
(Nevada),  dans  les  calcaires  siluriens,  sont  généralement  très  riches 
en  argent  et  souvent  en  or  (en  moyenne,  pour  une  année, 
856 grammes  d'argent  et 49,44 grammes  d'or  par  tonne  déminerai). 
Les  carbonates  rouges  tiennent  à  peu  près  autant  d'or  que  d'ar- 
gent :  130  à  260  francs  de  chacun  par  tonne;  les  carbonates 
jaunes,  jusqu'à  300  francs  des  deux;  le  sulfuretore  (cérusite 
impure),  jusqu'à  625  francs  d'argent,  mais  peu  d'or. 

A  Leadville  (Colorado),  dans  le  calcaire  carbonifère  inférieur, 
la  teneur  en  métaux  précieux  est  considérable  :  278231  tonnes  de 
plomb,  fondues  de  1877  à  1884,  ont  donné  1  589283  kilogrammes 
d'argent  et  3  204  kilogrammes  d'or  :  soit  5^',  700  d'argent  et 
11  grammes  d'or  à  la  tonne  de  plomb  ;  à  la  mine  Fryer-Hill,  la 
teneur  est  de  1*^,960  à  la  tonne  de  minerai,  à  Carbonate  Hill 
(Evening  Star),  de  1^,170,  etc. 

Dans  le  même  ordre  d'idées ,  nous  allons  décrire ,  en  Europe, 
comme  filons  à  gangue  de  calcite,  les  grandes  mines  d'argent 
natif  de  Kongsberg  (Norvège)  ;  d'argent  natif,  argyrose,  stépha- 
nite  et  galène  argentifère  du  Sarrabus  (Sardaigne)  ;  les  gisements 
inexploités  de  Guadalcanal  (Espagne),  des  Chalanches  (Isère);  en 
Amérique,  on  pourrait,  jusqu'à  un  certain  point,  en  rapprocher  cer- 
tains filons  d'ai^ent  post-jurassiques  du  Chili,  du  Mexique,  etc., 
où  l'argent,  à  l'état  libre,  est  associé  avec  de  la  calcite;  mais  ces 
derniers  gisements  se  distinguent  par  l'abondance  plus  ou  moins 
grande  du  cuivre  gris  argentifère,  ce  qui  nous  les  fera  rattacher 
à  un  autre  groupe  *. 


MINES  D'ARGENT  DE  KONGSBERG  (Norvège)  ' 

La  petite  ville  de  Kongsberg,  siège  de  la  direction  des  mines 
d'argent  natif  de  Norvège,  est  située  au  S.-O.  de  Christiania,  sur  la 
rive  droite  du  Langenelv.  Le  district  minier  occupe  une  super- 
ficie d'environ  430  kilomètres  carrés.  Découvert  en  1623  etexploité, 


*  Voir  plus  loin. 

•  Noies  de  voyage  de  l'auteur  en  1890.  —  Nous  avons  eu  fréquemment  recours  h  uu 
mémoire  de  M.  Rolland.  {Ann,  d.  M,  1877.)  —  Coll.  Ecole  des  Mines,  1564  e!  1743. 


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7bt(  GÉOLOGIB    APPLIQUÉE 

depuis  ce  moment,  presque  sans  interruption,  ce  gisement  d'ai^ent 
est,  aujourdhui  encore,  d'une  réelle  importance.  II  se  présente 
sous  la  forme  de  filons  minces  de  calcite  et  argent  natif  encaissés 
dans  les  gneiss  et  schistes  cristallins  et  enrichis  à  la  rencontre  de 
Fahlbandes  (zones  d'imprégnation  pyriteuse). 

Géologie  générale.  —  Le  district  de  Kongsberg  (représenté 
figure  350)  comprend  :  à  TEst,  des  gneiss  (Grundfjeldet)  ;  à  TOuest, 
du  granité;  au  centre,  une  bande  N.-S.  de  gabbro  éruptif;  au 
Sud,  un  peu  de  silurien. 

hçi  gneiss^  ou  roche  fondamentale  (Grundfjeldet),  présente,  en  Nor- 
vège, d'après  les  travaux  de  Kjérulf,  deux  étages  principaux*  :  au 
sommet,  les  schistes  cristallins  (correspondant  à  notre  étage  fran- 
çais de  micaschistes  (2^^),  mais  moins  développés  que  lui,  à  ce  qu'il 
nous  a  semblé,  dans  les  coupes  que  nous  avons  pu  observer)  et,  à 
la  base,  le  gneiss  gris.  Le  granité  ancien,  souvent  feuilleté  lui- 
même,  ne  traverse  que  ce  gneiss  :  il  est  «  antétaconique  ». 

Le  gneiss  de  Kongsberg,  très  analogue  à  certains  gneiss  com- 
pacts de  notre  plateau  central,  apparaît  rayé  de  blanc  et  de  noir 
par  les  plans  alternants  de  quartz,  feldspath  et  mica'.  Les  schistes 
associés  sont,  soit  quarlzeux,  soit  micacés,  soit  amphiboliques,  ils 
contiennent  souvent  beaucoup  de  grenats.  La  direction  générale 
est  N.-S.,  avec  inclinaison  très  forte  vers  TEst. 

Le  granité  ancien,  parfois  feuilleté,  traverse  le  gneiss  sur  quatre 
points  principaux  et  forme  quatre  îlots,  dont  l'un  sépare  le  ïele- 
mark  de  Kongsberg. 

Dans  ce  granité  ancien,  l'orthose  rouge  prédomine,  La  structure 
feuilletée  tient  à  l'orientation  du  mica.  Il  renferme  parfois  des  débris 
de  schistes  environnants.  A  la  surface,  il  est  arrondi,  poli  et  peu 
accidenté.  On  en  trouve  de  gros  blocs  sur  le  flanc  des  collines. 

Le  gabbro  a  une  structure  granitique.  Il  contient  essentielle- 
ment, d'après  MM.  Fouqué  et  Michel  Lévy,  du  labrador,  du  dial- 
lage  brun  clair  (parfois  transformé  en  serpentine),  de  l'amphibole, 
(actinole  vert  bleuâtre  et  hornblende  verte)  et  du  biotite  :  ces  trois 

»  Voir  plus  haut  :  t.  I,  p.  705,  et  carte  de  Norvège,  p.  704. 
•  Cf.  Rolland.  Loc,  cit.y  p.  409. 


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Fig.  350. 


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Google 


758  GÉOLOGIB    APPLIQUÉE 

derniers  minéraux  renfermant  des  dessins  hébraïques  de  fer  titane. 
Les  éléments  accessoires  sont  le  fer  titane,  le  sphène  et  Tapatite. 
La  couleur  générale  du  gabbro  est  verdâtre.  Il  peut  être  à  très 
gros  grains.  A  Kongsberg,  il  est  injecté  au  contact  du  granité 
ancien  et  de  la  roche  fondamentale.  Il  apparaît  en  beaucoup  de 
points  de  la  Norvège  méridionale,  à  Karmo,  Oddegaarden  *,  San- 
nikedal,  Sœndelœr,  etc. 

En  outre,  les  roches  de  Kongsberg  sont  traversées,  çà  et  là,  par 
des  dykes  de  syénite  et  de  porphyre.  Le  syénite  est  à  grain  fin  ;  sa 
couleur  générale  est  grise.  Elle  renferme  du  feldspath  triclinique, 
du  quartz  granulitique,  du  mica  noir,  de  Tamphibole  verte  et  du 
grenat. 

Le  porphyre  noir  (appelé  aussi  grûnstein)  est  analogue  aux  por- 
phyres noirs  de  la  série  intermédiaire,  qui  ont  fait  éruption,  pen- 
dant la  période  anthracifère,  dans  le  plateau  central  de  la  France, 
notamment  à  celui  de  Montmartin  (Puy-de-Dôme).  On  peut  cons- 
tater, assez  nettement,  à  la  mine  de  Kongsberg,  qu'il  est  recoupé  par 
les  filons  argentifères*. 

Rôle  des  fahlbandes  à  Kongsberg.  —  On  appelle,  en  général, 
fahlbande  ou  zones  heureuses,  des  zones  d'imprégnation  dans 
une  roche  quelconque. 

D*une  façon  plus  spéciale,  on  désigne  ainsi  certaines  roches 
contenant  des  sulfures  métalliques  à  l'état  d'imprégnation  fine  et 
souvent  imperceptible  à  Toeil,  se  traduisant  toujours  à  Tair  par  une 
couleur  de  rouille  plus  ou  moins  intense.  En  plusieurs  régions  de 
la  Norvège,  ces  fahlbandes  contiennent  de  véritables  gites  de 
métaux  sulfurés,  tels  que  les  mines  de  cuivre  de  Rôraas,  Foldal, 
Yigsnaes,  les  mines  de  cobalt  de  Modum,  les  mines  de  cobalt  de 
Skutterud,  les  pyrites  de  Kiesgrube  près  Kongsberg'. 

A  Kongsberg  même,  l'imprégnation  porte  exclusivement  sur  les 
schistes   et  le  gabbro,  jamais  sur  les  gneiss.  Elle  est  maxima 

<  Voir  t.  J,  p.  330,  son  rôle  au  voisinage  des  gisements  d'apatite. 
«  Voir  à  l'École  des  mines,  Téchanlillon,  n*  1743-3. 

Cf.  Rolland,  p.  461. 
»  Voir  plus  haut,  p.  86,  287,  etc.,  1843.  —  Cf.  Daubrée.  {Ann,  d.  J/.,  4%  t.  IV.) 

1849.  Durocher.  {Ann.  d.  M.,  4*,  t.  XV.) 

1854.  Duchanoy.  Gisem.  et  trait,  des  minerais  de  cuivre  en  Norvège.  {Ann,  d,  M,f 
5%  t.  V,  p.  181.) 


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MINES   d'argent  DE   KONGSBERG    (nORVÈGe)  759 

dans  les  schistes  micacés,  moyenne  dans  les  schistes  amphibo- 
liques,  minima  dans  les  schistes  quartzeux.  Les  sulfures,  qui  la 
composent,  sont  la  pyrite  de  fer,  la  pyrile  magnétique,  la  pyrite  de 
cuivre,  la  gahnite,  plus  rarement  la  blende,  le  cuivre  panaché  et 
le  mispickel. 

On  distingue,  à  Kongsberg,  sur  une  longueur  de  25  kilomètres 
et  une  largeur  de  12,  huit  de  ces  fahlbandes,  dont  les  principales 
sont  XUnterberg  (62  mètres  de  puissance)  et  YOverberg  (plus  de 
300  mètres  de  puissance).  Elles  ont  exercé,  sur  le  remplissage  des 
filons  métallifères  qui  les  croisent,  une  action  enrichissante  en 
argent,  bien  marquée  et  très  caractéristique. 

Leur  origine  est,  d'après  Kjérulf,  la  suivante  : 

Lors  des  soulèvements  de  granité  ancien  et  de  gabbro,  la  roche 
fondamentale  de  Kongsberg  a  été  plissée  et  comprimée;  les 
schistes,  moins  résistants,  ont  été  étirés  et  ont  donné  lieu  à  des 
zones  de  froissement^  comparables  au  ruschels  du  Harz*,  et  encais- 
sées dans  le  gneiss  gris.  Quand  sont  venues  les  émanations  sulfu- 
reuses, elles  ont  trouvé,  dans  ces  zones  de  froissement,  un  chenal, 
et  les  ont  pyritisées,  la  roche  y  étant  spongieuse  et  la  substance 
plus  propre  au  dépôt,  tandis  que  le  gneiss  gris  s'opposait  à 
l'imprégnation  par  sa  nature  physique  et  chimique. 

MM.  Kjérulf  et  Dahll  ont  cru  pouvoir  admettre  que  les  chenaux 
d'émanation  des  sulfures  métalliques  étaient  dus  à  Téruption  du 
gabbro;  car  il  semble  y  avoir  quelque  relation  de  position  entre 
les  fahlbandes  et  le  gabbro.  De  plus,  le  gabbro  est  souvent  accom- 
pagné de  sulfures  métalliques*,  et  ceux-ci  sont  identiques  aux  prin- 
cipaux sulfures  d'imprégnation  des  fahlbandes,  pyrite  de  fer, 
pyrite  cuivreuse,  pyrite  magnétique.  Le  gabbro  a  joué,  en  effet,  un 
rôle  peu  contestable  dans  la  formation  d'un  grand  nombre  de 
gisements  métallifères  norvégiens;  néanmoins,  à  Kongsberg,  les 
ingénieurs  de  la  mine  sont  aujourd'hui  peu  disposés  à  croire  à 
son  influence. 

A  l'appui  de  la  théorie  de  Kjérulf,  M.  Rolland  a  cité  les  faits 
suivants  : 

1®  A  BamblCy  sur  la  côte  Sud-Est,  dans  la  mine  de  Mienkjoer 


*  Voir  page  578. 

*  Voir,  sur  les  gabbros  de  Norvèçe,  p.  295. 


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760 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


(fig.  351),  on  trouve,  au  contact  des  schistes  fondamentaux  et  du 
gabbro,  une  écorce  de  pyrite  magnétique  nickélifère  avec  cristaux 
de  pyrite  cuivreuse  et  de  pyrite  cobaltifère  co,ntournant  les  limites 
irrégulières  de  la  roche  primitive  et  atteignant,  par  points,  1"*,80 
de  puissance.  Le  gabbro  est  imprégné  des  mêmes  sulfures  dans 
toute  sa  masse. 

2^  Près  de  Kongsberg,  la  mine  de  pyrite  de  Steemtrup  présente 
des  phénomènes  analogues. 

3®  Le  gîte  de  Visgnaes  dans  Fîle  de  Karmo,  décrit  plus  haut  au 
chapitre  du  Cuivre  \  présente  une  masse  volumineuse  de  pyrite 


Fig.  351.  —  Plan  du  glle  de  Mieiikjœr  (Norvège). 

de  fer  massive,  avec  filets  de  pyrite  cuivreuse  et  stries  de  blende, 
encaissée  entre  des  schistes  métamorphiques,  qui  sont  imprégnés  : 
du  côté  Sud,  sur  18  mètres  de  puissance,  jusqu'à  une  grande 
masse  de  gabbro  également  pyritisée  ;  du  côté  Nord,  au  contraire, 
sur  une  épaisseur  très  faible. 

Historique  et  Production.  — C'est  en  1623,  comme  nous  Tavons 
dit,  que  l'argent  fut  découvert  à  Kongsberg.  Vers  le  milieu  du  siècle 
dernier,  époque  de  la  plus  grande  activité  de  cette  mine,  le  nombre 
des  ouvriers  employés  était  de  4  000.  Mais,  à  partir  de  1770,  il  y 
eut  constamment  déficit,  de  sorte  qu'en  1805,  l'Etat,  possesseur 
des  mines,  se  décida  à  arrêter  les  travaux.  La  production  d'argent, 
de  1623  à  1803,  avait  été  de  542  830  kilogrammes  d'argent  fin. 
En  1815,  l'exploitation  fut  reprise  et,  en  1843,  la  production 
atteignit  11  000  kilogrammes;  depuis,  elle  a  constamment  baissé 
jusqu'en  1876,  où  elle  était  de  4  000  kilogrammes;  puis  elle  a 
remonté  jusqu'en  1884  ;  aujourd'hui  l'on  produit  environ  6  000  kilo- 
grammes. 

•  Page  292. 


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MINES   d'argent   DE   KONGSBERG   (nORVÈGE)  761 

Allure  générale  des  filons  métallifères.  —  Les  filons  argentifères 
de  Kongsberg  résultent  d'un  système  de  fractures  ayant  agi  sur 
un  vaste  espace;  les  fentes  innombrables  (plus  de  500),  qui  sont 
distribuées  sur  Tétendue  du  district  minier,  ont,  toutes  ou  presque 
toutes,  une  direction  sensiblement  E.-O.  et  un  pion gement  presque 
vertical. 

Leur  puissance,  extrêmement  faible  en  général,  est  de  O^'yOOS  à 
û"',20.  Les  filons  ne  sont  pas  argentifères  dans  toute  Tétendue  de 
leur  plan,  mais  seulement  suivant  des  colonnes  à  peu  près  verti- 
cales, dont  la  largeur  varie  de  1  à  40  mètres.  De  plus,  les  colonnes 
d'enrichissement  des  divers  filons  parallèles  peuvent  se  grou- 
per de  manière  à  former  des  zones  riches,  sensiblement  parallèles 
entre  elles,  de  direction  N.-S.,  comme  la  stratification  et  de  même 
plongement  presque  vertical.  Ce  sont  ces  zones  riches,  correspon- 
dant à  des  zones  pyriteuses  des  schistes  encaissants,  que  les 
anciens  appelaient  fahlbandes,  nom  qui  a  été  depuis  réservé  pour 
les  schistes  imprégnés  de  pyrites  eux-mêmes.  On  peut  distinguer, 
à  Kongsberg,  trois  districts  :  TOverberg  florissant,  Vinoren  et 
Underberg  abandonnés. 

A.  Description  du  district  de  TOverberg.  —  C'est  sur  l'Overberg 
qu'on  trouva,  en  1623,  les  premières  traces  d'argent.  La  première 
mine  exploitée  (actuellement  à  650  mètres  de  profondeur}^  dite 
mine  du  Roi  (Kongensgrube)  *,  est,  avec  la  mine  Hiilfe  gottes,  la 
seule  qui  soit  aujourd'hui  prospère.  Elle  a  produit  des  quan- 
tités d'argent  considérables. 

Toutes  les  mines,  au  nombre  d'une  trentaine,  autrefois  exploi- 
tées, étaient  alignées  sur  la  grande  fahlbande  de  l'Overberg. 

Les  filons  argentifères  de  l'Overberg,  reconnus  en  1875,  étaient 
au  nombre  de  271.  Leur  direction  moyenne  est  de  120''  E. 
Leur  puissance  générale  est  très  faible,  en  moyenne  de  0™,015;  le 
plus  grand  a  0"',3  à  0"',6.  Chaque  filon  se  ramifie  en  plusieurs 
branches.  Les  filons  eux-mêmes  se  réunissent  souvent  entre  eux. 
L'aspect  général  est,  tout  à  fait,  celui  des  veines  calcaires  de  for- 
mation   récente  qu'on    trouve   dans   tous    les   affleurements  de 

«  Voir  figure  350. 


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762 


GÉOLOGIB    APPLIQUÉE 


schistes  fissurés.  II  est  frappant  de  voir  ce  réseau  de  veines,  souvent 
minces  comme  une  feuille  de  papier,  persister,  sans  variation,  sur 
plus  de  600  mètres  de  haut. 


COITE  CEOLOOQrB 

lûJîg^ttldillale 

PE  LA  M1>'E  0U  ROI 

|»«r3LH0tJIS£5 


OUEST 


LEGSTTDJE 

{        ^  On£iss  fjris 

L- ..  ■  j  ScAùtcs  fjotrtxxim:,  et  çuarùcUts 
u^  Schistes  àmpMmoIiquca 

I  ScJUsies  fiucaeds  et  càloriieu^. 


Fig.  352. 


L'exploitation  porte  sur  deux   systèmes  de   filons,   que  nous 
retrouverons  à  peu  près  identiquement  les  mêmes  dans  les  mines 


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MINES   d'argent   DE   KONGSBERG    (nORVÉGe)  763 

de  Vinoren  :  l'un  de  calcaire  bitumineux  argentifère,  l'autre 
de  calcaire  blanc  lamelleux,  considéré  autrefois  comme  stérile.  Ces 
deux  systèmes  sont  distincts,  et  les  filons  lamelleux  sont,  comme 
Ta  montré  M.  Andresen,  postérieurs  aux  filons  argentifères.  Au 
point  de  vue  de  la  stérilité  du  calcaire  lamelleux  (Schieferspath), 
qu'on  retrouve  à  Vinoren,  on  est  aujourd'hui  beaucoup  plus 
réservé  qu'autrefois,  sans  néanmoins  affirmer  l'inverse.  Il  est 
certain  qu'on  y  a  trouvé,  plusieurs  fois,  de  l'argent  ;  mais,  étant 
donnée  l'infinie  multiplicité  des  veines  de  l'autre  calcaire  argen- 
tifère, on  ne  pouvait  jamais  affirmer  qu'on  fût  assez  loin  de  Tune 
d'entre  elles  pour  qu'elle  n'eût  pas  produit  cet  enrichissement. 

Les  filons  de  caicite  argentifère  ont,  comme  nous  l'avons  vu, 
une  puissance  variable  mais  toujours  faible  (0"*,005  à  0™,30). 
Les  filons  de  calcaire  lamelleux  ont  une  puissance  plus  considé- 
rable et  plus  constante. 

Le  remplissage  des  filons  argentifères  se  compose  essentielle- 
ment de  chaux  carbonatée  spathique.  Celle-ci  est  toujours  plus 
ou  moins  bitumineuse,  de  couleur  allant  du  gris  au  noir.  Les 
autres  matières,  très  rares  en  somme,  sont  :  la  barytine  cristalli- 
sée en  tables,  le  quartz,  le  spathfluor,  et,  en  moindre  [quantité, 
la  blende,  la  galène,  la  pyrite  magnétique,  le  mispickel  et  la  pyrite 
de  cuivre. 

L'argent  se  rencontre  principalement  à  l'état  d'argent  natif  et, 
un  peu,  à  l'état  d'argent  sulfuré.  L'argent  natif  est,  le  plus  sou- 
vent, en  grains  parsemant  le  calcaire  ou  en  fils  minces  hérissant 
la  cassure  de  la  roche.  Le  sulfure  d'argent  est  généralement 
amorphe.  On  a  trouvé  aussi,  exceptionnellement,  de  l'argent  rouge 
en  prismes  hexagonaux  et  du  sulfo-antimoniure  d'argent. 

Le  remplissage  des  filons  stériles  est  beaucoup  plus  simple  ;  le 
calcaire  lamelleux,  blanc  de  lait,  y  existe  presque  seul  ;  le  quartz 
s'y  trouve  en  sous-ordre.  La  pyrite  de  fer  est  assez  abondante. 
Le  remplissage  est  tendre  et  s'émiette  facilement.  M.  Daubrée  a 
remarqué,  dans  les  filons  d'argent  de  Kongsberg,  la  présence,  assez 
curieuse,  d'anthracite  moulé  au  milieu  de  la  chaux  carbonatée  et 
de  l'argent  natif,  sous  des  formes  qui  annoncent  qu'il  a  passé 
par  un  état  de  mollesse.  Ces  fragments  présentent  l'aspect  de 
bois  soumis  à   l'action   de  l'eau   suréchauffée.   Il  a  également 


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764  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

appelé  rattention  sur  la  présence  de  zéolithes  dans  le  remplis- 
sage. 

Le  remplissage  argentifère  pénètre,  le  plus  souvent,  entre  les 
strates  et  les  clivages  des  schistes  encaissants,  jusqu'à  2  et  3  mètres- 
On  trouve  fréquemment  ainsi  de  grandes  feuilles  d'argent  natif  de 
1  à  2  millimètres  d'épaisseur,  interstratifiées  sur  le  côté  du  filon. 
C'est  un  fait  sur  lequel  on  s'est  fondé,  comme  nous  le  dirons, 
pour  supposer  que  la  minéralisation  était  venue  par  les  fahl- 
bandes. 

Dans  le  filon  à  remplissage  de  calcite  et  d'argent,  l'argent  forme, 
soit  de  petites  veines,  soit  de  petits  cristaux  isolés,  ou  encore  une 
sorte  d'enduit  de  cristaux  qui,  sous  le  doigt,  fontreflet  d'une  râpe. 
A  moins  d'une  très  grande  habitude,  ce  n'est  guère  que  par  le  tou- 
cher qu'on  peut  reconnaître  Texistence  du  métal  précieux,  en 
général  très  rare  dans  le  remplissage.  Aussi,  dans  les  chantiers 
qu'on  ouvre  très  grands  pour  ne  laisser  perdre  aucune  des  innom- 
brables ramifications  filoniennes,  des  ouvriers  spéciaux  sont-ils 
constamment  occupés  à  inspecter  les  parois  en  les  lavant  avec 
soin  et  à  marquer,  à  la  craie,  les  points  argentifères. 

A  Kongensgrube,  la  période  de  richesse  maxima  s'est  présentée 
entre  360  et  475  mètres  de  profondeur  dans  THovedgang.  La 
puissance  du  filon  était  alors  de  0™,60  en  moyenne.  Vers  330 
mètres,  on  y  a,  de  même,  retrouvé,  en  1867,  un  amas  d'argent 
qui,  en  un  seul  coup  de  mine,  a  donné  500  kilogrammes  d'argent 
en  deux  blocs  formés  d'argent  sulfuré  recouvert  d'une  écorce 
d'argent  natif  et  contenant  des  druses  avec  pyrite  de  cuivre, 
galène  et  rhomboèdres  de  calcite.  Après  une  période  pauvre,  la 
partie  comprise  entre  540  à  552  mètres  a  été,  de  nouveau,  très 
riche. 

De  même,  à  la  mine  Hûlfe  Gottes,  actuellement  prospère,  on  a 
trouvé,  en  1885,  un  amas  de  42  mètres  de  large  d'où  l'on  a 
retiré  plus  de  300  kilogrammes  d'argent;  des  échantillons  de  cet 
amas  montrent  des  druses  avec  cristaux  de  calcite  en  scalénoèdres 
aigus  perpendiculaires  aux  épontes,  ou  en  grands  rhomboèdres, 
quelques  cristaux  de  fluorine  posés  dessus  et  de  Targent  en 
houppes  ou  en  rameaux,  avec  toutes  les  formes  bien  connues  des 
minéralogistes,  accrochés  de  tous  côtés. 


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MINES   d'argent   DE   KONGSBERG  (NORVÈGE)  765 

L'argent  de  Kongsberg  renferme  environ  ^^^^^  d'or,  qu'on 
a  renoncé  à  extraire  après  des  essais  infructueux  fais  à  Ham- 
boui^. 

B.  District  de  Vinoren.  —  Ce  district  comprenait,  autrefois,  do 
nombreuses  mines,  dont  la  plupart  sont  abandonnées  ;  les  plus 
importantes  sont  celles  de  THovedgrube,  au  nombre  d'une  dizaine. 

L'allure  des  gisements,  les  dimensions  des  filons  et  la  nature  de 
leur  remplissage  étaient  tout  à  fait  analogues  à  ce  que  nous 
venons  de  décrire  à  l'Overberg. 

Dans  l'Hovedgrube,  se  rencontre  un  dyke  de  syénite  recoupant 
le  gabbro.  Les  filons  traversent  le  gabbro  et  la  syénite  ;  le  rem- 
plissage ne  diffère  pas  dans  les  deux  roches,  sauf  qu'il  n'y  a 
jamais  trace  d'argent  dans  la  syénite. 

C.  District  de  TUnderberg.  —  Sur  l'Underberg,  il  y  avait  jadis 
une  trentaine  de  mines,  toutes  abandonnées  aujourd'hui,  mais 
qu'on  songe  à  reprendre. 

Les  filons,  en  grand  nombre  (plus  de  200),  de  l'Underberg, 
plongent  dans  des  sens  variables,  tantôt  Nord,  tantôt  Sud.  Ils  sont 
parfois  quartzeux  et,  de  plus,  légèrement  aurifères,  au  lieu  d'être 
exclusivement  carbonates  et  argentifères  comme  à  l'Overberg. 

Genèse  des  filons  de  Kongsberg.  —  Rappelons  d'abord  deux 
dictons  des  mineurs  de  Kongsberg  :  «  Dans  le  gneiss  gris,  pas 
d'argent  »,et«  sans  fahlbande,  pas  d'argent.  »  Dès  lors,  la  théorie, 
généralement  admise  pour  la  genèse  des  filons  de  Kongsberg,  est 
la  suivante  : 

Ces  filons  doivent  leur  remplissage  à  des  émanations  et  à  des 
sources  venues  d'en  bas.  La  calcite  a  été  le  véhicule  de  l'argent, 
le  quartz  celui  de  l'or. 

Il  faut  distinguer,  dans  l'histoire  géologique  du  Kongsberg,  deux 
sortes  d'émanations. 

En  premier  lieu,  l'éruption  du  gabbro  aurait  ouvert  l'ère  des  éma- 
nations de  pyrite  de  fer  et  autres  sulfures  métalliques,  auxquelles 
sont  dues  les  fahlbandes.  Ces  éruptions  auraient  cessé;  puis,  après 
un  laps  de  temps  impossible  à  évaluer,  aurait  eu  lieu  le  mouve- 


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766  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

ment  auquel  serait  dû  le  système  des  filons  ;  ce  mouvement  au- 
rait inauguré  une  nouvelle  ère  d'émanations  de  calcite  ai^en- 
tifère,  avec  matières  bitumineuses,  barytine,  spathfluor  et  sulfures 
métalliques;  puis,  de  quartz  avec  argent  aurifère,  et,  enfin,  de  cal- 
cite lamelleuse  avec  pyrite  de  fer. 

Tandis  que  la  calcite,  le  quartz  et  autres  gangues  pierreuses  se 
distribuaient  indifTéremment  sur  toute  Tétendue  des  fentes,  dans 
le  gneiss  gris  comme  dans  les  schistes,  l'argent  et,  dans  une  cer- 
taine mesure,  les  autres  sulfures  métalliques  ne  se  sont  déposés 
qu'à  la  rencontre  des  falhbandes,  comme  si  les  parties  métalliques 
des  émanations  avaient  été  attirées  vers  les  roches  métallifères 
par  une  réaction  chimique  ou  une  attraction  électrique  \  Ce  fait 
s'est  confirmé,  de  plus  en  plus,  au  fur  et  à  mesure  des  progrès 
de  l'exploitation.  De  môme,  les  filons  sont  argentifères  dans  le 
gabbro  et  stériles  dans  la  syénite. 

D'après  Durocher,  il  serait  possible  que  l'argent  eût  été  apporté 
par  les  émanations  filoniennes  à  l'état  de  chlorure  ou  de  bromure, 
et  que  ces  corps  eussent  été  décomposés  par  les  pyrites  des  falh- 
bandes et  précipités  à  Tétat  d'argent  ou  sulfure  d'argent. 

Il  convient  cependant  de  remarquer,  qu'en  1863,  dans  un  rapport 
à  la  chambre  des  Représentants,  M.  Kjérulf  a  formellement  nié 
l'influence  enrichissante  des  fahlbandes  et  la  stérilité  constante 
du  gneiss  gris;  les  recherches,  qui  furent  faites  à  la  suite  de  cette 
déclaration,  semblèrent  donner  complètement  tort  aux  opinions 
du  célèbre  géologue  norvégien,  et,  depuis  lors,  l'action  des  fahl- 
bandes a  été,  de  nouveau,  généralement  admise. 

Une  autre  hypothèse,  autrefois  adoptée  par  M.  Daubrée  et  qui 
semble  un  peu  abandonnée,  admet,  au  contraire,  le  fait  en  lui-même 
de-  la  présence  de  l'argent  au  croisement  des  fahlbandes,  mais 
l'explique  autrement  que  nous  ne  venons  de  le  faire,  sans 
admettre  l'influence  de  la  roche  encaissante  sur  la  distribution 
du  remplissage  des  filons. 

Dans  cette  théorie,  l'argent  et  les  substances  métalliques  conte- 
nues dans  les  filons  auraient  été  amenés  par  des  émanations  laié- 


*  On  peut  comparer,  à  ce  fait,  raction  de  cémentation  exercée,  sur  le  cuivre  du  Lac 
Supérieur,  par  la  magnèiile  microscopique  des  roches  (p.  317). 


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MINES   d'argent   DE   KONGSBERG   (nORVÉGe)  767 

raies  suivant  la  fahlbande  même.  La  preuve  en  serait  la  présence 
de  feuilles  d'argent  interstratifiées  dans  la  roche  encaissante. 

On  doit  répondre  à  cela  que  l'argent  et  les  sulfures,  tout  en  étant 
concentrés  aux  fahlbandes,  sont  disséminés  en  très  faible  proportion 
au  sein  du  remplissage  filonien  et  semblent  avoir  la  même  ori- 
gine que  les  gangues  ;  or  ces  gangues  ne  sauraient  provenir  de 
la  fahlbande  où  Ton  n'en  trouve  pas  trace.  D'autre  part,  la  fahlbande 
ne  paraît  pas  argentifère  en  elle-même,  en  dehors  des  filons  ou 
de  leur  voisinage  immédiat  et,  aux  points  où  on  a  pu  analyser  les 
pyrites  qu'elle  contient,  on  a  trouvé  une  teneur  presque  nulle  en 
argent. 

Si  l'on  veut  déterminer  ïâge  des  venues  (Targeiit  de  Konsberg, 
on  se  heurte  à  une  impossibilité  absolue.  Ces  filons  de  calcite  et 
argent  sont,  en  effet,  postérieurs  à  toutes  les  roches  avec  lesquelles 
on  les  voit  en  relations  :  schistes  cristallins,  syénite  et  gabbro  à 
THovedgrube  ;  porphyre  noir  (griinstein)  à  Kongensgrube. 

On  n'a  donc,  tout  au  plus,  qu'une  limite  inférieure  de  cet  âge, 
qu'on  serait  plutôt  porté  à  croire  assez  récent. 

Traitement  des  minerais.  —  Quelques  mots  seulement  sur  le 
traitement  du  minerai  : 

Le  produit  de  l'extraction  subit,  sur  le  carreau  de  la  mine,  une 
préparation  mécanique  qui  donne  :  1**  argent  en  morceaux; 
2^  schlichs  pauvres;  Z""  schlichs  riches. 

!•  L'argent  en  morceaux  n'a  besoin  que  d'un  raffinage,  fait  au 
bas  foyer  au  bois  et  durant  de  10  à  12  heures  pour  une  charge 
de  400  kilogrammes. 

2°  Les  schlichs  pauvres  sont  fondus  avec  addition  de  pyrite  de 
fer,  toujours  cuivreuse,  dans  un  four  à  cuve  de  4  mètres  de  haut. 
La  matte  obtenue  est  grillée  en  stalles  à  trois  reprises,  puis  fon- 
due avec  addition  de  schlichs  riches  et  de  plomb.  On  obtient 
ainsi  un  plomb  argentifère,  repassé  trois  fois,  puis  coupelle  et  une 
matte  plombeuse  qu'on  retraite  pour  cuivre  noir;  ce  cuivre  noir, 
à  son  tour,  cédant  un  résidu  d'argent  à  l'électrolyse. 

Production  de  Kongsberg.  —  L'année  de  production  maxima 
des  mines  de  Kongsberg  fut  celle  de  1833,  où  elles  donnèrent 
10  300  kilogrammes. 


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768  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

De  183^  à  1838,  la  production  moyenne  annuelle  a  été  de  6  440  kg. 

4839  1843  —  —  6  000  — 

1844  1848  —  —  5  300  — 

1849  1833  —  —  4  800  — 

1854  1858  —  —  7  700  — 

1859  1863  —  —  3  760  — 

Depuis  1863,  elle  s'est  tenue  aux  environs  de  37  50  kilogrammes. 

En  1876,  elle  a  été  exactement  de  42  07  kilogrammes. 

Les  -g-  de  la  production  provenaient  alors  des  mines  dites  c  du 
Roi  »  (Kongensgrube)  et  «  des  Pauvres  ». 

En  1888,  on  a  extrait  S  960  kilogrammes. 

L'Etat  possède  une  partie  du  district  minier  et  en  a  vendu 
une  autre  partie.  Les  seules  mines  du  Roi  et  Hûlfe  Gottes  sont 
prospères  :  la  mine  des  Pauvres  fait  ses  frais.  Une  quatrième,  celle 
delà  maison  de  Saxe,  a  été  reprise  il  y  a  une  quinzaine  d'années  ; 
tout  le  reste  est  abandonne. 

Bibliographie, 

1807.  Hausmann.  —  Reise  durch  Skandinavien,  t.  II,  p.  1. 

1839.  BuBBRT.  ~  Uber  den  Kongsberg  Bergbau.  (Karsten's  Arch.,  t.  XII, 
p.  267.) 

1843.  Daubrée.  —  Mém.  sur  divers  gîtes  métallif.  de  la  Suède  et  de  la  Nor- 
vège. {Ann.  d.  M.,  4«,  t.  IV,  p.  224.) 

1846.  ScHEERER.  -—  (Berg.  u,  H.  Z.,  cahier  complémentaire,  p.  73.;  cf.  Leonh. 
Jakrb,,  1853,  p.  720.) 

1849.  DuROCHER.  —  {Ann.  d.  Jf.,  4«  série,  t.  XV,  traduit  dans  B.  u.  H.  Z., 
1855,  p.  48.) 

1852.  Crowe.  — Mining  almanack . 

1858.  GuRLT.  —  (B.  u,  H.  Z.,  1858,  p.  10.) 

1860.  Kjérolf  et  Uahll.  —  Cm  Kongsbergs  Ertsdistrikt.  (Traduit  en  alle- 
mand par  C/iristopiersen  Christiania,) 

1862-1863.  Delesse  et  Laugel.  —  Revue  de  géologie  pour  1862  et  1863, 
t.  III,  p.  156. 

1862.  CoTTA,  p.  512. 

1865.  Kjérulf.  —  Betœnkning  af  den  ved  Rongelig  résolution  af  10  de  juli 
1865  naadi^'st  nedsalte  commission  angaaende  Kongsberg  Sôlv  vœerk. 

1865.  Herter.  —  (Zeilschr,  d.  d.  geoL  Gesell.^  t.  XVII,  p.  163.) 

1865.  Homlsen.  —  Carte  géologique. 

1866.  ScHEERER.  —  (B.  u.  H.  Z.,  1866,  p.  25.) 

1866.  Kjérulf  et  Dahll.  —  Geologisk  kart  over  det  Sonden  fjeldske  Norge. 
1868.  Andresen.  —  Cm  gangformationen  ved  Kongsberg.  Christiania. 

1868.  Ujortdahl.  —  Om  untergebet  ved  Kongsberg.  Christiania. 

1869.  V.  Rath.  —  Neues  Jahrb.  f.  Minerai,  p.  434. 


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MINES  d'aBGENT  DU  SABRÂBUS    (sARDÂIGNE)  769 

1871.  Herter.  —  Zeilschr.  d.  d.  geol.  Gesellsch.,  t.  XXIÏÏ,  p.  383. 
1871 .  Kjérulf.  -*-  Roche  fondamentale  (grundijeldet)  de  la  Norvège  méri- 
dionale. 

1873.  Kjérulf.  —  Terrain  sparagmilique  (sparagmitQeldet)  de  la  Norvège 
méridionale. 

*  1877.  Rolland.  —  {Ann.  d.  M.,  7«  série,  t.  XI,  p-  301.) 
1879.  Groddbck,  p.  140  et  294. 

*  1887.  Daubrée.  —{Eaux  souterraines,  1. 1,  p.  21,  59,  298,  346,  388. 
1888.  Davibs,  p.  91. 

*  1889.2DAUBRÉE.  —  Géol.  expér.,  p.  178-245. 
1890.  L.  DE  Launay.  —  Notes  de  voyage  inédites. 


MINES  D'ARGENT  DU  SARRABUS  (sardaigne)* 

Les  importantes  mines  d'argent  du  Sarrabus,  concédées  à  la 
Société  de  Lanusei,  se  trouvent  au  Sud-Est  de  la  Sardaigne,  au 
Sud  de  rOgliastro  et  à  l'Est  de  Gampidano  *.  Les  premiers  travaux 
y  datent  de  1622  ;mais  l'exploitation  réelle  et  sérieuse  ne  remonte 
qu'à  1870.  Elle  a  produit,  depuis  ce  moment,  plus  de  20  millions 
de  francs  d'argent. 

Géologie  générale  de  la  région.  —  La  région  est  constituée,  dans 
son  ensemble,  par  une  zone  de  schistes  siluriens  inférieurs  %  dirigés 
Est-Ouest,  que  limite,  au  Sud,  un  massif  de  granité,  avec  granulite, 
ayant  exercé,  sur  eux,  une  action  métamorphique  et  que  recoupent 
des  microgranulites,  prophyres  pétrosiliceux  et  porphyrites. 

On  trouve,  au  milieu  de  ces  schistes,  une  zone  de  quartzites  très 
durs,  qui  ont  exercé,  sur  l'allure  des  filons  métallifères,  tant  sur  la 
disposition  des  cassures  que  sur  la  circulation  des  eaux  incrus- 
tantes, une  action  de  direction  remarquable  et  se  trouvent,  presque 
toujours,  à  leur  contact  Nord.  Quelques  lambeaux  de  calcaires  se 
rencontrent  également,  mais  n'ont  pas  d'importance  pour  notre 
sujet. 

D'après  un  mémoire  de  M.  Traverso,  ingénieur  de  la  mine,  on 

«  Notes  de  voyage  de  Tauteur  en  1891.  Voir  Coll.  École  des  mineSy  n»»  1582, 1642, 
1658,  et  carte  de  Sardaigne,  fig.  241,  p.  388. 

*  On  s*y  rend  de  Cagliari  par  MuraTera  (en  bateau  ou  en  voiture)  et  Monte  Nai*ba. 

'  H  est  possible  que  quelques-uns  de  ces  schistes  soient  plus  anciens  ;  on  y  trouve 
des  schistes  amphiboliques,  talqueuz  et  chloriteux. 

GÉOLOGIE.    —  T.  II.  4^ 


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770  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

doit  interpréter  l'histoire  géologique  du  pays  de  la  façon  sui- 
vante : 

Un  premier  mouvement,  post-silurien,  peut-être  contemporain 
delà  venue  des  granités  (chaîne  calédonienne;,  aurait,  comme  dans 
le  Plateau  Central  et  en  Bretagne,  imprimé  aux  plissements  du  sol 
leur  sens  général.  Puis,  à  une  époque  indéterminée,  les  granulites 
seraient  apparues,  surtout  dans  la  portion  centrale  entre  Masaloni 
et  Monte  Narbaet,  ensuite,  les  microgranulites,  qu'on  voit,  dans  la 
même  région,  recouper  les  quartzites.  Un  peu  plus  lard,  les  por- 
phyres pétrosiliceux  et  porphyres  à  quartz  globulaire  auraient 
formé  les  masses  puissantes  qui,  dans  leur  ensemble,  épousent  la 
direction  des  schistes.  Alors,  à  une  époque  que,  par  assimilation 
avec  la  France,  on  classerait  dans  le  houiller,  mais  que  les  géo- 
logues italiens  préfèrent  rattacher  au  trias,  se  seraient  formés  de 
très  nombreux  filons  minces  de  porphyrite,  de  direction  générale 
Nord-Sud,  et  enfin  se  seraient  ouverts  les  filons  métallifères 
appartenant  à  deux  systèmes,  l'un  plus  ancien  et  riche  Est-Ouest, 
l'autre  plus  récent  et  presque  toujours  pauvre  Nord-Sud. 

C'est  sur  ces  deux  systèmes  de  filons  seulement  que  nous  insis- 
terons :  ' 

Filons  métallifères.  —  Les  filons  réellement  exploités  sont  des 
fiions  Est-Ouest,  parallèles  aux  strates  des  schistes  et  en  particulier 
aux  quartzites  qu'ils  suivent  au  Sud,  irréguliers  de  remplissage, 
mais  prolongés,  en  somme,  malgré  beaucoup  de  discontinuités, 
sur  40  kilomètres  de  long,  de  Baccu  Arrodas  à  Monte  Arrubiu. 
Dans  la  partie  Est,  qui  est  industriellement  la  plus  importante, 
on  compte  trois  filons  parallèles;  mais  il  est  rare  qu'il  y  en  ait 
plus  d'un  (tantôt  celui  du  milieu,  tantôt  celui  du  Sud)  qui  soit 
minéralisé. 

Ces  filons  présentent  des  réouvertures  très  nettes  et  sont  par- 
fois bréchoïdes.  On  y  distingue  deux  venues  métallifères  distinctes  : 
la  plus  ancienne  plombeuse  (rapportée  au  trias  î)  ;  la  seconde  ar- 
gentifère (certainement  antérieure  au  lias,  que  des  filons  du  même 
système  ne  traversent  pas).  A  l'Ouest  de  Giovanni  Bonu,  les  filons 
pénètrent  un  peu  dans  la  microgranuUte.  Ils  s'y  amincissent  rapi- 
dement, sans  doute  à  cause  de  la  dureté  de  la  roche,  et  se  trans- 


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I      II 

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1  ^ 


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772  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

forment  en  de  simples  veines  barytiques  et  argileuses.  L*épaissear 
des  filons  est  d'ailleurs  extrêmement  variable,  depuis  un  centimètre 
jusqu'à  2  mètres.  A  Masaloni,  où  le  filon  traverse  des  granulites, 
on  voit  la  roche  imprégnée,  sur  une  épaisseur  de  2  mètres,  d'ar- 
gent natif  '. 

Le  remplissage  ancien  comprend,  en  général,  les  éléments  sui- 
vants : 

Barytine  ancienne^  compacte  et  cristalline,  avec  galène  pauvre  i 
grandes  lames,  disparaissant  en  profondeur  et  rempkcée  par  du 
quartz.  Cette  barytine  est  accompagnée  par  de  la  calcite  stérile, 
sombre,  cristallisée  souvent  en  scalénoèdres,  avec  un  peu  de  quartz 
et  de  la  blende  amorphe  et  pauvre,  à  grains  fins,  et  très  foncée. 

Dans  le  remplissage  récent,  la  barytine  est  à  larges  clivages  et 
rosée  ;  on  trouve,  avec  elle,  de  la  calcite  transparente  en  prismes 
hexagonaux  à  pointements  variés  ',  de  la  fluorine  abondante,  de  la 
galène  riche,  de  la  blende  riche  à  fracture  brillante  et  des  miné- 
raux d'argent  proprement  dits. 

Ces  minéraux  sont,  avec  la  galène  riche,  l'argent  natif,  le  chlo- 
rure d'ai^ent,  l'argyrose,  la  stéphanite,  la  pyrai^yrite  et  la  prous- 
tite. 

L'argent  natif  est  en  fils,  en  grains  ou  en  masses  atteignant 
15  kilogrammes,  le  plus  souvent  inclus  dans  la  calcite,  la  barytine 
ou  la  fluorine.  On  le  considère  comme  résultant  de  la  réduction 
du  sulfure  ;  cependant,  on  peut  voir  des  filaments  d'argent  traver- 
sant un  cristal  de  calcite  et  transformés  inversement  en  sulfure 
aux  extrémités  qui  sortent  de  ce  cristal. 

Le  chlorure  d'argent  est,  comme  dans  tous  les  gisements  simi- 
laires, un  minéral  d'affleurement,  dont  on  explique  ici  la  présence 
par  les  imprégnations  salines  des  terrains  avoisinants. 

L'argyrose  est  très  abondante  en  beaux  cristaux  (cubes,  octaèdres, 
etc..)  dans  les  géodes,  ou  en  fines  lamelles  sur  les  schistes  noirs 
qui  encaissent  le  filon  dans  les  zones  riches.  Elle  existe  aussi  en 
filaments  flexibles  comme  l'argent  lui-même,  formés  de  chapelets 
de  cristaux. 

*  Ce  minerai  très  riche,  souvent  à  15  ou  20  p.  100  d'argent,  est  dit,  à  cause  de  sa 
teinte,  caffé-latte  (café  au  lail). 

Avec  de  nombreuses  mâcles  étudiées  par  M.  Bombicci. 


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MINES  d'argent  DU  SARBÂBUS   (sARDAIGNE)  773 

La  stéphanite  se  trouve  surtout  en  profondeur,  et  la  pyrargyrite 
et  la  proustite  sur  les  parois  des  petites  fentes  de  la  gangue. 

Comme  minéraux  accessoires,  on  peut  signaler  la  pyrite,  la  mar- 
cassite,  le  mispickel,  la  chalcopyrite,  la  nickeline,  la  cobaltine,  la 
molybdénite,  la  breithauptite  (Ni  Sb)  et  Tulmannite  (Ni  SbS). 

Le  filon,  qui  a  plus  d'un  mètre  de  large,  a  des  épontes  très 
nettes  et  polies.  Le  remplissage  principal  y  est  formé  *  par  un 
brouillage  des  schistes  encaissants,  au  milieu  duquel  courent, 
avec  une  certaine  irrégularité,  des  veines  minéralisées^  souvent 
très  minces,  pouvant  atteindre  0"*,35  de  large. 

Les  parties  riches  sont,  ou  bien  des  amas  (c'est  le  cas  le  plus 
fréquent),  ou  bien  des  colonnes  assez  allongées  dans  le  sens  du  pen- 
dage.  Gomme  à  Kongsberg  (gisement  avec  lequel  le  Sarrabus  a 
quelques  rapports),  on  a  cru  remarquer  une  influence  de  la  pyrite, 
contenue  parfois  dans  les  schistes,  et  des  parcelles  charbonneuses 
qui  les  imprègnent  à  l'occasion. 

Un  bon  type  de  colonne  riche  se  trouve  à  Giovanni  Bonu.  Elle 
est  inclinée  de  80"^  dans  le  plan  du  filon  et  sa  largeur  atteint,  par 
endroits,  400  mètres.  On  y  distingue  plusieurs  colonnes  secon- 
daires, dont  les  intersections  sont  particulièrement  riches.  En  un 
point,  le  filon,  au  lieu  d*ètre  exactement  parallèle  aux  schistes,  est 
plus  couché  et  cette  partie,  conformément  aux  lois  ordinaires,  est 
pauvre.  Il  y  a  également  appauvrissement  dans  les  roches  trop 
dures  (quartzites)  ou  trop  molles  (schistes  tendres).  Enfin,  on  observe 
des  enrichissements  aux  points  d'intersection  avec  les  croiseurs 
et  dans  les  parties  où  le  filon,  ayant  été  dévié  un  instant  de  sa 
direction  générale,  reprend  cette  direction. 

Les  amas  sont  fort  irréguliers  :  ce  qui  rend  les  travaux  de 
recherches  multipliés  et  coûteux.  La  richesse,  qui  s'était  mainte- 
nue très  grande  jusqu'au  12®  niveau  (situé  par  suite  de  la  posi- 
tion du  filon  dans  une  montagne,  à  une  faible  profondeur  au- 
dessous  de  la  surface),  a  cessé  depuis.  A  ce  niveau,  les  minéraux 
d'argent  ont  disparu  avec  la  calcite  et  il  s'est  substitué  à  eux  de 
la  galène  avec  du  quartz. 

Les  figures  ci-jointes  précisent  les  conditions  de  gisement  : 

'  Voir  plus  loin,  pages  801  et  suiy.,  quelque  chose  d'analogue  au  Comstock. 


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774 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


354et3S5  représentent,  d'après  M.  Traverso,  des  coupes  transver- 
sales prises  dans  la  concession  de  Giovanni  Bonn;  356  et   357 , 


S.2^u«li^' 


jsxiiutu^iffu^ 


Cbso^Cepcrul» 


Fig.  354  et  355.  —  Coupes  verticales  N.-S.  à  Giovanni  Bonu  (d'après  M.  Traverso). 

Echelle  au  7=-^:^;. 

15.000 

la  disposition  des  parties  riches  sur  deux  coupes  longitudinales. 
Sur  la  figure  358,  on  voit  la  rencontre  du  filon  Sud  avec  l'un  des 


E 


OiovsnmBamx 


Ecketle     40.000 


BacaaArrodAS 


Jfêtralcns 


tBatù^tritriAx/^cme^ymtu 


A  Oalitvt/. 


P.BaocuAppodAâ. 


/fr'faïf^ 


Fig.  356  et  357.  —  Ck)upes  verticales  E.-O.  du  gtte  argentifère  du  Sarrabus 
(d*après  M.  Traverso). 


croiseurs  barytiques,  montrant  que  le  remplissage  du  croiseur 
s'est  fait  entre  les  deux  remplissages  du  filon. 

Enfin,  les  figures  359  et  360  montrent,  en  plan,  les  deux  temps 
de  remplissage  :  dans  un  cas  (360),  le  croiseur  argileux  est  inter- 
médiaire entre  les  deux  ;  dans  l'autre  (359) ,  postérieur.  Sur  la 


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MINES   d'argent  DU   SARRABUS   (sARDAIGNe)  775 

figure  361,  on  voit  la  veine  ancienne  et  la  veine  récente  sépa- 
rées par  un  lit  de  schistes  ;  la  veine  ancienne  est 
formée  de  rognons  (patates)  pris  dans  une  pâte 
calcaire  plus  récente  avec  salbandes  argileuses. 

Au  point  de  vue  industriel,  nous  mentionne- 
rons, de  TEst  à  TOuest,  les  principales  conces- 
sions :  Baccu  Arrodas,  Perd'Arba,  Monte  Narba, 
Giovanni  Bonu,  Masaloni,  Benita,  Tacco'nis,  etc.. 

Un  tableau  ci-joint  (fig.  362)  résume  la  produc- 
tion et  les  dépenses  de  la  principale  société,  celle 
des  Lanusei,  qui  possède  Monte  Narba,  Giovanni 
Bonu,  etc..  Il  existe,  en  outre,  une  société  française,  dite  de  Rio 


Fig.  358. 
Plan  horizontal  à 
la  mine  de  Baccu 
Arrodas . 


Fig.  359. 


i 


StM0tM» 


Fig.   360. 


H 


OUastu,  d*importance  secondaire,  mais 
qui,  sur  le  prolongement  de  la  même 
zone  fracturée,  a  trouvé,  à  Sarcilone^  un 
remarquable  amas  de  8  mètres  de  long, 
0  à  6  mètres  de  large,  et  5  à  6  centi- 
mètres d'épaisseur,  ayant  contenu  des 
minerais  d'argent  avec  calcite  allant  jus- 
qu'à 30  p.  100  d'argent.  Ce  filon  de  Sar- 
cilone,  encaissé  dans  les  schistes  et  dirigé 
Nord-Sud  ,  c'est-à-dire  perpendiculaire- 
ment à  ceux  de  Monte  Narba,  était  stérile 
aux  affleurements. 


Fig.  361. 
Vue  d'un  front  d'avancement 
.  où  la  veine  argentifère  an- 
cienne (à  gauche)  et  la  veine 
argentifère  récente  (à  droite) 
sont  séparées  par  un  lit  de 
schistes. 


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7*76  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

On  voit ,  par  le  graphique  362 ,  que  la  mine  des  Lanusei , 
après  avoir  atteint,  en  1883,  un  maximum  de  production  de 
2  400  000  francs,  est  retombée,  en  1889,  à  1  500  000  francs. 


Fig.  362.  —  Tableau  de  la  production  du  Sarrabus  de  1870  à  1889. 

La  teneur  en  plomb  des  minerais  marchands  a  varié  de  32  p.  100 
en  1873,  à  45  en  1879,  34  en  1881,  3»  en  1884,  33  en  1885, 
30  en  1888,  34  en  1889. 


Bibliographie. 

1877.  Mârchesb. —  Scoperta  min.  d'arg.  in  Sardegna.  (Ai.  A.  Ac,  Lincei 
(2),  2.) 

1877.  BoMBicci.  —  Ifin.  d.  minière  del  Sarrabus.  [Mem.  Ac.^  Bologne,  17  mai 
1877.) 

1880-1881.  Traverso.  —  Giacim.  a  miner,  d'arg.  del  Sarrabus.  (Ann.  Mus. 
Civico,  Genova,  1880-81,  16,  493.) 

1883.   d'Achiardi.  —  I  metalli,  etc.,  I,  159. 

1890.  DB  Castro.  —  Decriptione  et  carta  geologica  de  la  zona  argentifera 
del  Sarrabus. 

1890.  Travbrso.  —  Sulla  geologia  del  Sarrabus. 

1890.  Friedbl.  —  Journal  de  voyBge  manuscrit  à  FÉcole  des  Mines. 

1891.  L.  deLaunay.  —  Histoire  de  Tlndustrie  minière  en  Sardaigne  {Ann. 
d.  M.)  et  notes  de  voyages  inédites. 


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GÎTBS   d'argent   DE  GDADALCANAL    (bSPAGNE)  777 

GÎTES  D'ARGENT  DE  GUADALCANAL, 

HIEN  DE  LA  ENCINA,  SIERRA  ALMAGRERAS  etc. 

(espagne) 

Guadalcanal.  —  On  a  exploité,  dès  le  temps  des  Carthaginois, 
à  Guadalcanal,  près  de  Séville,  d'importantes  mines  d'argent,  qui 
furent  reprises,  avec  un  grand  succès,  en  1551,  par  les  comtes  de 
Fuggers  (concessionnaires  des  mines  de  mercure  d'Almaden),  à 
l'époque  où  Ton  songea  également,  pour  la  première  fois,  à  réex- 
ploiter les  mines  de  Rio-Tinto.  Leurs  travaux  furent  volontaire- 
ment noyés  par  eux,  trente  ans  après,  lorsqu'à  l'expiration  de 
leur  contrat,  on  refusa  de  le  leur  renouveler.  En  1768,  une  com- 
pagnie française  tenta  une  nouvelle  exploitation  sous  la  direction 
d'un  ingénieur  saxon,  M.  Hoppensack,  mais  l'abandonna.  En 
1884,  on  a  songé  à  entreprendre  de  nouvelles  recherches. 

Les  minerais  d'argent,  avec  gangue  spathique,  se  sont  trouvés 
principalement  en  une  colonne  au  croisement  de  deux  filons  H,„ 
et  H,;  ils  consistaient  en  argent  sulfuré  et  argent  rouge,  avec 
argent  natif,  atteignant  jusqu'à  20  centimètres.  C'est  cette  colonne 
de  minerai  qui  a  été  exploitée  par  les  Fuggers.  Ailleurs,  on  trou- 
vait principalement  des  pyrites  coballifères  imprégnées  d'un  peu 
d'argent  sulfuré  et  d'argent  rouge  '  et  les  filons,  se  ramifiant,  deve- 
naient inexploitables.  Cette  colonne  métallifère  était  malheu- 
reusement coupée,  à  une  assez  faible  profondeur,  par  une  faille 
argileuse,  qui  arrêta  rapidement  les  travaux  en  1775.  Au  toit  du 
premier  filon,  on  retrouva,  en  1775,  un  filon  barytique  de  cuivre 
gris  avec  mouches  d'argent  rouge,  dit  filon  Saint-Victor.  Dans 
l'ensemble,  les  minerais  arsenicaux  et  antimonieux  dominaient 
dans  ce  gisement. 

A  4  kilomètres  de  Guadalcanal,  une  autre  mine,  dite  Gazalla^  a  été 

'  Nous  rapprochons,  par  exception,  des  gîtes  de  Guadalcanal  à  gangue  calcaire 
d*autres  gîtes  argentifères  inexploités  d'Espagne  à  gangue  quai*t/.euse  ou  barytique 
(Hien  de  la  Encina,  Sierra  Almagrera,  etc..) 

•  Pour  le  rapprochement  des  minerais  de  cobalt  et  d'argent,  cf.  JoachimstaUl,  p.  605, 
les  Chalanches,  p.  779,  etc. 


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Scorie  riche 

Scorie  penne 

2,75  «/o 

0,85  0/. 

7,86 

3,77 

1»,85 

0,630 

778  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

exploitée  aussi  à  la  fin  du  siècle  dernier  ;  on  y  a  trouvé  des  mine- 
rais d'argent  arsenicaux  avec  barytine  et  de  la  blende  mouchetée 
d*argent  ronge  dans  de  la  barytine.  Lorsqu'en  1884,  on  voulut 
reprendre  la  mine,  quelques  analyses  furent  faites  au  laboratoire 
de  l'Ecole  des  mines  et  donnèrent  les  résultats  suivants  : 

Minerai  trié 

Cuivre 3,50  «/o 

Plomb 2,00 

Argent  à  la  tonne.  .   .     5  à  ô^^jSOO 

Ces  scories  renfermaient,  en  outre,  une  proportion  très  forte 
d'arsenic  et  d'antimoine. 

Fnente  del  Raye.  —  On  peut  également  citer,  en  Espagne,  quel- 
ques filons  de  quartz  avec  galène  ai^entifère ,  contenant  excep- 
tionnellement des  minéraux  d'argent. 

Ainsi,  à  Fuente  del  RayOy  près  de  Castuera  et  à  Minaflores,  il 
existe  un  certain  nombre  de  filons  Est-Ouest,  oscillant  entre  H^  et 
Hf,  que  croisent  des  filons  Nord-Sud  peu  importants.  Ces  filons,  qui 
recoupent  les  schistes  siluriens,  ont  une  puissance  d'environ 
1  mètre,  un  pendage  Nord  de  73^  environ.  Le  remplissage  est 
formé  de  quartz  avec  galène  argentifère.  La  teneur  du  minerai 
est  de  40  p.  100  de  plomb  et  140  grammes  d'argent  à  la  tonne. 

Bien  de  la  Encina.  —  De  même,  le  groupe  minier  de  Hien  de  la 
Encina  est  situé  dans  la  Sierra  de  Guadalajara,  à  22  kilomètres 
au  Nord  de  Jadragun  (altitude  1  080  mètres),  station  de  la  ligne 
Madrid  Sarragosse. 

Le  sol,  composé  de  gneiss  et  de  micaschistes,  est  recoupé  par 
3  filons  principaux:  filon  Rico,  filon  Relampago  et  croiseur  San- 
Juan. 

Le  grand  filon  contenait  de  l'argent  natif,  de  la  pyrargyrite 
(Ag*  SbS'),  des  chlorures  et  bromures  associés  à  d'autres  sulfures, 
dans  une  matrice  de  quartz,  barytine  et  sidérose. 

Le  grand  filon  riche  a  renfermé,  par  mètre  carré  de  surface, 
jusqu'au  neuvième  étage,  l'^jS  d'argent  par  mètre  carré  (soit 
environ  225  francs)  ;  à  partir  de  300  mètres  de  profondeur,  on  est 
entré  dans  une  zone  stérile. 


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GÎTES  ÂBGENTIFèRES  DES  CHALANCHES  ET  DU  GRÂND-CLOS  \1SÈRe)     779 

Sierra  Almagrera.  —  La  Sierra  Almagrera^  contient  des  gise- 
ments semblables ,  dont  nous  allons  dire  un  mot.  Les  autres 
centres  de  production  de  Targent  en  Espagne,  Linarès,  Gartha- 
gène,  etc.,  ont  été  décrits  au  chapitre  du  Piomb^. 

Dans  la  Sierra  Almagrera,  les  filons  sont  à  gangue  barytocal- 
caire,  riches  en  galène  argentifère  et  traversent  des  schistes  argi- 
leux et  des  micaschistes  cristallins.  Le  premier  filon  découvert 
fut  celui  de  Jaroso  en  1838.  Il  contient,  outre  de  la  galène  com- 
pacte en  grains  fins  et  très  riche  en  argent  (0,0036-0,005),  des 
sulfures,  arséniures,  sulfo-arséniures  et  chlorures  d'ai^ent,  des 
pyrites  et  des  minerais  de  cuivre;  la  seule  différence  entre  ces 
affleurements  et  le  fond  est  que  la  gangue,  qui  est  d*abord  de  la 
baryte  avec  de  Thydroxyde  de  fer,  tend  à  devenir  exclusivement  de 
la  barytîne. 

Dans  quelques  filons,  on  a  rencontré,  en  abondance,  de  Taisent 
natif,  comme  sur  le  Cabezo  de  las  Herrerias^  où  il  est  associé  à  des 
minerais  de  fer  et  où  Ton  trouve  les  riches  mines  de  Autrevida  et 
de  Milagro  de  Guadalupe^  au  milieu  de  roches  trachytiques. 

Bibliographie. 

1796.  HoppENSACK. —  Sur  Texploitation  des  mines  en  Espaf?ne.  (Weimar.) 

Rapport  du  même  sur  les  mines  d*argent  de  Guadaicanal  et  Gazalla. 
1878.  MoNRSAL.  —  Géol.  de  la  prov.  de  Almeria. 

1881.  Gastel.  —  Descr.  géol.  de  Ja  prov.  de  Guadalajara.  (Bol,  Corn.  Map, 
geoL,  Espana,  8,  2,  172.) 
1883.  D'Achiardi,  I,  p.  164. 

GITES   D'ARGENT,    NICKEL   ET   COBALT 

DES  CHALANCHES  ET  DU  GRAND-CLOS  (isère) 
SAINTE-MARIE-AUX-MINES  (alsace-lorraine) ,  etc... 

Chalanches*  —  Le  gisement,  autrefois  célèbre ,  aujourd'hui 
inexploité,  des  Chalanches  pourra  nous  servir  de  type  fran- 
çais, comparable  aux  venues  argentifères  récentes  de  Freiberg, 

<  Coll.  École  des  Mines,  1798. 
■  Voir  page»  526  à  559 


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780  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

c'est-à-dire^  comprenant,  avec  des  minerais  de  cobalt,  nickel,  etc., 
des  minerais  d'argent  associés  à  de  la  calcite.  A  la  surface,  ces 
filons  présentaient  des  zones  argentifères  analogues  à  celles  des 
filons  de  TAmérique  du  Sud*. 

La  mine  des  Chalanches,  découverte  en  1765,  futd*abord  dirigée 
quelque  temps  par  Schreiber,  saxon  d'origine,  plus  tard  inspec- 
teur général  des  mines  et  Tun  des  premiers  directeurs  de  TÉcoIe 
des  Mines,  puis  à  peu  près  abandonnée  en  1802,  lorsque  Schreiber 
fut  appelé  à  la  direction  des  mines  de  Pesey  *  et  enfin  concédée 
par  l'état  à  des  particuliers  en  1805. 

C'est  elle  qui  a  donné  lieu  à  la  fonderie  d'AUemont. 

Les  minerais  complexes  comprenaient  des  minerais  de  cobalt, 
nickel,  stibine  argentifère,  etc.,  kupfernickel,  cobalt  oxydé  et 
arseniaté,  chlorure  et  sulfate  d'argent,  terres  ocreuses  argentifères. 

Les  filons  semblent,  par  une  disposition  qui  se  présente  fréquem- 
ment, se  réunir  par  groupes  en  profondeur. 

Il  reste  cependant  six  filons  distincts  traversant  un  calcaire  pro- 
bablement jurassique;  ce  sont  : 

Le  filon  du  Directoire,  dirigé  N.-S.  et  riche  en  terres  ai^enti- 
fères  ;  puis,  le  recoupant,  quatre  autres  filons  parallèles  entre  eux, 
espacés  de  25  à  30  mètres  et  dirigés  de  TEst  à  TOuest  :  Hercule, 
Siméon ,  Prince  héréditaire  et  le  Cobalt  ;  enfin ,  croisant  tous  les 
autres ,  le  filon  Saint-Louis ,  à  45^,  particulièrement  ai^entifère. 

Gueymard  et  Graff  ont  énuméré,  dans  l'ordre  suivant,  les  frac- 
tures rencontrées  aux  Chalanches  : 

1^  Filons  de  diorite  et  de  diabase,  parfois  à  l'état  de  filons  cou- 
ches, les  plus  anciens  de  tous  ; 

2**  Filets  calcaires,  avec  ocres  argentifères,  Nord-Sud  ; 

3""  Principaux  filons  métallifères  ayant  parfois  un  remplissage 
symétrique  qui,  des  épontes  à  Taxe,  est  :  a,  quartz;  6,  sidérose; 

c,  carbonate  de  manganèse,  antimoine  et   minerais  de  cobalt; 

d,  minerais   de  cobalt,  nickel  et  antimoine  ; 

4®  Des  filons  sauvages,  ayant  jusqu'à  5  mètres  d'épaisseur 
et  remplis  de  fragments  de  roches  cimentés  par  de  l'argile  ; 

*  Rappelons,  à  ce  propos,  la  présence  d^argent  corné  et  de  minéraux  d'argent  à 
Huelgoat,  p.  505. 

•  Voir  page  520. 


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gItES  argentifères  des  GHALANGHES  et  du  GRAND-GLOS  (iSÉRe)   781 

5""  D'autres  fentes  stériles  plus  étroites,  recoupant  les  précédentes 
et  également  remplies  de  débris. 

Y.  Groddeck  cite,  d'après  Graff,  àChalanches,  un  enrichissement 
au  contact  de  bandes  pyriteuses,  analogue  à  celui  qui  existe  à 
Kongsberg*. 

La  rigueur  du  climat  a  certainement  beaucoup  contribué  à 
faire  abandonner  ces  gisements  fameux.  Nous  en  rapprocherons, 
en  raison  de  leur  situation  géographique,  les  mines  de  galène 
argentifère  de  Grand-Clos,  qui  fondaient  leurs  minerais  à  la  même 
usine  d'AUemont  (fondée  en  1772). 

Grand-Clos.  —  Le  gîte  de  plomb  argentifère  du  Grand- Clos 
(commune  de  la  Grave)  est  traversé  par  la  Romanche.  Sur  les 
deux  parois  de  la  vallée,  on  voit,  au 
jour,  la  trace  de  cinq  filons  de  ga- 
lène recoupant  le  gneiss  avec  une 
régularité  absolument  typique  et 
dont  la  figure  ci-jointe  (363),  em- 
pruntée à  M.  Daubrée,  montre  Tal- 
lure.  La  hauteur,  du  pied  de  la  fa- 
laise à  sa  cime^  est  de  800  mètres. 

Ces  filons  sont  composés  de  quartz 
et  de  galène.  A  peu  de  distance  de  ^ 

Grand-Clos,  au  lieu  ditle  Chazelais,  ''\^h:^^\^^^Tt^>t'^T 
on  voit  le  calcaire  du  lias  traversé 

par  des  filons  de  galène,  notablement  argentifères  et  nettement 
transversaux  aux  filons  précédents. 

Les    gisements    de   Grand-Clos    ont    été    Tobjet    de   diverses 
recherches  entre  1870  et  1880. 


Bibliographie. 

1788.  ScHREiBER  :  dans  Kôhler*s  bergmânnischen  Journal,  p.  22. 
4806.  DE  Thdry.  —  Journal  des  mines,  n®  116,  p.  80. 

1843.  Gueymard  et  Graff  d&DS  le  Bull,  de  la  Soc,  des  se.  natur.  de  l'Isère, 
t.  I,  p.  27. 
1861.  Gotta,  p.  314  et  339. 


I  Voir  plus  haut  pages  758  et  suiv. 


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782  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

1879.  Groddeck,  p.  141. 

10  août  1881.  —  Urbain  de  la  Grange.  —  Rapport  inédit. 

1887.  Daubrée.  —  Eaux  souterraines,  p.  65. 

On  peut  également  considérer,  comme  de  véritables  gîtes  d'argent 
dans  la  région  française,  les  anciennes  mines  de  Sainte-Marie-aux- 
Mines,  Lacroix-aux-Mines  et  Giromagny  (Alsace-Lorraine). 

SainteMarie-aux-Mines  et  Giromagny.  —  Les  exploitations  de 
Sainte -Marie -aux -Mines  et  de  Giromagny,  aujourd'hui  aban- 
données, remontent  à  une  époque  très  ancienne. 

Celles  de  Sainte-Marie  étaient  déjà  en  exploitation  au  x®  siècle, 
mais  eurent  surtout  une  période  brillante  pendant  le  xvi^  siècle  ; 
en  1515,  elles  occupaient  3 000  ouvriers;  en  1635,  après  l'occu- 
pation du  pays  par  les  Suédois,  elles  furent  abandonnées  et 
reprises  seulement  en  1712.  En  1819,  il  fut  question  d  y  établir 
une  école  pratique  des  mines  ;  en  1823,  on  y  tenta  encore  quelques 
travaux  ;  en  1883,  il  a  été,  une  dernière  fois,  question  de  les 
reprendre. 

Les  filons,  qui  traversent  le  gneiss,  y  sont  très  nombreux  et  pré- 
sentent des  remplissages  complexes  qu'on  peut  comparer  à  ceux 
de  Freiberg.  C'est  ainsi  qu'on  en  a  tiré  de  la  galène  plus  ou  moin» 
ai^entifère  avec  des  minerais  d'argent  proprement  dits,  argent 
natif,  aident  sulfuré,  argent  rouge  (de  1525  à  1538,  plusieurs 
blocs  d'argent  natif  de  plus  d'un  quintal  ;  en  1581,  au  Leberthal, 
un  bloc  de  592  kilogrammes)  ;  puis,  du  cuivre  gris,  du  cobalt  (qui, 
en  1722,  alimentait  une  fabrique  d'azur),  du  nickel  et  du  bismuth. 

On  peut  citer  les  mines  de  Saint-Jacques,  Gabegottes,  Saint- 
Guillaume  et  Glûckauf  dans  le  Rauenthal  ;  de  Saint-Louis  et 
de  Chrétien.  , 

La  concession  de  Giromagny  a  été  exploitée,  à  diverses  reprises, 
dans  ce  siècle  ;  les  filons,  très  nombreux,  étaient  formés  de  galène 
plus  ou  moins  argentifère,  parfois  associée  avec  de  la  pyrite  de 
cuivre  et  du  cuivre  gris.  On  a  cité,  comme  filons  principaux, 
Pfenningturm,  Saint-Louis,  Solgat  (galène  riche),  Saint-Daniel 
(pyrite  de  cuivre  et  cuivre  gris).  On  y  a  observé  la  disposition 
habituelle  du  minerai  en  colonnes  riches. 


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MINES  d'argent  DE  SCHEMNITZ   (hONGRIe)  783 


Bibliographie, 

Duhamel.  —  (Journal  des  mines,  u?  39  et  40.) 
29  nov.  1860.  Richard  TayloA.  —  Rapport  inédit. 
15  janv.  et  1«^  fév.  1878.  Jules  Despecher.  —  Noie  et  Rapport  iuédits. 
1881.  La  Grange.  —  Report  on  Giromagny. 
12  juin  1882.  M.  Nelson-Boyd.  —  Rapport  inédit, 
l^i*  janv.  1883.  M.  Despecher.  —  Rapport  inédit. 


r  FILONS  D'ARGENT  A  GANGUE  QUARTZEUSE 

Les  filons  d'argent  à  gangue  quartzeuse  sont  extrêmement  déve- 
loppés dans  certaines  régions  de  roches  acides  et  spécialement  de 
roches  tertiaires.  En  Europe,  nous  en  citerons  un  type  remar- 
quable, celui  de  Schemnitz  ;  en  Amérique,  nous  étudierons  le 
Gomstock,  les  filons  du  Mexique  et  du  Pérou  ;  en  Australie,  ceux 
de  Broken  Hill;  nous  donnerons  également  quelques  indications 
sommaires  sur  divers  gisements  moins  importants,  tels  que  ceux 
de  la  République  Argentine  et  du  Japon,  etc.. 


MINES  D'ARGENT  DE  SCHEMNITZ  (hongrie)* 

Les  mines  d'argent  de  Schemnitz,  qu'on  peut,  sous  bien  des 
rapports,  comparer  à  celles  du  Gomstock  (aux  Etats-Unis),  sont 
situées  dans  le  Nord  de  la  Hongrie  ;  les  gisements  s'étendent  sur 
les  dernières  ramifications  des  Garpathes,  dans  les  comitats  de 
Honth  et  de  Bars,  au  Sud-Ouest  du  massif  du  Tatra.  On  y  exploite 
un  champ  de  filons  à  remplissage  complexe,  fournissant  : 

1**  Des  minerais  d'argent  proprement  dits  :  argent  natif,  argyrose, 
psaturose,  polybasite  et  argent  rouge  ; 

2^  Des  galènes  argentifères  ; 

*  Coll.  École  des  Mines,  1588  et  1081. 


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MINES  d'aRGBNT  DE   SCHEMNITZ  (hONGRIb)  785 

3""  Des  minerais  cuivreux  argentifères  ; 
4^  Des  minerais  pyriteux  ai^entifëres. 
La  production  du  district  a  été,  en  1871  : 

Or  Argent  Plomb  CaiTre 

165  kg.  9  506  kg.  903  tonnes  176  tonnes 

En  1890,  on  a  extrait  189  kilogrammes  d'or  et  7  913  kilo- 
grammes d'ai^ent. 

L'exploitation,  très  ancienne,  date,  s'il  faut  en  croire  la  tradition, 
du  commencement  de  Tëre  chrétienne.  Dès  la  fin  du  xu®  siècle, 
les  mines  de  Schemnitz  étaient  déjà  citées  comme  étant  dans  une 
situation  florissante. 

Constitution  géologique  de  la  région.  —  La  région  de  Schemnitz 
comprend,  comme  roches  anciennes,  un  peu  de  gneiss  et  de 
granité  dans  la  vallée  d'Eisenbach  ;  puis,  des  syénites  formant 
une  bande  à  peu  près  régulière  S,-0.-N.-E.,  de  7  kilomètres  de 
long  sur  2  kilomètres  de  large'. 

Sur  le  bord  Nord  de  ce  massif  syénitiquc,  se  trouvent  des  schistes 
grisâtres  avec  intercalations  calcaires  et  des  quartzites.  Ces  schistes, 
peut-être  dévoniens,  ont  subi  un  métamorphisme  au  contact  de  la 
syénite.  Puis  viennent,  reposant  sur  ce  dévonien  au  Nord,  des 
schistes  rouges  de  la  base  du  trias  et  des  calcaires  triasiques  ou 
rhétiens.  Enfin,  près  d^Eisenbach,  affleure  un  lambeau  de  conglo- 
mérat nummulitique. 

Postérieurement  à  ce  terrain  nummulitique,  sont  arrivées  des 
roches  tertiaires,  dont  les  grûnsteins  ou  propylites  sont  le  premier 
terme,  les  trachytes  le  second,  les  rhyolithes  et  basaltes  les 
derniers. 

Le  griinstein,  qui  constitue  le  chaînon  du  Paradeisberg,  a  été 
appelé  par  von  Richthofen  grtinstein  trachyt  ;  on  l'a  encore 
décrit  sous  le  nom  de  propylite  *  en  le  rapprochant  de  certaines 
roches  du  Mexique  et  des  Andes.  C'est,  en  réalité,  une  andésite 
amphibolique,  qui  contient  :  comme  cristaux  de  première  consoli- 

*  La  nature  syéDitique  de  ces  roches  a  été  discutée  par  W.  Judd  et  6.-V.  Rath 

*  Nous  aurons  à  reparler,  page  799,  de  cette  expression  de  propylite  qui  semble  avoir 
été  appliquée  à  toute  une  série  de  roches  diverses,  altérées  au  contact  des  gttes  métal- 
lifères. 

GÉOLOGIB.  —  T.  U.  50 


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786  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

dation,  du  labrador  et  de  la  hornblende  ;  comme  microlithes,  de 
Toligoclase  ou  de  l'orthose.  Souvent  il  est,  en  outre,  quartzifère.  Sa 
structure  est,  tantôt  porphyroïde,  tantôt  compacte,  avec  tous  les 
passages  de  Tune  à  l'autre  variété.  Son  âge  est  bien  déterminé  : 
d'une  part,  par  sa  présence  en  filons  dans  les  schistes  dévoniens  et 
le  conglomérat  nummulitique  ;  d'autre  part ,  par  les  dykes  de 
trachytes  qui  le  recoupent,  alors  que  les  tufs  trachytiques  soat, 
eux-mêmes,  intercalés  au  milieu  de  couches  miocènes.  D  cons- 
titue des  épanchements  énormes. 

Les  roches  trachytiques  forment,  autour  des  formations  précé- 
dentes, une  ceinture  à  peu  près  continue,  une  sorte  d'ellipse  de 
40  kilomètres  de  long  sur  20  de  large,  au  centre  de  laquelle  oa 
retrouve  leurs  tufs.  On  peut  y  distinguer  des  andésites  amphibo- 
liques  et  pyroxéniques,  des  trachytes  micacés,  amphiboliques,  etc. 

Les  tufs  se  présentent  :  tantôt  comme  une  formation  de  cinérites, 
tantôt  comme  un  dépôt  à  caractère  sédimentaire. 

Les  rhyolithesy  peu  développées  dans  les  environs  immédiats  de 
Schemnitz,  se  montrent  surtout  àEisenbach,  Hlinik,  Kônigsberg  et 
Kremnitz.  Elles  forment,  au-dessus  de  la  vallée  d'Eisenbach,  de 
grands  escarpements  à  pic.  On  trouve  parfois,  en  relation  avec 
elles,  des  dépôts  de  quartz  d*eau  douce  contenant  des  débris  de 
plantes.  Ces  rhyolîthes,  qui  traversent  nettement  le  grûnstein,  ont 
été  parfois  métallisées  postérieurement. 

Des  daciteSy  accompagnant  les  filons  métallifères,  sont  localisées 
dans  la  syénite. 

Enfin  le  basalte  ne  se  montre  qu'au  Calvarienberg  et  à  Giesstrubel. 

Quelques  sources  minérales  chaudes  sortent  à  Eisenbach  et  à 
Glasfaulte. 

Filons  métallifères.  —  Les  filons  métallifères  du  district  de 
Schemnitz  appartiennent  à  deux  groupes  distincts  : 

l""  Les  filons  les  plus  importants,  encaissés  dans  les  propylites 
(Schemnitz,  Windschacht,  Dillen  et  Moderstollen)  ; 

2''  Les  filons  encaissés  dans  la  syénite  et  les  roches  anciennes 
(Hodritsch  et  Eisenbach). 

Les  premiers  ont  une  direction  beaucoup  plus  constante  que  les 
seconds.  Ils  sont  généralement  S.-O.  N.-E.,  tandis  que  les  autres 


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MINES   d'argent  DE  SCHEMNITZ    (hONGRIe)  787 

présentent,  en  outre  de  cette  direction  principale,  les  deux  direc- 
tions N.-S.  et  E.-O. 

La  nature  de  laroche  encaissante  a  influé  surTalIure  filonienne 
à  d'autres  points  de  vue.  C'est  ainsi  que  les  filons  dans  la  propy- 
lite  sont  toujours  formés  d'un  très  grand  nombre  de  veines 
ramifiées,  tandis  que  ceux  de  la  syénito  sont  composés  de  veines 
moins  nombreuses  et  plus  importantes.  En  outre,  dans  les  filons 
de  la  propylite,  le  remplissage  est  presque  exclusivement  quartzeux  ; 
la  calcite  tend,  au  contraire,  à  dominer  dans  la  syénite. 

Le  remplissage,  dans  les  deux  cas,  obéit  aux  lois  suivantes  : 

On  rencontre,  tantôt  des  minerais  d'argent  proprement  dits 
avec  gangue  de  quartz  et  calcite  manganésifère,  Tabondance  de 
la  calcite  étant  en  rapport  avec  la  richesse  en  argent  ;  tantôt  des 
galènes  avec  quartz  brun  rouge  chargé  de  pyrite,  dit  sinople,  cuivre 
pyriteux  (non  argentifère,  mais  un  peu  aurifère),  blende  pauvre, 
etc.  Le  remplissage  plombeux  ne  se  présente  que  dans  les  filons 
de  la  propylite  et  passe,  peu  à  peu,  au  remplissage  argentifère. 
Les  remplissages  plombeux  sont,  en  général,  bréchiformes ;  à 
leur  contact,  la  roche  est  toujours  dure,  imprégnée  de  pyrite  et 
ne  présente  pas  d'altération;  au  contraire,  au  contact  des  mine- 
rais argentifères,  les  grûnsteins  sont  fortement  altérés,  quelque- 
fois complètement  kaolinisés,  en  même  temps  qu'ils  sont  criblés 
de  pyrite  jaune  et  cette  pyrite  n'est  pas  décomposée  :  ce  qui  a 
semblé  une  preuve  que  la  kaolinisalion  n'était  pas  due  à  une 
action  secondaire  et  superficielle  récente,  mais  était  liée  à  la 
venue  argentifère.  L'argent  extrait  des  minerais  est  toujours  un 
peu  aurifère,  particulièrement,  d'après  M.  Wiesner,  au  voisinage 
des  trachytes. 

Le  minerai  est  spécialement  accumulé  aux  points  de  rencontre 
des  diverses  veines,  particulièrement  aux  nœuds  d'intersection  du 
filon  avec  des  veines  transversales,  qui  n'ont  jamais  produit  de 
rejet  et  sont  toujours  restées  stériles. 

Enfin,  si  l'on  cherche  à  déterminer  Vâffe  de  ces  filons^  on  voit 
d'abord  qu'ils  recoupent  les  grtînsteins,  qui,  eux-mêmes,  traversent 
les  conglomérats  nummulitiques  ;  on  peut  même  remarquer  que 
les  filons  de  Dillen  se  prolongent  dans  les  trachytes  et  que  certains 
tufs  trachytiques  du  Griinergang  contiennent  des  empreintes  végé- 


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788  GÉOLOGIE    APPLIQUËB 

taies  du  miocène  supérieur.  Les  filons  sont  donc,  eux-mêmes, 
postérieurs  au  miocène. 

Le  remplissage  de  la  fente  a  commencé  par  une  injection  pyri- 
teuse,  qui  a  imprégné  les  blocs  de  grunstein  encaissés  dans  les 
parties  bréchiformes  du  filon  ;  puis  les  galènes  et  sulfures  d'argent 
sont  arrivés  ensemble.  Il  est  possible  que  la  venue  plombeuse  ait 
duré  plus  longtemps,  puisque  des  mouvements  de  dislocation  ont 
eu  le  temps  d'y  produire  des  brèches  pendant  le  remplissage  ;  mais 
le  manque  de  cette  allure  bréchiforme  dans  les  filons  d'argent  peut 
également  être  attribué  à  l'altération  spéciale  des  roches  au  contact. 

Passons  maintenant  à  la  description  des  deux  groupes  de 
filons  :  l""  dans  la  propylite  ;  2""  dans  la  syénite. 

V  Filons  dans  les  propylites.  —  On  exploite,  à  Schemnitz  et  à 
Windschach,  7  filons  principaux,  parallèles  à  la  direction  générale 
de  la  bande  de  grunstein  :  filons  qui  sont,  de  l'Est  à  l'Ouest,  le 
Grûner  Gang,  le  Stefan  Gang,  le  Johann  Gang,  le  Spitaler  Gang, 
le  Biber  Gang,  le  Theresia  Gang  et  TOchsenkopfer  Gang. 

Chacun  des  filons  de  Schemnitz  se  compose,  non  pas  d'une  fente 
unique,  mais  d'un  réseau  de  fissures  en  relation  les  unes  avec  les 
autres,  se  bifurquant,  se  séparant  et  se  réunissant  souvent,  avec  des 
intervalles  de  propylite  plus  ou  moins  compacte,  toujours  impré- 
gnée de  pyrite  de  fer.  L'ensemble  de  ces  fissures  présente  souvent 
une  largeur  pouvant  atteindre  40  mètres  :  ce  qui  a  fait  attribuer 
parfois  aux  filons  de  Schemnitz  des  dimensions  colossales.  Il  n'y  a 
d'ailleurs  pas  de  salbande  '  et  il  est  visible  que  l'on  a  afiaire  à  des 
zones  déroches  brisées  ayant  ofiert  à  la  circulation  des  eaux  ther- 
mo-minérales un  passage  facile. 

Le  remplissage,  très  variable  d'un  filon  à  l'autre,  contient,  en 
général,  une  grande  abondance  de  silice  sous  des  formes  diverses  : 
quartz,  jaspe,  améthyste,  etc.,  et,  en  particulier,  une  variété  de 
quartz  colorée  en  rouge  brun  par  de  Toxyde  de  fer  riche  en  or  et 
imprégnée  de  galène,  blende,  chalcopyrite  et  pyrite  de  fer,  à 
laquelle  on  donne  le  nom  local  de  sinople.  Cette  variété  caractérise, 
à  Schemnitz,  les  parties  qui  ne  sont  pas  exclusivement  argentifères. 

*  Voir  V.  Groddeck,  p.  232. 


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MINES   d'argent   DE  SCHEMNITZ   (hONGRIE)  789 

Au  contraire,  les  minerais  d'argent  sont  accompagnés  de  calcite 
et  d*un  quartz  hyalin  dit  glos  {glas  :  verre). 

Nous  énumérerons  successivement  les  principaux  filons  : 

Le  Grûner  Gang  est  connu  sur  une  longueur  de  1 400  mètres 
environ.  Encaissé  dans  la  propylite  (et  non,  comme  le  figure  la  carte 
de  M.  V.  lipold,  dans  les  tufs  trachy tiques),  il  a  un  remplissage 
exclusivement  ai^entifère  (sulfures  ou  sulfoantimoniures  et  sulfoar- 
séniures  d'argent).  La  galène  et  la  blende  ne  s'y  présentent  qu'en 
traces,  sauf  en  un  point,  à  270  mètres  de  profondeur,  où  elles  sont 
associées  à  du  sinople.  La  gangue  est  formée  d'un  mélange  intime 
de  calcite  manganésifère  et  de  quartz  avec  glos,  mélange  qui,  à 
Schemnitz,  caractérise  toujours  les  filons  argentifères.  D'une 
façon  générale,  on  a  remarqué  que,  plus  le  quartz  abonde,  plus 
l'argent  est  rare  ;  plus  c'est  la  calcite,  plus  il  est  abondant.  Cette 
association  de  l'argent  et  de  la  calcite  est  intéressante  à  noter  et 
à  rapprocher  de  ce  que  nous  avons  dit  sur  les  filons  du  type  pré- 
cédent (Kongsberg,  Sarrabus,  etc.). 

Les  minerais  ne  sont  pas  également  répartis  dans  toute  l'éten- 
due du  filon,  mais  concentrés  suivant  une  série  de  colonnes 
riches,  plongeant  dans  le  plan  du  filon  vers  le  Nord-Est  et,  parti- 
culièrement, dit-on,  au  voisinage  de  certaines  fentes  transversales 
absolument  stériles. 

L'argent  du  Grûner  Gang  est  toujours  aurifère,  et  cela,  de  plus 
en  plus,  à  mesure  que  l'on  s'enfonce.  Entre  le  cinquième  et  le 
sixième  étage ,  la  teneur  était  de  3  à  4  millièmes  seulement , 
tandis  qu'au-dessous  du  sixième  étage  elle  s'est  élevée  jusqu'à 
11  millièmes. 

Le  Stefan  Gang  n'est  connu  en  direction  que  sur  350  mètres. 
Il  est  formé  de  veines  parallèles  occupant,  au  milieu  de  la  propy- 
lite imprégnée  de  pyrite,  une  largeur  totale  de  12  à  15  mètres.  La 
propylite,  qui  est  intacte  au  voisinage  des  parties  stériles,  est  très 
altérée,  blanche,  jaune,  etc.,  auprès  des  minerais. 

Le  remplissage  comprend  :  au  Sud,  de  l'argentite  (AgS)  ;  au 
Nord,  de  la  stéphanite  (Sb^S',  6AgS)  avec  de  la  pyrite  cuivreuse 
aurifère  appelée  gelf  {gelb  :  jaune). 

A  l'intersection  des  trois  veines,  il  a  existé,  dans  ce  filon,  un  amas 
très  riche  de  150  mètres  en  direction  et  250  mètres  en  profondeur^ 


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790  GÉOLOGIE    APPLIQUÉB 

qui  a  donné  des  richesses  énormes.  Ce  filon  est  aujourd'hui 
presque  abandonné. 

Le  Johann  Gang^  connu  sur  4  000  mètres  de  long,  a  été  exploité 
en  trois  points  seulement  et  est  depuis  longtemps  délaissé. 

Le  Spitaler  Gang,  un  des  plus  grands  filons  connus,  a  une  étendue 
certaine  en  direction  de  8  000  mètres,  une  étendue  probable  de 
12000.11  est  formé  d'un  réseau  de  veines  occupant  40  à  50  mètres 
de  large.  Les  veines  extrêmes  se  poursuivent,  presque  entièrement 
distinctes,  sur  toute  Tétendue  du  filon.  En  quatre  points,  elles  se 
confondent  et  se  réunissent  avec  les  veines  intermédiaires  ;  il  en 
est  résulté  là  des  amas  très  importants. 

Le  remplissage  est  variable  en  direction  comme  en  profon- 
deur. Au  niveau  qui  était  exploité  en  1871,  la  partie  Sud  était 
exclusivement  argentifère,  la  partie  Nord  surtout  plombeuse  et 
aurifère.  Le  minerai  n'est  pas  localisé  dans  les  veines,  mais 
imprègne  également  toute  la  roche  encaissante  qu'on  abat  pour 
la  passer  au  scheidage.  Au  Sud,  on  trouve  les  sulfures  d'argent 
simples  ou  complexes,  disséminés  ou  contournés  en  veines  dans 
un  quartz  toujours  opaque  et  un  peu  jauni  par  de  la  calcite 
magnésienne  (Cari  Schacht).  Ailleurs,  le  minerai  d'argent  est  à  la 
surface  de  bandes  de  quartz  hachées  par  des  lames  de  manganèse 
carbonate  rose  dans  un  griinstein  kaolinisé  (Max  Schacht).  Au 
centre,  apparaît  le  sinople  en  même  temps  que  la  blende,  la 
galène,  etc.  Ce  sinople  est  un  minerai  d'or. 

Au  Nord,  le  Spitaler  Gang  a  un  remplissage  bréchiforme,  consti- 
tué par  des  fragments  anguleux  de  propylite  quartzifiée  et  impré- 
gnée de  pyrite  avec  un  ciment  de  sinople  chargé  de  galène, 
blende  el  pyrite  cuivreuse,  que  traversent  des  veines  de  quartz 
cristallisé,  en  relation  avec  des  fentes  plus  grosses  tapissées  de 
beaux  cristaux  de  quartz  géodiques.  On  peut  constater  que  le 
sinople  a  précédé  le  quartz  opaque  et  les  minéraux  sulfurés  et 
qu'il  y  a  eu,  pendant  le  remplissage,  continuation  des  phénomènes 
mécaniques  qui  avaient  ouvert  la  fente. 

Le  Biber  Gang,  comparable  au  Spitaler  Gang  par  la  largeur  entre 
ses  veines  extrêmes,  ainsi  que  par  son  remplissage  (aident  au  Sud, 
plomb  au  Nord),  est  moins  connu.  M.  Lipold  l'a  décrit,  ainsi  que 
le  Gruner  Gang,  comme  un  filon  de  rhyolithe  métallifère  au  milieu 


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MINES  d'argent  DE  SCHEMNITZ   (hONGRIe)  791 

de  la  propylite  altérée.  En  réalité,  il  n*existe  pas  là  de  rhyolithe. 
Le  Biber  Gang  a  été  surtout  exploité  autrefois  à  Siglisberg  et  à 
Windschacht. 

Le  Theresia  Gang  a  présenté  cette  particularité  d'être  argentifère 
à  la  surface,  plombeux  en  profondeur.  Il  est  formé,  dans  sa  partie 
intermédiaire,  d'une  brèche  provenant  de  la  destruction  d'un  rem- 
plissage antérieur  et  dont  les  fragments,  eux-mêmes  bréchiformes, 
sont  entourés  de  sinople  et  de  quartz  jaunâtre.  Plus  bas,  la  propor- 
tion de  galène  et  de  quartz  a  augmenté  très  fortement,  en  même 
temps  que  le  sinople  et  le  quartz  disparaissaient. 

VOchsenkopfer  Gang,  depuis  longtemps  abandonné,  avait  un 
remplissage  très  quarlzeux  et  très  dur. 

^  Filons  encaissés  dans  la  syénite.  —  Ces  filons  sont  exploités 
dans  les  deux  vallées  d'Hodritsch  etd'Eisenbach.  Très  différents  des 
précédents,  ils  sont,  le  plus  souvent,  constitués  par  une  veine 
unique,  presque  toujours  puissante,  remplie  de  quartz  ou  de  cal- 
cite  et  contenant  exclusivement  des  minerais  d'argent.  La  syénite, 
au  voisinage,  est  généralement  criblée  de  cristaux  de  pyrite,  mais 
ne  contient  jamais  d'argent. 

Dans  le  groupe  d'flodritscb ,  on  peut  distinguer,  d'abord,  VAllerhei- 
ligen  Gang,  qui  est  un  fllon  de  contact  entre  la  syénite  et  un  grun- 
stein  quartzifère.  Ce  filon  est  formé  de  plusieurs  veines  contenant 
un  remplissage  bréchiforme  et  lançant  des  ramifications  nombreuses 
au  toit  et  au  mur.  Antérieurement  au  remplissage,  un  mouvement 
de  glissement  a  poli,  en  plusieurs  points,  les  épontes  comme  des  mi- 
roirs. Les  minerais  sont  la  stéphanite,  l'argent  rouge,  la  pyrite  cui- 
vreuse et  les  branderze.  Le  gisement,  qui  a  donné  lieu  autrefois  à 
une  exploitation  considérable,  était  presque  abandonné  en  1871. 

Le  Pauli  Gang  est  formé  d'un  réseau  de  fentes  hachant  les 
quartzites. 

Le  Brenner  Gang,  encaissé  dans  la  syénite  parallèlement  à  deux 
filons  de  propylite  voisins,  contient  un  remplissage  quartzeux 
avec  calcite  manganésifère  et  sulfures  simples  ou  complexes  formant 
des  masses  considérables  et  très  étendues  ;  au  contact  des  mine- 
rais, conformément  à  une  remarque  assez  générale,  la  syénite  est 
décomposée. 


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792  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Le  Schàpfer  Gang  est  encore  activement  exploité.  Il  résulte  de 
la  jonction  de  trois  veines  constituant  le  Johann-Nepomuk  Gang, 
avec  le  Johann-Baptista  Gang.  Encaissé  dans  la  syénite,  il  a  tou- 
jours des  épontes  très  nettes  et  lance,  dans  la  roche  au  voisinage, 
des  veines  quartzeuses.  Au  centre,  il  est  rempli  de  calcite,  souvent 
comme  imprégnée  de  quartz;  au  Nord,  la  calcite  a  disparu  par 
dissolution  postérieure  et  Ton  n'a  plus  que  du  quartz  empâtant  des 
blocs  de  syénite.  Les  minerais  sont  des  sulfures  d*ai^ent  disposés 
par  colonnes  riches  et  qu'on  peut  amener,  par  simple  triage,  à  une 
teneur  de  près  de  8  p.  100  d'argent. 

Le  Colloredo  Gang^  encaissé  aussi  dans  la  syénite  et  présentant 
des  faces  de  glissement  polies  sur  ses  épontes ,  est  suivi  par  un 
filon  de  grûnstein  parallèle.  En  un  point,  il  s'est  réduit  à  un  simple 
joint  et  brusquement  bifurqué. 

Dans  le  groupe  d'Eiesenbach,  on  connaît  le  Hofer  Gang,le  Johanni 
Kluft,  l'Eiesenbach  Gang,  etc..  qui  ne  donnent  lieu  à  aucune 
observation  particulière. 

Kremnitz.  —  A  Kremnitz^  on  exploite  également,  à  la  fois, 
l'or  et  l'argent;  les  filons  métallifères,  très  nombreux  et  rami- 
fiés, traversent  un  amas  de  trachyte  amphibolique  (propylite),  de 
8000  mètres  de  long  sur  2  à  4000  de  large,  entouré  de  trachyte 
gris.  Ils  n'ont  pas  de  salbandes  et  la  propylite,  au  voisinage,  est 
imprégnée  de  pyrite  aurifère.  On  a  distingué  deux  systèmes  de 
filons  distincts  :  le  système  du  filon  principal  comprenant  les  filons 
Schràmer,  Kirchberg,  Schindier  et  Catherine,  avec  le  réseau  de 
veines  qui  les  rattachent;  le  système  du  filon  Georges-Sigismond, 
présentant,  en  outre  de  ce  filon,  un  filon  argileux. 

Le  premier  système  affecte  l'allure  de  veines  de  retrait  conver- 
gentes en  profondeur.  Le  remplissage  est  principalement  formé 
de  quartz,  jaspe,  fragments  de  roches  encaissantes  décomposés  ou 
même  transformés  en  argile  et  pyrites  aurifères  ou  ai^entifères 
très  finement  disséminées  dans  la  masse.  Les  minerais  sont,  outre 
la  pyrite,  la  psaturose,  l'argent  rouge,  l'argyrose,  le  cuivre  gris, 
le  braunspath,  la  calcite,  la  barytine. 

Le  second  système  est,  de  même,  constitué  par  deux  filons  ratta- 
chés par  de  nombreuses  cassures  et  se  réunissant  en  profondeur. 


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MINES   d'argent   DU   COMSTOCK   (nEVADA)  793 

Le  remplissage  est  analogue,  mais  contient,  en  outre,  de  la  stibine 
aurifère  et  de  Tor  natif. 

L'affleurement  des  filons  a  été  particulièrement  riche  en  or  par 
un  phénomène  de  concentration  résultant  de  la  décomposition  du 
remplissage. 

Bibliographie. 

1822.  Beudant.  —  Voyage  minéralogique  et  géologique  de  Hongrie. 
1853.  RivoT  et  Ddchanoy.  —  Voyage  en  Hongrie.  {Ann,  d.  M.) 

1860.  RiCHTHOFBN.  —  (Jahrb.  d.  K,  K.  g.  Reichsant.) 

1861.  V.  CoTTA.  —  (B.  u.  H.Z.,  1861,  p.  9.) 

1866.  WiNDAKiKwicz.  —  {Jahrb.  der  K.  K.  geoL  Reichs.^  t.  XVI,  p.  217.) 

1866.  Fbssl.  —  (Jahrb.  d.  K.  K.  g.  Reichs,  p.  508.) 

1867.  G.  Fallkr.  —  {B.  u.  U.  Z.  d.  K.  K.  ôstr.  Berg.  Acad.,  p.  107.) 
1867.  LiPOLD.  —  {Jahrb,  d.  K,K.  geoL  Reichs.,  p.  317.) 

1870.  Gedenkbuch  zun  Grûndung  von  Schemnitz  (1770-1870). 
*  1873.  Zeiller  et  Henry.  —  {Ann.  d.  M.,  7«  série,  t.  III,  p.  307.) 
1874.  WiNDAEiEwicz.  —  {Jahrb.  d.  K.  K.  g.  Reichs.,  p.  504.) 
1879.  Groddkck,  p.  233. 


MINES  D'ARGENT  DU  COMSTOCK  (nevada)* 

Historique  et  production.  —  Le  grand  filon  du  Comstock,  dans 
le  district  de  Washoe,  état  de  Nevada,  est  l'exemple  le  plus  remar- 
quable de  ces  riches  filons  argentifères  et  aurifères  récents,  à 
gangue  généralement  quartzeuse,  que  Ton  retrouve  sur  presque 
toute  la  longueur  de  la  chatne  des  Montagnes  Rocheuses  et  des 
Andes,  aux  Etals-Unis,  au  Mexique,  en  Bolivie,  au  Pérou  et  au 
Chili,  filons  puissants,  prolongés  souvent  sur  des  longueurs 
énormes.  Celui-là  est  si  connu  et  a  joué  un  tel  rôle  sur  le  mar- 
ché de  l'argent  dans  ces  trente  dernières  années  qu'il  ne  sera 
pas  sans  intérêt  de  raconter  brièvement  son  histoire  *. 

C'est  en  juin  1839  que  deux  mineurs  irlandais.  Peter  O'Riley 

•  Coll.  École  des  Mines,  1600  et  1647. 

•  Cette  histoire  a  fait  Tobjet  d'une  monographie  dans  les  publications  du  Geological 
Survey  des  États-Unis  :  Lord,  Comstock  mining  and  miners  (1883),  indépendamment 
d*un  autre  volume  de  description  technique  :  Becker,  Geology  of  the  Comstock  Iode. 

Antérieurement,  elle  avait  été  retracée  brièvement  dans  deux  articles  de  M.  Simonin 
parus  dans  la  Revue  des  Deux  Mondes  :  15  avril  1874,  les  Mines  d'argent  du  Nevada 
15  nov.  1875,  les  Mines  d'or  et  d'argent  aux  États-Unis. 


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796  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Dans  Tannée  1880,  il  a  épuisé  4  700  000  mètres  cubes  d'eau. 
Son  prix  total  a  été  de  10  millions.  On  Tutilise  aujourd'hui 
pour  produire  de  la  force  motrice  et  éclairer  la  mine  à  Télec- 
tricité. 

Quant  à  la  chaleur,  par  un  phénomène  qui  semble  en  relation 
avec  les  actions  volcaniques  S  elle  suit  là  une  loi  de  progression 
anormale,  qui  la  fait  augmenter  très  rapidement  :  à  450  mètres, 
elle  atteint  déjà  49"*  centigrades,  GO""  à  670  mètres,  etc.  ^ 

Il  en  résulte  que  le  travail  devient  complètement  impossible  en 
profondeur,  à  moins  de  précautions  toutes  spéciales.  Dans  le  puits 
Ophir  de  la  compagnie  Victoria,  on  a  dû,  dès  450  mètres,  faire 
arriver  une  pluie  d'eau  froide  aux  fronts  de  taille.  Dans  les 
parties  les  plus  basses,  à  8  et  900  mètres  de  profondeur,  chaque 
mineur  reçoit  jusqu'à  50  livres  de  glace,  et,  malgré  cela,  ne  peut 
résister  plus  de  trois  heures.  En  1878,  au  niveau  de  830  mètres  de 
la  mine  de  Gould  et  Curry,  un  mineur  tomba  frappé  d'une 
attaque  d'apoplexie  à  la  température  de  53""'.  En  1881,  Teau 
des  travaux  atteignit,  en  un  point,  77^. 

Si  Ton  joint  à  cela  que,  depuis  1874,  on  n'a  plus  retrouvé  de 
grande  bonanza,  on  comprendra  comment  le  Comstock  a  vu  sa 
production  diminuer  très  fortement,  en  sorte  que  celle  de  l'Etat 
entier  du  Nevada  est  passée,  de  70  millions  en  1871  à  35  millions 
de  francs  en  1881  et  24  millions  en  1887,  alors  qu'en  cette  der- 
nière année  TÉtat  du  Montana  arrivait  à  77  millions. 

En  1889,  la  Nevada  a  donné  4  696  605  onces  d'argent  (31  500  000 
francs)  ;  en  1890,  4  450  000  onces  (29  900  000  francs)*. 


*  On  avait  supposé  que  cette  chaleur  pouvait  tenir  à  des  réactions  chimiques,  en 
particulier  à  la  kaolinisation  des  feldspaths.  M.  Becker,  après  des  expériences  déli* 
cates,  s'est  prononcé  contre  cette  idée. 

*  Les  températures  ont  été  en  defrrés  centigrades  : 

33"  70"        100"        200-        300"        400"        500"        600»        700" 

10«  13<»         17«  22*  26<»  32»  38<»         40»,5        41<» 

(Voir  Lord,  p.  397.) 

La  progression  est  assez  continue  ;  d'après  Becker,  elle  serait,  verticalement,  de 
1  degré  tous  les  10  mètres;  horizontalement  la  température  décroîtrait  en  progression 
géométrique  avec  la  distance  au  filon. 
»  Lord,  p.  395. 

*  n  ne  faut  pas  oublier  d'ailleurs,  que  tous  les  renseignements  statistiques  sur  ces 
mines  sont  fort  sujets  à  caution  ;  car,  pour  préparer  les  spéculations  considérables 
auxquelles  elles  donnent  lieu,  on  a,  tour  à  tour,  intérêt  à  les  déprécier  ou  à  en  en- 
fler la  valeur  et  Ton  évite,  autant  que  possible,  les  vérifications  sur  place. 


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MINES  d'argent  DU  COMSTOCK    (nEYADA)  797 

En  résumé,  Ton  a  pu  calculer  que,  jusqu'en  1881,  ce  filon 
avait  produit,  avec  16  bonanzas,  7  millions  de  tonnes  de  minerais, 
représentant  une  valeur  de  un  milliard  800  millions  de  francs, 
dont  42  p.  100  en  or  et  58  p.  100  en  argent,  et  que  les  bénéfices 
nets,  pendant  la  même  période,  montaient  à  600  millions*. 

Depuis  cette  époque,  Textraction  correspond,  en  outre,  à  plus 
de  500  millions. 

Cette  production  se  divisait  ainsi,  de  1865  à  1881,  entre  les  trois 
groupes  principaux  : 

Or  Argent  Total 

Gold  hill  groups  . 

(1864  à  1873).  .  112  300  000  fr.  115  800  000  fr.  228  100  000  fr. 
Central  groups  .   . 

(1866  à  1874).  .  56  600  000  —  100  300  000  —  156  900  000  — 
BonaDza  groups.  . 

(1864  à  1880).  .     2S3  400  000  —     322  300  000  —    605  700  000  — 

452  300  000  fr.     538  400  000  fr.    990  700  000  fr. 
Production  jusqu*eii 

1886 79  000  000  —    172  000  000  —     251  000  000  — 

.    Total  ....     531  300  000  fr.    710  400  000  fr.  1241  700  000  fr. 

Dans  le  groupe  de  Goldhill,  sont  comprises  les  mines  de  Crown- 
point,  Belcher,  Yellow-Jacket,  Impérial,  Empire  ;  dans  Central 
Group,  Savage,  Gould  and  Curry^  Haie  and  Norcross,  ChoUar 
Potosi  ;  dans  Bonanza  Group,  Consolidated  Virginia,  California 
et  Ophir. 

Le  nombre  des  mineurs  employés  a  été,  de  1860  à  1870,  de 
1  500  ;  de  1870  à  1880,  de  3  200. 

Trois  villes  se  sont  fondées  aux  abords  du  filon  :  Virginia, 
Goldhill  et  Silvercily,  dont  la  population,  dès  1876,  a  dépassé 
20  000  âmes  '. 

Géologie  de  la  région.  —  La  région  du  Comstock  a  été  Tobjet 
de  nombreuses  descriptions  de  MM.  von  Richthofen,  King,  Zirkel, 
Burlhe  et  Church.  En  1882,  M.  Becker  en  a  repris  l'étude'  et  est 

*  Lord,  p.  353.  Voir,  dans  le  môme  ouvrage,  un  tableau  détaillé,  p.  416.  Cf.  Becker, 
p.  9. 

*  Becker,  p.  4. 

'  Au  mémoire  de  M.  Becker  8ont  jointes  de  curieuses  recherches  expérimentales  de 


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798 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


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MINES  d'argent  DU  COMSTOCK    (neYADA)  799 

arrivé,  par  des  déterminations  microscopiques,  à  préciser  la  nature 
des  roches  ,  qui  avaient  été  souvent  méconnues  à  cause  de  leur 
habituelle  altération  ^  ou  confondues,  comme  à  Schemnitz,  sous  le 
nom  vague  de  propylites.  Tous  les  auteurs  sont  d'accord  pour  faire 
ressortir  l'analogie  qui  existe  entre  ces  formations  et  celles  de 
Hongrie. 

D'après  M.  Becker,  Tordre  de  succession  des  roches  du  district 
de  Washoe  (voir  la  figure  365)  comprend  :  granité,  schistes  méta- 
morphiques, diorite  granulaire,  diorite  porphyritique,  diorite  méta- 
morphique (?),  microgranulite,  diabase  ancienne,  diabase  récente, 
andésite  amphibolique  ancienne,  andésite  pyroxénique,  andésite 
amphibolique  récente  et  basalte.  La  roche,  qualifiée  jadis  de  pro- 
pylite  par  Richthofen,  et  à  laquelle  on  avait  voulu  attribuer  une 
existence  individuelle,  n'est,  en  réalité,  que  la  forme  altérée,  soit 
de  l'une,  soit  de  l'autre  des  roches  précédentes*,  qui,  en  se 
décomposant,  se  chargent  toutes  de  chlorite,  puis  d'épidote. 
M.  Becker^  a  tracé  les  limites  de  la  zone  décomposée,  et  est 
arrivé  à  cette  conclusion  que  cette  décomposition  s'était  pro- 
duite en  même  temps  que  l'arrivée  du  minerai,  postérieurement 
à  l'andésite  amphibolique  la  plus  récente  ^. 

Si  l'on  examine  une  carte  géologique  de  la  surface  (fig.  365),  on 
voit,  entre  un  massif  de  diorite  formant  le  mont  Davidson  à  l'Ouest, 
et  une  coulée  d'andésites  amphiboliques  récentes,  à  l'Est,  courir 
suivant  une  direction  générale  N.15**E.  un  grand  filon  de  quartz 
légèrement  ondulé,  qui  a  3  kilomètres  de  long  et  plusieurs  cen- 
taines de  mètres  de  large  aux  affleurements.  A  son  extrémité  Nord, 
le  filon  se  bifurque  en  trois  ou  quatre  ;  à  son  extrémité  Sud, 
en  deux  *.  L'ensemble  donne  l'impression  d'une  cassure  produite 

de  M.  Cari  Barus  sur  la  kaolinisation  et  sur  Taclion  électrique  des  gisements  métalli- 
fères produisant  des  courants  locaux,  très  faibles  ici  (et  encore  plus  à  Eurêka  où  Ton 
a  expérimenté  de  même),  mais,  sans  doute,  plus  notables  avec  des  minerais  sulfurés 
(p.  403). 

*  M.Beckera  insisté,  avec  juste  raison  (p.  33),  sur  la  nécessité  qui  sMmpose,  lorsqu'on 
veut  appliquer  le  microscopeà  Tétude  des  gisements  métallifères,  d'apprendre  à  recon- 
naître les  roches  sous  la  forme  altérée  qu'elles  présentent  toujours  en  ce  cas-là.  Toute  la 
région  du  Comstock  présente,  à  un  haut  degré,  ces  phénomènes  d'altération  (p.  369). 

*  11  en  est  de  même  des  prétendus  greenstone,  grûnstein,  etc.,  de  tant  de  districts 
métallifères. 

»  Page  383. 

*  Page  267. 


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800 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


par  une  pression  centrale  sur  une  matière  légèrement  élastique  \ 
Le  pendage,  assez  régulier  en  profondeur,  est  de  35  à  40""  vers 
TEst.  Un  peu  plus  à  TEst,  est  un  autre  filon  de  quartz  presque 
paraUèle,  mais  beaucoup  plus  mince  :  TOccidental  Iode,  encaissé 
dans  les  andésites  augitiques.  Dans  Fintervalle,  il  existe  quelques 
veines  métallifères,  que  nous  mentionnerons  plus  loin. 

Si,  au  lieu  de  se  borner  à  une  carte  de  la  surface,  on  examine 
des  coupes  verticales  perpendiculaires  au  filon,   en   particulier 

OaeMt.  ^st. 


Fig.  367.  —  Coupe  par  le  puits  G  and  C,  au  Gomstock. 
(D'après  Becker.) 


Echelle  au 


14.400 


celles  faites  dans  la  région  centrale,  à  Virginia  City  et,  plus  au 
Sud,  à  Gold  hill,  les  phénomènes  apparaissent  un  peu  différents. 
Sur  une  première  coupe  (fig.  367),  on  voit  '  que,  sous  l'andésite 
amphibolique  d'une  épaisseur  restreinte,  apparaît  aussitôt,  au  toit 
du  filon,  une  diabase  récente,  à  laquelle  nous  dirons  qu'on  attribue 
un  rôle  important  dans  la  formation  métallifère.  On  y  trouve 
également,  située  presque  verticalement  dans  la  diabase,  la  grande 

'  II  n*y  a  pas  lieu  de  chercher  ici,  comme  en  Saxe  ou  en  Bohême,  des  systèmes  de 
croiseurs  d*âge  différent,  quoique  le  mouvement  mécanique  paraisse  avoir  duré  long- 
temps. 

s 


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MINES   d'argent   DU   COMSTOCK   (nEVADA) 


801 


bonanza,  qui  a  produit,  à  elle  seule,  près  d'un  tiers  de  l'argent 
du  Gomstock  ;  au-dessous  d'elle,  il  existe  un  mélange  confus  de 
diorite,  de  diabase  et  de  gangue  filonienne. 

Une  autre  coupe,  donnée  par  M.  Becker,  le  long  du  grand  tunnel 
Sutro  (et  que  nous  ne  reproduisons  pas)  présente  :  au  mur  du 
filon,  la  diorite  habituelle  ;  puis,  le  remplissage  bréchiforme,  qui 
forme  la  grande  masse  du  filon,  avec  ses  veines  de  quartz;  la 
diabase  récente  ;  l'andésite  amphibolique  récente,  renfermant  des 
veines  minéralisées  ;  l'andésite  augitique  avec  trois  grandes  veines  : 
Solferino  Iode,  Occidental  Iode,  Coryell  Iode  ;  l'andésite  amphi- 


Ouesl 


Est 


f\iiU  Neuf 


Rxrtikf  Tm/ier'oâséts.  J^n  fia  çuarùc,    TrcLi?auii>'. 


Fig.  368.  —  Coupe  par  le  puits  d'Yellow  Jacket  au  Gomstock. 
(D'après  M.  Becker.) 

bolique  récente;  de  nouveau,  l'andésite  augitique,  avec  le  Great 
Flowery  Iode  et  l'andésite  amphibolique,  où  débouche  le  tunnel. 

Enfin,  la  coupe  faite  plus  au  Sud,  dans  la  région  de  Gold  hill, 
au  puits  Yellow  Jacket*  (fig.  368),  montre  Texistence,  au  mur,  d'un 
dyke  de  diabase  plus  récente,  appelé  black-dike.  Elle  indique,  de 
plus,  au  voisinage  de  la  surface,  une  veine  de  quartz  d'une  dis- 
position assez  difficilement  explicable. 

En  outre,  toutes  les  coupes  mettent  en  évidence  la  façon  remar- 


»  Becker,  p.  277. 

GÉOLOGIE.   —  T.  II. 


51 


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802  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

quable  dont,  à  100  ou  200  mètres  de  la  surface,  le  filon  se  bifurque. 
Tune  des  veines  quartzeuses  poursuivant  dans  la  même  direction, 
l'autre  s'élevant  plus  ou  moins  verticalement,  et  l'ensemble  englo- 
bant ainsi  un  prisme  triangulaire  des  roches  avoisinantes.  Sur  la 
figure  367,  on  a  même  affaire  à  une  ramification  multiple,  qui 
cesse  à  130  mètres  de  la  surface.  Au-dessous,  le  filon  est  plus 
régulier,  mais  aussi  plus  étroit  (50  mètres  de  long  au  maximum). 

Filon  métallifère.  —  Si  Ton  cherche  à  se  rendre  compte  de  la 
production  de  cette  fracture^  sans  s'occuper  encore  de  son  mode  de 
remplissage,  on  peut  supposer,  avec  M.  Becker,  qu'elle  estle résul- 
tat d'une  faille,  produite  elle-même  par  une  pression  énergique 
agissant  en  son  centre  ^  M.  Becker,  en  étudiant  mathématique- 
ment la  courbure  que  devait  prendre  la  surface  d'un  pays,  divisé^ 
comme  le  Comstock,en  une  série  de  zones  parallèles,  sous  l'action 
d'un  déplacement  relatif  de  deux  d'entre  elles,  entraînant  les  autres 
par  adhérence,  a  montré  qu'elle  pouvait  être  représentée  par  deux 
équations  logarithmiques,  presque  complètement  réalisées  sur  la 
section  verticale  du  Sutro  tunnel  *  et  permettant,  en  partant  de  la 
surface  observée,  de  calculer  la  dénivellation  de  la  faille. 

Le  mouvement  mécanique,  qui  a  eu  pour  effet  de  faire  glisser 
le  toit  sur  le  mur,  s'est  prolongé  pendant  toute  la  durée  du  rem- 
plissage (disloqué  à  diverses  reprises)  et  même  après  son  achève- 
ment. Les  signes  de  laminage  fréquents,  les  salbandes  argileuses 
bien  nettes  et  les  bonanzas ,  avec  leur  remplissage  bréchiforme , 
sont  une  conséquence  de  ce  phénomène  '. 

D'après  M.  Becker,  l'histoire  du  filon  se  résumerait  donc  ainsi  : 

Après  l'éruption  de  la  diorite,  serait  venue  la  diabase  ancienne, 
recoupant  la  diorite  suivant  un  plan  à  45"*  ;  puis  le  contact  au- 
rait rejoué  pour  laisser  passer  une  autre  diabase  (le  black  dike). 
Après  quoi,  les  andésites  amphiboliques  et  augitiques  se  seraient 
épanchées  et  les  érosions  auraient  produit,  au-dessus  de  ces  quatre 
roches,  une  plaine  à  peu  près  uniforme.  Mais  alors  un  mouvement 

*  Page  376. 

*  M.  Becker  insiste  sur  ce  fait  que,  lorsque  la  surface,  au  moment  où  une  faille  se 
produit,  n'est  pas  plane,  chacune  de  ses  inflexions  a  son  retentissement  dans  la  forme 
de  la  faille  (p.  378), 

»  Voir  pages  157, 272. 


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MINES   d'argent   DU   COMSTOCK    (nEVADA)  803 

prononcé  aurait  déterminé  la  saillie  du  M*  Davidson  ;  la  cassure 
fîlonienne  se  serait  ouverte  avec  utie  friction  considérable  et  aurait 
été  accompagnée  de  nombreuses  fissures  latérales. 

Suivant  les  circonstances  locales,  cette  cassure  est  restée  plus 
ou  moins  ouverte,  très  large  en  certains  points,  comme  à  Gold 
hill,  par  suite  de  la  discordance  des  courbures  des  deux  épontes, 
très  mince,  au  contraire,  ailleurs  et,  dans  cette  faille,  sont  tombés 
des  fragments  des  épontes,  qui  ont  été  cimentés,  plus  tard,  par 
le  remplissage.  Les  bonanzas  doivent,  dès  lors,  logiquement  se 
trouver  :  soit  aux  points  où  un  bâillement  a  existé  entre  les  deux 
parois,  soit  à  ceux  où  il  y  a  eu  dislocation  très  énergique,  prépa- 
rant un  vaste  espace  de  roche  broyée  propre  à  l'imprégnation. 

M.  Becker  a  même  été  plus  loin  et,  de  ce  fait  que  la  surface 
actuelle  du  sol  avait,  à  peu  près,  la  forme  théorique  que  donnait  à 
prévoir  le  calcul  des  effets  de  la  faille,  il  a  voulu  conclure  que  les 
érosions  avaient  joué  un  rôle  très  faible  dans  l'orographie  du  pays  : 
dès  lors,  que  le  remplissage  du  filon  était  très  récent,  puisqu'il 
datait  d'une  époque,  où  Taction  des  eaux  était  déjà  tout  à  fait  res- 
treinte dans  le  district  de  Washoe*.  Il  y  aurait,  ce  nous  semble, 
des  réserves  à  faire  sur  cette  application,  si  ingénieuse  qu'elle 
soit,  des  déductions  mathématiques. 

Le  remplissage  du  filon},  qu'il  nous  reste  à  examiner,  se  com  pose 
uniquement  de  fragments  des  roches  encaissantes  cimentés  par 
du  quartz.  Ces  fragments,  toujours  anguleux,  prouvent  qu'il  n'y  a 
pas  eu  substitution,  comme  on  Ta  parfois  prétendu.  La  calcite, 
le  gypse,  les  zéolithes  n'existent  qu'à  l'état  d'exception.  Le  quartz 
contient  presque  toujours  de  l'or  et  de  l'argent.  Il  est,  soit  com- 
pact et  résistant,  soit  carié  et  friable  ;  dans  ce  dernier  cas,  il  est 
généralement  plus  riche.  Au  voisinage  de  la  diorite,  l'or,  dit-on, 
prédomine,  l'argent  est  rare  ;  au  toit,  au  contraire,  du  côté  de 
la  diabase,  le  quartz  est  surtout  argentifère,  quoique  la  propor- 
tion d'or  contenu  ait,  à  peu  près,  la  même  valeur  que  celle 
de  l'argent.  Les  variations  dans  la  teneur  sont  extrêmes,  comme 
dans  tous  les  filons  d'argent.  Indépendamment  des  ndétaux  con- 


«  Pajçes  185,  379. 
a  Page  268. 


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int^i  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

tenos  dans  le  quartz,  on  rencontre,  très  irrégulièrement  dissé- 
minés, de  la  galène,  de  la  blende,  de  la  pyrite  et  des  minéraox 
d'argent. 

Pour  expliquer  la  formation  des  minercds,  on  a  analysé,  arec  le 
plus  grand  soin,  les  roches  encaissantes  et  constaté  que  la  diabase 
contenait  toujours  une  proportion  assez  notable  de  métaux  précieux, 
particulièrement  dans  le  pyroxène;  lorsqu'elle  est  décomposée, 
comme  c*est  le  cas  au  Toisinage  du  filon,  cette  proportion  est,  pa- 
ralt-il,  réduite  à  moitié.  Si  Ion  ajoute  que  les  minerais  riches  ont, 
presque  toujours,  été  trouvés  au  contact  de  la  diabase,  on  en  con- 
clura que  les  métaux  viennent  de  cette  roche.  Pour  H.  Becker,  le 
phénomène,  très  postérieur  à  la  solidification  de  la  diabase,  pos- 
térieur même  à  la  venue  des  andésites  amphiboliques  récentes, 
serait  dû  à  des  sources  chaudes  chargées  d'acide  carbonique  et 
d*acide  sulfhydrique,  qui  seraient  montées  de  la  profondeur  par 
un  phénomène  solfatarien,  le  long  de  la  fracture  ouverte  et  au- 
raient dissous  les  éléments  métallifères  et  le  quartz  des  épontes, 
ainsi  que  la  silice  des  brèches  englobées,  en  donnant,  comme 
résidu,  des  argiles.  Les  variations  dans  la  teneur  viendraient  alors 
de  la  nature  des  roches  attaquées,  du  temps  de  lattaque,  des 
différences  dans  la  pression  et  dans  la  température. 

Le  fait  que  les  andésites  amphiboliques  récentes,  assurément 
postérieures  à  la  diabase  (d'où  semblent  provenir  les  métaux  pré- 
cieux), sont  recoupées  par  le  filon,  lui  a  semblé  apporter  une 
conformation  à  cette  hypothèse. 

Ajoutons  encore  quelques  mots  sur  les  bonanzas  qui  ont  rendu 
le  Comstock  célèbre. 

Ces  bonanzas^  si  elles  se  trouvent  à  la  surface,  contiennent 
de  l'argent  natif  et  des  chlorures  ;  si  elles  sont  en  profondeur, 
renferment  des  sulfures  et  sulfosels  (argyrose,  stéphanite,  poly- 
basite,  proustite,  pyrargyrite,  tétraédrite,  etc.),  sans  que  Targent 
y  fasse  défaut.  Il  faut  aussi  rappeler  qu'on  y  a  trouvé  la  pyro- 
morphite,  la  cérusite,  la  cuprite,  Tarsénolite,  la  calcite,  Tor 
natif,  etc.. 

Ces  bonanzas,  encore  que  gigantesques,  ne  forment  qu'une  très 
petite  partie  du  filon  :  seulement  -^^  en  tout,  d'après  Burthe.  Quoi 


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MINES  d'argent  du   COMSTOCK  (nEYADA)  805 

qu'il  en  soit,  et  bien  qu'elles  soient  distribuées  sans  loi  connue, 
elles  sont  le  but  des  mineurs  et  la  fortune  des  sociétés  qui  exploi- 
tent les  profondeurs  de  ce  filon.  Elles  se  sont  rencontrées,  de 
préférence,  dans  trois  portions  du  Comstock  :  l'une  au  Sud  [Yellow 
Jacquet^  Gold-Hilt)  ;  une  au  centre,  comprenant  les  mines  de 
Chollar-Poiosi,  Norcross,  Savage,  Gould  and  Catry;  une,  plus  au 
Nord,  sur  Mexican  et  Ophir  (voir  fig.  366). 

La  puissance  et  la  richesse  de  ces  bonanzas  varient  beaucoup. 

La  bonanza  àii^Belcher,  découverte  en  1861 ,  avait  une  longueur  de 
91  mètres,  une  profondeur  de  100  mètres  et  donna  7  982  500  francs 
d'argent;  la  bonanza  Crown-Pointy  composée  de  trois  amas  dis- 
tincts, avait  une  largeur  moyenne  de  18°,25  sur  une  longueur 
de  162  mètres;  le  minerai  y  rendait  160  à  700  francs  à  la  tonne 
et  produisit,  de  1870  à  1873,  pour  53  655  784  francs  d'argent; 
les  bonanzas,  dites  Bluewing,  Potosi^  Savage,  Gould,  Curry,  etc., 
et,  entre  toutes,  celles  du  3^  groupe  fournissent  l'exemple  d'une 
richesse  extraordinaire.  La  bonanza  de  Potosi  a  produit  75  mil- 
lions de  francs  ;  l'extraction  montait  à  650  tonnes  par  jour  et  la 
tonne  de  minerai  valait  de  430  à  620  francs;  en  profondeur, 
elle  se  termina  par  une  roche  quartzeuse  mêlée  d'argile.  A  la  fin 
de  1874,  on  en  trouva  une,  la  grande  bonanza,  qui  comprend  les 
trois  mines  de  Virginia,  California,  et  à'Ophir,  bonanza  de 
360  mètres  de  longueur»  Dans  la  mine  à' Ophir,  le  minerai  y  était 
estimé  à  600  francs  la  tonne  :  ce  qui  n'empêche  pas  qu'on  ait 
trouvé  des  nids  d  une  valeur  de  plus  de  4  000  francs  la  tonne.  On 
a  calculé  que,  depuis  la  découverte,  on  avait  retiré  de  cette 
bonanza  une  valeur  de  215  000  000  de  francs. 

Néanmoins,  le  rendement  de  600  francs  à  la  tonne  était  excep- 
tionnel, même  dans  ces  bonanzas  ;  le  minerai  y  avait,  comme 
teneur  moyenne,  d'après  les  analyses  de  Stretch  : 


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806 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


NOMS  DBS  MI 

NES 

JACQUET 

OPHIR 

CALIFORNIA 

YELLOW 

SiO» 

63,380 

65,783  à    67,50 

98,310 

96,560 

S 

7,919 

11,350  à      8,750 

0,693 

0,160 

Sb 

0,087 

»                » 

» 

» 

Cu 

1,596 

1,310  à      1,300 

» 

» 

Fe 

0,463 

2,280  à      2,250 

0,575 

2,800 

Zn 

14,455 

11,307  à     12,850 

» 

» 

Pb 

4,151 

6,141  à      5,700 

» 

» 

Au 

0,059 

0,570  à      0,059 

0,005 

0,001 

Ag 

1,786 

1,760  à      1,750 

0,150 

0,050 

98,896 

100,505  à  100,159 

99,733 

99,571 

Bibliographie. 

1865.  V.  RicHTHOFEN.  —  The  Comstock  Iode.  Sao  Francisco. 

1866.  (Bull.  Ann,  d,  J/.,  6%  t.  XUI,  p.  500.) 

1867.  V.  CoTTA.  —  Berg.  u.  Hûttenm  Zeitung,  p.  413. 

1867.  Clarence  KiNG.  —  Exploration  of  the  forlielh  Parallel,  t.  III. 
1869.  V.  RicHTHOFEN.  •— Zeitsch.  d.  d.  geol.  Gesell,  p.  729. 

1874.  BuRTHE.  —  (Ann,  d.  M.,  7«  série,  t.  V,  p.  218.) 

1874  et  1875.    Simonin.  —  Mines  d'argent  aux  Etats-Unis.  (Revue  des  Deux- 
Mondes,) 

1875.  ZiRKEL.  —  Explor.  of  the  fortieth  parallel. 

1877.  Chdrch.  —  The  Comstock  Iode. 

1878.  Berg.  w.  H.  Z.,  p.  49. 

1878.  H.  KocH.  —  Zeitsch.  prussien,  t.  XXVI,  p.  43. 

1878.  Raymond.  —  Mining  stalistic  west  of  the  Rocky  Mountaias.  (Enginee- 
ring,  mai  1878.) 

1880.  SuTRO.  —  The  Sutro  Tunnel  of  the  Comstock  Lode. 

1879.  Groddeck,  p.  226  et  230. 
1889.  Davies,  p.  95. 

1883.   D'ACHIARDI,  I,  193. 

1880.  Alexandre  dbl  Mar.  —  Histoire  des  métaux  précieux. 

•  1882.  Becker.  —  Geology  of  the  Comstock  lode  and  the  Washoe  district. 

•  1883.  Lord.—  Comstock;  Mining  and  miners. 


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FILONS   ARGENTIFÈRES  d'aUSTIN   (nEVADA)  807 


FILONS  D'AUSTIN  (nevada),  etc.. 

Indépendamment  du  Comstock,  il  existe,  dans  le  Nevada,  d'an- 
tres filons  d'argent  .importants,  tels  que  les  filons  d'Amtin^  situés 
à  158  kilomètres  de  Battle  Mountain  et  à  341  de  San-Francisco, 
sur  le  mont  Toyabe. 

Cette  montagne  est  formée  de  granité,  que  recouvrent  des 
schistes,  des  calcaires  et  des  quartzites  recoupés  par  des  rhyo- 
lithes.  Les  filons  consistent  en  d'innombrables  veines  de  quartz 
(on  en  a  compté  plus  de  5  000)  au  milieu  du  granité,  de  très  petite 
puissance  et  souvent  réduites  à  deux  salbandes  argileuses.  Les 
parties  les  plus  riches  ont  seulement  0°",25  à  0"*,40. 

Les  principales  espèces  minérales  contenues  sont  la  pyrargyrite, 
la  proustite,  Targyrose,  la  polybasite,  la  stéphanite,  la  tétraédrite 
et  enfin,  à  la  profondeur  de  20  à  25  mètres,  les  chlorures  et  bro- 
mures d'argent  en  abondance*. 

Tous  ces  minerais  sont  dans  une  gangue  de  quartz  avec  sili- 
cate rose  de  manganèse  '.  On  les  trouve,  soit  au  toit,  soit  au  mur 
de  la  veine,  parfois  même  dans  les  salbandes. 

La  richesse  de  ces  filons  (appelés  North  Slar,  Oregon^  etc.)  est 
assez  variable.  M.  Burthe  cite  : 

Morris  et  Copie 0,071  721  Ag. 

Dollar  Hide 0,024388 

Oregon .;....  0,015  775 

Plymouth    ........  0,022376 

Mais  ces  chifTres  paraissent  être  exceptionnels  et  la  teneur 
moyenne  est  plutôt  de  0,004  à  0,005. 

La  production  annuelle  était,  vers  1875,  de  9600  tonnes,  d'a- 
près Burthe,  dont  8  700  provenant  des  mines  de  la  compagnie 
Manhattan. 

Nous  citerons  encore,  comme  gisements  d'argent  remarquables 

*  Nous  empruntons  cette  description  à  d'Âchiardi,  1,  195. 

*  On  peut  comparer  cette  association'  de  Targent  et  du  manganèse  à  ce  que  nous 
ayons  dit,  page  266. 


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808  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

aux  Etats-Unis,  ceux  du  district  de  Silversandstone^  dans  le  comté 
de  Washington,  à  500  kilomètres  au  Sud  de  la  cité  du  Lac  Salé^ 
compris  dans  une  roche  arénacée  triasique  ou  permienne  et  en 
relation  avec  des  roches  trachytiques. 

Le  minerai  est  composé  de  sulfure  et  d'ai^nt  natif.  Dans  ces 
couches  argentifères,  qui  ont  de  9°',15  à27",45,  abondent,  paraît-il, 
des  restes  végétaux,  en  partie  transformés  en  minerai  d'argent. 

MINES  D'ARGENT  DE  LA  RÉGION  DE  BUTTE-GITY* 

(montana) 

Lorsque  nous  avons  étudié,  au  chapitre  du  Cuivre^ y  les  filons  de 
TAnaconda  dans  TEtat  de  Montana,  nous  avons  indiqué  les  traits 
caractéristiques  de  la  géologie  du  pays  et  mentionné  l'existence 
de  mines  d'argent  à  côté  des  mines  de  cuivre.  Nous  rappellerons 
que  l'argent  provient  là  de  trois  groupes  de  mines  :  1**  au  Nord, 
une  zone  Est-Ouest  de  filons  à  sulfures  d'argent  et  galène,  avec 
gangue  quartzeuse  et  silicate  de  manganèse  :  Belcher,  Risingstar, 
Moulton,  Alice,  Lexington,  Magna  Carta,  Granité  Mountain,  etc.  : 
2^  au  Sud-Ouest,  les  filons  à  gangue  manganésifère  de  Bluebird  ; 
3"^  à  l'Est,  les  filons  cuprifères,  contenant  toujours  un  peu  d'argent 
accessoire,  de  l'Anaconda,  etc.. 

L'argent  est  obtenu,  soit  par  amalgamation  dans  les  silver  mills, 
soit  par  traitement  de  minerais  cuprifères  dans  les  smelters  ;  nous 
avons  dit  que  les  premiers  pouvaient,  en  1890,  passer  6  750  tonnes 
par  jour,  les  seconds  3  500.  Nous  ajouterons  quelques  détails  sur 
les  principales  mines  d'argent. 

•  La  première,  qui  ait  été  ouverte,  est  la  mine  Alice  (en  1876). 
Pendant  longtemps,  cette  mine  fameuse  a  été  le  type  des  mines 
de  Montana  ;  elle  en  est  encore  aujourd'hui,  après  Lexington,  la 
plus  profonde  (400  mètres). 

A  côté  de  la  mine  Alice,  la  mine  Magna  Carta  possède  une 
douzaine  de  veines  métallifères,  dont  la  principale  a  présenté  trois 
remarquables  bonanzas. 

«  Coll.  École  des  Mines,  2003. 
«  rago  263. 


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MINES   d'argent  DE  BUTTE-CITY   (mONTANA)  809 

La  mine  de  Blue  bird  est,  après  Granité  Mountain,  celle  qui  pro- 
duit le  plus  d'argent  en  Montana.  C'est  aussi  celle  qui  a  la  plus 
importante  usine  de  chloruration.  Le  filon  est  reconnu  jusqu'à 
160  mètres  de  profondeur  ;  il  est  large  et  produit  environ  100  tonnes 
par  jour.  Achetée  en  1886,  500.000  francs,  cette  mine  était  éva- 
luée, en  1890,  plus  de  10  millions. 

Moulton  est  le  prolongement  Ouest  de  la  mine  Alice.  Cette  mine, 
exploitée  depuis  1881,  est  aujourd'hui  à  200  mètres  de  profon- 
deur. 

La  Boston  and  Montana  G^  possède  un  certain  nombre  de  mines, 
en  particulier  Mountain  Wiew,  avec  deux  filons  parallèles,  de 
13  à  15  mètres  de  puissance,  dont  l'un  est  supposé  être  le  pro- 
longement de  celui  de  FAnaconda.  Ce  sont  des  filons  de  cuivre 
argentifère. 

Enfin  la  mine  Lexington,  qui  est  une  mine  d'argent  proprement 
dite,  présente,  pour  nous,  cet  intérêt  spécial  d'être  exploitée  au 
moyen  de  capitaux  français  *  ;  elle  est,  en  outre,  la  plus  profonde 
du  district. 

Elle  se  compose  de  5  concessions  :  Lexington,  Atlantic,  Wild 
Pat,  Allie  Brown  et  Mill  Site. 

Les  filons  reconnus  sont  au  nombre  de  deux  :  celui,  dit  de 
Lexington,  dirigé  S.-O.  et  présentant  des  ramifications  secondaires, 
qui  a  été  exploité  tout  d'abord  ;  et  la  veine  Atlantique  dirigée 
0.  20^N. 

En  1891,  à  l'extrémité  Est  des  travaux,  sur  la  veine  Atlantique, 
la  veine  avait  2™,30  de  large;  à  droite  venait  une  salbande;  puis^ 
on  avait  2  veines  de  blende  et  sulfures  divers  de  30  centimètres  ; 
1  mètre  de  quartz  et  rhodonite;  une  bande  de  blende  et,  de  nou- 
veau, du  quartz. 

A  un  autre  front  de  taille,  à  200  mètres  de  profondeur,  la  struc- 
ture filonienne  était  bien  nette  :  au  centre,  une  veine  de  quartz 
géodique  ;  des  deux  côtés,  de  la  rhodonite  avec  bandes  de  blende  ; 
du  minerai  d'argent  et,  vers  le  toit,  un  passage  progressif  à  la  roche. 

Les  usines  de  Lexington  ont  traité,  en  1890, 15  571  tonnes  de 
minerai  provenant  de  la  mine  et  11  744  tonnes  de  minerai  étranger 

'  Elle  appartient  à  la  môme  compagnie  que  la  mine  Old  Telegraph  de  TUtab. 


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810 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


et  produit  553000  onces  d'ai^ent  fin  et  3192  onces  d'or  pour 
une  valeur  de  3  296  000  francs.  Après  avoir  été  très  prospère  de 
1882  à  1884,  la  société  a  traversé  ensuite  une  phase  plus  difficile. 
Le  tableau  suivant  donne  la  production  des  usines  du  Montana 
(mills  et  smelters)  en  1889,  en  comptant  le  cuivre  à  1  260  francs 
la  tonne  et  largent  à  4  fr.  75  l'once  (153  francs  le  kilogramme). 

Boston  and  Montana  Company  : 


Argent.     263  107  onces  à  4.75  .   .    .   . 

1  249  758  francs 

Cuivre  .     11  800  tonnes  à  l  260.   .   .    . 

.     14  868000      — 

Or.  .   .     666  onces  à  103  francs  .   .   . 

68  598      — 

16186  356  francs 

Anaoonda  Company  : 

Cuivre .     31  700  tonnes  à  1  260 ...    . 

39  942000  francs 

Argent.     2  000  000  onces  à  4,75  .   .   . 

9  500  000      — 

49  442  000  francs 

Parrot  Compagny  : 

Argent.     800000  onces  à  4,75.   .   .   . 

3  800  000  francs 

Cuivre .     5  500  tonnes  à  1  260 ...   . 

6  930  000      — 

10  730  000  francs 

Colorado  Company  : 

Argent.     840  000  onces  à  4,75.  .   .   . 

3  990  000  francs 

Cuivre .     1  000  tonnes  à  1  260.  .   .   . 

1  260  000      — 

Or.  .   .     1  800  onces  à  103  francs .   . 

185  400      — 

5  435  400  francs 

Butte  Réduction  Works  : 

.    Argent.     4  000  000  onces  à  4,75.   .   . 

19  000000  francs 

Cuivre.     3Î00  tonnes  à  1  260.  .   .   . 

4  032  000      — 

23  032  000  francs 

En  ajoutant  les  autres  compagnies,  on  arrive  à  114  millions 
de  francs. 

Voici,  d'ailleurs,  d'après  une  statistique  américaine,  les  divi- 
dendes payés,  depuis  dix  ans,  par  les  mines  d'argent,  d'or  et  de 
cuivre  de  la  région  : 


Granité  Mountain.  .   .  Oeer  Lodge  .   .   . 

Drun-Lammon ....  Lewis  and  Glarke. 

Hecla  Con Beaverhead  .   .   . 

Boston  and  Montana  .  Silver  bow.  .  .   . 


39  500  000  francs. 

12  500000  — 
7000000  — 
4700  000      — 


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MINES  D  ARGENT  DU  MEXIQUE  811 

Alice Silver  bow.  ...      4100000  francs 

Lexington Silver  bow.   ...      2900000      — 

Boston   aad  Montana 

(gold) Lewis  and  aarke.      2  700  000      — 

Parrot Silver  bow.   ...      2500000      — 


MINES  D'ARGENT  DU  MEXIQUE* 

Nous  réunirons,  dans  ce  chapitre,  tous  les  gites  d'argent,  du 
Mexique  (sous  bien  des  rapports,  comparables),  bien  que,  dans 
quelques-uns,  on  puisse  voir,  à  l'occasion,  se  développer  la  cal- 
cite  au  lieu  du  quartz,  en  même  temps  qu'apparaît  le  cuivre  gris 
argentifère  (Sonora,  etc.). 

La  richesse  en  métaux  précieux  de  la  grande  arête  monta- 
gneuse, qui  s'étend  d'un  bout  à  l'autre  de  l'Amérique,  depuis  la 
presqu'île  d'Alaska,  jusqu'à  la  Terre-de-Feu,  est  bien  connue. 

Le  Mexique,  en  particulier,  au  Nord  de  l'Equateur,  et  le  Pérou, 
qui  lui  fait,  en  quelque  sorte,  pendant  dans  l'hémisphère  austral, 
ont  été,  pendant  longtemps,  après  la  découverte  de  l'Amérique, 
les  deux  grands  centres  de  production  de  l'argent  dans  le  monde. 

Cette  production,  qui  est  extrêmement  réduite  au  Pérou,  s'était, 
de  même,  considérablement  ralentie  au  Mexique,  à  la  suite  de  la 
révolution  qui  a  séparé  ce  pays  de  l'Espagne  et  qui  a  été  le  point 
de  départ  d'une  ère  de  luttes  peu  favorable  au  développement  régu- 
lier et  à  la  prospérité  de  l'industrie  minière  ;  mais,  depuis  quel- 
ques années,  les  richesses  du  pays  ont  pu,  de  nouveau,  être  mises 
en  valeur.  En  moins  de  dix  ans,  la  quantité  d'argent  extraite  a 
plus  que  doublé,  passant  de  605  469  kilogrammes  en  1881'  à 
1  325  828  en  1889  ou  1  275  265  en  1891,  et  le  Mexique  a  repris  le 
second  rang  parmi  les  pays  producteurs  d'argent,  juste  après  les 
Etats-Unis  dont  il  s'est  rapproché  rapidement. 

Rappelons  rapidement  l'histoire  de  ces  mines. 

Lorsque  les  Espagnols  conquirent  le  Mexique  en  1520,  les  pre- 
miers gisements  d'argent  qu'ils  exploitèrent  furent  ceux  des  dis- 

'  Coll.  Ecole  des  MineSy  n«*  1641  et  2000. 
*  90  millions  de  francs  en  1871. 


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812 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


tricts  voisins  de  la  capitale  :  Tasco,  Real-del-Monte  et  ÂDgaDguo. 
Puis,  peu  à  peu,  on  découvrit  les  autres  filons  compris  dans  les 
cinq  grands  districts  de  Pachuca^  Gtmnajato^  Zacatecas^  FresniUo, 
Catorce^  et  la  production  alla  constamment  en  s'accroissant  jus- 
qu'en 1753.  Vers  cette  époque,  il  y  eut  un  temps  d'arrêt  résul- 
tant du  haut  prix  demandé  pour  le  mercure  (nécessaire  à  l'amal- 


}  Fr«smDo 


6     HZbr 


Xinui^  des  rtffùms  «bnb  l'al^ 


Fig.  369.  —  Carte  de  la  région  des  mines  d'argent  au  Mexique  (d'après  M.  Laur). 

gamation)  par  la  couronne  d'Espagne,  qui  en  avait  le  monopole  à 
Almaden.  De  1763  à  1776,  le  prix  du  mercure  étant  descendu  de 
435  à  348  francs,  puis  à  222  francs  le  quintal  (de  46  kilogrammes), 
l'extraction  des  métaux  précieux  grandit  bientôt  au  Mexique.  En 
1809,  elle  atteignait  127  millions  de  francs  pour  l'argent,  8  mil- 
lions pour  l'or. 

La  guerre  de  l'Indépendance,  qui  survint  alors,  eut  pour  résultat 
de  faire  retomber  la  production  d'argent,  pour  vingt  ans,  au-des- 
sous de  53  millions  de  francs,  et  ce  n'est  guère  qu'en  1831  qu'elle 
commença  à  se  relever  un  peu. 


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MINES   D  ARGENT   DU  MEXIQUE  813 

A  ce  moment,  des  compagnies  étrangères  firent  de  grands  sacri- 
fices pour  reprendre  les  anciennes  mines,  restées  célèbres,  de  Real- 
del-Monte,  Guanajato  (Veta  Madré),  Bolafios,  etc..  Mais,  lorsqu'on 
put  rentrer  dans  les  travaux,  on  constata  que,  par  une  loi  géo- 
logique générale  en  ce  pays,  les  filons  d'argent  s'appauvrissaient 
assez  vite  en  profondeur  et  que  les  anciens  avaient  enlevé,  dans 
les  parties  hautes,  tous  les  minerais  les  plus  riches.  Si  Ton  joint 
à  cela  que,  malgré  la  découverte  de  mines  de  mercure  en  Cali- 
fornie, le  mercure  (qui  manque  au  -Mexique)  revenait  encore,  en  * 
1871,  sur  les  mines,  à  12  fr.  40  le  kilogramme;  que  le  sel,  éga- 
lement nécessaire  pour  l'amalgamation,  était  aussi  fort  coûteux,  on 
comprend  comment  un  grand  nombre  de  ces  entreprises  durent 
s'interrompre  et  comment  le  découragement  faillit  s'emparer  des 
industriels.  Cependant  des  conditions  économiques  plus  favorables, 
la  découverte  de  nouveaux  gisements  et  le  traitement  plus  rationnel 
de  minerais,  relativement  pauvres  mais  abondants,  ont  permis  à  l'in- 
dustrie argentifère  mexicaine  de  se  développer  progressivement*. 

Aujourd'hui  encore,  la  production  d'argent  est  surtout  concen- 
trée dans  les  cinq  grands  districts  mentionnés  plus  haut  ;  nous  les 
décrirons  ',  en  complétant  cette  étude  par  quelques  détails  sur 
les  gîtes,  industriellement  moins  importants,  de  Malacate  (Sulte- 
pec),  de  San  Francisco  (Morelos)  et  de  Carmen  (Sonora),  qui  ont 
été  visités  par  M.  Fuchs  en  1888. 

Généralités  sur  Tallure  et  l'âge  des  filons.  —  Les  filons  d'argent 
du  Mexique  sont  tous  d'un  âge  récent,  au  moins  postérieurs  au 
dépôt  du  jurassique  supérieur,  représenté,  à  Catorce,  par  des 
calcaires  avec  Aptychus  latus,  Am.  transitorius,  Am.  plicatilis,elc.; 
généralement,  ils  sont,  d'après  M.  Laur,  en  relation  avec  des  dio- 
rites  qu'ils  recoupent  et  antérieurs  aux  trachytes  qui  les  traversent 
(Pachuca,  Guanajato,  etc.);  inversement,  à  San  Francisco  de  Mo- 
relos et  dans  la  Sonora,  on  les  trouve  concentrés  dans  des  roches 
trachytiques. 

•  La  production  d'argent  au  Mexique,  jusqu'en  1893,  a  dépassé  20  milliards. 

•  Voir,  sur  ce  sujet,  un  important  mémoire  de  M.  Laur.  {Ann.  d,  .1/.,  6e  série, 
t.  XX,  1871.) 

Nous  avons  utilisé  surtout,  outre  le  mémoire  de  M.  Laur,  l'ouvrage  de  M.  Ramirez, 
Kiqueza  minera  de  Mexico. 


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814  GÉOLOGIE    APPLIQUEE 

La  relation  avec  les  diorites  apparaît,  par  exemple,  au  voisinage 
de  Real  et  de  Pachuca.  Près  des  gîtes  d'argent,  des  dykes  de  dio- 
rite  vert  foncé,  tenant  parfois  du  quartz  argentifère,  recoupent 
des  assises  sédimentaires\  formées  de  schistes,  avec  intercalations 
d'argilophyres  et  sont  traversés,  à  leur  tour,  par  des  trachytes, 
devant  lesquels  s'arrêtent  les  filons  d'argent. 

A  GuanajatOy  il  existe,  de  même,  des  dykes  de  diorite  au  milieu 
d'un  terrain  sédimentaire  métamorphique  encaissant  les  filons 
d'argent  et  des  trachytes  traversant  Tensemble.  Le  filon  célèbre 
de  la  Veta  Madré  recoupe ,  depuis  le  jour  :  20  mètres  d'un 
conglomérat  rouge  à  fragments  roulés  de  syénite,  mais  sans 
galets  de  trachyte;  puis,  400  mètres  de  schistes  talqueux  et,  au- 
dessous,  un  schiste  alumineux  noir  et  très  pyriteux,  dans  lequel  il 
devient  stérile.  La  diorite  (Rocaverde),  considérée  par  les  mineurs 
comme  d'un  bon  signe  pour  la  richesse  des  filons,  injecte  les 
schistes  talqueux.  Les  trachytes  constituent,  au  centre  du  district^ 
la  masse  du  Cerro  del  Gigante  : 

A  Zacatecas  et  Fresnillo  (fig.  371  à  373),  les  filons  d'argent 
recoupent  une  série  d'assises,  qui  sont  de  haut  en  bas  : 

1**  Un  conglomérat  rouge  à  ciment  argileux  contenant,  comme 
à  Guanajato,  des  fragments  roulés  de  syénites  sans  débris  de  tra- 
chytes ; 

2^  Une  roche  feldspathique  à  lamelles  d'amphibole,  considérée 
au  Mexique  comme  un  porphyre  éruptif,  et  qui  est,  en  réalité,  un 
tuf  sédimentaire,  composé  principalement  de  débris  porphyriques, 
mais  contenant,  en  outre,  des  fragments  roulés  d'autres  roches  ; 

3**  Un  schiste  et  des  calcaires  alternant  avec  des  quartzites. 

Les  filons,  très  minces  dans  le  conglomérat  supérieur,  s'élar- 
gissent, au  contraire,  jusqu'à  30  mètres,  dans  le  tuf;  au-dessous, 
dans  les  schistes,  ils  sont  devenus  stériles.  Les  dykes  de  diorite 
sont  très  abondants  au  N.-E.  et  contiennent  des  veines  de  quartz 
argentifère,  qui  paraissent  contemporaines  de  la  cristallisation 
même;  car  elles  se  fondent  insensiblement  avec  la  roche  éruptive. 

Quant  au  trachyte,  il  forme,  au  Sud,  le  plateau  de  la  Mesa  et,  au 

*  Ces  assises  sédimenlaires,  el  particulièrement  les  argilophyres  qui  encaissent  les 
filons  d'argent,  ont  été  souvent  prises  pour  des  porphyres.  C'est  ainsi,  par  exemple, 
qu'ils  ont  été  décrits,  d'après  Richter  et  Hiibner,  par  von  Groddeck. 


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MINES   D*ARGENT  DU   MEXIQUE  815 

centre,  le  dôme  de  la  Bufa,  que  contourne  le  filon  de  la  Gantera 
dont  la  crête,  puissante  de  12  à  15  mètres,  est  en  saillie  de  près 
de  30  mètres  au  milieu  des  lufs.  L'inflexion  brusque  de  ce  filon, 
le  long  du  trachyte,  porte  à  penser  qu'il  était  déjà  formé  et 
rempli  au  moment  du  phénomène  mécanique  qui  a  permis  l'ar- 
rivée au  jour  de  cette  roche  éruptive. 

Enfin,  à  Catorce  (fig.  370),  on  a,  paraît-il,  des  filons  de  diorite  et 
de  porphyre  amphibolique,  appelés  Tosca  dans  le  pays,  traversant 
un  anticlinal  isolé  de  calcaires,  marnes  et  schistes.  Ces  filons,  qui 
ont  de  10  à  40  mètres  de  large  et  se  prolongent  sur  3  à4  000  mètres, 
sont  recoupés  par  les  filons  d'argent,  dont  le  principal  est  le 
filon  San  Agustin. 

M.  Laur  a  remarqué  que  les  intersections  des  filons  de  por- 
phyre et  des  filons  argentifères  s'étaient  faites  souvent  à  angle 
droit  sans  rejet  ni  déviation,  donc  sans  dislocation  violente,  et 
que  le  porphyre  ne  pénétrait  jamais  dans  les  filons  d'argent, 
tandis  que  le  minerai  d'argent  s'étendait  souvent  à  travers  les 
filons  de  porphyre.  Il  en  a  conclu  qu'il  y  avait  eu  là  deux  sys- 
tèmes de  fractures  successifs,  le  premier  ayant  été  rempli  par  le 
porphyre,  le  second  (probablement  dû  à  un  retrait  par  refroidisse- 
ment), ayant  fait  rejouer  les  premières  cassures  et  les  cassures 
normales  et  ayant  été  incrusté  par  les  eaux  argentifères.  Cette 
hypothèse  explique  l'existence  fréquente  défilons  d'argent  longeant 
des  filons  de  porphyre,  entre  le  porphyre  et  le  calcaire  encais- 
sant et,  par  suite,  dus,  sans  doute,  à  une  réouverture  de  ce  genre  ; 
d'autant  plus  que  la  face  de  porphyre,  mise  à  nu  par  les  travaux, 
est  alors  inégale,  sans  trace  de  frottement,  et  conserve  souvent 
des  fragments  anguleux  du  calcaire  voisin  qui  lui  sont  restés 
encore  adhérents.  Il  pourrait  y  avoir,  en  outre,  une  certaine 
relation  d'origine  entre  les  minerais  d'argent  (toujours  passant 
à  des  sulfures  et  sulfoantimoniures  en  profondeur)  et  les  diorites  : 
relation  analogue  à  celle  qui,  dans  la  série  ancienne,  existe,  en 
Norvège,  entre  les  gabbros  et  les  métaux  sulfurés  ou,  dans  la  série 
récente,  entre  les  roches  vertes  du  Chili  et  les  minerais  de  cuivre. 

Dans  le  district  de  San  FranciscOy  au  contraire,  les  fiions  d'ar- 
gent, exclusivement  concentrés  dans  un  trachyte  porphyroïde,  se 
présentent  comme  remplissant  ses  fentes  de  retrait. 


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816  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Remplissage  des  filons.  —  Le  remplissage  de  ces  filons  d'argent 
obéit  à  une  loi  très  constante,  que  nous  retrouverons  dans  TAri- 
zona  et  dans  l'Amérique  du  Sud,  et  qui  fait  se  succéder,  de  haut 
en  bas,  dans  un  ordre  toujours  le  même,  les  diverses  espèces 
minérales  de  l'argent.  Ceci  n'exclut  pas,  bien  entendu,  rexistence 
de  zones  alternantes  riches  et  pauvres,  comme  dans  tous  les  filons, 
ies  premières  portant  le  nom  de  bonanzas  ;  néanmoins  il  existe, 
presque  dans  chaque  gîte  du  Mexique,  une  période  de  bonanza 
principale  correspondant  à  une  profondeur  assez  bien  déterminée. 

La  succession  constatée  est  la  suivante  : 

Près  de  la  surface,  on  trouve  d'abord  de  V argent  natif  dans  des 
oxydes  de  fer  ou  de  manganèse,  au  milieu  d'une  gangue  de  quartz 
carié. 

Au-dessous,  viennent  des  bromures  et  ch/orures  d'argent,  avec 
argent  natif  et  mômes  oxydes  de  fer  et  de  manganèse.  La  richesse, 
dans  ces  deux  premières  zones,  est,  le  plus  souvent,  assez  médiocre. 

En  descendant,  ces  espèces  cessent;  Vargent  sulfuré^  qui  avait 
déjà  apparu,  prédomine  avec  le  sulfure  antimonié  noir  et  forme 
la  zone  de  la  plus  grande  richesse  (nommée  Bonanza). 

Enfin,  à  une  profondeur  plus  grande,  ces  minéraux  deviennent 
plus  rares,  et  sont  remplacés  par  de  Vargent  antimonié  suif wé  noir  y 
puis  par  les  argents  rouges.  Peu  à  peu,  les  espèces  cuivreuses,  la 
blende,  etc.,  apparaissent,  et  le  remplissage,  en  profondeur,  devient 
définitivement,  vers  450  et  500  mètres,  un  mélange  de  blende,  de 
pyrite  de  fer  et  de  quartz. 

Ainsi  les  variations  de  rempUssage  des  filons  en  profondeur 
se  résument  à  trois  faits  généraux  : 

l*"  Prédominance  de  l'argent  natif  à  la  surface,  richesse  médiocre  ; 

2^  Concentration,  au-dessous,  du  sulfure  :  zone  de  la  plus  grande 
richesse  (bonanza)  ; 

3**  Appauvrissement  graduel  des  gîtes   suivant  la  profondeur. 

Ces  trois  zones  se  trouvent  parfois  réunies  comme  à  San 
Agustin  de  Catorce  ;  parfois,  la  première  fait  défaut  ;  mais  l'ordre 
n'en  est  jamais  interverti  et  Ton  est  toujours  sûr  d'arriver  à  la 
zone  d'appauvrissement  en  profondeur. 

Quand  on  cherche  à  expliquer  le  phénomène,  on  est  tout  natu- 
rellement tenté   d'y  voir  le  résultat  d'une  sorte  de  cémentation 


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MINES   D  ARGENT  DU   MEXIQUE  S17 

provenant  des  actions  extérieures,  probablement  d'eaux  salées, 
qui  auraient  apporté  le  chlore,  le  brome,  etc.,  quoiqu'il  puisse 
paraître  assez  singulier  de  trouver,  en  profondeur,  Tarsenic  et  l'an- 
timoine, dont  les  oxydes  n'apparaissent  jamais  aux  affleurements 
et,  inversement,  de  voir,  avec  le  chlore,  le  brome  et  l'iode,  le 
manganèse^  disparaître  absolument  en  profondeur.  Mais,  si  Ton 
supposait,  comme  on  l'a  proposé  parfois,  des  variations  originelles 
et  contemporaines  du  remplissage,  tenant  à  des  différences  de 
température  et  de  pression,  on  se  heurterait  à  une  objection 
encore  bien  plus  grave,  celle  du  changement  considérable  qui 
s'est  produit,  depuis  lors , dans  le  niveau  du  sol.  En  outre,  quelques 
observations  sur  des  faits  actuels  permettent  de  concevoir  le 
mode  d'action  de  ce  métamorphisme. 

C'est  ainsi  qu'à  l'extrémité  S.-O.  de  l'îlot  syénitique  nommé  le 
Petit-Requin  {Litile  Shack)  dans  les  îles  normandes  de  la  Manche, 
M.  Henwood^  a  étudié  un  filon  d'argent,  exploité  sous  la  mer  et  sou- 
mis aux  infiltrations  salées,  qui  pénètrent  dans  les  travaux  de  la 
mine.  II  y  a  retrouvé  une  succession  comparable  à  celle  des  filons 
mexicains  :  en  haut,  chlorure  d'argent,  minerai  d'argent  noir, 
cérusite  et  anglésite,  malachite,  azurite,  oxyde  de  fer;  plus  bas, 
de  l'argent  rouge  ;  puis,  de  la  galène,  des  pyrites  de  fer  et  de 
cuivre. 

L'existence  de  chlorures  d'argent  aux  affleurements  de  filons,  sul- 
furés et  antimoniés  en  profondeur,  est,  d'ailleurs,  un  fait  très  fré- 
quent, reconnu  au  Chili,  au  Pérou,  à  Leadville,  à  Huelgoat,  etc. 
Au  Mexique,  on  est  particulièrement  bien  placé  pour  s'expliquer 
l'origine  du  chlore  ;  car,  dans  toute  la  partie  centrale  du  pays 
(San-Luis,  Zacatecas,  Durango,  etc.),  il  existe  des  lagunes  salées, 
exploitées  pour  fournir  le  sel  nécessaire  au  traitement  de  l'argent 
et  dont  le  sel  paraît  provenir  simplement  du  lavage  des  terrains 
volcaniques  avoisinants  ;  de  même,  à  Leadville,  on  a  la  preuve 
que  le  grand  lac  salé  des  Mormons  a  occupé  autrefois  un  niveau 
bien  supérieur  à  celui  qu'il  atteint  aujourd'hui  et  couvert  les 
affleurements  métallifères.  Dans  toutes  les  régions   sèches  des 

*  Voir,  sur  les  gttes  d'argent  manganésifères,  pages  266  et  807. 

*  Henwood.  On  metalliferous  deposits,  t.  I,  p.  530. 

GBOLOGIB.  —  T.  II.  52 


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818  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Andes,  sur  les  hauts  plateaux,  dans  les  parties  désertiques,  les 
eaux  soumises  à  une  évaporation  et  à  une  concentration  sur  place 
se  chargent  vite  d'éléments  salins  ^  Leur  pénétration  au  contact  des 
filons  a  dû  soumettre  naturellement  ceux-ci  à  un  lessivage  chlo- 
rurant  qui,  venant  après  une  période  d'oxydation,  a  produit  des 
effets  très  analogues  à  ceux  de  certains  traitements  métallurgiques 
ayant  pour  but  d'extraire  les  métaux  précieux. 

En  dehors  de  cette  succession,  si  Ton  essaye  de  grouper  les 
filons  d'après  la  nature  de  leur  remplissage,  on  n'arrive  à  aucune 
classification  nette.  La  distinction,  qui  a  été  proposée  par  von  Grbd- 
deck,  entre  les  filons  du  type  Schemnitz  à  gangue  quartzeuse 
encaissés  dans  des  roches  éruptives  et  ceux  du  type  Brand  (près 
Freiberg)  à  gangue  de  calcite  encaissés  dans  des  sédiments,  est 
toute  artificielle.  Outre  que  le  même  filon  passe  d'une  roche  érup- 
tive  à  un  sédiment,  on  voit  également  parfois,  suivant  les  points, 
le  quartz  ou  la  calcite  dominer  dans  son  remplissage,  en  même 
temps  que  la  nature  des  minerais  aussi  se  modifie.  Le  seul  fait  géné- 
ral à  noter,  dès  à  présent,  c'est  la  prédominance  du  quartz  cristal- 
lin, souvent  violet,  parfois  accompagné  de  calcite  (à  l'exclusion  de 
la  barytine)  avec  les  minerais  d'argent. 

Donnons  maintenant  quelques  détails  sur  les  principaux  gîtes, 
en  les  passant  en  revue  du  Nord  au  Sud  : 

l""  Mines  du  Carmen  dans  la  Sonora  mexicaine*.  —  La  première 
province  que  nous  rencontrons,  au  Nord,  est  la  Sonora,  prolonge- 
ment du  territoire  d'Arizona  aux  Etats-Unis. 

Depuis  la  révolution  mexicaine,  la  situation  y  était  particulière- 
ment difficile,  les  Apaches  ayant,  pendant  vingt  ans,  organisé 
une  véritable  chasse  à  l'homme,  et  ce  n'est  guère  qu'en  1887, 
que,  par  une  action  combinée  des  Etats-Unis  et  du  Mexique,  on 
est  arrivé  à  rétablir  l'ordre.  Aussi,  les  richesses  de  cette  contrée 
commencent-elles,  à  peine,  à  être  mises  en  valeur  '. 

Les  mines  du  Carmen  sont  situées  au  milieu  des  ramifications 

*  Voir  tome  I,  p.  522. 

*  Extrait  d'un  rapport  inédit  de  M.  Fuchs  (1888). 

'  Cependant  la  ville  d'Hermosillo  (Pitic)  est  connue,  comme  centre  minier,  depuis 
le  commencement  du  siècle. 


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MINES  D  ARGENT  DU  MEXIQUE  819 

de  la  Sierra  Madré,  dans  la  Sierra  de  Arispe,  à  une  faible  distance 
et  sur  la  rive  gauche  du  Rio  de  Sonora,  qui  traverse  TÉtat  de  ce 
nom. 

Les  éléments  géologiques  de  la  région  semblent  être  :  1**  un  gra- 
nité ancien  à  deux  feldspath  et  à  mica  noir,  recoupé  par  des  filons 
de  granité  récent  et  de  syénite  (?)  ; 

2^^  Des  gneiss  et  schistes  cristallins  ; 

3^  Une  série  puissante  de  porphyres  feldspathiques,  générale- 
ment roses,  quelquefois  verdâtres,  avec  tufs  et  conglomérats  asso- 
ciés (de  Tombstone  à  Bacuacchi)  ; 

4**  Des  porphyres  trachytiques,  généralement  verts,  surtout 
visibles  dans  le  voisinage  du  Carmen  et  paraissant  en  relation  avec 
les  gîtes  d'argent; 

5^  Un  groupe  complexe  de  calcaires  blancs  ou  grisâtres,  alter- 
nant avec  des  tufs  feldspathiques  aux  couleurs  vives,  comparables 
à  ceux  du  Boléo  ^  et  sans  doute  du  même  ftge  (miocène)  ; 

6®  Des  formations  laviques  ; 

T  Des  alluvions  d'une  épaisseur  exceptionnelle,  qui  formeni, 
sur  les  deux  flancs  de  la  vallée  de  la  Sonora,  de  hautes  terrasses 
de  gros  graviers  et  de  sables  recouvertes  d'un  limon  très  souvent 
découpé  en  erdpyramiden,  au-dessus  duquel  on  retrouve  parfois 
un  conglomérat  à  gros  blocs.  En  sorte  qu'il  semble  y  avoir  eu  là, 
dans  les  phénomènes  diluviens,  deux  phases  distinctes,  séparées 
par  un  repos  relatif  et  dont  la  dernière  se  rattacherait  peut-être, 
comme  âge,  au  début  des  grandes  éruptions  volcaniques  du  Popoca- 
tepelt  et  du  Nevado  de  Tolucca. 

D'après  M.  Fuchs,  à  chacune  des  venues  de  roches  éruptives 
correspondrait  une  venue  hydrothermale  métallifère  : 

1®  Au  granité  récent,  le  quartz  aurifère  de  la  Sierra  de  la 
Purica,  à  l'Est  de  Bacuacchi  et,  peut-être,  l'appareil  métallifère 
complexe  des  environs  de  Tombstone  ; 

2*"  Aux  porphyres  roses,  les  gîtes  de  cuivre  gris  argentifère  de  la 
Sierra  de  Manzanal  ; 

3*"  Aux  porphyres  trachytiques  verdâtres,  les  filons  du  Car- 
men, etc.,  renfermant  les  minerais  d'argent  proprement  dits  avec 

*  Voir  page  349. 


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820  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

pyrites  et  peut-être  sulfures  de  plomb  et  zinc,  qui  semblent  exclu- 
sivement concentrés  dans  leurs  fissures. 
Nous  ne  nous  occuperons  que  de  la  troisième  cat^orie. 
Les  filons  de  la  région  du  Carmen  sont,  en  général,  à  160*,  quoi- 
qu'ils conyei^nt  l%ërement  vers  le  Nord,  et  se  poursuivent  sur 
environ  10  kilomètres  de  long. 

Le  plus  important  est  celui  de  Santa-Maria,  connu  sur  5  kilo- 
mètres ;  puis  vient  celui  de  Puertecito  ou  Babicanora,  etc. 

Le  remplissage  est  très  complexe;  les  minerais  dominant 
sont  les  minerais  ai^entifères  proprement  dits  :  la  proustite  et 
l'argent  rouge  (sulfure  et  arsénio-sulfiire  d'ai^ent)  et  surtout  une 
prolybasite  riche  en  arsenic  et  antimoine  et  contenant  du  plomb 
et  du  cuivre.  A  Targent  est  associé  un  peu  d'or,  qui  a  formé,  dans 
les  ravins,  quelques  petits  placers.  En  outre,  il  existe  de  la  pyrite 
de  fer,  quelquefois  de  la  pyrite  de  cuivre,  du  cuivre  gris  très  rare 
et  un  peu  de  galène.  La  gangue  est  essentiellement  quartzeuse;  un* 
peu  de  calcite  semble  correspondre  à  la  phase  finale  du  remplissage. 
Le  filon  de  Santa-Maria  est  un  filon  d'incrustation  net  présentant  : 

1""  Aux  épontes,  une  première  zone  de  sulfure  d'argent  et  de 
polybasite  avec  quartz  amorphe  ; 

2*  Une  seconde  zone  de  pyrites  de  fer  et  de  cuivre  avec  gangue 
de  chlorite  ; 

Z^  Du  quartz  avec  des  minerais  argentifères  en  mouches  ; 

i""  Tout  à  fait  dans  l'axe,  quelquefois,  de  la  calcite  et  du  quartz 
avec  mouches  d'argent.  Aucun  phénomène  de  brèches  ou  de  cas- 
sure ne  se  présentant,  le  remplissage  semble  unique. 

La  teneur  moyenne,  après  triage  rudimentaire,  a  paru  à  M.  Fuchs 
de  4^,5  d'argent  et  de  20  grammes  d'or  à  la  tonne  dans  les  parties 
supérieures  utiles,  c'est-à-dire  riches,  des  filons. 

L'allure  de  ces  filons  est  assez  complexe.  Santa-Maria  est  tantôt 
un  filon  unique  avec  venues  successives  bien  caractérisées,  tantôt 
un  faisceau  de  veinules  de  1  i  10  centimètres,  où  la  loi  du  rem- 
plissage est  alors  beaucoup  moins  nette. 

A  son  extrémité  Nord,  le  filon  de  Santa-Maria  n'est  plus  repré- 
senté que  par  deux  veinules  d'une  épaisseur  totale  de  0™,35. 
M.  Fuchs  admettait  une  épaisseur  moyenne  de  1",25. 

La  présence  d'une  salbande  argileuse  lui  faisait  considérer  le 


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MINES   D  ARGENT   DU   MEXIQUE  821 

filon  comme  «  a  true  fissure  vein  »  et  non  comme  une  fissure  de 
retrait  limitée  en  profondeur. 

Quand  le  filon  n'est  pas  séparé  du  trachyte  par  une  salbande 
argileuse  nette  —  et  cela  se  produit  chaque  fois  qu'il  se  subdivise 
en  une  série  de  veines — il  y  a,  au  contact,  une  imprégnation  prin- 
cipalement pyriteuse. 

2^  Chihuahua.  —  ATEst  de  la  Sonora,  Tétat  de  Chihuahua  ren- 
ferme les  importantes  mines  de  Santa  Eulalia,  qui  ont  déjà  fourni 
plus  de  700  millions  de  francs  d'argent,  celles  de  Batopilas  qui 
en  ont  donné  300  millions,  celles  de  Guadalupe  y  Calvo,  etc. 

Puis,  en  descendant  plus  au  Sud  \  nous  entrons  dans  la  région, 
anciennement  connue  et  exploitée,  du  Mexique,  sur  laquelle  ont 
porté  les  études  de  M.  Laur. 

3'^  Catorce.  —  A  Catorce  (fig.  370),  les  filons  d'argent  sontjrès 
continus  et  très  prolongés.  C'est  ainsi  que  le  filon  San  Agustin, 


4j 


Lég-ende. 

Yv^.  370.  —  Carte  du  district  de  Catorce  (d'après  M.  Laur), 

mentionné  plus  haut%  a  plus  de  3  kilomètres  de  long,  avec  sou- 
vent 12  mètres  de  puissance.  Nous  avons  là  un  exemple  réduit, 
mais  déjà  remarquable,  de  ces  gigantesques  filons  de  la  Sierra 
Nevada,  dont  le  plus  célèbre  est  le  mother  Iode  de  Californie,  filon 

*  A  Durango  se  trouve  une  montagne  fameuse  de  magnétite,  le  Cerro  de  Mercado, 

*  Page  815. 


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822  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

4e  quartz  aurifère  qu*on  peut  suivre  sur  110  kilomètres  de  long, 
dans  les  vallées  du  San  Joaquin  et  du  Sacramento. 

Les  filons  de  Gatorce  se  distinguent,  entre  tous  ceuxduMexique, 
par  Tétat  poreux  et  cristallin  de  leurs  minerais  et  par  la  très 
grande  variété  des  espèces  minérales  qu'ils  renferment. 

4«  Fresnillo.  —  Les  exploitations  de  Fresnillo  *  (fig.  371)  ont 
été  commencées  en  1824  et  atteignaient  400  mètres  en  1871,  au 
quartier  du  Cerro  de  Proâno. 


K 


LêSendD 

Fig.  371.  —  Ck)upe  des  fiions  argentifères  de  Fresnillo. 

Le  nombre  des  mines  était,  en  1876,  de  140. 

Le  rendement,  en  grammes  d'argent  pour  100  kilogrammes  de 
minerai,  y  a  subi  la  décroissance  suivante,  à  mesure  que  les  tra- 
vaux s'enfonçaient  : 


1835 

i839 

1844 

1849 

1854 

1859 

1863 

223 

146 

115 

78 

63 

62 

56 

Malgré  la  faible  teneur  finale,  l'abondance  des  minerais  est  telle 
que  les  mines  du  Fresnillo  ont  produit,  de  1859  à  1860,  29  mil- 
lions de  francs  d'argent  et  réalisé  un  bénéfice  net  d'environ 
540  000  francs. 

On  y  trouve,  outre  l'or  et  l'argent,  des  minerais  de  fer,  de  cuivre, 
de  plomb,  de  zinc,  du  cinabre,  etc. 

A  Nieves,  le  minerai  est  de  la  galène  argentifère;  à  Noria  de 
Angeles,  un  mélange  de  galène  et  pyrite  arsenicale  ;  à  Ojo  Caliente, 
de  la  galène  et  de  la  pyrite  dans  une  gangue  de  quartz.  A  la  mine 

*  Ramirei.  Lo^,  cit.,  p.  614.  —  Voir,  plus  haut,  p.  814. 


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MINES   D  ARGENT  DU  MEXIQUE 


823 


de  Candelaria,  la  proportion  d'or  est  notable  ;  à  San  Miguel,  on  a 
rencontré  le  cinabre,  etc. 

5*^  Zacatecas.  —  A  Zacatecas^^  les  filons  sont  généralement  très 
sinueux  et  bifurques.  On  peut  citer  ceux  de  la  Gantera,  Quebra- 
dilla,  El  Bote,  Mala  Noche,  la  Plata,  Veta  Grande. 


Cmxatitti 


OOiuom 


Fig.  372.  —  Carte  du  district  argentifère  de  Zacatecas  (d'après  M.  Laur). 

La  Yeta  Grande  de  Zacatecas  est,  comme  la  Veta  Madré  de 
Guanajuato,  celle  de  Potosi  en  Bolivie, le  Gomstock  en  Nevada, etc., 
un  filon  célèbre  qui,  de  1548  à  1832,  a  donné  plus  de  3  mil- 
liards de  francs  d'argent. 


LtkXes^ 


Fig.  373.  —  Coupe  des  fiions  argentifères  de  Zacatecas  (d'après  M.  Laur). 

D'après  don  Francisco  de  Zàrate,  si  Ton  étudie  la  disposition  des 
minerais  de  Yeta  Grande  ou  de  la  Plata,  on  voit  :  à  la  partie  supé- 
rieure, des  veines  ramifiées  de  minerais  d'argent  ;  plus  bas,  des 
zones  symétriques  entre  le  quartz  et  la  calcite  ;  au-dessous,  de  la 
pyrite,  de  la  galène  et  de  la  blende,  souvent  disposées  par  zones 
concentriques,  en  nodules,  en  «  boleos  »,  avec  un  peu  d' aident 
natif. 

*  Ramirex.  Loc.  cit.,  p.  600.  —  Voir,  plus  haut,  p.  8i4. 


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824  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

La  zone  riche  (bonanza)  y  commence  souvent  dès  une  profon- 
deur de  30  à  40  mètres. 

On  peut  citer,  en  premier  lieu,  parmi  les  mines  de  ce  district, 
Quebradilla,  une  des  plus  anciennes  du  Mexique,  qui,  de  1854  à 
1863,  a  produit  54  651  tonnes  de  minerai,  contenant  81  045  kilo- 
grammes d'argent  et  donné  3  millions  de  bénéfice. 

En  1876,  Textraction  a  été  de  13  000  tonnes  de  minerai  avec  une 
dépense  de  90  francs  et  la  production  résultante  de  9  430  kilo- 
grammes d'argent. 

Puis  viennent  Malanoche,  la  Plata,  Panuco. 

En  1886,  plus  de  15  000  mineurs  travaillaient  dans  le  district 
de  Zacatecas. 

6**  Guanajuato.  —Le  districtde  Guanajuato\  autrefois  très  célèbre 
et  maintes  fois  décrit,  a  généralement  donné,  dans  ces  dernières 
années,  des  résultats  inférieurs  à  ce  qu'on  espérait. 

Le  principal  filon  est  celui  de  la  Veta  Madre^  exploité  depuis 
1558  et  dont  nous  avons  parlé  plus  haut  *;  on  y  a  trouvé,  au-dessous 
des  conglomérats  rouges  superficiels,  une  remarquable  bonanza, 
où  le  filon  atteignait  130  mètres  de  large  avec  des  zones  minérali- 
sées continues  de  30  à  40  mètres'.  Le  remplissage  principal  était 
formé  de  quartz,  parfois  amorphe,  parfois  cristallin  et  teint  en 
améthyste  et  de  calcite,  avec  un  peu  de  sidérose  et  de  fluorine  et 
des  débris  des  schistes  encaissants.  Les  minerais  d'argent,  rencon- 
trés dans  la  bonanza,  étaient  l'argent  natif,  l'argyrose,  la  pasturose 
(rare),  avec  l'argent  rouge  et  le  cuivre  gris;  plus  bas,  les  minerais 
sont  devenus  sulfurés  et  antimoniés. 

A  côté  de  ce  filon  et  de  ceux  de  son  groupe,  dirigés  à  135°,  ceux 
de  la  Luz,  dirigés N.-S.,  ont  de3  à5  mètres,  rarement  15  mètres  de 
puissance  ;  ils  contiennent  du  quartz  et  de  la  calcite  avec  des  mi- 
nerais d'argent  formant  parfois  des  géodes  magnifiques. 

Dans  ce  groupe  est  le  filon  de  San  Bernabé,  qui  a  été  le  plus 
anciennement  exploité  à  Guanajuato. 

*  Ramirei.  Loc,  cit.,  p.  413. 

•  Page  814.  Il  a  été  décrit  par  de  Humboldt  (Essai  sur  la  Nouvelle-Espagne.  Paris, 
1836,  t.  III,  p.  82),  comme  un  filon  couche. 

»  Cette  bonanza  fameuse  de  la  mine  de  Valenciana  produisit  annuellement,  de  1768 
a  1810,  plus  de  7  millions  de  francs. 


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MINES   D  ARGENT  DU  MEXIQUE  825 

Les  mines  les  plus  fameuses  de  Guanajuato  sont  :  la  Yalencîana, 
la  mine  la  plus  profonde  du  Mexique  (622  mètres)  et  qui  fut,  un 
moment,  la  plus  profonde  du  monde,  mine  abandonnée  en  1820 
après  avoir  produit,  au  moins,  un  milliard  et  demi  (plus  de  trois 
milliards,  suivant  Emmons)^;  reprise  en  1824  sans  succès  par  une 
compagnie  anglaise  ;  envahie  alors  par  les  eaux  ;  épuisée  encore 
une  fois  en  1873  et  exploitée  aujourd'hui;  puis  Rayaz,  la  Luz,  etc.. 

En  1839  et  1840,  Rayaz  a  produit  9  853  tonnes  de  minerai 
donnent  22  572  kilogrammes  d'argent,  soit  225^,72  par  100  kilo- 
grammes. 

7^  Real  del  Honte  et  Pachuca.  —  Meal  del  Monte  et  Pachuca  sont 
encore  de  ces  mines  fameuses  par  leur  extraordinaire  richesse. 

La  bonanza  de  la  Yeta  Madré  de  Real  del  Monte  fournit,  en  douze 
ans,  de  1759  à  1771,  à  son  propriétaire,  don  Pedro  Torreros,  la 
somme  nette  de  30  millions  de  francs.  Plus  récemment,  ces  mines 
ont  produit,  de  1828  à  1858,  entre  les  mains  d'une  compagnie 
anglaise,  puis  d'une  société  mexicaine,  507  912  tonnes  de  minerai 
ayant  donné  1219633  kilogrammes  d'argent,  soit  un  rendement 
moyen  de  240^,10  d'argent  pour  100  kilogrammes.  La  principale 
mine  du  district  est  Rosario,  qui  était,  il  y  a  vingt  ans,  la  mine  la 
plus  productive  du  Mexique.  Cette  seule  mine  a  donné,  de  1851  à 
1862,  178590  tonnes  de  minerai  et  485  503  kilogrammes  d'argent 
aurifère,  soit  271*^,8  d'argent  aux  100  kilogrammes,  avec  un  béné- 
fice de  60  millions.  L'argent  contient,  en  moyenne,  0,20  p.  100  d'or. 

Le  remplissage  principsd  consiste  en  quartz  et  brèche  des  roches 
encaissantes;  la  calcite  est  rare,  la  barytine  plus  rare  encore  ;  les 
minerais  prédominants  sont  l'argent  natif  et  l'argyrose,  générale- 
ment en  fines  imprégnations. 

Comme  filons,  on  peut  citer  la  Veta  Viscayna,  de  3'°,30  de  puis- 
sance, qui  a  été  suivie  sur  10  kilomètres;  Arevalo,  près  d'El  Chico, 
qui  a  16°',70  à  25  mètres  de  puissance,  mais  contient  beaucoup 
de  parties  stériles,  etc. 

A  Pachuca,  on  compte  plus  de  150  mines,  parmi  lesquelles 
celle  de  Santa  Gertrude,  très  prospère  dans  les  années  qui  ont 
suivi  1877. 

1  De  1768  à  1810,  on  en  a  extrait  annuellement  plus  de  38  millions  de  francs. 


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82^  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

8""  Sultepec,  Zacualpan,  Halacate,  etc.  —  Au  Sud  de  Mexico,  se 
trouvent  les  mines  de  Guadalupe  del  OrOy  de  Sultepec^^  Zacualpan^ 
Temascaltepec^  Malacate^  etc. 

Les  roches  constituant  la  région  sont  des  schistes,  des  porphyres 
en  relation  avec  les  émanations  métallifères,  et  des  dolérites. 

A  Zacualpan^  les  filons,  très  disséminés  au  milieu  des  schistes, 
ont  une  gangue  de  quartz  et  calcite  avec  métaux  sulfurés  divers. 

A  Sultepec,  ils  sont  surtout  formés  de  galène  argentifère  pauvre 
en  argent,  avec  pyrite  de  fer  et  de  cuivre.  Il  y  a  là,  dans  le  massif 
du  Nevado  de  Tolucca,  un  groupe  de  mines  déjà  exploitées  avant 
la  conquête  espagnole,  sur  lequel  nous  donnerons  quelques  rensei- 
gnements, empruntés  à  un  rapport  inédit  de  M.  Fuchs. 

Le  district  de  Malacate^  à  8  kilomètres  de  Sultepec,  comprend 
quatre  mines  :  Rosario,  la  Cruz,  Carmen  et  Gran  Socabon,  qui 
passent  pour  avoir  fourni  400  millions  de  francs  d'argent  avant 
la  révolution  mexicaine. 

Le  sol  est  exclusivement  formé  de  schistes  quartzeux  et  micacés 
métamorphiques,  fortement  redressés,  dont  la  direction  générale 
v^  de  l'Est  à  TOuest.  Ces  schistes,  à  TEst,  s'appuient  sur  un  con- 
trefort du  Nevado  de  Tolucca,  constitué  par  des  roches  trachy- 
tiques,  dont  divers  filons  les  traversent.  L'un  de  ces  filons  de  tra- 
chyte  est  considéré  comme  formant  la  limite  orientale  de  la  zone 
métallifère. 

On  distingue,  à  Malacate,  une  douzaine  de  filons,  divisés  en 
deux  groupes,  les  uns  à  90°  N.  (Capulin,  Pascual,  Concepcion), 
les  seconds  croiseurs  à  145**  (Providencia,  Vêla  Nueva,  etc.)  : 

1**  Le  Capulin  est  formé  de  trois  ou  quatre  filons  très  rapprochés 
et  quelquefois  reliés  entre  eux,  soit  par  des  veinules  obliques,  soit 
par  une  imprégnation  pyriteuse.  Il  n'y  a  pas  de  salbandes,  mais 
une  imprégnation  progressive.  L'épaisseur  totale  des  filons  est  de 
1  mètre  à  1",80. 

Le  remplissage,  essentiellement  pyriteux,  comprend  pyrites  de 
fer,  de  cuivre  et  pyrites  blanches  plus  ou  moins  arsenicales,  peu 
ou  pas  de  galène  et  blende. 

Ces  pyrites  sont  aurifères  et,  près  des  affleurements,  l'or  natif 

'  Ramirez.  Loc,  ciL,  p.  499. 


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MINES  D  ARGENT  DU  MEXIQUE  827 

s'y  est  isolé.  L'argent  y  existe  aussi.  La  gangue  est  quartzeuse  ; 

2°  Le  Pascual  est  celui  qui  a  été  surtout  exploité  autrefois  ;  sa 
puissance  utile  est  un  peu  supérieure  à  celle  du  Gapulin.  En  raison 
de  la  bifurcation  des  \eines,  la  puissance  totale  dépasse  parfois 
6  mètres.  Le  remplissage,  assez  complexe,  est  essentiellement 
formé  de  minerais  d'argent  disséminés  au  milieu  d'une  gangue 
de  quartz  et  d'argile  blanche  kaolineuse.  A  ces  minerais  viennent 
s'ajouter  :  la  galène,  peu  argentifère  (très  utile  pour  le  traite- 
ment par  voie  sèche),  la  pyrite  et  la  blende.  Enfin,  la  calcite 
semble  la  dernière  phase  du  remplissage,  phase  accompagnée  de 
minerais  d'argent  abondants  dans  plusieurs  districts  du  Mexique  ; 

Concepcion  est  très  analogue  à  Pascual  ; 

Providencia  contient  surtout  des  minerais  d'argent  :  argent 
natif,  argent  rouge  et  proustite  (sulfure  d'ai^ent  noir)  ; 

Veta  Nueva  atteint  5  mètres  de  puissance.  H  .comprend  deux 
éléments,  l'un  plombeux  (sulfure  et  carbonate),  l'autre  pyriteux, 
tous  deux  argentifères.  Sa  plus  grande  richesse  est  concentrée 
vers  ses  intersections  avec  les  autres  filons. 

Les  minerais  sont  habituellement  classés  en  plusieurs  catégo- 
ries : 

Minerais  riches  pouvant  supporter  un  transport  au  loin  ; 

Minerais  moyens,  moins  argentifères,  plus  riches  en  pyrite  et  galène,  sus- 
ceptibles d'être  enrichis  mécaniquement  et  généralement  réservés  en  haldes 
au  Mexique; 

Minerais  dits  de  Patio  ; 

Minerais  plombeux  propres  à  la  voie  sèche. 

A  Pascual,  M.  Fuchs  a  trouvé  1^,70  d'argent  à  la  tonne  avec 
un  peu  d'or  en  relation  avec  les  pyrites. 

9*  Mines  de  San  Francisco  (Morelos)*.  —  Le  groupe  des  mines  de 
San  Francisco  est  situé  à  environ  60  kilomètres  de  la  petite  ville 
de  Huauntla  (Morelos),  station  terminus  d'un  embranchement  du 
chemin  de  fer  de  Mexico  à  la  Vera-Cruz  et  près  de  la  limite  des 
deux  Etats  de  Mexico  et  de  Guerero. 

L'altilude  est  de  1  000  à  1  500  mètres  (commencement  des  terres 
froides)  et  le  climat  est  sain. 

<  Extiait  d'un  rapport  inédit  de  M.  Fuchs. 


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828  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

La  géologie  du  pays  est  assez  complexe  : 

Après  être  sorti  du  grand  massif  de  roches  volcaniques,  qui  se 
développe  autour  du  Popocatepelt  et  dont  Faltitude  moyenne  est 
de  2  000  mètres,  on  entre  dans  une  série  de  terrains  stratifiés, 
formés  d'alternances  complexes  de  calcaires,  de  marnes  et  de  tufs 
(porphyres  stratifiés  de  MM.  Dollfus  et  Hauteville,  dans  l'Amérique 
du  Nord,  de  M.  Domeyko,  dans  TAmérique  du  Sud). 

Ces  terrains  sont  recoupés  par  une  puissante  formation  de  tra- 
chytes  porphyroïdes,  dans  lesquels  les  gites  métallifères  de  San- 
Francisco  sont  exclusivement  concentrés. 

Ces  filons  eux-mêmes,  contrairement  à  ce  que  nous  avons  vu 
dans  les  gîtes  précédents,  sont  postérieurs  au  trachyte,  car  ils 
présentent  des  salbandes  avec  surfaces  de  glissement  et  exercent 
localement  une  action  métamorphique  sur  leurs  épontes.  Le  tout 
est  enfin  recoupé  par  des  dykes  basaltiques. 

Les  filons  de  San  Francisco  sont  au  nombre  de  4  ou  5  :  grand 
filon  de  San  Francisco  Peregrina  et  filon  moins  important  d'Ëspe- 
ranza,  à  200  mètres  du  précédent  ;  filons  Santiago  et  San  Esteban, 
en  dehors  de  la  concession  étudiée. 

Le  filon  de  San  Francisco  est  ce  que  les  Américains  appellent 
a  true  fissure  vein  (une  véritable  fracture  filonienne).  Sa  direction 
est  à  60*".  Sa  puissance  est  de  1™,20  à  1™,30.  Le  remplissage,  assez 
complexe,  est  formé,  tout  d'abord,  d'un  quartz  plus  ou  moins  vio- 
lacé, au  milieu  duquel  sont  disséminées  des  mouches  extrêmement 
fines  de  minerais  d'argent  divers.  Au-dessus  du  niveau  hydrosta- 
tique (seule  partie  explorée  jusqu'ici),  on  trouve  :  sulfure  d'argent, 
polybasite,  chlorobromure  et  chloroiodure,  avec  un  peu  d'argent 
natif  ;  en  outre,  cuivre  gris  et  galène  argentifère.  En  direction  et 
au  même  niveau,  le  remplissage  passe  du  cuivre  gris  à  la  galène. 

Si  l'on  parcourt,  en  efiet,  le  filon  de  l'Ouest  à  l'Est,  on  trouve 
d'abord,  dans  la  concession  de  Tlalchichilpa,  la  prédominance, 
parfois  exclusive,  du  cuivre  gris.  Dans  la  concession  Santa  Ana, 
le  cuivre  gris  diminue  et  n'apparait  plus  qu'en  mouches  au  milieu 
des  minerais  d'argent  ;  dans  la  mine  de  San  Francisco,  le  cuivre 
gris  disparaît,  et  l'on  commence  à  trouver  delà  galène,  qui  devient 
très  abondante  à  l'Est,  sur  Peregrina. 

La  teneur  est,  d'après  des  prises  d'essai  :  à  San  Francisco,  d*envi- 


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MINES  d'aBGENT  DU  PÉROU  829 

ron  l'',700  d'argent  à  la  tonne  ;  à  Peregrina,  de  2'',700  sans  trace  d'or. 
En  profondeur,  on  doit  admettre,  comme  aux  mines  précédem- 
ment étudiées,  que  la  teneur  en  argent  ira  constamment  en  dimi- 
nuant. 

Bibliographie. 

1813.  Sur  Zacatecas.  (If eues  Jakrb,  f.  Minerai,  p.  249.) 

Saint-Clair  Doport.  —  Le  Mexique. 
1837.  ViRLET  d'Aoust.  —  Géol.  du  Mexique.  (B.  S.  G.,  16  nov.) 
1866.  TiLMANN.  —  Der  Bergbau  von  Guanajato.  Munster. 
*  1871 .  Laur.  —  Métallurgie  de  Fargent  au  Mexique.  {Ann.  d.  If.,  6S  t.  XX,  p.  38.) 
1873.  RiCHTBR  et  Hubnkr.  —  (Zeitschrift  im  preuss.  St.,  t.  XXI,  p.  103.) 
1877,  H.-S.  Jacob.  —  (Mining  JoumaL) 
1879.  Von  Groddeck,  p.  236  et  300. 
'  1884.  Santiago  Ramirez.  —  Noticia  historica  de  la  Riqueza  minera  de  Mexico. 

1888.  FucHs.  —  Rapports  inédits  sur  les  mines  de  Carmen,  Malacate  et  San 
Francisco  (Morelos). 

1889.  Ant.  delCastillo.  —  Essai  d'une  carte  géologique  et  carte  minière  du 
Mexique  (au  .^^jji^), 

1891.  Reclus.  —  Géographie  universelle,  t,  XVII,  p.  293  (avec  carte  des 
mines  du  Mexique). 


MINES  D'ARGENT  DU  PÉROU  * 

Le  Pérou  possède  un  grand  nombre  de  riches  mines  d'argent  : 
dans  la  province  de  Choca,  celle  de  Cajamarka  (mines  de  Bual- 
gayoc,  Guamachuco  el  Conchucos  et  autres  près  du  Caro  de 
Pasco)  ;  d'autres  dans  la  province  de  Castro  Virreina  et,  plus  spé- 
cialement, dans  le  département  de  Huanca  Velica;  dans  la  province 
de  Purro  et  de  la  Union  près  i'Arequipa  ;  dans  la  province  de 
Jarapaca  ou  Tarapaca  (mine  de  Huantajaya^  fameuse  autre- 
fois), etc...  Les  plus  grands  travaux  ont  été  faits  sur  le  Cerro 
de  Pasco  (dans  la  province  du  même  nom),  montagne  haute  de 
4  352  mètres,  d*où  on  put  extraire,  sans  interruption,  du  minerai 
d'argent,  malgré  le  froid  intense  résultant  de  Faltitude,  depuis  la 
jRn  de  1630  jusqu'à  nos  jours,  et  qui  passe  pour  avoir  produit 
près  de  2  milliards  de  francs  d'argent. 

'  Nous  empruntons  une  grande  partie  de  cette  description  à  d*Achiardi  :  /  melallh 
1, 187.  —  Voir,  dans  Reclus  :  Géographie,  t.  XVill,  p.  589  et  615,  des  Cartes  du  Cerro 
Pasco  et  de  Tensemble  des  mines  du  Pérou. 

Le  Cerro  de  Pasco  est  relié  à  Lima  par  la  voie  ferrée  de  Lima  à  la  Oroya. 


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830  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

En  1879,  dans  le  district  de  Pasco,  il  y  avait  179  mines  en 
activité  et  694  abandonnées,  réunies  en  différents  groupes,  dont 
le  principal  est  celui  de  Santa-Rosa.  Les  autres  groupes  sont  ceux 
de  Yanacancha^  Cayac^  Mataderia^  Champimarca^  Yauricoca^ 
PacchUy  Patarcocha,  Tingo^  etc.  • 

La  production  du  Gerro  de  Pasco,  bien  que  diminuée,  est 
encore  notable  : 

En  1804  elle  a  été  de  78204  kilogrammes  d*Ag. 

1842  —  94652  — 

1864  —  54  610  — 

1878  —  38947  — 

En  1891 ,  l'ensemble  du  Pérou  a  produit  74  869  kilogrammes 
d*argent. 

La  teneur  moyenne  des  minerais  aujourd'hui  traités  à  Pasco 
varie  de  0,00106  à  0,00122. 

Dans  le  plus  grand  nombre  des  mines  péruviennes  se  reproduisent 
les  mêmes  variations  en  profondeur  que  nous  avons  rencontrées  au 
Mexique  et  que  nous  retrouverons  au  Chili  et  en  Bolivie.  Sur  le  Gerro 
de  Pasco,  par  exemple,  on  distingue  plusieurs  sortes  de  minerais  : 

1"*  Les  Pacos  ou  Cascajos  correspondent  au  Colorados  du  Mexique  ; 
ce  sont  des  minerais  rouges,  riches  en  oxydes,  qui  prennent  le 
nom  de  llampos  s'ils  sont  terreux,  de  pedeimales  s'ils  sont  formés 
d'un  sable  siliceux  imprégné  d'oxyde  de  fer.  Le  nom  de  cascajos 
est  réservé  au  minerai  en  roche.  Leur  teneur  la  plus  faible  en 
argent  est  de  330  grammes  à  la  tonne  et  la  teneur  moyenne  de 
500  grammes; 

2"*  Les  Bronzes  se  rencontrent  sous  les  pacos  et  tirent  leur 
nom  de  la  présence  des  pyrites  de  fer  et  de  cuivre,  les  premières 
plus  abondantes  que  les  secondes.  Si  la  pyrite  de  fer  est  pure,  le 
minerai  est  pauvre  en  argent  ;  celle  de  cuivre  est  plus  ou  moins 
riche  suivant  la  quantité  qu'elle  tient  de  ce  métal  ; 

3°  Les  PavonadoSy  en  grande  partie  déjà  constitués  de  sulfosels, 
apparaissent  dans  les  parties  inférieures  du  gisement  métallifère 
et  rendent  8  à  9  kilogrammes  à  la  tonne  ; 

4**  Les  Minerais  plombeux  sont  principalement  formés  de  galène 
ayant  une  teneur  en  argent  qui  varie  d'habitude  de  1  à  5  kilo- 
grammes à  la  tonne. 


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MINES  d'argent  DU   PÉROU  831 

Dans  quelques  mines  abonde  la  tétraédrite,  qui  fait  partie  des 
minerais  appelés  Pavonados  et  une  tétraédrite  très  riche,  comme 
la  Malinowskite  des  mines  Llacca  et  Carpa  (province  de  Huaraz), 
qui  tient  del0àl3p.l00  d*argent  ;  comme  celle  de  Huallanca^ 
dont  on  tire  plus  de  24  kilogrammes  d*argent  à  la  tonne  et  comme 
celle  des  mines  suivantes  : 


Ag. 

Ag. 

Huancarama  tétraédrile  à 

0,000  306 

Asuncion        tétraédrite  à 

0,008  508 

Yanahuanca           — 

0,002  755 

Los  Muertos          — 

0,006  489 

Santa-Maria           — 

0,005  417 

La  ConQanza         — 

0,016  530 

Gonzalès                 — 

0,005  815 

San  Domingo        — 

0,011  049 

San  Blas                — 

0,013  406 

San  Pedro              — 

0,016  316 

On  rentre  alors  dans  la  catégorie  des  gîtes  de  cuivre  gris  argen- 
tifère, dont  nous  décrirons  un  type  péruvien,  celui  de  Recuay,  au 
chapitre  spécial  que  nous  leur  avons  consacré  *. 

Ces  minerais  se  trouvent  habituellement  dans  des  filons  à 
gangue  quartzeuse,  et  il  y  en  a  quelquefois  de  gigantesques  comme 
sur  le  Gerro  de  Pasco,  où  les  saillies  qu'ils  font,  au-dessus  de  la 
roche  encaissante,  ont  été  désignés  sous  le  nom  de  crestones.  Dans 
]a  gangue  quartzeuse,  —  vacuolaire  ou  compacte,  selon  qu'on 
lobserve  à  la  surface  ou  en  profondeur,  —  les  minerais  d'argent 
sont  distribués  en  veines  ou  en  colonnes,  formant  ainsi  des  amon- 
cellements considérables,  analogues  à  ceux  que  Ton  désigne  sous 
le  nom  de  bonanzas  dans  les  filons  les  plus  riches  du  Mexique  et 
du  Nevada,  et  que  Ton  appelle,  au  Pérou,  des  tajos. 

Le  déYelopj)ement  des  pacos  est  en  relation  intime  avec  la  nature 
de  la  roche  encaissante,  variable  suivant  les  mines.  Ils  sont  très 
abondants  là  où  cette  roche  est  sableuse  et  schisteuse,  et  man- 
quent ou  sont  reures,  quand  elle  est  calcaire  comme  dans  la  montagne 
de  Vinchos,  dans  la  mine  de  Huallanca  et  dans  d'autres  du  Cerro 
de  Pasco.  La  qualité  du  minerai  semble  être  également  en  rela- 
tion avec  la  nature  de  la  roche,  et  Raimondi  rapporte  que,  si  la 
roche  est  sableuse,  la  tétraédrite  domine,  si  elle  est  calcaire,  ce  sont 
les  minerais  proprement  dits  d'argent  et  de  plomb.  Les  meilleurs 
filons  sont,  paraît-il,  dans  le  terrain  jurassique. 

Quelquefois,  les  filons  apparaissent  au  contact  de  roches  diffé- 

i  Page  805. 


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832  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

rentes,  calcaires  au  mur,  sableuses  au  toit,  comme  à  la  Trinidady 
à  Notre-Dame,  à  DesciAridora^  etc. 

Bibliographie. 

1852.  Mines  d^argent  du  Gerro  de  Pasco  et  mines  d'or  de  Caravaya  (Pérou). 
(Ann.  d.  M.,  5»,  t.  U,  p.  587.) 
1870.  d'Acbiaroi.  —  Minerali  e  roccc  del  Peru. 
1878.  Raimondi.  —  Min.  Pérou.  (Paris.) 

1878.  Henrt Sewell.  —  On  the  min.  caves  of  Haallanca,  Péni.  {Ann,  J.  of  Se., 
no  88,  p.  317.) 

1879.  Rath.  —  Erinner.  Pariser  Weltaustell.  (Bonn.) 

1879.  Anal,  of  the  tetraedrite  from  Huallanca,  Péru.  (Ann.  J.of  Se,  1879, 
17,  101,  401.) 
1879.  SoBTBEEB.  —  Edel  Métal  Production.  (Petermann*s  Mittheil.) 

1879.  Les  mines  d*argent  du  Cerro  de  Pasco.  (La  Nature,  10  mai  1879,  p.  358.) 

1880.  Pbrct.  —  Métal,  gold.  a.  silver,  p.  208. 

1881.  DU  Chàtenbt.  —  Ind.  miner,  dans  le  Gerro  de  Pasco.  (Ann.  d.  M.,  7^, 
t.  XIX,  p.  61.) 

1883.  d'Achiardi.  —  I  metalli,  t.  l^,  p.  185. 

*  1888.  HoDGEs.  —  Geology  of  the  Gerro  de  Pasco.  {Ann.  Inst.  ofndn.  Eng.) 

Filons  d'argent  de  la  République  Argentine*.  —  Certains  filons  de 
la  République  Argentine  rentrent  dans  le  type  à  gangue  quartzeuse  : 
ainsi,  dans  la  province  de  Rioja,  le  Cerro  de  Famatina,  comprenant 
les  districts  de  la  Mejicana,  Los  Bayos,  El  Tigre,  Gerro  Nergo, 
Caldera  Vieja  et  Caldera  Nue  va,  El  Oro  et  FAmpallo.  Là,  on  ex- 
ploite ,  au  milieu  des  schistes  ardoisiers ,  des  filons  quartzeux 
riches  en  argent  natif  et  en  chlorure  avec  sulfure  d'argent, 
pyrargyrite,   proustite,  polybasite,  etc. 

La  mine  de  Cerro  de  Cacheuta,  province  de  Mendoza,  contient  des 
minerais  de  sélénium.  Le  filon,  qui  recoupe  un  trachyte,  donnait,  à 
la  surface,  des  minerais  à  20  p.  100  d'argent.  Cette  teneur  s'est 
réduite  à  1  ou  2  pour  mille  en  profondeur. 

Filons  d'argent  du  Japon*.  —  Au  Japon,  on  exploite  également, 
au  milieu  de  roches  éruptives  tertiaires,  quelques  filons  de  quartz 

*  Coll.,  Ecole  des  Mines,  1754. 

Voir  :  1S77,  Steizner  :  die  nutzb.  Mineralien  der  Argent  Rep.  {Berg.  u.  HûL  ZeiL, 
340-343.)  —  1882,  Forrest  :  les  mines  d'argent  de  Famatina.  (Bull,  de  FÉcole  det 
Mines,  p,  M.)  —  1883,  d'Achiardi  :  I  metalli,  p.  189.  —  1889.  Hoskold  :  Mémoire 
sur  les  mines  et  la  met.  de  la  Rép.  Arg.  (pour  TExposition  universelle.) 

*  Coll.,  Ecole  des  Mines,  1660. 

Voir  :  1878,  Godlrey  :  On  the  geol.  of  Japan.  (Quart.  Joum.  geol.  Soc.  London, 
1878,  34, 135,  550.)  -  1883,  d'Achiardi  :  I  metalli,  1, 180. 


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MINE  d'argent  de  BROKEN    HILL  (aUSTRALIe)  833 

argentifères  qui  se  rapportent  au  type  Schemnitz,  Gomstock,  etc.. 

Ainsi,  dans  la  partie  Ouest  de  Tile  de  Sado^  trois  filons  de  quartz 
nommés  Torigoi,  Aoban  et  Hiakumai  recoupent  une  rhyolithe  et 
contiennent  de  Targent  et  de  Tor  natif  avec  des  minerais  sulfurés. 

Dans  la  province  de  UgOy  la  mine  dlnnai  est  ouverte  sur  un 
filon  quartzeux  riche  en  argyrose,  blende  et  chalcopyrite. 

A  Ikuno^  dans  la  province  de  Tajima,  des  filons  d*argent  et  or 
natif  avec  argyrose  recoupent  une  rhyolithe. 

A  la  mine  Kosaka,  dans  la  province  de  Rikuchu,  les  filons  tra- 
versent une  roche  qualifiée  de  porphyre  feldspathique,  etc.. 

MINE  DE  BROKEN  HILL 

(district    de    SILVERTON    (AUSTRALIE) 

L'Australie  est  devenue,  depuis  1883,  un  centre  important  de  pro- 
duction pour  l'argent,  comme  elle  Tétait  déjà  pour  For. 

C'est  en  1883  que  fut  découvert,  dans  le  district  de  Silverton, 
(Nouvelle-Galles  du  Sud),  le  beau  filon  de  Broken-Hill*,  au  voi- 
sinage duquel  s'est  créée  rapidement  une  ville  de  25  000  habi- 
tants. L'extraction,  qui  occupe  3  400  ouvriers,  a  crû  dans  la 
proportion  suivante  : 

1886     1887     1888      1889  1890 

Tonnes  de  minerai.  .     10  397    47  210    94  125    157  184    environ  200  000 

Ces  minerais  tiennent,  en  moyenne,  16  p.  100  de  plomb  et 
1  274  grammes  d'argent  à  la  tonne  de  minerai. 

Jusqu'en  1890,  cette  mine  a  donné  des  bénéfices  énormes  et 
l'on  a  vu  les  actions  centupler  de  valeur.  Mais,  par  une  tentative, 
au  moins  originale,  d'organisation  sociale,  les  propriétaires  pas- 
sèrent, à  ce  moment,  avec  leurs  ouvriers,  un  contrat,  où  ils  leur 
abandonnaient  le  soin  de  régler  eux-mêmes  les  conditions  du 
travail  dans  les  mines.  Le  gaspillage  inouï  et  les  pertes  crois- 
santes, qui  sont  résultées  de  cette  expérience  de  «  mine  aux  mi- 
neurs »,  ont  amené,  en  juillet  1892,  un  retour  au  système  habi- 

*  Génie  Civile  du  7  févr.  1891.  Description  par  M.  Pelatan. 

GÉOLOGIE.  —  T.  II.  53 


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834  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

tuel  :  d'où  une  grève,  ayant  suspendu  la  production  pendant  près 
de  six  moi8^ 

Les  gisements  sont  situés  dans  un  pays  très  aride,  relié  aujour- 
d'hui, par  un  chemin  de  fer,  avec  les  deux  ports  d'Adélaïde  et  de 
Port  Pirie.  La  plus  grande  difficulté  que  Ton  y  rencontre  est  le 
prix  du  combustible  ;  le  coke  provenant  de  Newcastle  (grand  port 
charbonnier  près  de  Sydney)  revient,  en  effet,  à  137  francs. 

Au  point  de  vue  géologique,  on  a  affaire  à  des  terrains  pri- 
mitifs (gnebs  et  micaschistes)  avec  intrusions  fréquentes  de  dio- 
rites,  granulites,  porphyres  et  autres  roches  feldspathiques.  Ces 
terrains  sont  recoupés  par  un  grand  filon  métallifère,  subdivisé 
en  deux  ou  trois  branches  près  de  la  surface  et  dirigé,  à  peu  de 
chose  près,  comme  la  formation  encaissante,  c'est-à-dire  du  N.-E. 
au  S.-O.,  avec  pendage  vers  le  N.-O. 

Les  affleurements,  visibles  sur  plus  de  3  000  mètres,  sont  formés 
d'un  chapeau  de  fer  noirci,  d'aspect  scoriacé,  qui  s'élève,  par  en- 
droits, à  plus  de  15  mètres  au-dessus  du  sol.  Plus  bas,  on  trouve  du 
quartz  et  de  l'oxyde  de  fer  avec  un  peu  de  barytine  et  des  minerais 
oxydés  :  carbonate  et  sulfate  de  plomb  ;  carbonates,  oxydes  et 
sulfure  noir  de  cuivre  ;  chlorure,  chlorobromure  et  iodure  d'ar- 
gent. Enfin,  en  profondeur,  apparaissent  les  minerais  sulfurés  du 
plomb,  du  cuivre  et  de  l'argent,  en  même  temps  que  la  blende  et 
la  pyrite  de  fer. 

Les  traits  caractéristiques  de  ce  remplissage  complexe  sont, 
d'après  M.  Pelatan  : 

D'abord,  son  allure  en  grandes  masses  lenticulaires  compa- 
rables aux  bonanzas  du  Gomstosk  ; 

Ensuite  et  par-dessus  tout,  un  très  remarquable  minerai  d'ar- 
gent, à  gangue  de  kaolin  grenatifère,  qui  se  trouve  en  poches  plus 
ou  moins  considérables  aux  points  où  le  filon  a  rencontré  des 
dykes  feldspathiques  et  les  a  métamorphisés  '. 

Ces  poches,  véritables  amas,  où  le  chlorure,  le  chlorobromure  et 
riodure  d'argent  imprègnent  des  feldspaths  kaolinisés  et  parsemés 
de  petits  grenats,  fournissent  des  minerais  de  teneurs  élevées. 

«  Voir  Débatty  i3  oct.  1892;  Temp9,  4  nov.  1892. 

*  Rappelons,  à  Pontgibaud,  p.  507,  l'enrichissement  qu'on  a  cru  constater  à  la  ren- 
contre des  roches  feldspathiques. 


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en 

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g, 

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s. 

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836  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Elles  ont  fait,  jusqu'ici,  la  fortune  de  la  mine,  mais  il  est  natu- 
rel de  prévoir  qu'elles  disparaîtront  en  profondeur  avec  les  autres 
produits  d*altération  secondaire. 

La  puissance  du  filon  de  Broken  Hill,  dans  les  régions  minéra- 
lisées, dépasse  parfois  30  mètres.  Elle  est,  en  moyenne,  pour  les 
parties  exploitées  jusqu'à  ce  jour,  jusqu'à  une  profondeur  de 
100  mètres,  de  18  mètres  environ. 

On  distingue,  parmi  les  minerais  extraits  : 

Les  minerais  de  plomb  carbonate  à  gangue  ferro-siliceuse  (sili- 
cious  iron  and  lead  ore)  ; 

Les  minerais  ferrosiliceux  argentifères  (silicious  iron  ore)  ; 

Les  minerais  galéneux  (sulphide  ore)  ; 

Les  minerais  de  plomb  carbonate  quartzeux  (silicious  lead  ore)  ; 

Les  minerais  d'argent  chloruré  et  bromochloruré  à  gangue  de 
kaolin  plus  ou  moins  argentifère  (kaolin  ore  et  garnet  ore]. 

Le  prix  de  revient  du  minerai  extrait  était,  en  1890,  de  22  fr.  10 
par  tonne  ;  le  prix  de  revient  de  la  fusion  d'une  tonne  de  42  francs. 

En  Australie,  on  peut  également  citer,  d'après  d'Achiardi,  dans 
la  Nouvelle-Galles  méridionale,  les  gisements  argentifères  de 
Bathurst,  Copper  Hill^  Pell  Wood  et  autres,  où  le  minerai  est 
une  galène  associée  à  de  Tai^rose  ;  et  celui  de  Boorook  (district 
de  Tenterfield),  découvert  vers  1878. 

Les  filons  de  Boorook  sont  nombreux  ;  le  plus  grand,  qui  a  de 
0",6  à  1"*,8  de  puissance,  porte  le  nom  de  Golden  âge;  ils  confir- 
ment encore  la  loi  de  la  succession  des  sulfures  aux  chlorures  en 
profondeur.  La  teneur  du  minerai  varie  de  31  grammes  à  16  kilo- 
grammes à  la  tonne.  Les  chlorures  se  prolongent  jusqu'à  21  mètres 
de  la  surface.  La  production  de  la  mine  de  Boorook,  en  1879,  a 
été  de  790''', 4  de  métal,  provenant  du  seul  filon  Golden  âge  reef. 

La  production  en  argent  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  a  été, 
avant  la  découverte  de  Broken  Hill  : 

1875        1876       IÔ77       1878        1779        1880 

i634S4     214tk?,5     976k8r,8     1  883wg,5     2  586^8,4     2  843kg,l 

Dans  la  colonie  de  Victoria,  on  obtient  l'argent  comme  produit 
secondaire  de  minerais  d'or  ;  la  production  y  a  été  de  738  kilo- 
grammes d'argent  en  1879. 


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GALÈNES,  BLENDES  ET  PYRITES  ARGENTIFÈRES     837 


Bibliographie. 

1875.  The  Min.  of  N.  S.  Wales.  (Trans.  Soc.  N.  S.  WaleSy  164.) 

1878.  Mining  Journal.  (London,  28  déc.  1878.) 

1880.  Rep.  of  the  dep.  of  mines  N.  S.  Wales  for  1879.  Sydney. 

1880.  Harrib  Wood.  —  An.  Rep.  of  the  dep.  mines  N.  S.  Wales. 

1881.  H.  WooD.  —  Mines  a.  Miner  N.  S.  Wales.  (Min.  Joum,,  1009.) 
1883.  D*AcHiARDi.  —  I  meialliy  I,  201. 

•1891.  Pelatan.  —  Sur  Broken  HiU.  (Génie  civil,  7  févr.  1891.) 


3"  GALÈNES,  BLENDES  ET  PYRITES 
ARGENTIFÈRES 

Galènes  argentifères.  —  La  galène  est  très  fréquemment  argen- 
tifère et  constitue,  ainsi  que  les  produits  de  son  altération  (céru- 
site,  etc.),  une  source  importante  d'argent;  mais  tous  les  gisements 
de  cette  nature,  lorsque  les  minéraux  d*argent  proprement  dits 
n'arrivaient  pas  à  y  former  un  véritable  minerai,  ont  été  décrits 
par  nous  au  chapitre  du  Plomb  :  nous  n'aurons  donc  qu'à  les 
rappeler  ici  sommairement. 

La  proportion  d'argent  que  peut  contenir  la  galène  est  très 
variable,  non  seulement  d*une  mine  à  l'autre,  mais  dans  un  même 
fîlon,  en  protondeur  et  en  direction;  elle  atteint  très  rarement 
l  p.  100  et,  plus  généralement,  oscille  autour  de  1  p.  iOOO  (1  kilo- 
gramme à  la  tonne).  On  ne  sait  pas  au  juste  à  quel  état  le  métal 
précieux  se  trouve  dans  le  minerai.  L.  Phypson*,  étudiant  au  mi- 
croscope une  galène  de  la  Phénix  silver  leadmine,  en  Cornwall,  a 
constaté,  il  est  vrai,  la  présence  de  filaments  d'argent  métallique 
formant  un  réseau  dans  des  fissures  ;  mais  ce  pouvait  être  un 
produit  secondaire.  Les  changements  dans  la  richesse  en  argent 
n'obéissent,  d'ailleurs,  à  aucune  loi  ;  on  a  souvent  cru  observer 
que  les  galènes  à  grain  fin  étaient  plus  riches  que  les  galènes  à 
grandes  facettes  ;  le  fait  n'a  rien  de  général  ;  on  constate  même 
l'inverse  dans  quelques  gisements,  comme  ceux  du  Sarrabus  (Sar- 
daigne).  Nous  donnerons,  plus  loin,  quelques  chiffres  de  teneur 

»  C.  R.,  23  févr.  1874. 


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838  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

qui  fixeront  les  idées.  Lorsque  la  galène  a  subi  une  altération 
qui  Ta  transformée  en  carbonate,  une  partie  de  l'argent  s'est 
toujours  trouvée  dissoute  et  le  minerai  restant  est  appauvri.  Nous 
avons  déjà  eu  Toccasion  d'étudier  ce  phénomène '. 

Les  gisements  de  galène  argentifère  sont  aujourd'hui  la  grande 
source  d'argent  en  Europe  ;  pendant  longtemps,  on  a  même  pu 
opposer  ce  type  européen  de  gîtes  d'argent  aux  ^tes  américains 
à  sulfures  et  sulfoantimoniures  d'argent  (Mexique,  Chili,  Pérou, 
Comstock,  etc.];  mais,  depuis  dix  ans,  l'argent  des  Etats-Unis 
provient  également  surtout  de  gites  de  plomb  et,  le  jour  où  Ton 
mettra  en  valeur  les  innombrables  filons  de  galène  argentifère, 
jusqu'ici  dédaignés,  dans  l'Amérique  du  Sud,  en  même  temps 
que  les  filons  d'argent  proprement  dits  s'épuiseront,  cette  démar- 
cation apparente  disparaîtra  de  plus  en  plus. 

Parmi  les  gites  de  plomb  argentifère,  nous  rappellerons  les 
principaux  de  ceux  que  nous  avons  décrits  précédemment,  en 
indiquant  la  quantité  d'argent  que  renferment  les  minerais  cor- 
respondants, teneur  qui  est  tantôt  évaluée  en  grammes  par  tonne 
de  minerai,  tantôt  (pour  tenir  compte  des  pertes  au  traitement 
et  avoir  un  résultat  vraiment  pratique),  en  grammes  par  100  kilo- 
grammes de  plomb  d'œuvre. 

En  France,  à  Pontpéan^  la  teneur  en  argent  par  tonne  de  mine- 
rai a  été  :  en  1874  de  1  kilogramme,  en  1876  de  973  grammes,  en 
1878  de  822,  en  1880  de  1  kilogramme,  en  1885  de  903  grammes,, 
en  1887  de  843,  en  même  temps  que  la  teneur  en  plomb  passait 
de  63  p.  100  en  1874  à  52  en  1887.  L'épaisseur  réduite  a  oscillé 
entre  5  et  6  centimètres. 

A  Pontgibaud^  jusqu'à  200  mètres  de  profondeur,  on  a  eu  deux 
colonnes  riches  à  1^^,500  d'argent  par  tonne  de  minerai  ;  après 
quoi,  le  filon  s'est  appauvri.  Dans  un  des  filons,  on  avait,  aux 
affleurements,  600  grammes  d'argent  aux  100  kilogrammes  de 
plomb  d'œuvre  et,  à  240  mètres  de  profondeur,  150  grammes  seu- 
lement. 

En  Espagne^  à  LinarèSy  la  teneur  en  aident  varie  de  150  à 
200  grammes  à  la  tonne  de  minerai  préparé  tenant  78  p.  100  de 

«  Page  487* 


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GALÈNES,   BLENDES   ET  PYRITES  ARGENTIFÈRES  839 

plomb,  pour  le  groupe  de  Linarès  proprement  dit;  de  350  à  450, 
pour  le  groupe  de  la  Caroline;  la  production  de  minerai  oscille, 
depuis  dix  ans,  autour  de  110  000  tonnes. 

A  YHorcajo^  la  teneur  en  argent  était,  en  1875,  de  525  grammes 
aux  100  kilogrammes  de  plomb.  A  la  Romana,  on  a  trouvé 
jusqu'à  800  grammes  d'argent  aux  100  kilogrammes.  kMazarron^ 
près  Garlhagène,  la  teneur  moyenne  était,  en  1876,  de  115  grammes 
aux  100  kilogrammes  de  plomb. 

En  ItaliCy  à  BoUino^  la  galène,  très  riche  en  aident,  tenait  de 
320  à  560  grammes  d'argent  à  la  tonne  de  minerai. 

En  SardaignCy  à  Montevecchio^  la  teneur  a  été,  en  1889,  de 
750  grammes  d'argent  à  la  tonne  de  minerai. 

En  Suèdcj  à  Sala^  le  plomb  tient  près  de  700  grammes  aux 
100  kilogrammes. 

En  Allemagne,  nous  avons  les  champs  de  filon  de  Saxe  (Frei- 
berg,  etc.)  et  du  Harz;  en  Autriche ,  ceux  de  Bohême  (Przibram, 
Mies).  Freibergy  en  1878,  a  donné  36  708  kilogrammes  d'argent; 
en  1891,  34  499  kilogrammes.  Nous  avons  vu  qu'il  s'y  rencontrait, 
outre  les  galènes  argentifères,  des  minerais  d'argent  proprement 
dits.  A  Przibram,  on  arrive  à  700  grammes  aux  100  kilogrammes 
de  plomb. 

En  Sibérie,  les  mines  de  Nerlschinsk  et  de  Kolivan  fournissent, 
en  moyenne,  13  000  kilogrammes  d'argent. 

Aux  Etais-Unis,  nous  avons  étudié  les  filons  de  galène  de  Bbig- 
ham  (Utah)  qui  contenaient,  par  endroits,  jusqu'à  70  p.  100  de 
plomb  et  1  220  grammes  d'argent  à  la  tonne,  et  dont  le  chapeau 
oxydé,  chargé  d'hématite,  renfermait  jusqu'à  4  p.  100  d'argent 
(40  kilogrammes  à  la  tonne)  et  0,03  d'or,  soit  770  francs  de  mé- 
taux précieux  à  la  tonne. 

Nous  avons  décrit  également  les  gîtes,  si  importants,  de  carbo- 
nates de  plomb  argentifères  de  Leadville  (Colorado)  et  Eurêka 
(Nevada).  A  Leadville,  la  teneur  en  argent  est  assez  forte  pour 
rendre  exploitable  un  minerai  à  6  p.  100  de  plomb.  Elle  varie, 
suivant  les  régions,  de  500  grammes  à  1^^,960  par  tonne  de  mi- 
nerai à  20  p.  100  de  plomb»  A  Eurêka,  la  teneur  moyenne  a  été, 
en  1883,  de  856  grammes  d'argeqt  et  49^,44  d'or  à  la  tonne  de 
minerai  fondu. 


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840  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Blendes  argentifères.  —  La  blende  contient  souvent  une  cer- 
taine, proportion  d*argent  :  proportion,  il  est  vrai,  toujours  assez 
faible,  mais  qui  n*en  suffit  pas  moins  pour  que  les  gttes  de  blende 
et  surtout  ceux  qui  la  contiennent  associée  avec  des  sulfures 
complexes,  puissent  être,  au  même  titre  que  ceux  de  galène,  une 
source  d'argent. 

Pyrites  argentifères.  —  La  pyrite  de  cuivre  est  parfois  plus 
riche;  c'est  ainsi  que  les  gites  de  cuivre  du  Mansfeld'  ne  seraient 
pas  exploitables  sans  leur  teneur  en  argent.  Ces  gîtes,  fqrmés  de 
schistes  à  3  p.  100  de  cuivre,  produisent,  par  an,  16  000  tonnes 
de  cuivre  et  66  000  kilogrammes  d'argent. 


r  CUIVRES  GRIS  ARGENTIFERES 

Les  cuivres  gris  sont  presque  toujours  argentifères  et  arrivent 
parfois  à  tenir  une  proportion  très  considérable  d'argent  :  30  p.  100 
dans  la  tétraédrite  antimonieuse  d'Habacht  à  Freiberg;  8,9  p.  100 
à  Clausthal  (Harz);  1,58  p.  100  à  Andreasberg,  etc.;  aussi  sont-ils 
très  recherchés.  Il  semble,  en  général,  que  la  présence  du  mer- 
cure et  de  l'arsenic  soit  défavorable  à  la  richesse  en  argent'.  Lorsque 
nous  avons  étudié  les  cuivres  gris  au  chapitre  du  Cuivre*,  nous 
avons  fait  remarquer  le  caractère,  généralement  assez  superficiel, 
de  ce  minerai.  Nous  décrirons  ici  quelques  mines  importantes 
du  Chili,  de  la  Bolivie  et  du  Pérou.  Celles  du  même  genre,  qui 
existent  au  Mexique,  ont  été  mentionnées  avec  les  autres  ^tes 
argentifères  de  ce  pays  *. 

•  Voir  page  329. 

«  Voir,  dans  d^Achiardi  (I,  152),  un  tableau  des  teneurs  en  argent  de  diverses 
tétraédrites. 

»  Page  304, 

*  Page  828,  etc. 


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GISEMENTS   d'aRGENT   DU   CHILI  Sil 

GISEMENTS  D'ARGENT  DU  CHILI* 

(CHANARCILLO,   CARACOLES) 

Les  gisements  d*argent  du  Chili  sont,  par  quelques-uns  de  leurs 
caractères,  très  différents  de  ceux  que  nous  avons  étudiés  jusqu'ici, 
à  Texception  de  ceux  de  Hongrie  auxquels  ils  ressemblent  fort. 
Toutefois  nous  y  retrouvons  l'argent  avec  une  gangue  de  calcite 
et  une  association  de  minerais  de  nickel  et  de  cobalt  comme  dans 
le  premier  groupe  de  filons  d'argent  étudié.  En  outre,  les  zones 
calcaires  traversées  par  le  filon  ont  eu  (peut-être  seulement  par 
leur  attaquabilité  aux  acides),  une  influence  enrichissante. 

Rappelons  que  le  Chili  se  divise  géographiquement  en  trois 
étroites  zones  Nord-Sud,  correspondant,  à  la  fois,  à  des  formations 
géologiques  de  nature  diCTérente  et,  jusqu'à  un  certain  point,  à  des 
gisements  métallifères  distincts  ^ 

Le  long  de  la  côte',  s'étend,  dans  la  partie  centrale  du  pays,  la 
Cordillère  de  la  Côte,  principalement  constituée  par  des  gneiss, 
schistes  métamorphiques,  granités  et  syénites.  Au  Nord,  cette  Cor- 
dillère se  réduit  à  des  tronçons  isolés  au  milieu  de  terrains  ter- 
tiaires et  Ton  y  trouve  des  nappes  de  porphyre  intercalées  dans  des 
terrains  calcaires  jurassiques  ou  crétacés.  C'est  dans  cette  Cordillère 
de  la  Côte,  et,  notamment,  sur  son  versant  Ouest,  que  Ton  trouve 
les  principaux  gisements  de  cuivre,  à  l'état  de  pyrite  de  cuivre, 
parfois  assez  riche  en  or  pour  que  ce  métal  y  soit  recherché 
spécialement;  les  minerais  y  sont  toujours  dépourvus  d'arsenic 
et  d'antimoine.  Le  versant  oriental,  au  contraire,  et  les  terrains 
calcaires  qui,  dans  le  Nord,  s'étendent  de  là  jusqu'aux  Andes  sont 
riches  en  minerais  d'argent  (Chaîiarcillo,  Très  Puntas,  Caracoles 
et  Guantajaya. 

Puis  vient,  entre  la  Cordillère  de  la  Côte  et  la  Cordillère  des 
Andes,  une  longue  vallée  qui,  au  Nord,  forme  le  désert  d'Atacama 

*  Coll.  Ecole  des  Mines,  2004. 

•  Voir  p.  253. 

'  Voir  la  carte  de  TAmérique  du  Sud,  flgure  376,  page  843,  et  Reclus,  t.  XVIII, 
page  809,  carte  des  Mines  du  Chili.  (Cf.  même  ouvrage,  p.  778  et  779.) 


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842  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

avec  les  dépdts  de  nitrates  S  de  borax,  etc.,  et,  au  Sud,  la  partie 
fertile  et  habitée  du  pays. 

Enfin,  la  Cordillère  des  Andes,  dont  les  sommets  atteignent 
6  800  mètres,  comprend,  outre  les  roches  anciennes,  des  roches 
éruptives  modernes  et  des  terrains  stratifiés  portés  à  de  très 
grandes  hauteurs.  Les  Andes,  encore  peu  explorées,  renferment  de 
nombreux  dépdts  métallifères  complexes,  en  particulier  des 
galènes  argentifères  et  des  cuivres  gris,  qui  n'ont  donné  lieu» 
jusqu'ici,  qu'à  des  exploitations  restreintes. 

Nous  avons  décrit,  au  chapitre  du  Cuivre*,  les  gisements  de  la 
première  zone  ;  nous  nous  bornerons  ici  aux  gisements  argentifères 
de  la  seconde  zone,  que  Ton  peut,  à  leur  tour,  diviser  en  deux 
groupes  :  le  premier  suivant  la  côte  à  40  ou  50  kilomètres  de  dis- 
tance, sur  400  kilomètres  de  long  et  séparé  des  gisements  de 
cuivre  par  des  porphyres  ;  le  second,  plus  oriental. 

Tous  ces  gisements  présentent,  comme  caractère  presque  gé- 
néral, d'être  encaissés  dans  des  calcaires,  à  tel  point  que  la  pré- 
sence seule  de  ce  terrain  calcaire  motive  souvent  des  recherches. 
En  outre,  ils  ont,  le  plus  souvent,  une  gangue  de  calcite  (rare- 
ment de  barytine).  Nous  retrouvons  donc  là  la  relation  entre  la 
calcite  et  l'argent,  déjà  signalée  maintes  fois  à  Kongsbei^,  au  Sar- 
rabus,  à  Guadalcanal,  etc.  En  outre,  ils  paraissent  en  relation  avec 
des  diabases  et  mélaphyres  pyroxéniques,  dont  les  dykes  exercent 
sur  eux  une  action  enrichissante  dans  le  sens  vertical.  Leur  âge^ 
bien  déterminé  par  les  calcaires  qu'ils  traversent,  est  certainement 
post-jurassique. 

En  ce  qui  concerne  la  fracture,  on  peut  remarquer  souvent  un 
éparpillement  en  veines  et  un  élargissement  dans  la  partie  supé- 
rieure :  par  suite,  un  rétrécissement  en  profondeur  qui,  concou- 
rant avec  une  diminution  dans  la  teneur  en  argent  dont  nous 
parlerons  bientôt,  rend  la  plupart  de  ces  filons  inexploitables  à 
partir  d*une  certaine  distance  de  la  surface. 

En  ce  qui  concerne  le  remplissage,  il  y  a  lieu  de  distinguer  le 
groupe  Ouest  où  la  proportion  des  chlorures  (minerais  très  riches) 


«  Voir  t.  I,  p.  419.  —  Cf.  Reclus.  Géographie,  t.  XYIII,  p.  772  (cartes  de  déUil). 
•  Page  253. 


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GISEMENTS  D  ARGENT  DU  CHILI  843 

est  plus  forte,  et  le  groupe  Est,  où  Ton  trouve,  de  préférence,  du 


Fig.  376.  —  Carie  de  l'Amérique  du  Sud  au 


j.rx   , 


60.000.000 


sulfure  d  argent,  de  la  galène,  des  sulfoarséniures  de  fer,  nickel 
et  cobalt. 


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844  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

De  toutes  façons,  Tinfluence  enrichissante  de  certaines  couches 
traversées,  dites  mantos,  est  ici  plus  nette  que  partout  ailleurs. 

Suivant  une  verticale,  le  remplissage  varie,  d*une  façon  cons- 
tante, en  tout  point  comparable  à  ce  que  nous  avons  rencontré  au 
Mexique  : 

1**  Aux  affleurements,  dominent,  d'abord,  les  chlorures  et  bro- 
mures d'argent,  avec  de  l'argent  natif  et  quelques  restes  des  mine- 
rais sulfurés  ou  arséniés  d'argent  dont  l'altération  a  produit  ces 
chlorures.  Ces  minerais  sont  mélangés  avec  une  argile  ferrugineuse 
et,  parfois^,  avec  de  la  malachite.  Leur  ensemble  constitue  ce  que 
l'on  appelle  les  métaux  chauds  (me taies  calidos)^  à  cause  de  la 
facilité  avec  laquelle  ils  s'unissent  au  mercure. 

Les  chlorures,  qui  sont  les  minerais  les  plus  productifs  du 
Chili,  se  présentent  habituellement  sous  forme  de  terres  grises  et 
ocreuses  qui  n'ont  pas  l'aspect  métallique  et  qu'on  nomme  pacosy 
ou  quelquefois  colorados,  quand  la  malachite,  l'azurite,  etc.,  leur 
prêtent  leurs  couleurs  bariolées. 

Ces  pacos  sont  parfois  constitués  par  du  métal  cimiento^  dont 
voici  l'analyse  : 

Aga 6,2 

Ag 0,7 

CaOCO» 57,2 

MgOCO* 20,9 

ZnOCO» 3,6 

Fe«08 0,8 

SiO« 0,5 

Argile 9,2 

99,1 

Au  chlorure  s'unit  le  bromure  et,  dans  ce  cas,  on  alajo/a/a  verde, 
minerai  commun  au  Chili. 

Puis  viennent,  toujours  dans  ces  parties  hautes,  une  série  de  rare- 
tés minéralogiques,  telles  que  la  cérargyrite  ou  aident  corné  (AgCl), 
l'embolite  (mélange  variable  de  chlorure  et  de  bromure),  labromite 
{AgBr);  l'arquérite  (amalgame  d'argent)  rencontrée  à  Arqueros 
dans  la  province  de  Coquimbo  età  Rosillos,  près  deCopiapo,  etc.. 

L'argent  natif  est,  soit  en  parcelles  très  fines,  soit  en  masses, 
appelées  reventonesy  qui  peuvent  peser  plusieurs  kilogrammes.  Il 
imprègne  souvent  les  épontes. 


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GISEMENTS   D  ARGENT  DU   CHILI  845 

2""  Au-dessou8  des  metales  calidoSy  c'est-à-dire  en  général  vers 
80  à  150  mètres,  commencent  les  métaux  froids  [metales  frios)  : 
d'abord  les  mulatos,  où  les  sulfures  dominent  ;  puis  les  negrillos 
qui  sont  des  sulfoarséniures  et  sulfoantimoniures  complexes. 

On  trouve  là  la  prouslite,  Targyrose  et  les  antimoniures  tels  que 
la  polybasite  (argent  noir)  et  Targyrythrose  (argent  rouge),  avec 
la  blende,  la  galène,  etc.,  et  des  sulfoarséniures  ou  sulfoantimo- 
niures de  fer,  nickel,  cobalt,  cuivre,  plomb,  bismuth,  mercure. 

La  proustite  (Âg*  As  S*),  que  les  mineurs  appellent  Rociclair 
(ou  argent  rouge  clair),  existe  en  superbes  échantillons  scalénoé- 
driques  atteignant  7  centimètres  de  longueur,  avec  de  la  calcite,  à 
Mante  d'Ossa,  Carmen,  Dolores,  Delirio,  près  de  Chanarcillo.  Elle 
est  associée  avec  de  Targyrose  ou  argent  sulfuré  (Ag*  S),  appelée 
plomo-ronco^  dont  les  cristaux,  situés  au-dessus  de  ceux  de  l'argent 
rouge,  en  montrent  la  dérivation. 

En  môme  temps,  Ton  a  divers  sulfures  ou  sulfosels  plus  ou  moins 
riches  :  ainsi,  àCastemo,  à  Buena  Esperanza,  à  Algadones,  près  de 
Coquimbo,  la  jalpaite  (mélange  de  Ag*  S  et  Cu*  S),  la  stroméjé- 
rite  (Ag  Cu'  S),  ralgadonite,  etc.;  à  Aguas  Blancas,  Tencairite 
(AgCu»Se),etc. 

Les  deux  mines,  historiquement  les  plus  importantes,  au  Chili 
sont  celles  de  Charlarcillo,  à  80  kilomètres,  au  Sud  de  Copiapo  et 
de  Caracoles,  près  d'Antofagasta,  dans  le  désert  d'Atacama  (groupe 
de  rOuest),  qui  ont  produit  le  plus  d'argent  au  Chili  et  que  nous 
décrirons  bientôt. 

On  peut  citer,  en  outre  : 

l*"  A  rOuest,  et  du  Sud  au  Nord,  Aculeo  près  Nallagua,  Pal- 
paico,  la  Calera,  le  Melon,  San  Felipe  (à  Textrémité  d'un  grand 
massif  trachytique),  Rodeito,  Arqueros,  Pampa  Larga,  Cerro  de 
la  Plata,  Le  Checo,  Bandurrias,  Agarrobito,  Ladrillos,  Très  Pun- 
tas,  La  Florida,  Esmeralda,  Griton,  etc. 

2"  ATEst,  Algodones  de  Ovalle,  Agua  Amarga,  Tunas,  la  Jarilla, 
Rosilla,  Algarrobito,  Altar,  Cachiyuyo  de  Plata,  Sacramento,  Bor- 
das, San  Antonio,  etc. 

En  irénéral,  par  suite  des  conditions  locales,  on  n'ouvre  pas,  au 
Chili,  de  mines  dont  le  minerai  rende  moins  de  0,001  d'argent  et 
on  ne  répute  vraiment  riches  que  celles  où  la  teneur   dépasse 


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le 


846  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

0,005.  Autrefois,  on  s'arrêtait  même  à  une  teneur  inférieure, 
en  sorte  que  les  haldes  ou  desmontes  contiennent  souvent  une  pro- 
portion encore  appréciable  d'argent,  proportion  qui  dépasse  sou- 
vent 1 800  grammes.  Quand  l'attention  a  été  attirée  sur  les  gise- 
ments d'argent  du  Chili  vers  1873,  ces  desmontes  ont  donné  lieu 
à  de  vastes  spéculations. 

Nous  allons  préciser  ces  divers  points  par  la  description  des  deux 
gites  les  plus  connus,  celui  de  Chaûarcillo  et  celui  de  Caracoles. 

Chaâarcillo.  —  Le  gisement  argentifère  de  ChaHarcillo^  est  situé 
à  80  kilomètres  au  Sud  de  Copiapo,  la  ville  la  plus  importante 
du  Nord  du  Chili,  à  laquelle  il  est  relié  par  un  chemin  de  fer. 

Il  est  encaissé  dans  des  calcaires,  en  général  compacts,  noirs 
ou  grisâtres,  souvent  siliceux,  que  Ton  rapporte  à  la  formation 
jurassique  supérieure,  épaisse  là  de  1  200  mètres.  Au  milieu  de 
ces  calcaires  sont  intercalées,  à  divers  niveaux,  des  nappes  de  méla- 
phyre  pyroxénique  et  de  diabase,  que  l'on  considère  comme  con- 
temporaines de  la  sédimentation  et  dont  le  contact  avec  les  cal- 
caires est  marqué  par  le  développement  de  masses  de  grenat'. 

Ces  nappes  de  mélaphyre  et  de  diabase  sont  connues  du  mineur 
chilien  sous  le  nom  de  panisso  verde  ou  couches  vertes  ;  elles  se 
relient  à  des  dykes  recoupantles  strates,  que  les  mineurs  confondent 
avec  toutes  les  failles  stériles  sous  le  nom  de  chorros.  Au  milieu 
de  ces  terrains,  il  existe  trois  filons  d'inégale  importance  avec  des 
veinules  latérales  ou  guids^  qui  ne  sont  métallifères  qu'au  voisinage 
des  grands  filons. 

Ce  sont  :  i""  le  filon  Descubridora,  dirigé  NS  et  connu  sur 
i  600  mètres  de  longueur;  2**  le  filon  Colorada,  N  22*»  E,  connu 
sur  1  800  mètres  et  coupé  par  une  grande  faille  au  Nord,  filon 
qui  a  10  mètres  de  large  dans  sa  partie  haute  et,  en  profondeur, 
rarement  moins  d'un  mètre;  3^  le  filon  Candelaria,  N.  46  E,  connu 
sur  700  mètres  de  longueur. 

Au  voisinage  de  ces  filons,  certaines  couches  de  calcaires  sont 
imprégnées  de  minerais  d'argent  jusqu'à  une  distance  qui  peut  aller 

*  Ce  gite  a  été  visité,  en  1875,  en  môme  temps  que  celui  d*Agua  Aroarga(Vallenar),par 
MM.  Fucbset  Mallard,  au  rapport  desquels  nous  empruntons,  en  paitie,  sa  desciiption. 
'  Cf.  Banat  (t.  I,  p.  660;  t.  II,  p.  258). 


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GISEMENTS   d'aRGëNT   DU   CHILI 


847 


à  10  mètres  de  part  et  d'autre.  Ces  couches  sont  appelées  mantos 
pintadores  (couches  enrichissantes);  elles  jouissent,  en  général,  de 
la  même  propriété  sur  toute  la  longueur  du  filon.  Au  contraire, 
d'autres  couches  sont  rebelles  à  Timprégnation  ;  ce  sont  les  man- 
tos  broceadores;  les  mélaphyres  et  diabases  sont,  par  eux-mêmes, 
peu  imprégnés;  mais  il  existe,  parfois,  entre  eux  et  le  filon,  des 


NATURE  DES  MINERAIS 
Teines  minces  de  tulfare  d'argent. 

Argent  natif  et  chlorure  d'argent  dani 
lei  joints  du  calcaire. 


5    à   10  kilogi 
tonne  de  minerai. 


d'argent  à  la 


COUCHES  TRAVERSÉES 

Panes  de  calcaire  bnin  ou  bleuâtre, 
renfermant,  au  voisinage  du  filon, 
de  l'argent  natif  et  des  chlorurcr 
dans  ses  joints. 

Calcaire  bleu   à  grain   fin   avec 
pyrites  arsenicales. 
'Calcaire  verdâtrc. 

Calcaire  bleu  sombre  compact. 

Roches  porphyritiques  et  ampbi- 
boliqucs  avec  veines  de  quarts . 

Calcaire  sombre  à  grain  fin. 

Greenstone  avec  veines  de  calcite 
et  lit  mince  de  calcaire  au  centre. 

Passage  graduel  au  calcaire  infé- 
rieur. 


Calcaires  bleu,    gris  et  verdâtre 
avec   veinules    de  calcite  et  joints 
de  chlorite  et  asbeste. 


20  kilogrammes  d'argent  à  la  tonne. 
Minerais  très  riches  d'argent. 

Disparition  de  l'argent  à  la  traversée 
des  porphyres. 

Larges   dépôts  de   minerai  riche  à 
i  p.   100  d'argent. 

Disparition  du  minerai  d'argent, 
tn  peu  d'argent  dans  le  lit  calcaire. 

Disparition  du  minerai  d'argent. 
Sulfure  d'argent  (600  gr.  à  la  tonne). 


Fig.  377.  —  Coupe  du  principal  filon  de  Chanarcillo,  près  Gopiapo  (Chili). 
(D*après  Davies.) 

sortes  de  bourses,  qui  ont  donné  depuis  18  jusqu^à  360  kilogrammes 
d'argent  par  tonne.  Les  zones  les  plus  riches  sont  à  la  rencontre  des 
mantos  pintadores  avec  les  filons  de  diabase  ou  chorros. 

Une  particularité  de  Chaflarcillo,  qu'il  y  aurait  peut-être  lieu  de 
rapprocher  des  bifurcations  présentées  par  le  filon  du  Comstock 
dans  sa  partie  haute  S  c'est  que,  dans  les  couches  supérieures,  sur 
30  à  40  mètres  d'épaisseur,  les  filons  sont  très  ramifiés  dans  le  cal- 
caire. Au-dessous,  commence  brusquement  un  calcaire  stérile, 
séparé  du  précédent  par  une  face  lisse  et  polie  que  les  mineurs 
ont  appelée  mesa  di  piedra  (table  de  pierre). 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  revenir  sur  la  nature  des  minerais 

<  Voir  page  802. 


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848  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

décrits  plus  haut  :  me  taies  calidos  en  haut,  metales  frics  au-dessous 
de  120  mètres. 

Cette  mine  de  Ghaflarcillo  a  produit,  depuis  sa  découverte 
en  1832  jusqu'en  1879,  plus  d'un  milliard  d'argent.  L'extraction 
annuelle  du  district  de  Copiapo  est  encore  d'environ  30  mil- 
lions. 

Mines  de  Caracoles.  —  La  mine  de  Caracoles  a  été,  un  moment, 
très  fameuse  vers  1873;  elle  est  située  dans  la  partie  Nord  du 
Chili,  qui  fit  autrefois  partie  de  la  Bolivie,  au  Nord-Est  du  port 
d'Antofagasta,  et  non  loin  de  la  voie  ferrée  qui  rattache  ce  port 
à  Huanchaca  de  Potosi  \ 

C'est  à  30  lieues  de  la  mer,  à  une  altitude  de  2  760  mètres, 
dans  le  désert  d'Âtacama,  que  courent,  du  N.  0.  au  S.  E.,  les  filons 
argentifères,  presque  verticaux,  larges  de  0"',50  à  4  mètres  et  en- 
caissés dans  des  terrains  jurassiques  riches  en  gastropodes  fossiles 
(d'où  le  nom  de  Caracoles,  coquilles).  La  gangue  de  ces  filons  est 
constituée  de  barytine  et  calcite,  accompagnées,  dans  les  parties 
hautes,  d'oxydes  de  fer,  provenant  de  l'altération  des  pyrites. 

Les  minerais  sont  ceux  que  nous  avons  déjà  indiqués  ;  ils  sont 
souvent  en  revêtements  réguliers  sur  les  parois  des  fissures.  Leur 
rendement  n'est  pas  extraordinaire,  mais  le  nombre  et  la  puissance 
des  filons  compense  cette  pauvreté  relative. 

Découvertes  en  1870,  les  mines  de  Caracoles  sont  devenues 
rapidement  un  point  central  de  travaux,  malgré  le  manque  d'eau 
potable  et  l'éloignement  des  choses  nécessaires  à  la  vie.  Quelques- 
unes  de  ces  mines  sont  célèbres  ;  comme  celles  de  Descada,  de 
Diaz  et  de  Rivière  qui,  en  janvier  1873  seulement,  ont  produit 
18^86  kilogrammes  d'argent  fin.  Sœtbeer  dit  que  la  production 
de  16  de  ces  mines,  les  Descubridoras  minas,  de  novembre  1871  à 
fin  octobre  1876,  a  été  de  121  456  tonnes  de  minerai  argentifère 
valant  1  milliard.  Domeyko  estimait  à  120  000  kilogrammes  d'ar- 
gent la  production  annuelle  des  mines  de  Caracoles. 

Ces  mines  ont  eu,  il  y  a  quinze  ans,  la  renommée  et  la  richesse 
qu'avaient  précédemment  celles  du  Cerro  de  Potosi  en  Bolivie  et 

i  Voir  d'Achiardi,  1, 185. 


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GÎTES  d'aRGEKT   DE  BOLIVIE   (hUANCHACA),    ETC.  U9 

qu'ont  retrouvée  celles  d'Huanchaca;  mais  leur  production  a  rapi- 
dement diminué. 

Aujourd'hui,  le  Chili  ne  produit  plus  que  72  000  kilogrammes 
d'argent  par  an  (1891). 

Bibliographie. 

1841 .  DoMETKO.  —  Sur  les  mines  d^Amalgame  d'argent  d*Arqueros  au  Chili. 
(Ann.  rf.  M.,  4%  t.  X.) 

1853.  Cazottb.  —  Mines  d'argent  et  de  cuivre  du  Chili.  {Ann.  d,  l/.,5«,  t.  IV, 
p.  518.) 

DoMETKO.  —  Constitution  géologique  du  Chili.  {Ann.  d.  M.,  4^,  t.  IX.) 

1855.  Pissis.'  Sur  les  Andes.  (G.  R.,  p.  764.  ) 

1860.  DoRSEY.  —  {B.  u.  H.  Z.,  p.  107  et  197.) 

1870  Mœsta.  —  Uber  das  Vorkommen  der  Chlor.  Brom  und  lod  Verbin- 
dungen  in  der  Natur  (Marburg.) 

1871.  EicH.  —  Sur  Caracoles.  {B.  u.  H.  Z.,  p.  133.) 

1873.  Perse.  —  Rapport  consulaire  du  15  mars  1873. 

*  1875.  FucHS  et  Mallard.  —  Rapport  inédit  sur  les  mines  d'Agua  Amarga 
(Vallenar). 

1876.  DoMEYKO.  -  (C.  R.,  83,  445;  Ann.  d.  M.,  p.  14.) 

1876.  RiCHTER  und  Hùbner.  —  {Zeit.  f.  d.  B.  H.  u.  S.  im  preuss.  St.,  t.  XXIV, 
p.  230.) 

1878.  A.  Streng.  —  Ueber  Silberkies  von  Andreasberg  ;  Mineralien  von 
Chanarcillo.  {N,  J.  Min.,  1878,  p.  636.  Stuttgart,  1878.) 

•  1879.  VoN  Groddeck,  p.  301. 
1880.  Mining  journal,  1123. 

1883.  d'Achiardi.  —  I  metalli,  etc.,  I,  182. 

1890.  Washington  Lastarria.  —  Industrie  minière  au  Chili. 


GITES  D'ARGENT  DE  BOLIVIE 

(POTOSI,    ORURO,   HUANCHACA) 

Les  gîtes  d'argent  de  Bolivie  se  rapprochent  naturellement  de 
ceux  du  Chili  par  leur  position  géographique;  mais  ils  en  diffèrent 
par  la  prédominance  plus  marquée,  dans  le  remplissage,  du  cuivre 
gris  argentifère.  Nous  décrirons  ceux  de  Potosi,  d'Oruro  et  d'Huan- 
chaca,  dans  un  même  district,  relié  à  Antofagasta  par  un  chemin 
de  fer.  On  extrait,  en  outre,  de  l'argent  des  mines  de  cuivre  de 
Corocoro  *  ;  et  celle  du  Cerro  de  Chorolque  fournit  des  minerais 
imprégnés  de  chlorure  d'argent. 

La  mine  d'argent  du  Potosi,  à  4  000  mètres  d'altitude,  est  une 

*  Voir  page  328. 

GÉOLOGIE.  —  T.  II.  5J- 


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850  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

des  plus  anciennement  connues  et  des  plus  célèbres  du  monde. 

On  raconte  qu'elle  fut  découverte*  deux  ans  avant  Tinvasion  de 
Pizzarro  et  Almagro  au  Pérou,  par  un  Indien,  nommé  Gualpa;  ou- 
verte en  1545,  elle  fut  exploitée  activement  depuis  1571 .  On  en  a  des 
descriptions  enthousiastes  écrites  par  des  voyageurs  au  xvi*  siècle 
et,  pendant  longtemps,  sa  production  a  été  considérable  ;  mais  la 
longue  durée  des  travaux  a  permis,  mieux  que  dans  toute  autre 
mine,  de  vérifier  la  loi  générale,  d'après  laquelle,  riches  d'abord 
aux  affleurements,  les  gîtes  d'argent  vont,  le  plus  souvent,  s'appau- 
vrissant  en  profondeur.  D'après  les  anciens  auteurs,  le  filon  se  com- 
posait de  quatre  veines,  larges  tantôt  de  0",30  et  tantôt  de  plus  de 
2  mètres,  dont  la  seconde,  suivant  Francesco  Lopez  de  Gomara, 
aurait  contenu  un  minerai  rendant  50  p.  100  d'argent  ;  cet  auteur 
raconte  qu'en  ce  temps  (1583)  cinq  années  de  redevance  au  roi  d'Es- 
pagne s'élevèrent  à  550  millions  de  francs.  Sans  mettre  en  doute 
ce  chiffre  de  50  p.  100,  qui  était  probablement  causé  par  une  accu- 
mulation exceptionnelle  d'argent  natif  et  de  chlorure,  il  est  certaio 
que  le  rendement  moyen  était  inférieur,  même  dans  les  premières 
années,  à  3  p.  100,  qu'il  est  tombé  ensuite  à  0,1-0,2  p.  100  et  quil 
n'est  plus  aujourd'hui  que  de  0,0004. 

Jusqu'en  1810,  ces  mines  ont  été  exploitées  avec  des  vicissitudes 
diverses  :  abandon  partiel  en  1623,  à  la  suite  d'une  guerre  civile; 
reprise  en  1633;  arrêt  dans  le  travail  en  1712,  après  des  épidé- 
mies; etc..  Après  un  abandon  prolongé,  elles  ont  été  rouvertes  en 
1854.  On  estime  qu'elles  auraient  produit,  depuis  l'origine,  près  de 
six  milliards  d'argent  (37  millions  par  an  de  1585  à  1606). 

La  montagne  de  Potosi  forme  un  dôme,  qui  s'élève,  de 
1  000  mètres  environ,  au-dessus  du  haut  plateau  de  la  Cordillère. 
La  roche,  depuis  le  sommet  jusqu'à  400  mètres  plus  bas,  est  un 
porphyre  quartzifère,  formant  un  dyke  au  milieu  de  phyllades 
siluriens  que  les  filons  ont  recoupé  au-dessous.  Ce  porphyre  esl 
traversé  par  une  soixantaine  de  filons  à  15%  plongeant  de  65  à 
90^  vers  l'Est,  et,  en  outre,  par  un  grand  nombre  d'autres  petites 
veines,  en  partie  exploitables.  Les  principaux  sont  Veta  Men- 
dieta,  Veta  Rica,  Veta  Estana.  En  entrant  dans  le  phyllade  sous 

•  D'Achiardi,  1, 186. 


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GÎTES   d'argent   DE  BOLIVIE   (hUANCHACA,    ETC.)         851 

le  porphyre,  les  filons  passent  pour  s'appauvrir,  mais  surtout, 
semble-t-il,  parce  que  c'est  là  que  commence,  avec  Tapprofondis- 
sement,  la  zone  des  melales  frios. 

Le  remplissage,  à  gangue  quarlzeuse,  contient,  à  la  partie  supé- 
rieure, des  pacos  (terres  chlorurées).  Au-dessous,  viennent  les 
mulatos  et  les  negrillos. 

La  particularité  de  ces  liions  et  de  ceux  d'Oruro,  dont  nous 
parlerons  plus  loin,  est  de  renfermer,  avec  les  sulfures  et  anti- 
moniures  complexes  d'argent  et  de  cuivre,  de  la  cassitérite  en  pro- 
portions appréciables. 

A  Oruro\  entre  la  Paz  et  Potosi,  on  a,  de  même,  au  milieu  des 
phyllades  blanc  grisâtres,  un  dyke  de  porphyre  traversé  par  une 
infinité  de  filons,  ayant  de  0",10  jusqu'à  plusieurs  mètres  d'épais- 
seur. La  direction  générale  est  à  60*",  le  plongement  de  43  à  85"" 
vers  le  Nord  ;  les  salbandes  sont  rarement  nettes.  Le  remplissage 
comprend  une  brèche  de  fragments  porphyriques  imprégnés  de 
pyrite  et  des  débris  anguleux  d'un  phyllade  gris  noir.  Les  mine- 
rais, disposés  en  veine  au  milieu  de  cette  brèche,  sont  de  l'argent 
rouge,  de  la  psaturose,  du  cuivre  gris  argentifère,  de  la  stibine  et  de 
la  cassitérite.  Les  exploitations  portent  aujourd'hui  surtout  sur  des 
gîtes  d'étain  qui  fournissent  1  000  à  1  500  tonnes  de  ce  métal  par  an. 

Enfin,  les  eiiYitons  à' Hîianchacaj  dans  le  département  de  Potosi, 
comprennent  un  certain  nombre  de  gîtes  très  importants,  situés 
à  Pulacayo,  Ubina  et  TAsiento,  à  640  kilomètres  du  port  d'Anto- 
fagasta  sur  l'Océan  Pacifique  et  à  plus  de  4  000  mètres  au-dessus 
de  la  mer.  Ces  gîtes  sont  d'une  nature  toute  différente  de  ceux  de 
Potosi  et  d'Oruro. 

Les  mines  de  Pulacayo,  exploitées  autrefois  durant  la  domina- 
tion espagnole,  puis  abandonnées  à  la  fin  du  siècle  dernier,  ont 
été  reprises,  sans  grand  succès,  de  1830  à  1873  ;  mais,  à  partir  de 
1877,  elles  ont,  entre  les  mains  d'une  nouvelle  Société,  donné  un 
produit  brut  qui,  d'après  la  Compagnie,  ne  serait  pas  moindre  de 
250  millions  entre  1877  et  1888  et  un  bénéfice  net,  dans  la  même 
période,  de  100  millions. 


»  Coll.  Ecole  des  Mines,  2004.  Oruro  est  à  3  800  mètres  d'altitude.  Voir,  sur  cette 
égion,  la  Géographie  d'Elisée  Reclus,  t.  XVlir,  p.  670,  etc.,  avec  une  carte  de  la 
^région  de  Potosi,  p.  678. 


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852 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


Les  terrains  représentés  dans  la  région  comprennent  une  zone 
centrale  d*andésite  à  mica  noir  et,  des  deux  côtés,  des  filons  métal- 
lifères situés  dans  le  trachyte  décomposé;  puis,  de  part  et  d'autre, 
encore  un  tuf  d'andésite  et  un  poudingue.  L'andésite  recoupe,  à 
l'Ouest  et  au  Sud,  des  phyllades  siluriens. 

La  coupe,  donnée  par  un  tunnel  d'écoulement  de  3  276  mètres 


8.»  •»» 


»o>  »>o  Ko» 


Coup  c    vc  rtîcal  c 


1  JUatTÙSdemawtieJtSmaref 
o.:t59& 


I  .éiiius^  canùmani  tàcmùuraùneàm,     m 


^Watsèfi  dephtsti^SOn 


\Ar€iu  txpioùiu 


Fig.  378.  —  Coupe  verticale  de  la  mine  d*argent  de  Pulacayo  à  Huanchaca  (Bolivie) 

(en  1889). 

de  long,  qui  traverse  la  montagne  de  part  en  part,  montre,  du  Nord 
au  Sud,  le  groupe  de  filons  nommés  «  Yeta  Pacamayo  »,  puis  la 
Veta  Nuova  et,  au  delà  de  l'andésite  centrale,  les  filons  El  Tajo  et 
Santa  Rosa. 

Le  filon  principal,  dirigé  Est-Ouest,  a  une  puissance,  qui  varie, 
en  général,  entre  1  et  3  mètres.  Son  inclinaison,  tournée  d'abord 
vers  le  Sud  sur  200  mètres  de  haut  à  partir  des  affleurements, 
se  renverse  en  profondeur  et  augmente,  de  plus  en  plus,  vers  le 
Nord.  Trois  failles  le  rejetent,  les  deux  premières  de  2  mètres,  la 
troisième  de  67  mètres. 

Il  a  été  reconnu  sur  1 100  mètres  de  long  et  SOO  mètres  de  haut  ; 


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GÎTES   d'argent  DK  BOLIVIE   (hUANCHACA,    ETC.) 


833 


jusqu'à  li6  métros  au-dessous  du  tunnel,  il  était  pauvre;  au  delà, 
il  s'est  élargi  et  enrichi. 

On  y  a  constaté  Texistence  de  trois  colonnes  particulièrement 
riches,  les  Clavo  de  Uyuni,  Clavo  de  Delfina  et  Clavo  de  Julia, 
dont  l'inclinaison  paraît  être  de  l'Ouest  à  l'Est. 

Le  remplissage  est  formé,  depuis  les  affleurements  jusqu'au  niveau 
du  tunnel,  de  barytine  associée  à  des  minerais  oxydés  oujoaco^.  Au- 
dessous,  labarytine  disparait  et  la  gangue  devient  quartzeuse. 

Le  minerai  principal  d'Huanchaca  est  le  cuivre  gris  argentifère, 
qui  se  rencontre,  tantôt  à  l'état  amorphe,  avec  un  éclat  huileux 
d'autant  plus  marqué  que  la  teneur  en  argent  est  plus  élevée, 
tantôt  cristallisé  plus  ou  moins  franchement  en  tétraèdres  régu- 
liers. Dans  cet  état,  le  minerai  contient  10  p.  100  d'argent.  D'après 
les  exploitants,  la  teneur  en  argent  augmenterait  en  profondeur, 
en  même  temps  que  la  puissance  du  filon,  qui  atteint  fréquemment 
trois  mètres. 

Avec  ce  minerai,  l'on  trouve  de  la  blende  (contenant  parfois  l  kilo- 
gramme d'argent  à  la  tonne)  ;  de  la  galène  qui  en  renferme  2  kilo- 
grammes quand  elle  est  à  grandes  facettes,  des  pyrites  de  fer  et 
de  cuivre,  de  la  chalcopyrite,  un  peu  de  stibine  et,  quelquefois,  des 
traces  d'argent  rouge.  Tous  ces  minerais  sont  légèrement  aurifères. 

Voici  quelques  analyses  : 


MINERAI 

riche 
d*ezporta- 

tiOQ 

MINERAI 

traité 
aux  usines 

de 
Huaiicbaca 
et  Asienti 

MINERAI 
pauvre 
rejeté 

GALÈNES 

BLENDES 

PYRITES 
cuivreuses 

PYRITES 
de  fer 

Argent 

Cuivre 

Plomb 

Zinc 

Antimoine.  .   .  . 
Arsenic .       ... 

Fer 

Soufre 

Chaux 

Silice 

Pertes 

Total.  .   .  . 

1,620 
5,875 
8,730 

16.175 
0,560 
2,880 

14,666 

23,270 
0,810 

24,741 
0,673 

0,650 

6,800 

12,070 

17,540 

0,560 

3,550 

13,150 

21,230 

0,770 

23,010 

0,670 

0,340 
3,680 

J9,200 

12,340 
1,050 
5,250 
9,140 

21,200 
0,630 

26,410 
0,780 

0,666 

5,280 

45,120 

14,750 

2,000 

1,030 

3,050 

17,600 

traces 

5,890 

0,554 

0,212 

9,250 

12,370 

33,000 

1,760 

0,970 

5,850 

26,200 

1,520 

8,300 

0,168 

0,368 

5,100 

2,860 

5,950 

0,960 

2,070 

20,230 

26,540 

0,690 

31,280 

0,142 

0,090 

■ 

» 
traces 
traces 
traces 
48,502 
48,923 

1,600 
0,885 

100 

100 

100 

100 

100 

100 

100 

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854  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Les  minerais  sont  divisés,  sur  place,  en  trois  catégories  princi- 
pales : 

l""  Les  minerais  tenant  moins  de  3  kilogrammes  d'ai^ent  à  la 
tonne  (0,30  p.  100),  qui  sont  réservés  pour  plus  tard; 

2""  Le  minerai  d*une  teneur  de  6  à  8  kilogrammes,  traité  sur 
place  ; 

3"*  Les  minerais  d'exportation  d'une  teneur  moyenne  de  16  p.  100 
vendus  en  Allemagne,  en  Angleterre  et  en  France. 

Les  usines  du  pays  ont  traité,  en  1887,  12  801  tonnes  de  mi- 
nerai, qui  ont  donné  64  000  kilogrammes  d'argent  et  Ton  a  vendu, 
en  Europe,  pendant  la  même  année,  4  350  tonnes  de  minerai  à 
1,54  p.  100  d'argent,  représentant  66  990  kilogrammes  d'argent  : 
soit,  en  tout,  130  000  kilogrammes  valant  20  millions. 

En  1890,  les  mines  d'Huanchaca  ont  produit  151000  kilo- 
grammes d'ai^ent  valant  22  millions,  avec  un  bénéfice  net  de 
13  200  000  francs. 

Le  nombre  des  mineurs  employés  est  d'environ  3  500. 

Bibliographie. 

Descriptions  de  Potosi  parHuMBOLDT,  Haenke,  d'Orbigny,Prescott,  Squires,  etc. 

1858.  Reck.  —  (B.  m.  h.  Z.,  p.  275  et  289.) 

1859.  Lemohot.  —  (B.  m.  //.  Z.,  p.  6.) 

1866.  Reck.  —  (B,  M.  H.  Z.,  p.  389.) 

1867.  Mines  d'argent  de  Potosi.  (Cuyper,  t.  XXII,  p.  421.) 

1868.  Lemuhot.  —  (B.  w.  H.  Z.,  p.  77.) 
1881 .  Notice  sur  la  Compagnie  de  Potosi. 

1883.  d'Achiardi.  —  I,  186. 

1884.  Notice  sur  la  Compagnie  d*Huanchaca. 

1887.  Fréd.  a.  Canfield.  —  Ueber  die  Silbererze  des  Cerro  de  Polosi,  Boliria* 
(Verhandlungen  des  Naturhistorichen  Vereines  der  preussischen  Lande  y  West- 
faliens  und  Reg.  Bezirks  Osnabruch,  5<»  série,  4®  année.  Bonn,  1887.) 


CUIVRES  GRIS  ARGENTIFÈRES  DE  REGUAY  (pêrou)* 

Les  mines  de  cuivre  gris  argentifère  du  Recuay  et  d'Huaraz^  au 
Pérou,  ont  été  Tobjet  d'une  étude  spéciale  de  M.  Fuchs  en  1873. 

*  Voir,  sur  les  gtteA  d'argent  du  Pérou,  p.  829.  On  trouvera,  dans  la  Géographie 
d'Elisée  Reclus,  t.  XVIII,  p.  615,  une  carte  des  gttes  mélallilères  du  Pérou. 


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CUIVRES   GRIS  ARGENTIFERES   DE  RECUAY   (PÉROU)       855 

Le  district  des  mines  de  Recuay  (département  d'Anchaes)  est 
situé  dans  une  des  vallées  hautes  du  Pérou,  entre  là  Cordillère 
Noire  et  la  Cordillère  Blanche,  à  une  assez  grande  altitude. 

Le  terrain  semble,  d'après  les  descriptions,  être  composé  de 
strates  jurassiques  avec  mélaphyres  intercalés,  que  recoupent  les 
filons  métallifères. 

Ces  filons  se  divisent  en  deux  groupes  :  le  principal  E.  0.; 
l'autre  N.  S.  Le  remplissage  comprend  de  la  galène  argentifère, 
plus  ou  moins  antimoniale,  des  cuivres  gris  argentifères  (Pavo- 
nados),  des  pyrites  de  fer  et  de  cuivre,  de  la  blende,  de  la  bourno- 
nite  et  de  l'argent  rouge. 

Les  minerais  de  cuivre,  secondaires  dans  les  filons  Est-Ouest, 
prédominent  dans  le  groupe  N.  S.,  et  ce  sont  eux  qui  ont,  d'abord, 
été  l'objet  principal  des  exploitations.  En  effet,  les  cuivres  gris 
argentifères  peuvent,  dans  une  certaine  mesure,  être  soumis 
directement  à  l'amalgamation  (seul  procédé  qui  ait  été  en  usage, 
pendant  des  siècles,  dans  les  Andes),  tandis  que  les  galènes, 
rebelles  à  ce  mode  de  traitement,  ont  été  longtemps  considérées 
comme  sans  valeur. 

Les  deux  filons  principaux  du  groupe  Est-Ouest  sont  le  Colla-' 
racua  et  le  Tarujos. 

Le  filon  de  Collaracua  a  été  exploité  anciennement  sur  plus 
d'un  kilomètre  de  long  pour  pavonados  (cuivres  gris)  ;  mais,  au 
N.  E.  des  premiers  travaux,  la  galène  remplace  le  minerai  de 
cuivre. 

Ce  filon  est  nettement  encaissé  entre  des  salbandes  faiblement 
argileuses,  ce  qui  est  généralement  un  gage  de  régularité.  Sa  puis- 
sance atteint  1  mètre. 

Le  filon  Tarujos,  plus  puissant  que  l'autre,  est  beaucoup  moins 
nettement  encaissé  et  se  diffuse  fréquemment  dans  les  roches  au 
contact. 

Les  minerais  contiennent  jusqu'à  6  kilogrammes  d'argent  à  la 
tonne  et  70  p.  100  de  plomb. 


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856  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


Bibliographie  générale  de  langent. 

4846.  D.  Ramon  Pkllico.  —  Sur  les  gitès  argentifères  de  Hiendelaenciaf 
prov.  de  Guadalaxara  (Espagne).  (B.  S.  G.,  2«,  t.  III,  p.  648.) 

1868.  W.  SiBT.  —  On  the  amount  of  Silrer  in  Gold  from  Makani  N.  Z.  (Tran- 
sactions  and  Proceedings  of  the  InstUute  N.  Z.,  t.  I,  p.  436.  Wellington,  1868.) 

1869.  W.  Seet.  —  On  Silver  ore  from  Slewari's  Island  N.  Z.  (Transaction* 
and  proceedings  of  the  Insiitule  N.  Z.,  t.  II,  p.  399.  Wellington,  1869.) 

1876-77.  S.  Herbert  Gox.  —  Report  on  Argentiferous  Lode  at  CoUingwood 
(Richmond  Hill  Silver  mine)  N.  Z.  (Geological  Surcey  ofN.  Z.  Reports  ofgeoUh- 
gical  explorations  during  1874-76.  Wellington,  1876-77.) 

1877-78.  S.  Herbert  Cox.  •—  Report  on  Richmond  Hill  Siher  mine  N.  Z. 
(Geological  Survey  of  N.  Z.  Reports  of  geological  explorations  during  1874-76. 
Wellington,  1877-78.) 

*  1879.  Sœtbbbr.  —  Edel  Métal.  Prod.  (Petermanns  Mitth.,  1879.) 

*  1883.  D*AcuiARDi.  —  I  metalli,  loro  minerali,  1. 1,  p.  28  et  suiv. 

1884.  TiciiBORNB.  —  On  an  argentiferous  galeuetic  Blende  at  Ovola,  {The 
Scientific  Proceedings  of  the  royal  Dublin  Society,  t.  IV,  p.  300.  Dublin,  1884.) 

188  .  Mallet.  —  On  the  occurrence  of  Silver  in  Volcanien  ash  from  the 
Eruption  of  Cotopaxi  of  July  22nd  and  23rd.  {Proceedings  of  tke  royal  Society^ 
t.  XLII,  p.  1.  Londres,  188  .) 

188  .  The  great  Silver  mines  of  the  West.  {Science^  n®  166,  p.  333.  New- 
York.) 

Thomas.  —  Silver  from  a  Pensylvania  mound.  {Science,  t.  V,  p.  419. 
Cambridge,  Mass.  U.  S.) 

1885.  Rbyer.  —  Blei  und  Silber  Production  von  Utah,  und  Blei  Production 
der  Vereinigten  Staaten.  (In-4o,  8  pages.  Vienne,  1885.) 

1888.  WiLUAMsoN.  —  Informe  sobre  las  minas  de  plata  de  Plata  Vieja. 
{Remsta  de  minas,  1888.) 


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OR' 


Au;  Eq  =  \)8,2o.  —  P.  at  =  196,5. 


USAGES  ET  STATISTIQUE 

Historique  et  Usages.  —  L'or  a  joué,  depuis  le  jour  très  ancien 
où  riiomme  Ta  rencontré  pour  la  première  fois,  un  rôle  excep- 
tionnel entre  les  métaux. 

A  Tépoque  préhistorique,  il  a  été  des  premiers  découvert,  en 
raison  de  son  abondance  relative  à  Télat  natif  dans  les  alluvions  ; 
on  le  trouve  bientôt  associé  au  cuivre  et  au  bronze  ;  mais,  tandis 
que  ceux-ci,  à  cause  de  leur  résistance  et  de  leur  dureté,  servaient 
comme  instruments  et  outils,  Tor  inaltérable,  malléable  et  brillant, 
était  réservé  à  la  parure  et  à  Tornement*,  en  attendant  qull 
devint  l'instrument  de  l'échange  et  le  symbole  de  la  richesse. 

Dans  l'antiquité,  ce  furent  surtout  les  Phéniciens,  puis  les  Grecs 
et  les  Romains  qui  donnèrent  l'essor  à  l'industrie  des  mines,  et 
rassemblèrent  un  stock  de  métaux  précieux,  destiné  à  servir,  en 

*  M.  Fuchs  préparait,  au  moment  de  sa  mort,  en  collaboration  avec  M.  Gumeng^e, 
Ingénieur  en  chef  des  mines,  un  ouvrage  d*ensemblo  sur  l'or,  dont  il  s'était  réservé  la 
partie  géologique.  Les  notes  quMI  avait  recueillies  à  ce  sujet  ont  été  remises  à 
M.  Cumenge,  qui  doit  les  utiliser  prochainement  dans  un  livre  intitulé  :  VOr  dans  la 
nature.  Nous  n'en  avons  pas  eu  connaissance. 

*  Dans  les  seules  tombes  préhomériques  de  Mycènes,  Schliemann  a  recueilli,  en 
objets  d'ornement  de  toute  soile,  plus  de  130  000  francs  d'or. 

D'après  Pline  (XXXUI,  5),  l'or  a  été  longtemps  très  rare  à  Rome.  D'après  lui,  lors 
flo  la  prise  de  Rome  par  les  Gaulois,  on  ne  put  ramasser  dans  la  ville  (qui  comptait 
pourtant  déjà  152  573  habitants)  que  1  000  livres  pesant  d'or...  Ailleurs,  il  ajoute  (XXXIII, 
15):  «  Un  de  mes  élonnements,  c'est  que  le  peuple  romain  ait  toujours  imposé  aux  nations 
vaincues  des  tributs  en  argent  et  jamais  en  or  :  témoin  Carthage  qui,  vaincue  avec  An- 
nibal,  dut  payer  16  000  livres  pesant  d'argent  annuellement  pendant  50  ans,  mais  point 
d'or.  Ce  n'était  pas  pourtant  qu'il  y  eut  disette  d'or  dans  le  monde.  Déjà  Midas  et 
Crésus  en  avaient  possédé  des  quantités  immenses  ;  déjà  Gyrus^  dans  la  conquête  de 
l'Asie,  avait  fait  un  butin  de  34  (HH)  livres  de  ce  métal,  sans  compter  les  vases  d'or,  les 
ouvrages  en  or  et,  entre  autres,  des  feuilles  d'arbres,  un  platane,  une  vigne,  etc..  » 


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85S  GÉOLOGIE    APPLIQUÉB 

s'appauvrissant  de  plus  en  plus,  au  monde  civilisé  jusqu'à  la  dé- 
couverte de  TAmérique  *. 

Au  XVI®  siècle,  on  assiste,  au  Pérou,  au  Chili,  au  Mexique,  à 
un  grand  développement  de  production,  en  même  temps  que, 
d'Afrique  et  d'Asie,  arrive  de  la  poudre  d'or. 

Mais  il  se  manifeste  bientôt  une  baisse  progressive  jusqa^à 
l'essor  considérable  qui  a  suivi,  en  1848,  la  découverte  des  gise- 
ments de  Californie,  en  1850,  celle  des  alluvions  d'Australie  et 
qui  a  atteint  son  maximum  en  1853;  après  quoi,  la  baisse  a  re- 
pris de  nouveau,  pour  s'arrêter  tout  récemment,  en  1888,  au  mo- 
ment de  la  mise  en  valeur  des  gîtes  du  Transvaal. 

Le  prix  de  For  est  actuellement,  au  pair  de  3  437  francs  le  kilo- 
gramme. Un  kilogramme  d'or,  à  neuf  dixièmes  de  fin,  tel  qu'il  entre 
dans  nos  monnaies,  vaut  légalement,  en  France,  3  100  francs*. 

Dans  les  temps  anciens,  il  est  assez  difficile  de  suivre  les  varia- 
tions de  sa  valeur  comme  on  le  ferait  pour  un  autre  métal,  puisque 
lui-même  sert  d'étalon.  On  ne  peut  que  la  comparer  à  celle  des 
principaux  objets  de  première  nécessité,  variable  elle-même  pour 
une  foule  de  causes  accessoires.  C'est  ainsi  que  Ton  observe,  par 
exemple,  depuis  vingt  ans,  une  baisse  croissante  et  rapide  du  prix 
des  marchandises,  mise  en  évidence  dans  le  tableau  ci-joint  : 

Moyenne  des  prix  par  pàiode  de  dix  ans  (Sauerbeek) 

1868-77  1869-78  1870-79  1871-80  1872-81  1873-82  1874-83  1873-84  1876-85   1877-86  1878-87 

100         99         97  96  95  93  90         87  85  8â         79 

*  On  estime  que  le  stock  de  métaux  précieux  subsistant  au  moyen  âge,  pouvait  repré- 
senter environ  1  200  millions,  dont  3  à  400  millions  d'or,  c'est-à-dire  moins  que  la  pro- 
duction actuelle  d'une  année.  De  l'année  1500  à  1848,  on  a  extrait  15  à  16  milliards  d'or 
(5  000  000  kilogrammes),  dont  11  pour  l'Amérique,  1,1  pour  la  Russie  et  la  Sibérie, 
2,5  pour  l'Afrique,  0,5  pour  l'Europe,  etc.  Depuis  1849,  la  production  a  déjà  dépassé 
21  milliards.  En  faisant  la  somme  et  tenant  compte  de  la  perte,  on  voit  qu'il  peut 
exister,  dans  le  monde,  environ  30  milliards  d'or.  —  Voir  Roswag  (les  métaux  pré- 
cieux), Michel  Chevalier,  etc. 

*  Notre  pièce  de  20  francs  pèse,  d'après  la  loi  du  7  germinal  an  XI  (28  mars  1803), 
6(^,45161.  Le  prix  d'un  lingot  de  métal  précieux,  au  titre  de  |  ^  ,  s'obtient  en  dédui- 
sant, du  pair  avec  retenue  au  change  (c'est-à-dire,  du  pair  moins  les  frais  de  mon- 
nayage) Vagio  (perte  ou  prime).  Nous  rappelons  que,  pour  l'argent,  le  pair,  ligurant 
dans  toutes  les  cotes  officielles,  est  de  218,89  (loi  du  6  juin  1803),  alors  que  le  pair 
réel  avec  frais  de  monnayage  est  de  220,55  ou,  sans  ces  frais,  de  222,22.  De  même, 
pour  l'or,  le  pair  réel  est  de  3  437  francs  (3414,44  —  7,44  de  monnayage),  alors  que  le 
pair,  figurant  aux  cotes,  continue  à  être  de  3434,44.  Le  rapport  du  franc  d'argent  au 

franc  d'or  est,  en  poids,   ^^^^^g   =  15,50. 


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USAGES  DE  l'or,    MONNAIE,    ETC.  859 

Mais  la  cause  en  est,  bien  plutôt  qu'au  renchérissement  de  Tor, 
à  Taccroissement  énorme  de  la  production  des  diverses  substances, 
aux  facilités  plus  grandes  de  transports,  etc..  Pour  tout  ce  qui 
concerne  le  côté  économique  du  rôle  de  For,  nous  renvoyons , 
d'ailleurs,  à  la  discussion  sur  le  bimétallisme  que  nous  avons 
placée  en  tête  du  chapitre  de  V Argenté 

L'or  doit  son  rôle  tout  spécial  à  un  certain  nombre  de  pro- 
priétés :  sa  densité  (19,26)  qui  ne  le  cède  qu'à  celle  du  platine; 
sa  malléabilité,  supérieure  à  celle  de  tous  les  autres  métaux  ;  son 
inaltérabilité  sous  Faction  de  la  plupart  des  éléments  chimiques  ; 
son  éclat,  etc..  Gomme  il  est  d'une  faible  dureté,  on  ne  l'emploie 
en  monnaie  ou  en  bijoux  qu'après  l'avoir  allié  au  cuivre  pour  lui 
donner  de  la  consistance  ;  la  loi  admet  les  proportions  suivantes  : 

Or.       Cuirre. 

Monnaie  d'or  de  France 900      100 

Vaisselle,  ustensiles  d*or  j  .^    _       g.^      .^^ 
MédaiUes 916        84 

La  tolérance,  pour  les  monnaies  et  les  médailles,  est  de  2  mil- 
lièmes ;  elle  est  de  3  millièmes  pour  les  objets  ouvrés. 

Quand  on  cherche  à  apprécier  comment  peut  se  répartir,  entre 
ces  diverses  applications,  la  quantité  d'or  produite  annuellement, 
on  arrive  au  résultat  suivant  : 

Monnayage 35  p.  100. 

Exportation  définitive 15      — 

Consommation  > 11      — 

Perle 35      — 

Réserve  des  lingots 3      — 

La  consommation,  elle-même,  s'est  divisée,  de  la  manière  sui- 
vante, aux  Etats-Unis  en  1883  : 

Bijoux 3  600  kg. 

Boîtiers  de  montre 1  630  — 

Métal  en  feuilles 460  — 

A  reporter,  ...      5690  kg. 

*  Voir  page  730. 

*  La  consommation  d*or  pur  est  évaluée,  par  Sœtbeer,  à  90  000  kiiogiamnes 
par  an. 


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860  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

Report 5  690  kg. 

Chaînes  de  montre 374  — 

Vaisselle 240  — 

Lunettes 97  — 

Plumes 66  — 

Métal  consommé  par  les  dentistes.  ...  17  — 

Produits  chimiques 14  — 

Instruments  divers 2  — 

6  500  kg. 

L'or,  sous  forme  de  monnaies,  peut  être  réparti,  d'après  les  pays 
de  frappe j  de  la  manière  suivante  *  : 

Allemagne  :  or  fabriqué  de  1871  à  1881      2  156  363  432  francs. 


Angleterre 

— 

de  1816  à  1881 

3  750  000  000 

Australie 

— 

1  650  000  000 

Autriche 

— 

500  000  000 

Belgique 

— 

de  1866  à  1885 

563  474  660 

Brésil 

— 

30  000000 

Danemark 

— 

47  800  000 

Espagne 

— 

675  000  000 

États-Unis 

— 

1600  000  000 

France 

— 

de  1795  à  1881 

8  720  298  300  « 

Grèce 

— 

23  000  000 

Hollande 

— 

102  000  000 

Italie 

— 

(  avant  1862 
(  de  1862  à  1881 

244000  000 
272  000  000 

Japon 

— 

150000  000 

Mexique 

— 

5  000  000 

Norvège 

— 

de  1873  à  1880 

18000  000 

Portugal 

— 

364000  000 

Russie 

— 

561000  000 

Suède 

— 

de  1873  à  1880 

53  500  000 

En  1848,  on  évaluait  le  stock  d'or  disponible  (moilnayé  ou  non) 
à  14  milliards  et  demi  (contre  30  milliards  d'argent);  en  1857  à 
22.  En  1882,  la  proportion  de  Tor  utilisée  sous  forme  de  monnaies 
était  estimée  à  18  milliards  (contre  16  milliards  d'argent).  Depuis 
ce  moment,  il  a  été  frappé  environ  7  milliards  d'or.  Les  chiffres 

*  Cf.  De  Malarce.  (G.  R.,  3  février  1879  et  27  mars  1882.)  Les  chiffres,  que  nous  don- 
nons, partent,  pour  chaque  pays,  du  moment  où  a  été  mis  en  vigueur  le  système  mo- 
nétaire actuel. 

*  L*Etat  a  retiré  de  la  circulation  71  millions  de  pièces  d'or  de  10  et  5  francs.  Oa 
admet  qu'il  reste,  en  France,  3  800  millions  en  or. 


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USAGES   DE  L  OR,   MONNAIE,   ETC.  861 

de  1889,  relatifs  à  la  frappe  de  Ter,  permettront  de  se  faire  une 
idée  de  cet  emploi  de  For  en  monnaies  : 

En  Angleterre,  la  Monnaie  de  Londres  a  frappé,  en  1889, 
187  500  000  francs  d'or  en  sovereigns  et  15  100  000  en  demi-so- 
vereigns  (ces  derniers  fabriqués  exclusivement  à  l'aide  de  pièces 
trop  légères  retirées  de  la  circulation).  Cette  année-là,  il  a  été 
importé  en  Angleterre  444  200  000  francs  d'or  et  exporté 
361  600  000.  On  évaluait  le  stock  d'or  frappé  auparavant  à 
2  620  000  000;  en  ajoutant  la  frappe  de  1889,  on  arrive  à 
2  807  500  000'. 

A  Paris,  on  a  frappé  17  477  800  francs  en  or,  dont  8  273  000 
étaient  des  pièces  légères  refondues  ;  plus,  6  749  000  francs  en 
piastres  du  commerce  pour  Tlndo-Chine,  soit  une  augmentation  de 
15  953  800  francs  ^  La  Belgique  et  l'Italie  n'ont  rien  frappé.  La 
Suisse  a  frappé  2  millions  de  francs  en  or;  l'Espagne,  17  505  000; 
le  Portugal ,  95  000  milliers  ;  la  Hollande ,  2  049  000  florins 
en  or. 

L'Allemagne  a  frappé  252  974  000  francs  en  or,  dont  40  millions 
étaient  des  pièces  étrangères  refondues  ;  l'Autriche-Hongrie 
1  705  000  francs  en  or  ;  la  Suède  4  millions  de  krons  ;  la  Russie, 
24  430  000  roubles  ;  les  Etats-Unis,  22  millions  de  dollars. 

Le  résultat  total,  en  déduisant  88  millions  de  refonte,  donne 
791  millions.  Si  l'on  compare  à  la  frappe  des  années  précédentes, 
on  a  : 

Millions  MiUioni  Hillionf 

1878 1112  1882 801  1886 494 

1879 744  1883 567  1887 650 

1880 683  1884 521  1888 702 

1881 664  188o 499  1889 879 

En  quatorze  ans,  de  1877  à  1892,  il  a  été  frappé  pour  9  milliards 

•  L'Angleterre  a  monnayé  annuellement  :  de  1861  à  1870, 125  millions  de  francs  d'or; 
en  1871,  250;  en  18X^,  plus  de  375,  puis  de  1874  à  1883,  en  moyenne,  37  millions 
seulement;  en  1884,  57  millions;  en  1885,  75  millions  ;  en  1886,  néant.  De  1817  à  1850, 
TÂnj^leterre  absorbait,  pour  entretenir  ou  augmenter  son  stock  monétaire,  plus  que  la 
production  annuelle  de  Tor.  (Voir  Laveleye,  le  bimétallisme,  p.  69  et  171.) 

*  La  France  a  frappé  :  en  1879,  24  519  540  francs  d'or;  en  1880,  néant;  en  1881, 
2167  000;  en  1882,  3  742  000;  en  1883  et  1884,  néant;  en  1885,  289  400;  en  1886, 
23  586  700  ;  en  1887,  24  668  190  ;  en  1888,  554 140  ;  en  tout,  de  1879  à  1888, 
79  617  970  francs.  (Voir  un  résumé  de  la  frappe  des  principaux  pays,  en  cesdernières 
années,  dans  Laveleye,  bimétallisme,  p.  103.) 


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862 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


PROOeC 

QUANTITÉS    EN     KILOGHAIll 


France   

Guyane  Française.  .  . 
lies  Britanniques  .  .  . 

Prusse 

Saxe 

Autres  pays  allemands. 

Autriche 

Hongrie 

Italie 

Russie 

Suède  

États-Unis 

Chili 

Mexique 

Colombie 

Venezuela 

Bolivie 

Brésil 

Pérou 

Amérique  Centrale.  .  . 
Guyane  Anglaise.  .  .  . 
Uépublique  Argentine. 

Canada 

Australie.  ...... 

Tasmanie 

Nouvelle-Zélande. .  .  . 
Le  Cap  et  possessions 

anglaises  en  Afrique. 
République  du  Trans- 

vaal 

Japon  

Chine 

Possessions     anglaises 

en  Asie  (Inde).  .  .  . 

Total   approximatif 
pour  le  monde  entier 


1880 

r  ^5 


5 
52  212 


36156 
1586 
9193 


3  300 
3  412 


1881 


89 
1995,5 


159 
24 
18,7 
1578,6 
213,4 


48  902 

9 

1488 
6019 
3  423 


1984 

39  221 

1690 

8  416 


3  433 
3  300 


3  450 
3  434 
3  482 
3  477 


3U2 

» 
3  442 
3  442 
3  442 


3  442 
3  091 
3  513 


154  778  kU. 


1882 


8 


1557,8 
> 

81,7 
281 
30 
16,5 
» 
218 
36  182 
1,7 
45140 
215 
1409 
5  806 
3  423 
109 
1121 


1648 

37  771 

1527 

7161 

484 


12,1 


3  429 
3  300 

» 
3  443 
3  4U 
3  403 
3  247 

» 

2  752 
3U2 

3  442 
3  442 
3442 
3  442 
3  442 
3  442 
3  442 


3  442 

» 
3  093 


3  203 


3  200 


161  492  kil. 


1883 


8 
iâS 


105 

1557,8 

56 

101,6 
343 
30 

18,2 
» 
191 
37  700 
37 
46  200 
» 
1438 

> 
5  022 
109 
1166 


> 

118 

1651,3 

34816 

• 
7  724 


256 


iU 


3  430 
3  300 
3  345 
3  443 
3  434 
3  403 
3  204 
» 

2  431 

3  442 
3  442 
3  452 

» 
3  442 

» 
3  442 
3  405 
3  442 


I 


53,9: 

146,1: 
394,5; 

14,5; 

27    '; 

» 

209    : 

35  709Î1 
IV.N 
47  TÔ5  '< 

1780:- 


1  354  • 
179  îJ 


3  405 
3  310 
3  140 

» 
3  243 


3  445 


145  272  kil. 


i7iu3a 

37  245  M 

1514:'' 

7  662:^ 

453î^ 


H6i^^ 


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STATISTIQUE   DE   LA   PRODUCTION   DE   L  OR 


863 


L'OR 

EURS  DU  IILOGRAMME  EX  FRANCS 


1885 

1886 

1887 

1888 

1889 

1890 

1891 

^- — ^ 

^ — ^w->— — . 

^--^*^^*^~^ 

- — .*^-^.^-- 

- — -^— ^  -. 

^  -^,  ,^  ^ 

1 

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8 

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» 

S 

8 

e 

3  430 

s 

î 

a 
bl 

3  200 

J 

'ûi 

b. 

3  200 

» 

» 

» 

» 

» 

400 

200 

220 

> 

» 

1804 

3  423 

» 

» 

» 

» 

» 

» 

1342 

3143 

> 

» 

57,3 

3  414 

50 

3  414 

456 

» 

332 

2  776 

178 

2  752 

63 

2  657 

181 

2  768 

36 

3  438 

122 

3  442 

82 

3  459 

196 

3  444 

179 

3  449 

128 

3  440 

100 

3  434 

^5 

3  450 

> 

>; 

587 

3  435 

582 

3  431 

582 

3  432 

f 

» 

778 

3  432 

78,3 

3  437 

» 

» 

73 

3  437 

1015 

3  431 

1  197 

3  432 

» 

» 

2198 

3  424 

25 

3  413 

17 

3  406 

16 

3  489 

10 

3  476 

13 

3  358 

22 

3  357 

15 

3173 

» 

> 

1789 

3  470 

1862 

3  445 

> 

» 

2  215 

3  320 

2131 

3  446 

> 

> 

95 

» 

195 

2  706 

234 

2713 

187 

2707 

216 

2  640 

206 

2  687 

> 

» 

f41 

3  413 

33  490 

3  442 

34  859 

3  147 

35  000 

3  147 

37  281 

3  147 

39  361 

3  442 

> 

» 

48 

3  443 

67 

3  433 

83 

3  433 

76 

4  648 

74 

3  388 

> 

» 

110 

3  442 

» 

» 

52  663 

3  424 

49  654 

3  444 

49  917 

3  422 

49  353 

3  422 

49  400 

3  443 

49  417 

3  443 

Î60 

3  423 

500 

3  439 

2  395 

3  422 

2  950 

3  422 

» 

» 

» 

> 

2162 

3  442 

» 

924 

3  423 

1240 

3  442 

1465 

3  424 

1  465,3  424 

» 

» 

1505 

3  442 

» 

3  762 

3  423 

» 

» 

2  257 

3  422 

4  514'3  422 

» 

> 

5  224 

3  442 

> 

5  020 

3  423 

)) 

» 

1424 

3414 

2  130|3  422 

)» 

» 

1504 

3  44S 

> 

» 

» 

» 

> 

» 

» 

90  3  422 

> 

» 

101 

3  436 

» 

1502 

3  423 

> 

> 

331 

3  489 

670 

3  442 

> 

> 

» 

» 

» 

170 

3  423 

9 

» 

158 

3  424 

» 

> 

» 

> 

113 

3  442 

» 

» 

» 

231 

3  440 

226 

3  420 

226 

3  438 

> 

> 

> 

» 

> 

> 

> 

» 

» 

» 

» 

912 

3142 

1947 

3  041 

> 

» 

> 

» 

» 

45 

3  453 

47 

3  400 

» 

)) 

» 

» 

123 

3  453 

m 

2  883 

1437 

2  985 

2  061 

2  974 

1907 

2  905 

2  249 

2  905 

2  022 

2  862 

» 

• 

>08 

3  109 

34  732 

3150 

36  026 

3  060 

37  070 

3  080 

46  629 

3  016 

42137 

3  827 

> 

» 

i83 

3  054 

964 

3  007 

1325 

3  017 

1232 

2  971 

1006 

3  000 

729 

3  013 

9 

» 

\S2 

3  241 

7  218 

3  224 

6  340 

3  226 

6  258 

3  228 

6  320 

3  226 

6  008 

3  246 

» 

» 

» 

)> 

647 

2  917 

799 

2  933 

5  467 

2  787 

8  861 

2  742 

13  906 

2  788 

» 

> 

» 

> 

» 

» 

1087 

2  900 

7184 

2  895 

11800 

2  800 

15  363 

3  000 

22  673 

3  059 

» 

» 

333  3  402 

564 

3  423 

606 

3  424 

>  1  > 

» 

» 

775 

3  442 

» 

» 

5  492  3  423 

5  068 

3  443 

13  542 

3  422 

1 

w       >» 

8  020 

3  442 

» 

> 

19 

» 

»    » 

n 

» 

> 

» 

2  53212  942 

3  400 

2  919 

4  043 

»> 

50  234  kil. 

156  421  kil. 

158  317  kil. 

166  255  kil. 

181  496  kil. 

203  036  kil. 

209  804  kil. 

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864  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

100  millions  de  francs  en  or.  En  1877,  d'après  Soetbeer,  le  stock 
en  monnaies  et  en  lingots  des  grandes  banques  s'élevait  à  2  890 
millions  ;  à  3  790  millions  en  1880  ;  à  4  600  millions  en  1883  ;  à 

5  040  millions  en  1885  ;  d'après  Haupt,  il  a  été,  non  compris  les 
trésors  italien,  russe  et  allemand,  de  5  668  millions  en  1886;  de 

6  005  millions  en  1887  ;  de  6  154  en  1888  ;  6  402  en  1889;  6  900 
en  1890;  7  759  en  1891;  8  271  en  1892.  Le  total  de  l'or  y  serait 
donc,  au  début  de  1893,  de  9  255  millions  contre  4  978  d'argent. 
A  ce  moment ,  l'encaisse  or  de  la  banque  de  France  est  de 
1  700  000  *  ;  celui  de  la  banque  d'Angleterre  de  650  millions. 

En  France,  le  commerce  de  l'or  a  donné,  dans  ces  dernières 
années  : 


^™™' 

OR    ET    PLATINE 

OR  ET  PLATINE 

i^^BBI 

CENDRES 

battu) 

;,bijouterie,  orfè- 

OR  BRUT 

OR   EN    UON.NAIES 

et 

laminés  ou  filés 

treric) 

REJET*  D'oarérRBi 

— -^^  ^^^  -^ 

,    ^^»^^-* — 

. -^^ 

-^- ^ 

'- •^— 

^^ — - 

- — ^ ^ 

Iroport. 

Export. 

Import. 

El  port. 

Iniport. 

Expo  ri. 

Import. 

Export. 

Import. 

Export, 
kg 

kg. 

kg- 

kg. 

kg. 

kg. 

kg. 

kg. 

kg. 

kg. 

1885 

1754 

4  182 

849 

2  873 

31  183 

22  247 

48  011 

37  992 

854  879 

97  401 

1888 

1  751 

1  064 

2  941 

2  950 

10  348 

0  226 

20  474 

50  216 

546  bl2 

209  209 

1889 

1712 

1428 

1821 

2  792 

ÎÔ279 

4  775 

45  007 

35  304 

527  153 

63  321 

1890 

1359 

1  918 

1  207 

4  035 

16  104 

26  400 

19  153 

49  588 

396  721 

76  237 

1891 

2  342 

2  489 

1  114 

3  556 

34  438 

9  021 

75  922 

63  771 

430  488 

59  443 

Indépendamment  de  For  produit  par  la  reviviflcation  des  cendres 
et  rejets  d'orfèvre,  importés  chaque  année  en  assez  grande  quan- 
tité (68  tonnes  en  1891),  la  France  produit  un  peu  d'or  extrait  de 
minerais  étrangers  (220  kilogrammes  ou  704  000  francs  en  1891). 

Production  de  Tor.  —  Le  tableau  (p.  862-863)  donne,  de  1880 
à  1891,  pour  les  divers  pays,  la  production  de  l'or  en  kilo- 
grammes. 

Si  l'on  compare  ces  chiffres  avec  ceux  des  périodes  précédentes, 
voici  ce  qu'on  trouve  en  kilogrammes  par  an  *  : 

*  Cet  encaisse  était  :  en  janvier  1881,  de  561  millions;  en  1884,  de  951  ;  en  1886,  de 
1  155;  en  1888,  de  1106;  en  1890  de  1261  ;  en  1891,  de  1 120;  en  1892,  de  1  350 
Une  grande  partie  de  Tor  importé  en  France,  depuis  1891,  vient  des  Etats-Unis. 

*  Voir,  dans  les  Minerai  Resource  des  États-Unis,  1890,  p.  53,  un  graphique  donnant 
la  production  d*or  et  d'argent  dans  le  monde,  depuis  1848,  d'après  divers  auteurs. 


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STATISTIQUE   DE   LA    PRODUCTION   DE   l'oR 


865 


Kilos 

1561  à  1580 6  980 

1581  à  1600 7  350 

1601  à  1620 8  430 

1621  à  1640 8  430 

1641  à  1660 8  800 

1661  à  1680 8  800 

1681  à  1700 9  100 

1701  à  1720 12  020 

1721  à  1740 19  080  ) 

1741  à  1760 24  610 

1761  à  1780 20  705 

1781  à  1800 17  790 

1801  à  1810 17  778 

1811  à  1820 11  445 

1821  à  1830 14  216 

1831  à  1840 30  289 

1841  à  1850 54  759 


/  = 


Francs 

23  700  000 
25  000  000 
28  700  000 
28  700  000 
30  000  000 

30  000  000 

31  250  000 
4i  700  000 
66  530  000 
85  820  000 
72  200  000 
62  000  000 
62  000  000 
39  910  000 
49  580  000 
70  750  000 

190  970  000 


1849  \ 

1850/, 

1851  Z 

1852 \ ^ 

1853/ 

De  1856  à  1860 

1861   1865 

1866   1870 

1871   1875 

^880l^ 

1885/  g 
1889  (S 
1891  / 


40  000  kilogrammes  =  135  500  000  francs 


65  000 
100  000 
190  000 
220  000 
206  058 
198  207 
(  l|  192  000 
'  "  170  675 
154  778 
150  234 
203  036 
209  804 


/  « 


=  222  250  000 
=  338  000  000 
=  663  000  000 
=  777  300  000 
=  700  400  000 
=1  673  800  000 
=  652  800  000 
=  580  040  000 
=  526  320  000 
=  510  000  000 
=  646  000  OGO 
=  681  000  000 


C'est  ainsi  que,  depuis  1848,  il  est  sorti  de  terre  plus  de 
21  milliards  de  francs  d'or. 

Ce  tableau  montre  immédiatement,  après  le  grand  accroisse- 
ment de  production  qui  a  suivi  la  découverte  des  gisements  de 
Californie  et  dont  le  maximum  a  eu  lieu  en  1853,  une  baisse 
continue  qui  ne  s'est  interrompue  qu'en  1888,  avec  le  début  des 
exploitations  du  Transvaal. 

Ces  dernières  ont  été,  depuis  ce  moment,  sans  cesse  en  crois- 
sant. Après  avoir  produit  494  000  onces  en  1890%  et  729  000  en 

*  Pour  le  complément,  depuis  1880,  se  reporter  au  tableau,  pages  862-863. 
'  L'once  d  or  vaut  31^^,103496. 

GÉOLOGIE.  —  T.  n.  55 


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866  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

1891,  elles  sont  arrivées,  en  1892,  à  1  210  865,  soit  37  657  kilo- 
grammes. 

Si  Ton  classe  maintenant  les  pays  d'après  leur  production  d'or, 
on  obtient  : 


Elats-Uois.  .  . 

Australie  .... 

Russie 

Transvaai.   . 

Le  Cap  et  posses 
sioDs  anglaises 
en  Afrique    .   . 

Chine ...... 

Nouvelle-Zélande. 

Colombie  .... 

Indes  (Mysore) .   . 

Chili 

Hongrie 

Canada  

Guyane  anglaise . 

Mexique 

Venezuela.   .   .   . 

Guyane  française. 

Japon 

Tasmanie .... 

Brésil 

Amérique  centrale 

Italie 

Grande-Bretagne. 

République  Argen- 
tine  

Pérou.  .... 

Suède 

Bolivie 

Allemagne.  .   .   . 


1891 


Kilos 

49  417 


22  672 


5  224 
4B00 
2  162 


1505 
1504 

» 
775 


183 

123 

113 
110 
101 
100 


1890 


Kilos 
49  414 
42137 
39  641 
15  363 


13  906 
8  020 
6  008 

3  400 

2131 
2  022 

1947 


1342 
729 


205 
63 


127 


1889 


Kilos 
49  353 
46  629 
37  281 
11800 


8  861 

n 
6  320 
4514 
2  532 

2  215 

2  249 

912 

2  130 


1006 
670 

216 
178 


74 

90 

110 


1888 


Kilos 

49  917 
37  070 
35  000 

7  184 


5  467 
13  542 

6  258 
2  257 

2  953 

» 

1900 

687 

1465 

1424 

606 
1232 
331 
226 
187 
332 

47 

158 

76 


1887 


Kilos 

49  654 

36  626 

34  859 

1087 


799 
6  340 


2  395 
1862 
2  061 


564 
1325 


234 
456 


83 


1886 


Kilos 
52  663 
34732 
33  490 


647 

7  218 
3  762 


1437 


1804 


L*or,  mentionné  précédemment  (page  862}  comme  production  française,  vient  eiclusivement  de 
minerais  étrangers;  nous  n'en  avons  donc  pas  tenu  compte  ici.  U  en  est  de  même  pour  la  ma- 
jeure partie  de  Tor  produit  en  Allemagne  et  en  Angleterre.  Cependant  ces  deux  pays  ont  égale- 
ment des  minerais  aurifères. 


Nous  résumerons  les  données  statistiques  relatives  aux  princi- 
paux pays  producteurs  en  les  prenant  par  ordre  d'importance.  Ce 
nous  sera  une  occasion  pour  indiquer  brièvement  les  conditions 
géologiques  des  gisements,  dont  nous  ne  donnons  pas,  plus  tard, 
une  description  détaillée. 

Etats-Unis.  —  Aux  Etats-Unis,  la  presque  totalité  de  For  est  ve- 


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STATISTIQUE  DE   LA  PRODUCTION  DE   L  OR 


867 


nue,  un  moment,  de  la  Californie;  mais,  depuis  trente  ans,  quelques 
autres  Etats  de  TOuest  ont  commencé  à  en  produire  également  des 
quantités  considérables.  Le  caractère  américain  et  le  genre  d'in- 
dustrie propre  à  des  pays  neufs  font,  d'ailleurs,  que  les  centres  de 
production  se  déplacent  rapidement  et  sont  abandonnés  presque 
aussi  vite  qu'ils  se  créent.  Tout  au  contraire  de  ce  qui  se  passe 
dans  les  mines  du  vieux  continent,  particulièrement  dans  celles  de 
l'Etat  en  Allemagne,  où  l'exploitation  s'opère  avec  le  souci  d'un 
avenir  lointain  en  arrachant  jusqu'à  la  dernière  parcelle  de  mine- 
rai, en  Amérique,  on  s'occupe  exclusivement  du  minerai  «  payant  9 
et  Ton  gaspille,  à  côté,  tout  le  reste,  quitte  à  y  revenir  péniblement 
plus  tard.  Si  l'on  joint  à  cela  les  spéculations  gigantesques  entre- 
prises par  les  propriétaires  des  mines,  pour  faire  croire  tantôt  à 
leur  prospérité  inouïe,  tantôt  à  leur  épuisement  complet,  et  le  soin 
jaloux  avec  lequel  ils  empêchent,  en  conséquence,  d'y  pénétrer,  on 
comprendra  la  difficulté  que  l'on  éprouve  à  suivre  à  distance  cette 
industrie  des  mines  dans  ses  fluctuations  constantes. 

En  1878,  1882,  1887  et  1890,  cette  production  s'est  répartie, 
entre  les  divers  Etals,  de  la  manière  suivante  : 


1890 

1887 

1882 

1878 

Californie 

Colorado 

Montana 

Dakota 

Nevada 

Idaho    

Oregon 

Arizona 

New-Mexico.  .   .   . 

Alaska  

Ulah 

Washington.  .   .   . 
Carolinç  du  Nord  . 

Géorgie 

Carohne  du  Sud.   . 
Michigan 

Totaux  .   . 

Frnncs 

65  000  000 

21580  000 

17150  000 

16  640  000 

14  550  000 

9  240  000 

5  700  000 

5  180  000 

4  420  000 

3  960  000 

3  530  000 

1140  000 

610  000 

518  000 

518  000 

416  000 

Francs 

69  680  000 
20  800  000 
27  040  000 

12  680  000 

13  000  000 
9  880  000 
4  680  000 
4  316  000 

2  600  000 

3  510  000 
1  144  000 

780  000 

1  144  000 

572  000 

260  000 

» 

Francs 

87  360  000 
17  472  000 
13  000  000 
17  000  000 
11000  000 
7  800  000 

4  316  000 

5  200  000 
780  000 
780  000 
990  000 
624  000 
990  000 
130  000 

> 

Francs 

91044  000 

16  700  000 

13  900  000 

12  520  000 

46  560  000 

7  200  000 

6  000  000 

4  140  000 

646  000 

2  970*000 

OiTers 

"^15  800  000 
> 

170154  000 

172  086  000 

167  442  000 

216  580  600 

La  production  totale  de  l'or,  aux  Etats-Unis,  dans  ce  siècle,  a  été 
environ  la  suivante  : 


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868  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Etats  du  Sad,  de  1804  à  la  découverte  de  Tor  en  Californie.  68  640  000 

(De  1848  i  1880 7  987  200  000 

1881       1884  inclus 946  400000 

1883      1887 520000000 

1888          49  917  000 

États      I              1889         49  353  000 

f               1890         49  400  000 

\               1891         49  417  000 


9  720127  000 


Si  Ton  examine  un  graphique  de  celte  production  de  Tor  aux 
Etats-Unis  \  on  voit  la  courbe  s'élever  presque  verticalement  de 
1847  à  1853  (4  500  000  dollars  à  65  millions),  puis  redescendre 
jusqu'en  1862  (40  millions),  remonter  à  54  millions  en  1866,  des- 
cendre à  34  en  1875,  revenir  à  50  en  1878,  retomber  à  30  en  1883, 
et,  depuis  ce  moment,  osciller  autour  de  ce  même  chiffre.  La 
production  deTargent,  qui  n'a  commencé  quen  1860,  a  suivi 
une  augmentation  beaucoup  plus  constante,  sauf  un  recul  de 
1878  à  1880  et,  pour  Tensembledes  deux  métaux  précieux,  il  y  a 
également  un  maximum  en  1878  (96  millions  de  dollars),  un  mini- 
mum en  1880  (74  millions). 

Indépendamment  de  cette  production,  on  constatait,  il  y  a 
quelques  années,  aux  Etats-Unis,  une  importation  d'or,  qui  s'est 
élevée,  en  1887,  à  234  millions  de  francs  contre  une  exporta- 
tion de  47  millions ,  les  importations  ayant  donc  surpassé  les 
exportations  de  187  millions,  tandis  que,  pour  l'argent,  la  perte 
par  exportation  était  de  37  millions.  Depuis  1891,  les  États- 
Unis  exportent,  au  contraire,  de  l'or.  La  consommation,  dans 
les  arts  industriels,  était,  en  1887,  d'environ  60  millions  de 
francs. 

Voyons  maintenant  quelles  sont,  dans  les  divers  Etats  que  nous 
venons  d'énumérer,  les  principales  mines  d'or  *  : 

La  Californie  a  été  le  premier  Etat  américain  qui  ait  produit 
de  l'or;  cette  production  s'est  élevée,  en  1848,  à  42  millions  de 

•  Voir  Minerai  Resources  of  the  United  Slates,  1887,  p.  61. 

On  trouvera  également,  dans  les  Minerai  Resources  de  1890,  p.  51,  un  tableau  de 
la  production  de  Tor  et  de  l'argent  aux  États-Unis,  depuis  1792. 

•  On  peut  consulter  :  Whitney  ;  Metallic  yrealth  of  the  Un.  States,  et  R.-W.  Raymond  ; 
The  mines  of  the  west,  1869. 


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STATISTIQUE   DE   LA   PRODUCTION   DE   L  OR  869 

francs  d'or;  en  1853,  à  336;  en  1860,  à  233,  alors  que  les  autres 
Etats  n*en  fournissaient  que  5  millions.  Puis,  on  trouve  : 

1868      1877      1880      1890 

Californie 114      78      91      65  millions  de  francs 

Autres  États  ...       134    166      93    105  — 


D'année  en  année,  la  production  de  la  Californie  décroît,  tandis 
que  celle  des  autres  États  augmente  encore  un  peu. 

En  Califoimie^  Tor  existe,  comme  nous  le  verrons,  en  filons  et 
en  alluvions. 

Parmi  les  filons,  le  principal  est  ce  gigantesque  filon  nommé 
Mother  Lode  qui  s'étend  à  travers  trois  comtés. 

Sur  ce  filon,  nous  citerons,  dès  à  présent,  les  mines  du  comté 
de  Mariposa  (Joséphine  et  Pline  Tree);  puis,  dans  le  comté 
d'Amador,  la  mine  Eurêka  (ou  Haywards),  la  mine  Keyston,  etc. 

Sur  des  filons  de  quartz  indépendants,  se  trouvent  les  mines  du 
comté  de  Nevada  *,  telles  que  Eurêka  mine,  Empire  mine,  Ophir 
Hill  (Gras  Valley)  ;  Banner  mine,  Pittsburg  mine  (Nevada  City). 

Comme  placers,  les  principaux  sont  ceux  des  bassins  de  Yuba 
river,  Bear  river,  American  river,  Makelumne,  Stanislas  et  Tuo- 
lumne. 

Au  Colorado^  ^  les  principales  mines  d'or  étaient,  en  1882,  celles 
du  comté  de  Gilpin*  (quartz  avec  pyrites  aurifères).  Lock  cite 
particulièrement  le  filon  Bobtail  dirigé  E.-O.,  d'une  épaisseur 
.moyenne  de  1  mètre,  encaissé  dans  du  gneiss  et  composé  de 
quartz  aurifère  avec  pyrite  de  fer  et  de  cuivre;  ce  filon  avait  pro- 
duit, en  1882,  13  millions;  il  décrit,  en  outre,  le  Gregory  Lode, 
Bâtes  Lode,  Illinois  Lode,  Gardner  Lode,  Burroughs  Lode. 

Indépendamment  des  quartz  aurifères,  on  exploite,  au  Colorado, 

*  Il  faut  avoir  soin  de  distinguer  le  comté  de  Nevada  (Etat  de  Californie),  de  TEtat 
de  Nevada.  Dans  le  mônrïe  ordre  d'idées,  nous  appellerons  l'attention  sur  les  répéti- 
tions fréquentes  des  mêmes  noms  de  mines,  de  rivières,  de  montagnes,  etc.,  en  des 
points  différents,  aux  Étais-Unis.  11  est  nécessaire  également  de  tenir  compte  des 
changements  administratifs  qui  ont  été  causés,  dans  ces  dernières  années,  par  la 
création  de  nouveaux  États. 

•  Voir  Lock,  Gold,  etc.,  p.  159.  —  Rapport  de  J.-D.  Hague.  —  Rolland.  Ann.  d.  AI., 
1878,  etc. 

Le  Ck)lorado  est  devenu  un  État,  depuis  1876. 

»  Sur  le  comté  de  Gilpin,  voir  Burthe.  Ann,  rf.  A/.,  7«,  t.  V,  p.  285. 


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870  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

dans  le  comté  de  Boulder,  des  gisements  de  tellurures  qui  n'ont 
guère  leur  équivalent  qu'en  Transylvanie.  Ces  mines,  après  avoir 
excité  un  grand  enthousiasme  en  1873,  ont  été,  dès  Tannée  suivante, 
très  dépréciées,  puis  se  sont  relevées,  peu  à  peu,  à  mesure  que 
Ton  a  appris  à  concentrer  les  minerais  à  basse  teneur.  En  1875, 
le  comté  de  Boulder,  avec  les  mines  de  Magnolia  (près  de  Boulder 
City),  de  Melvina,  d'American,  de  Slide  au  Nord  de  Gold  Hill,  etc., 
produisait  3  300  000  francs  d  or. 

Enfin  le  comté  de  Clear  Creek  produit  une  certaine  quantité  d'or 
(500  000  francs  en  1876),  avec  des  mines  de  blende  et  galène  ar- 
gentifère à  gangue  quartzeuse  *. 

Au  Montana^  le  grand  développement  de  la  production  aurifère 
est  très  récent.  Lock,  dans  son  ouvrage  monumental  sur  For 
publié  en  1882,  ne  consacre  à  cet  État  qu'une  courte  mention*. 
Cependant,  vers  1865-66,  il  y  avait  eu  un  premier  essor  dû  à  la 
découverte  de  riches  placers  sur  les  affluents  du  Missouri.  En 
1863,  la  production  avait  atteint  93  millions  de  francs  ;  puis  elle 
est  retombée,  peu  à  peu,  à  21  millions  en  1876  et  13  millions  en 
1882.  Vers  1876,  les  principaux  placers  étaient,  d'après  Raymond, 
ceux  de  Old  Aider,  Deer  Lodge  County,  Lewis  and  Clarke,  etc. 
Dans  le  Deer  Logde  County,  on  exploitait,  en  outre,  dès  cette  époque, 
des  filons  de  quartz  aurifère  avec  pyrites  de  fer  et  minerais  de 
cuivre.  De  1882  à  1887,  la  production  du  Montana  a  plus  que  dou- 
blé (27  millions  en  1887)  et  cet  essor  a  continué  depuis.  Aujour- 
d'hui, la  principale  mine  d'or  de  la  région  est  celle  de  Drun  Lum- 
mon,  à  peu  de  distance  à  TOuest  de  la  ligne  du  North  Pacific 
Raihvay,  au  nord  de  Butte  City.  En  outre,  la  plupart  des  filons 
argentifères  du  groupe  de  Butte  City*  produisent  une  certaine 
quantité  d'or. 

Dans  le  Dakota*"^  se  trouve  la  très  importante  mine  de  Bomestake^ 
où  l'on  arrive  à  traiter,  par  an,  200  000  tonnes  de  minerai,  tenant^ 

•  Voir  Burlhe.  Ann,  d.  M.,  7%  t.  V,  p.  302. 
Rolland.  Ann,  d.  3/.  Janvier  1878,  p.  23,  etc. 

•  Page  172. 

*  Voir,  plus  haut,  pages  263  et  808. 

*  Lock,  p.  162. 

Bappoit  de  W.  P.  Jenney. 


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STATISTIQUE  DE  LA   PRODUCTION   DE  l'oR  871 

environ,  25  francs  d'or  à  la  tonne  et  donnant  H  à  12  francs  de 
bénéfice  ;  au  voisinage,  près  de  la  ville  de  Deadwood',  dans  les 
Blackhills,  sont  les  minesFather  deSmet,  qui  passent  100  000  tonnes 
et  Caledonia,  qui  en  passe  SO.  Les  gisements  sont  des  filons  de 
quartz  aurifères,  comparables  à  ceux  de  Californie  et  traversant  les 
schistes  archéens. 

Indépendamment  de  ces  filons,  il  existe,  dans  le  Dakota,  des 
gisements  d*alIuvions,  tels  que  ceux  de  French  Creek,  Spring 
Creek,  Castle  Creek,  etc. 

Dans  le  Nevada  *,  la  grande  production  d'or,  accusée  par  le 
tableau  précédent,  est  surtout  fournie  par  le  filon  de  Comstock, 
auquel  s'ajoutait,  il  y  a  quelques  années,  le  district  d'Eurekaqui, 
nous  n'avons  pas  besoin  de  le  rappeler,  sont  des  gisements  auri- 
fères en  même  temps  argentifères*.  La  mine  de  Richemond  (Eu- 
rêka), dans  le  premier  semestre  de  1875,  a  fourni  1  550  000  francs 
d'or,  2  800  000  fr.  d'argent  et  1  270  000  fr.  de  plomb. 

Dans  Yldaho^y  on  exploite  également  des  filons,  tels  que  ceux 
des  monts  Owyhee  et  du  Salmon  river  et  des  placers  sur  le  Snake 
river. 

L'idaho  est,  comme  le  Montana,  un  pays  où  les  exploitations 
minières  (or,  argent,  etc..)  prennent,  depuis  1887  ou  1888  sur- 
tout, un  développement  considérable. 

DansTOr^^ow,  l'or  se  trouve,  principalement,  sur  le  flanc  Ouest 
du  Cascade  Range  et  dans  les  alluvions  de  toutes  les  rivières  qui 
en  découlent. 

Dans  Y  Arizona^,  les  plus  anciennes  mines  sont  celles  du  comté  de 
Puna,  où  Ton  exploite  un  quartz  aurifère.  Généralement,  les  quartz 
aurifères  de  cette  région,  à  la  différence  de  ceux  de  Californie, 
contiennent  de  la  pyrite  de  cuivre  assez  abondante.  Nous  avons 
eu  l'occasion  de  décrire  les  grands  gisements  de  cuivre  qui  s'y 
trouvent*.  La  majeure  partie  de  l'or  vient,  d'ailleurs,  du  traitement 
des  galènes  argentifères. 

•  Voir  Lock,  p.  173. 

'  Voir  pages  626  et  793. 
»  Lock,  p.  171. 

•  Page  128. 

•  Voir  plus  haut,  page  262. 


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872  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Australie  *.  —  L'Australie  vient  immédiatement  après  les  Etats- 
Unis  comme  centre  de  production  aurifère,  et,  si  on  lui  rattache 
la  Nouvelle-Zélande  et  la  Tasmanie,  qui  forment,  avec  elle,  TAus- 
tralasie,  elle  a  une  production  presque  égale,  parfois  même  supé- 
rieure (48  874  kilogrammes  contre  49  414  en  1890;  44  560  contre 
40  917  en  1888;  45  622  contre  40  000  en  1881).  De  1851  à  1882, 
la  production  de  Tor  en  Australasie  s  est  répartie  de  la  façon  sui- 
vante : 


Victoria 1  597  678  kilogr. 

Nouvelle-Galles  du  Sud.   .  289  035  — 

Queensland 119  778  — 

Australie  méridionale  .   .  3  472  — 

2  009  963  —      =6  366  985  029  francs. 

Tasmanie 8663  -    )_4nHoiRi7Q 

Nouvelle- Zéiaiidc   ....  312545  -    )-*"**"*»*^^      - 


Dans  la  province  de  Victoria,  Tor  provient,  comme  toujours,  de 
deux  grandes  sources,  Texploitation  des  alluvîons  et  celle  des 
quartz  aurifères.  A  cette  dernière  vient  s'ajouter,  pour  un  chiffre 
assez  faible,  l'exploitation  des  pyrites  et  autres  minerais  complexes 
renfermant  un  peu  d'or  et  le  lavage  des  tailings  (rebuts  des 
exploitations  anciennes).  En  1868,  sur  un  total  de  52  300  kilo- 
grammes, les  alluvions  en  fournissaient  33  821,  les  filons  18  479; 
en  1889  sur  26  710,  les  alluvions  n'entraient  plus  que  pour  9  760, 
les  filons  pour  16  950*. 

Les  tableaux  ci-joints  montrent,  dans  cette  province  :  1^  la 
quantité  totale  d'or  extraite  des  filons  et  alluvions,  de  1851  à 
1881;  2^  rimportance  respective  des  divers  districts  en  1881  et 
les  produits  de  Texploitation  en  ce  qui  concerne  les  quartz 
aurifères,  les   pyrites,  les  tailings,  etc. 


*  Voir,  sur  la  production  de  Tor  en  Australie,  une  note  de  M.  Fuchs  dans  le  bul- 
letin des  Ann.  d.  M.  de  1881,  et  Lock,  p.  479. 

*  Nous  retrouvons  partout  ce  Tait  de  Tépuisement  rapide  des  alluvions,  tandis  que, 
dans  les  pays  d'exploitation  déjà  ancienne,  les  filons  gardent  seuls  quelque  impor- 
tance 


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STATISTIQUE  DE   LA   PRODUCTION   DE   L  OR 


873 


QUANTITÉ    TOTALE    d'OR    EXTRAITE    DES    FILONS    ET    DES    ALLUVIONS 
DE  LA   COLONIE  DE   VICTORIA,   DE  l'ORIGINE   (1851)   à   1881 


ANNÉES 

OR 

OR 

OR  TOTAL 

DES   ALLUVIONS 

DES  FILONS 

Kilog. 

Kilog. 

Kilog. 

J8ol  à  1867 

» 

» 

1  107  107 

1868 

33  821 

18  479 

52  300 

1869 

29  049 

25  098 

£4147 

1870 

22  352 

18  211 

40  563 

1871 

21713 

20  860 

42  573 

1872 

19  890 

21515 

41405 

1873 

15  682 

20717 

36  399 

1874 

13  475 

20  661 

34  136 

1875 

13  267 

19  960 

33  227 

1876 

12130 

18  842 

30  972 

1877 

9011 

16  168 

25  179 

1878 

8  224 

15  350 

23  574 

1879 

9  121 

14  481 

23  602 

1880 

9  327 

16  457 

25  784 

1881 
Totaux.  .   .   . 

9  760 

16  950 

26  710 

226  822 

263  749 

Depuis  1868:     490  571 
Depuis  1851:  1597  678 

l.    -—   PRODUITS   DE  l'exploitation    DES  QUARTZ   AURIFÈRES  (1881) 


DISTRICTS  MINIERS 

NOMBRE      II 

de  filons  de  1 

quartz  en     1 

exploitation    1 

QUARTZ 

traités  et 

étudiés 

OR  PRODUIT 

TEXEURÎ 
■oviniCBS 

5   PAR  TONNE 
bitbImbs 

PROFONDEURS 
correspon- 
dantes 

Ballarat 

Bcecbworth 

S.-indhurst 

Maryboroiigh  .... 

(Utstlemaine 

Ararat 

Gippsland 

Totaux  et  moyennes. 

350 
912 

779 
627 
407 
81 
489 

Tonnes 
508  OiO 
43  682 
248  490 
53  840 
89  556 
82  540 
30  702 

Kilog. 

5  184  629 
815  153 

4  665  355 
849  047 
878  419 
945  03i 
827  587 

Grammes 

10  046 
18  681 
18  467 
15  645 

9  661 

11  285 
26  80» 

Grammes 
7  72Sà    17  650 

13  851  4322374 
9  490  à    40  482 

38  722  à    83  701 

Blètres 
60  à  330 

150  à  400 

80  à  220 

180  à  330 

3  645 

1  056  830 

14  165  241 

12  225 

7  728  à  322  374 

60  à  330 

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874  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

II.    —    PYRITES    AURIFÈRES    ET    MINERAIS    COMPLEXES    (EN    1881) 


DISTRICTS  MINIERS 

UINERAIS  TRAITÉS 

OR  PRODUIT 

TENEUR 
moyenne  par  tonne 

Ballarat 

Beechworth 

Sandhurst 

Maryborough 

Castlemaine 

Ararat 

Tonnes 

1771 

410 

2  942 

.     247 

630 

» 

56 

Kilogrammes 

144,492 
15,«13 

197,716 

2,712 

43,089 

1,836 

Grammes 

81,776 
37,704 
67,071 
10,900 
67,926 

32,488 

Gippsland 

Totaux  et  moyennes  .   . 

6  056 

405,058 

66,687 

III.    —    REBUTS    00    TAIUNGS    (EN    1881  ) 


DISTRICTS  MINIERS 

&II!fERAIS  TRAITÉS 

or  produit 

TENEUR 
moytnnf  par  tonne 

Ballarat 

Tonnes 
2  340 

7  371 
326 

4  474 

8  338 
2  615 

» 

Kilogrammes 

6,822 
42,900 

0,793 
29,379 
22,117 

4,225 

Grammes 

2,480 
5,429 
2,137 
6,455 
2,266 
2,694 
> 

Beechworth 

Sandhurst 

Maryborough 

Castlemaine 

Ararat 

Gippsland . 

Totaux  et  moyennes  .  . 

25  46i 

106,236 

3,804 

IV.    —  ALLUVIONS    (WADSHIRT)   TRAITÉES  AU   SLUICB  ET   ÉTUDIÉES  EN    1880 


DISTRICTS  MINIERS 


Ballarat 

Beechworth 

Sandhurst 

Maryborough   .   .   .    . 
Castlemaine.   .   .   .-. 

Ararat 

Gippsland 

Totaux  et  moyennes. 


ALLUVIONS 

lavées 


Tonnes 

230  723 
242  751 

141  255 

330  607 

33  799 


979  135 


or  TOTAL 
produit 


Kilogrammes 

60,538 

187,349 

651.321 
617,598 
285, 134 


1801,940 


TENEUR 

moyenne  par 

tonne 


Gramme» 

2,052 

0,513 

» 
4,615 
1,752 
8,207 


2,095 


TENEURS    EXTRÊMES 
par  tonne 


Grammes 

0,460 

0,471 

» 
2,553 
0,7X0 


Grammes 

4,083 
1,279 

9,160 
4,029 


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1077 

674 

663 

5t4 

937 

485 

362 

462 

> 

312 

1263 

294 

422 

282 

295 

253 

121 

114 

STATISTIQUE  DE   LA   PRODUCTION   DE  L  OR  875 

Après  la  province  de  Victoria,  vient  celle  de  la  Nouvelle-Galles 
du  Sud,  où  l'exploitation  a  donné  : 

DISTRICTS  PRODUCTION    DE    L*OR 

En  1876  En  1879  ^ 

en  kilos  en  kilos 

Mudgee 

Tumut 

Tambaroora 

District  méridional 

Hunier  et  Macleay 

Lochlau 

Bathurst 

Peel  et  Uralla 

Nouvelle  Angleterre  et  Clarence.   .   .   . 

De  même,  dans  le  Queensland^  on  a  eu  : 

DISTRICTS  PRODUCTION  DE  L*OR 

En  1880 
en  kilos 

Charters  Towers 2113 

Hodgkinson 741 

Ravenswood 392 

Etheridge  et  Gilbert 274 

Gympie 228 

Palmer 215 

Cloncurry 152 

Gladstone 107 

Clermont 36 

Total 4  258 

Pour  la  description  des  gisements,  nous  renvoyons  aux  deux 
chapitres  des  Filons  de  quarlz  aurifère^  et  des  Alluvions^. 

Russie'.  —  La  première  découverte  de  Tor  en  Russie  fut  faite, 
en  1737,  dans  le  gouvernement  d'Arkhangel  par  un  paysan  nommé 

*  Voir  page  912. 

•  Voir  page  969. 

»  Voir  Look,  p.  369. 
Laurent.  Industrie  de  Tor  dans  TOural.  Ann,  d,  M. y  déc.  1890. 
Cf.  Reclus  :  Asie  russe,  p.  880. 


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876  6É0L0GIK  APPLIQUÉE 

Taras  Antonof.  En  1745,  on  trouva  les  gisements  de  Bérézowsk,  près 
d'Ekaterinenburg,  dans  l'Oural  et,  à  peu  près  à  la  même  époque, 
les  riches  alluvions  de  TAltaï  (montagne  de  Tor,  en  Tartare)  entre 
les  rivières  de  Tlrtysch  et  de  TOb,  dans  la  province  de  Tomsk. 
Celte  région  de  l'Altaï  prit,  assez  vite,  un  développement  minier 
considérable,  non  seulement  pour  Tor,  mais  aussi  pour  l'argent  : 
les  mines  de  plomb  argentifère  de  Smeïnogorsk,  dans  TAllaï,  ont 
été,  à  la  fin  du  xvni*  siècle,  les  plus  productives  du  monde  et,  de 
1745  à  1860,  TAltaï  a  produit  250  millions  d'argent,  50  millions 
d'or.  Après  l'Oural  et  l'Altaï,  on  commença  à  exploiter  les  allu- 
vions du  haut  Yénisséi  et  de  l'Angora,  de  Vitim  et  de  TOkoma 
qui,  dans  leur  nouveauté,  avec  une  main-d'œuvre  à  vil  prix  de 
serfs  et  de  condamnés,  ont,  malgré  la  rigueur  du  climat,  donné, 
jusqu'en  1850,  de  très  grands  bénéfices.  Mais,  peu  à  peu,  les  allu- 
vions de  la  Sibérie  se  sont  appauvries  et,  quoiqu'on  1877  on  comp- 
tât encore  51  272  orpailleurs  dans  la  Sibérie  Orientale,  la  produc- 
tion y  a  diminué,  tandis  qu'au  contraire  les  mines  de  l'Oural,  sous 
une  direction  éclairée  et  avec  l'introduction  de  méthodes  perfec- 
tionnées, s'accroissaient. 
La  Russie  a  produit  les  quantités  d'or  suivantes  : 

De  1737  à  1877 1 107  103  kilogr. 

(1867  à  1876,  par  an  .   .         33  345      —      en  moyenne.) 

1877 39  803      — 

1877  à  1888 385  981       — 

1889 37  281       — 

1890 39  651       — 

1  609  799  kilogr. 

La  production  se  répartit  entre  les  régions  suivantes  (année 
1885)  : 

Sibérie  Orientale 22101^^,894 

Sibérie  Occidentale 2  209    448 

Oural 8697    530 

Finlande 6     130 


33  014^^^02 


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STATISTIQUE   DE  LA  PRODUCTION   DE   L  OR  877 

La  Sibérie  elle-même  comprenait,  en  1876,  les  centres  suivants  : 

Province  d'Iakutsk iO  279,3 

—  d'Irkutsk 6  321,3 

—  de  Transbaïkalie 3  831 

Amur 2  812,1 

Maison   impériale 2  506 

Tomsk 1757,7 

Divers  (Semipalatinsk,  Akmolinsk; 1  460 

28  967,4 

Dans  la  province  à'Iakutsky  le  principal  centre  d^exploitation 
est  Olekminsk  S  au  confluent  de  rOlekma  et  de  la  Lena.  Malgré  le 
climat  très  extrême,  les  exploitations,  qui  portent  sur  les  alluvions 
de  la  Lena,  sont  considérables.  Plus  de  6  000  hommes  traitent 
là,  par  an,  environ  i  million  de  tonnes  de  sables  aurifères. 

Dans  la  province  à'Irkutsk,  on  lave  les  alluvions  de  la  Lena 
supérieure  (à  Verkho  Lensk),  de  la  Selenga  à  Verkneudinsk. 
LTénissei,  lui-même,  présente,  sur  la  majeure  partie  de  son  cours, 
d'importantes  exploitations.  C'est  ainsi  que  nous  citerons,  d'après 
Lock,  au  Sud  de  la  province  dTenisseisk,  Atchinsk  et  Minusinsk; 
puis,  en  .remontant'  : 

Sables  lavés  Or  obtenu 

Bassin  de  TUderey.   .   .   .     181  300  000  tonnes      62  500  kg. 

—  du  grand  Murojnaia.      10150  000     —  33  300    — 

—  du  grand  Pit.  ...        2  030  000     —  4  300    — 

Dans  la  région  à'Yenisseisk,  on  recueillait  autrefois  une  grande 
quantité  d'or  dans  les  sables  des  rivières  qui  coulent  à  rYénissei, 
entre  la  Verkhnaya  Toungouska  ^  et  la  Toungouska  Podkamen- 
naya  (Uderey,  Pit,  etc.)  ;  en  1873,  il  y  avait  encore  là  plus  de 
16  000  travailleurs  ;  mais  la  production  tend  à  y  diminuer  peu  à 
peu. 

Le  bassin  de  FAmour  fournit  l'or  extrait  en  Transbaïkalie  et 
dans  la  province  de  r Amour''.  L'exploration  méthodique  de  ces 

•  Lock,  p.  413. 

*  Lock,  p.  409. 

'  Voir  une  carte  de  cette  ré^on  dans  Reclus,  t.  VI,  p.  725,  et  dans  Lock,  p.  398. 
^  Voir  une  carte  dans  Lock,  p.  414. 


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878  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

gisements  a  été  faite,  en  1849,  par  une  expédition  russe  envoyée, 
en  apparence,  pour  délimiter  la  frontière  chinoise  ;  puis,  en  1857, 
par  Anosof  et,  en  1870  par  Bogolinbsky.  Il  existe  de  Tor,  non  seu- 
lement dans  les  alluvions  de  TAmour,  mais  aussi  dans  celles  de 
ses  affluents,  la  Shilka  et  TArgun.  Les  mines  de  Nertschînsk,  ex- 
ploitées depuis  1832,  ont  été  très  importantes  vers  1870  :  on  lavait, 
à  ce  moment,  plus  de  1  million  de  tonnes  par  an  pour  obtenir 
2  500  kilogrammes  d'or.  Comme  la  plupart  des  gisements  sibé- 
riens, celui-là  est  en  décroissance  depuis  l'abolition  du  servage. 

EnQn,  dans  VOural,  on  a  exploité  :  1^  les  gisements  du  district 
de  Bérézowsk  et  Goroblagodask  ;  2^  ceux  du  district  de  Miask  ; 
3**  ceux  du  territoire  des  Bachkirs;  4®  ceux  du  territoire  des 
Cosaques  d'Orenbourg.  Les  filons  de  quartz  aurifère  de  Bérézowsk 
donnent  seuls  aujourd'hui  lieu  à  une  exploitation  suivie  ;  nous 
les  décrirons  ultérieurement. 

Au  Transvaal  et  dans  les  possessions  anglaises  du  Cap,  l'indus- 
trie de  For  a  pris,  depuis  1888,  une  extension  considérable; 
après  avoir  porté  d'abord  sur  des  alluvions,  les  exploitations  s'at- 
taquent aujourd'hui  à  des  conglomérats  dévoniens  ;  c'est  un  sujet 
sur  lequel  nous  aurons  à  insister. 

La  Chine  produit  une  assez  forte  quantité  d'or,  pour  laquelle 
les  statistiques  exactes  font  défaut.  On  connaît,  comme  districts 
aurifères,  la  partie  chinoise  du  bassin  de  l'Amour,  au  voisinage 
de  la  Transbaïkalie,  les  districts  de  Ninghai  et  E.  Chaou  dans  la 
province  littorale  de  Shantung  au  Sud  de  Pékin,  le  district  de 
Singan  (Shensi),  le  Thokjalung  dans  le  Thibet,  etc.  Lock  donne, 
d'après  Pompelly*,  une  liste,  avec  carte  annexée,  de  ces  laveries 
d'allu vions,  sur  lesquelles  nous  manquonsde  renseignements  précis. 
On  cite  particulièrement  le  Yangtzekiang,  qui  s'appelle  aussi  Kin- 
shakiang  (rivière  de  sable  d'or)  et,  plus  bas,  Kin-ho  (rivière  d'or). 
D'après  Adkins  (1877),  on  exploiterait  aussi  des  quartz  aurifères 
dans  la  vallée  de  Chia-t'i-kou. 

Ce  sont  là  les  cinq  grands  centres  de  production,  fournissant,  à 
eux  seuls,  près  de  85  p.  100  de  la  production  du  monde  :  176  000 
kilogrammes  sur  210  000.  Nous  allons  passer  en  revue  les  centres 

•  Pages  268  et  297. 


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STATISTIQUE   DK  LA   PRODUCTION   DE   L  OR  879 

de  moindre  importance  en  les  groupant,  pour  plus  de  facilités, 
par  continent. 

Dans  VAmérique  du  Sud^  Tor  est  exploité  dans  Tisthme  de. 
Panama,  Tisthme  de  Darien,  en  Colombie,  au  Pérou  et  au  Giiili, 
dans  le  Venezuela,  les  Guyanes  et  le  Brésil. 

Uisthme  de  Darien^  de  même  que  Visthme  de  Panama^  comptent 
parmi  les  régions  aurifères.  La  province  de  Darien,  surnommée 
Castiila  de  Oro,  était  l'Eldorado  de  Walter  Raleigh  (1517),  de 
Francis  Drake  (1557).  C'est  là  que  se  trouvaient  les  mines  fa- 
meuses de  Cana,  qui  furent  abandonnées  au  xviu*  siècle.  Une 
compagnie  française  a  essayé  de  les  reprendre,  il  y  a  une  dizaine 
d'années.  Â  Panama,  on  a  exploité  les  mines  de  Sardenilla,  Chiri- 
qui,  de  Barbacoas,  de  Choco.  Du  côté  de  l'Océan  Pacifique,  sont 
les  districts  de  Quibbo,  Buenaventura,  etc.  Nous  reparlerons  des 
mines  de  Sardenilla. 

En  Colombie  ou  Nouvelle-Grenade  ^ y  Texploilation  de  For  est 
très  ancienne.  De  1537  à  1875,  le  docteur  Sœtbeer  Ta  évaluée  à 
1  210  400  kilogrammes.  De  1820  à  1875,  la  production  moyenne 
annuelle  a  été  d'environ  3  490  kilogrammes.  En  1889,  elle  s'est 
élevée  à  4  514  ;  en  1891,  à  5  224. 

Au  Chili^j  la  production,  de  1545  à  1875,  s'est  élevée,  d'après 
le  docteur  Soetbeer,  à  262  700  kilogrammes  ou  900  millions  d'or. 
Elle  varie  actuellement  entre  2000  et  3  000  par  an.  Le  Chili,  au 
moment  delà  conquête  espagnole,  produisait,  avec  la  Bolivie,  l'or 
des  Incas.  On  cite,  en  particulier,  les  filons  des  départements 
d'IUalpel  et  de  Combarbala,  les  placers  de  Andocollo  (à  50  kilo* 
mètres  de  Coquimbo),  de  Los  Cristales  à  Canquenes,  de  ïalca,  de 
Arauco.,  etc. 

Au  Venezuela^  il  existe  un  certain  nombre  de  mines  importantes, 
dont  le  développement  peut  être  résumé  dans  le  tableau  suivant, 
qui  exprime  la  quantité  d'or  expédiée  en  lingots  par  les  mines, 
indépendamment  d'une  certaine  quantité  vendue  sur  place; 

'  Lock,  p.  235. 

*  Lockf  p.  233.  Cf.  Appendice  et  lettre  d'Alexandre  Bertrand. 
Voir  Yicuna  Mackenna  :  La  Edad  del  Oro  en  Chile. 


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880 

GÉOLOC 

AE    APPLIQUÉE 

CHILE,  yocupu 

CALLAO 

NACUPI 

BAMA 

POTOSI 

et 

CARATAL 

25  pilons 

35  pilons 

20  pilons 

20  pilons 

NEW-YORK 
10  pilons 

10     pilons 

i871 

Francs 

278  633 

Bn  onces 

» 

> 

» 

» 

> 

1872 

712  318 

» 

» 

» 

» 

> 

1873 

1  063  838 

> 

» 

> 

» 

> 

1874 

1  544  590 

5  206 

373 

1565 

1339 

6  843 

1875 

3048640 

13  492 

> 

2919 

2  997 

4754 

1876 

4169  255 

11724 

» 

3  208 

4  028 

4  469 

1877 

(40  pilons) 

(50  pilons) 

14  670 

4551 

(20  pilons) 

4  778  682 
4  892  518 

6312 

" 

7  126 

7  265 

4  582 

1878 

Arrêt 

» 

» 

» 

1879 

3  897  126 

> 

s 

» 

> 

1880 

5  200  723 

> 

» 

>» 

» 

1881 

6  970  219 

i> 

» 

> 

» 

1882 

(60  pilons) 
10150  584 

M 

> 

» 

> 

» 

» 

> 

)i 

1883        14  200  000 

S 

> 

> 

31453 
(3  000  000  fr.) 

Après  la  mine  de  Gallao,  la  mine  de  Chile  est  la  plus  impor- 
tante. Toutes  deux  portent  sur  des  filons  de  quartz  aurifères.  Le 
lavage  des  alluvions  ne  se  fait  que  dans  la  vallée  de  la  Mocupia 
et  ses  affluents. 

Dans  la  Guyane  anglaise,  on  a  exploité  de  Tor  sur  les  alluvions 
de  l'Yumeri  à  Tupuquen.  La  production  de  la  région  est  de 
l  300  kilogrammes  par  an  *. 

Dans  la  Guyane  française,  la  première  entreprise  de  mines  a 
été  faite  en  1856;  les  résultats  sérieux  n'ont  été  obtenus  que 
depuis  1868.  On  a  eu  : 

1868 297''?, 358  valant    892  074  francs. 

1870 412    732      —     1238196      — 

1873 832    344      —     2  497  032      — 

1886 1804    000      -      5  770  000      — 

1890 1342    000      —     4  218  000      — 

Le  nombre  des  concessions  était,  en  1872,  de  84,  en  1874  de  172  ; 
dans  l'espace  de  ces  deux  années,  le  nombre  des  ouvriers  mineurs 
avait  passé  de  1  100  à  2  000. 

«  Lock,  p.  245. 


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STATISTIQUB  DE   LA   PRODUCTION   DE   L  OR  881 

Au  Bréstly  la  production  d  or,  de  1691  à  1875,  a  été,  d  après  le 
professeur  Sœtbeer,  d'environ  3  600  000  000  de  francs.  En  1889, 
nous  avons  dit  qu'elle  avait  été  de  670  kilogrammes. 

Parmi  les  beaux  gisements,  pour  la  plupart  encore  peu  exploités, 
de  ce  pays,  nous  étudierons  ceux  de  Passagerriy  Carrapatos^  Faria^ 
MorrovelhOy  Maquinéy  etc 

En  Asie^  outre  la  Sibérie,  dont  nous  avons  déjà  parlé  à  propos 
de  la  Russie,  l'or  provient  des  Indes,  de  Sumatra,  de  Bornéo,  de 
la  Chine,  du  Japon. 

Tous  ces  gisements  sont  des  alluvions. 

Aux  Indes^  la  plus  grande  quantité  de  l'or  vient  du  Mysore 
(130  000  onces  ou  4  043  kilogrammes  en  1891),  de  Wynaad,  pro- 
vince de  Madras,  du  Ladak,  de  la  province  de  Chutia  nagpur,  etc. 

A  Sumatra^  toute  la  côte  Ouest  est  aurifère. 

En  Europe^  la  production  d'or  est  fournie  par  la  Hongrie, 
l'Italie,  l'Allemagne,  l'Angleterre. 

En  Hongrie j  la  production  d'or  métallique  a  été,  en  1878  et  1890  : 

1890  1878 

Zalathna 1  495  kilog.  1  241  kilog. 

Nagybanya. 426     —  337     — 

Beslerczebanya  ou  Neusohl(Schemnitz).       189     —  223     — 

Budapest 19     —  »       — 

Oravicza »       —  2     — 

2  131  kilog.  1803  kilog. 

De  1493  à  1875,  on  estime  que  la  Hongrie  a  produit  160  mil- 
lions d'or;  de  1875  à  1893,  environ  100  millions  :  soit,  en  tout, 
260  millions, 

U Autriche  produit,  en  outre,  quelques  kilogrammes  d'or  : 

En  Bohême,  il  existe  deux  mines  :  l'une  à  Eule  (district  de 
Prague*)  ;  l'autre  à  SchOnberg  (district  de  Kuttenberg).  La  seconde, 
seule  exploitée  en  1891,  a  produit  22  tonnes  de  quartz  aurifère  et 
5^^460  d'or  et  schlichs  aurifères. 

Dans  la  province  de  Salzburg,  on  a  exploité  les  mines  du  Rat- 
hausberg  à  Bockstein  (12''%757  d'or),  et  de  Schnellgaden  (Lungau). 

En  lialie,  une  certaine  proportion  d'or  provient  du  Piémont, 
particulièrement  des  filons  de  Peslarena. 

•  Coll.  École  des  Mines,  1696. 

GÉOLOGIE.  —  T.  II.  o6 


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882  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

En  1890,  le  district  de  Turin  a  été  seul  à  produire  des  minerais 
d*or  :  8  296  tonnes  à  62,87  francs  la  tonne,  ayant  occupé  505  ou- 
vriers dans  21  mines.  La  production  d'or  métallique  s'est  décom- 
posée ainsi  : 

Pestarena  (Macugnaga)  (province  de  Novare) .  .  .  469*^,758 
Fomarco  (Piedimulera)  (province  de  Novare).  .  .  26  601 
Casaleggio  Boiro  (province  d'Alexandrie) 10    000 


206^,359 


V Allemagne  produit  une  certaine  quantité  d'or,  extraite,  comme 
produit  secondaire,  de  minerais  de  plomb  et  de  cuivre.  Cette 
quantité  a  varié  de  la  manière  suivante  ^  : 

1849 2kg,600 

1859 22  000 

1866 115  000 

1870 68  000 

1874 400  000 

1876 281  300 

1888 110  000 

1890 127  000 

1891 100  000 

Pour  la  Prusse  (100  kilogrammes  en  1891)  l'or  vient,  surtout, 
du  Harz  (Glauslhal);  puis  un  peu  de  la  Silésie.  En  1890,  les  mines 
du  district  de  Glausthal  ont  produit  151  tonnes  de  minerais  d'or 
préparés,  valant  68  000  francs;  les  usines  du  même  district, 
120  kilogrammes  d'or  valant  420  000  fr.;  les  mines  des  districts 
de  Breslau  et  Halle,  T*,50.  En  1859,  Guttler  a  essayé  de  traiter, 
à  Goldberg  et  L^wenberg,  dans  la  basse  Silésie,  des  sables  auri- 
fères, qui  avaient  été  l'objet  de  travaux  vers  le  ix®  siècle. 

Il  faut  ajouter  que  les  alluvions  du  Rhin  contiennent  une  cer- 
taine proportion  d'or*,  en  particulier  entre  Goire  et  Mayenfeld,  et 
surtout  entre  Bâle  et  Mannheim.  Il  y  a  eu  longtemps  des  orpail- 
leurs près  dlslein  et  de  Nieffern,  sur  la  rive  gauche;  de  Pelit- 
Kembs  et  Rheinwiller,  sur  la  rive  droite.  En  1846,  M.  Daubréo 


*  Les  chiffres,  jusqu*en  1876,  d'après  Soetbeer;  ceux  postérieurs,  d*après  la  statistique- 
française. 
■  Voir  plus  loin  page  973. 


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MINERAIS   D  OR  883 

estimait  encore  la  production  annuelle  à  environ  45  000  francs. 

Pour  TAllemagne,  la  statistique  française  mentionne,  de  plus, 
en  1891,  778  kilogrammes  d'or  en  Saxe  et  2 198  kilogrammes  dans 
les  autres  pays  allemands.  D'après  la  statistique  saxonne  S  nous 
ne  trouvons,  comme  production  des  mines  de  Freiberg  en  1891, 
que  0,^*2860  d'or  ;  mais  la  production  des  usines  fiscales  de  Frei- 
berg porte  949  kilogrammes  d'or,  sans  indication  de  la  prove- 
nance des  minerais.  Quant  aux  2 198  kilogrammes  de  la  statistique 
française,  ils  ont  été  tirés  de  la  statistique  officielle  de  lempire 
allemand  en  retranchant,  du  chiffre  donné  en  bloc  pour  tout  Tem- 
pire,  la  production  de  la  Prusse  et  de  la  Saxe.  Il  s'agit  évidem- 
ment dor  retiré  de  minerais  étrangers,  en  particulier  dans  les 
grandes  usines  de  Hambourg. 

En  Angleterre^  on  extrait  de  Tor  du  pays  de  Galles,  notamment 
de  la  mine  de  Clogau  (3  360  onces  en  1862;  697  en  1878;  477 
en  1877).  Les  filons  d'élain  du  Cornwall  en  renferment  également 
un  peu,  ainsi  que  certaines  alluvions  en  Irlande. 


MINERAIS    ET  GISEMENTS   D'OR 

Minerais.  —  L'or  est  très  souvent  exploité  à  tétat  natif;  il  est 
alors,  en  général,  plus  ou  moins  mêlé  d'argent  (l'électrum,  ou  or 
argental,  arrive  à  tenir  plus  de  20  p.  100  d'argent). 

Quant  à  ses  combinaisons  minéralogiques  bien  définies,  elles 
sont  fort  peu  nombreuses  et  se.  composent  surtout  de  tellurures 
ou  de  combinaisons  de  tellure,  antimoine,  arsenic.  Nous  citerons, 
comme  tellurures*  :  la  Calavérite,  Au  Te*  (40,6  p.  100  d'or);  la 
Sylvanite  [Au,  Ag]*  Te»,  (24,8  à  30  p.  100  d'or)  ;  la  Krennérile  (25  à 
29  p.  100);  la  Nagyagite  (Pb,  Au)^  (Te,S,Sb)»,  (S,8  à  12,7);  la 
Petzite  ;  la  Coloradorite,  etc. 

Mais  la  pratique  industrielle  semble  montrer,  en  outre,  que  Tor 
existe  combiné,  dans  certains  cas,  soit  avec  la  silice,  soit  avec 
des  sulfures  ou  sulfoarséniures  de  fer.  Tout  au  moins,  Tor,  contenu 

*  Jahrb.  fur  das  B.  u.  H.  im  Kônig.  Sachsen.  auf  1892,  p.  75  et  181. 
»  Voir  le  détail  de  ces  minerais,  plus  loin,  page  9i2. 


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88i  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

dans  diverses  gangues,  offre-l-il  une  résistance  toute  particulière  à 
Tamalgamation.  C'est  dans  cet  ordre  d'idées  que  nous  distingue- 
rons plusieurs  catégories  de  minerais  : 

1®  L'or  peut  être,  à  Tétat  libre,  isolable  (après  broyage  ou  même 
immédiatement)  par  un  simple  lavage  à  la  battée  ou  au  sluice  sans 
addition  de  mercure.  C'est  le  cas  habituel  de  Tor  alluvionnaire  et 
de  celui  des  filons  de  quartz  aurifère  dans  leurs  parties  hautes. 
Dans  ce  quartz,  il  peut,  d'ailleurs,  être,  soit  visible  à  Tœil  nu,  soit 
invisible  et  disposé  sous  forme  de  feuillets  extrêmement  minces, 
arrivant,  comme  cas  extrême,  à  l'état  dit  float-gold  (or  flottant), 
sous  lequel  il  est  extrêmement  difQcile  de  retenir  Tor  par  un 
moyen  mécanique. 

2*»  L'or  peut  entrer  dans  des  minerais  simples,  d'où  on  le  celire 
aisément  par  l'amalp^amation.  C'est  ce  qui  arrive  souvent  pour  la 
plus  grande  partie  de  l'or  contenu  dans  les  pyrites  des  quartz  auri- 
fères. Il  est  alors  extrait,  sans  peine,  par  le  travail  ordinaire  des 
moulins  à  or  et  dit  :  free  milling  ore.  Les  minerais  auro-argentifères 
de  cette  catégorie  sont  soumis:  au  Mexique,  au  procédé  du  Patio; 
aux  Etats-Unis,  au  Pan  ou  Washœ  process. 

3"^  Il  arrive  aussi  que  l'or  des  parties  profondes  des  filons  ne 
soit  pas  amalgamable  et  passe  aux  résidus  (tailings),  sous  forme, 
de  sulfures,  sulfo-anlimoniures,  arséniures,  tellurures,  que  Ton 
soumet  à  une  concentration  au  Frue  Vanner.  Ces  minerais  sont 
dits  rebellious  ou  refractory  ores. 

Une  fois  concentrés,  ils  doivent  être  alors  traités  :  soit  par  fonte 
plombeuse  ou  cuivreuse,  lorsque  des  minerais  plombeux  ou  cui- 
vreux existent  dans  le  pays;  soit  par  un  procédé  chimique,  tel  que 
le  procédé  Plattner  (inapplicable  aux  minerais  ai^entifères),  où 
l'on  attaque  l'or  par  le  chlore  après  grillage  préalable,  puis  dissout 
le  chlorure  dans  l'eau  et  le  précipite  au  protosulfale  de  fer  ;  ou 
encore  par  les  procédés  Mears,  Thies-PoUock,  Newberry-Vautin, 
Patera,  Russel,  etc.  Depuis  quelques  années,  les  méthodes  de 
lixiviation,  ou  leaching  process,  lendent  à  se  développer,  de 
plus  en  plus,  en  Amérique,  pour  les  minerais  auro-argentifères 
rebelles. 

Un  procédé  analogue  doit  être  appliqué  à  certains  quartz  auri- 
fères, tels  que  ceux  de  Mount-Morgan  (Queensland),  pour  lesquels 


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GÉNÉRALITÉS   SUR   LES   GISEMENTS   d'oR  885 

a  été  inventée  la  méthodie  Newberry-Vautin;  tous  les  systèmes 
habituels  ayant  échoué. 

Enfin,  4**  tous  les  minerais  d'or  ou  d'argent,  où  ces  métaux  exis- 
tent en  petites  proportions,  en  présence  d'un  excès  de  minerais  bas 
et  surtout,  ce  qui  est  fréquent,  d'arsenic  ou  d'antimoine,  présentent 
des  difficultés  de  traitement  toutes  particulières,  telles  souvent 
qu'on  a  dû  renoncer  à  les  exploiter. 

5"*  Les  tellurures  d'or,  dont  nous  avons  cité  plus  haut  les  espèces 
minéraïogiques,  forment  une  catégorie  de  minerais  tout  à  fait  à 
part,  que  Ton  traite  généralement,  après  les  avoir  concentrés,  par 
mélange  avec  d'autres  minerais  aurifères. 

Gisements.  —  Quant  aux  gisements  de  l'or,  ils  sont  fort  nom- 
breux, beaucoup  plus  que  la  rareté  de  la  substance  elle-même  ne 
pourrait  le  laisser  supposer  ;  mais  c'est  celte  rareté  même  qui,  en 
faisant  attribuer  à  Tor  une  valeur  considérable,  a  conduit  à  le 
rechercher  avec  un  soin  extrême  et  à  considérer  comme  prati- 
quement exploitables  des  mines  où  la  présence  de  tout  autre  corps 
ne  serait  même  pas  mentionnée.  On  s'en  rendra  compte  aisé- 
ment par  les  limites  d'exploitabilité  que  nous  donnerons  plus 
loin.  Celte  grande  valeur  de  l'or  a,  d'autre  part,  pour  conséquence 
de  rendre  très  difficile  Tappréciation  d'un  gisement  par  des  prises 
d'essai  et  des  analyses  chimiques,  la  moindre  irrégularité  dans  la 
teneur  du  gîte  pouvant  amener  des  variations  considérables. 

Nous  indiquerons,  dès  à  présent,  comme  loi  générale,  que  pres- 
que tous  les  gisements  d'or,  aussi  bien  filoniens  que  sédimentaires^ 
s'appauvrissent  en  profondeur,  en  même  temps  que  Tor  s'y  trouve 
incorporé  dans  des  combinaisons  complexes  plus  difficiles  à  traiter*- 

Cet  appauvrissement  est  bien  marqué  par  les  chilTres  suivants  : 

En  Australie,  on  a  eu,  dans  un  filon  : 

Jusqu'à  100  mèlres 50    grammes  d'or  à  la  tonne. 

à        110      -- 30  —  — 

—  160      — 25  —  - 

—  180      — 15  —  — 

Au-dessous  de  10  grammes,  on  ne  travaille  plus. 

*  Il  ne  parait  pas  exact,  au  contraire,  comme  Tont  volonliera  supposé  les  partisans 
de  la  théorie  per  descensum^  que  les  filons  cessent  tous  complètement  à  une  profon- 
deur plus  ou  moins  grande. 


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886  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

A  Berezowsk  (Oural),  les  résultats  ont  été  : 

A  la  surface ,   .   .   .   .  75    grammes. 

40  mètres 8à9        — 

Dans  rUruguay,  les  filons  contenaient  : 

A  la  surface 100    grammes. 

50  mètres traces 

Le  fait  peut  tenir,  dans  certains  cas,  à  ce  que  de  nombreux  gise- 
ments se  présentent  sous  forme  de  fissures  de  retrait  irrégulières 
et  discontinues,  de  veines  éparpillées  dans  des  schistes,  etc..  Mais 
la  principale  raison  paraît  être  dans  les  phénomènes  cCallération 
secondaire^  qui,  tous,  ont  eu  pour  résultat  d'opérer  une  concen- 
tration progressive  de  Tor  au  voisinage  des  afOeurements. 

Le  premier  de  ces  phénomènes,  c'est  la  décomposition  des  py- 
rites aurifères,  leur  transformation  en  oxydes  et  souvent  leur 
dissolution  complète,  tandis  que  Tor,  primitivement  emprisonné 
dans  ces  sulfures,  s'isolait,  à  l'état  natif,  dans  les  vides  laissés  au 
milieu  du  quartz  et,  —  sans  doute,  par  une  action  de  dissolution 
chimique  suivie  d'une  reprécipitation  sur  place,  —  y  formait  sou- 
vent des  cristaux  assez  volumineux. 

La  destruction  de  ces  affleurements  par  les  cours  d'eau  a  eu 
pour  effet  de  produire,  par  préparation  mécanique,  un  second  degré 
plus  parfait  de  concentration,  qu'on  exploite  dans  les  couches  infé- 
rieures des  placers.  A  la  préparation  mécanique  des  éléments 
primitifs  du  filon  a  dû  s'ajouter,  là  encore,  une  action  dissolvante, 
qui  a  pu  nourrir  certains  cristaux,  certaines  pépites  qu'on  trouve 
non  roulées  et  en  accroître  progressivement  le  volume. 

L'industrie  de  Thomme,  en  reprenant,  à  son  tour,  ces  alluvions 
aurifères  et  les  traitant  dans  les  sluices,  ne  fait  que  poursuivre, 
d'après  le  même  principe,  ces  opérations  de  la  nature  et,  souvent, 
il  a  été  précédé  par  le  travail  des  cours  d'eau  récents  qui  ont 
déplacé  et  concentré  les  alluvions  anciennes. 

Toutes  ces  causes  expliquent  comment,  lorsqu'on  arrive  dans 
un  pays  aurifère  nouveau,  on  est  tout  d'abord  attiré  par  les  allu- 
mons modernes,  puis  anciennes  ;  d'où,  à  mesure  qu'elles  s'épuisent 
—  ce  qui  ne  demande  généralement  qu'un  temps  restreint  —  on 


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AGE   DES   GISEMENTS   D  OR  887 

remonte  aux  filons  primitifs,  pour  lesquels  les  premiers  résultats 
brillants  sont  presque  toujours  suivis  de  déboires  croissants.  L'or, 
à  toutes  les  époques,  est  venu  des  confins  de  la  civilisation.  Le 
monde  antique  a  pu  vivre  ainsi  sur  les  mines  d'or  d'Europe  et  d'une 
faible  partie  de  l'Asie  et  de  l'Afrique  dont,  malgré  la  perfection  plus 
grande  de  nos  procédés,  nous  n'arrivons  plus  à  tirer  que  des  pro- 
duits insignifiants.  C'est  seulement  avec  les  découvertes  faites 
dans  les  continents  nouveaux,  l'Amérique,  TOcéanie,  l'Afrique  du 
Sud,  que  le  xix**  siècle  a  considérablement  accru  le  stock  d'or  uti- 
lisable. 

Dans  un  nombre  d'années  relativement  restreint,  quand  la  terre 
aura  été  entièrement  explorée  et  occupée  par  l'homme,  on  doit 
prévoir  que  la  production  de  l'or  ira  en  diminuant  très  vite  et 
tendra,  peu  à  peu,  vers  zéro. 

AgederOr. —  L'âge  des  venues  aurifères  est  très  variable*. 
Pendant  longtemps,  on  a  cru,  d'après  une  théorie  chère  à  Murchi- 
son,  que  ce  métal  n'existait  en  quantités  notables  que  dans  les 
terrains  paléozoïques.  L'étude  des  gisements  de  Californie,  du 
Colorado,  du  Nevada,  de  Hongrie,  etc.,  montre  qu'à  cette  venue 
ancienne,  prédévonienne,  il  faut,  tout  au  moins,  ajouter  une  venue 
récente,  tertiaire  ;  mais,  en  réalité,  le  phénomène  est  plus  complexe 
et,  comme  pour  les  autres  métaux,  il  semble  bien  qu'à  la  faveur 
de  chacun  des  plissements  de  l'écorce  terrestre,  un  peu  d'or  se 
soit  élevé  vers  les  couches  superficielles*. 

Dans  le  terrain  primitif  (venue  huronienne),  nous  trouverons  un 
certain  nombre  de  dépôts  interstratifiés  des  AUeghany  (Caroline, 
Géoi^ie,  etc..)  et  des  Blackhills,  peut-être  aussi  de  Sibérie. 

Au  terrain  primitif  ou  primaire,  on  peut  rapporter  les  itaco- 
lumites  aurifères  du  Brésil  et,  d'après  Selwyn,  des  roches  ana- 
logues de  la  Nouvelle-Ecosse. 

Après  l'époque  silurienne,  nous  semblons  avoir  à  constater  une 

i  Nous  ajouterons  que,  comme  celui  des  autres  métaux,  il  est,  le  plus  souvent,  mal 
déterminé.  À  ce  point  de  vue,  il  importe  de  noter  que,  dans  les  livres  anglais  ou  alle- 
mands, par  suite  de  la  théorie  à  la  mode  de  la  sécrétion  latérale,  on  attribue  souvent, 
à  Tor  des  liions,  Tâge  du  terrain  encaissant,  ce  qui  est  absolument  contraire  à  nos 
idées. 

«  Nous  renvoyons  à  ce  que  nous  avons  dit  (page  763,  note  1),  sur  la  concentration 
de  Tor  dans  les  parties  profondes  du  globe,  attribuable  à  sa  forte  densité. 


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888  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

formation  aurifère  assez  générale  (venue  calédonienne)  caracté- 
risée :  par  les  filons  et  filons-couches  (certainement  antéhouillers, 
mais  peut-être,  en  bien  des  points,  post-dévoniens),  qui  traversent 
le  silurien  d'Australie;  par  les  filons  du  Merionetshire  (Pays  de 
Galles)  encaissés  dans  le  même  terrain  ;  les  filons  de  Bommelô,  sur 
la  côte  de  Norvège;  par  les  poudingues  dévoniens  aurifères  du 
Transvaal,  etc.  La  plus  grande  partie  de  Tor  de  Sibérie  semble,  de 
même,  dériver  de  filons  encaissés  dans  le  silurien. 

Plus  tard,  nous  trouvons,  il  est  vrai,  de  l'or  dans  le  carbonifère 
de  la  Nouvelle-Zélande,  de  la  Nouvelle-Ecosse,  du  Nouveau-Bruns- 
wick,  dans  le  permien  de  l'Inde,  dans  le  jurassique  du  Queensland, 
etc.,  mais  toujours  à  l'état  détritique  et  rien  ne  prouve  qu'il  y 
ait  eu  réellement  des  venues  d'or  à  ces  époques.  Au  contraire,  avec 
le  crétacé  recommencent  des  formations  de  filons  aurifères  qui  se 
sont  continuées  pendant  toute  la  période  tertiaire. 

C'est  ainsi  que,  dans  le  Nord  des  Blackhills  du  Dakota,  l'or  est 
contenu  dans  des  trachytes  que  le  professeur  Newton  rattache  à  la 
fin  du  crétacé.  Il  en  est  de  même,  d'après  Whilney,  pour  une  grande 
partie  de  Tor  de  Californie.  L'or  de  Hongrie  est  d'âge  tertiaire,  etc. 
En  Australie  également,  la  présence  de  l'or  tertiaire  est  prouvée 
par  son  association,  en  certains  points,  en  particulier  à  Otago 
(Nouvelle-Zélande),  avec  des  trachytes. 

Dans  la  description  géologique  qui  va  suivre,  nous  considérerons 
successivement,  d'après  l'ordre  généralement  adopté  :  A,  l'or  dans 
les  roches  ;  B,  l'or  filonien  ;  C,  Tor  sédimentaire. 

A.  Or  dans  les  roches.  —  L'or  exploitable  dans  les  roches  est  à 
peu  près  inconnu  ;  cependant,  sa  présence  a  été  constatée  dans 
trois  séries  déroches,  minéralogiquement  très  distinctes  : 

1**  On  le  trouve  dans  des  roches  acides  comparables  aux  granulites 
stannifères',  telles  que  les  bérézites  de  l'Oural,  formées  de  quartz 
et  de  mica  blanc,  avec  pyrite  abondante  ;  les  granulites  de  l'Amé- 
rique du  Sud,  et  peut-être  la  granulite  des  Blackhills,  dans  le 
Dakota,  où  il  s'est  isolé  en  stockwerks  ; 

2®  On  le  connaît  dans  des  roches  éruptives  tertiaires  (comme  les 

1  Nous  avons  eu  déjà  à  insister  plusieurs  fois  sur  le  rapprochement  géologique  de 
Tor  et  de  l'étain. 


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GÉNÉRALITÉS   SUR   LES   FILONS  d'oR  889 

trachytes  d'Abrud  Banya  et  de  Vôrôspatak,  en  Transylvanie),  au 
milieu  desquelles  des  Assurés  réticulées  se  sont,  d'ailleurs,  remplies 
de  quartz  aurifère  ;  il  en  existe,  de  même,  des  traces  dans  les  andé- 
sites amphiboliques  voisines  du  filon  argentifère  et  aurifère  du 
Comstock.  Au  Mexique,  dans  TEtat  de  Guerrero,  àTOuest  de  la 
la  Sierra  Madré  (prolongement  Sud  des  Montagnes  Rocheuses),  on 
a  signalé,  dans  un  Irachyte  altéré  par  des  émanations  hydrolher- 
males,  une  poussière  ocreuse  d'or  précipilé  chimiquement,  etc. 

Quelle  que  soit  d'ailleurs  la  théorie  générale  adoptée,  celle 
d'un  départ  des  métaux  du  bain  rocheux  encore  fondu  sous  forme 
d'émanations  hydrolhermales,  ou  celle  d'une  sécrétion  postérieure, 
il  est  tout  naturel  que  la  roche  mère  en  conserve  des  traces  ; 

3*^  Certaines  roches  vertes  magnésiennes,  diorites,  serpentines, 
elc,  sont,  à  l'occasion,  aurifères.  On  peut  citer,  par  exemple,  les 
diorites  de  Sibérie,  qui  passent  pour  avoir  fourni  Tor  alluvion- 
naire de  l'Obi,  les  serpentines  de  la  Sierra  Nevada  (Espagne),  de 
l'île  Saint-Domingue,  du  Piémont,  etc. 

Dans  la  plupart  de  ces  roches,  l'or  semble  accompagner  des 
sulfures  divers,  en  particulier  le  sulfure  de  fer,  de  même  que 
nous  le  constaterons  pour  les  filons.  Les  bérézites  de  TOural  sont 
chargées  do  pyrites,  tout  aussi  bien  que  les  diorites  ou  serpentines 
auprès  desquelles  on  trouve  souvent  des  gîtes  de  pyrite  de  fer  ou 
de  cuivre. 

B.  Or  filonien.  —  Quand  Tor  n'est  pas  inclus  dans  les  roches,  il 
s'isole,  à  une  certaine  distance,  en  filons,  tout  en  conservant,  le 
plus  souvent,  une  relation  plus  ou  moins  immédiate  avec  la  roche 
mère. 

C'est  ainsi  qu'au  voisinage  d'un  granité  récent  nous  trouvons 
tous  les  grands  filons  aurifères  de  Californie,  qui  suivent,  dans 
l'ensemble,  la  ligne  de  contact  de  ce  granité  avec  les  terrains  qu'il 
a  métamorphisés.  II  en  serait  de  même,  d'après  David  Forbes', 
pour  une  partie  des  filons  aurifères  de  l'Amérique  du  Sud,  le  reste 

'  David  Forbes.  On  the  geological  cpochs  at  which  gold  bas  made  its  appearence,  etc. 
[fjeol,  magaz.y  t.  III,  p.  385.) 

Id.  On  tbe  existence  ot'  gold  bearing  eruptive  rocks  in  South  America.  (Geol. 
magaz.j  t.  III,  p.  22.) 

Cf.  Lock,  loc.  cit.,  p.  835. 


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890  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

(le  ces  filons  étant,  au  contraire,  en  rapport  avec  des  dîorites.  Non 
seulement,  dans  cette  région,  les  filons  aurifères  suivent  souvent 
le  granité  ;  mais  le  granité  lui-même,  en  plusieurs  points  du  Chili, 
du  Brésil,  etc.,  contient  des  traces  d^or,  qui  apparaissent  surtout 
lorsqu'il  se  décompose,  or  associé  avec  de  la  cassitérite,  de  la 
pyrite  de  cuivre  et  des  composés  du  bismuth,  du  tellure,  du  sélé- 
nium, etc. 

Le  même  fait  existe,  d'après  Lock,  dans  le  Canada,  pour  les 
mines  de  Jackfish  et  de  Pastridge  lake. 

Le  rapprochement  entre  les  filons  d'or  et  les  roches  de  la  famille 
trachytique  est  encore  plus  net  en  bien  des  points,  en  particu- 
lier en  Hongrie,  au  Gomstock,  dans  le  Nevada,  etc.  A  Upper  Cape 
(Queensland),  on  a  signalé  un  trachyte  pyriteux  tenant  jusqu'à 
188f',60  d'or  à  la  tonne.  De  même,  dans  la  Nouvelle-Zélande, 
la  plupart  des  filons  d'Otago  sont  encaissés  dans  le  trachyte. 

Aux  diorites,  il  faudrait,  d'après  Forbes,  rattacher  les  filons 
d'or  les  plus  récents  (crétacés)  de  l'Amérique  du  Sud  ;  d'après 
Wilkinson,  Ulrich,  etc.,  un  grand  nombre  de  ceux  de  l'Austra- 
lie. A  Gympie,  l'association  de  l'or  et  de  la  diorite  est  manifeste. 
A  Swift's  Creck  (Victoria),  un  filon  aurifère  suit  le  contact  de  la 
diorite  et  des  schistes  métamorphiques.  Il  en  est  de  même  au 
Venezuela,  dans  le  Turkestan,  etc.  * 

En  considérant  la  nature  du  remplissage^  nous  distinguerons 
quatre  catégories  de  gîtes  filoniens  : 

i""  L'or  peut  se  trouver  dans  une  gangue  quartzeuse,  sans  mine- 
rais sulfurés  complexes;  c'est  ce  qui  arrive,  presque  toujours,  dans 
les  parties  hautes  et  altérées  de  gisements,  où,  plus  profondément, 
on  trouve  l'or  engagé  dans  les  sulfures.  Cependant,  il  parait 
exister  des  cas  où  l'or,  peut-être  en  dissolution  chlorurée  ou  fluo- 
rée, a  cristallisé  directement  avec  la  silice,  —  exceptionnellement 
même,  à  un  état  de  combinaison  avec  celle-ci,  qui  rend  difflcile 
son  extraction.  —  Dans  tous  les  cas,  le  quartz  des  filons  aurifères 
présente  un  aspect  spécial,  qui  ne  permet  de  le  confondre  avec 
aucun  autre,  si  ce  n'est  avec  un  quartz  stannifère,  Tétain  et  l'or 
paraissant  avoir  de  grandes  analogies  comme  mode  de  formation  \ 

*  11  existe  des  traces  d'or  dans  beaucoup  de  gisements  d'étain,  surtout  dans  les 
altuvions  stiiiniières.  C'est  ainsi  que  le  Plateau  Cenli'al  contient  un  grand  nombre  de 


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GÉNÉRALITÉS   SUR    LES   FILONS   d'oR  891 

Le  quartz  aurifère  est  peu  transparent,  rarement  cristallisé,  rare- 
ment cristallin,  plutôt  se  rapprochant  du  quartz  hyalin;  il  est 
souvent  teinté  de  bleu  dans  les  parties  profondes,  de  rose  dans  les 
parties  hautes.  Les  quartz  calcédonieux  et  laiteux  sont,  presque 
toujours,  stériles.  De  plus,  le  quartz,  qui  contient  de  Tor,  est,  en 
général,  corrodé,  percé  de  trous  et  de  cavités  correspondant  à 
d  anciens  cristaux  de  pyrite  dissous,  souvent  traversé  de  veinules 
ocreuses  ;  à  ce  point  de  vue,  le  quartz  du  grand  filon  californien, 
le  mother  Iode,  est  bien  typique. 

Lorsqu'on  étudie  en  détail  un  quartz  aurifère,  comme  Ta  fait 
le  professeur  Poszepny  pour  certains  quartz  des  Hohen  Tauern, 
il  est  parfois  possible  de  distinguer,  au  milieu  d'une  masse 
quartzeuse,  stérile,  un  système  de  veines  réticulées  d'une  teinte 
un  peu  différente,  correspondant,  sans  doute,  à  une  fissuration  de 
Ja  silice  gélatineuse  et  où  Tor  s  est  concentré  avec  de  la  pyrite. 
Dans  les  quartz  aurifères,  une  partie  de  For  échappe  souvent  à 
Tamalgamation  et  a  été  considérée,  par  suite,  comme  combinée 
à  Tétat  d'aurosilicate. 

Comme  filons  de  quartz  aurifère,  où  la  pyrite  n  existait  qu'acci- 
dentellement, nous  citerons  le  Callao  au  Venezuela,  Mount  Morgan 
en  Australie,  etc. 

Mais  on  passe  par  transitions  insensibles  de  ce  cas  simple  à 
celui  où  Tor  est  accompagné  de  sulfure  de  fer.  C'est  ce  qui  arrive 
pour  les  quartz,  probablement  anciens,  de  Berezowsk,  dans  TOural, 
de  Pestarena  (Piémont),  du  pays  de  Galles,  d'Eiswold  en  Nor- 
vège, de  Tacuarembo  dans  TUruguay,  de  Panama,  etc.*;  pour 
ceux,  certainement  antéhouillers,  d'Australie  ;  pour  les  quartz,  au 
contraire,  récents,  de  Californie,  du  Mexique,  du  Chili,  du  Pérou, 
de  Transylvanie.  Tous  ces  gisements  se  présentent  dans  des 
•conditions  tellement  analogues  qu'une  même  description  pourrait 
presque  convenir  à  tous. 

2^  Les  filons,  où  l'on  exploite  l'or,  peuvent  renfermer  des  sulfures 

lieux-dits,  nommés  i'Aurière,  dans  une  rêpion  où  Ion  a  signalé  maintes  fois  de  l'étain. 
Les  mispickels  des  gttos  d'étain  de  la  même  région  contiennent  fréquemment  des 
traces  d'or.  Nous  venons  de  signaler  une  association  analogue  dans  l'Amérique  du 
Sud. 

'  Ces  deux  derniers  sont  encaissés  dans  des  terrains  anciens,  mais  leur  âge  n'est 
nullement  déterminé. 


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802  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

complexes^  en  particulier  des  minerais  de  cuivre,  de  plomb  ou 
d'argent. 

C'est  ainsi  que,  fréquemment,  des  gisements  de  pyrite  de  fer 
cuivreuse  ou  de  chalcopyrile  contiennent  des  traces  d'or.  Nous 
nous  contenterons  de  rappeler  qu'il  en  existe  un  peu  dans  des  amas 
de  Tharsis  (province  dlluelva*),  de  Fahlun,  en  Suède  *  (où  d'ail- 
leurs l'or  s'est  isolé  à  l'état  libre),  etc.  Les  chalcopyrites  de  Kritz, 
dans  les  Alpes  Styriennes,  d'Utica,  de  Boulder  et  de  Gilpin,  au 
Colorado,  ont  pu  devenir  assez  riches  pour  êlre  considérées  comme 
de  véritables  gisements  d'or.  C'est  également  d'associations 
cuivreuses  qu'on  extrait  l'or  dans  l'Arizona. 

De  môme,  les  cuivres  gris,  si  fréquemment  argentifères,  sont 
parfois  aurifères  (par  exemple  aux  filons  inexploités  de  Guejar, 
dans  l'Andalousie). 

Les  galènes  aurifères  sont  plus  rares  ;  nous  mentionnerons, 
cependant,  celles  de  l'Arizona. 

Quant  à  l'association  de  l'or  et  de  l'argent,  elle  est  fréquente  ; 
le  Comstock  est,  tout  aussi  bien,  une  mine  d'or  qu'une  mine 
d'argent;  la  mine  Eurêka  (Nevada),  de  même.  Par  contre,  l'or 
extrait  d'un  gisement  quelconque  est,  le  plus  souvent,  argenti- 
fère. 

Dans  tous  ces  cas,  l'on  concentre  d'abord  l'or  dans  une  opéra- 
tion métallurgique,  qui  a  pour  but  essentiel  le  traitement  d'un 
autre  métal  et  on  ne  l'extrait  qu'à  la  fin. 

3^  L'association  du  mispickel  avec  Vor  forme,  au  contraire,  un 
minerai  qui  n'a  de  valeur  que  par  l'or  contenu  et  qui  est,  en  géné- 
ral, très  rebelle  au  traitement  métallurgique.  On  exploite  cepen- 
dant des  mispickels  aurifères  au  Brésil  (Passagem,  Faria),  au 
Honduras,  à  Santa-Cruz,  etc.,  mais  en  perdant  une  forte  proportion 
de  l'or  dans  les  résidus  ;  une  tentative  d'exploitation  sur  des 
minerais  de  ce  genre  a  été  faite,  tout  récemment,  en  France  à 
Bonnac  (Cantal)  et  près  de  Pontgibaud  (Puy-de-Dôme). 

Au  point  de  vue  industriel,  on  peut  rapprocher  des  minerais 
arsenicaux,  les  minerais  antimonieiix,  tels  que  certains  cuivres  gris 

•  Voir  page  302. 

*  Cet  or  est  associé  avec  un  séléniosulfure  de  bismuth  et  de  plomb  caractéristique. 
Nous  renvoyons,  à  ce  sujet,  à  la  description  que  nous  avons  donnée,  pa^  286. 


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GÉNÉRALITÉS   SUR   LES   FILONS   d'oR  893 

et,  parmi  les  pyrites  aurifères,  celles  qui  retiennent  Tor  à  l'état  non 
amalgamable  et  forment  les  concen/m/erf  américains.  La  proportion 
de  ces  dernières  est  parfois  très  forte,  ainsi  à  Boitza  (Hongrie). 

4°  Nous  étudierons  un  certain  nombre  de  filons,  où  Tor  et  l'argent 
existent  associés  à  des  minerais  tellurés  plus  ou  moins  complexes 
dans  une  gangue  généralement  quartzeuse,  en  particulier  ceux  du 
comté  deBoulder  au  Colorado  et  d'Offenbanya  etNagyag,  en  Tran- 
sylvanie. 

Des  tellurures  analogues  ont  été  signalés  en  Hongrie  (Rez- 
banya)  ;  en  Sibérie,  dans  TAltaï  (mine  Sawodinskoi)  ;  en  Califor- 
nie (mines  Stanislaus  et  Mellones,  comlé  de  CalaTeras;  mine 
Golden  Rule,  comté  de  Tuolumne);  au  Mexique;  au  Chili;  etc. 
Les  filons  tellurés  ont  généralement  une  gangue  quartzeuse  et 
contiennent  fréquemment  de  la  pyrite.  Le  minerai  n'est  pas  amal- 
gamable et  doit  passer  à  un  traitement  complexe. 

La  limite  d exploitabililé  d'un  filon  aurifère  dépend,  tout  natu- 
rellement, de  la  composition  du  minerai.  Si  nous  nous  bornons 
au  cas  des  quartz  aurifères  à  or  libre  (free  milling  ore),  on  peut 
résumer  les  conditions  d  exploitation  dans  un  tableau  ci-joint 
(p.  894-893),  que  nous  empruntons,  d  après  M.  Babinski ,  à 
M.  Hamilton  Smith*. 

Suivant  les  régions,  on  peut  descendre  à  une  teneur  très  variable. 
Dans  les  Alpes,  on  a  tfavaillé  jusqu*à  8  grammes  d'or  à  la  tonne 
(27  francs).  A  Pestarena  (Piémont),  on  couvre  les  frais  avec 
15  grammes  (SI  francs),  en  ayant  une  forte  proportion  de  travaux 
de  recherches.  En  Transylvanie,  on  admettait  autrefois  20  grammes; 
depuis  rintroduclion  des  moulins  américains,  on  arrive  même  à 
10  grammes. 

Dans  les  grands  stockwerks,  on  descend  encore  plus  bas  :  jusqu'à 
7  grammes  aux  Blackhills.  Au  contraire,  si  nous  prenons  des  pays 
à  main-d'œuvre  un  peu  coûteuse,  nous  trouvons  environ  30  francs 
d'or  dans  l'ensemble  des  Etats-Unis,  17  à  Homestake  (Dakota). 
Au  Callao  (Venezuela),  les  conditions,  spécialement  difficiles,  ne 
permettent  guère  de  travailler  au-dessous  de  70  francs  d  or,  et 
longtemps  il  en  a  fallu  100  ;  dans  l'Uruguay,  on  admettait  un 

*  Bull,  Ecole  des  Mines,  1885. 


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894 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


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LIMITES   d'eXPLOITABILITÉ   DES   FILONS   D'OR 


895 


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896  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

minimum  de  70  francs.  Un  tableau  détaillé,  donné  plus  loin  pour 
TAustralie*,  montre  que  Ton  y  travaille  même  sur  des  teneurs  de 
moins  de  10  grammes. 

Mais  ce  qu'il  importe  de  ne  pas  oublier,  lorsqu'on  se  fonde  sur 
ces  chiffres  pour  l'appréciation  d'un  gisement  nouveau,  c'est  qu'il 
s'agit  là  de  teneurs,  réellement  moyennes,  obtenues  sur  l'ensemble 
de  l'exploitation  d'une  année  et  beaucoup  plus  basses,  en  général, 
que  celles  données  par  les  prises  d'essai  préalables. 

C.  Or  sédimentaire.  —  L'or  sédimentaire  peut  résulter,  soit  du 
remaniement  de  gîtes  antérieurs  et  de  la  concentration  des  mine- 
rais (analogue,  par  exemple,  à  celle  qui  se  produit  pour  la  cas- 
sitérite)  ;  soit  de  la  précipitation  directe  d'une  dissolution  aurifère 
dans  les  eaux  d'un  bassin  ;  nous  discuterons  ultérieurement  '  ces 
deux  hypothèses  et  nous  signalerons  alors  les  caractères  généraux 
de  ce  genre  de  gîtes.  Il  nous  suffira  d'indiquer,  dès  à  présent, 
que  nous  décrirons,  dans  cette  catégorie,  les  amas  aurifères 
huroniens  des  AUeghany  et  des  Blackhills  (Dakota),  les  conglo- 
mérats dévoniens  du  Transvaal,  les  alluvions  aurifères  de  Cali- 
fornie, d'Australie,  de  France,  de  la  vallée  du  Rhin,  de  la  haute 
Italie,  d'Espagne,  de  Russie  et  de  Sibérie,  de  l'Inde,  d'Afrique,  etc. 


1^  GISEMENTS  D'OR  FILONIENS 

FILONS  AURIFÈRES  DU  VENEZUELA  (el  callao)* 

La  présence  de  l'or  dans  l'isthme  de  Panama,  l'isthme  de  Darien, 
le  Venezuela  et  les  Guyanes,  sur  tout  le  pourtour  Nord  de  l'Amé- 
rique du  Sud,  a  été  très  anciennement,  mais  aussi,  longtemps,  très 
vaguement  connue.  Aussi,  chacun  de  ces  pays,  à  mesure  que  l'in- 
dustrie moderne  y  a  créé  des  exploitations,  a-t-il  pu  revendiquer 
l'honneur  d'être  l'Eldorado  fabuleux  de  Walter  Raleîgh.  Presque 
partout,  jusqu'ici,  les  travaux  se  sont  attaqués  à  des  alluvions  ; 

*  Page  915. 
«  Page  949. 
'  Coll.  École  des  Mines,  1651.  Voir  la  carte  de  rAmérique  du  Sud,  fig.  376,  p.  843. 


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FILONS   AURIFÈRES   DU   CALLAO    (VENEZUELA)  897 

cependant,  au  Venezuela,  de  très  importantes  mines,  celles  du  Callao, 
portent  sur  des  filons  aurifères  ;  dans  les  Guyanes,  nous  aurons  éga* 
lement  quelques  travaux  de  filons  à  mentionner  :  ce  qui  est  relatif 
aux  alluvions  devant  être  réservé  pour  une  autre  partie'. 

Au  Venezuela,  Tor  a  été  découvert,  en  1849,  par  le  D'  Passard 
dans  le  lit  de  la  rivière  Yuruarî.  Malgré  les  difficultés  inhérentes 
à  un  pays  pen  connu,  malsain  et  couvert  de  forêts,  Tindustrie  de 


Fig.  379.  —  Carte  de  la  région  du  Callao  (Guyane  Vénézuélienne),  d'après  M.  Boutan. 

Echelle  au  -. 

2.000.000* 

Tor  (qui  est,  du  reste,  à  peu  près  la  seule  du  pays)  s'est  beaucoup 
développée  dans  ces  vingt  dernières  années  ;  mais  les  frais  sont  tels 
que,  jusqu'ici,  une  seule  mine,  celle  du  Callao,  a  pu  donner  des 
dividendes  à  ses  actionnaires.  Depuis  1887,  ce  pays  subit,  du  reste, 
une  crise,  en  particulier  motivée  par  le  désir  qu'a  manifesté 
TAngleterre  de  s'en  emparer  et  Tétat  d'insécurité  qui  en  résulte 
est  peu  favorable  au  développement  de  Tindustrie. 


«  Voir  page  986. 

GÉOLOGIE.  —  T.  II. 


57 


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898 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


Ces  mines  du  Callao  sont  situées,  au  Sud  de  TOrénoque  et  à 
TEst  de  Bolivar,  sur  la  rive  droite  du  Yuruari  (affluent  du  Rio 
Cuyuni),  près  de  Guacipati  et  de  Nueva-Providencia  (fig.  379). 

On  y  exploite  un  (ilon  principal  de  quartz  aurifère. 

Ce  filon  présente,  aux  affleurements,  la  forme  d'un  arc  de  cercle 
dont  la  corde  est  sensiblement  N.-S.  (fig.  380).  En  profondeur. 


Fig.  380.  —  Plan  horizontal  de  ;ia  mine  du  Callao  en  juillet  1887. 


Echelle  au 


i 

9.000* 


il  se  dévie  légèrement  vers  l'Ouest  et  forme,  dans  son  ensemble, 
une  surface  gauche. 

Son  inclinaison  est  dirigée  vers  TOuest  et  varie  en  profondeur. 
Son  pendage  moyen  est  sensiblement  de  42"*,  c'est-à-dire  assez 
faible. 

La  roche  encaissante  est  une  roche  bleuâtre,  feldspathique,  à  élé- 
ments fins,  uniforme  de  couleur,  souvent  schisteuse  au  voisinage 
du  filon,  semblant,  d'après  les  descriptions  (assez  vagues),  se  rap- 
procher des  amphibolites  du  terrain  primitif  et  que  M.  Cumenge 


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FILONS   AURIFÈRES   DU   CALLAO   (VENEZUELA)  899 

a  rangée  parmi  les  diorites.  A  la  partie  supérieure,  elle  se  décom- 
pose, pour  donner  naissance  à  une  sorte  d'argile  bleue,  ou  cascao^ 
souvent  mélangée  au  quartz  dans  les  salbandes.  La  venue  aurifère 
paraît  postérieure  à  la  formation  du  cascao.  Aussi,  les  filons  sont- 
ils  très  nets  dans  la  diorite  compacte,  mais  disséminés  dans  le 
cascao. 

Le  remplissage  du  filon  est  constitué  par  .un  quartz  gras,  pres- 
que toujours  remarquable  par  sa  blancheur,  à  cassure  esquilleuse^ 
qui  se  tache  ou  se  rubane  parfois  de  noir  près  des  épontes  et 
est  alors  considéré,  surtout  quand  il  est  rubané,  comme  d'un 
bon  augure. 

Les  pyrites  sont  peu  abondantes,  mais  leur  présence  parait  en 
relation  avec  celle  de  Tor  ;  elles  sont  surtout  visibles  en  mouches 
ou  en  cristaux  près  des  épontes.  On  ne  retire  pas  Tor  qui  peut  y 
être  contenu. 

L'or  libre  est,  soit  invisible,  soit  en  gros  grains  ou  en  taches 
(coarse  gold);  ces  dernières  peuvent  piqueter  la  masse  ou  s'ali- 
gner suivant  des  bandes,  tantôt  parallèles  aux  épontes,  tantôt 
épousant  des  fissures  préexistantes  (quoiqu'il  n'y  ait  pas  trace 
de  géodes).  La  présence  de  l'or  à  l'étal  invisible  fait  qu'on 
sort  à  peu  près  tout  le  quartz  contenu  entre  les  deux  épontes  du 
filon. 

Dans  les  morceaux  provenant  de  l'abatage,  on  trouve  souvent 
des  grains  d  or  affectant  une  forme  de  champignons,  ce  qu'on  a 
cru  pouvoir  attribuer  à  une  sorte  de  rochage  en  dehors  d'une  roche 
saturée. 

L'épaisseur  du  filon,  reconnue  jusqu'à  220  mètres  de  profondeur, 
varie  dans  d'assez  fortes  proportions,  de  0™,35  à  2™,50  et  3  mètres. 
En  moyenne,  elle  a  été  de  1"*,60,  c'est-à-dire  qu'il  y  a  là  une  frac- 
ture nette  et  importante.  Jusqu'en  1884,  la  surface  totale  travaillée 
avait  été  de  37  564  mètres  carrés  ayant  produit  161  000  tonnes  de 
quartz. 

La  partie  la  plus  riche  du  filon,  presque  exclusivement  exploi- 
tée jusqu'en  1886  et,  à  ce  moment,  à  peu  près  épuisée,  est  la 
partie  centrale;  la  cheminée  riche  a  fourni,  sur  une  longueur  de 
200  mètres  et  une  profondeur  analogue,  un  minerai  dont  la 
teneur  a  atteint  jusqu'à  8  onces  (250  grammes)  par  tonne. 


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9(K) 


GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


A  cet  égard,  on  peut  partager  l'exploita  lion  de  la  mine  en 
quatre  périodes. 


NOUBRE  DE  TONNES 

ONCES  PAR  TONNE 

De  1871  à  1881 

1881  à  1883  (inclus)  .... 
1884 

91046 
67  073 
31261 
46  868 

3,o0 
4,48 
5,66 
2,44 

1883 

Total           

236  248 

(En  1887,  ronce  d'or 
valait  98,20) 

Pendant  les  six  premiers  mois  de  1887,  la  production  a  été  de 
32  000  tonnes  environ,  avec  une  teneur  de  1,1  once  par  tonne  de 
quartz. 

Cette  diminution  dans  la  teneur  ne  provient  pas  seulement  d'un 
appauvrissement  qui  semble  se  produire  en  profondeur,  mais 
surtout  de  ce  que  la  direction  des  travaux  a  été  d*abord  dirigée, 
comme  cela  arrive  trop  souvent,  en  vue  d'un  rendement  immédiat. 

Autant  que  peuvent  l'indiquer  les  derniers  travaux,  sur  lesquels 
nous  ayons  des  renseignements  précis  (1887),  c'est  au  Nord  et  au 
N.-O.  que  le  filon  conserve  sa  régularité,  sa  puissance  et  la  plus 
grande  partie  de  sa  teneur. 

h' exploitation  se  fait  au  moyen  de  deux  grandes  tailles  descen- 
dantes inclinées,  en  soutenant  le  toit,  soit  par  des  piliers  en  maçon- 
nerie, soit  surtout  par  des  boisages. 

Prix  de  revient.  —  Les  frais  d'extraction  et  de  traitement  de  la 
tonne  ont  été  les  suivants  *  : 

1881 161  francs. 

18S2 210      — 

1883 201       — 

1884 154       — 

1885 106       — 

6  premiers  mois  de  1887 71       — 

•  Voir  le  détail,  page  880.  Nous  avons  égilement  donné,  à  cet  endroit,  la  production 
jusqu^en  1887  ;  voir  également  page  895. 


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FILONS  AURIFÈRES   DU   CALLAO   (VENEZUELA)  901 

On  est  arrivé,  en  1888,  à  pouvoir  traiter,  sans  perte,  des  minerais 
rendant  trois  quarts  d'once  (23  grammes)  à  la  tonne. 

Ces  frais  comprennent  Tabatage,  l'extraction,  le  traitement,  le 
convoyage  de  Tor  et  les  frais  généraux. 

La  main-d'œuvre  est  notamment  très  chère  :  en  1880,  on  payait 
14  francs  un  manœuvre. 

En  dépit  de  ces  frais  très  élevés,  qu'on  est,  du  reste,  arrivé  pro- 
gressivement à  réduire,  la  mine  de  Callao  a  eu  un  moment 
d'extraordinaire  prospérité. 

En  1884,  les  actions  (au  nombre  de  32),  émises  en  1870  à  en- 
viron 10  000  francs,  valaient  un  million  et  chaque  millième  d'ac- 
tion (représentant,  par  suite,  1  000  francs),  touchait  300  francs  de 
dividende.  Mais,  depuis,  une  baisse  notable  s'est  produite  au  début 
de  1887;  à  ce  moment,  il  fallut  arrêter  la  moitié  des  travaux  par 
suite  de  Tappauvrissement  du  gîte  en  profondeur  et,  quoique 
cette  mine  soit  encore  la  seule  qui  fasse  ses  frais  au  Venezuela, 
le  1/8000  d'action  ne  représente  plus,  au  début  de  1893,  qu'une 
valeur  de  16  à  17  francs*. 

On  peut  comparer  aux  filons  du  Callao  un  certain  nombre  de 
filons  de  la  même  région. 

Celui  de  Corinna  est  plus  à  TEst,  sur  le  bord  du  Yuruari  ;  il  a 
1",20  de  large  par  endroits.  Celui  d'American  Company,  au  voi- 
sinage, a  environ  0",50  :  tous  deux  sont  situés  dans  des  schistes. 

Le  filon  de  Chile,  à  environ  1  kilomètre  au  Sud  de  Potosi,  est, 
après  celui  de  Callao,  le  plus  important  du  district  du  Caratal.  Il 
est  dirigé,  à  peu  près,  N.-S.  et  a  une  épaisseur  de  0^^,60  à  3  mètres. 
C'est  également  un  filon  quartzeux  avec  or  visible  et  invisible, 
oxyde  de  fer,  parcelles kaolineuses,  etc.;  on  y  remarque  l'existence 
de  cavités  cubiques,  prouvant  l'existence  de  cristaux  de  pyrite 
dissous  et  contenant  des  traces  d'or.  Ce  filon,  encaissé  dans  des 
schistes  talqueux,  a  été  exploité  jusqu'à  30  mètres  de  profondeur. 
Le  long  de  la  veine  de  quartz  aurifère  blanc  se  trouve  une  veine 
noirâtre,  appelée  dans  le  pays  quartzo  morado,  et  qui  en  est  séparée 
par  quelques  pouces  de  cascajo. 

Enfin,  à  environ  3  kilomètres  de  la  mine  de  Callao,  les  mines 

*  En  1892,  on  a  annoncé,  un  moment,  la  découverte  d'une  nouvelle  colonne  riche. 


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902  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

delaC^  Union^  abandonnées  vers  1886,  comprenaient,  outre  un  filon 
de  quartz  aurifère,  un  gisement  de  surface  d'une  nature  spéciale, 
propre  à  la  Guyane  Vénézuélienne,  qu'on  appelle  la  tierra  de  flor. 

C'est  une  couche  de  terre  ai^ileuse  rougeâtre,  située,  en  général, 
à  0"", 40  ou  1  mètre  au-dessous  du  sol,  qui  contient  des  blocs  de 
quartz  aurifère,  des  grains  d'hématite  brune  pisolithique  et  une 
agglomération  de  ces  grains  appelée  moco  de  hierro. 

Lorsqu'elle  est  lavée,  cette  terre  fournit,  en  outre,  des  cristaux 
décomposés  de  pyrite  de  fer,  du  sable  non  magnétique  et  des 
pépites  d'or,  dont  la  plus  grosse,  trouvée  dans  le  pays,  pesait 
7  kilogrammes. 

Le  traitement  de  cette  tierra  de  flor  est  malheureusement  diffi- 
cile. 

Bibliographie. 

1852.  Sur  les  mines  d*or  de  Campano,  province  de  Gumana  (Venezuela). 
[Ann.  d.  Jf.,  5«,  1. 1,  p.  600  et  t.  II,  p.  620.) 

1882.  Naissant.  —  Dbtrict  aurifère  du  Caralal.  {Bull.  École  des  Mine% 
p.  150.) 

1882.  Paul  Manthès.  —  Rapport  sur  les  mines  d'or  du  Callao. 

1882.  LocK.  —  Gold,  p.  261  et  267. 

Juin  1883.  Hamilton  Smith.  —  Rapport,  etc. 

•  1885.  EscHWEGB.  —  Exploitations  aurifères  du  Venezuela.  {Bull.  Ecole  des 
Mines,  p.  14k) 

29  janvier  1885.  Boutan.  —  Lettre  aux  actionnaires  français  du  Callao, 

•  Boutan.  —  Rapport  sur  la  mine  d'or  du  Callao. 

•  1886.  Perkins.  —  Rapport  sur  Texercice  de  1885  (en  français),  donnant 
tous  les  renseignements  sur  le  prix  de  revient. 

•  1887.  Perkins.  —  Rapport  sur  les  six  premiers  mois  de  1887. 

1888.  Jennings.  —  El  Callao.  Gold  Mining  C  {Report  for  the  year,  1888.) 

•  1888.  Bel.  —L'industrie  minière  au  Venezuela  en  1887.  iBulL  Ecole  des 
MineSj  p.  36.) 

1889.  Davies,  p.  55. 


GISEMENTS  AURIFÈRES  DE  BÉRÉZOWSK  (oural)' 

Les  gisements  de  Bérézowsk  (Oural)  sont  situés  à  12  kilomètres 
d'Ekaterinenburg,  sur  un  plateau  de  schistes  chloriteux  et  talc- 
schistes  traversés  par  des  filons  d'une  roche  spéciale,  dite  béré- 

•  Coll.  Ecole  des  Mines,  1633  et  1750. 


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GISEMENTS   AURIFÈRES   DE  BÉRÉZOWSK   (otRAL)  903 

zite,  avec  laquelle  les  filons  de  quartz  aurifère  semblent  en  rela- 
tion. 

Cette  bérézite,  —  par  un  rapprochement,  que  nous  avons  déjà 
signalé,  entre  les  filons  d'or  et  les  filons  d'étain  —  se  compose 
principalement  de  quartz  et  mica  blanc  avec  un  peu  d*orthose, 
c'est-à-dire  qu'elle  est  comparable  aux  granulites  et  greisens 
stannifferes  ;  la  pyrite  de  fer,  décomposée  aux  affleurements  en 
hématite  brune,  y  est  fréquente. 

Les  filons  de  bérézite,  dirigés  N.-S.,  ont  une  épaisseur  variant  de 
4  mètres  à  40  mètres  et  une  longueur  de  plusieurs  kilomètres  ;  à 
leur  voisinage,  les  schistes,  imprégnés  de  fer,  ont  pris  une  teinte 
brun  rougeâtre,  qui  leur  a  fait  donner  le  nom  local  de  Krassiks, 
Bérézites  et  schistes  sont  aurifères. 

L'ensemble  est  recoupé,  à  son  tour,  par  de  très  nombreux  fais- 
ceaux de  veines  quartzifères  ayant,  en  moyenne,  3  centimètres 
d'épaisseur,  au  plus  7  centimètres  et  par  des  veines  spathiques 
souvent  juxtaposées  au  auartz  dans  la  même  fissure.  Ces  veines, 
toujours  aurifères,  semblent  résulter  d'une  fissuration  ayant  suivi 
la  venue  de  bérézite  et  d'une  concentration  des  éléments  qui  se 
disséminaient  dans  celle-ci.  La  richesse  diminue  partout  en  pro- 
fondeur, ainsi  qu'on  Ta  constaté  dans  la  plupart  des  gites  aurifères 
et  l'or  semble  provenir  des  pyrites,  qui  sont  souvent  d'autant  plus 
riches  au  voisinage  d'un  filon  que  celui-ci  est  plus  pauvre.  On  est, 
d'ailleurs,  arrêté  par  les  eaux  à  une  profondeur  maxima  de 
40  mètres. 

On  n'exploite  jamais  au-dessous  de  10  grammes  d'or  par  tonne  ; 
en  moyenne,  à  30  ou  40  grammes.  La  production  de  Bérézowsk  a 
été,  en  1885,  de  403  kilogrammes,  dont  la  moitié  environ  vient 
des  alluvions. 

Dans  le  reste  de  l'Oural,  des  gisements,  situés  dans  le  territoire 
de  Miask,  ont  produit,  en  1885,  154  kilogrammes  d'or;  les  terri- 
toires des  Bachkirs  et  des  Cosaques  d'Orenbourg  ont  fourni,  la 
même  année,  1  097  kilogrammes  (53  exploitations). 

Le  travail  se  fait  au  moyen  de  bocards  et  de  sluices  à  drap,  sui- 
vis de  sluices  à  plaque  de  cuivre  amalgamé.  On  a  fait  aussi, 
récemment,  quelques  tentatives  de  traitement  des  pyrites  aurifères 
par  chloruration. 

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904  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


Bibliographie, 

1877.  Helmhacker.  —  Gold  von  Syserlsk  am  TJraL  (J,  d.  g.  R.  in  Wien, 
t.  XXVII,  p.  1.) 
1883.  d'Achiardi,  I,  28  ;  cf.  Lock,  836. 

1890.  Laurent.  —  Sur  rindustrie  de  Tor  dans  TOural.  (Ann,  d,  Jf.,  nov. 
1890.) 

1891.  Weiss.  —  Métallurgie  de    l'or  dans  TOuraL  (Mémoire  manuscrit  à 
TEcole  des  Mines.) 


FILONS  DE  PYRITE  AURIFÈRE  DU  PIÉMONT 

(gondo,  pestarena,  etc.) 

Il  existe,  dans  les  Alpes  occidentales,  un  assez  grand  nombre 
de  gisements  aurifères,  dont  quelques-uns  encore  exploités,  où 
For  se  montre,  d'une  façon  constante,  associé  avec  de  la  pyrite, 
parfois  sous  forme  de  filons  nets,  plus  souvent  sous  forme 
d'injections  très  ramifiées,  dans  les  terrains  primitifs  et  paléo- 
zoïques. 

Il  est  possible  qu'il  faille  chercher  quelque  relation  entre 
ces  venues  hydrothermales  pyriteuses  et  la  remarquable  zone 
de  roches  vertes  (piètre  verde)  qui  se  développe  dans  la  même 
région  et  en  aval  de  laquelle  les  alluvions  semblent  seulement  de- 
venir aurifères.  On  sait,  en  effet,  combien  est  fréquente  la  relatioii 
des  pyrites^  souvent  chargées  de  traces  d'or,  parfois  aussi  de  cuivre 
ou  de  nickel,  avec  certaines  roches  basiques,  en  particulier  le  gabbro 
de  Norvège,  la  syénite  de  Nijni-Taguilsk  dans  l'Oural,  le  gabbro 
rosso  du  Monte  Galini  en  Toscane,  les  diorites  du  Chili,  etc..  C'est 
sous  cette  forme  de  pyrites  aurifères  qu'un  grand  nombre  de  ces 
roches  basiques  contiennent  de  l'or  :  ainsi  les  diorites  postjuras- 
siques de  l'Amérique  du  Sud,  celles  de  l'Oural,  des  Indes,  du 
Venezuela,  surtout  de  la  Nouvelle-Guinée  et  de  la  Nouvelle- 
Galles  du  Sud,  les  serpentines  de  Ganoona  au  Queensland,  de 
Terre-Neuve,  etc.. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  association,  les  filons  aurifères  ex- 
ploités dans  les  Alpes  se  présentent  dans  les  conditions  sui- 
vantes : 


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FILONS   DE  PYRITE  AURIFÈRE  DU   PIÉMONT   (gONDO,  ETC.)90d 

1*^  A  Gondo  (Suisse)  ^  sur  la  route  du  Simplon,  près  de  la  fron- 
tière italienne,  des  filons  de  pyrite  aurifère  sont  encaissés  dans 
des  gneiss  à  grain  fin,  qui  forment  des  bancs  bien  nets,  orientés 
E.  40**  N.  et  plongeant  régulièrement  vers  le  Sud,  sous  un  angle  de 
32°.  On  en  a  relevé  une  vingtaine,  dont  3  ou  4  seulement  (la 
Camozetta,  Maffiala,  TEchelIe  et  le  Diable)  ont  donné  lieu  à  quel- 
ques travaux.  Ces  mines  ont  été  exploitées  de  1810  à  1852  par  la 
famille  Maffioli,  puis  reprises,  un  moment,  vers  1876,  et,  une 
dernière  fois,  en  1891. 

Les  filons,  dirigés  N.  20**  0.,  avec  plongement  Ouest,  ont  des 
inflexions  nombreuses.  Ils  se  composent  de  pyrite  de  fer  avec 
gangue  quartzeuse  et  feldspathique.  D'autres  filons,  N.  35*  0.,  pré- 
sentent, en  outre,  de  la  pyrite  de  cuivre  et  de  la  galène.  La  teneur 
en  or  est  assez  faible  '.  Le  filon  le  plus  riche,  celui  de  la  Camozetta, 
contient  cependant  localement  jusqu'à  30  grammes  d'or. 

2**  Plus  au  S.-O.,  on  trouve,  au  pied  du  mont  Rose,  au-dessous 
de  Macugnaga,  les  mines  du  Val  Anzasca,  seules  exploitées  d'une 
façon  continue  et  qui,  lorsque  nous  les  avons  visitées  en  1883,  pro- 
duisaient 200  kilogrammes  d'or  par  an,  en  occupant  300  ouvriers  '. 

Ces  mines  sont  divisées  en  deux  districts  :  Val  Toppa  et  Pesta- 
rena.  On  a  exploité,  en  outre,  des  gisements  situés  à  Battiggio,  qu'on 
a  dû  abandonner  à  cause  de  leur  trop  forte  teneur  en  arsenic. 

A  Val  Toppa^  Ton  ne  connaît  pas  de  filons  proprement  dits, 
mais  des  injections  sans  salbandes,  avec  ramifications  secondaires, 
dans  des  schistes  talqueux  très  contournés,  considérés,  par  Baretti 
comme  précambriens.  Des  coupes  transversales  de  50  en  50  mètres 
(flg.  381)  permettent  de  se  faire  une  idée  de  l'allure  du  gîte. 

A  Pesiarena,  au  contraire,  on  a  de  véritables  fractures  filoniennes 
disposées  en  éventail,  ayant  des  salbandes  et  semblant  se  terminer 
en  profondeur.  On  a  reconnu  5  filons,  suivant  à  peu  près  la  stra- 

*  Voir  Berthier.  Journal  des  Mines,  i'*  série,  t.  X. 

Peton  de  Maulette.  Mémoire  sur  les  mines  d'or  de  Gondo. 
Gueymard.  Ann,  d.  M.,  i'*  série,  t.  X,  p.  310. 
Burthe.  Ann.  d.  M.,  V  série,  1865. 
Lock.  Gold,  p.  715. 
1883.  d'Achiardi,  I,  16. 

*  Certains  résultats,  annoncés  à  grand  fracas,  portaient  sur  des  minerais  triés  et 
lavés. 

*  Journal  de  voyage  manuscrit  à  TÉcole  des  mines. 


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906  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

tification  du  micaschiste  et  recoupés  par  un  sixième,  nettement 
transversal,  à  la  rencontre  duquel  ils  s'enrichissent. 

Enfin,  à  Battiggioy  les  venues  hydrothermales  ont  également 
suivi  les  schistosités  et  incrusté  trois  sortes  de  cuvettes  emboîtées 
dans  les  stratifications  du  talcschiste. 

Partout  Tor  est  contenu  exclusivement  dans  les  pyrites  et  s'est 
concentré,  comme  d'habitude,  dans  les  zones  de  décomposition,  en 


Fig.  381 .  —  Coupes  transversales,  A,  B,  C,  D,  E,  F,  G,  de  50  en  50  mètres,  du  gite 

aurifère  de  Val  Toppa. 

particulier  dans  certaines  veines  oxydées  noires  qui  traversent  le 
quartz  ;  le  quartz  lui-même  ne  contient  pas  trace  d'or  à  Pestarena 
et,  à  Valtoppa,  seulement  0,03  p.  100.  La  tonne  de  minerai,  à  Val- 
toppa,  tient,  en  moyenne,  13  grammes  d'or  (dont  on  retire  seule- 
ment 85  p.  100)  avec  un  peu  d'argent  et  représente,  par  suite,  une 
valeur  de  36  francs;  à  Pestarena,  la  teneur  atteint  17  grammes. 
Pour  un  mois  de  1883  pris  au  hasard,  294  tonnes  de  minerai,  à 
Valtoppa,  ont  donné  4*^,09  d'or  (13^',6  à  la  tonne),  avec  une  perte 
apparente  en  mercure  de  70''«,200  et  une  dépense  d'extraction 
de  26  fr.  50  par  tonne;  639  tonnes  à  Pestarena,  11>^«,5  d'or 
(17  grammes  à  la  tonne),  avec  une  perte  de  204  kilogrammes  de 
mercure.  La  difficulté,  dans  ces  gisements,  est  la  très  forte  pro- 
portion des  travaux  de  recherche  nécessaires.  En  1881,  la  produc- 
tion d'or  totale  a  été  de  213*^,401  extraits  de  11  458  tonnes  de 
minerai  (5  286  à  Pertarena,  6172  à  Valtoppa).  En  1890,  on  a 
produit  169'S758  d'or. 

3^  En  continuant  à  suivre  les  Alpes,  nous  trouvons  :  à  Gresso- 


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FILONS   DE  QUARTZ   AURIFÈRE  DE   LA    GRANDE-BRETAGNE   907 

ney^  un  filon  de  pyrite  aurifère  s'étendant  vers  Alagna,  qui  a  été 
exploité;  de  la  pyrite  aurifère  à  Val tourn anche,  à  Brissogne  près 
Saint-Marcel,  à  Ceresole,  à  Pratiglione,  à  Ceres. 


FILONS  DE  QUARTZ  AURIFÈRE 
DE  LA  GRANDE-BRETAGNE  (pays  de  galles,  etc.) 

On  a  exploité,  dans  l'antiquité,  un  certain  nombre  démines  d'or 
en  Grande-Bretagne,  et  les  Romains,  en  envahissant  le  pays, 
savaient,  d'après  Tacite,  qu'il  produisait  de  l'or,  de  l'argent  et 
d'autrps  métaux. 

Une  de  ces  mines  d'or  antiques  a  été  retrouvée  à  Gogofau,  près 
Pumpsant,  dans  le  Camarthenshire,  sur  les  bords  de  la  rivière 
Cothy.  Elle  portait  sur  un  filon  de  quartz  aurifère. 

Plus  tard,  au  xvn'  siècle,  un  certain  Thomas  Bushell  prit  à  bail 
un  certain  nombre  de  mines  dans  le  Merionetshire  et  le  Gardi- 
ganshire,  en  particulier  près  d'Aberytswich  et  en  retira  de  For  et 
de  l'argent  dont  on  frappa  des  monnaies. 

Dans  le  Merionetshire^  il  existe  un  district  aurifère,  situé  sur  les 
deux  rives  de  la  Mawddach,  près  de  son  estuaire.  En  remontant 
de  là  vers  les  montagnes  voisines,  on  trouva,  en  1854,  de  l'or  dans 
les  mines  de  cuivre  de  Clogau,  Vigra,  etc.  Après  un  moment 
d'enthousiasme,  ces  mines  donnèrent  lieu  à  de  grandes  décep- 
tions. Cependant,  en  187S,  Clogau  a  produit  548  onces  d'or;  en 
1879,  447  onces. 

On  trouve  là  :  l^'des  filons  t[uartzeux  N.O.-S.E.,  avec  minerais 
de  cuivre,  d'argent  et,  plus  rarement,  de  plomb  ;  2"  des  veines 
N.E.-S.O.  de  carbonate  et  sulfate  de  baryte  avec  galène  et  blende  ; 
3**  des  veines  de  quartz  aurifère  E.O,  recoupant  tous  les  autres 
filons  et  enrichies  à  leur  intersection. 

En  1875  le  minerai  brut  de  Clogau  tenait  10  à  12  grammes 
d'or  à  la  tonne. 

Vers  1886,  ce  district  aurifère  du  Merionetshire*,  dans  le  paya 
de  Galles,  a,  de  nouveau,  éveillé  l'attention  des  industriels. 

*  District  qui  produit  également  du  manganèse;  voir  t.  II,  p.  10,  et  t.  I,  p.  360. 


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908  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Les  exploitations  de  Gwynfyndd,  Old  Ygra,  Clogau,  Prince  de 
Galles,  Cefn  Coch,  Berkllwyd,  Cefndenddwr  ont  donné,  en  1887, 
12  000  tonnes  de  quartz  et  14  667  onces  d'or  (457  kilogrammes), 
c'est-à-dire  une  teneur  de  près  de  une  once  et  quart  par  tonne, 
mais  ont,  encore  une  fois,  rapidement  diminué  d'importance  dans 
les  années  suivantes. 

En  dehors  du  pays  de  Galles,  on  a  signalé  la  présence  de  l'or 
dans  le  Cornwally  en  particulier  au  Nord,  près  de  Davidstowe,  dans 
des  veines  quarlzeuses  recoupant  des  schistes  métamorphiques  au 
voisinage  de  la  granulile,  dans  des  conditions  tout  à  fait  com- 
parables à  celles  des  giles  stannifères  et,  parfois  même,  dans  les 
filons  d'étain. 

En  Irlandcy  il  existe  des  alluvions  aurifères  dans  Ballinvalley, 
affluent  de  l'Aughrim  qui  tombe  elle-même  dans  l'Avoca  à  Wooden 
Bridge  ;  des  filons  de  quartz  pyriteux  aurifère  à  Ballymurtagh. 

En  Ecosse^  le  docteur  Lauder  Lindsay  a  montré  que  l'or  était 
assez  répandu,  en  particulier  dans  des  alluvions  à  Crawford  ou 
Leadhills.  11  a  remarqué  que  l'or  de  ces  alluvions  était,  comme 
celui  de  la  Nouvelle-Zélande,  associé  avec  de  la  magnétite  et  des 
traces  de  titane,  d'uranium,  elc. 

Bibliographie. 

Ramsay  :  Geology  of  North  Wales. 
Galvert  :  Gold  rocks  of  Great  Britam  and  Ireland. 
1844.  Dean.  British.  Assoc.  reports. 

1865.  Brkithaupt.  —  (B.  u.  ff.  Z.,  1865,  p.  91.) 

1866.  FoRBES.  —  (JV.  jahrb.  f.  Min.,  p.  748.) 

V.  CoTTA.  —  ErzlagerstâUen,  t.  II,  p.  492,  et  Groddeck,  p.  279. 

1882.  LocK,  p.  727. 

1883.  d'Achiardi,  t.  I,  p.  21. 

1888.  Vanderbilt.  —  Gold  in  Great  Britain, 

1888.  Causerie  scientlflque  du  Temps,  17  janvier  1888. 

1888.  Davies,  p.  40. 


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FILONS  AURIFÈRES   DE  NORVÈGE  909 

FILONS  AURIFÈRES  DE  BÔMMELÔ 
ET  DE  EISWOLD  (norvège,  etc.) 

Les  filons  aurifères  àeBàmmelo^^iin  débouché  du  Hardangerfjord, 
entre  Bergen  et  Stavanger,  ont  été  étudiés  par  M.  Reusch.  Toute  la 
région  porte  Tempreinte  du  plissement  postsilurien  (calédonien) 
de  la  péninsule  Scandinave  et  Ton  y  voit  des  exemples  remar- 
quables de  roches  franchement  volcaniques  (coulées  et  tufs  de  dia- 
base)  de  celte  époque.  Les  filons  de  quartz  aurifère  semblent  liés 
au  granité. 

A  Eiswold  (75  kilomètres  au  N.  de  Christiania),  on  a  exploité 
également  des  filons,  parfois  interstralifiés,  de  pyrite  de  fer  et 
chalcopyrite  avec  de  Thématite  et  de  Tor  natif. 

Des  conditions  analogues  se  présentent,  en  Autriche,  dans  la 
chaîne  des  Taitern^  en  particulier  au  Rathhaiisberg^^  près  de 
Gastein  ;  aux  environs  de  Salzbourg,  etc.. 

Il  s'est  produit  là,  au  milieu  de  micaschistes,  une  imprégnation 
siliceuse  et  pyriteuse  le  long  de  certains  feuillets,  reliés  par  des  frac- 
tures transversales  qu'on  a  appelées  feuillets  de  puissance.  La 
pyrite,  souvent  aurifère,  est  accompagnée  de  chalcopyrite,  phillip- 
site,  mispickel,  galène,  blende,  etc. 

De  même,  à  Brandliolz^^  près  de  Berneck,  sur  la  lisière  Sud- 
Ouest  du  Fichtelgebirge,  Ton  a  des  veines  quartzeuses  reliant  des 
lentilles  de  quartz  interstratifiées,  qui  ont  parfois  1  mètre  de  puis- 
sance, et  Ton  y  trouve  de  For  natif  avec  de  la  pyrite  de  fer,  du 
mispickel  et  de  la  stibine. 


»  Scheerer.  B.  u.  H.  Z.,  p.  858;  cf.  Groddeck,  p.  277. 
•  1887.  Reusch.  Bummeloen  ogKannoen. 
1888.  Do  Margerie.  Annuaire  géologique,  p.  745. 

«  V.  Gotta.  ErzlagerMUen,  t.  II,  p.  318,  et  Groddeck,  p.  278.  Voir,  plus  haut,  p.  881. 

•  V.  Groddeck,  p.  278. 


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910  GÉOLOGIE    APPLIQUÉB 


FILONS  AURIFÈRES  DE  TAGUAREMBO  (Uruguay)^ 

On  a  exploité,  quelque  temps,  des  filons  aurifères  dans  la  région 
de  Tacuarembo  (Uruguay),  sur  les  flancs  de  la  cordillère  Sainte- 
Anne. 

Le  terrain  y  est  composé  de  couches  siluriennes  plissées,  sous 
forme  d'ardoises  talqueuses  et  chloritiques  renfermant  des  dio- 
rites,  de  quelques  lambeaux  de  dévonien  et  d'un  peu  de  terrain 
carbonifère  caractérisé  par  ses  fossiles. 

De  grandes  forêts  vierges  suivent  le  cours  du  Tacuarembo  ;  le 
climat  passe  néanmoins  pour  assez  salubre. 

Les  terrains  anciens  sont  recoupés  par  des  filons  de  quartz 
divergents,  sinueux,  souvent  se  bifurquant  ou  se  réunissant  en 
profondeur.  Les  quartz  sont  de  variétés  et  d'aspects  très  dis- 
tincts : 

1**  Le  quartz  stérile  est,  tantôt  hyalin  vitreux  en  masses  dures  et 
compactes,  tantôt  d'un  blanc  laiteux.  Il  forme  des  dykes  très  pro- 
longés. 

2^  Le  quartz  aurifère  est,  au  contraire,  d'un  blanc  d'albâtre  avec 
des  parties  grisâtres,  d'autres  bleutées  et  très  poreuses  et  des 
veines  teintées  d'oxyde  de  fer  ;  il  se  ramifie  en  petites  veinules  nom- 
breuses de  0,5  à  0,20.  On  y  trouve  de  la  pyrite  de  fer  et  de  cuivre, 
de  la  galène,  du  carbonate  de  cuivre  et  de  l'oxyde  de  fer.  L'or  y 
est  souvent  à  l'état  visible. 

3**  On  rencontre  un  peu  d'or  dans  des  quartz  analogues,  mais 
plus  vitreux,  associés  avec  de  la  pyrite  de  cuivre  et  de  la  galène. 

La  teneur  en  or  semble,  dans  les  quartz  aurifères,  diminuer 
très  rapidement,  en  profondeur,  à  partir  de  6  à  10  mètres.  Aussi 
croit-on  que,  lorsqu'une  veine  ne  montre  pas  d'or  à  la  superficie, 
il  est  inutile  d'y  faire  des  recherches. 

La  présence  de  Targile  plastique  dans  les  interstices  des  quartz 
est  considérée  comme  un  signe  favorable. 

Le  rendement  des  quartz  aurifères  a  été,  dans  les  parties  hautes, 

•  Coll.  Ecole  des  Mines,  n**  2010.  Voir  la  carte  de  l'Amérique  du  Sud,  p.  843. 


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FILONS   AURIFÈRES   DB    TACUAREMBO   (uRUGUAT)  911 

d'environ  3  onces  (94  gammes)  à  la  tonne;  ou  rencontrait,  par- 
fois, dans  le  filon,  un  peu  de  tellurure  auro  argentifère. 

La  découvertede  Tor,  dans  cette  région,  remonte  à  1842.  En  1867, 
on  commença  quelques  travaux  superficiels,  et,  en  1878,  on  finit 
par  organiser  des  exploitations  importantes,  qui  ont  eu,  croyons- 
nous,  peu  de  succès. 

Un  rapport  sur  le  filon  de  San-Pablo^  dans  la  province  de 
Santa-Ef^estinUy  donne  les  chiffres  suivants  : 


FILON    SAN    PABLO 

OR 

ARGENT 

OR 

ARGENT 

Surface    ...       

92 

16 

8 

4 

2 

2 

29 
8 
4 
2 

gr. 

if- 

158 

14 

9 

g»-. 

58 
6 
3 

Profondeur  :    5  à  10  met. 

—  10  à  12    — 

—  12  à  13    — 

—  13  à  14    — 

—  14  à  20    — 

Traces 

Frais  élevés  :  en  tracace 107 

\        FrnU         ^         Salaire           1 
fr.  par  l.  i        ^^^^^        V    des  mineurs:     Il 

—         en  abalage  par  gradins.    70 

usine  nOn:i2  fr.   par  ^our;  1 

compris  (-r^irrrï"! 

Ce  filon  de  San-Pablo,  à  Santa-Ernestina,  contenait  fréquemment 
de  beaux  cristaux  d'or  visible;  mais  sa  teneur  a  néanmoins  été 
trop  faible  pour  couvrir  les  frais  (à  peine  2  à  3  grammes  en  pro- 
fondeur) et  l'exploitation  a  dû  être  suspendue. 

Bibliographie. 

1878.  Barrial  Posada.  —  Estudio  geologico  de  la  région  aurifera  de  Tacua- 
rembo,  que  comprende  los  distrilos  de  Yaguari,  de  los  Corrales  y  de  Gunapiru. 
in-40,  26  pages.  Paris,  1878. 

1888.  Charlier.  —  Les  mines  d'or  de  TUruguay. 


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912  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


FILONS  AURIFÈRES  DE  PANAMA 

Les  terrains  aurifères  de  SardaniQa,  où  TEmperador  Mining  C 
of  Golombia  a  commencé  des  exploitations  en  1882,  sont  placés 
à  7  kilomètres  au  N.-E.  du  chemin  de  fer  de  Colon  à  Panama, 
entre  le  rio  Chagres  et  le  rio  Obispo,  son  affluent  ;  la  région 
qu'ils  occupent  est  faiblement  accidentée  :  les  plus  hauts  sommets 
ne  dépassent  pas  250  mètres  d'altitude. 

La  station  du  chemin  de  fer  la  plus  voisine  est  «  Emperador  », 
située  elle-même  à  20  kilomètres  de  Colon  et  à  44  kilomètres  de 
Panama. 

Le  sous-sol  est  là  formé,  presque  exclusivement,  par  une  roche 
quartzeuse  assez  compacte,  mais  recouverte  d'alluvions  sur  des 
épaisseurs  souvent  très  considérables.  Une  partie  des  terrains 
d'alluvions  est  composée  de  sables  et  de  graviers  aurifères  amenés 
par  les  ruisseaux  à  des  époques  relativement  récentes  et  provenant 
de  ces  roches  quartzeuses.  Le  reste  des  alluvions  est  une  terre 
boueuse,  grisâtre,  apportée  probablement  par  la  mer  et  qui  forme 
d'énormes  dépôts  sur  les  rives  du  rio  Chagres. 

Les  quartzites  de  la  contrée  sont  recoupés  par  des  filons  de 
quartz  aurifère.  Ces  quartzites  renferment  eux-mêmes  des  traces 
du  métal,  qui,  d'ailleurs,  est  (sauf  un  peu  d  argent)  le  seul  produit 
de  cette  venue  enrichissante. 

Les  quartz  des  filons  aurifères  sont  rouges;  ils  renferment  quel- 
quefois de  Tor  visible;  mais,  le  plus  ordinairement,  le  métal  est 
extrêmement  divisé  et  invisible. 

On  y  a  rencontré  localement  des  teneurs  en  or  assez  fortes. 


FILONS  AURIFÈRES  D'AUSTRALIE^ 

En  Australie,   un  grand  plissement  anléhouiller  semble  carac- 
térisé par  l'alignement  général   de  tous  les  terrains  anciens  et 

1  Coll.  École  des  Minet,  1564.  Voir,  pour  les  alluvions  d'Australie,  page  969. 


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FILONS  AURIFÈRES   d'aUSTRALIE 


9i3 


des  roches  aDciennes  suivant  des  bandes  Nord-Sud,  tandis  que  les 
roches  éruptives  modernes  ont  une  orientation  différente.  Ce  plisse- 
ment paraît  avoir  été  accompagné  d'éruptions  de  diorite,  etc.,  et 
de  formation  de  filons  de  quartz  aurifères,  à  leur  tour  recoupés,  en 
quelques  points  (Wood's  point,  Victoria),  par  des  grûnsleins.  L'âge 
de  ces  filons  est  bien  caractérisé  par  ce  fait  qu'ils  ne  passent  jamais 


ÙarupUÊûkà^l/EstdàGrmnMOtokét 


Fig.  382.  —  Carte  des  gisements  d*or  d*Australasie.  (Les  régions  aurifères  sont 
représentées  par  un  pointillé). 

des  couches  anciennes  fortement  plissées  dans  les  couches  carbo- 
nifères, qui  les  recouvrent  en  stratification  discordante.  Même,  au 
Schoal  haven  River,  dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  d'après 
Wolf,  des  érosions  puissantes,  qui  donnent  des  coupes  de  près 
de  500  mètres  de  haut,  montrent  les  gîtes  aurifères  encaissés  dans 
des  terrains  anciens  et  venant  buter,  à  leur  partie  haute,  contre 
les  conglomérats  et  grès  houillers  superposés,  sans  y  pénétrer. 
Ces  gisements  se  présentent,  le  plus  souvent,  sous  forme  de  filons 

GÉOLOGIE.  —  T.  n.  58 


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914  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

couches  N.  s.,  dont  le  caractère  tilonien  est  accusé  par  leur  pas- 
sage des  terrains  sédimentaires  dans  les  roches  éruptives.  On  en 
connaît  des  exemples  dans  les  districts  aurifères  de  Gympie  et  de 
Ravenswood,  dans  le  Queensland,  et  dans  ceux  de  Cargo  (Nouvelle- 
Galles  du  Sud).  Les  filons  de  ces  districts  ont  de  10  centimètres 
à  15  mètres  de  puissance,  et  les  minerais  y  sont  concentrés  en 
colonnes  riches,  dont  la  disposition  très  irrégulière  a  été  étudiée 
par  Lock*. 

Ailleurs,  comme  à  Wood's  point,  Upper  Goulburn  Victoria,  des 
veines  de  quartz  aurifère  traversent  un  granité  amphibolique  très 
pauvre  en  quartz.  A  Bethanga,  à  TEst  de  la  jonction  de  la  Mitta- 
Mittaavec  la  rivière  Murray  (Victoria),  des  filons,  recoupant  le  gra- 
nité, contiennent,  à  la  fois.  For,  l'argent  et  le  cuivre  ;  ils  ont 
de  0"*,60  à  2  mètres  de  large,  des  épontes  bien  définies  et  une 
teneur  en  or  de  près  de  une  once  à  la  tonne. 

Ajoutons  maintenant  quelques  détails  sur  les  diverses  provinces 
de  l'Australie. 

Par  ordre  d'importance  industrielle,  la  province  de  Victoria, 
comme  nous  l'avons  dit,  tient,  de  beaucoup,  le  premier  rang  ;  puis 
viennent  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  le  Queensland,  TAustralie  du 
Sud  et  nie  de  Tasmanie.  Nous  avons  donné,  plus  haut*,  les  rensei- 
gnements statistiques  relatifs  à  l'ensemble  de  ces  provinces  avec 
quelques  chiffres  d'ensemble  sur  les  produits  de  l'exploitation. 

Dans  la  province  de  Victoria,  on  a  reconnu,  d'après  les  statis- 
tiques, plus  de  3  000  filons  aurifères,  généralement  encaissés  dans  le 
silurien  et  pouvant  atteindre  jusqu'à  23  ou  30  mètres  de  puissance. 
Ces  filons,  fréquemment  interstratifiés,  mais  reliés  alors  par  des 
veines  qui  recoupent  les  strates,  sont,  suivant  Ulrich,  en  relation 
avec  des  dykes  de  diorite,  en  particulier  dans  le  South  Gippsland  ; 
c'est  aujourd'hui  de  ces  filons  qu'on  extrait  la  plus  grande  partie 
de  l'or  de  la  province  (tout  d'abord  tirée  des  alluvions). 

Le  tableau  suivant*  précise  les  conditions  générales  de  l'exploi- 
tation des  filons  aurifères  dans  cette  province  : 


1  Loc.  cit.,  p.  808  et  suiv. 

5  Pages  872  et  suiv. 

*  D'après  un  travail  de  M.  Fuchs  paru  au  Bulletin  des  Annales  des  Mines  (1881). 


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FILONS  AURIFÈRES   d'aUSTRALIE 


915 


CONDITIONS    TECHNIQUES    DB    l'EXPLOITATION    DES    FILONS    EN    1881 


DISTRICTS 


ARARAT 

Ararat 

BALLARAT 


NOUS 
des  filons. 


(  Scotch maa's  Fiat . 

.J  CroM 

1^  Scotchuiairs  .  .  . 


Central.  . 
Southern  . 
Buninyoug. 

Creswlck  . 

Stciglitz.  . 

BlacKWood 

tain  S.  . 


Band  of  Hope. 

StalTordshire  . 

lliBcock's.  .  . 
i  Clunes.  .  .  . 
(  Clunes.  .   .   . 


et  Blue  Mon- 


BEECHWORTH 


Beechworth  .   .  . 
Yackandandah  S. 


Sultan  et  autres. 


Buckland . 


Alexaudra.  .  . 
GalTney'sCreek. 
Wood's  Points. 
Big  River  .  .  . 
Jamieson  .  .   . 


Reform,  Myrtleford 
Morning  Star.  .  . 
Tiddle-de-addiedee 

<  Land-Tux   ... 

^  Land-Tax  . 
Accident .    .   .    .  , 
Homcward-Bound 
Ford's  .... 
Railway  ... 
Gleeson's  Lcasc, 


CASTLEMAINE 

Castlemaine 

Fryer's  Creek 

Hopburn 

Taradale  et  Kyneton  .  . 

Tarrangower 


Wattle  Gui!  y  .  . 
Ferron's  .  .'  .  . 
Cattle's.  .  .  1  . 
Wilson's.  .  .  . 
United  Kingdoni 
Parkin's  Keef.  . 
Gerroan  .... 


GIPSLAND 

Ktitchell  R.  et  Boggy  C.  K 
Striiigcr's  Crcek 


MARTBOROUGH 


Maryborough 
Amherst.  .   . 


Galloway. 
Cohen*s   . 


Ounotty  et  Tarnagutta  . 


SANDHURST 


Western  Reef. 
Fastcrn  Reef  . 
Church  Hill.  . 
Bealiba.  .  .  . 
Wolcome.  .  . 
Bealiba.  .   .   . 


Sandhurst 

Aleathcote  et  Waranga  S. 


Garden  GuUy. 
Garden  Gully. 
New  Churo.  . 
Catherine.  .  . 
Butter's   .  .   . 


PROPOIfDBCR 

de 

rexplelt&tiia 


mètres. 

360 
255 
336 


120  à  285 

83 

34 
24  à  297 
60  à  330 

4i 

120  à  225 


135 

18 
105 
180 
72 
17 
45 
60 
90 
51 


105 

21  à  120 

48  à  78 

58 

15 

150 

108 


18 
102  à  186 


150  à  160 
81  à  90 

75 
120  à  166 

72 
60  à  90 


2i5 

240 

174 

174-192-210 

135 


tonne» 

1  128 

1  354 

2  579 


1  500 

1  753 

2  10 
14  523 

2  052 
1 

1  665 


1420 
64 
158 
180 

35 
150 
600 

3i 


503 
6  226 
1  673 
120 
14:'. 
45  i 
969 


200 
4  072 


5-:  8 

342 

115 

1  710 

5.n 

1  156 


4  015 
84i? 
124 

1  359 
480 


TENEUR 

■oyeaae 
ptr  tiiae 


gram. 

53,682 
39, 783 
47,118 


11,030 
6,311 

10,523 
9,121 

15,429 
122,409 

20, 659 


10,140 
58,272 

147^  339 
45, 903 
67, 045 
73,  258 
7, 399 
2i,481 
5,175 

105,962 


10,651 
7,527 
7,079 

36.216 
4, 654 

60,442 
118,011 


9,948 
38,193 


7,015 
4,339 
153,907 
22,317 
2i,  685 
60, 225 


45, 175 
10,523 
3'.>,847 
11,734 
15,301 


PUISSAHCB 

du  filon 


mètres. 


0,60 

80  à  3,90 

6,00 
0.60  a  18,0 
0,60à2,10 
0,15à0,25 

0,15àl,80 


3,00 
1,20 


0,30 
2.40 
0,60 
1,20 
0,30 


irrégulier 
0,1 5  a  6,00 
0,12à6,00 

1.65 

0,90 

1,20 

1,00 


4,20 
3,60 


0,30àl,80 
0,15  à  1,20 

0,30 

1,80 

0,50 

0,'JO 


0,45àl,20 
0,60  à  3.00 

0.45 
0,30  à  0,90 

0,15 


«•5 


N. 

N.  8oO. 
N.  15«0. 
N.    %">& 


N.  11«E 


N. 

N.  lO'O 


N.  22«0 
N.  33«  0, 
N.  52'>  0. 
N.  33»  0, 
N.  27«  0. 


N.  140  0. 

N.    S^E. 
N.  20»  0. 

n 

N.  12»  0. 
N.  15»  0. 


X.  19»  0. 


N.  10»  0. 
N.  10»  E. 

N. 
N.  18»  0. 
X.  16»  0. 
S. 18»  0. 


a  5 


63»  0. 
70»  0. 
66»  E. 
30»  B. 

Tariablc 

Tariable 


0. 
80»  0. 


30»  S.-O, 

0. 

70»  S.-O. 
vertical 

E. 


36»  E. 
50»  0. 
60»  0. 

» 
80»  0. 
78»  E. 


80»  0. 


65»  0. 
35»  0. 

Tariable 
E. 
£. 


75»  N. 


FLONOt- 

MBNT 

d9 

la  zone 

ou 
colonne 
BétalUrèn 


N. 

S. 
N. 

N. 
N. 
E. 

variable 


S. 
vertical 


30»  S.-O. 
33»  S.-O. 
70»  s.-a 


83»  N. 
30»  S. 


75»  S. 
45»  S. 


30»  N. 


E.  et  0. 

S. 

S. 

N.  et  S. 


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916  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

En  résumé,  on  voit  que  1*od  arrive  à  exploiter  iadustriellement 
des  Qlons  de  quartz  aurifère,  dont  la  tcaeur  moyenae  descend 
à  6  grammes  d*or  par  tonne  :  ce  qui  est  inférieur  aux  chiffres 
limites  de  la  plupart  des  autres  pays,  à  l'exception  des  allu- 
vions  (30  à  60  grammes  au  Callao,  16  à  23  grammes  en  Tran- 
sylvanie, etc.). 

Lorsqu'on  reporte  tous  ces  filons  sur  une  carte,  on  voit  appa- 
raître un  certain  nombre  de  groupes,  dont  les  deux  principaux, 
dirigés  N.-S.,  sont  compris  dans  le  silurien  inférieur. 

Dans  le  district  d'Ararat,  le  Camphells  reef  a  donné,  de  1857 
i  1879,  106000  tonnes  de  quartz  tenant  76  000  onces  d'or. 

Le  district,  où  la  teneur  moyenne  en  or  est  la  plus  élevée,  est 
le  Gippsland,  où  elle  atteignait  1  once,  2  (36  grammes)  dans  les 
30  000  tonnes  broyées  en  1879;  mais,  dans  le  district  de  Ballarat, 
où  elle  n'était  que  de  9  grammes,  on  avait  traité,  dans  le  même 
temps,  350  000  tonnes  et,  dans  celui  de  Sandhurst,  où  elle  était  de 
14  grammes,  232  000  tonnes. 

Dans  le  Gippsland,  M.  Howitt  a  remarqué  que  certaines  allu- 
vions  aurifères,  en  particulier  dans  la  rivière  Mitchell,  provenaient, 
non  pas  de  terrains  siluriens,  mais  de  terrains  dévoniens  ;  ce  fait, 
qu'il  a  expliqué  d'une  façon  toute  simple,  à  notre  avis,  par  l'exis- 
tence, dans  cette  région,  de  filons  encaissés,  non  plus  dans  le 
silurien,  mais  dans  le  dévonien,  était  contraire  aux  théories  pré- 
conçues de  ceux  qui  voulaient  faire  dériver  Tor  d'Australie, 
exclusivement  du  silurien  ;  aussi  Lock*  l'a-t-il  soumis  à  une 
longue  discussion,  de  laquelle  il  résulte  que  l'or  des  filons  du  silu- 
rien aurait  pu,  par  un  premier  remaniement,  être  introduit  dans 
les  grés  et  conglomérats  dévoniens.  L'existence  de  l'or  dans  cer- 
tains conglomérats  dévoniens  étant  d'ailleurs  réelle,  l'une  ou 
l'autre  hypothèse  sont,  à  priori,  également  plausibles. 

La  composition  minéralogique  est  assez  constante  :  quartz, 
pyrite  de  fer  et  mispickel,  blende,  pyrite  de  cuivre,  cuivre  gris 
et  calcile. 

Dans  la  Nouvelle  Galles  du  Sud,  les  filons  aurifères  ne  sont 
exploités  que  depuis  peu.  Jusqu'en  1871,  on  ne  s'occupait  que  des 

'  Loc.  cit.,  page  811. 


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FILONS   AURIFÈRES  d'aUSTRALIE  9i7 

alluvions  qui  occupaient  16  000  mineurs.  Depuis  cette  époque,  on 
a  découvert  quelques  filons  très  riches,  tels  que  ceux  d'Emn 
Creek,  qui,  de  1866  à  1871,  ont  produit  182000  onces  d'or;  ceux 
d'Hawkins'hill,  qui,  en  six  mois,  ont  donné  4  millions  d'or. 

On  peut  citer  également  les  mines  Mitchell's  Creek  et  Kaidcr^ 
district  de  Mudgee,  parmi  les  plus  importantes. 

Dans  le  Queensland,  nous  mentionnerons  les  champs  aurifères 
de  Charters  lowers^  de  Gympie^  de  MarengOy  de  Normanby^  de 
Palmer, 

Le  champ  de  Charters  towers  se  trouve  à  l'Ouest  d'un  massif  ^e 
granité  et  de  syénite,  bordé  par  des  schistes  et  des  grès  siluriens 
peu  métamorphiques.  Les  filons  aurifères,  assez  nombreux,  y 
forment,  dans  l'ensemble,  un  faisceau  courbe  au  milieu  des 
schistes  siluriens,  dans  lesquels  ils  sont  souvent  à  peu  près  inters- 
tratiOés.  L'un  d'eux,  le  Comstock  reef,  longe,  dans  ces  schistes, 
un  dyke  de  porphyre.  Le  remplissage  comprend  :  quartz,  pyrites 
de  fer  et  de  cuivre,  blende,  galène. 

Dans  le  district  de  Gympie^  les  porphyres  occupent  une  grande 
étendue  au  milieu  des  terrains  siluriens  et  dévoniens  ;  les  filons 
aurifères  sont  souvent  à  peu  près  Nord-Sud,  tandis  que  la  schisto- 
sité  est  Nord-Ouest;  mais  il  semble  y  avoir,  à  travers  eux  tous, 
une  zone  générale  d'enrichissement  Nord-Ouest.  Les  filons,  très 
bréchiformes,  contiennent  généralement  l'or  associé  avec  des 
pyrites,  du  quartz  et  de  la  calcite. 

Dans  le  district  de  MarengOy  des  filons  de  quartz  aurifère 
entourent  le  granité,  et  quelques-uns  y  pénètrent. 

Le  district  de  Nonnanby  est  presque  uniqueme^nt  formé  de 
terrains  anciens  ayant  subi,  avant  le  carbonifère,  un  profond 
métamorphisme  et  recoupés  par  des  roches  à  tourmaline.  L'or  y 
existe  à  l'état  d'inclusions  dans  des  pyrites  et  est  très  rarement 
visible  à  l'œil  nu. 

Dans  V Australie  du  Sudy  les  gisements  aurifères  sont  de  moindre 
importance  que  dans  les  autres  provinces.  On  cite  ceux 
d'Echunga,  de  Barossa,  etc. 


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918  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


Bibliographie. 

1853.  Delksse.  —  L'or  en  Amlralie,  (B.  S.  (?.,  2«,  l.  X,  p.  315.) 

1853.  Delesse.  —  Gisem.  et  exploit,  de  Tor  en  Australie,  (Ann.  d.  Jf.,  5^, 
t.  m,  p.  185.) 

1857.  Clarke.  — Sur  les  gisements  aurifères  de  la  Nouvelle-Galles  (Australie]. 
(Ann,  d,  i/.,  5^  t.  XVI,  p.  577.) 

1859.  Clarke.  —  Filons  de  quartz  aurifères  aux  environs  de  Sydney  (Aus- 
tralie). (B.  S.  G.,  2«,  l.  XVII,  p.  16.) 

1864.  Ulrich.  —  Goldand  silver  bearing  reefs  of  Saint-Arnauld  (Melbourne). 

1866.  Mines  d'or  de  la  colonie  de  Victona,  (Bull,  Ann,  d.  if.,  6«,  t.  XIII, 
p.  502.) 

Brough-Smyth.  —  Gold  fields  of  Victoria. 

1870.  Brough-Smyth.  —  Contributions  lo  the  niineralogy  of  Victona. 

1872.  Brough-Smyth.  —  Minerai  ressources  North  of  posl  Augusta. 

1875.  Heurteau.  — Affinage  de  l'or  argentifère  h  Sydney,  (Ann,  d.  M.,  t.  VII, 
p.  208.) 

1877.  WoLF.  —  (Zeit,  d.  d,  geol.  Gesells.,  t.  XXIX,  p.  82.)  (Cf.  Groddeck, 
p.  279.) 

1878.  R.  Daintrec.  —  Note  on  certain  modes  of  occurence  of  gold  in 
Australia.  (The  quaterly  Journal  of  the  geological  Society,  t.  XXXIV,  n«  3,  1878, 
p.  431.) 

1879.  HowiTT.  Mf.  —  On  the  geology  of  North  Gippsland  Vitloria.  (Qt.  Jl, 
geol.  Soc.  Lond.,  t.  XXXV.) 

WiLKiNsoN.  —  On  the  theory  of  the  format,  of  gold  nuggels  in  Drift. 
(Trans.  ani  proc.  R.  Soc,  Victoria^  t.  VIII,  p.  115.) 

•  1881.  FucHs.  —  L  or  en  Australie.  (Bull.  Ann.  d.  M,) 

1882.  Loge.  —  Gold.,  p.  807. 

1888.  Davies,  p.  63. 

1888.  Albxander.  —  The  relation  agcsof  the  older  gold  bearing  leads  of  Bal- 
larat  Creswick,  C®.  (Transactions  of  the  geological  Society  of  Australasia.  Mel- 
bourne, 1888.) 

Voir,  en  outre,  Yearly  colonial  mining  report  et  annual  report  of  the 
department  of  mines  Victoria,  New  Soulh-Wales,  etc. 


OR  A  LA  NOUVELLE-ZÉLANDE 

Des  conditions  de  gisements,  analogues  à  celles  de  l'Australie, 
se  retrouvent  dans  la  Nouvelle-Zélande.  Les  gîtes  aurifères  y  sont 
encaissés,  tantôt  dans  des  schistes,  tantôt  dans  des  grès.  Dans  les 
schistes,  ce  sont  des  filons  couches  de  1™,50  de  puissance  maxima, 
composés  de  quartz  blanc  avec  pyrite  de  fer  parfois  cuprifère  et 
or  natif;  dans  les  grès,  ce  sont  des  filons,  de  1™,25  de  puissance 
moyenne,  avec  remplissage  de  quartz  très  fissuré  et  de  sulfures 


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FILONS   DE   QUARTZ   AURIFÈRK  DE  CALIFORNIE  919 

nombreux,  particulièrement  de  marcassite  antimoniale  et  arseni- 
cale, de  pyrite  de  fer  et  de  chalcopyrite,  puis  de  cuivre  gris  et  de 
blende.  L'or  natif  se  trouve  généralement  en  lamelles  cristallines; 
il  contient  plus  d'argent  que  celui  des  filons  couches  des  schistes. 

Les  principaux  filons  de  quartz,  dans  le  Nord  de  Tlle,  sont  ceux 
des  districts  de  Coromandel  et  de  Thames  (Âucklana).  On  a  cons- 
taté leur  persistance  à  200  mètres  au-dessous  du  niveau  de  la 
mer;  mais  on  en  a  surtout  exploité  la  partie  superficielle  et  altérée. 

En  1881,  à  Thames,  32  404  tonnes  de  quartz  broyé  ont  donné 
33 134  onces  d'or. 

On  exploite,  en  outre,  à  la  Nouvelle-Zélande,  de  Tor  d'alluvions 
dans  les  districts  d'Otogo,  Westland  et  Nelson. 

En  1880,  la  Nouvelle-Zélande  produisait  30  600  000  francs  d'or 
(305  246  onces). 

Bibliographie. 

i875.  Ulrich.  —  Rapport  sur  les  mines  d'Olago. 
1879.  Groddeck,  p.  280. 

1881.  James  M.  Kenow.  —  Report  on  the  gold  Ûelds  of  iNcw-Zeland. 

1882.  LocK,  p.  517. 

1883.  G.  Ulrich.  —  Uber  die  GoldYorkommnisse  in  Ifeu  Seeland,  (iV.  /.  Min., 
1. 11,  p.  136.  Stuttgard,  1883.) 


QUARTZ  AURIFÈRES  DE  CALIFORNIE* 

Les  gisements  aurifères  de  Californie,  qui  contribuent,  pour  une 
si  forte  part,  depuis  1848,  à  la  production  de  l'or  dans  le  monde, 
se  composent  de  filons  de  quartz  aurifères  et  d'alluvions  plus  ou 
moins  anciennes  au  voisinage.  Nous  parlerons  ailleurs  des  allu- 
vions'  ;  nous  nous  bornerons,  en  ce  moment,  à  l'étude  des  filons, 
dont  l'un,  le  Mother  Lode,  de  UO  kilomètres  de  long,  est  le  plus 
grand  que  Ton  connaisse  dans  le  monde. 

En  quelques  mots,  on  peut  dire  que  ces  filons  suivent  la  zone 
de  contact  de  terrains  métamorphiques,  allant  du  carbonifère  au 

1  Coll.  Ecole  des  Mines,,  1600.  Voir  la  carte  de  Calirornie,  flgure  348,  page  712. 
«  Page  961. 


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920  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

jurassique,  et  d*un  granité  récent,  parallèlement  au  plissement  de 
la  Sierra  Nevada  ;  que  Tor,  toujours  un  peu  argentifère,  y  est, 
d'une  façon  constante,  associé  avec  la  pyrite  transformée  en  oxyde 
de  fer,  ou  même  complètement  dissoute  au  voisinage  des  affleu- 
rements et  que  la  richesse  a  été  partout  en  diminuant  avec  la  pro- 
fondeur. L'âge  de  ces  filons  a  été  considéré,  par  Whitney,  comme 
le  même  que  celui  du  granité  '  ;  M.  Laur,  d'après  l'étude  du 
ciment  siliceux  aurifère  des  alluvions,  Tavait  supposé  beaucoup 
plus  récent  et  môme  quaternaire*. 

La  région  aurifère  est  située,  à  peu  près,  à  la  hauteur  de  San 
Francisco,  entre  le  37'  et  le  40*  degré  de  latitude,  sur  le  flanc 
Ouest  de  la  Sierra  Nevada,  dont  le  flanc  Est  présente,  comme 
nous  Tavons  dit,  les  riches  filons  d  argent  et  d*or  du  Comstock. 
Vers  rOuest,  on  trouverait,  dans  les  Coast  Range,  la  zone  des 
bandes  de  mercure.  Le  pays  de  Tor  s'étend,  du  Sud  au  Nord,  sur 
les  comtés  de  Mariposa,  Tuolumne,  Calaveras,  Eldorado,  Placer, 
Nevada,  Yuba,  Plumas  et  Butte.  Un  certain  nombre  de  rivières 
aux  alluvions  aurifères  la  traversent  de  TEst  à  TOuest  :  Merced, 
Tuolumne,  Slanislaus,  Calaveras,  Mokelumne,  Gosumnes,  Ameri- 
can River,  Bear  River  et  Yuba.  Toutes  ces  rivières  vont  se  jeter 
dans  le  Sacramento,  qui  coule,  au  contraire,  du  Nord  au  Sud, 
entre  la  Sierra  Nevada  et  les  Coast  Range.  Les  villes  principales, 
créées  par  Tindustrie  de  Tor,  le  plus  souvent  sur  Tun  de  ces  cours 
d'eau,  qui  constituent  de  grandes  voies  navigables,  sont  Mariposa, 
Sonora,  [Mokelumnehill,  Jackson,  Placerville,  Coloma,  Âuburn, 
Nevada,  Downieville  et  Quincy  ;  Sacramento  est  un  peu  plus  à 
rOuesl. 

Au  point  de  vue  géologique,  la  Sierra  Nevada,  sur  son  versant 
Ouest  qui  s'élève  en  pente  douce  jusqu'à  3  800  mètres,  est  formée 
de  deux  bandes  parallèles  :  Tune,  à  l'Est,  de  granités  récents,  diori- 
tes,  syénites,  etc.  ;  l'autre,  plus  bas,  à  TEst,  de  schistes  et  calcaires 
métamorphiques,  quartzites,  grauwackes,  etc.  Les  roches  éruptives 
tertiaires  ne  sont  représentées,   de  ce  côté,   que  par  quelques 

1  D'après  M.  Laur  {Ann.  d*or,  1863),  le  quartz  aurifère  serait  souvent  directement  un 
gisement  de  contact  dérivant  de  la  diorite  (p.  450).  M.  Whitney  est  opposé  à  cette 
théorie. 

*  M.  Laur  a  fait  remarquer  (p.  423),  que  les  sources  chaudes  deSteamboat  springs 
déposent,  encore  aujourd'hui,  de  Tor  et  de  la  silice. 


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FILONS   DE  QUARTZ   AURIFÈRE   DE  CALIFORNIE  921 

basaltes.  Sur-  le  versant  Est,  au  contraire  (indépendamment  de 
terrains  métamorphiques  analogues),  les  hauts  plateaux  (grandes 
plaines),  qui  s'étendent  à  travers  le  Nevada,  TUtah  et  le  Colorado, 
témoignent  d'une  activité  éruptive  très  récente  à  Tépoque  tertiaire  ; 
on  y  trouve  de  nombreux  pointements  de  trachytes,  andésites, 
phonolithes,  etc.,  avec  des  sources  thermominérales. 

Dans  le  versant  Ouest,  qui  nous  intéresse  spécialement,  les  gra- 
nités paraissent,  d'après  J.-D.  Whitney,  être  apparus  pendant  la 
période  jurassique  et  jusqu'à  Tépoque  de  la  craie  supérieure.  Le 
quartz  y  est  généralement  fort  peu  abondant;  le  feldspath  est  sur- 
tout de  Foligoclase  ;  la  magnétite  est  fréquente  ;  les  syénites  s'en 
distinguent  par  la  présence  de  la  hornblende.  Ces  granités  forment 
des  bandes  allongées,  fréquemment  ramifiées.  Les  terrains  méta- 
morphiques ont  été  étudiés  par  Whitney,  qui  y  a  reconnu  du 
calcaire  carbonifère  à  productus  semi-reticulatus,  spirifer  linea- 
tus,  etc.  ;  puis,  à  TEst  de  la  chaîne,  des  couches  triasiques  du 
niveau  d'Hallstadt  et  de  Saint-Cassian  avec  orthocères,  céra- 
tites,  etc.;  enQn,  du  jurassique  contenant  des  nappes  éruptives, 
supposées  contemporaines,  de  diorite  et  de  porphyre.  Du  crétacé 
et  du  tertiaire  sont,  au  pied  Ouest  de  la  chaîne,  en  stratification 
discordante  sur  ces  terrains. 

Les  filons  de  quartz  aurifère  forment  deux  faisceaux  principaux  : 
l'un  dirigé  N.  36*  0.  et  large  de  12  à  15  kilomètres,  allant  de 
Mariposa  à  Sonora,  Jackson  et  Marysville  (c'est  celui  du  Mother 
Lode);  l'autre,  N.  T  0.,  allant  de  Placerville  à  Grassvalley,  Nevada 
et  Quincy.  Ils  résultent  de  fractures  bien  nettes,  évidemment 
connexes  d'un  plissement  ancien  de  la  Sierra  Nevada,  offrent  des 
salbandes  ai^ileuses,  miroirs  de  glissement,  etc.,  et  passent  à  tra- 
vers les  roches  les  plus  diverses,  sans  changer  de  composition  :  ce 
qui  est  bien  évidemment  contraire  à  la  théorie  de  la  sécrétion 
latérale,  chère  à  l'école  allemande. 

Leur  épaisseur  est  très  variable,  souvent  de  moins  de  1  mètre, 
exceptionnellement  arrivant  jusqu'à  40  mètres.  Le  remplissage  est 
formé  principalement  d'un  quartz  qui,  suivant  une  remarque  déjà 
faite,  offre  les  plus  grandes  analogies  avec  le  quartz  des  filons 
d*étain.  En  profondeur,  ce  quartz  apparaît  toujours  chargé  de 
pyrite  ;  au  voisinage  de  la  surface,  cette  pyrite  a  été  dissoute  et  le 


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922  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

quartz  est,  par  suite  de  sa  disparition,  criblé  de  petites  cavités  qui 
lui  donnent  un  aspect  carié  très  caractéristique.  Un  quartz  hyalin, 
ainsi  caverneux  ou  rubané  et  contenant  des  géodes  ou  fissures 
ocreuses*,  est  considéré  par  les  mineurs  comme  un  bon  indice. 
Au  contraire,  un  quartz  compact,  à  cassure  vitreuse  ou  conchoïde 
sans  trace  de  pyrite,  est,  presque  toujours,  stérile.  En  même  temps 
que  la  pyrite,  on  trouve  accidentellement  d*autres  sulfures,  tels 
que  la  galène,  la  blende,  la  pyrite  magnétique,  le  mispickel,  la 
chalcopyrite,  le  cinabre  et,  parfois,  des  minerais  de  tellure  (petzite, 
hessite,  mélonite,  calavérite,  etc.).  L'or  existe  dans  les  parties 
hautes  à  Tétat  natif  (free  milling  ore),  rarement  en  grains  ou  cris- 
taux visibles,  le  plus  souvent  en  inclusions  extrêmement  fines. 
Plus  bas,  on  trouve  de  Tor  engagé  dans  des  combinaisons  sulfurées 
et  non  amalgamables.  La  richesse  diminue  rapidement  avec  la 
profondeur,  comme  dans  tous  les  filons  d'or,  et  ce  fait,  joint  à  la 
suppression  de  la  méthode  hydraulique  pour  le  traitement  des 
alluvions,  fait  que  la  production  d'or  en  Californie  décroît,  chaque 
année,  dans  une  forte  mesure.  La  distribution  très  irrégulière  du 
métal  précieux  et  la  grande  valeur  de  ses  moindres  parcelles 
rendent,  d'ailleurs,  les  essais  au  laboratoire  généralement  illu- 
soires. La  proportion  d'argent  est  très  variable  dans  le  minerai  : 
elle  augmente,  paraît-il,  avec  la  profondeur*. 

Si  nous  étudions  maintenant  ces  deux  faisceaux  de  filons  un 
peu  plus  en  détail,  nous  voyons  que  l'axe  du  premier  est  formé 
par  un  grand  filon  nommé  Mother  Lode,  qui  a  rarement  moins  de 
2  mètres  de  puissance,  souvent  plus  de  20  et  traverse  tout  le  pays, 
sur  110  kilomètres  de  long,  comme  une  véritable  muraille  en 
\  saillie.  Ce  filon  peut  se  voir  à  Mount-Ophir,  à  Bear- Valley,  à 

Bigoak-Flat,  près  de  Jamestown,  de  Columbia,  de  Mokelumne 
Hill,  de  Jackson,  etc.  A  Benton-mile,  il  est  rejeté,  de  plus  de 
150  mètres,  par  une  faille  ;  puis  entre  Jackson  et  Placerville,  de 
plusieurs  kilomètres  à  l'Est. 

*  Quelques-unes  de  ces  veinules  ocreuses  ont  été  très  riches.  M.  Laur  (p.  406)  en 
cile  une  qui,  sur  8  à  10  centimètres  de  large,  a  rendu  10  280  francs  d'or  ar^jenlifère 
aux  1  000  kilogrammes  de  minerais. 

*  M.  Laur  cite  (p.  430)  l'exemple  de  Goldhill,  où  Ton  avait  :  aux  affleurements, 
651  francs  d»or  pour  300  d'argent  ;  à  20  mètres,  462  francs  d*or  poui*  450  d'argent  ;  à 
50  mètres,  33  francs  d'or  pour  931  d'argent. 


\ 


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FILONS   DE   QUARTZ   AURIFERE   DE   CALIFORNIE 


923 


Dans  le  faisceau  de  TEst,  on  ne  retrouve  pas  l'analogue  de  ce 
grand  dyke,  maïs  une  série  de  veines  quartzeuses  assez  minces  et 
très  ramifiées  dans  les  schistes.  On  a  souvent  admis  que  la 
richesse  en  or  augmentait  à  mesure  que  Tépaisseur  diminuait. 
Cette  richesse  en  or  est  généralement  bien  inférieure  à  ce  que 
Ton  suppose  en  général  et  décroît,  lorsqu'on  s'enfonce,  comme 
rindiquent  les  chiffres  suivants  : 


1851 

1853 

1855 

1857 

1858 

1859 

1860 

Grasa  Valley  .... 
Eldorado 

636  Tr.  d'or  par  t. 

» 

:2S4 

« 

148,40 

127,20 
1» 

126,88 

104,51 

05,40 

97,78 

En  1862,  on  évaluait  à  200  le  nombre  des  mines  à  quartz  en 
activité  dans  toute  la  Californie;  leur  production  était  de  700  000 
tonnes  de  minerais,  donnant  60  millions  de  francs  d'or. 

En  1885,  d'après  M.  Hamilton  Smith,  les  deux  mines  de  Sierra 
Buttes  et  Plumas  Eurêka,  situées  à  56  kilomètres  du  chemin  de 
fer  Central  Pacific,  sur  un  filon  de  2™,40  d'épaisseur,  donnaient 
les  résultats  suivants  : 


Sierra  Buttes  . 


Plumas  Eurcka . 


TONNES 
traitées 


49  412 


50  839 


PRIX    DE    REVIENT 


Rxtraction  .  .  . 
Traitement .  .  . 
Frais  géoéraux. 


Extraction  .  .  . 
Trailement .  .  . 
Frais  généraux . 


21.11 
2,91 
6,29 

30,31 

22,67 
3,17 
3,12 

20,96 


RENDEMENT 
en  francs 


36  29 


39  52 


SALAIRE 

moyen 
des  mineurs 


13  francs 


Si  nous  passons  maintenant  en  revue  les  divers  comtés  du  Sud 
au  Nord,  voici  les  principales  mines  que  nous  y  rencontrons  : 

Dans  le  comté  de  Mariposa,  le  Motherlode,  dirigé  N.  E.,  a  de 
O"*,30  à  2  mètres  de  large;  le  minerai  a  une  valeur  moyenne  de 
40  à  200  francs  la  tonne.  En  1870,  il  y  avait  30  mills  broyant 


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924  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

35  000  tonnes; en  1875,  la  production  s'était  déjàfortement  réduite. 

Dans  le  comté  de  Tuolumne,  on  a  surtout  exploité  des  mines 
d'alluvions  souterraines  (deap  lead)  sous  Table  Mountain  ;  mais 
il  existe,  en  outre,  des  filons  à  Golden  Gâte  et  Confidence. 

Le  comté  de  Calaveras  est  traversé  par  le  Mother  Lode,  qu'on  a 
surtout  exploité  à  Carson  Bill  ;  mais  cette  mine  a  dû  être  aban- 
donnée lorsqu'on  a  atteint  une  certaine  profondeur,  Tor  s'y  étant 
trouvé  engagé  dans  des  combinaisons  tellurées  et  arsenicales  dif- 
ficiles à  traiter  mélallurgiquement.  En  1875,  40  mills  broyaient 
30  000  tonnes. 

Dans  le  comté  d'Eldorado^  la  zone  de  filons  aurifères  atteint 
40  kilomètres  de  large  et  est  formée  d'un  certain  nombre  de  filons 
très  disloqués.  Les  principales  mines  sont  : 

Woodside  :  filon  de  1  mètre  de  large,  teneur  moyenne  180  francs  ; 
production,  en  1875,  180  000  francs  d'or. 

Taylor  :  filon  de  quartz  aurifère,  dans  les  schistes,  à  teneur  de 
180  à  400  francs  ;  proportion  de  minerais  sulfurés  (sulphurets) 
1  p.  100  ;  production  en  1875,  250  000  francs  ;  frais  du  traitement, 
il  francs. 

Mount  pleasant  :  filon  de  quartz  aurifère  dans  le  granité;  teneur 
moyenne,  238  francs;  proportion  de  sulphurets,  1,5  p.  100;  pro- 
duction en  1875, 160000  francs  ;  frais  de  traitement,  13  francs. 

Le  comté  de  Placer  a  été  surtout  célèbre  par  ses  installations 
hydrauliques.  Les  principales  mines  de  filons  sont  groupées,  autour 
d'Auburn,  dans  les  collines  bordant  la  vallée  du  Sacramento.  Ce 
sont  :  San  Patrick  (quartz  à  200  francs  la  tonne  sur  une  épaisseur 
de  1"*,60)  ;  Crater  (quartz  aurifère  dans  la  syénite,  sur  1"*,50  de 
large,  avec  une  valeur  moyenne  de  220  francs  et  une  proportion 
de  3  p.  100  de  sulphurets)  ;  Spanish  ;  Gold  Blossom  (38  francs  la 
tonne)  ;  Mina  Rica  (78  francs)  ;  San  Lawrence  ;  Buckeye  (filon  de 
1°',30  dans  les  schistes  métamorphiques  tenant  170  francs  à 
la  tonne);  Cooper;  Scott;  Holder;  Shadyside  ;  Auburn  ;  Solsie; 
Consolidated;  Orléans;  Crandall  ;  Julian  ;  etc. 

Le  comté  de  Nevada  comprend  des  exploitations  considérables, 
aussi  bien  sur  les  filons  que  sur  les  placers.  En  1870,  on  broyait 
125  000  tonnes  ;  en  1875,  80  000.  La  principale  mine  du  district 
est  Gross  Valley,  dont  nous  avons  donné  plus  haut  les  rendements. 


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FILONS  AURIFÈRES   DU   MEXIQUE  92o 

L'exploitation  y  porte  sur  diverses  veines  de  quartz  assez  étroites 
(souvent  à  peine  0™,40  dans  les  plus  productives)  ;  la  proportion 
de  sulphurets  est  de  2  p.  100  du  quartz  aurifère  ;  après  concen- 
tration, on  en  extrait  Tor  par  chloruration. 

Comme  autres  mines,  on  peut  citer  Idaho,  New-York  Hill,  Eu- 
rêka, Empire,  Pitlsburg,  Antilope,  Gold  tunnel,  etc. 

Dans  le  comté  de  Yuba^  il  y  a  plusieurs  exploitations  de  placers 
(Suckerflat,  Smartsville,  ïimbucloo,  etc.),  mais  peu  de  filons. 

Il  en  est  de  même  de  celui  de  Plumas. 

Quant  au  comté  de  Butle,  on  peut  y  citer  lamine  de  Cherokee 
flat,  les  filons  Forbestown  Consolidated  (2  mètres  de  large)  et  le 
filon  Mammoth. 

Bibliographie. 

1854.  John  Trask.  —  Expl.  de  For  en  Californie.  {Ann.  d.  M.,  5®  série,  t.  IX, 
p.  64«.) 

*  1863.  Laur.  —  Gisement  et  exploitation  de  Tor  en  Californie  (Ann,  d.  Jf., 
6%  t.  m,  p.  347.) 

1867.  Mines  d'or,  argent  et  étain  des  environs  de  .los  Angeles  {Californie). 
(Bull.  Ann.  d.  W.,  t.  XVI,  p.  599.) 
1870.  Raymond.  —  Mining  slatistics  west  of  the  Rocky  moutains. 

*  1876.  Sauvage.  —  Méthode  hydraulique  en  Californie.  (Ann.  d.  M.,  7^, 
t.IX,p.  1.) 

1877.  Whit.ney.  — Metallic  wealth  of  the  United  slates. 
1879.  Goodyear.    —   Sables  aurifères   de   Californie.  (Eng.  a,  Mining,  ;., 
t.  XXVIII,  p.  280,  299.) 

*  1882.  LocK.  —  Gold.,  p.  129  et  suivantes. 

1884.  Hills.  —  Ore  deposits  of  Summit  District,  Rio  Grande  County,  Colo- 
rado. {Proceedings  of  Scieniific  Society  Colorado,  vol.  I,  p.  20.) 

1883.  Kd.  Fuces.  —  Note  sur  les  graviers  aurifères  de  la  Sierra  Nevada 
de  Californie.  (B.  S.  G.,  3«  série,  t.  Xlll,  p.  486.  Paris,  1884-85.) 

1885.  DE  LA  BouGLisE.  —  Note  sur  les  mines  d'or  de  Golden  rivet  (Califor- 
nie). (ln-40,  46  pages.  Paris.) 

1879.  Groddeck,  p.  281. 
1888.  Davies,  p.  45. 


FILONS  AURIFÈRES  DU  MEXIQUE* 

Le  Mexique  passe  pour  avoir  fourni,  de  1521  à  1848,  800  millions 
d'or;  de  1861  à  1876,  76  millions  ;  de  1876  à  1893,  82  millions  ; 

<  Coll.  Ecole  des  Mines ^  n«  2000. 


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926  GÉOLOGIE     APPLIQUÉE 

en  tout,  958  millions.  On  y  remarque,  dans  les  districts  de  Tata- 
tila  et  de  Zomelahuacan,  des  filons  de  quartz  aurifère  encaissés 
dans  un  calcaire,  parfois  dans  un  grûnstein  et  un  porphyre,  qui 
viennent  s'arrêter  brusquement  devant  un  massif  trachy tique.  Ils 
ont,  en  moyenne,  de  1  à  2  mètres  de  puissance,  une  forte  incli- 
naison et  une  direction  N.-S. 

Le  remplissage  présente,  d'après  Richter  et  Hûbner,  quatre 
types  distincts  : 

1®  Filons  de  quartz  aurifère  colorés  par  de  Toxyde  de  fer  ; 

2**  Filons  ai^entifères  (argent  natif,  argyrose  et  cuivre  gris  ar- 
gentifère) à  gangue  de  calcite,  rarement  de  quartz  ; 

3^  Filons  de  galène  argentifère  avec  gangue  de  quartz  et  de 
calcite  ; 

4**  Filons  de  chalcopyrite  et  phillipsite  aurifères. 

Parfois,  comme  à  la  Goncepcion,  les  minerais  de  plomb,  d'ar- 
gent et  de  cuivre  se  trouvent  réunis  dans  un  même  filon  avec  le 
quartz  aurifère. 

Beaucoup  de  ces  mines  d'or  du  Mexique  sont  à  rapprocher  de 
celles  du  Comstock  et  du  Nevada  par  l'association  de  l'or  et  de 
l'argent. 

Parmi  les  principales,  on  cite  :  San  Juan  de  Rayas,  sur  la  Veta 
Madré,  où  des  masses  de  quartz  aurifère  arrivaient,  dans  certaines 
bonanzas,  à  contenir  près  de  8  kilogrammes  d'or  à  la  tonne;  puis 
Guarisamey  et  San  Dimas  dans  TEtat  de  Durango.  L'or  de  Guari- 
samey  est  célèbre  pour  sa  pureté  toute  spéciale. 

Bibliographie, 

1879.  Richter  et  Hûbner.  —  (Z.  f.  d.  B.  H.  u.  S.  im  preuss.  St.,  t.  XXI, 
p.  26.) 
1879.  GaoDDECK,  p.  26  k 
*  1882.  LocK,  p.  101. 


FILONS  DE  QUARTZ  PYRITEUX  AURIFÈRE  DU  CHILI 

Lesgites  aurifères  du  Chili  peuvent  se  diviser  en  deux  classes  :  les 
filons  et  les  alluvions.  Ils  ont  fourni,  de  1854  à  1875,  900  millions 
d'or  ;  de  1875  à  1893,  environ  65  millions  (19  000  kilogrammes). 


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FILONS   DE   QUARTZ   PYRITEUX   AURIFERE   DU   CHILI        927 

1*»  Filons.  —  Les  filons  ont,  généralement,  une  direction  N.-S., 
parallèle  à  la  Cordillère.  Dans  la  province  de  Coquimbo  et,  plus 
particulièrement,  dans  les  départements  àUllapel  et  de  Combar- 
bala^  ils  sont  très  abondants.  C'est  un  des  pays  les  plus  minéra- 
lisés qu'il  y  ail  au  monde  (comme  cuivre,  fer,  etc.).  Il  est  vrai 
de  dire  que  Fabsence  presque  complète  de  végétation  rend  visibles 
tous  les  affleurements. 

On  distingue  deux  sortes  de  filons  d'or,  suivant  que  la  fracture 
est  nette  et  prolongée,  ou  que  Ton  a  affaire  à  de  petites  veines 
irrégulières  et  superficielles. 

Dans  le  premier  cas,  le  remplissage  est  du  quartz,  de  la  pyrite 
de  fer  et  de  la  pyrite  de  cuivre.  Des  minerais  d'une  teneur  supé- 
rieure à  40  grammes  par  tonne  sont  assez  communs,  parait-il, 
aux  environs  dlUapel.  Dans  toutes  ces  mines,  les  travaux  ayant 
été  faits  sans  méthode  et  au  jour  le  jour,  on  ne  peut  avoir  aucun 
renseignement  sur  la  répartition  des  zones  riches. 

Dans  le  second  cas,  Tor  se  trouve  généralement  dans  des  vei- 
nules (guias),  dont  le  remplissage  est  constitué  par  du  minerai  de 
fer  plus  ou  moins  siliceux.  Il  s'y  présente  ordinairement  en  petits 
filaments,  qui  sont  visibles  à  Tœil  nu,  après  un  broyage  très  fin  et 
un  lavage  du  minerai.  Les  veines  d'or  suivent  quelquefois  le  filon  ; 
quelquefois  aussi,  elles  s'en  écartent  et  finissent  bientôt  par  se 
refermer.  Il  faut  compter  sur  un  appauvrissement  graduel  en  pro- 
fondeur. 

Le  grand  naturaliste  Darwin,  qui  a  visité  ces  mines  en  t846,  a 
signalé  l'association  de  l'or,  tantôt  avec  de  la  pyrite  de  fer  comme 
à  Nancagua  (Yaquîl),  tantôt  avec  de  la  pyrite  de  cuivre,  comme  à 
Durazno  (Yaquil).  Suivant  lui,  les  filons  sont  tantôt  encaissés  dans 
le  granité,  tantôt  dans  des  schistes  métamorphiques,  comme  à 
Los  Ilornos,  au  N.-E.  d'IUapel.  Dans  cette  dernière  mine,  les 
filons  sont  au  voisinage  de  dykes  trachy tiques. 

Ces  minerais  d'or  sont  traités,  d'une  manière  primitive,  dans  des 
moulins  d'amalgamation  composés  d'une  meule  verticale  roulant 
sur  une  meule  fixe  horizontale.  Les  propriétaires  des  moulins  les 
louent,  moyennant  une  certaine  redevance,  aux  mineurs  qui  veulent 
traiter  leur  minerai.  Quelquefois  aussi,  ils  achètent  le  minerai, 
après  un  essai  à  la  poruna.  La  poruna  se  compose  de  la  moitié 


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928  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

d^ane  corne  de  bœuf  fendae  par  le  milieu,  et  dans  laquelle  on  met 
une  certaine  quantité  de  minerai  finement  polTérisé.  On  ajoute 
de  Teau,  et  on  agite  de  manière  i  faire  évacuer  les  matières  les 
plus  légères.  Finalement,  et  par  un  coup  de  main  spécial,  il  reste 
une  poussière  enrichie,  où  For  se  distingue,  à  Tune  des  extrémités 
de  la  poruna,  en  petits  points  jaunes,  dont  Tabondance  plus  oo 
moins  grande  indique  à  Facheteur  la  valeur  du  minerai.  Inutfle 
de  faire  remarquer  qu'avec  ce  procédé  barbare,  le  mineur  est 
facilement  exploité  par  le  propriétaire  des  moulins  d'amalgama- 
tion. 

2*  Allavions.  —  Les  filons  précédents  ont  donné,  par  leur  des- 
truction, des  alluvions  aurifères  anciennes,  dont  nous  dirons,  de 
suite,  quelques  mots.  Généralement,  i  la  base  du  gisement  d*al- 
luvions,  tout  à  fait  au  contact  du  terrain  ancien,  il  se  trouve  une 
couche  plus  enrichie,  que  les  mineurs  exploitent  par  travaux  sou- 
terrains ou  en  carrière.  Us  lavent  ensuite  à  la  battée.  L'or  s'y  pré- 
sente en  pépites.  Si  ce  n'était  la  difficulté  d'avoir  économiquement 
de  Teau,  plusieurs  de  ces  gisements  pourraient  être  exploités  par 
la  méthode  hydraulique. 

Ces  alluvions  anciennes  se  désagrègent,  peu  à  peu,  sous  Tin- 
fluence  des  agents  atmosphériques,  et  viennent  enrichir  les  allu- 
vions modernes  des  petites  rivières. 

On  peut  citer  les  placers  de  Andacollo  (à  35  milles  de  Coquimbo), 
de  Los  Gristales  àCanquenes,  de  Talca,  de  Arauco,  etc..  Lock* 
donne  quelques  détails  sur  ceux  de  Niblinto,  à  SO  kilomètres  à 
TEst  de  Chillan,  où  Ton  peut  constater  la  présence  de  filons  auri- 
fères et  sur  ceux  de  Gatapilco,  au  Nord  de  Valparaiso. 

Bibliographie. 

1824.  ScHMiDT  Metbr.  —  Travels  into  Chile  over  the  Andes  (Loodon). 

1825.  Galdcleugu.  —  Travels  in  South  America  (London). 

1846.  Darwin.  —  Geological  observations  on  Soulh  America  (London). 
1838.  Gisements  aurifères  dans  la  province  de  Valdivia  {Ohili).  (Ann.  d.  Jf., 
5«,  t.  XIX,  p.  488.) 
1878.  Mining  journal,  t.  XLVIII,  p.  691. 
1882.  LocK,  p.  231.  ^ 

'  Appendice  A.  Lettre  dAlexaudre  Bertrand. 


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MINES  d'or  du  Pérou  929 


MINES    D'OR   DU  PÉROU 

Les  mines  d'or  du  Pérou,  déjà  très  importantes  avant  la  con- 
quête espagnole,  ont  continué,  au  début  de  notre  siècle,  à  être 
exploitées  avec  activité.  De  1813  à  1820,  on  en  a  extrait  140000  kilo- 
grammes ;  de  1820  (époque  de  l'indépendance)  à  1876  :  23  000  kilo- 
grammes :  soit,  300  kilogrammes  par  an.  Depuis  ce  moment,  la 
production  est  tombée  à  150  kilogrammes  :  ce  qui  fait,  de  1875 
à  1893,  environ  20  millions  de  francs. 

Les  gisements  aurifères  comprennent  des  filons  et  des  allu- 
vions. 

Dans  la  région  de  la  Costa,  il  existe  des  filons  de  quartz  dans  le 
granité;  le  quartz  est  généralement  chargé  d'oxyde  de  fer,  tantôt 
cristallisé,  tantôt  à  aspect  scoriacé. 

Dans  la  Sierra,  surtout  composée  de  terrains  sédimentaires, 
on  trouve  des  filons  de  contact  le  long  des  roches  métamor- 
phiques. 

Les  mines  les  plus  importantes  sont  celles  de  Saint-Thomas 
(département  de  la  Liberdad)  ;  celles  de  la  province  de  TUnion 
dans  le  département  d'Arequipa,  où  étaient  autrefois  les  célèbres 
mines  de  Montes  Glaros,  comblées  en  1783  par  un  tremblement 
de  terre. 

En  outre,  on  lave  des  alluvions  aux  bouches  de  Inambari,  du 
Mucumayo  et  de  TAporama  dans  les  provinces  de  Sandia  et  Cara- 
baya  (département  de  Puno). 

Bibliographie, 

1882.  LocK,  p.  248. 

1888.  HoDGEs.  —  Notes  on  the  Cerro  de  Pasco  (Peru).  {Trans,  of  the  Am, 
Insl.  oftnin.  Eng,) 

1889.  Raimondi.  —  (Public»^de  VEcole  des  Mines  de  Lima),  et  :  On  Ihe  rivers 
San  Gavan  and  Ayapata,  in  Ihe  prpvince  of  Carabaya,  Peru.  (J/.  R,  geogr. 
Soc,  y  t.  XXX Vil,  p.  134.) 


GéOLOGU.  —  T.  u.  59 


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930  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

FILONS   AURIFÈRES    DE    TRANSYLVANIE^ 

(nagyag,  vorospatak,  offenbanya,  zalathna) 

Le  district  aurifère  de  la  Transylvanie  a  une  superficie  d*envi- 
ron  20  milles  carrés  et  s'étend  sur  les  comitats  de  Hunyad,  de 
Zarano  et  de  Unter-Alba.  L'exploitation  de  Tor  y  remonte  à  une 
époque  très  ancienne,  au  vni*  siècle,  dit-on.  A  la  fin  du  siècle  der- 
nier,  elle  a  été  Tobjet  de  diverses  descriptions. 

Les  centres  principaux  d'exploitation  étaient,  en  1860,  à  l'époque 
où  V.  Cotta  les  a  étudiés  :  Nagyag  (on  Szekerembe),  Vorospatak, 
et  OfTenbanya. 

Aujourd'hui,  les  travaux  portent  surtout  sur  Nagyag,  Vorospa- 
tak, Abrudbanya,  Rezbanya,  Tokay,  etc.  Nous  avons  donné,  plus 
haut',  leur  production. 

Ce  district  fait,  d'ailleurs,  partie  d'une  longue  zone  métallifère 
récente,  située  sur  le  versant  Sud  des  Garpathes  et  qui,  d'après 
V.  Richtofen,  peut  se  diviser  de  la  manière  suivante  : 

i""  District  de  Schemnitz  '  et  de  Kremnitz  ; 

2^  Chaîne  du  Matra  (Parad)  ; 

3^  District  de  Gran  et  de  Visegrad , 

4"*  Chaîne  trachytique  d'Eperies-Tokay  (Telkibanya)  ; 

5**  Chaîne  de  Vichorlat-Gutin  et  environs  (Nagybanya,  Felso- 
banya,  Turcz,  Kapnik,  Olah-Lapos-Banya,  Borsabanya,  Iloba)  ; 

&"  District  d' Abrudbanya  (OfTenbanya,  Vorospatak,  Nagyag, 
Rezbanya,  Zalathna,  Faczebaja). 

Toute  cette  région  est  particulièrement  intéressante  par  l'éten- 
due et  l'intensité  qu'y  ont  prises  les  éruptions  tertiaires  et  par 
l'abondance  des  venues  métallifères  qui  les  ont  accompagnées.  On 
peut  étudier  là  des  types  de  gisements  analogues  à  ceux  qui 
jalonnent  la  chaîne  des  Andes  en  Amérique  et  qui  ont  fait  la 


*  Ck)ll.  Ecole  des  Mines,  n*  2  008. 

■  Page  881. 

'  Les  mines  de  Schemnitz  produisent  de  l'or  en  môme  temps  que  de  Targent.  Voir 
plus  haut,  p.  783. 


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FILONS  AURIFÈRES   DE   TRANSYLVANIE  931 

richesse  des  Etats  de  Nevada,  de  Sonora,  du  Mexique,  de  la 
Bolivie,  etc.. 

La  série  des  éruptions  tertiaires  comprend  :  des  andésites,  des 
trachytes,  des  rhyolithes,  des  basaltes.  Von  Richtofen  avait  cru, 
en  outre,  devoir  distinguer,  comme  une  roche  spéciale,  les  propy- 
lites  formant  les  épontes  de  la  plupart  des  gisements  métallifères 
et  qui  ne  sont,  en  réalité,  comme  nous  avons  déjà  eu  l'occasion 
de  le  dire  à  propos  du  Gomstock^  que  des  produits  d'altération 
de  diverses  roches,  en  particulier  d'andésites  amphiboliques, 
altérations  dues  précisément  aux  venues  hydrothermales. 

On  peut  noter  ici,  comme  dans  la  plupart  des  gisements  récents, 
une  relation,  souvent  très  nette,  entre  la  formation  métallifère  et 
une  roche  éruptive  plus  ou  moins  voisine  ;  au  point  de  vue  des 
fractures,  on  remarquera  qu'elles  se  sont  produites  à  l'intérieur 
de  la  courbure  des  Garpathes,  sur  le  versant  escarpé  regardant  la 
mer  miocène.  En  outre,  on  semble,  assez  souvent,  avoir  affaire 
à  de  véritables  fissures  de  retrait  dues  au  refroidissement  des 
roches  ignées  et  ne  s'étendant  qu'à  une  faible  distance,  avec  des 
déviations  dans  les  terrains  voisins.  Nous  aurons  à  citer  des 
exemples  de  fissures  radiées  à  Yulkoy  Botes  et  Felsobanya  ;  ailleurs 
comme  à  Nagybanya,  le  système  de  fissuration  est  réticulé  et 
constamment  discontinu  en  profondeur  ;  ou  bien ,  Ton  a  affaire  à 
un  stockwerk  complexe,  comme  à  Vôrôspatak.  Quand  le  filon 
correspond  à  une  vraie  cassure,  il  a  souvent  suivi  le  contact  de 
deux  roches. 

La  nature  du  remplissage  permet  de  distinguer  deux  ou  trois 
groupes  de  filons  : 

1**  Ceux  de  quartz  aurifère  avec  pyrite  et  sulfures  plus  ou  moins 
complexes,  comme  à  Vulkoy,  Vôrôspatak,  Nagybanya  ; 

2^  Geux  où,  avec  les  éléments  précédents,  interviennent  les 
minéraux  de  Tantimoine  et  de  l'arsenic,  comme  à  Felsobanya 
et  Kapnik  ; 

3**  Enfin,  les  filons  tellurés  de  Nagyag  et  Offenbanya,  dont  nous 
renverrons  la  description  au  chapitre  des  Filons  tellurés  *. 

•  Page  799. 

•  Page  947. 


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932 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


Fig.  383.  —  Coupe  verticale  Est-Ouest  des  filons 
de  Vulkoy  (Transylvanie). 


Vulkoy  Botes.  —  Les  mines  de  Vulkoy  Botes  (fig.  383)  se 
trouvent  à  environ  15  kilomètres  au  Nord  de  Zalathna,  sur  le 
flanc  du  mont  Vulkoy  Korabia(Vulcain).  Après  avoir  été  exploi- 
tées activement  à  Tépoque  romaine  et  abandonnées  ensuite  pen- 
dant vingt  siècles,  elles  ont  été  reprises,  en  1880,  sans  grand 
succès. 

La  région  est  constituée  par  des  roches  trachytiques  recoupant 
les  grès  carpathiques  (crétacé  supérieur  et  éocène  inférieur),  con- 
nus dans  le  pays  sous  le 
nom  de  schiefer  (schistes), 
à  cause  de  leur  constitu- 
tion lithologique  prédo- 
minante. 

Les  grès  carpathiques 
—  outre  les  schistes,  gé- 
néralement très  siliciGés 
près  du  trachyte  —  com- 
prennent quelques  rares 
bancs  de  grès  siliceux  et  micacés,  des  conglomérats  et  des  pou- 
dingues.  Ils  sont  extrêmement  plissés.  On  les  rencontre  sur  toute  la 
montagne  de  Botes  et  autour  du  mont  Korabia,  lui-même  formé 
de  trachyte.  En  profondeur,  les  travaux  souterrains  ont  retrouvé 
ces  schistes  dans  le  mont  Korabia,  au-dessous  du  trachyte,  et  il  en 
est  résulté,  au  point  de  vue  de  l'exploitation,  des  déceptions  très 
grandes. 

Les  roches  trachytiques  du  Korabia  comprennent  : 
Andésites  amphiboliques  (trachytesou  propylites  de  Richtofen), 
formant  presque  tout  le  massif  du  Korabia  et  encaissant,  généra- 
lement, les  parties  riches  des  filons  ;  dacites,  rhyolithes,  visibles 
seulement,  du  côté  Nord,  à  Bucsum,  Liaska,  etc. 
.  Les  filons  se  divisent  en  deux  groupes  :  ceux  du  mont  Korabia, 
ceux  de  Botes. 

Les  premiers,  les  plus  importants,  sont,  de  l'Est  à  TOuest  : 
Yeruga,  Butura,  Kriczniez,  Perii  et  Michaeli,  divisé  lui-même  en 
deux  branches  ;  leur  faisceau  est  très  nettemient  convergent  vers 
Tinlérieur  de  la  masse  trachytique,  en  sorte  qu'il  est  difficile  de 
ne  pas  voir  là  des  cassures  en  relation  avec  le  retrait  dû   au 


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FILONS   AURIFÈRES   DE   TRANSYLVANIE  933 

refroidissement  de  la  roche.  Cependant,  ces  cassures  se  prolon- 
gent, au  contact,  dans  les  grès  carpathiques;  mais  elles  s'y  épar- 
pillent rapidement,  se  réduisent,  s'appauvrissent  et  deviennent 
indiscernables. 

Les  filons  de  Botes,  extrêmement  minces,  sont  exclusivement 
encaissés  dans  le  schiste  carpathique  ;  mais,  comme  les  schistes 
sont  là  assez  siliceux  et  compacts,  les  fissures  filoniennes  y  sont 
plus  nettes  et  ont  donné  lieu  à  quelques  exploitations  fructueuses, 
en  particulier  sur  le  filon  de  Siovas  Anna. 

Tous  ces  filons  sont  essentiellement  formés  de  quartz  blanc 
légèrement  bleuâtre  et  un  peu  laiteux,  au  milieu  duquel  se  trouve 
l'or  natif  visible  et  invisible.  On  y  rencontre,  en  outre,  1  à  2  p.  100 
de  sulfures,  surtout  de  pyrite  de  fer  et,  quelquefois,  de  pyrite  de 
cuivre  et,  dans  les  parties  profondes  du  gîte,  une  proportion 
croissante  de  blende,  de  cuivre  gris  et  de  galène. 

Tous  ces  sulfures,  mais  principalement  les  pyrites,  sont  auri- 
fères et  contiennent  l'or  à  Tétat  libre,  susceptible  d'être  extrait  — 
au  moins  dans  le  laboratoire  —  par  amalgamation. 

Les  filons  présentent  le  caractère  habituel  des  filons  aurifères  : 
un  appauvrissement,  tant  en  puissance  qu'en  teneur^  dans  la  pro- 
fondeur. A  la  partie  supérieure,  on  y  rencontrait  des  alternances 
de  zones  riches  et  de  zones  pauvres,  les  zones  riches  étant  surtout 
situées  à  la  rencontre  de  petites  failles  stériles  à  remplissage 
argileux.  Les  travaux  souterrains  ont  montré  qu'il  se  produisait, 
au  contact  du  schiste  et  du  trachyte,  une  remarquable  concentra- 
tion de  minerai. 

Les  grands  travaux  romains,  dont  on  retrouve  les  excavations 
près  des  affleurements,  ont  évidemment  porté  sur  des  parties 
exceptionnellement  riches.  Entre  1883  et  1884,  la  teneur  a  été 
encore  de  15  à  45  grammes  d'or  par  tonne,  c'est-à-dire  assez 
élevée  ;  puis  elle  a  baissé  peu  à  peu. 

Vôrôspatak.  —  Le  gîte  aurifère  de  Vôrôspatak,  au  Nord-Est 
d'Abrud-Banya,  a  nettement  le  caractère  d'un  stockwerk  *.  «  Du 
milieu  des  couches  éocènes  s'élèvent  des  pointements  de  roches 

*  Nous  empruntons  les  descriptions  de  Vôrôspatak,  Nagybanya  et  Felsobanya  à  V. 
Groddeck,  p.  221. 


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134  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

trachytiques,  plus  ou  moins  continus,  rangés  suivant  la  circonfé- 
rence d*un  cercle,  dont  Tintérieur  est  rempli  par  des  roches  sédi- 
mentaires  tertiaires,  généralement  horizontales,  et  par  des  masses 
éruptives  isolées.  L'ensemble  fait  l'impression  d'un  volcan  circu- 
laire. Au  mont  Csétatje,  qui  appartient  à  la  partie  méridionale  de 
la  ceinture  trachytique,  la  roche,  qui  est  là  de  la  propylite  forte- 
ment altérée,  décomposée  ou  silicifiée,  et  abondamment  imprégnée 
de  pyrite  de  fer,  est  traversée  par  d'innombrables  veines  métalli- 
fères irrégulières  contenant  du  quartz,  de  l'or  natif,  de  la  pyrite, 
de  la  blende,  du  cuivre  gris,  de  la  pyrite  magnétique,  de  la  galène, 
de  la  berlhiérite,  de  la  diallogite,  de  la  calcite,  de  la  sidérose  et 
rarement  de  l'adulaire.  Des  masses  argileuses  noires,  appelées 
fflamm^  avec  fragments  de  micaschistes  et  de  grès,  remplissent  des 
filons  dans  la  roche  métallifère.  La  minéralisation  s'élend  de  la 
roche  éruptive  aux  grès  éocènes  voisins,  qui  sont  également  tra- 
versés par  une  infinité  de  fentes  ayant  jusqu'à  0'°,30  de  puissance 
et  contenant  du  quartz,  de  la  pyrite  aurifère,  du  cuivre  gris,  de 
la  chalcopyrite,  de  la  calcite,  etc.  Ces  fentes  n'ont  que  rarement 
pu  être  suivies  sur  plus  de  200  mètres  en  direction  et  de  60  en 
inclinaison.  » 

Nagybanya. —  L'étude  des  mines  de  Nagybanya  est,  d'après 
V.  Groddeck,  particulièrement  instructive. 

Les  filons,  dirigés  H. 2  à  3,  traversent  le  Irachyte  amphibolique, 
rarement  le  trachyte  gris,  qui  a  fait  souvent  éruption  à  travers 
le  premier  et  Ta  recouvert.  Le  plus  important  est  le  filon  de 
Kreuzberg,  qui  recoupe  la  montagne  du  même  nom  depuis  le  pied 
jusqu'au  sommet.  Ces  filons  ne  sont  pas  nettement  délimités  et 
n'ont  pas  de  salbandes.  On  peut^  se  figurer  la  masse  de  trachyte 
amphibolique,  divisée,  par  chacun  d'eux,  comme  par  un  plan 
idéal  ;  des  deux  côtés  de  chaque  fracture,  la  roche  est  de  plus  en 
plus  altérée,  à  mesure  qu'on  se  rapproche  davantage  de  ce  plan  ; 
en  même  temps,  elle  se  silicifie  progressivement  et  passe,  dans  le 
plan  moyen,  à  un  quartz  impur.  Il  est,  par  suite,  évident  que 
chacune  de  ces  fentes  a  donné  passage  à  des  sources  siliceuses  qui 

*  V.  Richthofen.  (Jahrb.  d.  k.  k.  geol.  Reichs.  1860,  p.  238.) 


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FILONS   AURIFÉBES   DE   TRANSYLVANIE  935 

ont  altéré  le  trachyte  au  voisinage.  Le  quartz  contient  de  fines  im- 
prégnations de  pyrites  aurifères  et  d'un  peu  de  chalcosine,  et  des 
nids  de  minerai  d'argent,  particulièrement  d'ai^ent  rouge  et  de 
cuivre  gris  argentifère.  On  a  remarqué  l'absence  complète  des 
carbonates,  ainsi  que  de  la  bafytine,  la  galène,  la  blende,  la  sti- 
bine et  le  réalgar,  habituellement  si  fréquents  dans  les  filons  de 
ce  type. 

Non  loin  de  Nagybanya,  se  trouvent  les  exploitations  de  Felso- 
banya^  de  Kapnik  et  à! Olah-Lapos-Banya. 

Felsobanya.  —  Felsobanya  est  situé  au  pied  de  la  montagne  de 
Grossgruben  qui,  de  tous  les  côtés,  est  séparée  des  montagnes  voi- 
sines. Le  Grossgruben  est  composé  principalement  de  trachyte 
amphibolique  émergeant  des  couches  tertiaires,  qui  entourent  sa 
base.  On  y  rencontre  des  filons  de  direction  générale  He,  qui 
présentent,  suivant  l'inclinaison,  une  disposition  en  éventail  :  ces 
filons  ont,  en  effet,  des  pendages  variant  de  65  à  70^,  de  sorte  que 
la  largeur  du  faisceau,  qui  est  de  480  mètres  aux  affleurements,  se 
réduit  progressivement  en  profondeur.  Ces  filons  sont  situés  au 
contact  du  trachyte  amphibolique  et  d'un  trachyte  gris  plus  récent, 
qui  le  traverse  sur  le  flanc  Sud  de  la  montagne.  On  les  trouve  au 
milieu  d'une  brèche  de  frottement,  non  pas  à  l'état  de  fentes  con- 
tinues, mais  comme  remplissage  entre  les  fragments  du  conglomé- 
rat. L'élément  le  plus  ancien  est  un  quartz  impur  et  pyriteux  qui 
a  généralement  silicifié  la  roche.  On  trouve,  en  outre,  pyrite  auri- 
fère, galène  argentifère,  blende,  chalcopyrite,  réalgar  et  stibine, 
barytine  et  gypse.  Les  dernières  formations  sont  la  calcite  et  le 
braunspath. 

Lorsque  le  quartz  fait  défaut,  le  réalgar  et  la  stibine  sont  abon- 
dants. 

Kapnik.  —  Le  gîte  de  Kapnik  est  très  analogue.  On  y  ren- 
contre également,  au  contact  des  deux  trachytes,  un  système  de 
filons  Hg.  Le  remplissage  est  semblable  à  celui  des  parties  non 
quartzeuses  de  Felsobanya  et  contient  beaucoup  de  réalgar.  En 

*  Ann.  d.  M.  de  1884. 


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93$  GÉOLOGIE   APPLIQUÉB 

outre,  un  second  système  de  Glons  plus  récents  est  parallèle  à 
ceux  de  Nagybanya  (H^,).  Il  contient  du  quartz  pyriteux  qui  a 
imprégné  la  roche  au  contact.  On  y  trouve,  dans  des  géodes,  des 
cristaux  célèbres. 

OlahLapos-Banya.  —  A  Olah-Lapos-Banya,  le  trachyte  amphi- 
bolique  a  métamorphisé  les  couches  tertiaires.  Les  filons,  à  la  tra- 
versée de  ce  trachyte,  sont  semblables  à  ceux  de  Kapnik;  mais, 
quand  ils  pénètrent  dans  les  couches  tertiaires,  ils  ne  contiennent 
plus  que  du  quartz  avec  imprégnation  de  pyrite. 

Pour  les  mines,  à  minéraux  tellurés,  de  Nagyag  et  d'OQenbanya, 
nous  renvoyons,  plus  loin,  au  chapitre  des  Tellurures^ , 

Nous  ajouterons  seulement  quelques  mots  sur  le  traitement 
industriel  des  minerais  cTor  en  Transylvanie. 

Avant  1854,  le  traitement  était  un  monopole  du  gouvernement; 
à  cette  époque,  il  devint  libre  ;  mais,  à  partir  de  1870,  les  mines 
s'étant  appauvries,  le  gouvernement  hongrois  dut  venir  en  aide 
aux  industriels  en  reprenant  la  métallurgie  à  son  compte.  On  sup- 
prima alors  les  diverses  usines,  pour  ne  conserver  que  celles  de 
Zalathna,  Gsertès  et  Oflenbanya  ;  puis  on  arrêta  les  deux  dernières 
pour  ne  garder  que  Zalathna  (1884).  L'or  et  l'argent  natif  sont, 
d'ailleurs,  extraits  par  amalgamation  près  des  mines,  et  l'usine  n'a 
à  traiter  que  les  minerais  et  les  schlichs  où  Tor  est,  en  partie,  com- 
biné. 

Voici  quelques  chiffres. 

En  1871,  1872,  1873,  la  production  annuelle  (indépendamment 
de  l'argent  aurifère  natif)  a  été  de  1  328  tonnes  de  minerais  don- 
nant 546  kilogrammes  d'argent  aurifère  (657  000  francs),  par  suite 
aune  teneur  de  34  grammes  d'argent  aurifère  aux  100  kilogrammes. 

En  1877,  la  production  a  été  de  1  194  tonnes  donnant  212  kilo- 
grammes  d'or,  et  327  kilogrammes  d'argent,  avec  1  246  kilo- 
grammes de  plomb,  4  798  de  cuivre  et,  par  amalgamation, 
654  kilogrammes  d'or  et  298  d'argent  :  soit,  en  tout,  866  kilo- 
grammes d'or  et  625  d'argent  ;  valeur,  8  millions. 

En  1876,  le  nombre  des  ouvriers  occupés  aux  mines  était 
de  6  613. 

*  Page  947. 


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FILONS   AURIFÈRES   DE   TRANSYLVANIE  937 

A  partir  de  ce  moment,  on  a  introduit  un  traitement  perfectionné, 
qui  a  été  décrit  par  M.  Beaugey*. 

En  1882,  on  a  produit  1  500  tonnes  de  minerais  tenant  26  à 
30  grammes  d'or  aux  100  kilogrammes. 

En  1890,  la  production  a  été  de  2  130  kilogrammes  d'or. 

Le  traitement  actuel  comprend  : 

1"*  Concentration  de  Tor  et  de  Targent  par  grillage,  fusion,  pul- 
vérisation de  la  matte  et  attaque  à  l'acide  sulfurique. 

2**  Fonte  plombeuse,  donnant  un  plomb  riche,  qui  passe  à  la  cou- 
pellation,  et  une  matte  d*où  Ton  extrait  le  cuivre. 

Gomme  produits  accessoires,  on  obtient  du  tellure,  du  soufre,  du 
sulfure  de  carbone,  des  sulfates  de  fer  et  de  cuivre,  de  l'acide 
azotique,  etc. 

Bibliographie. 

1774.  V.  BoRN.  —  Briefe  ûber  mineralog.  Gegenstânde,  p.  102. 

1789.  MÛLLER  V.  Rkichenstbin.—  Minerai.  Geschichle  der  Gold  Bergwerke  im 
Vôrôspataker  Gebirge. 

1791.  V.  FicHTKL.  —  Minerai.   Bemerkungen.   {Berghauhunde^  t.  I,  p.  37.) 

1794.  V.  FicHTKL.  —  Minerai.  Aufsâtze,  p.  73. 

1798.  EsiiARK. — Miner.  Reise  durch  Ungarn,  Siebenburgen  und  Bannat^ 
p.  114. 

1803.  Stûtz.  —  Beschreibung  des  Gold  und  Silberbergwerks  zu  Szekerembe, 
bei  Nagyag,  in  Siebenburgen. 

1833    Boue  et  Lill  de  Lilibnbach.  —  (Mém.  de  la  Soc,  géoh^  1. 1.) 

BucKOWAY.  —   Descripl.  du   district  des  mines  de  Nagyag  dans  le 
Journal  de  géologie  de  Boue,  t.  II,  p.  279.) 

1839.  Grimm.  —  Bergbaukunde,  p.  4,  9,  11,  31,  39,  51,  57  et  63. 

1845.  Knopflkr.  —  Miltheil  des  Oslerlandes,  t.  VHÏ,  2«  série,  p.  216  et  283. 

1851.   V.  Hauer.  —  Sur  Vôrôspatah.  (Jahrb.  der  geoL  Reic/is,  n^  4,  p.  63.) 

1851.  Nedgeborn.  —  Abhandl.  des  siebenbûrgischen  Vereines  der  Landes - 
kunde,  p.  70,  75,  86  et  89. 

1852.  Grimm.  —  Sur  Vôrôspalak.  (Jahrb.  der  geoL  Reichs,,  p.  54.) 
1855.  Zerrenner.  —  Oestei\  Zeits,  f.  B.  u,  H. 

1855.  V.  Uauer  et  Fôtterle.  —  Sur  Offenbanya.  {Ubei'sicht  der  Bergbaue, 
p.  59.) 

1856.  Grimm.  —  Geognosie  fur  Bergmânner;  passim. 

1857.  HiNGENAU.  —  Jarhb.  d.  geol.  Reichsanst,  p.  82. 

1858.  HiNGENAU.  —  Amtlich.  Bericbt  ûber  die  Vesamml.  deutsch  Nalurfor- 
scber  zu  Wien,  p.  6. 

1860.  V.  RïCHTOFEN.  —  (Jahrb,  d.  K.  K.  geol.  Reichs.,  t.  IX,  p.  153  et  238.) 

«  Afin,  d.  M.,  18«4,  8,  t.  VI,  p.  453. 


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938  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

1861.  CoTTA,  p.  272,  et  B.  u.  H.  Zeit.,  1861,  p.  81. 

1866,  HoFER.  —  SurNagyag.  {Jahrb,  d.  K.  K.  geol.  Reichs.,  p.  1.) 

1867.  PoszEPNY.  —  Sur  Vôrôspatak.  {Jahrb.  der  K.  K.  geol.  Reichs.,  p.  99.) 
1869.  Grimm.  —  Die  Lagerslâtten  der  nutzbaren  Miaeralien,  p.  105. 

1869.  V.  Beust.  —  Sur  Rodna,  p.  367. 

1870.  PoszEPNY.—  SurRodna.  (Jahrb,  d,  K.  K.  geol.  Reichs.,  p.  19,  et  1865, 
p.  183.) 

1870.  Grimm.  —  Sur  Rodna,  {B.  u.  ÎL  J,  autrichien,  p.  170.) 

1874.  Dalter.  —  Sur  Vôrôspatak,  (Jahrb.  d,  K.  K,  geol.  Reis,,  p.  7.) 

1875.  PozEPNY.  —  Uber  das  Vorkommen  von  gediegenem  Gold  in  den  Mi- 
neralschalen  von  Vôrôspatak,  (Vcrh  der  K,  K,  geol.  Reicks,  p.  97.) 

1876.  V.  Rath.  —  Sur  Vôrôspatak,  (Niederrhein.  Ges,  fur  Nal,  u.  BeilKunde 
Bonn.  —  Cf.  1878,  Ann.  d.  M.,  7°,  t.  XHI,  p.  400.) 

1877.  Goldlagerstâlte  von  Vôrôspatak.  (Bonn.  Natur  Vereins,i^  série,  t.  IV, 
p.  80.) 

1878.  Mining  journal,  p.  140. 

1878.  V.  Rath.  —  Sur  Rodna.  (Zeitschr.  d,d,  geol  Gesellsch.,  i.  XXX,  p.  556.) 

1879.  Groddeck,  p.  219.    . 

1880.  SzYGMONDi.  —  Elude  sur  les  filons  d*or  de  Vulkoy  botes. 

1881.  Ilesky.  —  Beschreibung  des  Boteser,  Jakob.  u  Anna  Bergbaues  (ma- 
nuscrit). 

1884.  Beacgey.  —  Le  traitement  des  minerais  d'or  à  Zalathna.  (Ann.  d. 
M,,  8«,  t.  VI,  p.  453.) 
20  nov.  1886.  The  transylvanien  gold  mining  Company.  (Bull,  d.  Mines.) 
1886.  FncHS.  —  Rapport  sur  Vulkoy  Botes. 
1888.  Davies,  p.  38. 


GISEMENTS  AURIFÈRES  DU  BRÉSIL  (minas  geraes)' 

Les  gisements  aurifères  du  Brésil  et,  notamment,  ceux  de  la 
province  de  Minas  Geraes  sont,  en  général,  encaissés  dans  des  mica- 
schistes ou  schistes  anciens  ;  ils  se  présentent  sous  des  formes  di- 
verses, où  la  pyrite  de  fer,  plus  ou  moins  arsenicale,  semble  toujours 
jouer  un  rôle.  On  y  rencontre,  en  outre,  particulièrement  à  Pas- 
sagem,  une  association  remarquable  de  For  avec  le  mispickel,  la 
pyrite,  le  bismuth  et  la  tourmaline,  association  qui  correspond  à 
ce  que  nous  avons  dit,  plusieurs  fois,  sur  le  rapprochement  à  éta- 
blir entre  Tor  et  Tétain. 

On  peut  distinguer,  dans  ce  pays  : 

1®  Des  filons  de  quartz  aurifère  avec  minerais  sulfurés  rares 
(Carapatos,  Caété,  etc.)  ; 

«  Coll.  Ecole  des  Mines,  n^  1755  à  1769. 


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GISEMENTS  AURIFÈBES   DU  BRÉSIL  939 

2^  Des  ûlons  aurifères,  où  prédominent  les  sulfures,  quelquefois 
altérés  et  transformés  en  limonite;  en  particulier,  le  mispickel, 
parfois  associé  avec  de  la  tourmaline,  la  pyrite,  la  pyrrhotine,  le 
bismuth  et,  à  l'occasion,  la  galène  (Passagem,  Pary,  Faria,  Morro 
Velho)  ; 

3**  Des  minerais  d'or  avec  fer  oligiste  (produit  de  décomposition 
de  la  pyrite),  oxyde  de  manganèse  et  quartz,  dans  les  itabirites  (ou 
jacutinga).  On  a  affaire  là  à  des  imprégnations  sulfureuses  des 
couches  de  grès,  imprégnations  d'un  âge  difficile  à  préciser,  mais 
qui,  par  leur  décomposition,  ont  formé  de  grandes  couches  de 
minerais  de  fer  (itabirite)  à  Maquiné*,  etc. 

On  peut  rattacher,  à  ce  type,  des  formations  superficielles,  sou- 
vent très  riches,  d'ocrés  aurifères. 

1"  Les  filons  de  quartz  aurifère  du  Brésil  ont  souvent  un  carac- 
tère spécial  à  cause  de  leur  encaissement  dans  les  schistes,  qui  a 
produit  leur  dissémination  en  veines  nombreuses. 

Un  des  plus  importants  est  exploité  à  Carrapalos  et  San  Luiz  de 
Encanto  (Caété). 

A  Carrapatos  (Soc.  Matheus  Reis  et  G°),  le  filon  de  quartz, 
assez  irrégulier,  recoupe  des  schistes  ;  il  contient  souvent  de 
l'or  en  grains  visibles  ;  parfois  aussi,  Tor  forme,  sur  les  schistes 
adhérents  au  quartz,  une  sorte  de  couche  de  vernis  d'une  grande 
richesse.  Ces  mines  avaient,  en  1889,  16  bocards. 

Un  filon  analogue  se  trouve,  au  milieu  de  schistes  micacés, 
devenus  aurifères  au  contact,  sur  le  flanc  de  lltacolumy  de  Ma- 
rianna,  à  5  kilomètres  Est  de  la  ville  (mines  de  Joào  Julio  Alva- 
renga  et  de  Tinoco).  Celui-là  est  composé  d'une  série  de  petites 
veines,  presque  verticales,  constituant  un  faisceau  Nord-Sud  très 
prolongé.  Le  quartz  est  grenu,  friable  et  contient  souvent  de  l'or 
visible  (17  à  30  grammes  par  tonne  sur  certains  échantillons).  Les 
exploitations,  qui  se  poursuivent  en  petit  et  à  ciel  ouvert  depuis  le 
commencement  du  siècle,  n'ont  porté,  jusqu'ici,  que  sur  les  affleu- 
rements, où  l'or  est  accompagné  de  limonite  et  de  fines  mouches 
de  manganèse  cobaltifère  avec  nids  de  pyrite  martiale,  en  partie 
altérés;  il  est  probable  qu'en  profondeur  on  trouverait  des  sulfures. 

*  Voir  page  941,  et  tome  I,  page  730. 


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940  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

2""  Comme  exemple  du  type,  assez  spécial  au  Brésil,  des  filons 
d'or  à  gangue  de  mispickel,  tourmaline  et  quarlz^  on  peut  citer  la 
mine  de  Passagem,  située  à  7  kilomètres  d'Ouro  Preto  sur  le  che- 
min de  Marianna.  Le  gisement  exploité  est  un  (ilon  couche  en- 
caissé entre  des  itabirites  et  des  schistes  micacés  où,  en  dehors  du 
mispickel  et  de  la  tourmaline,  on  trouve  de  la  pyrite,  de  la  pyr- 
rhotine,  de  la  galène  et  du  bismuth.  Ce  dernier  existe,  au  moins 
en  partie,  àTétat  métallique  ;  car,  dans  l'amalgamation ,  on  le  trouve 
jointàTor.  Certaines  masses  de  mispickel  de  Marianna,  à  Passagem, 
tiennent  189  grammes  d'or  à  la  tonne  ;  d'autres  minerais,  mélangés 
de  tourmaline,  galène,  etc.,  environ  80  grammes'. 

Ces  mines  sont  exploitées  par  la  compagnie  «  Ouro  Preto  Gold 
Mining  »  qui  avait,  en  1889,  56  bocards  ordinaires  et  20  califor* 
niens  et  qui  a  produit,  du  1"  juillet  1887  au  1*' juillet  1888,  270  kilo- 
grammes d'or, 

A  Pary,  la  c  Santa  Barbara  Gold  Mining  Company  »  exploite 
un  filon-couche  encaissé  au  milieu  de  schistes  amphibolifères,  filon- 
couche,  lui-même  très  chargé  d'amphibole  et  grenat,  semblant  pro- 
venir d'une  strate  préexistante,  imprégnée  par  la  venue  métalli- 
fère. Le  minerai  est  un  mispickel  aurifère  accompagné  de  pyrites  ; 
l'extraction  a  été,  en  1887,  de  196  kilogrammes  d'or. 

Ce  sont  également  des  mispickels  et  pyrites  aurifères  qu'une 
Compagnie  française  commence  à  exploiter  à  Faria. 

A  Morf*o  Velho  (S.  John  d'el  Rey  Gold  Mining  Company),  on  a 
des  mispickels  accompagnés  de  pyrites,  pyrites  magnétiques,  chal- 
copyrites,etc...  tenant  82  grammes  d'or  à  la  tonne,  etc...  Lagangue 
comprend  parfois  calcite  et  sidérose. 

Ailleurs,  Tor  accompagne  des  galènes  argentifères  dans  des 
quartz,  comme  à  Varado.  Un  échantillon  de  cette  mine  a  donné, 
à  l'analyse,  5  p.  100  de  plomb  et,  pour  100  kilogrammes  de  plomb 
d'œuvre,  42«%85  d'or  et  104«^,30  d'argent. 

3"*  Les  itabirites  renferment  fréquemment  des  couches  d'impré- 
gnations sulfurées  qui,  en  certains  endroits,  se  sont  transformées 
en  oxyde  de  fer  sur  de  grandes  étendues.  C'est  encore  à  cette  ori- 
gine que  se  rattachent  plusieurs  des  minerais  de  fer,  à  67  p.  100 

«  Coll.  de  VÉcole  dés  Mines,  n»  1763. 


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GISEMENTS   AURIFÈRES   DU   BRÉSIL  941 

<le  fer,  du  Brésil,  en  particulier  ceux  de  Pittanguy,  deCaltas  Allas, 
dltabira,  de  Matto  Dentro,  etc.  En  même  temps  que  cette  décom- 
position se  produisait,  Tor  se  concentrait  en  veinules  dans  des 
ocres  ferrugineuses  ou  en  grains  dans  des  itabirites  corrodées 
et  devenues  friables.  Un  gisement  de  ce  genre  a  été  exploité  à 
Maquiné,  à  3  kilomètres  de  Marianna  (dom  Pedro  North  d*el  Rey  C**). 
On  a  rencontré  là  une  couche  d'itabirite  friable  et  poussiéreuse, 
(jacutinga),  intercalée  entre  des  roches  du  même  genre  compactes 
et  stériles,  qui  a  présenté  des  lignes  d*une  extraordinaire  richesse, 
quelquefois  formées  de  pyrites  d*or,  et  tenant  jusqu'à  80  kilo- 
grammes d'or  à  la  tonne.  Avec  Tor,  il  existe  de  Toligiste  et  de 
l'oxyde  de  manganèse. 

Les  travaux,  commencés  en  1865,  ont,  de  1867  à  1869,  produit 
plus  de  2  500  000  francs  d'or  et  remboursé  le  capital  à  leurs 
actionnaires.  Ils  ont  été  momentanément  arrêtés  par  l'invasion 
des  eaux  ;  mais  on  s'occupe  de  les  reprendre. 

Quant  aux  types  de  limonite  et  d'ocre  ou  argile  aurifère,  ils  sont 
assez  fréquents.  Les  limonites  de  SanJoao  da  Barra,  provenant  de 
pyrites  altérées,  tiennent,  par  endroits,  jusqu'à  260  grammes  d'or; 
ailleurs  25  grammes  seulement  ;  les  argiles  ferrugineuses  de  Bugres 
tiennent  28",5. 

Bibliographie. 

1875.  GoRCEix.  —  Or  à  Lavras  (Rio  Grande  du  Sud).  [Ind,  min.,  2®,  t.  IV, 
p.  361.) 

•  1878.  CoRRBA  DA  Costa.  —  Estudo  geologico  da  regiao  de  S.  Bartholomen 
e  da  mina  da  Tapera  perto  de  Ouro  Preto.  {Archivos  do  musen  nacional  do  Rio 
de  Janeiro,  t.  lll.  Kio-de-Janeiro,  1878.) 

^879.  DiETZSH.  —  Brasillens  Gold  Bergbau.  {B.  u,  H.  Z.,  1879,  p.  350.) 

Landsberg.  —  Ueber  die  Goldlagerstâtlen  in  BrasiUen,  (Verhandlungen  des 
naturhistorischen  Vercincs,  5«  série.  3*  année,  p.  63.  Bonn.) 

1882.  Derby.  —  Gold  bearing  rocks  of  the  province  oî Minas  Geraes,  Brazil. 
(Am,  jouni.  ofSdence,  t.  XXIIÏ,  n^»  135-136,  p.  278.  Newhaven,  mars  1882.) 

O.-A.  Derby.  —  Peculiar  modes  of  occurrence  of  gold  in  Brazil,  (Am.  J.  of 
5c.,  l.  XXVill,  p.  440.  Newhaven,  188'*.) 

188  .  Landsberg.  — Uber  die  Goldlagerstâtlen  in  Brasilien.  {Verhandlungen 
des  nalurhistorischen  Vereines  der  preussischen  Rhelnland,  Westfalens  und  des 
Regiei'ungs  Bezirks  Osnabruck,  5«  série,  3^  année,  p.  63.  Bonn,  188  .) 

*  i889.  Notice  pour  l'Exposition  Universelle. 

Voir,  en  outre  :  Annales  de  TEcole  des  mines  de  Ouro  Preto  (passim). 


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942  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

FILONS  AURIFÈRES  DE  SANTA  ORUZ  (honduras) 

On  exploite^  depuis  1881,  des  filons  aurifères  à  Sania  Cruz^  pro- 
vince de  Santa  Barbtra  (Honduras),  à  125  kilomètres  de  Puerto 
Cortès,  qui  est  le  seul  port  du  Honduras  sur  l'océan  Atlantique. 
Le  principal  filon  a  été  reconnu  sur  160  mètres  de  long  et  a  une 
puissance  moyenne  de  2  mètres  ;  le  remplissage  est  formé  de 
quartz  et  mispickel  aurifère,  avec  trace»  de  galène.  La  moyenne  du 
rendement,  dans  les  20  premiers  mètres  d'enfoncement,  a  été  de 
25  à  30  grammes,  dont  les  5/6  directement  amalgamabies.  En  1885, 
la  production  a  été  de  134  kilogrammes  d'or  en  lingots  et  40  kilo- 
grammes dans  les  concentrés.  Cette  entreprise  s*est  heurtée  à  de 
grandes  difficultés  pour  le  recrutement  de  la  main-d'œuvre  ^ 

En  dehors  de  ces  filons,  on  extrait  une  certaine  quantité  d'or 
de  filons  argentifères  situés  sur  la  côte  du  Pacifique.  Il  se  trouve 
également  quelques  placers  aurifères  dans  les  districts  Sud  bor- 
dant le  Nicaragua*. 

Dans  le  Nicaragua  même,  M.  Mierisch  a  reconnu,  en  1892, 
quelques  filons  de  quartz  avec  pyrite  aurifère  à  Guicuina,  la 
Concepcion  et  Pis-pis,  sur  le  haut  cours  du  Pnnzapolca. 


FILONS  TELLURES 

Les  minerais  telhtrés  que  Ton  rencontre,  soit  au  Colorado,  soit 
en  Transylvanie,  sont  les  suivants  : 

Tellurures  de  bismuth  : 

Tetradymile  :  Bi*  Te'. 

Bismuth 52,00 

Tellure 48,00 

Un  atome  de  tellure  peut  élre  remplacé  par  ua  atome  de  sélénium  ou 
de  soufre,  et  la  formule  devenir  : 

Bi»TeSe  ou  Bi«Te«S. 

*  1886.  Lock,  p.  100.  Bulletin  des  Mines,  16  octobre  1886. 

Dans  le  Honduras  se  trouvaient  les  fameuses  mines  de  Corpus  Christi. 

*  1855.  Squier  :  Notes  on  Central  America  (Ne w- York j. 

1893.  Mierisch  :Goldgebieten  im  Osten  von  Nicaragua.  (PefermanrwAfta.,  1893,  p.  25.) 


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TELLUBURES   D  OR  943 

Tellurure  de  nickel  : 

Mélonite  :  Ni»  Te'. 

Nickel 23,51 

Tellure 76,49 

Tellurare  de  plomb  : 

AUaUe  :  Pb.  Te. 

Plomb 61,79 

Tellure 38,21 

Une  partie  du  plomb  peut  être  remplacée  par  de  l'argent  (jusqu'à 
1  p.  100). 

Tellurure  d'argent  : 

Hessite  :  Ag*  Te. 

Argent 62,79 

Tellure 37,21 

Traces  de  fer,  de  plomb  et  de  soufre  ainsi  que  d*or. 

Tellurures  d'or  et  d'argent  : 

Pelzite  :  Au»  Te  +  n  Ag«  Te. 

Au  Colorado  et  en  Californie,  on  trouve,  en  général,  n  =  3,  ce  qui  cor- 
respond à  la  composition  suivante  : 

Or 25,25 

Argent 41,75 

Tellure 33,00 

Sylvanite  proprement  dite  :  [(Au,  Ag)«Te']. 
Schrifterz  :  formules  variables  : 

4  Au  Te'       3  Ag  Te*.  Au  Te  H-  Ag  Te" 

Or 27,03  24,03 

Argent 11,17  13,23 

Tellure 61,80  62,74 

Traces  d'antimoine,  de  plomb  et  de  cuivre. 

Variétés  de  tellurure  d'or  et  d'argent  : 

Le  Weisslellur  ou  Gelberz  contient  jusqu'à  8,5  p.  100  d'antimoine  et 

près  de  14  p.  100  de  plomb. 
La  MûUmte  contient  19  p.  100  de  plomb. 

CaUivérite  :  7  Au  Te»  +  Ag  Te». 

Or 39,01 

Argent 3,06 

Tellure 57,93 

Autre  formule  :  10  Au  Te»  +  Ag  Te». 


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^44  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Tellurore  de  mercare  : 

Coloradoite  :  Hg.  Te. 

Echantillons  provenant  des  mines  Smuggler  et  Reystone  (comté   de 
Boulder)  : 

Smogi^ler         Reystone 

Quartz  et  or 6,36  6,83 

Mercure 55,80  52,28 

Argent 2,42  » 

Cuivre  et  Zinc traces  » 

Fer 1,35  2,44 

TeUure 36,24  42,95 

Sesquioxyde  de  vanadium  ...          >  0,70 

Magnésie »  0,11 

Chaux »  0,84 

99,27  99,32 

Sulfo-tellurure  : 

Nagy agite  (Blâttererz). 

Plon^b 60,55 

TeUure 17,63 

Or 5,91 

Antimoine 3,77 

Soufre 9,72 

La  Nagyagile  peut  contenir  jusqu'à  : 
9     p.  100  d'or. 
0,5        —    d'argent, 
et  1,3       —    de  cuivre. 

Produits  d'altération  : 

Acide  tellureux  :  Te  G*. 

Tellurite  de  mercure  (magnolite)  :  Hg'  TeO^ 

Tellurile  de  fer  :  Fe  Te  G*. 

Enfin,  il  existe  encore,  du  tellure  natif  y  rarement  pur  comme 
le  montrent  des  analyses  suivantes  : 


Tellure. 
Or.  .   . 


Arjçent 

Silice 

Plomb 

Vanadium  (sesquioxyde). 
Alumine,  magnésie,  chaux 
et  pyrites  de   fer.   .   . 

TOTAUX.    .    . 


TELLURE  NATIF 

de 

Magnolia 


96,91 
0,60 
0,07 

» 

0,49 
1,93 


100 


TELLURE  NATIF 

de  la  mine 

Moantain  Lion 

(Uagnolia) 


55,86 

1,38 

0,25 

34,72 

» 

6,80 


99,01 


UINB  JOHN  JAY 
(Boulder) 


58,40 

1,36 

Traces 

11,34 

Traces 

> 

4,37 
24,92 

100,59 


71,36 
7,36 

13,86 
4,81 

1,53 
0,88 

99,80 


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TELLURURES  d'oR  DU  COLORADO  H5 

TELLURURES  D'OR  DU  COMTÉ  DE  BOULDER 

(COLORADO)* 

Les  tellurures  d'or  et  d'argent  ont  été  découverts,  au  Colorado, 
en  1873,  dans  le  comté  de  Boulder.  Après  une  période  d'incerti- 
tudes et  de  recherches  au  sujet  du  traitement  adopté,  ils  ont  été 
mis  en  exploitation. 

Les  gisements  de  ces  minerais  sont  situés  dans  le  comté  de  Boul- 
der, à  la  hauteur  du  Park  du  centre,  au  Nord  des  comtés  de 
Gilpin  et  de  Jefferson,  dans  les  Front  Range. 

Les  roches  des  Front  Range  se  composent  principalement  de 
gneiss,  granités  et  schistes  métamorphiques,  sur  lesquels  reposent, 
à  FEst  :  les  «  red  beds  »,  sans  doute  triasiques,  les  schistes  jurassi- 
ques, le  crétacé  et  la  formation  des  lignites  du  Colorado,  à  la  suite 
de  laquelle  commencent  immédiatement  les  grandes  plaines. 

Les  filons  de  tellurures  appartiennent  à  un  système  très  net  de 
fractures,  qui  occupe  une  zone  Nord-Est,  large  de  6  à  8  kilomètres, 
exploitée  d'abord  et  surtout  entre  le  Boulder  Creek  et  le  Left 
handCreek,  mais  se  prolongeant,  vers  le  Sud,  jusqu'au  comté  de 
Gilpin. 

Ces  filons  contiennent  un  remplissage,  zone  parallèlement  aux 
épontes,  dont  la  gangue  est  toujours  quartzeuse  et  mélangée  de 
pyrite,  d'un  peu  de  chlorite,  de  talc,  à  l'occasion  de  spath-fluor. 
Le  quartz  est,  en  général,  pétrosiliceux,  et  renferme  les  tellurures, 
soit  sous  forme  de  cristaux  en  mouches,  soit  à  l'état  d'imprégna- 
tion invisible  colorant  la  masse  en  noir  ;  parfois  aussi,  il  est  ver- 
dâtre. 

Parmi  les  minerais  tellurés,  la  sylvanite  est,  de  beaucoup,  la  plus 
fréquente;  puis  viennent  la  hessite  et  la  petzite.  L'or  natif  existe 
en  fils,  en  écailles  ou  en  nodules;  on  trouve,  en  outre,  quelques 
sulfures  métalliques,  tels  que  les  pyrites  de  fer  et  de  cuivre,  la 
blende,  la  galène. 

La  richesse  est  extrêmement  irrégulière  ;  la  moyenne  du  mine- 
rai proprement  dit  valait,  en  1878,  environ  150  francs  la  tonne. 

i  Coll.  Ecole  des  Mines,  n*  2005. 

GÉOLOGIB.  —  T.  II.  60 


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946  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Parmi  les  mines  exploitées,  nous  citerons  surtout  celles  de  Ma- 
gnolia (Mountain  Lion  et  Keystone),  qui  travaillent  sur  un  même 
filon,  ayant  0",90  à  3  mètres  de  puissance,  mais  ne  payant  les  frais 
que  sur  0™,2  à  0™,6  ;  puis  Melvina,  où  le  filon  a,  en  moyenne,  0",73, 
dont  0™,1  à  0™,3  payant.  Là  le  remplissage  est  formé  de  zones 
alternatives  de  quartz  pétrosiliceux,  de  feldspath,  avec  substances 
chloriteuses,  etc.,  et  contient  beaucoup  de  spath-fluor. 

Le  minerai  de  tellurures  a  donné,  tout  d'abord,  de  grandes  diffi- 
cultés aux  métallurgistes  du  Colorado.  On  ne  peut,  en  effet,  ni 
Tamalgamer  ni  le  griller,  et  la  concentration  en  est  difficile.  En 
1878,  on  estimait  que  les  minerais  portés  à  l'usine  devaient  valoir 
400  à  500  francs  la  tonne  pour  être  avantageux.  Pour  atteindre 
cette  valeur,  on  a  perfectionné,  de  plus  en  plus,  les  appareils  de 
préparation  mécanique  (pulvérisation  et  frue  vanning).  A  la  sortie 
de  la  mine,  on  commence  par  trier  en  2  catégories  :  le  minerai  à 
fondre  (smelting  ore)  et  le  minerai  à  bocarder  (milling  ore). 

Les  résidus  concentrés  du  traitement  aux  mills  sont  fondus  par 
addition  avec  d'autres  minerais  (pyrites  aurifères,  minerais  argen- 
tifères grillés,  etc.);  par  exemple,  à  l'usine  de  Black  Hawk,  Le 
traitement  adopté  à  cette  usine  a  été  décrit,  dans  les  Annales  des 
Mines,  par  MM.  Sauvage  et  Rolland. 

Bibliographie. 

f868.  Simonin.  —  Sur  les  mines  d'or  du  Colorado.  (B.  S.  G.,  2«,  t,  XXIV, 
§.  68i.) 

4873.  Sauvagb.  —  Traitera,  des  minerais  d'or  et  d'argent  à  Fusine  de  Black 
Hawk  (Colorado).  {Ann,  d.  M.,  7«,t.VIII.) 

i873.   Haydbn.  —  Survey  of  Colorado. 

1875.  Whecler.  —  Survey  west  of  the  100  Ih  meridian,  t.  III. 

1878.  HoLLAND.— Tellurures  d'or  et  d'argent  ducomté  de  Boulder  (Colorado). 
{Ann,  d.  AI.,  7^  t.  XUÎ,  p.  159.) 

1886.  MiTCHELL.  —  Report  on  the  Utica  andjldaho  mines  (Boulder  County). 
Denver,  Colorado. 

1887 .  The  Nil  desperandura  gold  mines  in  gold  hill  mining  district  (Boulder 
County) 

1891.  Whitman  Cross.  —  Geology  of  the  Rosita  Hills  Custer  C,  Colorado. 
(jProc.  of  Uie  Colorado  Se.  Soc,  July  1890.) 


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TELLURURES    D  OR    DE    LA    TRANSYLVANIE  947 


TELLURURES  D'OR  DE  LA  TRANSYLVANIE 

Nous  avons  exposé,  plus  haut  S  les  conditions  générales  du  gise- 
ment de  Tor  en  Transylvanie;  nous  nous  contenterons  de  décrire 
ici  les  principales  mines  de  tellurures  qui  s'y  rencontrent  :  Nagyag, 
Offenbanya  et  Rodna. 

Nagyag.  —  La  mine  de  Nagyag  est  située  dans  le  Sud-Ouest 
de  la  Transylvanie,  entre  les  rivières  de  Maros  et  d'Aranyos.  On 
y  exploite  des  filons  bien  caractérisés,  encaissés  dans  le  trachyte 
amphibolique,  filons  à  minéraux  tellurés. 

Ces  filons,  dont  la  puissance  est  de  0"*,07  en  moyenne,  mais  varie 
depuis  l'épaisseur  d'une  lame  de  couteau  jusqu'à  2  mètres,  sont 
extrêmement  irréguliers.  Ils  présentent,  à  un  haut  degré,  le  carac- 
tère de  fissures  réticulées,  locales  et  limitées. 

C'est  ainsi  qu'on  y  a  cité  des  filons  parallèles,  disparaissant  à 
une  certaine  profondeur  pour  faire  place  à  d'autres  filons  égale- 
ment parallèles  entre  eux,  mais  de  direction  entièrement  différente 
(parfois  perpendiculaire  à  la  première),  qui  eux  n'arrivent  pas 
jusqu'au  jour.  D'autres  filons  sont  nettement  limités  dans  tous  les 
sens  au  milieu  même  de  la  roche  et  cessent  aussi  bien  en  profon- 
deur et  en  hauteur  qu'en  direction. 

La  région  est  composée  de  couches  miocènes  d'argile  rouge,  de 
grès,  de  conglomérats  et  de  calcaires  traversées  par  un  trachyte 
amphibolique  (ou  propylite).  Ce  trachyte  amphibolique  empâte 
des  blocs,  de  plusieurs  centaines  de  mètres  cubes,  de  grès  et  de 
conglomérats  tertiaires,  qui,  par  un  phénomène  assez  singulier,  ne 
présentent  eux-mêmes  aucun  métamorphisme,  mais  semblent  avoir 
provoqué,  dans  la  roche,  au  voisinage,  le  développement  du  felds- 
path blanc. 

Le  trachyte  et  les  blocs  empâtés  sont  recoupés  par  des  filons, 
appelés  filons  de  glauchy  composés  d'une  sorte  de  dacite,  analogue 
à  une  diabase,  englobant  des  fragments  de  la  roche  encaissante  et 
parfois  des  nodules  de  quartz.  Ces  filons  de  glauch  ont  de  quelques 

>  Voir  pages   930  à  938.  Nous   devoQs  la    description  de  ces  filons  tellurés  à 
V.  Groddeck,  p.  222  et  suiv. 


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948  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

millimètres  à  un  mètre  de  puissance.  Ils  semblent  avoir  été  suivis, 
à  leur  tour,  par  les  filons  métallifères,  qui  leur  sont  généralement 
parallèles,  mais  les  recoupent  à  l'occasion.  L'influence  de  la  roche 
encaissante,  tant  sur  l'allure  des  fentes  que  sur  leur  remplissage,  est 
ici  extrêmement  nette. 

Les  filons  métallifères  sont  peu  puissants  dans  le  trachyte  dur, 
puissants  et  riches  dans  la  roche  de  dureté  moyenne,  fortement 
ramifiés  dans  la  roche  tendre;  au  passage  d'une  roche  dans  l'autre, 
ils  se  divisent  généralement  et  ne  pénètrent  jamais  dans  un  amas 
bréchiforme  voisin,  appelé  amas  Rodolphe,  qui  contient  des  frag- 
ments de  trachyte  amphibolique  cimentés  par  de  la  rhyolithe. 

La  nature  du  remplissage  rapproche  ces  filons  de  ceux  de  tellu- 
rure  d'or  du  Colorado  ;  l'or  s'y  trouve  à  l'état  natif  avec  la  nagya- 
gite,  la  sylvanite,  l'argent  tellure,  le  tellure  nalif,  l'alabandine  et 
la  pyrite  de  fer  ;  la  gangue  comprend  surtout  du  quartz  et  du 
jaspe  avec  diallogite,  braunspath  et  calcite  ;  plus  rarement,  on 
rencontre  du  gypse  avec  lamelles  d'or  interposées,  de  la  barytine, 
de  l'arsenic  natif,  de  la  pyrite  magnétique,  de  la  chalcopyrite,  du 
cuivre  gris,  de  la  bournonite,  de  la  galène,  de  la  stibine,  de  Thé- 
léromorphite,  de  la  blende,  du  réalgar,  de  l'orpiment,  du  soufre 
natif,  etc.  Ce  remplissage  est,  jusqu'à  un  certain  point,  en  relation 
avec  la  roche  encaissante. 

On  trouve,  dans  le  trachyte  amphibolique,  la  nagyagite,  l'ala- 
bandine, la  diallogite  et,  comme  minéraux  subordonnés,  la  galène, 
la  blende,  le  cuivre  gris  argentifère  et  le  quartz,  tandis  que, 
dans  les  fragments  de  conglomérats,  on  rencontre  la  sylvanite,  le 
quartz  et  le  cuivre  gris  ordinaire. 

Jusqu'à  la  profondeur  de  400  mètres,  on  n'avait  pas  constaté 
de  diminution  sensible  de  la  richesse.  Mais,  depuis  une  dizaine 
d'années,  un  appauvrissement  notable  s'est  fait  sentir. 

Offenbanya.  —  Offenbanya  se  trouve  dans  la  partie  Sud-Ouest  de 
l'Erzgebirge  de  Transylvanie,  entre  les  rivières  d'Aranyos  et  de  Ma- 
ros,  au  Nord-Ouest  d'Abrudbanya.  La  région  comprend  des  schistes 
cristallins,  principalement  des  micaschistes,  avec  intercalation  de 
calcaires  grenus  et  des  couches  tertiaires  traversées  par  des  roches 
éruptives  tertiaires,  des  trachytes  amphiboliques  (ou  propylites). 


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GÉNÉRALITÉS   SUR   LES   GISEMENTS   d'oE   SÉDIMENTAIRES  949 

Ce  Irachyte,  très  altéré,  contient  des  fentes  de  deux  centimètres 
et  demi  de  puissance,  dites  filons  de  tellure,  renfermant  de  For 
natif  et  des  lellurures  (sylvanite),  avec  quartz,  calcite,  braunspath, 
diallogite,  pyrite,  blende,  alabandine,  cuivre  gris,  galène,  argent 
natif  et  argent  rouge.  Les  filons  dejtellurure  sont  traversés  par  des 
failles  siliceuses  el  pyriteuses,  qui  y  produisent  un  enrichissement. 

En  outre,  il  s'est  développé,  au  contact  de  la  propylite,  dans  le 
calcaire  grenu  des  micaschistes,  des  gttes  métamorphiques  ana- 
logues à  ceux  du  Banat,  qui  contiennent  :  pyrite  de  fer,  galène, 
blende,  alabandine,  psilomélane,  stibine,  cuivre  gris,  etc. 

Rodna.  —  On  retrouve,  à  Rodna,  en  Transylvanie,  des  conditions 
de  gisement  analogues.  Rodna  est  situé  à  la  naissance  de  la  rivière 
de  Szamos.  Le  terrain  environnant  est  formé  de  schistes  cristallins 
avec  calcaires  grenus  recouverts  par  du  tertiaire.  Ces  terrains  sont 
recoupés  par  des  andésites,  au  contact  desquelles  il  s'est  développé, 
dans  le  calcaire^  des  amas  métallifères,  formés,  d'après  Poszepny, 
dans  Tordre  suivant  :  1®  pyrite  de  fer  et  quartz  ;  2®  galène,  blende 
et  mispickel  ;  3"  dolomie  et  calcite.  Ces  minerais  sont  toujours 
argentifères  et  aurifères*. 


2°  GISEMENTS  D'OR  SEDIMENTAIRES 

L'or,  contenu  dans  une  strate  déterminée  d'un  terrain  sédimen- 
taire,  peut,  ou  bien  provenir  du  remaniement  de  gisements  anté- 
rieurs, ou  s'être  précipité  directement  pendant  le  dépôt  du  terrain. 
Le  premier  cas  est  assurément  le  plus  fréquent  :  c'est  celui  de  la 
majeure  partie  des  alluvions  aurifères  et,  probablement  aussi,  des 
grès  et  conglomérats  aurifères,  exploités  ou  simplement  reconnus 
à  divers  niveaux,  dans  le  dévonien  du  Transvaal,  le  silurien  du 
Queensland  et  de  la  Tasmanie,  le  carbonifère  de  la  Nouvelle- 
Zélande,  etc.  Il  semble  bien,  cependant,  que  le  second  cas  s'est  pré- 
senté aussi  et  que  l'or,  principalement  sous  forme  de  pyrite  auri- 
fère, peut-être  aussi  à  l'état  d'or  natif,  ait  cristallisé  pendant  la 
sédimentation  même  de  certaines  couches.  Le  fait  n'a  rien  que  de 

1  Voir  la  bibliographie,  page  937. 


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TiO  GÉOLOGIE    APPLIQUËB 

conforme  avec  ce  que  nous  savons  sur  le  mode  de  formation  de 
nombreux  minerais  métalliques;  la  pyrite,  si  souvent  associée  avec 
Tor,  s'est  déposée  constamment  dans  ces  conditions,  et  Ton  en  con- 
naît des  cubes  bien  nets  et  non  roulés  '  dans  des  schistes,  des  grès, 
etc.  ;  si  Ton  réfléchit,  dès  lors,  que  Tor  est  assez  facilement  soluble 
dans  une  eau  chargée  d'azotates  ou  de  chlorures,  puis  qu'il  en 
est  précipité  par  les  mêmes  actions  réductrices  produisant  le  préci- 
pité de  sulfures,  on  concevra  que  de  la  pyrite  aurifère  ait  pu  cris- 
talliser dans  un  terrain  en  formation. 

Il  ne  serait  pas  impossible  que  certains  chloritoschistcs  auri- 
fères, comme  ceux  de  Randolff,  en  Californie,  des  grès  aurifères, 
comme  les  itacolumites  du  Brésil,  eussent  cette  origine.  On  a 
même  été  plus  loin  et  Ton  a,  à  diverses  reprises,  avancé  cette  idée 
que  l'or  des  placers  californiens  ne  résultait  pas  de  la  simple 
destruction  mécanique  des  filons  de  quartz  voisins,  comme  on  est, 
tout  d'abord,  disposé  à  le  croire,  mais  avait  été  précipité  en  même 
temps  que  la  silice,  habituel  ciment  des  conglomérats,  par  des  eaux 
qui  le  tenaient  en  dissolution.  Pour  expliquer  sa  présence  dans  ces 
eaux,  les  uns,  comme  M.  Laur,  ont,  d'ailleurs,  supposé  que  les 
venues  hydrothermales,  dont  la  circulation  dans  les  fentes  avait 
incrusté  d'abord  des  filons,  s'étaient  ensuite  épanchées  à  la  surface 
avec  leur  excès  d'éléments  minéraux,  or,  silice,  etc.;  les  autres, 
comme  Lock,  que  Tor,  préexistant  dans  les  terrains,  avait  été 
chimiquement  dissous  par  des  eaux  superGcielles  plus  ou  moins 
chargées  de  sel  et  reprécipité  en  présence  de  matières  oi^aniques. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  semble  que  ceux  qui  ont  étudié  de  près  les 
placers  soient  d'accord  pour  admettre  qu'un  simple  phénomène  de 
préparation  mécanique  n'explique  pas  suffisamment  certains  faits, 
tels  que  le  volume  de  diverses  pépites,  leur  forme  cristalline 
intacte  (alors  que  Feau  a  dû,  tout  autour,  détruire  le  quartz  dur 
et  résistant  *),  leur  composition  chimique  plus  pure,  etc. 

*  Au  Trarisvaal  même,  on  connaît  des  grès,  avec  gros  cristaux  de  pyrite  parfoitement 
anguleux  (d'ailleurs  non  aurifôres,  au  point  spécial  où  on  les  a  étudiés),  qui  ont  àù 
certainement  se  former  sur  place. 

'  Les  paillettes  d*or  extraites  du  quartz  par  bocardage,  dans  des  conditions  qui  pour- 
raient être  comparables  à  la  destruction  naturelle  d'un  filon,  n*ont  jamais  la  forme  de 
pépites,  mais  sont,  au  contraire,  entièrement  aplaties  et  minces.  Il  est  vrai  que  le 
travail  des  brocards  a  pu  contribuer  à  cet  aplatissement. 


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GÉNÉRArLITËS   SUR   LES   GISEMENTS  d'oR   SÉDIMENTAIRES  951 

Pour  éclaircir  ces  faits,  on  a  tenté  une  série  d'expériences  sur  la 
solubilité  de  Tor  dans  diverses  conditions  *.  Sonstadt  dénnontra  la 
solubilité  de  Tor  dans  Teau  de  mer  ;  BischofF,  celle  du  sulfure  d'or 
dans  une  dissolution  saturée  d'acide  sulfhydrique,  ou  du  chlorure 
d*or  en  présence  de  persels  de  fer.  Dans  la  même  voie,  le  professeur 
Egleston,  de  TEcole  des  mines  de  New-York,  a  essayé  de  mettre 
Tor  en  présence  de  divers  réactifs  pendant  un  temps  très  long,  ' 
dans  des  tubes  ouverts  ou  dans  des  tubes  scellés,  à  des  tempéra- 
tures et  pressions  diverses.  Il  constata  ainsi  la  réaction  de  Tor 
dans  du  chlorure  de  sodium,  additionné  d'une  goutte  d'acide  azo- 
tique, en  tube  scellé,  dans  l'azotate  d'ammoniaque  mêlé  de  chlo- 
rhydrate d'ammoniaque  en  tube  ouvert,  au  bout  de  quatre  moia, 
dans  une  eau  alcaline  chargée  de  matières  nitreuses,  etc.  Quant 
à  la  précipitation  de  l'or  par  le  pétrole,  le  cuir,  la  tourbe,  elle 
a  été  très  facilement  réalisée  et  a  donné,  avec  la  tourbe  par 
exemple,  de  petites  masses  comparables  à  des  pépites. 

A  ces  expériences,  M.  Egleston  a  pu  joindre  la  découverte,  faite 
par  lui  dans  une  mine  du  Dakota,  de  filaments  d'or  natif  ayant 
cristallisé  sur  des  bois  de  mine  trempant  dans  des  eaux  acides. 

Il  est  donc  parfaitement  possible  et  même  probable,  comm« 
nous  l'avons  déjà  indiqué  plus  haut,  que  les  actions  de  dissoiution 
chimique  aient  pu  se  joindre  aux  actions  mécaniques  poitr  pro- 
duire  la   concentration   de  l'or  dans  ses  gisements. 

Parmi  les  dépôts  d'or  sédimentaires,  on  peut  ranger  certaines 
couches  du  terrain  primitif,  où  l'on  trouve  parfois  de  î'or,  de 
même  qu'on  y  exploite  du  sulfure  de  fer,  de  l'oxyde  de  fer,  etc., 
intercalés  en  lentilles.  On  connaît  des  gneiss  aurifères  ea  Sibérrc 
et  dans  les  Alleghany.  A  Burnt  Hickory  (Géorgie)  %  à  Randolff, 
dans  la  Caroline  du  Nord  et  Dahlonga,  en  Géorgie,  on  a  exploité 
des  schistes  amphiboliques  et  chlorophyllites  aurifères.  Pour  l'or 
de  ces  divers  gisements,  le  même  problème  se  pose  que  pour  les 
autres  minerais  intercalés  au  même  niveau.  On  doit  se  demander 
si  les  métaux  sont  réellement  contemporains  du  dépôt  primitif 
ou  seulement  des  actions  métamorphiques  qui  ont  donné,  à  des 
terrains  sédimentaires,  l'aspect  de  gneiss,  de  micaschistes,  etc. 

•  Voir  Lock,  p.  785. 
«  V.  Groddeck,  p.  165. 


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95i  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Les  itacolumiles  aurifères  du  Brésil  présentent  déjà  des  carac- 
tères sédimentaires  plus  nets,  en  même  temps  que  leur  âge  semble 
plus  récent,  peut-être  silurien*. 

Au  sihirien  également  appartiennent,  croit-on,  certains  pou- 
dingues  aurifères  du  Queensland,  de  Tasmanie,  de  Tlnde,  compa- 
rables à  ceux,  bien  connus,  qu'on  exploite  dans  le  dévonien  du 
Transvaal.  En  Espagne  (Sierra  Jadena),  on  connaît  également, 
dans  le  silurien,  des  quartzites  aurifères  ;  en  Australie,  dans  la 
province  de  Victoria  (Gippse  Land),  des  schistes  siluriens  et  dévo- 
niens  aurifères. 

Dans  les  terrains  plus  récents,  Tor  sédimentaire  est  assez  rare  ; 
cependant,  en  Australie,  les  remaniements  des  filons  par  les  eaux 
ont  produit  des  concentrations  d'or  dans  beaucoup  de  terrains, 
depuis  le  houiller  jusqu'au  jurassique.  On  a  même  signalé  de  Tor 
dans  une  couche  de  charbon,  à  Newton,  dans  la  terre  de  Van 
Diemen. 

Dans  la  Nouvelle-Zélande,  M.  Horbert  Gox  a  décrit,  en  plusieurs 
points,  des  terrains  carbonifères  contenant  de  For  au-dessus  de 
couches  de  charbon. 

De  même,  dans  le  Nouveau-Brunswick,  un  conglomérat  carbo- 
nifère contient  de  For  visible  avec  des  galets  de  quartz;  un  fait 
identique  a  été  signalé  pour  le  conglomérat  carbonifère  inférieur 
de  la  rivière  Gay  dans  la  Nouvelle-Ecosse,  pour  les  grès  quart- 
zeux  aurifères  de  la  Nouvelle-Ecosse,  etc. 

En  France  même,  la  présence  de  For  a  été  reconnue,  paraît-il, 
dans  les  conglomérats  houillers  de  la  vallée  du  Gardon  (Gé- 
vennes). 

Puis,  dans  le  permien  de  FInde,  les  couches  de  Talchir, 
appartenant  au  système  de  Gondvana,  contiennent  de  For  détri- 
tique. 

Près  la  rivière  Barcoo,  au  Queensland,  on  connaît  de  For  dans 
des  couches  jurassiques,  au  voisinage  d'ammonites;  on  prétend 
également  que  le  calcaire  liasique  de  la  Grave,  dans  les  Hautes- 
Alpes,  en  renferme  des  traces. 

EnOn,  à  l'époque  pliocène  et  pléistocène,  nous  avons,  sous  forme 

*  Nous  renvoyons,  pour  leur  descnption,  à  Tétude  que  nous  avons  faite  des  gttes 
aurifères  du  Brésil,  p.  938  à  942. 


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AMAS    AURIFÈRES    UURONIENS    DES    ALLÉCHANT  953 

d'alluvions  et  de  placers,  les  grands  dépôts  aurifères  qui  ont  com- 
mencé la  fortune  de  la  Californie,  de  l'Australie,  etc. 

Nous  allons  passer  rapidement  en  revue  les  principaux  de  ces 
gisements  : 


AMAS  AURIFÈRES  HURONIENS  DES  ALLÉGHANY 

La  chaîne  des  monts  AUéghany  renferme,  depuis  la  Nouvelle- 
Ecosse  (près  d'Halifax),  au  Nord,  jusqu'à  la  Caroline  du  Sud  et  à 
la  Géorgie,  un  certain  nombre  de  gisements  aurifères  intéressants, 
qui  se  présentent  sous  forme  d'inclusions  à  gangue  quartzeuse  et 
généralement  pyriteuse,  au  milieu  de  talcschistes,  chloritoschistes, 
quartzites,  etc.,  huroniens.  L'or  s'y  trouve,  soit  disséminé  dans 
les  chloritoschistes,  soit  inclus  dans  des  lentilles  de  quartz  allon- 
gées et  aplaties,  comme  il  en  existe  partout  dans  les  micaschistes. 

Parmi  les  gisements,  on  peut  citer  ceux  de  Halifax,  découverts 
en  1861;  de  Val-Chaudière  (Canada);  du  New-Hampshire ;  du 
Vermont  ;  de  Randolff  (Caroline  du  Nord)  ;  de  Dahlonega  (Géoi^ie). 

A  Randolff  (Caroline  du  Nord),  il  existe,  en  alternance  avec  des 
gneiss,  des  schistes  amphiboliques  passant  à  des  chlorophyllites 
et  ne  présentant  pas  trace  de  sédimentation  ni  de  transport,  où  l'or 
est,  à  l'état  disséminé,  le  long  de  certaines  veines.  A  la  sur- 
face, ces  bancs  amphiboliques  se  sont  généralement  décomposés 
en  argilites  et  l'or  s'y  est  concentré  avec  de  la  limonite.  A  la  mine 
Panish,  on  exploitait,  en  1879,  un  banc  de  1  à  2  mètres  de  large, 
interstratifié  au  milieu  de  schistes^;  on  peut  rapprocher,  de  ce  gise- 
ment, les  mines  Washington  (Davidson  County),  Phœnix  et  Boger 
(Cabanas  County). 

A  la  mine  Haile  (district  de  Lancastre,  7S  kilomètres  au  Nord 
de  Columbia,  Caroline  du  Sud),  le  terrain  est  formé  de  schistes 
talqueux  et  quartzifères  traversés  par  des  filons  de  diorite.  Des 
amas  de  quartz  vitreux,  contenant  de  l'or  natif  et  de  la  pyrite  auri- 
fère, sont  interstratifiés  dans  les  talcschistes.  Les  mêmes  minerais 
se  retrouvent  dans  les  schistes  eux-mêmes. 

'  Rapport  manuscrit  de  R.-M.  Eames. 


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954  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

A  Dahlonega  (Géorgie),  d'après  Credner,  Torse  trouve  au  milieu 
de  chloritoschistes  feuilletés,  d'un  bleu  verdàtre,  compris  dans  un 
ensemble  de  schistes  micacés,  quartzi tes,  etc..  «  Une  zone  déter- 
minée de  ces  schistes  qui  n'est,  d'ailleurs*,  limitée  ni  par  des  plans 
de  stratification  ni  par  des  diaclases  et  dont  Tépaisseur  atteint  au 
plus  8  centimètres,  contient  une  quantité  de  lentilles  quartzeuses 
de  1  à  3  centimètres  d'épaisseur  et  30  à  60  de  longueur,  ainsi  que 
des  sécrétions  isolées,  grosses  comme  une  noix,  de  quartz  blanc 
vitreux,  qui  n'existent  pas  dans  les  bancs  voisins.  Dans  ce  quartz 
et  dans  les  schistes  chloriteux,  se  rencontrent  de  petites  écailles  de 
bismuth  tellure  (tétradymite)  avec  un  peu  d  or  natif*,  de  la  pyrite 
de  fer,  etc.  L'or  forme  parfois  des  houppes,  traversées  de  petits 
cristaux  de  quartz  transparent  et  suspendues  au  schiste  par  un 
simple  fil  très  fin.  »  La  même  association  du  bismuth  tellure  avec 
Tor  natif  en  masses  filiformes  et  ramuleuses  se  retrouve  à  Dahlo- 
nega dans  des  lentilles  de  quartz  intercalées  au  milieu  d'un  gneiss 
syénitique  dur.  On  Ta  également  signalée,  en  plusieurs  points  de 
la  Virginie,  par  exemple  à  la  mine  Whitehall  (Spotsylvanîa 
County)  et  à  la  mine  Telhinum  (Fluvanna  County). 

Bibliographie. 

1866.  H.  Crioner.  —  (B.  u.  H.  Z.,  p.  44  et  56  ;  Zeistr.  dd,  gcol.  Ges.,  p.  77.) 

1867.  Credner.  —  (Neues  Jahr,  f,  Min.y  1867,  p.  442,  et  Zeitsf.  d,  gesam^ 
Nalurh.y  1870,  p.  20.) 

1871.  Petermanns,  MUth.,  t.  Il,  p.  41. 
1884.  Y.  Groddeck,  p.   i64. 


OR  DES  BLACKHILLS  (dakota)' 

Les  Blackhills  du  Dakota  contiennent,  d'après  Newton  et  Jenney^ 
de  Tor  dans  des  conditions  comparables  à  celles  que  nous  venons 
d'étudier  aux  AUéghany,  Il  existe  là,  sur  le  flanc  Ouest,  une  série 
de  micaschistes,  schistes  amphiboliques,  quartzites  et  gneiss  con- 

»  D*après  Credner.  N.  J,  f.  Min,,  1867,  p.  442,  et  von  Groddeck,  p.  164. 
*  Association,  déjà  mentionnée,  de  l'or  et  du  tellure. 
'  Coll.  Ecole  des  Mines,  1773. 


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MINES    d'or    du    WITWATERSRAND    (tRANSVAAL)  955 

tenant  des  lentilles  interstratifiées  de  quartz  avec  de  Tor  finement 
disséminé.  Sur  le  flanc  Est,  Tor  est  moins  fréquent;  cependant, 
il  se  présente  aussi,  dans  certains  bancs  dequartzite,  associé  avec 
des  dépôts  d'hématite  résultant  évidemment  de  la  décomposition 
de  pyrites.  Ces  terrains  primitifs  semblent  avoir  fourni  des  traces 
d'or,  qu'on  trouve  dans  les  grès  de  Postdam.  Leur  érosion  récente 
a  également  donné  de  Tor  d'alluvions. 

Bibliographie. 

1880.  Henry  Nkwton.  —  Ccology  of  Ihe  Black  Hills  of  Dakota.  {înRep.  GeoL 
and  Res  Black  Hills j  U,  S.  geol,  Survey.) 
4880.  Jennky.  —  Minerai  resources  of  Ihe  Black  Hills  of  Dakota  (ibidem). 
1882.  LocK,  p.  805. 

MINES  D'OR  DU  TRANSVAAL  (witwatersrand)* 

Les  mines  d'or  du  Transvaal  ne  sont  guère  exploitées  que  depuis 
1886;  mais  elles  ont  pris  immédiatement  une  importance  consi- 
dérable. En  1888,  la  République  Sud-Africaine  a  exporté  pour 
22  millions  d'or,  en  1889  pour  36  millions,  en  1890,  pour 
44  millions  et  demi  (494  756  onces);  en  1891,  pour  78  millions 
(729  225  onces)  ;  en  1892  enfin  pour  129  millions  (1  210  865  onces). 

La  découverte  de  celte  nouvelle  Californie  est  bien  récente  : 
c'est  en  1864  que  Cari  Mausch  signala,  le  premier,  les  gisements 
d'or  du  Matabeland;  en  1868,  ceux  de  Lydenburg.  En  1871,  on 
trouva,  dans  la  même  région,  les  mines  de  diamants  du  Cap*;  en 
1834,  M.  D.  Moodie  entreprit  une  exploitation  dans  le  district 
aurifère  de  de  Kaap,  à  la  mine  de  Sheba;  enfin,  en  1886,  on  trouva, 
par  hasard,  à  40  milles  au  Sud  de  Pretoria,  l'immense  gîte  duWit- 
watersrand  (zone  des  eaux  blanches),  qui  nous  occupera  spéciale- 
ment dans  un  instant.  Depuis  cette  époque,  on  a  annoncé  encore 
l'existence  de  gisements  merveilleux  dans  le  Matabeland,  le  Mas- 
honaland,  etc. 

*  Coll.  Ecole  des  Mines,  n»  2009.  Pour'jes  détails  sur  ces  gisements,  nous  renvoyons 
à  un  mémoire  publié  par  nous  aux  Annales  des  Mines  (janvier  1891;  et  à  deux  notes 
complémentaires  insérées  aux  bulletins  de  janvier  et  juillet  1892. 

'  Voir,  plus  haut,  tome  J,  page  10. 


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956  GÉOLOGIE  APPLIQUÉS 

Le  trait  caractéristique  de  la  géologie  de  l'Afrique  méridionale  *, 
c'est,  nous  avons  déjà  eu  Toccasion  de  le  dire  à  propos  des 
gtles  diamantifères  du  Gap,  Texistence,  au-dessus  d'un  soubasse- 
ment de  gneiss  et  de  granité,  de  terrains  anciens,  siluriens,  dévo- 
niens  et  carbonifères,  fortement  plissés  et  érodés,  que  surmontent, 
à  leur  tour,  en  stratification  discordante,  les  grands  plateaux 
horizontaux  duKaroo  (permien  à  Tinfralias).  Les  diamants  du  Cap 
sont  dans  des  cheminées  d'une  roche  éruptive  recoupant  ce  Karoo  ; 

Tor  du  Transvaal,  et  en 
JgJJ^  particulier  du  Wilwaters- 
rand,  existe,  à  l'état  sédi- 
men taire,  dans  des  con- 
glomérats dévoniens  *. 

Ces  conglomérats  se  pré- 
sentent sous  la  forme  de 
'      liVt  devante  jf     \^î««r-e*«>«Ar      baucs  disIoqués  et  discon- 
tinus,   appelés    reefs    ou 
Fig.  384.  —  Licrne  d'affleiirement,  p,  j      i    i»  ui 

des  congloméraU  aurifères  du  Wilwalersrand      i"Ons,    dont    1  ensemble    a 

*"  sôôlôô.  ^^^  ®"^^^  ^"^  ^^^  centaine 

de  kilomètres  de  long. 
D'une  façon  générale,  on  peut  dire  qu'ils  forment  probablement  une 
sorte  de  grande  cuvette  dont  on  ne  connaît  que  la  moitié  Nord, 
entre  Potchefstromm  et  Klerksdorp  à  TOuest,  Johannesburg 
au  centre,  Heildelberg  à  l'Est  (fig.  384);  la  moitié  Sud,  si  elle 
existe,  étant  tout  entière  masquée  par  les  terrains  supérieurs  du 
Karoo. 

Les  travaux  fructueux  portent  surtout  sur  le  Main  reef  {on  reef 
principal),  qui  a  déjà  été  mis  à  jour  sur  un  parcours  de  plus  de 
30  kilomètres.  Il  est  constitué,  lui-même,  par  un  faisceau  de  cinq 
veines  :  la  veine  Sud,  de  20  centimètres  à  1  mètre  de  puissance, 
qui  tient  jusqu*à  10  et  12  onces  d'or^  à  la  tonne  ;  une  veine  de 
2  mètres  (main  reef  proper),  un  peu  négligée  parce  qu'elle  ne 

*  Voir,  au  tome  l,  page  12,  la  carte  (ftg.  2)  esquissée  par  nous  d*après  divers 
documents  anglais  ou  allemands. 

'  Récemment,  M.  Maidment  a  considéré  les  conglomérats  aurifères  comme  précam- 
briens; nous  avons  analysé  et  discuté  son  travail  au  Bulletin  des  Annales  des  Mines^ 
de  juillet  1892. 

'  L*once  (31fl%1034)  vaut  environ  107  Trancs. 


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MINBS    D*OR    DU    WITWATERSRAND    (tRANSVAAL)  957 

donne  plus  qu'une  once  d'or  à  la  tonne;  enfin  la  veine  du  Nord^ 
de  30  cenlimètres  à  1  mètre,  donnant  moins  de  1  once  d'or  à  la 
tonne.  Dans  ce  main  reef  lui-même,  la  partie  centrale  a  seule, 
jusqu'ici,  produit  des  résultats  considérables. 

Parmi  les  compagnies  situées  dans  cette  région,  nous  citerons 
Robinson,  Langlaagte,  Jumpers,  etc. 

Les  conglomérats  aurifères  exploités  sont  formés,  tantôt  exclu- 
sivement de  galets  de  quartz  vitreux  ou  hyalin,  généralement 
plus  petits  qu'un  œuf  et  cimentés  par  une  pâte  siliceuse  et  ferru- 
gineuse, tantôt  de  galets  de  roches  diverses  ;  (quartzites,  granités, 
etc.),  associés  au  quartz.  L'or,  irrégulièrement  réparti  dans  la 
masse,  se  trouve  plutôt  dans  la  gangue  que  dans  les  galets  et 
surtout  à  la  périphérie  de  ces  galets.  Lorsqu'on  enlève  Tun  d'entre 
eux,  on  voit  souvent  la  cavité  tapissée  de  petits  cristaux  d'or.  Le 
métal  précieux  paraît  avoir  été  originairement  contenu  dans  de 
la  pyrite  de  fer,  quoique  la  pyrite  n'ait  été  rencontrée  en  abon- 
dance dans  les  mines  du  Witwatersrand  qu'assez  récemment.  Cette 
anomalie  apparente  tient  à  ce  que  les  exploitations  se  sont  d'abord 
attaquées  à  la  zone  superficielle  des  conglomérats,  zone  où  la 
pyrite,  par  une  altération  météorique  très  ancienne,  avait  été  anté- 
rieurement transformée  en  oxyde  de  fer  ou  dissoute  et  emportée 
à  l'état  de  sulfate  par  les  eaux.  Jusqu'à  40  ou  50  mètres  de  pro- 
fondeur, on  a  donc  travaillé  sur  des  conglomérats  plus  ou  moins 
désagrégés  et  ferrugineux,  où  l'or  existait  à  l'état  libre,  facile  à 
extraire,  dès  lors,  par  simple  broyage  et  amalgamation  :  ce  que  les 
Anglais  appellent  un  free  milling  ore.  En  s'approfondissant,  les 
travaux  ne  trouvent  plus,  au  contraire,  que  des  pyrites  aurifères, 
qui,  d'ailleurs,  ne  présentent  pas  de  difficultés  spéciales  et  que  la 
mine  Robinson  a  commencé,  depuis  1890,  à  traiter  en  grand  parle 
procédé  Plattner.  La  continuité  en  profondeur  a  été  établie,  tant 
par  les  travaux  mêmes,  descendus  déjà,  en  un  point,  au  village 
Main  Reef,  à  près  de  200  mètres,  que  par  un  sondage  poussé  jus- 
qu'à 300  mètres;  mais  elle  est  accompagnée  d'un  appauvrisse- 
ment*. 

Si  Ton  veut  se  rendre  compte  du  mode  de  venue  de  for,  on 

<  Voir,  plus  baut,  page  885.  La  proportion  moyenne   de  i*or   contenu   dans  les 

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958  GÉOLOGIE  APPLIQUÉS 

admettra»  avec  assez  de  vraisemblance,  que  cette  pyrite  aurifère 
est,  au  même  titre  que  le  quartz,  le  quartzite,  le  granité,  etc.,  un 
des  éléments  de  la  formation  sédimentaire  du  conglomérat,  élé- 
ments empruntés  à  des  terrains  préexistants  détruits  par  les  eaux  ; 
on  trouve,  en  effet,  dans  le  gisement,  des  galets  de  pyrite  roulés. 
La  pyrite,  étant  plus  friable  que  le  quartz,  a  nécessairement  contri- 
bué surtout  à  donner  les  éléments  de  la  pâte  à  grain  fin  qui 
entoure  les  galets  :  d*où  la  richesse  plus  grande  en  or  de  cette  pâte 
et  cette  destruction  même  a  pu  y  concentrer  l'or  par  une  sorte  de 
préparation  mécanique.  L'or  proviendrait,  dès  lors,  de  filons  de 
quartz  et  pyrite,  antérieurs  au  dévonien,  filons  à  peu  près  contem- 
porains de  ceux  d'Australie,  qui,  recoupant  le  cambrien  et  le  silu- 
rien, s'arrêtent  toujours,  parait-il,  devant  les  terrains  plus  récents 
de  la  région. 

Ces  filons  de  quartz  aurifère  sont,  d'ailleurs,  très  fréquents  dans 
la  région,  quoique,  en  général,  inexploitables;  ils  se  présentent  sous 
forme  de  veines  minces  plus  ou  moins  interstratifiées  dans  les 
schistes. 

Si  Ton  repoussait  cette  hypothèse,  il  faudrait  admettre  une 
précipitation  chimique  de  l'or  contemporaine  du  dépôt,  ce  qui 
parait  contraire  à  la  présence  de  l'or  dans  des  galets  roulés,  soit 
de  quartz,  soit  de  pyrite.  Il  est,  dans  tous  les  cas,  assez  singu- 
lier de  voir  For  se  localiser  souvent  dans  certains  lits  extrême- 
ment minces,  parfois  de  1  ou  2  centimètres  à  peine,  tandis  que  des 
conglomérats  semblables,  au-dessus  et  au-dessous,  sont  stériles. 
Mais  on  peut  remarquer,  comme  loi  générale,  que  l'or  est  infini- 
ment plus  fréquent  dans  des  conglomérats  à  gros  galets  que  dans 
des  grès  fins  :  c'est,  pour  nous,  de  même  que  la  concentration 
de  l'or  sur  le  bedrock  dans  les  placers*,  un  résultat  de  la  préparation 
mécanique. 

roches  extraites   a   diminué,  depuis   deux  ans,   d*après  le  professeur  Suess,  de 
Vienne,  de  la  façon  suivante  : 

1889  1690  1891 

Mine  de  Jumpers 14  7,37  7,75 

—  Langlaagte 22  i7,69  14   » 

—  May 20  12   .  9,50 

—  Robinsoii 52  30,23  23   >» 

•  Voir  plus  loin,  p.  942. 


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MINES    d'or    du    WITWATERSRÀND    (tRANSVAAl)  959 

Il  y  a  peu  à  dire  du  procédé  d'extraction  de  for  usité  dans  le 
WitwateFsrand.  Jusqu'en  1891,  des  raisons  financières  avaient  fait 
laisser  de  côté  les  pyrites  aurifères,  traitées  aujourd'hui  par  le 
procédé  Plattner  ;  pour  les  free  millinff  ores ^  le  traitement  consiste, 
dès  lors,  en  un  simple  broyage  aux  bocards,  parfois  après  concas- 
sage,  puis  première  amalgamation  sur  des  tables  en  cuivre  enduites 
de  mercure,  passage  du  minerai  restant  dans  des  amalgamaleurs 
ou  cuves  remplies  de  mercure,  et  distillation  dans  des  cornues 
en  fonte.  Les  résidus  ou  «  tailings  »  gardent,  bien  qu'on  ait  un 
peu  réduit  le  gaspillage  des  premiers  temps  d'exploitation ,  40  à 
50  p.  100  de  l'or. 

La  difficulté  est  de  régler  le  travail  des  bocards,  qui  s'usent  ou 
se  dérangent  en  tombant,  Tinclinaison  des  tables,  la  vitesse  des 
courants  d'eau.  En  outre,  il  reste,  dans  le  minerai,  des  traces  de 
sulfures  qui  retiennent  l'or  ;  aussi  a-t-on  préconisé  l'emploi  de 
liqueurs  chlorurées  ou  iodurées,  la  calcinalion  avec  chlorure  de 
sodium  suivie  d'une  dissolution  dans  Thyposulfite  de  soude  et 
d'une  précipitation  par  le  sulfate  de  chaux,  etc.  Un  autre  perfec- 
tionnement a  consisté  dans  une  préparation  mécanique,  introduite 
entre  le  bocardage  et  l'amalgamation  ou  la  chloruration,  pour 
enrichir  le  minerai. 

Indépendamment  du  Witwatersrand,  qui  constitue  la  principale 
région  aurifère  au  Transvaal,  nous  mentionnerons  les  districts  de 
de  Kaap,  Lydenburg,  etc.. 

A  de  Kaap  (Barberton),  on  a  reconnu  la  présence  de  l'or  dans 
des  conglomérats,  des  quartzites  et  des  veines  filoniennes  sem- 
blant s'être  ouvertes  à  la  suite  de  l'éruption  des  mélaphyres  ; 
on  a  surtout  exploité  des  alluvions  à  Barre ts-Berlin,  Kantoor, 
Walerfall.  Les  quartzites  aurifères  de  Sheba^  après  avoir  donné 
lieu  à  un  grand  engouement  en  1886,  ont  été,  à  peu  près,  aban- 
donnés. 

A  Lydenburg,  on  exploite,  soit  des  filons  encaissés  dans  les  schistes 
talqueux  et  ayant  de  0™,60  à  1"*,20,  soit  des  alluvions.  La  pro- 
duction a  été,  en  1888,  de  600  000  francs. 

Des  alluvions  aurifères  ont  été,  en  outre,  signalées  successive- 
ment dans  le  Zoutpansberg,  le  Swazieland  et  le  Matabeland  (Tati)  ; 
puis,  en  juillet  1891,  dans  la  division  du  prince  Albert,  à  Spreun- 


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960  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

fontein  et  Kleinwaterval.  Ces  dernières  ont  été  immédiatement 
mises  en  exploitation  '. 

Bibliographie. 

*  1885.  Penning.  —  On  the  Goldfields  of  Lydenburg  and  de  Kaap  in  the 
Transvaal  (Soalh  Africa}.  (TheQùaterly  Journal  of  the  geological  Society  ofLondon, 
vol.  XLF,  p.  569.  Londres,  1885.) 

1885.  DuMN.  —  The  Transvaal  Goldfields,  (GeoL  Magazine ,  3«  Décade,  t.  II, 
p.  171.  Londres,  1885) 

*  i885.  H.  Haevernick.  —  Die  Goldfelder  von  Trdnsvaalj  mit  Karte  ggoôû' 
(Petermanns  Mittheilungen,  vol.  XXXI,  p.  87.  Golha,  1885.) 

1887.  V.  Paul  Emmrich.  —  Die  de  Kaop  Gold  Fields  in  Transvaal.  (/)'  A,  Pe- 
teiTnan's  Miitheilungea,  t.  XXXIII,  p.  139.  Gotha,  1887.) 

1887.  Mathers.  —  Golden  South  Africa. 

1888.  Glanville.  —  The  South  Africa  goldfields. 

1888.  MiTCHEL.  —  Dian)onds  and  gold  of  South  Africa^  1  vol.  in-8*. 

1890.  A.  ScHENCK.  —  Uber  das  Vorkonnmen  des  Goldes  in  Transvaal  im 
Allgemeinen  und  ûber  die  V/iiwaicrsrand  Gold  Felder  Sûdlich  von  Pretoria. 

1890.  J.-M.  LiDDELL.  —  The  gold-fields  of  the  Valley  of  de  Koap  Transvaal, 
South  Africa.  [Transactions  of  tke  North  of  England  Institute  of  mining  and  me- 
chanlscal  Engineers,  t.  XXXVIII,  p.  171.  Neweastle  upon  Tyne,  1890.) 

1890  et  1891.  The  Witwatersrand  mining  and  melallurgical  Review. 

1890.  Dknnis  Edwards.  —  The  gold  Oeldsof  South  Africa. 

*  1890.  Dupont.  —  Les  mines  d'or  de  TAfrique  du  Sud,  1  vol.  in-8<>. 

1890.  Goldfieis  of  South  Africa,  1  vol.  Capetown. 

1891.  L.  DE  Launay.  —  Mines  d'or  du  Witwatersrand.  (Ann.  t/.  Af ,  janv. 
1891,  et  Nature^  30  oct.  1891.  Nous  avons,  dans  cet  article  des  Annales  des 
mines,  donné  une  bibliographie  des  travaux  antérieurs.) 

1892.  L.  DE  Launay.  —  Nouveaux  gisements  d'or  au  Cap.  (Bull,  Ann.  d. 
M.,  janv.  92,  p.  136.) 

1892.  L.  DE  Launay.  —  Sur  le  développement  des  mines  d'or  du  Transvaal. 
(Bull.  ann.  d.  If.,  juillet  1892,  p.  3.) 

1892.  Bel.  —  Les  mines  d'or  du  Transvaal.  {Économiste  français  du  15  oct. 
1892.) 


ÀLLUVIONS  AURIFERES 

Toutes  les  alluvions  aurifères  se  présentent  dans  des  conditions 
assez  analogues,  dont  le  meilleur  type,  le  plus  développé  et  aussi 
le  plus  complètement  étudié,  se  trouve  en  Californie.  Les  indica- 
tions que  nous  donnerons  à  ce  sujet  nous  permettront  de  passer 
ensuite  rapidement  sur  les  autres  champs  d'exploitation  du  même 

«  Voir  Bull.  Ann.  d.  M.,  janv.  1892. 


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ALLUYIONS   AURIFÈRES   DE  CALIFORNIE  961 

genre.  Parmi  ceux-ci,  nous  étudierons,  d'abord,  les  plus  importants 
après  ceux  de  Californie,  c'est-à-dire  ceux  d'Australie  ;  puis,  pas- 
sant successivement  en  revue  les  diverses  parties  du  monde  :  en 
Europe,  ceux  de  France,  de  la  vallée  du  Rhin,  du  Piémont,  du 
Rio  Sil  et  de  la  vallée  de  Grenade,  en  Espagne  ;  en  Asie,  ceux  de 
Sibérie,  de  Tlnde,  de  Sumatra;  en  Afrique,  ceux  du  Rio  Lombigo, 
de  la  Côte  d'Or  ;  en  Amérique  du  Sud,  ceux  de  Panama,  du  Vene- 
zuela, de  la  Guyane,  etc.*. 


ALLUVIONS  AURIFÈRES  DE  CALIFORNIE' 

Nous  avons  décrit  ailleurs^  les  filons  aurifères  de  Californie; 
les  alluvions  aurifères,  qui  leur  sont  associées,  ont  été,  pendant 
longtemps,  la  grande  richesse  du  pays;  grâce  à  des  méthodes  très 
perfectionnées,  elles  fournissent  encore  une  quantité  d'or  consi- 
dérable. 

On  peut  distinguer,  par  leur  âge  et  leur  allure  géologique,  trois 
classes  d'alluvions,  soumises,  jusqu'à  un  certain  point,  à  trois 
modes  de  traitement  distincts  : 

1**  Sur  les  plateaux,  ou  dans  les  parties  hautes  des  vallées,  on 
trouve  des  dépôts  pliocènes  ou  pléistocènes  (quaternaires),  corres- 
pondant à  une  époque,  pendant  laquelle  l'orographie  de  la  région 
était  différente  de  l'orographie  actuelle.  Ces  dépôts  suivent  cer- 
taines dépressions  creusées  par  les  rivières  anciennes  qui  les  ont 
accumulés,  et,  comme  ils  ont  été  fréquemment  recouverts,  soit  par 
des  formations  sédimentaires,  soit  par  des  coulées  de  roches  érup- 
tives  (laves  ou  basaltes) ,  il  faut  une  investigation  préliminaire 
assez  délicate  pour  les  reconnaître.  On  les  désigne  sous  le  nom  de 
gravel  mines,  que  traduit  improprement  notre  mot  graviers,  et  on 
les  exploite  généralement  par  travaux  souterrains  (drift  mining), 
parfois  aussi,  lorsque  les  conditions  le  permettent,  par  la  méthode 
hydraulique  (hydraulic  mining)  ; 

*  Nous  ayons  décrit  incidemment,  plus  haut,  pages  928  et  929,  ceux  du  Chili  et  du 
Pérou. 
»  Voir  la  carte  de  Californie,  ûg.  318,  p.  712. 
'  Pages  919  à  925. 

GÉOLOGIE.  —  T.  11.  61 


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962  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

2""  Postérieurement,  le  cours  des  vallées  actuelles  s'est  dessiné, 
donnant  toutefois  encore  passage  à  des  cours  d'eau  beaucoup  plus 
considérables  que  ceux  que  nous  voyons.  A  ce  moment,  se  sont 
déposées  les  allumons  anciennes  des  vallées,  formant,  soit  des  ter- 
rasses (deep-leads),  attaquables  par  la  méthode  hydraulique,  sur 
les  flancs  de  ces  vallées  ;  parfois  aussi,  dans  le  chenal  même,  une 
couche,  recouverte  postérieurement  par  les  alluvions  modernes  et 
que  Ton  exploite  alors  comme  elles  ; 

Enfin,  3^,  les  allumons  modernes^  essentiellement  comprises  dans 
les  vallées  actuelles,  ne  dépassent  jamais  le  lit  majeur  du  cours 
d'eau,  c'est-à-dire  celui  qui  est  occupé  au  moment  des  plus  hautes 
crues.  La  disposition  topographique  de  ces  alluvions  permet 
difficilement  de  les  attaquer  par  grandes  masses  et  sur  une 
épaisseur  considérable,  sauf  parfois  dans  les  parties  hautes  des 
vallées.  Les  alluvions  des  vallées  à  faible  pente  {shallow  placers) 
se  traitent,  en  général,  par  simple  lavage  (sluicing). 

Nous  décrirons  successivement  ces  trois  catégories  de  giles  : 

1^  Les  dépôts  des  plateaux  ont  été,  généralement,  découverts  en 
remontant  depuis  les  alluvions  des  vallées,  qui  s'étaient  formées,  à 
une  époque  plus  ou  moins  ancienne,  à  leurs  dépens.  Leur  exploi- 
tation, qui  ne  date  guère  que  de  1855,  a  été  entreprise  à  l'origine 
sans  aucune  méthode  et  a  donné  lieu,  par  suite,  à  de  nombreux 
déboires.  Aujourd'hui,  des  milliers  de  puits  et  de  tunnels  ont 
permis  de  reconnaître  et  de  tracer  sur  des  cartes  les  bords  (rims) 
de  ces  anciennes  rivières  souterraines,  situées  particulièrement 
dans  les  comtés  de  Sierra,  de  Nevada,  de  Placer  et  de  Plumas, 
notamment  les  chenaux  du  Blue-Lead  et  du  Forest-Hill.  Une 
figure  ci-jointe  (388,  p.  968)  montre,  d'après  M.  Sauvage,  dan.s 
la  vallée  de  Yuba,  les  chenaux  pliocènes  très  différents  des  vallées 
actuelles  et  recoupés  par  elles  souvent  à  angle  droit. 

Dans  les  rivières  pliocènes,  qui  ont  laissé  ces  alluvions,  le  dépôt 
de  l'or  a  obéi  à  certaines  lois,  que  nous  retrouverons  également 
dans  les  alluvions  plus  récentes  et  dont  la  connaissance  peut  diri- 
ger dans  la  recherche  des  points  riches. 
Tout  d'abord,  on  peut  rappeler  ici  une  remarque  que  nous  avons 

«  Page  85. 


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ALLUTIONS  AURIFÈRES  DE  CALIFORNIE  963 

déjà  eu  Toccasion  de  faire  à  propos  de  Tétain*,  c'est  qu'en  général 
les  matériaux  des  larges  alluvions  anciennes  ont  été  trans- 
portés à  une  distance  beaucoup  plus  faible  qu'on  ne  le  croirait  et 
sont,  par  suite,  en  relation  avec  la  nature  des  roches  situées, 
presque  immédiatement,  à  l'amont*.  Pour  l'or  en  Californie, 
cela  ressort  immédiatement  de  l'examen  d'une  carte,  où  l'on  a 
noté  :  d'une  part,  la  position  des  filons  aurifères;  de  l'autre,  celle 
des  placers  riches  :  les  deux  zones  se  confondent  presque.  En 
particulier,  les  grains  métalliques  un  peu  gros  sont,  à  peu  près, 
demeurés  sur  place.  On  peut  en  conclure  que  la  connaissance  des 
roches  du  fond,  notamment  des  veines  de  quartz  aurifère,  des 
massifs  de  serpentine,  etc.,  sera  d'une  grande  utilité. 

En  second  lieu,  les  matériaux  charriés  par  les  eaux  ont  subi 
une  préparation  mécanique  analogue  à  celle  qu'on  réalise  artifi- 
ciellement dans  les  sluices.  Par  suite,  les  pépites  et  les  paillettes 
les  plus  grosses  sont  allées  s'accumuler  au  fond  (sur  le  bedf'ock)^ 
en  particulier  dans  toutes  les  anfractuosités  de  ce  fond';  s'il  est 
schisteux,  dans  tous  les  interstices  des  schistes.  Les  parcelles  d'or 
plus  unes,  entraînées  plus  loin  par  le  courant,  se  sont  déposées 
partout  où  ce  courant  s'est  ralenti  pour  un  motif  quelconque, 
spécialement  dans  les  remous  causés  par  la  courbure  des  rives 
sur  ses  parties  concaves,  ou  dans  les  changements  brusques  de 
direction. 

Il  en  résulte,  d'une  part,  que  c'est  la  couche  inférieure  des 
alluvions  qu'il  convient  d'exploiter,  soit  souterrainement  si  les 
couches  stériles  superposées  sont  trop  épaisses,  soit  par  la  mé- 
thode hydraulique,  lorsque  les  conditions  le  permettent*;  et, 
d'autre  part,  que  les  coudes  et  branchements  sont  spécialement 
à  étudier. 

Certaines  rivières  anciennes  de  la  Californie  présentent,  quelque- 
fois, en  outre,  un  phénomène,  dû  sans  doute  à  des  périodes  de 
remplissage  successives  :  c'est  l'existence,  au-dessus  de  la  couche 

*  Voir  plus  haut,  pages  151  et  suiv. 

*  Laur,  loc.  ciL,  p.  392;  Cumenge,  Tor  (Encyclopédie  chimique),  p.  20. 

'  D*où  l'insuccès  général  des  entreprises  de  dragage  au  fond  des  rivières  ac- 
tuelles. L*or,  enfoui  dans  les  anfractuosités  du  fond  sous  les  alluvions^  échappait  à 
la  drague. 

*  La  méthode  hydraulique  est  actuellement  interdite  en  Californie. 


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964 


GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 


aurifère  inférieure,  d'autres  couches  exploitables  (ou  payantes  : 
pay  gravel).  Ainsi,  auParagon  Claim,  à  Batii,  dans  le  comté  de 
Placer,  on  a,  d'après  M.  Cumenge,  trouvé  trois  strates  payantes 
dans  le  même  chenal,  Tinférieure  de  2  mètres  de  puissance  sur 
le  bedrock,  la  seconde  5  mètres  plus  haut,  et  la  troisième  50  mètres 
au-dessus. 

D'une  façon  générale,  les  alluvions  anciennes  se  composent 
d'une  série  de  couches  de  galets,  de  sables  et  d  argile,  superposées 
le  plus  souvent  par  ordre  de  grosseur,  mesurant  ensemble  10  à 
60  mètres  de  puissance,  exceptionnellement  jusqu'à  150  et  200  et 


Fig.  385.  —  Coupe  du  diluvium  aurifère  à  Walseys'flat.  (D'après  M.  Laur.) 

formant,  sur  les  hauteurs  de  terrains  anciens,  des  collines  plus  ou 
moins  meubles  ou  plus  ou  moins  cimentées.  La  stratification,  qui 
existe  localement,  n'est  jamais  continue  sur  une  grande  étendue. 
A  la  base,  avec  les  galets  les  plus  gros  (parfois  plus  gros  que 
ia  tête  d'un  homme),  sont  aussi  les  parties  plus  riches  en  or 
(fig,  383).  C'est  ce  que  l'on  appelle  le  blue  gravel  (gravier  bleu), 
dont  l'épaisseur  varie  de  quelques  centimètres  à  12  ou  13  mètres. 
Comme  son  nom  l'indique,  cette  masse  est  bleuâtre  ;  la  pyrite  de 
fer,  cristallisée  en  cubes,  y  abonde  ;  souvent  les  éléments  sont 
soudés  par  un  ciment  siliceux,  éminemment  cristallin  et  empâ- 
tant des  cristaux  de  pyrite  à  arêtes  vives,  que  l'on  a  considéré 
comme  un  produit  d'épanchement  hydrothermal  venu  directe- 


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ALLUVIONS   AURIFÈRES  DE  CALIFORNIE  965 

ment  du  griffon  des  ûlons  aurifères  ^  A  Mokelumne  Hill,  d'après 
M.  Laur,  certains  puits,  limités  à  moins  de  2  mètres  carrés,  ont 
donné,  dans  cette  couche,  jusqu'à  120  kilogramme  d'or. 

Au-dessus  de  ce  blue  gravel,  vient  une  couche  rougeàtre  de 
même  composition,  dont  l'épaisseur  atteint  parfois  une  dizaine  de 
mètres,  et  qui  est  aussi  très  riche  ;  c'est  le  red  gravel.  Puis  ap- 
paraissent des  masses  plus  ou  moins  considérables  de  sables,  avec 
ou  sans  galets,  contenant  encore  un  peu  d'or,  mais  en  proportion 
moindre  et  à  un  état  de  division  très  fin  :  c'est  le  top  gravel^ 
qui,  dans  les  exploitations  hydrauliques,  peut  encore  fréquemment 
être  exploité  avec  fruit. 

Sur  les  flancs  du  chenal  de  la  rivière  ancienne,  on  trouve  sou- 
vent de  grands  blocs  (rim  rocks)  tombés  des  parois,  souvent  aussi 
des  masses  de  sable  quartzeux  meuble  et  d'argile  blanche  (pipe 
clay).  Les  fragments  de  bois  carbonisés  ou  silicifiés  sont  abon- 
dants dans  les  alluvions,  et  ont  permis  de  reconnaître  leur  flge 
pliocène. 

La  richesse,  dans  ces  différentes  couches,  est,  pour  un  même 
chenal,  généralement  assez  constante.  M.  Laur  suppose  que  le  pro- 
duit moyen  du  mètre  cube  du  terrain  de  la  base  doit  se  rappro- 
cher de  4  francs  et,  plus  haut,  de  0,25, 

Les  mineurs  attachent  une  grande  importance  à  la  séparation 
bien  nette  des  sables,  argiles  et  graviers,  qui  prouve  une  prépara- 
tion mécanique  plus  complète,  ainsi  qu'à  la  présence  de  pyrite  de 
fer  abondante. 

Nous  avons  dit  que  les  alluvions  pliocènes  étaient  fréquemment 
recouvertes  par  des  coulées  de  lave.  C'est  ce  que  représentent  deux 
figures  ci-jointes  (386  et  387).  Sur  l'une  (fig.  386),  passant  par  le 
tunnel  de  Maine  Boy  près  de  Sonora  (Tuolumne  County),  la  lave 
atteint  42  mètres  d'épaisseur. 

On  a  remarqué,  d'autre  part,  que  la  pente  des  vallées  pliocènes, 
relevée  aujourd'hui,  aurait  été  souvent  bien  forte  (jusqu'à  3  p.  100), 
pour  permettre  le  dépôt  d'aussi  vastes  alluvions,  charriées  à  aussi 
peu  de  distance  et  contenant  souvent  des  éléments  aussi  fins,  ceux 
du  pipe  clay  par  exemple.  On  a,  dès  lors,  supposé  que,  pendant  la 

*  Laur,  page  393. 


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966 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


période  pliocène,  caractérisée  par  le  creusement  de  valléps  dans  la 
Sierra  et  l'apport  des  déblais  dans  la  mer  qui  baignait  son  pied, 
et,  plus  tard,  également,  après  les  grandes  éruptions  volcaniques 
de  la  période  quaternaire,  il  avait  dû  se  produire  un  soulèvement 

lent  et  progressif  de  la  Sierra  : 
les  modifications,  constatées  dans 
le  régime  des  cours  deau  à 
l'époque  pliocène  et  à  Tépoque 
quaternaire,  en  seraient  la  con- 
séquence. 

2''  Les  alluvions  anciennes  des 
hautes  vallées  (deep    leads)  pré- 
sentent d'assez  grandes  analogies 
avec  les  dépôts  pliocènes  des  pla- 
teaux et  s'en  distinguent  surtout  par  leur  localisation  habituelle 
sur  les  flancs  des  vallées  actuelles,  où  une  érosion  puissante  les 
a  découpées  en  terrasses.  La  méthode  hydraulique,  qui,  pendant 


Fig.  38(5. 

Coupe  par  le  tunnel  de  Maine  Boy  près 
de  Sonora  (Tuolumne  County). 

Échelle  au 


10  000  ' 


i5?  onett 


Fig.  387.  —  Diluvium  aurifère  reposant  sur  des  couches  tertiaires  à  Two-Miles>Bar, 
près  Dent-Viile  (Californie).  (D'après  M.  Laur.) 


quelques  années,  a  été  employée  sur  une  si  grande  échelle  en 
Californie,  est,  presque  toujours,  directement  applicable  à  ces 
gisements.  On  sait  que  son  principe  consiste  à  abattre  le^gravels^ 
parfois  sur  plus  de  100  mètres  de  haut,  au  moyen  de  jets  d'eau 


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ALLUYIONS   AURIFÈRES   DE   CALIFORNIE  967 

colossaux  débitant  jusqu^à  150  000  mètres  cubes  par  24  heures, 
avec  une  vitesse  de  50  mètres  à  la  seconde.  Au  besoin,  on  a  com- 
mencé par  disloquer  le  terrain  au  moyen  de  coups  de  mines.  Le 
torrent  de  boue,  qui  sort  des  tranchées,  est  dirigé  dans  un  tunnel, 
creusé  tout  d^abord  au  point  le  plus  bas  du  bedrock  et  garni 
de  sluices  où  Tor  est  retenu  par  le  mercure.  La  grande  diffi- 
culté à  laquelle  on  s'est  heurté  et  qui,  depuis  1887,  a  fait  ar- 
rêter ces  exploitations  hydrauliques  en  Californie,  est  Tévacua- 
tion  des  débris  entraînés  au  delà  du  tunnel  dans  le  cours  des 
rivières.  Ces  débris,  formant  des  masses  prodigieuses,  ont  rapide- 
ment obstrué  le  cours  des  rivières  et,  dans  la  plaine,  recouvert,  au 
loin,  toutes  les  terres  cultivables.  C'est  ainsi  que  la  rivière  de 
Tuolumne,  qui  avait  précédemment  170  mètres  de  large  sur4°,50 
de  profondeur,  a  été  absolument  remplie  en  21  mois  ;  puis,  après 
une  crue  qui  l'avait  partiellement  nettoyée,  réduite  finalement  à 
une  largeur  de  10  mètres  et  une  profondeur  de  0",30.  Les  plaintes 
des  agriculteurs  ont  amené  à  interdire  la  méthode,  à  moins  de 
dispositions  spéciales  très  coûteuses.  Cependant  on  calcule  qu'il 
reste  près  de  1  milliard  et  demi  de  mètres  cubes  susceptibles 
d'être  exploités  ainsi  et  se  répartissant  de  la  manière  suivante  : 

Bassin  du  Yuba  River 700  000  000  m'. 

—  Bear  River 50  000  000 

—  American  River 75  000000 

Bassin  du  Makelumme,  du  Stanislas,  du 

Tuolumne 400  000  000 

Aulres  petits  bassins 150  090  000 

1  375  000  000  m\ 

3®  Les  alluvions  récentes,  ou  shallow  placers^  sur  lesquelles 
ont  porté  les  premières  découvertes  des  chercheurs  d'or,  sont 
aujourd'hui  fort  délaissées.  Leur  situation  dans  le  fond  des  vallées 
ne  permet  pas,  en  effet,  l'application  des  méthodes  hydrauliques  ; 
même  pour  les  travaux  souterrains,  l'extraction  et  l'épuisement 
présenteraient  quelque  difficulté.  En  outre,  on  n'y  retrouve  plus 
la  stratification  à  peu  près  régulière  et,  par  suite,  la  concentration 
de  l'or  à  des  niveaux  déterminés,  qui  caractérisaient  les  alluvions 
plus  anciennes.  Les  galets,  charriés  par  des  eaux  plus  resserrées 


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958 


y 


GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 


et  plus  violentes,  sont  plus  gros,  les  matières  fines  ayant  été 
emportées  au  loin  par  le  courant  ;  Tor  également  ne  s*y  trouve 
qu'en  grosses  pépites  arrondies,  avec  une  irrégularité  de  teneur 
extrême.  Par  suite,  une  multitude  de  petites  fouilles,  entreprises 
au  début  de  tous  les  côtés,  sans  aucune  règle,  ont,  assez  vite,  épuisé 
les  bons  endroits  et  recouvert  le  sol  de  déblais  déjà  fouillés,  que 
de  nouveaux  arrivants  ont  recommencé  à  explorer  à  leur  tour. 
En  1848  et  1849,  un  homme  gagnait,  au  moins,  130  francs  par 
jour,  ce  qui  suppose  une  teneur  de  500  francs  d'or  au  mètre  cube  ; 


^rtaiar  tutr^Sirm^. 


I  Oraoitf*  rmMmmm<€  dtf  lavei 


Fig.  388.  ~  Carte  du  bassin  aurifère  de  la  rivière  Yuba  (Californie). 
(D*après  M.  Sauvage.) 


en  1851,  un  gravier  rendant  85  francs  était  considéré  comme  très 
bon  ;  le  prix  de  la  journée  d'un  homme  est  descendu,  de  25  francs 
en  1853,  à  15  francs  en  1856  et  13  francs  en  1858.  Aujourd'hui, 
ce  gwre  de  travail  est  abandonné  aux  Chinois,  Annamites,  etc. 

De  même  que  dans  les  alluvions  anciennes,  on  y  recherche  spé- 
cialament  les  coudes,  barrages  ou  bifurcations  de  la  rivière. 

Gomme  exemple  plus  détaillé  d'exploitations  portant  sur  des 
alluvions  aurifères  anciennes,  nous  citerons,  d'après  M.  Sau- 
vage, celles  du  bassin  de  Yuba  (fig.  388). 

Si  Ton  remonte  la  rivière  à  partir  de  l'Ouest,  ou  trouve,  d'abord, 
le  dépôt  de  Smartsville,  attaqué,  vers  1856,  par  les  Compa- 
gnies Pactolus,  Rose,   Blue  Gravel,  Blue  Point  et  Smartsville. 


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ALLUVIONS  AURIFÈRES  d'aUSTRALIB  ^9 

A  la  mine  Pactolus,  l'épaisseur  des  alluvions  aurifères  est,  au 
milieu  du  dépôt,  de  75  mètres,  dont  6  mètres  de  blue  gravel  et 
9  mètres  de  red  gravel.  Le  produit  moyen  des  bancs  inférieurs 
était  de  5  francs  le  mètre  cube,  celui  des  couches  supérieures 
de  2  francs.  En  1873,  Texploitation  se  faisait  par  la  méthode 
hydraulique,  au  moyen  d'un  tunnel  de  420  mètres  de  long,  ayant 
coûté  300000  francs.  On  usait  2  000  mètres  cubes  d'eau  par  heure 
pour  laver  1  200  mètres  cubes  par  jour  et  Ton  produisait 
720  000  francs  d'or  par  an.  A  Blue  Point,  le  tunnel,  de  700  mètres 
de  long,  avait  coûté  780  000  francs.  On  consommait  près  de 
40  mètres  cubes  d'eau  par  mètre  cube  de  graviers,  ceux-ci  étant 
fort  durs. 

Vers  le  N.-E.  de  Smartsville,  se  trouve  le  dépôt  qui  s'étend  de 
French  Corral  à^North  San  Juan,  sur  une  largeur  de  800  mètres  et 
une  épaisseur,  au  milieu,  de  50  mètres.  Dans  Tune  des  mines, 
Nebraska,  la  longueur  suivant  le  thalweg  (qui  est  souvent  citée  en 
Californie  comme  donnant  une  idée  de  l'importance  de  la  mine)^ 
était  de  135  mètres,  et  l'on  estimait  le  mètre  à  10  000  francs. 

Plus  à  TEst  encore,  on  trouve,  de  Bagder  Hill  à  Snow-Point,  une 
très  importante  traînée  avec  affluents  latéraux,  en  partie  recou- 
verte par  des  roches  volcaniques.  Là  où  le  dépôt  a  été  protégé 
par  la  lave  contre  les  alluvions,  l'épaisseur  moyenne  est  de 
75  mètres,  ailleurs  de  25  à  30.  Dans  Tune  des  mines,  à  North 
Bloomfield,  on  consommait,  en  1874,  10  litres  d'eau  pour  1  de 
gravier. 


ALLUVIONS    AURIFÈRES  D'AUSTRALIE 

En  Australie,  comme  en  Californie,  les  alluvions  récentes  ont 
donné  lieu  aux  premières  découvertes  d'or,  qui  ont  permis  de 
remonter  ensuite,  de  proche  en  proche,  aux  alluvions  anciennes  et 
pliocènes,  puis  aux  filons  dont  elles  dérivent  et  que  nous  avons 
décrits  plus  hauti. 

Comme  en  Californie  également,  ces  alluvions  aurifères  se  sont 

*  Voir  pages  012  à  919. 


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970  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

assez  rapidement  épuisées  et  ne  fournissent  qu'un  contingent    de 
moins  en  moins  grand  dans  la  production  d'or  du  pays. 

Les  conditions  de  leurs  gisements  sont  analogues  à  celles  que 
nous  venons  d'étudier  et  Ton  retrouve  les  efiFets  d'une  même 
préparation  mécanique,  donnant  un  maximum  de  richesse  dans 
les  couches  inférieures  voisines  du  Bedrock,  particulièrement  dans 
ses  anfractuosités,  la  même  composition  des  graviers,  le  même 

CardboenHin 


Fig.  389.  —  Coupe  d'un  gisement  aurifère  à  la  base  du  bouiller  de  New-Soutb  Wales. 

(D'après  Davies.) 

alignement  des  alluvions  pliocènes  riches  suivant  des  chenaux  de 
rivières  anciennes  (deepleads),  aujourd'hui  recouvertes  souvent 
par  des  alluvions  plus  récentes  et  par  des  basaltes. 

L'existence  de  ces  basaltes  est  particulièrement  fréquente  dans 
la  province  de  Victoria,  district  de  Gippsland,  où  il  existe  des 
couches  de  150  mètres  de  basalte  au-dessus  de  graviers,  dont 
l'épaisseur  peut  atteindre  une  dizaine  de  mètres. 

Un  fait  spécial  à  l'Australie,  c'est  que,  dès  l'époque  miocène,  il 
semble  s'y  être  dessiné  un  régime  de  cours  d'eau  assez  analogue 
à  celui  des  périodes  pliocènes  et  pléistocènes  et  ayant  donné  lieu 
à  des  alluvions  aurifères  comparables.  C'est  ainsi  que,  dans  le  Nord 
du  Gippsland,  M.  Maccoy  a  trouvé,  entre  le  Bedrock  silurien  et  le 
gravier  aurifère,  un  lit  fossilifère  à  plantes  miocènes  (Cinnamo- 
mum  polymorphoïdes,  etc.).  Ces  plantes,  qui  arrivent  à  former, 
par  places,  une  sorte  de  lignite,  sont  dans  une  ai^ile  sableuse,  qui 
paraît  le  premier  banc  de  la  formation  alluvionnaire,  où  l'on 
trouve  l'or.  Au-dessus,  a  coulé  une  nappe  de  basalte,  dans  laquelle 
s'est  ouverte  postérieurement  une  vallée  de  300  mètres  de  profon- 
deur. 

On  a  suivi  quelques-uns  de  ces  cours  d'eau  anciens  vers  leur 
embouchure  dans  la  mer  tertiaire,  et  on  a  été  conduit  à  supposer 


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ALLUTIONS   AURIFÈRES   d'aUSTRALIB  971 

que  le  dépôt  aurifère  pouvait  se  continuer  dans  les  dépôts  marins 
de  leur  delta. 

L'existence  de  dépôts  aurifères  de  remaniement  d'âge  miocène 
n'a,  d'ailleurs,  rien  d'anormal;  nous  avons,  en  effet,  déjà  eu  l'oc- 
casion de  dire  que,  depuis  l'époque  houillère,  les  filons  aurifères 
d'Australie,  soumis  à  des  actions  de  dislocation  et  d'érosion  con- 
sidérables, avaient  donné  lieu  à  des  concentrations  sédimentaires, 
dont  on  retrouve  la  trace  dans  le  houiller  et  le  jurassique. 

Les  alluvions  récentes,  formées  aux  dépens  des  filons  et  des 
alluvions  anciennes,  peuvent  se  présenter  dans  deux  conditions 
distinctes  :  placers  stationnaires  à  une  certaine  distance  des  rives 
et  hors  de  l'atteinte  des  eaux,  placers  mobiles  dans  le  lit  lui-même  ; 
nous  étudierons,  plus  loin,  un  bon  exemple  de  ces  derniers  dans 
la  plaine  du  Rhin*. 

On  trouve,  dans  les  placers  australiens,  outre  l'or,  généralement 
en  paillettes  très  minces,  parfois  en  grosses  pépites  (l'une  d'elles, 
à  Ballarat,  a  pesé  90  kilogrammes),  du  quartz,  de  la  topaze,  du 
pléonaste,  du  saphir,  du  rutile,  de  la  tourmaline,  du  zircon,  du  fer 
titane,  du  wolfram,  de  la  cassitérite,  etc.. 

Au  point  de  vue  industriel,  nous  avons  donné,  plus  haut^,  la  ré- 
partition de  la  production  suivant  les  districts  :  dans  la  province 
de  Victoria,  Maryborough  et  Castlemaine  produisent  le  plus  d'or, 
(631  et  617  kilogrammes  en  1886);  puis  viennent  Ararat  (285)  et 
Beechworth  (187). 

Dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  Mudgee  a  produit  18  895  onces; 
Southem  district,  17  168;  Tumut  et  Adelong,  16  465;  Lachlan, 
15  327. 

Dans  le  Queensland,  on  peut  citer  Charters  Towers  et  Gympie  '. 

*  Page  973. 

«  Pages  872  à  875. 

'  Pour  la  bibliographie,  voir  page  918. 


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972  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


GISEMENTS  AURIFÈRES  EN   FRANCE* 

Il  n'existe  pas  de  gttes  aurifères  actuellement  exploités  en 
France  ;  mais  la  présence  de  Tor  a  été  mentionnée  dans  divers 
filons  du  Plateau  Central,  des  Alpes,  des  Pyrénées,  des  Cévennes, 
et  dans  les  alluvions  qui  en  dérivent. 

Dans  le  Plateau  Central,  des  tentatives  toutes  récentes  ont  été 
faites  sur  des  filons  de  mispickel  aurifère  de  Bonnac.  Ces  filons 
présentent  cette  particularité,  qui  confirme  le  rapprochement 
maintes  fois  signalé  entre  Tor  et  Tétain*,  de  renfermer  une  pro- 
portion notable  de  wolfram  ;  la  teneur  en  or  était,  par  endroits, 
assez  forte,  mais  très  irrégulière. 

A  la  Garde tte  (Isère),  on  a  exploité  un  filon  aurifère,  de  1700 
à  1840. 

Des  filons  de  ce  genre  ont,  par  leur  destruction,  donné  lieu  à 
une  concentration  de  For,  qu'on  a  reconnue  dans  le  conglomérat 
houiller  du  Gardon,  mais  qui  est  surtout  manifeste  dans  les  allu- 
vions anciennes  de  certaines  rivières,  telles  que  le  Rhin,  le  Rhône 
et  FArve  descendant  des  Alpes;  TAriège,  la  Garonne  et  le  Salât 
venant  des  Pyrénées;  TArdèche,  la  Cèze,  le  Gardon  et  l'Hérault 
venant  des  Cévennes. 

L'or  du  Rhône  était  encore  exploité,  sous  Louis  XIV,  à  la  Voulte, 
Saint-Pierre-de-Bœuf,  Condrieu,  Givors  et  Mirabel.  Dans  l'anti- 
quité, la  Gaule  a,  d'ailleurs,  été  renommée  pour  sa  production  d'or. 
Nous  nous  arrêterons  seulement  sur  les  alluvions  de  la  vallée  du 
Rhin,  autrefois  décrites  par  M.  Daubrée. 


*  1805.  Peuchet.  Statistique  élémentaire  de  la  France,  p.  350. 

1868.  Debombourg.  Gallia  aurifera.  Étude  sur  les  alluvions  aurifères  de  la  France. 
(Lyon.) 

1882.  Lock,  p.  709. 

*  Nous  rappelons  ce  que  nous  avons  dit,  page  891,  sur  l'existence  dans  le  Plateau 
Central  de  nombreuses  fouilles  où  Ton  paraît  avoir  trouvé,  aux  temps  préhistoriques, 
de  Tor  en  relation  avec  l'étain. 


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ALLUYIONS   AURIFÈRES   DE  LA   VALLÉE  DU   RHIN 


973 


ALLUVIONS  AURIFÈRES  DU  RHIN 

L'extraction  de  Tor  du  lit  du  Rhin  avait  commencé  déjà  au 
vu®  siècle;  car  elle  est  mentionnée  dans  une  charte  de  667.  En 
1846,  M.  Daubrée  estimait  encore  la  production  d'or  annuelle  à 
45  000  francs,  divisés  entre  SOO  orpailleurs. 

Ces  exploitations  ont  porté  principalement  sur  la  plaine  d'allu- 
vions  modernes,  comprise  entre  Rhinau  et  Daxland,  près  Garlsruhe, 
à  100  kilomètres  de  Râle  et,  le  plus  récemment,  sur  Tamont  de 
Kehl  jusqu'à  Daxland.  L'or  est  particulièrement  concentré  dans 
certains  bancs,  dits  goldgriinde,  à  quelque  distance  à  Taval  d'une 
rive  ou  d'une  île  de  gravier  corrodée  par  le  courant,  et  toujours 
mélangé  avec  des  cailloux,  dont  la  grosseur  est  généralement  en 
rapport  avec  la  dimension  des  paillettes.  Les  dépôts  de  sables  fins 
sont  constamment  stériles,  ainsi  que  les  points  où  le  courant  est 
très  violent;  de  même,  un  banc  de  formation  nouvelle  a  d'autant 
plus  de  chances  d'être  aurifère  que  l'eau  s'en  est  retirée  plus  len- 
tement. Ces  divers  faits  s'expliquent  aisément  par  la  préparation 
mécanique,  constamment  renouvelée,  à  laquelle  l'or  est  soumis. 

M.  Daubrée  a  constaté,  d'ailleurs,  que,  non  seulement  les  allu- 
vions  modernes,  mais  toutes  les  alluvions  anciennes,  qui  s'étendent 
à  10  et  12  kilomètres  du  fleuve,  sont  aurifères  :  c'est  sur  ce  gravier 
ancien  que  le  fleuve  travaille  aujourd'hui  à  produire  des  enrichis- 
sements. R  est  assez  curieux  que  le  loess,  qui  le  recouvre  par 
endroits  et  semble  également  d'origine  alpine,  soit  toujours  stérile. 

Les  sables  du  Rhin  peuvent  être  divisés,  d'après  leur  richesse 
en  or,  en  4  classes  : 


OR  PAR   MÈTRE   CUBE 

VALEUR  DE  L*OR 
obtenu  en  9  heures  de  lavage 

'  TITRE    EN  OR 
du  gisement 

Gramraef 
{0              1,011 

20          0,438 
30          0,234 
40          0,014 

Francs 
11,129 
4,687 
2,423 
0,143 

0,000  000  362 
0,000  000  243 
0,000  000132 
0,000  000  008 

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974  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Le  titre  moyen  équivaut  au  n^  3  ;  mais  le  4*  est,  de  beaucoup , 
le  plus  fréquent. 

Indépendamment  de  Tor,  les  sables  renferment  du  fer  titane,  du 
quartz,  du  zircon  et,  d'après  Dœbereiner,  des  traces  de  platine. 

Pour  rechercher  l'origine  première  de  l'or,  M.  Daubrée  a  analysé 
certains  galets  de  quartzite  du  lit  du  Rhin  et  constaté  qu'ils  ren- 
fermaient également  des  traces  d'or  sous  forme  de  paillettes  très 
minces  :  d'où  la  conclusion  que  l'or  venait  des  quartzites  de  ce 
genre  dans  le  massif  alpestre. 

Un  calcul  assez  simple  a  permis  de  se  rendre  compte  qu^entre 
Rhinau  et  Phiiippsbourg,  sur  123  kilomètres  de  long  et  4  de  large, 
la  quantité  d'or  enfouie  devait  dépasser  160  millions. 

,  Bibliographie, 

1718.  RÉAUMUR.  —  Hist.  des  rivières  et  des  ruisseaux  qui  roulent  des  pail- 
ettes  d'or.  (C.  R.) 

1776.  Treutlinger.  —  De  aurilegio,  principue  in  Rheno  (Argentorati). 

1838.  K\CBEL.  —  Die  Gold  Wacherei  am  Rhein.  [Badensc.  Wochenhlatt,  Sept. 
1838.) 

*  1846.  Daubrée. —  Sur  la  distribution  de  Tor  dans  la  plaine  du  Rhin.  (Ann. 
d.M.,4«,  t.  X,  p.  1.) 

1851.  Daubrée.  —  De  Tor  dans  le  gravier  de  la  Moselle,  (B.  S,  G.,  2<». 
t.  Vm,p.  346.) 

1862.  Talabardon.—  Gisement  d*or  à  Saint-Perreux  {[Ile-et-Vilaine) .  (B.  S. 
G.,  2%  t.  XV,  p.  613.) 

1882.  LocK,  p.  711. 

1886.  GoMNARD.  —  Sur  les  minerais  aurifères  des  environs  de  Pontgibaud. 
{Bull,  de  la  Soc,  française  de  minéralogie,  t.  X,  p.  243.  Paris,  1886.) 


ALLUVIONS  AURIFÈRES  DU  NORD  DE  L'ITALIE 

Le  Piémont  est  connu,  depuis  l'antiquité,  comme  une  région 
aurifère.  Strabon  parle  des  laveurs  d*or  de  la  Doire  Baltée  et 
des  querelles  qui  éclataient  déjà  à  cette  époque  (comme  aujour- 
d'hui en  Californie)  entre  mineurs  et  agriculteurs.  En  particulier, 
dans  toute  la  région  des  roches  vertes  serpentineuses,  qui  s'étend 
de  Pestarena  vers  Lanzo,  la  plupart  des  rivières  *,  Sesia,  Doire 

*  Voir  le  détail  dans  Jervis  :  I  tresori  soierranei  del  Tltalia.  Nous  TaTons  résumé 
dans  un  journal  de  voyage  manuscrit  à  ÏEcole  des  Mines  (1883). 


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ALLUVIONS   AURIFÈRES   DE   LA   GALICE   (rIO-SIL   ET   RIO-DUERNA)  975 

Baltée,  Soanna,  Orco,  etc.,  roulent  de  Tor.  Cet  or  paraît  pro- 
venir, d'une  façon  générale,  de  venues  pyrîteuses  qui  ont  pu  ac- 
compagner la  formation  des  roches  vertes  ici  comme  dans  tant 
d'autres  pays  (Norvège,  etc.) 

On  Ta  lavé  :  sur  TOrco,  à  Cuorgne,  Bosconegro,  Chivasso;  sur  le 
Pô,  à  Front,  à  Rivarossa,  Lombardose,  San  Benigno,  etc.  La  rive 
gauche  du  Pô  contient,  de  même,  entre  10  et  100  mètres  de  pro- 
fondeur, une  nappe  légèrement  aurifère. 

Depuis  1889,  on  s'est  occupé  d'exploiter  en  grand  :  d'une  part, 
les  falaises  d'alluvions,  plus  ou  moins  élevées,  qui  s'appuient  sur  les 
derniers  contreforts  des  Alpes;  d'autre  part  et  surtout,  les  plaines 
de  plusieurs  milliers  d'hectares  situées  sur  la  rive  gauche  du  Pô  *. 
La  difficulté,  —  à  peu  près  insurmontable,  ce  nous  semble,  —  est 
dans  la  teneur  très  faible  :  moins  de  un  franc  d'or  au  mètre  cube  ;  ce 
qui  nécessiterait  l'emploi  de  la  méthode  hydraulique  californienne, 
inapplicable  pour  des  régions  plates  oîi  l'on  a  à  tenir  compte  de 
la  culture.  On  a  tenté  d'y  suppléer  par  un  dragage,  au  moyen 
duquel  on  a  prétendu  être  arrivé  à  laver  50  mètres  cubes  de  gra- 
vier par  heure  pour  moins  de  0  fr.  30  le  mètre  cube. 


ALLUVIONS  AURIFÈRES 
DU  RIO-SIL  ET  DU  RIO-DUERNA  (galice,  espagne) 

Les  terrains  aurifères  du  Rio-Sil  et  de  la  Duerna,  en  Galice,  ont 
appelé  l'attention  depuis  quelques  années.  Ils  sont  situés  au  Nord 
du  Portugal,  sur  les  provinces  de  Galice  et  de  Léon,  et  occupent 
une  grande  étendue. 

Les  traces  de  travaux  romains  y  sont  fréquentes  (bassins,  aque- 
ducs, etc.)  et  semblent  prouver  qu'on  a  employé,  dans  l'antiquité, 
un  système  analogue  à  la  méthode  hydraulique  californienne, 
connue  sous  le  nom  de  booming  ;  depuis  ce  moment,  l'industrie 
des  orpailleurs  s'est  perpétuée  sur  les  bords  des  rivières  princi- 
pales et,  en  1887,  on  a  tenté  d'organiser  une  exploitation  en 
grand. 

*  Notes  de  U.  Babinski.  [Industrie  française  du  9  août  1889,  et  Bulletin  de  VÉcole 
des  MineSf  p.  216.) 


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976  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Au  point  de  vue  géologique,  la  contrée  se  compose,  dans  les 
environs  d*Astorga,  d*assises  puissantes  de  schistes  siluriens 
recoupés  par  des  granités  :  c'est  sur  ces  formations  que  se  trou- 
vent aujourd'hui  les  masses  de  graviers  aurifères. 

En  descendant  vers  Carucedo,  la  coupe  des  terrains  change,  et 
de  puissantes  assises  crétacées  viennent  recouvrir  les  schistes  et 
les  séparer  des  alluvions. 

Dans  la  plupart  des  cas,  les  schistes  sont  très  redressés  et  Ton  y 
trouve  de  nombreuses  veinules  de  quartz  aurifère,  dont  les  débris 
ont  formé  les  placers. 

Les  graviers  semblent  avoir  jadis  couvert  tout  le  pays,  mais, 
par  suite  d'érosions,  ils  ont  été  détruits  en  certains  points,  de  sorte 
qu'on  ne  les  rencontre,  en  réalité,  qu'à  l'état  de  lambeaux  dissé- 
minés sur  les  hauteurs  et  sur  les  flancs  des  vallées. 

L'épaisseur  de  celte  formation  est  très  variable;  par  endroits, 
elle  atteint  280  mètres,  tandis  que,  dans  d'autres,  elle  est  insigni- 
fiante. Mais,  en  général,  elle  dépasse  10  à  12  mètres. 

Les  graviers  sont  plus  ou  moins  friables  selon  les  cas  ;  dans  la 
majeure  partie  des  localités,  ce  sont  de  simples  sables,  tandis  que, 
dans  d'autres  (Domingo  Flores),  ils  passent  à  un  conglomérat  fer- 
rugineux très  dur  et  difficilement  attaquable  à  la  lance  hydrau- 
lique. 

Comme  toujours,  l'or  est  principalement  concentré  dans  la 
couche  inférieure,  au  contact  du  bedrock;  cette  couche  est  recou- 
verte, tant  parles  bancs  les  plus  durs  de  graviers  stériles,  négligés 
à  l'époque  romaine,  que  par  les  résidus  de  l'exploitation  antique, 
constamment  repris  et  relavés  depuis  par  les  orpailleurs.  La 
richesse  réelle  est  assez  imparfaitement  connue,  d'autant  plus  que, 
dans  les  parties  voisines  de  la  surface,  on  tombe  souvent  sur  des 
remaniements.  L'or  est  généralement  en  pellicules  très  minces  ; 
dans  la  majeure  partie  des  cas,  les  rapports  indiquent  une  produc- 
tion de  12  francs  d'or  par  journée  d'homme  lavant  à  la  baltée  et, 
dans  les  conglomérats  de  la  vallée  de  la  Cabrera,  après  broyage, 
2  onces  et  demie  à  la  tonne;  dans  ceux  d'Albano,  jusqu'à 
150  grammes  à  la  tonne  (après  triage  rapide)  avec  1  700  grammes 
d'argent. 


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ALLUYIONS    AURIFÈRES    DE    GRENADE    (eSPAGNe)  977 

Bibliographie. 

1879.  Presser.  —  Rapport  sur  les  alluvions  aurifères  du  Sil. 

1881.  Rapports  sur  les  alluvions  aurifères  de  Piaranza  (Léon). 

1882.  Landrin.  —  Rapport  manuscrit  sur  les  alluvions  du  Sil. 

1887.  Projets  de  statuts,  rapports  et  plans  de  la  Rio  Sil  and  Léon  mining  O 
et  de  la  Rio  Duema  and  Léon  mining  G^'.  —  Rapports  par  William  S.  Welton. 


ALLUVIONS  AURIFÈRES  DE  GRENADE 

La  plaine  de  Grenade  renferme  des  alluvions,  légèrement  auri- 
fères, où  Ton  a  tenté  quelques  exploitations. 

La  Sierra  Nevada  comprend  principalement  des  gneiss,  schistes 
micacés  amphiboliques  et  chloriteux,  des  gi*anulites,  etc.  Sur  le  flanc 
Ouest,  les  filons  métallifères  y  sont  fréquents  (cuivre  gris,  cobalt 
sulfuré,  galène,  etc.)*.  Au  N.-O.,  et  particulièrement  dans  la  vallée 
du  Genil,  les  schistes  micacés  siluriens  contiennent  souvent  de  Tor 
disséminé  dans  leur  masse.  Ce  sont  ces  roches  qui,  par  leur  des- 
truction, ont  donné  Tor,  rencontré  le  long  de  la  vallée  du  Genil,  dans 
les  alluvions,  dont  diverses  protubérances  forment  le  Cerro  del  Sol, 
TAlhambra,  TAlbaicin. 

Au  Cerro  del  Sol,  à  370  mètres  au-dessus  du  lit  actuel  de  la 
rivière,  on  suit  les  traces  de  grandes  exploitations  anciennes,  qui 
ont  été  reprises  vers  1882,  et  ont  donné  une  teneur  en  or  d'envi- 
ron 0^,5  au  mètre  cube. 

D'une  façon  générale,  Tor  se  trouve  surtout  dans  les  sables  gre- 
nus et  graviers,  contenant  des  galets.  La  méthode  d'exploitation 
essayée  a  été  la  méthode  hydraulique. 

Bibliographie  de  Vor  en  Espagne. 

1852.  Paillette.  —  Mines  d*or  dans  le  Nord  de  V Espagne.  (B.  S,  G.,  2®, 
t.  IX,  p.  482.) 

1884.  Antissibr.  —  Or  de  la  Nava  de  Jadraque,  prov.  de  Guadalajara 
(Espagne).  (Ind.  min.,  2«,  t.  Xlïf,  p.  125.) 

1884.  A. -F.  NoGuÉs.  —  Gisement  d'or  à  Penaflor  en  Andaloune.  (G.  R., 
t.  XCVIU,  p.  760.  Paris,  1884,  et  Bull.  Soc.  Ind.  Min.,  2*  série,  t.  XIV,  p.  931. 
Saint-Etienne,  1885.) 

'  Voir,  plus  haut,  page  305. 

GÉOLOGIE.  — T.  II.  62 


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978  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

188  .  Calderon.  —  La  Sierra  de  Penaflor  (Sevilla)  y  sus  yacimentos  auri- 
feros.  (Ànn.  de  la  Sociedad  espanolo  de  historia  naiural,  t.  XV,  p.  131 .  Madrid, 
188  .) 

1885.  NoGués.  —  Sur  Taxe  des  éruptions  pyrozeno-amphiboliques  (dio* 
rites  et  ophiles)  de  la  Sierra  de  Penaflor,  la  genèse  de  Tor  de  ces  roches  et  sa 
dissémination.  (C.  R.,  t.  C,  p.  80.  Paris,  1885.) 


ALLUVIONS  AURIFÈRES  DE  RUSSIE  ET  DE  SIBÉRIE 

Nous  avons  déjà,  dans  la  partie  statistique  de  ce  chapitres  men- 
tionné les  principaux  champs  d'alluvions  aurifères  de  Sibérie. 
Nous  avons  vu  que  les  travaux  portaient,  d'une  part,  sur  une  longue 
bande  d'alluvions  le  long  de  TOural  ;  puis,  sur  les  régions  dTenis- 
seik,  Atchinsk  et  Minusink  ;  sur  le  cours  de  FOIekma  et  du  Vitim, 
affluents  de  la  Lena  ;  sur  celui  du  Schilka  (Nertschinsk),  affluent 
du  Haut-Amour,  etc...  La  région  la  mieux  connue  est  celle  de 
rOural',  où  de  grands  efforts  ont  été  faits,  surtout  depuis  1887, 
pour  améliorer  les  rendements. 

Région  de  TOural».  —  Sur  les  deux  flancs  de  TOural,  mais  prin- 
cipalement du  côté  de  F  Asie,  sur  plus  de  160  kilomètres  de  long,  on 
exploite,  par  endroits,  un  dépôt  d'alluvions  aurifères,  formé  d'argile 
pure  ou  sablonneuse  mêlée  de  débris  et  blocs  roulés,  qui  est  cer- 
tainement pléistocène,  car  on  y  a  trouvé  TElephas  primigenius  et 
le  Rhinocéros  tichorhinus.  Ces  alluvions  comprennent  des  couches 
aurifères  de  0™,90  à  1  mètre  d'épaisseur,  de  20  mètres  environ  de 
large  et  d'une  longueur,  qui  peut  atteindre  4  500  mètres  à  Balbouk, 
6  000  mètres  à  Stolbouk.  Les  centres  principaux  sont,  du  Sud  au 
Nord,  le  territoire  des  Cosaques  d'Orenbourg,  Miask,  Bérezowsk, 
Nijni  Taguil,  Bogoslovsk. 

Comme  en  Californie,  l'or  est  partout  dans  la  couche  inférieure 
voisine  du  bedrock  et  principalement  dans  les  anfractuosités  de 
telui-ci.  Il  est  recouvert  par  des  terrains  stériles  qui  ont,  en  gé- 

'  Page  877. 

*  Voir,  plus  haut,  page  902. 

»  Voir  V.  Cotta  (ErlagerHàUerty  t.  Il,  p.  532;  cf.  Groddeck,  p.  371). 
1882.  Lock,  p.  425, 


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ALLUVIONS    AURIFÈRES    DE    RUSSIE    ET    DE    SIBÉRIE       979 

néral,  moins  de  4  mètres  de  puissance  (exceptionnellement, 
18  mètres  sur  la  rivière  Miass;  40  mètres,  en  un  point,  près 
d'Ekaterinenburg). 

L'abondance  de  l'or  est  en  relation  avec  la  nature  des  roches  du 
sous-sol,  généralement  plus  forte  près  des  schistes  cristallins,  am- 
phibolites,  etc.  La  teneur  varie  entre  0^',8  et  2'^,6  par  tonne  de 
minerai  ;  on  rencontre,  assez  souvent,  des  pépites,  dont  la  plus 
grosse  a  atteint  36  kilogrammes. 

Beaucoup  de  ces  alluvions  aurifères  sont,  en  même  temps,  plati- 
nifères  ;  nous  renvoyons,  à  ce  propos,  à  ce  que  nous  dirons  au 
chapitre  du  Platine  \ 

Ces  alluvions  aurifères  sont  exploitées,  en  grande  partie,  sur- 
tout les  plus  pauvres,  par  des  orpailleurs  volontaires,  ou  starateli  ; 
le  prix  de  revient  d'un  kilogramme  d'or  est  ainsi  plus  faible,  en 
moyenne,  que  dans  l'exploitation  directe  par  le  propriétaire  ;  il 
est  de  1  552  francs  dans  le  district  de  Bogoslovsk,  de  1  590  dans 
celui  de  Nijni  Taguil. 

On  ne  traite,  nulle  part,  avantageusement  au-dessous  de  0^^,540 
à  la  tonne  ;  à  Bérézowsk,  on  a  pu  travailler  une  couche  aurifère 
de  1",70  à  2",lo  tenant  0«%60  et  recouverte  par  2",50  de  sté- 
rile. A  Bogoslovsk,  Tchernoia,  Rika,  où  l'on  est  obligé  de  trans^ 
porter  les  déblais  à  2  kilomètres  des  placers,  on  ne  peut  traiter,  à 
1^,30,  une  couche  de  0",70  à  1",40,  que  si  l'épaisseur  des  stériles, 
au-dessus,  est  inférieure  à  4  mètres.  Le  prix  de  revient  est  de 
3  fr.  40  le  gramme. 

Les  principaux  placers  de  Bogoslovsk  sont,  d'après  M.  Weiss, 
celui  de  Tchemoietchenski ,  sur  la  Tchernoié  Rika,  qui  produit 
109  kilogrammes  d'or;  celui  de  Petschernoï,  qui  en  produit  14  728  ; 
et  celui  de  Meslovskoï,  4  kil.  800;  soit  126  kilogrammes,  aux- 
quels il  faut  ajouter  332  kil.  560  produits  par  les  ouvriers  volon- 
taires. 

Dans  le  district  de  Nijni  Taguil,  on  a  lavé,  du  l*""  octobre  1887 
au  1®'' janvier  1888, 165  000  tonnes  de  sable,  tenant  1  gramme  par 
tonne  et  ayant  produit,  par  suite,  160^,517  d'or,  moyennant  un  prix 
de  revient  de  1  fr.  91  le  gramme. 

«  Voir  page  996. 


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980  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Altaï.  —  Dans  Y  Altaï  \  les  mines,  autrefois  très  prospères,  au- 
jourd'hui, assez  délaissées,  se  trouvent  surtout  dans  les  districts 
de  Barnaul  et  Bysk,  en  particulier  à  Sméinogorsk,  au  Sud  de 
Barnaul  et  au  Nord  de  Kuznetsk.  On  y  connaît  des  filons  ren- 
fermant, à  la  fois,  argent,  plomb,  cuivre  et  or  et  des  alluvions 
aurifères.  Des  gisements  de  houille  assez  importants  existent  à 
proximité. 

Bassin  dTenisseisk.  —  Dans  la  partie  Nord  du  bassin  dTenis- 
seisk,  le  sol  est  formé  de  schistes  métamorphiques,  parfois  mi- 
cacés, avec  des  granités  et  des  gneiss.  L'or  des  alluvions  parait 
provenir,  en  général,  de  veines  de  quartz  encaissées  dans  les 
micaschistes;  il  est  associé  avec  du  bismuth,  du  fer  magnétique 
et  du  fer  titane.  Sur  la  Noiba,  la  couche  aurifère  a  O^'ylS  d'épais- 
seur et  de  30  à  100  mètres  de  large.  Sur  la  Kalamy,  le  sous-sol' 
est  composé  de  schistes  micacés  très  redressés  ;  la  couche  aurifère 
a  de  O'^jGO  à  2  mètres  de  large  et  est  formée  d'une  argile  sableuse 
jaunâtre  avec  galets  de  quartz,  parfois  de  granité  et  de  gneiss; 
le  principal  placer  de  la  Kalamy  est  à  Narkizofsky.  A  Gavrilof, 
sur  rOgne,  affluent  du  Yenashimo,  Tor  est  associé  avec  de  la 
magnétite  et  du  zircon.  De  1845  à  1864,  7  millions  et  demi  de 
tonnes  lavées  ont  produit,  là,  2  400  kilogrammes  d*or,  soit  à  peine 
3  ou  4  grammes  d'or  à  la  tonne.  Sur  TÂktolik,  affluent  de  la  Yan- 
gasha,  Talluvion  aurifère  est  également  argiloschisteuse;  i]  existe, 
au  voisinage,  des  veines  quartzeuses  aurifères  dans  les  schistes. 

C'est  dans  toute  cette  région  Nord  du  bassin  d'Yenisseisk  que 
les  opérations  ont  le  caractère  le  plus  méthodique.  L'or  y  est  de 
qualité  variable  ;  aux  mines  de  la  Kalami,  il  contient  87,3  p.  100 
d'or  pur;  8,3  d'argent  et  0,4  d'autres  corps  ;  sur  l'Ogne,  92  à 
92,60  d'or  et  3  d'argent. 

Dans  la  partie  Sud  du  bassin  d'Yenisseisk,  on  retrouve  les  mêmes 
schistes  micacés  avec  des  granités  et  des  intrusions  de  diorite  et 
de  porphyre.  La  couche  aurifère  contient  souvent  de  la  pyrite  de 
fer  et  de  cuivre  et  est  fréquemment  recouverte  par  un  conglomé- 
rat à  ciment  ferrugineux. 

*  Voir,  plus  haut,  pa^e  562. 


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ALLUVIONS    AURIFÈRES    DE    L'iNDE  981 

Sur  la  rivière  Uderey ,  se  trouvent  les  mines  d'Uspensky  et  de  Vos- 
kresensky,  autrefois  fameuses,  aujourd'hui  presque  épuisées.  Sur  la 
Talaia,  la  couche  aurifère,  assez  pauvre  (35  à  50  grammes),  avait 
40  mètres  d'épaisseur.  Généralement,  les  bancs  inférieurs  sont  for- 
més de  schistes  à  peine  roulés  provenant  du  sous-sol.  On  lave 
également  les  sables  du  grand  Pit  et  du  grand  Murojnaia. 

A  Minusinsk  \  il  existe  des  talschistes,  des  terrains  paléozoïques, 
dévoniens  et  carbonifères,  des  roches  cristallines  (granité,  syé- 
nite,  diorite,  etc.).  Les  placers  de  cette  région  ont  donné,  de  1845 
à  1859,  12000  kilogrammes  d  or. 

A  Olekminsk,  le  lavage  de  Tor  est  fait  sur  une  très  grande  échelle 
et  produit,  paraît-il,  près  de  11  000  kilogrammes  d'or  par  an  pour 
1  million  de  tonnes  de  sables  lavés. 

Dans  le  bassin  du  Haut-Amour^  les  terrains  aurifères  s'étendent 
sur  laTransbaïkalie,  TAmour,  etc.;  ils  sont  connus  depuis  assez 
peu  d'années,  mais  se  sont  assez  vite  développés.  L'épaisseur 
moyenne  de  la  couche  est  de  6  mètres;  àNetrschinsk,  elle  s'étend 
sur  une  grande  étendue,  qui  peut  représenter,  dans  son  ensemble, 
450  000  kilogrammes  d'or,  mais  est,  en  moyenne,  4ssez  pauvre. 


ALLUVIONS  AURIFÈRES  DE  L'INDE 

Les  alluvions  aurifères  de  l'Inde  *  ont  été  étudiées  par  M.  Bail, 
qui  s'est  attaché  à  en  chercher  la  source  dans  les  roches  en  place. 
Il  a  montré  que  l'or  provenait  surtout  de  filons  quartzeux  traver- 
sant les  terrains  métamorphiques,  mais  aussi  de  chloritoschisles, 
(comparables  à  ceuxdeRandolff  dans  la  Caroline  duSud'),  qui  sem- 
blent en  contenir  indépendamment  de  toute  injection  quartzeuse 
postérieure.  En  outre,  certains  terrains  sédimentaires  anciens,  en 
particulier  ceux  du  système  de  Gondwana,  en  renferment  à  Tétat 
détritique,  dans  des  conditions  analogues  à  celles  du  Transvaal^. 


*  Lock,  p.  378. 

>  Voir,  dans  Lock,  une  carte,  p.  316.  Les  noms  de  Tor  en  sanscrit  :  suvoi'na  ot 
Jiemna  se  retrouvent  dans  un  grand  nombre  de  lieux  (p.  313). 

*  Voir  page  953. 

*  Voir,  plus  haut,  page  955. 


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982  GÉOLOGIE   APPLIQUÉE 

C*est  ainsi  que,  dans  le  Godavary  et  ses  affluents,  près  de  Godalore 
ou  Hungapet,  For  provient  de  roches  de  l'étage  de  Kamthi,  et» 
dans  la  rivière  Ouli,  à  Talchir,  de  grès  du  même  âge.  La  venue 
aurifère  serait  donc  là  présilurienne. 

Dans  le  Ladak,  au  contraire,  Tor  a  pour  origine  des  filons 
quartzeux  traversant  le  carbonifère  ;  dans  le  Kandahar,  des  filons 
crétacés. 

Au  point  de  vue  industriel,  les  exploitations  aurifères  de  llnde 
sont,  aujourd'hui,  surtout  des  laveries  d'alluvions  faites  par  les 
indigènes.  M.  Bail  en  cite  un  assez  grand  nombre. 

Un  champ  aurifère  important  parait  s'être  trouvé  autrefois  à 
Mysore  entre  la  Kistna,  les  Eastern  ghauts  et  les  Western  ghauts. 
Sur  le  territoire  de  Mysore,  les  mines  de  Ghamrajnuggar  remon- 
tent à  une  haute  antiquité.  G'est,  du  reste,  cette  province  de 
Mysore  qui  produit  aujourd'hui  la  plus  grande  partie  de  Tor  de 
llnde  (130  000  onces  en  1891). 

Dans  la  province  de  Madras,  les  champs  aurifères,  très  ancien- 
nement connus,  de  Wynaad  ont  appelé  récemment  l'attention  des 
capitalistes. 

Il  existe  là  de  nombreux  filons  quartzeux  traversant  des  gra- 
nités, des  gneiss  et  divers  terrains  métamorphiques  ^  Ces  filons 
quartzeux  contiennent  de  Tor  associé  avec  de  la  pyrite,  et  parfois, 
parai t-il,  avec  de  la  pyrolusite.  D'après  Brough  Smyth,  qui  les  a 
étudiés  en  1880,  ils  sont  très  nombreux  et  les  alluvions,  qui  en 
résultent,  fournissent  une  certaine  quantité  d'or. 

La  province  de  Chutia-nagpur^  au  Sud-Ouest  du  Bengale,  ren- 
ferme également  des  champs  aurifères  à  Manbhum,  Singhbhum, 
Gangpur,  Jashpur,  etc. 

A  Manbhum,  les  alluvions  semblent  en  rapport  avec  des  schistes 
magnésiens  et  des  quartzites  bleuâtres  plutôt  qu'avec  des  filons  de 
quartz;  à  Singhbhum,  au  contraire,  l'or  doit  venir  de  quartz.  Le 
lavage  est  abandonné  à  une  tribu  spéciale  de  Gonds,  nommés  les 
Jhoras,  qui  travaillent  à  la  battée. 

Les  Indes  anglaises  ont  produit  :  en  1889,  plus  de  2  500  kilo 
grammes  d'or;  en  1891,  4.000. 

«  Voir  Lock,  p.  337;  Brough  Smith  (1880),  etc. 


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ALLUVIONS    AURIFÈRES    DE    SUMATRA    ET    BORNÉO         983 


Bibliogi^aphie. 

1879-80.  Ball.  —  On  the  mode  of  occurrence  and  distribution  of  gold  in 
India.  {Journal  ofthe  royal  geol.  Soc,  of  Ireland,  new  Séries,  t.  V,  n®  3,  p.  258.) 

1881.  W.  KiNG.  —  Tlie  gold-fields  and  the  quartz-outcrops  of  Southern 
India,  {Report  ofthe  fifty-first  meeting  ofbritish  association  for  the  advancement 
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1881.  Ball.  —  Les  diamants  et  Tor  dans  VInde  (1  vol.  in-8<»). 

1881.  Jennings.  —  Visite  aux  explor.  d'or  du  Wynand  (1  voL  in-8<»). 

1882.  FooTB.  —  Gold  fields  of  Mysore.  {Geol.  surv.  of  India,  t.  XV,  n«  4.), 
1882.  Look,  —  Gold,  p.  304  à  349. 

1884.  WiLL-KiNG.  —  Notes  on  auriferous  sands  of  the  Suhansin  Hiver, 
(Records  ofthe  geol.  Survey  of  India,  vol.  XVII,  p.  192.  Calcutta,  1884.) 

Attwood.  —  On  some   of  the  auriferous  Tracts  of  Mysore  province, 
Southern  India.  {Quat.  J.  of  the  geol.  Society,  t.  XLIV,  p.  636.  Londres.) 

Ball.  —  On  récent  additions  to  our  Knowledge  of  the  gold-bearing 
rocks  of  Southern  India.  {The  geological  Magazine,  Décade  3,  t.  III,  p.  201.) 

1889.  FooTE.  —  The  Dharwar  System,  the  chief  auriferous  rock  séries 
in  South  India.  {Records  of  the  geological  Survey  of  India^  voL  XXII.  Calcutta, 
1889.) 


ALLUVIONS  AURIFÈRES  DE  SUMATRA  ET  BORNÉO* 

L'île  de  Sumatra  parait  avoir  été  connue,  pour  ses  mines  d'or, 
dès  l'antiquité.  De  1833  à  1838,  ces  gisements  furent  explorés  par 
Muller  et  Borner;  ils  ont  été  décrits  récemment  par  MM.  Verbeek, 
Munday  et  d'Esterey. 

L'or  se  trouve,  à  Sumatra,  sur  la  côte  Ouest,  particulièrement 
dans  une  région  de  schistes  métamorphiques,  traversés  par  des 
granités,  qui  forment  la  base  des  monts  Barissan  (aréle  générale  de 
l'île).  On  connaît  deux  gisements  principaux,  l'un  au  Nord,  entre 
les  volcans  Loubon-Rajah  et  Ophir,  à  Mandehling;  l'autre  au  Sud, 
entre  les  volcans  Singalang,  Merapi,  Sago  et  le  pic  d'Indrapoura^ 
à  Soupayang.  L'or  en  place  existe  dans  des  filons  quartzeux  avec 
pyrites  de  fer  et  de  cuivre;  parfois  ces  filons  sont  associés  à  des 
diorites. 

Les  exploitations,  portant  uniquement  sur  des  alluvions,  oui 
été,  jusqu*ici,  peu  importantes. 

<  Voir  une  carte  de  Boraéb,  t.  I,  p«  32« 


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984  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

On  extrait  également  un  peu  d'or  des  alluvions  du  Nord  de 
Bornéo.  En  1891,  M.  Ghaper  a  exploré,  dans  TOuest  deTtle,  des 
alluvions,  soi-disant  aurifères,  du  Kapoeas  et  du  Sebroeang  et  a 
reconnu  qu'elles  étaient  inexploitables. 

Bibliographie, 

iS79-80.  VEaBBEE.  ~  (Rapport  résumé  dans  les  Annales  (2e  rExtr^me-Of^ien^, 
185-92.) 

1880.  John  Mdndat.  —  Gold  mines  of  the  west  coat  of  Sumatra.  (Mining 
journal,  1. 1,  p.  732.) 

1882.  Loge,  p.  459. 

1883.  Theodor  Posbwitz.  —  Das  Gold  Vorkommen  ia  Bornéo,  {Mittheilungen 
ans  dem  Jahrbuche  der  K.  17.  geologiseher  Amlalt^  t.  VI,  n<>  6.  Buda-Pest,  4883.) 

•  1885.  Whitpield.  —  Gold  in  Bornéo,  {Science,  voL  VI,  p.  116.  Cambridge, 
mars  1885.) 
1887.  d'Estbrey.  —  Mines  d  or  de  Sumatra.  (B.  Se,  2  avril  1887.) 
1891.  Ghaper.  —  Notes  sur  Bornéo.  (B.  S.  G.,  3%  t.  XIX,  p.  877.) 


ALLUVIONS  AURIFÈRES  D'AFRIQUE 

L'Afrique,  indépendamment  de  la  région  Sud-Est  (Cap,  Trans- 
vaal  et  Zambëze)  que  nous  avons  décrite  plus  haut,  ne  renferme 
que  peu  d'exploitations  aurifères.  Cependant,  quelques  champs 
d'alluvions  sont  connus: 

1*"  Dans  le  haut  Sénégal  (Soujdan  français)  à  Bambouk,  Bam- 
bara,  Sangara,  Manding;  2""  sur  la  Côte  d'Or  du  golfe  de  Guinée 
(Ashanti,  Akum,  Dinkisa,  Wassaw,  etc.);  S*"  sur  le  cours  du 
Lombigo,  dans  le  royaume  d'Angola,  etc. 

Dans  le  Soudan,  province  de  Bambouk,  on  extrait  de  Tor  à 
Natakoo,  Kenieba,  etc.,  et  dans  l'espace  compris  entre  le  Sénégal 
et  le  Niger.  Quelques  tentatives  industrielles  ont  eu  peu  de  suc- 
cès. 

Dans  la  Cffle  dOr^  les  Anglais  ont  montré,  par  des  explorations 
récentes,  qu'il  y  avait  des  gisements  sérieux,  mais  pour  lesquels  on 
manque  surtout  de  main-d'œuvre. 

»  1856.  Wilson.  —  Western  Africa.  Lonrion,  p.  144. 
1882.  Lock,  p.29. 
1889.  Reports  on  gold  mines.  —  Rapports  de  Prandford,  GrifÛtb,  Eyre,  etc. 


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ALLUVIONS    AURIFÈRES    DU    RIO    LOMBIGO    (aFRIQUB)     985 

Quelques  compagnies  se  sont  cependant  formées  et  ont  exporté 
une  certaine  quantité  d'or  depuis  1887  (4  000  kilogrammes  en 
1888);  c'est  ainsi  que  la  Guinea  Coast  Gold  Mining  Company  a 
exploité  des  mines  à  ApoUonia  et  à  Einkham  Bambo,  près  Âxim  ; 
etc. 

Généralement,  les  alluvions  se  composent  de  sables  mêlés  d'un 
peu  d'argile  et  renfermant  des  parties  noirâtres  avec  d'autres  blan- 
ches, où  tout  l'or  est  concentré. 

Dans  le  royaume  de  Wassaud  (Côte  d*Or),  la  chaîne  des  col- 
lines de  Farquah,  qui  comprend  des  bancs  trachytiques,  est  bordée 
par  des  alluvions  aurifères  reposant  sur  des  terrains  anciens 
métamorphiques.  L'or  est  compris  là  dans  une  couche  de  1  mètre 
de  galets  quartzeux  agglomérés  par  des  argiles  et  sables  ferrugi- 
neux; il  s'est  souvent  concentré  autour  des  galets,  ou  bien  est 
disséminé  dans  le  sable.  Cette  couche  est  recouverte  par  du  sable 
blanc  jaunâtre,  avec  quelques  intercalations  de  sable  ferrugineux, 
où  l'on  retrouve  de  l'or.  Le  rendement  est,  le  plus  souvent,  assez 
faible  :  à  peine  8  à  10  grammes  à  la  tonne. 

ALLUVIONS  AURIFÈRES  DU  RIO  LOMBIGO^ 

(cote  ouest  de  l' AFRIQUE,   PROVINCE  PORTUGAISE  DE  ANGOLA) 

Une  compagnie  s'est  formée,  en  1884,  pour  exploiter  les  allu- 
vions aurifères  du  Rio  Lombigo,  dans  l'Afrique  occidentale,  district 
de  Golungo  Alto,  province  de  Angola.  La  rivière  actuelle  coule 
sur  des  schistes  anciens,  que  recouvre  une  couche  aurifère  de  0"*,50, 
surmontée  de  5  mètres  de  terrain  stérile.  Sur  les  0",50  de  la  couche 
aurifère,  les  cinq  centimètres  de  la  base  sont,  de  beaucoup,  les 
plus  riches  et  contiendraient,  dit-on,  50  francs  d'or  à  la  tonne. 
Cet  or  parait  provenir  de  veines  pyriteuses  intercalées  dans  les 
schistes.  Il  est  accompagné  d'un  peu  d'argent  et  de  platine.  Dans 
les  dix  premiers  kilomètres  de  son  parcours,  la  rivière  Lombigo 
traverse  un  marécage.  C'est  plus  loin,  vers  Gongola,  qu'ont  été 
trouvés  les  graviers  aurifères. 

<  1886.  Rapporte  de  John  Taylor  et  Sons,  de  Salles  Ferreira,  etc. 
Description  of  the  auriferous  zone  of  Lombigo. 


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986  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


ALLUVIONS  AURIFERES  DE  TUNISIE' 

A  Sidi'Boussaib,  auprès  de  Garthage,  on  trouve,  parait-il  *,  sur  les 
sables  de  la  côte,  un  enduit  noir  de  fer  magnétique  et  titane  con- 
tenant un  peu  d*or.  Il  est  facile  de  remonter  à  sa  source.  Depuis 
longtemps,  les  habitants  ont  remarqué  que  ces  parties  noires 
étaient  plus  abondantes  le  lendemain  des  grandes  orages  et  se 
retrouvaient  dans  les  ravins  aboutissant  à  la  plage.  Or  la  falaise 
est  formée  de  sables  à  peine  agglutinés,  sans  doute  pliocènes,  au 
milieu  desquels  apparaissent  des  conglomérats  plus  foncés,  avec 
grains  noirs  de  fer  magnétique.  Ces  conglomérats  seraient  donc 
la  source  de  Tor. 

ALLUVIONS  AURIFÈRES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 

La  Guyane  est  connue,  depuis  le  xv!""  siècle,  comme  un  pays 
aurifère  ;  mais  les  premières  tentatives  d'exploitation  sérieuses 
furent  faites,  en  1856,  par  la  compagnie  de  TApprouague.  Leur 
insuccès  découragea  pendant  quelques  années;  puis,  en  1868, 
il  y  eut  une  reprise  ;  on  explora,  peu  à  peu,  les  diverses  rivières  : 
le  Maroni,  la  Mana,  le  Sinnamary,  le  Mahuri,  TApprouague, 
qui,  toutes,  se  trouvèrent  aurifères.  En  1886,  l'extraction  d'or  dans 
la  Guyane  a  dépassé  1  800  kilogrammes  ;  elle  a  été  encore,  en 
1890,  de  1  342  kilogrammes. 

La  Guyane  est  formée,  sur  la  côte,  par  une  zone  d'alluvions 
basses  et  plates,  s'élargissant  à  Tembouchure  des  rivières  ;  puis 
vient  une  ligne  de  collines,  de  100  à  300  mètres  de  haut,  coupée 
par  des  ruisseaux,  dans  le  lit  desquels  on  trouve  de  Tor.  Au 
delà,  s^étend  un  plateau  marécageux  et  Ton  arrive  à  une  seconde 
ligne  de  collines,  presque  inexplorée. 

La  constitution  géologique  du  sol  est  difficile  à  reconnaître  à 
cause  des  forêts  qui  le  recouvrent.  On  peut  se  rendre  compte,  ce- 

<  Une  carte  géologique  de  la  Tunisie  a  été  publiée  récemment  (1893)  par  M.  Aubert, 
ingénieur  des  mines.  Voir,  plus  haut,  une  carte  des  gites  miniers  4e  ce  pays,  1. 1,  p.  402. 

*  Notes  de  M.  Fuchs. 


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ALLUVIONS    AURIFÈRES    DE    LA   GUYANE    FRANÇAISE        987 

pendant,  que,  sous  la  couche  d*alluvions  ou  de  décomposition  sur 
place,  il  existe  des  roches  anciennes,  gneiss  et  talcschistes,  avec 
amphibolites  intercalées,  granités,  etc.,  dont  Taltération,  sous  les 
actions  météoriques  énergiques  des  régions  tropicales,  a  produit  une 
terre  rouge,  argileuse  à  la  surface,  rocheuse  dans  le  fond,  nommée 
«  Cascajo  ».  D'après  M.  Babinskî,  il  existerait,  dans  le  sous-sol,  des 
filons  antérieurs  à  la  formation  du  cascajo  ayant  souvent  résisté  au 
milieu  de  la  destruction  de  la  roche  encaissante  et  se  présentant, 
par  suite,  soit  à  l'état  de  dykes  saillants,  soit  à  Tétat  d'éboule- 
ments  quartzeux  :  filons  qui,  lorsqu'ils  n'apparaissent  pas,  se  laissent 
soupçonner  par  leurs  débris  épars,  au-dessus,  dans  les  alluvions. 

En  second  lieu,  des  veines,  postérieures  au  cascajo,  s'y  perdent 
en  veinules  et  sont  parfois  aurifères.  On  a  rattaché  aux  diorites 
les  venues  aurifères  antérieures  au  cascajo.  Celles  postérieures 
ne  seraient  qu'une  sécrétion  secondaire.  Jusqu'ici,  les  travaux 
ont  surtout  porté  sur  les  alluvions  anciennes  ou  récentes  et  l'on 
ne  s'est  que  rarement  occupé  de  rechercher  les  filons  en  place. 

Les  alluvions  modernes  aurifères  occupent  une  surface  très 
grande  et  dépassent  les  frontières  de  la  Guyane  française.  Leur 
épaisseur  est  de  0™,20  à  0™,50,  rarement  de  l  mètre.  Des  blocs 
souvent  très  gros  y  existent,  plus  ou  moins  agrégés  ensemble,  et, 
suivant  M.  de  la  Bouglise,  témoigneraient  d'un  courant  partant  du 
S.-O.  des  monts  Tumuc-Humac.  D'ailleurs,  dans  la  plupart  de  ces 
grandes  nappes  d'alluvions,  on  constate  que  la  majeure  partie  des 
éléments  vient  du  sous-sol  presque  immédiat,  des  schistes  à  veines 
de  quartz  pyriteuses.  Les  dépôts  ont,  comme  en  Californie,  formé 
des  coudes,  des  criques,  où  l'on  a  quelque  chance  de  trouver  de 
l'or  et  cet  or  s'y  est  concentré,  comme  d'habitude,  dans  la  couche 
inférieure,  au  contact  du  bedrock.  Leur  recherche,  au  milieu  des 
bois,  dans  un  pays  fiévreux  \  sous  un  climat  brûlant,  est  assez  dif- 
ficile. Leur  éloignement  habituel  de  la  côte  (200  à  300  kilomètres) 
entraîne  également  de  fortes  dépenses. 

La  composition  de  l'or  varie  suivant  les  gisements  :  la  rivière 
de  Mana  fournit  le  plus  haut  titre  :  978  p.  1  000,  tandis  que  le  plus 
bas,  890  p.  1  000,  provient  de  certaines  criques  de  la  Comté  et  du 

'  De  décembre  à  août,  la  pluie  tombe,  à  peu  près  sans  inteniiption,  et,  même  pen- 
dant la  saison  dite  sèche,  Tair  reste  toujours  humide. 


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^88  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

Sinnamary.  Dans  le  déchet,  l'argent  entre  pour  la  plus  grande  part. 

En  1873,  on  estimait  qu'un  homme  produisait,  par  jour,  2^,3 
•d'or.  Le  travail  commence  par  une  prospection^  au  moyen  de 
trous  carrés  de  {""^SO  de  côté,  d'où  l'on  extrait  des  battées  de 
10  kilogrammes.  Le  lavage  a  lieu  au  sluice. 

Parmi  les  placers,  on  peut  citer  ceux  de  Dieu-Herci,  Pas-Trop- 
Tôt,  Saint-Elie. 

Le  placer  Pas-Trop-Tât^  mis  en  exploitation  en  1877,  produisit, 
de  1878  à  1882. 

1877         1878         i879         1880         1881       1882 

2l>5^559      152»^  904      288"*",  580      310^7,663      131^7,761      W* 

A  partir  de  1880,  la  production  a  baissé  rapidement  entre  les 
mains  d'une  nouvelle  société. 

Ce  placer  est  à  200  kilomètres  de  la  mer,  sur  la  rive  gauche  de 
la  Mana,  entre  laMana  et  le  Maroni,  au  voisinage  des  placers  Enfin 
et  Elysée  ;  on  y  trouve,  au-dessous  des  alluvions  modernes,  des 
sables  stériles;  puis  0"*,50  à  1  mètre  de  graviers  aurifères  reposant 
sur  une  couche  de  glaise  non  fouillée. 

On  admet  que  la  répartition  des  dépenses,  aux  placers  Elysée  et 
Saint-Elie,  est  la  suivante  : 

rtACB»  BLTtéB. — rLACBl  B*BLIB  (fAl  BO.B^OB) 

Fraoet  Francs 

Fniildiven 2,53  6,13      »-  101 

Main-d'œuvre  et  »olde  des  employé!.       35, 3i      ^ 

Transport    d'approvisionnement!   en  i 

canot  et  à  dos  d* homme 27,55      \     72,53      =x      1175 

Transport  par  mer 3,03      V 

Achat  de  vivres  pour  le  personnel.      26,17      y 

Redevance  à  l'Eut 2,78  16,03      mm         259  compris  rederance  du  sol.  droit 

d'entrée  de  5  fr .  à  Cayenne,droit 
desortje  8p.  1 00  otf  valorem. 

Matériel 2,40  5,21      »  84 

Totaux 100,00  1  610 

Les  frais  d'une  journée  de  travail  sont,  à  Saint-Elysée  comme 
à  Saint-Elie,  de  10  fr.  62  ;  la  production  de  5^,95,  correspondant 
à  l'°,66  de  couche  aurifère,  ou  16  fr.  674  ;  mais  il  faut  tenir 
compte  des  journées  perdues  par  la  confection  des  barrages  et  le 
déplacement  des  sluices.  La  teneur  en  or  est  très  variable. 

La  perte  au  sluice,  ou  longlon,  est  de  près  de  50  p.  100  de  Tor  ; 
6  à  8  p.  100  des  quartz  trouvés  dans  les  alluvions  sont  aurifères 
et  donnent  36  à  40  grammes,  soit  100  à  120  francs  à  la  tonne. 


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ALLUVIONS    AURIFERES    DE  LA    GUYANE    FRANÇAISE       989 

Le  placer  Saint-Elie,  étudié  par  Babinski,  est  sur  la  rive  gauche 
du  Sinnamary,  à  40  kilomètres  de  la  rivière,  où  circulent  des  cha- 
loupes à  vapeur  et  à  100  kilomètres  de  TOcéan. 

Au  début,  on  ne  lavait  que  des  sables  à  100  francs  la  tonne;  on 
est  descendu,  peu  à  peu,  à  20  francs,  le  prix  de  revient  du  kilo- 
gramme d'or  oscillant  entre  1600  et  1800.  La  production  a  été:- 

1879     1880     1881     1882     1883     1884     1885     1886     1887 

359,60    519,90    453,90    503,00    498,00    594,00    361,00    465,40    518,30 

Les  recherches  de  filons  ont  donné,  jusqu'ici,  peu  de  résultats 
en  Guyane. 

Cependant,  aux  environs  de  Saint-Elie^  on  en  a  trouvé  quelques- 
uns,  en  particulier  celui  du  Pottineur  et  celui  d'Adieu  Wat.  Les 
quartz  aurifères  sont  saccharoïdes  et  cariés,  blancs,  violets  ou 
rouges  ;  en  profondeur,  ils  se  chargent  bientôt  de  pyrite  aurifère. 
A  20  kilomètres  de  Saint-Elie,  au  bord  du  Sinnamary,  le  filon 
d'Adieu  Wat,  de  1  mètre  de  puissance,  a  été  reconnu,  sur  20  mètres 
de  profondeur  au-dessous  du  niveau  des  eaux.  En  profondeur,  ses 
épontes  sont  formées  de  diorites. 

Aux  environs  de  Cayenne,  à  la  carrière  de  Montalbo^  on  a 
annoncé  également,  en  1881,  la  découverte  d'un  filon  de  quartz 
aurifère  qui,  d'après  les  inventeurs,  aurait  contenu  jusqu'à 
55  grammes  d'or  par  tonne. 

Dans  la  Guyane  hollandaise  et  la  Guyane  anglaise^  des  forma- 
tions aurifères  semblables  se  retrouvent.  La  Guyane  hollandaise  à 
produit,  en  1890,  987  kilogrammes  d'or  (42  kilogrammes  pour  la 
Dutch  Guyana  Expl.  Synd.) 

Bibliographie. 

1867,  JA.NNETTAZ.  —  Or  dans  la  Guyane  française,  (JB.  S.  G.,  2®,  t.  XXIV, 
p.  684.) 

20  et  22  juin  1874.  G.  db  la  Bouguse.  —  Les  placers  de  la  Guyane  française. 
(Journal  officiel.) 

LÉVY.  —  Sur  la  Guyane. 

1881.  Note,  non  signée,  sur  un  filon  d'or  à  Montalbo,  près  de  Cayenne. 

1883,  G.  FiKDx.  —  Etude  sur  TApprouague  (Guyane  française).  (Bull,  de 
l'Ecole  des  Mines,) 

Babinski.  —  L'or  en  Guyane. 

4884.  Dbsba-Ns.  —  Or  à  la  Guyane  française.  {Ind.  min.,  2«,  t.  XII,  p.  217.) 


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990  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 


Bibliographie  générale  de  For.  {Généralités  et  gîtes  non  décrits^) 


4851.  ViQUESNBL.  —  De  Tor  dans  les  rivières  de  la  Turquie.  {B,  S.  G.,  2*, 
l.  VIII,  p.  482.) 

1853.  Recherches  d'or  au  Sud  du  Caucaae,  {Ann.  d.  M,,  5«,  t.  III,  p.  830.) 

1853.  RoTTi^RMUND.  —  Mioes  d'or  du  Saiot-Laureot  (Canada),  [Ann.  d.  M., 
5*,  l.  IV,  p.  443.) 

1853.  Gauthier.  —  Recherches  d'or  dans  la  prov.  de  Malacea.  {Ann.  d.  If., 
5«,  t.  III,  p.  816.) 

1857.  Thevbnet.  —  Gisements  aurifères  et  platinifères  de  VOrégon.  (Ann.  d. 
Jf.,  5%  t.  XVI,  p.  573.) 

1859-65.  Tbnnant.  —  Gold  frora  Nova  Scotia.  (Proceedings  of  Ihe  geologisCs 
associaiion^  t.  I,  p.  196.  Londres,  1859-65.) 

1865.  RoswAG.  —  Les  métaux  précieux  au  point  de  Tue  économique  (1  toI. 
chez  Lacroix.) 

i866.  MARCOftfi,—  Mines  d'or  de  la  Sieira  Nevada.  (B.  S.  6.,  2«,  t.  XXIV, 
p.  50.) 

1868.  J.  Hector.  —  On  the  analysis  of  Auriferous  Rocks  from  the  Thames 
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Z.,  t.  I,  p.  449.  Wellington,  1868.) 

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X  Comme  bibliographie  générale,  nous  renvoyons  surtout  à  Touvra^  de  Lock(1882). 


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992  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

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*  1889-1891.  GoMBNGB  et  Fochs.  —  L'or  (chimie  et  métallurgie)  dans  YEncy- 
clopédie  chimique. 

Voir,  à  la  collection  de  TÉcole  des  Mines,  outre  les  gîtes  décrits:  ceuxdeCaô 
Tach  (Asie  Mineure),  n?  1736  ;  du  Colorado  (pyrites  aurifères),  n®  2007  ;  de  la  Vir- 
ginie (Etats-Unis),  n^  1430;  de  Yavapoy  Gounty  (Arizona),  n^  1772  ;  de  Gmnaqvito 
(Ghili),  n*  2006  ;  de  la  rfouvelle-Écosse,  n<>  1544;  de  Satsuna  (Japon),  n^  1694. 


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PLATINE 

ET   MÉTAUX   ASSOCIÉS 


Platine Pt  :  Eq  =  99,50.  —  P.  At  =  197,40 

Palladium Pd  ;  Eq  =  53,25.  —  P.  At  =  105,4 

Iridium Ir   :  Eq  =  98,50.  —  P.  Al  =  197 

Rhodium Rh  :  Eq  =  52,16.  —  P.  At  =  104 

Ruthénium Ru  :  Eq  =  52        —  P.  At  =  104 

Osmium Os  :  Eq  =  99,5.    —  P.  At  =  197 


PLATINE 

Le  platine  a  été  découvert  en  1735,  par  les  Espagnols,  au  mi- 
lieu des  sables  aurifères  de  quelques  rivières  de  Colombie,  dans 
les  provinces  de  Choco  et  de  Barbacoas.  On  lui  donna  son  nom 
de  platina  (petit  argent)  à  cause  de  sa  blancheur. 

Usages.  —  C'est  seulement  à  la  fin  du  siècle  dernier  que  Ton 
commença  à  travailler  le  platine.  C'est  un  métal  très  tenace,  sur- 
tout quand  on  Tallie  avec  une  proportion  notable  d'iridium,  et 
qui  peut  être  étiré  en  fils  très  fins.  Ses  principaux  emplois  sont 
fondés  sur  son  infusibilité  dans  tous  les  fourneaux  ordinaires  et 
sur  son  inattaquabilité  aux  acides. 

On  Tutilise  en  creusets  dans  les  laboratoires,  en  fils,  en  cap- 
sules, en  pinces  pour  analyser  au  chalumeau.  De  grands  alambics 
de  platine,  pesant  quelquefois  jusqu'à  50  et  60  kilogrammes,  ont 
été  employés  pour  la  concentration  industrielle  de  Tacide  sulfu- 
rique,  depuis  le  moment  où  WoUaston,  en  1812,  découvrit  un  pre- 
mier procédé  de  travail  du  métal.  Ils  sont  souvent  dorés  à  Tinté- 

GÉOLOGIE.    —   T.    II.  63 


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994  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

rieur  parce  que,  sans  cela,  le  platine  peut  de\renir  assez  poreux 
pour  permettre  la  transsudation  de  Tacide. 

Le  platine  sert  également  pour  la  chirurgie,  pour  quelques  ins- 
truments de  précision,  notamment  pour  certaines  pièces  d'horlo- 
gerie et  pour  les  pendules  compensateurs. 

A  l'état  de  mousse  de  platine  et  de  noir  de  platine  y  il  possède 
des  propriétés  spéciales,  qui  le  font  adopter  dans  diverses  expé- 
riences de  physique  et  de  chimie,  en  particulier  pour  produire  la 
combinaison  de  Thydrogène  et  de  Toxygène.  En  Russie,  on  a  fait 
un  essai  pour  le  monnayer  et  on  n'y  a  renoncé  que  pour  ne  pas 
introduire  un  nouveau  métal  précieux  dans  la  circulatioi^  moné- 
taire. En  Amérique,  M.  Robinson  a  imaginé  de  remplacer  la  scie 
pour  débiter  lo  bois  par  un  ûl  de  platine  chauffé  au  blanc  au 
moyen  d'un  courant  électrique.  On  en  construit  souvent  les 
lumières  des  fusils  de  chasse  ;  on  l'utilise  pour  Tafflnage  de  Tor 
et  de  Taisent,  etc. 

Allié  avec  du  cuivre  (85  de  platine  pour  5  de  cuivre),  il  cons- 
titue le  platine  dur  du  commerce,  employé  par  les  bijoutiers  et  par 
les  dentistes. 

Allié  avec  de  l'argent  (et  un  peu  de  cuivre),  il  forme  un  métal 
très  blanc  et  susceptible  d'un  beau  poli,  qu'on  a  essayé  de  substi- 
tuer aux  rubis  en  horlogerie,  mais  qui  a  l'inconvénient  d*étre  difQ- 
cile  à  fondre,  à  cause  de  la  facilité  avec  laquelle  ces  métaux  se 
liquatent. 

Allié  à  l'iridium  (ce  qui  est  généralement  le  cas  du  platine  du 
commerce),  il  acquiert  plus  de  dureté  et  plus  de  ténacité.  C'est 
en  platine  et  iridium  que  l'on  a  fait,  en  1873,  les  premiers  mètres 
internationaux.  Un  peu  de  rhodium  lui  permet  de  résister,  sans 
être  fondu,  à  une  plus  haute  température  et  d*étre  moins  atta- 
quable aux  agents  chimiques. 

Enfin  une  consommation  importante  se  fait  pour  le  platinage  et 
les  plaques  inoxydables.  Au  début,  on  a  procédé  par  immersion, 
c'est-à-dire  au  trempé  ;  mais,  depuis  longtemps,  on  se  sert,  de 
préférence,  du  procédé  galvanique.  Le  platinage  ne  se  fait  bien 
que  sur  des  objets  en  cuivre  ou  en  laiton  ;  il  permet  d'obtenir,  à 
meilleur  marché,  des  creusets  à  acide  sulfurique. 

Ses  sels  ont  peu  d'applications  ;  cependant  le  chlorure  de  pla- 


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USAGES   ET   STATISTIQUE   DU   PLATINE  995 

tinc  est  employé,  en  photographie,  pour  tirer  des  épreuves  inalté- 
rables. 

Le  premier  mode  de  travail  du  platine,  imaginé  par  Woilaston, 
consistait  dans  une  compression.  Une  première  usine  fut  fondée 
à  Paris,  en  1812,  par  MM.  Bréant  et  Couturier,  pour  appliquer 
ce  système.  Aujourd'hui,  on  fond  le  platine,  par  la  méthode 
Sainte-Glaire  Deville,  au  chalumeau  oxhydrique  et  on  le  coule 
dans  des  moules  en  fer  forgé,  garnis  intérieurement  d'une  feuille 
de  platine  de  un  millimètre  d'épaisseur. 

Le  platine  coûte  fort  cher.  En  1874,  un  kilogramme  de 
vieux  platine  ouvré,  ayant  servi  à  la  concentration  de  Tacide 
sulfurique  par  exemple,  revenait  de  600  à  700  francs.  En  lingots, 
il  valait  900  francs  le  kilogramme  ;  enfin,  ouvré,  1 000  francs.  Ces 
prix  constituaient  un  progrès  sur  le  passé,  car,  trente  ans  aupa- 
ravant, le  platine  se  vendait  au  poids  de  Tor.  Depuis  lors,  les 
prix  ont  commencé  par  s'abaisser  assez  fortement,  mais  pour  se 
relever,  depuis  1888,  de  1  210  francs  en  1889,  à  3218  en  1891  ; 
cette  augmentation,  qui  a  été  suivie  d'une  réaction  contraire  en 
1892,  résultait,  en  partie,  de  l'épuisement  de  certaines  mines  de 
rOural,  Nijni  Taguil,  Goroblagodatsk ,  etc.,  où  l'on  exploitait 
jadis,  à  la  fois,  l'or  et  le  platine;  l'or  ayant  fait  défaut,  tous  les 
frais  d'extraction  étaient  retombés  là  seulement  sur  le  platine  '. 
U  est  probable  que  les  efforts  de  la  spéculation  y  étaient  aussi 
pour  quelque  chose.  Quoi  qu'il  en  soit,  en  février  1893,  le  pla- 
tine vaut  :  métal,  1  300  francs  le  kilogramme;  objets  travaillés, 
1  800  francs. 

Statistique.  —  On  estimait,  en  1874,  que  le  platine,  livré  par 
an  au  commerce  dans  le  monde  entier,  pouvait  varier  de  3  à 
4  tonnes,  sur  lesquelles  la  purification  donnait  20  à  25  p.  100  de 
déchet.  De  1880  à  1891,  la  production  de  la  Russie  (Oural),  qui  a 
une  sorte  de  monopole  pour  le  platine,  a  été  la  suivante  en  kilo- 
grammes : 

1880    1881    1882    1883    1884    1885    1886    1887    1888    188»    1891 

2  947    2  9S6    4  081     3  597    2  237    2  591     4  317    4  242    2  635    2  703    2  800 
«  Voir  Nature  du  24  janvier  1891. 


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996  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

Les  autres  pays  fournissent  environ  1 000  kilogrammes,  dont 
une  partie  venant  de  Bornéo,  de  Colombie,  etc.  En  outre,  on  a 
découvert  récemment  des  gisements  au  Canada,  en  Californie  et 
au  Mexique.  En  1890,  le  Canada  a  fourni  31  kilogrammes;  les 
États-Unis,  18  kilogrammes. 

Le  minerai  Américain  est  livré  sous  forme  de  limaille  ;  celui 
de  Russie  ressemble  à  de  Témeri  concassé  en  gros  grains. 

Gisements.  —  Tous  les  gisements  de  platine  exploités  sont  des 
alluvions,  renfermant  du  platine  natif,  associé  avec  d'autres  mé- 
taux de  la  même  famille  chimique  :  palladium,  iridium,  etc...; 
lorsqu'on  remonte  à  la  roche  primitive,  qui  a  fourni  le  métal,  on 
trouve  généralement  des  roches  à  péridot  ;  cependant,  il  y  a  des 
cas,  où  le  platine,  associé  avec  Tor,  peut  provenir  de  filons  de 
quartz  aurifères. 

Platine  de  rOnral.  —  On  ne  connaît  pas  encore,  d'une  façon 
certaine,  dans  l'Oural,  les  gisements  primitifs  du  platine;  mais 
presque  tous  les  sables  aurifères,  et  notamment  les  dépôts  gla- 
ciaires, en  contiennent  une  certaine  quantité,  ordinairement  très 
faible.  Rarement,  le  platine  prédomine  sur  l'or,  ou  se  trouve  seul  ; 
des  gisements  de  platine  seul  sont  pourtant  connus  dans  les  dis- 
tricts de  Nijni  Taguil,  de  Goroblagodatsk  et  de  Bicer*. 

Industriellement,  les  deux  centres  principaux,  tous  deux  sur  le 
versant  asiatique  de  l'Oural,  sont  Nijni  Taguil  (district  DemidoiT*) 
et  Goroblagsdatsk  ou  Isa. 

Tous  ces  giles  de  platine  se  ressemblent  par  leur  structure.  La 
péridotite  et  la  serpentine,  résultant  de  son  altération,  forment  le 
lit  et  les  bords  de  la  couche  platinifère.  Ces  mêmes  roches  consti- 
tuent une  grande  partie  des  blocs   contenus  dans  le  sable  lui- 

1  Ou  écrit  é^^alement,  Bissersk,  mais  à  tort,  d'après  M.  Chaper  :  Note  tur  le  Nord 
de  l'Oural.  (B.  8.  G.,  3%  t.  VllI,  p.  liO,  !•'  déc.  1879.)  M.  Chaper  cite,  comme  point 
où  le  platine  est  plus  abondant  que  Tor,  Borovskol,  au  pied  Ouest  du  Katchkanar, 
sur  les  bords  de  la  Jeliéska. 

■  Voir  plus  haut,  p.  247  et  978.  Tout  le  minerai  de  platine  est  envoyé  à  Saint-Pé- 
tersbourg^ dans  deux  laboratoires,  celui  de  MM.  Colbeit  et  Lindrors  et  le  laboratoire 
cliimique.  Les  gîtes  du  gouvernement  de  Perm  sont  situés  dans  les  propriétés  du 
comte  Scbouvalof,  dans  celles  de  M"«  Polovtsof  et  dans  des  domaines  appartenant  à 
l'État. 


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PLATINE  DE   L  OURAL  997 

même  ;  on  y  trouve,  en  outre,  des  cailloux  de  schistes  chloriteux  et 
talqueux,  du  fer  chromé  et  un  certain  conglomérat  de  péridotite, 
serpentine  et  fer  chromé  avec  ciment  calcaire.  Le  platine  est  en 
grains  ou  en  pépites  plus  ou  moins  grosses  ;  la  plus  grosse  connue 
pesait  10  kilogrammes. 

A  NijniTaguil,  par  exemple,  toutes  les  rivières  platinifëres 
descendent  nettement  du  massif  serpentineux  de  Solovsaïa. 

Le  platine  natif  est  très  rarement  pur;  FI  est  associé  avec  di- 
verses substances  isomorphes  et  forme  plusieurs  variétés  dont  les 
principales  sont  : 

1°  Le  platine  ferrifère(eisenplatin  de  Berzelius),dont  la  densité 
est  17  et  qui  contient  12  à  13  p.  100  de  fer.  Ce  platine  est  forte- 
ment magnétique  ;  il  a  été  spécialement  étudié  par  M.  Daubrée  ^  qui 
a  montré  comment  Tétat  magnétipolaire  de  cet  alliage  avait  dû  se 
produire,  au  moment  de  sa  cristallisation,  sous  Tinfluence  magné- 
tique du  globe  ; 

2^  Le  platine  polyxène,  véritable  alliage  contenant  du  palladium, 
de  riridium,  du  rhodium,  du  ruthénium  et  même  de  Fosmium 
avec  du  fer  et  du  cuivre. 

C'est  de  ce  minerai,  également  retrouvé  en  Colombie,  qu'on  a 
extrait  successivement  tous  ces  métaux.  D'après  Deville  et  Debray, 
sa  composition,  dans  l'Oural,  serait  la  suivante  : 

Platine 76,04 

Palladium 1,4 

Rhodium 0,3 

Iridium 4,4 

Osmiure  d'iridium 0,9 

Fer 11,7 

Cuivre 0,4 

Les  minerais  de  platine  contiennent,  en  outre,  diverses  quan- 
tités d'osmiure  d'iridium  en  petites  tables  hexagonales  ou  en 
grains  arrondis  d'une  grande  dureté. 

En  même  temps  que  le  platine,  on  trouve  généralement  de  l'or, 
du  fer  chromé  et  du  fer  titane. 

La  teneur  moyenne  en  métal  des  couches  platinifères  est  de  6 

*  Géol.  expérim.,  p.  il9. 


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9W  GÉOLOGIE    APPLIQUÉB 

à  8  grammes;  elle  atteint  quelquefois  le  chiffre  de  40  grammes, 
et  est  descendoe  à  2^,6.  Depuis  la  découverte  des  sables  piati- 
nifères  dans  le  district  de  Nijni  TaçvU,  c'est-à^lire  depuis  i825, 
jusqu'en  1877»  on  y  a  exploité  67  500  kilogrammes  de  platine.  Le 
platine  est  aujourd'hui  recherché,  dans  ce  district,  sur  la  ririère 
Martiane,  où  la  couche  exploitable,  de  4  i  5  mètres  de  puissance, 
est  recouverte  par  23  à  24  mètres  de  stérile. 

Les  gisements  du  district  de  Garoblagodatsk  sont,  en  même 
temps,  aurifères  et  platinifères.  Ils  reposent  sur  du  calcaire,  dont 
les  couches  sont  accompagnées  par  des  affleurements  de  grunsteins 
porphyroîdeset  de  serpentines.  Ces  gisements,  situés  sur  les  bords 
des  rivières  Toura,  Barantcha,  etc.,  ne  sont  plus   exploités. 

En  moyenne,  toute  la  quantité  de  platine  qu'on  extrait  de  TOural 
pouvait  s'évaluer,  vers  1878,  à  1  650  kilogrammes  par  an.  En  1887, 
elle  est  montée  à  plus  de  4  tonnes. 

Relativement  aux  gisements  primitifs  de  platine j  on  peut  remar- 
quer que  le  platine  a  été  trouvé,  quelquefois,  en  forme  de  grains 
intercalés  dans  des  morceaux  de  péridotite,  de  serpentine  et  de 
fer  chromé'  et  qu'il  est  constamment  associé,  dans  les  sables,  avec 
des  fragments  de  ces  roches.  Gomme  autres  roches,  on  trouve  des 
fragments  verts  composés  de  pyroxène,  de  sahlite,  avec  grains  de 
péridot,  à  veines  serpentineuses.  Les  roches  à  péridot  semblent 
donc,  selon  toute  vraisemblance,  les  roches  mères  du  platine.  Cette 
hypothèse  est  justifiée  par  d'autres  observations. 

C'est  ainsi  que,  dans  le  district  de  Miask^  où  le  platine  se  trouve 
dans  des  sables  aurifères,  les  parties  les  plus  riches  en  platine 
reposent  sur  la  serpentine.  De  même,  aux  sources  de  la  rivière 
Miass,  près  des  Monts  Narali  qui  sont  formés  de  roches  serpen- 
tineuses, les  sables  aurifères  contiennent  une  quantité  assez 
considérable  de  platine  :  en  aval  de  cette  rivière,  à  mesure  que 
les  roches  serpentineuses  disparaissent,  la  proportion  de  platine 
diminue,  peu  à  peu,  jusqu'à  zéro. 

Il  y  a  cependant,  dans  FOural,  des  sables  aurifères  intimement 
liés  avec  des  roches  serpentineuses  et  ne  contenant  presque  pas 

I  Daubrée.  Géol,  expei*tm,y  p.  547.  Dans  une  communication  à  l*Inslitut  du  23  jan- 
vier 1893,  on  a  signalé,  comme  un  Tait  nouveau,  la  découverte  d'un  fragment  de  roche 
renfermant  un  grain  de  platine. 


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PLATINE   DE   L  OURAL 


999 


de  platine  :  ce  qui  tient,  sans  doute,  à  ce  que  les  serpentines  ne 
sont  pas  toujours  platinifères. 

Enfin,  il  faut  constater  qu'une  certaine  proportion  du  platine  (il 
est  vrai,  assez  minime),  ne  provient  certainement  pas  de  roches  à 
serpentine,  mais  des  mêmes  gisements  que  Tor.  C'est  ainsi  qu'on 
en  a  trouvé  des  parcelles  dans  le  quartz  des  mines  d'or  de  Béré- 
sowsk,  dans  les  produits  du  broyage  et  du  lavage  de  la  bérézite. 
C'est  une  origine  que  nous  rencontrerons  également  en  Colombie. 


Fig.  390.  —  Carie  de  la  région  platinifère  d'Avrorinski  (district  de  Nijni  Taguil) 
(diaprés  M.  Laurent). 


Enfin,  M.  Engelhardt  en  a  trouvé  dans  une  porphyrite. 

Au  point  de  vue  industriel,  nous  citerons,  d'après  M.  Laurent, 
les  laveries  d'Avrorinski,  sur  la  Martiane  (Nijni  Taguil). 

A  Avrorinski,  la  couche  platinifère,  de  4  à  5  mètres  de  puissance, 
repose  sur  un  conglomérat  serpentineux  et  est  recouverte  par 
23  mètres  de  stérile.  La  teneur  moyenne  en  platine  est  de  S^%834 
à  la  tonne  et  atteint  localement  jusqu'à  260  grammes. 

L'exploitation  est  conduite  sur  2  kilomètres  de  long  et  20  à 
60  mètres  de  large;  elle  occupe  jusqu'à  400  ouvriers.  Les  tra- 
vaux sont  souterrains  et  faits  au  moyen  de  puits  d'une  vingtaine 
de  mètres  de  profondeur,  distants  les  uns  des  autres  de  24  mètres. 
Le  lavage  s'exécute  à  l'auge  sibérienne.  En  1887,   on  a  obtenu 


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iOOO  GÉOLOGIE    APPLIQUÉE 

près  de  1  000  kilogrammes  de  platine  ;  le  prix  de  revient  a  été  de 
285  francs,  le  prix  de  vente  de  646  francs. 

Bibliographie, 

1828.  Bbrzélius.  —  Poggendorf  Aanalen,  t.  XIII,  p.  564. 

1829.  Engelhardt.  —  Journ.  d.  mioes,  t.  II,  p.  3i2,  t.  III,  p.  61. 
1832.  SoKOLOw.  —  Traité  de  minéralogie,  t.  U,  p.  617. 

1836.  SiwKROw.  —  Journ.  de  mines,  t.  III,  p.  225. 

1840.  Karpinsky.  —  Journ.  d.  mines,  p.  223. 

1841.  Chtchouhowski.  —  L'Oural,  p.  315. 
1846.  Lb  Play.  —  (C.  R.,  t.  XIX,  p.  853.) 

1845.  MuRCHisoN.  —  Geology  of  the  Ural  Monntains,  London. 

HeLM.  —  Trav.  de  la  Soc.  minéralog.  de  Saint-Pétersbourg,   t.   Il, 
p.  78,  t.  II,  p.  101. 

MoocHiN.  —  Reise  nach  Ural,  t.  II,  p.  386. 

KoKscHAROw.  —  Materialen  sur  Minéralogie  Russiands,  t.  V,  p.  379. 
MuacHisoN,  DE  Vkrnbuil  and  Keyserling.  —  Geology  of  Russia,  t.  I, 
p.  483.) 
1860.  Antipow.  —  Journ.  d.  mines,  t.  I,  p.  497. 
Daubrée.  —  (C.  R.,  t.  LXXX,  p.  526,  707.) 
1875.  Descloise-vux. —  Sur  une  roche  associée  au  platine.  (C.  R.,  t.  LXXX, 
p.  795.) 

1875.  DAUBRée.  —  Assoc,  dans  TOural,  du  platine  natif  à  des  roches  à  base 
de  péridot.(B.  S.  G.,  3%  t.  III,  p.  311.) 

*  1878.  Richesses  minérales  de  la  Russie  d'Europe,  p.  82. 
1879.  Groddeck,  p.  372. 

*  1882.  Daubrée.  —  Géol.  expér.,  p.  119,  128  et  547. 

*  1890.  Laurent.  —  Sur  l'Industrie  de  For  et  du  platine  dans  TOural.  [Ann. 
d.  M.,  nov.  1890.) 

Colombie  *.  —  C'est  en  Colombie,  nofas  Tavons  dit,  dans  les 
provinces  de  Choco  et  de  Barbacoas,  que  Ton  a  d'abord  trouvé  le 
platine.  D'après  Boussingault,  il  proviendrait  là  de  filons  de  quartz 
aurifère  traversant  des  syénites.  On  le  rencontre,  dans  un  sable 
brun,  avec  de  Ter  natif  du  fer  chromé,  du  fer  titane  et  de  la 
magnétite. 

Certains  minerais  de  Colombie  contiennent  plus  de  3  p.  100  de 
rhodium,  qui  reste  dans  Teau  mère  du  minerai  de  platine,  après 
la  précipitation  de  ce  métal,  par  le  sel  ammoniac,  avec  le  palla- 
dium. 

<  Boussingault.  Ann,  de  chimie,  XXXII,  p.  209. 
1827.  Neues  Jahrb.  f.  Minerai,  1827,  p.  177  et  1828,  p.  56L 
1879.  Groddeck,  p.  372. 


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PLATINE   DE  BORNÉO,    NOUVELLE-ZÉLANDE,    ETC.     1001 

D'après    Deville  et   Debray,    le    minerai   de  Barbacoas  con- 
tient : 

Platine 89,02 

Fer 5,00 

Rhodium 3,46 

Palladium 1,06 

Iridium 1,46 

Cuivre traces 


Bornéo,  etc.  —  Le  platine  a  été  trouvé,  également  associé  à 
Tor,  dans  un  grand  nombre  de  pays,  en  particulier  à  Bornéo^ 
d'où  il  en  vient  aujourd'hui  environ  250  kilogrammes  par  an  ; 
dans  la  Caroline  du  Nord,  à  San  Domingo,  au  Brésil,  dans  lltalie, 
aux  Etats-Unis,  en  Nouvelle-Zélande,  etc. 

On  en  a  signalé  des  grains  dans  les  grès  du  keuper  de  Hormer 
Hill,  en  Shropshire,  où  Ton  suppose  qu'il  provient  des  roches  cris- 
tallines anciennes  du  North  Wales. 

A  Boiméo\  le  platine  a  été  découvert,  en  1831,  avec  de  l'osmiure 
d'iridium  et  de  l'or,  dans  des  alluvions.  Il  est  accompagné  de  frag- 
ments de  serpentine,  de  gabbro  et  de  diorite. 

Il  résulte  des  études  de  M.  l'ingénieur  des  mines  Verbeek  sur 
le  district  de  Riam  Kivu  et  de  Riam  Kanan  que,  dans  cette  région, 
des  roches  schisteuses  cristallines,  entre  autres  Titacolumite,  sont 
traversées  par  des  roches  éruptives,  gabbro  et  serpentine,  qui  cou- 
pent aussi  le  terrain  éocène.  Outre  des  cristaux  de  diallage  et  du 
fer  chromé  qui  y  abondent,  la  serpentine  renferme  très  fréquem- 
ment du  péridot. 

Nouvelle-Zélande'.  —  Les  conditions  du  gisement  de  la  Nouvelle- 
Zélande  sont  très  analogues  à  celles  de  l'Oural.  Le  platine,  ainsi 
que  l'osmiure  d'iridium,  a  été  rencontré  dans  la  rivière  Tayaka,  à 
proxiniité  des  massifs  d'une  roche  très  remarquable  formée,  en 

*  1858.  Leonhards,  Jahrbuch,  p.  449. 
1875,  Jaarbok  Van  et  Nijnwezen,  im  Ost  Indie,  1"  partie,  p.  1. 
Poggendorfs  Ânnalen,  t.  GUI,  p.  656. 
Daubrée,  Géol.  expér.,  p.  552. 

■  Von  Hochstetter,  New  Zealand,  p.  107. 
Daubrée,  Géol.  expérim.,  p.  551. 


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1002  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE 

grande  partie,  de  péridot,  que  M.  de  Hochstetter  a  découverte  dans 
la  chaîne  de  Dun  et  qu'il  a  appelée  dunite. 

En  même  temps  que  le  platine,  on  trouve  du  fer  chromé 
massif,  associé  avec  un  diallage  généralement  vert,  qui  peut 
passer  à  la  serpentine.  Ce  gisement  n'a  pas,  jusqu'ici,  dlmpor- 
tance  industrielle. 

M.  Daubrée  a  appelé  Tattention  sur  l'analogie  entre  les  roches 
à  platine  et  les  roches  météoriques j  à  base  de  péridot,  qui  contien- 
nent également  du  fer  chromé,  par  exemple  la  météorite  de  Chas- 
signy  (Haute-Marne),  tout  à  fait  analogue  i  la  gangue  du  platine  de 
Nijni  Taguil.  Cette  ressemblance  est  conQrmée  par  la  présence, 
dans  le  platine  mapétipolaire  de  TOural,  d*un  peu  de  nickel.  Selon 
M.  Daubrée,  la  roche  mère  du 'platine  représenterait  une  scoriCca- 
tion  des  masses  profondes  du  globe. 

A  cette  description  des  gîtes  du  platine,  nous  ajouterons  seule- 
ment quelques  mots  sur  les  usages  restreints  des  métaux  de  la 
même  famille  extraits  des  mêmes  gisements  :  palladium,  iridium, 
rhodium,  ruthénium,  osmium. 


PALLADIUM 

Le  palladium  a  été  découvert  par  Wollaston,  en  1803,  et  étudié 
par  Berzélius  ;  c'est  un  métal  blanc,  intermédiaire,  par  sa  couleur 
et  son  éclat,  entre  Targent  et  le  platine,  le  plus  fusible  de  tous 
les  métaux  de  la  famille  du  platine. 

On  Tu li lise,  soit  pur,  soit  allié  à  un  peu  d*or,  pour  faire  des 
cercles  divisés  d'instruments  d'astronomie.  L'argent,  en  raison  de 
sa  blancheur,  est  plus  propre  que  tout  autre  métal  à  cet  emploi  ; 
mais  il  jaunit  et  noircit  rapidement  à  l'air,  tandis  que  le  palladium 
ne  s'altère  pas. 

Le  cercle  mural  de  l'Observatoire  de  Grenwich  est  en  palla* 
dium  pur  ;  celui  de  Paris  contient  un  peu  d'or. 

Les  dentistes  font  usage  d'un  alliage  contenant  9  parties  de 
palladium  pour  1  partie  d'argent.  Ils  emploient  également  un 
amalgame  de  palladium. 

Le  palladium  a  été,  d'abord,  retiré  du  platine  de  Ghoco  (Co- 


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IRIDIUM,   RHODIUM,    ETC..  1003 

lombie),  qui  en  contient  1/2  p.  100  environ.  Il  existe  dans  tous 
les  autres  minerais  du  platine  ;  on  le  trouve  aussi,  à  Tétat  natif 
et  combiné  avec  For,  dans  les  sables  aurifères  du  Brésil.  Un 
alliage  naturel  d*or  et  palladium  contient  jusqu'à  2S  p.  100  de 
palladium.  Un  autre  minerai,  connu  sous  le  nom  d'oro  pudre, 
renferme  10  p.  100  de  palladium  avec  86  d'or  et  4  d'argent. 

IRIDIUM 

Ce  métal  a  été  découvert,  dans  la  mine  de  platine,  par  Tennant, 
en  1803,  en  même  temps  que  Tosmium,  avec  lequel  il  est  combiné 
à  Fétat  d'osmiure  d'iridium. 

C'est  un  métal  d'un  blanc  d'étain  très  dur  et  très  lourd.  On  Ta 
employé  longtemps,  en  raison  de  sa  dureté,  pour  garnir  le  bout 
des  plumes  d'or. 

Dernièrement,  on  a  essayé  de  s'en  servir  pour  appointer  les 
burins  employés  dans  les  machines  à  percer  les  roches. 

L'iridium  entre  dans  la  composition  des  mètres  internationaux. 
Les  alliages  de  platine  et  d'iridium,  contenant  de  10  à  15  p.  100 
d'iridium,  sont  beaucoup  plus  durs  que  le  platine  pur,  mais  se  tra- 
vaillent à  la  forge  et  à  la  filière,  comme  l'acier  de  meilleure  qualité, 
dont  ils  ont  toute  l'élasticité.  On  peut  en  façonner  des  vases,  qui 
résistent,  bien  mieux  que  le  platine  pur,  à  l'action  de  l'eau  régale 
ou  de  l'acide  sulfurique  concentré. 

RHODIUM 

Le  rhodium  a  été  découvert  par  WoUaston,  en  1803,  en  même 
temps  que  le  palladium. 

On  l'obtient  en  précipitant,  par  le  fer,  les  eaux  mères  du  platine, 
d'où  on  a  extrait,  ou  non,  le  palladium. 

Le  rhodium,  comme  l'iridium,  donne  au  platine  de  la  dureté,  de 
l'élasticité  et  peut  être  employé  à  la  confection  d'alliages  plus 
précieux  que  le  platine  pur. 


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1004  GÉOLOGIE    APPLIQUÉB 


RUTHENIUM 

Le  ruthénium  a  été  découvert  dans  la  mine  de  platiae  par  Glaus 
en  1846.  Tout  récemment  (mars  1893),  M.  Joly  est  arrivé  à  en 
produire  3  kilogrammes  au  moyen  du  four  électrique.  Nous  ne  lui 
connaissons  pas  d'application. 


OSMIUM 

L'osmium  a  été  découvert,  en  1803,  par  Tennant. 

Les  naturalistes  emploient  la  solution  d'acide  osmique  au  cen- 
tième pour  étudier  le  système  nerveux  des  animaux  inférieurs.  La 
substance  des  nerfs  noircit  en  réduisant  Facide  étendu  que  les 
autres  tissus  altèrent  peu. 


Bibliographie  du  platine. 

1855.  GuBTMARD.  —  Sur  le  platine  des  Alpes.  [B.  S.  G.,  2«,  t.  XII,  p.  429.) 
1875.  Daubrée.   —  Association   du  platine  natif  à  des  roches  à  base  de 

péridot.  (B.  S.  G.,  3«,  t.  III,  p.  311,  et  GéoL  expér,,  p.  19, 128,  547.) 

KuNz.  —  Report  of  the  Eleventh  Census.  (Minerai  Industries  in  the 

United  States.) 
1881.  Chapkr.  —  Nord  de  rOural.  (B.  S.  G.,  3%  t.  VIII,  p.  130.) 


FIN 


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Google 


CARTE    GÉJ 


1^^^^  d«  L*unAy.  Géologie  appliquée 


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PLANCHE  II 
CARTE   GÉOLOGIQUE    ET    MINIÈRE  DE  L'ALLEMAGNE  CENTRALE 

INDEX  ALPHABÉTIQUE  DES  PRINCIPAUX  NOMS  MENTIONNÉS  SUR  LA  CARTE 
(Lcft   chiffres    renvoient    aux    dej^rés   de   longitude   et   de    latitude   6guré8   sur  la   carte.) 


LONGITUDE    LATITUDE 


Âllenau 

Allenberjj  {ètain).  . 

Anhalt 

Andreasberg  (t>2om6) 

Annaberg  {cooaU).  . 

Artern 

Aussig 

Bamberg 

Beraun 

Berlin 

Bôhmerwald  .... 

Braunschweig  .   .   . 

Brocken  

Buchholz  (étain)  .  . 

Chemnilz 

Coburg  

Dessau 

Dresden  

Egeln  . 

Ehrenfriedersdorf 
lélain) 

Eibenstock  (étain) 

Kisenach 

Kisleben 

Elbingerode  (/er).   . 

Ërfurt 

Erzgebirge  {plomb). 

Falterlebon 

Fichlelgebirge .   .   . 

Flôhe 

Frankenwald.  .   .   . 

Frankfurt 

Freiberg  {plomb),   . 

Fulda 

Furstenwalde  .   . 

Geyer  {étain).  .   .   . 

Gotha 

Gottingen 

Gorlitz 

Goslar 

Graupen  {étain)  .   . 

Halberstadt  .   .   .   . 

Halle 

Hannover  

Helmstadt 

Hildesheim 

Hof 

ïlfeld  (manganèse)  . 

Hier. 

Ilmenau 

Joacbimsthal  {plomb) 

Johann  Georgens- 
tadt  {étain).  .   . 

Karisbad  {eau  ther- 
male)   

Kladno 

Klausthai  {plomb) 

Kohifurt 

Komorau  {fer) .   . 

KOnigswart.  .   .   . 

Lambert.   .   .   . 

Lana 


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LONIÎITUDE     LATITUDE 


Lausitzergebirge  . 

Lan  ten  thaï  .... 

Lehrte 

Leipzig 

Leumeritz   .... 

Littau 

Lobau   

Lûbben 

Magdeburg  .... 

Mansfeld  {cuivre)  . 

Marienbad     {eau 
thermale).  .   .   . 

Marienberg  {étain, 
cobalt) 

.Meiningen  .... 

Meissen 

Mies  {plomb)      .   . 

Mulhausen  .... 

Muskau 

Nesse.  ...... 

Neustadt 

Nordhausen.  .   .   . 

Oberharz  .... 

Pilsen 

Pirna 

Platten  (^f^m).  .   . 

Plauen  

Potsdam 

Prag  ....*... 

Przibram  {plomb)  . 

Rammelsberg  {cui- 
vre)  

Riesa 

Riesengebirge.  .   . 

Kichelsdorf.    .   .   . 

Rochtitz 

Rothen 

Ruderdof 

Saalfeld 

Saatz 

Schauebeck.  .  .  . 

Schmalkalden.  .   . 

Schnee.berg  (co6a/(, 
argent).    .   .   . 

Schoppenstadt  . 

Seifen  [étain).  . 

Sperenberg    {son 
dage) 

Staasfurt  {sel).  . 

Teplitz  {eau   ther- 
male)  

Thiiringerwald  . 

Torgau  

Unterharz.  .   .   . 

Weimar 

Weissenfels. 

Weisseritz  .   .   . 

Weld 

Witlenberg .    .    . 

^Vû^zbu^g   .   .   . 

Zinnwald  {étain). 

Zwickau   .... 


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Géologie,  t.  II. 


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.UNIVEB6ITÏJ 


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CATALOGUE   DE  LIVRES 

GÉOLOGIE  ET  DE  MINÉRALOGIE 

PUBLIÉS    PAR 

LA    LIBRAIRIE  POLYTECHNIQUE,   BAUDRY   ET  C>« 

IS,    RUE    DBS    SAINTS-PÈRES,    A    PARIS 


Le  catalogue  complet  est  envoyé  franco  sur  demande. 


Traité  de  minéralogie. 

Traité  de  minéralogie  à  Tusage  des  candidats  à  la  licence  es  sciences 
physiques  et  des  candidats  à  l'agrégation  des  sciences  naturelles,  par 
Wallerant,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Rennes.  1  volume 
Krand  in-8<>j  avec  341  figures  dans  le  texte 12  fr.  50 

Les  Minéraux  des  roches. 

Les  minéraux  des  roches.  1^  Application  des  méthodes  mlnéraloglques 
et  chimiques  à  leur  étude  microscopique,  par  A.  Michel  Lévy,  ingénieur 
en  chef  des  mines.  2^  Données  physiques  et  optiques,  par  A.  Michel  LévY 
et  Lacroix.  1  volume  grand  in-8^,  avec  de  nombreuses  figures  dans  le 
texte  et  une  planche  en  couleur 12  fr.  50 

Tableaux  des  minéraux  des  roches. 

Tableaux  des  minéraux  des  roches.  Résumé  de  leurs  propriétés  optiques, 
cristallographiques  et  chimiques,  par  Michel  Lévy  et  Lacroix.  1  volume 
in-4,  relié 6  fr.  » 

Roches  éruptives. 

Structures  et  classification  des  roches  éruptives,  par  A.  Michel  Lévy, 
ingénieur  en  chef  des  mines.  1  volume  grand  in-8^ 5  fr.  > 

Minéralogie  de  la  France. 

Minéralogie  de  la  France  et  de  ses  colonies.  Description  physique  et 
chimique  des  minéraux,  étude  des  conditions  géologiques  de  leurs  gise- 
ments, par  A.  Lacroix,  l"*®  pai*tie  du  tome  !«'.  1  volume  grand  in-8',  avec 
de  nombreuses  figures  dans  le  texte 15  fr.  > 

Nota.  La  2^  partie  du  Tome  I*'  sera  mise  en  vente  dans  le  milieu  de 
Tannée  1893.  Le  Tume  II  et  dernier,  paraîtra  avant  la  fin  de  1894. 


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1006        BAUDRT  ET  C*^,   ÉDITEURS,   15,   RUE  DES  SAIIfTS- PÈRES,   PARIS 

Les  Méthodes  de  synthèse  en  minéralogie. 

Les  inélhodes  de  synthèse  en  minéralogie.  Les  productions  spontanées 
des  minéraux  contemporains.  —  Les  synthèses  accidentelles.  —  Les  syn- 
thèses rationnelles  :  les  méthodes  delà  voie  sèche;  les  méthodes  de  la  Yoie 
mixte  ;  les  méthodes  de  la  voie  humide.  Cours  professé  au  Muséum  d^his- 
toire  naturelle,  par  Stanislas  Meunier.  1  volume  grand  in-8^,  avec  figures 
dans  le  texte 12  fr.  50 

Géologie  appliquée. 

Géologie  appliquée  à  Fart  de  Tingénieur,  par  E.  Nivorr,  ingénieur  en 
chef  des  mines,  professeur  à  TEcole  des  ponts  et  chaussées.  S  volumes 
grand  in-8*,  avec  de  nombreuses  figures  dans  le  texte 40  fr.  » 

Géologie  appliquée  à  l'agriculture . 

Applications  de  la  géologie  à  Tagriculture,  par  Burat.  1  volume 
m-15 1  fr.  50 

Géologie  de  la  France. 

Géologie  de  la  France,  par  Burat,  ingénieur,  professeur  à  TEcole  cen- 
trale des  arts  et  manufactures.  1  volume  grand  in-8^,  avec  de  nombreuses 
figures  intercalées  dans  le  texte lô  fr.  » 

CMologie  de  la  Bohême. 

Géologie  de  la  Bohème^  par  J.  de  Moegan.  1  volume  ïn-S^,  avec  39  figures 
dans  le  texte,  7  planches  tirées  hors  texte  et  4  cartes  géologiques  en  cou- 
leur, cartonné 20  fr.  » 

Carte  minière  de  la  France. 

Carte  minière  de  la  France,  par  A.  Gaillaux,  imprimée  en  18  coHleurs. 
Prix  :  en  feuille,  20  fr.  ;  collée  sur  toile  et  pliée 25  fr.  » 

Filons  d'or  de  la  Guyane  française. 

Les  filons  d*or  de  la  Guyane  française.  —  Formation  géologique.  — 
Travaux  de  recherche.  —  Conséquence  de  Texploitation  Olonienne,  par 
L.  FiRNANO  ViALA,  ingénieur  civil  des  mines,  ancien  élève  de  TËcole  poly- 
technique. 1  volume  in-8* 5  fr.  » 

Phosphates  de  chaux. 

Les  phosphates  de  chaux  naturels  ;  recherche  des  gisements,  essais  chi- 
miques, extraction,  emplois  dans  l'industrie,  phosphates  industriels  super- 
phosphates, par  Paul  Hubert.  1  volume  grand  in-S»,  avec  figures  dans  le 
texte 3  fr.  50 

Mont-Blanc. 

Le  massif  du  Mont-Blanc,  étude  sur  sa  constitution  géodésique  et  géo- 
logique, sur  ses  tranformations  et  sur  Tétat  ancien  et  moderne  de  ses 
glaciers,  par  Yiollet-lb-Duc.  1  volume  in-8^,  avec  il2  figures  dans  le 
texte 10  Cr.  » 


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RAUDRY  ET  C'®,   ÉDITEURS,   15,   RUE   DES  SAINTS-PÉRES,   PARIS       4007 

Carte  du  Mont-Blano. 

Carte  du  massif  du  Mont-Blanc,  dressée  au  4/40,000«,parE.  Viollet-lk- 

Duc,  4  feuilles  imprimées  en  12  couleurs 10  fr.  » 

Collée  sur  toile  et  en  étui 47  fr.  » 

Collée  sur  toile,  montée  sur  rouleaux  et  vernie 20  fr.  » 


PUBLICATlOiNS  DU  SERVICE 

DE   LA 

CARTE  GÉOLOGIQUE  DÉTAILLÉE  DE  LA  FRANCE 

(Ministère  des  Travaux  publics.) 

Carte  géologique  de  la  France  au  80  millième. 

Carte  géologique  détaillée  de  la  France  à  Téchelle  du  80  millième  publiée 
par  le  ministère  des  Travaux  publics,  comprenant  267  feuilles  de  94  cen- 
timètres sur  72  centimètres. 

PRIX  DB  CHAQUE  FEUILLE  ACCOMPAGNés  DE  SA   NOTICE  BXPUCATiVE 

En  feuilles 6  fr.  • 

Collée  sur  toile  et  pliée 10  fr.  » 

Le  tableau  (ra$$einblage  donnant  Pétat  d^avaneement  de  ta  carte  $era  envoyé 
franco  sur  demande. 

Carte  géologique  de  la  France  au  millionième. 

Carte  géologique  de  la  France  à  Téchelle  du  millionième  exécutée  en 
utilisant  les  documents  publiés  par  le  service  de  la  carte  géologique  dé- 
taillée de  la  France  par  un  comité  composé  de  MM.  Barrois,  Bergeron, 
Bertrand,  Depéret,  Fabre,  Fontannes,  Fouqué,  Gosselet,  Jacquot,  Lecornu, 
Lory,  Michel  Lévy,  Potier  et  Vélain,  sous  la  direction  de  MM.  Jacquot,  ins- 
pecteur général  des  mines,  et  Michel  Lévy,  ingénieur  en  chef  des  mines, 
4  feuilles  de  6o  centimètres  sur  60  centimètres,  imprimées,  en  44  couleurs. 

Prix  :  Collée  sur  toile  et  pliée 45  fr.  » 

Collée  sur  toile,  montée  sur  rouleaux  et  vernie 20  fr.  » 

En  feuilles 9  fr.  50 

L'Ardenne. 

L*Ardenne,  par  J.  Gosselet,  professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des 
sciences  de  Lille.  4  volume  in-4* contenant  26  planches  en  héliogravure  tirées 
en  taille-douce,  243  figures  intercalées  dans  le  texte  et  44  planches  de 
cartes  et  de  coupes  géologiques •    50  fr.  > 

LiC  pays  de  Bray. 

Le  pays  de  Bray,  par  A.  de  Lapparbnt,  ingénieur  au  corps  des  mines. 
4  volume  in-4<»,  avec  20  flgures  intercalées  dans  le  texte  et  4  planches  de 
cartes 7  fr.  25 


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1008  BAUDRY  ET  C^®,   ÉDITEURS,   1§,   RUE  DBS  SAINTS-PÈRES,   PARIS 

Carte  géologique  des  environs  de  Paris. 

Carie  géologique  des  environs  de  Paris  à  Féchelle  du  40  millième,  pu- 
bliée par  le  ministère  des  Travaux  publics,  comprenant  4  feuilles  de  84  cen 
tlmètres  sur  64  centimètres  chacune. 

Prix  :  En  feuilles 15  fr.  » 

Collée  sur  toile  en  4  feuilles  et  pliée 25  fr.  » 

Collée  sur  toile,  montée  sur  rouleaux  et  vernie.    ...     30  fr.  > 

Notice  sur  la  carte  géologique  des  environs  de  Paris. 

Notice  sur  une  nouvelle,  carte  géologique  des  environs  de  Paris,  par 
Gustave  Dollfus.  1  volume  grand  in*8<*,  avec  2  planches  ...      7  fr.  50 

Carte  géologique  de  l'Algérie. 

Carte  géologique  de  TAlgérie  à  Téchelle  du  800  millième,  publiée  par  le 
minsitère  des  Travaux  publics,  sous  la  direction  de  MM.  Pomel,  directeur 
de  TEcole  supérieure  des  sciences  d* Alger  et  Pouyannb,  ingénieur  en  chef 
des  mines,  4  feuilles  de  78  centimètres  sur  58  centimètres,  accompagnées 
d'un  volume  in-i®. 

Prix  :  Collée  sur  toile  et  pliéc 21  fr.  » 

Collée  sur  toile,  montée  sur  rouleaux  et  vernie.   ...     26  fr.  > 
En  feuilles 15  fr.  » 

Bulletin  de  la  carte  géologique  de  la  France. 

Bulletin  des  services  de  la  carte  géologique  de  la  France  et  des  Topo- 
graphies souterraines  (ministère  des  Travaux  publics),  publié  sous  la  direc- 
tion de  MicHBL  Lévy,  ingénieur  en  chef  des  mines,  avec  le  concours  des 
professeurs,  des  géologues  et  des  ingénieurs  qui  collaborent  à  la  Carte 
géologique  détaillée  de  la  France  et  aux  topographies  souterraines  publiées 
par  le  ministère  des  Travaux  publics. 

Ce  Bulletin  parait  depuis  le  mois  d'août  1889  par  fascicules  contenant 
chacun  un  mémoire  complet,  dont  la  réunion  forme  chaque  année  un 
beau  volume  grand  in-8<>,  accompagné  d*un  grand  nombre  de  planches  et 
avec  de  nombreuses  figures  intercalées  dans  le  texte. 

Prix  de  Tabonnement 20  fr.   » 

Prix  de  Tannée  parue 20  fr.  » 

Nous  avons  fait  tirer  à  part  un  certain  nombre  d'exemplaires  de  chacan 
des  bulletins  destinés  à  être  vendus  séparément,  aux  prix  suivants  : 

LISTE  DES   BULLETINS  PARUS  .* 

Le  Mont  PUat  et  le  Plateau  central. 

N<»  1.  Étude  sur  le  massif  cristallin  du  Mont  Pilât,  sur  la  bordure  orien- 
tale du  Plateau  central,  entre  Vienne  et  Saint- Vaille r,  et  sur  la  prolongation 
des  plis  synclinaux  houillers  de  Saint-Etienne  et  Vienne,  par  Teriuer, 
ingénieur  des  mines,  professeur  à  TEcole  de  Saint-Etienne.  4  brochure 
grand  in-8''  av€c  28  figures  dans  le  texte  et  2  planches  ....      3  fr.  75 


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BAUDRT  ET  G^,   ÉDITEURS,   15,   ROfi^  DES  SAINTS-PÈRES,   PARIS         1009 

Les  EnTironi  de  Lyon. 

N*  2.  Note  sur  les  terrains  d*alluvioDS  des  environs  de  Lyon,  par 
DiLAFONDy  ingénieur  en  chef  des  mines,  i  brochure  grand  in-8®,  avec 
4  planche 4  fr.  25 

Les  Pyrénées  de  F  Aude. 

N<»  3.  Note  sur  l'existence  des  phénomènes  de  recouvrement  dans  les 
Pyrénées  de  TAude,  par  L.  Garez,  docteur  es  sciences  naturelles.  4  bro- 
chure grand  in-8%  avec  4  planche 4  fr.  25 

Les  roches  primitives  de  la  feuille  de  Brive. 

No  4.  Note  sur  les  roches  primitives  de  la  feuille  de  Brive ,  par 
L.  DE  Launay,  ingénieur  des  mines.  4  brochure  grand  in-S^,  avec  6  figures 
dans  le  texte 0  fr.  75 

Bassin  tertiaire  de  Marseille. 

N®  5.  Notes  stratigraphiques  sur  le  bassin  tertiaire  de  Marseille,  par 
Gh.  Dbpérbt,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Lyon.  4  brochure 
grand  in-S^,  avec  6  figures  dans  le  texte 4  fï*.  50 

Les  environs  d'Annecy,  la  Roche,  Bonneville,  etc. 

N«  6.  Note  sur  la  géologie  des  environs  d'Annecy,  la  Roche,  Bonneville, 
et  de  la  région  comprise  entre  le  Buet  et  Salianches  (Haute-Savoie),  par 
G.  Maillard,  conservateur  du  musée  d'Annecy.  4  volume  grand  in-  8^,  avec 
9  planches 5  fr.  25 

Les  éruptions  du  Menes-Hom  (Finistère). 

N^  7.  Mémoire  sur  les  éruptions  diabasiques  siluriennes  du  Menez- 
Hom  (Finistère),  par  Gh.  Barrois,  professeur  adjoint  à  la  Faculté  des 
sciences  de  Lille.  4  volume  grand  in-8<>,  avec  23  figures  dans  le  texte  et 
4  planche 4  fr.  » 

Le  nord  de  la  France  et  le  bassin  de  Paris. 

N^  8.  Relations  entre  les  sables  de  Téocène  inférieur  dans  le  nord  de  la 
France  et  dans  le  bassin  de  Paris,  par  J.  Gosselet,  professeur  à  la  Faculté 
des  sciences  de  Lille,  membre  correspondant  de  l'Institut.  4  volume  grand 
in-80,  avec  7  figures  dans  le  texte 0  fr.  75 

Les  roches  des  environs  du  Mont-Blanc. 

N^  9.  Etude  sur  les  roches  cristallines  et  éruptives  des  environs  du 
Mont-Blanc,  par  Michel  Lévy,  ingénieur  en  chef  des  mines,  directeur  du 
service  de  la  carte  géologique  de  la  Frauce.  4  brochure  grand  in-S®,  avec 
4  planches  en  photogravure,  une  planche  de  coupes  et  des  figures  dans  le 
texte 2  fr.  50 

Le  Plateau  central  entre  Tulle  et  Saint-Céré 

N^  40.  Etude  sur  la  stratigraphie  du  plateau  central  entre  Tulle  et  Sainl- 
Géré,  par  Modrbt,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées.   4  brochure  grand 
in-8S  avec  une  planche  de  coupes  et  une  carte  géologique.  .  •      2  fr.  75 
GÉOLOGIE.  —  T.  u.  64 


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iOlO        BAUDRT  ET  G^,   ÉDITEURS,   15,   RUE  DBS  SAINTS-PÈRES,  PARIS 
Les  roches  de  FAriège  et  de  rAavergne. 

N^  il.  I.  Contribution  à  l'étude  des  roches  métamorphiques  et éraptÎTes 
de  TAriège  (feuiUe  de  Foix).  II  Sur  les  enclaves  acides  des  roches  volcani- 
ques de  TAuvergne,  par  A.  Lacroix,  préparateur  au  Collège  de  France, 
1  brochure  grand  in-S»,  avec  12  flgures  dans  le  texte 3  fr.  » 

Terrains  Bressans.  —  Bassins  de  Bianzy  et  du  Crensot. 

N*  12.  I.  Nouvelle  subdivision  dans  les  terrains  Bressans.  —  H.  Bassin 
de  Blanzy  et  du  Creusot,  par  Delafond,  ingénier  en  chef  des  mines,  i  bro- 
chure grand  in-8*,  avec  17  Ûgures  dans  le  texte 1  fr.  50 

Les  éruptions  da  Velay. 

N*  13.  Les  éruptions  du  Velay.  —  L  Roches  éruptives  de  Meygal.  — 
n.  Argiles  métamorphosées  par  le  phonolithe,  à  Saint-Pierre-Eynac,  par 
P.  Themibr,  ingénieur  des  mines,  professeur  à  TEcoles  des  mines  de 
Saint-Etienne.  1  broch.  grand  in-8<^,  avec  11  figures  dans  le  texte,      i  fr.  50 

Le  Bassin  de  Paris. 

N*  14.  Recherches  sur  les  ondulations  des  couches  tertiaires  dans  le 
bassin  de  Paris,  par  Gustave- F.  Dollfos.  1  brochure  grand  in-8*,  avec 
16  figures  dans  le  texte  et  une  carte 4  fr.  75 

Le  Forez  et  le  Roannais. 

N^  15.  Note  sur  les  formations  géologiques  du  Forez  et  du  Roannais, 
par  Le  Verrier,  ingénieur  en  chef  des  mines,  i  brochure  grand  in-8<>,  avec 
40  figures  dans  le  texte  et  4  planches 4  fr.  75 

La  vallée  d'Apt.  —  Le  Pliocène  à  Théziers  (Gard). 

N<^  16.  I.  Note  sur  les  sables  de  la  vallée  d*Apt,  par  Kilian,  de  la 
Faculté  des  science  de  Grenoble,  et  F.  Lebnhardt,  de  la  Faculté  de  théolo- 
gie protestante  de  Montauban.  —  II.  Note  sur  la  découverte  de  Fhorizon 
Montaiguet  à  Bulimus  Hopei,  dans  le  bassin  d'Apt,  par  DEPéRBT  et 
Lebnhardt.  —  III.  Note  sur  le  Pliocène  et  sur  la  position  stratigraphique 
des  couches  à  congénéries  de  Théziers  (Gard),  par  Depéret,  professeur  à  la 
Faculté  des  sciences  de  Lyon.  1  brochure  grand  in-8<>,  avec  10  figures  dans 
le  texte  et  1  planche i  fr.  75 

La  struotore  des  Corbières. 

N<»  17.  Note  sur  la  structure  des  Corbières,  par  Emm.  de  Margerie. 
1  brochure  grand  in-8®,  avec  3  figures  dans  le  texte  et  1  planche.      2  fr.  50 

La  chaîne  de  la  Sainte-Beaume. 

N^*  18.  I.  Note  sur  la  continuation  de  la  Chaîne  de  la  Sainte-Beaume 
(feuille  de  Draguignan).  —  11,  III,  IV,  V.  Notes  sur  quelques  points  de  la 
feuille  de  Castellane,  par  P.  Zurcher,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaus- 
sées. 1  brochure  grand  in-8*',  avec  22  figures  dans  le  texte  et  4  planches. 

3  fr.  25 


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BAUDRY  ET  &,   ÉDITEURS,   18,   RUE  DES  SAINTS-PÊRES,   PARIS         4011 

Terrains  tertiaires  du  Sud-Oaest. 

No  19.  GoDtribution  à  Tétude  des  terrains  tertiaires  du  Sud-Ouest  de  la 
France,  par  G.  Vasskur  professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des  sciences  de 
Marseille.  1  brochure  grand  in-S»,  avec  iO  figures  dans  le  texte,    0  fr.  75 

Le  massif  de  la  Vanoise. 

N«  20.  Géologie  et  stratigraphie  du  massif  de  la  Yanoise,  par  Txrmisb, 
ingénieur  des  mines,  professeur  à  Fécole  de  Saint-Etienne.  1  volume 
grand  in-8<>,  avec  58  figures  dans  le  texte,  une  carte  géologique  et  9  planches. 

10  fr.  » 

Les  Chaines  subalpines  entre  Gap  et  Digne. 

No  21.  Les  chaines  subalpines  entre  Gap  et  Digne.  Contribution  à  This- 
toire  géologique  des  Alpes  françaises,  par  Emili  Haug,  docteur  es  sciences, 
chef  des  travaux  pratiques  au  laboratoire  de  géologie  de  la  Faculté  des 
sciences  de  Paris.  1  volume  grand  in-S®,  avec  figures  dans  le  texte,  une 
carte  géologique  et  trois  planches.  10  fir.  » 

Les  en-Tirons  d'Annecy. 

No  22.  I.  Note  de  M.  Michel  Lévy  sur  les  derniers  travaux  de  G.  Mail- 
lard. —  II,  III.  Note  sur  les  diverses  régions  de  la  feuille  d*Annecy, 
par  G.  Maillard.  1  brochure  grand  in-S^,  avec  45  figures  dans  le  texte. 

2  fr.  50 

Géologie  de  TOise.  —  Le  trias  de  TAriège. 

N<^  23.  II.  Contribution  à  la  géologie  de  TOise.  Notice  géologique  de 
Beauvais,  par  H.  Thomas,  contrôleur  principal  des  mines,  chef  des  tra- 
vaux graphiques  de  la  carte  géologique  de  la  France.  —  II.  Note  sur  la 
trias  de  TAriège  et  de  TAude,  par  C.  db  Lactivier,  proviseur  du  lycée 
de  Montpellier.  1  brochure  grand  in-S»,  avec  12  figures  dans  le  texte. 

1  fr.  50 

Le  massif  d'Allauch. 

N^  24.  Le  massif  d*Allauch,  au  nord-ouest  de  Marseille,  par  M.  Ber- 
trand, ingénieur  en  chef  des  mines,  professeur  de  géologie  à  TEcole 
nationale  des  mines.  1  brochure  grand  in-8^,  avec  28  figures  dans  le  texte 
et  2  planches 3  fr.  50 

La  craie  des  Corbières. 

fi^  25.  Etude  sur  la  craie  supérieure.  La  craie  des  Corbières,  par  A.  de 
Grossodvrb,  ingénieur  en  chef  des  mines.  1  brochure  grand  in-8®,  avec 
5  figures  dans  le  texte 0  fr.  75 

Les  massifi  du  Chablais. 

No  2i(.  Etude  sur  les  massifs  du  Chablais  compris  entre  l'Arve  et  la 
Drance  (Feuilles  de  Thonon  et  d'Annecy),  par  Auo.  Jaccard,  professeur  de 
géologie  k  FAcadémie  de  Neufchàtel.  i  brochure  grand  in-S®,  avec  44  fi- 
gures dans  le  texte 2  fr.  25 


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10! 2        BAUDRY  ET  C**,  ÉDITEURS,  15,  RUE  DBS  SAUTTS-nÈRES,  PARIS 
La  chaîne  des  Aiguillet-Ronges. 

N®  27.  Note  sur  la  prolongation  Ters  le  sad  de  la  chaîne  des  AiguiUes- 
RoQges  (Montagnes  du  Pormenaz  et  du  Prarion),  par  A.  Michkl-Levy,  ingé- 
nieur en  chef  des  mines,  i  brochure  grand  in-8®,  avec  48  figures  dans  le 
texte  et  7  planches 3  fr.  50 

Description  géologique  du  Velay. 

N»  28.  Description  géologique  du  Velay,  par  Marcklun  Boule,  agrégé  de 
rUniyersité,  docteur  es  sciences.  1  Tolume  grand  in-8<>,  avec  80  figures  dans 
le  texte  et  11  planches 12  fr.  » 

Contact  du  Jura  méridional  et  de  la  zone  lubalpine. 

N^  29.  Contact  du  Jura  méridional  et  de  la  zone  subalpine  aux  environs 
de  Ghambéry  (Savoie),  par  M.  Hollande,  i  brochure  grand  in-8o,  avec  23  fi- 
gures dans  le  texte 1  fr.  50 

La  Vallée  du  Cher  dana  la  région  de  Montluçon. 

N^  30.  Etudes  sur  le  Plateau  central.  —  I.  La  Vallée  du  Cher  dans  la 
région  de  Montluçon,  par  L.  db  Launay,  ingénieur  des  Mines,  professeur  à 
TEcole  supérieure  des  mines.  1  brochure  grand  in-8®,  avec  23  figures  dans 
le  texte  et  6  planches 3  fr.  50 

Les  Ophites  et  les  Lherzolites  de  PAriège. 

N^  3i.  Note  sur  la  distribution  géographique  et  sur  Tàge  géologique  des 
ophites  et  des  lherzolites  de  TAriège,  par  G.  de  Lacvivisr,  proviseur  du 
lycée  de  Montpellier.  1  brochure  grand  in-8<^,  avec  une  figure  dans  le  texte. 

0  fr.  75 

Le  Môle  et  les  coUinea  de  Faucigny. 

N<>  32.  Le  Môle  et  les  collines  de  Faucigny  (Haute-Savoie),  par  Marcel 
Bertrand,  ingénieur  en  chef  des  mines,  professeur  de  géologie.  1  brochure 
grand  in-8^,  avec  27  figures  dans  le  texte  et  une  carte  en  couleur.      2  fr.  25 

Plinementa  lilariena  du  Cotentin. 

N^  33.  Sur  les  plissements  siluriens  dans  la  région  du  Cotentin,  par 
L.  Lecormu,  ingénieur  des  mines,  maître  de  conférences  à  la  Faculté  des 
sciences  de  Caen.  i  brochure  grand  in-8<^,  avec  16  figures  dans  le  texte. 

i  fr.  50 


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BAUDRT  ET  Cf^,   ÉDITEURS,  15,   RUE  DES  SAINTS-PÈRES,   PARIS        1013 


PUBLICATIONS  DU  SERVICE 

DES 

TOPOGRAPHIES    SOUTERRAINES 

(Ministère  des  Travaux  publics) 

ÉTUDES   DBS    GÎTES  MINÉRAUX  DE  LA  FRANCE 

Bassin  houlller  de  la  Loire. 

Bassin  houiller  de  la  Loire,  par  L.  Grunbr,  inspecteur  gérerai  des  Mines. 
2  volumes  in-i^,  et  1  atlas  de  28  planches  in-plano 76  fr.  > 

Bassin  houiller  de  Valenciennes. 

Bassin  houiller  de  Valenciennes  (partie  comprise  dans  le  département 
du  Nord),  par  A.  Olry,  ingénieur  en  chef  des  mines.  1  volume  in-4o,  et 
1  atlas  de  12  planches  in-plano 52  fr.  > 

Bassins  houillers  de  Brioude,  Brassac  et  Langeao. 

Bassin  houiller  de  Brioude  et  de  Brassac,  par  J.  Dorlhac,  ingénieur 
civil  des  mines,  et  Bassin  houiller  de  Langeac,  par  Amiot,  ingénieur  au 
corps  national  des  mines.  1  volume  in-4<>,  avec  figures  intercalées  dans  le 
texte  et  1  atlas  de  18  planches  in-folio 37  fr.  50 

Bassin  houlller  de  Ronchamp. 

Bassin  houiller  de  Ronchamp,  par  E.  Tradtmann,  inspecteur  général 
honoraire  des  mines.  1  volume  in-4o  et  1  atlas  de  9  planches  in-plano. 

15  fr.  50 

Flore  fossile  du  bassin  houiller  de  Valenciennes. 

Description  de  la  flore  fossile  du  bassin  houiller  de  Valenciennes,  par 
R.  Zeiller,  ingénieur  en  chef  des  mines.  1  volume  iD-4<^,  avec  45  figures 
dans  le  texte  et  1  carte  en  couleur,  et  1  atlas  in-4o  contenant  94  planches 
de  dessins  faits  d'après  nature  et  lithographies  par  C.  Cuisin.    75  fr.  25 

Bassin  houiller  et  permien  d'Autun  et  d'Epinac. 

Bassin  houiller  et  permien  d*Autun  et  d'Épinac.  Fascicule  premier. 
Stratigraphie  par  Delafond,  ingénieur  en  chef  des  mines,  avec  15  figures 
dans  le  texte,  une  planche  et  une  carte  géologique  au  40  millième,  par 
Michel  Lévy,  Delafond  et  Renault 12  fr.    » 

Fascicule  II.  Flore  fossile  (1^  partie),  par  R.  Zeiller,  ingénieur  en  chef 
des  mines.  1  volume  in-4«  et  1  atlas  in-4®  de  27  planches  ...     30  fr.    » 

Fascicule  UI.  Poissons  fossiles,  par  le  D'  Sauvage.  1  volume  in-4^,  avec 
0  planches 4  fr.    » 


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1014         BAUDRY   ET  c'*'  ÉDITEURS,    45,   RUE   DES  SAWTS-PÈRBS,    PARIS 

Bassin  houlller  et  permien  de  Brive. 

Bassin  houiller  et  permien  de  Briye.  Fascicule  premier.  Stratigraphie, 
par  Georges  Mouret,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées.  1  Tolume 
in-4®  avec  120  figures  dans  le  texte,  2  planches  et  1  carte  géologique.  — 
Fascicule  IL  Flore  fossile,  par  R.  Zeillbr,  ingénieur  en  chef  des  mines. 
1  volume  in-4<>  avec  15  planches.  Prix  des  2  volumes 30  fr.     » 


Mémoires  de  paléontologie. 

Mémoires  de  Paléontologie  de  la  Société  géologique  de  France,  publiés 
sous  la  direction  de  MM.  A.  Gaudry,  membre  de  Tlnstitut,  professeur  de 
paléontologie  au  Muséum  d'histoire  naturelle;  Mcnier-Ghalmas,  maître  de 
conférences  à  FEcole  normale  supérieure  ;  DonviLLé,  professeur  de  paléon  - 
tologie  à  TEcole  des  mines;  Zeiller,  ingénieur  en  chef  des  mines,  et  J.  Bbr  - 
GBRON,  docteur  es  sciences. 

Cette  publication  parait  depuis  1890  par  fascicules  trimestriels ,  et 
forme  chaque  année  un  beau  volume  grand  in-4^  contenant  au  minimum 
20  planches. 

ÀBONiNEMENTs  :  Paris,  23  francs.  —  Départements,  28  francs.  —  Union 
postale,  30  francs.  Prix  de  Tannée  parue 40  fr.     > 

Nous  avons  fait  tirer  à  part  un  certain  nombre  d'exemplaires  de  chac  un 
des  mémoires  destinés  à  être  vendus  séparément  aux  prix  suivants  : 

Le  Dryopithèque. 

No  1.  Le  Dryopithèque,  par  Albert  Gaudry,  membre  de  llnstitut,  pro- 
fesseur de  paléontologie  au  Muséum  d'histoire  naturelle.  1  brochure  io-4^ 
avec  1  planche 2  fr.  50 

Les  céphalopodes  du  Crétacé  lupériear. 

N^  2.  Contribution  à  Tétude  des  Céphalopodes  du  Crétacé  supérieur  de 
France,  par  Jean  Seones.  2  brochures  in-4^  avec  5  planches.   .      7  fr.  50 

Les  animauT  pliocènes  du  Roussillon. 

N®  3.  Les  animaux  pliocènes  du  Roussillon,  par  Charles  DEPiasT,  pro- 
fesseur à  la  Faculté  des  sciences  de  Lyon.  —  En  préparation. 

Paléontologie  du  Sud  Est  de  TEspagne. 

N»  4.  Contributions  à  la  Paléontologie  du  Sud-Est  de  TEspagne,  par 
René  Nicklès,  ingénieur  civil  des  mines.  1  brochure  in-4<>,  avec  4  planches . 

6  fr.  5|) 
Le  Nelumbimn  provinciale. 

N®  5.  Le  Nelumbium  provinciale,  par  G.  de  Saporta,  correspondant  de 
l'Institut.  1  brochure  in-4o,  avec  3  planches 3  fr.  75 


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BAUDRY  ET  C*",   ÉDITEURS,   16,   RUE  DBS  SAINTS-PÈRES,   PARIS        1015 

Les  principales  espèces  dliippurites. 

N^  6.  Etudes  sur  les  Rudistes.  Révision  des  principales  espèces  d'hippu- 
rites,  par  H.  Douvillé,  ingénieur  en  chef  des  mines,  professeur  à  l'Ecole 
nationale   supérieure   des    mines.  2  brochures  in-4<>,  avec  7  planches 

12  fr.    » 
Deux  oiseaux  du  gypse  parisien. 

N<>  7.  Description  de  deux  oiseaux  nouveaux  du  gypse  parisien,  par 
Flot,  docteur  es  sciences.  1  brochure  in-4<»,  avec  1  planche  .   .      2  fr.    » 

Remarques  sur  les  mastodontes. 

N®  8.  Quelques  remarques  sur  les  mastodontes,  à  propos  de  Tanimal 
du  Cherichira,  par  Albert  Gaudry.   1  brochure  in-4^,  avec  2  planches 

2  fr.  50 
La  végétation  du  niveau  aquitanien. 

N<»  9.  Recherches  sur  la  végétation  du  niveau  aquitanien  de  Manèsque, 
par  G.  DB  Saporta.  2  brochures  in-i^,  avec  20  planches.  ...     26  fr.  50 

Les  P  jthonomorphes  de  France. 

N*  10.  Les  Pythonomorphes  de  France,  par  Albert  Gaudrt.  1  brochure 
in-4o,  avec  2  planches 4  fr.    » 


éVREUX,  IMPRIUERIB  DE  CHARLES  HÉRISSET 


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AN  INITIAL  FINE  OF  25  CENTS 

WILL   BE  AeSESSED    FOR   FAILURE  TO   RETURN 
THIS    BOOK   ON   THE   DATE   DUE.    THE   PENALTY 
WILL  INCREASE  TO  50  CENTS  ON  THE  FOURTH 
DAY     AND    TO    fî.OO     ON     THE    SEVENTH     DAY 
OVERDUE. 

StK     2    1936 

LD  21-100m-8,'84